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FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DE rUNlVERSITÉ BLAISE-PASCAL (CLERMONT II)
De la montagne au vignoble
Les Corréziens ambassadeurs des vins de Bordeaux,
1870-1995
Publications de l'Institut d'Etude du Massif entral
entre d'Histoire des Entreprises et des Communautés)
Fascicule X de la collection PRE TIGE
�L'illustration de couverture représente schématiquement la migration des
paysans corréziens vers les Landes en tant que scieurs de long, puis leur
adaptation au négoce des vins vers le Nord de la France et la Belgique. Nous
remercions M. Jacques POINSON pour la réalisation de ce dessin.
Le monlage financier de cel ouvrage correspond à un accord entre la
Société des amis de l'Institut d'Etudes du Massif Central et la revue Ethnologia .
ISBN : 2-87741 -075-7
ISSN : 1248-4989
�MarcPRIVAL
Docteur en Géographie
DE LA MONTAGNE
AU VIGNOBLE
Les Corréziens ambassadeurs des vins de Bordeaux, 1870-1995
Publications de l'Institut d'Etudes du Massif Central
(Centre d'Histoire des Entreprises et des Communautés)
Fascicule X de la collection PRESTIGE
�A M Pierre ESTIENNE (1923-1996)
qui a su nous communiquer sa passion
pour la géographie et la recherche.
�REMERCIEMENTS
L 'auteur tient à exprimer ses vU." remerciements à loutes les personnes qui
l 'ont aimablement reçu et dont on trouvera la liste en annexe.
Une mention loute particulière doit être/aile pOlir :
- lvf! VIZ"ERlE, avocat à Liboume, pOlir la qualité de ses introductions
dans le milieu des négociants,
- lv! Alain ('HA UME, ,I.,'ecrétaire général de la So ciété Historiqlle et
Archéologique de Libourne, pour sa collaboration à la partie historiqlle
(recensement de JH72), et pour le soutien qu 'a apporté à cette publication la
Société Historique et Archéologique de Libourne.
- Mme lvfAGNIER- VAZEILLES, directrice de la /imdation AiA RlUS
VAZEILLES à lv/eymac, pour son accueil chaleureux el l 'accès aux archives de
la jimdaticm,
- Mme Evelyne CRlSON. historienne, qui m'a /ait partager sa grande
connaissance du /liilieu corrézien en émigration,
-lv! lvlichel BOURZEIX oenologue, pour sa lectllre critique du manllscrit
et ses nombreuses suggestions,
-lv! lv/aurice ROBERT, directeur de recherche ail ('NRS, pOlir sa relectllre
allentive du manuscrit et le souliell scientUiqlle de la S()ciété d 'Ethn()l()gie dll
Limousin,
- lv! Jean-Loup LElII/AITRE, directellr d 'étlldes à l 'Ecole Pratiqlle des
Hautes-Etudes et conservateur du Aiusée du Pays d 'Ussel pOlir avoir accepté de
pr~/àce
ce travail.
�d'y faire étape, sur la route qui le menait de la Corrèze vers le Nord et la
Belgique, et là, profitant des relations paternelles -c'était l'époque où
l' instituteur-secrétaire de mairie faisait encore figure de notable dans son
village - il put se faire tille clientèle de paysans aisés (il n'y a rien de comrlllill
entre un paysan du pays de Caux, même s' il n'est que fermier, et un paysanpropriétaire du plateau de Millevaches), clientèle qui s'accmt régtùièrement par
les relations de ces derniers.
Les Chassagnoux, Amédée et Pierre, avaient bien senti l'anlbigtüté qu'il y
avait à être marchand de vin établi dans un pays sans vignoble, même si les
Français comme les Belges sont peu au fait de la géographie .. . Aussi dans les
aImées 50, firent-ils l'acquisition d'Wl chai à Bordeaux, puis d'till vignoble, le
« Château Jean-Voisin »,à Saint-Emilion. Ils devenaient véritablement
« propriétaires », et plus seulement de leur domaine de la Besse!
D 'autres d'ailleurs, avaient déjù compris l'utilité d'être établi ù la source,
comme Jean-Baptiste Audy, négociant de vin en 1906, qui acheta en 1919 des
chais à Libourne, devenant ainsi le fournisseur de dizaines de négociants fictifs .
A travers les pages de Marc Privai, on voit vivre tous ces négociants, peu
fortunés pour la plupart, partant potu plusieurs mois d'affilée en. laissant femmes
et enfants druls la maison de Corrèze, vivant à l'économie, - lors de sa campagne
normande, Pierre Chassagnoux logeait chez nos parents, partageait le repas du
soir, laissant en guise d'écot Wle ou deux bouteilles du précieux breuvage-, mais
l'on voit aussi l'évolution imposée par le temps : on part moins longtemps, on
revient régulièrement au foyer. La voitlue a remplacé le chemin de fer des
origines, et les grandes maisons ont des représentants qtÙ vivent comme tous les
autres V.R.P. Reste qu' il y a encore en haute Corrèze bon nombre de ces
négociants fictifs et l'on comprend bien que Marc PrivaI ne les ait pas tous
rencontrés ou questionnés. Nous en connaissons encore, aux portes d'Ussel,
négociant l' hiver, paysan l'été, et maire toute l'alUlée ...
C' est tout un pan de notre lùstoire récente et de petite société qui défile
dans ce livre, et on retiendra par exemple les lignes consacrées à ArthlU Delmas
radical-socialiste et dreyfusard, député de la circonscription d'Ussel entre 1894
et 1919, « le député des cochers »..., sa qualité de grossiste lui valait tille large
clientèle. Le musée du pays d'Ussel conserve les jotunaux électoraux de cette
période, aux articles d' wle vinùence aujourd ' hui sans pareille.
A quelques exceptions près, les Moueix (de LigiIùac, Antoine était un
paysan qui se mit à vendre, avant la gtlerre de 14, les vins de la maison
Eschenauer de Bordeaux), les Janoueix, les Nony, ces négociants ont conservé
les vieilles habitudes corrézienlles, auxquelles se sont ajoutées potu certains les
traditions bordelaises... On se constnùt Wle belle maison au pays, mais on
s' investit peu dans la vie locale. On vit potu soi, pour sa famille, pour son
domaine, pour son prestige, qui va de pair avec le gain de la clientèle. Pmu les
plus grands, potU ceux qui ont le mieux réussi, on délaisse la Corrèze pour le
Bordelais. Le pays, c'est désormais pmu les vacances, « l'estivage », comme dit
Marc PrivaI. Jean-Pierre Moueix, grand amateur de peintmes, ne reconnaît-il
�pas aider le Centre d' Art contemporain de Bordeaux, mais rester sourd aux
sollicitations de celui de Meymac ...
Ce livre, écrit par un géographe, est à la fois un regard passionné, mais sans
complaisance sur un monde original et fermé, sur un monde qui s'entraide
toujours comme au siècle passé, qui a ses rites et ses confréries, mais qui a su
s'adapter et ne pas vivre seulement sur ses traditions, s'adapter aux goût de la
clientèle et au marché, au monde contemporain, même si certaines de ces
habitudes restent encore artisanales et marquées par des manies propres aux
Corréziens.
Marc PrivaI évoque la création à Meymac d'un musée des négociants en
vin ... Si ce projet ne voyait pas le jour, le Musée du pays d'Ussel consacrerait
volontiers une ou plusieurs salles à ce thème ... Toute la matière en est dans ce
livre et nous sommes convaincus que les acteurs qui y sont mis en cause
contribueraient avec passion à leur réalisation.
Jean-Loup LEMAITRE
Conservateur du Musée du pays d'Ussel.
��1
INTRODUCTION
Nous avons étudié entre 1976 et 1979 lUle quinzaine de métiers de llùgrams
du Massif central dont une corporation se détachait particulièrement par son
dynamisme, nous voulons parler des négociants en vins (privai, 1979). Cette
migration de tertiaires corréziens allant vendre du vin de BordealL" dans l'Ouest
et le Nord de la France, en Belgique puis dans d'autres pays francophones, avait
quelque chose de très contemporain par son souci de s'adapter constamment mL....
réalités mouvantes du commerce.
Nous ne fimes à l'époque qu'effleurer le sujet, consacrant IUle vingtaine de
pages de notre thèse à ce fllL.... migratoire. Seul l'amont avait été étudié, c'est-;ldire la région émettrice, la Haute-Corrèze.
En aoÎlt 1979, quelques mois après notre souten,Ulce, Monsieur
Alfred Chal, Président du Syndicat des Négociants en Vins Fins du Sud-Ouest
(dont le siège est li Meymac) établissait l'inventaire des "propriétaires de
vignobles en Gironde d'origine corrézienne" et nous le faisait parvenir.
Cette liste de 104 propriétaires pour 174 domaines ou ch,îtemL.... situés dans
le Libournais et le Médoc est IUl dOClUuent sans aUCIUl caractère de
confidentialité. 11 a le grand mérite de mesurer la mainmise d'IUle "colonie" sur
son outil de production, le vignoble, et sur lUle région, la Gironde.
L'idée nous est donc venue d'exploiter ce docmnent en allant voir les
Corréziens sur le lieu de leur conunerce. C'est en visitant leurs chais ù Libourne,
leurs propriétés, leurs châteaux; c'est en discutant avec eux de leurs tournées, de
leur clientèle, des problèmes de leur commerce que nous avons commencé ;l
amasser les bases de cette étude. Il nous a fallu ensuite aller les revoir au pays
haut, dans leur estivage corrézien. C'est l{) que nous avons pu dresser des
généalogies, comprendre les stratégies matrimoniales, photographier les
résidences. Cet al1er et retour entre l'amont ct l'aval ù duré delL.... années, 1993 et
1994. Cette durée à été rendue nécessaire par l'absentéisme de ces négociants,
toujours en prospection de marchés. Elle a surtout permis la compréhension des
linéaments complexes qui lUlÏssent Corrèze et Gironde.
La matière de cette étude ne pouvait ctre dans les livres pour la selùe raison qu'il
s'agit de l'histoire récente d'lUlC corporation bien vivante et d'une géographie en
cOllstmction sous nos yelL..... L'enquête de terrain a permis de réunir la matière
essentielle de ce travail par des entretiens ou récoltes de données diverses.
L'enquête par questionnaire, publiée etUIS le cadre très officiel de la Revue
historique et archéologique du Lihournais, fut décevante. Nous avions pourtant
utilisé cette méthode avec succès en 1977 avec les récupérateurs.
�2
Le chercheur doit simplement constater - en le regrettant - que les gens
n'écrivent plus. Ils téléphonent ou télétextent dans le cadre de leur métier, c'est
suffisant pour eux. Le renseignement doit être pris à la source, de vive voix. Une
vingtaine de négociants rencontrés nous ont confié la mémoire de leur métier. La
démarche que nous poursuivons a suscité plusieurs réactions : le refus poli (très
rare), la collaboration franche (le plus souvent), voire l'enthousiasme.
Cet enthousiasme peut devenir embarrassant pour le chercheur qui vise à la
neutralité : comment ne pas célébrer à son tour Wle profession qw a fait de
l'auto-représentation une règle, Wl enjeu de publicité?
Nous avons donc pris contact, par ailleurs, avec d'autres persOlUles, hors de
ce milieu professionnel : lil avocat, deux notaires, tUle institutrice honoraire, lil
oenologue, deux conservateurs de musées, detLx historiens, Wl restaurateur
parisien, trois maires, etc. Notre souc:i a été de cemer cette profession - les
négociants en vins - dans ses motivations et ses actions à travers le témoignage
de leurs contemporains : relations d'affaires, agents économiques, acteurs
culturels et politiques, observateurs. Cette étude se veut un pari entre la
sympathie que nous leur portons et l'objectivité du chercheur.
�3
INVITATION AU VOYAGE:
LE RECIT DE VIE DE PIERRE CHASSAGNOUX
En prélude à cette étude, nous dOlUlerons l'exemple d'un récit biograplùque
s'étalant sur trois générations et permettant d'appréhender en quelques pages un
siècle d'activités dans le négoce.
La production de ce document a été rendue possible par la qualité de notre
informateur, ami de la famille ; par la chaleur des contacts établis dans la
propriété viticole de notre interlocuteur; par la dispolùbilité de celui-ci, retraité
de fraîche date, et voulant confier par écrit à sa famille et au chercheur
solliciteur une sorte de mémoire-testament.
Si ce récit est structuré, il le doit aux questions précises que nous avions
proposées par lettre, mais aussi aux qualités d'écriture de notre correspondant ;
nous n'avons pas eu à changer une virgule.
�4
"Monsieur Privai,
II m'est difJiciie de répondre ponctuelfement à votre questionnaire.
Je vais donc essayer de résumer ce que je vous ai exposé oralement lors de
votre visite en compagnie de 1vJonsieur Vizerie.
Le commerce de vins exercé par ma familfe a donc débuté au début du
siècle, exercé par le grand-père de ma femme, Louis Donadieu. Celui-ci avait
donc débarqué dans le département du Nord, région de Maubeuge et
Valenciennes. If faisait du porte à porte pour proposer du vin et conserva
comme base de clientèle les quelques clients du début qui l'avaient bien
accueilli. Il s'agissait surtout de détaillants de vins, quelques commerçants, les
particuliers de professions diverses ne survenant que plus tard.
If se rendait dans le Nord par le train et séjournait dans les pensions de
famille les meilleur marché où il établissait son quartier général. Sa femme
avait l'e:,prit communicatif et le sens du commerce. Elle ne tarda pas à
manifester le désir de faire elfe aussi de la "chine ".
A deux, il leur vint rapidement le besoin de trouver une maison qui serait
définitivement leur port d'attache. La région de 1vlaubeuge leur ayant semblé
attrayante, ils firent donc l'achat d'un estaminet sur la grand-place d'Hautmont
qu'ils tramformèrent rapidement en un débit :,pécialisé dans les vinsjins, ce qui
à'empêchait pas le grand-père de continuer "sa chine". De plus des relations
s'étaient nouées avec des négociants de Bordeaux qui l'appuyaient largement
dans son genre d'activités.
Bien entendu, vint la guerre de 1914-1918, avec retour en Corrèze et
c'!ssation provisoire du commerce.
La guerre jinie, L. Donadieu revint voir ses clients en 1919. Quelques
années plus tard sa fille - ma future belle-mère - épousa un Corrézien de
C.orrèze, fort heureuse de participer au commerce qu'il étendit d'ailleurs vers le
Pas-de-Calais et ceci jusqu'à la guerre de 1939-1940.
Mon père quant à lui (Amédée Chassagnoux) était parti "sur le voyage"
beaucoup plus tard, sur le modèle et les conseils d'un oncle et de cousins
d'Ussel et 1vJeymac, apparentés à ma mère.
II débuta donc petitement en 1920, appuyé en Belgique dans la région de
Charleroi par une famille belge, qui avait été réfugiée chez mon grand-père au
cours de la guerre. Ceux-ci se firent un plaisir de l'introduire auprès de leurs
relations. Bien entendu, mon père ./ài.mit aussi de la chine en France, non pas
dans le Nord mais dans l'Aisne et les Ardennes. 11 faut dire, en ce qui concerne
la Belgique, qu'il ne vendait pas que du Bordeaux, lIIais du Bourgogne, des
�5
~pirtuex
et beaucoup de choses, dans le sens de la demande de la clientèle.
Nécessité faisant loi, bien qu'habitant la Corrèze, il (A .c.; se mit
rapidement en accord avec son journisseur principal de Bordeaux, ajin qu'il
puisse indiquer chez celui-ci une adresse commerciale, celle-ci devant être la
base et l'attache du commerce paternel. Ceci serait par la suite source de
certains ennuis, mais il avait semblé à mon père pr~/ëahle
d'indiquer un
commerce de vins à Bordeaux même plutôt qu'en Corrèze, serait-ce à ''Nfeymac
près Bordeaux".
Le commerce Donadieu, devenu Valade-D., de même que celui d'Amédée
Chassagnoux s'exercèrent ainsi jusqu'en 1940, date à laquelle il ne fut plus
question de commerce pour l'un et l'autre.
Nouveau retour en Corrèze pour la jàmille Valade-Donadieu. A;/on beaupère mourut en 1942.
En 1946, je tentai de reprendre ce qu'il restait des relations antérieures.
J'exploitai donc difficilement ce qu'il restait de ces anciennes adresses et me
remis personnellement à faire de la "chine". Guère brillants au début, les
résultats s'améliorèrent lentement, en maintenant les anciennes habitudes
passage tous les six mois, avec paiement du vin au passage suivant.
Les affaires néanmoins se développaient au rythme du progrès économique
des régions du Nord-Pas-de-Calais, auxquelles avait été ajoutée dans les années
1950 la Haute-Normandie. L'utilisation d'une voiture améliora mon genre de
travail, de même que l'intérêt que de nouvelles couches sociales manifestaient
pour le vin.
Néanmoins, mon père et moi, jirme Chassagnoux et jils - Valade Donadieu
n'existant plus - décidâmes que nous ne pouvions pas continuer à maintenir
cette adressejictive à Bordeaux. Dans les années 1950, acquisitionfutfaite d'un
immeuble avec terrain à Libourne. Un chai primitiffut construit par mon père.
Nous prenions elJjin fonction de négociant-éleveur, pour devenir à l'heure
actuelle Ets Chassagnoux et jils S.A., dans les mêmes locaux aménagés et
agrandis, affaire gérée actuellement par Michel Ch assagnoux, petit-jils
d'Amédée. L'acquisition d'une exploitation viticole à Saint-Emilion conjèJrta la
position commerciale, de même qu'une autre exploitation, région de Fronsac.
Bien entendu, le commerce actuel n'a plus grand chose à voir avec
l'ancien. Néanmoins, le caractère saisonnier des visites à la clientèle se
maintient à peu près.
On ne fait plus vraiment de chine, tout au moins chez les particuliers. Ce:!
habitudes sont devenues celles d'un établissement normal avec ses contraintes.
La nécessité de trouver d'autres débouchés s'est manifestée depuis longtemps.
MesJils recherchent des débouchés en restauration, avec un certain succès vers
�G
l'exportation et, le cas échéant, par le moyen de Joires commerciales. La
clientèle particulière se trouve à l'heure actuelle visitée par des agents honorés
au pourcentage.
Cette lettre au riche contenu historique, géographique et anthropologique va
donc nous servir de fil d'Ariane pour cet ouvrage. Nous étudierons d'abord la
naissance du courant migratoire des Corréziens vers la Gironde (première
partie). Puis nous verrons comment ces hommes ont organisé un négoce de vins
de Bordeaux vers le Nord de la France et de l'Europe (deuxième partie).
Les revenus de ce commerce s'investissent au pays haut et en pays d'accueil,
constituant les retombées économiques de la migration (troisième partie).
L'attachement au pays d'origine (quatrième partie) est-il compatible avec
l'enracinement d'une colonie en Gironde (cinquième partie) ?
�7
1 - NAISSANCE DU COURANT MIGRATOIRE
1. Une migration au long cours: scieurs de long et gabariers
Le plateau de Millevaches, malgré la médiocrité de son altitude,
987 mètres au point culnùnant, le Mont Bessou, présente de faibles aptitudes
agricoles. Les lourdes croupes cristallines au sol acide, les fonds de vallées
sagneux ou tourbeux, les vents d'ouest hWIùdes .. . tout concourt à faire de cette
contrée le pays de l'arbre et de l'eau.
Dans l'économie de subsistance du XIXe et du début du XXe siècle, cette
lande est régulièrement écobuée pour founùr quelques champs de seigle. Mais
l'essentiel du terroir est un parcours à moutons. Sur les contreforts de la
montagne, à cause des pentes escarpées, les bois prelU1ent le dessus. Dans les
bassins, conuue celui de Meymac, ou sur les plateaux, tel celui d'Ussel, les
champs et les prés alternent, compartimentés par le bocage.
C'est dans un tel contexte, ressources maigres et densité humaine forte, que
la migration est devenue un palliatif. Le métier le plus fréquemment rencontrë
est celui de scieur de long.
La famille Bourroux, paysans de Chavanac, nous offre, gnîce Ù \lile liasse de
32 lettres couvrant la période 1883-1919, lm condensé sur cette nùgration. Le
père Joseph part chaque automne dans la forêt landaise ou dmls le Lot-etGaronne proche pour scier de long du bois de pin. Le temps qu'il fait, le prix de
travail à la tâche, le coût de la vie (pain, vin, cochon), l'état du logement, m,ùs
aussi les nouvelles du pays natal (service militaire, élections, mariages) forment
la trame de cette correspondance l .
A Ambrugeat, Evelyne Crison2 dénombre, en 1896, 17 scieurs de long
(3 .5 % de la popu,lation active) ; en 1901, 47 (10 %) ; en 1906, 40 (9.4 %) ; en
1911, 24 (5 .5 %); en 1921 , il n'en reste plus qu'un. Les directions de migration
de ces travailleurs sont les mêmes que celles des gars de Millevaches :
''Mon frère est parti scieur de long à 16 an,\'. 1/ a bu son prelliier café
au lait à Bordeaux en /901 Il (E. Crison. op. cité).
C'est ainsi que les Limousins du Plateau ont découvert le chemin de la
Gironde.
1 _ PrivaI E. et M. , 1979. « La cOITespolldrulce d'lUi scieur de long. » Etl/ll%gia N° 11 et
12
2 _ CrisOIl E., 1987. Les migratioÎI.Y à Amht1lgeal (Hal/le-C orrèze). 1896-1936. Mémoire
de maîtrise, UER de Lettres et Sciences Hmnaines ue Limoges.
�8
Le Pays d'Argentat, en Basse Corrèze, est coincé entre la Xaintrie, plateau
cristaJlin pauvre de modeste altitude (de 400 cl 700 mètres), et le bassin de Brive,
bon pays fleurant déjà l'Aquitaine. C'est un pays coupé par de nombreuses
rivières, au profil profondément encaissé COIlUlle la Dordogne, la Cère, la
Maroillle.
Si le plateau s'est consacré à la polyculture vivrière, le bassin d'Argentat a
connu la vigne et les vergers. Sur les versants escarpés des vallées, l'exploitation
intense des coupes de bois a créé une véritable "industrie". Une forêt mixte de
feuillus, chênes et cluîtaigniers, a depuis longtemps trouvé des débouchés dans
le bois de merrain, destiné à la tOIUlellerie, et dans la "carassonne" (échalas et
cercles de barriques) :
"Tel était le cas de la région d'Argentat, où les pentes des gorges de la
Dordogne fiJurnissaient un bois excellent, qu'il était facile d'expédier grâce à la
rivière, d'abord par flottage et ensuite par gabarres".)
Ainsi aux confins du Cantal et de la Corrèze, il faut imaginer des forêts
animées d'équipes nQmbreuses de bùcherons (abattage et coupe des arbres) ,
d'écorceurs (récupérant le tan du chêne), de merrandiers (fendant le bois de
long), de feuillardiers (fendant de nùnces cercles de bois). Puis sous l'autorité des
marchands, ce bois était flotté depuis Spontour jusqu'ù Argentat. De IiI, il
pouvait être chargé sur des gabarres spécialement conçues pour affronter le cours
tumultueux de la rivière jusqu'à Souillac.
De Souillac à Bergerac, Sainte-Foy-la-Grande, Libourne et Fronsac, le
merrain limousin était revendu aux tOIUleliers girondins qui en confectionnaient
des fûts . On sait que le fret de retour des gabarres était le sel de l'île de Ré ou
d'Arcachon, remonté jusqu'à Souillac par halage des bateaux, puis revendu dans
tout le Massif central par les rouliers 4 .
C'est donc en suivant le cours de la Dordogne que "les Argentats" ont
découvert les ports de la Gironde ct s'y sont installés définitivement.
Scieurs de long du Plateau de Millevaches, merrandiers et gabarriers de
Basse Corrèze ont en commun une affinité: ce sont des artisans du bois partis
exporter leur savoir-faire ct leur matière première dans le Sud-Ouest S aquitain :
Dordogne, Lot-et-Garonne, Gironde et Landes.
« Les maîtres de bateau snr la Dordogne». Bull dt! la ~'(} c. SC. , "ist.
arch. dt! la ('orrèzt!. 1.80, 1-2-3-4
4 _ Bombai E., 1903. « La l laute Dordogne el ses gabariers ». Hull. de la Soc. dt!,\, L. , sc.
et art.\' de la (.'vrrèzt!, TulIe.
S _ Poussou J.P., 1983. Bordt!allx t!t It! Sud-()ut!st au XVlI!t! .\'ièelt! .. croi,\',\'allCt'
économique et attraction urhaine. Ed. de l'E.1 I.E.S.S., 65 1 p. D'après ['aut.eur l'émigration
limousine ùe sl:ieurs Ùl: long remonterait au XVh: siède.
3 _ Uouyon J., 1964.
(!/
�9
Ces métiers se trouvent confrontés ù une innovation teclutique
considérable: entre 1857 et 1872, le chemin de fer permet de remonter le sel il
moindre risque et à moindre frais dans le haut pays ; quant au bois de merrain et
à la caraSSOIme, ils vont être expédiés en sens inverse depuis les gares.
Si le chemin de fer a tué des métiers, il en a fait naître d'autres. Et c'est au
désenclavement de la montagne limousine tout au long du XIXe siècle qu'il
faudra nous attacher pour comprendre l'émergence de ces professions nouvelles
axées sur le service et le négoce.
�10
2. Le désenclavement de la montagne limousine au XIXe siècle
a. Situation de Meymac dans son cadre géogral)hique
Situé au pied du plateau de Millevaches, Meymac occupe un petit bassin
intra-montagnard, drainé par la Luzège, affluent de la Dordogne. Bâti sur un
coteau dominant la rivière à 700 mètres d'altitude, le bourg tirait de sa position
de contact entre deux régions d'économie complémentaire une situation
florissante. Les foires, dont la célèbre foire grasse du 19 Janvier, étaient
l'occasion pour les montagnards de vendre laine et fromages et d'acheter tout ce
qui leur faisait défaut, épicerie, tissus, quincaillerie, produits artisanaux.
La position stratégique de cette petite ville sur l'axe est-ouest de Clennont à
Tulle va susciter tout au long du XIXe siècle des enjeux de tracé et de desserte
tant pour le télégraphe et la poste que pour les axes routiers et ferroviaires .
b. Les liaisons postales et télégraphiques
Les délibérations des conseils municipaux, par leurs voeux et par leurs
décisions, sont révélatrices des aspirations et des besoins réels d'une ville à une
époque détenninée. Et aussi du rôle qu'elle entend jouer économiquement et
politiquement dans sa région.
Le 21 Juin 1832, le Conseil MU1ùcipal de Meymac arrête que le bureau de
distribution précédemment établi ù M. soit rétabli pour qU'lUI se l'Vice joumaJicl'
puisse se faire ("considérant que la ville de !vi, au centre de l'arrondissement
d'Ussel, dont la commune a deux myriamètres au moins de traversée et d'une
population de 3130 âmes ( ..), que souvent le défaut de recevoir en temps
opportun les paquets ou lettres expédiés par la poste fait un tort inappréciahle à
ceux qui les intéressent'').
Le 6 Novembre 1836, lUl voeu est envoyé au préfet en vue d'obtenir
bureau de poste. Les motivations de cette demande sont éclairantes :
lUI
"Un membre du Conseil a exposé que la ville de !vi placée au centre de
trois cantons (Meymac, Bugeat. Sornac) n'a qu'un bureau de distributiun (...)
tandis que sa position lui donne incontestablement droit à un bureau de poste" .
"qu'un nomhre très considérahle de scieurs de long. carriers et
manoeuvres émigre chaque année des trois cantons depuis le mois de septemhre
jusqu'au mois de mai ou juin et/ait de nombreux envois d'argent. des sommes
qui ne s'élèvent pas ordinairement à plus de 20 ou 30/rancs ... ".
Cet extrait de quelques lignes en dit plus long qu'un mémoire sur la misère
�MEYMAC ET SON PAYS
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qui affecte le Limousin sous la monarchie de Juillet et la grande nécessité qu'il y
a de relier rapidement Meymac au monde extérieur.
Car c'est bien l'émigration de toute la montagne limousine qui envoie ses
émoluments par mandats 6 pour faire bouillir la marmite dans les chaumières. Et
on ne peut que s'apitoyer sur ces femmes ne sachant pas signer, faisant parfois
trois ou quatre "myriamètres" pour ne rien toucher, faute de prouver leur
identité.
Un avis intéressant explique le lùatus existant entre la demande des usagers
et la desserte des régions par l'adnùJùstration :
"La précarité des liaisons postales dans cette première moitié du
1ge siècle contraste avec leur stabilité du siècle précédent: au Nie siècle. la
Ferme des Postes avait créé. une fois pour toutes. un organisme qui lui assurait
un bon revenu et qu'elle n'avait donc aucune raison de modifier. Au
19ème siècle. la poste est un service public qui veut favoriser l'activité
économique et qui connaît en même temps que celle-ci une expansion
extrêmement rapide. Mais ce développement se fait sans plan préconçu. On
ouvre des bureaux lorsque des besoins se révèlent. lorsque les demandes des
autorités locales se font pressantes'fl
Le 17 Novembre 1872, lecture est faite de la lettre de l'Inspecteur des lignes
télégraphiques par laquelle il répond favorablement à la demande de création
-d'un bureau télégraphique. La commune de Meymac vote la somme de
1 100 Francs, montant de la pose des fils, et celle de 400 Francs pour
l'appropriation du local.
Les conventions relatives au télégraphe proposées par le MiJùstre de
l'Intérieur sont votées et approuvées le 22 décembre 1872.
Le 18 février 1883 est demandée la pose d'une boîte à lettres à la gare de,
Meymac, où le train est arrivé en 1880 (voir infra).
Le 6 janvier 1884, la municipalité émet le voeu de voir créer un second
poste de facteur "considérant qu'il est impossible à un seul facteur de Jàire le
service de lv/eymac. Ambrugeat. Davignac. etc ... "
Le 16 avril 1893, le conseil émet le voeu qu'un receveur remplace la
receveuse. Au-delà de l'aspect sexiste de la demande, les attendus sont très
explicites sur la place que tient désormais Meymac en tant que lieu de négoce :
"considérant qu'il existe dans le canton au moins 300 commerçants qui
reçoivent ou expédient par la poste des sommes importantes... "
6 _ Insti tllt!S I!ll 181 7
7 _ Verynaud G. L'histoire des commu/licatioll.!· e/l Limousi/l. Eu. ue la Veytizou, 1993
(p 143), soulignt: par IlOIIS.
�PÉNÉTRATION DU RÉSEAU FERRÉ EN LIMOUSIN
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Le 13 Mai 1894 est demandée une boîte aux lettres à la station du
Jassoneix (deuxième gare de Meymac, voir infra).
Le 21 janvier 1900, les habitants du Jassoneix et de Lavaur expriment leur
mécontentement par pétition car "Ie courrier est distribué très tard" et "qu'il est
impossible de répondre dans lajournée".
Le 24 août 1920, la direction des P.T.T. demande de faire bénéficier du
repos hebdomadaire du dimanche l'intégralité de son persOlUlel.
Ce à quoi les édiles répondent, débat toujours actuel :
"Ie dimanche est jour de marché à Meymac, les maisons de commerce
font leurs affaires principalement ce jour-là. Le conseil est d'avis d'accorder le
repos hebdomadaire par roulement à seule/in de ne pas entraver le commerce".
c. Les communications routières et ferroviaires
"Un service de malle-poste est établi de Lyon à Bordeaux traversant la
Corrèze par Ussel et Brive. C'est un beau succès pour une route qui ne datait
que du début du siècle ... '08
Ainsi l'axe que nous appelons aujourd'hui N89 ne date que du XIXe siècle
et la malle-poste n'est créée qu'en 1842. Comment Meymac se situe-t-il par
rapport à cet axe ?
Le 18 Mai 1871, le conseil municipal demande le passage du courrier de
ClemlOnt à Tulle par Meymac afin de le remplacer par une liaison U1ùque UsselMeymac-Tulle. La bourgade argumente sur son poids démograplùque estimé à
4000 âmes et sur la COllllllulùcation directe entre le chef lieu d'arrondissement et
le chef-lieu de département. Il s'agit ni plus lÙ moins d'une tentative de capture
de trafic et de se positiOlUler en tant que petite capitale régionale.
Le 22 décembre 1872, réitérant cette demande, la municipalité mentiOlUle
pour la première fois Bordeaux "qui paraît être le point sur lequel se rejettent
nos relations commerciales".
Le 5 septembre 1875, le directeur des Postes de Tulle iIûonue les élus que
le courrier d'Eymoutiers à Ussel ne pourrait être maintenu "dans l'élal des frais
actuels". Le Conseil Municipal répond que "Ia ligne suivie par ce courrier est
d'une grande importance puisque prochainement elle viendra se relier au
chemin de fer des plateaux passant par lvleYl1lac". Il émet le voeu que la ligne
soit maintenue.
Ainsi, ce que Meymac n'a pu obtenir par la route, elle va le recevoir par la
voie ferrée : non seulement une desserte entre Ussel et Tulle mais aussi un
8 _ Verynaud G. op. cite p.122
�15
embranchement sur Limoges par Eymoutiers. Une éclatante revanche pour ce
bourg niché au pied du Plateau.
Le premier train Tulle-Ussel parvient à Meymac, le 19 septembre 1880,
dans la liesse qu'on imagine. Le cadeau n'est pourtant pas sans épines car la gare
a été construite à 1,8 Km de la ville pour des impératifs de relief et de moindre
distance. Le conseil mwucipal s'est bien phunt de cet éloignement et de
l'ex1>osition luvernale du site aux vents et à la neige, mais sans résultat.
La jonction de la ligne Limoges-Eymoutiers-Ussel à Meymac intervient en
1883. Le 13 mai, le conseil mwucipal vote Wle dépense de 1000 francs pour la
fête qui sera dOlU1ée pour célébrer dignement l'événement. La station du
Jassoneix créée sur cette ligne dessert la ville de Meymac au plus près dlms ses
nouvemLX quartiers de la route de Limoges.
