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EN R E P O N S E
P O U R M e ffire L a u r e n t D E C H É R Y ,
Ecuyer , Prieur-Commendataire du Prieure de
Sainr Reverien , & en cette qualité Seigneur
' de Chevannes fous M ontaron , Intimé.
CONTRE
v ille
R O B I N Cloutrier de la
la Charité-f u r-Loire.
Jean
de
,
,
E T encore contre le f ieur A L I A U D Marchand
de la Ville d' Orléans A ppellants de Sentence du
Bailliage de Saint-Pierre-le-Moutier,
,
•
L
’ Abbé de Chéry a deux Adverfaires à com
battre, le Cloutrier Robin , que l’ambition
++++++++++
a tiré de fa Forge pour aller tenter fortu
C!+++++I+++▼ P n e , & le Marchand de Procès Aliaud ,
+'r+'rï,ï ;+
++++++++++
que Robin a affocié à fes vaftes projets.
Tous deux réunifient leurs efforts pour
évincer l'Abbé de Chéry de quelques Héritages fitués à
Chevannes , autrefois portés en bordelage des Prieurs
A
IB
IS
+
*++++++++
+
4A t +
0
�de Saint R everien , aujourd’hui réunis au Domaine du
Prieuré.
Une reconnoiffance de 16 7 6 fert de prétexte à leur
tentative. Elle leur apprend que les héritages qu’ils récla
ment appartenoient aux Aïeux de Robin il y a près
d’un fiecle ; ils en concluent qu’ils appartiennent encore
à ce dernier, & que les Prieurs de Saint Reverien n’en
font que des ufurpateurs.
Cette chimère leur préfente la perfpeftive riante d’une
fortune que leur imagination groilît comme leurs defirs.
Cependant Aliaud a eu honte de fe montrer avec le
titre de cejjîonnaire de droit litigieux , & n’a pas ofé
figurer dans le Mémoire qui vient de paroître à l’appui
de leurs prétentions. Le nom de Robin feul en décore
le frontiipice , quoique la dépouille doive fe partager en
cas d’heureux événements. Mais telles font les conditions
de leur affociation , que Robin y entre pour fon n o m , &
Aliaud pour fon argent.
Cette confédération n’a pas de quoi allarmer l’Abbé de
C héry. L a fin de non-recevoir que lui fournit le défaut
de qualité de fes Adverfaires, pour rechercher des biens
qui ont appartenu à d’anciens Propriétaires , qu’ils ne repréfentent pas, ou qu’ils ne repréfentetit que pour une bien
petite portion ; un déguçrpiflfement volontaire qui a réuni la
propriété utile de ces biens à la propriété dire&e en faveur
des Prieurs de Saint Reverien ; la commife ouverte par une
ceiTation de paiement pendant 28 ans , avant leur rnife en
poffefllon de la redevance bordeliere , qui leur étoit due;
enfin, 74 ans de poiTeifion paifible font des titres de pro
priété bien capables de le rafïurer. Développons ces mo
yens , ils aiTurent à l’Abbé de C héry le même triomphe
en la C our qu’il a eu devant les premiers Juges.
P R E M I E R
M O Y E N .
Fins de non-recevoir.
C ’eft un principe commun à toutes fortes d’a â io n s,
que l’on ne peut les intenter fans un intérêt r é e l& fcnfible.
�J7
Cùlui qui ne peut pas prétendre à la propriété d’m»
bien , eft fans intérêt à réclamer contre l’ufurpation vraie
ou prétendue ; par conféquent il æîI fans aftion. Celui qui
ne peut s’en attribuer la propriété que d’une portion j n’a
d’intérêt qu’à l’évi&ion de cette portion ; fon aâion a donc
les mêmes bornes. En un m o t, nul n’eft recevable à re^
vendiquer que ce qui lui appartient.
Suivant cette régie, di&ée par l’équité & par la faine
raifon , on ne peut s’empêcher d’écarter par la fin de nonrecevoir, au moins les trois quarts des prétentions du fieur
Robin. Il demande en effet le défiftement de l ’univerfalité des biens qui en 1676 appartenoient à Simon G ille t,
fon aieul. Une prétention pareille fuppoferoit qu’il eft
le feul repréfentant à titre univerfel de Simon Gillet ; ce
pendant. dans le vrai il ne le repréfente que pour un
quart. En voici la preuve.
Simon Gilletlaiffa quatre enfants à fon décès; fa v o ir,
Antoine, Nicolas, François & Leonarde. llobin n’en
admet que deux , Antoine & Nicolas , parce qu’il lui im
porte de 11e pas en admettre d’autres ; mais fon intérêt ne
commande pas à la* vérité. L ’exiftence de quatre enfants
de Simon Gillet eft prouvée par l ’a£te de déguerpiflement
de 1699 > dont nous parlerons fouvent dans la fuite. Une
pareille vérité d é fa it, ainhprouvée par un a£le authenti
que , ne fe détruit pas par une fimple dénégation.
La fucceiïion de Simon Gillet étoit divifible par égalité
entre fes quatre enfants , chacun y prenoit un quart.
Robin defeend d’Antoine G ille t, il ne repréfente & ne
peut repréfenter à aucun titre , ni François , ni Leonarde ,
& par conféquent il n’a point de qualité pour rechercher
la moitié des biens de Simon G ille t, qui leur revenoit.
L e voilà déjà non-recevable a réclamer la moitié des biens
dont il a entrepris de dépouiller les Prieurs de Saint Reverien.
Allons plus loin : Nicolas G ille t, propriétaire d’un quart
des mêmes biens, a laiffé 2 enfants, favoir, Marie Gillet
& Léonard Gillet (a) , Robin a ceiïion valable des droits
(a) Voyez la troifiemc piece de la cote B, dans la produftion
des Appellants,
A z
�4
.
de M arie, mais il ne juftifie pas qu’il Toit aux droits de
Léonard, à qui il reviendroit un demi-quart. (¿) Voilà donc
Tes prétentions réduites à un quart & demi.
Enfin Antoine G il le t , aïeul de R o b in , & quatrième fils
de Simon , n’a v o it , à la vérité, laifle qu’un feul enfant,
Claudine G il le t , mariée à Charles Robin ; mais celle-ci
a laiiTé pour héritiers R o b in , Appellant, & Marie R o
bin, fa fœ u r , femme de Jean Meftere (c). Robin prétend
être aux droits de fa fœ ur, mais il ne le juftifie pas: al
léguer n’eft pas prouver. Voilà encore un autre huitième,
pour la recherche duquel Robin eft fans qualité.
Par-là fes efpérances fe trouvent déjà réduites à un
quart des biens dont il réclame la totalité.
Mais ce n’eit pas t o u t , Robin a affocié à fes projets
de fortune le fieur A lia u d , auquel il a vendu la moitié
de fes efpérances chimériques, par un traité du 24 N o
vembre 17 7 0 . (d)
Le fieur Aliaud eft évidemment un ceifionnaire de droit
litigieux dans toute la force du terme , puifqu’il a acheté
la moitié de l’évenement d’un procès déjà commencé ,
& que la vente lui en a été faite à condition qu’il avanceroit tous les frais néceflaires pour en pourfuivre le juge
ment. O r quel eft le fort des ceifionnaires de droits liti
gieux? de ne pouvoir répéter que le prix de leur ceiîion.
Quelque bien établi que put être le droit de Robin
fur le quart des biens provenus de Simon G ille t, dès qu’un
ceifionnaire de droit litigieux a pris fa place pour la re
cherche de la moitié de ces droits, l’Abbé de Chéry en
fçroit donc toujours quitte, en rendant à ce ceifionnaire
1 1 4 liv. pour le prix de la fucceflîon ; & le défiftement n
(¿) V o y e z la page 4 du Mémoire de Robin.
( c ) V o yez la cinquième piecc de la cote A , dans la produftion
de l'intimé.
( d) A la vérité Marie G i ll e t , en cédant fes d ro its, a aiiiïi
cédé ceux de fon frere , pour qui elle s’eft portée forte ; mais le
pouvoit-elle ? elle avoit promis de faire ratifier. L a ratification
cil encore à paroître.
�S3f
pourroit avoir lieu que pour le demi-quart réfervé à Robin.
Et quelle eft la valeur de ce demi-quart ? 1 1 3 liv. 10
fols , à en jugerpar l’évaluation que Robin lui a donne
lui-même dans Ton traité avec Aliaud.
Voilà bien'à rabattre'fur’ plus de 60000 liv. à quoi
Robin porte fes prétentions en principal ou reftitution des
jouiffances.
• Mais les prétentions des Appellants ainiî réduites , &
prefqu’anéanties par des finis de non-recevoir fans répli
qué , font-elles encore légitimes pour les objets que'
les fins de non-recevoir n’écartent pas?*
1 ’
Nous pourrions oublier ces fins de non-recevoir. E n
fuppofanc que Robin réunit feul fur fa tête tous les droits
iucceffifs de Simon G illet, fon bifaieul, & qu’il ne fe fut
point affocié un ceffionnaire de droits litigieux , combien"
n’avons nous pas d’autres moyens infurmontables à fes
efforts ?
S E C O N D
M O Y E N .
D éguerpijjement.
La reconnoiffance-de 16 7 6 eft le titre qu’invoque R o
bin , on lui répond qu’un déguerpiffement volontaire l’a
anéantie.
En 1699 Simon Gillet ¿toit déccdé. Les biens qu’il
tenoit en bordelage étoient abandonnés, les bâtiments'
ruines, 28 années d ’arrérages de la rédevance s’étoient
accumulées.
Dans cet état des chofes , NicolaJ-, François &• Léonarde G illet, enfants de Simon G ille t, fe portant forts pour
Antoine leur frere, en firent un abandon par aêle du 12,
Décembre 1699.
->
Cet abandon fut accepté parle Curé de Remilli , fe faifant
fort pour le Titulaire du Prieuré de S. Reverien. Il leur fit
rcmife des arrérages , les déchargea des réparations , &
leur promit encore une fomme de 50 livres, qui fut payée
le 14 Décembre fuivant.
^ Les Appellants ont fenti toute la force de cet a£lc ; ils
nont pu iediflimuler ni ce principe que les contrats fciré-1
�6
iolvent comme ils fe forment , par le confentement muttu e l, ni la conféquence qui en réfultoit, que li la reconnoiiTance de \6 j 6 aiïuroit à leurs, auteurs une forte de
propriété des héritages qu’ils tenoient en bordelage , le
déguerpiflement qu’ils en ont fait les en avoit dépouillés.
L ’expédient qu’ils ont trouvé a été de combattre comme
frauduleux & nul un a£te qui mettoit une barrière infur-'
montable à leurs prétentions. Mais en vain ils. ont mul
tiplié leur attaque pour trouver un endroit fo ib le , il fera,
aifé de juftifïer & la fincérité & la régularité de T a£le.
qu’ils combattent.
A R T I C L E
P R E M I E R .
L'abandon de 1 6 g g ejl hors de foupçon de fraude ou defa u x . .
Robin jufqu’à préfent avoit crié au faux : on lui a dit
paflez à l’infcriptioni Son ton a baifle 3 ce n’eft plus qu’à
la fraude qu’il crie. Mais il n’a que changé fes expreilions
pour éluder la néceflué de l’infcription. Il tend également
à perfuader que l’abandon de 1699 n’eft qii’un a&e téné
breux, fabriqué clandeftinemènt par le Notaire .Reuilon.
C ’eft donc toujours comme faux qu’il attaque cet a£le ;
on lui répétera ce qu’on lui a déjà di t 3 pajfe% Vinfcription
de f a u x , jufques-là vos clameurs ne fauroient être écou
tées. La Juftice doit une confiance entiere à un aile dont
la vérité eft garantie parla fignature d’un Officier public.
Cet a£te fe fuffit à lui-même , tout ce qui y eft écrit eft
réputé la vérité aux yeux de la l o i , facit probationem probatam. L ’infcription en faux eft la feule voie ouverte pour
en détruire l’autorité.
Nous pourrions; nous en tenir là & méprifer la nuée de
préemptions que Robin préfente , pour combattre la foi
due à l’a£e d’abandon de 1699 ; mais pourquoi crain
drions-nous les détails ? les préemptions de faux que
Robin public avec tant d’éclat, appréciées à leur jufte va
leur , trouveront leur place immédiatement au deffous du
�7
n
li feroit bien étrange que les Prieurs de faint Reverien
euffent acheté un a&e taux d’un Notaire affez infidele pour
vendre Ton miniftere à l’iniquité , & pour quel intérêt ?
pour faire des remifes volontaires , pour exercer leur libé
ralité envers les Gillet.
Quel paradoxe i s’écriera Robin ; l’abandon de 1699
feroit un a&e de libéralité de la part des Prieurs de Saint
Reverien 1 ils font rentrés dans un bien en valeur de 6oco
liv. pour quelques arrérages de redevance qui n’équiva^
loient pas à la moitié d’une année de revenu.
U n inftant d’attention, & ce paradoxe ’va devenir une
vérité d’évidence.
Les héritages dans lefquels les Prieurs de Saint R everie»
font rentrés par l’abandon de 1699 relevoient d ’eux en
bordelais ; ce point de fait établi par la reconnoiffance de
\ 6 j 6 eft certain entre les Parties.
s
La condition du détempteur bordelicr eft une efpece de
fervitude. Sa propriété utile eft fi genée & fe perd fi aifément, qu’à peine mérite-t-elle le nom de propriété.
» Il lu (fît qu’on ait cefle pendant trois ans confécutifs
» de deflervir les arrérages du bordelage impofé fur un
» héritage pour que cet héritage demeure com mis, c’eft» à-dire , réuni au fief dont il provient ou eft cenfé pro» venir. » C e font les propres termes de Robin dans fon
Mémoire imprimé , où il parle d’après l’art. 4 du titre 6
de la Coutume de Nivernois.
Cependant quoique la commife foi,t ouverte par trois
ans de ceffation de paiement, elle n’eft pas irrévocable
ment acquife, le détempteur bordelier eft reçu à purger
fa demeure ; mais il faut qu’elle foit purgée avant que U
Seigneur bordelier ait fa it fes diligences (é) ; & ces diligen
ces qui rendent la commife irrévocable , quelles (ontelles ? ajournement fur ladite commife ou prife de pofïefTion.
actuelle de ladite chofe botdeliere , ou autrement, ( y )
(<0
Article 8 « titre 6 de la même Coutume.
(/; ibid.
�Sb
V l \
.
8
C ’eft-à-dire, que la premiere démarche faite par le
Seigneur pour exercer la commife, eft le terme du délai
que la Coutume accorde au dérempteur pour purger la
demeure : dès lors que le Seigneur a déclaré fa volonté pour
lacommife , le droit lui efl acquis , ipfo jure, (g) Etlebordelier en perdant ainfi par fa négligence la propriété de fon
héritage, efl; encore tenu de payer les arrérages échus
av anr lacommife. (!i) Tous ces principes font inconteftables.
Les conféquences que nous avons à en tirer ne le font
pas moins.
,
»
Trois ans de ceffationde feryice de la redevance bordeliere ouvrent la commife\ il en étoit dû 28 années au
Prieur de Saint Reverien en 1699 3 donc la commife étoit
ouverte en fa faveur.
En cet état des chofes, quel befoin avoit-il du confentement des Gillet pour rentrer dans lapofleflion des héri
tages tenus de lui en bordelage ? il-ne lui falloit que le vou
loir & manifefter fa volonté ; un fipiple exploit , un
fimple a£le de prife de poffeffion auroit fuffi pour le
rétablir irrévocablement dans la propriété utile aliénée
par fes prédéceiTeurs ; en prenant cette route il auroit
encore conforvé fon a&ion , foit pour le paiement des.
années arréragées , foit pour la reconftruûion des Bâtitimcnts en ruine.
Au) lieu de prendre ce parti, qu’a-t-il fait ? fa générofné a tempéré la rigueur de fon droit dans l’afte du 12
Décembre 1699. Il n’a rien reçu par cet a&e qui ne lui fut
déjà acquis par la loi ; & le fieur Curé de R em illi, fon
agent d’affaire, n’y eft intervenu que pour faire des remifes
& des libéralités purement gratuites.
Ainfi il a remis 28 années d’arrérages de la redevance.
Ainfi il a remis les réparations des Bâtiments , objet
très-important.
Ainfi il a ajouté à ces libérations, un ,don de ço livres.
11 eft donc bien vrai que l’acceptation de l’abandon de
( g ) C o q u ille fur ledit a rticle 8 .
( h) A rtic le 9 .
.
.
1699
�i <?99
un bienfait (Je la part du Prieur de Saint R everien ; & c’eft à jr.iie titre qu’on lui adonné la forme
qui convient à une libéralité.
-¿L.
■,
.'!
.■Rien de plus indifférent après cela que la valeur des biens
abandonnés; on pourroit lans conféquence .adopter lôu-.
tes les exagérations de Robin : fuppofer une valeur de 6000
liv, en 1699 à des héritages qui ne font qu’une petite por
tion des biens pofiedés dans le lieu de .Chevanne par les
Prieurs de Saint Réverien & dont la-totalité lie fut cependant
affermée en 1 7 1 7 que 15 0 liv.-.par anrtée.’(i):U>porter leur
valeur aftuelleà i 8oooliv, tandisqueRbbinlui mémeüéîles
a évalués que 900 liv. dans le traité d’aiTodation qu’il a
paffé avec Aliaud (k ) , en y joignant encore plus de qua
rante annéès deireftitiition de jouiffances y les évaluations le»
plus hyperboliques ne changeroiént rieri à la nature de l’atté
de 1699. I l n en ferort'pas moins un a£té de libéralité de la
part du Prieur de Saint Réverien ; ce dernier auroit éga
lement eu le droit de réunir ces héritages à fon domaine
dès que la commife étoit ouverte, & de pourfuivre encore
les GiH et, foit pour le paiement des arrérages de larede-i
vance bordelia'rc, foit. pour la réconiîru&ion des bâtiments
tombés en ruine , & par conféquènt la remife de ces. arré
rages & de ces réparations fet oit toujours une grâce!
11 n’en faudroit pas davantage pour juftifier cet à£lede toutfoupçon de fraude ou de faux. Quelle abfurdité
que le Prieur de Saint Reverien eût fait fabriquer un a£le*
faux , tout exprès pour faire des remifes & des dons
aux Gillet ? il ne faudroit pas le fuppofer méchant, il
faudroit le fuppofer eh délire ; & quels indices nous donne-t-on d’un faux d’une efpece fi inconcevable ?
i ° . L ’on a fait paroître dans l’aQe de 1699 , ,*k >us dit
Robin , un Léonard Gillet;, 18 ans avantiil riaiffaaice à
ce feul trait peut-on méconnoître le faux
< 1 ,,iu.
L ’objeâion eft iéduifânte au premier coup dTœ iI, foumife à la vérification, elle fe réduità une équivoque puérile.
(0
L e bail eft joint ^ujf. pieces. )L
( h ) V o y e z la cinquième piece de la coic À .
,
�"î
IO
Léonard Gillet, fils à Antoine, n ’eft né qu’en 1 7 1 7 , '
cela eft très-vrai, il n’a par conféquent pas pu-être partie
dans l’afte de 16 9 9 , cela eft encore très-vrai , mais aufîï
n’y eft-il faitaucunemention de lui ; il n ’y eft parlé que
de Léonarde, qui étoit fa tante; oroùeft l’impofllbilitépyllque qu’une tante ait paru dans un a£le 18 ans avant la
naiffance de fon neveu?
. Robin veut-iabfolument que ce foit un Léonard Gillet
& non pas une Léonarde qui foit partie dansl’a&ede 1699V
U n coup d ’oeil fur l’expédition proudite> éclaircira mieux
ce fait que toutes lés indications qu’il fait des copies de
Requêtes , où l’on ne parle que de Léonarde. Mais au refte
veut-il lire obftinément Léonard au lieu de Léonarde ?
hé bien ; f Léonard; foit. Ce Léonard partie dans l’a&e
de 1699 n’eft pas dit fils à Antoine, -tout au contraire, il
eft dit enfant dt Simon ^ ainfî il n’auroit pas été le même
q u e celui qui eib. né* en 1 7 1 7 , il auroit été fon oncle ; or
où eft l’impofïibilité, dirons-nous encore , qu’un oncle ait
été partie dans un a&e 18 ans avant que fon neveu vit
le jou r?
; -> •»' ;
Il n’y a jamais eu d’autre Léonard G illet,co n tin u eR o -bin , que celui qui eft né en 1 7 1 7 . — ..V
C ’eft donner en preuve ce qui eft en queftion. La
méthode feroit aifée , fi-pour démontrer un a&e faux il
n ’en coûtoit que de lui donner, un démenti ; mais Robin
devroit fonger que la loi veut des preuves-pour ôter fa
confiance au témoignage d ’un a £ e , & non pas des af
fermons.
.
■’
Même réponfe à ce qu’ajoute R o b in , qtie l’afte de
1699 eft fa u x , parce qu’on y fuppofe quatre1 enfants à
Simon ^Gillet, qui n’en avoit laiffé que, deux. L ’aflértion
que Simon Gillet 11’avoit laiffé que deux enfants ne prouvé
pas que l’a&e de*! 1-699 ^
J tour au contraire x:et a£ie
prouve que1 l’affertion contraire à fon énoncé eft fauffe t
& que Simon Gillet avoit quatre enfants. (/)
(/) On ne fait où Robin a pris que les enquêtes prouvoient que
Simon Gillet n’avoit eu que d e u i cnfànls ï il n’y a pas un feul témçin qui Cfl parle. •'
; ^
�i ° . Il n’eft pas vralfemblable, continue-t-on , que les
G iliet, entourés de Notaires, eui^nt fait un voyage de
douze lieues pour en aller chercher u n à la Montagne ,
où il n’y en avoir pas.
,
.'
.
Nous répondrons qu’il.n1y auroit p as/ifo rt à s’étonner
quand un a&e feroit. paffé à douze lieues du domicile
des Parties, la choie eft allez commune.
Mais d’ailleurs Robin n’a pas bien conful\é. |a carte ;
il s’en faut bien que Tañe de
a*1 ®té paife à douze
lieues dii domicile des Parties. Le Cnâteau de la Montagriç.,
où il a; été paffé, n’^n eft pas éloigné feulement de deux
lieues , & ' il 'n’y-avoit pas de Notaire plus vo ifin ^ m )
Il n’eft pas fingulier que l’a&e dont on parle ait
été pafTe à la M.pntagne, le £Io.iaire R.euillon y faifoitdans
le "temps une, réfyde^ce prefq^.e .habituelle . ppur le tç -j nouvellement 'du terrier dû Seigneur. (.7) ‘
30. Que répondrez-vous au moins à k'alt¡?i deydeux N o
taires qui font dits avoir fignés en fécond , l’un l’abandon
du 1 1 Novembre 16^9 , l’autre la,quittance qui eft à la
fuite, fémble nous dire R o b in , cet alibi eft prouvé par
la iîgnature de^ mêmes Notaires-;les mêmes jours furies
registres du C o n tr ó le le boulins. en .Gilbert. On. ^épond
que cet alibi eft une ;vraie..' illufipn.. ¡II n’y, a que trois
lieues de diftance de Moulins en, Gilbert à la: Montagne
& à T iregag e, où.les aftes dpnt ;on parle opt,été paflés ;
y en'eut-il quatre, comme lû fuppofe Robin_» il .ne fauç
pas un grand effort. (l’imagination ;pour.concevoir.que
les Notaires d’Orlet ôcRebreget ont pii très âiféfnent ftgrier
les regiftres du Contrôle à Moulitís cri’ Gilbert le'matin
ou le foir , & fe trouver à la Montagne ou à Tiregage dans
le cours de la même journée.
( !.. • ,-,u. ..
... 4 °* Enfin le fieur Robin declame contre le foliaire ReuiU
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( m ) C ’ctoit les Notaires de, C bam pplem ent, faint Çwuge & faint
Reverien que Robin'indique comme .les plus yoi&ns , qui .ctoient
éloignés de 12, lieues du domicile des Parties.
(n) Voyez à la fuite du M é m o ir e ,d e R o b i n Us p iè c e s juftifin
c a tiv e s , n o . ‘ 4. ■
,
V •’
.
~
;
................. B 2
�io
Ion. La malheureufe facilité de cet Officier public à
faire des faux eit prôuvée, nous dit-il , par trois a£tes
fignésde lu i, & qui ne le font par des témoins. Ces trois
aâes forment trois faux bien p rou vés, tous les aftes que
ce Notaire une fois fauflaire a reçu dans la fuite doivent être
rejettes fur c'e feuTtnotif qu’il en avoitdéja fabriqué de faux.
Delà la conféquence que l’a£te de 1699 doit être rejette.
' N ous répondrons qu’il feroit difficile de dire plus d’abfurdités en moins ’de mots;, & nous jtè répondrons pas
autre choie. (0)
.
‘•
S a n s - craindre que tant de puérilités que Rbb'in releve comme des préemptions de fa u x , répandent le moin
dre nuage fur un a&e dont la foi ne fe détruit pas par
des riens, vo'ÿohs maintenant fi les moyens de' nullité
dont il fait -ufage;; méritent pfüs d’attentiôn. ^
'
.
A R T I C L E
S E C O N D :
L'aU ede 1 6 9 9 ejl régulier dans f a forme.
. i,
- ii
. .¡.1
Tout a£le patte devant’Notaire qui n’a pasre;çü le fceau
du Conirôle-eft un atle. nul-, nous 'dit Robin , 1 ! ne peut
attribuer ni hypothèque ni propriétés ;
’ ’
Les recherches qu’il a fait pour établir cette af*
fertion fontJ une peine bien perdue. 11 ne^falloit pas prou( o ) u ° . ' Un a û e qui n ’eft pas fîgné des témoins cil un aftc in
f o r m e , imparfait & o u l , m a is.c e n’eft pas un1 a â e f a u x ; il caraûérife un Notaire peu attentif , & no(V>pas un Notaire fauffaire :
quiconque a Tufage de la raifon en conviendra.
20! Quand même Reuilion feroit effectivement démontré coupa
ble de pluiieursf.fa u x , la raifort défavOueroit toujours la confcqueiice! qu’ori-'Voudroit en tirer que totfÿTes aftes"font faux. Quelle
confuiion , quel_ défprdre ne.pp.r.teroit. pas jdans les .familles une
conféquence ii outrée ! inutilement on l’appuyeroit d e l ’autorité, de
Menochius 8t de; cent autres Dbfteurs avec lui,' elle nén paroîtroit
pavm oins folle à tout homme raifonnable ; mais d’ailleurs Meno
chius ne déraifonna jamais aînfi.: rien de pins aifé que de faire dire
à un Auteur tout ce que Ton v e u t , errne errant '¡que d e slu c u n e s,
& en plaçant trois ou quatre points à ptopos.
�04
ver qu’un a£te' non contrôlé eft un a £ e nul ; il falloit
prouver que l’aûe de 1699 n’avoit Pas été contrôlé; il
falloir prouver que rénonciation de l’expédition produite,
par laquelle il eft porté que cet a£te avoit été contrôlé
à Moulins en Gilbert le 19 Décembre 16 9 9 , étoirune
énonciation fauffe, & comment pouvoit-on parvenir à
une pareille preuve ? que par l’infcription en faux. Il n’y a
pas d’autre voie ouverte pour détruire la foi due à une
éx péduion en forme, (p)
Robin préfente un certificat extrajudiciaire du Commis
àu Contrôle 4 par lequel il eft attefté que la relation du
contrôle de l’afle du 12 Novembre 1699 ne fe trouve
»oint fur les regiftres du temps. Mais qui nous garantira
a fidélité ducertificateur & l’cxa£litude de fes recherches (^) ?
d’ailleurs , en fuppofantfes recherches exa£tes & fon certi
ficat v r a i, il en réfultera une preuve de négligence ou
d ’infidélité de la part du Commis au Contrôle en 16 9 9 ,
& rien de plus. O r le fort , la tranquillité & la fortune
des Citoyens dépendent-ils de la négligence ou de l’infi
délité d’un Commis au Contrôle? une expédition en bonne
forme de l’atle de 1699 prouve que la minute a été con
trôlée dans le temps ; c’eft affez pour qu’on ne puiiTe ni
douter que cette formalité ait été remplie, ni fe faire un
moyen de nullité de l’omiifion chimérique.
f
( p ) La groiTe ou l ’expédition d’un afte figné par le Notaire qui en
a reçu la minute , fait la même foi que la minute m ê m e , & ne peut
être attaquée comme la minute que par l’infcription de faux.
Robin n’a pas ofé combattre ce principe, attefté par les Auteurs les
plus accrédités parmi n o u s , & qui ne trouve point de contradifteurs. V o yez Dumoulin , C o c h in , Denizard.
( q ) T out le monde fait le mépris que méritent des certificats
mendiés. Robin avoit obtenu Ordonnance de cômpolfobe pour la
vérification juridique des regidres du Contrôle. Pourquoi ri’e'ri a-til pas fait ufage ? Pourquoi n’a-t-il pas appelle l’Abbe de CHéry à
la vérification ? C ’étoit la feule voie fûre d’acquérir une preuve
légale du iilence des regiftres: mais il étoit affûté de la comptai*
fance du C o m m is , & il craignoft l’œil curieux d ’un furveillant qui
auroit découvert fans doute Une relation que le Coniniis ii’a' pas
voulu voir.
»
�*4
Mais au moins, continuera Robin 3 (i l’a&e de 1699 a.
été contrôlé , il n’a pas été enrégiilré au greffe des iniinuations du lieu où les biens abandonnés étoient fitués
cependant cet enregistrement étoit prefcrit, à peine de nul
lité, par l ’Edit de Décembre 16 9 1.
On voudroit bien demander à Robin qu’il nous indi
quât un feul des greffes des infinuations établi par l’Edit de
16 9 1 , dans-toute la Province du Nivernois ; un leul
exemple des enrégiftrements que prefcrit cet Edit dans les
trois quarts des Provinces du Royaume, (r)
Il lui étoit réfervé de déterrer dans le code des Ioix ou
bliées un Edit burfalqui n’a jamais eu d’exécution hors de
l’enceinte d’un petit nombre de D iocefes, où le Clergé a
acheté les greffes des infinuations pour en retirer les
émoluments : & dans ces Diocefes mêmes l’omiifion de
l’enrégiftrement ne fut jamais regardé comme une nullité r
témoin l’arrêté du 4 Juillet 17 3 5 . ( î )
r’
Robin critique encore l’a£te de 1699 , fur le fondement
que le Notaire n’y a point exprimé fa qualité de Notaire
R o y a l ou Seigneurial , ni fa réfidence ; qu’il n’a point fait
mention de la lecture faite aux Parties; qu’il n’a pas. ex
primé la maifon où il avoit été paffé ; on répond que ces
formalités fcrupuleufes peuvent avoir leur utilité , mais
^u’elles ne font pas prescrites, à peine de nullité , dans les
aftes ordinaires ; que d’ailleurs c ’eil un équivoque de pré
que Ta£te d e 699 ne fait pas mention de la maifoii
t e n
d
r e
’ i
(/•) D e u x Ed its, qu’il ne faut pas confondre, ont paru dans la même
année fur les infinuations ecclefiaftiques.
L ’un ordonne l’enrégiftrement aux greffes des infinuations eceléÜaftique* de tous les a&es qui établiffent l’état des Eccléfiatique»
& des bénéfices, lettres de tonfure , prêtrife, préfentations aux
b énéfices, v i f a , requifitionsdes G rad u és, prife de pofleflion, & c ,
& c . Cet Edit a eu fon exécution dans tout le R oyaum e.
L e fe c o n d E d it portoitétablliTement de Greffes, tout différents des
prem iers, pour Fer.régiftrement tout au long destirresde propriété,
Si même des baux à ferme des biens ecclefiaftiques: jamais il n’a eu
¿ ’exécution dans les trois quarts du Royaume.
p ) Denizard dans une note au mot g : m de main marte.
�6& J
M ..
où il a été pafle ; il y eft dit qu’il a été pafle à la Mon*
tagne , & la Montagne eft un Château jiolé.
Enfin on nous obje£te encore que la minute de l’a&e de
1699 ne ^ retrouve p a s , & on en fait réfulter une nou
velle nullité, fous prétexte que la Coutume de la M arch e,
celle du Bourbonnois & la jurifprudencedes Arrêts prefcri*
vent aux Notaires de garder minute de tous les aÔes dont
l’effet eft perpétuel. Deux réponfes à cette obje&ion.
i ° . La citation des Coutumes de la Marche & de Bour
bonnois n’ eft pas exafte ; ces Coutumes exigent des Notaitaires qu’ils tiennent un protocole ou repertoire des lettres
perpétuelles ; elles ne difetit pas un mot de la néceflhé d’en
conferver minute ; & ne proconcent point de nullité.
■2°. Dans le droit commun on ne reconnbît d’aftes,
auxquels il foit de nécefîité abfolue de faire porter minute,
que les donations, les réiîgnationsde bénéfice & quelques
autres : les déguerpifïements ni même les ventes ne font
pas dans cette clafle.
' 3 0. Dans le fa it, l’afte de 1699 a été pafle en minute :
envain nous dit-on que cette minute ne fe trouve pas:
d’un côté ce fait n’eft pas établi : l’Abbé de C h éry
n’ayant pas été appelle au procès verbal de compulfoire ,
ce procès verbal ne fournit contre lui aucune preuve
légale (0 : d’un autre côté qu’importeroit à l’Abbé de
Chérÿ que la perte de cette minute fut réelle ? l’expédi
tion en bonne forme qu’il en produit en répare la perte.
L e fort des Citoyens & la foi des expéditions en forme
ne dépend pas du plus ou moins de foin des Notaires fur
la confervation de leurs minutes
De ce que la minute de 1 ’a£te de 1699 ne fe trouye pas, 011
ne peut pas en conclure avec Robin qu’elle n’a jamais exifté ;
il vaudroit autant dire que Charlemagne n’a jamais exifté,
parce qu’il n’exifte plus : l’expédition fait une foi entiere
jufqu a l’infcription de fau x, & prouve que cette minu
te a exifté. Il eft très - poffible quelle ait difparu dans
une incendie arrivée en 172.0 dans la maifon du Notaire
(?) V o y e z le titre des compulfoires de l’Oidonnance de 16 6 7 .
**
�' i6 '
Reuillon (v) ; mais l'expédition qui en refte la remplace
& en tient lieu.
¡
Ainfi fe détruifent toutes les prétendues nullités que
Robin a réunies pour combattre l’afte de 1 699 ; cet a â e
refte dans toute fa fo rce; & aiïure aux Prieurs de Saint
Reverien la propriété des biens , dont on eflaye en vain
de les dépouiller. Nous pourrions nous en tenir à un mo
yen il irréfiilible : allons cependant plus loin.
T R O I S I
E M E
M O Y E N . .
C'ommife.
Le détempteur bordelier qui cefle le paiement de la re
devance pendant trois ans confécutifs, commet la chofe:
bordeliere au profit du Seigneur bordelier ; Robin rend hom
mage à ce principe , ainfi que nous l’avons obfervé plus
haut. ('u)
Cette commife n’eft cependant pas abfolue & défini
tive par la feule ceffationdefervice: nous l’avons encore dit,
que faut-il pour la rendre irrévocable? Robin prétend dans
ion Mémoire (a?) , que dans lecas même ou ily a ouverture
à la r é u n io n bordeliere (fautede paiement de la redevance )
le Seigneur qui la prétend eft obligé de la faire prononcer par
le Juge qui doit en connoître , & q u e jufques-là il ne peut
acquérir ni propriété, ni pafleífion légitime. Il faut n’avoir
jamais lu la Coutume deN ivernois, pour ofer mettre en
maxime une erreur fi grofliere.
{v) Il y « peu de bonne foi de la part de Robin à taire la circonftance de cette incendie , & à (iipprimer la déclaration que
R e u illo n , fils, en a fait dans le procès verbal de compulfoire, tranfçrit à la fuite de fon Mémoire , aux pieces juftificatives, nD. j .
Robin a une adreiTe merveilleufe pour placer trojs points à
propos, Iorfque quelque phrafele gêne ; avec cette methodë il ne
laifle voir dans les aftes que ce qu’il veut y, & il trouve dans les
Auteurs tout ce qu’il y cherche*
(a) Page 7 *
(x) Même page 7.
*
L ’article
�( fit
'7
.
,
L ’art.4 ,tît.6 ,prononce la commife faute de paiement de la
redevance bordelierependant trois années confécutives. Les
articles 6 , 7 , 8 & 9 règlent la maniéré dont elle s’exécute.
On lit dans l ’article 6 que dans le cas de ceiTation de
paiement » le Seigneur bordelier peut fe direfaifi & pof» fefieur , tout ainfî que s’il avoit poffeffion a&uellede la .
» chofe, & p o u r ledit droit à lui échu par ladite commife ,
» peut intenter exploits, interdits & avions poffeiToires
» aux cas pertinents à l’encontredu détempteur de ladite
» chofe bordeliere. »
Voilà une tranfmifîîon de propriété & de poffeffion ci
vile bien claire, fans miniftere de ju ftice, & par la force
de la loi même , ex officio legis.
Pendant que le Seigneur s’en tient à cette pofleifion ci
vile , & jufqu’à ce qu’il l’ait réalifée, le détempteur peut pur
ger fa demeure & éviter la commife ; c’en ce que nous
apprend l’article 8. » Si ledit détempteur, avant que le
„ Seigneur ait fait fes diligences, à favoir par ajournement
» fur ladite commife , ou par prife de pofleifion aftuelle
» de ladite chofe bordeliere ou autrement, vient offrir &
» préfenter paiement à découvert defdites trois années
» échues; fa demeure & négligence quant à ce fera te» nue pour duement purgée. „
Mais pour que fa demeure foit purgée valablement,
il faut qu’il prévienne les diligences du Seigneur; car dès
lors que le Seigneur a déclaré ia volonté pour la commife ,
lé droit lui eit acquis ipfojure ■, non feulement pour lâ
propriété , mais aufli pour la poffeffion. { y )
L a Coutume , dans le même article 8 , ouvre deux rou
tes au Seigneur pour rendre la commife irrévocable,
l ’ajournement fu r ladite commife , ou la P R I S E d e P O S
S E S S IO N a c t u e l l e D E L A D IT E CHOSE B O R D E L IE R E ,
Le commencement de l’article 7 indique de même la prife
de poffeffion actuelle comme une des voies admifes pour l’e
xécution de h. commife. l\ porte que cette pofferfion cor
porelle étant jointe à la poffeffion civile qui réfulte d e là
C'y) Coquille fur ledit article 8.
c
*'
�i8
(impie celTation du paiement de la redevance , elle opéra
l ’anéantiflement abfolu de tous les droits du détempteur;
» & s’il entre en la pofleflion réelle & a&uelle de ladite
» chofe à lui commife , la pofleflion ( civile) ci-deflus
décla'rée fera parce confirmée.
D ’après des expreflions il pofitives & û peu équivo
ques, il faudroit fe refufer à l’évidence , pour douter que
le Seigneur, lorfque la commife eft ouverte., puifle de
fon autorité privée prendre poiTeflion réelle de la chofe
commife. La coutume fait de cette prife de pojfejjlon fa
premiere diligence , cela ne peut s’entendre évidemment
que d’une pofleflion prife parle Seigneur d’autorité privée;
en conféquence de la poiTeflion civile que lui attribue déjà
l’article 6 , & du droit qu’il lui donne d’intenter exploits >
interdits & actions pojfefioires.
Comment concilier avec ce fyftême la fin de l ’article
7 , nous dira fans doute Robin. Rien de plus aifé.
L a premiere partie de cet article autorife le Seigneur
à entrer de fon autorité privée dans la pofleflion réelle &
a&uelle de la chofe commife ; la fécondé partie prévoit
le cas où le détempteur réfifte , & où il faut en venir à
la force pour l’expulfer. Dans ce cas la violence eft in
terdite au Seigneur, il doit emprunter l’autorité de la
Juftice. » Toutefois ne pourra de fait expulfer ledit dé,> tempteur fans connoiflance de caufe ou Ordonnance
>, de Juftice , ^autrement netoitconvenu entre lesParti.es.w
C e n’eft pas pour la prife de pofleflion que le Seigneur
a bcfoin de recourir à l’autorité publique ., aux termes de
cet article, c’eft feulement pour Vexpulfion du tenancier,
ce qui ne peut s’entendre que du cas de réfiftance de fa
part.
Ceci devient fenfible à 1a le&ure de l’article 9. Il porte
que Ci le détempteur » eft mis en contradiction, doit rétablir
» au Seigneur bordelier les fruits de ladite chofe , depuis
» la diligence commencée par ledit Seigneur a la fin &
# confervation de là commife. »
Ces termes font clairs. Le tenancier ne gagne rien nu
ire chofe que du temps en entrant en contradi&ion. L a
�¿7
19
propriété eft toujours irrévocablement acquife au Seigneur
du moment de fa premiere diligence , c’eft-à-dire , ou du
moment de ion ajournement, ou du moment de fa prife
de pojjejfion réelle & d’autortié privée conformément à
l ’article huit ; & les fruits que le détempteur perçoit depuis
cette premiere diligence, il en doit la rcilitution. Il eft bien
évident après cela que le Seigneur n’a pas befoin de Sentence
pour être , rétabli irrévocablement dans la propriété des
héritages bordeliers tenus de lui ; fa premiere diligence
fufîlt pour la lui attribuer , fans que le tenancier puiffe
être admis à purger la demeure, s’il n’a pas prévenu cette
premiere diligence. Delà réfulte la conféquence qu’il doit
être fouvent très-indifférent qu’il y ait eu Sentence ou
non ; & que cette Sentence, dont l’effet n’eft pas d’acquérir
la propriété au Seigneur , mais uniquement de le main
tenir dans l ’exercice des droits qui en font la fuite, n’eft
pas toujours néceffaire. C ’eft auffi ce qu’indiquent les
termes de doute de l’article 9 dont nous p arlon s; s'il (le
détempteur )eflmis en çontradiclion , de femblables termes
fuppofent des cas où il n’eft pas befoin que le détempteur
foie mis en contradiclion parle Seigneur qui exerce la cornmiie. Ces cas font évidemment ceux où le Seigneur , après
la commife ouverte, entre en poffeflîon de l’héritage bordelier fans éprouver de réfiftance. Alors fon droit eft con
firmé par la fimple prife de poffeffion ; il n’éprouve
point de contradi&ion dans l’exercice , pourquoi re
courir à l’autorité de la Juftice ?
Ces principes développés, appliquons-les à l’efpece;
trois ans de ceffation de paiement de la redevance bordeliere donnent ouverture à la commife : en 1699 il en
étoit dû 18 années par les Gillet aux Prieurs de Saint
R eve rien , donc la commife étoit ouverte en leur faveur.
L a commife ouverte devient irrévocable par la premiere
diligence duSeigneur.il n’a befoin, pour devenir propriétaire
abfolu, que de manifeiter fon intention, foit par un ajourne
ment, foit par une mife en poffeffion d’autorité privée.
Les Prieurs de Saint Reverien fe font mis en poffef
fio n , donc ils font devenus propriétaires incommutables
C 2
*
�10
dès l’inilant même de leur mife en poffeifion corporelle.
Le Seigneur n’a pas befoin de recourir à l'autorité de la
Juftice pourconfirmerfa propriété : il n’en abefoinque pour
fe maintenir dans l’exercice des droits qui y font attachés,
en cas de réfijlance, & s 'il n'a été autrement convenu, (j)
Les Prieurs de Saint Reverien pourroient dire qu’il
avoit été convenu entr’eux & les enfants Gillet par l’ac
te de 1 699 qu’ ils rentreroient dans la poffeifion des hé
ritages dont la redevance ne leur étoit pas p ay ée, & en
conclure qu’ils n’ont pas eu befoin de faire autorifer leur
mife en poffeifion par la Juftice ; mais en mettant encore
cet a&e à l’écart pour un moment, cette autorifatiori ne
leur aura pas été plus néceffaire, puifqu’ils n ’ont point
éprouvé de réiiftance.
Nous pouvons donc conclure, fans crainte de nous
tromper, que les Prieurs de Saint Reverien, par leur feule
mife en poffeifion de fa it, & dès le moment même de
cette mife en poffeifion, font devenus propriétaires incommutables des héritages dont Robin tente aujourd’hui de
les dépouiller ; que tous les droits des auteurs de R o
bin fe font évanouis au même inftant, & que quand ils
auroient exercé dès le lendemain l’aftion qu’il exerce au
jourd’hui , ils n'auroient pas pu être écoutés.
Après cela le fecours de la prefcription eft abfolument
fuperflu à l’Abbé de Chéry pour fe maintenir dans les
biens qu’on lui contefte ; cependant cette preferiptionforme encore en fa faveur un dernier moyen .fans répliqué,
Q U A T R I E M E
M O Y E N .
Prefcription..
L a Coutume de Nivernois qui régit les Parties met
comme toutes les autres la prefcription au nombre des
moyens d’acquérir, & réduit toute prefcription à 3 o ans. (aa)
fç) Article 7 .
j a d ) Article 1. T it. des prefcriptions.
�Trois conditions font néceffaires pour acquérir par la
voie de la prefeription; i°-. que la chofe foit prefcriptible ; 2°. que la poffeiïion foit utile; 30. quelle ioit conti
nuée pendant le temps prefcrit par la loi : nous avons à
établir que ces trois conditions concourent en faveur des
■Prieurs de Saint Reverieu ; la tâche eft aifée à remplir.
A R T I C L E
P R E M I E R .
JL'héritage bordelier ejl prefcriptible.
C eci ne peut pas Faire la matiere d’un doute. L a prefcrption eft une loi générale qui affujettit tous les genres
de biens, hormis ceux qui font nommément exceptés :
que Robin indique une exception portée en faveur des
héritages bordeliers , alors nous les reconnoîtrons iraprefcriptibles ; jufques-là nous devons les regarder comme aflujettis à la loi commune.
A R T I C L E
S E C O N D .
L a pojfejjion des Prieurs de Saint Reverien ejl utile pour
la prefeription.
Trois cara&eres diftinguent la poffeiïion utile de celle
qui ne peut pas fervir à la prefeription ; pour être utile ,
elle doit être paifible, publique & à autre titre que de pré
caire: nec v i j nec clam , nec precario.
Rien de plus public que la poffeiïion des Prieurs de
Saint Reverien.; ils ont jo u i, affermé, réparé fous les yeu x
des Gillet & au vû de tout le monde ; Nicolas Gillet ,
couvreur , a même été un des ouvriers employés à la réconftruftion des hâtiments en 17 3 0 (bb) : rien de plus paifible.
Depuis 1699 , époque de leur entrée en jouiffance jufqu’en.
1 7 7 0 , onn’apperçoit aucune trace ni d’interruption c iv ile ,
ni de trouble ^e fait. Enfin c’eft bien affurément pour eux ,
{bb) Voyez la quatrième piecc de la cote A ,
�& à titre de propriétaires qu’ils ont joui , affermé , ré
paré , animo Dom inii ; leur poffeiîîon a donc les trois cara&eresqui la rendent légitime & utile pour la prefcription.
P R E M
I E R E
O
B
J VE
C
T
I
O N.
Lorfque la poffeifion a fa fource dans un titre vicieux ,
elleeft vicieufe elle-même; & ne peut jamais opérer la pres
cription ; or telle eft la poffeifion des Prieurs de SaintReverien ; elle a pour principe un afle nul par lomiffion
de la formalité du contrôle; un pareil vice ne fe couvre
jamais , & anéantit. à perpétuité l’effet de la poffeiîion ;
melius ejlnullum habere titulum quàm habere vitiofum.
R
é
p
o
n
s
e
.
Les Prieurs de Saint Reverien ont joui en vertu d’un
titre vicieux r nous pourrions arrêter l’Appellant à ce pre
mier point ; car nous avons déjà juftifié la bonne foi de
l’abandon de 1 6 9 9 , & fa régularité dans la forme. Mais
prêtons-nous encore à l’illuiîon, envifageons l’a&e de 16 9 9 ,
comme nul par des vices de forme ; fera-t-on en droit d’en
conclure qu’il a mis obftacle à la perfcriptîon ?
Il n’eft point de principe plus vrai que ce brocard du Palais;
melius efl nullum habere titulum quàm habere vitiofum.
Il 11’en eft point aufli dont on puiffe abufer plus facile
ment, & dont on abufe plus communément; mais plusoti
en abufe communément, plus il eft aifc dejie garantir du
piege d’une fauiTe application trop ordinaire.
Rappelions-nous qu’il s’agit ici de la prefcription trentenaire , pour laquelle 011 n’a pas beioin de titre, mais
feulement de la poíTeíHon. Le titre qui eft inutile pour la
prefcription, pout-il y mettre obftacle , lorfqu’il paroît &
qu’il eft lui feul infuififant pour attribuer la propriété ? o u i,
s’il eft. tel qu’il foürniffe la preuve que la poffeifion eft pré
caire ; non , s’il ne fournit pas cette preuve, (cc)
(cc) V o yez Ricard , des donations , partie i te. nombre 1 1 7 9 »
Si Danod. Il y auroit encore d’autres diftinÉlions à faire , s’il s’agiffoit de biens d’Eglife , mais on ne doit pas en parler ici.
�*3
Ainfi un Particulier a joui 40 ans d’un héritage: dans
le doute , il eil préfumé avoir joui comme maître ; fi cette *
préfomprion de droit n’eft pas détruite par une preuve
contraire, il aura prcfcrit, & n’aura befoin que d'alléguer
fa poffefiion pour s’y maintenir : paroît-il un bail à ferme
ou une fentence qui l’ait envoyé en poffeiTion par droit
d’hypotheque ? le caraftere de Ta pofleifion eil connu , elle
n’eil que précaire , & par conséquent inutile pour la pres
cription ; il fera évincé ; c’eft le casd ed ir e melius ejt hon
habere titulum , quàm habere vitiofum.
Au contraire un particulier jouit d’un héritage .depuis
undemi-iiécle. Il lui a été vendu par un Tuteur. Le titre
de fa poffeffion eil vicieux & nul ians contredit; cependant
le Mineur, dont les biens ont été aliénés,, l’a laifle jouir
pendant trente ans depuis fa m ajorité; il aura prefcritj
& fera maintenu.
Il en eil de même de la vente du bien dotal dans-les
Provinces où elle eil prohibée la femme dégagée des
liens de la puiffance maritale , laiffe-t-elle écculer trente
années fans réclamation ? l’Acquéreur a prcfcrit contr’elle, malgré que fon titre fut vicieux.
Pourquoi dans ces deux derniers cas le vice du titre
n’eft-il pas un obftacle à la prefcription ? parce qu’il ne
rend pas la poffeiTion précaire , parce qu’il ne prouve pas
que le détempteur n’a pas joui comme maître animo
D om inii.
On doit raifonncr de même dans tous les cas femblables.
Que l’on fuppofe maintenant toutes les nullités poiïitlc s dans l’aûe d’abandon de 16 9 9 ; il réfultera, ii l’on
veu t, de ces nullités que ce titre n’a point attribué de
droit aux Prieurs de Saint lleverien , mais il n’en réful
tera jamais qu’il les ait empêché d’aquérir des droits par
la prefcription, parce qu’il ne prouve pas que leur poffeifion fut précaire, & qu’ils n’ayent joui qu’au nom d’au
trui ; tout au contraire il prouve cjue leur intention en
entrant en poffefljcn, & par une fuite en s’y maintenant,
�—
. *4
a été de jouir pour eux-mêmes & en maîtres animé
D om inii.
Robin pourfuit encore : la nullité qui réfulte du dé
faut de contrôle d ’un a&e, eft une nullité abfolue, une
nullité éternelle, parce qu’elle réfulte de la prohibition
d’une loi , dont l’intérêt public eft l’objet; & que les
nullités de cette forte ne fe couvrent par aucuns laps de
temps. Il cite un paffage de Dunod ; on va lui répondre
par un autre paffage du même Auteur.
» La prefcription de trente ans ne reçoit point d’obftacle de la détenfe d’aliéner les choies qui font dans le
* commerce , & de la nullité qui réfulte d ’un défaut de
Mform alité, ou de la faveur d’un particulier qui ne peut
être ni fuppléée par le Juge , ni nropofée par un tiers;
» parce que cette nullité eft Amplement refpe&ive, &
» ne produit qu’une a&ion qui s’éteint par le laps de
„ temps. (dd )
♦, L ’on ne révoque pas en doute parmi nous que les„ nullités refpe&ives fe prescrivent par trente ans.
Lorfque le même Auteur dit un peu plus hau t, que les
nullités abfolues ne fe couvrent point par la prefcrition,
il ne tombe pas en contradiction avec lui-même ; il ne
parle en cet endroit, comme on le voit par ce qur précédé ,
que des nullités des aftes qui réfultent d’une loi prohibi
tive , qui intéreife le corps politique pris en général ; des
nullités de droit public , prononcées pour une caufe publi
que & perpétuelle ; des nullités „ portées par une loi ,
» dont le premier & le principal objet, eft la conferva* tion des chofes & des droits qui appartiennent au pu» b lic ; les nullités, en un m ot, qui peuvent être oppo„ fé e s, non feulement par la partie publique, mais encore
* par toutes fortes de perfonnes, fans qu’on puifle leur
» oppofer qu’elles fe prévalent du droit d’un tiers ; „ ce
font fes expreifions. Telle féroit par exem ple, la nullité
d’une convention, par laquelle une fomme ou une rede
vance , foit promifeà un ailaffin^pour armerfa main meur(dd) Page 49, édition de 1753.
triere
�1
triere : telle feroit l’ aliénation cles chofes dont le com
merce eft interdit pour une caufe publique.
Mais eft-il queftion ici d ’une nullité tîe cette claiTe ?
le Légiflateur , en établiffant le Contrôle , a bien eu , on
en convient, lfintérêt public pour objet. C ’eft là la fin de
toutes les loix. Mais il n’a pas porté cette loi peur la
confervatioti des droits qui appartiennent au public en
corps; il n’a conftdéré le public que diflributivement ;
il n’a envifagé que la confervation des droits des particu
liers ; dès lors les nullités qui réfultent de la contraven
tion aux formes qu’il a établies ne lent plus- que des
nullités refpeclives, dont les particuliers intéreffés peu
vent feulsfe prévaloir. ( C ’eft toujours d’après Dunod que
nous raifonnons ; ) une nullité de cette nature ne pro
duit qu’une aftion , qui s’éteint par le laps de temps ; » Ton
>, ns révoque pas. en doute parmi nous que les nullités re* latives fe preferivent par trente
S e c o n d e
O
b
j
e c t r o a7.
Robin prétend trouver un fécond obftacl'e à la prefcription,, dans la corelation qui eft entre le Seigneur 8c
le tenancier à titre de bordelage. La Coutume de N iver
nais , nous d it-il, (ff)- défend au Seigneur d'expulfer le
detempteur de fait & fans connoijfance de caufe ou Or
donnance de Juflice ; le Seigneur > après la commife ou
verte, n’acquiert de poffeifion que par cette voie. Q ue
1-Abbé de Chéry , continue-t-il,, établiffe qu’il a obfervé
les formalités preferites par cette l o i , ou. qu’il ceffe d’ar
gumenter de fa poffeifion. L ’Ordonnance de Juftice eft:
le feul a£be légitime, qui puiffe autorifer fa mife en poffef( ¿ t ) L’infinuation des donations eft auiïï effentielle que celle du
Contrôle , elle eft également établie pour le bien public ; elle eft
preferite bien textuellement par les Ordonnances. Cependant l ’o*
miiTion de cette formalité fe couvre par la prefeription pourquoi
n’en feroit-il pas de même de celle du C o n trô le ? V o y e z R ica rd »,
des donations , partie premiere , nombres 1 1 7 . 9 , & fuivants.
( f f ) Page 38 de fon Mémoire..
D
�îS
fion ; & jufqu’à cette diligence le détempteur eft: reçu à
purger fa denwire. On continue par la citation du
texte de laCourame (gg) ,dont on a grand foin d’omettre
les mots qui gênent, afin d’y trouver cç qui n’y eft pas.
R é p o n s e .
.
De pareils fophifmes ne font pas faits pour iéduire.
Nous avons démontré plus haut que c’étoit une vraie
illuiion de prétendre que le Seigneur bordelier eut befoin
de recourir à l’autorité de la Juftice , pour fe mettre en
poffeifion de l’héritage tombé en commife; que le texte
de la loi y refiftoit ouvertement, qu’il avoit le droit
d ’entrer en poiTeffion d’autorité privée , & qu’il n’avoit
befoin d’emprunter le fecours de l’autorité publique ,
que pour réprimer la rebellion de fon emphytéote. Mais
prêtons-nous aux revêries de Robin.
Suppofons la néceflîté d’un mandement de Ju ftice,
pour exercer la commife ouverte. Q u ’en réfulte-t-il d’a
vantageux pourlaqueftionactuellePRien, abfolumentrien.
Faudra-t-il inftruire Robin fur fa propre Coutume? ’
Elle fait trois claiTes de biens, confidérés par rapport à
leur mouvance , les fiefs, les biens tenus à cens, les biens
portés en bordelage.
L a condition du vajfal eft beaucoup plus avantageufe
que celle du cenfitaire, & celle du cenfitaire beaucoup plus
que celle du bordelier. (Jifî)
Le S eign eu r fuferain a le droit de faifir féodalem ent le fief
faute de f o i , ho m m age r e n d u s , & de paiem entdes d evoirs.
Le Seigneur cenfier peut faire faifir l’héritage ou les
fruits , fx le détempteur eft en retard de payer le cens ; &
s’il n’y a point de tenancier , il peut s’en emparer de fon au
torité privée. (ii)
( p g ) Article 8 , tit. 6 . C et article eft rapporte ci-deffus, page 1 7 .
(AA) Il ne faut que lire les trois titres de la Coutume de Niver»
r o i s , qui traitent des fiefs , des cens & des bordelages * pour fc
convaincre de cette vérité.
(ù) T itre des cens, article 1 1 .
�. '
27
Le Seigneur bordelier peut rentrer en poffeffion de l’hé
ritage porté de fa direfte , faute de paiement par trois ans
consécutifs.
Mais il y a cette différence entr’eux , que le Seigneur
' fuferain , qui a iaiiî feodalemcnr , n’acquiert jamais la
propriété à la chofe féodale mife en fa main,, par quel» que laps detemps qu’il tienne enfa main lad. chofe ( kk ) ;
» fa poiTeflîon eft purement précaire ; il jouit au nom du
vallai , pœnœ nomine, pour le punir de fa négligence par
la perte des fruits de fon fief , & non pour le dépouiller
de fa propriété; ainfi fa pofieffion eft inutile pour la pres
cription , à moins qu’il ne furvienne contradiction (II) qui
caraûerifeion intention de jouir à titre de propriété, animo
D om inii.
Le Seigneur ceniîer au contraire , qui s’eft emparé dô
l’héritage relevant de fa dinefte de fon autorité privée,,
peut être évincé pendant trente a n s, en lui payant les ar
réragés de fon c e n s,s’il n’en eft pas rempli par les jouiffânees qu’it a fait ; mais trente années de pofleifion le ren
dent propriétaire incommutable. (mm)
Le Seigneur bordelier a bien plus de faveur ; trois ans
de ceilation de paiement lui donnent le droit de rentrer
en poffeffion ; & dès le premier inftant de fa prife de pof
feffion il devient propriétaire abfolu, fans avoir beioin ,
comme le Seigneur cenfier, que fa propriété foit confir
mée par la perfeription.
Robin veut que la prife de poffeffion du Seigneur bordelier
ne lui tranfmette la propriété que dans lecas où elle eft précedee d’une Ordonnance du Juge : nous l’avons déjà d it,
ceft une erreur, mais érigeons pour un moment cette
erreur en principe, il en réfultera bien que le Seigneur
bordelier} qui fe feroit mis en poffeffion de fon autorité
privée , ne feroit pas devenu propriétaire incommutable
par le feul fait de fa mife en poffeffion; mais il n’en ré
fultera nullement que la continuation de cette poffef-
(kk)
Titre des fie fs, art. 1 1 .
(//) Ibid. art. 14 .
( mm ) Même lit. 6. art. n .
D i
�it
fion pendant trente a n s, ne puifle pas lui acquérir une
propriété que le premier moment ne lui auroit par donné.
Il en réfultera bien que leSeigneur bordelier, ne pourroi t pas
dans ce cas fe prévaloir de la commife légale : mais il n’en
réfultera nullement qu’il ne lui ioit pas permis d ’argu
menter de la prefcription.
L ’Efprit de la Coutume n’eft pas fans contredit, de
donner plus de faveur au détempteur à bordelage qu’au
tenancier à titre de cen s; tout au contraire, elle donne
au tenancier à cens tous les avantages de la propriété ,
tandis qu’elle ne laide au détempteur bordelier qu’une
propriété très-imparfaite & toujours chancellante, quiseteint dans une multitude de cas où celle du cenfitairc
ne reçoit point d’atteinte.
Cependant cette même Coutume admet bien diflertement la prefeription en faveur du Seigneur cenfier, lors
même qu’il s’eft emparé d’autorité privée de l’héritrge
qui releve de fa Direfte ('mm) ; à plus forte raifon doit-on
l’admettre fous fon empireen faveurduSeigneurbordelier,
q u i, étant rentré en poiTeflïon , a joui plus de trente ans;
punque la réunion de l’héritage bordelier au Domaine du
Seigneur eft incomparablement plus favorable que celle
de l’héritage chargé d’un cens fimple.
En un m o t, l’héritage bordelier n’eft point imprefcriptible de fa nature; la corelation qui eft entre le Sei
gneur & le tenancier n’eft pas un obftacle à la preferip( mm) L e Seigneur cenfier peut retourner aux héritages mou
vants de fa cenfive par faute de tenancier , & d’icettx lever &
appliquer à fon profit fans rembourfement les fruits, profits &
ém oluments, juiqu’à ce qu'il foit paye de fon cens & arrérages
d ’icelui; & fi dedans trente ans, celui qui tenoit par avant lefdits
héritages à cens v ie n t, & qu’il demande lefdits héritages tenus de
c e n s ; ledit Seigneur cenfier fera tenu de les lui remettre & déli
v r e r , s’ il a été fatisfait & paye defdits arrérages par la réception
des fruits , ou finon après qu’il fera fatisfait defdits a rrérag es, &
les trente ans p.iiiés, lefdits héritages demeurent incommutablement
audit Seigneur cenfier, qui les pourra bailler ou afeenfer à qui il lui
plaira , fans plus être tenu de les remettre ou bailler à celui qui
les tenoit à cens de lui p a ra van t, s ’il ne lui plaît. Art. n , tit. 5.
�29
tion, puifqu’elle eft la même à l’égard du détempteur à cens,
contre lequel la Coutume l’admet textuellement ; enfin,
la mife en poileffion du Seigneur d’autorité privée , n’em
pêche pas qu’il ne jouiffe pour l u i , animo D om inii : par
conféquent il n ’y a d’obftacle à la prefcription, ni du
côté de la ch o fe, ni du côté des perfonnes, ni du côté
de la poffesfion', pourquoi n ’auroit-elle donc pas lieu ? (nri)
Concluons donc que les Prieurs de Saint Revérien ont
pu prefcrire fur les Gillet les héritages que ceux-ci tenoient d’eux en bordelage, quoiqu’ils n’aient pas obtenu
d’Ordonnance de Juftice pour fc’en emparer.
Il ne refte plus qu’à examiner fi leur poiTeiïion a été
«ffez longue, pour que la prefcription foit acccomplié.
A R T I C L E
T R O I S I E M E .
Trente années de pofleffion font le terme prefcrit par
la Coutume de Nivernois pour la prefcription. Les
Prieurs de Saint Reverien en avo ien t72 lors de la de
mande de Robin. Voilà le temps de la prefcription plus
que doublement accompli,
Robin abrège le temps de la pofleffion des Prieurs de
Saint Reverien , & le réduit à 40 ans avant la demande ;
il ajoute que pendant ces 40 années , le cours de la
prefcription a été prefque toujours fufpendu par des
minorités, Sz qu’il n’y en a que 14 d*utiles. Il y a ici
luppofition & équivoque.
i° . Rappelions-nous & ne perdons,pas de vue que Si
mon G illet, propriétaire en 1676 des biens contemieus,
laiflfa 4 enfants t fes héritiers par portions égales.
C ’eft un principe trivial que le. privilège du mineur ne'
profite pas au majeur en chofe commune entr’c ü x , mais
{nn) On ne répond rien à tout ce que dit Robin fur les forma
lités que doit obferyer le Seigneur Juilicier avant de fe mettre en
poiTeffion des biens vacants. Toutes les citations qu’il fait à ce
fnjet font trop évidemment étrangères à la queftion de prefcription
dont il i’agit ic i , pour psrdre fon temps à y répondre.
�n
divifible , & que la prefcription court contre le majeur
pour fa portion dans !a chofe indivife, quoiqu’elle foit
fufpendue pour la portion du mineur.
De ce principe naît la conféquence que la prefcription
ne peut avoir été fufpendue pendant la jouiffance des
Prieurs de Saint Reverien qu’en faveur des branches
des Defcendants de Simon Gillet, dans lesquelles il s’eft
trouvé des minorités & pour leur portion feulement, par
ce qu’il ne s’agit point d’un droit indivifible.
Dans le fait Robin ne prétend pas qu’il y ait eu des
minorités dans la branche de Leonarde Gillet , dans
celle de François Gillet, dans celle de Nicolas G illet,
trois des enfants de Simon Gillet ; par conféquent la pref
cription n’a jamais été fufpendue pendant un feul inftant
pour les trois quarts des biens de Chevannes qui leurs
auroient appartenu. D ’après cela , à fuppofer que les
Prieurs de Saint Reverien n’euffent que 40 ans de poffeffion , il ne leur en faudroit pas davantage au moins pour
fe maintenir dans la propriété de ces trois quarts, & il
ne refteroit d’efpérances à Robin que fur le quatrième
quart.
20. Mais fes prétentions ne font pas mieux fondées fur
ce dernier quart que fur les trois autres. En effet, Robin
en voulant réduire la durée de la poffeffion des Prieurs de
SaintReverien à 40 ans, combat le témoignage desenquêtes.
Parmi les témoins qui ont été entendus, plufieurs font
âgés de 60 & 70 ans, & il n’en eft pas un qui ait vu
commencer la poffeffion des Prieurs de Saint Reverien ,
ce qui prouve qu’elle remonte à la fin du dernier fiecle.
Il combat de même le témoignage de l’acte d’abandon
de 1699, qui fixe à cette même année l’époque où la poffeffion des Prieurs de Saint Reverien à commencé.
Enfin il tombe en contradiftion avec lui-même, puis
qu'il s’eft conftamment attaché dans fon Mémoire à foutenir que la poffeffion des Prieurs de Saint Reverien étoit
vicieufe , parce qu’elle avoit l’abandon de 1699 pour
principe , fyftême dans lequel il fuppofe néceffairement
cette poffeflion auffi ancienne que l’abandon..
/
�N'eft-il pas démontré après cela que la poff effion des
Prieurs de Saint R everien , commencée en 1699 , étoit de
72 ans , à l’époque de la demande formée à la fin de 1 7 7 0 ,
au lieu de 40 ans, à quoi Robin voudroit la réduire? Ce
premier point démontré , il n’y a plus de reffources pour
Robin dans les minorités de fes auteurs ; 14 années utiles
pour la prefcription , de fon propre aveu , à compter depuis
1 7 2 2 (00) jointes à 23 années qui étoient alors échues à par
tir de 1699, donneront 37 années complettes , & il n’en faut
que trente pour la prescription.
Tout fe réunit donc pour écarter la tentative de R o
bin , & la Cour ne pourra qu’ applaudir à la fageffe de
la Sentence dont eft appel, qui l’a profcrite.
Mais la Cour n’accorderoit à l’Abbé de Chéry qu’un
triomphe infructueux, fi les depens ne lui étoient adjugés
que contre Robin , qu’une insolvabilité notoire met à l’a
bri des événements.
Ce Robin n étant ici que l'inftrument paffif de l’ambi
tion du marchand de procès A lia u d , l’Abbé de Chéry
doit fe flatter que ce dernier n’échappera pas à la condam
nation folidaire qu’il a demandé contre lui. C ’eft ce mar
chand de procès qui traîne l’Abbé de C héry de Tribunal
en T ribunal, fous le nom de l’infolvable R obin ; c’eft lui
qui , en exécution d’un traité exprès, fait les avances des
frais. Il profiteroit de l’événement, s’il étoit favorable à
R o b in , puifqu’il eft affocié à toutes fes prétentions : n’eftil pas jufte que les fuites d’un événement contraire retombent auffi fur lui? ( pp)
( pp) Pages 39 & 40 du Mémoire de Robin.
(00) Quifentit commodum , débet fe ntire incommodum.
Monfieur D E S P A R G E S 3 Confeiller , Rapporteur.
M e. B E R G I E R , Avocat.
C h a u v a s s a i g n e , Procureur.
A
CL E R M O N T - F E R R A N D ,
De l ’Imprimerie de P i e r r e V I A L L A N E S , Imprimeur des Domaines
du R oi, Rue S. G enès, près l’ancien Marché au Bled. 1773.
�
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Factums Godemel
Relation
A related resource
/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
[Factum. De Chéry, Laurent. 1773]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Desfarges
Bergier
Chauvassaigne
Subject
The topic of the resource
successions en ligne directe
prescription
coutume du Nivernais
coutume du Bourbonnais
bordelage
commises
déguerpissement
notaires
confiscations
Description
An account of the resource
Titre complet : Précis en réponse pour Messire Laurent de Chéry, ecuyer, prieur-commendataire du prieuré de Saint Reverien, et en cette qualité seigneur de Chavannes fous Montaron, intimé. Contre Jean Robin, cloutrier, de la ville de la Charité-fur-Loire. Et encore contre le sieur Aliaud, marchand de la ville d'Orléans, appellants de sentence du bailliage de Saint-Pierre-le-Moutier.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
De l'imprimerie de Pierre Viallanes (Clermont-Ferrand)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1773
1676-1773
1661-1715 : Règne de Louis XIV
1716-1774 : Règne de Louis XV
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
31 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G0602
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G0601
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/6/53011/BCU_Factums_G0602.jpg
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Saint Revérien (prieuré de)
Saint-Revérien (58266)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
bordelage
commises
confiscations
coutume du Bourbonnais
coutume du Nivernais
Déguerpissement
notaires
prescription
successions en ligne directe
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/6/53013/BCU_Factums_G0604.pdf
81b54b208a368e265ba939a8e7888f9c
PDF Text
Text
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MÉMOIRE
S I G N I F I É
P O U R les Sieurs R o b ert & Blaize F a u g e r e s ,
J e a n , Am broize & Pierre F a u g e r e s ,
Demandeurs ; & Antoine F a u g e r e s , tant
en fon n o m , qu’en qualité de mari de Françoife F a u g e r e s & de tuteur de Barthélém y
& de M arie A u r i l l o n , & ladite Françoife
F a u g e r e s , Intervenans.
4
C
O
N
T
R
)
E
,
M re. Gabriel D E SM O R E LS D E L A C H A P E L L E
E c u y e r , Sieur de la Colombe ; D lle . Benoîte
D e s m o r e l s , & M e. Pierre R o u x , Prêtre
& Curé de la Chapelle-f ur-Uffo n , leur curateur,
Défendeurs
ES fieurs Faugeres réclament le patrimoine de leurs ancêtres
dont les fieur & D lle. Defmorels font en poff effion : on le u r
oppofe un déguerpiffement & la prefcription ; ils efperent de
A
L
�//4
^ A
1
prouver que le déguerpiffement n’eil qu’ une chimere , & que
leur afiion eft entiere ; mais pour l’intelligence de leurs moyens ,
il eft indiipenfable de commencer par rendre compte-des titres
& des faits. '
‘
F
A. I
T S.
Par contrat du 10 Juillet 1686. le iieur Jean Monnet délaifla
à titre- de-r^pte foncière à Robert ¿c Jean Fdugeres , pere &
fils , auteurs des D em andeurs, un Domaine appelle de Perier ,
moyennant la., rente annuelle de 160 1. Le fieur Monnet avoit
acquis ce Domaine de Jean de la Colombe , Sieur de la G uillom ie,
par contrat du 14 Mars 1679 . moyemiant 2600 1. il le délaifle
aux preneurs, à ren te, tel qu’il lui avoit été vendu par le Sieur
de la Colombe ; & il ftipule qu’au cas d'éviction des héritages,
il fera tenu pour domrnages-intéréts de leur valeur, à dire, d'E xperts,
dont Us Parties-feront tenues de convenir fa n s frais.
Les preneurs’ à rente furent troublés dans la poiTeiîîon du D o ïhaînede Perier par fieur Jean Deimorels de la Colombe ; il forma
une demandé hypothécaire contre P ie r r e , A ntoine, Annet &c
V ital Faugeres par exploit du 1 4 A vril 17 0 2 . ceux-ci dénoncè
rent la demande hypothécaire le 24 Mai ifuivant , à Gilberte
B érard -,-vôilve’ dii fieur Gilbert M onnet, rtitrice de fes ¿nfans.
La Sentente qui intervint le 16 Juin \ n i x . déclara le D o* xnaine de Perier provenu de Jean de la C olom b e, affefté & h y
pothéqué au iieur Defmorels pour le paiement des différentes
fommes portées par une Sentence du premier A vril 16 70 . les
Faugeres furent condamnés à lui rendre compte des jouiffances
qu’il^ avo ien t perçues dans le Domaine de Perier depuis la de
mande & aux dépens ; la demande en recours ,& dénonciation
qji’ilà avôidnt formée contre la veu ve Monnet fut disjointe.
Les iieurs Faugeres ôc, le fieur, Monnet. Delonga , fils du bail
leur â renïe J interjetèrent appel de cette Sentence au Parlement,
c i* i l intervînt’ "daux Arrêts.
Par le premier 'f du 2 7 Août 1 7 1 1 . il. eft ,dif que ,fd n s avoir
t£a)<fd la demande du fieur- Defmdrels , a' ce que les Faugeres fufjent
déclarés non-recevables en leur appel de la Sentence dit ) & Juin 1 7 1 1 .
avant faire droit fu r les appellations , tant des Faugeres que du fieur
Monnet Dthngat.y, comme prenant, le fa it & cauje ;-,xnJtmble fur la
dtmdnftt du fiîeur Mpnnet Zfelongae, portée par requête du /3 Juillet
i tth'jX\.gifeUc concerne Jean JDefmorels tn fa n nom , & fu r U,
�furptus de la demande de Jean Defmorets du ti M aittyxx. que les
Parties conttjleront plus amplement, & que le Jieur Defmorels rap
portera des pieces juftificatives de fes créances, & cependant fans
•préjudice du droit des Faugeres , Monnet Delongat & Jean Defmorels,
ayant aucunement égard à la Requête du Jieur Monnet ¡Delongat. . . .
quil rentrera en pofjejjion du Domaine de Pcrier. . . . vendu par
Jean de la Colombe à Jean Monnet par contrat du 14. Mars 167g*
& que le Jieur Defmorels fe-a contraint à en laifjer la pofftffion au
Jieur Monnei,
Le fécond Arrêt du 2.4 Juillet 1 7 1 4 . qui eft définitif, porte
que ffaifant droit fu r les appellations interloquées par t Arrêt du i g
Août i j x 2. en tant que touche les appellations, tant de Pierre , Vital
& Jean Faugeres de la Sentence du 1 6 Ju in Iji2> exécutoires
des dépens & Jaifies faites en conjéquence , que du Jieur Monnet D e
longat en fon nom & comme prenant le fa it & ,caufe des Fan gens
des mêmes Sentences ; exécutoires de ce qui a .fuivi. La Cour a mis
les appellations & ce dont ejl appel au néant, émendant ayant aucunement égard aux demaudes de Monnet Delongat , portées par
Requête des 1 7 Ju in 172.0. 13 Juillet /72a. i J M ai , 2 & iç) Juillet
1724. déboute Defmorels de fes demandes . . . . fa it pleine & entier t
main-levée aux Faugerts des faifies & exécutions fur eux faites fi
la requête de Jean Dtj'morels & des faifies & arrêts , f i aucunes ont été
faites entre les mains des débiteurs des Faugeres, à la requête de Jean
Defmorels , & maintient & garde Monnet Delongat dans la propriété,
pofjeffion & jouiffance du Domaine de Perier\ condamne Jean D ef
morels à lui rendre & reflituer les fruits & revenus de tout ,les héri
tages compris en demande en déclaration d'hypothèque du z € Avr\l
1702. depuis le 23 Ju in i j n . quiLs’en étoit mis en.pojjejjlon > ju fqu'au 22 Septembre 1722. que le fieur Monnet Delongat y avoit.été
réintégré en vertu d’ Arrêt du 20 Août lyxx. fur le \furplus des de
mandes refpeclives de Jean Defmorels , des Faugeres & de Monnet
Delongat, relatives aux appellations & dépendances de la demande ,tft
déclaration d’hypothéqué defd.. faifies & exécutions , met les Partes
hors de Cour & de procès ; condamne Jean Defmorels ,j>ouri(ous dom
mages - intérêts en tous les dépens envers les Faugeres fr Monnei
Delongat . . . . le condamne aux dépens faits par Monnet Delongat
Contre les Faugitts , ù à Cacquitter des .dépens auxquels i l fjl^ con
damnes envers eux : les autres difpoiitions de 1 Arrêt paroiileat
inutiles , quant à préfent.
'
Dans l’intervalle de la Sentence d e l y t ^ i à l’ Arrêt de ,-1,7x4..'
il fin pafle deux traités -entre le iieur.Jean MonnÇtjDelongait
6c les Faugeres ; par le premier du 9 Juin 1 7 1 6 . le fieur Delongat
A 2
�promet de .pafler contrat de vente ou rente rachetable au profit
de Robert F au geres, faifant, tant pour lui que pour Blaize &
Jean Faugeres , du Domaine de Ferier , tel qu’il étoit déclaré
par le contrat de vente de 1688. moyennant le même p r ix ,
payable aux termes qui feront convenus : le traité porte que le
contrat fera pafle auili-tôt après le mois de Septembre fuivant ;
le iieur Delongat reconnut avoir reçu 300 1. à compte , &c en
cas que le procès pendant au Parlement pour raifon de ce D o
maine ne fa it entièrement décide, eft-il dit dans ce délai , le fieur
Delongat promet de remettre aux Faugeres la Comme de 300 1.
à N oël, avec intérêts : il reçu fur le prix convenu 40 1. Sc plus
le 13 Septembre 1 7 1 6 & 10 0 1. le 8 Décembre 1 7 1 7 .
La réintégrande portée par l’ Arrêt de 17 2 2 . étant arrivée, cet
événement donna lieu à un nouvel atte du 29 Septembre iu ivan t,
par lequel le fieur Delongat déclara q u e , comme la poiTeflion du
Dom aine ¡de Perier , dans laquelle il avoir été renvoyée par
Arrêt du 19 Août dernier , n’étoit que provifoire , il confentoit
que Pierre Faugeres rentrât dans la poiTeflion de ce Domaine
fous les mêmes conditions qu’ il en jouiiToit auparavant, c’eità-dire , qu’il n’en jouiroit qu’autant que le fieur Delongat auroit
lui-même droit d’en jouir.
Malgré la réintégrande ordonnée par le premier Arrêt ; malgré
l ’ Arrêt définitif de 1 7 2 4 . le fieur Defmorels continua de fe maintenir
en poiTeflion , il fit néanmoins fignifier au [fieur D elo n gat, par un
afte du 28 Septembre 1 7 2 1 . qu’il confentoit à l’exécution pro
vifoire de l’ Arrêt du 29 Août précédent, & que le fieur Delongat
ie mit en pofl'eifion de certains héritages qu’il fpécifia ; il prétendit
que fes offres étoient relatives à ce qui étoit exprime dans la
vente faite au fieur Monnet le 1 4 Mars 16 79 . & il protefta de
fe maintenir en poiTeflion des héritages énoncés dans une Requête
qu’ il dattoit du 4 Juillet 1722. attendu, difoit-il, que ces héri
tages ne faifoient pas partie du contrat de vente de 1679 . & que
l’ Arrêt ne réintégroir le fieur Monner que dans la poiTeflion de
ceux qui y étoient compris ; le lendemain le fieur Monnet prit
poiTeflion devant N otaires, en préfence du fieur Defmorels qui
réitéra les mêmes confentemens. M ais, dans le fa it , il ie main
tint en poiTeflion réelle de tout le D om ain e, fans exception ni
réferve.
Ce qui favorifa cette ufurpaiion, ce fut vraifemblablement le
décès du Sieur D elon gat, & la minorité de fes enfans : en 17 4 1.
Françoiie M on net, petite fille du fieur D e lo n g a t, & femme de
�.Jacques de Lafaye des Paüfiards, fit aiîîgner . les fieurs Defmorels
fils pour vo ir déclarer exécutoire contre e u x l’ Arrêt de 1 7 1 4 . &
être condamnés à la reftitution des jouiffances pour les années^déclarées en cet A rrê t, & pour celles qui etoient échues depuis
juiqu’ au jour &c au paiement des dégradations ; e,lle obtint deux
Arrêts conformes par défaut les 3; Juin 1 7 4 1 . & 7 Mai 17 4 2 . mais'leS
fieurs Defmorels y formèrent oppofition : cette nouvelle' inftance
donna lieu à une tranfaâion fort importante paflee le 19
Août 174 2. entre la Dame de Lafaye & Jean-Baptftlc D efm orels:
les Parties y rappellent tous les faits dont on vient de p a rle r,
le contrat de vente du fi^ur de la Colombe au fieur Monnet ,
moyennant 2600 1. du 14 Mai 1679. le bail emphytéotique dû fieiir
Monnet à Robert & Jean Faugeres moyennant 160 1. du la Juillet
1688. la Sentence du 16 Juillet 1712 . qui adjuge l’hypotheque ali
fieur D efm orels, & qui fut fuivie de la dépofleilion des Faugeres ;
un Arrêt de défenfes obtenu par le fieur D elon gat, qui avoit
pris le fait 6c caufe des Faugeres ; celui de 1 7 2 1 . qui avoit réin
tégré le fieur Delongat ; l’ Arrêt définitif de 1724. la demande de la
Dame de Lafaye en reftitution de jouiffances depuis 1712. jufqu’au
jour , & les derniers Arrêts de 1741. & de 174 2. il tut convenu que
le fieur de Lafaye fubrogeroit le iieur Defmorelsau contrat de vente
& bail emphytéotique de 1679. & de 16^*8. aux Arrêts de 1722. &
de 1724. & aux arréragés |de rente ou reftitution de fruits depuis
17 12 . jujqu'à préfent, & aux fr a is , le tout fans aucune garantie ,
moyennant 6000 1.
Les Parties ajoutèrent néanmoins qu’en cas que , par quelqu’ événement imprévu , le fieur Defmorels fouffrît une éviâio n dans
la rente emphytéotique le fieur de Lafaye garantiffoit la fomme
de 6000 1. Le (leur Defmorels prend fur fon compte toutes les de
mandes garanties & évictions que pourroient former contre la Dame
de Lafaye les héritiers de Robert & Jean Faugeres , & communs en vertu
du bail emphytéotique du 1 8 Juillet rô'88. & des Arrêts ci-dejfus datés,
tant pour reflitution de fruits & jouiffances , que pour dépens , dommages-interets.. . . fa u f au fieur Defmorels à faire valoir comme bon lui
femblera à fes périls, rifques & fortunes le déguerpiffement que lefdits
Faugeres avoient fa it fignifier ( à Blaife Celin, Sieur du R od el, G il
bert e Berard fon époufe & Jean Monnet Delongat de la propriété du
Domaine de Perier à cux emphytéojé) par acte du 28 Juillet <7/2;. dont
il a ¿te fa it extrait & collation fu r t original repréfentè par F un des
Faugeres le i J Novembre t j i x .
Par cet afte du 16 Juillet 17 12 . dont il reite à rendre com pte,
�. 6
P ie r r e , A n to in e; À nn it & V ital Fau geres, enfans & héritiers
de R o b ert’Faugeres, déclarent au fxeur Delongat & à la D lle.
Tîerard que c’ëft trop tard que le fieur Delongat leur a fait ligni
fier l’Arrêt du Parlement du 4 Ju ille t, portant défenfes d’executer la Sentence, & qui enjoignoit aux Faugeres df fe tenir dans lu
poffefjîon du Domaine de Ptrier, attendu, qu’en exécution de la
Sentence, ils aVoient été dépoffédés par le iieur Defmorels , fui'vant un procès-verbal du 23 Ju in , & qu’il faifoit ameubler les
'fruits ; qu’ en conféquence le contrat de rente fe trouvoit inter
rompu , dés qu’ils ne pouvoient jouir paifiblement du Domaine ;
qu’ils confentoient que ce contrat demeurât nul & comme non
fait & av en u , fa n s préjudice des dépens, dommages-interêts à eux
adjugés contre les Jïeurs & D lle. Delongat & Bcrard, par Sentence.,
& attendu qu’ils avoient payé exaâem ent les rentes jufques & com
pris I 7II . & qu’ ils n’entendoient plus jouir du D om aine, comme
s’en trouvant dépofjédés ; ils le déguerpiiïent 8c abandonnent , fa n s
préjudice , comme dit e jl, à leurs dépens , dommages & intérêts dont
ils fe réfervent à pourfuivre la liquidation & le paiement. Ils firent
fignifier ce déguerpiflement au fieur Defmorels par un aiie du
Il Août 1712 . que les Défendeurs rapportent en original.
La tranfaôion de 1742. ayant rétabli toutes chofes dans leur
état naturel , il ne reftoit plus aux fieurs Faugeres que de fe re
mettre dans la pofleffion de leurs biens , en le faifant payer des
jouiflances depuis 171a. & des dégradations ; mais il eft lurvenu
un obftaçle : les fieurs Delongat &C Faugeres agiïToient de coticert au Parlement ; après l ’Arret. définitif de 172^. ilsfirent venir
toutes leurs pieces de P aris, & il convinrent de les dépofer en
tre les mains du fieur G enuit, Notaire à Saint-Germain-Lambron ;
mais elles ont été enlevées de fes mains ; les fieurs Faugeres ont
rendu plainte de cet enlevement ; ils ignorent le fecret de« infor
mations , mais ils voient avec furprife que les Défendeurs ont
produit l’original même de la fignification du 11 Avril 1712. du
déguerpiflement du 28 Juillet précédent
iin'c copie çollationnée pour Pierre Faugeres fur fa repréfentation cly 15 N ovem
bre 17 ix. de.ee déguerpiflement.
'
Les Faugeres ainft privés de tout ce qui pouvoit fervir à leur
défenfe ont été. retardés dans leu r. marche - il al'fall^
pro*
curâffent une fécondé expédition de la.'Sen'içijcc ,du i(> lu in 'l^ lz .
& de l’ A rrê t'd u -i^ Juillet 17 14 . heiireiifément les â^eçVfoXis fi^na“turc privée de
n’a,voient pjis'ére’ ila^j5,lé|,ças.d'iêtre
'produits ili auroicht1 bi ‘le 'fort '(1 e ‘toïiïés"les autres pieces' des
fieurs Faugeres ; pendant leurs recherches, les fleurs Faugeres
�ont comme été forcés de laiffer tomber en péremption une premiere demande en défiftement du Domaine de Perier,Mais ils" en ont formée une nouvelle'par R equêter'^u>1 7 Juillet
I770 . ôc ils ont conclut à la reftitution des jouiflances depuis &c
compris I712. des dégradations &c d'es-intérÊtstlepui$il0sdenirarçdps.
M
O
Y
E
''N - 'S .
Le détail d an s-lequel on eft entré, dps faits- & des titres p ro
duits par les deux Parties , fait preffentir les moyens fur içfquels
les: fieurs Faugeres fondent leur prétention ;,ils font^propriétaireg
du Dom aine de P erier, en vertu du bail â rente de ï6 8 $. leur
poiTeffion a effuyé des troubles ; leur droit a fouffert des nuages
mais les Arrêts de 172 2 . & 1 7 14 . ont rétabli le calme & affermi^
leur propriété ; les a£les de 1716. 8c de 17 1 2 . les ont fortifié en
core ; par l’ u n , le fieur Delongat promçt de paiTer^un contrat,
de rente rachetable du Domaine de Perier aux mêmes.claufes 8ç
conditions de la rente foncière il reçoit une partiç du^ pr*x à.
compte ; on continue de lui faire des paiemens en 1716, & en 1.717.'
Par le fécond, il conient que Pierre Faugeres rentre en poiTeffion»
du Domaine qui venoit de lui être adjugé provisoirem ent, 8e
qu’il en jouifle comme il faifoit au paravant; enfin , la tranfaûion
p.affée en 1742. entre le fiçur de L a fa y e , héritier du fieur D elon
g at, & le fieur Defm orels de la Chapelle confirme encore le
droit des fieurs Faugeres : le fieur Defmorels y eft fu^rogé au
bail à rente de 1688. il devient donc Amplement Propriétaire
de la rente de 160 1. 8c non Propriétaire du' Domaine qui la
doit. Le droit du Propriétaire util eft reconnu de nouveau , & le
titre même du fieur Defmorels devient le titre des fieurs Faugeres;
leur propriété ne peut dode être, établie d’une manière plus
folide.
Mais les Défendeurs font trois obje&ions qu’ il eft néceflaire de
réfoudré ; ils prétendent , 1 ° . tjue l’attion des fieurs'Faugeres eft
rreferite.
: 2,'°* Que les Arrêts de 1 7 2 1 . 8c de 1 7 14 . attribuent un droit exclulif au fieur D elon gat, en conféquence du prétendu dpgnerpiffem en t, & dépouillent les fieurs Faugerçs.
■
3°» Que la tranfaftion de 1 7 4 1. a transféré au fieur Defmorels
la propriété abfolue du Domaine de P e rie r, 8c non pas feulement
une rente emphytéotique fur ce Domaine.
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Répçnfç, à la premiere Objection.
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-lia prefcription que les Défendeurs oppofent s’écarte de trois
maniérés.
Premièrement , le fieur de la Chapelle ; malgré les Arrêts de
1722. & 17 14 . s’étoit toujours maintenu dans la poflefllon du
Domaine de Perier : le fieur de Lafaye a été obligé d’obtenir
deux Arrêts en 1741. & 1 7 4 1 . pour l’évincer ; pendant ce
temps la prefcription n’ a pu courir contre les lieurs Faugeres.
Le fieur de Lafaye n’a pas preferit contre e u x , puifqu’ il ne
.joniiToit p a s ,’& le fieur de la Chapelle n’ a pas preferit non plus,
puilque fa pofleifion a été interrompue par les Arrêts de 1741. Sc
de 1742.
L ei fieurs Faugeres avoient les mains liées , tant que les hé
ritiers du fieur Delongat ne dépofledoient pas le fieur de la
C h a p e l l e , le dernier écrit paflé entr’eux le 29 Septembre 17 2 2 .
portoit que Pierre Faugeres 11e jouiroit du Domaine, quautant que
le (leur Delongat auroit droit d ’en jouir lui-même : falloit donc que
le fieur Faugeres attendit que le fieur Delongat forçât le fieur de
la Chapelle dans fes derniers retranchemens pour pouvoir fe
remettre en poffeffion du Domaine de Perier.
Ainfi lorfque le fieur Delongat a obtenu les Arrêts de 1 7 4 1 . Sz
de 1742* qui ont ordonné l'exécution de ceux de 17 2 2 . & de
17 2 4 . il l’a fait pour les fieurs Faugeres ; il a agi pour procurer
aux écrits de 1 7 1 6 . & de 17 2 2 . leur exécution, comme garant
à tous égards des fieurs Faugeres : il avoit promis de les faire
jouir dès qu’ il pourroit parvenir à jouir lui-même , en obtenant
les deux derniers Arrêts ; c’ eft précifément la même chofe , que
fi les fieurs Faugeres les euflent obtenus eux-mêmes ; or , ils ont
demandé le défiftement avant les 30 ans de la date des Arrêts
de 17 4 1- & de 1742.
Les Défendenrs ne peuvent pas joindre leur poiïe/îîon à celle
du fieur Delongat, le fieur Delongat n’en a jamais eu depuis 1683.
ils ne peuvent pas dire non plus qu’ ils ont preferit de leur chef :
leur pofleifion, continuée malgré l’Arrêt de 172 4 . a été inter
rompue par ceu ^d e 1 7 4 t . & de 1742. ils ne peuvent donc op-rï
pofer qu’une poiîeifion poftérieure à l’ Arrêt de 17 4 2 . mais les
fieurs Faugeres ont agi dans les 30 ans de cet Arrêt.
Secondem ent, la tranfadion paffée en 17 4 2 . entre le fieur de ■
Lafaye
�L afaye & le fieur Defm orels exclut promptement elle-même le
moyen de prefcription.
