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LES
SOURCES THERMALES
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DE LOECIIE,
AU CANTON DU VALAIS.
PAR
Docn:un EN hlÉDECI~
DE LA FACULTÉ DE BE RLIN, MÉDECIN
A LOECUE- LES-BAINS PENDANT LA SAISON DES E .\UI.
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�INTRODUCTION.
Des auteurs nombre ux et pleins de mal'Ïte se sont déjà occupés,
depuis longtem ps, des sources thermal es de Loëche . Ces eaux,
célèbres pal' leurs proprié tés curativ es, fréquen tées chaque année pal' un nomhre toujours croissan t cl' étrangc rs, ne pouvaie nt
manquel' d'atLirer l'attenti on du monde médica l, et leut· situation au milieu d'un séjom' rema"qu ahle, presque aux sommit és
des Alpes, devait excitel' au plus haut PQint l'intérê t des curieux ,
des voyagem's et des natm'alistes.
La description de cellc vaUre intéress ante, oil la natm'e a
réuni tous les contras tes, eut mél'ité lIne plumc 'plus exel'cée
et plus élégante, Aussi n'est-ce pas sans un profond sentime nt
de l'insuffisance de nos forces (lue nous avons entrepl'is ce court
travail.
.
Pour ce qui concern e un SI'amI llomhl'e de points topogl'a pt.iques et la détermi nation des hantem's diversc s, nous m'ons
eu recours il la complaisance de M. le chanoin e Bcrcllloicl clont
les travaux trigonom étriques en Valais ont été exécutés avec une
riguurel!se exactitu de.
Un Ilaturaliste distingué, M. le chanoin e Riou, a eu l'obligeance
de nous communif[uer t1e~
Ilotes intéressa utes SUl' la hOlnoiljue
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de la val~ée
qo'il a si souvent parcourue, Son riche hel'bier renfel'me toutes les plantes rares qu'elle produit,
Nous avons fouillé, pour la partie historique uu grand nombre
de chroniqueurs tant valaisans qu'étrangers qui nous ont laissé
quelque chose sur Loëche-les-Bains, La plupart contiennent des
fl'agmens précieux et d'une grande utililé j si qt\cIques aul/'es ne
foumissent que des données moins certaines, c'est que souvent
ils se sont contentés de prendre nne simple note en p~sant.
L' époque vérit~ble
de la découverte des SOUI'ces thel'males de
Loëche est incertaine j il est impossihle de la détenninel' d'uue
manièl'e positive,
Le résumé des anciennes an~l)'se
des eaux minérales de Loëche
n'offt'e plu~
de nos jours qu'un faible intérêt, Ces opérations se
ressenteut plus ou moins, les unes de l'enfance de la chimie, les
autres de la précipitation avec laquelle OLl a procédé et du défaut
des moyens pedectionnés ll'analyse connus :H1joul'd'hui,
Ce ne fut qu'en 1827 que l'on eut, SUI' les e:lUX de Loëche,
une analyse cou,plète et que MM, llnlllnet' et Pagenstecher, de
Beme, publièrcnt leur exccllenttruvail SUI' celte matière,
Comparées entre clics, les dive/'scs allai) ses les plus récentes
présentent encore tics différences notables, C'est ce qui a fait
nnÎlre la pensée d'entreprcndre IlU nouvC'all travail nnalJlique
complet SUI' les e;:tux, li n été exécuté par M, P)' I'amc Morin, de
Cenhc, chimiste distingué, dont les talens ct les connaissances
sont g(:nérnlcn,cnt connus,
Le développement n'pide qu'a pris, llans ces llernièrcs nnnées,
Loëehe - Ies - Bainsj les allléliorl\tion s nOlllbrcuses et lililcs qu'on
.Y a introduites, celles qui sont à la vcille d'êtl'e réalisées, la coustruction de pilisieurs hôtel s, 13 nouvelle l'oute pOUl' les ,'oituJ'cs
qui sera bienlôt ~Ichevé
ne COllt qu'auglllcntcr l'inlérêt quc pré sente cettc loc.dité l'ellJ3/quable il luqnelle LIll Il\'cllil' toujoul's
pl1ls hl'illollt cl unc prospl1l'ité cl'oissonte sonlllésol'luais assUI'és,
�vu
Si quelques hrollches Je l'olllUinistration des bains laisseut
eucol'e à désirel', c'est uu inconvénient que l'on l'encontre dans
presque tous les établissemens de ce gem'e; surtout au fort de
la saison des eaux où il y a foule.
Nous signalel'ons les modifications indispensables el les changemens qui sont d'une nécessité urgente. Quelqu es-uns, ceux
entre autres qui ont pOUl' hut l'organisation intérieu re et le service mieux. entendu des bains, ne doivent pas souffrir de retard.
Nous ne critiquerons pas; notre seul désire est d'être utile.
AVJllL f845.
---
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�LES
SOURCES THERMALES
DE LOËCHE.
TO PO GR AP HIE .
le 25 0 17, 25; de l.ongitude et le'
4.6 0 22, 3:i de
latitude, à une hauteur de l,. 3 51 pied
s au-dessus du niveau
de la mer (*), au pied de la chaîne des
Alpes, qui séparent le
canton de Berne de celui du Valais,
se trouvent les sources
célèbres et le petit villa,ge auquel elle
s ont donné naissance,
connu sous le nom de Loëche-les
-Bains, Il est situé au
fond ùu bassin de l'une des nombreu
ses vallées latérales qui
s'ou vrent dans la grande vallée du
Hhôrw, Celle dont lIOU S
.
SOUS
(') Ces culc nls sont cxll' ails cie
l'f'x cclle llte no :iee inéd il e de
M, le chun oine Bel'chtolcl SUI'
la vallé e de Loë chc - If's - Bain s.
Il
est \'iH>OIent à r('gr ellN ' qU( '
cct inté ress ant tl'avilil n'ai t pas
ét(~
publ ié. L'an teur qui, pend ant
tic long ues anué es, a babi té
Loc che · les- Bain s, étili tluie ux
'I"e tout a\ltl 'e il lIIèlU C ùe tr:lit
er
cell e mat ière . Au reste , ses vast
es conn aiss allce s et ses loug s travaux trigo noll létri ques S\lI' le Villa
is sont la lIIei lleur e sour ce où
1'0Ll puis se puis er quau
d il s'ag it de topo grap hie.
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parlons s'ouvre à Loëche-le-Bourg, se dirige irrégulièrement au nord, pour tOUfIJer ensuite insensiblement au levant.
Sa profondeur est d'environ quatre lieues.
Le voyageur qui, pour la première fois, fait son entrée
dans celle vallée si sauvag'e et si pittoresque il la fois,
marche de surprise en surprise et passe à chaque instant
d'un sentiment de plaisir à un mouvement de terreur. Jusqu'ici il devait suivre péniblement un simple sentir sans
direction et sans régularité, tantôt se perdant dans les profondeurs sombres et rocailleuses de la vallée, tantôt s'élevant rapidement aux sommites escarpées et tortueuses de
ce terrain fortement accidenté, dominant les bords perpendiculaires d'affreux précipices.
Les sensations si inattendues et si diverses que fait
éprouver cette nature gran'diose ne sont pourtant pas sans
charmes pOUl' les amis de~ spectables imposans et subli.mes,
des tableaux sévèrr.s et l'ians que déploient presque partout
les hautes Alpes aux regards étonnés de l'infatigable et
courageux touriste.
La vallée de LOëche-les-Bains ne le cède il aucune autre
pour la beauté et la variété des sites, les contrastes les
plus frappan. , les aspects les plus ravissans et les plus
sauvages. La nature s'est plu il réunir tous les extrêmes
dans cet espace resserré. On y trouve le génie et la faible
main de l'homme luttant avec los forces gigantesques et destructives dos Mémens, los beautés de la plus vigoureuse
végétation à côté de la désolation et de la nudité du désert,
les traces brillantes de la civilisation moderne et les restes
simples et grossiers des mœurs antiques et de la vie patriarchale.
Là, c'est la chaîne du Gemmi sombre et mélancolique qui
présonte tristement aux regards du passant ses larges flancs
déchirés, nus et déoharnés. Aucune végétation ne recouvre
ses innombrables el majestueuses pyramides. Ici, source
intarrissa ble de la Dala bruyante, c'est un vaste glacier,
�entl"ouvert de larges et profondes crevasses. offrant se~
coupes fantastiqltes et ses teintes capricieuses, ou des ama!
immenses de neiges éternelles qui déroulent aux sommiteE
des monts leur nappe éblouissante.
Ailleurs , c'est une forêt de sombres mélèzes, clair-semé}
SUl' les flancs du rocher. Antiques comme le monde, ils tiennent à peine par leurs vastes et noueuses racines, mises à nu
par le temps, an sol qui les a vus naître, et luttent péniblement
contre la tempête qui gronde si souvent en ces lieux.
Près de là, des bouquets magnifiques de noirs sapins atleslenl par leur aspect vivace que la végétation déploie ici
toute sa force et loute sa splendeur. Au pied de ces rochers
effrayans et dépouillés, au-dessous de ces forêts silencieuses,
s'étend un admirable tapis de verdure parsemé de mille
plantes rares. Tout est contraste, tout est extrême dans ce
coin de terre. Le glacier éternel a pose ses fondemens à
côté de la i;ource brCtlallte. A la température la plus douce,
la plus enivrante de la belle saison succède le souffle froid
et glacé de l'aquilon et des vents de la montagne.
L'été étale dans la vallée toutes ses beautés, et prodigue
toutes ses jouissances; l'hiver y ramène le morne abattement,
la trislesse et le silence de la solitude qui, dans cette saison,
fait de Loëche-les-.Bains un endroit comparahle au coin le
plus recule du monde.
Le calme et l'orage, le soleil et le nuage se disputeùt tour
il tour l'empire de celte sauvage (jontree. Le bruit du tonnerre
et de la tempête est subitement remplacé par le plus profond silence. A nn jour calme et délicieux succède une nuit
d'agitation et de tourmente.
Le temps est beau et l'azur des cieux est sans nuages,
toute la nature sourit. L'air embaumé du parfum des fleurs,
l'atmosphère impregnée d'une chaleur douce et vivifiante,
tout invite à la jouissance, tout éprouve une vie nouvelle et
se sent agité d'ixexprimables émoLions. Mais voici l'ouragan
�qoi va pa sel' tout à CO !IP SUl' cette ravissante scène et assombrir un instant ce délicieux tableau.
Le ciel se rembrunit; les nuao-es amoncelés se precipitent,
s'entrechoquent et crevent avec fracas sur les sommités des
monts; l'éclair a déchiré la nue; le bruiL sourd du tonnerro
gronde dans le lointain et e répète àe roeher en rocher; la
pluie tombe par Lorrens, et voilà les flancs de la montagne
sillonnés de mille ruisseaux dont Jes flots argentés tombent
el e hrisenL en cascades fumante , viennent se perdre à grand
bruit au fond du vallon el disparaître dans le ondes ecumeuse
de la Daia. Pui, ubitementle soleil reparaiL brillanL do Lout
son éclat ; les élemells Url instant bouleversé rentrent dAns le
calme et la lranqu ill ité. Ces changemens de temps sont si
prompt et les variations do la températuI'C si brusque dan
la vallée des Bains , que souvent elles se renouvellent plusieurs fois dan un jour.
Ces impo ans phénomènes, ces scenes changeantes émeuvent l'âme. Des pen 6es érieuse eL touchantes remuenl
profondément en pré once de celte créatioll prodigieu ·e.
Image du cœur de l'homme où comballent tour il tour le
calme eL la passion, où les émotion douces et paisihle font
place aux agita([ons pénibles et Lumultueu es, où los en ation poigllanLes et amères uccCdent aux pen ées tendre
et consolantes; image du cœur de l'homme, cette mer que
boulever ent en seoret lanL J'orAges et de tempêLes et dont
la le èrotù cL la faiblesso oublie le londemaiu les joui sallces
ou les chagrin · de la " Hie.
A Loëche-Ies-Bain l'hivor est d'une longueur dé ·olHntc ot
d'ullerigllcur extrêmc. ouvcnL il COIlHUCllce Ol'jà au moi d'octobro ct Jurcju qu'aulI1ois cie lI1ai. Penoant septll10is touL e ·t
ell evoli ou la Ileige qui tomhe qu l<f"efois au village il la
hauteur de cinq 011 six pieds. Les hauteurs, les sinuosite,
los acciclens du terrain out disparu; la neio-e chasseo par Je
vent a nivelé tous los eufoncemens; les chemins ne ont plus
praticables. Le thermomètre tombe souvent à 18 et 19° R.
�13
liu-dessous de zero. Les vents soufflent avec vehemence; leurs
tourbillons emportent la n(>,ige avec une telle violence que
souvent r on ne voit pas 11 six ou huit pieds de distance. Quelquefois la neige tombe sans interruption pendant une semaine ent.ière ('). Les habitans sont enfermés dans leurs
chaumières; on dirait que tout ce qui respire V;) disparaHre
pourjamais sous ces masses imormes s'accumulant sans cesse
et avec une effrayante rapiditc. Tout soupire, tou t gémit sous
le poids d'un pénible sentiment de tristesse, d'angoisse et
d'abattement.
Enfin le üiel s'ecluirüit pen il. peu; la lumière reparaît; le
soleil vient éclairer de ses rayons ces espaces immenses
couverts de neige et resplendissant d'une blancheur éclat.ante. Les habitans rassu rés sortent de leurs demeures, portent vers le ciel qui avait disparu il leurs yeux un regard de
reconnaissance et d'attendrisseme nt , et rendent un nouvel
hommage 11 celui qui tient ainsi entre ses mains les destinees du monde.
.
pour comble de contraste, au milieu de cc monde de
neige ct de glace, la nature a ouvert la roule 11 ces sources
brùlanles qui CO li lent sans interruption cl en si grande abondance qu'ulle seule d'entre elles fournit plus de del1x el demi
millions de livres d'eau par jour et, serpentant dans lenr fuite
11 travers les prairies recouvertes de plu ieurs pieds de neige,
laissent derrièro elles une trace fumante dans un trajet de
plus de 800 pieds (**).
Lorsqne le printomps reparaît, tout à Loëche-Ies-Bains
subit une nouvelle mélhamorphose. La vallée entière change
d'aspect. Los' masses de neiges accumulées pendant l'hiver
disparaissent comme par enchantement. Les frimas fout place
p:t
n
Dalls j'hiver' dt· 1843 il 1844, il a neigé 13 jours
l'uplioll.
(Hl M. Bel'chtold.
S<1 115
inter-
�à la verdure et où s'étendait naguère une vaste nappe oc neige
se déploie déjà un lIperbe tapis parsemé de mille fleurs. Tou t
renal! à la vie et se livre au mouvement qui précède la aisQIl
de eaux. Ceu \ de habitan qui, pendant la rigueur de l'hiver,
avaient émigré dans quelqnes localités de la plaine, renlrent
dans leul' foyer , pour reprendre leur occupations habituelle . l,es monlagnes ont changé leur a peel ombre en un
tableau animé et riant. Le troupeaux retournent dan leurs
püturage et le bero-er retrouve avec émolion se "entiers
, écartés, ses frai che fontaine l'om b re du melèze et du
, apin eL l'ab ri de 5011 chalet.
La sai on de eaux c t rev nll e; le. étrangers arrivent.
La vie de bain reprend son allure accollturnée, la ociéré
son bruit, sc cau cries" e amu omen ' el , e ' promenades.
Puis dan qu erqll
emaine tout ce mond' ëlëgant venu
de LouLe le contrees de l'Europe comme pour sc faire Ulle
courie vi iLe, di pamiL d nouveau avec la rapidittJ de l'é 'Iair.
Tout parL, tout e di perse; plu ieur ne se reverront plus ;
pour d'a ntre' leur ejour il Loëche-les-Baill ' sera un rêve.
Toul a di paru , le ilence ùe la olilude a repri son empire
sur colle contrée, il y a peu de jour ellcore i allimëe et
si bruyante.
Deux rOlltes condlli ent à Loëchc-le -Bains; l'nll' par le
Valai , l'aulre pal' le canton de Berne. Les voyageurs qui
traver, ent 10 Valab pOlir se l'endr' au). eau\, arrivent pour
la plupart de la Fran 'e ct de la 'avoie IHII' onève ou le
caulon de Vaud, ' e dirig'eant ur 't- 1Huri 'e ut d'iiI sur
Sion, Le autres, venant de l'Italie, travel" on l le ÏlIlplolJ,
Iros-pell le St-Il fIIard il cau 0 de la dH1i
c ult
~ que préscllLll
le pa age, surtout pour le malade et le Iran, port de eO'et.
Le pel' 'onnc tlui vienneut de l'Allemao-ne ou de la 'IIi 'C
allemande arl'iveut ordinairement par Thoune 01 le Gemmi.
De ion la route du 'implon, monumeuteleru 1 dll o-"nic
ct de la puissa nce de 1 apolcon, üOllduitle voya!Tellr il iene.
Onus tOtll ce trajet qu'il parcourt cu enlier SUI' la riv droite
�15
du Rhône, rien' de remarquable ne frappe ses regards, si ce
n'est le cours du fleu ve, ses vastes et terribles débordemens,
lJ ui dans certains endroits s'étendent sur presque toute la
plaine.
Siene, à I.rois lieues de Sion, avec une population de 889
habitans, admirable par la beauté, l'étendue et la riohesse
de son fertile territoire , n'est remarquable aujourd'hui que
par quelques mai ons de belle apparenoe, dispersées à
d'assez grandes distances sans ordre et sans régularité.
Les côteaux magnifiques, qui le COu ronnellt au nord, sem~
de nombl'eux villages, sont d'UlIC étonnante fécondité, surtout
en vins dont quelques-un sont de (lU alité supérieure.
Sierre rut longtemps la rési dence d'un gmnd nombre de
familles nobles eL puissantes dont quelques-unes n'existent
plus. L'amateur d'antiquités y trouvera de nombreuses et
intéressa ntes ruines à visiter. Demeures des anoiens seignou l'S , ces chàteaux furent détruits, les uns par le Lemps,
les autres pendant les guerres presque continuelles que le
peuple eut à soutenir contre la noblesse, surtout au commencement du quinzième sièole.
Entre Siene et le Rhône UT une petite éminence, on aperçoit de loin l'a ncienlle chartreuse de Géronde, fondée en 1330
par Aymon de la Tour, Evêque de Sion. Au milieu dos guerres qui agitèl'ent le pays, cette maison euL ses jours de pl'ospél'ité et de décadenoe, on peut dire même ses jours de misère;
car an dire de quelqnes chroniqueurs, elle fut à. diverses
reprises abandonnée fallte de ressources, puis occupée de
nouveau pal' différons Ordres roligieux ('). Elle est aujourd'hui une propriété de l'évêché de Sion.
Le voyageur trouve à Sierre tous les moyens de transport
(") SlUlIIpff, Chronique, 1. 11, page 549.
Seri )'l'gioue assiduis bcttis ve.ra/a, exltauslis cœnobii opibus, pal1'es
h'llj/lsjiJ.mili((Joliassadcsq'l/œrl'l'ecoaclisunt . Silll[p!" dl' Valles.1 ,22.
•
�i6
pour Loëche-les-Bains. Il sera fort bien reçu à l'hÔtel du
Soleil dont la tenue parfaite recommande à tous les etrangers
le proprietaire ., 1\1.. Gros, qui met tous les soins à les satisfaire.
En parlant de Sien'e, deux roules conduisent jusqu'à
Inden, petit village situé dans la vallee de Loëche-les-Bains.
Lapremière, que l'on ne peut parcourir qu'à mulet, suit la rive
droite du Rhô!H), traver e des prairies riantes, des vignobles
fertiles el condnit en trois-quarts d'heure il erquen, village
anlique, silue au milIeu d'un riche territoire. Sarquen a ulle
population de 4,03 habitans. Cet endroit est remarquable, et
nos chroniqueurs en font souvent mention à cause des proprie. tes qu'y pos Mait anciennement l'Ordre des chevaliers de
Malte avec un hôpital et une chn pelle dont le fondateur est
inconnu (*).
A Sarquen Lout rappelle encore aujourd'hui la presence
des chevaliers de Malte. La croix de l'Ordre se voit parlout,
SUl' l'au te), les mur et la vOllLe de la chapelle, sur la dalle
qui recouvre dan ' le chœur la caveau qui servait de tombe
aux chevaliers; il n'y Il pas jusqu'aux girollelles qui subsistent encore sur l'anciellne mai on qu'ils habitaient au midi de
la chapelle, qui ne portent ce signe. Sur la voûte du chœur
à gauche on lit encore aujourd'hui le nom de frere Jean Thibaud qui fut recteur de Surcluen de 1530 il 15(jlk
De Sarquen un (jhcmin très-irrégulier s'élève insensible-
n Hal ein JohallSerhalls
VOll
des Sliflhlllg ich nichts klares find.
Sll1mpff, ibid.
Gllm
RltOdiorum cqttitttm œde ct/jus authorem nos ig/lOramus.
Simll'r, ibid.
On ll'ouve su.' la ComnlOuHI('rie ('l l'hôpilal de Sarquen, :lp parlen;tnt aul"e(ois à l'Orclr'C de Sl- Je;1I1 de JC:rusa]clll, de nom ·
breux ('l inlél'essans dtilails 5111' l' OI'iginp, la dllrée cl la (in de
cet établissemenl daus les écrils de feu M. le chnnoine A. J. ùe
Riv<lr. . Topog""phie des Dixnl~,
lom . IX, pnt:;. 61 et suivantes.
�,
menl an travers des vignoble et des prairies (lui recouvrent
tout ce côteau et conduit en trois quarts d'heure à Varone.
Dans une situation charmante, au pied d'un côteau rapide
qui le couronne au nord, à une hauteur de2370pieds avec une
population de 371 âmes, Varone pos ède un riant et fertile
territoire. Cc village qui, a1l premicr aspect, annonce l'aisance,
preuve de l'activité et de l'intelligence de ses ha bilans , était
autrefois un hameau de Loëche et n'a été érigé en pa,roisse
que daus le dernier siècle. JI ficrurc d'une manière bien triste
dans l'hi toire du alais. En 1799, Varone fut complètement
incendié pal' les Français, Irrill's ùe la guerrc u(:harnée et de
l'opiniàtro résistanco quo lour opposaienl 10 paysans du
lIaul-Valais, défondant leur illdependan(je et leur antique
libwé.
De Varolle, l'ancien chemin , qui est Irès-rapide el fatigant
dans prosque tout le trajet, prend brusquement la hauteur
pour o'agner le curieux passago des galeries ou des é(jhelles.
A Varone le botaniste pourra cueillir le Colu,tea arborescens,
Orobanche cœrulea, et Il r le chemin, ell approchant
des é(jhelle , GorOllilln coro/wla; il trouvera encore sur les
rocher des (ou[{'os de Po/cIIlilla caHlcsccns, etc.
Dau une heure on arrive il l'oratoire qui se trouve au bord
du (jhemin, presque à l'entree du passage dont nous parlons,
il une élévation de 327[1-pied au-dessus de la mer. De ce
point on jouit d'une vue magllifique sur Loëche-le Bourg,
le cours du H,hôIIO, le bois de Finges, toute la grande
vallée, élU levant vers Viége et BriO'ue, au (jouchant vers Sion
et Martigny. On découvre déjà une grande partie de la
vallée des Bains, le village c.l'lnùell; puis, sur le côteau opposé, celui d'Albinen, situé aIL milieu de prairies environnées
de forêts ur un versant fortement incliné. Le vent frais qui
vient de la vallée souffler !lu visage du voyageur l'avertit '
qu'il a quiltô la plaine et qu'il s'appror.he cles glaciers ct des
hautes régiolls qu'ils occupent.
2
•
�18
C'est à cet endroit que sc précipita) le 28 juin 182 ,
M. Achille Butthiau de Paris. Il paraît que ce jeune homme,
voulant contempler l'effrayante profondeur du précipice où
coule la DaIa, s'avança trop imprudemment au bord du rocher
dont les parois ont dans cet elldroit une hauteur perpendiculaire de 1200 pieds. Ses membres en lambeaux furent
recueillis au fond de l'abîme et transportés 11 Loëcheles-Bains où ils sont ensevelis.
En quittant l'oratoire) on s'engage dans le chemin remarquable qui a été taillé 11 travers les parois verticales du
rocher. Il n'a pas toujours été tel qu'aujourd'hui . Le passage
ne pouvait s'effectuer anciennement qu'au moyen d'échelles;
car on l'appelle encore de nos jours les échelles quoiqu'il
n'en existe plus
C'est la position des échelles que les Valaisans dCfendirent avec tant de courage ct de persévérance contre les
troupes françaises, pendant la guerre de 1799, Trois cents
Valaisans, conduits par Barthélémy Wallher, homme déterminé, gravirenj, pendant la lIuit du 19 au 20 mai, des rochers
presque inaccessibles, près d'lnden, et gag'nèrent les hauteurs
qui dominaient la position, Cc mouvement audacieux échappa
à leurs enncmis qui furent tournés et dans la surprise perdirent un grand nombre des leurs,
Après avoir traversé les galeries ct un trajet pierreux,
formé des débris dtl rocher effrayant qui stlrplom))e ct
menace de ses flancs 6nonnes la tête du passant, on ontre
dans ulle forêt de sapins dans laquelle le chemin s'élève insensiblement jusqu'aux prairies qui environnent au couchant le
petit village d'Inden que l'on atteint dans une demi-heure,
n.
,
( ~)
Le passage des échelles, lei qu'on le voit aujourd 'hui, flll
ouvert pat' dcs 'l'j'I'oliens cn 1759, il peu près il la mème époqlle
qlle celui du Gemilli, comme l'allesle encore l'inscr'jplioll allemande laillée (bllS la pal'oi du roc]l<JI' au bllS du passage: lI'leister
Bal'tholome J(r'ol1inger, gcbürl(q in dam T'!J1'ol, 1759,
�19
te chemin pénible et difficile que nous venons de parcourir de Varone à lnden, par les échelles, ne tardera pas
à être abandonné, s'il est donné suite, comme on ne peut en
douter, au projet d'ouverture d'une route qui conduirait de
Sierrc à Varone et de ce dernier -endroit à lnden.
Cette nouvelle route, pour les voitures, en sortant de
Varone, traversera les belles prairies situ.ées au levant du
village pour arriver au rocher près de l'embouchure de
l'ancien aqueduc qui suit le tracé ct où la route est déjà
ouverte sur un espace de quelques cents toises. '.(rois ans
de travail ct des sommes considérables ont déjà été consacrés 11 tailler les rocs entre Varone et Inden, et de si grands
sacrifices n'ont pas ralenti un instant l'ardeur des courageux
habilans de ces deux localités.
Les galeries inférieures, la hauteur exceptée, ne sont pas
moins remarquables que les supérieures par la hardiesse
de l'exécution, les précipices qu'eUes dominent, et l'émotion
indicihle qu'éprouve le passant en traversant ce passage dangereux. A tous égards ce trajet mérite d'être vu soit en
allant, soit en quittant les Bains. Il se joindra, au-dessous
d'ln den , à la route neuve qui s'ouvre actuellement SlU' la
rive gauche de la DaIa et part de Loëche-les-Bains.
lnden, potit village de GI,. habi lans, avec une église,
entouré au couchant de belles prairies à une élévation de
3610 pieds au-dessus de la mer, est assis "au bord d'un
versant rapide qui descend d'un côté presque verticalement vers la DaIa et paraH de loin comme suspendu au bord
d'un abîme.
C'est à ln den que se réunissent la l'oute que nous venons
de parcourir ct celle qui , suivant la rive opposée du Rhône
ct de la DaIa conduit de Sierre au pont de l..oeche, par la
J'oule du Simplon. Nous allons la décrire.
A quelques minules de Siene, la route du Simplon traverse le l\hûne et regagne la rive gauche du fleuve. pour
entrer dans le bois de Finges. A l'entrée de cette forêt le
�20
voyageur est frappé par la présence de nombreux monticules '
de forme conique plus ou moins régulière, recouverts de
pins et se succèdallL sur un assez grand espace dans la profondeur de la forêt. Leur configuration singulière a peau coup
occupé les géologues qui ne paraissent pas encore bien d'accord sur les véritables causes de leur formation
Le bois de li'iozes est célèbre par la longue et courageuse
résistance que les Valaisans embusclués sur ces mamelons et
les enfoncemens qui les séparent, 'opposèrent en 1798, aux
troupes françaises qui ne purent jamais parvenir) par la forcc)
à déloger de leur ténébreuse retraite les intrépides paysans,
et perdil'ent beaucoup de monde dans maints combats partiels.
De Sierre ail pont de Loëche) la roule est triste et monotone. Rien ne réjouit la vue du voyageur que l'aspect lointain
des prairies et des vignobles situes sur la rive opposée du
fleuve vers Sarquen et Varone. Au midi , de somIlfes forêts
de pins dominées par une chaine de rochers dépouillés de
toute végétation ou des ravins nomhreux et rapides qlli souvent viennent endommager la route; ce qui , depuis longtems,
avait fait naître la pensée de la construire sur la l'ive droUe du
Rhône de Siene à Loëche, où elle erait beaucoup pIns sûre et
plus agréable.
.
Au-de sous de Loëche ou quille la route du Simplon pour
repasser sur la rive droite du Rhône sur un pont couvert en
bois dont l'entrée était autrefois défendue par une tom qui
n'existe plus.
,
Un trajet de roule, construit il y a (Iuelques années soulement, conduit, par de nombreux cûntours au Bourg que l'on
atteint en vingt minutes.
LOëche-le-Bourg est situé sur le versant du côteau septentrional de la vallée du Rhône. Des vignobles el quelques
n.
C') Voyez Ellgcllwnlt, Nal/ll'schildent1lyC1!,
pase 52.
clc.
UMe 1840 ,
�prairies l'environnent !lU midi et au cou
chant i il esL dominé
au nord par des forêts et au levant pal'
de rapides ravins qui
descendent vers le Rhône. Son êlévalio
n est de 2261 pieds
nu-dessus de la mer; sa population
de 106 7 habilans.
Ce hourg est très· ancien, comme l'atteste
nt les ruines nom}neuses el imposa ntes qui frappent les
regards du voyagenr
il son arrivée. En 516 , Loë che
figure d~jà
au nombre des
riches localités sur lesquelles Sigismo
nd, roi de Bourgogne)
,,(feetait d'immenses revenu!' à l'ahbay
e de St-Mallfice (}
~es
rues ét roites ct tortueuses) l'a rchitect
ure de ses vieux
édifices ) ses ruines, restes des manoirs
redo
utables de ses
anciens seig neurs, son égli se qne l'on
considère cumme l'une
des plus anciennes du pay s, sa mai
son ))ourgeoisiale dont
l'aspect tout 1{lodal étonne encore, sa
position remarquable,
défendu qu'il était au levant et. aUlIord
par des hauteurs et de
va tes forêts) au midi par le Rhône,
an couchant par la DaIa
dont les deux ponts étaient défendus
par de fortes tours (les
ruin es de cell e qui défendait le passag
e sur cette dernière rivière existent enco re aujourd'hui); tout
annonce fi ue Loëehe
était une localité importaule du Valais
épiscopal. Sa position
forte ) au cent re du pays, lui valut ouv
ent l'honnour de voir
les diètes sc réunir dans son sein ('*).
La puis1:iante famille des de RaroO'lle
cl l'Evêque de Sion y
pos sedaient des châteaux qui furollt
d&lruits pendant les
guerres qui tourmentèrent le pays en
14,1fj, ~t 1l1,15 C"). Le
Cf) M. A. J. Rivnz, ouv r"ge cité pnge
5.
M. noc carJ , Histoire du Vallais.
pnge 21.
(') LCllcœ solct pl'inccps (l'év êqu e)
cclcb
.~lIa:
curn hoc oppidtlm mcdium tcneat locu rcll"c comitia rlil'ionis
m tot'itIS regioni,ç. MUI lstcr , Seh ast. Cosm,ographia 1tniversa
lis. 1. 3, p. 540.
Silll ler, de Valesia, 1. 1, p. 22.
(.... ) Stul1lplf, Chro nitjl lc, 1. i '1,
pag. 548 . MUllster, loc. cil.
Uaro mï haronc.ç r(/stcllwn Ijlloddwn
in
~imlc',
lac.
ci'.
hile tico olim incolllc/"C'.
�22
château de l'E vêque fut reconstruit plus tard; c'est sur les
ruines d'une vieille tour qni y était attenante et que l'Evêque
cOda à la bourgeoisie en 15l(.1 qu'a été construite la maison
communale telle qu'on la voit encore aujourd'hui.
Nous aurions beaucoup de choses il dire encore sur Loëchele-Bourg, si cela ne nous eutraÎnait hors des bornes qne nous
nous sommes prescrites pOlir ce court tra vail.
On' trouve de precieux détails sur Loëche, son église, ses
vieux chtlteaux, son ancien couvent de religienses, sa noblesse,
les hommes remarquables qu'il a fournis à la malTistratul'e,
an sacerdoce, etc.) dans les recherches historiques consignées
dans les éerits de M. le chanOIne A. J. de l\ivaz flue nous avons
déjà cilé.
Les voyngenrs sont parfaitement reçus à Loëche à l'hôtel
de la Cro/,x; d'or tenu pal' M. de ",Terra, dont la rare obligeance meUra il leur disposition tous les moyens de transport pour arriver aux Bains.
A Loëche-Io-Boul'o', les personnes qni se rendent aux
eaux SOllt oùligées de quitter leurs voitures pour lesquelles
le chemin de la vallée n'a pas été praticahle jusqu'ici. La
construction de la nou velle route qui sera bientôt achevée,
cornille nou s le dirons ailleurs, mettra fin il cet in(jonvénient
fort désagréable pou r les malades, pour ceux surtout qui
!:Iont alteints d 'a~\lc
tions
graves qui les privent de l'usage de
leurs memb res, cc qui les plaçait dans ]a nécessité de se faire
transpo rter il bras d'hommes, opération fort pénible en raison
de la grande distance et du mauvais état de chemins.
La montée de Loëche aux Bains se faiL ordinairement [l
mulot, ainsi que le transport dos eIfets, cc qui inspire SOIIvent une grande frayeur, surtout aux femmes et aux enfans
peu hahitu é à l'a pect de ces localités sauvage et des precipices all'reux dont la l'oule est parfois hordée . .Mais les
mulets ont uno Ei gTHllde habitud e de ces chemins clifliciles
ct raboteux ; Jour pied est , i SIÎI' qlle, malgré 10 danger que
�23
présentent certains passages, on peut sans crainte s'abandonner ~l leur illslincLqui ne les trompe pr esq~
jamais.
Une commission MaMie il LOëche-Ic-13ourg procure à tous
les étrangers des guides, des muleLs cL tout ce qui est nécessaire au transport des effets. Un tarif que nou s communiquons
il la fin de ce travail règle le prix du voyage pour les
guides, eto.
En quittant le Bourg , l'ancien chemin qui conduit aux
Bains est très-escarpé, pierreux cL fatigant jusqu'à la petite
chapello de Ste Barbe que l'on trouve à l'entrée de la forêt,
à une hauLeur de 2891 pieds.
C'est le point où l'on se trouve 11 pou près vis-il-vis du
passag'e des galeries ou des cchelles de Varone , ot d'où l'on
peut le plus facilement se faire une juste idee de la profondeur effrayante qu'elles dominent. L'on aperçoit aussi les
galeries inférieures ou le nouveall trajet de route ouvert,
commo nous l'avons dit, pendant les trois dernières années,
dans la direction du grand aquoduc de Varone. Une grande
parlie de la vallée sc présente au nord aux regards du voyageur, ct le pelit village d'lnden, que l'oli aperço it au somm et
d'un mamelon élev6 , so trouve place au milieu du tableuu
dont il augmente singulièrement la beauté ct les contrastos.
De la chapelle de Ste-Barbe ju qu'a la Daia, le chemin
actuel tl'averse une partie de la forêt èt descen d SUI' presque
tout le trajet (*). Ori rcpasse sur la rive droite de la rivièro
surun mauvais pont en pierres. La distance qui épare le pont
de la DaIa cl'Tnden est la partie la plus rapide et la plus fatigante de toute la rouLe.
Comme nous l'avons dit, en partant do Sierre, los deux
roules de Loëche-le-Bourg et de Varone viennent sc réunir
n
Par la nouvello roule, lout cet espaoe, environ nne dC'mÎlieue, est complè temenl horizon tal.
�24
à Iriden. De ce dernier village aux Bains 011 comptait, par l'ancien chemin, une lieue ct demie sur un terrain coupé dans toule
sa longueur de montées et de descentes. Celui qui a été ouvert dernièrement est plus régulier, plus court et moins rapide.
Malgré la réputation si bien méritée des sources thermales
de Loëche et la grande am uence d'étrangers qu'elles attirent
chaque année; malgré les réclamations et les plaintes sans
nombre qui se faisaient entendre de toutes parts, il n'y a eu
pendant dcs siècles que les misérables seutiers que nous ·
venons de décrire ponr conduire à ces thermes des malades
ct des infirmes de tout genre, des vieillards quelquefois privés de l'usage de leurs membres, des personnes de haute
distinction, des femmes faibles et délicates, des en fans chétifs
et maladifs; encore, dans presque toute l'étendue de la vallée,
ces chern ins difticiles etaient-ils laissés dans un etat d'abandon déplorable.
Mais"il est des améliorations gue tôt ou tard la nécessité
réalise. La civilisation moderne dont le souffle inspirateur
remue toutes les âmes, développe toutes les intelligerlces et
pousse toutes les nations, souvent malgré elles, dans la voie
du progrès et des réformes utiles , vint au i éclairer de son
flambeau les populations simples et insouciantes dela vallée de
Loëche-Ies-Bains. EI.les comprirent qll'un avenir plus brillant était résl}rvé aux sources precieuses que la nature bienrai anle fait jaillir du sein de leurs monlagnes, et, se réveillant
de leur long'ue apathie, elles sentirent le besoin d'une amèlioralion essentielle, l'ouverture (l'une rOlLle pour les voitures
jusqu'au village des Bains .
• Pendant bien des années, cette route fut demandée à plusieurs reprises. Les projets ct les promes es se succédèrent,
mais toujour sans résultat. Tantôt de localités rivales, tantôt
des magistrats indifférens mirent obstacle à l'exécution de
cette belle entreprise. Un jour les plans ne pouvaient salisfaire
toutes les exigences j le lendemain cles embarras de finances
�25
ou des difficultés poliliques agitaient
le· pays; tout semblait
conspirer pour priver àjamais celle inté
ressante localité d'un
bienfait qui était pour son avenir d'nn
e si vaste p-ortée.
Quelques hommes éülairés de Loë che·les-Bains rétmis à
d'autrcs dcs communes voisines, fatig
ués de tant d'incertitudes et de renvois interminables, mire
nt fin à cet état de
choses et se déterminèrent sérieusemen
t il mellre seuls la main
à l'œuvre. Il ne leur fut pas difficile de
faire comprendre au
peuple de la vallé.c l'importance de leur
projet et de l'entraîner
dans lcur résolution. Aussi commencère
nt-ils, en 18[1,1, les
travaux sur presque toute la ligne qui sép
are
Jnden des Bains.
Il est vrai qu'ils no furent pas très heu
reux dans l'cxccuLioll
de cet ouvrage. Leur élan généreux eût
merité une direction
meilleure et surtout plus éclairée , car de
nomhreltSeS corrections sont devenues néce ssaires sur pres
que tout le trajet.
Cependant leurs efforts hunorables ne
restèrent pas sans
rcsultats; ils fixèrent les irrésolutions
du gouvernement qui
intervint dan . cette entreprise et pris
sous sa surveillance la
direction des travaux.
Ce n'est pas ici le lieu de s'étendre sur
le mérite de celle
WULC; nous laissons celle
tàche aux hommes speciaux. Mais il
est vrai de dire qne M. de 'l'orrenté, inge
nieu
eontrarie dans ses projets, a eu do nom r en ehef du Valais,
breuses difficultés de
tenain à. surmonter à travers les gorges
et les rochers de la
vallée, ce Cl ai nuit peut- être à l'ensem
hle et défigure ce beau
travail. Dans un an celle route sera enti
èrement achevée. Le
voyageur ou le malade arrivera en voiture
à Lùëche-Ies-Bains,
sans avoir rien perdu des scènes allrayan
tcs
la nature lui m6nageait pal' l'ancien chem ou terribles que
in.
La seconde route, pour arriver à LOë
che-Ies-Bains, est
celle qlli traverse une partie du canton
de Berne de Thoune,
par la vallee de Frutigen, il Kandersteg.
Elle quitte ce dernier
village ou les voitures parviennent enc
ore, pour s'engager
ensuite" dans les hauteurs et les g'or
gcs tristes et sévères
qui forment les environs du Schwarbac
h, petit refuge isolé
�26
aux sommets des monts, où le voyageur, travesn~
ces lieux
déserts,. est enchanté, pour se reposer un instant de ses fatigues, de ~rouve
un abri et des rafraichîssemens. Nous
reviendrons ailleurs sur cet utile étahlissement.
Du Schwarbach, suivant toujours un sentier pénible et
rocailleux, on cotoie bientôt les ]wrds solitaires et désolés
du ]ae Dauben (Daubensee), alimente par la fonte du glacier
de Lamern. En été, quand il est à sa plus grande hauteur, sa
longueur est d'environ uno demi-liouo sur dix minutes de
large. Sa profondeur est pell considérable. 011 ne connaît
aucune issue visible à ses eaux qui s'échappent à travers les
couches d'ardoises dont les ])ancs inclinés vers le nord,
forment la hase de toute la chaîne du Gemmi.
Enfin , l'on parvient au sommet du Gemmi d'où l'œil
étonné découvre Lout à coup, à une profondeur immense, le
petit village de Loëche-Ie -.Bains , qui paraît être sous les
pi cds, mais que l'on n'atteindra que ùans une heure et demie
d'unc descente dangereuse et fatigante.
Ce pa sage fameux a ét6 décrit par des auteurs nomhreux. Les manuel des voyageur en Suisse parlent tous
avec plus ou moins de vérité cl d'exactitude de sa construction hardie et unique. ous nous ab tenons de nOlis en
occuper ici plus au long , nous proposant de donner qnelques détails historique sur ce passage intéressant en
décrivant les promenades diverses de erlvirons de Lo lichelos-nains.
Arrivé à Loëclre-Ies-Bains, le voyageur ou le malade e
sont doucement affecté. Comme il n'a pu y parvenir qu'en
éprouvant mille cmotions de tout genre, à traver des lieux
sauvages et solitaires, où les tracos de son semblable sc
trouvent il peine imprimées, son âme se repose en rotrouvant l'homme, la ociété et ses agrémens. A celui qui souffre,
il faut des sensations douce et consolante j il faut de l'e poir à celui dont de longues et cruelles infirmités om ruiné
ou presque dctruit l'existence. Il est donc heureux, lui , perdu
�27
un moment auparavant dans des gorges profondes, suspendu
au flanc dll roc à pic menaçant sa tête, Mourdi 'par le. bruit
du torrent rapide mugissant au fond de l'abîme, il est heureux, disons-nous, de se trouver au milieu de ses parens,
de ses amis, de ses connaissances et des soins empressés
qui lui sont prodigu és,
l)uis, quelle jouissa nce il éprouve, lorsque revenu de
loutes ces pén ibles émotions au milieu d'ulle journée sans
nuages, plongé dans cette atmosphère embaumée des mille
parfums qu'exhalent de to ntes parts les plantes des hautes
Alpes, et se promenant SUl' ce magnique lapis de verdure,
de celte verdu re qu'on ne voit que là ('), il contemple et
me ure' de l'œil le cercle immense de rochers qui l'entoure
et duquel il lui semble impossible de sortir jamais. Ses regards se portent avec admiration sur les beautés sans nombre
qui l'environnent, beautés tristes et sévères, rianles et pittoresques. D'un seul coup-d'œil il emhrasse lous les contrastes
du sommet du Gemmi bouleversé par la violem)e et le choc
des élémens, jusqu'a u fond du vallon embelli de tous les
,trésors d'une riche végétâtion.
C") On cntend SOll"CnL di.·c ;mx étrallge.·s à Loëche-\es·Bains
qllc la verdure drs prnil'irs qui CL1\'il'OIlllf'IlL lc vil1<:1gc <:1 une teinte
particul ière; prut- clrc est-elle \' erret du reflet sombrc projcté
pal' les diailles des l'ochel's (l'Ii les domine nt.
�HlSTOJRE.
Il paraît qu'à une époque l'éculée toute la vallée de Loëcheles-Bai.ns était couverte de vastes forêts dont nul n'avait osé
sonder les sombres profondeurs. Aussi était-elle appelée la
vallée des (Bails) bois (*). Tout devait en eIret inspirer
l'horreur ct l'épouvante à l'approche de ces lieux solitaires
et inconnus où nul mortel n'avait tenté de pénetrer et dont
rien ne troublait le silence que les chutes répétées du torrent e précipitant d'abîme en abîme, le mugi sement des
vents agitant les cimes triste ct si lencieuses du melèze et du .
sapill, ou les cris et les hurlemens des animaux féroces,
sortont de leurs sanglans repaires, pour parcourir ,ces ])Oi8
déserts où ils régnaient en maltres.
La chaîne colossale de rochers, aux parois perpendiculaire., qui entourent de toutes parts cette contrée sauvage (U),
le masses de glace et de neige qui couvrent éternel lement
leurs sommités, le fracas des avalanches roulant au fouel de
précipices, le ]nuit sourd de la Daia écumant au fond de l'a.bîme] tout semblait défendre l'en 1rée CH) de ceLLe espèce de
C') ValLisncmonl/11. Collinlls, de Scdlllwl"/lm thcrmis, apl/dSiI1l1er.
CH) Vallis, cœlwn IJC/lC langlmtilJlls jl/gis undilj/le scpta. Sillllcl',
pnge 20.
(H~)
/(orrcndus, difficitis que atlittl, is locus cret!. Collinus ihj(l.
�sanctuaire mystérieux que la crédulité des temps an.ciens n'avait pas manqué de peupler d'esprits , de spectreil, d'êtres
imaginaires, de divinités sauvages, de bêtes féroces et de raconter sur ces heux inconnus mille histoires effrayantes et
inerveilleuses dont nO'Us n'avons aUoune idée C).
La vallée fut inhabitée pendant bien des sièoles. La (radition rapporte qu'enfIn des chasseurs couragoux s'aventurèrent dans les profondeurs ténébreuses de ces bois à la
poursuite .des bêtes féroces et frayèrent quelques étroit s
sentiers il travers les abîmes. Plus tard des })ergors les suivirent et s'avancèrent peu à petl dans ces gorges où ils conduisaient paître leurs troupeaux. Ils abattirent les forêts et
transformèrent en pûturages ces vastes oollines, construisirent
des caballfls et des chalets (U) et pénétrèrent enfin au fond de
la vallée où ils découvrirent les sources CU).
Nous ne savons rien de positif sur l'époque véritable de la
~cO'\lvert
des eaux therm~ls
de Loëche. Ce fait remarquable se perd dans l'obscurité des tomps. L'histoire du Valais,
au reste, si l'on remonte à des siboles un peu reculés, ost souvent couverte do ténèbres et remplie d'incertitudes. Bridel ,
sans citer les sources où il a puisé, désigne le douzième siècle
comme l'époque où ces caux commencèrent à être connues (.... ).
QUOiqu6 nous soyons à peu prè·s dépourvùs de documens
historiques sur les eaux de IJo.ëche, antérieurs au comme.noement du quatorzième siècle, il est hors de d<'Jute qu'elles
(~)
Locus rrat in quo nemilli habitarc quam hamad1·iadibus;
nyinphis alt.t (cris, aut illis qui has inseqUtf,nttlr, liecrcl. Collio ibid.
(... ) JIIlagalia easasquc slnwre eœperunt. Colliou s.
(...... ) 11 pas/oribus Jleel/des sua,ç œslivo tempore illie l)dScetib!,~
tel ttl alit quibus magis asscntior·, a vena/ori bus inven fœ sunt. ibid.
(...... ) I1ridel. Essai statistiq ue sur le canton du V~ I ais.
ZUl'icIJ,
i820, paflr 125 (édition allemandr),
�30
étaient fréquentées bien longtemps avant crUe époque, et que
leur réputation s'établit aussilôt qu e les premiers colons eurent
observé leurs effets remarquables sur certniues maladies du
corps humai-no
JI est probable qu e les premiers bergers qui vinr.ent se fixer
dans la vallée sortirent de Loëche-Ie-Bourg, cette localité
fitant par sa position la plus rflpprochée et sos habitul1s le plus
à la portée d'utiliser ses forêts et ses pâturages. Aussi parait-il
hors de doute que les plus anciens propriétaires de la vallée
et des sources minérales qui s'y trollvent furent la bourgeoisie
ou du moins quolques-uns de ses l'essorLissans. Au reste le
droit de péage, au moins en partie, que la hourg-eoisie a exercé
de tout temps sur le passage du Gemmi, droit qu'eHo percevait
elle-même ou concedait il des particuliers sous certaines conditions, et qu'elle a conservé, comme nous le dirons ailleurs,
jusqu'en f 824, établit d'uue manière incontestable l'ancien::"
nelé de sa propriété dans la valLee.
A u treizième siècle, la bourgeoisie de Loëche avait d~j!
avoo ln commune des Baius des rapports si intimes qu'elles
paraissaient n'avoir qu'une seule et même volont6; preuvo
que ses habitlll1s et ceux de la vallée étaient liés d'intérêt et
probablement par la pareuté depuis plusieurs siècles (*).
Sans citer les documens sur lesquels il fonde S Oli opinion,
M. de Rivaz prétend que le chemin du Gemmi a été fréquenté
depuis un temps imm émorial et qu'il n toujours servi de voie
de comn)unication entre la vallée de J. . oëche et celle do Frutigen.
n
Cl/m (llIle nli quO l s:.cculn ComJnwrilll,s lJw'gesiœ Lcucfl' 1/IifI
valle Balncorum lan/opero (Ilcrit COlljtl1lcfa ut idcm ~ e lc ac
Ilofle v ic/cre/ur (A l'c hives de Loëche) .
n·nillCllrs Ic nom tlc bains de Loé'chc quc l' 011 l·cL'·01l\'C pnrl oul
Ctlllt
t! ,1I1 S
çc LL c
les [lIiLeUI·S les plu s :lIlCÎC'IlS, sr mble pl{'illC'llIrnl conti nn el'
opi ni on, AqllO' ICllrinll.', Sllll11plf. Arjl'cr lCtc1
,~I'- < , Mun ·ter •
..4quœ {ctlcicl/tœ, SiUl lc,r .
�31
Quoiqu'il en soit, le passage du Gemmi était déjà connu
et praticable au commencement du quatorzième siècle, et
sans doute bien antérieurement, puisque l'armée bernoise le
traversa déjà en 1318, descendit la vallée des Bains où
elle commit toutes sortes de dévastations, et vint dans les
plaines de Loëche livrer la célèbre'bataille, appelée des soupirs
Il est à présumer que ce fut dans ces temps de troubles
et de lultes continuelles entre les peuples des deux pays
que le plus ancien propriétaire dont les chroniqueurs fassent mention, un seigneur de Mans, fl! élever dans ces lieux
une tour dont on remarque encore des vestiges aujourd 'hui (++),
sur une petite éminence, au milieu des prairies qui dominent
l'ancienne source des léprcux , au levant du village, et que
l'on appelle a~jourd
' hui
sourcc dn bain des patLVres.
On ne peul. fixer d'une manière précise l'époque à laquelle
celte tour rut constrllite, ni celle où vécut son foudatelll'; mais
elle peut bien remonter à la fm du treizième on au commencement du quatorzième siècle, puisque du temps de CollimIs, qui
écrivait sa notice sur les eaux de Loeche en 1569, cette tour
était déjll très-ancienne et menaçait ruine ("').
A la suite de dissensions politiques, Mans fut obligé de
quitter le pays et se réfugia en Allemagne.
Selon M. Boccard , la tour en question fut élevée aux
Bains de Loeche par un certain Bel'gmann, vers le commencement du quatorzième siècle, pour protéger les gens de la
vallée de Loëchc contre les invasions des haoilans de celle
n.
(") M. de Rivaz , page Hi. -
pnge 249, el <lulrcs,
Slump!!, page 548. -
Bridcl,
(" ") Hanc (celle tour) qllidam cons/ruc/am a quodam vira nobili,
cognominc jJlans, affirmant. Collinus, loc. cit.
(..... ) Tt/TriS allliqtlissima jamqtLC ruinam minilans, ibid.
�32
de Fruligen, avec lesquels les Valaisans avaient [1 celle
époque de nombreux démêlés.llergmann fut ensuite chassé
du pays (').
Le nom de Bel'gmann, que l'on ne retrouve l'elativement
à la vallée de Loëche que dans l'ouvrage que nous venons
de citer, ne serait-il pas' une corruption de celui de Mans
dont plusieu rs auteurs [ont mention?
'
Selon quelques chroniques, la propriété de la vallée cl des
eaux minérales de Loëche doit avoir passé, après Mans, aux
seigneurs de la Tour. J\lais aucun document n'établit qne
l'endroit où se trouvent les sources ait jamais appartenu à cene
famille ("). Ce quia pu donner lieu à celle suppo ilion, c'est
que celle maison puissante possédait de grands domaines
de l'autre côté du Gemmi, dans la vallée de FruLigen, qll'Antone de la Tour venùit ell 1ll·00 (10 juin) à la ville de
Berne CP).
Ce qui paraît beaucoup plus certain, c'est ({u'immédiatement aprcs l'émigration de Mans la vallée de Loëche, les
sources et le droit de péage qui se percevait au puss age du
Gemmi, devinrent en grande partie la propriété des seigneurs
de Rarogne donl plu ieurs furent vidame de Loëche, etc.
Cependant la bou!'O'eoisie conserva toujours ses droits.
En 1fj·02, Gnichard de RurogHe cllda pour un certain
temps son droit de péage dll Gemmi tel qn'il 1lYait été perçu
ju qu'alors C''') , à la eharcre par le cessionnaire d'entretenir
le chemin en hon état ct de payer annuellemont il la boul'-
n Histoire dn Vnllais,
pngc 75.
(Hl N~c
usquam mrmo/';w pl'odilUm asllocum in quo hw thennœ
sunt ad cos per/ùwisse. CollillllS.
CH.) St1mp{/~
1. 8, p. 247.
Tnhlenux ùe la SuissC', vol. IX, page 152 et 155.
(H .... ) Capiendmn prout hactcmu; consuetllllt {nit elc. (ArchivC's
de 1.0 ·;cuc).
�33
geoisie de Loëehe la redevance de six sols maul'isois pour les
droits qu'elle avait sur les sources et les bains.
Le même Guichard de R'arogne renouvelle en fll·07 la
précédente reconnaissance annuelle de doltze deniers à la
bourgeoisie de Loëehe pour ses droits sur les bains et les
sources
En 1l/,36 , les [l'ères Hilde])l'and ct Peterman de Rarogne,
fils de GUichard, hypothéquèrent ell fav eur de la ville de
Beme et en sûreté d'une somme de 5000 livres valaisannes
qu'elle leur avait prêtée, leur droit de péage des Bains et plusieurs autres propriétés.
Pelerman de Rarogne, le dernier mem])l'e de celle illustre
famille, reconn aît encore, par procuration, en 1l l'7'1, les
droits de lahou rgeoisie dc Loëche qui paraissent plus etcndus
il cette époc{ue que dan les acLes antérieurs (") .
Sous les de l\arogne, vers le milir,n du quinzième siècle,
la propriété des sources ct de la vallée était déjà divisée
entre la bourgeoisie (lt un assez gralld nomhre de familles. ·
Les Olschier (Oggier), de Lo ëehc, en possédèrent uno partie , ainsi que les lIertensteill , de Lucerne, et autres qui ven, dirent leurs prétentions en flI·78 à l'Evêque "VaiLher Supersaxo.
Les anciennes sow'ces des gucrisolls spécialement ont longtemps appartenu aux Oggier . Des titres authentiques démontrent , comme nous le dirons ailleurs, qu'cnes furent
vendues plus tard par un membre de cette famille ..
. A la mort de l'Evêque Walther Supersaxo, en flI-82, se~
ilroits dans la vallée et sur les sources passèrent à son
successeur, Jost de Sillinen.
n.
n
De ct S1/per balnais ct {onle calido. (Archiv es de Loëche) .
(H) De el super lonte calido, Ctl1Jt JUldi~,
juribu3 et aliü pertintmtiis elc. (Mèmes archives .)
3
�Cc l'rétal éclairé avait un goût 'pronoÏloo pour res êonstructions; aussi fit-il relever sur plusieurs points du pays
les chiiteaux détruits pendant les guerres de 1I1,1!loCt iM 5.
Les Bains de Loëche aLLirèrent surtout son attention; de nombreuses et utiles améliorations y furent introduites. La construction deplusieurs édifices publics considérables contribua
puissamment il l'agrandissement et il l'embellissement du
village. Il ftt restaurer plusieurs anciennes auberges et construire un bain particulier pOUl' lui (*).
Cc ne fut proprement que sous l'Evêclue de Sillinen que les
caux thermales de Loëche commencèrent àjouir d'une grande
réputation en Suisse et il l'él.rang9r et que les malades s'y ren-
dirent en grand nombre.
Après la mort de l'Evêquo de Sillinen, le fameux cardinal
Schiner, élu Evêque do Sion en i 500, éleva, comme prince
souverain, des prétentions sur les possessions de son prédécesseur aux Bains et dans la vallée. Des difficultés sérieuses
s'élevèrent relativement il celle affaire. La question fut portée
par devant un tribunal d'arhitres choisis clans les cantons de
nerne ct de Lucerne. Les juges amenèrent les pariies il lme
transaction. Le cardinal paya à Gaspard ct Christophe de
Sillinen, héritiers de l'Evêqne dèfunt, une certaine somme
au moyen de quoi il devint dcfinitivement propriétaire.
..
L'Evôque de Sillinen tourmenté il la fin de sa vic par les
troubles politiques qui agitaient le pays et obligé de s'enfuir
n'avait pu meUre la dernière main à lous les travaux qu'il
avait entrepris à Loëche-Ies-Bains. Le cardinal {lt achever les
édifices commencés elle surpassa encore par le zèle ct l'ardeur qu'il mit à étendré la réputation des eaux, à rondre le
séjour des Bains plus agrôahle, en y faisant élever plusieurs
établissemens publics vastes et commodes, entro autres deux
(~)
Balllea peculiaria sibi hoc loco cxstruxit et diversoria
plura rU/lovav'it. Sim ICI', de Valles., 1. 1, ptlge 27.
COIn-
�35
halns spacieux, dans les praIries, près de la grande source,
jouissant d'une vue magnifique sur le vallon ct la chaîne du
Gemmi probablement l'ancien bain des nobles et celui qui
fut plus tard appelé bain ZltricllOis. Une superbe maison en
pierres de taille fut encore biilie par le cardinal sur l'emplacement qu'or,cupent aujourd'hui la maison J uHer et une partie de
l'hôtel de France.
L'exemple donné par les deux prélats illustœs dont nous
venons de parler ne resta pas sans fruit. Plusieurs familles
~obles
et un grand nombre de riches particuliers du pays les
imitèrent et firent bâtir il Loëche-les-Bains des maisons où ils
venaient passer la belle saison. En peu de temps le village prit
un développement rapide et ressemblait plutôt, par l'élégance
de ses édiii ces, à une petite ville qu'a un llameau perdu dans
les profondeurs d'une vallée sauvage.
La plupart de ces beUes constructions ct ]?eaucoup d'autresde moins d'importance ne subsistèrent que quelques années.
En 1518 , LillO eIfwyahle avalanche, se détachant du somme'.
de la montagne vint raser et détruire tous les grands élablissemens de bains et un grand nombre d'hahitations particulières juscIu'a l'église. llridel (U) rapporte que soixante-une
personnes perdi renlla vie dans cette épouvan table ca tastropho
ct furent ensevelis sous les ruines de leurs demeures.
.
11 est surprenant que StumpIf, Munster, CoUin us , Simler
et autres, les deux premiers surtout qui écrivaient peu de temps
après sur Loëche-les-Bains 1 ne fassent aucune mention de co
désastre.
Cependant le village fut assez promptement reconstruit i
Stumplf et MUDster qui visitèrent ces thermes le premier 25;
le second 27 ans après l'événement nqus ont laissé des des-
n,
(") Duo cgt'cgia.cl amama c.JJs/ruxil balnoa quœ jucundissimum
]ll'ospec/tiffi habenl in colles virclt/cs el sal/Hs riltiBsilitos. Collinus.
(... ) OU\'l'nge ciLv, p<lgc t'2ü .
�36
criptiollS qui démontrent que la plus grande partie des bâtimens ruinés avaient déjil. été relevés (*).
Au commencement du seizième siècle, sous le cardinal
Schiner, la propriété des sources et de la vallée se divise de
plus en plus; déjà de son vivant, il donna le tiers de ce qu'il
possédait 'dans la vallée en contrat de mariage il. s,a nièce qui
épousa Gabriel de vVerra. Asa mort" ses deux freres Gaspard
et .Jean Schiner entrent en possession du reste qu'ils transmeltent de leur côté il. lell rs hériliers respectifs.
La nièce dll cardinal apporta donc il. la famille de Werm
la part des sources dont elle jouit encore aujourd'hui. Selon
une autre opinion, les deWerra firent l'acquisition d'une
autre part aux sources en donnant en échange au cardinat
les propriétés considerables CIIl'ils possédaient dans le HautConches, provenant des anciens comtes d'Ulrichen dont la
famille s'était fondue d:\I1s la leur. Cet échange paraît doudouteux.
En 1529, les frères du cardinal, ses héritiers, renouvellent il. la bourgeoisie de Loëche la reconnaissance d'Ilne
redevance annuelle d'un sol Jo service et de plaid pour ses
droits sur l'ancienne source (Je St-Laurent) (H), telle que
l'avait rCCf)IlUue 58 ans aUIJéuavanL Petennann de Rarogne.
Depuis cette ëpoclue les Bains ne Loëche prirent peu il. peu
un développement considérahle. Le village s'agrandit; su
population augmenta; la réputation des eaux sc rcpandit do
plus en plus; les étrangers y accoururent en foule, surtQut
des cantons suisses, ct malgré des dommages partiels causés
par les avalanches, à des intervalles plus ou moins éloignés,
on peut dire que la pros~ité
de cette localité allait croissant d'année en année.
C") Stump{r. pngc 548. - Munsler, page 547.
(H) De antiquo l'ollte e:l'clIlIlc de sl /blus m(fgmnn lapident clc, (.'\1'-
cIJi"es de Loëchr. )
�37
L'aflhlence éluil ùejil si grande' au temps de ~lunster
(15li'6) que sans la difficldté d'y arriver à 'cause du mauvais étal des chemins on eut élé dans l'impossihilité d'y recevoir tous les baigneurs qui les fréquentaient déjà à cette
époque
Il ya ùonc trois cenIs ans que l'on sentait déjà
le besoin d'un e roule cl que Je danger que présentait l'ac-,
cès de cette localité etait un obstacle à sa prospérité. '
De tout temps on avait compris la nécessité de construire
qnelques ouvrages ponr changer la direction des avalanches
qui tombent chaque annéc de la montagne qui domine le
village, alllevant; d'élever des harrières pour paralyscr leur
chute et le préserver dn dangcr et de la destl'l1ction ql, i le
menaçaient. Pcut-être Je désast re de 1518 avait-il inspiré
cette heureuse pensee aux habitans. Mais un long espace
de temps s'étant écoule sans accident marquant; ils se relâchèrent peu à peu. L'entretien et les réparations des barrières
furent négligès et laisses 'il la fin dans lm état d'abandon
complet; il Il'en restait plus que des vestiges consistant en
quelques amas de pierres dispersés (;à et là sur la colline
sans ordre ct sans l'ég' ularité. Aussi eurent-ils plus lnrd à
se repentir de celle insoucian ce, car clans le court espace de
60 à 70 ans l'avnlall che tomba sept fois sur le village et
emporta deux fois les bains et quelques Mtimens, Ces
malheurs partiels ne réveillérellt pas les montagnards de
leur funeste apathie; ils paraissaient, au contraire, se familiarise r avec 10 ' danger qui los menaçait sans prendre
aUcune précaution pour l'éviter, Tl len r fallut un de ces
clésastres arI'reux qui viennent de temps en temps jeter la
Constemation et le deuil au milieu des populations des hautes
n.
C') Nisi obs/a1'cl pOT'/rn /osa mOtl/ùml allillldo, affl'uen/ lanttls
~ Olntnum nt/mer'us quod sal'"s spalii 111'0 iltis hospitandis non css cf ,
h
1Ullslrr'.
ri
lIf,qjor cssrl frequcnlia. nisi via prœceps, angl.l,sfa cf, luln'icfl. mtlru
Oll'!,t f Cltc!'e/ .
Sim/l'l',
,~
•
�38
Alpes. ous voicI ulTivé' 11 la plus épouvantable catastrophe
qui soit jamais veflue affliger les bons paysans de Loëcheles-Ba in.
La relation que nous allons soumellre au lecleur a été
écrite par un lémoin oœulaire ('), habitanl de Loëche-lesBains. JWe e l Cil lanfTue allemanùe, nous en exlrairons les
principaux passage :
Le .. 7 janvier f 7-19, à heure du soir, une avalanche
('pOnvlllltable fondil sur 10 village avec la rapidilé de l'éclair.
]~n
un clin-d'œil plu de 50 mai on furent rasées. Tou les
bain, les hôtel " un grand Hombro de grange. cl de greniers
furonl enlièrement détruits.
Dan les premier momen le lJoulever emenl fullel que
l'on ne put reconnaître l'emplacemenl que Je divers bâlimells
avaient occupé. De édifices donlle mllr élaient d'une 0liùilé étonnante el que l'on cro)<ait pouvoir résister à tou t
évùnemeut furcut emportés av c la même facililé que les plus
frêle habilalions.])e cc nombre fUlla b Ile mai, on en pierres
de laille 'on ' lruile sur la place par le cardinal Schmer,
comme non l'avol1 dit plu haut.
Mais ce qu'il y eul de plus lriste ct de plus dé olant dans
ce moment dé aslreux, c'e t que ciufJuante-cinq pel' OIHle
de tout iî~e
cl de toul exe perdirenl la vic. L s mallteureu es
viclimes furenl l' lrouvées, 1 unes il d mi morte.', les autres
culièl'emenL écra ée ous le décomùres; d'autres, emportées
par 10 vent il Ilne grunùe dislance de leurs demeures, ellsevelie SOll la nciO'c. Une o"!'ande quanlité d'animaux domcstiqllcs périrent an si. Depuis la place ju. (IU'à l'egli e quall'O
mai on sculemenl re tèrent dehout. Tout le reste avait
dLparn. li faul ncore rel1lal'lluer qu'à celte époque, la plus
grande partie du village se trouvail dun la IJfoximiLé des
n Etienne MOllel', 1l11ljor de Loi:che.
�39
SOurccs ct do l'église, 8ur la rivo gauche do la DaIa ct ce
n'est que depuis lors que les habiLans Lransportèrent en pIns
grand nombre leurs demeures sur la rive opposee.
Aussitôt que la catastrophe fut consommée, on sonna le
tocsin pour réunir ce ,qui l'estait de ceLLe malheufeu e populalion. On se mit il païcourir l'avalanche, avec mille dangers,
pour chereher COllX qui peut-être respiraient ellcore. Près de
l'église on trouva d'abord une femme morte et à côté d'elle
deux autres qUl avaient été pour ainsi dire miracuieusement
Conservées.
Le lendemain, 18, on chercha il rcunir le plus de monde
Possihle. Nul ne peut sc faire ltne idée de cette nuil d'an~
g·oi. ses et de terreur, de la désolation et du désespoir des
habitans lorsque le jour vinl éclairer le désastre cl monlrer
flUX malheureux paysans, plong'cs dans la stupeul
', toulo
l'étendue de leur infortune. Aucune expres ion ne pent peindre
Cetle mome .el poignante dOllleur. L'un pleure Ull père, uno
mère, l'autre ulle épon e, un enfant. Pnis, sous ce climat
rigou l'eux, separes, pOlir ainsi dire, du reste du monde,
au milieu de monta<T\1es couvertes de glace et de frim as,
plus d'habitations, plus d'asile , plus de ressources, tout est
anéanti 1
L'auteur de celle iuteressante relation desiglle ensuite lous
les endroits du village et des alentours d'où les cadavres
furent retiré . JI doune le nom de toutes los personnes qui
furent retrouvées mortes ou vivante' ct dont le plus grand
nombre succombèreut plus tard aleurs contu ions et à lours
hlessures.
Au moment de la chuto de l'avanche, la violence du vent
fut si grando que quatre personnes furent emportées avec
la rapIdité de l'éclair jusque dans les prairies appelées
J~arêche,
à une distance considérable au-dessous du village
ou ellos ne furent retrouvées que le troisième jour.
Au-dessus de la grando source] sur l'emplacement actuel
�de l'hôtel de la l\'laison Blanche, il existait déjà une iwberg'(}
à cette époque, Un des garçons etait descendu il la cave,
pour chercher dll vin, juste au moment que l'avalanche tomba
sur le village, La maison fut emporté et le malheureux
resta enseveli, au mill II des tonneaux, sous une masse énorme
dc neige. Pendant huit jou rs il resta dans celle position
épouvunt&hle, Le huiliême jour on l'entendit crier. Il fut retiré de dessous la neige, mais il ne ressemblait plus qu'à un
cadavre; il availles pieds gelés el mourut huit jours après.
La désolatioTl ful inexprimable dans le premier moment,
La surprise, l'épouvante, le dM-ordre au milieu de l'obsCUl'îlé de la nuit, tout concourait" à augmenter l'holTeur
de cette scène déchirante, Les lIlasses de neige qui s'étaient
amoncelé.es sur le village étaient d'ulle hauteur si effrayante
qne l'on désespéra d'abord ùe pouvoir en retirer jamais les
infortunés qui avaient disparu. Dans les dix premiers jours,
tous furen~
cependant retrouves, à l'exception d',un enfant qui
ne fut découvert qu'au printemps, après la fonte des neiges,
dans les prairies au couchant du village.
Il vint heaucoup de monde (Hl ~ecolrs
des malheureux
~abit1s
de Loëche-les-Bains qui seuls n'eussent pas Clé ~l
même de fouiller partollt pour ~'etrouY
les cadavres. Les
gens de toëche-le-'Bourg, Varone, Albinen et lnden y
pcouren~
()H B.'rand nOlqbl'e. M. Jean Plnschi, curé des
J3ains, deploya un zéle et ulle iHJl.ivité admirable dans celle
douloureuse circonstance, Il était parlout 4 porter aux yiolimes qui vivaient encore les eCOIIl'S de la relig'ion ou
à prodiguer les plus touchantes consolations aux familles
de olées par la perte des leurs dans cette nuit de tristesse
ot de deuil.
A la nouvelle du malheur qui vonait de frapper Loëcheles - Bains, cleR secours considérables en argent furent
recueillis en Suisse. Ils furent employés a reconstruire
les bains. Une partie de cet argent cl 200 Ls données
�41
par l ' J~Lat
du Valais furent tlesllnée il la rl'paraHoll el il Telltretien des barrières existantes et à la construction de celle qui
est placee au-dessus de la forêt, au levant de Feuilleret.
Après la catastrophe de 1719, lorsque l'on creusa les
fondemells des nouveaux édifi ces que l'on voulait reconstruire,
011 trouva il une certaine profundeur dans la Lcrre des pierres
de taille et d.es l'e'stes de murs très forts, preuve incontestable
que 10 village et les hains anicnl déjà été detrllils anterieurelnent. Ces ruine " provenaient , sans nu curJ doute, des belles
ct vastes constructions elevers par l'évêc(l10 cie Sillillen et le
cardinal Schiner à la fiu du quinzième et au commencement
<.lu seizi ème siècle et qni di parurent dans le désastre Je
1518.
ER. 1720, l:\ quanlil c de neig'o qni tomba sur l~s
monlao'nes [ut de nouveau efl'rayante et tout faisait redouter IIne
calamité scmblahle il celle ùe l'nnnee precedent.e. En eirot,
l'avalanche tomba sur le villao'e , le premier dimanche après
carllaval, emporta le grand hain et UH O maison neuye qui
venn il d'être reconstfllitû.
lW'rayés ùe tant de malheurs, les habitans de Loëche-lesnains les considérèrent comme une punition du ciel. Ils prirent aloI'::; la ré ohtion, pOlir apaiser la colère divine, de
renoncer il tout plaisir mOlldain, de llIener une vic de piOté,
(lc mortification cf de prière. Le jeilne ct l'abstinence furent
ordonnés et la danse interdite sous des peines sévères.
Le village de Loëche-Ies-13aills ne fut rebâti que lenleJnent après la destruction de 17'19. Les hahitans découragés
par tant de revers successifs ne mirent que pell de zole et
d'activité il reconstruire de nouveaux Cdifices un peu considérahles. C'est il co découragement qu'il faut attribuer en
partie le retard que l'on a mis il introduire dans les établissemens il Loëche toutes les améliorations et les commodités
que l'on rencontre dans lcs grands hains de l'Europe. Les
propriétaires l'cculaient sans cesse devant la crainte do voir
�42
anéantir chaque année d~s
constructions coûteuses. Il faut
dire, au reste, que tous les bâtimens subissent à Loëche-lesBains des détériorations rapides, exposés qu'ils sont pendant
huit mois de l'année à une hum idité conlinuene et sans cesse
battus par la violence des vents, de la neige ou de la pluie.
On se contenta donc cles habitations strictement nécessaires
pour donner asile aux malades pendant la saison des eaux,
jusque vers le milieu du siècle passé ou l'ou voit de nouveau le village prendre un accroissement assez marquant.
En 1750 il était à peu près aussi étendu qu'aujourd'hui,
à l'exception des grands hôtels construits dans les derniers
temps.
Une avalanche causa encore, en 1756, de nouveaux ravages; elle emporta le bain \-Verra. La maison Julier , sur
la place, éprouva un choc si violent qu'elle en fut éIHanlée
et la partie en buis déplacée obliquement sur les murs
comme on la voit encore actuellement.
Le bain \-Verra fut de nouveau détruit, en 1767, avec
une maison située au bas du chemin
La barrière élevée dans les prairies, au levant dn village,
près de la forêt, fut réparée en 1791. Elle était déjà presque entièrement détruite en 1829. l,e gouvernement décida
qu'elle serait relevée et agrandie sur un plan do M. l'ingénieur Venetz qui fut chargé de la di rection des travaux.
Celle barrière, lelle qu'elle existe aujourd'hui, repose en
grande partie SUl' l'emplacement do celle de 1791 avec de
nombreuses corrections ct des prolongemens considérables.
Elle sc développe obliquement sur une e pace de 690 pieds
en remontant le versant ct présente un flanc à talus de 17 pieds
de hauteur au courant de l'avalanche. L'Etat a contribué pour
1~0
fI'. de Suisse aux frais de sa construction, 10 surplus
a été réparti entre les propriétaires des sources et la commune.
n.
Ç") Nlltcrer, page 7.
�43
Depuis 1767, le village n'a pas eu de grands malheur,s
à déplorer, grâces aux sages précautions dont nous venons
de parler. Il a continué dès lors à reprendre de l'extension.
Il s'est agrandi: sur les deux rives de la DaIa, comme nous
le voyons aujourd'hui. A l'exception de la Maison Blanche,
tous les grands hôtels ont été construits a neuf dans les vingt
dernières années. L'hôtel de France commencé en 183/." fut
Ouvert en 1836, et l'hôtel des Alpes commencé .~n 1838 fut
mis avec son bain à la disposition des étrangers en 18Mi,.
Le nouvel hôtel de Bellevue, à l'entrée de la promenade, sera
Ouvert celle année.
'iiiiIiI1
�SOURCES.
Nous n'essaierons pas de faire ici la description de toutes
les sources chaudes que l'on rencontre, à des distances plus
ou moins granùes, dans los onvirons de Lo ëche-Ies-Bains j
elles sont en si granù nombre que plusieurs, sans parler ùe celles que leur position rend in accessibles, sont absolument inutiles. Nous nou arrêtero ns special ement il celles
qui ont été connues probablolO nt dès les premiers temps
que la vallée fut habi tée, ct qui ont servi il alimenter les nombreux établissernells de baills qui y ont ex isté depuis leur
déco uver te.
A voiT l'abondan ce d'eau thcrmale qui jaillit sur divers
points de la vallée ct prend, selon toute probabilité, son
origi.ne Ull même ro yer, puisque la chimie n'a décollvert
ju qu'ici aucune cWl'erencc marquante dans sa composition,
nous croyons reste r au-dessous de la réalité en évaluant
la qlwntit6 d'cau que roumi sent les so urces réunies, il
10,0 00,000 de litres en vingt-quatre heures. M. Morin,
d'après ses calculs) admet co mme express ion très-approximative de la vérité 6,000,000 de litres par vingt-quatre
heures pour la source de S l-Lattrent seulem ent. Aus"i faulil les mottre au nombre des plus abondanles de l'E urope.
La plu s remarquable est la source de St-Laurent. Elle
sort au nord de lu place du village, il quelques pieds do
�l'angle de l'hôtel Je la Maison Blanche, à une élévation, comme
nous l'avons déjà dit, de l~35
' 1 pieds au-dessus de la mer.
~'abondce
en est telle qu'elle fournit "à elle seule une quantllé d'cau beaucollp plus considérable que celle de toutes les
autres sources réunies. Sa température invadable est da
51° 25 C. au bouillon ou point d'émergence.
Le bassin où elle jaillit n'es t pas visible; il est recouvert
depuis des siècles d'une large dalle au-dessous de laquelle
l'eau s'écoule pour venir sortir sous la petite chapelle construite dans le but d'enlretenir la propreté et de servir en
Illême temps de r~sevoi
.. d'oll s'échappent les deux canaux
qui la conduisent au bain " Terra, au bain Zurichois et des
ventouses.
.
La dalle qui recouvre aujourd'hui encore le bassin de
la Source St-Laurent est la même qui existait déjà au temps
de Collinus, qui en fait la Jescripl io n, et peut-être longtemps
aVant lui (') . Elle fi dix pied Je long, troi et demi de large
et neuf pouces d'é paisseur. Celle dalle, qui est recouverte du
pavé, a été soulevée avec beaucoup de peine le 7 septembre
i8M,., lorsque .1\1. Mo rin, voulut procéder il l'analyse des
caux. Ce n'es t qu'aprrs -l'avoir enlevée que l'on peut aper?eyoir le véritable point cl'oùjaillit la source ct sc faire une
JusLe idée de la quanlîLe J'cau qll'clle fOllrnil ct des parties
gazeuses qui s'échap pen t en ~ i grande abondance que l'on
croit voir bouillouner une ya te chauùière. De ce point part
U~l
COllduit particulier pOllr alimenter les qllatre piscines du
VlellX bain, itué il quclques pieds de distance eu lemen!.
La goutiè re qui cO llle continuellement au milieu de cel édifice
ct la dOllche so nt nlimclltécs par le mème canal. 'l'oule cette
cau provielll" sans qu'on s'en doute, Je la source St-Laurent;
,n
Ol'itur (la source ) in pllblica via, ubi ~aX!lm
ttnpn.çilvln ('st. instar mellu/J. Collin.
ingens super
�flU 'i pourrail-elle, former un ruisseau sllffisaul, comme le
ùisent quelques auteurs, pour mettre en mouvement un mouJin (}
A quelques toises, au Hord de la précédente, sous les
petile mai on qui bordent, au levanl, la rue étroite qui conduit à l'Mlise, jaillit la source d'or. Son nom lui vient, sans
doute, de la propriété, commune du reste 11. toute les autres,
de donner une couleur jaune dorée aux pièces d'argent déposee pendant quelques jours dans ses eaux.
La source d'or coule conlinuellement par une gouLière
dans la pi cine na4· du vieux b1.ùl. Elle est si peu abondante
qu'elle ne suffit pas, pour alimenter ce seul carre.
La $ource d'ur ne paraît donc être qu'un filet de celle de
St-Laurent et:'en séparer à peu de di lance de celte dernière.
Aussi se trouble-t-elle en même temp que la grande source,
101' que ce phénomène remarquable e produit à la suite
des grande pluie, comme le prétendent quelques auteurs.
C'est par erreur en or que d'autre Ollt avancé lIue les
~olrces
se troublaient périodiquerneut au moi de mai (").
Quoiqu'il en soit de ce diver es opinions, nous devons
cepelldant faire oh l'ver que, dans 1 premier jours do
seplembre 1 If./f., la source des gU/frisolls qui alimente actuellement le ])ain de l'hôtel des Alpe, e troubla pendant
plusieurs jour par un temps magnifique et que toutes les
autres ources n'éprouvèrent dan cet intervalle aucun chanfrcment.
SOllvent aussi nous avons entendu cl ire qu'il n'y avait
que la Ollr'C de St-I.attl'enl et celle d'or, ({ui présentassent ce curieux phenomène. Cependant le fait que nous
venon de rapporter, relatif il la smtrce cles guérison
, ~, d'-
n Âil molam impcllCltclam su(ficicils. Collin us.
3,
(Hl Collinus,
i~L
['"se
146. -Simler page 2i. -Scheukzel',
J
�47
lIlontre le contraire. Nous croyons plutôt que des obscl'va·
tions suivies et exactes nous manquent encore à ce sujet.
Au-dessus du village, à 175 toises de la grande source,
vers le nord, à deux cents pas environ de l'hôtel des Alpes,
presque au bord du versant qui descend vers la Daia , au
fond d'une prairie un peu marécageuse, se tronve la source
du bain de pied (Fussbad) (} C'est par erreur que l'lM.
Brunner et Pagenstecher, dans leu r e.\ cellent travail sur les
caux de LOëche, nomment cette ource lleilbad. Ils sont les
seu 1s auteurs qui l'aient ainsi appelée. Nous verrons plus bas
q~le
la source près de laquelle cta it silllé l'ancien bain des gu(]n.~OIlS
proprement lIeilbad, se trouve un peu plus loin. La
source du bain de pied est recouverte d'un peti t hangal'd , fort
négligé, placé sur une espèce de piscine peu profonde, du
milieu de laquelle on voit s'élever , à des intervalles plus ou
moins considérables, les bulles de gaz qui s'échappent de
son point d'émergence. Cetle source, pell abondante, pnraît
avoir été assez fréquentée autrefois i elle n'est plus aujourd'hui
que le refuge isolé de quelques pauvres ma lades (lui viennent
y baigner leurs pieds atteints d'uICl'res dégoùtans ou d'autre$
maux qui ne leur permettent pas de prendre leur bain en
commun (U).
Il serait cepenùant il désirer que cc hangard et le toit
qui abritent cette piscine, q LI i d'année en année est moins
fréquentée ct ne tardera pas ;l être compliltoment abandonnée,
f~sent
répares avec soin et que ce bain pût continucl' de serVir à sa premièrc destination, cello d'être utile aux
malades
de la classe indigente affectés de maladies qui les empêchent
de prendre leur bain même avec les autres pauvros.
Les anciens attribuaient à cette source lIne action speciale
sur les ulceres do mauvaise nature; celte opinion n'csL basée
(") Rl1zomw~ki,
tians son <lnnlysc, ln nOlllme pelile sow·ce.
Il ("') Il est l'cmnnluable que Simler ne rasse aucune Jnf'nlion
e celle Source.
�~ur
allCllllO observation positive, pUisque LOlItcs ;L.:S sourccs
de Loëe.he ne presentent, qUllnt aux élérnen min éralisa teurs,
aucune différence notable. Peut-être la température moins
élevée de la sou rce du bain de pied et )'avantllge de pouvoir
baign er les parties malades clans un co urant conlinu el) comme
cela se pratiqllait autrefoi s au bain des guérisons (*), ont-ils
donné lie u il lui reconnaître des propriétés particulières.
Au levant de la source dont nous ,"enons de parler, à une
distance de cent pas environ, au pied du cûteau qui domine
les prairies marécageuses qui bord ent le ohemin un-dessus
dlt village , ])OUillOlllle oelle (Ille l'on nomme aujourd'hui
sauree du bain des pauvres , parce qu'elle alimente l'établissement de tiné à la classe indigente ct dont nOli s parIerons ailleurs. Cette Ollrce est lIne des plu ' belles de Lo ëche,
tout à cause de son abolldal1ce, de . a haute température,
que du si te riallt où elle jailli!. On l'appelait autrefois source
des lépreux (") . Sa température est de M,50. C.
Il parllÎt que cc fut près de cello source quel'urentoonslruits
les premiers bains qui exi tèrent dans (;es li eux . Plu s tard
le nomùre des étran gers que la répntation et les propriétés
remarquaùles des SOIlt' cs attirai ent de loute pafts il Loëche,
s'étant con id(-rnb) emenl aUO"lllenté, ct les bain s exislan en
cet endroit ne pouvant plu s uffircr 1'1 contenir la foule, on
s'approcha de la grand SO li l'CC où 1'011 constl'ilisil, à plu ieurs
reprises, de bain , des auberges ct où le villnge fut définitivement établi, a près qu c l'on eut élevé des tl'a V[l UX pour le
garantir contre la chute des flvalaul/hes dout ccL endroit est
toujonrs menacé CP).
(") Natel'er, pngc 40.
(H) QI/arlus {ons lC}J1'osonl1n die/us. Collinus.
'
(......) C' l'csean/a eonfll1XU atl-vcnarum, eum lue. (ons non sILlrr.
lleeret,
apud in{eriores quorum meminimtls, vallis po~its
cont'I'a moles nivit/m, ipse victls /'XMrllcfu$ e.~t
Collious.
�Alors les bains situés près de la source des pauvres
furent peu il peu abandonllés et ne: fllrent enfin plus fréquentés que pal' les malheureux ou des personnes que des maladies repoussantes tenaient éloignées de la société. C'est
de celle époque que ces bJ.ins furent appelés bains des
léprcu.x .
Le motif qni détermina sans donte il construire les premiers bains près de la source des pauvres ct non près de
celle de St-Laurent, quoique llius abondante ct d'une température plus élevée, c'est qlle la premiè re se trouvait
dans un endroit plus il l'ab ri de la hule des avalanches,
protégé qu'il étf.it par les vastes forêt dont une partie
recouvr e encore aujourd'hui les versan qui le couronnent (').
L'ancienne tour dont nous ,\Yon fa iL mention, menaçant
ruine d6j11 au (emps de Collinus, et qui avait été élevée sur
un petit monticule, il peu de distance au-des us de celle
source, prollve que cet endroit ùe la vallée fut habiLé dans
dos temps fort l'éculés, et tout porte il croire que les premiers
bains exi tbrent dans sa proximité, surtout il l'époque où
celte région sauvage était enco re pell peuplée .
. Naterer rappor te qu e de so n temps on voyait encore,
Immédiatement au-des. ous des sources, les ruines des fondom en en pierr de (aille du plus ancien bain. Plus tard,
ces ve tiges furent aussi emport é par les avalanches C').
Les derniùres traces de l'ancien vain des Lépreux, reCOllstruit, il y a environ 0 an ,par 1\1.10 généra l de Courten,
pOur êtro mi ' à la di position de la clas 0 pauvro, n'ont disparu que dans 1 s dorniers temps. 11 ya peu d'ann ées on
en remarquait encoro des dGbris.
b (~) !/oc (onlr primllm 1ISOS (u isse homhm pulo, quia a mole hycl'l101wm nivium lIIagis tutus sit. CollillllS.
(") Nalcl'cl', pagc 10.
li,
�:..c.,
-
• • f ""
-
: ..... ... ,>
•
•
~
.....
, 50
Il n'y a plus aujoprd'hui,à cet endroit qu'une seule source.
.Au.tçefQj§.)L y; . ~1 Il'.~ . it . tr~is,
à l'Ilne desquelles les anciens
attJ;ihuaient, sans l'onderiîêiit, des propriétés vomitives, (Bl'echquelle). Selon Naterer cetle propriété n'était reconnue qu'à
celle des trois sources qui etait le plus au midi; c'est donc
il. celle qui existe encore aujourd'hui; les dellx plus petites
qui jaillissaient à quelques pieds au nord de celle-ci ont
disparu, il Y a deux ans seulement, à la suite d'un éboulement de terrain. Leurs eaux se perdent dans la petite plaine
marécageuse qui s'étend au-dessous d'elles, vers le couchant.
On n'utilise de nos jours qu'une bien faible partie de cette
source. Elle est conduite, au moyen de tuyaux en ])OiS, jusqu'au bain des pauvres, situé, comme nous le dirons plus bas,
près du pont de la Daia, entre les deux parties du village.
En quittant la source du bain des pa-uvl'es, pour l'Op rendre
le chemin qui conduit au pont de la DaIa ou à la cascade,
l'on arrive bientôt a l'endroit où existait autrefois, SUI' la l'ive
gauche du torrent, au sommet d'un mamelon ombragé d'un
magnifique bouquet de melèzes, l'ancien bain des guerisons
(Heilbad) (*).
Sur un petit monticule de soixante pieds de diamètre environ jaillissaient anciennement une dizaine de sources plus
ou moins considérables ùont les eaux, depuis que le bain
qui y avait existé fut détruit, allaient se perdre daus la
rivière. On croyait qu'elles avaient une température plus
élevée que les autres ("). C'est une erreur, leur températu 1'0
invariahle est, d'après M. Morin, de 1,,8° 75. C. Les sonrces des
guérisons, comme leur nom l'indique, jouirent d'une grande
réputation dans les temps passés; aussi ce bain était-il trèsfréquenté, malgré sa distance des habitalions.Il est vrai qu'on
avait construit anciennement une auberge près du bain; mais
Ct) Supremus (ons salubt'is appellatttr. Collil1us.
(H ) Ca/id'io/' l'eliquis videlt/I'. Collious.
�i.
,
51
..
...
-n
SOC\;';t -.---,
r
DI"
SCIENCES MÉDICALES,
DE VICHY
.
s'il faut en croire certains auteu ,celle maison n~étai
pas
en bonne renommée et il paraît ue soù\'ent on s' rendait
dans un tout autre but que de re
an e
-~
Le bain el l'auberge furent plus tard emportés par une
avalanche.
Les sources et le bain des guérisons paraissent avoir été
de tout temps une propriété particulière.
Le notaire Pierre Oggier, les vendit, en 16 58, avec le fond
ou elles se trouvent à Henri Steinmann, médecin à Lucerne.
En 1673, le même Steinmann cède il la commune des
Bains le passage il Iravers sa propriété, à la charge par celleci de pourvoir à l'entretien des barrières élevées pour préserver ses édifices de la chute des avalanches.
Enfin Steinmann vend, en 1682, par procuration, à la
commune de Loêche-les-Bains loutes ses prétentions sur le
fond, les sources et le bain des guéri, ons pour la somme de
?~O
livres (). Depuis cette epoque, ces sources ont toujours
ete la propriété de la commune. Celle-ci les céda, en 1838,
il M. lVlelchior 13ecguer, de Sion.
M. Beeguer , proprietaire de l'hôtel des Alpes et du bain
neuf qui y est attenant fit executer de grands travaux auprès
du ponl. de la DaIa où jaillissent les sources des guérisons
et parvint enfin il les réunir toue~
dans un encaissement d'où
s'échappent les canaux qui conduisent l'eau jusqu'au réserVoir qui alimente le beau bain contigu à son hôtel.
. En fouillant le terrain, pour reunir les SOU1'ces des guénsons, on a découvert, il une profondeur assez considerable,
do nombreux débris provenant des anciens bâtimcr~s
qui
avaient existé à cet endroit. JI e~t difficile de préciser l'année
. (') Huc sc conferunt interdurn sub spccie lavatiollis aut f'claxaalia agen/es. Collinlls.
(" i ) Tilr('s communiqués par M. le cJli\tc13in Lort>1an .
Ilanis
�.....
Vr 1
.~
52
où ils fUI'eut détruits quoiqu'ils fussent encore fréquentés
yers,!c mil~eu
du dgrnier ~lèce
Telles sont les sourr-cs dont on utilise les caux il Loëche.
Elles sont remarquables par leur abondance, leur température et leurs effets médicaux. Un grand nombre d'autres
sources chaudes sortent encore dans plusieurs endroits de la
vallée, En remontant la rive droite de la DaIa jusqu'à la
cascade et bien au-dessus, les caux minérales jaillissent
encore d'une infillité de points. Tantôt on Jes voit paraître
dans les pâturages qui bordent la rivière j tantôt elles 'échappent par les fis ures des parois perpendiculaires des
rochers que ballent continuellement ses ondes écumantes, Il
est impossible d'en examiner plusieurs qui sorlent des flancs
inaccessibles du rocherqu i domine le torrent. D'autres, visibles
encore aujourd'hui, ' ou l'dent pre que au niveau du lit de la
rivière j mai elles ne tarderont pas à disparaitrc, recouvertes
qu'elles seront par les graviers que les caux amoncèlent sans
• interruption et qui élèvent insensiblement le lit do la Dala, De
cc nomhre sont les deux petites sou rce, fort remarquables
par leur situation, qui s'échappent des fissures du rocher,
au fond de la propriété de 1\1. le ehii.tclain Loretan, inspecteur des IJtlins.
Dans les prairies, au-dessous du village, vers le couchant,
on rencontre une peUte sou rce dont los caux ne sont employées
que pour rouir le chanvre, cc qui lui a fait donner, par les
gens du pays , le nom de lloos[Jülle, Sa température est de
29 0 5, R. C'est la source qu'AliherL dé, iO'ne très-improprement sous le nom de Source des chevaux (").
Peut-être ne faut-il la considérer que comme une branche
de la source St-Laurent <IU i jaillit il une élévation de 0 pieds
n.
(") Natcrcr, page 11.
(H) Précis historique SUI' les caux minérales , poge 45U.
�53
au-dessus d'elle et dont le trop plein va se perdre dans les
prairies qui s'étendent au-dessous du village.
Au nord -de celle dont nous venons de parler, sur la rive
droite de la DaIa, existe encore une autre petite source,
dont la température est de 27° 7, R. Elle sort à 180 pieds
plus bas que la source de St-Laurent; elle n'est d'aucun
usage_ Souvent clle disparaît sous les graviers qu'entraînent
dans leur chute les nombreux ruisseaux qui se précipitent,
dans le gros temps, de la chaîne du Gemmi.
&'ii1'1iP ta
�PROPRIÉTÉS PHYSIQOES ET CHIMIQUES .
Tout ce que les anciens auteurs ont écrit sur les caux
minérales de Loëche relativemont à leurs caractères physiques se trouve eneore en grande partie confirmé par les
observations faites de nos jours. Tous s'accordent à dire
qu'elles sont sans odeur, sans saveur et d'une limpidité
parfaite dall leur état ordinaire et que les changemens
assez rares qu'elles éprouvent, en se troublant quelquefois
pendant deux ou trois jours, ne doivent être considérés que
• comme un phénomène accidentel résultant de quelques eboulemens souterrains qui n'ont pas même d'effet sur leur température
Quand à la saveur, Fabrice de IIilden est le seul parmi
les anciens qui fasse mention d'une sensation astringente pal'
la hoisson (~t iptcas
quœdam gnsttt percipitur).
Si les ancien étaient d'accord sur les caractères que nous
ve nons d'énumérer, il n'en était pas de même pour cc qui
coneeme les principes minéralisans qui entrent dans leur
n.
n
Agil{/. cRllimpida. carcns qllocunque (œtol'e, Munster. - Limpidissima ccrllil1l1'. mlllhtS mIO/'is cs/, Collio\ls. - Agtla pt/ra
limpirlaqul'. Simlc·r'. - Diesas Jf!a s.~(·1'
i.~1
[alltcr, oh ne Gentclt.
Sc hrllkzrl' .
�55
composition. Les un ~ croyaient à la présence du cuivre (*),
les autres à la présence du cuivre et du fer à la fois ("). Le
même auteur niait déjà l'existence du soufre dans les eaux
de Loëche (nihil habet de sulphu1·e) . Collinus pensait que
~es sources contenaient de l'or en assez grande quantité (malori: tamen ex 1Jar'le auro abundat). Fa)nice de Hilden admellait en même temps la présence du fer et du soufre (constat ex œre cl suip/LUrc. Scheukzer, que nous sachions, est 10
premier (1705) qui fasse mention de l'existence, dans les
eaux de Loëche, du safran de mars auquel il attribue toutes
leurs propriétés médicales.
Mais le plus grand admirateur de l'eau thermale de Loëche
est le curé Erler, d'Altorf (1715) , qui la proclame la mère
de toules les sources de l'univers (Leuca, Mttllcrbad aller
Biider der ganzen IVell (AH).
L'auteur qui, dans le dernier siécle, commença à vouer une
attention serieuse à l'examen de là température, de la compoition et des efl'ets thérapeutiques des eaux de ] oëche, fut
Naterer (1769). Quoique ses nombreuses expériences pour
<1éterminer leur degré de chaleur et rechercher les principes
divers qui le minéralisent se ressentent de l'imperfection des
moyens d'analyse qlle la chimie po séclnit à cette époque et
n'olhent plus aujourd'hui qu'un laible intérêt, elles n'en ont pas
~nois
jeté un grand jour SUl' heaucoup de queslions obscures
Jusqu'alors. Ses observations mOdicales sur les propriétés
CUratives des eaux ct dont un grand nombre se trouvent
ConSignées dans la description que nous avons de lui, sont
d'une grande justesse et sc confirment encore pleinement de
nos jours. Nous y reviendrons.
(..) Dicses }Vasse,. .~ol ab einem Kup{crcJ'z [cl1I{en. Stllllll'tl'.
(H) De ct/pro et œfe mul/um !tabel, Munster.
C.....) Geisllichel' Samarilan.
..
�56
Après Naterer, .Morel!, pharmacien il Berne (1783); le
comte Hazoumowsky (1784); Develey, proresseur il Lausanne ('1797), vinrent encore, l'al' leurs recherches, repandre
une nouvelle lumièrc sur la composit;on des caux de Loëche.
D'autres savans, entre autres 1'1. Payen, en 18211, et 1828,
tentèrent encore, depuis celle époque, divers essais d'analyse dont les résultats paraissent très· incomplets et présentent
des différences marquanles. Tous ces travaux ne fournissaient
pas de données positives. De nouvelles recherches devenaient
donc nécessaires pour celairer le mode d'action si remarquable des eaux de Loëche qui ne se distinguent, d'après
les analyses connucs, d'un grand nombre d'autres, selon
l'expression de l\f. li'oissac, par aucun agent particulier.
C'est dans cc ])\It que la Sociétc IIelYéLique des Sciences
naturelles chargea Ml\I. Brunnel', professeur, etPagenstecher,
pharmacien, à Berne, d'en treprendre un nouveau travail
d'analyse sur les eaux de"I..Joëche. Ces deux savans y procédèrent en 1827. Les résultaIs remarcf!lU]Jles qu'ils obtinrent firent abandonner pl'esqu'enlièrementloutes les idées
qui avaient dominé ju qu'alors SUI' la composition de ces
eaux.
Cependant la marche rapide, le perfectionnement continuel
de la cience demandaient do nouvelles recherches, car les
effets mé$licaux des eaux de LOëche, pOlir un grand nombre
de cas, sont inexplicables enüOI'C, pal' la cOllllai ance que
nous avons aujourd'hui de leurs principes minéralisateurs
tels que la chimie nous les présente.
de procéder il
A cet effet, M. Morin, de Genève, fut c~al'gé
une nouvelle analyse (pli a été exécu tée celle année. Nous
publions en enlier le travail de ce savant chimiste. Les
hommes spéciaux remarqueront sans peine avec quelle sévérité de détail ses recherches ont été entrepl'i es et avec quel
lalenl les expérience diverses ont oté faites, aillsique la
différence de ses résultats pOUl' un assez grand nomhre de
�57
~ileurs
substances a1fec les travaux precedens que nous placerons
, pour plus de clarté, dans un tableau compuratifpal''Iculier.
ANALYSE
Dn L'EAU l\fJNÉUAr...n DE LOËClJ
~,
l'.lU
Pyrame Morù~,
sou RCE
de Genève.
ST-LA UIlENT.
Celle source est de beaucoup la plus ahondante; aussi
sert-elle à alimenter trois établissemens de bains, c'est-à-dire,
quatorze piscines.
L'eau jaillit ail travers de pierres, placées au fond d'un
hassin creusé dans le sol cl grossièrement form é de fragm ens
de rochers. Le hassin a
Mèll'('S.
1,70 de longueur,
0,70 de largeur,
0,20 de profondeur moyenne,
0,30 de profondeur maximum.
Veau s'écoule par l'extrémité inférieure du ~1 sin
pour
entrer dans un résGrvoil' construit imm édiatement à côté,
CD réscrvoir a euviron un mètre ' carré de su rface , il est
fermé de trois côté par des murs recouverts à la hauteur d'ull
~ètre
par un toit en pierres et représenté une chapelle dédiee
a St-Laurent.
L'eRIl qui va an bain vieux s'éehappe du bouillon même,
landi que ce lle qui arrive an bain 1tCUj' et au bain zuriclto'is
part du canal de jonction du bas~in
an réservoir.
'
avoir servi à des
L'eau non utilisée pOUl' les bains, ~près
Usages dom es tiqu es, s'écoule par un trop plein dans la Daia.
�58
Depuis dix-sept ans le bassin n'avait pas été ouvert lorsque j'ai fait lever la pierre qui le recouvre; j'ai trouvé dessous :
A.
DES CRISTAUX.
JOA la surface de l'eau, sur les pierres qui s'élèvent du
fond du bassin. Ils sont blancs.
2 Sous la pierre qui couvre le bassin, également il la
surface de l'cau. Ils sont d'un hlanc rougeâtre et moins bien
formés que les précédens.
0
n.
OES l'ELUCU LES OIIGA NIQUI1S.
La pierre étant plus épaisse du coté dll canal qui conduit
l'eau au réservoir, il en résulte qu'cn plongeant dans l'eau
elle empêche l'ail' d'entrer dans le bassin, cc qui explique
la différence de couleur existant entre les diverses pellicules.
10 Dans le bassin, des pellicules gélatiniformes, recouvertes d'une pondre noire.
2° A l'entrée du canal, des pellicules analogues aux précédentes, mais noires il fa surface qui touche l'eau et rouges
il celle qui est en contact avec la pierre.
3° Des pellicules entièrement rouge~
, dans le canal.
11.0 Des pellicules à moitié seches contrc la partie latérale
de la pier~.
I..'eau s'élève clans plilsiellrs parlies du l1assirr, accompagnée d'un coutant continuol de bulles de gaz qui ont quelquefois jusqu'â 12 mm. de diamètl'C.
Au moment où on la puise elle laisse dégager pendant
quelques minutes de très-petites bulles de g&z.
L'eau esttran spar nte. Cependant, de temps en temps, sans
cause appréciable, eUe devient trouble pendant quelque s
�59
jours. Elle contient alors en suspension une poudre en paillettes , brillantes, très-tenues. On remarque sonvent que ce
phénomène a lieu dans plusieurs sources à la fois. Il ne
p~raÎt
pas correspondre à quelque variation subite ou considerable dll baromètre. •
faiblement celle dès sels
L'eau a une saveur qui rapel~
de magnôsie.
lWe e t inodore, elle ne contient aucuno trace d'acide
sulfhydrique ou de sulfure.
L'odeur d'acide sulfhydrique qui a été quelquefois aperçue
dans les piscines, provient probablement de l'action sur les
sulfates di ssous , du bois qui forme les cabinets et qui est il
moitié pourri. En efret, j'ai enlevé, à une planche plongeant
• dans l'cau, un morceau qui avait l'odellr d'acide sulfhydrique.
L'eau sc conserve très-bien dans un vase où il n'a point
Pli entrer d'air. J'en ai con, erve pendant sept mois dans dos
hou teilles qui avaient été remplies et bou chées sous l'eaH;
elle n'avait laissé déposer qu e quelques flo cons de glairin c.
~u
contraire , si la bouteille n'est pas parfaitement bouchée
des le premier moment, il se [orme peu à peu un dépôt rouge
qui provi ent de l'oxide de fer. C'est ce qui a lieu à l'extré~ité
inférieure de . canaux qui conduisent l'eau dans les di[lerel1tes piscines. C'est un phénomène analoglle qui sc passe,
lorsqu'on })Iace une pièce d'argent dans la SOl1rce, de manière
qUOyail' pui ~se
y arrivcr. Au bout de deux à quatre jours, il
sc lorme sur le métal un dépôt jaune qui lui donnc l'appa;',el)cc d'une pi èce d'or. La source d'or est la première sm
': fjuellc on ait ob. ervé cc phénomène , c'est de là que lui
Vlcnt son nom, Oll croyait jadis que cc dépôt était vraiment
d l'or, plu lard on l'avait attribué à du soufre. On a reoonnu
que les autres sources produisent le mômo effet.
QllANTlTl1 DE J. ' J' AU.
J'ni pu mesurer 1n quantité de l'cau en fermanl lc" canal
�60
qui sert à alimenter le bain neuf el le bain zurichois. L'eau
coule encore à trois endroits où elle peut être mesurée.
1° Dans la piscine N° 3 du bain vieux, c'est-à-dire, dans
la plus rapprochée de la source:
2° Dans le canal qui traverse, à ciel ouvert, le bainvicux.
3° Au trop plein du réservoir.
Le niveau de l'eau s'élève pendant quelques minutes dans
10 bassin et dans 10 réservoir, par conséquent il doit y avoir
une perte dans le lerrain non encore imprégné d'cau et dans
les fissures j je donne donc la quantité que je trouve comme
un minimum.
Je trouve par minute au moins,
dans la piscine
80 litres.
dans le canal du bain vieux 100 »
au réservoir
800 »
total 980 litres.
ou par heure 58800 »
A cause de la perte d'cau dans le terrain, j'admets TIn
et demi million de litre par vingt-quatre heures comme ctant
l'expression très-approximative de la vérité
n.
TEMI'ÉI\A'I'UlIE.
Elle a eté prise en laissuut le thermomètre complètement
plongé dans l'cau. La températllre de l'airvariait do 17 à 28°C.
dans les vingt-quatre heures.
Dans le bassin.
Pi'ise au moment où la pierre a été levée, le soir ct encore le lendemain, la température a été invariablement
dc 51 ° 25C.
:') La quantité, IJcaucoup trop fOl'l.e, (lol1ntl (' pngc 44, résulte
(l'ulle erreur échappée dans 1a positioll des cllifI'l'cs,
�(; 1
Da/ls le resel'vo ir.
Elle a été constamment de 51 ° C.
Dans 7e bain vieux.
A l'extrémité d'un tuyau de bois de cinq mèlres de longueur, qui amène l'eau depuis le bassin de la source elle est
de 51 ° C.
Dans le bain neuf
Vers le milieu dll bâtiment, a l'extrémité d'un tuyau de bois
de soixante-quatre mètres, qui conduit l'cau depuis l'entree
du rl'servo ir, la température est de 50°, 60 C.
nÉPOT llLANC 'SU ll l.ES HOClllms.
Tout autour de la so urce des guérison:;, le terrain sc red'une efflorescence blanche, lorsqu o l'a ir est sec. Les
rochers d'ardoi cs sur les deux rives de la DaIa , sont égaleJnent co uverts d'un e poudre abondan te d'un blanc grisâtre.
Celle quo j'ai exam inéea ùte recueilli e sur la rive droite
du lorrent, exactement vis-a-yis de la so urce des ywJn"sons.
Sa suyour est cell e du sulfale de magnés ie.
Elle cOtllient de l'ardoise délilée, il. laquelle elle doit de
CO~mlni(Jer
à. l'eau, l'apparence d ~ l'cau cles sources trouhleos qu elquefois naturellement.
. Celle poudre traitée par l'cau donne HIle so7ution cpJi COTlllont :
])eaucoup de sulfale de magn ésie,
des (races de sulfate de chaux,
de chlorure do potassium,
ù'alumin e.
La partie insolul)Je dans l'cau fro ide élant mise en susCOUyre
�62
pension dans l'cau , pour s~pa
r e r la partie légère, on trouve:
que la poudre légère qui est blanche est form ce:
sll rtout de ulfate de chaux
et de traces de carbonate ùe chaux
et de carbonate de magnésie.
La partie pesante constitue do l'ardoise qui contient :
surlout silice
et alumine,
et un peu ùe chaux,
de magnésie,
de peroxyde de fer,
de proloxide de fer,
de carbonate de chaux,
de carhonate de magnésie,
eL d'une substan ce contenant du carhone.
Elle ne contient point de manganèse.
n È I'OT EN SUS P ENSION DA N
L'EAU DE LA SOUIlCE
51'- LA unENT.
L'ca u clan! devenue trouhl e,d'un o maniere. pontullce, penùant quelques jour , on en a puisé environ soptlitres qui ont
été filtrés.
Le dépô t des. éché pesait [",60 grammes.
Ce qui pour 1000 grammes d'eau
donne dépôt
0,65.
Celte pondre traitée })al' l'eau bouillante sc di sout en faihI c partie.
La partie solublo contient : du ulfate de chaux,
des traces de sulfate de magnésie,
de chlorure de potassium
et de la gllJj rino.
�G3
ta partie insoluble est formée de
Une partie légère contenant: carbonate
de chaux,
carbonate de magn és ie,
snlfate do chaux.
Ulle partie pe 'ante contenant:
surlout silice
el alumine
el un peu de chaux,
do magnésie,
do peroxyde de fer,
do protoxide de fer,
des carbonates
el de glairine.
. Cette poudre a donc une grande analogie
lt~ sur les rochers, dans le voisinage de avec celle recueilla source des guét"tsons.
CRISTAUX DANS LE lIASSIN
DE LA SOURCE ST-L AUl ŒNT
.
d C,es cristaux so trou;ent à la ~lrface
des pierres qui sortent
~ l eau et contre la pIerre qUi recouvre
mIers sont blancs, les seconds blan es-r la source, les preougeâtres.
A.
CIIISTAOX BUN CS.
1 i ~es
uns sont transparents ayant la forme
do prismes
u onges. Ils sont composés
de sulfate de chflu ,
de carbonate de chaux
et de carJJonate de magnésie.
2 D'autres sont blancs, opaques, peti
ts, irrégulièrement
gr ou pp6s, ils sont entièrement composé
s de sulfate de chaux.
0
0
B.
CI\lST.\(1X nr.ANCS- llO(1GIlAT
nIlS.
A.vec la louppe on peut reconnaHre et sép
arer des cristaux
�blancs peu nombreux et une milsse cl'is"tulline, tl'ès-lcgcre,
rOllgeâtre, de beaucoup la plu;; abondante.
10 Les cristaux blancs contiennent:
sulfate de chaux,
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie.
2° La partie rouge est fo rmee :
surtout de carbonate de mag·nésie,
puis de carJ)onate de chaux
et d'un pen de su lfate de chaux,
d'oxide de fer,
d'alumine
et de glairinc.
DÉPOT ROUGE A tA
soulteE
ST-LAuHENT
A l'extrémité inférienre du canal qui conduit l'cau au
bain nan{, il se forme url dépôt abondant, pulverulent, rouge.
Je fais l'analyse de co precipite, après l'avoir sépare de l'cau
dans lacluelle il sc dépose et l'avoir lave.
Traité par l'cau bouillante
a) la partie dissoute contient: de la glairine
et des traces d'oxide de fer.
b) la partio insoluble est lavée par l'acide chlorhydrique
froiu.
c) la partie dissoute par l'acide est formée de
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie,
alumine,
peroxic1e de fer,
glairine.
d) la partie non dissoute dans l'acide froid est tl'uitée pal'
l'acide chlorhydrique concentré et chaud.
�65
c) la solution contient:
de la glairino'
du peroxide de fer
et cles traces de protoxide de fer.
f) la partie insoluble contient:
.
de la glairine,
de la silice,
de l'oxide de fer.
Le dépôt rouge est donc formé des substances suivantes,
dont j'inscris d'abord les plus abondantes:
peroxide de fer,
glairine,
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie,
silice,
alumine,
protoxide de fer.
C'est à tort qu'on a prétendu y retrouver du manganèse
.
,
,
l'JECES ]) ARGENT JAUNIES DANS J. EAU.
, Los corps solides laissés pendant un temps suffisant dans
1~au,
fmi ssent par se recouvrir d'une couche solide trèsnnnce qui les colore en jaune; si on les laisse séjourner
trop longt emps) cette couche devient plus épaisse et d'uno
c~uler
de plus en plus foncée qui arrive au rouge-brun.
C est celle co uche qui en se déposant sur des pièces d'argent
leur donne l'aspect de pièces dorées.
.
.Ce dépôt traité par l'acide chlo rhydrique donne une so}U~lon
claire. Une partie trnitce par de la potasse caus tique
alSse dégager de l'ammoniaque. Un autre partie évaporée
et calCinee, donne un rési.du insoluble dans les acides et qui
est form é de charbon.
5
�blancs peu nombreux et ulle milsse cris'tullille, très-lègère,
rougeâtre, de beaucoup la plu? abondante.
1 Les cristaux blancs contiennent:
sulfate de chaux,
carbonate de chaux,
carbonate de magnésie.
2° La partie rouge est fo rmée:
surtout de carbonate de magnésie,
puis de carbonate de chaux
et d'un pen de su lfate de chaux,
d'oxide de fer,
d'alumine
et de glairine.
0
DÉ POT ROUGE A U.
soulle!!:
ST-LAun]~N
A l'extrémité inférieure du canal qui conduit l'cau au
bain nen{, il se forme url dépôt abondant, pulvérulent, rouO"e.
Je fais l'analyse de cc précipité, après l'avoir séparé de l'cau
dans lacluelle il sc dépose et l'avo ir lave.
Traité par l'eau bouillante
a) la partie dissoute contient: de la glairine
et des traces d'oxide de fer.
b) la pnrtie insolublc est lavée pnr l'acidc chlorhydrique
froid.
e) la partie dissoute par l'acide est formée de
carbonate de chnnx,
carbonate de magnésie,
alumine,
pertlxide de fer,
glairine.
d) la partie non dissoute dans l'acide froid est tl'aitce par
l'acide chlorhydrique concentré et chaud.
�65
e) la solution contient:
de la glairino'
du peroxide de fer
et des traces de protoxide de [cr.
{J la partie insoluble contient:
de la glairine,
de la silice,
de l'oxide de fer.
Le dépôt roug'e est donc formé des substances suivantes,
dont j'inscris d'abord les plus abondantes:
peroxide de fer,
glairine,
carbonate de chaux,
carbonate de mag'nésie,
silice,
alumine,
protoxide de fer.
C'ost à tort qu'on a prétendu y retrouver du manganèse
l'IÈCES n'ARGENT JAUNJES DANS J:EAU.
Les corps solides laisses pendant un Lemps suffisant dans
'~au,l
fin issent par sc recouvrir d'une couche solide trèsnnnce qllÏ les colore en jaune j si on les laisse séjourner
trop longtemps, celte couche devient plus épaisse et d'une
C~1leur
de plus en plus foncée qui arrive au rouge-brun,
C est celle couche qu i en sc déposant sur des pièces J'argent
leur donne l'aspect de pièces dorées.
.
.Ce dépôt traité par l'acide chlorhydrique donne une so~UlOn
claire. Une partie trnitce par de la pOLasse caustique
alSse dégnger de l'ammollü'lque. Un autre partie évaporée
et calcinée, donne un résidu insoluble dans les acides et qui
est formé de charbon.
5
�66
Le dépôt est composé de peroxide
et de traces de glairine.
d~
fer
PARTIES ORGANIQUES DE LA SOURCE ST-L,\UlIENT.
Ces parties se trouvent soit dans le bassin, soit dans le
réservoir de la sou l'Cc, soil ellfill dans l'cau elle-même. Les
unes ont été reconnues comme appartenant il des genres déterminés, les autres n'ont pas pu être déterminées. Je me borne
à indiquer les noms des premières; je donne les caractères des
dernières.
ESPÈCES DflTERI~ÉS.
Les murs et la vonte du réservoir au-dessus de l'eau,
form ent un espace continuellement rempli d'une abondante
vapeur d'eau, où la lumière pénètre mal ct où la température
se maintient très-élevée.
Conlre ces murs ct contre la voule on trouve:
l'Asplenium Ruta muraria, très-mal développé,
le Dicranum adianthoïdes,
le Weissia verticill ata,
le Scytonema myochrous,
ou l'Oscilla ria major.
Enlre les oscillaires on voit par places:
des infusoires naviculaires
et des infllsoires polyga triques.
ESPÈCES (~J)ÉTEImN5.
J. L'eau se maintient dans le réservoir il une hauteur qui
ne varie que de quelques lignes. A sa surface contre le mur,
se fait un dépôt cristallisé formé de:
sulfate de chaux,
�67
de carbonate de chaux,
et de carbonate de magnesie,
sur lequel on trouve des ex pansions pelliculeuses vertes, rougeâtres par places, d'apparence veloutée, molles et d'une
texture homogène.
Examinées sous le microscope on les trouve formées:
1° de fils verts, entrecroisés) formant la partie principale
de la matière verLe, ayant 1/600 mm. de diamètre.
Dans leur intérieur on voit des sporules irrégulièrement
placés, égalant leur diamètre et presc!ue sphériques.
Beaucoup de granules moléculaires offrant un mouvement,
entourent les fils.
2° de fils moins nombreux que les précédens, plus verts,
ayant environ -t /200 mm. de diamctl'e, formes d'articulations
qui ont 1/100 à 1/80 mm. de longueur
sur 1/200 il 1/300 mm. de largeur.
Quelques fils sont incolores. D'aulres renferment des sporules sphèriq Iles.
3° d'une substance mil~rae
dans laquelle on reconnaît
des granules de diverses grosseurs et des fragmens de
cristaux.
Ir.
r.1~I\lNE
La pierre qui recouvre la source est placée li huit ou dix
Centimètres de la surface de l'cau sauf snI' une ligne transversale où elle plonge dalls t'eau, de sorte que le bassin est
divisé ell deux ühambres: la première intérieure où l'air et
~a 11l1l1ièl'e-ne pénètrent pas, la seconde, au contraire, ouverte
li Pair ct il une faihle lumière qui arrivent par le fond du
réservoir.
La surface inférieure de la pierre est toujours mouillée
par la vapeur et par l'cau de la source projetée pal' les bulles
de gflZ.
Of
•
�G8
On retrouve:
1° Dans la chambre intérieure, contre la partie de la pierre
qliÏ ne plonge pas dans l'eau, des pellicilles gélatiniformes
en couche presque continue, ayant jusqu'à 2 mm. d'épaisseur,
noires, paraissant contenir, dans l'intérieur ùe la masse, une
poudre noire qu'on pelIt enlever mécaniquemen t pal' un
lavage dans l'eau; les pellicules deviennent alo rs blanches.
2° Dans la chambre extérieure ces mèmes pellicules av ec
une difi'érence qu i ti ent il l'action de r ai l' et à celle de la lumière. Elles sont noires il la surface externe el rouges à cell e
qui es t appliquée coutre la pierre.
3° Plus en dehors les pellicules ont plus rouges, dans
le canal clles n'ont plus de parties noires .
EXA!IIlN :UlcnOSCOI'IQUF. .
Dans la substance noire on Ile recounaÎt qu'une mas e translucide, sans structure, couyerle de granules très -petits, parfois indistincts, noirs, par places d' Ull brun foncé ct sans
for me organique ou cristallino. .
Dans la SHb.~lai('e
brulle une masse plus transparento
que la précédente, avec des granules de deux espèces.
Les premiers l'es emblen t aux précédens, mais ils sont
d'un brun clair passant au rouge.
Les seconds ont .des débl'i de cristaux très-petits.
Dans la sltbslaJtce b/'IU/I' el Hoire une masse comme la pré..,
cédenle ot des granu les de deux couleurs.
EXAlIlll ,' CUIMIQl' E.
Ces pellicules n'avniellL ni odeur, ni .. ave ur au moment
où je les ai recueillies. COJlservees pendant plus de six mois
avec un peu d'cau dan UI! flacon bien fermé, ces deux
caractères sont re Lés les mêmos.
�Elles conservent la consistance de g'elée épaisse .
. Je les ai lavées à l'eau pour leur enlever une partie de la
Poudre contenue dans leur intérieur.
Soumises il la chaleur du bain-~fl'e,
eUes se dessèchent, deviennent minces et friables . Remises ensuite dans
l'ean bouillante, elles reprennent la consistance molle et leur
première épaisseur. Une fois desséchees, si on les soumet
a ,la distillation, elles sc décomposent Gt fourni ss ent les
memes produits que les suhstances organiques azotées, entre
autre un sel ammoniacal. Il reste un charbon très-difficile à
incinérer qui finit par laisser comme cendres un mélan~e:
do silice,
d'alumine,
de car]Jonate de chaux,
de magnésie,
et cle peroxide de [el'.
L'eau n'a d'aclion que lorsqu'elle est houillante. Elle disSout une (aiLle partie de la sn]Jstan ce organiqul\ ainsi que des
h~a ces cl'ox idc de fer. La solution est rendue opaline par le
Il ltrate d'argent et précipitée 'Ear l'ether.
, L'al cool dissout raihl emenl la suh lance organique, mais
d,aUlant plus qu'il c. t plu s chaud et plus aquenx. Une partie
cl oXide de fer es t aussi dissoute.
L'éthel' même houillatlt est sans action.
Les alcalis comme la potasse 011 l'mnmoniaque, dissolveJ1t
fIl ~arli
e celle su]) tance, qui entraine avec elle d'ans la 50IltlOn du pcroxide ct du proloxide d.e for.
.
Les acides exercent une action dissolvante asscz prononcée.
L'aCide acétiqne bouillant rcnd volumineuscs les pelliCules qui se dissolven t en parlie pour formel' une gelée
compos éo
de glairine,
�70
de peroxide de fer,
et de protoxide de fer.
Ces substances sont précipitées par l'alcool absolu. Après
le traitement par l'acide il reste des pellicules milices, noires
et compactes.
L'acide chlorhydrique agit d'a utant mieux comme dissolvant qu'il est plus concentré et plus chaud. Il dissont d'abord
le peroxide de fer, ensuite la glairine et le protoxide de rer.
Il reste une pellicule formée des mêmes substances.
Avec l'aCide nitrique ou l'eau régale, on ne parvient qu e
très-difficilement il enlever lout l'oxide de fer et encore n'esce que lorsque toule la glairine est décomposée.
Contre les bords de la pierro qui recouvre le ])ass in on
trouve de grandes pellicules rouges à demi sèches, exposées
il l'air et à la lumière diIl'use. Elles sont formées de trois
couches.
La couche interne est une masse amorphe, mêlée de [ragmens de cristaux.
'
La couche externe est brune, formée de granules d'oxido
de fer.
La conche moyenLle est gélatini[orme, amorphe, jaun&tre:
trauslucide, finement pOllctuéo pa r une substance rouge. CeLLe
couche est urtout formée de glairine.
.
Le premier état où se trouve la glairine, c'est en solution
clans l'eau, on la felrou ve toujours par l'évaporation, accompagnant l'ox ide de fer. Une foi coagulée elle ne se
redissout pas.
L'eau enfermée dans un flacon et complètement privée
d'air, dépose des pellicules minces, translucides, jaunes, qui
traitees par les aCides, laissent dissoudre de j'oxide de fer
�71
devenir .blanches et transparentes ct offrir tou~
les caractères que j'ai signales pour la glairine.
L'eau de la source St-Laurent conLient en solution un sel
de protoxlde de fer que j'admets par analogie comm e étant
un carbonate, cependant on pourrait reg'arder cctte, base
comme combinée à la g'lairine, en effet:
1° Dans la substance précipitée contre la pierre. les acides
ne dissolvent pas le protoxide de fer sans la s'lairine, All
COntraire, l'acide chlorhydriclue peuL dissoudre tout seul le
peroxidc de [cr qui s'est forme au contact do l'air.
2° Les alcalis dissolvent en même temps la g/airine et
l'oXide de fer.
3° L'cau également.
4.0 L'alcool se comporte de la même manière,
5° La glairine et le protoxicle de for se dcposent ensemble
Contre la pierre et 10 peroxide ne se forme qU,e par une
action subséquente dans la partie du bassin où arrivent l'air
et la lumière,
pOUl'
ANALYSE DE L'EAU DE LA SOURCE ST-LAURENT.
SUDSTAI'iCES G,\7.JlUSES.
1. Gaz qui 5'échappe en g1'osses bulles an bouillon de la source.
1 rc
EXP1mIENCIl.
Ce gaz a été enfermé ft la sourco, do manièro il remplir
complètement un flacon.
JI ne contienl. quo
acide carbonique,
oxigène,
azoto.
�72
Le volume employé était. '1,80 centimètre cu.he.
à la pression de 0,73 t m. ,
et à '130 C.
Il a été agité à plllsieurs repri'ses avec de la potasse
caustique pendant quarantè huit heures.
Le volume a été réduit à 1,72 cm. c.
Le gaz desséché a été laissé pendant cinq jours en con tact
avéc du phosphore.
Après cela son volume était 1,66 cm. c.
La pression et la température ont varié pendant l'opération. Ces nombres élant ramenés
il la pression de 0,76 m.
et il 00 C.
on a gaz employé 0,6/1·9 cm, c.
après traitement par potasse 1,558
Il
))
)1
phosphore 1,53 //,
Ce qui donne:
acide carhonique = 0,091 cm. c.
oxigène
= 0,02 //,
azote .
= '1,53//,
ou SUI'
. 1000 de gaz
acide carbonique 55,2
oxig'ène
1//",)
azote
930,:1
2do ExvimlENCIl.
Je traite d'abord par la pOlas e causlique) le gaz d'nu
second fl acon complè~ent
rempli. Puis je le mêle il de
l'hydrogène ct je fais passer mi tra vers' un courant d'étitlcelles
électriqu es.
<raz employé
1ll,5 cm. e.
il.
0,735111. depre sion.
ct .
. 16",25 C.
�73
né ullats pour
.
1000 de gaz;
4,8,28
acide carhonique
oxigènc
12,68
azote
93
, Ol~
Le gaz d'un troisieme llacon contenant encore de l'eau,
donne les tésultats sui vans :
à la pression de 0,76 m.
à
0° C.
gaz employé
2,188 cm. c.
acide carbonique 0,055
oxigène
0,025
azote
2;10
ou sur
1000 de gaz
acide carbonique 25
oxigène .
it
azote
. 96[1,
L'eau restée dans le fla con est probab1ement la cause pour
Inc{lJClle, surtout l'acide carbonique est en plus faible quantité.
J'adm ets comme re ullal final la moyenne des deux premi ers essais
paur .
f 000 de gaz
aciùe carboniquo 51,74,
oxigène .
13,59
. 93 /",G7
azote
lI. Ga::; dissout
., l'C ICt l'(willXCE.
dal/s ['l'a il .
Grr::; dégr/gé ù la Icmpél'allli"c ordinaire.
, Un fla con bouché il l'émeri a été exactement rempÙ d'oau
il
la source. loin de l'endroit où s'élcvent les bull es. On ne'
�74
voyait point au premier IilOment de blllles traverser le liquide j
cependant après quelques mois on retrouve dans le flacon
une petite quantité de gaz, c'est-àd~r:
sur f4f grammes d'cau.
0,95 .cm. c. de gaz.
Ce gaz analysé à l'aide de la potasse et du phosphore fondu
donne les résultats suivans :
pour fIl,! gr. d'eau
0,9076 cm. c. de gaz
Contenant: acide carbonique 0,Oflf,37 cm. c.
oxigène
0,02323
azote
0,8 7000
ou pour
f 000 gr. d'eau
gaz
6,11,368 cm. c.
Contenant: acide carbonique 0,1Of 9
oxigime
0, f 61/,7
azote.
6,f702
2~o
EXl'fmlENCll.
Gaz dégagé li la tcmpé)'atw'c de 1000 C.
Je prends l'eau privée du gaz dégagé il la température
ordinaire ct j'en remplis complètement un appareil convenable
pour en retirer le gaz. J 'élève peu il peu la temp érature jusqu'à l'ébullition (lue je maintiens pendant six à huit minutes.
Je reçois dans une cloche sur le mercure le gaz qui se dégage.
J'observe qu'à 62° C. se dégagent les premières bulles,
mais très-rares et très-petites.
Jusqu'à 87° C. elles a\lgmentent très-pen.
De 98 il fOO° C. elles sont assez abondantes et plu.
volumineuses.
�75
Le liquide soumis à l'ehullitiou pèse440 grammes
qui a donné gaz 3,7219 cm. c.
Contenant: acide carhonique 0,9917 '
oxigène
0,3 606
azote
2,3696
ou pour
. 1000 d'eau.
gaz
8,1'·59 cm. c.
COlltenanl: acide carbonique 2,25l,.
oxigène
0, 19
uzote
5,3 6
L'cau provenant d'un eoouel flacon e t chauffée daus un
npparcil semhlable au premier.
125 gramme d'cau
donnent : gaz
1,07375 cm.c.
ou pour.
1000 grammes d'cau
o·a7.
,59 cm. c.
ContenanL: acide carhonique 2,32
oxigène.
0,96
azote .
5,31
La moyenne des expériences 02 eL N° 3 donne la quantit6
de gaz encore dissoute dans l'eau après quelques mois.
On a pour.
. 1000 grammes d'eau
gaz
,524cm.~
Contenant: acide carhonique 2,2 70
oxigène
0, 95
azole .
5,3 l,. 0
Ce résultat e l confirmé par l'expérience suivante pour 08
qui tient il l'acido carbonique.
�7G
4mo
EXI'Él\IE< 'iCE.
220 grammes d'cau ont été portés il l'ébullition do manière
il recevoir l'acide carbonique dans uno solution de baryte
causticlue.
Le carbonate de baryte pesait 0,00"·5 grammes
1000 grammcs d'eau
ce qui pour .
0,02011'
donne carbonate de baryle
= 2,30 cm. c.
O,OOl/·6
ique.
ou acide carhon
La qUGlntité totale de gaz dissout dans l'eau au moment où
on la puise est représentée pal' le gaz qui sc sépare il la température Qrdinaire, plus celui qui est dégagé pendant l'ébullition. Cependant il fuudrait en déduiro l'acido carbonique qui
contribue t\ rendre soluble le carbonate de mag'nésie ct qui
doit se dégager il -1DO· C. On verra plus loin que celte quantité
c'est pourquoi je no modifio pas le ré' éciable,
est inap~
sultat.
iOOOgramm esd'eau
On a donc pour. .
1 lf.,9G t 5 cm, c. = 0,0207
guz tolal
Formé de: acide carboniflue2,3 90
1,0.51~
oxigène
. 1 J,51 0
azoto,
= 0,00fl.7
= 0.001 ,)
--'-'--' 0,01 //5
. IlST,\,,"CES J' I)" ES.
SUlISTA<'iCIlS AClDE~.
Acide carboniqlu! combiné.
1 ra
E. ptllllENe E.
101 grammes d'cau qui avait été d'ahord chaufréo il
iDO·C. ont été mêlés il de l'acide chlorhydrique, puis portés il
l'ébullition de manière il l'cccviI' lc gaz.
�77
Le gaz ,obtcllu il 0,76 m. de prcssion ct il O· était 0,6'15 (;111, c.
Après un contact prolongé avec la polasse il a été réduit il
0,069
ce qui donne: acide car]Joniquc
0,5 l Hi
soit pour .
1000 gr. d'cau
5,hG cm. c,
acide carbonique
~do
EXI'ÉIlIEi\"Œ.
220 grammes d'cau d'abord bouillie étant mèlée avec do
chlorhydrique, puis portée à l'èbulliliolJ, l'acide carboIbliqUO sc dégage ct vieut sc condenser dans une solu Lion do
aryte caustique.
.
On a carbonate de barytc .
. = 0,0 -111 gr.
cc qui pour.
1000 grammes d'eau
représen te carbonate de baryte 0,0506
soil acide carbonique 0,01'1358 = .5,72 cm. c.
l'~ c ide
::Je
IlXPJ.:tIlEN CI!.
- 1 ?3,75 gTammes d'eau ont. èté évaporés 1\ siccité au bainMctrte. Le sel obtenu est mis daus une cloche courbée placée
ur le mercure j en introduisant une petite quantité d'acido
sU~furiqe,
on obtient de l'acide car]JoniqtJe qui peul être complotement ab orbé pal' la potasse.
La quantité ohtenue e t 1,0171 cm. c.
ce qui pour 1000 gr. d'eau
représente acide carbolliqllÛ 5,853 cm. c. = O,Of 16 gr.
Je
EXl'(;l\lENCll •
.'1 ,00 gr. d'eau ont été mêlés il 1600 gr. d'alcool absqlu ce
u donné un précipita contenant tous les carbonates. En
!JlIl
�78
opérant sur ce sel cOlllme sur celui de l'expéricnce prevédente,
on obtient un gaz qui est entièrement absorbé par ]a potasse.
On a pour.
1000 gr. d'eau
acide carbonique 5,78 cm. c.
Ces quatre expériences donnent en moyenne pour
1000 gr. d'cau
acide carboniqu.e 5,70 cm. c. = 0,0113 gr.
Acide slil/ilriqtrc.
250 grammes d'eau ont donné 0,838 gr. desulfalede haryte
soit pou l' 1000 gr. d'eau
sulrate de baryte 3,3 12
acide sulfuricIue 1,'138 l l.
Acido silicique.
1390 grammes d'eau sont évaporés à siccité. Le sel est
calciné après avoir elo traile par de l'acide chlorhydrique
conccntre. 11 se dis oul ensuite dans l'acide chlorhydrique,
la . ilice reste seule, elle pèsc 0,05 gr.
soit lJour 1000 d'cau
silicc 0,036
Chlore.
800 grammes d'cau sont lraites par l'azotate d'argent, en
ayant soin de détnlire préalablement la glairine par de l'acide azotiquc, sans cela le précipité formé no représenterait
pas lc chlore seul.
chlorurc d'argcnt obtenu = 0,01 gr.
soit pour . . . . . . . 1000gr.d'eau
chlorure d'argent
0,0125
, ou chlore
. 0,0031
�79
Acide phosphorique.
L'eau donne par l'ammoniaque un lége
r précipité dan3
lequel on peut reconnaître la présence
du phosphore en le
traitant à chaud par du potassium, pou
r former ensuite de
l'hydrogène phosphoré. D'où je puis con
clure qu'il existe des
traces d'un phosphate terreux.
Acide azotique.
L'cau évaporée en grande quantité à
une légère proportion d'eau, laisso diss siccité, traitée par
oudre un sel dans
lequel il est facile do reconnaître la prés
ence d'un peu d'acide
az?tique au moyen de sulfate d'indigo
. La présence de cet
aCIde prouve que l'eau contient des trac
es d'un azotate.
SUnSTA:'1CES nASI QUE S.
Alumine.
l' J'ai eu plusieurs fois la preuve pen~at
l'analyse, que
eau conlient des traces d'alumine.
L'cau mêlée ltl'ammoniaquo donne aprè
s un certain temps
tin précipité contenant:
de l'a Inmine,
un phosphate,
de l'o:-.ide de fer,
ot do la glairine.
r Le liqUide obtenu après la séparation
de la silice conlent uus i :
alumine ,
phosphate,
oxide de fer.
�80
L'alumine peul être dissoute par la potasse, mais clic est
Cil Irop faible proportion pour être pesée.
Oxide de (er. .
Ce n'est qu'en employant plusieurs 1itres (1'eau qu'on peut
nrriver à déterminer la quantité d'oxide de fer.
J'ai fait évaporer 6950 gr. d'eau jusqu'à iecité, afin que
pondant cette opération fout le fer fût transformé en peroxide. Le sel a été redissout par de l'acide chlorhydrique
en excès suffisant, puis saturé par de l'ammoniaque. Le précipité lavé par de la potasse caustique bouillante 1\ été càlciné et pesé. Puis il a été redissout dans de l'acide chlorhydrique et précipité par du succinale d'ammoniaque.
0,01/.!)
On a obtenu peroxide de fCl'.
d'cau
gr.
1000
ou ponr ,
peroxide de fer 0,00705
soit protoxide de fer 0,00633
Si on évapore en pattie l'eau Cil la privant du cOlllaet de
l'air autant qu'il est possible les réactifs font reconnaître du
protoxide de fer, tandis qu'ils démontrent la pré enee seulement de traces de peroxide de for, qui provieut probahlement d'un contact prolong'é entre le prol.osido ot l'oxirrèllo
di sout dans l'cau.
==
C"ml:r.
350 grammes d·eau. trailés d'a])ord par du chlorhydralO
d'ammoniaque ct de l'animoniaque sont mêlés il de l'oxalaw
d'ammoniaque ct placés pendant un temps suffisant dans 110
endroit chaud. Pat· calcination de l'oxalate de chaux ct addition de carbonate d'ammoniaque on obtient un carbonate do
chaux dans lequel on trouve une légcre quantité de carboco selon Il
lIate de slrontiane. En ~épf1l'Jt
�8t
011
-= O,:W6 I j. gr.
1000 gr. d'eau
carbonate de chaux 1,126
soit chaux .
0,63'"
pour
carhonate de chaux
Un second essai [aiL sur une plus grande gUfllltilé d'call
conduit au même résultat.
.')Irol/lianc.
Le carbonate de chaux obtenll dans l'essai préc "dent
Contenait flu carhonate de strontiane. Les deux sels converti' en azotates neutres sont sépares par l'alcool ab olu. Ou
Ohtient:
strontiane . . 0,000977
ou pOUl'
. 1000 gr. d'cau
strontiane.
0,0028
représentant ulfate de strontiane 0,004.
A/rrg /II!sil'.
11'0 liXPÉ alE li cr::.
500 grammes d'eau ont été traités par dll sel ammoniac
ct de l'arnmoniarlue, pu'is par de l'oxalate d'ammoniaque;
Cil uite ils ont été évaporés il siccité avec dn carbonate de
potasse) de manière il llC plus contenir quo des sels de magnéSie, cio pota se et de soude.
Le carhonnto do magnésie éparé par filtration 1\ donné :
magnésie 0,O'/B5 gr.
Les caux do lavage mêléos avoc ulle solution de phosphate de sonde ct d'ammoniaque ont donné:
pho plwtcdemagnésie 0,0218
soit magnésie. . . . O,OORO
en tout mflgnt"sie
O,05G5
pOlir .
1000 gr. d'cau
lllngn és ic
0,113
�2
2do E1:PBl~C.
Le liquide provenant de 350 gr. d'eau après la précipitation de la chaux, a été evaporé à siccité. Le ré idu calciné
contient encore magnésie, potasse et soude. Ces trois bases
étant converties en sulfates pèsent 0,"14,5 gr.
Au moyen d'acétate de baryte je les transforme en carJJOnates d'où je sépare le carbonate de magnésie. Ce sel
étant transformé en sulfate de magnésie pèse 0,"1 i 0 gr.
représellt9nt pour .
. i 000 gr. d'eau
sulfate de magnésie 0)31lf,3
ou magnésie .
0,107
La moyenne des deux expériences donne
magnésie .
0,110
Po/asse.
Dans l'essai précedent 350 gr. d'cau avaient donné trois
sulfates. Après en avoir séparé elui de magne ie 1 je con,'erlÏ la potas e ct la oude en chlorures et j'ai
chlorure de potassium 1= 0 028
,
gr.
chlorure de sodiUm)
J'estime ]a potasse par le chlorure de platine, j'obtiens
potasse. . . . . . . = 0,0087 gr.
représentant chlorure de pota sium 0,01375
ou sulfate de potasse
0,0161
ou pour .
1000 gr. d'eau
pOUlS e .
0,025
SOlide.
Le chlorure de sodillm etant pesé après l'e. sai ci-dessu
on obtient :
�83
chlorure de sodium 0,0'14-25 gr,
soit soude .
0,007 5 9
ou sulfate de soude
0,0173
ou pOUl'
, 1000 gr. d'eau
soude
0,022
Comme vérification des quantités trouvées pour les trois
hases précédentes on a
pour.
350 gr, d'eau
sulfate de magnésie 0,1100
»
de potasse 0,0161
»
de soude
0,0'173
Total 0, il/,34,
On a aussi chlorure de potassium. 0,0'1375
de sodium
O,O'1lI,25
»
Total 0,028
Ces deux résultats se rapportent très-bien aux sommes
trouvées avant la séparation des bases.
Ammoniaque.
De ['can étant évaporée à siccité il feu nu, il est facile en
reprenant le sel par l'eau de reconnaître que le liquide contient de l'ammoniaque en forte proportion, mais l'odeur
empyreumatil{ue prouve que cet alcali provient de la dé ....
cOmposition de la g'lairine. '
Si on évapore l'eau au bain-Nlarie pour la réduire à un
cinquième ou un sixième de son volume, une légère quantité de potasse en dégage des traces d'ammoniaque. Il ne faut
pas pousser trop loin l'évaporation, ne pas porter le liqUide
à l'ébullision lorsque la potasse a été ajoutée et surtout ne
pas omployer trop de cette base, sans celà le dégagement
d'ammoniaque est très - fort et l'odeur empyreumatique
prouve qu'il provient de la glairine décomposée.
�CtairÎuG .
Cette subs tance olfre ùes caracteres trop peu ccrfaill
pour qu 'on puisse en estim er la quantité. Admettant que
re li e qui se (l'OliVe disso ute ne soit qll'un e modification de
enllc qui ('st précipitée SOll5 la })icrre ct qll'ello soit ('orlnee
dcs mêmes élemens dans les mêmes proporlio ns, on no peul
par la calcination à l'abri de l'air, 'oit de l'ulle soit de l'a utre,
arriver il oblellir un r~sidu
ùe charbon qui soillo mèl1lc clans
des circonstances qll i pari
sol~
identiqlles.
Je n'ai pu jllscIu'à présell! ll'Ollver aucun renctif qHi separe complétement cetto suhslance do sa dissolution et des
sels qui l'aCO1pfgne~
l t. J'ai titi me borner à cOlls laler sa
p rése nce dans l'eau.
1 .En évapo rant l'e,lII 01 calcinant légèremeu! 10 sel il
l'abri do l'ail' on obtion[ Ull charJon qui disparait pal" la
combustiun.
2° Pendant la calcination il sc développe uno odeur cmPy)'(1\1matiql.1c ayant quelqu'analogie avec ce!:o tl e la corno
brûlée.
3° L'oau évaporée d,\gaO'o une grande quantit6 d'ammoniaquo par le lraiternellt à chaud avec la pOla sO; il sc développe on même temps une odeur ornpyreumatifJ\lc Il'è~ l'urte.
.
l,.'> Par l'am\nolliatlUC on précipite de la gll1irine ell mêllle
temps que des ubstances minàalcs) on la rcCOIIIIUlt tr cs~
bien on la chaufrant.
0
5° Par l'alcool ahsolu on précipite une legère pro portion
ùe la glairine dissoute. JI ost facile de la J'cco nn aÎLro soil
dau lo précipite, soil dans le li quide après évapol'atiotl.
On a pretendu que la o'lairino n'existe pas dans les eaux
do Loëcho.
�85
Il .ÉSVM.É liES SUllSTANt.:ES lJJSSOO'fES DANS L'K"U
.iU nlOmENT o u O~
GAZ NO~
LA l'UlSIi.
COl\J U1NÈS.
POUl' 1000 gr. d 'O llll
A(Jidu (Jfll'boniquo 0,004,7 = 2,3 890 cm. c.
Oxigèno .
0,00'15 = 1,05 1/.5
Azote.
0,011/,5 = '1'1 ,5'180
SU BSTANCES FIXES.
Acides. Acide ca rl)onique 0,0 '113
Acide sulfvrique
'1 ,'1381/,
Acide siliciqne
0,0360
Chlore.
0,0031
Acide phosphoricIue tl'aces
Aüide azotique
traces
]J(ls
e,~.
Alumille .
traces
PI'OlOxide de fer
0,00G3
Chaux.
0,6 3l/,0
0,0028
Slrolltiane .
l\J agllésie
0,1100
Polasse
0,0250
Soude .
0,0220
Ammolliaque .
traces
SüllSl'.\ NCE OllGA .... JQUli.
Gl airino
. q1lanlilé imléteJ'min ée.
Natul'e
d e .~
sets .
Si dans un fla co n bouché il ['émeri je lIIêle 1/,00 crr. d'eau
de LOëche avec 200 gr. d'alcool a}Jso[u , il se I~\'Jne
un
précipité ]J[Uli C ItlJondant qlle je st\pnro cl d6sigue pal' .A.
�86
Il pèse 0,72 gr.
soit pour 1000 gr. d'eau
précipité = 1,80
J'ai préféré ne pas évaporer l'eau avant dè la mêler avec
l'alcool, pour avoir une chance de moins d'intervertir les
combinaisons des bases et des acides.
Dans le liquide filtré j'ajoute encore de l'alcool absolu
jusqu'à. ce Clu'il Y en ait en lout 600 gT. Je sépare ainsi un
nouveau précipité B, pesant 0,02 gr.
.
soit ponr 1000 gr. d'eau
précipité = 0,05
Dans le nouveau liquide filtré je verse encoro de l'alcool
absolu jusqu'à. ce que j'en aie en tout quatre fois le poids
de l'eau employée. Il ne sc forme point de nouveau précipité.
Je fais évaporer le liquide au uain-jJ1arie, jusqu'à siccité,
j'obtiens un résidu C, pesant 0,18 gr. soit pour 1000 gr. d'eau
résidu = 0/,,5
Ces trois pesées donnent en toutpour -J 000 gr. d'eau
substances solides 2,30
Précipité A, pesant 1,80 pour 1000 gr. d'eau.
Traité pal' l'cau il se sépare en deux parties.
La partie insoluble contient:
sulfate de chaux
carbonate do chaux l
glairioe .
)( traces
phosphate .
alumine .
La partie dis ou te contient:
sulfate de magnésie
sulfate de chaux
glairine
Le précipité total est donc formé de :. 1
�87
sulfate de chaux
1,535
sulfate de magnésie
0,140
carbonate de chaux
glairine
phosphate
alumine
Précipité B, pesant 0,05 gr. pOUl' f 000 gr. d'eau.
n se redissout presque complètement dans quelques
gouttes d'eau.
La solution contient du sulfate de magnésie
la partie insoluble
'j
sulfate de chaux .
carbonate de magnésie
alumine. . . . .. (races
phosphate . . . .
oxide de fer . . .
Résidu C, pesant 0/,,5 gr. pour i 000 gr. d'eau.
En chauffant fortement ct reprenant le sel par l'eau, j'obtiens une solution dans laque~
je trouve
sulfate ùe magnesie 0, f 7 gr.
sulfate de soude
sulfate de potasse .
sulfate de chaux traces
chlortue de potassium
azotate.
Le sel non dissout etant traite par l'acide chlorhydrique
contient:
surtout carbonate cIe magnésie
un peu de peroxicIe cIe fer
cIe proloxide de fer
des traces de sulfate de chaux
de phosphate
d'alumine
�88
Le résiùu illsohlble dans l'acide chlorh)'drique est formé
de silice
et charbon provenant de la glairine
Le sulfate de chaux total serait très-approximaLi vemellt
égal il 1,535 g-r., r,ependant il faut déduire de ce poids cclui du snlfate cie strontiane qui se trouvait précipité Gn même
Lemps.
Le sulfate de magnésie serait ég'al à 0,31 gr. environ.
PaL' le calcul seul on peut conclure combien il ex isfe de
carbonate de chaux et de carbonate de magnésie, en admettant que ces doux bases sont combinées il l'acide car])Onique. Aucun résultat dans mes essais Ile me permet
d'admeLtre un chlorure de l'flIlO de ces deux hases. L'efno rescence existanl sur le (orrain el sur les roch ers semb le
bien JI ontrer que la magnésie est combinée il de l'acide
sulfurique et à de l'acide carbonique. Les cristaux déposé.;;
dalls le bassin de la sourCE conliennellt aussi
carbonate de mnguésio
ct carbonate de clwux.
Ces sels sc retrouvent auss i dans d'autres produits ainsi
qu'on a pu le voir.
En [aisallt évaporer très-lentement de l'cau an ba/n,Marie on ohtient d'abord sur les cristaux de sels, Uil clGp(Jt
de flocon s jaunes formés de glail'ine et d'o.\ide de fer. EI1suile il se ronne une cristallisation en aiguille. disposcc en
étoiles dans laqu elle on reconnaît
du sulfate de chaux
du sulfate do mno'nosio
cl os (ra ces de su lrale de soude
et de su lfate de pOlas, e
Sur les bord dll vase il éyaporation, on trOllye ulle ma. se
confuse'fllcnl ni. (nlli. t'C, jnunâl/'o COlllenfllll:
�8D
de ]'oxide de fer
de la glairine, etc.
et dans laquelle on reconnait la présence de
chlorure de potassium.
Ce dernier sel se trouve aussi dans l'efflorescence saline
qui existe sur le terrain.
Enfin j'admets que le protoxide de fer se trouve combiné
11 l'acide carhonique, cependant les dctails que j'ai donnés
sur la glairine permettraient de croire que celte substance
contribue à transformer l'oxide Je fer en une comhinaison
soluble.
A l'aide des considérations précédentes on ohtient
pour 1 000 gr. d'eau.
Gaz. Acide carbonique
0,OI~7
=
2,3890 cm. ('. .
Oxigène
0,0015 = 1,054.5
Azote .
0)0111,5= 11 ,5180
SUllSl'ANCES FIXES.
1,5200
Sulfate de chaux.
Sulfate de magnésie.
0)308//,
Sulfate de soude.
0,0502
SulfAte de polasse
0,03 G
0,0058
Sulfate de strontiane .
CarbonaledeprotoxidedeferO,01 O~I
Carbonate de mao-n6. ie
0,0096
Carbonate de chaux .
0,0053
Chlorure de potassium
0,00G5
Silice . . ' . . ,
0,0360
Alumine
traces
Phosphate ,
traces
Azotate.
traces
Sel d ' am~\loniqe.
trace
Glairinc"
f{uantitc inclelermillée.
'l'ot.al approximhtif = 2)0 1Ol~
�DO
Pesaltleul' .<;pécifique.
1. Ct) ta pesanteur spccificflle prise à la tempera turc de
12° C. par plusieurs operations répétées a cIe de 1,0023.
Si on porte l'eau à l'ébullition sans la laisser s'évaporer,
mais de manière à cc que seulement les gaz dissous puissent s'échapper, on trouve que la pesanteur spécifique est
légèrement plus forte.
b) Dans l'essai qui a consisté à traiter 'lt·OO gr. d'cau
par des additions successives d'alcool on a desséché au bainMarie les sels précipités , pllis d'autre part le liquide alcoolique; la somme tolale des sels a He 0,92 gr.
ce qui ponr .
1000 d'eau
donne sels.
2,30
Dans ce cas la glnirine so trouve comprise dans le sel,
ainsi que l'acide carboniclue combine , l'azotate, le sel am100lliacal, etc.
Ce nombre correspond en effet à celui obtenu en prenant
directement la pesanteur spécifique.
JI. a) En fai sant la somme des sels trouvés par l'analyse,
en en retran chant le poids de l'acide carhonicILle combine ct
ajoutant celui de l'oxigène absorbé par le protoxide de fer
OH trou ve 'l ,978 f t, gr.
b) En eff'et, en fai sant évaporer au bain-lIlarie 1390 gr,
d'cau ct calcinant Je sel obtenu
on Il un produit qui pèso
2,Gï5 gr.
Co qui donne pour ,
1000 gT. d'eall
sel calcillé .
'1 ,925
Mais dans cc produit ne sc trouyc point
10 la gl<1irille qui a éte entièrement Mtl'uile ,
�91
2° les su))stances gazeuses dissoutes dans l'eau employée,
3° l'acide carbonique des carbonates,
4° des traces d'un sel ammoniacal, peut-être aussi d'un
azotate.
Il contient pal' contre l'oxigène absorbé par le protoxide
de fer pour passer à l'élat de peroxide.
Pour faciliter au lecteur l'aperçu des différences ct de la
quantité des substances diverses, nous lui soumettons le tableau comparatif des résllltats des deux analyses les plus
reccntes et les plus complètes entreprises jusqu'ici sur les
eaux de Loëche, celles de M. Morin et de MM. J3runner et
Pagenstecher.
�TABLEAU
UE ' i'HI~ClL
CO~î'
(iu:s. Aüidc carboniquo .
O.\i rrè ne
Azote .
SUlT'\~CE
.\ :\ IJ.·
I ), \~S
WOO
GtLUUIES
0,00lj.7 = 2,3890urn.o.
0,00 '. 5 = 'J,05 1'-5
0,01 /'.5 =, 11,5180
1'1 X ES.
Sulfate ùe ehaux..
1,5200
Sulfale de magné ie .
0,30811!;ulfal-o do soude .
0,0502
0,0386
Sulfate de potasso
Sulfn le de slrolltinne.
0,00//-8
Carbonate de prOIOxidtl de fer 0,01 03
Carbonate de magllésie
0,0096
Carbonate de chaux.
0,0053
Chlorure de pOlassium
0,00G5
Silice .
0,0360
Alumine
traces
Phosphate
traces
Azotate.
traces
Sel d'ammoniaque.
traces
Glairine.
quantité indéterminée.
Total approxirnatif= 2J01~-
�A:'\ALYTIQ UE
ll'll ,\!J DH LA s t/ U liCE ST-L\ UIlENT) ,\ LOËCHE.
JJjJ1. BrU1mer et Pugensfeclœ'r) 1827.
Gaz. Acide carbonique
Oxigène
Azote
9,4,4,4,cm.c.
6,772
= 12,221
=
=
SELS.
Sulfalo de chaux
tlulfate de magn~sie
Sulfate de soude
Sulfate de strontiane
Chlorure de sodium
Chlorure de potassium .
Chlorure de calcium
Chlorure de magnésium
Carbonate de chaux
Carbonate de magnésie
Carbonate de protoxide de fer
Silice
Nilrale .
1,lI. 29
0,230'"
0,0592
0,0037
0,0064,
0,2l~
traces
0,0032
O,OM 3
0,0003
0,0027
0,0117
traces.
�Commo on le voil, les résultats obtenus pal' M. Morin sont
très-remarquables. 11 établil, dans les caux, la présence
de plusieurs substances qui n'avaient pas ét6 remarquées
avant lui, celle surtout de la glairine (Iu'on a prétendll ne
pas exister dans les eaux de Lo ëche. En oulre, la magnésie et l'oxide de fer s'y trouvent dans une proportion
heaucoup plus forle qu e colle qui est consignée dans les travaux précédens. L'action énergique et bien connue de ce
dernier principe sur l'économie animale, la quantité considérable de cette substance dans les eaux ne manqueront
pas de répandre un nouveau jour snI' leurs effets médicaux.
Elles contribueront aussi à expliquer les succès frappans obtenus à Loëche, dans un grand nombre d'affections constituliJnnelles invétérées ayant specialement leur cause dans
certains désordres du système nerveux.
,
�]~TABLJSEMN
DE BAINS.
Nous plaçons la description des divers établissemens de
bains avant celle qui traile des propriétés médicales des caux,
parce que la connaissance de leur construction ct de lour
organisation intérieu re est nécessaire pOli l' se rendre compte
de cc qui sera dit plus IJas sur leur mode d'administration.
tes premiers bains qui existèrent à Loëcho ne furent probahlement que de simples creux pratiqués dans la terre,
près des sources, ct dans lesquels les premiers colons \'enaient plonger leurs pieds. Plus lard, lorsque ces lieux
solitaires commencèrent ;l êlre hahilés ct quo les propriétés
remarquaùles de ces eaux thermales furent conllues, les malades des localités voisines y accoururent pour chercher un
Soulugement à leurs infirmités. Alors on eut. la pensée do
construire des Mtimens plus spacieux cl. plus commodes
~our
y recevoir ct y aùriter les nombreux haiglleurs. Cet
etat d'enfance pour les élahlissemells de Lains dura , sans
dOute, pendant des siècles. ns ne prirent nn développement
lin, ~eu
remarquahle que lorsque les malades des nations
VOISlO es commencèrent il visiter ces thermes cl firent connaître à l'étranger leurs "crI us curatives. CO])lllldant fOllt
pOrte il croiro qu'ils furent peu fréquentés avant la fin du
�quinzième siècle à cause des imperfectio1ls 'fue pl'esBILtai t
leur organisation et des guerres continuelles dont le Valais
fut le théâtre pendant les siècles p récédeus.
Nous savons peu de choses sur les divers établissemens
de bains qui existèrent à Loëche JUSqU'il la fin du quinzième
siècle. Les auteurs les plus anciens qui ont écrit sur les
sources, l'ont fait d'une manière si incomplète, souvent si
obscure, que l'on ne peut rien conclure de leurs descriptions, non-seulement pour ce que concerne les bains, mais
encore l'administration des eaux (*). La famille de Ran'lgne,
ses successeurs, puis l'évêque Walther Supersaxo qui acquit
des propriétés considérab les dans la vallée de Loëche, vers
la fin du quinzième siècle, ne paraissent pas avoir mis beancoup de zèle à embellir les bains j ils ne semblen t. pas non plus
avoir serieusement cherché à mettre à profit les tresors cachés au sommet de ces montagnes.
Le premier bain, qui exista à Loëche, était situé près de la
source des pattVres. Il fut ensuite abandonné. Des maLades aLteints d'affections cutanées repoussantes furpn~
les seuls qui
continuèrent à le fréquenter; cc qui le fit nommer bain des {dpreux. Selon toute probabilité , cc bain fut, dans les premiers
temps, le plus considérahle et le mieux organise ("). Ccpendantles anciens ne nou apprennent rien de po iLir sol' ]'ôpoque de sa eon truction, ni sur celle où on l'().band~
pour
veni.r établir les bains autour de la :IOW'çe St-Lanrcnt.
Ce lie fut que sous l'évêque de Sillinon ct le cardinal
Schiller, com,~
nous l'avon. dil, que le village de Lotioholes ... }3ains, les établi semens public ct particulièrement les
bains prirent un accroissement mal'(flHlllt ot entrerent dan s
lJ,fiO période de pro p 'rité véritable. Cos deux Vr 'bts s'appliqubI'ent tout spéoia lem ent il y inlroduire dos réformes
(~)
Voyez GlIll(lc1fingen,
(Ho) Collil1l1s.
Sllll11pff, MlIOSICI',
Co l1inu s
el DlI'(,~.
�9i
Iltil es et des âméliorations nombreuses qui contribuèrent
puissa mment à étendre la réputation des eaux cL il augmenter
l'afflllcnce des étrangers qui s'y rendaient déjà en [oule à
celle époque. Les bains ct les hôtels qll'ils firent construire
et l'organisalion bien entendue qu'ils reçu rent, placerent les
eaux cie Loëche au nombre de celles qui étaient le plus
fréqu entées en Europe.
LOëühe-les-13ains ava it pris lln rapide accroissement sous
les deux hommes célèb res dont nou s venons de parler. Il
était dans la' voie d'une brillante prospérité , lorsque le désastre de 1518 vint presque touL an eanlir. EL si le village
ct les bains furent rel evés ils ne reprirent plus de longtemps
le degré de développement qu'ils avaient au co mmencement
du seizième siècle.
En 15MI', le grand bain commun ou bain vieux, ne consislait qLL'en une vaste piscine en plein air, 'ans toit, sans abri
qu elco uque. Le bain particulier de l'évêque était le seul qui
fut ferm é C).
Deux ans plus tard, le beLin vieux fut divisé en plus ieurs
pi cines, sur lesquelles Olt jeta un toit supporté par quatre
pilier ell bois seulement (h).
La même organisation existait encore vers la fin du quinzième siècle , époqu c il laquelle le bain viçux était divisé en
trois piscincs dont deux étaien t réservées aux femm es et une
a~x
homm es CH). ( 11 est remarquable que les sexes [u ~se nt
sepal'és dans le bain , il Ya trois siècles, cl que cet li sage, lout
de dGlicatosse ct de convenance, n'ex iste plus de nos jours).
La quatrième parU e du bain vieux dans lacluellecQulait la
Slumprr.
(~)
('H) MunSle.'.
f'.
(~)
Tl'
e.~
habct cameras. quarwln una vi/'is, alicc duçe coutiguœ
dicalçe Stlllt. Collious.
,cemUleo sl!:r ui
7
�D8
source d'ol' n'était pas encore couverte d'un toil en 1509 (').
Cet état de chose dura jusqu'au commencement du dixhuitième siècle, puisque Collinus ct Scheul\zerqui écrivait136
ans après lui donnent, il peu de choses près, la même description des bains i d'où il faut conclure que pendant ce long intervalle aucun ehangement illlporlant,aucun e amdiol'alion notable
ne furent entrepris pour les rendre dignes de leur destination.
Ainsi, si l'on excepte quelques l'eparalions partielles exécu tees dans la clôture, la toiture, le chaulfag'e, les douches
ell'intcrieur des vestiaires, nous devons dire qu e, depuis trois
siéles, les anciens établissemens de bains à Loëche n'ont pas
subi de marquantes modifICations.
De nos jours, oe qui frappo le plus, itLoëche, à la vue
de tant d'amsliorations crll'on y a introduites, surtoul dans
les derniers temps, c'est l'61at d'imperfection dans lequel se
trouvent encore actuellement les divers ctablissemens de
bains. On vient de con truirc de v:lstes ct mag'nifiques hôtels,
réunissant à l'élcgance de l'architecture taules les commodités, tous les agremens d'un confort complet. Dans cc moment, on achève une belle roule pour le voitures i Oll ouvre
dans los environs divers chemins pOUl' les promenados; les
malndes, les voyageurs s'y rendent chaqu e année en plus
grand nombre; cependant pour une hrancho c sonliello, celle
qui devrait avantolout attirer l'attention ct la sollicitude des
propriétaires, parce qu 'clic cOllstitue, en réalité , la premiore
condition de vie , de prosperité ct d'avenir do Loëche-IesBains , on n'a fail ju qu'i(ji (PIC fort peu de choses. Les
bains , en général, sont clans 1111 état qui laisse encore beaucoup à désirer pour 'fllisfaire aux besoins cl aux oxigences
de la société aeluel[e.
L'on sait que, depuis longtemps, il existe un projet d'introduire des chongemens importuns dans l'organisation in-
C') Altel' rOti
c lI.~
lcelo cs/. Collinus.
/ioc /avacl'lIm influil.,. 'la(c
par,~
absque ulla
�9!)
tcrieure des bains .. La construction d'un établissement neuf,
réunissant les conditions voulues pour rivaliser avec ce qui
existe de mieux ordonné dans ce genre, serait une réforme
vitale dont tout le monde appelle la réalisation. Depuis de
longues années, on s'occupe de ce projet. Mais il est à craindre
flue les vues progressives et les cfforts louables de quelquesuus des nombreux propriétaires des sources ne viennent
échouer contre l'esprit étroit et conlrariant des autres. Des
intérêts rivaux, peut-être mal calculés, paralyseront l'élan
donné par quelques hommes éclairés.
Nou donnons ici la description des bains actuels qui n'ont
d'intéressant que leur originalilé. Nous reviendrons encore
Sur cettc partie en signalanlles changemens indispensables
il opérer non-selLlement dans la distribution dcs bains, mais
encore dans plusieurs points de l'administration, de la direction cl du service.
Lc bail! vieux, autrement appelé ancien bain des Mess lC itfs,
cst siLué au nord dc la place, il quelques pieds seulerpent de
la som'ce St-Laurent, qui l'alimente, comme on l'a v.u plus
haut, au moyen d'un canal qui n'cst pas visible, s'échappant
immédiatement de SOIl bouillon.
C'est snI' le même emplacemellt que fut construit le premier bain qui exista près dç la grande source (').
Aujourd'hUi le bain vieux n'est encore autre chose qu'un
!tangard de formc carrée donl la partie supérieure en bois
repose sur des murs de huit pieds de hauteur environ.
La charpente qui le recouvre est d'un Iravail grossier,
ex('cuté sans <Toùt et fi ns régularité Des ouvertures considérables, duu diverses partie de la toiture) livrent pass(l<Te
11 des courans (l'uir fort dung'creux pOUl' les malades et désagréables pOlll' lOllt le monde.
n Voye:/. Stl
lpn
~ MUllster, CollillllS
cl autres.
�100
•
Deux eut rées , l'une au midi, sur la place, prés de la sotwce
St-Laurent, l'autre au nord, conduisent dans son intérieur qui
est divisé en qualre parties, il peu près égales, formant quatre
grandes piscines Olt carres irréguliers de quatorze pieds de
longueur, douze de largeur et de trois pieds de profondeu r
environ. Ils peuvent contenir chacun de vingt-cinq à trenle
personnes.
Le fond des deux piscines situées au couchant est forme de
larges dalles; leu rs parois des quatre côtes sont en bois. Le
fond des cleux autres carrés, au levant, est en planches ainsi
que leurs parois, autour desquelles sont fixés des bancs où
les baigneurs peuvent s'asseoir.
U ne galerie, hordée d'une balustrade en hois, traverse
l'édifice dan'" toute sa longueur, d'une entrée à l'autre, et sépare ainsi les dOllx piscines du couchant de coHes du levant.
C'est là que viennent se placer les curieux 1 les parens, les
amis ou les connaissances dos malades pour entretenir avec
eux la conversation pendant le bain.
Une' goutière, dans laquelle l'eau puro de la source coule
continuellement, divise le baIn vieux, en sens contraire, en
separant les deux piscin es du midi de celles du nord.
A côté de chaque piscine, il existe un vestiaire chauffé,
commun aux deux sexes, dan lequel on se rend par une petite galerie longeant 10 mur principal. Le vestiaire communique au calTé au 'moyen d'un peLit oscalior par loquel Oll
doscenù au bain.
Un calJineL de douches, construit en planches, él éto pratiq li é
à côté de chaque piscine, excepté celle ou coule la SOltn:e
(l'or qui n·en a point.
Dans le bain vieux, les ùouches sont organisées de manière
que beau co up de per onnes ne peuvent le prenùre sa ns de
graves inconveniens. Les malades d'ulle certain e taille ne
peuvent ni 0 mouvoir, ni prendre les positions lIécessa ires
dans ce réeluit sans air et sans lumière, où ils sont presque
étouffés par la chllte ct les vapeurs de l'cali. Bien plus, les
�'101
maladcs ont l'habitude d'y clltrer seuls,sans doucheur ou doucheuse, comme cela se pratique aillcurs. De séricux dangcrs
peuvent résulter dc cet état de choses j car s'il arrivait uu
accident personne nc ponrrait en être avcrti.
Le bctin "'erra ou bain neuf; anciennement appelé bail!
des gellli'lshom1ncs ou des 11Oblcs, est alimenté par la SO/t'/'(;e
St-Lcwrenl, dont il est éloigné de soixante· quat re mctres. Cc
bâtiment que les avalanches ont détruit tant de fois, a toujours
été relevé SU I' le même emplacement et son intérieur organisé
d'une manière plus ou moins convenahle. Il fnt reconstruit, tel
qu'on le voit aujourd'hui, en 18 16, sur les restes dc l'anci en
bain, qui était tombé, au dirc dc personnes qui l'ont vu, dans
un état d'abandon co mplet. Le bairl actuel [orme un carré, il
pell près reguliel'. Le co rps principal du bâtiment es t en murs,
surmonté d'u nc charpente et d'uue toiturc qui rappelle entièrem ent celle du ba/nv/cux.
•
. Deux entrées principales, la première, au lovant, du côté de
la promenade, la secondc, all couchant, conduisen t dans l'intérieur divi é, comme celui dll bœin vieux, en qu!)tre grands carrés. Une galerie traverse l'édifice daus toutc sa longu eur, d'li Ile
entrée il l'uutre, ct sépare les deux piscin es dll midi dé celles
du nord. Plusieu rs entrées co nduisent en ouire de l'ex térieur
dans l''s vcs tiaircs qui so nt ici séparés po i l' les deu x sexes.
Cctte mesu re est sans résu ltat, les pel' ounes de se ,e dilfcrent, pouvant se rencontrcr sl1 rl 'esca! icr en entran t ou cn
SOrtall t du bai n.
A côté de chaquc grande piscinc, UIJ cabinet de dOllches,
Conslruit en planches, présente tous le inconvenien et les
Ill.êrn es défauts quo nous avons signalés en parlant du bain
1JIellX.
Lcs piseines sont plll pacieuses qu e cclles du bain vieux.
Elles ont dix-huit pieds de longueur Sllr treize de large ur.
Leur profondeur est de troi s picds. Trente à IrCllte-cilHI pcr~
sonn es peuvent aisément y prendre leur bain en même tcrnps.
J;eur fond est form é de larges dall es.
�J02
Dans l'es pace qui se trouve eutre les grands vestiaires
des linés au service des piscines principales, le bain neuF a
l'avantage de contenir de chaque côté, au midi et au nord, plusieu rs ca rrés de moindre dim ension, assez vastes pour trois ou
quatre personnes. Leur entrée es t séparée. Ils sont ordinairement occup és par des malades qui éprouvent de la répu- _
gnallce à prendre leur bain en commun ou que d'autres motifs
tiennent (doignés de la société.
Du côté de la promenade, il exisle encore quatre petites
pisoin es, construites postérieurement à l'édilice principal.
Ell es sont, comme celles dont nous venons de parler, destinées
à des bains particuliers. Elles sont commodes et ])ien éclairées, mais les vestiaires ne peuvent être chaulfés.
Le ba·in mric/tOis fut ainsi appelé, parce qu'anc.iennemen t
les. fam ill es de cc can ton qui, chaque année sc rendaient il.
Loëcll e, en assez grand nombre , le frequentai ent de préféJ'encc. L'cau lui est fournie par la source Sl-Lewrwt. JI est
co nstruit en pierres. Sa division intéri eure es t semMable il.
celle des autres bains; mais i.l est beaucoup moins vaste. Il
e t dis.trih ué en quatre parties formant autant de piscines de
onze pieds de long sur huit de 1ar o·e ct de brais de profondeur.
Ull \'e liaire pOll r chacl'lC pi cille. Les deux carrés du couchallt Ollt chacun un cabinet de douch()s, ceux du levant Il·en
ont point.
Le bft/n zur/r;//OÎs n'est presque plus fr équenté aujourd'hui
quo par des malades appar tenant il. la classe inférieure de la
société.
1.e bain des ventouses fail panic tlu même corp de hHtiment
qllc le précédent dont il n'es t séparé que par un e J"aihl o cloison.
11est formé de dellx petits carré ulliqu ement destinés II l'application des Yentoll cs, co 111 111 0 SO li nom l'indique.
Le bain de l'ltûlcl des AIJll's. Cet étab lissement vient d'être
con lt'uit 11 nellf" il cô té de l'hôtel dont il porte le nom, SUI'
Il Il e éll1i nenee fl'o ll l'onjouil. d'II Il e hell e vlle SIIl" tout le has in
�103
dit vallon. il est alimente, comme on a pu le voir plus haut,
par les sources de l'ancien bnindes guérisons. L'eau parcourt
un espace de 580 mètres environ pour arriver au réservoir
d'où elle est distribuét\ il. toutes les piscines do l'établissement.
Sa température en sortant du rcsel'\'oir est de Ml'OC. Quoique
l'organisation intérieure du bain de l'hôtel des Alpes ne soit
pas exempte de nombreuses imperfections, elle a cepeTldant
été conçue de manière il presenter des cOllditions de commodites et d'agrément que l'on ne l'encontre pHS encore dans les
autres bains, il. Loëche. Le bâtimellt est vaste ct bien éclairé.
Un grand corridor le traverse dan ' louté sa longueur du nord
au midi ct le divise en deux parties il peu près égales.Au couchant, quatre grandes piscines, pouvant contenir chacune de
vingt-cinq il. trente persQnnos, sont placées sur la même
ligne. Elles sont destinées aux hains communs. Le fond et
les parois de toutes les piscines sont formés de dalles, condition avantageuse de propreté. Deux vestaires, un pour
chaclue sexe, ont été ménagés il côté de chaque grande pi cine,
Mais celle mesure n'atteint nullement le hut que l'on s'est
proposé, puisque les personnes do sexe différent doivent
entrer et sorUr du bain pal' lu même escalier.
Il eXiste un cabinet de douches, il côté de chaque o'rand
cané. Ces cabinets sont spacieux, suffisamment éclairés et
munis d'appareils divers pOUl' place!' le malade dans ulle
}losilion convenahle.
La pal'tie de l'édifICe, située au levant est divi ee en dixhuit petiles piscines de différentes di mensions destinées aux
hains particuliers et de famille. lWos sont distribuées de
manière il recevoir d'une il cinq et même six personnes. Tous
cc petits cabillets de 1)aill Ollt leur douche particulière.
A l'extrémité méridionale du bâtiment, on organise un
cabillet pOUl' les hains de vapeur qui sera déjà mis cette
année il la disposition des malades. Cetle amélioration importante seru en même temps une nouveauté, car il n'en a point
exi té jusqn'ici il Loëche.
�IJains des pauvres. Il est situé entre les deux parties du
village, sur la rive gauche de la DaIa, près du pont qui la
traverse à cet endroit, sur le chemin qui conduit au Gemmi.
Ce bain n'est qu'un simple hangard en bois divisé inlérieument en deux piscines, deux vestiaires, une douche; le tout
dans un assez misérable état. Il est alimenté par la SOIlTce
des pauvres dOtlt nous avons [élit la description page !~8.
La température de la source des pauvres à son bouillon est
de 1',6,5. C. et non de M,50. C; comme nous j'avons indiqué(1;
par erreur, à la page l,-8.
L'eau est conduite au moyen de tuyaux en hOis, dans un
espace assez long, d'ahord au travers des prairies maréca<Teuses situees au couchant de la source dont nous parlons,
puis les conduits descondent rapidement le versant, au nord
de l'hôtel des Alpe.~,
pour arriverimmédiaterncnt dans les
piscines.
Nous ne dirons rien du bain nellf dOllt la cOllstrllction est
commencée. Le travail est encore trop peu avancé pour porter
un jug'ement snI' les avantages que présentera ccl établissement. Tout fail présumer pourtant que les propriétaires ne
négli<Teront rien de ce qui peut contribuer à faire disparaître
les imperfections nombreuses qui exislent dans les anciens
établissemens de bains. Ils s'étudieront il opérer dans ce
nouvel édifice les réformes indispcltsables, depuis longtemps
réclamées par le public. Ils s'appliclucront à y introduirc
Ioules les commodilés que l'on rencontre ailleurs. L'organisation des douches doit spécialement fixer 1 ur attention.
l,a position bien ontendue des cabinots de bains ct des vestiaires , la propreté, 10 chaufrage ct la lumière, la facilité de
la circulation dans l'intérieur , la composition du personnel
ct une bonne direction cles gens de service, l'ordre , ['exactitude ct nne surveillance évère , sont des conditions essentielles.
�PROPRIÉTÉS MÉD1CALES DES EAUX.
Il n'est pas dans notre intention d'entrer ici dans de longs
développemens sur les effets des eaux minerales en général,
cela nous entraînerait hors des limites d'un court travail.
L'on sait que leur action sur l'économie animale n'est pas
toujours en rapport avec leur température ni avec les principes les plus actifs découverts jusqu'à ce jour dans leur
COmposition. Aussi l'observateur est-il frappé de la diversité
des symptômes et de la différence des résultats (lui se présentent il lui pendant l'usage des caux. Il faut le dire, la
SCien ce en est encore réduite à bien des incertitudes, quand
elle cherche à expliquer un grand nombre de faits dont la
cause encore inconnue lui échappe.
La chimie, a dit M. Alibert, est pour les eaux minérales,
ce que l'anatomie est pou r le corps humain, mais elle ne
saurait tout révéler (*). En effet, ello rencontrera toujours
dans ses recherches, malgré le perfectionnement continuel
~e ses moyens, certaines limites qu'elle ne franchira jamais.
Cal' il y a daus les eaux minérales, pour nous servir de l'expression de M. Foissac, une verlu intime, un mouvement,
(.) hécis hislOl'i1luC des enux minéral es, pnge '15.
�106
une vie dont la naturel si riohe Cil phénomènes) s'est réservé
le seoret (').
Il ne faut do no pas s'étonner si 1 il côte de quelques
symptômes à peu près oonstans produits par certaines eaux
minérales 1 l'on observe des exceptions que l'on ne peut
expliquer d'une manière satisfaisante ni par leur temp érature ni pi.\r leur oomposition telle que la ohimie 11011S la
montre aujourd'hui.
Pour être positif à oet ég'ard et contenter ce besoin ilTés~
tible que l'homme éprouve de connaître la cause véritable
de tous les phénomènes qui frappent ses regards et des
merveilles étonnantes que la nature lui présente dans les
révolutions qui s'opèrent dans l'économie animale par l'usage
des eaux minérales 1 il faudrait pouvoir attribuer des effets
médioaux donnés à tels élémens minéralisateurs ou il la
oombinaison d'un certain nombre d'entre eux dans telles
proportions. Il faudrait que l'cau il tel degré de température
ou par tel mode d'admini tration produisît des effets identiques au moins sur des alTeotions morbides du mêm e genre.
Mais il y a loin de ce degré de oertitude il cc que l'expé)'i ~JI1ce
nous m.ontre. Car des faits nombreux ct bien observés
viennent tous les jours mettre sous nos yeux des résultats
contradiotoires et souvent inexplicables) et prouver que l'action intime des caux minérales sur l'organisme est enoore
un profond mystère.
On oonçoit l'aotion prononcée des caux sulfureuses sur
les maladieS de la peau. Les eIfets énergiques du soufre sur
le système culané sont depuis longtemrs oonnus. Mais comment se rendre oompte de l'action si étonnante de oertaines
caux sur le même système 1 lorsque les investigalions les
plus attentives et les plus minutieuses n'ont pu parvenir à déoouvrir dans leur oomposition un atôme de cetle substance?
�'107
Les eaux de Loëche sont de ce nombre. Les savantes recherches de M. Morin , sa découverte de quelques principes
qui avaient échappé aux analys es précCdentes, n'ont pu le
conduire il établir des traoes seulement de la présence d'une
substance sulfureuse dans ces ea nx. Pourtant, ce sùnt les
affections r.ehelles ct invétérées de la peau contre lesquelles
ont ordinairem ent échoué et l'.usage d'autres eaux minérales
et les moyens thérapeutiques les plus rationnels cl, les plus
énergiques, qui amènent chaque année il ces thermes le' plus
grand nombre de malades. C'e8t surtout aux brillans succès
obtenus contre les maladies de ce genre qu e ces sources celèbres doivent la réputation européenne dont elles jouissent,
Un phénomène remarquable, qui accompagne ordinairement l'usage des eaux il Loëche, surtout prises en JJa ins ,
c'est l'eruption cutanée, connue sous le nom de poussée. Nous
reviendrons sur ('e curieux exan thême qui a déjà. donné lieu
il beaucoup d'hypothèses ct de discussions et sur lequel les
opinions sont encore fort ement divisées. Il se manifes te chez
le plus grand nombre des malades. Cependan t on observe,
sur certains sujets, l'absence complète de celle éruption
quelle que soit la longueur de leur cure , la température de
l'eau, la ùurée de leur bain, la nature de leur maladie i
quelles que soient les variations de l'âge) de sex~)
du tempérament.
Un autre fait digne de remarque, quoique plus rare, c'est
l'apparillon de la poussée chez des individus qui ne prennent l'cau qu'en boisson, tandis que, chez d'autres individus , elle ne provoque aucun symptôme perceptible sur tout
l'appareil tégumentaire.
La poussée, dans sa naissance, sa marche ct sa disparition présente des ca ractères pftftic.uliers cl des variations
frappant es. Ici son explos ion es t subile, souvent après le
premier bain ; elle a/l'ecte telle ou telle forme et variù son
é~endu
de manière qu'elle est circonscrite 11. quelques réglons seulement ou répandue sur presque toute la surface du
�108
•
COI:ps. Là elle est moins prompte , SOli développement plus
lent, son cours plus régulier, sa disparition plu s tardive et
plus graduée. Chez l'un, la poussée , sans cause appré(jiabIc, disparaît subitement pour reparaître quelques jours
plus tard, ou bien elle quiLlera une place pour se jeter snr
une autre i chez l'autre, elle persiste avec une gra nde opiniâtreté qui oblige souvent le malade il pro' onger les eaux
de plusieurs jours.
Le bain, souvent la boisson senle, fait éprouver aux uns
des malai5es de divers genres, de l'inappéten ce, des embarras gastriques, de la constipation, de l'agitatioll, de l'insomnie, des chaleurs fatigantes. Chez d'aulros, au contraire,
les fonctions digestives sont plus aclives, l'appétit plus pl"O- .
noncé, les évacuations alvines devi cnuent plus fréquentes,
quelquefois il y a même véritable purgation; tout l'appareil'
alimentaire se trouv e dans un état bien marqué d'excitation
et d'activité.
La poussée présente des variations singulières chez le
même individu qui prendra les caux pendant deux saisons
consécutives, comme chez cclui qui, dans un moindre intervalle, prendra deu x fois les caux dans la même année,
comme cela a lieu assez fréquemment pou r des cas graves
cf invétérés. Il en est de même des e[ets curatifs. Les malades qui auront pris les bains plusieurs années auront pu
facilement remarquer qu'après telle saison la maladie aura
été guérie ou sensiblement améliorée, tandis qu'ulle autre
année, loin d'éprouver du soulagemcnt, le mal sera au CO IItraire resté stationnaire ou p'eut-être aura-t-il empiré.
Des symptômes si opposés et si divers sont d'autant plus
frappans , que souvenl ils se manifestcnt chez des sujets atteints d'affections qui paraissent idenliqlUls par leur nature,
leurs caractères, leur forme, leur Jll1cienneté. Pour certains
cas, on peut même ajouter, par leur siégc et le traitement
antérieur. n ya plus, les malades vivent sous les mêmes
conditions hygiéniques , observent le mÔlT\e régime , prell-
�iO!)
tlent les mêmes alimens, le même bain, en mème temps, le
même nombre d'heures, il la même température. Quelle est
ùonc la cause de cette diffcrence? Réside-t-elle dans les
caux, ou dans la eombinaison de leurs èlémens? S'il en
était ainsi, leurs effets sur l'organisme devraient toujours
être semblables. Ne faut-il pas plutôt la chercher dans ):organisaLion individuelle du mnlade, dnns la nature intime de
son mal, dans des complications c:lchées, dans l'effet des
moyens thérapeutiques employés à les combattre? L'âge, le
soxe, le tempérament, la vitalité, l'idiosyncrasie du sujet,
no sont-ils pas autant de conditions qui peuvent modifier les
effets des caux et constituer, par leur concours, l'action mystérieuse des caux de Loëche, selon l'expression de 1. Alibert C). Nous le pensons; ct ce point important dans l'administration dos eaux minérales mérite d'être sérieusement
médilé. Que de phCnomènes secrets doivent s'operer dans
le corps humain, lor. qnc, pendant plusieurs semaines, il e. t
SOumis à l'action continuelle d'un moyen aussi énergique
que celle d'une eau thermale! Que do révolulions imperceptibles pour l'œil le plus cxerce, doivent remuer et modifier
les principes intimes de la vic! Que de changomens inapperçus s'effectuent dans la composition des fluides, dans la
structure des organes divers! Que de merveilles secrütes la
nature derobe encore à nos regards 1 A la vue de la dérivation imm ense qui s'etablit ur tout l'appareil tcgnmentaire,
011 peut juger, par analogie, du mouvement qui a lieu
dans
les organes illternes el du travail qui s'opere jusque dans
les parties les plus subtiles de leur:,; ti sus.
. La poussée Ile doit donc pas être attribuée exclusivement
li l'aclion des eaux. Des caus s nombreuses et cachées
concourent à 011 développement ou empêchellt ,son apparition.
POur admettre d'une manière absolue qu'clic résulte du bai Il
Cl
MOlln{ll'apllit" tirs Ilcl'I1wlosrs, 5.')8.
�110
ou de la boisson, il faudrait obtenir des effets semblables
sur tous les individus soumis à l'un de ces modes de traitement ou à tous deux simultanément. L'étonnante diversité de
symptômes que nous avons signalés, les variations infinies
que l'érnplion subit , les alternatives d'augmentation ct de
diminution qu'elle éprouve pendant sa marche, les effets
souvent opposés qu'en ep rouve le même individu dans deux
saisons différentes, prouvent évidemment qu'elle ne doit pas
être considéree comme résultant de l'énergie des eaux et
qu'il faul encore chercher ailleurs les véritables causes de
cc phénomène.
Anciennement les bains étaient très-prolongés à Loëche.
Leur durée était souvent de six, huit ct mê.me dix heures
par jour. C'est à cette ci rconstallce qu e l'on atlribuait la
poussee. Ma is celte opinion n' est pas plus IIdmissible que
la précédenle. Les fuils viennent, au contraire, démontrer
tous les jours que l'éruption n'est point en rapport avec la
durée du bain ou la qualltit6 d'cau prise en boisson. Le
malade plonO'é, pendant un si grand nombre d'heures, dans
un bain dont la température est ordinairement assez élevl'e,
devait néce~sairmt
éprouver l'aelÎon prolongée ùu calorique qui déterminait Sllr 1,1 peau l'explosion de l'érythème.
Dans les derniers temps on a beauooup diminue la duréo
du bain , pOUl' ce rtains cns; il est prohahle qu'olle sub ira
on core de nOllvelles diminutions, lorsque l'expérience aura
prouvé quo l'on obtient des résultats semblah les. Quoique les
baiTls soient moins prolongés, OIl n'a pas remarqué la moindre modification dans les effets dos ca ux ni ùans les caractères
essentiels de l'éruptioll.
La pou ssée paraît plus ou moins promptement, poursui t
sa marche plus ou moins rég ulière, disparaît de la même municre sans que la longueur du bain paraisse avoir une influen ce hien prOiloncée su l' son cours. Pou l'attribuer à la
durée du bain la forme ct l'i ntensité de l'érup tion , il faudrait
�Hi
des fails (lui démontrenl qu'elle il persisté en raison du Ilornhre d'heures, de bains cl de jours de traitement. Il serait
curieux, par exempl e, de voir si un individu qui prendrait
les bains pendant quarante jours, le même nombre d'heures,
aurait la po ussée pendan t toul cet espace de temps. Les
expériences manqucnl à ect égard. Au reste la durée du
bain sc modifie d'aprcs la marche de l'éruption et non vice
versù, preuve que l'exanthème a une cause indépendante et
encore inappréciahle.
Une question plus importante au point de vue thérapeutique, est d'e savoir si l'éruption est indispensable au succès du
traitement et si les individus chez lesquels la poussée manque
complètement éprouvent des effets moins salutaires de l'usage
des eaux. Il est évident que pour certaine s affections la poussée doit être considérée comme un symptôme très-fa vorable et
COmme une condition essentielle de réussite . La révulsion
puissante qui s'établi,t sur tout l'appareil tégumentaire, l'étendue, la durée de celte dérivalioll qui transform e la peau en
un vaste émonctoire, la révolu tion intérieu re qui s'opèrè dans
tont l'organisme, ne peuvent manque r d'avoir une acl.ion prodigieuso sur les affections qui ont leur siége dans les organes
profond ément situ és. L'éruption déplace , pour ainsi dire, le
point d'irritation de son siége habituel pour le fix er sur une
surfaco heaucoup plus étendue el rétahlit l'équilibre dans
les fon ctions. Et s'il est vrai de dire que souvent une maladie
en guérit une autre, c'est le cas pour la pouss6e qui prend
quelqll efois, à Loëche, un tel degré d'intensité qu'elle constitue un véritahle état morbide. Le malade est IOlll'm enté au
point de passer des Mits sans sommeil. Une fièvre ardonte
l'agile, une démangeaison irrésistible, une cuisson insupport~ble,
r6pandu e sur tout le corps mettent le combl e à ses souf/rances que rion ne peut calmer que l'eau minéral e, appliquée
en fom entations sur les parties les plus douloureuses.
Mais si la pou sseo exerce uno iniluence biollfaisante sur
un grand nombre de maladi es et si son apparation doit être
�-112
con;;idàl"e comme un heureux augure du SIl C 'è. dutraitl'rnent)
cli c n'est pas pOllr cela un e cond ition absolument indispensab le de réuss ite . On voi t des individus chez lesquels
J'érup tion manrIu e entièrement , d'antres, chez lesfluels son
développem ellt est si faible qu'elle ne présente que des tra ces,
obtenir un e guérison complète et éprouver les plus heureux
effets de l'usage des èaux. Il serait assez difficil e, au res te,
d'expliquer l'influ ence de la poussée da!;s certaiues alfections
nerveuses dépendant d'une excessive sensibilité ou qui n'auraient pas leur cause dans la rcpercll ssion d'un e maladie
cutanée.
Attribuer la cause de l'éruption il l'élec1 ri ci tc, au ga lvanisme dont 011 ne peut , d'ailleurs, contester l'action sur l'organisme animal, parce que les variations dy l'atmosphère, la
dilférence des saisons paraissent modifier les formes, l'intensité , la marche de la pOllssée, c'est recourir à des généralitcs pOllr expliqu er un ph énomène dont on ne peut 50 rendre
compte. C'est s'en rapporter à la [oree d'un agent très peu
eonnu pour éclaircir ull e question plus obscure encorc. Ce que
la physiqu e nous a appris jusqu'ici sur la nature des nuides
impondcr&bles est encore tJ'op incertain pour qu'on doive leur
attribuer tous les ('ffets dont on ne peu t découvrir les ca us es.
Comme tout ce qui est nouveau, les vertus des ea ux de
LOëCbc, dans les premi ers temps qui suivirent leur découverte, furent vantées contre un si grand nombre de ma ladies,
qu'on serai t tenté de les co nsidérer eomme un e panaoée universelle, si le temps et l'expérien oe n'avaicnt l'ail reco llnaÎtre
beaucoup d'erreurs et modifié les idées sur leurs effets médicaux.
Avant l?abric de Hilden qui com mence à donner des indications un peu plus po ilives, quoique sur plu sieurs points
il parta ge encore les opinions erronées de ceux qui l'avai ent
précédé, les anciens paraissent avoir peu obscryc les proprietes médi cales des eaux de Lotiche , et s'il faut en croire
cc qu'cn rapportent les auteurs qlli s'en sont occtlpés pen-
�n,
113
danLle seizième siècle
elles élaielll ordonnées pour des
maladies contre lescf!lelles 011 n'oserait sans danger les
prescrire aujourd'hui. Les eneurs dBs nncicl1s provenaient
de la connaissance imparfaite (pl'ils avaient des principes
(lui erHraient. dans la composition des eaux. En admetr.ant la
présence, tantôt du cuivre et du t'eJ'j' làntt3t du soufre ou
d'autres subsLances, il est évident qu'ils devaient leur attrihuer des propriétés différentes.
.
Si 1'011 eut tenu un registre exact des succès obtenus et
des effets funesles survenus pendant l'usage des eaux, on
ne lirait pas, dans la série interminable d'cs infirmités qu'on
traitait à Loëche, des maladies pour lesquelles elles sont
formellement interdites do nDS jours.
1
Les fièvres de tout 11,'en re, l,es affections du cerveau, les
Jll1.aux d'yeux, des oreilles, de la g'orge , les maladies des
poumons, dll cœur, du foi , de la rate, des reins guérissaient à Loëche, au dire de Collinus et de ses devanciers.
Agll a cereûro, cordi, hepati con{erl; debilitatipulnwlI1's, 11Cphriticis convenit. Les affections graveleuses, les calculs vési?all x cèdaient 11. leul' action , wlwlosos sal1at. IL n'y a pas
Jusqu'aux hydropisies de toules sorles qui n'en éprouvassent
les heureux effets; hydropis omnibus specieûuiI auxiUatttl' C*).
On voit une exagération évidente dans celte énnmération
de maladies pour lesquelles on devait se rendre en foule à
LOëche.
Au eolhmencell1ent du dix-septième siècle, Fabrice de
Hilden observa plus attentivement les effets des eaux. Les
sont encore en
preceptes généraux œhygiène qu'il don~e
partie observés de nos jours. Il prescrit cependanl certaines
précautions à prendl't.l avant, pendant et après le bain dont
(.) Voyez SiOllel', CollihllS, etc.
(H) Collinus, pnge 147.
8
�111/.
la plupart sont tombées en désuctude ct dont l'expérience a
démontré le peu d'utilité.
Scheukzer) en 1705) critiquant les observations des auteurs qui avaient écrit avant lui) spécialement Collinus) est
tomM dans le même ~xlrême.
A près quelques essais d'analyse) il reconnut dans les caux) entre autres principes) la
présence du fer) (crocus martis)) auquel il attribue toules
leurs propriétés curatives. Il prétend que cette substance
combat efficacement la constipation source de tous les maux (').
C'est la constipation qu'il considère comme cause de toutes
les fièvres, des hémorrhoides, de Lous les désordres de la
menstruation et des fonctions des organes urinaires, des maladies de la peau, etc. Scheukzer sc plaint amèrement de
ce que, de son temps, aucun médecin ne se rendait à Loëche
pour donner des directions aux malades qui se trouvaient
ainsi privés de tout secours éclairé) prenaient les eaux sans
autre conseil que leur caprice et leur bon plaisir.
Vers le milieu du dernier siècle) Naterer recueillit un
grand nombre d'observations sur les effets des eaux. Doué
d'un esprit d'observation remarquable, il établit une distinction assez tranchée entre les maladies qui pouvaient obtenir
il Loëche une glléri on radicale ou du moins une sensible
amélioration) et celles dont l'état aurait été aggravé ou pour
lesquelles les effets des caux auraient ét6 funestes. Nous
les trouvons consignées dans son traité écrit avec une lucidité et unc simplicité intércssantes. On peut dire que c'est
depuis Natercr que les eaux de Loëche furent administrées
avec discernement et prudence ct (.m'on ne les conseillât plus
pour loutes les maladies indistihctement. Le mode d'administration qu'il introduisit pour le.bain et la boisson , la durée
du bain ) celle du traitement) ct les règl es h.ygiéniques qu'il
C') Dies isl dia lJiichs PU1!llol'((I, mIs 1velchl'1' alles UnlwU ml slandon . • cheukzet·, 8chwei::('risclw Berg- lleisell, p. 156.
�115
prescrit se sont conservées, sauf quel(Jlles légère moclifications , jusqu'à ce jour.
Nous aHon énumérer, en peu tIe mots, los divers genres
d'affections sur lesquelles les effels salutaires des eaux de
tOëche sont démontres par l"exp érience. Nous placoron
erl première lig·ne le maladies de la peau. Les anciens
avaient d~jà
remarqué leur action bienfai ante sur celle
classe d'infirmilés
En effet, c'est sur les affection du
système cutanee que les eaux de Loëche exercent une puissance vraiment étonnante ct révèlent au plus haut degré
l'énergie de leurs proprietés médicales.
L'innombrable famille des dermatose trouve à Loëche un
moyen dont les effets sont prodigieux. Les cas invétérés
et rebelles, qll i out résisté il tous les moyens, peu vent enCore espérer sinon une guérison complète alL moins une
amélioration marquante.
Ce n'est pas 11 dire pOli r cela que toutes les lésions du
système cutanée puissent être traitées avec UI1 succès assure.
li y a malheureusement dans ce genre d'affections , comme
dans d'antres, des maux ineurables qui ont jeté dans l'organisme des racines si profondes, causé dans les fonctions importantes il la vie d' telles perturhations, ou anéantit les forces
vitales au point que le l'es ources de l'art, ainsi que les merveilles qu'opèrent parfois les eaux minérales sont condamnoes
11 rester impuissantes devant la force dé. org·auisatrice et les
progrès elrrayans de la maladie. Cependant s'il existe un
moyeu de combattre ce genre de maladies hideu es, qui souvent font de l'ètre le plus intéressant eL le plu chéri, un
objet d'horreur pOUl' cs ami. et se emhlables, par les
ravag'es qu'elles exercent su r l'enveloppe tégumentaire, il
faut le chercher dans l'Il ag·e bien appliqué des eaux. Dans
ces ortes d'affection, a dit M. Alibert, les caux minérales
nattt,j'cllcs sont 011 idérces comme l'agent thérapeutique le
n.
(.) Scabici c/ljtlsclIlIlqua gelri~)
et impcligini mede/w·. Collinus.
�HG
plus efficace, et pOUl' l'amener le derme il sou élal norlllal, les
bains jouent, sans contredit, le rôle le plus utile
Ainsi les dartres et leu rs nombreuses variétés, les degénérescenses dont elles sont la cause, seront efficacement combattu es par les eaux de Loëche. Quelle que soit la fonne qll'clles
alfectent, squameuse, furfuracée, vesicul0llS0, crustacee, sèche,
humide, rongeante; quelles cflle soient les désorganisations
(lu'eHes aient occasionnées daus les tissus; qllc1te que soit
leur étendue, leur ancienneté ()u le IraUement auquel elles
aient été soumises antérieurement, elles peuvent attendre un
soulagement des eanx de Loëche. Mais leur action se mOlltm
surtont dans tonte sa force, quand il faut ramener à l'extérieur ces larges plaquos qui ont sl\lJ,itement disparu, l'épercutées par une influenco quelconque. l .. a poussée est ici
d'un avantage inappréciable, en rappelant à la peau, par la
grande dérivation qui s'y étahlir., en fix an t à son siége primitif
le mal errant et menaçant les ot'ganes intérieurs en portant
de graves désordres dans la régularilé de leu rs fonctions.
Combien de malades sont outrés avant le Lemps dans la tombe
ùes suites d'une maladie cutanée l'épel'cutee, el dOllt 011 n'avait
tenu aucun compte!
Selon la gravité du cas, les haills prolong'os serout iüi tout
il rail à leur place et l'on peut di re qu'il faudrait par leu r du rée
provoquer l'explosion de l'éruption, quoic{ue co ne soit pas
toujours possible.
Lorsque les afrcclions clartreuscs unt podés leurs ravag'es
dans les couches profondes du derme, que ses fOJlütion ont
pour ainsi dire, alléanties ou sont devenues complètemcnt
anormales, qu'une atonie marquante règne dans la région malade, que des ulcères atoniques de mauvaise nature ont le
résultat de la marche de l'afI'cction, il faut seconder l'aclion
• du bain par d'autre moyens dont l'efficacité est connue.
Les do lIches , modifiées selon le cas, sont ici un puissant
n.
Cl
MOllogrnl'hie tks Uerul:ltos('s) pag, 1ü8.
�117
ltuxiliail'4 l pOlir ruuirn cr la vilalite du derme cl lui rendre la
forc e suffisa nte pour luLLer conlre le principe destl'llcteur qnÎ
l'a envahi.
Si, au co ntraire, la parlie malade presente une ini.tal.ion
trop vive, si une phegmasie s'e t empare du siég'e et du conlour de la région affectée' si des congestiolls considérables
distendent le résea u capillaire du derme et y entretiellnent
de l'enflure , un foye r inflammatoire continuol, l'application
de ventouses scariflees sera avantageuse pOUf opérer un dégorgement parti el , diminu er l'irrHalion et ram ener insensiblement l'o rg'a ne il son élutualurel. La température du bain
devra au si être plus mitigée ct sc régler d'après la nature
de l'alfection.
Les autres variétôs des malaclies cutan ées so nt toutes traitées il Lo ëche avec succès, La psore etlolli es les espèces
qu'ell e engendre et qui, ans causer des désorganisations
bien notab les ur la peau, n'en sont pas moins insupportables
pal' le prurit , les brùlures, les démangea iso ns, les insomnies,
qu'elles occasionnent, trouveront à Loëche un puissant moye n.
de soulagement. Cetle cla se de IIwladies cutanées, par les
sOllfi'rances et l'agitation co ulillll elles qu'ell es fOllt éprouver
anx perso nn es qui r n sont atteilltes, les conduit so uvent à un
dépérissement irl(luiétallt et souvent fun es te.
On a prételldtl !fue la gale ct es variétés n'êprouvaieut
pas un elret salutai re de::, I)a ux de Loëche, [J ous cu nnaissons
cependant plu sieurs adultes, mais surtout un grand nomhre
d'enfans dOllt le traitement pour cette afl'uction, même iuvétérée, a été co uronn é d'un plein succès.
Après les maladies de la peau viellllenllcs scrophules et
les nombreuses complicalÏons qu'elles enfantent, telles qUI}
les ulcere au nez, aux paupières, aux oreilles, les engorgeIlleu atoniques des glalldes parotides, ous lingual es, mésentériques, lcs tumeurs Manches des arliculations.
Un vice daus l'élaboration des sucs divers clcstiués à la Illl-
�liS
trition et au développement de l'organisme cOllstitue la nature
essentielle de celte désolante affection qui répand le deuil et la
désolation dans tant de familles et conduit au tombeau, avant
le temps, d'innombrables et intéressantes victimes; car c'est
sur l'enfance, surton! avant l'âge de puberté, qu'elle exerce
ses ravages, et si l'individu qui en est ntleint survit à cet àge ,
mille maux empoisonnent son existence ct tous auront pris
leur origine dans la sou l'ce primitive ) le vice scrophu leux,
qu'il aura apporté , au moius le plus sOllvent, en venant au
monde.
Les eaux de Loëche modifient d'une manière remarl{uable la composition des snes vitaux. La 1yrnphe, paf l'énergie
que l'eau exerce sur le système glandnlaire, subit une meilleure élaboration. La nlltrition sera plus active et plus appropriée. Le sang éprouvera une modification salutaire dont
les efrets heureux se feront spotir sur toute l'économie. La
boisson secondera d'une manière efficace l'usage du bain
dans les scrophules, en exerç\ant une action stimulante su l'
tous les organes digestifs, en leur imprimant une activité
nouvelle, nécessaire il une meilleure élaboration des alimens.
La boisson exercera encore son influenco salutaire sur le
foie, 'la rate, les glandes mésentériques; favorisera les évacuations alvines et permeltra au' humeurs une circulation
plus facile, en operant peu il pellle dégorgement des tum eurs,
la résoliltion des obstructions dont ces organes sont si
souv lit le siége. Celte résolution est encore favorisée par
la dérivation puissante qne la poussée produit ordinairement
snr la penu. La c.irculation étant plus active il la periphérie,
l'espèce de congestion qui s'établit sur toute l'enveloppe
extérieure laisso plus de liberté au mouvoment circulatoire
dan. les organes profondélllent situés. S'il existe des glandes
tuméfiées, des engorgernens ft'oids, atorlÏ(Iues, ayant déjil
résisté il d'autres moyens, on peut seconder le bain ct la
bois 011 par ]'appli()ation de la douche pour en opérer in~ensrblmct
la résolution. En stimulant la circulation locale,
�H9
pal' l'impulsion quo la secousse imprime il la vitali lé ùe
l'organe, la douche produit souvent des effets inespér
~
dans les engorgemens scrophuleux des organes du systême
glandulaire.
Une autre avantage inappréciable pour ce g'enre de maladie, ce sont les conditions hygiéniques dans lesquelles
les scrophuleux trouvent il Loëche. Plongés dans une atmosphère pure, douce, vivifiante, embaumée du parfum
des fleurs alpines, à une 6lévation moyenne, entourés des
spectacles imposans el varies que la nature leur présente,
le régime, les promenades, la société joints aux propriétés
remarquables des eaux, les malades doivent éprouver un
changement rapide dans le rétablissement ou l'amélioration
de leur sante. Souvent le vice scrophuleux a fait de si grands
ravages dans l'organisme et s'est si profondément enracine
dans la constitution de quelques individus que plusieurs our es
deviennent nécessaires pour venir à bout de l'extirper complètement. Le temps exerce une grande influence sur Jo
d6veloppement du tempérament ct la force qu'acquièrent
certaines fonctions,
Les affections rhumatismales chroniques, ayant leur siég'e
dans le système musculaire, si elles sonl enlicrement exemptes
de tout symptôme qui pounait encore faire soupçonner l'existence d'un état inflammatoire, éprouvent souvent de bons
Offets de l'usage des eaux thermales de Loëche, Le diagnostic est cependant quelquefois fort difficile; lorsque l'on croit
avoir un cas pour lequel on cr{)it l'efl'et des eaux presquo
a~sUl'6,
on est Monné de voir, pendant le traitement, d'anOlens symptômes, qui avaient disparu depuis longtemps, se
r,6veiller et prendre une inlensité remarquable. La révolulion, qui s'opère dans l'organism e pendant la cure, ramène
Souvent à 1'6tat aigu des affections anciennes qui avaient été,
pour ainsi dire, assoupies par le temps ou par l'effet des
moyens thérapeutiques employés à les oombatlre.
Les rhumatismes chroniques exigent des hains plus pro-
�120
longés et noe lempérature pIn élevée. Le caloriquo ctant le
vrai spécifique du rhumatisme. L'npparition de la pousséo
est ulle circonstance favorable. Toul l'nppareil tégumontaire
transformé en Ull vaste émonctoire déplace l'irritation ayant
son siége dans les enveloppes profondes des l'ai ceallx fibreux
musculaires. Les complication 1T0ullouses chronique , les
déposilion qu'clles laissent souvent dans les environ des
articulations, éprouvent SOllvent un soulagement de la boisson
des eaux jointe aux bains. Le contractions des mu cie, résultant d'un rhumati me anoien et empêchant le mouvem ent
des membre , réu sissent quelquefois. La dou che et les
ventouse rendent souvent dos erviceg signalés dan les
rhumati mo parfaitoment localisé, par la dérivation et ln
secousse qu'e1les produi ent.
ous connaissons de malade " atteints d'affections rhumatismales anciennes, de sciatiques, qui ont eprollve pondant
la aison de ))ains une amélioration marquante dalls lour
état ; mais quoIque tOlllp apré avoir quitté Loëche une recrudescence s'est déolarée el le mal s'est fait entir assez
fortemellt pendant tout l'hiver.
Les anciens avaient dejà remarqué le. proprietes des eaux
sur les affections goutteuses et rhumalismales chroniques,
ainsi que sllr les infirmites ([ui en J'esnltent quelquefois (').
Les ulcères de mauvaise nature, qui s'étahlis ent .ouvent
autour des al'ticulations ct qlli ont pour cau e uno affection
arthritique ch roni([lIC, troll vent clau los oau x de Loëche un
moyen actif de ranimer la stllJace de l'ulcore dont l'a pectsale
et dégotÎlant , et la qualile de la matière secrètee dénotent
UI1 manque presque ah. olu de vitalité dan le li sus où la
destruction marche il grand pas. Les douches seconderont
(.) Dies Wasser dicncl dCIi pnl'aliticis so clic IIa/id Gollcs hcrü/'ht
hat, Stnmplf, poge 548.
Aqua juncttlrarum lallgllol'ihus, ut ischiaclicis, 7wdagricis medcit/)' ... Ncnos (les muscles) conl1'actos laxai ct rohomt. CollillL1s.
�121
ici d'uno manière avanfageuse l'action du bain et la boisson,
en modifiant le mouvement intime des humeurs. Elles favoriseront l'avancement de la cicatrisation qui marche souvent
avec une lenteur désespérante
Les paralysies qui proviennent de loute autf(~
cause que
celle d'un épanchement sanguin dans les cavités ancéphaliques ou de la moëlle épinière, celles (lui résultent d'une affection goulleuse ou rhumatismale ancieune, de violences extérieures sur certains IronlJs nerveux, comme coups, chutes,
tumeurs, se trouveront hien de l'usage des eaux, Leur action
stimulante, pri es en hain, trouvera un puissant auxiliaire, pour
ces cas, dans l'application de la douche il forte pression. Ces
deux moyens réunis, auxquels on peut avec avantage joindre
la boisson, opèreront plus promptement la résolu lion des
tumeurs, s'il en existe. La secousse qU'lis impriment au
système nerveux, réveillera la force musculaire anéantie et
rendra aux membres leur mouvement et leur sensibilité.
Les paralysies, ayant pour cause un épanchement sanguin
dflTlS les grande cavités, ne peuvent espcrer aucun avantage
des eaux. Il serait même dangereux de les appliquer il ces
cas, à cause de l'activité qu'elles excilent dans le système circulatoire, circonstance qui pourrait occasionner des accidens
fâcheux ct peut-être amener une terminaison funeste.
Les eaux produisent des effets remarquables sur certaines
affections ùu ystème digestif, ayant leur siége dan l'estomac
et le tube alimentaire, en O"éneral, dans certains dé ordres ou
dégénérescences du foie, dela rate, des glandes mé entériques
dans les hcmorrhoides. Certain sujet , sans aJl"eclionlocale
hien prononcée, éprouvent une grande difficulté de digestion.
S'il n'y a pas dégoüt pour toute e pèce d'alimells, au moins y
~-til
d'yspepsie, manqne d'appétit constant. Les autres fonchons digestives sonl lenles) pénihles; un malaise indêfinissa-
n.
n
Ulceriblls mal-ignis tibim·llm, tistulis ... mcdrfllr ... Colliuus.
�122
bIc sc fait sentir après les repas. Les évacuations alvines sont
rares, irrég'ulières, ou souvent une espèce de diarrhée, qui
passe à l'élat chronique, est l'effet de ces nombreux désordres.
Le bain, mais surtout la boisson, modiftée selon la constitution , l'âge du malade, la nature et l'ancienneté du mal,
produisent ici les plus heureux effets. L'eau, prise en boisn~
stimulera puissamment toutes les membranes du tube alimentaire, tombées dans un ~ta
de paresse et d'atonie; ses propriétés
purgatives agiront énergiquement sur le sys tème bilieux et favoriseront les évacuations qui seront plus fréquentes et plus
régulières. On peut joindre à 0es moyens l'action très-avantageuse de la douche sur les diverses régions de l'abdomen, pour
imprimer une secousse anx viscères de celte cavité, stimuler
leur activite et l'am ener l'équilihre dans leurs fonctions respectives.
Les eaux, en provoquant la liberté de la circulation dans
les organes de la ca vile abdominale, favorisent la résolution des engorgemeLls des différens viscères, surtout du foie,
où il faut chercher la cause principale et la plus Frequente
des hémorrhoides , à cause de la difficulté de la circulation
et des stases qni s'élablissent dans 10 système de la veineporte. Si l'on reunit il tous ces lOoyens l'influence de l'atmosphère pure, du mouvement, des promenades el des distractions nombreuses sur le malade, on conçoit facilement
l'avantage que l'on peut retirer du séjour et de l'usage des
eaux de Loëche dans les a[eetions des voies digestives.
Quoique les allciens aient préconisé les vertus des eaux ·
de Loëche dans les affections des organes génito-urinaires, '
dans la gravelle ct les calculs vésicaux ('), il semble que
des observations positives ct des faiLs bien constatés manquent encore à cet égard et que les donn ées ne sont pas assez
certaines pour asseoir un jugement. Il en est autrement, si
un état catharral ohronique existait dans ces organes, si un
n lUis qui taborant catculo v/!sicœ cOllvpnit, Collinus.
�123
,
\
ecoulemeut et des lésion graves etaient la conséquence d'une
dartre ou de toute autre affection cutanée répercutée, ce qui
a lieu souvent. Cependant Naterer rapporte deux cas d'I;) paralysie de la vessie où l'incontinence d'urine était complète
qui furent entièrement guéris par l'usage des eaux (l
t es nombreux dcsordres, qui surviennent dans les fonctions des organes générateurs de la femme, méritent ici
une attention plus spéciale et des détails pIns étendus. A
l'approche de la puberté, souvent il éclate , chez les jeunes
personnes , une foule de symptômes nerveux, toujours fort
inquietans ponr la malade et ceux qui l'entourent. Ils sont
OCcasionnés par les efforts de la nature qui prépare cc moment critique avec plus ou moins de difficulté, selon que le
temperam ûnt esl plus ou moins bien constitué ct l'organisation
individuelle plus robuste ou plus faible, POUl' les cas où la
menstruation parait vonloir s'établir difficilement et d'une
mani ère irrégulière, ce qui arrive très-fréquemment chez les
jeunes personnes d'une conslilution lymphatique et délicate,
les caux de Loëtihe) administrées avec précaution, contr-ibuent
par leur action stimulante ct touique, à étahlir et régulariser
cette importante fonctioll; s'il n'existe pas, dans un autre 01'galle, une complication qui cri interdirait l'usage. L'impulsion
qu'eHes imprim ent à tout le système circulatoire peut occasionner des congestions dangereuses vers des organes importans, les poumons, par exemple , y déterminer des inflammations partielles qui auraient de funestes suites, surtout si
l'on soupçonnait l'existence de tubercules dans cc viscère.
On conçoit, d'après cc que nous venons (lire, que les
caux seront avantageuses dans les désordres de la menstruation, lorsqu'c lio aurait pour cause un dépérissement général, causé par cles maladies graves ct longues , cles perLes,
cles saignées trop répétées, un relachement de l'utérus, provenant d'hémorrhagies, d'accouchernens fréquens et difficiles,
(") Nalcl'CI',
p:Jg. 104, cl 127,
�de fausses couches, ùe l'emploi inhabile d'ins{rumens, ou
de toute autrc cause qui aurait donné naissance ù des désorganisations et à une faibl esse ex trême de l'organe.