Conclusion
Au fur et li mesure qu'on avance dans le XIXe siècle, Meymac prend peu à
peu conscience de sa place dans son espace géographique.
Meymac prend les cantons montagnards de Buge<lt et de Sornac sous S011
aile pour plaider ses besoins de desserte postale ou routière. Cette ville affirme sa
volonté, au niveau départemental, de jouer son rôle de trait d'lUuon entre Ussel et
Tulle. Pl~S
par extension sur l'axe Auvergne-Océan.
La petite cité limousine doit cette prise de conscience à ses migrants scieurs
de long qui envoient de l'argent à leurs familles, plUS atLX marchands de vins qlU
reçoivent commandes et paiement de leurs factures. Cette croissance en tant que
place financière du plateau peut s'apprécier par le nombre des banques (voir
infra, deuxième partie). Mais les liaisons postales penllettent de cerner
exactement les liaisons de plus en plus lointaines (BordelllLx est mentionné en
1872), de plus en plus rapides (lme levée par jour) et efficaces (le courrier à
temps pour répondre) .
Les Meymacois entrent ainsi dans le siècle de la vitesse et de l'exigence visà-vis de l'administration des postes. fis manifestent ù l'égard de ce service public
une grogne d'usagers tout li f:lÎt contemporaine en demandant l'ouverture des
bureaux le dimanche (1920). Le client-roi est Meymacois et le jour du Seigneur
pourrait bien être celui du dieu gallo-romain Mercure.
Le débat routier de l'époque est aussi l1pre que cehu pour le tracé de
l'autoroute Clennont-Bordeaux auquel nous assistons lUl siècle plus tard.
Meymac, appuyée sur son arrière-pays, demande à être traitée en fonction de son
poids démographique (à peine inférieur à celui d'Ussel, supérieur li cehu
d'Egletons), de sa puissance économique, et non en raison de sa mise li l'écart de
la N. 89. On admirera au passage la pugnacité des élus défendant leurs intérêts
�16
locaux face à l'Etat, plus soucieux de l'aménagement du territoire (plan
Freycinet), de rendement budgétaire ou de défense de son personnel.
Le tracé ferroviaire va résoudre pour \m temps la question en dotUlt
Meymac d'\llie position de carrefour sur les lignes Clennont-Bordea\Lx et UsselLimoges. Si Meymac a pu devenir "près-Bordeaux", elle le doit au train. Les
négociants en vins utiliseront cette commodité pour assurer leurs
approvisiOlmements en Gironde et démarcher leur clientèle dans le Nord et
l'Ouest.
Précisons que "Bordeaux" est \me appellation genenque ; beaucoup de
Corréziens se sont arrêtés, en réalité, à Libourne ; d'autres sont allés jusqu'en
Médoc.
�17
3. La fIXation des Corréziens à Libourne en 1872
Le dépouillement du recensement de Libourne en 1872 permet de collecter
158 fiches de logement des Corréziens fixés en cette ville. Ces fiches concernent
soit des individus (célibataires dans leur logis ou domestiques chez leurs
patrons), soit des familles dont l'un des deux conjoints au moins est né en
Corrèze.
Dans une analyse rapide de cette population, nous nous sonUlles intéressés à
l'origine des migrants et à leur profession.
a. Origine géographique des migrants de Corrèze
Après élimination des données inexploitables (par erreur de transcription de
l'agent recenseur le plus souvent), ce recensement permet de localiser
249 persOlmes9 par leur commune de naissance. Regroupées par cantons pour
une meilleure lisibilité, ces informations dOlment la carte suivante (voir p. 19).
Le Plateau d'Ussel, soit les trois cantons de Bort, Ussel et Neuvic, envoie la
majeure partie du contingent, soit 63,85 % du total. Le Bassin de Brive (Brive,
Meyssac), la moyelU1e vallée de la Dordogne (Argentat, Bea'ulieu), et la Xaintrie
(Saint-Privat) fournissent une part appréciable, soit 16,06 %, de l'ensemble.
Quant au chef-lieu du département, Tulle, il concourt pour 9,23 % au courant
migratoire corrézien. On notera l'absence totale de la Montagne Limousine
(cantons de Sornac et Bugeat) et la place très modeste du canton de Meymac,
appelé à devenir la patrie des marchands de vins. Cette photograplùe de
l'émigration corrézienne à Libourne à IDI moment donné (1872) est instmctive à
plus d'un titre:
les régions de Corrèze touchées par l'émigration vers Libourne sont
grosso modo drainées par la Dordogne (d'Ussel à Beaulieu). Les hOlllmes de ces
régions ont appris le chemin de la Gironde par leurs exportations de bois et par
leur savoir-faire (voir supra).
. à la date considérée, le chemin de fer commence à faire un tort
considérable à la batellerie puisque la navigation sur la Dordogne, à la remonte,
9 _ Les 158 liches de logement dOiment. des rellsl!ignements précis sur l'origine
géographique de 249 Corréziens sur les 268 Liboumais originuires de ce département.
LibOlmle compte au total 14960 habitants en 1872 pour IUle population llllUllcipale de
13 703 habitants recensés nominativement dans la liste du registre de dénombrement,
laissant de côté les dl"cctifs du régimt:nt stationué daus la cité, soit 1,96 % de la
population mlUllcipale, c'est-à-dire nettement moins tlue la Dordogne (1179 originaires
soit 8,6 %) qui est. lt: département lt: premier pourvoyeur ùe migrants. Voir
CHAUME (Alain), « L'immigration périgourdine à Libolmlt: au XIXème siècle », RHAL ,
tome LX, n0225 , 3éme trimestre 1992, p.73 à 79, et "Lt:s Corréziens à Liboume au
XIXème siècle", RI/AL, tome LXI, n0228, 2èl11e trimestre 1993, pA7 à 56.
�18
ORIGINE DES CORREZIENS RESIDANT A LffiOURNE
AU RECENSEMENT DE 1872, par cantons (en ulùtés)
Bort
73
Ussel
60
Neuvic
26
Tulle
23
Argentat
16
Brive
10
Beaulieu
7
St-Privat
7
Meyssac
6
Donzenac
4
Egletons
4
Meymac
4
Lubersac
2
Treignac
2
Ayen
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J\ùllac
Lapleau
Malemort
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�ORIGINE DES CORRÉZIENS RÉSIDANT À LffiOURNE
AU RECENSEMENT DE 1872, PAR CANTONS
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est nulle à Limeuil en 1872 10
retentissement sur l'amont .
.
Cette décadence aura assez rapidement, un
. les migrants d'après 1872 prendront volontiers le train et on sait que la
région de Meymac, mais aussi le Plateau de Millevaches qui lui est contigu,
enverront des migrants par dizaines à la fin du siècle (voir cartes de
Jean Varlet II page 13).
b. Les professions pratiquées par les Corréziens
Le nombre des chefs de famille d'origine corrézienne dont la fiche est
exploitable statistiquement est de 137 (sur 158 fiches) . Le diagramme en barres
dOlUle la répartition des houunes et des fenunes par catégories socioprofessiOlmelles (voir diagramme).
La catégorie la plus représentée est celle des ouvriers et des artisans
(42 .5 % du total) et se trouve être presque exclusivement masculine. Ces
honmles travaillent le bois en majorité en tant que scieurs de long (plus de la
moitié), fendeurs de merrain, tOlmeliers et menuisiers. Les besoins du port de
Libourne, en particulier les chantiers navals, suffisent à expliquer cette forte
proportion d'ouvriers du bois. D'autres ouvriers travaillent encore le cuir conune
cordonniers et selliers. Les deux seules ouvrières sont pailleuses de chaises.
La seconde catégorie la plus représentée est celle des sel"Vices (J5 % de
l'ensemble) où apparaît une importante domesticité féminine chez les artisans,
commerçants et professions libérales du crû. Les hommes s'emploient sur le port
en tant que portefaix ou dans les transports conune postillons, palefreniers,
charretiers. Ils sont encore conunis, manoeuvres ou domestiques sans
spécification. Deux sont aubergistes.
Les journaliers (10 "lu) sont IUle profession difficile ù caractériser car on
ne sait s'ils travaillent d,lI\s l'agriculture. Selon J.P. Poussou, étudiant il est vrai
le XVIIIe siècle, "ce SO(lt des gens sans qualijication venus chercher à Bordeaux
de menues tâches souvent épisodiques"12 . lis se partagent également entre
hommes et femmes.
Les fonctionnaires, employé d'octroi et des postes, et les professions
libérales, un médecin, sont des mentions individuelles sans valeur statistique.
Il nous a fallu comptabiliser il part les migrants sans profession pour fournir
échantillon homogène. Cette catégorie est exclusivement féminine,
comprenal1t des fenmles ilgées, des épouses au foyer, des mères célibataires.
ml
10 _ Gouyoll 1. , « Ll!s maÎtrl!s dt! oatt!uu sur lu DordogJll! ». Bill. de la Soc. sc., hist, et
arch. de la Corrèze, t 80, Jan. déc. 1964, 1-2-3-4.
II _ Varld 1. , 1994. in Atlas dll Lin/cm,v;II , PlfLIM, Limogt!s
12 _ Poussou J.P. op. cité.
�21
En conclusion, les Corréziens émigrés ~ i Libourne pratiquent des métiers
qu'ils connaissent par leur nùlieu d'origine : ceux du bois, du cuir, des soins aux
animaux, du voiturage. Mais ils savent aussi s'adapter à la demande d'une ville
très active par son port, ses commerces, ses chantiers navals auxquels ils
fournissent une masse de main d'oeuvre peu qualifiée. Ce constat ne saurait
étonner puisqu'il s'agit d'une poptùation non scolarisée, descendue du haut-pays
pour louer ses bras et sa peine. A leurs enfants, souvent nés à Libourne, s'ouvrira
une autre palette socio-professionnelle. Mais ceci est une autre lùstoire.
�22
PROFESSION DES ORIGINAIRES DE CORREZE
AU RECENSEMENT DE LIBOURNE, 1872
Catégorie
Hommes (en %)
Femmes (en %)
Total par catégorie
(en %)
Paysans
1,5
Journalier
5
°5
Om ners, Artisans
-H
1,5
42,5
Seryices dont négoce
16
19
35
Fonctionnaires
3
3
Professions libérales
0,5
Sans profession
°
°
°
7,5
7,5
Total par sexe
67
33
100
1,5
10
0,5
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AU RECENSEMENT DE LffiOURNE, 1872
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�24
4. L'apparition des migrations de service
A la fin du XIXe siècle, l'horizon géographique des Corréziens s'élargit à la
capitale pour de multiples raisons. L'exode rural conduit de nombreux jeunes à
quitter la condition miséreuse des parents, simples valets de fennes ou métayers,
et à chercher du travail à Paris, où le train les conduit rapidement et à peu de
frais. Le métropolitain en construction demande de nombreux terrassiers,
boiseurs, maçons, pour le percement de ses galeries. Mais c'est surtout le secteur
des services qui va se développer entre 1870 et 1914.
a. Les domestiques
Bonnes, nourrices, valets de chambre, etc ... sont nombreux à suivre leurs
maîtres limousins en résidence à Paris conune La Loubette de
Martial Chaulanges l3 .
b. Les métiers du trllDSI)ort
Les compagnies de fiacres, emploient un persOlUlel considérable comme
palefreJùers (soignant les chevaux), laveurs de voitures et cochers. Il ne faut pas
au départ lm gros bagage pour réussir dans ce domaine : une bonne mémoire
suffit au cocher pour passer son pennis devant la commission paritaire, car on
lui demande la jonction de toutes les rues de la capitale. De longues journées de
12 heures, de jour ou de nuit, nécessitent une bonne endurance.
J.P. Larivière signale 2555 cochers et chauffeurs nés en Corrèze en 1911 14 ,
ce qui démontre l'importance considérable de cette coloJùe. A cette date, la
profession est en mutation puisque les automobiles remplacent les fiacres. Les
cochers qui le peuvent passent le pennis automobile.
Notons ce trait sociologique : les cochers et chauffeurs, habitent près des
dépôts de leurs compagnies. E. Crison 15 en fait la remarque pour les originaires
d'Ambrugeat:
"En confrontant ces adresses à celles des dépôts, remises-écuries de la
c.ompagnie Générale des Omnibus et la Compagnie des Petites Voitures (..)
nous trouvons la pluparl des adresses citées dans un rayon maximul/l de 1.5 Km
aulour des dépôts".
Mais c'est à Levallois-Perret que la plupart des chauffeurs de taxi se
regroupent. Il y ont leur logement, mais aussi leurs habitudes. Ils fréquentent les
13 _ Chau1wIgl!s (M.). La Terre des autres, Les Rouges Moissolls, Dt!1agravl!, 1975.
14 _Larivit:re J.P. La populatioll du Limousill . Chwnpioll, Paris, 1971 .
15 _ CriSOIl E. op cité p. 50.
�Le bar hôtel-restauran-t «Au Limousin» à Levallois-Perret, tenu par la famille ESTHER,
vers /930. Un rendez-vous des Corréziens à Paris, chauffeurs de taxis et négociants en vins.
(Coll ection EST HER)
�26
mêmes cafés-restaurants comme chez BESSE qui tenait le Cadran Bleu et où il
accueillait volontiers les "camarades paysans" . Un nombre appréciable de
chauffeurs était en effet affilié à la C.G.T. et ils affichaient volontiers des
opinions de gauche 16 .
c. Les IU'ofessions de l'hébergement
Si les Auvergnats sont les premiers à avoir investi le secteur de "la
limonade", c'est-à-dire les fameux "café-bois-charbon" qui deviendront plus tard
de prestigieuses brasseries, les Corréziens ont aussi beaucoup colonisé ce secteur.
Ils ont fourni des serveurs de café, des tenanciers d'hôtels-restaurants, des
débitants de tabac, des cavistes et des sommeliers.
Maurice Esther, né en 1893 à Meymac, fut d'abord marchand de toiles dans
l'Isère. Il se maria avec Wle débitante de tabacs, me de la Pompe à Paris. En
1929, ils créèrent le bar-hôtel-restaurant "Au Limousin", Ù Levallois-Perret (me
Grefulhes). Il s'agissait d'abord de profiter de l'importante clientèle de chauffeurs
de taxi qui habitaient ici, employés par la G3 (400 voitures) et les Bauvy d'Ussel
(30-40 voitures). Le patron parlait patois et toutes les nouvelles du paysenterrements, mariages, prix des vaches- transitaient par le café : une sorte
d'Auvergnat de Paris sous forme orale! Cet hôtel ouvrait à 3 heures du matin et
fennait à minuit.
Le fils Georges Esther, né en 1929, a continué l'affaire jusqu'en 1989, date à
laquelle il a cédé son fond. Il a· suivi les cours de l'Ecole des vins, place des
Vosges, mis en place par la Chambre de Commerce de Paris et par les
négociants en vins de Bercy.
D'autres réussites meymacoises ù Paris, dans le domaine des métiers de
bouche, sont souvent citées: Cha denier, tenancier du bar "Le Belfort", place
Denfert-Rochereau; Henri Faugeron, restaurateur réputé; Jarasse, écailler etc ...
E. Crison note dans son mémoire : "Quelques hahitants d'Ambrugeat .Iùren/
garçons de café, employés de salle, employés de maison. Quelques uns sont
devenus patrons de caJë, hôteliers".
Sans égaler en nombre et en puissance financière la colonie auvergnate et
aveyronnaise, la filière limousine de la restauration-hôtellerie a su habilement
tirer parti de l'importante émigration de ses compatriotes à Paris : par son
implantation dans les mêmes quartiers, par ses enseignes, par la nature des plats
servis (salaisons, pilté limousin ... )
d. Les marchands de toiles
Pierre Prévost, né ù Saint-Angel le 23 septembre 1784 et décédé le
13 mai 1849, est fils de Jean-Baptiste P. tisserand. Il habite le Barry, quartier des
16 - Privai M. Les migralll.v de Irf/vail de l'A/lverglle el d/l Li1l1C1/1sil/ a/l .'G'Ome shkle,
Clennont-Ferrund, 1979.
�27
tisserands de son bourg. Après avoir exercé lui-même ce métier, il s'oriente en
1826 vers le commerce de la toile. Il a au moins un salarié et conunerce dans
l'ouest.
Le père Chambre de Saint-Angel, emmène un siècle plus tard (vers 1930) la
famille Estrade dans la Sarthe. Le premier vend de la toile et des articles textiles,
servant d'introducteur dans les maisons qu'il connaît à ses compatriotes
corréziens (de Millevaches) qui vendent du vin.
Noël Chassaing et Mazaud, natifs d'Ambmgeat, commercent la toile
respectivement en Nonnandie et en Bretagne. E. Crison l7 qui cite ces deux noms
rapporte que les conununes de Combressol et de Palisse se sont adonnées à ce
commerce de type cautalien.
Ainsi une tradition d'artisanat du tissage de la toile à Saint-Angel,
conjuguée avec une vieille coutume du colportage (à Ambmgeat, Combressol...)
pourrait expliquer cette migration des marchands de toiles dans J'Ouest de la
France (Nomumdie, Bretagne, Sarthe) qui elle-même guidera celle des
marchands de vins.
e. Les négocillnts en vins
Il est assez rare que dans une migration on puisse identifier l'initiateur du
mouvement : J'absence de sources écrites, l'ancienneté des courants migratoires
et les lacunes de la mémoire collective suffisent à expliquer cela.
Les négociants en vins corréziens se sont trouvé un père en la personne de
Jean Gaye-Bordas sur la tombe duquel ils ont fait inscrire : "Hommage et
reconnaissance au créateur du genre de négoce qui a contribué à enrichir le
pays". Quel crédit apporter à sa légende '1
Ce pers01Ulage pittoresque, prodigue jusqu'à la naïveté, a fait naître de son
vivant une histoire dorée. Elle vaut d'être contée, même si ses compatriotes ont
quelque peu forcé certains traits l8 . J. Gaye-Bordas est né en 1826 au hameau de
Laval, dans la commune de Davignac. Il est illettré, ce qui ne J'empêche pas de
faire du colportage (marchand de parapluies et chiffonnier). Puis il est engagé
dans mle équipe de rouliers reliant le Midi et le Nord de la France. C'est" cette
occasion qu'il vend les lampes" pétrole en cuivre que Rockefeller avait envoyées
en France pour vulgariser son or noir. Il s'aperçoit qu'un greffier de Pauillac
expédiait ml fût de vin à son frère à Lille.
1. Gaye-Bordas profite d'un convoi pour aller vendre lampes et vin de
Bordeaux en Wallonie et dans le Nord de la France. Le banquier de Pauillac,
Lapierre d'Aurillac, est presque un compatriote; il lui couvre ses expéditions.
17 _ CriSOll E. op. cité.
18 _ Cdl\! biographi\! a été écrit\! pur Chul A, li! 28 Juilld 1974, à l'occasion du
C\!IIt\!naiœ d\!s Négociants \!11 vills.
�28
L'habileté commerciale de Gaye-Bordas est prodigieuse et sa fortune faite en
quelques années. Ruiné par les fenunes dit-on, grugé par ses associés, il atteint la
célébrité dans son pays par ses prodigalités. Il meurt en 1900, dans la pauvreté.
Le fait capital est que Gaye-Bordas a fait école. Dès 1875 environ,
Baptiste Pecresse de Combressol et trois de ses frères partent conullercer en
Belgique, à Bruxelles et à Anvers. Baptiste, quasiment analphabète, avait épousé
une institutrice qui rédigeait les factures et tenait la comptabilité. Les châteaux
en Corrèze et en Médoc (voir 3eme partie) symbolisent la réussite éclatante de
cette famille.
A partir des années 1880, ils sont des dizaines à partir de Meymac,
Davignac, Combressol, Ambrugeat, Soudeilles, pour le Nord de la France et la
Belgique, pour la Normandie et la Bretagne. Au début, ils font du troc (voir
2ème partie) dans la grande tradition des chineurs du Massif Central. Puis les
transactions ont lieu en numéraire et les banques s'installent à Meymac. Certes,
il y avait des "ruffians" panlli les Corréziens. On cite l'exemple de celui qui avait
fait livrer du cidre bouché d'Argentat pour du Champagne. Mais la clientèle se
fidélise assez rapidement.
Avec leur accent occitan, leurs mains calleuses de paysans, leur tenue
impeccable (costume, pardessus, chapeau mou), leur bagou d'honunes de foirail,
ces négociants plaisent à leur clientèle wallonne. Cet aspect exotique est pour
une part dans leur réussite. Ils utilisent avec arrogance leur situation
géograplùque "Meymac-près-Bordeaux" ou encore plus simplement : "Meymac,
France" -pour se faire passer pour les ambassadeurs obligés des vins de Gironde.
Vers 1900, ce n'est plus l'aspect "rustique" du Corrézien qui fait sa réussite;
le capital et l'instru.ction jouent aussi leur rôle. On s'achemine vers une
"lùérarchisation" de la profession, selon l'expression de P. Lues l9 , où les gagnepetit vont démarcher pour les plus fortunés .
Avant 1914, un second noyau d'énùgration se constitue autour d'Argentat.
L'instituteur Jean Douvisis (1866-1926) joue un rôle essentiel pour lancer ses
compatriotes. Il écrit un "Nouveau livre d'Ordres" à l'usage des négociants,
propriétaires et comnùssionnaires en vins Uournal commercial avec
récapitulation alphabétique). Il encourage ses anùs à tenter l'e>''Périence du
commerce en leur donnant un petit pécule de départ, de façon totalement
désintéressée (1904).
Après 1919, il relance l'émigration des" Argentats" vers la Belgique. Il est
élu membre de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Tulle-Ussel et nonuné
Conseiller du Commerce Extérieur. A ce titre, il participe à une mission
commerciale en Pologne. Il crée avec le concours de la maison Malher-Besse une
maison de vente et de dégustation à Auvers ; puis une agence en douane pour le
transport franco-belge des fûts et des bouteilles.
19 _ LUt!s P. op. c il ~.
�PROPRI É T A I RE
~
'.1
l"~
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DU
DO MA .I N E
A SLANGEL (CORRÈZE),
Etiquette de
~ . ou
t e il
e
PRÈS
DI-:
C ALARY
BORDEAUX
Sa int-Angel-près- Bordeaux :
du négociant Michel MADESCLA /R E ( / 868- J9JO)
(Co llection M. MADESC LAlRE)
�30
Cette agence se consacre exclusivement aux Corréziens. L'élection de
Jean Douvisis à la mairie d'Argentat (en 1925) et au poste de conseiller général
du canton sanctiOlUle lme vie passée au service de ses concitoyens20 .
Conclusion
Pour P. Lues le négociant en vins "résulte probablement des expériences
viticoles du scieur de long landais, (et) mercantiles du cocher de fiacre parisien".
Cette opinion fort judicieuse doit cependant être nuancée.
- Le flux lnigratoire vers la Gironde est très ancien et pas seulement
composé de scieurs de long. La Dordogne est un trait d'union entre le haut et le
bas-pays dont nous avons souligné l'importance pour le transport des
marchandises (à double sens), pour le déplacement des honunes (émigration
saisOlmière et définitive), pour l'échange des idées. Jean Dutrech21 ,malysant la
colonie limousine à Bordeaux en 1911 y dénombre des carcassiers (fabricants de
parapluies), des canùonneurs, des laveurs et boucheurs de bouteille, des
débardeurs aux côtés des courtiers en vins de Meymac. Le négoce en vins
procède donc d'une tradition migratoire vers la Gironde, sans que l'on puisse
réserver à un métier la paternité de l'idée.
- Le flux migratoire vers Paris, très ancien pour la Creuse à cause des
maçons, est plus tardif pour la Corrèze. L'essor urbain conunencé sous le
Second Empire avec les travaux d'HaussmalUl et renforcé sous la
IIIème République avec les deux Expositions Universelles (1889 et 1900), amène
le développement des transports (métropolitain, fiacres, automobiles) et des
services en général (hôtellerie, restauration ... ). Le négoce des vins s'inscrit
dans ce mouvement général de la tertiairisation de la société où produire
s'avère moins important que vendre.
A partir du XXe siècle, le mouvement vers la capitale devient plus
important en nombre que celui vers la Gironde. Le chemin de fer a joué ici un
rôle déterminant. Les premiers marchands de vins de Meymac allaient prendre
la diligence à La Forêt (de Maussac) et le train à Egletons. Mais dès 1880 l'axe
Clermont-Tulle et 1883 poqr l'axe d'Ussel-Limoges, Meymac devient le
carrefour ferroviaire du plateau de Millevaches.
On connaît la suite : le costume, le voyage, les grands hôtels à Paris, à
Bruxelles, la clientèle huppée de la WallOlùe ou du Nord, les chasses dans les
ArdelUlCs, des gains rapides ... voilà de puissantes motivations pour extraire les
rustres Corréziens de leur horizon bonté par les landes.
Le genre de vie Ilùxte, éleveur-négociant, que beaucoup ont conservé leur
permettait d'apprécier le décalage des deux situations.
20 _ Biographie;:
2 1 _ Dutre;:ch J. ~(
Ùfe;:ssee;: par Chal A. , le;: 29 jnilld 1979.
Le;:s Limousins ù Borùe;:aux ». Li!lIlol/zi N° Il , 1911.
�31
II. LE NEGOCE DU VIN DE BORDEAUX
1. Une expérience d'un siècle dans le négoce
Cette aventure corrézienne que nous avons évoquée avec les précurseurs ne
se comprend que par le sens du commerce dont ces centaines de paysans firent
preuve, avec une réussite éclatante pour certains et honorable pour d'autres. Il
faut évoquer également les métiers mUlexes qui facilitaient ce négoce:
founùsseurs et transporteurs par exemple.
a. Les caractères du métier
La nécessité a fait partir les Limousins, comme bien d'autres habitants de
contrées déshéritées : "e 'esl la pauvrelé qui a ./àil partir les gens. A ce
moment-là, il n'y avait pas de chô/llage parce que le /1101 n'existait pas. À,lais il y.
avait des chômeurs plein les /liaisons. Ils vendaienl des parapluies, ils partaient
faire les chi.fJonniers ou les scieurs de long... "(Alfred Chal, entretien).
Le choix du métier de départ se détermine par les filières familiales. Les
négociants en vins sont partis à l'instigation d'lUl parent ou d'Wl ami qlÙ avait
défriché le terrain en leur donnant quelques adresses d'hôtels, en leur fonrnissant
quelques clés de réussite :
''J'avais un voisin, un nO/llmé lvlontlouis, qui avait commencé et qui m'a
dit: "lvlon petit, va au voyage, je te couvre tes expéditions, tu n'as qu'à y aller".
11 faisait crédit des premières sommes à payer" (Alfred Chal, entretien).
La premièr.o eXI)éricncc est souvent un choc. Roger Duroux. avait trois
oncles d'Argentat et de Saint-Chamant qui faisaient le négoce en Belgique. Au
cours de son premier séjour dans ce pays, il trouve le climat froid et les jours
courts. Le jeune négociant n'était jamais allé plus loin que Brive ou Tulle. Il ne
cOIUlaissait pas ce qu'était un terril et n'avait jamais vu un tramway. L'envie de
ne pas rester paysan lui a donné l'énergie pour tirer les sonnettes.
Le même Î1ûormateur explique en quoi ce métier se résume. Il faut
développer le don de lier connaissance, la facilité de dialoguer en passant d'un
extrême à l'autre, de l'ouvrier au directeur d'usine. Il insiste sur la "qualité tlu
premier regard", et la coriacité qui est la vertu de ne jamais s'avouer vaincu,
surtout dans une situation d'Î1ûériorité. Parmi ces difficultés, il y avait celle bien
�32
réelle de montrer qu'ils étaient du vignoble Bordelais. C'est là que l'astuce
corrézienne intervient :
"L'histoire était quand même pour nous de se faire passer pour un
négociant ou un fils de cultivateur bordelais: on avait les mains calleuses"
(Alfred Chal, entretien).
Ce dernier argument valait surtout pour les petits négocümts qui
voyageaient de 4 à 6 mois par an et élevaient une douzaine de vaches comme
R.E. de Chavanac.
Tirer les sonnettes demandait une opiniâtreté à toute épreuve. Alfred Chal
nous éclaire sur les aléas du porte-à-porte : "Si, par exemple, je mettais un fran c
dans ma poche à toutes les sonnettes que je tirais (en 1930), à la Jin de la
journée, j'avais gagné cent fran cs". Façon imagée de montrer que la
persévérance joue et qu'il faut démarcher 99 clients pour que le denuer vous paie
de votre peine en passant une commande de 100 francs.
Partir est un risque, une aventure pour B.J., la cinquantaine en 1993. On
vit dans la voiture, à l'hôtel. Quand on repart, on se demande avec
appréhension: "Ca va marcher? Je vais faire 2 ou 3 clients que je connais". Il
faut aussi une excellente santé, eu égard aux horaires pratiqués (tôt le matin ou
tard le soir) et ne pas se laisser aller aux excès de la vie facile conune les bons
vins et les bons repas.
Pour 1.S. lié <1 Libourne en 1947 : "Si les gens sont venus de Corrèze, c'est
qu'il s'agit d'un creuset qui rend les hommes plus durs". Ce métier de négociant
exige en effet le "sacrifice du marin", c'est-<l-dire s'absenter plusieurs semaines
en dehors de sa famille. L'infonnateur doute que les jeunes d'aujourd'luu
puissent accepter des conditions semblables de travail.
Ainsi, voici tracé <1 grands traits une sorte de portrait-robot de la profession,
en restant au plus près de la parole des négociants. Au del<\ des qualités bien
réel~
chez tous, sens du contact hwnllin, llstuce cOlnnlerciale, opiniâtreté,
chacllli a ses méthodes. Mais les conditions ont bien changé en lUl siècle et lUl
monde sépare l'époque des pionniers et celle des négociants achlels (nous
reviendrons plus tard sur cette évolution).
De paysans assez frustes, mais doués d'lUle fonnidable envie de se sortir de
leur condition, on est passé ù des vendeurs professiolUlels possédant de réelles
aptitudes dans III gestion, l'oenologie, les langues étrangères.
b. Le statut du négocilmt ct son évolution
Si les premiers Corréziens [llrent de simples employés des maisons de
courtage de la place de Bordeaux, ils se rendirent compte assez vite qu'ils
pouvaient travailler pour leur propre compte. Ainsi naquit le statut de négociant
fictif. Il s'agit d'un voyageur de commerce n'ayant pas de stock de vins en
�33
propre, mais qui passe chez les gens, leur fait goftter des échantillons de vins,
prend les commandes et fait assurer la livraison.
Les commerçants bordelais virent très rapidement le parti qu'ils pouvaient
tirer de ces nouveaux venus. Plusieurs maisons couvrirent leurs frais de
déplacement, leur accordèrent le crédit nécessaire entre la commande et son
encaissement, assurèrent la foumiture demandée et procurèrent une adresse
commerciale, fictive mais bien utile.
Dans la famille Moueix, le pioIlltier fut Antoine, né ù Ligütiac en 1878. "A
l'origine, il était cultivateur et commença à vendre des vins de la maison
Eschenauer à Bordeaux, avant 19].1. Sa réussite Jitt rapide". (I.P.M.). Son
neveu Jean-Pierre, né en 1913, arrive très tôt en Gironde et trouva dès 1929 son
créneau conunercial : il ne vend qu'à des grossistes ne leur proposant que des
vins rouges de la rive droite de la Dordogne, alors que les maisons bordelaises
avaient des cartes cOI1Ullerciales de plusieurs pages.
Toutes les destinées ne sont pas aussi brillantes. Beaucoup de Corréziens
sont de simples "barricailleurs"22, à une époque où les gens embouteillaient euxmêmes. Ce tenne n'a plus cours aujourd'hui puisqu'on vend des cartons de
3, 6, 12 bouteilles.
Puis peu ù peu, ceux qui ont réussi à amasser un certain capital achètent
une propriété en Gironde et deviennent négociants-éleveu.·s. Ils résolvent,
partiellement du moins, leurs problèmes d'approvisionnement. Mais ce vignoble
devient vite la base du commerce, cl la fois source de savoir-faire et de notoriété.
Sans parler des quelques châteaux achetés par les précurseurs d'avant 1914, les
premiers investissements dans le vignoble girondin datent de l'entre-deuxguerres.
c. Fournisseurs-grossistes, transporteurs
Arthur Delmas, Corrézien originaire d'Ambmgeat, fonde en 1886 à
Bordeaux la maisen "A. Delmas et Fils" . Bien placé dans les circuits de vente
par son métier de distillateur, introduit dans les milielLx girondins par son
mariage, il se place d'emblée dans la position le grossiste. Ses compatriotes
corréziens qu'il encourage ù partir conune marchands dans le Nord ou en
Belgique, devielUlent autant de clients. Ces demiers "descendent" de Corrèze en
Gironde deux fois par an, pour goftter et parler du vin. Le fournisseur doit en
retour les visiter en Corrèze durant l'été. Les Delmas (père et fils) "montent"
donc en juillet voir les marchands de Basse-Corrèze puisque les "Argentats"
partent en Belgique dès le mois suivant. Puis ils vont visiter les marchands de
Haute-Corrèze en août. Ce déc;ùage de la visite reproduit celle du calendrier
agricole entre les Basse et Haute-Corrèze.
.
22 _ buricailll!\lfs = Négociants ticlifs nI! Vl!llÙallt qU'lUl1! moitié ou lUI quart d~
("barricot ").
pil!t:e
�34
L'objectif de cette visite est le contact avec le client et le conseil sur la
qualité et les prix. L'entreprise Delmas a compté jusqu'à 400 clients en Corrèze,
entre les deux guerres. Ce chiffre prodigieux est dû au dynamisme du fondateur,
mais aussi à la pérennité de la maison. En effet, trois fils sur quatre ont pris la
relève : après 1919, G.P.M. devient la nouvelle raison sociale des établissements
A. Delmas et fils (Gabriel, Paul et Marcel). Les deux prenùers sont associés à
Bordeaux, le dernier fonde Wle succursale à Anvers. La crise de 1929-30
entraîne Wl marasme éconollùque qui fera éclater cette association, chaque frère
fondant alors sa propre affaire.