11
y eft dit que le fieur Delongat avoit pris le fa it & caufe des
Faugeres <S* obtenu Arrêt dt dèfenjes , & le fieur Delong3t agiiToit
comme garant formel des Faugeres ; il procédoit pour eux , par
conféquent tant que cette procédure a fubfifte , il eft impoffiblc
que les Sieurs de la Chapelle puiflent leur oppofer la prefcrip
tion ; c’ eft la même choie que s’ ils prétendoient avoir preferit
contre le fieur Delongat lui-même pendant les diligences qu’il faifoit contre eux au Parlement ; o r , le fieur Delongat a poiirfuivi
jufqu’à la tranfadion de 1 7 4 1 . il venoit d’obtenir la même année
un Arrêt qui ordonnoit l’ exécution de celui de 1724* Il n’ eft donc
pas poiîible de faire remonter le principe de la prefcription audelà de 174 2 .
D 'ailleu rs, la tranfaftion porte que le fieur de Lafaye fubroge
le fieur Defmorels de la Chapelle , à l' effet. . . du bail emphy
téotique du 10 Juillet 1G88. . . . enjemble pour les arrérages de rentt
ou rejîitution de fruits qu'il pourrait prétendre depuis & compris iy i 2.
jufqit’à préfent. Plus bas il eft dit que fi le fieur Defmorels fouffre
éviction dans la rente emphytéotique , à laquelle il efl fubroge ci-deffus ,
il aura la garantie dont on convient : il eft évident que le lieur
Defmorels n’a pu acquérir le contrat de rente de 1688. & les
arrérages , &c s’ y faire fu b ro ger, fans reconnoître l’exiftence
aÉhielle de ce bail à rente ; il i’eroit contradi&oire d’acquérir une
r e n te , & de prétendre qu’elle ne fubfifte pas ; le fieur de la
Chapelle a donc reconnu en 174 2 . que l’a&ion des fieurs Faugeres
étoit entière, & ils ne l’ont pas laifle preferire depuis ; leur derniere
demande eft de 177 0 .
On oppofe que la tranfa&ion de 17 4 2 . eft relativement aux
Faugeres rts inter alios acla, qu’ elle doit être confidérée du même
oeil qu’ un tranfport de droits fucceffifs qui n’interrompt pas la
prefcription des créanciers de la fucceffion ; que cet aile n’ auroit pu interrompre la prefcription contre les Fau geres, s’ ils
avoient été en pofleifion, qu’il ne peut donc l’interrompre pour
eux , s’ ils ne jouiffoient pas.
^ Ces objeâions font peu folides : le traité de i 7 4 z*
Vérité,
n eft point pailé avec les Faugeres ; mais , d’un côté , il eft paiïe
avec leur garant formel ; d’ un autre cô té , il prouve que leur
droit a été reconnu comme exiftant & non preferit ; un tranf.
port de droits fucceififs ne relcve pas fans doute en.général la pre£
cription en faveur de tous les créanciers de la fucceiîion cédée ;
mais fi la ceilion eft faite à la charge de payer la créance de tel
B
�10
& tel ; croit-on que cette claufe ' n’ interromproit pas la prefcription en faveur des créanciers indiqués, quoiqu’ils ne fuiTent
pas parties dans le tranfport des droits fucceffifs ? & de même
ici le fieur Defmorels ayant éré fubrogé au bail à rente des Faugeres , Si aux arrérages qui en étoient dus jufqu’ au jour , il n’a
pas été befoin qu’ils fullent préfens pour être en état d’oppofer
que leur droit a été reconnu comme ayant toute fon aû ivité en
1 7 4 1 . & par conféquent qu’ il faut effacer toute prefcription an
térieure ; il n’y a point de réciprocité entre la partie à la
quelle on prétend oppofer la prefcription & celle qui veut
en faire ufage : on renonce à la prefcription e n l’abfence du créan
cier en reconnoiflant fa créance ; mais on n’interrompt pas la
bonne foi du débiteur qui preferit en fuppofant, dans un a&c
où il n’ eft pas partie , qu’ on eft fon créancier &: que l’aûion eil
entiere.
En troifieme lieu , l’ écrit du 29 Septembre 17 2 2 . écarte encore
toute prefcription ; le fieur Delongat y reconnoît les droits des
fieurs Fangcres ; il confent, qu’en vertu de l’ Arrêt provisoire ,
Pierre Faugeres rentre dans la poiTeflîon du Domaine de Perier ;
mais il ilipule que Faugeres n’en jouira qu’autant qu’il aura le
droit d’ en jouir lui-même : dès - lors les fieqrs Faugeres n’ont eu
d’aftion ouverte pour rentrer dans la poiTeflîon du Domaine que
du jour que le fieur de Lafaye parviendroit définitivement à en
évincer le fieur de la Chapelle. C et événement a été le fruit des
Arrêts de 17 4 1. & de 17 4 2 . & de la tranfaftion de la même année :
la prefcription n’ a donc pas commencé plutôt à courir.
D ’ailleurs il eft c la ir, d’après l’écrit de 17 2 2 . que le fieur D e
lo n g a t, en pourfuivant toujours l’exécution de PArrêt de 17 2 2 .
& d e celui de 1 7 1 4 . n’ agiffoit que pour les fieurs Faugeres ; que le
fruit de tout ce qu’ il feroit ne pourroit profiter qu’à eux , en
qualité de leur garant ; il étnit leur m andataire, leur Procureur
conilitué ; il n’ eit donc pas propofable que la prefcription ait pu
courir contre eux avant 17 4 1.
Les Défendeurs déclarent eux-mêmes qu’ /Vj «’ontjamais entendu
oppofer la prefcription de leur chef, qu'ils ne foppofent que du chef
des héritiers Monnet ; mais le fieur Monnet n’avoit jamais joui
du Dom aine de Perrier depuis 1688. &c dans l’intervalle des
Arrfc'ts de 1 7 2 1 . & l 7 1 4 • ^ la tranfa&ion de 17 4 2 . Comment
peut-on oppofer la prefcription d’un Domaine du ch ef de celui
qui n’ en a jamais joui? M ais, dit-on , s’il n’ a pas jo u i, il avoit
le droit de jo u ir, & la poiTeflîon une fois acquife fe conferve par
l’intention ; il n’eit pas Cxatt de dire que le fieur Monnet av o it
�n
droit de jo u i r ; il n’avoit de droit que pour fon ren tier, & il
n’avoit jamais joui de fait ; or , il paroîtra toujours inconceva
ble qu’ on puifïe oppofer la prefcription au véritable proprié
taire en vertu de la poffeffion de fon garan t, qu’on convient
n’ en n’ avoir jamais eue ; la poffefïion une fois prife fe continue
par l’ intention ; c’ eft un principe vrai ; mais , d’un côté , le
iieur Monnet n’ avoit jamais eu la poffeffion, ni de fa it, ni d’ in
tention depuis 1688. &c de l’ autre , on ne poffede point par l’in
tention , ce qui eil occupé de fait par un autre ; enfin , fi le
iieur Delongat pofledoit d’intention , il pofledoit pour les fieurs
Faugeres , fes garantis,, conformément aux a£les de 1688. de
1 7 1 6 . & de 17 2 2 .
Les Défendeurs fe propofent de rapporter des preuves
de minorités fucceffives dans leur fam ille, depuis la Sentence
de 1 7 1 2 . jufqu’à la tranfaûion de 17 4 2 . ils ne les ont pas encore
recouvrées ; mais c’eft une reffource fuperflue, la prefcription
eft relevée de plufieurs m aniérés, & les fieurs Faugeres font
d’autant plus favorables que leiirs pièces avoient été enlevées,
qu’ on n’ a pas honte d’ en produire quelques-unes contre eux ,
& qu’ils avoient formé une premiere demande le 16 Janvier
176 6 . Il eft temps de paffer à ladifcuffion de la fécondé objeûion.
Réponfe a la fécondé Objection,
Les Défendeurs prétendent trouver dans les Arrêts de 17 2 2 .
de 17 2 4 . une exclufion même du droit des fieurs Faugeres en
faveur du lîeur Monnet Delongat.
Ce n’eftni ne peut être le fens de ces Arrêts , le fienr D elongat
lui-même a reconnu le co n traire, & les Défendeurs ne peuvent
pas exciper des prétendus droits du fieur Delongat. Développons
ces idées générales.
.
Il cil allez lingulier que les Défendeurs prétendent tirer avan
tage de deux Arrêts qui ont proferit leur prétention
qui on^
jugé que le fieur Defm orels n’avoit ni h y p o th é q u é , ni propriété
fur le Domaine de Perier ; mais ces Arrêts n’ ont décidé ni pu
decider que la propriété en appartenoit au fieur Delongat.
Les Défendeurs oppofent que c’ eft au fieur Delongat & non
aux Faugeres que la réintégrande & l ’e n v o i définitif en poffeffion
font accotdés, ôc que c’ cft à lui que le fieur Defm orels eft con
damné à rendre com pte des jouiffances depuis 1 7 1 2 . Mais le fieur
Delongat avoit dix prendre & il avoit pjis le fait & caufe des
tiz
-«W
�iU s
Vkv.
ii
F au ge re s rl’ Arrêt de 1 7 1 4 . porte en tant que touche les appellatious,
tant des Faugeres de la Sentence du /¿T Ju in i j n . . . . que du fleur
Monnet Delongat', en Jon nom & comme prenant le fait & caufe des
Faugeres des mêmes Sentence , exécutoire, &c. quand enfiiite le même
Arrêt maintient & garde Monnet Delongat dans la propriété, poffef
Jion 6' jouijfance du Domaine de Perier ; il eft évident que c’eil
en la qualité &c comme ayant pris le fa it & caufe des Faugeres.
L ’Arrêt de 17 2 2 . avoit employé les mêmes exprelfions; le fieur
Longat n’y eft même indiqué que comme prenant le fa it & caufe des
Faugeres : ce font les termes du difpofitit.
C ’ eit une réglé certaine que celui qui a un garant formel peut
fe repofer entièrement fur lui de fa défenfe : l’article 9. du titre
8. de l’Ordonnance de 16 6 7 . porte même que le garanti fera mis
hors de^caufe , 's'il lî requiert avant la conteflation • l’article liiivant
ajolite qu’il-pourra y ajpflcr pour la confervatïon ds fes droits ; Tar
d e 1 1 . veut que les Jugimens rendus contre les garans foient exécu
toires contre les garantis, 6c, par une réciprocité néceflairô, les
Jugemens rendus pour les garans font exécutoires en faveur des
garantis ; ainii le droit général,
la difpofition particulière de
¡ ’Arrêt attribuent eux fieurs Faugeres la propriété du Domaine
dans laquelle le fieur D elo n gat, leur garant, a été gardé &:
maintenu.
Mais quand le fieur Delongat auroit pu prétendre que la réintégrande & la mintenue définitive ne devroient profiter qu’à lui
& non à fes garans , il auroit renoncé à ce droit par les écrits
de 1 7 1 6 . & de 17 2 2 . c’ eil ap rèsT A rret de 172 2 . que le fieur
Delongat cônfent, par un a£te du 29 Septembre fu iv a n t, que
Pierre Faugeres rentre dans la poÿefjîon du DomaineJous les mêmes
conditions qu auparavant.
On oppofe que le fieur Delongat prit pofTeffion du Dom aine
de Perier le 29 Septembre 17 2 2 . ôc qu’il n’ y eft, point queilion
des, fieurs Faugeres ; mais c’ cft le même jour précifément que le
fieur Delongat confentit que Faugeres rentrât dans la poffeffion
de ce Domaine, Cous les mêmes conditions qu il en jouijfoit auparavant,
L ’ afté de poffeffion n’étoit donc qu’au nom & pour le profit des
Faugeres ; il prenoit poiTeffion pour eux comme leur garant form el,
& ¡1 le reconnoifloit le jou r même.
. Si l’ Arrêt provifoire , fi la prife de poiTeffion dont il a été fuivi
n’ acquieront droit qu’aux Fau geres, l’Arrêt définitif obtenu par
leur garant nt leur a pas enlevé la maintenue; la reftitution des
fruits accordée au fieur D elo n gat, n’ eft toujours-que pour le
compte des Faugeres, dont il ctoit garant fo rm el; il y eft employé
�en qualité dans le difpofisif même comme prenant le fa it & caufc
des Faugeres ; & dès qu’il avoit prit leur fait & cau fe, eft-il furprenant que ce foit lui qui foit maintenu dans la propriété du
D om aine? L ’Arrêt ne pouvoit même maintenir q u e celui qui
demandent cette maitenue comme g a ra n t, & non les Faugeres
qui fe repofoient fur leur garant ; cependant ils avoient appelle
en leur nom de la Sentence de 1712 . Si Y A rrê t, en l’infirm ant,
fait d ro it, tant fur l’appel qu’ils avoient interjeté , que fur celui
du fieur Delongat lui-même, i
Mais le point dé'cHif eft qu’ un Arrêt obtenu par un. garant
pour faire ceffcr l’évi&ion du garanti, ne peut avoir d’ autre e ffe t.
que d’ affuïcr à celui-ci Inexécution des engàgemens primitifs qui
avoient été pris entre le garant & lui.
■
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L ’ Arrêt de 1 7 14 . prononce un hors de Cour général fur toutes:
les autres demandés des' lieurs D efm orels, D elo n gat, Si Fauge
res ; mais cette diipofition ne frappe fur aucune conclùfion des
Faugeres , d’où l’on puifïe induire contre eux une exclufion de- la t
propriété du Domaine , le contraire réfulie & de ce que faifant.
droit fur leur appel oii infirme la Sentence de 1 7 1 1 ; & de ce
que le fieur Delongat avoit pris leur fait Sc caule.
, :
Les Défendeurs ôppofent l’aâfc fignifié le 18 J u i l l e t ^ i a . à l a .
requête de P ierre, A ntoine, V ital 6c Antoine Faugeres au fieur
D elon gat, & réitéré le 1 1 Août au fieur D efm orels, & on ne
doit pas oublier ¡quejc’eil l’ original d’un de ces aû esq u e les D éfen
deurs produifent ; ils feroient donc en état d’y ajouter le furplus
de la produ&ion des fieurs F a u g e r e s , qui n e fe r o it pas inutile
dàns là Caufe.
On a rendu compte déjà des-difpofitions de cet afte dont le
fieur Defmorels abufe de toute maniéré.
Premièrement , il n’étoit que conditionnel & relatif à la
pofition cm les Faugeres fe trouvoient : ils avoient été évincés par
la Sentence; ils avoient été dépoffédés de fait ; le fieur Delon
gat obtient un Arrêt de défenfes & leur fait fignifier dc f e un ir
<n pojjejjîon ; il lui répondent qu’ ayant été expulfés du D om aine,
.ch?les ne fe trouvoient plus entières ; que le contrat de rente
etoit interrompu dès qu’ ils ne pouvoient jouir paifiblcment du
Domaine , 8c qu’ils confentoient à l’in terru p tio n du bail à rente
fans préjudice de leur dommages-intérêts ; ils declarent qu’ils
n’ entendent plus jouir , comme [e tr o u v a n t dépoffédés ; ClinG leur
abandon fe rapporte à la dépotteflion de fa it, 6c il n’ a pas d’au
tre m otif ; il ceiloit par conféquent avec l’Arrêt définitif q u ia
infirmé la Sentence & rétabli les choies au premier état.
�Secondem ent, les Défendeurs n’ ont pas daigné confidérer
que les Faugeres ne faifoient fignifier cet abandon que fa n s pré
judice des dépens, dommages-intéréts , a eux adjuges contre les peur
& DUe. Delongat & Berard. Cette réferve efl répétée plufieurs fois
dans l’aûe ; or , les dommages-intéréts qui leur étoient dus ne
feroient pas moindres que la : valeur a&uelle du D o m ain e:
l’a&e de 1688. les fixe à la valeur des héritages , à dire d’ Experts ;
& comme on ne peut divifer les termes de l’abandon, il faud r o it, dans le fyftême des D éfendeurs, payer la valeur du D o
maine aux Faugeres, au lieu de la choie , ce qui reviendroit au
même.
En troifieme lieu , le fieur Delongat n’ avoit point accepté cet
abandon & il n’avoit garde d’y déférer , parce que les condi
tions lui en étoient bien moins avantageuses que fi les Faugeres
euffent confenti au contraire à fe remettre en pofleffion , confor
mément à l’ Ari êt de défenfes ; ainfi le fieur Delongat n’ayant
point fait d’ acceptation , les chofcs reftoient entieres , & les
Faugeres étoient bien libres fans doute de révoquer un prétendu,-;
délaiflement qui ne pouvoit les lier tant qu’il n’etoit pas accepté ;
on peut même inférer J e ce que l’original de cet atte fe tro u v o it,
entre les mains: du fieur D elon gat, que les Faugeres s’ en,étoient
départis.
Les Défendeurs ne peuvent combattre cette indu&ion qu’en
s’ avouant les auteurs de la fouftraûlon des pieces des Faugeres.
Ils prétendent que le fieur Delongat avoit accepté ce
déguerpiflem ent, & ils en donnent pour p re u v e , i ° . la réin
tégrante accordée au fieur Delongat par l’Arrêt d e .17 12 .
fa,
prife de pofleffion du 29 Septembre fuivant ; 3 0. leur pofTeffion
aftuelle.
La réintégrande, accordée au fieur D e lo n g a t, n’ert point une
acceptation du déguerpiffem ent, puifque l’Arrêt l’ordonne fans
préjudice du droit des Faugeres , 6c en faveur d’un garant qui
prenoit leur fait'Se caufc ; d’ ailleurs, l’écrit de 1 7 1 2 . démontre le
contraire.
;
La prife de pofleffion de 1 7 1 a . n’ a pas plus de force que l’ Arrêt
auquel elle cil re la tiv e , Sc le même jour le fieur Delongat a
reconnu qu’elle ne pouvoit tourner & avoir fon effet qu’ au profit
des Faugeres.
.
Enfin , prefenter la pofleffion des D éfendeurs, c’eû -à-d ire, une
pure ufurpation , une rébellion à quatre Arrêts., comme une ac- .
ceptation du déguerpiffement dont il s’ agit ; c’cû fc!jou er de la .
Jufiice même«1’
■ v- . . o
. . . . ‘. ;k ;Mîl * ,1
�Les Défendeurs ont prétendu que fi, après l’Arrêt de 17 2 4 . le ' ' f t â
fieur Delongat eût voulu contraindre le s ‘fieurs Faugeres à re
prendre la poffeffion du Dortiaine , il y auroit été mal fondé ,
»arce qu’ils lui anroient oppofé le délaiffement de 1 7 1 2 . & que
a Loi doit être égale ; mais ce parallele n’éclaircit pas d’avantage
la queftion.
Prem ièrem ent, lefieur Delongat ayant fait ceffer l’é vi& io n p ar
lin Arrêt définitif, auroit été bien fondé à foutenir que les Fau
geres n’ avoient plus de prétexte d’ exciper de cette éviû io n pour
demander la réfolution de la rente avec dommages-intérêts, comme
ils failoient : il faut bien remarquer en effet qu’il ne s’agit point
ici d’un déguerpiffennent que tout preneur à rente peut faire ,
s’ il n’en eft pas exclus par le contrat même , mais qui ne Pautorife pas à demander des dommages-intérêts pour la réfolution ;
il ne faut pas confondre ce véritable déguergiffement avec l’efpece d’abandon que les Faugeres ,|laffés des chicanes dufieur D efm o rels, firent fignifier en 1 7 1 1 . à leur garant ; ils ns faifoient
pas cette démarche en vertu du droit qu’a le rentier de déguer
p ir , mais comme troublés & évincés dans leur poffeflion , c’eil
pourquoi ils demandoient des dommages-intérêts ; & on ne doute
pas que le fieur Delongat , venant à faire cefler r é v is io n , pût
prévenir ce coup malgré ion retard.
Senondement, quand il feroit v rai que le fieur Delongat auroit été non-recevable à contcfter l’abandon de 1 7 1 1 . & de 17 2 4 .
comme ce n’ auroit pu être que par le retard qu’ il avoit apporté,
& qui étoit de fon fa it, il n’ en réfulteroit pas que l’ événement eût
dû être réciproque.
Enfin , c’eft une queftion oifeufe , parce que le fienr Delongat
a reconnu en 17 16 . & 17 2 2 . que l’abandon prétendu de 1 7 1 1 .
ne faifoit p a s, ou ne faifoit plus la Loi des P arties, & cela eil
prouvé d’ailleurs par les griefs cités dans l’ A rrêt, que les F aug e
res firent fignifier le 3 1 Janvier 1 7 1 2 . contre la Sentence de
1 7 1 2 . aux périls , rifques & fortunes de leur garant ; fi l’abandon
de 17 1 2 . eût fubfifté ; s’ il eût du avoir fon exécution , les Fau
geres n’ auroient pas pris fur eux de faire fignifier ces griefs ; on
voit même que le fieur Dcftiiorels les foutenoit non-recevables ,
comme s’ étant départis d’un prem ier appel : cette fin de non-recev o ir a été rejetée par P A rrêt, &c le nouvel appel étoit fon d é,
lans doute , fur la révocation du prétendu délaiffement de
17 7 1.
En quatrième lieu , cet a â e d’abandon eft pleinement effacé
par les écrit de 1 7 1 6 . ôc de îyzz. dont il a cté déjà parlé : non-
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feulement il n’a pas voulu en tirer avantage ; m ais, de p lu s, il
-leur a expreiTément confervé leurs anciens droits ; il leur en a
f a<iquis .de nouveaux : par le premier a&e , il promet de pafler
contrat de vente ou de rente rachetable aux Faugeres du D o
maine de P e rie r, moyennant le même p r ix ; il reçoit 300 1. à
com pte, & poftérieurement 140 l.'p ar le fécond, il reconnoît que
la jouiflance provifoire , dans laquelle il avoit été envoyé par
¡’Arrêt du 29 Août 1 7 2 1 . ne profite qu’aux Faugeres , &c il confent qu’ils rentrent dans la pofleifion du Domaine aux mêmes con
ditions qu’ils en jouifloient.
Les Défendeurs n’ont rien oublié pour critiquer ces deux a& es;
mais les objections qu’ ils font ne méritent aucune attention.
Ils difent que l’ écrit de 1716. équipolle à une acceptation for
melle de la part du iieur Delongat , du déguerpiiTement de 171a.
& aune reconnoiflance des Faugeres qu’ils ne prétendoient plus
.aucun droit fur le Domaine , parce que fans cela ils n’auroient
pas ftipulé une promeffe de leur vendre un bien dont ils étoient
déjà propriétaires.
C ’ell: préfenter l’écrit de 1716. fous un faux point de vue : le
contrat de rente étoit foncier & non rachetable; le iieur D elon
gat promet de pafler contrat de rente rachetable ou de ven te, ce
qui eft la même ch o fe, moyennant en principal J'emblable fomrne que
celle portée par le coüfat de rente : les Faugeres ne perdoient donc
pas leur ancien d ro it; mais ils en acquéroient un nouveau, ils
y joignoient l’avantage de fe libérer. C ’ert donc fans réflexion
qu’on dit que fi les. Faugeres avoient penfe que le bail à rente
n’eût pas été réfolu par l’afte de 1712. ils n’auroient pas itipulc
du fieur Delongat une promette de leur vendre leur propre bien ,
le bail à rente n’avoit pas été réfolu ; ils étoient propriétaires du
D om ain e, & ils ne ftipulcnt pas du.fieur D elon gat, de leur laifler
ce qui leur.appartenoit d é jà ; mais ils ftipulent qu’ ils pourront
fe libérer du capital ; droit que le bail à rente de 1688. ne leur
donnoit pas.
On oppofe avec auflî peu de fruit que les Faugeres n’auroient
pas dû fe contenter d’un terme limité pour pafler le contrat de
vente s’ils étoient propriétaires ; mais , i'?. cette limitation de
temps ne frappe toujours que fur la faculté de ie libérer du prin
cip al; le nouveau contrat ne leur acquéroit que ce droit de plus;
le contrat de bail à rente avoit fon exécution pour le furplus ^
2 ° . la limitation du temps n’étoit relative qu’ aux Faugeres euxmêmes , ù en cas, difoit l’ afte de 1716. que le difflrent, pendant au
Parlement
�.’ 7
.
Parlement pour raifon du Domaine de Perier nt fu t fu t entièrement
décidé dans le même temps ( le mois de Septem bre) lefieur Delongat
promet auxdiis Faugeres de leur rendre aux prochaines Fêtes de Noël
la fufdite fomme de 3 0 0 l. Il étoit libre aux F au geres, en ne
demandant pas la répétition des 3 00 I. de proroger le délai.
C ’eft auili ce que le fieur Delongat a reconnu, puifque par un
nouvel ade du 8 Décembre 17 17 .11a reçu 100il. toujours à compte
du principal , pour mêmes caufes , & aux conditions contenues dans
lécrit du 9 Ju in i j i G. Cependant il y avoit alors plus d’un an que
le terme indiqué dans cet écrit étoit expiré.
Outre que la claufe n’étoit mife qu’ en faveu r des F au geres,
s’il étoit dit que le contrat feroit paffé après le mois de Sep
tembre prochain , c’eft parce qu’on efpéroit qu’ on feroit
jugé avant les vacations de cette année là ; mais il n’étoit pas
aiouté qu’ après ce terme l’écrit demeureroit fans exécution de
part & d’autre , & cette claufe même n’auroit été regardée que
comme comminatoire. Le véritable terme étoit la déciiion du pro
cès; ce qui le prouve clairement, indépendamment de l’efprit géné
ral de l’afte , c’ eft la claufe où. l'on ajoute que fi le procès n’ eft pas
jugé dans le fufdit temps , le fieur Delongat s’obligea de rendre à
N oël aux Faugeres la fomme qu’il recevoit d’eux ; les Parties
n’ avoient en vue que l’ Arrêt 8c fon exécution ; mais
comme les Faugeres qui payoient ne devoient pas relier en
loufFrance , ils avoient la liberté de répéter ce qu’ils avoient
payé à compte fur la foi d’ une décifion prochaine , fi cette
déciiion s’éloignoit ; néanmoins ils n’ont pas voulu faire ufage
de cette faculté , puifque les 17 Septembre 1 7 1 6. ic # Décembre
17 17 . poftérieurement au terme indiqué : ils ont fait de nouveaux
paiem ens, loin de répéter l’ancien ; le fieur Delongat en les re
cevant alors , reconnoiffoit bien que le délai de palier le contrat’
de rente convenu lubfiftoit toujours &c s’il fubfiftoit le 8 Décem
bre 17 17 . ;\ quelle époque pourroit-on indiquer le temps où il
•a cette ? Il cft évident qu’ il a dû fe proroger autant que le pro
cès, autant que les Parties n’ en feroient pas pronomer la réfolution
en Jugem ent; o r , le procès n’a fini qu’ en 17 4 2 . & les Partie*
n ont demandé ni fa it ordonner la réfolution de l’a£te ; fi les Fau
geres avoient formée leur demande dans les temps , il auroit été
fimplement ordonné que le fieur Delongat feroit diligences pour
faire juger au Parlement ; finon qu’il fetoit fait ’droit ; quant au
fieur D elon gat, s’il avoit demandé la réfolution, 'il y auroit
été déclaré non • recevable , parce que la claufe de la rente
C
�/> o
n’ étoit refpe&ive qu’aux Fangeres qui avoient avancé une par
tie du prix : enfin, dans tous les cas le bail à rente antérieur auroit fubfifté , &c les Fangeres n’auroient été privés que de la fa
culté de racheter la rente.
Mais , dit-on, le fieur Delongat traitoit comme propriétaire du
Dom aine ; il fe foumet de paffer contrat de-yente ou de rente rachttable du Domainî à lui appartenant ,
il ne lui appartenoit que
par le déguerpiffement de 17 12 . vaine fubtilité. Le Propriétaire'
d’ un Domaine qui l’a donné à titre de rente foncière & non
rachetable en conferve toujours la propriété direfte ; il cil con
forme aux principes & à l’ufage qu’il fe qualifie tel ; d’ailleu rs,
on ne divife pas un a û e , & c’eft dans le même écrit 011 le fieur
Delongat fe dit Propriétaire du D om aine, qu’il promet d’ en pafv fer contrat de vente ou rente rachetable aux mêmes prix , claufes
& conditions du bail à rente non rachetable : l’analyfe de cet
afte eft qu’il accorde une faculté de. rachat que le premier
afte ne contenoit pas.
Les Défendeurs difent qu’ il n’ examinent pas fi les promettes de
vendre^font obligatoires; mais qu’il s’ en tiennent à dire q u el’adtede
1716. ayant indiqué lin temps limité pour les paffer, les conventions
de cet écrit ont été réfoiues après ce délai.
C ’eft avec raifon que les Défendeurs veulent bien faire grâce
de la.prem iere queltion ; perfonne n’ ignore qu’une promette
«le vendre , qui contient tout ce qui eft cffentiel à la vente , la
ch o ie , le p rix , le consentement &c qui eft faite double , équivaut
à une vente & produit le même effet ; ce principe a été confir
mé par l’Arrêt du 19 Juillet 1697. rapporté par Brctonier fur
H enrys , qui déclare valable &c obligatoire la promette que le
Marquis du Quefne avoit faite au fieur Bofc de lui vendre la T erre
du Q uefne, &c cette promette double n’ étoit qu’ un fimple p r o f p e c lu s : il y a bien moins de difficulté dans le cas d’un écrit qui
n’a eu pour objet qu’une faculté de rachat.
. Mais c’eft une erreur beaucoup plus impardonnable de pré
tendre que cet écrit a cette d’ engager les Parties après l’expira
tion du terme : il ne contient pas même la claufe qu’après ce
te rm e , il demeurera ré fo lu , & quand il la con tiend roit, c’eit
un principe, certain que les pa&es commiffoires n’ont pas lieu
en France , 6c qu’ il faut néceffairement un Jugement qui déclare
la commife encourue ; d’ aille.urs, la réfolution n’auroit pu être
demandée que par les Fau geres, & elle ne feroit pas refpective x le fieur Delongat n’auroit pu être recevable à dire que
/
�fa négligence à faire juger l’inftance pendante au Parlement lui
donnoit le droit de revenir fur fes engagemens : enfin, les Par
ties contractantes ont porté fur la validité de l’a â e un jugement
bien différent des Défendeurs , puifque plus d’un an après 1<?
terme indiqué ils l’ont exécuté ; les Faugeres ont p a y é , &C le fieur
Delongat a reçu.
Les Défendeurs difent qu’il y a apparence que les fommes que
les Faugeres avoient payé fur le prin cipal, leur ont été rendues;
mais il n’y en a ni preuve ni préfomption , & c’efl un fait fuppofé.
Le dernier écrit de 17 2 2 . vient détruire encore toutes les efpérances des Défendeurs ; le fieur Delongat , après l’A rrêt du 29
A o û t, qui le renvoyoit provisoirement en poffeifion du Domaine
de Perier , y confent que Pierre Faugeres ’■entre dans la pojjeffion
du Domaine, fous les mêmes conditions qu’ il en jouijjoit aupara
vant.
Les Défendeurs font, contre cet écrit de même que fur le pré
cédent , des objeûions qui ne font formidables que par leur nom
bre : ils oppofent le défaut de perfeâion de la part du fieur D e
longat ; l’a â e du même jour par lequel il prend pofleffion du
Domaine fans faire mention de cet é c rit; le défaut d’exécu tion ,
puifque les Faugeres , qui auroient dû rentrer en conféquence
dans la pofTeffion du Domaine , n’en ont pas joui : ils ajoutent
que cet a&e confirme le déguerpiflement de 1 7 1 2 . parce que fans
ce déguerpiffement , les Faugeres n’auroient pas eu befoin du
confentement du fieur Delongat pour reprendrela pofleffion, qu’ ils
ont négligé l’exécution de cet a û e , en foufîrant que le Sr. D clongatfe mit en poiTeffion du D om ain e, & qu’il obtint un Arrêt défi
nitif qui lui en adjugea la propriété ; qu’ils n’ont fait aucun ufage
de cet écrit contre le fieur D elo n gat, &c qu’ ils ont attendu cin
quante ans ; mais qu’ en négligeant tous ces m oyen s, il fuffit
d’ oppofer que l’écrit de 17 2 2 . étoit n u l, parce qu’il n’avoit pas
étc fait double ; que cependant il contient des engagemens f i- ,
nalagmatiques ; que fi Pierre Faugeres pouvoit obliger en exécu
tion le fieur Monnet de lui délaiffer la pofleflion du Dom aine à
la charge de la rente ancienne , il étoit jufte que le fieur Mon
net pût obliger Pierre Faugeres à reprendre cette pofleffion^ en
exécution du contrat de rente ; que Faugeres devenoit le maître
de faire ufage de l’écrit ou de le fupprim er, fuivant qu’ il y auroit trouvé l'on intérêt ; c’ eft exaâem entà quoi fe réduiient toutes
les objeûions .des Défendeurs contre l’écrit de 17 2 2 . Il fera facile
d’y répondre. .
. .»
Ur.>
�Lé fieur D élôngar a figné l’écrit de 1 7 1 a . c’ eft une approba
tion très-fuffifante, il n’y a ni Ordonnance ni Loi qui en aient
exigé davantage pour un a&e de cette qualité , & la Déclaration
interven u e depuis 17 2 3 . qui exige une approbation particulière
de la fomme contenue en un b ille t, n’a pour objet que les pro
mettes caufées pour valeur en argent.
Il n’y avoit aucune raifon pour énoncer dans la prife de pofféflion du 19 Septembre 1 7 1 2 . l’a&e du même jour , & il feroit
abfurde d’ ailleurs de fuppofer que le fieur Delongat a pu l’a
néantir en fe difpenfant d’ en parler : on ignore même lequel des
deux ailes eft le premier ; il font du même jour l’ un & l'au
tre.
Les Faugeres qui àuroient d û , fuivant cet écrit , entrer en
poiTeifidn dès-lors du D o m ain e, ne l’ont pas fait ; mais le fieur
D elongat n’en a pas joui non plus ; le fieur de la Chapelle con
tinua de s’ y maintenir par violence. L ’écrit ne prouve pas moins
qne le fieur Delongat ne prétendoit perfonnellement aucun droit,
& qu’ il n’ agiffoit que pour procurer à fes garantis la poffeffion
du Domaine qui leur appartenoit.
Il eft illufoire de dire que cet a&e confirme le délaiilement
de 1712 . parce qu’il étoit inutile fans ce délaiilem ent; au con
traire l’afle de 17 2 2 . anéantit, s’il en eut été befoin, le prétendu
délaiffement de 1 7 12 . il fait v o ir que ce délaiffement n’avoit eu
& ne pouvoit avo ir aucune exécution ; le fieur Delongat confent que Pierre Faugeres rentre dans la poffeJJîon du Domaine fous
Us mimes conditions qu’il en jouiffoit auparavant. V oilà ce que
les Défendeurs appellent une confirmation du déguerpiflement
de 1 7 1 2 . On croiroit y devoir lire plutôt que ce déguerpiflement
étoit une chim ère, & que les Parties renonçoient de part 8c.
d’ autre à en faire ufage.
Les Faugeres n’ ont pas perdu le fruit de cet afte en foufFrant.
la poiïeinon du fieur D elo n gat, puifqu’il n’en a jamais eu même
un feul inftant ; ils ne l’ont pas perdu non plus en lui laifiant
obtenir l?Arrêt de 1722. puifqu’il ne l’a obtenu que pour eux
& com m e a y a n t pris leur fa it & caufi\ s’ils n’ont agi que long-temps
après, c’ eft à caufe des différentes révolutions que leur famille
a efluyées ; mais il fuffit que leur aâion foit entiere.
Il ne i*efte donc plus que la réponfe au moyen dans lequel les
Défendeurs ont placé toute leur confiance ; c’eft que cet écrit
n'eft pas double. M ais1, premièrement, celui de 17 16 . eft tait dou
ble , Si il fuffit fans celui de 1 7 « , les fieurs Faugeres n’ont b e-
�foin mcme , à parler exaû em en t, ni de l’u n , ni de l’au tre; cç
font des moyens furabondans.
Secondement, l’écrit de 1 7 x 1 . ne contient point d’ engagemens
réciproque , le fieur Delongat y reccmnoît que l ’Arrêt provifoire
obtenu ne devoit fervir qu’à fes garantis : il confent qu’ iVi jouiffent fous les mêmes conditions qu'ils joiùjfoitnt. auparavant. C ’eft ,
de fa p a rt, unereconnoiffancequel’ on convientiinivërfelÎem cnt
être valables , quoiqu’ ils ne faient pas faits doubles.
Les Défendeurs répondent en vain que Pierre Faugeres pouvoit
Supprimer cetécritou en faireu i'age à fo n g r é ; mais lefieur D elon
gat n’en avoit pas beloin ; il avoit en fa faveur le contrat de
rente de 1688. &c le double de l’écrit de 17 16 . il a v o it , de plus ,
des moyens liiffifans pour contraindre Pierre Faugeres à retenir
le Domaine de Perier : ce qui a occafionné fa reconnoiffance
du 29 Septembre 1722. eft uniquement qu’il prenoit poffeffion
le même jour en fon nom , 8c que Pierre Faugeres deliroit une
aiTurance ; que cette prife de pofljeffion n’étoit que pour lui ; on
ne voit par-tout que î’anéantiil'ement de l’a&e de 1 7 1 2 . q u i, en
core une fo is, a pu être révoqué , &C que le fieur Delongat n’avoit garde d’acco rd er, puifqu’il n’ étoit fait qu’à des conditions
infiniment plus onéreufes pour lui que la continuation & l’exécu
tion du bail à rente de 1688.
Enfin , ce prétendu déguerpiflement n’ étoit l’ouvrage que d’ une
partie des codébiteurs de la rente des auteurs des Demandeurs ;
il étoit à la requête de Pierre , Antoint , Annet & Vital Faugeres,
fils de Robert ; le bail à rente de 1688. étoit en faveur de R o
bert & de Jean Faugeres, ion fils aîné , ainfi Jean Faugeres
étoit propriétaire de moitié de fon ch e f, St il avoit un cinquième
dans l’autre moitié en qualité d’ héritier de fon pere ; il n’ a pris au
cune part au prétendu déguerpiflement de 17 12 . on ne peut
donc pas l’oppofer à fes defeendans ; mais il n’ y a pas plus de
raifon d’en faire ufage relativement à ceux dont il étoit l’ouvrage,
puiique loin d’être accepté, loin qu’ on offre encore d’ exéuter
.conditions fous lefquelles il avoit été fait ; il fe trouvoit
entièrement anéanti, & par les ailes de 17 16 . & de 1722* & par
les Arrêts de 17 2 a . de 17 2 4 . de 17 4 1. & de 1742. qui ont fait
ceifer 1 eviftion ôc les obftacles qui avoient produit le delaiflement conditionnel & relatif aux circonftances.
Les Défendeurs difent qu’il eft manifeile que le fieur Delongat
a fait ufage du déguerpiflement contre les Faugeres ; que cela
çéfulte de ce que l’ Arrêt viie plufieurs Requêtes & procédures
0
�entre les'Faugcres, & lui & qu’elles ne pouvoient pas avoir d’ au
tre objet , puifqu’il avoit pris leur fait & caufe.
.C ’ift une fuppoiition qui ne mérite pas de réponfe : les deux
Arrêts np pronoricent’ rien fur fur lé JéguerpiiTemeht ; ils ne viïbfu'aücuhe Requête qui y ait rapport : l’écrit du mois de Sep
tembre 17 2 1 . prouve que ni l’un ni l’ autre des Faugeres ou du
fieur Delongat ne {prétendoient en faire ufage , & pûifque les
Défendeurs ont en leur pouvoir toutes les procédures fur lefquelles ces deux Arrêts font intervenus, même les produftions
des Faugeres : il leur auroit été facile d’éclaircir lefait s’il n’étoit
pas avanturé.
Le vu de l’ Arrêt de I722. apprénd au contraire que les Fau
geres avoient préfenté une Requête le 3 1 Février 1722. employée
aux périls , rifques & fortunes du fieur Delongat, pour griefs contre
la Sentence du 11 Juin t y i i . & par laquelle ils avoient conclu à ce
que la Sentence fu t rnife au néant ; le prétendu déguerpifleinent
ne fubfiftoit donc plus ; ils n’ auroient pas eu dans ces cas le moin
dre intérêt que la Sentence fut infirmée ou non ; le fieur D efmorels avoit conclu de fa part à ce qu’ils fuflent déclarés non-revables dans leur a p p e l, attendu fans doute le prétendu déguerpiffement ; mais il éch ou a, & cette fin de non recevoir fut
rejetée par iine difpofition exprefle de l’Arrêt ; difpofition incom
patible avec, l’exiftance du déguerpiflement & le fens que les D é
fendeurs donnent à cet a£te.
11 y a plus. L’ Arrêt de 172 2 . vife une Requête du fieur Delongaf , tarit en fon nom que comme prenant le fa it & caufe des Fauge-es, du 3 Août 1720 . par laquelle il concluoit à ce que ie fieur
de la Colombe fût condamné à leur reilituer les fruits par lui
petçus Ju r les héritages énoncés en /’exploit depuis fo n indue p o jjejjio n ,
enfemble , les meubles & autres effets faifîs ; il ne les demandoit pas
pour lui ; il ne les réclamoit que pour les Faugeres ; il n’avoit
donc pas accepté ce déguerpiflement, & il n’ en étoit même plus
queftion.
Les Défendeurs difent que TArrêt de 17 2 2 . énonce une R e
quête que le fieur Delongat avoit donnée en fon*nom' feul le 2 7
Juin 1720. par laquelle il avoit conclu à la réintégrande, & à c e
que le fi e u r D eJ'm orcls f u t co n d a m n é a lu t r e jlitu e r les f r u i t p e r çu s d e p u is
f o n in d u e jo u ifla n c c .' fl; ;
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Le fieur Delongat demandoit la réintégrande, elle liii a été
accordée par l’ AVret dû l j l £ ! fans préjudice des droits des Faugeres ,
& cri prenant poffcffi&n en vertu de cet Arrêt le 29-Septembre
�fuivant , il donne une déclaretion à Pierre Faugeres que cette
jouiffance provifoire devoit tourner en fa faveur.
Mais eft-il vrai que le fieur Dèlongat demandoit même en fon
n o m & pour lui par fa Requête du 2 7 Juin 1 7 2 0 . la reftitution
des jouiffances perçues par le fieur Defmorels ? l’ Arrêt ne le dit
pas ; il eft vrai qu’ il y a une erreur du Greffier ; il eft énoncé que
le fieur Dèlongat demandoit que le fieur Defmorels de la Colombe
fû t condamné à reflituer au fieur Defmorels de la Colombe les fruits
par lui perçus depuis fon indue puiffance. Quoiqu’il en fo it , il faut
s’en tenir préférablement fans doute aux conclufions poftérieures
du fieur Dèlongat du 3 0 Août 172.0. où il a demandé trè s-d i fer.-,
tement que le fieur Dèlongat fût condamné à reflituer
Faugeres les fruits perçus . . . enfemble les meubles & autres efiïts. faifis ;,
& quand le fieur Dèlongat fe feroit même expliqué différemment,,
le droit des Faugeres n’en auroit pu recevoir la plus légere at
teinte ; il étoit indubitable en f o i , il a été confervé par l’ Arrêt
de 1 7 2 2 . il a été reconnu par l’écrit poitérieur du fieur D èlongat,
& c’eft une obftination étrange de répéter perpétuellement qu’il
a pris poffeiïion en fon nom le 2.9 Septembre , tandis que le même
jour il figne une déclaration qui porte que la jouiffance provifoire, dont il s’ agiffoit, devoit tourner en faveur du fieur F a u g e r e s;
ce qui ne l’a pas permis eft la violence du fieur Defm orels qui >
malgré les Arrêts poitérieurs & définitifs, faitfc maintenir eu poffeffion , Sc qui y eft encore..
L’ Arrêt définitif eft calqué fur l’ Arrêt p ro v ifo ire , & puifquecelui-ci ne dépouilLoit les Faugeres d’ aucuns de leurs d ro its;.
l’Arrêt définitif qui l’a fuivi ne leur eft pas plus défavorable ; il,
maintient
garde le fieur D èlo n gat, mais comme prenant le fait.
& cauje des Faugeres. Cela eft énoncé dans le difpofitif même.
On a beau répéter que l’ Arrêt met hors de C our fur diffé
rentes demandes, & que fans doute celles des Faugeres étoient
relatives au prétendu déguerpiffement ; o a a lu le vu de l’ Arrêt
avec la plus férieufe attention , & on n’ a pu y découvrir aucunes,
conclufions qui annoncent un pareil objet ; elles y font tranferites
avec un détail auquel on ne peut rien defirer ; on y voit qu ils,
avoient préfenté une premiere Requête le 3 1 Ja n v ie r 1722. aux
périls, rififues & fortunes du fieur D èlongat, & qu’ils l’avoient em
ployée pour griefs contre la Sentence de 1 7 1 2 - C ’ eût été une
démarche déplacée fi le déguerpiiîement eût fubfifté ; ils demandoient ,d e plus, desdommages-intérêts contre le fieur Defm orels,
fie ils leur ont cté re fu fé s;l’Arrêt de 1724. répété les énonciations
�de celui de 1 7 1 2 . on y lit également que le fieur Delongat avoit
fait une produûion le 18 Juillet 1 7 1 1 . tant en Ton nom que comme
prtnant leur fa it & coufc ; que , le 30 A vril 17 10 . il avoit fourni des
caules & moyens d’appel en la même qualité , & conclut à ce
que la reftitution des fruis fût ordonnée en fa v e u r des Faugeres ;
que le 17 Août 1 7 2 1 . il avoit fonrni des contredits, toujours tant
en fon n o m , que comme prtnant It fa it caufe dts baugtres ; mais
on ne trouve aucunes conclufions prifes par les Faugeres ni con
tre e u x , en conféquence du prétendu déguerpiffement ; il n’eilpas même vifé dans l’ A rrê t, & puifque cet Arrêt infirme la Sen
tence de 1712. & déboute le fieur de la Chapelle de la demande
hypothécaire qu’ il avoit formée fur le Domaine de Perier en 170 2 .
puifqu’il leur fait pleine & entiere main-levée des faifies & exé
cutions fur eux faites ; il en réiulte évidemment que les Parties1
font remifes au même état qu’ avânt la demande hypothécaire de
17 0 1 . temps auquel on ne pouvoit conteiler aux Faugeres la pro
priété du Domaine.
Après ce qui vient d’être d it, on ne croira pas qu’il fubfifte
le moindre nuage fur la faufle interprétation que les Dé;endeurs
donnent aux Arrêts de 17 12 & de 1724. ils prétendoient y trou
v er l’ exclufion de proprité de la part des fieurs F augeres, & ceuxci y puifent une nouvelle confirmation de leur premier droit. C ’ eft
pour eux que le Domaine a été déclaré appartenir à leur garant;
la Sentence de 1 7 1 2 . qui les évinçoit a été infirmée fur leur appel.
Cette Sentence ne fubfiilant plus, ils font donc remis dans l’état
oii ils étoient auparavant; le déguerpiiTement de 1712. ne les en
a pas exclus ; il étoit offert à des conditions trop onéreufes ail
fieur D elongat, leur garant, pour les accepter, & les parties s’en
font défiftées réciproquement par les aftes de 1 7 1 6 . & de 1722.
Mais les Défendeurs prétendent trouver dans la tranfaflion de 1744.
cette propriété qu’ ils ont cherchée en vain dans les A rrê ts, &C
telle eft la fatalité de leur fyftênae, que les fieurs Faugeres fe flattent
qu’ on y lira une nouvelle confirmation de leur ancienne pro
priété.
à. la troijieme Objection.
L e s Défendeurs partent ici de la fuppofition que le fieur D e
longat avoit la propriété du Domaine de P e r ie r , &c ils ajoutent
que
�«jite fes héritiers lia leuf ont transférée par Faite de 1 7 4 1 .0 0 vient
de vo ir que le Sr. Dclongat n’ étoit pas propriétaire u tilejilen réfu lteroit fuffifamment qu’il n’a piv tranfmettre ce droit aux D éfen
deurs : il reite à établir qu’ il ne l’a pas fait. Quelques réflexions
fur la tranianâion de J 7 4 1 , vont le démontrer. ; .
On a déjà ren d u compte desclaufesde cet a fte rle Sr. de Lafaye,'
héritier du Sr. Delongat, fubroge le S r. Defm orels au baïl emphytéo
tique de 1G88. & aux arrérages de rente depuis 17/2. jufqu’au jour
du traité: les Défendeurs ne font donc devenus acquéreurs que
de la ren te , & non du fonds fujet à la rente. II feroit incom
patible de céder un Domaine & une rente foncière fur ce même
iDomaine ; fi le fieur de Lafaye avoit vendu au fieur Defmorels
le Dom aine» il auroit été abfurde qu’ il luiicéda la rente que les
Faugeres devoient fur ce Domaine ; il ne le feroit pas moins qu’ on
eut cédé les arrérages de rente échus depuis 17 x 2 . tout indique
que les Parties contractantes rcconnoiffoient les droits de pro
priété des Faugeres ; mais ceux - ci devoient une rente 8c des
arrérages à compenfer , avec reflitution des jouiilance&; c’eit
pourquoi le fieur de Lafaye cede au fieur Defmorels le principal
de cette rente & les arrérages.Les Parties prévoient en conféquence que les héritiers de Ro-s
bert & de Jean Faugeres pourront demander le défiitement en
Yertu du bail à rente de 1688. & des Arrêts de 172.2. & de 17 14 .
& le fieur Defmorels prend cette demande en défiftement fur fon
compte ; il fe réferve néanmoins de faire v a lo ir , comme bon
lui femblera le déguerpiffement du 28, Juillet 1 7 1 a . mais on en
a fait connoître toute l’illufion.
D ’ après les claufes de la tranfaâion de 17 4 1. comment les D é
fendeurs ont-ils pu prétendre qu’ elle leur transféroit la propriété
utile du Domaine ? Cela ne fe pouveit p a s, puifque le fieur D elongat n’ avoit pas droit de difpofer d’ un Domaine qui appartenoit aux Faugeres & que la tranfaâion de 1 7 4 1 . à laquelle ils
n’ ont pris aucune p a rt, elt relativement à- e u x , res in/er alios
, qui ne pouvoit leu r ru ire ; mais le fieur de Lafaye
n’* pas même prétendu excéder fes droits ; loin de diipoier
«le propriété de ce Domaine ; il en a cédé la rente emphytéo
tique qui ëtoit icompatible en fa perfonne avec la propriété utile ;
le .fieur de de Lafaye & le fieur Defmorels reconnurent donc
également le droit des Défendeurs , loin d’y donner atteinte.
Les Défendeurs prétendent que le fieur de Lafaye leur a tranf■U
■ D
�26
mis tous tes droits qu’ il avoit ; mais, d’un côté, il n’en avôit d’autre
que la ren te, & le fieur Delongat l’avoit reconnu difertement
•par les a£les de i/'iô. &C de 1 7 1 2 . de l’au tre, le fieur de Lafaye
<a cédé nommément-au fieur de la' Chapelle le principal & les
arrérages d e là rente foncière ; il ne leur a donc pas vendu.le
.Domaine, t ? ‘ I :
»•' »
•. On oppofe que les Parties ont traité fur une demande en réiri•tégrandei form ée-par le fieur de Lafaye ; le fieur de Lafaye demandoit l’exécution de l’ Arrêt de 172 2 . que le fieur D elo n gat,
-en qualité de garant des Faugeres , avoit obtenu ; on a traité fur
:cet objet,“mais relativement aux droitsqu’avoit le.fieur de Lafaye ;
il avoit en Ion nom un rente emphytéotique ; il dem andoit, en
qualité de garant, la propriété utile du Domaine ; il a cédé fes
droits perfonnels ; mais il a refpeflé ceux du garanti.
Mais , dit-on, le fieur de Lafaye a fubrogé le fieur Defmorels
non-feulement au bail à rente de 1688. mais encore à la vente
de 1679. & auxrArrêts de 1722. & de 1724. on ne peut pas bor
ner au bail à rente une fubrogation générale à ces quatre différeras
titres;-^ •
-i
. . . .
.1 ; . ; 1--. rr
Les Arrêts de 17 2 2 . & de 172 4 . n’ ont rien de contraire au
bail ;V rente de 16 Xtf. ou l’a prouvé mille fois : ces Arrêts ne font
que rétablir les chofes dans l’état où elles étoient avant la demandé
téméraire du fieur- Defmorels ; ils ne font qne confirmer par
conséquent le bail à rente.
!
,[
Quant à lar. vente de 1679. dès que le fieur de Lafaye fubroge
¡enjjijême temps;le .fieur .Defmorels à la rente emphytéotique de
16 8 8 . & à fon acquifition de 16 7 9 .1e féris évident .de cette claufe
-cil qu’ il rappelloit l’afle ’ de 1679. pour établir le droit qu’il avoit
eu de difpolèr enfuite du Domaine à titre de bail emphytéotique ;
comme ¡il feroit ridicule de céder en même temps un Domaine
& une rente due fur ce Domaine : la claufe n’eft pas fiifceptible
d’une interprétation différente.
...
.
„ Les Défendeurs ajoutent que le fieur Defmorels a été fubr.ogé
au prétendu déguerpiiTement de 17 12 * Cèla n’ efl point e x a ft; On
ne trouve point daps I’afte une pareille fubrogation ; on y réjervç
.Amplement au fieur Defmorels de faire-valoir ce.ciéguerpiflement à
fes périls , rifqM£fe'-& fortunes ; ainfi onUui cédoit la, tente p fa y f
à .lui de prouver,comme il aviféroit Qu'elle a vtoii étié téfohieripat
l’afte dé. .1712. ¿c !on a prouvé que rien 'ù ’éibitiplus
Je fieur de Lafaÿo n’a cédé.au fieur D efm orçls^u’uriihailù'.teote;
mais il lu i.a permis de fe faire la réferve d’un mauvais procès,
�s’ il étoit afïcz courageux pour l’ entreprendre, à condition que "
le péril n’en retomberoit pas fur lui directement ni indirecte
ment , le fieur de Lafaye ne pouvoit pas empêcher l’exécution
de ce projet infenfé ; mais il ne faut pas dire que c’ eft lui qui
l’a infpiré 8c qui en a cédé l’aâio n .
. Vainement on dit que le fieur de Lafaye a tranfmis tous les;
droits qu’il avoit, ôc que la propriété du Domaine de Perier lui
appartenoit : on lui répondra toujours qu’ il n’à pas cédé la pro
priété du D om aine, 5c qu’il ne l’ avoit pas ; il paroit avoir connu
ies d roits, Sc il s’y cil renfermé ; mais il ne pouvoit pas les
excéder.
Une dcrnicre objection des Défendeurs eft que s’ ils n’ av o ie n t’
pas acquis la propriété du Domaine de Perier en 17 4 1. ils n’auroient rien acquis , parce que les Faugeres étoient en droit de
leur oppofer le déguerpiiTement de 1 7 1 2 . qui anéantifibit le bail
à rente de 1688.
Ile ft aifé d’appercevoir ici le cercle vicieux : les Faugeres n’auroient pas pu oppofer le déguerpiilement de 1 7 1 1 . parce que la
caufe en avoit ceiTé par l’ Arrêr de 17 2 4 . 8c qu’ il avoit été re
connu comme anéanti par les ailes de 17 16 . fie de » 7 12 . dont
le premier avoit été fait double ; 6c enfin comment veüt-on qu’ils
ceffaiTent d’avoir droit fur le Domaine de P e rie r, en vertu d’un
atte ou leurs auteurs fe réfervoient d’en demander la valeur
réelle à dire d’ Experts conformément au bail de 1688. &C qui
n’étoit l’ouvrage que des Propriétaires de trois cinquièmes?
• Les Défendeurs dil'ent qu’ils n’ont pris fur leur compté' l’évé
nement par la tranfaQion de 174 2. que parce qu’on les fubrogeoit
à la propriété 8c qu’elle ne pouvoit être réclamée par les Fau
geres i mais ce n’ eft qu’ une pétition de principe ; le fieur de
Lafaye n’a voulu contraâcr aucune garantie envers e u x , parce
qu’ il n’étoit propriétaire que d’ une rente fur le Domaine de P e rie r,
& non du Domaine , 6c il n’a voulu les fubroger qu’à cette rente,
parce que c'eit oit fe bornoient fes droits.
Mais on demande ce que le iieur de la Chapelle a donc acquis
en donnant 6000 1. pour le prix de la trania&ion de 17 4 1. s’il
ne devoit lui revenir qu’une rente de 160 liv. il eft facile
de prouver que le fieur Defmorels n’a pas fait une mauvaife
affaire : il revenoit au fieur de Lafaye le capital de la rente
de 160 liv. q u i, dédu£tion faite des parties rachetées en 1 7 1 6 . &
«n 1 7 1 7 . reftoit pour 17 6 0 1. il étoit dû au fieur de Lafaye les
arrérages depuis 1 7 1 1 . jufqu’ en 1730. a raifon de 16 0 1. pour les
�lî :
quatre premières années, & de i^ S I.p o u r les années riiivaritesrc’étoit un objet de près de 4000 1. enfin il lui étoit dû plus de
3000 1. de frais ; les leuls Arrêts de 172.2. & de 17 2 4 . ont dû coû
ter plus de 2000 1. le.fieur Defmorels acquéroit donc pour 6000 L
une créance de 10000 1. cela n’ empêche pas que fes héritiers n e
loifent-obligés aujourd’hui de fe défifter du Domaine de Perier ,
d’en reftituer .les jouiffances depuis 1 7 1 2 . fous la déduftion
néanmoins du principal 6c des arrérages "de rente juiqu’à ce
qu’ elle a été éteinte par la compenfation des jouiffances & des
dégradations.
Les Défendeurs difent qu’ils ont rendu compte des reftitutiom
des jouifÎBnces'au fieur x le 'L a fa y e , à qui FArrêt les adjugeoit ;
m ais, prem ièrem ent, cette objeâion ne peut pas s’appliqueraux trente années de jouifiances , qui fe font écoulées
depuis le traité de 17 4 2 . ôc les Défendeurs n’ ont aucun prétexte
pour les contefter fous cette époque ; ils n’ ont pas plus de droit,
pour les 30 années antérieures ; en effet, ils ne font pas fubrogés
purement & Amplement par le fieur, de Lafaye aux reftitutions:
de jouiffances ; il eft .dit feulement qu’ils font fubrogés pour les^
arrérages de rente ou les reftitutions de fruits que le iieur de La->
faye pourrait prétendre ; c ’eft-à-dire , que le fieur d eL afayefu b ro g e'
aux jouiffances ou aux arrérages de rente , fuivant le droit qu’il
avoît ; comme il eft démontré qu’ il n’avoit droit que pour les
arrérages de ren te , c’ eft aulïi à cet objet qu’ on doit borner la .
ceffion;
■■ ■
.
,
;
- D ’ ailleurs elle eft faite aux périls , rifques & fortunes du fieur
Defm orels. qui a p ris.to u t l’événement fur fon j compte ; par:
conféquent fi les reftitutions des jouiffances n’appartenoient au
fieur de Lafaye qu’à concurrence des arrérages de v e n te ; le
lieur Defmorels eft demeuré chargé de faire raifon aux fieurs
Fitugeres de l’excedent. ..
( E n .vain les Défendeurs répondent que c’ eft au fieur D elongat,
que l’ Arrêt les avoit condamné à reftituer les jouiffances ; il ne
les condamnoit àinfi envers le fieur Delongat q’ en fa qualité de
garant des Faugeres, auffi le fieur de Lafaye n’a- 1»11 cédé que-«
les arrérages de rente , &c s’il y a ajouté l’alternative ou les ref- r
titutions de jouiffances : il a pourvu à ce qu?on a e pîit en faire;
aucun mauvais u fa g e , en fe mettant à 1 abti idctotite forte d e.
gahm tie, &c en ftipulaut de la manière la plus expeeffe :que te»
fieur.Defm orels ¡prenoit tous les ¿veinemens, fur foin !compte~» &£->
namnuiment paur'Ja.riJfou don desjruitsi& ^tSLjvn ijliw ed& dêptniï;
�*9
Jomniàgts-ïhtéféti s
Défendeurs fi^ont dont pas reftitué les
jouifTances au fieur Delongat ; o u , en tout c a s , ils n’ont pas
moins contraire l’ obligation de les rendre aux.Faugeres : il eft
évident que les reftitutions de jouifTances n’ont pu entrer pour
rien dans une compofition à la fomme de 6000 l. qui eft plus
que remplie par les objets ravenans au fieiir de Lafaye person
nellement. Au refte, les Défendeurs peuvent exercer leur garantie
s’ils le jugent à propos.
Il
ne peut pas y a v o ir plus de doute fur les dégradations ; les
Défendeurs prétendent qu’au contraire ils ont fait des réparations;
mais ils feroient fort embarrafles d’ en, indiquer aucune, & iis
n’auroient garde d’en faire dans un Domaine qu’ ils favoient ne
leur pas appartenir : à l’égard des détériorations les iieurs Faugcrcs
en ont offert la- preuve.
Enfin , il eft dû également aux iieurs Faugeres le compte des
fruits de l’année 17 12 . 8c le produit des différentes faifies exé
cution , faifie de fru its, faifie ariêt que le fieur de la Chapelle
fit faire en vertu de la Sentence qn’ il avoit furpris en 17 12 . les
Arrêts en ont ordonqé la main-levée mais elle n’a pas encore
été exécutée.
Les fieurs Faugeres fe flattent d’avoir donné des preuves de
toutes les proportions qu’ils ont annoncées ; la propriété du
Domaine de Perier leur appartient en vertu du bail à rente de
16 8 8 . l’ abandon fait par quelques-uns des Propriétaires en 1 7 1 2 .
n’ en a privé ni ceux qui n’ y ont pas pris p a rt, ni ceux même
qui le faifoient tignifier ; c’étoit un abandon relatif à la Sentence
de 1 7 1 2. & & que l’ Arrêt de 17 2 4 . a fait c e ffe r, qui avoit été
abandonné, d’ailleurs, de toutes les Parties par les attes de 1 7 1 6 .
& de 17 2 2 . pui avoit été fait fous une condition plus onéreufe à
exécuter par les Défendeurs que le défiftement même ; l’Arrêt de
17 2 4 . n’a maintenu le fieur Delongat dans la pofteffion du D o
maine que pour les Faugeres, dont il avoit pris le fait & caufe :
les écrits de 1 7 1 6 . 8c de 17 2 2 ’ confirment encore leurs d ro its;
les Arrêts de 1 7 4 1 . ôc de 17 4 2 . ne peuvent également profiter
qu’à eux :1a tranfadlion de 17 4 2 . accroît 8c renouvelle leur titre
par la ceflîôn que le fieur de Lafaye y a faite du contrat de rente
qu’ ils doivent ; la prefeription n’a pu courir contre e u x , tant
que Pinftance commencée en 17 0 2 . a fubfilîé, & elle ne s’eft ter
minée que par l’ Arrêt de 17 4 2 . 8c la tranfaftion furvenue depuis;
le fieur de Lafaye ne pouvoit pas leur oppofer de prefcripûon^
ilt i’avoit jamais jo u i , "8c H pourfulvoîtto'ûjôursT é déGftelnerrt
<
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k.
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c o m m e ayant pris feur fa it & cau fe; le fieur de la Chapelle ne
peut pas o p p o le r fa poffeffion antérieure à la tranfaction de 174 2 .
puifqu’ outre qu’ elle n’étoit que l’effet de la violence , elle a été
interrompue par les Arrêts que le fieur de Lafaye obtint alors ;
il ne s’ eft pas écoulé 30 ans depuis , & fi les fieurs Faugeres n’ont
agi. plutôt, c’eft à la fouftraction de leurs pieces, 6 non à
el ur négligence, qu’ il faut l’imputer.
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V E R N I E R E S , Procureur,
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A RI O M 9 de l'imprimerie de la veuve C À N D E Z E , 17 7 2 .
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Factums Godemel
Relation
A related resource
/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
[Factum. Faugeres, Robert. 1772]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Archon Despeyrouse
Vernières
Subject
The topic of the resource
bail emphytéotique
successions
déguerpissement
prescription
rentes foncières
réintégrande
abandon de jouissance
bail
Description
An account of the resource
Titre complet : Mémoire signifié pour les sieurs Robert et Blaize Faugeres ; Jean, Ambroize et Pierre Faugeres, demendeurs ; et Antoine Faugeres, tant en son nom, qu'en qualité de mari de Françoise Faugeres et de tuteur de Barthelemy et de Marie Aurillon, et ladite Françoise Faugeres, intervenans. Contre messire Gabriel Desmorels de la Chapelle, ecuyer sieur de la Colombe ; demoiselle Benoîte Desmorels, et maître Pierre Roux, prêtre et curé de la Chapelle-sur-Usson, leur curateur, défendeurs.
Table Godemel : L’emphytéote qui, dans le cours de l’instance relative au désistement des immeubles, réclamé par lui, déclare, par deux actes recordés, déguerpir et abandonner le domaine, consentant à ce que son garant, vendeur, agisse ainsi qu’il avisera, contre les défendeurs en désistement, peut-il, après deux arrêts rendus entre le garant et ces défendeurs, sur la propriété, contradictoire avec lui-même, et en abandon réel de la jouissance pendant plus de trente ans, être admis à réclamer l’exécution du bail emphytéotique, contre les vendeurs primitifs, rentrés en possession par suite d’une subrogation consentie par l’héritier du propriétaire ?
Publisher
An entity responsible for making the resource available
de l'Imprimerie de la Veuve Candeze (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1772
1679-1772
1661-1715 : Règne de Louis XIV
1716-1774 : Règne de Louis XV
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
10 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G0604
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G0605
BCU_Factums_G0606
BCU_Factums_G0607
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/6/53013/BCU_Factums_G0604.jpg
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Perier (domaine de)
La Chapelle-Usson 63088)
Saint-Germain-Lembron (63352)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
abandon de jouissance
bail
Bail emphytéotique
Déguerpissement
prescription
réintégrande
rentes foncières
Successions
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SER VANT DE R É P O N S E
P O U R M e ffire Gabriel D e fm o re ls, E c u y e r,
Sieur de la Chapelle ; Demoifelle Benoîte
D e fm o re ls, & M e. Pierre Roux , Prêtre &
.C u r é de la Paroiffe de la C Hapelle-fur-Uffon
leur Curateur, Défendeurs.
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Robert & B la ife Faugeres ; J e a n , Antoine &
Pierre Faugeres , D em a n d eu rs, & Antoine
F a u geres, tant en fon nom , q u e' n qualité de
mari de F rançoife F a u geres, & d e Tuteur de
B arthélém y & M arie Aurillon , & ladite
F rançoife F a u geres, Intervenans.
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’ E m p h y t é o t e qui a déguerpi avec toutes les formalités néceffaires , don t le déguerpiff em ent réitéré & adopté par deux
Arrêts rendus c o n tra d ictoirem en t avec lu i, a été fuivi d’ un abandon
L
réel .de l’héritage em phytéofé, depuis près-de foixante ans ,
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ft-il recevable aujourd’hui à r é c la m e r'l’exécution du b a il
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�etnphÿféfctiqne ? T e lle efr l’idée générale de la qucftion qui eft
;.
.it ; *
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à *juger!
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L ’afBrmative de cette propofition eft, fans doute, un paradoxe
évident ; ee n’eft auifi qu’ en déguifant les faits, & en donnant une
interprétation, qui réfifte en même temps à là lettre &c à l’efprit
des différera aflesqui ont-été produits au procès , que les Deman
deurs fe r o n t flattés qu’Hs pourroient parvenir^ la faire réufîir;
mais unè’^nalyfe- plus exafte de ce qui s’eft paiïe entre les auteurs
des Parties, fuffira pour démontrer toute l’illufion de ce nouveau
fyftême.
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Jean IDefmorels Sieur de la Guillaumie étoit propriétaire
d’un Domaine appellé de Perier ; outre> ce Dom aine, le-fienr
de la Guillaumie poffédoit, dans le même lieu de Perier , plufieurs
héritages párticuliers, d’une valeur confidérable ; ces héritages
n’ avoient jamais fait partie du Domaine : le fieur.de la GuiÜaïunie
étoit cependant en ufage d’affermer le tout par un feul &c même
baSJ & pour un feul & même prix ; il en étoit de même-de la
taille "qui étoit impofée ; . i l n’y avoit,aucune,-diilin£Uon entre la
taille; dit- Domaine & qellé^de ces héritages détachés ; il n’y avoit
qu’une feule &c même inipoûtion.
En l’année 1679. lefie'iir de
Guillaumie vendit le D o m ain e,
fous facultés de rachat pendant fix ans, au fieur Monnet, Marchand,
Habitant de la Ville dé Saint Germain-Lambron , moyennant la
fomme.de 2600 1. que fe iieur Monnet fe retint entre (es mains,
eq paiejnent.de pareille fomme qui lui étoit dûe par le fieur de
là;-Giiillàütol<k -,
. Le contrat de vente contient le détail le plus e x a û de la confifîapce^ôC^des confins, tant des bâtimens que des héritages qui compofoient Ife Donlaine ; le vendeur avoit un intérêt fenfible à cette
défigaation,• poui ne pas confondre les héritages qui lui demeu-.
roient réfervës , & pouf éviter toutes les difcuifionst qu’ auroit pu
finre'naitré-ùne^hufe g é n é r a l e e n flipulant fimplement la vente
du Domaine, avec fe s ,circonftances & dépendances.
Le fieur de la Guillaiïmiè eft décédé peu de temps après la vente
¿ans le cours de la même année 1679,
^:ETii’ai)riée.iô88.;îe'fieurM Q nnetdéiâiiîa le même D o m ain e , à
ittr9idQfî^nïer;fonciefol&i flon'-raehetable, 6* tel <¡u!¡l t avoit.acquis
à.jRôbért.'.& |eaa(F au g e re s, .auteurs des. D em andeurs*
m oyen n an tîïr r*nt©_de¡ lôonl. chaque année : toutes les iUpula-,
loafc db Qebûlôjnjphytéotique font à remarquer..
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* *
3
II y eit dit que le fieur Monnet a délivré aux Faugeres un bail
de Ferme de l’année 16 7 7 . confenti par le fieur de la Guillaumiei,
au profit des nommés Rigolet : il fautfe rappeller ici robfervation
que l’on a déjà faite , que le fieur de la Guillaumie étoit en ufage
de ne faire qu’un feul &c même b a il, tant de ion Domaine que
des héritages détachés hors du Domaine.
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Le fieur Monnet délaiffa aux preneurs , par le même b a il, une
quantité de beftiaux & d’uftenfiles confidérable, dont le Domaine
étoit garni ; il eft dit que c’ eft fans aucune augmentation du prix.
Par la claufe fu ivan te, il eft ftipulé que le fieur Monnet ne
fera tenu d’aucune garantie que de fes faits & promeiles, ni d’autre*
dommages &C intérêts , en cas d’é v iilio n , d'aucuns des héritagef
arrentés , que de la valeur d’iceux ,
dire d’ÉxpertSo:./o
Enfin , il eft d it , par une derniere claufe, q u e , dans le cas 011
les Faugeres déguerpiroient le Domaine , ils feroient tenus dé
rendre les beftiaux & -les meubles qui leurs ont ,4 tô délaifffS » 4
dire d’Experts, & fans frais.
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-iL ->'1 ¿L> ¿n
C e bail ne donnoit droit aux Faugeres que fur le Dom aine>
tel qu’il avoit été vendu au fieur Monnet par le contrat de 16 7 9 .
mais les Faugeres fe prévalant de la minorité & du bas
des
■Bnfans du fieur de la Guillaumie, & , par un abus manifefte du
bail de 16 77 . qui leur avoit été remis par le fieur M o n et, fe
mirent en pofleflion , tant du Domaine que du furplus des héri*
tages fitués au lieu de P e r ie r , qui appprtenoi.erçt à la fucceifion
du fieur de la Guillaumie ; & ils en ont jouijufqu’ en l’année 1 7 1 a .
En l’année 1 7 0 1 . Jean D efm orels, Sieur de la C hapelle, aïeul
des Défendeurs , créancier de fommes. confidérables du défunt
fieur de la Guillaumie,fit affigner en ceSiege, endéfiftement hypo«
thécaire, P ierre, Antoine, Annet & Vital Faugeres , freres com
muns en biens, & qui éioient. feuls en poffellion, tant du D o
maine de P e rie r, que des héritages,féparés;
Les Faugeres dénoncèrent cette demande au .{ieur. Monnet, avec
afiignation pour être condamné à la faire ceffer, ou d tU s décharger
dç ^effet général du contrat de rente dt 16SS. & conjentir a la refolution ef icelui , U tout en conformité de la,\claufe du contrat j offra(it r
de leur p a rt, d’exécuter les claujes particulières y appofees ; & t faute
de ce faire & pour ne Cavoir fa it en temps du y être condamné ert^
tous dommagts-intirtts. ■; 1 ■
ai
. . u fu; : ...ifr ■
Le fieur Monnet étant décédé petrde temps après, les Faugeres
firent afiigner en reprife d’inftance. le .fieur Monnet d e L o n g a t ,.
fils 8c héritier du fieur Monnet j ou quoique ce io it la Dame Berar4 '
^
�fa rmere & f a tutrice ; cette inftance en recours fut jointe dan s '
la fuite à l’inftance principale.
On n ’entrera pas dans une plus grande difcuiSon fur la pro
cédure qui fut faite en ce Siege ; le détail en feroit inutile.. .
I1‘ fuffira d’oblerver , qu’après'" un' Appointement en droit il
intervint Sentence contràdiftoire, le 16 Juin1 1 7 1 2 . par laquelle *
en^isjoignant la demande en recours, formée paroles Faugeres,
le Domaine de Perier fut déclaré affefté & hypothéqué au paiement
dei'créances du fieur Defmorels de la Chapelle; il lui fut permis
en-cônféquence d’en jo u ir, ffc-de le faire faifir réellement : les
Faugeres furent condamnés à la reftitütion des. fruits depuis la de
mande & aux dépens.- •
En exécution de cette Sentence, le fieur de la Chapelle prit
poffefïion du Domaine & de tous les héritages féparés de ce D o
maine, dont les Faugeres avoient toujours joui fans aucun droit',
puifqu’ilsnîa-vbient jamais fait partie ni du contrat de vente de 1679.
ni de l’emphytéofe de 1 688. J’afte de prife d e pofleifion eft du
1 3 du même ¡mois de;Juin 171a:..r
? Le fieur de'la Chamelle fit enfuite procéder à la taxe des ^dépens
qui lui avoient été''adjugés ; il obtint-un exécutoire de la fom*me-de 1 8 5 IL en vertu duquel,il fit procéder par exécution fur
leS'immeuDles des Faugeres
fit faire différentes faifies &£ arrêts
entre -les maios;;de lenrs-débiteurs. Il n’en a jamais rien retiré.
Les Faiigeres^' de leur p a r t , interjeterent appel en la Cour de
Paftement, tarit de la Sentence que des faiiies & exécutions qui
avoient été faites de leurs biens. Ils pourfirivirent en même temps
en ce Siege le Jugement de leur demande en recours contre la
Dame Berard ,&c ils obtinrent Sentence le premier Juillet fuivant*
qui fait droit fur cette demande.
-u Le^-du même mois de Juillet y le fieur Monnet deLongat , alors
émancipé d’â g e , &c procédant fous l’ autorité de Robert Geneix, fon
dufâteilr ,'fe'pourvut a«fli par appel au Parlement de. la Sentence
d ü jl ô Juin i j i i i . ’ il obtint A rrêt, tant e n 'fo n jio m , que faiiant &
prenant eû main pour les Faugeres par lequelil fut fait défenfes
au fieur de la Chapelle de mettre cette Sentence à exécution.
Le fieur de Longat fit fignifier cet Arrêt le 18 du même mois
il* Juillet, ta n t aux f a u g e r e s , qu’a u \fieur.de la Chapelle , avec
fornication aux Faugeres de fe maintenir dans la pofleifion du
{ & ?défenlcs; au fieur d è Ja Chapelle;; conformément à
lVïftl'Çt^ dft^aiïer :OÙtrej à l’eicécution de la Sentence & aux pour*
libcB qti'.il.fiiiroii contre'eux pqur le paiement de l’Exécutoirc. qu’ il
a voit obtenu.
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II Stoit tout naturelqué les Faugeres, en adhérant à la fo m m »
tion qui leur étoit faite par le fieur de Lon gat, attendirent au moins
l’événement de l’a p p e l, puiique le fieur de Longat paroiffoit alors
le prendre fur fon compte, & que par là il les mettoit hors de
tout intérêt.
Mais les F au geres, au lieu de fuivre la route que le fieur de
Longat leur indiquoit, & d’adhérer à fa prife de fait S c c 3 u fe ,
lui firent faire un a& e re co rd é le 28 du même mois de Juillet,
dont il eft cffentiel de bien prendre toutes les difpoiitions. G ’eft
le déguerpiffement des Faugeres.
Ils commencent par déclarer que la dénonciation qui leur a été
faite de F Arrêt de déftnfes , contre la Sentence de ¡ y i ï . vient à tard'^
attendu qu'ils ont été dépofjédés du Domaine par le fitu r de la Chap tllz, qui en a pris pojjeffîon depuis le 23 Ju in précédent ; ils cor.fentent & accordent en conféquence que le contrat de bail à rentt du i j
Juillet 1 €88. fa it & demeure interrompu, nul & comme non fa it &
Avenue
Ils ajoutent, qu’attendu qu'ils ont payé annuellement là rente portée
par le ju fdit contrat jujques & compris tyii. & qu'ils n'entendent plus
jo u ir du Domaine, dont ils font dépoffédés , ils déclarent qu’ils déguerpiffent & abandonnent ledit Domaine , & confentcnt que le fitu r
de Longat puiffe agir contre le fieur de la Chaptlle pour la propriété
dudit Domaine, ainfî qu'il a viftra,fe réfervant l'exécution de la Sen
tence qu'ils avoient obtenu fur leur demande en recours.
Il n’y a sûrement rien d’équivoquedans aucune des déclarations
que les-Faugeres ont fait dans cet a£le ; il contient ui> déguerpif
fement précis & abfolu , qui les'dépouilloit dans l’inftant de tout
droit à la propriété du Domaine.
Mais les Faugeres allèrent encore plus avant. Le fieur de la
Chapelle les avoit fait ¿(ligner pour être préfenfcià la batture des
grains qu’il avoit recueillis dans le Domaine , en çonféquence de
fa m ife en pofieiïïon en vertu de la Sentence du 16 Juin ; ils lui
firent lignifier un afte le 1 1 A o û t p a r leq uel, en juilifiant de l’aile
. d’ abandon qu’ils avoient fait depuis le. 2& Juillet précédent, ils
deelarerent que , s'étant dcfijlés de la propriété du Domaine , & s'en
- étant départis à là charge ae demeurer quitus de l'effet du contrat dt
rente , au moyen du déguerpilfement qu'ils tn avoient fa i: , Us ne prenoient plus aucun intérêt i foit aux’, fruits ,f o ii à la propriété du D o
maine ,■dont ils riitéroient le déguerpiffement.
L ’appel delà Sentence de 1 7 1 a ..f u t inftruit au P a r le m e n t t a n t
a v ec les Faugeres, qu’avec le fieur Monnet de Longat.
Les Faugcyes fournirent leurs griefs co n tre’cette Sentence par
•
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«ne Rèquâte du 3 1 Janvier 1 7 1 1 . Iis n’ignoroicnt pas alors la va
lidité de leur déguerpiflement, & , qu’au moyen de l’abandon qu’ ils
avoient fait , le bail emphytéotique de 1688. étoit pleinement
réfolu : les concluions qu'ils prirent par cette Requête en fourniffent la preuve la plus exafte.
Ces concluions tendoient à ce que Us appellations & ce dont avoit
i ù appelle fufjent mifes au néant, èmtndant qu'ils Jufltnt déchargés
des condamnations portées par lefdites Sentences & Exécutoire ; qu’il
leur fû t fait pleine & entiere main levée des cho/es JaiJies Ju r eux , avec
dommages & intérêts.
S i les Faugeres n’avoient pas été convaincus, qu’ au m oytn de
l ’ ab an don qu’ils avoient fa it , ils n’avoient plus aucun droit à la
p r o p r ié té du Domaine : i) cft fenfible qu’ils auroient demandé d’être
réintégrés avec reftitution de fruits ; mais leurs concluions n’a
voient aucun trait à cette réinté^rande ; ils avoient été
condamnés à la reftitution des fruits depuis la demande hypo
thécaire jufqu’au déiiftement ; ils avoient été condamnés aux dé
p e n s ^ c’eftà la décharge de ces différentes condamnations, qu’ ils
reftreingnoient leur appel. C'étoit auffi le feul objet qui pouvoit
les intéreffer ; tout ce qui concernoit la réintégrande ou la pro
priété du Domaine leur étoit devenu étranger , en conféquencc
de leur déguerpiflement.
Le fleur de Longat devoit , à la v é r ité , les garantir de ces
différentes condamnations ou les en faire décharger : voilà à quoi
-fe -réduifoient dès-lors la prife de fait & caufe 6c tous les engagemens du fieur de Longat fur l’exécution du bail de 1688.
Mais il favoit en même temps que le déguerpiflement des Fau
geres lui avoit transféré la propriété utile du Dom aine, à laquelle
ils n’ avoient plus aucun d ro it, au moyen de l’ abandon qu’ ils lui
en avoient fait.
C ’eft dans ce point de vue que le fleur de Longat donna uns
Requête le 1 7 Juin de la même année 1 7 1 0 . par laquelle, en met
tant à l’écart lés Faugeres & la prife de fait & caufe , il conclut
perfonnelltm ent & enjon nom , à ce , qu’ en attendant l’événement
des conteftations au fo n d , il fut ordonné qu’il feroit réintégré dans
la pôfleflion du Dom aine. & que les fruits lui en en fuffent reftitués depuis l’indue pofleilion du fieur de la Chapelle.
Il faut obferver que pendant le cours de l’inftruâion fur l’appel,
le fleur de la Chapelle donna une Requête, par laquelle il expofa
que le fieur M on net, aïeul du fieur Monrict de L o n g a t , après
l’acquifition par lui faite en 1679. du Domaine de Perier , s’etoit
• mis en pofleilion , non-feulement de tous les fonds & héritage^ qui
�formoient ce D o m a in e , mais qu’il s’étoit aulîl mis en pofleifion '
de vingt pieces d’héritages défignées 8cconfignéesdans la Requête,
que c’étoit une pure usurpation de la part du fieur Monnet; le
iieur de la Chapelle conclut en conféquence à la reftitution des
fruits de ces vingt pieces de terre , depuis la date du contrat de
Ï679. jufqu’à la Sentence de 1 7 1 2 . en exécution de laquelle le
iieur de la Chapelle s’en étoit remis en pofleffion.
Le fieur de Longat oppofoit à cette demande que !c fieur Monnet
fori aïeul n’ avoit joui que de ce qui faifoit partie du Domaine
qui lui av o ir été v en d u , conformément aux confins énoncés au
con trat, relativement auquel feulement il demandoit d’etre réin
tégré dans le Domaine ; que l’ ufurpation ou la jouiflance que les
Faugeres avoient pu faire de ces vingt pieces de terre, ne le con-i
cernoient pas.
En cet état, il intervint un premier Arrêt le 29 Août 1 7 2 2 . par
lequel il eft dit , qu’avant faire droit fur les appellations 8c dif
férentes demandes, les Parties contefteront plus amplement dans
quatre m ois, 8c cependant fans préjudice du droit deid. Faugeres,
Monnet de Longat 6c Jean Befmorels au principal ; ayant aucu
nement égard à la Requête dudit Monnet de Longat du 27 Juin
I720. jointe au procès ; il eft ordonné que ledit Monnet de
Longat rentrera en pofleifion du Domaine ôc Métairie, fitué au lieu
de Perier, vendu par Jean de la Colombe de la Guillaumie, à
Jean Monnet, par contrat du 1 4 Mars 1679. L’ Arrêt ajoute, qu’ayant
égard à la déclaration du fieur de Longat, qu’il n’a point pofledé,
ni entendu poiféder d’autres héritages que ceux compris au con
trat de vente de 1679.
m*s hors de Cour fur la demande
qui avoit été formée contre lui, pour raifon des vingt pieces de
terre qui n’avoient pas fait partie de ce contrat ; fauf au fieur
de la Colombe de fe pourvoir pour raifon de ces ufurpations
contre les Faugeres , ainfi qu’il aviferoit.
Cet Arrêt fut pleinement e xé cu té ; le fieur Monnet de Longat ; prit pofleifion du D om ain e, perfonnellement &c en fon nom , par
a£le du 29 Septembre 1722. Le fieur de la Chapelle y fut ap
pelle. Le fieur Monnet déclara au procès-verbal qu'il n’entendoit prendre pofleifion que conformément aux confins exprimés
,«m contrat de vente de 1679. ^ f,cur de la, Chapelle adhérat à
ia prife de pofleifion du fieur Monnet fous cette condition ; dès
ce moment le fieur de la Chapelle quitta la pofleifion du D o
maine ; le fieur de Longat en demeura paifible poflefleur ; & le
.fieur de la Chapelle i'e maintint dans la pofleifion des vingt pieces
de terre détachées , qui n’avoient jamais fait partie nx.du contrat • ‘
de vente de 16 7 9 . ni de l’ emphytéofe de '¿68#*
�Lès • Parties xxxastSSmt de procéder au fond en exécution de û
plus ample conteftation ordonnée par l’a r r ê t ; le fieur de Longat,
pendant le cours de l’inftru&ion , fe rendit incidemment Appèllant
de la Sentence que les Faugeres avoient obtenue en ce Siege le
premier Juillet 1 7 1 1 . par laquelle il avoit été fait droit fur la de
mande en dommages-intérêts qu’ils avoient formée en conféquence
du recours qu’ ils avoient exercé contre eux.
Poftérieurement à cet appel, & le 12 Juillet 172.5. le-fieur de
Longat-donna une Requête dont il eft important de ne pas perdre
de vue les concluions ; les Demandeurs ont eu l’attention de
l’oublier dans leur Mémoire.
Le fieur de Longat demanda a ftè , par cette Requête, de ce
qu’ e/z rtclifiant, augmentant & expliquant Jes demandes , il concllioit
à ce que la Sentence obtenue par le iieur de la Chapelle le 16 Juin
1 7 1 2 . fut in firm ée; émanaant que le fieur de la Chapelle fût
d éb ou té de fa demande hypothécaire ; ce faifant que lui Monnet
de Longat fû t gardé & maint tnu dans la propriété, pojjcjjion & jouiffance de ce Dornaim ; que le (leur dt la Chapelle fu t condamné de lui
en re/lituer les fruits , depuis & compris Cannée l’j t i.ju fq u ’au 22 Stptembte <722. jo u r auquel il avoit été réintégré dans la pojjejjîon de ce
Domaine.
Par un fécond chef des concluions de cette Requête, le fieur
de Longat conclut à ce que le fieur de la Chapelle fut condamné
de le garantir & indemnifer de tous les frais auxquels il avoit
fuccombé envers les Faugeres par la Sentence qu’ils avoient obtenu
contre lui le premier Juillet 1 7 1 2 . & autres qu’ ils pourroient pré
tendre ; enfemble, de tous leurs dommages - intérêts & dépens.
■ Rien n’eft plus précis que cette Requête ; le fieur de Longat
s’ eil expliqué clairement ; il a diftingué bien exa&ement les de
mandes qui lui étoient perfonnelles , de celles qu’ il formoit comme
garant des Faugeres; ildtmandoit en fon nom feul , 8c comme
ayant feul dtoit de propriété du Domaine qu’ils avoient déguer
pi > d’y être maintenu ; & , comme garant des F a u g e r e s , il âemandoit d’ être indemnifé de tout ce qu’ ils pourroient répéter con
tre l u i , en vertu d elà Sentence du premier Juillet 1 7 1 2 .
C ’eft le 24 du même mois de Juillet 1724. qu’eft intervenu
F Arrêt définitif, q u i , en faifant droit au fond fur tous les droits
refpeftifs des Parties, a adopté de la maniéré la plus expreife les
concluions de cette derniere Requête. Voici le difpoitif de cet
Arrêt.
Notredite Cour, par fon Jugement 0 A rrêt, faifant droit définitif
vtmentjur les appellations & demandes interloquées par. ledit Arrêt du 25
Août
�ts
9
'Août t y i l , en tant que touche les appellations, tant defdlts Pierre
Vital & Jean Faugeres, de la Sentence du procès par écrit du /G Ju in
1 71 2. exécutoire de dépens , faifies & exécutions faitei en conféquence ,
que dudit Monnet de Longat en fo n nom, & comme prenant le fa it
& caufe des Faugeres defdites Sentences , exécutoire de dépens & de ce
qui s'en efi enfuivi, a mis & met lefd. appellations , Sentences & ce au
néant ; émendant ayant aucunement égard aux demandes dudit Monnet
de Longat, portées par Requêtes des 27 Ju in tyzo. / j Juillet i j n .
i J M a i, ¡ 1 & te) Juillet 17x4. déboute ledit Defmorels de fes de
mandes , y fa it pleine & entiere main levée aux Faugeres des faifies
& exécutions fu r eux faites à la requête dudit Jean Defmorels , &
des faifies &
-f- _ f a w ix r rr'* 1— * été faits entre les mains dis
débiteurs defdits Faugeres , à la requête dudit Jean Defmorels ,
M A IN T IE N T & garde ledit Monnet de Longat dans la propriété,
pofjeffion & jouiffance dudit Domaine de Perierj condamne ledit Jean
Defmorels de rendre & reflituer audit Monnet de Longat les fruits &
revenus de tous les héritages compris audit exploit de demande du 2 6 A vril
1 7 02. depuis & compris le 23 Ju in i j t z . qu’il s'en <Jl mis en poffejjlo n , jufques au 22. Septembre 172.2. que ledit Monnet de Longat a
été réintégré en vertu de CArrêt du 20 Août t-jo.2 . . . . S U R L E
S U R P L U S des demandes refpeclives dudit Jean Defmorels , dtfdits
Faugeres & dudit Monnet de Longat, met les Parties hors de Cours
& de procès ; C O N D A M N E ledit Jean Defmorels , pour tous dommages-intérêts, aux dépens envers lefdits Faugeres & ledit Monnet de
Longat, & encore aux dépens faits par ledit Monnet de Longat contre
lefdits Faugeres , & à f acquitter des dépens auxquels II a été condamne
envers eux.
11 eft à remarquer que le fieur de L o n g a t , par fa R e q uête du
i l Juillet 1 7 1 4 . n’ avoit conclu qu’à la reftitution des dwrtJ échus
jufques à 1*Arrêt de 1 7 1 2 . & que celui de 17 14 - ne lui adjuge
pas les fruits intermédiaires , c’ eft-à-dire, ceux échus depuis 1 7 1 2 .
jufqu’au jour de l’Arrêt définitif. Cette obferyation recevra fon.
application dans la diieuifion des moyens.
L ’Arrêt contient une dernieredifpofition qui p orte fur la demande
que'ficur de la Chapelle avoit formée , tant co n tre le iieur de
Longat que contre les F au ge re s , en reftitution des fruits des
vingt pièces de terres qu’ils avoient ufurpées. L ’Arret de 1 7 2 1 *
comme on l’a déjà v u , avoit mis le ficur de Longat hors de
Cours fur cette demande , fauf au ficur de la'Chapelle à la fuivre
contre les Faugeres. Le fieur de la Chapelle avoit repris ,cette}
demande contre e u x , & l’ Arrôt de 1 7 1 4 . ordonne , qurA cet
é g a r d , les Parties contefteront plus amplement dans trois mois ,
dépens quant à ce réferyés,
B
�Les Défendeurs s’étoient propofés de renouveller cette demande
en ce Siege , maïs ils fe font apperçus qu’elle étoit liée au Par
lement par la plus ample conteftation ordonnée par l’Arrêt.
Le fieur de Longat jouiiToit tranquilement du Domaine depuis
1 7 2 1 . mais il n’étoit pas exaft à en payer les Importions. Il ne
paya pas celles de l’année 1724. Il n’y avoit jamais eu, comme on l’a
obfervéau commencement de ce Mémoire , qu’une feule & même
cote , tant pour raifon du Domaine , que pour raifon des vingt
pieces de terre j j w>èn i3a< qui n’ en faiioient pas partie ; les Colle â e u rj , chargés du recouvrement, jugèrent à propos de s’ adreffer au fieur de la Chapelle, qui fut contraint de payer.
Le fieur de la Chapelle fit affigner en coniéquence le fieur dç
Longat en l’ Eleftion d’ IiToire, où il obtint Sentence qui condamne
le fieur de Longat à lui rembourfer la moitié de ces Impofitions.
En exécution de cette Sentence , le fieur de la Chapelle fit
procéder par faifie de fruits, comme des biens du fieur de Longat,
lur quelques héritages du Domaine de Perier. Le procès-verbal
eft du 1 Août 1 7 1 4 .
Le fieur de Longat eft décédé quelques années a p r è s , paifiblc
poiTeffeur du Domaine ; il ne Iaifla ni enfans, ni petits enfans ,
de la minorité defquels le fieur de la Chapelle put fe p rév alo ir,
comme les Demandeurs l’ont hafardés dans leur Mémoire ; il n’avoit pas été marié. Le fieur de la Chapelle, aïeul des Défendeurs ,
eft décédé en l’année 173 r. peu de temps .après le fieur de Longat.
La Dame Monnet de L a fa y e , feeur du fieur de Longat & fon
unique heritiere préfomptive, répudia à fa fucceflion, fur laquelle
elle avoit des droits considérables à exercer.