Les fleurs blan ches, qui dépendraient des causes que nous
venons d'énumérer, ou, ce qui a lieu qu elquefois, d'une
affection ca lharral e, rhumatismal e, scrophuleuse, et plus
souvent enco re d'une maladie en{anée rcpercutée, peuvent
être traitées avec succès par les eaux, qu e l'on peut,ici administrer ùe plusieurs man ièrcs, Les injections, qui agissent directement sur les membranes malades, seront un
moyen énergique de combattre le relâchement général , les
ulcérations, de favori ser l'évacuation des matières sécrétées et
de rétablir dans l'organe la vitalité et l'énergie nécessaires C).
On comprenù facilement que l'action des eaux serait sans
effet sur des écolilemr.lls qui auraient pour cause des dégenérations profond es, telles qu'un slIuirrhe ou des indurations
ancienn es du col de l'utérus, des corps étrangers yolumineux , cles polypes, des excroissances d'un autre gen re dans
l'intcri ell r des organes générateurs, du vagin, de la matrice
ou des ovaires. Ces Iesions réclament l'emploi de moyens
chirurgicaux. Le mal subsis terait avec la cause qui le produit ct l'u age des caux minérales, dans de pareils cas,
serait plutôt nuisible qu'utile. II e t dOliC important de bien
s'assurer quelle ost la Ilature de la cause qui produit celle
série de symp tômes, qui, à côté de l'affection principale,
simulent tou tes sortes de formes.
Les néyroses ct les variétés innombrables éluxquelles clics
donn ent naissance, JI1éritent un exa men séri eux, pour discerner
les cas où les caux de Loëche peuvent être util es i enco re
l'observatenr le plu atten tif, Cil prescrivant l'usage des caux
minérales à llU malade atteint d'ilne affection de ce genre,
ost-il suj et il des erreu rs cl des mécomptes impossibles il
C')
Utcrwn mlllieribll$ languc8cc/ltlJ/It con/i/'lnal, CollillllS,
�j25
prevoir. Le médcdll le plus prudent peul errer dans son diag'nostic, quand il a affaire il celle variété infinie de symptômes
que présentent les affectiolls nerveuses el aux formes cap ricieuses quelles affeclent. C'est une ombre que l'on poursuitj
elle fuit un instant, pour reparaitre sous une autre forme et
nne autre couleur. Témoins les symptômes trompeurs et multipliés, sou ,rent effrayans, de certaines aII'ections hystériques.
C'est donc avec la plus grande cirron. pection que l'on doit
conseiller l'usage des eaux de Loëche dans les affections
nerveuses, quoiqu'un grand nombre d'entr'elles y soient
traitées avec succès.
Si la maladie reoonnaÎt pour cause une affection de la peau
dont la di parition aura immédiatement déterminé, dar.s le
Système nen'eux, une fou le de désordres; les eaux de Loëche
Sont un pui sant moyen de rappeler le mal à son siege primitif et de rétablir l'équilibre dans les fonctions que son déplacement avait troublées, II en est de même, si l'affection dépendait d'unc cause rhumatismale. Les névroses nombreuses,
qui accompagnent ordinairement le trouble des fonctions de
l'Utérus, comme 'suppression des règ'les, écoulernens blancs,
difficulté de l'établi sement dela menstruation à l'époque de la
puberté les pertes irrégulières, résultant d' li n trop grand relàchement, les vomissemens, lcs co:iques, obtiendront des résultats favorables, des eaux, si elles sont admini trees d'U110
manière convenable, La durée du bain, sa tempéralure, doivent être modiIiées d'après la sensilJilite de la malade. Les
affections morales, la tristesse, les profonds chagrin, J'ahus
di! plaisirs, produisent aus i qll olquefoi de graves perturbation dan le ystème nervellx. Ile irritabilité excessive e l
orùinairement la conséquence de l'action destructive de ces
agens sur les forces vitales. Le séjou r de Loëche, dan un climat, où l'ai l' est si pnr, le beautés imposantes de la nature,
les promenades, les di traction ,joints à l'usage bien entendu
des eaux, peuvent conduire à une ameliol'ation heureuse. Les
anciens vantaient déjà les MUX de Loëche contre l'hypo-
�12G
ehonclrie. Il est évident que leurs propriétés résolutives exerceront t1TIC salulaire influence sur celle a/rection, si sa cause
réside dans la lésion d'un organe, com me seraient des obstructions, des engo rgemells chroniqu es dans les viscè res abdominaux, le foie, la rate, le pancréas, les glandes dl! mésentèrc.
La boisson aidera puissamm ent l'aetion du bain. La dou elle,
appliquée sur l'organe malade, accélère, par j'ébra nlelll ent
qu'elle produit, le rétablisscmcnt de l'éqnilibre dans les
fon ctions ct le retour ;l l'état normal.
Les eaux de Loëche ont été préconisees clan un gra nd
Jlomhre de maladies qu'il serai t trop long d'énumercrici ct sll r
les quelles Icurs hOlls e(fets Il e nou paraissent pas encore
slllTisammen t cons tates. De ce nombre so nt clifl'érenles affections des organes respiratoires, le catharre, l'aslhme ct autres
afrections de la memhrane pulmonaire.
On les a vantées clans la sterilité, parce qu'elles ra niment
la vitalité des organes de la génération. Mais il y a loi II
de la stérilité a un état mal adif qui empêche temporai remen t
les principales [onctions des orO'a nes générateurs.
Au l'CS le, nous savons si peu de choses, pOUl' ne pas dire
rien, sur la manière do nt la conception s'opère, qu'il est presque impussib le d'élablir souven t quelles ont les callses de
la torilité, Tant est-il cependant, que qlwlqu es mères, april.'
bien des années de mariage, désespé rées de ne pas avoir
d'hérilier , prétend ent avoir obteIlll cc bonheur par la vertu
tics caux de Loëche ct après plusieurs cures enlreprises dans
cc but.
D'après l'exposition succinle quo nous ven ons dll faire des
,,!l'ection dans lesquelles les eaux de Loëche peuvent être utiles ou administrées avec un hOllreu x succès, l'on conçoit qu'clIcs doivont être interdites dans heaucoup de cas;
Elles seront nui ihles dans tout état inflamlllatoire aigu ;
peu importe l'organo dans leqllella maladie il son siége , il
�127
cause de l'augmentation d'irritation qui resulterail de leur
action stimulante.
La pléthore) les lésions du cœur ct des gros vaisseaux) les
anévrismes) un état de congestion vers les grandes cavites)
comme le cerveau) les organes respiratoires) en interdisent
form ellement l'usage. La grande activité qu'elles ünprimenL
au système vasculaire peut produire) dans cc genre de lésions)
les accidens les plus funestes) en déterminant un épanchement ùont les suites seraient désastreuses.
Les eaux ont été quelquefois administrées avec succès
dans les cas de paralysies partielles) résultant d'une attaque
d'apoplexie. Naterer rapporte ùeux cas de ce genre où le
traitement eut une pleine réussite
Cependant la plus
grande pmdence doit présider au mode d'administration dans
de pareilles circonstances. Les eaux peuvent occasionn er de
nouvelles congestions vers le cerveau ou la mœlle épinière ct
provoqu er suhitement un épanchement mortel. Ainsi) cluoÎClue
l'on trouve dans les auteurs quelqu es exemples de paralysies) suites d'apoplexie) qui ont cté radicalement guéries à
LOëche) ces rares exceptions n'établissent pas une rcgle et
les bains) les douches) ne doivent ôtre prescrits qu'avec une
extrême circortspeclion.
Si une lé ion a occasionné dans un org'ane des dégénérescences assez profondes pour que ses fon ctions en soient
gravement troublées) ou même en partie détruites, l'usage
des eaux ne produira aucun eŒet heureux; Ull contraire) il
peut activer la marche de la maladie el accélérer une terminaison funeste. Dans la phtisie pulmonaire, avec ulcération , expectoration purulente ct l'élat fébrile qui l'accompagne toujour.) ,et Cil général) dans tous les cas où un état
inflammatoire entretient dans un organe une ulcération profonde) avec suppuration abondante ) les eaux ne peuvent que
stimuler l'action destructive de la maladie qui l'a envahi.
n.
(") N.,lc>r(>r, JI ng.
'100 el JOI.
�128
La présence, bien constatée, de tubercules dans les poumons, qui échappe si souvent à l'œil le plus exercé, est une
raison impérieuse d'interdire l'usage des eaux. La ' maladie,
cachée dans un organe nécessaire à la vie, sommeille longtemps, sans que des symptômes alm'mans si'gnalent ses progrès. Mais elle n'allend, pour faire explosion, que l'occasion
favorable. Les bains pourraient la provoquer et avoir des
conséquences déplorables.
Dans les tumeurs, les indurations squirrheuses des viséères abdominaux, des glandes diverses, des mamelles, des
ovaires; dans les tumeurs cancéreuses du col ou du corps
de l'utérus, les caux , loin d'être "salutaires, produisent un
état d'exaspération dans la maladie et accélèrent sa marche
désorganisatrice.
Il est difficile de comprendre comment les anciens, même
Fabrice de Hilden, pouvaient prescrire les eaux dans les
hydropisies; hydropicis convem·unt. Naterer cite plusieurs cas
d'hydropisie ascite, pour lesquels les bains avaient été imprudemmen t prescrits, qui se terminèrent promptement par
la mort
L'usage des eaux est formellement interdit dans
les aIfections de ce genre, quolle que soit la ,cavité où elles
aient leur siége.
Les fem mes enceintes ne peuvent, sans s'exposer à de
graves accidens, fair'e usage des eaux. Nous connaissons cependant deux dames qui ont pris les bains, l'une en 18 l /·3,
l'autre l'année suivante, ct qui ignoraient toutes deux leur
état de grossesse , quoique la première fut au moins dans le
cinquième mois, sans éprouver aucun symptôme inquiétant
et se trouver fort bien de leur trailement. Il ne faudrait pas en
conclure que, pendant ra g-rossesse ) les femmes peuvent baigner sans danger; l'expérience a démontre le (lonlraÎre ct des
fails Il l'appui sont consignés dans presque tous les auteurs.
n.
. n Natel'el', pas· "60.
�129
Il est donc important, avant de prescrire les eaux, de s'assurer autant que possible de l'état de la malade, si l'on ne
veut s'exposer à cO,nrir des dangers d'autant plus graves
qu'ils sont imprévus.
Pendant l'époqu e menstruelle les femmes doivent aussi
s'abstenir de prendre les bains. Une hémorrhagi e pourrait
survenir tout-à-coup ct avoir des conséquences fùcheuses.
L'on a cru reconnaitre que les eaux de Loëche étaient
nUisibles dans le traitement des maladies vénériennes, quelle
que soit la forme sous laquelle elles puissent se présenter.
Cela peut 'être applicable aux cas aigus t pour le qilCIs
un traitemertl antiphlogistique doux doit être prescrit. Cependant, il est probable que , dans les form es secondaires
de la syphilis, dans celles surtout qlli se fixent sur le système cutané el y occasionnent des dégénérescences ou donnent lieu à des formaLions de divers genres, les caux de
LOëche pourraient être employées avec succès; surLout si
on seconde leur action par l'emploi de moyen pécifiques
appropriés. La syphilis invétérée fait ouvent dans l'orgaltisme d'afl'reux ravages. Elle résiste avec une opiniâtreté
incroyahle à l'emploi des remèdes les plu énergiques.
Un épui ement COll, idérable, un delabrement géneral, sont
le résultat du traitement mi en \1 age pour l'extirper. C'est
alors que les caux de Loëche pourront être pre cri tes avec
avantage Cl que le malade peul en éprouver les heureux
effets.
Il e t à desirer que des observations, qui manquent enc.o re sur cc genre d'affection , soient exactement recueillIes. Elle jeueront un jour nouveau sur ce point important
de la thérnpeulique des eaux minérales.
9
�MODE D'ADMINISTRATION DES EAUX.
Il existe plusieurs manières d'administrer les eaux Il
Loëche. Le bain, la boisson , la douche, les injections, les
lotions, les lavemens et les fomentations sont les modes le
plus usites. On réunit quelquefois plusieurs de ce moyen~,
ou on les met en usage séparément , selon le (Jas qui se
présente.
Avant de commencer un traitemellt, les anciens prescrivaient certaines precautions dont la plupart sont aujourd'hui tombées dans l'oubli.
D'abord les malades devaient prendre quelques jours de .
repos après leur arrivée; pCI' diem 'I.mam aut altcram Cfuic3ccndwnt est
Cette mesure u'est plus on usage actuellement. Presque
tous les malades commencent leur cure le lendemain de
leur arrivée. Cependant quelques jours de tranquillité no
seraienl'pas sans avalltage pour les personnes qui ont Jhit
un long voyage pour sc rendre aux eaux. te calme et la
n.
(.) Fabrice de llilden, ibid.
�131
régularite, troublés par de longues fatigues, se rétablissent
dans l'organisme et le préparent mieux à l'action bienfaisante des eaux.
Dans les temps passés, il fallait, pour ainsi dire , subir
un traitement preparatoire à la cure des bains. Après que
le malade s'etait reposé pendant quelques jours, il devait ,
de rigueur, se faire saig·ner. CeLLe opération avait pour but
de diminuer la pléthore qui aurait pu nuire aux bons effets
du traitement j ùlcidenda vena bracchii...... secundtlm tolerant/am virium.
Après la saignée, le repos de quelques jours était enCore nécessaire pou'r rétablir l'equilihre et la regularité danst
la circulation; item post venœ sectionem, pel' diem unam auS
altera111 quiescendwn est. Viennent en uite les purgatifs, dont
chaque malade devait faire usage avant de prendre son
premier bain j diligenter anle ingressum ad thermas corpu
pl'œparandum et expurgand'Wn e5t (').
-ous ne dirons rien de mille autres precautions observées
anciennement ct qui sont maintenant tombées on désuétude.
11 ne J'allait pas, par exemple, prendro le bain avant le
lever ou après 10 coucher dll soleil.
Lo malade, avant cl'y elltrer, devait se frictionner les
dents et se laver les mains avec un mélange d'eau ct de
vin. Il ne pouvait se baigner qu'après un certain nombre
d'heures de sommeil j puis, mille autres choses auxquelles
on ne pense plus aujourd'hui.
TOUS exposerons les modes divers d'administrer les caux
U ites actuellement. Ils dépendent, dans plusieurs parties
essentielles, de l'organisation intérieure des établissemens
do bains où des changemens importans sont indispensables.
Bien de plus amusant et de plus singulier à la fois que
(' ) Id. ihid.
�J 32
la manière usitée jusqu'ici de prendre les bains à Loëche. Ce
n'est pas , pOUl' le plus grand nombre du moins, comme ailleurs, dans une chambre, dans un cabinet retiré et silencieux,
dans une baignoire étroite eL isolée, que le malade va cacher son infirmit.é, et se plonge r dans le fluide salutaire qui
doit le délivrer de ses maux. A u contraire, c'est un grand jour,
c'est au milieu d'une société nombreuse, rieuse, bruyante,
composée de toutes les nations, parlant [oules les langues ,
qu'il prend son bain i comme 1:?'il voulait rendre l'univers entier témoin de ses souffrances et compatir il son tour aux
douleurs de (oute l'hum
ani~é
.
La naïade prodigue et hienfaisante veut que l'infortune
qui implore so n seèours jouisse largement de ses dons.
Aussi de vastes piscines ou carrés so nt-ils disposés et
co nstruits de man ière il recevoir de 25 à 30 malades en
même temps.
De quatre à cinq heures du malin, tout est sur pied , tout
est en mouvement. L'escalier en ]JOis de l'hôtel crie et gémit
continuellement SOIIS le pied 'agile des gens de service et
des malades lJu,i sc rendent à la hâte au hain. Dans un clin
d'œil tous les lits so nt déserts J l'hôtel ahando nné et réduit
au silence. C'est comme si une grande émi gration venait de
s'opérer.
Muni d'ulI,e longue et large chemi se Ot~ tunique en laine,
en fl anelle ou en toile de toutes co ul eurs le bai gneur se
rend au vestiaire chauffé du carré auquel il a donné la préférence, ordimiren,1el1t celui que ('réquentent ses amis ou ses
connaissances. JI se dbbarrasse de ses vê!emcns, passe la
tunique qU,i lui tomb e jusqu'aux talons, se dirige vers la
porte du carré où il sc hais e, en ramassant autour de lui les
larges plis de son singulier vêlement, se plonge lentement
ct s'avance au milieu de la piscine dejà l'emplie de monde.
Malheur à celui qui, dans ce moment solenne.l de l'entrée
au bain , comm elLrait l'imprudence de marcher debout ou de
�133
(oule aulre manière qui ne serail pas conforme aux uSl\ges
reçus ; il serait sur le champ et sans pitié rappel"é al'ordr6
par ses compagnons et des rires interminables célèbreront
pendant le l'es le du jour sa gaucherie .et sa maladresse. Les
baigneurs sont înexorables sur ce l)oinl et chacun d'eux se
charg'e volontairement d'exercer en général et en particulier
.
la police du bain.
Le carré au grand complet presente un coup d'œil tout à
fait original et presque impossible à décrire. Celui qui ne l'a
vu de ses propres yeux, peut difficilement s'en faire une idée.
Que l'on se figure une trentaine de personnes de différens
âges, de differens sexes, cles enrans, des jeunes dames, des
Vieillards , des laïques, des militaires, des ecclésiastiques
])Iongés dans le même ])ain et n'ayant que la têle hors de
l'eau. Les uns gravement assis, les yeux tournes vers le ciel,
semblent plonges dans une rêverie profonde ; les autres, formés en groupe, s'agitent au milieu d'une conversation anim ée.
Un aulre group e ecoute, en silence, un conteur charmant faisant le récit d'une inléres ante anecdole. Ailleurs, une voix
douce et mélodieuse soupire les couplets d'une nouvelle romance, el Ion 1 près de là un individu qui, cédanl il l'action assoupissante du bain, repose 11 moitié endormi. Ici c'est le déjeûner
f1ot/ant su rla frêle planche façonnée exprès. Aussi combien
de d~jeûnr
s, ont fait naufrage sur celle mer orageuse 1 Là ce
sont les jeux, la lecture.des journaux, plus loin un feux de file
de bons mots, de saillies, de répliques spirituelles, des causeries et des rires sans fLO. L'un entre au bain l'autre en sor(;
un troisième, presque aveuglé pa l' les vapeurs, revient tout
fumant de la douche. Tout cela forme uu pêle-mêle, compose
lln ensemble vraiment comique.
l)uis, au milieu des causeries, des jeux , des chants,
des l'ires ct des déjeLiners, "oici arriver un curieux mal
avisé, visilant pour la première fois les bains de Loëche.
Sans autre préam])u]e ) l'impl'Uclent ouvre la porte à deux
�bal.\illls ct pénèlre dans l'édifice; car il est certains visiteurs
qui se soucient fort peu des règles de la polilesse et des
convenances; d'autres ne s'en soucient même pas du tout.
Tout-à-conp un tonnerre .éclate ; un tonnerre de voix ) de
cris partant de tous les carrés et de toûtes bouches: Le
malheureux) ouvrant de grands yeux, étonrdi) consterné,
s'arrête un instant pour se reconnaître. Les cris redoublent.
Epouvanté, il recule sous ce fett roulant de clameurs incompréhensibles, regagne lestement l'extérieur, confus ct la
rougeur au front, se demandant ce qu'il a pu faire pour
provoquer cc vacarme épouvantable et attirer sur lui cette
rnde tempète. Et les éelals de rire) recommençant de plus
helle, retentissent dans tou/,e l'étendue du ])ain aux dépens
dlt pauvre diable que sa mauvaise étoile a conduit en ce
lieu où règne, parmi les ])uigneu rs) un esprit d'ensemhle)
de fratel'llit6 ct de polil.esse qu'on ne peut enfreindre impunément.
La dorée du bain varie de une à cillcL heures le matir,
et de lme à trois heures l'après-midi, selon la gra vilé dtl
cas ct la période du traitement où se trouve le malade.
Anciennement la durée du bain se prolongeail encore d'avantage.
I.e temps du bain écoulé , le baignenr, toujours dans
la position assise, s'approche de la porte qui conduit au
ve tiaire, sc glisse adroitement, en refermant sur lui , horl1
de la piscine. C'est le moment suprême de l'opération 1 et
qu'il y prenne garde , les malins du cano ont l'œil Sllr lui
et no laisseront échapper aucune occasion de le prendre
Cil défaut , surtout s'il e t novice ou encore peu habitué.
Aussi doit-il sc garder, comme à son entrée, de commettre
la moindro maladresse, autrement les rires et les rappels
il l'ordre ne lui feront pas défaut.
.
Arrivé nu vestiaire) le malade sc débarras e de sa tuniqne de bain. Des linges chauds l'attendent , il est soi-
�'135
gneusemenl essuyé, s'habille à la hâte el se rend 11. l'hôtel
pour se mettre au lit une demi-heure, une heure, souvent
plus longtemps. Quelquefois un paisible sommeil vient le
surprendre et le son de la cloche annonçant le déjeüner
le trouve encore perdu dans les vagues idées ou les illusions fantastiques d'un rêve agréable.
Telle est la conduite ordinaire il tenir par le baigneur
flui prend les bains en commun. Beaucoup de personnes,
de la haute société surtout, ou celles qui sont atteintes de
maladies qui ne leur permettent pas de fréquenter les piscines,
prennent les bains particuliers. Quant il la marche il suivre et
aux précautions il prendre, elles sont absolument les mêmes
que pour les malades qui baignent en société.
Nous avons souvent entendu blâmer, quelquefois avec raison, le système de baigner en commun, tel qu'il est en pratique à Loëche depuis des siècles. Les uns ont éprouvé, ce
qui est tout naturel, une répugnance invincible il se trouver
dans le même bain· avec un grand nombre de personnes qui
leur étaient absolument étrangères, avec lesqàelles ils n'avaient aucune relafion i dont quelques-unes peuvent être
atteintes de maladies dégoûtantes et peut-être contag'ieuses'.
Les autres ont trouvé que l'on passait un peu légèrement sur
les règles de la convenance,de la décence et des bonnes mœurs,
en admettant indistinctement dans la même piscine, dans le
même vestiaire , les personnes de difféI'ens sexes, de différens âges, de difére~t
condition. On a objecté encore qu'au
fort de la saison surtout, où les baigneurs sont nombreux .et
les bains remplis presque partout, il était impossible d'exécuter exac.tement les prescriptions des médecins, au moins
pour ce (Iui concerne la durée du ])ain, attendu que le malade
ne pouvait se retirer il l'heure fixée, le vestiaire se trouvant
continuellement occupé.
Il y a quelque chose de fondé dans toutes ces observalin~
,
dont cependant on a sûrement exagéré l'importance.
�13(;
Si l'on considère qu'à Loëche le bain dure plusieurs heures
par jour et que souvent la cure se prolonge pendant plusieurs
semaines, on conçoit aisément que l'on a dù chercher un
moyen de prévenir l'ennui et d'abréger autant (lue possible
par la distraction les longues heures du bain. C'est celle pensée qui a donné naissance au bain eu commun.
A celui qui pour la première fois quitte les agrémens d'une
société élégante, les salons brillans d'une grande ville, il ne
faut pas, à moins que des raisons particulières ne l'exigent,
un bain isolé el solitaire de plusieurs semaines. Le passage
subit du bruit au silence, des plaisirs du monde aux méditalions et aux rêveries de la solitude 110 pourrait manquer d'amener l'ennui, et l'ennui d'exercer une fâcheuse influence sur
les bons effets qu'on attend des eaux.
A celuL qui souffre, qui e t séparé de sa famille, de ses
amis, de ses occupation ordinaires: à celui qui est affaibli
par de longues maladie ou que la vieille e menace de décrépitude, il celui que de profonds chagrins ont dispo é à la tristesse et à la mélancolie, il faut des émotions douces et consolante , des sensations aO'réables et variées qui lui fassent en
quelque sorLe oublier ses maux en lui l'appelant ce qu'il a de
plus cher. Ce n'est pas enfermé seul, dans un cabinet de baill
particulier, qu'il trouvera ces avantages; c'e t au milieu de
joyeux et spirituels baigneurs qui peuplent et animent les
grande piscines.
Si les bains commnns présenter. t des avantages nombreux ous le rapport de la société et de l'agrément , il n'en
est pas de même sous le rapport médical. ous 5ignalerons
plus bas les iuconvélliens qu'ils pré nLent pour le traitement rationel de heaucoup de cas. La même température de
bain pour vingt à trente malades qui sont peut-être Lous
alleints d'affections différentes, dont les uns sont encore
dans l'enfance, les autres dans la force de l'âge ou parvenus
aux dernières limite de la vio , ne 'accorde pas avec les
idées de la science sllr l'action de eaux minérales.
�137
Nous dirons encore quelques mots sur la p.oussée. On
a vu plus haut qu'elle est le phénomène le plus con~ta
qui
accompagne l'lIsage des bains, quoiqu'elle se manifeste
aussi quelquefois chez ceux qui ne prennent les eaux qu'en
boisson.
Dans les premiers jours, pendant lesquels on augmente
graduellement la durée du bain, en se réglant toujours sur
l'âge, la constitution du malade et la nature de l'affection,
le plus souvent l'action des eaux ne se fait remarcrner par
aucun symptôme particulier. Celte règle n'est pas générale.
On a vu que de nomhreux phénomènes se monlrent dans
l'organisme déjà aprè le premier bain et que la poussée fait,
chez quelques individus unD explosion subite. Mais ce n'esl
pas sa marche ordinaire.
Après cIlIelques jours de bain gradué) ordinairement du
sixième au dixième jour, quelquefois plus tard, l'organisme
entre dans un élat de révolut.ion bien marquéo. Diverses fonctions sont troublées ct s'écartent de leur marcho accoutumée.
Chez l'un, il Y a de l'agitation, du malaise ou de l'accablement, des maux de tête, des nausées, même des vomissemens,
perte d'appétit, fatigue; chez l'autre de la constipation ou
diarrhée, une irritation fébrile, de la soif, un état général
singulier ct indéfinissablo. Les malados ne trouvent pas d'exprossion propre ponr le dép oindre. C'est pendant celle période, au milieu de cette série de symptômes si opposé
et si divers, que l'apparition de la poussée se manifeste.
Le premier signe de sa présence prochaine est une ensalion vague et assez vive d'ardeur ou de brûlure légère à
la peau. Elle sc fait spécialement sentir dans le voisinage
des grandes articulations, aux coudes , aux genoux, vors la
cheville du pied, etc. Cet état d'irritation 'étend quelquefois
graduellement sur tout le corps. Lorsqu'elle prend un degré
d'intensité considérable , c'est sur les parties charnues des
hras, de cuisses, des jambes qu'elle sc montre plus fortement et se fixe avec plus de viguour.
�138
..
. Dans les premiers momens de sa sortie, la poussée ne
consiste qu'en petits points rouges. Ils se développent insensiblement et occasionnent une sensation incommode de
brûlure et de démangeaison. D'abord circonscrits, ces points
rouges s'etendent plus ou moins rapidemennt pour former
de larges plaques dont l'aspect et la couleur rappelle celle
que prend la peau dans certaines éruptions exanthématiques,
telles que la scarlatine, la rougeole ou bien l'érysipèle. La
peau est lisse et unie au toucher ou bien elle présente de
petites élevures qui lui donnent un aspect rèche et chagriné.
Pendant ceUe' période, le malade n'éprouve point de désordres graves dans les principales fonctions .
Mais~
l'éruption marche avec rapidité, etse développe avec
violence une longue série de symptômes plus ou moins inquiétans et prolongés annonceront la profonde révolution qui
s'opère dans l'organisme. Un état fébrile très-prononcé, de
. la chaleur, de nombreuses puturbations dans les voies digestives, une soif ardente, une insomnie causée par la douleur
oontinuelle, une démangeaison tres-vive, une faLigue extrême,
tourmentent le malade pendant oc puissant mouvement critique qui s'effeotue et remue toutes les parties de l'économie.
On a vu des personnes, attribuant Lout le })icn qu'elles
peuvent reLirer de leur cure à l'intensité et à l'étendue de la
poussée, la provoquer par tous les moyens imaginables.
N'obéissant qu'à leur caprico, il y en a (lui s'efforce!)t d'activer SOlI apparition en buvant une assez granùe quantité de
vin dans ou hors du bain. Naterer rapporte un cas observé
en i 7 52, où le malade, malgré les nombreux avertissemens qu'il avait reçus, voulu provoq:uer la sortie de la
poussée en ]JUvanL tous les jours quatre à cinq bouteilles
de vin. L'émption fut si forte que tout 10 corps de cet
individu no présentait qu'uno vasto sq;rface profondément
phlogosée sembla})le il un érysipele. Le malade passa huit
jours sans sommeil, au milieu de douleurs insupporlables,
tourmenté par une cuisson et une chaleur afl'reuses que rien
�139
ne pouvait calmer que l'cau minérale appliquée en fomenlations sur les parties douloureuses (*).
Ces cas ne sont pas rares. L'enflurc et U1lC tension d@uloureuse à la peau y occasionnent souvent des crevasses
assez profonde:>. Une vive cuisson, provoquée par la démangeaison à laquelle les malades ne peuvent résister, irrite
enrore , déchire la surface de la peau ct donne lieu à des
ulcérations. Un lirruide visclueux, mordant, qui a la propriété d'il'riter encore davantage les places sll r lesquelles il
sc répand, su inte de leur surface. Rien ne peut alors apaiser
les souffrances des malades que le bain oll ils sc plongent
avec délices, lorsque l'heure est venue. Ils l'attendent comme
le moment de leLU' délivrance. Pendant la nuit, l'eau de la
source, appliquée en fomentations, sur les points les plus
doulourellx, leur procure quelque soulagement. Une boisson
acidulée, rafraîchissante, comme la limonade, I.e sirop de groseilles, de framboises, etc., mélangés avec de l'cau, modère
Un pell la soif qui les dévore et contribue à tempérer l'ardeur
dont ils sont consumés.
Cette violence de l'éruption n'est pas frécluente et ne constitue pas sa marche accoutumée, Dans le plus grand nombre
des cas, elle se manifeste d'une manière graduée et régulière, sans être accompagnée ùe symptômes extraordinaires,
du rnom cllt de SOIl apparilon jusqu'à celui de son entier ùéveloppement. Cela arrive, le plus souvent, du cinquième,
sixième ail douzième ou eizième jour. Elle reprend alors sa
marche rétrograde. Sa diminution s'opère, en continuant
l'usage des baius dont on modifie la durée ct la température
d'après la rapidité de a di ·parilion. Le places occup ée
par la poussée sc couvrent alors de petites paillettes furfuracées qui sc dessèchent et tomlJ ent, comme une sub tile
pOllssière. Dans les cas où la poussée a pri une plus grande
c)
ra lel'c l' ,
p:1g. 89.
�14·0
intensité, il se forme de petites écailles Il ui se détachent sou,;
la forme de plaques de diverses dimensions.
L'éruption disparait plus ou moins promptement. Dans
les cas ordinaires, il n'yen a plus de traces du vingt-cinquième a~ trentiome jour. D'autres fois sa marche est plus
lente, elle persiste assez long·temps et oblige de prolonger
l'usage de bains.
Après avoir complètement disparu, la poussée lais e
encore, chez quelques individus, un ctat de sensibilité et
d'irritation assez grande, poor cau er à la peau des démangeaisons incommodes pendant quelque temps.
QUOiqll'il soit imprudent, même dangereux, de quilter
les eaux avant qu e.1a poussée ait entièrement disparu j il Y a
cependant des personne. , qui, forcées par des circon tances
pressantes, se sout trouvées dan cc cas et n'ont pa éprouvé de' suites fâcheuses de celte brusque interruption de
leur cure. Cependant on ne peut considérer 10 traitement
Gomme terminé qu'après que l'éruption, après une marche
régulière, aura tout-à-fail disparu. Beaucou p de malades,
pour avoir négligé cette précaution, ont éprouvé ùes accidell, g-m ves ct perdu tout le fruit qu'ils au rai ent retiré
d'un traitement prolongé de cluelques jours seulement. D'autres ont ressenti peudant toute l'année qui a suivi de, malaises,
des démaugeaison , des éruplionspa . agère il la peau SO II S
des formes diverses, auxquelles ils n'ont pll mettre un terme
que par tille nouvelle cure à T.Joëchc.
11 e t donc important, pour II SUl' l' le succes d'un traitement ct TIC pas troubler, dans a marche, la révolution qui
s'opèro dan tout l'o!'rrani me pendant la cure, de ne pas entraver l'éruption dans son cours. Il faut éviter avec le plu
grand soill tout ce qui pourrait la supprimer Ù' UIl O manière
Yiolente et en occa ionner la répercu!:ision. Cet accident ne
manquerait pas de cause!' dans l'écono mie de graves portll J'bations.
�Les eaux se prennent aussi à Loëche en boisson. Ce mod&
d'administralion e t mis en usage seul ou réuni aux bains.
Les malades qui boivent les eaux, les prennent ordinairement le malill à jeun. La quantilé d'eau varie de un, deux,
jusqu'à huit ou dix verres pris à la distance de di ' minutes
Ou un quart d'heure. Dans les Lemps passés, l'eau se prenait
en beaucoup plus grande quantité. Dans cet intervalle le
mala"/ie se promène. Le mouvement facilite le passnge des
eaux. C'est ordinairement la source St-Laurent qui fournit
aux buveurs. Le tour de la grande promenade leur sert
de mesure d'une dose à l'autre.
La durée do la cure par la boi son ne se prolonlTe guèro
au-del~
de ùouze Olt quinze jours. ous avons indique les
cas uans lesquels les eaux, prises en boisson, peuvent être
utile. Beaucoup de pel' onnes, après avoir terminé leur
cure par la bois on, commencent à prendre les bains; il
Sub issent ain i deux modes de traitement pendant la même
saison.
i la boi on et le bain sont mis en usage en même temps,
les malades prennent l'eau avant ou pendant le bain. Le
matin se rendent 11 la source, prennent la quantilé d'eau
prescrite, font leur promenade ct entrent en uiLe au bain.
Ceux qui boivent pendant le bain, prennent aussi l'eau
à jeun. Ap rès leur entrée dans la piscine, ils ('·omrnencen t
il boire, à des intervalle donnés, le nomlne de verres
pre crils. L'eau prise pendant le ])ain sort du robinet qui .
coule dans chaque carré; elle arrive immédiatement de la
Ource et n'a pu , ubir aUClille décomposition.
La donche 'emploie fréquemmcnt à Loëche ct renù de'
service pr ' cieux dans ,un grand nombre de cas, comme on
l'a vu plu haut. Cc mode d'acIrnini tration présenterait ellCore de plus précieux avantages, si les douches étaient
à tous les cas
établie de manière 11 pouvoir être ~lp1iqécs
ponr le quels on pourrait les mettre en usage utilement.
�•
On prend la douühe de cinq, dix il (luinze et vingt minutes. La hauteur est invariable et le calibre des tuyeaux
ne peut ètre madifié. Les appareils nécessaires, pour plusieurs opérations, n'existent pas.
Les injections sont en usage pour combattre différentes
affections, ayant leur siège dans certaines cavités, comme
les oreilles, les fosses nasales, etc. Elles rendent de grands
services dans quelques cas de fistules profondes. Injectées
dans le trajet , elles ravivent la surface ulcerée, changent
la nature de la matière sécrétée, stimulent la vitalité des
tissus malades et accélèrent la cicatrisation de la plaie.
On les emploie souvent pour combattre certaines affections des organes génitaux Cl du rectum, etc.
Les lotions sont fréq uemment employées à Loëche. Après
le bain la boisson et ladouch e, c'est la manière la plus usitée de
faire nsage des eaux. Il y a d'ailleurs un gTand nombre de Cas
dont le traitement ne permel pas un autre moùe d'appliquer les
eaux d'une manière directe. Nous voulons parler de cette
nombreuse classe de lésions qui fixent leu r siége à la face.
Les affections cu tanées, scrophuleuses invétérée , qui atteignent les yeux, les oreilles, le nez, le CUif chevelu et d'autres
parties du visage sont traitées le plus efficacement par ce
moyen. Le bain est un auxiliaire puissant pOllr combattre ce
genre de maladies par la dérivation qu'il provoque sur tout
le corps et la modiflCation qui s'opère dans los humeurs.
Mais les parties où elles se manifestent ne peuvent être plongées dans l'eau. On a dù recourir Il. un autre moyen de les mettre en contact direct avec l'eau minérale.
Les maladies que l'on comllal pal' les lotions sont orclinaircmellt constitution elles. Le divisions nombreuses que l'on
a étahlics pour le dartres, par exemple, ne sont que la classification de variétés du mème genre. Le même principe
travaiile l'organisme dans celle espèce d'a[cctions. Toute la
différence cOllsi le dans la forme sous laquelle elles se malIifestenl. , ct du ti su oil elles fixent leur siége. Le principe
�-14·3
ùartreux surtout est celui qui varie le plus ses formes, qui a
le plus de tendance il parcourir toutes les parties de l'enveloppe tégumentaire, en prenant sur lelle region un caractère déterminé qu'il quitte en se portant sur un autre (*).
'Les lolions se [ont ordinairement au moyen d'une éponge
trempée dans l'eau do la source. Si le malade ne prend pas
les bains, il se rend près de la source où il lave pendant le
temps prescrit la place malade. Si le bain est pris en même
temps, c'est alors à la goutière qui alimente la piscine que 1e
malade vient prendre l'cau pure pour l'appliqne sur la partie
souffrante.
Dans les uleèraLions atoniques des paupières, les écoulemens de mauvaise nature qui s'établissent dans l'oreille, dans
les lésions scrophuleuses des ailes du nez, l'ozène, les fistules profondes et anciennes, etc., les lotions seront d'un seCOurs efficace.
.
Les lavemens d'oau minérale sont quelquefois employés.
Dans un état de relachemcnt du rectum, dans les diarrhées
Chroniques provenant d'alouie, dans cerlains cas d'hémorrhoïdes, dans la constipation, dans les fistules de l'anus, les
lavemens joints il d'autres moyens produiront des effets avantageux. Il est à regretter qu'il n'existe pas à Loëche comme
à Aix, par exemple, des Rppareils appropries pour l'application des caux à toutes les parties du corps, au moyen de
la douche. Ils seraicnt mi.s en usage beaucoup plus souvent et
no manqueraient pas de produire des résultats salisfaisans.
On emploie quelquefois l'eau minérale en fomentai ions.
Au plus haut degré de la poussée, quand elle occasionne,
dans certaines régions , une irritation violente, une vive brûlure ou une démangeaison qui agile beaucoup les malades,
on les calme au moyen de larges fomentations sur lespartios
douloureuses.
La ventouse scarifiée cs t ,un moyen fort usite à Loëohe.
C') IJufelnnd, Ellchù'ùlion mediwm, png. 571.
�Ses effets sont très-marqués dans un grand nombre de maladies. L'action dérivative de la ventouse, sa force de déplétion sur le réseau capillaire du derme, la liberté qu'elle établit
dans la circulation des parties où il y a congestion, la placent
au rang des moyens les plus énergiques que l'on puisse appliquer sur la surface extérieure dit corps .
Dans les affections rhumatismales chroniques, bien localisées, dans les lésions profondes du derme où les tissus engorgés sont gravement altérés, sur le pourtour des ulcères de
mauvaise nature, où un état d'irritation entretient le foyer
d'une sécrétion abondante, dans les surfaces dartreuses, 10rsques le derme dégénéré présente des callosités et un aspect
anormal, la ventouse peut produire les plus heureux résultats.
A Loëche, la ventouse est appliquée avec une adresse ' et
une promptitude remarquables. Ordinairement l'opération a
lieu dans le bain , ce qui favorise beaucoup son action de
déplétion. Dans un clin d'œil qua~nte
à cinquante ventouses
scarifiées sont placées sur la région désignée.
�PRÉCAUTIONS HYGIÉNlQUES .
•
Le succès d'une cure à LoëtJhe ) comme partout ailleurs)
ne dépend pas uniquement des propriétés curatives des
eaux. Des précautions nombreuses, non-seulement sous le
rapport du régiT)1e, mais encore pour ce qui concerne la
conduite à tenir dans les momens passés hors du bain, ns
doivent pa~
être négligées.
Les mauvais effets dont se plaignent quelques malades,
après avoir terminé leur cure, ne doivent pas toujours êtro
, attribues à l'emploi intemps~f
ou mal dirigé des eaux. Une
légère imprudence, commise pendant le 'raitement, peut sou~
vent détruire tout le fruit qu'il aurait produit
Au moment où. l'organisme est sous la puissance d'un
agent aussi énergique que les eaux de Loëche, et qu'une
profonde révolution s'opère dans la plupart des fonctions
les plus essentielles à la vie, on conçoit facilement que le
moindre écart des règles prescrites peut entrainer des con~
séquences fâcheuses et retarder ou empêcher entièrement
une guérison presque assurée. Un instant suffit pour faire
perdre aux malades les bons effets qu'ils auraient pu retirer
de l'usage des eaux.
Loëühe est situé à une asSez grande élévation, au fond
d'une vallée entourée de hautes montagnes, dont quelques10
�unes sont couvertes de neiges éternelles. Les glaciers sont
dans la proximité. Les vents, qui les traversent, soufflent
avec violence dans les gorges environnantes, apportent l'air
glacé de ces régions élevées. Les variations de la températu re y sont subites, les pluies très-fréquentes. Au milieu
du jour la chaléur est souvent très-intense. Les nuits trèsfraîches, par le serein, après le coucher du sol eil, le
sont encore d'avantage par un temps humide et nébuleux.
On conçoit que le malade, plongé dans une atmosphère dont
la température est si variable, doive ressentir l'influence de
ces brusques changemens.
On a vu plus haut qu'anciennement, les malades, après leur
arrivée à Loëche , subissaien(une espèce de traitement préparatoire. Le repos, la saignée, les purgatifs devaient nécessairement précéder l'emploi des bains. La première précaution
était tout-à-fait 11 sa place pour les personnes qu'un long
voyage avait fatiguées j les deux dernières ne doivent être
appliquées que lorsque les indications sont positives, c'est-àdire, lorsqu'il existe ou un état pléthorique très-prononcé qui
est déjà, à notre avis, une contre-indication pour l'usage des
eaux thermales, surtout prises en bains, ou des embarras
gastriques bien caractérisés. « Car il est essentiel, dit M.
Despines, de se tenir en garde contre l'ignorance et la routine qui prescrivent généralement l'emploi des purgatifs ou
de la saignée. L'expérienoe confirme que les purgatifs sont
nuisibles, lorsqueJes fonctions digestives se font selon l'ordre
de la nature
Aussitôt après les premiers bains, l'organisme entre dans
une série de phénomènes divers qu'il doit parcourir. Les
précautions doivent redoubler en raison de l'activité du mouvement qui s'effeotue dans les prinoipes intimes de la vie.
n. )
(") Manuel lopogl'aphique el médical de l'étranger aux caux
J'Aix-en·Savoie, pag. 221.
�14·7
Le malade qui ne tiendrait auoun oompte de oette révolution profonde et seorète qui s'opère dans toute son organisation, ne tarderait pas à se repentir de son insouciance et à
'voir éclater dans les prinoipales fonotions de l'économie
une foule de désordres qui pourraient mettre sa vie en
danger.
Lorsque les premiers symptômes de l'apparition de la
poussée se font sentir, le malade doit se garder d'entraver
sa sortie en s'exposant au froid. Troubler l'éruplion dans sa
marche, surtout dans les cas où il faut la considérer comme
la condition la plus ' favorable de la réussite du traitement,
c'est perdre tout le fruit que la cure aurait pu produire. Il
faut donc éviter avec le plus grand soin tout refroidissement,
l'humidité des jours pluvieux, la fraîcheur des nuits, longtemps après le couoher du soleil, les oourans d'air et la
violence du vent qui soufIle des glaciers.
Toutes ces mesures doivent encore être plus strictement
observées, lorsque la poussée arrive à son plus haut point
ùe développement et que la natu l'e est, pour ainsi dire, au
moment d'opérer son mouvement critique. Une répercussion
violente de la poussée, dans cette période du traitement,
quelqu'en fût la cause, 110 manqllCrait pas d'amener dans
l'organisation de graves perturbations.
Les malades doivent se garder alors de quitter leurs vêtemens ohauds. Ils doivent toujours en être munis, à Loëchc,
et fuir avec le plus grand soin toutes le influences extérie1lres
nuisibles. C'est en sortant du bai n surtout que les malades
doivent prendre les precautions les plus minutieuses pour so
préserver d'un refroidissement. Tout le corps ost, dans ce
moment, dans un état d'excitation, de chalour et d'acHvite
qui doit singulièrement augmenter sa susceptibilité. Et comme
les malades sont quelquefois obligés, pour se rendre dans
leurs chambres, de parcourir des distanoes assez oonsidél'ables, ils doivent être chaudement habilles, surtout pendant les journées humides et pluvieuses.
�tes émotions vives, les affections morales, exercent aussi,
dans cette période de la cure) une action perturbatrice sur
la marche du mouvement que l'eau minérale occasionll6'
dans l'économie. La tristesse, les profonds chagrins, les
contrariétés) la mélancoHe qui est souvent le résultat de
longues souffrances , ne peuvent que paralyser l'heureux effet du traitement. Les anciens avaient déjà reconnu que la
tristesse mettait obstacle au succès de la cure et recomL'amandaient aux malades la distraction et la ga1t6
battement ) qui est la suite naturelle des affec L.ions tristes,
arrête le mouvement critique et paralyse les farces clui doivent l'opérer. Au mom ent de la poussée, un état de surexcitation s'est emparé de tout le corps; il est nécessaire au
développement et à la terminaison de la crise que la nature
accomplit 'dans tout l'organisme.
Pendant la cure ) les promenades) et on peut les varier
neaucoup à LOëche, si elles sont modérées et ne produisent
pas la fatigue 1 ont pour effel immédiat de provoquer l'activité et l'énergie de tout le sys tème cutané. Le mouvem ent
accélère et favorise la circulation , en tretient su r tout J'appareil tégumentaire une moiteur uniforme ct salutaire. II augmente la force ct la so uplesse dll système IDusculaire.l/appetit est stimulé et les fonctions di g'es tives sont plus actives.
, I..a résol ution des engorgemens ot des obstructions dans les
différens viscères) s'opère avec pIns de promptitude et de
régularit6. La variété des ohj ets extérieurs procu re de la
distraction. La société et la conve rsation fixen t l"osprit sur
des cho ses ag réables ct intéressantes qui contribuent pu issamment à retremp er le moral des malades qu e la solitude
ct l'isolement disposent à la mélancolie et aux idées somhres.
Un excercicc modéré, en plein ai r, est surtout avantageux
n.
, ~ ) fil ipsis I hmni
pnb' G4D.
.~
hilal"cm esse conrmil . Fabriœ de Hild en ,
�il!-9
au x tempéramens lymphatiques dont les tissus faibles, lâche
ct peu développés ont besoin d'un stimulant actif ct continuel
pour reprendre la force et la consistance nécessaires.
Il ne serait pas prudent, pendant que l'on prend les eaux,
d'entreprendre les excursions lointaines ct fatigantes quo
l'on fait souvent dans les environs de Loëche-Ies-Baills.
L'ascension du Torrenthorn, colle du Gukerhubel ct du passage du Gemmi; les courses au glacier et jusqu'au Schwarbach sont trop éloignées cl trop pénibles pour Jes baigneurs) surtout si elles étaient entrepri es dans les jours
où Ja poussée est très-développée. Outre la fatigue, on l'encontre toujours daos ces hautes régions un venl froid; on
e t souvent daos le cas de (raverser d'assez longs trajets
Couvert de neige, où les pieds sont toujours dans l'humidité.
Ces circonstance réunies peuvent occasionner une rétrocession suJJiLe de l'éruption et provoquer l'explosion de tous les
~ymplôes
qui ne manqueraient pas d'en être la conséquence. Il y a plus, ces cou l'ses, il une aussi grande distnnce , exigent une journée (out entière, pendant laquelle les
hains sont su pendus. Celte interruplion troublera nécessairement la mal' he régulière de la poussée, de tous Jes 3cciclens cclIIi qu'il faut éviter avec lc plus grand soin, il cause
des suitc fâ heuse qui peuvent Cil réslliler. Les amateurs
qui voudraient visiter, pendant Jeur séjour à J... oëche, ces
points remarquables cles hautes Alpes, feronL bien de les
parcourir avant de ommencer ou aprè ayoir entiorement
(erminé leur CUfe.
Les haigneur doivent donc se J)orner, quand le Icmp
e t beau, aux promenade moins oloig'lIoes et moins fatigantes des envi rOlls du village. l,es Echelles cl' Albinen , par
le nouveau chemin, le pied du Gommi, la cascade, Feuilleret , eLc. so.nt de charmanLes prom ollades que l'on peuL faire,
en quelques houres, ans faLigue cL sans être dans le ca~
d'interrompre les )Jains.
�150
Il a déjà été dit un mot plus haut du danger de quitter
les eaux avant l'entière disparition de la poussée et des
graves accidens qui peuvent être la conséquence de cette
faute. On voit cependant, t~ues
les années, des malades
quitter les eaux il jour fixe, malgré les avertissemens réitérés qu'ils reçoivent, et traverser le Gemmi par un temps
affreux. Il serait superflu d'entrer ici dans de hien longues
réflexions pour faire comprendre tout ce que ce départ inconsidéré presente de dangers et à combien de rechutes fâcheuses sont exposés ceux qui s'y déterminent. Le passage
trop précipité du repos à une grande fatigue j d'un état de
moiteur et de transpiration presque continuelles, provoqué
par les eaux, dans les régions froides et glacées des hautes
Alpes, peut avoir les plus fâcheuses conséquences pour
celui qui s'y expose. On ne saurait assez s'élever contre un
abus qui peut détruire, en un instant, Lous les bons effets
d'un traitement.
A Loëche, le haig'neur se lève ordinairement vers quatre
il cinq heures dn malin pour se rendre au bain. La durée du
hain varie, selon les cas et la pérIode de la cure, de une il quatre
heures et plus. Le malade prend dans le bain un déjeùner,
consi tant en café, lait, thé, chocolat, potage, etc. Le temps du
bain écoulé 1 il va se meltre au lit pendant une demi heure
ou une heure, pui. il s'habille ct fait une promenade, si le
temps est ])6I-lU. Vhabitude de sc mettre au lit après le bain
e t u itéo il L06cho depuis fort longtemps. Elle est fort gênante pour beaucoup de malades. On pourrait, lorsque la
température est belle, la supprimer dans bien des cas. Il
n'est pas rare de voir il Loëchll, pendant les mois de juillet
ct d'aoùt, des baigneurs faire leur cure sans sc mettre au lit
nprès le bain et ne présenter aucune différence dans tous
les symptômes qui accompagnent ordinairement la 1Jaignéo.
On déjeune à onze heures. Du déjenner, jusqu'au bain du
soir, le temps se passe il quelques légores promenades dans
�'l51
les environs ou en société. Les malades, de trois à cinq heures,
prennent leur second bain dont la durée est toujours plus
courte que celle du bain pris dans la matinée.
Le bain de l'après~mid
est très aS5ujellissant, Les baigneurs ont 11 répéter toutes les opérations du matin, ils doivent
de nouveau s'habiller, se déshabiller, se meLlre au lit jusqu'au
diner, à peu près, qui a lieu à six heures du soir.
A Loëche, les bains de l'après-midi sont en usage depuis
plusieurs siècles. Si leur utilité ct leur avantage sont bien
constatés, pour un grand nombre de cas, on ne comprend
pas leur nécessité dans le traitement de plusieurs maladies.
La répétition du bain, dans la même journée, peut certainement présenter des avantages réels dans des cas graves et
invétérés, dans nombre d'affections qui ont jeté dans l'organisme de profondes racines et contre lesquelles il est nécessaire de meUre en usage toute l'énergie et toule la puissance des eaux.
Les maladies constitutionnelles anciennes, les scrophules
ot tous les maux qui forment leur cortége, les affections cutanées rebelles, les rhumatismes chroniques, etc. sont de ce
nombre. Pour les combattre avantageusement, il faut que les
eaux opèrent dans l'économie une modification profonde
ot prolongée. Les bains répétés, à uno température convenable, seront tout-à-fait à leur place. Ils provoqueront d'une
manière plus sûre et plus active la sortie de l'éruption et
favoriseront le mouvement critique qui doit s'opérer dans
toute l'économie.
On ne sail trop pourquoi M. Foissac avance que l'on
n'observe aucune espèce de régime à Loëche
Les repas
sont réglés j on n'y sert jamais de mets échauffans ou fortement épicés, point de viande salée, ni de salade. Le vin, qui
n.
(") Notice sur les eaux de Loëche, pag. 68.
�t !!t ordinairement de bonne qualité, Ile parait pas, ùans Liell
des cas, avoir une inflllel1cefâcheuse sur les effet des eaux. Le!!
malades en prennent très-peu, et un grand nombre d'entr'eux
lùn boivent pas du tout. Les baigneurs, que 1\'I. Foissac a vn~
boire plllsieurs bouleilles do vin, n'étaient probablement pas
des malades , mais probablem ent de simples amateurs qui
prennent un bain pour passer le temps; ou s'ils étaient malades, ils appartenaient au nombre de ceux qui ne suivent aucune direction éclairée. Ils font leur cure, selon leur bon plaisir ct quiLtent ordinairement les eaux tels qu'ils sont venus.
-
-_~a
.._--
�HOTEtS.
Depuis la catastrophe de i 719 qui, comme nous l'avons
dit plus haut, détruisit à peu pros le village entier et tous
les établissemens considérables qui s'y trouvaient, il n'exista
jusqu'à 1800, à Loëche-Ies-Bains, qu'une seule auberge un
peu marquante, sous le nom de Maison blanche. Aussi réunissait-elle seule tous les baigneurs de la haute société, ,quoique bien moins spacieuse qu'elle ne l'est aujpurd'hui. Depuis
celte époque les habitans de Loëche-Ies-Bains commencèrent eux - mêmes à élever quelques maisons commodes;
d'autres Valaisans suivirent cet exemple, de sorte que, dans
les vIngt derniè~
années, plusieurs hôtels furent construits
à neuf.
En 1800, on aurait à,peine pu recevoir convenablement,
il Loëche, 4,0 à 50 personnes de distinction, tandis qu'aujourd'hui lj,OO à 500 peuvent y être reçues très-confortablement
et trouver toutes les commodiLés quo l'on peuL raisonnablemont exiger dans une 10caliLé si reculée. Rien n'a été négligé pour leur procurer tout ce qui ost nécessaire pendant
lour cure.
Les hôtels sont nombreux à Loëche-Ies-Bains. On en a
construit plusieurs nouveaux depuis quelques années. Ceux
(plÎ oxistaient déjà ont été agrandis ou rostaurés et l'on pro-
�15l~
jette encore de nouvelles constructions. De sorte que, sous
ce rapport, Loëche ne laisse rien à désirer. La nouvelle route
qui sera bientôt achevée, la construction d'un bain neuf qui
réunira, sans doute, toutes les commodités nécessaires, le
passage dû GeJ!lmi toujours plus fréquenté, la fureur des
voyages qui paraît algm~nter
d'année en année; tout présage à celle localité, dont la position est si remarquable,
sans parler de ses précieuses sources, un avenir plus prospère et un développement plus considérable. C'est ce qui
explique les efforts soutenus de quelques propriétaires qui
se sont ·appliqués, surtout dans les derniers temps, à meUre .
leurs hôtels sur un pied capable de rivaliser avec les meilleurs établissemens de cc genre, en Suisse. Rien n'a été
épargné dans les hôtels, si éloignés des princi.pales ressources, pour rendre le séjour de Loëche-les-Bains aussi
agréable que possible aux voyageurs, aux curieux clui parcourent les Alpr.s et aux malades qui viennent y prendre les
eaux.
Nous désignons ici] en peu de mots, les hôtels principaux qui existeIjt à Loëclte, sans parler de plusieurs pensions particulières plus spécialement fréquentées par la
classe inférieure de la société.
L'.lTôtel de France, construit depuis peu d'années seulement, est parfaitement tenu par Mme. Bru~tin
qui en est propriétaire. Cc bel établissement contient cinquante chambres
à lit, salons, vastes salles à manger. Sa position est trèsavantageuse pOUl' les baigneurs; -car il est situé au centre
et dans la proximité de tons les principaux établissemens
de bains. Au midi le bain neuf, au levant le bain vieux, au
couchant le bain ~urichos.
Aussi l'hôtel de France est-il le
rendez-vous le plus fréquenté de la haute société , surtout
française, qui s'y rencontre fort nombreuse chaque annce.
L'1Iôtel de la Maison blanche: tenu par MM. Inalbon. Cet
établissement a ôte considérablemont restauré 1 dans ces der-
�155
nib'es années, par les propriétaires qui continuent d'y opérer
de nouveaux agrandissemen.s. Cet hôtel à l'avantage d'être
sÏlclé sur la place et.dans la proximité des bains. Les hôtes
distingués et nom]Heux (lui le fréquentent chaque année,
pendant la saison des eaux, témoignent d'une manière éclatante de sa tenue parfaite et remplie d'obligeance.
L'J[ôtel des {rères Bnmner cst fort fréquenté pendant la
saison des eaux. Il y a souvent pendant ce temps-là plus de
80 personnes à sa table d'hôte. Le plus grand ordye, l'ex aclitclde la plus ponctuelle, règnent dans toul ce qui concerne
le service de celle maison (lui se fai~ avec la meilleure grâoe
du monde. Les MM. Brunner viennent d'agrandir encore
leur établissement, afin de recevoir avec plus de commodité
les nombreux baigneurs qui fréquent chaque année leur
excellente pension.
L'ancien Ilôtel de Uellcvltc, tenu jusqu'ici par MM. Villa,
viont de prendre le nom d' llùtel de l'Union et sera dirigé, à
l'avenir, par M. Alexis Brunner, neveu. L'activité et l'intelligence de ce jeune homme sont un Stlr garant de la bonne
tenue de cette maison vaste et commode siLuee dans la proxi"
mité du bœin nettf.
Le nouvel lIôteZ de Bellevue dont 1\1M. Villa sont propriétaires. La construotion vient d'en être achevée. 11 sera ouvert
cet année aux è trangers. Ce bel édifice, que sOll"architecture
gracieu e fait remarquer de loin, est situé il l'entrée de la promenade; il jouit d'une belle vue sur toute la vallée et a le précieux avanlage d'être presque contigu au bain TVerra dont il
n'est éloigné que de quelques pas.
L' Ilôtcl Lm'ctan et lesmaisons qui en dépendent sont distribués de manière Il recevoir de 35 à l"O personnes. Cette
pension se recommand'e par l'ordre, l'exactitude et la parfaUe obligeance du proprietaire. lYI. Loretan) étant en môme
temps inspecteur des bains, les étrangers ont l'avantage de
trouvor chez lui tous les renseignem611s nécessaires sur l'ad-
�i56
ministration des bains, la police locale et les. réglemens divers établis pour les baigneurs.
L'Hôtel des Alpes vient d'être construit à neufpar M. Beegue!', père, de Sion, qui en est propriétaire. Ce vaste et magnifique établissement, joint à sa belle situation, d'où l'on j ouit
d'une vue superbe sur toute la vallée et la chaine du Gemmi ,
l'avantage d'avoir son bain contigu où l'on peut se rendre sans
s'exposer aux inllllences de l'atmosphère les jours de mauvais
temps.
L'Ilôtel 'des Alpes contient au moins cent chambres à· coucher ,dent cinquante peuvent être chauffées; avantage précieux
à LOëche, où les jours froids ct pluvieux sont assez fréquens
pendant la saisons des eaux. Le zèle et l'activité que déploie
le propriétaire pour satisfaire les personnes qui fréquent~
son be] établissement, les avantages nombreux que présentele bain, sont des titres qui le recommandent tout spécialement
li la confiance des voyageurs ct des malades.
-~
...·-o
· ~o_
-
-~
.
����ENVIHONS DE LOËCHE-LES-BAINS.
l'ROi\ŒNADESr
LE TOUllENTIIOTIN. Parmi les nomJneuses promenacles 1
les excursions interessantes que les baigneurs et les etrangers, en passage, peuvent entreprendre pendant leur séjour
aux eaux de Loëche, il faut placer en première ligne l'ascension du Torrenthorn. Il est impossible de se faire une
idée du spectacle imposant et grandiose qui attend le touriste SUl' celle sommité. Tout ce que nous pourrons dire ici
ne sera qu'une peinture bien imparfaite de co vaste coup
d'œil et ne peut donner qu'une idée ])ien faible de co qu'éprouve, en réalité, celui qui, par une belle journée du mois
de juillot, se trouve pOUl' la promière fois SUlI cette pointe
d'où l'olljouit d'une des plus magnifiques vues de la Suisse.
Le Torrenthorn peut, sans exagération, être mis on parallèle ct rivaliser avec le Righi eL lant d'autres points de
vue si vantês pal' les voyageurs pour leur heauté et leur
étendue. Le panorama que nous joignons ici contribuera 11:
donner une idée plus justo de l'immense horizon qui se présente de Celle sommité. Aussi est-ce un jour solennel que
celui qui est fixé pour J'excursion au Torrenthom.
�158
Lorsque l'ascension du Torrellthorn est dévidée, ce qui
lieu la veille, vingt amateurs, montés sur leurs mulets, et
autant de guides, dont qleus-n~
portent les ' vivres de
la journée, défilent, dans la matinée, sur la place du village.
Quelques-uns, pltlS courageux, armés de longs bâtons,
veulent faire à pied cette course fatigante. Ils s'engag'ent un
à un dans le chemin étroit et tortueux de la montagne. On
aperçoit le, long cortège se d6rouler lentement dans les clairières de la forêt de sapins qui domine Loëche-les-Bains du
côté du sud-est. En la traversant, le botaniste trouvera sur
son passage Viola sylvestris Lam. , Lychnis sylvestris IIoppe,
Trifoli:um ?'ubens L., Carex Mielichho/,eri Schk. Des cris
répétés retentissent dans le bois et il mesure que la caravane s'avance et s'élève on les entend peu à peu se perdre
ct mourir dans le lointain.
Les promeneurs arrivent au pied du roc il pic dans 'lequel se trouve le curieux passage, connu sous le nom de
Pas dtt loup.
Il est probable qu'anciennement ces animaux descendaient
IJar ce passage pour venir exercer leurs ra.vages dans la
vallée; ou peut-ôtre le Pas du loup était-il une des rares
issues par lesquelles ces hôtes dangereux, traques parl'ar deur infatigable des habilans de LOëche-les-13ains, pouvaient échapper à une mort certaine, l,cs nombreuses dépouilles, suspendues sur le devant de la maison communale,
attestent encore aujourd'hui que la contrée était infectée par
la presence de ces bôtes féroces et témoignent de l'adresse
déS couragoux paysans. Tant est-il que la vallée en
est
complètement débarrassoe. Depuis de nomhreuses ann6es
on n'en observe plus de traces , même pendant les hivers
de la plus grande rigueur.
En gravissant 10 Pas du lottp, on trouve sur les rochers
Ambis alpina L., Draba aizoides Saut., lfclianthemmn
grand'ifforum DG. ,Silene acaub's L. , Sctxif1'agq, androsacea
~
�159
el contrv~sa
Sternb. , Lonicem nigra ct alpigena L. , mlOdodenclron [errugineum L. , lIedysm;wn obscurwn, Ribes atpinum L. l Aquilegia a1pina, Thalictrwm pubescens et [œticlwn
DG. , P!J~'ola
secuncla, Pinguicula alpina, etc.
Api'ès avoir franchi le Pas dt, loup, à une lieue environ du
village , le promeneur se trouve tout-il-coup dans les hautes
Alpes. Ici se présentent il lui Gentiana lutea DG. , Veratrnm
album, Ranunwlus platani[olius L. Il oublie le cerde étroit
ou il était renfermé, il LOëche-Ies-Bains, à la vue du vaste
'horizon qui se déroule 11 ses regards. Après avoir traversé
la forêt , nu sortir de laquelle croissent SaUx hastata, myrsinites, retusa ct retiwlata, ll'elianlhemum œlanclicwn J(och. ,
Lychnis alpina L. , Gewln rnontanun1" Arnica monlana, Veronia...a saxatilis et bellidioicles, Pedicularis verticillata, Androsace G!tœmœJasme, Polygonurn viviparum L.
On suit en sc dirigoant au lovant, Je gazon de la montagne de Torrent ct , dans un espace cl'une lieue et demie
encore, on peut continuel' la course il mulet. Sur sa route, le
botaniste trouvera, en remontant le yersant, Potentilla sab'sburgellsis ] fœnc1c, GenlianQ, bcwarica, Thesiwm alpinum ,
Aml/'osace obtusi[olia, Ranuncultts pyrenœl1.;, Anemone vernaZis ct baldensis, Jnncus lnlidus, Luzula lnlea DG., Carex
[œtida ct .iunci[olia All., Oxytropis montallct DG., Gaya
simplex Gauel., SaUx herbacea et serpylli[olia, Uoidya sc/'otina
R., Elil1a spicata Schrad. Les vu es les plus variées se déploient il chaque instant auxyeuxdu voyageu!'. A gauche la
chaine majestueuse du Gemmi,scs accidens sans nombre etson
passage fameux, dont il distingue de temps il autre quelques
contours; devant lui le g'lacier de laDala, resplendissant des
fClIx du soleil dardant d'aplomb sur ses parois d'argent; Il
droile, dans le lointain, les vasles chaînes des Alpes qui
séparent ]e Valais du Piémont; derrière lui, la grande yallée
du Rhône, coupée de ses innombral)les vallées latérales, le
cours du fleuve jusqu'il Marligny et ses délJordemens rava-
�1 GO
geant au loin la plaine. Vers les parties les plus élevées de
la montagne, l'on ne trouve plus qu'un lerrain graveleux où
eroissenl encore Lùwria alpina, }Jrâicnlaris rostrata, Lep'illùlJll alpillU1n, Silene qWldrifida, Alsh/e verna llartl.,
Cerastiwn latifoliwn, Alchemilla pentaphyllea, Saxi{mga
()]Jpositi{olùl et bi(lora.
Mais n'anticipons pas; monlons encore. Nous voici à l'endroit où les mulets s'arrêtent; le danger ne leur permet pa
d'aller plus loin. Ici tout le monde met pied à terre. Trois
quarts de lieue nous séparent çncore de la sommité du Torrenthorn. Les guides) excepté ceux qui sont chargés de.
provisions, regagnent rapidement le bas de la montagne où
ils attendent le retour des voyageurs. Alors toute la cara.vane aborde courageusement à pied les versans rapides el
pierreux du rocher et en quelques in tans elle atteint le point
culminant. C'est sur cc dernier traj et que l'on trouve encore,
Artemisia spicata, Gentiana bavariccl ùnbricata Gçwcl., ct
glacialis L., And'l"osace pcnnina el helvelù:a Gaud., Ca1npallula ccnisia, Ranunwlus glacialis, Arabis cœmlea l Vnlf: '
SCtxi~
' agCt
stellata. Le point le plus élevé est marqué par une
espèce de pyramide en pierres, construite pour servir de direction aux ingénieurs suisses qui ont travaillé, dans ces derniers temps, ~ la triangulation de ces vastes montagnes.
ous sommes à une élevalion de plus de 9000 pieds alldessus de la mer. Ici tout est nu ct désolé. Aucune trace de
végélation ne rocou vre le sol, formé seulement des débris
concassés de la roche. Le voyageur fatigué est forcé, pour
pre.l1dre un instant de repos) de s'asseoi r sur la pierre.
L'air est froid, vif, pénétrant. La poitrine semble re pirer
un autre élément. L'homme so sent léger, aérien; lino force
inconnue le soulève ct semble vouloir le précipiter au fond
de l'abime, quand il 'approche do ses ])Ords. Puis , dominant
de l'œil cet immollse horizon , queIrIlle cho 0 d'indicil)le agite
. on lÎIllO en pré. ence de celle granùio 0 t poétique nature.
�161
Il sent qu'il n'est pas là dans sa sphère et· que le spectacle
sublime exposé à ses yeux ne doit être admiré qu'un instant. Rien ne vit en ces lieux. Point de bois, point de plantes,
point d'oiseaux, point d'insectes; rien que la roche nue et
brisée par les combats et le choc des élèmens.
Remis un instant de sa première fatigue et revenu de son
étonnement, il veut contempter une il une les merveilles qui
l'environnent. NIais son esprit s'y perd et sa mémoire le confond. Autour de lui c'est une forôt de pointes, de pics se
perdant dans les nues; sous ses pieds des glaciers, des
vallées, des torrens, des precipices, des abîmes, des côteaux coupés en tous sens, semés de villages, de hameaux,
de clochers , de champs en moisson, de vastes prairies,
couronnées de forèts.
Essayons de nommer quclque s:unes de ces masses gigantesques dont les sommilés majestueuses se perdent dans
les cieux.
Là, au couchant , c'est le Buet, la Dent du midi, le Moévran,.
les Diablerets, l'Oldenhorn, le Sanetsch, le Wildhorn, [~ Havyll; plus près le glacier de Lammern qui alimente le Dau])(lIlsée; puis la chaîne qui ferme au nord le vallon des Bains, le
Plattenhorn, le Rinderhorn, le Balmhorn. Au levant, la vallée
de Lœtschen etlo vaste glacier qui la termine, le Bietschorn,
l'Aletschhorn; dans le lOintp.in la Jungfrau, le Schreckhorn;
un peu il droite , la chaine du Simplon, 10 Monle-Leone, le
Fleschhorn, le Mont-Moro, le Dome encore peu connu,
puis le majestueux 1\1 ont-Rose; le vYeisshorn, les vallées
ue Saas et de St-Nicolas, le Ccrvins, la Dent l3lanche. Ici,
les vallées de Tourtemagne, cl'Anniviers et cl'IIéren s, au fond
de cette dernière la Pointe du grand glacier, ensuite eelle
de Bagnes, le Comb in , le Vélan et toute la grande vallée
du H.hône de Sierre à Martigny, le col de Balme, enfin ]0
.Mont.. Géant, 10 Mont-Blanc , les flign
~s ver les cl millG
11
�162
autres pointes moins élevées dont les noms sont restés dan
l'ohscurité à côté de ces géants des Alpes.
Le voyageur ne peut sc lasser d'admirer ce panorama
sublime, ces aceidens prodigieux, ces désordres et ces bouleversemens de la nature dans toute leur nudilé el toute leur
grandeur primitive. Semblable il une statue mobile et muette,
placée au sommet du Torrenthorn, sa longue vue fixée à
l'œil, il tourne et retourne sans cesse vers tous les points
de l'horizon qu'il contemple cl loujours un nouveilll rocher,
un nouveau glacier, une vallée nouvelle , un village, un
hameau, un torrent se détachent, pour frapper ses regards
étonnés, de cet ensemble majeslueux et incomparable, ct
le spectateur extasié s'écrie avec le poële :
Der Gotharcl ùt ntL?' ein Pttnht in diesel" Uùsenschri(t.
Le Gothard n'est qU'Url point dans celte écriture de géants.
Si le Torrenthorn est admirable par le point de vue unique
ct ravissant ({u'il présente, si ses environs sont si fréquenlés
des botanistes, à cause des richesees qu'ils peuvent y recueillir, il n'est pas moins intéres anl pour le géologue;
car dans toute la chaîne des Alpes on trouvera difficilement
un poinl où les faits géologiques se présentent sur une
plus vaste échelle, avec plus d'ensemble eJ de variété.
En effet, les bélemnites, dépôt marins, que l'on retrouve
en quantilé considérable, dans les calcaires mis à nu sur la
pente méridionale de ce gigantesque dome de grès quarzeux,
nous rnppoUent que cc pic, qui élève aujourd'hui dans les
nue sn cîme orgueilleuse, était autrefois plongé dans les
profondeurs immenses d'une vaste mer. Son élévation acLucile, la vue des pics innombrables qui bordent de ~outes
parts co vaste horizon, les vallées profondes qu i déchirent
la chaîne de Alpes dans toutes les directions, les rochers
abruptes, montrent il. l'observateur la succession , le redressr.m01ll et le contournoment cl s ouches diverses dont l'é-
�163
corce minérale de nolœ globe est formée, enfin les sources
cllaudes qui jaillissent de ces fissures profondes i (out en ce
lieu nous raconte l'histoire des grandes révolutions qui, à différentes époques, ont bouleversé la surface du globe et dont
les effets prodig'ieux effraient l'imagination la plus hardie.
On ne peut cependant les révoquer en doute, inscrits qu'ils
sont par le doigt de Dieu sur ces monumens gigantesques.
Au sommet du Torrenthorn, tout nous dit comment l'énorme masse liquéfiée et incandescente qui forme l'intérieur
du globe, oscillant sous sa mince écorce, l'a bosselée, et
poussé ce continont hors des mers. La surface de ce continent, jouissant alors d une température beaucoup plus élevée qu ' al~ourd
' hui
, s'est couverte de végétaux qu'on ne retrouve plus de nos jours qu'entre les tropiques, mais dont
l'existence passée dans nos contrées est attestée pal' les dépôts de houille et les belles empreintes conservées dans les
schistes. Jos montagnes, toujours soumises :\ la même puissance d'action -qui les avait fait sortir du sein des eaux,
furent portées à celle grande élévation. Elles subirent alors
un refroidissement auquel les énormes glaciers, qui recouvrent actuellement leurs cîmes et qui, selon plusieurs géologues modernes, rempli saïen! autrefois toutes no vallées,
durent leur formation. Tout nous montre comment le Valais
reçut son relief actuel.
C'est encore dans les envirOllS du Torrenthorn qu'on peut
étudier et poursuivre jusque dans les détails les plus minutieux les effets de la pllissante action exercée par l'appal'ilion des roches cristallines sur les dépôts de sédiment
qu'elles ont disloques, soulevés, déchirés ct dont elles ont
modifié la masse de tant de manières.
Il est vrai quc le granite ne parait àjour qu'à une certaine
distance, c'est-à-dire, entre le Lœtsch et le Tschingelgletscher; mais les gneiss qui lui sont superposés ct dont est
formée la chaîne si élevée du Nesthorn et du Bietschho1'll ,
�164
!iavancentjusque dans le voisinage du Torrenthorn etforment
une enclave dans les calcaires dont la masse imposante
s'étend de làjusqu'à St-Maurice et forme la chaîne de montagnes qui sépare le centre et la partie inférieure du Valais
des cantons de Berne et de Vaud.
La vaste fissure de la masse calcaire, vallée de déchirement hien carac(érisée, au milieu de laquelle est située le
village de Loëche-les-Bains, doit être attribuée au soulèvement produit par l'apparition de ces roches cristallines.
C'es t à ce phénomène qu'es! due la formation de la paroi ,
si profondément déchirée de fissures et d'éboulemens, qui ,
du fond du vallon, s'élève presque verticalement jusqu'aux
plus hautes pointes du Gemmi, du Hindel'horn et du Balmhorn, présentant la moitié d'un grand cirque dont le centre
est occupé par la masse feldspathique, autour de lacluelle
los couohes de ce drque se trouvent relevées.
Celle disposition des couches de celte paroi calcaire est
très-facile à recol1uaÎtrej à Loëche-le-Bonrg, elles plongent
vers le midi; plu haut dans la vallée elles penchent, vers
le couchant, au Gemmi et de là .iu que dans le voi inage
du g1ader de la DaIa leur inclinai on est vers le nord-ouest.
La paroi opposée, qui forme le côté gauvhe de la vallée
de Loëche, a la même originc. Lorsque la fissure dont nous
venons de parler s'établit, la parti.e do la roche calcaire
qui entourait imm6diatemontla masse feldspathique, soulevéo
pal' celle-ci, n'en fut point détachéo, et forme autour d'elle
1111 second cirque intérieur et cOllcentriclue.-donl les couches
sont pareillement relevées vers l'axe commun.
A rrêton nos regards encore un instant sur le fond de
celte vallée gont les boulovol'semen SOllt si riches en ellseignemens. Ces forêts sombres, ces gras pâturages, ceLLe
masse do tuf sur laquelle reposo le village dos Bains et
dans l'intérieur do lac!uelle on découvre, à plusieurs toises
de profondeur, non-seulement cles coquillages d'oau douco,
�165
des troncs d'arbres, mais encore des tombeaux rempli~
d'ossemens humains, des lampes et d'autres objets funèbres,
ne sont point le fond réel de l'abime ouvert par l'écartement des deux parois que nous venons d'examiner. La fissure, quoique comblée, pénètre encore à plusieurs mille
mètres de Ilfofondeur ct établit la communieation entre la
surface et l~s feux intérieurs du globe. C'est à ces fissures
que la vallée de Loëche doit sa célébrité. Elles ouvrent aux
eaux, qui se précipitent des glaciers, un passage assez
grand pour que des lorrens entiers puissent pénétrer clans
les foyers souterrains, y être portés à l'ébullition , et obéissant à la force qui les repousse en haut, remonter el reparaître à. la surface, conservant une chaleur de 50 chargés
des substances précieuses empruntées aux différentes couches
minérales dont ils opèrent la décomposition dans leur passage.
Revenons aux environs du Torrenthorn, où la nature,
en nous laissant toucher à la fois le dépôt sédimentaire et
le noyau cristallin sous-jacent, nous permet d'étudier l'action des roches de nature ignée sur les produits formé pur
sédiment·.
J.Je gneiss, formé de mica talqueux intimement lié au
feldspath, est intercallé entre le granite, aucIuel il est
superposé, ct la roche calcaire, dont la partie mise en contact avec le gneiss est dolomisée.
A la dolomie succède) en remontant toujours la série des
couches superposées, un calcaire lioi1' ct granuleux) puis)
le grès quarzeux) 10 schiste argileux noir et luisant, des
calcaires noirs) onfin des schistes calcaires traversés par
des veines do qua-rz.
Nous pourrions nous étendre davantage SUl' colle intéressante matière, si cela ne 1I0US enlraÎllait trop loin do notre
sujet. On dirait que le Torrcllthorn a été placé là. pour faeililer celte importante étude. Ceux qui désirent cxumin r il
0
,
�166
fond ces immenses houleversemens de teITain, trouveront
dé précieux détails et consulteront avec avantage l'excellent
ouvrage de lVl. le professeur Studer
Enfin, après _plusieurs heures rapidement écoulées dans
l'admiration, le soleil, qui commence à baisser vers l'horizon, avertit les promeneurs qu'il est temps de se remettre
en marche pour regagner avant la nuit Loeche-Ies-Bains.
Toute la caravane reprend le même :chemin qu'elle a suivi
en montant et la descente de la montagne s'opère assez
rapidement.
Mais avant d'entreprendre cette longue et fatigante excursion, il faut s'assurer que la course sera favorisée par
une belle journée et que le mauvais temps ne viendra pas
troubler le plaisir. Hien de plus intéressant que l'ascension
du Torren!horn pendant un beau jour; mais aussi l'ion de
plus ennuyeux, de plus désagréable et de plus daT\ioreux
même que cette promenade, entreprise par un jour de nuages
ct de pluie, qui surprend si souvent dans ces hautes régions. Au lieu de jouir de la vue magnifique dont nous venons
de parler, le touriste, perdu dans l'épaisseur d'un brouillard
humide , découvre à peine son compagnon à dix pas devant
lui. S'il n'a pas un guide expérimenté, il peut eITer des
heures entières sur la montagne sans direction et ne retiror
de sa oourse qu'un ennui ct une fatigue extrême.
n.
LE GUIŒHUUnEL. Après l'ascension du 'l'orrenthol'll ,
l'excursion la plus intéressante qu e l'on puisse entreprendre
dans les environs de Loëche-Ies-J3ains , est celle du Gulterhubel, mamolon situé à une élévation do 7578 pieds
au-dessus de la mer et formant le point le plus élevé de la
montagne de Chermignon.
C'l Geologie deI'
Il'Clitl'iclwn Schwcizcl'-liLpen.
�167
Jusqu'au-dessus du Pas dtt loup, le chemin est le même
que pour aller au Torrenthorn; mais lorsqu'on est parvenu
à cet endroit, au lieu de tourner à gauche pour gagner les
sommités de la montagne de Torrent, l'on continue à marcher
dans la direction du sud-est, en traversant ainsi dans toute
leur longueur les pâturages de la montagne de Chermignon,
sur lesquels le bolaniste peut cueillir Viola calcarata, Polyaconiti(olium l' I1érit., Trifolium
' ~um
gala alpestris, Geran
Epilobium alpinum, Omitho.,
Schreb
alpinum et baclium
s, Carex ferruginea et
nigriccm
s
Scftœnu
galum fi.~tdoSU1n,
une heure et demie,
Dans
DC.
ta
spica
Luztûa
curvula All.,
atteint la sommitè
l'on
loup,
dtL
Pas
le
franchi
avoir
après
du GuI crhubel, qui n'est autre chose que l'extrémité méridionale d'une crête courant presque horizontalement du sud
. au nord pour venir se perdre dans la petite chaîne de rochers au sommet de laquelle se trouve le Torrenlhorn.
La vue dont on jouit sur la cime du Gukerhubel est vérilablement magnifique et imposante. Elle rappelle en grande
parI ie celle du Torrenlhorn, puisque l'œil peut sc promener
sur la plupart des objets vus de cette dernière sommité.
le Gukerhubel étant beaucoup moins élevé, la
C~pendat
vue est aussi mo ins étendue. On ne peut découvrir plusieurs
pointes de la chaine des Alpes bernoises, en particulier la
Jungrrau. Sur les gazons qui recouvrent la sommité du Gukerhubel croissent Ranuncultls parnassi(olius, Cardamine
alpina et resecli(olia Willd., Oxybropis campeslris DC.,
Phaca astragctlina DC., Sempervivum montanmn, Arnica
al:pinum Monn., Primula villosa .Jacq.,
sC01pioides, lIieracù~m
nula thynoidea, Phyteuma heCampa
Androsace vital~'w,
etc.
misphœricum ,
Jusque dans ces derniers temps, où le Torrenlhorn commença à être connu, la promenade au Gukerhubel érait la
plus fréquentée des baigneurs et des passagers; mais aujourd'hui l'ascension du Torrenthorn, quoique plus longue
�168
et plus fatigantc, est préférée par pres clue (ous les ama(eur.5 ,
à raison de l'étendue beaucoup plus considérable et de la
beauté unique du coup d'œil qui se présente de cette sommité.
.
Le Gukerhubel n'en reste pas moins un point de vue fort
remarquable que,les voyageurs ne doivent pas manquer de
visiter; ceux surtout que pourraient eIfrayer la grande dislance et la pénible asoension du Torrenthorn.
•
EClIm.LES n'ALBINEN. Nul ne quille Loëche-Ies-Bains
sans avoir fait au moins une excursion aux Echelles d'Al])Ïnen, à une demi-li eue du village. Cet endroit remarquable,
par sa situation et SOIl passage, un'ique en son genre, est
véritablement digne de la visite du voyageur. Lorsqu'on est
parvenu à l'extrémité méridionale de la grande promenade,
l'on s'engage dans un (jhemin commode, construit à neuf
l'année dernière, grâces il la munifwence d'un riche étranger
qui l'a fait ouvrir à ses frais et dont les habiLans de Loëche
les-Bains conserveront un precieux souveuil' (*). Ce cheminparcourt, à peu près horizontalement et dans toute sa longueur, la forêt de sapins qui reCOIIVl'e le versant de la rive
gauche de la DaIa, jusqu'aux Echelles.
Jusqu'à cette année, un scntier tortueux ct irrégulier,
traversant les bois ct les débris rocailleux dont ils sont
sillonnés, conduisait aux Echelles, Aussi les difficlIltés dll
chemin ont-elles rebuté ou même effrayé beaucoup de personnes qui préféraient ne pas voir ce curieux passage que
do faire unc chûte ou de s'égarer dans la forêt.
A cent pas environ, avant cl'arriver aux Echelles, une
gorge étroite ct profonde, à paroi perpendiculaires, entrouvre les flancs du rocher JUSqU'il sa base. Son aspect
som]Jrc et lugubre njoute encore à la mélancolio clu'inspirent ces lioux.
n M. Kœchlin, (lfl Mlllholl se.
�H9
Puis, tout à coup 011 se trouve, presque sans y penser.,
au pied d'un .roc à pic, entrecoupé, 11 des distances inégales,
de quelques sinuosités et de proéminences qui servent .de
point ·d'appui à huit échelles en JJois superposées et fixées
au moyen de simples crochets en bois enfoncés dans les
fissures du rocher.
Cest par ce dangereux passage que les habitans d'A,l binen et des environs, qui ont les uns avec les autres des
relations journalières, montent et descendent, le jour comme
la nuit, ct le plus souvent chargés de lourds fardeaux, avec
la même assurance que s'ils marchaient sur un chemin commode. La grande habitude que ces robustes campagnards
{Hit contractée de traverser les Echelles, en toute sai on el'à
toute heure, fait qu'ils ne pensent nullement au dang'er auquel ils sont exposés. Il faut dire que les accidens sont en
réalité fort rares et ne sout aucunement en rapport avec la
difficulté que présente le passage de ces rochers.
Tout ce qu'on lit clans les auteurs et dans les manuels
des voyag'eurs ne peut re1ldre l'émotion qui saisit CCllli qui,
seul et p'our. la première fois, se hasarde il franchir les
Echelles. Le rocher surplombe; cc n'est que de fissure
en fissure que, suspendu en l'air, il parvient il gagner la
sommité. La vue de l'abîme, la ('haîne triste et désolée
qui domine la rive opposée, le bruit de la Dala, qni mugit au fond du vallon solitaire et se brise écumante contre
la JJase cles rochers qu'on a sous les pieds, tout cOlltl'lbue il
saisir l'âme. Un frisson involontaire parcourt tous les membres, au moment même où l'on admire en ces lieux le courage de l'homme luttant avec les désordres de la nature.
Au bas des Echelles rampe dans la mousso , Asarum europœu1n L. Les avalanches on les eaux y ont apporté les semences de plusieurs plantes des hautes Alpes, car on y trouve
avec plaisir Gent'iana 11ivaHs L., Carex atrala et capillaris
L. Sur les saillies des rochers on remarque Dryas octopc-
�170
tala L., Ononis rotundi{'olia L. l Cenlaurea mOl1tal1Cl, Th([Hctntm aqttilegifoliu1n.
FEUJLLEElET. Peu de baigneurs quittent les eaux de Loëohe
sans avoir été à Feuilleret, oharmante petite promenade, facile et peu fatigante J que chaoun peut entreprendre sans le
désavantage de manquer le ])ain du soir l lorsqu'il est ordonné. On peut faire le tour en moins de quelques heures.
Après avoir traversé les prairies situées au sud-est du village l on gravit insensiblement, par un sentier tortueux, la
forêt de sapins (lui les domine. Dans une heure environ on
arrive sur un riant plateau de verdure où il existe quelques
ohalets, habilés pendant toute la saison des caux. Dans les.
prairies qui les environnent et les pâturages un peu plus
éloignés, on remarque Veronica ]'eltcriwn, Gentiana asclepiade(t, Lw;;ttla campestris DC., Trifolittm montanum, cœspitoswn, Rosa tomentosa, Prinwla elatior Jacq., Azalea
proewnbel1s, Anemone narcissi(!ora , Centiana acCttdis, Achillea atm/Ct.
.
Les promeneurs , qui ont presque toujours l'hl1bitude
d'emporter aveo eux quelques provisions l y lrouvent enoore
du lail, de la crême, elc. La desoenle se [ait ordinairement
par le même ohemin que la montée; mais en faisanl un léger détour, l'on peut suivre un senlier qui desoend il la cascade el ' revenir par le ohemin qui oonduit il cet endroit.
LA C.\SCADK Une oourse à la oasoade est une rianle
promenade d'une lieue aller ct venir. L'on sort du village,
près du bain elc l'hôtel cles Alpes. Pui ,en suivantle ohomin
({ui oonduit il. l'anoiellne soltrce des guérisons, on remonte
los prairies, dans lesquelles on peut oueillir Crepis blatlarioides Vill. l Picris hieracioidcs L., TfieraCÎ'wn sabaudwn,
Cl1aphatittln talco-album, Thymus panonicus, Orchis oclomtisslma, ma~tdl
et alb'ida All., oph?'ys monorchis,
Cct1npanula Trac!telùtm, etc. Un petit sentier traverse, en
�Hl
s'élevant ins.ensiblement, les pâturages qui bordent la rive
gauche de la rivière et dans dix minutes on se trouve visà-vis de la cascade qui se précipite, fumante, entre les ~ deux
parois de rochers qui forment l'étroit passage qu'elle s'est
creusé. Parmi les arbustes qui croissent en face de la cascade, on trouve Fragaria :vesca L., Yacciniwn 1Jlyrtilltts,
Galluna erica DG.
Beaucoup de curieux, de baigneurs, de passagers vont
voir la cascade et terminent III leur promenade j mais bien
peu pensent à continuer lellr chemin pour atteindre le charlllant paysage qui se trouve il quelques cents pas plus loin.
Un magnifique tapis de verdure, accidenté de petits mamelons, couronnés de nombreux bouquets de sapins) étale
toute sa fraî cheur et toute sa grâce. L'air le plus pur , une
atmosphère douce et tranquille invitent à la rêverie. Hien
ne trouble le silence de cetle solitude que le bruit sourd de
la eascade que l'on a sous les piods et les secousses bruyantes dll torrent mugissant dans son lit profond. C'es t bien,
à notre avis, un des pIns jolis paysages des environs de
Loëcho-les-Bains. Un ponl, consistant en quelques poutres
seulement, jetées sur la riviére, conduit sur le bord opposé.
Son lit est ici très-prorond, mais si étroit qu'on pourrait
d'un J)ond sauter d'une rive à l'aulre.
C'est dans la proximité de ce pont, (1110 l'on traverse pour
revenir par la rive droite, que s'échappent, dans plu ieurs
cndroils, parlos fi ssures du rocher dontlcs conches régulièrement inclinéos, ponchent vers le nord-est, les nombreuses
.sources d'eau thermales dont il a été [ait mention page 52.
LE lU,\ YEN. Do la cascade, lJeaucoup de personnes poussent leur promenade jusqu'au lUayen, qui n'est éloigne que
d'environ 11l1e lieue. ' On donne ce nom il qnelqucs chalets,
situes au milieu des pâturages qui s'61èvent sur la rive gauche
de la Dala. Avant d'y arriver ) Je IJrOmenCllr traverse toute
�f72'
fa forêt de sapins clui s'étend de la cascade au Mayen; il
trouvera sur son chemin Saxifi'agct wnei{olùt et rOlltnd1'{olia, Veronica o{licùwlis cl twticœf'otia, Lycopodùvm anotimun. La monotonie de ce trajet est un peu compensée par
quelques vues intéressantes sur le bassin du vallon, le che~
min et la chaine du Gemmi et la montagne de Clavinen siluéo
snI' la rive opposée. On y trouve, comme à Feuilleret, du lait,
dll ]JelUfe, de ]a crème, etc. Les personnes délicates peuventfaire ceLte course à mulets. Dans les pâlurag'es qui environnent les chalets· on remarque Aconitwn lycoclonwn, Napeltas: et pam'wlaL Lam., Veronica aphylle" l'ussilago al'[!ùla, Crepis gralUli/lora, Alc/wlnilla alpina.
FLUU ET T ~ E
GT~ACIER
DE LA D J\LA. Uno' promenade
pl cino d'intérèt, mais un peu fatigante, est l'excursion au.
glacier do la DaIa ou de Balm, silue à l'extremite de la
vallée il deux lieues environ dLl villnge. La plus grande
partie clll trajet peul sc faire à mulet. Eu quittant le Mayen]
l'on se dirige, en traversant les Alpes, vers les chalets de
la montagne de Fluh, ([ni s'étend jusclu'au pied du glacier
que l'on peut contempler dans toute son étendue. Dans les,
pàturagos de la montagne de li'lllh le botaniste pourra cueillir
alix r,aponwn ct {œtida, SaJJljhtga llluscoidcs ct mosclwtct
TVlIl(, l'hlC/spi rolul/(lij'uliwn, Gypsophyla 1'epans, Saxi{raga
bifrom alba, Carex ji'igidet Ali. . ct Grypos Schk., Chrysanthemwn llallcriSnt. Sur la rive sep tentrionale ùe la Daia 011
trou,ve Viola ccnislct, Phlewn commutatwn Gaud. , Leontodon
montanwn [.Ct/ll., Solidago virfJcwl'ca; Senecio DoronicU/n.
Ici lout contraste d'une mallièrc frappante avec los sites
agréables et rians ùes localités, pell eloignees do Loëcheles-Bains, que nous venons de parcourir. La nature reprend
1:a pect austère ct sauvage qu'e lle revêt partout dans les
hautos Alpes. Au nord les pointes majestllOuses dll H.inùerhorn et du BalmllOl'll sc perdont dans, les I1UOS; leurs /lancs
profondem ent dcchirc prcsentent clos fissures cl1ormes, s'e-
�173
tendant de leur cime à leur base. Le yent froid du glaciers'engorge dans la vallée et soufle avec violence.
Pour retourner au village, le Yoyageur peut reprendre le
môme chemin et revenir par le Mayen. Mais il fera mieux do
passer, près des chalets de la montagne de Fluh, sur : la:
rive droite de la rivière. Il parcourra ainsi, dans toute leur
longueur, les pâturages de la montagne de Clavinen où l'on
rencontre Geraniltm sylvaticwn, Coryrlalis solida L., Gentiana campestris, Betonica hirsula, Biscutella lœvigatct, Dianthus cartlwsiwwnun, lI1alva moschala, Veronica fhtliwlosa,
et
Ant/wricwn Liliayo. Il jouira de plusieurs vues, au levan~
au midi , qu'il n'aurait pu apercevoü en revenant pa'r la rbve
gau'Che. A près nn trajet de deux lieues, il se retrolllvera Sour
le pont de la DaIa, près de la source des gwJrÎso1ls.
Ert décrivant les routes qui conduisent à L(}ëche-lesBains (voyez pflg. 26), nous avons dit, relativement au
passflg'e dn Gemmi que nous lui consacrerions un article
part iculicr et que nous donnerions quelques détails historiques sur C0 chemin remurcIuuble.
L'époque où le chemin du Gemmi fut ouvert, comme ce1.~
de la découverte des sources thermales de la vallée, se perd
dans l'ohscurité des temps. S'il faut en croire quelq.ues auteurs , il an rait été connu et fréquenté de temps immémorial T
mais il le fut sûrement dopuis qno les deux vallées de li'ruligen ct de Loëche , auxquelles il sert de com~luniat,
commencèrellt il être hahitées Cl que les premiers eol0115 qui
vinrent sc fixer clans ces régions élevées curent étahli des)'ola.~ins
mutuelles eutre eux.
JI est tout aussi difficile d'élablir d'oll lui vient son nOllll
d'e Gemmi. Les li il S supposcnt que c'esl du latin gemittts, gémissement, il cause do 5011 ascellsion penible et difficile, du
darwer qll'cllc présente, de l'émotion profonde qui saisit le
voyngeur au bord de cc affreux ohlmcs et lui arrache de. '
�n.
17[/·
Les autres font dériver son nom
soupirs involontaires
des deux pointes qui le dominent. Elles sont d'une grande
ressemblance et ordinairement couvertes de neige) ce qui
aurait donné l'idée de gemini) jumeaux; d'où viendrait.le
mot Gemmi (").
D'autres enfin ont eu recours il la configuration du chemin pour expliquer l'origine de cette dénomination ct prétendent qu'clic dérive d'un mot celtique) signifiant courbure)
conlour) Zig-Z;lg· ('**).
L'ancien chemin qui traversait la chaîne du Gemmi pour
aller dans la vallée de Frutigen ne se trouvait pas où il existe
actuellem en t.
.En sortant des prairi.cs) situées au nord du village) le
sentier sc dirigeait dll côté de la montagne de Clavinen) d'où
il s'élevait insensiblement sur les flancs des rochers jusqu'à
leurs sommités. L'on conçoit facilement que les premiers
habitans de la vallée n'eurent pas la pensée ni la hardiesse
d'ouvrir Utl chemin dans les parois verticales des rocs effrayans quo traverse le chemin actuel et qu'ils cherchèrent
dans les gorges des sommités un moyen plus simple de
communiquer avec leurs voisins. Le passage, était en conséquence) plus élevé que celui d'aujourd'hui ct anait aboutir
dans les défilés (lui dominent au midi) les environs du SchwarJ)lIch. Dlllemps de Collinus 011 voyait encoro des traces de
l'ancien chcmin q1li fut lrès-frêqucnté) selon cet auteur (**'*).
n
C1I11l non lIis; crebris et maximis gcmitibus St/pcrait!?" nomcn
inditum Gemmi. Collinus.
Quidain agcmilu Gcmmillln nominalttnt lnttanl. Simlcl', p. 2 -1.
Voycz ('Iicore Slulllplf) ~lI1SCJ·,
Schellkzcl".
(H) Brsson) Discours sllr l' histoire !lai urelle de la Suisse.
CH) Bochal.
(H") J'rrll!situs fuit (raqucns poslqHam va flis iJlhaùilari cœ pit. N.0n qli~cm
prr cundcm locum qua jam ital" eSI , sad paulo
~;oli1s.
su]Jcnus, CIIJUS viw ' vesligia at/huc pallca sl/'l lCrslint et vidcntur.
�'175
Mais aujourd'hui il est impossible de reconnaître et de pl"é~
ciser les points de la montagne par lesquels le passage
s'effectuait. Il est encore 11 observer que les plus anciens auteurs qui aient écrit sur le passage du Gemmi jusqu'à Simler,
ne font aucune mention du Daubensée, ce qui ferait supposer qu'on ne pouvait l'apercevoir en passant par l'anciell
chemin. Cependant la description qu'en fait Munster,
prouve qu'il existait déjù de son temps au même endroit que
de. nos jours, moins lus corrections ~pl'i
a subies plus tard.
A celle époque, un pont suspendu par des chaînes de fer
se trouvait un peu au-dessus de la première galerie et conduisait du couchant de la gorge au levant d'où il revenait
sur le côté opposé pour gagner le col au même endroit
qu'aujourd'hui. Scheukzer, qui traversa le Gemmi le 15 août
1705, nous a laissé un dessin du chemin ou l'on voit trèsexactement l'endroit où ètait suspendu le petit pont dont
nous venons de parler. Il exista jusqu'a l'ouverture du chemin actuel qui cut. lieu de 1736 11 17[,,1, comme on le
verra plus )Jas.
n
De nombreux documens démontrent d'une manière authentique, que le chemin du Gemmi fut toujours, au moins en
partie, une propriété de la bourgeoisie de Loëche qui pourvoyait il son entretient el y percevaille péage (*')
En 1686, la bourgeoisie de Loëche cé~a
à la commune
des Bains, pour le terme de 25 ans, le chemin du Gemmi, et
le droit de péage. La commune des Bains sc chargeait,
de son côté, de remettre fidèlement il la dite bourgeoisie
la moitié du revenu annùel ct de maintenir le passage en
(~)
Ascondit iler rcclà in alt~
Ùl modt/In {e1'c cochlcœ, ha·
bens PC1]JC(1WS ambages et flcxlll'as par'vas (lcllœvam et dexlrmn r
etc. png. 547.
(H) M. de niyaz.
�i7G
bon élat, afin qu'on pût commodément le traverser il pied
et il cheval, comme cela s'était pratiqué jusqu'alors. (*)
En 1711, la chûte des avalanches détruisit} dans plusieurs endroits, le chemin du Gemmi. Des trajets de murs
considérables furent emportés. Les députés de Loëche demandèrent à la diète l'autorisation de doubler le péage, afin
, de pouvoir subvenir aux dépenses qll'exigeaienlles réparations, cc qui leur fut accoJdé.
Vingt cinq ans plus tard, les maisons Ballet ct Maller, de
Loëche, formèrent en 1736 une société qui ftt ouvrir il ses
frais le chemin actuel dll Gemmi. On travailla pendant cinq
ans à l'ouverture de ce passage admirable qui ne fut terminé
qu'en 17ll-1. La bourgeoisie de Loëche fit abandon aux sociétaires de son droit de péage pour qualre vingt ans, c'està-dire qu'en 182 l l., époque à luf!uelle elle devait rentrer en
possession, d'après la convention.
!tien ne prouve , comme l'avancent quelques auteurs (**),
que le chemin du Gemmi ait éte ouvert à frais communs par
les gouvernemens de Berne et du Valais. C'est une erreur
évidente. Le passage du Gemmi a été de temps immémorial,
comme encore aujourd'hui, une propriété part-iculière.
Après l'ouverture du chemin, tel qu'il existe actuellement,
les sociétaires firent construire, en '17 l l-3, la petite auberge
du Schwarbach qui subsista jusqu'en 1839, cpoque à
laquelle le propriétaire actuel , M. le grand châtelain, François Jullier do Varone, la fit restaurer et agrandir.
Comme promenade, dans les environs do Loëche-lesBains, l'ascension du Gemmi e~t un des plus intéressantes
que puissent entreprendre les personnes qui sc rendent aux
Cf) lta ta commodc ascendi ct clcscmdi possit l1Cl[esll'c et equcs(re, ûcut lwcllsqllc mitaluln fuit . (Archives de Loëchc ). .
(H) Voyez B"ide1, pag. of 26 et autres.
�eaux et qui ne seraient pas dans le cas de le traverser soh
en venant soit en quittant les Bains.
La maison J ulier, de Varone, devint enfin seule propriétaire
du chemin et. du droit de ,péa'ge du Gemmi en 1824" au
nlO.yen d'une somme ,payée à la bourgeoisie de Loëche qui
lui abandonna ses dr.oits à perpétuité, sons -la seule réserve que ce ;passage ne deviendrait jamais la propriété d'un
Ml'anger et qu'en cas de 'Vente par .les 'acquéreurs, la bourgeoisie aurait la ,préférence du rachat, à égal prix.
En <[uittant le village de Loëche-les-Bains, le chemin du
Gemmi se dirige au nord, d'abord à travers les prairies
environnantes" puis en .remontant Iles ravins considérables
,formés des debris des rochers et ,des graviers amoncelés
par les eaux. Sur· leurs bords s'élèvent quelques arbustes.
Dans une heure on arrive au pied du rocher sans pouvoir
.deviner encore par ôù le chemin parviendl'a au-dessus de
cette masse colossale, dont la hauteur semble augmenter à
, jusqu'au pied du
,mesure qu'on s'en appl'oche . .Sur ce ~rajet
'Gemm i, le botaniste , trou ve sur son passage Rharnnus penniltls, Saœi(mga aÎzoides crocea Galtd., Atlwmant/w cre'lensÎs, Valeriana 1nO lCtall a, Chrysanthemwn rûpùltun, Pyrola
ull'ifloJ'Ct, Cyllnnchum vinGÏto,xicwn U. Br. : Erinus alpinus,
·Orobanche epithymum De., Teucrium monlanllm, Pingn?·wla
vulgaris, Globularia cordi{olict , Avelia clisl1·C/wphy.1la., ASpl:cZ,imn fmg'lle Sw.
Le passant est à dix pas de la base de la paroi énorme
qui ferme le vallon, et rien encore ne lui montre l'issue par
laquelle il doit sortir de cc désert. Aucune expression ne
'peut peindre l'émotion du voyageur arrivé au 'pied du rocher. Un saisissement inexprimable s'empare de lui à la vue
de la masse gigantesclue qui surploml)e et s'élève sur sa
tête à la hauteur efl)'ayante de 1600 pieds.
L'imagination s'épouvante de la hardiesse, de J'audace
de l'homme, atôme ambulant, qui conçut la pensée de IUllCJr
.12
�178
contre de tels obstacles et de se frayer une route au-dessus
des abimes que la nature semblait lui avoir défendu de
franchir jamais. On ne sait ce qu'il faut le plus admirer, ou
Jes horreurs de ces lieux désolés, ou les difficultés incroyables que le génie de l'homme a dÎt vaincre dans la construction de ce passage fameux.
Anciennement le chemin a dÎt être encore beaucoup plus
difficile qu'alljourd'hui. Tous les auteurs font mention du
danger que presentait ce passage. Munster avoue ingénument avoir tremblé de tous ses mem]Jfes en le traversant (*).
Le voyageur agité s'élance enfin dans le senlier étroit qui
longe la base du rocher et s'approche de la gorge qui sépare, dans toute sa hauteur, la paroi du Gemmi. C'est d'abord sur les crêtes qui bordent cette profonde fissure que
l'on s'élève insensiblement et qué des contours nombreux
conduisent à la grande galerie, 11 une élévation de 5800
pieds au-dessus de la mer (14,50 pieds au-dessus du village
de 'Loëche-Ies-Bains). On remarque encore aujourd'hui de
l'autre côté de la gorge une espèce d'échelle , fixéo à la
paroi du rocher et aboutissant dans une cavité dont ou
ignore l'origine , mais que l'on croit avoir été destinée à
abriter les gardes qui , dans les temps passés) où les guerres
étaient presque èontinuelles et les irruptions par le Gemmi
assez [réquentes) surveillaient l'arrivée ou le passage de
l'ennemi.
De la galerie) des zig-zag sans nombre [ont passer le
voyageur par mille sensations différentes ct les vues les plus
variées. Là) il s'enfonce dans la profondeur de la gorge; ici,
il glisse rapidement le long du flanc vertical de la roche
où un faible mur soutient ses pas. Sans voir jamais le chemin qll'il vient de parcourir ni celui qui lui reste à [aire, sans
CO) Ego non asccl1di huncmonlem ci/7'Ct
pag.547.
t1'Cm01'cm
ossit/m el corclis,
�179
voir le compagnon qui le précède ni celui (lui le suit, il
s'élève, en changeant mille fois de direction, comme s'il était
enfermé dans l'escalier d'une tour immense dont il remonte
les contours sans en connaître ni le fond ni la hauteur, ou
perdu dans un vaste labyrinthe dont rien ne lui montre l'issue. Après mille tours, mille émotions, des vues variées à
l'infini, pendant cette penible ascension, il arrive enfin an
sommet du Gemmi où un nouveau spectacle v~ se présenter
ü ses regards. Le plus haut point du passage du Gemmi
est à une élévation de 7095 pieds au-dessus de la m~r
A peu près 27lf,5 pieds au-dessus du village des Bains.
Un refug"e, construit en pierres, abrite quelquefois le passant
que la tempête ou la tourmente surprend dans ces lieux
solitaires.
Parvenu au col, le voyageur jouit, en se reposant, d'une
vue magnifique. Le vallon des Bains, tous les sites pittoresques de cc bassin remarquable, le village, le glacier et
les prairies qui l'environnent, le cours de la DaIa, les forêts
qui couvrent les côteaux, au levant ct au midi des Bains,
les rochers qui les couronnent, puis les vastes pâturages
des montagnes de Torrent et ,de Chermignon que nous avons
déjà parcourus: tont cet ensemble sc présente il lui comme
un seul tableau. ]vIais, s'il sort de ce cercle étroit, un spectacle bien plus grandiose et plus imposant se déroule à ses
reo-ards
dans le lointain. Les ma]'. estueuses sommités de la
o
chaIne méridionale dll Valais élèvent dans les cieux leurs
têtes orgueilleuses ou déploient sur leurs versans ou dans
leurs gorges des glaciers immenses. Parmi ces masses imposantes, on distingue sul'lout par leur grandeur colossale,
le Dôme, le Weisshorn, la Dent Blanche, La Blava, etc.
Quelques auteurs ont prétendu que l'on apercevait encore
de ce point le Mont-Rose, le Mont-Moro, le Cervin i c'est
n.
n M, Brl'l·!.told.
�f80'
Il'Il'e erreur. Ces pointes ont été confondues avec celles qui
fo,rment la première chaîne de la vallée de Viége, au-dessus
de Saas.
Pour celui qui a fait l'ascension du Torrenthorn et qui a:
joui de la vue uniclue 'de cette pointe, celle' du Gemmi perd
un peu de son intérêt, puisqu'elle rappelle, quoicLu'en plus,
p,etit nomI)fe, les objets vus de la première sommité.
Sur les plateaux'qui entourent le refuge et sur le ha~t
du
Gemmi croissent Draba Johannis lIost, Oxytropt's c/l.mpesb'is DG., A'mica scorpioid'es, AcOnÙttl111 hebegynwn Gaud'.
Drabri lomentosa Wahl., Al.~ine
caricifolia lVahl., Arenaria
bi(lora, Phacct (J'igida Jacq, , POlentilla minima llal., et
aurett L., Sedum atratwn, Saxi{ragaaspem bryoid'es Gaud.,
Gal'ium tenerwn, Aster alp'inus, En:gcron ttn'i(forum' r
Gnaphalùun Garpathiurn lValtL, , Artemisia mutellùw TVild.,
Cistinus spinosissimtlS Scop, , lIieraciwn 1'nt!Jbacewm Jacq. )
Gampanula valdensis All., VacC'irâum 'I.l liginoswn, Arbullts
alpincL el 'I.wa ursi, l'o;;;zia aLpina, Pedictdaris {oliosa DG,
Après avoir contemplé les merveilles que la nature a
Malées à ses yeux au sommet du Gemmi , le voyageur se
dirig'e, ~l travers les rochers dépouillés, vers le Daubensée.
Il aperçoit, sur sa gauche, la va te étendue du glacier de
Lammern (lui l'alimente et cotoie bientôt les bords bouleversés du lac, pOUl' arriver à l'auberge dll Schwarbach dont
nous avons déjà parlé, el ou il prend un peu de repos avanb
de continuer sa route vers Kandcrsteg et la '\Iallée de Fru-'
tigen.
T'
INDE . Lorsque la route en construction sera achevée' ,
lnden offrira un point de promenade d'autant plus fréquenté
qu'il est Il ulle petile distance et que l'on ponna s'y rendro
en voiture, Les personnes faiblos eL delicatcs, les malades
qlle des infirmites graves empêchent de marcher, les en1',111 1 trOtlVCI'Ont une distractioll sans fatigue et sans danger.
�Si l'on ne jouit pas, sur la route d'Inden, de vues aussi éterrdues que celles que présentent les points élevés que nous
avons signalés, les paysages rians et variés qui se déroulent
au regard du promeneur le dédommagent amplement de la
vue des glaciers et des colassales chaînes des hautes Alpes.
Le botaniste surtout pourra cueillir, sur le trajet qlli sépare
les deux villages, dans les prairies qni descendent vers la
Daia, en sortant des Bains, Geranium lividwn l'Hérit.;
après avoir traversé le ponl, Liliwn Jlartagon L. , Czackia
Liliastnun And., Phyteuma orbiwlare el lIa ller i All.• Laserpitium lati/olium L.
�AM.ÉLIORATIONS
ET CHANGEMENS DIVERS.
Dans la description des bains et de leurs dépendances, ,1
a été dit que les nombreuses imperfections qui existent
exig'eaient des modifications, et que l'introduction de quelques
réformes contribueraient au développement eL il la prospérité
de ces utiles établissemens. Les plaintes que font entendre
les baigneurs, si elles sont quelquefois exagérées, ont aussi
souvcnt un motif fondé. Il cst nécessaire d'obvier à plusieurs difficultés qui donnent lieu il des réclamations désagréables pour celui qui les fait eL pour celui à qui elles sont
adrcs ées.
L'organisation intérieure des bains demande des changemens essentiels. TOllt le monde est d'accord que les carrés
ne présentent pas toutes les conditions nécessaires de commodité, d'espace cL de proprete, non seulement, sous le rapport de la société, mais encore sous le rapport mCdical.
0115 voyons souvent dans une seule pi cine une Lrentaine
ùe malaùes de différens âges, de ùifférens sexes, dont le Lempérament el la maladie n'onL aucun rapport. Tous sont
plongés dans un bain dont la tempémLurc (29 il 30° R.) est
�183
la même. Les enl'ans et les femmes, d'une sensibilité excessive, doivent éprouver des effets tout autres que les personnes
âgées chez lesquelles la réaction de l'organisme est plus lente
et la vitalité moins irritable. On conçoit que telle alIection ne
demande pas un degré de température que supportera telle
autre et.vice versa. De là les accidens que l'on voit souvent.
Plusieurs personnes sont obligées de quiller le bain dont elles
ne peuvent supporter la chaleur; tandis que d'autres demandent à grands cris de l'eau chaude nouvelle et trouvent leur
hainlrop froid. Cette différence dépend sans doute de lrien des
circonstances. La sensibilité de l'individu, la nature de son
affection, l'époque de sa cure doivent modifier le degré de
température qui lui convient.
Il nait souvent des conflits entre les baigneurs et des réclamations aux autorités sur lesquelles il est fort difficile
de décider, avec le mode d'administration actuel. Il est donc
urgent d'établir une température différente dans les diverses
piscines. Celte température serait réglée par un thermomètre,
fixé dans un coin, et enfermé d'une grille. Les médecins pourront alors envoyer leur malade dans la piscine dont la température lui convient. Lor que la baignée est arrivée à une
certaine période, le malade sc rendrait dans une autre pi cine,
selon qu'il lui serait prescrit. Il pourrait ainsi modifier la
température de son bain. On éviterait par ce moyen l'inconvénient de voir des malades quiller les bains avant le temps,
ollla poussée se prolonger quelquefois au-delà de son cours
ordinaire, etc.
11 serait convenahle aussi de prendre des mesures pour
que l'eau fùt renouvelée pour chaquo hain. On comprend la
répugnance que doivent éprouver beaucoup de personnes pour
entrer dans une piscine où sont plonges, de quatre à dix
heures du matin, une trentaine de malades qui leur sont entièrement inconnus. Celte répugnance , bien nnturelle, doit
augmenter encore, lorsqu'elles sont obligèes d'entrer l'après
�18lj·
midi dans Ulle partie de l'eau qui a servi le mann; il moins
que l'on ne tienne aucun compte des excrêtions naturelles et
morbides d'un si grand nombre d'individus dans une masse
d'eau si peu considérable. CelLe améliol:alion est d'une néces:sité urgente. Elle est conforme aux hesoins et aux exigences
de la société moderne. Elle coùtera peu ·de frais. L'eau celld He au moyen de tuyaux dans un courant d'oau [roide
JUSqU'il la température voulue, entrerait dans la piscine, où
1In courant continuel serait établi. Un autre aVàntage rér
:;u1!erait de ces d.ispositions; c'est que l'eau, arrivant de la
source, avec tous les principes qui entrent dans sa compotion, n'éprouverait aacune modification par l'évaporation. Les
parties gazeuses dont la volatilité est extrême, exerceraient
leur acti())n immédiate sur l'organisme. C'est encore une ques;tion importante il étudier que colle de savoir si l'eau qui a
lI'eposé, pour le refroidissement, pendant plusieurs heures,
-dans une piscine, produit sur l'économie les mêmes effets
-que celle qui coulerait immediatement de la source} chargée
<le tous les élémens mineralisateurs. La différence flue les
anciens avaient déjà observée dans le bain des guérisons, où.
(le mode d'administration était en usage) c'est-il-dire où les
malades baignaient dans un courant d'eau continuel, merite bien d'être pri e en c(i)nsideration.
tes vestiaires qui existellt il côte des piscines ne sont pas
;as ez nombreux. Sans compLer qu'ils devraient êLre sépares
pour les soxes différen ,il ne peuvent suffire au fort de
la saison , où les bains sont remplis. Le premier inconvénient que cette disposition préselJ'te} est celui d'om pêcher
les' baigneurs do sortir du bain ù l'heure pre crite. Lorsque
trento personnes doivont passer au même vestiaire pour
'entrer et sortir du hain, 011 comprend qu'un retard plus ou
moins long empêche un grand nombre de malade de sortir
dll bain il l'heure qui leur est designée. Les ve. liaires de\V.raient toujours être chau(fés d'une manière uniforme et ' un
�l85
thermomètre devrait y être suspendu. Les parois de l'inté....
rienr pourraient être divisées en armoires numérotés et fermant il clé, où chacun pendrait son linge séparément en
entrant au bain. Ce n'est pas que celte mesure soit necessaire, parce que des soustractions pourraient avoir lieu,
ces cas sont très-rares. Mais souvent on égare sou linge
et pendant qu'vn le cherche en sortant du bain) on s'expose
à un refroidissement ou l'on fait altendre la personne qui
doit sortir Immediatement.
Les portes des 'Vestiaires qui ouvrent à l'extérieur de l'édifice devraient être s11pprimées. Pendant le bain des étrangers
peuventse glisser dans les vestiaires sans être aperçus) y commettre des vols ou autres abus. En sorlant du bain) pour
rentrer dans leurs chambres, les malades oublient souvent
de ferme_' ces porles; les vestiaires 'ouverts sc refroidissent,
et de là mille réclamations de l~ part des personnes qui suivenL
Les portes des enlrées principales devraient êlre doubles,
afin d'éviter les courans d'air. Au bain vieux, où elles n'existent pas) il n'est pas rare de voir les deux grandes portes
ouvertes en môme temps ct livrer ainsi pa sage à un courant
fort dangerenx et fort desagréable pour les malades.
Souvent les passans viennent, sans autre formalité)
prendre un bain de propreté avec les habitués de la piscine.
Ce bain de propreté n'est pas de nature à rendre l'eau trèspropre; les haigneurs font entendre des plaintes qui ne sont
pas sans fondomeut. L'établissement d'un ou de plusieurs
petits carres destinés aux passagers qui déSirent prendre un
hain) sorait une amélioration désirable. Elle ferait cesser un
abus inconvenant et qui donne lieu souvent il beaucoup de
réclamations.
Les voyageurs ont assez l'habitude de visiter les baIns
pendant que les malades s'y trouvent. Comme il n'existe
aucun règlement sur la matière) il Y en a qlli entrent avec
�186
une liberté vraiment insultante., comme s'ils allaient visiter
une exposition sur un marché. Il en est même qui procédent
avec un tel manque de convenance qu'ils laissent les portes
ouvertes en entrant, ne font aucun signe de politesse et considèrent les baigneurs comme des êtres mis dans l'cau pour
être vus. Des scènes violentes ont eu lieu souvent pendant
ces visites intempestives entre les baigneurs ct les curieux,
auxquels on a rappelé plus d'une fois les règles de la civilité et de la bienséance.
Ces scènes désagTéables auraient un terme , si on établissait un règlement en vertu duquel nul étranger ne pourrait
visiter les bains sans une carte de l'inspecteur et à des
heures fixes.
Une légère rétribution serait payée pour les cartes· d'entrée. Cet argent serait destiné à la caisse des pauvres.
La goutière (lui traverso le bain vieux est d'une grande
utilité, parce que chaque baigneur peut y prendre, sans
augmenter la chaleur. du bain, de l'eau pure de la source
pour laver des parties de la tête atteintes de maladies. Cette
disposition manque au bain neuf, où on .]'a déjà souvent
réclamée. Lorque les malades veulent tremper une éponge
ou prendre de l'cau d'une maniére quelconque, il en coule
toujours une certaine quantité dans 10 bain, ce qui augmente
insensiblement la température. Une goutière serait facile à
établir le long dos parois des carrés, dans la direction du
canal prifwipal.
La douche étant un des plus puissans moyens que mette
en usage la thérapeutique des caux minérales, son organisatioll doit attirer toute l'attention de la dir@ction des établtssemens de bains.
A Lotiche, les douches doivent subir de grands ohangemens, car, dans l'état aOluel, elles ne répondent pas aux
besoins de la médecine ni aux effets qu'on doit en espérer.
�187
Les cabinets de douches, au ûaù~
vieux surtout, sonl trop
étroits et trop sombres. Les personnes de haute taille ne
peuvent y prendre les positions convenables. Il manque d'espace aussi pour y placer les appareils nécessaires sans lesquels la douche ne peut être appliquée sur certaines régions
malades. Un autre inconvénient résultant de cet arrangement,
c'est que les baigneurs sont obligés d'y entrer et de s'enfermer
seuls. Si un accident arrive, ce qui n'est pas rare pour les
personnes qui prennent une forte douche un peu prolongée,
clIcs sont sans secours. Il est urgent d'obvier aux graves
accidens qui peuvent en résulter, en donnant aux cabinets
de douche assez de lumière, assez d'espace pour la position
des appareils divers ct pour qu'un doucheur ou une. doucheuse puisse y entrer avec le malade, comme cela se pratique ailleurs.
Les cabinets de douches ne sont pas assez nombreux.
Un grand nombre de malades en [ont usage. C'est le matin
ordinnirement qu'elle est appliquée. Il est impossible, pendant le fort de la saison, que tous les malades auxquels elle
est ordonnée puissent la prendre d'une manière convenable.
La hauteur de la douche doit être modifiée. Au bain neuf
ct au bain vieux la hauteur n'est Clue de neuf à dix pieds,
ce qui n'est pas suffisant ponr une douche à forte pression.
Une amélioration d'u'le grande importance serai! l'titablissement à Loëche de la douche écossaise. Ce n'est pas
ici le lieu de s'étendre sur les avantages thérapeutiques
qu'elle présento.. Les bons effets de la méthode perturbatrice dans 10 traitement d'un grand nombre d'affections sont
trop bien constatés, pour qu'on ne doive l)as désirer avec
ardeur son introduction à Loëcho.
L'introduction des bains à vapeur ou étuves est véritablement à désirer. Il est même étonnant qu'on ait lardé si longtemps il. introduire un mode d'administration dont les effets
remarquables sont bien constatés dans un grand nombre de
�188
maladies. L'action des étuves est d'une énergie étonnante.
Les parties gazeuses et volatiles Je l'eau sont beaucoup plus
pénétrantes que les parlies humides, leur action est plus vive
et leurs effets plus m(Jrqués.
Cette amélioration dont le besoin est généralemet senti
ne sera pas oubliée dans la construction du 1Jain neuf.
Le service des bains devrait généralement être fait
par des gens très-intelligens qui seraient soumis ~l un réglement et fi une surveillance exacte de la part de l'administnttion, pour tout ce qui concerne la branche de service dont
ils sont chargés. On ne verrait pas alors les domestiques,
occupés à toutes sortes de choses, oublier un malade au bain
et le laisser beaucoup plus longtemps qu'il ne devrait y
rester.
Les changemens et les réformes que nous venons de signaler si succinctement n'onl rapport qu'aux avanlages médicaux qui en rcsulteraient pour les malades. Dire les amélioralions à introduire pour l'amusement el la distraction des
étrangers, énumcrer loul ce clu'il Y aurait à faire pour leur
rendre le séjour de LOëche, assez trisle et ennuyeux du
reste, plus agréable, n'entre pas dans notre sujet.
Une bibliothèque publique, un ca]Jinet de leclure où l'on
trouveraIt les journaux, quelques nouveautés littéraires et
scientifiqlles, une salle pour les soirées et les réunions des
étrangers qui, souvent ne peuvent se voir à l'hùtel, le catalogue de tous les baigneurs avec leur adresse, le numéro
de leurs chambres pOllr faciliter les visites, sont des objets
faciles à introduire et (lue tout le monde verrait avec plaisir.
Les réflexions qui précèdent n'ont point été suggérées
par un esprit de critique, mais par le désir de contribuer au
développement et au progrès de Loëche-Ies-Bains, de faire
connaître les propriétés remarquables de ses sources prêdeuses, qui font sa célébrité et qui, sont la premièro condl~
lion de son brillanl ave·nir.
�189
Les vestiaires, les cabinets de bains et ceux des douches
devraient avoir des sonnelles pour appeler les gens de service ou les domesliques. On voit souvent les malades attendre beaucoup plus longtemps qu'ils ne devraient les personnes qui sont chargées de venir les sortir du bain.
Il arrive aussi que le malade, enfermé à la douche, ne sait
si le temps esL écoulé eL quand il doit se retirer , si personne
ne vient l'avertir. Si les personnes qui sont au bain l'oublient,
il peut prendre sa douche pendant un temps Irop long et
ne pas en retirer tout l'avantage désirable.
A Loëche, où les sources sont si abondantes, rien ne
seraiL si facilc que l'établissement d'une vasLe piscine de
natation, commc elle existe à Aix. Il serait trop long d'énumérer ici les nombreux avantages qu'on pourrait en reLirer
dans beaucoup d'affections. Le mouvement joint à l'action
des eaux doit puissamment seconder les modifications qu'c11es
opèrent dans ['économie. Les jeunes gens scrophuleux, difformes, dont les tissus lâches et peu developpés demandent
l'excrcice pour se fortifier, en éprouveraient surtout des
dfets salutaires.
.
-
' '!I>~-
-
�1
ADMINISTRATION
ET MESURES DE POLICE.
Les eaux minérales sont une source de prospérité vers
laquelle doivont se diriger toutes les forces actives des industries nationales; oar les sources de la santé peuvent devenir celles de la richosso C). Il ne faut donc pas s'étonner si
les gouvernemens de loutes les nations civilisées vouent la
pIns sérieuse attention à l'administration de leurs établissemens d'eaux minérales et travaillent de toutes leurs forces
à en favoriser le dévoloppbment.
Les thermos étant le rendez-vous ordinaire d'un grand
nombre d'étrangers de toutes les nations] il est nécessaire
que des réglemens do police étalJlissent une direction pour
leur conduite ct des mesures de surveillance à observer pendant
leur séjour aux eaux. Ces réglemens ont rapport] les uns
à l'administration des eaux proprement dite, les autres aux
diverses formalités à remplir par les étrangers pendant leur
séjour dans les établissernens thermaux.
Il ne sera pas inutile, surtout pour les personnes qui n'ont
(") Aliberl, Prc"cis historique des eaux millliralcs.
�191
jamais fréquenté les eaux deLoëche, de communiquer ici les
divers réglemens, décl'êts, tarifs, etc., arrêtés par les autotorUés cantonales ou locales et dont les dispositions sont
encore en vigueur aujourd'hui. Nous nous abstenons de toute
reflexion sur leur contenu; chacun peut facilement apercevoir
les lacunes nombreuses qu'ils renferment et combien ils
laissent à désirer.
1. . 01 SUR LE SEl\VICE ET LA POLICE »ES BAINS
DE LOËCHE.
LA DIÈTE DE LA UÉPUJJLIQUl? leT CANTON DU VALAIS.
Vu les anciens reglemens émanés de l'autorité souveraine,
Ordonne:
Art. 1. cr. Un inspecteur, à la nomination du conseil-d'Etat,
est chargé de la police des eaux de Loëche.
Art. 2. L'inspecteur règle, de concert avec les médecins
gradués qui fréquentent ces eaux, la température des bains.
Il veille à la salubrité et à la propreté des hâtimens.
Art. 3. Toute personne, qui prend les eaux, devra dans
les deux premiers jours· de sa cure, indiquer à l'inspecteur
ses noms, ainsi que le lieu de son domicile.
Art. 4,. Les bains seront ouvert chaque jour dès les quatro
heures du malin jusqu'à onze heures , et depuis deux heures
de relevée jusclu'à cinq heures.
Art. 5. Le nombre des baigneurs dans chaque. bassin
soit carré du bain sur la place, ainsi que dans le bassin.,du
couchant du vieux bain , est fi xé à vingt-cinq. Il sera de
tronle-cinq dans les carrés du bain neuf.
En cas de grando affluonce, l'inspecteur pourra porter co
�192
deux premiers hains et il
nombre jusqn'à trente dans l~s
quarante cinq dans le troisième.
Art. 6. Lorsque les circonstances permettront de réserver, pour l'après-midi des bassins, dont l'eau n'ait pas servi
le matin, l'inspecteur veillera il ce qu'oll salisfasse il cet égard
les désirs des baigneurs.
Art. 7. Personne ne peut entrer dans le bain sans être revêtu
d'une chemise longue eL ample, en éLofl'e de laine ou en toile
grossière, sous peine de deux francs d'amende.
La môme peine sera encourue 'par ceux qui n'y entreraient
pas, ou n'en sortiraient pas d'une manière décenle.
Art. 8. Pour l'entrée dans les bains on suivra son tour
d'arrivée SUl' la galerie, et pour la sortie, celui de l'arrivée des
domestiques.
Art. 9. Nul ne peut êLre servi dans les cabinets que par
un domestique du même sexe. Il est défendu, sous peine de
deux francs, à tout autre personne d'y entrer, 'pendant que
quelqu'un s'y habille ou se déshabille.
Art. 10. Les baignenrs seront attentifs il ne rester dans
e pour se déshabiller ou se
le cabinet que le temps néces~
es, qui veulent entrer
personn
rhabiller, afin que le autres
s d'attendre.
obligée
pas
aux bains ou en sortir, ne soient
Art. 11. Il sera assigné par l'inspecteur lm bain particnlier aux malades affligés d'ulcères, OlL d'autres infirmités qui
peuvent causer de la répugnance.
Il sera aussi désigné un ])ain particulier pour les pauvres .
• Ar!. 12. Les enfaus au-dessous de trois ans, et cenx donl
la propreté ne pourra ôtre certifiée par les personnes qui les
soignenf, ou qui, par des cris immodérés, fatigueraient les
baigneurs, ne seront pas admis dans les carrés ordinaires.
L'inspecteur leur désignera un emplacement particulier.
Art. 13. Les douches seront admiJ1istrées par les soins du
directeur des bains appelés communement Badmcister.
�] 9:3
On les prrnd d'après l'ordre d'entrée dans les carrè!.
L'établissement de la -douche sera organisé de manière il.
te que la personne qui la reçoit, ne puisse être aperçne de la
personne qui l'administre.
Art. ill·. Le badmeister devra être âgé de quarante ans J
marié ou veuf. Il devra parler français et allemand) et 'être
recommandable par sa probité.
Art. i 5. Lorsque le badmei tel' sera empêché, il se fera
remplacer pa r une personne agréée par l'inspecteur.
Le b:tdmeisler ne pourra pareillement employer pour le
service des bains) que des individus reeonnns aptes par l'inspecteur.
Ar!. 16. L'opération des ventouses se fera dans un bain
sèparé.
Art. f 7. Il est dCfelldu à quiconque:
De faire jaillir DU de jeter de l'eRu des bassins ou du canal) à peine de quatre francs j
De cracher dan les bassins) dan le canal) ou contre los
parois du bain, à peine d'un franc;
Dejeter dans les bassins quoi que cc soit qui puisse incommoder les baigneurs) il peine d'une amende de quatre
francs j
De siffler ou de fumer dan le bain ni dans les trottoirs
entre les carrés) à peine de deux francs.
Art. 18. E t pareillement interdit lout chant bruyant qui
pourrait causer quelque incommoditu aux baigneur , sous
peine d'encourir une amende de deux fr.
Art. 19. Tonte di cu ion en matière de religion est de
·même défendue, sous peine d'nlle amende de dix fr. à payer
par chacun de ceux qui y amont pris part.
Art. 20. Le actions indécento , les propos lihre ) et on
1.3
�19'"
g'énél'I\llout ce qui peut hlesser les mœurs et l'honnêteté,
sera puni d'une amende de quatre il vingt francs (').
Art. 21. Celles de ces actions ou paroles, qui seraient d'une
nature assez grave pour être poursuivies correctionnellement,
seront dénoncées aux tribunaux
Art. 22. L'inspeoteur, s'il est médecin, donnera les soins
de son art aux pauvres qui seront admis aux bains, tant étran,
gers qu 'indigènes
Art. 23. Il sera fait pour eux, ct notamment chaque dimanche, dans les auberges et maisons de pensions, des collectes qui devront être accompagnées d'une note indiquant
leur produit, note qui sera signee par les maîtres de ces maisons.
Art. 2l ,,-. Le montant de ces collectes sera remis au révérend curé, qui, de concert avec l'inspecteur ct un ou deux
baigneurs qu'ils s'adjoindront, en fera la ùistribution.
Art. 25. Ne seront admis il participer à ces collectes
que les individus qui prodniront des altostations de pauvreté, délivrées pilr les autorités de leurs comm unes. ,
Ne seront de même pas admis ceux qtli seraient entretenus par des établissemens de charité.
Art. 26. Les amendes prononcées par 10 présent réglement seront encourues pour chaque contravention, ct lenr
produit sera versé dans la cai se des pauvres.
Art. 27. Les plaintes et les réclamations de tout genre ,
qui pourraient s'élever relativement au service cles eaux,
seront adressées 1l1'inspeeteur.
C') Le r6g!rmrnl dc 1 ûOO fixnil tlllC amende de 5 écus pou l'
ks bnign UI'S qlli tenaienl ries propos indéccns ou ChOlll(lienl
dcs chonsous IUlhériennes (L1 (lh c l"i scl~
Lieder) ; Cl unc nmendc
de 5 Il. pOl1l' les pCI'SOIllH.'S de di(fprent sexe qui se baiguni('ul
d[llls la même piscine.
�195
Ar!. 28. Les contraventions aux présentes dispositiolls
lui seront pareillement dénoncées.
Art. 29. L'inspecteur portera ces contraventions il la
connaissance du juge local, délégué il cet effet , lequel prononcera sommairement et sans appel après avoir entendu les
intcressés. Il percevra les ·amendes dont le versement sera
f~it,
comme il est dit il l'article 26.
Arl. 30. Le ]Jadmeister et les gendarmes sorlt tenus de
dCférer Cil tout point aux ordres ({ui leur seront donnés par
l'inspecteur, cn vertu du présént réglement, dont l'exécution
lui est spécialement recommaudée.
Art. 31. Le présent règlem en t sera affiché dans l'iutérieur de chaque bain ct dans la salle il manger de chaque
auberge ct maison de pens ion, pour être execllte dans sa
forme et 1elleur.
Donne en diète il Sion le 5 d6cemlJl'e 1825.
(8 ltivent les signatures) .
HÉGUDlENT BU BAIN
m,s
]>AU V LlES.
La cOlllmission considérant. qu'il est conforme il l'in(enlioll
des bienfaiteurs el avantageux pour les pauvres clu'ull ordro
reg'ulier ct sévère soit établi pour les baigneurs pauvres,
Ordonne :
Art. l e,. Tout individn qui voudra sc baigner dans le
bain des pauvres devra, avant de commencer la cure, en
demander l'autorisation il M. l'inspecteur des bains.
Art. 2. Tout haigneur pauvre est tenu, aussitôt après
son arrivee il Loëche-les-Bains, de se presenter, muni de
certificats de pauvrefé en dues formes, il MM. le révérend
curé, à l'inspecteur des bains, et au rnécleein des pauvres.
Il doit en outre se rendre, chaque lundi, à une heure
après midi , dnns la demeure de M. le révérend curé.
�{96
Art. 3. Les baigneurs pauvres, aux heures fixées, doivent se présenter régulièrement à leur médecin et suivre'
ponctuellement ses prescriptions.
Art. [l,. Le linge nécessaire pour le hain est distribué 11chaque haig'neur pauvre par les soins de lVI. le révérend
curé. Mais lorsque la cure est terminée, il doit être restitué,
dans le meilleur état de conservation possible, pOUl' servir
u1térie Jremenl à d'autres pauvres.
Art: 5. Il esL expressément défendu,. même aux personneS'
du même sexe, d'entrer dans les vestiaires pendant CIlie quelqu'un s'y habille et s'y déshabille.
Art. 6. Il est défendu de mouiller les autres baign1ellrs
dans le bain, de cracher dans le bassin ou sur les parois ,
de fumer et de faire Irop de bruit.
Art. 7. Il est sévèrement défendu de, commetlre dans lebain des actions déshonnêtes, çl'y tenir des propos offensans, d'y chanter des chansons indécentes et irréligieuses,
en général, tout ce qUI est contraire aux convenances et aux.
bonnes mœurs.
Art. 8. Il est sévèrement défendu à tout pauvl1e, soit daHs
les maisons, soit sur les rues, de demand'er l'aumône aux.
baigneurs ou aux étrangers.
'l'oule contravention au présent règlement sera, selon Ta
gravité du cas, puni chaque fois, par la commission, par
une retenue proportionnee sur la valeur il distribuer, au
pauvre qui s'en sera rendu coupable.
Lo ëehe-·les-Bains , le 1 cr juillet 1839.
(SttÙ la sigl1at~r(J
} r
LE r.ONSElL n'ETAT,
Ayant rceor\llU que les dispositions de police relatives aux
yoyngeurs d,o l'étranger el de l'intcrieur , prescrites par la loi
�f 97
du 6 décembre 1808 et par le règlement spécial émané de
la Diète en date du5 décembre 1825, ne sont pas régulièrement exécutées aux bains de Loëche .
Arrête:
Ar!. ·1cr. Toutes les personnes tenant auber~
ou pension
aux bains de Loëche, sont astreintes à tenir registre de ceux
(lui logent chez elles, où elles inscriront le nom, la qualité 1
la patrie des voyageurs et le lieu d'où ils viennent.
Art. 2. Les dits maîtres d'auberges ou de pension reTlIellront tous les matins, à 8 heures au plus tard, à J'inspecteur des bains, la liste des personnes alTi vées la veille
et de celles qui auront IJuitté leur maison.
Art. 3. Pareille liste sera remise pal' eux aux gendarmes
chargés de les recueillir pour les transmettre à la direction
centra1e de police.
Art. lk Les contrevenans aux obligations érroncées aux
articles 1, 2 et 3 , seront passibles d'une amende de vingt
batz pour chaque contravention.
Art. 5. Ces contraventions seront portées à la conais~
sance du juge local qui est délégué à cet effet, et qui prononcera sommairement et sans appel après avoir entendu
les intéressés.
Art. 6. Les amendes seront perçues par l"inspecteur des
bains, qui en fera le versement dans la caisse des pauvres r
conformément au règlement de la. Diète du II, décembre
1825.
Art. 7. Le présent arrêté sera :;Iffiché dans l'intérieur da
chaque hain et dans la salle à manger des différentes auberges et maisons de pension.
Donné en Conseil d'Elat, à Sion, le 3 juin 1828.
(Sttivent les signatures.)
�198
.
"
VALAIS ,
U: CONSEI L]) ETAT DE LA llEPUllL lQUE ET CANTON DU
Voulant assurer aux perso nnes qui fr équontentles bains
de Lo ëche des moyens de transports sûrs, réguliers et à un
prix modéré , et les garantir de toutes les difficultés à cet
égard;
Vu la loi du 4 décembre 1807 , et les autres règlemens
postérieurs ;
Arrête:
Art. 1 cr. Il sera établi aux bains de Loëche , a Siene ,
au bourg de Loëche età Sarquenen, un commissaire chargé
d'assurer aux voyagours los moyens de transport dont ils
auront ])e50in.
Art. 2. Les propriétaires de chevaux et mulet, ûemeurant dans la commune, qui voudront se soumettre à conduire les voyag'eurs ct à en transporter les effets, a tour
entre eux : ct aux prix fi xés par le Larif ci-aprè s, se feront
inscrire choz le commissaire, qui en dressora la liste ct donnera à chacun d'eux \ln numéro pour régler leur tour de
ervico.
Art. 3. Les chovaux el mulets devront ètre exempts do
tout vice qui pourrail compromettre la SÙl'Oté des personnes.
. Les sell es se ront bien conditionnees, garnies de bonnes
sangle ct de courroies pOUl' attacher le porte-manteau; il
Y aura une bride ou au moins un licol en bon état.
Le commis aire ost spécialement cha rgé de cette police.
Il fera, aussi souvent qu'il le jugera nccessa ire, l'inspection
des moutures et de toutes les parties do l'cquipemont. Tout
soumiss ionnaire qui serail en dCfaut sur quelquo point , sorn
rayé de la lislo j u qu'a ce qu'il 50 soit mi on règle.
Art. lt·. Le soumissionnaire sera obligé de marcher sur
l'ordre du commissaire, à défaut de quoi il sera remplacé par le numéro suiyanL , et perdra son tour , il moin
�199
qu'il n'ait eu un empêchement légitime) ce dont le è' omis~
saire décidera.
Art. 5. Chaque cheval ou mulet de selle sera toujours
accompagné d'un conducleur n'ayant aucun défaut qui le
rende impropre à ce service. Il se tiendra il. la tête du cheval
et ne devra jamais le quitter.
Ces conducteurs ne pourront être au-dessous de l'âge de
'16 ans.
Les femmes ne seront reçues pour conducleurs que lorsqu'elles en uuront eté reconnues capables par le oommissaire.
ArL. 6. Le cheval .ou mulet de selle Ile pourra être chargé
d'un ~ porte-manu
ou valise de plus de 25 livres.
Celui de somme ne pourra être chargé de plus de 170
livres en une seule pièce, et de deux quintaux et demi en
deux pièces.
Art. 7. Les personnes du pays auront toujours la liberté d'employer d'autres chevaux et mulets (lue ceux des
soumissionnaires. Mais nul autre ne pourra en fournir, au
préjudice de ceux-ci, aux étrangers) sous peine d'une
amende de huit fran cs par cheval ou mulet, dont un tiers
aux paunes du lieu , un tiers au commissaire et un autre
tiers au profit des soumissionnaires ensemble.
Art. 8. Néanmoins les voyageurs auront la faculté d'employer les chevaux avec lesquels ils seront arrivés dans le
pays.
Art. 9. Il sera au si fourni , par les soins du même commissaire , des portebrs , lorsqu'il en sera demandé, soit pour
les personnes qui ne seraieLlL pas en élat de supporter le
cheval, soit pour transporter des eITets.
Le nombre des porteurs est réglé comme suit:
Pour nn enfant de cinq ans et au-dessous) un seul por-
�'200
leur i mais ill'ecevra un tiers do la tnxe dll tarir} de plus
que les autres porteurs i
Pour un enfant de 5 à i 0 ans, deux porteurs;
Pour une personne au-dessus de 10 ans, quatre porteurs i
Si elle est d'un poids au-dessus du commun, six porteurs i
Si cependant elle est d'un poids cxtrilordinaire, ct que
le commissaire le juge nécessaire, il pourra ajouter deux
porteurs et jamais de plus.
Art. 10. En cas de contestation au lieu du départ enlre
les voyageurs et les conducteurs, le commissaire en décidera, sauf recours, de la part des voyageurs seulement ,·au
juge local.
S'il s'élève quelque contestation pendant la course ou au
lieu de l'arrivée, elle sera décidée par le commissaire de ee
lieu, qui pourra prononcer la restitution au voyageu r d'une
portion ou de la totalité du prix de la course, suivant los
cas.
Si les plaintes des voyageurs sont de nature il donner
lieu il une peino plus considérable, s'il y a ou insulto grave
envers eux, s'ils ont éprouvé des dommagos en leur personne ou leurs effets, par la fauto du conducteur, ou par
le défaut dos montures ou de leur équipement, elles seront
portées devant le juge local qui prononcera définitivement.
Dans tous les cas, 10 prononcé se fera sommairement et
sans [rais.
Et s'il y a condamnation pécuniaire au profit du voyageur,
l'avance en sera faite par ]e commissaire r du lieu, sauf
son recours sur le commis aire du lieu du départ qui sc
fera rembourser par le soumissionnaire sur lequel portera
la condamnation.
.
Les plaintes coutre le commissaire lui-même seront pareillement portées devant le juge local.
�20i
Art. 1 i. Le prix du transport Mra payé entre lM main!
du commissaire du lieu du départ j conformement au tarif
ci-après.
Il sera payé en outre au commissaire une rétribution
d'un balz par porteur.
Deux batz par cheval ou mulet.
Art. 12. Lorsque les chevaux ou mulets auront été menés
sur la place, si les voyageurs, qui les auront arrêtés, ne
parlent .pas , ils paieront cinq balz par cheval.
Art. 13. Il est défendu de monter les chevaux eu mulets
.avec des éperons.
Les voyageurs ne doivent pas non plus ouvrir de parapluies·) élant à cheval , sa~
que le conducteur en soit prévenu.
Art. HI!. Tarif des chevaux, mulets et porteurs , dèsles
~ains
de Loëche aux lieux environnans et réciproquement :
Pour un cheval on mulet de selle ou de somme avec sail
conductewr.
.
( En parlanl il cruelle
A Sierre.
IWlJ~
qll e ce soit. )
35 Batz.
A SarqueneLl
26 »
Au bourg de Loëche et à la SOllste.
25
»
Au Schwarbaüh
30 ),
A Tauben
20 "
Au Stoc .
35
"
A Kandersteg
55 "
Les personnes qui reviendront avec le même cheval,
sans découcher , ne paieront que demi-taxe pour ce retour.
Du bonrg de Loëche ou de la Sonste.
A Tourtemagne
A Sierro
10 Batz
16 "
�202
I)oul' tes pOl'teurs de ptJfSOll1llfS.
( En
.
p ; lI't
~ lt
il f1t1t'lle Ilellre que ce soit. )
A Sierre
A Sarquenen
Au bourg de Loëche et il la Sous te .
A Kandersteg
Pmw les
pOf'tett7's
35
26
25
55
Il
)1
"
)1
d'effets.
Un quart de moins que pour les porteurs de personnei
Ils ne pourront être chargés de plus de [f·O livre l .
Art. 15. Les règlemens antérieurs concernant le transport des voyageurs qui fréquentent les bains de Loëc:le )
sont l'apportés.
Donné en Conseil d'Etat à Sion) le fO juin 1829.
(SuùJent les sigMtures.)
UÉCllE'f Él'ADUSSAN'l' UN TAUIF POUll LES BAINS
DE LOECIIE.
1"
Orand bain SWI'
ta, place
F.
Il sera payé par clJaquc personne pOUl' UIlO oure
de vingt-cinqjours
iO
Si la baignée dùt se prolonger au-delà de vingtcinq jours, il sera payé pour chaque jours en sus.
R.
If·O
2"
Bain neuf de lVerra.
Pour un cure de vingt-cinqjour
Au-delà de vingt-cinq jours il sera payé .pour
chaque jour en sus
10
. JW
�203
Carrés pm'ticulierli.
tel! petits carres particuliers se paient , salis
distinction du nombre de personnes , pour une
cure de vingt-cinq jours
On paie en outre séparement pour le bain,
par personne
Pour chaque jour en sus de vingt-cinq , il sera
paye ) s'il n'y a qu 'une personne .
S'il Y en a plusieurs ) elles paieront collectivement
4·0
10
i
60
2
3°
B(n'n vieux :
Pour ulle cure de vingt-cinq jours
Si elle excè.de vingt-cinq jours) il sera paye
pour chaque jour en sus
•
20
1/,0
Baùls p/'/$ pa1' ceux
Dans les ])aignoires
Dans les carrés .
ne {ont point de cure.
gt~i
60
4·0
5°
Douch
c.~
JI sera paye pour le service dcs douches :
De une a quinze minutes
Pour chflque (jinq minutes en SUR
30
10
()O
Ven/,nus/).·.
Pou r chaque applÏGatinn dr, ventouses il sera
raye
2 1/2
�204
De plus, pOUf le service des bain ' :
Dans les baignoires .
80
30
Dans les carrés .
Qnoique la durée d'une baigné.., soit fixée à vingt-cinq
jours, on payera cependant la taxe complète, lors même
qu'on n'aurait fait usage des bains que pendant dix-hui!
jours; mais si le terme est moindre il ne sera payé cIu'une
laxe par jour, et elle sera la même que celle établie pour
chaque jour excêdant le nombre de vingt-cinq.
. [\ sera fo.urni il chaque baigneul' unç tablel.te pour son
service dan~
le bain ; il sera payé pour ce meuble cinq bat
pour la durée de la baignée ) quelle qu'elle soi t.
Il ya pour les indigens , admis à la distribution des aumônes par la commission de ])ienfaisance , un bain particulier, ou ils peuvent [,liT(} La cure sans payer aucune retribution.
Donné en Diète , à Sion, le 8 mai 1837.
( Suivenl les sig nalures. )'
TAIIIF l' OU It LES PROllÈNADES DAN
I.ES ENVUlON
DE J.OECHE.
Pour un guide et Ull mulel , aller et venir compris :
Fr. de F'·.
•
Au Torrenthorn ..
8
6
Au Gukerhubel
Au-dessus du Pas du loup
3
Au~
Echelles d'Albinen .
2
Au pied du Gemmi .
Z
Au sOlTlmet du Gemmi .
4e;
Au SchwarbDch •
'I,
A la monta gne de Clavineu
6
Au glacier de la DaJa
Au Mayen.
3
A Feuilleret
l
la Cascade
·t
�BIBLIOGRAPHIE.
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œuvre n'ai ent été publi ees q1l e plus tard.
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BEll CHT OU) (NI. le chanoine
), VI,'rsttch einer 'volllwmmll.en
Da.rstellung cler Leuker Bacler 1tndihl'e
l' 11/pographie (notice inédite).
BON VIN , nr, médecin à Loëche pendan
t la saison des eaux.
Notice sur les eaux minérales de Loëche,
Genève,
l
'183
l' .
Geologie der westlichen Schweizer Afpe
/!, Heidelberg une Leipzig, 1831",
FOIS SAC , Notice sur les
propriétés médicales des eaux
de Loëche, Paris, '1838 . •
ENGELHARnT , Naturschilclerungen, SiU
enziige, etc., BaseI,
18/1 ,0.
STU DHU ,
ND. NOlis ne flli sons pliS Illen tion
de lOll51e5 II1Jnuel5 des "OJlIgeur s en Suis se; le nombrp. en
est lI'OP gran d. Tou s s· éten den
t
plus ou moi ns sm' Loë che - IesBain s, ses sour ces, elc.
- - -. -_-
'-
�TABLE
DES ~lATIÈ\ES.
Page
,
Introduction
Topographie
Histoire
Sources
Propriétés physiques et chimiques des eaux
Etablissemens de bains .
Propriétés médicales des eaux.
Mode d'administration des eaux
Precaution hygiéniques
Hôtels.
Environs de Loëche-les-Bnins
.P romenades
Le Torrenthorn
Le Gulœrhubel
Echelles d'Albinon
Feuilleret .
La Cascade
Le Mayen.
Fluh et le glacier de la Daia
Le Gemmi
Améliorations et changemens divers
Administration et mesures de police
Bibliographie
FrN.
IV
9
28
4,4
54
95
105
130
14,5
153
157
ibid.
ibid.
i 66
168
170
ibid.
171
172
173
182
190
205
�NOTICE
SUR
LES EAUX MINÉRO-THERMALES
DE LUX EUIL
�_ Corbeil, imprimerie de Créle. -
�NOTICE
SUR LES
EAUX MINÉRO-THERMALES
DE LUXEUIL
ET SPÉCIALE~NT
SUR LE BAIN FERRUGINEUX
PAR
LE DOCTEUR A. BILL OUT
A PARIS
CHEZ J. B. BAILLIÈRE,
LIBRAIRE DE L' ACAD É MIE IMP É RIALE DE MÉDECINI ,
Bue DnuteCeuille, J.O.
t857
�·
~
�NOTICE
SUR
LES EAUX IIINÉRO-TIIERMALES DE LUXEUIL.
Parmi les nombreux établissements d'eaux minérothermales que possède la France, il en est quelquesuns qui, 'tout en offrant à Ja thérapeutique les ressources les plus nombreuses et les plus réelles, sont
cependant moins fJ'équentés par les malades. La
cause de cette sorle de discrédit est évidemment dans
l'oubli où ces établissemenls sont laissés par les méde'cins, auxquels leurs nombreuses occupations ne
permettent pas d'aller s'assurer par eux-mêmes de la
valeur de telJes ou telles eaux; et comme ils ne sont
pas d'ailleurs édifiés sur cette valeur réelle, ils privent nécessairement leurs malades d'un moyen de
traitement souvent si efficace.
Ces réOexions me sont venues naturellement à
l'espril pendant le séjour que j'ai fait au magnifique
établissement de Luxeuil. Je crois rendre un véritable service à la thérapeutique des eaux minérales.
1
�!
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
en publiant une description succincte, mais exacte, de
cet établissement, et des améliorations qu'il subit en
ce moment sous l'habile direction de M. François, ingénieur des mines, cl1argé du service des eaux thermales de France.
Le travail que j'offre à mes confrères comprendra
une esquisse topographique de Luxeuil, la description
de l'établissement thermal, l'analyse des diŒérentes
sources qui l'alimentent et enfin quelques réflexions
sur leur action thérapeutique.
�DE LUXEUIL.
3
CHAPITRE PREMIER.
Esquisse topographique de Luxeuil.
Le cadre que je me suis tracé pour cé travail ne
me permet pus de m'étendre longuement sur la description de Luxeuil ancien et moderne, sur les monuments nombreux que celle ville renferme, sur les
vicissitudes historil[ues dont elle a été le théâtre; je
crois cependant utile de dire quelques mots de la ville
que doivent habiter les malades, qui viendront demander la santé aux eaux minéro-thermales de
Luxeuil.
1° Luxeuil ancien.
Les peuples anciens, souvent plus sages que nous,
croyaient siDcèrement à la vertu des eaux minérales;
ils avaient su les rechercher partout, et enfermer
dans un cercle de con structions ces précieux moyens
de guérison. De là l'origine de plusieurs villes. De là
sans doute aussi l'origine de Luxeuil qui se perd dans
la nuit des temps. Un e inscription trouvée le 25 juillet 1755, dans des fouilles failes aux bains, nous donne
une preuve authentique de l'existence de Luxeuil,
58 ans avant Jésus - Christ.
Voici cette inscri p tion :
LIXOVIT THRRM.
REPAR. LABIENVS.
IVSS.
C.
IVL. CAES.
IMP.
�4
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
Elle se traduit ainsi : Lixovii thermas 1'eparavit
Labienus, Jussu Caii Julii CœsU1'is imperatoris : il est
donc constant que Labienus lieutenant de César fut
chargé par lui de réparer les thermes de Lixovium,
Luxeuil.
Une autre inscription conservée comme la première, et qui décore comme elle le nouveau péristyle
de l'établissement, nous apprend l'exisLence d'un
temple voué à Bricia, lu déesse tutélaire de Luxeuil;
sans doute cette di vi ni lé n'était au tre chose que le
Breuchin, rivière limpide et poissonneuse que la
vénération des Romains avait entourée d'un culte
particulier.
Une [oule d'autres inscriptions, de médailles, de
restes de monuments consacre d'une manière authentique l'antiquité de la ville appelée tour à tour
Lixovium, Luxovium, Lixvi, Luxeu et enfin Luxeuil.
Ce que les Gaulois et les Romains avaient établi à
tant de frais devait être détruit par les barbares, et
plus tard encore par les chrétiens peu jaloux de la
santé et des soins du corps. Sur les ruines laissées
par Attila, Saint Colomban vint fonder un monastère
qui acquit bientôt une grande réputation et devint
une des plus riches abbayes de l'époque. C'est à Ja
tête de celle abbaye que vécut saint Valbert dont les
promeneurs vont encore aujourd'hui visiter l'ermitage à peu de distance de Luxeuil.
Pendant ce temps , les thermes avaient éLé complétemenL oubliés, et à leur place s'étendaient comme
un marai et des étangs presque pestilentiels; ce ne
fut qu'en 1768, qu'ils furent rétablis aux [rais de la
viUc ainsi que l'indique l'inscription placée Sur le
fron Lon du bâLi men t.
�DB LUXEOIL.
5
2° Luxeuil moderne.
La ville de Luxeuil est située à l'extrémité d'une
plaine délicieuse arrosée par les deux rivières de la
Lanterne et du Breuchin; elle est adossée au nord
au pied des montagnes des Vosges, qui la pro tégent contre les venls froids si funestes aux malades, mais eHe s'étend d'un autre côté au milieu
d'une campagne ' très-large, pleine d'air et de lumière. Je ne saurais trop insister sur cette position géographique si rare pour les villes où J'on
renconlre d'imporlantes eaux minérales. Sans vouloir
en effet citer ici tel ou tel établissement, je ne puis
m'empêcher de faire remarquer que souvent les malades qui vont demander lu sunté aux eaux minérales,
trouvent un empêchement réel duns la position géographique des villes qui les renferment. Assurément
la vue des montagnes élevées, en lourées de dangereux précipices est un speclacle bien digne de curiosité, mais n'oublions pas que nous avons affa ire d'abord à des malades qui se trouveront quelquefois
bien malheureux s'Hs ne peuvent trouver une promenade agréable qu'au prix d'une ascension pénible; à
Luxeuil au conlraire, les promenades, quoique très
pitLoresques, sont d'uo abord facile; plusieurs sont
situées aux portes même de la vllle. Les malades à
qui la marche est pénible peuvent donc, sans trop de
fatigue, se livrer à un exercice souvent si utile pour
les baigneurs. AjOllt.ons que les rues sont larges et
très-aérées, surtout celle qui est la plus rapprochée
de l'établissement et qu'on nomme faubourg des H.omains.
On trouve dans Luxeuil un grand nombre de constructions très remarquables: une des plus curieuses
�6
NOTICE SUR LES EAUX lIHNÉRO-THERMALES
est l'ancienne habitation du cardinal Jean Jouffroy,
ministre de Louis XI. Plusieurs écrivains et artistes
célèbres ont décrit cette maison; pendant la visite
que l'Empereur a fuite cette année à Luxeuil, des ordres ont été donnés pour qu'elle fût respectée et entretenue par des mains habiles. Les étrangers visitent aussi avec grand plaisir une autre maison située
en face de celle don t nous venons de parler, et dont
l'architecture remonte aussi au quinzième siècle.
A un de ses angles est une tourelle on ne peut plus
curieuse el admirablement respectée par le temps.
Nous citerons encore l'église paroIssiale, qui appartenait autrefois à l'abbaye; les ruines très curieuses
du cloître remonlant au huitième siècle; une maison
très remarquahle dans le style de la renaissance, et
enfin un grand nombre de construcLions particulières
qui fon t de ceLle ville u ne des pl us remarq uubles de
France, au poinl de vue de J'antiquité historique.
C'est surtout dans le quarLier le plus rapproché de
l'établissement et qu'on appelle le faubourg des Romains, que se trouvent les maisons destinées à loger
les baigneurs, ainsi que de très beaux hôtels, tels que
celui du l,ion Vert et du Lion d'Or, où l'on rencontre
tout le confortable et le luxe hygiénique si nécessaires
aux malades.
Ce fi uarLier est séparé de l'établissement par une
large avenue longue de 200 pas environ, bordée de
maisons parfaitement bâLies, et oITrant aussi aux baigneurs des logemen Ls commodes et agréables. En face
de la grille des bains est Je salon où l'on trouve salles
de biJIurd, de jeu, de conversation, grand salon de
danse; remarquons, en passant, que l'escalier qui
conduit au premier étage est très peu élevé, et d'une
ascension on ne peUL plus facile. Les fen~trs
don'-
�7
DE LUXEUIL.
nent d'un côté sur une campagne très étendue, et de
l'autre sur le magnifique jardin de l'établissement.
La vie matérielle est peu coûteuse à Luxeuil. Les
appartements sont on ne peut plus confortables, et le
service des tables d'h6te ne laisse rien à désirer.
On a reproché aux habitants de Luxeuil de n'avoir
point fait tout ce qu'il fallait pour la prospérité de
leur établissement; déjà, disait M. le docteur Revillout, à l'époque où il écrivait son livre (1.838), • il
n'en est plus de même aujourd'hui, tout le monde rivalise d'ardeur, et bientôt une nouv'elle ère s'ouvrira
pour cette ville si riche en souvenirs, si belle par le
sol qui l'entoure.
Assurément je dirai aussi que les habitants de
Luxeuil, sont d'un commerce très agréable, qu'ils
reçoivent les étrangers avec les plus grandes prévenances, la pIns grande aITabilité; je crains cependant
qu'ils ne comprennent pas encore assez qu'ils doivent
s'eITacer entièrement devant les étrangers, qui viennent pendant quelques mois de l'année apporter à
leur ville une prospérité réelle. Mais aujourd'hui que
l'État, en propriétaire habile et jaloux de la santé
publique, n'a pas craint de faire des dépenses considérables pour rendre cet établissement un des plus
importants de France, les habitants de Luxeuil ne
reculeronL devant aucun sacrifice pour rendre à
leurs bains leur ancienne réputation plus que jamais méritée.
)1
•
�8
NOTICE SUR LES EAUX M!NÉRO-THERMALES
CHAPITRE II.
Ébtblissement thermal.
Avant de décrire l'établissement thermal de J... uxeuil, je commencerai par combattre deux griefs qui
semblent au premier abord très importants, et qui
ont attiré et attirent encore d'injustes critiques à cet
établissement.
Avant que je vinsse à Luxeuil, j'avais entendu répéter que le bâtiment des bains est très élojgné de la
ville, puis, ce qui est bien pIns grave encore, que
chaque matin et chaque soir, il est entouré d'un brouillard très épais causé et entreten u par une triple allée
de magnifiques platanes, au milieu desquels il se
trouve situé : je tiens à faire enfin bonne justice de
ces bruits qu'on ne saurait trop démenUr.
Assurément l'établissement thermal est éloigné de
l'extrémité sud de la ville, mais je J'ai dit déjà et je le
répète, il n'est pas distant de plus de 200 pas de celte
partie de la ville la plus belle, la plus aérée qu'on appelle le faubourg des Romains et où sont situés, je
le dis encore une fois, les maisons et les hôtels destinés à loger les baigneurs. De plus encore, en face
de la grille du blHiment des bains, des deux côtés du
grand salon, se trouvent plusieurs maisons disposées
pour recevoir les malades, et un emplacement considérable pout en construire de nouvelles. Disons donc
et répétons-le bien haut: l'établissement thermal de
Luxeuil n'esl pas éloigné de la ville. Examinons main-
�DE LUXEUlL.
tenant s'il y a avantage réel à ce que le bâtiment des
bains soit construit dans le centre même des habitations et entouré de maisons qui bornent de tous côtés
l'air et l'espace; non assurément, et la légère distance
qui sépare l'établissement dont nous nous occupons
de l'intérieur de la ville, nous parait être plutôt un
avantage qu'un inconvénient réel.
Quant à la seconde accusation, elle est encore
moins fondée que la première; à une certaine époque
en effet le bâtiment des bains était entouré de grands
arbres, qui pouvaient entretenir ce brouillard humide qui n'existe plus aujourd'hui; l'administration
en a compris la cause, et a fait abattre l'allée d'arbres
située au nord de l'établissement, pour la remplacer
par un jardin anglais vaste et très-aéré.
L'établissement thermal de Luxeuil, est sans contredit un des plus beaux qui existent en France. Le
bât~men
qui renferme les bains et les différentes
sources est situé au milieu d'un magnifique jardin,
précédé d'une cour grandiose dans laquelle on pénètre par une grille magniOqlle, ornée d'un élégant
portail. Ce bâtiment se divise en trois ailes principales
qui contiennen t, en commençant par la gauche: le
logement du condcrge, le cabinet du médecin inspecleur et le bureau du régisseur des bains, le bain
des Bénédictins, le bain des Dames, le bain des Fleurs,
le bain Gradué, un salon d'allen te, le grand Bain, la
salle Neuve, la turbine, le bain des Cuvettes qui, recouvert depuis quelques années, sert de péristyle au bain
ferrugineux situé derrière lui, la lingerie, les cabinets
de douches ascendantes et enfin le bain des Capucins.
1 Bain des Bénédictins.
0
Ce bain contient un bassin ou piscine dans lequel
�t0
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
25 person~
peuvent se baigner à l'aise; on y trouve
des vestiaires très vastes et très bien éclairés, l'eau
de ce bassin comme celle de toutes les piscines de
Luxeuil, se renouvelle continuellement, avantage fort
rare dans les établissements thermaux; il est alimenté par deux sources doot la température réunie
est de 3ft. à 35° cenligrades.
2° Bain des Dames.
(
Le bain des Dames sert à alimenter les cabinets
de douches descendé,lOtes et ascendantes qui se trouvent dans cetle salle, les baignoires du bain des
fleurs, et une grande partie de celles du bain gradué. La source du bain des Dames la plus minéralisée de l'établissement jaillit d'une borne élevée
au milieu du bassin dans lequel on ne se baigne
plus aujourd'hui, sans doute à cause de sa température élevée qui est de 37° Réaumur. L'administration comprendra, nous l'espérons, qu'elle prive
ainsi les malades d'une ressource puissante, et rétablira la piscine du bain des Dames; il est des cas en
erret dans lesquels les bains à haute température
peu ven t rendre de très ,grands services aux malades.
M. Je docteur Turck de Plombières, m'a dit avoir
souvent retiré de grands avantages de l'emploi de ces
bains très cbauds, pourvu toutefois qu'ils soient administrés sous la surveillance du médecin . .Espérons
donc que celle ressource si importante sera bIentôt
rendue à l'établissement dont nous nous occupons.
La quan lité considérable de gaz azote pur, qui se
dégage de la source du bain des Dames a fait songer
à l'employer dans certaines aITections de l'utérus;
nous n'avons pas vu d'observa lion bien concluante en
faveur de ce mode de traitement.
�DE LUXEUIL.
3° Bain des Fleurs.
Nous ne décrirons pas en détail le bain des Fleurs
tel qu'il existe aujourd'hui, car il doit être entièrement reconstruit celte année, d'après les nouveaux
plans de l'ingénieur, M. François. Ce bain renferme
une source d'eau gélatineuse qui n'a point été utilisée jusqu'à ce jour. Cette source fournit 9000 litres
en 2l~
heures, elle pourrait donc parfaitement alimenter des baignoires, dans lesquelles on créerait
comme dans le bain ferrugineux des douches vaginales et des douches ft la tivoli.
4.0 Bain Gradué.
On est vraiment saisi d'admiration en pénétrant
dans la salle du bain Gradué. Cette salle, en effet,
est d'une architecture remarquable. Le bassin destiné aux baigneurs se divise en quatre compartiments, qui avaient autrefois chacun une température
diITérente, 26, 27, 28 et 29 degrés Réaumur. Je me
demande pourquoi l'on a jugé à propos de ne plus lui
en conserver que deux, 27 et 29. Il serait, selon nous,
très bon de ne pas se priver ainsi gratuitement de
ressources quelquefois fort imporlantes.
Autour dt;! bassin sont douze cabinets de bain et de
très beaux vesliaires pavés en asphalte et ornés de
vastes cheminées. Trois de ces cabinels sont alimentés
par l'eau du bain des dame, et peuyent aussi servir à
des bains de haute lempérature. Les cabinets du bain
Gradué ne renfermen l pas d'appareils de douches: il serait extrêmement facilecl'en établir, à très peu de frais.
Dans toute la longueur du bâtiment qui renferme
le bain des fleurs et le bain Gradué, règne une vaste
galerie, où les baigneurs se promènent en cas de mau-
�f2
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
vais temps. Cette galerie, qui s'ouvre sur la cour par
de vastes arcades, doit être vitrée dans toute sa longueur, et chaufIée par un réservoir d'eau chaude placé
sous le sol.
5° Grand bain.
Le bassin du grand bain est recouvert par des
dalles; il est formé de deux sources, qui fournissent 50,000 litres d'edu en 24 heures. Cette eau
est montée, au moyen d'une turbine, dans des réservoirs qui alimentent des appareils de douches et
quelques cabinets de bain très confortables, dans lesquels nous avons remarq lié des baignoires en tourées
de rideaux, luxe inusité dans la plupart des établissements thermaux. Les murs de ces cabinets doivent
être très prochainement recouverts de faïence blanche. On s'occupe de construire dans le grand bain des
cabinets d'inhalation et des appareils de douches à.
haute pression.
6° Salle neuve.
La salle neuve n'est qu'une dépendance du grand
bain. C'est dans cette sulle que l'on trouve les appareils de bains de vapeur, trop peu nombreux, et
qui ne sont ni beaux ni commodes. Elle renferme
aussi un cabinet de douche écossaise. Sans nul
doute, l'administration comprendra qu'il y u là une
lacune importante, qui devra être très prochainement
comhlée.
7° Bain des Cuvelles.
Comme nous l'avons dit tout à l'heure, ce bain est
aujourd'hui recouvert de dulIes, et précède la nouvelle construction si importante qui renferme le bain
ferrugineux et dont nous allons nous occuper en détail.
�DE LUXEUIL.
i3
8° Bain ferrugineux.
Au milieu du bâtiment principal de l'établissement thermal de Luxeuil s'élève une construction
nouvelle, destinée au bain ferrugineux. Elle se compose d'une salle oblongue, décorée avec luxe et
élégance, qui se ter.mine par deux autres petites
·salles en forme de rotonde, qui contiennent chaCune une petite piscine ou bain de famille, et un
vestiaire. En entrant dans le bain ferrugineux, on
trouve de chaque côté une élégante fontaine destinée
aux buveurs. Celle de droite contient l'eau ferrugineuse; celle de gauche, l'eau provenant du bain des
cuvettes, sur la nature de laquelle nous reviendrons
plus tard. Neuf cabinets sont disposés dans la longueur du bain ferrugineux. Je ne saurais trop insister
sur le confortable et le luxe de ces cabinets, qui rappellent les plus élégants établissements parisiens.
Chacun d'eux renferme une baignoire en granit rose
des Vosges, enfoncée dans le sol, et dans le fond de
laquelle on a disposé un appareil très commode pour
les injections vaginales. C'est aussi par un orifice ouve!'t dans le fond que l'eau fèrrugineuse arrive dans
ces baignoires; par ce moyen il n'y a aucune déperdition de gaz. M. le docleur Constan tin James remarque avec raison, en parlant des baignoires de
Néris, où le m6me système est adopté, que l'eau qui
y arrive a perdu les gaz qu'elle peut contenir pendant
son séjour dans les bassins de réfrigération. II n'en
est pas de même ici, car nous verrons tout à l'heure
que l'eau de la source ferrugineuse arrive dans la baignoire sans perdre ni sa chaleur ni les gaz qu'elle peut
contenir.
Avantla construction du bain ferrugineux, et avant
�t4
NATICE SUR LES EAUX MINÉL\O-THEBMALES
la découverte et le captage des nouvelles sources, l'eau
ferrugineuse alimentait quatre baignoires du bain des
Capucins, dont nous parlerons tout à l'heure. Cette
eau se trouve mélangée à des eaux étrangères, et sa
température n'était que de 15 à 1.6 degrés centigrades: il était donc complétement impossible de
donner des bains à une température aussi basse et
avec une eau dont le volume augmentait selon que
le temps était sec ou pluvieux. Pour obvier à ce
manque de calorique, on échauffait l'eau ferrugineuse
en lui faisant traverser une série de serpentins placés
au milieu de l'eau du bain des cuvettes, à ll5 degrés.
Aujourd'hui ce système de chauffage a été complétem'e nt abandonné. Les nouvelles fouilles dirigées par
l'ingénieur, M. François, ontamené la découverte des
yéritables sources ferrugineuses, à 80 ou t 00 mètres
du bâtiment principal. La température de cette eau,
prise à la source, est de 28 à 29 degrés. Cette source
est parfaitement captée dans un vaste réservoir de 50
à '60,OOO litres, pouvant se remplir dans les vingtquatre heures. Du bassin l'eau est amenée dans le
bain ferrugineux par des conduits en terre cuite vernissés et complétement isolés, pour éviter la déperdition de la chaleur; elle arrive à une température de
25 à 26 degrés duns les baignoires, qui reposent ellesmêmes sur une galerie échaulIée par l'eau du grand
bain, et conserve aillsi une chaleur suffisante pour le
service des bains et des piscines.
Le bain ferrugineux, tel que nous venons de le décrire, est évidemmen t construit clans les conditions
les plus favorables; nous lui reprocherons cependant
un seul inconvénient, la trop petite quantité de ses
baignoires, qui, celte année déjà, suffisaient à peine
au nombre toujours croissant des baigneurs. Cet in·
�DE LUXEUIL.
15
convénient a été prévu par l'administration, qui s'occupe en ce moment d'établir, à l'extrémité du bain
ferrugineux, une nouvelle salle circulaire, contenant
douze cabinets semblables àceux qui existent aujourd'hui. Cette salle sera disposée pour recevoir des baigneurs à l'ouverture de la saison prochaine.
9· Douches ascendantes.
Près de la lingerie, dont nou,s n'avons point à nous
occuper, et du bain des Capucins, sont placés les
cabinets de douches ascendantes. La galerie dans
laquelle ils sont situés se trouve presque complétement isolée. Chacun ,de ces cabi nets est parfaitement
éclairé; un courant d'eau circule au-dessous des
appareils de douches. Ce bâtiment, en un mot, réunit
toutes les conditions nécessaires si souvent négligées
dans cette pariie des établissements thermaux.
1.0· Bain des Capucins.
Ce bain renferme deux bassins séparés par une
cloison en pierre, et destinés aux baigneurs des deux
sexes. La tempéra lure de l'eau qui les alimen te est de
29 degrés Réaumur. Chacun de ces comparliments
peut contenir environ quinze personnes. Les vestiaires sont très vastes et' parfaitement éclairés; ils
sont ornés de grandes cheminées, surmonlées de
très belles glaces. Leur sol doit être très prochainement recouvert en bitume.' Aux quatre angles de la
salle sont des cabinets destinés autrefois aux bains
ferrugineux.
Nous avons dit que la piscine du bain des Capucins est divisée en deux compartiments, dont l'un est
destiné aux femmes, et l'autre aux hommes. Assurément, c'est là une grande amélioration, dont il fau-
�i6
NOTICE SUR LES EAUX l\UNÉRO-THERMALES
drait se contenter s'il n'était pas possible de faire mieux
encore. Mais nous savons qu'il existe à Luxeuil une
autre piscine très vaste, celle des bains des Bénédictins, située à l'autre extrémiLé du bâtiment. Ne seraitil donc pas posi~le
d'affecter l'une de ces piscines au
service des femmes, et l'autre à celui des hommes?
M. le docteur Constantin James, dans son intéressant
ouvrage sur les eaux minérales, dit, en parlant de
Luxeuil: « Il y aurait bien quelque chose à dire sur
cc l'usage où l'on est encore de se baigner pèle-mêle,
« hommes et femmes, dans les mêmes bassins. (Il
« parait qu'à l'époque où écrivait M. James la sépa« raLion du bain des Capucins n'existait pas encore.)
« Mais ce sont presque toutes personnes de l'endroit,
(\ surtout de la campagne; puis les choses se passent
avec une telle convenance, une telle réserve, et,
c( qu'on me pardonne l'expression, tous ces malades
« avaient de si bonnes figures, que je n'ai été nulle(c m ent choqué de ces bains pris eo commun. » Nous
accordons très volontiers à M. James que les choses
se passent avec convenance, que les baigneurs des
pi scines de Luxeuil ont de très bonnes figur es; mais
nous n'admettons pas que ce soient presque Ioules pe1'sonnes de l'endroit, SlLl'lOul de la cam.pagne. Et quand
en core cela serait, la raison ne nous paraît pas suffisante pour autoriser ce mélange des deux sexes . On a
dit au ssi que les bains en pi scin e di stincte pour chaque
sexe n'ont pas tout le piquant des bains en commun;
qu'on y rencontre moins d'animation, moins de gaîté.
Nous avons passé une saison aux bains de Néris, où
chacune des piscines est parfaitement distincte, et
nou s avons remarqué un enlrain, un abandon qui
nous paraissaient complélemE'nt incompatibles avec
le mélange des deux sexes. Revenons aux bains des
(1
�17
DE LUXEUIL.
Capucins, et espérons que l'administration sera de
notre avis, et affectera l'une des pisdnes au service
des fems~
tandis que l'autre sera réservée pour les
hommes.
Il n'existe pas d'appareils de douches dans le bain
des Ca pucins, mais jJ serait on né peut pl us facile
d'en établir dans les cabinels dont nous avons parlé,
qui étaient au trefois destinés aux bains ferrugineux.
,
ito Sources de l'établissement thermal.
Les sources que l'on trouve dans l'établissement
thermal sont au nombre de onze; sept son,t situées,
comme nous l'avons dit déjà, dans le bâliment des
bains ; ce son t : la sourc
~ des Bénédictins, la source
des Dames, la source gélatineuse située dans un des
angles du bain des Fleurs, la Source du bain Gradué,
la source du grand Bain
~ la source des Cuvelles, la
source du bain des Capucins. A 1.00 mèlres environ
au nord du bâtiment se trouvent les sources ferrugineuses. La plus abondante, qui est aujourd'hui captée, et ùont nous avons parlé à propos du bain ferrugineux, donne environ 50 à 60,000 litres d'eau
dans les vingt-quatre heurès, et peut, par conséquent, parfaitement suffire à l'augmenta lion du nombre de baignoires dont on s'occupe en ce moment.
La seconde, située à 60 mètres environ du bâtiment,
n'est pas encore entièrement captée; elle contie~
plus de fer que la première, mais su température
est beaucoup plus basse, eL elle ne fournit que 7 à
8,000 litres dans les vingt-quatre heures.
Enfin on trouve encore au nord-ouest: la SOlwce
d'llygie ou Savonneuse , destinée aux buveurs, et la
FOlltaine des Yeux, ù laquelle la tr~diLon
populaire
ütlache une vertu fameuse pour lu guérison des mat
�t8
NOTICB SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
ladies des yeux; elle est située au milieu de la grande
cour d'entrée, en face du péristyle.
Je ne parlerai que pour mémoire d'une petite fontaine située aussi dans la cour, connue sous le nom
de Fontaine des Abeilles. On raconte qu'une épidémie
de dyssenterie ayant sévi en 1.71.9 sur la ville et les
environs, l'eau de cette fontaine fit de tels prodiges
de guérison, l'affluence des buveurs y devint si grande,
qu'on fut obligé d'y envoyer des gardes pour maintenir l'ordre.
1.2° Salon des bains.
Le salon des bains n'appartenant pas à l'État
comme l'établissement thermal, a été décrit plus
baut à propos de la notice sur la ville de Luxeuil.
Nous avons parlé sommairement des difTérentes
parties qui composent l'établissement thermal de
Luxeuil, nous n'avons pas besoin d'ajouter que les
baigneurs y trouvent un service empressé et confortable sous la surveillance habile du régisseur
M. Dejean.
�DR LUXEUIL.
J
19
CHAPITRE III.
Analysc
dcs sourccs.
Les différentes sources qui alimentent l'établissement de Luxeuil ont été depuis longtemps l'objet
d'analyses importantes. En l'an VIII, Pierson, pharmacien à Épinal, paraît avoir le premier reconnu la
nature alcaline de ces sources. Vauquelin s'occupa
plus tard de l'analyse de la source du grand bain. En
1823, M. Longchamp publia dans les Anna.les de chimie et de physique l'analyse de l'eau de la source ferrugineuse. Plus récemment, en 1837, sur la demande
de M. Desgranges, maire de Luxeuil, et de M. le docteur Revillout, médecin inspecteur, M. Braconnot de
Nancy, correspondant de l'Institut, fit une analyse
complète des eaux de Luxeuil; plus tard encore,
M. le professeur Chevallier signala la présence de
l'acide arsénieux, confirmée par les expériences précises de M. le docteur Chapelain, médecin inspecteur actuel. Tout dernièrement enfin, M. le docteur
O. Henry fils a présenté à la Société d'hydrologie une
note sur la composition de certains dépôts qu'abandonnent les eaux minérales de Luxeuil. Nous nOlIs
occuperons d'abord du travail de M. Braconnot, pour
revenir ensuÏle à celui de M. O. Henry, auquel nous
attachons une très grande importance.
Sans entrer ici dans tous les détails analytiques
consignés par M. Braconnot dans les Annales de chimie el de physique (1'0série, t. XVIII! , nous nous bOr'De-
�20
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
rons à reproduire le tableau synoptique des proportions des substances contenues dans un litre de l'eau
de chacune des neuf sources.
M.le docteur Chapelain, dans son Traité sur Luxeuil
et ses bains, reproduit ce tableau en y faisant figurer
les diITérentes sources d'après leur degré de minéralisation; nous adopterons aussi cet ordre, qui nous
paraît préférable à celui qu'a suivi M. Braconnot.
TABLEAU .
�0,0436
0,0321
0,7471 10,0239 10,U68
0.7053 10,02:19 10, i442
0,5797
0,3754
Source cbaude du
bain gradué. .. ... 37
1
Eau du cabinet no 7
du bain gradué... 36 1°,6694 10,0220 10,1168
0,6376
56
Source moins chaude
du bain gradué ... 36
Bain ùes Cuvettes ... 46
Bain des Capucins .. 39
Eau savonneuse ..... 1 30 10,t098
4
5
6
7
8
9
Grand bain.........
0,0030
0,0012
chaux.
0,0970
0,0795
0,0050
0,0160
man~èse
j
olyde ;
de fer,
oxyde de
.lLUMln, ,
SILICI.
animale.
0,0671
0,0580
O,OHO
0,Oi5f
0,0660
fixe
USIDO
pour un
1litre d'eau
/
.J.T1h. 1
O,003i
10,0240
0,0034 10,075i 1°,0028
0,0020 10,0825 1°,0040
0,0018
0,0030
0,0019
Traces. 0,0004
0,0017
0,0020
0,0029
0,0028 10,0022
0,0240 0,0020
i ,0845
0,2751
0,0250 1Traces.
0,8tH2
0,5681
0,0022
0,9616
0,0024
0,0450
0,0504
0,0771 . 0,0024
0,0622 10,0025 10,977!
0,0805 · 0,0030
1,nao
l,i349
f,f649
------ - - - - - - -
1•• ONISIB.
.
0,0850 1°,0030 0,0033 10,0659 1 0,0025
0,1224 1°,0391 10,0571
1 0,0355
0,0152 0,H45 1°,0282
0,02U
1
0,0457 10,0785
3
0,0200 0,t499
0,7564
t
soude.
de
1
0,0473 10,0600
-
de
C... BO:UT. CUBO:'UTB
Bain des Bénédictins. 45
0,f529
soude.
de
SULPnl
2
0,02i5
potassium .
--- -
l
0,7707
?
..
de
cBLonu
sodium.
de
-
CBLO.OU
~
g
'!';
Bain des Dames .... , 47
1-
NOMS DES SOURCES.
Tn',leR" 8.>DopOque de8 8ob.IRlIceli cOllteDIICII dall8 1000 gramme. tle chncune dCIi soure!'s de Lnxeull.
CI3
NI
S
t""
:...
~
t::'
t"l
�~2
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
« En jetant les yeux sur ce tableau, dit M. Bracon-
not, on peut en déduire plusieurs faits remarquables
qui serviront à diriger l'emploi des eaux thermales
c( de Luxeuil dans les di verses maludies auxquelles on
c( les destine.
'
« 1° 0 n remarquera que les sou rces nO' 1, 2, 3 et 4« ont sensiblement la même composition, par les pro1{ portions des éléments qui les constituent, car les
« légères différences qu'on y observe ne sont vraisem« blablement dues qu'à des erreurs de manipulation
« qu'il est impossible d'éviter dans ces sortes de reC[ cherches. On peut donc conclure que ces quatre
cc premières sources proviennent du même réservoir
« souterrain ou centre minéralisateur;
« 2 u Que les sources nO' 5, 6 et 7, quoique prove« nant aussi de la même nappe d'eau, ont rencontré
« accidentellcment dans leur trnjet des filets d'eau
« pure qui on t altéré leur constitution originelle;
« 3° Que, dans la source n° 8, cette altération est
« beaucoup plus marquée;
« {Jo Enfin, que la source n° 9 est tellement appauCI vrie par son mélange avec l'eau pure, qu'elle peut
« être comprise parmi les eaux des sources ordift naires. »
De plusieurs sources, et surtout de celle du bain
des Dames, se dégage une quantité considérable de
gaz, que M. le docteur Revillout avait tout d'abord
considéré comme du gaz azote pur; M. Braconnot, en
faisant son analyse, avait supposé que ce gaz était de
l'acide carbonique, mais il a bientôt reconnu que
c'est en eITct dc l'azote. Voici, du reste, l'explication
qu'il donne de la production de ce gaz: « On suit, dit
« M. Braconnot, que les nuages qui se rassemblent de
« préférence autour des sommets les plus élevés, y
c(
c(
�DE LUXEUIL.
!3
« déposent de la pluie, dont une partie se rassemble
à leur surface pour former des ruisseaux, tandis
qu'une autre partie de cette eau filtre à travers les
« fissures des montagnes, et pénètre quelquefois à
« une profondeur extrêmement considérable, où elle
c( est échauffée par la chaleur que l'on suppose crois« sante avec la profondeur. Arrivée au réservoir où
cc s'opère la minéralisation, elle se sature des sub« stances qui sont en contact avec elle, et, comme
« parmi ces substances se trouve du protoxyde de fer,
« puisque nous avons reconnu que toutes les eaux de
« Luxeuil en contiennent une petite quantité, celui-ci
ct s'empare de l'oxygène que cette eau retient en dis«solution; d'où il résulte que l'azote seul qu'elle re« tenait aussi s'en sépare sous forme de bulles plus
« ou moins grosses, à mesure que l'eau approche de
c( la source et que la pression diminue. »
c(
c(
En faisant ]a description des différents bains de l'établissement thermal, nous avons omis à dessein un
fait qui trouve tou t na turellemen t ici sa place. Les eaux
de Luxeuil déposent sur les parois des bassins qui les
renferment une substance noirâtre, douce au toucher
qui se détache très facilement; cette substance est
d'autant plus abondante et d'autant plus foncée qu'elle
provient de sources plus minéralisées. Ainsi on la
rencon tre en grande é1bondance et presque noire sur
les pé1rois du bassin du bain des Dames. M. Braconnot a aussi analysé ces différents dépôts, et y a constaté la présence d'une très grande quantité de peroxyde demanganèse, 70 centigrammes sur2 grammes.
M. le docteur Chapelain, sans faire une analyse
quantitative exacte, a constaté l'identité des substances reconnues par l'habile chimiste de Nancy.
�24
NOTICE SUR LES EA UX MINÉRO -THERM ALES
, A l'époq ue où M. Braco nnot fit l'analy se des eaux
de Luxeu il, on ne s'étuit pas encore occup é de recherch er l'arsen ic qu',Qn a trouvé depuis dans un
très grand nombr e d'eaux minér ales; M. Je docteu r
Chape lain mis sur la voie par les nouve lles expéri ences
chimiq ues, s'occu pa de la recher che de ce métall oïde,
qu'il ne trouva que dans l'eau ferrug ineuse ; à l'époque où · lu nouve lle source ferrug ineu se fut découverte, notre honor able confrè re pria M. Braco nnot de
vouloi r bien faire une analys e nouveJle dont nous
donno ns un résum é succin ct.
Tableau des substanoes oontenuos dans
l'e
~ u
ferrugineuse de Luxeuil
d'après M. Braoonnot.
1° f.hlol'me de sodium .... . , ..... . ... .
2° Chlorure cie potassium ....... ..... .
3° Sulfate de SOlide........ ...•... . ...
4° Oxyde de mangan èse ....... ..... . . .
5° Carbouale de chaux ....... .•..... ..
6° Sidrate de chaux .•..... " ...•... ..
7° Magnésie. ·... .. ....... .•..... . " •.
8° Matière azolée....... ....... ...... .
!
9° Silice et albumin e ••.. " ...... " .. .
10° Oxyde de fer .....
11 ° Phosphate de fel'. • ....... ....... .
12° Arséniate de fer ..
0,2579
0,0021
0.0700
0,0220
0,0350
0,00 50
0,0070
0,01 00
0,0080
0,0270
0,11440
M. Braco nnot a remar qué que le fer dissou s dans
l'eau, au mome nt où elle sort de la source , est dans
un état inférie ur d'oxyd ation, mais qu'au contac t de
l'oxyg ène, il' passe il l'étal de sesqui oxyde , et se précipite en entrai nant les acides phosp horiqu e et arsénique.
L'oxyd e de manga nèse au contra ire est retenu dans
l'eau avec beauc oup plus de force. Si en effet, on analyse l'eau fen:ug ineuse séparé e de son dépôt, et ne
�25
DE LUXEUIL.
donnant plus aucun indice de la présence du fer, on
y constate par les réactifs la présence d'une quantité
considérable d'oxyde de manganèse.
L'ocre de Luxeuil ou dépôt produit par la source
ferrugineuse a présenté à l'analyse de M. Braconnot
les résulLats suivants: l'acide apocrénique et crénique ne sont plus retrouvés comme clans la première
analyse faite par l'auteur. Une partie de l'oxyde sesquiferrique est combiné à l'acide phosphorique et à
une petite quantité d'acide arsénique.
Une série d'expériences a dénoté la présence du
cuivre et des différentes matières dont le tableau se
rés ume ainsi :
52,288
Oxyde ferrique ........••...•••.••.•..
19,940
Phosphate ferrique ...•..••....•......
2,772
Arséniate ferrique ......•.... . .....•••
Matière azotée ..........••........... Quanlité indét.
Carbonate dc chaux .................. . 00,000
00,000
Oxyde de manganè c.... . . ..........•.
Cuivre ........... . ... · ............. . 00,000
Matières terreus ps étrangères ......•... 25,000
iOO,OOO
En terminant l' analyse du dépôt ocreux, M. Braconnot remarque qne l'eau ferrugineuse retient en
dissolution une quantité notable de manganèse, tandis que le dépôt ocreux n'en renferme que des traces,
et cependant, dit le savant chimiste: « ayant examiné
« il y a environ trente ans, la substance vernissée d'un
« brun noirâtre qui revêt les bassins de Luxeuil, je
« l'ai trouvée formée presque en totalité de peroxyde
de manganèse et de bal'yte ») Nous n'insistons pas en
ce moment sur cette remarque que nous considérons comme on ne peut plus importante et sur laquelle nous reviendrons dans le courant de ce travail.
�26
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO -THERM ALES
Arrivons maint enant au travail de M. O. Henry
fils, qui vient corroborer l'opinion ,que nous nous
sommes faite sur l'importance thérap eutiqu e des eaux
, thermales de Luxeuil en général, et surtou t du bain
ferrugineux.
M. O. Henry a opéré sur différents échantillons
de dépôts recueillis par M. François et par M. le docteur Chapelain. Ces dépôts sont au nombre de quatre .
1° Dépôt du bain des Dames.
2° Dépôt de la source gélatineuse.
3° Dépôt ùu Grand bain.
4° Dépôt de la source ferrugineuse.
Les trois premi ers de ces dépôts, dit M. Henry,
ont entre eux une très grande analogie; le quatri ème
au contraire présente des caractères très-différents.
De même que M. le professeur Chevallier, M. Henry
a constaté dans ces différents dépôts la présence de
l'arsen ic en quanti té peu considérable.
Voici le tableau comparatif des substances conte nues dans les trois premiers dépôts.
Silice ...... • ..•.. " ......•
Sesquioxyde de manganèse ..
Sesquioxyde de rel' ... " ....
Sulfate de baryte ....... ....
Silicate de manganèse ..... }
Baryte ....... ....... ....
Matière organique ou acide
cl'énique ....... ....... ..
Al'senic ....... ....... .....
Bain des dames. Source gélatineuse.
4,144
61,638
1,036
6,722
8i ,923
0,992
Grond bain.
21,461
:-12,671
0,916
Indices.
Indices.
32,iOO
9,344
44,952
1,020
1,082
Indices.
Traces.
Truces.
'l'l'aces.
Traces.
iOO,OOO
tOO,OOO
100,000
Le quatrième dépôt olTre des caractères diITérents : ,
�27
DE LUXEUIL.
sa couleur, au lieu d'être d'un brun foncé, est jaune
d'ocre. Voici maintenant sa composiLion chimique:
Silice .....•.•........•...•....•.....
Sesquioxyde de fp l' ••.•••••.•••.•••••••
Sesquioxyde de manganèse ............ .
Dépôt micacé ............•...........
SlIlfate de baryte .................... .
i5,62ti
61,035
0,563
10,125
lndices
~:.
i2,632
.~ .~:
}............. .
Arsenic ..•....•.........•.....•. " .,
Cuivre ...•...•..•.......•.......••..
Qnan lité notah le
Traces.
tOO,OOO
Nous voyons ici pr'édominer le fer, qui n'est qu'en
très minime proportion dans les autres dépôts, tandis qu'au contraire, l'oxyde de manganèse, si abondant dans les trois premiers, se retrouve à peine dans
le dépôt de la source ferrugineuse. Dans ce dépôt aussi
la quantité de l'arsenic a augmenté et des traces de
cuivre ont paru.
Nous ne décrirons pas ici les différents procédés
d'analyse employés par M. O. Henry. Nous constatons seulement avec lui que les eaux de Luxeuil contiennent du manganèse soit à l'état de bicarbonate,
soit à l'état de silicate de manganèse ou de manganate de baryte. Quant à l'origine de ce principe minéralisateur, l'attribuerons-nous comme M. Braconnot au passage des eaux de Luxeuil à travers un minerai formé de manganèse de bary te ? il existe en eITet
près de Saint-Dlez, non loin de Luxeuil une mine de
manganèse que Vauquelin a reconnue, mais dans laquelle il n'a pas trouvé de baryte. On trouve encore
dans la Haule-Saône d'autres minerais de manganèse
qui, quoique éloignés de Luxeuil, pourraient très
�~8
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THEBMALES
bien avoir doté ses eaux de ce principe si puissant.
Cette question peut être très importante au point
de vue aostractivemen t scientifique, mais il nous suffit
de savoir d'une manière bien positive que les eaux de
Luxeuil renferment du manganèse, et que le dépôt de
la source ferrugineuse renferme une moins grande
quantité de ceprincipe que le dépôtdes autres sources.
Les eaux des différentes sources thermales que nous
venons de passer en revue, sont toutes d'une limpidité eXtrême, un peu onctueuses au toucher, sans
saveur ni odeur, quelques personnes prétendent y
reconnaîLre une légère saveur fade, que nous n'avons
pu trouver avec quelque soin que nous les ayons
goûtées. Nous en exceptons cependant bien entendu
l'eau de la source ferrugineuse qui a un goût d'encre
assez prononcé, mais cependant peu désagréable.
Nous avons vu dans les différents tableaux analytiqlles
que nous avons reproduits, que les eaux thermales
contiennent une matière animale généralement connue sous le nom de glairîne de barégine. M. Braconnot pense que cette production qu'il considère comme
organique pourraitaonstituer un genre Lout particulier,
ne croissant que dans les thermes, et pour lequel
M. le docteur Foricbon de Néris a proposé le nom
de thermaline. Cette procluction se présente dans les
eaux de Luxeuil , sous la forme ùe grumeaux ramifiés
semblables il. certaines espèces de la famille des algues;
elle est sans nul doute analogue à cette sorte de végétation qu'on trouve si développée dans les eaux de
Néris, et que MM. de Laurèg et Becquerel ont si bien
décrite sous le nom de conferves (Uecherches sur les
conferves des eaux lhermales de Néris, 1855).
Nous remarquons du reste que cette matière se
rencontre surtout dans l'eau ferrugineuse, et qu'elle
�DE LUXEUIL .
29
n'existe qu'en très petite quantité dans les autres
Sources, cela tient évidemment à ce que ces dernières
se trouvent dans l'intérieur de l'établissement et
qu'elles ne sont pas par conséquent exposées à l'air.
Dans l'eau ferrugineuse au contraire dont la source
est en dehors du bâtiment des bains, cette matière se
dépose et fait partie de ce que nous avons nommé
le dépôt ocreux; c'est pour éviter cet inconvénient
que l'ingénieur M. François fait capter la source ferrugineuse dans un réservoir couvert n'ayant pas de
communication avec l'air extérieur.
Celle observation nous fournit une nouvelle analogie entre la matière organique de Luxeuil et les conferves de Néris qui n'existent que dans les ba sins exposés à l'air. « On ne rencontre jamais, dit M. de Laurès, dans les conduites souterraines que des portions
qui ont été entraînées par l'eau courante, mais qui
ne continuent pas à se développer. ))
Température des sources.
La température des sources de Luxeuil varie de
30 à 56 degl'és centigrades. Nous ne discuterons
pas ici sur différentes théories admises pour expliquer la thermalité des eaux, nous admellrons avec
le plus grand nombre des auteurs, que cette chaleur dépend du plus ou moins de profondeur des
réservoirs qui contienn nl ces eaux, et nous comprendrons aussi que les eaux de Lux uil partant toutes
d'une source mère perdent plus ou moins de calorique
selon les couches de terrain qu'el~
traversent. Disons
en même temps que la mCme explication doit être
admise aussi pOUl' leur différence de minéralisation.
Nous remarq uerons du l'este que le.l eaux voisines telles
que celles de Plombières, de Bains, de Bourbonne,
�30
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
renfer ment à peu de chose près les mêmes éléments
minér alisate urs que celles de Luxeuil, abstra ction faite
cepen dant de la source ferrugineuse. La différence
de tempé rature , de minér alisati on est due aussi sans
aucun doute aux différe ntes couches de terrain que
ces eaux ont traversées.
Nous ne préten dons pas dire cepen dant que ces
différentes eaux minérales doivent posséder des propriétés thérap eutiqu es identi ques, car, comme nous
le dirons plus tard, ce n'est pas seulem ent dans les
princi pes minér alisate urs que contie nnent telles ou
telles eaux que réside leur action réelle contre telle
ou telle maladie, nous désirons prouv er seulem ent
que, si l'activité comparative des eaux que nous venons de citer dépend de leurs princi pes minér alisateurs, Luxeuil assuré ment doit tenir un autre rang
que celui que lui ont donné bien à tort quelques auteurs. M. le docteu r Revillout a dressé dans son ouvrage un tableau compa ratif qui établit d'une maniè re
précis e que les eaux de Luxeuil ne le cèden t en rien
aux autres eaux therm ales de l'est de la France , nonseulem ent pour les princi pes minér alisate urs, mais
encore sous le ruppo rt du calorique intime , de l'électricilé eldes gaz qu'elles contie nnent (( puisqu e, ajoute
encore M. Revillout, l'analyse donne aux eaux deLuxeuil quatre fois autant de princi pe qu'aux eaux de
Plombières, puisqu e dans l'un etl'aut re établissement,
la tempé rature de l'eau dépasse le degré de chaleu r
que l'homm e peut suppo rter, puisqu e leurs gaz sont
les mêmes, à quelle cause faul-il donc attribu er l'es- .
pèce de discrédi t dans leq uel sont tombé s les therm es
de Luxeu il? » Assurément les choses ne sont pus aujourd' hui ce qu'elles étaien t à l'époq ue où M. le docteur Revillout publia it son livre (mars 1838). L'éta-
�DE LUXEUIL.
31
blissement thermal de Luxeuil appartient aujourd'hui
à l'état qui luia prouvé toute sa sollicitude. Les logements sont beaucoup plus nombreux et à proximité
des bains; aussi cette année déjà, le nombre des baigneurs a atteint un chiffre très élevé, et nous ne
doutons pas un instant que d'ici à quelques années,
l'établissement thermal de Luxeuil n'ait reconquis
son ancienne réputation.
�32
NOTICB St:JR LES EA.UX MINÉRO-THEltMALES
CIIAPITRE IV.
Des Pl'opl'i étés tbéralt eutique s «lc" eaux de , Luxeu
il
et de leul' Jllode d'a«im. illi,stra tion.
Si nous parcou rons les nombr eux traités sur les
eaux minér ales, nous y trouve rons bien des opinio ns
contra dictoir es, bien des théori es sur l'expli cation de
leurs vertus . Si d'un côté on fait jouer un rôle trop
impor tant à la chimie , à la matièr e médic ale minér ale
propre ment dite, il faut avoue r qu'on fait aussi trop
bon march é quelqu efois des agenls spécifiques qui
donne nt tant de ressou rces à la médec ine en .dehors
même de la pratiq ue des eaux minéra les. Pour bien
s'ente ndre, il faudra it selon nous faire une division
très impor tante et admet tre deux grande s classes
d'eaux minér ales: celles qui agisse nt par les princi pes
vérita bleme nt spécifiques qu'elle s renfer ment, tels
que le fer, l'arsen ic, l'iode, le soufre , le manga nèse;
et celles dans lesquelles ces agents ne se retrou vent
pas, ou n'exis tent qu'à des doses relaliv ement très
minim es et qui cepen dant ont prouvé leur action thérapeut ique réelle par l'expé rience médic ale, par l'observal ion des même s résulta ts, procla mée penda nt
une longue sui te d'anné es. Nous avons vu que l'établisse ment therm al de Luxeu il renfer me à lui seul ces
deux grande s catégo ries ~ eaux thel'~as
assez activement minéra lisées, mais ne conten ant qu'une quantité très minim e d'agen t spécifique propre ment dit,
et eaux therm ales se disting uant sulout par la pré-
�33
sen ce de deux de ces agents, le fer et le manganèse.
Nous nous occuperons donc séparément des propriétés
thérapeutiques, de ces deux divisions des eaux de
Luxeuil.
DE LUXEUIL.
§ {. Eaux de Luxeuil, il l'exception de la source ferrugineuse.
Les eaux de Luxeuil dont nous nous occupons en
ce moment, ont comme la plupart des eaux minérales, la propriété d'augmenter les forces vilales en
stimulant l'organisme; mais il faut avant tout que
leur emploi soit formulé d'une manière précise et subordonné à l'idiosyncrasie des malades, il leur tenJpérament. Les eaux de Luxeuil s'administrent en boissons, en bains, en doucbes et en étuves, ou bains de
vapeur.
1° De la boisson. - Les eaux de Luxeuil en boisson
sont d'une digestion assez fùcite, mais il faut cependant se garder d'en faire un usage immodéré. Certains malades boivent jusqu'à dix et quinze verres par
jour, c'est là un abus que le médecin ne sJurait trop
défendre, surlout si la muqueuse de l'estomac est un
peu susceplibled'irritation. Un ou deux verres le matin il jeun, el la m~e
quantité deux heures avant le
repas du soir suffisent parfaitement dans un traitement bien dirigé. Il est selon nous important que les
malades ne conlrüclent pas la paresseuse habitude de
se faire apporler l'eau chaude duns le bain toujours
un peu éloigné de la ource; celle recommandation
est peuL-être moins importante ù Luxeuil, où les
Sources se trouvenL touLes dan51'élablissernent. Nous
Conseillons cependant aux malades d'aller toujours
bOire à la source même, afin que l'eau n'ait perdu ni
de son gaz ni de son calorique. Les eaux de Luxeuil
augmenLent la sécréLion de la muqueuse gasLro-ins
�34
NonCE SUR LES EAUX MINERO- THERMALES
testinale et déterminent souvent un flux diarrhéique,
qui cesse de lui-même assez promptement; 'il survient
aussi quelquefois un peu de constipation causée par
l'augmentation de l'ubsorption intestinale, on doit
alors surveille attentivement l'administration de la
boisson minéra le, et avoir :recours à quelques lavements ou doucbes ~scendat
. IL est des personnes
chez lesquelles l'eau prise en boisson détermine un
malaise, une agitation générale, un embarras gastrique réel, elle ne devrai Ldonc pas être ordonnée indistincte men t à Lous les malades; mais il ne faut pas
oublier qu'elle rend souvent de très grands services.
On lu recommande avec le plus grand succès aux
personnes chez lesquelles on a constaté l'atonie, la
faiblesse de la muqueuse de l'estomac.
2· Des bains. - 11 n'est certainement pas d'établissemen t mieux disposé que celui de Luxeuil pour administrer les bains à des températures difJérentes,
baius frais, bains tièdes et bains très chauds. Nous
avons vu que les sources nombreuses que nous avons
décrites présentent des degrés de calorique très différents, et nous savons que la piscine du bain gradué à
elle seule peut offrir HUX baigneurs, dans un même bassin, quatre compartiments séparés à 27, 28, '2get 30·.
Nous n'oublierons pas non plus que la piscine du
bain des Dames, qui n'est pas employée 'i wjourd'hui,
pourrait très facilement être affecLée à l'administration de bains il haute température.
S· Bains {rais. - les bains frais agissent en ralentissant la circulation; ils peuvent cependant, s'ils ne
sont pus trop prolongés, êlre suivis d'une certaine
réaction plus manifeste dans les bains à une température plus basse. Ces bains sont essentiellement calman ts, mais ils ne semblen t pas devoir agir beaucoup
.
�DE LUXEUIL.
35
par les principes minéralisateurs qu'ils contiennent.
4e Bains chauds et tièdes. - Ce sont les bains qui
Sont le plus souvent employés, surtout dans les affections chron iques des voies digestives, dans les rhumatismes chroniques, dans les maladies des articulations, dans les engorgements de certains viscères,
dans les scrofules. On les emploie peu dans les maladies de la peau . M. le docteur Chapelain dit en avoir
retiré de bons eITets dans quelques aITecLions de cet
organe. Nous ne pensons pas comme lui, que les
heureux résultats qu'il a obtenus sont dus à l'onctuosité des eaux qui a assoulJli les téguments. Il serait
plus logique d'admettre que les eaux agissent par
leurs propriétés ordinaires, qui ne sont pas émollientes, et que, si elles guérissent certaines aITeclions de
la peau, c'est plutôt par une excitation légère et sub8titulive que par leurs propriétés onctueuses et émollientes.
Les bains tièdes aITr'en t évidemmen t de très bonnes
conditions pour l'absorption des principes minéralisateurs ct du calorique; Hs peuvent Nre impunément
prolongés pendant un temps as ez long. L'excitation
qu'ils produisent est très modérée, et suffit cependant
pour appeler le sang à la peau et réveiller l'activité
du système vasculaire.
5° Bains tl'ès chauds.- Lcs bains très chauds ont une
action excitantc très prononcée; nous avons dit qu'ils
Sont abandonnés depuis quelques années à Luxeuil,
mais nous ne saurions trop insister Isur la nécessité
de ne pas négliger cette ressource si puissante. En
eITel les bains très chauds, c'est-A-dire à une lempérature plus élevée de plusieurs degrés que celle du
sang, seront très ulilement emplo és toutes les fois
qu'il s'agira de déterminer ù la peau une excitation
�36
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
très énergique, au moyen de laquelle on obtiendra
une révulsion très prompte, une transpiration très
abondante; ils réussiront contre les rhumatismes
chroniques, contre quelques affections goulleuses.
Sans vouloir prétendre que la plupart de nos maladies sont dues à une afl'ection cULanée préexistante,
soit chez le malade, soit chez son père, au besoin
même chez ses aïeux, nous savons que certains dérangements de la sanlé sont dus sOl,lvent à la suppression
d'un exanthème; les bains chauds seron t dans ce cas
d'un très grand secours. Nous voyons en effet, que si
l'usage des bains tempérés détermine celte éruption
connue sous le nom de poussée ou de gale des eaux,
ce phénomène se produit surtout chez les personnes
à qui l'on a recommandé l'emploi des bains' très
cbauds, d'où nous pouvons conclure que ces bains
devront être très utilement employés pour rappeler
les affections culanées dont 10 suppression a pu Cé;lUser tant de désordres de la santé.
Puisque nous avons parlé de la gale des eaux, qu'on
nous permeLte à ce sujet une légère djgression que
nous croyons de quelque irJtérê t, au point de vue de
l'acLion des eaux minérales. Quelques auteurs ont
expliqué le phénomène de la poussée par le plllS ou
moins d'alcalinilé des eaux thermales; cette Lhéorie
ne nous paraît pas fondée sur une observation bien
attentive, car si nous comparons entre clles les eaux
de Vichy, de Néris, de Plombières, de Luxeuil, nous
verrons qlle la poussée des eaux est très fréqu enLe à
,Néris, un peu moins à Plombières et. lI. Lllxeuil et
presque nulle à Vichy; si main leDan L nous comparons les dHTérents degrés d'alcalinité de ces eaux,
pourrons - nous raisonnablement conclure que la fréquence du phénomène dont nous nous OCCLI pons, est
,
�DR LUXEUIL.
37
en faison directe de celle plus ou moins grande alcalinité?
Nous empruntons à M. Champion, de Nancy, ancien médecin inspecteur de l'établissement thermal
de Luxeuil, une observation de «paralysie desexlrémi-
tés inférieures, suÎle de gale répercutée, guérie par l'usage des bains chauds. ~
Le nommé Claude Bonpart, natif de Berleney,
« département de la Haule-Marne, fusilier dans la
{( 100· demi-brigade, fut aITecté de paralysie des
c( extrérnilés inférieures, suite de gale répel'Cltlée;
avait fait usage des eaux de
c( depuis vingt mois il
« Bourbonne sans succè . Arrivé à Luxeuil, il prit
« 1.5 bains à 27° Réaumur, sans soulagement maf« qué; mais une saison et demie de bains à haute
cc tempéralure el de douches ont appelé l'éruption
c( psorique qùi a élé lrai tée par les moyens ordinai.
c( res; ct, au bout de quarante jours, le malade a pu
« être envoyé au dépôt, quoique faible encore, mais
« entièrement guéri de sa para.lysie. »
Celle observation pourrait sans ùoute être un peu
plus détaillée et complète, mais elle n'en prouve pas
moins d'une manière très concluante que là où les
bains de Bourbonne ct les bains tem pérés de Luxeuil
avaient échoué, les bains à haute température ont
guéril li paralysie, en rappelant l' éru ption psorique disparue.
Lcsbains chauclssontnussi prescriLsavecsuccès, lorsqu'à la suite de [alignes ou d'excès de toutes sortes,
il sera nécessaire de réveiller les propriélés vitales de
la peau, et même de quelques organes; dans ce dernier ca surtout, le médecin devra surveiller avec une
granùe alleu1Ïon l'eITel de celle puissante médication,
afin de ne pas dépasser rexcilalion qu'il désire proCI
�38
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES.
duire. Nous n'avons pas besoin d'ajouter que le bain
chaud ne doit pas être d'une longue durée; il est impossible au médecin de fixer d'avance le temps que le
malade devra retitet dans ce bain, il serait à désirer
qu'il pût toujours en surveiller lui-même l'administration.
Ce que nous venons de dire du bain chaud a pendant longtemps trouvé son application à J,ux.euil; ce
n'est donc point seulement une théorie que nous exposons, c'est le résultat de l'observation des médecins habiles qui, jusque dans ces derniers temps ont
été chargés de l'inspection de l'établisseme nt. Les ressources matérielles sont les mêmes aujourd'hui, la
piscine du bain des Dames peut encore recevoir des
malades, et nous ne doutons pas un instant que l'administration ne lui rende bienlôt son ancienne destinat·ion.
6° Douches. - Les eaux de Luxeuil sont employées
en douches descendantes, horizontales, ascendanles et
douches écossaises, ces dernières, comme nous l' avons
dit, son t très-peu nombreuses; mais il serait on ne
peut plus facile -d'en établir un plus grand nombre.
Les douches descendantes ou douches à percussion
sont on ne peut mieux disposées pour les besoins du
service, cependant on doit encore en conslruire de
nouvE.lles à haute pression. Leur température peut
être très exactement calcul ée , et ne varie pas comme
dans beaucoup d'aulres établissements. Ces douches
.peuvent être divisées en directes ou résolutives et indirectes ou révulsives. Les douches. résolutives, comme
leur nom l'indique, sont employées avec grand succès
contre certains engorgcmen ts chroniques, en réveillant l' acLi vité de}' organe malade; elles réussissen t aussi
dans les rhumatismes de la région lombaire, dans cer-
�DE LUXIWIL.
39
taines arthrites chroniques; mais nous ne saurions
trop insister sur les précautions avec lesquelles ces
douches doivent Mre,administrées; le médecin ne saurait trop en surveiller l'eITet que les malades ne peuvent souvent apprécier. Nous avons constaté plus
d'une fois que les douches ainsi dirigées sur le point
ou sur l'organe malade amènent une inflammation
dangereuse, quelquefois même une dégénérescence.
Les douches indirectes ou révulsives peuvent être
appliquées avec beaucoup moins de circonspection que
les douches résolutives; leur usage devra don'c être
beaucoup plus fréquentêt plussûr; on les emploie pour
réveiller les fonctions de la peau, ranim er la tonicité
des membres, activer la chaleur et la circulation,
dans toutes les circonstances enfin où l'organisme a
un ébranlement, une cel'laine sebesoin d~éprouve
COtISse. Si l'on doit éviter l'emploi des buins dans les
affections du cœur, du poümon et de certains viscères ,
on doit, à plus forte raison, proscrire les douches dont
l'action est excitante au plus haut degré.
Nous avons dit que les appareils de douches du bain
ferrugineux se trouvent dans les cabinets de bain, ce
qui permet uu malade de recevoir la douche sans sortir de la baignoire. Dans que:ques cabinets spéciaux
de douches, le malade reste debout ou assis sur une
espèce de sellette ass'z incommode; la prcmière disposition nous parait évidemment préférable, elle permet cependant assez difficilell1cnt au malüde de recevoir la colonne d'euu sur tous les points du corps: il
serait beaucoup mieux, selon nous, que chaque cabinet
de douches fût pourvu d'un lit de sang le, sur lequel
le malade serait étendu sans aucune espèce d'eITort
musculaire. C'est là une amélioration bien facile et
qu'il suffit seulement d'indiquer.
�40
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO -THERM ALES
Je n'ai pas besoin de dire que l'on varie à volonté,
le volum e et la forme de la colonn e d'eau en la faisant
passer à traver s différe ntes sortes d'ajou tages.