Les établissements Pierre Delmas (1949) et Jean-Plùlippe Delmas (1980)
forment les 3e et 4e générations de cette maison plus que centenaire. Ils ont
conservé le même créneau conunercial qu'à l'origine, c'est-à-dire la vente des
vins de Bourgogne et de Côtes du Rhône, des vins doux naturels (Banyuls,
Muscat de Rivesaltes), des Portos, des wlùskies ... Le· but avoué est de ne pas
concurrencer la maison allùe Eschenauer. 23 La base de la clientèle reste encore
CorrézielUle. On apprécie la confiance réciproque, "comme sur les jiJires jadis"
de l'aveu de J.P. Delmas. Penuanence séclùaÎfe du "tope-là" à l'ère du fax!
Jean-Baptiste Audy est né à la Rigaudie de Saint-Sulpice les Bois en 1882.
En 1906 il est négociant en vins, mais dès 1919, il achète les chais du quai du
Prio\Ùat à Libourne. Ce sont des bâtiments allongés perpendiculairement à la
Dordogne, dont l'un est l1Ùllésimé "7bre 1829", et comportant des pans inclinés
datant du temps où on faisait rouler les barriques à même le sol.
Dès 1919, J.B. Audy devient le fournisseur de dizaines de négociants fictifs
de Corrèze. Ces denùers gardent les noms des clients, Audy livre la conunande
au transporteur qui achel1Ùne la marchandise selon les indications du négociant
fictif. Comme nous l'avons dit plus haut, le founùsseur Audy a incité au voyage,
en les aidant fUlancièrement, un certain nombre de fanùlles. La Maison Audy
existe toujours, gérée par le petit-fils du fondateur.
Pour les tournées en Belgique, les fournisseurs bordelais ont établi des
dépôts à Bruxelles. On peut citer : le Palais du Vin, les Chais franco-belges,
Delmas, Fluzin. Sur place les transporteurs comme Dufour et Grégoire jouent un
rôle important. Ils acheminent la marchandise conune si elle venait de France,
encaissent le prix de la livràison, reversent cette somme au founùsseur. Dans ce
dernier cas, le négociant n'a pas d'avances de fonds à faire : il va seulement
toucher son bénéfice chez le founùsseur. Ce statut correspond plutôt à la
catégorie des gagne-petit n'ayant pas suffisamment de fonds de roulement et
pouvant se passer ainsi des banques.
23 - Lues CP.), op. cité
�35
2. Les marchands et leurs clients
a. L'aire de recrutement des négociants, évaluation de leur effectif
Nous disposons de quatre sources différentes pour cemer l'origine des
négociants en vins.
- P. Lues a cartographié dans son article de 1936 leur ,ùre de recmtement
en Corrèze.
Le noyau originel est constitué par des conUllunes de Meymac, Davignac et
Combressol, dont la caractéristique est d'être proches de l'axe ferroviaire UsselTulle. Cette zone correspond à celle des migrants piolUùers (1870-1890).
La seconde zone d'émigration (1890-1900) forme tache d'huile autour de la
première en recrutant dans les cantons de Sornac, Egletons, Ussel.
Le mouvement gagne au sud à partir de 1900 toute la région d'Argentat
(Basse- Corrèze) qui ne va pas tarder à fournir des contingents aussi importants
que la Haute-Corrèze.
- L'annuaire de Corrèze de 1933 ne recoupe que très partiellement les
dOlUlées de P. Lues, qui ne cite pas ses sources. Nous trouvons: 14 négociants à
Combressol, 12 à Davignac, Il à Soudeilles, 5 à Egletons, 4 à Somac,
4 à Treignac, 1 à Saint-Martin-la-MéalUle, 1 à Saint-Hilaire-Taurieux. Mais
aucun à Meymac, Ambrugeat, Argentat, etc... On peut en conclure que cette
n'est pas fiable .
source d'informatOl~s
- Par contre les tournées d'A. Dclmas et tils sont très explicites. Voici lm
échantillon, recueilli oralement, donc forcément incomplet, des commlmes de
résidence de leurs clients négociants: en Basse Corrèze : Afgentat, Tulle (peu),
Saint-BOlUlet-Elvert, Saint-Martin-Ia-Méaune, Marcillac-la-Croisille, SaintMartial d'Entraygues, Bort, etc ...
En Haute-Corrèze : Meymac, Davignac, Ambrugeat, Egletons (peu),
Péret-Bel Air, Sornac, Ussel, Eygurande, Aix-la-Marsalouse, la Courtine (peu),
Darnets, Soudeilles, etc ...
- En 1978, le président du Syndicat des Négochmts en Vins (A. Chal)
nous commwùquait obligeamment ses effectifs et l'origine géograplùque de ses
adhérents (total : 153) : canton de Meymac (45), canton d'Ussel (18), autres
cantons de Haute-Corrèze (8), canton d'Argentat (32), autres cantons de basse et
moyenne-Corrèze (14), Gironde (28). Les négociants ayant leur adIesse en
Gironde sont originaires de Haute-Corrèze pour 20 d'entre eux et de BasseCorrèze pour les 8 autres.
Ces chiffres nous montrent un amenuisement des effectifs. A la Belle
Epoque, on aurait compté 300-325 adhérents dans l'arrondissement d'Ussel ,
420-430 sur Argentat d'après l'actuel président (R Bondolluy). Nous n'avons pu
�36
conslùter les archives de ce syndicat, si elle existent, et nous pouvons penser que
ces dernières évaluations plausibles puisque les selùs clients de la maison
Delmas se montaient à 400.
On note également lUI changement d'appellation du syndicat qui est devenu
"du Sud-Ouest", et non plus "de la Corrèze" .
b. Les régions prospectées, l'hébergement, les moyens de transp0l1
Les premiers négociants se sont dirigés vers des régions où le vin de
Bordeaux était connu de longue date, mais bu lUùquement par les classes riches,
et dans des occasions de réjouissances. Par un démarchage massif, les Corréziens
ont touché de nouvelles classes de la société, éduqué le public qui ne connaissait
que le cidre dans l'Ouest ou que la bière dans le Nord, élargi leur marché à tous
les pays francophones (Belgique, L1Lxembourg, Suisse, Québec, etc .. .).
En dehors de ces généralités, il est nécessaire d'étudier des exemples
appartenant à plusieurs générations, ce qlù nous permet de voir évoluer les
moyens de conmlUnication, les clientèles, les façons de faire.
René Gratadour (né en 1893, mort dans les années 1980) a commercé de
1923 à 1968. Les régions fréquentées étaient celles d'Amiens, Douai, Lille,
Bruxelles. Puis il redescendait sur Lille et se dirigeait sur la Normandie. Il
prenait pension dans un hôtel de Boisset le Châtel et de là rayonnait sur le pays
Roumois (polit Audemer, Rouen, Evreux).
Alfred Chal (né en 1904, mort en 1994) a pratiqué le négoce de 1932 Ù
1960 environ. Il avait repris ù peu près la toumée du grand père de sa femme
(Léonard Chassaing). Il avait t,Îté lUI peu la Belgique en rayonnant cl partir de
Valenciennes : le Borinage (Mons, Waudrez, Bintje, Charleroi) et les Flandres
«("Jand et Berckem). Mais sa clientèle principale demeurait ruU1S le Nord et le
Pas-de-Calais : Bourboug, Saint-Omer, Hazebrouck, Lille, Roubaix, Tourcoing.
Puis un peu les Ardennes avec Maubeuge.
Pierre ChllSSllgnoux (né en 1923) nous renseigne dans son texte, cité en
introduction, sur trois générations de négociants. Ce récit nous montre une
réussite cumlÙée sur plusieurs générations et dans les deux branches matenielle
et paternelle. Les mêmes familles sont visitées et forment un fond de clientèle.
C'est une facilité pour le jeune négociant, mais c'est la compensation pour lui du
cllOix obligé du métier. Le train avant 1950 puis J'automobile sont indiqués
comme moyens de locomotion. L'hébergement dans les pensions de famille
précède la fixation à Hautmont (Ardennes). Puis l'adresse conunerciale à
Bordeaux est introduite dès 1930. L'achat d'un immeuble en 1950 Ù Libourne et
d'un vignoble à Saint-Emilion en 1956 achèvent 1.1 "naturalisation" ell Gironde
(l'aire de vente est précisée en annexe).
Roger Estrade (1935- 1994) hnbitait Chavanac et avait repris en 1967 la
�Deux négociants corréziens à Bru
xe l e,~
place SI-Hilaire,
vers 1930- 1935: Antoine LONGOUR de Saint-Martial d'Entraygues
et Fran ço is CEYROLLE de Sain.t-Martin-La-Méanne
(Collec li on LONGOUR)
�38
tournée de son père. En quatre mois de campagne, il démarchait les régions
suivantes :
- Sarthe (cantons de Conlie et Loué) et Mayenne limitrophe (Torcé-enCharnie, Sillé-le-Guillaume).
- Normandie : Calvados (Falaise) et Orne (Argentan)
- Bretagne : Côtes du Nord (Plémet, Loudéac) et Morbihan (VarUles,
Sainte-Anne d'Auray).
Ce fils de paysan, et éleveur de vaches hù-même, avait modestement
commencé son négoce avec une motocyclette de 125 cm3 sur laquelle il avait
essuyé bon nombre d'intempéries. L'automobile ne fut achetée que par la slùte.
Pierre Longour et son fils Antoine, d'Argentat, ont commercé de 1910 à
1980 environ en Belgique. La tournée autour de Namur (voir carte p. 141)
s'effectuait à pied, le logement étant pris à l'hôtel ou chez l'habitant. Vers 1935,
le père enul1ène son fils et lui achète un vélo d'occasion à Wavre. Ce denùer
engin multiplie la vitesse de déplacement. Le père et le fils prospectent selon le
même principe les Ardennes belges (voir carte p. 138). Antoine se constitue une
tournée à lui tout seul en prenant un abOlUlement aux chellùns de fer belges, en
fabriquant ml itinéraire à partir d'un indicateur et en prenant Liège comme point
de rayonnement (v. carte p. 142). S'il n'a pas pénétré en Hollande et en
Allemagne, c'est pour des raisons évidentes de barrière linguistique.
Jean Janoueix, né en 1867 à Soudeilles, voyageait dès 1898 en Bretagne et
en Nonnandie par le train. Sa silhouette familière comprenait le chapeau melon,
le parapluie, le sac de voyage. Il partait 2 mois environ par an. Son fils Joseph,
né en 1904, reprend la tournée en 1925 et l'augmente considérablement en
restant jusqu'à neuf mois parti en démarchage. Il utilise le train et le vélo, ce qlù
lui permet de visiter les campagnes alors que son père devait se contenter des
villes-gares. La première automobile est achetée vers 1929. Le petit-fils, Jean, né
vers 1939, fréquente toujours assidflment la Bretagne (voir son agenda 1994)
accompagné du père, 90 ans! Mais il démarche aussi l'Autriche, le Québec, la
Belgique, la Hollande, le Danemark. L'aîné des arrière-petit-fils a été élevé dans
la grande tradition corréziellllC. A 1';Îge de 17 ans, son père hù a donné lUle me
de Pontorson "à faire" (c'esl-él-dire tirer les sonnettes). Depuis, il a fait son
chenùn puisqu'il tient comptoir des vins Janolleix ù Londres.
Ces six courtes biographies n'épuisent pas le sujet mais elles offrent lUI bon
éventail des situations individuelles ou familiales vécues par les' négociants en
vins. Les réussites sont très variables : nous avons des gagne-petit ou des
dynasties brillantes, avec tous les intermédiaires possibles. Voici quelques
enseignements que nous pouvons tirer de ces expériences :
- dans les régions prospectées les vins fins n'étaient bus qu'en de rares
occasions : sortie de la messe, repas de famille, banquets... L'usage de se
constituer une cave de vins millésimés a été fortement encouragé par les
Corréziens.
�Des négociants en Belgique dans un loisir autochtone: le tir.
Joseph et Antoine LONGO UR, vers 1930-1935.
(Collcction LONGOUR)
�40
- ces régions sont souvent qualifiées de riches par nos informateurs
parce qu'on s'y adonne à la grande culture et que l'industrie y est florissante. Il y
a donc là une clientèle potentielle, en effectifs et en revenus, que les marchands
corréziens savent attirer.
- seuls les pays francophones ont été touchés par la génération des
pionniers qui chez eux parlaient plus le Limousin que le Français. Puis les plus
hardis s'aventurent en Angleterre, en Irlande, dans les pays scandinaves, voire '
aux Etats-Unis (dès 1940, Jean-Pierre Moueix y a son p'fenùer client). Il s'agit
donc d'ml conilllerce mondial pour les grandes maisons d'aujourd'hui.
�41
c. La diversité socio-professionnelle des clients
Les négociants corréziens ont d'abord eu co nUlle base de clientèle les
professionnels du vin : détaillants, cafés, restaurants. C'est ce qu'on apprend
avec Louis Donadieu au début du siècle <llms le Nord et les Ardelmes (voir
reproduction de son facturier de 1900-1908). C'est la pratique d'Antonin Bordas
qui avait vendu en 1928 au GnUld Cerf de Douai (restaurant) 43 barriques dont
cinq de grands crus. Cette conunande est restée célèbre par son montant
exceptionnel et a marqué les mémoires (A. Chal).
En compulsant l'agenda de Jean Janoueix en 1994, on s'aperçoit que cette
clientèle est l'objet de toutes les sollicitudes. Ainsi lors de la Foire Internationale
de Paris, le patron va visiter en personne les restaurateurs avec ses représentants,
alors que ceux-ci vont les voir tous les quinze jours. Il ne s'agit pas en
l'occurence de passer commande, mais de maintelùr la confiance. A Monaco,
Nice et CalUles, la maison Janoueix s'adresse mliquement mL" restaurants, pour
des raisons d'image sans doute.
Très rapidement, certains négociants ont visé les clientèles de particuliers
aisés. On cite les ingélùeurs des mines à Lens (où on buvait du Cheval-Blanc en
face de la gare), à Hénin Liétard ou dans le Borinage belge. On démarchait aussi
les brasseurs, les filateurs (Lille-Roubaix-Tourcoing), les tisseurs (Courtrai en
Belgique), les gros producteurs de houblon et de pomme de terre près
d'Hazebrouck, les marchands de bestiaux du côté de Maubeuge, les grosses
fermes de la vallée de la Semois, les fonctiOlUlaires belges (instituteurs,
commissaires de police, curés).
Mais si on voulait "faire sa journée", il fallait aussi visiter les gens plus
modestes comme les cultivateurs, en début de journée ou des artisans-boulangers
après leur repos (A. Chal).
Cette évolution s'accentue au milieu du XXe siècle et Pierre Chassagnoux
signale /II 'intérêt que de nouvelles couches sociales manifestaient pour le vin /1.
Boire du vin nûllésimé, constituer lUle cave avec des grands CnlS est un signe
d'élévation du niveau de vie, mais aussi lUl signe de promotion sociale qlù
concerne de plus en plus les chlsses moyennes (techniciens, employés). Dans ce
contexte on voit les vieilles maisons diversifier leur commerce de la façon
suivante : les négociants ne fréquentent que les foires commerciales, les pays
étrangers, les gros clients (restaurateurs) alors que des représentants rétribués au
pourcentage visitent les clients particuliers.
�42
Réflexion sur l'espace, le temps, la société à propos de
L'AGENDA D'UN NEGOCIANT EN VINS
Jeml Jmloueix, 37 Rue Pline Pannentier, LibolIDle
A1lllc!e 1994
Janvier: - préparation des tarifs et des toumées (elles-mêmes fonction du
calendrier des foires) .
- fête du Syndicat des Négociants en vins de Liboume (assemblée
générale)
~ banquet des Corréziens de Liboume et de Bordeaux.
Février: - du 5 au 10 : Autriche, visite des agents.
- du 12 au 25 : polders du Mont-Saint-Michel
- du 26.02 au 3 Mars : Concours Général Agricole de Paris en tant que
président du jury de dégustation
Mars: - du 4 au 12 : Foire Intemationale de Montréal. Visite de la
clientèle du Québec
- du 19 au 27 : foire de Rennes (avec présence du père, Joseph, 90 ans)
Avril: - du 28 mars au 14 avril : visite de la clientèle de Bretagne
(Mayenne, Ille-et-Vilaine)
- du 15 au 18 : foire de Fougères
- du 19 au 24 : clientèle sur Fougères (wle année sur 2)
Mai : - du 29 avril au 12 mai : Foire Intemationale de Paris
Visite des restaurateurs avec les représentants (exemple : Le Crillon)
- du 18 au 27 : clientèle du Sud, Monaco, Nice, CalUleS (mlÎquement les
restaurants)
- le 28 : sponsorisation du nùlye des vieilles voitures, "les Sans-Culasse"
Juin : - du 2 au 5 : intronisation des importateurs à la Fête des Hospitaliers
de Pomerol
- du 6 au 26 : clientèle de particuliers et de restaurateurs à Saint-Malo,
Dinard, Dinan, Cancale.
- du 27 au 30 : clientèle de restaurants dans les îles anglo-nonnandes
Juillet : - début : restaunU1ts de la côte atlantique: Biarritz, ArC<lchon,ROYéU1
- 24 : fermeture des bureaux
Août : - du 14 au 24 : séjour à Soudeilles (berceau de la famille) et li
Meymac.
Visite aux clients et aux restaurateurs de la région
- 29 : Torigni sur Vire, Saint-Lô (Manche) : il s'agit d'une très ancielUle
clientèle
�43
Selltembre : - 14 : foire de la Sainte-Croix à Lessay (Manche), avec 50 000
visiteurs
- du 18 au 25 : foire de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor)
Octobre: - jusqu'au 16 : vendanges à Saint Emilion, sur les propriétés
familiales
Octobre-Novembre: - du 16-10 au 27-11 : Compiègne, Noyons,
Bapeaume, Maubeuge, Avesnes, Luxembourg. Durant cette période
1. Janoueix est hébergé à l'hôtel Notre-Dame à ValencielUles
Décembre: - du 27-11 au 22-12 : Bruxelles, Belgique et Hollande.
Danemark : grossistes et aide aux agents
- 22 : retour à Libourne pour la trêve de Noël.
Réflexion historique et géographique
sur cet agenda
On notera la très grande importance de l'Ouest (Bretagne, Nonnandie)
dans cette clientèle. C'est là que les Janoueix, il y a 3 générations, ont fait leurs
prenùers clients. Cette région a-t-elle été avant eux prospectée et adoptée par les
marchands de toiles de Saint-Angel : c'est une hypothèse. La présence du
patriarche - Joseph, 90 ans- à la foire de Rennes est tout un symbole. Le petit-fils
qui s'est appris en ayant toute une rue de Fougères à "faire", à 17 ans, perpétue la
tradition. Les déplacements à l'étranger ont été soulignés: Autriche, Danemark,
Belgique, Hollande, Québec. Notons qu'il s'agit d'anciens bastions du négoce
corrézien (Belgique-Hollande) auxquels se sont ajoutées des implantations dans
les pays à haut revenu de l'Europe du Nord ou de l'Amérique du Nord. Un des
enfants Janoueix occupe à temps complet un comptoir à Londres.
Les restaurateurs sont une cible privilégiée par les grandes maisons de
négoce car l'écoulement du vin se fait à une autre échelle que chez les
particuliers. Les grands crus que les Janoueix ont achetés y trouvent
naturellement leur débouché (noter leur importance sur toutes les côtes,
Atlantique et Méditerranée).
Le siège social de l'entreprise est situé à côté de la gare de Libourne, bien
située sur la ligne du T.G.v. Atlantique Bordeaux-Paris. Ce qui montre l'intérêt
de ce moyen de transport dans l'histoire du négoce des vins.
D'anciennes maisons comme François Janoueix ou Audy sont restées le
long de la Dordogne, quai du Priourat. On dit ici, "quai des Argentats", comme
au temps où la navigation arrivait ici.
Mais, pour bien faire, il faudrait être à côté d'un aéroport international,
nous dit Jean Janoueix. Et on sent bien, dans cette réflexion, toute l'ambiguïté
qu'il y a à être implanté dans une ville corsetée par les vignes - Libourne - et
reliée au reste du monde par une rivière non navigable, par une autoroute pas
encore achevée, et heureusement, par un train performant.
�44
Réflexion sociologique sur cet agenda
Les absences hors de la famille du négociant sont très importantes. Elles ne
sont possibles que grâce à la disponibilité de l'épouse qui a accepté d'assumer ce
destin : rester au foyer, s'occuper des elûants, participer aux écritures conune
tout le reste de la famille. Conllue le recOJUlaît Jean Janoueix : "ce sont les
femmes qui font et défont les ménages et les carrières". A l'heure actuelle,
beaucoup d'épouses ne permettent plus un tel genre de vie. C'est un frein au
métier sous son ancienne fomle. Les négociants fictifs préfèrent entrer comme
salariés dans les grandes maisons conuue Janoueix. Ils regagnent leur foyer
chaque fin de semaine, conuue tous les v.R.P.
Les présences du chef de famille sont conçus comme des temps forts pour
resserrer les liens entre toutes les générations ou avec la colonie corrézienne.
C'est le cas à Noël et en janvier avec les fêtes de fauùlle, l'assemblée générale du
Syndicat, le banquet de l'amicale. En juin avec les intronisations. En aoflt avec
l'estivage en Haute-Corrèze. Mais le souunet est atteint lorsqu'on vendange en
septembre-octobre. La colonie corrézielUle constitue le gros des troupes : 150
personnes qu'il faut nourrir. On emploie donc 5 cuisiniers (dont le cousin Gilbert
Esther, du "Limousin" à Levallois Perret) et on sacrifie 2 vaches limousines du
troupeau familial.
Vie privée et vie publique sont étroitement imbriqués cUms l'tuùvers de
cette famille. Pour Jean Janoueix, la présence des médias est indispensable à la
promotion de ses vins. Sa famille et son image personnelle sont largement mis à
contribution dans les documents publicitaires et les dossiers de presse envoyés
aux magazines. Les actions de mécénat vont dans le même sens. Ainsi, pour le
marathon du Médoc, la maison Janoueix subventionne l'équipe de Belgique et
celle du Sporting-Club de Valenciennes car elle a beaucoup de clients dans cette
région.
�45
d. La stratégie commerciale ct les techniques de vente
La roublardise a été selon P. Lues la première tecluuque de vente de ces
. Corréziens mal dégrossis de la première vague de la nugration (1870-1880),
mais passés maîtres dans l'art de la foire.
Jean Ga:ye-Bordas était illettré, dit-on, et employait le code suivant pour
e
prendre ses commandes: 0 pour lUle barrique pleine, pour une demi, Ef) pour
un quart. Il rajoutait : "Ecrivez votre adresse vous-J/lêll/e, vous serez slÎr que
cela arrivera }". Le client s'exécutait de bOlUle grâce, ne pouvant imaginer que
l'audacieux négociant était incapable de tenir les écritures.
Jean-Baptiste Janoueix a également utilisé de grosses ficelles de ce genre en
demandant au client d'écrire le montant de sa conullande : non pas que le
négociant en eût été incapable, mais pour éviter de forcer la vente et d'éveiller
des regrets chez le client au moment du paiement.
On cite encore un certain nombre de négociants ayant épousé des
institutrices qui assuraient le secrétariat et la comptabilité.
Le troc a été, d'après le même auteur, une des tecllluques de COllllllerce.
utilisée : "Ie courtier en vins de }raÎche date savait impirer conjiance par son
allure rustique et une bonhomie de bon aloi . contre telle quantité de vin à venir
qu'entre deux campagnes il irait chercher et expédier en Bordelais, les objets
les plus divers, neujj· ou d'occasion, meuhles, habits, etc... étaient échangés que
nos émigrants ramenaient au printemps par wagon à JvJeymac pour les y vendre
à la criée les jours de jhire" (P. Lues).
Très vite, le rôle des banques s'est affirmé lorsqu'il a fallu passer des
méthodes paysalmes de troc au négoce à fondement capitaliste. L'auteur P. Lues
en signale une à Egletons et 3 Ù Meymac vers 1909, ces établissements drainant
l'épargne des enriclus, founussant les avances éllL"X jelUles sans fonds propres,
pouvant à l'occasion renseigrÎer sur la solvabilité des clients ...
Chiner par un intermédiaire est une façon habile de s'introduire dans un
nulieu étranger dont on ignore les habitudes. La famille Estrade avait été
introduite dans la Sarthe par un marchand de toiles de Saint-Angel qui avait
utilisé les services d'un charpentier ou d'un forgeron pour entrer dans les
maisons. Cette perSOlUle estimée s'entremettait auprès des populations locales et
recevait une caisse de bOlmes bouteilles en échange. D'autres, plus astucieux, se
faisaient délivrer un certificat de recommandation par le curé corrézien qui leur
ouvrait la porte des presbytères belges. Là, moye1Ulant quelques bouteilles de vin
de messe, il était assez facile d'obtelur une introduction chez des clients
potentiels24 .
24 _ LUl!s (P.), op. cité
�46
L'utilisation des répréseritants s'est faite précocement par les négociants
enrichis. P. Lues signale Pougetoux conillle Wl des tout prenùers Corréziens à
avoir employé cette tecluùque de démarchage, vers 1890-1900. Un siècle plus
tard, les grandes maisons corrézienues de Gironde continuent ù employer cette
méthode par représentants payés au pourcentage (voir plus loin "l'évolution du
commerce").
La reprise d'une tournée pennet le démarrage d'Wl jeune dans des
conditions autrement moins difficiles que celles des piolUùers. Si le successeur
est Wl fils ou Wl parent très proche, la toumée devient un héritage que l'on
reprend. Si le repreneur est un jeune qui s'installe, l'ancien lui cède sa toumée
conune s'il vendait un fond de conunerce. L'usage veut que leOnégociant présente
son successeur à ses clients en l'accompagnant dans sa prellùère toumée. Si les
cOllUnandes sont assurées par le titulaire, la vente peut atteindre 50 % du clillfre
d'affaires alUlUel. Si les cOllunandes sont assurées par l'aspirant, ce clùffre peut
n'être que de 30 à 35 %.
On n'accordera pourtant pas trop d'importance à ces clù:ffres, car les
qualités conunerciales et humaines du jeune installé doivent très vite s'affinner.
Une clientèle qu'on reprend n'est toujours que potentielle. Cette pratique a
pourtant contribué à asseoir les grandes fortunes qui en sont à la 3e ou à la
4e génération (Moueix, Janoueix pour ne citer que les plus cOlillues).
°
3. Les revenus du négoce
Les modes de l)aiement sont affaire d'époque, d'individu, de disPOlùbilités
financières chez le client conuue chez le vendeur.
Sur le facturier de Louis Donadieuo(1900-1908) sont inscrites les mentions
suivantes : paiement à 30 jours, à 90 jours, au passage. Son petit-fils,
Pierre Chassagnoux, a repris les mêmes habitudes (de 1946 à 1990) : "passage
tous les six mois, avec paiement du vin au passage suivant".
Roger Duroux, retraité depuis 1990 environ, a utilisé une autre fonnule :
contre-remboursement à la livraison (au transporteur du foumisseur, par
exemple) et jamais au second passage, "ce qui gêne la commande à venir" selon
cet itûomlaleur.
Les banques locales ont joué par le passé Wl rôle imporumt rul11S l'avance
de fonds aux débutants, dans le recouvrement des créances ou tout simplement le
change des devises, pour ceux qui cOllilllerçaient ,i l'étranger. Ces bél11ques ne
prennent plus de risques aujourd'llui pour installer un jelme, aux dires du
syndicat des négociants. La raison est peut-être simple : la fomme corrézienne a
glissé vers la Gironde, les négociants ne constituent plus pour les banques
locales des clients privilégiés.
A propos du change, il y avait deux marchés en Belgique, le cours officiel
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8. Date du débllt cies cpt'raticns L'Ommerci.1
9. Siège de l'établissement princIpal:
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Déclaration d 'immatriculation au registre du commerce de Bruxelles
�50
pratiqué par les banques et les agences de change, et le cours parallèle. Ce
dernier était pratiqué par des vendeurs de devises clandestins avec q\Ù on passait
un marché comme "lors de la vente d'Wl veau" pour reprendre les termes de
l'informateur. Le vendeur donnait Wle carte avec une adresse à Paris. C'est là que
le négociant allait toucher en francs français la contrepartie des francs belges
qu'il avait laissés à Bruxelles. La somme était écrite sur le bristol, mais sans
unité, de telle façon qu'aux yeux d'un douaIùer ou d'Wl contrôleur fiscal, ce
chiffre puisse être sans signification. Ce petit trafic de devises ne semble pas
avoir concerné les négociants gros ou moyens, mais il mérite d'être signalé car il
rappelle qu'après la deuxième guerre mondiale subsistaient encore des pratiques
proches de celles des foires de Meymac.
Les bénéfices sont fonction des charges, celles-ci comprenant les frais
d'habillement, le transport, l'hébergement... Aux dires d'Alfred Chal, les temps
sont durs (en 1978) : ''Actuellement, il y a une di.\proportion entre les frais de
voyage et le vin. A l'époque où j'ai commencé -en J932- je vendais un quart de
vin 300 Francs. On gagnait 33 % : je gagnais J00 Francs (. ..) Dans ma semaine,
sur 6 jours, je pouvais vivre sur ce quart vendu, un fût me payait mes frais de
toute la semaine. Tandis que maintenant, en vendant un quart de Saint-Emilion,
il ne vous paiera pas la semaine". En 1993, un négociant essayait de chiffrer
l'installation d'un jeune négociant : 50 000 F pour une voiture d'occasion,
100000 F pour l'achat d'une tournée, payable li tempérament, 200 F par jour
d'hébergement dans un hôtel de petite catégorie. Cette évaluation donne une
bonne idée des charges du débutant. Quant li ses bénéfices, ils devront se calculer
sur chaque bouteille, puisqu'on ne vend plus par fût , et seront fonction de la
durée de la tournée, des possibilités des clients et de beaucoup d'autres facteurs.
�51
4. L'évolution du commerce
Les négociants fictifs tendent à disparaître pour plusieurs raisons. Les
difficultés de capitaliser au départ, la longueur des absences incompatibles avec
la vie de famille, les risques de la petite entreprise (avec les impayés, par
exemple), font que bon nombre de ces négociants sans magasin deviellllent
salariés des grosses maisons corrézielllles ayant pignon sur rue conuue Janoueix,
Bourotte, Védrenne. Ceux-ci ont racheté des clientèles, mis des représentants sur
ces tournées potentielles. Panui ces représentants, il y a un certain nombre
d'anciens fictifs.
Les groupements d'achat conune la Canvill (Coopérative d'Achat des
Négociants en Vins) est une initiative récente pour essayer de contrer la
concurrence déloyale de la grande distribution. Les supennarchés sont qualifiés
de "coucous qui font leur nid dans celui des autres" car ils profitent des clients
que les Corréziens ont éduqués. Or si ces surfaces font de bonnes affaires en
compressant leurs marges bénéficiaires, ils ne créent pas de nouveaux clients.
Constatant cet état de fait, BeOlard Janoueix et quelques autres ont créé ce
groupement qui pennet d'acheter 15 000 bouteilles à 15 et d'avoir ainsi
l'exclusivité d'un crû. Au mois d'avril, les primeurs sortent sur le marché, mais
les achats sont réservés aux négociants de la place (et paOllÎ eux, ù quelques
Corréziens).
Les salons, comme Vinexpo à Bordeaux (tous les deux ans), sont une
occasion pour les négociants de recevoir leurs clients ou d'en touçher de
nouveaux. Les Chassagnoux y tiennent llll stand avec d'autres négociants
complémentaires (Chablis, Muscadet, etc .. .) sous l'appellation "Terroirs et
Traditions" . Les Janoueix font de même mais sous un autre label : "Vignoble et
signatures" où sont associés 16 grands producteurs de vins français. Voici ce
qu'on peut lire dans les dépliants publicitaires (1993) : "Une jàl1lille venue de
Corrèze s'établit en 1898 en Bordelais... (. . .) Depuis cent ans, la jàmil/e
Janoueix n'a cessé de s'attacher à la suprématie de la qualité dans ses vignobles
de Saint-Emilion et Pomerol (. ..) Vous constalerez le développement et la
progression différente du millésime 1988 de Château Lacroix, cOll/pte tenu du
vieillissement sur.!utailles de bois identiques du tonnelier Demptos mais ayant
eu trois chaujJès différentes (douce, moyenne el forte) ".
On essaie donc de toucher la clientèle à travers l'ancienneté de la maison,
en revendiquant sa souche corrézienne, et en vantant la qualité de ses produits ù
travers de subtiles références oenologiques (tannins du chêne, signature du
t01lllelier, chauffe de la futaille) .
La Iitténlture oenologique qui .parle des vins de Bordeaux (et des
propriétés des négociants) n'a jamais été aussi florissante. Dans la bibliothèque
de l'un d'entre eux, nous avons pu inventorier une dizaine de titres d'ouVrages ':
Féret (la "Bible"), Hachette des vins, Dussert-Gerber, Jollllson, Parker, Gault et
Millau, Larousse, Rowsell, Mastrojalù... Ces guides touchent une clientèle
�52
spécialisée comme les importHteurs qui vielUlent du Japon par exemple au salon
de la Gastronomie à Paris. L'oenoplùlie fait que l'amateur se déplace pour
expérimenter des crûs nouveaux et pour montrer à ses anùs lUle étiquette rare. Le
vin est donc toujours une affaire de culture et les Corréziens ne sont pas peu fiers
d'y avoir contribué en allant éduquer les buveurs de bière de WallOlùe et
d'ailleurs. Leur savoir-faire s'est aujourd'hui médiatisé sous d'autres formes :
livres, périodiques spécialisés, pages gastronomiques des hebdomadaires et des
mensuels, stages d'oenologie ... C'est donc bien dans les salons que les négociants
peuvent retrouver leur vocation de pédagogues.