Le fieur de L o n g a t, après le décès de Jean M onnet, aïeul
commun, s’étoit emparé de tous les biens de fa fucceflion ; il en
revenoit une moitié à la Dame de Lafaye fa fœur ; il lui devoit
suffi la reftitution des fruits.
•• La Dame de Lafaye fit nommer un curateur à fa fucceflion v a
cante ; elle obtint' Sentence en ce Siege contre ce curateur en
l’année 17 3 5 . q u i, en ordonnant le partage des biens de la fucceflion de Jean Monnet , liquide en même temps les créances
dues à la Dame de Lafaye.
Comme la fucceflion du fieur de Longat avoit etc vacante depuis
fon décès , le Domaine l’avoit etc aufli; les. Colle&eurs de la Pa«
roifle de la Chapeljejfur-UiTon, le faifoient valoir fucceifivement
pour fe procurer le paument de? Impofitions. Us obtenoient à cet
effet chaque année iine ''Ordonnance de l’E leâion d’ Ifloire, qui les
y àutoriioit, Antoine Faugercs, l’un des Demandeurs, l’a exploité.
�lui-même en fa qualité de ConfuI en Tanncc 17 3 7 . Ces faits font
de notoriété publique fur les lieux.
^ En l’année 17 3 8 . la Dame Monnet de Lafaye , en qualité d’ héritiere de Jean Monnet, fon aïeul, & créanciere 'privilégiée de la.
fucceÿion dufieur Monnet de Longat, Jon frere, obtint un Commiffion du Parlem ent, à l’effet de faire affigner Jean Defmorels de
la Colombe , pere des Défendeurs, pour voir déclarer exécu
toire contre lui l’ Arrêt de 17 2 4 . en conféquence être condamné
à la reftitution des fruits du Domaine de P e r ie r , tant de ceux
adjugés par l’Arrêt provifoire de 1 7 1 2 . que ceux échus depuis.
La demande étoit évidemment infoutenable , par rapport à
la reftitution des fruits depuis 1 7 2 2 . puifque à cette époque le
lieur de Longat avoit été réintégré dans le Domaine , dont il avoit
joui jufqu’à fon décès ; que le fieur de la Chapelle étoit décédé
peu de temps après lui, & que depuis le décès du fieur de Longat
le Domaine n’avoit plus été exploité que par les Colle&eurs pour
le paiement des Impofitions.
La Dame de Lafaye obtint cependant deux Arrêts par défaut;
l ’un faute de comparoir , 6c l ’autre faute de défendre , qui lui
adjuge fes concluiions.
Le pere des Défendeurs, pour éviter une plus ample difeuflion,
prit alors le parti de ftipuler la fubrogation des droits de la Dame
de Lafaye fur la fuccefîion du fieur de Longat fon frere.
Il y eut en conféquence un traité paffé entre le fieur de Lafaye,'
en qualité de mari de la Darne M on net, héritiere pour une moitié,
de Jean M on net, fon aïeul paternel, & créanciere privilégiée de Is
fuccejjîon du fieur dt Longat Jon frere , le 19 Août 1 7 4 2 . dont il
eftj eflentiel de réunir toutes les difpofitions ious lin feul point
de vue ; on ne peut pas les d iv ife r; elles font néceffairement
relatives l’ une à l’autre.
I l efl d it , par ce traité , que le Jîeur de Lafaye , auxdits noms
a Jubrogé le Jîtu r Defmorels, pere des Déjendeuis , au lieu & place de
ladite Monnet ,‘à Ceffet du contrat dt vente du 14 Mars tGjÿ. & du
bail emphytéotique du 10 Juillet 1688. & des Arrêts des 29 A v ril
I J 2 2 . & 24 Juillet <724. enfemble pour les arrérages de rente
ou re/îitution de fruits que lefdits fleur & Dame de Lafaye pourroient
prétendre depuis & compris i j 12. jufqu à préfent, même pour les f a i s
qui ont été faits tn la Cour de Parlement contre lui & fes freres , fu r
la dtm&nie delà Dame veuve Monnet, le tout (ans aucune garantie pour
quelque Cdufe que ce fa it , f i et n efl de celles qui feront ci-après ex
pliquées , moyennant le p rix de la fo m m e de 6000 l. pour le paiefittnt dt laquelle, . , . . W moyen defquellts délégations & paiement
<
B z
�ledit finir Defmords demeurera quitte du prix de là fubrogation, confentle par Us (leur & Dame de Lafaye , qui, en recevons dans lefdits
termes & fous la réferve de leurs préférences & hypothèques, émanées
defdit s contrats & Arrêts , promettent de garantir ledit (leur Defmorels
de ladite fomme de 6000 l. au cas que, par quelques êvénemtns im
prévus , il fouffre éviclion dans la rente emphytéotique , à laquelle il e(l
fubrogé ci-defjus ; s'obligent pareillement d * le garantir des faifles....
Ledit Çitur Defmorels prend furfon compte toutes les demandes , garan
ties & ¿viciions que pourroient former contre ladite Dame Monnet &
ledit fleur de Lafaye , les héritiers defdits Robert & Jean Faugeres ,
¿> communs , en vertu dudit bail emphytéotique du 10 Juillet 1688. &
des Arrêts ci-de(fus da.tés , tant pour refUtution de fruits & jouiffances ,
que p o u r dépens, dommages-intétêts ; en forte que lefdits fleur & Dame
de Lafaye ri en foient inquiétés en aucune maniéré, S A U F A U D I T
S I E U R D E S M O R E L S , àfaire valoir, comme bon lui femblera , à fes
périls , rifques & fortunes , le déguerpifftment que lefdits Faugeres ont
fa it flgnifier à Me. Blaife Celin , Sieur Durodcl, à Dame Gilbertt
Betard ,fon époufe, auditfleur Monnet de Longat & à Robert G eneix,
fon curateur, de. la propriété dudit Domaine de Pener, à eux empkytéofé , par acte du 28 Juillet i j i 2 . dont il a été fait extrait & colla
tion Ju r Coriginal, repréfentèpar l ’un defdits Faugeres , devant Btrard,
Notaire roy al, le 16 Novembre i j i z . f l g n é dudit Faugeres , contrôlé
a Iffoire le t j du même mois, par Légat ; lequel extrait & collation %
le fl(u r de Lafaye a préfentement délivré audit fleur Defmorels , avec
l original d ’un exploit fa it à la requête defdits Faugeres le it Août tyix.
par G iro t, Huifjler, contrôlé a Saint Gtrmain-Lambron par Grtnet,
énonciatif dudit acle de déguerpifjement ; lefquelles deux pieces Jedic
fleur Defmorels a retiré pour s’en fervir ainjl qu’il avifera, pour la
garantie , fiipulée de f a part , par les fleur & Dame de Lafaye ,fanslaquelle ils n’auraient confentis à ces préfentes.
Telles font exaâemenr les claufes de ce traité , que les D e
mandeurs préfentent comme unaûc de fubrogation pure & Ample*
fait par l’héritier du fieur de L o n g a t, & uniquement déterminé
au bail emohytéotique de 1688.
Le fietir Defmorels , en conféquence de ce traité , fe mit en
pofleiïion du Domaine de Pericr , ôc il en a joui tranquillement
jufqu’ à fon décès.
Les Défendeurs, après le décès du fieur Defmorels, leur pere,'
ont auiïi joui paifiblement jufques en l’année 1766. Ils étoient
alors fous la tutelle de la Dame Chabanolles, leur merc.
Les Demandeurs la firent afligner en défiftement du Domaine,’
avec reilitution de fruits depuis 1 7 1 1 . Ils abandonnèrent cette
demande, ôc l’ayant Iaiffé fans pourfuites, la Dame de Cha-
�banoles obtînt Sentence en 176 9 , qui déclara la péremption
acquife.
C e n’ eft que deux ans après cette Sentence & le 19 Janvier 1771.
près de foixante ans après le déguerpiiTement fait par leurs auteurs,
que les Demandeurs ont imaginé de former une nouvelle demande
contre les Défendeurs. •
On ne peut pas fe difpenfer de relever ici une obiervation auifi.
peu décente que déplacée , que les Demandeurs ont hafardée ,
&£ qu’ ils ont affe&é de multiplier dans leur Vlémoire.
Ils ont dit que s’ ils ont laifle tomber en péremption la demande
qu’ ils avoient formée contre la Dame de Chabanollcs, ik s’ ils
ont demeuré depuis fi long-temps dans l’inattion , c’eft qu’ils
ctoient privés de tout ce qui pouvoit fervir à leur défenfe, par
l’enlevement qui avoit été fait de leurs pieces, entre les mains
du fieur G e n u it, Notaire il Saint Germain - Lambron , qui les
avoit en dépôt.
vî Ils ont ajouté qu’ ils ont rendu plainte de cet enlevement ; qu’ils
ignorent le fecret des informations ; mais qu’ils v o ie n t , avec
furpriie , que les Défendeurs ont produit l’original même de
la lignification qui fut faite au fieur Definorels, leur aïeul, le 1 1
Août 1 7 1 2 . du déguerpiiTement du 2<? Juillet précédent, & une
copie collationnce de ce déguerpiiTement, faite fur la repréfention
de Pierre Faugeres le 15 Novembre 1 j i i . ils fe font enfuite e x
pliqué plus clairement , ils ont imputé g * enlevement aux D é
fendeurs.
Outre que le prétendu dépôt fait entre les mains du fieur Genuit
paroit nfTez llngulier , i l ne feroit pas moins extraordinaire que les
Demandeurs euilent demeurés plus de foixante ans dans l’inaflion ,
fans faire la moindre* recherche , & que c 3*fût précifément qu’à
la veille du Jugement du procès , dans les temps qu’il étoit entiè
rement inllruit, èc qu’ ils avoient fait ufage généralement de toutes
les pieces fk. de tous les aâes qui pouvoient leur être néceflaires,
qu’ils ie font apperçus de cet enlevement imaginaire y car il faut
remarquer que c’eft pour la premiere fo is, & dans leur M ém oire
feulement que les Demandeurs ont ofé avanturcr ce fait.
Mais quoiqu’il en foit de cct enlevement prétendu , l’imputa
tion n’en elt pas moins harfardée ; les Demandeurs avoient fous
les yeux , lors de la rédaftion de leur Mémoire , le traité de
1 7 4 1 . ils y voient que les deux aftes , dont ils difent que la pro
duction les a fnrpris , avoient été délivrés par le fieur de Lafaye ,
pour , par le fitu.r Defmorcls , s'en fervir , ainfi qu’il avijeroit , pour
U garantie à laquelle il s'étoit obligé par ce traité. Il n’y auroit rien
�14
eu du fait des Défendeurs dans cet enlevement im agin é ; & dèslors l’affettion des Demandeurs rfT némffliBiniî très-peu réfléchie.
Les Demandeurs ont juflifié pendant le cours du procès de
deux écrits fous fignature p r iv é e , dont il refte à rendre compte.
Le premier de ces écrits eft du 9 Juin 1 7 1 6 . Il a été paiTé double
entre le fieur Monnet de Longat 6c Robert Faugeres , faifant tant
pour lui que pour fes freres. Il eiî conçu en ces termes.
« Nous fouiïignés Jean Monnet, héritier de Me. Jean Monnet
» mon pere , & Robert Faugeres , faifant tant pour moi , que
>> pour Blaife , Antoine &c Jean Faugeres, mes freres , avons con» venus de ce qui fuit. Savoir , que moi de Longat prometspaÿer con~
» trat de vente ou de rente rachttable au profit defdits Faugeres ,
» du Domaine à moi appartenant, appelle de Perier, fitué dans les
» appartenances de la Chapclle-fur-UfTon, provenu de mon aïeul,
» & tel qu H ejl déclare par le contrat de rente qu'il en avoit confenti
» au profit des Faugeres, & ce moyennant le principal porté par
» ledit contrat de rente , que lefdits Faugeres feront tenus d«r
» nie payer dans les termes qui feront par nous accordés , lequel '
» contrat de vente fera bon après le mois de Septembre prochain,
» à telles autres conditions qui feront portées par ledit contrat & qui
» feront arrêtées entre nous ; fur le prix duquel contrat à paffer ,
» moi Monnet reconnois avoir reçu defdits Faugeres la fomme
» de 300 1. dont je les tiens quitte ; & , en cas que le différent que f a i
>. pendant au Parlement, pour taifon dudit Domaine, ne foit entié» rement décidé dans le fufdit temps , moi Monnet promets aux
» Faugeres de leur rendre , aux prochaines Fêtes de N o ë l , la fuf» dite fomme de 300 1. enfemble l’intérêt, en foi de ce avons
» fignés. »
On trouve enfuitc de cet écrit deux quittances du fieur
Monnet de L on gat, l’ une de la fomme de 40 1. en date du 1 7
Septembre 1 7 1 6 . & l’autre de la fomme de 100 1. du 8 Décembre
l 7 l 7, .
Le fécond écrit que les Demandeurs rapportent eft du 29 Sep
tembre 1 7 a ! . Le fieur Monnet de Longat déclaré que la poiTeflion
du Domaine
Métairie de Perier, dans laquelle il a. été renvoyé
par Arrêt du aq Août précédent, n’eft que p rovifoire, & qu’il
çonfent que Pierre Faugeres rentrera dans la poflefïion de ce D o
maine , fous les mêmes conditions qu’il en jouiil'oit auparavant j
ce qui a été accepté par ledit Pierre Faugeres.
C et é c r it, qui eft d’une main étrangère , paroît infiniment fufpett ; il cil fimplement fouferit-par le fieur de Longat fans appro
bation ; il n’a pas été fait double. Le fieur de Longat prit le mémo
�1SI
15
jour poffeffion du Domaine pcrfonncllcmcnt & en ion nom, fans
faire aucune mention des Faugcres dans l’a&e de prife de poffeilion.
Tels font les faits qu’il étoit néceffairc de rappeller ; on ne craint
pas que les Demandeurs entreprennent d&icontcfter l’exa&itude ;
ils annoncent d’ avance le peu de fuccès qu’ ils doivent attendre
d’une demande qui ne doit fon exiftence qu’à la cupidité. Les fonds
font aujourd’hui portés à un prix exceffif ; le Domaine de Perier eit
aâuellement en meilleur état : ils fe font imaginés, qu’à la faveur des
deux écrits, dont on vientds rendre compte,qui avoient demeurés
enfevelis dans l’ oubli pendant plus de foixante ans, en donnant
un fens forcé aux Arrêts de 1 7 1 1 . & de 1724. en interprétant
à leur gré la tranfaûion de 1 7 4 1 . & en déguifant 011 fupprimant
les faits les plus eflentiels, ils pourroient parvenir à faire perdre
de vue le déguerpiffement que leurs auteurs avoient fait du
Domaine dont il s’ agit.
Mais les faits rétablis. C ’eft dans ces écrits même , dans les deux
Arrêts & dans la tranfa&ion, que les Défendeurs puiferont
leur défenfe. Ils la diviferont en trois propofitions.
Ils établiront, dans la premiere, que le bail emphytéotique de
i6 8 £ . a été pleinement réfolu par le déguerpiffement fait par les
Fau geres, ¿C que la réfolution de ce bail eft devenu irrévoca
b l e , par la dit'poiition de l’ Arrêt de 1 7 1 4 .
Ils feront v o i r , dans la fécondé , que c’ eft abufer ouvertetement des différentes ftipulations du traité de 174 2 . de le confidérer comme une iubrogation pure & fimple au bail d’emphytéofe^ de 1688. qui n’ exiftoit plus , & que ce traité , qui eft un
a£le étranger aux Demandeurs , n’ a eu d’autre objet qu’une fubrogation générale &c indéfinie aux droits de la Dame de Lafaye.
On prouvera , enfin , dans la troifieme, qui eft purement fubfidiaire, que dans le cas où l’on pourroit penfer, contre la véri
té démontrée , que le bail de 1688. n’ a pas été réfolu , foit par
le déguerpiffement de 1 7 1 1 . foit par l’ Arrêt de 1724. l’aâion des
Demandeurs feroit preferite. On répondra en même temps aux
objeâions fur chaque propofition.
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REMIERE
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P: iR O P O S I T I O N .
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Les Demandeurs ont affefté de confondre le déguerpiiTcment
avec le fimple délaiffement par hypotéque.
Il eft vrai quç,,dani l’ u fage, on lefert affei ordinairement du
�i6
terme de dègturpïjjcmtnt pour fignifîer l’un Sf. l’autre : il y a cependant
One différence effentiele faire ; 6c les effets ne font pas lesrtiêmes.
Le délaiffement que fait«^ tiers acquéreur , pourfuivi par les
créanciers hypotécaires de
—m
ne le dépouille point ;
il ne tranfmet pas la propriété de l’héritage au créancier qui
l ’a troublé par une demande en déclaration d’hypothéque ; parce
que ce créancier n’a jamais eu droit à la propriété de cet héri
tage ; ce délaiffement n’a d’autre effet que celui de difpenfer de
la reftitution des jouiffances , 6c d’autorifer le créancier à faire
vendre fur un curateur au déguerpiffement, la propriété 6c la
poffeilïon civile de l’ héritage, relient toujours fidîivement per
manente fur la tête du tiers du détempteur ; il ,n’en eit ftrpniiiyn
irrévocablement que par une vente judiciaire.
Il n’en eft pas de même du déguerpiffement ; il n’ a lieu qu’en
matiere de rentes foncières, ou autres charges réelles ; il fe fait
par le preneur au bailleur de l’héritage iï la charge de la rente ,
l’effet de ce déguerpiffement eit de relourdre le bail à rente , le
droit de l’ emphytéote eil dès-lors éteint 6c am o rti, 6c le Seigneur
rentre dans fon ancien d r o it , pour jouir pleinement de l’ héri
tage, comme il en jouiffoit avant qu’il l’eût emphytéofé. Cela eil
fondé en difpofition de droit, & c’eftainfi que s’expliquent gé
néralement tous les Auteurs.
O r , il n’eft pas poflible iU» 1» uei1 lin doute raifonnable fur la
qualité de l’afle d’abandon fait par les Faugeres du Domaine dont
il ’sagit ; c’eft un vrai déguerpiffement, un déguerpiffement propre
ment dit: il a été fait par le preneur au bailleur du Domaine , à la
charge de la rente ; il a été fait régulièrement &C fuivant les formes
preferites par la Coutume ; on ne peut pas le confidérer fous un point
de vue diftérens.
>
Les Faugeres ont donc renoncé dès-lors à tout droit de pro
priété fur le Domaine ; cette propriété utile, qu’ils avoient acquis
par le bail de 1688. a etc réunie dans le même moment, par la
réfolution de ce bail à la propriété direâe qu’ avoit le fieur de
Longat ; c’eit une reftitution, comme diient les Auteurs, qui lui
a été faite de cette propriété.
Ce feul a â e d e déguerpiffement, réitérée par les Faugeres, lors
de la dénontiation qu’ils en firent au fieur de la Chapelle, 6c con- *
tre lequel on réclame àujburd’hui, pour la première f o i s , après
foixante ans d’inaâion , fufiroit fans doute pour rep o u ffer la pré
tention injuite des Demandeurs. Mais Jes d e u x Arrêts de 1 7 1 1 ôc
1 7 1 4 . rendus contradi&oirement avec les F au ge res auroient, dans
tous les cas, rendu l’effet de ce déguerpiffement absolument irré
vocable.
Toutes
�Toutes les queftions qui pouvoient s’ élever Tur la validité du
déguerpiffement, ont cté jugées difertemcnt par ces deux Arrêts.
Les Faugeres étoient en caufes ; cependant, p?.r le prem ier, le fo u r
de Longat , a été réintégré perfonnellement & en Ton nom dans
la pofleiîion du Domaine ; ôc l’Arrêt définitif, en le confirmant
dans cette pofleffion, Lui en a aufli adjugé perfonnellement &: en
ion nom la propriété abfoliie , avec reftitution de fruits.
C ’eft donc fe refufer à l’cvidence, &C aller ouvertement contre
la chofe jugée par un Arrêt irrévocable, de prétendre, que , mal
gré le déguerpiffement, malgré la difpofition la plus précife des
deux Arrêts, la propriété du Domaine de Perier, n’ a pas cette de
réfider fur la tête des Faugeres.
C e n’eft aufli, comme on l’a déjà dit, qu’en hafardant des faits,
en défigurant ceux qui font établis, £c en abufant manifeftement
de la lettre & de l’efprit, tant de l’aüe de déguerpiffement que
des deux Arrêts , que les Demandeurs ont imaginé qu’ ils ponrroient faire renaître , pour ainfi d ire , l’emphytéofc de 1688. C'eft
ce que l’on fe propofe de développer en répondant aux moyens
que les Demandeurs ont a. oppoféj^fur cette premiere propofition.
Objections.
Les Demandeurs oppofent, i ° . que le déguerpiffement, fait par
les Faugeres, n’a été que conditionnel; qu’ ils avoient étédépoffedés de fait ; qu’ils ont déclarés en conséquence au fieur de Lon gat,
que les choies n’ étoient plus entieres ; qu’ils c on fen to ien t à f inter
ruption du b a il, fans préjudice de leurs dommages & intérêts ;
que leur abandon fe rapporte à cette dépofleflion de fait ; qu’ils
n’ ont *pas fait cette dém arche, en vertu du droit qu’a le Rentier
de déguerpir, mais comme troublés &• rtfwo u V dans leur poflefiion ; & c’ eft la raifon pour laquelle ils flemdhdoicnt des dom
mages & intérêts.
i ° . Que le déguerpiffement de 1 7 1 2 . n’ a pas été accepte par
le [fieur de Longat ; qu’il n’ avoit garde d’y déférer, P|*rce ^ue
les conditions lui étoient bien moins avan tag eu fes ; que fi les Fau
geres avoient confer.ti de fe remettre en pofleffion , conformé
ment à l’Arrêt de défenfes, avec
autant plus de raifon que les
dommages & intérêts , qui étoient dus aux Faugeres , n'auroient pu
être moindre^ que de la valeur actuelle du Dom aine, puifqut /’acle de
1G88, les fixe à la valeur des héritages à dire, d'Experts.
3° . Qu’ on ne peut pas leur oppofer l’Arrêt provifoirc de
�\lja.
>
. 1 8
*
172.2. la po/TeiTion prife par le iieur de L o n g a t, en exécution
de cet A r r ê t , ni l’ Arrêt définitif de 1724. parce que le fieur de
L o n g a t , n’ avoit agi que comme garant formel des Faugeres ;
que la réftitution des fruits, ne lui avoit été accordée que pour
leur compte ; que l’ Arrêt définitif ne pouvoit maintenir, dans la
propriété du Domaine , que le fieur de L o n g at, qui demandoit
cette maintenue comme garant,
non les Faugeres, q u i'fe r e pofoient fur leur garant. Que fi l’ Arrêt de 1 7 1 2 . énonce un R e
quête du fieur de Longat du 27 Juin 172 0 . par laquelle il avoif
conclu en fon nom à la réintégrande , & à la reftitution des fruits ;
ce même Arrêt en vife un autre du 30 Août 1720 . par laquelle
Je fieur de Longat demandoit très-difertem ent, que le fieur
, Defmorels fût tenu de reiiituer aux Faugeres lès fruits perçus,
& qu’il faut s’ en tenir préférablement à ces conclufions polîérieures du iieur de Longat.
Les Demandeurs oppolent, enfin , que l’aftc d’abandon, fait par
les Faugeres , eft pleinement effacé par les écrits de 1 7 1 6 . & 1 7 2 2 .
que le fieur de Longat , non-feulèment n’ a pas voulu en tirer
avantage ; mais, de plus, qu’il leur a confervé leurs anciens droits,
& qu’il leur en a acquis de nouveaux. .
Tels font en fubftance tous les moyens propofés par les D e
mandeurs contre le déguerpiirement fait par leurs Auteurs. Il
faut les fuivre dans le détail.
Il n’y a rien de conditionnel dans le déguerpiiTement fait par les
yf
Faugeres le 28 Juillet 1 7 1 2 . c’eft un déguerpiiTement pur & fim/■ -z y
pie d’ un abandon abfolu de la propriété du Domaine dont il s’a------------------------ git ; abandon qui-^MÉBkM« dépouillé fans retour de tous droits de
propriété à ce Domaine.
‘ \
Cet abandon ne contient aucune forte d’alternative ; les Faugeres
déclarent préciiément quils déguerpiffent, & abandonnent’ ledit
Domaine ; qu'ils confentent que le fieur de Longat puijjt agir contre
h jitu r de la Chapelle , pour U propriété de ce D o m a i n e a i n j î q u i l
avifera. L ’a£te de dénonciation, qu’ils firent faire au fieur de la
Chapelle de leur déguerpiiTement ‘lé 1 1 Août fiiivànt^ 'n’efl pas
mbins précis. Ils déclarent encore difertement, qu'en conféquence de
tabandon qu'ils ont fait au Jitù r de LongAt, ils ne prétendent plus
aucun droit, ni aux fru its, n i à la propriété.11 faut un effort d’ima
gination pour trouver, dans une déclaration aufli cxa&c 5c auili
✓
�i9
déterminée i une condition ou uns alternative quelconque.
Le préambule de cet ade de déguerpiflement ne peut étro^.
d’aucune confidération ; les Faugeres ont expofé fi CTSësHHSBtles motifs qui les déterminoient à déguerpir; mais ces motifs ne
changent rien à la qualité ou
la fubîlance de l’ abandon il
n’ en eft pas moins pur &c firople & fans condition.
Il en eft de même de la réferve que ie firent les Faugeres
des dommages 8c intérêts qui leurs avoient été adjugés contre le
iieur de Longat par la Sentence du premier Juillet précédent;
cette réferve ne forme 8c ne peut former ni alternative ni con
dition ; le déguerpiflement n’eft pas moins précis 8c abfolu, fauf
aux Faugeres à faire valoir la Sentence qu’ils avoient obtenue ,
ainfi qu’ils aviferoient.
Il faut remarquer que les Demandeurs ne cherchent qu’à faire
illufion ; il ne s’agit pas ici du déguerpiflement fait par un pre
neur , qui y auroit renoncé par le contrat de rente ; le bailleur
dans ce cas la , en faifant cefl’er l’ é v i& io n , auroit mis le Rentier
hors de tout intérêt : il pourroit l’obliger de continuer la rente
qu’il n’avoit pas la faculté de déguerpir.
Mais , dans l’efpece préfente , le cas du déguerpiiTement avoit
été prévu par le bail à rente ; les conditions en avoient été
réglées; les Faugeres avoient en conséquence la faculté de déguer
pir quand bon leur fembleroit , foit qu’ ils fuflent évincés, foit
qu’ils ne le fuflent pas ; 8c le fieur de L o n gat, n’auroit pasété le
maître de les forcer de continuer la rente.
Dans le fyftême fingulier des Demandeurs , les Faugeres auroient pu fe jouer de leur déguerpiflement ; ils auroient pu fairtf
valoir l’abandon qu’ils avoient fait ; 8c le fieur de L o n g a t, n’au
roit pas pu s’en prévaloir contr’eux.
'
Les Faugeres avoient annoncé leur déguerpiiTement d’entrée
de cau fe; ils avoient conclu fur la demande en recours qu’ ils
avoient formé contre le iieur de Longat, à ce qu’il fût tenu de faire
ceffer la demande en déclaration d’ hypothéque qui avoit été for
mée contr’e u x , ou.de les décharger de C effet général du contrat de rente ;
(onfentir à ta réfolution de ce contrat, en conformité dt la. clauft <Ticelui,
. aux offres d ’exécuter de leur part les claufes particulières y appofées.
Le iieur de Longat s’étoit mis en réglé ; il avoit pris leur fait
& caufe, il avoit obtenu un Arrêt qui faifoit défenfes d’ exécuter
. Ja Sentence qui avoit évincé les Faugeres, & il leur avoit fait
'fignifier cet Arrêt, avec fommation de fe maintenir dans la pofT
içiTion du Domaine.
..
n. , jw. ■
Mais les Faugeres, fans avoir aucun é g ard , ni à la priie de
�fait & ca u fe , ni a I’ A rrct, préférèrent de s’ en tenir à l’alterna
tive qu’ils avoient offert par leur demande en recours: ils fe dé
terminèrent de répondre à la prife de fait & caufe du fieur de
L on gat, par le dégucrpiiiement pur &C fimple qu’ ils lui firent fignificr le 28 Juillet 1 7 1 2 /
Dans de pareilles circonftances / ri’eft-ce pas abulcr o uverte
ment des termes de l’abandon fait par les Faugeres, de le préfenter
comme un déguerpiilement conditionnel ?
On y v oit au contraire clairement que les Faugeres ont ilfé
pleinement
fans reftrifHon de la faculté qu’ ils avoient de
déguerpir ; qu’ ils ont en effet déguerpi purement &c Amplement
6c fans condition ; on y voit anfii qu’ils ont renoncé expreflement à la prife de fait & caufe du fieur de L o n g a t , fous la fimple
réferve des domm ages-intérêts qui tafravoient été adjugés. .
Mais cette r é f e r v e , comme on l’a déjà d i t , ne rend pas le dcguerpiiTement con d ition nel; pour qu’ on pût le fuppofer t e l, il
auroit fallu que les Faugeres , enflent donné l’ option au fieur de
L o n g a t , ou de faire ceifer l’é v iû io n ou de les dédommager.
Mais ce n’eft pas dans ces termes qu’ils fe font expliqués ; c’eft
après que le fieur de Longat a eu pris l’éviûion fur fon compte ;
après qu’ il leur a déclaré par un a£le en forme qu’il avoit pris
leur fait & caufe, qu’en rejetant cette prife de fait
caufe du
fieur de L on gat, &'en ufant de la faculté üipuléepar le bail à rente
de 1688. qu’ils ont abandonné la propriété du Domaine par le
déguerpiiTement pur & fimple qu’ils en ont fair.
D ’ailleurs eft-il bien vrai que les Faugeres , en déguerpiiTant ,
fuffent fondés de prétendre des dommages-intérêts contre le fieur
de Longat ; Sc que ces dommages & intérêts, comme les Deman
deurs le fuppofent, fe trouvoient fixés par le contrat de rente k
la valeur du Domaine }
Il ieroit|très-indifférent, pour la décifion de la queftion quieftA ju
g er, q i ’il fût dû des dommages-intérêts aux Faugeres, ou qu’ilne leur
en fûtpasdû ; il en feroit de même , dans le cas ou ces dommages &
intérêts auroient été fixés par l’a£te de bail à' rentc ; toutes ces
circonftances font indépendantes du déguerpiflement ; les Faugeres
s ’étoient fait la réferve de la Sentence q u ’ils avoient obtenu con
tre le fieur de.Longat ; ils pouyoient la faire' v a f ô i r , s’ils y étoient
fondés. V o ila ù quo i fe réduifoit tout l’effet dé. la réferv e faite
par les Faugeres ; le déguerpiilement n’ en étoit m o in s àbfolii , la
réfqrve ne formoit pas une condition.
\ r
Ueft manifefte que le déguerpiilement, fait par les Faugeréspoftérieurement à la prife do fait
caufe du fieur de Longat , avoit
fait ceffer i’ eifet de la S:n ten:e qu’ils avoient obtenu , éc qu’ en
�2,1
16 $
conféquence de ce déguerpiiTement il ne leur étoient dîi aucuns
dommages-intérêts.
Il faut encore remarquer que les Demandeurs , en tranferivant
dans leur Mémoire, une partie feulement t^e la claufe du contrat
de 1688. fur laquelle ils prétendent établir les dommages Si inté
rêts des Faugcres, n’auroient pas pu être moindres que de la valeur ?
du Domaine , ont négligés fans doute par inadverrence d’ y traniT^
crire un feul mot, qui donne cependant un fens bien différent à
cette claufe.
Il eil dit, par le c o n tr a t , que le ficur Monnet a délaiffé le D o
maine aux Faugcres tel cu ’il lui avoit été vendu par le fieur de
la Guillnumie ; fans qu'il fait tenus d'aucune garantie que de fes
faits de promefles , ni d'aucuns dommages & intérêts, en cas qui ùirvînt évi&ion d'aucun des héritages ftisém****, que de la valeur
d’iceu x, à dire d’Experts.
Les Demandeurs ont annoncé cette claufe dans leur Mémoire,
d’une maniere bien différente ; ils ont paffé fous filence la pre
mière partie, par laquelle le iïeur Monnet à ftipulé qu'il ne feroit
tenu d'aucune^ garantie que de fes faits & promefjes ; 6c dans la fec o n d e ,qui eft celle qu’ils ont tranicrit en oubliant lc wit-, d'aucun,
ils ont dit iimplement qu’il étoit convenu qu’ en cas d’éviction
des hè'itagts , le fieur Monnet feroit tenu pour dommages-intérêts
de leur valeur.
Il eit facile d’ apperccvoir la différence qu’ il y a entre ces
énonciations ; le fieur Monnet déclare d’ abord qu’il vend fans
aucune garantie que de fes faits 6c promettes; il ajoute néan
moins que dans le cas ou les preneurs feroient évincés d'aucun
des héritages qui leur étoient donnés à rente , il feroit tenu de
le dédommager de leur valeur.
Le fens de cette double ilipulation ne paroît pas équivoque;
le lieur Monnet vend en général fans garantie ; m ais, dans le cas
«l’ une éviâion particulière d'aucun des héritages donnés à rente;
il s’ oblige de garantir de la valeur de l’ héritage évincé, c’eil-àdire , de diminuer la rente à proportion de la valeur de l’ héri
tage; cela étoit ju ñ e , 6c il ne paroît pas poiîible d’interpréter
cette claufe d’ une maniere différente.
C ’eit donc forcer abfolument la lettre précife & le fens naturel
•de la claufe , de l’éteiidrc à l’évi&ion générale du Domaine , pour
raifon de laquelle le ficur Monnet a déclaré qu’il ne fe fou nettru
;\ aucune garantie à cet égard qiic de fes faits 6c promeffes ; garan
tie qui fe rapportoit au contrat de 1679. fur la foi duquel il avoit
donne à rente le Domaine qu’il avoit acquis par ce contrat.
y
*ù 1
�Dans le cas d’une vente pure & limplc , moyennant un prix
déterminé, l’ acquéreur, en cas d’é v i û i o n , outre le rembourfement du p r i x , ne pourroit jamais exiger des dommages-intérêts
que relativement à la perte qu’il auroit fouffert, eu égard à
la valeur actuelle des héritages lors de l’éviftion.
Mais dans un contrat de rente où le preneur ne débourfe rien
il lcroit fans doute bien extraordinaire que ce preneur à rente,
étant évincé , il put demander d’être dédommagé de la valeur de
l’ héritage ; on n’a jamais vu jufqu’à préfent une llipulation fembla.ble dans un contrat de rente ; mais tout ce que le preneur k
rente pourroit exiger , ce feroit d’être dédommagé à proportion
du profit qu’il auroit pu faire après la rente payée. Au furplus ,
.le conrràt de vente de 1688. non-feulement ne contient pas une
fembUble ftipulation , il en contient une exadement contraire.
Que l’on fuppofe cependant la claufe du contrat telle que les
Demandeurs l’ont prélentée, ileft certain que les Faugeres n’auroient pas pu s’ en prévaloir ; l’effet de cette claufe auroit été
anéanti par leur déguerpiffement.
Il ne faut pas perdre de vue que les Faugeres, dès le moment
même qu’ils furent affignés en déclaration d’hypotheque , dénon
cèrent cette demande au fieur de L o n g a t, & qu’ils lui laiiferent
alors l’ alternative , ou de faire ceiTer l’éviftion ou de confentir
à la réfolution du contrat ; fi le fieur de Longat s’étoit déterminé
tout de fuite à les décharger de l’ effet de ce contrat, il ne paroît
pas douteux que les Faugeres , qui demandoient eux-mêmes cette
réfolution , qui d’ailleurs ne fouffroient rien de l’evi&ion , puis
qu'ils n’avoient débourfé aucuns deniers, n’auroient pas été écou
tés dans leur demande en dommages-intérêts.
Mais quand il feroit vrai que cette demande eût été alors fondée,'
faute par le fieur de Longat de prendre leur fait & caule &c de
faire ceffer l’évi£H on,il faut convenir que l’ aâion des Faugeres
auroit ceiTée, ou du moins qu’elle auroit été fufpendue, par la
prife de fait & caufe du fieur de Longat, & par l’ Arrêt de défenfes
qu’ib avoiZW obtenu. C ’eiî de l’événement de cette pril'c de fait
& caufe qu’ auroit dépendu le fort de leur demande ; ils n’ avoient
rien fouffert jufcju’a lo rs, puifque s’ils avoient payé la rente ; ils
avoient toujours joui.
Mais les Faugeres , au liçu d’ accepter la prife de fait & caufe.,
ils y ont renoncé expreflement par l’aüe de déguerpiiTement qu’ils
ont fait lignifier fur la dénonciation que leur a fait le fieur de
Lon gat, qu’en prenant }eur fait & ca u fe , il avoit obtenu un
�^
a3
Arrêt qui faifôlt défenfes de mettre la Sentence à exécution.
C ’eft donc volor.tairemerit 6c fans y être forcés, faute par le
fieur de Longat de faire cefler l’évidtion, que les Faugerts ont
abandonné le Dom aine; & on a jamais oui-dire, qu’en matière'
de déguerpiiTement volontaire, de la part du Preneur à rente ,
celui qui déguerpit pût exiger aucune forte de domniàges-intérêts.
Au reile , c’ cft agiter une queftion jugée : les Faugcres a v o ie n t,
à la vérité , obtenu, niais avant leur déguerpiiTement, une Sen
tence, q u i , en faifant droit fur leur recours, leur adjugeoit des
dommages &C intérêts ; mais on a v u , dans le récit des faits, que.
le fieur de Longat avoit interjeté appel de cette Sentence ôi que
l’ Arrêt de 172.4. avoit condamné le iieur de la Chapelle, A qui'
le fieur de Longat avoit dénoncé cette Sentence, pour tous dom
mages-intérêts, aux dépens envers les Faugeres.
Voilà le fort qu’ a eu la réferve que les Faugeres fe font fait
par leur déguerpiiTement. L’ A r rê t, en maintenant le fieur de
Longat dans la propriété du Dom aine, a juge difertement que le
déguerpiiTement, qu’ ils avoient fait volontairement & poftérieüment à la prife de fait & caufe , faifoit cefler l’effet de la Sen
tence qui leur avoit adjugé des dommages &c intérêts.
Ce n’ eft fans doute pas férieufement que les Demandeurs ont
oppofés que le déguerpiiTement , fait par les Faugeres, n’ a pas
été accepté & qu’ils font toujours en droit de le révoquer.
S’il eft vrai en général que le déguerpiiTement eft révocab le,
i l eft bien certain aufli qu’il ne peut être révoqué qu’autant que
les chofes font entières & qu’il n’a p3S été accepté par le bail
leur à rente , foit par une acceptation judiciaire , ou par la mife
en pofleflion des héritages déguerpis : dans l’un & dans l’ autre
cas , le preneur ne peut pas revenir ; il ne peut plus révoquer
. le déguerpiiTement.
O r , le dcguerpiflement fait par les Faugeres a été accepté de
toutes les maniérés dont il pouvoit l’être.
*
i ° . l’ Arrêt de 1 7 1 2 . en réintégrant le fieur Monnet dans la
pofleflion du Dom aine, fuppofe néceffairement une acceptation
judiciaire du déguerpiiTement; fans quoi il ¿toit tout naturel de
réintégrer les Faugeres dans cette poffeiîion ; ils ctoient en caufe ;
ils diieutoient leurs droits ; c’étoit eux qui avoient été dépofledés.
Quoique cet Arrêt ne fut que p roviloire, & que les droits des
Faugejcs au principal euiTent été réferves par cet A rrê t, il n’eil
pas moins fenfible que le fieur de Longat n’a été ni pu être
réintégré dans cette poffeiîion qu’en conféquence de ce qu’il avoit
�I
'
■
accepté le déguerpiffement fait par les Faugeres , fur-tout fi l’on
fait attention que l’ Arrêt porte , en termes exprès , que cV/Z en
ayant égard à la Requête duJieur de Longat du 27 Ju in t y i o . jointe
au procès-, qu’il a été réintégré ; & le fieur de Longat, comme on
l’a déjà remarqué dans le récit des faits , avoit conclu , par cette
Requête , personnellement 6c en l'on nom , à cette réintégrande.
2^. L’ Arrêt définitif de 172 4 . écarte abfolument toutes les mauvaifes difficultés que les Demandeurs ont élevé fur ce point de la
conteilation.
Les Faugeres étoient toujours en caufe. On trouve dans le vu de
l’Arrêt I’énonciation de plufieurs Requêtes qu’ils avoient donné;
cependant la pleine propriété du Domaine ell adjugée au fieur de
L o n g a t , & c’eft à lui que le fieur de la Chapelle ell condamné
de reilituerfTe déguerpiflement avoit donc été accepté , puifque
l’ Arrêt l’a adopté.
C ’eft une véritable illufion de dire que le fieur de Longat, étant
garant formel des Faugeres 6c ayant pris leur fait & caufe, les
Arrêts qu’il a obtenu & fa mile en pofieifion n’ont pu profiter qu’à
eux feuls, & que tour ce qu’il a fait, il ne l’a fait que pour eux.
Cette objection n’ eft fondée que fur une vraie pétition de prin
cipes. La difpofition de l’Ordonnance, que les Demandeursont
citée , eft fans application.
On a déjà vu que les Faugeres n’ ont déguerpis qu’ après la dé
nonciation que le fieur de Longat leur avoit fait de l’Arrêt de
défenfes qu’il avoit obtenu en prenant leur fait & u i u f e , &c que
les Faugeres , fur cette dénonciation, ont déclarés expreiTément
quils abandonnaient la poffeffion & la propiété du D om aine, pour
raifon de laquelle le fieur Monnet pourroit Je pourvoir à F avenir ,
ainfi qu’il avijeroit.
Les Faugeres ont donc reconnu alors, de la maniéré la plus exprefle , que tout ce que le fieur de Longat feroit & pourroit faire
ii l’a v e n ir , pour raifon de la propriété du D om ain e, ce feroit
pour lui & non pour eux qu’ il le feroit ; ils auroient déchargé
le fieur de L o n g a t, o u , pour mieux dire , ils avoient renoncé
h toute garantie de fa p art, pour railon de cette pro p riété, dé
clarent qu ils deguerpiffint & qu’ils abandonnent le Domaine, & confentent que ledit (leur de Longat puijfe agir contre le fitu r de la Cha
pelle pour la propriété dudit Dom aine, ainji qu’il avijera.
Le fieur de Longat , quoiqu’il eu pris le fait & caufe des
Faugeres, ne pouvoit pas fe .r e fu fe r à l’abandon qu’ils lui faifoient ; ils avoient la liberté de déguerpir ; la Loi en étoit écrite
clans Ip contrat du bail à r e n te ; dès le moment de cet ab an d on ,1
le fieur
�le fieur de LOngat n’avoit plus la liberté d’agir pour eux £c comme
prenant leur fait & caufe ; tout ce qui conccrnolt la propriété
du Domaine lui étoit devenu perfonnel ; il ne ^spSHSTÎâréclama^
que pour eux ; il ne pouvoit plus forcer les Faugeres de prendre
cette propriété qu’ils avoient déguerpi ; ce déguerpiffemert avoit
néceffairement réfolu le bail à rente ; le fieur de Longat n’ avoit
plus de titres contr’eux.
Mais quoique les. Faugeres eu/Tent renoncés à la garantie qui leur
étoit due en ce qui concernoit la propriété du Domaine, le fieur
de Longat ne pouvoit cependant pas éviter de continuer fa prife
de'fait 6c caufe pour la garantie qu’il leur devoit, pour railon
du furplus des difpofitions de la Sentence qui les avoit évincés.
Les Faugeres avoient été condamnés, par cette Sentence, à la
reftitution des fruits depuis la demande hypothécaire jufqu’au défiilemcnt. Ils avoient été condamnés aux dépens ; le fieur de la
Chapelle en avoit obtenu Exécutoire , en vertu duquel il avoit
fi?it procéder par exécution fu rie s biens, & fait différentes faifies
& arrêts entre les mains de leurs débiteurs.
Le fieur de Longat d evoit les garantir de ces différentes co n
damnations, qui n’avoient aucun trait à la propriété du Dom aine.
V oilà à quoi fe réduifoit la prife de fait &c caule du fieur de
Longat fur l’exécution du bail de 1688. la prife de fait & caufe
ne fubfiftoit plus pour ce qui pouvoit concerner la propriété du
D om aine; la difcuflîon, à cet é g a r d , ne pouvoit concerner les
Faugeres, qui avo ien t abdiqués irrévocablem ent cette propriété
par leur déguerpiffement.
C ’eft aufiï en conféquence de cette renonciation abfolue, à toute
garantie à cet é g a rd , que le fieur de Longat a agi en fon n o m ,
tant pour la réintégrande, que pour la pleine maintenue dans la
propriété , en conféquence de la vente qui en avoit été faite
au fieur M o n n e t, fon aïeul , en 1679. & qu’il a continué de
prendre le fait ôc caufe des Faugeres pour les faire décharger des
condamnations que la Sentence, qui les avoit évincés, avoit pro
noncé contr’e u x , ôc des fuites de ces condamnations.
La mention qui eft faite dans le difpofitif de i’Arrât ne 1 7 2 1 , ’
du fieur de L o n g a t, comme prenant le fait & caufe des Faugeres ,
n’ a rien de contraire à ce que l’on vient de d ir e , elle fe réunit
encore pour prouver que le fieur de L o n g a t , n’ag iffo it, comme
garant des Faugeres, que pour raifon de la reftitution des fruits
& des dépens auxquels ils avoient cté condamnés ; & , cju’en ce
qui concernoit la mife en pofleffion du D om ain e , il agiffoit en
ion nom propre & p r i v é , ôc comme dégagé à cet égard de toute
garantie envers les Faugeres.
D
�26
Il eft dit dans le difpofitif, qu’avant faire droit, tahl fu r tes ap
pellations dtfdits Faugeres , que dudit Monnet de Longat, commt 'pre
nant leur fa it & caufe , & furies demandes formées par le Jicùr D tJm ords, les Parties contefieront plus amplement dans' quatre mois ; &
cependant fans préjudice du droit defdits Faugeres, Monnet de Longat
& Jean Defmorels au principal', ayant aucunement égard à la Re
quête dudit Monnet de Longat du 2 7 Ju in /720. il efi ordonné que
ledit Monnet de Longat rentrera en pojjejjion du Domaine & Métairie
de Pcrier, vendu par Jean de la Colombe de la Guillaumie à Jean
Monnet par contrat du 14 Mars /67p. Et c’eft précifément par cette
Requête que le iieur M on net, comme on l’a déjà ob fcrvé, avoit
demandé en fon nom feul d’être réintégré dans la poiTeifion du
Domaine. On pourroit demander quel eft le genre des conclucluiions que le fieur de Longat auroit pu former en Ton n o m ,
fi elles n’ a v oient pas eu pour objet la réintégrande dans la poffeffion du Domaine.
L e.fieu r de Longat ne reftoit en C a u fe , comme garant des
Faugeres , que pour faire ceffcr l’ eftet de la Sentence qui les avoit
condamnés à la reftitution des fruits & aux dépens ; & c’ eft
fur les demandes formées à cet égard par le fieur Monnet qu’il
eft indiqué comme garant, & qu’il eft dit que les Parties contefteront plus amplement.
L ’Arrêt ordonne, au furplus, la réintégrande au profit du fieur
Monnet perionnellement , conformément à la demande qu’il en
avoit formée. On peut encore remarquer que l’Arrêt a- mis à
l’écart le bail à rente de i6<?8. dont il n’ eft feulement pas fait
mention dans le vu du procès ; le fieur de Longat eft réintégré
dans le Domaine acquis par le fieur Monnet, fon aïeiil, par le con
trat de 167g.
Il eft donc évident q u e, bien loin que les Demandeurs puiffent
prendre avantage de ce que le fieur Monnet eit indiqué dans la
difpofition de cet Arrêt, comme prenant le fait & caufe des Faugercs , cette indication ne fert au contraire qu’ù prouver de plus
en plus que le déguerpiflement des Faugeres ctoit abfolù , que le
. fieur de Longat l’avoit accepté & qu’il agiffoit en conféquence
, en Ion nom leul pour.la revendication, tant de la poiTeifion que
de la propiiété du Domaine. Mais ce n’eft qu’en préfentant les
objets fous un faux point de vue que les Demandeurs cherchent
à fe faire des moyens.
Ils oppofent que fi l’ Arrêt de 1 7 2 2 . énonce une Requête du
: fieur de Longat dit 27 Juin 172 0 . par laquelle il avoit conclu à
la réintégrande, & à la reftitution des fruits ; cc mOme Arrêt
�2.7
en vifc une autre du 30 Août 1 7 1 0 . par laquelle le fieur de Longat
demandoit la reftitution des fruits pour les Faugeres, & qu’il
faut fe tenir préférablement aux conclufions poilérieures du fieur
de Longat.
Les Demandeurs trouvent dans les a&es tout ce qui leur con
vient, même ce qui n’y eft pas. On a examiné, avec l’attention
la plus fcrupuleufe , tout le vu de l’Arrêt de 1 7 2 1 . ôc l’on y a
pas trouvé l’énonciaîion de cette Requête poftéricure, que les
Demandeurs rappellent dans leur M émoire, tantôt fous la date du
3. tantôt fous celle du 30 Août 1 7 2 0 . on ne l’a trouvée , ni fous
P u n c, ni fous l’autre de ces dates. C ’ eft donc à la Requête du
27 Juin 17 2 0 . vifée dans l’ A rrêt, qu’il faut rapporter les dernieres conclufions du fieur de Longat ; les Demandeurs ne vont même
pas jufques à dire que le fieur de Longat ait conclut, par cette
Requête imaginaire du 3. ou du 30 A o û t , à ce que les Faugeres
fuilent réintégrés dans la poffeffion du D om aine, dont ils avoient
été évincés ; il eût cependant été tout naturel, fi le fieur de Lon
gat , en donnant cette prétendue Requête poftérieure, avoit enten
du agir comme garant des Faugeres, à raifon de la propriété du
Domaine , qu’ en demandant pour eux la reftitution des fruits,
il eût conclu en même temps à ce qu’ils fuffent réintégrés.
Mais il faut faire attention que ce n’eft pas fimplement par forme
dénonciation que cette Requête du 27 Juin , déjà vifée dans l’Arr ê t , eft rappellée dans le difpofitif ; c’eil précifément fur cette
Requête que porte la décifion de l’ Arrêt. Il y eft dit : qu’ayant
aucunement égard à la Requête dujleur Monnet de Longat du 27 Ju in
, 7.zo ’
rentrer0lt en poffejjion du Domaine de Perict, vtndu à fo n
tûeul en iGyy. Ainfi quand la Requête fuppofée du 3 ou du 30
Août précédent, auroit exiftée, l’Arrêt n’y auroit pas eu égard.
Dès que les Demandeurs conviennent que c’ eft aux conclufions
poftérieures du fieur de Longat qu’ il faut s’en rapporter pour dé
terminer la nature des garanties , & pour diftinguer les demandes
qu’ il formoit en fon nom , de celles qu’il formoit comme garant
• des Faugeres ; ils auroient pu rappeller, dans leur Mémoire , les
dernières conclufions qu’il a prife au p ro c ès douze jours feulement
avant l’Arrêt définitif, par la Requête qu’il a donnée le 1 2 Juillet
17 2 4 . mais ce n’eft pas ce qu’ils vouloient trouver dans l’Arrêt ;
ils ont jugés à propos de la diffimuler.
1
Cette Requête feule fuffiroit pour écarter toutes obje&ions
que les Demandeurs Ont propofé, foit fur la validité du déguerI>iflement fait par. les Faugeres , foit fur le recours , dont ils pré
tendent,que le fieur de Longat étoit tenu enyers eux.
D z
�Les Défendeurs en ont fait l’analyfe dans le récit des faits ; on
y a vu que le iiear de Longat, en rectifiant, augmentant & expli
quant les concluions qu'il avoit pnjes au procès , avoit conclu à ce
que la Sentence du 16 Juin 1 7 1 2. fût infirmée; émendant que le
fieur de la Chapelle fût débouté de fa demande hypothécaire, 6c
que le Domaine de Perier, acquis par le fieur Monnet en 1679.
fût déclaré exempt & non fujet aux prétendues hypothèques que
le fieur de la Chapelle avoit entendu exercer ; que lui fieur Monnet
de Longat fû t gardé & maintenu dans la propriété, pofjefjion & jo u iffance dudit Domaine ; que le Jiertr Defmorels fû t comdamné de lui
en rendre & rejlituer les fruits , depuis & compris l'année 1712. ju fquau 1 2 Septembre 1722. jour auquel il
été réintégré dans le
D om aine, en vertu de CArrêt du 29 Août précèdent.
Le fieur de Longat conclut enfuite à ce que le fieur de la Cha
p e l l e condamné tn outre de l’acquitter, garantir & indemnifer
de tous les frais auxquels il avoit fuccombé envers les Faugeres par
la Sentence quils avaient obtenue contre lui le premier Juillet i j t i ,
& autres qu ’ils pourroient prétendre ; enfemble de tous les dommagtsintérîts.
Il faut fe rappeller que le fieur de Lon gat, précédemment à
cette Requête , avoit interjeté appel de cette Sentence du premier
Juillet 1 7 1 2 . qui l’avoit condamné à des dommages-intérêts en
vers les F augeres, ôc qu’il avoit dénoncé cet appel au fieur de la
Chapelle.
Les Demandeurs n’ ont fans doute pu imaginer rien d’équivoque
dans les concluiions de cette Requête; ils ont eu l’attention de la
iupprimer dans leur M ém oire; il eft plus facile de diilimuler une
o b je& io n , que d’y répondre d’une maniéré folide ; ôc ces conclufions forment fans doute non-feulement le dernier état des de
mandes du fieur Monnet ; mais elles rectifient, augmentent & explipliquent celles qu’il avoit prifes pendant tout le cours du procès.
Le fieur de Longat s’explique bien clairement; toutes les conclu
iions de cette Requête lui font perfonnelles ; c’ eft en fon nom feu l,
& comme ayant droit feul à la propriété du Domaine , qu’il
demande d’être maintenu définitivement dans cette propriété ; il
demande en même temps que le fieur de la Chapelle ioit con
damné à le garantir de l’effet de la Sentence que les Faugeres
avoient obtenue contre lu i, dont il étoit Appellant. *
Mais fi le fieur de Longat avoit entendu prendre le fait & caufe
¿ e s Faugeres, il n’auroit pas pris de iemblables concluions,* la
raifon cft fcnfible ; en agiflant comme recours des Faugeres, &
en faifant ceffer l’cvi£Uon 6c l’effet de la Sentence qu’ils avoient
�.
29
obtenue contre lui ne fubfiftoit plus ; il ne leur 'icvojt pas ¿es
dommages & intérêts pour raiion de révit'iion; h , au contraire ,
le fieur de la Chapelle avoit réufli dans f i demande hypothé
caire , il ne devoit aucune garantie au fieur de Longit ; ce n’ eil
donc & ce ne peut être qu’en conséquence dudfc déguerpilïer.ienî
fait par les Faugeres , que le fieur de Longat a demandé d’ être
gardé & maintenu dans la propriété , &C qu’il a demandé en outre
en tout événement, dans le cas où ce dégnerpiflement ne ie
mettroit pas à l’abri des dommages-intérêts que les Faugeres avoient
obtenus contre l u i , que le fieur de la Chapelle fat condamné de
i’en garantir 8c de l’indemnifer. Cela paroît démontré.
C ’eft atifli ce qui a été jugé bien difertement par l’ Arret de
1 7 1 4 . ilj^eft calqué exaâement fur cette Req u ête, fur laquelle
& fur celle énoncée dans l’ Arrêt de 17 2 2 . il y cil dit di>ns les
termes les plus précis , que cejl en ayant égard à ces Jeux Requêtes,
que le jitu r de Longat a ¿té maintenu dans la propriété , pojftjjltin
0 jouijjancc du Domaine de Perier.
Le lieur de Longat cft bien en qualité dans cet A r rê t , tant en
lïi
>
fon nom , que c o m m e prenant le fait Sc cau fe des Fau ge res.
Ce font des faits que l’on ne conteftera fans doute pas, l’expé
dition originale de l’ Arrêt eft produite, 6t les Défendeurs en ont
fait l’ analyle la plus e xaâe dans le récit des faits.
' 11 eit inconcevable , après une difpolition auiïï prccife de
cet Arrêt, rendu contradi&oirement avec les auteurs des Deman
deurs , qui allure irrévocablement la propriété du Domaine au
fieur de Longat pcrfonnellement 8c en fon nom , avec la reftitu«
tion des' fruits , que les Demandeurs aient ofé former la demande
en défiftement de ce Domaine, avec reilitution des fruits ; furtout fi l’on fait attention qu’ils n’ont pas réclamé l’exécution du
contrat de 168S. pendant la vie du fieur de L on gat; que ce
n’ eft que près de cinquante ans ap rès, à compter de la date de
l’Arrêt , qu’ils ont imaginé de former leur demande.
C ’ eft aller ouvertement contre la vérité des faits .punir*
par l’ Arrêt de 172 4 . de fuppofer q u e ’ le fieur de L o n g a t n’a ja-"
mais eu la pofleiîion de ce Domaine , & qu’ au mépris dès deux
Arrêts &c de la prife de poffe/fion du fieur de L o n g at, le fieur
de la Chapelle s’étoit toujours maintenu en pofieflion.
On n’a du remarquer dans le récit des faits ( & c’ cit ici que
l’ obfervation que l’ on y a fait reçoit fon application
que lé
lieur de Longat, par fa Requête qu’il avoit donnée m » o n u lc
l’Arrêt le 1 1 Juillet 1 7 2 4 - n’avoit demande la reftituiion des fruits,-—
5iue depuis 1 7 1 1 . jufqu’au 1 1 Septembre i j z i . jour auquel i l
_____
............................
�3°
avoit été réintégré dans la poffeifion du Domaine , & que l’ A rrëf
de 1 7 1 4 . ne lui adjuge par les fruits échus depuis; la conféquence eft donc forcée que lors de l’Arrêt de 172 4 . le iieurde
Longat étoit en poiTeflion paifible ôc tranquille du Domaine de
puis 1 7 1 1 .
On a vu aufli que poftérieurement à l’ Arrêt du mois d’Août
17 x 4 . le fieur de la Chapelle avoit fait faifir les fruits du D o
maine ç t r le fieur de L o n g a t , en exécution d’ une Sentence qu’il
avoit obtenu contre lui faute de paiement des Impofitions de ce
Domaine ; fi le fieur de la Chapelle en avoit été en poileifion ,
il n’auroit fans doute pas aâionné le iieur de Longat , pour le
paiement de ces Importions $ il auroit encore moins fait procé
der par faifie fur les fruits du D om ain e , comme des biens du
fieur de Longat ; il eft évident que les Demandeurs ne s’ attachent
qu’a jeter des nuages fur l i t conteilations , par des luppoiitions
contraires aux faits les mieux établis.
Les Défendeurs ont fait une obje&ion bien finguliere ; ils ont
dit que les Faugeres firent fignifier le 3 1 Janvier 1 7 2 1 . des griefs
contre la Sentence de 1 7 1 2 . aux périls rifques & fortune de
de leur garant ; que fi l’abandon eût fubfifté, s’il eût du avoir
fon exécution , les Faugeres n’auroient pas pris fur eux de faire
iîgnificr ces griefs ; qu’on voit encore que le fieur Defmorels les
foutenoit nonr-ecevables , comme s’étant départi d’ un premier
appel ; que cette fin de non-recevoir auroit été rejetée par l’Arrêt
de 17 2 2 . ÔC que le nouvel appel étoit fondé fans doute fur
la révocation du délaifiement de 1712.
Cette o b je â io n , qui s’écarte par plufieurs réponfes , fufïiroit pour
prouver , s'il en étoit befoin , que l’Arrêt definitif de 17 1 4 . n’a
adjugé la propriété du Domaine au fieur de L o n g a t , qu’ en conféquence du déguerpiiTement de 1712.
i Q. Quoique le deguerpiffement fait par les F a u g e r e s , les eût
mis hors de tous intérêts pour raifon de la propriété du D o
maine, à laquelle ils avoicnt renonces par l’abandon volontaire
qu’ils en a voient fait ; & que l’appel de la Sentence cet égard
ne les concernât plus ; ils avoient néanmoins un intérêt fcnfible
d’être Parties dans l’inilancc d’appel, pour fe procurer la décharge
des condamnations qui avoient été prononcées contr’eux par la
Sentence de 1712. foit pour la reftitution des fruits , foit pour
les dépens, foit enfin pour faire " - J "nn~r h niin'—ininin i l " fiifir
& exécutions, ou des faifics arrêts, qifi avoient été faites fur
leurs b ie n s ; le fieur de Longat ne poyvoit pas fe diipenfer dei
faire cçiTer toutes ce^ condamnations „ow de les <jn gqrantir, ôç
�3*
c’ eft à q u o i , comme on l ’ a déjà dit plufieurs f o i s , fe réduifoît la
prife de fait & caufe du ficur de L o n g a t , depuis l’ abandon qui
lui avoit été fait.
C ’eft aufii ce que les Faugeres ont reconnu expreflement par
les griefs, qui font le fondement de l’objedtion ; ils ont conclu
par la R equ ête, qui contient leurs griefs, à ce que les appellations
&C ce dont avoit été appellé, fuifent mifes au n é a n t; émendant
qu'ils juffent déchargés des condamnations portées par lefditcs Senten
ces €' exécutoires , & qu’il leur fû t fa it pleine & entiert main levée
des chofes faifies fur eu x , avec dommages-intérêts.
O r , peut-on penfer raifonnablement ,'ii le déguerpiiîement des
Faugeres eût été alors révocable , 011 s’ ils avaient été dans l’in
tention de le révoquer par leur R eq u ête, qu’ ils n’auroient pas
conclut tant' à la réintégrande , qu’à la restitution des fruits ;
c’ étoit une fuite néceffaire de la révocation de leur déguerpiflement, 8c. leur Requête ne contient à cet égard aucune forte de
concluions.
2 'i . S’ il eft v r a i , comme les Défendeurs le difent , que ces
griefs n’ont en pour objet que /a révocation du délaiiTemcnt de
I712. il eft manifefte que c’eft fur cette demande en révocation
‘"•que l’ -Arrêt de 1 7 2 1 . en réintégrant le fieur Monnet dans la poffeifion du Domaine , a ordonné que les Faugeres conteileroient
plus amplement dans quatre mois , Se que c’ eft fur cette plus
ample contestation que l’ Arrêt définitif de 1724. en maintenant
le fieur de Longat dans la propriété du Domaine ; a jugé que le
déguerpiiîement étoit v a la b le , qu’ il étoit pur 6c limple 6c fans
condition , qu’ il 11e pouvoit plus être révoqué.
Il n’elt pas furprenant que l’afle de déguerpiiTement ne foit pas
vifé dans l’ Arrêt. Il eft d’ uiage de ne faire l’extrait que des de
m and es, & des dates, £c dos conclufions des Requêtes; on tro uve
dans le vu de celui de 17 2 2 . dénonciation entiere des conclufions
que les Faugeres avoient prifes dans l’exploit de leur demande'
' en r e c o u r s , fur leiquelles on a déjà fait des objections qu’il feroit inutile de répéter.
C ’ eft donc inutilement 6c en ?purc perte que les Demandeurs ^
par un cercle vicieux , ne ceflent de répéter que le déguerpiiTement ftit par les Faugeres, n’eft qu’ un abandon conditionnel ; un
iimple délaiflement panhypothéque ; que le fieur de Longat etoit
1 leur garant formel ; qu’il s’eft reconnu te l; que l’ Arrêt J
*714.
' ne l’a maintenu dans la propriétédu Dom aine qu’ en cette qualité;
' c u ’il eft de'difpofition d’Ordbrirtance quê tout ce que faille garant,
1 il ne fait que pour le garanti, 6c que c’ eft au garanti que doivent
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profiter toutes les difpcfitions des Sentences & des Arrêts que le
£c.run: obtient. On a déjà difeuté en détail tout ce tiflu d’obje&ions ;
rr.ais ou y répond encore en un m ot, en difant que fi elles avoient
pu erre de quelque confédération avant l’abandon fait par les
Faug?res, leur déguerpiflement volontaire, adopté & confirmé ir
révocablement par l’Arrêt définitif de 1724. ont rendus tous ces
moyens fans application. On leur répondra toujours avec fu c ccs,
&' l/fe^.
On peurroif ajouter une réflexion que l’on a déjà faite au
procès, & à laquelle il ne paroît pas que les Demandeurs aient
t
répendu dans leur Mémoire d’une maniéré folide.
Si le fieur de L o n g a t, après avoir obtenu les deux Arrêts de
1 7 2 1 & 172.5. avoit voulu obliger les Faugeres de reprendre le
Dom aine, à la charge de la rente , fur le fondement, que quoi
qu’il eûr obtenu les Arrêts en fon nom , il n’auroit cependant a gi,
ni entendu agir , & les obtenir que pour e u x , ÔC comme leur,
garant formel.
Les Faugeres lui auroient fans doute oppofé avec fuccès , que
la difpofuion de. ces Arrêts ne le regardoit pas; qu’ils avoient
déeuerpi la propriété du Domaine , 6* qu'ils avoient déclaré, par
tatU ae leur déguerpiflement, que le fieur de Longat pouvoit agir
peur raifort de cette propriété , ainfi que bon lui J'embUroit ; qu’ils n’y
prenoient plus aucune forte d’intérêt ; que le fieur Monnet avoit
accepté leur déguerpiflement; qu’ilavoit été adopté¿¿confirmé par
les deux Arrêts ; que la choie étoit jugée , & que le fieur de Longat
ne pouvoit pas aller contre les propres titres.
Il
efl manifefte que dans ce c a s , le fieur Monnet auroit été dé
claré non-recevable & mal fondé dans fa demande.
Mais fi le fieur Monnet n’avoit pas pu contraindre les Faugeres
de reprendre le Domaine , en vertu de ces deux A rrê ts, comment
ert-ce que les Faugeres auroient pu parvenir
lui évincer cette
propriété , en vertu des mêmes Arrêts? Cela cil inconcevable. Ces
exceptions, que les Faugeres auroient été e» droit d’oppofer au
fieur M cnnct, poiir repoulTôr fon aftion , auroient été les mêmes
pour repouffer celle que les Faugeres auroient formé contre lui.
La paralelle a embarrafTé les Demandeurs ; ils n’y ont répondu
que par la pétition de principe qui fait Üdww de tous leurs
m oyens.,,
;
.. Ils ont o p p o fé ,
que.lç fieur de Lon gat, ayant fait ceffer
* l’é viâio n ,.p ar un Arrêt définitif, il auroit été bien fondé de fou' tenir que les Faugeres j i ’âuroient p lu s s e prétexte d’ exciper de
. cette éviûion , pour demander U réfçlution de la rente avec
.............................
*
dommages
»
�dommages & intérêts,' comme ils faiioîcnt. i ° . Que quand if
feroit vrai que le iieur de Longat auroit été recevable à contefter l’abandon , il n’ en réfulteroit pas que l’évenement dût être
réciproque.
On a déjà réfuté plus que fuffifamment la premiers partie de
l’objeQion ; on a p rou vé, on ofe le dire , jufqu’à Ta démo.nflration que l’abandon'fait par les Faugeres ne peut être confidéré
comme un lîmple délaiilemcnt par hypothèque ; que c’eit un
déguerpiffement pur & fimple fait au propriétaire en exécution
de la ftipulation exprefle portée par le contrat, &C les Demandeurs
ont négligés de répondre aux moyens qui fe tirent des Arrêts.
La leconde partie de l’objeûion ne mérite pas une réponfe férieufe ; les exceptions des Faugeres Sc du#fieur de Longat, dans
l’efpece propofée, auroient été nécefiairement réciproques; elles
dérivoient des mêmes titres.
^Les Demandeurs n’ ont pas pu fe diiïimuler le foible de leur
reponfe ; ils ont ajouté que c’ étoit une queftion «i é w - , parce erCj’^ '
que le fieur de Longat a reconnu ,p a r les deux écrits de 1 7 1 6 . S z
1 7 1 2 . que l’abandon de 1 7 1 2 . ne faifoit pas , ou ne faifoit
plus la Loi des Parties, & que cela eft prouvé d’ailleurs par les
griefs cités dans l’A r r ê t , que les Faugeres firent fignifier le 30
Janvier 17 2 2 . contre la Sentence de 1 7 1 2 . Il faut donc examiner
fi les Demandeurs feront mieux fondés dans
moyens qu’ils
tirent de ces deux é crits, dans lefquels il paroît qu’ils mettent
toute leur confiance.
Il faut d’abord obferver que l’écrit de 1 7 1 6 . eft antérieur de
plufieurs années aux deux A rrêts, & que celui de 17 2 2 . eft anté
rieur de deux années à l’ Arrêt de 17 24. Les Faugeres étoient Parties
dans l’un & l’autre de ces A rrêts; ils ont été rendus contradiftoirement avec e u x , & les Demandeurs fé font fait lin moyen
de ce que l’appel ôc les griefs des Faugeres tendoient à la révo-,
cation de leur déguerpifïiament.
Cette feule obfervation fufiroit fans doute pour écarter toutes
les induirions que les Demandeurs ont tiré de ces deux écrits.
On trouve déjà une contradiûion fen/ible dans l’ objeftion ;
*” ai* ^ans quelque fens qu’ on la prenne, la folution fe préfente
d’elle-même.
n
r
>
Si l’abandon fait par les Faugeres n’étoit qu’ un fimple délaiflement par h y p o th éq u é, la révocatio n devenoit inutile. Les Fauge«
res n’avoient qu*à refter tranquilles ,
attendre l’événement de
TArrêt fur l’é v i â i o n ; mais ils n’ignoroient pas que cet abandon
«toit abfolu ; ils l’ont même reconnu pofitivem ent, comme on
E
�l’a déjà fait v o i r , par leur Requête du 30'Janvier 1 7 1 2 . fi au con
traire leur appel étoit fondé fur la révocation de leur déguerpiffem e n t, ils reconnoiffoient alors , encore plus pofitivement , que
ce n ’ étoit pas, un fimple délaiflement par hypothéqué , que c’étoit
un déguerpiffement en forme , dont ils ne pouvoient faire ceffer
l’ effet qu’ en l e révoquant ; il n’ eft pas douteux que , dans ce cas
là , ils ont fait ufage des deux écrits ; & la queftion eft jugée bien
ditertement par l’Arrêt de 17 2 4 . puifque fans avoir égard à la de
mande en révocation des Faugeres, il a maintenu le iieur J e
Longat dans la propriété du Domaine.
Il faut encore remarquer , que les Demandeurs n’ ont rapporté
dans leur Mémoire que les énonciations de Usante de 1 7 1 6 . dont
ils ont cru tirer avantage ; ils ont préfenté cet écrit comme une
promeffe de vendre* qui contenoit , d’une maniéré e x a â e
& déterminée , le prix & toutes les conditions de la vente.
Ils ont oublié de remarquer , qu’ indépendamment du principal qui
y eft exprimé , il eft ajouté que la vente fera faite à telles autres
conditions qui feront portées par le contrat, & qui Jeront arrêtées entre
nous. Ce font les termes de cet écrit ; cette circonftance recevra
bientôt fon application. Il faut entrer dans le détail.
C ’eft abufer ouvertement des ftipulation de l’écrit de 1 7 1 6 . de
dire que , non-feulemtnt le fieur di twft»|iii-n’ a pas voulu tirer
avantage du déguerpiffement de 1 7 1 2 . m ais, de plu s, il a confervé aux Faugeres leurs anciens droits.
Le fieur de Longat, par cet écrit, difpofc en maître de la pro
priété utile du D om aine; 11 change abfolumeut toutes les condi
tions du bail emphytéotique de 1688. il y en a fur leiquelles il
ne juge pas à propos de s’ expliquer & qu’ il remet à la paffation
du contrat. C ’ eft de l’événement de ces conditions que dépend
l’ exécution de fon engagement ; fi les Faugeres les acceptent , il
leur paffera contrat ; s’ils ne veulent pas s’y foumettre , la pro
mette de paffer contrat n’aura plus lieu. Voilà le véritable fens
de cet écrit ; on ne peut pas lui en donner d’autre. Comment
peut-pn trouver dans une pareille ftipulation , que le fieur de
Longat n’a pas voulu tirer avantage du déguerpiffement fait par
les Faugeres & qu’il leur a jcçnfcrvé les droits qui derivoient du
contrat de 1688 ?
,
.
Cet écrit prouve néceffairement que le [fieur de Longat a connu
toute l’étendue du droit que lui donnoit le déguerpiffement des
F^ugerçs fur la propriété utile du D om aine, t e q u e les Faugeres
ont reconnu , de leur part , que,, par l’ab an d on qu’ ils a voient
fa it, ils avoient renoncé irrévobablcm«nt à cette propriété Utile»
�Eft-ce ainfî , en effet, que s’ expliqueroit un Seigneur direfl
vis-à-vis de ion Emphytéote? & feroit-il fondé de le faire /> Sur
quel motif prérendroit-il faire la loi à cet Emphytéote, dont le
bail à rente fubfifteroit ?
Les Parties ont donc reconnu bien pofitivement, par l’écrit dé
1716 . que le bail à rente étoit réfolu ; que le fieur de Longat avoit
réuni la propriété utile à la propriété direâe ; & qu’au moyen
de l’abandon qui lui avoit été fait, il étoit le maître ded ifpofer,
tant de la propriété direâe que de la propriété utile.
Si les Défendeurs ont négligé d’examiner la queftion de ik
v o ir fi lej promeiTes de vendre font obligatoire ; c’efl parce
qu’ils ont penfé que cette queftion étoit inutile pour la décifion
des queftions à ju ger; mais il eft temps d’ y revenir , & cette difcuffion leur fournira de nouveaux moyens.
S ’il eft vrai en général que les promeftes de vendre font obli
gatoires , il n’eft pas moins vrai qu’elles ne le font qu’autant que
les conventions de la vente y font déterminées'. C ’eft là l’efpec5
de l’Arrêt rapporté par Henrys.
Mais, fi toutes les conditions, & les conventions de la vente,'
fi tout ce qui doit être relatif à l’effence de l’afte , ne font pas
rappellées dans la promeffe de v e n d r e , fi enfin, il refte encore
quelque choie à r é g le r, dont l’explication dépende de la volonté
réciproque des Parties , la fïmple promeffe de vendre n’ eft pas dèslors obligatoire. C ’eft le fentiment unanime des Auteurs. Mr. Hen
r y s , dans l’endroit mêmecitépar les Demandeurs, v a encore plus
loin ; il établit en général qnc la iimple promeffe de vendre n’eft pas
obligatoire , Sc que l’effet fedsww-en fimples dommages-intérets.
Mais , dans lefpece préfente , il ne s’agit pas d’une fimple promeffe de v e n d r e , dont les conditions font absolument réglées %
comme dans l’ Arrêt rapporté par Bretonnier ; il s’agit d’ une pro
meffe de vendre dont les conditions font à régler; à tilles autres con
ditions qui ftront portées parle contrat, & qui feront réglées entre nous.
Les Parties n’étoient pas d’ accord fur les conditions à régler
lors du contrat, leurs engagemens ne fubfiftoient plus, fi l’une ou
l’autre fe refufoit à ces conditions.
Ainfi l’écrit de 1 7 1 6 . bien examiné dans toutes fes ftipulations , fur-tout dans celles que les Demandeurs ont eu l’attention
de fuppritner ; il en réfulte évidemment, que le fieur Monnet a
tiré tout l'avantage qu’il pouvoit tirer dudéguerpiflement de 1 7 1 1 .
qu’ il a ilipulé dans cet é crit, comme propriétaire abfolu du D o
maine , dont l’abandon lui avoit été fait; que les Faugeres n’ ont
pas réclamé contre leur déguerpiflement, & qu’ils l’ont au
�YW
f ‘M
36
contraire reconnu de la maniéré la plus expreffe ; enfin, il eft
•
évident que les Parties, lors de cet écrit, s’en étant rapporté
„
des conditions à régler lors du con trat, cet écrit n’étoit pas oblig atoire, puifque /anii ii't<iTiinir~dépendoit de leur acceptation li_________________. -bre & volontaire dt ces conditions à régler.
On n’entre pas en difcution fur le furplus des raifonnemens cap
tieux, que les Demandeurs ont difperfés dans toutes les parties
de leur Mémoire fur cet écrit ; on fe contentera de leur répondre,
i ° . que les Faugeres ont reftés en cauie depuis cet é crit, jufqu’ à l’ Arrêt de 17 1 4 - qui lui eft poftérieur de plus de huit ans ;
qu’ ils ont fait ufage de cet écrit, puifque leur appel, fuivant les
Demandeurs eux-mêmes , étoit fondé fur la révocation de leur
déguerpiffement , & que cet écrit fe trouvoit par conféquent
anéanti par l’ Arrêt, qui n’y a eu aucun égard. 2 0. Que la promette
portée par cet écrit n’étoit pas obligatoire ; puifque la perfedion
de la vente dépendoit des conditions qui ctoient à régler lors de la
paflation du contrat. 3 0. Enfin, que dans tous les c a s , cet écrit
n’auroit donné aux Faugeres, qu’une fimpleaftion, qu’ils auroient
JaiiTé prderire ; l’obje&ion avoit été faite ; mais les Demandeurs
n’ont pas jugé à propos d’y répondre.
L’ écrit de 17 2 2 . eft encore moins confidérable ; & ces deux
écrits ne fe concilient pas ; ils font évidemment contradiâoire.
Celui de 1 7 1 6 . eft paiTé double avec Robert F au geres,
faifant, tant pour l u i , que pour Blaife & Jean Faugeres, fes freres,
& le fieur de Longat ; il y eft dit ¿ique le fieur de Longat promet
lui pafler contrat de vente ou delrenté rachetablc , aux condi~
tions réglées & à régler ; & c’ eft Pierre Faugeres qui ftipule feul
& en fon nom , dans celui de 17 2 2 . fous des conditions absolu
ment différentes de celui de 1 7 1 6 . L’ un de ces écrits devroit
néceflairement cédera l’autre, puifqu’ il/aàrf: pas le même ob jet,
& qu’ils font paffés entre des Parties différentes.
Mais comme il eft indifférent aux Défendeurs , qu’ on les réu
nifie OU qu’ on les fépare, & qu’ils efperent d’avoir prouvé qu’on
ne peut pas leur oppoler celui de 1 7 1 6 . il leur fera facile de faire
v o i r , qu’on ne peut encore moins leur oppoier celui de 17 2 2 .
Cet écrit eft un vrai chiffon, un afte informe & infiniment
fufpeft , q u i , à tous égards , ne peut être d’aucune confidération.
En effet, il eft bien extraordinaire que le même jour que le
fieur de Longat p ig e poiTeftion perfonncllemcnt & en fon nom ,
y-tn C
en vertu d’un Arrêt qu’il a obtenu aulîi perfonnellement & en
fon n o m , il ait pafie un a â e , par lequel il déclare qu’il confent
que Pierre Faugeres rentre dans la poffelfion du Domaine fous
�les mêmes conditions , qu’il en jouifloit auparavant.
Il faut remarquer que le fieur de Longat ne dit pas dans cet
aile , & il ne pouvoit pas le d ir e , que la réintégrande provifoire , qu’ il avoit obtenu , étoit pour les Faugeres, & que c’eit
pour eux qu’il va prendre pofleifion ; il confent feulement que
Pierre Faugeres rentre dans la poiTeflion du Domaine ; c’ eit cepen
dant lui qui prend cette poiTeflion publique ; il ne fait mention
-des Faugeres dans l’ aôe que pour annoncer que c’eft en vertu
d’ un Arrêt rendu contradiftoirement avec eux , qu’il prend cette
poiTeflion ; il ne rappelle nulle part le bail à rente de 1688. tandis
qu’il rappelle en difîerens endroits le contrat de vente de 1679.
Et Pierre Faugeres,-3»swi»i-du confentemcnt qu’ il a ftipulé du fieur ,
de L o n gat, demeure dans l’inaôion , non-feulement dans le temps_
de cette prife de poiTeflion, non-feulement pendant la vie du fieur
de L o n gat, mais il ne la fait paroître que foixante ans après fa
date , 6c près de cinquante ans après le décès du fieur de Longat;
,cela ne peut pas fe concilier.
Les Demandeurs conviennent que les Faugeres, fuivant cet
ccrit , auroient du dès-lors entrer dans la pofleifion du Domaine ;
ils ajoutent, à la vérité, que s’ ils ne l’ont pas fa it , le fieur de Lon
gat n’e<n a pas joui non plus , parce que le fieur de la Chapelle
continua de s’y maintenir par violence ; mais le fait eft avéré
faux.
i ° . L’ aûe de prife de pofleifion fait foi que c’eft en préfence
du fieur de la Chapelle & de fon confcntement, que le fieur de
Longat a été mis en pofleifion. Ce feul a£te fuffiroit pour prouver
que le fieur de ht Chapelle s’ eil défifté volontairement de
la poiTeflion du Dom aine, & qu’il en a laifle le fieur de Longat
tranquille & paifible poflefleur.
i ° . On a vu que , deux ans après la prife de poiTeflion dit fieur
de Longat , il a donné une Requête , par laquelle il n’a demande
la reilitution des fruits que jufqu’au jour de cette prife de potfeflion , & que l’ Arrêt ne lui a pas adjugé ceux qui étoient échus
depuis. La raifon cil fenfible ; le fieur de Longat ne pouvoit pas
demander, & l’ Arrêt ne pouvoit pas lui adjuger la reilitution
des fruits, qu’ il avoit perçu lui - même depuis fa prife de poffcifion
3 ° . On a aufli v u , qu’ au mois d’Aoiit 1 7 M '
de la Cha
pelle avoit fait faifir fur le fieur de Longat les fruits du D on ain e
de P e rie r , faute de paiement des Impofitions de ce Dom aine; le
fieur de Longat croit donc alors en poiTeflion paifible & tran
quille j le fieur de 1% Chapelle ne s’y oppoioit pas.
�£ nfjn f jes Rôfes ¿ Cs Impofitions de laParoifle de la Ch*pelle-fur-UiTon, forment encore une nouvelle preuve que le
fieur de L o .ig at, a eu pendant fa v ie , la poiTeffion la plus paifible
&. la plus tranquille; il a toujours été compris dans ces R ô le s ,
comme propriétaire du Domaine de P ericr, &c après l'on décès,
la cote a été faite fur fes héritiers.
Il eft facile de fe former des moyens enfuppofant des faits; mais
c’ eft une reiTource beaucoup plus préjudiciable qu’elle n’eft utile,'
lorfque la fauffeté de ces faits vient à fe découvrir.
Les Demandeurs ajoutent que les Faugeres n’ ont pas perdu
le fruit de cet a£te en fouifrant la poiTeffion du fieur de Longat,
puilqu’il n’en a jamais eu , même un fcul inftant; qu’ils ne l’ont pas
perdu non plus, en lui laiiTant obtenir l’Arrêt de 1 7 1 1 . puifqu’il
ne l’a obtenu que pour e u x , & comme ayant pris leur fait ÔC
eau fe.
C ’eft toujours le cercle v ic ie u x , la même pétition de principe;
le fieur de Longat , a refté en poiTeffion jufqu’à fon décès ; il a été
réintégré perfonnellement & en fon nom par l’ Arrêt de 17 2 2 . &
l’Arrêt de 17 2 4 . lui en a adjugé la propriété irrévocable, auiîi
perfonnellement & en fon nom ; la preuve de l’un ôc de l’autre,
en a été portée jufqu’à la démonftrarion.
Enfin , l’écrit de 1 7 1 2 . n’ avoit pas été fait double ; dès-lors cet
écrit auroit été radicalement nul.
Les Demandeurs n’ont pas contefté le principe qu’en fait d’ engagemens réciproques, la convention doit être paiTée pardevant
Notaire , ou qu’elle doit être itipuléc par un écrit d ou ble ; or ,
on ne peut confidérer l’écrit de 17 2 2 . que comme un a&e fignaliamatique refpe&ivement obligatoire.
Si Pierre Faugeres , en exécution de cet é c r it , avoit pu
obliger le fieur de Longat à lui dclaiifer le Domaine
la
charge de la rente à laquelle il étoit aiTervi avant le déguerpiffement , il étoit tout naturel que le fieur de Longat , de fa p a rt,
pût obliger Pierre Faugeres i\ reprendre la poiTeffion du D o
maine , en exécution du contrat de rente ; ces engagemens font
refpeftifs; ils font abfolument inféparables l’ un de l’autre.
M ais, dans la circonitance de cet écrit, Pierre Faugeres auroit
été feul en état d’en iuivre l’exécution , s’il y avoit trouvé fon
intérêt, parce qu’il étoit fcul faiii de l’afte qui l’y auroit auto*
r ifé , & le fieur de Longat n’ auroit eu aucune aâion contre lui,
parce qu’il n’auroit pas été faiii du double de cet aû e ; le fieur
de Longat n’ auroit jamais été tranquille , ni dans la poile/Iion ,
ni dans la propriété de fon D o m ain e , fi Pierre Faugeres avoit
�été en droit de l’évincer ên vertu de cet écrit. Il n’eft donc pas
douteux, d a n s a s principes, que cet écrit étoit un afte radica
lement n u l, 8c dont les Faugeres n’auroient pu faire aucun ufage.
Les Demandeurs répondent que le fieur de Longat n’avoit pas
befoin de cet a&e ; qu’il av o it en fa faveur le contrat de rente
de 1688. 8c le double de l’écrit de 17x6 . qu'il avoit, de plus ,
des moyens jujjifant pour contraindre Pierre Faugeres à retenir Le D o
maine ; que Pierre Faugeres, lors de cet écrit, ne deiiroit qu’ une
aflurance ; que cette prife de poiîeiïion n’étoit que pour lui ; qu’ on
ne voit par-tout que l’anéantiflement du déguerpiiïèment de 1 7 1 2 .
ui a pu être révoqué , 5c que le fieur de Longat n’avoit garde
e l’accepter, puifqu’il étoit fait à des conditions plus onéreufes
pour lui, que la contituation du bail à rente de 1688. Tous ces
m o y e n s, qui forment le précis de tous les moyens fur leiquels
les Demandeurs fe (ont fondés , font autant d’illufions.
Le contrat de 1688. ne fubfifloit plus ; il avoit été réfolu par
le déguerpiiîement des Faugeres , pleinement accepté 8c confir
mé p a r l’ Arrêtde 1 7 2 4. L’ écrit de 1 7 1 6 . contenoit des conven
tions différentes de celui de 1 7 2 2 . Cet écrit de 1 7 16. ne pouvoit
d’ailleurs avoir fon exécution que par un confentement libre 6c
réitéré du fieur de Longat. A l’égard des autres moyens que le fieur de
Longat pouvoit a v o ir , pour contraindre Pierre Faugeres à retenir
le Dom aine, malgré la difpofition de l’ Arrêt de 17 2 4 . on n’en pré
voit aucun ; les Demandeurs auroient du les expliquer. Bien loin
que l’on trouve nulle part l’anéantiffement du déguerpifiemcnt ,
de 1 7 1 2 . tout prouve la validité de ce déguerpiiîement , on
trouve cette preuve particulièrement dans les mêmes écrits de
1 7 1 6 . 6c 17 2 2 . puifque l’on y reconnoît le fieur de Longat pour
vrai propriétaire du Domaine, 6C que c’eft avec lui qu’on ftipule
en cette qualité. Si l’effet de l’abandon de 17 12 . ne pouvoit ceiler
que par la révocation, on n’a donc pas dû le confidérer comme
un fimple délaifietr ent par hypothéqués mais comme un dégucrpiiTerhent pure 6c lunple fait par lé preneur au bailleur A rente ;
& l’Arrêt de 1724. n’a aucun égard à la révocation prétendue
-faite par les Faugeres ; puifque, malgré cette révocation, il a
maintenu le fieur de Longat dans la propriété du Domaine; enfin,
le fieur de-Longat n’avoit rien à craindre des domniages-intérêts
adjugés aux Faugeres par la Sentence du premier Juillet 1712. leur
déguerpiiîement pur & fimple auroit fait ceffer l’effet de cette Sen
tence 8c l’Arrêt de 1724. l’a jugé difcrtemcnt.
Voilà auiïï en précis la réfutation de toutes les objtftions des
Demandeurs fur tout les objets qui peuvent concerner la validité
Î
�'40
du déguerpiiTement de 1712. 8c la réfolution du bail à rente de
1688. On ne penfe pas que cette réfutation foit fufceptible d’une
réponfe folide ; on fe flatte de l’avoir établi. Il faut à préfent
palier à l’ examen de la fécondé propofition ; elle ne paroît pas
fufceptible d’une longue difcuflion , non plus q u e ‘ celle qui con
cerne la prefcription , parce q u e, dès qu’il eft établi que le bail
à rente de 168Ü. a été pleinement réfolu par le déguerpiffement
volontaire des Faugeres , & , qu’en conféquence de ce déguerpif
fement, le fieur de Longat a été maintenu, tant dans la poffeifion ,
que dans la propriété du Domaine , toutes les objections que les
Demandeurs ont fait fur le lurplus des propofitions que l’on a
annoncées, tombent & s’évanouiilent.
SECONDE
PROPOSITION.
Le bail à rente de 1688. ne fubfiftoit plus ; il avoit été réfohi
par l’abandon pur & fimple que les Faugeres avoient fait volon
tairement & lans être forcés de la propriété du Domaine. Cet aban
don avoit été pleinement accepté ; il avoit été adopté & confirmé
par l’ Arrêt de 1724. Le traité de 1742. qui eft un a£te étranger aux
Faugeres, n’ auroit donc pas pu redonner l’être à ce bail à rente ,
quelque ftipulation que l’on ait em ployée, dès que les Faugeres n’y
croient pas Parties. Mais ce traité n’ eft rien moins qu’une fubrogation
pure & ûmple à l’effet de ce contrat ; il contient une fubroga
tion générale & indéfinie à tous les droits de la Dame de Lafaye ,
en qualité de créancitn du fieur de Longat fon frere. C ’eft ce que
l ’on fe propofe de prouver en répondant aux objedlions.
Objections.
Les Demandeurs oppofent que le fieur de Longat n’avoit pas
la p ro p riété du Domaine ; d’où ils tirent la conféquence que Je
fieur de L a fa y e , en qualité de mari de la Dame Monnet, iœur
& h ir ltltr t du fieur de L o n g a t , n’a pas pu tranfporter aux Défendeurs cette p rop riété.
Ils ajoutent qu’ils ont prouvé mille fois que les Arrêts de 1 7 2 1 . ’
& 1 7 2 4. n’ ont rien de contraire^au bail à rente de 1688. que ces
Arrêts ne font que rétablir les « c l w y s au même état qu’elles
étoient avant la demande téméraire du fieur D efm orels, ¿ ¿ q u ’ils
ne font par conféquent que confirmer le bail ù rente.
Il*
�lis oppofent enfin que le traité de 1742. ne contient pas de fubrogation au déguerpiffement de 1712. nu’il contient une {impie
réferve au fieur Defmorels de l^Jaire valoir à Tes périls, rifques
& fortunes ; qu’on lui cédoit la rente , fauf à lui de prouver ,
com m eilaviferoit, qu’ elle avoit été réfolue par le déguerpiffement
de 1712.
On va examiner ces moyens dans tous les points de yue fous
lefquels ils ont été préfentés.
Réponje.
On écarte promptement les deux premières obje&ions ; comme
elles émanent d’un faux principe , on jn’ en a pu tirer que de
fauffes conféquences.
Le fieur de Longat étoit feul & vrai propriétaire utile du D o
maine de Perier ; le bail à rente de 1688. avoit été pleinement ré
solu par l’abandon qu’en avoient fait les Faugeres en 1712. fur
lequel les Demandeurs n’ont celle de varier , en le repréfentant
alternativement comme un fimple délaiffemcnt hypothécaire , &C
lin déguerpiffement abfolu ; mais c’eft fous ce dernier point de v u e ,
qui eft le feul fous lequel on puiffe le confidérer , que lMrrêt de
1 7 1 4 . l’a adopté en adjugeant définitivement & irrévocablement
la propriété du Domaine au fieur de Longat. Ce n’ eft pas p3r de
vaines fubtilites que l'on peut donner un fens différent à la difpofition précife de cet Arrêt ; ce feroit fe répéter continuellement
de revenir à la difcufîion de cette objeâion & des conféquences
que le Demandeurs en ont tiré ; le principe cil fa u x ; les consé
quences ne peuvent être qu’erronées. Les Demandeurs peuvent
bien avoir dit mille fois , il peut y avoir encore de la modeftie
dans la fupputation; mais ils l’ont d i t , fans le p ro u v e r, que les
Arrêts n’ ont fait que confirmer le bail à rente ; 8c on leur a prouve
autant de fois que c’étoit une erreur démontrée.