7° Douche ascendante. - Les douch es ascend antes
peuve nt être divisées comm e les douch es précéd entes
en directe s ou indire ctes; elles sont aussi, suivan t le
point vers lequel elles sont dirigé es, périné ales, rectales ou vagina les; les douch es rectale s et vagina les
peuve nt être intern es ou extern es suivan t qu'elle s
pénètr ent dans ces organe s ou qu'elIe s frappe nt seulement la vulve ou la marge de l'anus . Les douch es
ascend antes peuve nt souve nf rendre de très grands
service s là où les bains ont échoué . Les douch es rectales ne doiven t pas être consid érées comm e de simples la vemen ts, lorsqu 'on les em ploie con tre la consti pation ; les lavem ents dans cc cas agisse nt par leur
effet mécan ique et détrui sent l'effet sans reméd ier à
la cause ; la douch e rectale au contra ire, tonifie l'intestin, réveill e son activit é et s'oppo se le plus souven t
au retour de la consti pation . Nous avons vu des malades chez lesque ls l'atoni e du gros intesti n nécessilaH l'usage de purgat ifs répété s, compl éteme nt
guéris par l'usuge des douch es rectale s. Quelq ues engorgem ents du même organe dont la natllre nous
avait paru d'abor d suspec te, ont munif esteme nt cédé
à l'uclio n de ce moyen. C'est dans ce dernie r cas surtout que le médec in devra survei ller avec le plus
grand soin son malad e, car il peut surven ir pm'fois
des sympt ômes d'irrita tion qui seront pour lui une
bien éviden te contre -indica tion de l'empl oi de la doucbe ascend ante.
Les doueh es périné ales sont emplo yées contre certaines affections chroni ques de la vessie et de la prostate.
�DE LUXEUIL.
41
Les douches vulvaires et vaginales réussissent parfaitement dans certaines formes de métrite chronique,
dans la vaginite sub-aiguë: on les emploie aussi contre la maladie si connue sous le nom de pru rit vulvaire.
S, Douche écossaise. - La douche écossaise se compose, comme tout le monde le sait, d'un jet d'eau
froide succédant brusquement à un jet d'eau chaude
et réciproquement. Lorsque le jet d'eau froide a cessé,
la pea u tend à réagi r, et l' ea 11 cha ude vient encore
aider cette réaction , l'eau froide revient alors et trouve
la peau plus disposée à réagir encore; c'est ainsi que
l'on obtient une excitation très grande, un appel du
sang à la peau, un réveil de tout l'organisme. La douche écossaise doit êtrp. entièrement proscrite chez les
personnes très irritables; souvent aussi elle ne devra
pas être administrée aux malades, au début du traitement; il faudra déjà qu'ils aient été sonmis il l'usage
des bains thermaux et des douches ordinaires pour
être à m~e
de supporter la douche écos!:iaise, et d'en
ressentir les bons elTets.
II existe peu de moyens plus capables de rendre les
forces et comme la vie à certains malades: quelquesuns en effet pouvant il peine marcher, retrouvent une
souplesse incon 'n ue et supportent sans fatigue une
marche assez longue? après l'usage de la douche
écossais.
9° Des étuves ou bains de vapeur. - Quoique le nombre des étuves ne soit pas très considérable, on a
cependant constaté de tr s bons eITetsde leur emploi;
aussi verrons nous bientôt à IJuxeuil un nombre pll.!s
considérable de ces appareils auxquels on doit ajouter
aussi des chambres d'inhalation.
Les bains d'étuves sont surtout employés pour déterminer à lu peau une excita tion très grande ct une
�42
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
sueur abondante; ils peuvent être généraux ou partiels; comme les bains très chauds, ils demandent de
la part du médecin une très grande surveillance et ne
conviennent pus en général aux personnes délicates
et nerveuses. Pour éviter l'afflux du sang au cerveau,
les malades feron t bien de se mouiller le front et la
tête avec une éponge ou une compresse imbibée d'eau
froide pendant tout le temps qu'ils resteront exposés
à l'action de la vapeur.
Jusqu'ici l'expérience seule a prouvé le bon effet
des eaux de Luxeuil employées en vapeurs; il serait
à désirer que l'analyse chimique vint à son tOlIr éclairer cette pnrtie si importante de la thérapeutique.
§ 2 . Durée des bains.
Il est difficile d'établir des règles générales sur la
durée des bains; cette durée dépendra d'abord de
la température: les bains froids et très chauds devront être très peu prolongés, tandis que les bains
tempérés le seront sans inconvénient. Leur durée
habituelle est d'une heure ou deux; certains malades, cependant, ne pourront les supporter pendant
un aussi long temps. J'ai remar'qué sur mOkl)lême que
pendant mon séjour clans le bain, même tempéré, le
pouls, qui, après la première demi-heure, s'était sensiblement ralenti, manifestait une accélération rapide
dès que ce temps était dépassé. Il est <;lonc nécessaire
que le médecin, avant de fixer à son malade la durée
de son bain, en constate par lui-même l'e(]"et physiologique. Certains malades se trouvent parfaitement
bien d'un bain prolongé pendant plus de deux heures;
ils y restentd'auLant plus volontiers, lorsqu'ijs peuvent
le prendre en piscine; là, en effet, ils trouvent l'avantage de la conversa Lion générale, et, de plus, la tecn-
�DE LUXHUIL.
43
pérature toujours uniforme par le renouvellement
continuel de l'eau. Nous ne devons pas oublier qu'à
Luxeuil l'eau des piscines se renouvelle sans interruption. Dans quelques cas exceptionnels, on a vu certaines affections, entre autres quelques formes de
folie, céder à l'usage des bains tièdes prolongés pendant douze et quinze heures.
La durée des douches est d'un quart d'heure environ; les douches écossaises devront être plus ou
moins prolongées, selon le plus ou moins de promptitude de la réaction. Les douches ascendantes internes
devront être d'assez courte durée. Enfin , les étuves
ou bains de vapeur seront plus ou moins longues,
suivant qu'elles seront générales ou parLielles.
�/.4
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALKS
CHAPITRE V.
Propri étés thél'ap cutiquc s dcs dép&ts produi ts
l,ar lcs eauX.
" On a, selon nous, un peu trop négligé dans ces
dernie rs temps l!emploi des dépôts produits par les
eaux de Luxeuil. Les différentes analyses de ces dépôts que nous avons reproduites, nous metten t sur la
voie de propriétés thérap eutiqu es très impor tantes ,
et quoique depuis quelques années l'usage de ce résidu minéral ait été abandonné, l'"expérience l'avait
cependunt depuis longtemps consacré. M. Champion
de Nancy que nous avons déjà cité, dit avoir employé
avec le plus grand succès ces dépôts sur les plaies
et les ulcères de toute espéce , sur les tumeu rs des
glandes, sur les dépôls froids des articu lation s et
même sur certain s chancres vénériens.
Nous empru ntons encore à notre honorable confrère deux observations de malades traités par ces
résidus des eaux de Luxeuil.
CI Le nomm é Léopold Marc, de Malzev
ille, près de
« Nancy, âgé de 2~
ans, était affecté depuis 12 ans
cc d'ulcè res écrouelleux au visage, qui lui occup aient
cc toute la face du côté gauche. 11 y avait plusie
urs
« ulcères profonds qui s'éten daient depuis le nez
(c jusqu' à l'oreil le inclusivement et présen taient un
~ aspect hideux. Il me fut adressé pûr des personnes
« charita bles et je me décidai à l'entre prend re. Le
« foyer de suppu ration était si grand et fournissait
« si abond amme nt une matièr e visqueuse et caillée,
�DE LUXEUlL.
45
que je ne crus pas devoir insister sur la suppuration; mais il me vint en pensée de lui donner l~
gale à la tête, afin d'opérer la dérivation d'une partie de cette humeur qui fournissait les ulcères. Ce
moyen me réussit, et quelques jours après je COffimençai à appliquer des couches légères de pom« maùe minérale d'abord sur les sillons les plus
« saillants des ulcères, et ensuite, par degrés, sur
« les ulcères mêmes. J'employai en même temps un
« traÏlement dépuratif antiscorbutique réuni à l'u« sage des purgatifs fondants plucés à des intervalles
« convenables. La guéri on a été complète après
• trois mois de traitement; mais s'étant livré, pen« dant l'hiver, à tou les travaux de la campagne sans
« se garantir le visage, il lui était survenu qllelques
« croûtes isolées, que j'ai guéries facilement le prin« temps suivanl par les nlêmes moyens. ))
La seconde observulion de M. le docteur Champion, quoique beauconp plus courte et moins explicative, nous paraît encore plus concluunte :
« La fille X. de V..... , âgée de 12 uns, avait un long
« ulcère scrofuleux sur le larynx, avec des pu st ules
« et des glandes engorgées. Lu pommade minérule a
« encore ici été appliqllée avec le plus grand succès.
« La malade a été guérie complétemenl dalls l'es« pace de deux mois, cur la guérison de 1'1Ilt:éraLion
« a ramené les glandes il 1 ur volume normal. »
Forts ùe ces observations consciencieuses ct d'un
grand J.lombre d'autres semblables qu'il serait trop
long de rapporter ici, nous pouvons donc affirmer
que les dépôts des eaux minérales de Luxe,lil ont
rendu et peuvent rendre encore de très granus servic~s
il lu tbérUf)eulique.
«
«
((
«
«
«
�46
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TBERMALES
CHAPITRE VI.
, Propriété8 thérapcutiqucs tic l'eau ferrugineuse.
Nous avons dit que l'eau ferrugineuse de Luxeuil
peut être distinguée des aulres sources qui alimentent l'éLablissement thermal, parce qu'elle nous
semble devoir agir surtout par les principes spécifiques qu'elle contient; assurément nous retrouvons
aussi ces principes dans les sources que nous avons
décrites, mais l'analyse a constaté qu'ils n'y existent
pas dans les mêmes proportions, qu'ils n'y jouissent
pas des mêmes affinités, qu'ils n'en constituent pas
pour ainsi dire l'essence comme dans l'eau ferrugineuse.
C'est maintenant surtout que nous devons fajre
ressortir ce fait depuis longtemps constaté et que
M. le docteur O. Henry fils a si exactement démontré.
Nous avons dit et répéLé que si l'eau ferrugineuse de
Luxeuil exposée à l'air laisse précipiter une grande
quantité pour ne pas dire la totalité de l'oxyde de
fer qu'elle contient, l'oxyde de manganèse, au contraire, reste presque complélement dissous,' car on
n'en retrouve que des traces très minimes dans le
dépôt ocreux formé par l'eau ferrugineuse.
Dans l'eau des bains dont nous ayons fait un chapitre il part: bain des Dames, des Capucins, des C,uveltes, etc. le manganèse se retrouve à peine, parce
qu'il est tout entier dans le dépôt noi~tre
qui recouvre les bassins. Comment expliquer cette complète
�DE LUXEUIL.
47
différence, et n'avons-nous pas raison de dire qu'il y
a là des affinités complétement distinctes, qui suffisent parfailement pour justifier la division que
nous avons admise. Puisque le manganèse doit jouer
un si grand rôle dans les propiétés thérapeutiques de
l'eau minérale dont nous nous occupons en ce moment, il eût peut-être été préférable de donner à ce
bain un nom complexe qui rappelât l'existence du
principe manganésique: nous conserverons néanmoins celui que l'usage a adopté.
On a bien souvent discuté la question de l'absorption par la peau des principes minéralisateurs contenus dans les eaux: sans nous étendre longuement
sur ce sujet, nous en dirons quelques mots à propos
du bain ferrugineux le plus intéressé dans la question.
On a nié tout d'abord l'absorption de certains principes et surtout du principe ferruginéux, et cependant on a constaté que certains malades qui n'avaient
pu prendre en boisson ces agents spécifiques, en
éprouvaient des effets très connus après l'usage en
bain des eaux qui les contiennent. On a cherché alors
à imiter autant que possible leur Ilature ; après avoir
reconnu que les substances alcalines seules avaient
la vertu d'être absorbées dans les bains, on a associé
ces sllbstances aux principes réfractaires à l'absorption. M. le docteur O. Henry publie dans sa thèse une
série d'expériences très curieuses à ce sujet, D'abord, il a. expél'üuenté avec J'iodure de potassium, le
ferrocyanure de potas iUlU et le bichromate de polasse: qllelques traces d'jodure alcalin out seules été
retrouvées. Dans la seconde série d'expériences, le
Carbonate de soude a été associé aux sels précédents,
l'iodure et le bichromale ont été absorbés, le ferro-
�48
!l(OTlCE SUR LES EAUX M1NÉRO-THERMALES
cyanure seul n'a pa') passé; il y a donc une exclusion
réelle du principe , ferrugineux. Prenez garde, nous
dIt-on, le malade plongé dans le bain ferrugineux de
Luxeuil pendant autant de t2mps que vous voudrez,
n'absorbera pas un atome de principe ferrugineux.
L'objection est parfaitement fondée, et cependant le
malade retire évidemment de ce bain le bIenfait que
les préparations ferrugineuses seules procurent. Mais
cette eau, qlle nous donnons en bain, ne contientelle pas un autre principe qui a été absorbé et qui
jouit de propriétés thérupeuLiques analogues à celles
qui, jusqu'en ces derniers temps, ont été attribuées
exclusivement aux préparations ferrugineuses? Cet
agent, c'est le manganèse, qui, pour une raison que
nous ne chercherons pas à expliquer, reste dissous
là où le fer se précipite, le manganèse, qui a été absorbé par la peall, grâce aux substances alcalines avec
lesqllelles la nature l'a combiné pIns intimement
sans doute que le plus habile chimiste ne saurait le
fuire.
Disons le donc bien haut, l'eau ferrugineuse de
Luxeuil agit à la fois et par l'oxyde de fer et par
l'oxyde de manganèse qu'elle con Licnt.
Nons avons dit que les propriélés thérapeutiques
du manganèse sonl anulogues à celles du fer, entrons
maintenant dans quelques détails à ce sujet.
On sait que l'affinité du fer pour le manganèse est
des plus grandes; les minéralogistes nous ont appris
qu'on rencontre prcsClue parlout les deux métaux
réunis. Ce qui est bien plus important pour nous,
c'est qu'on les retrouve tous deux dans l'organisme
humain. Fourcroy el Vauquelin avaient trouvé du
manganèse dans les os, Gmelin dans le suc gastrique.
Plus lard, Millon, Wurzer, Marchessaux, ont trouvé
�49
DE LUXEUIL.
du manganèse et du fer dans le sang, et ont pu doser
ces deux substances par les méthodes d'analyse habituelles. M. le docteur Petrequin de Lyon, dans son
intéressant mémoire sur l'emploi thérapeutique du
manganèse, rapporte qu'il a constaté la présence de
ce métal, dans le pus de bonne nature. D'après toutes
ces expériences, il est bien évident que, comme le
fer, le manganèse fait partie intégrante des globules
du sang.
On comprendra maintenant que le manganèse doive
jouer en thérapeutique Lln rôle analogue à celui du
fer, je dirai plus: le manganèse réussira là où le fer
seul n'a pas réussi, il sera un adjuvaot, un complément du fer, peut-être même sera-t-il toléré par cerlains malaùes qui n'on t pu s'ha bi tuer à l'usage des
prépara lions ferrugineuses. N'oublions pas enfin, et
cela est très important, que les préparations. de manganèse ne sont point incompatibles avec les autres toniques; elles ne sont pas précipitées par le tannin et
peuvent être administrées (lvec certaines substances
astringentes qui altéreront les préparations ferrugineuses.
Assurément II est difficile de déterminer à que) genre
d'aITections spéciales convient le fer, à quel genre
conviendra le manganèse, de même qu'il est bien difficile de prétendre que tantôt le fer, tantôt le manganèse fera défaut dans les globules sanguins: il est donc
rationnel d'administrer en même temps ces deux
agents spécifiques. [eur réunion fournira évidemll1en t à la théra peu tique une de ses pl us merveilleuses
ressources. Déjà la pharmacie ,a publié de nombreuses
formules de préparations ferro-manganiques, mais où
trollv/'!fons-nous ces deux agents plus habilement
Combinés que dans les eaux ferro-manganiques de
\
.
4
�50
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
Luxeuil administrées en boissons, en baio.s, en douches descendantes et ascendantes.
Quelles sont maintenant les affections qui seront
combattues avec succès par l'eau ferrugineuse de
Luxeuil. D'abord et au premier rang, la chloro-anémie avec tout son corlége d'accidents que l'on a trop
souvent confondus avec des symptômes d'affections
organiques. Les malades aLLeints d'hyperlrophie du
cœur, d'endocardite avec épaississement, insuffisance
des valvules ne devront pas évidel1lment être envoyés
à Luxeuil, mais si l'auscultalion ne nous fait reconnaître qu'un souffle doux, moelleux, diffus, vaporeux,
si je puis m'exprimer ainsi, ayant son maximum d'intensité à l'orifice aortiq ue, se passan t après le premier
bruit, mais sans modification aucune du timbre des
bruits val vulai res, en voyons sans hésiter le malade à
Luxeuil, il y trouvera certainement la guérison" Il en
sera de même pour ceux qu'ont épuisés des perles de
sang abondantes, ou trop souvent répétées; l'écoulement sanguin non combattu est ~ lui seul la cause
d'un écoulement sanguin semblable, mais plus ahondant; peu à peu le sang perd louLes ses qualités plastiques, l'estomac ne recevant plus les matériaux dont
il a besoin devient moins apte à supporter un llIédicament quelconque, quelquefois même l'eau de Luxeuil
ne pourra lui êLre ndministrée en boisson. Dans ce
cas, il faudra commencer le traitelllent par quelques
bains, quelques douches qui suffiront quelquefois
pour ram~ne
la guérison, mais qui toujours rendront
à l'estomac l'énergie nécessaire pour supporter une
médication aussi importante.
Nous enverrons aussi aux bains ferrugineux de
Luxeuil ce nombre si énorme de malades aW,in(8 de
névroses de toute espèce, dues aussi à cet appauvrisse-
�DE LUXEUIL.
51
ment du sang, les gastralgiques, les dispepsiques, les
hypocondriaques. Les individus atteints de diarrhées
chroniques et rebelles, dues au mallque de tonicité
de la muqueuse intestinale, les blennorrhagieS chroniques, quelques affecLlons du foie, dues aussi à une
altération du sang, et à des accès répétés de fièvres
intermittentes, la cachexie scorbutique et scrofuleuse
trouveront toujours une amélioration notable et souvent une guérison complète dans l'usage des eaux ferrugineuses de Luxeuil.
Mais c'est surtout dans les affections propres aux
femmes que les eaux ferrugineuses rendront les plus
grands services. Nuus avons dit que dans le fond de
chacune des baignoires est un appareil à injection
vagjnale qui peut être mis ou reUré à volonté, les
malades peuvent donc sans sortir de leur haignoire
avoir recours à ce moyen de traitement si important.
Nous reviendroQ's aussi à ce propos sur une remarque
que nous avons faitc plus haut, lorsque nous constations que l'eau ferrugineuse a rrive de la SOL1rce j lIsque
dans le bain et pénètre par le (ond de la baignoire sans
avoir rien pu perdre des principcs qu'elle contient.
Parmi les affections utérines les plus fréqllen tes on
doit ranger évidemment ces engorgements du col et
de l'organe tout entier de nalure molle, blanche,
lymphatique, ces déplacements dûs au trop grand relâchement des ligaments; tous ces désordres seront
très promptement et très radicalement guéris par
l'emploi des injections vaginales, ljni à l'usage de la
boisson, des bains et de la douche. J'ai eu occasion
de rencontrer à Luxeuil une dame dont je ne puis
publier l'observation: celte malade arrjvée à l'établissement dans un état qui ne lui permettait pas de rester un instunl debout est par Lie au bout ù'un mois de
�52
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
traitement sans ressentir aucun des symptômes de
cette terrible affection.
Je n'ai pas besoin de dire que l'eau ferrugineuse
guérit d'une manière certaine la leucorrhée chronique, ainsi que le catarrhe urétro-vlIginal.
Nous craindrions de jeter de la défaveur sur les
bains dont nous no~s
occupons, en affirmant qu'ils
peuvent aussi guérir la stérilité, mais nous croyons
qu'ils peuvent revendiquer cette vertu à plus de titres
que beaucoup d'autres eaux minérales.
En effet, l'eau ferrugineuse de Luxeuil guérira la
stérilité touteS les fois qu'elle sera due à un état pe
débili té générale et à certains déplacements de l'utérus.
L'eau ferro-manganique en boisson ne devra être
prise d'abord qu'en assez petite quantité, soit au milieu de la journée, soit avant le repas; on pourra
égal~rnet
la prendre coupée avec le vin pendant les
repas. De cette manière, elle excite l'appétit et est
parfaitement supportée par l'estomac.
Les règles pOllr l'administration des bains et des
douches sont celles que nous avons déterminées pour
les autres eaux de l'établissement thermal, nous ne
reviendrons pliS sur ce sujet.
�DE LUXEUIL.
53
CHAPiTRE VII.
Uédecinc a.l.ill"allte.
Les auteurs de traités sur les eaux minérales se
sont, en général, peu occupés de la question très
importante, selon nous, de la médecine adjuvante du
traitement thermal. Si nous parcourons les observations recueillies par les médecins inspecteurs des établissements thermaux, nOlis constaterons que, bien
souvent, la guérison des malades peut être attribuée,
non pas à l'usage des eallX, mais il un traitement fort
énergique, qui souvent n'a aucune espèce de rapport
thérapentiqueavec les agents gé néraux ou spécifiques
que renferment les eaux minérales. Sonvent aussi
nous verrons ces mêmes médecins ajouter à l'cau
minérale certains agents qui en dénaturent comp létement la composition. C'est là, selon nous, faire une
trop belle part il la critique et justifier un peu l'opinion trop répandue que, si les bains d'eau minçrale
ne [ont pas de bLn, ils ne [ont pas de mal. Nous sommes certainement bien loin de prétendre que Je médecin ne doive pas venir en aide au traitement thermal, qu'on ne puisse ajouter aux bains des substances
très peu aclives par elJes-memes, tell es que le son,
l'amidon, etc. No(,)s ne voulons pas surtout, bien entendu, qu'une maladie intercurrente soit négligée
par la raison que le malade suit nn traitement thermal. Mais nous voudrions, avant tout, prouver aux
incrédules la vertu réelle des eaux minérales, et pour
�54
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO - THERMALES
cela nous croyons souverainement utile d'être très
réservé sur l' em ploi de la médecine adj u van le .
Il a été pendant très longtemps d'usage aux eaux
minérales de purger les malades au moment de leur
arrivée, afin de . les préparer au traitement. Cette
méthode a été, à tort ou à raison, complétement
abandonnée, muis ce n'était là, nous le répétons,
qu'une préparation et non pas de la médecine adjuvante. Aujourd'hui, quelques médecins qui blâment
cet ancien usage, et le trouvent tout au moins inutile, ne craignent pas de médicamenter leurs malades pendunt to u t le tem ps de la cure; la pl u part des
bains sont, d'après leur ordonnance, additionnés de
substances lrès actives et souvent même de médicaments spécifiques, tels que le soufre, le fer, l'iode.
Pourquoi alors, dira-t-on, déplacer votre malade?
ne pourriez vous pas aussi bien composer un bain
minéral de loutes pièces? A cette objection, on ('épondra, je le sais, qu'un bain d'eau ordinaire, auquel
on aura ajouté diITérentes subsumces médicamenteuses, ne remp li ra jamais les mêmes conditions que le
bain d'eau luinéro- thermal, aùditionné des mêmes
substances; on n'y retrouvera ni la chaleur naturelle, ni l'électricité, ni certuins gaz, ni en(jn ce quelqu e chose de particulier qui échappe il l'analyse, et
que les laboratoires pharmaceutiques ne sauraient
remplacer. Mais qui vous dit que les agents spéciaux
que vous ajoutez ne nuisent pas à ces diITél'ents principes, qu'il~
n'cn altérent pas la composition intime,
qu'ils n'en détruisen l pas les affin i tés, les' combinaisons.
Nous sommes convaincu, pour notre part, qu'il
est très utile de ne pas faire jouer un rôle aussi im-,
portant à la médecine adjuvunte. Assurément le médecin devra surveiller son malade, tempérer, s'il le
�DE LUXEUIL.
55
peut, l'excitation souvent produite par les eaux minérales, agir énergiqnement contre toute maladie intercurrente, mais il devra, selon nous, être réservé
Sur l'emploi d 'une médication active qui pourrait,
sinon annihiler, du moins affaiblir l'effet produit par
le traitement thermal.
Nous ne saurions trop répéter, enfin, que le ma lade auquel on a appliqué à plusieurs reprises, pendant une cure thermale, des révulsifs de toutes S01'tes, qu'on a ventousé chaque jour, qui a iljouté à
son bain d'eau minérale un e foule de substances médicamenteuses très actives, ne pourra évidemment
avoir un e confiance exclusive dans l'efficacité des
eaux minérales dont il a fait usage.
�56
NOTICE SUR LES EAU~
MINÉRO-TIIERMALES
CHAPITRE VIII.
SlLison thermale.
Il nous reste maintenant à dire quelques mots sur
l'époque de l'année que les malades doivent choisir
pOUl' prendre les eaux, et le temps pendant leq uel ils
doivent y rester. On ne s'entend malh eurel1 sement
pas très bien sur l'expression adoptée de Saison thermale. Elle s'applique, en effe t, tantôt à l'époque il laquelle on doit prendre les eaux, tantôt à la durée du
séjour; on dit: Faire une ou de ux saisons. 11 vaudrait beaucoup mieux, selon nou s, s upprimer ce mot
et lui rendre son sens vérituble en dehors des hubitudes thermales. Nous préféron s de b eaucoup le mot
cure des Allemunds adopté par M. le docteur Durand
Fardel, dans son remarquabl e ouvrage sur les caux
de Vicby.
Ce que nous dirons ici de l'époque il laquelle les
malades doivent preorlre les eaux pourrai Ls'appliquer
à tous les établissements thermaux , car l'babitude a
consacré le moment de l'année sa ns doute le plus
agréable, le pl us corn mode pour le voyage, 1 pl us propice aux distracLions de touLes so rtes. Mais il u'en
est pas moins vrai qLle les malades pourraient souvent
retirer les même bienfaits des eaLlX tberma les en y
venant même pendant l'hiver" pourvu toutefois CJue
l'établissemenL fût construit dans des conditions favorables. Nous avons vu, en décrivant l'établi ssement
thermal de Luxeuil, que la galerie qui longe le bâti-
�DE LUXEUIL.
57
ment situé à l'ouest, doit être chauffée et vitrée dans
toute sa longueur. Cette modification permettrait évidemment de recevoir des malades pendant l'hiver, il
est bien entendu cependant que la saison d'été sera
toujours préférable. N'oublions pRS qu'à Luxeuil, où
les malades n'ont point à redouter, comme nous l'avons dit déjà, la fraîcheur prématurée
des premières
1
et des dernières heures de la journée, la saison d'été
pourra commencer plus tôt et finir plus tard que dans
beaucoup d'autres éLablissements, ne présentant pas
les mêmes condi lions hygiéniques. A Luxeuil donc,
ce qu'on est convenu d'appeler la saison des eaux,
pourra commencer au pr mai et se prolonger jusque
dans les premiers jours d'octobre .
Nous avons dit qu'il était important de formuler le
traitement par les eaux thermales; cette formule
comprend évidemment la durée de la cure.
Tou t Je monde sait, et les malades saven t malheureusement trop, que l'usage, plutôt que les
médecins, a admis le nombre de vingt et un bains
comme terme nécessaire de la cure. Ce serait tenter
une grande révolution dans les habitudes thermales
que de vouloir changer quelque chose à cet usage.
Prenez garde, nous dit-on, si vous prescrivez aux
malades une plus longue absence, en dehors de
leu rs habi Ludes, de leurs in térêts, ils renonceront li.
venir prendre nos eaux. Mais d'abord nous admettons que nos malades considèrent le voyage aux eaux
minérales comme un traitemen t sérieux, qui doit
êLre dirigé et formul é par le médecin; el puis, d'ailleurs, nous serons souvent moins exigeants que l'usage, et nous ne demanderolls que quinze jours au
lieu de vingt et un. En général, ' le temps de la cure à
Luxeuil sera de quinze à Lrenle jours. Cependant dans
�58
NOTIcn SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
les affections causées par un appauvrissement du sang,
le traitement devra souvent être prolongé, et le malade se trouvera bien de faire une seconde cure, après
s'être reposé pendant quelques jours.
Ajoutons enfin qu'il appartient surtout au médecin
de délerminer d'une manière précise la durée du
séjour de ses malades, car cette durée dépend d'une
foule d'appréciations, que lui seul est à même de
comparer et de juger avec toute connaissance de
cause.
�DE LUXEUIL.
59
CHAPITRE IX.
Conditions l,ygiénicltlCS.
Nous ne terminerons pas ce travail sans parler des
conditions hygiéniques particulières que les baigneurs
trouveront aux eaux de Luxeuil, et sans leur donner
quelques conseils sur le genre de vie qu'ils doivent
adopter et la direclion qu'ils doivent donner à leur
traitement.
On a dit et répété que les conditions hygiéniques
particulières que les malades rencontrent aux eaux, le
nouveau genre de vie auquel ils sont soumis, l'exercice, la distraction, sont les véritables causes des
guérisons que l'on observe chaque jour dans les établissements thermaux; assurément ce sont autant d'éléments importants que la thérapeutique ne doit pas
négliger, mais ce n'est point une raison pour fermer
l~s
yeux à l'évidence et ne pas reconnailre les vertus
bien constatées des eaux minérales. Nous serons
moins sceplique et moins exclusif, et si nous accordons aux eaux thermales leur valeur thérapeutique
réelle, 1l0llS n'admellrons pas moins l'influence bien
posi Li ve des conditions hygiéniques don t il nOliS reste
à parler.
Ces conditions peuven t se résumer. dans le déplacement, le changement de climat, de genre de vie,
l'exercice et la distraction.
M. le docteur Durand Fardel, que nous ne saurions trop souvent cHer, fait la remarque fort juste
�60
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THEHMALES
que toutes choses égales d'ailleurs, les eaux minérales agissent J'une manière moins formelle sur les
habitants de la localité que sur les étrangers, puis il
ajoute: « à quoi füut-il attribuer cette condition 'en
« apparence défavorable des habitants des localités
CI. thermales? On avait cependant remarqué depui.s
« longtemps que si les, eaux minérales jouissaient de
« cette propriété spécifqu~
merveilleuse, dont on
(( s'est plû à les dotér avec tant de libéralité, les indi« gènes qui en peuplent les approcbes devraient être
« absolument exem pts des malâd ies qu' ell es seraient
« si bien aptes ù guérir. Ils ne münquent pas en effet
« d'en faire usage à propos 'des plus légères indispo« sitions; clans plus œun endroit même, ces eaux
« entrent pour une certaine part daos Iles usages
« don estiques, et enlIn il peut arriver comme à Vi~
{( chy, que la plupart des eaux potables se trouvent
« mélangées en certaine proportion avec les principes
« dominants des eaux thermales; ici le carbonate de
CI. soude, ail1èurs ùes sels de magnésie ou du fer.
« JI est clone vraisemblable qu'une partie de l'in« différence avec laquelle les malades don t nous par(1 Ions subissent J'action du
traitement thermal, est
« duc à l'usage trop fréquent ou trop habituel de l'cau
« minérale elle-m6111e ou de quell[ues-uos de ses
« princi pes cons ti tuan t5. JIais il n'est pas pe1'lT/is de dOll« ter non plus que ces mêmes malades ne se trouvent
« privés d'une notable partie de l'action médicatrice
« des eaux minérales, parce que l'usage de ces der« nières n'est accompügné pour eux d'aucun de ces
« changements qui complètent, pour les autres ce
« qu'on doit en t ndrc par traitement thermal. "
Celte observation de noLre savant confrère, qui
a été suivie par lui avec la plus grande attention
�DE LUXEUIL.
61
pendant plusieurs années, ne nous laisse aucun doute
sur la proposition importante que nous avons énoncée : les conditions hygiéniques particulières, auxquelles sont soumis les malades qui viennent aux
eaux minérales, ont uoe très grande influence sur
le traitement thermal.
Les malades que nous envoyons aux eaux de
Luxeuil ne devront donc pas oublier que leurs habitudes hygiéniques doivent être complétement changées, et que celte existence nouvelle est un complément indispensable de la thérapeutique des eaux
minérales.
La première précaution à prendre est d'abord de
se munir de vêtements très chauds; assurément,
comme nous l'avons dit, la posilion géographique
de Luxeuil n'expose pas cetLe ville il de très brusques changements de température, il est très prudent néanmoins de se prémunir contre le refroidissement qu'on ressentira toujours le matin et le
soir. Il est d'usage à Luxeuil, comme dans tous les
établissements thermaux, de prendre les bains et les
douches dans la matinée, avant le premier repas;
c'est là une coutume à laqu elle les malades feront
très bien de se soumettre; le matin en eITet, tous les
organes sont plus dispos par le repos de la nuit, la
digestion est complétement terminée, car le repas du
soir a été pris la veille à cinq heures; puis enfin le
malade pourra ainsi disposer de sa journée tont entière pOllf se livrer à un exercice salutaire et parcourir les environs si pittoresqnes de Lnxeuil.
Quelques médecins recommandent le repos au lit
après le bain, cette précaution est quelquefois nécessaire, mais nous la croyons en général au moins inutile. Nous ne la recommandons qu'aux malades qui
�62
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
prennent des bains de va peu r, et chez lesquels nOUS
voulons obtenir une transpiration abondanle; qu'on
peut favoriser encore par un bouillon ou une infusion
cbaude.
Quelques personnes éprouvent toujours dans le
bain, même tiède, une légère congestion à la tête;
il sera bon, dans ce eus, de mouiller le front avec une
éponge ou un linge imbibé d'eau fraîche. En sortant
du bain le malade devra se frictionner avec des linges
écbauffés et bien secs, et évHer avec le plus grand
soin le refroidissement.
Nous avons dit déjà qlle les buveurs d'eau doivent
aller la chercher à la source même, ce qui est on ne
peut plus facile à Luxeuil, puisqlle les différentes
sources se trouvent réunies dans l'établissement;
nous ne reviendrons pas ici sur le nombre de verres
qu'il convient de boire, et l'heure à laquelle ils doivent être bus, Quelques personnes qui digèrent assez
difficilement l'eau minérale se trouveront bien d'y
ajouter un peu de sirop ou de lail, muis nous répéterons ce que nous avons dit à propos de la médecine
adjuvante des bains, nous ne sommes pas du tout
d'avis qu'on doive ajouter à l'eau minérale, prise en
boisson, quelque substance médicamenteuse active,
qui en rendrait au moins fort douteuse la vertu thérapeutique.
, Tous les médecins inspecteurs des eaux minérales
se plaignent de la trop grande abondance de mets que
l'on sert d'habitude aux baigncurs. Les tables d'hôte
de Luxeuil doivent cerlainement encourir aussi le
même reproche; as urément la vélriélé des meLs permet au malade de faire Un choix sagement approprié
au régime qui lui est recommandé, mais le nombre
des convivcs es t considérable, le service se prolonge,
�DE LUXEUIL.
63
on reste fort longtemps à table, et nécessairement
l'on succombe à la tentation. Il serait plus prudent
peut-être de se faire servir chez soi les différents
mets permis par le médecin, mais on y perdrait cette
grande distraction de la vie en commun qui joue
aussi un si grand rôle dans la vie thermale.
Puisque nous avons considéré l'hygiène du baigneur comme la médecine adjuvante véritablement
utile, nous recommanderons spécialement l'exercice
rangé, comme les
qui peut, à très juste titre, ~tre
bains thermaux, dans la classe des excitants. Comme
eux, en effet, l'exercice accélère la circulation, développe la chaleur animale, donne à la peau l'énergie
vitale qui la défend contre une foule de maladies.
L'exercice doit, bien entendu, être proportionné
aux [orees du malade, et ne doit jamais devenir une
fatigue; pris après le bain, il entretiendra cette espèce
d'excitement général si favorahle. Parmi les distractions que l'on trouve aux eaux minérales, l'exercice
est évidemment la plus importante eL la plus utile. Si
nous écrivions une monographie de Luxeuil, nous
décririons avec détail les délicieuses promenades que
l'on rencontre dans ses environs, nous nous contenterons de répéter, une fois encore, que la nature a
tout disposé dans ce pays pour que le malade y trouve
facilement l'exercice salutaire, sans la filtigue.
L'établissement thermal de Luxeuil présente assez
de ressources pour que les baigneurs ne soient pus
obligés de se lever au milieu de la nuit afin d'obtenir une place dans les cabinets de bains ou dans
les piscines; cependan t, puisque nous conseillons en
général de prendre les bains et les douches avant
l'heure du premier repas, H devient nécessaire d'être
levé d'assez bonne heure. Cornille d'un autre côté, il
�64
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO- THERMALES
est utile d'établir une juste proportion entre le sommeil et la veille, les soirées ne devront pas non plus
être longtemps prolongées', et nous recommandons
aux malades de ne pas abuser des distractions qu'ils
rencontreront soi t au salon des bains, soit dans les
réunions particulières.
�65
DE LUXEUIL
RÉSUIUÉ.
Nous résumerons maintenant en quelques lignes les
divers renseignements que nous avons voulu donner
à nos confrères sur Luxeuil et sur son établissement
thermal.
La ville de Luxeuil, située à l'est de la France,
dans le département de la Haute-Saône, sur la limite
du département des Vosges, offre la position géographique la plus agréable et la plus salutaire; on y
arrive par cinq grandes routes, qui sont autant d'avenues et de promenades pour l'habitant et le baigneur.
Dans très peu de temps, le chemin de fer de Paris à
Mulhouse et celui de Nancy à Gray transporteront les
voyageurs il quelques kilomètres de Luxeuil. On trouve
dans l'intérieur de la ville des constructions très remarquables par leur caractère d'antiquité; les baigneurs y rencontrent aussi des hôtels et des logeménts
très confortables.
L'établissement thermal est assur6ment un des
plus beaux que possède la France; il est situé au milieu d'un vaste et magnifique jardin, qui offre une
promenade facile et peu fatigante. Le nombre des
différentes salles de bains est très considérable, et
nous avons vu qu'il serait très facile de disposer des
piscines séparées pour chaque sexe. Les cabinets de
bains, les vestiaires, les salles d'attente même offrent
5
�66
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES
des conditions d'élégance et de confortable qu'on rencontre rarement dans les établissements thermaux,
même les plus renommés . Une vaste galerie, vitrée et
chauffée dans toute sa longueur, permet aux malades
de sortir des différentes salles de bain sans risquer de
se refroidir, comme il arrive souvent sur des dalles
trempées d'eau, dans des corridors ouverts à tous les
vents.
Nous avons décrit surtout avec détail le bain ferrugineux de construction toute nouvelle et qui est
déjà trop restreint pour le nombre des malades qui
l'ont assiégé cette année. Nous savons que l'administration a pris des mesures pour que ce bain fût agrandi
dans de suffisantes proportions. Une construction
nouvelle doit aussi, d'après les nouveaux plans adoptés, remplacer la partie la plus ancienne de l'établissement, le buin des Fleurs, et remplir les lûcunes qui
pourraient encore exister. Nous apprenons qu'au moment où nous écrivons ces lignes, l'administration
vient encore de demander à l'architecte des documents nouveaux pour de nouvelles constructions.
Nous avons passé en revue les différentes analyses
des eaux de Luxeuil; nous avons vu que les sources
nombreuses qui sont enfermées dans l'établissement
même, sont alcalines il diITérents degrés, gélatineuses,
manganésiennes et ferrugineuses. Les dépôts formés
par ces sources ont aussi été examinés, et nOllS avons
vu comment ils se comportent différemment dans les
sources alcalines et dans la source ferrugineuse.
Pour bien comprendre les propriétés thérapeutiques des eaux de Luxeuil, nous les avons divisées en
�DE LUXEUIL.
67
deux groupes suivant qu'elles agissent par l'ensemble
des produits qu'elles renferment, leur thermalité,
leur gaz, leur composition intime; ou suivant que
leur action thérapeutique est due à un agent spécial
le fer, le manganèse.
Les ressources thérapeutiques des eaux de Luxeuil
ont été dans ces derniers temps un peu négligées, on
a cru devoir abandonner l'usage des bains à baute
température, et laisser dans l'oubli une source gélatineuse abondante, donll'emploi pourrait assurément
rendre de grands services. Nous ne doutons pas un
instant qu 'on ne songe à utiliser ces moyens si précieux.
On peut facilement varier la Lem pérature et la force
minérale des bains, selon qu'on emploie l'une ou
l'autre des différentes sources. Le bain gradué renferme une piscine divisée en quatre compartiments de
tem pérature différente.
Les eaux de Luxeuil ont la propriété bien évidente
de ranimer l'énergie vitale, d'exciter les fonctions de
la peau, et d'arriver ainsi à la résolution d'une foule
de maladies chroniques. Dans un chapitre à part et
plus délaillé, nous avons dit comment l'eau ferrugineuse de Luxeuil administrée soit en boisson, soit en
bains peut rendre les plus grands services, dans un
très grand nombre d'affections, et surtout dans celles
'lui dépendent d'un appauvrissement du sang. Nous
avons insisté surtout sur ce point que la grande quantité de manganèse qui reste en dissolution dans l'eau
rerrugineuse, lors même qLle le fer se dépose, peut ètre
absorbée par le malade, agir comme succétlan ée des
�68
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
préparations ferrugineuses, et souvent être tolérée
par des estomacs qui ne peuvent supporter ces préparations.
Après avoir formulé d'une manière précise le traitement thermal, nous avons dit quelques mots de l'époque et de la durée de la cure, et nous avons terminé
par quelques considérations sur les conditions hygiéniques nouvelles, que les malades rencontrent aux
eaux thermales de Luxeuil.
Nous aurions pu sans doute donner une plus grande
étendue à ce travail, décrire avec plus de détails la
ville de Luxeuil ancienne et moderne, discuter les dif.
férentes appréciations historiques adoptées par les
auteurs, offrir à nos lecteurs un tableau plus complet
des diITérentes constructions que renferme l'établissement thermal, et enfin joindre à l'étude des propriétés thérapeutiques des eaux minérales une série
d'observations recueillies avec soin. Tel avait été
d'abord notre but, mais en songeant à l'oubli dans lequel sont restées depuis Ion gtemps les eaux de Luxeuil,
nous avons voulu seulement rappeler leur existence,
chercher à réclamer pour elles le rang qu'elles auraient dû toujours occuper, nous réservant d'écrire
plus tard leur histoire détaillée, et de publier les matériaux que nous recueillons chaque jour.
Nons savons trop l'importance que l'on doit attacher à la thérapeulique des eaux minérales en général
pour traiter légèrement des questions encore si discutées; si nous avons émis quelques idées nouvelles,
que la théorie peut admettre, mais qui ont besoin
d'êlre appuyées par des considérations profondes et
�69
plus étendues, c'est que nous avons entre les mains
les éléments d'études approfondies et sérieuses qu'il
ne nous a pas été donné de développer ici. Nous
avons voulu avant tout dire à tous et surtout au corps
médical:
DE LUXEUiL.
L'établissement thermal de Luxeuil, est un des plus
importants de France, ses sources alcalines et ferrugineuses sont appelées à jouer un rôle immense dans la
thérapeutique des eaux minérales.
FIN.
��TABLE DES MATIÈRES.
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES DE LUXEUIL ••• •• •••. • ••. • •
CIlAP. 1. - Esquisse topographique de Luxeuil. . . . . . . . . .. . . . .
:1
i ° Luxeuil ancien........... ... ......... . .. ...... . .
a
2° Luxeuil moderne.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.•
Établissement thermal.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
X
JO Bain des Bénédictins...... .. . .. . . . . . . . . . . . . . . . ..
9
2° Bai n des Dames. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. i 0
3° Bain des Fleurs.. . .. . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . .... 11
4° Hain grad ué.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1. f
5° Grand Bain ................. .. . .• . .... ...... . , ., 12
6° Salle Neuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
7° Bain des Cuvettes .................... .. ' ..... '"
12
8° Bain ferrugineux.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 1 ;{
9° Douches ascendantes..... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ni
10° Bain des Capucin s.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Hi
1 i ° Sources de rétablissement thermal. .. ............ . , :17
12° Salon des Bains.. .. .. .... .. .. .. .. .. . .. ...... .... 1
CIIAP. III - Analyses des sources. . . . . . . . . .. . . . . . . . .. . . . . . . . Jn
Tableau synoptique des substances contenues dans t ,000 gram.
de chacune des sources de Luxeuil. .. " .... . ..... , '" .. 21
Tableau des substances contenues dans l'eau ferrugineuse de
Luxeuil, d'après M. Braconot.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. 24
Température des sources ..... •.......................... 29
CIlAr. IV. - Des propriétés thérapeutiques des eaux de Luxeuil
el de lem mode d'administration ......... .. . " ........... . 32
§ i. Eaux de Luxeuil à l'exception de la source ferrugineuse. 33
1. 0 De la Boisson. . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 33
2° Des Bains........... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 34
CnAP.
n. -
�72
TABLE DES MATI~RES.
3° Bains frais.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
4° Bains chauds et tièdes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5° Bains très chauds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
34
35
35
6° Douches. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
7° Douches ascendantes . .. . ........ ... .. . . . . . . . . . . ..
8° Douches écossaises.. . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
38
40
41
9° Des étuves ou Bains de vapeur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
§ 2. Durée des Bains .. .............................. "
CHAP. V. - Propriétés thérapeutiques des dépôts pt'oduits pal'
les caux.. . .. .•.. . .. .. .. .. . .... . . . . . . . . . . . .. . . .. . . . . . ..
CUAL'. VI. - Propriétés thérapeutiques de l'eau ferrugineuse. ..
CHAI'. VII. -l\1édecine adjuvante.... . . . . . . . . . . .. . . .. . . . . ...
CHAL'. VIll. - Saison therm\lle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
CUAI'. IX. - Conditions hygiéniques.. .. .. . . . . . . . . .• . . . . . .. ..
Résumé........... ........... .. .. ... .. ... . . .. .........
4(
42
CORUB IL. -
Tfl', DT sTéno DE
cnün:.
44
4(;
53
56
59
65
�DES
EAUX GAZEUSES ALCALINES
DE SOULTZMATT (HAUT-RHIN).
IUSTOIRE ET TOPOGRAPIllE DES BUNS DE SOULTZftlATT ET DE SES ENVIRONS.
ANALYSE DES EAUX. LEUll ACTION PHYSIOLOGIQUÈ, LEUR APPLICATION DANS
DIFFÉRENTES MALADIES ET LEUR ftlODE D'ADMINISTRATION. CONSEILS AUX
nUGNEURS. DES CUllES AU PETIT LUT. DES CUllES PAR L'EAU BALSAniQUE.
~ROFESun
PAR 31. LE Dr BACH,
AGnil~,
ANCIilN CUEF DElS TRAVAUX ANATOmQUIlS KT DE CI,INIQUE A LA
FACUI.Ti, Dll nlÉDIlCINIl DB STnASIIOUl\G, MÉDECIN EN çnEF AD/OUIT A L'1I0SPC~
CIVIL, MEMBRE DI! LA SOCIj,;TÉ DR MÉDIlCINE DE STRASIJOURG;
suivi
D'UNE NOUVELLE ANALYS.E DES EAUX DE SOULTZMATT
PA.IC. lU. BÉUJlA.lUI.-,
Licencié ès-sciellces, professeur agrégé 11 l'école supérieuro de pharmacie de Strasbourg;
et
DE LA FLORE DES ENVmONS DE SOULTZMATT
PAR M. KlRSCHLEGER,
Docleur en médecine, professeur 11 l'écolo supédcuro de Ilharmucic tio Stragbo1ll'g,
lIIlllta /'Cllasccntltl' qltœ jam
Qllro 1ll/.1lC sunt il! hOlw re.
,
cccidcl'e,
ca rlel/lq lle
1101\, Al's poc/ica .
A PARIS citez J , n. DAILLlÈRIl, libraire, rue Hautefeuille, li ;
A STRASBOURG, chez DEIlIVAUX, libraire, t'Ile des Hallebardes, ~4;
A COLMAR, chez GIlNG, lihraire; .
A MULHOUSE, chez Illsum, librau'(!.
,\ SOIll;rZl\lt\T'J', A J.'~TABLlSI
' :1\Ilf
:1853.
' )lES lIAINS,
�Strasbourg, imprimerie ITudor.
�Les eaux minérales, dit ALlUERT, sont une richesse
dont on doit compte à l'humanité. Ces paroles pleines
de philanthropie, adressées à tout le corps médical,
ont trouvé de l'écho; car chaque année voit paraitre
quelque nouvel ouvrage sur les eaux minérales. Tous
ces matériaux seront,je l'espère, un jour coordonnés
et serviront à édifier l'hydrologie, dont les fondements sont à peine posés. J'ai voulu, en publiarit cette
notice sur les eaux de Soultzmatt, apporter ma modeste part à cette œuvre si utile. Enfant de l'Alsace,
né dans un endroit qui touche à la vallée où sont
ces sources importantes, je m'estime heureux de pouvoir payer ce tribut à mon pays natal. MÉGLlN, mon
compatriote, ce célèbre médecin dont la science a
conservé le souvenir, a fait ressortir autrefois le
mérite des eaux de Soultzmatt. J'ai cherché à continuer l'œuvre qu'il a si dignement commencée. M.
BÉCHAMP, professeur agrégé à l'école de pharmacie,
a bien voulu ~e charger d'une nouvelle analyse de
ces eaux, notre savant botaniste alsacien, M. le
professeur KmSCIILEGEl\, de la flore des environs de
Soultzmatt; et enfin M. ARNOLD''', médecin des bains,
m'a communiqué des observations qui m'ont été fort
utiles. Je tiens à leur témoigner publiquement ma
reconnaissance. Qu'ils partagent avec moi la satis•Los observatIOns rrwl'quées l,e la lettre A ont été recueillies pal'
1\1 . Ani'iO.LD ; c e Jl e~ marquées LIe la lettre JI me sont propres.
�faction d'avoir fait mieux connaitre ct apprécier une
des sources les plus bienfaisantes de notre pays.
Les ouvrages publiés sur les eaux minérales ne
sont le plus souvent qu'une réclame en faveur de
l'établissement qu'ils préconisent et n'ont aucun caractère scientifique. Ils sont écrits pour le public,
et non pour les médecins. Dans cet opuscule, tout
en saçrifiant à la nécessité de mettre mon travail à
la portée de tous les lecteurs, j'ai cherché dans
quelques chapitres à aborder les questions les plus
ardues sur l'action physiologique et thérapeutique
des principes minéralisateurs contenus dans les eaux
de Soultzmatt, et essayé d'en déduire des conséquences pratiques.
.
Je ne sais si les idées que j'émets seront généralement partagées par tous les médecins; mais je
crois du moins avoir été utile en attirant leur attention sur plusieurs points de la science hydrologique qui sont encore aujourd'hui en litige.
Bien des imperfections, sans doute, se sont glissées dans cet ouvrage; mais elles seront facilement
excusées par ceux qui se livrent, comme moi, à
l'exercice si pénible de la médecine pratique. Ils
savent que les seules heures non interrompues que
nous donnons à l'étude et à la méditation sont celles
que les autres hommes consacrent au repos et au
sommeil.
J. A. BAVII.
Strasbourg, avril 1853.
A l'exempl e de J\fÉGLIN, je me suis souvent servi de locutions qui
llourraient J'aire croire que je suis médecin des bains de Soultzmatt ;
je n'y ai recouru qu e vour rendre la rédaction de l'ouvruge plus claire
ct plus facile.
-.-
�l'ABLE DES IIATIÈRES.
- ....PHEMIÈRE PARTIE. - INTRODUCTION. -Aperçu historique des Lains
de Soultzmatt, 2. - llibliographie ùe Soullzmatt (voir à la fin ùe
l'ou vrage, 273).
Chapitre 1.... - l'opograph'ie des bœins de Soultzmatt, 3. - PosiLion
des bains, Ih - Promenades, 6, - Florule de Soultzmatt (voir
à la fin de l'ouvrage, 261),
Chapitre II. - Géologie, Météorologie, 8.
Chapitre III. - Conseils hygiéniques atlX ba'if/neufs, 10. - Sur le
choix d'un bain, 10. - Époques oü l'établissement s'ouvro et se
ferme, 1'1. - De la durée des cures et de la manière de se nourrir, 12.
Chapitre IV. - Analyse des elIt/x de SoultzmatL 16. - Analyse de
l\fÉGLIN, 16. - Analyse de PERSOZ, 19. - Nouvelle analyse de
M. BECHAMP (voir à la fin de l'ouvrage, 23<1.).
Chapitre V. - Considérations gt!lIé1'ltlcs SUt· l'action méd'icamenteuse
des cat/x de Soultzmatt, 24. - Circonstances accessoires qui
favorisent leur action, 25. - Action des e!lUX gnzeuses alcalines, 26. - Opinions très-contradictoires des auteurs, 27.
§ ·Ior. - Action vitale du gaz acide carbonique et des dilférents :lcides
contenus dans les eaux g:lzeuses alcalines sur l'hommo à l'état
de santé et à l'état do maladie, 30.
§ 2. - Action vitale des alcalis contenus dans les eaux gazeuses alcalines sur l'homme ù l'état de santé et à l'état de maladie, 33.
§ 3. - De l'action spéciale et mOrne spécifique des cléments (principalement des alcalis) contenus clans les eaux de Soullzrnalt, sur
cortains produits solides ou liquides de notre corps et S\lJ' certains organes en particulier, 34.
J. Action des alcalis sur 10 s:lng; leur influence sur l'inflammation et
ses l)roduils, 36.
.
Il . De j'action cles alealis dans l'acle de j" digestion. Naniùl'e lJ'agir
�Ij
des eaux de Soultz1l1att, ~1. - Théorie pour expliquer ceLl
aetion, 42.
111. A tion des alcalis et de ' eaux do Soultzmatt sur le foie, 10 poumon et le cœur, 44. - Application des travaux de l\f. CL. BERNARD pour expliquer l'actIOn des alcalis sur ces organes, 44.
JV. Action des eaux gazeuses alcalines cie Soultzmatt sur l'organe
cutané, 50.
V. Action des eaux gazeuses alcalines de Soultzmatt sur la sécrétion
urinaire, 53. - Application des recherches et des expériences
de M. CL. BERNARD à l'action des eaux minérales sur ces organes,
53. - Nouvelle théorie sur l'action des alcalis pour expliquer la
destruction de l'acide urique, 58.
Chapitre VI. - Parallèle &ntre les eaWl; de Soultzmatt et plus'ieu1"S
eaux gazeuses alcalines, 6'1.
Chapitre VII. - Mode d'administration des' eaux de Soultzmatt, 65.
Des bains. Nos idées sur la thermalité, 67.
Chapitre VIII. - Des cures au petit taU, 71.
Chapitre IX. - De l'eau balsamique de Soultzmatt, 77.
Chapitre X. - Exportation de l'eau de Soultzmatt, 82.
DEUXIÈME PARTIE. - ApPLICATIONS TIIÉRAPEUTIQUES DES EAUX DE
SOUL'rZ~1A"
DANS LE 1'llAITEMENT DE CI~1TANES
MALADIES, 86.
Chapitre lOT. - De l'emplo'i des caux de Soultzmatt dctrls lcs congestions, 87.
§ 1·". - Pseudo-chlorose et névroses des capillaires artériels,
87. Description de cet état morbide, 88. - Parallèle entre celte
alTection et la chlorose, 89. - De son traitement par les caux.
do (Soultzmatt, 91. - Observations, 92. - Inconvénients de
lui opposer les eaux ferruginouses, 95.
De la cllloro5(). Des eaux de Soultzmatt clans cette maladie, 97.
§ 2. - De la prédominance veineuse (slal1ls venosus, crhœhlc VC11OsUa
l)
entrainant des congestions veineuses vers le foie ct le système de
la veine-porte, 10 cerveau et d'autres organes. États morbides
que ces congestions détetminent. - Action des eaux de Soultzmatt, 104. - Observatioll, 104.
1. AlTections du foie, 105. - Observations prouvilnt l'efficacité d s
alcalis et des eaux de Soultzmatt, 106.
A. Engorgement du foie avec ictère. Observntion , 109. - Engorgefnent du foie avec hydropisie. Observations, 1'11. - IIémorrhoïdes. Observations, '112.
.
Il. ArrecHons du cerveau et de la moelle épinière, 113. - In!luence
(\es maladies Llu foie sur ces alfecüons. Observations, 113. Actions (les caux. de SoulLzll1att. Observation , 117. - Danger
des caux fC\'I'ugineu ses. Observation , 120.
*
�vij
Des paralysies qui succèùent à l'apoplexie ; des avantages qu'on
peut retirer des caux de Soultzmatt. Observations, 121.
Chapitre Il. - Des eaux de Soultzmatt dans les affections de l'estomac
et des intestins, 123.
l. De la gastrite et de la gastralgi" 123.
10 Gastrite aiguë. Observation, 123.
20 Considérations pratiques sur la gastrite ct la gastralgie, 126.
Embarras gastrique. Observations, 131.
30 De la gastralgie, 133. - Observations de guérison, 138.
II. De l'entérite chronique et des a)Teclions scrophuleuses, 141.
De l'emploi de l'eau de Soultzmatt ct de l'cau balsamique clans
les diarrhées des adultes ct des enfants. Observations, 142. Des scropl1U les, 144.
CIH\!)itre III. - De l'emploi des eaux de SOtûtzmaU et de l'eau balsa7n'ique dans certaines affect'ions des poumons, 146.
T. De la bronchite chronique. Manière d'agir de ces eaux dans ceLLe
maladie, 148, - Observation, 149. - D l'cau balsamique dans
la bronchite chronique, 151. - Observations, 153. - De son
action dans la bronchite chronique des enfants, 156.
IL De la phthisie pulmonaire, 158. - Considérations anatomo-pathologiques sur celte maladie, 158. - Indications à remplir, 159.
- Action des caux de Soultzmatt ct du petit lait, 159. - De
l'cau balsamique contre l'hémoptysie, 162. - Observations, 163.
- De la guérison des vomiques par cette eau. - Observations,
165.
Chapitre IV. - De l'emploi de l'cau de Soultzmatt dans le 1'humatisme, 169. - Quelques considérations sur la thermalité, 169.
- Observations de rhumatismes de différentes espèces, guéi'is
l)ar les caux de Soultzmatt, i 70. - De l'état (lu sang clans le
rhumatisme articulaire aigu, 172. - Du mode d'action de ces
eaux, 174. - Du rhumatisme musculaire; opinions diverses
sur celle affection; manière d'agir des caux de Soultzmatt, 176.
Chapitre V. - De l'emploi des eauœ de Soultzmatt dans la goutte ct
la gravelle, 180. - Considérations théoriques ct pratIques sur
ces deux alTections, 180. - Manière d'agir de certaines substances pour la production ou la guérison de la goutte ct de la gravelle. Note sur l'action ùu café, 181. - Action 'des alcalis, 183.
- Application de la théorie que nous avons émise, 185. - Fautil guérir la goutte par les alcalis, 186. - Action présumable des
eaux de Contrexéville, 188. - Parallèle entre Vichy, Controxéville ct Soultzmatt, 189. - Observations de guérisons de gouLte
ct de rrruvelle pal' les eaux de Soultzmatt, 190.
Chnpitre VI. - De l'emploi cIe l'rem de Soultzmatt et (le l'cau lJal.ça-
�Yiij
mique dans le lrai/ cment du catan'he vésical, 192. - DescriptiOIl
de la maladie, 193. - Indications à remplir, 195. - Action de
ces eaux sur la muqueuse, 195, - sur l'urine , 196, - sur le
mucus, 197. - Ooservation, 199. - De l'eau balsamique dnn
cette maladie, 200. - Observations,.203.
Chapitre VII. - De l'emploi de l'emt de Soultzm att et de l'eau balsa-
mique dans les maladies de l'utérus ct de ses annexes, 204.
J. De l'aménorrhée et de la dysménorrhée, 205. - Description, 205.
- Origine de ces deux aJTections, 206. - Leurs traitements par
certaines médications, 207.
Effets analoguos obtenus par les
caux de Soultzmatt, 208. - Observations, 2'lO.
Tf. i\Jétrorrhagie. Considérations théoriques et pratiques sur t;ette
afTection, 212. - Observations, 2'13. - Des caux de Soultzmatt
dans les métrorrhagies tenant à la pléthore et à l'inflammation
Observations, 215. - A la stase de sang. Observation, 216. De l'eau lJalsamique contre les pertes utérines hors l'état rie gestation, pendant la grossesse et al)r(:s l'accouchement. Observations, 217.
.
Hl. Métrite chronique. Engorgements cie l'utérus. Description de ces
états morhides, 222. - Accidonts qu'elles entraînent, 223.Causes diverses. Engorgement il l'ûge de retour, 224. - Manière
d'agir des eaux de Soultzmatt, cles bains, cles bains de siége, des
injections, cles <louches, 225.
1V. De la leucorrhée. Cause de cette maladie, 227. - Manière c1'agir
des caux de Soultzmatt. Coup d'œil sur les indications à remplir,
228. - Observations, 229. - De l'eau balsamique. Observation,
230.
V. De l'hystérie. Des causes de cette alTection, 231. - Manière d'agir
des caux de Soultzmatt, 232.
ANA.LYSE QUALITATIVE ET QUANTiTATIVE DE L'EAU MINtnAL
E DE SOULTZ-
MATT,234.
FLonuLE DI!:S ENvmONS 01 ~ SOULTZMATT, 261J3IDLIOGRAPIIŒ DES LIVIŒS OlUGINAUX SUll ŒS EAUX DE
273.
SOULTZM.\TT,
�DES
EAUX GAZEUSES ALCALINES
DE SOULTZMATT.
PREIlIÈRE PAR'fIE.
Nous avons en France plusieurs sources minérales, dont
les propriétés bienfaisantes sont loin d'êlre appréciées à leur
juste valeur. Soultzmatt a jusques dans ces derniers temps
été de ce nombre. Mais depuis une dizaine d'années, grâce
aux améliorations faites par le nouveau propriétaire, ce
bain parait sur le point d'atteindre le rang qu'il mérite à
juste titre. En raison de la. puissance thérapeutique de ces
eaux, j'ai cru de mon 'devoir de conlribuer à étendre leur
réputation, en publiant sur cet Hablissement une notice où
je ferai connaître au public ct au monde médical le fruit
de mes observations et de mon expérience. Lorsqu'on saura
mieux les avantages qu'on peut retirer de ces eaux, nous
n'en pouvons douter, on verni chaque année affiuer il Soultzmatt un grand nomLl'c ùebaigneurs venant de divers points
de la. Francc ct d'autres pays. J-,es nouveaux moyens de
locomotion ayant aujourd'hui, pOUl' ainsi dil'e, eJfacé les
distances. on pourra sans peine arriver dans celle vallée.
Ainsi se réalisera une espérance bien légitime: cc sera de
voir grandir ]a réputation d'une SOUt'ce indigène que ses
propriél(>s mùdicales semblent apIlCl('r à un brillant avenir,
•
t
�2
et cesser ces migrat ions annuelles à des eaux étrangè res
pour payer un tribut qui de droit apparti ent à notre pays.
Ce n'est pas que Soultzmatt soit une source jusqu'i ci" à
peu près ignorée , il en est question dans différents ouvrages
d'hydro logie. Vers le milieu du siècle dernier" un médecin
distingué, M. le docteur MÉGLIN, publia une notice sur ces
eaux, ouvrage remarq uable pour l'époque à laquelle il parut. Il établit , dans des recherches faites dans SCllENCK,
que la découverte de ces eaux date du XV C siècle, vers le
même temps que les eaux de Gueberschwihr ont été perdues.
(Ces eaux sortaie nt du côté opposé de la même montag ne et
d'un terrain riche en mines de fer.)
La chroniq ue de J'établissement rappor te qu'autr efois
Soultzm att était le rendez-vous de tou't ce que la province
ct les pays environ nants possédaient de gens riches et titrés.
Les membres du conseil souverain d'Alsace quillai ent leur
résidence, les seigneurs Jeurs château x, pour venir à Soultzmatt, où ils étaient atLirés par ube société d'élite qui trouvait dans notre chàrma nte vallée le plaisir et la santé. Dans
ces derniers temps, l'analy se de nos sources a été faite par
le célèbre chimiste PEnso z; ce travail consciencieux fait
presse ntir, d'après les principes minéralisateurs qu'elles
contien nent, les ressources que la médecine peut en retirer.
MM. les professeurs RUIEAUX et TOURDES, l'un dans une
notice d'un style brillan t, l'autre dans un feuilleton de la
Gazette médicale de Strasb ourg, font l'élGge des eaux de
Soultz matt, et indique nt ses propriétés médicales. Nous
avons largem ént puisé dans ces deux écrits, dont nous avons
littéral ement reprod uit plusieurs passages.
~nû,
le docteu r BIÉCllY, ce digne représe ntant de ]a
médecine italienne en Alsace, a, dans un feuilleton récemment publié à Colma r, prouvé que les eaux de Soultzm att
ont des propriétés médicales analogues à l'eau de Sellers.
Ji est un fait qui fcra encore mieux ressortir le mérite réel
�5
de nos sources. Par suite de mauvaise adminisll'alion_, l'établissement des bains, déchu et presqu'abondonné, avait
été mis en vente. Les médecins les plus disLingués du HautRhin s'étaient formés en société pour l'acquérir, parce qu'ils
le regardaient comme destiné à obtenir un jour une réputation méritée. Des circonstances particulières les empêchèrent
de réaliser leur projet, et rétablissement fut acquis pal'
M. NESSEL. Le nouveau propriétaire, doué d'une grande sagacité et du désir bien arrêté de faire prospérer l'établissement à la tête duquel il était placé, ne négligea rien pour
le relever, et tout nous fait espérer que sous peu, grâce
aux améliorations nombreuses qu'il a déjà introduites et à
celles qu'il se propose de faire encore, il pourra luttel' avantageusement avec les autres établissements de ce genre le
plus en renom,
A utrefois les bains de Soultzmatt eUl'Cnt pour protecteurs
édairés les docteurs OSTEltTAG, MÉGLIN et MonEL, ces praticiens si regl'cllables, et dont le souvenir vivra encore longtemps en Alsace par les services qu'ils ont rendus à la science
et à l'humanité, Que nos médecins alsaciens, fidèles à cette
tradition, continuent à nous accorder leur bienveillant concoms. Ils prouveront ainsi qu'ils savent apprécier une richesse dont la natUl'e a gratifié notre pays, cl ils acquerront
un dl'oÏl bien légitime à notre vive reconnaissance.
CHAPITRE PREMIER.
'l'OIJogl'apllie des Jlaius tle Soultzulatt.
La jolie vallée de Soultzmatt commence au pied de la
pente orientale des Vosges, se dirige de l'Ouest à l'Est, ct
vient s'ouvrir sur le vaste bassin de l'Alsace, entre Rouffach
et Guebwiller, à quatre lieues Sud-Ouest de Colmar. Les
montagnes qn'elle séparc et qui de clJaque côté bOl'l1ent son
�horizon ne s'étendent pa~
cu deux charnes continues et parallèles. Coupées d'espace en espac.e, elles forment un groupe
de collines éparses et comme semées il'l'égulièrement entre
les cimes les plus élevées et la plaine. A leurs pieds, de
riches prairies en reçoivent les eaux et l'ombrage. De chaque
côté et dans toutes les directions, l'œil s'égare avec plaisir SUI'
ce riant tapis de verdure, dont l'immense et souple cordon
s'enroule autour de chaque mont isolé et dessine en cet admirable réseau le creux des vallons frais et tranquilles.
Liée à ce capricieux labyrinthe pal' des communications
nombreuses, la vallée de Soultzmatt paraît en être simplement la coupure principale , Tour à t01l1' rétrécie entre deux
'montagnes, ou élargie au niveau des vallées secondaires,
elle est arrosée dans toute sa longueur par les eaux pures,
rapides, intarissables de la rivière l'Ombach,
Le bourg populeux qui lui a donné son nom est assis
presque tout entier le long de deux quais d'inégale largeur,
séparés par le lit encaissé de la rivière, dont les eaux coulent
en bouillonnant sous les nombreux ponts et passerelles qui
en réunissent les bords.
A quelques centaines de pas, à l'Ouest de ce bourg, la
vallée se resserre entre deux montagnes qui s'élèvent à SOli
origine et semblent en défendre l'entrée. Ces deux monls
opposés, fJui se dressent, pour ainsi dire, côle à côte, ct
qui, par l'égalité de leurs proportions et la symétrie de leurs
formes, lie présentent comme deux gigantesques jumeaux,
paraissent avoir reçu jadis des consécrations bien différentes.
L'un, au Nord, est le IIeidcnberg, ou montagne drs Païens;
l'autre, couvrant la vallée au Midi, porte le nom de Grospfingtsberg, montagne de la Penteeüte.
Au pied de ces deux montagnes, sur un étroit espace horizontal qui couvre la jouction de leurs bases, l'établissement
des bains s'élève solitairement au fond de la vallée et détache ses blanches murailles sur un magnifique rideau de
�• verdure. Les bâtiments qui le composent s'étendent sur les
~JlIatre
côtés d'une cour spacieuse et rcctangulaire.
Ceux du Nord sont consacrés aux loges des bains et re couvrcnt les bassins des sources. (RAMEAUX. *)
Du côté opposé est le bâtiment principal: il est large,
spacieux. et commode; son exposition au Midi est des plus
favorables aux malades. Une vaste salle à manger, un salon
élégant occupent le rez-de-chaussée.
A l'Est, une avenue d'arbres grands et touffus annoncent
et semblent voiler celle délicieuse retraite.
A l'Ouest, au centre d'un jardin bien distribué, des vignes
sauvages, entrelaçant leurs pampres vigoureux, forment
une galerie verte et ombreuse autour du bassin d'Lm jet
d'eau, qui entretient dans ce lieu une agréable fraicheur.
Après avoil' arrosé une partie du vallon de Blumenslein ,
dans lequel eUe prend sa source, la rivière d'Ombach se
glisse entre le I-Ieidenberg et la montagne opposée, et
semble ne se frayer un passage qu'en déchirant leurs
racines. Bientôt elle sc parlage en deux branches, roulant
un égal v.olume d·eau. L'une, suivant une pente rapide,
ùescend dans le creux de la vallée, en occupant toujours
la partie la plus profonde, el dirige sa course sinueuse el
saccadée vers le pavil10n des baigneurs. L'aulre, s'écartanl
moins du niveau primitif, coule avec une vilesse plus uniforme, et se trouve bientôt comme suspendue sur le flanc
de la montagne du Midi, entre la forêt (lui monte vers' son
sommel et la nappe de prairie qui s'incline doucement el
tlescend jusqu'au ruisseau inférieur. Vis-à-vis les hains, un
bosquet semé de gazon s'étend entre ces deux couranls si
étrangement étagés. D'innombrables canaux conduisent les
eaux du ruisseau supérieur au ruisseau inmrieur, et dans
• Une grande partie de celle descl'iption est extraite Iilléralemellt de
l'ouvrage de 1\1. Jlnmeanx (Notico SUI' les caux minérales do Soulzmatl ;
Strasbourg, 1838). J 'a i ITII /l'y devoir rien chaugcr de pour de l'allércr.
�6
"
leur trajet de l'un à l'autre, ils s'éloignent, se rapprochent,
se croisent de mille façons, et forment un merveilleux réseau déployé sm' le premier plan du paysage, Ce bosquet,
renfermé comme une île entre les deux bl'as de la rivière,
se trouve lié par deux ponts jetés sur leur courant, d'un
côté par les bains, de l'autre avec la forêt qui couvre le
Grospfingtsberg et en couronne le sommet.
Si l'art n'a rien fait pOUl' livrer la montagne du Midi aux
courses des baigneurs, il a, pour ainsi dire, aplani le Heidenberg sous lems pas, Des chemins tracés avec une rare
intelligence, et sablés avec un soin extrême, commencent
bains, Toujours couà l'entrée même de l'établissement de~
chés sous des tai1lis de chêne, ils grimpent el serpentent
SUl' le revers méridional du mont, ct condniscnt jusqu'à SOli
sommet, sans faligue et sans effort. A mesure qu'on s'élève,
et à chaque repli du chemin, la scène change, les détails
se dessinent plus distinctement, et le panorama s'agrandit.
Mais rien ne peut se comparer au tableau qui se déroule
sous les yeux, lorsqu'on atteint le plateau qui s'élend SUl' le
sommet de la montagne, On se trouve alors sur un des
points d'une immense circonférence, formée par le~ Vosges,
le Jura, les Alpes et les montagnes de la Forêt-Noire. La
plaine, enfermée dans celte vaste ceinture, est coupée pal'
le lit du Rhin en deux parties inégalement étendues, mais
également riches et fertiles, L'œil suit la ligne éclatante du
neuve depuis les montagnes de la Suisse, d'où il débouche
dans la plaine, jusqu'au poinl où les collines des Vosges
vont, par de graduelles dépressions, se terminer à l'un de
ses bords. Des deux côtés, sur les rives, el au loin SUI'
toute l'étendue de la plaine, des villes populeuses, de beAux
villages, de nombreuses manufactures, deux noirs cordons
de chemin «le fer, SUI' lequel des machines à Yapeur sc
croisent incessamment, annoncent la riche sc, le lravail ct
l'industrie, C'c t un des plus magnifiquos points de vue des
�7
montagnes par l'immensité du tableau, dont on peut suivre
les détails et embrasser l'ensemble.
Si on descend le Heidenbel'g par son revers occidental,
ou si de l'établissement des bains on suit sur la base de la
montagne le chemin qui remonte le long de la vallée, on
arrive en peu d'instants au pittoresque vallon de Blumonstein. C'est un cirque évasé, au centre duquel s'élève gracietlsementle hameau du Wintzfelden et où l'Ombach prend
sa source. Le bloc de rocher d'où jaillissent les eaux forme
un léger pli de terrain à peine saillant sur la face ondulée
du vallon.
Tontes les collines qui environuent Soullzmatt, tous les
vallons qui se déploient à leurs pieds, peuvent devenir le
but d'une course qu~tiden.
Mais il est des excursions plus longues, entre lesquelles
se distingue celle qui a pour terme le ballon de Guebwiller.
Comme tous les points les plus élevés des Vosges, il doit
son nom à sa forme arrondie en portion de sphère et comme
eux encore il est accessible jusqu'à son sommet; sa croupe
blanchie de neige sc découvre à -peine pendant quelques
mois de l'année, et montre alors une terre végétale, froide
mais ricbe. Aussi nul arbre n'y étend ses racines; la végétation sc borne à quelques plantes alpines qui semblent
retrouver en ces hautes régions leur sol et leur climat naturels.
Celle montagne, qui domine sans exception toules les
sommités de la chaine des Vo ges, s'élève à U32 mètres
au-dessus du niveau de la mer. Sur l'un de ses (laucs, à 801
mètres au-de sus de Colmar, les eaux d'un lac dorment paisibles dans le vaste entonnoir qui les contient, ct dont les
parois se dres ent en qu lques points à plusieurs cenlaines
de mètre au-dessus de la surface de l'cau. La superficie
du lac a été évaluée à 75,000 mètres carrés, et sa profondeur moyenne à 33 mètres.
�Quelqu'imposante que soit ici la natul'c, quelque variés
que soient les tableaux qu'cHe présente à nos yeux, il est
encore un intérêt plus puissant, plus attractif, plus durable;
c'est celui qu'inspire l'industrie, sous toutes ses formes, à
tous les degrés de développement, avec tous ses perfction~
nements actuels et ses espérances d'avenir. Les plus beaux
établissements industriels du Haut-Rhin sc trouvcnt à une
faible distancé de Soultzmatt, distance que le chemin de fer
vient encore de diminuer. Mulhouse, Colmar, Wesserling.
Thann, Cernay. Guebwiller, Bübl, Münster, peuvent être
successivement visités pendant une saison.
A côté du mouvement et de l'activité qui animent les générations actuelles, en présence de leurs travaux, de leur
industrie, de leurs sciences, do leurs arts, il est curieux d'évoquer les souvenirs d'un autre âge, d'interroger les monuments qui nous en restent, de fouiller dans les ruines que
\e temps n'a pas encore entièrement rongées.
Peu de pays offrent à l'antiquaire plus de richesses que
les Vosges. Plusieurs de leurs sommités sont encore environnées de longues murailles qui nous paraissent des œuvres
de géants, et qui, dans leur nom de murs païens, rappellentl'ancienneté de leur origine. lei des autels druidiques,
seuls restes de la religion des Gaulois l là d'antiques abbayes,
symboles d'un culte plus récent ct d'une civilisation plus
avancée. l)artout les déuris des vicux donjons (lu moyen
<Ige, avec leurs traditions guerrières ct les ouvenirs des
temps barbares ~e la féodalité. (RJUlEAUX,)
CHAPITRE JI .
Géologie. 'Œ'lore eles can,irolll!l. lUétéoJ.·ologie.
Les montagnes tIc celle l'{'gioll SOlit compOSt'ps 11(' lrapl'c.
Ile porphyrc, de (lioritc el d'ctI/'I'tc.
�L'allcmance des tl'appes et des eUfites compactes constilue une grande partie du massif dont le ballon de Guebwiller
est le centre.
Le grès bigarré ne sc présente qu'à Osenbach. au NordOuest du IIeidenberg. Là se trouvent aussi d'abondantes
carrières de chaux et de plàtre, dont l'exploitation ne sc
l'alentit jamais.
Le muschclkalk recouvre le granit à Wintzfelden, ct il
est lui-même r couvert par le keuper.
La Flore des environs comprend une grande partie des
plantl}s qui composent celle d'Alsace, laquelle a plus de 70
familles ct près de 1500 e pèces. Soultzmatt élant situé
prè de la plaine et au voisinage des plus hautes cimes des
Vosges. on doit y trouver et l'on y trouye, en effet, dans
un faible rayon, des plantes appartenant il la France méridionale, ct la végétation des Alpes ct de la Laponie. Une
autre cau e de cette immense variété de plante rassemblée '
sur un même point, c'est qu'un grand nombre d'espèces c
trouvent uniformément distribuées sur une vaste étendue.
Elles ne semblent pa avoir, dans ces contrées, un li u
d'élection, une demeure invariable, et celle circonstance
<lui distingue essentiellement la Flore d'Alsace de celle de
la Suisse, la rapproche au contraire de la Flore j lalielllle.
La po ition des bain semble avoir été choisie ù'après
tontes les règles de l'hygiène. Protégés contre les vents du
Nord par le lIcidenh l'g, ils sont il couvert de CCliX du Midi
par la montagne opposée. et ces deux circonstances y l'enlIent la temp6rature moius variahle et ses variatiou moiu '
hru ques.
Les vents occidentaux t méridionaux l'emportent Cil 1'1'("
quence sur ceux de l'Est el du Nord; mais comme ils pa _
sent nr de hautes mOlllagncs presque toujours ('ouvertrs
(le lIeige. ils ne soument ur la vallée qu'après avoir perdu
IInc parti de 1 ur tl'mpérature rL tir lellr humidité', r{ ils
�10
ne causent pas alors celle chaleur humide et accablante
qu'on ressent trop souvent dans les plaines.
La température moyenne des quatre mois de mai, juin,
jtl1'llet et aoùt, pris ensemble, oscille, suivant les années,
entre 16 et 17 degrés centigrades: elle s'abaisse à mesure
qn'on gravilles montagnes, à peu près J'un degré par 150
mètres d'élévation.
Outre les vents principaux, il en exisle qui appartiennent à cette localité, comme à lous les revers orientaux des
Vosges. Pendant les beaux jours, et dans la saison des forles
chaleurs, un vent régulier se dirige le matin des montagnes
vers la plaine, et le soir il souffie de cen~ci vers les premières. La vallée de Soultzmatt s'étendant de l'Est à J'Ouest,
elle est sans cesse balayée doucement, dans toute sa longueur, par ce léger et double courant qui renouvelle et rafraichit l'air pendant toule la durée du jour.
CHAPITHE Ill.
Conseils bygiénifilles RUX bRigllellrs.
Les règles de conduite que nous aUons tracer sont à la
fois dans l'intérêt du baigneur ct de l'élablissement. Notre
prospérité dépend du succès de nos cures, et pour qu'elles
puissent réussir, il fauL que celui qui vient réclamer les
ell'els bienfaisants de nos caux, soit alll!int de maladies
pour lesquelles elles peuvont être utiles. Av.cc quelle légèreté
les malades, el souvent les médecins. ne donnent-ils pas la
préférence à teUe ou telle source! La proximité d'un établissement de bain, la société qu'on doit y rencontrer, le
plaisir, ]a répulation de confortable, sont souvent les seules
raisons déterminantes de volre choix. Un médecin trop complaisant sanctionne avec une facilité coupable un caprice
que vous payez au détriment de votre sanlé. Nos caux, pas
�plus que toute autre, ne comienncnt à tous les lemp{'raments, à toutes les maladies.
Les avantages qu'on peut relirer de nos sources étant
reconnus, il est indispensable que la cure soit dirigée par
un homme de l'art. S'il y a quelques règles générales à
suivre dans la manière de prendre les eaux, il y a une foule
de modifications à apporter dans leurapplicalion; celui-là seul
qui pendant de longues années a suivi les efi'els des eaux sur
un grand nombre d'individus et dans diverses maladies, peut
donner des conseils utiles. On dewa donc, en arrivant dans
l'établissement, s'adresser au médecin, pour lui faire connaître la maladie dont on est atteint. Il serait bien plus
avantageux encore qne chaque haigneur fùt muni d'une cspèce de hulletin, que tout médecin, au moment de son départ pour les eaux, se ferait un plaisir de lui délivrer. Notre
tàche alors deviendrail bien plus facile el nos succès plus
constants; cal' nous pourrions tracer sans tâtonnements la
marche à suivre.
L'époque la plus favorable pour les cures dans nolre étahlis cmenl commence au mois de juin et finit à la fin de
septembre. Il n'est pas rare cependant de voir, depuis
quelques années, nos bains s'ouvrir plus tôt ct sc fermer plus
tard, depuis que nous avons organisé les cures au pelit lait,
et surtout les traitements par l'cau balsamique. Le mois de
mai, pour peu que l'anoée soit favorable, est le plus beau
dans notre vallon si bien abrité. Les premiers J'ayons d'un
soleil chaud cl réparateur des force aUire les malades,
qu'une tl'Op longue séquestration obligée par les intempéries de l'hiver a si souvenl étiolés. Que de fois déjà nous
avons été l'heurelL témoin de véritables métamorphoses
op(~rées
en peu de temps par l'air bienfaisant ct pur qu'on
rc pire dans ces lieu ' où on venait par anticipation prendre
h· lait d'àne sc, le petil lait et l'cau de SoultzmuLlI
On fi . e ol'dinairemcJlt il trois iemainc le temps flu 'on
�12
doiL rester aux caux. CeUe limite ne repose que sur l'intervalle que Jes femmes ont il leur disposition pour prendre
les bains ct boire l'cau entre deux époques menslrl.l,elles.
On conçoit combien cette règle, basée sur un pareil motif, est souvent infidèle. C'est là peut-être une des causes
les plus fréquentes des échecs que l'on essuie dans les traitem~nls
pal' les eaux minérales. Car combien de personnes
renconlre-t-on, chez lesquelles on peut franchement et immédiatement appliquer la cure dans toute sa vigueur?
Qu'arrive-t-il? On cesse le traitement au moment où il
serait le plus important de le continuer, alors que la tolérance ct la saturation médicamenteuse et thermale commencent à se produire, et que le (ra vail moléculaire qui d<;lit
anéantir la maladie n'est pas arrivé à son apogée? Il n'y
a donc pas de limite fixe pour une cure; la seule qu'on
puisse admettre, est celle que pose le médecin qui a suivi
le malade pendant tout son traitement. Que penser après
cela de ceux qui se traitent par eux-mêmes. ou qui n'ont
pour conseillers que d'autres baigneurs aussi peu expérimentés qu'ils le sont eux-mêmes?
Généralement les personnes qui prennent les eaux sont,
à quelques exceptions près, douées d'un excellent appétit;
car la cure par elle-même est déprimante, surtout quand
cHe a été continuée pendant un certain temps. Nos organes
digestifs acquièrent alors un degré d'activité remarquable;
cc qui lient aux déperdiLions abondantes que nons éprouvons. Joignez à cela les promenades, le lever matinal, Je
séjour dans un ail' plus pur ct plus excitant que celui qu'on
respire habituellement; enfin, l'absence de préoccupations ou
d'un travail sél'ieux, ct on comprendra combien le moment
où on est appelé il réparer ses forces sera consiùél"é par la
plupart des baigneurs comme Uli acte important de ]a jOl1l'née.
Que chacun choisisse avec discernement ct l)l'Ildonce les
mets qui ne JH'IIVl'llt lui Nl'Ü nuisibl(' ; flll'il n'ouhlie pa les
�1::>
avisùu médecin, et se rappelle qu ' ull écart de régime pourrait compl'omettrc les Lons eH'cts qu'il est en droit d'attendl'e de la cure qu'il a entreprise, Mais, je dois le dire ,
une nourriture substantielle est la plupart du temps indispensable. L'expérience s'est prononcée à cet égard. 011
supporte sans inconvénient aux bains un dîner copieux
qui, hors des conditions dans lesquelles vous vous trouvez,
n'aurait pas manqué de vous incommoder.
Pour guider nos malades dans le choix des aliments,
nous extrayons de l'ouvrage de M, le docteur l{UIIN, de
Niederbronn, le passage suivant:
La nourriture la plus simple mérite la préférence; ce
sera du bouillon, du bœuf tendre, de la moutarde fine ou
autre hors-d'œuvre propre à favoriser la digestion : le meIon, les concombres, doivent être proscrits comme froids ct
indigestes. Après le bœuf, ce seront les légumes frais ct légers, tels que caroLLes, ch' corée, salsifis, pommes de terre
farineuses, asperges, pois verts, artichauts, choux-fleurs,
elc. Les épinards, les choux, les haricols, ne conviennent
pas à tous les estomacs. Pal'mi les entrées, on évitera toutes
celles aux sauces piquantes et grasses. Les viandes rôties
sont surtout aussi à recommander: ainsi le veau, le mouton,
la volaille, le gibier tendre; mais on évitera toutes les
viandes dures ou trop peu r,uîtes, salées ou marinées, fumées ou trop r.picées, la viande de porc, le foio, en génél'al, le rognon, l'oie, le canard, la charcuterie, ' à l'exceplion cependant du jambon qui, privé de son gras, possède d'excellentes qualités stomachiques ct digestives. Les
pâtés froids sont en général trop lourds pour les personnes
qui prennent les caux. En fait de poisson, on donnera la
préfél'ence à celui dont la chair est sèche, comme le brochet, la truile, la perche, clc. L'anguille est trop grasse ,
t peut rarement être permise. Les écrevisses sont un mels
de distinction en même temps que léger ct agréable . Qua nt
�à la salade, nous a "'ons observé que son usage ne con trarie
pas toujours l'effet de nos eaux, ct qu'elle peut être prise
toutes les fois que l'état de l'estomac ou 13. nature de la maladie ne s'y opposent pas. Les entremets et le dessert sont
ordinairement pour le luxe de la table. Le baigneur doit
d'autant plus se défier de lui-même lors de ce service, que
déjà rassasié il pourrait céder il des apparences séduisantes
et commeUre quelques excès. Les différentes espèces de pâtisseries, gâteaux, tartes, baignets, sont en général pell à
recommander . Les crèmes et blancs mangers ne peuvent
être permis que quand ils sont légers et convenablement
aromatisés. Les crêmes aux fraises, aux framboises, ct
toutes celles dans lesquelles il entre des substances froides
et indigestes, doivent être soigneusement évitées. Les poudings sont il préférer aux crèmes. Le baigneur peut encore
se permettre des œufs il la neige, des meringues, du biscuit,
des macarons, et surtout de la croquante ou du nougat.
Les compotes de fruits sont plus convenables que les fruits
crus: parmi ces derniers on évilera surtout les fmises, les
groseilles et les poires. Après le dîner, une tasse de café il
l'ca li est permise il toules les personnes qui en ont l'habitude et chez lesquelles celle boisson n'agite pas trop le système nerveux. (KUllN.)
Presque tous les malades boivent du vin: nous t1'oyons
pouvoir le permettre ct même l'ordouner, pour faire cesser
momentanément l'effet hyposthénisant des eaux. Beaucoup
de personnes boivent à table l'cau min~rale
mêlée au vin:
c'est une boisson fort agr6able, et qui peut aider à la cure,
à la condition qu'elle soit hien supportée; elle communique
au vin un pétillant très-agréable, qui le rapproche jusqu'à
un certain point du vin de Champagne. D'après la manière
de voir de l'École iLalienne, notre cau gazeuse détruirait en
partie l'effet trop excitant du vin. Il est cependant certaines
affections dans lesqnuJles on devra défendre ce mélange.
�15
Nous tenons antant que possible à ce que le souper soit
très-léger: c'est cc qui nous a fait proscrire les soupers en
commun, car nous avons pu constater qu'ils étaient préjudiciables. Une collation, composée d'un potage, de quelques légumes, d'une côtelette ou de poisson, est plus que
suffisante: l'estomac n'est point surchargé, le sommeil est
plus calme, et le malade plus apte à retirer le lendemain de
bons effets des eaux.
On doit, dans notre bain, gënéralement se coucher de
bonne heure, parce que la plupart des malades ont besoin
de plus de repos que dans la vie ordinaire : les bains, les
caux qu'on boit, fatiguent, dépriment. D'ailleurs, il est
indispensable d'être assez matinal pour suivre exactement
le traltement prescrit.
On devra toujours, en sc rendant aux eaux, se munil'
de vêtements chauds; car, pendant les cures, qui sont déprimantes, la sensibilité au froid est bien plus grande, et
pourrait avoir de funesLes effets.
Ces -détails pourront peut-être paraître fastidieux à quelques pel' onnes, mais ils ont une véritable importance, puis(lue, comme on le yoit d'après le passage que nous avons
cité, ils ont mérité l'attention du docteur KUIlN, l'un des
m(>decins les plus instruits, et par sa po ilion ]e plus capable
de pOl'ter un jugement en pareille matière.
Une des principales di tractions aux bains de SoulLzmatt,
sont des promenades variées, et qui presque toutes ont
potlr but des ites di!licieux. Quelque -unes sont assez éloigné' s pour (lu'ellcs ne puissent être faites à pied. On ] s.
fait alors à âne. Nous avons pris toutes les précautions pour
<Iue cet e crcice, qui est alutairc dans certaines affections,
puisse n'a voir aueun danger. Il est cependant à désirer que
la plupart des personnes con ultent le médecin pour savoir
si des promenades de cc genre ne peuvent leur être nuisibles.
�16
CHAPITRE IV.
A.nalysc tlCH caux ItlÎllé.'alcs · tic Soultz ... aU.
Les sources, au nombre de six, rassemblées dans un
étroit espace, vont se rendre dans autant de bassins de piefl'c
dont le trop plein s'écoule dans la rivière d'Ombach. L'usage a consacré les qualifications qui leur furent anciennement données; mais on a senti le besoin d'ajouter un
numéro particulier à chacune de ces dénominations primili ves. Celte double désignation se lit dans le tableau suivant:
NUOl tl l'O!t
Il es sources.
l'iOM S ANCIENS.
1 Source acidule. . . . . . . . . . . . . . .
2 Source cuivreuse .............
;) Source sulfureuse ............
4. Source purgative .............
ti Source d'argent. .............
6 Source d'or. . . . . . . . . . . . . . . ..
Sauerwasscl'.
](upfel'wasser.
Schwelfelwasser .
Purgienvasscr.
Silberwasser.
Goldwassel·. ,
De tous ces noms, le premier seul ne ment pas sur la
nature ou le~
propriétés des eaux; mais comme il convient
également à toutes les sources, on ne peul le donner à l'une
d'elles en particulier, sans faire supposer une dilférence (lui,
cn réalité, n'existe pas.
Les numéros, au contraire, ont L'avantage d'être pur/'menl indicateurs des bassins ou réservoirs, et d'être compIétement insignifiants à tous autres égards i à cause de ce
dernier caractère, on pourra toujours s'en servir sans rappeler des idées inexactes.
La première analyse régulière des caux de Soultzmall
est due au docteur MÉGUN, qui en puhlia la marche ct les
résultats, en 1779, dans,un mémoire dédié au baron de SPON.
Il est ùifficile de sc livrer à plus de recherches, de tenter plus d'essais, de montrer plus de sagacité que Ile l'a fait
�1i
cet habile m~tlecin
: aussi les erreurs qui 1I011S frappent au·
jourd'hlli dans son lravail doivent-elles être imputées. non
pas au savant, mais à l'état d'imperfection dans lequel la
science se trouvait alors.
Il résulte de son analyse quo les cinq premièrcs Sf)urccs
contiendraient:
1° Du gaz méphitique.
2° Du sel alcali minéral.
3° Une terre .Ibsorbanlc, Je natul" ('alcaire.
I~o
De la sélénite,
5° De la terre vitrifiable.
6° Un vestige de matière bitumineuse.
La sixième source, outre les principes précùJcnls, tien·
dmit encore du fer en dissolution pal' le moyen dll gaz méphitique, et devrait l'odeur d'œufs pourris, qui la caractérisait à ses yeux, à un gaz inllammable dout on ignorait , à
celle époque, la vraie nature.
Tl suffit de jeter un coup d'œil sur ces résultats p01l1' se
'onvaincre qu'ils ne sont pas au niv':u de la cience actuelle.
La présence du soufre et du fer, Jans la sixit'me source,
ne peut plus être aJmise. Le Jocteur MÉGLI lui-môme
l'ayant fait vider et nettoyer, on y trouva plusieurs suhstances putréfiées et du fer tombé pal' hasard. Après e lte
opération, les eaux perdirent leur odeur hépatique, et il ne
fut plus po sible d'y démontrel' l'exist nre Je principes fl'r·
rugineux. JI est vrai que plus lard l'au leur y décéla de nOI1veau ces principes, mais il est tn's-probahle ({ue l'cau qui
lui fut envoyée avait séjourné dans les tuyaux de la pompe,
En effet, si-, après avoir fajt nettoyer les uassins, on y
puise directement l'cau qu'on veut soumettre au ' analyses,
on ne peut y démontrer ni soufre ni fer. Il en est tout
autrement lorsque les ré ervoirs sont mal tenus, 011 que l'cau
a séjourné dans les corps de pomp . Lf' f ' .. t'st an Joute
2
�18
lilUrni, Jans ce ('ilS, par la lige du pi~lon
011 pal' les di"ers
scellements soumis à l'aclio.n de l'cau, taudis (l'te l'hydrogène sulfuré s'expliquerait par la réduction des sülfates mis
en présence de corps hydrogénés. Cette opinion est d'autant
plus vraisemblablr. que l'eau fournie par les premiers coups
de piston dégage une forte odeur d'hydrogène sulfuré ct
qu'on n'en trouve plus aucune trace dans celle que l'on
obtient ensuite.
Non-seulement le docteur MÉGLlN n'a pas déterminé les
proportions relatives de chacun des principes qu'il a reconnus dans les eaux de Soultzmatt, mais il n'a pas mèrne
assigné, d'une manière exacte, la quantité totale, la somme
de leurs éléments minéralisateurs. Les résultats auxquels il
est arrivé, à cet égard, sont trop variables pour inspirer
quelque confiauce. On peut en juger pal' le tahleau suivant, dans lequel nous avons exprinl~
en grains les quantités de résidus fournies à l'auteur par des évaporations
Ji verses ,:
-
.,
oz .
E= :G
..'" 8'" .. :;;
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rosidu.
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303 grains.
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POIllS
do l'cau
évapol'ce.
-<1 '"
~
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l'OIDS
1800
-
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--
t44
72
120
24
87
120
-
/H
IU
~NCH8
APPARIlIL
pour
évaporatoiro.
la m êmo euu .
1 1407 grains.
Alambi c do vorro.
1
1
lM.
-
72
-
l
00
-
}
73
}
1
Alambic do vorre pOlir
les ùoux promieres.
Vaissea u ùo torro vorIlissé P" la troisième.
VaSe do verre .
1
Vaso do grès vernissé.
1
1
-
-
Vaso de vorre.
1Vase de torro vernisso_
... ..
... . . . .
Vuso do vorro.
Vase do vorro.
--
1
1
��ACTION DES atACTIFS SUR L'f;:A.U MINÉRALE DE SOULTZMA.TT.
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Le docteur ~1t ; (;r.IN
avait été lui~Iè
frappi: tics cliU'él'llllCCS que nous venons de signaler; mais Ile croyanl pas
pouvoir les allribuer à des erreurs d'expériences. il fut con~
duit à penEcr que la composition des eaux minérales variait
nou-seulement selon les saisons, mais encore chaque jour de
l'année et à toute heure du jour.
sur \
Celte conclusion serait rigoureuse si les expél'i~ncs
lesquelles clle s'appuie étaient irréprochables, mais il n'en
est pas ainsi: on peut, on doit même supposer que les vases
évaporatoires dont se servait l'auteur furent atlaqués il des
degrés divers par les eaux minérales soumises à une chalelll'
plus ou moins violcnte; de là toutes les différences observées dans les poids des résidus.
Une preuve irrécusable de la ju Lesse de celle opinion.
c'est que les quantités de résidus qu'on obtient, en évaporant dans une bassine d'argent, sont presque tous rigonreusement identiques, si l'on opère sur l'eall d'une même
source, prise en égale quantité.
En "ré.:!umé, malgré les efforts et l'habileté de son auteur,
le travail du docteur MÉGLlN est fautif et incomplet.
1° Il indique dans les taux de Soultzmatt des principes
qui n'y existent pas: le (er. le sot,(/'e, le bitume.
2° Il en omet qu'elles possédcnt : la magné$ie.
3° Il ne donue pas les proportions relatives des slb~
tances réellement rencontrées dans ces eaux.
4° Enfin. il laisse dans la plus grande incertitude ur la
quantité totale de leurs éléments minéralisateurs.
Une nouvelle analyse était donc indispensable et pressante. MM. PERSOZ et COZE l'ont entreprise, et les noms
de ces deux chimistes nous sont un sûr garant de l'exacti~
tude ct de la précision de leur travail. Nous allons donner
la marche qu'ils ont suivie et {es résultats auxquels ils sont
arrivés.
Le tableau ci-contre repr('scnte J 'une manière synoptique
�20
l'aetion des réactif! sur les eaux. 11 faut maintenant l'in(erpré ter, en tirer toutes les conséquences qu'il peut fournir, ct
les formuler nettement, pùisqn'ellcs doivent êtl'e l'expressiol) de l'analyse quaWative.
10 Les floc, 5 e , 6 c, 7e et 17 e colonnes indiquent qu'il n'y
a, dans ces eaux, ni fer, ni argent, ni bitume, ni acide hydl'osulfurique ou combiné.
a. Dans les circonstances où l'on s'est placé, les sels de
fer auraient manifesté leur présence par un précipité uinassé
avec la noix de galle, 'flair avec le sulfure ammonique, blet,
avec le cyanure ferroso-polassique.
b. Malgré le beau nom donné il la cinquième source, la
présence de l'argent dans ses eaux n'était pas vraisemblable:
aussi l'acide hydrochlorique n'en a-t-il fait reconnaître aucune trace.
c. Si une matière bitumineuse avait été tenue en disol~
tion à l'aide d'une base alcaline, celte matière ~lUrait
été
précipitée par l'acide hydrochlorique, qui se serait emparé
de la base. .
d. Nous avons déjà dit que, puisées directement dans les
bassins ou réservoirs, les eaux n'offrent ni l'odeur ni la
saveur des œufs pourris. Celte circonstance prouve il clle
seule que l'hydrogène sulfuré n'y existe pas à l'état libre;
mais le tableau fait voir, en outre, qu'elles ne précipitent
pas les dissolutions de plomb en noir, et que par conséquent
l'acide bydl'osulrurique n'y existe ni à l'état libre, ni à l'état de combinaison.
2° Les caux de Soultzmatt contiennent des carbonates,
ùes hydrochlorates et des sulfates. Ces sels ont pour Lases la
potasse, la soude, la chattX et la magnésie.
a) Carbonates. Elles laissent déposer, par l'action de la chaJeur, une poudre blanche faisant effervescence avec les acide.~
:
le gaz recueilli est l'acide carbonique. Ce gaz sc dégage en('~re
lorsqu'on "erse un nci(le dans les eauxbouillies ct filtrées.
�21
b) IlydfOchlofates. Le' nitrate argenti qne fournit un pré-cipité abonda nt, et indique par là une assez forte propor tion d'hydrochlorates.
c) Sulfates. Le chlorur e barytiq ue ne donnan t qu'un pré.
cipité très-léger, annonce qu'il n'existe qu'une faible quantité de sulfates.
d) Potasse et soude. Après l'ébullition, les eaux verdissent
le sirop de choux l'ouge, et celle réactio n est nécessairement due aux carbonates de potasse et de soude : notons
qu'elles perden t d'abord, par l'action de la chaleu r, les carbonates de chaux et de magnésie. La deuxième colonne du
tableau, comparée à la troisièm e, fait voir qu'ava nt l'ébullition les carbonates alcalins sont saturés d'acide carbon ique
et existent alors à l'état de bi-carbonates.
e) Chaux. L'oxala te ammonique décèle une assez forte
quantit é de chaux : elle y est en partie à l'état de carbo·
/Iate, donll' existence se démon tre par les réactions des 8°,
9u , 1Oc, 11 c et 13 c colonnes.
L'eau minérale légèrement acidulée par l'acide nitriqu e
précipite pal' l'eau de chaux, ce qui démon tre l'existence
de la magnésie (12 c colonne).
Si l'on examin e mainte nant, d'une manièr e généra le,
l'efl'et des réactions sur les eaux de toutes les source s, el si
l'on compare ces réactions entre elles, on restera convaincu
<lu'il ne peut exister dans les diverses eaux, sous le rappor t
de la composition chimiq ue, que de très-légères différences.
MM. I>En oz cl COZE se sont a surés que les substances minéralisante conser vent à très-pe u près dans toutes les sources
les même proportions relatives, de sorte que les différences
qui s'observent entre les eau les plus fortes et cell qui
sont plus faibles s'expli queraie nt parfait ement en suppos aut
Clue ces d l'llières sont étendues simplement d'une certaine
fJ\lanlifé d'cau douce.
prelllier rait une fois
e·
COli
latù, ces dell:\ chimisles
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�22
humé leul' analyse quanlitative il l'eau des sources nOS 1 et
6, dont la composition est rigoUl'eusement identique el dont
les richesses sont peu différentes : les malières salines contenues dans le nO 1 sont à celles du nO 6 dans le rapport de
4·6 et '~1.
Le tableau suivant renferme les résultats auxquels on est
arrivé dans le dosage de chacun des élément8 salins contenus dans les eaux :
Bésultal de l'analyse 'l/tantilative des eaux de Soultzmatt,
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na 1.
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1000 gramme s ronfcnn ent :
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gl·.
0,071
0,041
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0,198
0,15S
0,640
.0,0-:2
bydroch lorique .....
carboniq ue . . ... ....
t.:haux . . . ... . .. .. . .. ... ..
Magnésie .. . . ... . . . . . . . . ,
Soude. . . . . . . . . . . . . . . . . ..
l'otasse . . . . . . . . . . . . . . . . ..
20 litres d'cau 11 0 1, ovaporé s, out
,tonné pour résidu 46 gralUme s do
matière saline.
nO6.
1000 gramme s l'enferm ent :
S"·
Acide sulful'Ïtlue ..... .. .. .. 0,065
hydroch lorique . . .. . 0,031
carboni que..... . . . . 2,169
Chaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,178
Magnésie . . ..... , .... . ... 0,129
Soude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 0,556
Potasse ... . .. .. . .. . . . .. " 0,067
~O
litres d'eau n" 6, évaporés , ont
donné un ré sidu de 4\ gramme s .
Nous allons donner en peu de mots les procédés suivis
pour obtenir ces résultats el la marche générale de l'analyse . .
1 0 Quantité d'adde carbom·que. Elle a été délerminée pUI'
la mélhode de Murra y: l'eau avait été recueillie sur les
lieux el renfermée dans des vases parfaitement houchés.
2 0 Dosage de l'acide sulfurique. On a acidifié une certaine
quantilé d'eau concentrée par évaporation, et on l'a lraitée
par le chlorure baryliclue : le sulfale barylique précipité
ayant élé lavé et calciné, on en a conclu la quantité d'acide
sulfurique.
3 0 Proportion dtt chlore. Elle il élé assignée par un pro« ~ éd
analog ue: la liqueur rt'lduile el acidifiée il élé trailée
pal' le nitrate «J'argent, ct le chlorul'e arg ntiqllc l)r{'cipitù
�25
ayant été lavé ct fondu, a permis ùe calculer la proportion
du chlore.
4° Chaux. On a renùu acide une certaine quantité d'eau
concentrée par évaporation, et on l'a trailée pal' l'oxalate
ammonique : le précipité a été recueilli, lavé et calciné.
Le résidu â été transformé en sulfate calcique, duquel on a
déduit par le calcul la quantité de chaux . .
5° Magnésie. Les eaux ayant été concentrées et privées
de chaux par l'oxalate ammonique, on les a traitées par la
baryte caustique. Le précipité qui en est résulté contenait
tout à )a fois du sulfate et de l'oxalate barytique et de la
magnésie. Pour séparer celle base, on a traité par l'acide
sulfurique, lequel a donné naissance à du sulfate de magnésie soluble. La liqueur filtrée a donné, par le phosphate
d'ammoniaque, un phosphate ammoniaco-magnésien qui,
après avoir été calciné, a fait évaluer la magnésie.
6° Potasse et soude. Les liqueurs provenant de la précipitation par la baryte dans l'opération prérédente furent réunies aux caux de lavage et concentri'es, puis traitées par
l'acide sulfurique; il en résulla du sulfate barytique, insoluble, et des sulfates de potasse et de soude en dissolution:
ceux-ci furent évaporés il ec et calcinés pour en connaîlrn
le poids. Le résidu, exactement pesé, fnt de nouveau dissous dans l'eau et traité par le nitrate de baryte; iL en résulta un sulfate barytique qui, lavé et calciné, fit connallre
la quantité d'acide sulfurique contenue dans les deux sulfates
de potasse et de soude.
Les quantités relatives dc ces dettx bases (",rcllt alors calculées
en ayant égard à la di(/'érence qtti existe dans [enrs capacités
de saturation.
Un vice de celte analyse est de ne pas indiquer i réellement ces caux eontiennent des bicarhonate . M, BÉCIIA MI',
de pharrnal'i(', a ell )'ohligrall('e de COInprotesseur il l'(~coe
1.1('1' en 1 Irtic ,'elle Jacul1('.
�~4
D'apres ses recherches, lorsqu'on soulllet l'eau de SoulLzmatt à l'action de la chaleur dans un ballon de verre, il se
dégage de nombreuses bulles ,Je 'gaz, en même temps que
J'eau se troubl e: ce qui indique que la magnésie ou la
chaux existaient dans l'eau dissoute à la faveur de l'acide
carbonique, ou };lien qu'il existait du bicarbonate de soude,
lequel, en se décomposant par l'ébullition, devient carbon{l~
lIeutre, el précipite ainsi les se'ls de chaux ct de magnésie
à l'élat de carbonates insolubles.
Une nouvelle analyse ùes eaux de Soultzmatt était nécessaire; elle a été entrepl'ise pal' lU. DÉClIAl lIP. Dans un taIIleau comparalif, il met CD regard l'analyse des sourccs
gazeuses alcalines les plus en renom , pour démontrer que
"cl/es de Soultzmatt ne Jeur sont pas intërieul'cs pal' 1010
principcs minéralisateurs qu'elles contiennent.
CHAPIT1Œ V.
(J.alsh lératio I18 généra lcf!i sur l'actio n Itlédi caIIlCllt cusC des eaux IIlinér ale8 de Soultz luatt.
Les eaux minérales occupent la première place parmi les
remèdes dont l'eUicacité n'a jamais été démentie depuis l'anli'luité. Leur renommée, loin de diminuer, n'a fail qu'augmenler de plus CH plus; el de nos ,jours l'on peut di"{3 qu'il
est peu de maladies chroniques dans lesquelles on ne les
prescrive, cl le plus souvent avec avantage. Celui, ccpcndallt, qui voudrait rechercher la raison de ]a propriété sah,taire des eaux minérales dans les nombreuses théories
ju 'flu'ici professées pal' la plupart de écrivains d'hydrologie,
ou (lui voudrait essayer de trouver dans leurs écrits une
müthodc sOre pOUl' tlôduire ses indications curatives en rap·
port avec les caux, nous ne savons s'il se trouverait satisl'ail à la fin de ces l'c('hel'ches.
�•
25
Celte illlperfeclion capitale sur uo'c branche aussi imporlanle de la malière médicale aurait, cc nous semble, dt'!
aUirer l'attention de ceux qui, dans nos écoles, sont chargés de cet enseignement, et, à Jeur défaut, tous ceux ' qui
écriront sur les eaux minérales devront chercher à combler cette lacune.
L'action que l'on obtient de l'usage des eaux minérales,
prises aux sources mêmes, est due en partie à des circonstances acce oires au traitement, en partie aux eaux, de sor le
que, pour l'apprécier convenablement, il importe d'examiner la valeur des unes ct des autres.
10 Par cirwnstulIces accessoires, nous entendons le voyage,
le changement de domicile et quelquefois de climat, l'ail'
pur des régions des sources, la société qu'on y rencontre,
Ics nouvelles connaissances qu '011 y fait, Jes passion qu'on
y éprouve, J'oubli des soucis et des occupations. Les praticiens savent parfaitement combien ces diverses circonstauce illUuent sur la sanlé de malades. Lisez ce que dit
HORDEU à ce sujet: (ILe trailernent ùes eaux minérales erne ployées à leur source est, sans contredit, de Lous les se« cours de la médecine, le mieux en éla t d'opérer pour Je
6 physique et le moral Jes révolution nécessail'cs cl pos ibles
o ,Iaus les malatlies chroniques. Tout y concourt: le voyage,
q l'espoir de réu sir, la diversité de nourriture, l'air urLout
«'lu 'on re pire et qui baigne et pénètre Je corps, J'étonne& mcnt où l'on se trouve sur les lieux,
le changcmenl dl ~
"!'o(!nsaLions habituelles, les connaissanr.es nouvelles qu'ou
q Il,il, les pc li Les passiolls qui nai sen t dans ces occasions,
u l'tlOnnèlc liberté dont on jouit, tout cela change, uou)eft' erse, délruilles habitudes d'incommodités el de maladies,
~ auxquelles sout sujets les hanilanls de villes,»
Ces ci,'con lallec, SOllt si pui anles, que qllelrJllCs pcrSO/llll'S Jcs l' agcreul il re poinl, (Iu'elles leur allrinucnL Lout
dan les t'un', h)(lro-lllinl'ra\rs , pL J'('fu 'enl (oule inl1l1t'lI('('
�26
•
a\lx eaux ellcs-mêmes. Cetle fausse opinion est cependant
racilement comJJallue, si 1'011 veut bien réfléchir que ces
mêmes circonstances se rencontrent pareillement dans beaucoup de localités, sans qu'elles y produisent aucune de ces
eures presque prodigieuses ~e maladies graves et rebelles
aux autrcs secours de l'art comme les eaux. En effet, Ja
longue série des rhumatismes chroniques, des affections articulaires, des obstructions viscérales et d'autres, qu'on appelait autrefois l'opprobre de la médecine, sont loin de subir des modi fications sérieuses, et encore moins de guérir
par la seule influence de l'air et de la vie ch'\mpêtre et par
la distraction, tandis que lcs <louches, Jes bains, les boissons d'eaux minérales produisent tous les jours des guérisons. (BERTIN!.)
2 0 L'action méd'icatrice des caux est une question plus
délicatc et plus difficile à résoudrc. Puissions - nous. en l'abordant, ne pas rester trop au-dessous de nolre sujet; car
Je sa solution doivent déc(luler toules les applications thérapeutiques. Nous nous demanderons donc: Comment agissent physiologiquement les eaux gazeuses alcalines du genre de
celles de Soultzmatt; comment ajissellt-allos claus le traitement
des maladt'es? ,
.
Au point de vue de leurs élémcnts, toutcs lcs caux
gazeuses alcalincs sc ressemblent, à part, bien cntcndu,
leur tcmpérature, la na ~tÏl'e
et Jes proportions de ces éléments. C'est de l'acide (~arbonique
d'une part, de l'autre,
une solution parfaite de sels soùiques, additionnée de
quelques composés de magnésie, de chaux de silice, quelquefois dc potasse, el prcsque toujours de l'cr. L' "tal acLuel de
1I0S connaissances chimiques nc nous en allprcn
d pas davantage. Celtc science n'a pas encoro répondu ù toules DOS
exigences, car unc eau, compos "e al'tilicicllcment avec cc
déments l'st loin d'avoir Il's mi'lI1es propriH{'s qll'ulle cau
na.!ul'rlle.
�27
Il Y a ici quelque chose qui échappe à la chimie, l'al' on
voit souvent les plus petites quantités d'un élément contenu
dans les eaux agir avec beaucoup d'efficacité et de force,
tandis que d'autrefois les éléments minéralisateurs sonttrès-.
abondants, et devraient produire des empoisonnements, s'ils
étaient pris en même quantité dans nos pharmacies. C'est
là un secret de la nature que nous n'avons pas encore pu
pénétrer.
Les trois groupes primitifs de sels (sodique, magnésique,
calcique) dominent généralement, et parmi eux les composés de sodium ou de soude. La soude, la magnésie ct la
chaux n'affeclent ordinairement que trois formes.
Dans les eaux de cette espèce, la forme de carbonato,
d'hydrochlorate, de sulfate, est immanquable. On peut en
dire autant des autres éléments accessoires, qui paraissent
subir eux-mêmes l'action des acides carbonique, hydroc.hlorique el sulfurique.
L'acide carbonique est le dissolvant le plus général des
principes contenus dans ces eaux; cependant on ne lui a
Jlas donné, dans la plupart des ouvrages qui s'occupent de
C(~s
sources, toute l'importance qu'il mérite.
Si l'on est d'accord sur les éléments constituants, on est
loin de l'être sur leur mode a'action. Pour donucr unc idée
de la manière contradictoire dont les auteur l'ont appl",eiéc, nous croyons devoir citer quelques passages dc leurs
i'
T~tS.
Les caux gazeuses stimulent les nerfs ct l'organe cn '{:phaliquc. (ALJJlEJlT, p. XIV.)
Étant toutes plus ou moins excitantes, ces eaux minéJ'ales ne conviennent pas pendant les maladies aiguës, ni
dan celles qui sont accompagnées d'une irrilalion un Il 'li
vive ou d'un exc'ès d'irritabilitl'. (PATIS 1ER" p. ~ . 2, )
L' xp "ri lice m'a appris que nos eaux sont tonique,
npérili,v{'s, J('ghcllH'nt fondant' , OIH'tllClI, ' , l'aimant',
�28
Elles stimulent, éveillent l'oscillation des fibres, poussent
<I\'e(: force vers la circonférence. (BornoT - DESSERvlEUS,
Recherches sur les eaux de Néris, p. 102.)
Les eaux gazeuses ne conviennent pas dans les lésions
organiques du système artériel. Elles irritent vivement
lout l'appareil sang'uin, augmentent la disposition hémorl'hagique, la produisent même chez ceux qui ne l'ont pas,
ct déterminent souventl'anévrismedu cœur. (CUENU, p.129. )
D'autre part: des idées diamétralement opposées se
trouvent établies par des faits cités par les mêmes auteurs,
ct par d'autres non moins recommandables . .
Dissous dans l'eau, le gaz acide carbonique forme une
Loisson agréahle, rafraîchissante, regardée comme tempérante dans les maladies inflammatoires. (MÉROT et DELLENS.)
Nulle cau n'est plus convenable dans les affections des
voies urinaires, et même dans certaines maladies aiguës.
(l\fÉlloT et DEI.LENS.)
L'eau de SelLers est digérée facilement, occasionne rarement des congestions, ou la détermination du sang vers les
organes particuliers, qui, ordinairement sont imprégnés
t1'eau minérale. Cela fait qu'on l'administre souvent avec
a .. antagc daus quelques affections inflammatoires fébriles;
son <lction est généralement rafraîchissante, exhilariante,
altérante; elle améliore les sécrétions morbides dcs memLranes muqueuses, donnc de la tonicité aux glandes. pro\'of! ue l'a bsorp tion. On la }}rcscri t généralemen l, sans danger,
allx sujets pléthoriqucs el robustes. (LÉE.)
C'cst dan les maladies chroniqucs dcs poum~s,
en particulier dans ]a phthi ie pulmonairc, que l'eau <.le SelLers
(' l <.l'une grandc efficacité. Dans ceLLe maladie, on voit
JDI) Il1C, loI' que les autres remédcs ont cessé d'cxcrcer une
illfluence ravorable, ccllc eau produirc d'cxcencnls cffels.
Elle modilio hcureusemcnt les lllbcrcules, sans augmenter
l'irritation ÎnllaJOlllutoire qui les accompagne, et si la ma-
�29
ladie est compliquée d'inflammation, le liquide régularise
les sécrétions anormales, et prévient souvent la suppuration (HUFELAND).
VETTEn., parle très-avantageusement de J'eau de SelLers
contre les fièvres gastriques de l'été, contre les inflammations de la vessie.
M. CnE 'U, qui dans un passage précédent imputait aux
eaux gazeuses des propriétés qui devaient les faire rejeter
dans les affections du cœur ct des gros vaisseaux et du cerveau, s'exprime dans la page suivante en ces termes: Il est
évident que l'usage de ces eaux modère l'activité du cœur,
tempère la chaleur générale, régularise la circulation capillaire et ralentit les battements du cœur. (Page 333.)
Je me bornerai à ces citations, que je pourrais, au besoin, mulLiplier bien davantage. Comment le médecin
pourra-t-il se retrouver au milieu d'idées si divergentes?
Comment sortira-t-il de ce cahos ? Où trouvera-t-il quelque
lumière pour l'éclairer au milieu de ces ténèbres? Car on ne
peut en douter : tous ces passages si contradictoires sont
empruntés à des hommes qui ont vu, qui ont observé.
L'important cependant pour le praticien, lorsqu'il veut administrer ces eaux minérales, est de savoir si clles excitent
ct tonifient. ou bien si elles calment et agissent comme antiphlogistiques.
Cc n'est pas une affaire de pure théorie; car, s'il est vrai
que les caux gazeuses alcalines excitent, il faut s'en abstenir dans toutes les maladies d'excitation (goutte, fièvre,
phlogoses viscérales, aiguës ct chroniques, affections congestives de l'encéphale, dela moelle, etc.), et si, au contraire, elles sont calmantes ct antiphlogistiques, si elles dépriment les forces, pourquoi les employer dans les affections
asthéniques?
Les caux de Soultzmatt sont peut-être les plus favorahles
})our l'expérimentation; car il est difficile de trouy l' une
�30
eau minérale dont la composition présente plus de simplicité. La nouvelle analyse de ees eaux, par 1\'1. BÉCHAl\fP,
qui sera publiée à la fin de cet ouvrage, fera encore mieux
ressortir ce que j'avance. Nous n'avons réellement dans les
eaux de Soullzmatt que deux éléments importants : des
acides et surtout l'acide carbonique et des alcalis. Le fer y
est en quantité impondérable j il n'y a peut-être pas de
lIource qui en renferme moins, de sorte qu'on peut dans la
pratique considérer cette eau comme en" étant privée: on
n'y trouve aucun autre oxide métallique,
J'ai dû, pour bien apprécier l'action de ces eaux, étudier
les lhéories des différentes écoles sur la manière d'agir des
substances pI'Ïocipales qui y sont renrermées.
Je vais, m'adressant à toutes les théories, pnisant dans
chacune d'eUe ce qu'elle a de pratique et de positif, exposer ma manière de voir sur l'acLion des eaux de Soultzmatt;
de celle action je chercherai plus Lard, m'appuyant sur des
fails bien observés, à faire ressortir les cas dans lesquels
elles pourront être utiles.
Les eaux minérales oot: 1 0 une action vitale qui s'exerce
sur toute l'économie; 2° une action spéciale, spécifique même,
qui s'adresse à certains produits solides ou liquides de notre
corps ct à certains organes en particulier.
$ 1cr.
Âction vitale de l'acide carbonique et des autres acides
contenus dans les eaux gazeuse$ alcalines, sur l' homme à
l'état de santé et à l'état de maladie.
L'École italienne a, ce nous "s emble, le mieux résolu ce
problème. D'après ses recherches intéressantes, l'acide carbonique principalement exerce une action hyposthénisante,
déprimante et calmante sur le système vasculaire et sur le
système nerveux. Voici cc que dit G1ACOMINJ au sujet de
cct élément :
�:;1
Sous l'illtlllcnrc ,le l'acide l'arl.lOuiC(uc, la ciJ't'lIlatioll
s'abaisse de suite ct se ralentit; on éprouve comme un commencement d'ivresse ct de confusion dans les idées, des vel'liges et de la pesanteur à la tête. On ressent, en outre, une
grande envie d'uriner; l'on urine effectivement souvent el
en abondance. Si 1estomac est vide, on éprouve un sentiment de défaillance, un engourdissement, une pesanteur
dans les membres, au point de ne pouvoir marcher ou agir
qu'avec beaucoup de fatigue. Si l'on prend quelques aliments, ces phénomènes disparaissent aussitôt, et cela d'autant
plus promptement qu'on boit qu.elque peu de vin ou d'alcool.
Certaines maladies dans lesquelles le principe d'irritation
ou de phlogose est hien constaté, cèdent à l'action de l'acide
('arbonicrue, notamment celles qui sont le résultat des e, C{~s
de taLle, J'une alimentation trop succulente, trop irritante,
(~t qui consistent dans une sorte d'engorgement, de pléthore,
de phlogo$e de l'estomac, même dans les cas où ces cond itions morbides sc déclarent sous la forme de dyspepsie, de
faiblesse d'estomac, d'intolérance pour toutes sortes d'aliments, de sensibilité augmentée, de vomissements. La propriété déprimante ct antiphlogistique du gaz acide carhonique se montre surtout d'une manière évidente dans l('s
rualadies de la vessie et des reins, dont la nature est inl1am.
maloi,'c. Le gaz acide carbonique est dangereux pour {'crtaines personnes pléthoriques, parce qu'il détermine des congestion momentanées. Mais ces tas es de sang sont toutes
passives, et n'onl jamais, au déhut de la congestion au
moins, rien qui les rapproche Je l'inflammation. Cependant,
pour <'viter dans ces cas des accidents, il faut, avant d'cn
faire usage, comb~lre
la pléthore.
L'action de l'acide carbonique sur le système nervcu .
n'est pas moins évidente que celle qu'die exerce sur le système
anguin. Celle action est-elle directe ou ll'est-elle que lit
eonséquence de la première? c'e t ce que IlOU igllOl'OIlS.
�Toujours est-il que l'acide carbonique esl \111 des calmants
les plus efficaces. Donnez le soir à un enfant une poudrè
œrophore, il dormira aussi bien que s'il avait pris de l'opium, et vous ne l'aurez pas exposé aux dangers que souvent détermine cette substance.
aI'l'ête, comme on le sait, les vomisL'acide ~arbonique
semenls nerveux, Jes douleurs d'estomac, qui ne peuvent
(!tre attribués à aucune cause d'irritation.
Cc que nous disons ici n'est pas nouveau. MÉGLlN, dans
son ouvrage, s'exprime en ces termes: Je serais assez porté
il croire que nos .eaux onl une vertu vraiment calmante et
d'une manière particu!..
antispasmodique, qu'elles agise~t
lière sur le genre nerveux, en diminuant cette sensibilité
trop granrle dont paraissent jouir les nerfs, lorsque, par
l'effet d'une impression même légère, ils donnent lieu à des
mouvements irréguliers et disproportionnés. Ne serait-il pas
permis de soupçonner que c'est le gaz méphitique (acide
carbonique) qui donne à nos eaux la verlu calmante que
nous leur attribuons. Serait-il absurde de penser que ce gaz
a la propriété d'agir immédiatement SUI' les nerfs, et de
diminuer leur mobilité el leur sensibilité trop grande?
La vertu assoupissante et soporifique qu'ont dill'érenls
corps dans le moment qu'ils laissent échapper leur gaz mi'phi tique, tels que le charbon ardent, el.c., la vertu exci~anl
des liqueurs fermenlantes, l'abolition presqlle suhile du sentiment et du mouvement, lorsqu'on est frappé vivement par
le gaz méphitique qui émane des corps dans l'élat d'èllcrvescence, ùe fermentation et de putréfaction, la vertn anliémétique de la potion de Rivière, qui n'est autre chose que
Je dégagement du gaz méphitique par l'effervescence d'lin
acide avec un alcali, me semblent autant de preuves sll r
ItJsquelles celle conjecture est fondée. Quoi qu'il en soit, il
suffit que l'on sache que l'ohservation 1I0llS a Il'ansmis un
grand nombre de gu "risons surprenantes (l'alreclions hySlériques ct autre maladies nervetlses guéries par ce moyen.
•
�35
tes ~1I'es
acides, contenus dans le eaux de SOllltzmall,
ont, comme l'acide carbonique, des propriétés hyposlhénisantes.
$
2. Actt'on vitale des alcalis contenus dans les eaux gazeuses
alcalines sur l'homme à l'état de santé et ci l'état de maladt·e.
Qu'elles soient à l'état de carbonates, de bicarbonates ou
tle sulfates, la soude, la chaux, la magnésie, la potasse
qu'on rencontre dans les eaux gazeuses alcalines, n'exercent pas sur l'économie des actions dynamiques ditférentes.
POUl' l'École italienne, ces sels agissent intrinsèquement
d'après un seul et même principe, soit qu'on les considère
dans leurs effets généraux, soit dan leur action éleclive.
Je m'explique: comme oxide métallique, la soude n'a pas
par elle-même une action très-puissante, mais elle en emprunte beaucoup à l'acide qui la salifie. On peut même dire
qu'une grande partie de son énergie dépend de celui-ci. Aussi
celte école cro'L-eHe pouvoir étahlir a priori, et sans crainte
d'erreur, le degré proportionnel de chacun de ces sels d'après l'énergie connue ct les proportions quantitatives que
chacun des trois acides fournit à la composition des sel
en que tion.
Considérés séparément, les acides des sels sodiques exercent une action hyposthénisante sur l'arbre vasculaire, tandis que la oude et le autres alcalis paraissent par eu~
mêmes porter plus particulièrement leur action élective SUl'
J'appareil digestif; celle action est elle-même hyposlhénisante, comme celle de la plupart des produits métalliques.
1\ en résulte des sels il double action dynamique élective.
l'une gastro-entérique, l'autre cardiaco-vasculaire, et dont
le ré ultat définitif est toujours l'hYPoslhénisation à différents degrés.
D';lpn\ ces rccherdu's, que /lOtiS tlllrllellons rH partie au
;)
�moini, el dont nous ferons ressol,tir l'exactitude dans le
cours de cel opuscule, il n'est plus question d'admeure
toutes ces idées si disparates sur l'action des eaux gazeuses
alcalines. Et nous concluons :
1 0 Que les eaux de Soultzmatt, par l'acide carbonique,
les autres acides et les alcalis qu'elles contiennent, dépriment
le système sanguin, ralentissent le pouls, agissent comme hyposthênisantes et antiphlogistiques;
2 0 Que par ces mêmes principes elles stupefient, calment,
dépnment le système nerveux.
Ces conclusions reposent en grande parlie, comme on le
voit, sur les idées professées par l'École italienne; là s'arrêtent malheureusement ses recherches. Mais nous, qui,
. comme praticiens, sommes éclectiques, nous avons, cherchant partout à nous éclairer, consulté les travaux des
autres auteurs, les découvertes récentes de la physiologie
ct de la chimie organique, qui nous semblent à leur tour
destinées à éclairer le sujet qui nous occupe.
~
3. De l'ach'on spéciale et même specifique des el(!ments (el
principalement des alcalis) r.ontenus dans les eaux de Soultzmatt sur certains produits soh'des ou liquides de nolt'e corps
et sur certains organes en particul1'er,
Les eaux minérales versent dans Je sang les éléments
qu'eUes renferment. Ces éléments y arrivent pour la plupart
dans toute leur intégrité. Les recherches récentes faites
en Allemagne et en France Je prouvent d'une manière
évidente. C'est d'après ces expériences que nous comprenons l'action puissante que nos eaux exercent sur les matériaux du sang, sur certains organes cl sur certaines sécrélions.
Reprenant cn sons-œuvre les errements de nos pères.
qu' l'observation des faits avait conduits il de iMes d'hn·
�mllJ'isme, nouS allons, j'espère, pJ'()uver qu'ils n'étaient
peut-èlre pas tellement loin de la vérité qu'on pourrait le
croire : ils manquèrent seulement des connaissances nécessaires pour les étayer.
Je vais laisser parler l\fÉGLIN, dans son ouvrage sur les
eaux de Soultzmatt; il représente les opinions de son temps
Sur cm·taines propriétés de nos sources:
«AprèS avoir démontré, par tous les moyens les plus ap«propriés, les principes qui constituent les eaux minérales
«de Soultzmatt, il est aise de voir de quelle action la com«binaison de tous ces principes avec feau peut être suscep«tilJle dans l'économie animale; il est conséquemment
«facile de déduire de là les vertus médicinales ùe nos eaux,
«ct d'assigner les différentes maladies où elles peuvent être
« employées avantageusement.
({ Ces sources, comme éminemment alcalines ct légèrr(1 ment savonneuses, ont ces deux propriété principales: Iode
( délayer, d'exciter et de résoudre les humeurs épaisses,
« visqueuses et contenues dans les premières voies, et arrè«tées dans les e ' trémÎtés des vaisseaux ~t dans les différents
«viscère qui en sont composés; 2° de ramollir et de rel à«cher les fibres trop raides et trop tendues, ct de les J"a«mener à leur ton naturel. Elles conviendront donc dans
« tous les cas où il faut fondre et donner de la fluidité aux
(( humeurs épaissies, et corriger la trop grande rigidité (les
((fibres. Ain i prise intérieurement, tant qu'en forme d.,
bains. elll's seront très-propres à lever les embarras (lui
( onl lcur iége dans le syslème de la veine-porte, à 1'('( oudre les oh truelion des viscères, non-seulement du basventre, mais aussi des autres cavités du corps, dépendanl('
«d'un trop grande rigidité, et à guérir conséquemment la
I( foule de maux qui nais eot de la lé ion plus 011 moins conI( idérable des fonel iOIl
de cc "Îsccres.»
Cherchons il rajeunir Cl'S idée, anciennes sur l'action tles
«(
I(
�5G
eaux de l'espèce de celles de Soultzmatt; car If's faits s.ur
lesquels elles reposent sont vrais: l'explication seule en est
surannée.
. Nous invoquerons souvent les lumières que nous donnent
la physiologie et surtout la chimie. Sans doute, comme le
dit M. le professeur RAl\IEAUX, il faut bien se garder d'expliquer le jeu des fonctions de l'organisme par l'application
des principes que le chimiste déduit des expériences aUNqueUes il se livre dans son laboratoire, avec des instruments
inertes et impassibles. Mais il n'en est pas moins vrai que
les fonctions du corps vivant mettent en jeu la matière, que
l'elle-ci porte en elle-même ses conditions d'existence et de
réaction, et qu'ainsi elle ne peut décliner ses affinités avec
d'autres matières, alors même qu'elle se trouve associée aux
mystérieux produits de l'organisme. Ne voit-on pas, d'ailleurs, les effets des médicaments différer d'autant plus que la
composition chimique de ceux-ci esl plus di ll'éren te ? .Et
réciproquement l'analogie d'action médicatrice ne conduitelle pas logiquement à conjecturer l'analogie de composilion chimique.
1. Act'ion des alcalis SUt' le sang, leur influence
l'inflammalt'on et ses produits.
StW
Les alcalis s'opposent à la coagulation du sang. Il suffit
déjà pour cela d'un millième de soude caustique d'apr(>s
PllÉVOT et DUMAS. Certains sels, le sulfate de soude, le nitrate de potasse, les carbonates de potasse et de soude. en
empêchent ou en retardentla coagulation. En effet, ces agenls
chimiques dissolvent les globules du sang, môme le noyau
(lU'ils renferment. Ils dissolvent aussi la liqueur du sang, qui
clic-même est compos{Je de fibrine, qui y est dissoute, el de
sC'l'lIm, qui lient encore l'albumine en dissolution, les deux
dl'ment ('!an l ellx·m(\!TIrs olublc dans les alcalis. C
MULJ.EU.)
�57
Ces faits él~bis,
nous pourrons juger du rôle que jOllen t
les alcalis, pour comballre l'inUammation et ses proùuits.
Un organe enflammé contient plus de sang dans ses
capillaires, à quelque moment que ce soit de l'inflammation;
mais le mouvement de ce liquide à travers les vaisseaux
est tout à fait dillèrent à des époques diverses. D'abord le
sang nou-seulement affiue en ahondance vers le parenchyme enflammé, mais encore il repasse, sans de trop
grands obstacles, dans les veines. A mesure que l'inflammation fait des progrès, la circulation s'arrêle en premier
lieu dans quelques capillaires, puis dans un nombre de
plus en plus croissant, et au fort de la maladie tous les capillaires sont pleins dc sang vraisemblablement coagulé ou
dans tous les cas slagnant ct frappé d'uD mode quelconque
de décomposition. Les membranes qui ofl'rent une libre surface laissent épancher, au moment où la réplétion de leurs
capillaires est arrivée au maximum, la fibrine dissoute dans
le sang qui sc coagule SUI' la surface dc l'organe, ct y produit une fausse membrane. Quand l'exsudation ne peut avoir
licu, la matière coagulée s'ama se dans les capillaires des
organes eux-mêmes. Lorsque celle conge tion ne survient
que dans cCI'lains pOinl!! du système capillaire et qu'il rc le
ùes vaisseaux libres pour entretenir une circulation illcompIète, l'organe ne fait qu'augmenler de densilé; phénomène
qu'on appelle hépatisation dans le poumon, et ùHluration
ailleurs. Le travail local change aussi la matière entière
du sang, comme pourrait le faire un ferment, cal' la quantité de la fibrine augmente dans le sang inflammatoire et
presque toujours en proportion surprenante, ainsi qu'on le
savait déjà d'aprcs les recherches d'anciens observateurs, et
comme l'ont péremptoirement démontré ANDRAL et GAVARRET.
(Physiologie de MULLEt\.)
La médecine a trois moyen principaux pour arr tel' celle
production pathologique de lihrillc ct 1'0"1' Cil Mtl'uirc les
�38
effets nuisibles sur l'économie: la saignée par laquelle elle
l'élimine, la diète par laquelle elle l'empêche de sc reproduire, les alcalis par lesquels elle la dissout.
- Quand on fait longteml)s usage d'une eau alcaline, ou
des alcalis, le sang devient plus fluide par cela même qu'il
est rendu alcalin.
Si on abuse de médicaments de ce genre, ou que le sujet
auquel on les faiL prendre ait par une cause quelconque
le sang appauvri, il pourra survenir des hémorrhagies graves, parce que le sang transude à travers les parois des
vaisseaux qui le contiennent; c'est ce qu'on a observé chez
les diabétiques et chez les phthisiques déjà épuisés par la
maladie. Mais ils sont indiqués dans tous les cas où la
fibrine est en surabondance dans le sang, comme nous avons
prouvé que cela avait lieu dans l'inflammation. Lorsque
l'état inflammatoire tombe, la matière coagulable qui cons, tituait l'engorgement est reprise par les vaisseaux absorbants et peut disparaître entièrement; mais il n'en est pas
toujours ainsi, car l'irritation souvent persiste: alors la matière coagulable, loin de diminuer, est déposée en plus grande
quantité ùans le parenchyme de l'organe. C'est alors qu'il
est important ùe chercher à rendre le sang plus liquide,
Vlus alcalin, pour qu'il soit plus apte il pénétrer les engorgements qui, eux-mêmes composés de fibrine el d'albumine
coagulées, sont ramollis et mis dans des conditions indispensables il leur résorption. Celte explication n'a, ce nous
semble, rien qui répugne il la saine raison; nous l'admettons ct comprenons ainsi comment, sous l'influence des
caux de Soultzmatt, on voit diminuer ou se résouùre CIltièrcment des affections rhumatismales, des engorgements
des articulations, du foie, de la rate, des ovaires, de la matrice, des glandes môsenlériques, etc., elc. C'est pal' le même
J11 'caoisme que les membranes mlHlucuses des
bronches,
fIcs intestins, Je la matrice, (lui étai 'IH épaissies, indurées;
�59
que le séreuses malades et hypertrophiées, telles que le!i
plèvres, le péricarde, les membranes du cerveau et de la
moelle épinière, peuvent reprendre leurs caractères anatomiques et physiologiques.
On conçoit que ce travail doit être lent, et qu'un séjour
aussi court que celui qu'on fait aux eaux est souvent insuffisant. Mais la première impulsion donnée, l'œuvre commencée continue ordinairement. C'est là ce qui fait dira
avec raison que l'effet salutaire des eaux n'est souvent ressenti que longtemps après qu'on les a fréquentées.
Fréquemment l'irritation des membranes muqueuses ou
leur inflammation donne lieu à la sécrétion d'une humeur
séro-muqueuse, dans laquelle l'albumine prédomine souvent
au point d'amener leur concrélion : c'est là ce qui forme
lcs fausses membranes. Nous avons vu précédemment l'action des alcalis sur l'albumine et la fibrine: on comprendra
d'après ces données la possibilité de liquéfier ces produits
par l'eau de Sonllzmatl, et les avantages qu'on pourra en
retirer dans certaincs affections des membranes muqueuse
caractérisées par une sr.crélion glutineuse et tenace.
La sécrétion du mucus est aussi diminuée par les alcali '
pris pendant un temps même assez court. Ainsi nous avon
vu récemment chez un malade un catarrhe aigu de la vessie, qui n'avait pas diminué sous l'influence de différents
moyens, disparaître rapidement par l'administration de
l'eau de SoulLzmatt.
OnSERVA'flON. M. X .. .. avait été atteint d'un catarrhe
aigu de la vessie: la douleur avait cédé au traitement antiphlogistique, mais le dépôt muqueux persistait dans les
IIrines. J 'avais en vain essayé de le tarir par l'eau balsamique. L'idée me vint de donner tous les matins une houteille d'cau de Soullzmatt, ct le soir une bouteille d'eau
hal amique. Dès le econd jour, les urin s étaient devenu 5
daires, 1imllide ct 1l1calincs.
�-10
Ce fait prouve que nos eaux diminuent la sécrétion dl1
mucus; ce qui s'est passé pour la muqueuse vésicale, a lieu
pour les autres membranes de cette espèce. Voici, à noire
avjs, .ce qui sc passe: l'eau de Soultzmatt, l)ar ses propriétés
hyposthénisantes, dues principalement à l'acide carbonique
qu'elle contient, diminue l'inflammation de la muqueuse;
les alcalis rendent la sécrétion plus liquide: ces deux causes
l'éumes contribuent à la tarir.
'
C'est à celte diminution des sécrétions muqueuses pal' les
l'aux de Soultzmatt qu'il faut, en partie au moins, altI'ihuer les constipations qu'on remarque pendant qu'on en fait
usage.
Elles me paraissent aussi être entretenues par la grande
quantité de gaz qui se développent dans les intestins, et
dont la présence les empêche mécaniquement de réagir sur
les matières fécales. Enfin, l'abondance de la sécrétion urinaire ct des sueurs chez ceux qui font :usage de nos eaux
doit aussi entrer en ligne de compte dans la difIiculLé de
rejet Je cc produit excrémentitiel, qui devient plus solide.
Nous devons nous demander si la constipation est avantayeuse, ou si eUe a des inconvéll'ients dans les cures par les eaux
minérales de Soultzmatt?
Aux yeux de la plupart des malades, elle est désavantagl'use; car ils aiment généralement des eO'ots apparents et
Jont ils puissent se rendre compte. :Être purgé, leur paraît
le moyen le plus certain ct le plus héroïque d'être débarrassé de leur mal. Cependant, à quelques exceptions près,
il n'en est pas ainsi. Les selles allOndantes sont un moyen
II'0p prompt de se débarrasser des principes minérali alcurs,
qui sont rejetés du corps avant d'avoir pénétré toute l'éco·
nomie. Bien meilleurs sont d'autres émonctoires: la peau,
les reins, le foie, qui ne rejeUent ces principes qu'après les
avoir utilement et longuement (oIallor6s à leur profit pOUl'
cH'll'uiru la maladie. Ainsi lcs Cilll. de Ni 'dcrbroon " qui
�4.1
purgent, ne doivent il celle qualité que la moindre part de
h:lur action, comme le faiL très-bien remarquer un de no
médecins les plus éclairés, M. le docleur KUllN. MÉGLIN,
qui est du mème avis que nous, 'c~prime
en ce termes:
«On abuse quelquefois des purgatifs pendant l'usage des
« eaux minérales. Cet abus est pernicieux, en ce qu'il trouble
« nécessairement l'action des eaux et empêche conséquemIl Illent leur e[el. Qn emploie les purgatifs pendant l'usage
<1 tles eaux minérale
Jans la vue de les faire passer; on
«dit que les eaux ne passent point lorsqu'on sent des lassi« ludes, des pesanteurs et des gonflements d'e tomac, etc.,
« et lorsque les urines ne répolldent pas à la quantité d'eau
<! qu'on a prise; ces incommo(]üés, loin d'ètre toujours un
« mal, sont quelquefois un effet salutaire et indispensable
cc qui dépend de l'action des caux qui, trouvant un obstacle
"par l'engorgement des vaisseaux ct des viscères, travaillent
(l à s'ouvrir un chemin et à détruire les embarras qui s'op(, po ent à leur passage. Dans ce cas, il lie faut avoir d'autre
précaution que celle de ne pas faire boire une trop grande
« quanlité d'cau à la rois, jusqu'à ce que les obstacles soient
u levés et que les cau ' se soient frayé un librc pa sage.}) 11
,'a sans (]ire, cependant, qu'il faudra toujours entretenir
avec soin la liberté du ventre.
D'ailleurs, dans ]Jeaucoup de cas, nos caux minérales
sont employée dans des affeclions pour lesquelles il serait
très-dangereux de déterminer des diarrhées. Je ne citerai,
t'orume exemple, que la phtbisie pulmonairc.
l,
H. De l'action des alcalis dans l'acte de la digeslion. Manière
d'agir des eaux de Soultzmatt.
Les cxpériences physiologiques apprennent que Je alimellls arrivés Jans l'cstomac 1.1 transformcnt: 10 la fibrillt'
l'l Irs su\' lance aualogm' Cil mali 'l'CS alhuminoïde ,
�42
rendue s solubles par la pepsin e; 2° les matières féculacées
(insolu bles), en dextrin e et en sucre (substances soluble s),
par les acides norma ux de l'estomac aidés des matéri aux
fournis par la salive au bol alimen taire. L'ensem ble de ces
deux actions constitue la chymification. Le chyme , passan t
,flans l'intest in grêle, subit l'action alcalin e de la bile et du
suc pancré atique pour deveni r chyle.
Or, il peut arriver que, par une cause patholo gique, ces
acides soient trop abonda nts pour pouvoi r être saturés par
la bile et le suc pancré atique , ou que ces deux liquide s,
pal' défaut de sécréti on, soient en trop petite quantit é pour
produi re celle saturat ion.
Les acides peuven t être trop abonda nts par la transfo rmation du sucre en acide lactiqu e sous l'influe nce des matières albumi noïdes ; en effet, sous l'influence de l'album ine
ou de la caséine, le sucre de fruits se dédouble cn deux
équiva lents d'acide lactiqu e.
Sucre ou fl'ult • .
Acid e lucti tll1 C.
Cet acide lactiqu e, ag'issant SUl' l'hydro chlorat e de soude,
(léplace de l'acide bydl'oc hloriqu e, qui vient ainsi augme nter la masse de celui qui existai t déjà. La grande quantit é
d'acides produi ts ne pouvan t être saturés par les alcalis de la
hile et du suc pancré atique , coagul eront en partie l'albumine et les suùstances analog ues qui de"ÎendronL ainsi impropres à l'absor ption.
L'actio n des alcalis fournis par la bile et le suc pancré atique, ou bien, à leur défaut , ceux qu'on introdu ira dan.
l'estom ac, auront pour effet d'agir :
1 0 Sur les acides qui coagul aieut l'album ine, ct de la l'encire ainsi aùsorbahlc ;
2° Sur le sucre 1 pour le transfo J'mer com,me nous le
verJ'ons plus tard;
�3° Sur les matières grasses, pour les émulsionner, pour
les saponifier, de manière à les rendre absorbables.
La graisse ainsi convertie passe principalement dans la
grande cil'culalion par le canal thoracique : les veines
mésaraïques en absorbent aussi une certaine quantite. Ce
travail est opéré par le suc pancréaLique seul, la bile n'y
participe pas.
C'est ainsi qu'on pcut expliquer par nos connaissances
chimiques et physiologiques modc\'llcs le passage de MÉGLlN:
q Ces eaux, dit-il, détruisent la crudité acide, ct la crudité
«pituitcuse étant alcalinc à un degré si considérable, elles
,. doivent atténuer puissamment la ténacité de celte matière
«visqueuse ct glaireuse, donlles premières voies des enfants
(sont si sOl\.venl farcies, et qui Il'est, pour l'ordinaire, que
<t le produit de la mauvaise nourriture qu'on leur donne.
Q Ces eaux seront plus en état que tout aulre remède de dés\( obstruer les veioes Jactées, de lever les engorgements des
«glandes du mésentère. Elles ouvriront ainsi les voies du
Il chyle, et rétabliront les digestions.
CI La crudité acide est de toutes les causes des maladies
des enfants celle qui fait le plus de ravages parmi eux ct
(lui en emporte le plus grand nombre. C'est l'acide dans
o les première' voies qui donne lieu à ces déjections ver les
«qui tourmentent le enfants et qui les conduisent iu ensi« 1I1ement au marasme. Ces déjection sont quelquefois si
RCorro ives, qu'elles rongent le linge; de là ces coliques
~ plus ou moins douloureuses et quelquefois si violenles
"qu'clles déterminent les convulsions les plus afI'reuses et J~
«mort. ])
Nou avons expliqué par quel acte phy iologique et c11i
lIlique les acides doivent disparaître dans l'intestin grêle.
On conçoit comlJien leur présence, d'apr"s cela, doit êln'
Jlui ible; cal' il e t un fait physiologique bien élabli, c'c l
cjl\e t01lt meml rane m1lqueuse supporte mal ou même est
I(
�44
irritée par une sécrétion d'une autre natUl'c que celle qui
lui cst propre. Ainsi la salive inÎle la conjonctive. L'inles~
lin doit donc être irrité par des sécrétions acidcs, là où il
ne devrait avoir que des sécrétions alealines.
III. Action des alcalù et des eaux de Soultzmatt sur le (oie,
le poumon el le cœur.
Nous avons dit que le sucre étail un des éléments assimilables de la digestion: voyons ce qu'il devient sous l'in~
Iluence des alcalis, A cet effet nous invoquerons une séric
d'expériences très-intéressantes failcs par M. CLAUDE lER~
NARD dans ses leçons faitcs au Collége de France. Nous
croyons qu'elles jeUeront un grand jour sur le sujet qui
1I0US occupe.
1) Hors le temps de la digestion, le foie ne rcçoit de
sang que des artères mésentériques, il est alors pâlc et d'uu
volume peu considérablc.
2) Pendant le travail de la digestion, le sang venant
des artères mésentériques et du système de la ycine-porte, le
foie s'engorge artificiellement et augmente dc volume.
3) Du travail du foic naissent deux IJl'oduits llistincts,
la bile ct le sucre. On retrouvc cc Jernier produit même
chcz les carnivores. Le foie est donc un organe sécrétant le
sucre comme il sécrète la bile. Lorsqu'on ne le trouve ni
dans les artères ni daus les veines mésaraïques, on le retrouve dans les veines hépatiques simples.
li-) L'irritation de cCl'taines paI'lies de la moelle augmente la sécrétion du sucre. L'irritation générale ou locale
l'empêche souvcnt de sc former.
5) Le sucre formé llar le foie est détruit dans le poumon,
cl converti par )'oxigène de rail' respiré en acide carboJlique. Il n'en passe pas par les vaisseaux cbylifërcs, Le
sucre introduit dans la veinc jugulaire est, peu d'instants
apn:'s, rejetr pal' les urines.
�~a
l"
6) L'albuminc, qui rst un produit de la digestion, e t
également absorbée par les veines mésaraïques, ct n'arrive
dans la circulation générale qu'après avoir traversé le foie.
L'albumine qu'on introduit par la veine jugulaire est rejeté
par le urines,
7) Lcs alcalins ont la propriété, en étan t ingérés dans
les voies digestives et absorbés par les veines mésaraïques,
d'empêcher la formation du sucre.
Examinons d'abord ce dernicr fait, pour ne plus avoir à
nous en Occul)cr. Voici l'explication ingénieu e qu'cn donne
M, Bi CIIA ilfl> , dont j'ai invoqué les lumières à ce sujet:
Le sucre de fruit, ou le sucre de diabète, se représente
dans sa composition par la formule C 6 I16 0 6 ; celte formule peut 'exprimer par deu équivalents d'acide carboIllque, plus un équivalent d'alcool, savoir:
ucrc de fruile.
C6 II 6 0
=
6
Acide carbon.
2 CO 2
+C
Alcool.
4
II 6 0
2
A une haute température, en présence des alcalis caustiques, l'alcool devient acétato de potasse, avec dégagement
d'hydrogène, savoir:
Al cool.
+
l'On
~SCc
nl
8 tifl
C.
Acétate l10 potnssc.
+
lIydl'OR.
C4 11 6 0 2
liO, no = C4 IP 0 3, RO
l~ JI
Or, on sait que parmi les produits de la transpiration se
trouvent de l'acide acétique et de l'acétate de potasse ou de
soude, et que dan les intestins sont des gaz, parmi le quel
il exi te de l'hydrogène. Mais, dans la thérapeutique, ce
sont)e carbonates alcalins quc l'on emploie, ct lc plus
souvent lcs bicarbonatc , qu'on rencontre dans Je cau.
minérales. Or, ces compo é , dans une expérience de laboratoire, ne transformeraient pas l'alcool en acide acétique:
'n et-il de même dan l'économie?
S'il en était ainsi, l'explication n'aurait plu de valeur.
Mai il faut avoir égard au conditions particuli 'l'es dans
le ql1rllc. Je. réaction!! s'e(fectu('nl; sou l'inOnence de la
�4·6
VIC, ('es conditions doivcnt êll'e et sont tout antres. Pour
transformer, -par exemple, la fécule en sucre, sous l'influence des acides ou des fermenls, il faut une température
voisine de 80 degrés centigrades lorsqu'on opère dans le
laboratoire; la même transformation se fait à la température de 30 ou 32 degrés dans noIre économie, c'est-à-dire
à la chaleur normale ùe l'homme; car dans l'estomac existent des acides et des matières azotées qui certainement y
remplissent le même rôle que les mêmes agenls entre ll:!s
mains du chimiste, et cependant là il faut moins dc chaleur.
On peut donc, sans trop de témérité, avancer que, sous
l'inQuence de l'action vitale, les alcalis, même carbonatés,
déterminent la décomposition de l'eau en présence de la molécule d'alcool que renferme le sucre, pour la transformer
en acide acétique et en hydrogène, comme on l'a vu plus
haut.
La bile éprouve peut-être aussi des modifications imporlanles par l'action des .. lcalis. En effet, les expériences de
LIEBIG prouvent que la bile f,'aiche, privée de sa malière
colorante par des agenls qui n'opèrent pas chimiquement,
lie se compose que d'un acide (acide bilique) combiné avec
de la soude et une petite quantité de potasse.
01', l'acide bilique cst un acide très·faible, capahle , pal'
conséquent, d'abandonner à d'autres acides les bases avec
lesquelles il est combiné, surlout lorsqu'ils sonl énergiq\1l's,
comme les acicles lactiques el chlorhydriques.
La bile peut être neutre ou alcaline; on pourrait donc la
considérer comme un agent capable de concentrel' les alcalis
dans un petit volume, lorsqu'ils se trouvent" comme duns
les caux minérales, dilués dans de grandes masses de liquide,
el les pré'sentcr ainsi aux produits de l'ahsorption.
Le foie, comme le prouvent les expériences dc M. UEH,\J1l), est dan un ('lat d'hypertrophie momen
tanée pondant
Il) Irayail (le 1.. «ligeslioll, alors qu'il p.lalj()J'e
le principc
�H
iucré. Qu'une cause quelconque vienne à rendl'c ce (l'avail
plus actif ou plus Ilifficile, cette hypertrophie momentanée e
change en hypertrophie permanente, la fonction se pervertit, le système de la veine-porte s'engorge, et nous voyons
se développer celte série d'affections que les anciens appelaient avec assez de raison obstructions, hypocondr'ie, etc.
Trouver un moyen de rendre le travail du foie moins
actif, en détruisant, pour ainsi dire, sur place la sécrétion
qui le fatigue, nous paraît le moyen le plus propre pour
éviter l'engorgement. Or, nous venons d'expliquer comment
les alcalis introduits dans le système des veines mé araïques
et dans le foie ne tardent pas à détruire une portion notable
du sucre qui devait s'y former. Qu'une substance purgative
viellne de son côté agir sur la sécrétion biliaire, en excitant
son canal excréteur, le foie sc trouve ainsi débarrassé des
pl'Oùuits qui l'engorgent; el la bile versée en plus grande
abondance dans l'intestin amène, par les alcalis qu'elle
contient, la saturation plus rapide des acides du chyme.
Les faits sur lesquels repose cette théorie ne sont pa
nouveaux. A des époques déjà éloignées, les médecins connaissaient les avantages qu'on pouvait retirer des alcalis
dans les engorgements du foie; mais aucune des explications
qui avaient été données sur leur action n'était, à mou avi ,
au si satisfaisante que celle que nous établissons d'après I('s
recherches de M. BERNAuD. Nous les avons souvent soumises à l'expérimentation clinique, ct nous avons pu con tater avec M. le docteur REJlIET., de Brumath, dont le profond tact médical avait su appr"cier toute l'importance de
rechcnhes du savant professeur du Collége de Francc,
qu'aucun méùicamcnt n'est plus avantageux pour détruirc
les engorgements du foie, que le bicarbonate de soudt',
donu " it haute dose. Ce que nous avons obtenu par les
préparations pharmaceutique qui au bout de pell tIe temps
fnligllCmt l't'slomae, avee comhiell plu' d'awlIltagcs Ile doil-
�on pas l'obtenir par des caux riches en principes alcalins.
De ces expériences que nous avons formulées sous forme
de proposition, découle une autre conséquence: c'est que,
dans tous les cas où le foie sera engorgé ou malade, il faudra bien éviter une alimentation renfermant beaucoup de
matières féculentes ou sucrées; cc sera principalement au
régime des viandes qui ne sont pas trop excitantes qu'il
faudra recourir.
La quantité considérable de sucre à détruire par le poumon fait que cet organe se fatigue dans plusieurs circonstances qu'il n'est pas rare de rencontrer dans la pratique.
Chez le tuberculeux, la quantité d'oxigène qu'il faut pour
convertir le sucre en acide carbonique, la fatigue que le
poumon éprouve dans cet acte physiologique l'irrite et peut
déterminer la phthisie pulmonaire. Et lorsque le poumon,
par suite de la maladie qui le rend impropre à remplir intégralement les fonctions qui }ui sont départies, ne peut
plus convertir tout le sucre fourni en acide carbonique, 11e
voit-on pas le foie s'engorger ct devenir malade.
Partant de là, nous croyons pouvoir établir qu' un des
meilleurs moyens de prévenil' la phthisie imminente, est
d'avoir recours aux préparations alcalines, qui détruisent
daos le foie le sucre que le poumon n'aurait pu, qu'avc(:
peine et danger, convertir en acide carbonique.
C'est ainsi que nous expliquons, en partie au moins, l'efficacité bien reconnue des caux du genre de celle de Soultzmatt, dans cerlaines affections pulmonaires.
Si les alcalis aident à la circulation hépatique, cn agissant directement snI' le foie, il est encore une autre cause qui
la favorise. Nous avons vu qu'ils rendaient le sang plus
liquide, en sc combinant avec lui. Partant la .circulation
doit être plus facile dans tout le système veineux abdominal. N'est-cc pas ainsi qu'on pellt espérer obtenir fies modifications imporlantes dans toutes les maladies qui fiennclIl
�.1,!)
au ralenti sement ou à des perturhatio/ls quelconques ùan
cette circulation partielle. N'est-ce pas par des moyens de
ce genre qu'on modifiera le flux hémorrhoïdal, et une
menstruation douloureuse ou languissante.
De ces considérations, et d'autfl:ls que nous émeLlron
plus tard, en parlant de la sécrétion urinaire, découlent les
conséquences suivantes:
C'est que le sang qui n'a été privé qu'imparfaitement des
matériaux que le foie et les reins devaient en soustraire,
n'est plus un excitant assez puissant pour le cœur droit qui,
rl'agi sant mal, se laisse distendre d'une manière prcsclue
pa ive. Et lorsque ce sang, incomplétement hémotosé par
Je poumon, qui ne peuL suffire à détruire tant de carbone,
revient vers le cœur gauche, ce del'Dier, chez quelques
sujets à fibre molle, le chasse avec lenteur dans la circulation générale. Chez d'autre s, doués d'une fibre trop
contractile, il développo une énergie qui tôt ou tard tourne
à son détriment. On conçoit, d'après ces données, que les
eaux gazeuses alcalines de Soultzmatt puissent secondairement devenir efficaces dans cCI'laines affections du cœur. Et
sans entrer dans des détails que l'étendue de cct ouvrage
ne saurait comporter, n'avons-nous pas démontré que l'acide carbonique, contenu dans nos eaux. {>Lait hypostllllllisant du systeme vasculaire, qu'il ralenti sait le plus souvent
la circulation. IL Y aura donc des cas où nos eaux devront
agir par leur acide carbonique, d'autre où il sera pri'férable ùe faire prédominer les prillcipes alcalins pOlll' détruire, pour ainsi dire, ur place. des éléments qui ne
peuvent sans danger sc mêler au sang.
Enfin, d'après les recherches pratiques failes par 1\1. ]e
Dr NICOLAS, médecin à Vichy, les eaux alcalines auraient
la propriété de dissoudre les produits inflammatoires quc l'arlhrite ou la goulle auraient déposés sur le valvules du CŒur.
�IV. Action des eaux gazeuses alcal'ines de Soul/:;matt sm'
l'organe cutané.
La peau est nn tissu vivant dont le derme est la trame
et dans les mailles duquel se distribuent ûn riche lacis de vaisseaux sanguins et lymphatiques, des filets nerveux aboutissanl sous forme d'anses dans les papilles, qui ne paraissent
en être que la terminaison. Elle est donc un organe éminemment vasculaire, absorbant et nerveux. Par son nombre infini de glandes sudoripares d'où émanent des ·canaux sp iroïdes qui s'ouvrent dans les sillons papillaires; par ses
cryptes muqueux, par son appareil blennogène et chromotogène, elle est un organe actif de sécré,lion.
Liée par ses vaisseaux à la,circulation génerale, au système cérébro-spinal par ses nerfs, elle est pal' continuité de
tissu avec les membranes muqueuses destinée à subir tantôt
leur influence, tantôt à leur faire partager la sienne.
Tous les phénomènes pathologiques, toutes les maladies
dont la peau peul être le siége, me paraissent pouvoir un
jour être classés d'après cet aperçu général.
Que la peau soit profondément enflammée comme dans
certains eczéma, certains impetigo, il Y aura réaction sur
tout le système vasculaire. Qu'il y ail irritation, état maladif des muqueuses, la peau s'affectera (érysipèle urticaire).
Qu'un prurit violent s'empare de toule la surface, de toules
les papilles Ju corps, ]a réaction vers le <'.erveau pourra
produire des accidents nerveux et être poussée jusqu'au délire.
Ce sont là des exemples que nous pourrions multiplier bien
davantage.
Or, nous avons prouvé l'action pui~sanle
de l'acide carbonique et des alcalis en boisson ou sous forme de bains
pour détruire l'inflammation, pOUl' calmer Le système nerveux; on comprcndra dooe facilement les avantages qu'on
r ,tirera de uos cau , dans les afI'eclioTls du gellre de celles
�dont nous venon. de parler, urtout lorsqu'on se rappellera
que cc n'est pas seulement sur le système vasculaire et SUl'
le système nerveux qu'elles agissent, mais bien encore sur
les organes digestifs, comme nous l'avons démontré. Plus
de détails sur ce point me paraissent inutiles, chacun saura
en tirer d'utiles applications.
La sueur, comme toutes les sécrétions, est soumise au
système vasculaire ct au système nerveux. L'infiam!llation
de l'un, l'irritation de l'autre, la diminue ou la supprime.
!Uais qu'une cause quelconque amène une détente générale,
lels la syncope, les passions tristcs, certains actes physiologiques, cerlaines maladies, l'usage de quelques médicaments, aussitôt tout le corps se couvre d'une sueur abondante. Nos eaux, par leurs propriétés byposthénisantes ct calmantes, deviennent, d'après ce que nous venons de dire,
Ull moyen puissant de porter à la peau, et l'expérience est
vcnuc confirmer ce c]ue la théorie nou avait fait pressentir. D'ailleurs, la quantité plus grande de liquide qu'on introduit dans la circulation, peut aussi être une source de
J'auonuance plus grande de )a tmnspiration.
D'après Jes recherches de COLLARD DE !UARTIGNY, les
produits gazeux de la sueur sont principalement composés
de gaz a<!ide carbonique, d'azote, d'hydrogène en proportions tr "s-variables. La proportion d'acide carbonique est
plus grande lorsqu'on fait usage d'une noul'l'iture végétale;
dan )e cas contraire. c'est l'azote qui prédomine. La St·crétio)) cuta~ée
est donc à l'état de santé presque toujours
acide, mais elle devient alcaline par l'usage longtemps prolongé des eaux de Soulzmatt; il faut cependant pour cela
cn boire beaucoup. L'alcalinité des urine s'obtient plus
promptement que celle de la sueur. Cet effet a lieu, parce
que le lactates, les acétates de potasse el de soude qui se
produisent dans ce cas, sont naturellement à réaction alcaline plutôt que neutre.
�On n'a pas encore hien étuùié l'influence de l'acidité
exagérée des sueurs sous le point de vue pathologique; elle
ne doit cependant pas être indifférente dans certaines allectÏons générales qui se trahissent à la surface du corps. Je
ne citerai comme exemple que la miliaire qui, lorsqu'elle
est chronique, cède à l'action des alcalis pris à l'intérieur
et sous forme de bains. Ne serait-ce pas en employant des
eaux du genre de celles de Soultzmatt que, dans certaines
maladies analogues, la médecine pourrait espérer de trouver des ressources qu'elle a en vain cherchées ailleurs?
Quant aux affections de l'appareil blennogène et des
cryptes muqueux ct pileux d'une nature 's ouvent si tenare,
mais dans lesquelles on peut presque toujoUl's reconnaître
l'élément inflammatoire, ne doivent-elles pas éprouver dei
modifications avantageuses par l'action hyposthénisantevasculaire ct calmante des eaux de Soultzmatt?
Ainsi. pour prendre un exemple à la portée de tout le
monde, le pityriasis, celle affection furfuracée du cuir chevelu, caractérisée par la rougeur et la démangeaison de la
peau et par des pellicules qui sc reproduisent à l'infini, et
dont la terminaison fàcheuse est la chute des cheveux ou
leur amaigrissement, a jusqu'ici le mieux cédé aux préparations alcalines. C'est à des éléments de ce genre, dissimulés aux yeux du pul)lic sous forme de savons, de pommades aromatisées, d'eaux plus ou moins odorantes, que nos
coiffeurs cL nos inventeurs d'caux merveilleuses empruntent
une partie de leurs secrets.
En effet, ici les alcalis sont utiles; mais cc n'est pas en
les employant sur une si petite échelle et en les combinant
avec des substances excitantes, comme on le fuit ordinairement, qu'ils peuvent amener des guérisons dm'ables, pour
peu que la maladie soit invétérée. Mais que, se rcndant à
une source minérale du genre de celle ùe Soultzmatt, on
soumette penùant un certain temps la partie irritée à l'ae-
�[la
tion hyposthénisante et calmante de l'acitle carbonique ct
des alcalis qu'il tient en dissolution, qu'en même temps on
enlève ces sécrétions culanées qui sont irritantes, ou le
deviennent par la chaleur du corps, par ces alcalis pour en
former des savons solubles, ne peut-on point espérer d'obtenir des guérisons?
Et si un de ces vices, un de ces principes morbides, que
]a médecine admet sans pouvoir en formuler la nature , entretient ]a maladie, ne pourra-t-on pas la voir disparaître
du corps sous l'influence d'une cau qui s'adresse à tous les
i'monctoires, et imprime, comme nous l'avons vu, de profondes modifications à la nulrition.
Nos cau" exemptes de fer, répandent le calme sur
tout le sy tème va culaire et nerveux, enlèvent à la peau
ces feux, ceLLe artleur, ceLLe rougeur maladives que produit
l'excitation: elles la rendent fraîche, souple au toucher,
ct en dilatent les pores, tandis que les alcalis qu'elle contiennent détruisent localement la graisse qui lui enlève
. La nature ,
SOI1 velouté et lui donne un aspect luisant
comme on le voit, prévoyanle tians ses moindres détails,
nous a donné par les eaux de ce genre un cosmétique bien suPl·rieur à ceux que la spéculation ou la mode onl inventés,
et qui pre que tous ont l'inconvénient d'allaquer la peau eL
de produire des effets tout contraires li ceux qu'ils promeLLent si pompeusement.
V. Action des eaux gazeuses alcalines de Soultzmall sur la
sécrétion urinaire.
Pour r6soudre celle question, nOlis allons encore une fois
invoquer les lumières que nou fournit la ph}siologie, la
d,lÎmie motlerne ct la pathologie. Elles ont fait naître daus
notre esprit <tll 'Ique idé \ neuves qui pourront lrouvc,. de
applications pratiqucs.
�55
M, Cr" BERNARD a démontré qu'il est des vaisseaux veineux qui conduisent directement le sang de la veine-porte
dans la veine-cave inférieure. Celte dernière a des parois
musculaires très-prononcées chez certains animaux, et n'a
de valvules qu'au-dessous des veines rénales, valvules qui
empêchent le reflux du sang dans les veines iliaques. Ce liquide est ainsi refoulé dans les veines rénales, qui peuvent
devenir temporairement vaisseaux afférents, aussi bien que
les artères. Cette circulation. qu'il appelle hépato-rénale,
n'a lieu que pendant l'engorgement momentané du foie,
lors du travail de la digestion. Pendant l'état de jeûne, le
sang de la veine-porte passe en totalité par les veines hépatiques simp1es, pour se porter vers le cœur.
La disposition anatomique des veines azygos permellant
le passage du sang de la ~ein-cav
supérieure dans la
veine-cave inférieure, et réciproquement, peut faire que
ces veines deviennent une voie pour transporter et verser
Jans la grande circulation un sang qui, n'ayant pas été élaboré par le foie ou les reins, doit être nuisible il l'économie. Mais lorsque ces derniers fonctionnent acLÏvemel1t, le
sang dil'igé de haut en bas peut subir des modifications importantes et être débarrassé de principes qui doivent êlre
éliminés avant d'arriver au cœur.
Lorsque le sang aes veines rénales est porté vers les reins,
l'urine contient les matériaux de la digestion, qui ont été
absorbés par la vcine-porte; alors elle est claire', très-abondante, albumineuse et alcaline. Le sang a-t-il été fourni par
les artères rénales 1 l'urine est plus foncée, peu abondante 1
·t contient beaucoup J'urée.
Ces fails expliquent: 10 Pourquoi l'absorption des substances médicamenteuses ne se fait pas d'une manièro util'
poutlant hl temps Je la digestion, ct nOLIs indiquent le momeut (IU'i1 faudra choisir pOlir portel' les éléments minéfUlisaleurs dans la grande circulation et dans toute J'économie;
�M
ans celtc précaution, ils seron L immanquablement rejetés
en grande partie par les urines. 2° Connaissant celle voie
rapide d'excrétion, on pourra en profiter de différentes manières, à la condition toutefois de diminuer ou d'activer le
Iravail des reins. En le diminuant ct en cherchant à ne pas
encombrer la veine-porte, on empêchera les urines d'entrainer des éléments nécessaires à la nutrition de l'individu.
(Traitement du diabète et de l'albuminurie par un régime
animal et par les alcalis.) En l'activant, au contraire, en
même temps qu'on fera aITiver dans le système de la veineporte des matériaux qui engorgent momentanément les
veines hépatiques simples, on fournira à l'urine le moyen
de débarrasser le corps de principes nuisibles qui s'y ont
développés. (Traitement de ]a gravelle par le régime végétal et par les eaux gazeuses alcalines). 3° Comment, en agissant sur la sécrétion biliaire par les purgatifs. sur ]es urines
par les diurétiques, sur le sang par les alcalis, on peut
détruire des congestions veineuses de l'encéphale et de la
moelle épinière.
Nous fondant sur ces faits ct d'autres, que nons avons
signalé en parlant des usages du foie, nous nous expliquon
pourquoi on trouve souvent des traces de sucre et d'albuminc chez les ujets dont la circulation hépatique ou la
cil'clllation générale est languissante ou entravée. Une
expérience récente vient encore à l'appui de cc que nOlis
avan{'ons. Ainsi, 1\1. IlE PP , pharmacien en chef à l'hôpital
civil de Strasbourg, dont nous avons tous pu apprécier les
connaissances profonde et le recherches consciencieuses,
a reconnu la présence de l'albumine ou du sucre dans les
urines de ]a plupart des individus qu'on avait soumis à
l'action anesthélique du chloroforme.
Les eau de Soultzmatt, renfermant de la soude, et surtout de la polasse, possèdent des élémenl' pui sants pOUl'
l'xciter la sé J'élion rénale. Peu d'caux minéra le, disons-le,
�5ü
offrent ces deux alcalis il la fois, et la plupart des eaux acidules froides connues ne contiennent pas de potasse. D'après
les analyses publiées jusqu'à ce jour, il n'existe en France
qu'une seule source acidule CQntenant un sel potassique:
c'est celle de Pont-Gibaud (Puy-de-Dôme), et encore n'en
- offre-t-clle que des traces, tandis que dans les eaux de
SoulLzmatt elle est en quantité notahle. Sous ce rapport,
dIe a de l'analogie avec quelques sources de l'Allemagne
(Tœplitz, Iüeutznach, Pyrmont, Ems).
Nous altachons une grande importance il la présence
d'un sel alcalin de potasse dans une eau minérale, et ce
n'est pas sans raison. On sait que les divers liquides récrémentiticls, tels que la salive, la bile, le suc pancréatique,
etc., sont de nalure alcaline et doivent ce caractère à la
soude qu'ils contiennenL Or, celle-ci est principalement
extraile, par le jeu des fonctions, du sel que renferment nos
aliments ou qui les assaisonnent. Il faut donc qne, pal'
l'action des organes, il Y ait séparation des deux élémeuts
de l'hyùrochlorate de soude, et l'on conçoit que la présence
d'une base plus puissante que la soude favorise la séparation
Ile celle-ci. Il est donc rationnel de penser que les eaux de
Soultzmatt, qui contiennent une notable proportion de potasse, seront d'un merveilleux secours pour-activer ou modifier la sécrétion des fluides récrémentitiels. Ajoutons à cela
fille les sels de potasse n'entrent que pour une quantité extrêmement faible dans la composition des humeurs, qu'ils
seront rejetés de l'économie, et que leur départ, se faisant
par les voies urinaires, ils deviennent des agents diurétiques
d' une grande puissance. L'expérience a confirmé ces idées
lh(~oriques
émises par M. le professeur RAl\1EAUX, cal' les
caux de SOllltzmall portent exlrêmement aux urines. Nous
avons vu des malades eL des personnes bien portantes qui
se plaignaient même ùe ceLLe action ùucrgique. Les eaux de
Vichy, qui ont à pell pré la même composition chimique,
�;;7
sont loin de jouir de celle propriété au même degré; mais
aussi les eaux de Vichy ne renferment pas de potasse.
Lorsqu'il y aura anasarque, œdème, en un mot, des cas
d'hydropisie ou d'épanchement dans certaines cavités, on
comprend l'avantage qu'on pourra retirer de nps eaux.
Un des caractères qu'acquièrent les urines à -Soultzmalt,
c'est de devenir promptement alcalines: cinq à six verres
de celle eau suffisent pOUl' empêcher le papier de tournesol
de rougir, pour verdir le sirop de violette, et même pour
l'amener au bleu le papier de tournesol rougi par un acide.
J 'ai souvent répété ces expériences: elles ont toujours eu le
même résulLaL.
En parlant des travaux de M. BERNARD, nous avons vu
la quantité considérable de sucre qui se forme naturellemcnt dans le foie même chez les animaux qui ne font usage
que d'une nou1'l'iture azotée. L'homme se plaçant dans de
mauvaises conditions hygiéniques, peut, par une alimentation féculente, sucrée, pal' l'usage trop habituel de végétaux,
ou par des circonstances individuelles que nous ne pouvons
e~pliqur,
produire une trop grande quantité de sucre pOlir
qu'il puisse êtrc converti en acide carbonique. Il s'écoule
alors avec le urine, qui deviennent plus abondantes. Dans
celle maladie, qui porte le Jlom de diabète sucrée, de gluco.
s'Irie, le sang manque de l'alcaliuité nécessaire. La sueur,
qui se supprime, laisse, d'aprè "M. "MIAIIJ_E, dans le sang un
t'Il'ment acide de plus, de sorte que, d'après les travaux de
l\J~I.
DouclIAHnAT, CONToon, le sucre passe daris Je
silng sans y rencontrer as ez d'alcali libre pour être Jécompo é, et se retrouve dan les urines à l'état de matière
sucrée, analogue au suc/'e de raisin.
Douner une nour/'iture azotée, en y ajoutant l'usage ha
hituel tie bois oos alcalines, tel est le traitement conseillé
nt uivi avec uccè par 1\1. MIAIlLE, qui prescrivait le bicarhonate de soude. Nos cau ,' alcalines n'out pa encor été>
�tJS
employées dans une circonslance semblable, l)arce que ces
travaux, qui sonl récents, n'ont peut-être pas assez attiré
l'attention des médecins. Mais, nous n'en doutons pas, les
eaux de Soultzmatt, auxquelles il fauùrait peut-être encore
ajouter du bicarbonate de soude, sont destinées à rendre
de grands services dans celle cruelle maladie, à la condi.
tian, quelquefois, de ne pas êtr'e prises en trop grande quantité, pour ne pas provoquer une sécrétion urinaire trop
abondante.
Mais si, au lieu de suivre un régime végétal, l'homme,
tombant dans un excès contraire, sc nourrit de viandes
noires, de substances azotées, s'il boit des vins généreux,
s'il abuse des boissons alcooliques, et qu'il joigne en même
temps la paresse cOl'porelle à ces excès et à toutes les jouissances de la vie, il ne tarde pas à se former en lui une
grande quantité d'acide urique. Dans le principe, ce produit peul être neutralisé pal' la sueur, p~is
rejeté par les
urines sous forme de sable brunâlre, appelé gravelle, ou
bien encore éliminé pal' le saog menstruel; mais il arrive
un moment où l'acide urique, ne pouvant plus être rejeté
par les émonctoires naturels, ou n'ayant jamais eu de tendance à suivre celle voie, se porte sous la forme de goutte
SUl' différentes parties du corps, principalement SUl' les artieulations, et y dépose une malière facile à reconnaître pour
de l'acide urique.
L'urée ct l'acide urique sont à la vérité deux produits
normaux de la sécrétion des reins. Dans l'état de santé, la
production de l'urée l'emporte sur celle de l'aeide urique;
ce n'es t que dans les cas que nous venons d'indiquer que
ec demier produit prédomine.
L'expérience a depuis longtemps démontré que l'acide
urique est détruit par les alcalis. POUl' expliquer chimiquement cc fait d'ohservaLÏon, c'est encore à M. BÉClIA1I1P que
/lOtiS avons cu recours.
�S9
La composition de l'acide urique esl exprimée llar la
formule:
CIO Az4 IP 0 6 = acide urique.
Celle de l'urée par :
Az2 11 4 0 2
C~
=
urée.
L'urée peut se représenter par du cyanale d'ammolli'lque :
Urée.
C2 Az lJ4 0 2
Acide clonique.
=
C2 Az 0
+ II3
AmmoniOfl uc h ydra té.
Az) 110.
El, en effet, l'urée se dédouble eu acide cyanique et en
amUloniaque. L'acide urique peul se représenter moléculairement par de l'acide carbonique, de l'acide cyanh)drique,
de l'acide cyanique el de l'eau; en effet :
Acido uriquo.
CIO Az4 H1 0 6
= 2 C02 + 3 G~
Ac. c::u'b.
Ac. cynnhyùrique.
Az II
+ C2 Az 0 + no
Ar. cynnÎtltlc.
EAU.
De ce rapprochement résulte que l'urée est un produit
plus oxidé qUè l'acide urique, et qu'il suffirait que le terme
:~ C2 Az n, c'est-à-dire l'aciJe cyanhydrique renfermé dan
la molécule d'acide nriqlle pût donner naissance à de l'am··
JlIoniaquc pour que l'urée se reproduisîl. O.', cela est possible; en effet, l'acide cyanhydrique, en présence de l'eau
d d'un agent qui sollicite la formation de l'ammoniaque,
sc dédouhle en acide formique et en ammoniaque, car
Ac. 1')'ol\lI y<1I',
C2 Az H
-+
Enll.
3
no =
Ac. rormiquo.
C2 1I0 a
+ Az IP
Ammoninrlllc.
voilà donc de l'ammoniaque form~c,
et par suite la possibi lilé de la génération de J'urée.
De cc (Ille l'aciùe urique est un produit moins oxigéné
IIIIC l'urée, il ré ulLc celle con équcuce, urtoul i l'on adIllet que la nulrition est une vérita.ble combuslion (]e alimeuls absorbés qui 'opere dans nos organe par l'oxig'ènc
l'I'spil'é, il r '· ulLe) disons-noll , qu'une alim ntation trop
�60
substantielle, trop riche en carbone, comme celle des viandes, doit nécessairement engendrer de l'acide urique au lieu
d'urée.
Mais comment expliquer l'action des alcalis dans la gravelle? Voici comment nous concevons cette action. Les
alcalis commencent par dissoudre l'acide urique, et font
ainsi hientôt disparaître les symptômes les plus alarmants;
roais ils ne guériraient pas le malade, si celui-ci persistait à
suivre son régime habituel: aussi le médecin conseille-t-il
alors une alimentation végétale, c'est-à-dire un régime qui
introduit des aliments moins substantiels, et surtout moins
riches en carbone et peu azotés. Les alcalis n'e:v, continuent
pas moins leur rôle, et en transformant le sucre en acide
acétique, corps non assimilable ct carboné, l'oxigène introduit par la respiration est cn quantité suffisante pour détruire
cette partie des aliments qui n'est pas assimilée, et qui alors
se trouve éliminée par d'autres voies que les reins, ct
ceux-ci peuvent reprendre petit à pelit IClIT fonction habituelle, jusqu'à ce qu'enfin on obtienne une amélioration notable ou la guérison.
L'eau elle-même, qui sert de dissolvant aux principes
minéralisateurs que nous venons d'étudier, n'a peut-êll'e pas
assez attiré l'attention des médecins qui se sont occupés de
l'action des eaux minérales. Nous croyons avec l'École italienne que l'cau, prise en quanlitô notable, exerce SUl' notre
ol'ganisme une action hyposthéllisante par elle-même; que,
"ersée en grande abondance dans les organes digestifs, elle
est portée en partie au moins Ilans le sang, d'où elle est de
nouveau rejelée en entraînant des principes non assimilables
par les émonctoires naturels du corps. Joignez à cela les
dt'ls de réaction qu'elle produit sur la peau, et par son intermédiaire sur le système sanguin ct le système nerveux,
ct vous aurez toul le. secret des cures merveilleuses opérée
pa.!' l'hydrolhérapie. Cellc manière d'envisager ce syslème
��TABLEAU COMPARATIF DE QUELQUES EAUX GAZEUSES NATURELLES.
NOMS DES SUBSTA CES
Soullzmall.
MINÉRALISANTES.
(C.I'bon.tes. )
Sellcrs
ou
Sellz.
(CDlhen. tes. )
Acide carbonique libre ou à l'état
de bicarbonate
Carbonate de soude
de lithine
de chaux
de strontiane
de magnésie
de manganèse.
de fer
ull'ale de potasse
- tIe soude
- de chaux
de magnésie
Azotate
Chlorure de potassium
ù'ammonium
tIc sodium
de lithium
de magnésium
Bromure de ma~nésiu
Iodure de magn sium.
Borate de soude
.
Phosphate de soude
Acide silicique
Alumine . .
Acitle phosphorique
Peroxyde de fel' .
Silicule de soude .
d'alumine.
Matière organique .
hitumineuse
organique azotée. . .
Principo arsénical uni au fer sans
ùoule
Phosphate de chaux ou d'alumine
Acide arséniqueet hioxyde cl'étain
( Ilicnrbonntes.)
2,47213
0,67733
0,01233
0,29959
1,19240
0,72710
0,32220
0,957/,3
0,01976
0,43115
0,20618
0,27420
0,31326
.
0,01950
0,14773
0,02271
0,04300
Sellers
ou
-
Bussang.
nippoldsau.
1 ,9!~56
0,5974
'1,0290
2,9180
0,7700
1,1480
2,6206
0,00372
0,197
. ..
0,4640
0,3610
0,534.0
0,4180
0,1800
0,675
indices
0,220
0,14773
0,02271
0,0270
0,0160
0,1100
0,0260
0,0130
0,0390
0,07060
2,79600
0,07060
0,0800
0,04460
0,06501
0,06350
0,00890
1
0,04600
0,04800
}
0,009
.0,973
4,137
traces
0,277
traces
0,240
1 0,001
0,020
0,170
0,022
} 0,140
0,358
1 0,040
0,06501'
1
0,06350
0,0560
0,0380
0,0180
(Carbon.tes )
1,732
0,8800
0,1820
0,0680
0,0064
8,0900
traces
0,0440
0,0222
0,29,iQ
0,0238
0,120
inapproc.
(Carbonates. )
0,2606
0,2260
1
0,120
Soullzbacb.
0,1220
0,9780
0,2800
.
Griesbach.
2,0148
0,1060
traces
0,4628
traces
0,2260
traces
0,0896
1 inùices 1's~ni;le
1
0,00890
Kissingen.
Rakoczy.
(Bicarbonates ) (Cal·bonates. )
0,130
1,150
0,190
indice
2,0240
0,0180
Vichy.
Céleslins.
Contrexéville.
Ratron éc
ncidule.
(Carbonates. )
(Bicarbonates.)
(Bic.rhena tes.)
(Bicarbona tes. )
Sellz.
traces
J
AOTEURS
Soultzmall.
0,1312
..
2,630103
0,650464
0,004928
0,484750
0,1.76749
traces
0,023200
0,114707
0,009293
.
0,134256
0,056712
0,006250
traces
..
0,0182
indices
0,070
UÉCIA~Jl,
1
11iSCliOFF,
BBCII/\!IP,
IlISCIiOFF,
DARflllEL. KŒLfiEUTEII
0, HENIIY,
traces
OBSERVATIONS.
De la comparaison des colonnes de ce tableau, il résulte que nos eaux alsaciennes et
vosgiennes de Soultzmatt, Soultzbach et Bussang sont plus gazeuses que les eaux étrangcres
que l'on importe en France; sous le l'apport
de l'agrément, elles leur sont donc supérieures,
et égales sous celui de la riches~
en éléments
minéralisateurs, excepté toutefois Kissingen et
Rippoldsau. Mais ces dernicres serout toujolll'S
employées, de même que nos eanx de Vichy,
comme médicaments et jamais comme boisso n
d'agrément. Nos eaux ont donc cela de particu lier , qu'elles peuvent convenir à la fois dans
l'état de sanlé et de maladie.
L'analyse des eault de SoultzmaLL et de Seltz
est présentée de deux manières, afin que l'ou
saisisse plus facilement cc qu'elles ont de com·
mun el de différent, et aussi parce que les auteurs !les autres analyses ont présenté tantôt
des carbonates, tantôt des bicarbonates. Il scrait avantageux que les chimistes s'entendissent sur le Ulode d'arrangement qu'il convient
de donner aux !livers éléments d'une eau. Nous
croyo,lls que MM. Orpl!JU'ANN el DÉCUAAlI' ont
bien fail de présenter tous les carbonates sous
la forme de sels neutres anhydres. ·
Les uombres !lu tableau expriment des grammes, môme pour l'acide carbonique.
L'eau!le oultzmaLLcontient il 100 C. do tem- I
péralure plus d'uulitro d'acide carbonique non
comhino.
1
1
0, UENny,
KASTNEn, KOlLIIEU'fEIl
OPHI~
J \N,
:
,
1
�61
n'est pas une critiqu e; à l'hydro thérapi e apparti ent un hril·
lant avenir, du jour où, dégagée de ses théories sans valeur,
de cet enthousiasme ou de cette répulsion qui sont également cn dehors de la vérité, elle sera soumise à l'exam en
d'esprits sévères el que l'expérience et la raison auront mis
un frein à ses prétentions exagérées. Admel lant les avantages qu'on peut en retirer dans le traitem ent de certaines
maladi es, avant un an, s'élève ra pal' nos soins dans notre
vallée, près de la maison des bains, un établissement hydrothérapi que qui sera alimenté par les caux si froides de l'Ombach. Ce sera le premie r de ce genre qui aura été fondé en
Alsace.
CHAP ITRE VI.
.-al'al lele elltre les eaux tle Soultz lnatt et Itlu.
8ielll'8 eallx "azeu 8es alcali nes,
Nous croyons que le meilleur moyen de faire ressort ir
les avantages qu'on peut retirer des eaux de Soultz matt,
est de les compa rer à quelques caux gazeuses ct alcalines
les plus en réputat ion. Non que nous ayons la prétention
nous espérons démonde les placer en premiè re ligne. m~is
trer qu 'il est des cas où elles doivent mérite r]a préférence.
L'cau avec laquelle l'eau de Soultzm att a le plus d'analogie, est l'cau de Sellers , dont la réputat ion est si bien
établie . AUIJER T dit: «L'cau de Selters est servie sur toutes
\lIes tables de l'Europ e; sa réputat ion ne s'éteindra jamais ;
\l son gOÎll piquan t flalle agréab lement les papilles de la
1 «langue chez tous les peuples. D L'élablissement de Selters
expédie chaque année un million et demi dc bouleilles de
des deux con1 son cau, lant en Allema gne que dans le resle
tinenls.
On est en droit de s'étonnet' de voir dans notre pays celle
d'engoûmenl pour l'eau de Sellers , lorsquc du flan c
c pèc~
�62
d'une de nos montagnes des Vosges coule une source qui
ne lui cède cn rien par son pétillant, Pitr sa quanlité d'acide
carbonique et pal' ses bases alcalines. C'est le cas de dire
que nul n'est prophèle dans son pays. On prHère payer un
impôt onéreux à l'étranger pour boire une eau qui, venanl de fort loin, a souvent })erdu tout son gaz, parce
qu'elle est mal soignée ou qu'elle a élé recueillie depuis
plusieurs mois, plutôt que de choisir celle d'une source que
l'on croit sans valeur, parce qu'elle coule à quelques kilomètres du lïeu que l'on habite, ct que l'on peut, grâce aux
soins du propriétaire, avoir toujours fraîche ct gazeuse.
Quelques médecins in tl'Uits ont senti cet avantage, à Strasbourg surtout, où l'on pent dire (lue l'eau de SoulLzmalt
a à peu près remplacé l'eau de Sclters.
Dans la plupart des affections pour lesquelles on emploie
l'eau de SelLers, l'cau de SoultzmaLL doit être préférée, car
elle ne {'ontient pas de fer. Je sais bien que la quanlilé de
fer conlenue dans celle eau n'est pas considérable, mais la
chimie nous donne-t-elle toujours l'apprécialion thérapeutique de l'action des éléments contenus dans une eau
minérale? Ne voyons-nous pas chaque jour les eaux de
Griesbach guérir des chlorotiques qui avaient inutilement
pris 1 s préparations ferrugineuses les plus aclives de nos
pharmacies à des dose très-élevée? C'c t de la dilution
et des diOëreules combinai on j'himiques que dépend la
force curalive d'un médicament. Or, il est des maladies
dans lesquelles le préparations martiales ne sont jamais
innocentes, ct ce sont surtout celles pour lesquelles nOlis
pre crivons le plus ouvent l'eau de S ILer (affections inflammatoires aiguës, phthisies pulmonaires, cngorgement
chronique (le certains viscère ).
Nous avons autour de nous des ources gazeuses alcalincs
précieuses pOUl' certaines affection , mais qui Je craicnt
biell plus enror(', si l'on était plus prudt'nt dans le choi
�G5
qu'on, en fait. De ce nomb,'e sont celles de Bussang' el de
Soultzbach, qui ont une composition analogue à celle de
SelLers, car elles contiennent du fer dans une proportion
assez grande pour leur donner un petit goût d'encre; sous
ce rapport, elles ne sonl pas aussi agréables que celles de
Soultzmatt. Sur la rive droite du Rhin, dans la Forêt-Noire,
sont plusieurs sources qui, par leur quantité de gaz acide
carLonique, par les bases de soude, de magnésie et de
chaux, sont au moins aussi riches que celles de Soultzmatt,
mais qui toutes contiennent du fer; je veux parler de Griesbach, qui en contient beaucoup, de Rippolsau, PeLersthal,
Aotogast, qui en contiennent moins,
Comme on le voit, l'Alsace et les pays environnants sont
largement pourvus en sources gazeuses alcalines : on n'a
que l'embarras du choix, et celle richesse est un écueil, car
ilu'est pas indifférent, comme le croient certains médecins,
d'envoyer leurs malades à l'une o~ l'autre de ces sources.
Ces eaux seront inférieures à celles de Soultzmatt dans tons
les cas où l'irritation el l'inflammation n'auront pas été
complétement éteintes par le traitement antérieur. Cela est
facile li comprendre: on veut rendre le sang plus liquide,
on veut calmer l'érétisme et on introduit un élément ri'pal'ateur excitant, tel que le fer. Or, comme dans Leaucoup
de maladies, cc principe d'irritation l)eut subsister même à
l'état laIent, ne doit-on pas craindre qu'un agent atlssi
puissant ne vienne le réveiller. On peut dire 'd'une manière générale que plus on se rapprochera de la période
d'acuité de la maladie, plus de llureils elfels sonL à craindre.
Mais, comme on le sait, au bout d'un cCl'tain temps toule
affection chronique amène un état de débilité qui peut êlre
porté très-loin. Le malade s'affaiblit, son sang s'appauvrit,
cL on devrait alors, pour combattre les engorgements, les dégénérescences de tissu, pouvoir recourir aux caux gazeuses
a1ealines, mais leur action déprimante s'oppose à leur
�G4
emploi. Dans les cas Je ce geOl'c, on f'st heureux de Lrouver une eau qui, en même temps q~'el
produit des efl'eLs
analogues à celle de Soultzmatt, porte avec eUe dans l'économie un correctif, un élément réparateur.
Dans les cas où l'appauvrissement du sang est bien constaté, les caux de Soultzmatt doivent être rejetées, à moins
qne des complications parLiculièrei forcent d'y avoir recour. Ainsi, dans la chlorose franche, dans les écoulements
blancs qui ne sont entretenus par aucune inflammation, on
préférera avec raison les eaux de Griesbach, de Rippolsau,
de Soultzùach à celles de Soultzmatt.
L'École italienne a, à la vérité, aussi considéré le fer
comme un hyposthénisant du système vasculaire; mais les
faits sur lesquels repose cette manière de voir me semblent
susceptibles d'une autre interprétation, surtout lorsque nou
voyons cc qui se passe chez les sujets auxquels on a donné
intempestivement le fer ou chez ceux qui en ont fait un
usage Lrop prolongé.
Il est une autre cau minérale du duché de Nassau qui
jouit d'une grande réputation dans les affections de la poitrine. Je veu ' parler d'Ems. Ses sources sont au nombre
de trois, l'une froide, les deux autres chaudes; elles n'uferment identiquement les mêmes éléments que celle de
Soultzmatt dan des proportions trés-peu différentes. L'expérience a démontré que ces deux dernières sources ne doivent être employées dans les affections des poumons, ct surtout la phthisie au premier degré, qu'avec les plus grandes
précautions; souvent clics augmentent la fièvre ct délerminent des hémoptysies: cc qui est en partie dll à leur LhermaliLé. Quant à la source froidc, qui est celle qu'à notre
avis il faut dans cc cas préférer, elle ne diffère pas de ('clle
de Soultzmatt. Pourquoi alors aller chercher au loin des
{'ffet qu'on peut obtenir dans son pays?
Parlon encore de denx sourtes ayant une haute réputa-
�6~i
tion, Contrexéville et Vichy. La premii'l'e, sauf l'absence
presque complète d'acide carbonique, renferme les mêmes
ba cs que nos eaux, de sorte qu'en laissant échapper une
portion de gaz de celles de Soultzmatt, on a une eau presqu'analogue par ses principes alcalins. On pourra donc
guérir à Soultzmalt la gravelle avec autant de succès qu'à
Con trexéville; l'expérience esl venue confirmer ces vues
théoriques.
Nous sommes loin de vouloir placer Soultzmatt sur la
même ligne que Vichy. Cependant voyez l'analyse de ces
deux eaux et vous y trouverez, il quelque différence pré,
les mêmes principes minéralisateurs; c'est, comme à Vichy,
la chaux, la magnésie, la soude qui y sonl renfermées et
dont l'action, si bien étudiée par M. Cn. PETLT cl d'autre
médecins distingués, a acquis à ees eaux une rt"putation
européenne.
CHAPITRE VIL
Mode d'alhuillistratioll fies eaux de Soultz ... a".
Nous ne pouvons ici poser que de règles générales, laissant aux médecins qui enverront les malades aux caux, ou
31l médecin de l'établi seffienl, le soin tic porler des modifications dans le traitement que nous indiquons.
L'cau de Soultzmatt sc prend sous Pl'esque toules le
forme adoptées dans le établissements d'cau ' min('rales.
En hoi on, deux ources servent à cel usage. La source
principale, ource acidule (Sauerwassel) , est l'enfermée dans
]e Làtiment de droite ct entourée d'une grille; elle e lh'ès.
abondante et presqu'à Oeur de terre. .
La seconde, qui contielH moins d'acide carhonique, cl
qui c 1 plus faible, esl placée dans le bùtimenL principal.
L malade pel~t
prendre sit il hllil vencs d'eau dalls la
matinée; mais il doit, t1nns le premier, jours, es, ayer la
ii
�66
susceptibilité de son estomac, en n'en buvant qu'un ou deux
verres au plus. Il est rare qu'il soit avantageux de dépasser
les doses que nous indiquons. Cependant nous avons vu des
personnes qui portaient le nombre de verres jusqu'à quinze
et même plus. Nous n'autorisons généralement celte espèce
d'excès que dans les cas où nous tenons à porter beaucoup
aux urines. Il faut, en pareil cas, laisser échapper une certaine quantité d'acide carbonique pour éviter l'ébriété.
Pendant le temps qu'on boit l'eau, et même 101' qu'on a
cessé de boire, on se livrera à un exercice modéré qui favorise le' jeu des fonctions et amène l'effet diurétique, sans
lequel l'action médicatrice de ces eaux n'est pas complète.
Il est à observer que jamais il ne serait possible de supporter l'effet déprimant, hyposthénisant du gaz acide carbonique, si on ne se trouvait dans un air pur comme celui
qu'on respire à Soultzmatt. En se plaçant hors de celte acLion excitatrice, en sc renfermant dans une chambrc, ou en
choisissant un endroit très-abrité, l'cau porLe au cerveau et
jeLte dans un véritable état de stupeur.
Quelques malades ne doivent boire l'eau de Soultzmatl
que dépourvue d'une partie de son acide carhonique, afin
d'6viter l'excitation momenlanée que ce gaz produiL. A ccl
effet, nous faisons placer dans la chambre des malades de
l'cau pri e le soir à la ource, ct nous leur rccommandons
<le I1C la boi.'c quc le lendcmain . L'cau ainsi consel'Vée est
moins froide el convient parfaitement à ceux qui ont la
poitrine délicate. Lorsque les eaux excitent les bronches el
font tous er, nous conseillons d'y ajouter du lait. Mais,
comme le dit MÉGLI , ce mélange doit autant <{uc possible
être évité, parce qu'il altère eu partie au moins, l'action
cle l'cau. On y ajoute quelquefois du sirop de gomme.
Il est cles e tomaes qui supportent mal les caux; elles
pèsent et Mterminent le ballonnem nt du ventre. Un des
meilleur moyens de cl 'truire cet fret, qui renù la cure fa1
�Gi
tigante, et quelquefois difficile il continller, est de fairc
prendre aux malades, avant et après qu'ils ont bu l'eau,
une infusion aromatique: on choisit de préférence la camomille.
Nos eaux, comme nous l'avons fait pressentir, resserrent;
il n'est pas rare de les voir déterminer' des constipations
opiniâtres, Il faut faire cesser cet inconvénient, en faisant
avaler dans le prcmier verre d'eau minérale des doses plus
ou moins élevées de sulfate de magnésie, ou, mieux encore,
avoir seulement recours aux lavements, à moins d'indications spéciales; du reste, ce phénomène n'est pas constant.
On peul dire que les selles ne sont ni élugmentées ni diminuées chez la plupart des malades. II en est même qui
en éprouvent Ull effet purgatif.
Le calorique contenu dans les eaux thermales a, d'après
les recherches faites par M, UmtTRAND et d'après la manière de voir de l'École italienne, le même ef[ül que le
calorique que nous produisons artificiellement. Il excite,
élève le pouls, donne une sensation de malaise momentané,
et peut même, lorsqu'on ne prend pas toutes les précautions
nécessaires, faire naître des congestions cél'ébrales et d'autres accidents formidables. Il est donc un gt'and nombl'e
d'affections où les caux. minérales froides seront préférables.
supposant même que leur action soit lllus lente. Cela surtuut nous parait être vrai pour les caux gazeuses alcalines
du genre de celles de SoullzmaLL. On évite ainsi, en partie
au moins, ceLLe excitation primitive si fréquente chez les
malades au début du tl'aitement. Ainsi, il Vichy, cc De
sont pas les sources très-chaudes qui renden t le plus de
el'vices, mais bien la source ([ui n'est point thermale.
Ce que nous venons de dire s'applique à l'eau prise il
l'intérieur, mais SUl'tout quand on l'emploie sous forme de
bain. Une partie des principes qui se trouvent: dans nos caux.
(' t fixe et se retrouve, ù qUl'lqu· température qu'on les
�G8
chauffe. C'est la soude, la chaux, la magnésie, la potasse.
L'autre volatile s'échappe dès que l'cau est chauffée à un
cel'lain degré, c'est l'acide carbonique. Aussi éprouve-t-on
des effets très-différents, suivant la température à laquelle
on prend le Lain. Nous avons sur nous-même souvent fait
des expériences il ce sujet, et nous les avons répétées sur
nos malades.
Le bain, pris à une température de 28 il 29 degrés,
produit pendant le premier quart d'heure un état d'excitation. Le pouls s'élève, la face se colore; un état d'anxiété
s'empare du malade. Peu à peu le calme renaît; mais à la
sortie de l'eau on éprouve de la pesanteur, quelquefois des
vertiges, un grand état d'abattement ct de lassitude, un
certain besoin de dormir. Pris de celte manière, les bains
ont un effet débilitant momentané, ils dépriment par les
principes alcalins renfermés dans l'eau minérale. Nous indiquerons plus tard les cas où celle manière de procéder doit
être préférée.
Lorsque le bain est pris à une .température de 23 à 25
degrés, il ne produit plus ces effets d'excitation ct de congestion momentanée. On éprouve, en s'y plongeant, une
sensation de bien-être qui continue pendant tonte la durée
du hain; c'est un effet calmant. On se sent plus fort et plus
dispos. La tête est légère, les mouvements faciles; toutes
les fonctions prennent une plus grande énergie, l'appétit sc
fait sentir d'une manière impérieuse.
Ce mode d'administration des bains a aussi ses indications
spéciales; il est vrai de dire cependant que, si tous les malades supportaient les bains il une température peu élevte,
ils en retireraient de plus grands avantages, ils jouiraient de
l'action d'un des principes minéralisateurs des plus actifs,
l'acide carbonique. On devra donc presque toujours chercher à abaisser sucee sivement leur température: il est rare
qu'on n'arrive à c' résultat; ('eln . (J comprend facilement
�ti9
depui que nous avons Vu par expérience à quelle température basse les hydrophates font usage de l'cau froide.
L'efficacilé plus grande des bains de Soullzmatt pris à
une température peu élevée a déjà attiré l'atlention de 1\fÉGLIN et de M. WILLY, médecin à Mulhouse et associé de
l'Académie royale de chirurgie. (Cité par cet auteur.)
Ce médecin, qui se trouvait à notre bain pour rétablir
sa santé, y trouva un officier qui ne pouvait marcher qu'à
l'aide de del1X. béquilles, et encore avec la plus grande difficulté (il n'entre pas dans plus de détail sur la nature de
la maladie). Depuis quinze jours déjà, il avait fait mage,
sans aucun succès, des bains de Soullzmatt. 1\'1. 'VILLY,
qui le vit dans cet étal, attribua ce peu de succè à ce que
le malade prenait des bains à un degré de chaleur trop fort:
il lui conseilla de' ne prendre que des demi-bains, et seulement tièdes; il lui fit faire deux saignées, à quelques jours
de distance l'une de l'autre, parce qu'il avait observé des
signes évidents de pléthore, tels que la plénitude du pouls,
l'engourdissement des membres, le gonflement des veines,
des insomnies, etc. Les demi-bains tièdes procurèrent un
effet si prompt, qu'au bout de trois jours il put déjà abandonner ses béquilles; au seplième ou au huitième jour, il
marcha sans beaucoup de peine, une canne CD main, cl
dans l'espace de quinze jours, il s'en retourna chez lui bien
portant.
DEUXIl;~f
OBSERVATIO . Madame R .... avait depuis plus
d'un an une telle extinction de voix qu'elle pouvait à peine
sc faire entendre: cIl ne pouvait remuer le col qu'avec la
plu grande difficulté; lorsqu'elle était assise, on était obligé
de lui soutenir toujours la tête à l'aide de quelques coussins
pour ]a soulager. Celle dame avait aussi pris infructueusement le bains pendant une quinzaine de jours; ce que
M. "VILLY rapporte encore à la même cause, c'esL-à-dire il
la l'haleur tl'Op gTande du bain. Lui ayant con cil\' de HC
�ïO
prendl'e les bains qu'il la lempéralul'e du COfllS, elle put
d('jà, après trois ou quatre premiers bains, remuer le col
plus libl'ement ct se faire entendre assez distinctement; elle
fut en très-peu de temps enlièrement rélablie, ct jusqu'à
présent elle n'a pas éprouvé le moindre ressentiment de SOli
mal.
Généralement les hains doivent êlre pris le matin, et aillant que po sible à jeun. Deux causes principales font pl'é~
fi'rer ce moment de la journée. Les pores, plus Ouverts après
Ic sommeil de la nuit, sont plus aptes 11 absorber les principes médicamenteux contenus dans l'eau minérale. L'absorption est d'autant plus facile, que le sujet n'a depui '
longtemps pris aucun aliment. Celle faiblesse accidentelle,
Cjui naÎl de l'état de jeûne, permet aux éléinents minéralisatcurs de pénétrer dans toute l'économie. Enfin, une dernièrc considéra lion se trouve dans le danger qu'il y a, pour
quelques personnes, de voir leur digestion troublée.
Il egt des malades qui sont tellement impressionnables
au froid, ou lellement faibles, qu'ils ne pourraient supporter
les bains pris de très-bonne heure; d'autres enfin, et surtout \('s femmes délicates, ont besoin d'un repos prolongé;
eUes se trouveraient très-mal de sortir de leurs habitudes .
On ne prend ordinairement qu'un seul bain par jour;
mais il est des ca assez nombreux où le médecin devra en
l"aire prendl'c un plus grand nomhre. Ce mode d'admillistration des eaux, suivi dans quelques établi sements, il
amené d'e."ceUenls résultats. Cc sera surtout daus les atl'cctions de la pean, dans le rhumatisme invétéré, daus leS af..
fections de la vessie, dans certaines leucorrhées, en un mol,
,Jans tous h~s cas où on voudr:l ohtenil' nn effet déprimant,
hyposlh(.nisant, qlle Il's hains r(~pNlS,
longtemps prolong('s,
clcviendrOllt un moyen vraiment utile,
La douche est il la fois, tantôt un moyen pcrtuhal~I,
tanlôt un DIO Il ('aImant. Sa température l'lnt'{', la force
�71
du jet, son large Jiamètre, produisent une excitation vive
sur le point où elle est appliquée. Cette manière d'agir
c.onvient dans les cas où on veut produire une forte dérivation sur un point quelconque du corps, dans le but de détourner l'irritation fixée sur un organe voisin. Le rhumatisme musculaire et articulaire, certaines affections de la
moelle épinière sont efficacement attaquées en procédant
ainsi.
Mais la douche doit être faible, douce, en arrosoir, tiède,
dans les cas où il s'agit de porter directement son action SUl'
l'organe malade. Ainsi, ùans les engorgements de l'utérus,
les douches ascendantes sont très-utiles, à la condition d'être
appliquées avec les plus grandes précautions; données autrement, elles amènent de la douleur et souvent l'inflammation. On ne peut recommander assez de prudence aux personnes qui en font usage, et à celles qui sont chargées de les
administrer. Il en est de même dans le affections de l'estomac, du foie et de la vessie.
La douche fatigue généralement les malades, et ne doit
être donnée que pendant cinq à dix minutes, un quart
d'heure au plus, sur le même point. Le médecin devra
suivre allentivement ses effets .
ClIAPITlŒ VIII.
Del!! "u.'el'! n .... eOt InH.,
Pour traiter convenablement ce ujet, nous avons cru
devoir recourir aux lumières d'un médecin di tingu(',
M. IIlllTZ, professeur agrégé à la FaculLé de médecine de
Strasbourg, qui, conduil dans presque Lous les établissements
Je ce genre pal' son goût pOUl' la science ct pal' ties motifs
de santé, a su faire LOmD(1\' e6l'cI'herche cl son expérience
�au profit tle notre arL. Nous devons à sa hienveillante amitié
ce chapitr e intéressant de l'ouvrage que nous publions.
C'est en Suisse que les cures au petit lait tle chène ont
l)ris naissance. Pendan t longtemps confinées dans quelques
canton s, elles ont, depuis lin certain nombre d'anné es,
acquis une telle extension, qu'elles se sont naturalisées partoul où des circonstances topographiques favorables ont
semblé le permet tre.
1\1. NEssEL, homme d'initiative par excellence, a promp tement compris qne SoulLzmatt possédait tous les éléments
favorables à ce genre de cnre. L'exposition de la vallée,
fermée au Nord et ouverte au soleil, donne à l'air celte
douceur au printemps, celle précocité que recherc hent avec
avidité ceux dout les organes respiratoires sont irrités. Sur
ces montagnes qui lui servent d'abri, croissent en grand
nombre des plantes alpines , une mulLitude de labiées , de
lIaslursium el autres végéta ux, dont les propriétés bienfaisantes passent, pour ainsi dire, du lait de la chèvre dans le
sang des malades. Enfin, la similitude tl'action de l'eau de
nos sources avec celle du petit lait, qui, toutes deux, sont
propices aux poitrines irritées , font que nous pouvons
offrir aux malades un ensemble systématique tle moyens, où
l'art et la nature paraissent s'être donné la main.
Si, dans vos promenades, vous êtes conduit de la maison
des bains vers le fond de la vallée, cl que du pied du
IIeiden berg vous vous dirigez ' il droite, bientôt vous vous
trouvez comme enfermé dans un vallon silenci eux, bordé
lie toutes parts par des montagnes boisées. Sur ce tapis de
verdur e el de fleurs est assis le joli hamea u de Winsfeld 'JI,
en avanl duquel s'élève une colline, contre laquelle sout
comme suspendus de gl'oupes ùe chèvres blanches Je la
Suisse; c'est là 'qu'clics viennent brouler les plantes donl
l'arôm e passe dans leur lait. Tout près est la l'rnne où, la
/luit, cllcs yiennClll sc réfugier, 'l où 'l\e livr nt Icu .. -
�75
tétines aux mains d'un Suisse, habile dans l'art traditionnel
de préparer le petit lait. La prépaJ'alÏon, terminée au point
du· jour, arrive toute chaude à l'établissement à l'heure de
la distribution, qui est faite aux malades qui boivent le pelit
lait en se promenant. On le porte dans les chambres de ceux
qui, par un motif quelconque, ne peuvent les quiller ou
sont retenus dans leurs lits.
Avant de nous occuper des effets du pelit lait, disons
quelques mots sur ses qualités physiques et chimiques. Il
est constitué par le sérum du lait et doit renfermer nonseulement tous les sels et tous les principes fixes contenus
dans ]e lait, mais encore ]a partie aromatique et vo]atile
qui s'y trouve; d'un autre côté, il doit être débarrassé des
corps caséeux qui en forment la partie indigeste; il présente
alors l'aspect d'un liquide d'un jaune verdâtre opalin, demitransparent, d'une odeur qui rappelle celle de la chèvre, et
d'urie saveur légèrement sucrée, assez al}alogue à celle d'un
fort bouillon aux herbes. Il doit surtout n'avoir aucun goût
acide (ne rougir que très-légèrement le papier de tournesol).
Les effets immédiats et physiologiques du petit lait sont
les suivants: Il détermine d'abord une sensation de douce
chaleur à l'estomac; celte chaleur se répand bientôt dans
toute l'économie et dispose à une légère diaphorèse; au bout
d'une demi-heure des gargouiPements intestinaux, mais sans
colique, annoncent une action purgative plus ou moins
intense, suivant le nombre de verres qu'on a pris. Il est
quelques personnes qui, loin d'être relâchées par le petit
lait de chèvre, éprouvent un effet contraire, mais c'est
l'exception, et alors, en général, elles ne supportent pas
longtemps le pelit lait. En même temps qu'il agit sur les
selles, il porte son action sur les autres organes sécrétoires,
les urines sont légèrement augmentées, et la muqueuse
bronchique devient le siége d'une sécrétion plus abondaute,
ou perd l'il'1'ilation sèche, si elle en était affectée.
�7-1
Quand la cure du pelit lait a été continuée quelque
temps, son action résolutive sc fait sentil' d'une manièr e
plus notable encore ; les indurations des organes ct des
glandes diminuent ou cèdent quelquefois. La circulation
abdom inale, stimulée et facilitée par la sécrétion dont la
muqueuse est le siége, se trahit par une diminution du
gonflement du ventre , par une disparition de sa dureté ;
des hémorrhoïdes supprimées reparaissent souvent ct retrouvent leur flux régulie r; la sécrétion biliaire , notablement augme ntée, détermine ou favorise ]e dégorgement du
foie; des constipations opiniâtres font place à des selles régulières, Du côté de la poitrin e, le premie r effet produi t
est une plus grande abondance dans la sécrétion muqueuse
des bronches et par suite une expectoralion bien plus facile.
Comme conséquence, on voit diminuer l'irritat ion pulmonaire ; la toux sèche surtout est promp tement amendée par
le petit lait. Les malades éprouvent un relâche ment, un
sentiment de détente dans toute l'économie; l'excitation et
la fièvre se calment dans la même proportion,
De tous les elTets sur l'homm e, sain et malade, ainsi que
de la composition chimique du petit lait, ressort celte conclusion que ce remède est un pui sant rafraîc hissan t,
dont les caractères particuliers sont de résoudre les indura tions, de faciliter les sécrétions et d'apaiser les irritatio ns .
En elTet, le petit lait nous olTre, outre ses qualités balsamiques, toutes les propriétès du sérum du sang. c'est-à-dire
de la partie aqueuse ct alcaline de cc liquide , ct on conçoit
dès lors combien il doit être à la fois dissolvant et rafraÎchissant.
l..'expérience, ainsi que le raisonn ement, nou indique nt
en con équellcc quelles sont les maladies auxquelles il con"ient de l'opposer.