La réception des clients dans le vignoble bordelais est une habitude aussi
ancieIUle que les achats de propriétés en Gironde. C'est pour les Corréziens
l'occasion d'affirmer leur identité de négociant en montrant leur propriété, même
si celle-ci est nùnuscule comme CMteau-Thibaud (1 ha de Pomerol).
Roger Ouroux y reçoit Wle trentaine de clients par an, des Belges pour la
plupart, appréciés pour leur francoplùlie et leur convivialité. En l'occurrence,
pour ce modeste commerçant, le prestige du vignoble -Pomerol- est plus
important que la surface récoltée, les vignes des voisins jouxtant les siennes et
assurant la continuité du vignoble.
Les opérations médiatiques destinées à faire connaître les vins et les chais
sont nombreuses. Pour nous en tenir à une seule maison, Janoueix, voici
quelques exemples qui appartiennent au domaine de la mercatique bien
domestiquée et d'une politique de promotion tous azimuts : rallye de voitures
anciennes (les Sans-Culasse) faisant étape dans les cluÎteaux de la maison ;
concerts (Musique et Vins dans les CMteaux) ; manifestation de mode au
Québec (Une robe, Un vin) associant haute couture et oenophilie ; marathon du
Médoc où la maison 1. parraine l'équipe belge et celle du Sporting-Club de
Valenciennes , intronisations dans les Hospitaliers de Pomerol de
30 promotiOlUlaires d'H.E.C. (1994) etc ..
Comme on le voit, l'imagination est au pouvoir quand il s'agit de vendre ses
vins fins . Ce pourrait être la version actuelle de cet art de la foire hérité des
pionniers corréziens d'il y a lUI siècle.
Conclusion
Devant la concurrence des autres vignobles de France et du monde entier
(Etats-Unis, hénùsphère austral), devant la crise économique qui restreint les
achats des produits de luxe, les négociants corréziens doivent donc faire preuve
de renouvellement. De leurs méthodes de démarchage, quand les portes restent
fermées en bas des immeubles par lUl interphone où il est impossible de se
présenter, de montrer son produit. On fait alors du démarchage par la poste
(mailing) nous dit Jacques Sauta rel.
De leur clientèle ensuite. Pierre Chassagnoux nous avoue que le Nord, le
Pas-de-Calais, les Ardennes où sa famille cOlllmerce depuis près d'un siècle sont
des départements sinistrés : "on y avait de nomhrellx pe/ifs clients chez lesquels
on ne faisait pas un gros ch(ffre, mais où on avait une vente régulière ". C'est
vers d'autres clients que ses fils ont orienté leurs efforts : les cadeaux d'entreprise
sont un nouveau débouché, les restaurants deviennent de bons clients,
l'exportation reste une potentialité que l'on développe.
�53
L'EVOLUTION DU PAYSAGE EN HAUTE CORREZE EN
UN SIECLE
La photo en noir el blanc, prise vers 1911 (collection Eyboulet,
UsseUArchives de la fondation Marius-Vazeilles, Meymac) montre le bourg de
Meymac serré autour de son coeur historique.
Le premier plan, composé de prairies, montre l'importance des activités
paysalUles. L'horizon fOffilé par le plateau du Mont Bessou est couvert de landes
à moutons.
Le dessin en couleur reprend la trame du document précédent en y ajoutant
les maisons nouvelles (urbalùsation) et renrésinement du plateau par les
épicéas. En un siècle le changement est radical.
�Meymac: vue générale vers 1911 - (Collecti on EYBOULET)
La C"rrèze Illustrée
MEYMAC Vue Génér ale
��Meymac (19). Vue d'ensemble. Ville au pied d'un plateau
�Meymac (Ï9). L'abbaye Saint-André (fondation Mariu -Vazei ll es)
�Meymac (l9). Tombe de Jean GAYE-BORDAS, pionnier des négociants en vins.
Meymac ( 19). Maison de Jean GAYE-BORDAS.
�Meymac (19). La banque BORDAS qui cautionna de l10mbreux migrants.
�Le Janouei x ( 19). Identité des noms de lieux et des patronymes.
�Davignac (19). Village d'où sont partis de forts contingents de migrants.
�Le quai d'Argentat ( 19) où vinrent s'amarrer de nombreuses gabarres
descendant la Dordogne
�Meymac (J 9). Château Cloup, construit vers 1890,
par le négociant Pierre NEiGE.
�Dav ignac ( l9). Château du GOL/rgeat, propriété des PÉCRESSE.
�Meymac (19). Maison des FOURNIAL.
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J-
Facture de Léonard CHASSA ING (1901) de Bordeaux à Dunkerque.
�Sajnl-Emilion (33). Chateau Haut-SCirpe, p ropriété des JANOUEIX.
�Saint-Emili o n (33). Château Haut-Sarpe, les chais.
�Néac (33). Château Tournefeuille, vignoble des SAUTAREL.
�Sa int-Marti al d 'Entraygues ( 19).
Viololt a 'heté à la Samaritaine (Paris) entre Corrèze el Belgique.
�71
III. LES RETOMBEES ECONOMIQUES DE LJ\
MIGRATION
t'. Les investissements fonciers en Corrèze
A Cha denier, petit village perdu dans le bocage meymacois, on peut voir
côte-à-côte deux maisons qui montrent l'influence de la migration des
marchands de vins :
. une maison basse avec un toit pentu, probablement en chaume à
l'origine, et deux souches de cheminées imposantes sur le pignon. Un linteau en
gralùte millésimé 1839 et marqué "Vennat" identifie la maison. C'est de ce foyer
qu'est sorti lF.A. Vennat dont on peut voir le prix courant au Musée d'Ussel:
"Vins de Gironde. Expédition directe de J.F. A. Ven/'lat de Chadenier, par
lvIeylllac (France)".
. une maison cubique à un étage, toit à quatre pans, hautes cheminées,
deux épis de faîtage, rez-de-chaussée surélevé par 3 marches. C'est la résidence
construi.te pour le négociant susdit en 1900, selon Wl plan architectural banal
pour l'époque. La maison traduit une certaine aisance par opposition à la
chawlùère qui la jouxte, mais sans recherche d'ostentation. Les revenus de cette
migration ont été investis dans la ferme et au bout de trois générations, on a
encore des paysans (lF.A. Desassis, petit fils) non négociants.
Au Maschenis, commune de Meymac, chez les Fournial où l'on pratique le
négoce depuis quatre générations (1880), les deux premières ont investi dans la
ferme (120 ha avec moutons) et les bois. Ce n'est que le fils de Léonard (Roger)
qui se tourne vers ta Gironde et le vignoble, vers 1950.
A la Changeourde de Saint-Exupéry, Alain Doumichaud a toujours la
propriété grand-paternelle (80 ha). Mais les fermages étant dérisoires, les
propriétaires ont tendance à planter des arbres pour geler la terre. Voilà
comment les terres cultivables des grands parents deviennent bois de résineux.
A Soudeilles, sa commune d'origine, le patriarche Joseph Janoueix (né en
1904) a planté des résineux, mais il possède aussi quelques bois dans les
communes d'Ambrugeat, Meymac, el Combressol. Il s'agit plus d'atavisme
paysan que d'esprit spéculatif pour celte .génération car les etûants ont toule leur
fortune en vignobles. On aime revenir sur sa terre pour voir pousser "ses" arbres,
pour marcher dans "sa" forêt.
A Meymac, Jean Nony, fils el gendre de marchands de vins à tout investi
�72
daus les bois. Avec ses frères, il a fonné lil groupement forestier qui possédait
en indivision lil millier d'hectares. Jean-Pierre Nony, son fils, a vendu toutes les
propriétés, maisons, fennes, bois, pour capitaliser en Gironde.
A Meymac encore, Roland Bondonny hérite de ses parents agriclùteurs.
Tout en pratiqU.1Jlt son métier de négociant, il aide ses parents cl telùr la ferme
(des dizaines d'exemples semblables de pluri-activité pourraient être dOlWés).
Mais en 1980, il revend ces propriétés pour en acheter d'autres sur Egletons car
sa femme y exerce le métier d'assistmlte sociale.
En résumé, le négociant achète en Corrèze des fennes, des prés, des terres,
des bois pour des raisons multiples. Par aUlvisme paysan, c'est certain pour les
anciennes générations car elle ne pouvaient imaginer d'autres investissements
que dans le milieu d'où elles sortaient. Pour capitaliser parfois, mais on reverra
plus loin que ce pari est aléatoire. 'Pour geler des terres cultivables qlù
n'apportent pas IDle rente suffisante. Parce que l'emploi du conjoint oblige ù faire
IDl choix de domicile et donc de propriété. Ce denùer cas est l'exception.
2. Bâtir des châteaux en Corrèze
Le pionnier de la migration Jean Gaye-Bordas était un b,îtissellr. Après
avoir fait édifier une auberge à deux étages à Davignac, il jette son dévolu sur le
chef-lieu de canton. En 1876, il achète un terrainjom.:tant l'abbaye de Meymac et
il y fait construire la grande maison à tourelles que 1'011 peut encore voir
aujourd'hui. Dans ces tourelles, deux statues en provenance de Saint-Omer
rappellent ses voyages dans le Nord. Des poteaux de bois portant une galerie au
sud (aujourd'hui masquée par des ajouts tardifs) montrent l'éclectisme des gOlÎts
de son fondateur. Le grand salon du premier étage avec seS vitraux, ses stucs, ses
tapisseries a encore belle allure.
Que signifie cette première constmction connue d'un négociant avec
architecture baroque et composite? Il y a la volonté probable d'imiter les l.ogis Ù
tourelles des XVIe et XVIIe siècles du coeur historique de Meymac ou des
grosses maisons bourgeoisès, également coiffées de tours d'angles du XIXe
(maisons actuelles Limoujoux 1853, Fauchery 1856, et château d'Audy vers
1850, probablement constmites par le même architecte). Prouver sa réussite en
construisant dans le quartier ccntral de Meymac (sur la place de l'église et non
loin du foirail) où il pouvait prodiguer ses libéralités de façon voyante,
correspondant à son caractère.
Les suivants immédiats de Bord;ls sont pris de. la même et irrépressible
maladie de la pierre. Les Pécresse, partis dès 1872 en Bretagne font édifier des
manoirs à Davignac (celui du Gourgeat appartient li la famille) alors qu'ils
étaient auparavant de simples meuniers. Les Borie ct Estrade Il la MOlltgie, les
Variéras ù la Bachellerie - deux hameaux de Davignac - rappellent cette période
où "bâtir un château" en Corrèze était devenu un rêve accessible pour quelques
�73
EVOLUTION DE L'HABITAT EN
HAUTE-CORREZE
PAR SUITE DES MIGRATIONS (XIXe-XXe siècles)
Maison VENNAT / 839
il Clladenier,
Maisoll VENNAT J.F.A. 1900
COI/III/Ul/e de
Meymac
En 1839, la demeure ancestrale est une chaumine construite sur un seul
niveau comme de nombreuses maisons paysannes du Plateau Limousin (nous
avons restitué le chaume en place du fibro-ciment actuel et supprimé les deux
chiens-assis, aménagements récents). La vigne est le seul élément de décor. Les
cheminées sont situées en pignon par mesure de sécurité. En 1900, les revenus
acqtùs en quelques années de négoce ont permis à J.F.A. Vennat de construire
une maison plus spacieuse, tout en granite, avec couverture d'ardoises, aménagée
sur deux niveaux avec alignement symétrique des ouvertures, entrée surélevée de
trois degrés. Les chenùnées en pignon s'élèvent jusqu'au faît age.
L'évolution se mesure par l'utilisation de matériaux "nobles" et durables
(graIùte, ardoise), par l'hygiène (plus de volume d'air et d'éclairement), par le
désir de paraître (toiture à quatre pans, épis de faîtage, arbres d'ornement).
�74
dynasties ayant imité le pionnier. La commune de Combressol qui est, avec
Davignac, dans la zone la plus ancienne des négociants, a connu le même
phénomène.
Les logis, parfois dissimulés dans le bocage corrézien ou masqués par leur
parc, ont tous un air de ressemblance : en granite appareillé, avec des poivrières
en angle. De nombreux détails architecturaux rares et l'exotisme des espèces
végétales des parcs montrent à l'évidence la distance sociale qu'ont voulu
prendre les propriétaires.
Le château Cloup à Meymac est un bon exemple de cette période faste. Il est
daté de 1893 et les initiales de son propriétaire, PN pour Pierre Neige, sont
gravées dans la pierre du linteau à l'est, et entrelacées dans l'élégante ferronnerie
du balcon. La pierre de taille est du granit bleu de Bugeat. Les tourelles d'angle
d'une grande finesse, une marquise bien dessinée, des épis de faîtage travaillés,
montrent la qualité de l'architecte (qui serait belge) et des exécutants. Le parc
comprend des essences réservées aux résidences ,i prestige: chêne d'Amérique,
hêtre rouge, polowlùa, séquoia. Il a fallu écimer ces arbres centenaires qui
menaçaient le manoir. Les successeurs du fondateur, la fatnille Cloup, habitent
toujours le château.
Les maisons de Léonard et de Pie"re Fournial sont de belles villas de la
période de l'entre-deux guerres (1924-29) dessinées par l'architecte
Maurice Melon. Les deux frères ont fait bâtir leur demeure au" Jassoneix, route
de Limoges, pour des raisons compréhensibles: à proximité de la fenne de leurs
parents, au Maschetùs, mais surtout à côté de la gare secondaire de Meymac à
une époque où la voiture n'est pas encore entrée dans les moeurs.
D'autres villas plus récentes, Vergne 1935 (avenue du Jassoneix), Chal
1950 (avenue de Panazol) montrent conune pour les Founùal un souci de se
loger cOlûortablement, sans ostentation. La période des châteaux en Corrèze s'est
tenninée avec la prellùère guerre mondiale.
3. La croissance urbaine de Meymac
Topograplùquement, la ville est nichée dans une dépression au pied du
Plateau de Millevaches. L'abbaye fonde la ville en 1085 sur IDl éperon rocheux et
toute la vieille ville enserre les bâtiments religieux et le foirail, lieu essentiel
pour les transactions entre Haut et Bas-Pays. Les cours de deux ruisseaux
accidentent les environs immédiats de Meymac, ne laissant que peu d'endroits
plats ou des combes mouillées inconstructibles.
Meymac, au XIXe siècle est la capitale éconollùque du Plateau de
Millevaches : les foires et les marchés, les activités artisanales en sont des
manifestations pleines de vitalité.
Le début des négociants en vins correspond au premier exode menl (18701900) el celte migration est arrivée ù point nommé pour dOlUler un coup de fouet
�75
économique à une région qui commençait à péricliter.
De nombreuses banques s'installent. Ussel, la sous-préfecture compte
4700 habitants (vers 1900), Meymac 3700, Egletons 1700. Ce qui donne une
idée de la lùérarclùe urbaine de la Haute-Corrèze ci la Belle Epoque.
Autour du noyau ancien de la ville, les négociants font constnùre de belles
demeures dans les parcelles aérées, le long des voies radiales : route de Panazol,
route de Limoges au Jassoneix, avenue du Limousin, rue de la Prairie. Et la
visite arclùtecturale de la ville ne peut se fhire sans voir les splendides maisons
des Borie, Chal, Dedenis, Moueix, Queuille, Terrioux, Marouby, Nony, etc .. .
Dans la période 1930-1950, c'est la désertification du Plateau avec
l'éllùgration des taxis, des hôteliers ... et la disparition programmée de l'élevage,
suite à l'enrésinement des landes. Le seul atout de Meymac est d'être située ci
l'embranchement de deux voies ferrées, ce qui lui permet d'exporter ses gnuues
et ses hommes. Mais au bout du compte, le pays de Meymac donne plus qu'il ne
reçoit.
Une mentalité bourgeoise et conservatrice se développe alors chez les
négociants: pourquoi attirer des industries dans le pays alors qu'on y coule une
retraite tranquille en regardant pousser ses épicéas? Vers 1977, début de la
municipalité Perol, il faut donc constater le vide industriel du pays, honnis la
filière bois, et le repli sur soi d'une population vieillissante. Des industries sont
attirées au pays d'Ussel-Meymac par le député de la circonscription (1. Chirac)
comme Isoroy qui fabrique des panneaux de particules et Bristol-Myers-Squibb
qui est un laboratoire pharmaceutique américain.
Les extensions urbaines récentes se sont faites en fonction des contraintes
du relief, le fond de la Luzège s'avérant inondable, mais aussi avec la volonté de
combler les vides entre le tissu existant et l'espace nlIal envirOlU1ant. Ainsi le
quartier des Buiges, édifié sur une pente escarpée et comprenant de belles villas,
permet-il de lotir le triangle compris entrela route d'Ambrugeat et de Limoges.
Le quartier des H.L.M. bâti en contrebas de la route de Panazol offre à la
municipalité la possibilité de s'ouvrir à une population sociologiquement plus
diversifiée : étudiants de l'Ecole Forestière, préretraités modestes de régions
sinistrées (Nord), ouvriers turcs de la forêt (bflcherons, débardeurs).
Par ailleurs, une politique ambitieuse axée sur le tourisme, la culture et
l'écologie vise à compenser le manque d'industries. Sont ainsi réalisés ou
aménagés : le plan d'eau de Sèchemaille et son village de vacances, le Centre
d'Art Contemporain el la fondation Marius Vazeilles, la place des Porrots
(ancien foirail) . Ces manifestations sont loin de faire l'unanimité. On accuse la
municipalité de faire des réalisations de prestige de caractère somptuaire,
d'organiser des expositions élitistes pour une clientèle non-corrézienne, etc ...
La ville de Meymac est profondément marquée dans son architecture et son
urbanisme par la période des négociants. Elle en a gardé un ordre hîche entre
�76
son coeur historique et ses lotissements récents. Les parcs arborés et les parcelles
boisées au développement profus accentuent l'impression d'un tissu urbain
lacunaire.
Dans le temps d'wle année, il existe deux villes de Meymac : celle des
volets ouverts et de la population penuanente ; celle des volets clos et de la
population expatriée. Cette opposition entre une ville hivemale sOllUlolente et
Wle ville estivale débordante de visiteurs et d'activité, est elle aussi le fnlit d'une
lIistoire. Celle des migrants parisiens ou bordelais qui n'ont pas encore rompu les
amarres avec le pays.
En 1990, Meymac ville relativemelit enclavée par rapport à ses voisines n'a
plus que 3000 habitants. Ussel en compte 12000 et Egletons 6000 (voir tableau).
L'éloignement de la R.N. 89 ou de la prochaine autoroute Clenuont-Bordeaux
sont-ils un facteur explicatif suffisant à ce déclin relatif, alors que la desserte
ferroviaire avait été l'atout décisif de la prospérité au XIXe siècle ? Ou, plus
simplement, les revenus de la migration se réinvestiraient-ils hors de la Corrèze,
celle-ci restant Wl cadre naturel pour les loisirs, une référence culturelle obligée,
une terre pour mourir?
VILLES
USSEL
MEYMAC
EGLETONS
Population en 1901
4695
3767
1697
en 1990
Il 9&8
3029
5838
Evolution démographique coml,arée de trois villes de Corrèze au
AXe siècle. Meymac semble avoir amorcé un déclin irrémédiable par rapport ù
ses voisines. Elle faillit devenir chef-lieu d'arrondissement au XIXe siècle. Le
XXe siècle finissant laisse la ville sans échangeur pour accéder ù la futme
autoroute A89. Conjonction d'occasions perdues par les élus? Repli frileux d'une
population retraitée ou absentéiste '?
Il Y a lUl peu de tout cela, sans doute. Mais il faut surtont considérer que la
somnolence actuelle est le fmit d'une histoire. Meymac fut pendant lUI denùsiècle trop dépendante des marchands de vius. Elle n'a pas su maintenir leur
dynamisme et surtout, trouver d'autres formes d'activités.
�77
4. L'achat du vignoble en Gironde
a. Les pionniers
Une héritière Pécresse (Françoise) mariée cl Félix Grandchamp des Raux
fait l'acquisition de Château Bellevue li Pauillac avant 1883 (d'après généalogie
de la famille). Le domaine est vendu aux nevelL'\: Yvonne Perrier et
Jean-Baptiste Pecresse vers 1904-1914. Leur plus jetUle fils, François Pecresse le
conserve jusqu'en 1946, date à laquelle les vignes sont vendues;) tUle coopérative
et la maison à un particulier.
Cet exemple est un des plus anciens que nous COlUUUSSlons d'tUle
implantation des Corréziens dans le vignoble du Médoc. Une stratégie
matrimoniale bien au point, des rétrocessions de domaines ou leur possession en
commun permettent aux familles Pécresse, Theillassollbre et Borie d'asseoir leur
fort1U1e sans la diviser à chaque génération.
Madame Gisèle Bonnetblanc, fille Pecresse, est née en 1905 au CluÎteallBellevue. De sa propriété elle voyait le CluÎteall Latour. Les quatre enfants·
avaient chacwl une nourrice. Les parents avaient fait constmire un terrain de
telUlÏs et fréquentaient les Rotschild. Ces quelques notations penllettent de
donner un aperçu du train de vie que l'on menait et des relations que l'on
choisissait. Dès le début du XXe siècle, quelques familles corréziennes ont pu
faire partie du "gratin" de la Gironde.
Ù Léognan en 1904, le revend en
François Theil achète CluÎteau L~pae
1920 pour racheter Wl tiers de ChéÎtc<1U Poujc<lUx (appellation MOlùis, en
Médoc), d'après Alain Chaume citant Philippe ROlldié25 .
Les Borie achètent ChéÎteau CarOlUle Sainte Gemme à Saint Laurent et
Benon en 1902 puis Ducru-Beaucaillou (2ème grand crû classé du Médoc, voir
généalogie de cette famille).
Dès 1911, J: Dutrech écrit : /IOn y trouve beaucoup de courtiers en vins,
notamment ceux de lvJeymac qui, avec une jortune réalisée en Belgique et en
Hollande, se rendent acquéreurs de vignohles dans le lvJédoc, depuis quelques
années". (1. Dutrech op. cité)
b. L'entre-deux-guerres
Entre 1920 et 1939, le vignoble en Gironde traverse une crise : le prix du
foncier est bas, certains chais ne sont pas entretenus, la réputation de certaines
appellations n'est pas celle d'aujourd'hui. Les Corréziens, avec les fonds de leur
25 _ A. Chaum\!, 1993. « Ll!S COTn!zi\!l1s
nO 228.2l! l. , P 47-56
Ù
LiboUfll\!
UII
XIX\! sit!c1\!» RHAL, t. LXI
�CHATEAU BELLEVU E
r.,.1<
f.'1ltssé OUI/I'geols SII1J': }';CW'
.
PAUILLAC-SAINT- JULIEN
PECRESSE-PERRIER , PROPRltTAIRC
Château Bellevue à Pauillac-Saint-Julien (Gironde), propriété des PÉCRESSE-PERRlER.
Vendanges vers 1900 - (Collecli on FAUCHERY)
�PA U iLL AC. _ Ch :\tc au
l\ SL1.IlVU S. 1er c r û bo urg
eoi s GK.A Nl'lC,.;, II A/'IlI '.. PII I HR.Ci.
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Château Bellevu e il Pauillac (Girond
e) , propriété des GRANDCHAMP-P
ÉCRESSE.
Une vie de grands bourgeois aux alen
tours de 1900 - (Col lecLi on FAUCHEY )
�80
négoce, achètent comptant ces propriétés en déshérence.
Au lieu de s'orienter vers le Médoc, les investissements se concentrent dans
la région de Liboume-Saint Emilion. Voici quelques uns de ces achats réalisés à
cette époque :
· Château Taillefer (Libourne) en 1923 par A. Moueix
· Hermitage de Mazerat (St Emilion) en 1923 par lB. Brunot
· Château Haut-Sarpe (St Emilion) en 1930 par Joseph Janoueix
· Château Bonalgue (Liboume) en 1932 par Achille Bourotte
· Château Barde-haut (St-Christophe-des-Bardes) en 1936-37 par
André Gasparoux
· Château Tournefeuille (Néac) en 1939 par Léon Sautarel
· Château Grand-Mayne (St Emilion) par les Nony
· Château Trottevieille (St Emilion) en 1945 par Marcel Borie.
Certaines de .ces propriétés sont des premiers grands crus classés
(Trottevieille) ou des grands crûs classés (Haut-Sarpe, Grand-Mayne).
En acquérant ces châteaux en Gironde, les Corréziens donnaient corps à
leur esprit terrien. Mais le vignoble constituait désormais leur base de
commerce : adresse légitime et non plus fictive chez Wl foumisseur, savoir-faire
viti-vinicole en devenant négociant-éleveur, notoriété et prestige pour tout ce qui
touche à la vigIle et au vin auprès d'une clientèle habitant dans le Nord de
l'Europe.
En deux générations, on a donc eu une reconversion complète de ces
paysans corréziens. Les pères étaient des paysans du Plateau de Millevaches ou
du Pays d'Ussel. Les fils ont acheté du vignoble en Gironde, effectué des stages
chez les viticulteurs, et sont devenus à leur tour viticulteurs auprès de leur
clientèle du Nord.
Quant ù ceux qui sont restés en COl,Tèze, entre tOUfnées et étable, c'est qu'ils
n'ont pas pu ou pas voulu choisir. Ils ont opté par hl-même pour un statut social
plus modeste.
c. Après 1945
Les achats continuent après la deuxième guerre mondiale. Les
Chassagnoux, Amédée et Pierre, acquièrent un immeuble ù Libourne poUf y
construire un chai en 1950. Puis conseillés par le père Moueix, ils achètent le
château Jean Voisin à St Emilion. Les débuts furent difficiles car ces Corréziens
ne cOIUlaissaient rien à la viticulture et à l'oenologie. Par exemple, cent barriques
furent achetées ù Uzerche en Corrèze. Mais le bois de cluÎtaiglùer convenait mal
à la conservation du bon vin. Lors de la gelée de 1956, les Chassagnoux
restèrent trois années sans récolte. Outre les avantages précédemment cités,
Pierrt; Chassagnoux trouve deux justifications à cette fixation en Gironde:
. les bénéfices du négoce doivent être placés dans un ~ien
qui, en temps
d'inflation à deux chiffres (1970-80) pennet des revenus rondelets,
. la propriété pennet de fixer les enfants, ceux-ci n'ayant pas de foncier
à acheter pour s'installer ù leur tour dans le négoce.
�81
D'autres négociants ont fait comme les Chassagnoux : les Fournial, Chal,
Duroux, Brunot... Quant à ceux qui avaient acheté dans l'entre-deux-guerres, ils
continuent à acquérir ' des domaines pour leur descendance. Les Janoueix
affichent sur leur publicité la possession de dix appellations réparties entre
St Emilion et Pomerol. Dans toutes ces sociétés familiales, la propriété reste en
indivision par le biais d'un Groupement Foncier Agricole (G.F.A.) et d'une
Société Civile d'Exploitation Familiale. (S.C.E.F.).
Tous les petits fils de piomùers ne sont pas devenus négociants-éleveurs.
Poussés par leur entourage, ils ont fait carrière dans les professions libérales
(voir infra). Certains ont apuré la succession dans le négoce. D'autres encore ont
"tout mangé" .. dit-on! Seule une enquête approfondie pourrait dresser un état
des lieux.
d. L'état des patrimoines corréziens en Gironde en 1979
En août 1979, M . Alfred Chal, président du Syndicat des Négociants en
vins tins du Sud-Ouest, dresse un état des "propriétaires de vignobles en Gironde
d'origine corrézienne" . Soit WIe liste de 104 propriétaires pour 174 domaines
situés en Libournais et en Médoc, les deux régions traditionnelles des
investisseurs corréziens. Ce document produit é\ l'occasion de la "quinzaine du
mouton et du vin" (Meymac, 12 aoÎlt 1979) nous a été conulllmiqué par son ·
auteur et est resté inédit. Quelles sont ses caractéristiques?
�Ch. = Château
1030 Borie-Marroux - 86 Cours
Balguérie Stultenherg 33000 I30rdeaux
332
362
1059 Berja! Pierre
920
1310 Bourolte Pierre
33500 Libourne
1216
819
1282 Georges Audy
33750 SI-Germain-du-Puch
1316
Réfé rence
à
:"oms des pro pri étai r t.s
Bo rdeaux
el à ses
,rins
1137 AngleG .
1136 Angle G.
1289 EIS J.-Ble Audy
33502 Libourne cedex
1305
Ch. Grand St-Julien - 33250 SI-Julien
Ch_ Haut Bages Mompelou - 33250 Pauillac
Ch. La Carte el Le Châtelet33330 St-Emilion
Domaine du Courlat - 33570 Lussac
SI-Emilion
Ch. Tronevielle - 33330 St-Emilion
Ch. La Croix du Casse - Pomerol J3500 Libourne
Ch_ Jonque}TeS - 33750 SI-Germain-du-Puch
Clos Bonalgue - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Monregard Lacroix - Pomerol 33500 Libourne
Ch. Brondeau - Arveyres - 33500 Libourne
Ch. Clinet - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Chantecaille - 33330 SI-Emilion
Ch. Lacroix Chanlecaille - 33330 St-Emilion
Clos du Clocher - Pomerol - 33500 Libourne
10
40
30
20
20
Pomerol
Lalande
Fronsac
35
50
35
25
SaintEmilio n
35
Lussac
Pa rsac
:\lg ne
Puisseguin
30
50
Pa uillac
StEstèphe
Margau x
PROPRIÉTAIRES DE VIGNOBLES EN GIRONDE D'ORIGINE CORRÉZIENNE
QUINZAINE DU MOUTON ET DU VIN - 12 août 1979
l\I oulis
Li sta c
HtMédoc
:\'Iédoc
Gra ves
rou ges
35
30
Bordeau.'
di vers
-
10
Vin
bla nc
�Bordas Henri
Bordas
V'c Bordas Raoul
Barclges Féhclen
Bareiges Félicien
Bosch Michel
Bielle
Bielle P.
Bouyge .\,1. C.
Dr Bargeaux Gaston
Boulière F.
1177
1178
1092
1417
1315
1083
1216
1326
819
1399
1411
875
783
322
Borie Jacques
Brene Maurice
Bourhoux Paul
Borie Eugène
Borie Eugène
Borie CasteJa
Ch. = Château
352
366
349
408
1-115
1090
819
Bessaudoux
Bordas Henri
1-108
1171
Borie Eugene
BerJaJ Pierre
Beljal Pierre
Berjal Alain
Brunot Albert
Brunot J. B.
BrunO! Doumichaud
1097
1087
1216
1091
1216
1098
Ch. Chante L' Alouene
Clos St-Valery - 33330 St-Emilion
Ch. Marquey - 33570 Lussac St-Emilion
Ch. Cantenac - 33330 St-Emilion
Ch. Latour Grenet - 33570 Lussac St-Emilion
Ch. L'Hermitage de Ma2erat 33330 St-Emilion
Ch. des Combes - 33126 Fronsac
Ch. Cah aire - St-Etienne de Lisse 33330 St-Emilion
Ch. Rabat
Cru du Peyrou
Ch. Patarabet - 33330 St-Emilion
Ch. Pipeau - 33126 St-Aignan de Fronsac
Ch. ToulifaUl Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Vachon - 33330 St-Emilion
Clos Croix de Mirande - Lussac 33570 Montagne St- Emilion
Domaine de Viaud - Lalande de Pomerol 33500 Libourne
Ch. Vigneau Tafard - Arve)Tes 33500 Libourne
Ch. Gagnard - 33126 Fronsac
Ch. Haut Ballet - 33126 St-Michel de Fronsac
Ch. Cheli\etle - 33-150 St-Loubès
Ch. Matereau - 33560 Ste-Eulalie
Ch. Ducru Beaucaillou - St-Julien 33250 PaUillac
Ch. Grand Puy Lacoste - 33250 Pauillac
Cru La Tour L'aspic - 33250 Pauillac
Ch. Batailley - 33250 Pauillac
Ch. Beausite - St-Estephe - 33250 Pauillac
Ch. La Rivière - 33126 Fronsac
Ch. Jean Blanc - St-Pey-<r Armens
Domaine de Brulle - Sécaille - 33500 Arveyres
12
40
200
20
30
20
65
10
20
7
20
30
8
60
30
45
10
5
90
15
200
100
5
200
130
-10
80
10
20
15
30
�Carcaret-SaJesse
Carcare!-SaJesse
Charnpseix Maniai
Champseix ManiaJ
Champseix Maniai
1327
1320
1334
1334
1334
Dounhe Frères
258
Ylme De Lavaux
Ylme J. de Lavaux
De Lavau.x Français
Estager Jean Marie
Ch. = Château
---- - - - - -
1067
1197
1311
1320
1247
1310 Mme De Lavaux
Combezou.x M.