Les Demandeurs abufent manifeflement des difpofitions du traité
de 17 4 2 . Le fieur de Lafaye y a fubrogé le fieur de la Chapelle
indifVm&ement & indéfiniment à tous les droits de la Dame Mon
net fon é p o u fe , en qualité de créanciere de la fuccefïïon du fieur
de Longat fon frere ; 8c la Dame Monnet n’avoit pas elle-même,
èn cette qualité ; un droit plus, particulier au bail de 1688. s’il avoit
éttifté, qu’ elle âvoit foit au contrat dd rente de 1679. ^"°‘ t au dé¿uerpiffement de 1 7 1 2 . foir enfin aux deux Arrêts de 1 7 1 1 . 6 1 1 7 1 4 }
L a Dame Monnet ne reprénfentoit pas fon frere à titre d’héF
/ ri
Jet
�AT
'4 *
riticrc ; elle n’ étoit pas tenue de fes engagemens ; elîe avoit répudié
• ' à (a fuccefiîon ; élie en étoït Simplement créancière, 5c elle avoit
fait liquider Ces créances par une Sentence quelle avoit obtenue
contre le curateur nommé
cette iuccèfïion répudiée.,.
( ,
Si on s’en efl expliqué différemment au procès ; c’ eft parce,,quff
l’on écrivoit iur une copie peu coreÉte ; ce ri’ eft que par I? comjnunication que les Défendeurs ont prife de l’expédition de ce
traité , qu’ ils en ont connu les véritables énonciations. Cette expé
dition eit la même que celle qui avoit été faite à la Dame veuve
Montanier , fille de la Dame de Lafaye ; ce qui paroît bien fingulier.
La feule qualité de créanciere .de ta fucceiîion du fieur de Longat,
fon frere , en laquelle la Dame Monnet a cédé fes droits , expli
que & détermine fuffifamment le véritable fens de. ce .tranfpojt ;
iïiais la lettre y eiî encore conforme.
r
Il y efl dit, en termes généraux, que le iieur de L a fa y e , en
qualité de mari de la Dame Monnet, créanciète de la.lucceffion du
fiüur de Longat , fon frere , a fubrogé le fieur. de la Chapelle
au contrat de vente de i G^jC). à ci fui de bail à rente de i 6'3 8 '. & au*(
deux Arrêts de i j i 2. & iyï^.,\[ cil dit enfuite que cette.fubrogation cil faite tYauf au f lLUr
Chapelle 4i fi if e valoir le dxguerpijjement de i j n . dont il lui ejl délivre une expédition , a in fi'q u il
avifera pour la garantie (lipulèedef a part parlesfleur & Dame.de Lafaye,
On ne peut pas féparer ces différentes Stipulations ; elles ont
«ne liaifon néceffaire les unes avec les au tre s,.le iieur de la
Chapelle étoit autorifé fans diillnflion à faire-valoir toi^s les'droits
que la Dame Monnet e lle -m ê m e ^ en fa qualitcijde créancier*
auroit pu exercër cil vehtù des différeps titres,qui ÿforttiénoncés j
fur quoi il eft bon de'remarquer qLie.de tous ces titres le déguer-,
piffemeht de 1 7 1 2 . eil le Seul dont la délivrance foit rappelléc
dans l’afte de Subrogation.
. ,
f.
Eil-ce ainfi qu’on s explique dans une Subrogation déterminée j
àahs une'Snbrogatiort pure à Cm pie à un contrat quelconque ?
Cette circonilance prouve déjà que ce n’ eft pas pour faire va-»
loir le bail de 1688. que l’ expédition du déguerpiflement fut dé
livrée au fieur delà Chapelle ; que c’ eft au contraire pour repouflec
l’ aâ io n des Faugerçs , dans le cas où ils auroient réclamé l’exé
cution de ce b a il; que cette expédition lui. a cte remife, & p ? u i
te mettre à. l'abri de la garantie-qui l'oa- Qipuloil dt-'lid, ,
:r;.{ 0<
;cvcil donc inutilement que les Demandeur;?,, en fin co pan tjpa
différentes- di'fpofitiôns du tr:aîto qn’o a 1 n£0pçut pas; divifv’^iHfl©
ceffent do fe répéter dans tout leur Mémoirelur les, iKpulatiüf&da
¿arantie que Iq. fieur de la. Chapelle i jg n fc s fu j ivn compte,
�'M
• Le fieur de Lafaye a vovila ¿vîter toutes fortes de diicufîions pour
raifon de la fubrogation qu’il a fait ; & c’ eft ordinairement fans
garantie que le créancier ftipulé une fubrogation indéfinie à fes
d ro its; c’ eft par cette raifon que le fieur de Lafaye a tlipulé toutes
celles qui font énoncées dans Patte de fubrogation.
,j. •
“ D ’ailleurs , le fieur de ¿ a fa ÿ e , en fubrogeant purement & fini*
’p lement le fieur de la Chapellè au bail à rente de i6<?8. l’auroit
fubrogé à un être de raifon ; on a déjà fait v o ir que fi lç
fieur de Longat lui-même avoit voulu exciper des deux Arrêts
de 17 2 2 . & de 1 7 1 4 . pour contraindre les Faugercs à exécuteç
ce b a i l, il y auroit été évidemment non recevable par la fimple
difpofition de ces deux Arrêts ; les créanciers du fieur de Longat
n’ avoient pas plus de droit de lui ; la fubrogation à leurs droits
ne pouvoit pas former un nouveau titre à celui qu’ils avoient
fubrogé pour faire revivre ce contrat, irrévocablement rélolu
par le déguerpiffement que ces deux Arrêts avoient confirmé. ,
Il faudroit que le Demandeurs, pour donner quelque couleur
à leur fyitême fingulier , parviniTent à prouver que le traité de
1 7 4 2 . n’a eu pour objet que le rétabüiTement du bail à rente , qui
11e fubfiiloit plus ; &c que le fieur de h Chapelle a ftipulé par ce
traité un engagement précis 6c déterminé fur l’exécution de cd
contrat ; que c’eft à ce feul2& unique objet que fe font bornés
tous les droits auxquels i r a voit été fubrogé ; &c encore dans
ce cas là le fieur de la Chapelle n’ auroit pu tirer aucun avan
tage de cette fubrogation prcciffc 8c déterminée, qu’ autant que* 1<&
Faugercs Pauroîent acceptée ; de ils n’ étoient pas Parties dans 'cd.
traité.
Mais on ne trouve rien de femblable dans les différentes ftipulations du traité ; elles fe rapportent toutes néceilairement les
unos aux autres, Sc en. lçs, réunifiant >,comme on ne peut pas
éviter de le fa ire , on y t r o u v e , on eft forcé de le. répéter, q u ’une
fimple fubrogation de la( part du créancier à faire v a l o i r par la
fuhrogé , ainfi qu’ il ' ayifera ? fans auçüpe garantie de la part duCréancier, ôi à la charge , par- le lu brogé, de le'garantir dans tous
les cas dç tous les. événemens. .
N e pourroit-on pas ajouter que les Demandeurs , dans leurs
O bjeâions fur la. p r e m iè re propoütipn de cç M ém oire;, ont r e ^
m arq u é,^ù é c ’étpiti au^. ¿prnieres conçlufions
Je- fieur de
^ * ¿ 4 » 4vqVt.
’t a « dftYojf .s’ a n c r e r pQur <Jé-+
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fc des différentes fubrogations ftipulées au traité de 1 7 4 1 .
F a
�c’ eftpar la fubrogation aux deux Arrêts S i au déguerpiiTement
que fe termine la fubrogation qui fe trouve par conféquent poftérieure à celle du bail de 1688 ?
Mais tout cela eit inutile; il faut s’ en tenir à la lettre & au fens
que préfente naturellement le traité de 1742. ori l’a fuffifamrrierit dé
veloppé ; on n’y reviendra pas ; on fe contentera d’ob ferverque
tous les raifonnemens des Demandeurs viendront toujours échouer
contre l’abandon de 1712. & contre les deu:: Arrêts auxquels le
fieur de la Chapelle a cté fubrogé. Il eit manifefte que c’ cft cette
fubrogation qui a fait le feul & unique objet du traité ; fi l’on y i
trouve renonciation de la fubrogation au bail dé 1688. c’ e it ,
encore une fois, parce que le fieur de Lafaye , finiple créancier
de la fucceflion du ficur de Lon gat, a voulu écarter vis-à-vis lui
toutes fortes de difcuiTions par un tranfport indéfini de tous les
droits qu’ il pouvoit a v o i r , à quelque titre que ce ffit ; faut au fieur
de la Chapelle à faire valoir ceux que bon lui fembleroit ; & à
écarter , comme il aviferoit, les Faugeres , dans le cas où ils réclameroientPexécution d’ un contrat que les Parties ne pouvoient pas
méconnoître avoir été pleinement réfolu par l’abandon de 1712 .
& par les deux Arrêts.Il eft manifefte que le fieur de la Chapelle, en ftipulant la fitbrogation du fieur de Lafavr . n’ ? eu en vue que de fe procurer
des droits à la propriété cuD oniaine : il n’ auroit pas acquis une
rente de 160 1. au prix de 0000 1.
Les Demandeurs ont prétendu prouver par un calcul arithmé
tique d’ addition, que le fieur de la Chapelle, moyénant. cette
fomme-de 6000 1 .«Sjaaeçk- une' créance de ioooô 1. en fe tenant
à la fubrogation au bail à rente ; leur calcul leroit jufte, s’ il n y
avoit que la réglé de l’addition, & qu’ il n’y en eut pas de fouftraftion.
Mais fans entrer dans un détail exaft à cet égard, il faut dis
traire tout d’un coup de ce calcul Ja fomme de 7000 l/ q u ’ils ont
employée dans le compte qu’ils ont fait à leur fantaifie; ils y ont
porté cette fomme pour les frais dûs à la fucceflion du fieur de
Longat, ou pour le coût des deux Arrêts de 17 2 2 . & 17 2 4 . mais
outre que ces frais avoient été parftin au fieur de Longat ou
à fon Procureur, qui en avoit obtenu exécutoire en fon nom ^
c’eil qu’il n’en eft pas dit un mot dans le traité de 1 7 4 1 . ,
Le fieur Defmorcls y cil bien fubrogé aux frais qui avoient ét£
fait par la Dame Monnet, fur la demande q u ’ elle avait formée
contre lui ; mais ces frais confiitoient uniquement.dans ceux' des
deux Arrêts par défaut qu’ elle avoit obtenu j l’un faute de
�'p àroir, & l’autre faute de défendre. C ’cft avec peine qu’on fe voit
obligé de relever encore le peu d’exailitude des Demandeurs,
ioit dans la rélation des faits , foit dans les énonciations des aftes.
M ais, pour revenir aux difpofitions du traité que l’ on vient
d’exam iner, on efpere avoir prouvé que les Faugeres n’en peu
vent tirer aucun avantage ; ils n’ont pas ftipulé dans ce traité ;
ils n’ y ont pas été Parties ; c’cft à leur é g ard , us inttr alios aeîa.
Il eil vrai que le bail de i6Stf. eft rappellé, mais c’eft dans r é
nonciation feulement des différons droits auxquels , le fieur de Lafaye iubrogeoit indéfiniment le fieur Defmorels , fans aucune
fubrogation particulier': 8c déterminée à ce bail qui ne fubfiftoit
plus. Le fieur de la Chapelle n’a pas voulu ie fubroger , & le fieur
de L a fa y e n ’a pas entendu le fubroger tout à la fois au bail à
rente &c à la réfolution de ce b ail; il a ilipulé une fubrogation
indéfinie à tous fes droits , fauf au fieur de la Chapelle à les faire
.valoir comme il aviferoit, 8c le fieur de la Chapelle ne pouvoir
en faire valoir d ’autre que fur la propriété du Domaine qui appartenoit à la fucceflion du fieur de Lon gat, fur laquelle il acquéroit des créances , par cette fubrogation. Voilà l’objet de ce
traité , 5c ce n’ eft que par imagination qu’on peut lui donner un
fens différent.
Il
faut pafler maintenant l’examen de la troifieme propofition ,
qui concerne la prefeription : cette propofition, comme on le v o i t ,
eft très-fubfidiaire. Dès que les Faugeres n’ avoient aucun droit à
la propriété du D om aine; ils n’ avoient pas d’aûion pour reven
diquer cette propriété ; dès-lors il ne peut plus être queition de
prefeription.
TROISIEME
PROPOSITION.
Pour établir que le droit des Faugeres, s’ils en avoient eu
à la propriété du D om aine, auroit été preferit, lors de la de
mande qu’ils ont formée en défiltement de ce Domaine, il n y a
qu’à confulter les dates.
t
On pourroit fans doute partir de celle du déguerpmement ;
mais en la rapprochant , il eitau moins f a n s difficulté que la pref
eription à commencée à courir librement, à compter du jour de
l’afte de prife de pofïeffion du fieur de Longat du 1 9 Septem
bre 1 7 1 1 .
O r , le s Demandeurs n’ ont formé leur dem ande, que le 2 1
Janvier 1 7 7 1 . il s’ eft donc écoulé près de cinquante ans depuis
�1^
' *
,1a prife de poffeflîon jufqu'à.Iai demande. T o u t ‘ ce tem psa été
u t ile , puifque les Demandeurs n’établiflent aucune m inorité;
la preicription auroit donc été pleinement acq u ife, lorfqu’ils ont
demandé le défiftenient du Dom aine. Mais il faut examiner leurs
obje&ions.
Objtclions.
Les moyens des Demandeurs fe réduifent en général à d ir e j
i ° . que le fieur de la Chapelle, malgré les Arrêts de 1 7 1 2 . &
1 7 1 4 . s’étoit toujours maintenu dans la pofle/fion du Domaine
de Perier; que tant qu’il n’a pas été dépoffédé, les Faugeres ont
eu les mains liées , & que leurs droits n’ont, pu commencer
à prefcrire, qu’a compter des Arrêts de 1 7 4 1 . & »741* qui ont
ordonné l’exécution de ceux de 17 2 2 . & 17 2 4 .
. Que la tranfaâion de 1742. exclut promptement, par ellemême , le moyen de prèfeription ; qu’il y eft dit, que le fieur de
Longat avoit pris le fait.Sc caufe des Faugeres, & obtenu Arrêts
.de défenfes ; qu’il procédoit pour eux ; qu’il étoit impoflîble ,
par conféquent, tant.que cette procédure a fubfiftéc, que le fieur
de la Chapelle pût leur oppofer la preicription , que le fieur de
Longat a pourluivi jufqu’à l’Arrêt de 17 4 2 . & -q u e c’eft à cette
époque feulement que la prèfeription a commencée de prendre
cours.
j ° . Que le fieur D efm orels, ayant été fubrogé par cette tranf^ftion’iau bail de 1688. il a reconnu par là l’exiftence a&uelle
de ce b a i f à rente.
40. Qu’il eft vrai que le traité de 17 4 2 . n’ a pas été pafle avec les
Faugeres ; mais qu’il a été paffé avec leur garant formel ; que leur
droit a été reconnu comme exiftant & non preferit ; ils a joutent *
que l’Arrêt de 1722. écarte toute prèfeription.
¡f
7
.R t p p n ft ?
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....
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-J
I
• T o u tes ces objeflions ne; font fondées que fur-les m o y en s du
Îonds que l’ on a amplement! réfutés ; on y reconnoît aifément
le cercle v icieu x ; c ’eft le même principe difperfé dans toutes les
parties du Mémoire des-D emand e u r s , & to ujo urs préfenté^ouj
de faux points de v u e , pour *^¿¡ 0 3 » » « l’attention ,■ Sc pouf
répanërtydçs nuages- fur' le-véritable état de la quéftibrr. t *
_
;i t c j j Demandeurs, partcitt1 r<}ii]btvr«-dè!1la ftippoiltioh q u c , LmalV
�gré les Arrêts de 1 7 1 2 . &: 1 7 14 . le iîeur de la Chapelle s’eft toufours maintenu dans la pofleflion du D om ain e; ¿c on a démon
tré que le feul Arrêt de 17 14 . forme la preuve la plus comptette,
que le fieur Defmqrels a quitté volontairement la poffefîion du
Dom aine dans le moment même que le iieur de Longat en a
pris poffellion. On a auiTi démontré q u e, lors de l’ Arrêt de 17 14 .
le fieur de Longat en étoit pailible poiTeiTeur, 6c que cette poifeifion tranquille & paifible a continuée jufqu’à Ton décès. Il
feroit inutile d’y. revenir ; ta fuppofition eft avérée faufte; Tous-'
les raifonnemens que lés Demandeurs ont hantés fur ce fait I 1 3 fardé , font donc a-utsnt de fophifnies qui- ne méritent' pas Une'
plus ample difcuiîîoh.
j .
: C ’eft cependant à ce feul m o y en ,-q u i d’ailleurs ne fignifieroit
rie n , comme on l’ a fait vo ir au p ro cè s, que l’on doit rapporter"
toutes les objt&ions des Demandeurs ; mais s’ il eil v r a i , comme
on ne peut pas le révoquer en doute, qu eT A rrêt de 17 12 .U 'e u j{ne; pleine & rentiere exécution ,• & que1, ;dès le moment de cet
A rrêt, le fteur de Longat ai eu-la paifible poffeiîion du DoiYiainè ; ;
la coniéquence e il néceiTaire, que c’ eft dès ce m o m e n t mêrile
ue les Demandeurs auroient du fe pourvoir pour l’exercice des
roits qu’ils auroient pu. a v o i r ,.;& que la prefeription a com
mencée de prendre cours.
1
^D iront-ils que cet Arrêt de. 1 7 1 1 . étoit Amplement provi-,
foire''/&: fans préjudice.de leurs droits? Mais TArrêt de 17 2 4 .
les a défin i, ôc à compter de la date de cet Arrêt a leur dèniandé:,
leur aâi0n le trou veroit encore prefque doublement preferîte.
C e n’eft. donc pas les Arrêts de 1741. & 174 2. qui ont dépofledé
le fieur de la. C h apelle; il l’ étoit depuis l’ Arrêt de 1722. &
ces! Arrêts n’ ont pas interrompu le cours de la prefeription. Si
le fieur de la Chapelle avoit eu cette pofleffion depuis le décès
du fieUr de.Longat., ce qui n’eft pas vrai ,ila poiTeifion-qu’il auroit
eu n’ auroit été fondée que fur une tiftlrpation ; elle ne pouvoit
pas détruire ce lit du fieuride L o n g at, qui avoit eu là pofteffion
de droit Sc de fait jufqu’à fon détès ; dès que le iieur de L o n g at,
ou ceux qui avoient droit de le repréfenter , auroient interrompu •
le cours de cette poiTeffion ufurpée.
u1
On. ne faitpasjce que les Demandeors veulent dire , lorfqu’ils
oppofentque le fieur de L o n g at,e n pourfuivant toujours l’ exccut’ion de l’ Arrêt d eri7 2 2 . ôc de celui de 17 2 4 . n’agifloit que pour
les Faugeres, & que tout ce qn’ il feroit ne pourroit profiter
qu’à eu*, en qualité de leur garant ¿ qu’il étoit leur mandataire, leur
Procureur conftitué,
3
�Le fieur de Longat étoit décédé depuis dix à douze ans avant
ces A rrêts; ainfi, il ne pouvoit pourfuivre ni en fon nom , ni
comme garant des Faugeres ; il n’auroit encore rien eu à pourfuivre
s’il avoit été vivant lors de ces Arrêts ; tout étoit confommé vis-àvis lui par l’Arrêt de 17 1 4 .
Il
y a apparence que les Demandeurs ont entendu parler du
fieur de Lafaye, qu’ils annoncent comme héritier du fieur de
Longat , & par conféquent tenu de la même garantie qu’ils pré
tendent qui leur étoit due par le fieur de Longat.
M ais, i ° . le fietir de Longat ne leur devoit aucune forte de
garantie ; depuis le déguerpiflement pleinement confirmé par les
Arrêts ; ce point de droit a été plus que fuffifamment prouvé.
2 °. Le fieur de Lafaye n’étoit pas héritier du fieur Monnet ;
il étoit fon créancier ; & où a-t-on pris qu’ un créancier qui, exerce
fes droits fur une fucceffion, ioit tenu des engagemens de celui
dont la fucceffion eft ouverte ?
Si ces engagemens forment une hypothéqué antérieure auxdroits que ce créancier réclam e, on les lui oppofera fans doute
pour écarter fes créances poiîérieures ; mais on ne lui oppofera
jamais , ou du moins, c’eii fans fondement qu’on lui oppolcroit ,
qu’en exerçant fes droits fur la fucceffion, il a pris fur fon compte
les engagemens de celui de la fucceffion dont il s’a g it , qu’il a pris
fpn fait &c cauie pour l’exécution de ces engagemens ; tandis que
l’exercice des aftions de ce créancier, ne peuvent avoir d’autre
objet que d’ en faire ceffer l’effet.
O r , le fieur de Lafaye n’ a jamais a g i , ni pu a g i r , qu’ en qua
lité de créancier, puifque la Dame Monnet fon époufe, av o it
répudiée à la fucceffion du fieur de Longat ; ce n’eft auffi qu’en
cette qualité qu’il a agi lors des Arrêts de 1741. & 1742. qu’il a
ftipulé dans la tranfaüion de 1742.
C ’ eft donc une erreur démontrée de dire que le fieur de Lafaye n’ a obtenu ces Arrêts que romme garant formel des Faug eres, & que c’eft en cette qualité q u ’ il a Üipulc dans le traité
pailé fur ces Arrêts; il ne leur devoit aucune garantie, & il n’a
a g i , & il n’ a ftipulé, comme tout autre créancier , que pour
exercer fes droits fur la fucceffion du fieur de Longat ; dès - lors
il eft évident que ion ailion n’ a pu former aucun obftaclc à la
prefeription. .
■
On a vu , dans l’examen qui a déjà été fait du traité de 1742,*
que les Faugcres ne peuvent en tirer aucun avantage. Au fonds
comment pourroient-ils donc cn%faire ufage pour «carter la pref.
crlption ?
*
.
.
.
�*tv
On convient qu’il e x ifte ,d a n s le préambule du traité , que le
le fieur île Longat avoit pris le fait &c caufe des Faugeres , 6c
qu’il avoit obtenu Arrêt de défenfes : c’ eft une vérité à laquelle
les Défendeurs n’ ont ceiTé de rendre hommage dans tout le cours
du procès.
Mais, c’efl: par cette prife de fait Si caufe , même qu’ ils ont prou
vé que le déguerpiffement fait par les Faugeres, poftérieurement
à l’Arrêt de défenfes qui leur avoit été fignifïé , étoit un aban
don volontaire 6c abfolu de la propriété du D om ain e , pour
raifon de laquelle la garantie ôc la prife de fait &i caufe du peur
de Longat, à laquelle ils avohnt renonces par ce déguerpiilcinerft, ne fubfiftoit plus,- ainfi cette énonciation dans le préam
bule de la tranfaclion ctoit néce/Tairement rélative à ce qui s’ é}oit pafîé depuis cette prife de fait & caufe ; Si les Arrêts de
îyz z. & de 1724. ont jugés que le f:eur de L o n g a n’étoit tenu
d’aucuns dommages-intércts, ni d’aucune garantie , pour raifon de
cette propriété.
D ’ailleurs, il ne faut pas perdre de vue que le fieur de Lafaye
n’a ilipulé dans ce traité qu’en qualité de créancier de la fucceffion du fieur de Longat ; il n’avoit aucun intérêt d’ examiner le
fuccès qu’avoit eu cette garantie. Il fubrogeoit indéfiniment
tous fes droits; il ne portoit pas fes recherches plus loin ; il n’ en
-ioffrtlft pas davantage pour écarter toute idée de fubrogation par
ticuliere au bail à rente de 1688. mais les différentes difpofnion.
de cet a&e font auiTi exa&ement contraires à cette prétendue
fubrogation ; c’eil aux conventions ilipulées par la tranfaûion que
l’on doit avoir égard. On ne doit pas s’arrêter aux énonciations
du préambule d’un traité ; elles annoncent les prétentions des Par
ties, mais elles n’ en font pas la décifion.
C ’efl donc inutilement, Se contre les ternies les plus précis de la
tranfaûion , que les Demandeurs reviennent à dire que le fieur de
la Chapelle y a reconnu l’exiftence du bail de 1688. & qu’ il a contradé l’ obligation d’entretenir ce bail.
On ne trouvera nulle part, dans cette t r a n fa â io n , que le fieur
de la Chapelle a reconnu l’ exiflence du bail de 1688. & encore
moins qu’il ait contra&c l’ engagement de l’entretenir ; on y voit
au contraire que le lieur de la Chapelle s’y eil réfervé expreflement de faire valoir le déguerpiffement de 1712. qui avoit réfolu
ce b a i l, dans le cas oïl les Faugeres entreprendroient d’ en de
mander l’exécution. 11 faut avoir bien de l’ imagination pour trou
ver une affirmative dans une négative abfolue.
P è s que le fieur de la Chapelle n’ a contracté aucun engageG
�. 5°
ment pour raifon de l’exécution du bail de 1(588 . par Je traité de
1742. ¡1 cil manifeilc que ce traité cil abfolument un a£le étran
ger aux Faugeres.
On n’entrera pas en differtation ,fu r l’efpece propofée parles
Demandeurs ,d e la ceffion faite à la charge expreffe de payer une
telle ou une telle créance ; la dilparité eil trop fenfible ; la ceifion'
fdite au fieur de la Chapelle n’ eil pas faite à la charge d’ exécu
ter le bail de 168S.
Mais on propofera une autre efpece qui s’applique exaûement
h la queition.
L ’Arrêt de 1724. a confirmé le déguerpiffement de 1712. cela
n’cil pas douteux ; mais qu’ on fuppofe, pour un moment, que
cet Arrêt n’a dû profiter qu’aux Faugeres ; que le bail à rente
a fubfitlé malgré la difpoiition précife de cet Arrêt ; & que
c’ eil dans ces circonilances que le fieur de Lafaye a fubrogé
purement Ôc Amplement le fieur de la Chapelle, à l'effet de ce
{rail à rente.
S i , après la prefeription pleinement acquife, à partir de cet
Arrêt , le fieur de la Chapelle avoit voulu contraindre les Faugercs au paiement de la rente , & leur demander la ratification
du contrat, n’auroient-ils pas été bien fondés de lui oppofer qu’ils
sivoient preferits ; que le traité de 17 4 2 . dans lequel ils n’avoient
pas été Parties , ne pouvoit pas leur préjudicier; que c’étoit un
E&e qui leur étoit étranger? &c le fieur de la Chapelle n’auroit
eu rien de folide à répondre à des moyens auffi décififs.
Mais fi ce traité n’avoit pas pu relever la prefeription contre les
Faugeres, par quelle raifon auroit-il eu plus d’effet pour en inter
ro m p r e le cours contre le fieur de la Chapelle ?
C e que l’on vient de dire répond fuffifammentà l’écrit de 1722.’
c’ eil un aOe radicalement nul , dont les Faugeres n’ auroient pu
faire aucun ufage contre le fieur de Longat lui-même ; mais dans
tous les cas ils n’auroient pas pu en tirer plus d’ avantage que de
J’exiftence réelle du contrat de rente lors de l’ Arrêt de 1724. cet
écrit ne leur auroit donné, tout au plus , qu’ une aftion qui ferait
également éteinte par la prefeription.
'' n ' .
Les Demandeurs ont fait une obfervation fubfidiairc qui ne
chance rien A l’état de la queilion , ÔC qui ne peut pas influer
1 dcciiion.
1'
1 ' rr° "
lur la
_
^
Ils ont dit que le déguerpiffement de 1712. n’ étoit L’ ouv^agç. cme'
d’une partie des codébiteurs de la rente de leurs a u t e u r s '
rTont pas pii préjudicier aux autrès.
'
lf
Cette obfervation annonce déjà le peu de fuçcè^
�A
dent de leur demande en général. Il n’ eft pas poff ible après une
révolution de tant d’années, de pénétrer dans le fecret d’une
famille, & de favoir fi ceux qui furent affign
i é s en défiftement avoient
feuls droit à la rente ou s’ils avoient des codébiteurs. On doit
cependant préfumer qu’ ils étoient feuls propriétaires du Domaine
à la charge de la rente, puifqu’ ils en étoient feuls en poffeffi o n ,
& qu’ils furent feuls affignés.' Les Demandeurs ne dift inguent
même pas ceux d’entr’ eux qu’ils fuppofent ne pas représenter
les Faugeres qui ont déguerpis.
Au refte , les Demandeurs n’ ont qu’ à fe mettre en règle à cet
égard & reftreindre leurs conclufions ; on examinera alors la
la queftion de favoir fi leur auteur, qui n’auroit pas déguerpi,
p ourroit revenir contre la difpofition de l’ Arrêt de 1724. & fi
fon aftion dans ce cas là ne feroit pas prefcr it e , tandis qu’ elle
le feroit évidemment contre ceux qui ont déguerpis. On pré
voit aifément le fort qu’auroit une pareille demande ; mais les
Demandeurs ne s’attachent qu’à faire illufion fur le véritable objet;
de la conteftation.
Monf ieur A R C H O N D E S P E Y R O U S E , Rapporteur.,
Me.
P R A D l E R
Pa g è s
p e re , Avocat.'
je u n e , Procureur.
A R I O M j de l’imprimerie de la veuve CANDEZE , 1772,
4
�
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Factums Godemel
Relation
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/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
[Factum. Desmorels, Gabriel. 1772]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Archon Despeyrouse
Pradier
Pagès
Subject
The topic of the resource
bail emphytéotique
successions
déguerpissement
délaissement
renonciation à succession
prescription
rentes foncières
réintégrande
abandon de jouissance
Monnet de Longat
bail
Description
An account of the resource
Titre complet : Mémoire signifié, servant de réponse, pour messire Gabriel Desmorels, ecuyer, sieur de la Chapelle ; demoiselle Benoîte Desmorels, et Maître Pierre Roux, prêtre et curé de la paroisse de la Chapelle-sur-Usson, leur curateur, défendeurs. Contre Robert et Blaise Faugeres ; Jean, Antoine et Pierre Faugeres, demandeurs, et Antoine Faugeres, tant en son nom, qu'en qualité de mari de Françoise Faugeres, et de Tuteur de Barthelemy et Marie Aurillon, et ladite Françoise Faugeres, intervenans.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
de l'Imprimerie de la Veuve Candeze (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1772
1679-1772
1661-1715 : Règne de Louis XIV
1716-1774 : Règne de Louis XV
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
51 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G0605
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G0604
BCU_Factums_G0606
BCU_Factums_G0607
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/6/53014/BCU_Factums_G0605.jpg
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Perier (domaine de)
La Chapelle-Usson 63088)
Saint-Germain-Lembron (63352)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
abandon de jouissance
bail
Bail emphytéotique
Déguerpissement
délaissement
Monnet de Longat
prescription
réintégrande
renonciation à succession
rentes foncières
Successions
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/6/53015/BCU_Factums_G0606.pdf
a5dcbdf19683a67474eea9f48a4fa15a
PDF Text
Text
R
É
P
P
O
O
N
S
U
R
E
,
LES $RS. FAUGERES,
DEMANDEURS,
A U MEMOIRE
DES SR. ET D lle . DESMORELS.
D É F E N D E U R S .
E S fieurs Faugeres ont fuffifamment établi leur droit ; mais
o n leur fait de nouvelles objefc ions , & on leur impute d’a
vo ir négligé ou déguife des claufes eff e ntielles : ils font donc
obligés de rétablir les faits, de faire vo ir que les reproches des
Défendeurs font l’effet d ’une pure vifion , & que leurs derniers
m o yen s ne peuvent pas faire plus d’impreffion que les précé
dents
L
�O n ne peut contcftor que les fieurs Faugeres ne foient primi
tivement prorictaires du Domaine de Perier ; le bail à rente de
1686. eft leur titre. O n leur oppofe qu’ils ont déguerpi ce D o
maine au fieur Monnet de Longat par a&e du 28 Juillet 1 7 1 2 .
Mais ce déguerpiffement prétendu étoit relatif à r é v i s io n , &c a
ceffé avec elle ; il n’ avoit été lignifié qu’avec la réferve des dommages-intércts, prononcés par l’a û e de 1686. qui font la valeur
même de la chofe ; il a été anéanti par deux aftes de 1 7 2 2 . & d e
1724. & enfin il n’ eft l’ouvrage que d’une partie des coproprié
taires , & ils n’ y amandoient que quatre dixièmes.
Les Défendeurs entreprenent de combattre ces vérités par leur
premiere proportion : ils commencent par dire qu’on a confondu
le déguerpiffement avec le délaiffement par hypothéqué ; que le
délaiffement, à la v é r ité , ne prive pas le détenteur de la pro
priété ; mais que le déguerpiffement, qui n’a lieu qu’en matiere
de r ent es foncières , réfout le bail & tranfmet la propriété au pre
neur , èc que le déguerpiffement qu’ils oppofent eft de la fécondé
claffe.
Les fieurs Faugeres n’ont rien confondu : le bail à rente de 1688.
contient deux claufes dont l’application étoit différente : fuivant
les différens événem en s, on y prévoit le cas d’évi&ion fo rcé , Sc
on y prévoit celui du déguerpiffement volontaire. V o ici les deux
claufes mot pour mot.
Prem iere Claufe.
Sans que le fi tut Monnet fo it tenu à aucune garantie que Je fes
faits & pramefjes , ni d'aucuns dommages - intérêts , en cas qu'il re
vienne éviction tf aucun des héritages fujanentés , que de la valeur
d'iccux , à dire X E xperts, dont les Parties feront ternies de conve
nir fa ns frais.
•
■
Seconde Claùfe .
Pareillement feront tenus lefdits preneurs, en cas de déguerpiffement ;
de rendre lefdits bejliakx & meubles fufmentionnès, aufft à dire cl'Experts,
û fa n s fra is, avant aucun délaiffement. ^
Il eit clair que les Parties ont diilingué le déÎaifïement h y p o
thécaire d’avec le dégiterpiffemeent dé droit. Il rfifte à examiner
laquelle des deux claufes fe rapporte l’abandori'qui fait toutô là'c6n
fiaece des Défendeurs,
�Jean Defm orels forma une demande hypothécaire en 1702.
contre les (leurs Faugeres : le 4 Mai de la mcm'c année ceux-ci
la firent dénoncer à Jean M o n n e t: ils lui remontroient que, par
contrat du 20 Juillet 1688. ledit Jîeur Monnet leur avait bailli à titre
de rente annuelle perpétuelle , avec promeffe de garantir & faire valoir,
de fes faits & promeffes , & de faire ceffer les ¿viciions générales &
particulières, à dire d'Exper.s , le Domaine de Perier ; que cepen
dant ils avoient été aflignés en matière hypothécaire par le iieur
de la C h a p e lle , laquelle affîgnation regarde ù fa'.t l'affaire ptrfonnelle du fieur de M onnet, qui efl tenu par ledit contrat de garantir
& faire jouir lefdits Inflans dudit Domaine.
En conféquence ils le fomment de faire ceffer l’ailion h y p o
thécaire , ou Us décharger de F effet général du contrat de rente, confentir à la réfolution (Ticelui, le tout en conformité de la claufe tT'tcelui ; offrant audit cas cf exécuter , de leur p a rt, les claufes y appofées , & C .
Cette dénonciation n’ annonçoit pas un deguerpifiement qui a
lieu lorfque le débiteur de la rente , fe trouvant furchargé , aban
donne volontairement au créancier le fonds fujet à la rente pour
être difpenfé de p a y e r l’avenir. Il eft évident que les Faugeres
avoient en vue & demandoient l’exécution de la premiere claufe ,
par laquelle , en cas d’éviû ion , le fieur Monnet s’ étoit obligé à
payer la valeur des fonds , à dire
Experts.
La demande hypothécaire du fieur Monnet lui fut adjugée
par Sentence du 16 Juin 17 12 . ils furent dépofledés, iuivant un
procès-verbal du 23 Juin; néanmoins Monnet obtint un Arrêt de
défenfes le 4 Juillet, qui enjoignit a u x Faugeres de de Je tenir dans
la poffefjîon du Domaine , & il le leur fit dédoncer. C ’eit dans ces
circonftances que furvint le fameux aile du 28 Juillet 17 12 . que
les Défendeurs qualifient de déguerpiflement volontaire , & par
lequel il cil énoncé que l’Arrêt eft furvenu trop tard , qu’ils ont
etc dépofledés; qu’ </i conféquence le contrat de rente. . . . fe trouve
interrompu , & qu'ils ne peuvent jou ir pai(iblement dudit D om aine.
D ’après cela , ils déclarent qu'ils confentent & accordent que le f u f dit
contrat de rente fo it & demeure interrompu , nul & comme non fa it 6•
avenu , fans préjudice des dommagts-intérits à eux adjuges contre les
fleurs du R o d el, Longat & Berard, par Sentence a eux ftgnifiée ;
& , à cet effet, attendu que les Faugeres ont annuellement payé ,
la rente portée par le f u f dit contrat, jufques & tomptis iy n . 6*
qu'ils n entendent plus jouir dudit D om aine , C O M M E S' E N
T R O U V A m D É P O S S É D É S , ja i déclaré que lefdits Faugeres déguer~
p'lJfent fi* abandonnât ledit Domaine , fans préjudice à leurs dom-*
�'
4
.
.
.
.
ma^es-intcrêts, dont ils f t réfervent de pourfuivet la liquidation £' le
paiement.
Il fuffit de lire cet a£te pour être convaincu que l’abandon qui
y cil porté eft relatif à la premicre elaufe du bail à rente de 1688.
par lequel il étoit d i t , qu’ en cas d’é v iâ io n , le fieur Monnet feroit
obligé de payer la valeur des héritages, à dire d’Experts, & non
à la faculté qu’a tout preneur à rente de déguerpir. C e qui décidoit l’abandon étoit la Sentence qui déclaroit le Dom aine h y p o
théqué au fieur D cfm o re ls, &c la dépoiTeiîïon qui en avoit fuivie.
Après en avoir rendu compte , les Faugeres difoient, quV/i conféquence , le contrat de rente ft trouvoit interrompu, & qu'ils ne pou
vaient jouir. Ainii ce n’étoit pas un déguerpiffement vo lo n ta ire,
mais un abandon forcé en conféquence de la Sentence 6c du p ro
cès-verbal de dcpoiTeiïion. Par ces a£tes le contrat de rente fe trouyoit interrompu ; ce n’étoit donc pas les Faugeres qui l’interrompoient volontairement ; ils déclarent qu’ils n’entendent plus jouir
du Domaine comme s’ en trouvant dépojjcdés. C ’eil donc cette dépoiTefiion (n o n procédant de leur fait) qui les forçoit à ne plus
jouir du Domaine.
Enfin, ils le réfervent les dommages-intérêts qui leur avo it
été adjugés par Sentence. O r , dans le cas du déguerpiflement
v o lo n ta ir e , le rentier ne prétend pas de dommages - intérêts ;
les Juges n’en accordent pas, & iliero it abfurde qu’un rentier, dont
il. dépend de refter en pofieffion ou de déguerpir , prétendît des
dommages-intérêts pour prix de fon déguerpiflement. Il faut donc
fe refufer à la lumière pour ofer qualifier l’aile du 28 Juillet 1 7 1 1 .
de déguerpiflement volontaire.
C ’étoit un abandon occafionné par la Sentence d’éviftion , 5c
que l’A rrêt, qui infirme cette Sentence , a fait cefler ; les Monnet
n'avoient point accepté ce délailïement , &: ils n'avoient garde ,
puifquc cette acceptation les auroit obligé de payer un dédom
magement onéreux.
Mais tel cil l’aveuglement des Défendeurs que , félon eux , les
Arrêts de 1 7 1 1 . & de 1 7 1 4 . qui ont fait ccfler la Semence de
1 7 1 2 . & par conféquent le dclaiflcnicnt qui y étoit relatif, l’ont
confirmé au contraire, & ont déclaré Monnet propriétaire exclu
r e n t aux Faugeres : Monnet ne l’avoit pas im aginé, puifque ,
poftérieurement à TArrct du 29 Août 1722. & par atte du 19
Septembre 1722. il confent que Pierre Faugeres rentre dans la pofftffion du Domaine fous les mêmes conditions qu'il en jou i [foi t aupavane . . . . ce que Faugeres a accepté.
Mais comment peut-on imaginer que Içs Arrêts de 17.22. &;
�de 1724. ont déclaré le iieiir Monnet propriétaire cxcluiivemènt
aux Faugeres ? D ’abord il auroit fallu qu’il fe fût élevé un co m
bat entre Monnet & les Faugeres fur cette propriété, tans quoi
les Arrêts n’ont pu juger la qu ftion .E n fécond lieu , les Arrêts
de 1722. & de 1724. emploient dans le difpofitif même le fieur
Monnet en qualité comme prenant le fait & caufe des Faugeres.
O n oppofe que les motifs du déguerpiffement des Faugeres ne
changent rien à la qualité & à la fubftance de l’a b a n d o n , qu’il
cft pas moins pur & fimple & fans condition.
Mais les motifs de cet afte indiquent fa nature 8c démontrent
que ce n’eft pas un déguerpiffement volontaire ; que c’eft un délaiffement forcé par une é v i & i o n , & qui a cette avec l’évi£Hon..
O n fait bien qu’/'Z ne s'agit pas d'un dèguerpifjentent fait par un
preneur qui y auroit renoncé, puifqu’un pareil rentier ne peut pas
déguerpir ; il feroit abfurde de raifonner fur les effets de fon
déguerpiffem ent; les Faugeres p ouvoientdéguerpir fans éviûion
nour fe libérer de la rente ; mais ils nel’ont pas f a i t , ils ont délaiffé
la propriété du Domaine en conféquence d’ une é v i û i o n , relativement
à la claufe de leur contrat quien ce cas leur affuroit la valeur des
héritages, à dire d’Experts , ils s’en font fait la referve.
Il n’clt pas vrai q u e , dans le fyfléme des Faugeres , Us auroient
pu faire valoir leur abandon, fans que Monnet pût s'en prévaloir contr'eux. Il faut diftinguer entie un Arrêt qui auroit confirmé la
Sentence de 17 12 . &c un Arrêt qui l’auroit infirm ée, comme cela
eft arrivé.
Dans le premier cas, Pabandoç devenoit la loi refpeftive des
Parties : Monnet auroit payé la valeur du D o m a in e , à dire d’Ex-,
pçrts , ik le délaifiement ieroit devenu irrévocable.
Dans le fécond c a s , l’Arrêt faifant ceffer r é v i s i o n , l’aban
don devenoit ians objet ; les Faugeres ne pouvoient plus en
cxciper ; il ne pouvoit non plus leur être oppofé ; tout devenoit
égal de part ù d’autre.
C e qui ç l li n ju il c , ce qui attaque la ré cip r o c ité , c’ eiî le fyfteme des D é fe n d e u rs, qui veulent que l’abandon des Faugeres,
en conféquence de l’éviûion , & avec condition de leurs dommages-intérets , fubiiffe après que l’éviction a c e lle , & qu’il ne foit du
aucun dommages-intérêts ; quoique ce fût la condition expreffe de
cçt abandon ; qu’ils répo n den t, s’ ils le p e u v e n t, à cette réflexion.
Les Défendeurs prétendent qu’ il n’étpit pas dû des dommageîintérêts , ôi que les Faugeres , en tranferivant dans leur Mémoire
une partie de la claufe du contrat de 1688. ont négligé , par
inadvertcnce, d’y tranferire un mot qui donne un fens fort dif.
�6
feront à la claufe ; qu’ ils ont omis la ftipulation que le fieur
Monnet ne feroit tenu que de la garantie de Tes faits & promettes,
6c qu’jlson t d i t , qu’en cas d’évi&ion des héritages , le fieur Mon
net feroit tenu pour dommages-intérêts de leur valeur, fans ajouter
lu mot aucun, qui précédé les héritages.
Les Faugeres n’ ont point parlé de la claufe qui porte que M on
net ne fera tenu d ’autre garantie que de fes faits & promefles,
parce qu’ elle n’a aucun trait à la conteftation. C ’eft après cette
claufe qu’il cft ajouté qu’i/z cas qu'il arrive éviction d'aucun des hé
ritages arrentés , Monnet ne fera tenu £ autres dommages - intérêts...
que de la valeur, à dire d'Experts. Ainfi que Monnet eut promis d’a
bord une garantie plus ou moins étendue ; elle fe trouve fixée &
déterminée à payer , en cas d’é v i& io n , pour dommages-intérêts,
la valeur des héritages, à dire d’Experts ; les Faugeres n’ ont donc
pas d'omiifion à fe reprocher à cet égard.
II en eft de même 6c avec autant d’évidence fur le mot aucun
qu’ils n’ont pas rappellé ; ce n’eft point par inadvertence , les Dé-,
fendeurs font trop indulgen s, mais c’eit parce que , fuivant les
réglés du bon iens le plus commun , il étoit inutile de copier un
mot qui n’ajoutoit rien. Il eit égal fans doute de dire que s’il
arrive éviclion d’aucun des héritages arrentés, ou s’il arrive éviclion
des héritages arrentés , ou payera pour dommages - intérêts la va
leur des héritages évinces : fi l’évi&ion n’arrive que pour une
partie des héritages, les dommages-intérêts ne feront dus que
pour cette partie ; fi elle arrive pour la totalité, les dommagesintérêts feront dus pour le tout : il n’y a perfonne qui puiffe en
tendre différemment cette claufe.
Il eft vrai que les Défendeurs ont ofé donner une interpréta
tion contraire; ils prétendent que la claufe du dédommagement
n’a été relative qu’au cas oîi l’éviflion feroit particulière, & non
au cas où elle feroit générale ; mais une ob jeûio n fi méprifable
ctoit impoflîblc à fuppofer. L’évi&ion d’une partie ne devoit pas
a vo ir un fort différent de l’cviftion du total : il feroit ridicule de
prétendre que le Domaine de Perier, étant compofé, on le fuppofe,
de cinquante feptérées de t e r r e , il eût été du un dédommagement,
en cas d’e v if t io n , de quarante-neuf feptérées , & qu’il eût celle
d’être dû , en cas d’éviftion des cinquante feptérées. Ainfi Vinadvertence des , F augeres, le tort qu’ils peuvent a v o i r , confifte à
n’a vo ir pas prévu une objection abfurde.
11 eft affez fubtll de vo ulo ir que cette claufe ne doive opérer
qu’une diminution de la rente, la valeur des héritage* évincés n’eft
�pas îans doute une fini pie diminution de la rente; après tou t, s’il n’etoit dû aucuns dommages-intérêts pour l’évi&ion , qu’en ieroit-il
réfulté ? que les Faugeres , qui ne faifoient l’abandon du Domaine
que fous la condition des dommages-intérêts , n’abandonnoient
rien , fi on pouvoit leur conteiler ees dommages-intérêts. O n ne
doit point divifer les claufes d’ un adle, & on ne peut l’ accepter
qu’intégralement.
11 paroît étrange aux Défendeur qu’un Rentier , qui eft é v i n c é ,
puifle demander le dédommagement de la valeur de l’ h éritage,
& ils difent qu’il ne peut exiger que d'être ¿¿dommage à proportion
du profit q u i! auroit pu faire après la tente payée. Mais , d’un c ô t é ,
on ne peut s’écarter des claufes de l’ a d e de 1686. de l’autre, les
Faugeres ne prétendoient, dans la fuppofition de l’évi&ion , que
d’être dédommagés de la valeur des héritages , après la rente payée ,
& enfin on ne pouvoit divifer les conditions de leur abandon
dans le temps qu’il fubfiftoit.
Comment peut-on dire que l’effet de la claufe du dédommage
ment a été anéanti par l’abandon, tandis que cet abandon môme
en contient Sc «’ n rcpetc la réferve la plus diferte?
O n dit que les Faugeres ne demandoient en 1702. que de faire
cefl'tr l’éviftion ou de conientir à la réiolution du contrat ; mais ,
par inadvertence, fans d o u te , on a fupprimé les mots qui fuivent,
le tout en conformité de la claufe d'icelui.
Il e i t , vrai qu’en matière de deguerpifj'ement volontaire de la par:
du prtneur à rente, il ne peut exiger aucuns dommages-intérêts ;
c ’eit donc parce que le déguerpifTement des Faugeres n’étoit pas
vo lo n ta ire, qu’ ils en exigeoient.
O n eft furpris d’entendre dire que l’ Arrêt de 172.4. a co n
damné lefieur de la C h a p e lle , pour tous dommages-intérêts, aux
dépens envers les Faugeres; que c’eft le fort de la réferve que
les Faugeres s’étoient fait par leur déguerpificment, & que l’Arrêt,
en adjugeant le Domaine à M o n n e t, a jugé que le déguerpiffement iatfoit coller l’cfFct de la Sentence q u ia cc o rd o it les domma
ges intérêts.
C e font de véritables.illufions ; il n’y a jamais eu d appel de
la Sentence qui adjuge des dommages- intérêts ; l’Arret n y a
ftatué ni puiftatuer ; il ne fait droit que fur l’appel de la Sentence
du 16 Juin 1712. 6c cette Sentence n’eil pas celle qui adjuge des
dommages-intérêts aux Faugeres ; au contraire elle avoit disjoint
la demande cn jdénonciation.
Les dommages intérêts auxquels elle condamne le fieur D e i ;
m o r d s envers les Faugeres & Monnet n’ o n t , rien de commun
�s v è c ceux qui avoient etc accordés aux Faugeres à raifon de r é
v i s i o n ; ces derniers l'ont également relatifs aux failics-exécu
tions faites fur les Faugeres ; ils en demandoient la main-levée
avec doninmges-inîérêts, elle leur a etc accordée fans autres dommages-intérêts que les dépens ; on ne plaidoit point fur la demande
en dénonciation contre le fieur Monnet.
Au lurplus, fi l’ Arrêt maintient Monnet dans la propriété & poffcilion , c’eit en la qualité en laquelle il procédoit ; comme prenant
le fa it & caufe des Faugeres, & cette qualité eft même la feule en
laquelle il avoit été employé par l’Arrêt de 1712.
Les Défendeurs prétendent néanmoins que la queftion a été
jugée par l’ Arrêt de 1724. ils difent que le iieur Monnet avo it
appelle de la Sentence qui adjugeoit contre lui des dommagesintérêts, & que l’Arrêt condamne le fieur de la Chapelle aux
dépens , pour tous dommages-intérêts envers les Faugeres.
il y a dans cette obje&ion de l’ altération & de la fubtilité ;
on ne connoît point d’appel de la part de Monnet de la Sen
tence qui le condamdoit aux dommages-intérêts des Faugeres;
ce qu’il y a de certain , c’eft que cet appel n’a pas été joint
au procès de de 1724. & que l’ Arrêt n’y fait pas droit ; la con
damnation des dépens qu’elle adjuge aux Faugeres pour dommages-intérêts, eit relative à la demande que c e u x -c i avpient
formée contre lefieur Defmorels , h caufe de là faifie-exécution faite
fur eux , & non aux dommages-intérêts , qu’ils demandoient contre
U fieur M onnet, à raifon de l’éviction. Le Parlement n’étoit pas
faili de cet objet.
M ais, dit-on , les Faugeres ne demandoient pas la réintégrande
& c’eft au fieur Monnet que l’Arrêt de 1722. l’a accordée ; c’cft
lui qui cft gardé & maintenu dans la propriété en 1724.
Les réponfes fc trouvent dans les actes de 1 716 . & de 1722.
Monnet ne travailloit que pour les Faugeres ;ils dévoient donc
le repofer iur lui. Secondement on vient de faire obfervcr que
l’Arrêt de 1722. n’eft rendu en faveur du fieur Monnet que comme
ayant pris le fa it 6' canfc des Faugeres ; & que dans celui de 1 7 1 4 .
il eft em ployé tant en fon nom que comme prenant lt fa it & caufe
des Faugeres ; enfin, fans les écrits de 1 716 . & de 1722. les
Faugeres auroient pourfuivi l’exécution de la Sentence qui con*
damnoit Monnet en leurs dommages-intérêts , c’eil-à-dire, au paie
ment de la valeur du D o m a i n e , à dire d’ Experts.
O n dit que l’Arrêt de 1722. fuppofe que le déguerpiflement a
été a c c e p te , fans quoi les Faugeres auroient été ré in té g r é s ,
puifqu’ils étoient en Cauie.
Les
�9
Les Faugeres ne demandoicnt pas la réintégrande , elle ne pôuv o it donc pas leur être adjugée; ils étoient en caufe , mais uni
quement pour demander des dommages-interêts contre le fieur de
la Chapelle à raifon d’une Jaifie exécution.
Ils ne demandoient pas la réintégrande, mais Monnet la demandoit pour eux , & comme ayant pris leur ja it & caufe.
Elle eft adjugée à Monnet ; cela étoit indifpenfable ; mais le
même j o u r , précifément qu’il prend poiîeflion en conféquence
de l’ A r r ê t , il déclare qu’il confent que Faugeres rentre dans la
poffeffion du Domaine ftits les mîmes conditions qu'il en joui([oit
auparavant. Voilà ce que les Défendeurs appellent une accepta
tion du déguerpiifement. Des y eu x moins prévenus y liroient un
département d’acceptation , fi précédemment il eût été accepté.
O n dit qu’il avoit demandé la réintégrande perfonnellement
& en fon n o m , par une Requête du 27 Juin 1720. que l’ Arrêt
de 17 12 . entérine; & on écrit ces mots , perfonnellement & en
fon nom , en cara&eres italiques, comme s’ils fe trouvoient dans
la Requête ; mais c ’eft une erreur qui a échappée aux Défendeurs.
A u iurplus , toutes les procédures d’une inftance font relatives
à laqualité en laquelle on procédé ; Monnet eil em ployé dans
l’ Arrêt de 1722. même dans le difpofitif, comme ayant pris le fa it
& caufe des Faugtres,
C ’eil une pétition de principe de dire qu’ il ne pouvoit plus
agir pour e u x , puifqu’ ils avoient déguerpi & qu’il avoit celle d’être
leur garant ; on affefle toujours de confondre un délaiflement
néceiïité par une éviflion , accompagné d’une demande en
dommages-intérêts , abandonné par deux aftes , avec un déguerpiilement volontaire ; auiïi le fieur Monnet agiffoit comme ayant
pris le fa it ù cauje des Faugeres ; &c on oppofe contre un fait précis
des raifonnemens impuiflans.
O n a dit que Monnet lui-m ême, par une Requête du 30 A vril
1720. avoit demandé la reftitution des f r u i t s p o u r les Faugeres ;
les Défendeurs répondent que les Faugeres trouvent dans les a£les
ce qui leur convient & ce qui n’y eil pas ; qu’ils ont l u , ave c
l’attention la plus fcrupuleufe, l’Arrêt de 1722. & qu’ils n’y ont
pas trouvé l’indication de cette Requête : c’eft encore une nou
velle méprife de leur part. V o ici les termes du rôle 8. de la
copie des Faugeres. Caufes & moyens d'appel fournis par ledit Alonnet , tant en (on nom , que comme prenant le fa it & caufe dejdits Fau
gtres le 30 Avril /720. cane contre la Sentence du 16 Juin t y n . qut
contre lefdits Exécutoires , faifies & exécutions faites en conjéquence
d 'ic e lu i........... contenant fes conclufions, c ce qu'il plût à notreditt
B
�Cour, mtitrt Us appellations au niant ; débouter ledit Defmorels dt
fes demandes en déclaration d.'hypothéqué par lui formées contre lefdits
Faugeres par Exploit du 2(T Août iyo2. & condamné à refiituer
A U X D I T S F A U G E R E S Us fruits par lui perçus ju r les
héritages énoncés audit Exploit depuis fon indue détention ; enfemble,
les meubles & autres effets faifis à fa requête fur lefdits Faugeres , f i
le tout étoit en nature, ù c. condamne ledit Defmotels aux dommages-intéréts defdits Faugeres, & en tous les dépens. Les Défendeurs
doivent convenir maintenant que leur très-fcrupuleufe attention
a été imparfaite ; la requête du 27 Juin 1720. viiée dans le difpofitif, n’eft point une rétra&ation des caufes & moyens d’appel du
30 A vril ôc n’a rien de contraire ; il en eft de môme de la Requête
du 12 Juillet 1724. que l’on a ni diffimulé, ni eu intérêt de diffimu 1er ; ainfi l’objeûion eil déplacée à tous égards ; & puifque les
Défendeurs avoient tant de peine à relever le peu d ’exactitude des
F a u g e r e s , ils n’avoient qu’à dire la vérité.
Suivant les Défendeurs, on attaque la vérité des faits prouvés
par l’ A rrêtde 1724. en fuppofant que lefieur Monnet n’a jamais eu
la pofleiîion du Domaine de Perier , &: que le fieur de la Chapelle
s’y étoit maintenu ; ils difent que le fieur Monnet ne dem andoit, par
line Requête du 12 Juillet 1724. la reftitution des fruits que jufqu’au 22 Septembre 1722. jour auquel il avoit été réintégré dans
la pofieflion , que l’Arrêt ne lui en adjuge pas davantage ; que
le fieur Monnet prit cette poffefiion en prcience du fieur D efm orels le 19 N ovem bre 1722. qu’au mois d’Août 1724. le fieur D e f
morels fit faifir les fruits du Dom aine fur le fieur Monnet , faute
de paiement des Impofitions , & qu’il a été compris dans les Rôles
de la C h a p e lle , com m e Propriétaire du Domaine de Perier.
Le fieur Defmorels n’a pas ceffé d’être en pofleiîion réelle du
Dom aine de Perier. C e fait eft démontré par la tranfa&ion du
19 Août 1742.011 il eft Partie conjointement avec Françoife Mon
net, femme du fieur de Lafaye , petite-fille de Jean Monnet de Longat ; il y eft dit que la Dam e Monnet avoit fait affigner les fieurs
D efmorels pour être condamnés à la reßitution des fruits du D o
maine de Perier , P°Ür ^es années fpécifiées en CArrêt de 1724. même
pour les années échues depuis \yx2. jufqii au décès de leur pere ,
( arrivée en 173 1. ) & encore pour celles échues depuis jufqu'au jour
fur laquelle demande il eß intervenu des Arrêts par défaut les 3 Juin
JJ41. & 17 Mai 1742.
A qui perfuadera-t-on que la Dame M onnet, fi elle eût été en
pofleiîion réelle du Domaine de P e r ie r , imaginär de faire a l i
gner le fleur Defmorels pour la reftitution des jouiflanccs qu’elle
avoit perçue elle-même ?,
�Secondem ent, que répondoient alors les fieurs de la Chapelle?
qu’/7i prétendoient conufler plujiturs années de/dites jouiffanccs , &
la demande tn dégradation des bâtimens. Eft- ce le langage d’une
Partie qui n’auroit dû aucurue reftitution de jouiflances ?
En troifieme lieu , il eft dit que le fieur de L a fa y e , mari de
la Dame M o n n e t, jubroge . . . lefieur Defmorels . . . . pour les arré
rages de rente en rcjlitution de fruits qu'ils pourroient prétendre depuis
& compris Cannée i j i i . ju fq uà pré/'ent.
Comment feroir-il poiïîble que les fieur
Dam e de Lafaye
euffent fubrogé le fieur Deimorels à des reftitutions de jouiflances
qu’ils avoient perçues ? C e ieroit une abfurdité, & on ne cede
pas un droit contre foi-même : ils cédoient les arrérages de rente
ou reftitution de fruits qui leurs étoit du s; or , il ne pouvoit leur
être dû ni arrérages de rentes , ni reftitution de fruits, s’ils avoient
joui eux-mêmes.
Enfin, le prix de la fubrogation eft de 6000 1. les fieurs de
la Chapelle ne fe feroient pas porté à payer une Tomme aufti confidérable, s’ils n’avoient dû les jouiiTances que depuis 1 7 1 1 . jufq u ’en 1 7 1 1 . la rente de 160 1. à laquelle les fieur & Dam e de
Lafaye les fubrogent, ne formoient qu’ un capital de 3200 1.
dix ans de rente ou de jouifiance, dans des annés où la valeur
des biens avoit fouffert une grande dim inution, ne feroient montés
qu’à 16000 1. & on comprend bien que les fieur & Dam e de
Lafaye , dont le domicile étoit à G a n n a t, éloigné de dix-huit lieues,
du Domaine de P e rie r, n’ ont pas dû faire un marché délavantageux pour les fieurs D e fm o r e ls, qui demeuroient dans la ParoifTe même de la Chapelle où le Domaine eft fitué.
O n ne voit dans la tranfaûion de 1742. aucune claufe relative
à la r é c o lte , aux meubles d’Agriculture , aux beftiaux ; fi les fieurs
Defmorels n’avoient pas été en pofTefîion effective du D o m a in e ,
on auroit réglé le temps où les fieur & D am e de Lafaye s’en rctireroient , à qui la récolte qu’on coupoit alors appartiendroit,
quels beftiaux on délaifleroit ; cependant la tranfaftion n’a rien
de relatif à tous ces différons objets qui ne manquent jamais d en»
trer dans les conditions d’une vente ou d’un délaifTement ; quand
le vendeur eft en pôfTeiTion, c’ft une nouvelle preuve que cette
pofleifion n’éprouvoit aucun ch angem ent, & que l’objet du
traite n etoit que d’en afturer la continuation pour l’ avenir à un
titre différent.
Auiïï a-t-on raifonné dans tout le cours du procès d’après le
fait certain que le fieur de la Chapelle s’étoit maintenu en poffeffton , fans que ce fait ait jamais été contredit.
B 2
�Après cette explication, après ce qui cil reconnu par la tranfa£Hon de 1722. il fera facile fans doute de répondre aux ob jec
tions que font les Défendeurs pour obfcurcir une vérité qu’ils
ont compris être fi décifive contre eux.
Le fieur Monnet prit, à la vérité, pofieiîion publique après l’Arrêt
de 1721. mais les Arrêts de 1741.&: de 1742. & les Rôles des Taillesprouvent que cet a&c n’eut point de fuite , & fans cela les iieurs
Faugeres auroier.t joui en vertu de Patte du même jour où le fieur
Monnet dè Longat reconnoifioit qu’il ne travailloit que pour eux ,
ou fi le fieur de Longat s’étoit mis en poffeifion effe&ive , il faudroit fuppofer , comme la tranfaftion de 1742. le p r o u v e , que
peu après le fieur de la Chapelle , qui étoit fur les lieux, faifit
le m oyen de fe remettre en poiîeiîion par le décès du ûeur de
Longat qui arriva auffi-tot après PArrêt de 1724. le fieur de Lon
gat ne revint pas même de Paris où il pourfuivoit le Jugement
de cette affaire; il y fut tué. Lés Défendeurs nous apprennent
que fa fuccefiîon fut répu diée; le fieur de la Chapelle trouvoit
donc une occafion favorable de fe remettre en poffeiîion, s’il
. s’ étoit défifté, & il en ufa ; peut-être même l’Arrêt de 1724. n’avoit-il p¿s été expédié avant la nouvelle demande de 1 7 4 t.
Si le fieur Monnet ne demandoit en 1724. que les jouiiTances
antérieures à 1723. fon omiiîion pour cette année , qui étoit la
feule écoulée depuis l’Arrêt de 1722. ne prouvoit pas d’une ma
niere certaine qu’il eût joui en 1723. encore moins en I724, fa
Requête du 10 Juillet étant antérieure à la récolte de la même
année. D ’ailleurs, quand il auroit joui en 1723. & en 1724. même
la tranfaûion de 1742. prouve que les fieurs Defmorels avoient
joui d epuis, & qu’ils étoient alors en poffeiîion.
Les Défendeurs tombent même dans une contradiâion quand
ilsdifent que les Colleitcurs jouifloient : les repréfentans , le fieur
de Longat n’étoient donc pas en pofteiïïon, & on le préfumera
d’autant moins que fil fucceifion ctoit vacante : o r , les C o lle c
teurs auroient confervé le droit de celui
qui il appartenoit.
O n a diniandé la communication d’une Sentence de l’Ele&iou
d’ IiToire, q u i , félon les D é fe n d e u rs, condamnoit le- iieur de
Longat à rembourfer la moitié des Impolitions du Dom aine de
P e r ic r ; d’un p r o c è s - v e r b a l de faifie de fruits fait en exécution ,
que les Défendeurs datent du 12 Août 1724* & des Rolos de la
ParoiiTe dans lefquels on prétend que le fieur de Longat é to it ’
c o m p r i s ; mais les Défendeurs n’ont pas été en état de rapporter
ces places. On va vo ir qu’ils les ont alléguées trop légèrem ent,
& qu’ils ont occafionné la découverte d ’une nouvelle preuve-,
cpntr’cux.
�O n a recouvré en effet les Rôles de la Taille de 1736. Et voici
comment l’Impofition a été faite. Le Domaine de Perier, appartenant
au jieur dt la Chapelle de Saint-Julien , provenant du fieur de Longat,
a trois paires de bœtijs 83 l. 12 f. &c. Il y a pltiileurs endofieinens
fur ce Rôle de paiement faic par le fieur de la Chapelle. Il y cil
dit : payé par les mains du jieur de Saint-Julien le 2 Mai So t. Payé
par les mêmes mains 24 l. . . • Plus , paye 21 l. par mes mains le 2
Juillet 1736". Ainii c’ eft le fieur de Chapelle (c o n n u fous le nom
du fieur de Saint - Julien) qui écrivoit lui-même ces endoffemens,
& ils font de fa main.
Si au mois d’ Août 1724. le fieur de là Chapelle avoit fait faifir fur le
fieur deLongat les fruits du Domaine de Perier, faute de paiement
des Importions ( c e qui n’ eO pas étab li) , cela pourroit tout au
plus jeter un nuage fur la perception de 1724. & expliquer ce
que le fieur de la Chapelle difoit dans le traité de 1742. qu ’;7
prétendoit contejîer plufîeurs années defdites jouiffances. Mais les Rôles
6c la tranfanclion démontrent qu’il ne pouvoit pas compter éga
lement les aunes années de jouijjances.
Enfin, pour répondre péremptoirement en un feul mot à une
allégation nouvelle &c fi contraire à la bonne f o i , les fieurs Faugeres offrent de prouver par témoins que le fieur de la Chapelle
ctoit en poileilion du Domaine de Perier lors de la tranfaâion
de 1742. & en avoit joui au moins depuis le décès du fieur de Longat arrivé en 1714. Mais il y a déjà tant de preuves par écrit
qu’ils efpercnt que la C our le trouvera fuffifamment éclaircie fans
ce lecours.
O n a dit avec fondément que les Faugeres firsnt fignifierent des
griefs le 31 Janvier 1721. contre la Sentence d e i 7 i 2 . c e q u ip r o u v e
que le prétendu déguerpiffement avoit cédé d’avoir effet.
Les Défendeurs répondent que les Faugeres avoient intérêt
d e faire cefler les condamnations prononcées contr’eux par la
Sentence de 1712. pour la reftitution des fruits & les dépens, &
pour la main-levée desfaifies faites fur eux , & que le fieur M o n n e t
leur devoit la garantie de tous ces ob jets; mais cette garantie
avoit été p l e i ne m e n t prononcée par la Sentence du premier Juillet
1712. qui avoit fuivi de près celle du 16 Juin de la même année,
dont ctoit appel ; par conféquent les Faugeres n’ a v o i e n t intérêt de
pourluivre eux-mêmes le mal jugé de la S e n t e n c e du r6 Juin ,
qu’autant qu’ ils ne renonçoient pas à leur propriété du Domaine
de Perier.
Auifi le« Faugeres demandoient, félon les Défendeurs eux-mêmes,
¿être, .liécha'gés des condamnations portées par la Sentence & l'E x c -
�.
x4
cutoire , & qu'il leurfû t fait pleine & tn titn nm ndtvit dtschofts foijîts
Jurciix, avec dommagcs-intérits. On oppofc qu’ils ne demandoient pas
la réintégrande, ni la reftitution des fruits; mais on a déjà répondu
que le iieur Monnet la demandoit pour eux & comme leur garant.
Il n’eft pas bei’oin de faire de profondes recherches pour d evi
ner fur quels objets l’Arrêt de 17x2. ordonna une conteftation plus ample : c’eft <ur les appellations 6c demandes qui y
font vifées , & il n’étoit pas quellion du prétendu déguerpilTem e n t , puifqu’il ne paroît pas même qu’il ait été p ro d u it, qu’il
n ’a été vile dans aucun des Arrêts , & que perfonne n’en a deman
dé l’exécution.
O n prétend que les Arrêts ne vifent que les demandes & les
concluions des R equêtes, & non les titres ; m a i s , outre qu’on
l ’avance trop légèrem ent, il eft certain qu’au moins le déguerpiffement auroit été rappellé dans les conclufions des Requêtes , fi
elles l’euffent eu pour o b j e t , 8c enfin il fuffit aux fleurs Faugeres qu’il n’ y ait aucune preuve que le dégucrguerpiiTement ait
paru au procès de 1724. ni q u ’il en ait été fait ufage.
Cependant les Défendeurs difent que le déguerpiiTement a été
adopté & confirmé irrévocablement par f Arrêt de 1724. ÔC qu’ils peu
vent répondre avec fu c c è s , prenei & life\.
Les fieurs Faugeres l’ont pris 6i lu , &C ils n’y ont rien vu de
femblable. Les Défendeurs ne lifent que dans leur imagination ;
ils voient dans les aftes ce qui n’y eft p as, & n’y voient rien
de ce qui y eft.
Us oppofent que fi M o n n e t , après les A rrê ts, avoit voulu
obliger les Faugeres à reprendre le Domaine , il n’auroit pu y
réufllr malgré eux ; qu’ils lui auroient oppofé que le déguerpifiement avoit été adopté & confirmé par ces Arrêts, &c que s’il ne
pouvoit les contraindre à reprendre le D o m a in e , ceux-ci ne pouvoient les forcer A le leur rendre.
1°. Il n’y a pas de doute que le déguerpiiTement, n’étant fondé
que fur l’éviû ion prononcée par la Sentence de 1712. le fieur Mon
net auroit été en droit de foutenir que cette évi&ion ayant ceffé
par l’A r r ê t , le déguerpiiTement ceffoit avec la Caufe éphémere
qui l’avoit p ro d u it, & il n’eft pas vrai que les Faugeres auroient
pu lui oppofer que l’Arrêt adoptoit & confirmoit le déguerpiiTen ie n t, puifque c’eût été une fuppofition trop facile à détruire en
présentant l’ Arrêt 6c en difant : Prtnt{ ù lifei,
2y . Les écrits de 1716. & de 1722. ( c e dernier poftéricur à l’Arrêt
de réintégrandc ) démontrent qu’il n’étoit plus quellion de déguerpiffement,
�O n n’ a point dit que l’ appel ôc les griefs des Faugeres, contre la
Sentence de 1 7 12, tendirent à la révocation de leur déguerpijjement ;
mais on a dit que ces griefs fuppofoient qu’il n’en étoit plys quefr io n , & cela eft p rouvé par les deux écrits; dès lors tous lesraifonnemens auxquels les Défendeursfe font portés par cette faufle fuppofition tombent d’eux - m êm es, & ne méritent pas de réponie.
Il y a plus que de la témérité à avancer que \'Arrêt dt 7724.
fans avoir égard à la demande en révocation des Faugeres, a maintenu
le Jîeur de Longat dans la propriété du Domaine ; l’Arrêt ne prononce
pas ainfi ; il ne le pouvoit pas ; on n'y vife aucune Requête femb la b le , ¿1 il maintient le iieur de Longat comme ayant ayant pris
le fa it & caufe des Faugeres.
Les Défendeurs ne font que propofer de petites chicanes fur
les deux écrits : celui de 1716. diient-ils, portoitque la vente feroit
faite a-t’-tllts autres conditions qui feront portées par h contrat &
qui feront arrêtées ; ainii le fieur de Longat difpofoit en maître ; il
changeoit abfolument toutes les conditions du bailde 16S8. ôc c’e ft,
dit-on , de l’événement de ces conditions que devoit dépendre
l’exécution de fon engagement.
Le fieur de Longat promet de paiTer contrai de ventt ou renti
rachetable du Domaine à lui appartenant appelle de Ptrier . . . & cefl
moyennant en principalfemblabli fomme que aile portée par ledit contrat
de rente que les Faugeresferont tenus de lui payer dans les termes quiferont
accordés ; lequel contrat de vente Jera paffé d’abord après le mois deSeptembre a-t-elle% autres conditions qui feront portéis par ledit contrat, &
qui feront arrêtées entre nous, &c. T els font les termes de l’a&c.
Le prix en eft fi:;é pour le principal à femblable fomme que celle
portée par le contrat de r e n te , c’eft-iWire , au principal de 1601. de
rente.Les autres conditions qui dévoient être arrêtées entre les Parties,
n’ayoient point trait A la fixation du prix, & par conséquent n’empû«
choient pas que le marché ne fût confom m é, quand même il auroit
queftion d’un premier marché ; au lieu qu’il s’ agiffoit de l’exé
cution d’un précédent, à la charge que la vente ftipulée non rache
table feroit rachetable.
O n dit que file bail iubfiftoit le fieur Monnet ne pouvoit faire
la loi au Rentier ; mais il ne l’a pas faite non plus; il s’eft référé
au prix convenu primitivement : l’affaire étoit encore indécife
au Parlement ; c’eft pourquoi il dit à la fin de l’afte que fi la décifion eft retardée , il rendra ce qui lui a été payé. ¡Ciáis, poftérieurem ent, il reçut deux paiemens ; ce qui prouve que les
Parties exécutoient leur traité de bonne foi ; le fieur Monnet accordoit la faculté de rachat de la vente ; par ce m o y e n , il ne
�T6
devoit plus être queftion du déguerpittement qui l’inquiétolt &
qui lui étoit fi funefte , puifc^u’il ne pouvoit avoir lieu l’ans l’expofer à des dommages-intérets confidérables.
Comment peut-on dire que l’a&e de 1722. n’étoit pas obliga
toire? Les promettes de v e n d re , dit-on, ne le font que quand
ce qui eft relatif à l’effence de Fade eft défigné; mais dans l’efpece
préfente il reftoit à régler les conditions.
i Q. L’ écrit de 1716. contient tout ce qui eft effentiel la vente ,
la choie , le prix , le confentement, tk il eft double ; les autres
conditions à régler ne pouvoient porter fur fur rien de ce qui
étoit ettentiel à la vente.
2 0. 11 ne faut pas confidérer cet écrit comme le premier afte
paffé entre les Parties ; leur droit dérivoit du bail de 1688. on
n’a fait qu’y ajouter en 1716. une faculté de rachat.
O n oppofe que les Faugeres n’ont fait aucun ufage de cet écrit
pendant huit ans, & jufqu’à l’Arrêt de 1 7 2 4 Les Défendeurs
ajoutent que cet écrit a été anéanti par l'A rrêt, qui n'y a eu aucun
égard.
O n a déjà eu occafion de dire plufieurs fois que les Défendeurs
croient lire dans les Arrêts ce qu’ils ne puifent que dans leurs
idées : l’Arrct n’a pas anéanti l’écrit de 1716. puifque perfonne
n’en dem andoit, ni n’en conteftoit l’exécution , & qu’il ne vl’a pas
même connu.
En fécond lieu , l’écrit n’étoit deftiné à avoir fon exécution
qu’après l’Arrêt , & autant que l’ Arrêt infirmeroit la Sentence;
cela réfulte & de l’ettence de cet afte & des termes qu’on y a
em ployé ; il falloit donc attendre l’Arrêt.
En troifieme lieu , dès que l’Arrêt provifoire a paru , il a été
fait ufage de l’é crit, puifque le ao Septembre 1722. jour même
de la prife de potteiTion du fieur M onnet, il a donné un fécond
écrit portant que Pierre Faugeres rentrera dans la pojfefllon du
Domaine fous les mêmes conditions qu'il en jouijjoit auparavant, &
autant que le fieur Monnet auroit lu i-m êm e le droit d’en jouir ;
cet a&e eft l’exécution du premier. O ù eft donc ce filencc &c
cette inexécution de huit ans ?
On a répondu à l'objection tirée de la prefeription. i ° . L ’Arrêt
de 1724. n’a eu fon exééution que par celui de 1 7 4 1 . la preferip
tion n’a pu courir plutôt. 2Q. Les Défendeurs n’ont de pottettion
à oppofer que depuis la tranfaftion de 1741. ce qui eft infuffifant;
les droits des Faugeres ont été reconnu lors de cette traniaflion;
ils étoient entiers alors ; ils ont été pourfuivis dans les trente
.
ans.
Les
«
�17,
Les obje£lions qu’on fait contre l’écrit de 1 7 1 1 . font méprifables ;
l’o n trouve fingulier qu’il foit daté du même jour que le fieur Mon
net prenoit poiTeflîoa ; & précifément il a du avoir cette mcme
date par une iuite de l’écrit de 1 716 . fuivant ce premier é c r i t , le
fieur Monnet ne pourfuivoit que pour les Frugeres ; il obtint un
premier Arrêt de réintégrande; fidele à fes premiers engagemens,
il déclare, au moins en termes équivalens par le fécond titre , qu’ il
ne prend poiTeifion que pour Faugeres : Je confins que Pierre Faugeres rentre dans la. pojfejjïon du Domaine fous les mîmes conditions
q u il en jouiffoit. Telles font les expreiîions de cet écrit.
Monnet n’y rappelle p as, d it-o n , le bail de 1688. mais que
fignifient donc ces mots : Sous les même conditions qu'il en jouiffoit ?
ces conditions ne font-elles donc pas celles du bail de 1688 ?
O n répété à chaque inftant que Robert Faugeres n’a pas demandé
l’exécution de cet écrit; mais, encore une fois , la conteilation ne
s’eft terminée que par l’Arrêt &c la tranfa&ion de 1742. il auroit
agi auffi-tôt ; mais l'on décès arriva précifément le 9 A vril 1742.
fes enfans étoient mineurs ; c’ eft ce qui a fait retarder la de
mande.
Enfin , on oppofe que l’a£le de 1722. n’ a pas été fait double ;
m aisil n’eil que l’exécution & la confommation de celui de 1 7 1 6 .
qui étoit double : Robert Faugeres n’ avoit pas befoin d’y contrac
ter de nouveaux engagemens ; le fieur Monnet de fa part ne lui
donnoit l’écrit de 1722- que pour le raffurer contre fa prife de poffeflion, qui ne devoit profiter qu'à lui.
Il n’ eft point vrai que Faugeres pouvoit demander l’exécution de
l’écrit , ¿c que le fieur Monnet n’avo it pas la même faculté. Le
fieur Monnet trouvoit cette faculté enticre dans l’écrit de 1716.
qui étoit double, dans le bail même de 1688. dont l’abandon avoir
été aboli par l’A r r ê t , &c c’ eft fans le moindre fondement qu’on
dit que l'écrit de iyiG. ne pouvoit avoir d'exécution que par un confententement libre €r réitéré du fieur de Longat. Q u e veut-on dire par
1a ? Eft-ce que le fieur de Longat étoit interdit en 1716. ou que
I o n doive réitérer un confentement pour qu’il i oit obligatoire?
O n attend que les Défendeurs s’expliquent.
Q uoique le déguerpiffement prétendu n’ait pas lie ceux dont
il étoit l’ ouvrage il eit évident qu’ il eft encore plus indifférent
A Robert Faugeres, qui amandoit dans le Domaine une m o itié,
& fa portion afférente dans l’autre moitié : les Défendeurs, hors
d’état de répondre, difent qu’il n e peuvent après tant d’années
pénétrer dans le fecret d’une fam ille, il n’y a qu’à lire l’afte de 1688.
pour connoître le droit ôc la portion de chacun : ils veulent qu’orç
�prélume que ceux qui firent iignifier l’a&e de 17 12. étoient
i'euls Propriétaires; m a is o n ne peut pas le préfumer contre le
titre qui prouve le co n traire, l’écrit de 1 716 . qui établit que R o
bert Faugeres y avoit confervé Ces premiers droits ; o r , l’aile
de 1712. lui étoit totalement étranger.
Enfin , ce prétendu déguerpiflement, dont les Défendeurs font
tant de à bruit n’a pas été accepté par le fieur M o n n e t , &z il auroit
fallu l’ccepter avec fes conditions de dédommagemens fans pouvoir
d iv if e r ; d è s qu’il n’ a pas été a cce p té , les chofes fort demeurées
e n tieres, & le traité de 1716. a remis au premier é ta t; ajoutons
qu’il étoit nul , parce qu’un des deux témoins de l’a&e étoit un
H uiflier, nommé Guillaume G rofm a rie , & il en prend la qualité;
or , un Huiflier ne. peut être témoin dans un aile du miniftére d ’un autre Huiflier. C ’eft la difpofition de l’art. 1er. du tit.
1er. de la Coutume.
Les deux dernieres propofitions du Mémoire des. Défendeurs
ne méritent pas une longue difeuflion.
O n Arppofe, dans l’une-; que le bail de 1688. ne fubfiftoit plus;
c’eft une pétition de principe ; elle a été folidement détruite ;
l’Arrêt de 1724. la fait fubfifter ; &C les écrits de 1716. 6i de 1 7 1 1.
lui auroient donné un nouvel être , s’il l’avoit fallu. Ces propopofitions ont été démontrées.
Q u e la Dame Monnet , qui a a pafle la tranfaâion de 174a. fut
héritiere 011 créanciere du lieui Monnet de Longat fon frere ; c’elt
le fait le plus indifférent ; elle exerçoit fes droits, elle n’en avoit
donc pas plus que lui ; elle fubroge le fieur de la Chapelle à toutes
fes a£tions nommément au bail à rente & aux deux Arrêts. V oilà
le titre des Défendeurs : ils font Propriétaires de la rente à laquelle
ils font fubrogés ; on ne le contefte pas , fauf les paiemens ; on
les a fubrogés aux Arrêts de 1722. & de 1724. mais l’effet de ces
Arrêts appartenoit aux Faugeres , & ils ont réclamé dans les trente
ans de cette fubrogation, qui ne pouvoit être faite à leur préjudice.
La Dame de Lafaye favoit parfaitement que le Domaine appar
tenoit aux Faugeres ; c ’eft pourquoi elle ftipule depuis le com m en
cement du traité julqu’à la fin que le fieur de la Chapelle prend
fur fon compte l’événement ; il pourra faire valoir , dit-elle , le
prétendu déguerpiflement ; mais aufli fi on lui oppofe les Arrêts
q u i , en faiiant cefler l’é v iftio n , ont anéanti le délaiffemcnt qu’elle
avoit occafionné : û on lui oppofe les écrits de 1716. &C,ile 1722.
il garantira la Dame de Lafaye de toutes les aûions qpe lc's.Fau
geres pourroiént exercer en conféquence.
Les Défendeurs , hors d’état de répondre à la circontfance qu’il
�»9 .
font fubrogés au bail de 1688. difent que la Dairtc de Lafáye',
fimple cré a n cie re , ne vouloit rien prendre fur fon compte ; mais
cette réponfe eft vuide de fens ; elle exerçoit les droits de fon
frere , &c en difpofoit ; il étoit égal que ce fût en une. qualité
ou en l’autre ; cela ne pouvoit les augmenter , ni les diminuer.
O n a eu'raiion de dire que les Défendeurs ont trouvé un avan
tage confidérable dans le traité.quia fixé leur débet à 6000 1. quand
ils n’auroient pas dû les frais des Arrêts de 1721. & de 1724. mais
feulement ceux des premiers ;A r r ê t s , ce qui ne paroîtce pendant
p a s; il n’eft pas moins vrai quviis auroient acquis un pritipal d«j
160. & quarante annees de jouiffances pour .¿ r o o 1.
,0 i;
La p reicription, derniere; reilource de; la.: mauvaife . f o i , iiTa
pas plus de fondement que leá precédeos m oyens : elle n’auroit
pu courir que depuis l’A r r ê td e i7 4 2 . & :la tranfaâion qui a iujvi ;
on a agi dans les trente ans de cette.époque , & ils nîont plat, été
utiles, à beaucoup 'prés.
. •;
i.
>. n' <
Les Défendeurs repetenttoujours que le £cur de la Chapelle n’etoit pas en poffeiTion depuis . 1722. ¿ ¿ i l e f t p ro u vé par fa propre
reconnoifîance , confignée dans lu traniaflicm de I742. ( q u e les
Défendeurs, fi exa&s fur ies faits, fupprim ent, ) qu ’il avoit joui
jufqu’en 174*. Il y a lieu de penfer q u e .le décès du fieur de
Longat , Sc la renonciation à fa fuceeffion , ont perpétué
l ’uiurpation du fieur de là .Chapelle , ou qu’ilren ont occafionné
une nouvelle..
¡ .
. , : •; ,‘ ¡
Quand le fieur Monnet auroit été en pofTeilion en 17.42.. il n’y
auro.it pas plusjde ¡Yrefcnptittñ ; Ktonnet ne pQU.Yüit i’óppbíerlen
1742. contre fes écrits de 1716. :& de 1722. contre l’Arrêt de 1724.
qui feul auroit pu ouvrir l’a&ion des Faugeres ; & le. fieur do
la C h a p e lle , qui ne, pourroit dater,dans tous les ças^ fa poffeffeiîion que de 174a. a, été. attiiqnc dans les trente ans ; il neipeut
joindre fa poiTeflion à celle de M o n n e t, qui n’auroit^oui que pour
les Faugeres, & qui n’avoijt agit eif 1742. comme en 1722. ¿c en
1724. que comme leur garant..
> .
’
Il eft ridicule de répondre que Monnet étoit mort long-temps
avant l’Arrât de 1741- il n’eft plis moins vrai que ceux qui agiffoient le faifoient en exerçant leS droit* ou comme hqritiej-s , ou
comme créanciers f peu im p orte*.& Ils.droits qu’ils exerçpietit
étoient inféparables de fa garantie.
Les Défendeurs demandent où l’on a pris qu’urt créa n cier, quj
exerce fes droits fur uñe í'uccdflioñ jlioit teni'i des engagem.cns du
défunt.
.'
'•
j
Q u ’ il folt permis de demander a.cx.Défendeurs,,à leu r.to u r, ou
#ls ont p risqu ecelui qui exerce les droits de fon d é b i t e a i t plus
�*M
'
10
de droit que l u i , & que le défunt ne pouvant pourfuivre une
aélion que comme garant, ils ont le droit de la pouriiiivre fans
cette charge de garantie ; fans doute le fimple créancier n’eft pas
tenu des faits de ion débiteu r, lorsqu'ils font indépendansde l'ac
tion qu’il exerce ; mais imaginer qu’il puiiîc divifer cette-a&ion ,
en faire valoir l’utile &i en écarter les charges, c ’eit un fyltême
qui'étoit réfervé aux-Défendeurs ; le fieur de Lafaye ne devo it
point <le garantie en fon nom aux F a u g ere s; mais il exerçoit une
aftion
laquelle cette garantie étoit attachée; & il ne pouvoit
pas fe donneri plus de droit que n’en avoit fon débiteur.
Il eit étrange que les Défendeurs nient que l’exiftence du bail
de: *68$. ait-été reconnue dans le traité 1741. tandis qu’ils s’y
ionr fait fubroger expreflement ; ils font aux droits du fieur'Monnetyiilî le n t tenus des mêmes engagemens ; le traité d e 1742.
r e n d . hommage-aux-droits des Faugeres, ôc les a perpétué.
O n oppofe que f i , après les trente ans de l’A rrof de 1724. le
fiéur'.dela C B ap dle a v o it voulu contraindre les Faugercs.au paie
ment' de;ia-rqrtte ; ils auroifcnt'pu lui oppoler la prefeription ,
& quçlfc traité de I742.. ne .pouvoit leur nu ire, parce qu’ils n’y
cto^ent p a s P a r t i e s - r’ que le droit doit être-égal de part & . d’ autre.
Cexttî o b je ifio n , ùn-peu approfondiei, ne peut faire impreff i o n ; i e s F a u g e r e s ne font pas Parties dans l’atle de 1742. ainfi
on nelpoilrroit en tirer aucun avantage contr’eux ; mais-les Défen
deurs y ctoient Parties, c’eit leur titre; on peut donc en cxcipcr.
Contr’eux." ' n •
'
Les Défendeurs., da«£ la vue de détourner l’attention du véri
table- objet de Litonteflatioin, nexeflént de parler de vingt pièces
de t e r r e , îd ô n t. ils prétendent que' les Faugeres ont jo u i, quoiqu’elles tic, fuflent pas ccmprrfes dans 1* b a i l d e 16-8#. C ’eit-un
objqt étranger-fur lequel on n’ établit riett ,-qui n’a donné lieu ù
aucunes cort<l<»iions',;ÜC qui ne adneerne pas' même les Défen-»
deuiis.-'En; ciVc?t, cc n’eft ;pas Iclieur DcfmortiU qui avoit-ofigin a i r e m c i u formé une difficulté fur ces vingt pieci'ifde-ttffre ;• ,1’açli0rt- avoit- été'intentée par le fieur; de la-GuiUtfiifnie '6c iUne tant
pas les confondre; Le ticur de I3 Guillhiuni<r létoït‘hrbailleur'A
rehto \ & 'le iitît<Pt'rcle la Chapelle fe pretendoit fon^rébnciol''; il
fit déclaro-r jtar Sentence: le Domainc/dc !pefii;rrhypôtlïéqué à ‘{'es
prétendues créances ; 1Arrêt jugfca qu’i h u ’en frvoit pôînt le
iié.iVr- de-' la 'Gfiillaiiinie' qiii'-dQtnandon les !vi<Jgtipioccs: d<J terre ,
lit? iMit'OtHblir'to'rt droit tiMliabâinlortni.J-MüiS'le fieur de la Ch.iipelle n’a jamais prétendu .d'autrç d r o it, à cet ej’ ard, que n iypüthdi
que dont l’ Ariot le ¿cbbiûfï. Les D é c o d e u r s ne cherchent donc
m ut oblc^rt-r-J’
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21
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Ils difent auffi qu’ on ne peut leur imputer l’enlevement des
p i eces des Faugeres; que le traité de 1 7 4 2. prouve que le fieur
de Lafaye , leur a remis l’act e de déguerpiff ement & fa fignification.
C ’eft l’original même de cette fignification que les Défendeurs
rapportent ; l’induction qu’ on a tirée de ce fait fubfifte malgré la
réponfe. C om m ent cet original étoit-il parvenu au cédant des
Défendeurs ? ou le déguerpiff ement avoit été remis au fieur
M o n n e t , comme n’ayant pas d’ objet , ou ces pieces avoient été
enlevées ; enfin les Faugeres font privés de leurs pieces par un
enlevement qui fut fait chez le fieur G e n u it, & cela a donné
lieu à la prodédure extraordinaire.
Il ne peut refter aucun doute légitime fur le droit des Faugeres;
ils réclament leur ancien patrim oine; l’abandon de 1 7 1 2 . occafionné par d e s circonftances qui ont ceff ées ne les en a point privé ;
l e s Arrêtsde 1 7 1 6 . & de 1 7 22. les leur auroient rendu , & on n’auroit pu exciper de l’abandon , qu’ en leur payant les dommagesintérêts, qui en étoient la condition; la prefcription ne peut pas
'être o p p o fé e; elle n’a commencée à courir que depuis le traité
de 1742. Les Défendeurs ne peuvent pas oppofer une plus lon
gue poff effion , ni du ch e f du fieur de Lafaye , puifqu’ il ne jouiff oit pas a up aravan t, ni de leur c h e f , puifqu’ils avoient été troublés
par l’Arrêt de 1742. obtenu par les garans des Faugeres , comme
les deux Arrêts de 1722. & de 1724. C es Arrêts ne profitent pas
moins aux F augeres, que fi e u x - m ê m e s avoient formé l’act i o n ,
par le traité ; le fieur de la Chapelle a reconnu l’exiftence des
droits des F a u g eres, & s’eft même fait fubroger au bail à rente
de 1688. cette fubrogation leur affure la r e n te ; mais ils-ne pe u
yent a v o i r la chofe & le prix.
Monfieur A R C H O N D E S P E Y R O U S E , Rapporteur.
V
e r n i e r e s
, Procureur.
A R I O M , de l’Imprim erie de la v e u v e C A N D E Z E , 1 7 7 2
»
�
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Factums Godemel
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/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
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A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
[Factum. Faugeres. 1772]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Archon Despeyrouse
Vernières
Subject
The topic of the resource
bail emphytéotique
successions
déguerpissement
délaissement
renonciation à succession
prescription
rentes foncières
réintégrande
abandon de jouissance
Monnet de Longat
bail
Description
An account of the resource
Titre complet : Réponse, pour les sieurs Faugères, demandeurs au mémoire des sieur et demoiselle Desmorels, défendeurs.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
de l'Imprimerie de la Veuve Candeze
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1772
1679-1772
1661-1715 : Règne de Louis XIV
1716-1774 : Règne de Louis XV
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
21 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G0606
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G0604
BCU_Factums_G0605
BCU_Factums_G0607
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/6/53015/BCU_Factums_G0606.jpg
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Perier (domaine de)
La Chapelle-Usson 63088)
Saint-Germain-Lembron (63352)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
abandon de jouissance
bail
Bail emphytéotique
Déguerpissement
délaissement
Monnet de Longat
prescription
réintégrande
renonciation à succession
rentes foncières
Successions
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/6/53016/BCU_Factums_G0607.pdf
e0dc03074c7fcfb59a818893466ba431
PDF Text
Text
**
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4*
fr
.