En premie r lieu, les irritatio n des bronche ct de POtlmons. C'est sur e maladi qu 'ont porl(- le ' premières ex-
�7 ,),·
pôriences faites en Suisse, il Y a un siècle, avec le petit
lait d'Appenzel, ct c'est leur heureu e issue qui a déterminô
le succès de cet établissement. On fera donc, avec beaucoup
de chances de réussite, usage de cc moyen toutes les fois
qu'une toux sèche, une expectoration difficile indiqueront
une irritation pulmonaire; dans les bronchites opiniàtres,
dans les phthisies, dès leur début. Mais il ne faudrait pas
croire que le pelit lait borne son action à éteindre l'irritation. 11 modifie très-avantageusement les sécrétions des
bronches ct change très-souvent un catarrhe puriforrne en
une sécrôtion purement muqueuse. Il conyient, par consé(lutJnt, toutes les fois qlle la sôcrétion hronchique est altérée, soit dans sa nature, soit dans sa quantité, ainsi que
cela arriye si souvent dans des l'humes invétérés, dans les
catarrhes su (foquants , dans les bronchites purulentes, etc.
Dans les obstructions du bas-ventre, qui comprennent des
états anatomiques si variés, le petit lait rend souvent d'utiles seryices; son action laxative, qui IJeut être longtemps
continuée, sans déterminer la moindre irritation, indique
son emploi dans les constipations par sécheresse et pare se
des intestins, dans les affections hémorrhoïdales, dans le
embalTas de la circulation de la veine-porte, dans les engorgements du foie, l'ictère et la suppression de la Wc. ) 1
n'y ft qu'une seule remarque à faire à ce sujet, c'est que,
dans toutes ces affections abdominales, le petit lait doit
a 'oir un effet purgatif; si cet effet manque ou est insuffiant, le peLit lait non-seulemrnt ne rend pas de services
utiles, mais ajoute souvent il l'embarl'as du vcntre. En grnéral (el ceci s'applique ù tous les cas où )'on emploie le
l)etil lait), son usage exige une certaine force digestive, ct
il ne faut pas l'employer chez de maladcs donl l'estomac
est faible ou nerveux , chez celL' qui n'onl pas d'apP"[it
,t dout la languc est chal'gèe. Dan ce cas, il dèlermin(O
des IHHlS 'or, des pe anlc1l1" et cl· l'anorexi . 11 e. t bon aloI'
�7G
d'employer d'abord l'eau de Soultzmatt simple, pour donner
du ton à l'estomac.
Dose el mode d'administration. - Il est bon de recommander aux malades d'aller graduellement et à doses croissantes en commençant le petit lait; un verre et même un
demi-verre suffisent les deux premiers jours pour les estomacs délicats. On arrivera ainsi, selon les facultés digestives
et l'exigence de la maladie, à quatre ou cinq verres par
jour. Une fois à cette dose, on prend un verre tous les
quarts d'heure; on se promène pendant les intervalles, et
on laissera écouler une grande heure entre le dernier verre
et le déjeûner. Quelquefois il est bon de s'arrêter après une
dizaine de jours et de ne reprendre la cure qu'après deux
jours de repos. Il est avantageux aussi de prolonger le
traitement au delà des vingt-un jours sacramentels, et il
vaut mieux interrompre par intervalles la cure. Enfin, il
faut être prévenu que l'effet curatif dans les bronchites ne
se prononce pas toujours, et qu'il est au contraire bien plus
fréquept de ne voir la guérison survenir que dans le mois
qui suit la fin du traitement; tout au plus voit-on l'amendement arriver dans les derniers jours de la cure. Celui
qui écrit ces lignes en a vu de nombreux exemples.
-
...-
�77
CHAPITRE IX.
De l'eau balsamique de 8ouUzma".
La découverte de l'eau balsamique a donné à l'établisse·
ment un nouvel agent thérapeutique puissant. dont l'expérience a d§jà sanctionné l'utilité. Voici comment M. ARNOLD, inventeur de celle eau, s'exprime dans l'ouvrage qui
a été publié à ce sujet:
L'eau balsamique de Soultzmatt n'était pas destinée dans
l'origine à sortir de l'établissement où elle se prépare. Je
me contentais modestement de l'administrer aux malades
de notre vallée et des environs et à quelques personnes affec·
tées de la poitrine. 'qui étaient envoyées à Soultzmatt pour
y boire le petit lait et l'eau acidulée gazeuse de la source.
Des médecins distingués de Strasbourg, de Colmar et de
Mulhouse, étant venus visiter successivement nos bains,
furent frappés des effets que j'avais obtenus pa~
l'emploi de
J'eau balsamique; ils désirèrent l'essayer à leur tour; je
leur en envoyai à plusieurs reprises, et il paraît qu 'ils ont
été très-satisfaits des résultats qu'ils ont obtenus.
Cette eau a l'apparence de l'eau de source la plus pure;
eUe est légèrement gazeuse, parce qu'on est parvenu dans
sa préparation à empêcher l'échappement du gaz qui se
trouve dans l'eau naturelle de SoulLzmatt. Grâce à cette
précaution, elle se conserve fort longtemps, sans s'altérer:
cc qui permet de la transporter à de grandes distances et à
la rendre à peu près inaltérable. Quand on débouche la ,
bouteille, elle ne mousse pas comme l'eau naturelle, mais,
comme beaucoup d'caux de ceUe espèce, elle renferme de
l'acide carbonique, dissous ou combiné.
L'odeur de l'eau balsamique révèle en partie, au moins,
les principes qu'elle contient; c'est l'odeur de sapin. Cela
•
�78
doit rassurer les médecins qui pourraient craindre de donner à leurs malades une préparation dont ils ignorent la
composition. La chose que je dois taire, c'est la manipulation qu'on met cn usage dans notre établissement, pour
obtenir, avec de pareils ingrédients, un liquide aussi agréable à la vue qu'au goût. Aussi, les mala()es qui en ont fait
usage, l'ont-ils baptisé, sans notre concours, du nom d'eau
de sapin (l'anrwnwasser).
En effet, pour préparer cette eau, je profite à une époque
déterminée de l'année de certaines parties d'un sapin trèscommun dans nos forêts, pour en extraire un principe aromatique que j'associe à un principe astringent et tonique,
retiré d'une plante de nos montagnes. Je fais dissoudre ces
deux principes dans une certaine quantité d'eau de Soultzmatt dans des proportions différentes, suivant l'indication à
remplir.
L'caubalsamique, introduite dans la bouche, communique
de prime abord une sensation de fralcheur très-agréable et
assez analogue à celle qu'on obtient avec une pastille de
menth e; aussi nous n'avons pas encore trouvé une seule '
personne, je ne dirai pas qui se soit refusée à la boire,
mais qui ne l'ait hue avec un certain plaisir ; ce qui présente un très-grand avantage pour son administration, qui,
dans certaines maladies. doit être continuée longtemps.
Les médecins qui ont souvent employé les balsamiques
savent combien il est difficile d'en continuer longtemps
l'usage. Donnez pendant huit jours du copahu ou de la
térébenthine à un malade, il faudra, ou qu'il soit bien désireux d'être guéri, ou bien peu sensible, pour qu'il ne repbusse avec horreur ces médicaments, ou que leur odeur ne
provoque des nausées. Il n'en est pas de même de l'cau balsamique; si l'indication l'exige, on peut. sans crainte de
fatiguer le malade, continuer indéfiniment son usage.
L'eau balsamique donne, peu d'inslants après l'avoir buc,
�in
une douce sensatiun lIe chaleur inlérieure qui se comru~
nique, seulement par degrés, à toule l'économie. On dirait
qu'un vin généreux vous ranime et amène un léger degré
d'excitation. Cet effet, à moins que la dose administrée ne
soit très-forte, est fugace et ne dure que quelq!1es instants;
il celle sensation en succède une autre moins agréable, il
est vrai, mais plus durable; c'est un faible sentiment d'astriction et de sécheresse dont le siége est surtout à la gorge.
Ces deux sensations distinctes expliquent à un certain point
la manière d'agir de ce médicament qui renferme un stimulant diffusible et un astringent; c'est, suivant moi, il ces
deux propriétés combinées que l'cau balsamique doit toutes
ses vertus curatives. J'ai eu l'heureuse idée de faire prédominer, dans la manipulation, tantôt l'un, tantôt l'autre de
ces deux principes. Ainsi, l'eau balsamique, contenue dans
des bouleilles marquées au cachet rouge, et employée surtout dans les affections pulmonaires, esl bien moins stimulanle que celle contenue dans des bouteilles au cachet vert,
qu'on préfère pour les affections des voies urinaires et pOUl'
les maladies des enfants, etc.
J'ai cru devoir signaler celle différence, parce qu'elle m'a
paru très-importante dans le traitement de cerlaines malaclics; c'est là ma réponse à ceux qui pensaient qu'on pouvait
indifIëremment se servir de l'une ou de l'autre préparation.
Je ne connais pas la nature intime du principe astringent
renfermé dans l'cal1 balsamique. Tout cc que je sais, moi
qui n'ai pas de laboratoire de chimie, ni de loisir pour faire
des recherches de ce genre, mais qui, pour les remplacer,
ai un vaste champ d'expérimentation, c'est que l'eau balsamique resserre les tissus. Peut-on en douter quand, en Cil
versant sur les plaies, j'ai pu arrêter promptement des hémorrhagies, ou quanll, la donnant à l'intérieur, je faisais
cesser des hémoptysies, des pertes utérines abondantes, ou
que je supprimais dgs flux muqueux.
�80
Le principe stimulant renfermé dans l'eau balsamique est
de la nature de ceux qu'on appelle diffusibles; son action
est due, sans doute, à la présence de l'arôme que renferme
la plante que j'emploie dans celle préparation, et quc je
suis parvcnu à y fixer.
L'action de l'eau balsamique sur le canal intestinal sain
paraît être il peu près nulle; elle nc produit, dans la plupart
des cas, ni constipation, ni diarrhées; avantage inappréciable pour un médicament qui doit être continué longtem ps.
Il n'en est pas de même dans les cas pathologiques; l'cau
balsamique paraît agil', surtout quand il y a supcrsécrétion,
ct ne contrarie pas l'action physiologiquc des membranes
muqueuses.
S'il est des organes sur lesquels les balsamiques paraissaient agir d'une manière avantageuse, c'est, sans contredit,
sur les organes génito-urinaires. Cependant, à l'état de santé,
l'influence de ma préparation se fait à peine sentir; ainsi
je n'ai pas remarqué qu'elle produisît le moindre effet sur
ces organes chez lcs personnes affectées de bronchites ou de
toute autre maladie ayant nécessité son administmtion. Fait
important, à mon avis, car il prouve que l'cau balsamique
n'agit d'une manière évidente que sur les organes devenus
le siège d'une sécrétion anormale.
La plupart des stimulants diffusibles exercent plus ou
moins leur action ur le système circulatoire en accélérant
le pouls. Je suis parvenu, aprôs de nouveaux essais, à obtenir l'eau balsamique (cachet rouge), qui, privée en grande
parlie de son principe timulant, n'est plus guère qu'un
astringent, qui agit à la manière du sucre de saturne, que
beaucoup de médecins considèrent comme un moyen plus
sùr que la digitale pour oéprimer cl ralentir la circulation;
avant ceUe modification, l'cau l.Jalsamiquc avait une application bien plus restreinlo, ct nons n'osions l'employer qu'avec
beaucoup d circonspeclion rt à faible dose, comme noS
�81
ohscrvations le prOuH'nt , dans les cus de fièvre hectique.
Ceux de nos conf'rôrcs qui la donneront aux malades fébricilants ne tarderont pas à sc coovaincre de celle vérité.
D'après cet ~perçl1
rapide, l'cau balsamique est un médicamentllouveau destiné à combattre une sl'rie d'affections
qui, par leur fréquenc~
et la tlifficu!té qu'on éprouve à les
guérir, font souvent le désespoir de la médecine. En indiquant un moyen qui exerce une aclion puissante sur les
sécrétions pathologiques des membrancs muqueuses, je crois
avoir rendu un service signalé à notre url. L'cau balsamique, en effet, guérit souvent le catarrhe pulmonaire
chronique, le catart'he vésical, la leucorrhée, la blennorrhagie chronique, etc. Elle al'l'ête, en resserrant les vaisseaux, bien mieux peut-être que la plupart des préparations
connues, les hémorrhagies des membranes muqueuses
(hémoptysies, menstruation trop abondante, pertes utérines
pendant l'état de vacuité, pendant la grossesse et après
l'accouchement, les hérnol'rhagies intestinales, l'hématurie,
etc.).
Mais là ne se bornent pas les effets bienfaisants de cc
nouveau méJicament. D'après des fails nombreux que j'ai
rapportés, il est très-efficace contre la phLhisie pulmonaire
il ses différents degrés. Nous avons cherché à établir pal'
quel mécanisme des guérisons presque inespér6es pouvaient
être obtenues. Si no idées sur ce point sonl fondées, 1I0US
croyons que c'est en supprimant la sécrétion pUl'ulenle rie
la membrane pyogénique, en un mot, en desséchant les
cavernes, comme LIENNEC en cile des exemples, et en empêchant ainsi la résorption purulente qui empoisonne pour
ainsi dire les phlhisifJlles, qu'on parvient à gnérir celle
maladie.
Cette préparation, exerl,,'anl lIoe action il. la fois tonique,
astringente et quelquefois stimulante SUl' l'économie, relève
l('s force , détruit certaine cachexies, le scorbut, la chIo6
�82
rose, les scrophules, qui tiennent à un appauvrissement ou
à une altération du S3D,g. Donnée à des doses élevées, elle
exciLe la sécrétion urinaire, agit sur le foie, et a ainsi fait
disparaître l'hydropisie. Enfin, comme nous l'avons démontré, elle guérit les ulcères atoniques, et peut être regardée
les opérations chicomme un excellent hémostatique d~ns
rurgicales.
Nous nous réservons de revenir plusieurs fois sur ce sujet
dans la seconde partie de ce travail.
CHAPITRE X.
EXllort"tioll tle l'e"tI tle SOultZID"tt.
Une eau agréable comme celle de Soultzmatt, aussi chargée d'acide carbonique, aussi riche en principes alcalins,
a mérité l'atlention des médecins par ses vertus thérapeutiques, en même temps qu'elle est devenue une des boissons de choix pour nos tables.
Strasbourg, ce cenlre de lumière et de population, a
donné naguère la première impulsion il toute la province.
Les médecins nous demandent nos eaux pour leurs malatles.
les hôtels les offrent aux nomhreux étrangers qui viennent
visiter les })ords du Rhin. et les meilleurs tables, les plus
fins appréciateurs du confortable leur accordent une juste
préférence. sur celles de Selters.
Fier de celle faveur, jaloux de la conserver, l'établisse·
ment de Soultzmalt a fait de nombreux sacrifices, pour
livrer au public celle eau dans son plus grand état de pureté.
On ne la rec.ueille que le matin et le soir, aux heures
du jour où l'état d'abaissement de la température s'oppose à
la tendance qu'a toujours l'acide carbonique \:ln excès à
se séparer des bases avec lesquelles il est combiné. C'est
dans des bouteilles de plus d'un litre de contenance, d'une
�forme élégante, d' une transparence parfaite, que l'eau est
renfermée. L'emploi d'une machine puissante, analogue il
celle qui sert à boucher les bouteilles de vin de Champagne,
du goudron appliqué sur le goulot, garantissent contre toute
détérioration. Malgré ces précautions, souvent la quantité
de gaz qui passe à l'état libre, repousse le bouchon ou fait
éclater la bouteille. Cet inconvénient ne nous a pas paru
suffisant pour adopter les cruchons dont on se sert pour
l'eau de Selters, la propreté nous paraissant une des premières conditions pour le succès d'une eau minérale. C'est
de plus la meilleure manière de faire apprécier la limpidité
et la pureté de nos caux. Par des soins minutieux de ce
genre, nous avons commencé à luUer avcc l'cau de Sellers,
à laquelle, dans notre pays, on doit reno,ncer, à cause de
son prix élevé et des droits auxquels elle est soumise.
Plus modestes sous le rapport du gain, plus désireux
peut-être d'être utiles, nous voulons que l'eau de Soultzmall,
qui est une des eaux gazeuses des plus agréables, puisse être
à la hauteur de toutes les fortunes. Grâce au chemin de fer
vallée, nous pourrons, dans vingt-quatre
qui touche à not~e
heures, et moins, livrer à Paris notre eau, presqu'an même
prix qu'on boit l'eau de la Seine, transportée à domicile.
L'ouvrier, l'artisan, qui trouve si difficilement un verre
de vin généreux, llourra relever sa boisson, en y ajoutant
l'eau de Soultzmatt, el en détruire ainsi les effets délétères.
Mais, dira-t-on peut-être, nous avons les eaux gazeuses
artificielles qui, à bas prix, remplacent très-avantageusement les eaux naturelles. Je répondrai à celte objection.
Nous avons en Alsace, et dans différentes provinces, des
maisons de commerce qui, avec des vins du pays, fabriquent
un vin de Champagne artificiel, en y introduisant par compression le gaz acide carbonique. Ces vins ont été peu
appréciés par les amateurs, 'car, au Lout de peu d'instants,
dès qu'on débouche la houteillç, le gaz acide carbonique se
�84-
ùégage entièrement, et le vin du pays repara ît. Il en ~st
de même avec l'eau de Sellers artificielle, le gaz s'échappe
rapidement, et l'eau qui a servi à la fabrication reste avec
ses défauls et ses qualités.
.
L'eau de Soultzmatt est dans les conditions les plus favorables pour être transportée et ètre conser vée; ne contenanl pas un atome de fer, elle ne donne jamais lieu à
ces dépôts ocrés, qui se forment généralement dans toutes
les caux feITugineuses.
De plus, les sels de fer altèren t la matière du boucho n et
déterminent la réduction des sulfates en sulfures alcalin s,
qui communiquent aux eaux minérales ferfllgineuses une
saveur et une odeur d'Œufs pourris insupportable.
Examinez les eaux de Griesbacb, de Uippolsau et autres
sources du même genre, après quelques mois, je dirai plus,
quelques heures ùe séjour en boutei lle, elles sc troublent
et cessent presque d'être l)Olables.
Il n'en est pas de même de celles de Soultz matt: au
bout de deux et de trois ans même, nous n'avons trouvé
aucune altération dans le gofit et la couleur de celles que
nous avions conservées dans nos caves. Combien y a-t-il
d'eaux qui puissent supporter celte épreuve? L'eau ordinaire
même, à moins de précautions toules particu lières, s'altèrc
au bout de peu de jours. La notre, par son acide carbonique el par ses bases alcalines, n'est pas sujette à cet
inconvénient. EUe pourra it donc très-avantageusement être
employée pour les voyages de long cours. Qu'une eau du
genre de la nôtre serail bien appréciée dans les contrées où
la chaleur esl excessive! Mais laissons là ces idées. qui,
sans doule. ne se réaliseront jamais . Occupons-nous seulement de ce qui est probable el facile, et du but que nous
voulons alleindre.
Tout le monde sait. plusieurs même d'entre nons ont
éprouvé comllien les eaux de la Scine sont funestes aux
�étrangers qui séjourne!lt pour la première fois à Paris. Elles
engendrent des dérangements d'estomac, des diarrhées, et
prédisposent à la fièvre typhoïde. Les hôpitaux de Paris
enregistrent chaque année malheureusement trop de faits
de ce genre. Et quelles sont les victimes? Ce sont ordinairement pour la plupart des jeunes gens de vingt-cinq à
trente ans qui viennent à Paris pour se perfectionner dans
les arts et les sciences, et dont les moyens d'existence sont
souvent assez précaires. Nourriture de mauvaise qualité,
mauvaise boisson, il n'en faut pas davantage pour altérer
la., santé. Si on pouvait parvenir à roumir à bon marché
dans la capiLale une eau pme, limpide, stomachique, ne
détruirait-on pas, ou au moins ne paralyserait-on pas en
partie une des causes les plus puissantes de maladie? C'est
un problème que sous peu nous allons résoudre bien plus par
humanité que par intérêt. La civilisation, en forçant les
hommes à se concentrer sur un même point, a servi leur·cupidité et leur intérêt au détriment de leur santé. Que ceUe
même civilisation porte à sou tour un remède aux maux
'Ju'elle a engendrés; que nos chemins de fer ne soient pas
seulement employés à transporter d'un point à un autre,
avec la rapidité de l'éclair, les produits de l'industrie, ou
à satisfaire la curiosité oisive des touristes, mais qu'ils
servent encore-à portel' au milieu des populations tous les
éléments de bonheur que donne la san lé.
Nous avons, nous sommes-nous dit, dans notre vallée
une source qui exerce sur l'homme, à l'état de santé et de
maladie, des eITcls bienfaisants : que celle source, par
l'intermédiaire des chemins de fer, profite au plus grand
nombre, et que ce soit au prix d'un modes le tribut, qui
ne puisse être onéreux pour personne.
l.'IN DE J,A 1'J\llJlIJÈRE l'AIlTJll.
�APPLICATIONS THÉRAPEUTIQUES
DES
EAUX: DE SO UL TZ MA TT
DANS LE TRAITEMENT
DE CERTAINES MALADIES.
--.
1)EUXIÈ~m
...PARTIE.
Toutes les théories que nous avons invoquées, toutes les
recherches physiologiques auxquelles nous nous sommes
li vrés sur l'action des eaux de Soultzmalt, seraien t stériles
si, comme nous l'avons plus d'une fois fait pressentir, clles
n'avaient des applications lhérapeutiques nombreuses. Il nous
reste donc, pour complé ter notre travail, à dire quelques
mols des maladies qui peuvent être traitées avec succès par
nos eaux gazeuses alcalin es, et à choisir, parmi les observations que nous avons recueillies , celles qui nous paraisscut
les pIns dignes d'intérêt ct les pIns propres à faire apprécier
le m6rile d, 1105 SOl1rces .
.
�87
CHAPl1RE PREMIER.
I)e l'eltlilloi des eaux de Soultz ... a" dRUS leM
eOllges'iolls.
Les caux minérales sont appelées, non à guérit' toujours
des maladies, mais à détruire certaines dispositions morbides, qui, à la longue, finissent par compromellre lentement le jeu des organes, et amener insensiblement les affections chroniques, qui n'ont pas, comme on l'a dit si souvent, l'inflammation pour unique point de départ. C'est à
notre avis une des plus belles applications thérapeutiques
des caux minérales.
On n'a peut-être pas assez étudié l'influence qu'exerce
la congestion dans la production d'un grand nombre de
maladies chroniques; le peu d'étendue de cel ouvrage ne
nous permeL pas d'aborder très-largement ce sujet.
La congestion esl une accumulation passagère et insolite
de sang dans le réseau capillaire. Elle tienl1 0 à une irritation
soit générale, soit locale; 2 0 à un défaut Je tonicité des
,'aisseaux; 3° à Ull obstacle mécanique; 1,.0 à la composition du liquide qui circule dans les vaisseaux.
Que ce soill'une ou l'autre de ces causes qui viennenl
à agir, il en rr.sulte des affections pathologiques chroniques
très -différentes, et qui devront être attaquées dans Jeur
point de départ, plutôt que dans les symptômes qu'eUes déterminent.
S;
1or. Pseudochlorose. Congesh'olls et névroses des capillaires
artériels.
Chaque année sc présentent dans les différents établissemenls de bains un certain nombre de personnes et surtout
de femmes, offrant une série de symptômes variés qu'ou
�88
ne peut rappor ter à aucune lésion organi que, à aucune
malaJi e décrite par les auteurs , et qui ont généra lement
résisté à tous les t!'aitements mis en usage, Ayant souven t
observé des cas de ce genre, je vais cherch er à en esquisser
rapidem ent le tableau. Ces quelques lignes ne seront , je
l'espèr e, pas inutiles aux médecins praticiens.
Sous l'influence de causes variées et souvent insaississables,
la santé se détériore, des troubles fonctionnels sc manifestent.
Dire le momen t où celte disp'osition morbide a comme ncé,
est souvent impossible. Au début cependant, les battem ents
{ju cœur prenne nt une énergie inaccoutumée qui se communiqu e à tout l'arbre artérie l et produisent des pulsations
fatigantes dans tons les vaissea ux; mais celle activité vitale
n'est pas continue, elle ne se l'ail sentir qu'à certaines heures
du jour, surtout dans l'après -midi. C'est un vérilab le paroxisme fébrile , qui Il' existe pas le matin, et dispara it ordinaire ment vers le soir. Dans ce momen t, le pouls bat avec
force, il est plein el rapide , la face se colore , la tête devient chaude et brûlan te; une chaleu r anormale envahi t les
extrém ités; des épistaxis sont fréquentes, En un mot, le
malade éprouve presque tous les symptômes d'une fièvre
inl1ammatoire éphém ère (fièvre angéïoténique).
Le sang, tiré des vaissea ux, est souvent riche en fibrine,
et se couvre quelquefois d'une couenne inflammatoire. Des
accès, tels que ceux que nous venons de ùécrirtl, se renonvellent irrégul ièreme nt et avec plus ou moins d'intensité , suivan t certaines causes que nous examin erons plt~s
tard.
1\ faut le dire, ces premie rs symptômes aUiren t à peine
l'attention du malade et du médec in, parce qu'on les attribu e
avec raison, sous certains rappor ts, à. l'âge de pubért é ou
à des causes puissantes, agissant sur le système nerveu x et
circula toire; on les néglige , el rareme nt ils sont traités à
leur début. Mais bielltôt survien t une série de phénomènes
�89
plus apparents, l)lus palpables, qui font ouvrir les yeux;
ceux-là ne peuvent plus nous échapper, ils sont devenus
canictéristiques.
Comme a dit BROUSSAIS, «la surexcitation et la conges\( tion morbides, actives ct partielles, sont compatibles avec
«la diminution gônérale de la somme de la vitalité. La di«( minution partielle de la vitalité entraîne toujours celle de
«la nutrition. Aussi à l'état d'excitation succède la langueur, la faiblesse, le dépérissement; les joues l'estent
quelquefois colorées, surtout par instants et sous l'influence
de la plus légère émotion; mais le fond du teint est décoloré,
d'uu blanc mal ou jaunâtre, le carmin des lèvres disparaît,
on dirait une véritable chlorose. Comme dans la chlorose,
en efl'et, il Y a des céphalalgies partielles, des névralgies de
différents organes, de la gastralgie, de la rachialgie, des
bystéralgics, des névralgies intercostales, etc. , de l'essouffiement.
Dans la chlorose véritable, il n'y a pas de fièvre; le pouls
('st rarement irrégulier, petit, misérable, et dans un autre
moment bien développé. On entend le souffie carotidien qui,
dans la pseudochlorosc, manque le plus souvent; cependant, je dois dire que je l'ai quelquefois rencontré. La région du foie, de l'estomac n'est pas douloureuse ou sensible
à la pression; l'appétit, dans la chlorose, persiste le plus
souvent; tandis que dans la maladie qui nous occupe,
les fonctions digestives sont rarement dans leur état d'intégrité, l'estomac supporte mal les aliments succulenls,
les toniques eL les excitants fatiguent, le vin cL les alcooliques inspirent souvent du dégoùt et sont nuisibles; il Y a
de la soif, une grande propension pour les boissons acides;
les gcnçi.ves ne sont point pâles comme aans la chlorose, la
langue est rarement ~eLt,
sa pointe est couverte de .papilles rougeâtres, elle a Ulle grande tendance à la SC'chel'esse.
l)
�DO
Généralement toutes les fonctions digestives s'exécutent
lllal; il Y a paresse intestinale, constipation; les malades
se l)laignent de battements artériels dans le ventre.
Les fonctions génératrices se troublent; chez la femme,
les règles, souvent trop abondantes au début de la maladie,
diminuent bientôt ou disparaissent entièrement, les désirs
se pervertissent ou même s'éteignent. Des pertes blanches,
la stérilité che7; la femme, l'impuissancs chez l'homme; chez
l'un et chez l'autre, la perte de la gaîté, une humeur fantasque avec quelques éclairs passagers qui rappellent le caractère d'autrefois, ct qui ne paraissent que sous l'influence
d'une excitation fébrile: tel est le triste et rapide tableau
de cette maladie, dont l'origine est souvent insaississable.
On dira peut-être que cette affection n'est que la chlorose à son plus haut degré. Je sais que l'École italienne a
voulu confondre ces deux maladies. mais nous ne pouvons
guère admeUre celle manière de voir. La chlorose véritable
n'existe que chez les jeunes filles; chez elles, la maladie
que nous décrivons est rare; cependant elle peut se rencontrer. Nous savons bien qu'on a admis une foule de variétés de chIo l'oses : ce que la théorie peut admettre, la
pratique le rejette ici, et avec raistm.
Cet état nous parait, d'après quelques recherches ana tomo-pathologiques, tenir à une subinflammation du sang
et à la congestion des capillaires artériels, sous l'influence
du système nerveux cérébro-spinal et ganglionaire.
Tous les organes, ce nous semble, fonctionnent mal,
parce que les uns reçoivent trop de sang, et que d'autres
peut-être n'en reçoivent pas assez; l'équilibre. si important
pOUl' que toute la machine fonctionne avec ensemble, est
rompu. Le système nerveux d'une part, le système sanguin de l'autre, paraissent se contrarier mutuellement; le
sang irrite les cenlres nerveux, ces mt'lmes centres impriment
à la circulation des perturhations nombreuses. C'esl ,ainsi
�!H
«lue naissent celle foule de symptômes variés, véritables
proLées où la science se trouve en défaut, pour leur assigner
une' place bien marquée dans le cadre nosologique et, ce
qui est plus fâcheux encore, laissent le médecin dans un état
d'hésitation et souvent d'impuissance.
Il peut bien y avoir quelquefois inflammation de la membrane interne du cœur et des vaisseaux, sans que l'anatomie pathologique ait pu confirmer celte conjecture. C'est que
celte affection, à · son début, n'entraîne pas la mort, el
lorsque, par une suite de péripéties, elle a profondément
miné la constitution, il ne reste I)lus que l'état cachectique.
00 pourrait cependant) dans les travaux de l'École italienne
sur la chlorose, trouver quelques autopsies qui tendraient à
démontrer l'exisLence d'endocardite dans les cas qu'elle considère comme des chloroses simples.
Les causes qui amènent cet état sont très-variées; nous
t'iLerons les plus fréquentes : les chagrins assez vifs pour
troubler profondement toute l'économie, les ennuis domestiques, la trop grande continence comme l'abus des fonctions de la génération, surtout l'habitude de la masturbation, l'usage immodéré des boissons alcooliques, un travail
€xcessif, les idées et les pratiques religieuses mal dirigées,
l'amour contrarié, etc., etc.
Voici, d'après notre expérience, la manière la plus avantageuso de combattre ccl élal maladif pour lequel nos ouvrages de médecine nous offrent si peu de ressources.
La saignée. employée au début, serait peut-être un des
moyens les plus efficaces pour combattre la maladie, mais
on n'est ordinairement consulté qu'à une époque où l'état
de faiblesse la rendrait préjudiciable.
l'employer, la médication qui réussit
Quand on ne pcu~
Je mieux, est celle des caux gazeuses alcalines non ferrugineuses. Elles rendent le ton à l'estomac, facilitent les digestions eLatlafjUent le mal à ·sa source, en détruisant l'état
�t2
subinflammatoire d'après le procédé que nous avons indiqué,
en parlant de l'action de l'acide carbonique et des alcalis,
principes prédominants dans les eaux de SoultzmaU. Ce
premier effet atteint, les fonctions se régularisent, la nutrition et l'assimilation cessent de languir, la menstruation devient plus facile, le système de la veine-porte fournit de
nouveau à la circulation générale les principes de la vie et
de la santé.
Je sais bien que ces e~p1icatons
seraient sans valeur pal'
elles-mêmes, mais la pratique est yenue en confirmer la justesse. Je veux à mon tour l'étayer par quelques observations recueillies ùans notre étahlissement.
OBSERVATIONS. Trois jeunes abbés sortis récemment du
séminairo vinrent à des époques difl'érentes à Soultzmatt. Je
réunis ces observations, parce qu'enes présentent beaucoup
d'analogie.
Ils avaient passé trois ans à se livrer il des - études sérieuses; leur vie avait été très-sédentaire et très-laborieuse;
les pratiques religieuses d'une part, de l'autre, les émotions
inséparables du sacrifice qu'ils avaient accompli avaient porté
.
une atteinte profonde à leur santé.
Ils étaient pâles, amaigris, toujours fatigués; ils marchaient le dos voûté, quoique le plus âgé d'entre eux eût
à peine vingt-six ans. Tantôt ils se plaignaient de bourdonnements d'oreilles, de céphalalgies parlielles, de vertiges, de resserrement de la gorge, de perte à'appétit. La
langue étaÏl naturelle, quelquefois un peu sèche; les digestions.se faisaient mal; il Y avait souvent des renvois acides,
de la pesanteul', du ballonnement du ventre, des constipations, des douleurs dorsales, des douleurs dans les membres,
des fourmillements dans les extrémités. Le pouls était hahituellement normal le matin; après le repas il devenait
at.:céléré; la face était plus ou · moins colOl'ée, et ces maJades, dont le cœur ballait iOllvelll avec force, é}H'ouvaient
�95
un élat d'anxiélù indicible. Le sommeil était quelquefoi»
calme, d'aulres fois très-agité.
J'appris alors que ce genre d'affections n'était pas rare
chez les jeunes ecclésiastiques à l'époque de leurs études au
séminaire, et je dois dire que je rai plusieurs fois rencontré depuis, surtout chez ceux qui avaient passé leur preIl,lière enfance à la campagne.
Je conseillai à ces malades de commencer la cure en buvant l'eau, en prenant des bains presque froids, et en se
donnant beaucoup de mouvement par des promenades même
fatigantes. Elle fut parfaitement supportée et amena promptement la guérison.
J'ai cherché à m'expliquer chez ces malades les bons
effets des eaux de Soultzmatt. L'acide carbonique, me
suis-je dit, a exercé une action sédative sur le système
nerveux ct circulatoire du sang. Les alcalis ont excité les
fonctions digestives, détruit l'acidité de l'estomac, activé la
sécrétion de la peau, ct imprimé par le foie des modifications à la circulation de la veine-porte, qui était languissante.
'
OnSEllVATION. Mademoiselle X .... , personne de trentecinq ans, avait passé par toutes les tribulations d'un célibat, que le cœur n'accepte qu'avec peine et que la société
tourue en ridicule. Jeune, jolie, difficile autrefois, elle n'avait
pu fixer son choix, et il était un peu tard pour choisir quand
elle s'aperçut de la faute qu'elle avait commise. Privée de ses
illusions, abandonnée peu à peu par le monde qui jadis
l'avait recherchée, clle tomba dans la tristesse et l'isolement;
sa santé se détériora, elle eut des congestions passagères
vers la tête, un état d'excitation fébrile sc manifesta bientOI, ses joucs pâlirent, elle maigrit; et il trenle-cinq ans,
à cel âge ou la femme est attrayante par sa force ct son
aplomb, où elle possède peut - être des attributs qui la
l)]acent dans l'esprit de beaucoup d'hommes au - dessus
�94
~
ùe la jeune fille, elle semblait marcher vers une précoce
vieillesse. Je n'essaierai pas de décrire én détail la foule
d'infirmités dont elle était atteinte: vertiges, pesanteurs
vers la tête, douleurs le long du dos, douleurs intercosfourmillements des
tales, tiraillements dans les me~brs,
extrémités inférieures, spasmes, troubles de la vue, gêne
dans la mâchoire, bourdonnements d'oreilles, baltemen(s
du cœur, ilTégularité du pouls, douleurs précordiales,
douleurs du côté de l'estomac et du foie, digestion souvent , difficile, tantôt appétit vorace, lantôt dégoût des alimenls, menstruations irrégulières et douloureuses, quelquefois leucorrhée; . nuits tantôt bonnes, tantôt troublées par
des cauchemars ou des insomnies. Je n'ai fait qu'éb:lllcher
rapidement ces symptômes variés qui, s'étant successivement surajoutés les nns aux autres, faisaient de la vie de
celle jeune femme un véritable supplice.
Comme on peut le prévoir, la médecine eut peu de prise
contre celte maladie, et la malade, faliguée de son médecin
autant que le médecin était fatigué de sa malade, vint, d'après son conseil, à Soultzmatt. Le dirai-je, bientôt eut lieu
une véritable m6tamorphose, à laquelle le beau site de
notre pays, les distractions que donne la société, n'curent
peut-être pas la moindre part. Bientôt nous pûmes consta(,el' les heureux effets du traitement. Le système nerveux ct
circulatoire se calmèrent, et nous vîmes, l'un après l'aulre,
disparaître tous ces symptômes qui jetaient le trouble dans
l'économie. Au bout de quinze jours déjà, la jeune femme,
fraiche, gaie, spirituelle, avait remplacé cet être que nous
avions reçu pâle, maigre, presque décharné, et dans un état
de torpeur physique ct morale.
C'est que l'acide carbonique avait calqlé le système nerveux, c'est que le sang avait repris s,on libre eours, et que,
sous l'influence des alcalis, la veine-porte, retrouvant ses
fonctions, la digestion était redevenue e'Xcellente. Puisse
�celle observation fixer l'allention des médecins; ils s'épargneront bièn des tribulations, bien des ennuis, et ne mettronl pas leur réputai~n
en 'jeu en venant combaLLre des
maux contre lesquels la médecine pharmaceutique est impuissante. Ce sont là des malades qui, de droit, appartiennent aux eaux du genre de cenes Je Soultzmatt.
OBSERVATION. Mademoiselle, B. .... , âgée de trente-trois
ans, nièce d'un curé du Bas-Rhin, vint à Soultzmatt pr(~
sentant des symptômes assez analogues à ceux que nous
venons de décrire' dans l'observation précédente. Son médecin avait épuisé à peu près toute sa science. Tantôt il la
faisait saigner, pour combattre des congestions momentanées qui semblaient ,devoir déterminer des attaques d'apoplexie, tantôt jlu~
donnait du fer et d'autres toniques pour
relever les forces; car il arrivait souvent à la malade de se
plaindre d'une faiblesse extrême; alors le pouls qui, quelques jours auparavant, avait été plein, vibrant, devenait
faible et filiforme. Découragé par l'emploi de tant de traitements inutiles, son médecin l'envoya à Soultzmatt. Au
Lout de dix jours, l'amélioration était tellement remarquable, que cette malade se crut guérie , Ses affaires, peut-être
u,n peu de nostalgie, la firent quiller les bains au moment
où elle était sur le point d'obtenir une guérison solide;
mais, infléxiblc dans sa détermination, cUe retourna chez
elle. Le mieux ne s'est continué que pendant quelques mois,
comme nous l'avions prédit. Celle personne n'a, à la vérité,
pas recouvré sa santé dans notre établissement, mais elle
en est partie bien convaincue que Soultzmatt est le lieu où
tôt ou tard elle pourra, quand elle le voudra, trouver sa
guérison.
Les eaux qui contiennent du fer ne conviennenl pas dans
les cas de ce genre, Voici deux observations recue.illies par
M. le docteur nACll, qui viennent il l'appui de cetle manière
de voir:
�H6
1
Je me trouvais à Griesbach, lorsque je fus consulté par
Mad. S .... , de Mulhouse '. pour sa fiUe, jeune personne,
qu'on envoyait ~ ces eaux pour la guérir de pâles couleurs
qui avaient resislé aux préparations ferrugineuses et aux
traitements les mieux institués, mais tous dirigés d'après
ce diagnostic. On avait même, en passant par Strasbourg,
consulté un médecin inslruit qui lui avait aussi conseillé les
eaux de Griesbach. Le traitement fut religieusement suivi,
et eut pour résultat de jeter la malade dans un état d'excitation indicible. A mon arrivée, on me pria de vouloir
bien donner mon avis sur cc qu'il y avait à faire. Je n'eus
pas de peine à reconnaître la maladie que je viens de décrire. J'envoyai cetle jeune personne à Uippolsau , source
voisine, qui est bien moins ferrugineuse; j'ordonnai le petit
lait. Au bout de huit jours. les accidents causés pal' l'emploi intempestif des eaux de Griesbach élaient calmés; un
mois suffit pour amener une améliora lion notable. S'ils avaient
apprécié à leur juste valeur les eaux de Soultzmatt, les
médecins qui donnèrent des soins à celte malade auraient
pu , sans beaucoup l'éloigner de chez elle, lui procurer une
guérison rapide: car nos eaux, dans ce cas, sont préférables à celles de Rippolsau. Mais, encore une fois, nul
n'est prophète dans son pays.
OnSEIlVATlON. Mademoiselle L .... , de Strasbourg' , âgée
de dix-neuf ans, grande, svelte, d'un tempérament lymphatique ct sanguin, comme on le rencontre si souvent en Alsace, avait toujours joui d'une bonne santé; elle était hiell
menstruée, et n'avait présenté aucun symptôme de ehlorose.
Vers le printemps de celte année, elle éprouva la plupart
des symplômes qui caractérisent la maladie que nous venons
de décrire. Elle avait du souffie carotidien et même du souffie
cardiaque. Le pouls s'élevait quelquefois à 150 pulsations
après les repas ou à la suite de l'émotion la 1)1u5 légère.
Les nuits étaient agilées; il Y a,'ai l, vers le matin, des
�97
sueurs abontlantes; l'appétit avait fléchi, la faiblesse était
extr.ême; le moral était dans un granù abattement. Cette
malade, que j'avais autrefois traitée, se trouvant accidentellement à la campagne, dut consulter un autre médecin:
il prescrivit le fer. Peu de jours après son administration,
le mal augmenta. Les préparations martiales furent tellement mal supportées qu'on se hâta d'y renoncer. Je fus
alors consulté pour faire cesser l'état d'excitation, qui était
arrivé à son apogée. J'aurais hien désiré recourir à la ' saignée; mais la dépression des forces m'empêcha ici d'employer ce moyen, qui, dans le principe, certainement aurait
été le plus efficace. Je prescrivis un régime lacté, qui fut
mal supporté, puis les acides, l'eau de laurier-cerise, à haute
dose, et l'eau ùe Soultzmatt. Des raisons, qu'il serait trop
long de détailler, me forcèrent de ne conserver que ces deux
derniers moyens. Je donnai des bains alcalins et émollients.
Au hout de peu de jours, l'état d'excitation diminua. Le
souille carotidien. l'élévation du pouls, devinrent moins
intenses. En un mot, cette prétendue chlorose s'évanouit.
Le fer aurait tué cette malade. Un régime doux, calmant, des préparations hyposthénisantes, l'eau de Soultzmatt, surtout, amenèrent la guérison. Ces deux observations
m'engagent à tlire quelques mots sur les cas de chlorose
où il convient de recourir aux eaux de Soultzmatt, ne
pouvant assez engager les praticiens à se défier de ces
états chlorotiques douteux, pour lesquels les préparations
martiales et les caux ferrugineuses son t un véri table poison.
DE 1.;\ CIlLOROSE VRl\IE (1);\LES COULEURS).
La chlorose est une affection qu'on ne rencontre li"anche
que chez les jeunes 'filles à l'âge de la puberté ; car lorsque
des symptômes simulant la chlorose sc manifestent chez des
on pellt
personnes plus âgées ou chez des femmes m~riées,
7
�D8
à peu près être certain, comme nous l'avons déjà tIit,
qu'on a affaire à une maladie d'un autre genre.
La chlorose tient à un vice de l'hématose et à une diminution de la partie rouge du sang et de la fibrine. Ses caraetères les plus tranchés sont indiqués dans tous les
ouvrages : nous n'avons pas à nous en occuper.
Les eaux de Soultzmatt ne sont peut-être pas les plus
efficaces dans les affections chlorotiques exemptes de toute
complication: pour celles-là c'est le fer et les eaux minérales
fermgineuses qui conviennent par excellence.
Mais lorsque la chlorose atLeint des sujets dont la constitution ne permet pas l'emploi des ferrugineux, ou que la
durée de la maladie a porté une atteinte plus ou moins
profonde aux organes digestifs; au système n~rveux,
ou,
ce qui n'est pas rare, qu'en abusant des ferrugineux, on ait
détérioré tout l'organisme et déterminé des congestions locales
sur différents organes, on trouvera dans les eaux de Soultzmatt un des moyens les plus précieux pour obtenir la guéflson.
alleint
La chlorose, comme on n'cn a qne trop d'ex~pls,
bien souvent les jeunes filles dont la poitrine est délicate,
ou qui sont scrophuleuses. Souvent même cette ehlorose
cache à un œil qui n'est pas hien exercé les prodromes de
la phthisie pulmonaire. Cet état morbide est parfois critique,
et doit être respecté par le médecin; je dis plus, ce n'est
qu'en cherchant à imiter, par une médication appropriée,
ce que quelquefois fail la natnre, qu'il peut arrêter la
marche de la phthysie galopante. L'administration des préparations ferrugineuses ne tarde pas à amener de l'excitation fébrile. de la toux. des congestions pulmonaires, des
hémoptysies. Dans les cas de ce genre, les caux de Soultzmatt, qui sont hyposthénisantes, nous ont paru être fort
utiles; elles arrêtent le travail d'excitation, et produisent
une espèce de chlorose artificielle.
�Si la poilrine est compromise, nous conseillons le petit
lail. Nous avons aussi, dans ces cas, employé l'eau balsamique (cachet rouge), surtout quand les menstrues étaient
trop abondantes, ou qu'il y avait des hémorrhagies nasales
qui compromettaient les forces. Ce traitement, sans doute.
n'attaque pas directement la chlorose, mais il met les malades dans dcs cond itions très-favorables pour la guérison.
L'air excellent de notre vallée, une nourriture substantielle,
des promenades à âne dans nos forêts de sapins, agissent
d'une manière bien plus avantageuse que ne l'eussent fait
des eaux ferrugineuses, dont J'activité pouvait devenir funeste. Les guérisons que nous oMenons chaque année sont
une preuve de plus qu'il ne faut pas toujours employer le
fer contre la chlorose. Détrui['C la cause qui amène ou entretient celte affection, c'est se placer dans la voie la plus
sûre pour la combaltre victorieusement.
Lorsque la chlorose a résisté aux préparations ferrugineuses, qu'elle s'est reproduite souvent, ou qu'on a, si je
puis m'exprimer ainsi, saturé de fer les individus, il vient
ordinairement un moment où ces préparations n'agissent
plus contre cette maladie. Bien plus, ce médicament exerce
le plus fâcheux effet SUl' la santé. Les digestions sont difficiles, la langue est sèche, l'estomac sensible, souvent il y a
des vomissements, perle complète d'appétit, constipations
.opiniâtres, état fébrile, congestions locales, hémorrhagies.
Les eaux ferrugineuses triomphent rarement d'un étal
semblable. Les eaux gazeuses alcalines sont, au contraire,
d'une utilité réelle. Elles rétaùlissent les organes digestifs;
les digestions deviennent plus faciles; quelques purgatiJs
salins sont utiles pour faire cesser les constipations; mais il
n'est pas rare de voir les selles se l'établir d'elles-mêmes,
et l'état d'excitation ct de congestion locale disparaîh'e.
ÛnSERVATION. Mademoiselle X .... , de 1-1.. .. , âgée d~
"ingt-deux ans, ét.ai t chlorotique depuis trois ans, ct avait
�'1 00
pris lIDC énorme quantité ùe l'cr, Il'cn obtenant jamais
qu'un mieux momentané, qui se manifestait par plus d'énergie et pal' moins de pâleur. Mais dès qu'elle cessait ce méùicament, les pâles couleurs reparaissaient. La menstruation
était presque nulle; on percevait le souille carotidien. Les
organes digestifs étaient tellement détériorés, que la malade
ne supportait qu'avec peine les aliments les plus légers; la
langue était rouge à la pointe; il Y avait des constipations
opiniâtres, un état de tristesse indicible. La malade fut
envoyée à Soultzmatt, où elle but pendant quatre semaines
les eaux, prit des bains frais, fit beaucoup de promenades.
L'appétit revint, toutes les fonctions commencèrent à reprendre leur force et leur intégrité; la chlorose disparut,
la menstruation se rétablit, et la malade a quitté l'établissement dans un état de santé parfaite. (B.)
Une des complications les plus fréquentes dans la chlorose
est la névrose de l'estomac ou d'autres organes. Lorsqu'elle
n'est pas portée à un haut degré, les eaux ferrugineuses,
qui toutes sont gazeuses et alcalines, peuvent parfaitement
convenir. Mais combien ne voit-on pas, chaque année, de
malades qui fréquentent ces sources, ne pouvoir supporter
ces eaux qu'avec la plus grande difficulté, et encore en les
prenant en quantités tellement faibles qu'eUes cessent d'être
efficaces. Nous connaissons des malades qui, après quinze
jours de traitement, n'avaient pas pu alTi ver à boire un
verre entier d'eau ferrugineuse. Il aurait souvent fallu deux
mois de séjour aux eaux l)our arriver il quelque résultat, et
on sail que malheureusement la saison est pour la plupart
des personnes limitée il vingt-un jours, à un mois au plus.
Le médecin qui prévoit la possibilité d'un pareil contretemps dans une cure, devrait, ce nous semble, choisir de
préférence une eau capable de rétablit' les fonctions digestivcs, sauf il recourir plus tard à UDe source plus active
dans cc genre de maladie. D'aillcurs nos eaux mettent pres-
�101
que toujours les chlorotiques en étal de pouvoir supportm'
le fer: il n'est pas rare que, vers Ja fin de la cure, nous y
recourrions avec beaucoup de succès.
Bien souvent, dans la chlorose, il y a des leucorrhées ou
des menstrues trop abondantes. Ce sont deux causes fréquentes qui entretiennent le mal et entravent les traitements.
Depuis la découverte de l'eau balsamique, nous combattons
ces deux affections par ce nouveau moyen, sans cependant
pour cela cesser l'usag'e de l'cau minérale. L'eau balsamique, comme M. An NOL]) le démontre dans un mémoire
sur ce sujet, tarit les leucorrhées les plus rebelles tant qu'elles
ne sont pas entretenues par une lésion organique. Elle a
aussi une action pui'ssante sur les menstrues trop abondantes. Nous engageons les médecins à lire dans cet ouvrage
sur l'eau balsamique le chapitre dans lequel il est traité de
ce genre d'afrection.
§ 2. De la prédominance veineuse (status venosus, erMhte Venosital des Allemands). entraînant des congestions veineuses
vers le {oie et le système de la veine-porte, le cerveau et
d'aut1'es organes. États morbides que ces congestions déterminent. Action des eaux de Soultzmatt.
Nous venons de voir l'effet fàcheux des congestions locales dans le système capillaire artériel. Quelque ' chose
d'analogue a lieu pour le système veineux, mais amcne
d'autres symptômes. Comme dans le cas précédent, cet élat
dn système veineux n'est pas dans le principe une maladie,
comme le fait très-bien observer M. le docteur l(ullN. Cc n'est
qu'une simple disposition morbide, de laquelle peuvent naître
une foule d'affections diverses, de symptômes variés. Voici
en quels Lermes ce médecin si distingué s'exprime sur cc sujet.
«Cet état, assez peu étudié en l<'l'ancc, où l'on sc dôbat en«core d'une manière lrop exclusive dans le cercle Ile l'il1'i-
�'1.02
«talion, a fortement alliré l'allenLlon des médecins alle«mands. Il dépend d'une hématose imparfaite, et consiste
«non-seulement dans une prédominance quantitative du sang
«veineux sur le sang artériel, mais encore et surlout d'une
«prédominance qualitative, ce qui veut dire que les carac«tères du sang veineux prédominent dans toute la masse
«sanguine. En effet, le sang veineux ne se transforme plus
«qu'incomplétement en sang artériel; ce dernier conserve
II plus ou moins les caractèl'es du premier, et ne perd pas
(( tout le carbone et tout l'hydrogène dont il devrait être dé«barmssé pour que l'hématose artérielle fùt entière et com«pIète. La cause d'un pareil désordre gît le plus souvent
«dans l'organe sécréteur de la hile.» De fait, tantôt c'est
le foie, tantôt c'est le poumon, le rein ou la peau qui,
remplissant incomplétement les fonctions qui leur sont départies, laissent séjourner dans la circulation générale des
principes qu'ils étaient chargés d'éliminer. De plus, ces
organes, quoique dans leur intégrité physiologique parfaite,
peuvent, par les conditions dans lesquelles l'homme est placé,
rencontrer des obstades qui contrarient leur action. Que l'air
soit vicié, peu riche en oxigène, comme nous l'observons pal'
les chaleurs excessives, le poumon ne reçoit pas assez d'oxigène pour décarhoniser le sang. Qu'une nourriture trop succulente, trop substantielle, trop riche en principes sucrés
arrive au foie par le système de la veine-porte, l'élaboration
départie à cet organe est incomplète, et le sang reçoit des
éléments qui, pônétrant dans la grande circulation, déposent
dans l'économie des principes nuisibles à l'équilibre général
indispensable à la santé (voir pages U" 53).
La paresse corporelle, si fréquente chez ceux qui abusent
d'une nourrilure sucr.ulente eL substantielle, les empêche,
surLout en été, lie sc livrer à certains exercices qui activeut
la circulation hépatique ct le jeu du poumon, de sorte que
ce sont ceux qui dcvraienl se ùonner le plus de mouvement
�105
qui s'en dOllnen( le moins. De cc défaut d'action LlaÎt l'obé.
sité cl les phénomènes de congestion veineuse que nous
allons décrire.
Les symlltômes les plus fréquents de la prédominance
veineuse sont une lenteur et une gêne de la circulation,
donnant lieu il des stases sanguines, des pléthores partielles,
surtout dans le foie el la veine-porte, fréquemment aussi
dans le cerveau et le poumon et dans d'autres organes; de
la des hémorrhoïdes, des congestions du foie, de la tête, de
la poitrine, des engorgements passifs, des dilatations variqueuses, etc.
La dyscrasie veineuse produit encore une foule de désordres dans le système nerveux, des accidents hypocondriaques, mélancoliques, des névroses gastriques, des symptômes paralytiques; elle est souvent l'origine du vice arthritique et de la gravelle" comme nous l'avons dit ailleurs
(page 58).
«Les individus qui en souffrent présentent plus ou moins
leur
«l'habitude cholérique, mélancolique ou phl~gmatique;
« teint est ordinairemeut brun-jaunâtre; la peau sèche, peu
«disposée à la transpiration; les cheveux foncés; le pouls
«est le plus souven t l'are, plein et parfois irrégulier; la
1( langue presque toujours blanche, gonflée, laissant voir l'im({pression des dents; l'appétit souvent prononcé, quelquefois
<rcependant variable j la soif peu marquôe; les urines rares
«et foncées; les selles peu fréquentes, plus ou moins solides,
«desséchées et brunâtres.}) (KUIJN).
Mais disons-le de suite, ces signes sont loin d'être constants, car lorsque cct état n'est pas héréditaire, mais
qu'il esl acquis par les écarts de régime que nous avons signalés, on ne retrouve pas tous les caractères qui viennent
d'être indiqués; alors, le plus souvent, la face est colorée
et a une teinte bleutltre qui prouve que l'hématose est
entravée et incomplète.
�104
Comment nos eaux peuvent-elles être utiles dans la congestion veineuse? C'est en agissant sur le système de la
veine-porte et sur la sécrétion urinaire, comme nous l'avons
démontré lorsque nous avons parlé de l'action des alcalis
sur le foie et sur les reins. (Page 1.. 4 et 53).
Dans les cas où la circulation est fortement entravée, et
lorsqu'on pourrait craindre de ne pouvoir modifier toute ]a
masse du sang, il sera inùispensable d'en diminuer immédiatement la quantÏlé par des émissions sanguines; les eaux
. agiront alors plus sûrement, et on n'aura pas à craindre les
effets primitifs du gaz acide carbonique contenu dans nos
eaux. (Page 31).
C'est une étude intéressante <tue de suivre l'effet des congestions veineuses sur les différents organes: elle a une haute
portée pratique, et les observations que je vais rapporter
prouveront mieux que toutes les idées théoriques les avantages qu'on peut retirer des eaux de SoulLzmatt.
L'état congestif à son début est à peine appréciable;
mais que les causes qui le déterminent viennent à agir d'une
Jllaniè're permanente, il en résulte un trouble général dans
toutes les fonctions, sans que souvent aucun organe soit
particulièrement affecté.
'
ÛnSERVATION. Malade presentant des congestions de la plupart des organes, traité avantageusement par les eaux alcalines.
- M. M ... , de Bordeaux. âgé de soixante ans, voyageant
pour une maison qui faisait le commerce de vin ùe Bordeaux
et de liqueurs, avait trop goûté sa marchandise en la faisant
autres. Il avait eu autrefois un excellent appôgoùler au~
lil, qu'il avait l'habitude de satisfaire aux meilleures tables
d'hôLe ùes villes où il passait. Jusqu'à l'âge de cinquante
ans, il se .'essenLit peu de cette manière de vivre; mais peu
f1 peu il 6prouva dcs congestions vers la tête, des éhlouissements, des verligcs; sa face et son nez surtout prirent la
teinle caraclüristique du gCIll'e d'excès auxquels il se Ih'l'ail.
�10i)
La circulation devint lente, quoique le pouls fùt plein; la
respiration était courte, ce qu'il alLribuait à son obésÏLé.
Il sè fit souvent tirer du sang; il éprouvait de la gêne
et souvent de la douleur du côté du foie; les digestions se
faisaient mal; il perdit· l'appétit, ce qui augmenta encore
sa propension pour les boissons fortes et les aliments de
haut goût. Il eut des hémorrhoïdes; la marche devint pénible, il avait des tiraillements dans les membres; les urines
• élaient chargées. Je lui conseillai des applications assez
fréquentes de sangsues à l'anus, l'usage du bicarbonate de
soude et des eaux alcalines artificielles, parce qu'il ne pouvait, en voyage, continuer les eaux de Soultzmatt, dont il
avait éprouvé les bons effets pendant un usage de quelques
jours, et surtout je l'engageai à renoncer à son régime trop
excitant. Il a suivi mon conseil: je l'ai revu depuis, et SOIl
état s'est beaucoup amélioré. (B.)
Si, continuant le régime qui avait amené cet état congestif, ce malade n'avait pas eu recours au traitement que
je lui ai conseillé, il est plus que probable que quelque
organe serait devenu le siége de l'un des Nals morbides
que nous allons décrire.
I. AFFECTIONS DU l'OIE.
Le foie, qui reçoit ses principaux matériaux de la veineporte, doit nécessairement être l'organe le plus menacé,
du moment où le sang qu'elle transporte n'est pas dans son
état physiologique parfait.
Nous avons indiqué théoriquement (pages lH et li.li.) quels
étaient les causes de viciation du sang de la veine-porte ct
fait pressentir les inconvénients qui en résulLaicnt pour le
foie. En même temps IlOUS avons posé, Cil nous fondant
sur la chimie, le mode d'action des alcalis, pour ramener le
sang à 'son élat normal. Voici des l'ails à l'appui de noIre
manièl'C de voir:
�106
Gêllc dans la cirClûation Itépatique. ConOnSEllVATION. gestions vers cet organe. Efficacite remarquable de l'cau dc Soultzmatt. - M. B., de Strasbourg, âgé de quarante-cinq ans,
d'un tempérament nerveux et bilieux, ayant le teint jaunâtre,
un peu d'obésité, un caractère irritable, se plaignait souvent
de douleurs vagues du côté droit; toute fatigue dans le jeu
du diaphragme; la lecture à haute voix, par exemple, avait
pour effet d'augmenter le mal. Il, me consulta, je ne pus
constater aucune augmentation notable dans le volume du
foie. Les digestions étaient assez laborieuses, surtout pour
le maigre; la viande était mieux supportée et ne donnait
lieu à aucun gonflement. Des ventouses furent appliquées;
plus tard j'ordonnai un emplâtre de vigo, et le bicarbonate de soude à l'intérieur; l'amélioration fut notahle, mais
elle ne persista qu'autant qu'on continuait le traitement.
Je conseillai alors l'usage permanent de l'eau de Soultzmatt, à jeun et pendant les repas. Chose digne d'être signalée, dès qu'une interruption est apportée dans l'usage de
l'eau de Soultzmatt, la douleur se fait sentir, mais à un degré fort léger. (B.)
Ici, comme on le voit il n'y a pas de maladie. Mais. en
abandonnant .à la nature une pareille tendance aux congestions hépatiques, n'a-t-on pas à craindre, par la suite,
quelque affection organique. C'est daus les cas de cc genre
que les effets des eaux me paraissent mériter toute l'attention du médedn; car il peut, par des moyens simples, prévenir des maladies chroniques, qui, si faciles à détruire à
leur début, présentent plus tarù beaucoup de gravité et
SOuvent sont au-dessus des ressources de l'art.
Quand la congestion Il duré un certain temps le foie s'engorge et peul devenir douloureux. Cet état entraîne des
tlésordl'es fonctionnels conlre lesquels les eaux de Soultzmall
peuvent êlre employés avec heaucoup d'avantages. Nous en
t'ilerolls plusieurs exemple.
�107
OnSJUlVATION. Engorgement dit {oie. Perte cl'appetil. Digestion des plus di{ficiles. Amat·grissemenl. Guérisonpar les eaux
cie Soultzmatt. - Madame M..... , de Strasbourg, âgée de
cinquante ans environ, avait autrefois cu une gastralgie Jonl
nous parlerons plus tarJ. Au mois de novembre 1851, clle
cut une arthrite aignë qui parcourut successivement toutes les
articulatioll5. A peine ce mal avait-il cédé, qu'il survint une
bronchite aiguë grave, à laquelle succéda un engorgement
ùu foie, facile à reconnaître il la percussion ct à la douleur
qu'on déterminait en touchant celle région. Des applications
ùe sangsues, des cataplasmes firent disparaître les accidents
inflammatoires. Mais les digestions restèrent difficiLes, il Y
avait une constipation opiniâtre qu'on ne pouvait vaincre
que par des I.lUrgatifs ou des lavements. Tout à coup surVint une hématémèse abondante qui jeta La malade dans
Un grand état de prostration.
J'attribuai cet accident à une difficulté dans la circulalion des veines hépatiques, car je connaissais un fait du
même genre, observé à la clinique de M. le professeur
SCllÜTZENDEUGEll; ce cas s'étant terminé pal' la mort, on
avait, à l'autopsie, pu constater la prés~nce
dt' caillots
oblitérant ces veines. L'hématémèse ne se reproduisit pIns;
mais les digestions restèrent difficiles, la constipation persista : je ne parvenais à La vaincre que par les purgatifs.
Après trois mois de malaùie, suivis d'une convalescence incomplète, je fus, dès que la saison le permit, heureux de
POUVOil' envoycr cclle malade à Soultzmatt. D'après les
idées théoriques que j'ai émises SUI' l'action de ces eaux, je
devais compter SUI' leur bon effet; dans celle circonstanco
je ne m'étais pas trompé. Un séjour de six semaines, pendant lesquelles la malaJe but l'eau de la souJ'ce et prit des
bains, amena Ulle guérison complète qui ne s'est pas ùéluentie. (n.)
OJJSEllVAl'lON. Madame Groshcitz, de Domach, âgée
�108
de quarante-cinq ans, avait un engorgement du foie, qu'il
était facile de reconnaître; le lobe gauche seul était voluruineux et scnsible à la pression; les digestions étaient difficiles, elle avait des constipations. Elle vint pour la première
fois à Soultzmatt en 1847; elle obtin t une améliora tion
notable, mais (',omme la maladie était assez ancienne, elle
crut, d'après les conseils d!:l son médecin, devoir de nouveau prendre nos caux. Elle vint pendant trois années consécutivement, resta trois semaines chaque fois à Soultzmatt,
où elle but l'eau et prit les bains: la guérison fut complète
et durable. (A.)
ÛnSERVATlON. - Madame V., de Beufeld, âgée de quarante-cinq ans, avait éprouvé des symptômes annonçant le
retour d'âge. Le foie s'était engorgé, les digestions étaient
souvent très-difficiles; il Y avait des signes évidents d'état
congestif; elle vint à Soultzmatt en 18 /,.7, Y suivit la cure
pendant trois semaines et guérit complétement. (A.)
ÛnsERvATION. -M. Smoll, d'Ûbm'cntzhcim, vint à Soultzmatt pour se débarrasser d'un engorgement du foie, paraissant tenir à la cause que nous venons de décrire ct qui avait
déterminé la pcrte complète de l'appétit et des digestions
très-difficiles, il était tourmenté de constipations opiniâtres.
Il but l'eau, prit des bains: les constipations disparurent
sans l'emploi des purgatifs, et il guérit après trois semaines
de traitemen L (A.)
Nous venons de citcr des observations dans lesquelles les
engorgements du foie ont disparu avec plus ou moins de
rapidité. Si notre manière de voir est exacte, nous croyons
pouvoir établir deux catégories d'engorgements du foie. La
première, qui a pour cause les congestions veineuses et l'altération du sang de la veine-porte. Dans ces cas tout l'organe est envahi, son volumc est quelquefois considérable,
rarement il est doulourcux, à moins que cet état n'ait amené
ulle inflammatioll subs('quc/lle. C· sont les engorgements
�{Of)
qui cèdent le plus rapitlemcut à l'usage de l'cau de Soultzmatt, parce que les alcalis contenus dans nos eaux ne tardent
pas, comme nous l'avons démontré, à modifier l'état du
sang de la veine-porte (page 44).
La seconde catégorie est celle où l'inflammation a été le
point de départ de l'engorgement: il est alors le plus.souvent
partiel, douloureux au début, il est même rare que la douleur ne persiste dans un point circonscrit avec plus ou
moins d'intensité. Les eaux de Soultzmatt ont dans les cas
de ce genre une action beaucoup plus lente, mais non moins
efficace. Elles agissent d'après le procédé que nous avons
indiqué en parlant de l'action de l'acide carbonique et des
alcalis sur l'inflammation et ses produits (page 38).
C'est ainsi que nous expliquons des fails dont M. DURANDFARDEL, en traitant des eaux de Vichy, n'a pas cru devoir
donner la solution.
A. Engorgement dtl foie avec ictère. - Parmi les symptômes
auxquels l'engorgement du foie donne lieu, l'un cles plus
sérieux est l'ictère. Nous n'examinerons pas ici par quel
mécanisme vital il pent sc produire. Lorsque cet élat morhide tient seulement à l'engorgement, il est curable à Soultzmatt, peut-être, aussi bien que par les eaux qui ont des
propriétés purgatives. Si Niederbronn a la réputation d'être
très-efficace coutre cc genre d'affection, cc n'est pas seulement 11arce que ses caux sont ])urgatives, mais aussi parce
qu'elles renferment des principes alcalins, assez analogues
il ceux qu'on trouve dans les eaux de SoulLzmatt. Dans ces
cas cependant, je crois qu'il est utile, contre l'avis de MÉGLIN, d'associer quelques purgatifs aux alcalins.
OUSEUVATION. Un jeune homme, âgé de trente ans environ, vint me consulter pour un engorgement du foie ct
un commencement d'ictère, qui se faisait reconnaître par
la coloration de la sclérotique et une légère teinte jaunàtl'c
de la peau. On lui avait fait inutilement prendre des !)ur-
�110
gatifs. Il prit le bicarbonate de soude, et fut guéri '1)ar ce
seul remède. Ce fait prouve l'utilité des principes minéralisateurs des eaux de SoulLzmatt dans les engorgements du
foie avec tendance à l'ictère. (B.)
OnSEltVATlON. 1\1. B.... , d'Éguisheim, âgé de cinquante
ans environ, était' atteint depuis plusieurs années d'un engorgement du foie, qu'on pouvait facilement reconnaître à
la percussion. Les digestions étaient difficiles; il Y avait
constipation. Tout à coup survint un ictère, qui résista aux
purgatifs. Il ,'int à Soultzmatt. Il y avait un an que ce
symptôme persistait; le malade avait beaucoup maigri,
mais n'avait point de fièvre, d'où je canclus que la maigreur tenait seulement au défaut d'assimilation. L'eau fut
prise à la dose de 8 à 10 verres par jour: elle eut un effet
légèrement purgatif. Bientôt, après quelques bains, l'ictère
disparut, mais l'engorgement du foie ne céda pas entièrement. Il aurait été indispensable, pour arriver à cc résultat,
que le malade restât bien plus longtemps aux eaux. (A.)
Dans des circonstances semblables, il faudrait" après une
cure ordinaire à l'établissement, prescrire l'usage de J'eau
pendant six mois et plus, avec quelques interruptions, pour
obtenir une guérison parfaite.
OBSERVATION. - Richtmüller, âgéde cinquante ans environ, habitant Soultzmatt, était, depuis plusieurs années,
atteint d'un engorgement du foie avec iClère, qui avait
résisté à tous les traitements. 11 était pauvre, ne vivait que
du travail de ses mains; la maladie le jeta dans la misère
la plus profonde. Je lui donnai tous les médicaments que
je croyais-pouvoir lui être utiles, mais son état ne s'étant
pas amélioré, je lui conseillai, en désesl)oir de cause, de
profiler de la facilité qu'il avait de sc procurer les caux de
Soultzmatt, et d'en boire ]llusieurs litres par jour. Mon avis
fnt suivi, et j'eus la satisfaction de voir, au bout de Irois
mois de IraÎtement, disparaître celle affection 'lui avait {'Ié
�Hi
si rebelle, ct aujourd'hui cc malade jouit d'une santé parfaite.
B. Engorgement du (oie avec hydropùie ascite. - Nous
avons- vu par quel mécanisme le foie s'engorge; que
ccL état soit porté au plus haut degré, il vient un moment où la circulation veineuse se trouve tellement entravée, que le passage dù sang à lra vers la veine-porte
est à pell près impossible. Or, toules les fois qu'une veine
principale est oblitérée, il arrive ce que nous observons
dans la phlébite, il se fait une infiltration séreuse; c'est là
la source de beaucoup d'hydropisies qui ne peuvent se dissiper que de deux manières différentes: 1 0 en rétablissant
le passage libre du sang qui momentanément ne pouvait
suivre son cours ordinaire; 2° en facilitant l'absorption du
liquide épanché, pour le soumettre à l'action éliminatrice
des émonctoires naturels du corps.
L'eau de Soultzmatt est, d'après les propriétés qu'elle
possède, et que nous avons cherché à faire ressortir (pages
-i . ~ . , 50, 53) appelée à satisfaire à ces deux indications. En
effet, elle détruit les engorgements du foie, active la sécrélion cutanée ct la sécrétion urinaire.
OUSERVATION. M. R ..... , cultivateur, âgé de cinquante
ans, était depuis plusieurs années alteint d'un engorgement
du foie dont la cause était assez obscure. Tl avait imparfaitement suivi plusieurs traitements, qui avaient été inefficaces.
Dans le courant de l'année 18!~O,
pendant l'hiver, il remarqua que le ventre devenait plus volumineux; la peau
était sèche, et l'excl'étion des urines peu abondante. 11 était
facile de reconnaître un commencement d'ascite. La plupart
des diurétiques ct les purgalifs qui furent employés n'amenèrent (Iu'llne amélioration momentanée. On lui conseilla
de se rendre à Soultzmatt. Après quelques jours de trailement, pendant Jesquels il bnl l'cau de la source à la dose
de 6 à 10 verres par jonr, il vit le cours des urines sc ré-
�H2
tablir, chaque nuit il avait des sueurs abondantes. L'ascite
disparut au bout de trois semaines. Je reconnus alors l'engorgement du foie, ce ' qui me détermina à faire continuer
l'usage de l'eau pendant longtemps. J'ai depuis revu ce
malade : l'engorgement du foie a presqu'entièrement disparu, et l'hydropisie ne s'est plus reproduite. (B. )
Il ne faut pas se le dissimuler, ce ne sera que dans des
cas de ce genre qu'on pourra espérer retirer quelque avantage des eaux de Soultzmatt. Car les eaux sont généralement
ntdsibles, lorsqu'il y a disposition à infiltration générale, et
que le sang sera profondément appauvri. Si des eaux du
genre des nôtres devaient être essayées, il faudrait plutôt
avoir recours à celles qui renferment du fer en proportion
notable.
Mais lorsque le foie remplit mal les fonctions qui lui
sont dévolues, il n'est pas seul à en souffrir; les désordres
qui en résultent ne s'arrêtent pas aux fonctions digestives,
comme on pourrait le croire par un examen superficiel,
mais, ainsi que nous l'avons déjà fait pressentir, il peut entraîner une foule de lésions très-diverses dont nous allons
parler.
C. lIémorrhoïdes. - L'anatomie nous démontre que les
veines hémorrhoïdales sont des vaisseaux de retour, qui,
pour la plupart, se terminent Jans la veine-porte. Que celle
circulation soit entravée, les vaisseaux hémorrhoïdaux se
congestionneront. Les eaux de Soultzmatt peuvent, nous 10
savons, lever ces obstacles. Un seul exemple, pris entre
heaucoup d'autres que nous pourrions citer, viendra confirmer notre manière de voir.
On EI\VATIO • lfémorrlwïclcs très-douloureuses. Guérison par les eaux de Soultzmatt. - M. II., figé de cinquante
ans, était all'ccté d' hémorrhoïdes, qu'il attribuait à une vie
trop sédentaire. Peut-être sa manière de vivre trop substantielle, son appétit presque vorace, n'étaient pas étrangers
�113
à cette infirmité. Depuis quelques années, il était devenu
obèse. A des époques plus ou moins éloignées, les boutons
hémorrhoïdaux qu'il avait au pourtour de ranDs s'engorgeaient et devenaient très- douloureux. Les sangsues, les
bains de siége, les bains généraux n'amenaient qu'une amélioration incomplète et momentanée. Il vint à Soultzmatt
pendant quatre ans, et fit chaque fois uri séjour de deux
ou trois semaines, suivi de la disparition presque complète
(Je son mal. Il est vrai de dire que, d'après nos conseils, il
changea de manière de vivre, et trouva moyen de se'créer '
des occupations qui le forcèrent de renoncer cl sa vie sédentaire. (A.)
IL AFFECTIONS DU CERVEAU ET DE LA MOELLE ÉPINIÉRE.
L'influence la plus funeste pour l'économie, lorsque le
foie fonctionne mal, est celle qui résulte du passage dans la
circula lion générale de principes qui donnent au sang ùes qualités délétères pour le cerveau et tout système cérébro·spinal.
C'est là un heau sujet ù'étude pour le médecin, el qui doit
fixer toute son allention. Les exemples que je vais citer, en
commençant par les plus simples et les plus clai,'s, feront
ressortir ceUe vérité, eL prouveront la Lrès-grande utilité
des eaux alcalines dans certaines affections cérébrales, celles
qui tiennent à la gêne de la circulation veineuse.
Madame X., âgée de trcinte ans, avait
OnSEUVATJON. un léger engorgement ùu foie. Les purgatifs el les alcalins
faisaient promptement disparaHœ cet élat; mais toutes les fois
que le mal se reproduisait, elle ùevenait triste, d'une irritabilité excessive, voyait tout en noir; la pensée devenait
moins prompte. En un mot, il y avait de légers symptômes
ù'étal de torpeur du cerveau. Ces phénomèncs cérébraux
disparaissaient dès que le foie cessait d'être engorgé. (n.)
Ainsi, du moment où le foie fonclionne hien, le sang qui
le
8
�114·
affiue vers le cerveau, possède les qualités d'exitabililé qui lui
sont indispensables. C'est là tout le secret d'origine 'de rh ypocondrie qui devra céder aux traitements qui agiront sur
le foie et la veine-porte. Soultzmatt est un bain fort précieux
pour ce genre d'affections, surtout si on se rappelle combien il est efficace dans les maladies nerveuses. (Pages 30
et 34).
ÛDSERVAl'lON. Madame H., de Strasbourg, âgée de
quarante ans environ, était tourmentée par des congestions
cérébrales qui avaient amené une espèce d'aliénation mentale; elle était hypocondriaque, voyait tout en noir, passai t
ses journées il pleurer, craignait de rester seule. Elle fut
envoyée pendant quatre années consécutives à SoulLzmatt ,
où elle se remit entièrement, en buvant l'eau et en prenant
des bains. (A.)
ÛnSEllVATION. M. M., de Hellerscblag, âgé de trentehuit ans, avait un engorgement du foie. Bientôt on ob!ferva
chez lui un changement de caractère : il s'éloignait des
siens, manifestait un dégoût profond de la vie, ne dormait
pas, ne mangeait plus et avait beaucoup maigri. Une de ses
idées dominantes était une profonde jalousie, qui était loin
d'être justifiée. Il vinL il Soultzmatt en 18!i,0, el y fit une
cure de ({uatre semaines. Je lui fis prendre ,des bains presque froids. Pendant son séjour il Soultzmatt, j'eus la satisfaction de voir disparaître cette mélancolie. L'engorgement
du foie aussi se dissipa: je crus utile, dans ce cas, ù'aso~
cier quelques purgatifs aux eaux minérales 'que le malade
buvait à la dose de six il huit verres par jour. (A.)
~'hypocndIie
s'est présentée à notre bain sans êlre toujours enlretenue par des symptômes évidents du côtô du foie,
mais elle n'en a pas moins cédé il l'action calmante de nos
caux, si puissante contre les all'ections nerveuses.
o.USERVA1'lON. - - M. X., de Sainte-Croix, âgç de trcotesept ans, 'vint pendant deux années à , Soultzmatl pOUl' y
�115
prendre les eaux. Il était tourmenté d'une foule d'accidents
hypo,condriaques, se croyait, à tort, atteint de toutes les
maladies connues. Il retrouva la santé et le repos après les
deux cures qu'il fit à nos eaux. Nous pourrions multiplie.:
à l'infini les exemples de cc genre. (A.)
Mais la viciation du sang de la veine-porte ne se borne
pas toujours il produirc des accidents nerveux semblables :i
ceux que nous venons de décrire: elle en engendre d'autres
qui souvent sont bien plus graves et peuvent devenir mortels . Quelques observations feront encore mieux comprendrc
la corrélation qui existe entre les altérations de la circulalioll
veineuse abdominale eL les affections du cerveau , eL rendront plus évidents les avantages qu'on peut retirer des
eaux de Soultzmatt en 'attaquant le mal à sa source.
ÛnSERVATION . M. X .... , âgé de cinquante-deux ans.
ayant le cou très-court. se nourrissant bien, grand amateur
de bière et de boissons fortes, dont il faisait souvent abus "
surtout le soir, menant une vie sédentaire, ayant l'esprit
l)resque toujours tendu par les affaires, éprouva, il y a quelques années, une douleur et une gêne dans la région du foie. '
Ses digestions étaicnt difficiles, mais l'appétit était excellent.
Bientôt on remarqua que son humeur éta it moins égale, il
s'emportait avec la plus grande facilité; il montra un peu
moins d'aptitude pOUl' les afl'aires et plus de paresse corporelle. Ces symplômes si peu tranchés n'attirèrent point l'attèntion. Comme il se plaignait toujours de la région du foie,
on lui faisait de temps en temps appliquer quelques sangsues
à l'anus et prendre des purgatifs, mais on ne modifia en rien
son régime habituel. Cependant, peu à peu son esprit devint plus lourd, il eut des verLiges " dcs éblouissements, le
Sommeil très-agité, le pouls plein, et tout à coup, après un
étourdissemont plus prolongé que ceux qu 'il avait eus prt'.
cédemment, la langue se trouva embarrassée, les mouvemenLs du bras et de la jambe gauche difficiles, ct le senti-
�HG
ment y devint obtus. C'était une véritable paralysie. On eut
recours il un traitement énergique: la saignée, des applications de sangsues aux lempes, des purgatifs, un séton à
la nuque, de la glace SUl' la lête. L'excitation peu à peu se
calma, le pouls devint moins fréquent et moins énergique.
Lorsqu'on fut maître des accidents cérébraux, le traitement
se reporta vers la cause qui avait amené le mal. On donna
du bicarbonate de soude dans de l'eau de Soultzmall ou
dans de l'eau de Seidlilz, pour obtenir de temps en temps
un c-ffet purgatif. Ce traitement eut le meilleur résultat pour
Je cerveau et le foie. Il fut encore aidé par l'application
d'un large vésicaloire sur la région hépatique. (il.)
Nous ne pouvons. dans les cas de ce genre, assez insister sur ce moyen : il produit d'excellents effels; ce qui,
d'après notre manière de voir, tient à ce que, toutes les
fois qu'on détermine une irritation artificielle sur la région
du foie. cet organe cesse de sécréter du sucre. comme le
prouvent les expériences de CL. BmlNARD. (Page 4.4.).
Ons~RvATI0N.
- Madame F., âgée de quarante-huiL ans,
avait éprouvé des symptômes d'engorgement ùu foie qui ne
furent pas combaLLus. A la suite de chagrins domestiques,
elle eut des congestions vers la tête, pOUl' lesquelles elle appliquaiL sOllvent des sangsues à l'anus. mais aucun traitement
régulier ne fut employù. UII jour, après uo étourdissement,
eUe eut une paralysie momentanée d'un des côtés de la face;
quelque temps après survint une apoplexie foudroyante qui
l'enleva. En employant un trailem~L
convenable. on aurait
probablemenl évilé celte terminaison fatale. (8.)
ÛnSERVATlON. Madame B.... , de Slrasbourg, âgée de
lrente-cinq ans, se plaignait depuis huil ans d'une douleur
dans l'h)'llOcondre droit. On reconnaissait un engorgement
de la partie moyenne du foie. CeLLe affection qui, du reste,
n'amenait aucun accillellt grave, fut négligée jusqu'au 1tI0meut où celle malade se. plaignit de vertiges et ùe conges-
�H7
tions vcrs la tête. Tout ù coup elle éprouva de la difficulté
dans la parole, des fourmillements et des engourdissements
dans le bras droit, et une hypocondrie des plus profondes.
Je fus consultô. J'ordonnai une saignée, des applications de
sangsues, des purgatifs: le résultat que j'obtins fut peu
apparent. Mais plus tard, dirigeant toute mon attention
vers la cause du mal, je conseillai l'cau de Soultzmatt, le
bicarbonate de soude ct deux légers purgatifs par ,semaine.
Celle malade, depuis qu'elle suit ce traitement, a éprouvé
une amélioration notable; mais dès qu'elle interrompt h'
traitement, elle éprouve de nouveltes congestions. (8.)
Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que, si ,
dès le principe. on avait cherché chez ces malades à agir
sur le foie et SUl' le sang de la veine-porte, en employant
les alcalins ou les eaux de Soultzmatt, on aurait (wité les
accidents que je viens de raconter. Ji est vrai de dire que
les choses ne se passent pas toujours d'une manière' aussi
pl'a1ranchée, mais il n'en reste pas moins constant que le
ticien aÙentif ponrra souvent trouver dans les fonctions hépatiques la cause de troubles graves qu'il combattra avantales eaux alcalines. Les l'ails que je vais rapgeusement p~lI'
porter autorisent celte manière de voir.
épiOnSERVATION. Congostion vers le cerveau ct la moelle
uière. Amélioration notable obtenue pendant ,plusieurs années
par les eaux de Soultzmatt. - M. A ... , curé à B ..... avait
commencé à prendl'e de l'embonpoint vers l'âge de trente
ans. Une vic peu active, une nourrituresuhstantielle, avaient
déterminé quelques douleurs dans la région du foie cl amené
des digestions difficiles. Bientôt il éprouva des douleurs dans
une jambe; il crut avoir un rhumatisme, tandis qu'il devait
ces symptômes à dos congestions vers un point inférieur de
la moelle épinière. On lui donna le conseil d'aller à Griesbach. Ces bains ne lui procurèrent que lrès-peu de soulagement. Il resta 4lans cct élal jusqu'au moment olt pn!' de
�nombl'(Hlses préoccupations, le sang se porta vers le cerveau. Il eut alors la face colorée, des étoUl'dissemcnts, des
éblouissements, nn état de torpeur, de paresse physique et
intellectuelle; le pouls était plein; l'appétit, qu'il ne modérait pas loujoUl'S assëz, élait excellent. On lui conseilla les
eaux de Soultzmatt: il y vint pendant plusieurs années,
parce que la première cure qu'il y fit l'avait entièrement
débarrassé de son mal. Mais, d'une année à l'autre . les
causes qui avaient agi dans le principe existan~
toujours, il
était, ,\'ers l'élé, ramené à nos eaux, dont il était de"enu
vraiment enthousiaste. Mais quel que soit le mérite d'un
moyen, son efficacité, il ne peut, cn trois semaines; Juller
contre des causes qui. pendant toute une année, agissent
d'une manière permanente. Aussi finit-il par avoir quelques
aLlaques d'apoplexies légères: enfin il eo survint une qui
fut foudroyante et l'emporta. (A.)
OnsERvATION. - Congestions vers le cerveau et vers la
moelle épinière. Séjour aux eaux de Soultzmatt. Guérison. :M. B., de Pfaffenhoffen, <Îgé de cinquante ans emiro n,
ayant un état très-sédentaire, se nourrIssant bien, avait pris
de l'embonpoint. Les digestions étaient lentes. Bientôt il sc
sentit tourmenté par le sang; son pouls était plein et dUl';
pour faire cesser cet état fatigant, il avait recours al1X
saignées, al1X <1pplicatiolls de sangsues à l'anus et aux purgatifs. Il obtenait ainsi une amélioration momcntanée vers'
le cerveau; mais lin parcil traitement, amenant l'affaiblissement général, ne pl1t être continué. Alors les congestions
se reprodl1isirent; il eut des étourdissements, de la faiblesse
musculaire, une douleur dans une jambe. au point d'être
gêné dans la marche. La pensée était lente, la parole un
peu embarrassée. quelquefois de l'oppression, les digestions
se faisaient mal; )e pouls était toujours plein. Le médecin
ql1i fut consulté euvoya ce malade à SoulLzmaLl, où il but
l'cau pendant quatl'e semaines ct prit des bains tièdes. L'a~
�mélioration fut rapide, car au bout de ce temps la disposition
aux congestions avait disparu. (A.)
M. R. , de Nied ... , avait des congesOBSERVATION. tions cérébrales qui n'avaient cédé ni à la saignée, ni aux
et 1849. Il se
purgatifs; il vint à Soultzmatl en 18~·
trouva parfaitement de l'usage de nos eaux, en boisson et
. sous forme de hllins tièdes . (A.)
OnsERvATION .. - Conges t,ions vers la moelle épinière. ~ Usage
des eaux de Soultzmatt. Guérison. - M. B., âgé de quarante ans, d'une forte constitution, adonné à la boisson et
à des excès de tout genre, éprouva des congestions vers la
tête, des vertiges, des éblouissements. En même )emp( des
douleurs vagues se firent sentir le long du rachis; elles
étaient surtout prononcées vers les vertèbres cervicales et
lombaires. Ce malade accusait des tiraillements dans les
membres supérieurs et quèlquefois un certain engourdissement. Les mêmes phénomènes se produisaient dans les
extrémités inférieures; la marche était incertaine et gênée.
Dans les premiers temps, il suffisait de quelques jours de
repos et d'une vie calme pour faire cesser tous ces accirecours
dents. Mais bIentôt ils persistèrent, et le malade e~t
ft des - applications de sangsues à l'anus, bien qu'il eût
des hémorroïdes, à des ventouses scarifiées, à des hains
tièdes, et même froids. Ces traitemenls amélioraient toujours son état, sans le guérir. Il vint à Soultzmatt; on
le soumit à un régime sévère ct peu substantiel; on lui fit
boire l'eau de la source, à la dose de six et huit verres par
jour. La douche presque froide le Jong du rachis, des
bains à peine tièdes, eurent sur ce malade un eITet excellent; à la fin de son traitement) qui dura un mois, il
éprouva une amélioration qui sans doute se soutiendra, si
Je nouveaux écarts de régime ne viennent détruire les bons
effets des hains de Soultzmatt. (A.)
vers la moelle tlpin'Îère. PaCOl1gest~'on
OnSEJl.V41'10N. -
�120
;..
raplégie incomplète. Amélioration notable. - M. G., ùe Colmar, avait, il la suite de causes qui ne BOUS sont pas bien
connues, éprouvé des douleurs ùans la région dorsale. La
marche devint de plus en plus difficile. Effrayé de cet élat,
le malade cU,t recours aux traitements les plus énergi.ques ,
aux eaux les plus actives. Ces moyens avaient échoué; il
vint à Soultzmatt, but l'eau, prit les bains presque froids et
les douches. L'amélioration, au bout d'un mois, fut telle,
qu'il marchait, s'appuyant à peine sur une canne. (A.)
Nous pourrions multiplier les observations de ce genre,
mais notre seul but était de constater par des faits l'utilité
de nos eaux dans les congestions du cerveau cl de la moelle
épinière.
Ces réussites ont été obtenues, suivant notre manière de
voir, par les effets que l'acide carbonique et les alcalis exercent sur le sang.
.
Nou's croyons devoi,' indiq
d'une manière toute spéciale le mode d'administration de nos eaux pour les malades
sujets aux congestions cérébrales. Avant de se rendre à
Soultzmatt, ils feront bien d'avoir recours à la saignée générale ou à une application de ventouses ou de sangsues à
l'anus. Ils devront plus que tous les aut.res baigneurs choisir la saison la plus chaude, éviter les temps pluvieux; car
nos eaux, qui sont très-riches en acide carbonique, donnent
facilement lieu à des congestions, des pesanteurs vers la
tête. Il sera utile, pour ces malades, de ne boire l'cau qu'après avoir laissé échapper une certaine quantité du gaz qui
y est contenu. Les bains devront être à une température
peu élevée ct pris jusqu'à la hauteur des aisselles, eL il faudra avoir soin d'appliquer' un linge froid sur la tête penl/ant
touLe la durée du bain.
Les malades sujets aux congeslions cérébrales doivent
éviter avec soin les eaux ferrugineuses: c'esL ce qui n'a
malhcmeuscment pas toujours lieu. Les eaux de SouILzmalt
�J21
})euvcnt, jusqu'à un certain point, remédicr aux accidcnts
que des eaux mal choisies déterminent.
M. D .... , de C., sujet à des congestions cérébrales, à
des étourdissements, fut envoyé par son médeci'n à une
source ferrugineuse. Comme on· pouvait le prévoir, les congestions ne firent qu'augmenter, ce qui. n'empêcha pas le
malade' de suivre religieusement la cure qui lui était ordonnée. Tout à coup, après avoir Lu plusieurs verres d'eau, il
éprouva des vertiges et perdit connaissance. Il se hâta alors
de quitter le bain où on l'avait envoyé: il vint de son
propre chef à Soultzmatt, où il ,n'éprouva plus aucun accident du genre de ceux que nous venons de décrire. Mieux
est, il se trouva tellement bien, que depuis nombre d'années il revient ~l SoulLzmatt. (A.)
Puisse cet exemple, qui n'est pas le ,seul que nous ayons
recueilli, aUirer l'attention sur les inconvénients qu'il y a à
conseiller des sources ferrugineuses aux malades atteints de
congestions.
DES PARAI.YSIllS QUI SUCCÈDENT A .:APOPLEXIE. -
DEG AVANTAGES
Qtl'ON l'EUT llETlllER DES EAUX DE SOUI.TZ~·r,
Mais si la congestion est portée trop loin, ct que par des
causes' que nous n'avons pas à examiner ici, il y ait hérp.orl'hagie cérébrale, et par suite paralysie, peut-on espérer
quelque résultat heureux des bains de Soultzmatt? Voici
des faits qui répondront affirmativement à celte question.
Les premières observations que je citerai sont extraites
de l'ouvrage de MÉGLlN ;
IJ M. GUSSl\fANN, médecin très-habile et physicien à losis,
q heim, a cu la bon Lé de me marquer, au sujet des caux de
({ Soultzmatt, qu'il a.vait observé beaucoup ùe paralysies à
(da suite d'apoplexies guéries par leur usage. Il cite plus
particulièrement un chapelain ùe Uouffach qui, après avoir
« ('prouvé Hne paralysie parfaite il la suite d'une allaquc
(l'
�122
«d'apoplexie, fut conduit pal' son conseil aux eaux de
«Soultzmatt; il lui fit prendre les bains deux fois par jour.
<l Ail bout de trois jours, le senlÎment et le mouvement
Hevinrent déjà aux extrémités; le mieux-être alla toujours
( en augmentant; il vécut encore pendant deux ans, et
<l mourut d'une seconde attaque d'apoplexie.
(cMadame Ch .... , âgée de soix~nte
et quelquçs années,
« d'une constitution phlegmatique, après une apoplexie sé«reuse, perdit la parole e~ la moitié de son' corps resta para(( lytique; après l'usage de nos eaux, continué pendant
<l vingl-un jours, elle recouvra la parole et se servit facile«ment de tous ses membres.
({Madame Zurch ... , âgée de cinquante ans, d'un tempé«rament phlegmatique et d'une constitution très-replète, eut
«une hémiplégie parfaite à la suite d'une apoplexie; ellé fut
«transportée à Soultzmatt l'été passé (1778) et guérit par
I{ trente-trois bains de ces eaux. D
OnsERvATION. - Madame S., de S., avait eu de nombreuses épistaxis, cHe fut tout à coup frappée d'apoplexie;
une jambe et un br'as restèrent paralysés. On l'envoya à
Soultzmatt où elle but l'eau, ct prit des bains tièdes pendant un mois; au bout de ce temps elle put se servir de ses
membres. (A.)
OnsERvATION. - Eberhard, Antoine, de Soultzmatt, âgé
de soixante-dix ans, avait une hémiplégie du côté gauche
à la suile d'une attaque d'apoplexie; il ne voulut prendre
aucun médicament; mais il bull'eau de Soultzmatt pendant
cinq mois à la dose d'un litre par jour. Au bout du troisième
mois, les mouvements étaient rétablis. Peu de temps après
sa guérison, il succomba à une nouvelle alfaque, qui fut
foudroyante. (A.)
OnSEllYATION. - Négelé, de Westhalten, âgé de soixantedouze ans, eut une attaque d/apoplexie qui détermina une
paralysie dù côté droit. Il but pendal}t deux mois l'eau de
�Soultzmatt, ct c J'cmit presqu'enlièrcmenL Cct homme a,
trois ans après, succombé à une pneumonie. (A. )
Voir ce quc nous avons dit pages 44 et 38, pOUl' s'expliquer comment nos eaux peuvent être utilcs pour rendre
l'hématose complète, et empêcher ainsi de nouvelles congesLions el même favoriser la résorption quand un épanchement sanguin a eu lieu.
CHAPITRE Il.
Des eaux ele S oultzluaU d,ul" les affee'ioDiIS Ile
l'es,o ... ,,c et eles intestins.
1. DE LA GASTUITE ET DE LA GASTRALGIE.
10 Ga.çtrile aigttë. -
La gastrite aiguë intense exige des
agents thérapeutiques plus aclifs que les eaux minérales de
Soullzmalt; mais dans les cas où elle est légère, ces eaux
pourront être ulilement employ(lcs comme moyen curalif,
et seront toujours, q1lelle que soil la gravilé du mal, un
adjuvant puissant dans ceUe affection. Leurs propriélés rafraîchissantes et :mtiphlogistiques peuvent, comme on le
comprcndra facilcment d'après ce que nous avons avancé
ùans la première partie de cet ouvrage, crvir à combaUre
l'élut iullammatoire. Plus d'une fois, il nO\1S est m;rivé de la
prescrire pour calmer la soif, arrêter les vomissements,
alors qu'aucun autrû moyen n'avait réussi. Je citerai à ceUe
occasion nn exemple fort intéressant, qui prouve les avantages qu'on peut en reLirer.
Gastrite aiguë survenue pendant une grossesse. Jjtat des plus graves. Tmpossibilité d'admim'strcr aucun
médicamel1t. Gttél'ùon par les eaux de Soultzmatt.
Je fus
OnSERYATION. -
�'124
'lppelé, au mois d'avril 1852, chez une jeune dame, Mad.
de X., âgée de vingt ans; elle était enceinle de quatre mois
environ. Sa grossesse, dès le début, avait été très-pénible .
.Te la trouvai dans un état de faiblesse difficile il décrire;
elle ne pouvait supporter aucun aliment. La langue était
sèche, rouge, la soif inextinguible, le pouls à 135, la
peau chaude; la plus légère pression sur la région épigastrique lui causait de vives d01lleurs. Il y avait plus de deux
mois qu'elle n'avait plus supporté ~lIcun
alimenl, aussi la
maigreur était extrême. Les nuits étaient sans sommeil,
des sueurs nocturnes l'épuisaient, une pstite, toux fatigante
annonçait que la poitrine commençait à s'engager. Le médecin qui l'avait traitée avant moi ayant inutilemenl employé les moyens ordinaires pour arrêter les vomissements
el vaincre la faiblesse. avait cru réussir en conseillant le
vin de Champagne et le vin de Bordeaux. Ces boissons incendiaires eurent l'effet le plus fâcheux : elles augmentèrent la fièvre el aggl'avèrcnt la gastrite .
.T'eus recours à différents moyens qui oe furent pas supportés; j'avais, pour calmer la soif, conseillé il la malade
Je boire de l'eau de Soultzmatt. Dès le lendemain, elle me
dit que celte eau était délicieuse, qu'elle n'en boirait plus
d'autre, que c'était la seule chose qu'elle eftl supportée, Je
dus dès lors m'en tenir à l'eau de SoullzmaLl; deux bouteilles par jour suffisaienl à peine pour éteindre la soif.
Cependant, dès le quatrième jour, elle fut moins grande, et
.il y eut un peu de sommeil. On essaya un bouillon; il ne
fut pas rendu. Chaque jour je voyais avec inlérM quelques
changements heureux. Au hout de quinze jours. je commençai il nourrir la malade avec des potages. La saison
étant assez favorable, je conseillai l'air de la campagne.
j'ordonnai du lait de vache chaud, qui ne ful pas rejeté.
On continua l'cau de SoultzmaU (2 bouteilles environ par
jour). La gastrile disparul. L'alimentaI ion devint facile, ct
�celle jeune dame, clonl l'existence me paraîssalt gravement
compromise, ful rendue à la santé. (n.)
Celte observalion doit engager les médecins à avoir recours à l'cau de Soultzmatt non-seulement dans la gastrite
aiguë, mais dans toutes les affeclions inllamnialoires, avec
la même confiance que l'on accorde aujourd'hui si généralement aux eaux de Selters naturelles et artificielles. SCl1ENCI{
était déjà de eet avis; il dit que les eaux de Soultzmatt font
beaucoup de bien dans les maladies inflammatoires el malignes, lorsqu'on les donne en boisson. C'est. une ressource
il laquelle on ne pense pas assez souvent, alors que les malades vous supplient de leur donner une boisson rafraîchissante qui éleigne la soif qui les dévore. On leur prescrit une
limonade ou trop douce, ou trop acide, que l'estomac supporte mal, qui même peul être nuisible. Pourquoi ne pas
orclonner l'cau de Soultzmatt, qui exerce une action calmante et antiphlogistique.
Cette action antiphlogistique s'exerce même dans des cas
où on compte généralement fort peu SUl' l'efficacité des eaux
minérales. Je veux parlel' de l'angine chronique. Je citerai
ici un fait de ce genre, parce que je n'aurai plus occasion
d'en parler ; il m'a été rapporté par fCll M. le docteur
OSTERT AG.
Il avait été passer une saison à Soultzmatt; il Y était accompagné par une de ses domestiques qui depuis longues
années souffrait de maux de gorge. Deux ou trois fois au
moins par an, la maladie passait à l'élat aigu; la voix de
celte tille était toujours enrouée. Ce savant praticien ayant
épuisé tOllS les moyens possibles pour obtenir la guérison,
conseilla à celle personne de profiter de son séjour il
Soultzmatt, pour boire de l'cau de la source. Cet avis flll
suivi, et la guérison fut complète ct durable.
Il est probable que ]e môme eHet serail obtenu dans des
cas analogues, chez les chanteurs et ehrz les pel' onnes dOl1t ,
�126
par une cause quelconque, le larynx ou l'arrière-gorg'e est
fatiguée
2° Considerah'ons prah'ques sur la gastrite chronique et la
gastralgie (dyspepsie), - Nous ne nous occuperons que
de ces deux affections de l'estomac, qui sont celles qui
peuvent être traitées avec le plus d'avantage à Soullzmatt.
Car les eaux minérales, quelles qu'elles soient, sont d'une
efficacité contestable, lorsqu'il existe des dégénérescences
organiques profondes, telles que le squirrhe ou autres.
On se rend surtout aux eaux minérales pour cet état
qu'on désigne assez généralement sous le nom de dyspepsie.
«Mais ce mot, comme le font observer les auleurs du Compendimn de médecine prat1'que, qui, d'après son élymolog'ie,
«devrait servir uniquement à exprimer la lenteur et la dir« ficullé de la digestion, a élé employé dans des sens si difféHents par les auteurs, qu'il a perdu toute signification
«rigoureuse en séméiologie,»
, D'après l'examen' des fails et l'observation, on peut établir que l'estomac fonctionne mal, 1° parce qu'il est irrité
ou enflammé, 2° parce que le système nerveux, qui préside
à l'accomplissement de ses acles physiologiques, est perverti.
Ce sont là les deux causes qui dominent toutes les autres.
En cherchant, au milieu d'une foule de symptômes variés, à
remonler à la source du mal, on trouvera toujours, en définitive, qu'il a pour point de départ l'inflammation ou la
wJvrose. Presque toutes les fois qu'il y aura cu erreur dans
l'appréciation de l'une ou de l'autre de ces deux causes, le
malade aura à pàtil' du diagnostic malencontreux qui aura
été porté. Si dans nos ouvrages, les symptômes de]a gastri'te
chronique et de la gastralgie sont bien tranchés, au lit du
malade, il n'en est souvent pas de même, et le plus habile
peut s'y méprcndl'C, surlOullol'squ'il n'a pas eu à traiter la
maladie à son début. Cal' lorsque l'affection a dUJ'é un cei'tain tcrl'!Ps, il n 'cst pas rure de voir Ja gastralgie sc complic(
�127
quer de la gasll'ite chronique, ct vice versa. Alors il devient
difficile de préciser quelle est celle de ces deux maladies qui
a ouvert la scène pathologique ou qui prédomine Jans le
moment. Souvent la marche natu!'elle des choses amène
l'association de ces deux états morbides; et, il faut l'avouer.
nos traitements peuvent déterminer ces complications. Ainsi
a-t-on il combatlre une gastrite ehronique, la méthode anLÏIlhlogistique poussée trop loin ou un régime débilitant exagéré développe la sensibilité nerveuse, ct fait naître une
névrose (gastralgie), sans avoir réussi à détruire entièrement
l'élément inflammatoire. Traitez-vous une névralgie de l'estomac; elle paraît tenir à une chlorose, on administre les
préparations ferrugineuses; elle est rebelle, on persiste dans
le traitement ct l'on finit pal' déterminer une gastrite cluonique. D'autres fois, pour calmer la susceptibilité nerveuse,
on a recours à l'opium, dont chaque jour on augmente les
doses, aux stimulants diffusibles, dont l'action est toujours
plus oll moins irritante pour l'estomac, alors la langue devient rouge à sa pointe, la région épigastrique trahit une
sensibilité qui annonce un état inflammatoire. Après des
essais sans nombre et trop souvent infructueux, les moyens
pharmaceutiques .se trouvent non-seulcment impuissants,
mais nuisibles. J'ai généralement observé que toutes les fois
que, dans un assez court espace de temps, on n'cst pas
parvenu, par les agents pharmaceutiques, à guérir la gastrite chronique ou la gastralgie, il est prudent dc rCIlOIlcel' de bonne heure à ]eur usage, Il faut dès lors recourir il
la seule médication qui puisse s'adresser à la fois d'ulle manièl'C efficace à l'inflammation et à la névrose de l"estomac :
aux eaux gazeuses alcalines.
L'expérience est venue étayer celle proposition, qui, de
prime abord, pourrail paraître un peu absolue. Ne guériton pas à Vichy, par exemple, la gastrite chronique ct la
gastralgie, sous quelques formC1s qu'elles sc présentent. Cc
�1~8
fait pratique ne l)eut être révoqué en doule. Notre manière
de voir SUl' l'action des eaux gazeuses alcalines vient encore
la confirmer théoriquement. L'acide carbonique est un médicament hyposthénisant; il calme le système sanguin, après
y avoir déterminé une excitation fugace et passagère, il a
la même action sur le système nerveux, il endort la douleur.
Lorsque soit l'inflammation, soit la névrose pervertissent
les sécrétions de l'estomac, de manière à augmenter lenr
acidité, les alcalis, qui forment les bases de ces eaux, suffisentpour les neutraliser. et si un produit tenace, glutineux
s'est déposé sur la surface de la muqueuse, ils peuvent le
liquéfier et le dissoudre (p. 39).
Le choix des eaux gazeuses alcalines devra reposer sur
l'élat général du malade, sur sa constitution, sur son lempérament et sur l'intensité de la lésion locale. Pour la femme
faible, délicate, ayant des pertes blanches, le sang appauvri
par la longueur de la maladie, les eaux gazeuses alcalines
ferrugineuses devront être préférées; mais souvent, il faut
le dire, ces états sont trompeurs: on détermine de l'excitation, de la fièvre, alors qu'on croyait n'avoir pas d'accident
de ce genre à redouter. Je conseille donc dans les cas douteux de procéder avec prudence, et la prudence veut qu'on
essaie d'abord les cau alcalines exemptes de fer. Les eaux
de Soultzmatt ou celles du même genre auront presque
toujollrs les plus heureux effets. Dès que la gastrite ou la
gastralgie disparaissent, les organes digestifs fonctionnent
dans leur intégrité, l'assimilation se fait d'une manière convenable, et le sang puise dans les aliments ses principes de
réparation, qui sont préférables à ceux que le fer y dépose.
Chez les sujets sanguins, dans la force de l'àge, il sera dans
tous les cas inlprudeul de prescrire les eaux gazeuse alcalines fcrrugincuses. mIes s(~ronl
aussi contl'e-indiquées Ioules
les fois que la membrane muqueuse paraîtra être le siégc
d'ullcinOammation prononeée, que la langue sera rouge
�12H
sur toute sa surface, ou qu'elle présentera à sa pointe des
papilles rougeâtres; qu'il y aura sensibilité épigastrique et
un certain mouvement fébrile, des bouffées 'de chaleur vers
la face, de la sécheresse et de la chaleur mordicante dans la
peau me des mains.
Dans la gastrite chronique avec éLat fébrile et forte irritation de ,la muqueuse, les eaux de Soultzmatt même doivent être employées avec certaines précautions. Fortement
chargées d'acide carbonique, elles amènent une cour,te période d'excitation, et elles fatiguent l'estomac, quand on ne
laisse pas échapper, avant deles boire, une grande quantité du
gaz qu'eUes contiennent. Car ce gaz gonfle et distenq. l'estomac, et donne facilement lieu à des éructations pénibles, et
il cesse alors d'être véritablement calmant pou!' un organe
dont la distension est douloureuse.
Dans ce cas, c'est de l'action des alcalis qu'il faut d'abord chercher à profiter.
Ces malades devront commencer leur traitement en buvant
tout au plus, dans la matinée, deux verres d'eau privée de
son acide carbonique libre: si, malgré cela, l'eau fatigue,
on leur conseillera de faire suivre chaque verre d'une gorgée
d'infusion de camomille légère, ou d'ajouter un peu de sirop
de gomme ou de lait à l'cau qu'ils boivent. Vers le buitièJ'!lo
JOUI', il n'est pas rare de voir supporter parfaitement 6 â.
8 verres d'eau tous les matins, 1 à 2 verres le soir. Généralement, l'eau froide sortant de la source est très-bien tolérée par la plupart des estomacs; cependant on peut rencontrer quelques exceptions.
La constipation est assez fréquente dans la gastrite chronique; les eaux de Soultzmatt ne la diminuent pas au début
llu traitement; mais il ne faut cependant, qu'à la dernière
extrémité, avoir recours aux purgatifs; les lavements suffisent le plus souvent. Bientôt les selles se rétablissent,
dès que la maladie marche vers la guérison.
4
9
�150
Je me bornerai à rappOl'ter uu seul ex.emplè Je gastrite
chronique guérie par les eaux de Soultzmatt.
OnsERvAT ION . - Une jeune dame fort délicate, Mad. St.,
de Paris, était venue dans sa famille habitant l'Alsace, pour
changer d'air d'après le conseil de son méde(·in. Le voyage
fut mal supporté. Dès son arrivée, elle ful prise de douleurs violentes dans, la région épigastrique. Je fus appelé
à lui donner mes &oins. Elle me dit alors que, depuis un
an, elle avait beaucoup maigri el pâli, qu'elle avait perdu
ses forces, qu'elle éprouvait une douleur incessante dans l~
creux de l'estomac, que les aliments les plus légers lui faisaient mal et qu'elle ne pouvait plus supporter de corset.
En effet, la plus légère pression dans la région épigastrique
était fort douloureuse, la langue était rouge sur les bords
ct pointillée, elle· avait de la tendance à la sécheresse; les
lèvres étaient fendillées, la soif était continuelle, le pouls
était à 100; les mains étaient sèches et brCtlantes, le sommeil agité; il Y avait des constipations opiniâtres. Je ne
pouvais, vu l'état de faiblesse, songer aux émissions sanguines, je me bornai à faire appliquer des cataplasmes sur
la région de l'estomac, à faire boire de l'eau de Soultzmatt sucrée et à prescrire des lavemenls apéritifs. SOIIS
l'inOuence de cc traitement si simple, j'obtins de J'amélioration. L'cau de Soultzmatt surtout était pal'faiLement suppoJ'tée, et la malade la huvait avec une véritable jouissanee.
Bientôt les digestions devinrent plus faciles. Ce premier
essai couronné de succès m'engagea il conseiller à CCl te
malaJe de se rendre à Soultzmatt. Déjà habituée il celte
cau, elle la 'supporta parfaitement il la dose de 6 à 8 verres
par jour; elle prenait chaque jour un bain tiède d'une
heure et buvait l'cau à ses repas. Après un séjour de tl'ois
semaines, la guérison était complèle. Celle malade revint
à Sirasbourg, ne pouvant assez me remercier du bOIl conseil ,
que .le lui avais donné.
�151
Embarras gastrique. - l..'embarras gaslricltlc est unc désignation vague d'un état particulier des organes digestifs.
Sous l'influence de causes variées et souvent assez obscures,
mais qui, la plupart du temps, peuvent être rapportées à
des écarls de régime, à une vic sédentaire, à un travail
excessif, à des habitudes vicieuses dans la maniére de se
nourrir, ou bien à quelque affection d'un organe autre que
l'estomac, tels le foie, le pancréas. La bouche devient amère,
pâteuse, la langue se couvre d'un enduit blanc-jaunâtre,
surtout apparent quand le malade' est à jeûn, les papilles
de la pointe se développent parfois avec .tendance à la sécheresse, l'appétit llééhit ou disparaît entièrement, bien
qu'il puisse se conserver et même être exagéré, le goût se
déprave et fait rechercher surtout les substances acides ou
de haut goût.
La pression au creux dc l'estomac est souvent douloul'cuse; le premier temps de la digestion est pénible, accompagné d'éructations, de vomissements et de ballonnement
ùu ventre. Le malade est obligé de desserrer ses vêtements.
Tantôt les selles sont naturelles, tantôt il ya diarrhée, presque toujours constipation. Cct état des organes digestifs,
qui. trahit un degré d'irritation plus ou moins prononcée,
réagit sur toule l'économie; il détermine de la faiblesse gén{!rale, des insoru.nies,
quelquefois de petits mouvements
fébriles. Quelques purgatifs peuvent suffire pour faire
disparaître cette aft'cction promptement, mais assez souvent clle devient chronique et l'es le réfractaire aux traitements pharmaceutiques. Dès qu'on s'aperçoit de celle
tendance, il faut avoir recours aux eaux minérales. Il en
est plusieurs qui, à. juste titre, sont recommandées dans les
affections de ce genr~;
ce sont surlout les eaux purgatives;
mais la guérison peut-être obtenue d'une manière plus certaine ct plus solide pal' les caux gazeuses alcnlines ,(voir
p. 39, q·1 ct Mi.); car elles agissent sm' le sang et l'il'l'ila-
et
�152
Lion (p. 36). Elles liquéfient les sécrétions glutincuses et
muqueuses de l'estomac et les font disparaître (p. 39). Les
alcalis qu'eUes contiennent détruisent les acides de l'estomac
(p. 4.1), el lorsque l'engorgement du foie est la cause de
l'embarras gastrique, l'action qu'elles exercent sur cet organe, comme nous l'avons démontré par la théorie et pal'
l'cxpérience (p. 4 . ~, ) , amène la guérison.
OBSERVATION. Mlle Amélie Schmitt, de Strasbourg,
âgée de trente-cinq ans, d'une constitution délicate, mais
jouissant habituellement d'une bonne santé, fut prise, à la
suite de faLigues, d'un dérangement des organes digestifs.
Elle perdit complétement l'appétit; la langue se couvrit
d'un enduit blanc-jaunâtre sans rougeur des papilles; elle
se plaignait. d'un état d'amertume et d'empâtement de la
bouche. Il n'y avait point de sensibilité épigastrique, point
de fièvre, peu de soif; mais la malade avait un grand dégoût des aliments: ils donnaient lieu à des rapports acides,
ils lui pesaient sur l'estomac et produisaient du gonflement,
au point qu'elle craignait même de prendre un bouillon.
Point de constipation. Celte maladie me semblait devoir côder à quelques purgatifs; mais je m'étais ~rompé.
Après
avoir épuisé tous les traitements rationnels recommandés
en pareille circonstance, je me trouvai, au bout de trois
mois, aussi avancé que le premier jour. La maigreur et
la faiblesse étaient très-prononcées. C'est alors que je conseillai à eell!} malade de se rendre .aux bains de SoultzmatL.
Elle ne pouvait plus supporter aucun aliment. Elle commença par boire dans les premiers jours 2 verres d'eau de
la source, et par prendre des bains. Le traitement fut biell
supporté; mais, au bout de quinze jours, l'amélioration
était peu sensible. Ce ne fut qu'au bout de trois semaines
que l'enduit de la langue commença à disparaître, et que
l'appétit revint. Les aliments alors furent supportés. Six
semaines furent nécessaires pour obtenir une guérison com-
�153
pIète. A celle époque, celle malade buvait jusqu'à 10 verres
d'eau par jour; elle mangeait à la table commune, à laquelle
elle faisait parfaitement honneur, sans en être lè moins du
monde incommodée. (B.)
On peut dire généralement que ces embarras gastriques,
lorsqu'ils sont invétérés, sont longs à détruire, et qu'un
traitement de plusieurs semaines est presque toujours indispensable. J~ préfère le traitement par les eaux gazeuses
alcalines, parce qu'il est plus doux que celui par les eaux
salines purgatives. Car il est rare que cet état ne soit compliqué de gastrite chronique, soit qu'elle ait amené la maladie, ou, ce qui est plus fréquent, qu'elle ait été déterminée par les purgatifs, dont on abuse souvent dans celte
circonstance.
Il est une affection de l'estomac qui me paraît être l'ôtat
précédent à un moindre degré. Elle est caractérisée par des
digestions difficiles, des éruct~ions,
de la pesanteur de l'estomac après le repas, des constipations plus ou moins opiniâtres, la santé générale restant bonne: c'est un état pénible, mais non une maladie. Les eaux de Soultzmatt sont
d'une efi~acté
complète dans les cas de ce genre.
OnSEUVATION. - M. A., receveur des contributions indirectes à Strasbourg, était tourmenté par des digestions
difficiles, ce qu'il attribuait avec raison à la vie sédentaire
qu'lI menait. Je lui conseillai l'eau de Soultzmatt à la dose
de quelques verrçs le matin. Au bout de peu de temps, son
estomac fut remis complétement.
OnsEllvATION. - M. D., de Strasbourg, menant une vie
très-sédentaire, avait des digestions forl laborieuses. Tout
mouvement après les repas lui était pénible. Je lui conseillai
les eaux de Soullzma.tt; il s'en trouva parfaitement.
3° De la gastralg'ie. - Hien n'est commun comme de
rencontrer des personnes souffrant de l'estomac et des iutestins, sans qll 'il soit possible de découvrir la moindre l('siol1
�154·
appréciable Jes organes digestifs. C'est à celle maladie, fort
commune surtout chez les femmes, qu'on a donné le nom
de gastralgie, entéralgÙJ. Véritahle Protée, elle affecte les
formes les plus variées.
L'un des symptômes fort ordinaires de la gastralgie est
la douleur d'estomac; elle varie }lar son siège, son intensité,
sa durée et ses retours. Elle occupe le plus Sotrvent l'épigastre; et paraît correspondre à différentes parties Je l'estomac. Tantôt le malade la rapporte à l'orifice supérieur ou
au cardiaque et à la région précordiale; tantôt à la portion
pylorique, tantôt enfin à la région dorsale, à la partie qui
correspond aux dernières vertèbres dorsales. Un des caractères de la douleur gastralgique est de tendre à s'irradier
vers les organes environnants. Les sensations éprouvées
par les malades sont très-variables: quelques-uns vCCUSCllt
un malaise pénible et indéfinissable, une douleur obtuse,
contusivc; d'autres se plaignent d'un sentiment de constric!ion semblahle à celui que lll'oduirait une main qui serrerait fortement l'estomac. L'un compare la douleur à celle
produite par la dilacération; l'autre parle d'une douleur
poignante, lancinante, téréLrante. JI est des malades qui
ressentent dans l'estomac un froid glacial ou une chaleur
vive. Quelquefois la cardialgie est si intense qu'elle suspend les mouvements respiratoires et cause une dyspnt'e
fort grande.
La gastralgie n'est pas continue; elle revient par intervalles, s'exaspère souvent, lorsque l'estomac n'a pas reçu
d'aliments. Chez d'autres, au contraire, elle se manifeste à
l'instant même où le bol alimentaire a touché J'estomac, ou
bien seulemen t une demi-heure, une heure, quatre heures
aI)l'ès le repas. La douleur passe très-vile chez les uns,
J'autres la ressentent tout le temps que dure la digestion.
Tantôt elle sc montre seulement pelll]anl la nuit, (}('s le
malin, et tantôt le soif'; ('Ile II 'ofIi'e rien de rbgulicr claus sa
�marche, el cesse ou diminue d'intensité pour revenir avec
loute sa force à des époques plus ou moins irrégulières. Elle
est souvent intermittente. Les digestions sont difficiles ou
lentes (dyspepsie). Le siége de la douleur est du côté gauche
(cardialgie) .
Un 'sentiment d'ardeur et de chaleur, partant de l'estomac, remonte le long de la gorge et est suivi de l'expulsion d'une matière liquide, souvent acide et âcre (Pyrosis
soda). L'élat nerveux amène presque toujours l'exaltation de
la sensibilité, mais d'autres fois aussi il la déprave, et donne
lieu aux phénomènes désignés sous les noms de pica et boul~'
mie. Les nausées, la vomilurition, les vomissements, le hoquet, les développements de gaz doivent encore être rangês
parmi les symptômes fréquents de la gastralgie. La gastro1'hée asspz fréquente doit être étudiée dans le produit rejeté,
qui est le plus souvent acide, quelquefois alcalin.
Nous signalerons encore comme symptômes de la gastralgie la constriction du pharynx, le ballonnement du ventre,
les constipations opiniâtres, la pâleur et la . limpidité des •
urmes;
Lorsque la gastralgie fait des progrès, il peut survenir
des symptômes très-variés du côté du larynx. La voix s'altère et peut faire croire à une pp.thisie laryngée.
Il serait trop long de décrire tous le5 accidents nerveux
qui souvent viennent compliquer cette affection. Céphalal.
gie, étourdissements, éblouissements, troubles de la vision,
hallucinations de difi'érentes espèces; chaque minute amène
pour ainsi dire d'autres maux, tant le système nerveux est
mobile et impressionnable.
te système sanguin partage ce trouble général. La face
se colore; des houffées de chaleur montent au visage; toutes
les artères du corps hattent avec violence, ou bien ces batlements sont partiels. A combien d'accidents peut exposer
un pareil état, surtout ·si le médecin, croyant avoir il faire
�156
à une affection réellement inflammatoire, emploie la mé·
thode antiphlogistique.
Chose remarquable, malgré tout ce cortége de symptômes,
le malade rarement maigrit, à moins que le mal ne dme
depuis fort longtemps; mais si la vie n'est pas en danger,
la souffrance peut la rendre presque insupportable. Les individus ainsi affectés souvent s'isolent du monde, deviennent
hizarres, fantasques, et font le tourment de ceux que le devoir ou l'affection retiennent près d'eux. Il n'est pas rare
de les voir passer de la joie ct de l'exaltation la plus vive
au plu& profond découragement : ces états nerveux sont
souvent compliqués de trouMes fonctionnels des organes de
la génération.
Les causes qui peuvent produire la gastralgie sont très·
les at·
variées; cependant, nous croyons pouvoir toujr~
tribuer à un état d'éréthisme du système nerveux général
ou du système nerveux local. Dans la première catégorie
doivent être rangées toutes les causes morales qui ébran·
• lent ce système. L'éducation que la plupart des parents
donnent aujourd'hui à leurs enfants exerce sur eux la I)lus
fâcheuse influence; on cherche trop à développer l'intelligence au détriment de la force physique. Des êtres ainsi
élevés résistent mal aux travaux et aux passions qui, à
immanquablement leur partage.
l'âge de vingt ans, s~ont
Pour les jeunes filles, les règles s'établissent mal; elles
deviennent chlorotiques, nerveuses, ne peuvent supporter
aucune fatigue, aucune émotion. Les jeunes gens très-irritables se livrent à tous les écm;ts de leur imagination et
deviennent avant l'âge des êtres débiles ct maladifs. C'est
dans ces circonstances que naissent ordinairement les gastralgies et le triste cortége de maux qui les accompagne.
Les causes qui agissent localement pOUl' produil'e la gas·
tralgie sont nomhreuses : elles peuvent tenir à l'adolescence
comme aux excès dans la manière ùe sc nourrir.
�'137
Tous les médecins savent combien les affections nerveuses,
surtout celles de l'estomac, sont rebelles à nos remèdes; rarement il nous est donné d'enregistrer quelques cures ohtenues par les moyens pharmaceutiques, ou pour mieux dire,
le plus souvent les cures ne sont pas durables, tandis que,
chaque année, les sources gazeuses alcalines, et surtout
celles de SouHzmatt, comptent des succès incontestables.
Sans dou te, les moyens accessoires don t nous avons parlé,
'tels que les voyages, les distractions de tout genre, le changement d'air sont pour beaucoup dans les résultats qu'on
obtient; ils mettent les malades dans les conditions favorables il l'action des eaux.
En étudiant les phénomènes que les acides et les alcalis
exercent sur l'économie, nous avons vu leur influence puissante sur le système nerveux. Ces èlémenls minéralisateurs,
surtout l'acide carbonique, en si forte proportion dans ces
eaux, et l'acide borique, que M. BÉCIIA.J\fP vient de découvrir, calment, endorment la douleur de l'estomac, produisent une espèce de stupeur momentanée. On sait que souvent, pour triompher de certaines névralgies, il suffit de
parvenir une seule fois à obtenir la disparition de la douleur, pour qu'elle ne se reproduise plus. L'action de l'acide
carbonique n'a qu'un effet momentané, il est vrai; mais cet
effet se répétant chaque jour pendant un certain temps,
la susceptibilité nerveuse se truuve émoussée, et finit par
rectifier, si je puis m'exprimer ainsi, la direction anormale qu'a pris le fluide nerveux. La soude, base fixe de ces
eaux, est un véritable calmant, ainsi que les autres bascs
qu'on y rencontre, aussi bien que J'acide borique. Les anciens médecins insistaient peut-être plus que nous sur celte
propriété qu'a la soude.
Ainsi le docteur OSTERTAG, qui était un oracle pour la
plupart deR familles de Strasùourg 1 conseillait bien souvcnt
les caux de Soultzmatt dans la gaslralgie et les aO'cctiollS ·
�15:;
nerveuses Cil généml, pat'cc que, llisait-il, elles renferment
beaucoup de sottde.
Certaines précautions sont indispensables, lorsqu'on emploie les eaux contre la gastralgie. Le point important est
de faire pénétrer dans l'estomac le plus d'acide carbonique
possible. A cet effet, l'eau devra être bue au moment même
où elle est recueillie à la source. Sa frakheur ne doit pas
inquiéter; c'est une condition favorable à sa tolérance. Les
malades devront, dans les premiers jours, essayer leur force
digestive, l'ln commençant par de petites doses, qu'ils augmenteront le plus rapidement possible.
Les personnes affectées de gastralgie se trouveront Irèsbien des bains, il. la condition de les prendre à une température peu élevée (18,20,22 dègrés). Il n'est pas nécessaire d:y séjourner longtemps, mais deux bains par jour seront quelquefois très-utiles. J'ai retiré de très-bons effets
des douches fraîches le long du rachis.
L'alimentation devra être réglée d'après l'expérience qu'a
chaque malade de la tolérance qu'il a de certains mets plutôt que de lels autres.
Je terminerai par quelques exemples de gastralgies, qui
ont été guéries par les eaux de Soultzmatt.
OnSEltVATION. Madame M., de Strasbourg, ùgée de
trente-six ans, belle, grande, forte, avait toujours joui
d'une santé parfaiLe, lorsqu'à la suite de chagrins elle
fut prise de gastralgie; elle eut le malheur de tomber enlre
les mains d'un médecin médicamenteur par excellence, et
celle pauvre dame ne tarda pas à se trouver fort mal de
toutes les substances plus ou moins héroïques qui lui furent
administrées, Elle avait des douleurs atroces de l'estomac;
une goutte de bouillon lui était intolérable. Elle maigrissait
par inanition, sans avoir de fièvre et sans présenter de symptômes de gaslrite chronique, On eut l'heureuse idée de l'envoyer à Soultzm3~,
où elle hut d'ahord l'(\al! par petites
�I;;!)
quantités, un demi-vel'l'e par jour; c'était tout cc qu'elle
pouvait supporter au début du traitement. Bientôt les doses
furent augmentées; elle arriva il boire 6 à 8 verres, ct prit
chaque jour un bain, Au hout de trois semaines, les houillons et les potages étaient parfaitement supportés, Dans les
trois dernières semaines, celle malade avait recouvré toutes
ses forces; elle digérait tous les aliments servis à la table
commune, ct retourna chez elle, ne se ressentant plus de la
maladie qui l'aurait fait mourir. si, au lieu d'avoir recours
aux caux de SoulLzmatt, on avait contiuué à la gorger de
médicaments, (n.)
ÛnsERvATJON. - M. B., DégociaDt, à la suite de travaux
et de fatigues de tout genre, souffrait depuis deux ans de
maux d'estomac. Ses digestions étaient difficiles; il maigrissait ct commeDoait à deveDir hypocondriaque. IL vint me
cODsulter : je reconnus que toutes ses souU'rances tenaientà
_ UDe gastralgie. La langue était nette, la région épigastrique
insensible; il D'y avait point de soif, point de fièvre. Je lui
cODseillai les bains de Soultzmatt; il y resta pendant trois
semaines, ct obtint une guérison complète. (B.)
ÛnSERVATlON. - Mad. de W., de Mass ..... , fut, à
la suite de chagrins. prise d'une gastralgie se manifestant
par accès qui revenaient tous les jours. il quatre heures
de l'après-midi. Les médicaments employ('s par son médecin ayant été inutiles. elle vint 11 Soultzmatt en 1841.
Elle ne tarda pas à voir son mal disparaître sous l'inHuence de l'cau de la source prise eo boisson ct sous forme
de hain. (A.)
!\lad. Bloch, de Stl'asbourg, fut prise de gastralgie à la
suite d'une frayeur, Après avoir souffert pendant longtemps
de douleurs violentes peu de temps après l('s repas, ct avoir
essayé tous les remèdes qu'on emploie contre celle a ffec tio Il ,
clic vint à Soultzmatt, y passa (rois semaines, et fut (,IlLÏ~
"Cllienl di·ha ....asséc pa .. l'u age inlcl'Uc des caux lIliut' ..all's cl
�HO
lIes bains. Elle revient depuis trois ans . à Soultzmatt pal'
reconnaissance. (B.)
OnSERVATlON. - M. Bess. G., de Mutzig, me consulta
pour une gastralgie qui durait depuis plusieurs années. Les
digestions étaient très-pénibles, cc qui l'empêchait souvent
de manger. Il était triste, abattu; et quoiqu'il n'etît point de
fièvre, ni de soif, il était tombé dans un état d'épuisement
qui commençait à l'alarmer. Je l'envoyai à Soultzmatt: il
y obtint une guérison presque complète. Depuis plusieurs
années, il revint au bain, dont il a reconnu sur lui l'efficacité. (B.)
Nous disions que la gastrite chronique et. la gastralgie
. sont fréquemment réunies sur le même malade, ce qui rend
tout traitement pharmaceutique très-difficile. Les eaux de
Soultzmatt sont très-efficaces dans les cas de ce genre;
quelques observations recueillies dans ma pratique démontreront la vérité de ce quo j'avance.
Mad. V., de Saverne, âgée de trente ans, se plaignait
depuis plusieurs années de douleurs dans la région épigastrique. Ces douleurs augmentaient après les repas; mais
clles se manifestaient aussi hors le temps de la digestion.
La langue souvent était sèche, rouge à sa pointe. Des accidenls névralgiques do différents genres venaient compliquer
cet état, qui avait amené une grande susceptibilité nerveuse.
On pouvait facilement reconnaître deux éléments daos celte
maladie: une gastrite chronique et une gastralgie. Je ne
pus découvrir lequel de ces deux états avaiL existé au début.
J'ai tout lieu de soupçonner que la gastl'ite avait été proùuitepar l'administration iolempeslive de pl'épal'alÏons ferrugineuses, ùans le but ùe combattl'e une chlorose dont l'existence, pour moi, élait fort douteuse. Je conseillai à cette
malade de sc rendl'e aux eaux de Soultzmatt et d'y rester
pondant trois semaines; elle suivit mon avis, prit des bains
presque frais, el but l'cau de la source. Elle a oblenu llOC
�14·1
amélioration notable. Une seconde cure amènera induhilablement une guérison complète. (B.)
Mlle G., de Str., âgée de vingt-huit an1;, d'une constitution délica te, mal réglée, avall reçu une éducation qui développa en elle une grande susceptibilité nerveuse. Des
idées religieuses m,al dirigées, des chagrins de famille, etc.,
avaient rendu son caractère fantasque; elle s'isolait et fuyait
la société. Vers l'âge de quinze ans, elle commença à éprouver des symptômes de gastralgie, caractérisés par une douleur vive peu de temps après l'ingestion des alimen ts; bientôt elle ne voulut plus se nourrir que de bouillons el d'aliments qui ne pouvaient nullement convenir à son état. Une
gastrite chronique vint se joindre à la gastralgie: Les choses
allaient Je mal en pire jusqu'en 1845, époque il laquelle
je fus consulLé; après avoir essayé différents antispasmodiques, des calmants, etc., qui ne réussirent pas, je l'envoyai
à Soultzmatt. Au bout de huit jours, les fligestions se firent
plus facilement, et la sensibilité épigastrique disparut. Celle
malade changea d'humeur; chacun était étonné de voir celte
métamorphose. A près un séjour de trois semaines, cette
malade retourna chez elle; mais les mêmes causes qui euIrelenaient le mal se présentèrent de nouveau, ct celte guérison ne fut pas durable. (B.)
IL DE L'ENTÉRITE CHRONIQUJ~.
- DES AFFECTIONS
SCROPHULEUSES.
Ce que nous avons dil de l'efficacité des eaux de Soultzmatt dans les affections de l'estomac est, sous beaucoup de
rapports, applicable aux affections intestinales. L'action
de ces eaux modifie l'état de
antiphlogistique et ca~mnte
phlogose aiguë ou chronique de la muqueuse ou des intestins, et agit avantageusement sur les douleurs qui proviennent de troubles de l'innerva lion (voir p. 36 ct l .. 1).
�\1.2
Parmi les symptômes qui accompagnent les ' maladil's
intestinales, l'un des plus fréquents est la diarrhée. L'action antiphlogistique de nos eaux détruisant l'irritation, on
peut, sans crainte, chercher à arrêter une sécrétion qu'il
serait dangereux de supprimer, lorsque la muqueuse cst
le siége d'une inflammation pIns ou moins vive. Les eaux
de Soultzmatt, après avoir rempli celle première indication,
satisfont encore merveilleusement à la seconde; car nous
avons demontré (page I~O)
qu'elles disposent aux constipations. En elfet, chaque année, nous voyons à ce bain
nombre de malades se débarrasser de diarrhées chroniques
qui avaient résisté à tous les traitements les mieux dirigés.
Celle des enrants y est très-efficacement combaUue. Nous
.ivons cherché à expliquer par quel mécanisme on obtient
cct heureux résultat (voir p. 4.1).
ÛnSEnVATION. - Un enrant de Soultzmatt, à&,é de trois
mois, élait miné par une diarrhée chronique, qui l'avail ('t'duit au dernier degré de marasme; il ressemblait à un petit
vieillard. Tous les remèdes avaient été inutiles: le lait de la
mère et d'une autre nourrice n'avait plI arrêter le mal, qui
faisait des progrès rapides. Le passage de l'ouvrage Je MiGLIN l'evin t à l'idée de 1\1. NEssEL, propriétaire tles bains;
il en fit part au médecin, qui se hâta de recourir à l'el}u de
SouItzmaLl : l'enfant en l)rit par petites quantités, la valeur d'un verre environ par jour, ainsi que des bains d'cau
de la source. Bientôt les coliques sc calmèrent, la diarrhée
cessa dès le quatrième jour. Le traitement fut continué penJant quinze jours environ; il suffit pour amener une guérison complète.
.
La faeililé avec 1afluel Je on se procure l'eau de Soullzmalt permettra loujours d'avoir recours à ce traitement,
sans qu'il soit nécessaire de conduire les enfants à l'établissement, ce qui souvent serait impossihle.
ta d(orouyerte de re'au balsami(f\1C de M. AnNOT,}) nous
�14:5
olfl'e une ressource précieuse contre la Jiarrbée chronique
des enfants et des adultes, dans les cas ou l'cau de la source,
Lout en ayant calmé l'irritation, reste insuffisante. Nous
avons plusieurs fois pu constater que seule elle suffit, par
ses propriétés astrictives, dans les cas de dianhées muqueuses.
OnsERvATION (extraite Je l'ouvrage sur l'eau balsamique).
- Un enfant âgé de deux mois était, par suite d~ 'mauvais
allaitement (il avait eu trois nourrices différentes), alleint
de diarrhée avec muguet ct érythème des fesses. Il dépérissaitet avait les traits d'un petit vieillard. Je lui donnai l'eau
balsamique (cachet vert), à la dose de 6 cuillerées à café par
jour, associée à une goutte de laudanum. La diarrhée cessa
le quatrième jour, et quoique ceL enfant n'eut pas une trésbonne nourrice, il reprit des forces. Je continuai l'eau balsamique penda~t
un mois. (B.)
ODSERV~TlN.
- M. AIlNOLD traitait à Westhalten l'enfanL d'un nommé Michel Grœtz, âgé de six mois, ayant une
diarrhée chronique, qui l'avait jeté dans le marasme. Tous
les médicaments avaient échoué. Je me trouvais alors à
SoulLzmaU. M. ARNow m'ayant fait part de son embarras,
je lui conseillai de donner à ceL enfant l'eau balsamique
(cachet vert) dont il était l'inventeur, à la dose de 10 à 12
cuillerées par jour; il suivit mon avis. Au bout de deux
jours, la diarrhée était arrêtée, le petÎt malade se remit rapidement, et aujourd'hui il sc porte à merveille.
Des succès du même genre ont été obtenus par le même
médicament dans la diarrhée des adultes. Les cas ou l'cau
balsamique pourra être employée avec avantage sont indiqués avec beaucoup de précision dans l'ouvrage sur l'eau
intempestif de cc médicament
balsamique (p. 78), l'~mpJoi
actif pouvant avoir les conséqnences les plus fàchellses.
OJlSERVA'fION. - Mllu T., de Cernay, vint à SouHzmall
pour un dérangement d'intestins, qui durait depuis plus de
�'1-1:4,
huit mOlS. La langue était humide ct pâle; ,il n'y avait aucune douleur abdominale, si ce n'est au moment où le besoin d'aller à la selle se faisait sentir. Elle rendait alors des
matières renfermant des aliments mal digérés. Les nuits
surtout étaient fatigantes. Cet état avait amené de l'affaiblissement et de la maigreur; grand nombre de médicaments
avaient échoué. Elle but de l'eau de Soultzmatt, .mais sans
en obtenir un effet marqué. J'eus alors recours à l'eau balsamique (cachet vert), à la dose de 2 demi-verres par jour;
je donnai le soir 5 centigrammes d'extrait gommeux d'opium.
Au- bout de huit jours, la guérison était complète. La malade est encore restée .pendant trois semaines aux bains pour
reprendre des forces; elle a pu manger sans ménagement à
la table commune, et depuis j'ai appris que la guérison a
été durable. (A.)
Des scrophules. - En étudiant (p. 41) l'action des alcalis
• introsur la digestion, nous avons vu comment les aliments
duits dans l'économie peuvent devenir impropres ou insuffisants à la nutrition de l'individu. C'est de celle nutrition
imparfaite que DaÎt assez souvent, comme l'observation l'a
démontré, l'engorgement des glandes mésentériques (carreau) , qui plus tard amène surtout chez les sujets lymphatiques la diathèse scrophuleuse.
Les eaux de Soullzmatl, par leurs propriétés alcalines,
donneront à l'albumine, au sucre et aux graisses les qualités
nécessaires pour les rendre absorbables (p. 4.2). Celte première cause pathologique détruite, elles agiront sur l'engorgement lui-même (p. 36).
Les anciens. sans pouvoir, d'une manière satisfaisante,
sc rendre compte du mode d'action lies alcalins, les employaient souvent et avec succès dans les scrophules, ainsi
que dans cc qu'ils appelaient les obstructions. Voici, d'après
MÉGLJN, médecin remarquable du. siècle dernier, les idées
théoriques qui avaient cours à cette époque sur l'action
�thérapeutique des eaux alcalines de Soultzmatt Cil particnlier:
«Ces eaux, d'après leurs propriétés bien connues, doivent être d'un très-grand secours dans la ' plupart des maladies des enfants. Ces maladies, du moins le plus grand
nombre, dépendent de trois causes principales, savoir :
1 ° de la crudité pituiteuse dans les premières voies (a glutinosa sponlanea); 2° de la crudité acide (ab acida sponlanea);
3° des vers.
«Or, on ,'oit déjà, sans que j'aie besoin de le dirc, que
nos eaux étant alcalines à un degré si considérable, doivent
atténucr puissamment et rQmpre la ténacité de celle matière
visqueuse et glaireuse, dont Ic~ premières voies des enfants
sont si souvent farcies, et qui n'est pour l'ordinàire que le
produit de la ,mauvaise nourriture qu'on leur donne. Ces
eaux. à ce que je pense, seront plus en état que tout aulre
remède de désobstruer les veines lactées, de lever les engorgements des glandes du mésentère el de dissiper la grosseur et la dureté contre nature du bas-ventre, qui en est
l'effet; elles ouvriront ainsi les voies du chyle, elles rétabliront les digestions ct feront naître l'embonpoint aux extrémités émaciées cl atrophiées,.à mesure qu'elles dissiperont
la grosseur et la dureté de l'abdomen, qui est la cause de
la maigreur et du marasme des extrémités.])
MÉGLIN recommande aussi les eaux de Soultzmatt dans
les affections scrophulellses et rachitiques. Si l'explication
qu'il donne de leur action sur ces maladies a vieilli, le fait
pratique reste le même, le temps n'a même fait que le
corroborer; car nous avons souvent observé que les enfants
qui font usage de ces eaux ne tardent pas à en obtenir
d'excellents effets: leur appétit devient plus vif, leurs digeslions sc font plus régulièrement, leur teint s'anime, leurs
chairs perdent de leur bouffissure ct deviennent plus fermes;
leur ventre, de gros ct empâté qu'il était , devient souple,
10
�UG
enfin, leurs forces se développent, et ils reprennent sous
tous les rapports les apparences de la santé.
J'ai l'intime conviction que les eaux du g~nre
de celles
de Soultzmatt seront un jour préférées même aux eaux
iodées pour le traitement des scrophules à leur début, et
qu'on n:emploiera plus les eaux iodées que pour les cas où
la maladie sera arrivée à une période avancée. Je résume
ainsi mes iàées pratiques à ce sujet: Pour combattre le lymphatùme prononcé et la tendance à la tuberculisah'on, employez
les alcalins et surtout les eaux gazeuses alcalines, réservez les
eaux 1'odées pour les scrophules confirmées.
CHAPITRE III.
ne l'eolilloi tles eaux tic SOliltzlllatt et tle l'eau
baisalllique tians certaines affectiolls tlos .IOU.
010118.
1. DE LA DRONCIIITE CHRONIQUE (CATARRHE PULMONAIRE) .
La bronchite chronique, dans la plupart des cas, est une
'affection extrêmement rebelle; quelques auteurs ont même
prétendu qu'elle est incurahle. On serait peut-être plus dans
le vrai, si on disait que, le plus souvent, les moyens pharmaceutiques ne réussissent qu'incomplétement, et que, dans
ces maladies, comme dans les autres affections chroniques,
il faul moins compter sur eux que sur l'inlluence des changements de régime, d'habitation, de climat, el surtout sur
l'action de certaines eaux minérales. Aucun médicament,
cn effet, ne peut être continué assez longtemps pour obtenir
des cures radicales; tous fatiguent les organes digestifs,
inspirent du dégoClt, avant qu'on ait modifié profondément
l'état pathologique de la memhrane muqueuse; non que
pour cela je conteste l'action puissante de ccrtains médica-
�147
ments :' ils oolleul's indications, leur temps et leurs verlus
hien évidentes; mais, le moment passé, leur action devient
nulle et souvent nuisible.
Quoique plus d'une fois on ait prétendu le contraire, le
poiot de départ du catarrhe pulmonaire est toujours l'inflammation de la membrane muqueuse des bronches; mais
il serait souvent difficile de démêler un état inflammatoire
dans les lésions qui se présentent, si l'anatomie pathologique n'était venue éclairer ce point important.
La membrane muqueuse des bronches ne présente pas,
dans la bronchite chronique, cette coloration d'un J'ouge
vif dont elle est animée dans la bronchile aiguë; le plus
communément, elle offre une teinte violacée, grisâtre, brunâtre, qui est presque toujours plus prononcée à la partie
inférieure de la trachée-artère, au commencement des gros
canaux bronchiques, qu'en aucun autre point, circonstance
signalée par tous les pathologistes. En quelques cas particuliers, la membrane muqueuse est inég'alement colorée
par places. Au dire de LAENNEC, il n'est pas rare, chez
les vieillards surtout, et lorsque le catarrhe existe depuis
un grand nombre d'années, de trouver la membrane muqueuse très-pâle dans toute l'étendue des bronches, ou d'une
couleur jaunâtre mêlée à peine de quelques nuances de
rouge. Quelquefois les vaisseaux sanguins: qui rampent dans
l'épaisseur de la membrane muqueuse bronchique, sont à tel
point gorgés de sang, qu'ils se' dessinent par leur couleur
sous forme de sinuosités saillantes. Des mucosités puriformes
jaunâtres, verdâtres, plus ou moins épaisses, plus ou moins
adhérentes, quelquefois mêlées de bulles d'air plus ou moins
volumineuses, tapissent la membrane interne des bronches
et de l~ trachée-artère., Parfois la matière épanchée ressemble à du pus bien lié, analogue à celui du phlegmon (ANDnAL, Clinique médicale, 16, Ill, p. 222).
La membrane muqueuse Jes hronches suhit, il l'état d'in-
�'14,S
flammalion chronique, trois degrés d'altérations. Le ramollissement, l'ulcération et l'épaississement, auxquelles peut
succéder la dilatation. Ces différentes altérations amènent des
accidents divers et variables: le retour fréquent du catarrhe
à l'é'tat aigu. la bronchorrhée (expectoration abondante
d'un liquide spumeux). le catarrhe muqueux (expectoration
muqueuse et puriforme) . qui épuise et mine les forces du
malade; d'autres fois, c'est]e catarrhe pituiteux, le catarrhe
sec, et enfin le catarrhe suffocant, l'emphysème pulmonaire.
Toutes ces formes, dont l'origine est commune, ont chacune des symptômes particuliers. spéciaux, d'après lesquels
on peut facilement les reconnaître. L'étendue de cet opuscule ne nous permet pas d'entrer dans des détails de cc
genre, el nous renvoyons aux ouvrages qui traitent d'une
manière spéciale de ces affections.
.
Comment les eaux de Soultzmalt agissent-elles dans la
bronchite chronique? Dans les considérations générales auxquelles nous nous sommes livré. nous avons démontré que
les eaux gazeuses et alcalines ont de véritables propriétés
servir de l'exantiphlogistiques, qu'elles sont, pour nou~
pression de l'éc~e
italienne, hyposthénisantes. Elles peuvent
bien primitivement amener un peu d'excitation, mais elle
n'est que passagère. bientôt après commence, une action
plus durable; c'est de ralentir la circulation et par suite la
respiration, et de placer ainsi le poumon daos des conditions de repos relatif; moindre affiuence de sang) respiration moins active et plus lenle. Là ne se borne pas l'action et l'utililé des alcalis.
M. Cn. PETIT croit (brochure sur les eaux de Y-ichy.
1845, p. 8) que l'albumine el la fibrine que nous voyons
former la hase des engorgements chroniques. sont solubles
par les alcalis; qu'il est vraisemblable qu'en soum~
, lant
les malades à l'actiOJ) des caux de cette espèce, le sang
(1evient plus fluide par cela même qu'il est rendu plus al-
�149
calin; la matière coagulée qui constitue les engorgements
est alors plus facilement pénétrée et imbibée par lui, et se
trouve sous l'influence d'une action chimique qui tend à la
ramollir, à la faire passer de l'état concret où elle est à
l'état liquide, ce qui la met dans des conditions favorables
à l'absorption. Nous partageons en grande partie celle manière de voir à ce sujet (p. 36 à 40), et' c'est ainsi que
nous concevons l'améliora,tion qu'éprouvent certains malades atteints d'emphysème pulmonaire. Malheureusement
les effets qu'on obtient dans ces . cas ne sont pas durables.
En serait-il ainsi, si les malades se résignaient à faire usage
de ces eaux pendant un temps très-long, au lieu de se
borner à une cure d'un- mois au plus?
OnSERVATION. Mad. R., de Strasbourg, à la suite
d'une bronchite chronique négligée, éprouvait dè l'oppression et de la toux. L'expectoration, qui, dans le principe,
avait été abondante, avait beaucoup diminué j il n'y avait
point de fièvre. L'auscultation donnait tous les signes d'une
bronchite compliquée d'emphysème pulmonaire. Cette maladie n'avait point été améliorée par les différents traitements mis en usage. Je l'envoyai à Soultzmatt pour boire
l'eau de la source et faire. en même temps une cure par le
petit lait. Après quatre semaines de séjour au bain, les râleil
avaient cessé, la respiration était tellement facile que cette
dame pouvait gravir des montagnes escarpées sans éprouver
la moindre oppression. Elle revint chez elle, se croyant
guérie; mais, il l'entrée de l'hiver, une nouvelle bronchite
amena les mêmes accidents pour lesquels je l'avais envoyée
à Soultzmatt. (B.)
Comme je l'ai dit, une guérison durable ne pourrait être
obtenue qu'à la condition de faire pendant fort longtemps
usage de ces eaux, afin d'obtenir la liquéfaction et l'absorption de la lymphe plastique qui l'étrécit les bronches.
Un dcrnier elfct des alcalins est d'augmenter au bout de
�150
peu ùe temps la liquidité de la sécrétion bronchique. Dans
la pratique, c'est ordinairement le sel ammoniaque qu'on
préfère pour obtenir celte aclion; ma,is les mêmes effets
sont obtenus par les autres préparations alcalines. Cette
liquéfaction des mucosités bronchiques est une suite de la
diminution de l'inflammation de la membrane muqueuse;
car l"opinion commune des médecins est que les mucosités
sont d'autant plus tenaces, que, la membrane muqueuse
est plus profondément enflammée ou altérée.
A l'appui de ces considérations toutes théoriques, nous
apportons la sanction pratique des médecins anciens ',
qui obtenaient les effets les plus avantageux de l'emploi des
eaux de Soultzmatt ou aulres analogues. MÉGLlN dit particulièrement : «Les eaux de Soultzmatt sont efficaces dans
les engorgements pituiteux du poumon, dans l'asthme lli.
tuiteux et même convulsif, dans certaines périodes de
phthisies pituiteuses ct tuberculeuses dont on trouve dans
différents auteurs des exemples de guérison par le moyen
de pareilles eaux. b
Les eaux de Soultzmatt peuvent donc, comme on le voit,
faire cesser, quand elles sont prises pendant un certain
temps, l'élat de phlogose de la membrane muqueuse des
bronches, résoudre l'engorgement de la membrane et modifier la nature de la sécrétion muqueuse. Ces traitements
sont puissamment aidés par la cure au petit lait, (jui, d'après
ce que nous avons dit (p. 7 /.. ) , a, sous beaucoup de rapports, le méme mode d'action que les caux de Soultzmatt.
L'eaq doit être prise dès le début du traitement à do~cs
assez fortes, pour arriver rapidement à 6 à 8 verres par
jour, même à 10. Dans 10 commencement surto~
s'il y a
un peu d'élal fébrile, il faudra éviter la légère ébriété produite par le gaz acide carbonique, en le laissant échapper
en partie. Lorsqu'il y aura une grande suscoptibililé de
la muqueuse, on suivra le conseil de MÉGLIN, qui dil :
�«Dans ces cas, on pourra les marier avec du lait, si les circonstances l'exigent indispensablement; je dis indispensahlement, car je n'approuve point toujours la méthode de
couper les eaux minérales avec du lait; ce mélange, qu'on
emploie souvent sans nécessilé, peut avoir des inconvénients, et le moindre est de diminuer l'action des caux.»
Au bout de peu de jours, les malades s'accoutument à
prendre les eaux pures et à la température de la source,
sans que la toux soit augmentée.
Rarement, il faut l'avouer, les eaux de Soultzmatt, aussi
bien que toutes les autres eaux minérales, soit alcalines,
soit sulfureuses, thermales ou non thermales, aussi bien
que les cures au petit lait, amènent une guérison complète
de la bronchite; on obtient des améliorations notables, résultat déjà fort avàntageu , puisque MONERET dit, dans
son article sllr la bronchite (Compendium de médecine pralique) : dl y a peu de cas avérés de guérison d'une brou« chite chronique; celles qui se présentent avec les carac«tères les moins intenses résistent souvent opiniâtrement à
«tous les moyens qu'on leur oppose.»
CeLLe difficulté, parfois' celle impossibilité de guérir la
hronchite chronique par les eau'x de Soultzmatt, a donné à
M. ARNOLD l'idée d'associer au traitement par l'eau minérale le traitement par l'cau balsamique. M. le Dl' HIRTZ et
moi, après avoir pris connaissance de la composition de
ceLLe cau, avons cru devoir en préconiser l'usage, et pour
que cc traitement fùt exempt de tout danger, nous avons
cherché à le soumelll'c à certains principes pratiques qui
sont développés dans l'ouvrage qui a été publié sur l'emploi
de l'eau balsamique j.
1. L'enu bnlsamique és t une excell nte et ingénieuse IJréparation
\lont j'aurais bien voulu faire connaître la composition; mais ç'eût été
enlever à l'établissement de SoultzmatL une de ses sources de prospôrité. Les avanta ges qu e j'ai retirés de ce médiooment m'ont engagé
�152
Ainsi, lorsque, l)ar l'cau de Soullzmall ct le petit lait,
on sera arrivé à faire tomber l'irritation, à diminuer l'engorgemen t de la membrane muqueuse, à rendre les crachats
moins visqueux, on pourra avantageusement employer
l'eau balsamique. :Mais si l'on n'est pas arrivé à ce résulLat
primitif, celte cau sera presque toujours dangereuse. Dans
ces affections, on devra choisir le cachet rouge, qui est
moins actif que le cachet vert. La dose à employer au débu t est de 6 à 10 cuillerées par jour. Il ne faudra la dépasser que lorsque le malade se sera lentement accoutumé
il son usage, l'important n'étant pas d'obtenir la suppression prompte de }:expectoration, mais d'arriver petit à petit
à la tarir.
L'eau balsamique, comme son nom l',indique. renfermant
des substances résineuses, qui sont combinées avec les alcalis qui se trouvent dans les eaux de Soultzmatl, agi t comme
le copahu, le baume de tolu, ele.; on conçoit dès lors
qu'elle devienne un moyen puissant de diminuer les sécrétions. Nous avons vu les expectorations les plus abondantes
être supprimées après quelques jours de sqn administration
trop hardie; mais qu'est-il alors 'arrivé? De l'oppression,
Je la fièvre, de la sécheresse, de la toux. Je conseille donc
aux malades, dans la plupart des cas, de continuer l'cau
de Soultzmatt pendant tout le temps qu'ils feront usage de
l'eau balsamique, il moins qu'il leur soit prouvé par l'exil publier l'opuscule ayant pour Litre: Considérations pratiques SU?'
l'emploi de l'cau balsamique de Soultzmatt dans le traitement des affeclions catarrhales c/woniques ct des hémorrltagies des mcmbranes muqueuscs ; - de la phthisic pulmonU'ire et de certaines cachexies ,. - de
son usage dalls les maladies exlernes ct chirw'gicales, Mais l' peu de
synljlnthie que j'ai pour les remèdes secrets m'a emptlché <lo fairo
paraître cot écrit sous mon nom,
1\1. ARNOLD, s'étant ap f(,U qu'on nvait tenté d'imiter l'eau bnl 'amiqlle, conseille ~ toutes les personne qui dcsil' nt s' f111rOlllll'Cr de
s'a(ll'csser il 1. E St:L , propriétaire llo' hain de oultzlllatL.
�1ti5
pél'icncc que ce médicament n'a l)as sur cux un effet troll
actif. Le traitement doit surtout être surveillé avec le plus
grand soin dans les cas d'emphysème pulmonaire. Je vais
citer quelques observations où les eaux de Soultzmatt ont
été employées soit seules soit simultanément avec l'eau balsamique.
OnSERVATION. - M. Schulmeister, habitant les environs
de Lyon, fut envoyé, d'après mon conseil, à Soultzmatt en
1851. Il était, depuis longues années, affecté d'une bronchite chronique et depuis peu de temps d'un commencement d'emphysème pulmonaire peu considérahle. On entendait dans les deux poumons des râles muqueux abondants,
quelques-uns étaient très-fins. La respiration était difficile,
le pouls très-fréquent, la peau jannâtre; il Y avait de la
fièvre vers le soir, et un cOq'lmencement d'amaigrissement.
Dès les premiers jours', la fièvre torriha,. la respiration et
l'expectoration devinrent plus faciles. A la fin du traitemen t, qui dura trois semaines, il prenai t de 8 à 10 verres
(l'eau. Les râles, sous l'influence des caux de Soultzmatt,
avaient entièrement disparu dans le courant de la journée,
ils ne se faisaient entendre que le matin, avant que le malade eût expectoré quelques mucosités spumcuscs. M. Schulmeisler, que ses affaires rappelaient chez lui, quitta l'étahlissement au moment où, après cette cure préparatoire,
nous voulions lui faire prendre l'eau balsamique, mais il a
suivi ce traitement chez lui, ct nous savons qu'il lui a été
très-uLile. (B. )
OnSEllVATION. - M. Kiener, de Vedcnstein (Haut-Rhin).
était atteint depuis plusieurs années d'un catarrhe chronique
des poumons, suite de plusieurs bronchites aiguës. Tous les
matins la respiration était gênée, l'~xpectorain
abondante,
muqueuse. jaunâtre. Râles muqueux à grosses bulles, amaigrissement; l'appétit s'était conservé. JI resta en 18~ , 7 pendaut quatre semaines à l'étahlissement, buvant «le 6 à 10
�154.·
verres d'eau tous les matins. Au bout de ce temps, la bronchite avait à peu près disparu. (A. )
OnSERVATION. Mad. Pf., de Mulhouse, âgée de quarante ans, vint à Soultzmatt pour se débarrasser d'un catarrhe chronique qu'elle portait depuis plusieurs années.
L'expectoration était visqueuse, tenace, très-peu abondante;
elle avait habituellement de la dyspnée; la moindre cause
de refroidissement donnait lieu à un siffiement très -incommode, pendant lequel eUe suffoquait; l'auscultation révélait
des râles fins dans les dernières ramifications des bronches.
Il y avait des douleurs pectorales; le pouls était naturel.
Elle prit l'eau de la source pendant quatre semaines; au
bout de ce temps, les râles avaient à peu près disparu et
la respiration était devenue presque normale. Elle n'est
point revenue à Soultzmatl, aussi est-il probable que le
mieux se sera maintenu. (A.)
Mlle de V., âgée de trente-deux ans,
OnSERVATION. fut atteinte, il y a quelques années, d'une bronchite grave,
qui bientôt se changea en pneumonie double. Un traitement
énergique ne put empêcher la maladie de passer à la suppuration, et l'on put constater deux abcès pulmonaires à
la base de chaque poumon (souffie, gargouillement). L'expectoration fut très-abondante pendant deux mois environ;
mais la malade échappa à la mort et se remit en conservant
un catarrhe pulmonaire. Depuis celle époque, celle malade
eut souvent des bronchites aiguës, qui furent graves, mais
qui cédèrent assez facilement aux traitements que je mis en
usage. C,e pendant, en 1852, dans une attaque du même
genre, les médicaments, qui m'avaient autrefois réussi,
n'amenèrent aucune amélioration. La malade commençait à
être en proie à la fièvre hectique, des sueurs nocturnes
l'épuisaient; on entendait des râles muqueux abonùants
ilans toute la poitrine; l'expectoration était purulente, les
nuits étaienL sans sommeil. Craignant avec raison une issue
J
�H,;)
funeste, je conseillai il cette demoiselle, il laquelle je pol'tais
un vif intérêt, de se rendre à Soultzmatt. Je lui fis boire
le peLit lait et l'eau de la source, reposée, à la dose de 4· à
6 verres par jour. Dans la journée, elle prenait deux demiverres d'eau balsamique (cachet rouge), et plus tard deux
verres; le soir, de petites doses de morphine. Ce traitement
fut continué pendant cinq semaines et eut les meilleurs résultats; car celte malade, que la fièvre minait, qui se traînait avec peine, avait, à l'issue de sa cure, recouvré la force
et la santé. Dans les derniers temps de son séjour à SoultzIDatt, elle put partager les plaisirs des autres baigneurs.
I.orsque je la revis, je fus frappé de sa bonne mine et ne
pus assez m'applaudir du bon conseil que je lui avais donné.
(B. )
OBSERVATION. - J'eus occasion de traiter, conjointement avec M. CnAUl\IONT, médecin à Strasbourg, le nommé
H., boulanger dans cette ville. D'après les détails qui me
furent donnés, le malade était affecté depuis longues années
d'un catarrhe chronique contracté dans l'exercice pénible
de son état. Agé de cinquante ans tout au plus, il ne vaquait qu'avec peine aux travaux les plus légers; son teint
étai t jaune, son corps amaigri, sa respiration courte et
bruyante: ce fut dans celte position qu'il fut atteint d'nne
pneumonie double à laquelle il échappa. Le traitement de
cette maladie intercurrente eut pOUl' effet de diminuer l'intensité de la bronchite; mais, malgré tous les moyens que
nous employâmes, il conserva un râle muqueux abondant
danS' les grosses bronches, des râles plus tins dans les dernières ramifications bronchiques; il Y avait absence presque complète de la respiration vésiculaire, si ce n'est aux
sommets; dyspIiée excessive, expectoration puri forme des
plus ahondantes, maigreur, pouls pèlit, fréquent. Nous envoyâmes cc malade il Soultzmatt; il n'y resta que quatre
semaines, vour y hoire Je ' petit lait, l'cau de la source et
�156
l'eau balsamique. Peu à peu, l'expectoration diminua et
devint muqueuse, la dyspnée presque nulle, les forces revinrent, le visage prit un aspect moins jaunâtre, et ce
malade put faire des promenades dans les montagnes sans
. être trop essouffié. Il revint à Strasbourg, où il continua
encore pendant quelque temps l'usage de l'eau balsamique.
J'ai depuis peu revu cet homme: il continue à jouir d'une
assez bonne santé, et son affection chronique n'a pas fait
de progrès. (B.)
.
L'eau balsamique est un remède excellent dans la bronchite chronique des enfants. J'ai exprimé mes idées pratiques à ce sujet daus l'ouvrage qui a été publié sur l'eau
balsamique.
([ Comme on le sait, chez les enfants cette affection n'est
pas rare. Plus irritables, plus sensibles que les adultes
aux impressions atmosphériques, surtout par suite de la
manière dont on les élève aujourd'hui dans les villes, on
voit à chaque instant survenir chez eux des bronchiLes, des
l'humes. Pour peu que ces atfeclÏons ne soient attaquées au
début, ou que l'enfant soit d'une constitution molle ou
lymphatique, la bronchite aiguë passe à l'état chronique.
On entend alors des râles muqueux dans toute la poitrine;
la vic de l'enfant, la plupart du temps, n'est heureusement
pas en dang'er, à moins qu'il ne survienne, comme cela est
assez fréquent, une alfection inflammatoire iQtercurrente;
mais il pâlit, il maigrit, il devient débile et mou, en un
mot, il ne prospère pas, parce qu'il respire mal. Les. mères
s'em'aient, le médecin est consulté: il prescrit un vomitif;
Je mal disparait alors comme par enchantement; tous les
râles cessent; on croit avoir triomphé; mais le lendemain,
auscultez de nouveau. le petit malade, et vous retrouverez
les mêmes râles que la veille. Que fait-on? On a récours à'
ùe nouveaux vomitifs, au kermès, au soufre doré d'antichaudes aromatiques qui, soit diL en
moine, aux ju~sion
1
�1Si
passant, faliguent beaucoup l'estomac, détruisent l'appétit,
augmentent la maigreur et finissent par inspirer une telle
répugnance, que l'enfant se déb;lt, s'agile et refuse de pren~
dre les médicaments. Vous pourrez facilemcnt vous afrn~
chir de tous ces ennuis en suivant le plan de traitement que
je vais indiquer.
a Faites vomir renfant, afin de débarrasser ses bronches
d'une manière plus prompte, mais ne réitérez pas souvent
le vomitif. Le lendemain, commencez à administrer l'eau
balsamique (cachet vert), que les enfants suppdrtent parfaitement à la dose de trois cuillerées à bouche trois fois par jour.
Une bouteille suffira le plus souvent pour obtenir la guérison.
, OBSERVATION. Cl Je donnai des soins à un enfant de cinq
ans, un peu lymphatique, pour une bronchite chronique
dont il était affecté depuis plus de six mois. Cet enfant était
tourmenté d'une toux fatigante, surtout vers le soir; le
matin, elle était grasse; l'expectoration, que je parvins
quelquefois à examiner, était jaune; l'auscultation faisait
découvrir dans les deux poumons un râle muqueux abondant. La plupart du temps le malade n'avait point de fièvre;
mais la moindre cause d'excitation, le moindre refroidissement faisaient naître l'élat fébrile. Je voyais avec chagrin
cc petit être, déjà assez frêle, maigrir ct s'étioler, devenir
triste et perdre l'appétit. Le peu d'effet que j'obtins des vo~
mitifs et des autres préparations d'antimoine me donnèrent
l'idée d'employer l'cau balsamique (cachet vert) à. la dose de
trois cuillerées à bouche le matin ct le soir, ayant soin de
la faire édulcorer. Il cst à remarquer que ce médicament fut
pris sans aucune répugnance. Une bouteille suffit pour ob~
tenir la guérison; elle fut durable, car, depuis un an, mal~
gré l'hiver, la toux n'a plus reparu.» (B).
�IL DE LA PUTIIISIE PULMONAIRE.
L'origine du tubercule, cause première de la phtbisie pulmonaire tuberculeuse, est encore fort obscure. Nous connais·
sons néanmoins la plupart des circonstances dans lesquelles
il naît et les conditions qui favorisent son développement. II
est un produit de nouvelle formation, déposé dans nos organes, où il peut rester à l'état de crudité et n'exercer aucune
influence fâcheuse sur la constitution; mais le plus souvent
et presque constamment, il est soumis à un travail qui tend
à le ramollir et à le liquéfier. M. GENDRIN (Histoire anatomique des inflammations, t. II, p. 599), dit: «Si la maI! tière tuberculeuse est déposée sans inflammation dans noS
«organes, la phlegmasie des tissus ~Jlvironats
se remarque
(/. toujours, lorsque le ramollissement des tubercules s'opère,
(/. et ce ramollissemen t semble dépendre de l'infl.ammation.»
Si l'opinion de cet auteur peut être soumise à quelques
exceptions, il n'en est pas moins vrai que la phlegmasie du
poumon est fréquente, lorsque le travail d'élimination corn·
mence. Une preuve qu'alors une phlegmasie s'est déclarée,
c'est qu'on trouve dans le sang une augmentation de fibrine
analogue à celle qui caractérise les autres phlegmasies, et
qu'ill1'est pas rare de rencontrer des pneumonies lobulaires
autour des masses tuberculeuses. Nous voyons en elTet, lorsque ce travail commence, que les vaisseaux qui environnent
le tubercule se congestionnent et deviennent plus nombreux:
c'est une espèce de fiuxus sanguin circonscrit qui se fait autour du tubercule: Par suite, il se forme le plus souvent une
membrane fongueuse molle, friable, que la moindre cause
peut rompre; sa déchirure livre passage à la matière tuherculeuse liquéfiée et mêlée de pus. Si un vaisseau se trouve
en rapport avec celle matière, il est usé et donne lieu il des
hémoptysies. Le produit cacoplastique une fois rejeté, le
�159
phthisique devrait guel'll' et guérit en effet quelquefois ;
mais le plus souvent il n'en est pas ainsi, parce qu'il est
rare que le travail pathologique que nous venons de décrire
ne se répète sur les tubercules environnants, lorsqu'ils existent, ù 'où résultent d'abord toutes les petites cavités isolées
qui, venant à se confondre, forment ces vastes cavernes
qu'on rencontre chez les phthisiques. La caverne se tapisse
souvent d'une véritable membrane pyogénique, qui sécrète
presque toujours du pus de mauvaise nature. Aussi l'abon-
dance de la sécrétion épuise le malade; ses qualités delélères l'empoisonnent par resorption. Tous les soins du médecin devront
donc tendre :
1° A empêcher les tubercules de se former;
2° Lorsqu'ils sont formés, de les empêcher de se mmollir;
3° Lorsqu'ils sont ramollis, de favon'ser la cicatr'isation.
Une hygiène bién entendue, certains médicaments, certaines eaux minérales peuveut remplir en partie ces indications,
, L'établissement de Soultzmatt, pour le climat que nous
habitons, place les malades de cc genre dans les conditions
les plus favorables, pour prévenir ou retarder le développement des tuhercules pulmonaires, ct même quelquefois
pour les guérir. Un coleau, abrité du nord, comme le conet tous les médecins, des exercices doux
seille M. ClO~fEL
et modérés, des promenades à âne dans des forêts de sapin,
le lait d';lnesse, le lait de chèvre, le pelit lait, tout enfin
- se trouve réuni dans ce bain pour remplir les conditions int1ispensahles que chacun indique et réclame vivement, mais
que la nature et le désir d'être utile ont seuls pu grouper
Sur un même point. Mais Soultzmatt a encore quelque c.hose
de plus : c'est son eau minérale et son eau balsamique
dont nous allons apprécier et analyser les bons effets.
Nous avons vu (p. 41) comment los eaux alcalines, modifiant les matières alimentaires qui doivel t sp.rvir à la nu-
�160
trilion, les l'endent propres à être assimilées. pr, faciliter
cette assimilation, c'est fortifier l'organisme, c'est empêcher souvent la formation des tubercules, c'est, en un mot,
l'emplir notre première indication.
Tous nos traitements, tous nos soins doivent, lorsque les
tubercules existent, tendre, comme nous l'avons dit, à empêcher l'état congestif, l'irritation ou l'inflammation dcs
tissus au sein desquels ils sont déposés. Or, nous avons
cherché à démontrer, dans des considérations générales ct
en parlant de la bronchite, que les eaux gazeuses et alcalines avaient des propriétés hyposthénisantes, qu'elles ralentissaient la circulation et la respiration, qu'elles étaient
rafraîchissantes, qu'elles diminuaient la plasticité du sang
(voir p. 31 à 33). Ne sont-ce pas là les effets que nous
cherchons à obtenir par l'emploi de la plupart de nos médicaments? Mais lorsque le ramollissement commence, qu'il
y a déjà des hémoptysies, que des accès de fièvre commencent à se faire sentir, c'est encore le cas d'avoir recours aux
eaux de SoulLzmatt. Ne pouvant plus enrayer le ramollissement du tubercule, on a encore ]a chance d'em'pêcher J'inflammation de se propager aux parties environnanles ct de
déterminer la fonte d'un plus grand nombre de tubercules,
s'ils existent. Souvent on parvient à faire cesser la fièvre qui
mine le malade; en un mot, on peut espérer de convertir la
phthisie pulmonaire à marche rapide en phthisie à marche
plus Jente. On obtient ainsi par les eaux de Soultzmatt des
effets analogues à ceux de ]a digitale, du sucre de saturne,
de l'alun, de l'eau de laurier cerise à haute dose, de l'émétique, etc., etc. Mais quelle différence entre ces moyens,
destinés à arriver au même but! Les uns détériorent promptement les organes digestifs, amènent l'inappétence, la
diarrhée, tandis que les autres ne fatiguent pas l'estomac ct
réveillent même. l'activité digestive. Il nous a semblé que,
pour ohtenir l'effet dont nous parlons, l'eau de Soultzmall
�'1Gl
mérite d'être placée presqu'au premier rang. Elle n'est pas
excitante comme les eaux thermales de celte espèce; puis,
ce qui est fort rare, elle ne renferme pas de fer, substance qui est peut-être la plus funeste aux phthisiques. On
peut donc, sous ce rapport, la donner en toute sécurité.
C'est une eau qui est calmante par excellence, parce qu'elle
renferme des éléments hyposthénisants : l'acide carhonique,
l'acide boriqué, sulfurique, la soude, la chaux, la magnésie, la potasse (voir l'analyse de M. BÉCllAMP).
Une autre considération doit encore faire recourir aux
eaux de Soultzmatt. Nous avons vu que les alcalis, et surtout le bicarbonate de soude, ont la propriété d'empêcher
la sécrétion d'une portion du sucre qui, formé dans le foie,
doit être converti en acide carbonique dans le poumon. Le
travail de cet organe se trouvant par conséquent bien amoindri, il éprouvera moins de fatigue (voir p. q.4).
'Ajoutez à l'action des eaux les cures au l)etit laiL, qui,
comme nous l'avons dit, ont une manière d'agir à peu près
analogue à celle des eaux de Soultzmatt, et vous aurez institué un des traitements les plus rationnels contre la prédisposition à la phthisie et contre la phthisie au premier degré.
Nous conseillons généralement dans celle maladie de mélanger lin peu de lait chaud à l'eau de la soUrce, pour la
rendre moins froide; mais nous renonçons à ce mélange,
dès que l'eau de la source ne détermine pas la toux. La
quantité d'eau que nous faisons prend l'e est très-variable:
cepenJant no'us évitons de donner des doses trop élevées,
rarement plus de 3 à q. verres, pOUl' ne pas fatiguer les
organes digestifs. Il est prudent, dans les premiers jours,
de faire boire aux malades de l'eau qui a été puisée ]a
veille à la source; on la fait placer dans leur chambre
pendant la nuit, pour' qu'elle soit moins froide et conLienne
de plus petites quantités d'acide carbonique. Les malades
qui prennent en même temps du petit lait doivent le boire
11
�de bonne heure; l'eau de la source ne sera alors administrée
que dans le c.ours ùe la matinée et vers le soir; ils en boil'ont aussi à table, si elle est bien supportée. Nous proscri"ons en général les bains dans les affections pulmonaires.
Mais nous avons hâte de le dire : si les eaux de SouHzmatt enrayent la marche de cette cruelle maladie, aussi bien
qu'aucune autre source, comme celles d'Ems , . les eaux de
Bonnes, elles ne donnent pas la guérison. Tout ce que nous
sommes en droit de leur demander, c'est d'aider favorable ment le travail de la nature dans l'élimination du tubercule,
tout en modérant les effets fâcheux de ce travail sur la c.onstitution. Mais lorsque le tubercule est ramolli, l'établissement de Soultzmatt offre-t-il quelque ressource pour cicatriser ou dessécher la cavité qui a. succédé à l'élimination
du tubercule?
M. ARNOLD a été conduit par la voie de l'expérimentation à la découverte d'un médicament qui nous a paru,
d'après nos propres observations, être très - avantageux
pour combattre la phthisie pulmonaire arrivée au second et
au troisième degré: c'est l'eau balsamique. Cette préparation a un effet analogue aux autres substances balsamiques;
mais elle a sur elles un immense avantage par la facilité
avec laquelle ene peut être administrée aux malades. Elle a
produit des effets réellement remarquables, qui ont été consignés dans l'ouvrage qui a été publié il ce sujet. Depuis
celle époque, l'usage de celle eau a pris une grande extension el a souvent répondu à l'atlente du médecin, dans l'hémoptysie et dans les cas où il existe des vomiques. Dans
. l'hémoptysie, l'eau balsamique agit en exerçant sa propriélé
styplique sur les vaisseaux capillaires entr'onverls ou sur la
membrane fongueu se qui laisse échapper le sang. Son action
de l'élixir acide
est analogue, sous cerlains rapports, il cel~
de Han~r,
de l'alun, du sucre de saturne; mais elle est plus'
utile, comme nous l'avons ait aiUeUl's, parce qu'on peut dOI1-
�ner des doses d'eau balsamiquc comparativement plus fortes;
eUe est plus durable, parce qu'elle peut être cmployée indéfiniment. Nous savons les heureux effets qu'on obtient dans
les hémorrhagies externes, par exemple, par l'eau de Pagliari, qui n'est qu'une substance résineuse associée dans
certaines proportions à l'alun, et M. le Dr Sl\1ITU a publié
daos le Btûlelin de thérapeutique un excellent article sur
l'emploi des préparations térébenthinées dans l'hémoptysie;
il prétend, par ces substances, combattre la diathèse hémorrhagique. Mais on peut sans crainte affirmer que tous
ces médicaments sont loin d'offrir le même avantage que
l'eau balsamique, qui peut être prise impunément et à trèshaute dosé, sans fatiguer l'estomac; elle mérite la préférence
sous tous les rapporls. Je vais en citer deux observations
seulement, renvoyant à l'çHlvrage sur l'eau balsamique, où
se trouvent consignés uo grand nombre de fa ils où elle a été
employée.
.
ÛnSEllVATION. -- Je me trouvais l'année dernière à
Soultzmatt (1852), lorsque je fus appelé chez un jeune
homme aUeint de ramollissement tuberculeux; il venait
d'être pris d'un accès d'hémoptysie; il rendait le sang à gros
bouillons par la boucbe et par le nez; je n'avais aucun m(!dicament sous la main: je lui fis boire, daos l'espace d'une
heure, un litre d'eau balsamique (cachet vert); au second
verre, l'hémoptysie était arrêtée. (B.)
Voici un second fait fort intéressant que j'ai consignô
daos l'ouvrage sur l'eau balsamique:
«M. Wernick, jeune homme de vingt-cinq ans, employé
chez MM Seltz ct Parrot à Strasbourg, marchai t d'un pas
rapide vers le dernier degré de la phthisie pulmonaire. Né
d'un père qui a succ<Jmbé à celte maladie, il était SUl' le,
point d'avoir bientôt le même sort, lorsque ses chefs me
prièrent de lui accorder mes soins. Voici quels étaient les
symptômes généraux et les signes Slélboscopiques : Amaigris.
<
�164
sement, pouls à j 20, sueurs colliquatives, toux fréquente
et grasse, expectoration abondante, purulente, fétide, matité sous la clavicule gauche, râle cavernuleux, bon appétit.
(Je lui donnai du sucre de saturne de 10 à 15 centigrammes
par jour.) Ce médicament, qui est continué pendant dix jours,
diminue la fièvre (pouls à 90), et supprime à peu près les
sueurs. Alors j'administrai l'eau balsamique (cachet rouge),
à la dose d'un demi-verre, trois fois par jour. J'en continuai
l'usage pendant deux semaines. Une absence que je fis m'ayant
empêché de voir ce malade, je fus frappé, quand je le revis,
de sa bonne mine et du retour de ses forces. Le pouls était
à 84; les sueurs avaient disparu; l'expectoration avait diminué des deux tiers; la toux était devenue rare; la voix
était encore résonnante, mais les râles étaient à peine sensibles. Le malade me dit alors qu'il "éprouvait un point douloureux dans la poitrine, et qu'il avait vu quelques stries de
sflng dans ses crachats. Le traitement fut continué. Le lendemain matin il me fit appeler; il venait toul à coup d'avoir
une hémoptysie abondante; le sang n'était pas arrêté quand
je vins près de lui. Je lui fis boire par verre, d'heure en
heure, l'cau balsamique (cachet rouge). Au premier verre,
l'hémorrhagie était arrêtée; à ma visite du soir, je lui ordonnai de vider la bouteille pendant la nuit.
«Je le revis le lendemain matin: il venait d'avoir une
nouvelle hémoptysie très-forte; une poignée de sel dans de
l'eau ne l'avait pas arrêtée. Je fis de nouveau reprendre
l'eau balsamique (cachet vert), à la dose d'une bouteille par
jour, parce qu'il n'y avait l)as de fièvre. L'hémorrhagie
s'arrêta de nouveau, et comme le pouls était hémorrhagique,
j'en fis continuer l'usage pendant deux jours encore à ces
doses élevées. J'ai ainsi à la fois obtenu par ce médicament
la cessation complète de ce fàcheux accident, en même
temps que j'ai à peu près supprimé l'expectoration. Ce
jeune homme jouit aujourd'hui d'une bonne santé.» (B.)
�165
Pour arrêter l'hémoptysie, il convient d'employer le cachet vert, qui est plus styptique. Si l'hémorrhagie est peu
abondante, j'administre l'eau balsamique par cuillerée à
bouche toutes les heures; mais quand, par son abondance,
elle inspire des inquiétudes, je ne mets pour ainsl dire point
de limites dans la quantité que je fais prendre au malade;
une ou deux bouteilles dans les vingt-quatre heures me paraissent alors nécessaires.
L'eau balsamique, dans la phthisie pulmonaire confirmée,
présente un autre avantage: c'est d'agir sur la membrane
pyogénique, comme nous allons chercher à le démontrer.
. La guérison de la phthisie par les seules forces de la nature n'est pas impossible. LAENN EC, et après lui un certain
nombre d'auteurs recommandables en citent des exemples:
tantôt c'est par la transformation de la membrane qui sécrète du pus en une membrane muqueuse, fibreuse ou cartilagineuse, qui forme la paroi de kystes persistant; tantôt
par le retrait de cette membranc, qui donne lieu à de véritables cicatrices. La phthisic pulmonaire, disons - nous
(ouv. cit., p. 33), guérirait peut-être bien plus souvent, si
la membrane pyogénique avait le temps de se transformer
en une membrane d'une autre nature; mais le malade meurt
d'épuisement et de résorption purulente, avant que celle
nouvelle organisation, qui est le complément de l'évolution
du tubercule, ait eu lieu. Il ne nous paraît pas impossible
de hâter, de déterminer ces modifications de la membrane
pyogénique, et si un moyen peut amener ce résullat, c'cst
sans contredit l'emploi de l'eau balsamique à haute dose
et longtemps continué.
Car, en étudiant l'action de ce .médicament dans le catarrhe pulmonaire, nous avons vu avec quelle rapidité il
modifiait l'élat môrbide de la membrane muqueuse , et
supprimait la sécrétion du pus et du mucus. Ce phénomène
n'est pas moins constant dans la phthisie pulmonaire que
�'16G
dans le catarrhe. On peut donc regarder l'eau balsamique
comme un médicament qui arrête la formation du pus et
contribue à convertir la membrane pyogénique en une
membrane sécrétant un liquide muqueux de consistance- et
d'aspect variés. Le pus étant modifié sem moins nuisible à
l'économie. De plus il est probable que les vaisseaux absorbants éprouvent, par l'action astrictive de l'eau balsamique,
un état de resserrement qui arrête leurs fonctions d'absorption.
Nous nous bomerons à citer deux exemples remarquables
de phthisie au troisième degré, guéries par l'eau balsamique,
renvoyant à l'ouvrage cité, où se trouvent consignés un
grand nombre de faits du même genre.
OnSERVATION. <l'M. Graff, âgé de trente-quatre ans,
fabricant il Stosswihr, vallée de Münster, était arrivé en
18q·6 au demier degré de la phthisie pulmonaire. Ce fut
au mois de juin de la même année qu'on m'appela pour la
première fois. Sa famille et toutes ses connaissances le regardaient comme perdu. tous les médecins instruits, consultés à ce sujet, avaient déclaré que le mal était incurable.
On s'adressa il moi, sans doute, parce que j'avais obtenu
dans la vallée de Münster quelques succès dans le traitement de ces maladies.
d'hésitai, quand je vis le malade, à entreprendre un traitement aussi chanceux; mais, chIant aux supplications qui
me furent failes, je donnai à ce malade qui était dans le
dernier degré de marasme, qui rendait un demi-litre de pus
par jour, que la fièvre minait, que la diarrhée colliqualiye
(~puisat,
je lui donnai, dis-je, l'eau balsamique, associée à
l'extI"ait gommeux d'opium. J 'étais six lieues de l'endroit
qu'habitait M. Gralf, et ne pouvais le voir que Lous les
quinze jours. La seconde fois que je lui renJis yi ite, je fus
frappé du mieux sensible qui s'était opéré. L'expectoration
était moindre, la diarrhée et les sueurs avaient cessé, les
1
*
�Wi
forces commcu{'uicnt à revenir. Je le vis ainsi, à !les iuterva Iles très-éloignés, jusqu'au mois de mai de l'année 18"·7.
plus de fièvre; il était redevenu fort et vaAlors il n'~vait
quait à ses affairés. Je l'auscultai, il portait une caverne
dans laquelle on entendait un léger gargouillement. Le malin, l'expectoration qui était à peu près nulle, était muqueuse. En 1851, la maladie a paru vouloir se reproduire;
j'employai de nouveau le même remède, et j'eus encore le
bonheur de sauver une seconde fois le malade; le 20 août,
il est venu à notre établissement pour y passer quelques
semaines. On peut toujours constater la présence de la vomique qui était considérable autrefois. Mais jamais, en
voyant cet homme, on ne ('roil'ait qu'il a été dans une position aussi fàcheuse. Cepcndant, je dois le dire, il conserve
de l'expectoration gélatineuse, il est un peu.essouffié quand
il marche, mais, du reste, il se porte bien. (A.)
ODSEIlVATION. - <lM. Meyer, de Balschwiller (llautRhin), âgé de dix-neuf ans, était atteint de phthisie pulmonaire. Il était arrivé au troisième degré de cette cruelle
maladie. L'expectoration était abondante; l'auscultation
indiquait une caverne du côté droit au sommet du poumon,
et -des tubercules ramollis du côté gauche. Les extrémités
inférieures étaient œclématiées; une diarrhée colliquative et
tous les symptômes de la fièvre hectique épuisaient le maJude. Il recevait à celte époque (1840) les soins de M. le
docteur DEYDEIl, qui lui-même était affecté de cette maladie, à laquelle il a succombé. Tous deux, lui disait-il, nous
sommes atteints du même mal, et tous deux nous succombel'ons: pour nous pas d'espoir.
à un ami dévoué
Cl Ce pronostic fàcheux fut communiqué
qui, ayant entendu parier des cures inespérées que j'avais
obtenues, m'adressa ce jeune homme. Il fit mieux: comme il
était de Soultzmatl, il le logea chez lui, Je fus touché de
<:c dévouement d'un camarade envers son camarade, et ne
t
�tGS
négligeai rien pour concourir à celle bonne action. Je lui
prodiguai tous mes soins; il prit pendant quatre mois consécutifs l'eau balsamique associée à l'exti'ait gommeux d'opium, par cuillerée à bouche toutes les deux heures. Ce
traitement eut un plcin succès, car aujourd'hui ce jeune
homme, auquel un médecin instruit ne donnait plus d'espoir, jouit d'une santé florissante. Il a pu reprendre ses
études, s'est fait prêtre, et est actuellement vicaire à Allkirch, où il se livre avec ardeur à l'état pénible que sa vocation lui a fait embrasser. » (A.)
Comme dans le traitement du catarrhe pulmonaire, il
nous paraît utile, et même souvent indispensable, d'associer
l'eau de Soultzmatt au traitement par l'eau balsamique,
pour combattre en même temps l'éLat fébrile qui aœompagne les lésions de ce genre, et pour ne pas obtenir une
suppression trop rapide de la sécrélion habituelle. C'est un
point SUI' lequel nous ne pouvons assez insister.
La publication de l'ouvrage sur l'eau balsamique a amené
à l'établissement quelques malades qui étaient arrivés à la
dernière période de la plJthisie pulmonaire, et qui n'avaient
plus que quelques jours à vivre. L'eau balsamique, aussi
peu que tout autre moyen, n'a pu les sauver. Quelques-uns
cependant ont obtenu une certaine amélioration, .mais qui
n'a été que de très-courie durée.
Il me reste un mot à dire.. sur l'emploi de l'eau de Soultzmatt dans le dernier degré de la phthisie pulmonaire. Elle
ne saurait convenir au malade qui est profondément épuisé
par la fièvre, dont le pouls est devenu petÏl et fréquent, et
dont les intestins commencent à se déranger. Il ne s'agit
plus ici de combaLlre l'inflammation, de déprimer le pouls,
de ralentil' la circulation, tout ce qui abaisse les forces, active la résorption purulente et J'end la mort plus rapide.
Nous conseillerions vlutôt à ces malades les eaux qui peuvellt donner dl' la plastieité au sang, tandis que le caux
�169
ùe Soullzmatl, rendant le sang plus liquide, pourraient
contribuer à faire naître des hémorrhagies qui sont toujours fatales.
CHAPITB.E IV.
De l 'el"I.loi tles eRUX tle SoultzII1Rtt tlalls le
l')lUD1Rtislne.
Plusieurs eaux minérales jouissent d'une réputation européenne pour la guérison du rhumatisme; cependant, si nous
examinons leurs élmen~s
minéralisateurs, nous trouvons
qu'ils sont à peu près les mêmes, et assez souvent en
moindre quantité que ceux que nous rencontrons dans des
eaux qui sont loin d'être regardées comme aussi efficaces.
Leur puissance provient donc en grande partie de leur
thermalité. Mais si cette thermalilé othe certains avantages,
ce qu'on ne saurait nier, elle a aussi ses inconvénients, c~r
si ces eaux sont résolutives à un haut degré; elles sont aussi
excitantes et peuvent devenir funestes dans plus d'une circonstance. Aussi, plus d'une fois, elles ont ramené l'état
aigu des arthrites lorsque l'inflammation n'était pas encore
complétement éteinte, et ce qui est plus grave, elles peuvent
déterminer des accidents mortels chez des individus prédisposés aux congestions, aux maladies dn cœur et des gros
vaisseaux. Elles peuvent également devenir funestes dans
toutes les maladies organiques par J'excitation qu'clics produisent.
Si les eaux thermales étaient les seules qui aient le pouvoir de guérir le rhumatisme, il n'y aurait pas à hésiter, il
faudrait toujours envoyer nos malades aux sources de ce
genre. Mais, par des faits et par la théorie, nous allons
chercher à démontrer qu'il n'en est pas ainsi. Je dirai plus:
il n'y a pas de source l'enfermant des principes alcalins qui
�no
ne puisse compter chaque année des guérisons bien avérées.
Et J'hydrothérapie, qui est peut-être appelée à guérir à elle
seule plus de rhumatismes chroniques que les eaux thermales les plus en renom, n'est-elle pas un argument des
plus puissants contre l'efficacité exclusive de la thermalité.
<r Les eaux de Soullzmatt, dit MÉGLIN, ont produit de
<l bons effets dans les douleurs rhumatismales et arthritiques.
<l M. GUSMANN, médecin très-habile et physicien li Ensis«heim, a eu la bonté de me marquer au sùjet de ces eaux
«qu'il avait observé beaucoup de guérisons par leur usage ...
«~'y
joindrai encore quelques faits qui son t de la connais«sance de mon père 1, parmi lesquels il y en a qui regar({dent particulièrement la sixiême source 2 .l>
OnSERVATION. M. de P. , chevalier de Saint-Louis,
âgé de cinquante et quelques années, d'un tempérament vif,
d'une constitution robuste et d'un embonpoint ordinail'e, fut
attaqué de rhumatisme universel, qui, au moindre mouvement, lui faisait souffrir les douleurs les plus c'ruelles; cet
élat de souffrance dura pendant plusieurs années. Ayant
inutilement employé tous les remèdes pharmaceutiques, on
l'envoya pour dernière ressource aux eaux de Soultzmatt.
Les bains de ces eaux, dont il fit usage pendant trois semaines, le rétablirent, de manière que, depuis six ans qu'il
s'en est servi, il n'a eu aucune atteinte de ses rhumatismes.
OnSEIlVATlON. La femme de l'aubergiste de la Croix
blanche il Cernay était sujelle, depuis quatre ans, à des rhumatismes vagues, qui se portaient le plus souvent vers la
tc!te avec des symptômes très-fâcheux .. Il survint une perte
d'appétit totale, la maigreur devint extrême. Elle Lul, d'a'1. M. l\lJ!:GLlN, père, a l)ratiqué autrefois avec distinction la médecine à Soultz (llaut-l1hin).
, 2. Nous avons clémontré que loutes les sources fie Soultzillatt avaient
la même C0I111)osition; la distinction (rue fait M. MÉGLIN est lIonc sans
valeur.
�17l
près les conseils de M. MÉGLlN père, de l'eau ùe la sixième
source; elle fit en même temps usage des bains pèndant
quatre semaines: le rhumatisme disparut, l'appétit, les forces, l'embonpoint revinrent; elle fut enfin rétablie en parfaite santé.
M. WILLY, médecin à Mulhouse ct associé de l'Académie
royale de chirurgie, très-digne à tous égards de la réputation dont il jouit, a bien voulu me faire part de quelques
observations sur nos eaux dans une lettre qu'il m'écrivit à
ce sujet. Il se met lui-même li la tête de ses observations;
il rapporte qu'après avoir été attaqué de douleurs rhumatismales des plus violentes, généralement dans toutes les parties supérieures du corps, accompagnées d'accidents les plus
graves, et après avoir employé les remèdes les plus appropriés à son état et administrés par les mains les plus habiles, il se rendit enfin aux eaux de Soultzmatt, aussitôt
que son état le permit; il en eut un tel succès que tous les '
baignèurs furent étonnés d'un réta~lisemn
si prompt et si
marqué. Il prit ces eaux pendant deux années consécutives
pour mieux assurer sa gUérison- et pour prévenir les rechutes; depuis ce ~emps,
il jouit d'une santé aussi parfaite qu'il
puisse la désirer. Ces trois observati.ons sont extraites de
J'ouvrage de MÉGLIN.
OnsERvATION. - M. B1eicher, ancien notaire à Soultzmatt, était alteint d'un rhumatisme articulaire chronique,
qui avait déterminé le gonflement des articulations des genoux et des pieds, il marchait avec peine et douleur. Chaque changement de temps exaspérait son mal, qu'il attribuait à un séjour prolongé dans une chambre humide qui
lui servait de cabinet de travail. Après deux saisons de bains
faites en 1836 et en 1837, il obtint une guérison complète.
(A.)
OllSERVAl'lON. - M. nresch, de Sondernah, âgé de
vingt-sept ans, élait affecté d'llTl rhumatisme ('hronique des
�172
muscles de la poitl'ille qui gênait la respiration et les mouvements. Après différents traitements inutiles, il vint â
Soultzmatt en 184.5, prit 35 bains, but l'eau de la source,
et fut guéri. (A.)
OBSERVATION. M. Huntzinger, de Westhalten, était
atteint d'un rhumatisme lombaire (lombago-chronique) qui
durait depuis plusieurs années. La douleur était surtout
excessive dans la région sacrée; la marche était devenue
pénible. Fatigué de traitements inutiles, il vint à Soultzmatt
en 1842) prit une saison de bains (boisson, douches, bains)
et ohtint une guérison complète. (A.)
OnSERVATION. M. Stœss, propriétaire à Soultz (HautRhin), âgé de quarante ans, souffrait depuis longtemps
d'une sciatique qui lui causait de violentes douleurs et gênait
la marche. Il usa de divers traitements qui restèrent sans
effet. Il vint à Soullzmatt, but l'eau, prit des bains et des
douches el guérit parfaitement. (A.)
Les observations que je viens de citer et que je pourrais
multiplier bien davantage, prouvent d'une manière irrécu.
saMe que le rhumatisme chronique peut être traité avantageusement par les eaux de Soultzmatt : je crois même
qu'elles peuvent être très-utiles dans les rhumatismes articu·
laire et musculaire aIgus. Le rhumatisme articulaire aigu
surtout est évidemment une affection in!lammatoire; la meilleure preuve est l'élat couenneux du sang. Chacun sait que le
caillot que fournissent les saignées, lorsque le rhumatisme
articulaire sc trouve parfaitement développé, est ferme, contracté, recouvert d'uue couenne qui s'organise rapidement
en une sorte de membrane résistan te, épaisse de !~, 6, 8
millimètres; les bords du caillot sont ordinairement renversés; il floUe au milieu d'une sérosité parfaitement limpide,
jaunâtre ou verdâtre. «Dans le rhumatisme fébrile, di t le
([célèbre S1'OLL, la couenne du sang fut toujours très-inHam«maLoire ct si épaisse qu'on apercevait à peine un peu de
�175
(/ sang ou de partie rouge. Celle couenne était moins con
«sidérable-et moins épaisse dans toutes les 'autres maladies
«inflammatoires, quelque graves qu'eUes fussent.»
SYDENllAlIl avait déjà dit que la couenoe rhumatismale
ressemble ~l la couenne pleurétique comme un œuf à un œuf
(sicut ovum ovo). Les recherches de M. ANDRAL et GAVAlUlliT
sont encore plus explicites. «Il est une maladie, dit M. AN«DRAL, qui, à beaucoup d'égards, semble différer des inflam<l maLions ordinaires, ct dans laquelle cependant la fibrine
«obéit à la même lqi que dans celles-ci, je veux parler du
«rhumatisme articulaire. S'il est aigu, la fibrine augmente
(ld'une manière constante, ainsi que me l'a démontré l'ana«lyse du sang de quarante-trois saignées: une fois le chiffre
« li" six fois le chiffre 5, quinze fois le chiffe 6, treize fois
«le chiffre 7, trois fois le chiffre 8, Irois fois le chiffre 9 ct
«deux fois le chiffre 10, tandis qu'à l'état de san té, la pro«portion moyenne de la fibrine est de 2 à 5 millièmes.})
. Si le rhumatisme articulaire n'est plus que sub-aigu, la
fibrine cesse de s'élever autant, bien qu'elle dépasse généralement la limite supérieure de son étal physiologique.
Nous devons encore signaler l'état des urines dans le
rhumatisme articulaire aigu. Dans le cours de la maladie,
elles sont très-colorées et laissent déposer un sédiment briqueté toujours très-considérable; elles sont rares en général,
ct d'autant plus rares que les sueurs ont été abondantes.
Elles se troublent très-peu de temps après leur émission,
sont hourbeuses ct rougissent alors très-fortement le papier
de tournesol.
M. MAIlTIN SOLON (Mémoire sur remptm' du nt'traie de polasse dans le rhumatisme articulaire aigu, Bull. de thérap.)
a démontré que les urines étaient très-acides, qu'elles déposaient abondamment de l'acide urique rouge et des urates
mêlés à une petite quantité de mucus.
Après la douleur articulaire et la fièvre, l'état du sang
M
�1i4
et des urines Jans celte maladie fournit 'les indications les
plus positives. Aussi, toules les médications les plus en re·
nom tendent toujours à agir soit sur le sang, soit sur les
urines, soit sur les sueurs. Que fail-on par la saignée? On
diminue la fibrine. Que fait-on par le nitrate de potasse, le
tartre stibié, l'iodure de potassium, l'ammoniaque, etc. ? On
cherche à liquéfier la fibrine et à agir sur les urines ou la
transpiration.
Mais le nitrate de polasse, l'ammoniaque, etc. , ne sont
pas les seuls sels qui liquéfient la fibrine; cette propriété
appartient à tous les sels alcalins, surtout à ceux qui ont
pour base la soude et la potasse. Le bicarbonate de soude
ne le cède guère sous ce rapport au nitrate de potasse ni à
aucun autre; j'ai fai t quelques essais avec cette substance,
mais ils sont trop peu nombreux pour faire autorité. Je vais
cependant citer un cas de guérison remarquable obtenu par
ce médicament:
•
OnsEllvATlON. - M. V., épicier à Strasbourg, fut atteint, il Y a quelques mois, d'un rhumatisme articulaire
aigu général; toutes les articulations principales furent successivement affectées de la manière la plus douloureuse.
L'état fébrile très-prononcé me força à pratiquer plusieurs
saignées; toutes les fois, le sang se couvrit d'une couenne
inflammatoire épaisse. Les purgatifs, le nitrate de potasse
à haute dose amenèrent une amélioration momentanée.
Mais bienlôt survinrent de nouvelles douleurs et du gonflement des articulations; le ma] se concentra surtout sur les
deux genoux et le poignet du côté droit. L'état de faiblesse
du malade m'empêcha d'avoir recours à de nouvelles sai~
gnécs; le nitl'ate de potasse et les purgatifs avaient fatign é
les organes digestifs; l'idée me vint alors de donner l'eall
de Soultzmatt, dans laquelle je faisais prendre quatre cuillerées à café de bicarbonate de soude. Au bout de cinq
jonrs, cc traitement fil entièrement tomber la fièvre e~ dis-
�paraître les douleurs articulaires; il fut encore continué
pendant dix jours et amena Ja guérison ..
On peut, ce me semble, élablir que celle substance doit
avoir le 'même mode d'aclion que le nitrate de potasse, cl
(ln 'elle présente encore sur lui un certain nombre d'avantages, car l'acide carbonique calme, endort les douleurs, provoque la transpiration; Je bicarbonate de soude l'alentit la
circulation par son acide carbonique et par sa base (la soude);
il liquéfie la fibrine du sang; le bicarbonate de soude agit
s1lr la quantité des urines ct sur leur qualité, il les rend
alcalines et détruit l'acide urique.
01', l'acide carbonique, les sels sodiques et polassiques et
autres sc trouvent en quantité aSsez notable dans les eaux
de Soultzmalt. Le malade trouve donc dans ces eaux nonseulement une boisson rafraîchissante et agréable, mais
encore en même temps des principes minéralisateurs qui ont
une action puissante contre le rhumatisme. Etsion crainLque
ces principes ne soient pas en assez grande quantité dans ces
caux pour .pouvoir agir d'une manière prompte et efficace,
rien n'empêche d'y ajouter des quantités plus ou moins
considérables (10 à J5 grammes) de bicarbonate de soude,
médicament bien moins dangereux et bien moins désagréable que le nitrate de l)oLasse, qui, au bout de peu de jO!lrs,
inspire du dégoût et fatigue l'estomac; j'ai plusieurs fois
suivi cette pratique, en faisant mellre maLin et soir, dans
un \'cne d'cau de Soultzmatt édulcorée, une, deux et même
trois cuillerées à café de bicarbonate de soude; dans le couranl de la Journée, je faisais boire l'cau sans addition.
Si les eaux de Soultzmatl peuvent être utiles daos ]e rhumatisme à son plus haut degré d'acuité, à plus forle raison
le seronl-elles dans les cas où la maladie a cessé d'être douloureuse, sans êlre entièrement guérie, état qu'on reoconLre
Souvent dans la praLique, eL auquel on a donné le nom de
rhumaLisme articulaire chronique, étaL dans lequclles arti-
•
�'176
culations restent plus ou moins engorgées, les mouvements
gênés. et quelquefois un peu doulourellx : ce qui, pour le
médecin, veut dire que la membrane synoviale, les capsules
fibreuses sont encore dâns un élat d'irritalion,ou qu'il y a
eu dépôt de matière plastique et de fausses membranes.
Si l'irritation est entièrement éteinte, les eaux thermales
soit salines, soit sulfureuses, amèneront une guérison plus
prompte que les eaux gazeuses alcalines froides; mais malheureusement nous ne pouvons pas toujours nous assurer
de ce fait d'une manière certaine, ce qui serait cependant bien important; car l'excitation que déterminent les
eaux thermales peut réveiller les douleurs et l'inflammation;
les exemples de ce genre sont assez nombreux. Tandis que
des eaux plus douces, renfermant les mêmes principes résolutifs que les eaux thermales, peuvent, sous forme de bains,
de douches ou de boissons, procurer une guérison plus lente
à la vérité, màis plus certaine.
Je voudrais donc ne voir employer les eaux thermales
que dans les affections articulaires anciennes, qui n'ont plus
aucune tendance à passer à l'élat aigu, ou qui ont résisté
aux eaux minérales froides, ct qu'on n'y eût recours que
pour résoudre les anciens produits de l'inflammation chez
des sujets qui n'ont aucune prédisposition à la pléthore, à
l'apoplexie, aux affections aiguës ou chroniques du système artériel; ce qui est bien rare chez les personnes qui
ont des rhumatismes graves.
On ne se borne pas, dans les différents ouvrages de
pathologie, il donner le nom de rhumatisme aux maladies arliculaires, on l'étend à des affections étrangères
aux articulations, ct qui paraissent résider dans les muscles
elles nerfs. Les rhumatismes de cc genre sont caractérisés
par une douleur souvent très-vive. fixe ou erratique, augmentant par la contraction des muscles, souvent même par
la simple pression, et jusqu'à un certain l)oint soumise .
�'li 7
aux influences atmosphériques. L'anatomie pathologique
nous fournit peu de données sur c.clte affection à l'état
aigu. Nous n'avons pu l'étudier que par les lésions et les
désordres consécutifs qu'elle entraîne. M. FER RUS s'exprime
ainsi sur ce sujet : «Dans le rhumatisme chronique, les
«faisceaux mus~lex
s'atrophient et quelquefois se rétrac«tent; de là, ces difformités qui surviennent dans les mem«bres des malades en proie depuis longues années à des
<l,douleurs rhumatismales, difformités ou contractions qui
«leur ont fait donner le nom de perclus. Jl Il sc fait aussi
dans les aréoles cellulaires qui entourent les fibres musculaires des dépôts d'une sécrétion gélatiforme jaunâtre, diaphane, analogue à de la gelée de viande assez consistante.
Certains rhumatismes musculaires affectent parfois la
forme aiguë; mais ils ont toujours urie assez grande tendance à passer à l'état chronique; ce sont ces aŒections
qu'on rencontre surtout chez les anciens militaires, les hommes forts et vigoureux, et chez tous ceux qui ont été soumis longtemps aux vicissitudes atmosphériques; c'est dans
les cas de ce genre qu'on a trouvé les lésions anatomiques
dont nous avons parlé.
Il n'y a peut-être de commun entre le rhumatisme musculaire et le rhumatisme articulaire que le nom. En eŒel,
comme le dit M. !"LEURY dans le Compendium de médecir,e
pratique, 1. VII, p. 406, quoi de plus dissemblable que crs
deux maladies; le rhumatisme articulaire est une phlegmasie aiguë violente, caractérisée par l'accroissement de la
fibrine et par tous les symptômes qui appartiennent aux
inflammations les plus tranchées. Dans le rhumatisme musculaire, on ne trouve point les symptômes généraux et locaux qui sont communs à toutes les phlegmasies. On est à
se demander, avec M. 'RofllE, si le rhumatisme musculaire
n'est pas une névralgie. Les affections que les auleurs ont décrites sous le nom de rhumatisme nerveux, telles que le Jom12
�178
hago, les douleurs vagues qui occupent les membres dans
leur continuité., l'hémicranie, nous paraissent être des affections de nature nerveuse; ce sont des névropathies. Ce qui
le prouve, c'est qu'elles ne sont jamais - accompagnées
de gonOement ni de rougeur, qu'elles ne provoquent aucune réaction sympathique; que la pression, loin de les accroître, les diminue le plus communément; enfin qu'elles
sont intermittentes el vagues. Elles ont, en un mot, tous
les caractères des névroses, et n 'offrent aucun de ceux des
phlegmasies. M. CRUVEILHIER n'hésite pas non plus à considérer celle affection comme une névralgie; il fait remarquer que les douleurs musculaires ont la plus grande analogie avec celles qu'excitent les affections de la moëlle et des
rameaux nerveux. La seule différence qui existe entre les
douleurs rhumatismales et névralgiques, c'est que celles-ci
suivent un trajet bien dP.lerminé, parce que les branches
des nerfs sont plus isolées et plus volumineuses, tandis que
ce sont les fibrilles nerveuses les plus t~nues
el s'irradiant
dans les muscles qui sont le siége de la douleur dans le
rhumatisme.
Pour mon compte, d'après ce que j'ai dit (p. 87, 101), en
parlant des congestions, je crois que beaucoup de douleurs
(lue l'on regarde comme rhumatismales tiennent à des congestions artérielles ou veineuses, se faisant vers certains
points du système cérébro-spinal et même du système nerveux ganglionaire.
Ces citations, tirées de différents auteurs recommandables, ces opinions que nous avons émises nous-même, donnent à réOéchir sur la nature de certains rhumatismes. Je
n'essaierai pas de discuter et de résoudre des questions de
ce genre dans cet ouvrage, mais j'ai cru devoir reproduire
ces passages, afin d'en tirer une conclusion importante:
c'est qu'il reste encore à décider si certains rhumatismes
tiennent à un état de phlogose, ou à un état nerveux ou à
,
�'179
un état de congestion. Jusqu'à ce que ce point soit jugé,
je considérerai comme imprudent d'envoyer certains malades affectés de rhumatisme chronique ~ des eaux thermales
actives, telles que Bourbonne, Bad'Im, Plombière, etc., car,
si la maladie tient à un état de phlogose, de congestion ou
d'irritation spinale, je préfère des eaux plus douces, ayant
une action antiphlogistique et ne pouvant pas amener d'excitation. Si le rhumatisme est une névrose, qu'il dépende
d'une simple affection nerveuse, quel traitement sera plus
efficace que celui par les eaux gazeuses et alcalines; ce que
j'ai dit au sujet de la gastrite et de la gastralgie est ici
également applicable au rhumatisme. Et s'il tient à une
congestion soit artérielle, soit veineuse, nous avons démontré (p. 87) les avantages qu'on peut retirer des eaux de
Soultzmatt.
Ces considérations, que je ne fais qu'effleurer, sont dignes
de l'attention du médecin; elles ont souvent fait l'objet de
mes méditations.
Lorsque les rhumatismes musculaires chroniques fort anciens auront déterminé les lésions a,natomiques dont nous
avons parlé, sans doute, des eaux thermales seront plus
efficaces pour détruire ces produits gélatiniformes et autres;
froides, douches, bains,
mais les eaux gazeuses alcin~s
boissons seront, comme l'expérience l'a démontré, d'une
efficacité inconleslahle, quoique plus lente, pour obtenir ]a
résolution de ces engorgements formés par une lymphe plastique de nouvelle 'formation (p. 38).
�'ISO
CHAPITRE V.
De l'elul,loi .Ies eaux tle Soultz ..u\tt dausl" goutte
et .a gravelle.
.
La goutte est une maladie générale, rémittente, aiguë ou
chronique, don~tlieu
à un travail morbide local qui affectc
spécialement les articulations, surtout celles du pied, et
ayant pour effet d'y produirc de la douleur, du gonflement,
de la rougeur, se propageant aux tissus ambiants. Un caractère non moins essentiel de la maladie est celui qui résulte
de la sécrétion d'une matière saline qui se dépose au pourtour des join tures.
Quant à la gravelle, elle est caractérisée par la présence
ùe petits graviers de couleur variable, mais le plus souvent
rougeâtre, rendus avec les urines ou se déposant bientôt
après leur émi5jjion, tantôt sous forme pulvérulent.e , tantôt sous forme cristalline. Dans le premier cas, elle porte
le nom de sable, dans le second, elle conserve celui -de graviers, calculs.
Plusieurs pathologistes de nos jours, revenant aux idées
des anciens, admetlent que la goutte est une maladie constitutionnelle et qu'elle est l'expression d'un vice humoral.
Tous les auteurs qui ont ô'crit sur la goutte attribuent la
production de cette maladie à l'abus des boissons stimulantes,
au passage d'une vie active à une vie sédentair,e et surtout
à l'usage d'une nourriture succulente plus copieuse que ne
l'exigentlesbesoins du corps. Ces causes tendenIPévidemment
à établir un état de réplétion, de pléthore générale. Cette
doctrine a été développée par M. ROCITE, qui fait consister
)e principe arthritique goutteux dans une surabondance de
sucs nutritifs, d'où résulte la prédominance dans la masse ·
sanguine de l'acide urique ou au moins des éléments qui
tenflent à le rormer. On sait en effet que, plus un individu
�181
prend d'aliments azotés, plus il sc forme chez lui d'aëidc
urique. Cet excès d'acide peut, pendant quelque temps, être
excrété par les urines ct la transpiration cutanée, mais il arrive un moment où ces voies d'excrétion, ne pouvant plus sul:'
lire, il va, suivant une prédisposition spéciale, se déposer sous
forme saline dans les reins, pOUl" former la gravelle; dans
les articulations, pour produire la goutte et les tophus. Aujourd'hui il est généralement admis que la grave]Jc rouge
est formée d'acide urique et que les concrétions arthritiques'
sont principalement formées d'urates de soude et de chaux.
Il est également admis que les sueurs des goulleux sont d'une
acidité très-prononcée et que leurs urines, au moment de
leur émission, sont très-acides, qu'elles déposent ordinairement un sédiment briqueté, composé d'acide urique.
D'après CnllLlus, l'acidc urique augmente dans les urines
des goutteux de 69 il 112 millièmes, ce qui fait presque
le double. On ne doit donc pas être éloigné d'admettre que
la cause prochaine de la diathèse goutteuse puisse résider
dans la présence d'un excès d'acide urique dans les liquides
de l'organisme.
Mon opinion est qu'il est des substan'ces qui provoqucntla
goulle, en fournissant au sang' les matériaux qui peuvent
produire un excès d'urée ou d'acide urique. Qu'il en est
d'autres qui la provoquent en meltant les reins dans des
conditions telles qu'ils ne peuvent plus éliminer l'urée qui
se forme constamment dans l'économie; tandis que d'autres,
facilitant l'excrétion de ces produits, deviennent autigoutleuses. Dans la première catégorie, sont compris lous les aliments et les boissons très-azotés. Dans la seconde, les substances qui diminuent celle excrétion, le café 1, les vins du
1. Quelle est l'action dl! CAFÉ ? Cette ques tion m'a été si souvent
adressée que je crois utile de chercher à la résoudre , d'autant plus
qll 'ell e l'entre dil'ectemenl. dans le suj et qui m'occupe,
Le t;a fé agit sur le sys tème nerveux, En FJ'ance généraloment on Je
�182
Midi et peut-être le Ihé. Dans la tr.oisième, les anligoulleux
spécifiques, le colchique d'automne, le vin blanc du Rhin,
les feuilles de frêne, le cassis, les bourgeons de sapin, elc.
J'émets ces idées avec la plus grande ·réserve; mais si
elles étaient vraies, elles pourraient être ferliI'es en applications praliques; ainsi le Dr HENRY DE MANCHESTER a observé qu'une ,potion renfermant de la térében:thine el de
l'opium faisait couler l'acide urique en abondance. De ce fait
il résulterait que l'eau balsamique de Soultzmatt serait un
puissant moyen pour éliminer la gravelle. Mon attention
ne s'est pas jusqu'ici portée sur des expériences de ce genre,
considère comme un excitant, un tonique, un stimulant. Comment,
en efTet, ne pas aùmeLLre cette opinion lorsqu'on voit le café, peu après
son ingestion, ranimer, exciter le cerveau, empêcher de dormir, allumer l'imagination, rendre plus agile, l)lus spirituel, plus éloquent.
Cependant ces observations sont, jusqu'à un certain point, sans valeur, car on a négUgé de tenir compte des circonstances dans lesquelles on se trouve lorsque le café produit des effets si merveilleux.
C'est au sortir d'un repas copieux, largement arrosé de vins forts
et généreux qui ont momentanément congestionné le ccrveau; c'est
après un travail intellectuel excessif qui a produit sur l'organe encéphalique un etTetap.alogue. Dans ces cas, le cerveau est dans les mêmes
conditions que lorsqu'il est sous l'influence de l'opium, c'est~à-dir
lorsqu'il est congestionné.