De Bournazel
De la Tour du Fayel
Mme Des Brest Borie
Mme Des Brest Borie
Ouroux
1320
638
1093
350
360
1310
238 Coudert Raymond
Casteja Borie
Chal Alfred
Chassagoux et fils
Chassagoux Pierre
355
1204
1130
1417
333 Mme F_ Borie
378 Castej a Borie
1153 Bonnet
Ch. Roi de Fombrauge - St-Chris tophe des
Bardes - 33330 St-Emilion
Ch. Médoc - St-Julien - 33250 Pauillac
Ch. Haut-Madrac - St-Sauveur33250 Pauillac
Ch. Lynch Moussas - 33250 Pauillac
Ch. Rochebrune - 33500 Libourne
Ch. Fagouet Jean Voisin - 33330 St-Em ilion
Ch. Renard Mondésir - 33126 La Riviere de
Fronsac
Cru La Marèchaude - Néac - 33500 Libourne
Ch. Tristan Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Vieu.x Chevrol - Néac - 33500 Libourne
Domaine du Cailloux - Néac - 33500 Libourne
Clos La Treille Servant - Néac 33500 Libourne
Ch. du Grand Jaugueyron - Cantenac 33460 Margaux
Ch. Beauséjour - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. de Ylalle - Preignac - 33210 Langon
Ch . Gueyrot - 33330 St-Emilion
Ch. Haut Batailley - 33250 Pauillac
Ch. La Couronne - 33250 Pauillac
Ch. Thibeaud Maillet - Pomerol 33500 Libourne
Ch. Maucaillon Moulis - 33480 Castemau-enMédoc
Ch. St-Pierre de Pomerol - Pomerol 33500 Libourne
Ch. Bellevue - 33330 St-Emilion
Ch. Martinet - St-Emilion - 33500 Libourne
Ch. Haut Cloquet - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. des Remparts - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Haut Bernon - 33570 PuisseguinSt-Emilion
8
5
15
15
3
15
50
50
50
15
80
30
100
40
15
40
18
65
70
15
8
100
20
120
50
40
�Estrade Jean
Estrade
Goudichaud
Halamoda Maziére
Janoueix Michel
Janoueix Joseph
Janoueix Joseph
Janoueix Joseph
Janoueix Joseph
Janoueix Joseph
Janoueix Jean-François
Janoueix Jean-François
Janoueix A1ben
1159
1082
1125
1138
1341
1283
1293
1093
1152
1152
1134
1297
1137
Ch. = Château
Fournial Roger
Fournial Christian
FayatM.
Gratadour Mazière
Gratadour F.
Gounel
Mme Groussolle
Gasparoux Fernand
Gasparoux André
1201
819
1123
1090
1060
367
1404
1304
1140
1184 Escure
664
1311
1335
1228 Estager Jean-Pierre
1294
1336
4 10 Estager A.
383 Estager A.
Ch. Fougallles - Néac - 33500 Libourne
Ch. La Papeterie - Montagne St-Emilion
Ch. La Cabanne - Pomerol - 33500 Libourne
Domaine du Gachet - Néac - 33500 Libourne
Cru Coutelin - Merville - 33250 St-Estèphe
Ch. Hanteillan - Cissac - Médoc 33250 Pauillac
A. Moura - Barsac - 33120 Podensac
Ch. Trop Chaud l'Eglise - Pomerol 33500 Libourne
Ch. Grand Pey Lescours - 33330 St-Sulplcede-Faleyrens
Ch_ de La Capelle - 33500 Libourne
Les Courrèges - Arveyres - 33500 Libourne
Ch. La Dominique - 33330 St-Emilion
Ch. Haut Simard - 33330 St-Emilion
Ch. Cadet Bon - 33330 St-Emlion
Ch. La Tour Pibran - 33250 Pauillac
Clos Virolle - 33126 Fronsac
Ch. Ferrand - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Bardes Haut - 33330 St-Christophe-desBardes
Ch. Béard - 33330 St-Emilion
Ch. Vieux Pourrct - 33330 St-Emilion
Ch. Ripcau - 33330 St-Emilion
Ch. Haut Sarpe - 33330 St-Emilion
Domaine du Galet - 33500 Liboume
Ch. La Croix - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. La Croix St-Georges - Pomerol 33500 Libourne
Côte Mauvezin Badene - 33330 St-Emilion
Ch. Vieux Sarpe - 33330 St-Emilion
Ch. de Sarpe - 33330 St-Emilion
Ch. Mouton blanc - 33330 St-Emilion
Ch. Grate Cap - Pomerol - 33500 LIbourne
Cru Corbin Fonin - 33330 St-Emilion
30
20
50
75
6
60
5
10
10
20
20
25
25
27
100
25
15
50
100
60
30
25
125
12
25
50
60
20
ISO
10
6
1
1
�Ch.
=
Laubie Raoul
Laubie Raoul
Lacombe Bordas
Mme Laubie
Héritiers Marcel Moueix
Héritiers Marcel Moueix
Héritiers Marcel Moueix
Héritiers Marcel Moueix
Château
1061 Héritier J. A. Moueix
1099 Mazière Claude
ll03 Maison Elie et fi ls
1276
1025
1051
1274 Moueix Chrisrian
1287 Moueix Armand
1045 Moueix Armand
1262 Jean-Pierre Moueix
1204
1266
1150 Héritiers Marcel Moueix
1086
1216
1404
1320
1292
1320
1293
1118
1200 Luquot Frères
1275
1086 Laubie Raoul
1314
1337
1230
In6 Janoueix François
Ch. La Batienne - 33570 Montagne
St-Emilion
Ch. des Tourelles - Neac - 33500 Libourne
Ch. Petit Clos du Roy - 33570 Montagne
St-Emilion
Ch.. Grands Sillons Gabachot - Pomerol 33500 Libourne
Ch. Cruzeau - St-Emilion - 33500 Libourne
Ch. Guillot - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. La Grâce Dieu des Prieurs 33330 St-Emilion
Clos Fonin - 33330 St-Emilion
Ch. Haut Gazeau - Lussac - 33570 St-Emilion
Cru Port Drouet - 33126 Fronsac
Clos du Pin - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Taillefer - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Toulifaut - Pomerol - 33500 Libourne
Clos Beauregard - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. La Tour du Pin - Figeac 33330 St-Emilion
Ch. Tauzi nat l' Hermitage - St-Cristophe des
Bardes - 33330
Ch. Moulinet - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Fonplégade - 33330 St·Emilion
Ch. Trotanoy - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Videlot - 33500 Libourne
Ch. La Fleur Petrus - Pomerol 33500 Libourne
Ch. La Grange - Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Magdeleine - 33330 St-Emilion
Ch. La Clone - 33330 St-Emilion
Ch. La Grave Trignant de Boisset 33500 Libourne
Ch. Fonroque - 33330 St-Emilion
Ch. Simard - 33330 St-Emilion
Ch. TruqlJel - 33330 St-Emilion
----
25
35
20
30
40
5
50
10
30
30
10
5
20
80
100
20
20
16
5
50
50
80
38
10
35
50
80
80
�Méri801 André
Monjanel André
Nierfe... André
J. Nony Borie
Nony Michel
Nony Jean-Pierre
Plantade Alain
Plantade Alain
Theillasoubre
Theillet R.
819
525
1064
1091
Ch. = Château
Peyrat-Chèze
L~
1216
1386 Pont)' Dez
1082 Ouzoulias FrançOIs
1092
1097
1253 Pécresse
3 17
1336
1047
1097
1097
1299
130 1 Malher Besse
226
1198 Maleret
314 J. Nony Borie
430
521
214
1454
1311 Maison Romain et fils
1135
877
1323 Massonie Auguste
Ch. Marzy - Pomerol - 33500 Libourne
Clos Magne Figeac - 33330 St-Emilion
Ch. Le Gay - 33450 St-Sulpice Cameyrac
Ch. Perron - Lalande de Pomerol 33500 Libourne
Ch. Domeyne - 33250 St-Estèphe
Ch. Le Pape - 33850 Léognan
Ch. Arnaud blanc - 33460 Margaux
Domaine du Moulin Vérac - 33240 St-Andrede-Cubzac
Ch. Cheval noir - 33330 St- Emi lion
Ch. Palmer Cantenac - 33460 Margaux
Ch. Quinault - 33500 Libourne
Ch. Caronne Ste-Gemme - St-Laurent 33250 Pauillac
Ch. de Labat - St-Laurent - 332500 Pauillac
Ch. Garraud - Néac - 33500 Libourne
Ch. Grand Mayne - 33330 St-Emilion
Ch. CasseVer1 - 33330 St-Emilion
Ch. Beau Mazerat - 33330 St-Emilion
Ch. Le Chêne Liège - Pomerol 33500 Libourne
Ch. Franc Pourret - 33330 St-Emilion
Ch. Haut Patarabet - 33330 St-Emi lion
Chante l'Alouette - 33330 St- Emilion
Ch. Marquisat de Binet - 33570 Parsac StEmilion
Ch. Pavillon Haut Gros Bonnet 33126 Fronsac
Ch. La Grande Clotte - 33570 Lussac
St- Emilion
Ch. Clairval - Arveyres - 33500 Libourne
Ch. Hau! Bergey - 33850 Léognan
Ch. Franc Ma}l1e - 33330 St-Emilion
Cantenac - Route de Castillon 33330 St-Emilion
10
25
40
50
30
20
5
30
12
JO
35
60
20
20
75
16
20
12
30
5
10
175
25
120
25
15
10
120
5
20
10
40
�Vedrenne René
Ch. = Château
--
1().l proprietaires
174 châteaux ou domaines
1136 Vinzent Roben
1320 Mme Vedrenne
1326
\387 Travers M. H.
1417 Travers Michel
254 Theil Jean
1328 Santarel Léon et fils
1331
293 Rochette Borie
1084 Sebéron
1326 Vergne Jean
Pourcentage de récol tes des propriétaires
corréziens
Volume toI al en hectolitres de la récolte 1978
Volume des tonneaux
et hectolitres récoltés sur Bordeaux et ses vins
Ch. La Tour Pourret - 33330 St-Emilion
Ch. Haut Laborde - Lalande de Pomerol 33500 Libourne
Ch. Tournefeuille - Néac - 33500 Libourne
Ch. du bourg - Neac - 33500 Libourne
Ch. Mayne Listrac - 33480 Castelnau en
Médoc
Ch. Belloy - 33126 Fronsac
Ch. Haut Queyraud - 33126 Fronsac
ch. Poujeaux - Moulis - 33480 Castelnau-enMédoc
Ch. Le Sablard du Grand Moine - Lalande
Pomerol - 33500 Libourne
Ch. Petit Beauséjour - 33500 Libourne
Clos La Ganne - Pomerol - 33500 Libourne
25%
--10%
20
5
40148
--
525
4725
12%
-- - -
28394
--
--27216
325
2925
779 ~x
7011 hl
5
15
10
60
40
9%
--
2 1325 1
--
2164
19476
5
25
3,5%
13 1 812
512
4608
6,5%
---
142743
---
1028
9252
4,5%
---
129400
---
640
5760
180
20
1,5%
--
167543
--
300
2700
--
--
- ----
186
1674
285
2565
�89
. Etabli par le meilleur connaisseur de la diaspora correZlellne eu
Bordelais, ce recensement prétend à l'exhaustivité à la date de sou élaboratiou. Il
n'est par sÛT que cllt,que propriétaire eftt accepté d'être catalogué comme
Corrézien, mais l'autorité du président du syndicat pennet de légitimer les
infonnations founues .
. La ventilation des dOlUlées par château et par appellation pennet de se
faire une idée précise de la mainmise d'lUle colonie sur son outil de production
(le vignoble) et partant, de sa région d'implantation.
Le pourcentage des récoltes des propriétaires corréziens, exprimé en
hectolitres de la récolte 1978, s'établit conuue suit :
a) en Lihournais :
· 25 % dans l'appellation Pomerol
· 12 % dans l'appellation Fronsac
· 10 % dans l'appellation Lalande de Pomerol
· 9 % dans l'appellation St-Emilion
· 3,5 % dans l'appellation Satellites de St Enulion (Lussac,
Parsac, Montagne, Puisseguin)
b) en Médoc :
· 6,5 % dans l'appellation Pauillac, St-Estèphe, Margaux
· 4,5 % dans l'appellation Moulis, Listrac, Haut-Médoc
· 1,5 % dans l'appellation Médoc, Graves Rouges
Ce tableau précise par des clu.ffres des dOlUlées qualitatives que l'lustoire de
la colOlue nous a founues : c'est-à-dire l'ancienneté de l'acquisition de certains
de ces domaines (un siècle pour Pauillac) et la recherche de prestige par l'achat
des meilleurs châteaux.
.
C'est le Libournais qui s'est avéré la terre d'élection des Corréziens pour
leur naturalisation dans le vignoble, soit pour des raisons historiques (voir
première partie), soit pour raisons foncières (moindre coût de la terre). Les
Corréziens ont mis en place une véritable stratégie d'implantation, les anciens
conseillant les plus récemment arrivés sur les placements à effectuer. Les
volumes de vins produits à Pomerol, Fronsac, Lalande et St-Emilion (entre 9 et
25 % du volume total) montrent à l'évidence l'effet de colonisation dl\ vignoble
libournais par les Corréziens, au cours du XXe siècle.
Nous n'avons pas de réactuaiisaticil de cet état des patrimoines ù la datc où
nous rédigeons (1995), mais nous pouvons cOlwrmer que les dynasties lcs plus
anciennes ont continué leur implantation dans les vignobles sus-mcntiOlUlés
pour y fixer leur descendance. Souvent, les successeurs gardent les châtealL\: en
copropriété (voir généalogie des Borie).
�Léonard Chassaing est né en 1855 à Meymac. Ses parents étaient paysans à La Feuillade.
Très jeune, il part comme scieur de long dans les Landes. Il épouse en 1880 Marie Cloup en
apportant 1300 F "proyenant de son trayail et de ses économies qu'il possède en numéraire et
bonnes yaleurs" (ex1:rait du contrat de mariage). Après son mariage il commerce ayec Pauillac et
fait pan·enir des \ins de BordealL"X dans le Nord de la France (par Dunkerque) et en Belgique.
Son fils Jean Chassaing, dit "Le Renard", poursuit le négoce des \ins. Le neœu de Jean,
Alfred Chal, reprend la suite. C'est lui qui achète le Château Rochebrune à Libourne yers 1950.
On mesure l'ascension sociale qui a mené, en 3 générations seulement, du scieur de long au
négociant-éleyeur-propriétaire de ,ignobles.
Les enfants de Jean Chassaing ont suhi d'autres yoies : ingénieurs et médecins représentent
des professions échappatoires et à prestige et illustrent la très grande mobilité sociale de ce milieu
de souche paysanne et d·origine corrézienne.
GENEALOGIE DES CHASSAING-CHAL
ET MOBILITE SOCIALE
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LéonarJ CHASSAING
GÉNÉALOGIE DES CHASSAING-CHAL
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IV. L'ATTACHEMENT AU PAYS D'ORIGINE
1. Retourner au pays
a. Les biens fonciers ou immobiliers acquis en Corrèze sont une occasion
pour les négociants de revenir au pays. On restaure à grand frais la maison
ancestrale comme les Janoueix l'ont fait à Soudeilles, les Chassagnoux à Clùrac,
les Ouzoulias à Meymac .. . Il s'agit d'un débours d'argent affectif car on espère
ainsi greffer la génération des enfants qui n'est pas née en Corrèze. On prend
d'ailleurs des précautions : les maisons sont dotées d'une bonne isolation
thermique et du chauffage central pour que les intérieurs ne soient pas hostiles
aux femmes, peu habituées aux étés frisquets ou brouillasseux du Plateau.
Les cas que nous venons de citer sont cependant des exceptions. J.P Moueix
ne fréquente plus le pays (Liginiac) depuis lme génération. Les Fournial
conviennent que l'entretien de leur maison de Meymac est coûteux en fonctioil
de la durée où il y séjournent : quelques semaines par an tout au plus. Ils
constatent que la conunwle de Meymac fait de gros efforts pour conserver ses
estivants et que cela a forcément une incidence sur les impôts locaux. Les Nony
ont tout vendu de leurs immenses propriétés en bois pour réinvestir sur des
propriétés () prestige comme Grand-Mayne.
Entre réinvestissement affectif et délaissement total, les biens corréziens
sont soumis à bien des attitudes contraires de la part de leurs propriétaires. Les
situations d'indivision auxquelles il faut mettre Wl ternle et les espoirs
d'investissements plus lucratifs en vignoble Bordelais font nettement pencher la
décision pour le déssaisissement des biens au pays haut.
b. L'estivage
La période de l'été est une morte saison pour les négociants (voir l'agenda
de J.FJ. publié en partie N° 2) et ceux-ci en profitent pour remonter dans le pays
d'origine.
La famille Janoueix au grand complet se réunit Ù Soudeilles pour le 15 août,
autour de Joseph et de Marie-Antoinette. Ces octogénaires ont toujours lm pied
dans les affaires et assurent une cohésion sans faille sur trois générations de
descendants. L'indivision ou la gestion conunune des affaires viticoles et
commerciales nécessite des signes forts à usage interne ou externe et persOlme
dans la famille Janoueix ne saurait déroger à ce rite du 15 aoflt. L'on convie
même quelques clients à visiter le fournil refait, l'étang aménagé, la grange
pouvant réunir 80 personnes et décorée d'outils aratoires du siècle dernier. "C'est
la plus belle maison du pays" avoue fièrement Marie-Antoinette Janoueix.
�94
'Son fils a passé tous ses étés d'enfant à Meymac où il régnait sur le quartier
d'Audy. F ... , autre chef de bande, émigré él Paris, régnait sur le quartier de
Panazol. C'est en fantasmant sur leur elûance limousine que ces quinquagénaires
retrouvent plaisir à'épouser la Corrèze pour quelques beaux jours d'été.
La famille Chassagnoux accomplit son estive à Chirac en deu.x fois qlùnze
jours du 14 Juillet au 15 AolÎt. L'été est plus clément qu'en Gironde et ce trait
climatique est ù souligner. Il faut également surveiller le travail des artisans
locaux qui rénovent les maisons. Les jelmes, quant à eux, vont se baigner au lac
de Neuvic d'Ussel.
Rouvrir la maison aux bealLx jours, entretenir le patrimoine, faire lme cure
climatique roborative et balsamique, célébrer la famille, montrer sa fibre
corrézienne aux autochtones, justifier ses impôts locaux... les motivations ne
manquent pas pour revenir au pays. fu!isons à la fois objectives, le bien que l'on
restaure, mais très fortement connotées par l'affectif (voir plus loin: "les valeurs
corrézieIUles") et la tradition : c'est en été que les fournisseurs montaient au pays
pour faire golÎter leurs vins.
c. L'exercice de mandats locaux, le vote au pays
P. Lues note dans son article de 1936 que les négociants ont été atteints
d'une sorte de "manie élective" : "le canton de lvleymac ne connaît pas moins de
sept maires marchands de vins dans les onze municipalités qui en dépendent ... ".
C'est en 1936, justement, que Joseph Bourzeix est élu maire de sa
commune. "Celle activité professionnelle (négociant) a été complètement
perturbée par son élection au poste de maire de lvlaussac, renouvelée jusqu'en
J965" nous écrit son fils . Dans ce cas précis, il ne semble pas que le terme de
"manie" soit approprié. 1. Bourzeix est devenu maire par dévouement plus que
par besoin de considération sociale.
En effet, après l'achat manqué d'une propriété viticole éI St Emilion "mon
père est revenu à lvlaussac où il s'est occupé de la mairie, de la marche de sa
ferme (19 ha) et de la vente de vin en tant que "marchand de vin en Belgique"
durant le printemps et l'automne" (note écrite par Michel Bourzeix).
Ce type d'élu en milieu mml, menant la vie mixte entre le négoce en vin et
l'agriculture semble avoir été assez répandu dans la première moitié du
XXe siècle. Il semble même que ce double statut ait rendu ces maires polyvalents
et compétents. Leur élection était la marque de l'estime que leur portaient leurs
compatriotes.
Il n'y a plus de maires négociants en vins. Les maires d'aujourd'hui sont
ingénieur agronome ou vétérinaire (Meymac), agriculteur (Ambrugeat), médecin
(Ussel) etc ... Le statllt d'élu semble donc en prise directe avec le dynamisme
reconnu de certaines professions à une période dOlUlée ; ce fut le cas des
négociants c\ leur apogée en Corrèze (1880-1950).
�95
S'ils ne se font plus élire, les négociants vieJUlent-ils au moins voter CÙIllS
leur commune d'origine?
Dans le temps, certains votaient tantôt en Gironde (où il Paris), tantôt en
Corrèze, pour les municipales surtout, car il y avait la double inscription 26 .
Parfois des électeurs, plus ou moins ,îgés se trompaient de document et
présentaient leur carte d'électeur en Gironde au bureau de vote de leur conillllllle
corrézie1llle. En fait, ce système était toléré car l'objectif des conillllllles
corrézielilles était de tout faire pour avoir le maximum d'inscrits sur les listes
électorales. Beaucoup de maires du canton de Meymac étaient réélus gnÎCe à ces
voix bordelaises (ou parisiennes).
Aujourd'luù ces pratiques n'ont plus cours. Mais il y a, plus simplement,
une désaffectation pour le berceau originel. Le maire de Davignac nous dit que
l'intérêt des gens les porte à voter en Gironde car c'est là qu'ils possèdent leur
bien principal. Mais cette appréciation peut varier avec les communes : il y a
245 inscrits pour 295 habitants à Davignac, mais 340 inscrits pour 275 habitants
à Combressol.
d. Mourir au pays: pourquoi ?
Les M .. . sont originaires de la Regaudie de Saint-Sulpice-les-Bois. La vente
précoce de leur maison de fal1ùlle (vers 1950 ?), la fixation ancieJUle de leurs
parents en Libournais font qu'ils restent incOlillus des gens d'ici. "Nous sonmles
voisins au cimetière" constate Macùlme Doumichaud, voulant signifier que les
M .. . ne conservent ici que le caveau de leurs ancêtres.
M. M.P.M·.. . habite Libourne mais enterre sa mère en Corrèze en 1993.
Nous l'apprenons par les avis d'obsèques pams dans La Montagne. Contacté par
nos soins, il nous dit : "Ma mère s'est faite inhumer à Bort, mais c'est une erreur.
Elle a cru que Bort ne changerait pas et elle l'a qtùttée il y a plus de 60 ans 1". Il
faut comprendre que l'image actuelle de la ville n'est pas valorisante pour la
descendance et que si la décision avait été de leur compétence, la mère eftt été
enterrée à Libourne.
Beaucoup d(autres négociants n'ont pas ces réserves. Le culte des morts est
Wl rite plus fort que les religions. On revient donc à la Toussaint fleurir la tombe
fanùliale et honorer la terre qtÙ a vu naître ces pioJUùers du négoce, en tille sorte
de pèlerinage.
L'ancien député Arthur Delmas, grande figure du négoce bordelais et marié
à une girondine, est enterré au cimet~èr
de Saint-Angel. La stèle est tournée
vers son domaine du RigOlU1et, signe évident d'attachement à la terre
corrézieJUle. Son arrière-petit-fils Jean-Philippe, 40 ans, ne conçoit pas de
pouvoir être enterré ailleurs qu'à Saint-Angel, terre de ses ancêtres.
Quand 011 ne peut faire ce choix, on en conserve au moins le symbole : X. ..
enterré à Saint Enùlion a fait verser dans sa tombe un sac de terre corrézielille.
ce sujet la thl!se récente d'E. Crison (1996), Les grollpemellts d'origillaires cie
la (. orr(!ze à Paris .VOIIS la l/I(!me R,}p"bliqlll!, Université de Nuncy n. p. 325-326
26 _ Voir à
�96
L'arene granitique mêlée au sol calcaire, ce signe a été compris d'emblée par
l'assistance composée en grande partie d'originaires de Corrèze.
La question reste cependant posée : les elûants nés en Gironde
continueront-ils ù choisir comme dernière demeure le Limousin?
NECROLOGIE
M. ·ESTAGER n'est plus
C'est avec tristesse que nous
apprenons
le
décès
de
M. Jean-Marie Estager. Cette
disparition inattendue a suscité
une vive émotion dans la ville et
plus particulièrement dans les
milieux viti-vinicoles. M. Estager
était un honune de la vigne et du
vin et bénéficiait, auprès de ses
collègues du négoce ct dc la
viticulture, d'une estime unanime.
Il a toujours fait hOllneur à la cité,
à sa profession, à ses amis.
Sa carrure, sa
très
forte
personnalité avec toute la chaleur
humaine qui s'en dégageait, sa
jovialité, son franc-parler, sa
convivialité, sa générosité avaient
fait de lui un personnage
attachant.
Le regard toujours tourné vers les
autres
avait
induit
son
dévouement à la collectivité qui
l'avait conduit tout au long dc sa
vie
à assumcr différentes
fonctions . C'est ainsi qu'il fût
fondateur
et
président
dc
l' Amicale dcs Corrézicns, mcmbre du conseil d'administration du
Syndicat dcs vins, vice-président
du Syndicat viticolc dc Puissegin
Saint-Enùlion, vice-président de la
Société des courses de Liboume,
membre du collège des Echevins
dc Lussac ct Puissegin SaintEmilion, fonctions exercées toujours avec la même conviction et
la même spontanéité.
D'origine corrézienne il était
profondémcnt attaché à ses
racines et c'est très souvent qu'il
faisait un retour au pays où sa
disparition a été douloureusement
rcssentie.
li reposem sous les coteaux de
Puisseguin, sa deuxième patrie,
avec un peu de tcrre de Corrèze à
ses côtés recueillie à cette
intention, ainsi qu'il en avait
exprimé le désir. Et peut-être
verra-t-on un jour éclore une
touffe de bruyèrc, cclle bruyère
corrézicnnc, chantée dans lcs
chaumières et qu'il a tant aiméc.
A sa famillc, à Lous ceux auxquels
il était chcr, nous cxprimons notre
plus vive sympathic.
Quand la bruyère corrézicnne colonise le vignoble ...
(Sud-Ouest, janvicr 1\.1\.13)
�97
2. Les valeurs corréziennes
Quelles sont les valeurs détenues en conunun par les Corréziens et qui
fonnent un patrimoine culturel qu'ils revendiquent ?
a. L'histoire et le régionalisme
lF.J... est abOlUlé à plusieurs revues: "La Luzège", "Lémouzi" (dont il
vient de racheter les 40 premiers nwnéros), "Notre Vallée". Cette denuère
publication est Wle lux'ueuse revue attachée li la célébration de la Dordogne dans
la traversée des trois départements de la Corrèze, de la Dordogne et de la
Gironde. Son créateur fut Dubois-Challon, le propriétaire d'Ausone.
L'écrivain Claude Signol, qui est le nouveau chantre de la Dordogne à
travers sa série romanesque "La Rivière Espérance", a de nombreœ..: lecteurs
chez les négociants. Quoi de plus normal puisqu'il flatte l'esprit d'aventure et
d'entreprise qui fut celui des gabariers avant d'être celui des négociants au
XIXe siècle ?
b. La langue, la musique, la danse
André S... est né en 1937 à Ussel. Son frère Jacques naquit en 1947 Ù
Libourne. Dix ans, séparent leurs deux existences, tout lUl monde en réalité!
L'aîné a passé sa prime enfance en Haute-Corrèze ù cause de la guerre,
comprend et parle sa langue natale, en a gardé des sOllvelurs indélébiles. Rien de
tel chez le frère cadet qui a effectué toute sa scolarité en Gironde et manifeste un
certain détachement vis-à-vis des valeurs exaltées par l'aîné. On saisit ainsi le
fossé culturel qu'ont pu engendrer au sein de la même famille lUle éducation et
Wl milieu différents.
La langue limousine n'est plus parlée aujourd'hui que par les anciens ayant
conservé des attaches avec la terre. Pour les autres, établis depuis une, delLx ou
trois générations en Gironde, le parler de leurs ancêtres ne présente aucun intérêt
pour la conunwucation puisque leur négoce à l'exportation les oblige ù parler
Wle ou plusieurs langues étrangères.
La langue vernaculaire reste donc une valeur-refuge, aimablement
folklorisée, et fonnant la partie vocale des musiques et danses traditionnelles que
l'on écoute en certaines occasions (voir plus loin: l'Amicale des Corréziens).
c. Le I)atrimoine religieux, le sentiment de la famille
L'enfant prodigue de Davignac et pionnier de la migration, Jean
Gaye-Bordas, a offert ci son église paroissiale deux statues cn bois polychrome de
Saint-Jean Baptiste ct de la Vierge. Elles portent la mention : "11 Juillel 1871,
don offert par Jean Gaye-Bordas nat(lde Davignac". Le sculpteur est un belge
de La Louvière. Ces indications de date et de provenance sont précieuses car
�98
elles sont les plus anciens témoignages de la migration des négociants vers le
Nord.
Tout récenunent, vers 1990, des dons importants venus de Gironde ont
pennis la restauration de l'église de Soudeilles et de l'orgue de Meymac.
Ces dons en objets et en argent des originaires de Corrèze envers leur
patrimoine religieux s'accompagnent en général d'autres signes des valeurs
catholiques. Sans entrer dans le domaine de la pratique religieuse qui est
strictement privé, signalons que la forte cohésion des familles autour des aînés
puise ses racines qans la société paysanne, patriarcale et catholique du Limousin.
Ces valeurs transplantées dans un autre milieu subissent des distorsions
inévitables : tendance des membres alliés de la famille à sortir de l'indivision,
divorces etc... Il est probable qu'à tenue ces valeurs religieuses et sociales,
fondement de quelques grandes réussites, se dissoudront dans un monde
davantage fondé sur l'individualisme.
�99
3. Les réseaux de relations
a. Le syndicat des négociants
L'Union, syndicat des négociants-voyageurs en vins de la Haute-Corrèze, a
vu ses statuts approuvés en assemblée générale à Meymac, le 15 Janvier 1945,
par 120 membres présents, le président du syndicat étant M. Raynal, maire de
Damets. Voici ses objectifs, articles 3 et 4 :
" Le Syndicat est institué dans le but d'étudier les mesures propres à
faciliter le commerce et à déjèndre, d'une manière générale, les intérêts de la
corporation (.. .), d'examiner toutes les réjiJrmes législatives que peut exiger
l'intérêt de la projèssion, d'en réclamer la réalisation des autorités et pouvoirs
compétents, particulièrement en ce qui concerne la règlementation et l'exercice
de la projèssion et les charges qui pèsent sur elle, tarij.'· des chemins de jèr,
tarifs douaniers, contributions et taxes diverses".
Cette profession où la réussite individuelle est la règle n'ignore pas la
solidarité. On a vu bon nombre de négociants faciliter l'installation des jeunes
par des conseils ou des avances financières.
Le syndicat, fondé dans le contexte de la Libération, essaie de donner <i
cette solidarité pionnière wle assiette statutaire. Alfred Chal (1904-1994) en fut
le dévoué et dynamique président pendant de très nombreuses années (19601980 environ).
Le banquet alUlUel, précédé d'une assemblée générale, se tient en Corrèze, <i
Meymac, Ussel ou Argentat, pour marquer ses racines. A cette occasion le
président écrit et publie des biographies sur les grands ancêtres Gaye-Bordas
(1974) et Douvisis (1979), il ét'lblit des docwnents devant faciliter l'installation
des jewles (monographie du négociant-voyageur débutant, 1976 - voir annexe),
il suscite des études pennettant une vulgarisation oenologique ( plaquette sur
« les procédés teclmologiques modemes d'élaboration des vins rouges» par
Michel Bourzeix, INRA, distribuée en 1980).
Outre les négociants et leurs épouses, vemls de Corrèze 0\1 de Gironde, il y
a là le préfet ou le sous-préfet, le sénateur, le député, les représentants du fisc, le
conunandant de la gendarmerie de la Corrèze, les responsables locaux de la
police, les conseillers généraux qui y vont de leur discours pour célébrer cette
corporation qui fait hOlUlellr à la Corrèze. Dans sa réponse, le président essaie
d'obtenir des autorités de l'Etat, du département, des subventions ou des prêts
pour aider les jeunes à s'investir dans le métier (1977) car la profession vieillit :
"Si ce n'est notre métier, c'est sans doute notre région qui a vieilli.
Meymac, berceau de celle émigration saisonnière, n'a pas compris celle grande
richesse des pays pauvres qui ont la chance de posséder une population active
�100
et entreprenante. qui consiste à .l'avoir servir de trait d'union entre les pays
riches de biens à écouler et les pays riches à pouvoir de consommation".
(A. Chal, discours du 1-8-1977).
Il n'est pas question d'évoquer ici tous les problèmes que le syndicat a
abordés durant ces vingt dernières années. Nous nous bornerons à évoquer trois
s"ujets :
- la double adresse des négociants, personnelle en Corrèze et
commerciale en Gironde, a dfl être résolue dans les années 1970. Cette situation
manquait de clarté vis-à-vis des services de l'Etat (postes, finances) et n'était pas
en conformité avec la règlementation européenne sur l'étiquetage des vins. Le
COllsonunateur doit pouvoir identifier l'origine du produit
récolte,
embouteillage, expédition. Ainsi, le glissement des Corréziens vers la Gironde,
phénomène naturel qui sera abordé plus loin, est-il accentué par la législation.
- la formation des jeunes a préoccupé Roland BondOlUlY, président
actuel du syndicat. En 1986-87-88 a été lancé au Lycée de Bort (qui a lUle
section de vente créée par les marchands de toiles) un stage d'oenologie. Une
section de 25-30 jeunes s'est initiée au gOlÎt, aux appellations, au vocabulaire
spécifique du vin avec lUI professionnel du Lycée de Montagne St Emilion
(Gironde) venu spécialement en Corrèze. Une invitation était faite aux jeunes de
se rendre ensuite sur les stands de la foire de Libourne pour approfondir les
relations avec le client en situation concrète, et dans les chais corréziens de
Gironde pour parfaire leur savoir des vins. Cette opération pourtant soutenue en
haut lieu par R. Besse (président du Conseil Général du Cantal) et par 1. Chirac
(alors premier ministre) ne rencontra pas l'adhésion des jeunes. L'expérience n'a
pas été renouvelée.
- la lutte contre la grande distribution a abouti à la création d'un
groupement d'achat comme la Canvin (voir plus haut). Ce groupement de
négociants goûte les vins trois fois : à 6 mois à l'état de primeur, en cours de
boisage, à la mise en bouteille. Pour ce faire, on prélève des échantillons chez les
producteurs et on vient les déguster à Meymac, au siège du syndicat, autour d'ull
casse-croûte. Il faut être plusieurs car cela est plus convivial, mais surtout parce
que certains jours, "on est moins en houche".