__
. . . . . . . . _____ .
_
......................................... ..................................
REPONSE,
P O U R
les fieur &
D em oifelle D
esm orels,
D é fe n d e u rs ;
A U
S E C O N D
De R o b e r t
& autres
L
,
M É M O I R E
& B l a i s e
F a u g e r e s
,
Demandeurs & Itith n k *
\
ES
F a u g e r e s , en répondant au M ém o ire des fieur & D e m o i
felle de la C h a p e l l e , ne fe fo n t e n c o r e attachés qu ’à jetter
des nuages fur la conteftation : ils n’ont pas é té plus exacts dans
le récit des f a i t s , & dans la n o u v e lle analife q u ’ils ont fait des
pièces produites au p r o c è s. Ils ne ceff ent de fe répéter fur des
q u e ftions fur lefquelles un arrêt rendu contradictoirem ent a v e c
leurs a u te u r s , ne laiffe plus lieu à aucune forte de difcuffïon ; en
u n m ot , ils ne s’attachent qu’à faire perdre de v u e le point eff entiel & d e cifif de la feule queftion qui eft à juger : c ’eft à q u o i
tendent toutes les o b je ctions du fécond M é m o ire des Faugeres.
Il n’y a rien d’ob fcu r ni d’é q u iv o q u e dans les différentes dif pofitions de l’arrct de 1724. Les Faugeres éto ien t a p p e la n ts de la
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fentence du 16 juin 1 7 1 1 , qui les a v o it é vin ce s h y p o th é c a ir e
m e n t ; ils s’étoient départis de ce prem ier a p p e l , parce c n ’au
m o y e n de leur deguerpiffem ent , la conteftation ne p o u v o it plus
les intérefler ; ils interjeterent dans la iuite un fécond appel , fur
le q u e l ils dem andèrent la r é v o c a tio n de ce déguerpiflem ent ;
ils ont tou jo u rs refté en c a u f e , ils n’ onr pas cefié de co n te ltc r ;
& l’ arrêt a maintenu le (leur de longa dans la picine propriété,
pojfeffion & jou ijjanct du domaine ; il lui a adjugé la reltitution
des fruits.
C e t arrêt fo rm e manifeftement un titre de p rop riété i r r é v o c a
b le en fa v e u r d u fieur de L o n g a ; dès-lors il n’eft plus q ueflio n
d ’exam iner fi l’abandon fait par les Faugeres elt un déguerpifiem ent pur & f im p le , ou ii c ’eft un fimple délaiffement par h y p o
théqué ; ii c e t abandon a été difeuté ou s’il ne l’a pas été luffif a m m e n t; s’ il a été accep té ou s’ il ne l’a pas é t é ; fi c ’ eft enfin
fur cet abandon ou fur tout autre m o tif que la décifion de l’arrêt
a porté. Les D em a n d eu rs ne p eu v e n t faire cefler l’effet de cet
a r r ê t , qu’ en l’attaquant par les voies de d r o i t , s’il y a l i e u , o u
p a r celle de l’interprétation : j u f q u e s - l à cet arrêt form era néceffairem ent une fin de n o n - r e c e v o i r in vin cib le contre toutes leurs
prétentions ; & cette difcuifion ne pourroit être portée qu ’au même
tribunal d ’oîi la décifion eft ém anée.
Les D em and eurs réclament la propriété du dom ain e , fur le
fondem ent que le déguerpiffem ent , fait par leurs auteurs ,
n’é to it qu ’ un fimple délaiflement h y p o t h é c a ir e , un abandon re la
t i f à leur d é p o ffd fio n . Ils ajou tent que par des écrits poftérieurs
à leur déguerpiflem ent ( mais antérieurs de plufieurs années à
l’arrêt ) I ^ .ü ju c de L o n g a a v o it renoncé à tout l’effet qu ’il
p o u v o it en retirer. Ils dii'ent e n c o r e , que les Faugeres qui a v o ie n t
d é g u e r p i, n’etoient pas feuls propriétaires du dom aine : ils difent
e n f in , que q u o iq u e l’ arrêt ait maintenu le fieur de L o n g a dans
la p r o p r i é t é , c’ eft ;V eux feuls que cet arrêt a dû p r o fite r , p arce
qu,$, le iieur de Longa ne l’a v o it obtenu que c o m m e leur g ara n t,
S i, après; ftvoir pris leur fait & caufe.
M ais toutes ces objections , fi elles n’ ont pas été p ropofées
fur l’ appel de la Serçtence de 1712. , vien d ro ien t à tard , elles
d o iv e n t dans tous les cas é c h o u e r contre la lettre précife de l’arrêt ;
il faut néceiïairem cnt s’y c o n fo rm e r ^ a n t q u ’il fubfiftera. La c o u r
«il- bien faifie de l'exécution des arrêts du parlem ent , mais elle
ne peut jws aller co p tre leur difpofition p ré ciic ôc litté ra le , elle
ne peut pas les r e fo r m e r , elle ne peut pas les interpréter.
D es titres fit des picces nouvellement recouvrées, &c qui au-
�.5
.
. W
ro ie n t été retenus par le fait ou p ar le do l de celu i qui ?ur o it obtenu un arrêt en fa fa v e u r , forrr.eroient fans dou te un
m o y e n de requ ête c iv ile co n tre l’a r r ë t; mais oferoit-on dire que
la d é c o u v e r te de ces titres fufHroit p o u r a utorifer une n o u v e lle
dem ande dans le même tribunal donr étoit ém anée la S entence
fur laquelle l’ arrêt auroit ftatué ?
Il en eft de m êm e de tout ce que les D em a n d eu rs op p o fe n t ; tous
leurs m o y e n s réunis 011 exam inés f é p a r é m e n t , font autant de
griefs contre l’arrêt de 1 7 1 4 , o u , fi on le v e u t , autant de motifs
p o u r fe p o u r v o ir par la v o i e de la requ ête c i v i l e , de la tierce
o p p o fi t i o n , o u de l’in te r p r é ta tio n ; mais tous ces m o y e n s ne fignifient r i e n , tant que l’arrêt fubfiftera ; ce n’eft q u ’en l’attaquant
par les v o ie s de d r o i t , q u e l’on peut p a rv e n ir à en faire ceffer
l ’effet ; j u f q u e s - l à , il d o it faire la lo i des parties : o n n ç
p eut r e co n n o ître d ’autres propriétaires du dom ain e dont il s’a g i t ,
q u e le fieur de L o n g a , puifque c’ eil à lui feul que l’arrêt en a
adjugé la p ropriété.
C ’eft donc inutilem ent q ue les D em a n d eu rs r e n o u v e lle n t line
p rétention ju g ée par un arrêt q ui fubfifte dans toute ia f o r c e ; ôc
il n’en faut pas da va n tag e p o u r repouffer cette vie ille 3c injufte
rech erc h e .
Si les D éfen deurs font entrés en difeuffion fur les m o y e n s du
f o n d s , ç’a été uniquem ent p our faire v o i r q ue les chofes ne font
plus e n tie r e s , que tout eft décidé irr é v o c a b le m e n t p ar l’arrêt de
17 2 4 , 6c c ’eft le même ob jet q u ’ils fe p r o p o f e n t , en ajoutant q u el
q ues réflexions en rép on fe au fé co n d M é m o ir e des D em and eurs.
Il eft très-vrai qu ’ en prennant le v é rita b le fens de la demande
f o rm é e par les Faugeres, lors de la dé n on ciation qu’ils firent au fieur
de L o n g a , de la demande h y p o th é c a ir e qui a v o it été form ée contr’ eu x par le fieur de la C h a p e l l e , ils ne dem andoient q ue la
réfolu tio n du c o ntrat de 1 6 8 8 , re la tive m e n t à la faculté qu’ils y
a v o ie n t ftipulée de p o u v o i r dégu erp ir quand bon leur fe m b le ro it;
ils n’a v o ie n t pas im agin é alors cette idée c h im é r iq u e , d'être dé»
dom m ages , en cas d’ e v i& io n , de la v a le u r du dom ain e.
M ais rien n ’eft plus indifférent que cette circonftance , & la
difeuffion en feroit inutile : il n’y a qu’ un feul point à exam iner
p ar r ap p o rt à l’abandon fait par les Faugeres. Eft-ce un déguerpiflement pur &c fimple & abfolu , ou n’ eil-il qu ’un limple délaiffem ent h y p o t h é c a ir e ? V o i là à q uoi fe reduiroit toute là c o n te s
tation à cet é g a r d , s’il étoit p e rm is, contre tous les p r in c i p e s ,
d ’aller con tre la difpofitioix cxpreiTe & littérale d’ un arrêt qui
n ’eft point attaque,
'
' 1
�O r l’ abandon que les F augeres ont f r 't p ar l’ a&e du 28 juillet
1 7 1 1 , eft un déguerpiiTement pur 6c
, un abandon a bfolu
& illimité de la propriété du d o m a in e ; il faut rétablir la claufe
de cet a f t e , dont les D em and eurs ont jugé à p ro pos de fupprim e r une partie eiTentielle.
Les Faugeres , après y a v o i r e x p o fé , qu 'attendu qu'ils ont payé
annuellement la tente portée par le contrat , jujques & compris i j i i t
& qu'ils n'entendent plus jou ir du domaine , comme s’en trou
vant dépoflédés, déclarent qu'ils déguerpirent & abandonnent ledit
domaine.
11 n’ en faudroit fûrem ent pas dava n tag e p o u r rendre ce déguerpiffement pur & iimple & indépendant d’aucune condition , dé
clarent qu'ils déguerpirent & abandonnent ledit domaine ; fu r - to u t fi
l ’on fait attention que le fieur de L on g a s’étoit mis en ré g lé fur
la prife de fait & caufe , & q u ’il leur a v o it notifié l’arrêt qu’ il
a v o i t o b te n u , qui faiioit défenfes au fieur de la C h a p e lle de
m ettre à e x é cu tio n la fentence du 16 juin 17 12 .
Mais les Faugeres* font allés plus l o i n , ils n’ont v o u lu laifler
a u cu n e -in ce rtitu d e fur la nature de leur a b a n d o n ; ils ont déclaré
to u t de fuite , qu’ /Vi confentoient que te Jieur de Longa p û t agir
contre le Jieur de la C hapelle, pour raifon de la propriété dudit do
maine , ainji q u'il verroit être à faire.
Q u e l’ on réunifie à préfent à ce déguerpiiTement fo rm e l &
illim ité , la dénonciation que les Faugeres en firent au fieur de la
C h a p e l l e , le 11 août i u i v a n t , & il ne fera plus poffible d’é le v e r
le m oindre doute fur l’irré v oca b ilité de c e t abandon.
Les Faugeres y déclarent dans les termes les plus e x p r è s , q u ’;/*
fe fo n t défijlés de la propriété du dom aine, a la charge de demeurer
quittes de l'effet du f'ujait contrat de rente, f a u f au x dits Jieurs de la
Chapelle & de L ongua, de prendre telles mefures qu'ils jugeront à pro
pos de difputer entr eux, pour taijon de ladite propriété dont ils Je fo n t
départis & départent, &c.
Eft-ce ainfi cjuc s’ e xp liq ue un e m p h y té o te é v in c é h y p o th é c a i
rem en t , & qui n’ a pas la liberté de déguerpir , f u r - t o u t après
une prife de fait & caufe de la part de Ion g a r a n t, fu ivie d ’un
arrêt de défenfes d ’e x écu ter la fentence qui l’a é v in c é ? L ’e m p h y té o tc cjui n’a pas la faculté de d é g u e r p i r , & dont l’é v i& io n n’eit
p o u r ainfi dire que m om entanée & furfife jufqu’à ce qu’ il aura
cté fait droit fur l’appel de la lentence qui l’a é v i n c é , fera fans
doute bien fondé de dem ander à fon garant de faire ccfler l’é v i c
tion , ou de Pindeinnifer : mais cet e m p h y té o te ne dira ifircment pas, q u ’il déguerpit ôc r e n o n c e à la p r o p r ié t é , q u ’il s’en
�^
ÏL O /
d é f i f t e , qu ’il n’ y prétend plus aucu n droit ; il ne dira pas qu’il
rem et cette p ropriété à ion g a r a n t, & qu’il co nfent que fon garant
agifle co m m e il a v i l e r a , p our réunir cette propriété utile à la
feigneurie d ir e ft e ; c’e il cependant ainfi q u e s’en font expliqués
les Faugeres par l’ a ile de leur déguerpiflem ent.
R ie n de plus inutile que d’ e xam in er les m otifs q ui les y o n t
déterm inés ; que P é v i â io n qu’ils a v o ie n t fouffert en ait été la
caufe , qu ’ ils aient eu en v u e de fe libérer d’ une rente q u i , dans
ces temps-là p o u v o it leur être onéreu fe , ou q u ’ils aient eu quelqu e
autre vu e , tout cela eit abfolum ent indifférent ; ils a v o ie n t la li
berté de déguerpir par une cLiufe ex p reiïe du contrat .d’e m p h y té o fe ;
ils ont déguerpi & ils ont abandonné fans r e to u r la propriété du
dom.iine , dans les termes les plus précis &C les moins fufceptibles
d u 10 interprétation co n tra ire.
La r é fe r v e q u e fe firent les F augeres de l’ex é c u tio n d e
f en_
ten ce qu’ils a v o ie n t obtenue co n tre le fieur de L o n g a , ne form e
pas une con ditio n , elle ne reilrein t point l’ effet de leur déguerpiflement , elle en e il abfolum ent indépendante ; cette ré fe r v e fe
réun iroit même , p o ur p r o u v e r q ue dans l’in te n tio n , co m m e dans
le f a i t , l'abandon a été p u r & f i m p l e , & qu’on ne p e u t , en aucun
c a s , le coniidérer com m e un fimple délailfement fo rc é ou fubordon né à aucune condition.
O n v o it en effet dans l’a& e du 28 juillet i y i i q u i , fans être fa m tu x t
eft d é c i i i f , que les Faugeres ont com m en cé par rejetter la prife
d e fait & caufe du fieur de L o n g a , en difant qu 'tilt tjl ytnut
à tard. ; & ils déclarent en m em e temps , qu’attendu qu ’ils o n t
p a y é la rente jufques &c com p ris l’année x y i i , ils ne prétendent
plus aucun droit de propriété du d o m a in e , qu ’ils abdiquent cette
p r o p r ié té qui d e v ie n t dès-lors l’affaire propre & perlonnelle du
iieur de L onga , & qu ’ils n’y prennent plus aucune forte d’intérêt.
L e fieur de L ongua n’étoit cep endant pas vtnu à tard ; dès le
m o m en t de l’é v i d i o n il a v o it pris le fait & caufe des Faugeres ;
il a v o it obtenu un arrêt qui faifoit défenfes de mettre la f'entence
à e x é cu tio n : dès-lors il ctoit en règle fur la demande en reco u rs
q ui a v o it été e x e r cé e contre lui ; &c c ’e il malgré cette prife de
fait & c a u f e , qui m ettoit les Faugeres hors de tou t in térêt, qu ’ils
on t fait l’abandon le plus précis de la propriété du D o m a in e .
Il c il donc ridicule de d i r e , que les Faugeres ont aban donn é
cette propriété f o r c é m e n t , &c que cet abandon n’ eil r e la tif qu ’à
leur dépofleffion ; rien ne les y o b lig e oit : l’é viclio n , co m m e
■on l’a déjà d i t , n ’étoit pas a b i o l u e , & elle n’a v o it d ’ailleurs
aucun trait à la p ropriété dont elle ne les é v in ç o it p a s ; le fo rt
�de cette dépofleifiondépendoit de l’é vé n em e n t de l’appel que le fieur
de L o n g a a v o it pris fur fon c o m p te ; rien n’ o b lig e o it d o n c les
Faugeres à d é g u e r p ir , &C de-là la co n fé q u e n ce néceffaire que leur
déguerpifl'ement a été v o lo n ta ir e , & q u ’ils ont ufé librement
fans y être contraints & fans aucu ne néceflité, de la faculté ftipulée
par le contrat d ’e m p h y té o fe .
Les F a ug eres a v o i e n t d eu x a â io n s en co n féq u e n c e de l’h y p o th e q u e qui a v o it été e x e rcé e fur e u x ; l’une qui d ériv o it de la
garantie qu’ils p o u v o ie n t prétendre en cas d’ é v i â i o n , l’ autre ftipulée e xp reflem en t par le contrat de b a il à rente ; c ’é toit h fa
culté de dégu erp ir : il faut néceflairem ent que l ’une de ces d e u x
a & io n s cède à l’ autre : ils a v o ie n t d ’ abord e x e r cé cette p rem iere
a â i o n par la dén onciation qu ’ils a v o ie n t faite au fieur de L o n g a ,
de la dem ande h y p o th é c a ir e du fieur de la C h a p e ll e , & par la
dem ande en garantie qu’ ils a v o ie n t fo rm ée contre le fieur de
L o n g a ; ils d e v o ie n t donc s’ en tenir l à , fur-tout après la prife
d e fait ôc caufe du fieur de L o n g a , 8c après a v o ir obtenu contre
lui une fentence qui le condam noit à faire ceffer l’é v i â i o n ; ils
n’a v o ie n t plus aucune forte de dém arches à faire ; ils n’a v o ie n t
q u ’à attendre l’évé n e m e n t de l’a p p e l , que leur garant a v o it in
t e r je t é , com m e tout autre tiers détempteur auroit fa it, & auroit
même été fo rcé de f a ir e , s’il n’a v o i t pas eu la faculté de d é g u e r
p i r , dès-que fon garant faifoit les diligences néceiîaires pour faire
ceffer l’é v i â i o n : ils nerifquoient plus rien , 6i. ils ne foufïroient
rien ; ils n’ a vo ie n t déb ou rfé aucuns deniers , &c s’ils étoient
privés des fruits in te r m é d ia ir e s , ils ne p a y o ie n t pas la rente ;
fi la fentence a v o it été confirmée , leur attion en dom m ages &c
intérêts , & la fentence qui les leur adjugeoit fe tr o u v o ie n t en
tiè r e s; f i , au co n tra ire , la fentence a v o it été in f ir m é e , ils revenoient à leur prem ier é t a t , ils auroient repris leur, pofleifion pri
m itiv e , ils auroient eu la reftitution des fruits.
Mais ce n’ eft pas la conduite qu’ ont tenue les Faugeres ; ils ont
entièrem ent abandonné cette p rem ière aftion ; ils ont rejette la
prife de fait & caufe du fieur de Longa ; ils y ont renoncé. Autorifés à déguerpir par une elaufe exprefle de leur c o n t r a t , ils
ont d é c la r é , de la m anière la plus exp refle , q u ’ils.fe défilloient
de la propriété du dom aine. D ans de pareilles circonftances, n’eftc e pas aller ou vertem en t contre la lettre précife ôc l’efprit bien
m anifcilé de l’afte du 28 juillet 1 7 1 2 , de. le préfenter c o m m e un
iimple délaiflemcnt h yp o th éc a ire ou fub ordonn é à la dépofleflion
des Faugeres?
Il en cft de meme de la ré fe rv e faite par les F a u g e r e s , de l’e x é
�cution de la fentence qu ’ils a v o ie n t obtenu con tre le fieur d e
L o n g a , le prem ier juillet 1 7 1 2 , c o m m e d’ un t r a i t é , par le q u e l
une des parties c o n tra ria n te s, après s’ être départie de l’a& ion q ui
fa ifo it l’ob jet du t r a i t é , fe feroit r é fe r v é e d’ autres droits exprim és
ou non exprim és ; cette ftipulation laifleroit fans doute fubfifter
l ’a iK o n , p our raifon des droits r é f e r v é s ; mais elle ne feroit pas
renaître l’aftion déjà éteinte par la tranfaction: les Faugeres , après
a v o i r déguerpi purement & A m p le m e n t, après a v o i r déclaré q u ’.iis
ne prétendoient plus aucune fo rte de droit à la propriété du d o m a i
ne , fe font ré fervés l’e x écu tion de la fentence q u ’ils a v o ie n t
o b tenu contre le fieur de L o n g a ; ce n’eil do n c exa& em ent que la
r é ie r v e d’ une a û i o n à p o u rfu ivre con tre lui ; a£tion abfolum ent
indépendante de leur d é g u e rp ifle m e n t, puifque la ré fe rve eft pure
& f im p le , &i qu’elle ne c o n tie n t pas l’alternative de faire ceiTer
l ’é v i â i o n .
Mais cette fentence p o u v o i t - e l l e a v o i r fon e x é c u t i o n , dès-que
les F augeres a v o ie n t d ég u erp i vo lontairem en t & fans être f o r
cés ? V o i là tout ce qui é to it à difcuter entre le fieur de L o n g a
t e les Faugeres , v o ilà tout ce qui réfultoit de cette r é fe r v e .* o r
il étoit manifefte que cet abandon pur & f im p le , e x c lu o it les
Faugeres de toute forte de dom m ages & intérêts ; c’eft auili c e
ui détermina le fieur de L on ga , d e v en u propriétaire au m o y e n
e ce dég uerpiflem ent, d ’interjeter appel de cette l e n t e n c e , p o u r
en faire ceiTer l’effet ; & l’arrêt de 1 7 2 4 a jugé d ife rte m e n t, qu ’il
n’ étoit pas dû dom m ages &t intérêts.
S i les D e m and eurs n’ ont pas tr o u v é la m ention de cet a p p e l ,
foit dans la co p ie qui leur a été fignifiée , foit dans l’expédition
originale de l’arrêt dont ils difent e u x - m ê m e s qu’ ils ont fait le
dépouillem ent le plus exaft pendant le temps qu’ils l’ont eu en
com m un ication , c ’eft parce q u ’ils n’ ont pas vou lu l’y t r o u v e r ,
& q u ’ils a vo ie n t intérêt de ne l’y pas tr o u v e r ; mais il n’y c il
pas moins rappellé dans les termes les plus exprès : v o ic i c o m
ment le fieur de L o n g a s’e xp liq ue dans une requête qui y c il
v ifé e , aux fol. 63 , 64 & 6 5 , fous la date du 15 mai 1 7 2 4 ,
D o n n e r acle au fieur de Longa de Ja dénonciation au fie u r de la Cha
pelle , de la demande hypothécaire inflruite contre lefdits Faugeres , de
la fentence qui avoit ordonné le défiflement du 11 ju i n ' 7 ( ? des exé
cutoires qui avoient J 'u iv i , & des pourjuites & procédures en recours
que lefdits Faugeres avoient exercé contre ledit M onnet de Longa , DE
3
2
LA SENTENCE QU'lLS AVOIENT OBT1-NU CONTRE LUI, A RIOM , LE
PREMIER JUILLET 1 7 1 2 , ET DES APELLATIONS QUE LEDIT MON-
L o n g a a v o it
SENTENCES; c e ja ija n t,
n e t de
in t e r je t é
en l a d it e
C our
d e s d it e s
que ledit Dtjmorels de la Chapelle , cornait
�garant formel dudit de Longa. , jero lt condamné de faire ceffer la de~
hy pothécaire y ET FAIRE INFIRMER LESDITES SENTENCES,
AVEC DOMMAGES INTÉRÊTS.
m ande
C e t a p p e l , dont on ne peut plus r é v o q u e r en doute l’ e x ifta n c e ,
en rejettant fur les D em andeurs leur fauffe imputation d’ altération
& de Jabtilitéy m et la conteftation dans le plus grand jo u r ; il
p r o u v e que le iieur de L o n g a a v o i t accepté le déguerpiffem ent
d e 1 7 1 2 , qu’il en f a i r t j j ^ i f a g e , & que c e déguerpiffem ent form oit une diicuifion entre les Faugeres & l u i , q ui a v o it donné
lieu à l’ appel qu ’il a v o it interjeté de la fentence qui le condam noit
en leurs dom m ages intérêts, dont il d e m a n d o it, en cas d’é v é n e
m ent , d’être indemnifé par le fieur de la C h a p elle.
C e tte p r e u v e , qui eft une conféqu ence néceffaire de l’appel
du fieur de L o n g a , eft portée jufqu ’à la d é m o n ftra tio n , par la
requ ête qu’il donna le 12 juillet fuivant.
O n a déjà v u au p r o c è s , que le fieur de L onga , après a v o i r
d em a n d é a â e par cette r e q u ê t e , qu ’il donnoit en fon nom f e u l ,
de ce qu'il recllfioit , txpliquoit & augmtntoit fe s demandes, a e x a c
tem ent diftingé celles qui lui étoient p e r fo n n c lle s , & qu ’il form oit
en fon nom , de celles q u ’il form oit com m e garant des F a u g eres;
il dem andoit en fon nom f e u l , d’ être gardé & maintenu définiti
v e m e n t dans la propriété du dom aine , dans la poffeflion duquel
il a v o it déjà été ré in tég ré, par l’arrêt de 1 7 2 1 ; 6c com m e garant
des F a u g e r e s, il dem andoit la m a in - le v é e des exécutions qui
a v o ie n t été faites fur eu x , &c d’être garantis & indemnifés de
tout ce q u ’ils p ou rro ie n t répéter contre l u i , à quelqu e titre que
ce fût.
O n ne peut pas confidérer ces dem andes com m e la fuite ou l’acceffoire l’une de l’ autre , ou co m m e n’ a yant pour ob jet que la prife
de fait & caufe du fieur de Longa ; il ne p o u v o it d e m a n d e r , co m m e
on le p ro u v e ra dans un m om ent , d’ être maintenu dans la p r o
priété du d om ain e , qu ’en c o n féqu en ce du déguerpinem ent des
F a u g e r e s , & c’ eft contr’eux feulement , & non contre le fieur
de la C h a p e lle , qu’il p o u v o it diriger cette demande ; d’ où il
fuit n é c e fla ire m e n t, que le fieur de Longa a v o it accepté p lei
nement l’abandon fait par les Faugeres , & que l’arrêt l’a c o n
firmé en le maintenant définitivement dans la propriété du dom aine ;
p r o p r i é t é , en core une f o i s , à laquelle il ne p o u v o it a v o ir droit
qu’en co n féq u e n c e de ce dcgucrpiiTement.
Il 11’eiV pas pofliblc de don ner un fens différent aux c o n c lu
fions de cette r e q u ê t e , & la co n féqu en ce qui s’ en tire naturelle
m ent , que le fieur de Longa , depuis l’appel q u ’il a v o it interjeté
de
�de la fentence du prem ier juillet 1 7 2 1 , n’agifloit plus c o m m e a ya n t
pris le fait & caufe des F a u g e r e s , & qu’il demandoir au c o n tra ire
l’ exécution de leur d é g u e rp ille m e n t, a paru fi folide aux D e m a n
d e u r s , q u ’ils ont été hors d ’état de rép on d re à l’ o b j e â i o n .
C ’eft une petite mais bien m auvaife chicane , de dire que
cet a p p e l , du iieur de L o n g a , n’a pas été jo in t au procès ;
les D éfen deurs font hors d’etat de rap p orter les pièces de leur
p ro céd u re , & cela n’eit pas étonnant , après une r é v o lu tio n
de tant d’a n n é e s , & les m in orités qui fe l o n t fuccédées dans
leur f a m ille ; mais o utre que cet ob je & ion ne fe ro it pas p r o p o fable après un arrêt contradittoire qui a fait droit définitivement fur
toutes les demandes & les prétentions re fp e ftiv e s des p a rties , l ’ar
rêt de 1 7 2 4 p r o u v e non - feulement que cet appel a été j o i n t ,
mais il p r o u v e en co re q u ’il a été fait droit fur cet appel.
O n tr o u v e d’ abord dans le v u d e cet a r r ê t, la jonftio n de
différentes appellations fans en déterm iner l’objet ; mais on y
p r o u v e une m ention e x a & e & p récife de la jondtion des dem an
des que le fieur de L o n g a a v o it form ées , tant par fa requ ête du
15 mai 17 2 4 , qui con ten oit la dénonciation de fon appel au fieur
de la C h a p e l l e , que par celle du
juillet f u i v a n t , par laquelle
il a v o it pris des conciufions relatives à cet a p p e l , dont la j o n c
tion par conféqu ent ne p ou rroit pas faire la matiere d’ un doute
raifonnable.
D ’a ille u r s , fi peu que l’on fafle attention aux différentes én o n
ciations du difpofitif de l’arrêt de 1 7 2 4 , on y v o i t clairem ent
qu’ il a fait d ro it exprefïem ent , tant fur l’appel interjeté par le
fieur de Longa , de la fentence qui l’a v o it condam né aux dom
mages &: intérêts des Faugeres , que fur la demande qu’ il a v o it
form é , afin d’être maintenu perfonnellem ent &C en fon nom ,
dans la propriété du dom aine.
O n rem arqu e d’a b o r d , que Iorfqu’ il s’agit d’énon cer les appel
lations interjetées par le fieur de L o n g a , elles ne fo n t pas dé
terminées com m e celles des Faugeres : au fimple appel de la fen
tence du 16 juin 1 7 1 1 , il y eft d i t , & fu r les appellations dudit
M on n et d t L o n g a , EN SON N O M , & c o m m e prenant le f a i t & caufe
des Faugeres d e s d i t e s s e n t e n c e s . Les appellations du fieur de
Lo n g a n’étoient donc pas limitées
la feule fentence du 16 juin
1 7 1 2 ; elles a v o ie n t e n core p o u r o b je t ,
c elle n’en p o u v o ie n t
pas en a v o ir d ’a u tr e , que la fentence du prem ier juillet fu iva n t.
O n v o i t enfui t c q u e l’a rr êt , après a v o i r mis les a p p e l la t i o n s
& les fentencCS au n é a n t , en é m a nd an t & ayant égard aux requêtes
données par le fieur de Longa que l’on v ie n t de r a p p e lle r , & dpres
B
5
�a v o ir déboute Je fieur de la C ha p elle de fa demande h y p o té caire , a fait droit , par une difpofition exprefTe 6c fé p a r é e , fur
les appellations &C demandes des F a u g e re s, en leur faifant main
le v é e des exécutions faites fur leurs biens ; l’arrêt ne va pas plus
loin en ce qui les concerne ; mais s’il n ’a v o it été queltion au
p ro cè s que du fimple appel de la fcntencc du 16 juin 1 7 1 2 ; fx
le fieur M onnet n’a v o it p rocédé que com m e garant des F a u g e r e s ,
6c co m m e a ya n t pris leur fait 6c caufe , li l’on n’a v o it regardé
la réintégrande p r o v iio ir e ordon née au profit du fieur de Longa
par l’arrêt de 1 7 2 2 , que c o m m e une fuite 6c un accefl’o ire de
fa prife de fait 6 c cau(e , la difpofition de l’arrêt eût été limple ,
elle eût été unique : après a v o i r débouté la fieur D e fm o rcls de
fa demande h y p o th é c a ire , l’arrêt auroit fait m ain-levée aux Fau
g e r e s , des exécutions faites fur e u x ; il auroit condam né le fieur
de la C h a p elle à leur reilituer les fruits ; voilà tout ce qui p o u
v o ir faire l’ objet des appellations de la ientence du 16 juin 171 2 ,
dès qu’ elle ctoit infirmée; l’a r r ê t , en faifant droit fur ces appel
lations , 6c fur la prife de fait 6c caufe du fieur de L onga , n’a vu it
plus rien à juger.
Mais l’a rrê t, après a v o ir fait droit fur ces a p pellatio ns, a porté
line fécon dé décifion qui leur étoit absolument é tr a n g è re ; 6c par
une difpofition féparée 6c abfolum ent indépendante 6c manifeftement contradictoire a v e c la p r e m i e r e , il a gardé 6c maintenu le
fieur de L on g a , dans la propriété, po(Je{Jion & jnuijjanct du domaine,
ts i l a condamné le Jieur de la Chapelle à lui en rtflituer les fruits.
C e tte difpofition de l’arrêt frappe néceffairement fur une d e
m ande qui n’eft pas analogue aux appellations de la fentence du
16 juin 1 7 1 1 , & à la prife de tait 6c caufe du fieur de L onga ;
elle n’a pu porter que fur des demandes particulières formées par
le fieur de Longa , à tout autre titre , en toute autre qualité 6c
à tout autre droit que ne lui donnoit fa qualité de garant des
F a u g e r e s , p our raiion de leur é v i d i o n ; 6c le fieur de L o n g a
n’ a pu form er cette d em ande, qu’ en c on féqu en ce du dég uerpiflenient fait par les Faugeres.
La troifieme difpofition de l’a r r ê t , par laquelle le (leur de la
C h a p e lle a cte condam ne aux dépens ja its par le Jîeur de Longa ,
contre les Faugeres , & à Facquitter des dépens ejquels il auroit été
çoadamné envers e u x , eft e n c o re , à remarquer.
Si le fieur de L o n g a n’a v o it été en caufe , 6c qu’ il n’ cùt agi
que co m m e garant des F a u g e r e s , 6c com m e a y a n t pris leur fait
6c caufe , où feroit l’ob jet des frais qu’ il auroit pu faire contre
çu x ? L ’arrêt de 1 7 2 2 6c celu i de 1 7 2 4 , ne le condam nent en
�3 ,0 ?
I I
aucune forte de dépens en vers les Faugeres. Q u e ls feroient donc
les dépens auxquels il auroit fu ccom b é , & dont le fieur de la
C h a p e lle étoit condam né de l’ acquiter en vers eux , fi ce n’ étoient
pas ce u x qui a vo ie n t été adjugés aux Faugeres par la fentence
q u ’ils a vo ie n t obtenu fur le reco urs qu ’ils a v o ie n t exercés contre
le fieur de L o n g a , dont il a v o it interjeté a p p e l , 6c dont il a v o it
demandé d’être in d e n m ifé , par fa requête du 15 mai 1 7 1 4 , qui
conten oit la dénonciation de cet a p p e l , &C par celle du 12 juillet
f u i v a n t , qui c onten oit une ex p lication précife de toutes fes de
mandes.
C e t a rr ê t, exam iné dans toutes fes d ifp o fitio n s , p r o u v e donc
c la ire m e n t, que ce n’ eft pas pour 6c au nom des F a ug eres, c o m m e
leur g a r a n t, 6c c o m m e a yan t pris leur fait 6c caufe , que le fieur
de L o n g a a été maintenu dans la p ro priété du dom aine ; que c ’ eft
p erfonn ellem en t & en fon n o m , & à to u t autre titre que celui
de garant des F a u g e r e s , q u ’il y a été maintenu ; que c’ eft enfin
fur une difeuffion fu ivie dès avant l’ arrêt de 17 2 2 , qu’il a été
fait droit par celui de 1 7 2 4 ; 6c il n’ y a q ue la queftion feule de
la validité du déguerpiftem ent des Faugeres , qui ait pu donner
lieu à cette difeuffion.
En e f f e t , la queftion fur la p ropriété ne p o u v o it s’ é le ver qu ’e n
tre le fieur de L on g a 6c les Faugeres ; le fieur de la C ha p e lle ne
la réclam oit pas , & il ne p o u v o it pas la réclam er en vertu de la
fentence du 16 juin 1 7 1 2 , qui ne lui d o n n oit aucun droit à la
propriété.
Le Sr de la C h a p elle étoit un fimple créancier qui a v o it e x e rcé fon
h y p o th é q u é fur le dom aine dont il s’ a g it; il a v o it obtenu fentence
qui a v o it déclaré le dom m aine affe&é 6c h y p o th é q u é au paiem ent
de fes créan ces; il lui étoit permis en con léq u cn ce d’ en jouir pignorativem ent jufqu ’à l’entier p a ie m e n t, ou de le faire faiftr réel
lement.
La demande du fieur de la C h a p e lle & la fe n te n c e , ne portoient
aucune atteinte à la p ropriété ; elles n’y a vo ie n t aucun trait. O n
fait que le tiers d é te m p te u r, dépofl'édé h y p o th é c a ir e m e n t, n’eft
pas é v in c é de la propriété , parce que le créan cier qui l’a é v in ç a
n’a jamais eu aucun droit à cette p r o p r ié té ; il p e u t , à la v é r i t é ,
faire ven d re , s’il n’eft pas p a y é ; mais la faifie réelle ne peut même
être faite que iur le tiers d é te m p te u r, qui refte toujours p r o p r ié
taire juiqu’à ce que l’héritage a été ven du ; il eft toujours à temps
jufqiies-là d’ écarter le créan cier en le rembourfant.
C e n’eft do n c qu ’entre le fieur de L on g a 6c les F a u g e r e s, que
la difeuffion fur la propriété s’étoit é l e v é e , & il n’y a eu que le
B ij
VqI
�déguerpiflem ent des Faugeres qui ait pu form e r cette difcuflion ;
d ’où il fuit n é c e fla ire m e n t, que tout ce que les D em andeurs oppoient fur la form e ou fur la validité du d é g u erp ifle m en t, fur la garan
te la prife de fait 6c caufe du fie u rd e Longa , n’ eft que fophifm c 6c
illufion, puifqu’il eft dém ontré que c ’eft uniquement en conféqu ence
de ce déguerpiflem ent , & en faiiant droit iur la queilion qui s’étoit
é le v é e fur la va lid ité du dég u erp ifle m e n t, que l’arrêt a maintenu 6c
pu maintenir le fleur de L o n g a dans la propriété du domaine.
C ’eft une vérité d’ autant plus certaine , qu’elle a achappé aux
D em a n d eu rs eux-mêmes dans leur premier M é m o ir e , oit ils ont
dit très-expreflem ent , que la révocation du déguerpiflement avoit f a it
l'ob jet du Jecond appel qui les Faugeres avoient interjeté,
11 eft vrai qu ’ils ont v o u lu retraiter cet a veu , 6c qu’ ils ont
m êm e ofé le d é f a v o u e r ; ils ont o p p o f é , page 15 , ligne prem iere
de leur prem ier M é m o ir e , qu ’/ j n ont pas d it que P appel & les
griefs des Faugeres , contre la Jentence de 1 7 1 1 , tendiffent à la révoca
tion de leur déguerpiflement , mais q u ils ont dit que ces griefs Juppo-
7
fo ien t q u 'il n'en était p lu s queflion.
O n p ourroit d’ab ord leur r é p o n d r e , que ces griefs même p r o u v o i e n t que l’abandon fubfiftoit alors dans toute Ta f o r c e , puiique
les concluiions de leur requête ne tendoient qu ’à ce qu’ en infir
mant la fentence ôc en émandant , ils fuiîent déchargés des
condam nations qui a v o ie n t été p ro n on cées contr’eux : o r la d é
ch arge. de ces condam nations n’ a v o it d’ autre ob jet que la
reftitution des fruits , 6c les dépens auxquels ils a v o ie n t été
c o n d a m n é s ; ils n?a v o ie n t feulement pas conclu
ce que le ficur
de L o n g a fût débouté de fa dem ande h y p o th é c a ir e , ce qui p r o u v e
bien qu’ils 11; prenoient pas alors aucun intérêt à la p rop riété
du dom aine qu’ ils a v o ie n t déguerpi ; mais fans s’ arrêter à ces
ob fe rv ation s qui ont déjà été difeutées , il n’y a q u ’à vérifier
le fait.
O r v o ic i ex a & em cn t les termes dans lcfqtiels les D em and eurs
fe font e x p li q u é s , au troifieme alinéa de la page^îç de leur pre
m ier M ém o ire. S i l'abandon de i y i z eût J u b fijlé , s 'i l eût dû avoir
f o n exécution , Us Faugeres n'auraient pas pris Jur eux de faire fig n ifier les griefs : on voit même que le fic u r Defm orels les foutenoit non-receia b lcs , caaw'.e s'étan t départis d'un premier appel. Cette fin de non-recevoir a été rejetée pa r l'a r r ê t, ET LE NOUVEL APPEL É TO I T SANS
UOUTE FONDÉ SUR LA RÉVOCATION DU PRÉTENDU DÉLAISSE
MENT DE 1 7 1J -
V o ilà d o n c , de l’a v e u m ême des D e m a n d e u r s , un n o u v e l appel
interjeté par les F a u g e r e s , ôc c c n o u v e l appel n’étoit fondé que.
fur la r é v o c a tio n de leur déguerpi/Tcnicnt.
�Mais ce n o u v e l a p p e l , conftaté d’ailleurs par l’ arrêt
fufBroit
feul p our p r o u v e r qiie le déguerpiflem ent étoit alors adopté par
toutes les parties , ¿t qu’ il étoit accepté par le fieur de Longa ,
fans q u o i , &; s’il n’eût pas fubfiiîé , ce n o u v e l appel eût été abfolu m en t inutile , dès que le fieur de L on ga n’auroit reiîé en caufe
que p our la garantie des Faugeres ; mais quel degré de p r e u v e
n ’aquiert pas ce n o u v e l a p p e l , dès que les D e m a n d e u r s , fans doute
m ie u x iniîruits que les D éfen deu rs de la p ro céd ure de leurs au
t e u r s , apprennent eux-m êm es qu ’il n’ étoit fondé que fur la r é v o
cation du déguerpUTçm ent; &C il n’eft pas d o u te u x , in d é p e n d a n t" ^ " ^
m ent de leur j r t w ; que ce n o u v e l appel ne p o u v o it pas a v o ir un
o b jet différent.
C ’eft donc inutilement que les D e m and eurs veu len t faire renaître
en la C o u r une prétention proferite difertement par un arrêt rendu
contradi& oirem ent a v e c eux.
Il eft in c o n c e v a b le que l’ on re v ie n n e toujours à préfenter les
deux é c rits , ou pour m ieu x dire , les deux chiffons de 1 7 1 6 & 1 7 2 1 ,
c o m m e une fuite & une é x é cu tio n de la garantie &. de la prife
d é f a it
caufe du Sr de L o n g a , & c o m m e une p re u v e que l’aban
don fait par les Faugeres n’étoit q u ’un fimple délaiiîement h y p o
thécaire ; ce raifonnem ent renferm e une co n tra di& io n manifeile.
Si les Faugeres n’a v o ie n t regardé l’abandon qu’ils a vo ie n t fait
du dom aine , que com m e un fimple délaiiîement h yp o th é c a ire , tk.
que le fieur de Longa n’ eût effe& ivem ent agi que pour eux &C
c o m m e leur garant ; ces deux écrits étoient évidam m ent fans objet ;
les Faugeres a v o i e n t 't o u t e la fureté qu’Jtfs p o u v o ie n t d efire r, foit
par la qualité de leur abandon , foit par la dénonciation q u ’ils
a v o ie n t fait faire au fieur de Longa , a v e c fom m ation de faire
c efler ! l’é v iftio n , (oit enfin par la fentence qu’ils a vo ie n t o b
tenu contre lui. C e n’efl don c & ce ne peut ê t r e , que parce q ue
les Faugeres n’ ign oroien t pas qu’ au m o y e n de l’abandon qu’ ils
a v o ie n t fait , ils n’ a vo ie n t plus aucun droit au dom aine qu’ils auroien t ftipulé par ces denr: prétendus écrits ; ainfi ils fe réuniroient
e n c o r e p o ur p r o u v e r que le déguerpiflem ent dont il s’a g i t , eft .
un déguerpiflem ent v o lo n ta ire , un déguerpiflem ent a b fo lu , & n on
^
un fimple délaiiîement h yp o th écaire.
Mais on a déjà réfuté , plus que fuffifam m ent, ces deux préten-^-dus é c rits 'd o n t il ne icroit pas poflible , en aucun cas , q u e les
D em and eurs puflent faire le moindre ufage ; on fe contentera d’a jo u
ter une fimple réflexion : ou ces deux écrits a vo ie n t été produits *******
f u r i e n o u v e l appel que les Faugeres a vo ien t i n te r je té , & fur
celui du fieur de L o n g a , de la fentence du p rem ier juillet I712 ,
�ou ils n’ont pas été produits ; au prem ier c a s , tout efl confom m é
ir r é v o c a b le m e n t , par l’arrêt de 17 2 4 ; au fécon d c a s , les D e m a n
deurs ne p ourroient les o p p o fe r que com m e des pièces n o u v e lle
ment décou vertes , à l'effet de fe p o u r v o ir par requête civ ile contre
cet a r r ê t, s’il y a v o it lie u ; mais tant qu’il fubfiftera , il eft abfurdé
de prétendre qu ’ils p euvent donner lieu à l’aftion qu ’ils ont form é
en dififtem ent du do m a in e, dans la propriété duquel le fieur de
L o n g a a été maintenu par un arrêt rendu contradi& oirem ent a v e c
\ leurs auteurs , & fur la plus ample difeuffion, & ces deux écrits
&C tous les raifonnements captieux que les D èra^nje u r s ont hanté
fur ces deux prétendus écrits , ne p euvent être conlidérés que
co m m e autant d’illulions.
D è s qu’ il efl manifeile que l’arrêt de 1 7 1 4 n’a maintenu ni pu
maintenir le fieur de L o n g a dans la propriété, pofltjjlon & jo u 'tjjancc
du dom aine du Perier , que parce que les Faugeres lui a v o ie n t
abandonné cette propriété par leur d é g u e rp iffe m e n t, rien ne feroit
plus inutile que d’ exam iner fi. le fieur de L onga s’eft maintenu
dans la poiTeffion réelle qu ’il a v o it pris en exécution de l’arrêt
p r o v iio ir e de 1 7 2 1 ; le bail em ph itéotique de 1688 étoit p lein e
ment réfolu par cet a b an d o n , adopté par l’arrêt de 1 7 2 4 ; àc dèslors dès que la propriété du domaine ne p o u v o it plus intérefler
les Faugeres , il d e v o ir leur être indifférent que le dom aine fût
pofïédé par le fieur de Longa ou par tout autre ; mais tout ce
que les Dem andeurs op p olen t à cet é g a r d , q uoiq ue très-étranger
à la cor.teftdtion , n’eft encore fondé que fur une faufie fuppofition.
Le fieur de la C hapelle n’a jamais joui du dom aine depuis l’arrêt
de 1 7 2 2 , qui a réintégré le lieur de L on ga dans la poiTeffion de
cc dom aine ; c’ eft le fieur de Longa qui en a eu la poiTefîion jufqu’à
l'on décès ; la p reuve de cc f a i t , q uoiq ue très-inutile, fe tir e , i°. de
l’arrêt de 1 7 2 2 , en exécution duquel le fieur d e Longa a v o it pris
pofleffion , du confentcm ent du fieur de la C hap elle ; 20 . de lu
requête du fieur de Longa du 12 juillet 1 7 2 4 , par laquelle il n’a v o it
demandé la reilitution des fruits que jul'ques en 1722 ; 30. de
l’arrêt de 1 7 1 4 , q u> n’adjuge pas au fieur de Longa les fruits in
t e r m é d i a i r e s ; 4 0. de la iaifie des fruits du dom aine que le fieur
v de la Ch.ipelle a fait faire fur le fieur de L o n g a , par procès verbal
du 2 août 1 7 2 4 , q u i énon ce la fentence du 14 juillet p r é c é d e n t,
*' en vertu de laquelle,la faifie fut f a i t e , auquel cil jointe la copie
■ d’ une r c p i é t e 6c d ’u.ie afîignaïion donnée
la diligence du C o m niiliYirc , tant au lieur de Longa qu ’au lieur de la C h a p elle , pour
être préfents
la vente des fr u its ; •)°. enfin , la p re u v e de la
�poficflion continuée du iieur de Longa jufqu’à fon décès , réfulte
de l’extrait des rôles des tailles de la paroifte de la C h a p e lle fur
U f f o n , depuis & compris 1724 , jufques &c com pris 1727 , date
du décès du iieur de L on ga ; üs font conçus en ces termes : p our
chacune de ces différentes années, U domaine du P crier , irppanena n t au Jîeur de la Chapelle & au fu u r de Longa , labourant à troîs
paires de bœufs , taille & c. ( O n a déjà vu au p ro cès , la rnifon
p o u r laquelle il n’y a v o it qu’ une cotte indivife entre les fieurs de
la C h a p e lle 6c de Longa. ) Il eft donc manifefte que le fieur de
ia C h a p e lle avoir quitté la poiTeffion du domaine depuis l’arrêt
de 17 12 , 6c que c’ eft le iieur de L on ga feul qui a peflédé depuis
cet arrêt jufqu’à fon d é c è s , qui eft a rrivé en l’ année 1 7 2 7 , ik.
non en 1 7 2 4 , c o m m e les D em andeurs sffeftent de le i u p p o f e r .
La n o u ve lle d é c o u v erte que les D em andeurs fe félicitent .d’a
v o i r fait du rôle de la taille de l’année 1 7 3 1 , n’eft autre ch o ie
q u ’une petite fubtiliré , fondée fur une é q u iv o q u e de noms, i-é
fieur D e fm o r c ls de la C ha p elle , a y e u l des D em and eurs , partie
dans l’arrêt de 1 7 2 4 , c i r l’on fuppofe a v o ir été en poiiélTion
en l’ année 1 7 3 6 , n’a jamais été ' connu fous d’ autre nom que
celui de D e s m o rc ls de la C h a p elle , 6c il étoit décédé depuis
l’année 1731 ; ce n’eft donc pas lui qui a été e fn p lo yé din s ce
r ô le , 6c encore moins qui a écrit de la main les endofiém erts qui
y font couchés ; c ’eft ciiifi fur le fieur de la C h a p elle de SaintJulien , que L's D éfendeurs ne représentent pas que « cotte a
e té faite. L’ob je iïio n en eiî une d’ autant plus de tr.auvaife foi ,
que les D em andeurs ne p o u v o ie n t pas ign orer le décès du fieur
D e lm o r e ls de la C h a p e lle , puifqu’ il eft rappellé de la maniéré la
plus expreile dans le préam bule de la trjn fa ftio n de 1 7 4 2 , dont
ils ne ceflent d’a rg u m e n te r, en ces term es : le Jieur Defmorels
étant décédé en l'année i -j j 1 , la D am e dt la Faye f it aJJ>Zner 5 & cAinfi cette d é c o u v erte des Dem andeurs 1e réunit e n co re pour
p r o u v e r qu'ils ne cherchent qu’à furprende.
La flipulation qui ie tro u v e dans le" traité de 1742 , paflee entre
le fieur de la F.iyo 6c le père des D é te n d e u r s , n’ a rien de c o n
traire à ce que l’on vient de dire ; le fieur D e f m o r e l s s eft (itb r o g é à la reftitution des f r u i ts , que le Jîeur & dam: de l.i F a y i pou
vaient prétendra depuis £• compris i j i l , j u f q u a u j our du traité;
c’ eft une aiHon qui lui eft cédée pour la faire v a l o ir contre c e u x
qui avo ient .>erçu induement les fruits ; s’il n’ eft pas fait m ention
dans ce traité ni de meubles d'a gricu ltu re, ni de boftiaux ; la railon
eft fenfible ; les F.lugeres , lorl'qu’ ils furent é v in c é s , retirèrent ce u x
qui y étoient ; lorique le iieur de la C h a p e lle à fon tour fut évincé
1
�16
ii retira c e u x dont il a v o i t meublé le dom aine , Sc le fieur de
Longa ne l’a vo it fans donute pas rem eublé ; voilà la raifon p our
laquelle le traité garde le iilence fur ces différents objets.
M ais, e n c o re un c o u p , rien de plus inutile que toute cette difcuifion ; il c il é vide nt que les D em andeurs en multipliant les objeflio n s dont une partie cil lans application , 8c l’autre n’eil fondée
que fur de faufles fuppofitions, n’ ont eu d’autre v u e que d’embar*
rarter la conteilation la plus fim p lc: il faut néccflairem ent r ev e n ir
h fon véritab le ob je t ; c ’eil le déguerpiffem ent des Faugeres , 8c
l’arrêt de 1 7 1 4 , qu ’il faut uniquement conlulter p our en. form er
la déciiion ; â’c il cil d é m o n t r é , on ofe le d i r e , que cet arrêt en
m aintenant le lieur de L on g a dans la propriété, pojjcjjïon & jouifjance
du dom aine, a réfolu 8c anéanti tous les droits que les Faugeres
a u roien t pu y a v o i r à q uelque titre que ce f û t , p uifqu ’il n’a pu
le maintenir qu ’en conléqu ence de leur déguerpifTement.
Les D éfen deu rs n’entreront pas dans un n o u v e l exam en du
traité de 17 4 2 ; c ’eil une pure rê v e r ie de tr o u v e r dans cet a£le
une fu b ro g a tio n particulière 8c uniquement déterm inée au bail
d ’em ph itéoie de 1688; ce feroit v o u lo ir donner du crédit à l’illuf i o n , de s’arrêter plus long-temps à la difeuter : ce traité n’efl
autre ch o fe qu’une fubrogation générale 8c indéfinie à tous les
droits de la D a m e de la P a y e , créan cierc de la fucceflion du
fieur de L o n g a , fur le dom aine dont il étoit décédé propriétaire ;
8c il c il d ’autant plus abfurde de dire que le fieur de la C hap elle
a r e c o n n u , par ce traité , l’exiilance du bail de 1688 , que l’on
y v o it la ilipulation la plus expreffe de la rem ife de l’ a£le du
déguerpiffem ent de 1 7 1 2 , p o u r , par le fieur de la C h a p e l l e , le
faire va lo ir dans le cas où l’on tenteroit de faire renaître ce b a i l ,
qui a v o it été réfolu par le déguerpifTement.
T o u t ce que les D em andeurs oppofent co ntre la p r e fe r ip t io n ,
ne m érite pas plus d’ attention : la diflinilion qu’ils font de c e u x
des Faugeres qui a vo ie n t d é g u e r p i , d’ a v e c ceu x qui n’étoient pas
parties d în s l’acle d ’a b a n d o n , ne fignifie rien. L e déguerpifTejnent a été fait par ceux qui poffédoient le d o m a in e , 8c qui en
étoient reco nnu s feuls p rçpriétaires ; 8c c’eft plus de foixante ans
après cet abandon , que l’on vient fuppofer qu ’il y a v o it d’autres
Faugeres qui a v o ie n t une p o rtio n dans cette p r o p r i é t é , qui n ’a•voient pas déguerpi.
D ’ab ord les D em andeurs n’ont pas encore diilingué jufqu’apréf e n t , c e u x d’entr’eux dont ils fu p p o lcn t que les auteurs a vo ie n t
part à la propriété du d o m a in e , 8c qui n’ ont p a s été parties dans
l’a îlc du déguerpifTement , de c e u x qui ont déguerpi. O n v o it même
dans
�Z\2
*7
dans la co p ie qu ’ ils ont fait iig n if ie r , de différents extraits baptiilaires &c m o r t u a ir e s , m algré la confufio n q u ’ils ont a ffe âé dans
leur re q u ê te de p rod u ctio n s, que la m ajeure partie de ceux de
la m in o rité defquels ils e x cip e n t , font deicendus de V ita l Faug e r e s , partie dans l’abandon de 1 7 1 1 , & au p rocès fur lequel
eil in terven u l’arrêt de 172.4*
O n y v o i t a u ffi, que m algré les m inorités q u ’ils f u p p o fe u t,
leur a& ion , s’il p o u v o it en être q ueilion , feroit évid e m m e n t
éteinte par la prefcription , puifqu’ à c om p ter de la date du dég uerp iffem en t de 1 7 1 2 , jufqu’à la dem ande form ée en l’année é v ‘/ /
fe t r o u v e r o it b ea u c o u p plus de trente ans utiles p o u r la~
p refcrip tion , & on ne peut pas do u te r au moins en ce q ui c o n
c ern e ce u x des D em a n d e u rs , q ui prétendent que leurs auteurs n’ on t
pas d é g u e rp i , que la prefcription n’ ait c o m m e n c é à prendre cours
du jo u r q u ’ils ont ceffé de j o u i r , & q u e le temps utile p o u r
la p refcrip tion , v is -à -v is e u x , fe ro it e n c o r e p r o lo n g é jufqu’au
jo u r de le u r 'in te r v e n tio n ; mais e n c o r e , à ne partir que de l’arrêt
de 1 7 2 4 , la p refcrip tio n fe ro it p leinem ent accom p lie co n tre les
uns & les autres.
C ’eit une v é r ita b le e rre ur de p rétendre que la prefcrip tion n’a
pu c o m m e n c e r à prendre cours qu ’à la date du traité de 1 7 4 2 ;
c ’eil un a ile ab folum ent étranger à tous les Faugeres , p u ilq u ’il
n’ a pas été paffé a v e c eu x : o n a déjà fait v o i r qu’ils ne p e u v o ie n t
en tirer aucun a vantage au fonds ; com m ent leroit-il don c poiïible qu ’ils puffent en faire ufage p o u r re le v e r la p refcription?
C e q u ’il y a de rem arquable , c’ eil q ue les D em and eurs fo n t
forcés de c o n v e n ir que les D éfen deu rs n ’auroier.t pas pu faire
u iage de ce traité co n tr’ e u x ; la raifon q u ’ils en donnent c il de
dire , q u ’ils n ’y ont pas été parties ; mais s’ ils n’y ont pas été
p a rtie s , cet a ile eil à leur égard rts inter alios acla; & dès lors
co m m e n t p e u v e n t - ils l’o p p o fer aux D é fe n d e u r s , qu ’ ils c o n v ie n
nent n’a v o i r pas traité a v e c eux.
Il
n’e il pas do u teu x que c e traité fo rm e le titre des D éfen deurs ;
c’ eil ce traité qui leur aifure la p ropriété du dom aine par la fubrogation q u ’ils ont acquis au déguerpiffem ent de 1 7 1 2 , & à l’arrêt
qui a confirmé le déguerpiiîem ent ; mais il c il bien fingulier
d ’op p o fe r ce traité, abiolum ent étranger aux D e m a n d e u r s , c o m m e
lin a û e qui r e le v c en leur fa v e u r la prefcription du bail d’ em p h y té o fe de 1 6 8 8 , tandis qu ’il eil évid e n t qu’il n’ a eu d ’autre
ob jet que celu i de la réfolution du contrat.
Au relie , quoique ce que l’on vient de dire foit décifif, toute
cette difcuÆon eft encore furabondante ; les Défendeurs n’ont opC
�M
< r.
pofé la prefcription que très-fubfidiairement ; tant que l’arrêt de
1 7 1 4 f u b fiilc r a , les D e m and eurs féparés ou réunis , ne p eu v e n t
pas aller contre fa difpofition ; elle doit néceilairem ent faire la
1 loi des parties ; l’arrét a gardé & maintenu le fieur de L o n g a dans
la propriété, poffejjlon & jouifianct du domaine du Perier : après la
difcuilion la plus a m p le , on ne peut pas l’é v in c e r à q u e lq u e litre
que ce f o i t , ou c e u x qui le repréfentent , qu ’en faifant cefier l’effet
de cet arrêt ; & o n ne peut y p a rv e n ir qu’en l’attaquant par les
v o i e s de droit.
w y»
C e n’eit pas pour détourner l’attention du vé rita b le objet de
l a c o n t e i l a t i o n , que les D éfen deurs n’ont fûrement pas interêt;de
faire perdre de v u e , q u ’ils ont parlé des vingt pieces de terre ,
dont les Faugeres a vo ien t ufurpé la jouilfance . q u o iq u ’elles ne
fiffent pas partie du bail de 1688 ; c’eit la demande in é d fin ie , q u o i
q u ’à tous égards deftituée de f o n d e m e n t , que les D e m and eurs ont
fo rm é en d é fifte in en t, qui a ob lig é les D é fe n d e u rs de faire cette
o b fe rv a tio n . Il n’ elt pas v r a i que l’arrêt de 1724 a déb o u té le
fieur de la C h a p elle de. fon h y p o th é q u é , .p ou r raifon de ces
vin^t pieces de terre. O n v o i t , dans l’a r r ê t , que le lieur de L o n ga
a v o i t déclaré p r é c if é m e n t, qu ’il n’y prétendoit r i e n ; q u ’il ne
dem andoit d’être réintégré dans la poifefïïon du dom aine , q u e
c on form ém en t à la v e n te qui en a v o it été faite au fieur M onnet
fon a y e u l , en l’année 1 6 7 9 ; 6c c’ eil conform ém ent à ce contrat
de ven te f e u l e m e n t , que l’arrêt de 1 7 1 1 , a ordon né la réintégrande , & que le lieur de L o n g a a pris pofléflion en vertu de cet
arrêt. C e lu i de 1 7 1 4 y eit exactement c o n fo rm e , piiifqu’en d é
boutant le fieur de la C h a p e lle de fa demande h y p o th é c a ir e fur
le d o m a in e , il a ordonné que les parties contefteroien t plus a m
plem ent pour raifon de ces vingt pieces de terre dont le fieur de
la C h a p e lle a toujours dem euré en pofleiïion , 6c dont les K m geres
ne p ourroient l’ é v i n c e r , dans le cas même où ils ponrroien t a tta -.
q u e r l’arrêt de 17 2 4 ', 6c qu’ils p a rv ie n d ro ie n t à en faire cefl'er
l’effet , pui(qu’ ils n’ ont jamais eu d’ autre droit que celui que
leur donnoit le bail à rente de 16 8 8 , 6c que les v i n g t pièces de
terre n’ont jamais fait partie de ce b a il , ni du contrat de ven te
de 1 6 7 9 , conform ém ent auquel le fieur M onnet le u r a v o it emphiîé ofé le dom aine.
T o u t ce que les D c m en d c u rs opposent fur P enlcvem en t q u ’ils
fuppofent a v o ir été fait de leurs p i è c e s , n’a fulement pas le
mérite de la vraiflem blance ; ils ont dit dans leur premier M é
m oire , que le fieur de L on ga & les Fa ug er es agiiToicnt de c o n
cert au Parlement ; cpi’ap rcs l’A rrêt de 1 7 2 4 , ils firent v e n ir leurs
�1
9
pieces , 6c q u ’ils co n v in ren t de les dépofer entre les mains du
iieur G enuit , N o ta ire
Saint-G erm ain-Lam bron , chez qui elles
furent enlevées par le iieur de la C h a p elle .
Le ridicule; de cet t e m a u v a i f e fabl e c i l mani feft e ; qnand o n
p o i i r r o i t h i p p o f e r c e . c o n c e r t e n tr e les Fauger es &c le fieur de
L on g a , q u o i q u ’é v i d e m m e n t d é m e n t i p a r les d i i cu f ï io ns mul t i pl i ées
e n t r’ e u x j uf q u ’ au m o m e n t de l’arrêt ; il n’ ei l p a s d o u t e u x q u e
t o u t ét oi t c o n f o n i m é par c e t a rr êt défi ni t i f ; il n’é t oi t pl us q u ef t io n q u e de le met tr e à e x é c u t i o n , o u de la part des F a u g e r e s ,
s’ il n’ a v o i t été o b t e n u q u e p o u r e u x , o u de la part du (ieur de
L o i g a fi c ’ ét oit p o u r lui i é u l , 6i n o n c o m m e . g a r a n t des F a u g e r e s ,
q u ’il l’a v o i t o b t e n u ; il n’y a v o i t plus r i e n à r é g l e r c o n t r ’ e u x ,
'
d es- Io rs q u e l a u r o i t pu êt r e l ’o b j e t de ce d é p ô t r ef pe & i f s d c l e u r s
p i e c e s en mai n t i e r c e .
. ;
:
Les D em andeurs fe font tin m o y e n de ce q ue le fieur .de la
r a y e a demandé en l’année 1 7 3 8 , l’exécution de l’arrêt de 172.4;
q u ’il a obtenu en ,c.o-n(équence les deux arrêts <ie 1741 6 i >741?
6c que la même année 1 7 4 2 , il a traité a v e c le iieur de- la C h a
pelle : le, fieur de Longa n’a v o it do n c pas dépofé fes pieces chez
le fieur G en u it , puifque c ’ell fur les deux arrêts qui auroient ("ans
doute fait l’objet eilentiel 6c néceflaire du dépôt que le fieur de le
Faye s’eft fonde pour en p o u riu iv re l’e x é c u W n , 6c q u ’il a traité
a v e c le fieur de la C hap elle.
Si les D em andeurs eu x-m êm es a vo ie n t -déoofé leurs p i : c e s , ils
auroient (ans doute çk'poie en même temps les à c u x f m i e u x écrits
de 1716 6c 1 7 2 ’ , puil-jue , iuivant eux , ce icn t les deux pieces
décifives pour établir le droit qu’ils prétendent a v o ir à l’arrêt de
* 2 ,
• •
C ’efi u ne f up p o f i t i o n d é m o n t r é e fa 11iTe , d e dire qu e les D é fe n
74
d e u r s , ¡o nt (aiiis de 1 o ri gi n a l de l’ a d e du d é g u e r p i f i c m e n t des Fau
g e r e s ; ils en r a p p o r t e n t un fimple e x t r a i t c o l l a t i o n n é e , i ur la repréientatio^n q u e les Fauger es firent de l’ o r i g i n a l , & cet ext rai t
fait foi qu’ ils retirerent 6c q u ’il retinrent cet original p ar-d eve rs
eux.
La date de cet extrait eil r e m a r q u a b le ; elle cil du
novem
b re 1 7 1 2 , 6c le dé^iier'piÜijjjj^nt cil du 18 juillet précécU‘ iit. La
circonihincc de la proxim ité de ces dates & <1- li d é livran ce de
1 ex trait, dans un temps où il n’ y a v o it encore eu d ’autres dili
gences fur l’appel que l’arrêt de d é f e n i c s , obtenu p îr le fieur de
L on g a , fourniroit au befoin un m o y e n de plus aux D é fen d e u rs elle p r o u v e ro it que les Faugeres , qui a v o ie n t déjà rejeté la n rifo
de fait & cauie du fieur de L o n g a , perfiftoient alors de bone
fo i dans l’abandon qu'ils lui a v o ie n t f a i t , & q u ’ils lui en a vo ien t
v-
�d é liv r é un e x t r a i t , cnfem ble l’ o rigin a l de l’afte de dénontiation
qu ’ ils en a v o ie n t tait faire au fieur de la C h a p e lle , qui étoit à tous
égards une piece inutile p o u r e u x , dès q u ’ils dem euroient faifis
de l’afte de leur d é g u e rp ifle m e n t, p o u r , par le fieur de L o n g a ,
en faire tel ufage q u ’il ju g e ro it à p rop os contre le fieur de la
C h a p e lle .
Mais indépendem m ent de toutes les o b fe rv atio n s que l’on v ie n t
de f a i r e , les D é fe n d e u rs rapportent la p r e u v e la plus exa& e de
l ’im p ollu re de l’af^ertion des D e m a n d e u r s , fur l’enlevem ent du
dép ô t qu’ils ont fup p oié a v o i r été fait par le fieur de la C h a p elle
ch ez le fieur G en u it : v o i c i ce q u i s’eft paifé vis-à-vis de ce pré
tendu dépofitaire.
L e fieur de la C h a p e lle a v o it pris plufieurs termes à p a y e r , p a r
le traité de 1742 : le fieur de la F a y e , p o u r e n gager le fieur de
la C h a p e lle à fe tenir e x a â e m e n t à fes te r m e s , fe retint entr’autres
p i e c e s , les ex p éd ition s des d eu x arrêts de 1 7 2 1 & 1 7 2 4 ; il ne
d é liv r a au fieur de la C h a p e lle , lors du traité , que l’extrait collationné du déguerpilTement de 1 7 1 2 , & l ’original de l’ex p lo it de
dén o n tia tio n que les Fa ug er es en a v o ie n t fait faire au fieur de la'
C h a p e lle , que l ’on reg a rd o it fans dou te com m e les d e u x pieces
les plus eiTcntielles, p o u r affurer au fieur de la C h a p e lle la p r o
priété du dom aine -¿«'‘ qui faifoit l’ob jet du traité.
Ap rès le décès du fieur de la F a y e , le fieur M onfanier, fon gen
dre , fut p a y e du prix de la f u b r o g a t io n , jufques à co n c u rre n c e
d ’ une fom m e de 30 liv. qui lui reftoient dues , &c de quelqu e
bois de f e ia g e , que le fieur de la C h a p e lle a v o it fans doute p r o
mis , outre le prix de la fub rogation.
Le fieur M on ta n ier fit un v o y a g e à S aint-G erm ain-L am bron ,
d’ où il é c r iv it au fieur de la C h a p e lle , qu ’il y étoit a rrivé , &
q u ’«/z des p rin cip a u x motifs de fon v o y a g e , étoit de f in ir entièrement
avec lu i. Il ajou ta , qu i l avoit porté Les papiers q u 'il devoit lu i remet
tre ,
ÿ«’/V lu i étoit très-intérefiant de retirer ; que s 'il perdait cette
oçcafion , ils pourroient f e con fon d u avec d 'a u tres, & qu i l fero it diffi
cile de les retrouver. L e fieur de la C hap elle demanda un délai au
fieur M o n f a n i e r , qui chargea le fieur G en u it de le faire p a y e r ,
& lui laiffi les papiers p o u r être * è « » « n i i r f i c u r de la C h a p e ll e ,
lo rfq u ’ il auroit fatisfait à fes engagements.
Le premier mai «749» le fieur G e n u it é c r iv it au fieur de la
C h a p elle , qu’// en v o y o it ch oifir le refiant des bois q u 'il d ev o it d é li
vrer au Jïtur M o n ta n ie r , gendre du fieur de la F a y e , 6* q u 'il le p ria it
de ne pas la ijjer p a r tir le P o rteu r f a n s y a v o i r J a tis fa it : Vous
,
a jou ta le .lien r G e n u i t , que vous d e v e i j o liv res , & que l'o n n'a
retenu
�x ir
2. I
retenu nos papiers que pour être payé de cette fo m m e, & avoir le bols
que vous reftez; ainfi j e vous prie de fin ir , fa n s quoi j e ferai obligé de.
le faire a
f voir à M. Montanier , qui me preffe beaucoup là-deffu s .
Le fieur de la C h a p e lle ne fe rendit pas à l’in vita tio n du fie u r
G en u it : il décéda quelques annees a p r è s ; & ce ne fut qu ’au m o is
de mai 1 7 6 6 , pofterieurem ent à la prem iere de m a n d e q u e les
D e m a n d e u rs a v o ie n t form é & qu ’ils ont laiffé to m b e r e n p érem p t i o n , q u e la D a m e de C h a b a n o ll e s , mere & tutrice des D é f e n
d e u r s , a p a y é cette fom m e de 30 liv re s au fieur G e n u i t , & qu ’e lle
a retiré , mais tr o p t a r d , les papiers qu ’il a v o i t entre fes m a i n s ;
p a rce que dans c e t intervalle il s’ en étoit éclipfé la m ajeure partie.
Les D éfen deu rs rapportent la lettre du fieur M o n t a n i e r , ce lle d u
fieur G e n u i t , & la quittance que le fieur G e n u it a fourni à la
D a m e de C ha b a n olles leur m ere : v o i l à exactem ent quel a été l’ob
je t du prétendu dép ô t fait entre les mains du fieur G e n u i t , dont
les D em a n d e u rs ont fait tant de b r u i t , & don t ils ont tiré de fi
fauff es conséquences.
Les D é fe n d e u rs on t été fo rcés d ’entrer dans tout ce détail , p o u r
effacer les impreffions qu’auroient pu faire les aiffertions c a lo m
nieuses des D em andeurs , & p o u r p r o u v e r en m êm e temps qu’ils
n ’o nt eu d’autre ob je t que d’en i m p o f e r , m u ltipliant les m o y e n s
q u ’ils o n t fondés f ur cette fauffe im p u tation .
Monf i eur A R C H O N
M e.
D E S P E Y R O U S E
P R A D I E R ,
Rapporteur
p e r e , A v o c a t.
P A G É S , je u n e , Procureur.
A RIO M ,
de l’imprimerie de la V euve C A N D E Z E , 1773;
�
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Factums Godemel
Relation
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/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
[Factum. Desmorels. 1773]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Archon Despeyrouse
Pradier
Pagès
Subject
The topic of the resource
bail emphitéotique
successions
déguerpissement
délaissement
renonciation à succession
prescription
rentes foncières
réintégrande
abandon de jouissance
Monnet de Longat
Description
An account of the resource
Titre complet : Réponse pour les sieur et demoifelle Desmorels, défendeurs ; au second mémoire de Robert et Baise Faugères, et autres, demandeurs et ?.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
de l'Imprimerie de la Veuve Candeze (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1773
1679-1773
1661-1715 : Règne de Louis XIV
1716-1774 : Règne de Louis XV
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
21 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G0607
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G0604
BCU_Factums_G0605
BCU_Factums_G0606
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/6/53016/BCU_Factums_G0607.jpg
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Perier (domaine de)
La Chapelle-Usson 63088)
Saint-Germain-Lembron (63352)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
abandon de jouissance
bail emphitéotique
Déguerpissement
délaissement
Monnet de Longat
prescription
réintégrande
renonciation à succession
rentes foncières
Successions
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/6/53304/BCU_Factums_G1701.pdf
5aae3cb50f3f89e7b1742d8f81ceb3ac
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Text
RÉPLIQUE.
�r é p l i q u e
POUR
Sieur
ROLLAND , T o in e t t e G a b r i e l l e R O L L A N D , et le sieur G R O S ,
son mari, appelans ;
P
ier r e
-I
srael
C O N T R E
A n to in e V A R A G N E S
L
et a u tres, intim és.
E S adversaires n’ é p ar gne nt ni les allégations, ni les
sophismes.
C ’étoit d’abord par violence, de voie de fait, que le
sieur Rolland père s’étoit mis en possession du domaine ;
maintenant c’est par artifice, en séduisant le jeune V a ragnes, en lui. présentant, pour prix de sa complaisance
à abandonner le dom aine, une somme de 200 francs,
non en deniers qui auroient pu l’éblouir, mais en un
billet qui n’a été acquitté qu’à, l’époque de la transacA
�CO
tio n , par compensation avec une partie du prix de la
vente. Mais si telle a été la cause du billet, Antoine
Varagnes, reprenant le domaine, devoit donc le remettre,
ne pas en retenir le montant. Par quelles autorités éta
b lira -t-o n qu’il a pu a vo ir, et la chose, et une partie
du p rix ?
L e sieur Rolland n’a pas seulement séduit le jeune
homm e; il a séduit le tuteur! il a séduit les parens! il
a fallu qu’il ait aussi séduit le juge qui a homologué
l’avis de parens.
Antoine Varagnes a demandé à être autorisé non-seu
lement à abandonner le domaine, mais encore à renoncer
à la succession; il a exposé que Géraud Varagnes avoit
laissé beaucoup de dettes. On reconnoît le souffleur.
Ce souffleur a donc dicté aussi l’acte de 17 7 3 , par le
quel Antoine Varagnes a acquis les droits de Sébastien
Varagnes ; dans lequel acte il expose que le père com
m un.avoit acquis un domaine appelé de Fleurac, mais
qu’il n’en avoit pas payé le p r ix ; qu’il avoit laissé aussi
ses droits légitim aires, ou partie d’iceu x, à rechercher
et réclam er, et qu i étoient absorbés par les dettes : en
conséquence, Sébastien Varagnes cède à son frère, aux
hasards, périls et risques de ce dernier, ses droits suc
cessifs, moyennant 4Ôo francs une f o i s payés ; à compte
de laquelle somme Antoine paye comptant y 5 francs, et
le surplus est stipulé payable à 5o francs par a n , sans
intérêt qu’à défaut de payement aux termes.
Loin d’ambitionner de rentrer dans le dom aine, le
sieur Rolland père n’a cédé qu’à la nécessité.
Il a repris le dom aine, parce qu’il étoit abandonné;
�(
3
)
il l’a repris, parce que les enfans Varagncs ont refusé
de continuer l’exploitation, et de servir la rente.
Ne pouvant le faire valoir lui-m êm e, il l’a affermé,
A r g e n t . . . . . . ....................................................... 440 fr.
Soixante quartes, ou quinze setiers blé-seigle,
à 6 fr. le setier.........................................................
90
V in gt quartes blé noir, ou cinq setiers, il 4 fr.
le se tie r....................................................................... 20
Trente livres chanvre, à 10 sous la livre . . .
i5
Huit ch a p o n s........................................................
8
T
o t a l
.........................................
5 7 3 fr.
Sur ce produit, il faut déduire les charges.
Pour taille, dixième et vingtièmes. . . 200 fr.
Pour la rente due au seigneur de Chabancs, vingt setiers.................................... 120
Pour la dîme au curé d’ides, ou pour
rente au lieu de d îm e ...............................
5o
Pour les réparations, entretiens, ou
cas fortuits, un dixième du prix du b ail. .
T o t a l à déduire............................ 4 27 fr*
Il ne restoit donc de revenu n et, q u e ...........
14 6 fr.
Il s’en falloit donc de 354 fr. que le produit du do
maine égalât le revenu du prix de la vente.
Et qu’on ne pense pas que c’est un calcul fait à plaisir,
et pour le besoin de la cause.
O n offre, et les adversaires peuvent demander acte de
ces offres, de rendre compte des jouissances à dire d’ex
perts , sous la déduction des charges, depuis le 27 avril
A 2
�(
4
)
I 7 ^3 > époque où le sieur Rolland père s’est mis en pos
session , jusqu’au 25 mai’s 17 7 4 , époque où Antoine
Varagnes est rentré en jouissance, à la charge par les
adversaires de rendre com pte, de leur côté, de la rente
annuelle de 5oo francs, franche et quitte de toute retenue,
et à la charge -encore par chacune des parties de faire
sa soumission au greffe de la cour, de payer à celle qui
se trouvera créancière ce qui lui sera dû par l’événement
du compte, n’entendant les appelans, par les présentes
offres, se nuire ni préjudiciel' quant au fond du procès.
L e sieur Rolland père a présenté une requête en 1767,
pour être cotisé d’office ; et dans cette requête il porte
le produit du domaine à 55o francs ; mais il n’a point
déduit les charges, parce qu’effectivement, pour régler
les im positions, on ne déduisoit point les charges ; de
même qu’encore aujourd’h ui, pour le droit pour ouver
ture de succession, on ne déduit point les dettes; on
prend sur la valeur des biens, quelles que soient les dettes.
Dans cette req u ête, le sieur Rolland expose « qu’il
« avoit vendu le bien à Géraud Varagnes; que ce V a « ragnes est décédé en novembre 1752 ; que dans le peu
te de temps qu’il a jo u i, il a laissé dépérir les bâtimens,
« par exprès une grange; qu’il a resté débiteur, non« seulement d’arrérages de la ren te, mais des imposi« tions, et de reste de droit de lods ; que ses enfans n’ont
« voulu entretenir l’exécution de cette vente, et aban« donnèrent ce domaine; que même le plus âgé d’entre
« eux a répudié la succession du père ; que dans ces cir« constances il a été dans la nécessité d'affermer ce
« dom aine........... »
�(
5
)
Mais c’est ce que les adversaires , dans leur mémoire ,
n’ont eu garde d’ajouter.
L e sieur Rolland père étoit donc loin de chercher à
rentrer dans le domaine ; il n’en a repris la possession
que pour ne pas laisser tout à l’abandon.
Les mineurs Varagnes ont-ils pu déguerpir? Question
inutile relativement à Marianne Varagnes, qui a tout
a p p ro u v é ; inutile relativement à Sébastien, dont on ne
conteste point la portion; inutile même à discuter rela
tivement à Antoine. A ntoine Varagnes avoit renoncé,
autorisé par avis de parens, à la succession ; il est ensuite
revenu contre la répudiation : mais on sait^que celui qui
a renoncé, et qui revient ensuite contre la renonciation,
est obligé de prendre les choses en l’état où elles sont
au moment où il se porte héritier.
Ont-ils pu déguerpir? O n oppose que le déguerpis
sement n’a lieu qu’en matière de rente foncière; qu’ici
ce n’étoit point une rente foncière, mais une simple rente
constituée, affectée seulement sur un fonds. On s’est livré
à cei égard à une longue discussion : on pouvoit s’éviter
tant de peine. On conviendra que c’éto it une rente cons
tituée, mais provenant de vente de fonds.
L e déguerpissement n’a lieu qu’en matière de rente
foncière; itivito creditore / c’est-à-dire, que si les enfans
Varagnes avoient eu d’autres biens, le sieur Rolland auroit pu insister sur le payement de la rente, et faire vendre
tant le domaine que les autres biens , pour assurer le
payement.
Dans le bail à rente foncière, le preneur peut déguer
p ir , que le créancier le veuille ou ne le veuille pas, en
�(
6
)
payant les arrérages échus du temps de la jouissance :
pourquoi? parce que c’est le fonds plutôt que lu per
sonne qui doit.
Il n’en est pas de même en matière de vente, ni même
en matière de bail à rente, lorsque l’obligation person
nelle est join te, comme lorsque le preneur s’est soumis
à garantir, fournir et faire valoir. En ce cas on n’est pas
reçu à déguerpir, parce que c’est la personne qui est
obligée : mais cela s’entend toujours, invita creditore,
et non lorsque le créancier consent à reprendre la chose.
Mais si les mineurs Varagnes ne pouvoient déguerpir,
autorisés même par avis de parens, le sieur Rolland pouvoit bien demander le résiliment. L e privilège des mi
neurs ne s’étend pas à ne pas payer. La rente est cons
tituée , mais provenant de vente de fonds ; elle dérive
du prix de la vente. L e sieur Rolland avoit bien le droit
qu’a tout vendeur de demander le résilim ent, faute de
payement du prix : c’est ce qu’il a fait ; le résiliment a
été prononcé par la sentence de 1 7 56.
Les advei'saires cherchent à écarter cette sentence de
1756 -, ils soutiennent d’abord qu’elle a été évidemment
l ’effet de la surprise : rien ne le prouve m ieu x, disentils, que la condamnation des arrérages, pendant le temps
même que le sieur Rolland avoit joui. V oici les termes
de la sentence * elle condamne à -payer les arrérages de
la rente ju sq u 'il ce que le sieur R olland sera rentré
dans la pleine propriété. Que renferme cette disposition
d’injuste? La sentence a jugé que jusqu’au résiliment la
propxùété avoit continué de demeurer sur la tcte des hé
ritiers de Géraud V aragn es, et par conséquent la charge
�(
7
)
du payement de la rente, sauf à faire compte des jouis
sances; que jusque-là le sieur Rolland n’avoit eu qu’une
jouissance d’administration. Y a-t-il rien là d’extraordi
naire ?
Que les adversaires s’accordent avec eux-mêmes. Ils
soutiennent que l’abandon par eux fait du domaine n’a
pas été une cause suffisante, un titre suffisant pour au
toriser le sieur Rolland à se mettre en possession, encore
moins pour lui transférer la propriété. S’ils ont retenu
la p ro p riété, ils ont donc pendant ce temps continué
de demeurer débiteurs du prix , et par conséquent des
arrérages de la rente, sauf, encore une fois, à leur faire
compte des jouissances.
Les adversaires ajoutent ensuite que cette sentence étoit
susceptible d’appel; qu’elle pouvoit être attaquée encore
par la voie de l’appel en 1773, suivant la jurisprudence
d’alors d’admettre l’appel pendant trente ans ; et qu’il
sufïisoit qu’elle fût susceptible d’appel, pour motiver la
transaction.
Antoine Varagnes, disent-ils, avoit bien interjeté appel
de la sentence de 1768, appel qui avoit été déclaré pé
rim é; mais cette senicncc do 1768 n’avoit rien de com
mun avec celle de 1756. La sentence de 1768 n’avoit pas
pour objet de faire déclarer les précédentes exécutoires
contre les Varagnes, puisqu’elles étoient rendues contre
eux-mêmes ; le but très-clair de la demande étoit d’ob
tenir le payement de la somme de 1246 francs, montant
du bail à rabais des réparations de la grange. (1) L ’appel
(1) Si le sieur Rolland n’avoit eu en vue que d’obtenir la
�. ( 8 )
interjeté par Varagnes, delà sentence de 1768, ne touclioit
en rien au bien ou mal jugé de la sentence de 17 56. L a
péremption de cet appel pouvoit bien donner à la sen
tence de 1768 la force de la chose jugée, mais non à la
sentence de 1756, qu’Antoine Varagnes étoit toujours à
temps d’attaquer.
O n a déjà répondu que l’appel de l ’une emportoit
nécessairement et virtuellement l’appel de l’autre : ou, si
l’on veut, la sentence de 1768 déclarant exécutoire sans
restriction la sentence de 1706, c’est comme si, longiori
enarratione, elle en avoit rappelé toutes les dispositions.
E t maintenant de deux choses l’une ;
O u l’appel n’avoit trait qu’aux condamnations pécu
niaires prononcées par cette sentence, ou il étoit indé
fini. A u premier cas, la sentence acquéroit nécessaire
ment , quant au surplus, l’autorité de la chose jugée ;
condamnation de la somme cle 1246 fran cs, pour le prix du
bail à rabais, il se seroit borné à demander la condamnation de
cette somme; il n’avoit pas besoin de demander que la sentence
de 1766 et la sentence de 1763 fussent déclarées exécutoires.
Il est à observer que la sentence de 1766 ne porte point la con
damnation de la somme de 1246 francs.
La demande est générale, suivant l’usage abusif où étoient
alors et où sont encore quelques praticiens, de faire déclarer
exécutoires contre le mineur parvenu à la majorité, les sentences
obtenues contre le tuteur et le curateur.
Le but principal n’étoit pas d’obtenir la condamnation des
sommes, puisqu’il n’a fait ensuite aucunes poursuites, pas même
fait signifier un commandement ; mais de faire prononcer irré
vocablement la résolution.
on
�( 9
)
on sait que l’appel en un clief emporte acquiescement
aux autres chefs : au second cas , l’appel a été déclaré
péri, (i) Dans tous les cas, la sentence de 1 7 55 n’étoit
plus susceptible d’appel.
Nous avons dit qu’Antoine Varagnes eut été encore
non recevable dans son appel, i°. parce que celui qui a
renoncé à une succession, et qui ensuite se porte h é r itie r ,
est ob ligé de prendre les choses en l’état qu’elles sont ;
-2°. parce que la résiliation une fois prononcée, il u’auroit pas été reçu à vouloir rentrer dans la propriété,
même en faisant des offres, suivant la jurisprudence at
testée par Chabrol.
Les adversaires observent que Chabrol ne parle que
de rentes foncières ; qu’ici il s’agit d’ une rente constituée;
que s’agissant d’une rente constituée, il auroit fallu cinq
années d’arrérages, au moins trois ans, en l’assimilant même
à une rente foncière; qu’ici il n’y avoit que six mois d’arré
rages ; que pour que la résolution soit légale, il faut que
(1) La note par laquelle on prétend prouver que la copie de
la demande e n péremption n’a pas été re m ise , d où on veut
inférer la nullité de la sentence de péremption, ne prouve pas
cela. Ces mots , Je ne dois retenir que cinq sous , prouvent
tout au plus que l’huissier n’a pas reçu le salaire ordinaire pour
son transport, comme il arrive très-souvent, lorsque les huissiers
ont occasion de poser plusieurs exploits dans le même endroit;
ils ne font point payer un transport pour chaque exploit. L ’huis
sier peut encore n’avoir voulu prendre que 5 sous pour quel
que motif de considération. Et ce qui doit écarter la consé
quence que les.Varagnes veulent en tirer, c’est l’enlèvement
de la troisième ligne, la coupure du papier.
B
�( 10 )
la sentence porte un délai; que ce n’est qu’après ce délai
que la demeure peut être purgée; qu’ici la sentence ne
portait aucun délai ; que le sieur Rolland père a mis
par son propre fait les mineurs Varagnes dans l’impossi
bilité de payer.
N ’est-ce donc qu’en matière de bail à rente que le résiliment, faute de payem ent, peut être demandé? L e ven
deur n’a-t-il pas ce droit comme le bailleur à rente ?
L e résiliment n’a pas été prononcé seulement à défaut'
de payement des arrérages échus de la renie, mais bien
plus par le refus de la continuer à l’aven ir, par l’aban
don absolu du domaine; et c’est ce que les adversaires dis
simulent perpétuellement.
Antoine Varagnes a même renoncé à la succession.
L e domaine étant abandonné , il n’y avoit pas lieu à
accorder un délai pour le payement.
Mais la sentence avoit passé incontestablement en force
de chose jugée, et étoit inattaquable relativement à M a
rianne Varagnes qui y avoit acquiescé (i).
Venons maintenant à la transaction de 1773*
Les droits des mineurs Rolland eussent-ils été incer
tains, le tuteur p o u vo it-il transiger sur des droits im
mobiliers ?
Les adversaires présentent un compte dans leur mé
moire , d’après lequel ils soutiennent que la transaction
a été avantageuse aux mineurs Rolland ; qu’ils y ont gagné >
(1) On ne s'occupe point de la demande en subrogation dont
Antoine Varagnes menaçoit le tuteur ; demande trop évidem
ment ridicule.
�( 11 )
une somme de 9000 francs par la compensation des
jouissances.
O n pourroit d’abord répondre que le mineur est pré
sumé de droit lésé, par cela seul qu’il aliène : M inor
alienando lœditur. Mais de plus les intérêts des appel a11s
ont été même sacriliés dans cette compensation de jouis
sances.
On a vu en quoi consistait le prix du bail; on n’a
pas prétendu qu’il fût frauduleux; il a été consenti par
acte public , en présence du curateur et du mineur éman
cipé; il n’a point été augmenté pendant la durée de la
jouissance du sieur Rolland père; on a vu qu’il s’en falloifc
annuellement de 364 francs, que le prix du b a il, déduc
tion faite des charges, égalât le revenu du prix delà vente.
La jouissance du sieur Rolland père a duré vingt-un
ans.
Produit du bail pendant toutes ces années,
3066f.
Montant de la rente pour les mêmes années, i o 5oo
Différence au préjudice du sieur R olland,
7434f.
A jo u to n s à cette somme celle de 1737 fra n c s , montant
des condamnations pécun iaires prononcées par les sen
tences de 1753, 1756 et 1768, en principal, et les intérêts
de ces sommes montant ensemble h plus de 2300 francs,
On verra que les appelans, loin de gagner 9000 fr.
sur les jouissances, sont en perte de plus de 9734 francs.
Et qu’on ne dise pas que c’est un calcul fait à plaisir.
O11 a offert, et on oirre de nouveau, de faire compte
des jouissances sous la déduction des charges, à la charge
B 2
�( 12 )
par les adversaires de faire compte de la renie. Qu’ils
acceptent ces offres!
Ils prétendent que la compensation des jouissances a
été si avantageuse aux mineurs Rolland. Les mineurs
Rolland renoncent à cette compensation.
C’est ainsi que le tuteur et les conseillers de tutelle
se sont acquittés du devoir que la loi leur imposoit!
Si on ajoute toutes les autres circonstances qui décè
lent le dol et la fraude qui ont présidé à cette transac
tio n , la cour p o u rra-t-elle se défendre d’un sentiment
d’indignation?
Les appelans se sont-ils pourvus en temps utile ? R é
sulte-t-il conire le sieur Rolland une fin de non-recevoir
des quittances de 1778 et 1782? Telles sont les deux
questions qu’il reste à examiner.
Sur la prem ière, on a ramené les adversaires à la dis
tinction entre le cas où le mineur vend assisté de son
tuteur ou curateur, et le cas où c’est le tuteur seul qui
vend. A u premier cas, le mineur ayant contracté luim êm e, n’a que dix ans pour x-evenir contre l’acte qu’il
a consenti : au second cas, le mineur a trente ans, à
compter de sa majorité. Il n’a pas en ce cas besoin de
se faire restituer. L ’acte est n u l , -parce q u ’il n’y a pas
de plus grand vice que d’être consenti par celui qui n’a
pas p ou voir, à non habente poiestatem. O r , le tuteur,
en ce qui excède les bornes d’une administration, n’a
pas de pouvoir.
Les adversaires conviennent de la distinction à faire
entre les actes des m ineurs, et ceux de leur tuteur ; ils
�\
( 13 )
conviennent qu’il seroit souvent injuste de déclarer les
mineurs non recevables après dix ans, à l’égard des actes
faits par leur tu teu r, parce qu’il se pourroit qu’ils en
eussent ignoré l’existence ; mais ils ajoutent que toutes
les fois qu’il est certain que le mineur a connu l ’acte,
toutes les fois surtout qu’il l’a adopté , en quittançant
partie du p r ix , il n’a qu e dix ans.
Dans ce système même, les dix ans ne pourraient courir
que du jour qu’il seroit prouvé que le mineur a eu connoissance de l’acte. Rien ne prouve que le sieur Rolland
ait eu connoissance de l’acte avant la première quittance
qu’il a consentie. La quittance est du 27 juillet 1788, et
la demande est du 25 février 1788 : il s’est donc pourvu
dans les dix ans qu’il peut être présumé avoir été ins
truit de l’acte, et par conséquent dans un temps utile,
d’après les adversaires eux-mêmes.
Il est de principe que la prescription ne court point
contre celui qui ne peut agir : Contra non valentem agere
non currit prœscriptio. Les appelans ont opposé q u e ,
dans tous les cas, le délai n’avoit pu courir que à die detectœ frciu d is, du jour où ils ont pu avoir connoissance
des pièces qu’on a affecté infidèlement de ne pas mention
ner dans la transaction, remises plus infidèlement encore
p a rle tuteur à Antoine Varagnes.
Suivant les adversaires, on n’a riencaché, rien dissimulé.
L ’omission supposée de la sentence de septem bre 176 6 ,
n’est qu’une misérable équivoque ; elle est d’ailleurs visée
et énoncée dans celle de 1768 , laquelle est rappelée dans
la transaction.
Mais les appelans n’avoient pas plus la sentence de 1768
que celle de 1756.