:Mais si ces observations portent sur l'homme placé dans des conditions inverses, c'est-à-dire, lorsqu'il est à jeûn, nous remarquons
des phénom nes bien difTérents. Le c:lfé, pris le matin, produit à peine
une excitation légère qu'il faut en grande partie attribuer au calorique; bientôt le pouls devient plus lent de quelques pulsations, plus
mou et plus ample. Une ou deux heures après l'ingestion du café, les
personnes faibles surtou t éprouvent une sensationde vide: ce qui a faiL
dire que le café creuse. Ce phénomène est moins tranché si l'individu
est vigoureux ou s'il :l eu soin d'ajouter au café du lait et clu pain.
Si On prend une tasso de café au milieu de la journée, lorsqu'on est
fatigué par le travail des affaires, ct que l'estomac soit vide, on sent
aussitôt une lassitude générale, les jambes deviennent tremblantes,
les genoux lléchisscnt, les bras et les poignets restent pendants et
tremblants, le ponls faible, et vous éprouvez un étaL de malaise général qui disparaît nprès le repas. (Annales de thé"apcuUq1tC méd'icalc
el chirurg'Îcale, publir.es pal' le D" HOGNE'I' rA , L. 'il, 1. Il)
�185
qu'il serait facile de répéter, et qui donneraient à Soultzmatt un grand avantage sur ,beaucoup d'autres bains dans
le traitement de la goutte et de la gravelle.
Longtemps avant la découverte de l'acide urique dans
l'urine des goutteux, les alcalis avaient été recommandés
dans le traitement de la goutte par plusieurs médecins.
HOFFMANN, VAN SWIETEN, DEDOIS (de Rochefort) en avaient
reconnu l'utilité; mais ces substances ayant été employées
à l'état de pureté, ne pouvaient être données qu'à faibles
doses, pour ne pas fatiguer l'estomac. COLDORNE, FALCONNET,
médecins anglais, avaient déjà remarqné, vers la fin du
e. «Lorsque
ZIMMERMANN avait fait la même observation sur lui-mêm
«je prends, dit-il, plus de deux tasses de café, je me trouve alTaibli;
«elles me causent des mouvements hypocondriaques, des tremble«ments, des étourdissements et certaine timidité qui m'est insuppor«table. Je vois arriver la même chose à ceux qui se portent bien dès
«qu'ils en prennent plus qu'à l'ordinaire.»
Ces faits sont d'ulle observation facile; chacun l)eut les répéter.
Mais pénétrons encore plus en avant dans cette question. Nous venons
de voir que le café rillentit le pouls et déprime les forces; mais il a ·
encore d'autres eITets physiologiques que nous allons étudier. L'ingestion du café à haute dose diminue l'appétit, ralentit la digestion et
amène des troubles du côté de la respiration simulant l'asthme; le
nombre des inspirations et la quantité d'acide carbonique exhalé pendant l'expiration sont diminués, la perspiration pulmonaire devient
plus faible, le sang est plus noir dans les veines, et les globules rougissent plus difficilement à l'air. (BOCKER, Beitrœgc zur Heilkunde ins;
besondere zum J(rankheits-Genus, Mittel- und Ar.znei-lVi1'kungslehre
1849.
,
médicale
l'Union
dans
D
BERNAR
C.
M.
par
analysé
1849.) Ouvr.
La sécrétion de l'urine est légèrement augmentée ou reste la même,
m'ais J'urée et l'acide uri quo y diminuent en quantité notable. (BOCKEH,
ouvr. cité.)
Ce' ralentissement dans la circulation, dans la respiration et dans
certaines excrétions, fait, comme 10 dit BOCIŒR, que la métamorpbose
ùestructive des organes se trouve diminuée, et l'homme qui prend du
café est placé, si je puis m'exprimer ainsi, dans des conditions qui le
rapprochent des animaux hibernants.
De ces faits physiologiques, nous concluons: Que l'homme à jeCrn,
on qui est dans un grand état de faiblesse, voit sa faiblesse augmenter
par l'usngê du café ; il (] vient plus nerveux, plus débile, parce que le
�'l S4·
siècle demier, que les alealis son t d' autant mieux supportés
qu'ils sont plus saturés par l'acide carbonique. On conçoit,
d'après cela, l'avantage qu'on peut retirer des bicarbonates
alcalins, surtout de ceux de potasse et de soude, qui agisse:t;lt si puissamment sur l'acide urique. Nous avons cherché
à donner l'explication de ce fait d'observation (p. 59).
M. Cn. PETIT, médecin inspecteur des eaux de Vichy, a
publié plusieurs mémoires fort intéressants, où il a établi
par des faits l'efficacité des alcalis dans le traitement de la
goutte et de la gravelle.
S'il a trouvé beaucoup de contradicteurs, c'est qu'il n'a
pas réellement posé la question sur le terrain où elle doit
être placée. Nous lui accordons que l'urine, étant rendue alcerveau ne reçoit plus assez de sang. - Pour eelui qui a fait un repa frugul et peu sub tantiel, le cufé est un faux aliment, qui le soutient, parce qu'il remlla métamorphose destructive des organes moins
active et que les IJrincipes nutritifs sont moins rupidement assimilés.
C'est ainsi que les p:m l'l'CS peuvent tromper la fuim qui succède I)ien~ôt
à un repas insuffisant.
Lorsql).e le cerveau est congestionné et reçoit trop de sang à la
suite de travaux d'esprit ou d'excès de table, l'action dépressive du
café dégage le cerveau ct rend l'intelligence plus active.
Ceux qui sc livrent à la bonne chère et prennent dn café pour en
atténuer Jes fâcheux errets commettent une faute qui tôt ou tard tournera il leur détriment. Le repas du pauvre produit peu de principes
sucr~,
peu d'urée et d'acide urique; celui du riche, au contraire, en
produit beaucoup. Or, le café, ralentissant la métamorphose desImetive des organes, il. en résulte que le pauvre, oulre le plaisir
qu'il trouve à prendre ceLte boisson, reLire fructueusement de son
repas moùeste lous les principes assimilables, tandis que Je riche
retient dans la masse du sang du sucre, de l'urée et de J'acide urique,
que, par ses excès, il y a déposés en abondance, et dont le café contrarie l'élimination: ces principes ainsi retenus dans le sang donnent
naissance aux gouttes, aux congestions ct il une Joule d'incommodités. Pour résumer aussi brièvement flue possible tout cc qui précède, nous dirons ù ceux qui nous demandent quelle eSll'action du
cufé:
Le pmw/'e y pwise Ut! aliment, le SelVa!!t des idées, l'énervé la {aiMesse, le qas//'onome U1l1WiSOI!.
�'185
caline, soit capable de dissoudre l'acide urique qui sc ùépose
sous forme de concrétions ou de sable dans les reins et la
vessie; mais, pour peu que ces concrétions aient acquis un
certain volume, il est à douter que l'urine, quelque alcaline
qu'elle soit rendue, ait la propriété de les dissoudre.
Voici, en peu de mots, comment nous comprenons l'action des alcalis dans la goutte et la gravelle rouge. Celle gravelle et certains calculs sont exclusivement formés d'acide
urique et d'urates d'ammoniaque. La goutle consiste en un
dépôt d'urate de soude qui se fait spécialement dans les articulations. Les calculs le plus souvent se forment d' une
manière purement mécanique. Dans le rein, l'acide urique
' se dépose dans les bassinets; la première action des alcalins
est de les désagréger, en dissolvant la matière animale qui
en est comme le ciment; le calcul désagrégé est ensuite entraîné par l'urine ou dissous à l'élat d'urate basique. Dans la
gravelle, à l'état de sable, celle dissolution est immédiate.
En effet, les sels alcalins il aciùes faibles, les carpon ales, les
borates surtout, même lorsqu'ils sont en dissolution étendue,
dissolventl'aeide urique.
Jusqu'ici, ces idées sont, à i)eu de chose près, celles de
M. PETIT; mais, dans notre explication de l'aclion des alcalis contre la gravelle eL la goutte, nous allons plus loin.
Nous admettons une action qui est plus importante ct plus
féconde, c'est celle de prévenir la formation de l'acide urique.
Nous nous croyons fondé à l'admettl'e, parce que l'urée a été
trouvée dans le sang, ct qu'il est probable que l'acide urique
existe dans celui des graveleux et des goutteux; comment,
sans cela, pourrait-on expliquer les dépôts d'urate acide de
soude qu'on rencontre chez ces derniers? Or, nous avons
cyanhydrique, dont la molécule
montré cumment l'aci~e
existe dans l'acide urique, peut, sous l'influence d'agents
divers, se transformer en acide formique el en ammoniaque.
C'est donc dans le sang lui-même qne les alcalis vont s'at-
�186
taquer à l'acide urique, s'il est formé, ct s'opposent à sa formation, lorsque celui qui y existe a été détruit (p. 59).
Supposons, ce qui est possible, que l'acide urique ne
se forme que dans les cas où le rein est irrité ou dans un
certain degré d'inflammation, les eaux gazeuses alcalines
telles que celles de Soultzmatt, par cette action antiphlogistique et calmante dont nous avons si souvent parlé, les remettront dans des conditions telles que leur sécrétion redeviendra normale, et la maladie se trouvera ainsi attaquée
'
dans sa cause.
Tous les médecins sont loin d'êlre d'accord sur un
point cependant très-important: c'est celui de savoir s'il
faut chercher à guérir la goutte par les alcalins. M. PuuNELLE, médecin inspecteur des eaux de Vichy, croit que
ce traitement par les bicarbonates alcalins est très-utile dans
la goutte interne; qu'il est inefficace ct même nuisible contre
la goutte externe. dl arrive, dit-il, que les caux de Vichy,
«après avoir surexcité vivement les voies digestives, finissent
«par allumer une fièvre plus ou moins intense; la goutte
«articulaire peut et doit même disparaître alors, mais par
«un effet métasyncritique et nullement par la spécificité du
«moyen employé. Peu importe au malade comment la chose
«arrive: toute la question est de savoir si celte disparition
«de la goutte est sans incov~(l.
C'est uniquement au
«temps qu'il appartieut de le décider.»
, Ces idées, émises d'une manière assez vague et obscure,
nous semblent peu fondées, ct la question peut, à notre
avis, être résolue de la manière suivante: Il faut toujours
'Chercher à guérir la goutte, mais en évitant de nuire, ct
on ne nuira jamais en surveillant et dirigeant convenablement l'action des caux. La plupart des gouLteux, comme '
on le sait, sout prédisposés à la plétllore et, par suite, aux
congestions vers difl'él'ents organes. Or, administrer des
doses considérables d'eaux aussi riches en principes minéra-
�187
lisateurs que le sont celles de Vichy, c'est risquer de produire ou de ne pouvoir empêcher des accidents redoutables,
retour de l'état aigu, phlogoses internes, etc. Mais si ces
accidents ont pu se présenter il Vichy, nous n'en <'.royons
pas moins, d'après ce que nous avons dit précédemment,
que les eaux gazeuses alcalines seront toujours utiles et nullement dangereuses dans la gouLLe et la gravelle (p. ·58). à
la condition qu'elles ne soient pas trop chargées de principes
minéralisateurs, qu'elles agissent lentement et qu'elles soient
froides.
Il n'y a qu'un cas où l'eau thermale devra être préférée,
à la condition toutefois de ne pas être nuisible sous d'autres
rapports, c'est celui où il s'agira de détruire l'engorgement
chronique des articulations et les dépôts d'urate de chaux
et de soude. Mais encore combien de fois arrivera-t-on à ce
résultat? Ne sera-t-on pas toujours exposé à réveiller les
douleurs?
Ces considérations doivent engager les médecins prudents
à conseilfer aux gouLLeux des eaux gazeuses alcalines froides, analogues à celles de Soultzmatt. Prises en boisson ou
sous forme de bains et de douches, à une température qu'il
sera toujours facile de graduer suivant la susceptibilité du
sujet, elles seront très-efficaces.
Le but principal étant d'introduire dans l'économie une
assez grande quantité de principes alcalins, les eaux devront
être prises à des doses plus élevées que dans la plupart des
autres affections: 10 il 15 verres dans le courant de la matinée peuvent être permis au malade, à la condition qu'il
laisse échapper le gaz acide carbonique, qui déterminerait
l'ébriété. Dans cette maladie, on fera bien de boire de l'eau
minérale même aux repas, et de prendre des bains.
Nous donnons comme dernier conseil aux goutteux d'être
plus sobres à table que les autres baigneurs, et de vouloir
hien, de temps cu temps, se l'appeler qu'un médecin an-
�188
gluis, LonllE, dans une dissertation qui a pOUl' titre: Probabilitas curandi podagrarn per al·imenla, cite les exemples
de quatre goutteux qui sont parvenus à faire cesser leurs
accès violents en adoptant le régime végétal, et en s'interdisant l'usage de la viande et des boissons alcooliques.
Voici une observation qu'on devrait citer à tous les goutteux: LmuTAunrapporte l'histoire d'un goutteux, âgé d'environ soixante ans, qui, après s'être livré sans réserve à tous
Jes plaisirs de la ,'ie, était devenu perclus de ses pieds et de
ses mains; il crut, dans un bon moment, qu'il était temps
de penser à l'avenir et de réparer par une vie mortifiée et
pénitente les fautes de sa jeunesse. Dans ce pieux dessein,
il se condamna à un régime très-austère et ne se permit
pour toute nouqiture que des haricots cuits sans assaisonnement, du pain et de l'eau. Son goût, blasé par la bonne
chére. souffrit, comme on le pense, beaucoup de cc
changement; son estomac même refusait absolument celte
nourriture insipide; il ne s'en mit pas en peine et attendit
avec beaucoup de courage la faim qui lui fit trouver assez
bon ce qui lui avait d'abord paru détestable; il s'accoutuma
insensiblement à sou nouveau régime, et il eut dans la suite
la double satisfaction d'avoir apaisé les troubles de sa conscience et d'avoir guéri radicalement, sans y avoit' pensé,
une goutte ancie.nne et cruelle, recouvrant même l'usage
des pieds et des mains comme dans la parfaite santé.
On place toujours les eaux de Contrexéville en première
ligne pour combatlre la gravelle; nous sommes loin de vouloi,' nier leur efficacité, car chaque année 'nous y envoyons
un certain nombre de malades atteints de cette affection.
Mais nous attribuons à ces eaux une action antre que celle
des ()aux de Vichy. Nous présumons que les eaux de Contrexéville guérissent la gravelle d'une manière loute difféJ'ente, parce qu'clles favorisent la séparation de l'acidc
lIl'ique, cc qu'ellcs uoivent aux principes qll'cllcs l'enferment,
�180
d'cau qu'on fail boire aux
et surtout il la grande q~tanlié
malades. De plus, quelques auteurs, CIVIALE entre autres,
ont allribué la formation de l'acide urique à une irritatiou
légère du rein; n'est-il pas possible que les eaux de Contrexéville placeut ces organes dans celle condition? J'ai recueilli
dans ma pratique deux fails qui semblent confirmer cet te
manière de voir.
OnsERvATION. - Un jeune homme des environs de Colmar vint me consulter pour une a[ection des voies urinaires
caractérisée par une douleur dans la région des reins et
par des dépôts de matière muqueuse dans les urines; il
n'avait aucune sensibilité de la vessie; jamais il n'avait
rendu de sable. Je l'envoyai à Contrexéville d'Olt il revint
guéri; mais il me rapporta une grande quantité de sable fin
rougeâtre qui n'était que de l'acide urique qu'il avait rendn
pendant son traitement.
OnSlmVATION. - M. X., sanguin, puissant, vivant bien ,
se rendit à Contrexéville pour des raisons autres qu'un état
maladif. Il lui vint en idée de prendre ces eaux; jusqu'alors
ses urines avaient été parfaitement claires. Dès les premiers
jours du traitement, il rendit du sable, et il en trouva dans
ses urines tant qu'il continua la cure.
Le sable ayant été rendu chez ces malades en poudre
lt'ès -fine, je me crois en droit de conclure qu'il ne provenait pas d'un dépôt ancien qui se serait produit dans le rein.
Si ('CS faits, qui sont trop peu nombreux, se présentent souvent à ce bain, ne pourrait-on pas en infèrer que les
eaux de Contrexéville conviennent bien plus dans la goulle
que dans la gravelle.
Cc qu'il y a de certain, c'est que nous voyons ceux qui
prennent les eaux de Contrexéville pour l'une ou l'autre de
ces maladies rejeter une grande quantité de gravelle ou de
sahle pendant leur traitement. M:lÎs malheureusement cc
n'est pas toujours de l'acide urique il l'état pulvérulent qui
�190
est expulsé avec les urines, ce sont souvent des graviers et
même de petits calculs qui, franchissant les uretères avec
difficulté, donnent lieu à des coliques néphrétiques atroces.
Les malades, à la vérité, sont généralement très-satisfails
de ce résultat, parce qu'ils sont débarrassés d'un calcul. Mais
l'effet que l'on se 'propose d'obtenir par les eaux de Vichy
et de Soultzmatt n'est-il pas préférable? Ces eaux peuvent empêcher la formation de l'acide urique, désagréger
les concrétions dont le mucus est ]e ciment, et enfin dissoudre en partie au moins l'acide urique qui existe dans les
reins. Je ne veux pas refuser à Contrexéville d'avoir aussi
les mêmes propriétés jusqu'à un certain · point; mais les
principes minéralisateurs capables de produire ces effels sont
en tous cas autres, plus faibles et bien moins abondants que
dans les eaux de Soultzmatt.
Si je voulais établir un parallèle enlre Vichy, Soultzmatt
et Contrexéville, je dirais que Vichy est plus actif pour dissoudre la gravelle et l'empêcher de se produire, Contrexéville pour l'expulser, et que SQultzmatt, par ses principes
minéralisateurs, possède à la fois, mais à un degré moindre,
les propriétés des deux autres.
Je terminerai par quelques observations qui prouveront
l'efficacité des eaux de Soultzmatt contre la goutte et la gravelle.
OnsERvATION (extraite de l'ouvrage de MÉGLlN). - M. N ~ ,
major de hussards, sujet à la goutte, souffre dans ses accès
en même temps beaucoup de la gravelle; il se sert ordinairement des eaux de Soultzmatt, qui ]e soulagent aussitôt,
en expulsant une grande quantité de gravier par les urines.
OnsERvATION (extraite de l'ouvrage de MÉGUN). - La
femme d'un particulier d'Orschwir a éprouvé les bons effets
de ces eaux dans la néphrétique; cette femme était sujette
à cette maladie depuis plusieurs années; les symptômes
dans les accès étaient violent.s; elle éprouvail des douleurs
�'191
extrêmement vives, une fièvre considérabl,e , des vomissements, etc. Tous ces ~cidents
ne sc terminaient que par la
sortie de quelques graviers plus ou moins gros; elle prit
l'année dernière les eaùx de Soultzmatt, et depuis deux ans
elle n'a eu aucune attaque.
OBSERVATION. M. Hechinger, maire à B. (HautRhin), grand chasseur, était atteint de la goutte. Elle se
manifestait le plus souvent au gros orteil du pied droit;
quelquefois elle envahissait d'autres articulations. Chaque
année il avait deux ou trois atteintes de goutles très-douloureuses, qui le clouaient sur son fauteuil pendant quatre
à cinq semaines. Il vint à Soultzmatt en 1836 et 1837, Y
fit chaque fois une saison de trois semaines, pendant laquelle il buvait l'eau à haute dose, et prenait des bains.
Les attaques de goutte ont depuis cette époque presque entièrement cessé. (A. )
M. T., colonel en retraite, venait à
OBSEllVATION. Soultzmatt pour combattre des accès de goutte dont il avait
beaucoup souffert. Les eaux mitigèrent considérablement
celle affection. Mais, comme la plupart des goutteux., il
avait la gravelle ro.u ge, qui, le plus souven t, était rejetée
SO\1S forme de sable. De temps en temps aussi, il rendait des graviers qui donnaient lieu à des coliques néphrétiques violentes. Les eaux de Soultzmatt firent entièrement
cesser ce dernier accident ;'" vers la fin de la saison, qu'il
prolongeait au delà de trois semaines, ses urines cessaient
de déposer du sable et devenaient parfaitement claires. Celte
amélioration se continuait encore pendant un certain temps
après son départ du bain, mais, vers l'hiver, la gravelle
reparaissait; l'été le ramenait à Soultzmatt, dont il eut toujours à se louer; toujours aussi il fut fidèle à notre établisSement. (A.)
.
OBSERVATION. M. X., employé retraité d'une administration, souffrait depuis longues années de douleurs né-
�192
phrétiques, qui se reproduisaient fréquemment; ses urines
étaient toujours chargées de sable et contenaient de temps
en temps de petits calculs; il -éprouvait constamment une
pesanteur dans la région répondant· aux reins. Son médecin
l'envoya à Niederbronn; il n'en retira aucun effet. Depuis
plusieurs années, il vient à SoulLzmatt, prétendant qu'aucun
bain ne saurait lui être plus utile. Dès les premiers jours,
]a douleur des reins disparaît, le sable coule en abondance,
et il se trouve dégagé sans avoir de coliques néphrétiques.
Vers la fin de la saison, les urines deviennent claires, et il
repart, n'éprouvant plus aucun des accidents qui l'amènent
à Soultzmatl. Le sable se montre encore de temps en temps,
mais il n'est plus sujet aux coliques néphrétiques. En un
mot, son état est tellement amélioré, qu'il ne vient plus
guère à notre hain que par reconnaissance. (B.)
CHAPITRE VI.
De l'etUI.loi Ile l'eau tic Soultz ... att et Ile l'eau ',al8a'''ÎfJue IlaliS le eatal'l'Jte vésical.
Lè catarrhe vésical ou cystite muqueuse est ordinairement le résultat d'une inllammation aiguë de la membrane
muqueuse de la vessie passée à l'état chronique. Celle maladie est caractérisée par la préSence d'un mucus plus ou
moins épais et abondant dans les urines. Cet étal pathologique <le la vessie s'établit de deux manières différentes: ou
ou, au conil parait subitement ct sans aucun pr~ome,
tI aire, il commence par des symptômes très-légers, qui,
pendant un temps variable, vont chaque jour en augmentant de gravité. Dans les premiers cas, les phénomènes inflammatoires sont ordinairement assez intenses, au moins
dans le début, ct la mala<lic parcourt brièvement toules ses
périodes; c'est le catarrhe vrsic<lJ aigu. Dans l'autre cas ,
�105
la maladie présente dès son invasion un défaut d'activité,
une langueur qui .peut faire présager son état chronique,
quoiqu'il ne soit pas rare de voir, pendant sa longue durée,
quelques exacerbations passagères. (FERRUS.)
Hors la période d'acuité, comme je l'ai dit autre part 1,
le catarrhe vésical assez souvent n'est pas une' maladie très"
douloureuse: il peut exister des années sans compromettre
l'existence des individus; cependant il est peut-être urie des
affections les plus pénibles et les plus désagréables; il exerce
une fâcheuse influence sur le moral, comme presque toutes
les maladies des organes génito-urinaires, il engendre chez
le malade la tristesse, la propension à penser à son mal,
ou à en parler; ce qui tient à ce qu'il y a toujours là quelque chose pour le lui rappeler. Mais cela est-il étonnant?
Tantôt ce sont des pesanteurs au périnée, des douleurs vagues ou assez vives dans la région hypogastrique, augmentant et devenant très-intenses souvent par une cause légère.
Tantôt le besoin plus ou moins fréquent d'uriner, soit pendant le jour, soit pendant la nuit; ce besoin, qui peut se
reproduire à des épo(Iues très-rapprochées, et qu'il faut satisfaire promptement, force les malades à fuir la société,
surtout celle des femmes, et à renoncer quelquefois à des
positions avantageuses. Ce qui tourmente généralement
beaucoup, c'est la présence des mucosités contenues dans
les urines; voyez ces pauvres catarrheux, avec quel soin,
quelle persévérance, ils examinent à chaque instant du jour
le dépôt qui se forme au fond du vase, pour savoir s'il augmente, s'il change de couleur, etc ... ; ils s'étudient avec le
plus grand soin, pour trouver toutes les causes hygiéniques
qui peuvent leur nuire ou leur être utiles : autre supplice
de leur vie, car alors ils renOllcen t à une foule de plaisirs
auxquels ils étaient accoutumés, parce qu'ils savent par ex1. COlls-ide'ralions pmtigues
SIn'
l'emploi Ile l'eau ualsamique.
15
�19Ji·
penenc e que, le plus souven t, ces plaisirs n'ont pas é16
étrangers au mal qui les tourmente. Malgré ce soin, des
circonstances qu'il est à peu près impossible d'é.viter, ramènent l'état aigu, de véritables cystites qui cèdent ordinairement aux traitements, mais qui ont l'inconvénient de laisser
à la membr ane muqueuse un degré plus profond d'alléra tion; ainsi, l'on peut dire que toutes les fois que des accidents de ce genre se développent, le catarrh e c11roniqne a
fait des progrès. Après des années passées dans ce triste état
de santé, le malade s'affaiblit, sa constitution se détério re,
il maigri t, son teint s'altère , la fièvre hectique le mine;
les urin.cs deviennent félides; tantôt il ne peut les rètenir ,
tantôt on est obligé d'avoir rccours à la sondc. Celte position, comme on le conçoit, ne peut durer longtem ps, elle
entraîn e la mort.
Les causcs du catarrh e vésical sont très-variées; tantôt
clles sont internes et générales (rhumatismes, éruptions
cutanées, suppression d'un écoulement), tantôt elles tiennent
à la présence de corps étrangers dans la vessie (calculs, corps
venus ùu dehors ), tantôt à un obstacle mécan ique, dont le
siége est dans l'urètre (engorgement de la prosta te, retrécissements).
On peut affirmer que l'inflammation est presque toujours le
point de départ de cette affection, ct en groupa nt. en analysant les différentes causes qui pcuvent ]a produi re, nous
serons toujours amené à admeUre (lue l'inflammation, soit
primiti vemen t, soit secondairement, n'y est jamais étrangère, quelles que soient les différentes transformations anatomo-pathologiques qu'aien t subies la muqueuse.
L'urine , dans celle maladie, acquiert des caractères spéciaux; elle perd de sa transparence cL prend des couleurs
très-variables; ainsi, chez le plus grand nombre des malades,
elle se montre d'a11ord d'une couleur lactesc ente, puis elle
passe chez quelqucs-uns à la coulcur fauve ou orangé e,
�'1%
quelquefois aussi elle contient du sang; mais, dans un temps
plus avancé de la maladie, elle reprend chez tous les individus sa couleur naturelle, seulement elle est un peu moins
limpide. Mise dans un vase et refroidie, elle donne promptement une forte odeur ammoniacale, et bientôt, surtout si la
température est un peu élevée, elle devient légèrement aeide.
Pendant le refroidissement, la totalité du liquide se sépare en
deux parties: l'une gélatineuse et souvent pUl'iforme, gagne
le fond du vase; l'autre, en plus grande quantité, reste audessus; mais, au bout de 'vingt-quatre à trente-six heures,
il se fait dans l'intérieur de la première partie un dégagement de gaz, qui, en la rendant d'une pesanteur spécifique
moindre, en fait surnager une portion. Cette humeur muqueuse est, par ses propriétés chimiques, à peu près la
même que dans toutes les autres affections catarrhales, mais
son aspect cn diffère singulièrement. Dans l'élat chronique,
ce mucus a une analogie apparente avec l'albumine de
l'œuf; cependant les réactifs m'ont prouvé que le mucus
de la vessie ne renferme pas d'albumine.
Faisant abstraction de certaines causes mécaniques (cal.
• culs, rétrécissements) qui réclament les secours chirurgicaux,
tout traitement rationnel du catarrhe vésical repose SUI' trois
indications principales:
1° Calmer l'irritation ou l'inflammation de la muqueuse;
2° Agil' sur la quanÜté et la qualité des urines;
3° Dissoudre le mucus, empêcher sa reproduction.
Nous avons si souvent démontré que les éléments minéralisateurs renfermés dans les eaux de Soullzmatt combattent l'irritation et l'inflammation, qu'ils peuvent calmer les
douleurs et par conséquent le ténesme et la sensibilité de
la vessie, qu'il devieQt superflu d'insistel' sur ce point
(p. 30 et 36).
Dans les cas où l'inflammation chronique aura produit
un certain degré d'altération de la muqueuse, des eaux
�196
minérales du genre de celles de Soultzmatt seront capables
de les modifier ct de les guérir (p. 38).
Les sources de Sou1tzmatt, on le sai t, jouissen t de propriétés diurétiques très-prononcées. Il est impossible de
boire quelques verres de ceUe cau, sans éprouver le besoin
d'urine r abonda mment ; on conçoit les avantages qu'on
peut retirer de ceUe action puissante qu'elles exercent sur
les reins dans le traitement du catarrh e vésical. La vessie,
en erret, recevra une urine claire, limpide et peu excitante
(p. 30, 53), qui, se reprod uisant incessamment, tiendra le
mucus en suspension, le dissoudra même en grande partie
etl'ent ralner a au dehors.
Mais si l'urine est modifiée dans sa quanti té, elle l'est
encore plus dans sa qualité. Ce liquide , comme la chimie
le prouve, est à réaction franchement aciJe, et conserve ce
caractère longtemps après son émission. C'est au bout de
quelques jours seulement qu'elle acquie rt une odeur ammoniacale, qu'elle réagit à la manière des alcalis, et se coune
d'une pellicule mucilagineuse blanch e, dans laquelle, aussi
bien que sur la paroi externe du vase, se ùéposent de p(Jti~
cristaux qui sont du phosphate ammoniaco-magnésicn.
Notre urine, à l'état physiologique, est aciùe; chez
queJques herbivores elle est alcaline. Nous pouvons amenm'
celle dernière réaction chez l'homm e, en le 'plaran t dans
certaines conditions spéciales.
M. CLAUDE BERNAllD a démon tré, éomme nous l'avons
dit (p. 53), en parlan t de la circulation hépato-rénale, que,
du moment où le sang des veines rénales est porté vers les
reins, l'urine est claire, albumineuse et alcaline. Nous avons
encore un autre moyen certain d'obtenir l'alcalinilé : c'est
de soumettre les individus aux préparations alcalines, ou
mieu encore de leur faire boire des caux de celle nature.
]}our confirmer celle expérience, je fis prendre de l'cau de
Soullzmt\tl il plusicur personnes, leur recommandant de
�197
ne pas "boire d'autre eau; les urines qui furent recueillies
avaient une réaction fortement alcaline. J'insiste sur ce
point, car il est important pour le sujet qui nous occupe,
parce que le mucus vésical se comporte d'une manière bien
différente avec les urines, suivant qu'elles sont alcalines ou
acides.
Le mucus est un produit qui n'a pas encore été assez
étudié, ce qui tient à ce qu'il est de nature très-variable.
Tous les mucus ne sont pas solubles dans l'cau; cependant
celui de la vessie, d'après mes recherches, s'y dissout presque complètement. Founcll.oy et VAUQUELIN disent que le
mucus des narines est soluble dans les acides, celui de la
vésicule du fiel l'est dans les alcalis, d'où les acides le séparent. Le mucus vésical et des organes génitaux n'est pas
soluble dans les urines acides, mais il l'est dans les urines
alcalines, d'où les acides le séparent. On peut donc déjà
admellre théoriquement que le mucus vésical doit être dissous par les eaux de Soultzmatt. L'expérimentation directe
vient confirmer cette manière de voir. Ayant recueilli Illusieurs grammes de mucus vésical filant chez un de mes
malades affecté de catarrhe vésical très-intense, je le versai
dans un verre d'eau de Soultzmatt: le liquide fut troublé,
mais les 7/8 du mucus furent dissous. Au fond du vase
se déposèrent quelques flocons, qui furent coagulés par
l'acide acétique. Ce précipité fut placé sous le microscope:
il était formé de débris de cellules épithéliales, de mucus,
et surtout de sels qui étaient simplement agglomérés.
Il n'était pas suffisa!,lt de démontrer que le mucus vésical
sc dissout dans les eaux de Soultzmatt, il fallait encore
prouver que cc mucus est dissous dans l'urine dé ceux qui
font usage de celle cau. Un de mes malades me servit parfaitement pour cette expérience. Je traitais un jeune homme
affecté d'un catarrhe vésical, survenu il la suite d'une cystite aiguë, Je mucus; qui sc d6posait au fond du vase étail
�108
peu abondant, pour le. tarir, j'avais employé les balsamiques,
qui étaient restés sans grand effet: d'après les idées que je
viens d'émeUre, je lui fis boire de l'eau de Soultzmatt; jusqui avaient donné une réaction acide
qu'alors ses uri~es
devinrent alcalines, le mucus, dès le second jour, ne se
déposa plus au fond du vase; mais ce ne fut que quelques
jours après l'administration de cette eau minérale que les
urines restèrent entièrement claires. Ce sujet était précieux
pour ce genre d'expérimentation; car il est certain que, si
"j'avais fait mes recherches sur un malade ayant un catarrhe
vésical très-intense, je n'aurais pu qu'à la longue juger de
l'effet des eaux de Soultzmatt et n'obtenir peut-être qu'un
résultat douteux. Lorsqu'on donne les eaux alcalines contre
les catarrhes de la vessie, il faut en faire un usage permanent, car l'alcalinité dans les urines ne persiste qu'à cette
condition; au bout de quelques heures, comme je l'ai constaté, elles redeviennent acides. On conçoit d'après cela que
ce n'est pas un séjour de trois à quatre semaines à des eaux
minérales alcalines qui pourront amener la guérison d'un
catarrhe vésical, pour peu qu'il ait un certain degré d'intensité. Il n'y a de guérison possible par ce moyen qu'en se
résignant à boire ces eaux pendant plusieurs mois. Or, une
eau minérale très-active ne pouvant être continuée fort
longtemps, on sera obligé, en pareil cas, de choisir parmi
celles que leurs qualités rendent propres à servir de boisson
habituelle. Il en est peu qui remplissent aussi bien ces conditions que les eaux de Soultzmatt.
De ce que les urines restent quelquefois longtemps troubles pendant l'emploi de l'eau minérale, il ne faut pas conclure trop promptement que ce moyen soit inefficace, car il
est démontré que certains mucus, dont jusqu'ici on n'a pas
pu apprécier parfaitement la nature, sont capables de troubler l'eau, en quelque minime quantité qu'ils y soient mêlés.
Cc n'est donc pas d'après le trouble des urines qu'il faut se
�·199
guider, mais d'après le dépôt qni se forme au fond Ju vaSe
où les urines ont séjourné pendant un certain temps.
On peut se demander s'il n'y a aucun inconvénient pour
la vessie à recevoir constamment des urines _alcalines: c'est
un point qui n'est pas encore bien décidé; je crois, pour
mon compte, que, si les urines avaient toujours une alcalinité très-prononcée, la vessie pourrait en souffrir. J'ai eu
occasion de soigner une dame qui éprouvait des douleurs
dans la vessie dès que je lui administrais du bicarbonate de
soude, pour combattre une affection du foie; il est vrai de
dire que cette malade souffrait de la gravelle. La vessie,
étant ainsi accoutumée depuis longtemps à la présence d'une
urine très-acide, avait sans doute de la peine à supporter
sans être irritée une urine devenue alcaline.
Les fails de catarrhe vésical guéris par le seul usage des
eaux alcalines sont assez rares; j'en possède cependant quel.
ques exemples: celui que je citerai a été recueilli à Soultzmatt.
OnSEllVATION. - M. S., du département de la Moselle,
âgé de soixante-cinq ans, était affecté depuis plusieurs années d'un catarrhe vésical, survenu à la suite d'une cystite
aiguë. II avait inutilement employé un grand nombre de
médicaments. L'affection n'était pas très-douloureuse, mais
elle commençait à l'épuiser; ses urines contenaient un mucus abondant. Ce fut dans ces conditions qu'il vint à Soultzmatt; il Y resta pendant quatre semaines, hut l'eau de la
source à la dose de 6 à 10 verres par jour, et prit des bains.
Ses urines, qui étaient fétides, ne tardèrent pas à devenir
claires ct inodores, le dépôt diminua petit à petit et finit
par disparaître entièrement. Le malade n'est plus revenu à
Soultzmatt; nous ignorons si sa guérison s'est maintenue.
(A. )
Ce n'est pas tout de modifier le produit morbide, en
agissant pour ainsi dire chimiquement sur lui, il faut en-
�200
core chercher à changer l~ mode de vitalité de la membrane muqueuse. Cet effet, comme nous l'avons dit, peut
quelquefois être obtenu par les eaux alcalines, mais le plus
souvent il faut avoir recours à une action plus .puissante en
s'adressant plus directement il la muqueuse. Soultzmatt est
parvenu à remplir celte indication de la manière la plus
heureuse par la découverte de son eau balsamique. Et chaque année elle peut se flatter d'enregistrer des résultats
qu'on chercherait en vain ailleurs.
Après avoir souvent réfléchi à l'insuffisance des nombreux
moyens indiqués dans nos ouvrages de médecine pour combaltre cette maladie, après avoir apprécié la nomenclature
d'un grand nombre de substances qui, tour à tour, ont eu
de la vogue et sont tombées plus tard en discrédit, nous
nous sommes. èonvaincu que, de tous les médicaments qui
méritent quelque confiance, les substances balsamiques doivent occuper le premier rang; ainsi le cachou, la gomme
kino, le heaume de la Mecque, le styrax, sont donnés en
pilules ou en potions: l'on en ohtient d'assez bons effets,
mais ce sont des médicaments qui ne tardent pas il fatiguer
l'estomac. La térébenthine est généralement regardée comme
une des substances les plus 'efficaces dans le traitement de
cette maladie, mais souvent il faut la donner à la dose de
dix jusqu'à quarante-huit grammes par jour pour obtenir
la guérison; encore échouc-t-on la plupart du temps, parce
qu'il est indispensable d'en continuer longtemps l'usage;
il est assez rare, comme il est facile de ]e concevoir, de
trouver un malade qui puisse pendant plusieurs jours con·
de
tinuer un semblable médicament, feIL-il même masqu~
la manière la plus ingénieuse; l'estomac se révolte, il survient des indigestions; des vomissements, de la diarrhée, et
l'on se voit forcé de renoncer à une substance qui ne peut
réussir qu'à la condition d'être employée pendant un certain
temps; ôn a aussi conseillé la tcré))cnthiue cn lavcments,
�en frictions, en vapeurs; mais on conçoit qu 'on ne pent
guère compter sur de pareils moyens. Aussi, dès que j'eus ·
connaissance de la composition de l'eau balsamique, je
jugeai a priori qu'elle devait remplacer avantageusement
toutes ces substances et 'rendre des services signalés dans
les affections catarrhales de la vessie, du moment où il n'y
aurait pas d'inflammation prononcée. J'engageai l'établissement à faire tous ses efforts pour ohtenir une préparation
fortement chargée en principes balsamiques, m'engageant
à lui fourni,' les premiers malades qui seraient soumis à son
usage. Lorsque l'on eut satisfait à mes désirs, j'envoyai à
Soultzmatt un jeune homme alleint de catarrhe vésical,
jeune homme auquel je portais un vif intérêt; j'avais un si
grand espoir dans la réussite de ce moyen, que je n'hésitai
pas à l'engager à se rendre à Soultzmatt. Mes IJrévisions sc
réalisèrent, et il obtint une guérison complète. Dès qu'il
apprit que je me proposais de publier un travail sur cc sujet,
il eut hâte de me remettre son observation; je la transcris
ici telle qu'il a bien voulu me la communiquer.
<lM. R .... , âgé de vingt-un ans, ressentit en 18U., à la
suite d'une course forcée, une douleur sourde à la vessie et
'de fréquentes envies d'uriner, suivies d'inflammation et de
catarrhe de ]a vessie; il fut soumis à un traitement convenable, et quatre mois après il était rétabli, L'année suivante, en automne, à la suite de la-jaunisse, ses 'urines devinrent âcres et chargées; le besoin d'urincr était fréqucnt,
douloureux, brûlanL, et une nouvelle inflammation sc manifesta, mais fut de courte durée; à celle époque, on le
sonda, pour s'assurm' si l'inflammation n'était pas occasionnée par la I)résence d'un calcul; celle cause n'existait pas,
mais il y avait un engorgement de la prostate, qu'aucun
traitement ne fit céder, ' En 18~,
il sc fixa à Strasbourg:
son élat paraissait s'améliorer; il pouvail vaquer à SèS occupalions. Au mois de juillet de la même année, après avoir
�bu un verre de vin de Bourgogne, il fut pris d'un besoin
d'uriner qu'il ne put satisfaire qu'avec peiné et des efforts
douloureux; il éprouvait comme une crampe de la vessie,
el était obligé de prendre toutes sortes de positions pour
uriner. Il consulta M. le docteur BACH, qui lui passa une
bougie; dès cette époque, il s'habitua à se sonder lui-même
. deux fois par jour, pour faciliter l'émission de l'urine et
combattre les spasmes; mais l'introùuction des bougies entretenait une irritation continuelle, ct il n'en obtenait pas le
résultat voulu. Enfin, le 1 cr mai 1850, son état était tel,
qu'il dût garder le lit; il ne renùait plus l'urine que goutte
à goutte et tous les qu~rts-d'he;
les spasmes étaient si
violents, que la sonde ne passait plus; les douleurs étaient
atroces et la difficulté d'uriner telle, qu'il était obligé de
chercher toutes les positions pour accomplir celle fonction.
Malgré les boissons émollientes, l'urine était brûlante et laissail un dépôt de trois à quatre centimètres d'épaisseur ùaos
le vase. Enfin, il était pâle, amaigri, extrêmement faible;
le sommeil avait disparu, ct quand parfois il s'assoupissait,
il était obsédé de cauchemars an'reux; éveillé, il était cn
proie au désespoir, et désirait qu'une mort prochaine vînt
mettre un terme à ses souffrances.
Il Un traitement énergique, habilement dirigé ct très-rigourcusement sui vi, n'eut pas de résultat; les organes malades étaient rebelles à toute espèce de médication. Le médecin lui prescrivit l'usage des eaux de Soultzmatt et de
l'cau balsamique; il commença à boire de l'cau balsamique le 5 août. d'abord à petites doses, ensuite en augmcntant graduellement. Dès le premier jour, il cessa l'emploi des bougies; le huitième, le catarrhe avait disparu;
les urines étaient claires, à part un léger nuage en suspension; les spasmes avaient cessé, ct il n'éprouvait de temps
en temps qu'une douleur vague et de peu de durée. Le
douzième jour, Ulle circonstance impérieuse le fOfl,:a de
�203
quiller les bains; néanmoins, pendant un an, celle amélioration s'est à peu près soutenue.
0: Il revint aux bains dans le courant de ceUe année (1851),
et de toute celte affection douloureuse il ne lui reste plus
qu'un besoin d'uriner un peu fréquent. Quoi qu'il en soit,
me dit ce malade en terminant sa leUre, dùt ma guérison
s'arrêter à ce point, je ne la considérerais pas moins comme
remarquable, en ce qu'elle est due uniquement à l'effet de
l'eau de Soull:zmatt, et surtout à l'eau balsamique qui
m'a été administrée et dont elle a fait ressortir les propriétés
merveilleuses. »
Je vois très-souvent ce malade: il est depuis entièrement
guéri de l'affection qui le rendait si malheureux.
On SE RVATION. - M. G .... , de Colmar, âgé d'environ
cinquanle ans, venait depuis deux ans aux bains de Soultzmatt; j'ignorais quelles étaient ses infirmités; il ne me consullait pas. Celle année, il revint à l'établissement, et pendant la première huitaine il ne me parla point; il se contentait de boire l'eau de la source et de prendre des bains.
Un jour il m'accosta, et me raconta que depuis six ans il
était tourmenté par un catarrhe de la vessie; que chaque
matin les urines avaient un dépôt muqueux, abondant, que
leur émission était souvent pénible; je n'osais questionner
M. G .... sur la cause première de ceLLe infirmité, qui avait
miné ses forces et affaibli sa constitution au point qu'il ne
pouvait faire la moindre promenade sans se fatiguer promptement. Je me hâtai de lui conseiller l'emploi de l'eau balsa~ique
(cachet vert); il commença par en prendre un verre,
puis deux, pui,s trois verres par jour; chaque jour aussi je
lui fis prendre un bain prolongé et boire de petites quantités d'cau de la source; je pus constater à chaque visit
une diminution notable dans la sécrétion anormale; au bout
de dix jours celle sécrétion avait disparu et les urines ét.1ient
pal'failement claires. Les forces revinrent promptement, el
�204
ce malade, qui marchait avec peine, put faire, sans se fatiguer, une promenade aux carrières d'Ossenbach, qui sont
dans la montagne et distantes de près de cinq kilomètres de
l'établissement. Ses affaires l'ayant forcé de quiUer les bains,
je lui conseillai .de continuer pendant quelque temps rem·
ploi de l'eau balsamique. En me quittant, il ne put s'empêcher de me dire avec une expression de reconnaissance:
L'eau balsamique est la plus belle découverte' qu'on ait pu
faire pour ceux qui sont affectés de catarrhes de la vessie.
(A.)
CHAPITRE VIL
De J'elnl,Doi tic J'CRU .lIe Soultz..,,,tt et tic J'cau bals'.I.tique ""IlS Jes ...aJ".lies .Ie J'uté..·us et .h~
ses
a .... exes.
Si nous envisageons d'une manière très-générale les causes
de la plupart des malaùies de l'utérus, nous sommes conduit à admeUre :
1 0 Que les lésions de la menstI'uation et les bémorrhagies
utérines tiennent à un défaut d'équilibre entre la plasticité
du sang et la perméabilité du tissu utérin (aménonhées,
dysménorrhées, métrorrhagies);
2 0 Que l'affiux de sang vers la matrice, qu'il soit actif
ou passif, amène, s'il est permanent, ou la stase du sang
ou l'inflammation de ccl organc; qu'à ces deux états pathologiques succèdent les engorgements, les ulcères et les dégé·
nérescences.
Ces deux propositions pourront paraître trop allsolues,
et ma manière de traduire des phénomènes vitaux trop mécanique; mais j'espère pouvoir en démontrer la justesse pal'
des faits pratiques ct en déduire des considérations de nature à expliquer l'action de certains traitements cl surtout
�200
de certaines eaux minérales, dans les affections de l'utérus,
spécialement dans la dysménorrhée, l'aménorrhée, les métrorrhagies et les engor.gements, etc.
l. DE L'AMÉNORRlIÉE ET DE LA DYSl\fÉNonRuEE.
L'aménorrhée est constituée par l'absence, la diminution
ou la suppression des règles; la dysménorrhée, par leur
écoulement difficile ou laborieux. Ces deux affections se
montrent non-seulement à l'époque de la puberté, mais
encore elles peuvent, sous l'influence de causes diverses,
se présenter chez la femme adulte et même chez celle qui
approche de l'âge du retour.
L'aménorrhée donne quelquefois lieu à des symptômes
soit généraux, soit locaux; mais il 3rJ'ive aussi que ces
symptômes manquent complétement, tandis que dans la dysménorrhée, ils sont toujours plus ou moins évidents.
LISFRANC en a tracé le fidèle tableau : «Lassitude spon« lanée, frissons, douleurs de tête et des lombes, ver«tiges, épistaxis, oppression, toux, hémoptysie, coliques,
((cardialgie, nausées, vomissements, hy*rie, lipothymies,
((chlorose, douleurs utérines inflammatoires ou nerveuses.
«Cûs symptômes et ces maladies peuvent sc prolonger plus on
«moins longtemps. Dans la plupart des cas, on les observe
«seulement aux époques. J'ai vu un très-grand nombre de
«femmes éprouver des douleurs atroces; qui leur faisaient
«pousser des cris; elles occasionnaien t de violen tes convul«sions, à la suite desquelles survenait une syncope dont la
«durée était effrayante. Ces malheureuses femmes étaient
«ohligées de garder le lit plusieurs jours; elles attendaient
«leurs règles avec une .grande anxiété et une véritable ter«reur. Quand la matrice a été soumise pendant longtemps
«à de pareilles erises, dans lesquelles les malades disent que
« cet organe semble s'agiter, se mouvoÎl' dans le bassin, re-
�206
q monter du côté du ventre au-dessus du pubis, comme s'il
((voulait traverser la paroi antérieure de l'abdomen, il est
«fare qu'il ne soit pas tôt ou tard affecté d'engorgement.
a Si nous remontons à la cause première de ces accidents,
«nous trouvons qu'ils sont le plus souvent dûs à une cona gestion sanguine trop développée ou à une grande exaHa«tion de .l'innervation siégeant sur l'utérus et causant un
«excès d'irritation qui s'oppose à l'exercice des fonctions
«de cet organe.))
Pour résumer ces idées et être plus explicite, je les traduirai ainsi: le sang qui congestionne l'utérus ne peut le
traverser, parce qu'il y a défaut d'équilibre entre la plasticité du sang et la perméabilité de l'utérus, perméabilité
qui est enrayée soit par l'altération des tissus, soit par
celle du système nerveux. C'est ce qui explique comment
des accidents pOUl' ainsi dire identiques s'observent 'tantôt
chez des femmes pléthoriques et nerveuses, ayant l'apparence de la santé, tantôt chez des femmes pour ainsi dire
anémiques, faibles et délicates.
J'ai déjà plusieurs fois parlé de ]a plasticité du sang
et de la dysménorrhée; mais
comme cause de ~ménorhe
peut-on bien invoquer cette cause, alors que des auteurs
ont nit: que le sang des règles rcnrermât de la fibrine. Cette
opinion est une erreur. La présence de la fibrine a été constatée dans le sang menstruel par DENIS et llom:uARDAT,
et sa coagulation n'est plus aujourd'hui un fait douteux
dans la science. Mais la ql!antit.é de fibrine qu'il renferme
doit varier, comme celle de la masse générale du sang, sui-.
vant une foule de circonstances tenant à la conslitution, au
régime alimentaire et à l'état de santé de l'individu. S'il est
riche en fibrine, l'écoulemen t menstruel sera généralement
moins abondant. Les femmes taillées en force, grandes,
vigoureuses, sont en général moins réglées que les femmes délicates; car toute cause qui amène l'augmentation de
�207
la fibrine dans le sang diminue l'écoulement menstruel, à
moins que l'utérus ne soit placé dans certaines conditions
spéciales qui accroissent sa perméabilité. Tout ce qui diminue la fibrine, la saignée par exemple, tend à rendre les
règles plus abondantes. Je pourrais citer nombre de faiLs à
l'appui de ce que j'avance.
Si un sang menstruel riche en fibrine transsude d'une
matrice qui n'a pas une grande susceptibilité nerveuse, cet
écoulement n'aura d'autre inconvénient que d'être peu
abondant, il ne sera pas douloureux et ne produira d'autre
accident que ceux que peut amener la pléthore générale;
mais si la matrice est d'une susceptibilité nerveuse exquise,
si elle est engorgée ou hypertrophiée, la femme éprouyei'a
de violentes douleurs, et le sang traversant mal les vaisseaux sanguins, la congestion et l'engorgement de l'utérus
devront augmenter à chaque époque menstruelle.
C'est dans le but de combattre les accidents dé'p endanl de
cette trop grande abondance de fibrine dans le sang. qu'ont
été institués des traitemenLs efficaces, sans qu'on se soil
peut-être toujours bien rendu compte des motifs qui les faisaien t réussir.
La saignée, rangée avec raison en première ligne, pourra
suffire seule pour rendre l'écoulement des règles facile, surtout lorsqu'elle sera pratiquée peu de temps avant leur apparition. C'est le traitement conseillé par LISFRANC, qui
employait la saignée spoliative dans les, cas où il voulait enlever beaucoup de fibrine au sang, et la saignée dérivative
dans les cas où il se proposait seulement de détourner le
sang de la matrice. Je dois avouer que je n'ai jamais bien
fompl'is la valeur de cette distinction, quoique j'aie un
grand nombre de fois employé ce traitement. Je m'explique
d'une autre manière l'action efficace de la saignée dérivative.
A mon avis, elle agit absolument de la même manière
que les saignées spoliatiycs. J'ai remarqué qu'elle prodni-
�208
sait peu d'effet sur les personnes fortes. et qu'elle agissait
d'autant mieux qu'elle était pratiquée Sllr des femmes délicates' ou déjà affaiblies par la maladie. Quoique chez ces
dernières le sang ne soit pas très-riche en fibrine, il l'est
encore trop pour l'organe qu'il doit traverser; chez elles,
une pelite saignée est suffisante pour l'appauvrir considérablement et le rendre apte à traverser le tissu utérin,
sans exalter sa sensibilité nerveuse. Celte médication, il
faut l'avouer, n'est pas sans inconvénient et n'atteint pas
toujours le but. Il arrive plus d'une fois qu'on détériore
ainsi la constitution, sans détruire la maladie. Le mercure
et l'iode sont des médicaments qui sont généralement employés pour liquéfier le sang: ils agissent à la manière de
la saignée; mais nous savons tous combien leur usage peut
entraîner d'inconvénients.
Ne voulant ou ne pouvant plus agir sur le sang, on cherche, comme dernière ressource, à agir sur le système nervelu utérin. Vient alors la série des antispasmodiques, des
narcotiques, dont le moindre inconvénient est de n'avoir
qu'une action temporaire. Joignez à cela les injections de
différentes espèces, les frictions, les cataplasmes, les bains
de bras. les pédiluves, les bains, les lavements, ct vous
aurez épuisé tous les moyens conseillés et employés èn pareil cas.
D'après ces considérations, quelle que soit la médication
adoptée, si elle est rationnelle, elle aura pour but, suivant
les cas:
1 0 D'augmenter ou de diminuer la plasticité du sang;
2° D'agir sur l'organe ntérin, soit eD ramenant le tissu
de la matrice à son état normal, soit en stimulant ou en
calmanll'élémepl nerveux.
Voyons jusqu'à quel point certaines eaux minérales, et
surtout celles de Soultzmatt, peuvent remplir ces indications.
Les caux gazeuses alcalines ferrugineuses conviennent
�20l)
parfaitement pour la jeune fille anémique dont le sang c t
pauvre en fibrine ct en globules sanguins. Elles donneront
à tout l'organisme, et spécialement aux organes digestifs,
une énergie vitale, qui s'étendra jusqu'à l'utérus. C'est ainsi
que nous comprenons leur action dans l'aménorrhée, particulière aux jeunes filles . Griesbach, Rippolsau, Soultzbach
sont appelés dans ces cas à rendre des services signalés,
tandis que Soultzmatt pourrait non-seulement être inefficace,
mais même devenir dangereux. Les eaux de Soultzmatt
sont au contraire bien plus avantageuses dans la plupart des cas de dysménorrhée, car dans celle aITeètion,
comme nous l'avons dit, il s'agit presque toujours de diminuer la plasticité du sang, de calmer la susceptibilité nerveuse de l'utérus, de diminuer son état congestif, son inflammation ou son engorgement. Or, nous savons que ces eaux
rendent le sang plus liquide, cn agissant sur sa fibrine,
qu'elles n'augmentent pas les globules du sang, qu'en même
temps elles imprègnent le corps d'une plus grande masse de
liquide, comme toutes les autres eaux minérales. Le sang,
ainsi modifié, sera plus apte à traverser l'ulérus (p. 36).
L'acide carbonique, l'acide borique, les alcalis, surtout
la soude, calmant le système circulatoire et le système nerveux, détruiront, endormiront la susceptibilité de l'utérus;
le sang pourra alors affiuer vers cet organe sans réveiller la
douleur, el si la matrice, à la suite des causes que nous
avons indiquées, est dans un élal d'inflammation chronique
ou d'engorgement. les eaux de Soultzmatt, soit en boissons,
soit en bains ou en injections, ont la propriété de résoudre
les produits nouveaux qui se seront déposés dans les mailles
de son tissu. Ainsi. sous l'influence de ces principes minéralisateurs, le sang étant rcndu plus liquide, la matrice
étant revenue à son élat normal, l'équilibre sc trouve rétabli entre la plasticité du sang eL la perméabilité dtl tissu
utérin; les règles reparaissent ct cessent d'être douloureuse.
14
•
�•
210
Je citerai quelques observations recueillies Jans ma pratique et aux bains de Soultzmatt, à l'appui des idées que je
viens d'émettre sur l'action de c.es eaux.
OBSERVATION. - Mlle M., âgée.oe vingt-deux ans, d'une
bonne constitution, forte, sanguine, haute en couleur,
éprouvait des d'ouleurs violentes à chaque époque mens1ruelle; le sang était peu abondant et très-coloré. Après
avoir suivi différents traitements qui tous avaient pour but
de fortifier ]a constitution, et pris par conséquent des préparations ferrugineuses, elle vint me consulter. Sa figure,
quoique rouge. exprimait la souffrance, et elle commençait
à éprouver quelques-uns de ces symptômes que nous avons
décrits en parlant de la pseudo-chlorose; elle avait de la
gastralgie, une grande excitabilité nerveuse, le pouls assez
plein et fréquent; il ne me ful point possible d'e x3JlI.i nCl'
l'utérus. Je conseillai à cette jeun~
personne de se rendre à
Soultzmatt, de boire l'eau, de prendre des bains presque
frais, de faire de grandes promenades à pied ct surtout à
âne; elle suivit mon conseil, passa six semaines à Soultzmatt; eUe eut ses règles pendant son séjour au bain: elles
furent à peine douloureuses.
Je vis cette jeune fille à ~on
retour, et lui donnai le conseil de continuer encore longtemps l'cau de Soullzmall, de
prendre des bains presque frais avec de la soude. J'ai à différentes reprises pu me convaincre de l'efficacité durable du
traitement que je lui avais conseillé. J'ai allrihué )e succès
obtenu à ce que les eaux de Soullzmalt avaient diminué la
plasticité du sang et calmé la susceptibilité nerveuse de l'utérus. (B.)
OnsERvATION. - Mad. R., âgée de trente ans, douée
d'une grande sensibilité nerveuse, d'un tempérament sanguin assez prononcé, jouissant habituellement d'une bonne
santé, éprouvait des douleurs extrêmement vives à chaque
époque menstruelle; ces douleurs, dans les deux premiers
�211
jours, étaient à leur apogée ct allaient en diminuant jusqu'à la cessation de l'écoulement. La malade était obligée
de garder le lit, ct aucun moyen n'était parvenu à la calmer. Il n'y avait point d'engorgement de l'utérus, mais cet
organe était doué d'une sensibilité très-grande, que le mariage avait été loin de diminuer, Quoique mariée depuis
plusieurs années, celte dame n'avait jamais eu d'enfants.
Quelques saignées pratiquées avant l'apparition des règles
avaient un peu mitigé les douleurs; mais un semblable
moyen longtemps continué me paraissant de nature à augmenter la susceptibilité nerveuse déjà si prononcée, je fis
prendre à cette malade l'eau de Soultzmatt et du bicarbonate de soude à la dose de deux cuillerées à café par ,jour,
Je lui prescrivis des bains de soude. Ce traitement, continuù
pendant tout un été, amena la gu6rison, (B.)
Mad. B., de Uouffach, <Îgée de trenteOnSEllVATlON. trois ans, d'une assez bonne constitution, avait, depuis plusieurs années, des époques menstruelles très-orageuses ct
abondantes, Je pus constater un engorgement du col utérin.
Elle vint à Soultzmatt pendant plusieurs années, ct obtint
la guérison de l'engorgement et la disparition des douleurs
qui sc présentaient à chaque période. Elle buvait l'cau,
prenait des bains prolongés ct faisait des injections émollientes ct narcotiques. (A.)
OnSERVATION. La femme d'un juif de Soultz, âgée de
vingt-deux ans, d'un tempérament vif ct fort sensible,
éprouvait depuis trois ans des suppressions de règles; par
intervalle, les suppressions étaient accompagnées d'accès de
vapeurs les plus violents et d'une fièv\'e continue avec redouhlement; les pertes succédaient alternativement aux supdes douleurs sempressions; elle rendait des caillots ~vec
blables à celles qu'on éprouve pour accoucher; elle avait
fait usage sans succès de tous les remèdes que d'haJ,j}es médecins lui avaient ordonnés; le teint devint plombé, la bouf-
�212
fissure survint, en un mol, la cachexie était déjà parvenue
à un degré très-considérable, lorsqu'on lui ordonna de prendre les bains de Soultzmatt et de boire l'eau de la 6° source.
Quatre semaines ·de l'usage de ces eaux la rétablit au mieux
(tirée de l'ouvrage de MÉGLIN).
Je citerai une dernière observation, extraite de l'ouvrage
de MÉGLlN, qui prouve, comme nous l'avons dit ailleurs,
que l'aménorrhée, tenant à la chlorose, peut, dans certains
cas, être fort bien guérie à Soultzmatt.
OnSERVATION. - Mlle B., d'Altl{Îrch, âgée de dix-huit
ans, eut l'évacuation menstruelle pendant trois ans, mais
très-irrégulièrement; elle devint chlorotique, il y avait lassitude, difficulté de respirer en montant les escaliers, suffocations, battements de cœur, syncopes, maux de tête insupportables, bouffissure, etc. La cachexie était déjà si avancée
qu'on craignait pour la vie; elle prit pour dernier remède
les bains de Soultzmatt et but de l'eau de la 6° source. Au
Lout de vingt-six jours, tous les accidents disparurent, les
digestions se l'établirent, et elle fut remise parfaitement.
II. DE LA MÉTRORRHAGIE.
Dans la métrorrhagie se rangent tous les écoulements
sanguins anormaux fournis par la matrice, soit aux époques
menstruelles, soit hors le temps de la menstruation, soit
enfia pendant la gestation ou après l'accouchement, et même
après l'âge de retour. On voit que je prends cette dénomination dans sa plus grande extension. L'utérus qui, à l'état
normal, est un des organes les moins riches en vaisseaux
sanguins, étant placé dans de certaines conditions ou sous
l'influence de certaines maladies, acquiert une grande vascularité; on conçoit ainsi comment, dans ces différents états,
il est sujet à fournir tant de sang. Mais, à côté de celte disposition dont l'organe eslle siége, il en est une autre qui
�21:;
est digne d'attirer notre atlention : c'est l'élat du sang, non
qu'il nous soit donné, d'après nos connaissances actuelles,
de juger d'une manière certaine, par l'examen du sang, de
la disposition à l'hémorrhagie, mais, dans la pratique, nous
parvenons assez souvent, d'après certains symptômes généraux que présente la constitution, à décider si l'hémorrhagie
peut être aUribuée à la richesse ou à la pauvreté du sang,
si elle est active ou passive. Il est des cas où cette distinction
est facile; mais souvent il nous est impossible de l'établir,
et nous n'arrivons que par le tâtonnement à résoudre la
question. Elle est cependant d'une grande importance pratique pour l'application de certaines médications ou pour
l'emploi de certaines eaux minérales : ainsi, les eaux de
Soultzmatt, qui sont très-avantageuses dans les cas où l'hémorrhagie utérine tient à l'exubérance d·activité et richesse
du sang, seront très-nuisibles dans les cas où le sang s'écoule
des vaisseaux, parce qu'il es~ trop liquide, et qu'il est dans
les conditions de celui des chlorotiques.
Deux faits pratiques, observés aux bains de Soultzmatt,
rendront évidente et palpable l'importance de la distinction
que je cherche à établir.
OnSERVATION. - Mad. X, de Strasbourg, âgée de trentecinq ans, mère de plusieurs enfants, d'un tempérament sanguin, d'une bonne et forte constitution, avait, jusqu'à l'âge
de trente-deux ans, joui d'une santé parfaite; elle se plaignait cependant d'être tourmentée par le sang. Ses règles
étaient abondantes ct duraient pendant six jours. Sans cause
connue, si cc n'est des grossesses el quelques fausses couches,
clle commença à éprouver de la pesanteur dans le bas-ventre, des douleurs dans la région lombaire, les époques
menstruelles se prolongeaient pendant quinze jours et même
pendant trois semaines, de manière à ce qu'il exislaÏl il
peine huit jours d'intervalle entre chaque période; de plus,
clJe avait de pertes blanche .
�214·
Je fus consulté; le toucher et l'examen au speculum me
firent découvrir un léger engorgement de l'utérus, surtout
du col, sur lequel je constatai une petite érosion. 'Quelques
cautérisations avec le nitrate acide de mercure, des saignées
spoliatives et dérivatives, des injections émollientes froides,
des bains, l'iodure depotassium à l'intérieur firent disparaître
l'ulcération et l'engorgement de la matrice; mais tous mes
efforts furent inutiles pour diminuer notablement l'abondance des règles; eUes duraient toujours plus de dix jours,
et l'écoulement leucorrhéique ne fut pas supprimé.
Craignant avec raison que celle exubérance d'activité et
de richesse dn sang ne ramenât les accidents dont j'avais
triomphé, ~t ne me souciant pas de continuer l'emploi des
saignées, j'envoyai cette malade à Soullzmatt, lui conseillant de boire de l'eau de la source, de prendre des bains
presque frais et de faire des injections avec l'eau minérale.
Sous l'influence de ce traitement, qui fut suivi penda.n t
deux saisons, chacune de trois semaines, la tendance aux
congestions disparut, les règles ne durèrent plus que six jours
et ne furent plus trop abondantes, l'écoulement Llanc fut à
peu près tari; l'ulcération ne s'est plus reproduite et <:,ette
dame jouit d'une parfaite santé. (B.)
OnsERvATION. -- Une jeune fille pâle, Ifiaigre, chlorotiblanches abondantes et perdant be;luque, ayant des fl~urs
coup do sang à l'époque menstruelle, fut envoyée à Soultzmatt. Cette eau, prise pendant quinze jours, la jeta dans
un grand état de faiblesse, les pertes blanches devinren t
plus fortes, l'époque menstruelle vint avant le temps marqué par la nature et fut très-abondante; la faiblesse devint
considérable. Elle fut obligée de renoncer à l'usage des eaux.
(TI. )
On voit d'après ces deux exemples, choisis entre ceux
qui sont à ma connaissance, combien le médecin peut être
utile ou combien il peul nuire au malade, suivant qu'il a
�Licn ou mal apprécié la cause el la na turc de la maladie,
qui déterminent le choix d'une eau minérale.
Soultzmatt sera avantageux dans les hémorrhagies liées
à un état de pléthore, de congestion, alors qu'il faudra chercher à rendre le sang plus liquide et à calmer la circulation
générale; ce sera ainsi que ces eaux agiront chez les femmes
jeunes, fortes, ayant des engorgements plus ou moins ronsidérables de l'utérus.
OBSERVATION. Mad. R, de Cernay, âgée de trenle ans
environ, d'une constitution forle, ayant eu plusieurs enfants, vint à Soultzmatt en 1843, pour des pertes utérines
se manifestant hors le moment des époques. Je ne pus l'examiner au speculum; mais tous les symptômes. qu'elle pré-·
sentait me firent présumer un engorgement de l'utérus. Un
séjour de six semaines aux eaux de Soultzmalt amena la
disparition- complète des accidents qui l'avaient déterminée
à se rendre à no lre bain. Elle bu t l' ea u à la dose de 6 à 10
verres, et prit chaque jour un baiD. (A.)
OBSERVATION. Mad, H., de Soultzmatt, peu forle,
mais d'un tempérament sanguin, ayant eu Illusieur enfants
et fait quelques fausses couches, éprouvait de ]a pesanteur
dans ]e bas-venlre; elle avait des pertes blanches, assez
souvent remplacées par des pertes rouges; l'utérus était
engorgé, il n'y avai t point d'ulcération apparente au co1.
Je lui conseillai de faire usage pendant quelques semaines
des caux de Soultzmatt, qu'elle prit en boisson et en bain;
tous les accidents que nous venons de signaler disparurent
entièrement. (A.)
Dans les cas que je viens de ciler et que je pourrais multiplier, c'est évidemment aux modifications apporlées à la
plasticité du sang deve."u moins riche ct 100ins exci lant pOUl'
l'utérus, qu'il faut attribuer la résolution des engorgements
ct la cessation des hémorrhagies.
Mais il est uoe autre série d'hémorrhagies utérines pOUl'
�21G
lesquelles les eaux de Soultzmatt sont très-avantageuses. Ce
sont celles qui tiennent à des congestions presque passives
vers cet organe. On les observe assez souvent de l'âge de
trente-cinq à cinqua,nte ans, qui est l'époque de la vie où le
sang, chez la femme comme chez l'homme, se porte surtout
vers le bas-ventre. 1.. es vaissèaux de la matrice ont la même
tendance à s'engorger que les vaisseaux du rectum. L'activité que les alcalis impriment à la circulation de la veineporte (voir p. 44) explique comment les eaux de Soultzmatt
peuvent être utiles dans les cas de ce genre. Aussi nous les
conseillons aux femmes qui approchent de l'âge de retour,
dans le but d'empêcher cette stase dl!. sang veineux, qui
•exerce sur la ma trice une si fâcheuse influence. Car si l'on
ne régularise cette circulation abdominale, dans beaucoup
de cas, l'utérus se congestionnera, d'où résulteront les engorgements et les hémorrhagies, accidents dont il est souvent difficile de triompher; si c'est l'hémorrhagie qui survient, ce n'est pas sans une certaine appréhension qu'on
cherche à l'arrêter chez les femmes à l'âge critique, ct les
moyens que nous avons à no'lre disposition pour atteindre
ce but ne sont pas toujours efficaces. C'est douc la tendance
à l'hémorrhagie, ou pour mieux dire à la congestion, qu'il
faut en pareil cas chercher il détruire de longue main, et je
crois que les caux de Soultzmatt sont de nature il produire
cet effet.
OnsERvATION. - Mad. V., de M., vallée de Massevaux,
arrivée à l'âge de retour, souffrait depuis plusieurs années
d'un engorgement du foie; eUe avait des hémorrhoïdes
fluantes; ses règles étaient régulières, mais leur abondance
la faliguait beaucoup; elle était alors obligée de garder le
lit. Elle vint à Soultzmatt en l'année 184·4· pour y prendre
les eaux. Sous l'influence de celle cure, le foie se ùégorgea; mais ce qui fut surtout digne d'intérêt pour nous,
c'est qne ses menstrues devinrent bien moins abondantes,
�217
ce qu'elle nous apprit l'année suivante à son retour aux
eaux. (A.)
J'ai cboisi ce fait, parce qu'il explique bien ce qui se
passe cbez certaines femmes qui éprouvent des pertes utérines vers l'âge critique, et qu'il nous indique comment,
pal' l'usage d'eaux minérales bien choisies, on peut faire
cesser cet état morbide.
Si la nature du sang peut déterminer les pertes utérines,
certaines conditions, dans lesquelles se trouve le système
nerveux, peuvent aussi les produire: GENDRIN dit qu'on les
observe souvent cbez les femmes nerveuses, et LISFRANC,
lorsqu'il y a excès de sensibilité des organes génitaux. Il
sera plus d'une fois fort difficile de bien apprécier si l'exaltation nerveuse est, dans ces cas, cause ou effet; mais le
doute n'entraînera aucun danger, si, au lieu d'abuser des
narcotiques el des antispasmodiques, on a recours aux eaux
gazeuses alcalines, qui sont un des calmants qu'on peut
toujours dans ces cas employer sans nuire aux malades.
L'bémorrhagie utérine peut aussi tenir à un élat patbologique de la malrice ou de ses annexes ou de la membrane
muqueuse qui la tapisse; c'est un sujet dont nous nous occuperons plus lard. Qllelles que soient les causes de l'hémol;rhagie, et quel que soit le traitement mis en usage pour les
combattre, il arrive assez souvent dans la pratique que l'on
échoue, tantôt parc"c que les moyens ordinaires sont inopportuns, tantôt parce qu'ils sont insuffisants. On est alors
plus d'une fois obligé d'avoir recours à des médicaments
qui agissent sur le tissu utérin sans doute en le resserrant,
mais dont l'action intime sur la matrice ne nous est pas
bien connue.
Notre établissement possède un médicament qui peut être
considéré comme un des meilleurs hémostatiques. C'est l'eau
balsamique, qui, étant préparée pl'incipalement avec le sapin, renferme nécessairement une certaine quantité de téré-
�218
benlhine, et on sait que celle substance est efficace pOUl'
arrêter les hémorrhagies, quoique sa manière d'agit' soit
encore problématique.
Mais, comme nous l'avons déjà dit plusieurs fois, il est
impossible de donner longtemps la térébenthine, qui est
un médicament fort désagréable, ct qui ne tarde pas à fatiguer l'estomac.
Il y a dans la préparation de l'cau balsamique des procédés
qui lui donneront toujours un grand avantage d'administration et d'aclion sur les autres médicaments du même genre.
J'ai employé, avant et depuis la publication de l'ouvrage sur
l'eau balsamique, celte eau dans les hémorrhagies utérines
de différentes espèces. Quelques observations que je vais
citer prouveront qu'elle peut être utile pour arrêler les règles trop abondantes, les pertes utérines pendant la grossesse
ct au moment de l'accouchement et après qu'il a eu lieu.
ûnsERvATION. - Mad. E., âgée de trente-deux ans,
d'une très-belle constitution, d'un embonpoint prononcé,
accoucha, il ya dix ans, sans aucun incident remarquable;
deux ans après, nouvelle grossesse suivie, au bout de trois
mois, d'un avortement avec perte de sang abondante, qui
dura deux mois et fut très-difficile à arrêter. Depuis cc
temps, les règles, venant toute's les cinq semaines, s'arrêtent
chaque fois très-difficilement, et souvent ne laissent que
quelques jours d'intervalle entre deux époques; d'autres
fois elles disparaissent pendant deux mois pOlir revenir
avec plus d'impétuosité et d'opiniâtreté que jamais. Un
examen souvent répété des parties génitales, tant par le .
toucher que par le speculum, n'a jamais révélé le moindre
dérangement organique, tout au plus croit-on reconnaitre
un peu de relâchement du col utérin. Les moyens les plus
variés furent tour à tour employôs; les astringents externes
. cl internes, les fomentations froides, le tamponnement, les
injections, la cautérisation du col utérin, l'application par
�210
le tampon de poudre ct de teintures astring'e ntes, de colophane, de tannin, d'alun; à l'intérieur, le seigle ergoté, les
acides minéraux, l'ipécacuanha, la saignée répétée. Quelquefois ces moyens agissaient temporairement, d'autres fois
ils restaient complétement inutiles, et plusieurs fois l'hémorrhagie n'a cessé que quand la malade, épuisée de sang, pâle
et sans pouls, était dans une demi-syncope permanente.
Plusieurs praticiens virent la malade, entre autres M. le
professeur STOLTZ. Elle était encore nne fois dans cet état
au commencement de l'hiver dernier. Depuis six semaines,
les règles s'étaient converties en une hémorrhagie permanente; le sang partait tantôt .par jets, tantôt en caillots; iL
traversaÏl les tampons trempés dans une forte solulion de
tannin; il résistait et à l'emploi des poudres d'ergot et à.
celui des acides minéraux. Dans cette conjoncture, j'eus
l'idée d'administrer l'eau balsamique; la malade prit trois
verres par jour (cachet vert), et dès le même jour le sang
s~arêt.
On continua l'usage de ce moyen encore durant
trois jours, au bout" desquels la malade put se lever, quoique
très-faible encore. Deux mois après, les règles revinrent, et
par précaution, la malade prit d'elle-même quelques verres
de celte eau; tout se passa naturellement. Vers le printemps,
Mad. E. fit un voyage à Paris; pendant son séjour, elle
~ut
SQS règles qui cessèrent au bout de dix jours. Cet élé,
pendant mon absence au mois de juillet, il Y eut une nouvelle disposition à l'hémorrhagie; les règles tendirent à se
prolonger, déjà quelques caillots de sang, signes précurseurs, commençaient à paraîlre : elle prit sur elle de faire
usage de l'eau balsamique, qui cul encore pour efi'et d'arrêler le sang. Depuis elle sc porte très-bien. (Observation
communiquée par M. l~ Dr HlR1'Z.)
OnsERvATION. - Mad. S., de Strasbourg, avait eu des
couches nombreuses et difficiles et avait fait deux fausses
couches dans l'espace de six ans. Quoiqu'elle fût d'une Lonne
�22(Y
constitution, el~
avait conservé une certaine faiblesse de la
matrice. Elle avait des pertes blanches, et ses règles étaient
devenues tellement abondantes qu'elle était obligée de garder
le lit. Je lui avais donné des soins dans toutes ses couches,
elle me consulta encore pour ces pertes sanguines. Je lui
conseillai de boire, deux jours avant les époques, une bouteille d'eau balsamique (cachet vert). J'étais, après ce con·
seil, resté longtemps sans la voir. Je fus frappé, quand elle
vint me rendre visite, de sa bonne mine; elle me dit que
depuis quatre mois elle prenait l'eau que je lui avais ordonnée; que ses règles étaient bien moins abondantes et ne
coulaient que pendant trois jeurs; que l'écoulement blanc
avait beaucoup diminué; je l'engageai à continuer un traitement qui lui avait élé si utile. (B.)
OnsERvATION. - Mad . Bloch, de Soultzmatt, âgée de
trente-huit ans, mère de six enfants, avait perdu ses règles
depuis dix semaines. Tout à coup il parut des caillots de
sang; la sage-femme ne put constater l'élat de grossesse,
mais, dans le doute, je conseillai le repos le plus absolu;
mais sc reproduisit à p!usieurs reprises.
l'hémorrhagie ce~sa,
Un jour elle devint tellement abondante, que la malade eut
des faiblesses; alors je lui donnai l'eau halsamique à la dose
d'une cuillerée à bouche toutes les heures. Elle n'en avait
pas pris une hou teille que le sang ne reparut plus. Je la
revis quelques semaines plus tard; le ventre s'était développé, et il me devint facile de constater que celte femme
était enceinte de plusieurs mois. (A.)
J'ai retiré de celle cau un excellent e[et dans les perles
utérines survenues après l'accouchement; j'en citerai deux
cas recueillis dans ma pratique.
OnSEUVATlON. - Louise N .... , de Strasbourg, âgée de
tren te ans, accouchée à peinu depuis six jours, avai t cru
pouvoir, sans inconvénients, reprendre ses occupations,
comme elle l'avait fait dans ses couches précédentes. Tout
�22t
à coup elle fut prise d'une hémorrhagie tellement abondante,
qu'elle perdit connaissance. Je ne pus, lorsqu'on m\appela,
de
me rendre immédiatemen t près d'elle, mais j' ordna~
• lui donner de demi·heure en demi-heure l'eau balsamique
(cachet vert), à la dose d'un verre. A mon arrivée, deux
heures après, elle me dit qu'après avoir pris le premier
verre, le sang s'était arrêtée. Il est vrai de dire qu'en faisant coucher cette femme, on avait peut-être déjà fait cesser
une des causes du mal. (B.)
ÛnsERvATION. - Mad, H., de Phalsbou"rg, enceinte
pour la quatrième fois, vint me consulter pour savoir
comment elle ·pourrait prévenir des pertes abondantes qui
survenaient immédiatement après l'accouchement. C'était
avec un sentiment de terreur qu'elle voyait approcher l'épo. que de la délivrance; car, dans ses couches précédentes,
elle avait failli succomber à des métrorrhagies que ni les
astringents, ni le seigle ergoté, ni les applications froides,
ni les injections, ni même la compression de l'aorte n'avaient
pu faire cesser. Le sang ne s'arrêtait que lorsque le pouls
était devenu misérable et que des syncopes presque mortelles et durant pendant plusieurs heures avaient mis sa
vie en danger. J'étais fort embarrassé de .donner un conseil utile, lorsque ridée me vint de lui prescrire l'eau balsamique. Voici la manière dont elle en fit usage: Dès que
les premières douleurs de l'enfantement sc firent sentir, elle
commença à boire de l'eau balsamique (cachet vert) , un
verre environ loules les demi - heures; elle la continua
après l'accouchement. L'hémorrhagie tanl redoutée n'eut
pas lieu comme dans les couches précédentes, et cette dame,
à laquelle il fallait ordinairement plus de deux mois pour
sc remeUre, était snr pied au bout de dix jours. (B.)
�222
III. MÉTRITE CHRONIQUE. ENGORGEMENTS DE L'UTÉRUS.
La métrite chronique et l'hypertrophie simple de l'utérus
sont deux maladies très-fréquentes ehez les femmes mariées
ct surtout chez celles qui ont eu des enfants; elle peut cependant se rencontrer chez les personnes qui ne sont pas
dans ce~ conditions.
«Ces malades, comme le dit LISFRANC, éprouvent des douleurs obscures gravatives dans le bassin; elles se fon t sentir
sympathiquement sur les mamelles; la station debout, sur
les tubérosÎtés ischiatiques, la marche, l'équitation, les promen'ades en voiture, le coït, les augmentent; on observe des
écoulements blancs, des pertes rouges plus ou moins abondantes, plus ou moins fréquentes, tantôt continues ou remittentes, d'au Ires fois intermittentes; la face devient pâle
ou couleur jaune-paille, les malaùes s'affaiblissent et maigrissent ordinairement beaucoup; dans quelques cas d'exceplion, elles conservent leur fralcheUl', leur embonpoint et
leurs forces; il n'est pas rare de voir l'innervation exaltée. J)
On rencontre assez souvent des femmes qui, n'étant plus
dans la première période de la jeunesse, n'ont jamais eu
leurs règles, ou qui les Qnt perdues longtemps avant l'époque
que la nature a assignée à l'âge de retour. Chez -les unes on
peut invoquer l'atrophie de la matrice, mais chez la plupart, ce caprice apparent de la nature lient à l'engorgemen't
utérin. Suivant LlsrRANc, «l'aménorrhée est souvent un
symptôme des affections morbides de l'utérus. Sur douze
femmes, dit-il, n'ayant jamais eu leurs règles, nous avons
évidemment constaté une augmentation de volume de la
matrice ct presque toujours un excès de sensibilité de cet
organe; toutes présentaient les symptômes qui accompagnent
les engorgements utérins. » Ainsi, cbez certaines femmes, les
�225
règles manqueront ou seront h'ès-douloureuses, parce que
la matrice engorgée est devenue imperméable au sang; mais
chez d'autres, l'engorgement de la matrice amène un état
tout contraire; leurs règles deviennent souvent trop abondantes, parce que l'engorgement, principalement formé par
la vascularisation de l'organe, le rend plus perméab!,e, ct le
prédispose ainsi aux. hémurrhagies.
Non-seulement les règles, comme nous vènons de le dire,
peuvent être trop abondantes ct douloureuses dans la métrite
chronique et l'engorgement , mais encore ces deux maladies
peuvent devenir une cause de stérilité; et lorsque la conception a cu lieu, elles exposent aux fausses couches, et l'on
peut même affirmer que c'est de là que proviennent fréquemment les avortements, qui ne dépendent pas' d'une
cause traumatique. Je pourrais citer un grand nombre d'observations à l'appui de cc que j'avance. Tous les médecins
sont d'àccord sur ce point, et reconnaissent qu'on ne parvient à faire cesser cette tendanc'e fâcheuse qu'en faisant
disparaître préalablement l'affection de l'utérus. C'est dans
les cas de ce genre que les eaux minérales bien choisies
donnent souvent assez promptement des résullats qu'on
n'obtient qu'avec difficulté par des traitements toujours lents
et fort pénibles à suivre.
La métrite chronique ct l'engorgement ont peu de tendance à marcher spontanément vers la guérison; ces maladies, lorsqu'elles ne sont pas traitées convenablement,
peuvent durer peqdant dix ct quinze ans, laissant les personnes qui en sont aUeintes dans un étal de faiLlesse et de
langueur, jusqu'à cc qu'enfin elles deviennent funestes,
en amenant des dégénérescences graves, souvent au-dessus
des ressources de l'art.
Nous croyons devoir nous abstenir ici d'énumérer les
signes 'locaux auxquels )e médecin, par 'un examen direct,
arrive à reconnaître ces deux affections; ils sont indiqués
�224
dans tous les ouvrages spéciaux sur les maladies de l'utérus.
Sans entrer dans de grands détails sur les causes de ces
deux maladies, nous pouvons dire que la matrice, dont la
vie fonctionnelle est bien plus courte que celle de tous les
autres organes, est obligéé, pendant sa période d'activité, de
racheter, pour ainsi dire, ses deux temps de repos par un
travail excessif. Tantôt c'est l'époque menstruelle, tantôt lcs
rapports des deux sexes, bientôt la gestation, puis l'accouchement et les différents accidents qu'ils peuvent entraîner,
qui entretiennent cet organe dans un état de fluxion, de
congestion ,pour ainsi dire permanent. Telle est l'origine fréquente de la métrite aiguë et de la métrite chronique et de
l'engorgemen 1.
L'engorgement ne procède pas toujours de l'inflammation de la matrice; il n'est pas une 'conséquence nécessaire
de la métrite chronique, cependant on peut dire que, chez
la femme jeune encore, elle en est presque constamment
le point de départ. Mais vers l'âge de retour, les choses paraissent souvent se passer diJTéremment, la matrice devient
le siége de congestions passives. N'ayant plus ses fonctions
organiques à remplir, son tissu se resserre, devient moins
perméable au sang; cependan t le, sang n'y affiue pas en
moindre quantité, surtout dans le système veineux, qui,
à cet âge de la vie, prend, comme dans les au Lres parLies
du corps, un plus grand développement. Sous celle affiuence
presque mécanique, l'utérus s'engorge. Assez souvent, à
des époques plus ou moins éloignées, il pa~vient
à se débarrasser du sang qui le congestionne, et alors surviennent
des pertes abondantes, qu'il est quelquefois difficile et souvent dangereux d'arrêter. Si celle voie d'élimination lui
manque, et que la nature ou l'art ne lui en fraie aucune
autre, la matrice, restant sous le poids de cet Hat pathologique, s'engorge de plus en plus, et alors surviennent,
comme dans l'engorgement produit par la métrite chronique,
�225
les dégénérescences de tissu, les produits de nouvelle formation, sur lesquels certaines constitutions, certaines diathèses,
certains vices dans les humeurs exercent une si funeste influenc.e.
Quoique ces produits de l'inflammation chronique des
tissus complexes, tels que la matrice, soient fréquents,
nous manquons de faits pour en déterminer exactement les
caractères anatomiques. Nous ne pouvons établir par quelles
transformations successives a dû passer cet organe, pOUl'
acquérir une augmentation de densité, de ténacité et de pesanteur beaucoup plus grande qu'à l'état sain; ce. n'est
qu'en nous fondant sur les phénomènes qu'on observe dans
les différentes phases de l'inflammation aiguë que nous pouvons les apprécier approximativement.
Tout ce que nous avons dit de l'action des eaux de Souitzmalt, en parlant des inflammations chroniques (p. 36), est
également applicable à la métrite chronique et à l'hypertrophie de l'utérus. Nous avons vu, en parlant de l'aménorrhée, de la dysménorrhée et de la métrorrhagie, comment nous concevions la possibilité d'obtenir par ces eaux
un effet résolutif (p. 205) ; nous croyons donc inutile de nous
étendre plus longuement sur ce sujet.
Il est un point pratique très-important dans le traitement
de ces maladies par les eaux minérales : c'est de savoir
employer avec le plus d'utilité les bains, les bains de siége,
les injections et douches ascendantes.
Les bains d'cau minérale sont généralement très-avantageux dans les affections de l'utérus; mais ils Ile le seront
qu'à la condition d'être employés d'après les indications que
nous allons tracer.
Dans aucun cas, les bains à une température (rès-éle~
(30 degrés) ne seront convenables, siles personnes sont faibles
ou nerveuses; ils les exciteraient d'abord et ensuite les affaibliraient davantage; si elles sont pléthoriques, ils détermine15
�22G
raient une excitation générale et des congestions locales, qui
se font alors de préférence vers la matrice. Le bain froid ou
seulement frais est rarement bien supporté; il refoule le sang
qui, presque toujours dans ces cas, se portera vers l'utérus;
ils ne sont applicables que si la maladie ayant déjà cédé
aux traitements antécédents, on n'a plus qu'à calmer le
système nerveux par l'acide carbonique et à rendre par le
froid du ton à tout rorganisme.
Le bain tiède est celui qui mérite la préférence; il faudra
le graduer suivant la susceptibilité individuelle. Lorsque la
matrice aura conservé une grande sensibilité soit nerveuse,
soit inflammatoire, les eaux minérales devront encore être
mitigées par de la gélatine ou de l'amidon. La durée ordinaire du bain est assez difficile à fixer; il est des malades
qui ne peuvent y rester plus d'une demi-heure: on peut
dire en général que. du moment où ]e bain ne fatigue pas,
il doit être prolongé non senlement pendant une heure,
mais même au-delà, en ayant toujours soin de le maintenir
à la même température. Si un bain aussi prolongé ne peuL
être supporté, il sera très-avantageux d'en prendre deux
par jour de plus courte dùrée. C'est ainsi qu'on arrive à
calmer souvent, mieux que par tout autre moyen. l'état
phlegmasique eL nerveux, en imprégnant pour ainsi dire
]e corps de liquide et en y faisant pénétrer les éléments minéralisateurs des caux cIe SoultzmaLt. Dans les affections de
l'utérus, beaucoup de femmes reprennenL leurs règles avec
la plus grande facilité. surtout lorsqu'elles sont sujettes à la
métrorrhagie; cc n'est pas un motif absolu pour cesser les
bains, si les perles ne sont pas trop 'abondantes; car il est
des cas où le bain pourra les faire cesser, en calmant l'irritation locale ct la susceptibilité nerveuse.
Les bains de iége doivent généralement être rejetés; il
e t trop difficile d'en bien graduer la température, pour qu'ils
ne deviennent pas une cause d'amux direct du san er vers
�l'utérus. S'ils sont Lrop chauds, ils congestionnent; s'ils sont
trop froids, la réaction qu'ils déterminent amène souvent
le même résultat. Les inje cLions surtout, faites à deux ou
trois reprises pendant qu'on est dans le bain, sont à recommander aux malades. Je n'en dirai pas autant des douches
ascendantes, qui sont, chez la plupart des femmes, la cause
d'excitations qui peuvent amener les effets les plus fâcheux.
IV. DE LA LEUCORRHÉE.
Celle maladie 'est produite soit par une phlegmasie, soit
par une irritation, soit enfin par une simple injection de la
muqueuse ou bien encore par une fluxion sanguine pouvant
siéger en même Lemps sur la vulve, sur le vagin, sur la
face interne de la matrice et des trompes utérines, d'où nait
un écoulement blanc désigné sous I.e nom de {lueurs blanches.
de perles blanches. La leucorrhée se montre le plus souvent
sur le vagin; eUe est moins commune dans la matrice et
sur la vulve; on la voit rarement dans les trompes utérines.
Les femmes mariées en sont plus spécialement atteinles;
commune à l'âge de la puberlé, on l'observe assez peu souvent chez les enfanls; elle est assez fréquente chez les vieilles
femmes (L1SFRANC).
Si nous remontons aux causes premières qui produisenL
la leucorrhée, nous Lrouvons qu'elles sont à peu près les
mêmes que celles des affeclions de l'utérus, donl nous venons
de parler.
.
Ainsi la leucorrhée peut tenir à un élal de faiblesse générale ou locale, et chez plus d'une jeune fille dont le sang est
trop pauvre pour donner lieu à un écoulement rouge, il se
produit un écoulement' blanc; et cela d'autant plus qm'
l'organe utérin cl la muqueuse sont depuis longlemps (lans
un élaL (l'atonie plus prononcée.
�228
Lo.rsque la leuco.rrhée tient il l'inflammatio.n chro.nique
de la matrice o.u à so.n engo.rgement actif, le sang tro.p riche
se po.rtant avec abo.ndance Yers la mab'ice, l'irrite, ct celte
irritatio.n réagissant sur la membrane muqueuse utérine détermine les pertes blanches. Vers l'âge de reto.ur, ce n'est
so.uvent ni la faiblesse, ni l'irritatio.n o.u l'inflammatio.n ,
mais une simple stase du sang vers l'organe utérin qui
amène celle maladie.
Si la leuco.rrhée a so.n siége dans le vagin, elle tient également tantôt à un état anémique primitif o.u co.nsécutif,
tantôt à un état d'irritatio.n o.u d'inflammatio.n.
Cette maladie peut en outre être pro.duite o.u entretenue
par certaines causes spécifiques, par certaines diathèses: le
squirrhe, le cancer, les affectio.ns vénériennes, dartreuses.
etc., do.nt no.us n'avo.ns pas l'intentio.n de no.us o.ccuper ici.
Les eaux de So.ultzmatt jouissent d'une grande réputation
dans la leuco.rrhée, comme dans toutes les maladies de l'utérus. «Elles seront, dit MÉGLIN, d'une très-grande utili(é
dans l'éco.ulement douloureux des menstruatio.ns o.u leur
suppressio.n to.tale, qui reco.nnaît po.ur cause l'engo.rgement
piLuiteux de la matrice, par co.nséquent dans la stérilité qui
en est la suite, dans les pertes mêmes qui so.nt aussi trèsso.uvent l'effet de l'o.bstructio.n de ce viscère, dans les /lueuTs
blanches et les pâles co.uleurs qui naissent enco.re de la même
cause. BACCARA, physicien de Colmar ct très-habile praticien
de so.n temps, dit, dans une leUre il M. GUÉRIN" avoir vu de
très-bo.ns effels de ces eaux dans les maladies de la matrice,
,
dans les fleurs blanches, etc. J)
Si nou~
résumo.ns les idées des anciens, des mo.dernes, et
les nôlI'es en particulier, no.us so.mmes amené à co.nclure
que la leuco.rrhée lient o.u à un état de faiblesse génél'ale
o.U lo.cale, ou à une stase sanguine vers l'o.rgane utérin, o.U
il un élat de plétho.re o.U d'irritatio.n locale. Ces étals peuvent se comhiner entre eux de différentes manières i cc sera
�220
au coup d'œil exercé du médecin qu'il appartiendra de démêler celui qui domine les autres, afin de pouvoir lui appliquer le traitement convenable. Ainsi il est des cas où il
s'agira de relever les forces, de tonifier, de rendre au sang
les principes qui lui manquent, puis d'agir sur la membrane
muqueuse, en lui imprimant une nouvelle activité vitale
qui resserre les tissus j on atteindra ce but par les toniques
de différentes espèces, par les préparations martiales et
surtout par les eaux ferrugineuses, par certains médicaments
astringents (élixir de Haller, alun, eau balsamique [cachet
vert] , etc.); mais si celle action portée sur toute l'économie
est insuffisante, le traitement local par les injections toniques et astringentes en deviendra le complément (alun,
sulfate de zinc, ècorce de chêne, tan, cau balsamique, etc.).
S'il Y a pléthore générale, irritation ou inflammation 10cale, tout traitement tendant à diminuer: la fibrine et à
appauvrir momentanément le sang, trouvera ici son application. La saignée en première ligne, assez rarement applicable, puis les préparations alcalines et surtout les eaux
gazeuses alcalines exemptes de fer devront être mises en
usage. Les bains ordinaires, les bains alcalins, les injections
émollientes et plus tard alcalines resteront rarement sans effet.
Ce seront encore les eaux de ce genre qui seront appelées à rendre des services signalés, lorsque la leucorrhée
tiendra à des stases sanguines qui, d'après cc que nous avons
dit, ne sont pas rares vers l'ùge de retour.
C'est ainsi que nous nous rendons compte de l'action des
eaux de Soultzmatt dans certaines leucorrhées; quelques
observations recueillies à ce bain seront le complément pratique des idées que nous venons d'émettre.
OBSEUVATION (extraite de l'ouvrage de MÉGLlN) . - Madame V., âgée de quarante ans, d'une constitution délicate,
sujelle à des accès de vapeurs très-fréquents, exténuée par
des pertes hlanches lrès·abonde
~ depuis plusieurs années,
•
�230
u'avait éprouvé aucun soulagement des remèdes ordinaires
les mieux administrés; le marasme était déjà un symptôme
urgent. On lui fit faire usage de nos eaux; elle prit les bains
et pour boisson les eaux coupées avec un sixième de lait,
ce qui lui rendit la santé qu,'elle conserve encore aujourd'bui.
OBSERVATION. - Mad. Ch., de Colmar, vint à Soultzmalt pour un écoulement blanc très- abondant. Celle dame
jouissait d'une bonne constitution; il nous fut impossible de
l'examiner. Notre bain lui fut très-utile, car, après un séjour de quatre semaines, l'écoulement leucorrhéique avait
entièrement cessé. (A.)
OnSERVATION. - Mad. B., âgée de trente-cinq ans,
ayant eu quelques enfants, avait une leucorrhée très-abondante, qui paraissait tenir à un eng"orgement de l'utérus . .
Elle vint à Soultzmatt en 1843, Y :lit une saison pendant
laquelle elle but l'eau, prit des bains ct des injections avec
l'cau de la source. EUe en obtint le meillèur résultat, car la
leucorrhée disparut entièrement. (A.)
L'eau balsamique (cachet vert), prise à l'intérieur et en
injections, sera fort utile dans certains cas de leucorrbée
tenant à un état de faiblesse et de relâchement des muqueuses, surtout lorsqu'on aura fait cesser, par l'emploi des
eaux de Soultzmatt, l'irritation, qui sera toujours une contre-indication pour l'usage de l'eau balsamique. Je me bornerai à citer une seule observation prise parmi celles que je
possède.
OnSEUVATlON. Leucorrhée, suite de couche, ayant résÙlté à tous
les traitements pendant dix ans. Guérison par l'eau balsamique.
Madame .... , femme d'un officier, habitant Haguenau,
âgée de vingt.huit ans, mariée depuis onze ans, était accouchée naturellement à l'âge de dix-neuf ans. Forte ct
ayant toujours joui d'une bonne sanlé jusqu'à celle ôpoque,
clIc avait cru pouvoir se dispenser Je toutes les précautions
�251
qu'on prend ordinairement. Elle s'était levée dès les premiers jours, et n'avait pas tardé à reprendre ses occupations. Après le retour des règles, elle remarqua qu'elle conservait de la pesanteur dans le bas-ventre el des douleurs
dans la région sacrée; les rapports sexuels étaient douloureux; entre chaque époque il y avait un écoulement blanc,
abondant; elle pâlit et maigrit. Après avoir consulté, dans
les différentes villes où elle se trouva, plusieurs médecins
dont les traitements avaient été inutiles, cette dame réclama
mes conseils : je reconnus un engorgement chronique de
l'utérus, qui fut combattu par de petites sflignées dérivatives avant l'époque menstruelle, des bains généraux, des
cataplasmes et des injections émollientes. L'engorgement
céda au bout de trois Jnois; mais la leucorrhée ayant persisté, elle prit l'eau balsamique de Soultzmatt à la dose de
deux verres par jour; elle en faisait à peine usage depuis
dix jours que déjà l'amélioration était notable; au hout d'un
mois, l'écoulement avait cessé. (B,)
V. DE L'IIYSTÈRIE.
El) plaçant l'hystérie parmi les affecLÏons de l'utérus, je
ne prétends pas chercher à établir que cette maladie a \oujours cet organe pour point de départ. Mais, comme le dit
LISFRANC, (( il est impossible de nier l'influence très-com«mune de la matrice sur la production de l'hystérie; mais
«en est-elle la cause constante? Tous les médecins qui vou«dront observer avec impartialité partageront celte opinion.
L'hystérie est due à l'irritation d'un ou de plusieurs vis«cères; elle tient assez souvent ft l'innervation exaltée" et
(( enfin on rencontre un point de départ SUI' l'axe cérébro«spinal.»
OueHes que soient les causes qui amènent l'hystérie, il
(!
�252
en est une qui les domine toutes, c'est la susceptibilité ner- .
veuse portée à son apogée , et que la moindre excitat ion,
soit physique soit morale , est capable de réveiller. Lorsqu'on dit que l'hysté rie est une névrose de l'utéru s, on n 1est
peut-êt re pas bien loin de la vérité, non que cette maladie
corresponde toujours aux lésions des organes génitau x de
]a femme, mais l'utéru s, doué d'une sensibilité excessive et
ayant des sympathies bien établies avec tout le système cérébro-spinal et le système nerveu x ganglio naire, est, plus
que tout autre viscère, susceptible de déterm iner soit primitiveme nt, soit secondairement, des troubles de l'inner vation.
Or, chez la femme, depuis l'âge de la puberté jusqu'à celui
de retour, que de causes réunies pour exalter le système
nerveux. utérin. Dans la chlorose, c'est un sang appauv ri,
qui laisse prendr e au système nerveu x une prédominance
qui lui est funeste. Enlevez trop de sang à une personne
nerveu se, son système nerveu x s'exalt era; aux pertes utérines trop abonda ntes, que de fois succède l'éclampsie nerveuse. Que des conditions inverses se présen tent, qu'un sang
trop abonda nt, trop riche aillue ,'ers l'utéru s, le congestionne
ou l'engor ge, cet organe , doué d'une grande susceptibilité
nerveuse soit naturel le, soit acquise , 'porte par ses sympa thies, avec la rapidit é de l'éclair, la perturb ation dans l'innervation de certains organes, el donne ainsi lieu à tous ces
phénomènes si variés ct si bizarn~s
que nous observons dans
les attaques d'hysté rie.
Évitan t de parler ùes différents traitements plus ou moins
heureu x qu'on a institués contre celte maladi e, je me bornerai à faire ressortir les avantages qu'on peut retirer des
eaux de Soultzmatt dans une affection pour laquelle les médicaments sc sont si souvent montrés impuissants.
L'acide carbonique, l'acide boriqu e, les sels de soude ct
de potasse exerce nt sur le système nerveu x une aclion calmante qui ne saurait être contestée; sans doute, cet efret
•
�235
n'est pas immédiat, comme celui de l'opium et de quelques
autres préparations qu'on appelle antispasmodiques, mais
si les résultats qu'on obtient sont plus lents, ils sont certains
ct plus durables. Si l'hystérie tient à une grande susceptibilité nerveuse, qui ait l'anémie pour point de départ,
ce seront les eaux gazeuses alcalines ferrugineuses qu'il
faudra choisir; mais si cette anémie n'a été que secondaire,
qu'elle ait par exemple pour origine une irritation des organes digestifs et surtout de l'estomac, les eaux gazeuses
alcalines, telles que celles de Soultzmatt, rétablissant la
force de l'assimilation, l'anémie disparaîtra; le sang redevenu riche dominera la susceptibilité nerveuse de l'utérus,
qui avait succédé à l'appauvrissement du sang, et l'hystérie pourra ainsi disparaître.
Si l'innervation, au contraire, est accrue par l'amux d'un
sang trop riche ou par des stases sanguines passives vers
l'utérus, l'acide carbonique contenu dans les eaux'de Soultzmalt aura pour e[et de calmer les nerfs; les autres principes minéralisateurs qu'elles renferment tendront à liquéfier le sang et à détruire l'engorgement utérin, s'il existe.
S/il y a stase dans les veines, le système veineux abdominal
étant activé et n'ayant plus à charier qu'un sang débarrassé
en grande partie de principes nuisibles et peut-être excitants
pour l'organe qu'il imprègne, la matrice se trouvera décongestionnée, le système nerveux rentrera dans le repos, et
le calme succèdera à l'exaltation.
�QUALITATIVE ET QUANTITATIVE
DE
L'EAU MINÉRALE ALCALINE GAZEUSE
DE SOULTZlYI1I.TT (11.&.UT-RllIlW),
lPar JIt. 2l. fllid)llmp,
Ilhal'macien , licencié ès-sciences , professeur ugrég6 à l'école s upoirieuro
de pharmacie do Strasllourg.
- -Si l'on connaissait parfaitement toutes les couches de
terrain que traverse une eau minérale, avant de surgir à la
surface du sol, on pourrait prédire, avec une certitude presque mathématique, la compositiou de cette eau, je veux
dire la nature des substances minéralisantes qu'elle contient,
sans rien préjuger d'ailleurs sur leur moùe d'arrangement.
L'cau, cet admirable véhicule, peul, en effet, dissoudre
presque toutes les substances connues.
On doit admeUre que la solubilité el l'insolubilité d'une
suJ)stance dépendent de la masse du dissolvant.
Observation. - L'excellente ct consciencieuse anal yse de ~ f. BÉ-
n'é tait pas entièrement achevée; l'auteur voulait y mettre la
dernière main , lorsque des circonstances particulières me forcèrent
il livrer mon travail ù l'impression. C'es t ce qui m'a déterminé) ü
mon grand regret, il placer co travail à la fin de l' ouvrage.
CfI M1P
�255
La dissolution d'ailleurs n'est pas toujours le fait de l'affinité. Elle tient le milieu entre la cohésion et l'affinité. M. Dumas l'attribue à une force qu'il nomme force de disol'U~·n.
Par conséquent, on doit reconnaître que celle force croît
avec la masse du liquide qui agit sur une substance donnée.
Tel sel, tel corps n'est réputé insoluble que l)arce qu'il
exige de grandes quantités de liquide pour se maintenir
~ 'on
dans l'état de dissolution, pour que la {orce de disol'U
l'emporte sur la force de cohésion qui sollicite ses molécules.
Mais indépendamment de la masse du véhicule, la solubilité et l'insolubilité sont encore modifiées par un grand
nombre de causes.
La température d'abord; par exemple, la solubilité du
nitrate de potasse est croissante avec la température jusqu'à
une certaine limite de saturation; celle du nitrate d'ammoniaque est indéfiniment croissante; celle du sulfate de soude
croît jusqu'à environ 36 0 , pour décroîlre au delà de celte
température.
La pression que supporte l'eau, lorsqu'elle vient de gran«les prOfondeurs, fait qu'clic peut contenir beaucoup d'acide
carbonique dont l'action modifie d'une manière remarquable
le pouvoir dissolvant de J'eau. On peut expliquer ainsi comment certaines eaux donnent des dépôts dés qu'elles viennent.i l'air, ct ne supportent plus dès lors que la pression
atmosphérique.
Il peut se faire qu'en dehors de la présence de l'acide
carbonique, la pression fasse varier la force dissolvante de
l'cau elle-même.
La présence de substances de nature fort diverse, organiques ou inorganiques, peut modifier profondément le pouvoil' dissolvant d'un liquide, sans qu'on puisse dire s'il y a,
ou non, action chimique, dans l'acception rigoureuse dumot.
C'est ainsi que l'acélatede peroxyde de fer, l'ammoniaque
sons l'influence d'un excès de phosphate de soude, dissolvent,
�236
en présence de l'eau, l'arséniate et le phosphate de peroxyde
, de fer. La présence du phosphate de soude en excès détermine l'insolubilité plus complète du phosphate double de
lithine et de soude; l'hydroehlorate d'ammoniaque diminue
la solubilité de l'alumine dans l'ammoniaque, etc.
Ces fails font comprendre comment des substances très- _
dissemblables de nature et de propriétés peuvent cependant
coexister dans une même liqueur, dans une même eau minérale.
L'acide silicique, cet acide si faible en présence de l'eau,
que l'acide carbonique, l'acétate de soude et le chlorure de
sodium précipitent à l'élat gélatineux de ses dissolutions
alcalines, cet acide si insoluhle dans son éla t normal peul
cependant se trouver dans une eau en présence de l'acide
carbonique et du chlorure de sodium.
L'alumine, cette hase si faible et si insoluble, qui ne se
combine pas avec l'acide carbonique, que les carbonates alcal ins précipitent, de ses dissolutions, l'alumine peut cependant se trouver dans une cau minérale à côté des carbonates
de potasse et de soude.
Les substances les plus insolubles qui constituent les ro~
ches de différentes formaLions peuvent donc exister à l'état
de dissolution parfaite dans une eau.
Par conséquent, pour le progrès de l'analyse des caux minérales, il serait avanlageux de connaître avec une précision
suffisante ]a nature des terrains que traversent ces caux.
parce que de ]a nature des terrains traversés on pourrait
conclure celle des corps ùissous.
La question de l'arrangement des divers éléments d'une
cau minérale est certes une de celles qui mériterait le plus
d'être résolue, autant sous le point de vue scientifique pur
que sous celui de la thérapeutique.
L'Académie impériale de médecine, a proposé une queslion de prix, ainsi "l1oncée :
�257
«Trouver une méthode J'expérimentation chimiquel}rOpre
à faire connaître dans les eaux minérales les corps simples
ou composés, tels qu'ils existent réellement à l'état normal. l)
Dans l'état actuel de nos connaissances, ce problème me
paraît insoluble.
,
En effet, d'après les réflexions qui précèdent, on voit
comment la présence d'un composé donné modifie la force
de dissolution de l'eau. Combien le problème devient-il encore plus compliqué lorsque le nombre des substances augmente dans la proportion où elles se trouvent dans les eaux.
minérales!
Il Y a plus, l'ordre de tendance d'une base pour plusieurs
acides différents varie avec la quantité d'eau en présence;
par exemple, un mélange fait de nitrate de soude et de
chlorure de potassium sc transforme en nitrate de potasse
et en chlorure d~ sodium, lorsque la masse d'eau diminue.
D'après cela, en supposant le problème résolu pour une
liqueur de concentration donnée, il fatidrait recommencer
pour un autre état de dilution; or, il est clair que cet état
peut être varié à l'infini.
Enfin, une autre condition pour la solution de ce problème est la suivante, et celle donnée me paraît en réalité
la plus importante à connailre :
SUIJposons une dissolution contenant des bases, des acides
et des sels.
'
n faudrait trouver moyen de déplacer tel acide non combiné, sans le faire entrer dans une combinaison, sans cela on
pourrait dire que le sel obtcnu est le résultat d'une douhle
décomposition. Il en est de même d' une base non combinée.
Lorsqu'on a une dissolution saline, on déplace à volonté
l'acide par un autre acide, la hase par une autre hase.
Dans ce cas, on est convenu de dire que celle base ou cet
acide existait réellement dans la dissolution saline.
POUl' affirmer qu'un sel sc trouve cn effet dans une dissolu-
�238
Lion où ~xisten
en même temps d'autres sels, il faudrait
pouvoir déplacer un sel, tcl quel, comme on déplace une
base ou un acide. Et encore cet ordre de déplacement pourrait varier avec la quantité d'eau, avec la nature des sels cn
présence, comme il varie pour les acides ct pour les bases.
Je suppose qu'on parvienne à trouver, pour tous les cas,
une substance sans action chimique, à l'aide de laquelle on
précipite à volonté une substance dissoute; on ne pourra
pas toujours affirmer que hl corps précipité existait tel quel
dans la dissolution, car il aura pu se former en vertu de
l'une des lois de Berthollet.
L'alcool, ajouté à une dissolution de biphosphate de chaux
détermine la précipitation du phosphate neutre ct retient
l'acid!'l phosphorique; dira-t-on que l'acide phosphorique ct
le phosphate neutre étaient séparés dans la liqueur?
Mais de ce que ce problème ne peut pas être résolu en
général, est-ce à dire que, dans certaines limites, pour des
cas particuliers, on ne puisse pas faire des hypothèses trèsplausibles et vérifiées par l'expérience? Non certes, ainsi
que nous le verrons il propos de l'analyse de l'cau minérale
alcaline gazeuse de Soultzmatt.
�239
ANALYSE CHIMIQUE
DE L'Ei\U DE
SOULTZ~IA.
La source de l'eau minérale de Soultzmatt s'écoule d'une
masse de grès vosgien au pied du versant méridional de la
montagne appelée Ileidenberg, à 275 m au-dessus 'du niveau,
de la mer ct à 3 m,57 au-dessous du sol.
PROPlUÉTÉS PHYSIQUES.
Température de l'eau. - Le 6 juin 1852, à 6 heures du
matin, la température ambiante étant de 12°,2 C, celle de
l'cau à sa sortie des tuyaux était de 10° C. A huit boures
du SOil', ]a température de l'air ambiant étant de 111.°, celle
de l'eau était encore de 10°.
La température de l'eau est donc constante dans ces limites de temps. Il paraît cependant que la température de
la source peut varier, car M. Dallbrée, doyen de la Facullé des sciences de Strasbourg, a trouvé 11 °,5, le 25
juillet 18~ · 8.
Limpidité. - La limpidité de l'cau est parfaite; elle ne sc
trouble pas par le repos. De l'cau conservée pendant six ans
par M. le docteur Ebrhardt, de Benfeld, est reslée aussi
claire que le jour où clic ful recueillie; aussi ne se fait-il
jamais de dépôl sur les bords de la source, ni dans les
tuyaux.
�240
Odeur, saveur. - L'odeur est nulle; la saveur aigrelette,
agréable. Cette eau est, en effet, fortement gazeuse; l'acide '
débouche
carbonique s'en dégage avec abondance dès qu'~n
une bouteille; sous ce rapport, elle est bien supérieure à
l'eau de Seltz, dOQt on fait une si grande consommation,
et l'on pourrait avec de grands avantages la remplacer par
celle-là, tant sous le rapport de l'agrément que sous celui
de l'économie.
Quantité d'eau {ourm·e. - La source est très-abondante;
elle rend 110 litres par heure, d'une manière presque
.cobstante.
Densité. - Après avoir laissé se dégager spontanément
tout l'acide carbonique l~bre,
par une exposition prolongée
à l'air, la densité prise à la température de 17°,6 C a été
trouvée être
~:!
= 1,00183. Un litre d'cau deSoullz-
malt, privée de gaz libre, pèse donc 10011!1·,83.
PROPRIÉTÉS CHIMIQUES.
ANAlYSE QUALITATIVE.
Le papier de tournesol rougi par les acides ct le sirop ùe
violetles ne manifestent rien d'abord; mais bientôt par le
ùégagement de l'acide carbonique, le premier bleuit et le
second verdit.
Il est facile de montrer (lue l''Cau de Soultzmatt contient
des carbonates, des sulfales, des chlorures.
On peut aussi faire voir, sans difficulté, la présence de la
chaux, de la magnésie, et même celle des alcalis.
Mais, pour éviter les répétitions, je n'en dirai pas davantage relativement à l'analyse qualitative, renvoyant pour
les différents corps à ce qui sera dit dans la partie concerIlant l'analyse quantitative.
�24-1
Recherche des gaz. -'- Un hallon eL son tuùe de dégagement, jaugeant ensemble 1 1,426, a été rempli d'eau au
sortir du tuyau. ' Par l'ébullition prolongée de l'eau dans le
ballon, les gaz ont été expulsés et reçus dans un flacon
contenant de la potasse caustique. Une très-petile quantité
(moins d'un centimètre clJbe) n'a pas été absorbée.
ANALYSE QUANTlTATlYE.
Dosage de l'adde carbonique. -
Dans plusieurs flacons,
contenant chacun 20 grammes d'une dissolution concentrée
de chlorure de calcium et 30 grammes d'ammoniaque
exempte de carbonate 1 on a introduit, le même jour, à la
source mê~,
au sortil' du tuyau et à l'ai.de d'une pipette
jaugée, 264 centimètres cubes d'eau.
La dissolution de chlorure de calcium ammoniacal, qui
était limpide, a immédiatement donné naissance à un abondant dépôt d'une grande blancheur. Les flacons, parfaitement bouchés, ficelés, n'ont été ouverts qu'à Strasbourg.
Les dépôts des divers flacons, recueillis sur des filtres
pesés, rapidement lavés, ont été séchés à la température de
100 0 , jusqu'à ce qu'ils ne perdissent plus de leur poids. On
les a pesés ensuite.
Le 10 1' flacon, rempli à 6 1/2 hc'ul'es du matin) a donné . . . . . . . 19",889 de précipité.
Le 2 0 nacon, rempli à 2 j /2 heures de l'après-midi, a donné . . . . 1g", 97,5
Le 3° flacon, rempli il 9 heures
du soir. a donné . . . . . ' . . . . J GI, 89(l
!) ~ , . )
Moyenne. . . '1 ~
760
I ' , ~20
26". centimètres culles donnent donc 1s", 920 de preclpité, renfermant tout l'acide carhonique de cetle pori ion
16
�24·2
d'eau. C'est dans cc précipité que j'ai dosé la quantité totale de l'acide carbonique. Pour effectuer ce dosage, je
me suis servi du petit appareil que M. Frésénius a imaginé
pour l'analyse des carbonates dont les bases forment des
sulfates insolubles. Ce petit appareil, que tout le monde
peut facilement construire, ne pèse pas plus de /j·0 à 50
grammes. J'y ai apporté un petit changement qui écarte
toutes les chances d'erreur. En voici la description:
A et B, deu'X tubes en verre
mince, à l'extrémité desquels on a
soumé une boule; chacun de ces
tubes contient à peine 40 grammes
d'eau; C, tube droit, muni d'une
boule à la partie supérieure et effilé
à la partie inférieure; D, petit tube
fermé par un bout que l'on place
verticalement dans )a boule B, cl
clans lequel plonge l'effilure du tube C. E, tube abducteur
plongeant par la grande branche au fond du tube A. F, tube
droit s'ouvrant dans l'air; gg bouchons en liége fin.
En A on met de l'acide sulfurique monohydraté, en
quantité suffisante pour que son niveau dépasse un peu le
diamètre horizontal de la boule. En B on introduit, à
l'aide d'une carte, un poids connu de la substance à analyser et quelques gouttes d'eau, pOUl' humecter fortement
la poudre: on place le petit tube D, on remplit le tube C
et sa boule d'acide nitrique pur de concentration moyenne;
on bouche l'extrémité de C avec un tampon de cire, ct on
ferme l'appareil, en ayant soin que, si une gouLlc d'acide
tombe, elle soit reçue dans le petit tube D. On accroche
tout l'appareil pal' le fil de cuivre G au crochet d'une
bonne halance, et on lare l'appareil ainsi disposé. La
tare étant faite, on ouvre le tube C en enlevant le tampon
cle cire; l'acide nitrique S't'coule, l'emplit le tnhe D, dé-
�borde, et va agir sur le carbonate. On arrête l'écoulement
de l'acide à volonté, en plaçant le tampon de cire sur l'ouverture du tube C. Par celte disposition. on voit qu'il est
impossible qu'une seule bulle de gaz puisse s'échapper par
le tube C, et qu'aucune gouUe d'acide ne peut réagir sur le
carbonate pendant le pelit intervalle de temps nécessaire
pour fermer l'appareil. L'acide carbonique passe par le
tube E, se dessèche dans l'acide sulfurique et s'échappe
enfin par le tube ouvert F. Lorsque le dégagement a cessé,
on chauffe un peu la boule B, on aspire en F pour enlever
l'acide carbonique qui remplit l'appareil et pour le remplacer ainsi par de l'air; on laisse refroidir l'appareil et on
le pèse de la sorte dans les conditrons de la première pesée.
- La perte de poids donne la quantité d'acide carbonique
dégagé.
Après avoir mêlé les trois précipités qui avaient été séparément recueillis, quatre expériences, conduites comme il
vient d'être dit, ont donné les résultats suivants:
1. ogr,518 de prée., ae. carb. = ogr,215 p. % "·1,506
»
»
= Ogr,288 » ".1,08/i.
II. osr,701
Ill. ogr, 915
IV. 0 8",9565
»
»
l>
»
=
=
OK",373
Ogl
',! ~01
»
!j·0,760
lJ.1 ,920
165,270
Moyenne. . . .
4.1,318
A l'aide de ces données, on trouve qu' un litre d'cau contient 3 g",0038 d'acide carbonique ou bien 2 s",9983 pOUl'
1 000 grammes.
Dosage des mcaières fixes. - Celte détermination a été
faite en évaporant des quantités variables d'eau, au bain
marie, dans une capsule d'argent. Le poids du résidu a légèrement varié. Si la dessiccation est prolongée pendant une
ou deux heures, à la température de 100°, on observe des
variations notables: cc qui tient d'une part à la volatilisa-
�24·4-
d'une ' petite qu~ntilé
d'acide borique, ainsi que je le
dirai à propos de la recherche de cet acide, et aussi parce
que lès bicarbonates ne se changent pas assez vite en carbonates.
Voici les résultats de deux dosages:
ti~n
T. /j.50 m lit. d'eau ont donn é 0, 717 de rés., soit p.1000gr 1,5904.
lL - 1 litre
1,5 79
»
1,5761
3,1665
Moyenne . . . . 1,5832
Le résidu desséché est blanc; lorsqu'il a été chauffé pendant longtemps, il prend un aspect un peu argileux.
Le dépôt qui se fait pendant l'ébullition de l'eau est d'un
blanc éclatant; rien n'y fait soupçonner la présence du fer
ou d'un métal à oxide coloré.
Ce dépôt, formé par l'ébullition de l'eau, ne contient pas
de sulfate, lorsqu'il a été bien lavé, tandis que la dissolution qui a filtré contient tout l'acide sulfurique avec l'acide
chlorhydrique à l'état de sulfates et de chlorures.
La liqueur séparée du dépôt après la concentration
n'élant formée que de carbonates alcalins, avec les sulfates
et les chlorures, il est clair que ceLLe . liqueur ne pent
plus contenir de bases dont les carbonates sont insolubles;
cependant, il Y existe encore une trace de magnésie, probablement à l'élat de sel double. - On peut y démontrer la présence de ceLLe base, en traitant la liqueur par le
phosphate de soude, après avoir sursaturé par l'acide chlorhydrique, saturé lui-même ensuite par l'ammoniaque en
excès: il se forme un louche manifeste que, vu l'état de
dilution de la liqueur, on ne peut attribuer qu'à la formation du I)hosphate ammoniaco-magnésien.
Dosage de l'acide sulfurique. - L'eau de Soultzmatt, acidulée par l'acide nitrique, est à peine troublée par le chIo·
rure de baryum.
�2,Mi
L'eau rendue acide par l'acide nitrique a été cOllcentrée
à une douce chaleur et précipitée par le chlorure de baryum;
le sulfate de baryte lavé, des~éch
et calciné a été pesé avec
les cendres provenant de la combustion du filtre. Voici les
résultats de d~ux
dosages:
I. 2 litres d'eau onl donné
II.2
J)
0,1~62
de sulfate de baryte.
0,4.76
L'acide sulfurique correspondant
=
J)
J)
0!!'1' 159
os": 16li.
1
og·· ,323
Moyenne . . . Og" ,1615
Cette moyenne donne 0&" ,0806 d'acide sulfurique pour
1 000 grammes d'eau.
Acide chlorhydrique. - Ce dosage a été fait en acidulant
l'eau par de l'acide nitrique parfaitement exempt d'acide
chlorhydrique. La liqueur a été précipitée pal' le 'nitrate
d'argent en excès, après quoi on a laissé le chlorure se réunir en masse dans un lieu chaud. Le chlorure lavé et desséché a été fondu et pesé, après y avoir réuni le résidu dc
la combustion du filtre.
Résultats de quatre opérations:
J. 200 eco d'eau ont donné 0,036 de chlorure, soit acide
chlorhydrique pour 1ooog·· . . . . . . . . . . .
Il. 300 eec d'eau ont donné 0,052 de chlorure,
soit acide chlorhydrique pour tOOo sr • • • • • •
Ill. 500"cC d'eau ont donné 0,085 de chlorurc,
soil acide chlorhydrique pour 1000&" . . . . . .
IV. 100 S1' d'cau ont donné 0,017 de chlorure,
soit acide chlorhydr'iquc pOUl' 1000s" . . . . . .
0,04·57
0,04·39
0,04·31
0,04.32
0,1759
Dont la moyennc est. . . 0,04,39
�246
Acide silicique. - Pour doser cet acide, l'eau a été évaporée à siccité, après avoir été sursaturée par de l'acide nitrique; le résidu, légèrement chauffé au bain de sable, 'u
été repris par l'acide chlorhydrique. L'acide silicique, recueilli sur un filtre, a été lavé, desséché, calciné au rouge,
réuni aux cendres du filtre et pesé.
Deux expériences ont donné:
I. 1 litre d'eau a roumi 081',059, soit p. 1000sl' 0,0589
li. 600"
li
o g l · ,0~
. 1,
Il
0,0682
0,1271
Moyenne pour 1000gr d'eau . . 0,0635
Reoherche et dosage de l'acide borique. - Pendant la concentration de l'eau (celle qui devait servir au dosage de
l'acide sulfurique) dans un ballon de verre incliné, dont la
tubulure était garantie de la poussière en la recouvrant
d'lm verre à expèrience, je remarquai que les gouttes d'eau
condensée, en tombant le long du col du ballon, laissaient
cn s'évaporant une traînée de substance solide. Je pensai
que ce pourrait être de l'acide borique.
Cette substance, recueillie autant que possible, donna en
erret une faible coloration verte à la flamme de l'alcool et
de l'esprit de bois.
Ceci se passait au mois de juillet 1852.
L'existence de cet acide dans l'eau de Soultzmatt a été
mise hOI's de doute et dosé très-approximativement dela manière suivante, à l'aide de l'ingénieux moyen proposé par
M. Rose:
200 grammes de liquide provenant de l'évaporation de
20 litres d'eau réduits à 1770 grammes, ayant Hé rendus
fortement aeides par l'acide chlorbydl'ique, et essayés par le
papier de curcuma, d'après la méthode de M. Rose, la coloration rouge-urun caractéristique n'a pas été obtenue. J'ai
�247
alors saturé de nouveau par du carLonale de soude pur en
excès et évaporé jusqu:à réduction de moitié. Le. résidu
sursaturé par beaucoup d'acide chlorhydrique a laissé déllosel' du chlorure de sodium.
La liqueur acide provenant de ce traitement a été de nouveau essayée par le papier de curcuma. Ce papier, après
avoir été desséché à t 00°, se colora fortement cn rougebrun.
J'ai essayé comparativement les réactifs que j'avais employés, savoir l'acide chlorhydrique et le carbonate de soude,
je n'ai pas obtenu la coloration du curcuma; mais en ajoutant dans ces substances une goutte d'acide borique en dissolution concentrée, la coloration se produisit.
Les réactifs employés étaient donc exempts d'acide borique.
La même liqueur, mêlée d'alcool, donna des signes non
équivoques de coloration verte à la flamme; mais on pouvait penser que la flamme bleue de l'alcool et la présence
du chlorure de sodium détermineraient la produclion de la
teinte verte de la flamme.
Lorsqu'on se sert d'esprit de bois, la même cause d'incertitude n'existe plus. La Hamme de cet alcool est blanche
en efI'el; aussi, la coloration verle fut celle fois si manifeste,
qu'une personne non prévenue ne s'y trompa pas.
Je n'ai pas fait de dosage particulier de l'acide borique;
cependant, comme, d'après M. Rose, le célèbre professeur
tle Berlin, le papier de curcuma indique un millième au
moins d'acide borique dans une liqueur, voici comment, trèsapproximativement, j'ai calculé la quantité de cet acide qni
existe dans l'eau de SoulLzmatt.
J 'ai composé une liqueur artificielle sc rapprochant au
tant que possible de la naturelle, en dissolvant un gramme
de borate de soude , . (Bo03)2NaO, 10 110, dans un certain
volume d'cau (200 centirnètres cubcs). Je rcndis celle dis-
'.
�248
solution aussi acide que l'autre, et j'y plongeai une bande
de papier de curcuma. La nuance rouge que prit ce papier
était plus foncée que celle obtenue avec la dissolution naturelle.
Pour obtenir une teinte identique, il me fallut étendre la
liqueur artificielle d'une certaine quantité d'eau .distillée.
Or, le "olurne pour lcquella teinte est devenue identique
mesurait 400 ccc • Ce "olume de liquide contenait un gramme
de horate ou Ogl',365 d'acide borique, dont le quart est
Ogl',0912. Donc, les 100 grammes de liqueur naturelle,
correspondant à 2 1,26 d'eau, contenaient la même quan~
tité d'acide borique.
D'après ce dosage, que je donne sous réserve expFesse,
1
2 ,26 d'cau minérale contiennent OS",0912 d'acide borique
et 1000g ,·, ogr,OU.93. - Mais je crois celle quantité inférieure ci celle qui existe réellement, à cause des perles que
l'on éprouve dans les longues évaporations, ct que l'on n'é- .
"îte pas tout à fail, même en ajoutant un excès de c!lrbo-:nate de soude.
Acide IJ1wsphorique, alumine, peroxyde de (er. - Lc dôpôt
insoluble qui se forme par la conccntration de l'eau minérale, ai-je dit plus haut, est d'une parfaite blancheur. 20 li.
tres d'eau ont donné, après avoir été évaporés il moins de
deux litrcs, j ORI·,3q·5 de dépôllavé et desséché à 100°,
De cc résidu, 6 gr , 065 on t été dissous dans l'acide chlorh.ydrique; la dissolution ayant été évaporée à siccité, le ré~
sulLat, après avoir été repris par l'acide chlorhydrique, a
Jaissé un résidu d'acide silicique.
La liqucur filtrée, acide, a été additionnée d'hydrochlorate d'ammoniaque en excès el trailée dans un flacon houché par un léger excès d'ammoniaquc. De ccLte manière,
en évitant le contact de l'air, il s'est formé un précipité
d'apparcnce gôlatineuse ct très-légèrement ocreux. Ce précipité
recueilli 1 rapidement lavô, desséché, pesait o ~ r, 1 05 après
�24·!)
incinération du filtre et calcination au l'ouge. Le résidu a
été traité dans la capsule de platine même"par de l'acide
ehlorhydrique; ia dissolution a pris la couleur caractéristique du chlorure ferrique; il est resté un résidu insoluble,
qui était de l'alumine devenue inattaquable par suite de la
calcination.
La dissolution jaune donna par le cyanoferrure de potassium un précipité hleu franc, et par le sulfocyanure de potassium la coloration caractéristique rouge-sang.
Une autre partie de la dissolution traitée successivement par l'hydrochlorate d'ammoniaque, l'ammoniaque et
le sulfate de magnésie donna un trouble blanc non équivoque, que je ne pus allribuer, dans ces circonstances, qu'à
du phosphate ammoniaco-magnésien ou à du phosphate ferl'Ique.
Les OS",105 corresponùent à 11',725 d'cau minérale;
1000s" contiennent donc 0 61',00893 d'un mélange de phosphate ùe fer et d'alumiue.
La quantité de fcr qui existe dans l'eau de Soullzmatt
est si minime, que le mot trace exprime encore trop; il faudrait dire qu'il en existe moins que des traces. Cependant,
l'eau avait été évaporée ayec précaution dans une bassine
d'argent; le filtre qui a servi avait été layé à l'acide chlorhydrique.
IJour lever tous les doules, pour me mettre à l'abri de
toute trace de poussière, voici comment je m'y pris: Trois
litres d'cau ont été concentrés dans un ballon de yerre blanc
dont la tuhulure était recouverte d'un yerre à cxpcrience ;
le dépôt et l'eau ont été reçus dans un verre et layé là, à
l'cau distillée, par décantation.
Ce dépôt après avoir été dissous dans le même verre l)ar de
l'acide chlorhydrique bien pur, je trouvai que le sulfocyanure
donnait la coloration rouge-sang- caractéristique. La plus
gl'ande parlie de la dissoluliou, séparée pal' le repos d'Un
�2~)O
peu d'acide silicique, a été introduite dans un flacon bouché et traitée successivement par de l'hydrochlorate d'ammoniaque, de l'ammoniaque et de l'hydrosulfate d'ammoniaque; il se forma un précipité gélatineux de couleur verdâtre (alumine salie par du proto-sulfure de fer); ce précipité ayant été recueilli, lavé, desséché, calciné dans une
capsule de platine et dissous dans l'acide chlorhydrique,
donna encore, par le sulfo-cyanure de potassium, la coloration rouge caractéristique.
L'eau de Soultzmatt a donc cela de remarquable sur
toutes les eaux minérales gazeuses, qu'elle renferme moins
que des traces de fer. C'est celle remarque qui m'a fait rechercher ce métal avec quelque insistance.
On peut donc dire, d'après cc qui précède, que l'eau
minérale gazeuse alcaline de Soultzmatt est une cau non
ferrugineuse, et qu'elle peut être utilisée dans toutes les maladies pour lesquelles ce métal est contre-indiqué.
Chaux. - La liqueur d'où l'acide silicique avait été séparé, encore très-acide, a été additionnée d'hydrochlorate
d'ammoniaque, saturée d'ammoniaque en ex ces et enfin
traitée par l'oxalate neutre de celle base. L'oxalate de chaux,
bien lavé, desséché, calciné à l'air au rouge naissant, s'est
transformé en carbonate de chaux, qui a servi an dosage.
Un autre dosage a été fait eu transformanll'oxalate en sulfate:
1. '1 lit. (j'cau donne OS",297 tic cal'b ., soit chaux p. '1000s" 0,1GGG
11. GOOeee
)
OS",188)
0,175:3
m.GOOeee
»
OS",237ùesulfalc,
»
O,Hl22
0,50'\.1
MoyeJ\ne . . . 0,1 G803
Magnésie. - La liqueur, encore très-ammoniacale, d'où
la chaux avait été séparée, a été traitée par le phosphate
de soude en excès. Le précipité de phosphate ammoniaco-
�251
magnésien, lavé, desséché, transformé pal' la calcination en
pyrophosphate de magnésie, P05 2 MgO, a servi au dosage
de la magnésie.
Deux expériences ont donné:
1. -1 lit. d'cau 0,279 de pyrophosph. , soit magn. p. '1000gr 0,1008
0,0973
II. GOOeec » O; IGI
0,19S1
Moyenne _ .. 0,0991
Lithine. -
La lithine existe dans l'eau de Soultzmalt.
Pour la découvrir, j'ai fait évaporer 12 litres d'eau.
Après avoir séparé le dépôt, fai évaporé de nouveau, à
siccité, avec un excès de carbonate de soude pur. Le résidu,
après avoir été redissous et filtré, a été trailé par un excès
de phosphate de soude pur. Ayant encore une fois évaporé
à siccité, fai repris le résidù salin par de l'eau froide contenant un peu de phosphate de soude: tout ne s'est pas dissous; le résidu était du I)hosphate de soude et de lithine.
Le phosphate lithico-sodique, à caùse de l'isomorphisme
des deux bases qui le constituent, peut contenir des quantités
variables de soude et de lithine; il ne peut donc pas servir
au dosage de la lithine, d'après l'observation de M. Ral11melsberg. Je me suis donc contenté de prouver que j'avais
affaire à un sel de lilhine, par tous les caractères indiqués
dans les auteurs. Je dirai seulement que, l'ayant transformé
en sulfate de lithine, j'ai constaté que la flamme de l'esprit
de bois, aussi bien que celle de l'alcool, se coloraient en
rouge-carmin bien évideut.
Mais comme la quantité de phosphate double était trèspondérahle, je me suis décidé de doser directement la lithine.
J'ai fail deux dosages: dans l'un, j'ai transformé les bases
alcalines en sulfates, après avoir séparé par l'ébullilion
toules les parties insolubles. Les suIfa les calcinés au rouge,
bien exempts de bisulfates, ont été épuisés par de l'alcool à
�95° bouillant. J'ai obtenu du sulfate de lithine, possédant
tous les caractères de ce sel.
Treize litres d'eau ont d.onné 0,044 de sulfate de lithine.
Cette quantité ne me paraissant pas d'accord avec celle que
j'avais obtenue du phosphate lithico-sodique, j'ai fai t un
nouveau dosage, en transformant celle f~is
les bases alcalines en chlorures. Ces chlorures, desséchés et calcinés, ont
été élmisés par un mélange d'alcool absolu ct d'éther.
3 1,96 d'eau ont donné 0,056 de chlorure de lithium, ce
qui représente 0,0194delithine et pour 1000g,·, OS'·,00li·89.
Le résidu de l'évaporation de l'alcool éthéré était trèsdéliquescent, il communiqua à la flamme de l'alcool et il
celle de l'esJ)I'it de bois une belle couleur rouge-carmin
franche; sa dissolution enfin précipitait IJar le phosphate de
soude.
.
Potasse et soude. - Ces deux bases ont été dosées direcLement et indirectement.
Dans le premier cas, l'eau a éLé trailée pal' un excès de
chlorure de baryum, portée il l'ébullition et rendue alcaline
par un excès d'eau de baryte. Après fillration, la liqueur a
été traitée par un léger excès de carbonate d'ammoniaque.
La nouvelle liqueur, séparée du précipité, a été évaporée
à siccité dans une capsuJe de platine, et le résidu calciné
au rouge pour chasser le sel ammoniacal. - Ce, traitement
fournit les chlorures de potassium, de sodium ct de lithium,
anhydres.
600 centimètres cubes d'eau minérale ont donné Ogr,626
ùe chlorures. Ces chlorures, dissous dans peu d'cau, ont été
lI'aités par un excès de bichlorure de platine; le mélange,
évaporé au bain marie sans dessécher complètement, a été
repris par l'alcool absolu; le chlorure double, lavé à l'alcool
sur un filtre pesé, a été séché à 100°. Le chlorure platinicopotassique pesait Og" ,255, ce qui représente OS'·,Oq·732 de
potasse anhydre, eL pOUl' 1000 " d'cau minérale 0,07872.
�2ti5
Si du poids 0,620 on retranche 0,7l~8
de chlorure de
potassium, équivalent à O g r,2l~5
de chlorure double, il reste
0,54512, qui représente le poids des èhlorures de sodium
et de lithium, soit osr, 9068 pour 1000«r d'eau; ce qui, en
tenant compte de la lithine dont le poids est connu, donne
0,li.7723 d'oxyde de sodium pour 1000gr d'eau.
Pour faire le dosage indirect, 1500··· d'eau ont été traités comme précédemment, et les bases alcalines transformées en sulfates. Ces sulfates, calcinés dans un creuset de
platine avec un peu de carbonate d'ammoniaque pour faciliter le départ des dernières traces d'acide sulfurique, pesaient 1gr, 806. - Dissous et traités par le chlorure de
baryum, ils donnèrent 2gr , 900 de sulfate de baryte calciné au rouge et réu~i
aux cendres du filtre; 2,900 de slllfate de baryte contiennent Ogl',9963 d'acide sulfurique. Du
poids 1,806 ôtant 0,02765, poids ~u sulfate de lithine,
contenu dans 1500ccc d'eau, ilresle 19r ,7784 mélange de
sulfate de potasse et de soude. D'ailleurs 0,02765 de sulfate
de lithine contiennent 0,02029 d'acide sulfurique; 0,9963
- 0,02029 = 0,97601 est donc le poids de l'acide sulfurique combiné avec la potasse et la soude.
Dans l'équation connue
(S03)
S03 RO
X
1
T
(p -x) 503_
S03 NaO -
7T
mettant p = t, 778 l,., 7T = 0,976 et pour les symboles
chimiques leurs val eurs, on a :
40 x _ !~O(1
87,1 /-
,7784- x) = 0 976
71,2
'
d'où x = 0,2253 poids du sulfate de potasse et
11-.x= 1,77fH-O,225:3 = 1,5531 poids .lu sllifale de
�soude ct pour 1OOOg,' d'cau f potasse = 0,08105
!sonde = 0,45232
0,07872
Potasse [ 0,08105
fO,47723
Soude t 0,45232
0,15977
0,92955
La moyenne des deux dosages pour la potasse est 0,07989
»
))
la soude est 0,4·64·78
Je dois dire que j'ai vainement recherché l'iode dans
cette eau, malgré les plus grands soins et l'emploi des méthodes les plus sensibles qui ont été indiquées dans ces derniers temps.
L'arsenic n'y existe pas non plus, L'essai à l'appareil de
Marsh, fail successivement avec le dépôt formé par l'évaporation de 5 litres d'eau et avec la partie liquide réduite il
un petit volume, n'a pas donné trace d'anneau,
Résultat élémentm're de ranalyse quantitative de' l'eau de Soultzmatt, source J.
1000 grammes (l'cau contiennent:
Gaz non ahsorbaùles par la potasse: Traces,
Gr·ommes.
Acide carbonique , ,
«
sulfurique",
Il
chlorhydriqne "
Il
silicique...,
Il
borique .. "
«
phosphorique, alumine, peroxyde de fcr.
Magnésie
Chaux,
Lithine
Sonde ,
Polass\),
2,99830
0,08060
0,0 1.,390
0,06350
0,4.l~93
0,00890
0,09910
0.16803
0,004·90
0,l~6478
0,07989
�Pour me guider dans l'arrangement qu'il convient de
donner à ces divers éléments, j'ai encore fait une expérience
qui consiste à chercher combien d'adde carbonique est
' l'eau bouillie.
combiné aux bases alcalines ~ans
Pour cela, de l'eau a été portée à l'ébullition et réduite
à la moitié de son volume. Après avoir filtré, pour séparer
le dépôt, et lavé celui-ci, la liqueur réunie aux eaux de lavage a été partagée en deux parties égales. Dans l'une,
rendue acide par l'acide nitrique, on a ajouté du nitrate
d'argent, afin de doser le chlore qui y existait.
Dans l'autre, on a ajouté de l'acide chlorhydrique en
excès, et après avoir évaporé à siccité au bain de sable, on
a repris par l'eau, acidulé par de l'acide nitrique et précipité par du nitrate d'argent. Ce second dosage de chlorure
donne un nombre plus grand que le premier, d'une quantité proportionnelle à l'acide carbonique qui consti tuait les
carbonates, et qui avait été déplacé par l'acide chlorhydrique.
600 CCC de liqueur, provenant de 900 cCC d'eau minérale, ont
été partagés en deux parties égales. Vune des moitiés a donné
0,19l~
d'acide chlorhydrique normal; l'autre moitié, après
le traitement par l'acide chlorhydrique, etc., donna l sl',006
de chlorure d'argent. Dans (In second dosage, avec la même
quantité d'eau, le poids du chlorure d'argent était j 8·,008.
La moyenne des deux nombres est j 81',007, dont l'équivalent en acide chlorhydrique est 0,2559. La différence
0,2559 - 0,0194 = 0,2365 représente évidemmen t l'acide
chlorhydrique, qui a déplacé l'acide carbonique des carbonates. La proportion cm: C02 : : 0,2365 : x = 0, U25
donne, pour la quantité d'acide carbonique combiné aux
alcalis dans 4·50 CC '; d'eau minérale, ogr,U25. Dans 1000 s"
d'eau, ceUe quantité d'acide carbonique devient Ogl·,3161O.
1
•
�Groupement méthodique des éléments de l'eau de Soultzmatt.
•
L'eau concentrée par la chaleur se sépare en deux parties: l'une, liquide, qui conti'ent de l'acide carbonique, de
l'acide borique, de l'acide sulfurique, de l'acide chlorhydrique, de la potasse, de la soude et de la lithine; l'autre,
solide, renferme l'alumine, la magnésie, la chaux, l'acide
silicique et des traces d'acide phosphorique et oe fer.
Comme conséquence de l'expérience, on peut admettre
que toutes les bases du dépôt préexistaient dans l'eau à l'état
de carbonates rendus solubles par l'acide carbonique.
D'autre part, il est clair que, dans la partie liquide, exisdes carbonates et des borates.
tent des sulfates, des chloru~es,
Nous admettrons, ce qui sera vérifié, que l'acide sulfurique
est combiné avec la potasse, ct le reste de l'acide avec de
la soude; que l'acide chlorhydrique est combiné avec de la
soude, et enfin que le reste de la soude avec la lithine sont
à l'état de carbonates.
Voici le tableau de cet arrangement, avec les élémenls
du calcul. Les équivalents adoptés sont ceux dont s'est
servi M. R. Weber dans le calcul de ses tables a lomiques ,
pour faire suite au traité d'analyse de M. H. Rose.
�2;)7
. . . . . O,07989}
SuIfat c ·1ue po tasse. . . . . li potasse
acicle sulfurique.
O,OG7S4
== 0, Ir7"
J. (
.)
- } == 0,01 27G
Acide sulfurique pour la soude. {~:
0,01276
soude . . . . . . O,OOD95}
0 02"'71
1acide sulfurique. 0,01276 == , ,, '
.. O,03752} == 0 08-1A2
Hydrochlorate tle soude.l so~cle
aClClo cm 0,!~39
,l
SuIfate (e
l Sou de. . . . "
Chlorure de sodium anhydre . . . . . . . . . . . . . ,
Borate de soude. . . . . . {So~cle.
0,07060
°
'.' . . . O,02008}_ OGI::O 1
aCide ]JOnque . . 0,04493 - , v
0,00995J
Somme de la soude employée .. f 0,03752
0,02008
. 0,~G75
Sonde pour acido car])oniquc·1
~:i
.-
== 0,06755
l == 0,39723
0, 39723
Carbonate tlo soucie.
~soude
. . . . . . 0,397231 - 0 67"3"
1acide carbonique
0,280'10 1 -
,
("
,
0123"
..,
°
Carbonate de lithine.
. . . . . . O,OO".90} _
{lithine
acide carbonique 0,00743 -
Carbonate de chaux.
chaux . . . . . . 0, f6803} - 0 2991':0
{acide
carLonique 0,13-156 - , i).
Carbonato de magnésie
. . . . O,09910} - 02061
{ magnésie
acido carbonique 0,10708 - ; }"
CI
çmmo de l'acide carb. employé.
~;
O,28010l
:::: 0,526'17
0,10708
O,52G17
Acide cnrbonique libre ct il l'étal de bicnr- { 2,99830 - }_ 2":-2 "
bonale
0,52617' - , J. { 1"
2, 17213
Acide carbonique uni à la soude . . . .
»
lithine ... .
• Onll1lfJ .
0,28010
0,00743
0,28753
17
�2ti!:l
D'après le tableau précédent, l'eau de Soultzmatt contient
donc, pour 1000 grammes:
Acide carbonique libre et à l'état de bicarbonate
Carbonate de soude .
Il
de lithine . .
de chaux . .
l>
de magnôsie .
Sulfate de potasse .
l>
de soude . .
Chlorure de sodium
Borate de soude. .
Acide silicique. . .
2,47213
0,67733
0,01233
0,29959
0,20618
0,14-773
0,02271
0,07060
0,06501
0,063nO
Acide phosphorique
Alumine . . ' . . .
Peroxyde de fer. .
0,00890
1'.
.
Somme des parties fixes .
1,57388
Autre arrangement, cn supposant les carbonates à l'élat
de bicarbonates.
1000 grammes d'eau contiennent:
Acide carbonique libre.
Bicarbonate de soude. .
l>
(le lithine .
l>
de chaux .
de magnésie.
»
Sulfate de potasse . . . .
de soude anh)'dre.
»
Chlorure de sodium . . .
Borate de soude anhydre .
Acide silicique . . .
Acide phosphorique 1
Alumine . . . ' .
. .
Peroxyde (lc fer. .
1,94596
0,9574·3
0,01976
0,4·3115
0,31326
0,14-773
0,02271
0,07060
0,06501
0,06350
0,00890
�Conclusion.
L'cau dc Soultzmatt est donc assez gazeuse, puisqu'ull
litre conlient près ùe 2 grammes d'acide carbonique libre.
Le litre d'acide carbonique à 0 0 de température et
760
de pression, pèse 19r,9666 d'après M. Regnau1t; à la même
température et sous la même pression, 1gr, 94·596 de ce gaz
représentent 989 cco ,81. A la température de la source, c'està-dire à 10 0 et sous om,76, ce volume devient 1026 ,09.
L'eau de Soultzmatt, à sa température norma le, tient
donc en dissolution plus d'un litre d'acide carbonique; aussi
voit-on de mnobreuses bulles de gaz se dégager en pétillant,
dès qu'on débouche une bouteille qui a séjourné dans un
milieu plus chaud.
Vénfications. - Par l'expérience directe, j'ai obtenu ,
pour la somme des parties fixes. . . . . . . . . 1,5832
La somme faite des éléments sép~rment
dosés. 1,5739
D'autre part, l'expérience indique que ogr,31610 d'acide
carbonique sont combinés avec les alcalis; mais d'après ce
qui a élé dit plus haut, il est clair que la soude et la lithine
seules existcnt à l'état de carbonates dans l'eau bouillie. 01',
la somme de l'acide carbonique uni à la soude et à la lithine
est 0,2875 3. Il est clair aussi que l'acide chlorhydrique a
dO. déplacer l'acide borique, comme il a déplacé l'acide carbonique, c'est-à-dire qu'à ce nombre 0,2875 3 il faut ajouter une quantité d'acide carbonique équivalente à 0,04!.. 93
d'acide borique. - Or, 0,041.. 93 d'acide boriquc représentent dans le borate de soude (Bo03) 2NaO, 0,014·16 d'acide
carbonique. On a donc:
am,
000
Acide carbonique uni à la potasse et à la lithine 0,2875 3
Acide borique uni à la soude, cxprimé en acide
carbonique . . . . . . . . . . . . . • . . . 0, t 4·16
°
0,30169
�200
La légère différence observée vient de ce qu'une petite
quantité de magnésie se trouve à l'état de sel double dans
la liqueu r alcalin e, et vient ainsi augme nter le poids de
l'acide chlorhydrique dans le dosage total.
Si cela est vrai, on voit bien qu'il fallait, ainsi que je
l'ai dit ailleur s, que l'acide sulfurique fût tout entier uni à
la potasse.
Le groupement généra l que j'ai donné est conforme aux
faits de l'expérience; mais je ne crois pas que, dans l'eau
naturelle, il soit absolument le même. Je suis porté à croire,
au contra ire, que tous les acides sont indifféremment combinés avec toutes les bases et toutes les bases avec tous les
acides. Ainsi je crois que l'eau. dans son état norma l, contient de la potasse à l'état de carbon ate, de sulfate et de chlol'ure; mais que par le fait de l'évaporation il s'établ it dans
l'eau un état d'équilibre tel, que les éléments sont groupés
comme je l'ai indiqué.
�FLORULE
DES ENVIRONS DE SOULTZMATT
(UAUT-IUIlN) ,
PAR LE PROFESSEUR JURSCHLEGER,
Ii'Q_
Peu de contt'ées' présentent une végétation plus curieuse,
plus riche en plantes l'arcs que le canton de RoufI'ach, Les
environs de Soultzmatt sont surtout remarquables par le nombre et la variété des végétaux. Dans l'espace de quelques lieues
carrées, on trouve les terrains les plus divers. La montagne qui
sépare le fond de Soultzmatt ùu vallon de Soultzbach, se compose de granit, de diorite et de gl'auwacke; le fond lui-même
est couvert pal' le ten'ain triasique avec ses trois éwges:
marnes irisées, muschelkalk et grès bigarré, Entre Wintzfelden el Soultzmatt, le muschelkalk prend la dm'eté el la
consistance du marbre; à Osenbach domine le Sl'ès bigal'l'é
avec ses belles pétl'ilicalions, semblables li celles de Soultz-lesBains, Le gl'ès vosgien constitue les flancs des montagnes des
deux vallons situés immédiatement derrièl'e Soullzmatt. A l'Est
de Soultzmatt reparaît le muschelkalk et constitue des collines
élevées de 340 à 580 mètres d'allitude. A WesthalLen et OrschWyhl' apparaît le calcaire jurassique ou la molasse calcaréosiliceuse. Ainsi, dans un espace de quatl'e lieues carrées nous
u'ouvons la végétation des terrains granitiques, arénacés, argileux et calcaÎl'es. La superficie est couverte de magnifiques
hautes-futaies, dans les terrains d'ol'igine ignée; de vigoureux
taillis sur le gl'ès vosgien et SUl' le muschelkalk. Des pâturages
rocailleux se trouvent SUI' le calcaire jurassique et le muschel! alk; des champs ct des yignes SUI' le gl'è bigarré et )e !Œupel';
�2û2
de magnifiques prairies dans le fond des vallons. - C'est à teu
M. le docteur l\fllllLENBECK que nous devons la connaissance des
plantes rares de cette contrée. - Nous allons donner la liste
des plantes les plus rares qui ornent les bois, les forêts, les
pâturages rocailleux et calcaires. Nous commencerons par une
herborisation à faire derrière Soultzmatt, au muschelkalkmarbre et aux montagnes granitiques ou dioritiques. Puis,
nous passerons au Sl'ès vosgien qui occupe la plqs gl'ande SUl'face aux environs immédiats de Soultzmatt, SUI'tout au I-Ieidenberg et au Plingstberg.
L'excursion au Büchsenberg, colline de calcaire jurassique,
se fait en allant directement de Soultzmatt à Westhalten;
après être sorti de ce village, on prend la route de Rouffach;
les rochers abruptes de cette colline surplombent pour ainsi
dil'e la chaussée. C'est là que se trouvent les plantes les plus
rares de l'Alsace, par ex. : les Artemisia corymbosa, Ilelian-
.themum Fumana, l'rinia vulgaris, Arenaria fascic'ulata, Stipa
pennata, 11utchinsia petn13a, etc.; de là on passe le ruissE:au
pour aller au Bollenberg, puis à Orschwyhr, d'où l'on retoul'De
à Soultzmatt. C'est une course d'un après-midi. Une autre
fois l'on montera sur la colline de muschelkalk, située entre
Soultzmatt ct Pfaffenheim. On peut continuer la route jusqu'au
pèlel'in3ge et à la chapelle de Schauenhourg, situé sur du gl'ès
vosgien. On y jouit de la vue la plus admirable. Quant à la végétation, elle y est, comme partout sUl'le gr'ès, d'une désespérante
uniformité. Du Schauenhourg on pent passel' la montagne ct
descendre sur Osenbach, pour voil' les belles carrièr'es ùe grès
bigal'l'é .
Herborisation à faire derrière Soultzmatt, en se di1'igeant vers
Wintzfelden ou Osenbach et en suivant le chemin qui conduit
à Soultzbach, jusqu'à 800 mètres d'altitude.
Anemone lIepalica.
RanuncultlS nCl1IorOSllS.
Aqnilegia vulgari
Aciœa spicata ,
.~
}<'orêts.
Bois du muschelkalk .
Bois.
Forèt .
�263
Arabis brassicœj'ol'mis.
hirsttta.
arenosa.
per(oliata.
Canlamine impcttiens.
Dentaria pinnata.
l'ldaspi alpestre.
Tecsdalia nttdicaulis.
lJolygala serpillacea.
Lychnis Viscaria.
sylval'ica.
Cerastitt'l'n brachypetalu'/1l.
l'ri(olium alpesI1·e.
Genista pilosa.
sagittalis.
Vicia pisiform'is.
dttmetorum.
Ol'obus tttberos1ts.
niger.
Spi1'œa Antnc14s.
Potentilla micrantha.
recta.
Coloneastér vttlgm·is.
Aronia rotundi{ot-ia.
Sorbus A1·Îa.
tonnillalis. '
Pnmus Padtls.
Epilobittm sp'icatmn.
molle.
montanttnl.
Sedum 1·eflexum.
Telepkiwn.
llex Aqui{olittm.
Chœrophyllum hi1'sulttm.
D01'onicum Pardalanclws.
Cincmria spatlmlœl'olia.
Senecio sylvaticus.
sarracenictls.
J/ypochœris mact/leau.
Prenanthes Ptt1'lnt/'ca.
Forêts rocailleuses.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Champs sablonneux.
Bruyères uu grès vosgien.
Grès vosgien.
Forêts humides.
Lieux secs.
Bois gramineux.
Bois rocailleux.
Pàturages.
Forêts el buissons.
Idem.
Forêts.
Idem.
Idem.
Forêts et rocailles.
Idem.
Idem.
idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Rnisseaux.
Forêts .•
Bois.
Forêls.
Idem.
lIo!Jsluu[cn.
1"01'6ls.
�264
Seseli Libanotis.
Bois du muschelkalk, derrière Osenbach.
Laserpitium lati{olium.
Idem.
Centau-rea montana.
Forêts gramineuses.
nigra.
Idem.
Sambucus racemosa.
Idem.
Rocailles du IJohstaufen,
Valeriana triple? is.
Campanula Cervicaria.
Forêts.
Galittm t·otundi{oliurn .
Idem.
Phyleuma nigrwn.
Idem.
Myosotis sylvatica.
Idem.
Calaminlha oflicinalis.
Bois et rocailles.
Vinca minor.
Idem.
Pyrola minor.
Idem.
Atropa Belladonna. Assez commun dans la forêl, sur le chemil).
flui conduit d'Osenbach à Soullzbach,
Digilalis purpurea.
Forêts.
ocht·oleuca.
]clem.
tttteu.
Idem.
Veronica montana.
Idem.
Euphorbia dttlcis.
Idem.
Epipactis lati(olùt.
Idem.
Idem.
Neottia NicltIS-Av~.
Orchis maculata.
Forêts humides.
bi{ol-ia.
Idem.
11wsÏttm Linophyllum.
Forêts J'ocaillousos.
Daphne Mezel'cum.
Uem.
Anthericwn Liliago,
Idem.
r'amosmn,
Idem.
Lilium Martagon.
Assez commun dans les forêls gramineuses,
FOl'Ols.
Convallaria verticitlata.
Luzttla maxima.
Idem.
Carex maxima.
Idem.
Poa sylvatica.
Uem.
Pcstuca sglvatica.
Idem.
que les espèces les moins communes,
Nous n'avons ~iLé
habilant plus spécialemenl ces régions. Nous recommanùons
plus parliculièrement aux promeneurs botanisles de suiv"e le
chemin d'Osenbach à Soultzbach; arrivé SUI' la hauleur, il la
Wolfsgl'ub, de suivre un chemin qui se dirige vel's le Nord,
�26;'
ayanlla ruine dc I-Iageneck cn vue ct de mal'chel' dil'ccLement
VCl'S ce château ruiné; de se dil'igel' vel's SoulLzbach et de dînel'
à l'établissement des eaux; de l'evenir l'après-midi, en partant à quatre heures, par le gl'and chemin de la vallée de Wasserbourg et de remonter vel's la W olfsgrub, pour descendre
on suivra un sentier qui
sur Osenbach. - Ou bien ~'Osenbach
se dirige vers la ruine du I-Iohhattstatt ou Truchsess en passant
par le Hasenberg. La l'uine du I-Iohhatlstalt est un dcs points
les plus curieux de ce chaînon qui du St,'obberg se dil'ige
jusqu'à la ruine du Hohlandsberg. On peut e'1co1'c dcscendl'e,
dîner à Soultzbach, polU' revenir par le chemin sus-indiqué.
Excursion botanique aux collines de calcaire jurassique et de
muschelkalk, situées entre Pfaffenheim, Westhalten et Orschwyhr (Bollenberg et BïlChsenberg, ~tc.)
Los noms sni vis d'ull M.
SOIH
Anemone Pulsatilla.
PapavCl' hybl·idu11t.
COl'ydalis tuberosa.
bl/lbosa.
Fumm'ia Vaülantii.
Neslia paniculata. M.
Rapistr~m
rugosum.
/lutchinsia pet1Ylia. M.
Helianthemum Ft//mana. M.
gultatmn. M.
Arenaria fasciculata. M.
Linum tenui{olium.
Allhœa hif'snla.
Geranium sanguinellm.
Diclamntts albus. M.
Medicago minima.
J'ri{olittm ochroletlclI11l.
n,bans.
C01'onilla Ements.
Colnlea arbo,.escl~
Geni.qta pilosa.
celles découverlos parle Dl'
MIIIILIlNDllCK.
Pâturages.
Pfaffenheim, vignes.
Vignes.
Idem.
Idem.
Champs du muschellwl! .
Idem.
Bollenbel'g, BücJJsenhcl'g.
Büchsenbel'g, elc.
Grès vosgien.
nücbsenberg.
Collines.
Idem.
Idem.
Büchsenhcl'g.
Colline.
lclern.
Idem.
lderl/; commull.
Collines.
Idem.
�'::2GG
[(fthynls Apltaca.
hù's!tltts.
luberostls.
J?1'agaria coUina.
Potenlilla j·ceta.
obscw'a. 1\'1.
cinm'ca. M.
Roset pimpinelli{otùl.
- pumita. .
- rubiginosa.
- tomentosa.
Aronia rotundi{olia (l'Amélanchicr).
Hemiar'ia hÙ'sttla.
Saxifraga granlllata.
Caucalü dattcoides.
Pettceda1wm alsaticl/ni (Aoùt).
Cervaria (Aoùt).
Seseli bienne (Juillet).
Trinia vulgar·is. M.
Falcaria Rivini (Été).
Galium glallcurn.
Asperula cynanchica (Été).
Scabicsa Columbctl'ia (Juillet),
Chrysocoma LinosYj'is (Septembre).
Inuta salicina (Juillet).
Fitago gallica. M. (Juillet).
PYj'ethrltrTI corymbosum.
Anthemis tinctoria (Été).
Achillea nobilis (Été),
Artcmisia corymbosa. M. (SeJ)l.-ocl. )
Calendala at·vensis.
Centaurea paniculala.
l1arkhausia /((1'(lxaci{o[ia.
Cl'epis tectorurlt (Été).
J1icracium llr'œaltwll.
prœmorsulII.
Cltoncll'illa juncea (Été).
Lactt/cet Scariola (Été).
Speculat'ia arv61lsis (Été) .
Call1panttla jlcrsici{otia.
Champs,
Idem.
Idem.
Collines.
lclem.
Bollenherg.
Idem.
l dern.
Idem.
Idcm.
Idem.
Collines.
Collines calcaires.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Bollenherg, BüchscnlJerg.
Collines.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idom.
Champs.
Collines hoisées.
Champs et vignes.
Collines.
Colline du Bücbsenberg,
Vignes.
Collines.
Idem.
Champs.
Collines.
Idem.
Iclem.
Idem.
Cbam!)s.
Collines.
�2G7
Campan:lla glomcrala (Élé).
Gentiana cruciala. (Été).
Lilhospermwm purpw·o-cœntleum.
Physalis AlIwkengi (Été).
.Dig'italis l~tea.
Orobanche Galii.
Teucr;;'.
Picridis.
Veronicu latifolia.
prostr·ata.
Euphrasia lutea (Juillet).
Salvia Sclarea. M.
Teucrium Cltamœdrys (Juin).
montanum (Été).
Botrys (Été).
Stachys t'ccta (Été).
Melittis Melissophyllum.
Brtt'I'tella gmndiflora (Juillet).
Globular'ia 1)'lllgaris.
Rumex pulcher (Été).
Eupltorbia verrucosa.
dulcis.
Stellem Passel'ina (Été).
Orchis hircina.
(t18ca.
cinerea.
simia.
pyramidalis.
OpAr'Ys myodes.
ctmni{er·a.
ame/mites.
Spiranthes autumnalis.
Cephalanthera l'ttbr'a.
1Jallens.
l!.pipactis at1·orubens.
his gC1'Inanica.
1itlipa sylves tris .
Anthericum ramosum.
SciUa autumnalil;. M.
Ornithogalurn IlIttallS. 1\1.
Collines.
Idem.
Idem.
Idem.
Collines boisées .
Collines.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Vignes à Westhalten.
Collines.
Idem.
Champs et vignes.
Collines.
Collin cs boisécs.
Idem.
Idem.
W csthalten, bord de la route.
Collines calcaires,
Idem.
Collines el champs.
Collines.
Idem.
Idem.
idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Idem.
Vignes.
Collines .
Collines; ll'è -commun.
Vignes.
�2GH
AlliwlI olcl'aceum.
- - vineale.
sphœrocephalum.
Luztlla vernalis.
Forsteri.
Cm'ex ornithopoda.
montana.
humilis. M.
glauca.
Stipa pinnata. M.
Phlcwm asperum.
Andropogon Ischœmum (Été).
Sesleria cœrulca.
Festuca Pseudo-M,vuI·us.
Melica ciliata.
Bromus patulus.
Poa bulbosa.
Avena pratensis.
Vignes.
Idem.
Idem.
Collines boisées.
Idem.
Collines.
•
Idem.
Bollenberg.
Collines; commun.
Büchsenberg; raro.
Vignes.
Collines.
Collines calcaires.
Idem.
Idem.
Collines el champs.
Idem.
Collines.
Excursion botaniqu/J au Ballon de Soultz, en juillet-août.
Ce Ballon, haut de 1400 mètres au-dessus du niveau de la
mer, est une des montagnes les plus intéressantes. POUl' y aniver, en pal'tant de Soultzmatt, on passe par Saint.Gangolphe
à Dühl ou à Luttenbach. On fera bien de P!endl'e un guideporteur et de se muoiI' de vivres et de vin. Le mieux, c'est de
partir à quatre heut'es du matin, afin d'êtl'e à Luttenbach à six
heures; il neuf heures on sera arrivé au Lac du Ballon et vers
onze heures à la cime. Nous conseillons de consacrer un second
jour à celte cou t'se, de passer la nuit il la Delchenhüll, de voil'
le level' du soleil le lendemain, de se rendl'e à la t'uine dn
Freundstein, puis à celle du IJerrenfluch; de descendl'e dans le
vallon de Steinbach; de là à Cemay où l'on pourra prendre )e
dernier convoi pour Rouffach. - Jamais excursion botanique
n'aura été plus fl'uctueuse et plus riche en plantes alpestres;
nulle pat't on n'aura joui d'un spectacle plus, beau et de sites
pins grandioses. Tout.efois si l'on )lC connais ait pas les Joca-
�~69
lités ct si l'on cl'aignait de s'égarer', il l'audl'ait ll'ouver un bon
guide à Luttenbach, Néanmoins avec une bonne carle et une
1)ous50le on peut très-bien s'en tÎl'er sans guide.
Liste des plantes 'rares du Ballon de Soultz et des montagnes
avoisinantes.
Anemone alpina.
Tête du Ballon, couvrant toute la cime.
Ranunculus aureus.
Pâturages.
aconiti{ol'itIS. Bords des ruisseaux; rochers humides.
Cime du Ballon.
Trollius eU1·opœus.
Aconitum Lycoctonum.
Rochers et rocailles.
Napellus.
Idem.
Actœa spicata.
Forêts rocailleuses.
Lunaria 1'cdiviva. li'orêts, surLout dans le vallon de Steinbach.
Dentll1'ia pinnata.
Forêts humides.
cligitata. Forêts et rocailles, surtout dans les vallons
de Rimbach, Jungholz, Freundstein, Steinbach.
Ballon; rocailles.
Thlaspi alpestre.
Arabis Turl'ita.
Vallée de Steinbach.
Geranium sylvaticum.
Forêts et pâturages.
llype1'icmn dubiwn.
Idem.
Viola lutea. (La Pensée des Vosges) couvrant tous les pâturages.
palustl'is.
Marais tourbeux.
Polygala se7pillacea.
Pâturages.
Drosera t·otundi{olia.
Marais tourbeux.
Silene rupestris.
Rochers ct rocailles.
IJianthus deltoides.
Rocailles et pâturages.
superbtls.
Pâturages.
Mespilus Cotoneaste7'.
Idem.
PrUnllS Mahaleb.
Vallon de Steinbach.
Spirœa A7'uncus.
Forêts humides.
Potentilla crocea.
Pâturages.
Rocailles.
micrantlta.
Idem.
Rttbus saxatilis.
Idem.
Rosa alpina.
Idem.
- rubri{olia.
Idem.
- pimpinellil'olia illCl'llIis.
Circwa alpilla.
Forôts humides.
�270
Rochers.
Rochers près de la ferme dite Haag ;
aux ruines du Freundstein et du Herrenllucb.
stellaris.
Ruisseaux; rocbers humides.
cespitosa.
nocbers enlre la montagne de Hartmannsweiler et au Freunùstein.
Forêts rocailleuses.
Ribes alpinum.
Pàturages.
Mcum athamanticum.
Pàturages rocailleux.
Lascrpitium latifolili'TII.
Pâturages humides.
Angclica pyrenœa.
Escarpements.
montana.
Rocailles.
Bupleurum longi{olium.
Rocailles; cime du Ballon; Freundstein
Seseli Libanotis.
et Herrenlluch.
TUlsilago alba.
Bords des ruisseaux.
Arnica mOlltana.
Pâturages.
Sedttm anll!twn.
Saxi{raga Aizoon.
For~ts.
Centaurea montana.
Doronicttm Parclalanches.
Idem.
Cacalia albi{rons.
Idem.
Sonchus alpinus.
Idem.
Forêts; l'are, au-dessus du Lac, etc.
Plumicri.
llieracium aurantiacum (Goldbliimle). Vers la cime du Ballon.
blattarioides.
Storkenkopf.
paludosum.
Bords des ruisseaux.
llypochœris maculata.
Cime du Ballon.
Cm'lina acaulis.
Gustiberg; pâlllragos.
Lonicera nigra.
Forôts.
Valerian a tripteris.
Rocailles.
Scobiosa lucida.
Idem.
Pâturages.
Galium hercynictlm.
Rocailles.
alpestre.
Forèls.
rotttndifolium.
Idem.
sylvalicWln.
Cime du Ballon.
Ja&ione perennis.
Idem.
Phylewma lanceolatwn. VILL.
Escarpements et fo1'618.
Cmnpanula latifolia.
For6ls derrière Murbach.
Cef·vicaria.
Forôts.
Pyrola minor.
folundifolia.
Idem.
SCCltn([Ct.
Idem.
�27-1
.Digilalis p1t11Jlwoa.
Forêts.
ocll'l"olouca.
Rocailles.
lutea.
ldem.
Linaria str'iata.
Idem.
Melampyrum alZJestre.
Idem.
Pedicularis {oliosa.
Très-rare vers la cime; rocailles.
sylvatica.
Marais.
Scrophularia vernalis. Fl'eundstein; forêt de Hartmannsweiler,
Balbisii.
Vallée de Steinbach.
Ehrhartii.
Bords des ruisseaux.
Idem.
Mentha viridis.
Champs sablonneux.
Galeopsis ochroleuca.
Forêts gramineuses et rocailleuses.
Cynoglossum sylvaticurn.
Rumen; montanus.
Forêts.
Thesium alpinum.
Rocailles.
Myosotis alpestris.
Cime du Ballon.
Andr'osace carnea (Juin).
Cime du Ballon; l'une des plus rares
plantes des Vosges.
Gcnt'iana lutea (Juillet).
Pâturages.
campeslris (Septembre).
Idem.
Orchis globosa.
Idem.
albida.
Idem.
vÙ'idis.
Idem.
sambucina.
Vallée de Steinbach, etc.
Listera cOl'dala.
Forêts moussues.
Epipogium Gmelini.
Forêts; très-rare.
Forêts et pâturages.
Lilium Mar'lagon.
Escarpements du Banon.
Allium Victorialis.
Escarpements ct pâturages.
N arcissus Pseudo-N arcisslts ,
Forêts.
Convallaria verticillata.
Idem.
Luzula maxima.
Pâturages.
nigricans.
Ruisseaux et marais.
Juncus ~Ilignosu.
Forêts.
Elymus europœuI.
Idem.
Calamogrostis sylvatica.
Idem.
Poa sylvalica.
Idem.
Fcstt/ca sylvatica.
Sables granitiques.
Festuca Lachenalii.
l"orêts.
Cm'cx pendula.
Pâturages.
stellulata.
�272
Pàturages.
Carex leporina.
Frcundstein.
divulsa.
Bords des ruisseaux.
pulica7·is.
Forêts.
Blechnttm Spicant.
Pàturages.
Botrychium Lttnaria.
Rochers.
Asplenittm Adianthttm nigt'u1JI .
Idem.
septent:ionale.
germanicttm.
Idem.
Idem.
Aspidium Oreopteris.
aculeatwm.
Forêts.
{Watatum.
Idem.
Allosttnts crispus.
Rocailles vers la cime du Ballon; trèS-l'arc.
Lycopoditlm clavatttm.
Pàturagcs.
annotinwm.
Forèts.
Selago.
Rochers.
�273
BIBLIOGRAPHIE
DES LIVRES OHlGINAUX
sun
LES EAUX DE SOUL'l'ZMA'l'T .
SCIIENCK, Salivallis Acetosellœ. Mirwral-Beschreibung eines mineralischen Sauerbrunnenwassers zu Sultzmatt. Basel, 1617,
in-8°. Ouvr3ge tl'ès-ral'e, que nous n'avons pu nous pl'Ocul'er.
F. A.
GUÉRIN.
Disse1'tatio de fontibus medicatis Alsatiœ. Strasbourg, 1769, p. 54-45.
Le chapitre consacré p31' GUÉRIN aux eaux de Soultzmatt
est très-considél'able. Très-bonne descl'iption topographique et
historique des environs et de l'établissement. Qualités des
eaux des divel'ses sources. GUÉIllN fit quelques expél'iences
chimiques et il en conclut que la quantité d'eau se rapporte
aux matières minérales comme 640 à 1, et que dans le résidu,
l'alcali minéral (la soude) se rapporte aux matières terreuses
(chaux, magnésie, argile et sil'ce) comme 5 à 1. Puis il passe
à la partie thérapeutique et cUl·ative. C'est GUÉRIN qui cite déjà
les observations de guél'isol1s opél'ées par les docteurs HOFEIl
de Mulhouse, BACCARA et EnRIlART de Colmar, moyennant l'eall
de Soultzmatt .
.T. A. MIi:GLIN, Docteui' en médecine. Analyse des eaux minérales de Soultzmatt en Tlaute-Alsace. Strasbourg, 1779.
lt SI'JELniANN venait d'allalyser les e3UX de Rippolds:lU. C'est
sous la direction de ée célèbre professeur de l'Univel'sité de
StrasboUl'g que Mf.:GJ.JN entr'eprit, en 1777, l'analyse des caux
acidnles de Soultzmatt. Elle a été faite sous l'inOnence c1rs doc-
�274
trines de l'école chimique de S'fAHL, Néanmoins il est très-éton·
nant qu'avec les moyens d'analyse que l'on possédait en 1778
on ait pu arriver aux résultats obtenus paI' MÉGLIN. Ce savant
médecin indique longuement tous les procédés qu'il a suivis
dans cette analyse; il conclut à la fin que l'eau de Soultzmatt
renferme t ° du gaz méphytique (acide carbonique) qui donne
le goût aigrelet; 2° du sel al/cali minéral qui en forme la base
(carbonate de soude); 3° une terré absorbante de nature calcaire' (carbonate de chaux et de magnésie); 4° de la sélénite
(sulfate de chaux); n° dela terre vitrifiable (silice); 6° un vestige de matière bitumineuse. Ainsi, il Ya 80 ans, avant la révolution opérée en chimie par LAVOISIER, MÉGLIN est parvenu
à découvrit' les principes essentiels de l'eau de Soultzmatt !
Dans la 6° source de Soultzmatt MÉGLIN a constaté la présence
du fer dissous dans du gaz méphytique. L'auteur insiste trèsspécialement SUl' la présence du fer dans cette source, connue
sous le nom vulgail'e de Goldwasser. MÉGLIN indique à la page
55 les moyens pal' lesquels il est paI'venu à constater le fer.
Après avoil' traité de l'analyse, l'auteur passe aux propriétés
tllérapeutiques; à la manière de prendre les eaux et les bains.
Résultats curatifs obtenus par SCUENCK; ceux que le docteUl'
DOFER de Mulhouse constate dans une lettre à GUÉRIN; les heureuses cures signalées à MÉGLIN par les docteUl's BACCARA et
EHRHART de Colmar, WILLI de Mulhouse, GASMANN d'Ensisheim.
Enfin notl'e auteur termine pal' la narration de plusieul's guérisons remarquables qu'il a obsel'Vées lui-même à Soultzmatt,
Ce mémoire sur les eaux de Soultzmatt est un véritable chef·
d'œuvr e, quand on pense à l'époque où il fut écrit; il est un
des plus remarquables de celte époque où la chimie analytique
commençait à naltre seulement,
Notice su,. les eaux minérales de Soultzmatt, pal' le docteul'
RAMEAUX. Su'asboul'g, 1838.
Celle notice est due à la plume élégante ct spirituelle d'lIll
des plus savanLS pl'ofessclII's de la Faculté de St1'3sbolll'g. Après lI11e inLl'oducLion dans laquelle l'autelll' insiSll} SUI' la
�27t;
pl'éférence 11 donne!' aux eaux minél'ales naturelles, il passe fi la
topogl'aphie de l'établissement des bains de Soultzmatt. II décI'it la contrée avec les couleurs les plus suaves et les plus délicates. - Dans le chapitre qui traite de l'analyse de l'eau,
1\1. RAnlEAUX rappelle les tl'avaux. de MÉGLIN et objecte que le
savant docteur y a trouvé du fer, du soufl'e et du bitume. La
6e SOUl'ce ayant été nettoyée, on n'y aurait plus retrouvé le fer.
Puis vient l'analyse de MM. COZE et PERSOZ déjà indiquée dans
le travail de M. BÉcnAMI'. Ces MessieUl'S ont tl'ouvé des subslances minéralisatrices échappées 11 MÉGLIN; des chlorures; ùes
sels de potasse et de magnésie. La notice de M. RAMEAUX se
termine par des considérations thél'apeutiques très-ingénieuses.
Remarquons néanmoins que MM. COZE, PERSOZ et RAMEAUX
insistent principalement SUI' l'absence totale ou absolue du fer
dans les eaux de Soultzmatt. 01' cette absence n'est pas absolue;
car MM. CUEVALIER et SCHJEUFFELE et M. BÉClTAMP l'y ont trouvé
à des doses infinitésimales. MM. CHEVALIER et SCIJJEUFl'ELE y
ont même constaté des traces arsénicales.
FIN •
. '
��,
EAUX MINERALES
DE VICHY
�- .)- ......c>--o-"AnI _ , TYI'OGII"'111IIK MAtJl.ng
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DE VICHY
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��NOTICE MÉDICALE
SUI\ LES
EAUX MINÉRALES
DE VICHY.
- --<tê :>-- - -
1.
Vichy st une petite ville du département de l'Allier,
il vingt kilomètres de Gannat, soixante de Moulins, trois
cent quatre-vingts de Paris (quatre-vingt-quinze lieues)
el ù l' embranchement des routes de Moulins à Nîmes,
ct de Gannat il Vichy. Elle est située dans un petit
vallon sur la rive droite de l'Allier, et bordée de coteaux
et de collines qui s'élevant en amphithéâtre et couverts
de vignobles, d'arbres frLlitiers et de champs en cul-
�-2-
ture, offrent à la vue le tableau le plus riant et le plus
animé. L'ail' y est pur, le climat doux, les abords faciles.
Ces circonstances jointes à l'efficacité incontestable
des eaux minérales y amènent chaque année un grand
nombre de malades: ce sont les eaux les plus fréquentees non-seulement de la France, mais peut-être
même de toute l'Europe.
Les Thermes de Vichy paraissent avoir été connus
et exploités depuis une époque fort reculée; la tradition en fait remonter l'origine aux Homains.
La ville est divisée en deux parties: la ville ancienne
et la nouvelle. L'ancienne, plus rapprochée du fleuve,
se compose de mai ons assez mal bâties et de rues
étroites. La nouvelle, séparée de l'ancienne par une
longue place plantée en avenue, s'en distingue bien
davantage ncore pal' l'élégance de ses constructions
qui représentent d'immenses hôlels Ol! logent les malades. C'est ci l'extrémité de cette partie de la ville que
s'élève le bâtiment thermal.
Commencé en 178[1, grilce à la munificence de Mesdames Victoire el Ad laïde, tantes du roi Louis Vl,
et terminé en 1829, il 011'1' pal' son al' bitectur , ses
vastes proporlioDs, l'organisation des bains et ln magnificence des salon , des ressource de tout genre allx
personnes qui viennent y rétablir leur santé.
La saison cie ' eau ' commence le 15 mai ct fini! Ir
15 s pLembr. II Y a lin médecin inspecL ur cl cl LlX
médecins in p cLoul'R nd.iojt~
�-3-
II.
L'établissement thermal avai,t été construit dans la
prévision d'avoir il fournir de lJ5 à 50,000 bains par
saison, mais l'affiuence des malades a été telle dans
ces dernières années, que le nombre des baignoires et
l'eau thermale même devenaient 'insuffisants. Ne pouvant pourvoir par lui-même à ces besoins urgents, le
gouvernement en 1853 a abandonné à des concessionnaires pour un laps de Lemps de trente-trois année ,
J'exploitation des Thermes de' Vichy à des condiLions
exprimées dans un cahier des charges qui garantit ;\ la
fois les inLérêLs du trésor et ceux de la santé publique:
c'est ainsi qu'il s'est réservé Je droit exclusif des travaux relatifs tl l'aménagement des eaux, ;\ l'entretien
et il la conservation des sources.
Augmenter le nombre des baignoires, et se procurer
l'eau minérale en proportion suffisante pour saLisfaire
aux besoins actuels du service eL h de futures exigences
faciles Il prévoir, tel a été le premier soin des concessionnaires.
Co n'était pas l'eau minéral qui {'ai ait défaut Il Vichy, mais bien l'exi L nee des moyens suffisant de
caplagc cl cI'iIlllénagement dos eaux. D s travaux im-
�-4-
portants ont été commencés et exécutés d'abord sur
trois sources principales: la Grande-GTille, le PuitsCarré, la Source-Lucas. Les difficultés ont été 'surmontées avec un bonheur extrême par M. François,
ingénieur en chef des mines, et les résultats ont dépassé toute attente. Car la G1'Clllcle-G1'ille, qui ne
donnait que 6,000 litres par vingt-quatre heures, en
donne aujourd'hui, ù la sonde de fond, 9?, 000, et h
un mètre au-dessus du sol de la galerie, lt.6,000. Par
une circonstance remarquable et inattendue, l'cau de
la Grande-Grille, qui n'était qu'ù 31. degrés, s'est
élev6e, par s~ite
des travaux, à hO degr6s, retrouvant
ainsi la température qu'elle avait présentée, il y a environ un siècle, aux premiers observa Leurs Lassonc cL
Desbrest.
Le PUilS-CM'l'é fournissait 1. 77 ,000 h 1.80,000 litres
par vingt-quatre heures, il en fournit aujourd'hui
2lt.0,000.
Le Puits-Lucas donnait 81.,000 litres; bien que lef;
travaux d'am6nagement en cours d'exécution ne permettent pas encol'e de faire un jaugeage exacL, on
l'estime approximativemenL il 1.50,000.
On a dû r6servel' pour la campagne prochaine les
,travaux relaLifs à la SO'lLl'ce-de-l' lIôpital, une de
celles dont le cap Lage est certain menL le plus imparfait ct dont le d6biL acLuel est de l~8,0
litres. Il e t.
'permis d'espérer qu'il sera au moins doublé.
Oès celte année, la réunion de tODLes le source~
�-5-
fournit pour les besoins du service médical une quantité d'cau minérale qu'on peut évaluer à plus de
500,000 litres par jour.
III.
1es sout'ces naturelles de Vichy sont au nombre de
sept:
,
La Crande-Grille;
l.e Grand-Puit -Carré;
Le Petit-Puits-Carré, ou Puits-Chomel;
Le Gros- Boulet, ou Fontaine-de-I'Hôpital ~
Le Petit-Boul t, ou Pontaine-des-Acacias;
La Source-Lucas;
La Source-de -Célestins, ou du Rocher.
Par le forage, on a obtenu les puits
De Brosson,
D'Hauterive,
De Lardy,
De Dames.
Les sources de Vichy, aussi bien que les eaux jaillissanLes d'Hauterive ct des Dames, ont une origine
commune; elles sourdent toutes du calcaire d'cau
douce qui forme le fond de la vallée de l'Allier, mais
ell s proviennent évidemment des terrains primordiaux, ct probablement elles fOl'lnent, (lU contact de
�-fj-
ces terrains et du dépôt lacustre, une nappe plus ou
moins étendue ; elles arrivent ensuite à la surface ell
traversant les couches du terrain tertiaire soit par les
fissUl'es naturelles existant dans ce tel'rain, soit pal'
les orifices qu'on peut y ouvrir artificiellement.
Les eaux sont toutes extrêmement alcalines: très
limpides elles ont une saveur de lessive qui n'a rien
de désagréable à cause de l'acide carbonique qui
s' trollve en grande quantité : en se dégageant de
certaines sources cet acide simule une véritable ébullition .
.La source des Célestins il un goût piquant et aigreleL. La source des Acacias eL de Lucas, cell e du PuitsChomel dégagent une légère odeur d'acide sulfhydrique qui trèsfugace et inappréciable iL l'analyse ,
disparaît il très peu de disLance du point même d'olt
sourdent les eaux.
IV.
Ana ly '6es autrefois pal' Hnulin, DesbresL, Geoffroy, Mossier, et dans ces trente d rnières années pal'
MM. J,ongchamp, Berthier et Puvis, O. Henry, les
sources de Vichy onL présenté à toutes les époques une
C()1TlPO ition chimique à peu près identique.
Depuis, d'après le ordres du gouvernement, M. O.
Henry a faiL l'analyse de cinq source", lu Gl'andeGl'ille, Brosson, LUl'dy, des Dames, d'Hauterive.
�6,535 \
0,0736
Silice. . .. . .... ...... . ........ . .. .. .
1
6,533 1
0,003 \
0,0721
U ,47~
0,5700
0 . 08~:l
0,3i88
4,98 \ 4
Gram.
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0,0819
0,5700
0,472-5
0,0029
Grammes.
Lit.
Lilre.
0,\99
CA RRE.
GRI LLE.
0,4ï 5
PETIT PUITS
du
CR.\ NDE
de la
Carbon ale de soude . .... ............
- de chaux . ... ... ..... . .. . .
- de magnésie ....... . ..... .
Chlorure de sodium .... . . •. •... . .. .
Sulfate de so ude . ........ .. .. .... .. .
Oxyde de fer. .. . . ... . . •... . .. . .... .
Acide carbonique ....................
-
CONTE:oiCES D.\NS LES EAUX.
SUBSTANCES
-
G
R
PUITS
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7
0, \725
0,0000
0,0726
4,98H
0,3 129
0,08G7
. 0 ,1;700
Gram.
O,âl.i
L it.
C.\ RRE.
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du
O 2
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0,0020
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0,0952
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O,52~3
0,0513
Gram.
0,i91
6,7.i6i
0,0 \70
0.0 '.10
0 , ~02
0,5668
0,0972
0,0426
6,6678
0,3933
0,0029
0,0'15
5,0863
0,5005
0,0970
0.1>163
Gram.
5,0513
Gram.
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A.CA. ClAS.
L' HOP ITAL.
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SOURCES
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lIiC<lrboll3teS anhydres de soude ..................
de potasse ............... .
de cbaux •.......•........
de magnésie. . . . . ....•...
de strontiane ........ .... .
de Iilbine .................
Oxyde de fer (sesquioxyde) ............ . ........
de manganèse .. ...................... . ...
Sulfates anbydres de cbaux ......................
de magnésie ..................
de 50ude .....................
de potasse ...... . ...... . ......
Cblorures de sodium . ..................... . ..
de potassium .........................
Iodure et bromure alcalins .......................
Phosphate calcaire ou alumineux ........ .. •. .. .••
Silica te de soude .......... ... ....... ... ........
d'alumine .......... , .. " ..........•....
Principe arsenical .................. ...• . . .. .. . .
lil .
I
GRANDE GRILLE.
O,~
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( NOUVELLE ) .
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1
6,865
�-9-
On voit figurer dans cc tableau des produits nouvellement signalés, tels que les iodures et bromures
alcalins, la lithine, lastronliane, le silicate de soude,
le manganèse, un principe arsenical,. Ces substances,
quoique en très petite quantité, ne sont certainement
pas sans action SUl' l'économie animale,
Un nouveau tl'a va il , préparé i\ l'école des 'hnes,
doit. prochainement apportcr d'importantcs rectifications dans ces diverses analyses, eL contribuer, par
l'"indication plus précisc des principes minéralisatclll'1;,
il mieux faire comprcndrc les effct thérapeutiques c\rs
différcntes sources.
En outre des prindpcs minéralisateurs, les eauX' de
Vichy contiennent unc substancc gélatineuse et filante'
(glail'ine), véritable conferve qu'on rencontre dans la
plupart des eaux minérales: ellc csl surtout manifeste
il la sourcc dc l'Hôpital , qu'elle recouvre d'une écume
verdâtre. M. Vauquelin ~ trouvé qu'elle avaiL beaucoup d'analogie de composition avec l'albuminc.
La source la plus riche en bicarbonate de soude est
celle des Célestins. La fJ1'Ctllde-G ,..ilfe, le Puits-Chumel, le G/'cwd-Puits, ont unc compo ition prcsque
identique. Les deux sourccs les moins chargées d bicarbonate sonL Lardy et des Dames; mais pal' compensation elles contiennenL de bien plus forles proportions
dc principes ferrugineux, qui s'y tl'ouvenb il l'éLat de
bicarbonate de protoxyde (bi-carbonate fcrrcux). Il
grand nombrc d'essais répétés avcc le plus grand soin
�- 10\
.. ur la composition de ces deux sources, ct de. résultats
cliniques multipliés ont démontré que la source des Dames est plus ferrugineuse que la source La1Yly.
Toutes ces eaux, par suite de leur refroidissement
au contact de l'air, déposent une certaine quantiLé de
leurs principes minéralisateurs. Elles donnent naissance il des concrétions plus ou moins abondante
dont il est très facile de reconnaître les cal'acLères chimiques. Ces dépôL finissent souvent par obsLruer les
canaux et s'oppo Cl' à l'écoulement des eaux; aux Célestins ils ont formé un véritable rocher. Dans les bassins des sources Lard!} et des Dames, on recueille un
sédimenL ocreux d'un rouge plus ou moins foncé.
Les sources onL des degré forL difTérenLs de Lempérature, et à certaines époques d'observatiolls elles onL
offert sous ce rapport de notables variations. En généraI, cc sont les sources les plus abondantes qui sonL
les plus chaudes, ct les plus froides sont colles qui
donnent le plus mince filet: ainsi le PuitS-Ca1Té, Id
Grande-Grille, qui fournissent par JOUL' 2l~0,O
et
96,000 liLres de liquide, ont ll.a et aO° de chaleur (la
Gmllde-Grille a augmenté de 1.0° de chaleur depuis
les travaux qui ont décuplé son volume d' cau). La
source des Célestins, qui débite environ 500 liLres e11
vingL-quatrc heures, e t à peu près froide et marque
1.5 à 16°. ] 1semble que, pour LouLes, leur arrivée plus
ou moins rapide il la sur'félce de la Lerr fasse varier
�-HIa quanl.ité de cha leur qu'elles ont puisée au réservoil'
commun.
v.
La célébriLé et la vogue dont le eau de Vichy jouissent depuis des siècles, sont justifiées par l' énergie de
leurs principes minéralisateurs eL par l'eflicacité de
Icurs propriétés médicales.
Facilement absorbées ct porlée' pal' la circulaLiol1
dans Lous nos organes, dans Lous nos Li sus, ell e...: agi!:i!:iCht, comme la plupal'l des cau, minérales, Cl i produisanL une excitation plu ou moins forte qui a pOUl'
elTet immédiat de réveiller la viLali Lé de tissus ct de~
fonctions, de produire, comme disniL Bordeu, LltI l'emontemenL général. Cette action commune fait que le:.:
maladies les plus différenLes LrouvenL dans la même
cau minérale une modification sa lutaire.
Mais conclure de ces e1l'ets généraux que LouLes Ie.f\
caux minérales agissent d'ulle manière idenLique, quo
c'e L LoujoUl's par la soule excitation des fonctions de
l'économie qu'elles mo lifienl les condiLions mOl'bidc~
générales ou locales auxquelles on les oppose, c'est
n'envisagel' celte imporLante question que d'un seu l
côté, c'est méconnaître les secours si précieux que les
tru vaux modernes des chimisLes onL fournis ù la physiologie el ù la thérapeutique.
�-12 -
S'il est bien certain que toutes le caux minérales
ont des propriétés communes, il n'est pas moins certain que chacune d'elles a une action spéciale qui dépend de la nature des principes chimiques qu'elle tient
en dissolution. Dans les cas où les alcalins conviendront, les acides ne pourroT)t rendre les mêmes services;
les éléments purgatifs 'ne pourront être substitués aux
éléments toniques, astringents, pa' plus que le fer ne
pourra être substitué au soufre, etc., etc.
Donc les eaux minérales dans lesquelles prédomineront les alcalins, ferrugineux, sulfureux ou purgatifs,
auront chacune un mode d'action qui leur sera propre;
el c'est une erreur capitale que de croire pou voir le!:;
remplacer les unes par les autres, ou les employer indistinctement avec un égal succès.
VI.
Il n'est pas possible aujourd'hui de nier l'influence
des agents chimiques SUl' l'économie; grâce aux progrès d la sei nco on doit admettre que les principaux
phénomènes de la vic, respiration, combustion, ca lorification, digestion, assinülation, sécrétion, sonl un e
suite ll on interrompue de l'é,lctions chimiques.
l)al'mi les agents chim ique' qui font partie des principe ' immédials des anim aux, il e11 cs!' dont ID présence
�-13 -
est aussi nécessaire ù certaines fonctions que l'oxygène
est nécessaire à la respiration.
Les alcalis entre autres ont été reconnus indispensables aux phénomène d'endosmose, de combustion,
de digestion, de sécrétions; ils contribuent il mainte- '
nir le sang dans le degré de viscosité nécessaire pour
rester propre à l'endosmose, l'exosmose, aux différentes compositions et décompositions qui constituent
l' existenûe; ils donnent aux matières sucrées et amyloïdes introduites par l'alimentation, la possibilité de
s'unir ù l'oxygène ct de prendre part aux fonctions de
respiration et de calorification; ils fluidifient les éléments de la bile, les empêchent de s'épaissir, de se
concréter, de former des calculs; ils émulsionnent et
saponifient les matières grasses; ils entretiennent les
digestions inte. tinales, facilitent les sécrétions, et président ainsi il tous les actes de nutrition et d'assimilation.
VIL
'Les eaux minérales chargées de principes alcalins
seront donc pl'opre il maintenir ou tl l'établir les conditions nécessaires ù l'intégrité de lu sanLé.
Et en première li gne de au minérales alcalines, on
doit placer 1 sources de Vichy; ce ont cell es qui
contienn nt le plu de pl'incipes minéralisateurs. Le
�~
14-
bi-carbonate de soude y existe en proportion si considérable, qu'il doit être admis comme l'élément principal, essentiel de leur action. Sous ce rapport, l'effet
thérapeutique est tout à fait en harmonie avec l'analyse, car les sources les plus fortes sont celles qui renferment le plus de sel alcalin. Les autres sels s'y trouvent à dose si minime, qu'il n'est pas possible jusqu'à
présent d'en préciser l'efficacité.
Cependant, l' eau artificielle, composée seulement de
bi-carbonate de soude, fatigue beaucoup plu~
l'estomac
et ne donne point des résultats aussi prompts et aussi
sûrs que l' eau naturelle, surtout bue à la source. Cela
dépend en grande partie de ce que l'eau naturelle contient le sel de soude entièrement à l'état de bi-carbonate de soude, tandis que l' eau art.ificielle est fabriquée
avec un sel non complétement saturé et mélangé de
carbonate neutre ct de sesqui-carbonaLe. De plus, il
peut exister entre les éléments multiples el variés qui
constituenl les sources, une sorte de combinaison spé.
ciale qui fail de l'eau de Vichy autre chose qu'une
simp le di solution alca line, el lui donne des propriétüs
particulières.
C'esl ninsi que la température élevée des sources ù
Vichy. 1" grande proportion de bi-carbonaLe de soude
et. de ga~
acide curbonique qu'elles contiennent, les
1'00ndent, parmi tOlltes celles de la même 'lasse, des
plus précieuses pOUl' la thérapeutique. On ne saurait
conl.0,Rl01' le:- remarquables modifications organiques
�-15 -
qu'elles produisent, et l'influence qu'elles ont sur certaines maladies.
Elles sont employées en boissons, en bains et en
douches.
Le moment le plus favorable pOLlr les boire est le
matin; l'estomac est alors oomplétement débarrassé
d'aliments, et se prête mieux ù l'absorption du liquide
minéral. I . cs eaux doivent être bues à la source, c'est
le plus sûr moyen de leur conserver toute leur efficacité. Il faut éviter l'abus, car si elles sont tolérées à
très haute dose par quelques malades, elles peuvent
être pour d'autre très difficiles ù supporter. Elles ont
pour effet : augmentation de l'appétit, digestions plus
faciles ct plus promptes, a similation plus complète,
selles plus régulières, urines plus faciles ct plus abondantes, amélioration de la nuLrition, accroic;;sement des
forces, sentiment généra l de bi n-êLl'e.
D'anciens auteurs leur ont otLr'ibué ù tort des propriéLés pUl'gativ s; sui vont la plupart cles observa Leurs,
elles produis nL plutôt la constipation. Ce n'est guère
que dans quelques idiosyncrasie:; exceptionnelles, ou
affections particulières cl s voies digestives, ou enfin
pal' l'abu , qu'elles produisent l'efl'et purgatif.
En bains elles imprim nt aux fonctions de la peau
un nouvelle activité, auO'ment nt la transpiration,
rétablissent d'anciens /1~IX,
d'anci l111es éruptions, et
provoquent même Ull exanthème artificiel lorsque les
immersions sonl trop prolong l,CS. Les bain exercent
�-16 -
une double action: stimulation de l'appareil cutané,
pénétration des principes minéralisateurs dans l'économie pal' absorption de la peau. Par conséquent il
y a nécessité de compléter l'action des boissons par
celle des bains.
La boisson et les bains agissent sur l'ensemble de
l'économie, les douches sont un agent de stimulation
locale: il y en a de plusieurs espèces, douches descendantes, ascendantes, écossaises c'est-à-dire alternativement chaudes et froides.
VIII.
Outre le mode excitant commun ù la plupart des
eaux minérales, le eaux de Vichy ont une action spécifique qui leur e t propre: c'est la lIlodification chimique qu'elle déterminent délns l'économie par l'introduction des sels alcalins.
Chez tous les malades, les sécrétions, même celles
qui auparavant 6taient naturellement acides comme
les urines et la sueur, acquièrent promptement d '1'
qualités alcaline, quelle lU soit la nature de la maladie, ct quelle qu oit. la ourc dont on ail faiL
usage.
M. Ourcel a rait un grand nombre d'observations
qui dérnontrr.nl êlVÛ Cju Ile facilité c s caux l'end nl
�- 17-
l'urine alcaline: l'nlralinite est pl ' ou moins prononcée
eL prolongée suivant la quantiLé de boissons, de bains,
ct suivant les individu. Un bain, deux verres d'eau
minérale, suffisent le plus souvent pour la faire parît~
pendant plusieurs heures. Aussi la plupart des personnes qui prennent chaque matin quatre ou cinq
verres et qui se baignent en outre tous les jours, sont
assurées d'avoir les urines alcalines pendant tout le
temps qu'elles font usage des eaux minérales.
L'expérience a démontré que l'urine peut resteJ
alcaline pendant des mois entiers, non-seulement sans
donner lieu il aucun accident, mais en contIibuant au
contraire au bien-être et au rétablissement de la
santé.
ta nature des sécrétions doit être considérée comme
l'expression de ce qui se passe dans l' économie tout '
entière : il n'est pas possible de constater la modification des sécrétions sans admettre la modification du
milieu oll puisent ces écrétions. Le sang est modifié
comme les sécrétions, et il est plus chargé de prin~
cipes alcalins: mais si l'on sc l'appelle que la. omme
des éléments alcalin est beaucoup plus considérable
que la somme des éléments acides dans les humeurs
de l'économie, et que c'est dans un milieu normalemont alcalin que s'accomplissent les réactions et mulïltions organiques, on comprendra comment les alcalins même en excès entr'uÎneront des dangers moins
grands et moinf> rapides que les éléments acides, et
�-
18 --
comment les animaux pourront en ingérer ct conserver une plus grande proportion sans apporter de modifications fâcheuses à leur état général de santé.
IX.
t
•
Il ne faut pas croire que l'alcalinité de l'urine soit
un phénomène d'élimination, semblable ù celui qu'on
observe pour beaucoup de substances alimentaires,
médicamenteuses ou toxiques, el que le bi-carbonate
de soude soit pour nos organes un corps étranger dont
ils onl hâle de sc débarrasser. La soude ne peut être
considérée comme un corps étranger non a similablc
pOUl' l'économie; elle rail au conlraire partie des prin
~
cipes immédiats qui concourent à la formation et il l'entretien de notre nalure. Elle doit donc demeurer en
quantité suffisante pour l'équilibre des réactions chimiques; sa proporlion ne peut varier sans donner lieu
à de graves désordres; mais l'augmentation sera moins
funeste que la diminution, parce que les eJTets de l'augmenLation pourronl être balancés par l'abondance d s
sécrétions, tandis que les cfT Ls de la diminution ne
trouveronl dans l'économie mêm aucun compensation, aucun remède. On peul parfaitement accorder
que les sécrélions éliminent comme corps élral)gcl'
l'excès d' aica li, mais 110n l'alcali lui-mêm " car alors
�19 -
l'organisme tendrait sans cesse à éliminer un de Sj3S
principes constituants, ce qui est physiologiquement
impossible dans l'élat normal. Quoi qu'on ait dit de
cette élimination des alcalis par les sécrétions, ce phénomène signifie. que le sang est plus alcalisé qu'au moment où l'urine était acide, et que l'économie peut
comporter une forte, proportion de sels alcalins sans
que la santé en souffre, ce que prouvent les herbivores
dont les urines sont toujours forlement alcalines.
C'est seulement après avoir satisfait à tous les besoins de compositions et de décompositions chimiques
que 'le sel alcalin des eaux de' Vichy se rend dans les
urines, non ü l'état de simple carbonate ou de sesquicarbonate comme on l'a prétendu, mais bien à l'étal
de bi-carbonate non décomposé.
x.
Toutefois il ne peut pas être indifTérent de changer
et les sécrélions du corps et le milieu chimique dans
lequel s'accomplissent les principaux phénomènes de
nutrition. Dans quelles limiles devra-t-on se maintenir pOUl' délerminer la modification exactement nécessaire il combattre la tendance maladive, et à rétablir
la constitution normale des humeurs?
MM. Magondie et Trousseau onl attiré l'attention
•
�- 20-
médicale sur l'abus des alcalins, ils ont rappelé que
pris en grande quantité, ils influent sur la composilion
du sang, le rendent plus fluide, le décolorent, établissent la cachexie, la pâleur, la bouffissure générale, les
hémorrhagies pas ives, un amaigrissement irréparable,
donnant ainsi lieu à des accidents bien plus graves et
plus irrémédiables que ceux de la maladie qu'il s'agissait de guérir, et causant autant de mal que l'abus du
mercure, de l'iode et des ferrugineux.
Ces considérations ont parfaitement justes: l'abu
de tout médicament actif e L il craindre, et sous ce rapport on ne peut impunément faire abu des eaux de
Vichy. Mais il faut sc hûter de bien établir que jamai
à Vichy on ne voitse développer ceLLe cachexie alcaline,
ce cortèg funèbre d'accidents qui constitueraient Ilon
plus une médication, mais un véritable empoisonnement, comme l'a dit justement M. Durand Farde!.
L'abus, en supposant qu'il existât, e trouve compensé par l'abondance des sécrétion : le double courant
d'introduction ct d' élimination sans cesse renouvelé
permet sans inconvénient de porter ft des do cs énormes la proportion d't!léments alcalins.
Cependant si, dans certains cas pathologiques, dans
cerlaine GonstilulÏol1s, on peut supporter sans inconvénient et même avec avantage l'ingestion journalière
d'une grande quantité de boisson alcalines, dan
d'a utres circonstances de maladi s ou de régim , on
�-
21-
ne peut admettre sans accidents des doses même très
minimes.
Cette différence tient à la composition même des
liquides de l'économie chez les personnes qui font
usage des eaux: l'alimentation succulente, alcoolisée
et presque exclusivement animale, le défaut de transpiration, d'exercice musculaire et de combustion intraviscérale, donnent lieu gén6ralement, chez les gens
riches et sensuels, chez presque tous les habitants des
villes, à la prédominance des acides et il un excès d'éléments nutritifs et plastiques qui engendrent goutte,
rhumatisme, gravelle, pléthore, etc., maladjes trouvant leur soulagement et leur guérison dans la médication alcaline. Tandis qu'une nourriture insuffisante
ou presque exclusivement végétale et des sueurs exagérées chez les habitants des campagnes, ta fièvre,
les affections putrides, etc. , chez certains malades, ont
suffisamment modifié ou appauvri les humeurs, pour
qu'une addilion même assez faible d'éléments alcalins
ne puisse être facilement tolérée.
XI.
Les eaux de Vichy, en rendant le sang plus al,calin,
lui font perdre une partie de sa coagulabilité; elles
attaquent l'albumine, la fibrine, et amènent prompte-
�-
22-
ment la dissolution de ces substances. Si le sang, devenu moins plastique, sc meut avec plus de liberté
dans ses canaux, si de plus il a acquis la propriété de
djssoudre les deux principaux éléments qui forment la
base de la plupart des engorgements chroniques, on
est bien près de connaître pal' quel mécanisme les eaux
de Vichy sont fondantes, résolutives, antiplastiques,
désobstruantes.
}I est donc extrêmemenL important de bien distinguer la double action tonique et chimique de ce eaux
dans l'application qu'on veut en faire au LraiLement des
diverses maladies.
Pal' leurs propriétés exciLantes et toniques, elles seront contre-indiquées dans toutes les maladies inflammatoires aiguës, dans les ca où des inflammations
chroniques onL une tendance à reprendre de l'acuité,
dans ceux où les viscères sont alteints de désorganisations graves dont les progrès sont ordinairement
hâtés par tout ce qui accélère la circulation; au contraire, elles seront favorables dans les aIrections chroniques, et toutes les foi qu'il s'ag ira de porter une
stimulation particulière SUl' les organes, d'acLiver la
circulation, d'exciter les sécrétions, de régulari cr la
nutrition et l'assimilation.
Pal' leurs propriétés chimiques, ell es conviendront
dans Lous les cas d'engorgements, d'ob ll'uctiOJlS cl s
vi c' l'es, de calculs biliaires, maladi du foie, g]'a~
velle, ca lcul s urinaires, cystite 'hronique, goutte,
�-
23-
rhumatisme, diabèLe, etc., etc. Mais elle!, devront
être employées avec beaucoup de réserve et de prudence chez les individus anémiques ou cachectiques
qui, tout en profitant des vertus stimulantes, ont à redouter la modification chimique qui aggraverait leur
état.
Elles sembleraient également à craindre dans certaines maladies qui ont pour résultat la trop grande
ténuité ou dissolution du sang; cependant l'observation
pratique démontre qu'elles apportent les plus heureuses modificaLions dans les constitutions lymphatiques, scrofuleuses, tuberculeuses, dans les convalescences, dans l'albuminurie, etc., etc.
Les principes ferrugineux qui existent dans la source
Lardy et surtout dans la source des Dames, rendent .
parfaitement compte des succès obtenus dans la chlorose, l'aménorrhée, eLc., etc.
Toutefois l'action de ces eaux est éminemment complexe, cL souvent il esL Lrès diHicile de bien spécifier
ce qui appartient aux combinaisons chimiques produites pDr l'eau minérale, ou à la réaction physiologique
des organes . .
XII.
Les sources de Vichy, considérées l'OUS le rapport
des résultaLs fournis pal' l'analyse chimique, présen-
�- 24 -
tent une analogie, une identité de composition, qui
pourrait faire conclure à la même identité thérapeutique. Cependant elles ne sont pas également supportées
par les malades, et elles offrent dans leur açtion sur les
organes des différences notables.
« Les sources de Vichy, dit M. Lucas, présentent
c( dans leur emploi médical des différences bien plus
(1 importantes qu'on ne pourrait le croire d'après l'aC( nalyse chimique; et, bien qu'il soit difficile d'établir
( à priOl'i la raison de ces différences, des observa« tions nombreuses, renouvelées depuis vingt-trois
ans, ne me laissent aucun doute à cet égard. »
(1
§ - La source de la Grande-Grille, ainsi nommée
porce qu'elle est entourée d'une grille de fer, esL située;) l'extrémité Est de la. galerie Nord du grund
Établissement thermo 1. Elle fournit en grande partie
l'cau qui est mise en bouteilles ct transportée dans les
divers pays de l'Europe; elle n'est employée qu'en
boisson, ct marque 39 à lIO° de chaleur.
Elle est administrée avec succès dans les affections
lymphatiques, les maladies des voies digestives, les
engorgements du foie et de la rate, les obstructions
viscérales, dans les calculs biliaires, la gravelle, etc.,
etc. Elle a des propriétés plus excitantes que le. sources qui l'environnent; aussi le docteur .Desbrest disait
anciennement: « Cette source doit êtr préférée toutes
I( les fois qu'on a besoin d'agir et de remuer plus effi-
�- - 25 -
cacement la machine, et de mettre ses organes dam;
« le plus grand jeu. »
§ - Le Grand-Puit~
carré et le Petit-Puits carré
ou Puits-Chomel sont au milieu de la galerie Nord;
ils ont une température de 4.0 il ll1to. Le Grand-Puit~
est presque uniquement a(Tecté au service des bain.
Le Pnit~-Chomel
est réputé posséder des propriétés
spéciales pour certaines affections de la poitrine eL cie
l'estomac.
Ces deux source ', en quelque sorte solidairci:i l'LIlle
de l'autre, sont employées Cil bains et en boisson;
dans cc dernier cas, elles son t sou ven t coupées avec
du lait, de l'eau gommée.
Elles sont prescri tes aux persolllles aLteinte5, outre
les affections qui les appellent particulièrement ü Vichy,
cie catarrhe pulmonairQ, cie dyspnée nerveuse, ou simplement de usceptibilité des organes respiratoires.
Elles sont supportées par des malades auxCjueb œj'tain es contre-indications ne permettent pas de boire
l'eau des autres source sans inconvénient ou sans
danger.
«
§ - La source de
l' Jfôpital doit son nom au voi inage de l'hôpital civil . . ur la place Rosalie. Elle a 35°
de température, ct offre beüucoup d'ana logie avec la
source de la Grande-Grille; mais elle est moin ' exci-
tante et convient mieux aux malades délicats, susceptibles, nerveux, ou disposés aux congestions ct aux
�- 26-
hémorrhagies. Elle agit principa lement dans les affections des voies digestives, pesanteur d'estomac, digestiOlls difficiles, inappétence, gastralgie, dyspepsie, etc.
l . a différence de propriétés thérapeutiques de l' Hôpital et de la Gmnde-Grille s'efface par la transportation et la conservation; l'eau de la Gmnde-G1'ille
convient alors dans beaucoup de cas auxquels elle ne
serait pas applicable ù Vichy même.
§ - La source Lucas ct la source des Acacias ,
situées en face de l'hopital militaire sur la route de
Cusset, ù cent mètres environ de l'élablissement thermal, ne donnaient que de très petites quantités d'eau
avant que M. François entreprît des travaux de captage il sept mètres en contre-bas du sol. Par suite de
ces travaux les deux sources réuni s uonnent actuellement 150,000 litres pal' jour.
Cette cau présente plus que toutes les autres sourccs unc légèrc odeur d'acide sulfhydrique qui n'est
appréciable que prè du griffon, et disparaît t;omplétcmOllt pal' le tran 'port. Elle contient plus de substances minérales; pal' sa composition chimique ct ses
lI'cts thérapeutiques elle sc rapproche beaucoup de
la source des Célestins.
~
-
La source des Célestins ou du Roche1' est il
['extrémiLé de l'anel n Viehy, sur la l'ive droite de
l'Allie r : 011 y arrive pur la berge de l'A [lier ou pur
�,
-"1.7 -
l' escalier taillé dans le roc formé des sédiments calcaires déposés par les eaux. D'un très mince volume
aujourd'hui et marquant il peine 1.5° de chaleur, clle
présente un léger excédant d'acide carbonique et de
principes minéralisateurs, fournis surtout par la silice
et le bi-carbonate de soude. Bien que plus excitante,
ell e est plus agréable il boire, ct ,Souvent plus fa cile il
tolérer il cause de sa température. Elle ne convient
pas aux personnes nerveuses, irritables, aux femmes
hystériques, vaporeuses, etc. ; elle est ordonnée dans
les affections des reins, de la vessie, dans la gra velle,
les calculs urinaire , la goutte, le diabète.
Il n'y a plus ù craindre que celte source cesse de ,
couler; les nouveaux fermier de Vichy ont acheté le
clos voisin, el, sous la direction des ingénieul's de
l'État, ont l'ail faire des recherches qui ont amené il
. la surface du so l et en abondance des caux identiquement pareilles.
~ JI existait h Hauterive, village distant dè six
kilomètres de Vichy, suL' la rive gauche de l'Alli.er,
deux sources connues depuis longtemps et employées
en boisson par quelques habitants de la localité. Une
des deux sources ayant cessé de couler ü la surface
du so l, le propriétaire, M. Brosson, fit pratiquer des
sondages qui ont donné lieu tl des sources jail~
.. antes
dont le produit approximatif est de quatre-vingt-six
mèlres cubes par vingt-quatre 11 ures. Ma lgré leut'
�-
28-
différence de température beaucoup plus basse, 15 à
16°, ces sources doivent sans doute au point de vue
géologique, se rattacher au groupe général, et offrent
beaucoup d'analogie avec les eaux de Vichy, surtout
avec celles des Célestins.
tes sources et l'établissement thermal d'Hauterive
achetés par l'État, ont été concédés aux nouveaux
fermiers; de même que le puits th'osson, qui, ouvert
en i8LJlJ., entre le parc de l'établissement thermal et
la rive droite de l'Allier, déverse actuellement la totalité de ses eaux dans les réservoirs du service de::;
bains.
§ - La source des Dames, obtenue i'l l'aide de
la sonde, est sur le chemin de Vichy à Cus et, ell suivant le cours du Sichon. Le eaux de ce puil' sont
fel'rugineuses alcalines et gllzeuses, froides et marquant il peine 15 à 16°; elle ont une saveur très sensiblemenL atramenlaire; elles jouissent de propriétés
médicinales Irès énergiques et toutes spéciales en raison de principes ferrugineux qu'elles contiennent en
plus grande quantité que la soutce Lm'dy, située dans
l'enclos des Célestins, et dont la composition presque
identique a été indiquée.