Malgré la baisse de ses effectifs, le vieillissement de sa pyramide des âges,
le glissement vers la Gironde de ses adhérents, le syndicat essaie de défendre les
négociants. Que le savoir oenologique remonte de Montagne à Bort avec l'appui
d'un ancien député de la Corrèze devenu Premier Ministre, que les vins soient
goütés à Meymac pour savoir à quel producteur on achètera collectivement pour
affronter les prix cassés des grandes surfaces, voilà deux mesures qui
symbolisent l'origine corrézienne des négociants et l'action de leur syndicat.
b. Les nouvelles du llays
Le "Limousin de Paris" , organe hebdomadaire de défense des intérêts des
originaires de la "France Centrale", créé à la Belle Epoque, exalte tout ce qui est
�Le président du Syndicat des négociants en vins fins du Sud-Ouest.' Alfred CHAL
(/905- 1994) - ( oli ec Lion Mme HAL)
�102
limousin. Les biographies, les reportages sur les figures marquantes de
l'émigration cl Paris et à Bordeaux, dans tous les domaines politique ou
professionnel, sont un des chevaux de bataille de la rédaction.
C'est ainsi que le N° 19 du 9 Mai 192627 , consacre deux colOlUles de la
"une" à I.B. Audy, "un grand négociant de vins à Bordeaux". La visite des chais
de Libourne, les propriétés viticoles du Corrézien à Pomerol, les crûs en réserve
pour la vente, la Foire de Paris à venir sont les principaux sujets de l'article. On
convie enfin le lecteur limousin à visiter le stand Audy pour acheter des "vins
authentiques" avec "un escompte appréciable". En général, il s'agissait d'mle
ristourne de "5 % aux compatriotes" (extrait d'une publicité).
L'Essor du Limousin, édité à Ussel, consacre l'essentiel de sa pagination à
la Corrèze (Treignac-Bort-Meymac-Neuvic-Eygurande-Ussel-Egletons-TulleBrive). Par ses éditoriaux, ses honunages, ses comptes-rendus, il est mle
émanation de la "Chiraquie". Il est lu par certains négociants de Gironde sans
qu'il nous ait été possible de cerner quantitativement son lectorat.
Ces organes de presse, l'ml de la Belle Epoque publié dans la capitale,
l'autre de la période actuelle publié en Corrèze, nous présentent deux exemples
de transmission des nouvelles entre le pays d'origine et hl colonie girondine. On
sait que ce type de presse dont l'archétype reste "l'Auvergnat de Paris" a joué et
joue encore ml rôle essentiel dans l'élaboration des valeurs du berceau de la
migration. Les "collines abruptes", "les chênes séculaires" ou les "montagnes de
granite" sont quelques mlS des clichés employés pour chanter les valeurs de "la
race" limousine censée être "solide", "tenace", etc ...
e. t' amie alisme
"L'Association Corrézienlle de Bordeaux" est IUle société de Secours
Mutuels créée en 1872 "pour mettre les Corréziens de situation modeste ù l'abri
des besoins iIÙlérents à l'état de maladie". Cette société qui revendique avant
1914 de 125 à 150 adhérents et mle vingtaine de membres honoraires est née,
comme toutes les mutuelles, du besoin d'aider ses membres à couvrir leurs
risques maladie, chômage et vieillesse, à une époque où cette forme de solidarité
n'était pas mle obligation. L'Amicale Commerciale, Industrielle, Agricole se
constitue en 1933 pour défendre ses membres au point de vue professiOlUlel.
Dans son bulletin N° l , en 1933, des articles iIûonnent sur les
dissimulations de prix en cas de vente de fonds de commerce, sur les étiquettes
mensongères concernant le Porto et le Madère, sur les trains-expositions qui
parcourent le réseau P.L.M. , etc ...
"La Corrézienne de Bordeaux" est une sorte de fédération des deux
premières (mutllelle et association professiollnelle) qtÙ est créée en 1932, en
même temps que celles de Toulouse, de Clermont-Ferrand et de Limoges. Cette
amicale veut organiser des banquets, des excursions, des fêtes, des cOJûérences.
27 _ EXl!ll1plairl! cOlunwÎj
~ à l'uutl!ur par EvdYlll! CriSOIl
�103
Les banquets d'lùver, orgatùsés en janvier au moment de la morte saison
des négociants, illustrent par leur menu la gastronomie limousine : langouste à
la Gaillarde, lièvre du LongeyrolL", cèpes à la Corrézienne, clafoutis limousin
(15 janvier 1933). Au déjeuner seuls les hommes sont présents. Les fenulles et
les enfants partic~n
à la sauterie de l'après-midi.
Le 9 janvier 1993, soit soixante ans plus tard, le rite est conservé avec
quelques accommodements. Cent trente personnes sont réunies dans l'inunense
salle de la cave coopérative de Puysseguin. Il y à 1;) évidemment des Libournais,
des Bordelais invités en voisins, des Brivistes venus en amis (un tOlUlelier par
exemple). Le repas à lieu en soirée, hommes et femmes réunis, avec une faible
représentation de jeunes. Les plats sont préparés par un traiteur, c'est de la
gastrononùe standard. Manger n'est d'ailleurs qu'un prétexte pour goûter les vins
fournis généreusement par les négociants-éleveurs. Tous les crûs de
Saint-Enùlion et de Pomerol sont servis à notre table en une savante gradation
d'appellations et de millésimes. Nous tenllinons par un Haut-Sarpe, un Lacroix,
un Lagrange 1985.
Cette llùse en concurrence des "Châteaux", à la table même des négociants
est une pratique nouvelle car, jadis, les négociants ne faisaient pas goûter leurs'
vins aux compatriotes.
L'orchestre est origi.naire de Corrèze et l'accordéoniste est lUl habitué de ce
banquet. Le répertoire est éclectique ; il vise ù marquer les origines de la colonie
par des airs de cabrette, des bourrées, des mélodies devenues folklore ("Bmyères
Corréziennes" de Ségurel, "les Fiancés d'Auvergne" de Verschuren), mais aussi
à faire danser toutes les générations (du paso-doble aux chansons de P. Bmel).
Le président de la Corrézienne de Bordeaux, dans son discours évoque les
ancêtres gabarriers, le merrain de chêne du haut-pays, et "les filles de Libourne
qui sont bien girondes" .
Assister ù ce banquet est en quelque sorte témoigner de sa citoyenneté
corrézienne en çonulluniant aux valeurs du berceau originel. On imagine
aisément que derrière cette auto-représentation il y a d'autres intérêts,
économiques, professionnels, voire politiques. On peut cependant se poser la
question : cette vitalité de l'amicalisme, bien réelle, n'est-elle pas un masque visà-vis la naturalisation en train de se produire sous nos yeux '1
Conclusion :
Les maIùfestations d'attachement au pays de la colonie correzlenne en
Gironde sont assez classiques. C'est-ù-dire communes ù tous les groupes
d'émigrés provinciaux, Auvergnats et Savoyards par exemple.
Les associations, la presse, les banquets, les cOlûérences ... créent un réseau
de .oelations entre originaires fort utile sur le plan social (mutuelle),
professionnel (prêts pour débutants) et culturel. Il s'agit de reconstituer dans le
milieu d'accueil une petite patrie avec des valeurs mythifiées. Ainsi la cluîtaigne
�104
et le pain de seigle, symboles d'économie autarcique et misérable, devielUlent en
émigration des constituants de choix des menus de banquet. Il s'agit en fait de
signes patrimoniaux survalorisés par l'éloignement. Quand, sur ces plats du
pauvre, coulent à flots les nectars de Saint Emilion, de Pomerol et de Fronsac, on
comprend le caractère hybride de cette culture née en exil.
Evelyne Crison étudiant les sociétés corrézielUles de Paris sous la
llIe République note la même ambiguïté. Au discours officiel de reconquête de la
terre natale p~
le reboisement, l'électrification et le tourisme, se superpose la
nostalgie des valeurs aIiciennes. Ce qui revient en pensée à préférer le chêne et le
châtaignier alors qu'on replante en épicéa et en douglas 28 .
Cette ambivalence est au coeur du statut psychologique du migrant. Eclaté
entre deux cultures, il adopte un genre de vie miÀte où les valeurs du milieu
d'origine et celles du milieu d'accueil font bon ménage. La migration des
négociants en Gironde se fond dans une tradition plus ancielUle de conquête du
Sud-Ouest par les originaires du Massif Central. Il n'est pas sÛT qu'avec le temps
les valeurs montagnardes ne se diluent pas dans la douceur aquitaine, version
moderne des délices de Capoue.
28 _ CriSOll CE.) 1989 "Le tissu des sociétés d'originaires de la Corrèzl! pendant la lie
République cl SOIl évolution", ill Limousills dl! Paris, PULlM, Limogl!s, ct
cOImmmication orule du 1 1-XI- 1993 à Àmbmgeut.
�105
4. Les hommes politiques et les négociants
Le nùlieu professionnel des négociants en vins a toujours entretenu
d'étroites relations avec les élus corréziens parce qu'ils pouvaient défendre leur
corporation comme ministres ou députés ou parce qu'ils partageaient un certain
nombre de valeurs COlntnWles par rapport à leur origine. Les services rendus,
individuellement ou collectivement, se traduisent souvent par la réélection du
candidat.
Arthur Dclmas est un négociant ayant fait carrière politique : il est logique
que nous lui accordions sa juste place.
Né à Ambrugeat en 1853, il est issu d'une riche famille qui possédait, diton, six châteaux (dont celui d'Ambrugeat où il naquit et celui du Rigounet de
Saint-Angel où il mourut). Après avoir échappé au séminaire, car on le destinait
à la prêtrise, il étudie chez un "potard" et devient lui-même phannacien li
Meymac. Il crée une distillerie ù l'emplacement de la poste actuelle. Enfin, il
devient négociant en gros dans le Bordelais en 1886. Il a épousé Marie Delpeut..
une fille de Bordeaux-Bastide.
Il accomplit une carrière politique étonnante de longévité qui se traduit,
comme toujours à l'époque, par un cumul de mandats 10catL\: et nationaux :
maire de Meymac (1881-1919), conseiller d'arrondissement (1883-1886),
conseiller général (1886-1919), député de Corrèze (1894-1919).
En tant que maire de Meymac, on lui doit l'aménagement de la fontaine
circulaire, place du même nom en contrebas de l'Hôtel de Ville. Il conseille <1 ses
compatriotes de partir comme cochers ù Paris ou comme négociants en vins dans
le Nord. En tant que grossiste, il peut consentir des facilités de trésorerie aux
débutants.
Le député Arthur Delmas est inscrit au groupe radical socialiste. C'est un
rouge bon teint .pour l'époque et deux prises de position concrétisent son
engagement politique: il est dreyfusard lors de l'Affaire et vote la Séparation en
1905. Il habite boulevard Raspail ;\ Paris, ce qui est pour lui une facilité pour
fréquenter la Chambre. Il connaît beaucoup de monde et s'entremet pour
résoudre les problèmes de ses compatriotes dans la Capitale. On l'appelle le
"député des cochers". Il fréquente assidûment l'Amicale du Canton d'Ussel ù
Paris. En retour, les Corréziens appellent ouvertement ù voter pour lui
(Evelyne Crison).
En 1912 et en 1914, il échoue aux élections sénatoriales. Il se démet de tous
ses mandats en 1919. Un pin noir d'Autriche est planté près de sa maison du
Rigounet. C'est lUI mai, en souvenir de sa première élection (11:(81) . Comme cet
arbre est plus que centenaire et atteint la hauteur de 35 mètres, il a fallu le
haubaner comme lUI mât de navire.
Arthur Dehnas apparaît donc comme lUI homme-carrefour. Bien 'placé dans
les circuits commerciaux par son métier de distillateur, introduit dans le nùlieu
�106
bordelais par son mariage, au contact des milieux influents de Paris pur ses
mandats nationaux, il encourage ses compatriotes ù émigrer. Comme il est dans
la position de grossiste, les Corréziens devielUlent autant de clients et la parole
dOlUlée vaut tous les contrats. De la solidarité du pays d'origine au clientélisme
politique, il n'y a qu'une marge assez ténue. C'est une constante que nous
retrouverons chez beaucoup d'hommes politiques corréziens.
Henri Queuille naît en 1884 ù Neuvic d'Ussel. Il fait ses études de
médecine à Paris, puis est obligé de revenir se fixer au pays où il exerçe conune
médecin de campagne. C'est Arthur Delmas (limon conseiller et presque mon
tuteur") qui lui met le pied ù l'étrier en politique. Henri Queuille a raconté cet
épisode truculent 29 :
"Je n'admets plus que tu hésites. 11 jàut qlle tll sois candidat et que tu
jàsses dès demain acte de candidat. 11 y a demain une réunion puhlique à la
Joire de Peyrelevade .. tu iras à Peyrelevade".
De la même façon que Delmas avait marié Queuille à une fille de marchand
de vins, il lui force la main pour la députation. Si le négociant en vins tire son
art oratoire de la pratique des foires, on aura compris que l'homme politique y
trouve son auditoire, ses contradicteurs et y forge sa dialectique.
Maire de Neuvic de 1912 cl 1965, conseiller général dès 1913, député
radical en 1914, président du Conseil Général de la Corrèze, élu sénateur en
1935, Henri Queille possède une assiette locale remarquable. Mais il ,tioute à ce
parcours classique lUl destin national : plusieurs fois ministre sous la
Illème République, Résistant durant l'Occupation, Président du Conseil par trois
fois sous la IVème République (1948-1954).
Dans la mémoire populaire, il est resté "le bon docteur Queuille" conune en
témoigne le négociant en vins Jean-Pierre Moueix30 :
"11 est à noter que je suis né en 1913 et que ma mère fut accouchée par le
docteur Henri Queuille, de Neuvic, commune voisine de Liginiac. II aurait été
certainement Pré,yiden! de la Répuhlique pour succéder au Président Lebrun, si
la guerre de 1939 n'était pas intervenue".
Le romancier René Limouzin31 évoque l'action de l'élu corrézien en faveur
de ses concitoyens durant la guerre de 1914-1918 :
"On n'envoyait pas dire qu'un tel avait hén~/ic
d'appuis politiques pour
être ajfecté dans les troupes de l'arrière, ou mieux encore, réjiJrlllé .1 (. .. )
"L'Henri" comllle on l'appelait jàlllilièrement, avait, paraÎt-il le bras long / Par
contre, s'il pouvait dans certains cas "jàvoriser" des ajfectations spéciales, on
racontait aussi qu'i! n'avait pas son parei! pour déhusquer les tireurs au flanc".
UI! Paris, in HUI/ri
29 _ Hl!nri Qucllil!l!. C01l1t:rl!lIcl! UU 9 JanvÏt:r 1952 aux Cor~zil!Is
Queuille ut la Corrèzu Acll!s du CollOllUI! de Tulll!, 1984, SOlUly, Limogl!s, 1986,. 115 p..
30 _ Lettrc du 15 avril 1993 uu pr~sidl!1I
dl! lu Soci~l!
Hislorillul! I!l Arch~olgiu!
dl!
Liboumc, 1!1I fI!POllSCÙ lIotrc llllcstiolUlUirc.
31 _ Limollzin R. , 1995, Le.r Moissol/s de l'hiver. Eu. UI! lu Vl!ytizou.
�Le Président QUEUILLE à l'assemblée générale des négociants en vins
de la Corrèze, le 2 août 1953 - (Co ll ccti n du Syndical des Négociants e n vins)
�108
Ce notable local qui sait aider ses compatriotes par patriotisme de clocher
est aussi un homme de conviction lorsqu'il s'abstient de voter les pleins pouvoirs
au Maréchal, en 1940, et qu'il rejoint Londres en 1943. Dès la Libération, il jouit
d'une popularité qui réunit des suffrages de tous horizons politiques et de tous
niveaux sociaux. Il n'a surtout jamais oublié ses amis négociants en vins, dont il
cOlUlaît bien les problèmes en tant qu'ancien ministre de l'Agriculture, et il
assiste régulièrement à leurs banquets (voir photo de 1955, archives du
syndicat).
Jacques ChÏl"ac naît en 1932 à Paris. Il est de souche corrézielUle par ses
ancêtres laboureurs des XVIIe et XVIIIe siècle il Gros-Chastang
(Marcillac-la-Croisille) et, plus près de nous, par son grand-père directeur
d'école à Sainte-Féréole. Après un parcours classique de grand coml1ùs de l'Etat,
il entame une double carrière politique au lùveau national et au niveau 10ca1. En
tant que Corrézien, il est conseiller municipal à Sainte-Féréole dès 1965,
conseiller général de Meymac, président du Conseil Général, député de la
3ème circonscription de Corrèze (en 1967) et enfin maire de Paris (1977-1995).
La capitale, par le nombre de ses ressortissants, n'est-elle pas la première ville de
Corrèze? Son épouse est conseillère mmùcipale li Sarran et conseillère générale
du canton de Corrèze, au coeur du département.
En tant qu'homme politique national, Jacques Chirac est de nombreuses fois
secrétaire d'Etat, puis nùlùstre, sous Georges Pompidou, trois fois Prenùer
Ministre sous Giscard et Mitterrand, trois fois candidat il la Présidence de la
République dont la denùère tentative est la bOlme (1995). Quel est le secret de sa
réussite?
Il reprend les vieilles recettes de Delmas et du docteur Quelùlle : labourer
profond et ratisser large. Il connaît ses dossiers sur le bout du doigt, parcourt
i:11assablement son fief électoral qu'on appellera bientôt la Clùraquie. Ainsi, en
1967, il rend visite aux 118 maires de sa circonscription et devient député
d'Ussel en battant le c,Uldidat communiste de 537 voix. Cette circonscription
traditionnellement ù gauche -n'avait-elle pas élu Marius Vazeilles, député
communiste en 1936 ? - est donc passée au gaullisme gr<Îce à Jacques Clùrac.
Honune de synthèse pour les miS, homme attrape-tout pour ses adversaires, sa
résistance physique est légendaire et force l'adnùration de tous. Il dispose de
relais efficaces et surs dans quelques postes-clés : le docteur Belcour comme
maire et député d'Ussel, qui dirige "l'Essor du Limousin", jourlléù de la
IIIème circonscription32 , et Georges Pérol 33 en tant que maire, conseiller général
de Meymac et conseiller régional.
Le Syndicat des Négociants, qui a bénéficié sous Georges Pompidou de
l'amélioration du statut des démarcheurs à domicile (1970), sait qu'avec ces trois
Hl!bdollluduirc:, 8000 I!xC:lIlpluirl!s, çuntons dl! Bort, Bugl!at, Corrèzl!, Egktons,
Eyguralldl!, Laph:au, Mc:ymuç, Nl!uviç, SOnJuç, St Privut, Trl!ignuç, UZl!rdll!.
33 _ Gl.!org~
P~rol
I!st dl! soudll! 1Il1!ytllUÇOi:il.! : son grund-pèrl! Prudl tilt Ilégodullt I!ll
vins I!ll Bdgiqul! d lit çonstmirl.! IDII! dl!s bdll!s muisolls çuhiqul!s dl! l'avl!llul! du
Limousin. n n'I!st plus muin: dl! Ml!ytllUÇ dl!puis 1995.
32 _
�109
hommes (Chirac-Belcour-Pérol), il tient le tiercé gagnant. Chaque année, lors du
banquet annuel, le syndicat s'honore de les inviter et de leur exposer ses
problèmes: la non-adhésion des jelUles Ù ce métier, le poids de l'imposition, les
entraves administratives à l'esprit d'entreprise, etc ...
Jacques Chirac déplore, comme le président Chal, que les jelUles ne
veuillent plus prendre de risques 34 , mais se garde de répondre favorablement ù
la demande de création d'une prime d'installation pour les jeunes négociants
(comme il en existe une pour les ugriculteurs et les artisans) car ù l'époque il
n'en possède pas les moyens.
En 1995, après son élection présidentielle, Jacques Chirac n'oublie pas ses
amis artisans, commerçants et patrons de P.M.E. (37% ont voté pour lui au
premier tour, 78'% au second tour) en faisant prendre par son nùnistre les
mesures du plan P.M.E. : prêts à taux préférentiel, chèque au premier employé,
allégement des droits de succession pour les chefs d'entreprise qui transmettent
de leur vivant 35 ....
La mesure la plus révélatrice prise en faveur de la petite entreprise est
certainement la réfonne de l'ordonnance du 1er décembre 1986 sur les prix et la
concurrence, et de la loi Royer sur l'implantation des grandes surfaces.
Conclusion:
Ces trois Corréziens, A. Delmas, H. Queuille, 1. Chirac, représentent sur
plus d'lUl siècle (de 1881 ù 1995) des traits d'une très grande constance. Tous
trois issus du radicalisme, ils entretiennent Uli extraordinaire réseau de relations,
tant à Paris qu'en province. Les élus de tout niveau, les membres des chambres
consulaires, les syndicats .corporatistes, les associations d'originaires sont autant
de relais pour leur action politique ct la promotion de leurs compatriotes :
"Partout, il revient ù l'élu de guider le migrant, de lui trouver lUl emploi :
bOIUle réputation et réélection en dépendent. .. Les élus excellent souvent ù ce jeu,
la Haute-Corrèze' ayant dans ce domaine battu jusqu'ci nos jours tous les
records"36.
S'agit-il d'une simple solidarité de pays ù bipolarité, ;\ Paris et en Corrèze?
Ou d'une démocratie qui aurait glissé vers le clientélisme? Un peu des deux sans
doute 37, l'élu devenant un peu le Père Noël de l'électeur. Comme ce vielLx
négociant en vins (88 ans en 1993) qui nous disait : "Vivement que Chirac soit
élu président, on pourra élargir la H9".
34 _La Monlagne du 2 AoÎlt 1977
35 _Le Monde du 7 Mai 1996. Cahier "Jacques Chirac, lUI an apn!s .. ".
36 _ EstieJUle (P.), 1988, Terres d'ahalldoJl ? La popl/lation des montagnes françaises :
hier, aujol/rd'hui, demaill . Institut d' Etudes du Massif Central, Cknllont-FeITand.
37 _ L'ouvruge le plus réœnt penllettant d'apprécier ces solidarités de pays est celui
d'Evelyne Cri SOli : Les grollpemellts d'origillaire.\" de la ('ornlze il Pari.\" SOIIS la lll(lme
Répllhliqlle, Université de Nancy II, 1996, 569 p. (thèse sous la direl,;tioll de (i . Le
Begncl,;).
��III
v. UNE COLONIE EN GIRONDE
1. Les facteurs de fIXation
a. Les propriétés acquises en Gironde -maisons, chais, châteaux et
vignobles - l'ont été pour des raisons économiques (voir 3ème partie) mais pour
d'autres motivations encore, dont celles qui relèvent de la psychologie et de la
sociologie ne sont pas les moindres.
L'atavisme paysan pour ces éleveurs-paysans du plateau de Millevaches ou
ces petits vignerons du bassin d'Argentat a sûrement été un puissant aiguillon.
Pouvoir acheter un vignoble en Médoc à la Belle Epoque, alors qu'il y avait
flambée des prix sur les landes à reboiser en Limousin, était Wle bOIUle affaire
que les piomuers n'ont pas manquée. Le climat de dépression en 1930-39, les
aIlllées de gel et de vaches maigres qui ont suivi (1956-59) montrent que le
vignoble bordelais est soumis à des crises cycliques. Les vignerons souffrent,
mais les négociants avisés, qui ont du capital, peuvent ù leur tour investir et
devenir négociants-éleveurs.
L'assiette commerciale du Corrézien, en épousant la propriété viticole,
n'était plus un mythe domicilié à BordealL", avenue Emile-COlUlord (Maison
Eschenauer) ou à Libourne, quai du Priourat (Maison Audy). Il possédait
désormais une véritable adresse où il pouvait recevoir son courrier et ses clients.
Il y gagnait en respectabilité comme en notoriété.
Devenir viticulteur alors qu'on n'est que négociant suppose un
apprentissage : on ignore tout du travail de la vigne, on ne possède que des
notions sonllllaires de la vinification, on soupçonne à peine l'alchimie de
l'assemblage et du boisage. Nombre de Corréziens se sont avérés des élèves
doués au contact des viticulteurs, des maîtres de chais et des oenologues locaux.
Le savoir-faire viti-viIucole a renforcé le savoir-vendre du négociant.
L'acquisition du I)rcstigc du terroir bordelais va de pair avec l'achat des
vignes. Le "cul-terreux" corrézien se trouve du jour au lendemain propriétaire
d'Wl château, sur Wl coteau soigneusement peigné de vignes, qu'il peut faire
dessiner sur une étiquette ct orner de son nom : Mr X. .. propriétaire récoltant à
Château Y. .. Qui doutemit que "cette escouade barbaresque dont les patronymes
en "oueix" rappelaient les Burgondes et les Wisigoths"J8 résistflt à cet attrait?
Les Moueix et Janoueix, mais aussi les Audy et Nony, les Chassagnoux · et
Gasparoux achetèrent en Bordelais leurs quatre quartiers de noblesse.
38 _ Motllt:! F, Tou/es hOIl/es bI/es. Albin
Mil:hel, 1992.
�112
La fixation de la descendance dans la propriété viticole et le conlluerce
des vins fut une suite logique du processus précédent. La recherche de péremuté
dans une affaire capitaliste s'accompagne de la recherche d'un statut juridique
adapté. L'indivision sous fonne de G.F.A. (groupement foncier agricole) de
S.C.E.F. (société civile d'e;-''Ploitation fanuliale) répond aujourd'hui à ce besoin.
Mais nous avons déjà signalé que les descendants ne sont pas frappés d'une
"fatalité viti-vilucole". Les professions échappatoires existent (voir généalogie
des Chassaing-Chal de Meymac). Epouser le barreau ou la médecine représente
pour les petits-fils de négociants une ambition légitime, voire un tremplin
nécessaire pour s'intégrer à la bourgeoisie bordelaise.
b. La naissance et l'éducation
Beaucoup de quinquagénaires nés en Gironde se sentent parfaitement
insérés dans ce milieu car il y ont fait leurs études. C'est le cas de Michel Maison
dont le père s'était d'abord installé à Bègles pour avoir une raison sociale en
Bordelais, puis à Saint-Sulpice et Cameyrac où il a pris femme. Geneviève Parei,
épouse Maison, est de parents corréziens mais elle est née cl Liboume. Elle tire
une certaine fierté d'appartelur, comme les Audy, aux plus vieilles familles
corrézielmes fixées en Gironde.
Les elûallts Founùal nés au Château La Capelle à Libourne (acheté par leur
père en 1950) et scolarisés dans le lycée de cette ville ne deviennent Meymacois
que le temps d'un éphémère été.
Sans multiplier les exemples, nous pouvons dire que le lieu de naissance et
le milieu éducatif (fanùlle, école) jouent un rôle énùnent dans l'assimilation des
jeunes d'origine corrézienne en Bordelais.
c. Les mariages mixtes
Les mariages avec une fille de Gironde ou d'ailleurs retûorcent parfois la
coupure avec le Limousin. Les fils Chassagnoux aiment retrouver la Corrèze
l'été venu, mais l'une des épouses est particulièrement rétive à l'idée de passer ses
vacances dans un pays où elle n'est pas née.
Tout autre est le cas de Roger Duroux et d'Alain Doumichaud qui ont tous
deux épousé des filles de Belgique connues au cours de leurs voyages.
"La Belgique /il'a tout donné" ; c'est par ce cri du coeur que Roger Duroux
résume son expérience de vie. Reçu en pension dans une famille de substitution
très digne et très croyante, Roger Duroux a apprécié chez les Belges leur
convivialité, leur amitié, leur francophilie. Il a épousé une institutrice de ce pays,
qui une fois qu'ils furent installés en Gironde, l'a beaucoup aidé ù recevoir ses
clients. Beaucoup de Belges sont intronisés dans les cotûréries vineuses du
Bordelais. Les Corréziens continuent donc d'être d'excellents ambassadeurs pour
les vins qui ont fait leur fortune.
Alain Doumichaud a effectué une formation professionnelle en oenologie,
puis a suivi les cours de l'Institut d'Administration d'Entreprise. Il achète la
clientèle d'lUl fictif de Sornac (Corrèze) qui comprend la régioll de
�113
Château-Gontier en Mayenne, le Nord de l'Aisne, et la Woëvre en Belgique. Au
cours de ses tournées, il connaît Martine M. qu'il épouse. Ils se fixent à
Saint-Michel de Fronsac où ils acquièrent un chai et une cuverie. De cette Ulùon
nùxte, quelques traits culturels émergent : les belgicismes que l'épouse oublie et
que le mari rappelle, l'ameublement et le confort "nordique" apportés par
l'épouse en Gironde, les tableaux d'un peintre belge accrochés à Saint-Michel de
Fronsac, la fabrication des tourtous et de la flognarde (plats corréziens) apprise
par Mme Doumichaud.
Ces deux exemples de mariages franco-belges ne sont pas isolés puisqu'or
en recensait 8 sur une amicale corrézieune de 140 membres à Libourne en 1993 .
�114
2. L' insertion dans le milieu social
Se faire une place au soleil de la Gironde parmi les viticulteurs et les
négociants locaux, et plus généralement se dOlUler une nationalité girondine
dans la société assez fenllée de l'élite bordelaise, a été un souci constant chez les
Corréziens. Il est intéressant de savoir par quels canaux ils ont réussi leur
insertion sociale.
a. La banque
Dans un courrier du 15-4-1993 au président de la Société Archéologique et
Historique de Libourne, et en réponse ù notre questiOlUlaire, Jean-Pierre Moueix
dit avoir été Conseiller de la Banque de la Société Générale pendant lUle dizaine
d'années et Conseiller au Conseil de la Banque de France ù Libourne pendant
une quinzaine d'nnnées. Aujourd'hui son fils Christian assure la relève.
b. Les mandats Ilolitiques
Justin Luquot (1881-1944), négociant fictif, fut député-maire de Coutras et
l'ml des "quatre-vingts" qui refusèrent les pleins pouvoirs ù Pétain en 1940.
Marcel Borie, propriétaire du CluÎteau Ducm-Beaucaillou en Médoc, fut
maire de Pauillac en 1943-44. Jean-Eugène Borie est conseiller municipal de
St-Julien-Beychevelle depuis 19~
et adjoint au maire deplùs 1971. Jean Moueix
(1882-1957) devint conseiller municipal de Saint Emilion de 1944 à sa mort
(l957). Jean-Antoine Moueix (1908-1979) fut conseiller municipal et adjoint au
maire de Libourne pendant de nombreuses aIUlées. Mme Françoise Janoueix est
premier adjoint à Saint-Christophe des Bardes.
Cette liste non exhaustive illustre l'implication dans la vie locale de trois
familles dans les régions les plus fameuses de leur investissement : Libournais et
Médoc.
c. Les associations slloa1ives.
Gabriel Delmas, patron d'une maison de gros cl Bordeaux fut président du
Bordeaux Etudiant Club -devenu plus tard SBUC- dont il finança longtemps
l'équipe de mgby. Il poussa même l'esprit eonunercial cl appeler "B.E.C." l'lm de
ses apéritifs ;\ base de quinquina.
�115
Jean-Antoine Moueix, déjà cité, "fut le créateur du football-club de
Liboume et son président jusqu'à son décès en 1979. Le stade de Liboume porte
d'ailleurs son nom. Son fils Jean-Jacques, mon neveu, est un membre influent de
l'Association Sportive de Liboume" (lettre de J.P. Moueix, citée supra).
Alain Doumichaud est président du Club Hippique de Liboume et membre
de la Société des Courses. C'est sa façon ù lui d'assurer la liaison entre sa passion
limousine, le cheval, et sa fonction sociale en Gironde.
d. Les cercles conviviaux et philanthropiques
"Le cercle est en principe une association d'hollunes organisés pour
pratiquer en commun une activité désintéressée, ou même pour vivre en commun
la non-activité ou loisir"J9 .
C'est ainsi qu'Alain Chaume définit ces assemblées masculines, développées
il partir de la Restauration sur le modèle britannique et où on passe son temps
entre le jeu, la lecture des journaux et la discussion politique.
Les négociants corréziens de Libourne adhèrent ù certains clubs qlii
maintielU1ent la tradition des cercles de jeux du XIXe :
- le Rotary-Club, à but philanthropique
- le "Lady Circle", qui est un peu l'équivalent du précédent mais pour
les épouses
- la "Tabl.e Ronde", réunit des moins de 40 ans autour d'agapes
conviviales
-le "41" est la continuation du précédent pour ceux qui ont atteint la
limite d'âge.
La vitalité de ces cercles au XXe siècle montre la prégnance du modèle
culturel anglo-saxon sur le Bordelais, hérité de relations conunerciales pluriséculaires. On n:adhère pas ù ces cercles, on y est coopté. Ce qui signifie que ces
cercles fonctionnent comme de puissants leviers d'intégration à la société locale.
Pour les Corréziens, entrer d'lIlS ces clubs, c'est gagner son passeport pour la
nationalité girondine.
e. Les confréries vineuses
Analysant les archaïsmes du vignoble bordelais, le professeur
Henri Enjalbert présente la naissance d ~ s confréries cOIllme une nouvelle chance
vers 1945-50 : ilLe Lihournais se tirait d'ajJaire un peu II/oins II/al. Les
Corréziens étaient actij\' sur le II/arché intérieur. en nelle reprise. et la propriété
avait renoué avec sa politique traditionnelle de vente directe en France et dans
ChalUnl! A. Revue historique et archéologique du Liho/ll'l/ais t. LX1, N° 227,
Il!rtrim. 1993, p3- 11
39 _
�116
l'Europe proche desjrontières du Nord et de l'Est. C'est dans ce hut qu'en 1Y-IH
fut ressuscitée la Jurade de .)'aint-Ellliliofi. Elle se consacra à la propagande en
faveur des vins de l'appellation et lui associa une action visant à développer le
tourisllle dans la cité lIIédiévale "40 .
En grand arroi, toge et bonnet pourpres, les Jurats de Saint-Enùlion
décrètent chaque automne le ban des vendanges, comme sous l'Ancien Régime.