�( *4 )
L a sentence de 1768 est rappelée dans la transaction!
mais comment est-elle rappelée ?
Remettons sous les yeux cette partie de la transaction,
cc 30. Que dès l’année 1756 ledit Rolland a fait pro« céder au bail à rabais des réparations à faire audit do« maine de Fleurac...........
« Que le 23 décembre 1767 ledit feu sieur Rolland a
« demandé , tant l’adjudication de ladite sentence que les
« frais et dépens à lui adjugés, ensemble le montant du
« bail à rabais, et obtenu sentence au bailliage de celle
« ville le 20 février 1768 , de laquelle ledit Varagnes
« s’étoit rendu appelant, et la sentence passée en force
« de chose jugée, comme ledit Varagnes n’ayant pour« su iv i, ni fait diligence sur son appel pendant trois ans
« consécutifs. »
A v e c quel art on a affecté, en parlant de la sentence de
175 6 , de ne rappeler la date ni du m ois, ni du jour!
Quand môme les appelans auroient eu sous les yeux la
sentence de 1768, que leur auroit-elle appris? elle leur
auroit appris qu’il existoit une sentence du 29 septembre
175 6 . Ils auroient cru nécessairement que c’étoit celle rap
pelée dans la transaction, adjudicaiive du bail à rabais.
Ils n’auroient pas pu soupçon n er q u ’il en existoit deux de
la même année, puisque la transaction et la sentence de
1768, n’en rappeloient qu’une.
O n parle du bail à rabais ; on ne dit pas un mot de la
résolution de la vente; on rapporte la sentence de 1768,
uniquement au bail à rabais, et aux autres sommes dues
au sieur Rolland.
A la vérilé, à la fin des dires de Varagnes, on voit
�( i5 )
qu’il étoit recevable à tenir les engngemens de son père,
dans la circonstance surtout où la sentence q u i ordonne
la résolution de la vente rienlève cette fa cu lté qu après
trente ans.
On ne rappelle ni l’époque de cette sentence, ni par
quel juge elle a été rendue : on ne dit pas même qu’elle
ait été obtenue ; il semble que c’est plutôt un principe
qu’on pose. On ne dit pas surtout que cette sentence,
renouvelée par celle de 1768 , avoit passé en force de
cliose jugée par celle de 1772.
On parle de l’appel de la sentence de 1768, delà péremp
tion de cet appel ; mais on fait rapporter, et la sentence
de 1768, et la pérem ption, aux réparations seulement.
L e traité avec Marianne Varagnes est rappelé. Mais
comme on évite de parler de la résolution de la vente,
de l’acquiescement de Marianne Varagnes ! on se con
tente de dire vaguement que le sieur Rolland a réglé avec
elle.
La circonstance seule de la remise des pièces annonce
le projet formé de dérober aux mineurs la connoissanco
de tout ce qui pouvoit les instruire de leurs droits.
En même temps elle écarte la fin de non-rccçvoir ( en
supposant même qu’il eût fallu se pourvoir dans les dix
ans) résultante du laps de temps.
La seconde fin de non-recevoir résultante des quittances
de 1778 et 1782 n’est pas plus plausible.
O11 ne reviendra point sur la discussion à laquelle 011
s’est livré à. cet égard.
O u a cité la loi 7 , paragraphe S c io , au digeste D û
�( i 6 )
minoribus. C ’est dans cette loi que sont ces mots initio
inspecta , qui ont tant exercé les commentateurs.
Cujas distingue entre le cas où l’acte passé en minorité
est complet et parfait, et le cas où il n’est que commencé
en minorité , et parachevé, et rendu parfait en majorité;
auquel dernier cas il est considéré comme s’il avoit été
entièrement fait en majorité.
Lebrun fait la même distinction. « J ’estime , ce sont ses
a propres paroles , qu’il faut distinguer entre une affaire
« q u i, ayant commencé pendant la minorité , s’achève
« depuis la m ajorité, et une qui s’est accomplie sous la
a m inorité, et qui a été ratifiée en majorité. »
Il cite ensuite l’exemple rapporté par Bartliole, et les
expressions de Bartliole : Ciim ergo habeat necessariam
consequentiam ad principium , inspicimus principium.
Les adversaires prétendent que c’est à ces derniers ter-^
mes qu’il faut s’attacher, à cette seule distinction, si le se
cond acte est une suite nécessaire du premier.
Mais on le demande : des quittances qui sont consenties
en exécution d’un acte, ne sont-elles pas une suite et une
conséquence de l’acte ? ne se réfèrent-elles pas nécessaire
ment à l’acte ?
Ils observent, com m e une rem arqu e importante , que
les appelans en adoptant la distinction entre le cas où l’acte
passé en minorité est complet, ou ne l’est pas, s’appro
prient la transaction de 1777.
Pourquoi cela ?
Est-ce qu’ un mineur devenu majeur, qui aura consenti
un second acte relatif à celui de son tuteur , n’aura pas
le
'
�( *7 )
le même droit qu’il auroit lui-m êm e, s’il l’avoit passépersonnellement en minorité ? Il est bien plus favorable
sans doute , lorsque cet acte n’est pas de son fa it, et il ne
suit pas de là qu’il se l’approprie.
Mais toute cette discussion est inutile. A cette lo i, quelle
qu’elle soit, a succédé la loi au code S i sine décréta , qui
form e le dernier droit. Cette loi exige une ratification ex
presse , et en comioissance de cause.
Telle' est également la doctrine de D um oulin , qui en
rend la raison en ces termes énergiques : R a tio quia liujusntodi conjirrnatio n ihil d a t, n ih il novi ju ris co n fe r t,
nec invaliduni validai ; non enim Jit ad fmern disponendi , sed soliitn approbandi confirmabile taie quale
e s t, et non aliter.
Les adversaires répondent singulièrement ù cette loi.
A u lieu de citer la loi S i sine décréta, disent-ils, qui ne
peut s’appliquer que par argument à contrario, on auroit
du voir la loi 10, au digeste D e rebus eorum qui sub
tutehî sunt sine décréta alienandis. Comment une loi
précise, rendue expressément sur la question, ne peut-elle
être prise que par argument à contrario? C ’est cc que les
adversaires auroient dû exp liq u er.
Ils laissent là cette loi pour venir à la loi D e rebus
eorum , qu’ils ne rapportent qu’en partie.
I.a voici littéralement :
Illicite post senatusconsullum p u p illivcl adolescentis
prœdio venurn data s i eo nomme apud judicem tu telce,
vcl utilis actionis œstimatio facta est, eaque so lu ta ,
vindicatio pretii ex œ quilate inhibetur.
Ce n’est point la glose, c’est la note de Godefroi q u ir'
C
�Ci8>
dit : N o 7i tam asperè tractandum ju s prohibítœ aliénationis prœdiorum pupillarium , ut et solutâ œstirnatione
à tutore in emptorem pupillus siumno jure experiatur.
On voit combien Godefroi étoit lui-m êm e embarrassé
sur le sens de cette l o i , par les questions qu’il se fait.
Dans l’espèce de cette loi, dit-il, est-ce le tuteur qui vend
en son nom propre et privé, ou comme tuteur? Et plus
bas : C u i inhibetur, an p u p ü lo , an tutori? utique tutori. Cur inhibetur ? an quia sine solernniiatibus ven
d í dit ? an quia pi'otinùs recepit ?
L a glose donne le vrai sens.
Illicite, ( casus ) prœtori f u i t mentitum per tutorem
T itii pupilli : dictum pupillem esse in magnis debitis;
et sic prœtor perm isit alienationem prœ dii prœdicti
pupilli. Undè potest pupillus vindicare prœdium ? A b
emptore, vel contra tutorem actione tutelœ agere.......
P o n e ergo quôd egit una de illis actionibus , et ille
contra quem egit f u i t condemnatus in œstimationem
p rœ d ii, et ipse eam solçit p up illo, certè non poterit
amare pupillus vindicare prœdium.
L a glose, en interprétant cette lo i, décide qu’elle ne
s’applique que dans le cas o ù , après une vente illicite
faile par le tuteur, il surviendi-oit un procès entre le
pupille et l’acquéreur; mais que si l’acquéreur a été con
damné à payer le prix de l’estimation, et que le pupille
l’ait reçu, alors il ne peut plus revendiquer l’héritage.
Quelle analogie peut-on trouver entre cette espèce et
l’espèce actuelle ?
Dans l’espèce de cette loi, la vente manquoit seulement
par le défaut de formalités j on ne l’inculpoit point de
dol.
�Dans l’espèce de cette lo i, les deniers avoient été reçus
après un procès, après une estimation, et par conséquent
en connoissance de cause; et ici peut-on dire que le sieur
Rolland a reçu en connoissance de cause ? connoissoit-il
le dol qui avoit été pratiqué? connoissoit-il les pièces
qui n’avoient point été mentionnées dans l’acte qualifié
transaction, et qu’on avoit remises à Antoine Varagnes?
Les adversaires ne répondent pas moins singulièrement
ù l’autorité de Dum oulin : ce passage, suivant eu x, ne
s’applique qu’aux^ actes radicalement nuls, et non à ceux
simplement sujets à restitution.
La transaction dont il s’agit n’est-elle donc qu’un acte
sujet à restitution ? l’acte n’est-il pas nul de nullité radicale?
L e tuteur qui vend les immeubles du m ineur, sans obser
ver les formalités prescrites par les lois, est sans pouvoir :
l’acte est radicalement nul, comme consenti à non habente
potestatem.
On voit l ’embarras des adversaires.
Dans tous les cas, cette fin de non-recevoir ne peut
être opposée à la dame Gros qui n’est point partie dans
ces quittances, ni au sieur Rolland pour les portions de
ses frères, dont il a acquis depuis les droits.
L ’arrèt de la cour de cassation, du 4 thermidor an 9 ,
rendu dans la cause de Marie Bordenave, dont les adver
saires ont fait soigneusement la recherche , ne reçoit abso
lument aucune application.
Les parties étoient en pays de droit écrit. L e testament
par lequel M arie Bordenave avoit été instituée héritière
lui donnoit la totalité des biens. Ici, au contraire, le tes
tament ne valoit que pour le quart.
�(
20
)
L ’institution en pays de droit écrit étant universelle,
toutes lés actions actives et passives résidoient sur la tête
de l’héritier institué. La légitime devoit à la vérité être
laissée à titre d’héritier; mais c’étoit un titre particulier,
un titre d’honneur : toutes les actions ne résidoient pas
moins sur la tête de l’héritier universel; lui seul étoit
l’homme de la succession : principes qui n’avoient pas
lieu en pays de coutume, où le testament ne valoit que
pour le q u a r t, où l’héritier institué par le testament n’est
qu’un véritable légataire, où l’on ne reconnoît d’héritiers
que ceux que la loi appelle comme tels.
Dans l’espèce de l’arrêt, Marie Bordenave avoit vendu
elle-même; elle avoit vendu seule : les sœurs n’avoient
point été parties dans la vente. On étoit parti du principe
d’après lequel, lorsqu’un des cohéritiers aliène un héri
tage de la succession, on impute ù son lot l’héritage
aliéné : l’acquéreur lui-même peut demander cette im
putation ; et tant qii’il reste dans la succession assez
d’autres biens pour remplir les autres cohéritiers de
leurs portions, ceux-ci ne peuvent élever aucune que
relle. Mais ici la vente n’a pas été consentie par le sieur
R olland, elle a été consentie par le tuteur, par consé
quent pour tous les mineurs.
, ,
Lorsqu’un cohéritier a vendu seul un héritage de la
succession, s’il l’a mal vendu, il n’est pas moins tenu de
rapporter l’héritage à la succession, du moins fictive
m ent; c’est-à-dire, de rapporter la valeur : la perte du
mauvais marché tombe sur lui. Mais ici tous ont vendu :
tous ayant vendu, la perte est com mune; tous ont un
intérêt commua à attaquer la vente. On ne peut pas im
�(
21
)
puter l’objet vendu au lot d’un, puisque tous ont vendu.
Dans les motifs de l’arrêt de cassation il est dit : A t
tendu que M arie Bordenave, héritière universelle, a
ratifié ladite vente par la quittance qu’elle a donnée. D ’où
il résulte que la quittance contenoit une ratification ; et
les quittances du sieur Rolland n’en contiennent pas :
troisième différence.
L e domaine de Fleurac , disent les adversaires, est
situé en pays de droit écrit. Cela n’est point. L e domaine
est situé au village du même n o m , paroisse d’Ydes ; et
toute la paroisse d’Ydes est régie par la coutume. 11 n’y
a qu’à consulter à cet égard M . Chabrol, et le procès
verbal de la coutume.
En coutume, comme en droit écrit, les légataires sont
les maîtres d’accepter le legs porté par le testament! L e
sieur Rolland est encore en demeure d’établir que ses
frères et sœurs aient répudié le legs pour réclamer leur
légitime ou les réserves coutumières ! Ce n’est point au
sieur Rolland à prouver que ses frères et sœurs ont ré
pudié le legs ; c’est aux adversaires au contraire à prou
ver l’acceptation, s’ils veulent en exciper.
Les frères et sœurs n’avoient pas besoin de répudier
le legs; ils le répudioient par cela même qu’ils ne l’acceptoient point.
Il n’y a eu ni répudiation ni acceptation de leur part;
il n’y a eu ni payement de destination, ni partage. Ils ont
vécu dans la m aison, comme du vivant du p è re , aux
dépens de la succession commune.
Les quittances de 1778 et 1782 ne peuvent donc pas
nuire aux droits que le sieur Rolland a acquis posté-
�( 22 )
rieurement du chef de ses frères} comme représentant
ses frères, novam personam sustinet; novum ju s habuit:
encore moins peuvent-elles être opposées à la dame Gros,
q u i, comme on l’a déjà observé, n’y est point partie.
M e. P A G È S - M E I M A C ,
M e. D E V È Z E ,
avocat.
avoué licencié.
À RIOM, de l’imprimerie de L a n d r i o t , seul imprimeur de
Cour d’appel. — Juin 1806.
la
�
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Factums Godemel
Relation
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/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
[Factum. Rolland, Pierre-Israel. 1806]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Pagès-Meimac
Devèze
Subject
The topic of the resource
déguerpissement
ferme
bail à rentes
minorité
tutelle
droit écrit
bail
Description
An account of the resource
Titre complet : Réplique pour sieur Pierre-Israël Rolland, Toinette-Gabrielle Rolland, et le sieur Gros, son mari, appelans ; contre Antoine Varagnes, et autres, intimés.
Table Godemel : Bail à rente : 1. la vente d’un domaine moyennant un prix déterminé pour lequel l’acquéreur constitue une rente, est-elle un bail à rente foncière qui laisse le domaine direct au vendeur, et qui, par suite, est susceptible de résolution et de déguerpissement ? Déguerpissement : 3. le preneur à vente qui, après plusieurs sentences prouvant la résolution du bail pour cause de non-paiement des arrérages, avait déguerpi les immeubles, a-t-il pu obtenir ensuite du tuteur des héritiers du possesseur actuel, sous l’apparence d’une transaction, l’abandon volontaire de ces mêmes immeubles et des droits des mineurs, moyennent un prix, sans aucune des formalités prescrites par les règlements ? Ratification : 3. en quels cas les quittances données par un mineur devenu majeur, constituent-elles approbation ou ratification de l’aliénation consentie par son tuteur ?
Publisher
An entity responsible for making the resource available
De l'Imprimerie de Landriot (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1806
1756-1806
1716-1774 : Règne de Louis XV
1774-1789 : Règne de Louis XVI -Fin de l’Ancien Régime
1789-1799 : Révolution
1799-1804 : Consulat
1804-1814 : 1er Empire
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
23 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G1701
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G1702
BCU_Factums_G1703
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ydes (15265)
Rights
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Domaine public
bail
bail à rentes
Déguerpissement
droit écrit
ferme
minorité
tutelle
-
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8e3ddf41c2fc46b7b7938bd731370296
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Text
MÉMOIRE EN RÉPONSE
POUR
sr
A ntoine
V A R A G N E , «et autres, intimés;
CONTRE
RO LA N D , T oi n e t t e -G A B R IE L L E
R O LA N D 3 et Le sieur GROS son m a ri , appelans.
P lE R R E -ISRA EL
- L e père du sieur Roland avait trompé les mineurs
Varagne et les avait dépouillés de tout leur patrimoine;
le sieur Roland et la dame Gros se plaignent aujourd’hui
de ce qu’ un Varagne les a trompés à son tour pendant
qu’ils étaient mineurs, et a repris ses biens. Si cela était
vra i, il faudrait remonter à la source et ne tromper
personne;mais ce n’est pas ainsi que les adversaires l’en
tendent; ils veulent bien rétrograder jusques avant la 2.®
époque, mais non jusqu’à la première, c’est-à-dire,qu’ils
v eulent retenir ce que leur père avait pris. A la vérité
ils sont obligés de convenir que son usurpation n’était
A
�' *
r
'
( 2 }
.
.
pas la cliose du monde la plus solide; mais au moyen
de quelques prescriptions et péremptions ils espèrent la
légitimer. 11 faut croire au contraire qu’une œuvre d’ini
quité et de ténèbres ne prévaudra pas cônlreuuetransaclion sage et prudente qui en efïaçait la turpitude; et la
publicité même que les héritiers Roland ont voulu
met Ire à cette cause, ne prouvera que mieux h la Cour
qu’ils n’avaient pas mûrement réfléchi, quand ils ont
voulu blâmer ce qu’avait délibéré leur famille, pour cou
vrir le passé et leur rendre justice.
F A I T S ,
L e 18 septembre 1 7 4 7 , le sieur Pierre Roland avait
vendu à Géraud Varagne un domaine appelé de Fleurac, mo}rennant 12,000 francs. Il fut dit que Varagne
.demeurait quitte du prix, au moyen de ce qu’il créait
et constituait au profit du sieur Roland une rente de
5oo fr. par année, payable en deux termes, jusquesau
remboursement des 12,000 fr.
Géraud Varagne mourut en 1762 , laissant trois enfans
mineurs, Antoine, Marianne et Sébastien.
J 1avait payé la rente de 5 oo fr. avec la plus grande
exactitude', et on serait hors d’état d’établir qu’il eût
laissé pour un sou de dettes. Ses enfans devaient donc
CMre'à l’abri de riuquiétude.
Mais Je"sieur Roland icgrettait singulièrement le
domaine de Fleurac qu’il avait vendu, disait-il, à trop
bas prix , et que le bon étal où l'avait mis l’acquéreur
�lui faisait encore envier davantage. L a mort de cet ac
quéreur- lui fournil le prélexte de se remettre en pos
session en expulsant ses enfans. Abandonnés de tout le
monde, ils ne pouvaient l’en empêcher, et d’ailleurs ils
n'ont jamais été informés des diligences"cju’il pouvait
faire; c'est seulement après sa mort et par la remise
qu’on leur a faile de ses procédures, qu’ils ont connu
celles dont ils vont rendre compte.
L e sieur Roland fit nommer un tuteur aux deux
puinés; et comme Antoine Varagne avait déjà 16 ans,
il le fit émanciper, c’est-à-dire, on présenta sous son
nom une requête au juge de Fleurac , le 20 décembre
1 7 0 2 , pour demander son émancipation (1).
Après cela, le 16 février 1 7 5 3 , le sieur Roland as
signa ledit Antoine Varagne et le tuteur de ses frère et
sœur, pour lui payer s 5o fr ., la seule somme à lui due
pour le terme d’une demi-année de sa rente, échue
depuis La mort de Géraud Varagne.
Une sentence par défaut, obtenue le i .er mars 17^3,
adjugea ces conclusions, el condamna les mineurs à dé
clarer de suite s’ils entendaient ou non être héritiers
de leur père.
Celte sentence était sans doute bien inutile pour mo
tiver l’ usurpalion du domaine , et le sieur Roland le
sentit bien. Il chercha à persuader Antoine Varagne
( 1 ) Ainsi il n’était pas marié avant la mort de son père , et
émancipé par le m a ria g e , comme le disent les adversaires à la
iin de la page 1 7 de leur mémoire.
A 2
�( 4 )
qu’il n’avait pas d’intérêt à conserver un bien où il pas
serait sa jeunesse pour partager ensuite son industrie
avec deux enfans en bas âge; un jeune homme de
dix-sepl ans n’est pas bien difficile à séduire. Deux cents
francs que le sieur Holand lui promit, achevèrent de lui
tourner la tête: il promit tout ce qu’on voulut.
En conséquence' le 24 mars 1 7 6 3 , le sieur Roland
assembla cinq cullivateurssous le litre d’une assemblée
de païens, auxquels le jeune Varagne représenta, à ce
qui y esl dit, que le domaine de Fleurac lui serait plus
onéreux que profitable, que sou père l’avait acheté
Irop cher, n’avait pas même pu payer les droits de lods ,
qu’à la vérité il avait acquitté la ren ie, mais que c’élait
en contractant plusieurs dettes passives, et que son père
en avait conçu un v if c h a g ru i , qu’il croyait avoir été
cause de sa mort, que même , en m ou rant , lL Lui avait
conseillé de supplier le sieur R o la n d de reprendre son
dom aine ,\ d’après quoi il voulait suivre ce conseil, et
renoncer à la succession de sondit père.
Après cet acle de piété filiale, dans lequel le souf
fleur se fait assez remarquer, il élait question de pren
dre l’avis de trois païens paternels et trois maternels
qui avaient clé assignés la veille 5 leur délibéralion ne
doit pas êlre passée sous silence.
Les trois pareils maternels volent pour tout ce qui
est demandé, c’est-à-dire, l’abandon et la répudiation,
quoique l'un lût l’opposé de l’autre; mais le sieur
.ilolaud avait voulu loul prévoir.
Des trois parens paternels, l’un ne vint pas, parce
�que, dit-on , il était malade; les autres deux,, indignés
de ce qui se passait, et ne voulant pas participer à
l’expoliation de leur neveu , déclarèrent q u iis n e n
tendaient pas qu’il abandonnât Le dom aine , n i q u il
répudiât. Cette réponse est consignée en l’acte.
Cependant le juge, considérant que les parens ma
ternels étaient en plus grand nombre, homologua la
délibération desdils trois parens maternels, et homo
logua même celle du curateur qui n’avait rien dit.
Comme Antoine Varagne avait bien rempli son
rôle , le sieur Roland lui donna le lendemain , non
pas précisément la somme promise, mais un billet de
200 fiancs, payable dans huit ans seulement, c’està-dire , à sa majorité , aiin que si alors il voulait
se pourvoir, le sieur Roland pût au moins sauver
l ’argent.
Muni de cette homologation, le sieur Roland crut
en avoir assez fait pour mettre son usurpation en évi
dence , et par acte du 27 avril 1 7 5 3 , il donna à ferme
à un é t r a n g e r le domaine de Fleurac ; et, s’il faut en
croire les adversaires, il poussa le nim ia p reca u iio ) usqu’à faire signer comme tém oins , le curateur et le
mineur de dix-sepl ans.
Cependant le sieur Roland ne pouvait se dissimu
ler qu'il avait fait une mauvaise procédure, et que
les pupilles Varagne, n’étant pas même nommés dans
l’avis des trois parens , auraient un jour à réclamer
conlre lui des restitutions de jouissances; il s’agissait
donc de porter remède à ce danger. Depuis plus de
�trois ans il était en possession du domaine, et avait
Irouvé tout en bon état ; mais une vieille grange
lui sembla un prétexte suffisant pour ce qu’il avait à
faire.
L e tuteur étant mort,, le sieur Roland en fit nom
mer un second le 24 mars 1 7 56 , et présenta une re
quête dans laquelle il exposa que les enfans Varagne,
ayant déserté le domaine , avaient laissé le tout en
très-mauvais élat ; qu'il avait été forcé de préposer
des gens pour la culture, afin d’éviter le dépérisse
ment ; que le nouveau tuteur ne prenait non plu s' aucun
soin pour jouir du domaine.
En conséquence il demanda permission d’assigner
Antoine Varagne et le tuteur, savoir au provisoire
pour faire constater Yétat de la g ra n g e, procéder au
bail à rabais des réparations, et au fonds , pour voir
dire que la vente de 1747 serait résiliée, et qu’il serait
autorisé à reprendre la propriété d u d it dom aine , et
aussi pour être condamnés à payer la rente de 5 oo f .
j u s q u à ce. qu’il sera rentré en ladite propriété.
L e 5 mai il obtint une sentence provisoire qui lui
permit de faire c o n s t a t e r les r é p a r a t i o n s • et aussi pro
digue de formalités p o u r cette inutile précaution, qu’il
en avait été avare en s’emparant de tout, on compte
dix-neuf pièces de procédure, ailiclies 011 exploits entre
sa requête, et une sentence du i .cr juin qui adjugea
le rabais à 1,246 fr.
#
Ces réparations, comme on le vo it, n’avaient été
nécessaires que pour un seul des bditimens, et il était
�(?)
8
>
V
singulier qu’après trois ans d’usurpa(ion, le sieur Roland
s’avisât de s’en prendre aux Varagne qui n’avaient joui
que de 17 4 7 à 1752.
Quoiqu’il en soit, après cette sentence provisoire,
le sieur Roland en obtint une seconde le 29 septem
bre 17 5 6 , qui, adjugeant les singulières conclusions
de sa requête, déclara la vente de *747 résolue, lui
permit de rentrer dans la propriété, et condamna les
Varagne au paien^nt des arrérages ju s q u ii six rentrée.
Cependant les collecteurs, plus justes que lu i, s’obs
tinaient à ne pas vouloir changer la cote d’impositions,
malgré son bail à ferme et sa nouvelle procédure ; en
conséquence, avant de laisser terminer le répartement
de 1767 ^ le sieur Boland présenta une requête à l’in
tendance pour se plaindre de cette insubordination ;
et comme il avait une charge à privilèges, il demanda
une cote d’oüice, modérée suivant le produit du bien,
qui à peine s’élevait, disait-il, d'après son b a il, à cinq
cent cinquante francs : aveu , qui, en matière de sur
taux, où on n’exagère pas, fuit assez voir combien
peu Varagne, cultivant par ses mains, avait dû être
grévé en payant 5 co fr.
Sans doute, Antoine Varagne , devenu majeur, no
voulut pas accéder aux propositions qui lui furent
faites ; car le 23 décembre de la môme an n ée, le
sieur Roland le lit assigner, ainsi que le tuteur, pour
voir déclarer les sentences du i . er mars 17 6 3 et 29
septembre 1756 rendues contre eux-m êm es, en con
séquence, est - il dit, se voir condamner à payer,
�( 8 )
1.° 2 5 o fr. portés parla première, et 33 fr. de dixième;
2.° 1,246 fr. pour le montant du bail à rabais. L e 20
février 1768 , il surprit une sentence adjudicative.
Varagne en interjeta appel.
Cet acte imprévu dut déconcerter le sieur Roland,
qui sans doute chercha à renouer l’accommodement,
et à gagner du teins. Ce qui le prouve, c’est que na
turellement le plus pressé, parce qu’il était créancier
et demandeur, il se contenta de se présenter le 19
avril 17 6 8 , et garda le silence pendant trois ans.
Après celle époque, il dressa le 18 juin 1 7 7 1 un
exploit de demande en péremption , et il est démontré
par écrit qu’il n’y eut pas de copie remise, 011 si on
veut que l’huissier ne la donna pas. Aussi ne fut-il
pas difficile au sieur Roland , de surprendre , le 28
août 1 7 7 2 , une sentence par défaut qui déclara l’ap
pel périmé. Mais cette péremption, comme on voit,
était peu importante, puisque la sentence de 1768
ne portait que des condamnations pécuniaires, et
ne disait rien de la résolution, déjà prononcée en
17 5 6 . '
A peine Marguerite Varîigne fut-elle majeure , que
le si eu r Roland , toujours inquiet sur sa procédure,
chercha à obtenir d’elle un acquiescement aux sen
tences, et par acte du 16 février 1 7 7 3 , il paraît qu’il
lui extorqua cet acquiescement, sans prix.
L e sieur Roland mourut le 3 i juillet de la mémo
année, et toute la peine qu'il avait prise pour être
richo
�riclie ne l’empêcha, p a s, à ce que disent les adver
saires, de laisser des dettes. Il avait lait un testament
par lequel il instituait celui de ses en fans qui serait
élu par un conseil de famille.
Antoine Varagne ne redoutant plus le sieur Roland
mort, avait déjà annoncé qu’il allait interjeter appel
de la' sentence de 1756 , s’inscrire en faux contre
l’exploit de 1 7 7 1 , et réclamer les restitutions de jouis
sances de vingt-un ans, tant de son chef que comme
céda taire de Sébastien son frère, et même du chef
de Marianne sa sœur , en se faisant subroger.
Cette réclamation était si peu difficullueuse , que
le conseil de famille, composé des hommes les plus
éclairés, 11e trouva rien plus expédient que de rendre
le domaine , et de tâcher d’obtenir la remise des
jouissances.
En conséquence, Antoine Varagne traita le 3 o oc
tobre 17 7 3 avec le tuteur des enfans Roland, auto
risé du conseil de famille. Après l’exposé de ses pré
tentions , l’acte porte qu’il r e p r e n d r a le domaine
vendu en 17 4 7 , et que le p r ix pr in c ip al delà vente ( 1)
demeure fixé comme alors à 12,000 francs et 72 fr.
d’étrennes, Varagne paya de suite 2,472 fr. , et le
surplus fut dit payable à termes annuels de 1,600 fr.
et de 1,000 fr. sauf l’intérêt jusqu’au paiement. Au
moyen de quoi le tuteur remit à Varagne les pro( 1 ) L e s nppelans avalent dit renie, pag. 8 de leur mémoire:
erreur qui influerait sur les moyens de résolution.
B
�cédures et sentences , et le subrogea à l’acte passé le
16 lévrier précédent avec Marianne Varagne, à ses
risques et périls. Et comme le sieur Roland pouvait
avoir déjà démembré le domaine, le conseil de famille,
toujours prévoyant, fit stipuler, pour éviter les recours,
que s’il y avait des ventes au-dessous de 3 oo francs,
Varagne n’aurait rien à demander; mais que si elles
excédaient cette somme , il répéterait le surplus du
prix seulement.
En vertu de cet acte, Antoine Varagne se mit in
continent en possession de son domaine , et paya ré
gulièrement deux à-comptes au tuteur; dès la pre
mière quittance, on vérifia quelles ventes le sieur
Roland avaient passées, et elles se trouvèrent d’un
pré de trois journaux, et de partie d’un autre pré.
Comme les deux actes ne portaient de prix que 778 f.
Antoine V aragne, suivant sa convention, n’eut qne
478 fr. à déduire.
Bientôt le sieur Pierre-Israël Roland devint ma
jeur, et (ce qu’il ne disait pas jusqu’à ce que les V a
ragne l’aient découvert) le même conseil de famille
s’assembla le 4 décembre 17 7 7 pour l’élire héritier
universel de son père, à la charge de payer les légiiimes portées par son testament.
Ledit sieur Roland prit des arrangemens avec ses
frères et sœurs, en se mettant en possession de toute
la succession ; il s’obligea vraisemblablement à payer
leur légitime qui était assez considérable, et il avouo
aujourd'hui q u ’il les représente tous à l’exception do
la dame Gros.
�33
( n )
En 1 7 7 7 , il était échu un terme de 1,000 fr. sur
le traité de 1 7 7 3 ; et le sieur Roland, aussitôt qu’il fut
héritier, n’avait pas manqué, à ce qu’il paraît, de
prendre connaissance de cel acte. Car non-seulement
il demanda à Varagne le terme échu , mais il l’en
gagea même à avancer le terme suivant, pressé sans
doute d’acquitter les légitimes.
En effet on voit par quittance du 27 juillet 1 7 7 8 ,
que le sieur Pierre-Israël Roland , avocat en parle
ment , reçut d’Antoine Varagne 2,000 francs, savoir
1,000 fr. pour le terme échu à la Toussaint de 1777»
et 1,000 f r . par anticipation pour le terme a échoir
à la Toussaint de 17 8 8 , porté au traité passé devant
Le notaire soussigné, entre son tuteur, les conseillers à
la tutelle et ledit Varagne.
Dira-t-on que c’était Varagne qui s’empressait d’a
voir une ratification d’un majeur; mais elle 11’est pas
la seule ?
Quatre ans après, et lorsque le sieur Roland eut eu
le loisir de méditer l’actif et le passif de la succession
de son père, le surplus des 12,000 fr. était échu et
Varagne paya par quittance du 1 1 juin 17 8 2 , au d it
sieur R o la n d , avocat, la somme de 4,000 fr a n c s pour
tout reste et fin a l paiement du p r ix de la vente et
délaissement du domaine de Fleurac ayant appartenu
a u x auteurs d u d it sieur R o la n d , et délaissé audit
Varagne par traité reçu par le notaire soussigné, de
laquelle dite somme de 4,000 fr. ensemble d u p r ix
entier de ladite vente , ledit sieur R o la n d a promis le
fa ir e tenir quitte envers et contre tous.
�C 12 )
Antoine Varagne mourut, après avoir ainsi liquidé
sa fortune; il laissait sa veuve tutrice; et l’un de ses
fils, ayant clé marié , laissait aussi une veuve tutrice,
le sieur Roland trouvait là une bien belle occasion
pour marcher sur les traces de son père, et repren
dre ce qui ne lui appartenait plus. T.a crainte de trouver
de l'obslacle en son nom seul lui fit emprunter le
nom de ses frères et sœurs pour former sa demande,
et cacher soigneusement la qualité d’héritier universel)
dont il,avait cependant usé en prenant tout.le> prix
de la vente.
En conséquence, par requête du 2 5 février 17 8 8 ,
il fut formé demande devant le juge de Salers, en
nullité du traité de 17 7 3 , et désistement, à la requête
des sieurs Pierre-Israël Roland , avo cat/Jean -M arie
Roland , curé de Salers , Guy Roland , prêtre communalisle, Louis-Isiaël Roland, prêtre, et ToinelteGabrielle Roland , contre Catherine Lapeyre , en
q u a l i t é de tutrice des enfans d’Antoine Varagne père
son mari, Marguerite Chaumeil, aussi tutrice des enfans d’Antoine Varagne fils son mari, et Jean V a
ragne lils.
••
. Les Varagne qui ne voulaient pas plaidera Salers,
se laissèrent condamner par défaut le 10 juin 17 8 8 ,
et interjetèrent appel en la sénéchaussée d’Auvergre.
La cause fut appointée au conseil, et le sieur R o
land comprenant assez que sou système .d’envahisse
ment n’y ferait pas fortune , voulut se rendre un
peu moins défavorable. 11 reconnut qu’il avail mal
�( 13 )
à propos demandé le désistement total , et que Se
bastien Varagne aurait eu droit de rentrer dans le
domaine; en conséquence il se départit de sa demande _
pour un tiers. A l’égard des deux autres, il soutint
que son tuteur avait été trompé, et qu’après le traité
de février 1 7 7 3 , e lle s sentences de 1768 et 1 7 7 2 ,
Marianne et Antoine Varagne avaient perdu toute
p r o p r i é t é , de sorte que le traité de novembre 17 7 3
contenait une aliénation de biens de mineurs contre
laquelle .ces frères et lui pouvaient réclamer pendant
trente ans.
Mais les tutrices Varagne, pourrepousserces moyens,
firent des recherches dans les études de notaires , et
trouvèrent les quittances de 1778 et 178 2 , le testa
ment du sieur Roland père, et l’élection de 1777.
Ces pièces, jointes aux circonstances de l’acte do
1 7 7 3 , étaient si décisives que la sénéchaussée d’A u
vergne, par sentence rendue au rapport d e M .r Bidon,
le 3 septembre 17 9 0 , n’hésita pas à infirmer celle par
défaut de Snlers , et à débouter les sieurs Roland de
leur demande.
A leur tour les sieurs Roland ont interjeté appel
de celle sentence au parlement de Paris; ce n’est
qu’en l’an 10 qu’ils en ont repris les poursuites deVanl la Cour. 11 ne reste plus qu’à rendre compte
des moyens respectifs et à répondre à ceux proposés
pur les appelans dans leurs écritures et leur mémoire.
�( i4 )
MOYENS
.
L e système des appelons est, comme on le prévoit
sans peine , fondé tout entier sur l ’état des choses
subsistant avant la transaction de 17785 alors disentils aux Varagne , votre expropriation était légalement
consommée , vous deviez une rente foncière que vous
ne payez pas, ainsi il y avait lieu à résolution ; vous
avez déguerpi les biens, et vous le pouviez, quoique
mineurs , avec le décret du juge. Ainsi rien n’était
plus légitime que les sentences de 1 7 5 3 , 1756 jet
17 6 8 ; d’ailleurs c'était chose jugée h cause de la pé
remption prononcée en 17 7 2 contre Antoine Varagne,
et quant à Marianne elle avait tout approuvé par un
traité contre lequel il n’y avait pas lieu à retrait, dès
qu’il ne s’agissait que de résolution5 ni à subrogation
légale, puisque ce traité acquérait au sieur Roland
rem sibi necessarîam.
Si donc, disent les adversaires, nous étions proprié
taires incommulables en 1 7 7 3 , notre tuleur n’a pu
aliéner notre propriété sans formes et sans nécessité.
Nous nous sommes pourvus dans le lems, et les quit
tances du prix ne sont pas une approbation.
Quoique cet ordre de moyens soit une inversion de
questions, et que naturellement la première chose à
examiner dût être la fin de non recevoir , cependant
les intimés suivront cette série des moyens présentés
parles adversaires, puisque leur but est d’y répondre.
Ils examineront donc i.° si le sieur Roland avait re-
�2T
( i5 )
couvré la propriété du domaine de Fleurac, lorsqu’il
s’en empara en 17 5 3 ; 2.0 si au cas qu’il ne fut pas alors
propriétaire, il Test devenu par les sentences de 1 7 5 3 ,
1 7 5 6 , 1768 et 17 7 3 , et si elles étaient chose jugée
en 1 7 7 3 , tant contre Antoine que contre Marie V aragne; 3 .° si la transaction du 3 o octobre 17 7 3 était
une aliénation des biens des mineurs Roland; 4.0 si,
en ce c as, les adversaires se sont pourvus en tems utile;
5.° enfin si les quittances de 1778 et 178 2 produisent
une fin de non recevoir.
P r e m i è r e
q u e s t i o n
.
L e sieur R o/and pere avait-il recouvré la propriété
du domaine de Fleurac, lorsqu’il s’en empara en 17 5 3 ?
L e sieur Roland avait vendu ce domaine en 17 4 7 ;
ainsi sans difficulté Geraud Varagne en était proprié
taire à son décès en 1762.
Mais quelle était la nature de cet acte de 1747 ?car
de cet examen préaUible dépend la discussion relative
aux moyens proposés de déguerpissement et de réso
lution.
Souvenons-nous qu’en 1747 le sieur Roland avait
vendu un domaine moyennant 12,000 fr ., pour laquelle
somme l’acquéreur avait constitué une rente de 5oo fr.
Ainsi d’après les principes cet te rente n’était pas pure
ment foncière; c’était une simple rente constituée,
assise sur un immeuble avec privilège spécial.
�( 16 )
Par conséquent le bailleur n’avait pas retenu le do
maine direcl ;dèslors c’était une aliénation pure et simple
de sa part, ce qui changeait totalement le droit qu’il
s’est arrogé de s’emparer du'fonds, comme s’il 11’eût
délaissé que la propriété utile.
Cette différence à faire entre les ventes à charge de
rente constituée, ouïes baux à rente foncière, nous
est enseignée par les auteurs du nouveau Denizart au
mot arrérages: «-Unhéritage, disent-ils,peut être vendu
« moyennant une rente de telle somme, ou bien le prix
« de l’héritage peut être fixé d’abord à telle somme,
« et ensuite les parties convenir par le même acte que
« la somme formera le capital d’une rente constituée
« entre les mains de l’acquéreur. Dans le premier cas
« nuldouteque la rentenesoit foncière ; mais au second,
« la rente renferme une véritable constitution de rente
k à prix d’argent >3.
Sans doute cette opinion ne sera pas taxée d’innovalion; car on la retrouve dans Loyseau en son traité du
f
déguerpissement. «Toutefois,dit-il, en toutes ces renies
«• foncières, il y a une signalée précaution; et une re*• marque de grande importance , c’est quesi le contrat
« est fait en forme de vente , auquel le prix soit parti—
« cularisé et spécifié, pour lequel prix soit constitué
<r rente à lü suite du même contrat, alors, à bien en
te tendre, telle rente ne doit pas être estimée foncière,
« mais simple renteconstituée. (f. i. ch. 5 . n.° 14 e ! 17).
lie même principe est enseigné par Basnage sur l'ar
ticle 5^5 de Normandie, par I^othier au traité du contrat
�( i7 )
irat cîe consliluiion de rente, n.° 1 3 3 , par divers arrêts
de cassa lion de Fan 9 et l’an 1 1 , et par un arrêt de
la Cour de l’an i 3.
Cela posé, on ne voit plus où s’appuient les deux
moyens des adversaires, fondés sui\ ce que les enfans
Varagne avaient pu déguerpir le domaine, pour ne pas
payer la renie, et sur ce que, n e payant pas la rente,
la résolution était de plein droit après trois ans.
L e premier moyen ne semblait pas trop raisonnable,
parce que dans les faits ci-dessus rapportés, on ne voit
rien qui ail beaucoup d’analogie avec un déguerpisse
ment. Mais les adversaires prétendent que le simple
iait d’abandon du domaine équivaut dans l’espèce à
un déguerpissement , par la raison, disent-ils, que d'a
près L o y se a u , les mineurs peuvent aussi déguerpir
pourvu qu’il intervienne décret du juge pour le leur
permettre, après un avis de parens. Or, ajoutent-ils,
celle autorisation judiciaire se trouve dans la délibé
ration des parens qui avaient autorisé les mineurs à
abandonner le domaine et même à r é p u d i e r la suc
cession.
Erreur dans le fait et dans le droit.
Dans le fait ; car celte délibération n’autorisait pas
les m ineurs, mais l’émancipé seul; et loin d’être completle, on voil que les parens paternels eurent l’énergie
de s’ind igner hautement de ce qu’on méditait contre
un enfant, et que les parens maternels accédèrent seuls
à ce qui élait demandé.
Dans le droil ; car ce n’est pas celte délibération
C
�qui aurait produit un déguerpissement, elle y auto
risait seulement Témancipé, et cependant il s’en est
tenu h cette démarche, déjà même le sieur Roland
s’élait emparé du domaine; et quand il sollicitait une
répudiation, il est clair qu’il exigeait deux choses con
tradictoires, parce qu’ un déguerpissement était une
adition d’hérédité.
Un déguerpissement n’est pas un acte tellement sans
conséquence qu’il puisse avoir lieu par accord verbal,
car il est une aliénation, et non n udis pactis do min ici
trans/eruntur.
D ’abord il n’est pas très-cerlain qu’un tel acte soit
permis à des tuteurs, même avec le décret du ju ge;
la loi s’y oppose formellement; prœ dia vendu, v e l
i p s i s ca r b r e perm itti non dcbet , et si pcrm issuni s it ,
nulla est vend ¿tco, nullum que decretum. (L . si æs. fï.
de reb. eor. etc.)
Cependant admettons qu’ un tuteur puisse déguerpir
avec le décret du ju g e ; au moins faut-il, quand le
décret est intervenu , qu’il y ait un déguerpissement
formel.
Loyseau , invoqué par les adversaires, dit que le
déguerpissement doit être fait en ju gem en t, et pour
qu’on ne confonde pas celte expression, il ajoute,
cest-a-dire en L'audience de ju s t ic e , les p la id s tenant ;
a car, continue cet auteur, le respect ,1 a majesté du
« lieu où la justice est exercée, la présence des rna« gislrats, la fréquence des assislans donne à cet acte
« plus d'uutorité, parce que le déguerpissement est
«• un acte d'importance. ( Liv. 5.)
�( T9 )
Si donc il y avait cil lieu à déguerpissement, les
adversaires ne pourraient en invoquer aucun , car il
n’y en a d’aucune espèce. Mais ce n’élait pas le cas
dès que la renie n’élait pas foncière. Car, comme dit
Chopin sur l'art. 109 de la coutume de Paris, « en
« rente raclietable sous un principal exprim é, n’y a
« lieu à déguerpissement, cutn sit poliàs emptor, quàm
« conductor prelil vectigaiis ».
Opposera-t-on qne ces principes sont en faveur du
bailleur et non contre lui : mais dès que le déguer
pissement est une aliénation, il faut que le contrat
soit bilatéral ou synallagmatique, et jamais il ne sera
possible de penser que des mineurs sur-tout aient fait
un déguerpissement valable, sans aucun a c te , même
hors jugement, et par le seul fait de leur dépossession.
Quant à la résolution, faute de paiement par trois
ans, elle n’avait pas lieu en rente constituée; mais
ce serait devancer les adversaires que d’examiner
ici celte question, car ils ont élé forcés de recon
naître qu e, d’après leur propre système, il n’y avait
pas lieu ¡1 résolution quand leur père s’empara du
domaine en i y 5 3 , parce que la sentence du i . ermars
de ladite année ne portait condamnation que d’ uu
demi-terme de la rente de 5 oo francs, échu encore
depuis la mort de Géraud Varagne.
Ainsi, sur celle première question , il est constant
que sous aucun poinl de vue , le sieur Roland n’é
tait propriétaire du domaine de Flenrac lorsqu’il s’en
empara, et le donna à ferme le a 5 avril 1753.
G a
�L e sieur R o la n d est-il devenu propriétaire du do
maine de Fleurac par Les sentences de 1 7 5 3 , 1 7 56 ,
1768 et 17 7 2 ?
' Ces sentences étaient-elles passées en force de chose
jugée en 17 7 3 , tant contre Antoine Varagne que
contre M arianne sa sœur?
L a senlence de 17 5 3 ne signifie rien pour la pro
priété, cela est convenu; elle n’était qu’un achemi
nement aux autres, et eût été elle-même irrégulière,
puisque le sieur Roland a dit Géraud Varagne mort
en novembre 1 7 5 2 , et que depuis celle époque jus
qu’après les trois mois et quarante jours il n’avait pas
d’action, d'après l'ordonnance de 1667 , renouvelée
•par le Code civil.
En 17 5 6 , il y eut deux sentences, mais la première
ne parle que de bail à rabais et non de propriété 5
c’est la seconde seulement, du 29 septembre, qui pro
nonce la résolution de l’acte de 1747On ne peut pas douter que le juge n’ait été sur
pris lors de celle sentence , puisque l’exposé de la
requête, sur laquelle elle est rendue, suppose que le
sieur Roland n’était pas encore en possession du do
maine de Fleurac. Il demandait ju squ es-là les arré
rages de la renie de 5 oo f r . e t certes c’élait abuser
étrangement du silence forcé des mineurs Varagne ;
car s’il eût confessé au juge, que depuis plus de trois
�( 21 )
ans il percevait les fruits du domaine, sur lequel la
dite rente était assise, le juge au lieu de lui adjuger
sa demande, l'aurait éconduit, quoique par défaut.
Cette sentence, il est vrai, quelque mauvaise qu’elle
lût, disposait de la propriété du domaine; mais elle
était susceptible d’appel pendant trente ans d après la
jurisprudence; et dès-lors en 1 7 7 3 , elle pouvait etre
attaquée.
Ce n’est pas ainsi, à la vérité, que les adversaires le
supposent. Ils soutiennent, au contraire, qu’il y avait
chose jugée en 1 7 7 3 , et que tout espoir de retour était
ôté contre la procédure précédente, sauf néanmoins
les droits de Sébastien Varagne qu’ils reconnaissent
entiers. A l’égard des deux autres, ils séparent Antoine
Varagne de Marianne sa sœur.
Antoine Varagne, d iren t-ils, avait bien interjeté
appel de la sentence de 1768,* mais cet appel avait
été déclaré péri, et la péremption emportait le bien
jugé de cette sentence, et dès-lors de celle du 29
septembre 1766.
Mais les sieurs Roland confondent aujourd’hui ces
sentences, qui avaient un objet très-distinct en 1772.
L a sentence de 1768 n’avait pas pour objet de
faire déclarer les précédentes exécutoires contre les
Varagne , puisqu’elles étaient rendues contre eux-mêmes ; si le mot y fut employé ce n’était que par un
vice de style; car le but très-clair de la demande était
d’obtenir le paiement de 1,246 fr. prix apparent du
�.
bail y rabais, dont le S.r Roland n'avait pas encore obtenu
de condamnations. On voit en effet parla lecture de la
sentence de 17 6 8 , qu’elle ne porte que des condamna
tions pécuniaires, et ne dit pas un mot de la résolutiou.
L a sentence de 17 7 2 prononce la péremption de
l’appel de celle de 1768, et est encore plus étrangère que
toutes les autres à la propriété du domaine de Fleurac;
car, quand la péremption serait irrévocable, l’effet de
la sentence de 1768 ne s’étendrait pas au -d elà des
condamnations qu’elle prononce.
Ainsi, quand les sentences de 1768 et 1772 auraient
passé eu force de chose jugée en 1 7 7 3 , au moins la
sentence du 29 septembre 17 5 6 , la seule qui pronon
çât la résolution de la vente de 17 4 7 , était-elle évidem
ment susceptible d’appel en 17 7 3 .
Mais si, par impossible, la Cour pouvait considérer
d a n s la sentence de 1768 , une résolution que cettesentence ne prononce pas , comme alors celle de 17 7 2 au
rait une plus grande influence, c’est alors le eus d’exa
miner la validité de l'exploit de 1 7 7 1 , sur lequel cettô
sentence a été surprise.
, Il est démontré que la copie de cet exploit a été souf
flée. La lecture de l’original le prouve. Et en vain les
adversaires ont-ils ouvert une longue discussion sur des
mots écrits 011 ajoutés , on voit clairement que leur
père , ou le rédacteur de l’exploit a eu deux pensées
lu n e après l’autre, et que la deuxieme a corrigé la
première 5 mais ce n'est là disputer que sur le genre
d’iniidélité; car les adversaires sonl obligés d avouer qu’il
�( 23 )
y en a une. L ’huissier au moins n’a pas porté la copie ;
l ’assigné, qui ne l’a pas reçue, soutient l’exploit nul, et il
l’est sans difficulté. Si donc il n’y avait pas de demande
en péremption, il n’y avait pas de péremption; alors
l’appel était recevable en 17 7 3. Toute la laveur eut été
pour cet appel, et toute la défaveur pour.une péremp
tion extorquée par un faux évident.
Du chef de Marianne Varagne, Antoine eût été, disentils, moins reccvable encore, puisqu’elle avait tout ap
prouvé parle traité du 16 février 17 7 3 , ainsi personne
ne pouvait réclamer pour elle.
! Pourquoi donc ses frères n’auraient-ils pas eu d’action
en subrogation légale , si Marianne avait cédé un droit
litigieux et universel ? Cette prétention paraît choquer
les adversaires; mais c’est qu’ils partent toujours de cet te
idée fausse, que leur père avait conservé la propriété
directe du domaine, et alors ils se croient dans l ’e x ceplion de la loi eœcepUs cessionibus quas is qui, possidet pro tuilioae suâ accipit.
Cela est très-bien quand , avec un titre légitime pour
une partie , on possède tout, et q u e , pour confirmer sa
possession , on achelte rem necessariam.
Mais quand on n’a que la portion d’un cohéritier par
usurpation, il est clair qu’on ne cherche pas ¿1 y rester
pour éviter un procès; mais qu’on1 se prépare à en sou
tenir un contre les cohéritiers.
Suivant le système des adversaires, et en interprétant
judaïquemenl l’exception de la loi, rien ne serait plus
�i 1
( 24 )
facile que de l’éluder. L ’acquéreur d’un droit de copro
priété ou d’ un droit successif se mettrait d’avance en
possession d’ un objet, et ensuite il en serait quitte pour
dire qu’il est dans l’exception de la loi, parce que
p o ssiden s, pro tuitione accepit.
■ Pourquoi encore les frères de Marianne Varagne
n ’auraient-ils pas eu une action en retrait; car s’il est
certain que le domaine de Fleurac a resté dans la famille
V a r a g n e i l est clair que Marianne Varagne était pro
priétaire d’une portion , par la règle le mort saisit le v if%
Mais, disent-ils, un retrait n’a lieu qu’en matière de
vente ou d’acte équipolent à vente.
L ’objection même les condamne; car dès que l’acte
de 1747 était une vente, Marianne Varagne, propriétaire,
n ’a pu s’en départir que par unacteéquipolent à vente.
En vain oppose-t-on qu’elle a cédé son droit par une
transaction. Une transaction n’est qu’ un acte indéfini
qui admet toutes les espèces de conventions, et qui
dèslors retient elle-même le nom le plus analogue à
son objet principal. Ainsi quand , par l’effet d’une
transaction , rimmeuble d’ un contractant passe h un
autre, l’acte est toujours une vente, puisqu’ il en a les
caractères; car la qualité des actes 11e doit pas se juger
par les noms qu’on leur donne, mais parleur substance.
Si Marianne Varagne n’avait eu que J u s a d rem , il
est possible que la transaction ne fût pas considérée
comme une vente, dès qu’elle n’aurait cédé qu’ une
simple prétention litigieuse ; mais il est clair qu’elle
avait j u s in re, et qu’élant propriétaire au décès do
son
�?
4
..
( 25 )
son père, aucun acte ne lui avait ôté celle propriété.
Son abandon était donc une vente pure et simple.
Or, sans se jeter dans un long examen sur les cas
ou le retrait était admissible , les adversaires ne nie
ront pas qu’en vente d’immeubles il ne fût admissible
au profit d’ un frère.
Ils ne n ie r o n t pas encore qu’il n’eût été même ad
missible quand Marianne n’aurait abandonné que j u s
a d rem - car il est de principe enseigné par Potliier
d’après Dumoulin, Duplessis et autres auteurs, que la
vente d ’un, droit réputé pour héritage suffit pour
donner ouverture au retrait.
* L e même auteur dit plus clairement à la page pré
cédente , que la créance qu’on a pour se faire livrer
un héritage, est sujette à retrait si elle est cédée: et
cette doctrine n’ est qu’une conséquence du principe
que actio, quœ tendit a d a liq u id im m obile , est in imobilis.
Dans la circonstance sur-tout, et après la conduite
du sieur Roland père , lorsqu’il venait d’y mettre la
dernière main en ôtant le patrimoine d’une jeune fille
sous prétexte des dangers d’ un procès, il n’est pas
de tribunal qui eût refusé d’admettre un retrait qu’au
rait exercé Antoine ou Sébastien Varagne ; parce que
c’était la voie la plus légitime pour tout rétablir en
son premier état, et qu’il .ne s’agissait que d’arrêter
une usurpation.
Mais, objectent encore les adversaires, qu’aurait pu
faire Antoine Varagne, tant pour lui que pour sa
D
>
�( 26 )
sœur, quand il aurait pu exercer les droits dé l ’un
et de l'autre, et interjeter appel de la sentence de
17 6 6 ? cet appel aurait été non recevable au fonds,
parce qu’une résolution prononcée est inattaquable.
Sans doute, une résolution ¿égale est inattaquable,
et il était inutile de rappeler tout ce que dit sur celte
question M.r Chabrol : car ce n’est pas le principe que
contesteront les Varagne , mais bien l’application, qui
est véritablement choquante sous toutes les faces.
D ’abord M.r Chabrol parle des renies foncières j et
ici il ne s’agit que de rente constituée.
11 aurait fallu cinq ans d’arrérages dans ce dernier
cas; il eût fallu trois ans, si c’eût été une rente fon
cière. Or , ici il n’y avait que six mois d’arrérages.
Pour que la résolution soit légale , il faut que la
sentence, qui condamne au paiement, porte un délai,
sinon la demeure peut toujours être purgée. L a sen
tence de 1756 n’en portait aucun.
Ce n’est qu’après la sentence et le délai que le
bailleur peut se mettre en possession; ici, le vendeur
usurpait depuis trois ans. L e motif de résolution em
ployé par le sieur Roland élaiL même mal-honnele:
loin d’y parler d’un-abandon inutile fait par des pu
pilles chassés du domaine, il prenait pour prétexte le
défaut de paiement des arrérages. Il trompait donc
la justice, car il demandait ces arrérages, et cepen
dant il jouissait : il avait ôté par son propre fait aux
mineurs Varagne toute possibilité de les payer.
�( 27 )'
t r o i s i è m e
q u e s t i o n
L a transaction du 3 o octobre 1 7 7 3
.
é ta it-e lle une
aliénation cles biens des mineurs Iio la rid ?
L
citations des adversaires, pour montrer qu ’on
ne peut vendre sans formalités le bien des mineurs ,
es
11e sont pas plus applicables, que n’est fondé le re
proche fait à la sénéchaussée d’Auvergne de les avoir
méconnues.
I l est très-vrai que le tuteur ne peut de gré à gré
et sans nécessité vendre les immeubles de ses mineurs.
Mais ic i, ce que cédait le tuteur n’était pas un i m
meuble de ses mineurs; et il y avait nécessité.
Ce n’était pas un immeuble des mineurs Roland,
puisque leur père l’avait vendu ; que l’acte de 174 7
n’étant pas un bail à rente, il s’ était départi de la
propriété utile et directe , puisqu’enfin il n’y avait
eu ni pu y avoir de résolution valable.
Il y avait nécessité, puisque les pa rties allaient en
trer en procès, et que ce procès ne pouvait pas etre
d’ une solution difficile.
Car des mineurs dont un seul avait trente-cinq ans,
se plaignant d’un mode d’usurpation qui eût crié ven
geance, n'avaient pas à craindre une résistance bien
sérieuse.
Quand le faux de l’exploit de 1 7 7 1 n’eût pas fait
tomber la péremption, elle ne se fût rapportée qu’à
lu sentence de 17 6 8 , et le pis-aller eût été de payer
D 2
�( 2 8 }
mal à propos 1,246 fr., si les liériliers Roland avaient
établi avoir employé celte somme. Mais de sa part,
Antoine Varagne aurait eu à répéter les jouissances
de vingt-un ans à dire d’experts.
O r , les adversaires ont prétendu que le domaine
valait 3 o,ooo fr. ; et en ne fixant les fruits qu’à 1,000 fr.
par an, ils eussent été débiteurs de 2-1,000 fr.
A . la vérité, il eût; fallu déduire moitié pour la
rente de 5 oo fr. plus les 283 fr. de la sentence do
1 7 5 3 , et si on veut les 1,246 francs; mais, comme
on v o it, les mineurs Roland auraient toujours été re
liquat aires de 9,000 fr.
Ils avaient donc plus d’intérêt à traiter que Varagne,
puisqu’ils obtenaient le sacrifice de cette somme, au
lieu de faire eux-mêmes celui des réparations, comme
ils essayent de le persuader. . . • • j
Leur tuteur avait sans difficulté le droit de transiger,
puisqu’il ne s’agissait que de terminer un procès. En
vain dirait-on que ce procès n’était pas commencé;
car il est de principe que trcuisactio f i t de Lite m otâ,
aut niovendâ.
I/exposé de la transaction prouve les difficultés qui
allaient naître : au lieu d’assigner et de plaider, 011
transigea.
Si quelque chose devait ajouter à la faveur due à
un acte aussi respectable qu’ une transaction, ce serait
de connaître les personnes qui composaient le conseil
de famille et qui en ont été les auteurs. Car que
Maigue, tuteur, fût ou non un chapelier et unhoinmo
�J*
( 29 )
peu intelligent,¡’acte n’était pas purement de son fait,
il était le résullat des réflexions d’une famille distin
guée, à laquelle les adversaires devaient plutôt d elà
reconnaissance que des reproches ; reproches d’ailleurs
d’autant plus aisés à multiplier, que les intimés n’ont
aucun intérêt d’en vérifier la sincérité.
QUATRIEME QUESTION.
5
L e s appelans se sont-ils pourvus en tems utile contre
la transaction de 1 7 7 3 ?
O ui, disent-ils, par deux motifs ; le premier c’est
qu’elle n’a été passée que par notre tuteur; le second
c’est que vous avez retenu les pièces, et que le délai
pour nous pourvoir ne court que de leur remise.
L a réponse à ce premier motif pourrait être ren
voyée à la queslion suivante, parce qu’au moins les
quittances de 1778 et 178 2 ne sont pas du fait du
tuteur; mais pour suivre exactement les moyens des
adversaires, il suffit quant à présent de leur rappeler
ces quittances.
,
Il est aisé de voir le but de la distinction à faire entre
les actes des mineurs, et ceux de leur tuteur.
Souvent il serait injuste de les déclarer non recevables
après 10 ans, à l’égard de ces derniers actes, parce que
peut-être ils en auraient ignoré l’existence; et la pres
cription n’est qu’une peine imposée par la loi à celui
qui néglige d’agir.
Mais toutes les lois qu’il est certain que le mineur a
�H,
( ,3 ° }
connu Facle , toutes les ibis sur-ion ( qu’il l’a adopté,
c ’est alors que le fait du tuteur étant le sien, le mi
neur a à s’imputer de ne pas se pourvoir.
Or, par cela seul que le sieur Israël Roland, héri
tier de son père, a connu et adopié en 1778 l’acte de
1 7 7 8 , et sans examiner l’eflet de son approbation, il
a dû se pourvoir.
Comme, dès 17 7 8 , il connaissait la date de ce traité
de 1 7 7 3 , il devait savoir qu'à supposer qu’il eût droit
de l’al laquer, il ne le pouvait que jusqu’en 17 8 3 , parce
qu’il se l’était approprié; cependant il n’a formé de
mande qu'en 1788.
Alors non-seulement il y avait plus de dix ans de
puis le traité de 1 7 7 3 , mais le sieur Israël Roland avait
plus de trente-cinq ans.
L e deuxième moyen des adversaires sur celte ques
tio n annonce l’embarras d’en proposer de meilleurs.
C a r, contre quel acte devaient-ils se pourvoir?
Est-ce contre la transaction? Est-ce contre les pièces
y visées ?
Sans doule ce n’est pasconlre les sentences y énon
cées, puisqu'ils en excipent. C ’est doncconlre la transac
tion; mais ils n'articulent pas sans doule que Varagno
lait retenue.
Avec un système comme celui qu’ils hasardent , il
faudrait dire que tout traité d’après lequel 011 aura
remis des pièces à une parlie (ce qui arrive tous les
jours) sera allaquable à perpétuité; et, comme dit Du
moulin pour les choses précaires, elia n ip er m illeannos.
�( 3i )
*
D ’abord les adversaires pouvaient très-bien voir dans
la transaction , que leur père avait vendu un domaine,
et l’avait ôté ensuite à des mineurs par abus de leur
faiblesse, mais que ces mineurs l’avaient repris ; c’était
là tout le secret des pièces remises à Varagne.
Or, comme la transaction n’était pas retenue, si
les adversaires voulaient se pourvoir, rien ne les en
e m p ê c h a i t ; et alors, comme aujourd’hui, ils auraient
redemandé toutes ces pièces, qu’on ne leur cache pas.
Outre la faiblesse de ce m oyen, il n’a de prétexte
que la mauvaise foi; car les adversaires ont prétendu
que les sentences de novembre 17 56 et de 17 7 2 11’élaient pas énoncées dans le traité de 1 7 7 3 , de même
que le traité du 16 février, pour leur en cacher l’exis
tence. Cette allégation leur a même paru si impor
tante qu’ils y ont employé les pages 7 , 8 , 49, 5 o, 53
et 54 de leur mémoire.
Xi’omii-'sion supposée de la sentence de novembre
1 7 5 6 n est qu’ une misérable équivoque. L a sentence
de novembre 1766 était au moins visée et énoncée
dans celle de 1 7 6 8 , puisque les adversaires préten
dent que cette dernière renouvelait en entier celle
de 1756.
En second lieu , on voit à la fin des dires de V a
ragne ou traité, que parmi ses moyens contre la pro
cédure il disait qu’il était recevable à tenir les engagemens de son père dans La, circonstance su r-to u t
que LA S E N T E N C E QUI ORDONNE LA RÉSOLUTION D E
�LA v e n t e ri enlève celte faculté qu’après 3 o ans, etc.
O r , où est donc celle sentence, si ce n’est celle
du 2 9 novembre 17 5 6 ?
O11 n’a donc pas caché aux mineurs qu’il existait
une sentence prononçant une résolution.
Quant à la sentence de 1 7 7 2 , l’équivoque est en
core plus sensible ; on nous a caché , disent les adver
saires, qu’il y eût une senlence prononçant la péremp
tion (pag. 8 et 9).
M ais, en parlant de la sentence de 17 6 8 , on ajoute
que Varagne s’était rendu appelant, mais que la sen
tence avait passé en force de chose ju g ée comme n ayan t
pas fa it diligence sur son appel pendant trois ans con
sécutifs.
N ’est-ce donc pas se faire des moyens de tout que
de ne pas voir là le synonime d’une péremption 5 et
que les expressions ci-dessus expliquaient même mieux
le droit des mineurs: dès-lors on ne voulait pas écarter
ce qui leur aurait donné trop de lumières.
Enfin à l’égard du trailé avec Marianne Varagne,
comment les adversaires ont-ils encore osé dire qu’on
le leur avait caché.
•
La transaction porte que le sieur R o la n d , par acte
reçu Valette y notaire, le 16 février dernier, contrôlé
le 2 5 , a réglé avec M arianne V a ra gn e, sœur dudit
Antoine.
Plus loin , Antoine dit qu’à l’égard de l’ucle passé
avec
�Marianne Varagne, il était dans le cas de demander
La subrogation.
■ L ’acte est donc énoncé, visé et daté. L e règlement
avec la sœur ne peut supposer qu’ une cession de sa
part, puisque le frère veut s’y faire subroger.
Ainsi les adversaires sont obligés d en imposer à la
Cour pour se rendre favorables, et il est de la plus
grande évidence que -rien ne s’opposait à ce qu'ils ré
clamassent dans les dix ans contre le traité de 1 7 7 3 ,
s’ils croyaient y être recevables, ce qui va être enfin,
examiné.
CINQUIÈME
QUESTION.
L es quittances de 1778 et 1782 produisent-elles une,
¿fin de non recevoir contre la dem ande?
venait d’être élu héritier
universel de son père en 1 7 7 7 , lorsqu’il reçut le prix de
la venle de 17 4 7 , en vertu de la transaction de 1778.
Si l’ouverlure de la succession n ’ était pas en droit
écrit, au moins le domaine d e E le u ra c y était-il situé;
Israël Roland était donc seul maître du procès y re
latif. D ’ailleurs, en coutume comme en droit écrit,
les légataires sont les maîtres d’accepter le legs porté
parle testament; or, le sieur Roland ne s’est pas mis
en peine d’établir que ses frères et sœurs aient répudié
leur legs pour réclamer leur légitime, quoiqu’on lui
ait fait souvent celte interpellation.
P ie r r e -Isr a e l R o land
Antoine Varagne ne pouvait donc s’adresser qu’à
E
�"(<■
( 34 )
lui seul pour pa}7er, et la Cour a bien remarqué que
le sieur Israël Roland agissait aussi comme seul héritier
puisqu’il reçut la première fois tout le terme échu, et
la seconde fois la totalité aussi des quatre termes reslans.
M ais, dit le sieur Roland, forcé parla conséquence
de son propre fait , l’approbation d’un acte nul ne le
valide pas, parce que q u i confirm ât n ih il dat d’après
I) umoulin , en second lieu je serais relevé comme
mineur initio inspeclo , puisque, l’acle étant commencé
pendant ma minorité, ce que j ’ai fait en majorité n'en
est qu’ une suite.
La première objection n’est fondée que sur des prin
cipes absolument inapplicables. L e passage de Dumou
lin ne s’applique qu’aux actes radicalement nuls, et
lion à ceux simplement sujets à restitution.
Or, ce serait pour la première fois qu’on soutien
drait que la transaction faite par un tuteur, même avec
aliénation, fûl nulle d’une nullité rad icale , et ne fût
pas susceptible d’une simple ratification de la part du
mineur devenu majeur.
- Au lieu de citer la loi si sine décréta qui ne peut
s’appliquer que par argument à contrario , les adver
saires eussent dû voir la loi 10 au ff. de rebus eorum
qui sub tutela sunt sine decreto non alienandis , dont
la disposition expresse décide la difficulté dans les plus
forts termes. Car après avoir prohibé les ventes'du bien
des pupilles, failes sans décret du juge, celte loi dit
que si néanmoins le tuteur en a employé le prix dans
�jr
( 35 )
son compte, et que le mineur l’ait reçu en majorité, il
ne peut plus revendiquer l'héritage vendu. Prœ dio pup ili illicite venundato , œstimatione solutâ , vindicatio
prœ dii ex œquitate inhibetur. A quoi la glose ajoute non
tanïasperb tractandum est ju s prohibitce alienationis
prœdioruni pupilanorum , ut et solutâ œstimatione à
tutore in eniptorem pupilus sutnmo ju re experiatur.
A plus forte raison quand le mineur reçoit directe
ment le prix du débiteur lui-même , e t , comme le dit
le profond Voétius sur la même loi, le paiement, même
la demande, même encore la simple approbation du
prix après la majorité empêchent la réclamation. S i
sine decreto aliéna ta ponerentur m inoris botia , tune
cnim subsecuta post majorennitateni impletam solutio,
vcl ex a ctio , vel petitio , vcl acceptatio œ stim alionis ,
necessariatn tacitæ ratihabitionis inducit conjecturant.
Userait difficile de rien ajouter à des autorités aussi
claires, et cJest d’ailleurs un principe universellement
reconnu que l’on approuve une vente quand on eu
reçoit le prix.
D ’après cela il est inutile de peser les expressions
employées dans les quittances de 1778 et 17 8 2 , puis
qu’il ne s’agissait pas de confirmer un acte radicale
ment nul. D ’ailleurs, en lisant les quittances, on ne
peut pas douter que le sieur Roland ne connût la
transaction aussi bien que Varagne, puisqu'il savait le
montant de chaque lerrne, leur échéance, et ce qui
restait à payer. Il savait que c’était pour le domaine
de Fleurac, et il savait encore que ce domaine prove-
�(
3
6
}
naît de ses auteurs. Son consentement à recevoir le
prix d’un domaine transmis par ses auteurs à Varagne
aurait donc valu seul une vente nouvelle, car 011 y
trouve res, consensus et pretium. Ajoutons que c’était
un avocat qui traitait avec un cultivateur.
Le second moyen des adversaires est tiré du para
graphe scio q u i, comme le dit L eb ru n , a fait errer
plus de jurisconsultes que la mer n’a égaré de pilotes.
Mais cette loi a aujourd’hui un sens bien déterminé,
et n’égare que ceux qui veulent lutter contre la ju
risprudence.
L e mineur, qui a imprudemment accepté une suc
cession à la veille de sa majorité, ne renonce pas tou
jours aussitôt qu’il est majeur; et comme chaque jour en
ce cas il continue de faire acte d’héritier , la loi examine
si ces actes ne sont qu’une suite de .ce qu’il a com
mencé en minorité, et alors elle l ’en relève.
L a difficulté de distinguer la nature de ces actes
donne lieu à tous les majeurs, qui se trouvent dans
ce cas , de prétendre que ce qu’ils ont fait est une
suite de la première immixtion. Mais 011 examine tou
jours si le mineur était obligé de faire l’acte nouveau,
o u s ’ i l pouvait s’en empêcher.
' « Car, si le mineur, dit Lebrun, pouvait s'exempter
* de mettre la dernière main ¿1 l’aflaire ; en ce cas,
« après l’avoir achevée en majorité, il 11e pourra pas
« être relevé. »
- Les adversaires s’emparent d’une partie de ce pas
�sage, et disent aussitôt que la transaction était com
plète pendant leur minorité, et que Lebrun a été mal
appliqué.
Mais un peu plus loin ils eussent trouvé que L e
brun lui môme enseigne que le cas seul où le nouvel
acle ne produit pas une fin de non recevoir, est seu
lement quand ce nouvel acte a une conséquence n é
cessaire avec ce qui s’est fait en minorité , et préci
sément Lebrun prend pour exemple q u a n d ¿’a ffa ir e
a ya n t été a c c o m p l i e en m in o rité se con firm e en m a
j o r i t é p a r quelque nouvel acte.
Remarquons que pour employer ce moyen , les
adversaires s’approprient la transaction de 17 7 3 , comme
étant de leur fait par le moyen de leur tuteur, et c’est
de leur part une inconséquence qui marque assez leur
embarras.
D ’ailleurs, en quelque position qu’ils se placent, ils
ne peuvent invoquer Y in itio in sp ecto , puisque les quit
tances ne sont certes pas une suite nécessaire d’un acte
qu ils disent nul, et sur-tout d’un acle qui n’était pas
de leur propre fait.
ISec s Lient io p rœ terni itten d ci n i , dit encore Voetius sur
le même litre du digesle, alienationes illa s ,q u æ i n i t i o
in s p e c t o
nulles e ra n t, ta n q u a m contra senatuscon~
su ltu m fa c t œ , su b in d è est post ja c t o c o n firm a ri p o sse ,
prœ sertïtn s i m itior j a m
m a jo r f a c t u s a lien atio nem
ra ta m h a b u e n t , sive expresse s i v e t a c i t è .
.
. L a question cle Yinitio inspecto s’est présentée de-
�vanl la Cour dans une espèce bien plus favorable pour
lé réclamant. Un mineur ayant fait acte d'héritier
était poursuivi pour une rente ; à peine majeur (de
2 1 ans seulement) le créancier lui fit faire une rati
fication. Il se pourvut presqu’aussitôt après, et fit va^
loir son ignorance absolue des forces de la succession,ayant eu un tuteur encore comptable, et il exposa que
l’adilion d’hérédité emportait nécessairement le devoir
de payer les rentes; mais par arrêt du 4 floréal an 10 ,
la Cour proscrivit sa prétention, attendu que sa rati
fication n’était pas une suite nécessaire de l’adition
d’hérédité.
Les adversaires ne se dissimulent pas la faiblesse de
leurs moyens contre la fin de non recevoir, et en
désespoir de cause ils observent que la dame Gros ne
peut en être victime, n’ayant pas donné ces quiltances,
Déjà les Varagne ont répondu à ce moyen par le
défi d’établir qu’aucun des puînés Roland ait répudié
le legs du testament de leur père pour demander leur
légitime. Une autre réponse va se trouver dans un
arrêt de la Cour dé cassation.
En 17 9 1 , Marie Bordenave fille aînée, avait été
instituée héritière par le testament de sa mère.
Elle vendit un domaine en minorité en 1 7 9 3 , en
vertu d’autorisation; et après des oilres réelles, elle
reçut partie du prix en majorité.
Elle demanda la nullité en l’an 4 , et ses sœurs se
�( 39 )
joignirent à elle. L e tribunal de Pau avait adjugé la
demande; mais, sur l’appel, celui des Hautes-Pyrénées
avait déclaré Marie Bordenave non recevable à cause
de sa quittance, et ses sœurs aussi non recevables parce
qu’elles pouvaient réclamer leurs droits sur les autres
biens.
Sur le pourvoi des trois sœurs, la Cour de cassation
a rejeté la demande par arrêt du 4 thermidor an 9,
par ce seul motif qui embrasse tout : « Attendu que
« Marie Bordenave, héritier e universelle, a ratifié la« dite vente par la quittance qu’elle a donnée en ma« jouté, de la portion qui reslait à payer à l’époque à
« laquelle elle est devenue majeure.-»
Il semble que ce motif soit fait exprès pour la cause;
la fin de non recevoir des deux adversaires y est écrite,
sans qu’il soit besoin d’y changer un seul mot.
Les fins de non recevoir sont souvent odieuses parce
qu elles tendent à priver une partie d’user de son droit.
Mais ici, il est difficile d’en proposer une plus favorable ;
car elle n’a pas pour but de priver le sieur Roland de
ses moyens au fonds, mais bien de l’empêcher lui-même
d’opposer d’autres lins de non recevoir plus odieuses.
Ce n’est pas que tous ses arrière-moyens fussent 1res
à craindre , parce que son père , trop pressé d’usurper
n’a rien fait de bon ; mais il est toujours agréable de
vaincre un adversaire avec ses propres armes, et de
neutraliser une injuste attaque. Au reste le moyen pria-
�( 40 )
cipal de la cause n’est pas une simple fin de non re
cevoir et n’en a que le nom. Car le procès a été éteint
par une transaction; le sieur Roland en l’adoptant a
voulu aussi éteindre le procès, et a véritablement fait
une transaction nouvelle, contre laquelle il ne doit pas
être admis à se pourvoir.
M .r T I O L I E R , Rapporteur.
M.e D E L A P C H I E R . ' Avocat.
M .e T A R D I F , Licencié-Avoué.
A RIOM,
De Imprimerie du P alais, chez J . - C. S
a l l e s
.
�
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Factums Godemel
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/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
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Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Title
A name given to the resource
[Factum. Varagne, Antoine. 1806?]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Tiolier
Delapchier
Tardif
Subject
The topic of the resource
déguerpissement
ferme
bail à rentes
minorité
tutelle
droit écrit
assemblées de parents
prescription
bail
Description
An account of the resource
Titre complet : Mémoire en réponse pour Antoine Varagne, et autres, intimés ; Contre Pierre-Israel Rolland, Toinette-Gabrielle Rolland, et le sieur Gros son mari, appelans.
Table Godemel : Bail à rente : 1. la vente d’un domaine moyennant un prix déterminé pour lequel l’acquéreur constitue une rente, est-elle un bail à rente foncière qui laisse le domaine direct au vendeur, et qui, par suite, est susceptible de résolution et de déguerpissement ? Déguerpissement : 3. le preneur à vente qui, après plusieurs sentences prouvant la résolution du bail pour cause de non-paiement des arrérages, avait déguerpi les immeubles, a-t-il pu obtenir ensuite du tuteur des héritiers du possesseur actuel, sous l’apparence d’une transaction, l’abandon volontaire de ces mêmes immeubles et des droits des mineurs, moyennent un prix, sans aucune des formalités prescrites par les règlements ? Ratification : 3. en quels cas les quittances données par un mineur devenu majeur, constituent-elles approbation ou ratification de l’aliénation consentie par son tuteur ?
Publisher
An entity responsible for making the resource available
De l'imprimerie du Palais, chez J.-C Salles (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
Circa 1806
1756-1806
1716-1774 : Règne de Louis XV
1774-1789 : Règne de Louis XVI -Fin de l’Ancien Régime
1789-1799 : Révolution
1799-1804 : Consulat
1804-1814 : 1er Empire
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
40 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G1702
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G1701
BCU_Factums_G1703
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ydes (15265)
Rights
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assemblées de parents
bail
bail à rentes
Déguerpissement
droit écrit
ferme
minorité
prescription
tutelle
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29c406fe78ae2a3236c63332f8abd5a3
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MEMOIRE
POUR
P i e r r e - I s r a e l R O L L A N D , homme de lo i ,
procédant tant en son nom qu’en qualité de do
nataire contractuel de Jean -M arie G u y , L ouis
et Pierre R o l l a n d , ses frères;
ET
POUR
R O L L A N D , e t le sieu r
G R O S , son m ari, juge au tribunal de Mauriac ,
appelans ;
T o in e tte -G a b r ie lle
CONT RE
A n t o i n e V A R A G N E S et consorts
, intimés.
U n acte consenti par un tuteur, contenant aliénation
volontaire d’immeubles et autres droits du m in e u r, sans
aucune des formalités prescrites par les règlem en s, est-il
valable ? le jugement qui en a prononcé la validité p eutA
�;
'
.
'
:
( 2 ).
il se soutenir? T elle est la question principale sur laquelle
la cour a à faire droit.
*
F A I T S.
i
r
Pierre R o lla n d , père et beau-père des appelans , étoit
propriétaire d’un domaine appelé de Fleurac.
P ar acte du 18 septembre 1747 , il en consentit vente
à G érand V a ra g n e s, père et b e a u -p è re des intimés ,
moyennant la somme de 12000 francs , pour laquelle
V aragnes créa et constitua une rente annuelle, perpé
tuelle , de 5oo fran cs, et néanmoins l’achetable, franche
et quitte de toute retenue. :
« -V aragn es, acq u éreu r, m ourût en 1752 - sans avoir fait
de dispositions, laissant trois enfans m ineurs, A n to in e ,
JVlarianne, et Sébastien.
A n to in e , qui étoit déjà marié à l’époque du décès du
père , et qui étoit émancipé de droit par le m ariage, fut
p o u r v u d’un, curateur , et il fut nommé un tuteur aux
deux autres.
E n 1753 , le père des appelans fit assigner les enfans
V aragn es, savoir, l’aîné ém ancipé, et son curateur, et le
tuteur des deux autres enfans, en la ci-devant justice de
F l e u r a c ,' pour voir déclarer exécutoire contre eu x , ainsi
qu’il l’étoit contre leur p è re, le contrat de vente de 1747 ;
se vo ir en conséquence condamner à payer la somme de
25o francs pour le terme de la rente constituée, échu à
la Saint-André précédente ; comme aussi pour se voir con
damner à lui rembourser la somme de 33 fr. qu’il a voit
.été obligé de payer pour eux pour vingtièm es, avec in-
�( 3 )
térêt de ladite som m e, à com pter du jour de la demande;
vo ir dire en même temps qu’ils seroient tenus de conti
nuer à l’avenir le payement de ladite rente, jusqu’au rem
boursement du capital; et se voir condamner aux dépens.
L e I er. mars 1 7 5 3 , sentence par défaut contre les assi
gnés ; c’est-à-dire , tant contre le mineur émancipé , et
son curateur, que contre le tu teu r, adjudicative des con
clusions.
L e 24 mars 1763, procès verbal d’avis de parens, hom o
logué par le môme juge de la justice de Fleurac , qui déli
bèrent qu’il étoit de l’intérêt des mineurs d’abandonner
le domaine , autorisant même le m ineur émancipé à re
noncer à la succession de son père.
En conséquence de cette délibération, le m ineur éman
cipé et le' tuteur abandonnent le domaine ; le m ineur
émancipé renonce de plus à la succession.
L e domaine ainsi abandonné, le père des appelans prit
le parti de l’affermer1, par acte du 27 avril su ivan t, pour
quatre années.
.
11 est à remarquer que le bail fut fait en présence même
du curateur, et du m ineur émancipé qui non-seulement
ne réclama p o in t, mais encore signa l’acte.
Il est à rem arquer encore qu’à cette même é p o q u e ,
A ntoine Varagnes , m ineur émancipé , prêta au sieur
Rolland la somme de 200 fran cs, dont le sieur Rolland
lui fit un billet.
Ces deux circonstances écartent bien toute idée de vio
lence et de voie de fa it, et prouvent que le sieur Rolland
ne reprit le domaine que par suite de l’abandon volon
taire des enfans Varagnes.
A 2
�C 4 )
L e tuteur des deux enfans mineurs non émancipés étant
d é c é d é , il leur fut nommé un autre tuteur par procès
verbal d’avis de paren s, du 24 mars i j 56 , également
hom ologué par le juge.
' Cependant les bâtimens du domaine se dégradoient
entièrem ent; la grange notamment étoit tombée en ruine.
L e père des appelans présenta requête au juge des
lieux , le 3 mai i j 56 , dans laquelle il exposa , qu’ après
la m ort de V aragnes p è r e, tous ses enfans avaient dé
serté le dom a in e, et laissé le tout en très-m auvais état ;
qu A n to in e Varasp.es a în é , et son cu ra teu r, avaient
même renoncé à la succession j q u i! avoit été f o r c é de
préposer gens pour la culture du d o m a in e, e t d ’en payer
les charges , afin d'éviter le dépérissement de tout ; que
le nouveau tuteur nom m é a u x enfans m ineurs non
ém ancipés ne prenoit non plus aucun soin pour jo u ir
du dom aine ; que dans ces circo n sta n ces, et dans la
nécessité pressante de réparer la grange , il étoit fo r c é de
recourir ¿1 la justice • en conséquence, il demanda per
m ission de fa ir e assigner le m ineur ém a n cip é, son cu
r a teu r , et le nouveau tuteur des autres m in eu rs, à ta
prem ière audience p rovisoire, pour être autorisé ¿1f a i r e
visiter les lieu x , tï fa ir e constater V é ta t de la grange,
et procéder ensuite au b a il <7 rabais des réparations
q u isero ien t jugées nécessaires; et, a u x délais ordinaires,
pour voir dire que la vente sei'oit résilice , et q u ’il serait
autorisé ti reprendre la propriété dudit domaine.
Ordonnance du juge, portant permission d’assigner;
citation.
Jugem ent par défaut sur le provisoire, du 5 mai 176 6,
�(5)
qui autorise fa illie s réparations par bail à rabais jlesdi tes
répara tions préalablement constatées parexperts-ouvriers.
Signification clu jugem ent; nomination d’un expert de
la part du père des appelans, et nomination d’un expert
d’oilice pour les défaillans ; rapport contenant devis esti
m atif; hom ologation dudit rapport; affiches pour procé
der au bail à rabais, et citation aux mineurs pour y être
présens ; sentence de remise ; et enfin bail judiciaire à
rabais, du I e r . ju in , à la somme de 1246 francs, et
signification aux mineurs dudit bail judiciaire. Cette
somme a été acquittée par le père des appelans.
L e 29 septembre de la même année 1 7 5 6 , sentence
également par défaut sur le fo n d , qui ordonne que la
vente demeurera résolue, perm et à Rolland père de
rentrer dans la pleine propriété dudit domaine , con
damne les mineurs au payement des arrérages de la rente
jusqu’a lo rs, au remboursement de la somme de 33 francs
pour les vingtièm es, conform ém ent à la sentence de 17 5 3 ,
au payement de la somme de 108 livres 5 sous, pour les
depens taxés par la sentence de bail à rabais, et en tous
les autres dépens.
Varagnes aîné est devenu m ajeur en 1761.
E n 1767 , R olland p è re, par surabondance de précau
tion , fit assigner ledit Varagnes au bailliage de Salers,
pour voir déclarer exécutoires les sentences des i er.
mars 1763 et 29 septembre 1756. Il fit aussi assigner
aux mêmes fins le tuteur des enfans mineurs.
Sentence par d éfau t, du 20 février 1768 , tant contre
Varagnes m ajeur, que contre le tuteur des enfans m ineurs,
qui déclare les précédentes sentences exécutoires.
�( <\)
Varagnes aîné interjeta seul appel : mais il ne fil aucunes
diligences pour faire statuer sur cet appel \ il se borna à
une simple constitution de procureur.
Faute de diligences, le père des appelans demanda, par
exploit signifié à dom icile, la pérem ption. L e 28 août 1772,
il o b tin t, en la ci-devant sénéchaussée de JRiom , sentence
par défaut, qui déclara l’appel périm é.
M arianne Varagnes , sœur d’Antoine , et coliéritièi’e
comme l u i , étoit cependant parvenue à sa majorité.
L e 16 février 1773 , elle passa un acte par lequel elle
déclara qu’après avoir pris connoissance de la sentence
qui prononçoit le résiliment de la vente et de tout ce qui
avoit précédé et s u iv i, elle y acquiesçoit, et consentoit
que le tout sortît son plein et entier effet ; ce qui fut accepté
par le père des appelans , le q u e l, de son côté , fit remise
de la portion des condamnations qui la concernoit.
L e père des appelans m ourut le 31 juillet de la même
année , laissant plusieurs enfans tous en m inorité. T rois
joui’s avant son décès, il avoit fait un testament par lequel
i l avoit institué pour son héritier général et universel,
^
de ses enfans qui seroit choisi par cinq des plus p ro
ches parens. Il est à observer que ce testament ne valoit
que pour le qu«îrt, les biens étant situés et le testateur
dom icilié en pays de coutume.
A p rès son décès, il fut nommé aux mineurs Rolland
un tuteur et des conseillers de tutelle.
Ici commence un autre ordre de choses. Varagnes aîné
pensa qu’il pouvoit tirer avantage de la circonstance pour
Celui
•
rentrer dans la propriété du domaine ; que le tuteur seroit
de meilleure composition.
�(7 )
Dans cette v u e , il commença par se faire céder par
Sébastien, son frè re , par acte du 24 octobi-e 1 7 7 3 , tous
ses droits.
• L e 30 du môme m o is, six jours après la cession, il est
passé entre le tuteur et les conseillers de tu telle, d’une
part , et Varagnes d’a u tre , un acte auquel on donne la
forme d’ une transaction.
Dans cet acte on rappelle d’abord en substance la pro
cédure qui avoit été tenue, la sentence de 1 7 5 3 , la sen
tence de 1766, le bail à rabais; mais il y avoit deux sen
tences de 175 6 , l’une qui adjugeoit le bail à rabais, l’autre
qui prononçoit le résiliment : on n’énonce en aucune ma
nière la dernière. V o ici les propres expressions : Que dès
Vannée 1766 , ledit R olland a f a i t procéder au b a il à
rabais des reparutions à f a i r e au domaine de F le u ra c,
et dont Vadjudication a été f a i t e au nom m é P o m e jr o l ,
fe r m ie r , et duquel dom aine on est encore en possession.
N ulle m ention, comme on v o it, de la seconde sentence
de 17 5 6 , qui prononçoit le résilim ent’
Il est dit après , que le 27 décembre 1767 , ledit f e u
R olla n d a dem andé, tant la co n frm atio n de ladite sen
tence que les fr a is et dépens ¿1lu i adjugés, ensemble le mon
tant du bail à rabais, et obtenu sentence au bailliage de
cette ville, le 20 fé v r ie r 176 8 , de laquelle, ledit Varagnes
seroit rendu appelant , et la sentence passée en fo r c e
de chose ju g ée, com m e ledit Varagnes n ’ayant pas suivi
n i f a i t diligence su r son appel pendant trois ans con
sécutifs.
CTétoit là le cas de rappeler la sentence de 17 7 2 , qui
avoit déclaré l ’appel péri et périm é. O n devoit d’autant
�plus la rap p eler, que la cessation seule des poursuites ,
dans le ressort du ci-devant parlement de Paris , n’établissoit pas la péremption ; qu’il falloit qu’elle fût demandée
et prononcée : on n’en dit pas un mot. O n vouloit écarter
tout ce qui auroit pu donner trop de lum ières aux mineurs.
On se contente de dire : E t ladite sentence de 1768 passée
enf o r c e de chose ju g é e , com m e ledit V aragnes r i ayant
pas p oursuivi n i f a i t diligence su r Y appel pendant trois
ans consécutifs. . . . . .
1
. O n fait dire ensuite à Varagnes qu’il entendoit se rendre
appelant de toutes les sentences qu’on avoit obtenues, tant
contre lui que contre ses frères et sœurs, et par exprès
celle qui adjugeoit le bail à rabais, soit parce qu’il étoit
notoire qu’il n’avoit été fait que très-peu de réparations
qui ne pou voient s’élever au delà de 400 fran cs, soit
parce que la restitution des fruits, déduction faite de la
rente de 5oo francs, m ontoit à une somme bien plus con
sidérable , soit parce que ledit feu Rolland étoit débi
teur lui-m êm e d’un billet du 26 mars 17 5 3 , de 200 francs,
avec lequel la compensation avoit dû s’opérer de plein
d ro it; qu’on n e p o u v o itlu i opposer la répudiation par
lu i faite à la succession de son p ère, pai’ce qu’il étoit en
m in orité; qu’à l’égard du traité passé avec M arianne V a
ragnes , par lequel celle-ci avoit acquiescé à la sentence,
il étoit toujours dans le cas de demander la subrogation.
. O n ne vise pas non plus ce traité fait avec M arianne
„Varagnes ; point d’énonciation du notaire qui l’a reçu.
A p rès cet exposé, les parties traitent et transigent ainsi
qu’il suit : Savoir est, que le prix principal de la rente
deineureifixé, comme i l l ’é to it, à la somme de is o o o fr .
et
�•C 9 )
et 72 francs d’étrennes, en déduction de laquelle ledit
Varagnes a présentement p;iyé celle de 2400 francs; ladite
somme reçue et retirée par V a le tte , l’un des notaires
soussignés, qui avoit été nommé régisseur des biens des
m ineurs, dont quittance ; et le su rplus, ledit Varagnes
promet et s’oblige le p ayer, savoir, 1600 francs le 8 juin
suivant, sans intérêts cependant jusqu’au mois de m ars,
et le re sta n t à raison de 1000 francs par term e, le prem ier
à échoir dans deux a n s, le second à pareil jour l’année
d’après, et ainsi continuer d’année en année jusqu’à fin
de payem ent, à la charge de l’in térêt, sans reten ue, sur
le même pied de 5 oo francs pour les 12000 francs ; et
à l’égard des 72 francs d’étrennes , le contrat en porte
quittance: il est dit qu’elles ont été données de la main à la
m ain aux mineurs, pour subvenir à leurs besoins.
Il est dit après cela , clause que la cour est suppliée
de ne pas perdre de vue : E t a ledit M (ligne ( c’est le
nom du tu teu r) rem is audit V aragnes lesdites procé
dures et sen ten ces, et t a subrogé à ses -périls et f o r
tu n e, au heu et place de ladite M a rian n e V a r a g n e s,
à t effet dudit acte du 16 fév rier précédent.