Elles sonL très sa lutaires aux constitutions affaiblies,
épuisée , au~
convalescents, aux fiévreux, aux personJles chlorotiqu s, lymphatiques, etc.
�-
21) --
XIII.
Telles sont les indications que semble avoir sanctionnées l'expérience pratique dans l'application thérapeutique des différentes sources de Vichy. Toutefois
on comprend qu'on peut facilement y apporter de
nombreuses modifications. En raison de l'analogie de
leurs vertus médicales et de leur composition chimique, ces eaux doivent dans beaucoup de cas présenter les mêmes avantages, les mêmes résultats;
aussi il ne s'agira que de choisir chaudes ou froides,
fortes ou faibles, celles qui seront le plus facilement
tolérées.
Par leurs propriétés excitantes et altérantes à la fois,
les mêmes sources offrent souvent les plus grands
contrastes; suivant la nature des personnes et des maladies, elles déterminent calme ou excitation, sommeH
ou insomnie, diarrhée ou contispation, elles apaisent
ou réveillent certaines douleurs, fortifient ou affaiblissent, font maigrir ou engraisser, etc.
11 y il donc nécessité absolue de toujours soumettre
aux médecins la direction d'un traitement que seuls ils
peuvent onvenablement apprécier.
�-
·,
30 -
XIV.
Il est une question fort débattue, fort controversée,
celle de savoir si l'on doit bannir de Vichy pendant
toute la durée de la saison, le vin, le lait, la moindre
goutte de vinaigre dans la préparation des mets, et
surtout les fruits. On pense que ces subsLances plus
ou moins acides peuvent détruire l'efncacité du traitement thermal.
Ces craintes n'ont aucun fondement. Depuis lon gtemps les expériences de Wœhler, de Millon, etc., ont
parfaitement démontré que les acides organiques, tartrique, citrique, lactique, oxalique, malique, etc., contenus en grande proportion dans la plupart des fruits
et notamment des fruits rouges, se détruisent, se brûlent dans l'économie en laissant pour résidu des carbonales alcalins. C'est ainsi que les raisins, les fraises,
rendent l'urine fortement alcaline et peuvent opérer
des cure dans cer'laines alTeciions de la vessie, dans
la gravelle, la goutLe, elc.
Le vin p1'6senle des réactions semll ab les : par son
mélange nvec l'cau minéra le il se d6composo immédiatement; la partie ac.ide, constituée par des tarLrates
acides de potas e (crême de lat'l1'e ), déplace avec effervescence l'acide carbonique, s'empare de ln base,
�-;\1-
et donne lieu à du tartrate double de potasse et de
soude (sel de seig'/'tette) , qui bientôt par la combustion
intraviscérale est converti en carbonate de potasse et
de soude. Dans ces transformations du vin, il n'y a rien
de contraire à l'action des eaux de Vichy: l'observation journalière prouve que l'urine s'alcaJise aussi
promptement et même plus promptement par l'usage
de l'cau de Vichy coupée avec un quart de vin, que
pal' l'usage de l'eau de Vichy pure; en effet les pl'in- .
cipes alcalin du vin viennenL s'ajouLer ~l ccux de l'eau
minérale.
Le régime que les malades doivenL suivre il Vichy
n'empnmLera donc rien de particulier à IR nature chimique du traitemenL thermal, il devra constamment
être subordonné aux phases mêmes. de la maladie cl
allX be oins de l'organisation.
xv.
Une auLre question est celle des eaux transportées;
il est cerLain qu'elles se conservent parraitem<;lnt el
même plusieLlI' années; elles sont généralemenL fournies pal' les sources de la Grande-Grille, dc l'Ilôpita 1
ct des Célestins. Tout en perdant leur chaleur naLurelie, Iles ne subis ent aucune décomposition, et font
de longs voyages, t.ravers nt les mers sans aucune ail
�- 32-
tération de leurs principrs. Bien qu'clIcs produisenl
souvellt de très LUJ ~ s tire!", el:C's Je p<'u\'ulL ji1 , I ~ üis
remplacer les eaux prises ù la source; mais elles sont
très utiles comme complément de traitement.
XVI.
MM. les dodeurs Petit, Barthèz et Durand-Fardel,
spéciaux, ont suffisamment
dans d'excellents o~VI'ages
déterminé l'influence souveraine des eaux de Vichy
dans les affections des voies digestives, les maladies
du foie, les calculs biliaires, les engorgements abdominaux, les différentes altérations de la vessie, etc., etc.;
cette notice a pour but de dissiper les doutes, de combattre les préjugés qui se sont élevés au sujet de l'efficacité du traitement de Vichy dans certaines affections, telles que la goulte, le 1'/mmatisme, la gravelle, les ca.lculs twinaù'es, l'albuminurie, le diabète,
s-
La goulte, le 1'humatisme, ont les plus grands
rapports avec la gravelle et les calculs urinaires: ces
maladies fraternisent par l'alternative, la coexistence de
leur accès, par l'élément commun de leur organisation, l'acide mique et ses compo és; par l'identité d
1 ur développement sous l'influence des mêmes cau es:
l'intempérance, la vie
l'ex'''s de matériaux nl1triL~,
1
�-
il3-
sédentaire, etc. Quelles que soient les opinions, quels
que soient les débats de praticiens fort distingués sur
la nature de la goutte, sur les crises, les dangers même
qu'elle présente, il résulte d'observations nombreuses et
parfaitement constatéc,s que la médication par les eaux
de Vichy, aidée d'un r 'gime convenable, a les effets les
plus avantageux dans le traitement de la goutte. Elle
, ne parvient que rarement, il est vrai, à guérir radicalement la maladie, et, dans quelques cas, particulièrement dans ceux de goutte fortement constitutionnelle,
héréditâire, elle se montre peu puissante; mais en généraI elle diminue la fréquence, la longueur, l'intensité
des accès, atténue ou fait souvent disparaître les accidenls locaux qui en sont la conséquence. Bien qu'elle
ne puisse toujour dissoudre les nodus et autres concrétions tophacées déposées autour des articulations,
elle Lriomphe assez facilement de engorgements qui
proviennent de la raideur des ligaments ct de la contraclure des muscles. Si lu prudence conseille de
suspendre Je traitement il. l'approche ou pendant la
durée d'une allaque, il a été main les fois constaté que
lorsqu'un malade est atteinl d'un accès de goutte pendant qu'il prend les eaux de Vichy, les douleurs sont
moin vives et elles dur nt moins de temps que dans
les autres atlaques.
Enfin les goulteux ont une tolérance remarquable
pour les eaux de Vichy, ils boivent ordinairement les
plus forles, cel les des Célestins, et souvent en quan.3
�- 34-
tité considérable, sans qu'il en résulte ni gêne ni accident. Il est très important pour eux, après leur départ
de Vichy, de continuer l'usage des boissons alcalines,
sous peine de perdre rapidement les bienfaits du traitement thermal, qui, pour une plus grande garantie
de succès, devrait être recommencé pendant deux ou
trois années consécutives, selon le besoin.
§ - Pour l'album'intlTie, comme pour la goutte, il
suffit de signaler les résultats pratiques obtenus dans
ces dernières années.
Le passage des matières albumineu es dans les
urines est désignée sous le nom d'albttrnill1l1'ie, de
néph1'ite albumiueuse. Cette maladie a pOUl' caractère
constant: appauvrissement considérable des matériaux du sang, désordres graves dans la circulation, hydropisies partiell es ou générales. Que la viciation des humeurs de l'économie soit primitive,
qu'elle soit secondaire, qu'elle précède ou qu'elle suive
la maladie des reins, elle constitue certainement le
danger principal, danger contre lequel il faut sc hâter
d'employer toules les ressources de l'art. L'expérience clinique a constaté que ['albuminurie, arrivée ;'1
un certain degré, et ne se compliquant pas d'altérations profondes organiques, peut encore oifI'Îl' les plus
heUl'euses chances de guérison; ct qu'alors Je eul
traitement à lui opposer e t un régime tonique, fortifiant, fortement animalisé, as ocié aux vins généreux,
�-
35-
aux boissons alcoolisées, aux préparations amères et
ferrugineuses, aux eaux minérales; propre enfin à ranimer les forces digestives, régénérer les éléments albumineux, reconstituer l'état normal des humeurs de
J'économie.
Or, les eaux de Vichy, par la stimulation produite
sur la peau et sur la membrane gastro-intestinale, par
la modification imprimée aux fonctions d'assimilation,
d'innervation et de sécrétion, ont paru réunir les conditions les plus favorables pour combattre le dépérissement incessant des albuminuriques. Quelques malades y ont été envoyés avec doute et circonspection,
et bientôt ils ont éprouvé une telle amélioration, ils
ont présenté des cures si merveilleuses, que l'on doit
considérer les sources de Vichy comme un des plus
puissants auxiliaires du traitement de l'albuminurie.
§ - Pour bien apprécier l'action des eaux dans la.
gravelle, les calculs twinaires, le diabète, il est nr.cessaire de conna1tre les difiërenls travaux qui, dans
ces derniers temps, ont contribué à éclaircI' la nature
et le traitement de ces maladies.
�-
36-
GRAVELLE, CALCULS URINAIRES.
§ - Longtemps avant toute théorie chimique sur
laquelle on pût baser le traitement de la gravelle et
des ca lculs urinaires, on li vait reconnu que l'usage
des boissons alcalines et surtout des eaux deVichy,
était avantageux dans la plupart des alfections ca 1culeuses.
Les malades, affect6s de gravelle ou de calculs, qui
se rendent à Vichy pour prendre les eaux, éprouvent
une amélioration très sensible dès les premiers jours:
les urines deviennent immédiatement alcalines; sécrétées plus abondamment et sans douleurs, elles dissolvent, entraînent les matières glaireuses et purulentes
résultant des muqueuses irriLées; elles cessent bientôt
d'être boueuses, fétides, pour devenir limpides; et en
même temps l'hématurie, les accès néphrétiques, les
douleurs des reins, des uretères, de la vessie, désordres occasionnés par la présence de calculs, se calment, se suspendent; le sommeil. l'appétit, les [orees
renaissent: et tel malade, qui il son arrivée ne pouvait
se tenir sur ses jambes, est capable 11 moins de quelques jours de se livrer ;\ un exercice salutaire.
§ - La propriété des eaux de Vichy et en généra l des so luiiol1R alcalines d'alcaliser fortement l'u-
�-
37 -'-
rine, conduisait assez rationnellement à l'idée de la
dissolution des calculs vésicaux, puisque par ce moyen
on les mettait en contact avec un liquide qu'on pouvait
supposer avoir sur 'eux une action chimique.
Cette dissolution des calculs par les alcalis avait été
admise dès les temps les plus reculés: les remèdes
proposés comme lithonlriptiques, tel que les coquilles
d'escargot tant vantées par Pline, le fameux spécifique
de Mlle Stephens, l'eau de chaux de Wyhtt, la potion
de Saunders, la tisane de Mascagni, la solution maetc., ne doivent leurs sucgnésienne de Brande, et~.,
cès constatés qu'à l'action dissolvante des carbonates
de soud' et de potasse qui s'y trouvent ou qui se forment après leur ingestion dans l'économie.
De plus on s'était assuré que portées directement
clans la vessie, les solutions alcalines pouvaient attaquer les calculs et en diminuer le volume. Berzélius
avait sanctionné de on autorité scientifique ces tentatives souvent suivies de uccès, en disant dans son
Traité de chimie, tome 7, page 13lJ.: « La meilleure
injection est une dissolution tiède d'tme partie de carbonale potassique dans 90 ou 100 parties d'eau à laquelle 011 ajoute un peu de mucilage végétal. Cette liqueur agit sm tous les calculs, quelle que soit leur
composition. )
Il était donc établi par les faits pratiques que les
alcalis soit en boissons, soit en injections, exerçaient
J'action la plus favorable sur les concrétions ca lculeuses,
�- 38-
lorsque M. le docteur Petit entreprit une série d'expériences fort remarquables pour prouver que les caux
de Vichy, en tant qu'eaux minérales fortement chargées de bi-carbonate de soude, étaient propres à la dissolution et à la désagrégation de tous les calculs urinaires.
« Les eaux de Vichy, dit M. Petit dans son remarquable traité sur le mode d'action des eaux minérales
de Vichy, n'agissent pas seulement en augmentant la
sécrétion de l'urine et en facilitant par ce moyen l'entraînement des graviers: leur véritable effet dans ce
cas, leur effet le plus prononcé, c'est, en communiquant leurs qualités chimiques iL l'urine, d'offrir aux
graviers un liquide dans lequel ils peuvent naturellement sc dissoudre ou se désagréger dans un temps
plus ou moins long, qui est en rapporL avec leur volume ct leur composition chimique. »
cc On ne saurait, ajoute M. Petit, apporter trop d'attention au rôle que joue le mucus vésical; ce mucus
se mêle ~l la substance calculeuse, s'inlerpose entre
ses molécules, en augmente la force adhésive, en un
mol sc comporte à la manière du cimenl. [l y a pal'
conséquent dans le même calcul une sorte d'agglutillntion de la maLièl'e animale cL de la matière saline.
Or les caux dissol vent la ma.lière animale, ct pal' sllite
dissocient la partie saline, laquelle privée de son ciment, e dépose par petites lamelles ct est rendue avec
les urines; de cette manière elle.s p uvcnL agir ur' les
�- 39-
calculs phosphatiqnes, surtout sur ceux de phosphate
ammoniaco-magnésien, presque aussi bien que sur
ceux d'acide urique.
« Donc sans avoir d'action chimique sur les éléments d'un calcul, quelle que soit d'ailleurs sa composition, les eaux de Vichy par la désagrégation des
divers ingrédients des calculs peuvent peu à peu les
diminuer et donner lieu à leur expulsion naturelle hors
de la vessie. »
§~
Les expériences de M. Petit ont été répétées
et discutées par des commissions de l'Académie de
Médecine et de l'Académie des Sciences.
Bien que les conséquences en aient été diversement
jugées, il n'en rêsulte pas moins des rapports de Messieurs A. Bérard, O. Henryet Pelouze, des faits certains, qui peuvent être ainsi résumés:
1 0 L'eau minérale naturelle de Vichy agit d'une
manière irrécusable sur les calculs des voies urinaires.
2° Les calculs mis directement en contact avec l'eau
des ources de Vichy offrent des traces évidentes de
l'action dissolvante et désagrégeante de ce liquide; et
les calculs mainLenus dans la vessie sont attaqués de
même par l'urine, lorsque celle-ci est devenue alcaline
par suile de l'usage des eaux thermales de Vichy prises
en bains et en boisson.
&0 Les preuves en sont acquises par l'altération
même qu'ont subies les concrétions urinaires rendues
�-
40-
par les malades; par la diminution de volume, diminution signalée à l'aide du cathéterisme et de l'inspection directe; par la présence de substances en dissolution, formées aux dépens des nouveaux principes que
contiellt l'urine et aux dépens des éléments du calcul
avec lesquels ils sont combinés.
flo L'action des bi-carbonates alcalins s'exerce encore plus sur le mucus et les matières animales qui
servent à souder entre elles les particules des calculs,
que sur ces calculs eux-mêmes.
5° Cette dissolution et désagrégation de leurs principes peuvent avoir pour résultats, soit leur expulsion
naturelle hors de la vessie par les urines, soit leur plus
gl'ande friabilité qui devient très favorable aux elTorts
mécaniques de la lithotritie.
6° On doit admetLre comme proposition générale
que, pendant l'administration des eaux de Vichy, la
sanLé des calculeux s'améliore, eL que les voies urinaires
ne subissent pas c!'alLérations qui r ndraient ultérieuremenL plus graves les opérations chirurgicales.
§ - Ainsi l'efficaciLé de' eaux de Vichy l;ontre la
gravelle ct les calculs urinaires doiL être COll sidérée
comme une vérité démontrée.
Toutefois on il soulevé une objection très grave: on
a prétendu que l'u age de ces eaux minérales pouvaient
favoriser et augmenter le dépôt des phosphates de
chaux et de magnésie clans les urinClS, ajouter cc dépôt
�- 41-
aux différents calculs existants déjà dans la vessie, et
produire ainsi des calculs alternants. (Ma1'cet,
PTout, etc.)
Bien que cette objection ait été déjà victorieusement
combattue par plusieurs auteurs et notamment par
M. Petit, bien qu'elle ne s'appuie d'aucune démonstration scientifique, qu'clle n'ait aucun fondement de
crédit, cependant elle est encore acceptée par quelques
praticiens. C'est pourquoi il est indispensable de traiter
la question du traitement de la gravelle et des calculs
urinaires par les eaux de Vichy, avec des développements assez complets pour écarter tout préjugé, touLe
erreur, et porLer la conviction dans les esprits.
§ - Le fait constant et certain, c'est J'amélioration
de santé chez les malades qui font usage des eaux
thermales de Vichy, quoique ces malades n'aient pas
des affeclion identiques sous le rapport du siége, du
volume et de la composition chimique de la gravell e
ou des calculs urinaires.
La gravelle et les calculs se développent tantôt avec
des urines acides, tantôL avec des urines alcalines. Ne
paraîtrait-il pas rationnel d'opposer aux urines acides
des boissons alcalines, et aux urines alcalines des boissons acides?
Il fauL d'abord xaminer i la science peut expliquer d'ulle manière satisfaisanLe comment un même
�- 42-
remède peut, dans des affections si di1Térentes, offrir
des résultats semblables.
Une démarcation bien distincte doit être établie
entre les différentes espèces de gravelles et de calculs,
admises par les auteurs; elles peuvent toutes être
réunies en deux groupes principaux: 1.° Celles qui sont
déterminées par l'acide urique et ses composés; 2°
celles qui résultent des dépôts phosphatiques de chaux,
de magnésie, d'ammoniaque, formant des combinaisons binaires ou tertiaires.
- Gravelle et calculs uTiqe~.
- 1-,a gravelle
urique, la gravelle rouge, la seule qui soit une véritable gravelle, c'est-tL-dire la seule qui provienne d'une
disposiLion générale, d'une diathèse de l'économie, reconnaît pour cause la présence de l'acide urique en
excès dans les urine.
L'acide urique sc forme naturellement dan' les humeurs de l'économie; il doit dans les conditions nol'mu les de santé, passel' Ù un état plus avancé d' Oxy·
du Lion pour donner naissance il l'urée; mais si la
nourriLure, les habitudes sédentaires, le d6füut d'exercice ct d'o ygénaLion, üugmentenL d'une part la pl'OporLion d'acide urique, ct d'autre part diminuent ses
chances d tranf'ormaLioll en urée, il se précipitera en
Lrès grande quanLilé dans les urines dont il sc sépare
sous la forlTle d'un sédimenL couleur de brique, en molécules plus ou moins 'onsidérables (lui, sc réunissant
~
�-
43-
et s'agglutinant à l'aide du mucus, peuvent former des
calculs dans les reins ou la vessie.
Dans cette diathèse urique les urines conservent
leur couleur naturelle d'un jaune plus ou moins foncé;
elles restent généralement limpides, et sont toujours
acides, plus ou moins.
Le premier effet des eaux de Vichy est de rendre
les urines alcalines, en introduisant dans l'économie
une grande quantité de bi-carbonate de soude. L'acide
urique, qui a la propriété de se dissoudre dans les alcalis, décompose le bi-carbonate de soude partout où il
le rencontre, s'empare de sa base pour former un urate
de soude qui, plus soluble que l'acide urique, se dissout
dans les urines et est ensuite expulsé avéC elles.
En raison de cette dissolution continuelle de l'acide
urique par le bi-carbonate, il y a nOI1- eulement obsLacle ù la formation des graviers et des calculs uriques,
mais il y a encore action manifeste SUl' les calcul'
d'acide urique ou d'urate de chaux déjà formés dans
les reins ou dans la vessie; ces calculs e couvrent
d'une couche d'urate de soude donl le conlact onctueux modifie ]' ttpreté de leur surface et facilite le glissement il tra vers les organe urinaires. Cette couche
d'urale de soude, il mesure qu'elle sc di souL, se reforme par le conLact d'un nouveau liquide alcul in ; ct
par ceLLe destructioll successive le calcul peul perdre
assez de son volume pour être cxpul 6 pal' les voies
naturell ::i, ou même se fondre quand il esl très pelit.
�-
44-
Tous les observateurs s'accordent à dire qu'une ou
plusieurs saisons des eaux de Vichy favorisent l'expulsion des graviers et paraissent contribuer à en prévenir la formation pendant plus ou moins de temps;
c'est qu'en effet les eaux non-seulement neutralisent
la diathèse urique et l'empêchent momentanément de
se manifester, mais encore modifient les causes organiques de sa production en rendant les urines acalines
avant leur arrivée dans les reins et la vessie.
Cette explication chimique de l'action des eaux de
Vichy sur la gravelle et les ' calculs uriques est admise
par to ut le monde: l'expérience et la Lhéorie se réunissent pour proclamer dans ces circonstances les bons
effets des eaux de Vichy.
§ - Mais en est-il de même pour les dépôts et les
calculs à base phosphatique ?
Dépôts phosplzntiqucs. - On est convenu d'appeler gravell e blanche, gravell e phosphatique, la maladie des voies urinaires dans laquelle les urines boueuses,
fétides, déco lorées, lais ent déposer une plus ou moins
grande quantité d phosphate de chaux el de phosphaLe <1mmoniaco-magnésien, tantôt sous forme de
poussière blanche, tantôt sous forme de graviers irréguliers, anguleux et de consistance variable. Ce dépôt
dans la vessie peut donner naissance ü des calculs
formés de la combinaison double ou triple de ces bases:
calculs de phosphate ammoniaco-magnésien ; calculs
�...:.. 45-
de phosphate de chaux mélangé au pho~ate
ammoniaco-magnésien, dits calculs fusibles beaucoup plus
fréquents que les premiers.
Dans ces cas les urines sont tOlljours neutres ou alca lines, et il est constant que les graviers de 'cette
nature reconnaissent comme point de départ, des
urines trop peu acides pour tenir en dissolution les
éléments salins qui les constituent. Cependant il est
parfaitement démontré pour tous ceux qui ont observé
l'urine des malades soumis il l'action des eaux de Vichy, que cette urine devient d'autant plus claire qu'elle
est plus alcalisée, et que dans cet état elle ne laisse
pas précipiter les sels qu'elle contient. •
§ - Malgré l'évidence de ce faiL important, c'est à
l'occasion des dépôts phosphatiques que se sont présentés les objections, les erreurs, les préjugés contre
l'emploi des eaux de Vichy.
Les plus grandes dissensions se sont sou levées entre
des praticiens fort habiles, et li Vichy même des deux
médecins inspecteurs l'un M. Petit, fort de ses expériences ct de ses observations pratiques, assurait l' avan tage des eaux contre toute espèce d'affection calGuleuse; l'autre, M. Prunelle les proscrivait comme
dangereuses et propres ;\ déterminer la formation de
nouveaux graviers.
Ce débat, ainsi qu'il a été déjà dit, a été soumis aux
académie des Sciences ct de Médecine. On a repro-
�-
46-
duit les objections anciennes de Prout et de Marcet:
que les eaux de Vichy, en neutralisant les acides libres de l' urine, pouvaient favoriser et augmenter le
dépôt des phosphates de chaux et de magnésie, ajouter
ce dépôt aux différents calculs existants dans la vessie;
que loin de faire dissoudre les calculs déjà formés,
clles devaient plutôt concourir à en augmenter le volume.
D'après MM. Civiale et Leroy d']~tioles,
on aurait
il craindre:
1. Certains dépôts d'urate de soude;
2 J.a précipitation de phosphate de chaux et de
phosphate ammoniaco-magnésien SUl' des noyaux d'acide urique;
3 La précipitation de carbonate de chaux sur des
ca lculs d'oxalate de chaux;
fLo La formation d'une gravelle de carbonate de
chaux et d'urate de chau , en sorte que l'on ferait succéder une diathèse il une autre.
C'est aux chin1istes, comme l'a fort bien dit M. A.
Bérard dans son Rapport ;\ l'académie de Médecine,
11 apprécier la valeur théorique de ces objections.
0
0
0
§ - Or, les connaissanc s chimiques démontrent
pal'faiLement que ces objections n'ont aucune val ur.
J-,e8 eaux de Vichy n peuvent, dans aucun cas, donner
lieu à des dépôts d'urate de soude, parce que ce sel
est parfaitement soluble; ell es :{le peuvent non plus
�-
47
déterminer la précipitation des sels de chaux et de
magnésie contenus dans l'urine, ainsi qu'il va être
démontré; et lorsque cette précipitation s'effectue, elle
est complétement indépendante cles eaux de Vichy.
Pour bien comprendre les effets chimiques des eaux
de Vichy, il faut se rappeler les expériences de M. Darcet, et celles toutes récentes de M. Mialhe, sur les modifications qu'occasionnent dans le liquide urinaire le
bi-carbonate de oude et l'ammoniaque.
Le bi-carbonate de soude, l'eau de Vichy, versé
dans des urines normales acides, ne détermine aucun
précipité; il se fuit un échange de bases entre les phosphates acides en dissolution dans l'urine et le bi-carbonate introduiL, de sorte qu'il se forme du phosphate
de soude et des bi-carbonates de chau ct de magnésie,
tous sels solubl es et parfaitement stables il la tempétature animale, ne précipilant que pal' 1'6bullition.
L'ammoniaque versée dans des urines normales,
acide!;, donne un précipilé plus ou moins abondant
Cormé par du phosphate de chaux, du phosphate de
magnésie, eL par une ceyLaine quantité de phosphate
d'ammoniaque. 1 es deux premiers étaient en dissolu·Lion dans l'urine h l'éLaL de phosphates acides: le dernier a pl'is naissance au momeJJL où les deux phosphates acides ont passé ù l'état de phosphates neutres
insolubles, en laissant en libCl'té leul' excès d'acide
phosphorique qui s'est uni ê) l'ammoniaque.
�- 48-
§ - Les urines alcalisées par les eaux de Vichy
prises en boissons ou en bains, présentent exactement
les mêmes réactions.
Par suite de l'introduction du bi-carbonate de soude,
elles sont claires, limpides, et ne donnent lieu il aucun
précipité; si on les soumet à l'ébullition, on chasse
l'excès d'acide carbonique qui tenait les bases en dissolution et balançait la puissance de l'acide phosphorique; ce dernier, en présence de carbonates simples,
reprend ses bases de chaux et de magnésie, et [orme
un précipité auquel se joint une plus ou moins grande
'quantiLB de carbonaLes; précipité absolument semblable ù celui qui prend nai sance lorsqu'on chaufl'e un
mélange d'urine normale et d'eau de Vichy.
L'ammoniaque ajoutée ù ces urines alcalisées, détermine immédiatement un précipité abondant; les
bi-carbonates de chaux et de magnésie, aihsi quo le
phosphate de soude sont décomposés; il sc forme des
phosphates neutres in olubles de chaux, de magnésie
et d'ammoniaque, propres il constituer le calcul phosphatique triple, appelé calcul fusible.
Donc en dehors comme en dedans de l'économie,
c'esL seulement sous l'influence d l'u'1lmoniaque que
se forment les dépôts phosphatiques.
§ - Voilà des l'aiLs chimiques incontestables, examinons comment ils pourront rendr compLe des acci-
�- 49-
dents qui se présentent chez les malades affectés de
dépôts phosphatiques.
D'abord l'affection des voies urinaires désignée sous
le nom de gravelle phosphatique n'est point une gravelle; elle ne dépend pas, ,comme la gravelle urique,
d'une diathèse, d'une disposition générale de l'économie, elle est toute locale et a pour siége la vessie.
Tous les chirurgiens et M. Leroy d'Etiolles lui-même
s'accordent pour reconnaître que les dépôts phosphatiques ne se rencontrent que chez des personnes atteintes de catarrhe vésical, chez lesquelles l'urine est
altérée et retenue dans la vessie par un obstacle i:t son
cours; et que la maladie dite phosphatique qui se manifeste alors, est une suite même de l'état inflammatoire de la vessie.
Or toute::; les foi qu'il existe, soit pal' la présence
d'un calcul, soit directement, catarrhe vésical, altération de tissus, sécrétion purulente, rétention de l'urine,
il se forme dans la vessie des produits ammoniacaux
résultants des sécrétions mêmes ou de la transformation
moléculaire de l'urée. Ces produits ammoniacaux dor.
nent lieu aux mêmes réactions chimiques qui résulteraient de l'introduction directe de l'ammoniaque dans
le liquide urinaire à l' état nOl'm:l1.
Ainsi avant leur séjour ù Vichy les malades affectés
de dépôts phosphatiques présentaient nécessairement
les phénomènes suivants: les urines sortaient des reins,
il l' état normal, contenant des phosphates acides de
�-
50-
chaux et de magnésie en dissolution; dès qu'elles arrivaient dans la vessie elles trouvaient des produits ammoniacaux qui les décomposaient et donnaient naissance à des précipités insolubles de phosphates neutres
de chaux et de magnésie, s'unissant avec le phosphate
d'ammoniaque; lesquels étaient chassés avec les urines,
ou bien s'aggloméraient pour former des calculs.
§ - Dans cette période de la maladie les bi-carbo'nates de soude ne sont pour rien, c'est en dehors de
leur présence et de leur influence que naissent, sc forment, s'organisent les dépôts phosphatiques.
L'ingestion de l'eau de Vichy va-t-elle aggraver
ces ,circonstances et donner lieu ù des dépôts de phosphate ammoniacal plus abondant?
Nullement, tOut au contraire elle doit peu ù peu les
faire disparaître, et c'est ce que l'expérience prouve
tous les jours.
Dès que les malades prennent l'eau de Vichy, 1eR
urines sont modifiées, elles perdent leur acidité, deviennent alcalines, ne contiennent plus de phosphates
de chaux et de magnésie qui tendraient à se précipiter
dans la vessie, car avant d'arriver ù cet organe ils ont
été transformés en bi-carbonates de chaux et de magnésie, sels solubles; les urines seraient donc excrétées d'autant plu limpides qu'elles sont plus alcalisées,
si ell s ne trouvaient dans la ve 'sic même des conditions d d6compo.ition.
�-
51-
Ces conditions sont les produits ammoniacaux déterminés soit par l'altération des tissus, soit par la
décomposition même de l'urine. En présence de l'am- moniaque les bi-carbonates de chaux et de magnésie
ainsi que le phosphate de soude sont décomposés: il se
forme des phosphates neutres, insolubles, de chaux et
de magnésie, unis au phosphate d'ammoniaque, qui
donnent lieu il des précipités tout à fait semblables à
ceux qui existaient avant l'ingestion des eaux de Vichy.
Ainsi les eaux minérales ' n'ont rien changé aux
conditions existantes, elles ne peuvent les aggraver,
pourront-elles les modifier?
Certainement, car en introduisant dans l'économie
une grande quantité d'eau; en augmentant et renouvelant sans cesse la sécrétion eL l' écoulement des liquides urinaires, ·dissolvant les mucosités purulentes,
modiftant les surfaces malades, arr tant ainsi la [01'mallon des produits ammoniacaux, elles enlèvent peu
ù peu toute cause de précipités, ct attaquent la source
même de la maladie.
§ - Tant qu'il existe des produits ammoniacaux,
le::> urines resLent chargées le précipités; il se peut
même que dans les premiers jours, les dépôts calcaires
abondants, parce qu'aux sels existants nasoient pl~s
turellement dans l'urine, viennent se joindre les sels
contenus dans l'eau ,minérale; mais, il mesure que sc
modifient les membranes, et que cesse la sécrétion
�-52-
ammonjacale, les urines s'éclaircissent et ne forment '
plus de dépôts.
M. Prunelle avait fait une observation exacte lorsqu'il disait: « C'est dans le cas de diathèse phospha- .
tique que les malades rendent d'autant plus de graviers qu'ils boivent davantage d'eau de Vichy. Ceux-ci
se forment dans la vessie, car si l'on supposait qu'ils
arrivassent des reins, il faudrait que ces organes eussent
une capacité plus grande que celle de l'estomac. » Mais
il s'était trompé sur les causes mêmes de ces accidents,
il attribuait aux eaux de Vichy ce qui n'était dû qu'à
la présence de l'ammoniaque dans la vessie.
Aussi M. Petit répondait-il avec une extrême justesse : « Les calculs phosphatiques s'observent dans
des cas où l'on n'a point fait usage d'alcalins; et si les
eaux de Vichy leur donnait naissance, on devrait
trouver un plus grand nombre de ca lculeux parmi les
personnes qui se soumettent à la médication alcaline. »
§-
Il est donc impossible d'attribuer aux eaux de
Vichy et aux bi-carbonates en général la moindre part
dans le dépôt et les ca lculs formés de phosphates doubles ou triples d'ammoniaque, de chaux et de magné ie.
C'est il l'ammoniaque seule, créée accidentellement
dans la vessie, que l'on doit nécessairement rapporter
ces précipités.
Dans ces cas, l'ammoniaque, loin d'être augmentée,
tend h diminuer de jour en jouI' et ;) disparaître com-
�-
53- '
pIétement par l'influence heureuse des bi-carbonates
sur les tissus altérés.
§-
Maintenant, qu'al'rivera-t-il pour les calculs
phosphatiques déjà formés dans la vessie? Peut-on espérer que les urines qui les baignent, conservent assez
d'éléments bi-carbonatés pour agir sur leurs principes
constituan ts?
Oui, sans aucun doute, car la quantité d'eau minérale ingérée, si elle est sufftsante, répondra parfaitement à. tous les besoins de compositions et de décompositions chimiques qui ont été indiquées, et les urines
contiendront encore une forte proportion de bi-carbonate de soude non décomposé qui viendra directement
agir sur le calcul lui-même, soit par la dissolulion de
ses parties muqueuses, soit par la décomposition de
ses principes attaquables.
On a faussement avancé dans ces derniers temps
que les urines des buveurs d'eau de Vichy ne contenaient pas de bi-carbonates, qu'elles ne contenaient
que des carbonates neutres. Ce fait est impossible en
lui-même, car les sels de l'urine ne sont solubles que
dans les bi-carbonates alcalins; la démonstration en
est facile: soumises à l'ébullition, ces urines se troublent immédiatement et donnent lieu à un précipité
abondant; c'est, comme il a déjà été dit, parce que
l'ébullition a chassé l'excès d'acide carbonique qui
tenait les bases en dissolution, et balançait la puissance
�-54-
de l'acide phosphorique; ce dernier, en présence de
carbonates simples, reprend ses bases de chaux et de
magnésie, et forme un précipité auquel se joint une plus
ou moins grande quantité de carbonates. Donc, les
urines sécrétées limpides et ne formant pas de dépôt,
contiennent les principes minéralisateurs à l'état de
bi-carbon a tes.
§ - D'après ce qui vient d'être exposé, il n'est pas
possible d'admettre que les eaux de Vichy puissent
donner lieu à une précipitation de carbonate de chaux
SUl' les calculs oxaliques, attendu que les urines ne
contiennent alors que des bi-carbonates solubles de
chaux et de magnésie.
Elles ne peuvent pas davantage déterminer SUl' le
calculs d'acide urique la déposition de phosphates
triples de chaux, d'ammoniaque et de magnésie, attendu que les circonstance qui fonL naître ces calcul
alLel'l1ant sont tout à fait indépendantes de la présence des eaux de Vichy, qui, au contraire, tendent
à les atténuer et à les faire dispara1Lre.
De plus, il résulte d'expériences directes ct d'observaLions praLiques que, sous l'influence de ces eaux minérale , les calculs composés d'acide urique eL d
phosphate ammoniaco-magnésien peuvent être détruits
soit par dissolution, soit pal' désagrégation; que ceux
d'oxalate et de phosphate de chaux pourront être désagrégés Lou tes les fois qu'ils seront mélangés d'acide
�-
55-
urique et de phosphate ammoniaco-magnésien, à cause
de l'action que les alcalis exercent sur l'acide urique, '
et à cause de l~ facilité avec laquelle ils désagrégent
J'e phosphate ammoniaco-magnésien; que les calculs
exclusivement composés d'oxalate et de phosphate de
chaux, heureusement fort rares, pourraient encore être
attaqués soit dans leur base, soit dans le mucus qui
leur sert de lien.
§ - Il est évident qu'actuellement l'efficacité des
eaux de Vichy contre les dépôts et calculs phosphatiques doit être admise par les médecins comme par
les chimistes, et qu'elle n'est pas plus contestable que
l'efficacité contre la ,gravelle et les calculs uriques.
C'est par une même action chimique, par l'introduction d'une grande quantité de bi-carbonate de soude
dans l'économie, que les eaux de Vichy sont propres
il toutes les affections calculeuses des voies urinaires.
Elles modifient l'état pathologique de la muqueuse
vésicale, fluidifient le mucus sécrétés, et, en agissant
SUl' la composition du sang, en prévenant la formation
soit de l'acide urique, soit des phosphates neutres,
elles changent la constitution des principes urinaires
de telle sorte qu'en arrivant aux reins et ù la vessie,
ils ne contiennent plus de substances insolubles propres ù former des précipités.
§-
Ainsi les faits pratiques et les déductions chi-
�-56 -
miques concordent pour sanctionner ce qUE' l'expérience et l'observation avaient déjà démontré, pour
renverser les préjugés enfantés par une fautive appréciation des phénomènes.
Les malades n'ont rien à craindre des dangers chimériques qui leur étaient présentés : dans au~n
cas
les eaux de Vichy ne peuvent aggraver leur position;
toujours au contraire elles détermineront une amélioration certaine, si ce n'est une guérison complète.
DIABÈTE SUCRÉ.
§ - On désigne sous le nom de J)iabète ou Glucosurie la maladie principalement caractérisée par une
excrétion excessivement abondante d'urine plus ou
moins chargée de matière sucrée.
Ces urines inodores, d6colorées, semblables à du
petit lait clarifié, présentent une densité Lrè '-remarquable, et lorsqu'elles sont mises en 6bullition avec
une dissolution de pota sc, d soude ou de chaux,
elles prennent une couleur brune rougeâtre d'autant plus foncée qu'elles contiennent une plus grande
quantité de matière sucrée.
Elles sont accompagnées de sécheresse de la bouche, soif inextinguible, fDim exLl'ûordinail'e, aboli lion
�-
57 -
.
des forces corporelles,' de la vision, des facultés génératrices, absence de sueurs, constipation, amaigrissement, dépérissement général, enfin de tous les désordres consécutifs de la consomption et de la phthisie.
Le point de départ de ces désordres, c'est l'urine
sucrée; mais quelle est la cause de celle-ci?
§ - Il Y a quelques années à peine l'affection diabétique était regardée comme un phénomène bizarre,
inexplicable, comme un caprice de la nature en souffrance; rarement observée, inconnue dans ses causes,
dans sa nature, elle restait un de ces mystères impénétrables à la science, inaccessibles il la thérapeutique.
Pour expliquer la formation et la présence du sucre
dans les urines, on invoquait toutes les maladies, toutes les hypothèses: irritation des reins, gastrite chronique, affection spéciale des voies digestives, suroxygénation des humeurs, aberration des forces assimilatrices, agent particulier existant seulement chez les
diabétiques, etc., etc.
La multiplicité des remèdes qui lui ont été oppo és
sans succès donne la mesure de leur impuissance.
Cependant l'expérience avait constaté que, dans
certains ca , ]' eau de chaux, les boissons alcalines,
avaient calmé la soif et produit quelque amélioration.
Aussi dans ces derniers temps, soit en raison de l'action des caux minérales sur les fonctions assimilatrices,
�- 58-
soit en raison des recherches sur la nature et la guérison du diabète, un grand nombre de malades a été
envoyé aux eaux de Vichy.
Tous y éprouvent en peu de temps une très-grande
amélioration, s'ils prennent les eaux minérales en quantité suffisante; le sucre disparaît peu à peu, puis compiétement des urines; la soif s'apaise, la vision reprend
son intégrité, les forces générales renaissent, la constipation fait place à des selles bilieuses d'abord, puis
régulières, le calme succède au malaise, le sommeil à
l'insomnie. Après quinze ou vingt jours de traitement,
les malades peuvent modifiei' l'alimentation il laquelle
ils sont assujettis, reprendre avec modération l'usage
du pain, des pommes de terre, des féculents, sans voi)'
reparaître le sucro dans les urines.
Ces faits sont constants, ils sont signalés par les malades, par les médecins; seulement ils sont interprétés
de différentes manières: les uns ne veulent voir dans
ceLte amélioration obtenue qu'un résultat de l'action
Lonique, des pl'opl'iéLés excitante que po sèdent presque toutes les eaux minérales SUI' la peau, les sécrétions et les foneLions en général; les autres tout en accordanL l'efficacité de cette excitation, trouvent dans
la composition chimique, dans l'alcalinité des eaux de
Vichy, la véritable cause des modifications heureuses
déterminées dans l'élat des diabétiques.
Dans cette affection, les eaux de Vichy sont donc
�- 59-
acceptées par tous soit comme un adjuvant très-utile,
soit comme un remède spécifique et souverain.
§ - Pour bien démontrer l'importance et la nécessité
du traitement alcalin, il convient de faire succinctement l'exposé des différents travaux qui dans ces derniers temps ont cherché il expliquer l'origine du sucre
dans les urines.
On sDit que toutes matières contenues dans l'urine,
existent déjà formées dans le torrent circulatoire, ct
que devenues inutilisables pOUl' l'économie, elles passent à travers les reins comme à travers un filtre, pour
être expulsées par l'appareil génito-urinaire_
L'existence du sucre dans l'économie à l'état normal, physiologique, est un fait reconnu: cc sucre est
uivant les uns le résultat d'une tranformation des alimenls amylacés; suivant les autres le résnltat d'une
'écrétion du foie.
Il a élé prouvé CJue les aliments amylacé', pour pouvoir être digérés et assimilés, sont tranformés en dextrine ct en glucose ous l'influence d'un ferment spécial
c1écouverL par M. Mialhe, la diastase animale existant
dans le liquides salivaires ct pancréatiques. D'après
M_ Mialhe, cf\LLe transformation s'effectue autant ct
plu par la aLi ve que par le uc pancréatique; d'après MM. Bouchardal et Sandras, ell e n'aurait lieu
que par le suc pancréatique.
De son côté M. Bernard, Cil montrant pal' des expé-
�-
60-
riences sur des animaux vivants, que le foie contient
toujours une quanttté de sucre paraissant indépendante
du genre d'alimentation auquel on a soumis l'animal,
conclut que le foie est l'organe sécréteur du sucre.
Ainsi le sucre, le glucose,' existe normalement dans
l'économie, qu'il vienne du foie comme le veut M. Bernard, ou qu'il soit le résultat de la transformation des
matières féculentes comme le soutient M. Mialhe qui
repousse les idées et conclusions de M. Bernard, et
n'admet le foie que comme organe condensateur -et
nullement comme organe producteur du glucose.
§-
Maintenant comment se fait-il que dans l'état
normal de santé le sucre ou glucose ne se rencontre
jamais dans les sécrétions, ct qu'il disparaisse si rapidement du sang que peu d'heures après son introduction il ne laisse point ~e traCes appréciables? Comment est-il décomposé, détruit pour servir aux besoins
de l'économie?
Ici nous sommes en plein domaine de la chimie;
tous les auteurs, Prout, Dumas, Liebig, etc., ont divisé les aliments destinés à la nourriture des animaux
en trois classes: aliments azotés, végétaux, graisseux.
Les aliments azotés (fibrine, albumine, caséum,
gluten), sont dits aliments plastiques, parce que destinés à l'entrelien et à la réparation des organes de l'économie, ils Ile doivent poinl disparaHre par la combustion intra-viscél'ale; et tout en s'unissant à l'oxy-
�- 61-
gène, en s'oxydant en plus ou moins grande proportion, ils ne prennent qu'une part fort restreinte il la
respiration et à la production de la chaleur animale.
Les al'iments végétaux (amidon, sucre) sont dits
aliments respiratoires, parce que se brûlant presque
entièrement dans leur coniact avec l'oxygène, ils prennent la plus grande part aux phénomènes de respiration et de calorification; phénomènes auxquels viennent
également concourir les aliments gras et huileux.
Or si le produit de l'alimentation végétale, le glucose, qui existe dans l'économie, cesse de s'unir ù
l'oxygène pour servir à la respiration et il la calorification, si devenu corps étranger et inutilisable, il passe
en nature dans les sécrétions, c'est qu'une cause puissante, anormale, empêche sa décomposition: c'est
alors un fait pathologique, suite d'une perturbation
des phénomènes chimiques qui s'accomplissent ordinairement dans l'organisme.
Cette perturbation, M. Mialhe l' explique par le défaut d'alcalinité suffisante dans les humeurs de l'économie animale;
M. Bouchardat, par une modification pathologique
dans la digestion et l'absorption des féculents;
M. Cl. Bemnrd, par une lésion spéciale du système
nerveux;
M. Alvaro Reynoso, par la gêne des phénomènes
respiratoires qui déterminent une combustion incompiète du glucose.
�- 62-
Toutes ces causes peuvent effectivement exercer
plus ou moins d'influence sur l'apparition du sucre
dans les urines; mais l'observation démontre que la
plupart des diabétiques n'ont ni une modification des
fonctions digestives, ni une lésion du système nerveux,
ni une maladie des organes respiratoires au moins
primiti vement, et que, dans tous les cas, les alcalis
déterminent une amélioration incontestable. Or, natUTam mOTboru.m cu.l'aliones ostendunt, et, sous ce
rapport, les faits semblent donner complète raison aux
opinions de M. Mialhe.
§ - Pour M. Mialhe, la transformation des féculents
eu sucre n'est pas un phénomène accidentel, pathologique, propre aux seuls diabétiques; c'est au contmire
un phénomène normal, physiologique, résultaL nécessaire des fonctions digestives, Cette transformation
s'opère exactement de même chez le diabétique et chez
l'homme en santé, ous l'influence de la salive et du
suc pancréatique. ~eulmnt,
chez l'un le glucose est
décomposé en présence des alcalis contenus dans les
humeurs animales, tandis que chez le diabétique, il y
il défaut ct' alcalinité suffisante, el conséquemlncnt point
de décomposition,
Comme causes principales de cette diminution d'alcalinité on doit admettre l'abus de liqueurs acide,
l'alimentation exclu lvemenl azotée cL la suppression
�-
63-
de la transpiration, émonctoire destiné à éliminer les
acides de l'économie.
La nécessité des alcalis pour la décomposition du
glucose est démontrée par des expériences directes en
dehors de l'organisme; chauffé avec la soude, la potasse ou leurs carbonates, le glucose forme des combinaisons qu'on est convenu d'appeler glu cosales,
combinaisons éphémères qui se détruisent presque
aussitôt en donnant lieu à la production de matières
brunes ou noires.
ChauiTé avec des phosphates alcalins, le glucose ne
donne lieu à aucune décomposition, il aucune coloration,
semblables à celles qui s'effectuent en présence des
carbonates; parce que le glucose peut bien déplacer
des acides faibles tels que l'acide carbonique et l'acide
sulfhydrique, mais il ne peut chasser de leurs combinaisons les acides forls tels que l'acide phosphorique,
l'acide sulfurique.
De plus, M. Mialhe a constaté que, conLrairement ci
l'opinion admise par tous les chimistes, le glucose n'a
pal' lui-même aucune affinité poUl' l'oxygène, que seul
il est incapable de décomposer, de réduire cerlains
oxydes mr'!Lalliques; qu'il n'a d'action sur le bioxyde
et les sels de cuivre, soit il froid oit il chaud, qu'autant qu'il est en présence d'alcalis libres ou caI'bonatés, lesquels le transforment en matières ulmique ',
seules propres à absorber l'oxygène et à opérer la ré.
duction.
�-64-
De ces faits chimiques incontestables, il tire les
conclusions suivantes :
Le glucose doit, en dedans comme en dehors de
l'économie, être soumis aux mêmes lois chimiques;
Il ne peut s'unir à l'oxygène qu'après avoir été décomposé, par l'intervention indispensable des alcalis
libres ou carbonatés, en de nouveaux produits: acides
ulmique, formique, glucique, mélassique, qui forment
avec les bases de nouveaux sels;
J~a
combinaison de ces produits avec l'oxygène est
une véritable combustion (comme celle des citrates,
des tartrates, etc.) qui donne lieu à des résultats toujours identiques, eau, acide carbonique, matières ulmiques;
Dans l'organisme, c'est le liquide sanguin qui
fom·nit les éléments de décomposition et de combustion : carbonates alcalins et oxygène; si ces éléments
sont en quantité suffisante, le glucosé se détruit compIétement eL ne laisse aucune trace; s'ils sont en quantité insuffisante, le glucose non assimilé est rejeté par
tous les appareils de sécrétion.
M. Mialhe fait observer qu'en dehors de l' action
spéciale des carbonates alcalins, Lout ce qui favorisera
ou arrêtera les phénomènes générau de combustion
intra-vi cérale, exercera la même influenc sur la de truction du glucose. Sous c rapporL, il reconnaît la
grande part que peuvent avoir à la production du diabèle les altérations du système nerveux indiquées par
�- 65-
M. CI. Bernard, et il est parfaitement d'accord avec
M. Alvaro Reynoso, qui a démoiltré que lorsqu'une
cause quelconque vient il troubler la respü'ation et gêner l'hématose, il y a combustion inpomplète, et par
suite passage d'une plus ou moins grande quantité de
sucre dans les urines. De sor le ql\e tout ce qui activera
la circu lation ct ln respiration (marche, elforts musculaires, air vif eL pur) sera favorable ct indispensable à
la de, truction complèLe du gluco e.
Donc, pour remédier II l'affection diabétique, il faudra replacer l' économie dans les conditions nécessaires
à la décomposition et à la combustion du glucose, en
administrant les caI'bonates alcalins et en activant les
phénomènes de circulation ct de respiration.
§ - Cette théorie de M. Mialhe est, de l'avi mêlTie
de ses contrad icleur , hardie eL ingénieuse; ffi1:tÏb \
disent-ils, elle est renversée pa r U1,1 fait important: c'est
que le . ang des diabétique n'esl, jamais acide ou
neutre, il reste toujours alcalin.
A ceLLe objection, M. Minlhe répond: Si le sang
des diabétiques resLe alcalin, et cependant s'i l est impropre " lu décomposiLion du glu cose, c'est qu'il a une
anomalie particu 1ière d'alcaliniLé.
A l'étal de santé, l'alcalinité du sang est déterminée
par d s carbonates al, alins et un peu par des phos~
phates alea lins; ces derniers, malgré leul' propriété
�-66-
de bleuir le papier rougi de tournesol, ne sont point
admis par les chimistes comme substances véritablement alcalines, et de plus ils sont impropres il dé'composer le glucose.
Or, chez les diabétiques, le sang reste alcalin parce
qu'il est riche en phosphates et pauvre en carbonates,
et la portion d'alcalinité déterminée par les phosphates
est complétement nulle pour la destruction du glucose
qui ne peut s'effectuer qu'en présence des carbonates.
M. Mialhe rapporte que cette opinion a déjà été
émise (on lit dans l'ouvrage de M. Rayer sur les maladies des reins, 1 cr vol., p. 263 : « On .a dit que le
phosphate de chaux était en excès dans le sang des
diabétiques» ), il est persuadé qu'elle sera confirmée
quand on aura pu recueillir une assez grande quantité
de sang diabétique pour en faire l'incinération comparativement au sang normal; et il maintient que le
diabète reconnaît pour cause un vice d'assimilation du
sucre par insuffisance d'alcalinité dans l' économie, ct
par alcalinité il entend les bases alcalines libres ou
carbonatées, et nullement les phosphates alcalins.
§ - Telle est la théorie de M. Mialhe; on ne saurait
se dissimuler qu'elle est très-séduisante et qu'elle repose sur deux faits incontestables : d'une part, la
transformation de la fécule en glucose par la diastase
animale; d'autre part, l'action ct alcalis SUl' la ma-
�- 67-
tière sucrée. Sans doute, on voudrait une démonstration directe du défaut d'alcalinité, ou plus exactement
de !a diminution d'alcalinité du sang; mais on est
obligé de reconnaître que cette théorie conduit à une
thérapeutique vraiment efficace, et qu'elle doit appeler toute l'attention des physiologistes et' des médecins.
Le traitement de M. Mialhe est la conséquence de ses
opinions; pour guérir le diabète on doit s'efforcer de
rétablir l'état normal des humeurs viciées et l'ordre naturel des fonctions assimilatrices, en introduisant dans
l'économie l'nlcali qui fait défaut, et en expulsant les
acides qui prédominent.
Pour remplir la première indication on peut administrer l'eau de chaux, le ca,rbonate d'ammoniaque,
le lait de magnésie, le bi-carbonate de soude, l'eau de
Vichy; ce qu'il importe, c'est de faire parvenir une
quantiLé sufOsante d'alcali dans le sang. Si l' ea u de
Vichy, le bi-carbonate de soude, ont été spécialement
reco .TImandés, c'est qu'ils ont été employés avec le
plus d'av(:l.l1tage.
Pour rétablir la transpiration on mettra en usage les
bains alcalins, les bains de vapeurs, la flanelle, les friction , les sudorifiques, en un mot tout ce qui peut favori el' la sécrétion cutanée et la rendre plu abondante;
en même temps que pal' la marche, les efforts musculaire", on activera la (',il' ulalion Lla r sp iration pour
�-{j8-
déterminer des phénomèmes plus complets de combustion intra-viscérale
Quant il l'alimentation qui peut exerce!' une grande
influence, il faut observer que le régime animal usité
comme c~ratif
de l' affection diabétique, ne constitue
qu'un traitement palliatif, et que ce n'est que par l'emploi simultané des sudorifiques et des préparations alcalines qu'on peut espérer de maîtriser la cause première du mal; aussi les féculents ne doivent pas être
entièrement proscrits, mais seulement réduits de moitié ou du tiers, car il est évident que ce n'est pas la
saccharification de la fécule qui constitue la maladie
elle-même, mais bien la tendance qu'a le sucrc il passer dans le urines sans êLre décomposé, tendance qui
existe quoiqu'on n'introduise plu de matières féculentes dans l'économie.
§ - M. Bouchardat tout en n'admettant pas les
idées de M. lVlialh e, reconnaît que « la diminution
») d'alcalinité du sang chez les diabéllquc doit sans
» contrcdit, avoir pOUl' e11' t de rendre moins rapide
» la destruction du glucose qui parvient dans la cirlation, et que dan certain es conditions de la glu» cosul'Ïe on doit chercher h augmenter l'alcalinité du
sang. ») .Pour a l'ri ver i ce buL, non-seulement il
cons ille l'emploi des eaux de Vichy, mais il cherche
il dOll.ller naissance dans J'économie il LUl • plu. grande
quantité de \)i- arbollate d , oud Cil subsLilllHUl le ci1)
)1
�-
69-
trate et le tartrate de soude au sel commun dans tous
les aliments des di al étiques.
Voici du reste comment il s'exprime, dans son Traité
du Diabète sucré, en 1851, sur l'influence des eaux de
Vichy:
« Dès18Uje pl'escrivaislesalciüins à mesglucosu» riques, et depuis cette époque j'ai tous les ans en) voyé quelques-uns des glucosuriques que je dirigeais
}) passel' unesaison à Vichy. Ainsi avant que M. Mialhe
» ail rien écrit sur cette maladie, je prescrivais les al·» calins aux glucosuriques; je les prescrivais nOll
» comme méthode de traitement exClusive, mais
>l comme un simpl e adjuvant qu'on ne devait pas
» négliger, soit pour faciliter et régulariser la diges» tion, oit pour rendre possible . l'utilisation d'une
» plus grande quantité de féculents, soi,t pour préve}) nif ln formation d'un excès d'acide urique qui suc» cède sOllvent au gluco 8 . »
§ - Ainsi qu'on adopte la théorie de M. Mialbe,
ou qu'on pr6fère les idées de MM. Bouchardat, CI. Bernurd, Durand-Fardel, etc. , qui ne reconnai sent comlU~
résultat du traitement thermal que l' xcitation génél'al, la tonicité particulière développée dans l'économie des diabétiques, il n' n résulte pas moins que de
toutes les caux minérales, les eaux de Vichy étant les
plus chargé 's de principe::; bi- 'urbonatés, constituent
si CP n'm;1 le s ulet vé"itablt: Ll'ilil.l'l1ll'nl de l'ail 'cLion
�-
70-
diabétique, au moins la médication la plus favorable,
celle qui jusqu'à ce jour a présenté les résultats pratiques les plus satisfaisants. Elles possèdent des vertus
toniques tout aussi puissantes que les bains de mer et
les autres eaux minérales, et de plt~
elles ont l'avantage d'ajouter à cette action générale d'excitation,
l'action spécifique qui les caractérise. Par les alcalis
qu'elles introduisent dans le liquide sanguin, elles reconstituent les conditions chimiques nécessaires à la
vie, à la dissolution et à la sécrétion de la bile; elles
rendent la transparence aux humeurs qui sous l'influence des acides avaient pris une apparence laiteuse,
et par suite rendent à la vision sa force et sa clarté;
elles déterminent l'assimilation du glucose et rétablissent ainsi la sDnté; conséquenœ dc l'état normal de
l'organisme.
Des malades diabétiques depuis assez longtemps,
sont revenus de Vichy dans on état d'élmélioration extraordinaire; d'autres chez le quels l'affection commençait, ont été guéris comme par enchantement dans
un espace de temps très-court.
Quelques semaines de séjour et de traitement i:t Vichy suIfisent pour paralyser, faire di paraHre une maladie con, idérée naguère comme Ï11c'UTable et loujOU1'S rno1'lelle; et lors même que la cause première
ne pourrait être complétement détruite, lorsqu'il yaurait néces ité de continuer loin des sources l'usage des
CilUX de Vichy, il faul, convenir qlle la ce saLion des
�-71accidents morbides, la réintégration des forces, le bienêtre, obtenus à l'aide d'un remède qui n'est ni désagréable ni assujettissant, doivent être considérés comme
un incontestable succès et un véritable bienfait.
· ....
.... ....
80CIIITi
.,.e
SCIENCe s ~OICAL&S
OF
·.. r ... .,
--._--
��TABLE DES MATIÈRES.
Vichy . .•..... . .. . ... . . . . . ... .. . ..... .. .. .. .. ..... .... . . . . . ..
Travaux exéc u tés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Sources .. ... ... . . .. . . ........... , ... . .. , . . .. . . . . .. . . . . ... . . ..
An alyse, propriétés cbimiq ues et physiques.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Spécialité des eaux minérales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . '" . .....
Emploi, action générale.... . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Action spécifique, alcalinité des sé!'.rétions.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Influence SUl' l'économie.. ...... ... . .. ... .. .. . .. '. ........... .
Indications et contl'e-indications .. .. . " . .. . . . . . . ..•. . . . .... . . ..
DifTél'ence des sources.. . . . . . . . . . . . . . . .......• . . .. . .. . ........
Gl'ancle gl'ille . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Puits cal'l'é, puits chomel. .. . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Hôpital. . .. . ... . . ...... ... . .. .. .... .. .. . .... . . . ....... . .. .. . .
Lucas et Acacias . . .• . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. . ....
Célestins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Hauteri ve, Bros on .. .. . .... , . .. . . . .... .. . . '" . . . . .. . .. . .. . . ..
Dames, Lardy.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .... . . ...
Nécessité d'une direction médi cale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Régime . . . . .. . .... .. . .. ..... .... . . . .. .. . .. ....... .. . ........
Eaux transportées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
~tud
e pal'ti culi èl' de l'action des ea ux SUI' :
La go utte, le rhum atisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . ... . ..... .. ..
L' albuminurie ... . . , ' " .... . .. '" . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . .. ... . ..
La gl'avelle et les calculs urinaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
t G1'(Ive lle et culculs 'Uriqu es . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • . . . . ..
tt Dépôts pltosplw tiques . . . . . . . . . . .. ... ... ...... . . . . ... . ..
ttt Résllmé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
Lu Diabète sucl·6.. . . ..... . . . . . . . . . . . .. .. . . ....... . .... . .. .. . "
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32
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36
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1,4
55
56
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
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Le Thermalisme
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Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Loèche-les-Bains (Suisse)
Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Vichy
Soultzmatt (Haut-Rhin)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Grillet, Joseph-Hyacinthe
Billout, Alphonse
Bach, Joseph-Auguste (1809-1886)
Béchamp, Antoine (1816-1908)
Kirschleger, Frédéric (1804-1869)
Title
A name given to the resource
Les sources thermales de Loèche au canton du Valais
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie de Calpini-Albertazzi
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1845
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) TH 615.853 GRI
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Crénothérapie – France -- Vichy (Allier) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France -- Soultzmatt (Haut-Rhin) -- 19e siècle
Eaux minérales -- Suisse -- Loèche-les-Bains
Eaux minérales -- France -- Vichy (Allier)
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
VII-207 p. - [1] f. de pl.
application/pdf
Description
An account of the resource
Demi reliure bleue, dos plat, filets dorés, pièce de titre dorée. Titre-auteurs au dos : "Eaux minérales Grillet Billout Bach". Dédicace autographe de l'auteur sur fausse page de titre de "Notice sur les eaux minéro-thermales de Luxeuil" : "A mon honorable confrère le Dr Delarrousse.". "Les sources thermales de Loèche au canton du Valais" contiennent une bibliographie. Relié avec : Notice sur les eaux minéro-thermales de Luxeuil et spécialement sur le bain ferrugineux / par le Dr A. Billout. Paris : Baillière, 1857. - 72 p. ; Des eaux gazeuses alcalines de Soultzmatt (Haut-Rhin) / par le Dr Bach, … Suivi d'Une nouvelle analyse des eaux de Soultzmatt / par M.Béchamp, … Suivi de De la flore des environs de Soultzmatt / par M. Kirschleger, ... Paris : Baillière, 1853 - (VIII-275 p.) ; Notice médicale sur les eaux minérales de Vichy. Paris : Masson, 1854 - 71 p.
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
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Domaine public
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An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Les_sources_thermales_de_Loeche_832584
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Crénothérapie -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France -- Soultzmatt (Haut-Rhin) -- 19e siècle
Crénothérapie – France -- Vichy (Allier) -- 19e siècle
Eaux minérales -- France -- Vichy (Allier)
Eaux minérales -- Suisse -- Loèche-les-Bains
-
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a740f342a396e13f769bc205c71752a0
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NOTICE
SUR LES
EAUX MINÉRO-THERMALES
DE LUXEUIL
ET SPECIALEMENT
SUR LE BAIN FERRUGINEUX
PAR
LE DOCTEUR
DB "ICHT
CHEZ J. B. BAILLIÈRE ,
LIBRAIRE DE L' ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MEDECINE,
Bue Hautefeuille, J.9.
1857
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SUR LES
EAUX MINÉRO-THERMALES
DE LUXEUIL
ET SPECIALEMENT
SUR LE BAIN FERRUGINEUX
PAR
LE DOCTEUR
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CHEZ J. B. BAILLIÈRE ,
LIBRAIRE DE L' ACADÉMIE IMPÉRIALE DE MEDECINE,
Bue Hautefeuille, J.9.
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�NOTICE
SUR
IJES EAUX ~nNRO-TUEI1ALS
DE LUXEUIL.
Parmi les nombreux établissements d'eaux minéroil en est quelquesthermales que possède la ~rance,
uns qui, tout en offrant à la thérapeutique les ressources les plus nombreuses et les plus réelles, sont
cependant moins fréquentés par les malades. La
cause de cetle sorte de discrédit est évidemment dans
l'oubli où ces établissements sont laissés par les médecins, auxquels leurs nombreuses occupations ne
permetlent · pas d'aller s'assurer par eux-mêmes de la
valeur de telles ou telles eaùx; et comme ils ne sont
pas d'ailleurs éd ifiés sur cette valeur réelle, ils privent nécessairement leurs malades d'un moyen de
traitemen t souvent si efficace.
Ces réflexions me sont venues naturellement à
l'esprit pendant le séjour que j'ai fait ail magnifique
établissement de Luxeuil. Je crois rendre un véritable service à la thérapeutique des eaux minérales,
1
�~
NOTICE SUn. LES EAUX I\UNÉRO-THERMALES
en publiant une description succincte, mais exacte, de
cet établissement, et des améliorations qu'il subit en
ce moment sous l'habile direction de M. François , ingénieur des mines, cllargé du service des eaux thermales de France.
Le travail que j'offre à mes confrères comprendra
une esquisse topographique de Luxeuil, la description
de l'établissement thermal, l'analyse des différentes
sources qui l'alimentent et enfin quelques réflexions
sur leur action thérapeutique.
�DR LUXEUIL.
3
CHAPITRE PREMIER.
Esquisse topogruplaique de Luxeuil.
Le cadre que je me suis tracé pour ce travail ne
me permet pas de m'étendre longuement sur la description de Luxeuil ancien et moderne, sur les monuments nombreux que cette ville. renferme, sur les
vicissitudes historiqu es dont elle a été le théâtre; je
crois cependant utile de dire quelques mots de la ville
que doivent habiter les malades, qui viendront demander la santé aux eaux minéro-thermales de
Luxeuil.
1 Luxeuil ancien.
0
Les peuples anciens, souvent plus sages que nous,
croyaient sincèrement à la vertu des eaux minérales;
ils avaient su les rechercher partout, et enfermer
dans un cercle de constructions ces précieux moyens
de guérison. De là l'origine de plusieurs villes. De là
sans doute aussi l'origine de Luxeuil qui se perd dans
la nuit des temps. Une inscription trouvée le 25 juilleti 755, dans des fouilles faites aux bains, nous donne
une preuve authentique de l'existence de Luxeuil,
58 ans avant Jésus- Chrjst.
Voici cette inscription:
LIXOVlT THERM.
REPAR. LABlENVS.
IVSS.
C. IVL. CAES.
niP.
�4
NOTICE SUR LES EAUX l\HNÉRO-THERMALES
Elle se traduit ainsi : Lixovii thermas reparavit
Labienus, Jussu Caii Julii Cœsal'is imperatoris : il est
donc constant que Labienus lieutenant de César fut
chargé par lui de réparer les thermes de Lixovium,
Luxeuil.
Une autre inscription conservée comme la première, et qui décore comme elle le nouveau péristyle
de l'établissement, nous apprend l'existence d'un
temple voué à Bricia, lu déesse tutélaire de Luxeuil;
sans doute cette divinité n'était autre chose que le
Brellchin, rivière limpide et poissonneuse que la
vénération des Romains avait entourée d'un culte
particulier.
Une foule d'autres inscriptions, de médailles, de
restes de monuments consacre d'une manière authentique l'antiquité de la ville appelée tour à tour
Lixovium, Luxovium, Lixvi, Lllxeu et enun Luxeuil.
Ce que les Gaulois et les Romains avaient établi à
tant de frais devait être détruit par les barbares, et
plus tard encore par les chrétiens peu jaloux de la
santé et ùes boins du corps. Sur les ruines laissées
par AUila, saint Colomban vint fonder un monastère
qui acquit bientôt une grande réputalion et devint
une des plus riches abbayes de l'époque. C'est à la
tête ùe celle abbaye que vécut saint Valbert dont Je
promeneurs vont encore aujourd'hui visiler l'ermitage à pen de distance de Luxeuil.
Vendant ce temps, les thermes avaient été compléleOl<?nt oubliés, et à leur place s'étendaient comme
un marais ct des étangs presque pestilentiels; ce ne
fut qu'en 1768, qu'ils furent rétablis aux frais de la
ville ainsi que l'indiqlle l'inscription placée sur le
fronlon du bâli men t.
�DE LUXEUIL.
5
2· Luxeuil moderne.
La ville de Luxeuil est si.tuée à l'extré mité d'une
plaine délicieuse arrosé e par les deux rivières de la
Lante rne et du Breuc hin; elle est adossée au nord
au pied des monta gnes des Vosges, qui la protégent contre les venls froids si funestes aux malades, mais elle s'étend d'un autre côté au mi.lieu
d'une campa gne très-la rge, pleine d'air et de lumière. Je ne saurai s trop insiste r sur cette position géograpbique si rare pour les villes où l'on
rencon tre d'impo rtante s eaux minér ales. Sans vouloir
en effet citer ici tel ou tel établis semen t, je ne puis
m'emp êcher de fairc> remar quer que souve nt les malades qui vont deman der lu santé ilUX eaux minér ales,
trouve nt un empêc hemen t réel dans la position géographi que des villes qui les renfer ment. Assurément
la vue des monta gnes élevées. entour ées de dangereux précipices est un spectacle bien digne de curiosité, mais n'oubl ions pas que nons avons affaire d'abord à des malades qui se lrouve ront quelquefois
bien malhe nreux s'ils ne peuve nt trouve r une prome nade agréable qu'au prix d'une ascension pénibl e; à
Luxeuil au contra ire, les prome nades, quoiqu e très
pittoresques, sont d'un abord facile ; plusie urs sont
située s aux portes même de la ville. Les malades à
qui la march e est pénible peuve nt donc, sans trop de
fatigu e, se livrer à un exercice souve nt si utile pour
les baigne urs. Ajoutons que les rues sont larges et
très-aé rées, surtou t celle qui est la plus rappro chée
de l'établ issem ent et qu'on nomm e faubourg des Romains.
On trouve dans Luxeuil un grand nombr e de constructi ons très remar quabl es: une des plus curieu ses
�6
NonCE
sun
LES EAUX MINÉRO-THERMALES
est l'ancienne habitation du cardinal Jean Jouffroy,
ministre de Louis XI. Plusieurs écrivains et artistes
célèbres ont décrit cette maison; pendant la visi te
. que l'Empereur a faile cette année à Luxeuil, des ordres ont été donnés pour qu'elle fût respectée et entretenue par des mains habiles. Les étrangers visitent aussi avec grand plaisir une autre maison située
en face de celle don t nous venons de parler, et dont
l'architecture remonte aussi au quinzième siècle.
A un de ses angles est une tourelle on ne peut plus
curieuse et admirablement respectée par le temps.
Nous citerons encore l'église paroissiale, qui appartenai t a utrefois à l'abbaye; les ruines très curieuses
du cloître remonlant au huitième siècle; une maison
très remarquable dans le style de la renaissance, et
enfin un grand nombre de construclions particulières
qui font de cette ville une des plus remarquables de
France, au point de vue de l'antiquité historique.
C'est surtout dans le quartier le plus rapproché de
l'établissement et qu'on appelle le faubourg des Romains, que se trouvent les maisons destinées à loger
les baigneurs, ainsi que de très beaux hôtels, tels que
celui du Lion Vert et du Lion d'Or, où l'on rencontre
tout le confortable et le luxe hygiénique si nécessaires
aux malades.
Ce quartier est séparé de l'établissement par une
large avenue longue de 200 pas environ, bordée de
maisons parfai tement bâties, et olTrant aussi aux baignems des logemen ls commoùes et agréables . En face
de la grille des bains est le salon où l'on tr~uve
salles
de billard, de jeu, de conversation, grand salon de
danse; remarquons, en passant, que l'escalier qui
conduit au premier étage est très peu élevé, et d'une
ascension on ne peut plus facile. Les fenêtres don-
�DE LUXEUIL.
7
nent d'un côté sur une campagne très étendue, et de
l'autre sur le magnifique jardin de l'établissement.
IJa vie matérielle est peu coùteuse à Luxeuil. Les
appartements sont on ne peut plus confortables, et le
service des tables d'hôte ne laisse rien à désirer.
On a rêproché aux habitants de Luxeuil de n'avoir
point fait tout ce qu'i 1 fallait pour la prospérité de
leur établissement; déjà, disaiL M. le docteur Revillout, à l'époque où il écrivait son livre (1.838), • il
n'en est plus de même aujourd'hui, tout le monde rivalise d'ardeur, et bientôt une nouvelle ère s'ouvrira
pour cette ville si riche en souvenirs, si belle par le
sol qui l'entoure.
Assurément je dirai aussi que les habitants de
Luxeuil, sont d'un commerce très agréable, qu'ils
reçoivent les étrangers avec les plus grandes prévenances, la plus grande affabilité; je crains cependant
qu'ils ne comprennent pas encore assez qu'ils doivent
s'efIaccr entièrement devant les étrangers, qui viennent pendant quelques mois de l'année apporter à
leur ville une prospérité réelle. Mais aujourd'hui que
l'État, en propriétaire -habile et jaloux de la santé
publique, n'a pas craint de faire des dépenses considérables pour rendre cet établissement un des plus
importants de France, les habitants de Luxeuil ne
reculeront devant aucun sacrifice pour rendre à
leurs bains leur ancienne réputation plus que ja....
mais méritée.
)1
�8
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
CHAPITRE II.
Éttl,blissemellt tbermal.
Avant de décrire l'établissement thermal de J... uxeuil, je commencerai par combattre deux griefs qui
semblent au premier abord très importanls, et qui
ont attiré et attirent encore d'injustes critiques à cet
établissement.
Avant que je vinsse à Luxeuil, j'avais entendu répéter que le bâtiment des bains est très éloigné de la
ville, puis, ce qui est bien pIns grave encore, que
chaque matin et chaque so ir, il est entouré d'un brouillard Lrès épais causé et entretenu par une triple allée
de magnifiques platanes, au milieu desquels il se
trouve situé: je tiens à faire enfin bonne justice de
ces brui ts qu'ou ne saurait trop démentir.
Assurément l'établissement thermal est éloigné de
l'extrémité sud de la ville, mais je l'ai dit déjà et je le
répète, il n'est pas distant de plus de 200 pas de cette
partie de la ville la plus belle, la plus aérée qu'on appelle le faubourg des Romains et où sont situés, je
le dis encore une fois, les maisons et les hôtels destinés à loger les baigneurs. De plus encore, en: face
de' la grille du bâliment ùes bains, des deux côtés du
grand salon, se trouvent plusieurs maisons disposées
pour recevoir les malades, et un emplacement considérable pour en conslruire de nouvelles. Disons donc
et répétons-le bien haut: l'établissement lhermal de
Luxeuil n'est pas éloigné de la ville. Examinons main-
�DE LUXEUIL.
tenant s'il y a avantage réel à ce que le bâtiment des
bains soit construit dans le cenlre même des habitations et entouré de maisons qui bornent de tous côtés
l'air et l'espace; non assurément, et]a légère distance
qui sépare l'éLablissement dont nous nous occnpons
de l'intérieur de la ville, nous paraît être plutôt un
avantage qu'un inconvénient réel.
Quant à la seconde accusaLion, elle est encore
moins fondée que la première; à nne certaine époque
en effet le bâtiment des bains était entouré de grands
arbres, qui pouvaient enlretenir ce broumard humide qui n'exi5te plus aujourd'hui; l'administraLion
en a compris la cause, et a fait abattre l'allée d'arbres
située au nord de l'établissement, pour la remplacer
par un jardin anglais vaste et très-aéré.
L'établissement thermal de Luxeuil, est sans con~
tredit un des plus beaux qui exisLent en France. Le
bâtiment qui renfel'me les bains et les diŒérentes
sources est situé au milieu d'un magnifique jarùin,
précédé d'une cour grandiose dans laquelle on pénètre par une grille magnit1que, ornée d'un élégant
portail. Ce bâtimenl se divise en trois ailes principales
qui contiennent, en commençant par la gauche: le
logement du concierge, le cabinet du médecin inspecteur ct le bureau du régisseur des bains, le bain
des Bénédictins, le bain des Dames, le bain des Fleurs,
le bain Gradué, un salon d'alten te, le grand Bain, la
salle Neuve, la turbine, le bain des Cuvelles qui, recouvert depuis quelques années, sert de péristyle au bain
fen'ugineux situé derrière lui, la lingerie, les cabinets
de douches ascendantes et enflO le bain des Capucins.
1 Bain des Bénédictins.
0
Ce bain contient un bassin ou piscine dans lequel
�10
NOTICE SUR LES EAUX l\HNÉRO-THERMALES
25 personnes peuvent se baigner à l'aise; on,y trouve
des vestiaires très vastes et très bien éclairés, l'eau.
de ce bassin comme celle de toutes les piscines de
Luxeuil, se renouvelle continuellement, avantage fort
rare dans les établissements thermaux; il est alimenté par deux sources dont la température réunie
est de 3ft. à 35° centigrades.
2° Bain des Dames.
Le bain des Dames sert à alimenter les cabinets
de doucbes descendantes et ascendantes qui se trouvent dans celle salle, les baignoires du bain des
fleurs, et une grande partie de celles du bain gradué. La source du bain des Dames la plus minéralisée de l'établissement jaillit d'une borne élevée
au milieu du' bassin dans lequel on ne se baigne
plus aujourd'hui, sans doute à cause de sa température élevée qui est de 37° Réaumur. L'administration comprendra, nous l'espérons, qu'elle prive
ainsi les malades d'une ressource puissante, et rétablira la piscine du bain des Dames; il est des cas en
eITet duns lesquels les bains à haute température
peuvent rendre de très grands services aux malades.
M. le docteur Turck ùe Plombières, m'a dit avoi,ç
souvent retiré de granùs avantages de l'emploi de ces
bains très chauùs, pourvu toulefois qu'ils soi nt administrés sous la surveillance du médecin. Espérons
donc que celle ressource si importante sera bientôt
rendue ù l'établissement dont nous nous occupons . .
La quan Li lé considérable de gaz azote pur, qui se
dégage de la sOIl~ce
du buin des Dames a fait songer
à l'employer dans cerlaines a[ections de l'utérus;
nous n'avons pas vu d'observation bien concluante en
faveur de ce mode de traitement.
�DE LUXEUlL.
3° Bain des Fleurs.
Nous ne décrirons pas en détail le bain des Fleurs
tel qu'il existe aujourd'hui, car il doit ê.lre entière ment reconstruit celte année, d'après les nouveaux
plans de l'ingénieur, M. François. Ce bain renferme
une source d'eau gélatineuse qui n'a point été utilisée j l1sql1' à ce jour. Cette sou l'ce fournit 9000 li tres
en 2a heures, elle pourrait donc parfui temen t alimenter des buigooires, daos lesquelles on créerait
comme dans le bain ferrugineux des douches vaginales et des douches à la tivoli.
aO Bain Gradué.
On est vraiment saisi d'admiration en pénétrant
dans la salle du bain Gradué. Celte salle, en effet,
est d'une arclütecture remarquable. Le bassin destiné aux baigneurs se divise en quatre compartiments, qui avaient autrefois chacun une température
diITérente, 26, 27, 28 et 29 degrés Réaumur. Je me
demande pourquoi l'on a jugé à propos de ne plus lui
en conserver que deux, 27 et 29. Il serait, selon nous,
très bon de ne pas se priver ainsi gratllitement de
ressources quelquefois fort importantes.
Autour du bllssin sont douze cabinets de bain et de
très beaux vestiaires pavés en asphalle et ornés de
vasles cbeminées. Trois de cescabinels sont alimentés
par l'eau du bain des dames, et peuvent aussi servir à
des bains de haute température. Les cabinets du bain
Gradué ne ren[crmen t pus d'a ppareils de douches: il serait extrêlnement facile d'en établi r, à très peu de frais.
Dans tou le la longueur du bâtimen t qui renferme
le bain des fleurs el le bain Gradué, règne une vaste
galerie, où les baigneurs se promènent en cas de mau-
�i2
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THIlRMALES
vais temps. Cette galerie, qui s'ouvre sur la cour par
de vastes arcades, doit être vitrée dans toute sa longueur, et chauffée par un réservoir d'eau chaude placé
sous le sol.
5° Grand bain.
Le bassin du grand bain est recouvert par des
dalles; il est formé de deux sources, qui fournissent 50,000 litres d'eau en 24 heures. Cette eau
est montée, au moyen d'une turbine, dans des réservoirs qui alimenten t des a ppareils de douches et
quelques cabinets de bain très confortables, dans lesquels nous avons remarqué des baignoires entourées
de rideaux, luxe inusité dans la plupart des établissements thermaux. Les murs de ces cabinets doivent
être très prochainement recouverts de faïence blanche. On s'occupe de construire dans le grand bain des
cabinets d'inhalation et des appareils de douches à
haute pression.
6° Salle neuve.
La salle neuve n'est qu'une dépendance du grand
bain. C'est dans cette salle que l'on trouve les appareils de bains de vapeur, trop peu nombreux, et
qui ne sont ni beaux ni commodes. Elle renferme
aussi un cabinet de douche écossaise. Sans nul
doute, l'administration comprendra qu'il ya là une
lacune importante, qui devra être très prochainement
comblée.
7° Bain des Cuvettes.
Comme nous l'avons dit tout à l'heure, ce bain est
aujourd'hui recouvert de dalles, et précède la nouvelle construction si im[ ortanle qui renferme le bain
ferrugineux et dont nous allons nous occuper en détail.
�DE LUXEUIL.
13
8· Bain (errugineux.
Au milieu du bâtiment principal de l'établissement thermal de Luxeuil s'élève upe construction
nouvelle, destinée au bain ferrugineux. Elle se compose d'une salle oblongue, décorée avec luxe et
élégance, qui se termine par deux autres petites
salles en forme de rotonde, qui con tiennent chacune une petite piscine ou bain de famille, et un
vestiaire. En entrant dans le bain ferrugineux, on
trouve de chaque côté une élégante fontaine destinée
aux buveurs. Cene de droite contient l'eau ferrugineuse; celle de gauche, l'eau provenant du bain des
cuvettes, sur la nature de laquelle nous reviendrons
plus tard. Neuf cabinets son t disposés dans la longueur du bain ferrugineux. Je ne saurais trop insister
sur le confortable et le luxe de ces cabinets, qui rappellent les plus élégants établissements parisiens.
Chacun d'eux renferme une baignoire en granit rose
des Vosges, enfoncée dans. le sol, et dans le fond de
laquelle on a disposé un üppareil très commode pour
les injections vaginules. C'est aussi par un orifice ouvert duns le fond que l'eau fèrrugineuse arrive dans
ces baignoires; par ce moyen il n'y a aucune déperdition de gaz. M. le docteur Constantin James remarque avec raison, en parlunt des baignoires de
Néris, où le même système est adopté, que l'eau qui
y arrive a perdu les gaz qu'elle peut contenir pendant
son séjour daos lf:.s bassins de réfrigération. Il n'en
est pas de m~e
ici, car nOLlS verrons tout à l'beure
que l'eau de la source ferrugineuse arrive dans la baignoire sans perdre ni sa chaleur ni les gaz qu'elle peut
contenir.
Avantla construction du bain ferrugineux, el avant
�i4
NATICE SUR LES EAUX MINÉRO-TBERMALES
la découverte elle captage des nouvelles sources, l'eau
ferrugineuse alimentait quutre baignoires du bain des
Capucins, dont nous parlerons Lout à l'heure. Cette
eau se trouve mélangée à des eaux étrangères, et Sil
température n'était que de 15 à 1.6 degrés centigrades: il était donc complétemeni- impossible de
donner des bains à une température aussi basse et
avec une eau dont le volume augmentait selon que
le temps était sec ou pluvieux. Pour obvier à ce
manque de calorique, on échauffait l'eau ferrugineuse
en lui faisant traverser une série de serpentins placés
au milieu de l'eau du bain des cuvettes, à li5 degrés.
Aujourd'hui c~ système de chauffage a été complétement abandonné. Les nouvelles fouilles dirigées par
l'ingénieur, M. François, ontamené ladécollverte des
véritables sources ferrugineuses, à 80 ou 100 mètres
du bâtiment principal. La température de cette eau,
prise à la source, est de 28 à 29 degrés. Cette source
est parfaitement captée dans un vaste réservoir de 50
à 60)000 litres, pouvant se remplir dans les vingtquatre heures. Du bassin l'eau est amenée dans le
bain ferrugineux par des conduits en terre cuite vernissés et complétement isolés, pour éviter la déperdition de la chaleur; elle arrive à une température de
25 à 26 degrés dans les baignoires, qui reposent ellesmêmes sur une galerie échauffée par l'eau du grand
bain, et conserve aiusi une chaleur suffisante pour le
service des bains el des piscines.
Le bain ferrugineux, tel que nous venons de le décrire, est évidemment construit (lans les conditions
les plus favorables; nous lui reprocherons cepen(lant
un seul inconvénient, la trop petite quantité de ses
baignoires, qui, celle année déjà, suffisaient à peine
au nombre toujours croissant des baigneurs. Cet in-
�DE LUXEUIL.
15
convénient a été prévu par l'ad.m inistration, qui s'occupe en ce moment d'établir, à l'extrémité du bain
ferrugineux, une nouvelle salle circulaire, contenant
douze cabinets semblables àceux qui existent aujourd'hui. Cette salle sera disposée pour recevoir des baigneurs à l'ouverture de la saison prochaine.
9· Douches ascendantes.
Près de la lingerie, dont nous n'avons point à 110US
occuper, et du bain des Capucins, sont placés les
cabinets de doucbes ascendantes. La galerie clans
laquelle ils sont situés se trouve presque complétement isolée. Chacun de ces cabinets est parfaitement
éclairé; un courant d'eau circule au-dessous des
appareils de douches. Ce bâtiment, en un mot, réunit
toutes les condi lions nécessaires si souvent négligées
dans cette pariie des établissements thermaux.
10· Bain des Capucins.
Ce bain renferme deux bassins séparés par une
cloison en pierre, et destinés aux baigneurs des deux
sexes. La température de l'eHu qui les alimente est de
29 degrés Réaumur. Chacun de ces compartiments
peut contenir environ quinze personnes. Les vestiaires sont très vastes et parfai lemen t éclairés; ils
sont ornés de grandes cheminées, surmontées de
très belles glaces. Leur sol doit être très prochainement recouvert en bitume. Aux quatre angles de la
salle sont des cabinets ùestinés auLrefois aux bains
ferrugineux.
Nous avons dit que la piscine du bain des Capucins est diVisée en deux compartiments, dont l'un est
destiné aux femmes, et l'autre aux hommes. Assurément, c'est là une grande amélioration, dont il fau-
�16
NOTICE SUR LES EAUX l\IINÊRO-THERl'tfALES
drait se contenter s'il n'était pas possible de faire mieux
encore. Mais nous savons qu'il existe à Luxeuil une
autre piscine très vaste, celle des bains des Bénédictins, située à l'autre extrémité du bâtiment. Ne seraitil donc pas possible d'affecter l'une de ces piscines au
service des femmes, et l'autre à celui des hommes?
M. le docteur Constanlin James, dans son intéressant
ouvrage sur les eaux minérales, dit, en parlant de
Luxeuil: « Il y aurait bien quelque chose à dire sur
{( l'usage où l'on est encore de se baigner pèle-mêle,
« hommes et femmes, dans .les mêmes bassins. (Il
« paraît qu'à l'époCJue où écrivait M. James la sépa« raLion du bain des Capucins n'existait pas encore.)
« Mais ce sont presque toutes personnes de l'endroit,
(\ surtout de la campagne; puis les choses se passent
«( avec une telle convenance, une telle réserve, et,
{( qu'on me pardonne l'ex pression, tous ces malades
« avaient de si bonn es figures, que je n'ai été nulle( ment choqué de ces bains pris en commun. » Nous
accordons très volontiers à M. James que les choses
se pussent avec convenance, que les baigneurs des
piscines de Luxeu il ont de très bonnes figur es; mais
nous n'admettons pas que ce soient presque toutes personnes de l'endroit, snrlmtt de la campagne. Et quand
encore cela serait, la raison ne nous paraît pas suffisanle pour auloriser ce mélange des deux sexes. On a
dit aussi que les bains enpi cinedistincte pour chaque
gexe n'ont pas toulle piquant des bains en commun;
qu'on y rencontre moins d'a ni mû lion , moins de gaîté.
Nous avons passé une saison aux bains de Néris, où
chacune des piscines est parfaitement dislincte, et
nous avons remarqllé un entrain, un abandon qui
nous paraissaienl complélemC'ot incompatibles avec
le mélange des deux sexes. Revenons aux bains des
�DE LUXEUIL.
17
Capucins, et espérons que l'administration sera .de
notre avis, et affectera l'une des piscines au serVIce
des femmes, tandis que l'autre sera réservée pour les
hommes.
Il n'existe pas d'appareils de douches dans le bain
des Capucins, mais il serait on ne peut plus facile
d'en établir dans les cabinets dont nous avons parlé,
qui étaient autrefois destinés aux bains ferrugineux.'
1..1 Som'ces de l'établissement thermal.
0
Les sources que l'on trouve dans l'établissement
thermal sont au nombre de onze; sept sont situées,
comme nous l'avons dit déjà, dans le bâtiment des
bains; ce sont: la sourCB des Bénédictins, la source
des Dames, la source gélatineuse située dans un des
angles du bain des Fleurs, la source du bain Gradué,
la source du grand Bain, la SOUTce des Cuvettes, la
SOU1'(';e du bain des Capucins . A 100 mèlres environ
au nord du bâtiment se trouven t les sources ferrugineuses. La plus abondante, qui est aujourd'hui captée, et dont nous avons parlé il propos du bain ferrugineux, donne environ 50 à 60,000 litres d'eau
dans les vingt-quatre heures, et peut, par conséquent, parfaitement suffire à l'augmentation du nombre de baignoires dont on s'occupe en ce moment.
La seconde, située à 60 mètres environ du bâtiment,
n'est pas encore entièrement captée; elle contient
plus de fer que la première, mais sa température
est beaucoup plus basse, et elle ne fournit que 7 à
8,000 litres duns les vingt-quatre heures.
EnGn on trouve encore au nord-ouest: la sont'ce
d'Ilygie ou Savonneuse, destinée aux buveurs, et la
Fontaine des Yeux, li. laquelle la tradition populaire
attache une vertu fameuse pour la guérison des mas
�18
NOTICE SUR LES EAUX M[~Él\O-THEALS
ladies des yeux; elle est située au milieu de la grande
cour d'entrée, en face du péristyle.
Je ne parlerai que pour mémoire d'une petite fontaine située aussi dans la cour, connue sous le nom
de Fontaine des Abeilles. On raconte qu'une épidémie ,.
de dyssenterie ayant sévi en 1719 sur la ville et les
environs, l'eau de cette fontaine fit de tels prodiges
de guérison, l'affluence des buveurs y devint si grande,
qu'on fut obligé d'y envoyer des gardes pour maintenir }' ordre.
1.2° Salon des bains.
Le salon des bains n'appartenant pas à l'État
comme l'établissement thermal, a été décrit plus
haut à propos de la notice sur la ville de Luxeuil.
Nous avons parlé sommairement des différentes
parties qui composent l'établissement thermal de
Luxeuil, nous n'avons pas besoin d'ajouter que les
baigneur~
y trouvent un service empressé et confortable sous la surveillance habile du régisseur
M. Dejean.
�19
DB LUXEUIL.
CHAPITRE III.
ft
A.nal)'se
des sources.
Les différentes sources qui alimentent l'établissement de Luxeuil ont été depuis longtemps l'objet
d'analyses importantes. En l'an VIII, Pierson, pharmacien à Épinal, parait avoir le premier reconnu la
nature alcaline de ces sources. Vauquelin s'occupa
plus tard de l'analyse de la source du grand bain. En
1.823, M. Longchamp publia dans les Annales de chimie et de physique l'analyse de l'eau de la source ferrugineuse. Plus récemment, en 1837, sur la demande
de M. Desgranges, maire de Luxeuil, et de M. Je docteur Revillout, médecin inspecteur, M. Braconnot de
Nancy, correspondant de l'Instltut, fit une analyse
complète des eaux de Luxeuil; plus tard encore,
M. le professeur Chevallier signala la présence de
l'acide arsénieux, confirmée par les expériences précises de M. le docteur Chapelain, médecin inspecteur actuel. Tout dernièrement enfin, M. le docteur
O. Henry fils a présenté à la Société d'hydrologie une
note sur la composition de certains dépôts qu'abandonnent les eaux minérales de Luxeuil. Nous nO\1S
occuperons d'abord du travail de M. Braconnot, pour
revenir ensuite à celui de M. O. Henry, auquel nous
attachons une très grande importance.
Sans entrer ici dans tous les détuils analytiques
consignés par M. Braconnot dans les Annales de chimie et de physique (l'" série, t. XVlll) , nous nous borne-
�20
NOTiCE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
rons à reproduire le table~u
synoptique des proportions des substances contenues dans un litre de l'eau
de chacune des neuf sources.
M.le docteur Chapelain, dans son Traité sur Luxeuil
el ses bains, reproduit ce tableau en y faisant figurer
les différentes sources d'après leur degré de minéralisation; nous adopterons aussi cet ordre, qui nous
paraît préférable à celui qu'a suivi M. Braconnot.
TABLEAU.
�nO
I)t
lq
ue
1
1~
1
; 1'
~ 1:
;
., ..
g.;il .
g
0,0012
0,0030
0,5797
J 0,3754
46
Bain des Cuvelles...
Bain des Capucins .. 39
7
8
9 Eau savonneuse.. . . . 30 10, f098
0,Of52
0,6376 10,02f 1 0,1224 1°,0391
j
Source moins chaude
du bain gl'adué . .. 36
6
i
0,0970 J 0,0050
0,0795 1°,0160
0,H45 1°,0282
1
i0,0031
0,0580
0,0340
0,01-51
0,0660
0,0571
0,0033
0,0659
i 0,0030
0,0025
j
,0845
1,1130
J,f 349
f ,f 649
l 'itred 'eau
'- -
animale.
0,0018
0,0030
0,0019
Traces. 0,0004
0,0017
0,0020
0,0029
0,96 16
0,0024
0 ,275 :1
0,568 1
0,0022 ·0,8(512
0 ,0024
0,0250 /Traces.
0,0450
0,0504
0,0771
0,0028 1°,0022 10,0622 10,0025 10,977:1
1
1 RÉSIDU
fhe
1 pour un
IU.TIÈRB j
1
0,0034 / 0,075f 1°,0028
0,0240 , 0,0020 10,0805
0,0850 J 0,0030
0,0785
SILles.
so urces de LtlIe uil .
0,0825 / 0,0040
1
e~
oxyde 1
de fer,
oxyde de
manganèse
"LUlIINB' ,
0,02400,0020
MAGNBS IB.
d
/- -/-
1 chaul. i
de
0, Il 68 ; 0,0321 10,0671
0,6694
1
0,0436
Eau du cabinet no 7
du barn gradué . . , 36
0,0220
0,0457
0,1468 1°,0355
1
0,f499
5
1
Source chaude du
bain gradué .. • . '.' 37 1° .7053
-
soude.
de
C).R"BON.1TB CJ.BBONA.TE
0,f529 1°,0473 10,0600
soude.
de
SULi'j,TE
0,0239 10, f442
0,0239
3 1Grand bain .... . . ... 1 56 , 0,7471
1
0,0200
2 1 Bain des Bénédictins. 1 45 ' 0,7564
4
0,0215
potassium.
de
CHLORURE
0,7707
sodium.
de
ClILOROBB
des s u bsta uces co ntenues tla us 1000 grammes cie c h a c une
·· ·i1 47
NOMS DES SOURCES.
~y
1BaindesDames ..
1-1
1
1
Tableau
1:>$
-
t=
c:
t"l
~
c:
t'"'
t;j
t'Il
�22
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
En jetant les yeux sur ce tableau, dit M. Bracon«( not, on peut en déduire plusieurs faits remarquables
«( qui serviront à diriger l'emploi des eaux thermales
«( de Luxeuil dans les diverses maladies auxquelles on
« les destine.
« 1° On remarquera que les sources nO' 1, 2, 3 et lJ.
« ont sensiblement la même composition, par les pro«( portions des éléments qui les constituent, car les
« légères différences qu'on y observe ne sont vraisem«( blablement dues qu'à des erreurs de manipulation
« qu'il est impossible d'éviLer dans ces sortes de re« cherches. On peut donc conclure que ces quatre
c( premières sources proviennent du même réservoir
« souterrain ou centre minéralisateur;
« 2 Que les sources nOS 5, 6 et 7, quoique prove« nant aussi de la même nappe d'eau, ont rencontré
« accidentellement dans leur trujet des fllels d'eau
« pure qui ont altéré leur constitution originelle;
« 3° Que, dans la source n° 8, cette altération est
« beaucoup plus marquée;
«( lJ.0 Enfin, que la source n° 9 est tel1ement appau« vrie par son mélange avec l'eau pure, qu'elle peut
C( ètl'e comprise parmi
les eaux des sources ordi("( naires. »)
De plusieurs sources, et surtout de celle du bain
des Dames, se dégage une q uan tité considérable de
gaz, que M. le docteur Revillout avait tout d'abord
considéré comme du gaz azote pur; M. Braconnot, en
faisant son analyse, avait supposé que ce gaz était de
l'acide carboniqlle, mais il a bientôt reconnu que
c'est en erret de l'azote. Voici, du reste, l'explication
qu'il donne de la proùuction de ce gaz: ( On sait, dit
« M. Braconnot, que les nuages qui se rassemblent de
« préférence aulOllr des sommets les plus élevés, y
c(
f
u
�DE LUXEUlL.
23
« déposent de la pluie, dont une partie se rasemb~
«
à leur surface pour former des ruisseaux, tandIS
« qu'une autre partie de cette eau filtre à travers les
fissnres des montagnes, et pénèlre quelquefois à
une profondeur extrêmement considérable, où elle
« est échauffée par la chaleur que l'on suppose croisc( sante avec la profondeur. Arrivée au réservoir où
« s'opère la minéralisation, elle se sature des sub« stances qui sont en contact avec elle, et, comme
« parmi ces substances se trouve du protoxyde de fer,
« puisque nous avons reconnu que toutes les eaux de
c( Luxeuil en contiennent une petite quantité, celui-ci
«s'empare de l'oxygène que cette eau retient en dis« solution; d'où il résulte que l'azote seul qu'elle re« tenait aussi s'en sépare sous forme de bulles plus
c( ou moins grosses, à mesure que l'eau approche de
« la source et que la pression diminue. ))
c(
c(
En faisant la description des différents bains de l'établissement thermal, nous avons omis à dessein un
fait qui trouve tout naturellement ici sa place. Les eaux
de Luxeuil déposent sur Les parois des bassins qui les
renferment une substance noirâtre, douce au toucher
qui se détacbe très facilement; cette substance est
d'autant plus abondanle et d'autant plus foncée qu'elle
provient de sources pLus minéralisées. Ainsi on la
rencontre en grande nbondance et presque noire sur
les parois du bassin du bain des Dames. M. BraconDot a aussi analysé ces différents dépôts, et y a constaté la présence d'une très grande quantité de peroxydc demanganèse, 70 centigrammes sur2 grammes.
M. le doctcur Chapelain, sans faire une analyse
quantitative exacte , a conslaté l'identité des substances reconnues par l'habile chimiste de Nancy.
�~4
NOTICE SUR LES E.~UX
MINÉRO-THERMALES
A l'époque où M. Braconnot fit l'analyse des eaux
de Luxeuil, on ne s'était pas encore occupé de rechercher l'arsenic qu'on a trouvé depuis dans un
très grand nombre d'eaux minérales; M. le docteur
Cbapelain mis sur la voie par les nouvelles expériences
chimiques, s'occupa de la recherche de ce métalloïde,
qu'il ne trouva que dans l'eau ferrugineuse; à l'époque où lu nouvelle source ferrugineuse fut découverte, notre honorable confrère pria M. Braconnot de
vouloir bien faire une analyse nouvelle dont nous
donnons un résumé succinct.
Tableau des substanoes oontonues dans l'eau ferrugineuse de Luxeuil
d'après M. Draconuot.
1°
2°
3°
4°
5°
6°
7°
8°
f.hloruredesodillm .... , .......... .
Chlorure de potassium ............ .
Sulfate de soude .................. .
Oxyd e de manganèse ....... . .... . . .
Carbonate de chaux ............... .
SIIICale de chaux .•.. , ., .......... '
Magnésie ..............•........•.
~Ialière
azotée .............. '" ... .
go Silice et albumine .•. . ........ " .. .
10° Oxyde de l'el" ....
i 1° Phosphate de fer. . ....•..........
12° Arséniate de fer ..
'1
0,2579
0,0021
0,0700
0,0220
0,0350
0,0050
0,0070
0,0100
0,0080
0,0270
0,4440
M. Braconnot a remarqué que le fer dissous dans
l'eau, au moment où clle sort de la source, est clans
un état inférieur d'oxydation, mais qu'au contact de
J'oxygène, il passe à l'étalde sesquioxyde, el se précipite en entraînant les acides phosphorique et arsénique.
L'oxyde de mangan se au contraire est retenu dans
l'eau avec beaucoup plus de force. Si en effet, on analyse l'eau ferrugineuse séparée de son dépôt, et ne
�25
DE LUXEUIL.
donnant plus aucun indice de la présence du fer, on
y constate par les réactifs la présence d'une quantité
considérable d'oxyde de manganèse.
L'ocre de Luxeuil ou dépôt produit par la source
ferrugineuse a présenté à l'analyse de M. Braconnot
les résultats suivants: l'acide apocrénique et crénique ne sont plus retrouvés comme dans la première
analyse fuite pur l'auteur. Une partie de l'oxyde sesquiferrique est combi né à l'acide phosphorique et à
une petite quanlité d'acide arsénique.
Une série d'expériences a dénoté la présence du
cuivre et des différentes matières dont le tableau se
résume ainsi:
52,288
19,940
2,772
Matière azotée. '" ......•.•.......... Quantité indét.
00,000
Carbonatc de chaux .....• ........ . .. ..
00,000
Oxydc dc lOanganèsc . ... .... ...... ... .
00,000
Cuivrc ............... · ...........•.•
25, 000
Matières len'cus Ps étrangères ......... .
Oxyde ferrique ...............•..•. " .
Phosphate fCJ'I'ique ........... " " ..•..
Arséniate fCl'I'ique ................... .
100,000
En terminant l'analyse du dépôt ocreux, M. Braconnot remarque que l'euu ferrugineuse retient en
dissolution une quun lité notable de manganèse, tandis que le dépôt ocreux n'en ren[ rme que des traces,
et cependant, dille savant chimiste: « ayant examiné
« il y a environ trente ans, la substance vernissée d'un
« brun noirâtre qui revêt les bassins de Luxeuil, je
« l'ai trouvée formée pl' sque en totalité de peroxyde
de manganèse et de bal'yte» Nous n'insistons pas en
ce momenl sur cette remarque que nous considérons comme on ne peut plus importante et sur laquelle nous reviendrons dans le courant de ce travail.
�26
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
Arrivons maintenant · au travail de M. O. Henry
fils, qui vient corroborer l'opinion que nous nous
sommes faite sur l'importance thérapeutique des eaux
thermales de Luxeuil en général, et surtout du bain
ferrugineux.
M. O. Henry a opéré sur différents échantillons
de dépôts recueillis par M. François et par M. le docteur Chapelain. Ces dépôts sont au nombre de quatre.
10
2°
3°
4°
Dépôt du bain des Dames.
Dépôl de la source gélatineuse.
Dépôt du Grand bain .
Dépûl de la source ferrugineuse.
Les trois premiers de ces dépôts, dit M. Henry,
ont entre eux une très grande analogie; le quatrième
au conLraire présente des caractères très-différents.
De même que M. le professeur Chevallier, M. Henry
a constaté dans ces différents dépôts la présence de
l'arsenic en quantité peu considérable .
Voici le tableau comparatif des substances contenues dans les trois premiers dépôts.
Silice ..... " .....•........
SeslJu ioxyde de mangauèse ..
Sesquioxyùe de fer ... " ....
Sulfate ùe baryte...........
Silicate de manganèse . ... . }
Baryll' .. . ........... . ...
Malièrc ol'ganiqu ou acide
créniquo
Arsenic ........... . .......
......
.o
•
.o
•••••
•
••
Dain des domes. Source gélatioeuse. Grood hain.
4,i44
6i,638
i,036
6,722
81,923
O,9!J2
21,46i
32,67i
0,!J16
Indices.
Iudices.
Indices.
32,100
9,344
44,952
1,082
1,020
l'l'aces.
Traces'.
l'l'aces.
Traccs.
100,000
100,000
tOO,OOO
Le quatrième dépôt oIT1' cles caractères diITérents :
�27
DE LUXEUIL .
sa couleur, au lieu d'être d'un brun foncé, est jaune
d'ocre. Voici maintenant sa composition chimique:
Sulfate de baryte ... . ...... . .....•....
i 5,620
61,055
0,563
10,125
lndices
Silkate de man ganèse ' } ............ ..
i2 ,632-
Silice ........ . .... . ...........•.....
Sesquioxyde de fer . . , .. . .. ' .......... .
Sesquioxyde de manganèse ... . .... , .' ..
Dépôt micacé .... '" ........... , .. , ..
Baryte .... . ... . .... ' .
Arsenic ..• . .........................
Cuivre ...•.. . ... .. .... . ..........•..
Qnantité notable
Traces.
100,000
Nous voyons ici prédominer le fer, qui n'est qu'en
très minime proportion dans les au tres dépôts, tandis qu'au contraire, l'oxyde de manganèse, si abondant dans les trois premiers, se retrouve à peine dans
le dépôt de la source ferrugineuse. Dans ce dépôt aussi
la quantité de l'arsenic a augmenté et des traces de
cuivre ont paru.
Nous ne décrirons pas ici les dilférents procédés
d'analyse employés par M. O. Henry. Nous constato'ns seulement avec lui que les eaux de Luxeuil contiennent du manganèse soit à l'état de bicarbonate,
soit à l'état de silicate de manganèse ou de manganate de baryte. Quant à l'origine de ce principe minéralisateur, l'attribuerons-nous comme M. Braconnot au passage des eaux de Luxeuil à travers un minerai formé de manganèse de baryte? il existe en effet
près de Saint-niez, non loin de Luxeuil une mine de
manganèse que Vauquelin a reconnue, mais dans laquelle il n'a pas trouvé de baryte. On trouve encore
dans la nutl~-Saôe
d'autres minerais de manganèse
qui, quoique éloignés de ,Luxeuil, pourraient très
�28
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TIIERMALES
bien avoir doté ses eaux de ce principe si puissant.
Cette question peut ê tre très importante au point
de vue abstractivement scientifique, mais il nous suffit
de savoir d'un e manière bien positive que les ea ux de
Lux~iJ
renferment du manganèse, et que le dépôt de
la SOl1rce ferrugin e use renferme une moins grande
quantité de ce prinçi pe que le dépôtdes autres sources.
Les eaux des différentes sources therma les que nous
venons de passer en revue, sont touteS d'une limpidité extrême, un peu onctueuses au toucher, sans
saveur ni odeur, quelques personn es prétendent y
reconnaÎlre une légère saveur fade, que nou s n'avons
pu trouver avec quelque soin que nous les ayons
goûtées. Nous en exceptons cependant ~ bien
entendu
l'eau de la source ferrugineuse qui il un goût d' encre
assez prononcé, mais cependant peu désagréable.
Nous avons vu dans les diITérents tableaux analytiques
que nous avons reproduits, que les eHUX thermales
contiennent une matière animale généralem ent connue sous le nom de glairine de barégine. M. Braconnot pense que celte produclion qu'il considère comme
organique pourrailconsLituer un genre tout particulier,
ne croissant que dans les thennes, et pOUl' lequel
M. le docteur Forichon de Néris a proposé le nom
de thermûline. Cette production se présente dans les
eaux de Luxeu il , sous la forme de grumeaux ramifiés
semblubies ù cer taines espèces de la famille des algues;
elle est sans nul doute analor,uc
ù celte sorte de véo
gélalion qu'on trouve si développée clans les eaux de
Néris, et que MM. de Laurès et BrcqucreJ ont si bien
décrite sous le nom de conf 'rves (Ikcherchcs sm' les
conferves des eaux lhel'ma les de Néris, 1855).
Nous remarquon s du resle que celle matière
rencontre surtoul dans l'eau ferrugineuse, et qu'ell
�DE LUXEUIL.
29
n'existe qu'en très petite quantité dans les autres
sources, cela tien t évidemmen t à ce que ces dernières
se trouvent dans l'intérieur de l'établissement et
qu'elles ne sont pas par conséquent exposées à l'air.
Dans l'eau ferr ugineuse au contraire dont la source
est en dehors du bâtiment des bains, cette matière se
dépose et [ait partie de ce que 'nous avons nommé
le dépôt ocreux; c'est pour éviLer cet inconvénient
que l'ingénieur M. François fait capter la source ferrugineuse dans un réservoir couvert n'ayant pas de
communicalion avec l'air extérieur.
Cette observa lion nous fournit UQe nouvelle analogie entre la matière organique de Luxeuil et les conferves de Néris qui n'existent que dans les bassins ex- ,
posés à l'air. « On ne rencontre jamais, dit M. de 1aurès, dans les conduites souterraines que des portions
qui ont été entraînées par l'eau courante, mais qui
ne continuent pas à se développer. )
Tempé1'ature des saUTees.
La température des sources de Luxeuil varie de
30 à 56 degrés centigrades. Nous ne discuterons
pas ici sur diITérentes théories admises pour expliquer la thermalité des eaux, nous admettrons avec
le plus grand nombre des au leurs, que cette cbaleur dépend du plus on moins de profondeur des
réservoirs qui contiennent ces eaux, et nous comprendrons aussi que les eaux de Luxeuil partant tontes
d'une source mère perdent plus ou moins de calorique
selon les couches de terrain qu'elle'" traversent. Disons
en même temps que la même explication doit être
admise aussi pour leur diITéreuce de minéralisation.
Nous remürq uerons du reste que le.:) eaux voisines telles
que celles de Plombières, de Bains, de Bourbonne,
�30
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
renferment à peu de chose près les mêmes éléments
minéralisateurs que celles de Luxeuil, abstraction fuite
cependant de la source ferrugineuse. La différence
de température, de minéralisation est due aussi sans
aucun doute aux dHTéreutes couches de terrain que
ces eaux on t tra versées.
Nous ne prétendons pas dire cependant que ces
différentes eaux minérales doivent posséder des propriétés thérapeutiques identiques, car, comme nous
le dirons plus tard, ce n'est pas seulement dans les
principes minéralisa leurs que contiennent lelles ou
telles eaux que réside leur action réelle contre telle
ou telle maladie, nous désirons prouver seulement
que, si l'activité comparative des eaux que nous venons de cHer dépend de leurs principes minéralisateurs, Luxeuil assurément doit tenir un autre rang
que celui que lui ont donné bien à tort quelques auteurs. M. le docteur RevilJout a dressé dans son ouvrage un tableau comparatif CIui établit d'une manière
précise que les eaux de Luxeuil ne le cèdent en rien
aux autres eaux thermales de l'est de la France, nonseulement pour les principes minéralisateurs, mais
encore sous le rapport du calorique intime, de l'électricité et des gaz qu'elles con Liennen t « puisq ue, ajoute
encore M. Revillout, l'analyse donne aux eaux deLuxeuH quatre fois autant de principe qu'aux eaux de
Plombières, puisque dans l'un etl'autre établissement,
la température de l'eau dépasse le degré de chaleur
que l'homme peut supporter, puisque leurs gaz sont
les mêmes, à quclle cause faut-il donc attribuer l'espèce de discrédit dans leq nc l son t tombés les thermes
de Luxeuil? » Assurément les choses ne sont pas aujourd'hui ce qu'eIl s étaient à l'époque où M. le docLeur Revillout publiait son livre (mars 1838). L'éta-
�DE LUXEUIL.
31
blissement thermal de Luxeuil appartient aujourd'hui
à l'état qui lui a prouvé toule sa sollicitude. Les logements sont beaucoup plus nombreux et à proximité
des bains; aussi cette année déjà, le nombre des baigneurs a atteint un chiffre très élevé, et nous ne
doutons pas un instant que d'ici à quelques années,
l'établissement thermal de Luxeuil n'ait reconquis
son ancienne réputation.
�32
NOTlCE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
CHAPITRE IV.
Des propl'iétés tbél'apeuti'IuCS cles eaux cIe Luxeuil
(
et de leul' nlolle ll'alllllill,st!·ation.
Si nous parcourons les nombreux traités sur les
eaux minérales, nous y trouverons bien des opinions
contradictoires, bien des théories sur l'explication de
leurs vertus. Si d'un côté on fait jouer un rôle trop
important à la chimie, à la matière médicale minérale
proprement dite, il faut avouer qu'on fait aussi ~rop
bon marché quelquefois des agents spécifiques qui
donnent tant de ressources à la médecine en dehors
même de la pratique des eaux minérales. Pour bien
s'entendre, il faudrait selon nous faire une division
très importante et admettre deux grandes classes
d'eaux minérales: celles qui agissent par les principes
véritablement spécifiques qu'elles renferment, tels
que le fer, l'arsenic, l'iode, le soufre, le manganèse;
et celles dans lesquelles ces agen ts ne se retrouvent
pas, ou n'existent qu'à des doses relativement très
minimes et qui cependant ont prouvé leur action thérapeutique réelle par l'expérience médicale, par l'observation des mêmes résulLats, proclamée pendant
une longue suite d'années. Nous avons vu que l'étabJissement thermal de Luxeuil renferme à lui seul ces
deux grandes c~tégories
~ eaux thermales assez activement minéralisées, mais ne contenant qu'une quantité très minime d'agent spécifique proprement dit,
et eaux thermales se distinguant SuLout par la pré-
�DE LUXEUIL.
33
sence de deux de ces agents, le fer le t le manganèse.
Nous nous occuperons donc séparément des propriétés
thérapeutirlues, de ces deux divisions des eaux de
Luxeuil.
§ t. Eaux de Luxeuil, à l'exceplion de la source ferrugineuse.
Les eaux de Luxeuil dont nous nous occnpons en
ce moment, ont comme la plupart des eaux minérales, la propriété d'augmenter les forces vitales en
stimulant l'organisme; mais il faut avant tou t que
leur emploi soit (ornltllé d'une manière précise et suborùoollé il l'idiosyncrasie des malades, à leur tenlpérament. Les eaux de Luxeuil s'aùministrent en boissons, en bains, en douches et en étuves, ou bains de
vapeur.
1° De Ta boisson. - Les eaux de Luxenil en boisson
sont d'une digestion assez fdclle, mais il faut cependant se garùer d'en faire un u age immodéré. Certains mûludes boivent jusqu'à dix ct quinze verre par
jour, c'est là un abus que le médecin ne s:1Urait trop
défendre, surlout si la muqueuse de l'estomac est un
peu susceptible d'irritation. Un ou deux verres le matin ù jeun, eL la même quantité deux heures avant le
repas du soir suffisent parfaitement dans un traitement bien dirigé. Il e t selon nous important que les
malades ne contractent pas la paresseuse habitude de
se faire apporter l'eau chaude dans le bain toujours
un peu éloigné de la source; celte recolllmanduLion
est peut-0tre moins i.mportante il Luxeuil, où les
Sources se trouvent toutes dans l'établissement. Nous
consei\lons cependant aux malades d'aller toujours
boire à la Source même, afin que l'eau n'ait perou ni
de son gaz ni de son calorique. Les eaux de Luxeuil
augmentent la sécrétion de la muqueuse gastro-in-
•
•
�34
NOTICE SUR LES EAUX l\lINÉRO-TI:lERI\'1ALES
!estinale e't déterminent souvent un flux diarrhéique,
qui cesse de lui-même assez promptement; il survient
aussi quelquefois un peu de constipation causée par
l'augmentation de l'absorption intestinale, on doit
alors surveiller attentivem e nt l'administration de la
boissoo minérale, et avoir ;recours à quelques lavements Oll douch es ascendan tes. Il est des personnes
chez lesq uelles l'eau prise en boi sson détermine un
malaise, une agitation générale, un embarras gastrjque réel, elle ne devrait donc pas être ordonnée indistinctement à tous les ma lades; mais il ne faut pas
oublier qu'elle rend so uven t de très grands services.
On la recommande avec le plus grand succès aux
personnes chez lesquelles on a constaté l' ato nie , la.
faibl esse de la muqueuse de l' estomac.
2· Des bains. - 11 n'est certainement pas d'établissemell t mieux disposé que celui de Luxeuil pour admini strer les bains à des températures différentes,
bain s frais, bains t ièdes et ba in s très chauds. Nous
avons VLl que les sources nombreuses que nous avons
décrites présentent des degrés de calorique très difIérents, et nous savons que la piscine du bain gradué il
elle seule peutoITrir aux baigneurs, dans un même bassin, quatre compar'liments éparés à 27, 28, 2get 30·.
Nous n'oublierons pas non plus que la piscine du
bain des Dumes, qui n'est pas employée aujourd'hui ,
pourrait très facilement être affec tée à l'administration de bains il haute température.
S· Bains (rais. - Les bains frais agissent en ralentissan t la circulation; ils peuvent cependant, s'ils ne
sont pas lro p prolongés, 0lre suivis d'une certaine
réaction plus manifeste dans les bains à une température plus basse. Ces bains sont essentiellement calmants, mais ils ne semblent pas devoir agir beaucoup
�DE
LUXEl~
35
par les principes minéralisatçurs qu'ils contiennent.
u" Bains cl,auds et tièdes. - Ce sont les bains qui
sont le plus souvent employés, surtout clans les affections chroniques des voies digestives, dans _les rhumatismes chroniques, dans les maladies des articulations, dans les engorgements de certains viscères,
dans les scrofules. On les emploie peu dans les maladies de la peau. M. le docteur Chap~lin
dit en avoir
retlré de bons effets dans quelques afTections de cet
organe. Nous ne pensons pas comme lui, que les
heureux résultats qu'il a obtenus sont dus à l'onctuosité des eaux qui a assoupli les téguments. Il serait
plus logique d'admettre que les eaux agissent par
leurs propriétés ordinaires, qui ne sont pas émollientes , et que, si elles guérissent certaines affections de
la peau, c'est plutôt par une excitation légère et substi tu ti ve que par leurs propriétés onctueuses et émollien tes.
Les bains tièdes offrent évidemment de très bonnes
conditions pour rabsorption des principes minéralisateurs et du calorique; ils peuvent être impunément
prolongés pendant un temps assez long. L'excitation
qu'ils produisent est très modérée, et suffit cependant .
pour appeler le sang à la peau et réveiller l'activité
du système vasculaire.
5° Bains très chands . - Les bains très chauds ont une
action excitante très prononcée; nous avons dit qu'ils
sont abandonnés depuis quelques années à Luxeuil,
mais nous ne saurions trop insister sur la nécessité
de ne pas négliger celle ressource si puissante. En
effet les bains très chauds, c'est-à-dire à une température plus élevée de plusieurs degrés que celle du
sang, seront très utilement employés toutes les fois
qu'il s'agira de déterminer ù la peau une excitation
�36
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
très énergique, au moyen de laquelle on obtiendra
une révulsion très prompte, une transl)iration très
abondante; ils réussiront contre les rhumatismes
cbroniques, contre quelques affections goulleuses.
Sans vouloir prétendre que la pILlpart de nos maladies sont clues à une affection cutanée préexistante,
soit cbez le malade, soit chez son père, au besoin
même cbez ses aïeux, nous savons que certains dérangements de la santé sont dus souvelH à la suppression
d'un exanthème; les bains chauds seront dans ce cas
d'un très grand secours. Nous voyons en effet, que ,si
l'usage des bains temperés détermine cette éruption
connue sous le nom de pous~ée
ou de gale des eaux,
ce phénomène se prodnit surtout chez les personnes
à qui l'on a recommflndé l'emploi des bains très
chauds, d'où nous pouvons conclure que ces bains
devront êlre très utilement employés pour rappeler
les affections cutanées dont la suppression a pu causer tant de désordres de la santé.
Puisque nous avons purlé de la gale des eaux, qu'on
nous permette à ce sujet une légère c1igl'ession que
nous croyons de quclqne ilJtérêt, au point de vue de
l'action des eaux minérales. Quelques auteurs ont
expliqué le phénomène de la poussée par le plus ou
moins d'alcalinité des eaux thermales; celle théorie
ne nous paraît pas [ondée sur une observation bien
attentive, car si nous comparons entre elles les eaux
de Vjchy, de Néris, de Plombjères, de Luxeuil, nous
verrons quc la pOllssée des euux est très fréquente à
Néris, un peu moins à Plombi l'es et à Luxeuil et
presque nulle il Vichy; si muiotenant nous compadegrés d'a lcalinité de ces caux,
rons les djfér~nts
pourrons - nous raisonnablemen l conclure que la fréquence du phénomène don nous nous occupons, est
�DE LUXEUIL.
37
en raison directe de cetle plus ou moins grande alcalinité?
Nous empruntons à M. Chômpion, de Nancy, ancicn llIédecin inspectcur de l'établissement thermal
de Luxeuil, une observation de « pamlysie desexlrémités inférieures, suite de gale répe/'culée, guérie par l'u-
sage des bains chauds.
~
« Le nommé Claude Bonpart, natif de Berteney,
« département de la Ilaute-Marne, fusilier dôns la
( 10<)° demi-brigade, fut ôll'ecté de paralysie des
« extrémités inférieures, suite de gale 1'épercLLlée;
« depuis vingt mois il avait fait usage des eaux de
« Bombonne sans Sl1ccès. Arrivé à Luxeuil, il prit
« 1.5 bains à 27° Réaumur, sôns soulagement mar« qué; mais une saison ct demie de bains à haute
« température et de douches ont appelé l'éruption
« psorictlle qui a été traitée par les moyens ordinal.« res; et, au bout de qunrante jours, le malade a pu
« être envoyé au dépôt, quoique faible encore, mais
« entièrement guéri de sa paralysie. »
Celte ohservation pourrait sans doute être un peu
plus détaillée et complète, mais elle n'en prouve pas
moins d'une manière très concluante que là où les
bains de Bourbonne ct les bains t mpérés de Luxeuil
avaient échoué, les hains à haute température ont
guéril il paralysie, en rappelant l' éru plion psorique disparue.
Les bains chauUssontilussi prescri t avecsuccè5, lorsqu'à la suite de fati gues ou d' xc s d t lites sortes,
il sera nécessaire de rév iller le propriétés vitales de
la peau, et même de quelques organ s; dans ce dernier cas surtout, le médecin devra surveiller avec une
granùe attention l'erret de celte puis ant médication,
afin de ne }!las dépass r l'excitation qu'il désire pro-
�38
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES.
duire. Nous n'avons pus besoin d'ajouter que le bain
cbaud ne doit pas être d'une longue durée; il est impossible au médecin de fixer d'avance le temps que le
malade devra rester dans ce bain, il serait à désirer
qu'il pût toujours en surveiller lui-même l'administration.
Ce que nous venons de dire du bain cbaud a pendant longtemps trouvé son applicaLion à Lnxeui]; ce
n'est donc point seulement une théorie que nous exposons, c'es t Je résultat de l'observa Lion des médecins habiles qui, jusque dans ces derniers temps ont
été chargés de l'inspection de l'établisseme nt. Les ressources matérielles sont les mêmes aujourd'hui, ·la
piscine du bain des Dumes peut encore recevo ir des
malades, et nous ne douLons pas un instant que l'administration ne lui rende bientôt son ancienne destination.
6° Douches . - Les eaux de Luxeuil sont employées
en douches descendantes, horizontales, ascendanLes et
douches écossaises, ces dernières, comme nous l'avons
dit, sont très-peu nombreuses; mais il serait on ne
peut plus facile d'en établir un plus grand nombre.
Les douches descendantes ou douches il percussion
sont on ne peut mieux di posées pour les besoins du
service, cependant on doit encore en constroire de
nouvelles à haute pression. Leur température peut
être très exactement calcuIC-e, et ne varie pas comme
dans beaucoup d'autres établissemeflts. Ces douches
peuvent être divi sées en directes ou résolutives et indirectes ou révu lsi yeso Les doucbes résol u ti ves, comme
leur nom l'indique, sont ernployées avec grand succès
contre cerLains cngorg menls cbroniques, en réveHlant l'acli viléde l'organ malade; elles réussi en t aussi
dans les rhumati mes de la région lombaire, dans cer-
�DE LUXEU IL.
39
taines arthrit es chroni ques; mais nous ne saurio ns
trop insiste r sur les précau tions- avec le quelles ces
douches doivent Mre admin istrées ; le médecin ne saurait trop en survei ller l'eITet que les malodes ne peuvent souven t appréc ier. Nous ovons consta té p:us
d'une fois que les douches ainsi dirigé es sur le pomt
ou sur l'organ e malad e amène nt une inflam matio n
dange reuse, quelquefois mOrne une dégén éresce nce.
tes ,douch es indire ctes ou révuls ives peuve nt être
appliquées avec beauc oup moins de circon specti on que
les douch es résolu tives ; leur usage devra donc être
beauco up plus fréque ntet plus sûr; on les emplo ie pour
réveiller les fonctions de la peau, ranim er la tonicit é
des memb res, active r la chaleu r et la circul ation,
dans toutes les circon stance s enfin où l'orga nisme a
besoin d'épro uver un ébranl ement , une certai ne secOtisse . Si l'on doit éviter l'empl oi des bains dans les
affections du'cœ ur, du poumo n et de certai ns viscères ,
on doit, à plus forte raison , proscr ire les douch es dont
l'actio n est excita nte au plu s haut degré.
Nous avons dit que les appare ils de douch es du bain
ferrug ineux se trouve nt dans les cabine ts de bain, ce
qui perme t au malad e de recevo ir la douch e sans S01'tir de la baigno ire. Dans quelqu es cabine ts spécia ux
de douch es, le malad e reste debou t ou assis sur une
espèce de sellett e assez incom mode; la premi ère disposition nous paraît évidem ment préfér able, elle permet cepen dant assez ùifficilelllcnt au maléJde de recevoir la colonn e d'cau sur tous les points du corps : il
seraitb eauco up mieux, selon nom" que chaqu e cabine t
de douches fût pourvu d'un lil de sangle , SUI' lequel
le malaùe serait étendu sans aucun e espèce d'eITort
muscu laire. C'est là une amélio ration bien facile et
qu'il suffit seulem ent d'indi quer.
�40
NOTICE SUR LES EAUX IIHNERO-TIlERMALES
Je n'ai pas besoin de dire que l'on varie à volonté
le volume et la forme de la colonne d'eau en la faisant
passer à travers différentes sortes d'ajoutages.
7° Douche ascendante. - Les douches ascendantes
peuvent être divisées comme les douches précédentes
en directes ou indirectes; ielles sont aussi, suivant le
point vers lequel elles sont dirigées, périnéales, rectales ou vaginales; les douches rectales et vaginales
peuvent être internes ou externes suivant qu'elles
pénètrent dans ces organes ou qu'elles frappent seu lement la vulve ou la marge de l'anus. Les douches
ascendantes peuvent souvent rendre de très grands
services là où les bains ont échoué. Les douches rectales ne doivent pas être considérées comme de simples lavements, lorsqu'on les emploie contre la constipation; les lavements dans cc cas agisscnt par leur
etrel mécanique et détruisent l'effet sans. remédier à
la canse ; la doucbe rectale nLl contraire, tonifie l'intestin, réveille son activité ct s'oppose le plus souvent
au retour de la constipation. Nous avons vu des malades chez lesquels l'atonie du gros intestin nécessitait l'usage de purgatifs répétés, complétement
guéris par l'usage des douches rectales. Quelques engorgement du même organe dont la nature nous
avait paru d'abord suspecte, onl munifestement édé
à l'action de cc moyen. C'est dans ce dernier cas surtout que le médecin devra surveiller avec le plus
grand soin son malade, car il peul survenir pürfois
des symptômes d'irritation qui s ront pour lui une
hi Il évidente contre-indication de l'emploi de lu doucbe ascendante.
L s douches périnéal s sont employées contre certaines affections chroniques de la vessie et de la prostate.
�DE LUXEUIL.
41
Les douches vulvaires et vaginales réussissent parfaitement dans certaines formes de métrite chronique,
dans la vaginite sub-aiguë: on les emploie aussi contrela maladie siconnue sous le nom de prurit vulvaire.
8" DOt/che écossaise . - La douche écossaise ,se compose, comme tout le monde le sait, d'un jet d'eau
froide succédant brusquement à un jet d'eau cbaude
et réciproquement. Lorsque le jet d'eau froide a cessé,
la peau tend à réagit" et l'eau chaude vient encore
aider celle réaction, l'eau froide revient alorset trouve
la peau plus disposée à réagir encore; c'est ainsi que
l'on obtient une excitation très grande, un appel du
sang à la peau, un réveil de tout l'organisme. La douche écossaise clo i t être en tièrement proscri t!;) chez les
personnes très irritables ; souvent aussi elle ne devra
pas êlre administrée uux l1lulades, uu début du traitement; il faudra déjil qu'ils aient été soumis à l'usage
des bains thermaux. et des douches ordinaires pour
ê tre ù même de suppor ter la douche écossuise, et d'en
ressentir les bons effets.
11 existe peu de moyens plus capables de rendre les
forces et comme la vie à certains malûdes : quelquesUIlS en orret pouvant il peine marcher, retrouvent une
souplesse inconnue et supporlent sans futigue une
marche ussez longue, après l'usage de la douche
écossais.
9° Des étuves ou bains de vapeu'r. - Qnoique le nombre cles étuves ne soit pus très coo idérable, on a
cependant constaté de trl'S bon eITetsde leur emploi;
aussi VelTons nous bientôt ù JJuxeuil un nombre plus
considérable de ces al pareils auxquels on doit ajouter
aussi des chumbres d'inhalation.
Les bains d'étuves sont surtout employés pour déterminer il lu peau une excita ti n trè <Tl'unde et une
�42
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
sueur abondante; ils peuvent être généraux ou partiels; comme les buins très chauds, ils demandent de
la part du médeci n une très gra ode surveilla nce et ne
conviennent pas en géné ral aux personnes délicates
et nerveuses. Pour éviter l'afflux du sang un cerveau ,
les malades feron t bien de se mouiller le front et la
tête avec une éponge ou une compresse imbibée d'eau
froide pendant tout le temps qu'ils resteront exposés
à l'action de lu vapeur.
Jusqu'ici l'expérience seule a prouvé le bon eITet
des eaux de Luxeuil employées en vapeurs; il serait
à désirer que l'an alyse chimique vînt à son tour éclairer cette partie si importante de la thérapeutique.
§ 2. Durée des bains.
Il est difficile d'établir des règl es générales sur la
durée des bains; cette dnrée dépetldra d'abord de
la température: les bains froids et très chauds devront être très peu prolongés, tandis que les bains
tempérés le seront sans inconvénient. Leur durée
habituelle est d'une heure ou deux; certains malades, cependant, n'e pourront les supporter pe~dant
un aussi long temps. J'ai remutqué sur moi-mê me que
pendant mon séjour dans le bain, même tempéré, 1
pouls, qui, apr s la première dem i-h eure, s'était sen~
siblement ralenti, manifestait une accéléraLion rapide
dès que ce temps était dépassé . Il est donc nécessaire
que le médecin, avant de fix er il son mulade la durée
de son buin, en constate pur IL1i - l~me
l'effet physiologique. Certains U1ulades s troll ven t parfLli temen t
bien d'un bûin prolongé pendant plu de deux heures·
ils y resten t d'au tan t plus volontiers, lorsqu' ils peuvent
le prendre en piscine; là, en effet, jl s trouvent l'avantage de la conversation gén "raIe , et, d plus, la tem-
�DE LUXEUIL.
43
pérature toujours uniforme par le renouvellement
continuel de l'eau. Nous ne devons pas oublier qu'à
Luxeuil l'eau des piscines se renouvelle sans interruption. Dans quelques cas exceptionnels, on a vu certaines affections, entre autres quelques formes de
folie, céder à l'usage des bains tièdes prolongés pendant douze et quinze heures.
La durée des douches est d'un quart d'heure environ; les douches écossaises devront être plus ou
moins prolongées, selon le plus ou moins de promptitude de la réaction. Les-douches ascendantes internes
devront être d'assez courte durée. Enfin, les étuves
ou bains de vapeur seront plus ou moins longues,
suivant qu'elles seront générales ou partielles.
�1.4
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO- THERMALES
CHAPITRE V.
Propriétés thérapeutiques "e~
.. ép~t8
produits
par les eaux.
trop négligé dans ces
On a, selon nous, un p~u
derniers temps l'emploi des dépôts produits par les
eaux de Luxeuil. Les différentes analyses de ces dépôts que nous avons reproduites, nous mettent sur la
voie de propriétés thérélpeutiques très imporlantes,
et quoique depuis quelques années l'usage de ce résidu minéral ait été abandonné, l'expérience l'avait
cependant depuis longtemps consacré. M. Champion
de N,lOCY que nous avons déjà cité, dit avoir employé
avec le plus grand succès ces dépôts sur les plaies
et les ulcères de toute espéce, sur les tumeurs des
glandes, sur les dépôts froids des articulations et
même sur cerlains chancres vénériens.
Nous empruntons encore à notre honorable confrère deux observations de malades traités par ces
résidlls des eaux de Luxeui1.
(1 Le nommé Léopold Marc, de Malzeville, près de
« Nancy, âgé de 2:2 ans, était .affecté depuis 12 ans
« d'u!c\res écrouelleux au visage, qui. lui occupaient
( toute la face du cOté gauche. li y avait plusieurs
« ulcères profonds qui s'étendaient depuis le nez
« jusqu'à l'oreille inclusivement et présentaient un
~ aspect hideux. Il me fut adressé par des personnes
« charitables et je me décidai à l'entreprendre. Le
c( foyer de suppuration était si grand et fournissait
« si abondamment une matière visqueuse et caiJlée,
�DE LUXEUIL.
1!5
que je ne crus pas devoir insister sur In suppuration; mais il me vint en pensée de lui donner la
I(
gale il la tête, afin d'opérer la dérivation d'une par« tie de cette humeur qui fournissait les ulcères. Ce
« moyen me réussit, et quelques jours après je com« mençai à appliquer des couches légères de pom« mnde minérale d'abord sur les sillons les plus
« saillants des ulcères, et ensuite, par degrés, sur
« les ulcères mêmes. J'employai en même temps un
« traitement dépuratif aULÎscorbutique réuni à l'u« sage des purgatifs fondanls placés à des intervalles
« convenables. La guérison a été complète après
Il trois mois de traitement; mais s'étant livré, pen« dant l'hiver, à tous les travaux de la campagne sans
« se garantir le visage, il lui était survenu quelques
« croûtes isolées, que j'ai guéries facilement le prin« temps suivant par les mêmes moyens. l)
La seconde observa lion de M. le docteur Champion, quoique beaucoup plus courte et moins explicative, nous paraît encore plus concluanLe :
« La fille X. de V..... , âgée cie 12 ans, avait un long
« ulcère scrofuleux sur le larynx, avec des pustules
« et des glandes engorgées. Lu pommade minérale a
« encore ici été appliquée avec le plus grand succès.
« La malade a été guérie complétement daos l'es« pace de deux mois, car la guérison de l'ulcération
« a ramené les glandes à leur volume normal. »
Forts de ces observûlions consciencieuses et d'un
grand nombre d'autres semblables qu'il serait trop
long de rapporter ici, nous pouvons donc affirmer
que les dépôts des eaux mjnérales de Luxeuil ont
rendu et peuvent rendre encore de très grunds services à la lhérapeulique.
«
«
�46
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
CHAPITRE VI.
l''l'Opl"iétés thérapeutiques de l'eau ferrugineuse.
, Nous avons dit que l'eau ferrugineuse de Luxeuil
peut être distinguée des autres sources qui alimentent l'établissement thermal, parce qu'elle nous
semble devoir agir surtout par les principes spécifiques qu'elle contient; assurément nous retrouvons
aussi ces principes dans les sources que nous avons
décrites, mais l'analyse a constaté qu'ils n'y existent
pas dans les mêmes proportions, qu'ils n'y jouissent
pas des mêmes affinités, qu'ils n'en constituent pas
pour ainsi dire l'essenc.:e comme dan.s l'eau ferrugineuse.
C'est maintenant surtout que nous devons faire
ressortir ce fait depuis longtemps constaté et que
M. le docteur O. IIenry fils a si exactement démontré.
Nous avons dit et répété que si l'eau ferrugineuse de
Luxeuil exposée à l'air laisse préclpHer une grande
quantité pour ne pas dire la totalité de l'oxyde de
fer qu'elle contient, l'oxyde de manganèse, au contraire, reste presque complétement dissous, car on
n'en retrouve que des traces très minimes ùans le
dépôt ocreux formé pur l'eau ferrugineuse.
Dans l'eau des bains dont nous avons fait un chapitre il part: bain des Dames, des Capucins, des Cuvettes, etc. le mangan' se se retrouve à peine, parce
qu'il est tout entier dan le dépôt noirâtre qui recouvre les bassins. Comment expliquer celle complète
�DE LUXEUlL.
47
différence, et n'avons-nous pas raison de dire qu'il y
a là des affinités cornplétement distinctes, qui suffisent parfaitement pour justifier la division que
nous avons admise. Puisque le manganèse doit jouer
un si grand rôle dans les propiétés thérapeutiques de
l'eau minérale dont nous nous occupons en ce 'moment, il eût peut-être été préférable de donner à ce
bain un nom complexe qui rappelât l'existence du
principe mangunésique: nous conserverons néan'moins celui que l'usage a adopté.
On a bien souvent discuté la question de l'absorp...
tion par la peau des principes minéralisateurs contenus dans les eaux: sans nous étendre longuement
sur ce sujet, nous en dirons quelques mots à propos
du bain ferrugineux le plus intéressé dans la question.
On a nié tout d'abord l'absorption de certains principes et surlout du principe ferrugineux, et cependant on a constaté que certains malades qui n'avaient
pu prendre en boisson ces agents spécifiques, . en
éprouvaient des effets très connus après l'usage en
bain des eaux qui les contiennent. On a cherché alof.s
à imiter autant que possible leur nature; après avoir
reconnu que les substances alcalines seules avaient
la vertu d'être absorbées dans les bains, on a associé
ces substances aux principes réfractaires à l'absorption. M. le docteur O. Henry publie dans sa thèse une
série d'expériences très curieuses à ce ~ujet.
D'a ...
bord, il a expérimenté avec l'iodure de potassium, le
ferrocyanure de potassium et le bichromate de potasse: quelques traces d'iodure alcalin ont seules été
retrouvées. Dans la seconde série d'expériences, le
carbonate de soude a été associé uux sels précédeuts,
l'iodure ct le bichromate ont élé absorbés, le ferro-
�48
NOTICE SUR LES EAUX l\lINÉRO-TIlERMALES
cyanure seul n'a pas passé; il Y a donc une exclusion
réelle du principe ferrugineux. Prenez garde, nous
dit-on, le malade plongé dans le bain ferrugineux de
Luxeuil pendant autant de t~mps
qlle vous voudrez,
n'absorbera pas un ntome de prindpe ferrugineux.
L'objection est parfaitement fondée, et cependant le
malade retire évidemment de ce bain le bienfait que
les préparations ferrugineuses seules procurent. Mais
cette eau, que nous donnons en bain, ne contientelle pas un autre principe qui a été absorbé et qui
jouit de propriétés thérapeutiques analogues à celles
qui,jusqu'en ces derniers temps, ont été attribuées
exclusivement aux préparations ferrugineuses? Cet
agent, c'est le manganèse, qui, pour une raisO~1
que
nous ne chercherons pas à expliquer, reste dissous
là où le fer se précipite, le manganèse, qui a été absorbé par la peau, grâce aux substances alcalines avec
lesquelles la nature l'a combiné plus intimement
sans doute que le plus habile chillliste ne saurait le
faire.
Disons le donc bien haut, l'eau ferrugineuse de
Luxeuil agit à la fois et par l'oxyde de fer et par
l'oxyde de manganèse qu'elle contient.
Nons avons dit que les propriéLés thérapeu liques
du manganèse son Lanalogues à celles du fer, en trons
maintenant dans quelques détails à ce sujet.
On sait que l'affinité du fer pour le manganèse est
des plus grandes; les minéralogistes nous ont appris
qu'on rencontre presque partout les deux métaux
réunis. Ce qui est bien plus important pour nous,
c'est qu'on les retrouve tous deux duns l'organisme
humain. Fourcroy et Vauquelin avaient trouvé du
manganèse duns les os, Gmelin dans le suc gastrique.
Plus lard, Millon, Wurzer, Marcbessaux, ont trouvé
�49
DE LUXEUIL.
du manganèse et du fer dans le sang, et ont pu doser
ces deux substances par les méthodes d'analyse habituelles. M. le docteur Petrequin de Lyon, dans son
intéressant mémoire sur l'emploi thérapeutique du
man ganèse, rapporte qu'il a constaté la présence de
ce métal, dans le pus de bonne nature. D'après toutes
ces expériences, il est bien évident que, comme le
fer, le manganèse fait partie intégrante des globules
du sang.
On comprendra maintenant que le manganèse doive
jouer en thérapeutique nn rôle analogue à celui du
fer, je dirai plus: le manganèse réussira là où le fer
seul n'a pas réussi, il sera un adjuvant, un complément du fer, peut-être même sera-t-il toléré par certains malades qui n'ont pu s'habituer à l'usage des
préparations ferrugineuses. N'oublions pas enfin, et
cela est très important, que les préparations de manganèse ne sont point incompatibles avec les autres toniques; elles ne sont pas précipitées par le tannin et
peuvent être administrées avec certaines substances
astringentes qui altéreront les préparations ferrugineuses.
Assurément il est difficile de déterminer à quel genre
d'afTections spéciales convient. le fer, à quel genre
conviendra le manganèse, de même qu'il est bien difficile de prétendre que tantôt le fer, tantôt le manganèse fera défaut dans les globules sanguins: il est donc
rationnel d'administrer en même temps ces deux
agents spécifiques. I.eur réunion fournira évidemment il la thérapeutique une deses plus merveilleuses
ressources. Déjà la pharmacie a publié de nombreuses
formules de préparations ferro-manganiques, mais où
trouverons-nous ces deux agents plus habilement
combinés que dans les eaux ferro-manganiques de
4
�•
50
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TUERMALES
Luxeuil administrées en boissons, en bains, en douches descendan tes et ascenda n tes.
Quelles sont maintenant les aITections qui seront
comballues avec succès par l'eau ferrugineuse de
Luxeuil. D'abord et au premier rang, la chloro-anémie avec tout son cortége d'accidents que l'on a trop
souvent confondus avec des symptômes d'affections
organiques. Les malades atteints d'hypertrophie du
cœur, d'endocardite avec épaississement, insuffisance
des valvules ne devront pas évidemment être envoyés
à Luxeuil, mais si l'auscullation ne nous fait reconnaîtreqll'un souffle doux, moelleux, diffus, vaporeux,
si je puis m'exprimer ainsi, ayant son maximum d'intensité à l'orifice aortique, se passant après le premier
bruit, mais sans modification aucune du timbre des
bruits valvulaires, envoyons sans hésiter le malade à
Luxeuil, il y trouvera certainement la guérison. Il en
sera de même pour ceux qu'ont épuisés des pertes de
sang abondantes, ou trop souvent répétées; 1'6coulement sangujn non combattu est à lui seul la cause
d'un écoulement sanguin ~embla],
mais plus abondant; peu à peu le sang perd toutes ses qualités plastiques, l'estomac ne recevant plus les matériaux dont
il a besoin devient moins apte à supporter un médicament quelconque, quelquefois même l'eau de Luxeuil
ne pourra lui être adminislrée en boisson. Dans ce
cas, il faudra commencer Je trailement par quelques
bains, quelques douches qui suffiront quelquefois
pour ramener la guérison, mais qui toujours rendront
à l'estomac l'énergie nécessaire pour supporler une
médication aussi importanle.
Nous enverrons aussi aux hains ferrugineux de
Luxeuil ce nombre si énorm de malades atteints de
névroses ùe toute espèce, ducs aussi à cet appauvrisse-
�DE LUXEUIL.
5t
ment du sang, les gastralgiques, les dispepsiques, les
hypocondriaques. Les individus atteints de diarrhées
chroniques et rebelles, dues au manque de tonicité
de la muqueuse intestinale, les blennorrhagies chroniques, quelques affections du foie, dues aussi à une
altération du sang, et à des accès répétés de fièvres
intermittentes, la cachexie scorbutique et scrofuleuse
trouveront toujours une amélioration notable et souvent une guérison complète dans l'usage des eaux ferrugineuses de Luxeuil.
, Mais c'est surtout dans le~
affections propres aux
femmes que les eaux ferrugineus es rendron t les plus
grands services. Nous avons dit que dans le fond de
chacune des baignoires est un appareil à inj ec tion
vaginale qui peut être mis ou retiré à volonté, les
malades peuven t donc sans sortir de leur baignoire
avoir recours à ce moyen de traitement si important.
Nous reviendrons aussi à ce propos sur une remarque
que nous avons faite plus haut, lorsque nous constations que l'eau ferruginellse arri ve de la ~ource
j llsque
dans le bain et pénètre par le fond de la baignoire sans
aV0ir rien pu perdre des princi pes qu'elle con lient.
Parmi les affections utérines les pllls fréql1entes on
doit ranger évidemment ces engorgements du co] et
de l'organe tout entier de nalure molle, blanche,
lymphatique, ces déplacements dûs au trop grand relâchement des ligaments; tous ces désordres seront
très promptement et très radicalement guérls par
l'emploi des injections vaginales, uni à l'usage de la
boisson, des bains et de la douche. J'ai eu occasion
de rencontrer à Luxeuil une dame dont je ne puis
publier l'observation: celle malade arrivée à l'éLablissernent dans un état qui ne lui permettait pas de rester un instant debout est purlie au bout d'un mois de
�52
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
traitement sans ressentir aucun des symptômes de
cette terrible affection.
Je n'ai pas besoin de dire que l'eau ferrugineuse
guérit d'une manière certaine la leucorrhée chronique, ainsi que le catarrhe urétro-vnginal.
Nous craindrions de jeter de la défaveur sur les
bains dont nous nous occupons, en affirmant qu'ils
peuvent aussi guérir la stérilité, mais nous croyons
qu'ils peuvent revendiquer cette vertu à plus de titres
que beaucoup d'autres eaux minérales.
En effet, l'eau ferrugineuse de Luxeuil guérira la
stérilité toutes les fois qu'elle sera due à un état de
débilité générale et à certains déplacements de l'utérus.
L'eau ferro-manganique en boisson ne devra être
prise d'abord qu'en assez petite quantité, soit au milieu de la journée, soit a van t le repas; on pourra
égale men t la prendre cou pée avec le vin pendant les
repas. De cette manière, elle excite l'appétit et est
parfaitement supportée par l'estomac.
Les règles pour l'administration des bains et des
douches sont celles que nous avons déterminées pour
les autres eaux de l'établissement thermal, nous ne
reviendrons pas sur ce sujet.
�DE LUXEUIL.
53
CHAPlTRE VII.
Uéllccillc :ul.iuyallte.
Les auteurs de traités sur les eaux minérales se
sont, en général, peu occupés de la question très
importante, selon nous, de la médecine adj uvante du
traitement thermal. Si nous parcourons les observations recueillies par les mëdecins inspecteurs des étahlissemen t5 thermaux, nous constaterons que, bien
souvent, 1\\ guérison des malades peut être aLLrlbuée,
non pas à l'usage des eaux, mais ù un traitement fort
énergique, qui souvent n'a aucune espèce de rûpport
thérapentiqueavec les agents généraux ou spécifiques
que renferment les eaux l11inérûles. SOllvent aus i
nous verrons ces mêmes médecins ajouter à l'eau
minérale certains agents qui en dénaturent compléternent la composition. C'est là, selon nous, faire une
trop belle part à la critique et justifier un peu l'opinion trop répandue que, si les bains d'eau mioérale
ne foot pas de bien, il ne font pas de mal. Nous sommes certainement bien loin de prétendre que le médecin ne doive pas venir en aide au traitement thermal, qu'on ne puisse ajouler aux bains des ubstances
très peu acLives par elles-mêmes, telles que le son,
l'amidon, etc. Nous ne voulons pas surtout, bien entendu, qu'une maladie intercurrente soit négligée
par la raison que le malade suit nn trait ment thermal. Mais nous voudrions, avant tout, prouver aux
incrédules la vertu réelle des eaux minérales, et pou r
�54
NonCE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
cela nous croyons souverainement ulile d'être très
réservé sur l'emploi de la médecine adj uvanle.
Il a été pendant très longtemps d'usage aux eaux
minérales ùe purger les mulades au moment de leur
arri vée, afin de les préparer au traitement. Cette
méthode a été, à tort ou à raison, complétement
abandonnée, mais ce n'était là, nous le répétons,
qu'une préparation et non pas de la médecine adjuvante. Aujourd'hui, quelques médecins qui blâment
cet ancien usage, et le trouvent tout au moins inutile, ne craignent pas de médicamenter leurs malades pendant tout le temps de la cure; la plupart des
bains sont, d'après leur ordonnance, additionnés de
substances très actives et souvent même de médicaments spécifiques, tels que le soufre, le fer, l'iode.
Pourquoi alors, dira-t-on, déplacer votre malade?
ne poufI'iez -vous pas aussi bien composer un bain
minéral de toutes pièces? A celte objection, on l'épondra, je le sais, qu'un bain d'eau ordinaire, auquel
on aura ajouté différentes substances médicamenteuses, ne remplira jamais les mêmes conditions que le
bain d'eau minéro-tbermal, aùditionné des mêmes
substances; on n'y retrouvera ni la chaleur naturelle, ni l'électricité, ni certains gaz, ni enfin ce quell{ue coose de particulier qui échappe à l'analyse, et
que les laboratoires pharmaceutiques ne sauraient
remplacer. Mais qui VOliS dit que les agents spéciaux
que vous ajoutez ne nuisent pas à ces différents principes, qu'il:; n'en altérent pas la composition intiIne,
qu'ils n'en d6truisen t pas les affini tés, les conl,binaisons.
Nous sommes convaincu, pour notre part, qu'il
est très utile de ne pas faire jouer un rôle au si' important ù la médecine adjuvante. ASSLlrément le médecin devra surveiller son malade, tempérer, s'il le
�55
DE LUXEUIL.
peut, l'excita lion souvent produite par les eaux minérales, agi.r énergiqnement contre toute maladie intercurrente, ma-is il devra, . selon nous, êlre réservé
sur l'emploi d'une médication active qui pourrait,
sinon annihiler, du moins aITaiblir l'effet produit par
le traitement lhermal.
Nous ne saurions trop répéter, enfin, que le malade auquel on a appliqué à plusieurs reprises, pendant une cure thermale, des révulsifs de toutes sortes, qu'on a ventousé chaque jour, qui a njouté à
son bain d'eau minérale une foule de substances médicamenteuses très actives, ne pourra évidemment
avoir une confiance exclusive dans l'efficacité des
eaux minérales dont il a fait usage.
,
�56
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-TIIERMALES
CHAPITRE VIlL
Saison thermale.
Il nous reste maintennnt à dire quelques mots sur
l'époque de l'année que les malades doivent choisir
pOUl' prendre les eaux, et le temps pendant leq uel ils
doivent y rester. On ne s'entend malheurellsement
pas très bieo sur l'expression adoptée de Saison thermale. Elle s'àpplique, en effet, tantôt à l'époque il laquelle 00 doit prendre les eaux, tantôt il la durée du
séjour; on dit: Faire une ou deux saisons. Il vaudrait beaucoup mieux, selon nou s, supprimer ce mot
et lui rendre son sens véritable en dehors des habitudes thermales. Nous préféron s de beaucoup le mot
cure des Allemands adopté par M. le docteur Durand
Fardel, dans son remarquable ouvrage sur les eaux
de Vichy.
Ce que nous dirons ici de l'époque à laquell e les
malades doivent prenrlre les eaux pourrait s'appliquer
à tous les établissements thermaux, car l'habitude a
consacré Je moment de l'année sans doute le plus
agréable, le plus commode pour le voyage, le plus propice aux distractions de toutes sorte . Mais il n'en
est pas moins vrai que les malades pourraient SOl1vent
reLirer les mêmes bienfaits des eaux thermales en y
vennnt même pendant l'hiver, pourvu toutefois que
l'établissement fût construit dans des conditions favorables. NOl1s avons vu, en décrivant l'établi ssement
thermal de Luxeuil, que Ja galerie qui longe le bùti-
�DE LUXEUIL.
57
ment situé à l'ouest, doit être chauffée et vitrée dans
toute sa longueur. Cette modification permettrait évidemment de recevoir des malades pendant l'hiver, il
est bien entendu cependant que la saison d'élé sera
toujours préférable. N'oublions pas qu'à Luxeuil, où
les malades n'ont point à redouter, comme nous l'avons dit déjà, la fraîcheur prématurée des premières
et des dernières heures de la jQurnée, la saison d'été
pourra come~r
plus tôt et finir plus tard que dans
beaucoup d'autres établissements, ne présentant pas
les mêmes conditions hygiéniques. A Luxeuil donc,
ce qu'on est convenu d'appeler la saison des eaux,
pourra commencer au 1cr mai et se prolonger jusque
dans les premiers jours d'octobre .
Nous avons dit qu'il était important de formuler le
traitement par les eaux thermales; cette formul e
comprend évidemment la durée de la cure.
Tout le monde sait, et les mulades savent malheureusement trop, que l'usage, plutôt que les
médecins, a admis le nombre de vingt et un baios
comme terme nécessaire de la cure. Ce sernit tenter
une grande révolution dans les habitudes thermales
que de vouloir changer quelque chose à cet usage.
Prenez garde, nous dit-on, si vous prescrivez aux
malades une plus longue absence, en dehors de
leurs habitlldes, de leurs intérêls, ils renonceront à
venir prendre nos enux. Mais d'abord nous admettons que nos malades considcrenlle voyage aux eaux
minérales comme un traitement sérieux, qui doit
être dirigé et formulé par le mé~ecin;
et puis, d'ailleurs, nous serons souvent moins exigeants que }'usage, et nous ne demanderons que quinze jours au
lieu de vingl et un. En général, le Lemps de la cure à
Luxeuil sera de quinze à lrenle jours. Cependant daus
�58
NOTICE SUR LES EAUX MIN~RO-TlEALS
les affections causées par un appauvrissement du sang,
le traitement devra souvent être prolongé, et le malade se trouvera bien de faire une seconde cure, après
s'être reposé pendant quelques jours.
Ajoutons enfin qu'il appartienL surtout au médecin '
de déterminer d'une manière précise la durée du
séjour de ses malades, car cette durée dépend d'une
foule d'appréciations, que lui seul est à même de
comparer et de juger avec toute connaissance de
cause.
, l'
�DE LUXImIL.
59
CHAPITRE IX •
. {jonditions hygiéniques.
•
Nous ne terminerons pas ce travail sans parler des
conditions hygiéniques particulières que les baigneurs
trouveront aux eaux de Luxeuil, et sans leur donner
quelques conseils sur le genre de vie qu'ils doivent
adopter et la direction qu'ils doivent donner à lèur
traitel)1ent.
00 a dit et répété que les conditions hygiéniques
particulières que les malades rencontrent aux eaux,le
nouveau genre de vie auquel ils sont soumis, l'exercice, la distraction, son t les véritables causes des
guérisons que l'on observe chaque jour dans les établissements thermaux ,; üssl)rément ce sont autant d'éléments importants que lu thérapeutique ne doit pas
négliger, mais ce n'est point une raison pour fermer
les yeux à l'évidence et ne pas reconnaître les vertus
bien constatées des eaux minérales. Nous serons
moins sceptique et moins exclusif, et si nous accordons aux eaux thermales ,leur valeur thérapeutique
réelle, DOUS n'admeltrons pas moins l'influence bien
positive des conditions bygiéniques dont il nons reste
à parler.
Ces con ditions peuven t se résu mer. duns le déplacement, le changement de climat, de genre de vie,
l'exercice et la distraction.
M. le docleur Durüod Fardel, que nous ne saul'ions trop souvent citer, fait la remarque fortjnste
�60
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THELH\1ALES
que toutes choses égales d'ailleurs, les eaux. minérales agissent d'une manière moins formelle sur les
habitants de la localité que sur les étrange rs, puis il
ajoute: cc à quoi faut-il attribuer cette condition en
. « apparence défavorable des habitants des localités
« thermales? On avait cependant remarqué depuis
c( longtemps que si les eaux. minérales jouissaient de
« cette propriété spécifique merveilleuse, dont on
cc s'est plu à les doter avec tllnt de libéralité, les indi« gènes qui en peuplent les approcl1es devraient être
absolument exempts des maladies qu'elles seraient
« si bien aptes à guérir. Ils ne manquent pas en e[el
« d'en faire usage à propos des plus légères inoisposiUons; dans plus d'ull endroit même, ces eaux
« entrent pOUf une certaine part dans les usages
c( domestiques, et enfin il peut arriver comUle à Vi« chy, que la plupart des eaux potables se trouvent
« mélangées en certûine proporLion avec les principes
« dominants des eaux tbermales; ici le carbonate de
« soude, ailleurs des sels de magnésie ou du fer.
« 11 est clonc vraisemblable qu'ulle partie de l'iuI( différence avec laquelle les malades dont nous parc( Ions subissent l'action du tnUtement thermal, est
« due à l'usage trop fréquent ou trop habituel de l'cuu
« minérale elle-même ou de quelques-uns de ses
« princi pes cons Li tuan ts. Alais il n'est/Jas pe7'mis de dOlt« ter non plus qne ces Illêmes malades ne se trouvent
« privés J'une notable partie de l'action médicalrice
« des eaux minérales, parce que l'usage de ces derc( nières n'est accompagné pour eux d'aucun de ce
( changements qui comr1 tent, pour les àutres ce
« qu'on doit entendre pur trüllemcut thermal. ,)
Celle obser\'ution de ootre savant confr\re, qui
a été suivie par lui avec la plus grande attention
c(
C(
�DE LUXEUIL.
61
pendant plusieurs années, ne nous laisse aucun doute
sur la proposition importante que nous avons énoncée : les conditions hygiéniques particulières, auxquelles sont soc mis les malades qui viennent aux
eaux minérales, ont une très grande influence sur
le traitement thermal.
Les malades que nous envoyons aux eaux de
Luxeuil ne ùevront donc pas oublier que leurs habitucles hygiéniques doivent être complétement changées, et que cette existence nouvelle est un complément indispensable de la thérapeutique des eaux
minérales.
La première précaution à prendre est d'abord de
se munir de vêtements très chauds; assurément,
comme nous l'avons dit, la position géographique
de Luxeuil n'expose pas cette ville li de très brusques changements de température, il est très prudent néanmoins de se prémunir contre le refroidissement qu'on ressentira toujours le matin et le
soir. 11 est d'usage à Luxeuil, comme dans tous les
établissements thermaux, de prendre les bains et les
douches dans la matinée, avan t le premier repas;
c'est là une coutume à laquelle les malades feront
très bien de se soumettre; le matin en effet, tous les
organes sont plus dispos par le repos de la nuit, la
digestion est complétement terminée, car le repas du
soir a été pris la veille à cioq heures; puis enfin le
malade pourra ainsi disposer de sa jouruée tout entière pour se livrer à un exercice salutaire et parcourir les environs i pittoresques de Luxeuil.
Quelques médecins recommand nt le repos au lit
après le bain, celte précaution est quelquefois nécessaire, mais nous la croyons en général au moins inutile. Nous ne la recommandons qu'aux malades qui
�6j!
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
'prennent des bains de vapeur, et chez lesquels nous
voulons obtenir llne transpiration abondante, qu'on
peut favoriser encore par un bouillon ou une infusion
chaude.
Quelques personnes éprouvent toujours dans le
bain, même tiède, une légère congestion à la tête;
il sera bon, dans ce cas, de mouiller le front avec une
éponge ou un linge imbibé d'eau fraiche. En sortant
du bain le malade devra se frictionner avec des linges
échauffés et bien secs, et évi ter avec le plus grand
soin le refroidissemen t.
Nous avons dit déjà que les buveurs d'eau doivent
aller la chercher à la source même, ce qui est on ne
peut plus facile à Luxeuil, puisque les différentes
sources se trouvent réunies dans l'établissement;
nous ne reviendrons pas ici sur le nombre de verres
qu'il convient de boire, et l'heure à laquelle ils doivent être bus, Quelques personnes qui digèrent assez
difficilement l'eau minérale se trouveront bien d'y
ajouter un peu de sirop ou de lait, mais nous répéterons ce que nous avons dit à propos de la médecine
adjuvante dE!s bains, nous ne sommes pas du tout
d'avis qu'on doive njouter à l'eau minérale, prise en
boisson, quelque substance médicamenteuse active,
qui en rendrait au moins fort douteuse la vertu thérapeutique.
Tous les médecins inspecteurs des éaux minérales
se plaignent de la trop grande abondance de mets que
l'on serl d'habitude aux baigneurs. Les tables d'hôte
de Luxeuil doivent certainement encourir ilussi le
même reproche; assurément la variété des mels permet au malade de faire un choix sagement approprié
au régime qui lui est recommandé, mai s le nombr
des convives st con sidérühl , le service sc prolonge,
�DE LUXEUIL.
63
on reste fort longtemps à table, et nécessairement
l'on succombe à la tentation. Il serait plus prudent
peut-être de se faire servir chez soi les différents _
mets permis par le médecin, mais on y perdrait cette
gllande distraction de la vie en commun qui joue
aussi un si grand rôle dans la vie thermale.
Puisque nous avons considéré l'hygiène du baigneur comme la médecine adjuvante véritablement
utile, nous recommanderons spécialement l'exercice
qui peut, à très juste titre, être rangé, comme les
bains thermaux, dans la classe des excitants. Comme
eux, en effet, l'exercice accélère la circula tion, développe la chaleur animale, donne à la peau l'énergie
vitale qui la défend contre une foule de maladies.
L'exercice doit, bien entendu, être proportionné
aux forces du malade, et ne doit jamais devenir une
fatigue; pris après le bain, il entretiendra cette espèce
d'excitement général si favorable. Parmi les distractions que l'on trouve aux eaux minérales, l'exercice
est évidemment la plus importante et la plus utlle. Si
nous écrivions une monographie de Luxeuil, nous
décririons avec détail les délicieuses promenades que
l'on rencontre dans ses environs, nous nous contenterons de répéter, une fois encore, que la nature a
tout disposé dans ce pays pour que le malade y trouve
facilement l'exercice salutaire, sans la futigue.
L'établissement tbermal de Lux.euil présente assez
de ressources pour que les baigneurs ne soient pus
obligés de se lever au milieu de la nuit afin d'obtenir une place dans les cabinets de bains ou dans
les piscines; ccpendan t, puisque nous conseillons en
général de prendre les bains et les douches avant
l'beure du premier repas, il devient nécessaire d'être
levé d'assez bonne heure. Comme d'un autre côté, il
�64
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
est utile d'établir· une juste proportion entre le sommeil et la veille, les soirées ne devront pas non plus
être longtemps prolongées, et nous recommandons
aux malades de ne pas abuser des distractions qu'ils
rencontreront soi t au salon des bains, soit dans les
réunions particulières.
�65
DE LUXEUIL.
l,
BÉSUHÉ.
Nous résumerons maintenant en quelques lignes les
divers renseignements que nous avons voulu donner
à nos confrères sur Luxeuil et sur son établissement
thermal.
La ville de Luxeuil, située à l'est de la France,
dans le département de la Haute-Saône, sur la limite
du département des Vosges, offre la position géographique la plus agréable et la plus salutaire; on y
arrive par cinq grandes routes, qui sont autant d'avenues et de promenades pour l'habitant et le baigneur.
Dans très peu de temps, le chemin de fer de Paris à
Mulhouse et celui de Nancy à Gray transporteront les
voyageurs à quelques kilomètres de Luxeuil. On trouve
dans l'intérieur de la ville des constructions très remarquables par leur caractère d'antiquité; les baigneurs y rencontrent aussi des hôtels et des logements
très confortables.
L'établissement thermal est assurément un des
plus beaux que possède la France; il est situé au milieu d'un vaste et magnifique jardin, qui offre une
promenade facile et peu fatigante. Le nombre des
différentes salles de bains est très considérable, el
nous avons vu qu'il serait trè facile de dispo er des
piscines séparées pour chaque sexe. Les cabincls de
bains les vc tiaires, les salles d'attente même oO'renl
5
�66
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
des conditions d'élégance et de confortable qu'on rencontre rarement dans les établissements thermaux,
même les plus renommés. Une vaste galerie, vitrée et
chauffée dans toute sa longueur, permet aux malades
de sortir des différen tes salles de bain sans risquer de
se refroidir, comme il arrive souvent sur des dalles
trempées d'eau, dans des corridors ouverts à tous les
vents.
Nous avons décrit surtout avec détail le bain ferrugineux de construction toute nouvelle et qui est
déjà trop restreint pour le nombre des malades qui
l'ont assiégé cette année. Nous savons que l'administration a pris des mesures pour que ce bain fût agrandi
dans de suffisantes proportions. Une construction
nouvelle doit aussi, d'après les nouveaux plans adoptés, remplacer la partie la plus ancienne de l'établissement, le bain des Fleurs, et remplir les lacunes qui
pourraient encore exister. Nous apprenons qu'au moment où nous écrivons ces lignes, l'administration
vient encore de demander à l'architecte des documents nouveaux pour de nouvelles constructions.
Nous avons passé en revue les différentes analyses
des eaux de Luxeuil; nous avons vu que les sources
nombreuses qui sont enfermées dans l'établissement
même, sont alcalines à différentsdegrés, gélaLineuses,
manganésiennes el ferrugineuses. Les dépôlS formés
par ces sources onl aussi élé examinés, et nous avons
vu comment ils se comportent diITéremment dans les
sources alcalines el dans la source ferrugineuse.
Pour bien comprendre les propriélés thérapeutiques des eaux de Luxeuil, nous les avons divisées en
�DE LUXEULL.
67
deux groupes suivant qu'elles agissent par l'ensemble
des produits qu'elles renferment, leur thermalité,
leur gaz, leur composition inthne; ou suivant que
leur action thérapeutique est due à un agent spécial
le fer, le manganèse.
Les ressources thérapeutiques des eaux de Luxeuil
ont été dans ces derniers temps un peu négligées, on
a cru devoir abandonner l'usage des bains à haute
température, et laisser dans l'oubli une source gélatineuse abondante, dont l'emploi pourrait assurément
rendre de grands services. Nous ne doutons pas un
instant qu'on ne songe à utiliser ces moyens si précieux.
On peut facilement varier la température et la force
minérale des bains, selon qu'on emploie l'une ou
l'autre des différentes sources. Le bain gradué renferme une piscine divisée en quatre compartiments de
température différente.
Les eaux de Luxeuil ont la propriété bien évidente
de ranimer l'énergie vitale, d'exciter les fonctions de
la peau, et d'arriver ainsi à la résolution d' une foule
de maladies chroniques. Dans un chapiLre il part et
plus détaillé, nous avons dit comment l'eau ferrugineuse de Luxeuil administrée soit en boisson, soit en
bains peut rendre les plus grands services, dans un
très grand nombre d'affections, et surtout dans celles
llui dépendent d'un appauvrissement du sang. Nous
avons insisté surtout ur ce point que la grande quantité de mangan èse qui resle en di solution dans l'eau
ferrugineuse, lors même que le fer se dépose, peul être
absorbée par le malade, agir comme succédanée des
�68
NOTICE SUR LES EAUX MINÉRO-THERMALES
préparations ferrugineuses, et souvent être tolérée
par des estomacs qui ne peuvent supporter ces préparations.
Après avoir formulé d'une manière précise le traitement thermal, nous avons dit quelques mots de l'époque et de la durée de la cure, et nous avons terminé
par quelques considérations sur les conditions hygiéniques nouvelles, que les malades rencontrent aux
eaux thermales de Luxeuil.
Nous aurions pu sans doute donner une plus grande
étendue à ce travail, décbre avec plus de détails la
ville de Luxeuil ancienne et moderne, discuter les dif.
férentes appréciations historiques adoptées par les
auteurs, o(frir à nos lecteurs un tableau plus complet
des différentes constructions que renferme l'établissement thermal, et enfin joindre à l'étude des propriétés thérapeutiques des eaux minérales une série
d'observations recueillies avec soin. Tel avait été
d'abord notre but, mais en songeant à l'oubli dans lequel sont restées depuis longtemps les eaux de Luxeuil,
nous avons voulu seulement rappeler leur existence,
chercher à réclamer pour elles le rang qu'elles auraient dû toujours occuper, nous réservant d'écrire
plus tard leur histoire détaillée, et de publier les matériaux que nous recueillons chaque jour.
Nous savons trop l'importance que l'on doit attacher à la thérapeutique des eaux minérales en général
pour traiter légèrement des questions encore si disculées; si nous avons émis quelques idées nouv Iles,
que la théorie peut admettre , mais qui ont besoin
d'être appuyées par des considérations profondes el
�DE LUXEUiL.
69
plus étendues, c'est que nous avons entre les mains
les éléments d'études approfondies et sérieuses qu'il
ne nous a pas été donné de développer ici. Nous
avons voulu avant tout dire à tous et surtout au corps
médical:
L'établissement thermal de Luxeuil, est un des plus
importants de Fmnce, ses SOU1'ces alcalines et fermgineuses sont appelées à joue?' un rôle immense dans la
thérapeutique des eaux minérales.
FIN.
�l
,
•
�TABLE DES MATIÈRES.
INTKODUCTION • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
Ii
CUAI'. I. - Esquisse topographique de Luxeuil. .. • . . . •. •. . . . .
6
i ° Luxeu il ancien.. ....... ..... ....................
2° Luxeuil moderne.. . . . . . . . . • . . . • . . . . . . • . . • . . • . . . • •
CnAI'. If. - Etablissement thermal. ....... " .. " •. . . . . . •. •..
1° Bain des Bénédictins............................
2° Bain des Dames .......... '" .. . . . ...•.... . • ....
3° Bain des Fleurs . ..•.. ...................... , . . ..
4,0 Hain gradué ................................ '"
5° Grand Bain .... .............. .•.• " . . . •• •• • . • • . .
6° Salle Neuve ......... " . . . . . . . • . • .• . . . • . . •. .•. ..
7° Bain des Cuvettes. . . . . . . . . . . . . • • . • . . . . . • . . • . . • . .
8° Bain ferrugineux................................
9° Douches ascendantes .. ..... .....................
10° Bain des Capueins...............................
11 ° Sources de l'établissement thermal. . . • . . . . . . . . . . . .
12° Salon des Bains .... , ...... , ........ . ' . ..........
6
CIIAI'. III - Analyses des sources, .... " ....... '" ....... ...
Tableau synoptique des substances contenues dans 1,000 gram.
de chaculle des sources de Luxeuil......... . • . . .. . •. .•.
8
1i
i2
t2
i3
14
15
15
t6
16
18
18
20
21
22
24
Tableau des substances contenues dans l'eau ferrugineuse de
Luxeuil, d'après M. Braconol..... ........... ,. .. . .. .... 2!i
Température des sou l'ces. . . . . . . . . . . . . . . • . . • . . . . . . . . . . . . . 32
CUAI'. IV. - Des propriétés th érapeu tiques des eaux de Luxeuil
et de leur moùe d'administration..... ..... ................ 34
§ i. Eaux de Luxeuil à l'exceplion de la source ferrugineuse. 35
t 0 De la Boisson. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2° Des Bains......... . . . • . . . . . . . . . . . . . • . . . . . . . . . . . . 36
�TABLE DES MATIÈRES.
3° Bains frais... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . • . . .
37
4° Bains chauds et tièdes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
5° Bains très chauds ........................•. ; . • • . .
38
38
'0 Douches ascendanteR.............................
6° Douches. . . . . . • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • . . • • ..
39
8° Oouches écossaises..................... . . . • . . . . . .
40
43
9° Des étuves ou Bains de vapeur. . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .
44
§ 2. Durée des Bains.. . . . . . . . • . . .. . .. . . . . . . . . . . .. .•. . . 46
Propriétés thérapeutiques des dépôts produits pal'
les eaux ......•...•.............. " .......•...... , ... .. 46
CDAP. VI. - Propriétés thérapeutiques de l'eau ferrugineuse... 47
Cou. VII. -Médecine adjuvante........................... 52
CRAP. VIII. - Saison therm ale . . . .......................... 55
CUAP. IX. - Conditions hygiéniques. . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 59
Résumé............................................... 64
COAP. V. -
.'
1.
CO RBAII" -
Tl
r.
KT ST'''', l J~ .
ni-l
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LES
EAUX MINÉRALES
EN GÉNÉRAL,
DE LUXEUIL
EN PARTICULIER.
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..
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SVR LES
EAUX MINÉRALES
wr svn
C8LLES
DE LUXEUIL
EN PARTICULIER ,
CONSIDÉRÉES COMME MOYEN THÉRAPEUTIQUE, DANS LE TRAITEMENT DU PLUS GRAND NOMBRE
DES MALADIES CHRONIQUES,
APERÇU llISTORIQUE, TOPOGRAPlllQUE HT STATiSTIQUE
,un
LA VILLE DE LUXEUIL,
iI.'VE()
QUiI.'.'nE
LITHOGnil.PUIES.
PAR BARNABÉ ALlÈS,
UOC 'J'Evn BN InÉOECINÊ , COJU\ESl'ONUAN'l' DES sOct
~' J'ÉS
DE 1\IgDBClN H DE '.fOllLOtlSB, LYON , n.eSA.NçolW ,
VI': LA SOClÉ 'f É n'AGRlOVL'J'VUE DE VESOVL , DE LA <I0!\ll\lISSI0N AnCl{
l\IEl\IORC
nu
r.O~U'lH
~ OLIQl!.
DE nE8AN~O
,
O' JU'Gl t: NE E'r])E SIlLUBRITÉ VUUMQUE J)I:; ,L'AIlRON0155Ri\lEN't
1)E LUI
~
CU E VALltJ\ DE LA LÉGION n'UONNEun , ETC•
r t. lour nature et leurs propnétéa
• Malo depuis que l'OD a déo\lv~
fAr 8%perieuoe 1 l'on peut. assurer quo oeG eaux eont le remè1e le
III plua spéoifiquo pour lea maladies les plue chroniques et les plu!'
II> 1Dvétéréea, auxquelles tout.e le. rharmaci& li ét.é obUQêe dG céder .
» et. qu'cl1ea no man'lUGDt jamaio de t:roduire leuro bone offst.a quand
~ 01leo 80nt dODDi!QO per un médecin C%périmeut6. »
li
n.
T . GAG tel , Traité ou Dlsoert,at.lon Bur 108 Eaux rnlnurale8 ot
t.bermal~8
de L~xeuil.
P~IUS,
J.-n. DAU. LIÈHE, LtnHAIHE nE L' ACADÉMIE NA1'IONALE DE IItÉDECINE,
Rue Hautefeuille, 19.
JlES"'W~O
TUIlUIlIlGUE,
I,IJXEIJIL,
,
MOUGIl O'l',
'_IDRAIRE,
Rue S.-Vinconl, 51 .
1800.
LIJI/lAIRE.
�-
II
-
privilége d'être consignées dans la mémoire des hommes,
et transmises à l'appréciation de la postérité.
Mais dans toutes aussi, apparaissent çà et là des hommes
illustres, des événements mémorables, immobiles jalons
qu'à divers intervalles la main de la Providence a dressés
sur la route des âges, et dont la posi.tion bien déterminée sert à diriger la marche et à dissiper le3 incertitudes de l'histoire.
Celle de Luxeuil, au milieu des nombreuses lacunes qui
la tronquent et l'obscurcissent, pré ente aussi quelques
points lumineux qui brillent dans l'obscurité des siècles
écoulés, et reflètent autour d'eux la clarté qu'ils ont reçue
soit des événements, soit des hommes qui les ont accomplis.
On possède de curieux documents sur l'établissement des
Romains dans cette ville, sur la faveur dont elle fut l'objet
de leur part, sur l'emplacement qu'elle occupait al l'S, sur
sa destruction par Attila, et sa reconstruction sous saint
Co16mban ou ses successeurs; épisode aussi authentiques
qu'intéressanls, et sUI' lesquels on ne craint pas d'attirer
la curiosité, persuadé qu'elle peut s'y arrêter avec quelque
satisfaction.
�LUXEUIL PAIEN.
ÉPOQUE DE S.t. FOl1'D.t.TIOl1'.
L'époque de la fondation de Luxeuil ne peut être précisée : clle se perd dans la nuit des temps celtiques.
Les armes de cette ville étaient un soleil qu'elle portait
dans ses bannières: on y ajouta un lion lorsqu'elle eut
passé sous la domination espagnole .
A l'époque de la conquête des Romains, lorsque la Séquanie dul subir à son tour le joug du peuple roi, Luxeuil,
qui faisait parlie de cetle province, avait déjà une certaine
importance: ses thermes, qui exislaient depuis as ez longtemps pour avoir besoin d'être réparés, fixèrent l'attention
des conquéranls, el Titus-Labiénus, sous les ordres duquel
plusieurs légions vinrent hiverner chez nos ancêlres, présida à cette reslauralion ordonnée par Jules-César, la
premièr qui puisse êlre conslatée par un document aulhenlique.
Alors Luxeuil s'appelait Lixovium, mol celtique latini é,
donl l'étymologie d'ri e cl Ly el Ly (Cftll) , Li.xo ( eau
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-
chaude) . Cette dénomination subit avec le temps diverses
transformations: ainsi, en 450, lors de a destruction par
Attila, Luxeuil s'appelaü Luxovium; lors de son réLablissement dans le septième siècle, Lixonillm; à l'époqu du
concile de Bâle, Lixui; dans certaines chartes, Lixel, Lisseul, Lixu; aujourd'hui, on dit ordinairement Luxeuil, et
quelquefois encore Luxeuai.
On verra, dans la suite de cet aperçu, que la ville a subi
des vicissitudes encore plus grandes que le nom sous lequel
on la désignait primitivement. Les changements de mœurs,
de langue, de domination, ont altéré son nom sans le rendre
méconnaissable, tandis que la ville celtique ou gallo-romaine n'existe plus aujourd'hui que dans ses débris, et ne
pourrait même pas être soupçonnée, sans les nombreux
documents qui allestent son existence: ce n'est que par ses
restes d'antiquités de toute espèce que l'histoire peut la
faire revivre eL la reproduire à l'esprit, comme le naturaliste, à l'aide de quelques débris fossile, reconstitue des
races éteinte et disparu s de !a surface du globe.
En effet, Luxeuil antique sc terminait, au midi, à la porte
Saint-Nicolas, qu'on a voulu appeler aussi porte Ve pasienne, parce qu'en 1740, ous de lI' s-grosse pierres
qui servaienl de fondalion aux jambages d'une anci nne
porte, on trouva 1 lusieur médailles à l'effigi de c t emp r ur; cU élait à qu lques m tres au nord de l' mplacem nl olt depuis ful él v ' c 'mieux monumenl, qu'on d signe 'ou le nom d'Anci n-Hôlel-de-Ville; il 'élendait,
du ôlé opp 56, ju qu'an li u dit Gouly-foraud, où tait la
porte du Il J'd , au ~ nel cl la prail'i ,itt! d rrirl'e les
�v
bains, laquelle plus tard fut convertie en étang; en 1745,
les restes de cette porte furent trouvés en cet endroit, avec
des gonds de quatre pouces de diamètre; la partie qui était
dans la feuillure avait un pied de longueur. Lorsque cel
étang fut desséché, on y découvrit, parmi des pavés et autres
restes d'anciens bâtiments l un groupe en pierre représentant un cavalier armé de son bouclier; sous le pied droit
de devant de son cheval était une tête d'homme qu'il foulait, et à côté du cavalier était une femme. On a prétendu
que le cavalier c'était César, la tête foulée, celle d'Arioviste,
et la femme debout, la Gaule, prête à exécuter les ordres
du vainqueur.
La ville formait donc une ellipse, au centre de laquelle
était l'établissement thermal.
De la porte du sud en allant à celle du nord, une longue
suite de colonnes, dont les bases existent eneore en grand
nombre sous le sol de la rue de la Corvée, formait un immense péristyle; à l'extrémité de cette rue, au milieu de
laquelle passait la voie romaine, au point de jonction de
celle qui descend vers les bains, se voyait encore en 1767
un piédestal cylindrique, lequel, à ce que rapporte la tradition, avait servi à une statue d'Apollon.
A l'est de l'établissement thermal, d'autres buses de colonnes, de nombreux débris de chapiteaux d'ordre ionique
ont été découverts; ce qui donne lieu de penser que là
était l'emplacement du gymnasium, que les anciens 1 laçaient à pro ' imité des thermes, pour la récréation des baigneurs et de la jeunesse.
Enfin à l'ouest, on a trouvé d s massifs consid l'ah 1 s de
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VI
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maçonnerie} des voûtes et des travaux souterrains, restes
évidents des constructioll3 d'une ancienne forteresse:
c'était la citadelle romaine; nul autre emplacement ne
pouvait mieux convenir pour protéger à la fois la ville et
les bains.
On présume qu'un autre fort existait aussi à l'est de la
ville, derrière 1 collége, sur le terrain dont le nouveau cimetière occupe une partie. Ce fort était mentionné , diton, dans des mémoires ct des manuscrils de l'abbaye, dilapidés lors de la suppression des monastères.
Telle étail, intrà-mU1'os, la ville gallo-romaine.
En dehors exislaient des monuments dont les restes imposants, découverts à diverses époques, attestent l'importance, et dont l'emplacement et la destination peuvent être
démontrés par le caractère de ces antiques débris et le lieu
où ils ont été trouvés.
SUl' la place Sainl-Jacques, il parait y avoir cu un temple
consucré à Mercure: le torse et le caducée de son idole ont
été recueillis lors de la démolition des chapelles de SaintJacques et de Saint-Léger, lesquelles, dans les temps chrétiens, avaient été élevées sur les ruines du temple de la
divinité païenne.
Sur la place de la Baille était aussi, vraisemblablemenl,
un lemple païen cl ' dié à un dieu inconnu: des chapileaux,
des débris de colonnes semblent indiquer que lelle 6lailla
nalure du monument auquel apparlenaient ces resles;
mai' ri n d cara téri tiqu n'a pu en indiquer la sp ciali l .
�-
VII
Il n'en est pas de même de celui qui a existé dans la cour
de l'abbaye. Des fouilles faites en 1784 miren t au jour beaucoup de morceaux antiques, parmi lesquels quelqu es-uns ,
surmontés d'un croissant, perme ttent de penser qu'il était
consacré au culte de Diane.
Il a dû aussi y avoir un autre monum ent dans le jardin
des Bénédictins. )"!,n 1703, lors de la démolition d'une tour
à six étages qui y était élevée , on trouva dans les fondations une slatue en bronze d'un très-b on goût, que quelques connaisseurs préten dent être celle de Jupite r olympien, et d'aulre s celle d'Esculape. A la même époqu e, et
sur les mêmes lieux, on trouva aussi un certain nombr e de
vases antiques en poteri e, et des instrum ents propres à
écrire sur des tableUes en circ.
Enfin, entre le t mple dontle dieu auque l on l'avait dédié
nous est resté inconn u, celui de Diane et celui de Mercure,
était le Champ-Noir, lieu destiné, du temps des Romains,
à l'inhum ation des morts ; il paraît avoir occupé tout l'espace compris entre la place Sainl-Jacques, la place de l'Abbaye, la Grand e-Rue el la limite méridionale de l'encei nte
de la ville. Le grand nombr e de tombeaux, de cercueils en
pierre , de monum ents funéraires de loute espèce accumulé
en ces endroits, comme enta sés les uns sur les autres , indiquen t d'une maniè re incontestable que telle élait la destination de cet emplacement. Celte d stination semble même
avoir persislé assez longtemps après l'établissemenl de
la religion chréti enne, puisqu e , à côlé d tombeaux u
d c(,l'cueil pr ' nlanl le attribu l du pagani m , 'en
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VIII
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découvrent d'autres où sont taillés les emblèmes de la foi
chrétienne.
On y a trouvé aussi une grande quantité de pénates,
une Ibis, une Isis, un dieu Pède et autres figures emblématiques.
Parmi les ruines que recèle le sol de Luxeuil, fragments
de squelette de ses antiques monuments, celles de son
établissement thermal, tel que l'avaient fait les Celtes et
les Romains, ne sont pas les moins intéressantes. Le plan
de ces anciens bains fut levé lors de leur réédification;
ils présentaient une distribution exactement conforme à
celle décrite par Vitruve, Pline, Mercurialis. On y lrouva
même un strigile et une grande quantité de vases étrusques
en poterie romaine. Quelques-uns des bassins étaient en
mosaïque, dont il existe encore des échantillons.
Dans les fondations des bains actuels existent sur pluà
sieurs poinls les traces des anciens ouvrages; et m~e,
l'époque de leur reconstruction, on a pu, en beaucou'p
d'endroits, distinguer les travaux des Romains de ceux des
Celles, que les premiers n'avaient fait que réparer. Les travaux préparatoires durent être immenses: l'édifice repose
sur un sol arlificie·l d'un massif de cimenl compo de
chaux, de briques, de rocailles de toute espèce, dan' lequel e t renfermée une 1 al'lie des tuyaux qui am nent
les eaux chaudes.
Quelle fut l'importance de Luxeuil pendant celle période llique t gallo-romain ? Nou avons d jà vu que
l'occupation par les Romains la faisait présumer pour l s
t mp an!' ri urs : po l ri ur ment , i ceU irnp l'lan ('
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lX
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n'eùt pas existé, l'occupation l'eût fait naître. Ces considérations acquièrent une nouvelle valeur par tous ces resles
d'antiquités celtiques ou romaines, trouvés dans le sol de
cette ville . On sc ferait difficilement une idée de l'immense
quantité des débris qui s'y rencontrent, statues, bas-reliefs, tombeaux, sarcophages, urnes cinéraires, médailles,
camées, poterie romaine : ils ont suffi à former trois ou
quatre cabinets; et cette mine précieuse est loin d'être
épuis6e : chaque nouvelle fouille met au jour des antiques,
dont quelques-uns dignes du plus haut intérêt. La dernière découverte de ce genre, qui a eu lieu en 1845, a
procuré dix-huit tombeaux et plusieurs débris d'architecture provenant de grands monuments.
Les anciennes colleclions ont été dispersées. Luxeuil
aurait été complètement déshérité de ce riche patrimoine
archéologique, qui lui ari~t
à travers la succession des
âges, si le zèle aussi pieux qu'intelligent de M. le colonel
Fabert n'avait recueilli d'intéressants débris de cet héritage
de vingt siècles, en consacrant à l'illustration de sa ville
natale la dern'ière moitié d'une vie dont la première avait
été honorablement employée au service de la patrie.
Dans ce rapide aperçu, que je désire rendre aussi court
que possible, je dois me contenter d'exprimer les opinions
reçues, sans entrer dans le détail des divers documents qui
leur ont servi de base . J'insérerai seulement ici quatre
inscriptions principales trouvées dans les bains de Luxeuil, ..
objet spécial de cct opuscule.
La premi re, conservée seulement en note dans un mallll Tit de la l ihlioth que d l'abhaye, est ainsi conçue:
�-
x
--
Première insc?'iption.
LVXOVJO
ET BRIXIiE
GIVL FIR
MAR lUS
V. S. L. M.
C'est un monument de reconnaissance décerné par Firmarius à Luxeuil et à Brixia) que Dunod appelle aussi
Hygia. La déesse Brixia était en grande vénération dans le
pays, com.me l'attestent plusieurs inscriptions, ainsi que le
nom de Breuche et Breuchotte, donné à quatre villages
des environs de Luxeuil, et celui de Breuchin à la rivière
qui les arrose.
Deuxième inscription.
SSOLO
ET BRICIA
DIVI X TI
US CONS IAVS
V. S. L. M.
Celte inscriplion ful trouvée en 1777, parmi cl frag- ·
menlsd chapiteaux) fùts cl olonnes, el autr débris d'un
, dific on iclérabl , derri 1'0 1 hai ns , pl" S rIe l' nd ('Olt
�XI
où coule aujourd'hui la source d'Hygie, et où l'on croit
qu'exi lait un temple dédié à la déesse Hygia.
Troisième inscription.
LlXOVll TIIERM
REPAR LABIENUS
IUSS. C. IVL CiES
IMP
Celle inscription constate la reslauration des bains de
Luxeuil par Labiénus, d'après les ordres de César. On
peut la voir incruslée dans le mur de la grande salle de
l'ancien I1ôtel-de-Ville (1). Elle fut trouvée le 23 juillet
1755, Jans un ancien bassjn romain, au milieu d'une
quantité d'objets d'antiquité, tels que débris de pierres,
de poterie, plus de trente médailles, etc. Tous ces objets
élaient enfouis dans une vase paisse, qui, depuis des
siècles, n'avait pas été remué .
Quatrième inscription.
COS
C. 1. C.
(-1) Elle vienl d'titre lransportée tout récemment li l'établis ament
thermal. C'esllà, en fT l, qu'est a véritabJ place.
�-
Xll
-
Cette quatrième inscription, qu'on explique ainsi: Consule Caïo Julio Cœsarc, trouvée dans les bains à la même
époque, fut aussi apportée à l'Hôtel-de-Vil1e, où elle resta
longtemps; elle n'y est plus; on ignore ce qu'elle est devenue. Les lettres étaient gravées à la pointe d'un marteau, sur une pierre de cinquante-huit centimètres de longueur sur quarante-quatre de largeur.
Luxeuil était traversé par une voie romaine venant de
Mandeure, et se bifurquant, à quelques kilomètres au nord
de la ville, au milieu des bois, près de la fontaine au Miroir, en deux embranchements, dont l'un se dirigeait vers
Langres, et l'autre sur Toul. En 1767, on trouva une
statue équestre à l'endroit de cette bifurcation. Des tronçons de cette voie existent encore, et sont facilement retrouvés sur plusieurs points.
Une centaine de mètres de canaux souterrains, et de
construction évidemment romaine , subsistent aussi, et
servent à l'écoulement des eaux de l'établissementthel'mal.
ÉPOQUE DE Sil DESrI'RUC'I'IOlll.
Si la fondation de Luxeuil n 'a point de date connue, il
n'en est pas de même de sa destruction. Un chef de ho rd s
du Nord, dont le nom est resté dans l'histoire , comme le
plus haut emblème du génie de la dévastation, Attila, cette
farou ,he p rsoJ1niûcation de la barbarie se ruant sur la civilisalion, jaloux de justiûer le titre de Fléau de Dieu,
qu'il s'était lui-m~e
arroo' , après avoir ravagé prcsqu
�-
XIII
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toule la Germanie , délruisit Lu 'euil de fond en comble )
en l'an 150. Cette ville était alors assez importante pour attirer les regards du dévastateur; et nos annales mentionnent sa destruction dans les mêmes pages que celle de
Langres, Besançon et autres villes considérables.
Ainsi finit Luxeuil païen, englouti par cet immense ouragan qui tourbillonna sur une partie de l'Europe : le coq
gaulois avait présidé à ses premières destinées; les aigles
romaines virent s'accomplir les dernières. Ces murs olt si
longtemps s'abritèrent les légions; ces antiques bains restaurés pal' Labiénus , où les dominateurs du monde se lavaient de la poussière des combats, se délassaient des fatigues de la victoire; ces monuments élevés à la gloire des
dieux ou à la majesté des Césars; celte citadelle, qui devait tout pro léger et ne put se protéger elle-même, tout ful
détruil, tout ful rasé au niveau du sol. A la place d'une cité
florissante, il n'y eut qu'un monceau de ruines; sous ses
portiques silencieux , autour de ses statues renvers es et
de ses temples déserts, purent errer les animaux féroces,
que la présence de l'homme n'inquiétait plus: pendant
longtemps leurs hurlements troublèrent seuls la solitude
de ces lieux naguère si retentissants du bruit et du mouvement de la civilisation. « Thermœ eximio opere extruetœ
habebantll1·; multœ ibi slatuee lapideœ emnl : al lune solœ
» illie (el'œ, w'si, bubuli, lupi Frequentes visebant1l1'.»
(Jonas, Vie de saint Colomban. )
»
�LUXEUII.I CHRÉTIEN.
Il était réservé au christianisme, qui a réparé tant de
désastres, de faire sorlir Luxeuil des ruines sous lesquelles
la barbarie l'avait enseveli.
En 590, vivait Colomban, prêtre irlandais, l'un des plus
fameux cénobites du sixième siècle. Né dans le pays de
Lein leI', élevé dès sa jeunesse dans l'étude des sciences
humaines, auxquelles une grande aptitude, aidée d'un travail assidu, l'initia rapide men t; instruit ensuite dans la
connaissance des livres sacrés, par un sainl vieillard nommé
Silène, qui fortifia et développa le germe des heureux sentiments que la nature avait mis dans son cœur, Colomban,
désiraut fuir le monde, où , si souvent, la piété et la vertu
rencontrent des écu ils,
r Lira à B nchor, cél' br abbaye où il y avait pl" de lrois mille rel igieu. ) et y passa
plu ieurs anné s sou la disci pli n du sainl abbé Comgall.
Venu en Franc , à l'âg cl lreille ans, ave douze de s s
ompagnons, il ful r çu dans l'Allsll'asi pelI' Childeb rt fi
���-
xv
et la reine Brunehaut, et fixa d'abord sa résidence au vieux
château d'Annegray. C'est de là qu'il vinl à Luxeuil, où-il
s'établit, avec la permission de Gontran, roi de Bourgogne,
et y fonda une abbaye.
Sur les débris de cette anticlue cité, au milieu d'une immensité de pierres, de statues, de monuments autrefois
consacrés à la célébration des cérémonies paIennes, un
prêtre de l'endroit, Vinocus, instruisait quelques rares habitants aux vérités de la religion chréLienne. Un siècle et
demi ne s'était pas encore écoulé depuis la destruction de
Luxeuil par Attila, et pendant que la ville celtique avait
sommeillé dans ses ruines, la Providence avait fait avancer
dans leur nouvelle phase les destinées de l'univers, et accompli, au profit de l'humanité, une immense révolution
sociale.
A cÔlé du cadavre du paganisme, mort de ses vices autant que de décrépitude, s'élevait, dans sa sublime grandeur, une foi nouvelle, pleine de vie, de force et d'avenir,
régénérant la société, la dotant d'une autre civilisation,
d'autres tendances, d'autres mœurs, d'autres lois, d'autres
insLitutions; les Gaules étaient conquises à Clovis, et Clovis
au chrisLianisme.
Colomban, et l'abbaye qu'il fonda à Luxeuil, eurent une
grande influence SUl' sa propagaLion dans ces contrées. Ses
disciples, et les compat5l1ons venus avec lui de la lerre
étrangère, secondèrenl son apostolat , et portèren LIeurs
prédicaLions dans diverses provinces; Valberl et Chagnoald,
dalls la Brie; Am l et Romaric, dan l' Austl'a 'ie ; Omer et
�XVI
Achaire , dans la Picardie, la Flandre et l'Artois; Agile,
Gal, Eustaise, en Suisse et en Allemagne.
Les monastères qui, à cette époque, étaient non-seulement des asiles de piété, mais encore des écoles de science,
des ateliers, pour ainsi dire, de civilisation chrétienne,
s' élevèren t à leur voix, et se peuplèrent d'hommes éminents, dont l'esprit et le cœur a piraient vers la science ou
la vertu.
Ce ne furent point des gens sans aveu, des hommes
sans nom et sans consistancc qui, les premiers, marchèrent
dans cette voie. L'exemple partit de plus haut: ce fut dans
les classes les plus élevées, parmi les plus opulentes familles, au milieu de honneurs et des jouissances de la
rortune, que ces établissements religieux recrutèrent leurs
premier adeptes. A eux était confiée l'éducation des enfants auxquels leurs parents voulaient préparer un avenir;
c'était dans leur sein que se réfugiaient 1 s hommes mûrs,
que l'u ao'e et l'expérience du monde avaient accablés de
fatigues, et quelquefois de remords.
Il ne pouvait qu'en être ainsi: l'air du monde était alors
si infect, si souillé de dis 'orde , de trahison , de haines, de
cl'im s de loute sorte! et l'almo phère des cloUres si pure,
si calme, si vivifiante! le chaos exislait entre l'ancien édifice ocial qui s' élai t écrou] , t J Ilouveau qui n" lait pa
encol' affermi SUL' ses ba e : c' lai nlles lemps des maires
du palais, des rois fainéanl ,d Fr cl ' g nde, de Brunehaut! quoi d'élonnanl, si la j l' \igieus , qui s'écoulait
nlr 1 s douceurs de l'élude ell s distraction du travail,
avait plus d'aUrail qu elle cxi,l nc pl in d'agitali n
�XVlI
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de lurbulence et de danger , la seule que pût alors donner
une société sens dessus dessous, où l'on ne sait ce qui
était le plus à déplorer, de l'ab ence de l'autorité ou de
abu de son e 'ercice? redoutable alternative, à laquelle
'chappe si difficilement l'enfance des nations .
Il est admirable el bien digne des méditations de ceux
qui cherchent dans l'histoire des ensei l1 nements pOUl' la
politique et la pbilosophie, qu'à toutes les époques on ait
vu naître les in titutions qui r pondaient le mieux aux besoins de la situation, au milieu de laquelle elles semblaient
n'apparaître que par l'effet du hasard: il a pu arriver que
les contemporains, trompé par le apparence
e oient
mépris sur leur caractère et leur opportunilé, ct ne les
aienl appréciées que sous d rapports trompeurs ou in igniflanls, néO"ligeanl eux qui taient es enliel , fondamenlaux, fertile cn on équ nces . Mais lapo L'l'iLé mieux
placée pour juger des fails qui ont besoin d' tre vu à une
certaine distance, reclifie les opinions prématurée : l' sprit humain dont les prévision sont limitée , et qui n'avait pu déduire de la caus
He-même tous les eff ts
qu'elle recélait, s'incline plus lard, devant leur réalisation : lorsque les ré ultals apparaissent au grand jour,
l'en haînement qui les reli à leur cau e ce e cl' lre my t rieux.
C' t que les fail de l'ordre moral sonl toul au i régI s
que le phénom ne d l'ordre nalurel ; ils dériv nl de la
même origine, il reconnaissent l s mêmes loi : il émanent
à titre' gal de celle suprême int lligenc qui fail ntrer
dans ses plans les révolulions politique, omm le 1rollhlc
Il
�-
XYlU
-
momenlané des phénomènes de la nature, pour qu'ils
servent à l'accomplissement et au maintien permanenl de
ses lois : en dehors des volontés et des intentions de
ceux qui tiennent le timon des états, supérieur à leurs combinaisons et à leurs calculs, qui toujours sont des moyens
pour lui, même quand ils paraissent être des obstacles, plane
sur les sociétés un gouvernement providentiel qui les régit,
les dirige dans des voies sûres, et les pousse invinciblement
vers son but, l'amélioration de l'élat social.
Ces considérations sont applicables au christianisme, et à
l'établissement des monastères, qui furent un de ses principaux instruments de propagation; ils vinrent dans leur
temps, et à l'heure propice, pour accomplir la mission humanitaire et providentielle qui leur était réservéc: même en
ne l'envisageant qu'au point de vue de la sagesse humaine ,
il est impossible de méconnaître ce que celle institution
produisit d'heureux résultats: elle était fille du temps et
des circonstances; on ne voit pas par quel moyen eussent
pu être plus promptement et plus sûrement propagés et
disséminés les éléments de la civilisation chrétienne. Elle
remplit le double rôle d'universilé et d'institut agricole,
éclairant les esprits et défrichant un sol inculte, conslituant
çà et là mill foyers qui irradiaien t à la fois, avec une 1 uissante aclivité, sur des populalions avides d'en recevoir les
bienfaits, la foi divine, L'agriculture et les connaissances
humaines.
Oulrel'abbayedeLu euil,quifutlongtempschefd'ordl' ,
Colomban avait élevé aussi c He de Fonlaines el d'Annegray, D i Jc c 11 de Luf'c, Romul'ic He cl Bambel'g,
�-
XIX
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Gall celle qui porte son nom au cœur de la Suisse : et lorsque, après diverses vicissitudes, l'apôtre irlandais fut ariv~
à la dernière heure de sa vie mortelle, son passage restml
marqué par une longue empre inte de christianisme, depuis
le monastère d' Annegray, au pied des Vosges, qui avait
été sa première fondation, jusqu' à celui de Bobio au pied
des Appennins, qui devait être la derniè re: c'était le sillon
que Dieu lui avait départi dans le champ de l'apostolat.
Le bruit de ses miracles, l'exemple de ses vertus, ce prestige entraîn ant qui, dans ces temps de ferveur et d'enth ousiasme, s'attacbait aux prédicaleurs de la foi, portèr ent en
peu de temps l'établissement fondé par Colomban à un degré émine nt de prospérilé. Saint Eustaise, qui en fut abbé
de 611 à 625, ~ T institua une école célèbre, donlla renom mée
s'étendit bientô t dans loute l'Allemagne. De toutes parts, la
jeune noblesse accourait s'initier, sous les leçons des homm es
du premier mérite, aux sciences divines et humai nes; l'abbaye fournil des pères à l'Eglise, à l'Etat des homm es dislingués. Cette haute faveur s'accru l encore sous ainl Valbert, successeur de saint Eustaise, qui avait renonc é à la
vie elaux honne urs militaires pour le monastère de Luxeuil,
donl il devint le troisième abbé.
C'était dans les monastères, qu'apr ès leur chute, se réfugiaient alors les grandeurs déchu es; à la fois lieux d'asile
et de pénilence pour les reines, les princes, les minislres,
que l'intrig ue des cours, les révolutions de palais, le caprice ou la juslice des rois précipitaienl du faîte de la puissance. Le voile, la tonsure et l'habil monastique de enaienl
une sauvegard cl une pialion. Ain i, l'ahha e de Ch n s
�xx
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reçul Bathilde, veuve du roi Clovis II; celle de Saint-Denis,
Thierry, fils de Clotaire III; celle de Luxeuil, Ebroïn, maire
du palais, et Léger, évêque d' Autun, son rival politique. Ces
deux hommes, frappés de la même disgrâce et couverts du
même froc, mai doués de qualités et animés de sentiments
si différents, semblaient ne plus se souvenir de leurs anciennes querelles. A la cour et dans le maniement des affaires, divisés d'intérêts et engagés dans des fadions ennemies, ils s'étaienl montrés rivaux acharné : à Luxeuil, ils
se pliaient à la même discipline, obéissaient àla mêmerègle,
se conformaient aux mêmes pratiques. On dit même que
Léger fit des avances à Ebroïn, et qu'ils échangèrent des
prote talions d'amitié. L avenir se chargea d'en vérifier la
incérité. Lorsque, sortis l'un et l'autre de leur paisible retraite, jl roulèrent de nouveau dans le tourbillon du
monde, la conduite crueHe d'Ebroïn nvers son ancien
compagnon d'exil, prouva, qu'au moin pour l'un des deux,
il ya ait eu eulement trêve momentanée à des haines irréconciliables, et non paix sinc' re et durable. L'homme
politique oublia complétement 1 s protestations d'amitié
du moine; il avait lais é à l'abbaye de Lu euil et l'habit
l'eligieux, etl s dispo itions bienv illant .
La présence de c s illustre exilés, les isi tes de saint
Eloi le don d la r in Bathilde, de Clotaire t de
Thi l'l'y, ontribuè1' nt à fixer l'aLLention ur eUe abbaye,
et la plac' renl parmi 1 s plu imporlant du royaume.
C'c t de 'cs époqu s que dat la l' édifi alion de Lu ' uit:
la nouvell vill avail urrri autour du m na l r ,à l'ombr
de sa roi~
il quelq\le c nlain . de mèlr s Cl l' rnpla -
�-
XXl
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ment où avait été l'ancienne; au souffle de l'esprit chrétien avaient tressailli les restes humiliés de la cité païenne;
l' œuvre de Colomban portait ses fruits réparateurs, et consolait la civilisation du grand désastre de 450.
L'établissement thermal avait subi le sort des autres monuments que les Celtes ou les Romains avaient élevés à
Luxeuil; il avait disparu dans le sac de cette ville. Mais les
sources qui l'alimentaient, œuvres de la nature ct impérissables comme elle, n'avaient pu être anéanties pal' la
hache ou la torche des barbares. Elles coulaient dans la
solitude et au milieu des débris, comme elles avaient coulé
dans les bassins en marbre et en mosaïque fréquentés par
les Celtes ou les soldats de Labiénus, sans avoir rien perdu
de cette chaleur élémentaire qui en faisait le caractère et
l'utilité. Furent-elles prises en quelque considération par
Colomban, lorsqu'il quitta Annegray pour venir à Luxeuil
fonder son abbaye? Et postérieurement eurent-elles quelque influence sur l'agrandissement et la prospérité de la
ville qui s'était relevée sous les auspices de cet établissement
religieux? L'histoire est mueHe à cet égard. Tout ce qu'on
peut dire, c'est que Colomban n'en ignorait pas l'existence,
et qu'il ne parail pas qu'il ait rien fait pour la meUre à profit.
Ses successeurs ne s'en occupèrent pas davantage. Le
moyen-âge attachait à l'usage de!:; bains beaucoup moins
d'imporlance que les peuples anciens ou moderne!:;: cl
quoique la fréquence des maladies de la peau, qui plus lard
i nfestèren t l'Eu ro pe, eû t dû rendre ce tie resso uree précieu se
aux localités que la Providence en avait dotées , rien, de Lout
ce qui nous est parvenu de ces temps-là, ne démontT
�-
XXII
-
qu'on ait songé à en tirer quelque parti. Ce qui reste des
anciennes constructions thermales de cette ville remonte
aux Celtes ou aux Romains; il n'en est point qu'on puisse
rapporter au moyen-âge.
Il serait sans intérêt de suivre le fil des destinées de Luxeuil,
à travers le laps des temps et la multiplicité des événements:
après avoir été, tour-à-tour, l'objet de l'attention des maUres
du monde et la proie des barbares, il était tombé au rang,
dont il ne se releva plus, de ville subalterne, et il ne joua,
dans la suite, qu'un rôle trop peu saillant pour être remarqué: On sait néanmoins qu'il eut, ainsi que l'abbaye,
sa part de sou[rances et de revers, dans les guerres dont la
province fut le théâtre. Au commencement du huitième
siècle, les Sarrasins, dans une quatrième invasion, pillèrent
la ville, saccagèrent l'abbaye et massacrèrentles religieux.
Sur la fin du neuvième siècle, en 1201 et 1214, la ville et
l'abbaye subirent encore les mêmes dévastations. L'armée
de Louis XI, qui avait pénétré en Franche-Comté, sous les
généraux Pierre de Craon ct Charles d'Amboise, s'empara
de Luxeuil cl le livra à l'incendie. L'armée des ducs des
Deux-Pont5, en 1568, les bandes de Tremblecourt, en 1595,
les troupes suédoises, en 1644, furen t pour cette ville la
cause de nouvelles calamités.
D'un autre côté, les abbés subirent et quelquefois suscitèrent des contestations sans gloirc et sans retentissement,
pour]e droit dc gardienneté, entre les comtes de Bourgogne
el de Champagne, leues puissants voisins. Enfin , en 1534,
ils J'enoncrrenl, en faveut' d s premiers, aux droit d souv l'llinclé (111 'il avai nt 'hcr'ché ft sc cd-cr, au Lemp d la
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décadence de la race carlovingienne, droits que les immenses richesses de l'ab~e,
le nombre de ses vassaux
et la considération qui l'entourait ne réussirent pas toujours
à faire ménager et respecter de ceux qui avaient des prétentions opposées. Quelques lettres de grâce, quelques
pièces de monnaie frappées au coin des abbés de Luxeuil
ne parurent pas des titres suffisants pour établir cette souveraineté. A la suite d'un procès qui dura trente-un ans,
dans lequel elle était contestée par le procureur-général au
parlement de Dole, un traité intervint, conformément à la
sentence qu'avaient rendue les arbitres nommés par l'empereur Charles V et François de la Pallu, abbé de Luxeuil,
par lequel cette souveraineté fut définitivement abandonnée (1).
(1) Les droits de gardienneté furent une occasion continuelle de difficultés et de guerres dont l'abbaye eut beaucoup à sou[rir, et sa souveraineté ne fut jamais acceptée sans conteste.
Il faut bien le dire, les fai.ts historiques les plus imposants, et les
inductions les plus logiques, venaient à l'encontre de ses prétentions, et
autorisaient à considérer quelques actes, SUI' lesquels elles semblaient
pouvoir s'appuyer, plutôt comme des tentatives d'usurpation que comme
l'exercice d'un droitlégitirne.
Et d'ahord , les circonstances de la fondation de l'abbaye étaient exclusives de toute idée de souveraineté, puisque Colomban ne s'établit à
Luxeuil qu'avec la permission du souverain, Gontran, roi de Bourgogne. Un peu plus tard, Thierry Il, successeur de Gontran, qu:importunait l'austérité des reproches de .Colomban , le relégua à Besançon. A
ln vérité, Colomban, malgré les ordres de Thierry, revint à son abbaye;
!pais Thierry Il n'en avait pas moins fait acte de souvcrnincté en J' Il
éloignant.
�XXIV
Anciennement, et jusqu'à la révolution de 1789, Luxeuil
n'était point chef-lieu de paroisse, ct dépendait de celle de
En 670, Childéric II exila à Luxeuil Ebroïn, maire du palais, et,
quelques années après, Léger, évêque d'Autun. Il est évident que Childéric n'aurait pas assigné pour exil ft ces personnages un li eu dont il
n'aurait pas ell la souveraineté.
En 8Hi , l'empereur Charlemagne, roi de Bourgogne, combla l'abbaye de Luxeuil de biens et de priviléges, autre preuve que J'abbé
n'était pas ouverain, et que Charlemagne se regardait se ul comme tel.
Dans le partage fait en 870, dll royaume de Lothaire et de Louis,
Luxeuil fut compris dans le lot qui échut ù Louis.
Dans la suite, Luxeuil suivit toujours le même maître que le surplus
ùe la Franche-Comté: ainsi, eu l'an 1'125, IJugues Icr, abbé de Luxeuil,
obtint de l'empereur Henri IV une charte confirmative des biens et priviléges de l'abbaye.
Après la mort de Béatrix, comtesse de Bourgogne, femme Je l'empereur Barberou,se, qui eut lieu en 1186 , Henri IV, l'aîné de ses enfants, eut la terre el seigneurie ùe Luxeuil, ous la souveraineté d'Otboo,
son fr'èl'e, comte de Bourgogne. De Henri IV, cette terre passa on différentes mains, et se trouva ensuite réunie dans la même main que la
souveraineté du comté cie Bourgogne.
Jusque là, l'abbaye n'ayant possédé que des biens et des priviléges
daus la terre cie Luxeuil, la prétention à la souveraineté ne pouvait
même être soulevée; mais, clès lors, elle acquit la teere même qui lui
fut donuée par le ouverain, avec différents dl'oits de régale, ù charge
de relever de lui. EL c'est préci ément à la faveul' de ces droits, et aidée
pal' des circonstances favorable', CJu l'abbaye chercha à se prévaloir,
contre le souverain, ùos concession qu'elle tenait de lui, l il secouer
le joug de sa d' pendance. Tel pouvait êtl'e le résultat d l'acte CJu' Il e
pa sa, en 'J2 8, avec Thibaut, comte do Champagno et l'oi ùe avarl'O,
acte SUl' let[uel Oll a principalement insisté pOUl' établir la souverailt~
Il cell terr. Par coL acte, j'abbé ct les moines associ l'ont le omte
�xx,
Saint-Sauveur'. La petite égli e dédiée à saint Marlin, et qui
était ituée ur la place qui porle l nom de ce ainl, n'étail
de Champagne à la moitié de leurs revenus, il la c.:hal'ge de les garder
et défendre, contre tous ceux qui les troubleraient dans l'exercice de
leurs biens et pril'iléges. Pour e donner, il faut s'appartenir, et rien
ne prouve que Luxeuil fût lans celle po ition. Il est vrai emblable que
cet acte fLat pas 'é clandestinement, et par conséquent il ne peut faire
titre; car le comte Othon de 130ul'gogne s'y opposa de tout Oll pouvoir,
aussitôt qu'il en eut connaissance, Pour se maintenir dans sc droits de
soul'eraineté sur l'abbaye, il prit pos e ion de Luxeuil en 1280 , ct y
fit on entrée ac ompagné de l'abbé, dont la pré ence à celte cérémonie
indique suffi am ment qu'il n'osa pas refuser de reconnaître Othon de
Bourgogne pour son souverain; et Othon se maintint si bien dans sa
souveraineté que, dans le d tails qu'il donna plu tard à Philippe-leBel, roi de France, de ses va aux ct des égli es dépendantes de sa
garde, il nomma l'abbaye de Luxeuil une des premières: c'était d'autant plus sigllificatif, que Philippe-le-Bel, a ant épOli é Jeanne, comtesse de Champagne et de BI'ie, héritière d e m~e
Thibaut 11, qui
avait passé le traité de 1258, devait, en celle qualité et en vertu de ce
traité, jouir de la gardienneté de Luxeuil. La protestation du 'omte de
Bourgogne ne pouvait ~tl'e
plus formelle,
Au urplu , 'i l'on avait ù rechercher le intentions secrètes ùe
parties con tractante dan cc traité d'e 12;58, on y verrai t une tentative
du comte de Champagne, qui, depui longtemp , avait de vues SUI'
quelques partie de la comté de Bourgogne, notammeut sur Luxeuil,
plutôt que le dessein prémédité d l'abbaye ùe 'érig r en souveraine;
déjà, n 1227, le comt de Champagne ne prenait 1 parlÎ du 'omte
Othon, ùan se démêl' avec le comt Etienne, que dan ùe \ ues iot \ressées : CUl', « Au dit an, il pensa enjamber par :t qui itioll lI(' le
) comté de Dourgogn , et voulut acquél'Îr les terre,. de Luxeuil ct
) autre proche de dans le 0 ge . » (Gollut.) Po t"l'ieurem ut, il fit,
pal' surpris, e qu'il n'avait pu faire 11 force omert , en 'emparant cl
�XXVI
qu'une chapelle, dont le chapelain devait être un prêtre séculier, enfant de la ville, dans les temps primitifs de son
Luxeuil, à l'occasion de quelques guerres qu'il eut sur la frontière
avec Hugues, mari d'Alix, comtesse de Bourgogne, fille d'Otbon.