Ils classent avec autorité en 1954 les grands crus et participent en 1970 à la
création de l'Académie des vins de Bordeaux. Quelques grands noms de la
nùgration corrézienne faisant autorité dans le domaine des vins -comme les
Moueix et les Nony- sont devenus Jurats. Mais cette confrérie reste un milieu
fermé sur ses quartiers d'ancienneté girondine. D'autres confréries ont donc vu le
jour : les Hospitaliers de Pomerol où les Corréziens sont au nombre de g en
1994, les Baillis de Lalande présidés par Michel P. Massonie etc ...
Le but avoué de ces confréries est d'adouber le plus grand nombre de clients
possibles: des Anglais, des Belges afin qu'ils développent dans leur nùlieu
respectif le goût du vin de Bordeaux... mais aussi des promotions entières de
grandes écoles, conune ces sexagénaires d'H.E.C. intrOlùsés en 1994 par
1. Janoueix.
On voit ainsi deux types de confréries apparaître : celles où règnent les
vignerons, soucieuses de classement et de qualité, mais aussi de promotion
touristique; celles où règnent les négociants où le déconnn sert la vente des vins.
Peu iusérés dans les premières, les Corréziens sont largement incorporés dans
les secondes.
f. Lc mécénat musical
Regroupés au sein de l'association "Musique et Vins dans les Châteaux", un
certain nombre de propriétaires comme Janoueix, Nony et Moueix parrainent des
manifestations lllusicales en phase avec le mai musical de Bordeaux.
Comme pour d'autres manifestations (la haute couture par exemple), il
s'agit de coupler les vins avec des produits de prestige : les châteaux, les
concerts, pour attirer une élite pouvant constituer un marché potentieL comme
les Japonais.
g. Les collections d'oeuvrcs d'al1
Jean-Pierre Moueix a collectionné des tableaux par passion et non par esprit
de spéculation. Dès l'âge de 20 ans, il a pu conUllencer à acheter, du vivant de
certains peintres, certaines toiles peu cotées alors. Il a acheté des Cézanne el des
Monet qu'il a revendus. A propos de la cathédrale de Rouen, il nous dit : "on se
lasse de tout, sauf de conna1tre". Excentricité d'homme blasé ou forme de
dandysme de collectionneur parvenu au faîte de sa fortune?
occupe une place importante sur les murs de
Le peintre Nicolas de Sta~1
Clos-Videlot à Libourne. Le propriétaire nous explique le tableau intitulé
40 _ Enjalbt:rl
H. , Les (iral/ds vil/.\' de SI-Elllilicm, Pomerol, Frol/sac. Bordas-Bardi, 1983.
�117
"Mantes la Jolie" avec le vert de l'herbe, le bleu du ciel et la ville, dans la
vibration de l'air, au contact des deux masses colorées.
Il nous dit encore sa dilection pour la Fresnaye car il y a très peu de
tableaux de lui en France; pour Dufy; pour Maurice Denis qu'il a bien COlUlu.
Puis nous visitons ensemble Van Dongen, André Lhote, Rouault,
Sonia Delaunay, Dubuffet (dont il possède le dernier tableau, peint en 1984),
Vieira Da Silva ("la bibliothèque de Malraux", tableau préféré du ministre de la
Culture), Bissière (tableau dOllllé par l'auteur), Princeteau (peintre bordelais
sourd et muet, spécialiste des scènes de chasse), de nombreux artistes étrangers ...
Un buste de danseuse et un cheval en course -deux bronzes de Degas-, des
statues monumentales omant un parc magnifique inscrit dans une boucle de la
Dordogne, des oeuvres d'art marquantes en provenance des civilisations passées
(art cycladique, Egypte pharaOlùque, Bénin, Herculanum ... ) montrent que cet
amateur d'art n'est pas seulement entiché d'art contemporain.
Ce fond d'oeuvres est COIUlU puisque des musées étrangers empnmtent à
Jean-Pierre Moueix certaines de ses toiles.
Mais c'est surtout par son mécénat que ce négociant a su se faire apprécier
des collectivités: il aide discrètement le Centre d'Art Contemporain à Bordeaux,
le Centre Georges Pompidou à Paris, mais ne répond pas aux demandes du
c.A.C. de Meymac, car il est accablé de sollicitations et doit effectuer des choix'.
Ce destin de négociant avisé, doublé d'un amateur d'art éclairé, pour
exceptionnel qu'il soit, montre comment se fait l'intégration d'un émigrant dans
sa patrie d'accueil. Celui-ci acquiert une solide assiette écononùque
(156 personnes employées dans le négoce et les propriétés du groupe Moueix en
1994), il achète des objets d'art comme les élites bordelaises l'ont toujours fait et
par un mécénat sans tapage et efficace il aide les centres d'art de Gironde, de
France et d'ailleurs.
�118
3. Les valeurs girondines
Quelles sont les pulsions qui amènent le Corrézien à adopter les genres de
vie de son milieu d'accueil selon les processus que nous avons analysés plus
haut?
a. La douceur aquitaine
Parlant des rapports entre climatologie et viticlùture, Henri Enjalbert
conclut : "Bien plus souvent, le climat est honnête ou bienveil/ant et (..) i/
. travaille au mieux des intérêts et des joies du viticulteur".
Ce qui serait bon pour la vigne ne le serait-il pas pour le négociant devenu
propriétaire? Le tropisme du soleil, propice à la maturité du raisin ne finirait-il
pas par séduire le Corrézien ad aetenmlll ? C'est ce que pourrait nous laisser
penser un informateur qui s'est rendu dans la propriété de fanùlle le
1er mai 1993 : à Egletons, il brouillassait ferme; sur le chemin du retour, à
Brive, il a arrêté ses essuie-glace ; <1 Périgueux, il a éteint ses phares. Cette
vision pessinùste du climat du Haut-Pays n'est-elle pas liée cl cette autre
constatation que le même négociant fait sur l'inexistence de tissu social en
Corrèze, avec le vieillissement de la population, la fermeture des écoles, etc .. . ?
D'autres indices, ténus bien sftr, puisqu'il s'agit de quelques témoignages
seulement, peuvent donner ù penser que la Sun Belt aquitaine a bel et bien
conquis les Limousins. Ainsi, lUl cert,ùn nombre de Corréziens ont acheté des
résidences secondaires sur le Bassin d'Arcachon. Parce qu'il est plus proche,
parce qu'il jouit du même climat aquitain, parce qu'il permet la pratique des
sports nautiques. Mais aussi parce que la région des Landes est comme
historiquement des Corréziens, soit par la migration des scieurs de long, soit par
les séjours climatiques et sanitaires qu'ont pu effectuer certains malades dès le
XIXe siècle.
Si l'achat d'un vignoble en Girondc permet une intégration de première
génération, l'acquisition de la résidence d'été cl Arcachon parachève l'insertion
sociale du nùgrant car elle est conforme au comportement des Bordelais (voir él
ce sujet Michel Pinçon ct Monique Pinçon-Charlot (J 996), Grandes ./èJJ'tunes.
Dynasties/ami/iales et.J(mlles de richesse en France, Payot, p. 161-167).
b. La bonne chère
Si le Corrézien ne dédaigne pas les plats mstiqucs de son Limousin natal
pour paraître dans ses repas d'amicale, il a parfaitemcnt intégré ù sa culture le
foie gras elles vins génércux de son Libournais d'adoption. Nous avons déjil nolé
li plusieurs reprises cet art dc vivre aquitain : dans les déh'llstations, dans les
disco\lrs, dans mainlcs manifestations célébrant les vins, Ic Corrézien s'est fait
profcssiOlmellement le chantre du Bordelais.
�119
c. Le savoir-faire viti-vinicole
En achetant du vignoble et en devenant propriétaires-récoltants, les
négociants ont dû acquérir IUl savoir nlÎre très technique, si on s'en réfère mL"
bouleversements des trente dernières années : motorisation des labours et de la
vendange, choix de l'encépagement, traitements sanitaires, constmction de
nouveaux chais, maîtrise de la vinification.
Aux dires des spécialistes, dont Emile Peynaud l'oenologue, les vins de
Saint-Emilion, Pomerol et Fronsac sont meilleurs actuellement que par le passé
à cause des soins méticuleux et scientifiques qui leur sont dispensés. Et quand
Henri Enjalbert demande son avis :1 Jean-Pierre Moueix sur ces trois
appellations, il rend lUI vibrant hommage :l l'homme le plus renommé de la
colonie corrézienne :
"Nulmieux que lui ne pouvaifjilJ'll/uler un jugement d'ensemhle sur les vins
du Lihoumais. Ne les cO/lI//lercialise-t-il pas dans le monde entier depuis un
demi-siècle? Corrézien, il a pu juger d'ahord de l'extérieur, mais très vite il
s'est intégré au Lihoumais. Aujourd'hui le voilà propriétaire de grands crus
dans les trois cantons- vignobles du Lihoumais"41.
Jean-Claude Gasparoux, pharmacien pendant 30 ans ù Bordeaux, a repris le
domaine paternel ù la mort du fondateur, en 1978. Il a d'abord vécu l'existence
souh;ùtée par ses parents négociants, par désir de promotion sociale. Il est
revenu par goût à la propriété viticole du CIllÎteau Barde-haut, qui occupe un site
de reculée dans le plateau de St Emilion. Le vignoble de 17 hectares, travaillé
avec 4,5 emplois él plein temps, plus les saisonniers, et la vente du vin l'occupent
totalement. .
Jean-Baptiste Bmnot, descendant d'une vieille famille de négociants fixés
en Gironde dans les années 1920, possède la double formation de médecin et
d'oenologue. Il a opté pour le vignoble et s'occupe de vinification des propriétés
de la famille: Cllâteau Cantenac, à Saint Emilion, Ch.Îteau Piganeau ....
Michel Bourzeix, est né à Combressol en 1931 , fils de Joseph Bourzeix,
négociant en vins et cultivateur en Limousin, maire de Maussac de 1936 ù 1965.
Cet iIûormateur nous écrit : "!vion activité pn!/essionnelle a été entièrement
déterminée par l'histoire des marchands de vins de AJeymac" près Bordeaux".
J'ai tout naturellement fait mes études supérieures à l'Université et à l'Institut
d'Oenologie de Bordeaux. 11 n'était pas question d'aller ailleurs ! Ceci a
déterminé la suite" (lettre du 10-9-1993).
Dans le "Who's who international du vin 1993", nous apprenons que
M. Bourzeix fllt Directeur de Recherches (oenologie) ù l'INRA, fondateur du très
important groupe de recherche international "Polyphénols"42. Depuis 1991, il
41 _ ElIjalbert H., Les Ciral/ds vil/s de St-Emilicm, Pomerol. Frol/sac:. Bonlas-Burdi, 19!B.
42 _ Ce groupe dt: recherche ruyOJUll! sur 4S puys dt:puis l'lJlIivt:rsitl! de Bordeaux Il où il
u acludlel\lellt son siègt: I!\ son st:crc!turiut inh:mulionul.
�120
organise avec l'Université Internationale en Narbonnaise lUle session bilingue
abordant l'oenologie, la viticulture, l'archéologie vinicole, la langue et la
littérature occitane du Moyen-Age. Des spécialistes de 13 pays étaient venus
assister à ces cours en 1994. Cette mlÏversité d'été pourrait constituer pour la
profession de négociant en vins un outil de fonnation tout ù fait adapté. Le
syndicat des négociants n'a, semble-t-il, pas saisi l'occasion.
Ces quelques récits de vie tendraient ù montrer qu'on n'échappe pas à son
destin : pharmacien ou médecin, on revient ù la propriété ; oenologue de
réputation internationale, on cherche ù dynamiser sa région ou la profession qllÏ
vous a mis le pied à l'étrier.
Ces exemples montrent que le savoir-faire viti-vÎllÏcole est parfaitement
intégré par les négociants corréziens après quatre générations en Gironde.
L'achat de propriétés en amont et les études oenologiques des enfants en aval en
sont la parfaite démonstration.
Le culte du Haut-Pays corrézien et les valeurs de la "race" limousine sont
proclamés haut et fort dans certaines sagas familiales ù usage publicitaire. Les
Janoueix présentent 4 générations de négociants, étalent complaisanUllent leurs
châteaux et chais en Gironde, valorisent les études à l'étranger des petits enfants
et les devises que l'on s'est forgées: "la réputation acquise est due au travail et à
la chance maîtrisée, mais jamais au hasard" . Quand on cOlUlaît le nombre de
jours passés en voyage par les mâles de la tribu et l'abnégation des femmes
assurant les expéditions et la facturation, on peut dire que cette sentence
s'applique bien au modèle. Comme ils le disent eux-mêmes, c'est de l'anti-DaJlas.
La maison Antoine Moueix et fils publie une luxueuse plaquette où l'on
trouve l'historique de la famille :
"Lorsqu'Antoine Ivfoueix (1"17"1-1955) est venu pour la première .fbis se
.fournir en vins de Pomerol et de ,,,'aint-Emilion pour les .fàire apprécier aux
Chtimis, aux Wallons, aux Flamands, et aux Bataves, les vignohles du
,)'ud-Ouest étaient tout juste sortis de la catastrophe du phylloxéra ( ..) Pour un
Corrézien élevé à la dure, sous un clil/lat plutôt rude, ce n'était là qu'une gêne
passagère ".
Ces argumentaires publiciulÎres font donc une grande place à l'autoreprésentation, et aux qualités dues au berceau natal : travail, dureté ù l'épreuve,
opillÏâtreté continuité familiale etc... Ces vertus sont supposées propres à la
Corrèze et inaltérables avec le temps, mais tous les massifs montagneux français
ayant fourni des migrants pourraient avoir un discours semblable. L'autoreprésentation de quelques familles ne doit pas masquer l'enracinement profond
de la colonie corrézienne en Gironde, que ce soit par la terre, la finance, la
politique, le sport ou le mode de vie.
�121
CONCLUSION
L'histoire des migrations s'écrit, au départ, autour de quelques individus qui
découvrent des marchés dans des régions neuves, puis elle devient celle de
milliers de leurs imitateurs. Cette épopée commerciale des Corréziens,
cortunenéée au siècle dernier se poursuit encore sous nos yelL'X avec quelques
dizaines de familles qui ont su acquérir aisance et notoriété. C'est d'em.: dont on
parle le plus souvent car leur histoire sert il conforter lem image de marque et
leur empire financier.
Mais, lme fois gnîces rendues ù l'esprit d'entreprise de ces condottieres, il
faut aussi parler des humbles qui, par leur travail de fourmi, ont participé à la
fortwle des prenùers (fournisseurs et grossistes, prêteurs et banquiers) et permis
êl leur familJe de sortir de la médiocrité paysanne de l'époque.
Les prenùers marchands allèrent il pied, avec le cours des rivières comme
seul fil d'Ariane. Puis ils s'enhardirent à prendre le chemin de fer comme axe de
leurs pérégrinations, mais en butant sur les barrières infranchissables de la
langue (flamand, néerlandais, allemand). Démarchant les grosses fermes comme
en Brabant, vendant du vin de messe aux curés wallons avec certificat de
l'évêché, sortant un chapelet de leur poche devant un client pour passer pour plus
caUloliques qu'ils n'étaient, c'est ù leur roublardise que ces paysans limousins
réussirent à faire de Meymac la banlieue de Bordeaux et de la Belgique une
annexe girondiIie. Beaucoup de ces gagne-petit restèrent hommes de la terre,
élevant quelques vaches et partant vendre les vins de Bordeaux deux fois l'an
(février-mars, octobre-novembre) selon \111 rythme hérité des initiateurs.
La génération des pi01llùers acheta des fermes au pays natal, fit constmire
des maisons cossues ou des clléÎteêl\L'I: prétentieux. Ces "barons de la Belle
Epoque", comme on les appelle plaisamment il cause de leur tenue vestimentaire,
aimaient ël éclabousser leurs compatriotes par leur réussite. Cette maladie de la
pierre contribml à étoffer des bourgs comme Meymac pour en faire de petites
villes et toucha aussi les hameaux les plus reculés.
C'est en toute logique que les générations suivantes (après 1nO) achetèrent
du vignoble en Gironde. D'abord pour assurer la matière première de leu(
négoce, puis par simple comparaison avec le prix de la terre : une ferme de
120 hectares en Corrèze valait autant qu'un beau domaine viticole en Gironde,
entre les deux gllerres ...
La valeur du vignoble crut jusqu'aux sOlllmets inégalés de 1980-1990,
renforçant les fortunes déjù établies mais rendant inaccessible tout achat foncier
aux nouveaux arrivants. La crise actuelle (1990-95) ramène les prix du vignoble
il des valeurs plus normales. Pendant le même temps, de 1980 Ù 1995, la valeur
d'une ferme en Corrèze a été divisée par deux, suivant en ccla une tendance
nationale.
Le glissement des investissements de la Corrèze vers la Gironde est elle une
"loi naturelle" de la géographie qui voudrait que le haut pays alimente les bas
pays environnants de son surplus d'hommes entreprenants ? De la part des
Corréziens, est-ce une trahison de s'installer ù demeure en Gironde, y épousant
�122
fenunes, vignobles, culture ? Les réponses Ù ces questions peuvent se situer cl
deux niveaux.
Le Haut-Pays voit sa poplùation vieillir inexorablement. A la fenneture des
maisons, onze mois sur douze, répond la fermeture des paysages par le manteau
sombre des résineux. Les bourgs-centre essaient de maintelùr une fonction
scolaire hypertrophiée par rapport aux besoins réels du pays : I.U.T. de gélùe
civil à Egletons, section de B.T.S protection de la nature ù Neuvic d'Ussel, Ecole
Forestière à Meymac. Ou de créer une fonction d'hébergement en direction des
handicapés et des retraités conune ù Sornac, Peyrelevade et Treignac.
'Cette activités de services, non négligeable en tennes d'emplois, a été créée
à l'initiative d'hommes politiques locaux tels que Queuille, Audy ou Clùrac,
agissant sur la sollicitation de leurs électeurs. A cette aide, présentée souvent
conune un assistanat ù pays pauvre, ne pourrait-il pas se substituer lUle politique
plus volontariste d'investissements venus de Gironde et canalisés par la C.C.I. de
Tulle? Les Corréziens de Paris, li la Belle Epoque, n'ont-ils pas impulsé une
action vigoureuse de reconquête du haut pays par le tourisme l'électrification et
le reboisement?
Une association créée en 1989, « Corrèze Développement », regroupe
250 corréziens « appartenant pour la plupart au milieu des affaires qui mettent
en COnunWl leurs compétences et leurs relations pour promouvoir le département
et favoriser son développement économique» (lettre du secrétaire général de
cette association). Si cette structure signale certaines réussites dans la création
ou la reprise d'entreprises en Corrèze, elle avoue également avoir surtout
prospecté auprès de la colonie parisienne. Le travail de sensibilisation de la
colonie corrézienlle en Gironde reste donc ù faire .
Le Bas-Pays libournais et bordelais a accueilli les paysans de Meymac et
d'Argentat. « Faire le Corrézien» désigne en Gironde unc forme de négoce
basée sur le négoce ù domicile, issue de l'ethnotype du chineur de la Belle
Epoque. Corréziens de coeur et Girondins par raison sociale, tels aiment se
présenter les négociants en vins. Ce fut vrai pendant la période de transition des
almées 1930-1970, attachés qu ' ils étaient ù leur double culture de la cMtaigne et
du vin, de l'été frais du Plateau et de la douceur aquitainc dcs hivers. Ce sera
sûrement moins vrai de leurs descendants du XXc siècle finissant.
Les petits ou arrière-petits enfants des négociants corréziens, bardés de
diplômes de conunerce, de droit et de langucs, tiennent comptoir à Londres,
démarchent le Sud Afrique et l'Australie, plantent de la vigne dans la
Napa Valley, en Californie. Ils sont les ambassadeurs d'un produit prestigiem.:,
le vin de Bordeaux, dont les travaux les plus réccnts cn oenologie et en médecine
montrent qu'il contribue ù allongcr l'cspérance de vie. Voilà unc CjlUtion
scientifique fort bicn venue, celle du Wine Institute dc Californie pilr excmplc,
mettant l'accent sur Ulle consommation de vin modérée et une alimentation de
type méditerranéen, pour promouvoir les vins français dans le monde.
Le fossé qui sépare les Corréziens de leurs cousins de Gironde ne fait que
s'élargir. Les prelniers, toujours négociants ct paysans, voient la valeur de leurs
biens agricoles ct forestiers se déprécier tandis quc leur image traditionnelle
d'éleveurs compétents se ternit par les quotas laitiers certaines maladies du
bétail etc ... Les seconds, négociants et viticulteurs, accumulent toutes les formes
�123
de capital : valeur foncière des vignobles, prestige des appellations, savoir faire
vinicole que le temps bonifie comme les millésimes qu'il produit.
Peu à peu, les négociants fixés en Gironde cherchent à s'identifier mLX élites
locales et à avoir un comportement qui les éloigne du berceml corrézien.
Certains enfants échappent au négoce pour exercer des professions réputées plus
classantes conune la médecine, le barreau ou la haute fonction publique. Ceux
qui poursuivent le négoce restent en indivision et gèrent en copropriété les biens
viticoles, base économique de leur prospérité et assise symbolique de leur
notoriété sociale.
La Corrèze, par l'exode mral, a perdu sa principale richesse, les honunes.
Et aussi leur fonnidable entregent fondé sur « la force physique, le goüt de
l'effort et la volonté de présence» (d 'après le témoignage d'un négociant de
81 ans, levé à 6 heures du matin et encore à son bureau à 20 heures). En se
dOilltallt aujourd'hui l'image d'un pays vert, prairies et forêts, calme et volupté,
la Corrèze mise sur le tourisme et les activités tertiaires. Cette image, conforme à
la réalité mais moins valorisante que celle de Meymac-près-BordealL'X, risque de
ne pas être de taille à renverser le cours des choses. La Dordogne a toujours
coulé d'Argentat à Libourne: ce qui est vrai pour l'eau l'est pour l'honune.
Cette migration vieille de 125 ans nous le confirme.
��125
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Ouvrage collectif, 1991 : « Le port et la navigation ù Libourne du XVIIIe
siècle au XXe siècle ». RHAL, t. LIX, n0220
��129
LISTE DES PERSONNES CONTACTEES ET RENCONTREES
Les 48 mentions ci-dessous concernent des personnes, des organismes ou
des collectivités. Lorsqu"il y a eu plusieurs rencontres avec la même personne,
celle-ci n'est mentionnée qu'une fois, lors de la première. Cette liste est donc
une chronologie de renquêfe et un justificatif de la recherche, chacun pouvant
retrouver les informateurs de l'auteur.
DATE
PERSONNE
LlEli
QUALITE, FONCTION
ORGANISME
21.12.92
APVIZERIE
Libouml!
y..vocat, intl!ouéuiairl! auprès UI!S négociants
21.12.92
A CHAUME
LiboUOlI!
21.12.92
JANOUEIX
LibollOll!
ProlÏ!sSl!llf u'histoirt:, uirl!ctt:llf ut: publication
Ul! la œvul! historiqœ I!I ardléologitlul! UU
ILiboumais, collabomtl!ur.
Ir.amilk Ul! négociants
lNégociant
09.01.93 P. CHASSAGNOUX
Saint-Emilion
09.01.93 LA CORREZIENNE
Puyssl!guin
09.01.93
R. MAISON
Puyssl!guin
01.05.93
H.CHABlIT
Saint-Emilion
03.05 .93
B. JANOllEIX
Libouml!
[Négociant
03.05.93
R.DUROUX
POlul!rol
INc:gociant
04.05.93
J.C. GASPAROUX
04.05.93 J. ct A SAlrr AREL
Banl}œt ulUlIld UI! l'Amicuk Corrézil!1U1!! dt:
LibOllOll!
Négociant
)I!nologul!, visitl! ut:s chais dt: Haut-Sarp!!
St-Christophe des B. Propriauire, lils Ul! négociwlt
Néuç
lNégociunts
St-Miçhd UI! Fronsac lNégociant
07.05.93
A DOl IMICHAUD
07.05.93
M. LAfITTE
LibOllOll!
lAf~hivst!
16.011.93
C. B1SSIERE
Ml!ymac
lDin:ctriCl! UU Cl!ntre u'Art contemporain
16.011.93
A CIIAL
MI!)'muc
A1lcil!n secrétain: UU sylluicut UI!S nc:gociants
17.08.93
J. ct J. JANOllEIX
Meymuc
Négociants pèœ d lils, en I!stivuge
17.08.93
A COGNERAS
Ml!ymuc
lFfotuiœ rdmité
18.08.93
MUSEE
Ussd
19.011.93
J. SOllRDEIX
MI!)'lllUC
mllllicipui
Visite uu musél! uu Pays u' \Jssd
Ensl!ignuntl! rt:truitél!
�130
20.08.93
A DOUMJCHAUD
20.08.93
M.TGRANDEAU
20.08.93
FOURNIAL
Mt:ymac
lFamillt: dt: nt!gociants t:n t:stivagt:
23.08.93
M.P. MASSONIE
LibOlU11t:
INc!gociant, convt:rsation télt!pholliqut:
Mt:ymuc
IPn!siùt:ntt: ùt: lu lonùution Murius-Vazt:illt:s
Notairt: installt! dans la maison Gayt:-Bordas
27.08.93
MAGNIER-V~
St-Sulpict: lt:s Bois INl!gociant t:n t:stivagt:
St-Sulpict: lt:s Bois lFt:lIllnt: dt: nc!gociant, mt:rt: du prc!cc!dt:nt
27.08.93
M.VALETTE
Mt:ymac
31.08.93
E CRIS ON
Ambmgt:ut
02.09.93
J. L. LEMAITRE
Paris
21.09.93
J. L. LONUOUR
Billom
24.04.94
CHAIS
POlllt:rol
25.04.94 N. ROSKAM-BRUNOT
Prolt:sst:ur d'histoirt:
Const:rvutt:l\I' du Musl!t: du Pays d'Ussd,
Dirt:clt:ur d'étudt:s à l'Ecolt: Pratiqut: dt:s
Hautt:s Etudt:s (It:tlrt:)
tFils dt: négociunt
Visitt: dt:s chais dt: Pt:tit Villagt: (Axa) t:t dt:
Ichâtt:au-Tailldt:r (A.Mout:ix)
IPropril!tuin::-t!It:vt:I\I'-nl!gocianl
Lussac
26.04.94
P. BOUROTTE
Liboumt:
lNt!gociunt 101U1lÏsSt:l\I'
27.04.94
27.04.94
J. JANOUEIX
G. PAUfY
Liboumt:
LibOlU1w
Nl!gociant : ugt:nda 1994
Rt:traitl! H.E.C, ùt:sct:JlduJlt dt: Jlégociants
27.04.94
J.P MOUEIX
LibotUllt:
Nt!gociant, COllt:ctiOlUlt:l\I' ù'ot:uvrt:s d'art
30.04.94
CHAIS
St Emilion
16.08.94
U. ESTHER
Mt:ymac
IRl!stauratl!ur parisit!n t:n t!stivagl!
16.08.94
J. LACASSAUNE
Davignac
iMairl!
17.08.94
LIMOUJOUX
Mt!ymllc
Fumilll! Ùl! calè!-tabac ù Paris, alliés ù ùt:s
18.08.94
J.ACLOUP
Mt!ymac
lNc!gociaJlt
Ml!ymac
Filll! dl! Jlc!gociwlts, Jlc!1! I!JI Uironùl!
Ml!ymac
lSt!crc!tuirt! ùu sYJlùicat ùt:s nc!gociunts
18.08.94 O. BONNETBLANC
18.08.9A
R. BONDONNY
19.08.94 O. BRETIE-BORDAS
Visitt: dt:s chais Ùl! Chûtl!au-Cunon
lc!~oiant
s
Combn::ssol
!Dt:scl!nùanh: Ùl! 1I1!gociants
19.08.94
FAtJCHERY
Ml!ymac
IDt!SCl!nÙwltl! ùt: lIc!gociwlts
03.09.94
U. PEROL
Ml!ymac
!Main:
23.08.94
DELMAS
St-Angd
Famillt: dl! nl!gociants I!n t!stivugl!
20.09.95
Dr. BELCOUR
l1ssd
~c!natlur-Mi:
30.09.95.
JOURNAL
Ussd
19.011.96
M. BOURZEIX
Maussac
Rl!daction dl! l'Essor du Limousin, jOlU11UI dl!
la m~l!
circonscription dl! Corrt:zl!
)I!nologul!, ùirl!ctl!l\I' Ùl! rl!chl!rchl!s INRA, lih
~I! né~ociut
�131
LES NEGOCIANTS MIS EN CHANSONS
Nous avons recueilli deux chansons
indirectement aux négociants en vins.
ayant
trait
directement
ou
1. "Meymac-Lailleau"
L'auteur de cette pochade est un aveugle : Rémi Gorse. Il gagnait sa vie en
parcourant la Corrèze, et en jouant dmls les cafés ses compositions, accompagné
de son violon. Pour cheoùner, il empruntait les voies de surveillance du chemin
de fer. C'est dans ces conditions qu'il mourut accidentellement, écharpé par un
tacot de la ligne Pandrignes-Espagnac avant 1939.
Nous avons recueilli cette chanson le 26 Mars 1981, à
St-Martial d'Entraygues, de la bouche d'un négociant retraité, Antoine Longour,
s'accompagnant de son violon, acheté à la Samaritaine (paris).
Sur un mode plaisant, l'auteur rappelle sur quelle ambiguïté fut établie la
fortune des marchands de vins : vus de Belgique ou de Flandres, Meymac et
Lapleau pouvaient se situer dans la "bilnlieue de Bordeaux" ! Le stratagème fit
long feu et dès 1914, certains Belges en exil pour faits de guerre, apprirent le
cheoùn du réduit défensif de la Corrèze en se réfugiant chez leurs clients ...
2. "La Corrézienne : 1872-1992"
Cette chanson récente, créée par M. Bersac, président du "Groupement
amical des Corréziens de Bordeaux et de la Région" (Maison du Terroir,
42 allées d'Orléans, 33000 Bordeaux), célèbre à sa façon les 120 ans de cette
amicale. C'est dire l'ancienneté de la présence corrézienne en Gironde et
notamment celle des négociants dont elle est exactement contemporaine.
'Le châtaignier, emblème de cette amicale, exalte les vertus du pays
d'origine. Le verre de vin de Bordeaux avec lequel on trinque au dernier couplet
rappelle les qualités de la terre d'accueil: hospitalité et convivialité.
�132
Meymac-LapleG1f
1. Meymac est une grande ville de France :
C'est là qu'est mon pays natal.
Plus belle que toute la Provence
Et Bordeaux n'est pas son égale.
Pas un departement français
N'a un chef lieu aussi coquet.
Refrain :
Meymac, Lapleau, pays du picolo,
Où le raisin mûrit en pleine bruyère.
Site charmant, à l'abord séduisant,
Où l'on trouve du salpêtre et des tourbières.
2. Meymac, pour ceux qui l'ignorent,
Est près du canal de Langon,
Sur la ligne de Saint Pierre des Corps,
Entre Bordeaux, Lille et Menton.
On s'y transporte en un instant
Pourvu qu'on dorme en voyageant.
au refrain : ................ ".
3. Un meymacois, l'année dernière,
Racontait ~ quelques Flamands
Qu'au début de la dernière guerre
La ville reçut l'gouvernement.
Il ajouta d'un air malin
Qu'on redoutait les sous-marins.
au refrain : .. .. ...... " .... "
4. Les gens de ce pays, cn Belgique,
Vendent le crû de leur coteau.
Ils écrivaient sur leurs barriques :
Vins de Meymac, banlieue de Bordeaux.
On les aurait cru plus longtemps
S'ils s'étaient dit près d'Perpignan.
Refrain:
Meymac, Lapleau, pays fertile et beau,
D'où viennent les idées les plus modernes
Site charmant, à l'abord accueillant,
Qui n'a pas pour élus de vieilles badernes.
Créé et chanté par Rémi Gorse, avant 1939, dans les cafés corréziens
accompagné de son violon.
Chanté par Antoine Longour, le 26-03-1981 , à St-Martial d'Entraygues
(Corrèze).
�133
La Corréziefllle : 1872-1992
Paroles du Président Bersac. Musique de Frédy Dumas
La Corrézienne a cent vingt ans.
Sur cette terre girondine,
Créée par nos Pères d'antan,
Elle est vivace comme une ondine.
Corréziens pauvres, Corréziens riches,
En Mil huit cent, par l'anùtié,
Etaient unis sur des terre chiches
Qui eurent vite leur fertilité.
Car nos Pères avaient du courage,
Dans leurs corps et dans leurs coeurs,
En arrivant sur le rivage
De la Garonne, loin de Mercoeur.
Gens de Meymac, gens de Xaintrie,
Vous méritez qu'on vous adnùre,
Car même loin de la Patrie,
Vous êtes, ici, un point de mire.
Continuons donc, longtemps encore,
A cultiver nos traditions,
Car c'est ainsi que l'on honore
Nos Pères aux bonnes intentions.
Ce soir trinquons ù la vie
Avec nos verres de Bordeaux
Mais en gardant toujours l'envie
De nos plaines et de nos plateaux.
�134
GEOGRAPHIE uRBAINE DE MEYMAC
(Corrèze)
Essai de localisation des négociants en vins
Le site de la ville s'inscrit dans lUl double Y :
. celui de la Luzège et de son affiuent (qui entraînent des zones
inconstructibles au sud-ouest)
. celui des voies ferrées Clennont-Bordeaux et Clennont-Limoges qui
font de Meymac un point de carrefour de première force au XIXe et au début du
XXe siècle.
Le coeur lustorique de la cité est circonscrit par le cercle:: pointillé. Il
concentre les édifices majeurs (église, abbaye, fonrultion Marius-Vazeilles,
Centre d'Art Contemporain, Hôtel de Ville), des édifices privés ayant du
caractère. C'est là que le piomuer de la migration, Je<l1l GAYB-BORDAS fait
édifier sa demeure (1). Cette maison pourrait servir de siège à lUl futur musée
des négociants en vins.