L ’acte se termine ainsi : E t lesdites parties se sont tenues
respectivement quilles de touslesdits objets, demandes et
prétentions, sans dépens, dominages-intérêls, sans s’en rien
réserver , ni retenir ; demeure convenu , qu’en cas où
défunt Rolland auroit vendu certains héritages dépendans
dudit dom aine, depuis le contrat de 17 4 7 , et que le p rix
des ventes n’excéderoit la somme de 300 francs, en ce cas
ladite somme demeurera compensée avec les autres objets
contenus au présent règlem ent; et en cas qu’ils excédeB
�roient ladite somme de 300 fra n cs, le surplus excédant
sera tenu à compte audit V ara g n e s, sur les causes du p ré
sent traité.
,
. ,
,
A cet acte qui porte avec l u i , comme nous l’établi
rons d an s un m om en t, tous les caractères de la fraude
et de la collusion , il n’est pas indifférent d’ajouter la
vente d’un pré considérable , situé dans les appartenances
d e S a le rs, qui fut consentie dans le même temps par le
tu teu r, de l’avis des mêmes conseillers de tutelle, moyen
nant la somme de 7000 francs, quoiqu’on soit en état de
p rou ver que le même acquéreur en avoit offert l’année
p récéd en te, au père des mineurs , la somme de 9000 fr.
Q u ’est devenu le p rix du dom aine, et le p rix du pré ?
O n a vu que V a le tte , receveu r, perçut le jour même
du délaissement du domaine la somme de 2400 francs ; il
lui étoit dû une rente constituée au capital de 1000 francs,
il se retint la somme sur le capital.
11 étoit dû au sieu r....... conseiller de tu telle, une somme
de 1 5o 6 francs ; à un autre conseiller de tu telle, une
rente constituée au capital de 1000 francs; à un autre
conseiller une somme de 1000 francs portée par b illet,
et une rente constituée au capital de 400 francs ; ils se
sont payés par leurs m ains, n o n -seulement des sommes
exigib les, mais encore des capitaux non exigibles.
L a distribution s’est étendue aux parens mêmes des
conseillers de tutelle j le parent d’un deux a été rem
boursé d’ une somme de 1000 francs.
, Les dettes ne s’élevoient pas au delà de 5 à 6000 fr.j
et on a vendu pour 30000 francs de fonds.
E t ona vendu, tandis qu’il étoit dû par le sieur D u ran d ,
�( * o
autre conseiller de tutelle , une somme exigible de 5ooo fr.
E n exécution de ces conventions, A n toin e Varngnes
s’est mis en possession du domaine, et en a joui jusqu’à
son décès, et après lui sa veuve et ses enfans.
L e 4 d é c e m b r e 17 7 7 , P ie r r e - I s r a e l R o l l a n d , l ’a în é d es
enfans R o lla n d , f u t c h o is i p o u r r e c u e illir l ’e fle t d e l ’in s
titu tio n te sta m e n ta ire fa ite p a r le p è r e .
L e 27 juillet 1778 , il reçut d’A n toin e Varagnes un
prem ier payement de 2000 francs, en tant m o in s,’ est-il
d it , du traité reçu p a r le notaire soussigné.
'
L e 11 juin 1782, il reçut autre somme de 4000 francs,
pour reste et final payement du traité reçu p a r le notaire
soussigné.
L a date du traité n’est rappelée ni dans l ’une ni dans
l ’autre de ces quittances ; ce qui prouve qu’il ne l’avoit pas
sous les yeux ; et quand il l’auroit eue sous les y e u x , il
n’auroit pu y vo ir ce qui n’y étoit pas.
Ce n’est que postérieurem ent, et long-tem ps a p rès,
que les enfans Rolland sont parvenus à avoir connoissance
des actes et sentences dont on avoit affecté de ne pas faire
mention dans le traité ; ils ont v u que leurs droits avoient
été sacrifiés.
L e 25 février 1788, ils ont présenté requête au ci-devant
bailliage de Salers, par laquelle ils ont demandé permis
sion de faire assigner les enfans V aragn es, iceux liéritiei's
dudit A n toin e , pour vo ir dire et ordonner que le traité
du 30 octobre 1773 seroit déclaré nul et de nul effet;
se vo ir condamner au désistement dudit domaine , avec
restitution des fru its, jouissances et dégradations, depuis
le 25 mars 1 7 7 4 , époque à laquelle leur père étoit rentré
'
B 2
�( 12 )
en possession aux-offres de rem bourser ou tenir à compte
sur le montant desdites jouissances et dégradations, les
sommes valablement payées, et intérêts d’icelles, depuis le
payement; comme aussi pour se voir condamner à remettre
les titres et pièces de procédure délivrés lors dudit traité;
sinon et faute de ce , v o ir dire qu’ ils demeureroient garans,
en leur propre nom , de tous troubles qui pourraient être
faits à la propriété des demandeurs ; et se voir condamner
aux dépens.■
'
■ • ~\oî- .. ' •>L es enfans Varagnes ont suivi la m ômemarclic que leur
père , celle de se laisser condamner par défaut.
-■
>:
L e 10 juin 1788, sentence est intervenue au ci-devant
bailliage de Salers, par défaut faute de com paroir, qui
a adjugé les conclusions contre eux prisés.
Ils en ont interjeté appel en la ci-devant sénéchaussée
de R io m , par<acte du 28 du môme mois : autre juge
m ent par défaut, faute de plaider.
; Sur l’opposition, les parties ont été appointées au conseil.
E n exécution de cet appointem ent, il a été respecti
vem ent écrit et produit.
;
•
• Les enfans R o lla n d , pour éviter tout ce qui pouvoit
présenter l’apparence d’une difficulté , ont resti’eint leurs
conclusions. Ils avoient conclu en prem ière instance au
désistement du dom aine,' ils se sont restreint au désiste
m ent des deux tiers : ils ont fait le sacrifice de la portion
revenant au troisième enfant, Sébastien Varagnes ; portion
qu’ils n’avoient pas moins droit de réclam er, faute par
Sébastien de s’être fait restituer dans les dix ans de la
majorité contre l’abandon fait par le tu teu r, et d’avoir
attaqué la sentence de 1755.'
�/
vf
C *3 )
Ils n’en ont pas été plus heureux.
P ar sentence rendue au rapport de M . Bidon , le 3 sep
tembre 1790 , le jugement du bailliage de S a lers, qui
avoit prononcé la nullité de l’acte, a été infirmé.
I,es enfans R olland ont interjeté appel à leur tour de
ce jugem ent, par acte du 2 juin 1792.
Cet appel est demeuré im poursuivi pendant les orages
de la x*évolution.
L e 17 vendém iaire an 1 0 , 1a dame R olland et son m ari,
et Pierre-lsraël R o lla n d , ce dernier tant en son nom que
comme donataire de tous ses autres frères , ont repris
l’instance. Ils ont fait citer les représentans V a i’agnes en la
co u r, pour vo ir statuer sur l’appel, v o ir infirm er le juge
ment rendu en la ci-devant sénéchaussée, et v o ir adjuger
les conclusions contre eux prises en ladite sénéchaussée i
en désistement des deux tiers du dom aine , restitution
des jouissances et dégradations , et en remise des titres et
procédures qui leur avoient été d é liv ré s, lors dudit acte
de 1 7 7 3 , par le tuteur.
C ’est en cet état que la cour a à faire droit.
, Autant les appelans se sont attachés à dém ontrer le m al
ju g é , autant les adversaires ont fait leurs efforts p ou r jus
tifier , et le traité , et le jugement.
Suivant e u x , le traité n’a été que la réparation de l’in
justice que R olland père avoit lui-m êm e commise envers
A n to in e , M arianne, et Sébastien Varagnes.
Ils se sont reportés au décès de V aragn es, prem ier du
n o m , preneur à rente.
Ils ont exposé que R olland père avoit profité de la m i
norité des enfans dudit V aragnes, pour se m ettre de voie
é
�C h )
de fait en possession du domaine ; qu’il résultait de la
sentence même par lui obtenue en 1763 , qu’il n’étoit dû
à cette époque qu’un demi-terme d’arrérages ; qu’il avoit
cherché à colorer son usurpation , en obtenant en 1756
une sentence qui prononçoit le résiliaient; que cette sen
tence, rendue en 1 7 5 6 , ne pouvoit valider la voie de fait
antérieure , et légitim er la mise en possession , q u i , de
l ’aveu des appelans , rem ontoit à 1763 ; que cette sentence
é to it'd ’ailleurs évidem m ent in ju ste; qu’elle n’avoit pu
prononcer le résiliment faute de payement des arrérages
échus depuis 1763 , puisque pendant ce temps c’étoit
R olland père qui avoit joui ; et qu’à l’égard des arrérages
a n t é r i e u r s i l étoit p r o u v é , par la sentence de 1 7 6 3 ,
qu’il n’étoit dû qu’un demi-terme d’arrérages, montant
à 25 o fr. ; que cette somme étoit même presque acquittée
par la compensation qui avoit dû s’opérer naturellement
avec le billet de 200 francs dont il étoit débiteur ; que
la sentence de i j 56 avoit été rendue dans un temps où
A n toin e , M arianne et Sébastien Varagnes étaient encore
m in eurs; que la sentence de i y 5^ avoit été attaquée par
la voie de l’ap p el; que la sentence de 1772 , rendue en
la sénéchaussée d’A u v e rg n e , qui déclaroit l’appel p érim é,
étoit elle-m êm e susceptible d’appel ; que cette sentence
avoit d’ailleurs été rendue sur un exploit non légalem ent
s i g n i f ié , sur un exploit n u l, et par conséquent étoit nulle
elle-m êm e. .
A l’égard de l ’acte du 16 février 1773 , par lequel
M arianne Varagnes avoit déclaré qu’elle acquiesçoit à la
sentencede 1766, au m o yen d e quoi Rolland père lui faisoit
remise de la portion à sa charge des condamnations pro-
�; ft
C *5 )
noncées par îa sentence , ils ont répété ce qu’on avoit fait
dire à A n toine Varagnes dans la transaction , qu’il entendoit demander la subrogation à cet acte , soit com m e con
tenant cession de droits litigieux , soit à titre de retrait
lignager.
Ils ont inféré de tous ces moyens que les mineurs R olland
n’avo ien t, à l’époque de la transaction , aucun droit à la
p r o p r ié t é du domaine ; que le tuteur et les conseillers de
tutelle n’avoient fait que se départir d’une possession in
juste ; que les mineurs Rolland ne pouvoient prétendre
que cette transaction contenoit une aliénation de leurs
d ro its, puisqu’ ils n’en avoient aucuns ; ils ont ajouté que
Pierre-Israël Rolland étoit d’ailleurs,non l’ecevable, ayant
approuvé l’acte en majorité et en pleine connoissance de
cause , en recevant une prem ière fois 2000 francs , et une
seconde fois 4000 fr. pour reste et final payement du p rix.
O n va se convaincre que ces moyens n’ont rien que de
spécieux.
Q uel étoit le droit des parties à l’époque du traité ? c’est
ce qu’il s’agit d’abord d’exam iner. Il ne sera pas difficile
ensuite d’établir la nullité d’un acte où tous les principes
conservateurs des biens des mineurs ont été si évidem m ent
v io lé s , où le tuteur et les conseillers de tutelle ont si étran
gement excédé leurs pouvoirs.
P
r e m i è r e
p a r t i e
.
D r o it des m ineurs R o lla n d ¿1 Vépoque de la transaction.
A cette ép oqu e, le père des appelans étoit rentré en
�h
\ \ .<
>
( 16 )
possession du domaine ; il y étoit rentré par l’abandon
volontaire des enfans V a ra gn es, et par l’effet des sentences
de 1 7 5 6 , 1768 et 1772. Ce déguerpissement et ces sen
tences avoient transporté de nouveau la propriété sur sa
tête : ils form oient un nouveau titre.
M ais ce n’est pas là le système des adversaires.
Suivant eu x , la possession des appelans n’a eu au contraire d’autre principe que la violence. S’il faut les en croire,
R olland p è r e , aussitôt après la m ort de V aragn es, pre
neur à ren te, a profité de la m inorité des enfans pour les
d é p o u ille r, pour s’emparer de voie de fait du domaine.
L es sentences de 1756 et 1772 , n’ont été qu’une injustice
de plus de sa p a r t, une surprise par lui faite à la religion
des juges. Ecartons d’abord ces inculpations. Justifions la
m ém oire du défunt ; m ém oire que les appelans d o iv e n t,
et c h é r ir , et défendre.
Ju stifica tio n de la conduite de R o lla n d p è r e , et des
sentences de 1^56 et 1772.
P R É T E N D U
F A I T
DE
V I O L E N C E .
Est-ce Rolland père qui a expulsé les enfans V aragnes?
Ce sont les enfans Varagnes qui se sont expulsés euxmêmes. Ce sont eux qui ont abandonné le domaine en
vertu d'açis de p a ren s, homologué par le ju g e , comme
le produit ne suffisant pas pour acquitter la rente et les
autres charges.
Cet abandon est constaté, i°. par l’avis de parens, du
24 mars 17 5 3 , qui porte que les enfans V aragnes doi
vent
!
�t *7 )
vent abandonner le dom aine, et que V a în é , m ineur
ém an cipé, c/oîî renoncer ci la succession \ 20. par la re
nonciation faite par A n to in e Varagnes aîn é, à la succes
sion de son père.
Rolland ne pou voit exploiter par luiHnême le domaine,
il prit le parti de l’affermer. Il l’afferma en présence de
Varagnes m ôm e, et de son curateur, qui ne réclam è
rent point. C ’est ce qui est constaté par le bail»
Il usa si peu de vio le n c e , que dans |e même temps
Varagnes aîné lui prêta une somme de 200 francs, dont
il lui fit un b illet; lequel billet a été compensé p a r la
transaction.
Ce billet prouve de plus en plus que si les enfans,
et principalement Varagnes aîné, abandonnèrent le do
m aine, ce n’étoit pas par la difficulté de payer la rente,
puisque, d’ un autre côté, il p rêto it; mais parce que le
produit n’égaloit effectivement pas les charges, et qu’il
ne vouloit pas être en perte.
Varagnes aîné 11’abandonna pas seulement le dom aine,
îl renonça -même à la succession.
Ecoutons les adversaires. Si le tuteur et le m ineur
émancipé abandonnèrent le dom aine, ce fut Rolland qui
les y força : l’avis de parens, l’homologation du ju ge,
furent l’ouvrage de Rolland ; c e tî\it lui aussi qui solli
cita l’émancipation de'l'aîné. O n ne répondra qu’à cc der
nier fait, qui donnera une idée de la véracité des adver
saires. Varagnes aîné n’a point été émancipé par lettres
du prince et l’ofiice du juge; il a élé émancipé par-ma
riage; il a été marié du vivant du père.
c
�( 18 )
Ce n’est point encore en vertu de la sentence du
i er. mars
, que le père des appelons s’est mis
en possession, puisque cette sentence ne l’y autorisoitpas,
et qu’il n’y avoit pas conclu; c’est en conséquence, et
par suite de l’abandon fait par les enfans V aragn es: il
~a repris le dom aine, parce qu’il a été forcé de le reprendre.
L es adversaires ont été jusqu’à dire que la mise en
possession avoit précédé le déguerpissement. Les dates
.des actes constatent, le ; contraire. L ’avis de parens est
du 24emars 1753^ et l’époque de la mise en possession,
.ju s t ifié e par le b a il, est du 27 avril. Varagnes aîné n’a
pas été dépossédé par violen ce, puisqu’il avoit renoncé
f à la succession, et que par cette renonciation il étoit de-venu étranger à. l’hérédité ; et à l’égard des deux autres
. enfans, peu im porterait ce qui se seroit passé : M arianne
Varagnes a depuis tout approuvé et tout ratifié; et quant
à S é b a s tie n , il ne peut y avoir de litig e, puisque les appelans ne réclament point sa portion.
L ’abandon constaté, cet abandon avoit-il u n e cause
légitim e? E lle étoit non-seulem ent'légitim e, mais néces
saire : le bailleur à rente devoit-il laisser le domaine in
culte , et ne percevoir ni la rente, ni les fruits?
Rolland père a fait ce qu’il étoit îion-sculement en droit,
mais ce q u ’ il : ne ¡pouvoit sc dispenser de faire. Vaincus
-dans le fa it, les adversaires se retranchent dans le droit.
Ces movens de droit sont ceux-ci.
1°. Les mineurs ne,pou voient abandonner le domaine.
; 1: 20. R o lla n d père ne pouvoit de son autorité s’enmettreen possession.jiildevoit obtenir une sentence.
J
�«jl
( *9 )
3°. L a sentence de 17 6 6 , postérieure de trois ans, ne
p o u v o it, quelqu’efï’et qu’on veuille lui donner, légitim er la mise en possession.
Réponse. Les mineurs ne pouvoient sans d o u te, par
leur seule vo lo n té, et sans form alités, abandonner le do
maine. Mais ils le pouvoient, autorisés par avis de parens
et par décret du juge. C ’est ce qui se pratique tous
les jours.
' Cette autorisation, suivie du décret du ju g e , suffit.
Il ne faut trouver étrange, dit L o ise a u , au T raité du
déguerpuissem ent, liv. 4 , chap. 6 , n °. 7 , que les solen
nités des criées et subhastations ne soient observées au
déguerpissement, comme en la vente qui se fait par décret.
Car ce que le droit requiert, que les héritages des m i
neurs soient seulement vendus par décret, cela ne signifie
pas qu’il y faille toujours observer les form alités dont
nous usons en France en nos criées et décrets; m ais,
c’est-à-dire, seulement qu’il faut demander au juge per
mission de ven d re, et cette permission est appelée en
droit décret; decretum. C’est pourquoi il faut tenir qu’il
y a cette cérém onie particulière au déguerpissement de
l ’héritage du m ineur; qu’il doit être fait par permission
et ordonnance du ju g e , et après avoir reçu par lui l’avis
des parens du mineur.
A u r o u x , sur l ’article 399 de la Coutume de B ourb o n n o is, dit la même chose.
Les mineurs ne pouvoient d’eux-m êm es, et par leur
seule im pulsion, abandonner légalement le domaine : mais
aucune loi ne pouvoit les em pêcher de l’abandonner de
fait. Personne ne pouvoit les forcer, s’ils ne le vo u lo ien t,
C 2
#
�à exploiter le domaine; et cet abandon de j c i i t auroit
sulli pou r légitim er la mise en possession, pour qu’on
ne puisse imprimer à la mise en possession le caractère
de la violence..
Les m in e u rs . déguerpissant volontairem ent, l’obtention;
d’une sentence devenoit inutile.
I l ne faut pas confondre le cas où le preneur à rente
déguerpit pour se décharger du payement de la rente, et
dit au créancier :: voilà l’h éritage, et le cas où il persisteà jo u ir, et cependant demeure en retard de payer la rente,,
et où, à défaut de payem ent, il s’agit de le déposséder.
E n fin , s’il falloit une autorisation judiciaire, elle étoit
dans la sentence du juge qui avoit hom ologué la déli
bération de parens, par laquelle les mineurs avoient été
autorisés à abandonner le dom aine, et même à renoncera
la succession. E lle étoit dans la sentence de i y 56 , qui a
prononcé le résilim ent; sentencequele sieur Rolland pou.—
vo it même se dispenser drobtenm
E n supposant que la possession eût été vicieuse dans le*
principe , le vice auroit été couvert -, du moins par cette
sentence de iy 56 : dès le moment de cette sentence, la:
propriété auroit incontestablement cessé d’être sur la tête?
des enfàns Varagnes..
M a is l’ in c u lp a tio n des a d v e rsa ire s n e se- borne pas là..
Ils font également, un crim e au père des appelons de la
sentence de 17 56 et de celle de 1 7 7 2 , qu’ils soutiennent
avoir été illégalem ent obtenues. Justifions encore à. cefc
égard sa mémoire;.
�( «
)
Sentence du 29 septembre 1756.
Cette sentence , au dire des adversaires, est souveraine
ment injuste. E lle prononce le résiliment du bail faute de
payement des arrérages, quoiqu’il fût constant et établi
par la sentence de 17 5 3 , qu’il n’étoit dû a l’époque de la
mise en possession de Rolland qu’un demi-terme d’arré
rages, et que ceux échus depuis fussent à la charge de
ce dern ier, comme ayant joui.
Est-ce donc seulement à défaut de payement des arré-,
rages échus? N ’e st-ce - pas surtout à raison du refus de
continuer l’exploitation du dom ain e, et de servir la
rente à l’avenir? Ce refus seul n’étoit-il pas suffisant p o u r
faire prononcer le résiliment ?
O n ne parle que d’un dem i-term e d^arrérages; on ne
parle point de l’état de dégradations où l’on avoit laisse
tomber le domaine.; dégradations que Rolland avoit eu
soin , avant de reprendre le domaine , de faire constater*,
dégradations qui se sont trouvées m onter , par bail à
rabais, a 1246 francs»
Rolland devoit-il attendre que les bâtimens fussent
totalement en ru in e ? o u , s’il se déterm inoit à faire les
avances des deniers nécessaires pour les réparations les
plus urgentes, devoit-il rester perpétuellem ent en souf
frances de ses avances, et n’avoir la disposition libre,,
ni du domaine,, ni des deniers? Dira-ton qu’il devoit pro
céder par saisie réelle, et observer rigoureusement toutes
l<*s formalités prescrites alors pour les ventes par décret r
c’est-à-dire,, épuiser en frais la majeure partie de son g'ïgtr*
f
�sans aucune utilité pour les m ineurs,-et au contraire à
leur détrim ent“ ;puisque ces frais seroient -retombés- sur
eux en pure perte?
On a vu ce que dit Loiseau à cet égard.
• L e sierir Rolland s'étoit dessaisi, par le bail à ren te,
de la propriété du domaine ; mais il ne s’en étoit dessaisi
q u e 'sous la condition expresse du payement de la rente,
et de-l’entretien des héritages et bâtimens au même état
qu’ils étoient avant le b a il.-A : défaut d’exécution de cette
double convention , il a été bien fondé à demander le
résiliaient.
Ce n’est donc pas une surprise qu’il a faite à la religion
du juge.
•. ¡,->u
:
« .
Sentence de 1772*
O n a vu / dans l ’exposé des faits, qu’après qu’A ntoine
Varagnes fut parvenu à sa m ajorité, Rolland père obtint
contre l u i , en! 176 8 , une sentence qui déclaroit celle de
1756 exécutoire ; qu’A n toine .Varagnes interjeta appel
en la sénéchaussée de R iom de cette sentence ; que faute
de poursuites pendant trois ans, le père des appelans le
lit cite r, par exploit à dom icile, en la même sénéchaussée,
pour voir, ordonner la pérem ption. Sur cet exploit , il
obtint en 17 7 2 ^ 1^ sentence, à la vérité par défaut, mais
contre laquelle A n toine Varagnes ne se pourvut ni par
opposition ni par appel , qui déclara l’appel périm é.
C ’est contre cette sentence surtout que les adversaires
s’élèvent y comme obtenue sur un exploit n u l , sur un
exploit dont rien ne constate, que la copie a été exacte
ment remise.
�h ï
'
0 3 )
A u bas de l’exploit de demande eu pérem ption, le père
des appelans, trop probe pour prendre ce qui ne lui auroit
pas été d û , a voit écrit qu’il ne pouvoit prendre que cinq
sous. O n lit encore, ces mots : J e ne puis exiger que cinq
s o ls , attendu q u e j e j i s passer la copie. O n ne lit pas
le surplus de la n o te, par la'raison qu’on va dire.
O n se: rappelle q u e , lors de la'transaction , le tuteur
vet les conseillers de tutelle remirent à Antoine Varagnes
les sentences et pièces de procédure. D u nombre de ces
<procédures étoit l’exp loit de la! demande en pérem ption,
q u i, par ce m o yen , s’est trouvé entre les mains des ad
versaires. ,
>
-, P ou r échapper à la conséquence qui résultoit contre
eux de la pérem ption.de l’a p p e l, ils n’ont pas craint de
reproduire un moyen qu’ils au roi ent dû etisevelirl dans
l’o u b li, un m oyen flétrissant pour leur père : ils n’ontipas
craint d’excipen d’une altération et d’un* faux commis.
U ne altération ! on a coupé avec des ciseaux le surplus
de la note. O n ne s’est pas contenté de cela , on a encore
défiguré et effacé le-dernier mot de la seconde ligne qui
suivoit: immédiatement le mot copie.
•
U n faux ! on n’a pas cru avoir'assez fait d’avoir enl'eVé
avec des ciseaux la partie de la note qui pouvoit contra
rier le système qu’on s’étoit formé , on a encore inter
lign é d’ une autre maiii les mots ne et donner ,* en sorte
qu’au lieu des m o t s attendu que j e j i s p a s s e r , on lit je
ne Jis donner ,* ce qui change entièrement le sens de la
. phrase. L e m ol passer, a été surchargé -, il paroit même
qu’on a ftüt le mot pas', :pou'r luire cadrer lei termes avec
le sens qu’on vouloit donner a la plirasciÿietltandis qu’il
j*
�( 24 )
y a v o it, attendu que je f i s passer la copie , ce qui prouveroit au,m oins que la copie n’avoit.pas été retenue, on
j lit aujourd’Jiui, attendu que je ne lu i f is pas donner copie.
V'
y ta donc tout à la >fois altération et faux ; et c’est
r cette’ altération et ce faux que les représentans Varagnes
produisent;com m e un moyen e n .le u r fa v e u r..11 suffit,
pour se convaincre de l’altération et du faux , de jeter les
; ye u x sur la pièce! O n voit clairement qu’il y avoit, attendu
, que je ¡fis.p a sser la .copie:'On.' lit »encore trè s- distinc. tement le m ot passer ,• le mot la a été égalem ent effacé,
de m anière cependant qu’il se lit encore très-facilement;
et aux mois passer la , on a substitué par interligne, et
-au-dessus, donner de.: on a également ajouté par inter
l i g n e la négative, «e qui précède. ; :
. • 'M ais, ont dit les adversaires;, qu’im porte qu’il y ait
l’une ou l’autre version ; qu’il y a it, je f i s passer la cop ie,
ou je ne lu i fis pas donner copie. Dans l’un et l’autre
cas l’exploit ne.seroit pas moins nul; dans le dernier cas,
sans difficulté; un exploit dont il n’a-pas. été donné copie,
étant considéré comme .s’i l n’existoit pas; dans le prem ie r , parce que c’est par l’iiuissier m êm e, qui a seul carac- itère pour cet effet, que la copie doit être remise j à peine
„ne nullité. j.,Lj j
,:c •■■
! - i;■ '.;u
: ,I/a réponse;étoit facile.';Il;ne peut etre question de la
dernière nullité résultante du défaut de remise de copie,
. puisque la note, telle qu’elle étoit originairem ent, prouve
;le contraire, et prouve tellement le contraire , que pour
changer,le sens on a commis l’altération et le faux qu’on
•vient d'expliquer. Quant à la:prem ière on dira ce qui a
îcLé' dit eu;lo sénéchaussée,
; r,S.
L ’exp loit
�4>ï
{*5 )
.
L ’ exploit fait foi que la copie a été remise par l'huis
sier : la note prouve-t-elle le contraire ? Q uelle induc
tion peut-on tirer de cette n o te , loi'squ’on voit qu’une
partie de la note a été enlevée avec des ciseaux ? Cette
altération, cet enlèvem ent n’ont pas été faits sans dessein
et sans objet. O n voit que l’on a encore effacé et dénaturé
le dernier m ot de la seconde lign e, qu’il n’étoit pas pos
sible d’enlever , parce q u ’ il auroit fallu enlever la seconde
ligne. Ce dernier m ot, ainsi que le sens d elà p h rase, prouvent que la note ne finissoit pas aux deux premières lignes
qu’ on a laissé exister. O n voit plus ; on voit encore la
tête des lettres de la troisième ligne qui a été enlevée.
O r , on le dem ande, auroit-il enlevé cette suite de la
ligne , auroit-il commis un faux , si la suite de la note
avoit été insignifiante, si la dernière partie n’avoit pas
combattu les inductions qu’on pouvoit tirer de la p re
mière ? O n ne commet point un faux sans intérêt. Si la
dernière partie avoit été enlevée par l’injure du tem ps,
ou par quelqu’accid en t, les Varagnes pourroient peutêtre être reçus à tirer avantagé de la partie existante. M ais
ici on voit qu’elle a été enlevée à dessein, et de dessein
prémédité ; on voit qu’elle a été coupée avec des ciseaux ;
on remarque la trace des divers coups de ciseaux ; et dèslors tout l’argument que les parties adverses peuvent tirer
de cette note se rétorque contr’eux. '
L a partie existante prouveroit peu contre les appela n stla partie enlevée prouve tout en leur faveur ; car
«nfin on ne persuadera jamais qu’on commette un faux
sans intérêt. L a partie enlevée détruit toutes les asser
tions , toutes les inductions que les adversaires voudroient
D
'■ *
�( 2 6 }
tirer de la partie existante : ils ont détruit eu x-m êm es
leur objection.
Ils argumentent de cette note pour avoir occasion d’in
culper la mémoire de défunt Rolland , et ils produisent
leur propre turpitude, o u ,p o u r m ieux dire , celle de leur
père.
A u reste , et pour donner à cette note tout le sens dont
elle peut être susceptible, il est plus que vraisemblable
que l’huissier chargé de faire signifier cet exploit de voit
aller en même temps pour d’autres significations ou
affaires, et que n’y étant pas envoyé exp rès, il ne prit
que cinq sous pour sa signatui’e. V o ilà pourquoi Rolland
a,vo.it écrit qu’il ne pou voit exiger que cinq sous.
, Cette n o te, loin de prouver l’infidélité et la mauvaise
fo i du père des appelans, prouve.au contraire sa déli
catesse.
Les adversaires ont fait valoir un autre moyen ; ils ont
dit que la demande en pérem ption devoit être form ée
d’avoué à avo u é, et non à dom icile. Ce m oyen, encore
de form e, ne touchant point à l’honneur du sieur R o llan d ,
on ne s’y arrêtera pas : on se contentera d ’observer que
cette objection tom be par deux raisons; la p rem ière,
parce que la demande en péremption est une demande
principale; et la seconde, parce q u e la loi su p p o se le
p o u v o i r de l’avoué tombé en surannation , et étein t,
ainsi que la p ro céd u re, faute de poursuites pendant
trois ans.
C H O S E
J U G É E ,
>
Mais quelque Illégales qu’on veuille supposer, et la
�( 27 )
sentence de 1756 , el la sentence dé 17 7 2 , soit Marianne*,
soit Antoine Varagnes, étoient-ils recevables à les atta
q u e r? O n va dém ontrer la négative.Nous disons-, A n to in e et M arianne'^ car ilt ne s’agit
pas de la portion de Sébastien. L'es'appelons en ont fait
le sacrifice, non par ignorance d e leur d r o it, mais pour
éviter tout ce qui pourroit donner prétexte à litige; et
ils ne rescindront point contre ce sacrifice, quoiqu’il n’ait
pas été accepté. Il ne s’a g it, encore une fois', que de la
portion des deux premiers.
S
‘
i.
r
P o r tio n de M arian n e Varagnes.
E t d’abord il ne poüVoit y’ avoir de difficulté relative
m ent à la portion de M arianne Varagnes. L a sentence de
1 7 5 6 , qui avoit prononcé le résilim en t, avoit incon
testablement acquis à son égard toute l’autorité de la chose
jugée ; non-seulement elle ne s’étoit point pourvue contre
cette sentence, mais encore elle y avoit acquiescé form el
lem ent, en m ajorité, par Pacte de 1773", acte conti’e lequel1
elle n’avoit point réclam é, et contre le q u e l elle ne pouvo it réclamer.
Q u’a-t-on fuit dire à A ntoine Varagnes dans la transac
tion ? on lui fait dire qu’il se proposoit de demander la
subrogation.
Grâces soient rendues au! tuteur et aux conseillers de
tutelle! Il falloit donner une couleur à cette partie de la
transaction, et ils ont imaginé celle-là ; car on ne se per
suadera pas que celte idée soit née dans la tête d’A ntoin e
V aragn es, simple cultivateur.
D 2
�(28)
Les adversaires se sont estimés heureux de trouver dans
la transaction même le moyen d’écarter Peffet de l’acte
du 16 février 1773 : ils l’ont reproduit avec complaisanceIls soutiennent qu’A n toine Varagnes étoit doublement
fondé à demander la subrogation , et par retrait lign agerr
et comme l ’acte contenant cession de droits litigieux.
M ais jamais prétention n’a été plus chim érique et plus,
absurde.
Com m e contenant cession de droits litigieux l U n
acte par lequel une partie acquiesce à un jugement rendu
eontr’elle, un acte par lequel on met fin à un procès,,
peut-il être assimilé à une cession de droits litigieux , qui
est au contraire le commencement et la source d’une in
finité de procès? Celui qui transige pour ne pas p laid err
peut-il être assimilé à celui qui paye au contraire p o u r
plaider ?
C ’est bien m éconnoître le sens et le but des lois jlb .
anastasio et. P e r diversas. Ces lois ont en haine ceux,
q u i, par une injustecupidité, cherchent à porter le trouble,
dans les fam illes, qui achètent des droits contre des tiers ;
mais ceux qui achètent des droits qu’on peut avoir à.
exercer contre eux-m êm es, qui achètent non pour avoir
des p ro cès, mais pour les é v ite r, n’ont jamais été compris,
dans ces lois.
•
1:
Rolland père aohetoit-il des droits contre des tiers ?
aclietoit-il pour troubler des tiers ? il acheloit pour n’êtrepas troublé lui-même. Il y a p lu s, il n’avoit pas même:
besoin d’acte : il n’avoit qu’à laisser expirer le délai derappel.
La loi P e r diversas consacre* par une disposition p r é -
�( 29 )
S
cise , celte distinction fondée sur la raison , entre ceux
qui achètent des droits contre des tiers, et ceux qui achè
tent des droits sur eux-mêmes.
Elle excepte notamment le cas où le possesseur d’un
héritage se fait céder quelque droit litigieux qui lui est
nécessaire pour s’assurer la jouissance libre de l’héritage,
et ne pas courir le danger d ’être évincé.
E xcep tis scilicet cessionibus quas %'d cr e d ito r , v eï
is q u ir es aliquas p o ssid et, pro débita, vol rérum apud
se constitutarum m unim ine ac tuitione accepit.
Rolland père étoit précisém ent dans cette espèce ; il
avoit obtenu une sentence qui résilioit la vente ; il jouisso it, en vertu de cette sentence, du domaine ; il achetoit
pro m unim ine ac tuitione rerürn apud se constitutarum .
P a r retrait lignager ! L e retrait lign ager, ainsi que le
retrait féodal, n’a voient lieu qu’en matière de ven te, ou
acte équipollant à vente.
U ne transaction sur un procès sérieux , sur un procès
existant, a-t-elle jamais été assimilée à vente ?
Un acte par lequel le propriétaire de la chose venduerentre dans sa propriété à. défaut de payement du p r ix ,
a - t - i l jamais été mis au rang des actes donnant ouver
ture , soit au retrait, soit au droit de lo d s?
Quelle que fût autrefois l'a puissance des seigneurs T
jamais on n’a décidé qu’un pareil acte fût sujet aux droits,
de lods. Q u’on lise tous les auteurs ; la raison qu’ils en
donnent est que c’est plutôt un distract qu’ un contrat T
ma gis distractus quam contractus*
Il faut tenir pour certain, dit Pocquet de L ivon ière r
que lorsque le vendeur rentre dans son h éritage, q u oiq u e
�. * fTf.
-,
g% '
| j
^
vendu à terme , Faute de paiem ent du.prix , il n’est point
dû de nouveaux droits féo d au x/p arce que ce n’est pastant- un contrat qu’un d istra ct, pourvu que cela se fasse
par. forme de résolution du prem ier contrat ; ce que
Dum oulin {ippelle contractas rétro sim ilis.
Il enseigne qu’il en est de méine dans le cas de Vexponce,
ou déguerpissement de la part du preneur à rente, i.° parce
que cela se fuit sans bourse d éliée; 2°. parce que l’exponce n’est pas tant une translation de propriété qu’une
extinction et une résolution du droit' de celui qui l’a
faite. Il> ajoute que cela a lieu non-seùlémént lorsqu’elle
est faite entre les mains du bailleur à rente, mais encore
lorsqu’elle est faite entre les mains d’un tiers-acquéreur
de la rente.
•
•
Ce qu’il dit pour le droit de Îods, il le dit pour le retrait.
P o th ie r, dans son T raité des l’etraits , où il parle du
retrait féodal et du retrait lignagèr / s’explique de même.
Les advèrsaii’es opposent C h ab ro l.; mais au passage qu’ils
citent., Chabrol parle-t-il du cas ou le preneur à rente,
pour n’être plus tenu du payement dé la rente ; déguerpit
l ’héritage ? Il parle d’un cas bien différent, de celui où le
débiteur de la rente vend l’héritage ; il décide que les
lignagers du vendeur peuvent retraire l’héritage , q u a n d
meine il n’v, a u r o it d ’a u tre piûx d an s la vente q u e celui
de payer la rente. M ais est-ce là notre esp èce?"'"
Ils ont cru trouver une autorité plus directe dans
P oth ier même , qu’on leur a opp osé, au même T raité
des retraits, nombre 3 7 , o ù , en paiiant de l’action en
rém éré, et généralement de toute action qui tend à la
délivrance d’un im m euble, et par conséquent im m obi-
�'( 3 0
lière comme l’immeuble même , il s’exprim e ainsi :
« Quoique la vente de ces actions ne donne lieu au
« profit de vente et au retirait féodal que lorsque ces
.« actions, par l’exercice que le cessionaire en a l'ait, ont
« été converties dans l'héritage m êm e; néanmoins il y a
« lieu au retrait lignager de ces actions, m êm e avant
« quelles aient été exercées par celui à qui ces.actions ont
« été vendues. L a raison de.diiTércnce est qu’il n’y a que
« la vente „du fief, même qui donne ouverture au profit
« et au retrait féodal , et que l’action pour avoir ou pour
« recouvrer le fief n’est pas le fie f, jusqu’à ce q u e, par
« l’exercice de cette a ctio n , elle ait été convertie dans
« le fief même. A u contraire, la veille d’un droit réputé
.« pour l’héritage, et qui est p ro p re, suffit pour donner
« ouverture au retrait lignager. »
lM
Quelle analogie y a-t-il entre cette espèce et l'espèce
actuelle ; entre un acte par lequel on cède un droit qü’on
.croit avoir , pt^up act£ par .lequel on reconnojt au con
traire n’avoir aucun d ro it; un. acte par lequel j’acquiesce
à un jugement qui déclare que je n’ai jamais e u , ou que
je n’ai plus droit à la chose ?
1
U ne subrogation doit être à un droit utile, à vin droit
qu’on puisse, exercer,. G g n ço it-o n une subrogation au
péjjnt, à un,acte par lçquel pn^s’est départi de tout droit?
Q u’on ne dise pas qu’elle pou voit interjeter appel de
la spntence de i 'j ô ô , et , en interjetant d p p el, la rendre
snns effet. Ce seroit une erreu r, ce seroit m cconnoître
lexepption que la jurisprudence , par des raisons qu’il est
inutile de développer , apportée en ce c;is à la ma.ximc
générale» O ij .citer» aux-,a^yçrsaires.un aufètir qu’ il .ne
�' C V )
peuvent récuser, puisqu’ils l’ont invoqué eux-m cm cs,
Chabrol.
Ce com m entateur, tome 3 , png. 7 3 , commence par
établir qu*à défaut de payement de la rente , le bailleur
ne peut de son autorité expulser le preneur ; qu’il doit
obtenir une sentence qui déclare le bail A rente résilié ;
que dans l’usage on accorde un délai; que la sentence
ordonne que le débiteur de la rente payera dans tel délai,
faute de ce, déclai-e dés le moment le bail ¿\ rente résilié;
q u ’autrefois l’usage étoit,après l ’expiration du délai, d’ob
tenir une seconde sentence, mais que cela ne se pi-atique
plu s ; mais qu’aussi, lorsqu’il est intervenu une sentence con
tradictoire ou par défaut, qui a prononcé la résolution de
la rente, après l’expiration du d é la i, il n’y a plus lieu à
aucun retour en faveur du débiteur, et le créancier de
la rente devient propriétaire incommutable.
Il rapporte un arrêt du parlement de R o u en , du 4
avril 1748, cité aussi par Denizard , qui a jugé que le
créancier d’ une rente fieflee s’étant remis en possession du
fonds, en vertu d’une sentence, le preneur ù rente n’étoit
plus recevable à en ap p eler, q u o iq itü offrit d'en payer
les arrérages et les dépens.
L ’ usage de la sénéchaussée, ajoute-t-il, est conforme.
J_,e débiteur qui a laissé p r o n o n c e r c o n tr e lui la résolu
tion est décjm pour toujours.
L e parlem ent, continue-t-il, a ju g é , par un arrêt rap
porté par L ou et pour la Coutume de Nivernois , qu’un
mari ayant discontinué de payer pendant neuf ans, et
le se ig n e u r ayant demandé la com m ise, la femme qui
oilroit tous les arrérages n’étoit plus recevable à l’einpêcher.
�C 33 5
pêcher. E lle représenta inutilem ent que c’étoit une alié
nation que son mari n’avoit pu faire ; et que ne pouvant
aliéner malgré e lle , il ne pouvoit confisquer non plus. Mais
la commise prenant sa so.urce; dans ime convention., il
fut jugé qu’elle obligeoit les femmes mariées comme toute
autre personne libre.
C o q u ille, poursuit C h ab ro l, est néanmoins: d’avis que
la commise n ’a v o it pas lieu contre le m ineur ; m ais /’’opi
nion contraire yfondée su r Varrêt de L o u et rest plus sûre.
L e m ineur et la ■femme m ariée ont (îailleurs leur recours
contre le tuteur et le mari*
A la vérité , Chabrol parle: du cas où le débiteur de la
rente n’a pas payé dans le délai accordé par la sentence;
et on ne manquera pas de dire que la sentence de i j 56
n’a point accordé de d é la i; qu’elle a prononcé de suite,
le résiliment ; que dès-lors les préjugés qu’on vient de
citer ne reçoivent point d’application» M ais pourquoi la
sentence n’a-t-elle point accordé de délai ? c’est à raison
de l’abandon volontaire fait par les enfans Vacagnes. Les
détenteurs a y a n t, par cet abandon fait en vertu d’avis
de parcos, manifesté l ’in te n tio n de ne plus c o n tin u e r
l’exploitation du dom aine, il n’étoit pas question de leur
accorder un délai. M arianne Varagnes auroit été dans
cette espèce bien moins favorable encore que dans toute
autre à interjeter appel.
Il étoit au moins douteux si elle y auroit été reçue ;
l’acte du 16 février 1773 auroit été au moins une tran
saction sur ce doute. O r , qu’on lise encore Pothier au
m ême tra ité, n°. 110. Il examine si-la transaction par
laquelle le possesseur d’un héritage l ’abandonne , m oyenE
�(34)
nant une certaine som m e, est un acte donnant ouver
ture au retrait. Il décide la n é g a tiv e , à moins que la
transaction n’ait été im aginée pour déguiser une v é ri- ;
table vente ; et il cite D um oulin à l’appui de son sen
timent. La raison qu’il en donne , est que la transac-;
tion étant de lite incerta et dubiâ , il demeure incer
tain si celui qui s’est départi d’un droit qu’il prétendoit
a v o ir , avoit efFectiment ce droit.
M arianne Varagnes p o u v o it, si l’on v e u t, reven ir, se
faire restituer contre l’abandon fait par le tuteur , quoi
q u’en vertu d’avis de parens : c’étoit une action en res
titution. M ais on sait que les actions en restitution, les
actions rescisoires , sont entièrement personnelles ; et
jamais on n’a prétendu qu’un acte par lequel celui qui
ayant une action rescisoire s’en d ép a rt, pudori suo parcens , soit sujet à retrait.
Cette demande en subrogation , soit en vertu des lois
ab A n a sta sio et per D iç e r sa s, soit par retrait lignager,
étoit donc une vraie chim ère ; on peut d ire , le comble
du ridicule.
:
p o r t io n
d
’A
n t o in e
V
a r a g n e s
.
A n toin e Varagnes avoit interjeté a p p e l, mais cet appel
a été déclaré péri et périm é.
O n sait quel est l’effet de la pérem ption d’appel : on
sait la différence qu’il y a à faire à cet égard entre la
pérem ption de l’instance d’a p p e l, et la pérem ption de
l’instance principale.
L a pérem ption de l’instance principale n’éteint point
�y
( 3S )
le droit du dem andeur, n’éteint que l’exploit ; et ne se
rencontrant point d’autre obstacle à ce que le deman
deur reproduise sa dem ande, ’il peut agir par nouvelle
action. M ais il n’en est pas de même pour la pérem p
tion d’appel. L ’appel étant périm é , la sentence acquiert
de plein droit l’autorité de la chose jugée , parce qu’il ne
peut pas y avoir deux appels de la même sentence. L a
pérem ption de l’appel donnant à la sentence l’auto
rité de la chose jugée, entraîne nécessairement l’extinc
tion du droit de l’app elant, à supposer qu’il en eût.
Cette distinction n’est pas im aginée pour le besoin de
la cause. Indépendamment qu’elle est dictée par la raison,
elle est fondée sur la disposition précise de l’article a du
règlem ent du 28 mars 1692.
A la vérité la sentence de 1772 qui a prononcé lai
pérem ption a été rendue par d é fa u t, et de plus n’étoit
point en dernier ressort : elle pouvoit être attaquée , ou
par la voie de l’opposition , ou par celle de l’appel. M ais
qu’im p o rte?cette circonstance ne changeoit rien au sort
d’A n toine Varagnes. E n effet, de quoi auroit-il été ques
tion sur cette opposition, ou sur cet appel ? Il eût été
question uniquement de savoir s’il y a voit pérem ption
ou non. T o u t se seroit réduit à ce seul point de fa it, s’il
y avoit eu discontinuation de procédure pendant le temps
requis pour l ’opérer; il n’eût point été question du m érite
de l’appel en lui-m êm e ; il ne se seroit agi que de la
pérem ption ; e t , à cet égard , la pérem ption portant
sur un fait qui ne pouvoit v a r ie r , le tuteur et les con
seillers de tutelle n’avoient point à craindre que la sen
tence fût infirmée.
E 2
�\*
•\ *•?\
( 3« )
A n toin e Varagnes n’a pu se dissim uler, et que la dis
continuation de poursuites pendant trois ans em portoit
la pérem ption, et que la pérem ption de l’appel em por
toit de plein droit la confirmation de la sentence : qu’at-il im aginé? Il a im aginé de dire que son appel ne portoit
que sur la sentence de 1768 , et non sur celle de 1756.
V o ic i comme il s’explique dans le m ém oire im prim é,
distribué en la sénéchaussée.
« Quand môme la pérem ption contre l’appel de la
« sentence de 1768 auroit été régulièrem ent prononcée j
« elle n’auroit em porté que la confirmation de la sen« tence de 1768 seulem en t, et non la confirmation de
« celle de 1 7 5 6 , dont l’appel auroit toujours été rececc vable ; et c e la , parce q u e'F appel ne portoit que sur
« la sentence de 1768 , et non sur celle de 1 7 6 6 , la
« seule q u i prononce le résilim ent du ha il à rente. Il
« est .bien vrai que la sentence de 1768 déclaroit exé« cutoire celle de 1756. M ais la demande, à ce que cette
cc sentence de i j 56 fût déclarée exécu to ire, n’étoit pas
« pas défin ie; elle étoit lim itée aux chefs de cette senk tence qui prononçoit la condamnation des arrérages de
« rente et de quelques dépens. »
E n la c o u r, A n toine Vîii\ngnes a répété le même lan
gage ; et il n’a pas vu qu’il se condàmhoit lui-même. Sui
v a n t son dire , la sentence de 1768 déclaroit exécutoire
celle de 1755 uniquement pour la condamnation des
arrérages et de quelques dépens : elle la déclaroit exé
cutoire au moins en cette partie. L ’appel portoit donc
au moins sur cette partie de la senteùce de 1706; mais
par là m êm e, la sentence acquéroit l’autorité de la chose
�O fA \
( 37 )
jugée dans tout <le surplus. Q ui ne sa it, en èfFet , que
l’appel, en un c h e f , en une partie de la sentence, em
porte l’acquiescement le plus form el hux autres disposi
tion s? A n toine Varagnes en se défendant seulement sur
la condamnation des arréragés , adhéroit de plus en plus
au résiliment : i l ï i ’aui'oit plu contester que les arrérages.'
M ais supposons qu’A n toine Varagnes eut pu parvenu*
à faire annuller la sentence dé' 1772 , qui déclaroit l’appel
de celle de 1768 p é rim é , il n’auroit pas été plus avancé.
A u fon d, il eût été également déclaré non recevable dans
son appel.
Il eût été déclare non receviiï>le, d’aptes la jurispru
dence particulière en matière de bail i\ rente qui n’admettoit point le preneur , môme m in e u r, après la sen
tence de résiliation, à purger la dem eu re, et à éviter par
un appel le résilim ent,'m ôm e en offrant de payer les arré
rages , sauf le recours du m ineur contre le tuteur.
Il eût été déclaré non recev a b le, d’après le principe
constant, que celui q u i , après avoir répudié , reprend,
les choses étant encore entières , l’hérédité , ne peut la
reprendre qu’en l'état où les ch o se s so n t.
E t si, comme il l’a prétendu dans l’idée de rendre sa
cause m eilleure, son appel ne pertoit que sur la sentence
de 1768 , et non sur celle de 1 7 5 6 ; e t si la sentence de
1768 n’avoit trait qu’à la condamnation des arrérages,
il n’auroit donc point attaqué la sentence de 17 56 quant
à la disposition qui prononçoit lé réàîliment; et alors on
étoit encore bien plus fondé à opposer la fin de nonrecevoir résultante de l’autorite de la chose jugée.
L e droit à la portion d’Antoine Varagnes , n’étoit donc
\
�pas m oins irré vocablemen t acquisque le droit relativem ent
à la portion de Marianne.
Les mineurs Rolland avoient donc incontestablement
droit au moins à la propriété des deux tiers du domaine.
Que p e n s e r maintenant de la transaction par laquelle leurs
intérêts ont été si légèrem ent sacrifiés ?
S E C O N D E
P A R T I E ,
N u ll i t é de la transaction.
L e tuteur et les conseillers de tutelle ont-ils pu aliéner
les droits immobiliers des mineurs , sans form alité, sans
nécessité ?
Les appelans se sont-ils pourvus en temps utile ?
Résulte-t-il contre Pierre-Israè ‘1 Rolland , l’un d’eux ,
une fin de non-recevoir des quittances par luj..souscrites,
en m ajo rité, de partie du p rix ?
C ’est à la solution de ces trois questions que se réduit
cette seconde partie de la discussion,
P R E M I È R E
QUESTI ON.
L e tuteur e t le s c o n s e ille r s de tu te lle ont-ils pu aliéner
les droits des m ineurs ?
E n se fixant sur le jugement dont est a p p e l, on aura
peine à concevoir qu’il émane d’un tribunal aussi éclairé
que la ci-devant sénéchaussée d’A u vergn e : on aura peine
à concevoir que des magistrats aussi distingués aient validé
�( 39 )
un acte où la fraude et la collusion sont aussi manifestées,
un acte où le tuteur a aussi étrangement excédé son
pouvoir.
N ulle observation de toutes les formalités prescrites
pour l’aliénation des biens des mineurs ; point d’avis de
parens ; point de décret du juge ; point d’estimation préa
lable d’experts ; point d’affiches ; point de publications ; et
ce qui est e n c o r e plus im portant, nulle nécessité de vendx-e.
C o m m e n t , en effe t, pourroit-on dire qu’il y avoit néces
sité de v e n d r e , tandis qu’il existait dans la succession
des effets actifs suffisons pour faire face même aux capi
taux non exigibles y tandis qu’il étoit dû , par un des con
seillers de tutelle , uue somme,de 5ooo francs, e x ig ib le ,
produisant intérêt ?
Comment' supposer'là nécessité de v e n d re , lorsqu’on
voit que le payement des deux tiers du p rix a été ater
m oyé à io o o francs parr a n , dont le prem ier terme ne
devoit échoir que dans deux ans?
' ' "
Ce n’est pas tant : l ’acte cpntient remise gratuite des
sommes les plus incontestablement dues aux m ineurs; on
compense les a r r é r a g e s de la renie constituée de 5oo fr.
avec les jouissances, quoique les jouissances, déduction
faite des im positions, ne s’élevassent pas, à beaucoup près,
à la somme de 5 oo francs. Il étoit du aux mineurs des
réparations considérables, constatées par procès v e rb a l/
et portées par bail à rabais à la somme de 1246 francs.'
Il étoit dû s 5o francs d’un autre côté, 108 francs d’autre,
33 fr. d’au Ire ; ce qui portoit les sommes dues à la somme
de 1637 francs en prin cipal, 'et les intérêts depuis vin gt
ans y sauf à déduire la somme de 200 francs pour le billet
�*01
C 4° )
dû par Pierre Rolland père. O n a fait départir les mineurs
de la répétition de toutes ces sommes.; c’est-à-dire qu’on
en a fait un pur don à A n toine Varagnes ( 1 ).
L e tu teu r, ou plutôt ¡les ¡conseillers'de,.-tutelle-, usant
de la chose .des m ineurs,-comme de leur propre chos,e (2) ,
ont aliéné; dans le m ême tem ps, avec aussi peu de;formalité s, urï pré infinim ent précieux , près la ville de Salers ;
et- les.premiers d e n ie r , soit, de , cette .v e n le , soit de la
vente düi domaine,, ont été employés à payer aux conseillers,
(1) Tutoribus, concessum est, à debitoribus p upilli pecuniam
exigere , ut ipso jure liberentur, non etiam donare , v e l etiam
dim/nuendicausd'cifm iis transigere, et ideo eum qu i m inus tutori
solvit à pupilio in reiiquum conveniriposs L . 40 parag. ult. alig.
de cidm. a>el per. tut.
*
.
(2) Si nous remontons à la .tutelle, nous verrons que lesp arens,
conseillers, de tu telle, se sont ménagés le droit et le pouvoir de
disposer arbitrairement,des b i p s des, mineurs, comme tuteurs, sans
c e p e n d a n t être tenus ' d ’auçunes des obligations inhérentes à cette
charge...
O n
nom m a
pour tuteur aux mineurs R o lla n d , Jean M aigne,
chapelier , voisin des ihineurs, entièrement étranger à la fam ille,
sans aucune fortune.
- C e tuteur 11’avoit pouvoir qu’autant qu’il seroit autorisé par
lçs conseillers de .tutelle
il^ n ’étoit ,, com m e.il devoit être ,
q u ’ü n simple figurant: les conseillers de-tutelle éloient donc les
véritables tuteurs : ce sont eux qui ont vendu et administré les biens,
et Jean M aigne, insolvable, ëtoit le tuteur garant et responsable.
•
On
nom m a
en même temps le sieur V alette régisseur des biens,
auquel on fixa un traitement annuel d elà somme de i 5o francs,
et cela pour tenir un registre de dépenses d’un revenu de 2000 fr.
tout au p l u s c e qui formoit la for lune des m meurs dont le
nombre étoit de huit epfiiiis» <,.-,
,
de
�|q £
t ^ï : )'
.
.
de tu te lle , et à Valette , cégisseur > non ^ seulement
les sommes exigibles qui leur étoient dues , et pou r1
lesquelles, on pou voit craindre, :à toute r ig u e u l- q u ’ils
fissent des poursuites niais encore dés èlomiiiës u d n e x i-1
gib lesjd es capitaux aliénés à rente Constituée.
1 1 ;‘<t
R épondra-t-on que ce n’est pas ici une Vente , que'
c’est une transaction ; que la transaction n’est pas interdite
au tu teu r?
• 1! .
‘
Ce n’est pas par 4 a côüleür et la dénomination tjù’oa
donne à un acte qu’il faut juger du m érite de l’acte.
Il ne faut pas croire d’ailleurs que la1 transaction soit
plus permise au tuteur que tout autre acte em portant
aliénation des immeubles.
t
'>
A ^
L ’ordonnance d e i 56o confirme toute transaction passée
entre majeurs, et choses qui sont en leur disposition,‘sans
dol et fraude.
Il suit de là qu’il n’en est pas de même des transac
tions passées avec des mineurs , ou dans lesquelles l’on
traite dos droits des mineurs ; c’est l’observation que fait
M . Chabrol sur l’article 3 du titre 14 , tome 2 , page 204.'
Cet auteur ajoute ensuite que si le m ineur peut réclam er
contre une transanction , il doit établir qu’il a été lé s é ,
à m o in s, d it- il, que la transaction ne contienne une alié
nation d’immeubles, auquel cas il n’a pas besoin de prouve?
la lésion.
A u surplus, M . Chabrol n’entend parler que d’une
transaction passée par le m ineur lui-même ; mais la tran
saction qui emporte aliénation d’im m eubles, et qui est
passée par un tu teu r, est nulle de plein droit.
La loi du 24 août 1790 , n’autorise les compromis
F
«Qt
�tok
4 o|
t 4a.-)'
qu’entre les personnes majeures et jouissant de leurs
d r o its .
,:
:-
;, S ’il en étoit a ig re m e n t, on ne m anquerait jamais de
inoyens pour- éluder les lois protectrices des Liens , des
mineurs; ce qu’on n e,pou rrait faire par une vente , ;on
le feroit par une transaction; ce qu’on ne pourrait faire
directem ent, ; on ¡ le feroit indirectement.
O n a qualifié de transaction l’acte du 30 octobre 1773..
ce, n’est pasr,par la dénomination de l’aqte qu’il
faut juger du mérite, l’acte.
¡r. ;¡ ¡ ; u
,... y>-M ,
Q u ’est-ce qu’une transaction ? . . . . . . .
;.
C ’est une convention , c’est ; un traité de lite d u b ia ,
vel m o ta , vel movenda , sur procès à ju g er; c’est un
accord , sur., un.,droit incertain,et-litigieux. :
i
g-Ici le_ tuteur a. transigé sur un droit) acquis, sur un
procès irrévocablem ent terminé par . des actes volon
taires et par ,des,sentences passées en force de chose
jugée.
;!
. : •.
L a transaction se fa it, nous dit L acom b e, de lite dubia ,
non de valida et indubitata , et ju d ica ta nam res ju d i
cata p roverita teexçip itur. ,
•
U n pareil acte , quelque dénomination q u ’o n lui ait
dqnnée , nç.peut, jamais être mis au ¡rang çle.s actes permis
v
à .u n
^ u lé u r ..
.,. ;
; ; ¿ .- j :
1
—
;
L e délaissement étoit convenu et promis ¿.A n toin e
Yaragnes^un-m ois ayant la;,tr»nsnction.
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C 43 )
S E C O N D E
Q U E S T I O N .
'(
L e s appelons se sont-ils pourvus en temps utile ? ;
L a transaction est du 30 octobre 1773 > et
demande
en nullité est du 2.5 février 1788. Mais il est une pre
m ière observation : par qui a été consentie la transac
tion ? par le tuteur seul ; les mineurs n’y ont point été
parties : c’est le tuteur seul qui a contracté. O r , à cet
é g a rd , il y a une grande distinction ; distinction qui n’a
point échappé au dernier commentateur de la Coutume*
Chabrol agite la question de savoir s i , lorsque les
héritages du m ineur ont été aliénés pendant sa m ajorité
sans aucune nécesité et sans form alités, le m ineur devenu
majeur a dix ans ou trente ans pour y ren trer, et il décide
que si le mineur a vendu lui-m êm e , il n’a que dix ans,
sans même distinguer s’il a été assisté de son curateur.
Lorsque c’est le tu teu r, au contraire, qui a alién é, alors
le m ineur a trente ans. L e m ineur n’a même pas. besoin
de prendre des lettres de rescision ; c’est le cas de la maxime :
L o c u s est nullitati non restitutioni. L a l o i , dit C h ab rol,
ne permet au tuteur de vendre que dans certains cas,
et en observant certaines formalités. S’il n’y satisfait pas,
l ’acte est nul par défaut de pou voir ; et une vente nulle,
comme faite à non habente potestatem , n’acquiert pas
plus d’autorité après dix ans que le premier jour. Il n’y
a que la prescription de trente ans.
On ne peut pas se prévaloir de la maxime que le fait
du tuteur est le fait du mineur. Cette maxime est vraie
r
a
J(**
�U 't
( 44
)
pour les actes qui sont de pure administration , mais non
pou r ceux qui excèdent les bonnes de l’adm inistration,
et par conséquent le pou voir du tuteur.
Grenier >dans son Commentaii-e s u rl’édit des hypothè
ques , fait cette môme distinction. U n autre p rin cip e,
c’est que le d é la i, quel qu’il s o it, lorsque la restitution
est fondée sur le dol ou sur la violence , ne court que
du jour où la violence a cessé, et où la fraude a été
découverte. L ’ordonnance de 1667 en a :une disposition
précise; Cette ordonnance a mis au nombre des ouver
tures des requêtes civiles le d o l; et parmi les circons
tances qui caractérisent le d o l, la rétention des pièces par
Ja partie ; 'et elle ajoute que les dix ans ne courront que
du jour de la découverte. O r , i c i , d’une,part, on a aflect^
de ne faire mention dans la transaction d^aucune des pièces
qui pottvoient éclairer les mineurs sur leurs i n t é r ê t s ,
principalem ent de la sentence du 29 septembre 1756
qui p r o n o n ç o it le résilim ent; e t , d’autre p art, le tuteur
s’en dessaisit , et les reinet ; à qui ? au père des adver
saires qui les ont encore en leur pouvoir. L e fait de la
détention est prouvé par la transaction même. A i n s i,
l(e délai n’auroit jamais pu utilement courir.
•
T R O I S I È M
E
Q U E S T I O N .
R é su lte -t-il contre P ie r re -lsr a ë l R olland une f in de nonrecevoir des deux quittances , des 30 ju in 1778 et 11
ju in 1782 , p a r lu i consenties en m ajorité ?
>
Sans doute il ne peut.pas ;ÿ avoir de -plus grande fin
i
�107
( 45)
de non-recevoîr que l’approbation faite par le mineur lu im em e , parvenu i\ sa majorité.
Mais que faut-il pour que le m ineur , devenu- ma
je u r, soit censé avoir approuve et ratifié ?
Si l’acte , qui a été passé en majorité , n’est qu’une
suite et une conséquence de ce qui a été fait en m ino
rité , alors cet acte n’est point regai'dé comme une rati
fication qui doive exclure la réclamation du mineur.
C ’est la disposition du fam eux1 paragraphe Scio au
digeste, loi 3 , titre D e m inorïbus.
V o ic i les ternies de cette loi.
Scio etiam illud aliqiiando incidisse ; m inor viginti
quinque annis m iscaerat se paternes hœ redilati m a jor
q u efa ctu s exegerat a liq u ià à dtbitoribus p a tem is : in o x
desiderabat restitui in integrum quo magis abstinuerat
paterna hccreditate, Contradicebatur ei , q u a si m ajor
J a ctu s comprobasset quod sibi m in o ri placuit j putavimus restituendum in integrum initio inspecta j idem
pulo , et si aliénant adiit hœreditalem.
L e b r u u , livre 4 , ch. 2., section 2 , en e x p liq u a n t ce
paragraphe , rapporte cet exemple tiré de Barthole. 11
suppose qu’un m ineur ait vendu , et que la tradition et
la délivrance de la chose n’aient été faites qu’en m ajorité
( ic i la tradition et la délivrance ont été faites par les
tuteurs, môme pendant la m in orité) ; alors il décide que
la tradition de la chose, quoique faite en majorité , n’est
pas un obstacle à la restitution , parce que cette tradition
est une suite et une conséquence nécessaire de la vente ;
quia i si a traditin fit ex neci-ssitate p rio n s con.tr a ctu s,
eu/n habi'Ot ncressariant nonsequentuwi ad prim um
a d u in inspicium s priacipium .
*•'
�O n connoît l ’arrêt rapporté au journal du Palais qui
a jugé conformément à ces principes.
Gujas a fait une distinction entre le cas où l’acte passé
en m inorité est com plet et parfait , et le cas où il n’est
que commencé en m in o rité, et parachevé et rendu par
fait en majorité. O n p e u t, d it - il, donner pour exem ple
de ce dernier cas un acte passé en m inorité sous une
condition potestative , sous une condition dont l’évé
nement dépende de la volonté du m ineur lorsqu’il sera
majeur.
v
■ •
Lorsque l’acte passé en m inorité est pariait et absolu,
Cujas enseigne que le second acte passé en m ajorité, qui
n’est que la suite du prem ier , n’est pas un obstacle à la
institution ; et cela, par la raison qu’en donne la lo i, In itia
inspecto. Ce second acte prend dans ce cas sa source dans
le prem ier; il prend son vice dans le. vice de l’o rigin e,
incepit unde incipere non potuit,
«•• Si l’acte, au contraire, n’a été que commencé en m ino
rité ; sil n’a reçu sa perfection que par l’acte passé en
m ajorité, il enseigne qu’il n’y a pas lieu à la restitution:
pourquoi ? parce qu?un acte, tant qu’il n’est pas parfait,
est comme s’il n’existoit pas ; parce qu’il n’est censé
exister, et avoir véritablem ent c o m m e n c é , que du jour
où il a été p a r fa it •, p a r c e que sa perfection en majo
rité produit le même effet que si l’acte avoit été passé
entièrement en m inorité; et alors on peut dire : incepit
unde incipere debuit.
Cette distinction n’a pas échappé aux adversaires;
mais
ils l’ont prise en sens inverse pour l’adapter à
leur'systèm e, v ■k
�C 47 D
Il faut distinguer , disent-ils , dans leur seconde écri
ture si l’acte étoit com plet en m in o rité, ou s’il n’a été
que commencé en m in o rité1, ensorte que l’acte fait en
majorité n’en soit que le complément. A u prem ier cas,
c’est-à-dirè , lorsque l’acte a été complet en m inorité , le
second acte passé eu majorité est un acte séparé, qui ne
m érite pas la restitution ; dans le second cas, au contraire,
c’est un acte néccssaii-e auquel la restitution profite,
s L ’on a vu que c’est absolument l’opposé ; les' adver
saires font dire à cujas précisém ent le contraire de ce
qu’il a dit. •
'
< L a loi S i sine decreto 2 , au co d e , livre 5 , titre 7 4 ,
S i m ajor fa ctu s alienationem fa c ta m ratam h a b iie rit,
est encore plus précise.
■E lle est conçue en ces termes:
S i sine decreto prœ sidis prœdia tua à tutore tuo
alienata s im t, nec speciali confîrm atione, vel, s ib o n â
Jide possessor J u is s e t, sta tuti temporis excursu id quod
perperam est a ctiu n fu era t sta bilitu m , prœ sit provïncicc
possessionern in ju s tuum retrahet.
L a disposition de cette loi est g é n é r a le ; elle a retran
ché tout l’arbitraire ; elle a voulu q u e 'la ratification
fût expresse et faite en connoissance de cause ; elle n’a
plus voulu qu’on pût induire une. ratification par de
simples présom ption, par induction d’actes qui ne parois-'
soient pas avoir été faits dans l’intention form elle de
ratifier; elle n’admet point de plus de ratification tacite, si
ce n’est celle résultante du silence pendant le temps utile
pour la prescription et Sa disposition com prend toutes
les aliénations laites par les tuteurs sans formalités de
justice.
�( 48 )
'I l faut donc que la ratification soit expresse, et que le
m in eu r,, devenu m a je u r, déclare expressément qu’il
ratifie l’acte, et qu’il entend qu’il ait son exécution. ,
L a simple continuation de ce qui a été fait t, ne peut
équivaloir à cette ratification expresse que la loi désire,)
et D um oulin en expi’ime la raison avec son énergie ordi
naire.
R a tio q u ia hujusm oài corifirm atio, n ih il d a t, nihil,
wQvi ju r is c o n fe r t, nec invalidum validai.j non enim
Jit) ad jin è m disponendi, sed solùm a djin em approbandi
conjirm abile taie quale e s t , et non aliter.
L a . ratification ne doit pas être seulement expresse,
çlle doit être faite encore en connoissance de cause.
C ’est encore ce qu’enseigne D um oulin.
L a confirmation d’une disposition n u lle , dit ce pro
fond jurisconsulte, n’est point validée par une simple
ratification qui n’énonce point la connoissance de la
nullité a v e c l ’intention de la réparer. T o u te approbation
sim ple, d it - il encore, renferm e toujours la condition
tacite que le titre originaire est valable. L a seule rati
fication , avec connoissance de la nullité que l ’acte ren
fe rm e , et avec l’intention de là réparer, valide cet acte.«
I n tantum r, ce sont ses expressions, quod etiam si
conjirm atum esset n u llu m , vel invalidum , vahdaretur
p'er conjirm ationem potestatem liabeatis , scientis nullitatem et vitium co n jirm a ti; secùs in conjirm ationibus
quœ fierent sine causœ cognitione.
I/E p in e de G rainville atteste les mêmes principes. Si
l ’acte confirmé est nul, d it-il, il n’est point valide par la sim
ple con firm rtion , ¿1 m oins qu’il n énonce la conm ssance
de
�u»
C 49 )
de la nullité du p rem ier, avec Vintcntion d elà réparer;
q u ’il n’en rapporte la substance, et ne contienne la décla
ration de l’intention de vouloir liii donner l’exécution.
A ppliquons maintenant ces princiqes. L e sieur Rolland
t—il déclaré dans ces quittances qu’ il cnlcndoit que
l ’acte du 30 octobre 1773 eût son exécution ? A - l- il
consenti ces quittances, pour se servir de l’expression
de D um oulin , ad fin e m disponendi ? Il s’est borné à
recevoir.
Faudroit-il se reporter à la distinction faite par Cujas ?
les adversaires n’en seroient pas plus avancés.
Suivant C u jas, lorsque l’acte a été com plet en m ino
rité , les actes faits en majorité , qui n’en sont que la
su ite , ne sont pas un obtacle à la restitution.
Ici 1’acte n’a pas été seulement com plet en m inorité , il
a été exécuté. Varagnes s’est mis aussitôt en possession
du domaine qui lui a été abandonné.
Mais le sieur Rolland a-t-il surtout approuvé en connoissance de cau se, curn causas cognitione?
Connoissoit-t-il la sentence de 1 7 5 6 , qui prononçoit
le résiliaient ? Connoissoit-il l ’acte p a r lequel M arianne
Varagnes avoit déclaré acquiescera cette même sentence
et adhérer au résilim ent? A v o it - il connoissanee de la,
sentence de la sénéchaussée d’A uvergne, de i772 ,q u id éclaroit l’appel interjeté par Varagnes péri et périm é.
Il connoissoit bien , a-t-on d i t , la transaction, puis
qu’elle est rappelée dans les quittances.
L a transaction est à la vérité relatée , mais elle n’est
point datée , ce qu’on n’auroit certainement pas manqué
de fa ire , s’il l’avoit eue effectivement sous les yeux,
G
«%
�C 5o )
M ais supposons qu’elle a été v u e , lu e et tenue. Q uelque
communication qu’il en ait p rise , il n’a pu y vo ir que
ce qui y étoit ; il n’a pu y vo ir ce qui n’y étoit pas.
L a transaction ne l’a in stru it, ni de la sentence de 1756
qui a prononcé le résilim en t, ni de l’acte d’acquiesce
ment de M arianne V aragn es, ni de la sentence de pérem p
tion obtenue contre Antoine.
L a preuve qu’il n’en a v o it, et ne pouvoit en avoir
aucune connoissance , résulte non-seulement de ce que
. ces pièces ne sont ni visées ni datées, soit dans la tran
saction , soit dans les deux quittances ; mais encore de
ce qui est dit dans le tra ité , que le tuteur a remis audit
V aragnes toutes pièces , actes et procédure.
O n ne pourroit du moins lui refuser le bénéfice de
la restitution contre ces quittances. Les actes consentis,
par les majeurs ne sont pas moins sujets à restitution
que ceux consentis par les. mineurs , lorsqu’ils sont évi
demment le fruit du dol et de l’erreur.
L e sieur R olland s’est pourvu en temps utile ; il s’est
pou rvu dans les d ix ans. L a prem ière quittance est en
effet du 30 juin 17 7 8 , et la demande en nullité d e la tran
saction , sous laquelle demande sont nécessairement com
prises Louies les conclusions qui tendent à la faire pro
noncer , est du 2.5- février 1788. X e délai d'ailleurs nyau-•
ro it pu co u rir tant que les pièces ont démeuré au
p o u v o ir de Tadversaire. O n a v u q u e, parla transaction*
le tuteur et les conseillers de tutelle ont remis à V avag n e s les pièces et sentences qui auroient pu donner quelque
connoissance aux mineure.
Quel est reflet de la restitution ? c’est d’anéantir l’acte 5
�113C 51 }
«'est de remettre les parties au même et semblable état
qu’elles étoient avant l’acte.
Si d’après toutes les circonstances de frau d e, si d’après
la preuve écrite que le sieur Rolland l’apporte de l’igno
rance de son d r o it , on ne peut lui refuser la restitution ;
si par la restitution les quittances doivent etre considé
rées comme non avenues, que restera-t-il ? la transac
tion ; et quelle transaction ? E st-il un acte où le tuteur
ait autant méconnu ses devoirs?
O n ne peut donc induire, contre le sieur R olland, aucune
fin de non-recevoir des deux quittances de 1778 et 1782.
D ’une p a r t , elles ne sont que la suite de ce qui a été
fuit en m in orité; et ce qui n’est que la su ite, l’exécu
tion d’un acte, n’en n’est pas la confirmation. D ’autre
p a r t, elles sont infectées du m ême vice de dol que la
transaction.
Dans tous les ca s, elles ne pourroient être opposées
à la dame R o lla n d , épouse du sieur G r o s , qui n’y a
point été partie.
Elles ne pouri’oient môme être opposées au sieur R olland
que pour la portion qu’il amendoit à l’époque de ces
quittances , et non pour les portions qu’il a acquises
depuis de ses quatre frères. O n ne Contestera sans doute
pas cette dernière proposition. O n a voulu réduire la por
tion de ces quatre frères à un douzième cliacun : on n’a
pas fait attention que les biens étant situés en pays de
cou tum e, le testament du père ne valoit que pour le
quart.
P A G È S - M E I M A C , ancien ju risco n su lte.
D E V E Z E , avoué.
G 2
�C O P I E
D e la transaction passée entre A n to in e V a ra g n e s,
d ’une p a r t , et le tuteur et conseillers de tutelle des
m ineurs R o lla n d , d'autre.
«
«
«
«
« Par-devant les notaires soussignés , en cette ville de
Salers , ont été présens Jean M aigne , tuteur des
enfans de feu P ierre Rolland , v iv a n t, seigneur de
la G u illa u m ie, officier en la chancellerie près le conseil supérieur de Clerm ont-Ferrand, demeurant en cette
« v i l l e , d’ une part ;
« A n toin e V a ra gn e s, laboureu r, demeurant au village:
« de M o n fouilh ou x,paroisse d’id e s , de présent en cette
« v ille y d’autre part ;
«. Lesquelles parties ont ra p p o rté, i 0". q u e , par acte
« en form e du 18 décem bre 1 7 4 7 , ledit sieur Rolland a
« vendu à G éraud V aragn es, père dudit V aragn es, son
v domaine situé au lieu de F leu rât, moyennant douze
« m ille liv re s, et quelques étrennes, p ou r raison de« laquelle somme ledit Varagnes a créé une rente cons« tituée de cinq cents livres, non su je tte à retenue d’im—
« positions, avec mention que ledit sieur G éraud V arar gnes pourroit rembourser les douze mille livres à
« pnyemens m orcelés, dont le moindre seroit de sept.
« cents livres.
« 2°^ Q u e ledit Géraud Varagnes est déeédé débiteur
« d’une somme de deux c e n t cinquante livres pour d er« nier terme de ladite re n te , échu au 30 novembre;
�Jl>
( 53 )
« 1752 , et de trente-trois livres trois sous pour dixièmes
« payés par ledit feu sieur Rolland ;
« L e q u e l, dès le 25 mars 17^3 , s’est mis en possession
« dudit dom aine, après avoir obtenu sentence qui condamne ledit Yaragnes , et ses frères et sœurs, au paye« ment desdites sommes. »
O n ne parle point de l’abandon du dom aine; de la renoncia
tion faite par Antoine Yaragnes à la succession de son père ; de
l ’avis de parens qui a autorisé les mineurs et le tu te u r, nonseulement à abandonner le dom aine, mais encore à renoncer à
la succession ; de la sentence du juge des lieux , qui a homologué
cet avis de parens ; de la nécessité où a été Rolland père de
reprendre ledit dom aine, pour n ’être pas privé tout à la fois et du
domaine et de la rente ; de la signature de B a rjo u , curateur
d ’Antoine V aragnes, au bas du bail consenti par R o lla n d , ce
qui écarte toute idée de violence. On affecte de rapporter la prise
de possession à la sentence du 25 mars 1753 , tandis que la mise
en possession n ’a été que la suite et l’effet de l’abandon.
«
«
«
«
« 3°. Q u e , dès l’année 1 7 5 6 , ledit Rolland a fait p ro céder au bailàrabaisdesrépara’tionsàfaireauditdom aine
de Fleurât , dont l ’a d ju d ic a tio n a été fa ite au nommé
Pom eyrat „ lors ferm ier, et duquel domaine on est
encore en possession, a
L a sentence dont il est fait mention , est du 5 mai 1766. On
passe sous silence celle du 29 septembre 176 6 , qui prononce la
résiliation du bail.
,
« 40. Que le 23 décembre 17 6 7 , ledit feu sieur Rolland
« a dem andé, tant l’adjudication de ladite sentence que
« les frais et dépens à lui adjugés, ensemble le m on«$ tant du bail à l’ubais *, et obtenu sentence au buillui<£e
O
*
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a
«
et
«
«
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( ,% )
de celle . v ille , le 20 février 17 6 8 , de laquelle ledit
\ aragnes s’étoit rendu appelant ; et la sentence passée
en force de chose ju g é e , comme ledit Varagnes n’ayant
poursuivi ni fait diligence sur son appel pendant trois
ans consécutifs. »
On ne parle p o in t, encore une fo is , de la sentence de i j 5 6 ;
on. référé la sentence obtenue en 1768 à la sentence du 5 mai
1756 relative seulement aux réparations. On écarte tout ce qui
a Irait à la sentence de 17 5 6 , relative à la propriété : on n’a garde
de parler de cette sentence, et encore mpins de dire qu’cljp a
passé en force de chose jugée.
cc 5 °. Que précédemm ent ledit V ard g n es, en état de
«
et
«
«
«
m inorité , répudia à la succession dudit feu Varagnes
son père; et ledit sieur R o lla n d , par acte reçu V alette ,
l ’un des notaires soussignés, le 16 février d ern ier,
contrôlé le 2 5 , a réglé avec M arianne Varagnes , sœur
dudit Varagnes. » ’ ,
Pourquoi le mot vague reg/e ? pourquoi ne pas dire qu’elle
avoit acquiescé h la résolution du contrat? Pourquoi surtout ne
pas rappeler l'a cte, la dat e, le nom du notaire qui l ’avoit reçu?
Qui ne voit qu’on a voulu cacher au mineur les deux faits les plus
im portans, savoir , que le bail avoit été résolu par la sentence du
39 septembre 175G, et que Marianne Varagnes avoit acquiescé
formellement à cette sentence.
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1' *
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j 11‘ ’ »*:
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« 6°. Q u’en vertu du billet du 26 mars 1 7 6 3 , ledit
« feu sieur Rolland étoit débiteur dudit Varagnes d’une
« somme de deux dents l iv ., pour le payement de laquelle
« il avoit fait assigner , au présidial de R iom , ledit
« feu sieur ' R o lla n d , dès le 14 mars 1768.
« Que c’est dans ces circonstances que ledit V a ra g n e s,
�( 55 )
« tant de son chef que de celui de Sébastien V aragnes,
« son fr è r e , est dans le dessein d’exécuter les engage« mens contractés par son dit feu p è re , de rentrer en la
« possession dudit dom aine, et demander la restitution des
« fru its, jouissances, depuis 1763 , et le montant des
« dégradations de toute nature faites audit domaine :
« qu’en outre il entendoit se rendre appelant de toutes
« sentences rendues, tant contre lui que contre ^es frères
« et sœ urs, et, en exp rès, de ce}}e qui pdjugeoit le bail
« à rabais ; soit parce qu’il étoit notoire que ledit feu
« sieur R o lla n d , ou quoi que ce soit P o m e y ra t, n’avoient
« fait que très-peu de réparations, dont l’objet ne pou voit
« s’élever à quatre cents livres ; soit parce que la ’résti* tion des fruits, compensation faite de cinq cents livres
« de rente an n u elle, s’élevoît à une sommé bien plus
« considérable; soit enfin parce que le billet de deux cents
« liv. avoit donné lieu à une com pensation, et qu’au sur« plus on ne pou voit lui opposer la répudiation faite à
« la succession de son p è re , par la raison , i° . qu’il étoît
« encore en l’état de m inorité ; 20. qu’un enfant est
« toujours recevable à accepter l ’iiérédité d’un p è re, en
« remplissant ses engageinens, ( * ) dans la ciiVonstâncé,
( * ) C ela est vr a i , à le g a r c i des créanciers , p a r ce q ue cVst l ’FhVérêt m êm e
de cenx - c i qu i trouvent une d oub le garantie , une d oub le sûreté dans les
biens d e l à succession et dans les biens particu liers de l ’héritier ; mais i l
i r e h est pas de m êm e à l ’égard des autres cohéritiers. D e méine que c e l u i
q ui a a ccep té la succession
ne petit tesser d etré héritier ; de m êm e c e l u i
q u i'a r e n o n c é ne pe u t p l u ite p r e r id r e fe'titre d ’h é r i ti e r , tant q u ’rl y a d ’aiitre* héritiers venant à la succession r c ’est la disposition éxpresse de la lo’i
4
au c o d . d e R e p . yel. AbstînendA liicridaie. S i t u t m a jo r v ig e n t i qu ù iÿ u et
�b
_«
,«
«
«
«
( 56)
surtout, qne la sentence qui ordonne la résolution de ladite vente u’eulève la faculté d’exécutercetto même vente
q u ’après trente,,ans utiles , à l’exem ple du retrait conventionnel ; et qu’à l’égard de l’acte passé avec M arianne
V a ra g n e s, il étoit toujours dans le cas de demander la
subrogation. »
•
.
On u c‘ peut ici qu'admirer le génie du conseiller de tutelle, rédac‘ teur dé la transaction', pour colorer le désistement de la portion
de'M arianne V aragnes,irrévocablem ent acquise.
« L ed it maigne , de son c ô té , étoit dans le dessein de
« soutenir au contraire;, mais les parties s’exposant A des
« frais considérables, désirant les éviter , elles ont sur le
« tou t, circonstances et dépendances, après avoir l ’avis des
k conseillers de tutelle des enfans dudit feu sieur R o lla n d ,
« tra ité , tan sigé, et accordé irrévocablem ent, ainsi que
« s’ensuit , savoir , que le p rix principal de ladite rente
« demeure fixé , comme il é to it, à la même somme de
« douze m ille livres , et soixante et douze livres pour
« étrennes , en déduction de laquelle ledit yaragn es en a
cc présentement payé celle de deux m ille quatre cents
« livres : ladite somme reçue et retirée par V a le tte , l’un
artnis , dit c ette loi , a n te q iia m a d e a t , d e la t c m r e p u d ia n s su ccesio n e.tn ,
p o s t q u eerere n on p o t e s t : it a qnep sita m ren u n cia n d o n i h i l tig it.
A n t o i n e V a r a g n e s , ayant rñpudié , á la vérité en m inorité , mais ne s étant
pas fait restitu e r dans les d is.a n s de sa iiujorité , é i o i t d ev en u
étranger
à la succession. I-a succession avoit été alors d ivisib lç entre M arian ne et
Sébastien Varagnes. M arian ne V arag n e s ainendoit incontest.iblfm ent la m o i
tié ; cependant les a p p e lla n s , pour éviter toute om bre de lit ig.» t se son t res
t r a i n t s , p o u r la portion de M a r ia n n a Varagnes , à un tiers,
«. des
�( 57 )
« des notaires soussignés , dont quittance ; e t, à l’égard
« du surplus , ledit Vax-agnes promet et s’oblige de payer
« seize cents livres au 8 juin p roch ain , sans in térêt,
« jusqu’au 2 5 mars p ro ch ain , et le x'estant, à raison de
« mille livres par termes: le prem ier, à échoir d’au joxir« d’hui eu deux ans ; le second, à pareil jour de l’année
« d’après , et ainsi continuer d’année en année jusqu’à
« iiu de payem ent, à la cliax’ge de l’intérêt de l’entière
« somme restante , à raison de cinq cents livres pour les
« douze mille liv re s; ledit intérêt non sujet à aucune
« retenue de dixièm e et autres impositions prévues et
« à prévoir. E t , à l’égard desdites éti’ennes , ledit V ai’a« gnes les a présentement payées com ptan t, lesquelles
« ont été délivrées de la main à la main aux enfans dudit
« leu sieur R ollan d , pour servir à leurs petits besoins,
« suivant l’avis desdits sieurs conseillers de tutelle. »
Il n’y avoit donc pas nécessité de vendre.
« Et , au inoyeu de c e , ledit Varagnes demeure autoi'isé
« a se mettre en possession dudit domaine au 2.5 mars
« prochain, et en jouir comme de c h o se à lui p r o p r e ; e t
« ledit M aigne a délivré audit Varagnes lesdites pro« cêdures, sentences ; le subroge 11 ses périls et fo r tu n e s,
« au lieu et place de ladite M arianne V a ra g n es, pour
« raison de l ’eifet de l’acte dudit jour 16 février dernier,
« vers laquelle, et vex*s ledit Sébastien Varagnes, ses frères
« et sœurs , il prom et garantir et indemniser les enfans
« dudit feu sieur Rolland.
« E t lesdites parties sesonti’espectivement tenues quittes
« de tous lesdits o b jets, demandes et répétitions, sans
H
�« dépens dommages et intérêts , sans se rien réserver ni
« retenir (* ).
« E t , en ou tre, promet ledit Varagnes de délivrer , à
« ses frais et dépens, audit t u t e u r , expédition en par« chemin du présent acte ; demeure convenu que si au
« cas ledit feu sieur Rolland avoit vendu certains héritages
« dépendans dudit dom aine, depuis le contrat de 174 7, et
« que le p rix desdites ventes n’excédât la somme de trois
« cent six l i v . , en ce cas cette somme demeure compensée
« comme les autres objets contenus au présent règle( * ) II étoit d û , aux m ineurs R o lla n d , la somm e de î 5o l i v r e s , d ’un côté ;
33 livres 10 s. , d ’autre ; 108 livres , d ’autre ; et 12/fi livres , po u r la
r e c o n stru c tio n de la grange , ce qui fait au total la som me de 1537 livret
en p r i n c i p a l , avec intérêts depuis dix-sept ou vin g t ans.
A n to in e V arag n e s exigea q u ’on lu i en fit la remise-, et elle l u i fut a c
c o rd é e sans difficulté.
C ’est i c i le cas de faire une rem arque essen tielle, q u i prouvera le p eu
d e b onne f o i e t d e d é lic a t e s s e d 'A n t o in e V a r a g n e s .
.D a n s l ’acte du 24 octobre 1773 , par lequel Sébastien , son frère , lui
céd a tous ses d r o i t s , m oy en n a n t la som m e de 400 l i v r e s , Antoine V a
ragnes y rapporte que le
père
des appellans avoit fait des réparations
très - considérables au domaine.
E t dans la transaction du
3o
octobre 1773 , il est d i t , au contraire , que
le père des appellans a fait très-peu de réparations , d o n t la valeur peut
s'élever tout au plus à la som m e de 400 livres.
V o i l à deux actes authentiques q u i constatent le fait des réparations d'u ne
m anière bien différente , parce que les intérêts étoient différens.
C'est dans la transaction du 5o oc tob re 1 7 7 3 , où se trouve le vé ritab le
dol , puisque les som m es dues aux mineurs étoient constatées par les sen
tences d ’ad jud icatio n et la quittance des ouvriers : on ne p o u v o it donc
inéconn oître une dette aussi l é g it im e , et qui s ' é l e v o i t , com m e on l ’a déjà
dit à la som m e de 1 6^7 livres en p r i n c i p a l , avec laquelle il d e\oit être Tiit
com pensation de celle de 200 livres p o u r le billet du père des appellans;
de manière qu’il est résulté
pour les mineurs une perte de 1 ¿.07 livres
en p rin c ij> al, a vec intérêt depuis dix-sept ou vingt ans.
�m
«
«
«
«
«
( 59 )
ment ; et au cas où le prix des ventes excéderoit trois
cents-livres e n ce ca s, le surplus excédant sera tenu
à Compte audit VaragnesJ, sur l es causes des présentes ,
sans autres dom m ages intérêts. A l’exécution des pré~
sentes, les parties»,«--etc. x»
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
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A name given to the resource
Factums Godemel
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/files/factum-remarquables/BCU_Factums_G0301_0007.jpg
Description
An account of the resource
<a href="/exhibits/show/factums/thesaurus">En savoir plus sur les factums</a>
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A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Title
A name given to the resource
[Factum. Rolland, Pierre-Israel. 1806?]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Pagès-Meimac
Devèze
Subject
The topic of the resource
déguerpissement
ferme
bail à rentes
minorité
tutelle
droit écrit
assemblées de parents
prescription
bail
Description
An account of the resource
Titre complet : Mémoire pour Pierre-Israël Rolland, homme de loi, procédant tant en son nom qu'en qualité de donataire contractuel de Jean-Marie Guy, Louis et Pierre Rolland, ses frères ; Et pour Toinette-Gabrielle Rolland, et le sieur Gros, son mari, juge au tribunal de Mauriac, appelans ; Contre Antoine Varagnes et consorts, intimés.
Particularités : notation manuscrite : texte complet de l'arrêt du 13 août 1806, 1ére chambre.
Table Godemel : Bail à rente : 1. la vente d’un domaine moyennant un prix déterminé pour lequel l’acquéreur constitue une rente, est-elle un bail à rente foncière qui laisse le domaine direct au vendeur, et qui, par suite, est susceptible de résolution et de déguerpissement ? Déguerpissement : 3. le preneur à vente qui, après plusieurs sentences prouvant la résolution du bail pour cause de non-paiement des arrérages, avait déguerpi les immeubles, a-t-il pu obtenir ensuite du tuteur des héritiers du possesseur actuel, sous l’apparence d’une transaction, l’abandon volontaire de ces mêmes immeubles et des droits des mineurs, moyennent un prix, sans aucune des formalités prescrites par les règlements ? Ratification : 3. en quels cas les quittances données par un mineur devenu majeur, constituent-elles approbation ou ratification de l’aliénation consentie par son tuteur ?
Publisher
An entity responsible for making the resource available
De l'Imprimerie de Landriot (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
Circa 1806
1756-1806
1716-1774 : Règne de Louis XV
1774-1789 : Règne de Louis XVI -Fin de l’Ancien Régime
1789-1799 : Révolution
1799-1804 : Consulat
1804-1814 : 1er Empire
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
59 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_G1703
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Godemel
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_G1701
BCU_Factums_G1702
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/6/53306/BCU_Factums_G1703.jpg
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Ydes (15265)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
assemblées de parents
bail
bail à rentes
Déguerpissement
droit écrit
ferme
minorité
prescription
tutelle
-
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833a8a367c4e8704d387f06f397fa956
PDF Text
Text
M É M O I R E E N RÉPONSE
POUR
A n t o i n e V A R A G N E , et a u t r e s , in t i m é s;
CONTRE
P l E R R E - I S RAEL R O L A N D
Toi n e t t e -G a b r ie lle
R O L A N D , e t le sieur G R O S son m a ri} appelans.
L e
père du sieur Roland avait trompé les mineurs
V ara gne et les avait dépouillés de tout leur patrimoine;
l e sieur Roland et la dam e Gros se plaignent aujourd’hui
de ce qu’ un Varagne les a trompés à son tour pendant
q u ’ils étaient mineurs, et a re p ri s ses biens. Si cela était
v r a i , il faudrait remonter à la source et ne tromper
personne; mais ce n ’est pas ainsi que les adversaires l’en
tendent; ils veulent bien rétrograder jusques avant la 2.0
époque, mais non jusqu’à la première, c ’est-à-dire, q u ’ils
veulent retenir ce que leur père avait pris. A la vérité
ils sont obligés de convenir que son usurpation n ’était
A
�(
2
)
pas la cliose du inonde la plus solide; mais au m o y e n
de quelques prescriptions et péremptions ils espèrent la
légitimer. 11 faut croire au contraire q u ’une oeuvre d'ini
quité et de ténèbres ne prévaudra pas contre une transac
tion sage et prudente qui en effaçait la turpitude; et la
publicité m ê m e que les héritiers Roland ont voulu
m et tre à celte cause, ne prouvera que m ie ux à la C o u r
q u ’ils n’avaient pas m ûrem en t r é f l é c h i , quand ils ont
voulu blâmer ce q u ’avait délibéré leur famille, pour co u
vrir le passé et leur rendre justice.
FAITS.