Quoi qu'il en soit de cette explication, les comtes de Bourgogne ne
cessèrent de réclamer contre ce traité, et de faire des actes de souveraineté sur les terres de l'abba)'e.
A la vérité, Philippe-le-Bel, qui eut la comté de Champagne par sa
femme, et les rois de France, ses successeurs, eurent de fait la gal'dienneté de Luxeuil, au préjudice des comtes de Bourgogne; mais ne
fllt-ce pas à leUI' ascendant comme rois de France, et à la puissance de
Jeurs armes, qu'ils durent cet avantage? Ainsi le pensent quelques historiens. (Dunod, Hist. de l'Egl. de Besançon.)
Les oppositions et les réclamations de corn tes de Bourgogne furent
si constantes, qu'après tan t ùe guerres li ce sujet, Philippe-le-Bon
consentit enfin à déférer celle contestation au concile de Bâle. Les
Pères du concile n'ayant fait qu'entendre les parties, mais sans rien
déterminer, et les réclamations des comtes de Bourgogne durant toujours, le roi de France, Charles VU, céda enfin à ces derniers, par le
traité d'Arras, en 1456, le droit de gardienneté de l'abbaye de Luxeuil,
ctl'econnut que ce droit leur appartenait légitimement; et il est à remarquer que ce traité, qui disposait ainsi de la souveraineté, eut lieu
entre Charles VII etle comte de Bourgogne, sans la présence ni la participation de l'abbé de Luxeuil.
Postérieurement à ce traité d'Arras, il ne s'est rien passé qui ait pu
ptablil' celle souveraineté. 011 cite quelques pièce de monnaie rrappées
au coin ùes abbés, et cinq lettres de grâce, qui sont des années 1481 ,
et '1502. Mais, en allmellaut J'authenticité, qui
1482, 1485, 1 ~O
pourrait ûtre contestée, de ces pièces de monnaie ct de ces lettres de
grtlce, elles ne peuvent être considérées omme des preuves suffisantes
de souveraineté. BaLt!' monnaie et faire grâce sont bien certainement
des droils ré-galien ; mais c s droits pouvai lit être dél :gllés il d s va -
�XXVII
existencc. Ce n'est que plus tard qu'elle fut réunie à la
manse conventuelle par une bulle de Léon X, du i 3 mars
1514, et desservie par un religieux de l'abbaye, sous le
nom de recteur. L'époque de s~ fondation est inconnue;
quelques-uns la font remonter jusqu'à saint Colomban:
d'autres lui assignent une date moins reculée, et croient
devoir la rapporter aux habitants de Luxeuil, qui, formant
déjà une agglomération considérable, devaient désirer en
beaucoup de circonstances, telles que la nuit, les cas d'urgence, les temps de guerre, d'avoir à leur portée les secours
de la religion, secours toujours plus lents à obtenir, s'il
eût fallu recourir au chef-lieu de la paroisse, tant à cause
de son éloignement, que parce qu'elle était placée hors de
l'enceinle dc leurs murailles. Et, en erret, le chapelain avait
le droit de bénir, et faire distribuer le pain bénit, les jours
de dimanche, de recevoir, pendanlla nuit, la confession des
habitants de la ville, de leur administrer l'eucharistie et
l'extrême-onction, dans les cas d'extrême nécessité, sans
qu'il fùt tenu à aucune au tre obligation que d'en demander,
saux, sans qu'ils eussent pour cela la souveraineté. Philippe-le-Bon,
duc et comte de Bourgogne, maintint l'abbé de Saint-Claude dans le
droits dont il joui sait anciennement, de légitimer les enfants naturels,
de donner cles lettres de nobles e, de faire grâce aux criminels . Il en
est de même du droit de battre monnaie, qui l'nt délégué ~ l'Eglise de
Besançon et au mêmo abbé de Saint-Claude. (Dunod.) Los abbés do
Luxeuil, s'ils ont exercé les droits régalions, n'ont pu 10 faire qu'au
même titre, c'est-à-diro pal' délégation, et il no sanrnit on résulter
aUCun droit do sOllverninolé.
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XXVIII
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une fois en sa vie, la permission au curé de Saint-Sauveur,
tant pour lui que pour ses desservants.
Les bourgeois de Luxeuil avaient une clef du coffre des
titres et argent de ladite chapelle; ils étaient présents aux
remboursements et replacements des rentes, et aucun
prêtre enfant de Luxeuil ne pouvait arriver à la chapellenie,
sans le consentement de ses magistrats, qui avaient un
siége avec les fleurs de lis dans la chapelle, et fournissaient
même les vases sacrés du tabernacle.
Quoi qu'il en soit, cette fondation fut antérieure à l'année
665. ( En l'an 665, dit Bollandus, Valdebert alla vers le
» Seigneur : une foule immense de fidèles accourus de
» toutes parts se pressaient à ses funérailles: il fut inhumé
» dans l'église de Saint-Martin. » Cette chapelle a été détruite lors de la première révolution.
Il en existait encore une autre, dédiée à la sainte Vierge,
située au nord de l'église abbaliale, et aujourd'hui paroissiale, sur l'emplacement où, de nos jours, on vient d'élever
l'établissement des frères de la doctrinc chrétienne . Elle
n'était qu'un appendice, pour ainsi dire, de l'église de l'abbaye, d'où l'on y arrivait par unc galerie couverle. Sa fondation rem nlait aussi à unc époque inconnue, mais trèsancienne, pui quc saint Audésige, abbé de Luxeuil, fil
conslruire el couvrir d'ancell s, vers l'an 825, la galerie
qui la fai ail comnlUn iquer à l'églisc du monastère.
Il y avail aussi à Lu 'eui! divc['scs autres pelit s chapelles
cl ux, enLl'eélllLr s, vis-à-vis l'un de l'autre, dédiées à saint
Jacques t à sainl Léger, ur la pla e qni poele Je nom du
premier de ccs dcux ainls; une dédié à sainLe Annr, aH
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XXIX
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nord-est de la ville, auprès de laquelle a existé très-a nciennemenl un cimetière pour les pestiférés; une dédiée à
sainte Madeleine, sur la hauteù r au sud de Luxeuil; et
une dernière, enfin, au bas de la ville, auprès de la fontaine
dite de l'Hôpital. Lors de la démolition de cette chapelle, la
statue de la sainte Vierge, sous l'invocation de laquelle elle
était placée, fut transférée dans la petite église du village de
Sainl-Valbert, où elle est encore aujourd'hui, et est demeurée, sous le nom de la l'ierge de l'IIôpital, à laquelle la
tradition attribue plusieurs miracles, l'objet de la piété, de
la vénération et du pélerinage de beaucoup de fidèles.
Il y avait encore à Luxeuil un couvent de capuc ins: il
est vraisemblable que c'est à l'existence de cet établissement que la partie méridionale de la ville, où il était situé,
doit son nom de faubourg de Saint-François.
Oulre son enceinte principale, fermée de murs et fortifiée
à l'ancienne méthode, la ville de Luxeuil avait autrefois
quatre faubourgs: il n'en reste aujourd'hui que trois; le
quatrième, qu'on appelait faubourg de la Bure, bâti sur
l'emplacement où est la prairie qui remplace l'éta.ng de la
Poche, derrière le jardin de l'abbaye, fut brûlé par des
troupes ennemies commandées par Hugues de Bourgogne,
sire de Montjustin, en l'an 1293.
On présume que Luxeuil fut affranchi sur la fin du treizième siècle, plus heureux, ou plus tôt heureu x que Lure,
Faucogney, Conflans, et aulres populations voisines, sur
lesquelles pesèrent encore longtemps les misères du servage.
Sur la fin du moyen-âge, les arts jet renl quelque éclal
�xxx
-
sur la ville. C'est du quinzième siècle que date la construction de quelques 6difices d'une architecture très-remarquable, et dans laquelle le goût de la renaissance s'alliait
déjà aux élégantes et capricieuses fantaisies du style gothique. L'ancien Hôtel-de-Ville et la maison qui est vis-à-vis,
dont on attribue la construction au cardinal Geoffroy (1),
celle qui fait un des coins de la place de la Baille, et qui,
d'après quelques opinions traditionnelles, a joui, dans le
temps, du droit d'asile, en offrent de curieux échantillons.
On visite encore avec intérêt les bâtiments de l'ancienne
abbaye (2), qui ne sont pas ceux qu'éleva saint Colomban,
mais où ce grand souvenir revient sans cesse à l'esprit, el,
par une rapide illusion, le reporte aux premiers temps de
cet établissement, dont nous sépare un intervalle de douze
siècles; le cloître de cette abbaye, qui fait partie de la place
du marché aux grains, et surtout!' . glise paroissiale, qui vient
d'être déclarée monument historique, el dont la belle architecture est due au zèle de l'abbé Eudes de Charenton, et
(1) La maison de l'un ci en Hôtel-de-Vill' appartenait au cardinal
Jean GeoITroi ou JouITroi, qui fut abbé de Luxeuil en 1450. Elle fut
achetée, ell '1 52, pour Je prix de 655 livres tournoi , par le bourgeois : cc sont eux qui y firent ajouter la granùe lour. La maison qui
est en face ful bâtie pill' Henri, frère du cardinal.
(2) Ces bâtiments, tels que nous les voyons aujourd'hui, datenl du
treizième siècle. C'esll'abb' Thi6baull qui, en 125d, fit rehûtir le monastère, que le seigneurs ù'Hoboul'g ct d'Aigromont avaient in cndié
en 1201 Cl '1214. C' st ù lUI qu'on alll'ibue la construction de lu tour à
six étages dont il a été d ljit fait mention, SUl' les ruines d'un châleau
que Dl'uSUS avait Ihit él vel' n l'an de Ilome 745.
�l
��-
XXXI
-
aux plans de Renaud, de Fresne' Saint-Mam s, qui vivaient
dans le quatorzième si cle. Les connaisseurs admirent ses
stalles, qui sont aujourd'hui dans le chœur, mais qui, du
temps des bénédictins, étaient placées de chaque côté de la
grande nef, el dont les pilastres, ornés de carialides originales, les consoles, les corniches et les entablements sont
remarquables par leur belle sculpture; l'orgue, qui e t d'une
grande puis ance, et donlle socle est un morceau d'une rare
beauté; sa date est cl\! dix-seplième siècle.
L'établissement thermal, quoique de création moderne,
mérite aussi de fixer l'attention par le caractère monumental
de ses bâtiments; délaissé, ou tout au moins négligé depuis
les Romains, à peu pr s ruiné par cette incurie des homme ,
l'action incessante du temps, t, d'après quelq nes indices,
par les ravages de l'incendie, il fut restauré dans la dernière
moitié du dix-huitième siècle, aux frai de la ville, et par
les soins de ses magislrats, sous les auspice de M. de Lacoré, intendant de la Franche-Comlé. C'est le cetle restauralion que date son ère et sa prospérité nouvelle.
Le institutions civiles el religieus s ont varié àLuxeuil,
suivant les vicissitudes de dominalion, que celle ville a eu à
subir. L'inquisilion étail établie el en viO'ueur au seizième
si cle. On conserve dans les archives d la mairie le jugemcnt rendu contre une demoiselle Lamansenée d'Anjeux,
qui fut accusée de sorcellerie, et condamnée à tre brûlée
entre les deu l onls de Saint-Sauveur. Il n sera peul-êll'
pas sans inlérêt d'in érer' ici ce uri ux monumenl judiciaire, à p u près conl mporain de ces monumenls artistiques dont il vienl d'Ml' parlé, tanl parc qu'il pl' cnl
�XXXII
sous unautre aspect l' état de l'esprit humain à cette époque ,
que parce f{u'il donne aussi un spécimen des actes et des
procédés juridiques de ce fameux tribunal, si peu connu, si
mal jugé, si fau ssement apprécié .
Au nom de Notre-SeigneuT,
AMEN .
Par ce publicque instrument appare ci tous évidemment et soit
noloire que aujourd 'hui dix-huitième jour du mois de décembre
l'an mil cinq cent vingt-neuf, environ une heure après mid y dudict
jour, en l'au le de Luxeuil et audience d'ill ec, est été amenée par
les sergents de justice de Lu xeuil , une nommée Lamansenee d'Anjeux, apres avoir été publicquement preschée par frére Laza re
Boton, lieutenant et commis de l'inquisition de la sainte foi catholique, so n procès léhu a haulte voi x publicqu ement par Jehan
Mole, scribe député élU cl . procés et en la d. justi ce , ct confession
faite par icelle ainsi et selon -que lui il été léhu , et par elle avoir
desja répondu et déclaré par le d. lieutenant par sa sentence, icelle
eLre gé noiche, sorci ère et hérétique, la délaissa nt comme membre
puant et pourri , ct aultres choses contenues en icelle en la d. audience, par devant discrète et religieuse personn e frère Guill aume
Dumny, bachelier en décret religieux et prévos t de l'église
Saint-Pien e de Lux euil , Jehan Raguels, prévost fel'mier au
dict lieu , pOUl' madame Ma rguerite, ga rdi en ne au di cl Luxeuil ;
Cl aude de Bouge t , cscuyer do)'en au di ct Lu xeuil , es tants sis
en leurs siège tribunal el ill ec, a esté appelèe la ca u e d'entre les
procureurs de Luxeuil , demandeurs en matière de crimes, conLI'e
la di cte Lamansence, illec estant ass i e, après laquelle cause appellce, el callange ment fait du di ct proc ureur des cas Cl crim es fnits
�XXXUL
et commis par la dicte demoiselle, ct déclaration faite par le rlit commis de l'inquisition icelle être génoiche et hérétillue, exhibant les
informatiol1s sur ce faictes, recours el ampliations , procès fulminés
response ct confession d'icelle, les dictes sentence et déclarations,
avec les adirs et opinions, estant inscriptes à la fin ùu d. procès,
èsù. prévost et doyen requél'antdroitetjustice lui être administrée,
et icelle i\tre condampnée selon l'exigence des cas par ellc commis,
opinions et adirs y estant; sur quoi a été dict pal' le d. prévost de
l'église qu'il estoit homme d'église, eL que l'église ne fesoit nul à
mourir, se désistant de la cognoissance d'icelle, la délaissant enès d. prévost fermier et
semble de son procès et pièces ci-~esu
doyen, et ce fait, les d. prévost ct doyen estant en jugement, ayant
en leurs mains le ù. procès et pièces ci-dessus exhibées, a été dict
par le dict prévost ct fermier que à eux n'affioil la cognoissance
d'icelle ct ne la condampner, ne prononcer sentence, pour les dicts
cas et crimes par elle commis et perpétrer contre elle: ains appartenoit aux gouverneurs et bourgeois du d. Luxeuil de icelle,
après avoir vehu le d. procès, la juger et selon l'exigence des cas
par elle faits et commis , donnant pour ce faire les d. procès et
piôces ès mains de Jehan de Rabon coquatre ct bourgeois dud .
Luxeuil, illec estre ensemble avec François Moirelot, Anthoiné
Thiaudot, Anthoine Laperdrix Leviez, aussi coqualres, Nicolas
Massin Leviez, Jean Jehannot, Guillaume Jacquot, et plusieurs
autres bourgeois dud. Luxeuil, illec estantjudiciellement présents
et assemblés, descendant iceulx prevosts de leurs sièges au bas, et
après avoir par les dicts bourgeois ct quatre reçus iceulx. procès et
pièces, sont sortis de l'audience et tirés il part, tirés ensemble et
demeurés environ un quart d'heure; après sont venus en la d. auclience et sont assis au siège des d. prévost et doyen , les dits Jehan
de Rahon , François Moirelot, Anthoine Thiaudot et Anthoine 100perdrix Leviez , de LUleuil , que l'on disoit comme dessus estre les
c
�XXXlV
quatre gouverneurs de Luxeuil, ct eux. estants en jugement, est été
proférée el prononcée sentence condamnatoire par Je d. Jehan de
Rahon contre la demoiselle, pal' laquelle il prononça entre autres
les paroles suivantes en effet ct substance: Vehus les informations
des procureurs, recours et ampliations d'icelles, procès faits, confessions et respollses et déclarations du commis et lieutenant de l'inquisition et ès cas et crimes de morl, sortiléges et hérésies que ton
cas, ({ le juge à estre menée par l'exécuteur de la haute justice
" entre les deux ponts de St.-Salveur, et illec estre publicquemenl
» bru lee et arse tant que mort s'en suive; et moi comme juge en
» celle partie te condampne à ce, sauf la bonne grâce de Monsieur. Il
Après laquelle sentence et choses ci-dessus faites, Jehan GrantColin, de Luxeuil, notaire publicque comme recepveur et procureur
Je ladicte ville, et pour el au nom des bourgeois et habitants du d.
Luxeuil, illec estant que tous aullres absents, des choses susdites et
d'une chacune d'icelles, en a moi Deslot Bardot d'Anjeux, notaire
juré de la cour de Besançon, et tabellion estaubli en la terre el
seigneurie du d. Luxeuil, illec présent et ayant vehu, ouïetentendu
ce que dessus, quis et demandé instrument el leUres testimoniales,
pOUl' valoir' et servir aux dicts bourgeois ct habitants, en temps et
lieu, ce que de raison, que lui ai comme par foi publique ouctroy6s
etouctroye. Fait et donné au dict Luxeuil en la d. audience, l~s an,
jour que dessus. Presents Jehan Challenet, Jacquot de Bart, de
Moinge, marc chaultsergent on la d.justice; Toussaint Marchand,
d'Anjeux; IIuguenin Penessent, Jacqucmin Cazelo, cie Froiùeconches; Pierre Balay, Guillaume CharioL, d'Anvelle; IIenry
Simon, maire de la Chapelle, et plusieurs aultres, pour un faict de
la terre ct subjets de Luxeuil, que aultres illec eslant congr6gés
ct pré ents, par moi appellé en t6moings. Signé à la minute,
1).
BARnoT.
�-
xxxv
L'inquisition, étahhepour la répression des crimes d'hérésie, de judaïsme, d mahométisme, de ortilége, de sodomie et de polygamie, n'existe plus de nos jours; d'autres
mœurs ont amené d'autres lois. Les héréliques, les juifs,
les mahométans, entrés dans le droit commun, loin d'être
poursuivis et hrûlés, peuvent parvenir aux premières dignités; on ne croit plus guère aux sorciers; et la sodomie
ainsi que la polygamie trouvenl une jusle répression dans
la pénalité que leur appliquent les tribunaux ordinaires.
Mais il n'en est pas moins vrai que ce tribunal spécial, qui
n'est plus qu'un souvenir historique, a tenu longtemps une
place considérable dans les institutions judiciaires de quelques élats. Sans se livrer à une appréciation approfondie
de son but, de ses moyens, de ses résultats; sans chercher
à faire exactement la part des deux éléments, politique et
religion, qui lui servaient de base, el dont l'un lui apportait
la force, landis que l'au tre lui conciliait le respect, sans admellre aveuglément et comme d'inconteslables vérités tout
ce que l'esprit de parti, si enclin à l'exagération, a attribué
de sévérilé et d'impitoyables rigueurs à ses mystérieuses
procédures; sans examiner enfin si nos institutions valenl
mieux que celles d'autrefois, si un état qui prolége les
athées esl dans de meilleures conditions de conservation t
de durée que celui qui les brûle; s'il n'y aurait pas un milieu
possible el désirable entre l'indifI'rence d'aujourd'hui t le
bûcher d'hier; si le libre cours laissé par les sociélés modernes auxidées les plu anti-sociales, n'estpas une insigne
folie et un immense danger; con lalons ce fail, qu'au nom
de l'humanité, on a salué comme un immens(' proO'rèssocial
�-
XXXVI
-
l'esprit de tolérance, aujourù'hui universellement répandu,
à l'égard des croyances religieuses.
Mais arrêtons-nous là : instruire, sous l'influence du
milieu social dans lequel nous vivons, et du point de vue de
nos mœurs et de nos opinions actuelles, le procès d'une institution créée pour des temps différents, approuvée par
l'Eglise, justifiée par les écrivains catholiques les plus recommandables, et acceptée par les populations, serait d'une
suprême injustice. Et d'ailleurs, sommes-nous donc tellement purs de toute sorte d'excès? Cette tolérance en matière d'opinions religieuses dont notre siècle s'enorgueillit,
l'applique-t-il aussi complète, aussi illimitée aux opinions
politiques? Si par une inversion d'époques que l'imagination peul seule concevoir, les temps de l'inquisition avaient
eu à juger ceux du voltairianisme, (( Génération insensée,
» leur auraient-ils dit, qui restez indifférente aux ques» tions essentielles, et vous passionnez jusqu'au déchil'e» ment pour des questions secondaires! société illogique,
» qui avez la prétention de vivre, et buvez à la coupe des
» idées qui tuent! vous permettez de ne pas croire en Dieu ,
» el vous persécutez ceux qui ne croient pas à vo institu» tions humaine ! vous avez éteint les bûchers religieux,
» eL, à leur plae , vous dre ez vos échafauds politiqu s!
» ah! VOLIS n'êtes pas sans péché, il ne vous appartient pas
» de jeter la premi re pi ft' . »
Luxeuil fut aITran 'hi ct l' inquisition, lorsqu 'il devint possession française.
Apl' s avoir subi su essivem nl la domination boul'"uignone l spagnol , celte ville 'omme 1 rcsle de la
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XXXVII
-
Franche-Comté, fut conquise et définitivement réunie au
royaume de France par les victoires de Louis XIV. Elle
soutint divers siéges, un enlre autres contre l'armée du maréchal de Turenne, qui dura dix jours, et fut terminé par
une capitulation honorable: on conserve encore à l'Hôtelde-Ville celle qui fut accordée par le marquis de Renel,
commandant des troupes. françaises qui furent détachées
pour faire le siége de Lure, Luxeuil et li'aucogney, dans la
dernière campagne, que couronna la soumission définitive
de la province.
�LUXEUIL MODERNE.
'rOPOGRA.PIIIE. - STA.TIS'.'IQUE.
Cel aperçu serait incomplet, il n'atteindrait pas son bul
d'utilité, s'il ne s'y trouvait quelques notions topographiques
et statistiques sur la ville moderne, surtout au pOlnt de vue
de l'établissement thermal qu'elle possède, et des avantages
qu'elle peut o.Œrir aux étrangers lui la fréquentent. Les
restes d'antiquité ont toujours pour les amateurs un grand
intérêt de curiosilé ; mais le maLade qui ne connaît Luxeuil
que pal' ses eaux thermal s, qui e t amateur, a ant lout,
d'une meilleure anlé, qui ne s décide à venir momenlanémenl séjourner parmi nous, que dans l'espoir d'en obtenir le r tablissemenl, ne se conlente pas de nolion ' arch ologiques; il ne lui suffit pas de savoir qu'à Lu. eui t il
l'ouI ra la poussi l'C des Caulois el des Romain' ; il pl' nel
'ou id l' lalacluel d s hose ' , il désire savo ir comm nl
ne lIo)", nourri , trait ', 1\ Ull mot, mm nl Il vil, Il
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XXXlX
-
l'an 1850, dans la ville des Celtes, de Labiénus et de sainl
Colomban. Ce sont là de trop légitimes désirs pour ne pas
être pris en considération.
Bailliage avant la révolution de quatre-vingt-neuf, districl
après, Luxeuil est aujourd'hui chef-lieu du canton de ce
nom dans l'arrondissement de Lure, département de la
Haute-Saône. Il est situé au pied des Vosges, par 21,50 de
longilude, 47,51 de latitude, à l'exlrémité seplentrionale
d'une plaine longue de trois lieues, large de deux, arrosée
pal' deux petiles rivières, la Lanterne et le Breuchin, à
trois cents mètres à peu près d'élévation au-dessus du niveau
de la mer, à trois lieues de Lure, quatre de Plombières,
cinq de Vesoul, quatorze de Besançon, qualre-vingt-dix
de Paris. On y arrive par lt'ois routes principales: celle du
nord, qui vient de la Lorraine; celle du sud-esl, qui vienl
de 1'Alsace ; celle du sud, qui vient de Paris, de la Bourgogne et de la Franche-Comté, en passant par Vesoul où
se réunissent les trois embranchements. Sa population est
d'environ quatre mille habitanls.
Le sol sur lequel Luxeuil est bâti, est un mélano'c de
silicc cl d'alumine, qui repose sur un banc de pierres de
grès, sablonneuses et micacées.
L'air y est pur et sain; il est sujet à de brusques variations atmosphériques, comme cela a lieu dans tous les pays
itués au pied des monlagnes ; mais en général, la tempéture y esl modérée; on n'y éprouve point cette chaleur suffoquanle qu'on ressenl au fond des vallées; et comme il Y
Cl moins de rayonnemenl, on est il. l'abri, pendant les nuits,
de celte dangereuse fraîchellr contI' laquell 011 a tanl ~l
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XL
-
se prémunir dans quelque autres localités. Il n'y règne
point de maladies épidémiques.
Le paysage est à la fois riant et gracieux, majestu ux et
sévère. Placé à mi-côte, Luxeuil domine au midi une vaste
plaine soigneusement cultivée et d'une admirable fertilité:
au nord et à l'ouest sont de belles forêts de la plus vigoureuse végétation, but pour les étrangers de délicieuses excursions journalières; à l'est se développe, dans un rayon
très-rapproché, cetle même ceinture de forêts qui entoure
la ville; mais la vue francbissan t l'espace, jusqu'aux dernières limites d'un horizon lointain, va sc reposer sur les
Ballons (1), dont les cimes élevées semblent se confondre
avec les nuages.
Les alIments y sont de bonne qualité; le voisinage des
rivières et de bois y rend abondants le poisson t le
gibier; les gelinottes n'y ont pa rares; et la truite et le
écrevisses du Brcuchin jouissent mêm d'une certaine réputation.
Il y a dans le quartier des bains deux hôtels montés lIl'
un très-bon pied, où l'o n est confortablement nourri et
logé, il. d s pri lrès-mod ' ré (5 francs par jou l' ), el où il
a table d'hôte à d s heure fi " En utre , dan huil ou di
maisons pa1'lÎculi 1'rs, 1 s éll'anrrer onl non-selll menL
lorrés, mais en ore nourris, soil il. un Labl commune, 'o it
en pal'ticuli l', quand ils 1 d ' sÎl'Cnl. Enfin, dans le nulr .
mais ns on ne fournil que 1 logemen l; 1 élranger onl
aloI' il. poul'voir à leur noul'rilul' , soil en s'enlendanl av
(1) . oms sou lescluc]
Il
désigne crlaÎIIs ollllllel ' de Vo gc .
���XLI
un traiteur qui les ser t daus leu r app
arte me nt, soit en allant
pre ndr e place à la table d'h ôte
des hôtels, ou à la lable
commune ùes maisons où l'on nou
rrit .
La rue dite de la Corvée, et les ma
isons rap pro ché es de
l'ét abl isse me nt, son t spécialement
fréquentées par les
étrangers. Ce qua rtie r peu t fournit
' des logements à trois
cents personnes à la fois. Le cen tre
de la ville et son exh'émité méridionale sont habités
prin cip alem ent par la
partie de la population qui se livre
au négoce el aux affaires
commerciales.
La ville possède toutes les ressources
nécessaires au confortable de la vie , cab ine t de lec tur
e, magasins de modes
bie n assortis, de bijo ute rie, de ma
rchandises de toute nature , cafés parfaitement tenus, où
l'on ser t des glaces tou t
le cou ran t de l'ét é, établissement
d'h orti cul ture , etc.
L'établissement the rma l est un
des plus bea ux de
France. Il est situé à l'exh'émilé sep
tentrionale de la vill e,
au milieu d'u n vaste jard in, qu' enc
adr ent à l'es t, au nor d
et à l'ou est trois allées d'ar bre s séc
ula ires , el clos au midi
par une belle grille en fer, que lon
ge la rou te dép arte me ntale de Luxeuil à Mirecourt.
C'est là que la prévo-yanle sollieitl
Hle de 110S devanciers
prépara ces délicieuses promenad
es qui font l'admiration
des étra nge rs et l'envie de nos riva
ux. ; elle confia à un sol
doué d'u ne rare puissance de végétat
ion, de jeu nes platanes
qui prir ent en peu de temps un mag
niflque accroissement;
auj our d'h ui, ils halan('ent dans
les airs leu rs faîtes super hes , IIollhl<'nH'nt oq~\1('il,
Ile leur maj('stU<'llSe r}(~-
�-
XLII
-
vation et de l'établissement monumental qu 'ils abritent, et
sur lequel ils projettent leur ombre gigantesque,
Dans les divers compartiments qui divisent le jardin,
sont cultivées les planles indigènes et exotiques les plus
agréables; les haies qui les bordent sont terminées par des
arbustes, auxquels la main d'un jardinier intelligent a su
donner les formes les plus pittoresques: ici, la charmille se
façonne en vase; là, le genévrier s'arrondit en dôme, se
contourne en spirale ou s'élance en pyramide: massifs de
verdure, berceaux de feuillage, corbeilles de fleurs, partout vous rencontrez ce que la natme a de plus riant, l'art
ùe plus gracieux.. C'est une précieuse ressource pour les
étrangers, surtout lorsque la nature de leur maladie leuI'
interdit les ex.cursions lointaines: ils passent dans ce jardin
une partie de la journée , respirant un ail' ahondamment
oÀigéné, au milieu de cette belle et grande végétation dont
les émanations bienfaisantes les inonùent, se livrant à la
lecture, à des travaux légers, ou même il ce (aT-nientc , le
premier des besoins et des ['emèdes poUt' des malufles qui,
souvent, doivent leur ' infirmités aux fatigues exagérées dc
l'esprit ou Ult corps.
L'établissement est d'une architecture nohle cl sévèrc.
11 rcuferme des piscines, des 'ahinets dc bain munis chacun
de robinets d'cau thermale chaude ct d'cau thcrmalr 1'efl'oidie, de cabinets de ùouches (1<' force gmclu6e, et de
bains cl· vapeurs; il s'y tl'OUVC dc f{Hoi su(lÎl'c , et au-dclà ,
aux hcsoins dc Il'ois ou I[\lalt'(\ ccnts haigllclu's à la fois.
t\ l'HahlissclllclIl sout 1l1l11(\xés deux salol1s : le p('('lllicl',
dit salon d'aill'Ilt(' , s('rL (\\1\ haiglH'HI's dont II' haill l1'psl
�XLIU
-
pas encore prêt; il est attenant à l'établissement, don t il
fait partie intégr ante; il a deux entrée s, l'une sous le péristyle du bain gradué, l'autre sous celui du grand bain, en
face du cabinet de l'inspecteur. Le second, dit grand salon,
est situé hors de l'établissement, vis-à-vis sa façade principale; il n'est ouvert que pendant la saison des eaux, et
est exclusivement destiné aux réunions des étrangers, auxquels se mêlent quelques notahles habitants de Luxeu il:
les UliS et les autres y sont admis par abonn ement , ou en
payant un prix d'entrée., qui reste toujours dans des conditions très-modérées. On y cause, on y lit journaux et revues, on'i fail de la musique, on danse, on joue; chacun 'i
arrange son passe-temps comme il l'entend, selon ses goûts
et ses facultés. 11 'f a piano et billard.
Les réunions sont journalières : celles du samedi sont
ordinairement consacrées aux bals d'appa rat; celles du
mercredi sont des soirées dansantes moins cérémonieuses.
Luxeuil possède aussi une salle de spectacle, et la
troupe du neuvième arrondissement théatral vient ordinairement 'i donne r, pendant la saisou, une douzaine
de représentations.
Il est facile de voir, d'après cette rapide énuméralion
des ressources locales, que rien ne manque à Luxeuil de
tout ce qui peut procur er aux. étrangers les mo)ens <l'y
passer agréahlement leur saison. 11 'i a tout ce que l'on
trouve auprès des établissements thermaux le plus en faveur. Les logements sont un peu plus éparpillés que dans
(luelques autres lieu x de hains; ils sont dissémilu',s SUI' un
plus gl'<llld ('l'pacc , Irs Nrangel's 'i s01l1 mOlliS les lins SlIr
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XLIV
-
les autres, ce qui donne lieu à une apparence d'isolement,
et en réalité à moin s de tumulte et de bruit; mais, en définitive, les moyens et les lieux de réunion existent; il tient
à chacun d'en profiter ou de s'en abstenir; double avantage
particulier à Luxeuil, où l'on peut doser, pour ainsi dire,
le degré de mouvement et d'agitation compatible avec sa
maladie, et où les vrais malades peuvent jouir du calme et
du repos dont ils ont tant besoin, sans avoir à subir, bon
gré, mal gré, le fracas étourdissant qui naît d'une trop
grande agglomération. En un mot, non-seulement les malades y peuvent guérir, mais encore les bien portants s'y
amuser.
Les étrangers auxquels ces dislractions ne suffisent pas,
ceux qui, blasés sur ces plaisirs de ville, recherchent les
jouissances champêtres, ceux enfin à qui, dans l'intérêt de
leur santé, un peu plus d'exercice est utile et même nécessaire, peuvent faire des excursions dans les belles forêts qui entourent Luxeuil. Le bois du Baney, celui des
Sept-Chevaux; les fontaines Clel'c, du Miroir, des Romains,
de la Biche, des Bons-Cousins; le village et l'ermitage de
Sainl-Valb rt , ilués à cinq kilomètres de Luxeuil; la petite ville d Fau ogney, qui en e t di Lan te de quinz , 01' 1
l'on anive en lonrreant la délicieus vallée du Bl'eu hin,
sonl aulant de buls d'inlcressanles promenade , ou
d'aO'l'éables parlie de plai 'il'. Un grand nombr d'élrang rs
va vi iter aus i le filalures d MM. Vergain , à Lux uil t
Besall(.i Il , ~l Breuche; 1 s papeleries de MM. Desgl'ange',
à Raddon ct Sainl-Bresson; 1 lis 'l1o'e de M. Poirson ù
BI' u h II .
�XLV
Quelques-unes de ces excursions seraient trop longues
pour êlre faites à pied; des voitures y condllisent à prix
convenu d'avance.
Le nombre des étrangers qui fréquentent l'établissement
'élève annuellement à cinq à six cents.
�TARIF
DE L'ÉT"'BLISSEliIELWT.
PRIX
DU
LINGE DANS
LES llASSINS ET CAIHNETS.
Chemise de bain, peignoir, une serviet te, 7lanier à linge de sortie .'
Pour un bain seul,
Pour un bain et une douche,
Pour douche et étuve sans bain,
Pour une serviette en plus,
Fond de bain,
» fI'.
50 c.
»
40
»
»
»
50
»
7t:i
»
50
O~
20
l'lUX UES I!AUX.
POUl'
un bain à domicile:
Voiture,
Eau,
Linge.
» fI'. 60 c.
»
»
40
21)
n hain en baignoire en pien ou zinc,
UII bain dans les bassins,
Bain médicinal, dit de Barégcs, baignoir
Bain,
(?ourniturcs,
EtuveR,
n bois:
»
7~
»
Ml
»
50
l
70
�XLVII
So
DOllches ordinaires : cinq minutes,
dix minutes,
quinze minutes,
vin gt minutes,
vin gt-cinq minutes,
demi-heure,
»
»
»
»
Douches écossaises, en plus des douches ordinaires ,
Douche ascendante,
Chaise h porleurs : premi ère course ,
deuxième course,
dan la même matin ée,
1
»
»
»
'10
20
1:1 0
»
»
2t'i
Iles!luç'n n, imprimeri e de
»
ninl c-Ag ulhc.
1>0
60
70
80
10
��ÉTUDES
SUR LES EAUX MINÉRALES EN GÉNÉRAL,
ET
SUR CELLES DE LUXEUlL EN PARTICULIER.
Du ,legré ,l'utilité ,les eaux Iniué,,'ales.
On n'apprécie pas assez l'utilité dcs eaux minérales dans le h'aitement dcs maladies c111'oniques: médecins et gens du monde, tous
restreignent ollll'e meSUl'e l'importance de cet agent thérapeutique,
et font honneur à des ch'constances étrangères des heureux changements opel'és sous son influence. On ne lui conteste pas le pouVOil' de modiûer, jusqu'à un certain point, les conditions de vitalité de l'économie animale; mais, dans le partage de cc qui revient
à chacun dans les effets obtenus, on fait la part de l'agent minéral aussi petite, et celle des circonstances accessoires aussi grande
que possible. Sauf dans quelques esprits, pOUL' lesquels l'expérience ou de plus pl'ofondes éludes ont forme la conviction, le
doute est partout, la saine appréciation nulle part. Si on cl'oit à
l'utilité des eaux minérales, si on les prescrit, si on fait cent lieues
POUl' aller en recevoil' les bienfaits, c'est sous toute l'escrve , c'est
avcc la pensee que le changement d'air, le voyage, les di traclions du séjoUl' aux eaux, fel'ont tous ou presque tous le frais de
la guérison. Et quant 11 l'agent minéral, dont l'action sur l'économie a une si immense portée, moyen vl'aiment hél'oïque dans la
plupart des maladies chroniques, l'es ource à. elle seule nu si pré-
�-2cieuse pour leur guérison que l'universalité de toutes celles qu'on
pourrait emprunter à la matière médicale, elle ne vient à l'esprit
qu'cn seconde ligne; c'est une médication hygiénique qu'on a en
vue, et non une médication minél'ale. Vainement Ics faits les plus
nombreux ct les plus décisifs viennent protester contre cette injuste prétention. Chose singulière! cette immensité de faits allégués pm' les hommes qu'une po iLion pal'ticulière a mis à même
de les recueillil', et devant laquelle toute prévention devrait s' cvanouir, lui fournit au contrail'e un nouvel argument. En effet, celle
gl'anùe efficacite des eaux minél'ales dans le tl'aitement des maladies chl'oniques, qui ne connaît qu'un petit nombre d'exceptions,
cette opportunité d'indication qui rcnd leur usage profitable dans
le plus grand nombre de cas, et souvent dans des cas en apparence contl'Udictoil'es, donnent à ce moyen thérapeutique un certain air de famille avec la panacée universelle des utopistes et des
chal'Iatans; elles lui impriment un je ne sais quel cachet de merveilleux que la science ne saurait admeLlre. Ainsi sont taxés d'exagération, d'apl'ès les insinuations d'unc trompeuse analogie, les
éloges le plu mérités! Ainsi l'on e met en gat'cIe contre les vérilé les micux démontrées! Ain i les homme de la meilleure foi
sont amenés à penser, qu'à la place ùes réalité de la scicnce et des
pl'oduits de l'inve 'tigaLioll, ont été substituée les illu ions de l'engouement et de la Cl'édulité.
Et pourtant, c'est au nom de la science que sont et que doivent
être revendiquées, en faveur des eaux minérale , les pl'oprieté
cUl'alives qui sont dans leUl' nature: c'est ur l'obsel'valion cie
faits, genre de démon tl'aLÎon cientifique que nul n'a le droit ùe
Técu el', que sont etablies les vraies notion de la puissance curative de cet agent thérapeutiquc. Certes, c'esl à bon dI'oit que l'exn ·
gération fait naiLI'e le doute; mais tout ce qui e t merveilleux D'est
point exu"er'é; et ici, quelque grande que soit la pui sance, quel que meI'veilleux que pui ent être les ell'ets qui résultent de Oll
application, l'expérience e l cel'taine, con tante, univ l' ellc,
éclail'ée, revêtue de tous les Ul'actères qui commanclenlla foi, le
ln 'me qui ont set'vi il former l'opinion médicale ur le propI'iétés
de tou. 1 aulres agent que met 'n ('livre 1':.1I't de flUCI'il' , ct sur
�-3l'existence desquelles aucune contestation n'est serieusement possible.
Si certaines localites étaient seules en possession d'administrer le
quinquina, le mel'CUl'e, l'opium, taxerait-on d'exagération le ~é
cit de leurs effets tout puissants, et faudrait-il attribuer la pél'lodicité vaincue, le vÏl'us détruit, la douleur apaisée, aux changements d'air, aux distractions du voyage ou du séjour aux eaux,
ou enfin il toute autre circonstance accessoire? Or, l'action des eaux
minérales, dans la plupart des maladies chroniques, est to~
au.ssi
bien constatée que celle du mercure, de l'opium et du qumqUlna
dans les maladies qui en réclament l'usage; et elle l'est par le même
moyen, par l'observation.
Un malade languit depuis plusieurs années; il a essayé tour à
tour des médications les plus diverses, et, en apparence, les plus
rationnelles; il a mis à contribution les lumières des premiers
maîtres de l'art; il a épuisé toules les ressources de l'hygiène et
de la phul'macie, le tout en pure perte; en désespoil' de cause, las
du mal et tout autant des remèdes, il a recours aux eaux minél'ales; il prend quelques bains, il boit quelques verres d'eau, et
soudain tout change de face: cette affection, jusque-là. rebelle à
toute inlluence, cède et obéit au nouveau modificateur qui lui est
opposé; elle fait un pas rétrograde; un mois de traitement par les
eaux a fait ce que dix ans d'un tmitement ordinaire n'avaient pu
faire; il a posé un tel'me aux pl'ogrè ou au stctlu quo de celte maladie chronique.
Ce n'est pas tout; chez un grand nomlll'e de malades, cetle
amélioration commencée sous l'inlluence de la médication minérale, ou peu de temps après, se continuera, se développera dur'ant
une pél'iode plus ou moins longue : et même alors que les effets
de celle médication semblel'ont devoir êtl'C complétement épuisés,
le décroissement de la maladie n'en suivru pas moins son cours
pour arl'iver à sa dernière limite, la sanlé.
De tels avantages peuvent être constatés, non sur un individu
isolé et comme exception phénoménale, mai SUI' cent malades tous
les ans, et clans chacun des établissements un peu fréquentés de
la Fi'ance et des autres pays. Des ll'aités spéciaux d'hydrologie
�-4millél'ale, des documents fournis paI' les médecins inspecteurs, de
la pl'atique de tous les hommes qui ont exercé la médecine auprès
des eaux, ressortent les mêmes affiJ'mations, Serait-il possible
qu'un témoignage aussi unanime ne fût pas l'expression de la
vérité?
,Et si on réfléchit que parmi ces cas innombl'ables de guérison
de maladies chroniques obtenues par l'usage des eaux, beaucoup
ont été observés chez des enfants, même sur des animaux, ce
qui exclut la possibilit.é de les expliquer par lcs distI'actions ou
par de meilleures conditions d'esprit ou dc cœur dans lesquelles
se sont trouvés placés les malades, par le faiL de leur sejour aux
eaux; si on réfléchit enCOre que, dans les mêmes circonstances,
l'usage des eaux est suivi des mêmes résullats et sur les malades
étl'angers, et sur ceux qui, résidant habituellement auprès des
sources, ne sauraient raisonnablement imputer leurs bienfaits au
voyage ou au changement d'air, on conviendra que le pouvoit' des
eaux n'est pas un pouvoir d'empl'Unt; et sans nier la coopération
plus ou moins salutaire que peuyent leur pl'êter des cil'conslances
étrangèl'es, on ne pourl'a méconnaître en elles une faculté intrinsèque, s'exerçant par elle-même, el indépendante du concoul's de
tout autre agent curatif auxiliai,'c,
S'il fallait une prcu vc de plus de la puissancc d'action dcs eaux
minél'ales, on la trouverait concluantc et déci ivc dans les résultats
clésastl'eux clont IcU!' usage est suivi, 10l'squ'elles sont prises à
contl'c-temps et dans les circonstanccs où l'expérience cn a fait
connaîtl'c le dangel', En effct, les mémes observatcurs qui ont
vante lems succè ont aussi signalé lems ['cvel' ,II ont énuméré
les contre-indication ; ils ont noté Ics cas malhcureux où une
affection depuis longtemps stationnail'e s'était l'apidement aggm.vée sous lem inJlucnce; il ont mentionné, non-seulcment lcs maladies, mais même les pét'iodes des maladies où l'u agc de eaux
e.st pemicieux. Ain i e tl'ouve faitc la preuve ct la contrc-preuvc;
ainsi e trouve il'l'Cfragablement établi le pouvoil' de la médi.cation
minérale, autant par scs fune tes eJfets daus cCl'Laiu cas que pal'
es heul'eux ré ultats dans beaucoup d'autt'C '
II est donc inutile (\'insi tCI' plu 10nO'I mps 11\ des, HS, La puis-
�-t>-
sance curative des eaux est aussi bien démontrée que celle d'aucun
autre ngent de la matière médicale; et, au lieu de voir dans .leur
usage une simple habitude, un préjugé qui, du l'este ~ sermt de
lous les temps et de tous les lieux, disons que le plus facheux ~e
tous les préjufl'és serait de les accuser d'une nullité ou d'une fmblesse d'aclio~
formellement contredite par l'expérience de tous
les jours, et de renoncer à un secoUl'S efficace et puissant, même
dans des cas qui sans lui seraient désespérés. Après avoir lu les
observations 2, 5 , 7, 10, i 2, 14, i 7 , 21 , 25, 27 , 50, 5.2,
58, 41, ho, 48, 05, 1>4, 09 , 65, 69, 70, 7 i, 94, et mille
autres analogues qui fOUl'millenl dans les ouvrages écrits sur celte
matière, tout m~decin
consciencieux restel'a convaincu que nulle
médication connue n'offrait les probabilités d'un résultat pareil à
celui qui a élé obtenu par la médication minérale.
Ces principes posés et ces données générales admises, il reste à
donner aux eaux toute l'utilité pratique dont elles sont susceptibles,
en précisant le cas où leur usage est convenable. Ce problème
comprend l'élude approfondie de la plupart des maladie chroniques et l'appréciation de loutes les caux mincl'ales connues. Il ne
peut êll'e convenahlement résolu que pal' la solution de tous les
pl'oblèmes secondaires dont il se compose et qui consistent à spécifier, pour chaque localité, quelle est la nature de ses eaux minél'ales, quel est leur mode d'action, et quelles sont les affections
morbides qui peuvent être guéries, amendées ou aggravées par
leur usage.
Telle e t la tâcl1e que je me suis imposée pour les caux minérales de Luxeuil; ainsi restreinte, elle sera moins dispI'oportionnce à mes moyens, et son accompli sement me procurel'a la double
jouissance d'avoir étc utile à l'humanité, en propageant la connais ance d'un moyen précieux de guél'ison, et à mes concitoyens,
eu signalant de nouveau Il l'attention publique les avantnges que la
Providence a départis à leU!' localité.
�-
0-
Notiolls stlr les eaux minérales de Luxeuil.
Deux guides s'offrent à l'esprit d'investigation pOUl' le conduire
aux notions les moins incertaines sur la science des eaux mineraies: la théorie et l'expél'ience.
La théorie comprend: i 0 l'analyse ehimique qui décompose,
met à nu leurs principes constituants, en énumère la quantité et
les qualités; 20 la thérapeutique, qui examine leurs propriétés,
étudie leur mode d'action, et cherche à déterminer, à priori> les
effets qui doivent résulter de leur usage.
L'expérience consiste dans la connaissance de faits acquis et de
résultats obtenus dans des circonstances déterminées, ainsi que
des préceptes transmis paI' nos devanciers.
' OTIONS THÉORIQUES.
Ces notions sont incomplètes. Comment ne le seraient-elles pas?
La chimie et la thérapeutique, les deux appuis sur lesquels elles
reposent, se font mutuellement défaut. D'un côté, la chimie n'a
pas révélé à la thérapeutique tous les principes constituants des
eaux; de l'autre, la thél'apeutique n'a pas suffisamment expliqué
la manière d'agir des principes que la chimie lui a signalés. « La
chimie est pour les eaux minérales ce que l'anatomie est pour le
corps humain; mais elle ne saurait tout nous révéler. » (Alibert.)
« Quelle que soit l'habileté du chimiste qui se sera occupé d'analyser une cau minérale, on pourra douter encore qu'il ait tout vu;
car la science marche et fait naHre de nouveaux moyens d'investigation. C'est ainsi qu'elle a prouvé, un jour, que beaucoup d'caux
que l'on croyait minéralisées par l'hydrogène sulfurc , l'ctaient par
des sulfures alcalins; qu'elle a fait lI'ouver dans les eaux minérales
l'iode cl le brôme, agents actif: dont on ne pouvait soupçonner
l'exi tcnce. » ( oubeiran, Dict. deméd.) « Or, qui pourra jamais asSUl'er que tous les ingl'édients d'une eau mincl'ale sont exactement
connus? Quand et-ce donc qu'on sel'a autori c à dire que les l'éultals ùe J'analyse d'une eau mincl'ale sont le dOl'nier mot de la
�-7science? Que le passé l'épondc pOUl' l'avcuil'. >: (Angl.ada (il.) Voilà
pour la chimie. Voici maintenant pOUl' la thCl'apeutlquc: « Il est
évident pour nous que l'action thérapeutique des eaux n'est pas en
rapporl avec cc qu'on sait de leurs principes constituants.' qu~
ce
n'est pas quelques grains de plus ou de moins de sel~
~mérahs
leurs qui déterminent l'effet salutaire des eaux. » (Patlssler,) « On
voit des eaux minérales avec des principes différents opérer les
mêmes g~él'ison
et agir d'une manière identique dans les mêmes
maladies. )) (Alibcrt.)
Ainsi, l'analyse n'a pas tout trouvé; la thérapeutique n'a pas
tout expliqué; le champ est toujours ouvert à de nouvelles recherches, à de nouvelles explications.
L'insuffi ance des recherches failes et des explications données
~ lellement frappé les esprits qu'on a assez généralement admis "
dans les eaux minérales, l'exislence de quelque chose de plus que
ce que la chimie y a découvert. Alibert disait: Les eaux minél'ales, sous l'empire de la nature, jouissent, n'en doutons pas,
d'une sorte de vitalité qui est commune à tous les corps du globe
terrestre; elles sont animées d'une multitude de principes qui
éehappel'ont encore longtemps, et peut-êll'e toujours, à no plus
fines recherches; )) et malgré l'extrême réserve qu'on doit apporter à admetll'e des propriétés occultes dans les corps de la natUl'e ,
aujourd'hui SUl'tout que nos moyens d'investigation sont si nombreux et nous offt'ent tant de ressources pour arriver à des résultats positifs, M. Palissiel' reconnaît: « qu'il y a dans les caux un
je ne sais quoi qui se dérobe aux recherches des chimistes; on sait,
en effet, que, d'après leurs travaux, l'ail' si malfaisant des marais
et des hôpitaux ne diffère pas de l'ail' pur que nous respirons. ))
(Manuel des eattx minérales.) On peut ajouter à ces considérations
que l'analyse des matières purulentes contagieuses n'y a pa découvert ù'autres principes que dans celles qui ne le sont pas; que
le virus vaccin, pal' exemple, n' oITt'e pour tous pl'incipes cons ti(e
(1) La découverle de l'arsenic dans un grand nombre d'caux minél'ales, nolalllment dans les eaux salines lhermales ùe Plombi1lres cl de Bains, donne une nouvelle valeur à ces considérations.
�-8-
tuants que de l'albumine et de l'eau. La compal'aison, faite pUI'
Chaptal, du chimiste analysant les eaux minérales, avec l'anatomiste
disséquant minutieusement toutes les parties du corps humain,
est admirable de vérité; l'un et l'autre connaissent parfaitement
la matièl'e à laquelle la vie minérale ou animale est attachée;
mais cette vie elle-même reste inaccessible à toutes leurs recherches.
Quoi qu'il en soit, voici l'analyse chimique des eaux minérales
de Luxeuil, faite en i838 par M. Braconot, de Nancy, dont le savoil' et la réputation offrent toutes lcs garanties désil'ables d'exactitude et d'habileté; mais auparavant, jetons un coup d'œil sur
la nature de ces eaux, ainsi que sur l'établissement où elles sont
utilisées, afin que les désignations indiquées dans l'analyse soient
mieux comprises.
De la nature des eaux Ininérales de Luxeuil.
D'après les classifications les plus généralement adoptées aujourd'hui, et en n'ayant égard qu'à leurs caractères chimiques,
les eaux minérales de Luxeuil sont de deux sortes: salines et fer rugineuses.
Si on prend pour base de leur distinction leurs caractèl'es physiques, elles sont aussi de deux sortes: thermales et froides.
Enfin, d'après le projet de classification de M. Brongniar'd, elles
appartiendraient à la catégorie des eaux minérales des terrains de
sédiments inférieurs.
L'eau dcs sour'ces thel'males est incolore, inodol'c, transparente, d'une saveur légèl'ement alée et amère, d'une pesanteUl'
spécifique moindre que l'cau distillée.
L'eau des sources ferrugineuse est incolore, inodol'c, d'une
saveur atl'amentaire, légèl'ement amèl'e et salée, et d'une onctuosité l'ernal'quable.
SOURCES Io'ERnUOl EUSES.
Il y cn a cleu ' : l'une au nonl, l'antl'e à l'est de l'établi ement.
La pl'cmière t il iBo ; la deuxième ü 10° centi!;.
�- nCelle diU'crence de températUl'e dans deux SOUI'ces ~us
i l'~p
prochée e t un phénomène a ez remarquable. N'y a-t-Il pa~ ~Ieu
de conjecture l' qu'un filet d'eau de sources thermales vOls~e
s'est mêlé aux caux de la première ource ferrugineuse et lUI a
communiqué a température? Cette conjectUl'e acquiel't une cel'taine nai emblance si l'on rénéchit à la J'a1'elé de 'oul'ce ferrugineu e à l'état th~rmal,
comparée au grand nombl'e de celle de
même natUl'e qui n'ont qu'un faible degl'c de calol'ique. Le eau~
purement fel'l'Ugineuses sont genél'alement ft'oide ; celle qUI
joui sent d'une température élevée et qu'on a cla ée comme
telle , Bourbon-Lancy, Renne , Carl bad, Tœplitz, elc., pourraient èll'c ault'ement classifiée , d'apl'ès l'opinion des c1a ificatcur eux-mêmcs; ct l'analyse de M. Braconot lendl'ait à corroborer cctte opinion que j'ai émi e en i8M, pui qu'elle con tate
dans cetle SOUl'ce, en outt'e des sel dc fel', la pré en ce de la
plupart de principe tl'ouvé dan le sources thermale voi ines.
La première de ccs somce e t la seule dont l'eau soit actuellement employéc, soit cn boi son, soit en bains, mélangée avec
l'cau thet'male dans les cabinets du bain ùes Capucins.
80 I\CES SALINES.
On utilise onze ources salines ct une dite d'hygie ou savonneu e, aline aussi, faiblement thermali ée ct minérali ée; elles
produi ent près de lI'ois cents mètl'es cube en vingt-quatre hemes.
Si celle quantité d'eau ne suffi ail pa aux besoin de l'établi sement, on pourrait y ajoute!' le produit d'autre SOUl'ce qui ne
sont pa et qui poun'aient être employée .
La tempél'atUl'e des divel' es source varie de 63°7t) à 32° cellti rr •
DAIN DES CAPUCINS.
Source unique, très abondante; lempérature , "i °25.
PETIT DAIN, DlT DAIN DE
C VETTE .
SOUl'ce unique, ll'è abondante; t mpél'atul'e, LJ7°; utili ée en
boi on, cl en bains dan le cabinet de la sallc du bain dcs
Cnpucins.
�-
10-
aHAND DAIN.
Deux soUt'ces, l'une à 63°7[" l'autre à tH °20.
Dans tous les ouvrages modernes sur les eaux de Luxeuil, la
température des deux sources a élé cotée à 00-06°. Cette erreur
provient de ce que la meslll'e de cette tempél'ature n'a pas été
prise au point d'émergence des sources. Ce n'est pourtant que là
qu'elle peut être exactement déterminée. Je rétablis donc ici le
degré réel de celte température, telle qu'elle a été constatée pal'
M. Fabert, avec une exactitude et des procédés qui excluent la
possibilité de l' el'reur. Voici le passage de son ouvrage: « Il est
donc important de connaître les divers degrés de chaleur des différentes sources de Luxeuil. M. Morel les a mesurées et marquées
dans son traité intitulé: Observations sur les eaux minérales de
Luxeuil .... Mais on ignore de quel thermomètre il s'est servi ....
On ne peul donc savoir ce qu'il faut entendre paL' degré de ehaleuI'
dans son livre. Pour éviter cet inconvénient, je me suis servi
du thermomètre construit d'après les principes de M. de RéaumuI'.
C'est de ces degrés marqués dans cet excellent thermomètl'e qu'il
faut entendre ceux dont je vais parler. Le thermomètre, le 8 octobre, élant à l'ail' extérieur à !O degrés au-dessus de 0; le
20 janvier, à ;; degrés au-dessous de 0; le H, juin, à 27 au-dessus de 0; le même thCl'momètl'e, plongé pendant vingt-cinq minutes dans la petite source, la liqueur a constamment monté à
tH degl'és au-dessus de 0 , ct dans la gl'ande source à 41. » (Fabert, Essai historiqtte sur les eaux de Luxeuil.)
Ces deux sources servent aux bains et aux douchcs de la salle
du gl'and bain, et de celle dcs baignoit'cs cn ûnc.
DAIN GRADUÉ.
Deux sources: l'une il 47°00, l'autl'c à 39°3[$; clles servent
à alimentel' le bassin de ce magnifique bain.
DAIN DES FLEURS.
ource peu abondante, tempcrature à 36°. C'est eellc qui c
t
�-Hdésignée dans l'analyse de M. Braconot comme sel'vant à alimcnICI' le cabinet n° 7 du bain gradue.
DAIN DES DAMES.
Source unique: tempél'ature, 47°, employée dans les cabinets
du bain des Fleurs, du bain gradué, et des douches du bain des
Dames.
BAIN DES BÉNÉDICTINS.
Deux sources; l'une assez abondante, à hOo; l'autre qui l'est
moins et n'est qu'un filet de la source la plus chaude du bain
gradue.
SOURCE n'HYGIE, DITE SAVONNEUSE.
Température, 320.
La source est à vingt pas de l'établissement, au nord-ouest.
Elle sert à la boisson. L'excédant sert à modérer, selon l'exigence
des indications, la tempél'atUl'e élevée des eaux thermales. Celle
Source n'cst pas la même que celle mentionnee dans les anciens
auteurs.
�0,0259
0,lU1I2
0,OU56
O,01>SO
0,02UO
0,0020
0,0800
0,0050
Chlorure de potassium.
Sulfate de soude. . . .
Carbonate de soude. . .
Carbonate de chaux. . .
Magnésie . . . . . . . .
Alumine, oxyde de fer,
oxyde de manganèse.
Silice . . . . . . . . . .
..
..
Matière animale.
Résidu fixe pour un Ji~re
d'eau. ... . .
0,08UO
0,7005
du
Bain Gradué.
i ,!5119
0,0050
0,0701
0,005U
1,1i50
0,0021>
0,0609
0,0055
0,0050
O,OSoO
0,07SO
0,0051
0,0500
0,OU07
0,fU68
0,1U09
0,7707
0,7117i
SOURCE
0,02UO
i, i 6U9
O,OOUO
0,OS20
0,9616
0,002i1
0,077\
0,0019
0,0029
0,0600
0,0020
0,0591
0,0071
0,OUï5
0,i22/'
0,021 i
0,6576
SAlit GRA,Dut.
moins chaude
du
0,i029
0,02Hi
des
Dames.
du
Grond-Bain.
0,0259
SOURCES DU DAIN
SOURCES
0,0200
0,706U
des
Bénédictins.
SOOltCE CHAUDE SOURCE DU BAII1
Chlorure de sodium . . .
CO:'STITUANTS.
PRINCIPES
0,0102
O,HIIO
0,0220
0,1168
0,972!
0,0020
0,0622
0,0022
0,0028
0,067!
0,8612
0,0022
O,OOOU
0,0050
00020
0,0660
0,02 82
0,0797
0,6691t
0,052t
des
Cuvettes.
1
1
0,06Si !
0,002i1
0,270\
traces.
0,0200
0,000li.
traces.
0,05UO
0,0000
0,0979
0,0050
0,1098
dite
savonneuse.
1SOURCE D'UYGIE
o,oo l S I
O,OUoi
0,0017
O,OUoi
0,Oi60
0,07!H>
0,00i2
0,5701t
des
Capucins.
SOURCE DU DArN SOURCE DU BAI1t
gélatineuse.
dite
SOURCE
D'après l'analyse qtâ en a été faite en !858 par M. H. Brac01wt, l'eau des sources salines de Luxeuil contient
par litre:
ANALYSE UHI1UIQlJE.
~
....
�- 13D'apl'ès la même analyse, la source ferrugincuse situee au nonl
de l'elablissement conticnt pal' litre d'eau:
1° Chlorure de sodium. .
2° Chlorure de potassium.
3° Sulfate de soude.
1~0
Carbonate de chaux.
0° Silice.
GO Magnésie. . . . .
7° Crénate et apocrénate de fer.
8° Alumine.. . . . .
go Oxyde de manganèse . . .
i 0° Carbonate de potasse. . .
Il ° Matière organique dont la nature est peu
connue.
Total.
.
.
.
.
0,00 I~
grammes .
0,007 11
0,0558
0,1006
0,2
9 1~
0,0070
1
0,0280
quantité indéterminée.
0,007l>
0,2706
Dans l'opinion de beaucoup de médecins, les analyses chimiques
eonsiderées cn elles-mêmes ct d'une manière absolue, ne donnent
que des indices incomplets de la valcUl' thérapeutique des eaux minCI'ales; mais elleR sont tout au moins de très bons moyens de classification et de compat'aison. La chimie ne trouve sans doute pas
ùans les eaux tout ce qu'elles contiennent réellement; mais si tout
cc qu'elle trouve dans deux sources analysées est exactement pareil,
n' cst-il pas ù présumer que ce qui a échappé à scs rcchel'ches est pal'cil aussi? Il n'est donc pas hors de propos de placcr ici, à la sui te
de l'analyse des caux de Luxeuil, celle des eaux de Plombièl'es,
faite par Vauquelin. L'identité du plus grand nombre ct c1es plus
impol'tants des pl'incipes qui constituent ces eaux ressol't jusqu'à
l'évidence de ce rapprochcment; ct si quelque supél'iol'ité devaiL
être accol'dée à l'une des deux, elle pounait être revendiquée en
faveur des eaux de Luxcuil, tant sous le l'appol't du nombl'c que
sous celui de la conel~ai
de ses principes, remarque déjà
faite implicitement par Alibel'l.
�-HAnalyse des Eaux .le PlombièIoes, par Vauquelin.
0,0754 grammes pour un litre d'eau.
0,1358
0,1 269
0,0287
0,07 37
0,0624
f 0 Chlorure de sodi um.
2° Sulfate de soude. .
50 Carbonate de soude.
hOCarbonate de chaux.
50 Silice.
6° Matière animale.
Total.
0,5009
Celte parfaite similitude des principes constituants de ces eaux
et de celles de Luxeuil est de nature à frapper les esprits, et à
fixer l'opinion des médecins sur la valeur de ces dernières. De
telles ressemblances sont une bonne fortune; elles peuvent ètre
complétées par le taLleau comparatif du degré de chaleur des diO'érentes somces ùe Luxeuil et de Plombières.
PLO~IDÈnES
LUXEUIL.
Source la plus chaude du
grand bain . . . . . .
Source la moins chaude
du grand bain. . . .
Source chaude du bain
gradué . . . . .
Dain des Dames. . . .
Dain des Cuvettes . . .
Bain dos Capucins. .
Dain des Dénédictins.
Source la moins chaude
du bain gradué. . .
Source d'hygie. . . . .
Source ferruginouse au
nord de l'établis cml.
Source ferrugineuse il
l'estde l'élabli semont
•
Grand-Dain. . . . . . . 65° 71S c.
Etuves . . . .
117° 50
/16° 81S
/16 0 81S
/dO
Les Capucins.
Dain des Dames.
20
110°
59° [II)
5i ° 90
Source savonneuse. .. i 8D
18° Hi
Source du Bain-Roya\.
Hio
10° 65
Source ferrugineuso.
11)°
On voit pal' ce tableau que l'échelle de la thermalité g' él ve
pour les eaux de Luxeuil, comme pour celles de Plombièl'e , Ù
65°7tL Celte identitc de calorique dans des sources dont les pr'in cipe constituants essentiels sont les mêmes, et qui ne jaillis ent qu'à
quah'c lieues de distance les une des autl'c , n'indiquerait-elle pas
au. si l'identité cl leurs foyers de thel'malité ct de mincl'nli alion ~
�THÉRAPEUTIQUE,
Du Dlolle tl'l\ction dcs caux Illiné.'ales de Luxeuil.
A ne raisonner que d'apl'ès les principes de la thél'apeutique générale, il e l fort difficile de trouver une explication passable de
ce mode d'action, et de rendre rai on de heureux ré ullals qui se
produisent sous son influence. A la verité, le ingrédients qui
entl'ent dan la composition des eaux sont nombreux, d'une activité inconte tée, et iotrod uits dan l'économie a yec l'eau qui leur
sert de vehicule, en a' ez notable quantité pour produire quelques
efi'el . Mais il y a loin de ce effet que la thCorie peut prévoit' à
ce l'e ullats puis ant ct dcci ifs, hOI' de loule prévi ion théoriquement admissible, qui ,onl si ouvent la eon équence de leUl'
u age. Tell est la premièl'e difficulté qui e pl'é eOle, difficulté
commune d'ailleurs il l'explication du moùe d'action de pre que
toutes les eaux minérales connue , puisque toute présentent le
même dé accol'd entre les principe qu'elles contiennent et les résultat qu'elle pl'odui ent; la cau e paraît di pl'oportionnée aux
effet .
L'explication devient bien plus difficile, i on COll idère non seulcment l'étendue, mai encore la nature des ré ultat obtenu ;
aloI' toute les notion thèl'apeutique ont en defaut; il n'est plu
po sible de trouver aucune corrélation entre le propriété connu>
de chacun de ingrédients minél'aux de caux de Luxeuil et les
modification produites pal' leUl' application à l'économie animale.
En effet, ces ingrédients ont les chlorure de odium et de pota sium, les sulfate et carbonate de oude, le carbonate de chaux, la
magné ie, la ilice, l'alumine, les oxyde de fer ct de manganè e
Cl ln matière animale. 01', 1 fa 'ull ~s actives de ces sul> lanc
�-
!6 -
s'exe\,relll principalement sur ln constitution du sang, ('t for'l peu
le traitcmcnt des 1l(~VrOSes
ur l'inncrvation; et e' c t cependant daJl~
et des névralgies que les eaux de Luxeuil obtiennent leurs plu~
beaux triomphes. Le plus grand noml)l'c de ces agents est class(;
par les auteurs de matièl'e médieale parmi les évaeuants, sou le
nom de purgatifs, diurétiques, udorifique, expectol'ants, emménagogues, etc., et pas un parmi les calmants, les sédatifs, les
narcotique , les anti-spasmodiques! Comment se fait-il que les
maladies que l'on eombat avec le plus de succè pal' leur emploi ,
soient precisement celles que les anciens appelaicnt maladies sans
matière, et que dan- nos théories les plus modernes, nous attribuons uniquement à la lésion du système nerveux? JI faut avouel'
qu'il existe ici, entre Ic facultés actives et le ' faculté cmati ve de
ingrédients minéraux, un dMaut de corrélation évident, dont les
conséquences conduisent tout droit à l'humorisJ11r_
Dans l'étude dn mode d'action des eaux minérales, on fait une
large part lt la Illodi/ication qu'clics impriment à l'orrrane cutané,
lorsqu'clics sont adminislt'ées sous forme de bains; elles facilitent,
dit-ou, les fonctions de cet ol'gane, clics l'assouplissent, elles rectifient a vitalité; une modification opérée sur une au i va 'le
smface e 1 ulle puissante cause de guél'ison; une grande partie
des heureux efi'els ohlenus Pal' la médicalion miuél'ule découlr
donc tle eclte sOUl'ce ct doillui èt('c utll'ibnt!c.
Sans doutc, en thérapeutique générale, Iïmporlance des phénomène physiolorrique. pl'oduils pUI' l'usage des hains ct leur in flueuce cUl'ativc ne sUUI'aicul Nl'c conlesle' ; mais ponrtant il e t il
consiclél'Cr ici (Ine ces phi'nomènes ont lieu t01l1 aussi hien pur
l'Ilsarrc (les haius dOlIH'slique que pal' celui dcs llaius d'('au miné
l'ale. Les eO'cl physiologiques Clallt identiqucs, les ri";ultals eur,\
aussi. Le . onl-ils l'écllement? Personne n'osetifs tleHaient r(~l'
rait l'a niI'JIH'r . On e -t dOliC alllol'Îsù :', n'(Iccol'der uu- modificatiolls
dl' l'action (I<~ " eU11. mi produites dans 1'('('onomic, par \'(~lItrCise
néral('s . \li' J'organe cutané, qu'ulle influence sccondail'e, ct il cherelU'I' aille1ll's la ('tl\lse de ces modifications.
Quelques II1t'ùecills croient pOllvoil' relldl'c l'aison de. 1'(· ... \lltals
obtculls par l'lIS(lrrc de caux, en io.;olant l'action de qn 'lqucs-lIUl'S
�-1 7-
tIcs substalH'cs qui clltl'cnt dans leur
composllIOII, ct Cil fai ':111\
ain5\i concorder, selon les circonstances,
les résultat obtenu.' avec
les facultés actives de ces substances,
auxquelles seules li les
attribuent. _\insi, ils expliquenlle succ
ès de certaines eaux minérales dau l'aménorrhée la leucorrhée,
elC., par le fer; dans les
affeetions scrofuleuses, I~ar
l'iode qu'elles contiennent. Celte expli
clllÏon ne peut èlre trouvée uffisante
. En premier lieu , les se~
d'iode ou de fer existent à une trop faib
le do e dans les eaux DlI
\l(~raes
pour produire d'aussi grands effets. Ain:
.-i, la source fe~
,'ugineuse de Luxeuil ne contient,
par litre, que deux centI grammes de crénate et d'apocrénate de
fer; en admettant ~u'n(
chlorotique boive tous les jours deux
litres lle cette eau , SOIt qua rante-deux litres en vingt-un jours, duré
e ordinaire d'une saison,
il n'aura été ingéré dans l'éeoMmic que
quatre-vingt-quatl'c centigrammes de sel de fer. Or, les prati
cien<; répugm'ront il pens('r
qu'une aménorl'hée 011 une leucOl'rhée
un peu graves, et on ne
va aux eaux qlle dans les cas d'une
certaine gra,-ité, pui sent
céder il une aussi faible médication.
On peul ('Il dire autrll1t de
l'iode, qui d'ailleurs n'a pas ('ucor('
été trouvé dans les ('aux dt'
Luxeuil.
En second lieu, les caux minéral non
iodées ct non ferrugi nens('<; guérissent très bien les acciden
ts chlorotiflue'l ou scrofu
(eux: ainsi, le' sources saline thermal
es de Luxeuil, qui ne con
tiennent que quelques milligrammes d'ox
yde de fer el point d'iodc,
proeurent pourtant d'une manière pres
que eel'taine la guérison de
la leucorrhéc et de l'aménorrhée, et
sont trè avantageuses dans
les affections qui sont sous la dépend
ance du vice scrofuleux;
les ('flIlX minérale sulfureu es, qui ne
contiennent ni iode ni fer,
n'en sont pas moin recommandées dan
s ces mêmes ca , par tous
les médecins qui sc sont livrés spéciale
ment il l't'tnde des eaux minérales.
Enfin, en troisième lieu, c(~tle
eXl)li('ation s('rait tout il fait in
eomplète; car, si on individualise ains
i l'a('lion de chaque ingrt'~
<lient minéral. ct qu'on affecte 1(' fer 11
la g\u\ri<;on de la ehlorose,
l'iode il celle des sCI'oful('s, il faudra
trouwr flucl est l'ingl'{'dicnt
flui guél'it les nhl'algi(',,; ('1 les nhl'os('
-;, Il's phl(·J.(llIa .. il':- l'hro 't
�-
•
'10 -
tenit' sous toutes scs fOl'mes, ans quiller ses foyel's, ct sans subi,'
les fa ligues lI'un voynge et les inconvenicnts d'une nhsence plus
ou moins longue.
DilTicilement on sc rendrait compte de succès obtenu dans
un gl'and nombre de circon Innees par l'usage lies eaux minérale , si on limitnit leUl' mode d'action il l'excitation; et, par exemple, il est plus que douteux que les phthi ies commençantes cl les
mille ct une fOl'mes de la SUl'excitation nel'Veusc, fussent heureusement modifiées, dans la plupnrt des cas, pal' un traitement
excitant: ct pOUl'lant, l'expérience atteste que les caux minél'ales,
notamment cel'taines d'entre elles, ont SUI' ces affections l'influrnce
la plus salutaire; pal'eillement, il serait fort difficile d'expliquer,
dans celte hypothèse, pOUl'quoi certaines maladies que les excitants ordinail'es combattent avantageusement, quelques fièvres,
l'hydropisie. etc., sont ordinairement agl'3Y(~es
pal' la médication
minérale.
Entre divel's faits pl'atiques dont je pourrais invoquer les con·
séquences à l'appui de l'opinion (lue j'émets, il en est un, fourni
par l'expérience, que je ne crois pas de\'oil' omettre, parce qu'il est
fOl't impol'tant, au point de vue de l'étude du mode d'action des
eaux minérales de Luxeuil, et qu'il est puisé dans la pratique de
ces mêmes caux, objet de cette élude. Aucun médecin n'ignore
que les vices d'innervation s'accompagnent, tantôt cl'un état d'a _
tonie, soit gt'nél'al , soit seulement local à l'organe ou à l'appareil
d'organe mal innervé, et tantôt, au cOlltrail'e, d'un état lout oppose: ainsi, parmi les individus atteints de ga tralgie, il en est un
grand nombre ùont le fonctions digestives sont renùues plus fa cile pal' le repo , pal' l'u age du lait, de, bois on et de aliments adouci sants; tanllis que chez d'aulres, un peu de vin, lIne
nourl'iturc excitante, l'exercice, parai 'sellt mieux convenil'. Or, il
e t con tant (lue c' st dans le pl'emie/' de ce cas que le. caux de
Luxeuil ohtiennent les mrilleurs ré ullat ; elle réu, is cnl au si
dan le second, mais moin sùr(,lUcnL rt moins compléternent; dif
ré/' nee d'effets lJui IlC pCUL ~lre
('()ntcstce, pui Ilu'ellr est l'e\pN's
sion d'ull failtout pratiquc, ct (lui prut CIlCOI'(' moin. (\tre expliqller
pUI' l'excitation .
�IH niques, le rhumatisme, etc.: choc impossihle il eausc du dl' ·
faut de COI'respondancc cnlr!.', Ic ,"el'lus arlives des ingrédienls mi nél'aux cl l'élat de l'i'conomie qlle traduisent cl qu'expl'iment ces
condilion ' morbide , défaul qui, hClll' '1I.'Crlu'nl, n'empêche pa.
la médi('ation minél'ale, gui(lée pal' l'exp:'l'il'Ilce, de lllodiUer ce.
('ou(lilions d(' ln lIlanièl'c la plw :mllllage1l'c.
Sans dout(" il Y n lieu dc t('nil' cOlllplc, dao<; l'élude de' cau,
/JIilH"'ae~
et dans leUl' nsa"e pl'llli(!ue, (le la prédomiuallec dc ('Cl'·
tain. de leurs ingl'('dienls ((\lC nO\ls sanlllS èll'e doués de Pl'olwiélés spéeiale' , lor:que cellc pl'édominance e:,t é\idellic ct IlHlI'lJlIt;e:
mais cctte rOll iù(ol\llion Il'a l lIOl'i,e pas :', lout l'Uppol'tcr tl CCS in ·
:'l'édil'nts, mè!lle dans le: ras . pl'ciau ,' , ct II ne l'icll accordel' 11
h'llI' t'omhinai 'on aH'r d'aulres dont les proprii'["s 'ont moins ap))I'('
eiahlcs. Qne l'on adminisll'(':\ 1111 malade l'Cs in"rl~eh
spi!ci
fiqlH'S l'. ll'ait: par unc honnc anal)'s(' dl' ('all." milléml 'S, cn
mèmc do (' (IU'il Il's :lul'uil Pl'is s'il Cil ('lit fail \l''a''(' (lans JClll'
('laL de dis olnlion nalurelle (,t encorc eomhin(" dans 11'111' (' 'ipienl, cl'l'tainCIIH'1l1 les ,'('sullats S('I'ont loin d'ètl'c au si snli 'fai s:1II1 . Ainsi, lI'cllle "l'a lU Ill!' '
:nlfaL(' de Il Hl "11(' 'ie ,t'l'ont né ('~ail
, d:lI~
\Ille dissolutioll ar'tifieicll,', JlOUl' ohll'Ilir \111 (,/t,t
plIl''':Ilif d'IIIII' ('('l'laine illlpol'Ianc(', landi Ilue ('cl 11'('1 hl ohL('llll
JlHl' IIne qll:lnlilc ll'e:lII milH"l'olle nallll'('\I(' dans laqllPlle 1'(' 1ll(\1ll '
sl'! n' 'xi 'le -(l'l'il la ,Io~c
dt, cinq 011 i gl':IIllIlH'S. L'appl'{'cialioll
,lcs (\('laib Il' doit dom: pa' 11011' d "lolll'll('\' de ,'clic d(' 1"'1\
• 'lU Ill<, : il c l pllls IfU'é,id('nl ((lH' 1101\' IIC )loll\on' alll'ihlll'I' b
IIWf."ililJ"l's l'I', lIllats qllc nOlis ohl('lIon ' d, l'IIS:I''(' (]('" ('all\ d(
LlIX('llil, III i, l'ind \ qui n') ('si pa ' , IIi :m 1'('\' qui Il') 1',,1 qUil dl"
d(u'~
inliuill' illl:tlI'S.
l'I'i es ('Il hui 011 011 ('Il hain~,
(,t ll'è ' 011\ l'nI . 01'" ('(': d('II,
Il\od('~
d':ullllini Ir'nlion il la fuis, ('CS l'ail • ('\1:~
dl' pl'i!J~
pllls 011 Illuin'l :u'lif", \olll S('II'OU\l'I' ('II l'OIlt:H't:I\('celttllluc lihl'('
OI'''Hlliqll', ('\ n('11I'1I\('111 IIlalll'"'I' Il'('11 Illodifier 1" eOlldilioll dl'
\ il : ('\It,~
('il'('ult'nl :l\('" II' ,III", ) intl'odui ('nI d(' nOllveau' IH'ill
('iIH'", p,"IINI' 'lit ,ill qll'all . plll litH'" 1":lIllifil'aliolls (':Ipillail'(' , ,'1
appol'l('1I1 (Iall ' la ('011 lillliioll inlime de 1011 Il' ' nid('~
d(':> 1'11:111
"11\('111 l'III., IlU 1Il0ill illlJHH'lillll . Aillsi 1 \';I('lil1l1 dl' (':li 1 Illinl'
oc
�l~)-
l'alcs s'cxeree silllultaUt'lllcnt SUI' les solides el SUI' les nllilles dc
l'économie,
Celle action est altél'antc ou évacuante, scion les ci l'constances ,
En elTet, tanlùt elles ralentis ent ou l'uniment la cil'culation, 010cH'rent la sensibilité du syslt'me IH'rVetlX, détendent le strictwn,
resserrent le laxwn, agissant tOl1jOI\l':" , quand rlles sont indiquées,
en sens inverse des désordres de la vitalite; ct tantôt clics pro
voquent des évacuation anormale:, une (lia1'fh{'f', des éruption:,
cutanées, Iles flhc~S
dans 1(' tissu crlln\ail'e, on hiell impriment allx
appat'eils de si'crl'lion un surcl'oîl. d'ônrrç;ie, notamlllrllt ail:
reins el à la petlll.
n est mcrveil\rnx tir voil', sous lïnnm'nce du mrmr agent, se
Jll'oduil'e les eITets Cil apparence les plus opposés. L'us3gr des raux
minél'ales de Luxeuil supprimrl'u une diarht~c
ou fcm ('eliSrl' \Ille
ronslipalion opiniflll'C; augll1rntcl'a UUr menslruation in~tl
.,ale
,
ou la l'cprimel'H quand elle est exces iyc; engourdira les dOlcU\'~
c1'une névralgie on l'allimel'a la sensihilite dan. nn memhrc para·
lyse; \'blnissanl :'lla fois les propriét<\; ct rùalisillll 11'<; ('lTets tire;
laxatifs, des asll'ingrnls, lIr" ('mollients, !lrs toniques, dcs si'da
lifs el des excitants. Cela est. mrl'vei\lenx et tH· peut tro\l\'('r d'l'"\':plication (J1H' dilllS la dilTi'rrncc <lcs conditions ,ita\('s, el en admettant dan,~
les eaux la propriôl(' :T(~nl'rac d
l'am('IWl' les m'ganes
de l't\tal pathologique il l'(>tat physiologiquc, ri par cons('qnenl d('
l'éguhn'is('r l' ('WI'CieC de leurs fonction".
La plupart dc!'; autel1rs qni onl ('('L'il sur \('S (':lUX mini'l'ales onl
Cl'U lI'ouver la c.\u"e <le rcs phénom('nes (lans \'(''{rilation \)('0
(luite p:u' Icul' \lsagp. Une I('\lr opinion me pat'aH sllsreptihlr cil'
IWaUl'OUr (l' ohjeclions; rllr 1)(' penl Nl'r admise sans l'(~serv,
La mati('re m(;dical(' rsl. l'id\(' ('Il agents pl'olm's il produit'(,
l'excitation: s'il ne fallail qu'(''{cit(·}, plus 011 moins pOli\' ~tl"ri'
les maladie!'; dc la pr:1I1, I"s an'eelions serofnl(·u es ou l'humali,,
males, I{~s 0('\,1'0. ('s, I"s phlf'jjlll:hil's dll'oniql1f's, on ne v('rl'ail
pas tO\1S les f111'1 1111 aussi ;"ralld l\omhl'p (le pf'I'sonnps :tllrinl(· . .
d'hysléri<" de gaslt'f1lgil', (\'an\("II01'I'h(',(\ 11(' <Ial'II'rs, d(' r:lchilis, de
pnl'aly ie , Vl'nil' cI(· f(ll'I loin pOil\' (h'milIH"'r al~
sOl1r('('-'; JIIinl', ..
l'illl's Il's hirnfail" (1(' la 1I\('di('alion ('\('itanle, (JI\(' ('hfll'lIl\ JI(' Il 1 oh
•
�-
~l
-
Àutre obscnalion é<>alement remarq
uable: il sc produit, pcn b
ùalltl'usage des eaux min
.
t
érales de Luxeuil, une dépressIOn
no able des forces, très sensible surtout dans
les cas de maladie extr~,
de fausse ankylose par exemple: les mou
vements de l'artieu~O.n
deviennent plus faciles, plus étendus
; et cependant la force gel~c
l'ale des membres est considérableme
nt diminuée, et leur plUS sance musculaire affaiblie. Ce phénom
ène n'est pas de natur~
à
faire présumer qu'une action excitan
te a été mise cn jeu. Enün,
j'ajouterai que les eaux de Luxeuil, si
leur action était excitante,
devraient réussir principalement là où
il y a indication à exciter:
or, l'expérience démontre que c'est alor
s que leur succès es~ p~o
blématique; elles ne réussissent que rare
ment, pour ne pas dire Jamais, dans ces cas de débilité général
e, de flaccidité organique,
de mollesse des tissus, qui réclament imp
érieusement l'usage d'une
médication tonique; j'en ai cité deux obs
ervations où leur insuccès
a été complet,
On se persuaderait difficileroont que
les affections chroniques
des personnes de la classe aisée, affectio
ns développées au milieu
cl vraisemblablement par le con
cours des causes d'excitation de
tout genre, entretenues par ces mêm
es causes, rebelles à toute
médication, tant que les malades ne
sont pas soustraits à leur
influence, puissent être guéries par les
eaux minérales, si la médi·
cation qui résulte de leur usage était une
médication excitante: -ali·
ments succulents, vins généreux, confort
able dans tous les besoins
de la vie matérielle, spectacles et lectures
passionnées, pl'ovoeation
incessante de toute sorte d'émotions,
état permanent de tension
de toutes les facultés affectives et sens
itives: telles sont le canses
pl'oductriees des alrections qui condui
ent une au si nomhreuse
société aux caux minérales, Mais, si
c'est l'excitation qui a produit ces affections et qui les entretient,
\' excitation ne les guél'ira
pas; ou bien, ce sera une excitation qui
n'aura ricn de commun
avcc ce que nous entendons })ar cc mot
dans la lhérapeuti(IUe ordinaire. Ce sera unc excilation tempéra
nte, calmante, sédative,
antiphlogistique pcutêlre; une excitatio
n qui se manifestcra par
des phénomènes tout opposés à ceux
qui l'ôsullent de l'ingestion
des substances que \'on cst convenu d'ap
peler cxcitantes, el habi
�-
22 -
tllé ù ('egal'dcl' comlllc dOllùcs dc la faculté dc pt'oduil'C l' cxcitation. Ce malade à dispositions apoplectiques, <lui sous la moindr'c
cxcitation éprouve des symptômes de congestion cérél.)['ale, viendrait aux eaux de Luxeuil pOUl' y suivre une médication cxcitanle! Cct autre atteint de névrnlgie, nuquel son médecin intel'dit
le vin, le café, le thé, etc" cspérer'nit guél'ir par l'excitation!
Celle femme dont le système nerveux est dans un état constant de
surcxcitation, qui ne vit que de lait, que la moindr'e émotion jette
dans des cl'ises névropathiques, viendrait se surexcilel' encol'c
pendant vingt jours, en faisant usage de toules manièl'es d'une eau
minérale exeitante, et se trouverait hien de cetle sUI'excitation!
Cela ne se eonçoit pas; l'opinion qui eonsidère les caux minér'ales comme excitantes, rend inexplicahlcs les suecès obtenus dans
la majeure partie dcs cas où on les emploie.
II est hien vrai que les eITcts primitifs, immédiats, de l'usage dc&
eaux, présentent quelques-uns des caractèl'es de l'excitation: cela a
lieu surtout quand on les administre à un haut degré de thermalité;
mais ceLte excitation qui accompagne l'usage des eaux, ne constitue pas leur action fondamentale; elle n'en est, pour ainsi dir'e,
qu'un accident, qu'une complication; et cela est si vrai que, duns
les circonstances où on pcut craindre que celle excitation n'aille
au delà des limites de l'état physiologique, on prcnd, flyunt l'usage des caux, quelques precautions pour ell prévcnil' l'illlen ilé,
ou, peuùalll leU!' usage, pour en moùcl'er les cffets. Une intcr
rllption de quelques joul's peut méme devenir nécessnire : le repos,
l'ouvcl'ture de la veine, les boissons tcmpél'antes, moyens évidemment débilitant , sont souvent conseillés ct pl'alirlués comme préliminairc ou corrcctif indispcn able. Cependant, dan l'hypothèse
que je combats, au lieu de redoutel' cette excitation, cette espèce
de fièVl'e thcl'lnale au moyen de laquelle les caux. doivent gUl'I'il',
on (Ievl'Uil au eontrail'C' la desil'cl', la provoqucl', et 10l'sfJu'elle a
lieu, J'eIlll'{'[<'llil' 1'c(~ieusmnt,
pui ' (IU' elle est l'élement de guél'i·
5011. Est ce ainsi CJIIC uous agi. sons? Non, asslIl'cmelll : quand des
siglle'i d'excitation se manifestent, 011 s'cmpr'cssc d'y lllCllr'c uu
[('l'Ille, 'oit pal' la c(' 'satioll lI1olllelll,lll('e tic l'llsa''e des ('atl " soit
par' !l's 1ll0y(,I1S de la tlll"rIicntioll \<'mpl'I'Hn\p
�-
'13 -
11 est cel'tai" 'lue tics sicrnes d'excitalion sc manifestent assez 01'
dinairement dans les pl'en~s
temps (l'une saison, princale1\?~t,
comme cela a été déjà dit, si on élève trop le dcgl'é dc ther~nc:
il est même géncl'tllclOent admis, en médecine pratique mlllcl'aie.
que cette excitation que l'on s'empresse de comprimel" est d'un
assez bon augure; cela pl'ouve seulement que l'économie est sen-sible il l'action de l'agent qui s'exerce sur elle, que la dose de c~.t
agent est suffisante, ct que, l)uisqu'il lIgit, il est probable qu Il
guérira: c'est un signe d'action, mais non un travail de cU~'ilon;
ce travail s'exeree silencieusement dans les profondeurs de 1 econo ·
mie; ulle excitation démesu['ée l' cntravel'(lit, ct c'est pour cela
qu'on cherche il. la prévenil' avant l'usagc des eaux, ou à la réprimer quaud elle se manifeste. Mais, en génêl'al, cette excitation,
lorsqu'elle suit sa mal'che régulière, cesse bienlôt d'elle-même
ct ne sc pl'olonge pas au deH\ du huitième ou dixième bain.
Il ne suffit pas, pour qu'un agent thérapeuliquc soit classé
parmi les excitants, que son usage s'accompagne de phénomèncs
d'excitation plus ou moins nombl'cux ou intenses. Si ces phénomènes ne sont pour ainsi dire qu'accidentels, si les résultats définitifs ne sont l)as ceux que l'on obtient par l'usage des excitants
ol'dinail'cs, il ne peut êlt'e considéré comme excitant; il guérit
quoiqu'il excite, et non parce qu'il excite; et dans les vues thémpeuliques, ce ne sera pas pour satisfail'c à des indicalions d'excilation qu'il sel'll employé. La matière médicale abonde en agents
auxquels cetle manièl'e de voir est applicable ct .iournellement appliquée, Je n'cn citerai qu'un pour exemple, le mCI'cure. Apl'ès
son ingeslion dans l'économie, « il faut un cel'tain lemps pour que
le pouvoir des composés mcrcuriaux SUI' le cœur ct sur les 31,tères
se rende manifeste. Toutefois il dcvient très appal'cnl, c'est une
commotion al'lériclle que suscitent ces agents, c'est un mouycment
fél)J'ile qu'ils décident: le l)oul:i se montre vif, vlein, l'l'l'quent; la
~haleur
animale s'élève, la pcrspil'Htiou cutanee est plus ahondante;
Il ya de la soif, ùe l'insomnie, dc l'agitation la lIuit, rle. Celle secousse générale est souvent tl'ès prononcée; elle dure quelquc
temps; elle est parfois accompagnée de congestion slInguine ,el's
les poumons, vel'S l'abdomen; on l'a vnp dOllnel' lieu il une hé-
�-
:24 -
moptysic, il un flux hémorrhoïdal; le saug que l'on tire des veiues pendant celle médication se couvre d'une couenne inflammatoire; ce grand mouvement paraît dans quelques maladies UD
puissant secours, le grand moyen de guérison; dnns quelques cas,
on est obligé de le modérer, de diminuer son intensité: c'est pour
cela que l'usage d'une boisson délayante, d'aliments d'une natUl'C
adoucissante, les bains tièdes, etc., sont un secours si utile dans
le traitement des maladies syphilitiques: ces moyens secondaires
règlent, dirigent l'action médicatrice du moyen principal, du Te-medej spécifique. » (Barbier, Matière médicale.)
Dans cc tableau destiné il tracer les effets primitifs de la médication mercurielle, mais dans lequel tout se trouve si p31'failement
applicable à la médication minérale qu'on croirait que c'était d'elle
qu'il était question, dans ce tableau, dis-je, se tl'ouvent accumulés les caractères de l'excitation les plus noml)I'eux et les plus décisifs : l'agent qui la produit est-il rangé pour cela d:ms la classe
des exeitants? Nullement, et avec raison; la cure est obtenue, dans
le traitement des maladies syphilitiques, non par l'excitation occasionnée par le mercure, excitation qu'on est souvent obligé de ffi()dérer, mais par une action toute spéciale, indéterminée et inconnue
autrement que pal' les résultats.
On peut en dire autant du molle d'action des eaux minérales de
Luxeuil; on ne peut leur assigner de propriétés générales. Des effets de leur application il l'économie animale, effets identiques au
milieu de conditions très vaI'iables et souvent diaméll'alement oppo ées, il est permis de conclul'c que ccs caux sont, comme tous
ces puissants modificateurs ùont la manière d'agir n'est pas moins
mystérieuse qu'énergique, le quinquina, le mel'Clll'C, le virus vaccin , qu'clics sont spécifiques. S'il était pel'mi de caractél'iser leur
nature par l'expression qui résulDe le mieux leurs vertus curatives.
ou }lourl'ait dire qu'elles sont allti-clu'ooiqucs.
Certes, il Y a loin de celle manièl'e de voil' à celle qui n'aperçoit, dans l'action des eaux, qu'une excitatioll minémlc ayant son
analoguc dan cette fièvrc at"tiliciellc que les anciens chel'chaient ü
excitel', pOUl' ohtcnil' la solution des maladies chl'ollÎ<lues, et ans
autre avanlarre sm ('\Ir qne d'(lIt,· pins rrl'[Hlure, mieux <10:('(',
�-
2;> -
. I. d'
.. aux d'vel" élat"- \latholoO'iclues
l>OUl' UIllS
Il'e, et plus approprlCe
"... ü
••
qu'elle est destinée à modifier. Personn 1 ~
e n'est plus penetre que Je
ne le suis du respect dû aux opinions
de nos devanci~s
et de nos
maîtres, surtout lorsqu'elles ont pour
elles un asentLl.~
à pe~
près général. Cependant, le mode d'ac
tion des eaux mlllcraies e~t
un objet d'étude si curieux dans la spéc
ulation et si important dans
la pratique, qu'il ne saurait être l'objet
de trop de discussio.ns, et
que toute hypothèse doit avoir le droi
t de se produire ,: il dOIt. êtl'e
permis à chacun de si .. naler l'insuffisanc
e des théOries admises,
Ü
•
•
ct de chercher avec réserve, circonspecti
on et modestie, SI, par une
autre manière de voir moins précise,
moins définie, et par c~la
même moins exclusive, il serait possible
de rendre raison des fmts
nombreux qui échappent à l'explicatio
n,
Quoi qu'il en soit, il ne peut qu'être
utile d'analysel' le mode
d'action des eaux minérales dans ce qu'i
l a d'appréciable, et d'examiner isolément les éléments auxque
ls il peut devoir son origine
et sa puissance, tels que la physique
et la chimie les livrent à la
thérapeutique,
"
De s élé Dle nts aux qu els les
Ea ux nli nér ale 8 de
Lu x.e uil doi ven t leu r pui
s8a nee .
Dans la recherche des causes productr
ices de l'efTet des eaux
minérales, trois choses sont principalem
ent à considérm'; la thel'malité, la minéralité, et le mode d'admin
istration.
DE LA TIŒR MAL ITÉ.
Le calorique est l'instrument le plus puis
sant de la natm'e : pal'
lui les animaux vivent, les plantes vég
ètent: le règne inorganique
lui-même obéit il son intluence et lui doit
une partie de ses combi
naisons. Dans l'espèee humaine, le calo
rique est tellement lié à la
vie, que son extinction générale ou part
ielle en indique la cessation:
tians le trail(,ffient des maladies, son
emploi rc~oit
les applications
les plus étendues et les plus salutaires:
les bain', les cataplasmes,
les fomentations, empl'Untent la maj
eUl'c pal'tie dc leur action
�-
26 -
CCl élément vivifiant: il èstl'agent cl'éateur ct conSCl'vateul pal'
excellence,
Le calorique inhérent aux eaux minérales cst-il de ln même nu1lI1'C quc celui quc nous dévcloppons artificicllcment? Celte question, depuis longtemps controvcrsée enll'e les médecins et les
physiciens, n'a pas encore rcçu de solution définitive. Les physi-.
ciens, partisans dc l'identité des dcux caloriques, rappellent qu'ils
se comportent tous deux d'unc manière cxactement semblablc,
sous Icurs instruments d'appr·éciation. Les caux thermales, disentils, perdent ou consel'vent leur caloriquc, selon les mêmes r'ègles
que les caux chauffées artificiellement, sous les mêmes conditions
de pression et de tempér'ature atmosphél'i(IUe : comme ccs del'nièr'es, cil es sont susceptibles de congélation et d'évapor'ation; soumises comparativcmcnt il l'action dc la chaleur, elles UI'rivent en
même temps à l'ébullition, lorsquc la température du point de dé-.
par't eslla même: en Ull mol, il n'existe entrc cil es aucune dilférence physiquement appl'éciable sous le rappor'l du caloriquc.
Les cxpériences dir'cctes de MM. Gendrin, Jacquot, Longchamp,
Anglada, Nicolas, pr'ouvent celte assertion jusqu'à la clcI'llière évidence.
l\lais, à leur tour, les médecins font observer qu'ils ont, eux
~Iu
" i, des instruments d'apP,'éciation, les p,'opriété' \itales : 01', il
est constant qu'elles ne sont pas all'ectées dc la même manièr'c pal'
le caloriclue thcI'mal et PUl' lc calol'i(fue Ol'dinair'e. L'immeI'sioll occa iOlllle une sensation <lc chalcuI' Illoin ' forte ùan l'eau thermale
(lue dans l'cau chauffée al'liOciellement il la même températ\ll'c.
Tous les ans il \ iont il Luxcuil des éll'angcrs habitués il prendl'e
chez cux des bains domcstiques, et ponctuels jusqu'il con latel' pal'
le lherlllomètl'c leur degl'é ùe tcmpératul'c; la scnsation que leur
fait é/WOUVl'I' UIIC tCl1p~I'ae
à laquellc ils sont hahitnés, Icm est
dOIl(, bien conllue : 01', il cst cCl'tain cluc, pOUl' qu'ils tl'Ouvent dans
Ics hains (Ill'ils pl'cuneut :'t l' ('lahlissemcnt la cllsalion dClel'minée
par' lellrs hains (Iomestiqucs, la lcmp{~I'atue
doit en êtl'e élevéc
d'uu il deux c1egl'é·. C' c·t li Ile ohsenalioll qlIC j'ai n"pétée mai nies
('t 1I1ainles fois. On hoil il Plombièr'es l'cau du Cl'lI('ilix :\ ',9°:;0;
il BOUl'holl-1' Ar'chulIlbautl, celle de la SOlll'ce tlu.'l'Illale il 60° ,
li
�- 2ï sans être incommodé d'une aussi haute tempél'uture. Quelques
pet'sonnes prennent sans fatigue des séries de lI'cnte à. ~ual't\c
bains dans l'eau thermale, tandis qu'il suffit de la mOItié cie c.e
nombre de bains domesLiques pOUl' les réduire ~\ une extl'ème fmblesse: on sait d'ailleurs que, dans une infinité de cil'constances,
des qualités inhérentes à un composé ne peuvn~
être découvertes
par les moyens physiques, et sont pOUl'tant parfitel~n
co~st
tees par l'applicaLion de ce composé à la nature orgamque : mnSI,
l'eau du canal Saint-Martin n'est pas bonne pour l'arJ'osement;
tous les maratchel's (lui l'emploient voient leurs cultUl'es s'en trouver fort mal; et, cependant, des savants de premiel' orùre, même.'
je crois, l'académie dcs sciences, ont tl'ouvé celle eau semblable a
celle qui fait prospél'er les cultures; il faut bien admettl'e, ou que
les l'éacLifs n'ollt pas trouvé ce qui est nuisible llans cette eau, ou
qu'ils n'ont pas tL'ouyé ee qui est uLile dans les autres. Ces phéno·
mènes ne peuvent pas plus être niés qu'expliqués.
Cependant, il ne faut pas perllrc de vue que dans toutes les
expériences, dans celle cau que l'on boit ou dans laquelle on se
plonge. l'élément minéral est associé à l'élément lllermal; et rien
ne prouve que cc ne soit pas à ceUe association qu'il faille aUribuer ees cITets dispal'Utes dont on assigne la cause ~I la thermalité
seule; il faudrait pouvoil' isoler ces deux éléments el expérimenter
ensuite sU\' chacun d'eux en particulicl'. Tant que cela n'aura 11as
élé fait, la question de l'identité ou de la non identité de~ deux calor'iqucs restera en suspens, et l'action de la thcl'lualité, en ce qu'elle
pourrait avoir de spécial, inappl'ccinble. Quelques faits tl'ès impol'tant5, quoique cncore insulTIsants, sont acquis à la science il cet
égal'ù. « Un de mes clients, excellent obscnateur', dit M. Guersanl,
et (lui fait ,lcpuis plus de vingt ans un usage fl'é(lUent des caux de
Balal'ue, pOUl' comballl'c une paralysie du hras (hoit, ct qui les a
souvelltlwises, ~oit
ü la som'cc, soitü Pal'Îs, ayaitl'em3l"lué, comme
tous ccux. (lui fOllt usage ùes eaux de Bal:wuc, qU'l'lies étaieut
beaucoup plus purgatives 10l'squ'il Ics IH'CIHlit il Bahll'uc ml\me,
que lor~(IUï
\es faisait \cuil' ~\ Pat·is. i~lant
allé l'CCCV oit' dcs ,Iou
l'Iles il Plol\lhit'I'l's , je lui conscillai de f"il'c u,age Iles caux clc Balal'Ile en hoisson, pendant «(ll'il SI' f"I'ail (Ioudll'" :1\'('(' les ennx dr
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28-
Plomuières. II eul alol's l'idée de fairc chauffel' les caux de llalal'lIé,
«(u'il avait appol'tees de Par'is, dans la source la plus chaude de
Plombières, au lieu de les faire chauffe l' au bain-marie, comme il
l' ordinait'e; ct il J'emarqua avec surprise quc lcs caux de Balaruc,
chauiI'écs dc cette manière, le purgeaient, tout aussi bien que JOI'squ'il
les avait prises il la source même. Il communiqua son observation ci deux autl'es malades, qui firent également usage des eaux de
Balaruc chauffées dans l'eau de Plombières, et qui en épl'ouvèrent
les mêmes eiI'els. Cette expérience, ayant élé répétée dcux annécs
de suite sur les mêmes malades et avec le même succès, mél'ite de
fixer l'auention, pat' rappol't aux avantages que l'on pourrait retirer
de l'emploi combiné de plusieurs espèces d'eaux minérales entre
elles; et, sous d'autres rappporls, elle doit nous tenir en garde sur'
les conséquences qu'on peut tirer des expériences purement physiques faites SUl' la chaleur naturelle des eaux thCl'malcs; Cat', les
effets physiologiques dont nous venons de pal'Ier semblel'aient indiquer que l'action du calorique naturel et celle du calorique facticc
ne sont pas absolument les mêmes sur nos organes. ))
Quantuux causes de la thermalité, chacun connaît les diffél'ents
systèmes imaginés pour cn donner l'explication. L'exi tcnce dc
fcux soutel'rains , la compression des gaz il une certainc profondeur, qui, en même temp qu'elle les convcrtirait en liquides, pro duirait un dégagcment de calor'ique, les réactions chimiqucs, le
mélull"e avcc des substanccs cn ignition, ont eté tour il tour invoqués. BCl'zélius a fait intcl'venil' l'action de volcans éteint ·, pOUl'
expliquel' la caléfaction de ('aux thermale.
Aujourd ' hui, d'après l' opinion la plus géllél'lllement l'CÇUC, la principale cause de la thermalité des caux doiL êlI'c attrihué 'ù la pl'ofolldcur d'où elles" icnncnt, Ics J'ésultats dc l'cchcl'chc ' tIe plu iCI""
physicicns ct le . tl':\\lIUX des rrcologuc ', ayant pl'ollvé que la tcmpél,,,tUl'e tic la tCI'!" augmcntait, tl mc mc qu'on s'éloitrllc de li 'ur'
facc, ü p 'U pl'(~ S d ' lIll degré pal' Chtlflllc tl'cnte ou qULu'antc mètrcs
dc pl'ofond 'lU'. Cclle opillion, étuyéc SUI' les ré. ullals dc ' soudages
des mines et dcs fOl'a"c ' des puils artesic1l' , a l' çu un nouveau tIcgl'é Je Jll'obuhilité dcs l'echCl'chcs faites pm' 1. Bou ' 'in"aull, dans
la dtaîlle du litLoral de Venezucla. Cc savant a constate quc la lem
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29 -
péralure des sources y est d'autant plus élevée qu'elles sont plu:
cées à une plus grande profondeur : ainsi, la source d'Analo, a
702 mètres au _dessus du niveau de la mer, est à ltlt° [SOc;
celle de Mariana, à lt76 mètres, est à 6lt°, et celle de las Trinche·ras, presque au niveau de la mer, est à 97°.
« Cependant, la température des caux, au point où elles
SOUl'ùent, ne peut nous servir 11 apprécier la chaleur qu'elles ont
puisée au foyer; car elles ont pu être obligées de traverser des
couches épaisses de terrains, où elles ont déposé une partie de leur
calorique. En outre, d'autres .sources se mèlent dans leur tt'a jet avec quelque courant d'eau froide qui abaisse leur tempéra ture. C'est par ces deux elTets que s'expliquent tout naturellement
les variétés, et dans la température, et dans les proportions des éléments des sources d'une même localité, qui ont certainement une
origine commune. » (Soubeiran.)
On ne peut passer sous silence un système forl ingénieux, mis
en avant par des savants d'une très grande autorité, Vodél'é, Nicolas, Patissier, Becquerel, Alibert, et développé, avec une prédilection qui perce à travers la réserve que commande une aussi difficile question, par Anglalla, dans ses Mémoires sur les eaux des
Pyrénées·Orientales. Ce système est celui qui ferait concourir l'action éleclro-motrice à la production de la chaleur des eaux. « Peutêtre trouverait-on aujourd'hui, dit ce chimiste, dans la découverte
si féconde des actions élcctro-motrices et de leur pouvoir caléfac·
teur, un point d'appui à des considèrations analogiques qui se pré
teraient, plus facilement que les autres hypothèses, à rinterprétation des phénomènes les plus importants des eaux thermales .....
« Quand on voit un électro-moteur exercer une si puissan
te influence pour élever si haut la température ùes corps, on est naturellement porté à imaginer qu'une disposition analogue pourrait
bien avoir étc rcalisce par la uatlll'c, dans divers points des entrailles du globe, et y former autant d'ateliel's pour l'clahoration
des eaux thermales.
» La supposition de certains arrangements électl'o-motcut's,
qlle
la natul'e aurait réali és dans le sein de la terre, est appuyée de si
p"issantes analogies, qu'on serait \('ntt'· d' Nrl' (·tonné qu'il n·('11 fitl
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30 -
pas ain i. Cetle faculté électl'o-molt'ice est ell effet si génél'alernent
répanùue, flu'il serait ell quelque sorte hi en sUl'prenant qu'au milieu des aclcs qui ont I)l'ésidé à la formation des divcrs OI'ures de
tenains, ou des révolutions qlle Ics conches terrestl'CS ont subies,
il nc se fùt point opéré de nombl'eux assortiments ue matières ou
de strates capables d'une élcctI'o-motion plus ou moins nct~\'e.
» On doit même dil'e flue ce n'est pns sur des nnalogies théorifluemcnt déduites, que semble se fonder uniquement celle opinion; il
cst de plus, et Ic rapprochemcnt est entrainant, un certain nombl'c
de fails obscrvés, qui, cn nous montrant, à la surface Ilu globe, Ile
yéritables appareils électl'o-motems , attache beaucoup de forcc à
l'alllllission dc semblables nppareils dans l'illterieUl' de la tene,
,,1\1. dc IIumboldta signalé dcpuis longtemps, unlls leIIcidelberg,
cn Franconic, unc montagne fOI'méc ùe chlol'itc schisteuse el dc serpentine, jouissant Ilc la polarité magnétique, ngissant à plus dc
vingt pieds sur les boussoles des mineurs, constituant une sortc
d'appêH'eil électro- magnétique indi'pendant du magnétisme du
globe, scs axes mngnéliques étant disposés à angles droits à l'égard
du méridien mngnctiquc.
» Cc célèlwc naturaliste a l'econnu près de Voisaco, dans la Cordilièl'(' des Andes, et à une grandc hauteul', un rochel' dc porphYl'c
tl'Uchyti<{l1e offrant, cn petit, le mème phénomène qne la montngnc
magnétique de la Franconie; la même roche, douée du nl(~mc
prlllcipe d'activité, s'élait pl'éseotée à l'attention dc CCl hnhilc observatcur, ain~
{IU'à ccllc dc 1\1, Bonpland, sur la parlie orientale du
Chimora~,
elc,
II De telles dispo.Îtion , ou autres analogues également cnpahles
d'énergie électromotl'ice, dont unr aplH'éciation altentivc dps as 01'timenls minéralogique' multipliel'a sans doute de plus en plus les
rxcmples, l'éaise~,
selon toute apparence, dans le spin de la lerl'c,
y COllsl itueraicnt autant de foyel's de l'éactions éleclI'o-Ulotl'iees,
pl'Odllell'iccs des ('aux thrrmalcs.
" L'activité de ('CS sOI'les d'appareils ('ICCll'O molc1II's a paru snhor!lollnCt' il lïnflucnce de plligs:HH'CS élc{'ll'iques du "Iollt', Ilolarn Ilwnt il rdle dcs tl'I'lIlhlt'lIlellbi de h!I'I'(! ; el '1. Uc('(!ucl'el a ron,lalé,
{,x[H"rinH'nlal('ll1rllt , IllIïl ' lIflisait d(' fail'{' pass('l' 1111 ('(llll'allt èlc("
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51 -
ll'ique tl'ès énergique tl travers une petite cUl,touche ~e .pap.iet>
remplie de deutoxydc de fel', pour y faire naître unc distribution
dc fOt'ce magnétiquc, compal'ahle à cellc observée SUI' la montagne
dc Heidelberg. Si donc les faits propres aux caux thermalcs annonçaient flu' clics sont accessibles, <le \cUl' côté, il l'ascendant d~s
tremblements de tCITe, n'en résullct'ait-il pas de grandes pro.habl lités qu'cn eIT!'tlcs caux thel'males sont des proüllits d'appal'clls de
cc geme?
)) Si l'on clwrche maintenant jusqll'à quel point celte hypothèse,
que semblcnt entourer de nombreuses probnbilités, s'accommode
aux divc\'ses condilions des phenomèncs des caux thel'JUnles, je
suis porté ü croire qu'on lui tl'OIn'C1'a plus de facilites qu'à aucune
autl'c pOUl' intCl'prélcr les plus nolables ùe ces conditions, cl spécialement, la calefactioll Iles caux thermales, leur f\'equcnee dans
cel'lains lieu'\, la pe('sl.~véan
et l'unite respectives des tempéra
tlll'es, la constance de lelll' composition chimique, l'origine de cel'tains de leurs ingrédicnts, les variations dont elles sont suscepti bIcs. ))
l'ai CI'U ùevoil' citel' lextucllemcnt ce llassage du rcmarquable
Lt'avai! d'AnghHla sUl'les caux minérales. Lc phénomènc de la ther
malité cst si intct'essant, il se rnllaehe LI des questions si com
plexes, (l'l'il n' y a ricn t1 Ilt'gliger de tout ce qlli peut servit, ~\ SOI\
explicalion. Le système expose pal' Anglada est ll'op ingéniel1 x
pOUl' qll'illù lit pas sa place dans la qllestion des causes de la the\'malité, ne srl'ail-ce, comme il le dit 1li-nH~me,
que pOlll' faire con
cUITe nec aux autres hypothèses destinl~
~, en dOllner l'explication,
Tl faut aVOllel' en e!Tet que celle dc la chaleur (H'Opre des ('0\1 ches dn globe trrt'esll'e, a(IOplt'e aujOlml'hlli pal' le plus ('I,tllld
nomlJre des physicien', c ' plique la thcl'malitù, mais tiC rend pas
raison de la minéralite, Ellc sc pt'êle hien, ct encol'e jusclu'il 111\
certaill point, aux phénomènes dc la caléfaetion des caux mil~·
raies; mais clic laisse complétetnrl\t cn dehors les cil'constances
essentielles de \('U\' composition; de tclle ol'te, C1u'apl
' l~"; lI,oir at!
mis IIlle cause pOUl' la cnléfactioll , il fallt (,I\COI'(' rll adlllt'l!t 'C ulle
ault'e pOUl' la minél'ulisHtioll; an lieu Clue, dalls l'hypothèse (J'1I1I1'
('alise l'Icclt'o !HOIt'iet', « ln ""1111'(' Iles ingrédients {'s;,('lIl ids des
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32 -
eaux minérales ct la fixité Je leurs pl'opOl'tions s'y pl'ésentclIt
commc élant sous la dépendance des mèmes causes qui élèvent
leur tempél'ature, et sc l'allachent à l'action décomposante exercée
par l'appareil électl'O-moteur, SUI' les terrains environnants. » (Anglada. )
J'ni dit que l'hypothèse de la chaleur pl'opre des couches du
globe terre tre n'expliquait que ju qu'à un cel'tain point ln thermalité des enux minérales; comment expliquer par ceLLe seule cause
les vaI'intions de tempél'alure subies dans divers temps par di verses sources? Une de celles de Carl bad perdit sa chnleUl', il Y a
peu d'années, à la suite d'un Ll'emblemenL de terre; même phénomène survint aux eaux de Bagnèl'es de Bigorre en t660, Pareille
obsel'vation fut faite à celle cl' Aix en Savoie, à l'époque du lI'em blement de terre de Lisbonne. (Dictionnaire de sciences naturelles.)
Les faits de variation des tempél'atul'es dans les soUt'ces thermales
sont trè nombreux, et il est remarquable que, le plu ouvent, ils
coïncident avec des tremblements de tene, et semblent ain i se
présenter sous la dépendance de ces grands phénomènes électriques.
De la nliuéralité.
Il est tr(~s
difficile, pour ne pas dire impo sible, d'expliquer
d'une manit'l'e satisfai ante le résultat de l'tI. age des eaux en général, et de celles de Luxeuil en particuliel', pal' la seule con idération des pl'ineipes chimique qu'elles tiennent en di solution. Ces
principes sont nombl'eux cl v,'ll'iés; leur action ne aUl'Uit êtl'e une
ct simple; elle doit étl'e multiple el combinée; elle peut, ju qu'à
un <'C1'tain point, être as imilée à celle des médicaments compo é ,
la thériaquc, le dia.conliull1, elc., légués par l'empil'isme, cL
dans lesqueb l'cxpt'ricnce COll·tate une vel'tu que la cjence thél'a ·
peulique ne p ut expli(IIlCI'. Les caux minél'ale , ont une (Cuue
d'admil'allie polypharmaeic (,la ho l'CC dans les officine de la nalul'e.
]ci l'epal'ait rull'e 1(' · ('himisl<'s ct les Il\("dc('ins, 1'l'lati\cIlI('IIL;1 la
min('I'alit{" le même dissrnlirncllt q\1 'enl~
e('s drl'Iliel's et lcs phyi"i('lIs 1'('latj\{'IIH'llt il la lh('I'malitt', Mai; k suje t dt' la C'Olltl'O\ ('J':-i('
�est bien plus complexe; car il s'agit de
déterminer, no - seul~nt
l'action positive d'une ou plusieurs subs
tances contenues dans 1eau
minérale, mais encore leur action
possible eu égard à leu~
nombre, à leurs proportions, à leur
mode de combinaison. ~Cl
encore Ics chimistes s'appuient SUl' leur
s analyses, les. méde~lDs
sur l'observation clinique; et il faut
convenir que les mductlOns
tirées de ce réactif mMical, témoignent
d'une manière ~rave
con~re
l'opinion qui prétendrait tout expliqu
er par les donnces fourmes
par les réactifs chimiques.
En effet, la nature semble avoir voulu
confondre toutes les théorie:;, en donnant à des sources pareilles
une activité différente, ou
il ùes sources dilférentes un degré
d'activité pareille. Il n'est pas
rare de trouver des eaux presque insi
gnifiantes, en apparence,
d'après leur composition révélée par l'an
alyse, douées cependant,
eu réalité, d'une énergie d'action con
sidérable. Ainsi. la source
Mainvielle. aux Eaux-Chaudes. est faib
lement minéralisée, et sa
puissance d'action est telle qu'il est diffi
cile de mettre les personnes
qui font usage de ses eaux à l'abri des
irritations d'estomac, el
qu'un des inspecteurs avait conseillé
de la fermer, Les eaux de
Forges (Seine-Inférieure) Qnt des prop
riétés curalives éminentes,
et elles contiennent à peine quatre cent
igrammes de carbonate de
fer par litre. A Luxeuil, la source
d'hygie est pauvre en principes minéraux, et elle rend les serv
ices thérapeutiques les plus
importants; à Vichy enfin, les eaux
de la Grandgrille sont irritantes, on les supporte difficilement; celle
s de l'Hùpital sont beaucoup plus douces, elles calment les effe
ts de l'irritation occasionnée par l'usage des premières, ct cepend
ant, le analyses les plus
exactes présentent à peine quelque diffé
rence dans la proportion
tIcs principes constituants des eaux de
ces deux i'.ources. Ce sont
là des faits que les considùration" <le
minéralité toue~
seule!; ne
suffisent pas à expliquer.
Toutefois, il faut observer que les caux
de Luxeuil contiennent
jusqu'à t ,tG grammes, par litre, de
principes minéralisateurs;
qu'on a évalué à un litre et demi par
heure la quantité d'eau qui
peut êlre absorbée dans le hain (Falcon
net); <Iue dans l'espace de
(l('ux heures, durér ordinairr du hain
, trois litre!! d'('-uu miné-
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raIe sont ainsi amenés dans la circulation par l'absorption cuta ·
'née, sans compter celle qui y arrive par la voie de l'ingestion dans
l'estomac, et que par conséquent plus de quall'e grammes de sub'Stances médicinales sont jou\'Oellement introduits dans l'économie
'de ceux qui font usage des caux.
Il faut observer encore que la plupart de ces substances ont
une activité bien connue, avouée des praticiens ct des expérimen.tateurs; et dès lors on concevra parfaitement une action puissante
de leur part, quoiqu'on puisse difficilement expliquer sa nature.
Ne serait-ce pas une anomalie que des eaux assez abondamment minéralisées, ct par des principes d'une énergie manifeste ,
se trouvassent inertes et sans effet sur l'économie?
Voici sur chacun de ces principes, en particulier, l'opinion de
auteurs qui ont écrit sur la matière médicale et thérapeutique.
Chlorure de sodium. A petites doses, cc sel stimule doucement
les organes digestifs, excite l'appétit, favorise la digestion .... ; il
passait jadis pour incisif, anti-pituiteux, et puissant résolutif des
engorgements visceraux et glanduleux. Le docteur Vezenez l'a
même vanté naguère contre le quirrhe de l'estomac, affection
dont M. Pittschatfe a rapporte en ~82,
d'aprè plusieurs auteurs,
divers exmp~s
de guérison. B. IIir chel l'a donné avec succè
contre les engorgements de la rate, uite de fièvres quarte ,ainsi
que dans les scrofules, où beaucoup de médecins, en Angleterre
surtout, l'ont préeoni é.... Suivant le docteur J. Wylie, ce remède et le lait pris en grande quantité n'auraient pas eu moins de
succè , entre les mains de paysans de Saint Pétersbourg, en i830,
que les remèdes les plu vantes, enll'e celles de médecin ,contre le
choléra épidémique.. .. Enfin, on en prépm'e de eaux aline.
artificielles, à la do e de six décigrammes par litre d' cau, qu'on
surchal'ge de gaz acide carbonique, et dont on a beaucoup vanté
le qualités fondante. (Mérat et Délen ,Dict. de thérap., tom. VI.)
Chlorure de potassium. Apéritif, (ondant.
Sulfate de soude. On l'emploie comme fondant des engorgements
abdominaux, dan l'emharra ga trique ou inle tinal, dan certaine afl'ections fébrile. , Ne.; on l'ajoute dan les ti anes dépuratives admini trces contre 1'. maladie cl' la pan. Langr l'a
�-,.
.la
. u 1"Icr
\'<\l'Ile
cment l'econHnancl'C llSS
\. OU s (\"ns d'\ pelit lail
Ll'
l'all'ophie mésenterique des
, conll'l'
enfants. (V. Vict. de mécl.)
Carbonate de soude. On co
.
mprend sans peine quels
servl~.
agenl pourra rendre, lor
cel
squ'il sera utile de modif
ier.les hqUl~es
sécrétés. Il agit aussi en au
gmentant la quantité de l'u
rllle , et e est
ce qui l'a fait classer par
quelques thérapeutistes au
ra.n
g des substances diurétiques; il est
très employc dans le tra
itement des
affections calculeuses, lor
squ'elle dépendent de la
sura~o\lùnc('
d'acide urique ... . ; on le
prescrit aussi pour faciliter
la digestion,
et rétablir en peu de tem
ps les fonctions de l'esto
mac, surtout
lorsqu'elles sont troublées
par la formation d'une tro
p grande quaulite d'acide, ce qui al'rive
souvent aux gens de lettre
s et aux prl 'sonnes très sédentaires. (B
ouchardat, Elém. de mat.
méd.)
Carbonate de chaux. Ce car
bonate a été conseillé po
ur absorber
les acides de l'estomac, lor
squ'on attribuait des malad
ies
il la pr('·
senee de ce corps, qu'on sai
t aujourd'hui être indispen
sable à la di gestion. (Jourdan, Pharm
. univers.)
Magnésie. F. Hoffmann "in
troduisit dans la matière
ta substitua aux autres ter
médicale,
res absorbantes usitees jus
qu'alors, et
la signala comme le meille
ur des lithotripliques. (Cent
' t, cap. LV.)
Hunaud fit ensuite conn
aitre sa vertu légèreme
nt calmante.
T. Henry établit, par des
expériences, sa vertu an
tiseptique;
enfin, dans ces derniers
temps, les observations
co
mm
uniquées
par MM. Braude cl Hume
à la Société royale de Lo
ndres, ont
semblé prollver que la ma
gnésie s'oppose à la forma
tion morbide
de l'acide urique. (~1'rat
el Délens, Vict, unù,. de
ma
t. méd.)
Oxyde de fer. Un dcs plu
s précieux agents thérap
eutiques, tonique, astringent, apéri
tif, fOl\(lanl, employé ave
e un sueeè
constant dans \'ani~me,
l'aménorl'hée, la chlorose
,
la
leucorrhée,
le scorbut, les engorgeme
nts chroniques des viscères
abdominaux,
tes écoulements muqueux,
les eonvaleseences des ma
ladic' ~raves.
(Tous le!'. traités de mal.
médie. cl de lh~I'ap.)
Oxyde de rnanynnèse. Il a
reçu plusieurs application
' thérapeutiques. D'après Schrodtc
r, il a élc quelquefois em
ployé il l'in
lél'ieur, dans le lmitcment
de la lih re inRammatoi
re. (Délells,
Dirt. rle,~ ,çriell. méd.) Uri'ra
l'a admini'llrl' contre la (\iarh~'
('hl'o ·
J
�-
56-
nique (Saggio clinico suU' iodio) et nussi comme emménagogue,
associé, il cst vrni, dnns ce del'nier but, il la sabine et à l'aloi' .
Un praticicn de Paris, M. Jacques, a nnnoocé l'nvoir cm ployé
avec succès dans un cns d'épilepsie, sans lésion organique (Joltrn.
génér. de mécl., déc. 1SHI); cnfin, à l'extérieUl', il a éte employé
contre diverses maladies de la peau. D'npl'ès M. GI'ille, les ouvriel's qui tl'Uvaillent à la mine de manganèse qu'on exploite fi
Mùcon, ne sont pas sujets t. la gale, et ceux qui dans cc pays sont
alleints de celte maladie, sont guéris en peu de jOUl'S, lorsqu'ils
viennent chercher de l'occupation dans cetle usine. (Annetl. dl'
chim., t. XXXlll.)
Alwnine. Celle tel're, signalée déjil comme absorbante ct l'ecommandée par Ic docteul' Pereival, li été administrée avec un
succès constant, par M. Ficinlls, profc 'seur t. Dresde, dans tous
les cas de dyssentel'ie ou de dial'rhée l'ebelles ou légèrcs, e!lez les
adultes comme chez les enfants; mais SUI'tOllt chez ecs dCl'lliel's. JI
s'est sel'vi de l'alumine sèche ... il la dose de huil tl dix grains, a 50ciée à un pen de gomme arabique ct de sncl'e dissou clans l'eau,
el quelquefois il l'opium, au cnmphl'c ou à des UI'omules. Elle lui
a paru pl'éfél'uhle, dans ces ca. , aux alcalis, li ln chaux, même tl
la mngnl'sie, qu'il a VII constamment augmenter la dial'rhée
(No/w. joltrn. de méd.,,,, vol. 500); ('Ile a été depuis <"pt'I'jmenlce
(lYee le ffi{\me succès par' le docteur Vcise cl pal' ;\1. Scillel'. (Bull.
de Férussac, s. mécl. l, 5 (jfl. )
Silice. On a SlippO 'c quc la silice ctait une matièl'e inerle, inca
pahle de produil'c aucun effel ulile , impui,;sflllte pOUl' modifiel' les
\('rlus dc~
alltres in<rrédients. On a élc pl'escllie jll c[ll'à l'cl)l'o('her
il la natllre d'avoit, comme "flté son ounag<', en y fai'ianl intervenir la silicc'. ~lais
c.t-il hien jllste dc IlC \Oil' qu'une lillhstancc
incl'tc dan-; la silice, 10r'(1'I'('lIc ('sl tenuc ('Il dissolution clan les
caux? Tout cc qu'on est alltot'isé à clil'e, ("('sl que, jllsqll'à (l1'é
sent, on n'a pu saisir allcun gellt'c d'effet mt'dical qui mCI'itttt
d'êlre réputé l'O\lVI'H''C de la sili('{'. C('lL(' ahs('llc{' dl' dOllllCCS positi\c· u'indicllH'l'ait clic pas plutôt \In vi('e de l'ob crvution, qllc la
lIullilé des \ertus de la pal't de ('('lII' SlIhstatwd Toul alllloncc, du
moins comnw prohable, qu'unc m:llii'l'e ainsi di. soute Jl'c:t pas
�- '57 saus innuence, soit qu'elle agisse pal'
elle -même, ~oit"
qu: e~l
m.o~
diûe l'action des alcalis et autres mat
ériaux. AUS SI, Ji odcre, qUi a
trouvé la silice dans presque toutes
les caux des Alpes ct des
Vosges, la regarde-t-il comme devant
entrel' pour beaucoup dans
les propriétés médicinales de ces eau
x. (Voy. aux Alp. mal:)
Enûn, j'ajouterai qu'un des praticiens
les plu~
distingués (~u Imdl
de la France ,fort d'une lon<rue exp
él'ience des effets thel'apeu!:>
.
tiques des caux minérales, alll'ibue
à la silice un rôle tl'ès Important dans la production dc ces elfets.
SltbstltnCe organiqne. Vient enfin ce curi
eux ingrédient qu'on a
appelé matière animale, matière organiq
ue, matière pseudo-organique, zoogène, glairine, baré<rine,
plombiérine , et que M. Bru ..
conot aurait tout aussi bien pu!:> appe
lcl' luxo\'ine, s'il n'eût pas
craint d'ajouter une dénomination de
plus à une nomenclature passablement surchargée.
Cellc substance, dont la composition
est ignorée, et qui parait
ne pas être complétement identique
tIans toutes les localités, est
un des principes constituants les plus
constants des eaux minérales. Elle cnlre dans la constitution
des eaux sulfurcllc;es lhermales, eOlllme dans celle des ferrugin
euscs froilles, des ferrugineuses acidules et des salines thermal
e,. On la trouve à LUJl,.cuil
comme à Vichy, il BlH'éges commc
11 Bourbon-\' Archambaud.
II Tout est i fairc
encorc, pour détermincr la part qui
l'evicnt il la
glail'ine dans les effets thérapeutiques
quc l'ou obticnt des caux
sulfUl'euscs naturellcs. JI (Anglada.)
Ce que lc savant analyste des
caux des Pyrénées disait de la glai
l'iDc, nous pouvons le llil'c,
avee la même vcrité, de la matière orga
nique des caux dc Luxcuil.
Aucune expérimentation, dans cc sen
s, n'a été faile ju 'qu'à ce
jour, ct pourtant un grand intcrêt
y sCl'ait auaché; la pl'oporlion plus ou moins forte de celtc mat
ière dans les diverscs sources
motiverait la prefércnce du mMccin
, s'il était hicn constatc qu'à
cet ingrédient sont inhérentes des
PI'olH'jetés conélati\es ü certaines indications. Sans pouvoir pl'cc
iser la nallll'c ù'intlucnce
qu' cxel'ce celle matii'l'c organique
sur les effcls curatifs ohtenus
pm' l'usage des caux de Luxcuil, tout
porte à cl'oil'e qu'elle prcIlll
une part imporlante dans la producti
on de ces effets. Les Ilcureux
�résultaIs Pl'oduits par les bains pris dans le sang de bœuf, le petit
l:lit, le bouillon (1), en une foule de circonstances, permeLlent de
conclure, par analogie, que la substance organique en dissolution
dans les eaux minérales, n'est pas dépourvue d'action sur l'économie (2).
En outre de ces pl'incipes constituants fixes, il Y a encore les
principes gazeux qui méJ'itent de fixer l'attention.
Gaz azote. Le gaz azote pUI' se manifeste à des intervalles périodilJues el très rapprochés (qualre secondes), pal' une sorte de
bouillonnement, el par l'éruption de grosses bulles. Ce dégagement a lieu à toutes les sources thermales de Luxeuil, mais plus
abondamment à celles du grand bain cl du bain des Dame.
Aucune expél'ience n'a démontré, jusqu'ici, le mode d'action
du gaz azote snI' l'économie animale. On sail seulement qu'il n'est
pas respirable (3), mais sans avoir aucune pl'opriété délétère
(1) M. de Gimoernat3 vérifié à la Solfatare de Pouzzole, ainsi qu'~1
Vésuve, que
les vapeurs I]ui se dégagent de leurs cratères sont formées, cn grande partie, par
l'eau vaporisée mêlée à une substance analogue à la matière 3nirnale, et il a rcconnu que celte substance devait être assimilée 11 celle que V~uqUl'in
avait découverte aux eaux de Plombières, et que lui-même avail higllalée dans les eaux
thermales de Baden et d'Jscuia. Lorsque l'empereur t1'Autl'iche monta au Vé~uve,
M. de Gimhernal, qui 3\'ail l'honneur de l'accompagner, fit goûtcr à cc prince de
l'eau d'une fOlllainr qu'il avait étahlie au sommel du cratère, 11 l'aide de t1bposilions ingénil'IIH'S propres ~ coudenser les \'apcurs. On rrconnut qlle celte eau, qui
ne retenait ni acide sulrureux, ni sels, ni aucun aUlre principe minéral, avail ul'cidémentie gol)! du hOllillon. (Anglada, 2me mém.)
(2) La découverte de l'arsenic dans les eaux salines tbcl'malrs dr Plo1hière~,
si
3nalogues à celles de Luxeuil, r~it
présumer que ce principe constituanl exbtc
au~i
dans ('l'S ùcrni~<"
j et, dès lors, quelle imlcn~
part Ile doit pas être
raite, dans les dil'prscs hypothèses touchant l'explication de l':lctiou dl!~
l'auX minérales, à lin ingrl'dicnl doué d'une telle activité?
(:;) Il e~lcor,
inodore pour la plupart des per~ons
j il en eM ql\i paraisst'nt épfOU\Cr unc sellsalion , Puisrlu'dles éprOllV('nt tin plaiir indicihl . à le l'espil'er.
Davy, qui a le prcmi('r respiré cc gaz, a ('prouvé à la suite un accroisscment de
force très marqué. La gaieté extraordiuail'e et le rire incxtillguihlc qu'éproul'èrent
plusieur. pcrsonnes qui répétl'relltl'I'xpérienec dc Davy, \UIUrCnl 11 ce gaz le 110111
d'hilariant j lIai~
chez d'aulre' intlividus, il sc manifl'h~
1111 ('Iat de faihle,se.
d'ahattl'l11e'nl \'l de slupeur très marqllé, cc CJui tendrait à prouver cllte l'l'trd lt'cs L
l'a~
toujours le 1lI~('.
'1. Ul'v('f!,\il' dit connaltl'l' IIIll' jlC'I'SOIlIH' ljlli, 10rsqu'(!lI~
a rrspin" dll gaz \l1'H"
�- 39(DevCl'gie); de lelle sorte, qu'il ne serait pas impossible que .son
contact sur des surfaces autres que celle de l'organe pulmonaIre.'
fût pour elles une cause de modifications favorables. Il se pourraIt .
aussi qu'absorbé, à la manière des substances liquides ou ga'zeuses, par les surfaces cutanees et gastro-intestinales, et porté
dans la cil'culation il n'introduisît dans la vitalité des tissus organiques, ou dans \,'ensemble du système humoral, des conditions
nouvelles dont la thérapeutique aurait à tirer pUl'li; mais tout cela
est conjecture; l'expérience n'a rien dit à cet égard.
.
11 résulte de ce rapide exposé des propriétés attachées a~x
.prl~
cipes constituants des eaux minél'ales de Luxeuil, que la mmerahte
des eaux ne peut être considérée comme un élémcnt inerte et sans
valeur, parmi les causes d'où dérive leur action générale; et quoique les considérations li rées de cel exposé soient insuffisantes
pOUl' expliquer les détails de celleaclion, il n'en est
pas moins vrai
qu' cHes sutlisent pour justifier pleinement le fait de celte action
cnvisagi'e dans son ensemble et d'une manière générale. Le mode
d'être de ces principes constituants, leur assortiment, leurs combinai~os,
s'il était possible de les apprécier, compléteraient vraisem hlablement toutes les explications.
Au sUI'plus, on n'est pas plus avancé sur les causes de la minéralilé <les eaux de Luxeuil, que sur celles de la minCI'alilé des
autres eaux thel'males, Tout est hypothèse sur l'origine de la for ~
malion de leUl's principes constituants. On suppose que sur quelques
points <le leur trajet, elles se sont chargées de ces principes avec
lesquels elles e sont trouvées en contact, et dont leur faculté
dissolvante leur aura permis de s'emparer. Mais d'ailleurs, très
souvent, il n'existe 3ucun rapport enlre la nature des terrains d'où:
elles sortent et les principes minéralisateurs qu'ellcs contiennent.
D'aprèsBerûlius, l'eau de Carlsbad fournit chaque année7 M,884 '
quintaux de carbonate de soude et i ,i32,CJ23 quintaux de sulfate
Je soude, et cependant les montagnes voisines ne contiennent que'
loxyde d'azote, s'empare de tout ce qu'elle trouve sous sa main, et a un
plaisir
extrême à le briser. Dans tous les cas, ces effets sont passagers, et la respiratio
n
du gaz n'am1!ne pas de lrouble notable dans la santé, (Dirt, (le. dict. de méd.,
en
Imit volmncs .)
�-
40-
ll'ès peu de substanccs salines. Cc n'est guère que dans les eaux
minérales de terrains de sédiments superieurs, d'après la c\assitlcation de M. Brongniard, qu'il est possible de remonter à leur vé·
ritable origine, puisqu'elles contiennent alors les sels terl'eux ct
métalliques de ces terl'ains qu'elles ont tl'avel'ses. A un point de
vue opposé, on ne se rend pas bien compLe comment des substances éminemment solubles, les sous-carbonates de soude et de
potasse, pal' exemple, seraient en si faible proportion dans cerlaines eaux minérales, si ces sels étaient libres et disséminés dan
les terrains parcourus, et entraînés uniquement en vertu d'une
force dissolvante,
Avant de passer à l'examen du mode d'administration des eaux
de Luxeuil, con idéré comme source d'une partie de leur action,
il est 0ppol'tun de dil'e un mot de l'électricité, qui a été regat'dée
par bcaucoup de médecins comme entrant pour une part quelconque
dans la production de leurs effets.
De l'éledriC!ité.
On ne peut douter que l'électricité ne concoure plus ou moins à
la formation dcs principcs constituants des eaux mincl'ales, Dans
('Cs derniers temps, des savants de premier ordre, ainsi qu'il a été
dit ci-de sus, OIlt appelé l'attention sur les phénomènes de composition ct de décompo ition qui e produi ent continuellcment, en
vertu des actions élcclro-motrices. Sa présence et son ùCgagement
des eaux minérales ne sam'aient êtl'e douteux non plus; cal' le
plus Sl'and nombre des cause qui y donnent licu se !t'OtHcnt i('i
réunies: la pression, le frottement, la chalcul', les réactions chi ,
mi que, , ctc.
SOli intensité c. t essentiellement variahle, suivant l'étaL partieu
('uli('I' de l'atmosphère N (lu glohe; au, si a t-Oll l'cmal'<Jué ((U ' ll
l'appl'oche dcs ol'ages, les eaux mÎnl'rnles affectent plus viveIlH'lIl
l'ol'"ani 'alion . et cette Cil'('on:-;Irtll('e, Si"IHllé(' pal' Ion.., Ics médecjn~
,
slIllil'ait, il e\lc seulc, pOUl' cU'IlIOUlt'CI' la pm'I c!'nrlioll (flIC prcnd
l'dc('u'icill' il la (lI'(Hlllelioll tir 1('\ ~ 1'11'«.' 1', Mai:;, l'Il oull't' , il e:=;l
�-
'Ii -
digne de remarque que les maladies contre 1esqueIl es l'électrieitt\
,.
n été employée, avec des résultats exagérés sans doute ~r
1engouement, mais pourtant réels dans le fond, comme les,leslO,ns
la sensibilité et de la motilité les névralgies, la eh oree , 1 amechronique, les paralysies genorrhée les névroses le ,'hu~atisme
"
,
nérales ou partielles, sont précisément celles dans lesquelles 1 usuge
des eaux minérales est suivi des effets les plus positifs.
t\e
Du mode d'administration Iles eaux nliuérales Ile
Luxeuil.
Le mode d'administration des eaux minérales n'est, à vrai dire,
que la mise en œuvre des éléments qui les composent, et SUl' la
natul'e desquels un rapide coup d'œil vient d'étl'e jeté. Il n'ajoute
à leurs principes constituants rien d'essentiel intrinsèquement;
mais il fait variel' lcurs propOl'lions d'une manièl'e notable, ct il
associe il leur aclion des circonslanccs accessoires si importantes,
qu'il aequicl't SUI' le résultat définitif de l'usagc des eaux une iufluencc SOuvcnt loule puissantc. C'cst pal' ccs considération" qu'il
mét'ilc unc éludc réfléchic, prcs<ltlc à l'égal dc la lhcrmalité el dc
la minél'alité, N' cxiste-t-il pas une immcnse difi'érence, fluant aux
effets, entr'e le bain frais et le bain de vapeurs? Les effets de la
douche sont-ils ceux de la hoisson? Les mêmcs élCments sont ils
mis en jeu, ct le sont-ils de la mêmc manièt'c et dans la même
PI'OPOl'tion dans chacun des modcs d'adlllinislrntion? Cc sel'ait
vaincmcnt (Iu'on aurait etudié l'action des caux dans IcUl's pl'iueipes constituants, si on négligeait la connaissancc dc di, ers
modes de tinés il cn régler l'cmploi et à pl'oùuil'C, par la \al'iélé
des combinaisons, unc méùication multiplc et variable,
11 y a tlonc licu d'aplwécicr l'action des caux minél'alcs sous le
l',lpport dc IClIl' administration en hoissOll, en bains temr(~I'CS,
('II
bains chauds, cn bains de vapcUl', Cil douches, lotions, laveJI1Cllts, injections,
�UE I:Amll:-lISTIlATIO'i DES 8AUX MI~\.LES
112 D8 LUXEUIL, EN BOISSON .
Dans ce mode d'administl'ation , ]a thermalité entl'e pour peu de
chose, parce que les surfaces sur lesquelles elle agit sont peu
étendues, et que d'ailleUl' il ne peut y avoir une gl'ande somme
Je calorique thermal dans quelques verres ou même dans quelques
litres d'eau. A la vérité, cc calorique dont l'eau minérale est imprégnée, quoique peu considérable ct agi ant SUI' des sUl'faces
lI'ès limitées, peut modifiel' leur vitalité, ct il'l'adiel' son action SUI'
les centres nerveux; mais dans tous les cas, cette action thermale
est trop passagèl'e pour qu'on puisse lui attl'ibuer une part impor tante dans le grands résultats qui se produi eut, plus tard, par
l'usnge des caux. II est plus rationnel de les attribuer à la minél'alité.
Dans quelques maladies bOl'nces ü l'estomac, elles peuyent êll'e
administl'ées en HIe de leur action locale SUI' cet organe; mai lem'
pouvoil' va bien au Jelà de cette impI'cssion restreintc qu'elles Pl'Oduisent sur le surfaces qui en rc~oivent
le contact primitif. De leur
u a"'e résulte une médication plu génél'ale, une opél'ution intime (lui a lieu dans les pI'ofondeurs de l'économie SUI' les molécules ol'gnniques, IOI"fIlIC l'ah orption ct la cil'culation Ollt mis
le. principes constituants des caux en rnppor'l avec elles. Cc n'e. t
qu'ain ' i que peuvent êlre <,xplifJllées d'une manière atisfaisauLC
les modifications sunenucs, paI' leul' usage Cil hoisson, dan des
ol'gane éloigné ,le poumon, l'encéphale, l'utérus, ele.
Dan le mode d'adlllini lI'ation dont il esL question, l'estomnc,
sauf le ca où il est lui-même afl'cclé, u' est que)' organc de tl'ansmi 'sion de la minéralilé cle caux; l'ab 'orption s'y fait avec rapidité, probablement même avant qu'clics aient f"llilChi le déLl'oit
pylol'iquc, ainsi que cela a lieu pour beaucoup de ub lances li,
quides, commc l'ont pl'ouvé les expériences de M, Mn"'endie. Mais
on pellt dil'e que celle rapidité d'ab orption e t ici portée il 5011
plus hauL delTrt'; c'cst ce qui permct l'inge tion de qnantités ('onidél'able d'cau minérale (qllatre litl'e. ct plll"; )ol'cl, ,l'l l, Ftl'
h<'I't), ct par \litc l'introdu('lion dans la circulation dl' doscs illl
pOl'tan les dc I)I'illeipcs minél'aux.
�-
lJ:)-
La quantité d'eau qui doit être pI'ise ne peut être détel'minée
d'une manière absolue. Quelques pel'sonnes en boivent plus, quelques aull'es moins; l'àO'e, le sexe, le genre de maladie, la tol~rance
dcIe
' tomac, donnent 1:)lieu sous ce rappol't 1:1 (es
1 (Iuerence
1'/1"
S .11111)01'tantes. Le minimum, pour un adulte, peut être fixé à un lItre, ct
le maximum à quatre lill'es dans la matinée.
.,
II n'est pas indifférent de puiser l'cau qu'on veut bOIre CI telle
Source plutôt qu'à telle autre. Il y a, Ü Luxeuil, des sources ferl'llgineuses ct des sources salines; de plus, l'analyse chimique nous
a appris que les principes minérali ateur' n'existaient .pas dans
toutes sous les mêmes proportions; eL l'obsel'vation médicale nous
a enscigné à employer dans cel'tains cas les e,-lUX de telle source,
préfél'ablcmcllL à celles de toute aull'e.
Autant que possible, l'cau doit être buc il la source, immédiatement apl'ès qu'elle vient d'être puisée. Le transport lui fait perdre,
Ü coup SÙI', une pm'tie de sa thermalité, ct peut-être cc qu'il peut
y avoir de principes fugace dans sa mincl'alité. Cependant, quand
on ne peul faire autrement, on peul sc la faire appol'tcr Cl la boire
ehez oi; dans ee ca , si clic avait tf'oJl pcrdu de sa thel'mai~,
il
faudl'ait y suppléer par la chaleur du hain-marie, Cil ayant soin de
n'en fail'e chauffer tlla fois que la quantité qu'on va boil'e.
II faut mettl'e un intervalle de dix minutes il un quart d'heure
('nll'e chaque verre, suivant que l'eau passe plu ou moin promptemellt. L'cau pas e bien, lorsqu'clic n'occasionne ni l'appol'l , IIi
pesanteU\' à l'estomac, ct qu'clic donne lieu au besoin d'lII'iner.
Quand le contraire a lieu, elle passe mal el il faut en rechercher
les cau es; si elles exi lent dans de ' contre· indications , il faut les
lever pal' des moyen appropl'iés; si c'est eulement un effct de la
répugnance, on facilite la dige lion de l'cau en la coupant avec le
lait, l'cau de veau, l'infusion de tilleul ou de feuille d'orange!',
les décoctions d'orge, les irops d'OI'geat, de gomme, de guimauve,
dccapillaire, etc. ~i ces moyens échouent, il Y a lieu d'cs ayer de
l'cau d'une autre source, en sc guidant sur l'expél'ience, ou, il son
défaut, SUI' Ics donnees de l'analyse chimiC[lIe.
11 anive SOuvent que l'n age ùes call\ donne liell Ü une con li
pation 1l)om(,lllanéc; on y l'cmédie en fai sa nt (li sOlHlr(' demi once
�-
44 -
il une ouce de sulfate de magnésie, dans une cel'taine quautilé
d'eau minérale qu'on prend en deux ou trois doses; des selles ont
lieu, faciles, abondantes, sans doulcUl'. On les favorise Cil buvant
il dive l'ses reprises quelques tasses d'cau de veau, OU, tout simplement, quelques vel'rcs d'eau minél'ale prise il la source.
C'cst Ol'dinail'clllent le matin, il jeùu, qu'on hoitl'eau minél'ale;
mais il n'y a nul inconvénient à en boire pendant la jouméc, même
aux repas, pure ou mêlée à une certainc quantité de vin.
Le mode d'administration d'eau minél'ale en boi'son exclusivement, quoique d'une date bien postéricme à eelui des bains, étuit
beaucoup plus en usage chez nos pères que de nos jours; dès le
début de la saison, ils commençaient par cu boire trois ou quatre
gohelets de cinq ou six onces, dan' la matinée, augmentant suecessi\ement le nombre jusqu'à Cil prcndre dix-huit à vingt; ils düninuaient ensuile graduellcment, ct se ll'ouvaient être ['cvenus, à la fin
de la saison, <lU nombre de verres par lequel ils avaient débuté.
(Morel, Gastel, Fabert.)
Ce n'était pas aveuglément qu'ils adoptaient ce mode d'admillistl'ation, préfét'ablemellt à celui pal' les bains; ils spéciGaientlcs
maladie dans lesflueHe ils le cl'oyaient plus convenable; c'étaient
les obstructions viscérales, les lé ion des memlwanes intet'nes, des
organes dige tifs, les {'eoulements muqueux., etc. Ils avaient remarqué que les eaux font plus de bien lorsqu'on les pl'end en se
promcnant, que lorsqu'on Ic fait appol'ter dans sa chambrc. Lcs
sOUl'ces thcrmales du hain ùes Cu\ elles, la source ferrugineusl\ el
celle dite llYOIlLlCl( e (d'Hygie), etaient les tl'ois qu'ils aITectaicnt spécialelllcnt à l'u ..;agc Ctl hoisson. « En ! 719, dans Ulle épidémie uysscutcrique, \' eau saYOtlneu e procur'u un remètle spécifique aux
peuple tic,,> alenloul's dc Luxcuil. )} (Fabert, Essai lti8lorique.)
UJ::
J: Alnll:'iIS'J'I\.\T10"l
II impol·te dl'
ilES E.\'''{ I\I1:i;nSLEs ilE Lll:EllIL, EN 1IAII\:I.
eOllfondl'C le bain tempére, le bain ellalHl et
le hain de YalleUt's. Les éléments d'actioll n' y entrcnl pas dau ' le '
Il ulmcs IWO 1)OI't iOlls.
Hain tempéré (dc 3i tl :)70 t'.). Le haill telJlpéré agit tt peu Pl'j's
Ile pa~
�\
-
'I~)
j
-
" érahté
autant par sa mm
\ ma l'l/..' la minéralilé cn
quc par sa tlcr
"
serait même l'Clement prépondérant, aux 1 ~ ,
yeux de ceux qm eO,nsllIèrent le calorique thermal comme ne
dill'érant point du calonque
,
ordinail'e, POUl' eux, un bain d'cau min
érale thermalc Il est qu ,un
hain domestiquc, ~\ une cel'taine tem
pél'atul'c, auquel sc trom',e
ajoulée, par la natUl'c, lIne somme que
lconque de substances nu nel'ales, Or, cl' où peut venir, d::ms cett
e hypothèse, la puissance
merveilleuse des caux prises en bains,
si cc n'est de la minéralite?
Comment ne pas en fail'e honneur à ces
substanc'cs minéralcs, 100'sque ee bain, moins ees suh stances, est
impuissant, ct que, plus ces
sullstances, il prodllitlcs résultats les plus
importants? Car, tous les
ans, nous voyons 11. Lnxeuil une saison
de vingt-un bains suffire ù
la guérison ou 1\ une immense améliol'alio
n d'affections chronif{ues,
contre lesqllelles des centaines de hain
s domestiques n'avaient
exercé aucune action,
En effet, il Y a ici ahsorption par la
peau d'une assez gl'amle
quantilé d'cau minôralc; il Y a p,'od
uelion de celle mMiention
génél'ale, ùe celle opération intime, com
me dans l'administration
('n hoisson, par le ml'Iange avec le sang
llcs principes minérnli:,a lems, Cl par la modiiication, qui en est
la eonsèlluence nécessaire,
dc l'impression qn'en ('prouvent les tissu
s organiques,
Mais l'action (lc la thm'malité nc peut
pas lion plus l)asscr inaperçuc, Son application tl unc aussi vast
e surfacc flue celle dc l'organe clllnne, doit modifiel' profondémc
nt l'economie , tant pm' scs
cffcts locaux quc pal' ses rapports sym
palhilluCS,
Dans le hain lempél'c, la thcrmalilé agit
d'autant plus sûrcmcnt
quc, n'étant pas cn cxcès, nc dépassa
nt pas le dt~gl'ô
dc calorique
que l'auteur de la naturc a départi à
l'OI'ganisalion humainc , elle
s'accommode bien à toules scs conditi
ons; elle est parfaitement
toléréc, elle excrce son pouvoir par
elle-mcme, et sans suseilel'
aucune violente réaction, Le bain tem
pôrc d'cau minél'ale produit
les effcts du bain domestiquc, à égale
Icmpél'utul'e, plus ceux (lui
dérivcnt de sa minéralité, plus cncol'e
ccux qui dérivent de sa Ùlcrmalilé, s'il cst vrai, commc d'excellcnts
espl'ilS le pl'étendent, que
le caloriquc thcrmal diffèl'c du caloriqu
c ordiuail'c, cL jouisse de
pl'opriétés spécialcs,
1
!
!j
1
\
1
~
!
\
�- ',Ii Blûn cltltUù (de 37 à [12° c.). A la puissance d'action de ces éléments réunis et combinés dans lc bain tempéré, vient s'ajoutel' dans
le bain chaud l'influence éminemment excitante d'une haute température. La peau rougit, se tuméfie, les veines se gonflent, la
respiration s'accélère; la céphalalgie survient; une transpil'ation
ahondante s'établit. Celle puiss:lDle stimulation, capable à elle seule
de pl'oduire de gl'andcs mOllifications, doit donc êt,'e ajoutée ::lUX
autres ources (l'action qui appartiennent inlt'insèquemcnt au bain
chaud.
En elTet, il y a ici, non-seulement l'action pour ainsi dil'c silencieuse de la thermalité, et \' exercice des pl'opriétés altérantes de la
minél'alité, comme dans le bain tempéré, il Y a encore une immen e réaction vitale provoquée par' une tempél'alure exagérée; il
ya médication pertudJatrice.
Bain de vapeurs (au-dessus de 40° c.). Dans ce bain, la peau se
trouve en contact avec les molécules d'cau raréfiées, dépouillées
de la majeure partie de leurs pl'incipes fixes et élevées à une haute
tempél'ature. La minéralité semble donc avoir peu de part à revendiquer dan on action, puisque les principes fixes manquent à
l'cau minérale à l'état de vapeur; mais aussi, l'action de la thermalité s' y exel'ce dans toute a force. Celte thermalité n'agit pas ici
. culement en vel'tu de sa nature spécifiquc, elle agit encOI'c IHII'
les propriétés générale du cnlorique à un haut degré; clic est Jlt'I'tUl'batrice. L'excitation qu'elle Pl'oduit et la l'caclion qui Cil est lu
uile, sont pOI,tée à l'exll'ême; la pcau e t vivemellt ir'l'itéc et de
,'ient le iége d'une vtlslC con"estion.
Celle tlccumulation de vitalite, qui a lieu SUI' toute sa 'llI'face,
augmente l'énergie de c fonction el accl'oÎl J"aholH.lance ùe I('urs
proùuits. Il 'ctablit ain i à la pcriphél'ie un CNlll'e d'action fini,
d'une part, 'irradie sympathiquement dans toute l'économie, cl dl'
l'nutl'e, opère de pui santes J'l·vulsioIlS. On con~il
toullc pal'Li qui
pelll être tir'c d'un Id moyen, oil par' cs cO'et· locaux dan"
ccl'taines maladies de la pean, soit pal' ses cffels sympathi(llleS OU
l'Cvulsif.. dans les affections \i<;('éla~.
Le hain de \apCUI's a <!'aillelll's heaucoup d \ \'appol'ts n\l'(' il'
hain ('haud, auf les difl"(~J'ens
de moindl'e densitl' ('( de lI1oill(IJ'('
�pres~·j\on.
- '17 . ('" Cl>l a cell ù'IT'
e 1 ('l'ence que le 1)"... '11\ Il'',. ""lle
'" lll's doil t\'(\l "('
mieux supporté que le bain chaud, quo
iflue il une plus hauI<, lem
pél'ulure.
,
Ce n'est pas toujours d'après le thermom
èl,'e qu'il fa~l
e
r
~
!
p
a
cier la température du bain. L'habitude
Cl le plus ou mOIns d lIn ~
pres ionnabilité de l'économie, font qu'u
n même bain sera lempél'e
pour une personne et chaud pour une
autre. On doit lcni~
le. plus
grand compte de la sensation qu' en
re~oil
le haigneur, am 1 ~u,e
des conditions pathologiques dans lesq
uelles il e lrouve. En gene
rai, plus une maladie e l éloignée de
l'élat aigu, et plus on peut
donner d'intensité à la médication par
les eaux, tant ou le l'apport
(le la thermalité et de la minéralile, que
sous celui du mode de leur
administralion. Ainsi, tel malade t\ (lui,
la premièl'e année, on ne
pouvait admini trer que des hains, sera
aple, la deuxième année, tl
recevoir la douche. Tel autre qui, au
commencement de la sailiOn,
ne pouvait boire que de l'eau d'Hygie
et ne supportait qu'une lem pérature de 27° 1\., pourra boire plu
tard de \'l'au du bain des
Dames ou des Cuvelles ct supporter
30 dl'grés.
En général, le bain doit être regardé
comme trop chaud, lor~
<I"e, pendant sa duree, il donne lieu
il la l~éJhagie,
ou
à
des
éblouissements, à des vertiges apri's qu'o
n en est sOI'li: au contrtlÏre,
il est trop froiù 100':(IU'il donne lieu à
des fri.,sons lI'op prolongùs ;
ou hien, si, après qu'on en est orli
, la ,'éaclion .e fait aIle 1\ (\t'e
trop longtemps, ou e prononce avec
trop (\ 'inh'nsité.
On llrend le bain dans la matinée, et
onlinairelUent il jcûn. Cc
pendant on peut aussi le prendre dan
s l'aprèsmitli, IOr-lIU'il s'est
écoulé un assez long intervalle depui
le rCI)us. Il n'y a point d'in ·
convcnien\ à prendre dans le bain ulle
tasse de lait, ou de houil Ion, une crollte de pain, un morceau
de chocola.t; il e l même tpl
baigneur 1\ qui il est avantageux de déje
ùner pendant qu'il est ùans
le bain. Les anciens allaient aux ht'lÎn
s apl'ès leUl" repas, ans qu'il
en résultût d'accidents; ils fai~ent
même tle celle pratique lIll
moycn de volupté gastronomique. lIip
pocrate el Ccl c approuvail'nt
celle méthode ct lui allribuaient la
propriété de fa,'oriser \'1'1ll '
bonpoinl.
ta lhll'('c \Iu hain ne peut êlre
dé\('rmince d'UlII' manit'I'c "{'ni'A
�- '18 l'ale; elle doit varier selon sa température, et selon les condition
pathologiques du baigneur. La manière dont le !Jain est suppol'té
doit aussi êtl'e prise en eonsidél'ation. Le plus ou moins de tolérance, de la pal't de l'économie, est une raison cl' en pl'olougel' ou
d'cn abréger la durée . Toutefois, il ne faut pas oubliel' que l'intolél'anee, quand elle a lieu, peut tenil' à deux causes diITél'entes,
à la thermnlité, ou à la minéralité . Celle qui est duc à la thel'malité
sc montl'e rapidement, pendant que le haigneUl' est dans le bain,
ct s'expl'ime par des malaises, des maux de cœur, la céphalalgie,
la dyspnée: elle est d'ailleul's assez fugace ct se dissipe facilement pat' la sOl,tie du bain, ou pal' une température plus appl'opl'ic\e. Celle qui est clue à la mincl'alité, n'a lieu qu'apl'ès quelques
joul's de l'u age des eaux. Elle est caractérisée pal' la diminution
ou la perte de l'nppétit, l'in omnie, la diminution des fOI'ces et un
mouvement fébl'ilc. Si ces symptômes n'acquièl'cnl pas tr'op c1'intensité ct ne sc pl'olonge nt pas tl'Op longtemps, il n'y a pas il S'Cil
occuper. Dans le cas contl'airc, il y a lieu d'en recherchel' la cause,
soit dan des contl'e-indication clc l'usage des eaux, soit dans le vice
de leur mode cl'admillistl'ation : le moyens d'y remédiel' dérivent
de la connaissance de celte cau e,
Au sUI'plus, ces cas d'intolél'auce sont assez rares. La médicalion minérale est i natUl'elle que l'économie s'y habitue facilement,
ct sc met bien vile en hm'monie avec les doses même cxagcl'ce
de l'agent <lui la pl'ocluit. Ain i, en Suis e, on gl'enouille tout le
jOlll', selon l'cxpression pittol'e que de Montaigne.
A Luxeu il , on reste d'une à deux heul'es ùan le bain teml)él'é ,
ct même au delà quand on sc baigne dan les bassins; de demiheure ü une heUI'e dans le bain chaud, et ù'un quart d'heUl'e à
demi-heme dan le bain très cllaud. La natme de la maladie ct l'éLot du malade ont le cil'con lances pl'incipale qni détel'Ininent
lc choix de la soul'ce eL le degl'é de tempél'aLul'e.
Ln durée du hain de vapelU' C t la même que pour le bain tl'ès
chaud. Rarement va-Loon au de!:'. d'uno demi-heul'e. Pendant que
le malade e t dans cc bain, il e t qnclquefoi Ù pl'OpOS de lui couHir la tête d compresse ou d'éponge imbibées d'cau fl'oide.
J)'apl'\ la méme indicalion , il peul y avoit, lieu d soustraire
�- ',9 les organes de la respiration 11 l'action de la vapeur d'eau minèl'ale.
Il sCl'ait à désil'er qu'il existât un appareil au moyen duquel on
pût, 11 volonté, faire couler un filet d'eau froide sur la tète du baigneur, et soustraire ses poumons au contact de la vapeur.
En SOI'tant de ce bain, il est indispen able d'aller passer quelques heure dan un lit préalablement bien bassiné; on aura le
plus grand soin d'éviter, dans le courant de la journée, l'impresion du fl'oid et ùe l'hllmidité.
Il est il remarquer que les habitants de la campagne, t.outes cho·
es égales, ont besoin de prendre leUl's bains à une température
plus élevée; ce qui tient ans doute au peu d'excitabilité relative
de leur système nerveux: au contraire les habitants des villes,
smtout ceux qui appartiennent aux hautes classes de la société,
chez lesquels la vie intellectuelle domine la vie matérielle, se trouvent mieux d'une température plus duce, de bains plus calmants,
plus en rapport avec les besoins d'une excessive impressionnabilité.
Ordinairement, on prend un bain tous les jours : il est néanmoins qut>lques baigneurs qui ne peuvent prendre leur saison tout
d'une haleine: un état de faiblesse ou de surexcitabilité trop pl'Ononcé impose il q\lelques-un la nécessité de ne se baigner que de
deux jour l'un, ou d'interrompre la série de leur bains tous les
trois ou quatre jour .
Les femme peuvent, au besoin, pl'endre leù,' bain même pendant la période menst,'uelle : la menstruation n'établit donc pas
un contre-indication ab olue de l'usage des bains: et usage est, au
contraire, un excellent moyen à oppo er Ù la dy ménorrhée, et 11
cet état sl)asmodique qui a lieu chez quelques-unes, le premier jour,
ou même pendant toute la durée de celle fonction. Mai ,dan Lou
les cas, le femme doivent, à c lte époque, 'ab tenir du bain
froid ou chnud : le bain tempéré e t le eul qui leUl' pni e l'enore
quelques ervice .
Quelque pel' onne ont beaucoup de peine à uriner pendant
qu'elle. sont dan le bain' ce qui C ltrè" fàcheux, cal' celte sup pres ion, quoique éph "mrre , fi, ntre aulre!' inconvcnient , celui
4
�- uOde les empêcher de boire el d'inll'oduil'e ain i dans l'économie une
plus forte proportion de principes minéralisatcul' . LOI'sque cct accident a lieu, on y remédie en metLanL une pincée de nitl'aLe de
potasse dans chaque yerre d'eau minérale. Les femmes y sont
plus exposées que les hommes: je cl'ois aussi l'avoir observé plus
souvent chez celles qui se baignent dans les piscines, que chez celles qui prennent leur bain dans des cabinets pal'Liculicrs.
Enfin, le choix de la salle où le baigneUl' doit prendre son bain
n'esL pas non plus indifférent. Ceux qui éprouvent de la céphalalgie, des palpitations de cœur, ou qui sont disposés aux congestions cérébralcs, ùoivent choi ir de préférence les salles eL le
cabinets bicn acrés. L'atmosphèl'e chaude eL aturée de vapeuI's
minél'ales de la salle et des cabinets du bain gradué, comiennenL
mieux à ceux qui seraient atteints de Loux nerveuse, de bronchites, qui quoique chroniques sel'aient accompngnces cl'il'I'itation.
Enfin, toutes choses égales d'ailleur , la préfet'ence devl'a êtl'c
donnee, en fait-de cabinets, à ceux clans lesquels coule l'cau minérnle pl'esque immédiatement au sortir de la source, et sans avoÏl'
séjoumé plus ou moins longtemp dans les ré e\'voi\'s.
Au . ortil' du bain, il est bon d'allcl' sc mettre au lit, ct d'évite\'
de e refroidil' en che;nin. Il n'y a d'exception que pour les bai gneurs atteints de nevl'o e du cœul' ou de céphalalgie: ils se trou vent mieux de ne pas e couchet, :lpl'ès le bain : ils ùoivent
néanmoins éviter l'impres ion d'unc tempél'atUl'e fr'oide ct hu-·
mide.
Le bain est enLier ou partiel: entiel" lor que tout le COI'p , hormis la tête, est immergé; pm'tiel, si une )):1I'tie seul men t sc
tl'ouve plon"é dans l'eau ou la vapeul' d'eau: dans cc ca , il prenù
diffel'ent noms: demi -baio, bilin de siege, pédiluve, mnniluve,
selon que la moitie du COI'p , Iv ba in, les mains ou le pi cl l'C ç ivent culs le contact de l'cau.
Demi-bain. 11 e Lquelque pel' onne auxquelles lc baio enLie\'
doiL êt\'e intel'lliL : cc sont celles qui pl'esentent de ymptôm dn
lé ion dcs ol'ganes de la l'e piration ou de la circulation. En effet,
elles respil'ent difficilement; elles épl'ouvent de l'oppression, un
veritable conge tion pulmonaire, lorsqu'elle donnent à leU\' im-
�-
Di -
InCl'sion dans l'cau tOllle l'étendue que comporte le bain enliel', 11
en est de même de celles qui ont de vives céphalalgies, qui, ont
éprouvé ou qlli sont menacées d'éprouver encore des cong~stl
cérébrales: dans tons ccs cas, on doit se borner au deml-bam,
c'est-à-dire ne se plonger dans l'eau que jusqu'à l'épigastre, et
encOI'e n'en venil' là que graduellement. La gêne qu'épl'ouvent le
parois thol'aciques à soulevel' la colonne d'eau, dans les mouvements de la respiration, 101'sque l'immel' ion a lieu jusqu'au cou,
favoriserait la stase ùn sang, non-seulement dans lcs poumons ot
dans les veine" qui y affiuent, mais encore, de pl'ocbe en pl'oche,
dans les vai seaux encéphaliques.
Dans tout cs les ci l'COll tances où il y a lieu de ne Pl'endre qu'un
Ilemi ·bain, le haigneUl' doit avoil' le plus grand soin de Pl'éSCl'Vel'
les parties du corps non immergées de l'impression du froid: l'usage d'un pcignoil' en laine est la meillel1l'e de toutes le précautions à pI'cndl'c il cct égal'd.
Bain de siége. Dans les bain de siége, la pat'Lie inférieUl'e du
lI'onc ct supél'ieUl'e dcs cuisses c t seule immergée. Le plus souvent, c'e 't pOUl" combattre tIes maladies ùu rectum ou de l'appal'cil génito-urinaiL'c qu'il sont mis en usage CC " bains sont peu
Ilsités il l'établissement thcrmal dc Luxeuil. Le demi-bain leur
ont préfel'cs, el avec l'aison.
Pédiluves, maniluves. Les bains de pieds sont, le plu ouvent,
employés comme l'cvulsifs, dans les migl'aines, les ophthalmies, les
hémoptysies, les épi taxis cl tous les accident nCI' eux ou in flammatoil'es qui ont leur icge aux pal'tie supél'ieul'cs ÙU corp .
Ils sont aussi très utilc dan l'aménorrhéc, n appelant une plus
forte somme de vitalite vers les organe sous-diaphragmatiques.
Lcs maniluves sont employes dans les cil'conslaoces opposces,
c'esl-à-dil'e, toutes le foi qu'il y a lieu de ùéplacer une irl'itation
ou une fluxion s'excl'çant SUI' quelillle organe itué inférieurcment; c'est SUl'toul dans les colique nel'veuse, dan le crampes
des eXlI'cmÎlôs pelviennes, quc le ' maniluve trouvent Irlll' upplicntion.
Au l'e te, ces mo en ne ont qu'un faible auxiliuil'e de ln médi cation thel'male : fJl1oif\\lC pI'(\ciellx tian c l'lain as, ils n'ont ce·
�~2-
pendant pas assez de puissance pour la constituel' par eux-mêmes.
Les malades atteints d'affections de l'apparcil pulmonaire ou céréhral , en outl'e des précautions à prelldl'e pour les limites de l'immersion, se tJ'ouvent bien d'un bain ùe pieds, au sortir de leur
bain ordinaire; mais il est important que ce pédiluve soit il une
température modérée. L'il'I'ilation révulsive doit être opérée, dans
ce cas, non pUI' la température élevce, mais par le mélange, avec
l'eau, d'une substance irritante, qui ne soit pas susccptible de l'éagir sur le cerveau, la moutarde, le scl, le vinaigre, etc.
DE L'AmUNlsTRATION DKS EAUX MINÉRALES DE LUXEUIL, EN DOUCHES.
On donne le nom de douche au courant continu d'une colonne
d'eau venant frapper une partie du eOI'ps.
L'action de la douche est en Pl'opol'lÏon de la grosseur de la
colonne, de sa ('apidité, de sa thermalilé, et peut-être aussi de sa
minéralité; elle tire de chacune de ces circonstances une pal't plus
ou moins grande de son énergie.
La minéralité en est l'élément le moins important: le contact de
l'eau minérale sur les parties n'est pas assez p.'olongé pour en
modifier la vitalité, pal' l'action de ses principes constituants. ou
pour donner lieu à une absorption qui puisse entrer en quelque
considération. Quant il la thermalilé. nul doute qu'elle ne contribue pour beaucoup à la médication obtenue par ce mode d'administration : Ol'dinairement, l'eau est employée très chaude dans la
douche; alors, la peau qui recouvre les partie sur le quelles on la
dirige e t conge tionnée, rougit, et devient quclqucfoi le siége
ù'une éruption.
Celle action de la thermalité e t favorisée par celle qui ('é ulle
de la vites e ct du volume du cOUl'anL. Avec une vite c ct sou un
diamètre modél'~,
la colonne d'eau pl'omcnéc sur un e pace eil'conscrit fait épI'ouver aux divel's point qu'elle frappe une pel'cusion, un choc il chaque instant renouvelé: il ya dan cela qu lque
chose qui tient de la friction, ùu mas age et de la flagellation. Si, au
contrai,,·, le cOUl'ant est l'apid t son di:lJn '.Ire considérable, on
administl'ation devient douloul'cu C; 1 s points tic la p au qui la
�- 03reçoivent subissent une dépression propol'lÎonnée à la den ité ~t à
la résistance des tissu ous-jacents; il Y a véritahle contusIOn,
quelquefois même production d'ecchymoses.
.
On comprend ce que doit ajouter de pui sance il. la thermah.té
un mode d'admini tration au i énergique. L'excitation proùUlte
est éminemment résolutive; elle est au si sudorifique quand la
ùouche e t promenée sur des points nombreux de l'enveloppe tégumentaire.
La do che a cendante n'a pas une autre manière d'agir que la ·
douche de c odante et latet'ale; mais la nécessité de ménage l' les
parties ur lesquelles on la dirige, ne permet d'employer que des '
colonne d'cau d'une fOl'ce modérée.
Quant il. la douche .co saise, qui con i te à dil'iger SUI' certaine
partie du corp , et notamment SUI' les région dorso-Iombaires,
de jet bl'u quement alternatifs d'eau froide et d'eau chaude, elle
tire sa principale efficacité de la vive réaction su citée pal' cette
subite tl'an ition, plus ou moins souvent répétée, d'une température à une autre. Son mode d'action e t analogue fI celui de bains
ru es; e elTet sont toniques et stimulant .
Le (louche sont le moyen le plus pui samment ré olutif de la
médication thel'mo-minérale. On 'y pl'épare en prenant une huitaine de bain ; on commence en uite l'u age de la douche que l'on
continue pcndant tout le re te de la sai on, et que l'on fait concourir avec celui du bain . On la reçoit immédiatement avant ou
après le bain; cependant, il est quelque ca , ceux de lésion organique de nature u prcte, iégeant il. l' extét'ieur, où il peu~
être utile
de ne pa introùuire dan l'économie les principes minéralisateurs
des caux, dont l'action intime et moléculaiI'c serait redoutée; alors
la douche, même le bain de vapeurs, peuvent· offrir de précieuses
ressources. Ain -i, dan les engorg{lments chroniques qui succèdent aux accè de goulte, la douche offre un moyen local de ré olulion d'une merveilleu e efficacité. Les observation manquent pour
établir i le caux de Lu 'euil conviennent, ou ne convienn nt pas,
pour combattre radicalement la diathèse goUtlell o. Leur usage
serait-il efficace pOUl' retarder ou supprimer le retour de accè ,
ou tout au moin pour en amoindrir la violence et eo abréger la
�-
J{' -
uut'ée? L'ex pél'ience IlC s'est pas p,'ononcée à CCl égard, cL, ü son
défaut, on ne saut'ait agit' avec trop de circonspection, Mais 101'sque l'accès de goulte cst tel'miné, lorsque cc qu'il y avait d'actif
dans la fluxion goutteuse e t épuisé, et qu'il ne reste plus que les
désordl'es locaux qui en ont été le produit, alors les eaux de
Luxeuil, administ!'ées sous forme de douche, se sont monu'ée
un des plus puissants résolutifs qui puissent êtt'e employés; il n'y
a pas de moyen connu qui puisse débal'rasser plus promptement
le goutteux de scs crosses ou de sa béquille: nul doute à cet égal'd.
Mais hOl's les cas analogues, se borne!' il l'usage de la douche
dans les affections externes, serait se priver de la moitié de ses
moyens; ce serait rcnoncer, san nécessité, au secoul's cie la mincl'alité, ordinail'ement tout puissant pour modifier l'état génél'al,
qui, si souvcnt, ticnt les affections locales sous sa dépendance.
On commence l'admini tration de la douche, CIl faisant tomber la
colonne d'eau SUi' les parties éloignées de l'ol'gane malaùe, et Cil
ne rapprochant de celui-ci que par gradation; c' cst l'application
ùes idécs de Barthès sur le tl'aitcment dc. fluxions.
Lorsqu'une affection est sous l'influcllce d'un pl'incipe morbide
qui manifeste de la tendance il se déplaccl', en e portallt SUI' des
organ cs moin importants quc cclui qui Csl affcclé, il e t conve11able de ùil'iger les p.'cmicrs jets de la douche ur cc dernicl'
point; elle agit alol's comme ré olutivc, repcl'cus ive, et le déplacement, s'il s'opère, a lieu clou la tcndance qu'afJ'ccte la
natUl'c.
La durée de la . douche varie de cinq minutes à tl'ois quUI'ls
!l'heul'e; il Col très J'al'e qu'on la reçoive pcnùant une h UI'C. Sa
puis ance ct sa thcrmalilé doivent êtl'e pl'isc en gl'allùc cou idé ..
ration pOUL' U ÛXCI' la duree. Il faut évitel' de laisscl' le jet frappcl'
lI'OP longtcmp la même partie, afiu qu'il nc sc pr'odui e poi:lt
d'cccllymo e.
Quand la douchc doit èt dil'igée SUI' dcs parties jouis ant pal'
elles-mêmes ou pal' les OI'ganes sou -jaccnts d'une Sl'anùe cn ibilite , on RC ert d'un bout de tuyau percé dc plu ienr tl'OU ; cl la
colonne d'cau e trouve nin i fl'actionne en plusiclII' j t : c'est c
(l'l'on appcll douche en arrosoil'. Elle con ient aux ol'gani alion
�- où très délicates, tl'ès impl'essionnables, aux individus à fibl'e
. sèc~e;
la douche en un seul jet est plus appropriée aux constitutiOns
molles, lymphaLiques, à chairs Gasqucs, chargée d'e.mbonp~t
Le même' p,'incipes d'admini tl'aLion sont apphcables a. la
douche descenùante et à la douche ascenùante . Pourtant celle-cI a
encore une lle tinaLion pal'Liculièl'e qui doit ètre mentionnée, c'est
celle de faire cesser, du moin momentanément, la con tipalion;
elle a"it
à la manièl'e des lavements, mais avec une bien plus
û
gt'ande énergie. En oull'e, elle di ipe 30uvent, et comme par enchantement, cet état de tension abdominale, ùe malaise intestinal,
qui existent ehez les hypocond('iallues et ('cagi ' ent d'une manière si fâcheu e sur l'économie, et cela, pal' une aetion dynamique et non mécanique; car ee résultat se proùuit souvent, quoiqu'aucune évacuation n'ait cu lieu.
DE L'AmUNISTI\ /\T10N DE
LAYE~INTS,
EAU}.. ~lJ
LOTtONS,
'imALEs
DE L XEUIL EN
1~.lECTO
·s.
II sel'ait superflu Ile parler du mode d'action que les eaux
peuvent empt'unter à ces di"ers moùes d'uùmini l,'ation, diminutifs évident des bains et des douches. Toute proportion garù "e,
leur aclion est identique à celle de ces deux del'Oiel's mode. L'udmini lralion en lavements a joui autl'cfois à Luxeuil d'une faveur
incroyable. Beaucoup de malades y venaient dans ce seul but. J'ai
connu une pCI'sonne qui employait sa matinée à en admini trer
une ou deux douzaines. « Ce qu'il y a de cerlain , c' ~ tquc de toutes
les eaux flu'on emploie à ces remèdes, il n'yen a point de meilleures que celles de Luxeuil; elles se tl'an porlent fOl,t bien; ce
qui leU\' donne encore plus de célébl'ité, c'est que pre que tou les
malades qui vont à Plombièl'es, soit pour le bain ,soit pOUl' le
caux minérales, en envoient che/'cher pour cet u age. » (Fabert,
Essai historique.)
Les injections ne sont que des douches aITaiblie , dirigées dan
l'intél'ieur ù'une cavité comme l'OI'eille, le rectum, le canul vnginal, elc.
A une époque où les maladies de femmes sont si communes, le
�-
tJ6 -
mode d'administration en injectiolls doit être très usité; aussi l'estil en effet. Lorsqu'on veut faire arriver un jet d'eau minérale SUI"
le col uterin, dans le cas de maladie de cet organe, il est nécessaire d'avoil' un bout d'ajoutage percé de plusieurs tl'ous et terminé en olive, qui s'adapte au tuyau conducteur.
Ce mode d'administration est d'une faible efficacité. Il serail
beaucoup mieu.x de remplacer les injections pal' un bain local.
Un instrument qui pût être facilement intl'oduit dans Ic canal vaginal, qui s'ouvrirait après son introduction, dont le limbe embrasserait le col de l'utérus, et qui, étant creux, permettrait à l'eau
du bain dans lequel la malade est plongée, de s'introduire jusqu'à
lui, d'envelopper et de faire parLiciper cet organe aux bienfaits
d'une immersion locale, servirait bien mieux les besoins des malades et les vues des médecins. A une époque où la fabrication des
instl'Uments a reçu tant de perfectionnements, il est étonn:mt que
la médecine ne soit pas dotée d'un instrument si utile et d'une si
fréquente application.
Je ne dois pas oublier de mentionner l'usage qu'on fait à Luxeuil
de l'eau minérale en lotion pou.r les yeux. Dans les altél'ations
de la vision dues à un état de fatigue de l'organe, soit que cette
fatigue résulte de l'affaiblissement, ou mieux encore de la surexcitation de la puissance ncr'veuse, ces lotions ont rendu à plusieurs
malades des services signalés. Mais comme ceux qui les emplo,ient
ont recours en même temps a,ux autres modes d'administl'ation , il
est difficile de déterminer au juste ce qui revicnt en propre à ces
lotions dans les av:mtnges obtenus.
L'eau de la fontaine dite des ycux, qui vraisemblablement
n'est qu'un filet de la source du bain des Capuoins, dont elle a la
température. est spécialement employée à ces lotions; on se les
administre sur place; on peut se servir d'une petite bnignoire CI;).
velTe ou cn porcelaine, appropriée à cet usnge.
En résumé,
Si on avait à én,oncel' en quelques lignes ce qU'II y a de maléricHement appréciable dans l'action des eaux de Lux.euil, on pOUl''''
l'ait di~e
Ilu'elles agissent, en boisson, principalement pal' la mjné-
�~
t)7 -
. , en b'
l'alité, et fort peu pal' la thermahle;
alll leml)éré ' pal". .la
minéralité et par la thermalité; en bain chaud, pal' la therm~lc
,
par la mincl'alilé cl par la pCI'lurbalion su citée par l'inten Ité du
calorique thermal' en bain de vapem's, par la thel'malité,. pa~
la
pCl'lmbation, et peul-être pal' cc qu'il peul y avoir de prlllclpes
diffusible dans la mineralité; en douches, par la thcl'malité cl pal'
la l'caction su citée pai' le circon lanee phy iques de ce mode
d'administration, et peul-êll'e enfin par \'élecll'Îeité dan tou ees
di vers mode, .
MOYE ' S At:XILl.\1l\ES.
Il erait hors de propos de rechel'chel' ce que peuvent njolllcl' à
la pui ance de ce élement direct. le cil'con tances hygiùniqlles
du éjoul' aux caux de Luxeuil; une telle l'echel'che cOll"iendl'ait
micux dans un tl'aile sur les eaux minérale en général que dan
J'élude des eaux d'une localile délel'minée. Tout ce qu'on peut
dire à cet \gard, c'e t que i la majeure part des ffet produits
revient, telle e l du moins l'opinion d'un grand nombre de bon
e prit , aux ource minérale , on n' cn doit pa moin convenir,
comme l'a fort bien dit M. Guer ent, que la médication qu'on obticnt Ù l'aide de eaux minérale pri e ur le lieux e t néce airement le produit de plu ieU\' médications réunies, dépend:.mte de
l'ail', du climat, de la tempél'ature, et de changement dan la
manière de ViVI'C, dan le habitudc et 1 idce dc individus qui
e tran portent à la ource. Plu ieur médication hygicnique e
joignent done ici à l'action médicamenleu e, et en masquent le
effets. (Guel'sent, Diet. de méd.)
De .a durée du t ..aUe.nent l",r les eaux nlinérale.
de Luxeuil.
Quel est le temps néc ssail'e pour que les eaux minérale , convenablement administrées, développent toute leur action et produi ent
tous leur efl'et curatif? Ain 'i pré enlee d'une manièr ab olue,
c tte question e t in oluble. Si tout le per on ne qui viennent
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08-
aux eaux de Luxeuil étaient du même âge, du méme sexe, du
même tempél'umen t; si la maladie dont clics vienncnt cherchc!' la
gué!'ison était la même ehcz toutes, et au mème degré de c111'0nieité eL d'intensité, )' expcl'ience aurait sans cloute appris dans
combien de temps la guél'ison peut être obtcnue. Mais il est loin
d'ell êt/'c ainsi; tout est dilféJ'ent chez les di{J"éL'cnts baigneurs; et
c'est à peine si sur mille on tl'ouve deux cas pal'railement semblables. Donne-t-on à tous les malades les mêmes doses d'opium,
de quinquina? Non, assurément! Et sans eompter la ntlllll'e el les
diverses cir'constances de la maladie, il est telles conditions qui
doivent faire varier à l'infini l' cpoque de la gué/'ison et le temps néeessaire pour y arl'i,'er. Les eaux minérales sont un agent médicinal; comme tel, elles doivent être dosées selon les indications.
On appelle saison, une pél'id'de de vingt-un jours, pendant laquelle Ic malade fail usage dcs caux mincl'ales, selon le mode
d'adminiSll'ation qui lui a cté IH'cSCI'jt. Celle fixation du nombre
de vingt-un jOIll's d'usage des eaux miné/'ales , adoptée dans presque to us les établi emenls el eonsidcl'ée comme la do e nOI'male,
pour aiD i dil'e , nécessaire pom que la médication minérale pl'Odui e ses ciret , n'est peut-ell'c pa aus i arbilmirc qu'il pourl'ait
Ic paraitre au premicI' abor'd. L'obscI'valion nous fail connaître, cn
une infinité dc cil'con tances, qu'il faut à l'économie un temps
déterminé pour la production de es phénomènes. Quoi de plu
régulier quc la pér'iode de supptII'ution dcs plaics, dc l'incubation,
dc l' én! ption, de la dcs iccation des tonton vaccinaux et varioliqucs! Lc phenomène oc jOUI'S critiquc n'a-t-il pas Clé mille fois
con talé? En quoi r'épugncl'ail-il donc à la lhéorie, appuyée SUI' ccs
con idénltioll. analogiqucs d'une dc lois lcs plus rOlldam ntale de
la naluI'e, d'admetll'e qu'en géné/'al il faut vingt-lIll joul's d'usnge
de caux miné/'ale pOUl' quc la modification su cilée pal' elles ajl
pu 'accompli!' '( JI ne uml pa , cn trel, qu'il ait 'lé ingél'é dans
l' 'conomic, oit p'lI' la déglulition, soit pal' l'al.Jsorption cutanée,
une cCI'taine qnaolitc de Iwiocipe mincr'aux; il faut cncol'e que
Ics mouvcments qui ÙOivClIl n èll'e lc l'csullllt, et qui ont suboJ'donné aux loi de la vic, ai 'lit li le tcmps de e pl'oduil'e. 'il cn
étnit nutl'cmcnt, lc maladc qui demeul'c Cjuatl'e heuI'c dans son
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t)Ç) -
Lain nurait fini sa saison au bout de dix jours, et celui qui n'y
l'este que deux heures , seulement nu bout de vingt; ce serait un
,
moyen expCditif d'en abrégel' la durée. Mais rien de tout cela 11 a
lieu. Une expérience de tous les jours nous apprend qu'un malade
n'en cst pas plus avnncé pour demcurer dans son bain plus longtemps que les auLI'c ; ct en celte matière, comme en toutes les
autl'es, l'exception confirme la règle. Si, dans quelques cas fort
1'31'es, les résultats curatifs des eaux minérales sc produisent rapidement, même avant le Le l'me fixé pOUl' une saison; si , bien plus
sou vent encore, ees effets n'ont pas eu lieu lorsque cc lerme est
arrivé, cela prouve seulement qu'il n'y a pas dans la nature rien
qu' une période aITectée à ces grands mouvements; après le septième, le quatorzième, le vingt-unième jour, n'en est-il plus de
cl'itiques pour la solution des maladies aiguës?
Quoi qu'il en soit, et sans donnCl' à ces explications une trop
gl'ande inlporlance, l'observation nous apprend qu'il est nécessaire
de fail'e usage des eaux minCt-ules, au moins pendant vingt ct un
jours, dans le lraitèment des maladies cl1l'0niCJues; cal', il yen a fOl't
peu qui puissent être guéries en moins de Lemps; elle nous apprend
aussi que le traitement pal' les eaux sel'ait. souvent infl'uetueux , s'il
n'était poussé avec persévérance au delà de ce terme . A l'opiniâtl'elé de la maladie, il faut opposer l'opiniâtreté du remède: on voit
il Luxeuil, ct dans tous les établissements d'ea ux minérales, des
malades qui n'obtiennent leur guérison ou une améliol'ation notable
qu'à la deuxième saison. La durée précise du tl'aitement peut être
fixée pour le minimum, mais non pour le maximum . C'est au médccin VC1'se dans la pl'atique des eaux, à déterminel' les eas parlicLlculiel's où il sel'oit inutile ùe s'obstinel' à continuer l'emploi d'un
moyen que le succès ne doit point couronner.
De l' ''l'oque
'
, ou
, il est le l,lus eouve.
Ile l'Diluee
IlDble Ile l·,~he
ul!lage t"el!! eaux.
C'est, sans contredit, depuis le p.'emicl' moi jusqu'au moi d'octobre , qu'on peut faire des caux l'US3g le plus convenable. Cc
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60-
surcrolt de vie qui au printemps anime tous les êtres du règne organique, favorise l'action de l'agent minél'al. C'est, d'ailleurs, il. cette
époque, que plusieurs maladies chroniques éprouvent des mouvements spontanés; et cette circonstance suffirait il. elle seule pOUl'
rendre l'action des eaux plus facile et plus efficace; mais il y a encore il. envisagcr une foule de considél'ations secondaires. D\II'ant le
printemps, et en été, la campagne est plus belle, les pay ages plus
riants, la nature entièrc plus vivante, les promenades champêtres,
les pal'ties de plai ir, les excursions dan les villages ct sur le
montagnes voi ines plus faciles, les distractions de toute cspèce
plu nombreu cs : en un mot, toutes les ressource hygiénique sont
plus di ponibles, el on ait qu'elles aident puis amment il. l'action
des eaux. En outl'e, le fl'oid et l'humidité de l'hiver exigent de la
part des baigneurs des précaution minutieuses, dont l'oubli compromettrait l'usage des caux ct le rendrait plus nuisiblc qu'utile.
D'ailleul' , cette sorte de vitalite qui, au p,'intemps, anime tous les
étl'es de la nature, et it laquelle le eaux minérales ne sont peutêtl'c pas étrangèl'cs, ne peut-ellc pa donnel' il. leurs facultés CUl'U tives un degré d'intensité de plu ?
Néanmoin , dans des cas urgents, il n'y a pas inconvénient
ab olu il. en faire u age même au cœur de l'hiver; mais alol's, il
faut redoubler de soins pour évitel' l'impression sur l'économie
d'un ail' fl'oid et humide.
Des résultRts tar.lifs .le l' .. sa~e
etes
eal~.
Quelquefois l'action des eauX mincrales n'a lieu, d'une manière
manife le, que bien longtemps aprè qu'on en a cessé l'u age. Cette
croyance, reçue dans toutes les villes il. établissemcnt d'enux , doit
être r garclée comme l'expl'ession d'un fait, le résulLnl de l'observation, et non comme une fiche de consol3tion donnée il. leur départ
des eaux nux mnlades qu'elle n'ont point guéris, en dcdommugement du temps pet'du, dc la dépense fuite ct SUt'tout des espérance déçnes. La théol'ie ne rcpugne pu à admettre qu'un mouvement tle l'é. olution a commence sous l'influence d ln médica
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Qi -
tion mincrale, trop peu pl'ononcé pOUl' ètl'e appUl'ent, et ql~'iI
se
continuera longtemps encol'e après que le malade sera renll'C dans
ses foyers. L'impulsion a été donnée par les eaux; aprè la ce sation de leur u age, cette amélioration progresse, voilà tout. Il. n'y ~
là l'ien d'inexplicable. Dans la pratique ordinaire de la médeclUe, Il
n'est point de médecin qui n'ait pu e convaincre que très souvent
une do e de sulfate de quinine, donnée longtemps avant le moment
présumé de l'invasion d'un accè de fièvre, n'agit nullement ur
cet accè qui est le plu prochain, et ne 'en oppo e pas moin an
développemcnt de accè ullérieul' , quoique aucune nouvelle do e
de fébrifuge n'ait été administrée: el cependant, le expérience de
M. Piorry ont prouvé que l'aetion du sulfate de quinine commençait très pen de tcmps après son admini ' tration. POUl'quoi les effets
curatifs des eaux ne se continueraient-ils pas aprè leur u age,
puisque les modifications organiques introduites dans l'économie
continuent de ull'Îster, phénomène chimiquement démonll'é pour
le malades qui ont fait u age de certaines eaux, celles ùe Vichy
par exemple, chez lesquels l'urine conserve encore longtemps aprè
le caractère alcalin que ces eaux lui ont communiqué. D'ailleurs,
qui peut ignorer l'action de certains agents toxiques sur l'économie? N'arrive-t-il pas souvent que l'infection syphilitique ne
donne des signes certains de son existence que longtemps après
qu'elle a eu lieu, de telle sorte qu'une altél'ation pro~nde
e ll'calisée avant que ùe signes extérieur la mettent en évidence? Et-il
un modificaleu\' plu pui nut que le vil'u rabique, dont l'inge tion
dans l'économie amène de' changements tellement profond , que
la morl en e t la suite inévitable ? Eh bien! l'action de ce vil'U.
s'opère d'une manière latente, il en ci cu e; un moi ou ix cmaines 'écoulent an qu'aucune manife lalion ail lieu, etll'adui e
pllr de ymptôme
n ible. le ll'avail profond qui 'e t accompli.
Dans quelle 'cienee que C' oit, i on niait tout ce qu'on n comprend pa , ou nierait ùe fait au 'i évident que la lumi '.\'e du 0 lei!. Cc 'ceplicisme out,'é erait au i préjudicinble à la connaissance de la vérité qu'une crédulit', ab 'olue.
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Ici finissent les nolious théoriques; clics ont l'ail connaitt'e les
pl'opl'iétés physiques et chimiques des eaux de Luxeuil, Icul' tcmpél'atur'e, leurs pl'incipes constituants, ce qui leul' appartient en
propre et ce qu'elles cmpruntenl il 1CUI' mode d'auministl'ation.
Elles ont au si roumi des pl'euves positives de la puis ance d'action de ces eaux, mais eulemcnt des conjectUl'c:> SUI' la spécialité
de celle aClion.
Lc enseignemenls dc l'expél'ience vont leur succéder; ils sont
plus propres il faire bien appl'éciel' la valeur l'éelle de cet agenl médicinal, que les induclions tirées de sa composition chimique.
~-
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�NOTIONS EXPÉRIMENTALES.
Lc notion expérimentale e eompo col de toul ee qui ('st aequi pal' la voi de 1 observation, sur les PI'opl'iété. euratives de
coux de Luxeuil. Ellc nou appl'concnt quclle sont le maladies
qui 'onl guérie , améliorécs ou :Jggr:Jvec. pal' IcUl' u :JITe, quel e t
le mod' d'admiuistl'alion qui ('(\u il Ic mieux dans le diyer e' eir··
con lan c ,quellc precaution sont il pl'cndl'e, quel' dangel' ont
il ùvitel" elles nou mettent sou. le yeux 1 tableau d'ull certain
1I0mbl'e de faits p!.\l'ticuliel's don le quel le eaux minérale ont
élÙ employée ' , t énoncent lcs l'ésultat qui ont suivi cel emploi.
Dan le notion lhéol'iques, les cienee physiqu s onl intel'v nue ct onl liVl'é à la lhérup utique l'ag Ilt médicinal, :Jprè u
avoil' di joint un il UII, ct deeompo é le élémcnt , afin qu'elle pùt,
ci priori, c fOl'nlCr quelque aperçu sur leUl' action probablc ou
tout au moin. po sible. Mai dans Ic nolions expérimcnlale , on lIC
rai. oone qu'il postoriori. Point d'aull'c intcl'ycntion quc cclle de
l'ob cl'vation. Peu importc que Ic fail qu'Ile con lalc oicnt cn
hr\l'monic on cn dé aecol'd av c le opinions préconçue d'apr\ la
n:llul'c de c élément. L'ob crvation n'expliquc pa ,cil nole:
. on but c t moin dc rccher h l' lc cau e quc ùc bien appré icI'
Ic elTet . a voic e l Ùl'C, e ré ullat onl il l'abri de l'cl'I'eur ;
il n'en alll'aicnt comportcr d'autl'e' que celle qui \ iendrai lit
d'un manque d'exaetitutl ou de di cel'n ment.
Malll lII'eu. emenl, le donnée de l'ob cl'vation, qui ne lai eraicnt l'icn il de ircl', i elles élaicnt complète ,ne "'tendent pa il
tout; elles sont un guiùc précicux quand clic cxi tcnt; mai quand
clic manquent, cette rcn-rclluble lacunc livrc tl'Op ouvent le IlIC-
�()l~
-
decin à l'incel'titude et aux làlonnements; c'cst le fil d'Ariane qui
nc conduit pa dans tous les détours du labyrinthe.
Et en e[et, les maladies elles formes des maladies sont si nombreuses; il Ya sous le rappol't de lcurs périodcs , de leur inlcnsité,
de lcurs complications, de leurs causes, de leurs effets tant secon daires que primitifs, dc l'àgc, du sexe, du tcmpél'ament , des
mœurs et des habitudes des malades, de la saison, du climat, etc.;
il Ya sous tous ces l 'a pOl ~Ls des combinaisons si val'iées, que, d'une
PUJ'l, l'observation ne saurait suffire à tous les besoins du traitement, et que de l'autre nulle intelligence humaine n'alll'ait assez de
fOl'ce et de jugement pOUl' en discemel' les caractères et fail'e il tous
le cas particuliers une application exempte d'el'l'eur et à l'abri des
mécomptes.
Il a donc été indispensable de remplir les nombl'euses lacunes
par les inductions analogiques ; méthode moins certaine, à coup
sûr, mais fertile en indications, qu'on emploie en s'en méfiant,
qu'on surveille en l'employant, et dont les résultats ne peuvent
être avoués de l'observation ct considérés comme lui élant acquis,
qu'apl'ès avoir été soumis à son sévèl'e contrôle.
Tels sont, dans la pratique de la médecine aupl'ès des sources
minél'ales, les principes qui dirigent le médecin soucieux d'arriver
à des succès, et de ne compromettre ni la santé de ceux qui sc confient il a dir'ection, ni la réputation des eaux et la sienne pl'opl'e
avec elle. Tel e t celui qui a peé ide à l'expo é de ces notions cxpél'imenlale , résumé aussi fidèle que possible de ce qui a été vu,
examiné ct appl'ccié par le mCdecins de tou les temp , touchant
le cITct curatifs obtenus de l' usage dcs eaux minérale de Luxeuil.
DeH In'incilu\les .lu\lR.lies flUi l,ellvent êt.'e gué.·ieH
ou ollléli.ol'ées 1'''.' l'u~Rge
.Ies el~UX
.Iliné.'"les Il e
Luxeuil.
Nou n'imit rons par l'exemple de ces enlhou iaste qui regardent les eaux mincl'ales comme un moyen univer cl ct d'une fficacitc illimitée dans toutes les maladie. NOl! examinerons sans pl'é-
�~
GU -
vcnlion la part qu'e11es ont dans les guérisons qui s' opère~1t
sous
leur influence: nous n'exagél'erons pas leurs vel'tus; ~HS
nous
ne les révoquerons pas en doute quand les faits les établlro.nt.
Nous avons vu que l'action des eaux mincl'ales est multlfOl'me,
résolutive, révul ive, anti pasmodique, selon qu'il y a des engorgement à résoudl'e, des fluxions à rléplaeel', des concentrations
vicieu es de vitalité à disséminer.
Nous savons aussi que, mêléc à la masse dusang, l'cau minérale
augmente la somme des humeurs en eil'culalion, leur fou l'Dit de
nouveaux principe ct peut en altérer essentiellement la nature.
Il y a donc un nombre con idérable d'élals pathologiques tenant
à l'affection des oliùe , ou à de diathèses Immorales, que I"usage des caux minérales peut modifier avantageusement .
C'e 1 sUl'lout lorsque ces élats pathologiques, par la date déjà l'eculée de leur exi Lenee, sont devenus comme naturel ,sc sont, pour
ainsi dil'e, identifiés avec la vie, que le eaux minérale obtiennent
des uccès marqués. Soit par l'erret d'une habitude qu'il e t difficile de rompre, soit par les progl'è sucee sif' que le laps de temps
a amenés, ils sont devenu rebelle aux agent ol'dinail'es de la
thél·apculique. 11 faut, pour en triompher, une médication p,'oronde,
capable de changer fondamentalement le mode de eetLe vitalité
anormale; 0\', il n'est pa de moyen d'une portée plus étendue que
les eaux mincl'ales. Parmi les divel' cs substance que fournit la
matière médicale, nulle ne s'cst montrée au i propl'e à procurer
de pareils résultats.
L'élat elll'onique est donc celui qui, dan les maladies, réclame
la médication minérale et lui obéit. Il n'y a il ceLLe règle qu'un
l,'ès petit nombre d'exceptions. El e'e t à des ein qu sont employés ces mols: État cMonique, parce qu'il est de maladies chroniques qui ont un état. aigu, pendant lequel l'iltlmini t\'ulion ci e
eaux serait préjudieiahle .
NÉVROSES .
On donne cc nom à toules le maladies qui, indépenùante , du
moins en apparence, cie toute lésion organique, n'alfectent qUf' la
li
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60 -
vitalité dans un ou plusieUl's organes, ne manifestent leur existence,
pendant la vie, (lue par des aberl'allons de la sensibilité ou de la
contractilité, ct, le plus souvent, ne laissent après la mort aucune
trace d'altcration matérielle. Ces maladies sont, pour ainsi dire,
impalpables: point de changement dans le volu\11e, la couleU!', la
structure, les l'apports des parties qui en ont été ou en sont le plus
vivement affectées: toutes les conditions de l'état normal y sont;
leur altération n'est constatée que par une sél,je d'inductions, dont
la principale est la lésion fonctionnelle.
Ces maladies sont d'autant plus fâcheuses, qu'en outl'e des souffrances quelquefois continuelles auxquelles elles donnent lieu, ct
du trouble des fonctions les plus importantes de l'économie, leur
cause est souvent inévitable, et leurs accidents une_suite de bi zarreries inexplicables. Les émotions forles, la crainte, le chagl'in,
la colèl'e, l'inlempél'ance, l'abus des plaisirs, toutes les passions
qui agissent avec force et durée, sont capables de les produÎ!'e. Elles
sont plus fréquentes à la ville qu'à la campagne; ct clics ne pl'ennent jamais plus de développements que dans les temp de discorde
et de trouble. Elles sont donc, sous un cel'tain rapport, du domaine
de la p ychologie autant que de celui de la médecine, et leUl'
étude appartient au philosophe aussi bien qu'au medecin.
Les eaux minérales de Luxeuil, en pal'tieulier, ont un des
moyens les plu ju tement recommandés contre ces maladies si sou vent réfractaires il toute espèce ùe traitement; elles obtiennent de
tels succè dans cerlaine névl'oses, celles cie la digestion pal'
exemple, qu'elles peuvent, à bon droit, en être con idérécs comme l'agent curatif spécifique.
NÉVl10 'ES DE L'Al'l'AHEIL DIGES1'lF.
Le uncien médecins qui ont écrit sur les eaux de LuxeuiJ ,
MOI'el, D. -T. Ga leI, Fabert, commencenltou "énumération des
malndie que peut guél'Îr \'u age de ce eaux min 'l'ale par les in ùige tions.
Pal' cell expr, ion, ce méde in n'entenùai nL pas d<~ igner
c trouble fortuit l pa sall'er de la ehylificution qui , t occ,lsionn;
�-
G7 -
p:U' ùes circonstances LlC identelles, comme l'inge Lion cl une ll'Op
gl'anùe quantité d'aliments, un exercice violent, l'exposition il une
tempcl'ature rigoureuse, une émotion vive ou profonde après le repa . Evidemment, ce n'e t pas de ces ortes d'indigestions que ces
médecins ont voulu parler: il avaient en vue un désordre fonctionnel des organes digc tifs, durable et dû à Hne lésion ancienne
Cl pel'mancnle. Celle lésion porte toule espèce de noms, parce
qu'elle revêt toule espèce de forme, et oIT1'e les symptômes les
plu variés. Tantôt elle est indolente et ne se manifeste que par le
trouble des fonctions digestives; tantôt eUe donne lieu à des senations douloureuses, spasmes, cl'ampes, coliques d'estomac, coliqucs nerveuses, boulimie, PYI'osi ,anorexie, ga tl'odynie, cardialgie, etc. Ol'dinairement elle cst accompagnée de constipation,
plus rarement d'augmentation dans les sécrétions intestinales. Ce
élats maladif val'iés sont aujolll'd'hui ré umés sous le tcrme générique de gastl'algie, entéralgie, ga t1'o-entél'algie; et c' c t à 1li qu'il
faut l'appol'tel' ce que les ancien médecin ont dit des indige .
lions, sous le rapport de Icur eurnhilité par les eau' minérale de
Luxeuil.
« Ces eaux sont d'un gl'and secours dan les maladies du ba ventre et de inte. tins, qui sont entl'Ctenues et occa ionnées paI' l'indige Lion ou l'impureté des humeul's qui croupissent dan les
p,'emièl'e voies ou dan les tuyaux de vai seaux de cetle parti .
C'est pat' là qu'elles réu is ent si bien dan les dégoùlS el les
indigestion invétél'ées, dans le appétit xee ifs ou dCl'cglé ,
daus le vomi ement opiniâtre , dans les maladie hypocon(lriaque ,dans le ventuosité ,dan les coliques habituelle , dans
les faibles e d'estomac et dn duodénum, dan le maladie de,
reins ou de I.l ves ie, occn ion nées par la géncl'ation de sable cl
des graviers. elll'énéralement dan toulc le maladie de inte tins
qui reconnai sent pour eau e le relâchement et l'atonie de partie.
ou la I)!'ésence d'une matière lente, vi queu e, aline, oud'une bile
dégénél'ée.» (V. D.-T. Ga tel, Trait/> ou. di.. (J)"tntion , ~/lr
I I' , ~ (,flu,r
minérales ou thermales de Llxet~i.)
« On le hoit de di!fél'entes manièl'e . scules ou coupé
:wec Ir
lait, 011 • ver des sirop. apP,'opl'ié. , dan. les maux d'c~toma,
dans
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1es cas d'obsll'uction, de pituite épaisse, de maladie de poitrine .....
'Un Électeur de Bavière vint les prendre .... et s'en retourna guéri
dcs maux d'estomac qu'il portait depuis fort longtemps et qui
nvaient échappé à l'action des meilleurs remèdes .... ... Ces eaux
sont spécifiques dans certaines espèces de maux d'estomac ... On
l'emploie encol'e aujourd'hui (l'eatt savonneuse) avec succès, nonseulement dans ces circonstances (cours de ventTe, dyssentel"ie), mais
encore lorsqu'il s'agit d'émousser l'acrimonie des humeurs, de l'embaumer le sang, de le dessaler, d'adoucir la toux ..... où elles
opèrent de tl'ès belles cures. » (V. Aubry, auteur des Oracles de Cos,
ancien inspecteur des eaux de Luxeuil, manuscrit inédit.)
Enfin, voici, sur ce même sujet, comment s'exprimait Fabert:
« Mais ce n'est pas assez de connaître la cause des indigestions, il
faut en trouver le l'emède ... Les médecins habiles y appliquent différents remèdes qui réussissent souvent; Cl il yen a plusieurs dont
les cures sont mullipliées el connues. Mais parmi les remèdes qu'on
peul employel', il en est peu J'aus i SÛI'S que les eaux minél'ales de
Luxeuil. Elles nettoient l'estomac des mauvais levains, des humeurs trop gluantes qui empêchent les fonctions; elles absorbent
les aigl'e ct le acides qui contribuent si fort à déranger lcs digestions; elle fortifient le pat,tie nerveu e . » (V. Fabert, Essai historique sur les eaux de Luxeuil.)
Les fail exprimés par ces médecin , dans le langage et suivant
les théories de leur temps, e passent eneol'e aujourd'hui de la même
manière qu'ils se passaient aloI' . Les formes de la langue ct les
sy tème de la cience peuvent vieillir, lcs lois de la natlll'c re lent
toujour les mêmes. l'oule le foi que les divers ctal pathologique ignalé par nos devanciers ne pro èdent que d'une lé ion
de vitalité, que celle lé ion exi te an altération matél'ielle concomitante, qu'Ile est idiopathique et indCpentlante d'une cau c générale, la guél'i on sel'a sûrement obtenu pUI' l'u age des eaux minél'ale de Luxeuil.
i la lé ion de vitalité n' st pas idiopathique, i clic tient soit à
un étal g Hel'ul de l'économie, soit à l'influcnce sympathique exercée ur 1e tomac par d s organe plu ou main ' éloigné , dont la
oum'nnce l'et ntit ur ce vi cère, nlor la eurubilité est ('n J'aLoo du
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plus ou moins de facilite qu'il peut y avoir à maîtriser l'atTecti.on ?l'imitive, et le tl'altement minerai doit être accommode aux mdlcations que peut présenter cette atTection . Par exemple, si cette atT~e
tion dominante etait une leucorrhée, l'eau ferrugineuse, en bOIsson, en injections, même les douches SUl' la région supubienne el'
sacro-Iombail'e, devraient être associees aux bains d'eaux thermales:
On sait aussi que le même système d'innervation pt'éside à la vie
physiologique et pathologique des ol'ganes respil'atoil'es et digestifs;
si donc la névrose de l'appat'eil digestif avait son point de départ
dans l'asthme, dans un travail de tuberculisation, etc., ee seraient
ces atTections principales qui fourniraient les indications; ce ne serait pas le cas de tenter la médication minérale par les eaux de
Luxeuil,
Lorsque la cause des nevroses de la digestion peut être suppri:'
mee, et qu'il n'existe point d'ailleurs de contre-indications, le l'esullat de la médication minérale est ordinairement une guet'ison
complète; et même, lorsque la cause est pel'sistante, une amélioration considérable. Enfin, lorsque ces névroses existent comme complication, elles n'en cèdent pas moins à la médication par les eemx,
quoique let maladie principale reste inaccessible à son action. N'estee pas là le earactèl'e ùes medications spéciOques1
Le mode d'administl'ation consiste dans le bain tempéré, la 1J0is
~
son, et, suivant les circonstances, la douche générale ou partielle.
C'est ici surtout que l'eau de la soUt'ce d'Hygie trouve une heureuse application. Ce malade qui vomit tont ce qui est inget'e dans
son estomac, qui ne peut SUppol'tel' une cuillel'ce de bouillon, d'eau
de veau, d'eau sucl'ce, d'eau de fleUl' d'oranger, chez lequel
sangsues, vesicatoires, topiques et potions de toutes SOI'tes, n'ont
pu ramener une tolérance depuis longlemps perdue poUl' les organes digeslf~,
boit de l'eau ù'hygie et ne la vomit pas: quelques
Vet'rcs de celle eau ont obtenu ce qui avait clé refuse à l'arsenal
tout enliet' de la matière médicale. Inutile de dire qu'on commence
pUI' de petites doses qu'on augmente successivement.
�-
70 -
IIYSTÉU IE; HYPOCONDIUE; NÉVROPATHIE.
hystériques, hypocondriaques ,
« On appelle vapeurs , ~ maldies
des 1houvement irréguliers du système nerveux provenant de différentes maladies ou de différentes causes, dont les symptômes
sont si imposants el si variés, qu'il ne faut pas moins que la sngacité d'un médecin observateur pOUl' les connaitre et distinguer des
maladies de tout autre caractère ... Ce que j'ai dit ci-devant. ....
suffit pOUl' faire connaître combien l'usage des eaux minél'ales de
Luxeuil est salutni,'c contre cette sorte de maladies. » (Fabert,
Essai historique.)
« En premier lieu , elles sont propres à nettoyer les première '
voies des glaires et des parties salines qui occasionnent les colique ,
Ics dévoiements, l'affection hypocondriaque... Il est aisé d'infércl'
que les caux minérales sont bonnes pOUl' les maladies de l'estomac,
pOUl' celles des intestins, pOUl' rétablir l'appétit, cOI'riger les aigreUl's, dissiper les vents, remédier à la constipation ct aux aITections hypocondl'iaques ou mélancoliques. » (Morel, Observations
sttr les eaux minérales de Lttxeuil.)
« S'il faut adoucir, ou corriger, ou évacuer des sels âcres, ou
unc bile amèl'c mordicantc, qui inquiètent les ol'gnncs par leuI' (sic)
présencc, qui causent des coliques, ùes vapcur , des vertiges, dcs
dou\cUl's ct pesanleuI's ùe têtc, des insomnies, des chaleU!' d'entl'ailles, des douleurs d'hémorl'hoïdes, mais principalement des
vent i ordinaire aux hypocondriaques, aux mélancoliques, aux
hystériques, ct 1:1 ceux qui sont con tiré ou qui ont les enll'aille .
échau {l'ée ... , cffets quc ces caux opèrent avec un uccè admil'3ble.)) (D .-T. Gastcl , Traité O~t dissertation SlW les eœux minérales
et thermales de Luxeuil.)
« Le bains convienncnl au si aux vapcul' , aux maladit's hypocondl'iaques el pour amollir cel'laine' oh. tl'Ilction . » ( Aubr'y ,
Notice inédite ur les eaum de Ln eltil.)
Mode d'administration. Eau mincnlle Cil hoiss Il ; !Jains Len pù
r \ ; C[uclqu foi douches rt inj(l('lion . .
�~VnALGIE
71•
« Il s'en uit, par ce que nous venon de VOil' des pl'opriélés de
ce caux ..... qu'elles doivent être un remède spécifique pour les
douleurs de rhumatisme, sciatique, qui l'econnais ent pour cau e
l'él'éthi me ou le pa me des partie membraneu es irritée par la
pl'é ence d'une ét'O ité exce ive et piquaute, suite ordinail'e de
l'in ensible tt'an pit'ation al'l'êlée ou diminuce. » (D.-T. Ga tel,
loc. cit.)
( Elle (l'cau minérale de Luxeuil) est capal)le de fortifier et
raffermit' le pa me , les cl'ampes, le mouvements eonvul ifs. »
(Morel, loc. cil.)
Fabert met au i la névralgie sciatique parmi le maladi s qui
ont tl'aitces avantageusement par le caux de Luxeuil.
Mes propre observations ne lai ent aucun doute sur l'efficacité de la mCdieatioLl pal' les eaux dan le lI'aitement de cc maladie i longues, i douloureu e , si ('cbelles aux médications ordinaircs. Voici le pt'ineipe d'aprè lesquels il me pat'aîl C{u'on doit
se lliriger.
La névralgie reconnait·eHe pour cau e une diathèse l'humatismale? Et-elle le PI'OÙLlÎt d'une répel'cu ion, d'une modification
vicieu e de la sen ibililc O'cncl'ule du sy lème nel'veux? A l'emploi
de la minéralitc on a ocie le bain tempél'c, ou même le l>ain de
va PCll l' .