Des châteaux' avec tourelles sont b,îtis par ses imitateurs : Neige-Cloup (2),
Borie (3), Chal (4), Dedetus (5), dur.mt la période 1890-1914, au sud de la ville,
dans la prenùère auréole verte.
Puis suivent des constructions le long des radiales qui sortent de Meymac
vers le Nord, non loin de la deuxième gare, celle du Jassoneix : Chal Alfred (6),
Terrioux (7), M41rouby (8), Nony (9) sur la route de Panazol ; Vergne (11),
Estrade (12), Fourlual Pierre (13), Founual Léonard (14). Ces maisons rultent
pour la plupart de 1919-1939.
Les castelets 10 (Queuille-Gratadour) et Il (Moueix) sont situés hors la
ville, au delà de la Luzège, sur des coteaux boisés. DeplUS l'urbmusatioll actuelle
(quartier des Buiges, par exemple) a "rattrapé" ces constructions isolées.
Depuis 40 ans, il n'y a plus de constructions neuves de négociants, ceux-ci
ayant glissé en Gironde. Seulement des rénovations de maisons fanùliales pour
passer l'été.
��136
LE NEGOCIANT EN VOYAGE:
Régions démarchées, époques de départ, hébergement. ..
Quatre négociants, sur cinq contactés par nous, ont bien voulu répondre Ù
notre questiOJUlaire et nous autoriser il en publier les éléments. Tous les chiffres
cités datent de 1993 .
1. Alain DOUMICHAUD, Clos des Filadières, 33126, S.. int-Michel-deFronsac.
· l'entreprise comprend 3 salariés, 5 représentants et le patron.
· le C.A total, en France et il l'exportation, est de 4 millions de Francs.
· en mars, avril et juin, soit pendant 50 jours, M. A D. et ses
représentants visitent la région Nord, soit le Valenciennois et l'Avesnois. Le
nombre de clients démarché est de 250, le C.A réalisé de 550 000 F. La clientèle
de la région industrielle est en baisse, celle de la région agricole est stable.
L'hébergement se fait en hôtel deux étoiles.
· en mai, pendant 10 jours, M. AD. et ses représentants visitent l'Ouest,
c'est-à-dire Laval (53), Sablé-sur-Sarthe (72), Argentan (61). Soit 50 clients pour
un C.A de 200 000 F, avec foire-exposition ù Laval. L'hébergement se fait en
hôtel Logis-de-France.
· en novembre, 15 jours sont employés pour visiter les Ardennes
(Charleville Mézières) et l'Aisne (Hirson). 35 clients permettent de réaliser un
C.A de 200 000 F. L'hébergement est pris en pension de famille.
· en novembre et décembre, M. AD. démarche Bmxelles et ses environs
(Brabant wallon) pendant 12 jours. Soit 70 clients pour un C.A de 350 000 F.
M. AD. est en location chez l'habitant.
2. François JANOUEIX, 20 quai du Priourat, 33502 Libourne
La région démarchée par Bernard Janoueix, patron de cette vieille maison,
est la Normandie, c'est-;l-dire Manche, Calvados et Orne.
M. BJ. s'absente 5 mois par an, visite 20 Ù 25 personnes par jour. Il arrive à
obtenir 8 à 10 commandes par jour, le montant moyen d'une commande étant de
1 800 F en 1993. Ce montant est signalé en baisse depuis 1991. Les clients
nouveaux sont de 2 à 3 par semaine.
La situation géographique de ces clients est celle des gros bourgs à
proximité de villes importantes. Ce sont presque exclusivement des particuliers.
M. BJ. est hébergé à l'hôtel.
3. ETs CHASSAGNOUX et Fils, château Jean Voisin, 33330 St Emilion
· avant 1970, les régions démarchées étaient le Nord, le Pas-de-Calais,
la Normandie, les Ardennes, l'Aisne, la Belgique
· depuis 1970, se sont rajoutés les départements de l'est, et les régions
les plus proches des pays européens.
· jadis, P. Chassagnoux s'absentait de 6 à 7 semaines d'affilée. Ses fils
s'absentent plus fréquemment , mais pas au delù d'une durée de 15 jours.
�137
· l'hébergement se fait en hôtel.
· le nombre de clients s'élevait de 300 à 500 dans les années 1970, mais
on précise que la période instable que nous vivons rend ces chiffres aléatoires.
· le c.A. n'est pas communiqué.
4. MrX. .. , à Y...
Les régions prospectées par ce négociant (qui a souhaité rester anonyme)
sont les suivantes :
· Cambrai, Avesnes sur Helpe, Valenciennes, Béthune, Lille. Soit
800 clients visités en mai et juin (2 mois de tournée)
· alentours de Maubeuge et Belgique proche. Soit 200 clients démarchés
en septembre (3 semaines de tournée)
· le C.A. est d'environ 1 500 000 F
· l'hébergement se fait en hôtel ct en caravane.
Conclusion : Ces quatre monographies d'entreprises permettent de se faire
Wle idée de la démarche commerciale des négociants. On retrouve les régions du
Nord, des Ardennes, de la Belgique, de l'Ouest comme fond de clientèle. Il s'agit
des bases historiques de la migration, cumulées sur plusieurs générations.
On note les tendances au raccourcissement des séjours, commandés par la
vie familiale. La ' difficulté des temps est évoquée. de façon discrète, mais
constante.
�TOURNÉES DE PIERRE LONGOUR (1874-1952)
négociant en vins corrézien, à pied dans les Ardennes Belges, vers 1919-1950
ource : Anloine Longour
Enquêle : Gill es Longour - artographi e: Marc Privai 1993
�TOURNÉES DE PIERRE LONGOUR (1874-1952)
négociant en vins corrézien en train puis à pied en Belgique, vers 1919-1950
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Source : Antoine Longour
Enquête: Gilles Longour - artographie: Marc Priva I 1993
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Source: Anwine Longour
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Source: Antoine Longour
Enquête: Gilles Longour
Cartographie: Marc Priva! 1993
vers 1930-1975 (négociant en vins né en 1905)
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SYNDICAT DES NEGQCIANTS-EXPORT ATEURS
EN VINS FINS DU SUD-OUEST
STATUTS
'approuvés en Assemblée Générale à Meymac,
le 15 janvier 1945 par 120 membres présents
1 - Constitution
Art. 1er - Les soussignés Olit établi ainsi qu'il suit les statuts d"un syndicat
professionnel qu'ils se proposent de former entre eux et ceux qui adhéreront aux
présents statuts.
Cette association professionnelle sera régie par les dispositions légales
(livre III du code du travail) et par celles ci-après.
Art. 2 - L "association prend le titre de syndicat des négociants-voyageurs en
vins de la Haute-Corrèze.
Son siège social est établi li meymac.
Ce siège pourra être déplacé par simple décision de la chambre syndicale.
Sa durée est iIlin.litée, ainsi que le nombre de ses membres. Elle
conUllencera le jour du dépôt légal des statuts.
fi - But du Syndicat
Art. 3 - Le Syndicat des Négociants-Voyageurs en Vins de la Haute-Corrèze
est institué dans le but d"étudier les mesures propres il faciliter le commerce et li
défendre d"une manière générale, les intérêts de la corporation.
Il a pour but spécial notamment d' examiner toutes les mesures économiques
et toutes les réformes législatives que peut exiger l'intérêt de la profession, d" en
réclamer la réalisation des autorités et pouvoirs compétents, particulièrement en
ce qtÙ concerne la réglementation et l"exercice de la profession et les charges qui
pèsent sur elle, tarifs des chemins de fer, tarifs douaniers, contributions et taxes
diverses.
Art. 4 - Le syndicat s'interdit formellement toute discussion politique et
religieuse, ainsi que tout jeu de hasard et d "argent.
m - Composition du Syndicat
Art. 5 - Le syndicat se compose de membres honoraires et de membres
actifs.
Art . 6 - Pour être membre honoraire, il est indispensable de jouir de ses
droits civils.
�144
Pour être membre actif, il est indispensable d'être négociant-voyageur et de
jouir de ses droits civils. La présentation des nouveaux membres doit être faite
par deux sociétaires et l'accept1tion définitive ne peut être régtùarisée que par
l'assemblée générale.
Art 7. - La cotisation mlliuelle des membres actifs est fixée allllllellement.
Celle des membres honoraires sera le minimum de la cotisation annuelle. A
défaut de démission adressée à M. Le Président avant le 1er aofIt, la cotisation
sera due pour l'année suivante.
Tout membre actif n'ayant pas payé sa cotisation sera considérée conune
démissionnaire et devra rendre sa carte, c'est-il-dire l'exemplaire des statuts
remis, comme preuve lors de son adhésion.
IV - Administration générale
Art. 8 - Le syndicat est administré par un conseil d'administration dont les
fonctions sont gratuites, comprenant : 1 président, 2 vice-présidents, 1 trésorier,
1 secrétaire, 1 secrétaire-adjoint, 4 cOll1nùssaires. Renouvelables tous les trois
ans, tous les membres de ce conùté sont rééligibles.
Art. 9 - Le conseil d'admüùstration a tous les pouvoirs pour la direction et
l'administration du syndicat en confornùté du but qu ' il s'est proposé et des
décisions prises annuellement par l'assemblée générale.
Il dispose des fonds encaissés par le syndicat et ordonne les dépenses.
Il prend d'urgence toutes les mesures qui exigent une prompte décision ; il
peut même convoquer une assemblée générale extraordinaire, s'il le croit utile.
Le président représente le syndicat. Il est remplacé, en cas d'absence, par le
plus ancien des vice-présidents.
Le conseil d'administration a tous pouvoirs pour prononcer l'exclusion de
tout sociétaire sans avoir il en faire cOlUlaÎtre les motifs, mais le sociétaire exclu
peut faire appel de cette décision devant l'assemblée générale qui décide en
dernier ressort.
IV - Assemblées générllies
Art. 10 - Les membres actifs du syndicat se réunissent , chaque année par
convocation, en assemblée générale, la convocation est faite quinze jours li
l'avance, par lettres individuelles.
Art. Il - L'assemblée générale :
1° Procède, au scmtin secret, au renouvellement du conseil
d'admÎ1ùstration (article 8).
2° Reçoit communication du rapport annuel sur les travaux et la situation
du syndicat.
3° Approuve les comptes de l'exercice.
4° Statue sur les propositions qui lui sont soumises dans les conditions
prévues à l'article 13 .
�145
Art. 12 - Une assemblée générale extraordinaire peut être convoquée soit
sur l'initiative du conseil d'admÎlùstration, soit sur une demande écrite et signée
par le quart des membres du syndicat.
Cette assemblée aura lieu 10 jours après le dépôt de la demande.
Art. 13 - Toute proposition émanant d'un sociétaire et destinée à être
sounùse à rassemblée générale ordinaire, doit être adressée au conseil
d'adnùlùstration 8 jours avant cette assemblée générale.
Art. 14 - Les décisions des assemblées générales sont prises à la majorité
absolue des votants.
Art. 15 - L'assemblée générale permettra le groupement de ses membres
pour l'achat des marchandises dans le mieux de leurs intérêts.
VI - Fonds social
Art. 16 - Les ressources du syndicat se composent:
1° Des cotisations annuelles.
2° Des dons. .
3° Des subventions qui pourraient être données au syndicat par les pouvoirs
publics.
4° Des produits divers (remise de coupons, billets, etc ... )
Art. 17 - Les fonds appartenant au syndicat devront être déposés dans une
banque ou C. C.P du syndicat.
Art. 18 - Le trésorier aura tous pouvoirs pour signer valablement toutes
pièces comptables, mais , celles comportant des prélèvements devront, en outre,
être visées par le président, ou en cas d"absence, par un des vice-présidents.
vu - Révision des statuts
Dissolution
Art. 19 - Les modifications aux présents statuts ne peuvent être votées que
dans l'assemblée générale ordinaire.
Elles doiyent faire l'objet d'une demande spéciale remise au conseil
d'administration 8 jours avant rassemblée générale ordinaire, signée d'au moins
un quart des membres du syndicat.
Art. 20 - La dissolution du syndicat ne pourra être prononcée que dans une
assemblée générale extraordinaire, convoquée à cet effet. La demande devra être
présentée au conseil d'administration 8 jours avant cette assemblée générale et
être signée par la moitié des membres du syndicat.
La dissolution devra être votée par les trois quarts de tous les membres
composant le syndicat.
Art. 21 - En cas de dissolution, l'actif liquide sera versé en faveur d'une
oeuvre d'assistance ou d'intérêt corporatif choisie par le conseil
d'admÎlùstration, sans que jamais la répartition s'en puisse faire entre les
syndiqués.
Art. 22 - Les présents statuts seront imprimés, deux exemplaires en seront
déposés à la mairie du siège social et un exemplaire en sera remis à chaque
sociétaire avec indication de son nom et de la date de son adhésion.
�RÉGIONS DE DÉPART DES MIGRANTS
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�IMPLANTATION DES CORRÉZIENS EN GIRONDE EN 1979
(recensement Chal)
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�Dès leur fixation en Médoc, les deux frères achètent des ùgnobles en copropriété (1902,
Château Caronne). A la génération suiyante, Francis Borie épouse Marguerite Borderie, fille d'un
Corrézien négociant-ùticulteur et propriétaire de Château Bel-Air à Quinsac depuis 1898.
Par la suite, les alliances ,isent soit à maintenir les patrimoines par la mise en copropriété
entre les descendants, soit à l'accroître par des achats : Château Ducru-Beaucaillou en Médoc
(19-1-2), Château Trotte,ieille, premier grand crû classé de Saint-Emilion (19-1-9), font partie de
ces domaines de prestige.
Les filles épousent des gendres issus d'un autre milieu que le négoce et la ùticulture : on a
un notaire, un médecin, un industriel. Les fils dirigent les propriétés ùticoles, signalées par un
château, ou des sociétés de négoce de ,ins (symbolisées par une bouteille). Le lien de copropriété
entre les enfants renforce les liens familiaux .
Cette famille est composée, à l'origine, de quatre frère originaires de Meymac. Deux d'entre
eux, Eugène et Emile, se lancent dans le commerce des ùns yers 1885. En 1902, ils font
construire des chais et une maison d'habitation à Pauillac, en Gironde.
Seule la généalogie d'Eugène est donnée ici.
GENEALOGIE DES BORIE
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JOURNÉE DU TERROIR
EXPOSITIQ,
TABLE RO DES
cln: urrÉRAIRE
FOIRE A ,'\'1:'>1'
SPITI'N'I.E
1
CONTENU DE LA MANIFESTATION
.
,
'?
-,
J) EXPOSITION VENTE DES PRODUcnONS DU TERROIR
ET PROMOTION DU PLATEAU
• STANDS
-~
l," l'r "hllh Prol ' ",1 1,\ \'l'IIIt' p,lr le. pnx:luclcllr,
\r"',IIl,11)
l'fi' "nl.1Il1
( ;'1,lrn "nll
• ST ANOS D'EXPOSITION: Vi,'
(111111rell, , l
' '" ial lit
• EXPOSITION VENTE DES VINS DES PRINCIPAUX CRUS FRANÇAIS
1r"dllllll111 ,l, nu III dt" \llu ullt'I\r' d, I,,"h-' l,,, It'!lIOU' \;lIicnlf', frilnçill\t" pn'wnt 'nI le r ~
l'rodlill'. 1,111111' If, Ilol\ ig"oI' Il, ,lIllllfi dt' Il'IIVIIl'r f1\I~
1hl,lnir!' 1c1\.IIf',II', Im'IIIII'r, mardlands
d \'11 d" lIorj(',~
• \11'\111.1. l'" Bor jo',llI • (\,1111 Or/glll,ur.', cl ..
communl'" (J'arl Gay'
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d· IJOlutl,II"Hl 01 1.1 11/1 ctll III II dll ch'bUI dll :!fI" onl d ,1I1I"lIr (-It' prol'(j~I
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IOIIll lIun "IIlC III' Ill'IS ch, I.t (."jl 1'1 il\~
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3) CITÉ UlTÉRAlRE
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IlO~
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( 111111/1'\1,
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4) ANIMATIONS
1." IflIUlH"f' 'f 1 nlhll1l
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Narbonese International Universily ~umer
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Siège: GRUISSAN, Al/de, France - B.P N° 137 - P 0. Box /37 - Code
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PROGRA MME DET AILLE DU COURS DE V1TlCULTlJIlI:. OENOLO
GIE.
PROTECTION DE L'ENVrR ONNEME NT VINICOL E ET DE LA
SANTE •
• PREMIE RE SEMAINE
KJllembre) : COURS ET T.P. D'OENO LOGIE
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l.aad14 ItpIaIIbre (us "ROMAR INS", à Saiat-Ple rn . r M~r.
AIIdc)
9 b-10 h Prescnunon du proçamm c du coun nOl . vrnCUlTURE-<)ENOLOGŒ
.
PROTEc nON DE LA SAmE ET DE L'ENVIRONNEMENT VINICOlE.
Jm Plem: BIDAN. Professeur à l'Ecole Natlollillc Supêneure t! A&rOllOau
e de
Montpel lier.
10 b·12 h .Coun de Cbn.man OLIYŒRI . Profe:ssc:ur à l'ENSA de !-;\ontpelh
er
• la lIWlére pmruèTe
1-4 h·l' b • la ,iru1ialio n en roule
• la VUIlfic::anon en rose
et
l'b-17 h Coun de Jean-Claude SAPIS. Dim:Icur de Recherches i l'Lnsutul
Naoollill de
13 Recherche Açonorru que. Profeueur i l'ENSA de Montpellier
• la \'UU.licaoon en blanc (scç et do".",,)
• l'ëla.bor:lUon des \,m mousc.~
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5 Kplnllbre
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"ROMAR INS", à SuDt Plern lUr Mcr)
9 h-I! h Coun de Cbruu311 OLlVŒRl. Profeueur i l'Eoole Naooll3.le Supmeun
:
t! Agrononue de Mootpellier .
- la d!"enûicaoon des prodUIts de la \'IMles Jus de r:IISln
les conœnm:s de Jus de r:usln
le SUCTC de r:uSI n
les confitures de r:uSIn
14 h-17 h
"ROMARJNS". â Sainl PIerre 5111 Mer)
de MIchel BOURZEIX et Jean·LOIIls PU'ECH. Dtrecteu" de Recherche
s
a l'InsulUl N311on;r1 de la RecheT'c:he Agrononuque
· les prog~mcs
fnnç:us "RAJSIN VTN. ET SANTE"(M BOURZEL',()
• les c:lu.,-dI:-\, e (J·L PUECH)
I~ d!StJI~uon
(type charenL:Us ct ~l'=
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I~ conn:uss:lncc ph~slro<unqc
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Le savoir-faire viti-vil1icole d'un enfallt de Corrèze au service d'une
mal/ifes tation internationale : Univers ité il1ternationale d'été (bilingue) en Narbon naise
(Progra mme)
�NARBONNE
Mic11Ubre
Mardi 15 février 1994
1 En partenariat avec la Ville. la Région et la C.C.1.
De nouveaux horizons
pour le groupe "Polyphénols"
Malgré un développement vertigineux, l'association reste fidèle à la ville
qui l'a vu naître, il y a vingt-deux ans. Son actio~
y sera facilitée.
LH .... mbre. du con..Nd'.dmlnl.tnltlon du II"K'pe "PoIyplMnol.", .... nl •• l'h6'.1 d'Ocellenl• .
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malnH d'.1ppllndon concer·
nrnt .lutant la chimie. la
bioloJlf'.
l'c:rnolOSit que 1.1
phumacoIOlIC'. la
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et I"envlrt.nnement
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Un ,o:rl>s Inltmatlonal eJt
of'lanl
10W IH deux ans
(voir e 'oIdrlf), Le, rhullau
d" rtchercht. (ont l'ob~1
d'uno publk•• lon rlplltro.
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obj«rlft
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pluJ l'tMIlS lro,ro"Iuqumrnu
Pot.Ir rlpoNJrt Gu dlwloppnntnl
du IJ'OUJW, au.. ~Jt,nl(
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d ..Jrrvls tr Irrt aHul plus prof"
nonnds. now ,JUJ)"ru clt nOUJ
doftr dt "o",'toux mml'tU " ex·
plique It vlcC"-pr~dn
Avec le M.T.R.
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lrouv" If' groupe f'n Lln)Cue
doc·Rou.ulllon, et t'n putl('U
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hitr son con~1
d'admtnlltra·
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Kltntlfiqut,
s.a,ion d'3cuvil~1
el tf'Chnoloc1qu('S En collabontion avre la Villt tl la It~
&1on, un panenariat a ~,If
con·
clu Il comprt'nd d'abord un
t.OutÎtn adm lnlslrati( nt"(' un
rC'nrorctmtnt du Kerltarlal.
au Jlq:t narbonnalt de l'au().
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C"8ul, e' ,f'k;JuSlrtell ... anui t1u monde enhef Sa tenue. NIf
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temps
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bonn"1 d.nl le gtoupe Pc:Mypl'1eno!l
Participa/ion d'wi
orrézien cl la recherche œnologique de pointe
(Le Midi Libre, 1994)
�161
TABLE DES ILLUSTRATIONS
Table des photographies couleurs hors-texte
l. Meymac (19). Vue d'ensemble. Ville au pied d'un
plateau.
2. Meymac (19). L'abbaye Saint-André (fondation MariusVazeilles)
3. Meymac (19). Tombe de Jean Gaye-Bordas, pionnier des
négociants en vins.
4. Meymac (19). Maison de Jean Gaye-Bordas.
5. Meymac (19). La banque Bordas
6. Le Janoueix (1t). Identité des noms de Iiem.: et des
patronymes.
7. Davignac (19). Village d'Olt sont partis de forts
contingents de migrants.
8. Le quai d' Argentat (19) .
9. Meymac (19). CIllÎteau CI011p, vers lK90, constmit par le
négociant Pierre Neige.
10. Davignac (19). Château du Gourgeat, propriété des
Pécresse.
Il. Meymac (19): Maison des Fournial.
12. Facture de Léonard Chassaing (1901) : de Bordeaux ù
Dunkerque.
13. Saint-Emilion (33). Château Haut-Sarpe, propriété des
Janoueix.
14. Saint-Emilion (33). Ch,Îteau Haut-Sarpe, les chais.
15. Néac (33). CIllÎteau Tournefeuille, vignoble des Sautarel.
16. Saint-Martial d'Entraygues (1t) . Violon acheté;) la
Samarit<lÏne (paris) entre Corrèze et Belgique.
56
57
5K
5K
5t)
60
61
62
63
64
65
66
67
6K
69
70
Table des cartes, tableaux et diagrammes
1. Meymac et son pays
2. La pénétration du réseau ferré en Limousin
3. L' origine des corréziens;) Libourne en 1872
4. La profession des originaires de Corrèze en 1872
5. Meymac : géographie urbaine
6. Tournées de Pierre Longour en Belgique
7. Tournées d 'Antoine Longour en Belgique
8. Régions de départ des migrants
.
9. Implanullion des corréziens en Gironde en J tJ7t)
11
13
J8-1 t)
22-23
135
13K-13t)
140-142
146
147
�162
Table des photographies noir et blanc et des documents divers
Couverture : Dessin original de Jacques Poinson
1. Le bar Hôtel-restaunUlt « Au Limousin » ù Levallois-Perret,
tenu par la fiunille ESTHER, vers 1930
2. Etiquette de bouteille du négociant Michel Madesclaire
3. Deux négociants corréziens ù Bmxelles, place St-Hilaire,
vers 1930-35
4. Des négociants en Belgique dans lUl loisir autochtone : le
tir
5. L'agenda d'ml négociant : réflexion sur l'espace, le temps
et la société
6. Prix courants de lF.A Vennat, au Chadenier, Meymac
7. Déclaration d'inunatriculation au registre du commerce de
Bruxelles
8. Meymac : vue générale vers 1911
9. Meymac : vue générale en 1995
10. Château Bellevue à Pauilhlc-Saint-JuJien (Gironde),
propriété des Pécresse-Perrier. Vendanges vers 1900
Il. Château Bellevue à Pauillac (Gironde), propriété des
Gralldchamp-Pécresse
12. Généalogie des Chassaing-Chal
13 . Le président du Syndicat des négociants en vins fins du
Sud-Ouest: Alfred Chal
14. Le Président Queuille ,1 l'assembiée générale des
négociants en vins de la Corrèze, le 2 aoùt 1953
15. Les négociants mis en chanson
16. Le négociant en voyage : régions démarchées, époques
de départ, mode d'hébergement
17. Le syndicat des négociants en vins fins - Statuts de 1945
18. Portnùt d'une fiunille : Les Jmloueix (doouuent publicitaire)
19. Comptes de François Janoueix (septembre 19(4)
20. Généalogie des Borie
21 . La confrérie vineuse des Hospitaliers de Pomerol
22 . Le négociant-voyageur débutant: projet de statut (1976)
23 . Le Limousin de Paris, 1926
24. Bulletin de l'Amicale commerciale, 1933
25. La Corrézienne de Bordeaux, 1933
26. L'Essor du limousin, 1995
27. Journée du Terroir li Davignac (Corrèze)
25
29
37
39
42-44
47
48-49
54
55
78
79
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101
107
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152
153
154
155
156
157
158
Le dynamisme d'un enfant de Corrèze dans les domaines
scientifiques et culturels liés aux vins :
28. Université internationale d'été (bilint:,'lle) en Narbonnaise
29. De nouveaux horizons pour le groupe Polyphénols
159
160
�163
SOMMAIRE
Introduction: le récit de vie de Pierre Chassagnoux
1
Première partie: Naissance du courant migratoire.
1. Une migration au long cours: scieurs de long et gabal'riers
7
2. Le désenclavement de la montagne Limousine au XlXe siècle 10
a. Situation de Meymac dmlS son cadre géograplùque
b. Les liaisons postales et télégraphiques
c. Les conuOll1ùcations routières et ferroviaires.
3. La fixation des Corréziens à Libourne en 1872
a. Origine géograplùque des nùgrants de Corrèze
b. Les professions pratiquées par les Corréziens
17
4. L'apparition des migrations de service
a. Les domestiques
b. Les métiers du transport
c. Les professions de l'hébergement
d. Les marchands de toile
e. Les négociants en vins
24
Deuxième. partie: Le négoce du vin de Bordeaux
1. Une expérience d'un siècle dans le commerce
a. Les caractères du métier
b. Le statut du négociant et son évolution
c. Fournisseurs et transporteurs
31
2. Les marchands et leurs clients
35
a. L'aire de recmtement des négociants, leurs effectifs
b. Les régions prospectées ; l'hébergement ; les tnUlsports
c. La diversité socioprofessionnelle des clients
d. La stràtégie conmlerciale et les tecluùques de vente.
3. Les revenus du négoce
Modes de paiement ; banques locales ; change ;
charges professiOlmelles
46
�164
4. L'évolution du commerce
Négociants fictifs ; groupements d'achat ; salons ;
littérature oenologique ; réception des clients ;
opérations médiatiques.
51
Troisième partie: les retombées économiques de la migration
1. Les investissements fonciers en Corrèze
71
2. Bâtir des châteaux en Corrèze
72
3. La croissance urbaine de Meymac
74
4. Le vignoble en Gironde
Les piolUùers ; l'entre-deux-guerres ; après 1945
L'état des patrimoines corréziens en 1979 en
LiboU!1lais et en Médoc
76
Quatrième partie: L'attachement au pays d'origine
1. Retourner au l)ays
Les biens fonciers ou immobiliers ; l'estivage ;
l'exercice de mandats locaux ; le vote au pays ;
mourir au pays.
93
2. Les valeurs corréziennes
Histoire et régionalisme ; l'Ulgue ; musique et danse ;
patrimoine religieux et sentiment de la famille
97
3. Le réseau de relations
98
Le syndicat des négociants ; les nouvelles du pays ;
l'amicalisme
4. Les hommes politiques et les négociants
Arthur Delmas ; Henri Queille ; Jacques Clùrac
105
Cinquième partie: une colonie en Gironde
1. Les facteurs de fixation
Les propriétés en Gironde ; la naissance et
l'éducatioll ; les mariages mixtes
111
�165
2. L'insertion dans le milieu social
114
La banque ; le conseil municipal; les associations
sportives ; les cercles conviviaux et philanthropiques ;
les confréries vineuses; le mécénat musical ;
les collections d'oeuvres d'art.
3. Les valeurs girondines
La douceur aquitaine ; la bOlUle chère ;
le savoir faire viti-vinicole
118
Conclusion
121
Bibliographie
125
Liste des personnes contactées et rencontrées
129
Table des illustrations
161
.
�CREDIT PHOTOGRAPHIQUE
Toutes les photographies couleur sont de Marc PrivaI.
Achevé d'imprimer
le 23 avril 1997
sur les presses de l'Imprimerie Gerbert
11 Auril lac ( antal)
Dépôl légal N° 108
2'01< trimestre 1997
��Jusqu'au milieu du XIXe siècle des limousins des secteurs montagneux
de la Corrèze partaient chaque hiver travailler dans la région bordelaise. Quand
les activités qu'ils y exerçaient, périclitèrent, certains eurent l'idée de se
convertir en commis voyageurs des vins de bordeaux dans le nord de la France et
la Belgique ; quelques uns réussirent même si bien qu'ils purent acquérir les
vignobles dont ils avaient d'abord vanté les qualités conune simples courtiers.
C' est l'histoire de ces hommes qui est narrée dans cet ouvrage qui
comporte de nombreuses illustrations dont certaines en couleur.
L'auteur Marc PrivaI est docteur en géographie pour une thèse « Les
migrants de travail d'Auvergne et du Linwusin au x.r siècle J>.
Préface de Jean-Loup Lemaitre, conservateur du Musée d'Ussel
PUBLICATIONS
DE L'INSTITUT D'ETUDES DU MASSIF CENTRAL
derniers ouvrages parus
MANDON M. , Une plume contre Vichy. Jean ROCHON et le journal
« La Montagne » sous l'occupation, 1996, 166 p.
2000 ans de thermalisme. Economie, patrimoine, rites et pratiques.
Actes du colloque tenu en mars 1994 à Royat rt!wùs par D. JARASSE,
1996, 296 p.
W1RTH (L.), Un équilibre perdu. Evolution démographique,
économique et sociale du monde paysan dans le Cantal au XIXe siècle,
1996, 384 p.
Ouvrages concernant le limousin et le Sud-Ouest:
Actes de la rencontre imeruniversitaire de elemlOnt-Ferrand, 18 avril
J976 (Varii Auctores), Entre faim et loup, 303 p.
AUBRUN (M.), Vie de saint Etienne d'Obazine , 1970, 256 p.
AUBRUN (M.), L'ancien diocèse de Limoges des origines au milieu du
xr siècle, 1981, 468 p.
BARRIERE (B.), Le' cartu/aire de / 'Abbaye cistercienne d 'Obazine,
Xlr-XIIr siècles, 1989, 690 p.
LARIVIERE (J.-P.), L'industrie à Limoges et dans la vallée limousille
de la Vienne, 1968 ,178 p.
A. POITRINEAU t:I collaborateurs, Les ancielllles mesures locales dll
Sud-Ouest d'après les Tables de COli version , 1996, 241 p.
PRIVAL (M.), Les migrants de travail d'Auvergne et du Limol/.vill al/
siècle, 1979, 307 p.
VJUES D'EA UX DES PYRENEES OCCIDENTALES. Patrimoine et devenir, textes
réwùs par Dominiqut! JARRASSÉ, 1996, 214 p., pl. coul.
WINCKEL (A.), L'extrémité septentrionale de la montagne limousine,
1975, 156 p.
xx-
130,00 F
178,00 F
148,00 F
90,00 F
95,00 F
195,00 F
395,00 F
60,00 F
148,00 F
120,00 F
98,00 F
50,00 F
Envoi franco d\! port d'Wl\! commande d'Wl montant d'au mOllIS 130,00 F contre Wl
chèque correspondant à l' Ofdr\! d\! la socIÉTÉ DES AMIS DE L'INSTITUT DU
MASSIF CENTRAL.
Pour Wl\! command\! d'Wl montant lluërieur, jorndr\! 13,00 F d\! frais d'\!nvoi. EnvoY\!f I\!
chèqu\! à : INSTITUT D'ÉTIIDES DU MASSIF CENTRAL - U.F.R. Faculté des L\!ttr\!s
d Scienœs HtUnalll\!S - 29, boul\!vard G\!rgovia - 63037 CI\!nnont-F\!rralld c\!dex
ISBN : 2·87741·075·7
ISSN • 1248·4989
Prix 130 FIf
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Issus majoritairement du fonds ancien hérité d’associations de la faculté des lettres de l’Université de Clermont-Ferrand...<br /><br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/collectionpubp">En savoir plus sur la collection PUBP</a>
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A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
De la montagne au vignoble : les Corréziens ambassadeurs des vins de Bordeaux, 1870-1995
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Institut d'Etudes du Massif Central (Clermont-Ferrand)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1997
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
165 pages
24 cm
application/pdf
Description
An account of the resource
Publications de l'Institut d'études du Massif central. Prestige ; 10
Bibliographie p. 125-127
Numéro de : "Ethnologia : études limousines", n° 76, 1996
Subject
The topic of the resource
Vin de Bordeaux – Industrie et commerce – Histoire
Négociants en vins – France – Bordelais
Négociants en vins – France – Meymac (Corrèze)
Limousins – Emigration et immigration
Meymac (Corrèze) – Conditions rurales
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Prival, Marc
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
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Tous droits réservés
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Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_De_la_montagne_au_vignole_004174348
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Limousins – Emigration et immigration
Meymac (Corrèze) – Conditions rurales
Négociants en vins – France – Bordelais
Négociants en vins – France – Meymac (Corrèze)
Vin de Bordeaux – Industrie et commerce – Histoire