L e 18 septembre 1747» le sieur Pierre Roland avait
v e n d u à Géraud V a ragn e un domaine appelé de F l e u r a c , m oy e n n a n t 12,000 francs. Il fut dit que V a ragn e
demeurait quitte du prix, au m o y e n de ce qu'il créait
et constituait au profit du sieur Roland une rente do
5 oo fr. par a n n é e , paya ble en deu x termes, jusques au
remboursement des 12,000 fr.
G éra u d Varagn e mourut en 1 7 6 2 , laissant trois enfans
m in e u r s , A n t o in e , M aria n ne et Sébaslien.
11 avait pa yé la rente de 5 oo fr. a v e c la plus grande
e x a c tit u d e , et on serait hors d ’élal d ’é l a b l i r q u ’il eût
laissé pour un sou de dettes. Ses enfans devaient donc
être à l ’abri de l'inquiétude.
Mais le sieur Roland 1 egretIait singulièrement le
domaine de Fleurac qu'il avait vendu , disail-il, à trop
bas prix , et que le b o n étal où l ’avail mis l ’acquéreur
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lui faisait encore envier davantage. L a mort de cet ac
quéreur lui fournit le prétexte de se remettre en pos
session en expulsant ses enfans. Abandonnés d e t o u t l e
m o n d e , ils ne pouvaient l ’ en em pêclier, et d ’ailleurs ils
n'ont jamais été informés des diligences q u ’il pouvait
faire; c est seulement après sa mort et par la remise
qu on leur a faite de ses procédures^ q u ’ils ont connu
celles dont ils vont rendre compte.
L e sieur Roland fit n om m er un tuteur aux d eu x
puinés; et c o m m e A n toin e Var agn e avait déjà 16 ans,
il le fit ém an cip er, c ’es t-à-dire, on présenta sous son
nom une requête au juge de Fleurac , le 20 décembre
1 7 5 2 , pour demander son émancipation (1).
Ap rè s ce la , le 16 février 1 7 5 3 , le sieur R ol and as
signa ledit A n t o in e V a ra gn e et le tu te u r de ses frère et
sœur , pour lui p aye r 2 5 o f r . , la seule som m e à lui due
pour le terme d ’ une dem i-a nn ée de sa r e n t e , échu e
depuis la mort de Gér a 11d Varagne.
Une sentence par dé fa ut , obtenue le i . er mars 1 76 3,
adjugea ces conclusions, et condamna les mineurs à dé
clarer de suite s’ils entendaient ou non être héritiers
de leur père.
Cette sentence était sans doute bien inutile pour m o
tiver l’ usurpation du d o m a i n e , et le sieur Roland le
sentit bien. Il chercha à persuader A ntoin e Va ra gne
( 1 ) A i n s i il n’était p a s m a r i é a v a n t la m o r t de son p o re
et
é m a n c i p é p a r le m a r i a g e , c o m m e le disent les a d v e r s a ir e s à la
fin d e la p a g e 1 7 d e le u r m é m o ir e .
À 2
�v
A ( 4 )
qu'il n’avait pas d ’ intérêt à conserver un bien où il pas
serait sa jeunesse pour partager ensuite son industrie
a v e c d eu x enfans en bas âge ; un jeune h o m m e de
dix-sept ans n ’est pas bien difficile à séduire. D e u x cents
francs que le sieur Roland lui pr om it, achevèrent de lui
tourner la tô le: il promit tout ce q u ’on voulut.
E n conséquence le 24 mars 17 5 3 , le sieur Roland
assembla cinq cultivateurs sous le titre d’ une assemblée
de païen s, auxquels le jeune V a r a g n e représenta, à ce
qui y est d i t , que le domaine de Fleu rac lui serail plus
onér eu x que p r o iit a b l e , que son père l ’avait acheté
trop c h e r , n ’avait pas m ê m e pu pa ye r les droits de lods ,
q u ’à la vérité il avait acquitté la r e n t e , mais que c ’était
en contractant plusieurs dettes passives, et que son père
en avait conçu un v if ch a g rin , q u ’il croyait avoir été
cause de sa m ort, que m ê m e , en m o u ra n t, il lu i avait
conseillé de supplier le sieur R o la n d de reprendre son
d o m a in e- d ’après quoi il voulait suivre ce conseil, et
renoncer a la succession de sondil père.
a i Drès
cet acte de piété liliale, dans lequel le souf
fleur se fait assez r e m a r q u e r , il était question de pren
dre l'avis de trois païens paternels et trois maternels
qui avaient été assignés la veille 5 leur délibération ne
doit pas être passée sous silence.
L e s trois pareils maternels volent pour tout ce qui
est d e m a n d é , c ’est-à-dire, l ’abandon et la ré pudiation,
quoique l ’ un fût
l'opposé de l’autre ; mais le sieur
Roland avait voulu tout prévoir.
D e s trois pareils pate rn el s, l ’un ne vint pas, parce
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q u e , dil-on , il était malade;
de ce qui se passait, et ne
l ’expoliation de leur n e v e u
)
les autres d e u x , indignés
voulant pas participer à
, déclarèient q u ils ri en
tendaient pas q u 'il abandonnât, le dom aine , n i q u U
répudiât. C e l l e réponse est consignée en l ’acfe.
Cependant le j u g e , considérant que les parens m a
ternels étaient en plus grand n o m b r e , homologua la
délibération desdits trois parens maternels, el h o m o
logua m êm e celle du curateur qui n ’avait rien dit.
C o m m e An to ine Vara gn e avait bien rempli, son
rôle , le sieur Roland lui donna le lendemain , non
pas précisément la somme promise, mais un billet de
200 francs, payable da n s h u it ans s e u lem e n t, c ’esti'i-dire , à sa majorité , aiin que si alors il voulait
se p ou rv oir , le sieur Roland p û t au moins sauver
l ’argent.
M u n i de cette hom olo ga tion, le sieur Roland crut
en avoir assez fait pour mettre son usurpation en évi
dence , et par acte du 27 avril 1 7 5 3 , il donna à ferme
à un étranger le domaine de Fleurac ; e t , s’il faut en
croire les adversaires, il poussa le nim.ia precautio jus
q u ’à faire signer com m e tém o in s, le curateur et le
mineur de dix-sept ans.
Cependant, le sieur Roland ne pouvait se dissimu
ler q u ’il avait fait une mauvaise pro cé du re , et que
les pupilles V a r a g n e , n ’étant pas m ê m e nommés dans
l ’avis des trois p ar en s, auraient un jour à réclamer
contre lui des restitutions de jouissances; il s’agissait
donc de porter remède à ce danger. Depuis plus de
�(
6
)
trois ans il était en possession du d o m a in e , et avait
tr ouvé
fout en bon état ; mais un e vieille grange
lui sembla un prétexte suffisant pour ce q u ’ il avait à
faire.
L e tuteur étant m o r t , le sieur R o la n d en fit n o m
m e r un second le 24 mars 1 7 5 6 , et présenta une r e
quête dans laquelle il exposa que les enfans V a r a g n e ,
a y a n t déserté le domaine , avaient laissé Le tout en
très-mauvais état ; qu'il avait été forcé de préposer
des gens pour la c u l t u r e , afin d ’éviter le dépérisse
ment ; que Le nouveau tuteur ne prenait non p lu s a u cu n
soin pour jouir du domaine.
E n conséquence il dem anda permission d ’assigner
A n t o i n e V ara gn e et le t u t e u r , savoir au provisoire
p o u r faire constater Yétat de La g ra n g e, procé der au
bail à rabais des réparations, et au f o n d s , pour v o i r
dire que la ven te de 1 7 4 7 serait rés iliée, et q u ’i l serait
autorisé a reprendre la propriété d u d it dom aine , et
aussi pou r être conda m nés à payer la rente de 5oo f ,
ju s q u ’ à ce q u ’ il sera rentré en ladite propriété.
L e 5 mai il obtint une sentence provisoire qui lui
permit de faire constater les ré p a r a t i o n s - e t aussi p r o
digue de formalités pour c e l l e inutile précaution , q u ’il
en avait été avare en s'emparant de to ut, on co m p t e
d ix -ne u f pièces de p r o c é d u r e , affiches ou exploits entre
sa requ ê te , et u n e sentence du i . er juin qui adjugea
le rabais à 1,246 fr.
Ces réparations, c o m m e on le v o i t , n’avaient été
nécessaires que pou r un seul des b â l i m e n s , et il était
�( 7 )
singulier q u ’après trois ans d ’usurpation, le sieur R o l a n d
s’avisât de s’en prendre aux V a ragn e qui n’avaient joui
que de 1 7 4 7 à 1762.
Q uoiq u’il en soit, après celt e sentence provisoire,
le sieur Roland en obtint une seconde le 29 s e p t e m
bre 1 7 5 6 , q u i, adjugeant les singulières conclusions
de sa r e q u ê t e , déclara La vente de 1 7 4 7 résolue, lui
permit de rentrer dans la pr op riété , et condamna le^
Varagn e au paiement des arrérages j u s q u à sa rentrée.
Cependant les collecteurs, plus justes que l u i , s’obs
tinaient à ne pas vouloir changer la cote d ’impositions,
malgré son bail à ferme et sa nouvelle procédure; en
c o n s é q u e n c e , avant de laisser terminer le répai lement
de 1 7 5 7 , le sieur Roland présenta une requête à l ’ i n
tendance pour se p lai ndre de cette insubordination ;
et c o m m e il avait une charge à privilèges, il demanda
nne cote d ’office, m odérée suivant le produit du b ie n ,
qui à peine s’élevait, disait-il, d ’après son b a i l , à cinq
cent cinquante fran cs : a v e u , q ui, çn matière de sur
ta u x , où on n’exagère pa s, fuit assez voir co m bie n
peu V a r a g n e , cultivant par ses m a i n s , avait dû être
grévé en payant 5 oo fr.
Sans d o u t e , Antoine V a r a g n e , de ve nu m aj e u r , ne
vo ulut pas accéder aux propositions qui lui furent
faites; car le 23 décembre de la m ê m e a n n é e , le
sieur Roland le lit assigner, ainsi que le tu te u r, pour
voir déclarer les sentences du i . er mars
1 7 5 3 et 29
septembre 1766 rendues con tre eu x -m ê m e s, en con
séquence, e s t - il
d i t , se voir condamner à p a y e r ,
�(S )
1.° s 5 o fr. portés p a r l a p r e m i è r e , et 33 fr. de dix ièm e;
2.° 1,246 fr. pour le montant du bail à rabais. L e 20
fé vrier 1768 , il surprit une sentence adjudicative.
V a ra g n e en interjeta appel.
C et acte im p r évu dut déconcerter le sieur R o l a n d ,
qui sans doute chercha à renouer l ’a c c o m m o d e m e n t ,
et à gagner du tems. C e qui le p r o u v e , c ’est que na
turellement le plus pressé, parce q u ’il était créancier
et d e m a n d e u r , il se contenta de se présenter le 19
avril 1 7 6 8 , et garda le silence pendant trois ans.
Ap rès cette é p o q u e , il dressa le 18 juin 1 7 7 1 un
exploit de demande en pé rem ption , et il est démontré
par écrit q u ’il n ’y eut pas de copie re m is e , ou si on
v e u t que l ’huissier ne la donna pas. Aussi ne fut-il
pas difficile au sieur R ola nd , de surprendre , le 28
août 1 7 7 2 , une sentence par défaut qui déclara l ’ap
pel périmé. Mais cette p é r e m p t i o n , c o m m e on vo it,
était peu i m p o r t a n t e , puisque la sentence de 1768
n e portait que des condamnations pécuniaires , et
ne disait rien de la ré s o l u ti o n , déjà prononcée en
1756.
A peine Ma rg ue ri te V a ra gn e fut-elle m a j e u r e , que
le sieur Roland , toujours inquiet sur sa p r o c é d u r e ,
chercha ;'i obtenir d ’elle un acquiescement aux sen
te nc es, et par acte du 16 février 1 7 7 3 , il paraiL q u ’il
lui extorqua cet acqui esc em ent, sans prix.
l i e sieur Roland mourut le 3 i juillet de la m ê m e
a n n é e , et toute la peine q u ’il avait prise pour êlre
riche
�C9 )
riche n e Fempêcha p a s , à ce que disenl les a d v e r
saires, de laisser des delles. I l avait fail un teslament
par lequel il instituait celui de ses enlans qui serait
é lu par un conseil de famille.
Ant oine Varagne ne redoutant plus le sieur Roland
niort, avait déjà annoncé q u ’il allait interjeter appel
de la' sentence
de 1 7 5 6 , s’inscrire en faux contre
l'exploit de 1 7 7 1 , et réclamer les restitutions de jouis
sances de vingt-un ans, tant de son c h e f que c o m m e
cédataire de Sébastien son frère, et m êm e du c h e f
de Marianne sa sœur , en se faisant subroger.
C e l le réclamation était si pe u difficultueuse , que
le conseil de famille, composé des hommes les plus
éclairés, 11e trouva rien plus expédient que de rendre
le domaine , et de
jouissances.
tâcher d ’obtenir la remise des
E n conséquence , An toin e Varagne traita le 3 o oc
tobre 17 7 3 avec le tuteur des enfans R o l a n d , auto
risé du conseil de famille. Après l ’exposé de ses pré
tentions , l ’acte porte
q u’il reprendra le
domaine
vendu en 1 7 4 7 , et que le prix principal d e l à vente ( i)
demeure fixé c o m m e ’alors à 12,000 francs et 72 fr.
d etrennes. Varagne pa ya de suite 2,472 fr. , et le
surplus fut dit payable à termes annuels de 1,600 fr.
et de 1,000 fr. sauf l’intérêt jusqu’au paiement. A u
m o y e n de quoi le tuteur remit à Vara gn e les pr o-
( 1 ) L e s a p p e l a n s a v a ie n t dit renie, p a g . 8 d e le u r m é m o i r e :
e r r e u r q u i influerait s u r les m o y e n s d e ré so lu tio n .
B
�C 10 )
cédnres et se nten ce s, et le subrogea à l ’acte passé le
16 février précéd en t a véc Ma ri a nne V a r a g n e , à ses
risques et périls. Et c o m m e le sieur Roland pouvait
a v o ir déjà d ém em b r é le d o m à in é , le conseil de famille,
toujours p r é v o y a n t , fit stipuler, pour év iter les recours,
que s’il y avait des ventes au-dessous de 3 oo francs,
V a r a g n e n ’aurait rien à d e m a n d e r ; m a i s 'q u e si elles
excédaient celt e som m e , il répéterait le surplus du
' prix seulement.
E n vertu de cet a c t e , A n l o i n e V a r a g n e se mit in conlinent en possession de son dom aine , et pa y a ré
gulièrement d eu x à -co m p t e s au t u t e u r ; dès la pre
m ière q u il t a n c e , on vérifia quelles ventes le sieur
R ola nd avaient passées, et elles se trouvèrent d ’ un
pré de trois j o u r n a u x , et de partie d’ un autre pré.
C o m m e les d eu x actes ne portaient de prix que 778 f.
A n t o in e V a r a g n e , suivant sa c o n v e n t i o n , n ’eut qne
478 fr. à déduire.
Bientôt le sieur P i e r r e - I s r a ë l R ola n d devi nt m a
j e u r , et ( c e q u ’il ne disait pas jusqu’à ce que les V a
ragne l ’aient d é c o u v e r t) le m ê m e conseil de famille
s’assembla le 4 déc em b re 1 7 7 7 pour l ’élire hérilier
universel de son p è r e , à la charge de p a y e r les légi
times portées par son testament.
L e d it sieur R ol and prit des arrangemens avec ses
frères et sœurs, en se mettant en possession de toute
la succession ; il s’obligea vraisemblablement à p a y e r
leur légitime qui était assez considérable, et il avo ue
aujourd’hui q u ’il les représente tous à l ’exception do
la damo Gros.
�( ” )
E n 1 7 7 7 , il éiait échu un terme de 1,000 fr. sur
le traité de 1 7 7 3 ; et le sieur R o l a n d , aussitôt q u ’il fut
h éritie r, n'avait pas m a n q u é , à ce q u ’il p a r aî t, de
prendre connaissance de cet acte. Car non-seulement
il demanda à V a ra g n e le terme échu , mais il l ’e n
gagea m ô m e à avancer le terme s u iv a n t , pressé sans
doute d’acquitter les légitimes.
E n effet on voit par quittance du 27 juillet 1 7 7 8 ,
que le sieur Pierre - Israël R ola nd , avocat en parle
m en t, reçut d’Antoine V a ra gn e 2,000 f r a n c s , savoir
1,000 fr. pour le terme échu à la Toussaint de 1777»
et 1,000 fr. par anticipation 'pour le terme à
échoir
à la T oussaint de 1 7 8 8 , porté au traité passé devant
le notaire s o u s s i g n é , entre son tu teu r} les conseillers à
la tutelle et ledit V a r a g n e .
Dira-t-on que c ’était Vara gne qui s’empressait d ’a
voir une ratification d ’un majeur ; mais elle n ’est pas
la seule ?
Quatre ans après, et lorsque le sieur Roland eut eu
le loisir de méditer l ’act if et le passif de la succession
de son p è r e , le surplus des 12,000 fr. était é c h u , et
Varagne p a y a par quittance du i r juin 1 7 8 2 , a u d it
sieur R o la n d , avocat, la somme de 4,000 fr a n c s pour
tout reste et f in a l paiement d u p r ix de la ve nte et
délaissement du domaine de Fleurac ayant appartenu
a u x auteurs d u d it sieur R o la n d , et délaissé audit
Varagne par traité reçu par le notaire soussigné, de
laquelle dite somme de 4,000 fr. ensemble d u p r ix
entier de ladite vente, ledit sieur R o la n d a promis le,
fa ir e tenir quitte envers et contre tous.
�( 12 )
A n t o in e V a ra gn e m o u r u t , après avoii’ ainsi liquidé
sa fo rtu n e; il laissait sa v e u v e tu tr ice; et l ’ un de ses
fils, ayant ele marié , laissait aussi une v e u v e tutrice,
le sieur Roland trouvait là une bien belle occasion
po u r marcher sur les traces de son p è r e , et r e p r e n
dre ce qui nq lui appartenait plus. I.a crainte de trouver
de 1 obslacle en son nom seul lui fît
em prunter le
nom de ses frères et sœurs pour former sa d e m a n d e ,
et cacher soigneusement la qualité d ’hérilier universel,
dont il avait cependant usé en prenant tout le prix
de la ven le.
E n c o n s é q u e n c e , par requê te du 2& fév ri er 1 7 8 8 ,
il fut fo rm é demande devant le juge de Salers, en
nullité du traité de 1 7 7 3 , et désistement, à la requê te
des sieurs Pi er re -I sr ael R o l a n d , a v o c a t , J e a n - M a r i e
Roland , curé de Salers , G u y Roland . prêtre c o m m u n a l i s l e , Louis -I sr aël R o l a n d , prêtre, et T oinelfe Gabrielle
Roland , contre
Catherine L a p e y r e ,
qualité de tutrice des enfans d ’An toin e
V aragn e
en
père
son mari, Marguerite Chau nie il, aussi tutrice des e n
fans d ’A n toin e V a ragn e fils son m a r i ,
Tagne
et J ean V a -
iils.
L e s V a r a g n e qui ne voulaient pas p l a i d e r a Salers,
se laissèrent condam ner par défaut le 10 juin 1 7 8 8 ,
et inleijetèrent appel en la sénéchaussée d ’ A u ve rg n e.
L a cause fut appointée au conse il, et le sieur R o
land comprenant assez que son système d ’envahissenient n ’y ferait pas fortune , voulut se rendre un
p e u moins défavorable. 11 reconnut q u ’il avait mal
�à propos
( i3 )
demandé le désistement total , et que Sé
bastien Vara gn e aurait eu droit de rentrer dans le
do main e; en conséquence il se départit de sa demande
pour un tiers. A l ’égard des deux autre s, il soutint
que son tuteur avait été tromp é, et q u’après le traité
de février 1 7 7 3 , et les sentences de 1768 et 1 7 7 2 ,
M a ria n ne et A n t o in e V a ra gn e avaient perdu toute
p r o p r i é té , de sorte que le traité de nove m bre 17 7 3
contenait une aliénation de biens de mineurs contre
laquelle ses frères et lui pouvaient réclamer pendant
trente ans.
Mais les tutrices V a r a g n e , pourrepousser ces moyens,
firent des recherches dans les éludes de n o t a i r e s , et
■trouvèrent les quittances de 1778 et -1782 , le testa¡mçnt du sieur Roland pc-rc, et l ’élection de 1777Ces pièce s, jointes aux circonstances de l ’acte de
1 7 7 3 , étaient si décisives que la sénéchaussée d ’ A u
v e r g n e , par sentence rendue au rapport d e M . r Bidon,
le 3 septembre 1790 , n ’hésita pas à infirmer celle par
défaut de Salers , et à débouler les sieurs Roland de
leur demande.
A leur tour les sieurs Roland ont interjeté appel
de celle sentence au parlement de Paris; ce n’est
q u ’en l’an 10 q u’ils en ont repiis les poursuites de
vant la Cour.
Il ne reste plus q u ’à rendre compte
des moyens respectifs el à répondre à ceux proposés
par les appelans dans leurs écritures et leur mémoire.
�(
*4
)
M O Y E N
S.
«
i
,
1■
L e s y s t è m e des appelons es t, c o m m e on le p r é v o i t
sans peine , fondé tout entier sur l ’état des choses
subsistant avarft la transaction de 1 7 7 3 ; alors disentils aux V a ra gn e , votre expropriation était lé galem ent
c o n s o m m é e , vous devi ez une rente foncière que vous
n e p a y e z p a s , ainsi il y avait lieu à résolution ; vous
a v e z dégu erpi les biens, et vous le p o u v i e z , quoique
m i n e u r s , a vec le décret du juge. Ainsi rien n ’était
plus légitim e que les sentences de
1 7 5 3 , 1 7 5 6 [et
17685 d ’ailleurs c ’était chose jugée à cause de la p é
r em pt ion prononcée en 1 7 7 2 contre A n t o in e V a r a g n e ,
et quant à M ari an ne elle avait tout app ro uvé par u n
traité contre lequel il n ’y avait pas lieu à re t ra it , dès
q u ’il ne s’agissait que de résolution; ni à subrogation
l é g a l e , puisque ce traité acquérait au sieur R o l a n d
rem sib i necessariam.
Si d o n c , disent les adversaires, nous étions p r o p rié
taires incommutables en 1 7 7 3 , notre tuteur n ’a pu
aliéner notre propriété sans formes et sans nécessité.
N o u s nous sommes pourvus dans le te m s, et les quit
tances du prix ne sont pas une approbation.
Quo iq ue cet ordre de moyens soit une inversion de
questions, et que naturellement la première chose à
ex a m in e r dût être la fin de non r e c e v o i r , ce pendant
les intimés suivront cette série des m oyens présentés
p a r le s adversaires, puisque leur but est d ’y répondre.
Ils examineront donc z . ° si le sieur Roland avait rc-
�( i5 )
couvré la propriété du domaine de F l e u r a c , lorsqu’il
s’eu empara en 176 3 ; 2.° si au cas qu’il ne fut pas alors
propriétaire, il Test deve nu par les sentences de 1 7 5 3 ,
1 7 5 6 , 1768 et 17 7 2 , et si elles étaient chose jugée
en 1 7 7 3 , tant contre A n t o in e que contre Marie V a
ragne; 3 .° si la transaction du 3 o octobre 1 7 7 3 était
une aliénation des biens des mineurs Roland ; 4.0 si,
en ce cas , les adversaires se sont pourvus en tems utile;
5 .° enfin si les quittances de 1 77 8 et 1782 produisent
une fin de non recevoir.
P r e m iè r e
q u e s t i o n
.
L e sieur R o la n d pere a va it-il recouvré la propriété
du dom aine de F 'leurac , lorsqu’il s’en empara m 1 7 5 3 ?
L e sieur Roland avait vendu ce domaine en 1 7 4 7 ;
ainsi sans difficulté Geraud Varagne en était proprié
taire à son décès en 1752.
Mais quelle était la nature de cet acte de 1 7 4 7 ? car
de cet examen préalable dépend la discussion relative
a u x moyens proposés de déguerpissement et de réso
lution.
Souvenons-nous q u ’en 174 7 le sieur Roland ava it
vendu un domaine m oyen nan t 12,000 fr. , p o u rla qu elle
somme l ’acquéreur avait constitué une rente de 5 oo fr.
Ainsi d ’après les principes celte rente n’était pas pure
ment foncière; c ’était une simple rente constituée,
assise sur un immeuble ave c privilège spécial.
�C 1 6 .)
P a r conséquent le bailleur n ’avait pas retenu le d o . mai ne direct jdèslors c ’était une aliénai ion pure et simple
de sa p a r t , ce qui changeait totalement le droit q u ’il
s’est arrogé de s’emparer du f o n d s , c o m m e s’il n ’eût
délaissé que la propriété utile.
C e l te différence à faire entre les ventes à charge de
re nie cons titué e, o u ï e s b a ux à renie foncière , nous
est enseignée par les auteurs du nouveau Denizart au
m ol cirréf âges : «U n h é r i t a g e , disent-ils, peut être vendu
« m oyen n a n t une rente de telle s o m m e , ou bien le prix
« de l ’héritage peut être fixé d ’abord à telle s o m m e ,
« et ensuite les parties convenir par le m ê m e acte que
« la som m e formera le capital d ’une r e n t e ^ o u siil u é e
« entre les mains de l ’a c qué re u r. D an s le premier cas
« nul doute que la rente nesoit foncière ; mais au second,
« la reni e renferme une véritable constitution de rente
c< à prix d ’argent ».
• Sans doute cette opinion ne sera pas taxée d'innova
tion; car on la retrouve dans Lo3’seau en son traité du
déguer pi ss em ent .« Tout efois , d i t - i l , e n toutes ces rentes
foncières, il y a une signalée précaution, et une r e * marque*de grande im p o r ta n c e , c ’est quesi lecontrat
« est fait en forme de vente , auquel le prix soil parti« cularisé et s p é c i f ié , pour lequel prix soit constitué
«• renie à la suite du m êm e c o n t r a t, alors, à bien e n « t e n d r e , telle rente ne doit pas être estimée foncière,
« mais simple rente constituée, (f. i. ch. 5 . n.° i 4 e t 17).
l i e m ê m e principe est enseigné par Basnage sur l’ar
ticle
de N o r m a n d ie , par l ’ othier au traité du coutrat
-
�( *7 )
trat de constitution de r e n t e , n.° i 3 3 , par divers, arrêt s
de cassation de l ’an 9 et l ’an n , et par un arrêt de
la Cour de l ’an i 3 .
Cela posé, on ne voit plus où s’appuient les deux
mo}^ens des adversaires, fondés sur ce que les enfans
Varagne avaient pu déguerpir le domain e, pour ne pas
p a y e r la re nte, et sur ce q u e , ne payant pas la re nte,
la résolution était de plein droit après trois ans.
, X-e premier m o y e n ne semblait pas trop raisonnable,
parce que dans les faits ci-dessus rapportés, on ne voit
rien qui ait beaucoup d ’analogie av ec un déguerpisse
ment. Mais les adversaires prétendent que le simple
fait d’abandon du domaine équivaut dans l ’espèce à
un déguerpissement, par la r a i s o n , ,disent-ils, que d ’a
près L o yse au , les m in e u rs peuv en t aussi déguerpir
pou rvu q u’il intervienne décret du juge pour le leur
p erm ett re, après un avis de parens. O r , ajoutent-ils,
cette autorisation judiciaire se trouve dans la délibé
ration des parens qui avaient autorisé les mineurs à
abandonner le domaine et m ê m e à répudier la suc
cession.
Erreur dans le fait et dans le droit.
Dans le fait ; car cette délibération n’autorisait pas
les m ineurs, mais l’émancipé seul; et loin d'être co m
plet te, 011 voit que les parens paternels eurent l ’énergie
de s’indigner hautement de ce qu’on méditait contre
un e n f a n t, et que les parens maternels accédèrent seuls
à ce qui é t a i t. demandé.
Dans le droit ; car ce n ’est pas cette délibération
C
�( i8 )
q u i aurait pr od ui t un d é g u e r p i s s e m e n t , elle y a u t o
risait seu le m en t l ' é m a n a p ë , et c e p e n d a n t il s’en est
tenu à c e l t e d é m a r c h e ,
dé jà m ô m e le sieur R o l a n d
s’était e m p a r é du d o m a i n e ; et q u a n d il sollicitait u ne
r é p u d i a t i o n , il est clair q u ’il ex i g e a i t d e u x choses c o n
t r a d i c t o i r e s , p a r c e q u ’ un d é g u e r p i s s e m e n t était u n e
a d i lio n d ’hé rédité.
U n dé gue rp is se m en t n ’ est pas un a cte t el le m e nt sans
c o n s é q u e n c e q u ’il puisse a v o i r lieu p a r a c c o r d v e r b a l ,
c ar il est u n e a l ié n a ti o n , et n on n u d is p a c t is d om iriia
t ra n s f e r u n tu r.
D ’a bo rd il n ’est pas trè s- c er ta in q u ’u n tel a cte soit
p e rm is à des tu te ur s, m ê m e a v e c le dé cre t du j u g e ;
la loi s’y
op p o se f o r m e l l e m e n t ; prœ d ia ven du ,
vel
j p s j s c a r e r e p e rm ilti n on d c b e t, et s i p erm issu n i s i t ,
•nuUa est v e n d itio , nuLLunique decretum . ( L . si æs. if.
de reb. eor. etc. )
C e p e n d a n t a d m e t t o n s q u ’ un t u t e u r puisse d é g u e r p i r
a v e c l e ' d é c r e t du j u g e ; au moi ns fa u t -i l , q u a n d le
d é c r e t est in t e r v e n u , q u ’il y ait un d é gu e rp i ss em en t
for m el.
Loj's ea u , in v o q u é par les a d ver sa ii es, dit que le
déguerpissement doit être fait en ju g e m e n t, et pour
q u ’on ne confonde pas c e ll e exp ression, il a j o u t e ,
cest-à-dire en i'audience de ju s t ic e , les p la id s tenant ,*
«■ca r, continue cet a u t e u r , le respect ,1 a majesté du
« lieu où la justice csl e x e r c é e , la présence des m a « gislrals, la fréquence des assislans donne à cet acte
« plus d ’nutorilé , parce que le déguerpissement est
a un acte d'importance. ( Liv . 5 .)
�( i9 )
Si donc il y avait eu lieu à déguerpissement, les
adversaires ne pourraient en invoquer aucun , car il
n ’y en a d ’aucune espèce. Mais ce n ’élait pas le cas
dès que la rente n ’élait pas foncière. C a r, connue dit
Chopin sur l'art. 109 de la coutume de Pari s, « en
« rente rachetable sous un principal e x p r i m é , n ’y a
ci lieu à déguerpissement, cum sit potiàs emptor> quàm
« conductor pretii vectigalis ».
Opposera-t-on qne ces principes sont en faveur du
bailleur et non contre lui : mais dès que le dégu er
pissement est une aliénation, il faut que le contrat
soit bilatéral ou synallagmatique, et jamais il ne sera
possible de penser que des mineurs sur-tout aient fait
un déguerpissement valab le , 'sans aucun a c t e , m ê m e
hors j u g e m e n t , et par le seul fait de l e u r dépossession.
Quant à la résolution, faute de paiement par trois
ans, elle n ’avait pas lieu en rente constituée; mais
ce serait devancer les adversaires
que d'ex amin er
ici celte question, car ils ont été forcés de recon
naître q u e , d ’après leur propre syst èm e, il n ’y avait
pas lieu à résolution quand leur père s’empara du
domaine en iy' 5 3 , parce que la sentence du 1.” mars
de ladite année ne portait condamnation que d ’ uu
demi-terme de la rente de 5 oo francs, échu encore
depuis la mort de G érau d Varagne.
A i n s i , sur cette première q ue stion, il est constant
que sous aucun point de vue , le sieur Roland n ’é
tait propriétaire du domaine de Flenrac lorsqu'il s’en
e m p a r a , et le donna à ferme le 25 avril 1-763.
C 2
�( 20 )
DEUXIÈME
QUESTION.
t
L e s Leur R o la n d e s t-il devenu propriétaire d u do
m aine de F leurac par les sentences de 1 7 5 3 , 1 7 ^ 6 ,
1768 et 1 7 7 2 ?
Ces sentences étaient-elles passées en fo r c e de chose
ju g é e en 1 7 7 3 , tant contre A n to in e
V a ra g n e que
contre M a ria n n e sa sœ ur?
L a sentence de 1 7 5 3 ne signifie rien pour la p r o
p r ié t é , cela est c o n v e n u ; elle n ’était q u ’ un a c h e m i
nem en t aux autres, et eût été e l l e - m ê m e irrégulière,
puisque le sieur R o la n d a dit G ér aud V a r a g n e mort
en n o v e m b r e 1 7 5 2 , et que depuis cette époqu e ju s
q u ’après les trois mois et quarante jours il n ’avait pas
d ’a c t i o n , d'après l ’ord on na nce de
par le Code civil.
,
1 6 6 7 , re n ou velée
,
E n 1 7 5 6 , il y eut deux sentences, mais la première
ne parle que de bail à rabais et non de propriété •
c'est la seconde s e u l e m e n t , du 29 s e p t e m b r e , qui p r o
n o n ce la résolution de l ’acte de 1 7 4 7 .
On ne peut pas douter que le juge n ’ait été sur
pris lors de cette sentence , puisque l ’exposé de la
r e q u ê t e , sur laquelle elle est r e n d u e , suppose que le
sieur Roland n ’clait pas encore en possession du d o
maine de Fleurac. Il demandait ju s q u e s -là les arré
rages de la renie de 5 oo f r . , et certes c ’était abuser
étrangement du silence forcé des mineurs V a ragn e ;
car s’ il eut confessé au j u g e , que depuis plus de trois
�( ai )
ans il percevait les fruits du d om a in e, sur lequel la
dite rente était assise, le juge au lieu de lui adjuger
sa d e m a n d e , . l'aurait éconduil , quoique par défaut.
Cette sentence , il est v r a i , quelque mauvaise q u ’elle
fût, disposait de la propriété du do main e; mais elle
était susceptible d ’appel pendant trente ans d’après la
jurisprude nce5 et dès-lors en 1 7 7 3 , elle pouvait être
attaquée.
C e n’est pas ainsi, h la vé rité, que les adversaires le
supposent. Ils soutiennent, au contr aire, q u’il y avait
chose jugée en 1 7 7 3 , et que tout espoir de retour était
ôlé contre la procédure p r é c é d e n t e , sauf néanmoins
les droits de Sébastien Va ra gn e qu’ils reconnaissent
entiers. A l ’égard des deux autres, ils séparent A n toin e
V a ra gn e de Marianne sa sœur.
Antoine V a r a g n e , dirent - i l s , avait bien interjeté
appel de la sentence de 1 7 6 8 ; mais cet appel avait
été déclaré péri , et la péremption emportait le bien
jugé de ce lle s e n t e n c e , et dès-lors de celle du 29
septembre 1756.
Mais les sieurs Roland confondent aujourd’hui ces
sentences, qui avaient un objet très-distinct en 1772.
La
sentence de 1768 n'avait
pas pour objet de
faire déclarer les précédentes exécutoires contre les
V aragn e
, puisqu’elles étaient rendues contre e u x -
mêmes y si le mot y fui em plo yé ce n ’était que par un
vice de style; car le but très-clair de la dem ande était
d ’obtenir le paiement de 1,246 fr. prix apparent du
�( 22 )
bail à rabais, donI l e S .r Roland n ’avait p a s e n c o r e o b l e n i i
de condamnalions. On voit en effet p a r l a leclure de la
senlen ce de 1 7 6 8 , q u ’elle ne porte que des co ndam na
tions pécuniaires, el ne dit pas un mot de la résolu liou.
L a senlence de 1 7 7 2 prononce la pé re m plio n de
l ’appel de celle de 1768, el est encore plus étrangère que
toutes les autres à la propriété du dom aine de F l e u r a c ;
c a r , quand la péremption serait ir ré vo cable, l ’effet de
la sentence de 1768 ne s’étendrait pas a u - d e l à des
condam nations q u ’elle prononce.
A i n s i , quand les sentences de 1768 et 1 7 7 2 a ur ai en t
passé en force de chose jugée en 1 7 7 3 , au moins la
se nlence du 29 septembre 1 7 6 6 , la seule qui pr onon
çât la résolution d e l à vente de 1 74 7? était-elle é v i d e m
ment susceptible d ’appel en 1 7 7 3 .
Mais si, par impossible, la C o u r pouvait considérer
dans la sentence de 1768 , une résolution que c e tte s e n 1ence ne prononce pas , c o m m e alors celle de 1 7 7 2 au-,
rait une plus grande influence, c ’est alors le cas d ’e x a
miner la validité de l'exploit de 1 7 7 1 , sur lequel cette
senlence a été surprise.
11 est démontré que la copie de cet exploit a été souf
flée. L a leclure de l ’original le prouve. Et en vain les
adversaires ont-ils ouvert une longue discussion sur des
mots écrits 011 a jo u t é s , on voit clairement que leur
pè re , 011 le rédacteur de l ’exploit a eu deux pensées
l ’une après l ’a u t r e , el que la de u xiè m e a corrigé la
première ; mais ce n’est là disputer q u e sur le genre
d'infidélité j car les adversaires sont obligés d ’avoue r q u ’il
�( a3 )
y en a une. L ’huissier au moins n ’a pas porté la copie;
l ’assigné, qui ne l’a pas reç ue, soutient l ’exploit nul, et il
l ’est sans dilliculté. Si donc il n ’y avait pas de demande
en pérem ptio n, il n’y avait pas de péremption ; alors
l ’appel était recevable en 1773. T o u t e la faveur eut été
pour cet app el, et toute la défaveur pour une péremp
tion ext orquée par un faux évident.
D u c h e f d e M a r i a n n e V a r a g n e , An to ine eût été, disentils, moins reccvable e n c o r e , puisqu’ elle avait tout a p
prouv é p a r l e traité du 16 février 1 7 7 3 , ainsi personne
ne pouvait réclamer pour elle.
Pourquoi donc ses frères n’auraient-ils pas eu d ’action
en subrogation l é g a l e , si Marianne avait cédé un droit
litigieux et universel ? C e l t e p r é f e n l io n paraît choquer
lesadversaires; mais c ’est q u’ils partent toujours de cet te
idée fausse, que leur père avait conservé la propriété
directe du d o m a i n e , et alors ils se croient »dans l ’e x
ception d e là loi excep Lis cessionibus quas is q u i p o ssi-
det pro tuitione sutî accipU.
Cela est très-bien quand , a v e c un titre lég i tim e p o u r
u n e partie , on possède t o u t , et q u e , p o u r c on fir me r sa
possession , on ac he tt e rem necessariam.
Mais quand on n ’a que la portion d ’ un cohéritier par
us ur p at io n, il est clair q u’on ne cherche pas à y rester
p o u r éviter un procès; mais q u ’on se prépare à en sou
tenir un contre les cohéritiers.
Suivant le système des a d v e r s a i r e s , et e n i n te rp ré t a n t
j u d a ï q u e m e n l l ’e x c e p t i o n - d e la l o i ; rien ne serait plus
�, (24)
facile que de l’éluder. L ’acq uére ur d ’ un droit de copro
priété ou d ’ un droit successif se mettrait d ’ava nc e en
possession d ’ un objet, et ensuite il en serait quitte pour
dire q u ’il est dans l ’exception de la l o i , parce que
p o ssid etis, pro tuitione accepit.
•
Po u rq u oi encore les frères de Marianne V a r a g n e
n ’auraient-ils pas eu une action en retrait; car s’il est
certain que le domaine de Fleurac a resté dans la famille
V a r a g n e , il est clair que Ma ri a nne Varagne était p r o
priétaire d ’u n ep orti on , par la règle Le mort sa isit le v ifm
M a is, disent-ils, un retrait n ’a lieu q u ’en matière de
vente ou d ’acte équipolent à vente.
L ’objection m ê m e les con dam n e; car dès q u e l ’acte
de 1 7 4 7 était une vente, M a r i a n n e Varagne, propriétaire,
n ’a pu s’en départir que par unac-teéquipolent à vente.
E n vain opp ose-t-on q u ’elle a cédé son droit par une
transaction. U n e transaction n’est q u ’ un acte indéfini
qui admet toutes les espèces de co n v e n t io n s , et qui
dèslors retient e lle -m ê m e le nom le plus analogue à
son objet principal. Ainsi quand , par l ’efiet d ’ une
transaction, l ’im m eu b le d ’ un contractant passe à un
autre , l ’acte est toujours une v e n t e , puisqu’il en a les
caractères; car la qualité des actes ne doit pas se juger
par les noms q u ’on leur d o n n e , mais par leur substance.
Si Mari an ne Vara gne n’avait eu que j u s a d rem , il
est possible que la transaction ne fût pas considérée
c o m m e une v e n t e , dès q u ’elle n’aurait cédé q u ’ une
simple prétention litigieuse ; mais il est clair q u ’elle
avilit j u s i/L r ey et q u ’élanl propriétaire au décès de
son
�( 25 )
son p è r e , a u $ m acte ne lui avait ôlé ce lle propriété.
Son abandon était donc une ve n te pure et simple.
O r , sans se jeter dans un long examen sur les cas
où le retrait était admissible, les adversaires ne nie
ront pas q u’en vente d’ immeubles il ne fût admissible
au profit d’un frère.
Ils ne nieront pas encore q u’il n ’eût été m êm e ad
missible quand Marianne n ’aurait abandonné que J u s
a d rem ; car il est de principe enseigné par Polhier
d ’après D u m o u l i n , Duplessis et autres auteurs, que la
vente
d ’u n d roit
réputé p ou r héritage suffit pour
donner ouverture au retrait.
L e m êm e auteur dit plus clairement à la page p r é
cédente j que la créance q u ’on a pour se faire livrer
un héritage, est sujette à retra it si elle est c é d é e : et
cette doctrine n’est q u’une conséquence du principe
que a c lio , quœ ten d it a d a liq u id im m o b ile , est i/nm obilis.
Dans la circonstance su r- to u t, et après la conduite
du sieur Roland p è r e , lorsqu’il venait d ’y mettre la
dernière main en ôtant le patrimoine d ’une jeu ne fille
sous prétexte des
dangers d’ un pr ocè s, il n ’est pas
de tribunal qui eût refusé d ’admettre un retrait q u’a u
rait exercé Antoine ou Sébastien Varagne ; parce que
c ’était la voie la plus légitime pour tout rétablir qn.
son premier état, et q u’il ne s’agissait que d’arrêter
une usurpation.
Mais, objectent encore les adversaires, q u’aurait pu
faire An to ine V a r a g n e , tant pour lui que
D
pou r sa
�( ^6 )
s œ u r , quand il aurait p u exer ce r les droits de l ’un
et de V autre , et interjeter appel de la sentence de
1 7 6 6 ? cet appel aurait été non rec ev ab le au fo nds ,
parce q u ’une résolution prononcé e est inattaquable.
Sans d o u t e , une résolution Légale est inattaquable,,
et il était inutile de rappeler tout ce que dit sur c e ll e
question M . r Chabrol : car ce n ’est pas le principe que
contesteront les V a r a g n e , mais bien l’application, qui
est vé ritablem en t choquante sous toutes les faces.
D ’abord M . r Chabrol parle des rentes foncières , et
ici il ne s’agit que de rente constituée.
, 11 aurait fallu cinq ans d ’arrérages dans ce dernier
c a s ; il eiAit fallu trois ans, si c ’eût été une rente fon
cière. O r , ici il n ’y avait que six mois d ’arrérages.
P o u r que la résolution soit légale , il faut que la
sentence, qui condam ne au p a i e m e n t, porte 1111 délai,
sinon la dem eu re peut toujours être purgée. L a sen
tence de 1 7 5 6 n ’en portait aucun.
C e n ’est q u’après la sentence et le délai que le
bailleur peut se mettre en possession; i c i , le vend eur
usurpait depuis trois ans. L e m o t i f de résolution e m
p l o y é par le sieur R ol an d était m ê m e m al-l io nn êt e:
loin d ’y parler d ’un abandon inutile fait par des pu
pilles chassés du d o m a in e , il prenait pour prétexte le
défaut de paiement des arrérages. Il trompait donc
la ju s ti ce, car il demandait ces arré rages, et ce p en
dant il jouissait : il avait ôté par son propre fait aux
mineurs Vara gn e toute possibilité de les payer.
�(
27
TROISIÈME
)
QUESTION.
L a transaction du, 3 o octobre 1 7 7 3
é ta it- e lle une
aliénation des biens des mineurs R o la n d ?
L e s cilalions des adversaires, pour montrer q u ’on
ne peut vendre sans formalités le bien des m i n e u r s ,
ne sont pas plus applicables, que n’est fondé le re
proche fait à la sénéchaussée d’A u v e rg n e de les avoir
méconnues.
Il est très-vrai que le tuteur ne peut de gré à gré
et sans nécessité vendre le's immeubles de ses mineurs.
Mais ici, ce que cédait le tuteur n ’était pas un i m
meu ble de ses mineurs; et il y avait nécessité.
Ce n’était pas un i m m e u b l e des mineurs R o l a n d ,
puisque leur père l ’avait vendu ; que l’acte de 1 747
n ’étant pas un bail à r e n t e , il s’était déparli de la
propriété utile et directe , puisqu’enfin il n ’y avait
eu ni pu y avoir de résolution valable.
I l y avait néce ssi té, puisque les parties allaient e n
trer en p r o c è s , et q u e ce procès ne pou vai t pas être
d ’une solution difficile.
Car des mineurs dont un seul avait trenle-cinq ans,
se plaignant d ’un mode d ’usurpation qui eût crié v en
geance j n ’avaient pas à craindre une résistance bien
sérieuse.
Q u a n d ’le faux de l ’exploit de 1 7 7 1 n’eût pas fait
lomber la pé re m pti on , elle ne se fût rapportée q u ’à
la sentence de 1 7 6 8 , et le pis-aller eût été de payer
D 2
�(
2
8
}
mal à propos 1,246 fr., si les liéritiers Roland avaient
établi avoir e m p l o y é ce ll e somme. Mais de sa p a r t,
A n t o i n e V ara gne aurait eu à répéter les jouissances
de vi ng t- un ans à dire d ’experts.
O r , les adversaires ont prétendu que le dom aine
valait 3 o,ooo fr. ; et en ne fixant les fruits q u ’à 1,000 fr.
par a n , ils eussent été débiteurs de 21,000 fr.
A
la vérité il eût
fallu déduire moitié pour la
rente de 5 00 fr. plus les 283 fr. de la sentence de
i y 5 3 , et si on veu t les 1,246 francs; m a i s , c o m m e
on voit 3 les mineurs Roland auraient toujours été reliquataires de 9,000 fr.
Ils avaient donc.plus d ’intérêt à traiter que V a r a g n e ,
puisqu’ils obtenaient le sacrifice de cette s o m m e , au
lieu de faire e u x -m êm es celui des réparations, c o m m e
ils essayent de le persuader.
L e u r tuteur avait sans difficulté le droit de transiger,
puisqu’il ne s’agissait que de terminer un procès. E n
vain dirait-on que ce procès n ’était pas c o m m e n c é ;
car il est de principe que tr a n s a c tio 'fit de Lite m o tâ ,
a u t movendâ.
L ’exposé de la transaction pr ouve les difficultés qui
allaient naître : au lieu d ’assigner et de plaider, on
transigea.
Si quel que chose devait ajouter à la fa ve ur due à
un acte aussi respectable q u ’ une transaction, ce serait
de connaître les personnes qui composaient le conseil
do famille et qui en ont été les auteurs.
Car que
M a i g u c , tuteur, fût ou non un chapelier et un liommo
�( 2Ç, )
peu intelligent., l’acte n ’élait pas purement de son fait,
il était le résultat des réflexions d ’une famille distin
g u é e , à laquelle les adversaires devaient plutôt d e l à
reconnaissance que des reproches ; reproches d'ailleurs
d ’autant plus aisés à multiplier, que les intimés n ’ont
aucun intérêt d’en vérifier la sincérité.
QUATRIÈME
QUESTI ON" .
L e s appelans se so n t-ils pourvus en tems utile contre
La transaction de 1 7 7 3 ?
O u i , disent-ils, par deu x motifs ; le premier c ’est
qu’ elle n ’a été passée que par notre tuteur; le second
c ’est que vous a v e z retenu les pièces, et que le délai
pour nous pourvoir ne c o u ri que de leur remise.
L a réponse à ce premier m o t i f pourrait être ren
v o y é e à la question suivante, parce q u ’au moins les
quittances de 1778 et 1782 ne sont pas du fait du
tuteur; mais pour suivre exactement les moyens des
adversaires, il suffit q u a n t a présent de leur rappeler
ces quittances.
Il est aisé de voir le but de la distinction à faire entre
les actes des mineurs, et ce ux de leur tuteur.
Souvent il serait injuste de les déclarer non recevables
après 10 ans, à l’égard de ces derniers actes, parce que
peut-être ils en auraient ignoré l ’existence; et la pres
cription n ’est q u ’ une peine imposéè par la loi à celui
qui néglige d’agir.
Mais toutes les fois qu’il est certain que le mineur a
�( 3° )
connu l ’acte , toutes les Ibis sur-tout q u ’il l’a a d o p t é ,
c ’est alors que le fait du tuteur étant le sien, le m i
neur a à s’im pu te r de ne pas se pourvoir.
O r , par cela seul que le sieur Israël R o l a n d , liérilier de son pè re , a connu et adopté en 177 8 l ’acte de
1 7 7 3 , et sans examiner l’eilét de son app robation, il
a dû se pourvoir.
C o m m e , dès 1 7 7 8 , il connaissait la date de ce traité
de 1 7 7 3 , il devait savoir q u’à supposer q u ’il eût droit
de l’attaqu er , il ne le pouvait que jusqu’en 1 7 8 3 , parce
q u ’il se l ’était approprié ; cependant il n ’a fo rm é d e
m an d e q u’en 1788.
A lo rs non-seulement il y avait plus de dix ans d e
puis le traité de 1 7 7 3 , mais le sieur Israël Roland avait
plus de trente-cinq ans.
L e deu xièm e m o y e n des adversaires sur celte ques
tion annonce l’embarras d ’en proposer de meilleurs.
C a r , contre quel acte devaient-ils se p ou rvoir ?
Est-ce contre la transaclion? Est- ce contre les pièces
y visées ?
Sans doute ce n ’est pas contre les sentences y énon
cées, puisqu’ils en excipent. C ’est donc contre la transac
tion; mais ils n’articulent pas sans doute que V a ragn e
l ’ait retenue.
A v e c un système c o m m e celui q u ’ils hasardent, il
faudrait dire que tout IraiIé d’après lequel 011 aura
remis des pièces à une partie (c e qui arrive tous les
jours) sera attaquable à perpétuité; et, c o m m e dit D u
moulin pour les choses précaires, e lia m per m ille antios.
�c 3 1 }
.
D ’abord les adversaires pouvaient très-bien voir dans
la transaction , que leur père avait vendu un do m ain e,
et l’avait ôlé ensuite à des mineurs par abus de leur
faiblesse, mais que ces mineurs l ’avaient repris ; c ’était
là tout le secret des pièces remises à Varagne.
O r , co m m e la transaction n’était pas r e t e n u e , si
les adversaires voulaient se p o u r v o ir , rien ne les en
empêchait; et alors, com m e aujourd’hui, ils auraient
redemandé toutes ces p i è c e s q u ’on ne leur cache pas.
O u t r e la faiblesse de ce m o y e n , il n ’a de p ré t e x t e
q u e la m a uv ai se f o i ; car les adversaires ont p ré te n d u
qu e les sentences de n o v e m b r e 1 7 6 6 et de 1 7 7 2 n ’é laient pas én o nc ée s dans le traité de 1 7 7 3 , de m ê m e
q u e le traité du 16 f é v r i e r , p o u r leu r en c a c h e r l’ exis
tence. C e t t e allégation leu r a m ê m e pa ru si i m p o r
tante qu'ils y ont e m p l o y é les pages 7 ., 8 , 4 9 , 5 o , 53
et 5 4 de leu r mém oir e.
L ’omission supposée de la sentence de novem bre
1756 n'est qu’ une misérable équivoque. L a sentence
de novembre 175 6 était au moins visée et énoncée
dans celle de 1 7 6 8 , puisque les adversaires préten
dent que cette dernière renouvelait en entier celle
de 1756.
En second lieu , on voit à la fin des dires de V a
ragne au traité, que parmi ses moyens contre la pro
cédure il disait q u’il était recevable à tenir les en ga gemens de son père dans La circonstance s u r -to u t
que LA SENTENCE QUI ORDONNE LA RÉSOLUTION DE
�( 3* )
LA v e n t e ti enlève cette fa c u lté q u ’après 3 o a n s: etc.
O r , où est donc cette sentence , si ce n ’est celle
du 29 n o v e m b r e 1 7 5 6 ?
O11 n ’a donc pas caché a u x mineurs q u ’il existait
un e sentence prononçant une résolution.
Quant à la sentence de 1 7 7 2 , l ’équi vo qu e est e n
core plus sensible ; on nous a c a c h é , disent les adver
saires, q u ’il y eût une sentence prononçant la p é r e m p
tion (pag. 8 et 9).
M a i s , en parlant de la sentence de 1768 ^ on ajoute
que V a ra g n e s’était rendu a ppelan t, m ais que la sen
tence avait passé en force de chose ju g é e comme n a jja n t
pas f a i t diligence sur son appel pendant trois ans con
sécu tifs.
N ’est-ce donc pas se faire des moyens de tout que
de ne pas voir là le synonime d ’ une péremption ; et
que les expressions ci-dessus expliquaient m ê m e m ieux
le droit des mineurs: dès-lors on ne voulait pas écarter
ce qui leur aurait donné trop de lumières.
Enfin à l ’égard du traité ave c Ma rianne V a r a g n e ,
co m m e n t les adversaires ont-ils encore osé dire q u ’011
le leur avait caché.
L a transaction porte que le sieur R o la n d , par acte
reçu V a le t t e , notaire, le 16 février dernier, contrôlé
le 2 5 , a réglé avec M a rian n e V a ra g n e , sœ ur d u d it
A n to in e.
Plus l o i n , A n toin e dit q u ’à l’égard de l ’acte passé
avec
�( 33 )
Marianne V a r a g n e , il était dans le cas de demander
la subrogation.
L ’acle est donc énon cé , visé et dalé. L e règlement
avec la sœur ne peut supposer q u ’ une cession de sa
pa rt, puisque le frère veu t s’y faire subroger.
Ainsi les adversaires sont obligés d’en imposer à la
Cour pour se rendre favorables, et il est de la plus
grande évidence que rien ne s’opposait à ce q u’ils ré
clamassent dans les dix ans contre le traité de i j y S f
s’ils croyaient y être recevables, ce qui va être enfin
examiné.
CINQUIÈME
QUESTION.
L e s qu ittan ces de 1 7 7 8 et 1782 p ro d u ise n t-e lles une
J i n de non recevoir contre La d em a n d e ?
venait d ’être élu liérilier
universel de son père en 1 7 7 7 , lorsqu’il reçut le prix do
P
ie r r e -Israel
R
oland
la vente de 1 7 4 7 , en vertu de la transaction de 177 3.
Si l ’ouverture de la succession n’était pas en droit
écrit, au moins le domaine de F l e u r a c y était-il situé;
Israël Roland était donc seul maître du procès y re
latif. D ’ailleurs, en coutume co m m e en droit é c r i t ,
les légataires sont les maîtres d’accepter le legs porté
p a r l e testament; o r , le sieur Roland ne s’est pas mis
en peine d ’établir que ses frères et sœurs aient répudié
leur legs pour réclamer leur légitime, q uo iqu’on lui
ait fait souvent celte interpellation.
Antoine Varagne ne pouvait donc s’adresser q u’à
E
�( 3V
lui seul pou r p a y e r , el la Cour a bien remarqué que
le sieur Israël Roland agissait aussi c o m m e seul héritier
puisqu’il reçut la première fois tout le terme é c h u , et
la seconde fois la totalité aussi des quatre termes reslans.
M a i s , dit le sieur R o l a n d , forcé p a r l a conséquence
de son propre fait , l ’approbation d ’ un acte nul ne le
valide pas, parce que q u i confirm ât n ih il clat d ’après
u m o u l i n , en second lieu je serais re le vé c o m m e
m in eu r initio inspecto, puisque, l’acte étant co m m en cé
pendant ma m in o rit é , ce que j ’ai fait en majorité n ’en
est q u ’ une suite.
L a première objection n ’est fondée que sur des prin
cipes absolument inapplicables. L e passage de D u m o u
lin ne s’applique q u ’aux actes radicalement nuls , et
non à ce ux simplement sujets à restitution.
O r , ce serait pour la première lois q u ’on soutien
drait que la transaction faite par un tuteur, m ê m e ave c
aliénation, fût nulle d ’ une nullité ra d ica le, et ne fût
pas susceptible d ’une simple ratification de la part du
m in eu r devenu majeur.
A u lieu de citer la loi s i sine decreto qui ne peut
s’appliquer que par argument à contrario, les adver
saires eussent dû voir la loi 10 au iH de rebus eoruni
q u i sub tu le la su n t sine decreto non a lien a nd is , dont
la disposition expresse décide la difficulté dans les plus
forts termes. Cm* après avoir prohibé les ventes'du bien
dos pupilles, faites sans décret du j u g e , cotte loi dit
que si néanmoins le tuteur eu a e m p lo y é le prix dans
�( 35 )
son c o m p t e , et que le mineur l’ait reçu en majorité, il
ne peut plus revendiquer l ’héritage vendu. P r œ d io p u p i li Illicite v e n u n d a to , œ stiniatione s o iu tâ , çin d ica tio
p rœ d ii e x œ quitate in kibetur. A quoi la glose ajoule non
tani aspere tra cta n d u m est j u s prolubitœ a lien a tio n is
prœ dioruni p u p ila r io r u m , u t et soiu tâ œ stiniatione à
tu tore in emptorem p u p ilu s sum m o ju r e experiatur.
A plus forte raison quand le mineur reçoit directe
ment le prix du débiteur l u i- m ê m e , e t , c o m m e le dit
le profond Voétius sur la m êm e loi, le pai em ent, m ê m e
la dem a n d e, m ê m e encore la simple approbation du
prix après la majorité empêch ent la réclamation. S i
sine decreto a lien ata ponerentur tninoris bona , tune
eriim su bsccu ta p o st m ajoren nitatem inipletam soLutio,
Çel CXaCtlO , vel p etltio , vel a ccep ta ilo c c stim a tio n is,
necessariam tacitœ ra tih a b iù o n is in d u c it con jecturan t.
Userait difficile de rien ajouter à des autorités aussi
claires, et c'est d’ailleurs un principe universellement
reconnu que l’on approuve une vente quand on en
reçoit le prix.
D ’après cela il est inutile de peser les expressions
em ployées dans les quittances de 177 8 et 1 7 8 2 , puis
q u ’il ne s’agissait pas de confirmer un acte radicale
ment nul. D ’ailleurs, en lisant les quittances, on no
peut pas douter que le sieur Roland ne con nût la
transaction aussi bien que V a r a g n e , puisqu’il savait le
montant de chaque te rm e , leur é c h é a n c e , et ce qui
restait à payer. Il savait que c ’était pour le domaine
de Fleurac, et il savait encore que ce domaine prove-
�3
6
^
naif de ses auteurs. Son consentement à recevoir le
(
}
prix d ’ an domaine transmis par ses auteurs à Var agn e
aurait donc valu seul une vente nouve ll e, car on y
tr ouve res, consensus et pretium. Ajou to n s que c ’était
un avocat qui traitait a v e c un cultivateur.
L e second m o ye n des adversaires est tiré du para
graphe scio qui , c o m m e le dit L e b r u n , a fait errer
plus de jurisconsultes que la m er n’a égaré de pilotes.
Mais cette loi a aujourd’hui un sens bien d é t e r m i n é ,
et n ’égare que ce u x qui veulent lutter contre la j u
risprudence.
L e m in e u r , qui a im prudem m e nt accepté une suc
cession à la veille de sa
m ajorité,
ne renonce pas tou
jours aussitôt qu'il est m ajeur; et co m m e chaq ue jour en
ce cas il continue de faire acte d'héritier ,1a loi examine
si ces actes ne sont q u ’une suite de ce q u ’il a c o m
m e n c é en m i n o r i t é , et alors elle l ’en relève.
L a difficulté de distinguer la nature de ces actes
donne lieu à tous les m a j e u r s , qui se trouvent dans
ce c a s , de prétendre que ce q u ’ils ont fait est une
suite de la première immixtion. M a i s o n examine tou
jours si le mineur était obligé de faire l’acte n o u v e a u ,
ou s’il pouvait s'en empêcher.
« C a r , si le m in eu r , dit L e b r u n , pouvait s’ex em pter
r de mettre la dernière main à l’a t l a i i e ; en ce c a s ,
« après l'avoir ach ev ée en majorité, il ne pourra pas
" être relevé. »
L e s adversaires s’ emparent d ’une partie de ce pas-
�( 37 )
sage, et disent aussitôt que la transaction était c o m
plète pendant leur minorité., et que L eb ru n a été mal
appliqué.
Mais un peu plus loin ils eussent trouvé que L e
brun l u i ' m ê m e enseigne que le cas seul où le nouvel
a d e ne produit pas une fin de non r e c e v o i r , est seu
lement quand ce nouvel acte a une conséquence né
cessaire ave c ce qui s’est fait en minorité , et préci
sément L eb ru n prend pour exemple quand L'affaire
ayant été
acco m plie
en m inorité se confirm e en m a
jo r it é par quelque nouvel acte.
Remarquons que pour
em ploye r ce m o y e n , les
adversaires s’approprient la transaction de 1 7 7 3 , co m m e
étant de leur fait par le m oyen de leur tuteur, et c ’est
de leur part une inconséquence qui marqu e assez leur
embarras.
D ’ailleurs, en quelque position qu’ils se placent, ils
n e peuvent invoque r Yinitio inspecto, puisque les quit
tances ne sont certes pas une suite nécessaire d ’un acte
qu'ils disent nul, et sur-tout d’un acte qui n ’était pas
de leur propre laif.
JSec si/enlio prœ tenm ttendum , dit encore Voetius sur
le m êm e titre du digeste, alienationes illas,quœ
jnspecto
in itio
nullæ erant, tanquani contra senatuscon-
sultum fa ctœ , subinde est post fa c to conjirm ari posse,
presser Cnn s i m inor ja m
m ajor f a c tu s alienatione/n
ratam h a b iten t, sive expresse
sive
tacitè.
L a question de l’initio inspecto s’est présentée de
�( 38 )
vant la Cour dans une espèce bien plus favorable po u r
le réclamant.
U n mineu r ayant fait acte d ’héritier
était poursuivi pour une rente ; à peine majeur ( d e
21 ans se ulem ent) le créancier lui fit faire une rati
fication. Il se pourvut presqu’aussilôt après, et fit v a
loir son ignorance absolue des forccs de la succession,
aj^ant eu un tuteur encore c o m p t a b le , et il exposa que
l ’aditioii d ’hérédité emportait nécessairement le devoir
de p a y e r les renies; mais par arrêt du 4 floréal an 1 0 ,
la C o u r proscrivit sa p r éten t io n , attendu que sa rati
fication n ’était pas une suite nécessaire de l ’adiliori
d ’héréd ité.
L e s adversaires ne se dissimulent pas la faiblesse do
leurs moye ns contre la fin de non r e c e v o i r , et en
désespoir de cause ils observent que la dame Gros ne
peut en être v i c ti m e , n ’ayant pas donné ces quittances.
D é j à les Vara gn e ont répondu à ce m o y e n par le
défi d ’établir q u ’aucun des puînés R ola n d ait répudié
le legs du testament de leur père pour demander leur
légitime. U n e autre réponse va se trouver dans ui;
arrêt de lu C o u r de cassation.
En
1 79 1 , M a rie B or den ave fille a î n é e , avait été
instituée héritière par le testament de sa mère.
Elle vendit un domaine en minorité en 1 7 9 3 , en.
v er tu d ’autorisation ; et après des oflres r ée ll es , elle
reç ut partie du prix en majorité.
Elle dem anda la nullité en l ’an 4 , et ses sœurs so
�; ( % )
joignirent a elle. L e tribunal de P a u avait adjugé la
d em a n de; mais, sur l’appel, celui des Haules-Pyrénées
avait déclaré M a ri e B or den ave non recevable à cause
de sa quittance, et ses sœurs aussi non recevables parce
q u ’elles pouvaient réclamer leurs droits sur les autres
biens.
Sur le pourvoi des trois sœurs, la Cou r de cassation
a rejeté la demande par arrêt du 4 thermidor an 9 ,
par ce seul m o t if qui embrasse tout ; « A t te n d u que
« Marie B o r d e n a v e , héritière universelle, a ratifié la« dite ve n te par la quittance q u’elle a donnée en m a f<- jo ri l é , de la portion qui restait à paye r à l’époque à
« laquelle elle est devenue majeure.
Il semble que ce m o t i f soit fait exprès pour la cause;
la fin de non recevoir des deux adversaires y est écrite,
sans q u ’il soit besoin d ’y changer un seul mot.
Les fins de non recevoir sont souvent odieuses parce
q u’elles tendent à priver une partie d’ user de son droit.
Mais ic i, il est difficile d’en proposer une plus favorable;
car elle n ’a pas pour but de priver le sieur Roland do
ses moyens au fonds, mais bien de l ’em pêc her lui-même
d’opposer d’autres fins de non recevoir plus odieuses.
Ce n’est pas que tous ses arrière-moyens fussent très
à craindre , parce que son père , trop pressé d ’usurper
n ’a rien fait de bo n; mais il est toujours agréable de
vaincre un adversaire ave c ses propres a r m e s , et de
neutraliser une injuste attaque. A u reste le m o yen prin-
\
�( 40 )
cipal de la cause n ’est pas une simple fin de non r e
c e v o i r et n ’en a que le nom. Car le procès a été éteint
p a r une transaction; le sieur Roland en l ’adoptant a
voulu aussi éteindre le procès, et a vér itablement fait
u n e transaction nouve ll e, contre laquelle il ne doit pas
être admis à se pourvoir.
M . r T I O L I E R , Rapporteur.
M . e D E L A P C H I E R , A v o ca t.
M e T A R D I F , L icen cié-A v o u é.
A
R I O M ,
D e l ’im p r im e rie du P a l a i s , ch ez J. - C. S
a l l e s
,
�
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Title
A name given to the resource
Factums Marie
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Description
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Title
A name given to the resource
[Factum. Varagne, Antoine. An 13?]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Tiolier
Delapchier
Tardif
Subject
The topic of the resource
abus de tutelle
conseils de famille
fraudes
tutelle
créances
abandon
bail à rentes
déguerpissement
droit écrit
fermage
minorité
prescription
Description
An account of the resource
Mémoire en réponse, pour Antoine Varagne, et autres ; intimés ; contre Pierre-Israël Roland, Toinette-Gabrielle Roland, et le sieur Gros son mari, appelans.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
De l'imprimerie du Palais, chez J.-C Salles (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
Circa An 13
1747-Circa An 13
1716-1774 : Règne de Louis XV
1774-1789 : Règne de Louis XVI -Fin de l’Ancien Régime
1789-1799 : Révolution
1799-1804 : Consulat
1804-1814 : 1er Empire
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
40 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_M0741
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Marie
Language
A language of the resource
fre
Relation
A related resource
BCU_Factums_M0409
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Coverage
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Ydes (15265)
Fleurac (domaine de)
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Domaine public
abandon
Abus de tutelle
bail à rentes
conseils de famille
Créances
Déguerpissement
droit écrit
fermage
fraudes
minorité
prescription
tutelle
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PDF Text
Text
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P O U R M effire P i e r r e D E M O L É E N D E L A
V E R N E D E , C h e v a lie r , M a rq u is de S a in t-P o n c y ,
S e ig n e u r d ’A lle r e t & autres P lac es , P r o c u r e u r ,
S y n d ic p o u r le C le r g é & la N o b le ffe , en l ’E le c t ion
de B rio u d e , D éfen d eu r.
C O N T R E A n t o i n e O U R C E Y R E Laboureur
Demandeur
.
L
E Demandeur offre au Marquis de Saint-Poncy le déguerpiff ement de plufieurs héritages qu’il a pris de lui
à titre de rente, portant directe. Le Marquis de SaintPonc y foutient que le Demandeur doit être non-recevable
à faire ce déguerpiff em ent, parce qu’il s’eft obligé à payer la
redevance , avec promeffe de garantir, fournir & faire valoir.
Le Demandeur prétend que cette claufe a été détruite , ou
A
�au moins modifiée par une a u tre , qu’on lit. dans la fuite de
l ’a£te , & qui porte q u ’il continuera de payer la redevance
tant & f i Longuement qu’il fera tenancier, propriétaire , p o jfe f
fe u r ou exp olïa u u r de tout ou de partie des héritages. O n fc
flatte d’établir , pourrie Marquis de S a in t-P o n ey , que cette
dernière-claufe ne peut avoir l'effet-de -donner au D e m a n
deur la faculté du dëguerpiffem enc, qu’il s’é toit interdite
par la première.
n
F - A I T S.
t
i
E n Tannée 1782 _, le M a rq u is de Sainte-Poney voulut don
ner à titre de ren te ou e m p h ytéo fe, avec dire&e, un domaine
considérable , fitué dans les dépendances de la terre d’AHeret.
Par a£te du 7. juin de la même année , il délaifia à ce t i t r e , ?
A n to in e O u rceyre , D e m a n d e u r , différents héritages faifam
partie de c e domaine , m oyennant une redevance en -rente
avec direSte j de deux cents v in g t livres d’a r g e n t, v in g t-n e u f
feptiers de feigle , n e u f bouades à b œ u f , & cinq paires de
poulets. « Laquelle redevance & cens, (eft-il dit tout de fuite,)
» ledit A n to in e O u rce y re a p ro m is , & s’eft obligé de garantir,
» fournir 6* fa ir e v a lo ir, & de payer & porter audit Seigneur
» Marquis de S a in t-P o n ey, dans fon g re n ie r, audit Château
» d’A U e r e t, chaque an n ée, favoir; l ’a r g e n t , & c ..... à co m a m enccr l’année prochaine 178? , attendu que la récolte
» aétuellement pendante dans lefdits h é rita g e s , demeure ré» fervée audit S e i g n e u r , & ainfi continuer a n n u ellem en t,
» & tant & (i longuement qu'il fera tenancier, propriétaire >
» poJJ'eJJ'eur ou expoliateur de tout ou de partie des héritages ».
A la fin du c o n t r a t , le Demandeur a ob ligé tou6 fes biens
pour l ’exécu tion des conventions.
�?
, Par un autre a£le du môme jo u r; "7 join 1782 , le Marquisde'iSaint-Poney vendit au Dem andeur les bâtiments deftinés
à. l'exploitation du domaine-, fous la charge d’un.,cens de
deux cartons de feigle , & encore f m oyennant la fomme
de deux mille livres, dont l ’a£le porte quittance.
•’ Dans la fu ite , & peu de temps a p rès, le M arquis de SaintP o n e y voulut difpofer de la même m anière, du refte des h é
ritages dépendants de fon domaine; L e D em andeur défira
ardem m ent d’en devenir le poiTeiTeur ; mais le Marquis de
S a in t - P o n e y , jaloux de faire du bien à tous fe sE m p h y téo te s,,
& voulant gratifier les autres de l’avantage de devenir p ro
priétaires, leur diftribua les héritages qui lui re fto ie n t, au
même titre de rente ou em phytéofe avec,dire£te. L e D e m a n
deur en conçut de la jaloufie x qu’il ne tarda pas à faire,
éclater.
i>:u> .
1• , - .
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. . . . . .
w Ij
„•
.
C ’eft par ce m o t i f , & uniquement pour fixer fon étâbliffement ailleurs , que le Dem andeur a mis un a£te au greffe de
ce fiè g e , le 28 août 1 7 8 5 , par lequel il a déclaré qu’il déguerpiffoit les héritages énoncés dans le premier a£le du 7
juin 1 7 8 2 , & il a fait affigner le Marquis de S a i n t - P o n e y
pour voir ordonner çe d égu erp iflem ent.. .
L e Marquis de Saint - P on ey a contefté avec fondement
cette demande. Il a obfervé dans fa d é fe n fe , mais fubfidiaircm en t,
que le déguerpiiTement, en le fuppofant fondé
devroit être rejetté., par cela; fe u l qu’il n’étoit pas intégral,*
que le Demandeur devrçit offrir j non-feulement les. fonds,?
mais encore les bâtiments qui lui avoient été vendus par un a£te
fé p a ré , parce que ces deux a£tes, à raifon de leur c o rré la tio n ,
& étant du même j o u r , ne font réputés en faire qu’un feul.
L e Demandeur s’eft rendu à l’objç&ion },il»a dit , dans um
A
2
�4
M ém oire qu’ il vient de faire lignifier , quJil entend aufli
déguerpir les bâtim ents, à la charge , par le Marquis de
Sain t-P o n ey , de lui rembourfer la fomme de deux mille liv.
Il obferve qu’il avoit donné ce confentement dans une pré
cédente é c ritu re , 6c que néanmoins le Marquis de SaintP o n e y infiftoit toujours dans fon obje£lion ; mais cela vient
de ce que ce confentem ent avoit été omis dans la copie de
récritu re' du Dem andeur', qui le contenoit.
A u furplus, ce confentem ent du D em andeur eft très-in
différent ; l ’objefticm qui y a donné lieu n’a été fa ite, comme-,
on a déjà d i t , qüe fubfidiairement, pour ne rien négliger ,
& la queftion qui eft à ju g e r, eft toujours la même ; en e f f e t ,
le Marquis de Saint-Poney foutient que le Dem andeur ne
doit pàs être reçu au dégu erp iifem ent, &
qu’il a renoncé
à cette faculté dans le contrat qui lui a tranfmis la propriétédes héritages.
‘ •
,
M O Y E N S .
L ’impoiïibiHté'de d é g u e rp ir, d e 'la part du D em andeur ,
réfulte de ce qu’il s'eil obligé de payer la red evan ce, avec
promette de la garantir}' fourn ir
fa ir e valoir.
C e tte dernière clauie emporte l ’o b lig a tio n , de la part du
p ren eu r, de payer la redevance à perpétuité , fans pouvoir
déguerpir l ’héritape. L article CIÎX.’, de la Coutum e de Paris,
la C outum e d 'O H én n s, & plufiéurs a u tr e s , en ont fait une
l o i , 6 :, fuivant tous les auteurs, élleeft. devertuè, à cet é g a rd ,1
celle n e tout le royaume. C e t article , après avoir fait une
règle dé la faculté de d ég u erp ir, pour fe difpenfer de payer
la re d e v a n ce } y ajoute auifi*tôt des e x cep tio n s, dont l ’une
�?
eft la ftipulation de la claufe dont il s’a g i t , ou q u i l eut
promis s y eft-'il-dit, fournir & fa ire valoir ladite rente , &
à ce obligé tous f e s biens.
Perfonne n’a mieux developpé que Loifeau l ’effet de cette
promette , de garantir, fournir & faire valoir la rente. V o ic i
ce qu’il dit dans Ton T ra ité du déguerpiffement , Chap. X I I I ,
N ° . I er. « Il y a encore en notre Coutum e de P a r is , la claufe
» de fournir & faire valoir la re n te , pour exclure le déguer».piiFement, qui fignifie en effet que le preneur promet four» nir ôc fuppléer de fon bien , ce qui manquera en l’h éritage,
» pour fuffire au paiement de la re n te , & promet que l a ,
» rente fera toujours v a la b le , c ’eft-à-dire , exigible & per» ceptible; c’eft pourquoi elle exclud entièrement le preneur
3);de pouvoir déguerpir ; pour ce que fi l’héritage eft infuffifant
3). pou r;payer la.rente , il eit tenu de la fournir fur fon bien,
» ôt-fuppofé que l’héritage foit fuffifant , fi eft ce que 'lç.
» bailleur n’eft tenu de le reprend re, pour ce qu’il a ftipulé
3).une rente perceptible par les mains du preneur, & non un
»; héritage».
, L a même idée a été rendue bien nettement par le nouveau
Commentateur de notre c o u t u m e , tom. 3 , pag. 127 : » la
»jclaufe de garantir, fournir & faire v a l o i r , exclud le dé» guerpiiîement par fa propre force , & quand même le pre» neur nauroit point exprejfément oblige" f e s biens 3 cette obli» -galion eft fous-entendue. »
C e qui rend cette ftipulation très-légitime , c ’eft que ,
com m e nous dit e n core ce dernier auteur , les biens qui font
fujets à la rente , pouvant recevoir un accroiflement conll- '
dérable , qui profite entièrement au preneur, il eft jufte que,
par r é c ip io c it é , il puiile s’obliger à la garantie de la r e n te ,
�6
en l ’aifignnnt, pou r ainfi d i r e , fur tout fon patrimoine , com
m e s’il fàifoit partie de la. chofe même qu’il prend en
rente.
. L e Dem andeur prétend qu’il a eu la faculté de d ég u erp ir,
par ces te r m e s , & ainjî continuer annuellem ent, & tant & f i
longuement q u i l fera tenancier} propriétaire , pojfeffeur & e x
portateur de tout ou de partie des héritages. Il dit qu’il
ne s’eft pas fournis indéfiniment à garantir , fournir &
faire valoir ; que cette promette de garantir a été condition
nelle , qu’e lle fe limite au temps qu’il fera détempteur & poffeiTeur des biens fujets à la redevance.
I l ne fera pas difficile d ’établir que cette obje£tion eft plus
fubtile que folide.
L o rfq u ’il s’agit des queftions de d ro it, qui ne tiennent pas
à la recherche du fens d'une claufe , on peut fouvent mar
ch er à l ’aide de quelques loix précifes , qui s’appliquent au
cas particulier qui fait le fujet de la çonteftation. A lors , à
l ’avantage d’éclairer par le développement des motifs de la loi 9
fe réunit celui qui eft ii confidérable dans les difcuifions de
d r o i t , de pouvoir fubjuguer par l ’autorité de la loi m ê m e ,
à laquelle toutes les opinions particulèree doivent céder.
O n eft privé de ce fecours , lorfqu’on doit difcuter une
queftion rélative à l ’interprétation des claufes d’un a&e. O n
fe n t que la multiplicité des co n v e n tio n s , dont les contrats
font fufceptibles , les différences qui peuvent fe trouver dans
la combinaifon des claufes , ont dû introduire une v a riété
infinie dans les efpèces , & qu’elles n’ont pu être toutes pré
vues par les loix.
A u iïï fe font-elles bornées à nous donner fur cette ma
t i è r e , des p r é c e p t e s gén éra u x que chaque homme trouve d’a-
�7
rbord dans fa raifon. L ’analyfe de c e s id é e s g é n é r a le s , çft
qu’il faut interpréter les a£tes par l’intention qu’on doit raifonnablement fuppofer dans les Parties , ( a ) par ce qui paroît
-le plus vraifemblable , ,& par ce qui fe pratique le plus ordi
n a ire m e n t ; ( b ) dans le doute e n c o r e , nous difent-elles , il
faut pencher plutôt pour l ’interprétation qui donne un effet
à l ’a ¿ le , que pour celle qui le détruit, (c )
En appliquant ces principes généraux , & en recherchant
jdans l ’enfem ble des claufes du contrat dont il s’a g i t , ce que
•les Parties ont entendu , & ce qu’elles on t voulu faire , on
fera convaincu qu’il a été arrêté que le Demandeur ne pour
ront fe d é g o g e r par la vo ie du déguerpiiTement , de l’obliga
tion de payer la redevance 3 que cette redevance a dû lui
ûcre pcrfonnelle.
Il eit d abord certain , ôc le Demandeur ne peut en difconv e n i r , que par la ftipulation de la c l a u de garantir, fournir
& faire valoir, il a renoncé à la faculté de déguerpir. C e la
.-une fois-pofé , com ment pourra-t-on co n cevoir q u e , quel
ques lignes plus bas , on ait voulu donner cette môme faculté
•a** Demandeur. L es Parties n’ont pu tout-à-la-fois vouloir
-ôc ne pas vouloir une chofe. Plus la dernière tdaufe .paroîtroit contraire à la p rem ière, moins on devroic s’ y arrêter
parce qu’on ne fuppofe jamais que les ftipulations d’un m ême
(a )
I n am biguis aratiom bus , m a x im i f e n l t n t i u fp c ü a n d a eju s e ß , qui eas p r o tu -
lijfe t . L. 96 , ff. d e d iv . reg u l. ju r is .
(¿) I n obj'curis in fp ici j o l e l , q uod v c tijim iliu s e ß , au t q uod p leru m q u t ß t r i f 0l , t ,
L. 114, IT. d e J h . reg u l. ju ris*
(c ) Q u u iits i n ß ip u la tie n ib u s am bigua oratio e ß } com m cjijfim u m c ß ¡ J u ccip i quo
ret Je qua ugitur iu cu toß t . L. 80. de verb, o b lig .
�8
contrat y foient é c r it e s , pour fe détruire m u tu e lle m e n t, à
moins qu’il ne foit exprimé que la dernière claufe eft mifs
pour abroger la première ; ce qui eft prefque fans exemple.
L a claufe de garantir , fournir & fa ire valoir , emporte avec
elle une telle énergie , elle eft fi importante pour les P arties,
elle a tellement dû être , par fes effets, une condition du con
trat , qu’elle ne fauroit être regardée com m e ayant été dé
truite par des termes auiTï vagues , que ceux qui fu iv e n t , 6*
ainfi continuer annuellem ent, & tant & fi longuement } qu i l fera
tenancier, propriétaire, poffejfeur ou expolíateur de tout ou de
partie des héritages.
C e tte d ern ière claufe eft purement du ftyle du N otaire.
» O r , ces cla u fe s , nous dit D e n if a r t, au mot claufe , n°. 2 ,
» entrent dans les aftes., plutôt comme des formules ancien» nés & accoutumées , communes à tous les co n tra& an ts,
» que com m e des conventions expreifément confentiespar les
» Parties. »
D ’ailleu rs, s’il étoit vrai que cette claufe ne dût pas être
regardée com m e une fimple claufe du fïyle , toujours eft-il
certain que , pour lui donner l’effet de détruire la première, de
garantir, fou rn ir & fa ir e v a lo ir , il faudroit qu’il fûtimpoffible de
l ’entendre dans un autre fens \ car fi on peut l’interpréter dan»
un fens différent, ce dernier fens eft fans contredit à préfér
rcr. L orfq u e de deux fens que préfente une c la u fe , l ’un la
concilie avec une autre claufe , & l’autre met les deux clau
fes en contradittion , le fens qui tend à concilier les deux
.c la u fe s , doit fans contredit être fuivi. O n ne croit pas qu&
le Demandeur entreprenne d’attaquer cette propofition.
O r , il y avoit pofTibilité que le Demandeur ceffât de poffé d e rle s h é rita g e s , & de devoir la redevance, fans pour c c là
qu’il
�9
qu’il déguerpît ; cela ferôit ârrivé'., f i , pâr êxem ple , il eût été
évincé de ces héritages , ou fi le contrat eût été réfolu pour
mefus ou par, défaut de paiement. C ’eft donc à ces cas.,
ou- à d’autres fem blables, qü’oh peut bien ne,pas prévoir
qu’il faut réftreindre l ’efFet des exprefllons fur lefquelles le
demandeur fe fonde. ;
. tb
E n un m o t , la dernière claufe doit être expliquée & m o
difiée , dans le fens ,que fi le Demandeur pouvoit jamais être
difpenfé de payer la redevance,par une difcontinuation dç
jouiffance des héritages ,■cette difcontinuation ne pouvoit pas
être celle qu’eût pu produire le déguerpiflçment. L e D em an
deur avoit déjà renoncé à pouvoir discontinuer de poiTéder
par la voie de d éguerpiflem ent. U ne claufe fpéciale qui éta
blit précifcment un droit en fa veu r d ’ une des Parties , doit
toujours fervir de mefure à l’étendue qu’on pourroit donner
à une claufe générale , qui a été itipulée apr,ès. L a c o m b e , au
m ot claufe y n». 3 , in fin e , en a (fait une règle qui e f t l ’analyfe de plufieurs loix : claufula gcneralis fequens determinatur
per fpecialem claufulam prœcedentem.
Mais indépendamment de ce que le fens , ftri&cment tiré
de la dernière claufe , ne s’élève point contre la première ,
& que par cela feul , celle-ci devroit fubfifter dans toute fa
f o r c e , c’eft que fi l ’on examine & la nature de l’a d e , & les
circonftances , ôc len fem b le des cla u fe s, on fera convaincu
que l’exclufion de la faculté de déguerpir , a été dans l’inten
tion des Parties.
E n premier lieu , on voit que le Marquis de Saint-Poney
a voulu , en emphytéofant fon dom aine, s’aiTurer une rede
vance à perpétuité. Il a voulu établir une rente foncière , em
portant directe, 6c l ’on fait que depuis très-long-temps les
B
�10
bailleurs ont la précaution de faire fiipuler la renonciation au
déguerpiflement ; ce ne peut donc être que dans cette idée
q u e la clàufe en queftion a été convenue ; infpici foleL quod
'veriJtmiUus é ( l , aut q u o i plerùmque jie r ï fo le t.
j
- E n fécond lie u , ce qui confirme l ’idée de l'impoffibilité
de dégu erp ir, c ’eft une claufe ajoutée dans l ’a & e , qui porte
qu’au cas que le nouveau chemin royal que l’on fe propofe
de pratiquer de Brioude à S ain t-F Iou r, vînt à endommager
le pré G r a n d , qui eft un des héritages emphytéofés , alor«
le Marquis de Saint-Poney feroit tenu d’indemnifer le D em an
deur à proportion du dommage caufé au p ré, & fuivant 1 efti?
mation qui en feroit faite par e xp erts, amiablement convenus
entre les parties. C e tte claufe emporte implicitement avec
elle l'interdiction du déguerpiflement ; elle eft conçue dans
1 idée d ’une obligation perfonrtelle, déjà contra£lée de la part
du Dem andeur ; elle eft une modification portée à cette obli*:
gation. En e ffe t, fi le Dem andeur avoit eu la faculté de dé?
g u e r p ir , il étoit inutile de prévoir ce c a s , & de fe faire
aflurer une indemnité s’il arrivoit. L e déguerpiflement auroit feul fuffi pour mettre le Dem andeur à l ’abri de toute
perte.'
’>
Il croit fe faire un moyen , en difant que Ta£lc dont
i! s agit eft un bail à nouveau c e n s , 6c non un contrat de
rente foncière.
Mais la réponfe eft aifee. En premier li e u , il ne réfulteroit aucune diiiérence pour la décifion de la conteflation >
de ce que e î f a f t e feroit un biil à cens plurôt qu’un bail à
r;nte. Si lé dégucrpiifement eft de droit dans ces-deux a fte s ,
il eft également certain qu’on peut renoncer à cette faculté
dans l ’un com m e dans l ’autre.
�O n ne peut rien conclure de l’obfervation que fait le D e ^
m a n d eu r, que dans les baux à cens le déguerpiflemenc a pr^
dinairement lieu. Si on a laiffé autrefois aux preneurs à cens,
la faculté de déguerpir > c ’eft* parce que le bailleur la redoutoit bien moins ; parce qu’on fait que dans les anciens baux
à c e n s , la redevance étoit prefque toujours fi m o d iq u e , qu’il
nJy avoit pas de proportion entre cette redevance & la valeurdes fonds. A u lieu que dans l’a£te dont il s’a g i t , qui étoit utv
bail à rente foncière ou em phytéofe a ve c d ir e & e , le Mar«j
quis de Saint^Poncy a cherché à établir une jufte proportion
entre la redevance & le produit des fonds. A u furplus, cette«
réflexio n eft fubfidiaire; l ’a£le contient une rénonciation au
dcguerpiflem ent, ce m oyen feul eft d é c ifif, quelque foit la
nature de l ’a£te.
.
E n fécond lieu , il faut moins s'arrêter à la dénomination
qu’on donne aux actes , qu’à leur fubftance. L ’a&e en q u e f tion a été qualifié de bail à c e n s , dans la feule idée que la
redevance d e v o i t , comme celle du c e n s , emporter dire&e.
O n l ’a auifi qualifié $ emphytéofe, & ce qui prouve que la
redevance n’a pas dû être eiTentiellement un cens d a ns l'idée,
des parties, c ’eft qu’elles ne l’ont pas préfentée fous cette
feule dénomination , laquelle dite redevance & cens j 'y. eftil dit ; le mot de cens n’y eft donc ajouté que com m e un
attribut , à raifon du rapport que le droit de direfle établiiToic
entre cette redevance ôc le cens. D ’ailleurs, il eft fi peu vrai
que les parties aient voulu faire un bail à nouveau c e n s ,,
que les héritages eu queftion nJavoient jamais été grevés d’une:
redevance d e cette n a tu re , ilsavoient toujours été libres.
E n troifième lieu , ce qui démontre que la redevance a dû
être une rente foncière emportant direile ; & que c ’eft fous
�12
ce dernier rapport feul q u o n l ’-a qualifiée de cens , c ’eft la
claufe de l ’a&e qui porte que la redevance feroit franche Sr.
quitte de toutes retenues de vingtièmes , & autres 'impofitions
ro y a les, prévues & à prév o ir, dérogeant, quant à ce , le/dites.
Parties , a tous Edits 6* Déclarations royaux à ce contraires.
O n fait que le cens n eft point fujet à cette retenue , les
rentes feules le font ; d o n c , en ilipulant la rénonciation à la
retenue , on a envifagé la redevance, com m e une r e n te , &
non com m e un cens.
f
Enfin , la ftipulation de l ’indemnité , de la part du M ar
quis de S a in t-P o n ey , dans le cas où le grand pré feroit en
dom m agé par le chemin r o y a l , fufîiroit encore pour exclure
l ’idée d’un fimple bail à cens. E n bail à c e n s , une pareille in
demnité n’eût pas été due.
L e Demandeur d i t , page p de fon M é m o ir e , qu’il n’entre
ra point dans la queftion inutile de favoir, fi tou t cas fortuit donne
lieu à un d éd om m agem en t, pour la rente fo n c iè r e , & fi au
cun n y autorife le preneur a cens. C e langage s’explique aifém ent ; c eft aflez dire qu on ne peut contefter le dernier
m oyen du Marquis de Saint-Poney.
. ^On vo it donc que la claufe de garantir, fourn ir & fa ire va
loir , établit un droit certain , en faveur du Marquis de SaintP o n e y ; que la claufe fuivante ne contient point en foi de
dérogation à cette claufe ; que cette dérogation n’a jamais
été dans l ’intention des Parties , à en juger par les circonftances & par l’enfemble des claufes de la t t e ; que cette der
nière claufe eft 1 effet d’une erreur du N o ta ire , qui a tranfcri d’après fes modèles , & machinalement , les claufes
ordinaires des baux a cens , fans en fentir la co n fé q u e n -
�c e
par rapport à la claufe de ga ra n tir, fourn ir & fa ir e
Valoir.
Il
ne refte qu’à obferver que le Dem andeur a ofé avancer
dans le cours de l'inftancc , qu’il avoit donné au Marquis de
Saint P o n cy la fomme de douze cents liv. par form e de de
> niers d’entrée. C e tte allégation eft auff i fauff e que hardie ;
l’aff ertion du Marquis de Sain t-P o n c y , de n'avoir reçu d’au
tre fomme que celle de deux mille liv. pour le prix des bâ
tim e n ts, n e laiffera aucun doute fur une pareille im poftu re,
que le Demandeur s’eft contenté de rappeller dans fon mé
m o ir e , par forme de r é c i t , fans ofer y perfifter.
FM
F R GE
A
L
E
D
.
Confeiller-Rapporteur
M e. G R E N I E R ,
G r a n e t
i
_
_
_
______________
A vo c a t.
3 Procureur,
•
A R I O M , d e l’imprimerie de M a r t i n D É G O U T T E ,
Imprimeur-Libraire, près la F ontaine des Lignes. 1788.
�
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Factums Baron Grenier
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Title
A name given to the resource
[Factum. De Moléen de La Vernède, Pierre. 1788]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
De Lafarge
Grenier
Granet
Subject
The topic of the resource
cens
déguerpissement
bail emphitéotique
bohades
domaines agricoles
successions
doctrine
coutume de Paris
chemins royaux
routes
Description
An account of the resource
Mémoire pour messire Pierre de Moléen de La Vernède, chevalier, marquis de Saint-Poncy, seigneur d'Alleret et autres places, procureur, syndic pour le clergé et la noblesse, en l'élection de Brioude, défendeur. Contre Antoine Ourceyre, laboureur, demandeur.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
de l'imprimerie de Martin Dégoutte (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1788
1782-1788
1774-1789 : Règne de Louis XVI -Fin de l’Ancien Régime
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
13 p.
BCU_Factums_B0128
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Baron-Grenier
Language
A language of the resource
fre
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Brioude (43040)
Saint-Poncy (15207)
Alleret (terre d')
Rights
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Domaine public
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Déguerpissement
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