La cause de la névralgie a ·t-elle agi SUl' l'organi ation de la
partie oufft'ante du y tème nel'veux, comme dan. le ca de violence extérieure, chut 5, production morbide? C'e 1au'\ douche'
ùirigée Ul' le partie corre ponclanles au point d'cme\'O'ence du
tt'onc nel'veux, Ul' celles où il devient supediciel, qu'il fant demandet' le ccour auxiliaire.
L'élat O'énét'al ùe la con titution doit êlre pri: en gl'and eon idCl'alion, ain i que l'ûO'e et le ex du malade; 1, titl1ulation
qui accompagne l'action de caux ne peUL pa êtl'e Il 'l'duc de vue'
et souvent il y a licu de Pl' nÙl'c les PI'C aulion néce ait'C pOUl'
en pl'évcnil' l' xagél'ation. C'e t dan cc. ca ,que la . ai 'ncc, 1 s
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72-
boissons délayantes, une diète légère, sont un préliminaire utile et
quelqucfois indispcnsable. En modifiant les conditions hypcrsthéniques de ['économie, en déprimant l'excitabilité, ces moyens tendent à diminuer l'excitation que l'usage des eaux peut produire,
cn facilitcnt la tolcmncc, et rendcnt la médication minérale moins
tumultueuse et plus sûre.
APOPLEXIE; PARALYSIE.
" Il est cCl'lain que ni les eaux minérales de Luxeuil, ni au- .
cune eau minérale, ne peut guéT'Ïl' l'apoplexie au moment de l'attaque ... Mais les eaux minérales servent à prévenir l'attaque ...
Pour revenir donc à cet objet, jc suis persuadé, et l'expérience m'en a convaincu, que de tous les l'emèdes qu'on peut employer contre la paralysie, l'usage des eaux de Luxeuil est en même
temps le plus doux et un des plus infaillibles. » (Fabel't, loc. cit.)
« Enfin, ccs caux sont d'un excellenlusage dans les maladies qui
dépendent de l'épaississement, de la vi eosité, de la lenteUl' du
sang ... comme aux pel'sonnes menacées, on déjà affectée de paJ'aIy ie, d'apoplexie et autees mnladie vapol'euse.» (D.-T. Gastel ~
toc. cit.)
Voici le ré ultat de mes pl'opre ob el'vations:
Le pm'ulysics localcs, cclles qui n'ont pa leU\' point de dépal't
dan lc ' ccntl'C nCl'VCUX cérébral 01l1'achidicn , guérissent pre que
toujol1l' par l'usage ùes eaux de Luxcuil. Je cilCl'ai comme exemple celle d'une pal,tie de mu cles d'un côté de la face, provenant
d'une li! ion limitée au nerf facial.
QUfmt à celle qui ont la suite de l'apoplexie, Icur chancc de
guéri on sont plu re ll'cintc . C pendant, un cCI'tain nombr'c guéris ent ompl 'tcmcnt; la plupnrt en rctirent unc amélioration notablc; rar'cmcnt ob ervc-t-on d<' ré ultats nuls ou défavol'ahle .
CcLle difPI'cnce d'cffet li nt ans doute au ' eircoll tnoces du foyer
apopl ctique ct à s complicalions , ou aux ll'acc plu ou moin
profondc qui l'cstent de 1::\ déchirure de la ubslancc cél'cbralc ,
mcme apl'ès la cicalrisulion. Lc, au cs prédispos;l\ltcs Leflicicntc
de l'apopl xie ùoivcnt IlCOl'e i i joucr un SI'and l'ôl ; 'ar il t
(lcs indi vidu dont le habituùe ct 1 di po ition, npoplectiCJ.llc,
�-
75-
sont tellement pl'ononcées, que toute médication échoue c~ntl"e
Icu.I'
influence. Comment enlever des effets dont la cause subSIste et agIt
ince somment? Quoi qu'il en oit, la médication minérale es~, .sans
contredit, la meilleure connue, dans les cas susceptibles de guel'Ison.
Mode d'administration, Minél'alité, thet'malité tempérée, douches. Quelquefois il y a lieu de fail'e des affusions ft'oidcs sur la
tête du baigneur pendant qu'il est dans le bain, et de lui faire
prendl'e un bain de picds après qu'il en est sorti.
L'emploi dc ces moycns, mis cn œUV['e avec la plus grande prudence et avec une surveillance assidue, ü.lvol'ise l'ab orption de liquides épanchés, ranime la scnsil>ilité dans les pat'lies où l'influx
nerveux c t diminué, produit VCI'S les extl'emités inférieures unc
révul ion préservatricc , et peut-être modifie les conditions génél'alcs sous l'empirc desquelles a lieu l'apoplexie.
La douchc est sans dangel" ct amène souvent des résultats incspel'és.
sTKnlL1I~.
« Elles convienncnt tant en bains qu'en boisson, pOUl' Cail'e cesser la stérilité et disposer les femmes à d'heureu es couche ; elles
fortifient l'uterus et préviennent les accouchements pl'ématul'és. »
(Aubl'Y, Notice inédite.)
« Et t,terum ad conceptionem facittnt habiliorem. » (Fabel'l, Essal
his torique. )
« En un mol, ces eaux sont trè propl'es pOUl' empècher la stérilité, et procurCl' unc heureuse féconùite. » (0.-1.'. GasteL)
J'ai cu occasion cl' ob 'crVel' plusicul':, cas dan le quels des \'(~
sullats conformes il l'opinion de ce ancien médecin, ont Llù, raisonnahlement, êll'C l'appOl'lé ~l l'u ::Igc de CllUX de Luxeuil.
Mode d'administralion. Minél'alilé, lhc'mait~
. , douche ur la l·é-·
gion sacro-Iombail'c, injecLÎons.
MHADIES DF.!'.
VOlES
I\INAIl\ES.
CC Lcs eaux Llc Luxcuil sonl admil'ables f)OUI' . . uél·il·lc
coliques
. 1 CLtf
..
b
l'lCS en enlrllÎllant lc gravicrs fJ.tlÏ les occu iOJlllcnl. l>
IICp 1l'
(A ubl'Y, loc. cit.)
�-
74 -
Elle (l'eau minér'ale) calme les coliques, principalement la uéphrétique; elle lève les ObSll'Uctions les plus opiniâll'es, pousse forteillent par Ics mines, les flegmes, les glaires, le sable, le gravier. »
(D.-T. Gastel.)
« Elles réussissent pl'incipalement dans les maladies de l'estomac, des reins et de la vessie. » (Fabert.)
Mode d'administration. Minemlité, lhermalité tempérée.
«
LEUCORl\HÉE; AMÉNORRHÉE; DYSMÉNO RRHÉE; AGE CUIT IQ UE;
ENGORGEMENTS ET PHOLAPSUS DE L'UTÉRUS.
Elles sont admil'ables pOUl' nettoyer les l'eins , pOUl' les
obsll'llctions du foie, du mesentère, de la l'ale et Je la matt'ice
aussi; l'aimable sexe y trouve un sccours prompt pOUl' rappeler les
évacuations suppl'imées . » (Aubry, loc. cit.)
« A une maladie aussi opiniàLI'e (Iet!corrhée) cl qui a été plu
d'une fois l'écueil de la médecine, il faut cles remèdes efllcaces.
» Nons avons des preuves de l' efficacité de celles de Luxc uil ;
la fI'oide (ferrugineuse) prise en boisson , les sulfuren cs (sal'ines
thermales) en bains et quelquefois toutes les deux en boisson, suivant que l'exigent le eil'constanee , » (Fabcrt.)
« Il est cel'tain cl évident que celle cau (l'eau (erruginettse) pal'aH avoil' des vertu admil'aLlcs .. ,; l'on s'en sert avec succès dan.
les maladi chronique cl in vétér'ées ùont les levains cl'oupisent.... quelquefoi dans la substance du ptlllcl'éas ct de la matrice .... ; elle guer'it les uppl'essions de mois, le pâles couleUl's,
la jaunis e, l'établit le teint et l'elHlle COl'pS leger et dispos, elc.
» Elle ont au ' i (le eewa; thermales) un remède efficace pOUl'
gu "l'il' le pâles COUICll l" .... pl'in cipalement pOUl' les fillcs qui
n'ont pas Ie.ms moi ou qui les ont iI'l'c<rulièl'ement, pOUl' les Helll' s
blanche. » (0. -'1'. Ga leI.)
« On 'cn Cl't av c uccè dan les maladi e c1l1'oniqlle illvétérée , 1 S ohsll'll tions le plu opiniûlt' s, les oliques même népl)l'ctique, , le ul ère ' <le reins ... ; eHe c l aus i , alulaiI'e conll'C
l' pâle conlelll' , le. ficu!', hlall h . . )} (V. Morel, loc, cit.)
Ln confiflI1ee qu'in . pil'ait il no dev:'1IIci 'l' l'u a"c de. CtlllX mi
«
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75 .-
nél'ales ùe Luxeuil, dans le h'aitement des diverses alfeetio us 11101'bides qui sont l'objet de eet article, est pleinement justifiée aux
yeux de tous le médeeins qui sont 11 portée de les employer et
d'en apprécier les résullats. Ces maladies et les indigestions sont
celles dont elles tl'iomphent le plus Slll'ement.
Dans l'aménolThée et la dysménorrhée, l'eau minél'ale est administrée en bains et en boisson: s'il existait des raisons d'en rappOI'ter la eause 11 un état local , les injections el les douches sm la
l'égion sacro-lomllail'e seraient indiquées : en tout cas, ces moyeu
auxiliaires prudemment dirigés ne peuvent jamais nuire.
Les anciens préconisaient ct employaient dans ces nffections les
deux sorte' d'cau minérale qui se tl'oLlvent à l'établis ement de
Luxeuil , l'cau saline thermale et l'eau fenugineuse. D'apl'ès mes
pl'opl'es obsCl'valions, elles l'éussi sent à peu près également l'une et
l'autl'e. Cependant, je conseille de préfél'ence l'eau ferrugineuse
dans l'anémie, et l'eau saline 111el'male da)s le spasme.
J'en dil'ai 11 peu près autant de la Icueorl'hée chronique, maladie très fl'équente, tr s longue, ll'è incommode, tenant Ü ulle in finité de causes physiques et mOI'ales, tl'ès l'ebelle aux moyen
Ol'dinait'es ct eédant tl'ès facilement à la médication par les eaux
de Luxeuil. Il est vl'ai de dire pOUl'lant que la guél'ison obtenue
par leur u age n' est pas toujOLWS dUI'able; la rechule a lien as:;cz
ouvent. Ce qui tient ans doule, el à la persistance de' cau es sou '
l'empire desquelles la leucol'l'hée a pl'is nais unce, ct à ce que cetle
ulTection se LL'ouve parofois intimemen t liée Ü un état constitutiollnel que l' usuge des eaux pendant vingt joul's a bien pu moùifiel'
pus agèl'ement, mais non pa définitivemclIt.
Qual1l1 cette rechute a lieu, il faut l'CCOUI'il' cl nouveau il la médication minérale el insistel' Ut' on emploi. On ohtiendra ~l la
ùeuxième ou à la tl'oi ième année celle gLlél'ison radicale, qui n'a
pu ::Ivoir lieu il. la premièl'e 011 à lu econde.
Je nc ùois pas omettre de signaler une pal'lÎcul:lI'ilé qui me pal'ail mérite\' ùe fi xer l'attention des médecin, 'est celle ùe l'ap ·
pal'ition ùe lu leucorrhéc p lW et pendant l'u ag des eaux de
Luxeu il. Lorsque cetle manifeslation, qui n'e t pas tl'è f'I'équentc,
Illni:-; (IOnl je possèll f(uelqn s e cmples, icnt Ü sc pl'Ollnil'(', j'ai
�-
76 -
tOlijOUl'S YU qu'clle devait être considérée comme un fait heUl'eux,
en ce qu'il constate un déplaccment favorable. La malade avait
nne gastralgie, une cephalalgie, une névralgie, une névrose, elle
n'a plus qu'une leucol'l'hée; il Y a ici avantage evident; une maladic a été remplacée pal' une inul'mité. Les pel'sonnes chez lesquelles cela a lieu, sont ordinail'ement dans les couditions qui nécessitent l'établissement d'un exul.oit'e.
Il ne peut êtt'e douteux que la leucort'hée n'existe quelqucfois.
avec le caractèl'e d'évacuation critique; alors elle l'entl'c, sous le
rapport du tl'aitemcnt, dans les conditions des métastases: utile,
si l'organe délivré est plus important; défavorable, s'il l'est moins
que la pal'Lie de l'appat'eil organique par lequel a lieu la fluxion
Jeucorrhéiquc. Il y a, dans cc cas, à sc poscr la question si la
Icuconhée n'est pas au nombI'e dcs maladies qu'il ne faut pas guérir?
Elle peul êtrc unc dc ces maladic , ct pourtant la guérison devoil'
eu êtl'e tcntéc; mais tentée, comme on la tcnle dans les maladies
localisées et non pas locales, dépendantes d'un état preexistant, ct
qui ne peuvent lI'ouvcr dc bonnc solution que pal' la ces alion dé
cct état. Agil' ici pal' les moyens locaux cxclu ivcment, sCl'ait nuisible. Ces moyens, sans gUél'il' la maladic, pOlll'l'aienl la réperculer, cl donnel' lieu il unc manifestation beaucoup plus grave que
celle qu'on aU l'ail upPl'imee. Au i, cc n'c t ni aux injection, ni
aux douches, llJai aux bains et à la boisson de l'cau minérale,
qL1'il faut s'adrcsser.
La prcmièl'c mcnstl'uation cL l'tige er'iLique nc sont point dcs
maladies lA PI'O PI'CI11CUt parler; mai il 'accompagncnt d'une série ùc phénom '.ncs nCl'veLl '{ plu ' ou moin anOI'maux, ùont le point
de dépal'l csl evidcmm nl l'a pparcil ulerin; el le pl'jncipal or'gane
de 'el appul'eil c Llui-même le siege de lé ions fl'é~ue1c
. En effel, il faut du Lemps il l'économie POUl' 'habituel' uu vide que
lais e ùans l'en cmble ûe scs fonction ' , C IIc qui yicnt de cc SCl'
d'exislcr,Opl'è avoir fOlll'ni IIIlC Coopél'ation importantc aux actes
ùe la vic ol'ganiquc : Cl l'Ulél'u lui ' l11<!mc con cl've ellCOl'c longlcmp dc souvenil' pO\lr ain:j dire de cclte xcitation pCl'iolliquc>
qu'il a i IOllgtcmp. uhic ct cxercée, el qui, ne pouvant pas ahOlt,
�-
77 -
tir à l'hémol'rhagie fonctionnelle, ne constitue plus qu'une .anomalie ans but et uns solution critique pos.ible : de là, les fluXlOns.
les engorgcments utél'ill, i fréquent t\ cet âge. .
,.
Le même phénomènes ont licu, mai en ens lllverse, à 1 epo
que de la premièl'e menstruation.
Dans ces etats divers en apparence, mais au fond tcnant à la
même cause, lcs eaux de Luxeuil jouis enl d'une très grande effieacité. Lcur propl'iélc spécifique de ramcner à l'état nOI'mal les
aberration de la sen ibililC, en fait un moyen pl'ccieux, et auquel
nul autre ne peut êtl'e comparé. à cc divel'se époques de la vie.
Dan les cas d'engorgement utcl'in ' , leur u age sel'ait pel'Dicieux, si ce engorgement' avaient quelque tendance à la dégénél'escence squirl'heu e, i fl'équente, comme on sait, à cette époque de
la vie de la femme. Enfin, duns le ca de pl'olap li utél'in, les
douchcs SUl' la région supubienne et sacrée concourent de la manièr'e la plus puis ante nu rélnbli ement de l' 0l'!;ane dnn son etat
normal; ce moyen produit de ré ultats ine péré.
lm
MA'TlSME AnTle LAIl\E, FIUI\EUX, MUSCULAIRE, VISCÉI\AL.
La douche humecte le nCI'f ' ct le remet dan leur ton na tul'el; elle rcnd le mouvement aux humeUl' qui ,ont en , ta e et
croupi antes, comme dans le rhumati me et autres infil'mite . e111blable , le ankilo e ,le rétractions cl' tendon .... Quand on e l
nllaqué de violentes douleurs de l'humalÎ ' me ....• il faut attend l' ,
que le gl'anùes cloulcUl' soient pa ées.» ( lorel, IDe. ciL)
« On use d eaux minél'ales chaude' de Lux uil eu bains, Cil
boi 'son cl en lavement , elon l'indication. li n'y a pa d'années
où \'on n'y \l'ouve de l'llumalÎ ' me (le toute e pèce, d s p:lI'aly.·
sic ct dcs douleur PUI,ticulières dan dilT"1' nt mcmbl'e , radicalemenl guél'is par \' u age de ' bain . Il faudrail de volum pour
écril'e toutes le' Cll['C qu'clic ont Opél'éc dcpui eulcmcnt 'pl
b huit an . » (Aubry, loc. cit.)
« 11 s'ensuit qll'elles doivent cll'e un l' mède pccifique pour
le engourdis cmcnls de IlCl'f', le difficulté de mouvement. des
mllscles cl des uI'lÎeulations. » (D .-T. Ga tel, lor . cit.)
«
�-
78-
Les caux de Luxeuil sont admirables POUl' pl'oduit'e ces effets
(la gttérison durhttmatisme). » (Fabert, lac. cil.)
Il y a deux choses à considérel' dans le rhumatisme, lorsqu'on
le tl'aite par l'usage des eaux minérales: les accidents actuels qui
le mettent en éviùence, et la disposition inconnue qui favol'Ïse leul'
reproduction, ou celle de manifestations analogues, à des époques
indéterminées.
•
Les accidcnts actuels paraissent constitués par un état particuliet' de quelque point de l'appareil musculaire ou des tissus blancs.
Cet état est-il cette modification des propriétés vitales qu'on appelle inflammation? Beaucoup de médecins le pensent; cependant,
ceLLe opinion souffl'il'ait de nombreuses et gt'aves objections.
Quant à la di posilion générale, elle est inconnue dan son essence; on ait seulement qu'elle existe, ct qu'elle affecte ordi nairement telle région ou tels tissus de l'économie plutôt que les
auLres.
C'est le plus souvent SUI' les organes extérieurs que le vice rhumatismal locali e ses effets . .Mais il n'est pas ral'e que par des
éCUl'ts de régime, pal' des médicaments qui lui impl'iment une direction anormale, ou mème quelquefois sans cause appréciable, il
pOI'le son action SUl' les vi cèl'e intérieUl";:). Une infinité de maladies de l'nppal'eil digestif, cél'ébral, l'e pit'atoil'e, gcnito ·urinaire,
n'ont point d'autl'e ol'igine. C'est pOUl' avoir méconnu toute l'étendue
d'action du vice rhumali mal, que des mépl'i es fàcheu es ont été
commises en pl'enant pOUl' des gastl'ites, ey!:itites, cnLél'ites, pCI'itoniles, mch'ile , et en les tl'aitanl comme telles, de affections pUI'ernenll'l1Umalismale .
Le Il'uitemcnt du rhumatisme a épui é l'al' cnal de la matièl'
rn ·,aicale, cL avec uu uccès équivoque: l'usage de caux thcrmale. , parmi le fJuelle cclles de Luxeuil tiennenL un l'an" i (li tingu ", e. \ encol'e lc moy Il Ic moi us incel'tain ù gucl'il' Ic accident
et c1 'éLeindl'C la fàch use di po iti n de l'économie t. les l'cpt'oduirc
plu tat'd.
L mode d'admini tt'ULiOIl vUl'ic elon le il'con lances. La mi n{'ralil'" la thermalitc modcrce, lu haute thcl'llllllil , Ic douch
gi·nél'olc. ou pllI"ti 'llr , tl'ouvcnl leul' applieation dan. les divel' (~
«
�-
79 -
indications auxquelles il y a à pourvoir. Il fauL pI'océdel' avec gradation: un tI'aitement mineraI trop énergique pourrait amener la
l'ccl'Udescence de l'état aigu; il est pl'Udent de n'employer, dès le
début, que la minéralite et une faible thcrmalité. Selon que les
pl'opriétés vitalcs répondcnt il J'action de ce moyens, on en continue l'usage, ou on modifie le doses de la minéralité et de la
Lhermalité.
onS'l'l\UCTlONS; ENGORGEMENTS VISCÉl\AUX; CAG1ŒXIE .
« Elles sont aussi un remède efficace pOUl' guérir .... les jauni sc', les maigreurs, les langueurs, les tumeurs ou obstructions lenle du foie, de la rate, du mesentèl'e, etc.
,) ElIes ont plus Loniques eL conviennent mieux que celles de
Plombières, dans tous les cas où il y a des obstructions il enlever.
» ElIes sont tl'ès périlleuses dans ce occasions où les vi cèl'e
sont a(fcclcs de dureté ou squil'1'he ... , d'un canccr, 101' que l'estomac, les poumons, le mésenlèl'e, les inle tins sont ulcerés ou a/l'eetés d'un abcès . » (D.-T . Gastel, loc. cil.)
En e(fet, pour que ces diveI'ses a/fection puisscnt recevoil" sous
l'influence des eaux dc Luxeuil, une solution favorable, deux conditions sont de riguem : la prcmièl'c, qu'il ne l'C tc plu vestige
d'inflammation; la seconue, qu'on n'ait pas à redouter la dégénél'C cence cancercuse ou tuberculcuse.
La pl'cmière dc ce conditions cst nppl'ecinble; en e t-i[ de même
de la dernièl'e? Dans un granu nombre de cas, Ics praticiens prudent hésitent: ce n'e t pas trop de toute les connais ancc que
ùonnc l'étude, réunies à une gl':mde aga ile naturelle, pour prend.'e tlne bonnc détCl'minalion.
Le moue ù'aùmini tl'ation consi te principalement dans l'u acre
U· eaux en boi son; les bains el le douches ne sont ici qu'auxiliai l'es.
Quant aux injcction8 dans le cu, d'engorgement ùe l'utél'US, on
ne peul le pl'e crirc comme l'ègle génél'ale; lorsqu'on croit devoi.'
les emploYCI', il ne faut jamais pCI'Cl!'e de Vlle qu'à 'oté du hesoin
�~.
80 -
tle modifier la vitalité, existe ici, souvent à un degré éminent., le
dano-er de la SUI'exciter.
"
MALADIES DE LA PEAU.
Ces eaux conviennent parfaitement bien à toutes sortes de maladies de la peau, comme dartres, tumeurs, gale, graLelle, démangeaisons et autI'es incommodités. L'expérience et la raison
s'accordent parfaitement bien à démontrer eeUe pl'opriété. » (D.-T.
Gastel, loc. cit.)
« Nous avons des preuves sans nombre que ces bains conviennent daos les maladies de la peau, dartl'euses , lépl'euses; elles
ont guéri (les eaux minérales de Luxeuil), l'hiver del'nier', un
soldat lépreux par lout le corps. )) (Aubl'Y , loc. cil.)
Cc n'est pas "ers les eaux minérales de Luxeuil que se dil'igent
les personnes aUeintes de maladies de la peau; je dois dil'e pourtant que sur le pelit nombre de celles que j'ai eu occasion de voir,
il a élé obtenu de succès remarquables, et qui confil'ment les assertions de Gastel et Aubry.
Mode d'administration: minéralilé, lhermalité.
«
co
STIPATION.
« Rien n'e 't plus propl'e à remédicr il ces désOl'dres que l'usage
de ces caux ( alines thermales) prises en boisson, puisque l'ien ne
peut plus sûr'ement rétabli!' le ton et le ressol't ûe ces partie (tube
digestif), di poscr' à l'évacuation, ct évacucr cu même temps le3
matièl'c étmngères et vi iées qui y séjournent. » (Gastcl.)
Fabert et MOl'el, passim, pnJ'lent dans le même sens.
Efl'ct de causes multiplcs, la constipation dcvicnt à son tOUl' la
canse ùc nomlwcux efl'ets; la mort peut même en être la suite.
Il n'cst pas question ici dc la constipation qui provient d'un
obstacle mécanique, ni de celle qui lient à une lésion organique
de quclques parties du tube digestif, ni même de celle qui entre jusqu'à un certain point dan l'OJ'dl'c de l'état phy iologiljue:
on sait que chez ccrtflinrs pCI'sonncs ln défécation nc s'opère que
�-
8i _ .
tous les "cux , quutl'c jOU l'S, sun~
qu'on puisse dire qu'il y ait ma
Indic.
La constipation fonctionnelle, resultan
t d'un effet dynamique,
est la plus fréquente; c'est à elle que
s'applique tout cc qui va êtL'c
dit. Le plus souvent, d'après les tmv
aux de M. O'Beirne, elle se
rattache à une sorte d'éréthisme des inte
stins, ct en particulier du
côlon descendant. Au nombre des caus
es de cette maladie, MOI' ·
gagny (épit. XXXlI) compte l'habitude
de manger et de boire benu coup moins que la nature ne pourrai
t le supporter. Colon de Corbigny l'attribue à une modification
de vitalité du tube digestif,
dont les effets s'exercent principalement
sur l'action sécrétoire des
cryptes ou de la muqueuse, qu'ils susp
endent ou diminuent con
sidérablement; il l'inertie du foie ou
du pancr~s
, cette glan(le sa
livaire ahdominale, inertie qui prive
les fèces (hl suc pancréatique
destiné, en les délayant, à faciliter leur
glissement, et de la bile,
dont la présence stimule doucement
la muqueuse intestinale, ct
provoquc unc sécrétion lubréfiantc.
(Colon de Corbigny, De la
constip.) On sait d'ailleurs qu~
les affections de l'tune et un genre
dc vic sédentairc y prédisposent singuliè
rement.
A ces causes réelles, il faut en ajouter
une autre qui ne l'est pas
moins, quoiqu'elle n'ait pas étc noté
e jusqu'ici, à ma connais sance, et qui tient il la nature du régi
me alimentaire. La plupal't
des malades qui viennent aux eaux se
noufl'iSSenl d'aliments très
succulents, soit par goùt, soit en con
sidération du mauvais clat
de leurs voies digestives. Or, de tels
aliments, quoique avec plus
ou moins de peine, se cllylificnt complet
ement, ct sont absorlJes dc
même; il ne reste que pcu ou point
de résidu excrémentiel, de
sorte que chez ces malades la constipa
tion est moins le trouble
ou la lenteur d'une fonction, que l'im
possibilité de son exercicc
par {Iéfaut de matières; car la défécatio
n n'c t possible qu'autant
qu'il existe dcs matières fécales; aus
si, les habitants de la campagne, qui ne sc nourrissent que d'al
iments grossicrs, ct tÏl'é~
la .pl.upart du temps du règne ,'égétal,
ne sont. IH'esquc jamais con·
stipes.
L' usage des eaux en boisson, en bain
, el sUl'lout en douche .;
SUI' la l'égion aCI'o-lombaire, produit
les pl~
beaux ('csullats dans
G
�-
82-
le traitement de celle affection. Il doit être secondé par un choix
d'aliments appropriés.
S'il arrivait que la constipation, au lieu de céder, s'aggravàt
pendant le cours de la médication minérale, il ne faudrait nullement s'en inquiéter. C'est un efTet primitif, mais temporaire, qui
se manifeste quelquefois; on obvie par quelques lavements aux inconvénients qui en résullent, en allendant que les effets définitifs,
qui sont ordinairement favorables, aient eu le temps de se produire.
Enfin, il est une infiniLé d'autres états pathologiques, moins bien
caractérisés, qui trouvent leur guérison auprès des sources minérales de Luxeuil. Le marasme essentiel, c'est-à-dire celui qui ne
reconnaît point d'afl'ection organique pour cause, et qui ne peut
être attribué qu'à une pel'vel'sion de l'inlluence nerveuse qui préside à l'assimilation, les migraines, les vomissements spasmodiques, les doulelll's résultant d'anciennes blessures, les l'ctractions museulail'es, l'atrophie, l'engorgement dcs ligaments et des
capsules articulait'cs, l'état variqueux, les anciens ulcèrcs, toutes
ces affections sont comballues par les eaux de Luxeuil, avec plus
ou moins de succès; et, par leur usage, on arrive toujours, sinon
à une guél'ison complètc , tout au moins à une notable amélioration.
Des principales lJ1.aladies qui sont aggI'avécs l,ar
l'usage tles eaux IIlinérales de Luxeuil.
~( Quoique ces eaux soient un remède exll'êmemenl sûr ..... , il
pcut arrivel' que, par le conseil d'un médecin qui n'est point au
fail de leurs opérations, elles peuvent devenir un l'emède dangereux dans certains eas, pal' exemple lorsqu'il se trouve des humeUl'S ou sérosites épanchées ou extravasées dans les cavités ùe la
Lê te , de l'abdomen, ùe la poiLl'Îne; ces eaux sont très nuisibles,
purce qu'elles peuvent augmentel' le mal, en gros issant le volume
des humeurs cxtl'avasêes. Elles ne conviennent pas non plus tlaus
les hydropisies ('onnl'mees; mais elles les peuvent prévenir en
levant le ob, tucles, cl rétabli 'ant les \'essorls des viscères. Elles
�-
H:i-
sout t1'ès pél'illeuses dans ces occasions où les viscères sonl affectés
de dUl'eté squirrheuse, d'un polype au COOUl', d'un cancer, 101' quI'
l'estomac, les poumons, le mésenlèl'e, les intestins sont u~cérs
ou aITeetés d'un abcès, Elles ne sont point pl'olwes à ceux qm sont
aflligés d'un asthme convulsif, d'une phthisie confirmée; on doit ell
liser avec beaucoup de précautions dans les inflammations lant illtel'nes qu'exlCl'nes, comme dans les attaques cie goulte, d'érési pèle, et génél'alement dans toutes le'l maladies de reUr nulm'e. »
(O. T. Guste\.)
« Elles peuvenl être bonnes à cellX qui n'ont pas enCOl'e d'épanchement dans quelque cavité, ct qui ont pourlant une gl'anùc disposition à tomber dans l'hydl'opisic, pourvu qu'ils en usent tt'ès
méthodiquement .... Mais 101' que la sérosité est épanchée dans la
pOilI'ine ou dans la cavité de l'abdomen, elles ne fCl'aient qu'augmenter le volume des eaux eXlI'ilvasces.
)) Elles ne conviennent pas ùans la phthisie, dans la toux, dans
les maladies des poumons ....
)) Les jeunes enfants et les personnes décrépites doivent s'en
abstenil'; il en est de même de ceux qui sont menacés d'a thme
convulsif, ou qui ont des convulsions, SUl'tOut si les lempef'Uments
sont délicats ct maigres; j'en dis aulant de ceux qui onl le poumon ofl'ensé, qui crachent le sang. qui ont une fièvre eonlinur 011
le mal vénérien.
) Quand on est attaqué de violentes douleUl's de )'hllll1atis!Ue on
de goulte, ou de colique néphrétique, il faut attendre qur les
grandes douleUl's soient passées. )) (1\101'el, 0]1. cit.)
" L'on ne peut pas dil'e que le eaux de Luxeuil aient la vertll
de guéril' toutes les maladies; il Y en a même pour lesquelles elles
peuvent être dangereuses. Les maux ùe Jloitl'ine ne sc guérissent
pas par des eaux thermales; au contraire, il deviennent qllelqu('
f~i. plus incurables .... On ne doit pa les ol'donne.' aux hydl'o
plfJues .... Comme il y a ùes roul's de ventre que les eau'\ minrJ'ales gUér'isselll, il yen a aussi cfu'elles peuvent augmentel'.
)) Les eaux minerales ne sont pas nn remède ronvt'nahle pour la
fièvre.
') Les eaux ferrées sont honlle: pOil l' erllx qui onl df's h('lllol'l'ha -
�-
8fl -
gies l1abituclles, soit. p:lJ' le nez, soit pal' les vaisseaux hémOI'I'hoÏ daux ... . Mnis les eaux thermales leur sont contl'uil'es .... Les
mêmes e:lUX thermales sont dangereuses pour ceux f[ui ont cu
(juelcjues maladies vénél'iennes, à moins qu'elles ne soient gllél'ies
radicalement..
» On doit interdire les mêmes eaux thel'males aux phthisiques. »
(Fabert, op. cit.)
La plural,t de ces assertions sont on ne peut plus exactes; et à
l'autoritc de nos dcvanciers, qui les ont émises, vient s'ajoutel'
tous les joUl's le lcmoignage de l'obsel'vation.
Il y a lieu cependant de rectifiCl' l'opinion qu'elles accl'éditent sur
le danger ·des eaux minér::lles de Luxeuil dans certaines maladies
mieux étudiées de nos jours, je veux dire les maladies véné1'Ïennes.
Il faut distinguer, dans ces maladies, l'état aigu de l'état chronique, au point de vue de leuI' traitement par les enux . Il est const:lté par des milliers d'observations que les urétrites et les vagini tes dépendantes d'un principe Vil'lllent, sont tl'aitées avec le même
succès par l'usagc des eaux minél'ales de Luxeuil, lorsqu'elles ont
passé à l'état chl'onique, queles blennOI'J'11ées et les leucorrhées non
vil'ulentes. J'ai YU une arthrite blenno,'rhagique guérie complètement en une seulc saison. De mêmc l'orchite vénérienne, après la
cessation de l'état inllammatoil'e, est puissamment combattuc p:lr
le même moyen. Je ne crois pas qu' il existe de médication dont Ics
résuHats, dans cc cas, soicnt plus cCl'tains ou plus rapides.
En ce qui concel'ne l'aU"ection syphilitique, nous possédon dans
le mCl'cme un moycn si efiicace pour en triomphcl', que l'occasion
a manclué de constate!' les crrets quc produirait )a médication mincl'ale employée comme agcnt curatif })l'incipal. Mais l'expéricnce
nous apprend que quclques bains, pI'is à l'établis emcnt de Luxeuil
pendant )e COUl'S du traitement d'unc maladie syphilitique, n'en
aggl'avcnt pas mêmc les symptômes pl'imitifs. Elle nous apprend
aussi CJLlC 101'squ'il e trouyc, chez un malade qui fait usage de ces
eaux poul'une maladie autrc que la syphilis, des symptômcs secon dail'cs 0y tertiaires de cetlc del'nière maladie, loin d'être aggravés
pm' 1" mcclication mincl'alc, ils en l'eçoivent une influence évidcm
nwnt bienfaisante. Cellc opinion l'rposc SUI' des fails nomhrrll x,
�-
St; ct observés avec ù'aulant plus de soiu que l'autol'Îte lie nos ~evan
..
ciers leur etait contI'ail'e. 11 est égalem ent constant que 1 u ag~
des eaux thel'males de Luxeuil n'a l'ien d'incompatible avec celUi
des prCpal'Utiolis iodUl'ces. Celle mCùica lion combinéc est employee
joul'llellement ct donne les résultats les plus satisfaisants,
Quant aux hydropisies , l'inopportunité de la médication minérale signalee pal' les anciens médecins est incontc stable; mais nous ne
!)ouvons admettre avec eux que les eaux soient nuisibles ùans celle
maladie, parcc qu'elles augrnentcntle mal en grossissant le volume
des caux extravasées. S'il en était ainsi, nous serions eonduils à
celle pratique, aujoUl'd'hui condamnce à juste titre, qui interdisait.
aux hydl'opiques l'usage ùe toute espèce de boisson, ct ne leU!'
pel'mettait que les aliments solides. Au contl'aire, nous n'hésitons
pas il leur fail'e pI'cndre , même en assez gl'ande quantite, ùes
décoctions, des apozèmes, des infusion s dilll'cliques, sans redoutel' d'augmentel' l'exlravasation, qui n'est qu'un efl'et des conùitions mOl'bides dans lesquelles se trouve l'économie, et qui doit
s'aggraver ou s'améliorel', selon que ces conditions empirent ou
s'améliol'cnt. A vl'ai Ùil'C, il cst assez singulier que les caux
minérales de Luxeuil, qui excitent notablement les reins et la
peau, et augmentent l'activité SéCl'étoil'e de ces ol'ganes , ne COIIviellncnt pas ùans une maladie que, ùans les médications ol'dinait'es,
nous attaquons SOllvent avec succès pal' les ùitu'étiques ct les sudol'iOques; que nous considérons même eomme guérie, ou en voie Je
gucl'ison, quand la diurèse et la diaphol'èse sUl'viennent, ct annonceut le l'établissement à l' état nOI'mal des fonctions des organes
eysti([ue et cutané. 11 faut chercher l'explication de cette anomalie
dans les mOlliGcations impl'im ées au sang ct aux. humelll's pal'
l'usage des caux.
Il n'y il rien à l'etrancher de ce qui a éte affirmé par les anciens,
l'elativement à l'usage des eaux dans les affections organiques dl1cœU\" dans la phthisie, tians les affections sfluin'heuses ou cancel'eu es; nous devons a.iouter, quant à ce demièl'es, que lu contl'ei~calon
exi~l
formellement, non-seulement quancl elle sont
cVldentes, mats même lorsqu' il n'existe qu'une simple lendance à
l'a de gcnel'escence cancéreuse ou luberculeuse. Dans ces cas ÙOIl.:-
�-
86-
Leux, la pl'udellce OJ'donne de s'abstenir d'un moyen qui peut
amener dans l'état du malade une détériol'ation dont les eITets seraient il'I'emédiables.
L'etat fébl'ile n'ndmet point la médication miuél'ale; l'étnt inflammatoire ne la eompol'te pas non plus; ce n'est que lorsque les
affections dont il est l'élément essentiel ou la complication ont
passe, par le laps de temps ou par une transformation naturelle,
~l la période de cl1l'onicité, et existent sans réaction fébl'i1e, qu'elles
deviennent accessibles à cette médication. Encol'e faut-il mettre la
plus grande cil'eonspection pour les doses de la minél'alité et le degl'é
de la thermalité. afin de ne pas susciter la réaction fébrile, signe
el précurseur ol'dinail'e d'une recrudescence de l'état aigu.
Enfin, la médication minel'ale est applicable aux hémol'I'hagies
essentielles, mais seulement hors le temps de l'irl'itation hémorl'hagique. En effet, dans ces intervalles, l'état gener'al, souvent indéLel'miné, qui tient les hémol'rhagies sous sa dépendance, et l'absence de tout mouvement fébl'ile, marquent leUl' place parmi les
maladies chroniques, les seules qui soient accessibles à la médication Pal' les eaux. Aussi, dans les cas de menstruation qui, pal' son
excessive abondance et par ses rcsultats, peut être considél'ée
comme hémol'I'hagique, l'usage des caux minérales de Luxeuil est
suivi de beaux succès. J'ai vu aussi des hémoptysiques, en r'etireI'
d'incontestables avantages sous le l'apport de la fl'équ ence dc leurs
accès: 101' que, pal' suite de ces hémol'l'hagies souvent répétées à
des inlel'valles plus ou moins éloignés, il existe une vél'itable anemie, les eaux minél'a les fCl'ru gineuses renùent des services signalés.
Toutefois, cette médication est délicaLe, a besoin d'être surveillée,
ct de n'êtl'e employée que dans une certaine meSUl'e. Il ne faut pas
que le conditions de l'économie qui donnent lieu aux hémol'rhagies pas ives, soient modifiées jusqu'au point de pouvoir donnel' lieu
allx hémorrhagies actives; si l'ancmie était remplacée pal' la pléthore, l'accès hémol'I'hagique ne lal'dcl'ait pas à se reproduil'e.
Tout porte à cl'oil'C d'ailleur que l'usage des eaux sel'ait perni cieux penùant l'hémol'l'hagie, au milieu de cet cnscmble de phénomèncs (\ 'él'cLhisme sa nguin el nerveux, qu'on a désigné SOI1S le
nom d'eITolt hCllIol'l'1wgiquc' un tel état nc pOIll'I'ail (fil' ct,' nggl'avé
�~
87 -
pm'I'excitation qui accompagne si souvent f'usage des eaux minél'ales.
Préeau tiolll!! ,1. l,relu lre avant , l,elula nt et aln·ès
l'usag e deI!! eaux .le Luxeu il.
La pl'emière de toutes, est de se bien assul'Cl' qu'il n'existe point
de conll'e-indication. La contl'e-indication est absolue ou relative:
absolue, quand elle tient à la natul'e de la maladie; relative, si elle
ne dérive que d'un état passuger de cette maladie, ou d'une complication accidentelle.
S'il existe une contre-indication absolue, il faut renoncer 11 l'usuge des eaux.; si eHe n'est que l'elative, il faut attendl'e que l'état
passager ou la complication qui la constituent aient cessé, soit
d'eux-mêmes, s'ils sont de nature à disparaîtl'e par le laps du
temps, soit par le secours des moyens orclinail'es. Avant de la traiter par la médication mincl'ale, il faut que la maladie soit l'éduite à
sa plus simple expt'ession; c'est assez dire que tous les agents de
a thérapeutique peuvent trouver ici leur emp(oL
Lorsque des contre-indications viennent ~1 surgit' pendant l'usage
des eaux, il y a lieu de rechercher si elles ont été amenées pal' un
mauvais mode d'administration, ou si elles se rattachent 11 des
causes ch':mgères; ainsi, dans les premiers cas, on aura à examiner si le malade ne boit pas une trop s,'ande qUMllité d'eau minéraie, si son bain n'est pas trop chaud, 011 ~I'Op
fl'oid , s'il n'y séjourne pas trop longtemps, si l'immersion n'e t pas Irop bl'Usque,
ou tl'OP profonde, si la douche n'est pas tl'Op fOI'te, ou t1'op prolongée.
L'cau ferrllgineuse, prise inté,'ieurement il sa température naturelle, p8.sse quelquefois difficilement, même dans les cas où. elle est
le mieux i.ndiquée; elle donne lieu à des pcsanteurs d'estomac, à
la colique, il des vomissements, au f,'isson, il un état genél'al
de malaise. Pour remédier à ces inconvénients, qui ne tiennent
qu'à la température de cette eau, il suffit de la fail'c chaull'er au
bain-marie, ou mieux, de la mélange!' avec une petite propo!'tion
d'eau thermale.
�-
88-
La dyspnée, les palpitations de cœur, l'oppl'ession, qui ont lieu
ùans le bain, les vertiIYes, les éblouissements, les syncopes, qui ont
lieu à la sortie du bain, la céphalalgie, la soif, l'inquiétuùe, l'insomnie, les rêvasseries, un mouvement fébrile légel' qui leur succèdent, dépendent le plus souvent d'un excès dans l'usage des
eaux, soit sous le rapport de leur minéralité, soit et surtout sous
celui de leur thel'malité: quand il en est ainsi, ces accidents ne
sont point une contre-indication. II n'yen a pas non plus par cela selLI
qu'il sUl'viendl'ait de la douleur, ou une augmentation des symptômes dans une affection locale; une tumeur blanche, un lombago, un engorgement viscéral sont quelquefois exaspél'és pal' une
forte douche, tandis qu'une colonne d'eau plus mince ou à moindre
pression pl'oduit'ait de bons l'ésultats.
La constipation cesse ordinail'emenl d'elle-même, apr'ès quelques jours; si elle persistait, quelques grammes d'un el neutre en
tl'iomphcI'aient aisément. Une pincée de nitrate de potasse daBs le
pr'emier verre d'eau minérale qu'on boit dans la matinée, produit
un effet analogue dans la dysmie, accident beaucoup plus rar'e
d'ailleurs que la constipation.
Si la diarrhée vient à se manifester pendant l'usage des eaux, il
faut les mêler à un tiers ou moitié d'eau ùe gomme; si elle persistait aprè l'emploi de ce moyen, il faudl'ait suspendl'e ru age des
caux, rechel'chel' la cause de la diarrh6e et la combattre par le '
moyen appropriés.
Une légère augmentation dans le symptômes essentiels de lu
maladie à laquelle on oppose la médication thel'mo-minél'ale, une
légèl'e surexcitation nerveuse, la las itude ou l'inappétence, pourvu
qu'elles ne se pl'olongent pas au delà du huitième jour depuis le
commencement de l'usage des eaux, ne doivent point inspirel' cl ïnquiétude, ni ètl'e con idér'éc comme des contre-indications; il
faut 1'6 el'ver ceLte dénomination et les con équences qui en découlent, à toute manifestation morbide au traitement de lac!uclle
la médication minél'alc n'est pas applicabl ; cn pal'eil cas, cette
médicaLion doit être su pendu ou abandonnée, et l'ell1placéc pal'
ll's médicaLion ol'dillaÎl'es.
y a-L·il utilité à as ocier ü ln m "dicatioD minrrale des 1110y<'[
�- 80empruntés aux mCdication onlinaiI'es? Une longue expel'Ïcnce l~e :;
eaux de Luxeuil me pOl'te à l'épondre négativemenl. Dans c~ra\l1.
ca où il parai sait y avoil' une indication bicn évidente, J al fUIt
concouril' l'usage, que j'avais lieu de croire très rationllel , de quc~
ques moycns auxiliaires, av ce celui des eaux, et je dois convenu'
que les résullats n'ont été ni plus prompts, ni plus satî faisants
que dans les cas analogues où la mCdicalion mincl'ale était seule
misc en œuvI'c; quelquefois même le conh'ail'c a eu lieu.
Ccs faits asscz nombl'cux, ct une foulc d'autres considérations
déjà exposécs, m'ont pl'ofondement convaincu que la médication
minéralc esl essentiellement spécifique; que l'opél'ation intime
qu'elle exerce, et les modifications qui en ont le produit, nouS sont
inconnues, et pm' con equent, qu'on ne peut l'ai onllablement prélendl'e d'aider par des moyens empruntés à la malièl'e médicale
ordinaire, à une action qu'on nc eonnait pas. J'ajouterai que le
malade qui l'éclament le bienfait des eaux ont, le plus souvent,
scion la remarque très judicieuse de M. Palis iCI' (Manuel des eaux
minérales) , usé et abusé des remèdes, et que la cessation de toule
espèee de médicamenls e t peut-ctre le premiel' des avantages
qu'ils ùoivent relirel' de leuI' séjour près des établissements d'eaux
minérales.
Tout ce qu'on peut faire, e' est de favorise r, par l'hygiène,
plutôt que par la pharmaeie, l'exel'eice de toutes les fonetion ,
mainte ni l' l'économic dan les conditions les plus régulièl'cs que
possible, la débana SCI' dcs complications qui peuvent se presenter,
ct s'en rcmettre, pour la cUI'ation dil'ecle, à l'action ùe l'agent milIcn.l\. 'l'clic me parait devoir' êll'e la règle générale de conduite.
C'est au mCùecin ,'el'sé dans la pratique ùe eaux, à appréciel' lcs
cas exceptionnels.
La medication minérale n'est pas exclusive de l'entretien, même,
s'il y a lieu, de l'ouvCl'tUl'e de toute orte d'exutoil'es .
. L'action des eaux pel'siste longtemp apl'ès qu'on a ce é d'en
faire usage; et comme la guérison ou l'améliol'alion doiven t del'i, er
ùe cette aetion , il s' nuit qu'il faut évitcl' toule médicamcnlntion
qui po1ll'rait avoir pOUl' clTct ùe l'intel'I'ompl'c, avanl qu'elle ait li
son plcin ct enLicl' elTet , t porté toules sc conScfl\lCIlCt'S. Ccpel -
�-
90-
dant, si une affection mOI'bide, un état sél'Îeux quelconque de
l'économie l'exigeait, le médecin ne devrait pas restel' dans l'inaction; il devl'ait agil' selon les principes de la thérapeutique géné··
l'ale. Mais, dans toute la conduite qu'il a à tenir auprès d'un malade
qui vient de faire usage des eaux, ses motifs doivent être puisés
dans les indications actuelles, et non dans de prétendue nécessités
créées par cet usage, à moins qu'elles ne soient évidentes, basées
sur des manifestations réelles, p03itives, et étrangères à toute vue
hypothétique.
L'expérience a démontl'é que cette persistance d'action des eaux
minérales n'a pas atteint ses dernières limites, avant un mois ou
six semaines depuis la cessation de leur us~e.
Pendant cette période, l'observation rigoureuse des pl'éceptes hygiéniques est la
seule précaution à pœndl'e pour obtenir le complément des bienfaits des caux; elle suffit ordinairement aux eJC.igences d'une telle
situation.
Ilygièlle tics IlIRala.les qui font usage tIcs caux
Illillé"',,les.
Vêtements . Une des fonctions de l'économie que l'usage des eaux
minérales' active le plus est celle ùe J'organe cutané; et ce surcl'oÎt
d'énergie qui lui est imprimé, ainsi que les effets secondaires auxquels 11 donne lieu, pal'aissent êtl'e une cÎl'constance favorable à la
guél'ison. Il est donc d'une extl'ême importancc de ne pas dél'angcr
ces effets salutaires, cette tendance précieuse à l'exhalation; ce qui
ne manquerait pas d'avoü' lieu, si pal' le fait de vêtements trop
légers, on lai sail la vaste sUl'face de la peau facilement accessible
au fl'oid et à l'humiditc. C'est pl'incipalement avant le lever et
aprè le couchet' du soleil qu'il faut redouhlel' de précautions. A
Luxeuil, cl plus enco l'e à Plombières, le thermomètre, consulté à
deux heures de l'après-midi ct à neuf heures du soi,', présente
quelquefois quinze ùegrés de différence. Celle connaissance toute
seule peut suffil'e pOUL' faire nppréciel' l'indispensable nécessité de
s'habiller chauùement.
Veille; sommeil. Il est impossible de générnlisel' sur e('lle matièl'e.
�-
91 -
De mème flue cel'laines personnes ont besoin d'une plus ~1'3ÙC
fluantite d'aliments que d'autl'es, de même aussi un sommetl plus
long est nécessaire à quelques individus.
La nuit est le temps qui convient le mieux au sommeil: l'on ne
salll'ait trop blûmer l'habitude de ces personnes qui ne sc couchent qu'à une heure du matin et ne se lèvent qu'à dix ou onze
hemes; d'ailleurs, un tel regime n'est pas compatible avec les néce sites du baigneur ou du buveur d'eau minel'ale.
Aliments. L'alimentation doit être suffisante ct non exagérée. Les
viandes tendl'es , rolies, houillies, gl'illées ; les fruits bien mûrs,
les confitures, etc., doivent en être le fonds. Point d'épi ces ni de
sauces de halll-goùt.
Un vin legel" vieux, point acerbe, ni ll'OP alcoolique, ll'empé ùe
sufiisante quantité d'cau, est la boisson ~a plus convenable.
Affections de l'drne. Les malades doivent éviler, aulant. que possible, pendant l'usage des eaux, toutes les émotions capables d'altérer la Vaix du cœUl' et la trauquilitc de l'esprit. Ils doivent s'abs·
lenit' ùu jeu, non de celui auquel on sc livre à titre de l'écréalion
et pal' passe-temps; je pat'Ie dII jeu ell'I'éné où 1a passion cL le déSil' du gaio euls eotrainent, plutôt que l'illtention de passel' une
heure agréablemenl. Cette altcl'Dalivc de joie et de ('c gret, d'espe_
l'ance et de déception, qui agite le joueur, boulevel'se cette égalité
d'âme sans laquelle il n'est point de bonheur, ruine la santé la
mie\Lx assurée, 11 plus forte raison celle qui est r,hancelante.
L'exercice. L'exercice doit être modéré, ct ne jamais aller jusqu'à la fati gue. Quelques tours de pl'omenalle dan les bois, quelques excursions un peu plus lointaincs da !.s la cam pap;ne et dans
les villages voisinR, quelques comses à cheval ou en voiture, tellc
sont les distraction les plus al ées à se pl'ocmel', et en même
tcmps les plus bienfai antes. La lecture, la musiquc, la danse, les
réunions au salon des bains, la fl'equentation d'une société qu'on
peut choi il' 11 son gré, en fOl'mel'onlle complément, cl comblel'ont
pOUl' le malade, pendant son séjour aux eaux de Luxeuil , le vide
momcntanément el'cusé dans son existence, par l'absence des l'elations de l'amilié, des jouissances de la famille et des chat'mes du
foyel' domeslique.
�OBSERVATIONS.
1. NÉVROSE
DE L'APPAREIL MUSCULAIRE; GAS'l'LlALGIE.
N ... , chalTon, âge de 3l~ ans, bl'un, embonpoint médiocre, bicl1'
constitué, ayant joui jusque-là d'uuc sante parfaite, et ne se trouvant sous l'infiuence d'aucune dyathèse mOl'bide, fut attcint ell<
18ld d'une fièvre typhoïde.
A peine convalescent, ct lorsquc la perle dcs forces n'avait pas·
cncorc été répal'ée, il se li VI'a à dcs ll'avaux pénibles ct continus:
dès lors, doulcllI' dans Ics musclcs, principalement dans les intcrcostaux, gêne dans la rcspil'ation, sensation de ressel'I'ement du
thorax, fatigue considél'Uble au plus IÙgCl' travail, débilité toujours.
cl'oissante.
En 1842, ces symptômes, sans avoil'complclemenl ùispal'U, s'é-,
t::1ient ccpendant améliorés : la gènc dc la l'espiration et. la constriction thol'aciquc avaicnt fait place à une doulcur sourde, mais
importune, dc l'bypocondl'c dl'oit, avcc tcnsion ct gonflement sentis
p::1I' le malade, mais impossibles à constate!' pal' lc palpcr. Appétit
exagél'é, digcstion péniblc, hOl'borygmcs, rapports, céphalalgic,
faiblesse remat'quabtc, tl'::111spil'ation abondante ayant lieu spontanément, amaigrisscment, apYI'exie, point de lésion ol'ganique appl'éciabtc.
Tcl était l'élat où il sc ll'ouvail 101'squ'il al'!'iva il Luxcuil Cil'
18E,l, ; il pl'it vingt-un bains, but dc l'cau du bain dcs Dames, cl
reçut huit uouches cn UI'I'osoi,' SUI' tes l'égion UOUIOuI'cllses el. SUI:
l'épigastJ'c.
�- 03 de LuxC'uil , nulle amélioration appm'Cllle, la fai bic c semhlait ID "me avoil' aunlnentc; mais ùeux moi plu tanl
D
l'améliol'ation commença à e manife tel', ct fit de tcl pro"'l'c. .
qu'aujoul'll'hui, un an après, son état est à peu près nOI'mal.
011
dt~pal'
2.
MÜLlTE .
N.. . , Savoyard, fOI,t, vigolll'cux, constitution athlétique, âgé ù
21") ans, cxc\'çait le méticl' dc l'émoulcUl'; il n'a jamai élé maladc .
Il y a un an qu'il alla travaillel' aux fortification dc P3I'i ; d.lIls
Ic cOUl'ant dc l'hivcl', il oulTrit bcaucoup des ri"'ucUl's dc la aison; au printemps, il quitta Pal'i ct vint 11 Langre , pOUl' travail ler aus i aux fortification dc ccllc villc, el fut employé à chargCl'
les tombel'eaux, tl'avail lt'è pénihle.
Pcndant qu'il travaillait à Pari , il éprouva à divcl'sC repri e
ùe douieUl' ùan la région lombail'e. A Vmgre , cc doulcurs dcviOl'ent permanentes; en m~e
temp , il SUl'vint unc faiblc e cousidél'ahle dan le jambes, de la dillicullé dan la défécation ct l'émi sion des \.ll'incs.
Aujourd'hui, douleur sourùe et pcrmanente dans la ré<"ioll
lombail'c, sensibilité eonsidél'ablcment diminuée cl abolition (lu
mouvement des jambes, trcmblcment dan l'une d'elle, in en ibilité de la vc sie qui c vide par l'cgol''''cmcnl ; , la nuit, il mine
dans Oll lit sans Ic cntir; l'al'ctc ct difficulté. de scllc .
Tous Ics autrcs organc et toutes les ault·c fonction à l'étal
nOI'mal.
Il n'avait encorc pris que quatrc bains, que déjà il n'urinait plu
clan 011 lit, ct que la sensibilité revenait aux extl'émité ; après
avoir pli quarante bain et vingt douche , tant ur les membl'cs
que Sur la l'égion sacro-Iombail'c, il allait, t\ l'aidc culemcnl d'un
bâton, d'nn bout de la ville à l'autrc, c'c"t-t\-di.'c (\ prè d'un kilo mètre de di lance. 11 avait aus i failli flgc en boi . on de l'cau du
hain de DameR.
�-
3.
Ul, -
DO\.JLEUI\ SCJATIQUE; SUI\EXCITATION NEI\VEUSE .
N... , taille moyenne, peau et cheveux très bruns , embonpoinl
médiocre, assez bien constituée, sans profession , trouvrmt un certain degré d'exercice dans les soins de son mcnage, se livrant
beaucoup d'ailleUl's aux idées religieuses et aux pratiC{ues qui en
découlent., est âgée de 29 ans.
A l'âge de 19, elle éprouva une forte émotion pal' une épouvante, et, pl'esque imméùiatement après, une céphalalgie atroce
avec photophobie: on était quelquefois obligé de sousll'aire ses
yeux à l'action de la lumière pendant plusieurs mois. Lorsque la ,
céphalalgie se dissipait, tumeUl's au cuil' chevelu, sensibilité exquise à la même partie,
A l'âge de 21 ans, apparition de la première menslr'uatioll el
apaisement momentané des phénomènes morbides: un an après,
suppression des règles: dès ce moment, lassitudes, douleurs noctUl'nes dans tous les membres, gonflement des pieds, palpitation de
cœm', constl'ÎcLÏon à la gOl'ge , bàillements, pesanleUl' clans la l'égion lombaire. A l'âge de 23 ans, l'elour des règles, et nouvel
apaisement des symptômes: cependant, les doulcUl's dcs mcmbres,
quoique moins intenses, persistent, ct la céphalalgie J'evient chaque
pl'intemps,
Aujourd'hui , névralgie sciatique descendant habituellement jusqu'au genou ct souvent jusqu'à la plante du pied; peu de céphalalgie, impl'cssionnabililé considérable, constriction de la gorge
moins intense el bâillements plus rares qu'autl'efoi s, palpitations de
cœur [t la moindre émotion, mensll'Uation pal'faile,
.La saignee souvent répélée a été le seul moyen de traitement
mis en usagc ju qu'à cc JOUI'.
Aucun de ses purcnt n'a élé affecté de malauies rhumatismales.
Trenle bains à 28° R.; cau clu bain ùes Dames cn boi son. Après
scs tl'entc bain elle était guel'ie aux Il'ois f\1U1I'I,S : quatl'e mois
après, elle n'avait plus de mal.
�- Oa il.. NBVl\OSE
DE 1: APPARE\L MUSCULAIRE.
N... , bien constitué, brun, peu chm'ge
d'embonpoint, est âgé de
22 ans.
A l'âge de 17 alls, apl'ès avoir battu en
grange toute une nuit,
tl'llVail qui exige des errol'ts muscula
ires puissants, il se tl'ouva
fl'appé, le lendemain, d'une sorte d'im
mobilite genel'ale, d'endolo rissement dans toutes les parties du COI'
pS.
Un mois après, cet accident avait pl'esque
entièrement cessé, lors que, en chargeant un sac SUI' ses épaules
, il se sentit, dit-il, comme
piqué à l'estomac; depuis lors, bâillem
ents, spasmes des muscles
abdominaux, détermines par la pl'ession
et se faisant se!ltil' se~on
une direction verticale du pubis au thol
'ax; constipation; palpItation du cœur, dyspnée pour peu qu'il
précipite sa mal'che.
Cet etat fut comhattu pal' cinq saignées
et autant d'applications
de sangsues sur l'épigasll'e, dans l'esp
ace de quatre à cinq mois;
dl'ogues de plusieUl's ortcs, conseillées
par les commères; les sang sues furent le moyen qui parut le plus
utile.
Avee le temps, cet état morbide s'était
usé peu à peu, et quatl'e
ans après les premiers accidcnts, il ne
restait au malade qu'un peu
de faiblesse et des ballements importu
ns à la région épigasll'ique.
Pell'dant l'aulomne ùe 184[1, il la suit
e d'efforts pénibles (batll'e en grange et vanner), le malade eut
une l'echule; voici son etat
actuel: l'appetit est très bon, mais la
digestion est difficile; après
l'ingestion des aliments, il se produit
dc la gène et unc sensation
de gonncment il l'estomac; lc vin nuit
, le lait fait du bie n: points
douloUl'cUX sur divcrses parties du COI'
PS, notamment il l'épigastre
ct à la région du cœuI'; dyspnée, cep
halalgie, faiblesse musculaire, soif, amaigl'isscment, ctat moral
comme chez les hypocondria'lues : tout le reste dans l'élat natu
rel.
Vingt ct un bains il 27° R.; eau d'hy
gie en bois on jusqu'au
sixième bain, ct, "près, eau du bain
ùes Dames.
Dès le septième bain, les spasmes de
l'e lomac et les palpitations de cœm avaient nolablement
diminué: à son dépuI'l ùe
Luxeuil, pas d'autre améliol'alÎon;
quall'e mois apl'ès, retour
complet il l'élat où il se trouvuit pendan
ll'automne de i8MI.
�a.
UÉPATALGŒ.
N.... est âgée de 58 ans; taille au-dessous de la moyenne; très
bl'une, peu d'embonpoint, les lèvres epaisses, les surfaces articu
laires IUl'ges et saillantes : elle a eu six enfants.
Il y a quatl'e ans, l'accouchement qui tel'mina sa dernière gl'OSsesse n'allnnt pas assez vite, on administra le seigle ergoté, et l'ac ~
eouchement eut lieu aussitôt; mais une demi-heul'e s'était 11 peine
écoulée, qu'une douleur intense se manifesta à la région épigastrique; cette douleur qui ne détermina point de réaction fébrile ,
et permit que les suites de l'accouchemeut ne différassent en rien
de celles d'un accouchement natmel, pel'sista fort longtemps et fut
combattue pat' des topiques de toute espèce, ct pal' de nombl'eu ses applications de sangsues.
Il faut noter, comme coïncidence l'emarquuble, qu' une petite ulceration à la cloison des fosses nasales , qui a\'uit existé pendant
cette del'nière grossesse et quelques-unes des pl'écedentes, dispal'Ut
subitement et ne s'est plus manifestée depuis.
Deux ans et demi apl'ès, cette douleur, qui avait eté apaisée
mais jamais totalement guérie, sc manifesta avec une telle recrudescence d'intensité que la simple pression du drap était insuppOl'table, ct tout mouvement impossible. Lu malade demeUl'a trois
moi:; dans son lit.
EnOn, l'hiver derniel', la douleUl', l'eduite pOUl' ie bas-ventl'e il
une impie sensation de br'ûlul'e ct de malaise plus ou moins in commode, sc pl'opagea VCI'S la région du foie : pendant les paroxysmes, qui quelquefois dUI'a ient plus de trois heures, il yavait en [l tion d'une cheville tl'aver ant la partie infél'ieure du thorax ;
d'ailleUl's, la douleu!' remontait jusqu'à l'epaule.
Pendant les quatre ans ùe la maladie que cetLe douleur a COll LÏ tués, Mm" N... n'a eu ni tcn ion ni gonllcmeIlt à l'abdomen, mais
seulement un peu dc sensibilité au touchet' ; l'appétit 3. toujOUl'S été
mod6t'é, ct les médecins Ile lui Ollt point imposé de ùi ète; constipa,
tiOIl, houell e amè,. le matin ,
Aujoul'd 'hui , pas le lHoindl'C in(lice de I ( ~s iol OI'gnllique abdomi -
�-
97-
'uale; digestion penible,
appétit incomplet, selles
rares ct ~.u'on
peut obtenil' qu'à l'aide de
ne
lavements, menstruation
l'eguhere. Les
fonctions cérebrale, circu
latoire ct respiratoire,
s'exercent dans
toute leur intégrité.
Bains il 28 -2 9° R. ; douch
.
es en arrosoir sur la région
abdomInale; eau du bain des Da
mes en boisson.
A son départ, après avoir
pris dix-neuf bains et douze
douches,
améliol'ation considérable
sous tous les rapports.
6.
GASTI\O-ENTj.:I\ALG
IE
DE
ATURE
nHU~IATlSMLE;
PI\URIT
VULVE .
DE
l, A
Mademoiselle N... est âgé
e de 40 ans, petite, brune
, teint très coloré, bonne constitution,
réglée à .J.(1 ans , n'ayant
eu
d'autre pas sion que celle de l'étude.
A tG ans ct demi, rhuma
tisme inflammatoire ave
c fièvre -qui
suivit successivement tou
tes les articulations.
Vie très calme et exempte
de maladies jusqu'à l'âge
de 52 ans .
A celle époque, séjour dan
s un pays beaucoup plus
fro
id: un JOUI',
étant sortie vêtue trop lég
èrement, elle eut à subi l' un
froid assez vif;
le soir, malaise extt'ême
qui se manifestait par des
vapeurs, pat' une
s~natio
de gonflement à la région
épigastrique, pal' des éru
tions ct des douleurs tle
ctacolique all'oces. Depuis
lor s, cel état de
choses s'est repl'oduil il
des intervalles plus ou
moins éloignés,
tous les huit jOU l'S, tous
les quinze, tous les moi
, plus ou moins
souvent, selon les condit
ions atmosphérique auxq
uelles elle était
très sensible, ct, aussi,
selon le plus ou moins de
mena gements
(lU' elle apportait dans son
régime : les f,'uits, la
pâ
tisserie, les
cl'Udités lui étaient tI'ès déf
avorables et provoquaient
le l'etour de
cl'ises; elles duraient ord
inairement d'un à trois jou
rs.
A diverses époques, ces
paroxysmes ont été rem
placés pat' le
lomb3go, et même une foi
s par une névl'algie sciati
que qui fut de
peu de durée.
A l'âge de trenle-huit an
s, il sc manifesta une
névl'algie Cl'tt nienne ct maxil\3il'e qui
cima deux an cl occasi
on
na
la chute de
presque toutes les llents .
7
�-
H8 -
"Enfin, un peu plus ttll'd , cellc névralgic fut l'cm placée pUl' une
:mtl'c aITectantles parties génitales, ct cal'actél'isée pal' une sensation de bl'l\lure dans la vulve et dans le vagin . Cette névralgie est
cellc qui cxi te aujourd'hui, ct pOUl' laquelle Mlle N.... est venue
réclamer le bienfait des eaux de Luxeuil; elle est pcrmanente,
sauf dcs alternatives avec de violentc dOllleUl's de coliquc; lorsque
celles-ci cxistent, la moindl'e alimentation cst impossible à causc
du gonflement auquel elle donne lieu, et la diète est le seul moyen
qui en tl'iomphe; IOl'sque, au conlL'ail'e, l'appal'eil génital est le
siége de la fluxion nerveuse, les organes de la digestion fonctionnent comme dans l'état normal. Depuis un an et demi, les
alternatives avaient cessé et l'appnt'eil géni.tal était seul affecté;
mais aprè quelques bains, ces alternatives se sont l'établies.
Vingt-un bains, quinze douches; cau du bain des Dames en
boisson.
Résultat. A son départ de Luxeuil, cessation complète des doulems névralgiques de toutc sorte.
7.
AMÉNOl\I\I1ÉE, llYS'l'ÉI\IE.
Mlle N.... , âgée de 2i ans, taillc moyenne, blonde, dodue,
apparence de tempérament lymphatique . et pourtant d'une excita- .
biUté nerveuse considérable, non enCOl'e réglée, fille de cultivaleUl', a eu des ennuis profonds et prolongés, dans lesquels le cœU!'
n'était pas intéressé. Elle est malade depuis deux ans, ct depuis
quatrc mois dans l'impossibilité de marcher.
Sa maladie, qui a fait des pl'ogrès incessants, a toujours consisté dans une faiblcsse permanente des membl'es infél'ieurs et dans
un état spasmodique se repl'oduisant souvent aux moindres causes,
ct simulant la catalepsie; eonstl'Ïetion à la gorge, bâillements
ft'équents, sensation de tension dans le bas-ventre, raideur cataleptique, nul trouble fonctionnel de la circulation ni de la digestion. sauf pendan t lcs pal'oxysmes; alors, il Ya dyspnée et irrégularité du pouls.
Tl'Cllle bains; douches sU\' la colonnc vertébrale ct SUI'lout sur
�-
Hl) -
la l'cgion sacl'o-lombail'c Cl sur les l'égions hypogasll'iques lalcl'ales ;
eau du bain des Dames en boisson,
Avanl son tlépUI,t des eaux, amélioration notable; bientôt apl'ès ,
appUI'ilion Jcs règles, cessation des spasmes ; elle fait quelques
pas; un mois eL demi après , clic marchait pm'faitement.
8,
AFFECTION DE L'AUnCULATlON lcÉM01\O-TInIALE; ANCIENNE ENT01\SE ,
Mademoiselle N, ... , fille de cultivateurs aisés, grande, brune,
pal'aissant bicn constituée, mais J'un tcmpérament suspect, car
elle a lcs surfaces articulait'cs très larges; elle a perdu bcaucoup
de dents pal' suite dc fluxions el elle a été atteinte d'un goîLl'e donl
elle a cté débarrassée par l'iode et ses préparations; est âgée de
57 ans; elle fut réglée 11 17, eL pendant son enfance et sa jeunesse
peu sujette aux maladies,
A l'âge de 28 ou 29 ans, ayant voulu se coiffer en cheveux,
elle eut fl'oid à la tête, et il lui survint unc céphalalgie qui dura
fort longtemps Ll'ès intense, et qui, qùoique moins fOI'tC , a pel'sist6
jusqu'à cc jour.
A l'âgc de 5h ans, ellc sc fit unc entorse gl'ave au pied droiL par
unc chute; celle entol'se fut traitée dès le pl'incipe pm' l'eau froide
et par un l'CpOS de cinq semaines. LOI'squ'elle comen~a
à mal'chcI'
à l'aide de héquilles, elle éprouva de la douleur dans le genou,
accompagnce tle faiblesse; cet etat n'etait point pel'manent; il paraissait et dispat'aissait; mais il était tOUjOUl'S aggl'avé pUI' la
marchc ct la fatigue; absencc de gonflement.
Elat actuel: Fai\}lesse et l'aidcUl' du genou, gêne pOUl' la marche ;
la malade ('apporte la sensation péni\}le qu'elle épl'ouve en mm'chant à la région poplitée el infél'ieUl'e de la rotule. Point de Icsion
matérielle; un peu de tuméfaction à peine appréciable el d'ancicnne
datc, au-dessous de la malléole. La pression ne développe aucune
douleur.
Vingt bains, huit douches et un bain de vapeUl's; point d'U1nélioration à son dépUI,t de Luxeuil, si ce n'est sous le l'appol't llc la
céphalalgie.
�-
9.
~t
,
I ~ T"
100 -
".IIIIOi'llom:·, ENGORGEMEN'l' DU COL \)E \.'
\TE ,.
LEUCORRnÉE; YPI/ILlDE..
Tlm
s:
Madame N .... , boulangère, tlgee de 51 ans, gl'anùe , bl'une ,
peu d'embonpoint, devint enceinte à l'âge de 23 ans de on pl'emiel' enfant; gro sesse penible: entl'e ault'es incommoùité , il se
déclara un écoulcment vnginal, qui fut combattn par les J'afl'alchissants et par des injcctions émollientes. L'époque de l'accouchemen t
étant arrivée, le tl'avail marchait tr'op lentement au BI'c de l'accouchenr, qui administra une potion el'gotée dont le l'ésultat ne se fit
pas attend.'e; aussitôt après l'accouchement, metd te aiguë qui
néec ~ ita un traitement appropl'ic.
A peine convalescente, Madame N .... se livl'a aux tL'avanx (le
sa pénible profe sion; la métl'ite, incomplétement guel'ie, revètit la
forme chl'onique; des soin convenables lui furent donnés, ct ù l 'f l g~
<le ll'ente an , elle mit au monde un enfant bien pOI'tant.
Cependant, son état n'est pas l'état encore nOI'mal; clle épl'ouve
eonstnmment de la douleUl' aux reins et une sensation de b.'Lllure
ùans le cui se ; elle n'a pa repris l'embonpoint qu'elle avnit
autrefoi ; ses règles sont l'égulièl'es, mai précédées et suivie de
fieur blanches abonùantes; il ya en ation d'une boule au phat'yn:;
le col de l'uterus est un peu sen ible au toucher; enfin, dcpui sa
dernière grossesse, de taehe hépatique se sont manifc tée à la
peau, et des aphthes et de excoriations aux lèvres et aux gencive.
D'après quelques-uns de ee symptômes, il a paI'U il pl'OpOS de
fail'e eonCOUl'ir l'u nge 11 l'intérieul' de l'ioùure ùe pota sium , avec
les moyens de la médication thermale et minél'ale.
Vingt-un bains, quinze douches; cau du bnin ùes Dam cs Cil
bois on.
A son dépat,t, amélioration considérable SOU" tous le: rappol'\' .
10. co 'GESTlON
CÉRÉBIIALE; PAIIALYSm.
Madame N.... est âgée ùe 68 ans, vive, alerte, ayant tau le
signcs exlericUl'. d'un tempérament 'anguin , et aynnt IOUjOlll'
�-
{01 -
joui d'une excellente santé, sallf des douleul's lombail'e. , uuxquelles elle est tt'ès ujelte, ainsi que tous les membres de . su
famille.
Depuis quelque temps, on l'em:ll'quait chez elle un peu de gêne
dans la pal'ole; enfin, il Y a six mois, vel's le mois de févl'ier, sans
autl'e pl'odrome et sans cause déterminante connue, elle fut tl'ouvée
élend lie dans sa chambl'e , sans connaissauce; elle resta dcux joUl's,
sans l'epl'cndl'c l'usage de scs facultés intcllcctuelles, le côté droit
immobile, la bouche déviée il gauche; céphalalgie, insensibilité ,
dans les membl'es. Une saignée fut pratiquée, clt les membr'e
flll'ent fl'icLionnés avec une pommade stimulante; absence de douIcUl' ùaus les mcmbres paralysés.
Aujomtl'hui. faiblesse dans les extrémités, marche difficile,
pUI'ole embarrassée, tl'aces de déviation de la bouche, affaiblissement notable des facultés intell ctuclles; pouls plein, développé;
appétit sUl'excité , ventre libl'e, langue .un peu rouge ..
Vingt bains; dix douches sU!' les membl'es et le rachis.; eau
savonneu e clès le principe, et, un peu plus lard, eau du bain d~s
Dames en boisson.
Avant de quiller Luxeuil, améliol'ation notable dans la force
ll1\lsculail'e; elle s'habille, eutre daus son lit et en sort, sans aucun
ecoUl'S étranger, ce qu'elle ne pouvait fail'e à son arrivée. Elle
peut même, sans aiùe, entrel' clans sa baignoil'e et en sortir.
H ..
HEl
vEnsEME. or
DE L'un\:I\Us; FLi\TUOSl'l'ÉS UTÉIUNES.
Madame N... _, âgée d'environ 28 ans, grande, belle ct forte
constitntion, lempél'ament sanguin, fut l'églée à i 6 ans; la PI'Cmièl'c men tL'ualÏon s'établit difficilement. Il y a denx ans ct demi,
clic eut un accouchement pénible, et que, vu la leuteU\' des cfforts
de la nalul'e, l'accouchcUl' cml ùevoit' terminer pal' lc forceps.
Le stlÎtes ùe cct accouchement furent plus longues qu'elles
ne le sonl dan les cas Ol'dinail'es; la marehc et la station debout
t:taienl fatigantes et faisaient éprouver à la malade unc scnsation.
ùe malaise fo\·t incommode; cet ètat dUl'a quelquc temps et dispa
~.
l'ut spontanémcnt. Il y a six moi. , eettc même sensation s'est ma-
�-
-10'2 -
nifestée de nouveau; mais celle fois ce n'était plus l'abdomen, mais
bien l'estomac qui en était le iége ; légère leucol'I'hée, . renversement considél'able de la matl'ice, le museau de tanche rcpose SUI'
le sacrum. Depuis ll'ois ou quatl'e mois, flatuosités utérines; la
malade sent très distinctement des gaz sortir de la vulve; ces gaz
sont inodol'es; celle sortie a lieu plusiems fois le joUI'. Quelques
symptômes d'hypocondl'ie; Cl'ainte de ne plus devenir mère.
Bains tempél'és; douches SUI' les régions lombaires et hypogastriques; eau de la source d'Hygie en boisson.
RéS1tllat. A son départ de Luxeuil, améliomtion sous tous les
rapports; dix mois apl'è , elle accouchait d'un bel enfant; santé
parfaite.
{2.
I.EUCOJ\!\TTÉF.; IIYS'l'lmm.
Madame N... , fille d'une mèl'e fortement rhumntisée , a été
mariée à 2{ ans, et est âgée aujoUl'd 'hui de 52; blonde, obèse ,
ehairs molles, tempéramentlymphalique, et, malgl'é ce attributs ,
excitabilité morale con idél'able.
Depuis l'âge de vingt-quatre ans, écoulement leueorrhéique
assez abondant pOUl' constituCl' une incommodité et pas assez pour
être une maladie. A 27 ans, fausse couche. A 28 , couche double;
la grossesse avait été pénible; souffrances continuelles, impossibilité absolue de sc coucher pendant les trois del'l1iers mois; vomissements, anorexie et constipation qui pel' istent enCOl'e aujoUl'd'hui; tels furent les pl'incipaux phénomènes morbide auxquels
clic donna lieu. Les suites de l'accouchement n'avaient pas été tl'Ol)
mauvaise ; car un mois après, elle allait pa sablement; elle relwit
même un peu trop tôt ses occupations ordinaires, descenùit au magasin, leva des poids trop lomd s, et, dit-elle, sc sentit dérangée.
Alors, la leucol'rhée devint abonùante: pesanteul' du vcnll'e, ensalion de malaise eL ùe défaillance dans la l'égion hypogastrique ,
néces ité de portel' une. ceinture, san laquelle la marche et la staLion étaient ahsolument impos ible . Cet état durait encore tl l'âge
de 30 ans, 101' que, pal' Suile ùe l'impression d'un ail' fl'oiù eL
humide, il lui urvint une violente céphnlalgic, ct pat' Hile de
�- ~05
lJùUI'donnements d'oreilles fort incommollcs; en même temp , il s
manifesta chez elle un état spasmodique, dont les pat'oxysmes
avaient lieu surtout lorsqu'elle avait éprouvé quelque émotion un
peu fortc pendant la journée; alors durant la nuit ellc était prise
d'une espèce de cauchemal', avec abel'l'ation d'idées; clle épl'ouvail comme une sensation de gonflement et de tension abdominale
avec 0ppl'ossion; elle sortait de la maison et se mettait à cour il'
sans savoil' ce qu'elle faisait ni où elle allait. Revenue à elle, elle
éprouvait une espèce de fourmillement à la tête, au sinciput, et
une forte constriction à la gOI'ge.
Elle était ùans cet état, lorsque, à l'tIge de 5i ans, elle vint
prendt'e les caux de Luxeuil.
L'usage des hains tempél'és, des douches SUI' les régions lombaires et abdominales, et de l'cau de la soU\'ce d'Hygie co boisson,
fit cesser entièl'emeot ou à peu près la céphalalgie, mais non les
bourdonnements d'oreilles, modifia la vitalité du système abdominal au point que Madame N.... put se passer de ceintUl'e, et
diminua notablement l'écoulement leucorrhCiCJ:ue; quant aux accident de cauchemar, ils sonl devenus ll'ès rat'es, de tl'ès ft'équents
qu'ils étaient auparavant.
Enfin, celle année, Madame N.... est l'evenue à Luxeuil prendre
une nouvelle saison. L'amélioration obtenue l'année demièl'e se
outient ct a même fait des progrès pendant le COlll'S de l'année.
Vingt-un bains à 28° R., quinze clouches, eau tle la source liu
bain des Dames en boisson.
i 5.
UbIlCl\ANlE; A~IOl\
SE COMMENÇANTE.
Mademoiselle N.... , grande, bl'tme, à fibl'e sèche, âgée de
52 ans, fut réglée à i 8.
A l'âge de 2i ans, elle alla habiter l'Allemagne; lt\ , sans autl'e
cause appl'éciable que Ic changement de climal, elle eut une suppression qui dura quatl'e ans. Durant cet espace de temps, pâleUl'
du teint, inappétence, faiblesse telle qu'elle garcla le lit pendant
deux mois.
A l'âge de '20 ans, l'cLoU!' cles règles sous l'influence d'ulle mé -
�-
10l, .-
<Iication énc"1:;iquc. - Est-ce pUl' suite de la maladie, ou bien pat'
l-es effets du ll'aitemcnt qui lui a oté opposé, que se sont développé
les phénomènes suivants: bâillements, constriction à la gOI'ge ,
céphalalgie hémicranienne du côté droit, sc renouvelant à inter
~
valles plus ou moins l'approchés, quelquefois deux fois pal' semaine ,
ct dUl'ant ordinairement vingt-quatre heures; affaiblissement pl'Ogressif de Ja. vue du même côté, sans ln- plus lé-gèl'C altération
organique du globe de l'œil; constipation opiniâtre, digestions très
pénihles, et parfois vomissements apl'ès l'ingestion des aliments;
nulle alfection ol'ganique; insensibilité à la pression de la région
épigastrique?
Depuis sa rentrée en France, il Y a un an, la céphalalgie a
diminué de fréquence ct d'intensité; tout le reste dans le statu qltO.
Bains tièdes, cau de la source d'Hygie en boisson; douches SUI'
les régions 10rnbaiI'es ct abdominales, ainsi que sur les cXll'émités
infél'ieUI'es; lotion des yeux avec \' eau de la source des yeux.
A son dépaIt de Luxeuil, amélioration remarquable de tous les
symptômes; la vue a acquis beaucoup de force ,
~ t.lL
Dl\ONCIHTE CHllONIQUE; GASTRALGIE; SUPPHESSION DE LA
'rRA NSPlllATION.
M, N .. .. , riche cultivateul', est âgé de 53 an , tempérament
5unguin; excellente constitution, adonné aux boissons spil'itlleuses,
Depuis cinq ou six ans, petite toux le matin, qu'il appelait sa
piluite, et qui avait lieu SUl'tout il la uite d'cxcès de table,
A l'âge de 52 ans, impl'ession de l'humidité en tl'aversant un
bois couve,'l de l'osée, ct aggl'avation de sa toux; deux moi après,
à la suite d'un souper copieux, au mois d'oclobre, il COUI't à Ull
vilbge voisin POUl' aidCI' Ù élCindl'c un incendie, ul'l'ive mouillé de
sueUl', et, en cet état, l'este exposé pendant quelques hemes à
l'action de l' cau fl'oide; quelques semaincs plus tarù, étant en
voyage, il endlll'u encOl'e plu ieurs avel' e de pluie, Enfin, au
mois de janviel', sa toux, so us l'influence dc toutes ces causes
désastreuses, avait peis une extl'ême intcnsité, doulcUl's ct lÎl'uillements d'estomac, inappétcnce, <I yspep, ie, ten, ion cl gonllement
�-
40ü -
aprè3 le l'epas , engoul'dissemenls , pandicll'lalioo, ùouleul's SOUl'ÙC$
dans les espaces intercostaux du côte gauche, l'efl'oidissement des
pieds, suppre 'sion complète de la transpiration habituelle de ces
par lie ; les cil'constances atmosphCl'iques sont sans action SUl' ~
malaùie. Le lait, qui aup::\l'avant lui répugnait, est l'aliment qu II
aime ct qui passe le mieux.
Dans sa jeunesse, el avant de toussel', M. N., .. avait de temps
en temps quelques atteintes de lombago.
Bains â 28° R. , douches SUl' les exll'cmites infcl'ieures; cau de
la SOUl'ce d'Hygie en boisson, et ensuite celle du bain des Dames.
A son dcpal't de Luxeuil, il n'existe pl'esque plus de toux et
l'appareil digestif est dans un élat beaucoup plus satisfaisant.
L'améliol'aLion s'est si bren soutenue et a fait de tels progrès, que,
six mois après, M. N .... s'est mal'i6; la suem aux pieds était
revenue; il était guéri.
HL
UÉMlf,I\A lE; OTHGIE ; ODONTALGIE; GASTI\H GIE.
Mademoiselle N... est âgèe de 26 ans, l'églée depuis l'âge de i 4.,
appal'enee de tempérament lymphatique; vie ealme, paisible, sau
fatigue, i sue de pm'cnts bien pOl'tant .
A l'âge de 20 ans, hémicranie tl'ès intense tantôt de l'un et tantôt de l'autl'e côté, durant trente-six heures, se manifestant tous
les mois, souvcnt â de moinch'es intel'valles, quelquefois fi,
l'époque des règles, depuis quelque temps plutot dans l'intcl'valle, el laissant après Ics paroxysmcs la tête habituellement
lourde.
A ln. même cpoque, ou tl'ès peu de temps apl'ès, inappctenee,
pesanteUl' à l'estomac apl'è avoir mange, quelquefois douleurs
vives 11 la l'egion épigasLL'iCiue, constipation, leucorrhée, boule
hystél'ique, bâillements fl'équeots, tristcsse habituelle; point de
troublc dans la menstruation.
Troi année plus lard, à cet état de choscs vint se joind l'c une
ncvralgie dcntaire ct une otalgie; l'odontalgie donnait lieu ü tle'
doulems atl'oces qui dUl'aient dc ùcmi -hclll'c à une hemc eL dcvcnui('llt cllsuile plus supportables , salis ('e, Cl' romplétemcnt. C'es~
�-
.J.OG -
peincipalement eu hiver qu'elle avait lieu; un exutoil'e ful établi
Ilour eombath'e cette alfection.
Enfin, dans le courant de l'hiver demier , maladie aiguë , consistant en un vomissement qui a duré vingl-tl'ois jOUl'S, allernant
eomplétement avec l'odontalgie. Parmi les divel'S moyens employés,
la potion de rivièl'e et l'oxyde de bismuth ont élé les plus efficaces;
influence marquée des conditions atmosphel'iques, refl'oidissement
permanent des pieds depuis l'âge de 20 ans, c'est-à-dire depuis le
commencement de la maladie.
Le lail et les viandes sont nuisibles; les substances végétales
sont celles qui passent le mieux; un peu de vin trcmpé et le café
nc nuisent pas.
Bains à 28° R.; douches SUl' les cxtrémités infél'icUl'cs; cau de
la sOUl'ce d'Hygie en boisson.
Au départ de Luxeuil, peu d'améliol'alion.
{6.
ENTÉRALGIE; CYSTALGIE; AFFECTION DES ARTICULATIONS .
Mademoiselle N.. " , l'cligicuse hospitalière, est âgéc dc 38 ans
et. fut réglée à U; indices extéricurs du tempél'amentlymphaliqlle.
A l'âge de 20 ans, quelques douleurs se manifestè.I'cnt vcrs la
l'égion hypogastrique et hypoeondl'iaqllc dl'oite, d'abord très
légères, augmentant pendant l'hivcr, ct enll'emêlées de quelqucs
douleurs dc colique sourdes ct de courtc dUl'ée,
A l'âge de 32 ans, douleurs légères, uniformémcnt l'épandues
SUl' toutc l'étendue des membres, autant dans la continuité que
dans leur contiguité; ces douleurs dans les membres et dans le
ventre ont persisté jusqu'à ce jou!',
Au mois d'avril det'nier, douleurs dc ventl'e atl'oces, sc pOl'tant
pr'incipalement vcrs la vcssie ct produisant la dysurie et l'incontinence; douleul's au foie, mais moins fortes qu'à la vessie; pendant
ce paroxysme, qui dUl'a deux jOUI'S, gonllement de toutcs les articulations dcs phalangcs ùes mains, ct ccssalion dc cc phenomène
avec la cessation du paroxysme; alors, doulcUl' à la partie anLél'ieure du tibia; le yentl'e, habituellement un peu scnsible rI ln
pression, le dcvint bcaueoup plus pendant cclte cl'ise.
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i07 -
Aujourd'hui, la douleur des membl'es allel'ne avec cellc du
ventl'e; l'une ou l'autl'e, tel est l'état habituel; il ne se passe pas
deux jOUl'S ans qu'elles aient lieu; elles s'accompagnent de fatigues, de lassitudes, el d'une chaleur lI'ès incommode à la paume
des mains.
Depuis sept ou huit ans, écoulement leuconhéique; excellent
appétit, digestion et défécation pat'faites.
Il peut n'être pas inutile de mentionner que la personne qui fait
le sujet de cette obsel'valÏon, est la œU!' dc celle qui fait le sujet de
l'observation pl'écédente.
Bains à 28° R. , eau du bain des Dames en boisson; douches en
arrosoir sur toute la partie antérieure clu tronc, et par un seul jet
Ut' le l'achis.
Avant son dépat't de Luxeuil, amélioration sous tous le l'apport·; ùiminution considél'able de l'écoulement leucot'rhéique et
des douleurs.
i 7.
OEDÈME DES EXTnÉMrrÉs lNFÉRlEUI\ES.
Mademoiselle N... , femme de chambre, âgée de 5i an , bien
con lÏtuée, prcsenl::lI1t tous les aUributs du temp "rament san
guin.
Depuis très longtemps, huit à dix ans, il lui était survenu il la
jambe gauche un engol'gement con idérable, 'étendant du métatarse au mollet; l'engorgement e t rénitent, dur, an douleur
aiguë, mais manifestant par la fatigue une ensation de ten ion el
de pesanteul', et par cela même, gênant pOUL' la mm'che; il existe
même le matin, avant de sortir du lit; mai cependant il e t pl us
con idél'able le soir.
Alwès l'usage de douze bains, peis au bassin deR Bénet! icLin ,
disp31'ilion complète de l'engorgement; alol's panu ent dans toute
leU!' évidcnce, des paquet de val'ices à la jambe, autoUl' ùes malléoles ct sur le Int'se.
�-
! 8.
,108 -
CÉPHALALGIE, L" CO IUIIlÉE, Il YSTÉnl E.
Mademoiselle N... , âgée de 50 ans, fille d'une mère fOI'tCll1Cllt
t"llUma\.isée, présentant les cal'Uctèr'es l'éunis du tempél'amellt
sanguin-lymphatique . La pl'emièl'e menstl'uation s'étaùlit difficilement à !8 ans. Depuis, il Y eut dans cette fon ction quelques i1'l'égularités; ses pieds étaient constamment ft'oiels; bien jeune enCOI'e,
elle éprouva des douleurs de dents et d'oreilles qui durèr'ellt
pendant deux ou trois ans, et furent combaltues par la saignée ct
les vésicatoires; alol's aussi exi laient des doulelU's erratiques dans
les jambes, les genoux, les cuisses, altel'll:lI1t avee les douleurs de
tête en lesquelles elles se résolvaient, ct subissant l'inlluence des
conditions atmosphél'iques.
API'ès sa premièr'e menstl'uation, des douleUl'!> de tête légèl'cs,
auxquelles elle était antél'ieur'ement sujette, pl'irent un car'actèl'c
d'acuité; on y l'emédia pat' des saignées répétée!> jusqu'à l'a bu ,
et calmant la céphalalgie mais ne la déll'Uisant pas. Une aisoll [lUX
caux de Luxeuill'améliol'a dans son intensité et dan:; sa fréq ucucc
SUt'tout, au point qu'elle demeura deux ans sans l'epal'aitre. Ma demoiselle N.... avait alol's 27 :ms.
Depuis cette époque, elle s'est encol'e manifestée, quoique à uu,
degré beaucoup plus modél'c, mais d'aull'es symptômes se sont
développés; leucolThée abondante, gastl'algie, cOllstipaLion-opiniâtl'e,
bâillements fréquents, sensation d'une boule remontant ~l l'épi gastl'e , au pharynx; clou hys tél'ique , palpitation de CCCliI'; enfiu ,
de temps en temps, la vile se tl'ouble subitement, et elle reste pell dant trois ou quatl'e minutes dans un état d'abolition complète;
cet accident, que mademoiselle N... a éprouve pOUl' ln prcmièl'c
rois il y a ll'ois ans, s'est répété depuis une dOtl z,1ine de foi.
nain il 2GO R" enu d'Hygie en boi" on, douches SUI' la l'égioll
l'ucl'o-lombait'c. A son départ, a01éliOl'atioll so us tous les rapports
�.
'1
-
.
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",
v. VISCERALGlE; NEVROSE DE L,APPAI\EIL CEREBIU •.
( \ '
Madame N... , âgée d'une quarantaine d'années, cnraclèl'e exlé
,'ieU!' du tempérament sanguin, joints à une excitnbilité nerveuse
considérable, fut réglée à !5 ans, mal'iée à 5! ans et n'a jamais cu
d'enfants.
A l'âge de 2ts ans, à la suite d'une vive émotion, il lui SUI'vint
des pasme d'estomac, qui furent combattus par (Ieux vomitifs;
ces médicament donnèl'cntlieu à des vomis ement d'une violence
convulsive; il en rés ulla un élat pel'manellt de mal:li e, ten ion à
l'épigasll'e, avec bàillements ct constl'iction spasmodique de la
gOI'ge ; les saignées locales par les sangsues contl'ibuèl'ent plus
que tout autre moyen au rétablis ement.
A l'âge de 55 ou 54 ans, même tension vers ln région épigastl'ique et abdominale, SUl'venue à la suite de veilles pl'olongées
eL d'inquiétudes d'esprit. Celle fois, c'est la valcl'bue qui en tl'iompha.
A l'âge de 56 ou 57 ans, à la suite d'un fl'oid aux pied con idél'able, néVl'algie sciatique ù la cuisse dl'oite, qui dUI'a un moi et
fuI, guérie par l'usage des bains.
Quelque temps après, scnsalion de brûlure vers l'épine du dos,
aux rcgions dol' ale et lombaire , douleur au-de sus du genou el
du pied ÙI'oits; impressionnabilité par l'action du fI'oid , spasmes des
museles de la région dor:.ule et sterno-gaswique, boule hy tél'ique
à la gorge, fatigue museulail'e,
Enfin, l'année del'Dière, sous l'inlluence combinée du fl'oid et
d'une vive émotion, état spasmodique, ayant son point de départ
vers la région supubienne et s'irradiant à la fois, et sur les membres
ct Vel'S l'abdomen; hallucinations; singulière aberration de la sensibilité, pal' l'ell'et de laquelle il semble à la malade que son nez se
dilate pl'odigieusement et qu'il est tl'aversé, pendant l'acte de la
l'espil'ation, pat' une quantité d'air décuple de celle qui le tl'avel'se
rcellement; stillation continuelle d'une matièl'e aqueuse, sans aucun symptôme de phlegmasie de la pituitairc. Cet etat, dont. l'impl 'c~s
ion
du fl'oid avait étc une des causes déterminantes, étai t a15-
�~uclS
-
HO-
CYI'avc
plll' une basse tcmpératUl'c; il dura trois mois pendullt lcsla malade dut gUl'dcr la chambre; l'llpplication de la chaleur
ful le moyen de guél'ison.
Elat actuel: Repl'oduclion des spasmes dc la région llbdominllle,
chaquc fois qll'clle élend ses bl'as, ou qu'ellc fllittous autrcs efforts
musculaires; palpitations dc cœur, ll'cssaillemenls, dyspnce, se
faisant sentir pendant le prcmier sommcil, sans rêve, ct éveillant la
malade qui se sent menacée dc suITocalion. A cc nouvel etat, on a
opposé une ceinture de flanelle et la valériane dont elle faisait encore uSllge à son arI'ivée aux eaux de Luxeuil.
Bains à 28° R., cau de la source d'Hygie en boisson; douches
chaudes sur les extrémités, douche écossaise sur le rachis.
Le traitement a été suivi ù'un bon l'csullat. Avant son départ de
Luxeuil, la malade cprouvait un g['llnd mieux-êtl'e sous tous les
rllppol'lS.
20.
PARALYSIE INCOMPLÈTE DE LA VESSIE. LÉSION DE LA MOELLE
i' PINIÈRE; SUPPRESSION D'UÉMORRHAGlES IIAIllTUELLES.
Monsieur N... , pl'être, tlgé de 55 ans, gmnd, bien constitué,
tempcrament éminemment sanguin, est sujet depuis son enfance à
des hémorrhagies d'une fréqucnee et d'une abondance incl'oyables.
A l'âge dc 51 ans, sans cause connue, ses épistaxis sc sont supprimés .. Très peu de temps après, effort musculaire considérllble
pOUl' lever ct mettre sur ses épaules un fal'deau ll'ès lourd, et, au
moment même, sensation poignante vel's la région hypogaslrique
inférieure; le lendemain, sorte d'insensibilité de la vessie; le jet
d'm'ine est lancé à une bien moindl'e distance; il est d'aillctH·s
moins plein ct coule avec moins ùe rapidité.
Après deux ou trois mois, cet élat avait subi des modiueations;
l'affection présentait les carllctèl'CS suivllnts : douleurs dans les l'égions supubienne ct périnéale, isehuric habituelle ct souvent strangul'Ïe, filct d'urine mince et en spirale, mucosités quelquefois sanguinolentes au fond du vasc : on s'est assuré qu'il n'existe pas de
calculs dans la vessie; scnsations douloureuses vers lcs aines; l'action de rejeter le corps en al'rièl'e l'éveille ct cxaspère les doulcUl's.
�- lH Les applications de sangsue , qui ont été souvent l'éitcl'ées, ont
amené un soulagement momentané; la veine n'a pas été ouverte.
Monsieur N.... avait pris une saison de bains à 26° R., ct lm
de l'cau ferrugineuse sans aucune amclioraLion; le pouls était plein,
t'ebondissant; je conseillai l'usage d'une seconde saison, dont l'ouverture de la veine devait êh'e le préliminaire indispensable, ct qui
consisterait d'ailleUl's en bains à 28° IL, en douelles SUl' les extré ·
mités, et en Ut'I'osoil' sur les vet'tèbres lombaires et sur l'hypogastre, ct l' cau de la source du bain des Dames pour boisson.
La prescI'iplion a été exécutée, ct à la fin de celle deuxième saison, il y avait une amélioration fort importante.
21.
DOULEUR SCIATIQUE.
Monsiem le mat'quis de N... a 6l~ an , tempél'ament éminemment sanguin, maigre, teint COIOI'é, système vasculaire très développé depuis son enfance, épistaxis abondants en automne et au
printcmps.
Maintes fois, depuis son adolescence, il avait épl'ouvé à l'épaule
une doulcUl' qui avait paru et disparu, sans fixer auh'ement son
allention.
Il y a quatl'e mois, après avoit' été exposé à l'action du froid et
ùe l'humidité, une légère douleur sc fit sentir à la région ischiatique du eôtc dl'oit; cClte douleur pl'it peu à peu de la consistance,
gagna en fl'éqLlence, en étendue, en intensité, et sévit en définitive,
de la manièl'e la plus cl'llelle, vers l'échancrure ischiatique à la
partie supct'ieure externe de la jambe, à la plante du pied et à la
région sacl'o-lombaÎl'e.
Après des alternatives ùe mieux et de pis, selon l'état atmosphérique, dont 1\1. de N.... subit l'inlluence de la manière la plus
marquée, la douleur se tt'ouve aujourd'hui avoir perdu son caractèl'e aigu; mais la pression sur les points signalés est toujours
doulomeuse, et le membl'e a subi un commencement d'atl'ophie.
Les pl'ineipaux moyens opposés à cette maladie ont été les
sangsues, les ventouses, les vésicatoil'es et la thél'ébenline, tanl il
l'intcl'ieul' qu'en liniments .
�1~
-
Bnins à ~7°
n., douches; pOUl' boisson , nu début , l'cau de la
ourcc d'Hygie; plus lard, celle du bain des Dames ; su l' la !In ,
quall'e bains de vapeurs.
A la fin de la saison, guél'ison complète.
~2.
CONGESTION CÉRÉBRALE; HÉMIPLÉGIE.
Monsieur N... , ancien notaire, âgé de 70 ans, tempérament
Iymphatico-sanguin, bonne constitution.
Il y a deux ans, étant à lable, il fut pl'is subitement d'un coup
de sang, avec vomissements abondants; la saignée et autl'es moyens
auxiliaires ell'acèrent promptement jusqu'aux moindl'es traces de
cet aecident; pOUl'tant, il resta sujet à des étoUl'dissements.
La congestion cérébrale se l'eproduisit il y a six mois; cette
fois, le malade pel'dit connaissance, la bouche dévia à dl'oite, et il
tomba à la renverse; à la suite de ce demie l' accident, le bras ct la
jambe du côté gauche restèrent légèrement p::u'alysés, ct les facul tés mentales, notamment la mémoire, subil'ent \lne gl'ande altération.
Cependant l'hémiplégie diminua insensiblement, sous l'influence d'une médication appropriée et du temps; ct, au premier
juillet, il a pu venir à Luxeuil pOUl' y pl'endl'e les eaux; il marche
sans bâton, quoique avec difficulté; il lui est resté un engourdissement de la moitié du corps, et une altération, un affaiblissement des
facultés intellectuelles. L'appareil digestif fonctionne parfaitement;
consti pation.
Vingt-un bains, dix douches, eau du bain des Dames en boisson.
A la fin de sa saison, maI'che plus facile, amélioration de l'étaL
mental.
25.
AFFECTION
RHUMATISMALE-GOUTTEUSE
DU PIED.
Monsieur N... , avocat, âgé de [,0 ans, tempérament sangllinlymphatique, ayant un oncle gouLleux et des frères rhumatisés ,
menant une vie sobl'e et une conduite très réservée.
�-
145-
À l'âge de 2i ans, au milieu d'habitudes très sedentaires et ùe
travaux d'esprit assidus, il fut pl'is d'une céphalalgic intense, qui,
aprè avoÎ!' duré fort lon rrtemps, ct l'avoit' mis pendant t.rois ans
D
'œ .
dans l'impo3 ibililé de se livrer à tout travail d'esprit, alla sa alblissant insen iblement, et finit pUl' disparaîtl'e tout il fait.
A peu pl'ès à la même époque, sc manifesta une douleur d'cs··
Lomnc sourde, mais augmentant par la pression épigastrique: elle
dura deux mois à l'état aigu, et, diminuant peu il peu d'intensité,
cessa complétement, après avoil' persisté bien moins longtemps
que la c~phalgie.
Un des moyens employés pour combattre et la
céphalalgie et les douleurs de l'estomac, fut l'usage immodél'é des
pédiluve sinapisés, il la plus haute températUl'e supportable.
Vers l'âge de 28 ans, douleurs légères à la région antérieure
supcl'ieure du bl'as droit, de peu de durée, mais se reproduisant à
des intervalles indétet'minés; quelquefois, une douleur analogUE
s'est fuit sentir il la jambe, se manifestant principalement par la
gêne qu'elle causait lorsque M. N, .. descendait un escaliel'.
Vers l'âge de 50 ans, douleur au pied dl'oit, ct, par suite, claudication pendant huit jours.
A 57 ans, nouvelle manifestation de la douleur au pied deoit,
n'aITecl:mt pas les doigts, se faisant sentir principalement aulour
des malléoles, el donnant lieu à la claudication. Dans l'espace
de huit jours, la douleur a quitté le pied deoit et envahi le
gauche.
Un ou deux nns après, même doulcur, mêmes phénomène.
Enfin, à l'âge de 40 ans, douleu!' au pied teès obtuse pendant le
repos, un peu aiguë seulcment pUl' le mouvement, un choc, etc.,
et, par conséquent, rendant la ma!'che pénible et difficile; gonflement de la face dorsale du pied autour des malléoles, ct SUl'tout
des deux dcmiel's ·mélacarpiens.
Cct état durait depuis vingt jOUI'S, lorsque l'usagc des bains,
des eaux de Luxeuil en boisson, a été conseillé,
POUl' compléter cette hisloiee, il faut ajouter que depuis deux
ans il s'est manifesté, sous des influences atmosphél'iques, unc
céphalalgie qui prenait subitement, durait une quinzaine de jours,
el, quoique pcu intense, rendait le travail impossible; elle scms
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Hf, -
blait êtl'e liée à une SOl'te de lOI'ticolis et de l'humatalgie de la l'ègion scapulo-humérale cl ùes muscles inte,'costaux, qui, alol's,
devenaient sensibles à la pl'ession; alol's aussi, il Y avait quelquefois des pal pi talions de cœur.
.
Bains il 28° R., douches prolongées jusqu'à une demi-heure;
cn boisson, de quall'e à dix verl'es d'eau de la source du bain des
Dames dans la matinée.
Apl'ès sa saison, il marchait déjà passablement; un mois apl'ès ,
il était complétement guéri. - Un nouvel accès de goutle a eu
lieu deux ans plus tard.
21/..
F.NTÉl\ALGlE.
Madame N... , âgée d'une f\u3l'antaine d'années, tempél'ament
lymphatico-nerveux.
Consultation de M. le docteur V...
{( Madame, qui me fait l'honneul' de me consul tel' , avait toujOlU'S joui d'une bonne santé jusqu'au moment où des chagl'ins, il
Y a quinze ou dix-huÎl mois, viment troublel' l'hal'monie de l'organisme.
» Celte perllll'bation a consisté dans Madame N... en un tl'ouble
fonctionnel des voies digestives; il est bon de note" en passant que
Madame elait, il Y a quatre ou cinq aus, sujette de temps à autl'e
il des flux de ventl'e qui ne la fatiguaient que fOl't pcu ... Depui le
moment de la pertUl'balion qui vient d'être signalée, Madame a
été conslamment sujette il des malaises abdominaux, à un flux de
ventre le matin, à un amaigl'issement pl'ogl'cssil', il une décoloration assez sensible, il une tOI'peuI' physique inaccoutumée, à
ùes doulell1's rénales 'et lombaires, ct il une leucol'l'héc assez
abondante.
» La fatigue inces ante qu'épl'ouve Madame N... en mat'chant,
ainsi que la leucOI'I'hée, onl fail cl'oi,'e à unc maludie de la matrice:
aussi a-1.-on chel'ché ct cherche-t-on enCOl'e à poursuivl'e cc geme
qu'un épiphénomène de la maladie
d'afrection, qui ne pal'ait ~lre
principale, que je ,'egnl'Cle comme unc entéralgie , dont les elI'els
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H1) -
se l'élléchisseut du côté dc la moelle (~pilè·'.
Je fel'ai l'emal'cllH'1'
que je n'ai l'ien ll'ouvé au col de l'ulél'US digne de fixer mon atten tion; le corps de cet organe, un peu fiasque, m'a pum incline de
droite à gauche; ct s'il existe dans ce viscère quelque chose d'a normal, c'est plutôt une disposition nerveusc catarrhale qu'une
maladie essentielle. »
Bains, douches, eau de la sOUl'ce d'Hygie en boisson; à son
départ de Luxeuil, suppl'ession complète de la leUC01'l'hee; l'entéralgie aV,ait clisparu dans ses symptômes locaux et persistait dan
ses symptômes sympathiques, qui, pourtnnt, avaient pet'du beau coup de lem' intensité.
2tl.
VISCÉI\ALGlE; CYSl'ALGŒ :
llTÉI\ALGm.
Madame N... , âgée de 20 ans, l'égtée ~l 1 t>, IUtwiée à 22, ct
u'nyuutjamais eLI d'enfant, a toujoUl's joui d'une excellente santé;
earactèl'es exteriel,ll's du temperament lymphatique, bonne conformati on , fille ct femme de cultivateurs aises.
n y a quatorze mois, elle pOl'ta SUI' sa tête un fat'deau displ'opOl'tionné 11 ses fOl'ces; l'ellll'ée chez elle, congestion clwébrale,
vives douleUl's dans l'estomac et dans le dos; élal féhl'ile qLli dm'a
dix joUl's : sangsues n l'épigastl'e, hains de pieds, potion anti spasmodique.
A la suite cIe cet état aigu, se sont successivement developpés
les symptômes suivants: bâillement.s, constl'iction spasmodique à
la gOl'ge, débilité musculail'e, sensibilité du ventre, douleurs dans
les membres, inappétence, indigestion, constipation, impossibilité
de marchel" palpitations dc cœur', amaigl'issement, leucorrhée, prolapsus uteri, dysurie, sen ibilité à la l'égion ulel'o-eyslique.
Etat pl'ésent: inappétcnce el constipation diminuées, la gaSlt'Odynie n'existe plus, la douleUl' à la région dorso-lombair'e n'a pas
cédé; impossibilité de mnl'chcl', émaciation des membres supérieurs et inférieurs, leueorrhee, quoique à un moindl'c degré qu'aupm'avant; l'clàchement des ligaments utérins, faiblesse des muscles
des parois nbdominales.
Vingt bains à 26° n., eall de la SOU I'CC d' Hygie, douche rcossaise.
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HG -
Résultat: rétablissement des fonctions de l'app31'eil digestif, amélioration dans l'étal des forces, cessation de la leucolThée, diminulion des douleurs dorso-lombaires, stal1t quo dc l'état des ligaments
utérins et des pat'ois abdominales.
Trois mois après, l'amélioration avait fait les progrès les plus
satisfaisants.
26.
AfiTHfiODYNlE.
Madame N... , âgée de 55 ans, réglée à f5, mariée à 25,
mère de tt'ois enfants, bonne constitution, tempérament sanguin,
ne s'étant occupée que des travaux de la campagne, vivant dans
l'aisance, ct buvant un peu plus de vin qu'il n'est ol'dinaire et ['aisonnable aux personne de son sexe.
A l'àge de 55 ans, au milieu des tl'avaux ùe la moisson, elle fut
pl'ise, sans aucun prodl'ome, d'un gonflcment général; les jambes,
les cuisscs, lcs avant-bl'as, même la figure, sc tuméfièrent simultanémcnt sans aucune douleur; celle tuméfaction, qui n'occupait
que la continuité des membres, gagna les articulations, ct ce n'est
qu'alors que la douleur se mit de la partie; la marche devint pénible, douloUl'euse; pendant près d'un an, la malade dut gardel'
lin repos absolu, la tuméfaction était persistante, mais les douleul',
étaient périodiques; pendant fort longtcmps il y eut un accès
quotidien, prenant ù onze heures du malin et s'accompagnant,
oult'e la douleul', d'une faiblesse considcl'able aux genoux ct aux
pieds.
Peu à peu, cette périodicité tlispal'Ut, la douleur eL le gonflement
s'affaiblit'cnt; cL aujoUl'd'hui, il ne rcsLe plus qu'une LumCfactioll
aux mains ct aux pieds, assez pl'OnOIlCee pOUl' gênet' les mouvements, mais, ù'aillenr , indolente et n'augmentant aucunement par
la pression.
Madame N.. . a etc sujette de tout temps à la migrainc, et sa
nouvelle maladie n'a rien modifié ù cet égard; clic a eu aussi dans
le cours de sa vic quelques atteinte de lombago. Les eil'couslanccs
atma phél'iqne sont sans inlluence. Leueol'l'hée assez abondante,
avant et ::'1)1'ès ses règles; elle csl dans l'état le plus normal pos -
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H7-
sible, ous le l'appol'l de la cil'culütion, de la re piration cl de la di .
gestion; cHe a de l'embonpoint ct de la fl'aicheur.
Vingt-un bains à 28° R., dix douches ur les mains et les plCd ,
six bain de vnpeurs.
Après sa saison, tumCfaction des mains et des pieds diminuée;
marche plus facile; améliol'ation évidente.
27.
MYODINlE.
Monsieur N... , prètl'e, âgé de 39 an , as' ez bien constitué,
présenlant les caractères exte,'ieUl's du lempél'arnent bilieux, sujet,
depuis l'âge de t5 ans jusqu'à celui de 2ù, à une migl'aine atl'oce,
cl nyanlloujoUl'S les pieds fl'oids.
En 1829, étant encore au séminaire, il éprouvait des doulcUl'
de "enll'e, moind,'es en élé, plus vives en hive\', SUl'tout pendant les
grands fl'Oids.
En 1857, s'ctant adonné il l'exercice de la pêche, il ,'essentit
des douleurs musculaires dans les deltoïdes, s'iI'!'adiant dans les
avant-bl'as et se faisant quelquefois sentil' jusqu' aux 31'liculation
des doigts, subissant, d'une manière ll'ès marquée, l'influence de
changements de tempel'atUl'e.
En 18[12, point douloureux vers les muscles ohliques, qui a pel'islé pendant dix-huit moi ; palpitations de cœur; la <liminution
de douleUl's dans les extt'émités supcl'ieUl'es a coïncidé très exactement avec l'appUl'ition de celles qui se sont fixées SUI' le tl'one.
Tout le reste à l'état normal.
Trente bains à 27° R., eau de la source d'Hygie en boisson .
J'ai vu M. N... un an apl'ès; il etait guél'i,
28.
RHUl\!ATALGlE ARTlCUl.Al!\E ET MUSCULAIRE.
Mademoiselle N... , âgée de 54 ans, fllt réglée à 17; sa mèl'e est
morte jeune, on ignore de quelle maladie; sa gl'and'mèl'e et son
fI'èl'e sont perclus par suite d'a{feetions rhumatismales. Elle pl'ésente les caractères du temp{'.I'ament lymphatico-sanguin.
A l'âge de 6 ans, elle eut la petite verole; :\ sa suite, ophthalmic
�-
148 -
avec laie à la cornée, Jispurai saut pal' intcrvalles, ct sc llIatllreS
tant de nouveau aus cau e occa ionncllc. Le ùel'nicl' l'cloU!' ùe (' 'lie
aflcclion a cu lieu il n'y a pas bien longtemps.
A l'âge dc iG aus, elle pOI'la une chal'ge (un paquet ù'hcrlJc ) ,
dont le poids était di proportionné à ses forccs; immédialcment,
doulcur à la parlÎe antcl'icure de cuisses et sur la colonne verlébraie, région dOI'so-lombaire.
A l'âge de 27 ans, elle prit la profession d'institulrice; alors la
douleUl' ccs a d'être conslantc et ne sc fit sentir quc par intel'valles,
mai celle ùu dos l'esla permanenle.
A l'ârre de 28 ans, céphalalgie fréquente, et coryza pendanttoul
l'hivCl'; lorsque les grandes chalcul' de l'été sc font scnLil', la ce
phalalgie ct le cOl'yza sont l'emplacé pal' une ex puition abonùante,
un el'achemenL ans toux, qui ÙU1'C ju qu'aux prcmicl's fl'oiù ; cc
crachement n'esl pas continuel, il cst de' jOl\l'S où il n'a pas licu.
de 3::> ans, ehutc J'unc a ez geanJe clévalion; alors ,
A l'~ge
doulcUl'S augmenlécs, sc disséminant jusque dan Ics IJJ'as, occn
paut le muscles ct lcs articulations ct l'cnd'lDt impo iule unc
mat'chc J'apide. Les douleur" sont encore plu forles, IOI'sque,
aprè ' êtl'c ul'l'êt6e, Mademoi elle N.... veul sc remeUre en
111:1I'che.
Dige liou, l'C pil'ation, circula lion , men t['uation, tout cela e l
dan' l'élal nOI'nll\1. Le lait est favOl'able; la viande de cochon
nuisible.
Bains à 28° IL, cau du lJain de. Dame en bois on, douchc.
gênêl'ale .
Rê ullal : améliol'ation manife te.
20.
t.;
' GOI\E~ml'iT,
l'I\OJ.AP us,
Lcèn'\TIO~s
m: L' 'l'Éli S;
SllPEl\F\CIELLI;;S Il
COI.
LEUConllllJ!:E.
" l\laùamc N.... , Llgrc d'ullc trentaine d'année , d'un leJllp\!
l'aillent anguin, d'ullc grandc su cepliIJililé nerveuse, re scntait,
il y a trois ans, le' ymptômes <l'une aITectioll ulcl'ine; doulcul'
dan le lombc ct à la J'cgion dcs ovail'es, pesallleUl' à rhypoga t re, til'aillemellls dans k s nin's, chaleul' cn Ul'inanl , pad'ois
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HO -
leucorrhée plus ou moins rougeàtl'e; doulem', chaleuI', tuméfaction,
l'ougeur, abaissement et uleél'ation superficielle du col utérin, elc.
Les caux de Bombonne, employées avec beaucoup de l'ésCl've ct
ùe prudence, ont procme une guérison plus ou moins complète.
» Depuis un an, ,'etom de divers symptômes de l'afi'ection uterine, qui sc presenle maintenant avec les caractèl'es décrits plus
haut; en outr'c, le col est enlr'ouvcrt, fort abaissé momcntanément,
et tend à devenir inégal Cl bosselé.
» Depuis plusicurs mois, le traitement sc compose de bains
frais de siége, injections et lavements frais, injections astl'ingentes,
demi-saignées, repos, ioüul'e de potassium, calomel, extrait tle
ciguë, etc. Je n'approuve ni le l'epos absolu, qui a souvent l'inconvénient d'entl'eteni,' une tumCfaction chronique de la matl'ice
et de dé.terminer le relâchement des ligaments, ni l'usage ùes préparations fel'l'Ilgineuses, conlt'e -indiquées pat'le tempérament de la
malade et par l'acuité. des symptômes. »
(Consltltctlion de 111. le docteur de B.)
Bains Cl'ais prolongés; ùouches sur les l'eins, et en m'I'osoil' SIlL'
l'hypogaslr'e; cau ùe la sourcc tl'Hygie Cil boisson.
A son ùéparl, amclio,'ation non équivoque.
50.
GASTl\O- SPLÉNALGlE .
Monsietu' N.... est ùgé cie h7 ans, tempél'ament tl'è manifeste
ment bilieux, posilion sociale aisee.
Après unc chute de cheval, qui occasiollna la f,'aclu,'e d'un bl'a '
et de la màchoil'e , diètc ct séjoUl' au lit pendant qual'Unte jours; ü
peine en convale"cence, fièvl'e intermittente dans un pays maréca ·
geux, et administration d'une quantité considcl'able de sulfate dc
quinine .
. Après la supI)l'ession ùes accès, douleur sourùe à la région splômque, sans engo"gement; la pression n'excitait pas de sensibilité ;
inappétence, dyspepsie sans constipation, chaleur à l'estomac .
.En même temps, symptômes nel'veux, tels que bâillemenls,
tl'Jstesse, morosité hypocondriaque; il détestait d'enlenùl'c pm'le,'
cie maladies; chaleU\' à la plante cles pie(ls : sensation comme celle
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420-
qui sCI'ait Iwoduite Pal' un bcsoin de sue!'; petite moitcur 101'squ'il
sc mcllait au lit pOUl' obéir ü Ccllc scnsation instinctive; alternatives
d'cxcitation nCl'veuse et d'afiaisscment, même d'engoUl'dissement.
Tous ces symptômes ont duré deux ans, à un etat pOUI' ainsi
clil'C aigu; Ics caux de Luxeuil, tmitéc il y a sept ou huit ans
pOUl' combaltl'e celte alTection, n'ont pu être continuécs au delà
du huitièmc bain, à cause de l'extrême sUl'excitation à laquelle leur
usage donnait lieu (il.
L'état actuel se compose des mêmes symptômes, mais moins
pl'Ononcés; lenteur des fonctions digestives, smtoulle soir; décubitus sur le côté gauche impossible, iITitabilité considérable; le
lait, pOUl' lequel d'ailleurs le malade n'a jamais eu beaucoup de
goùt, ne passe pas bien; le vin ne fait pas de mal.
Vi IIgt-un bains Il. 26° R., eau de la source d'Hygie en boisson ,
six douches.
Amélioration tl'ès prononcee, sédation immense du système ncr ~
veux; amélioration considél'able des fonctions digestives.
54.
nnUMATALGTE AI\TICULAInE.
Madame N... , âgée de 44 ans, réglée à 48, mariée à 26, tempérament lymphalico-sanguin, bonne con tituLion, vivant dans unc '
honnête aisanec, fut prise il l'âge de 5[/· ans d'une fièvre quarte
qui dur'a quatre ans.
Un peu plus lard , il Illi sUl'yint un gonllement dans toutes les
articululions métacal'piennes Cl mctalal'siennes; ce symptôme Ile
fut pliS de longue dUl'ce; la douleur se déplaça eL sc pOl'la sur les
genoux, lcs \'cins, les hanches, les épaules ct la tête; aucune de
ccs partic ne dcvint le iége d'une fluxion matél'ielle appréciable;
la douleur sc fni Hit cntil' SUI' toutes à la fois; elle était manifestement influcncée pal' lc conditions almosphél'iques; lorsqu'elle
était ù la tètc, clle était alrocc.
('1) Je uis convaincu qu'alors, comme aujourd'hui, l'usage de caux de
Luxouil pouvait être fort utile 11 cc malado; il eRt vl'aisemblablo qu'il y aura cu à
cctte époquc quelque condition déravorable dans leur mode d'administration, soit
pour la durée du bain, soit pOllr sa température.
�-
121 -
Digestion pcnible, constipation, menstruation regulièl'e.
Pendant deux ans, Madame N.... est venue prendl'e les eaux
de Luxeuil, et chaque fois il y a eu amendement notable dans on
état.
Enfin, celle année, vingt bains à 28° R., dix douches et l'eau
du bain des Dames en boisson, l'ont à peu pl'ès débarras ée dc la
céphalalgie, qui jusque· là s'était monll'ce le symptôme le plus l'ebelle.
52.
AFFECTION nnUMA'l'IS;\IALE o'u E DES EXTRÉMlTÉS s pÉnIEUllES,
AVEC ATI\Ol'IllE ALTERNANT AVEC LA LÉSlON DE LA HESPlnATlO ' .
Mademoiselle N.... , flgce d'une cinquantaine d'annccs, grande,
maigre, sèche, nerveuse, n'etant plus l'églée depuis deux ans,
s'etait fait une entorse il y a dix ans; le pied qui l'avait subie était,
à chaque changemeut de temps, le siege ùe quelques douleUl's.
Au mois ùe clécembl'e dernier, extension forcee d'un des tendons
du poignet eombattue pat' des cataplasmes de son et de lait, et
exposition il l'impl'ession d'un ail' fl'oid et humide: sous l'inlluenee
de celte double cause, tuméfaction de la main; la partie radiale de
l'avant-bras devient douloureuse, ainsi que l'articulation de l'épaule;
inOuence des circonstances atmosphél'iques; all'ophie de la main et
de l'avant-bras; sueurs locales de ces parties; flexion de l'avant
bras SUl' le bras et du poignet sur l'avant-bras tl'ès gênee et bOI'nee;
dyspnée: fl'jctions avec le baume opodeldoeh sur les divers points
de l'extI'cmilé malade; coïncidence de l'ameliOl'ation de cette extl'énüté avee l'augmentation de la lésion fonctionnelle de l'appareil
respi['atoire, et vice verseZ.
Vingt-cinq bains, quinze douches, eau ùu bain des Dames en
boi Oll.
A la fin de la saisop, diminution de l'atl'opI1ie et de~
sueU!' locales; beaucoup plus de latitude pour les mouvements de flexion
et d'extension des articulations.
J'ai eu occasion de revoir Mademoiselle N.... cinq mois apl'ès;
il restait à peine des traces de maladie il l'extl'cmité supcl'jeure.
�-
33.
-122 -
NÉVRALGIE AHnCULAlI\E, VISCÉ!\ALE.
Monsieur N.... , avocat, âgé de 37 ans, tempérament sanguin,
bonnc constituLion.
A l'âge de ! 0 ans, il fut fl'appé pal' son insLituLeUl' d'un coup
de poing SUl' l'épaule; dcpuis lol's, celle pal'lie a éLé fl'éllliemment
le siége d'une douleut' qui se fai sait senti l' principalement par les
vents nord·est, et par les Lemps tl'ès secs.
A l'âge de 22 ans, il cut à tl'availlel' beaucoup, lant pOUl' passcl'
scs examcns, que dans une étude où il faisait sou stage; ell même
temps, il se livl'a à quelques excè dc boisson: alol's il sc déc1:l.l'a
chcz lui une gastrite qui dma deux ans, et pendant la durée de
laquelle la douleur de l'épaule resta silencieuse; cette gastrite s'accompagnait d'une douleul' au-dessous de la l'ogiou du foie, douleUl' qui, pour quelques mCdecins, était l'indice d'uue it'l'Îlation
des canaux biliail'es; quoi qu'il en soit, elle a persisté jusqu'à. ce
jOUl', pal'aissant ct dispal'aissant à dcs époques il'l'égulières.
L'hiver derniel', M. N.... s'éveilla une nuit avec une sensation
de constriction au cœul' et une forte dyspnée; cct accident ne
dma qu'une nuit, et ne s'est pas renouvelé depuis.
En(]n, à son arrivée à Luxcuil, cclte année au mois de juillet, ct
avant d'avoi(' faiL usage en aucune façon ùe l'eau minérale, il ressentit ULle douleur à la hanche du côté gauche, somde; profonde ,
peu intcnsc , ne gênant aucune fonction ct sans l'éaction SUI' l'économie.
POUl· la combattl'e, ainsi que les autl'es manifestations morbides
(lui, à divel'ses époques, avaient cu lieu chez lui, M. N... avait
pI'is vingt bains de quatre hemes chacun, à une tempél'atUl'e de
26 il 27° R.; en outre, il avait bu tous les jOUl's, en moyenne,
lIne quantité de huit à neuf verl'CS d'cau de la sourcc d'Hygie,
101' que une nuit, après avoi\' soupé uvcc appétit, mai sans excè ,
il fut pl'is d'une violente douleut' au côté gauche, vel' l'espace
compl'is entre la cl'ète postél'ieure de l'os des îles ct les dCl'llières
fall ses côtes, avec bâillements au déhut, vomisscments Cl ensui tc
sueur ; sensibilité augmentant [lat' la (lI'C6 'ion, ûèvl'e, pouls plein
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1'23
ct fl'CqUCllt , languc couvcrtc d' uu enduit lllal1chàtl'c lrès épais ,
l1atuositcs.
(Diète, vcnlouscs scarifiées, application de sangsues, cataplas mes mucilagineux cl opiacés.)
,
Au quatr'ième jOUl', la douleur disparut eomplélemcnt, dune
manière subite; un tOI'licolis la l'cmplaçait ; deux jours apl'ès, le
torticolis avait disparu à son tour et la douleur prcmière avait l'eparu, mais moins intense qu'auparavant. Enfin, au septième jour,
diminution considérable de la douleur cl coïncidence de celle di minution avec la manifestation d' une autl'e douleur à la p[\l'tie lalé
l'ale moyenne de la cuisse.
Quelques jours après, M. N... partit convalescenl.
34,.
NgV I\ALGIE ~IUSCLAlE,
VI SCÉI\ALE, AHTICULAII\\;;.
Ma(lcmoiselle N... est ùgée d'un peu plus de 00 ans, obèse,
tempél'amenl sanguin -Iymphatiqne, po ' ition de fOI,tunc coufol'lahi .
A la suite de la profonde émotion causée pal' la mort de SOli
pèl'e, douleul' violente à la nuque, conll'action pCl'manente ct
comme télanique des muscles cie la partie postél'ieul'e du cou. Ma
dcmoi clic N.. . avait alol's 1,0 ans; les eaux de Plombières pat'u_
rent la l'établit,.
Un peu plus tard, douleur dans la région lombail'e ct épiga 'trique ù chaque changement de temps, impossibilité de dige l'el', sensation d'ardeur remontant jusqu'au phal'ynx, l'appoI'l8
acidcs.
Enfin, dcs douleurs se manifestèl'ellt sur les extrcmités infél'ieurcs, pal'aissant, dispal'aissant , afi'ectanl tantôt une al'liculation,
tanlôt une autre, quelquefoi le mcmbl'e droit, quelquefois le gau
che, ct dans (lllClques cas les deux à la fois.
L'hivcr (lel'l1ie1', clics se Cixèl'cnt SUl' la cuisse lh'oite, sous la
fOl'me dc névl'algie sciatique: dcpuis le commencemcnt dc l'élé,
elles sc ont l'cslt'cinlcs au genou , mais avec unc telle intensité quc
I ( ~ faeullé de marehcl' , abolic pendant quelque temps, est demenl'ce bomée ct ll'ès difficile. Point de tuméfaction ni dc sensibilité ü
ln pression .
�-
i2l, .-
Tl'ente-deux bains, dix-huit douches, l'eau de la SOUl'ce d'Hygie à l'intérieUl'.
A son départ, amélioration notable dans la marche, dans la fl'équence et dans l'intensité des douleurs. Pendant l'usage des eaux,
l'estomac n'a pas subi scs crises ordinail'es, maIgre un très mauvais tcmps.
ULCÈRE A LA CUISSE, SUITE n'UN ABCÈS FROID.
Jean-Baptiste N... , fils du pâtre de son village, âgé ùe 'us an ,
cst petit ct trapu, mais assez fort pOUl' son âge, ne présentan t
aucun des symptômes indicatifs dlt vice sCl'ofuleux; ses pèl'e et
mère, fl'èl'cs ct sœurs, n'en sont point atteints.
Au mois de novembre det'nic\', une vive douleur se décl3\'a au
pli de l'uine du eôté dl'oit; bientôt elle envahit la cuisse, prit de la
consistance, amena la tuméfaction, donna lieu il des élancements,
ct apl'ès trois mois à une suppuration de la cuisse, quatre pouces
au-dessus de l'articulation tibio-femol'ale; la suppm'ation ne ùura
qu'un mois, pomtant la cicatrice cst dépl'imée.
Il existait au côté externe de la cuisse un empâtement l'enitent>
plus prononce que SUl' les autl'es parties : il s'est abcédé, et,
comme le pl'emier, il a donné issue à très peu de pus, mais à un
liquide un peu fonce: l'abcès coule encOI'e quoique peu ahondamment; l'engorgement plus prononce vers la partie inferieure est
du\', rénitent : il reste fort peu de douleur, mais beaucoup de raideur dans l'articulation du genou, plus encore pour la flexion qui
l'este incomplète que pOUl' l'extcnsion. L'estomac fait mal ses fonctions; inappétence et mauvaise digestion depuis le commencement
de la maladie.
ScIon le jeune malade, cette afTection se serait déclarée chez
lui pOUl' s'être baigné dans des fos cs et dans des flaques d'eau,
dans les pl'és.
Vingt-un bains, quatol'ze douche , cau du bain des Dames en
boisson.
Resultat à son départ: le fonctions dc l'appal'eil digestif sc
font pat'faitement; l'engorgement de la cuisse est considcl'ablement
�~2t)
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diminué; la suppuration de la phlie est presque nulle, cl lu cicatl,jsation bien avancée.
RHUMATISME ARTICULAIRE; GASTRO-E TÉnALGlE.
Monsirlll' N... , ex-employé des droits réunis, tlgé ùc 65 ans,
petit, maigre, con litution délicate, paraissant avoir élé doué du
tempérament sanguin, éprouva, à l'âge de 50 ans, une douleur
rhumatismale à l'épaule gauche, assez forte pour l'empêcher de
porter son bras derrièl'e le dos. Depuis lors, cette douleur s'est fait
sentil' souvent avec une intensité variable; encore à présen\., il la
re sent quelquefois.
A l'llge de 4;; ans, douleur légère, sourde, diminuant pal' la
prcssion, n'ayant jamais ecssé complctcment depuis qu'elle s'est
établie, sauf quelqucs rares intervalles ùont un de ix à huit mois
de durée, toujours moindre, pm' les grands fl'oid et les grandes
chaleurs, que par les tempcl'atUl'es moyenncs. Cette douleU!' consiste en une scnsation ùe pc an leU\' , ùe cuisson; quelquefoi ,mai
ral'cmcnt d' élancemcnt; et quand cHe est tl'ès forte, clic sc fait
sentil' aux rcins et ous lcs scin ; oI'dinaircmcnt, elle nc commence que trois heures après l'ingestion de aliments; ral'ement,
mai poU!'tant quelquefois, immédiatement après. Elle ne se borne
pas ù l'estomac, elle s'étenel aussi aux inte tins, ct 101' que, après
beaucoup de peine, la dige lion e fait, la douleU!' semble accompagner la masse alimentaire: en "'cncral, elle a!Tcctc Ic intestins
avec beaucoup moins d'intensité, d'une manièl'e plus upportable;
le lait pas e plus mal que les autl'es aliments; le bouillon gl'a
pa e mieux, la soupe ct lc pain très mal; la langue ne présente
l'ien d'anormal: cependant, lorsque les crises sont for les , elle
blanchit lcgèrement. Point d'a!Tection ol'ganique appréciable pal' la
palpation. L'appétit ne manque pa ; les aliments ont tl'ouves
bons et ont toujour a!Tecté l'organe du goût naturellement; le vin
ne .nuit pa , le pâté de lièvl'e, le fromage, la alade, passent a sez
fa~lmcnL
Con tipation, jamais de vomissements, amaigris emellt
VOl ID du marasme, bâillement , hoquct , émctation , consll'iclion
spasmodique du pharynx, symptôme plu l'arc::; que les autrcs'
�~()
-
les pied. constamment fl'oid . ùepui!'\ que l'atTecLiou tic l' esloma '
s' e Lmanifestée.
TI'ellle bains à 28° IL, quinzc douche , eau de la oUl'ce d'Hygie rom boisson.
Ré ullat . amélioration notable des fonctions di gc tives ct cles
ymplômes nel' veux concomitants.
Un an après, celle amélioration avait fait quelques progl'ès.
37.
PYI\OSIS; MYODlNIE; NÉvnALGIE SCIA'l'IQUE; E ' GOI\GEM ENT
DE
L'oVAlnE.
Madame N... , àgée de 34 UIlS, fulrcglée ~l !li, cl jouit, jusqu'à
I8, d'une excellente sante; ltülle moyenne, peu d'embonpoint,
constitution où s'allient la fOl'ce ct la délicatesse; système veineux
tl'ès développé; position sociale élevée.
A 18 ans, ous l'influence d'affections morales profondes, sc
développa une maladie qui fut considél'ee comme une gn tl'Îte, et
dont le symptôme principal consi tait dans la sensation d'un fcr
bl'ûl:mt à l'estomac, dans tout l'œsophage ct jusqu'au ph:l1'ynx.Celle maladie, qui avait commence huit mois avant le mUI'iage de
Madame N... , dura encore longtemps après' aujoU1'ù 'hui même,
elle en ressent enCOI'e, cie Lemps en temps, quelques atteintes.
A l''''ge de 20 an , penclant sa premièl'e gl'ossesse, douleur il la
partie latél'a le cll'oite dLl cou, sc pt'opagcant il tout le CUil' chevelu
du même côté, ct jusqu'à la partie humérale du muscle deltoïde;
elle s'étendait même quelquefois jusqu'au devant de la poitrine, ct
donna licu ü des palpitations de cœur. La manifestation de celle
douleur coïncida avec une diminution considét'able de l'atTection
dc l'estomac; les conùition atmosphét'iques étaient sans inlluencc
sur la Pl'oùuction ùes ymptômes ci -dessus.
L'accouchement fut pénible etlabol'ieux; le fOI'ceps dut êtl'e em ployé.
Une quinzaine de joUl's apl'ès , 10l'sque, pOUl' la pl'emièee foi s ,
Madame N... voulut SOl'tir dc SOli lit , elle épl'ollva une doulelll'
tl'ès vive, Ile put s'apPuycl' SUL' su jambe gauche , pOllssa un cl'i,
Cl toute l'('xl\'cmité infcl'ictll'c dll mème 'Mé sc tl'OllYa (>I1'e le ~ il'ge
�~7
-
d'un engOl'gemcnl lymphatique. La t1oulelll' continua dc ~e fl~'e
sentir, alla en augmenlant, prit le earaetèl'c d'nnc névl'alglC SCIatique, ct occasionna la claUllication pendant un an; la tumCfaction
avait le caractère des engorgements lymphatiques, sans rougeur
ni chalcl1\' LI la peau; seulement, quelques val'ices existaient. çà ct
là. En outl'e de la douleur névralgique, il Y avait eneol'e celte sen sation de llesanteur el de tension qui se fait sentil' dans le. parties
fortement cngorgées; il est digue de remarque que la t1ouleUl' du
cou, ùu cuir chevelu, du bra ct de la poill'inc, avait complotement
cessé.
'
La deuxième ct la t1'oisième couche qui cut lieu à 26 ans, n'of··
fl'il'cnt rien d'anol'mal; pourlant, après cette troisième couche,
lorsque les règles se l'établircnt., ce fut avcc asscz d'abondancc pOUl'
constituer une sorte d'hémorrhagie.
A 5[~ aus , cut lieu la dernière gl'ossesse. Pendant sa dUl'oe, une
tumeUl' se faisait sentir il la l'ogion de l'ovaire dl'oit, faisant saillie,
mohile, s'eITa~nt
complélement de temps en temps. Après l'accouehcment, vCl'itable névralgie sciatique il la cui sc droite, perles
hémOl'rl1agic(ue il chaque période menstruelle; le gonflemenl lymphatique de la cuisse gauche persiste avec sa douleu!' propl'c, mais
la douleur névralgique de la même cuisse a disparu: il cn est de
même de la tumeUl' ùe la région ovarique ; engorgement du col de
la mal rice: la saignée, les sangsues, la ciguë, mème la caulél'Ïsation, fUI'ent employées contl'e cet engorgement que l'on considél'ait comme la cause de la névralgie; injections avec des ùécoetions
de quinquina.
Tcl est l'état qui dUl'e depuis un an, et contre lequel a été dil'i gée la. méùication minél'alc.
Vingt-un bailJs à 27° R., dix douches; eau uu bain des Dames
en boisson.
Résullal: altel'Hatives ùe mieux et de moins bien pendant la
durée de la médication; au départ, stat1t qttO; trois mois après ,
amélioration lI'ès décidée sous tous les l'appOI'tS.
�-
58.
128-
{';PAISSISSEMENT DES PAROIS DE L'ESTOMAC; ENGOR~lTS
MÉSENTÉUlQUES; AMÉNORRUÉE.
« Madame N... a été traitée pour un engorgement chronique
que je- considèl'e comme occupant la région pylorique; celte induration s'accompagnait, il Ya quelques mois encore, d'un développement considérable de plusieUl's ganglion mésentériques rangés
en forme de chapelet, ct s'étendant du pylore à la région ombilicale
et au-dessous.
» Aujourd'hui, l'irradiation qui s'était faite sur le système lymphatique est détruite ou à peu près, mais le toucher fait encore apercevoir les parois intestinales épaissies, et plus rénitentes que dans
l'état naturel.
» La maladie locale s'est accompagnée d'un gl'and état de faibles e géuérale, d'une émotion profonde de la cil'culation, la malade sc trouvant mal au moincll'e mouvement; les mensll'ues sont
supprimées depuis sept moi ; les dige lions difficiles; l'ingestion des
aliments, si elle est un peu considérable, pl'esque aussitôt suivie du
malaise, d'un sentiment d'étoulTement, et, peu de temps apl'ès,
ùe vomis ements de matières muqueu cs, écumeuses, ct même de
matièr'es alimentaires.
)} Les selles, jadis fort rare , sont aujoul'll'hui plus faciles, circonstance qui tient autant à l'amélioration radicale du mal, qu'à la
résolution de glande mésentériques, qui semblaient enveloppel'
quelques portions intestinales et empêchel' le trajet de matièl'es fécales.
» Telles sont les notions que je Cl'ois devoil' fOUl'nil' à m~s
confl'ères, pour la dil'ection d'un tl'aitemcnt que la nature du mal el
l'état général de la malade me paraissent devoil' l'endl'e sO))I'e dan
l'emploi des l'cmèdes actifs.
» Le 25 mal' 18llo. »
(Consttltation de M. le doclenr D.. .)
« Je partage l'opinion de M. le docteUl' D.... SUl' le siège de
la maladie de Madame la consultante. C'est une maladie des organes c1~ la digestion , les lésions fonctionnelles ont niminllé eonsi·
�-
, l ~ !)
-
ùCI'ablcmenl; il n' y a plus ù'altél'alion de tissu , sensible au tou ,
ehcr; les tumeUl'S l'esscnties dans divCl's points ùe l'abllomen nc
sont autrc ehosc que des Cl'otlins lm'êtés clans quelques intcslills;
pcut-êll'e existe-l-i1 encol'C quelque épaississement dans les parois
dc l'estomac; cettc amélioration eslle résultat du régime imposé à
la malade,
» La maladic étant donc arrivée ~l sa pél'iode de décroissement,
que l'este-t-il à faire ~ Aidet' le travail de l'ésolution des allél'ations
locales, autant que possible, par le l'égime ct pal' les remèdcs ap {H'opriés à la susceptibilité des organes digestifs; dans cc but, jc
pl'opose : 10 dc eontinucr le régime alimentaire lei qu'il est ol'ganisé actuellcment; 2° de continuel' l'usagc du lait d'ânesse; 5° de
fa'il'e asscz d'excrcice tous les jours p'OUI' développcr les fOl'ecs sans
fatigue; de se pl'omener, SUl'tout en voilUl'e dcconvel'le, en allant
sur les hauteUl's; [,0 de pl'endl'c tons lcs jours, ou tous les deux.
jours, un lavement dc lait d'ânesse fl'oid, ou ayant la chaleur vi tale; 0° de pl'endre tous les jOUl'S un bain cnlicl', tièdc; dans Icquel on aura mis un litre de bouillon de bœuf, et alLet'nativement,
dc dcux jours l'un, la décoction cle dcux onces de belladone ct
une bouteille d'extl'ait de 13arèges d'Anglada; 6° de boil'e, durant
les l'cpas, de l'eau minél'ale de Chateldon, à la dose d'une à deux
euillm'ées apr'ès chaque euillel'ce d'aliments; 7° ct plus tard, d'a,
valcr une cuille l'CC à café de glace pilée, plusieurs fois pendant
chaque repas; 8° pendant le mois dc juin ou de juillet, Madame
il'a prendre les eaux de LuxeuiL" Ces caux seront administl'ées en
bains, en étuves, en douches SlU' les quall'e membres, autour du
bassin et SUt' le l'uchis; quelques douches ascendantes tempérées
dans le vagin, serontl'enouvelées avec prudence dans le but de l'Ctablil'la menstruation; on pourl'a aussi essayer des douches tempérées et COUt'tes dans le rectum, et pour fOl'ti.fier l'action intesti nale, Madame ne Pl'endra pas les caux à l'intcl'ieur,
») Le 2 avril 1845 . »
(Consultation de M, le doctettr G,. ,)
Ces deux consultations set'ont complétées pal' les l'enseignemcnts
uivants;
Madame N, , " a})partenant à une classe aisée de la société , est
âgée dc 30 ans, clic fut l'églée à ! 2 , mariée à !8, et est mèl'c de
9
�-
1.50 -
tl'ois enfant ; cHe est bien constituee, ct, jusqu'à l'tige de 26 UlI :'\ , a
joui d'une excellente santé.
A ccl âge, sans aucun prodrome ct sans cause connue, elle fut
lwise de douleur aux deux genoux, avec tuméfaction modél'ée
à l'un et 3 l'autre; cependant il y avait raideUi' dans l'articulation,
ct la marche était pénible; ces symptômes dUi'èr'ent deux mois ct
fment remplacés par une violente céphalalgie. L'usage des eaux
d'Aix, en Savoie, fut conseillé ct pratiqué sans aucun avantage.
Bientôt, des symptômes du côté de l'estomac commencèrent à se
manife ter, la digestion devint difficile, puis pénible, puis souvent
impossible; enfin, à l'apogée de la maladie, il y avait des vomissements deux ou trois fois par semaine; l' œsophage ct le pharynx parlieipèl'ent il l'aITcction de l'estomac; consll'iclion du phaeynx, et
pendant l'acte même de la déglutition, sensation pénible, accom pagnant le bol alimentaire dans tout son ll'ajet, du phm'ynx au caedia; immédiatement commençait le malaise de l'estomac, qui
aboutissait au vomissement . Il y avait aus i sensibilité ct douleue à
ln pression des régions antérieures eL latérales du thorax et de l'épigastt'e; lorsque les vomissements étaient violents, ils donnaient
lieu à des douleurs des régions lombail'cs; marasme, faible se
extrême, décoloration de la peau; suppression des règles depuis 1.0
mois; nulle tl'ace d'affection organique; langue légèl'ement sabul'J'ale il. sa base; le pouls, d'une ténuité incl'oyable, mal'quait 80 pm'
minule.
Bains il 2Go R., douches, cau de la SOUl'ce d'Hygie én boisson,
Résultat: il. dater du premier bain, amélioration pl'ogressive des
fonctions ùe l'appareil digestif; au dixième bain, rctoul' des règles ;
au vingtième Lain, alimenlaLion suffisante, digestion passable ct
s'améliol'ant lous les joUl's ; le teint sc colore, la langue a perdu sa
pâleur ct sa aburre, les fOl'ces sc l'établissent ci vue d' œil. Guérison
complète.
1
�-
39.
V;1 -
N(.: vnAl.GlE ARTlC LAII\E; d , SION DE 1: APPAREIL d :nÉBRO - SPh AL ;
DlAnnIlÉE.
Monsieul' N... est âgé ùe 40 an. , ct pal'ait être d'un tempéra IIlent lymphatique.
A la suite d'ennuis pl'olongés ct de contention d'espl'it qui e
sueeédèl'ent pendant quatre ans, il épl'ouva de douleur vagues
dans les articulations, qu'il con iùél'a comme l'humatismales.
Il y a ix moi, il lui survint une sorte de trouble dans les idées,
le travail était pénible, la mémoil'e faibli sait: pesanteur de tète,
vertiges, eloUl'di sement ; sensation analoguc 11 cclle d'un bandcau
Ul' Ic fl'ont : ccs symptômcs augmentaient notablement ous l'influence de la ehaleU\' ct aprè le repas.
Deux mois plus lm'd, à ces symptômes vint se joindl'c une cs pèce de foU\'millcmenl, puis d'engourdis ement du pied gauche'
diminution de la sen ibilitc de l'extrémilé dll pied; raideUl', gêne
de l'articulation du pieù et de celle du genou; le malade, :mtl'efois
bon marcheur, peut à peinc marchc\, une heure ou deux; la jambe
etlc picd droit participent il cct état, mai ùans une moindl'c proPOI'lion; démarchc emblable à cellc des per onnes attcintes de
myélite; peu d'appétit, dévoiement.
Tels sont le pMnomènes qui composent l'élat morbide de Monsieur N... el donlles plus anciens remontent à. six mois, le plu
l'écents à quall'e.
Onze bains à 280 R. , neuf douches, cau d'Hygie pOUl' bois on.
Résultat: après les premiel' bains, ce ation du dévoiement;
il son dépal't de Luxeuil, l'appétit est déjà l'cvenu, il marche
avee beaucoup plus de facilité, l'état cérélJl'al e l amélioré.
LEuconnnÉE' GASTnALG1E; MÉTR01\RlIAGIE.
Madame N... e t tlgée de 50 an , brune, gl'anùc, embonpoint
modéré, fOl'te constitution, tempél'amenl anguin, réglée à 1. 8 an ,
men truation abondante, mUl'iée à 25 an ; Ile a cu une fau e
conche cL Ime grossesse qui a parCOnrtl toule sa durée nOI'male.
�-
{52 -
Avant son mariage, elle a eu penùant longtemps des flelll's blanches qui pIns tard avaient cessé.
A la suite d' une pl'ofonde émotion occasionnée pal' la mort subite de son pèl'e, il lui survint une alI'ection de l'estomac ainsi
cur'actérisée : inappétence, malaise à la région épigastl'ique, sensation pénible à l'estomac immédiatement apl'ès avoil' mangé, douleU\' dans le ventl'e quoiquc plus légère, cou tipation, céphalalgie
durant tout l'hivcl' et une pal'tie du printemps : le laiL ne pas ait
pas mieux que des aliments plus excitants, et la gênait; mensll'uation llémol'l'hagique.
Celte affection durait depuis huit ans, IOI'sque Madame N.. . est
vcnue aux caux ùe Luxeuil.
Vingt bains, dix douches; eau savonneuse.
A son départ de Luxeuil, amélioration li'ès pl'ononcée de tous
Ics symptômes; au dix-huitième bain la leucorrhée s'est déclal'ce.
Huit mois après, gu~l'ison
complète : l'appclit est excellent, la
digcs tion se fait p31'faitement, plus de vel'tiges, de douleur à l'estomac, ni de céphalalgie quoiqu'on soit en plein hiver, mais la
leucort'hée pel'siste et est très abondante.
4i.
NÉVROPATHIE; DlARI\UÉE; M{~TROIHAGE.
Madame N... , maigl'e, pâle, tempéI'amcnt lymphatico-nel'veux ,
assez bien constituee d'ailleUl's, appal'lenant à la classe des al'tistes, réglée à ! 2 ans , mal'Ïée à 25, est aCluellement âgée
de 27.
Après sepl mois de mat'iage, époque jusqu'à laquelle elle avai t
toujoul's joui d'uue excellente santé, elle accoucha d' un enfant
mOl'l ; la version dut êlr'c faite, la manœUV1'e dura une heure; lcs
soufTl'ances furent considél'ables.
L'accouchement fut suivi de fièvre puerpérale qui dUl'a cinguante
jouI' : cc ne fut qu'apl'ès ce laps de temps que Madame N., .. fit
sa IH'emièl'e sortie; ses règles l'epal'Urent et pcndant un mois son
état fut tl'ès satisfaisant. Mais alors, apl'ès une promenade en voi·
[lu'e, e manifesta la pl'cmièr'e ùe es cl'ise spasmodiqnes qui ùe-
�- i55 pui n'ont pa cessé de reparaître, plu ieuI' foi dan l'année, t\
de intervalles inegaux; elle con i tent dans le phénomènes ui
vants : douleul's parfois ucce ives, et souvent simultanée aux
région épiga trique, lombaire, ternale, dOl' ale; agitation convul ive de ces pal,ties, contl'action musculail'e simulant une tll-'
meUl' sur diver point et pl'incipalemcnt à l'hypoga trc et à l'hypocondl'c droit; d'autl'e foi , aplati ement du ventre comme
i es pal'oi étaient collee contl'e la colonne vel'tébl'ale; re piration precipitee, tumultueu e, inégale, enl1'ecoupée, con tl'iction
pasmodique du larynx et du pharynx; DaU ée , vomiturition. Le '
CI'i e dUl'aicnt Ol'dinairement cinq ou ix heures; aprè lelU' cc sation, faiblesse con idél'able, bl'isemenl de tou le memlH'c,
inappétcncc, dyspep ie, dévoiement pel'sévérant et devenu pcrtnanent. Tout aliment e l toléré avec peine el donne lieu à de douleurs aus it6t aprè son inge lion, seu ibilité à l'épiga tl'e et de
l'abdomen telle que le poid d'un simple dl'ap est péniblement
Uppol'té. Ces cl'i es ne sont annoncéo pal' aucun prodl'ome; clles
ont lieu ou toute lc conditions atmo phCriques; cependant les
uiles en onl plu pénible par le mauvni temp. Règle bien pel'iodique, mai d'une abondance exces ive.
Madame N.. ,. vint aux eaux de Luxeuil en 1844; elle pl'it
t!'enle bains à 27° R., et dix-huit douche ; elle fil u age à l'intérieur de l' au de la ource d'Hygie.
Le l'é ultat de cctte pl'emièl'e saison fut la cessation immédiate de
la dialThée, qui pourtant a reparu quelquefoi dan le comant de
l'année; il n'y a eu qu'une el'i e nerveuse, au lieu de huit à di .'
qui avaient lieu précédemment. Madame N.... a gagné as cz
d'embonpoint pour ne plu devoir être elas'ce parmi le femme' .
maigl'e.
Revenue aux mêmes eau en 184t.î, dan un état bien plu sati 'fai ant, elle a, dè le premiCl' jouI' de l'usage de moyen thermaux, vu di paraître sa diarrhée. Apt'è un moi de séjoUl' , eHe a
<luiué Luxeuil dans un elat de régularité parfaite de loute le fon ctions de l'appareil dige lif; son emhonpoint e l enco('e augment
sen iblcmenl.
�-1M l, 2. AII'l'I1ROOYNIE; LEUCORlIUÉE; GASTRALGIE; NÉVHALGIE CRANIENNE ,
STEnNO-ADDOMINALE.
Madame N.... , âgée de 52 ans, tempémment sanguin, Lille
d'un pèl'e fOI'tement rhuOlatisé, fut l'églée à i8 ans, mariée à
20 ct mèr'e à 25 du seul enfant qu'elle ait eu jusqu'ici.
Il y a une quinzaine d'années, elle fut affectée, sans cause connue, d'un rhumatisme articulaÏJ'c aigu, qui la retint plus d'un an
(lans son appartement, et six mois dans son 1it ; depuis 101'5, souffl'anccs, douleul's vagues et erratiques à tous les changements de
temps.
Après son accouchement, modification de la vitalité de l'appal'eil utcr'in, leucorI'hée abondante, embonpoint et modicilé de la
mellst!'llation succédant à la maigl'Cur du corps et il l'abondance
des règles; en ouh'e, l'appareil digestif n'est pas resté iutaet; épi~
gastl'e sensible à la moindl'e pression; trouble fonctionnel de l'estomac, que certaines substances alimentaires, la viande de cocholl ,
le café, le vin, surexcitent; sensation de tension et de gonflement;
dyspepsie, constipation, impl'essionnabilité considérable, pl'opagation des douleurs au cuir chevelu, aux régions thoraciques antérieure et abdominale. - Enfin, il Y a deux ans, nouvelle manifestation, mais beaucoup moins intense, dc la fièvre rhumatismale
sans gontlement des articulations.
Une saison pl'ise l'année dernière, et qui a consisté en bains
tempérés, en douches et en boisson d'cau d'Hygie, avait considérablement amélioré cet état, principalement sous le rappol't de la
gastralgie, de la leucorrhée ct de la fréquence des douleurs.
MadameN .... est venue cette année prendre une nouvelle saison .
Bain à 28-29° R., douches , eau dc la SOUl'ce d'Hygie à l'intcricUl'.
Résullal: la leucOI'l'hée, qui avait repam CCl hivel', a été guéI'i
après une quinzaine de !.Jain . ; l'améliol'alion de LOUS les symptôme
H pl'ogl'ess<\ l'upidcmcol.
�-
[,3.
,155 -
AMYGDALITE; APHONIE; GASTl\O-ENTÉL\AWm; SUI\EX-CI'fA'fIO .
Monsieur N.... , magistr'at, e t âgé d'une quarantaine d'annees ,
bien constitué, d'une impressionnabilité nel'veuse considerable,
sujet 11 des lombago.
LOI'squ'il faisait encore partie du barreau, il était tl'ès sujet aux
angines ton illaires; il la moindl'e cause, au moindre refl'oidissement, il en épl'ouvait de tl'ès intenses. Aprè avoir duré plusieur
années, cet le disposition à l'amygdalite s'éteignit, et fut remplacée
par l'aphonie. M. N .... ne pouvait plus pader haut, il ne pouvait
plus projeter sa voix; celle fonne de sa maladie dura longtemps,
puis s'affaiblit et finit par cesser insensiblement.
Des crampes d'estomac lui succédèrent. Elles prenaient subitement sans qu'aucun signe précUl'seur les annonçât; elles donnaient
lieu 1:1. une sensation pénible, parcille 11 cellc qui l'esultCl'ait du pincement de l'estomac par des pinces rougies au feu; elles se manife taient à des distances plus ou moins gnmdes de l'inge tion des
aliments; le vin et les émotions paraissaient contl'ibuer, ainsi que
les cil'constances atmosphériques, à leur manife talion; quelquefois elles ne duraient pa plus d'une demi-heure.
Après avoÏl' duré deux ou trois ans, les cl'ampes avaient fini pal'
disparaitl'e; mais il s'était manifesté des douleUl's SUl' toutes le
régions abdominales, et principalement SUI' celle du côlon tl'ansvel'se; appétit médiocre, céphalalgie, impalience nerveuse extrême,
digestion longue et penible.
Vingt-un bains 11 "27° R., dix douches, eau de la source d'Hygie
en boisson.
Résultat; il son départ de Luxeuil, améliol'ation des fonction de
~'apP:Heil
dige tif; système nerveux plus calme; céphulalgie moin
Intense.
�-
i5(j -
1,11. dPIlALALGIE; AIITllRODYNIE; MYODINIE; ENGORGEMENT.
PROI,APSUS DE L'UTÉRUS; GASTnALGlE.
Madame N... , âgée de 50 ans, fut réglée à neuf ans et ùemi ;
pclile, tl'ès brune, bien constituée, embonpoint modéré; clic ful
nHlJ'iee à i 7 ans et demi.
Dès son enfance, violente et longue céphalalgie, qui l'empêchait
de sc livrer à l'étude.
A l'âge de iD allS, douleur aU genou q~i
persista assez longtemps.
Pendant sa première grossesse, pesanlem excessive dans le ba ventre, suites de couche tJ'ès lonsues, quoique racouhemn
~
n'eût pas été pénible. Déjà à cette époque, Madame N... éprouvai t
il la région deltoïdienne du bl'as dl'oit une do II leu.!' qui dura deux,
an , et dont la guérison fut obtenue avec l'usuge de ce que l'on
<Jppelait alors des pagodes, sorte de boul1antes l'emplies de duvet,
ct, pal' conséquent, très chaudes, qu'on mettait pour soutenil' le
manches des robes.
Deux ans après son premiCI' accouchement, elle eut une fausse
couche à trois mois el demi d'une seconde gl'ossesse. A la suite,
maladie de l'utérus caractérisée pal' un engorgement considérable
de cet organe, abai sement, sensation de pesanteur SUI' le rectum
et SUI' le périnée; picotements, til'aillements dans les aines, clouleUl's presque continuelles à la région lombail'e , absence de leu eOl'rhée. Cet état fut eombaLLu par les émissions sanguines, soi L
générale, soit locales (sangsues au col utél'in), et par un repos de
neuf mois et demi dnns son lit.
Depuis l'âge de 20 ans iusqu'à ce JOUI', tl'ouble fonctionnel d
l'estomac, inappétence, aigl'eui's; clyspcp ie; à son arrivée à
Luxeuil, elle ne mange habituellement qu'un peu de lait et deux
ou trois biscuits pal' jouI'; l'nhaissement de l'utel'llS est considel'able; dmeté, tuméfaction indolente, pesanteul' sur le rectum;
point de tl'ouble dans ses fon ctions, faiblesse géncrale, ema{·ialion.
Madame N... , venue l'an dPI'niel' tl Luxeuil , avail pl'is ll'elll '
�- 157 -
bain , quinze douches, et, à l'intel'ieur, de l'eau de la soul'.ce
d'Hygie. Après le sixième bain, manifestation d'un élat fébnle
gr'ave, qui força d'en suspendl'e l'usage pendant quatre joms, ~t
que j'attl'ibuai à la trop faible température à laquelle je les avalS
administl'és (26° R.); ils fUl'ent continués à 28° R.
Résultat : rétablissement des fonc~is
digestives, retom des
forces, point de changement appréciable dans l'état de l'utel'lls.
Revenue cette annee aux mêmes eaux, cHe a ,pris vingt-cinq
bains sans douches. L'amélioration obtenue l'an demier, ct qui
s'était soutenue, a fail de nouveaux progrès; il Y a eXCl'eiee à peu
pl'ès nOl'mal des fonctions de l'al)pareil digestif, diminution des
symptômes de l'aITeclion de l'utél'Us, et augmentation sensible
d'embonpoiut.
4!5.
HÉPA'l'1TE; ENGORGEMENT DE DIVEl\SES
ARTICULATIONS;
DIAnRHÉE.
Mademoiselle N... , âgée de 00 ans, a cessé d'être réglée à 40;
tempérament lymphatique, position sociale aisée, fille d'un père
goutteux ct l'humatisé.
A l'âge de 54 ans, sans prodl'ome et sans cause déterminante
connue, doulem au côté dl'oit, considéree comme une hépatite peu
aiguë, et traitee par les ventouses et les topiques émollients d'abord, et, }llus tard, pUl' les bains de l'Ouesehe, pendant l'usage
desquels l'éruption thermale, à laquelle on a donné le nom de
poussée, n'eut pas lieu. Sous leur influence, la douleur du côté
diminua; mais elle se pOI'ta sur l'articulation maxillo-tempol'ale,
envahit le eOI'ps de l'os maxillair'e infcl'ieur, et s'accompagna quelquefois de gonflement: mettant huit jours à al'l'iVel' à son apogée,
se terminant par resolution, mais avec beaucoup plus de lenteUl' ;
celte tuméfaction concomitante de la douleur est, dans eCl'tains
cas, assez inte1)se pour que les mouvements neeessail'es , Don-seulement à la mastication, mais même à la formation des mot , soient
impossible ; de plu , à cette doulem, qui a pel'sisté jusqu'à ce
jour, sont venues s'en ajouter d'auLl'es, vagues, erratiques, se
faisant sentil' consta1n?Ttcnt, tanlôt SUL' un point, tanlôt SUI' un
�13~
-
ault·c, aux gcnoux , uu dos, à la tête, aux épaules; les Ulles el l e~
autres obei sent, ù'une munièl'e remm'quahle, aux influences atIllosphédque , eL, quoique fais3llt p31'tie de l'état habituel de la
malade, sevissent avec plu ou moins d'inten ite, clon ces divel'scs
influenccs; dim'rhCe qui a pel'sisté jusqu'à ce joUI'.
A l'âge de 1,5 ans, Mademoiselle N... fut prise d'un catal'l'he
hl'onchique, avec la manifestation duquel coïncida une diminution
notable de la douleur maxillaire; aujoUl'd'hui, ces deux symptôme
alLel'nent; c' cst l'hiver que se fail pl'incipalement senti l'la douleUl'
de la mâchoil'e, cl l'élé l'aITeclion calm'I'hale; un exuloire au bra
a élc établi il celle époque.
D'ailleurs, eslomac trè délicat; en ation d'm'dellI' au lal'ynx ;
goitre de dimension moyenne.
Dix-neuf bains il 28° R., huit douche , cau du bain des Dame
il l'inlérieur.
Résultat il son d6pm't de Luxeuil; diminution ùe moitié dans
l'inlen Îte de tous le ymptômes; la dial'rhée a cessé complètement.
Cinq mois après, Mademoiselle N... m'éel'iyail: « Les douleUl's
de la mâchoil'e ont pl'esque cc sé ... . , la oufTrance que j'ayais SUI'
le devant de la poitl'ine ct il l'estomac a di pal'u' le digestions Ile
sont plu pénibles comme elles l'étaient 101' de mon dépal'l pOUl'
vos bonnes caux, dont je me tl'ouve fort bien; etc., etc. »
lj6.
GASTl\ALGTE; nllUMATrSME A1\'1'ICULAIRE .
Monsieur N... , fonctionnaire de l'Université, doué d'un tempérament nel'yeux-sanguin , âgé de tsO an , fut pd , il Y a deux
mois, d' un l'11Umati me articulail'e fébl'ile, ayee él'llption miliail'e
dan son eoul's; il dUl'a un mois il l'état aigu, ct pend311t tout
cc Lemps le priva de l' li tI"'C de ses membrc thol'Uciques ct pel
.
"
viens.
Aujolll'd'hui, plus de fièvre, plus de tlunéfaction, douleur aux
l' "gion lombait'e et au ' articulations penùant la mal'che.
E tomac délical, dige. lion pénibles depui quinze an .
Vingt-un bain , douze douches, cau de la oUl'ce d'Hygie il l'in ·
tel'ieUl'.
�-
150 -
Ilcsultat : état de bien-être ct ahsellcc dc loul' cspècc de llou
Icul" tout le tem ps que le malade pa . e dan le bain ou ous la
douchc; la rlOUIClll' l'cvicnt dan la journée. Amélioration immcns
Jans l'élat dc l'e tomae.
47.
LEUCOl\I\UÉE; LÉSION DE LA SENSIllILITÉ DE LA l'EAU,
DI!:
L'AI'I'Al\EIL LOCO lOTE 1\ ET GÉ ' 1'1'0- nINAlI\E.
Madame N... est tlgée de t54 ans, et apl'ès avoil' cté tl'ès alJon
damment réglée, a cessé de l'êll'e dcpui l'fIge de 1.8 ans. Elle a II
quatt'c cnfants, c t bien COll tituce, ct, jn qu'ü l'époque ùe son tige
cl'itiquc, avait joui (l'une excellente anté.
l\Iais nlol':. commença une sc1'Îc ùe pMnomène qui s'e t continuée ju qu'à ce jour, ct dont oiei le prineipaux: in omnie qui a
dUl'é deux an , en ation anormale SUl' divcl's point des tégumClùs; tantôt comme si un buisson d'épine était entre ses cpaule ,ou i on lui vel'sait un seau d'cau SUI' le dos; d'aull'e fois,
c'étaient de foul'millement ou bien une démangeai on 11. la paume
des main , cireon cl'ile cl an ' él'uption, mais lellcment inten c
que la malade sc gl'allail jusqu'à s'écOI'che\': celte démangeaison
eocxi tail ol'dinairement avcc une chaleur l)\'ûlante à la plante des
pieds, se fai :mt entir l'une ct l'autt'c sUl'lout pendant la nuit; et
ce phénomène e t d'autant plu remat'quahle, qu'au plus fort de
celte sensation, les pied de la malade ont lOUjOll\'S ft'oiù ; myo(linie el arthrod ynie des doigt ,dc poignets, ùcs jarl'ets, des mol let, des cuis e , en un mot de tout l'apptU'eil locomoteur des e 'tl'cmités; ouvent, la doulcUl' donne lieu il la claudication, et ce
ymptôme e t plu inlen e du côté gauche que du droit; chaleur,
prurit et cuis on de la vulve; incontinence d'urine; l'urine 'échappe pal' gouttes bl'ûlanles, et il chaque momenl; initation il la
gorge; Millemenls ft'équents; céphalalgie li" :. inlen e, prenant fl'equemment cl tlmunltoule la journée; apélitr~
irt'cguliel', quel
~uefois
con idcl'able, qu Iquefoi nul pendant quall'e ou cinq
Jour ; dan cc ca , la pl'ivation complèle d'aliment. ne gênait nullement; COll tipalioll habituelle; dépel'(lilioll des fOl'ces : l'''i,,el'' la
lllala<lc allait mieux; c'c-tail pat' les gl'and s haleUl's qu'elle souf-
�-
HO -
frait le plus; à part ceLLe circonstance, les changements ùans
l'etat atmosphérique étaient sans influence. Autl'efois, elle était
très sujette à la leucorrhée, qui a cessé entièrement depuis l'~ge
{:ritique. Ordinail'ement le petit lait et les -bains la soulageaient ,
ainsi que les applications de sangsues; la saignée réussissait moins
bien.
Vingt-un bains, eau du bain des Dames en boisson.
Résultat: améliol'ation de tous les symptômes; au seizième hain
la lcucorrhée a repal'u.
l~8.
SPASMES DE L'ESTOMAC.
Madame de N.. . , âgée d'une trentaine d'années, réglée très rôgulièl'ement, bonne constitution , susceptibilité nerveuse considérable.
A l'âge de 22 ailS, après son second accouchement, à la suite
d'un violent chagl'in causé par' la pm'te de son pr'emiel' enfant, accidcnts spasmodiques ainsi caractérisés : sans signes précurseurs,
élat de malaise indéfinissable à la région épigastl'ique; l'estomac
semble être le siege d'une sensation tenant ùe l'émotion, de l'étouffement, et en même temps de l'engourdissement; c'est poussé à
un tel point que, lorsqu'il parait à la malade, au milieu d'une angoisse extl'ême, qu'un vel're d'eau sucrée ferait cesser cet état, elle
n'a pas la force de le demander: cet étal spasmod ique sc repl'oduit
à intervalles plus ou moins rappl'ochés; en cm'tains temps plus
d'une fois pal' semaine, en d'autres, une fois seulement tous les
moi ; c'est ol'dinait'ement la nnit, lorsqu'une affection morale un
peu vive a cu lieu dans la jOUl'née. - Du l'este, santé paI'faite sous
tous les l'appol'ts.
Vingt-un bains il 27° R. , dix douches, l'eau de la oUl'ce
d'Hygie en boisson, ont fuit cesser complétement cc penible clat.
Un an s'est écoulé depuis, ct il n' y a pas eu de spasme.
�-
'19.
nOULEuns NÉVl\ALGIQUE
iHOCCUPANT DlVEUS POINTS; OEDÈME:
DES PiEDS, llÉMORlUlOïDES.
Maùame la marquise de N... , tlgée de 4h ans, encore réglée ,
tempél'ament sanguin, bonne constitution, a depuis quelques anuées des hemol'l'hoùles inlel'l1es.
Depuis longtemps, celle dame est sujette à des douleurs névralgiques siégeant OI'dinail'emenl aux tempes, au sinciput, el souvent
aussi à la fosse canine d'où elles s'inadient vers la paupière infél'ieure de l'œil gauche. Depuis h'è longtemps aussi (plus ùe quinze
ans), elle est sujette à des palpitations de cœur, sans qll'il exi te
pOUi'tant de lésion organique: enfin, pendant toute sa vie, elle a eu
des ùispositions à avoir les jambes engorgées: c'est pl'incipalement
depuis son dernier accouchement, qui date de neuf ans, que celle
tendance s'est réalisée, et que l'ellgol'gement, pal' gl'adalions insenibles, a pds un caractèl'e sel'ieux. Maintenant, il ne se dissipe plus
pal' le repos et pal' la position horizontale; quoique moins pl'ononcé,
il existe aussi bien le matin au SOl'lil' du lit: en oul1'e, il y a aussi
des paquets de Vlll'ices aux pieds et à la pal,tic infcl'ieure de jambes. La malade m'a fait observer que ses hémol'l'hoïdes devenaient
quelquefois douloureuses, ct que 100'sque cela avait lieu, les doulems névl'algiques de la tête étaient suspendues tout le temps que
duraient les douleUl's hCmo\'l'lloïdales.
Vingt bains à 2û- 27° R. , eau de la source d'Hygie en boisson .
Résultat: améliol'alion très prononcée sous lous les l'appol'!S et
notamment sous celui ùe l'engOl'gement des jambes, qui a compléte ment cessé; les val'ices n'ont point subi de modification.
M
DO.
ENTÉI\ALGlE; MAUASME,
Monsieur N.... a une soixantaine d'années, petit, maigl'e, teint
colon!; il a mené une vic très labol'ieus dans lc commel'ce.
Il Y a une vingtaine d'années qu'il a epl'ouve les pl'eOliel's
symptômes de la maladie dont il est atteint; peu à peu, elle a fail
(les pl'ogl'ès, gngnanl tous les aus quclque chose Cil intcnsil \, Slll'-
�-
i42 -
tout aux changemcnts de saison; enfin, elle est ul'l'ivée au point
où elle se tl'ouve aujourd'hui, et presenle les caractère suivants:
douleUl' à la région du côlon tl'ansverse, s'irl'adiant quelquefois
dans tout le ventl'e; insensibilité ù la pression, inappétence, augmentation de la douleul' trois ou quatre heures après l'ingestion
cles aliment , qui, dans les pl'emiel's moments, semble soulager le
malade: nulle douleur ni tension à l'cpigastl'c; intolér:mcc de l'estomac poU\' les aliments excitants; prédilection mUI'quée de eet
ol'gane pour les substances alimentail'es adoucissantes et principalement pour le lait; constipation, douleU\' à la région dOl'so-lombaire; la palpation ne donne aucune idée de lcsion ol'ganique; faiblesse et amaigl'issement progressif al'rivé aujourd'hui à un point
voisin du mal'asme; nulle l'éaetion fébrile.
Vingt-un bains à 28° R., douze douches, eau de la source
d'Hygie en boisson.
Résultat: un an après, toute espèce ù'n.limentsilldistinelement
passe bien; la douleUl' entél'algiC(lIe a cessé; l'::unuigl'issement a
beaucoup diminué. Celle amélioration, qui se soutient et progl'e' e,
a commencé immédiatement après l'usage des eaux de Luxeuil.
tii.
LEUCORRUÉE AnoNDT
l~ ;
DO LEUR A LA FOS E ILIAQUE.
Mad::une N.. .. est âgée ùe 50 ans, constitution affaiblie par des
gl'ossesses nombreuses et des accouchement pénibles; feux à la
tête, cl'oûtes aux nal'ines, menstl'Uation inégulièl'e.
li y a dix ans, elle épl'oLlva une douleul' fixe cOI'respontlant à
la partie moyenne de la fo se iliaque extel'ne du eôté dl'oil; la
doulelU' existait ans gonflement et n'était pas eontinuelIe.
Il y a un an , ceLLe doulcul' augmenta d'intensité, devint permanente et prit le cat'actère pul atif; un abcès se fOI'ma, fut OLlvel't
après un mois el demi, et se cicatrisa apl'ès lI'ois semaines de upplll'ation. Depuis lors, la doulelU' avait eontinué de se fai.'e senti.';
elle etait augmentée pal' les mouvements du ll'onc; la malade nc
pouvait se couehet' du côté droit; de plus, leucol'l'hée abondalllc .
Dix-neuf bains à 28° H., au clu bain ùes Dames cn boisson .
!tésnltat: il la Jiu de la snison, po sibilité de se couchcl' sur l' un
�_. 1l,3 -
et ur l'autre côté; l'éruplion de la tèle el tle narine n'a point di
paru; la leuconhée a ce é pre que complètement.
Ù2.
APOPLEXIE; m';;MII'l.ÉClE.
Mademoiselle N.... , dome tique, âgéc de [,0 an , douée d'un
temp 'l'ument Iymphatico- anguin.
Depui longtemp , elle avait épl'ouve quelque douleur ùan '
le articulation- , tl'Op peu intenses pOUl' qu'elle le prit en con idél'ation.
Depui troi ou quatre an ,penchant il'ré istihle au sommeil;
ellc dOl'mait mème en sc livl'ant Ù e tnwaux hahituels.
Il y a un an, pcndant qu'elle avait se règle , elle eul à ubir
l'impre ion de l'eau ft'oide, cl il y eut suppre ion in lantance.
Quinze jouI' aprè, an autre prodrome, cHe enlit e deu '
main ,mais principalement la droite, s'engoUl'clil' , èll'e privée de
entiment; et immédiatement aprè , elle e laissa tombel'; une
conge lion apoplectique était réalisée; hémiplégie du côté gauche,
affaibli ement notable de faeulté intellectuelle:., déviation de la
bouche jl1 qu'il l' OI'cille droite; ce demie!' ymptùme di parut aprè
qu Ique jour ; quinze joUI' ::'l)l'è ,elle faisait déjà quelque pa ;
mai le bra' gauchc ne reprit pa de mouvcment ct l'intelli rr nec
l' la affaiblie.
AujoUl'd'hui, paralysie complète du mouvement du bra gauche,
enliment bien affaibli, conll'aetion permanente des mu cie fi "chi eurs de doigts, atrophie du mem\ll'e, cxtrémité infél'ieUl'c gauche
beaucoup plu faible que la droite, sentiment plu obtu , mat'che
tl'ès pénible, état mental peu satisfaisant, appétit parfait, con lipation ; tout le l'es le à l'état normal.
Quinze bains à 28° R., eau du bain de Dames en boisson.
Ré ultnt: un peu de mouvement dan le doigt et de libcl,té
dans la jnmhe /l'auche, un peu plus de fOI'ce.
�05.
COLIQUES SPA MODIQUES .
Madame N.... est âgée à peu près de l,O ans, enCOI'e roglée, parais ant douce d'une bonne constitution, ct nppartennnt à la cla e
ai ée de la société; elle n'a jamai cu de maladie chronique.
Il y a six mois, sans aulre cause nppréciable que de fréquentes
émotions, occasionnées par la vivacité de quelqu'un qui lui tient de
très pl'ès, elle commellça à soulfI'ir de douleUl's de colique, cOllll'e
lesquelles elle est venue chel'cher un remède aux eaux de Luxeuil.
D'abord légère , elles prirent peu à peu de l'intensité, ct al'l'ivèrent
au point de devenir la source d'inquiétudes sél'ieu cs; revenant
pél'iodiql1ement tous le jour , à deux ou t1'ois heures de l'après-midi, elle n'ont l'ien ôté à la malade de son appétit habituel; qu'elle ait mangé peu ou beaucoup, elles sont les mêmes;
pas de sen ibilité développée pal' la pr'ession; consLipation ; l'élat
des forces se soutient, l'embonpoint n'a pas diminué.
Quinze bains à 27-28 0 R., cau de la source d'Hygie en bois son.
Apl'ès avoit' pris tl'ois bains, elle a été obligée d'en interrompl'e
l'u nge à cau e d'un dévoiement avec réaction fébl'i1e, qui a duré
deux jours, ct a cédé à la diète et à l'eau de gomme.
Ré ultat: partie de Luxeuil après ses quinze bains, complclement guérie.
OEL
GASnO-ENTÉRALGIE; uTÉnALGIE; MÉTnITE; ENGonGEMENT
CU no IQUE DE L'UTÉn s,
Madame N... , âgée de 5l, à 56 ans, tempérament sanguin, bien
constituée, bien réglée, a joui pendant sa jeunesse d'une excellente
anté.
Le deux leUres suivantes donnent une connais ance uffisante
de sa maladie, par l'apport à la médication par les caux de Luxeuil,
qui lui a été oppo ée.
« Mndame N.. . e t aUeinte, depui plusieurs annces, d'une gasll'o-entCt'algie qui a Cl plus intense que vou ne la venez; quel-
�-
{lt~
-
ques anti-spasmodiques en topiques, des bains cl un régime assez
sévèl'e ct bien suivi, ont amendé Irs ymptôme les plus doul~
l'eux; mais il reste encore celle su 'ceptibilité de toutes les VOle
difte tive en vertu de laquelle la moindre cau e d'excitation, soit
phy ique, oil morale, ravive les pl'emiel' accidents; l'irritation,
qui 'était bOl'l1ée aux voies digestives, p:\l'ail, depuis quelque
temps, 'irradie!' du côté de l'utél'u ; de là, quelques douleurs
sourde Vel' le has-ventre, etc. »
Madame N... pl'it vingt-cinq bains à 27° R. , quinze douches et
de l'cau de la source d'Hygie il l'intérieUl'.
Le ré ullat ùe cette médication se trouve exposé dans la lelll'e
uivante, éCI'ite une année aprè :
({ Madame N ... , qui va prendl'e sa deuxième saison, s'était fort
bien trouvée de vo soins; et les ol'ganes digestif avaient récupél'é
presque toute leUl' énergie; l'ensemble de l'organisme vrésentait
au i un élat tl'ès satisfaisant, à tel point que Mme N... , qui n'avait
pas eu d'enfant de son second mal'iage, était devenue enceinte;
mais c'est une fausse couche qui a, pour ainsi dire, t1'oublé celle
santé plu que pa able. - Vous trouver z notl'e intére ante malade a rz bien l'établie; cL c'esL pour fixel' votl'e attention SUl'
une lé ion qui n'existait pa l'an ùemicr, que j'ai le plai il' de vous
éCI'il'e.
» La fausse couche a élé accompagnée d'une mch'île aiguë avec
perle rouge a scz abondante, ct qui se manife lait pl'esque il de
helll'es régulières; une médication anti-pél'iodique, appropl'iée, en
a fait justice; je n'ai point cu recoul' aux évacuations sanguines,
craignant de débiliter l'appareil digestif; mais il reste un engorge-·
ment dn la mall'ice, peu sensible, il e t VI'tti, mais pOUl' lequel
vous sCl'ez obligé d'employer quelque moyens résolutifs Ihel'maux, et peut-ch'e une saignée, s'il urvenait une pél'iode aiguë,
etc. »
Résultat: aprè celte seconde ai on, pendant laquclle Mm. N...
prit vinrrl bain, eize douche , et de l'eau de la source d'Hygie il
l'inlérieUl', elle partit à peu près bien portante, devint enceinte
dans l'année, aCcoucha heureusement ct n'a pas ccs. é depui de
jouil' d'une e 'cellente santé.
10
�:m.
AI\'fllltOOY ' JE AVEC CLAUOlC,\TION; APHONIE.
Madame N... , petite, grasse, tempérament Iymphatico-sanguin,
bien constituée, tlgée dc 40 ans, cnco['c bicn réglée, fut mariée .21 ans, et a déjà cu lreize enfants; vie très laborieuse.
Pcndant sa deuxième gl'ossesse, à l'âge de 22 ans ct demi, après
avoil' couehé tout un lliver dans une chambre très fl'oide et très
humide, elle fut prise de doulcul's dans les genoux; elles occupaicnt
tantôt l'un , tantôt l'aull'e, quelqucfois tous les deux; clle en souffrait principalement l'hivel' ct SUI'tOUt quand il faisait très froid ou
qu'il tombait de la neige; mais cn été, les conditions atmosphériques n'exerçaient aucune inlluencc; d'ailleurs, les douleurs étaient
très fortcs, gènaient la mal'che ct s'aggravaient à des intervalles
indéterminés.
Après un accouchement qui fut tl'ès pénible, la douleur se fit
sentil' à la hanche droitc el occasionna une claudication qui dura un
an; Mme N... ne e souvient pas si, pendant sa durée, la douleur
avait quitté Ics genoux.
Les choses cn étaient à ce point lorsque, ft l'âge dc 38 ans, elle
fut pl'Ï e, quelque temps après un accouchement, de fièvre puerpCI'ale. A peine remi e de celte maladie, elle fut dans la ucces itc,
un certain JOUI', de causer beaucoup, et il lui SUI'vint une cxtinction
de voix; elle ne pouvait padc\' qu'à voix ba c, et clic cprouvait un
malaise considcl'able, comme la sen ation d'un anéantissement ayant
son point de dcpat,t à la région infél'ieUl'e thoracique moycnne;
point de lésion dans lcs appUl'cils digcstif ou circulatoÎl'c; mcns lI'uation pal-fuite ; nulle doulcur aux genoux; tclle était son ctat à
son arrivée à Luxeuil.
Vingt-un bains à 28-30 0 R. , quinze douches sur les cxtrémi té inféricUl'cs ct SUI' la région ternale, eau du bain dcs Cuvelles
en boisson.
A on dcpal't de Luxeuil, moins dc malaise local, plus de force
cn général, mais toujoul's pas dc voix.
Quatrc mois aprè ,dinnhée abondante qui dura dix joul's et fut
immédiatemcnt sui vic du r LoU!' de I ~ voix.
�-
.p,7 -
Un an apl'ès, Madame N... l'evint aux eaux pOUl' consolider sa
gUél'isoll. Un jour, muis un jour seulement, elle éprouva ses an
.-ciennes ùouleUl's ùe genoux ql\'elle n'a plus ressenties depuis.
06.
LEUCOl\l\nÉI<:; MÉ'J'ROR1U1AGIE;
HYSTÉRIE;
HYPOCONDRIE;
ENGORGEMENT DU WUE ANTÉRIEUR DU FOIE; MA.RASME.
Madame N... " âgée de 50 ans, l'églée à i 5, mariée à 22 , a eu
tl'ois enfants; maigre, petite , pâle, constitution fort grêle et délicate.
Ayant son mariage, douleUl's spasmodiques, sc reproduisant
dans le ventl'e, tl'è fugitives, ct à cause cie cela, n'excitant point
. on attention.
Depuis son mariage, leucol'l'hée assez abondante, mais cessant
pat' intervalles; fl'équemment malaise épigastrique, digestions
pénibles.
Ily a cieux ans, douleur vers la paJ'lie latérale moyenne du tho rax, ct, un peu plus lard, vel'S le rebord <les fausses côtes. Enfin,
il Y a six mois, à la suite d' une vive émotion, violent accès né\'l'opalhique; elle en a eu quelques autl'es depuis.
Aujourd'hui, douleUl' à la région du foie; sensibilité de celle
partie à la pression, engorgement du lobe antérieur qui débol'de le
rebord des fau sses cotes; borborygmes, coliques passagèl'es, leucorrhée, vcrmination, appétit variable, digestions pénibles, constipation, sensation de picottement au gosier, susceptibilité nel'veuse considérable et gl'ande mobilité; les moindres causes la découragent et la consolent; cependant la tristesse prédomine; tendance à l'l1ypocondl'ie, accès névropathiques, menstruation
surabondante, amaigl'issemenl. Tout le reste à l'état normal.
Trente-six bains à 28° R. , eau d'Hygie et du bain des Dames en
boisson, douches sU\' la colonne vertébrale et sur les régions thoracique ct abdominale.
Résultat: cessation de la leucorrhée, digestion parfaite, amendement considél'able cles autres symptômes, tel était son étal à son
départ de Luxcui \.
Cinq mois plus lat'd , \r mieux avait cnCOl'e lwogl'essc.
�ti 7.
!lI8 -
Ton'l'lCOL1S; llnONCHlTE; APHONIE; TROUllLE DE 1: AUDITION;
LE UCO IUIllÉE SANGUINOLENTE.
Madame N.. .. est âgée de 00 ans, grande, maigre, tl'ès brune,
LI'ès impl'essionnable; régice depuis l'tIge de 12 ans .
Dans tout le cours de sa vic, elle a clé sujette à des torticolis ,
.:. ùes catarrhes bronchiques, à des ent'ouements.
11 y a dix ans, elle eut un point de côté qui pel'sisla longtemps,
même apl'ès la guél'ison de la pleUl'ésie pendant laquelle il s'était
développé, et dura plus d'une année. Elle a été sujelte à des démangeaisons sur la poitrine et el1[l'e les épaules. Depuis plusieurs
mois, ces démangeaisons ont cessé; presque toujours aussi, elle a
eu un peu d'écoulement leucolThéique.
L'appar'eil digestif est en bon état, sauf un phénomène assez
singuliel', eelui d'un bOUl'donnement d'oreilles , qui. ne cesse que
(Iuaoù la digestion est faite ct qui commence immédiatement après
le repas; constipation.
Enfi n, depuis la cessation de ses règles, qui a eu lieu il y a
deux ans , la leucorrhée est devenue plus abondante et sanguinolente; rien d'anormal dans l'organe utérin; pouls natUl'el, état des
fOI'ees convenable,
Vingt-un bains à 27° R., eau de la soul'ce d'Hygie en boisson.
Resultat: au bout de douze jOUl'S, cessation complète de leucOl'I'hée, bourdonnements d'oreilles considél'ablement diminués,
amélioration de tout l'ensemble des symptômes.
158.
DOULEun
AU
l'I!W, A
L' Él'AULE; NÉVRALGIE
n ÉM ICl\ANTENNE
ET FACIALE AL'l'EI\NAN'f AYEC LA GASTRALGIE; SUREXCITATION NEnYEUSE.
Madame N.... a 33 ans, fut réglée à !li. , mal'iée à 20, et eut
1jI'ossesses en cinq ans; tcmpél'amellt nerveux-sa nguin ,
bonne constitution, position sociale élevée.
Dans S::l jeunes e, elle cpl'ouva une douleul' à nu pied, et longtemps III)1'ès, une douleur il l'épaule qui dm'a une quinzaine de
(Ilia Ire
�_. i49 -
jOUI'S, sans l'empèchel' de sc sel'vil' de son bras; clic était
ll'ès sujctte ù la céphalalgie et avait l'estomac délicat; dans son en fance, elle avait eu la fièvl'e muqueuse, et à l'âge de Hi ans, une
suppression qui dura lm an,
A part ces aU'ections, clle a joui d'une bonne sante, quoique
sujelle à des sUl'excitations nerveuses,
Il ya qninze mois, elle fut prise, snns cause appréciable, d'une
ucvl'algie atroce, {lxée sur l'un ou \'autl'e hémicl'ùne altel'l1ativcment; nprès avoil' honiblement soull'Cl't pendnnt quinze jours, elle
alla tl'ouvel' un dentiste qui lui persuada que deux dents à extl'aire
étaient la cause de ses douleurs; l'une fut extraite en effct;
l'autre sc brisa dans l'alvéole; on tenta vainement d'al'l'nchcl' les
rncines. Les douleurs de tête n'en fUI'ent que plus violentes; c'était,
dit Mme N.... , « à courir les champs, » L'estomac varticipa à la
sou{fl'ance; l'appétit se pel'dit complétement; d'ailleurs, aussitôt
que la moind,'e qunnlité d'aliments était ingcrée, ils étaient rejeté::;
par le vomissement. Enfin, Veu à peu, ces douleurs sc calmèl'ent,
mais lu surexcitation nel'veuse qui existait déjà n'en fut que plus
prononcée.
Aujourd'hui, il existe dcpuis trois mois suppl'cssion ou grossesse; les caractères du phénomène pl'ésenlent beaucoup d'ambiguité; la névralgie a les mêmes allures que celles déCl'ites ci-dessus; elle alterne avec le malaise indéfinissable à la région épigastrique et aux hypocondres; tl'istesse, mOI'osité, décoUl'agcment,
lassitude; bientôt la névralgie faciale apparaît, et dès 101'S, plu '
de phénomènes gnstl'ulgiques, D'aillems, la languc ne présente
rien d'anol'mal; le pouls est régulier sous tous les l'appol'ts, lIul
autre trouble fonctionnel.
Vingt-cinq bains à 26° R. , eau de la source d'Hygie en boisson.
Résultat: amélioration sous tous les rnppol'ts; la gastralgie cl
la uévl'algie hémicl'ûnicnne ont considérablement diminué d'inlen
sÎté; l'étUl mOl'ul cst plus satisfaisant; la menstl'ualion nc s'esl pas
l'établie.
�150
J O.
UOULEUI\S
EI\I\ATIQ ES;
AMÉNORRHÉE;
GASTRALGIE;
APHONIE ,
SUREXCITATION NERVEUSE.
Mademoiselle N.... , âgée de 25 ans, tempérament Iymphaticosanguin, petite, mais bien con tituée, ayant joui pendant son en fance d'une excellente santé, douée par la nature d'une très bell e
voix qu'elle a beaucoup cultjvée.
A l'âge de 21 ans, irritation au larynx et extinction de voix
complète qui dura huit jours: depuis cc temps, impossibilité absolue de chanter.
Il y a sept mOIS , uppression; depuis longtemps déjà, elle éprouvait des symptômes de pYI'osis; elle a cu aussi à diverses foi ,
mais d'une manièl'e passagère, des douleUI's erraliques dan le
3I,ticulations; leUI' peu de durée, ainsi que leur peu d'intensité,
les faisaient considél'er comme insignifiantes. Enfin, depuis lOI' ,
agacement du système nel'veux, impressionnabilité extrême ,
tl'emblement nerveux il la moindl'e application.
Trente-six bains il 27-280 R., eau ferl'ugineuse en bois' on, et,
apl'ès le quinzième JOUI', eau d ~ bain des Dames, douches il 54 0 SUI'
le extrémités pelviennes d'abord, et ensuite SUI' la région supubienne et saero-Iombail'e.
Résultat: au vingt-deuxième bain, rétablissement de la menstl'uation; et, quelques jours plus t31'd, MUo N_.. avait re couvl'é sa belle voix; les éLI'angers qui fl'équentaient le salon en
aùmirèl'ent la pureté et l'étendue, ainsi que le talent mu ieal tI'è
distingué qui la dirigeait.
60.
CÉPllAULGIE; LE CORRUÉE; NÉVI\ALGIE STER O-Él'lGASTRIQUE .
Mademoiselle N ... , maigl'e, élancée, teint coloré, cheveux noirs,
réunissant les attributs du tempél'ament sanguin il ceux du tempérament nerveux, assez bien constituee, ayant dans le caractère une
grande vivacité, tempérée par une tout aussi gl'anùe ré ignation;
âgée de 51 ans el se livrant il l'éducation. Elle fut réglée à J'ùge
de H, à ~6 an
�-
{lH -
Sous l'inl1uence d'une vic tJ'iste ct sCdentaiI'e, il lui SUl'vint des
douleurs de tête our des , mais constantes. A 24. an , fièvre muqueu e, à la suite de laquelle les douleur de tête diminuèrent
beaucoup; cette diminution fut suivie de leucorrhée; enfin, il Y
a un an, manife tation d'un nouveau symptôme con i tant en une
sen alion extrêmement penible il la région thol'acique anterieUl'e,
depuis l'épigastre jusqu'à l'extl'cmité supérieure du . t l'Oum;
point de toux, ni de dy pnée, ni de palpitation; le stél110 cope ne
foul'Oit aucun igne d'état pathologique.
l\1ademoi elle N... a toujour cté réglée fort irrégulièrement;
tous les deux mois, six semaines, trois moi , elc.; elle a même
éprouvé, il l'âge de 27 an ' , une suppl'e sion qui a dure six mois,
cl qui n'a pa cesse an les secours de l'arl.
La maladie dont les principaux symptôme viennent <l'èll'e l'etl'aces doit vrai emblablement on ol'igine il des chagrins et des
ennuis profonds qu'a eu il suhil' Mlle N.
Vingt-un bains il 27 -280 R., dix douche , cau de la source
d'Hygie en boi on.
Ré ultat : amélioration géncl'ale, ces alion de la leucorrhée,
men truation au trenle-deuxième joUI'.
64..
MYODI ' IE; GASTRALGIE.
Mon ieur N ... , àgè de 52 aus, tempcrament sanguin, bonne
con ti tUliOll.
A l'âge de 22 ans, après avoir pa sc l'hiver dans un logement
humide ct froid, myodinie ct arthrodynie qui, sans l'empêcher
d'aller, donnaient lieu à la claudication.
Quelque temp après la guél'i on de celle claudication, sous l'in fluence d'une hygiène alimentail'e peu convenable, tant pour la
nature des aliments que poUl' la régularité de l'alimentation, se
manife ta une en ibilite douloul'eu e à l'epigastre' le gilet ct le
pantalon exerçaient une con trietion gênante: cela dm'a un an,
avec de intervalles de mieux cL de moins bien.
Enfin, après des a1Tections momie "Tave. il la doulelll' épi gasLI'ique vint se joindl'e le tl'ouble fonctionnel de l'e tomae; la
�~
H.i2-
digestion était tI'ès longue et tl'ès pénible: il fallait vingt-quatre
hemes pour qu'elle fùt pm'faite; alol's le besoin de manger se faisait sentil' vivement, et, 10l'squ'il était satisfait, était suivi d'une
nouvelle indigestion; constipation,
De temps en temps, vomissements sans efforts, comme spontanés, que l'action de fumel' et l'usage de la bièl'e pl'ovoquent tl'ès
souvent,
Depuis la première manifestation des douleurs à l'estomac, celles
qui fr'appaient les membl'es ct les 1lI,ticulations n'ont plus lieu que
passagèl'ement; la langue est très légèl'ement sabul'l'ale le matin,
un peu pointillée, s'étalant peu, et l'ouge à sa pointe plus que ne
le comporte l'état normal. - Le vin il'rite, donue de la soif; le
aliments excitants sont nuisibles; le lait, que M, N", n'aime pas,
passe beaucoup mieux,
Tl'ente bains à 280 R" vingt douches, eau de la source d'Hygie à
J'intél'ieUl' ,
Résultat: avant son départ de Luxeuil, retour complet il J'état
normal,
62,
PALPITATlONS DE COEUR; BLE NORRUf:E,
Monsieur N"" âgé de 2i ans, tempérament éminemment sanguin, fils d'un père fOI'tement rhumatisé, po ition sociale confortaLle,
Dès sa plus tendre enfance, affection du foie qui faillit l'enlever,
Vel's l'âge de ! 4 ou !;; ans, chnte sur Un genou, et, depuis,
sensibilité plus grande de cette partie, surtout au retoul' du pl'intemp ,
A l'âge de l8 ans, palpitations de cœU!' se manifestant ff'équemment, SUI'tOut par ulle mm'che un peu rapide, en montant un escalier, et impl'imis pel' coïtl,m, - Enfin, il Y a six moi , blenno\'rhagie qui a dUl'é six semaines, et a été tl'tlitée pal' le poivl'e cubèbe, le copahu et les injection de llitl'ate J'argent; la blellllorrhagie n'a nullement modifié son état antcrieUl'; elle a élé suivie
d'une espèce de suintement chl'onique qui ùure encore, avee
�- USa douleUl' en urinant; la valse, la danse, le chant, sont nuisibles;
le cœur, hOI's le temps des palpitations, ne donne point de bruit
anormal.
Vingt-deux bains à 26° R., seize douches, eau de la source
d'Hygie en boisson.
Résultat: cessation de la sensation de doulcUl' qui avait lieu en
minant; diminution des palpitations.
65.
SUPPRESSION D'ENGELUI\ES; Ar.IBNonnnÉE; TUMEUR AU-DESSOUS DE
L'ÉPIGASTRE; TnOUDLE DE LA DIGESTION.
Mademoiselle N .... fut réglée à t5 ans; maigl'e, fl'èle, très
brune, très impl'essionnable, à imagination vive, fille ct nièce
d'hommes de lettres fort distingués; elle avait toujours joui, jusqu'à l'âge de ! 9 ans, d'une assez bonne santé, malgl'é la délicatesse de sa constitulion ct une susceptibilite d'estomac un peu
anormale.
Sujeue aux engelUl'es à un degré peu ordinail'e, elle passait quelquefois j'hivel' sur un fauteuil, condamnée pal' celle in(h'mité 11. un
repos absolu.
Fatiguée d'un tel élat de choses, se l'eproduisant tous les ans une
partie de l'hivCl', elle fit usage de je ne sais quel onguent, dont
le résultat fut la supprcssion de ses engelures. Bien~ôt
après, aménOl'l'hée.
Au mois de mai suivant, elle vint aux caux de Luxeuil. Voici
son élat : Aménorrhée depuis le commencement de novembre; décolol'ation de la face, faiblesse extrême, palpitation presque continuelle, syncope au moindl'e mouvement; dyspepsie; crampes
d'estomac, quelques heures après l'ingestion des alimenl ; le salé,
les légumes secs, les choux, les aliments ,'enleux, la gênent; le lait
passe mieux que tout autre chose; constipation.
Tumeur diil'use, large, faisant saillie sous le parois abdominales,
située au-dessous de l' cpigastre, dUt'e , immobile, indolente, tl'ansvel'sale. Celle tumeur s'est manifestée aussitôt apl'ès la suppression, ct n'est arrivée qu'insensiblement au point où elle est au
jourd'hui ; côphalalgie continue, point de bl'uit anOl'mal.
�-
Hi4-
Mademoiselle prit tI'enle ·six bains à 26 -27 0 R., et but de l'eau
du bain des Dames; douches SUI' les extl'émités infél'ieul'es.
Il y eut, après cette première saison, une amélioration évidente,
portant pl'Ïncipalement sur l'état des fOI'ces, sur la diminution de
la tumeul' et des lésions des fonctions digestives.
Au mois de février suivant, retour des l'ègles après quinze mois
de suppression. - Au mois de mai, nouvelle saison aux eaux de
Luxeuil, et même médication.
Résultat: rétablissement pl'ogressif; les engelures reparurent
l'hiver suivant.
Six années se sont écoulées depuis, et Mlle N.... jouit de toute
la sanlé que comportent son âge et sa constitution.
6Q. INDIGESTION .
.
Madame N... , âgée d'à peu près 00 ans, brune, d'un embonpoint modcl'é, sans signe caractéristique d'un tempérament exclu sif.
« .... Par suite de fatigues physiques et d'ilTégularité dans ses
repas, les fonctions digestives de Mme N.... ont, depuis plusieurs
mois, subi une altération assez notable; un malaise épigastrique,
des indigestions assez fl'équentes, une défécation pénible, en sont
les principales manifestations; il s'y joint parfois de la dysurie, sans
que l'appareil llrinaire soit aH'ecté essentiellement, mais seulement
pal' sympathie; il arrive, parofois aussi, que l'il'ritation s'étend jus qu'à l'anièl'e-gorge; il Ya alors, le matin, quelques crachats muqueux, légèt'emen t striés, d'une teinte l'ouille; ces derniers symptômes pl'éoccupent fortement la malade et sont cependant sans
impol'lancc.
» Madame N.... vient d'essuyer une fièvre scarlatine assez in lense, qui a suivi une marche l'égulière, et ùont la. pél'iode de des quammalion s'achève. Le système cutané e l donc tl'ès susceptible
et il y a lieu d'a.ller tl'ès doucement au début de la méùication thel"
male, soit pour la durée ùu bain et sa tempél'atUl'e, soit pOUl' la nature des eaux.
(Consultation de M. N .. .)
»)
�-
Hiti -
Vingt-cinq bains, ùix douches sur les extrémités inférieures, eau
tic la SOUl'ce d'Hygie en boisson.
Ré ullat: gucl'ison complète.
60,
l\EFl\OlDISSEME '1' DES
EXTR{~M[ÉS
; GASTRALGIE; LEUCORRUÉE.
Madame N... est âgée de 52 ans, petite, blonde, embonpoint
Illodét'é, imagination vive, appartenant à une des classes ai ces de
la société, bonne con litulion.
« ... Cette dame pl'é cnte le type d'un état névropathique de
l'appareil digestif, surtout de l'estomac; ainsi, les digestions sont
presque toujours laborieuses, la défécation pl'esque jamais natul'elle; et, à la moindre fatigue physique ou mOI'ale, il y a crampes
d'estomac, avec douleur et exspuilion de matières aqueuses; ces
aeeiùents sont accompagnés de leucol'l'hée, mais seulement dans le
cas de fatigue plus forte; elle épl'ouve un symptôme fort ennuyeux
et presque continuel, même dans le temps de plus gr'andes chaleurs, c'est un fl'oid intense aux extremités inférieUl'e . »
(Consultation de M. N.)
Trentc bains il 26° R., eau ferrugineuse en boisson, douches SUI'
les extrémités infel'ieures.
Résultat: amclioration assez pl'ononcée au départ de Luxeuil, ct
qui, un an après, avait assez progressé poU\' pouvoir être pl'ise poU\'
une guérison.
66.
NÉVTlALGlE mlU lATlSMALE SE PORTA T ALTERNATIVEMENT DE
L'ÉPAULE DUOITE A L'OEIL DU MÈME CÔTÉ ET VICE VERSA.
« Une dem,oiselle âgée d'envi l'on 50 ans, est atteinte d'un rhumatismc vague qui se fixe SUl' l'épaule dl'oile et sur l'œil du même
côte; il passe altel'fialivement de l'épaule à l' œil, et de l'œil à l'épaule; l'œil s'enflamme lors de la pl'ésence du rhumali me, ct re élat normal lorsque celui-ci s'e t l'eporté SUI' l'épaule;
prend ~on
on pratIque des saignées, soit genêt'ales, soit locales, surtout lors
de. l'infam~to
de l'œil; mais, quoiqu'un mieux-être en soit la
smle, ces saIgnées ne peuvent êlt'e cOlltimlces à cause de la cris-
�-
HHi-
pation dans les doigts, des mouvements de torsion des membl'es
qu'en éprouve celle malade; elle s'y refu e absolument: on a recours infructueusement aux bains domestiques; elle va pl'endl'c
des bains cl des douches aux eaux minérales de Luxeuil: alol's la
scène change; un grand soulagement se manifeste; l'état de souffl'ance pl'esque pel'manente a cessé, elle ne ressent plus aucune
douleur à l'œil: seulement, dans les variations de tempél'3tUl'e, les
membres sont encore atteints de douleUl's vagues . Elle retournc
aux eaux les années suivantes, plutôt, dit-elle, pOUl' les remercier
que pour en obtenir du soulagement; elle ne sou1ft'e plus.
» C'était en i826. Depuis celle époque, plus de douleur à l'roil;
rarement quelques douleur vagues et très supportables dan le
memlH'es; il e t probable que sans le secom des eaux, la malade
eùt été pl'ivée de l'roil droit et pcut-être de l'usage des membres,
lant le rhumatisme avait de fl'équence et d'intensité. »
(Observalion communiquée par M. le docteur 7'ruchol.)
67.
LÉSION DE L'APPAREIL CÉ1\ÉQRO-SPINAL; RAMOLLlSSeMEN1'.
Une jeune institutrice e t aITcctée de douleurs de tête très vives, de douleul' à la nuquc avec engoUl'dissement des jambes,
des bl'as, des doigt, au point de ne pouvoil' placer des épingle.
Trébuchant souvent dans la mat'che, olle sc fait une entol' c au
pied; la pat'alysie urvient aux extrémités infél'ieul'es, ct cette
malheureuse reste au lit dix-huit mois sans aucun mouvement des
extrémités.
On la conduit à Luxeuil; les douches cl les bain très chaud
lui fUl'ent admini lI'és sans aucune amélioration; et après deux
saisons, elle revint chez elle à. peu prè dans le même état que
lorsqu'cHe en élail pal'tie.
Deuxième anlléc. - L'année suivante, elle l'clouroa à Luxeuil;
instruit san lloute pal' l'insuccè de l'année précédente, le médecin lui a fail pl'enc11'e les ùouches ct les bains pl"Csque f('oids; après
le trenle-huilième bain, elle sent cs fOl'ces revenil' dans les jambes. EncolU'agée pUI' cc leger succès, elle prend tlUC tl'oisième sai 5011, peudautlaquelle elle peul fail'e quelque pas dan sa chambl'e,
�-
HS7 -
au moyen de béquilles, et même elle put en faire le Lour; elle co~
tinua il gagner, ct à la fin de celte saison elle est allée deux fOlS
seule aux bains, aidée seulemcnt de ses béquilles.
De retour chez elle, elle abuse de ses forces en mangcant un
peu trop; elle les perd de nouveau, éprouve des evanouisml~;
nne saignée devient nécessaire; vers le mois de mai la main drOite
etait presque paralysée, un fommillement s'y fai ait ressentir.
Troisième année, - Elle va prendl'e les caux de Luxeuil, pour
la tl'oisième fois, épl'ouve de légère attaques d'apoplexie; une saignée, 3idée de l'application dcs vcnlou es sur la p3rtie cervicale
tic l'épine, met fin à ces l'edoutables accidents; elle prend alol'S les
douche presque fl'oides, ct récupère le mouvement du bras presque paralysé. Une deuxième s3ison rend aux jambes leur mouvement, au point qu'elle pouvait aller au bain avec le seul seCOUl'5
de sa béquille.
Huit jours après son retour do Luxeuil, elle va à Bourbonneles-Bains, y pl'end seulement trois bains après lesquels elle est atteinte d'étourdissements, ct forcée de gat'der le lit; elle revient
chez elle où clic reste deux moi pouvant marcher à l'aide de ses
bCquilles.
QU3tl'ième annee. - Elle reloul'Oe 11 Luxeuil la quatt'ième année. API'ès quinze bains presque fl'oids, cHe sent revenir ses forces, cl cs douleurs se dissipcI'; elle quitte ses crosses et peul mat'cher il l'aide d'un seul bâton.
Cinquième année. - La cinquième année, elle prend des douches presque fl'oides, les pieds plongés dans l'cau chaude.
Sixième année. - La sixième annee, elle va il Bombonne où
elle pl'end les bains presque froid et lcs douches chaudes; des
maux de Lête ont cté la suite de ce traitement.
~cplième
année. - Elle retourne ù Luxeuil où elle prend les
ham pt'esque froiùs, et les ùouehes allel'llativemenl chauùes et
fl'oi~e;
après quoi, son état s'e t tellement amélioré (IU'elle a ,'éc~lpr('.
.toutes ses forces, n'épl'ouvant que qnelques légers maux de
Ide qUI cèdent aux saignees.
Depuis envil'on quatre ans, elle est ernployee comme femme de
chambl'c, cl suffit pUl'faitement ~l en l'emplir les devoirs, n'épl'oU-
�-
4;>8 -
'Va nt d'autre dél'angement dans sa santé que les légèl'es cephalalgie_
dont on vient de parlel'.
(Observation communiquée par M. le doctettr" Truchot.)
68.
MYÉLITE LOMBAIl\E, RllUMA'l'ISl\IALE.
Dans le COUl'ant du mois de mal's 1855, un jeune homme de
i'2 ans est atteint de douleUl's vives dans la colonne épinière, partie lombaire; ces douleurs sont telles qu'on ne peut imprimer il cc
malade le moindre mouvement sans lui faire poussel' des cris perçants ; elles s'accompagnent d'engourdissement des jambes, de difficulté d'uriner, de tension du venLI'e, de selles l'ares, d'une grande
fl'equence du pouls; bientôt les jambes deviennent immobiles, les
douleurs des vertèbres lombaires prennent une nouvelle intensité,
et font craindre, réunies à l'immobilité des jambes, l'inflammation
de la moelle épinière dans sa partie lombait'e,
Ces symptômes sont combattus par les saignées et les bains domestiques; les mouvements qu'on était obligé d'imprimer à ce
jeune malade lui faisant redouter les bains, on le glisse sur un matelas de paille, et on le porte ainsi dans le bain; il Y éprouve un
grand soulagement, y reste longtemps et redemande ce moyen
avec empressement.
Le trochanter du côte droit s'affecte, devient douloUl'eux et
s'enflamme avec tuméfaclion; les douleurs de dos diminuent, le
bain procUl'e un peu de mouvement dans los pieds; mais ce bienêtre est de peu de durée; car, à la fin de mal'S, les extrémites inferieUl'es sont toujours immobiles.
En avril, la fièvl'C existe encol'e; elle est plus marquée le soi r,
l'appétit est néanmoins revenu, les genoux sont affectes, le rhu~atisme
ne les occupe pas longtemps:, le malade étend un . peu les
Jambes, il est très maigre.
Le 50 aVI'il, les douleurs se manifestent dans l'articulation iléo ·
fémorale du côté gauche; dans le courant de mai, le rhumatisme
passe du dos aux genoux ct des genoux au dos; le pouls l'este fre cluent; les douleurs diminuent; on peut faÎl'e sOI'til' le malade et [e
porter au soleil.
�-
Hi9 -
Le i CJ mai, il paraît moins maigl'e; mais la raideUl' des genoux
et de l'al'liculation iléo-fémorale persiste, avec immobilité ùes extrémités inférieures.
Il rcsle assis, et ne peut changer de place qu'en appuyant ses
mains à terre et en transpOl'lant son COI'pS au moyen des muscles
grand-pectoraux et grand-dorsaux .
Sur la fin de juin, on le conduit aux eaux de Luxeuil; après
plusieurs bains, les extt'émilés inférieures reprennent un peu de
mouvement; il peut se tenir dl'oit à l'aide de crosses, et même
s'appuyel' un peu SUl' ses jambes ; il continue les bains et les
douches, et chaque jour le mieux-être s'augmente; il quille ses
héquilles el mar'che scul à la fin de la saison; les forces reviennent
de plus en plus, et, après quelques mois 1 il est aussi fort el aussi
agile qu'aueun enfant de son âge; sa sante s'est pat'faitement soutenue, et jusqu'ici, douze ans après ce redoutable rhumatisme, il
n'en a éprouve aucun ressentiment. »
(Observation cO'Inmuniquée par M. le docteur Truchot.)
60.
VICE l)'lNNEI\ V i\1'lON DE L' ,U"PAI1EIL MUSCULi\l\1E .
..... Monsieur N.... est doué d'un tempérament éminemment
nerveux; depuis plusieurs mois, il est en proie à une i l'itation
cllronique des voies digestives, qui le plonge dans un élat de ma ·
rasme prononcé.
1'enlél'ile chronique se complique évidemment, chez 1\1. N.... ,
d'une sorte de rhumatisme nerveux qui le rend très susceplible,
de telle sorte que les variations dans la température ont une fort
grande inlluence sur sa santé.
. Les digestions se font avec grande peine, et sont presque touJours accompagnées de coliques, tantôt avec diarrhée, tantôt au
~ontrai'e
avec constipation; la digestion des liquides est presque
ImpossIble, de quelque nalure qu'ils soient.
.J'ai pensé que vos eaux tl1ermales , prises soit en bains, soit en
b01sson, SOil en douches ascendantes, pourraient conlt'ibuer puissamment à amcliorer les fonctions digestives; mais il est bien év ident, d'apl'ès les symptomes énuméres ci-dessus, qu'elles doivent
�-
.f.60-
être employées avec les plus grandes précautions, .vu la constitulion de l'étaL du malade. »
(Cons1tltation de M. le docteur B.)
Complément de cette consultation:
Monsieur N.... , avocat, dans une belle position de fOl,tune, est
âge de lI'ente ct quel([ues années, grand, maigre, tL'ès brun, imagination vive, esprit cultivé, sensibilité exC'{uise, ayant le goût
des at'ts et s'y livrant sans ménagement, instmmentiste d'une
fOl'ce rema.'quable.
Sa maladie, dont les premiers symptômes remontent à une date
assez reculée, et que M. N.... altribue à un genre de vie trop
sédentaire, est constituée par une lésion purement vitale, dont l'appareil musculaire est le siége principal; l'exploration la plus attentive ct la plus minutieuse ne fournit aucun indice de lesion organique; les muscles sOl'vant à la locomotion, aussi bien que ceux
qui entrent dans la structure des vi cèl'cs creux où s'opère la digestion, sont vicieusement énervés; de là celle fatigue qu'occasionne la mUl'che SUt'iout après le l'epas; de là encore cetle paresse
ou cette accélération des mouvements pél'islaltiques, ainsi que les
douleurs de coliquc qui les accompagnent; de là enfin, la difficulté, non-seulement de la digestion, mais même des alimenls surtout liquides, celte sorle de dysphagie poussée si loin. que le malade ne peut avaler plus d'une gorgée de liquide à la foi. La
langue ne pl'csenle ni rougeul' IIi sahune; l'appétit est médiocre,
rien d'anormal dans l'état de la l'espir'ation, cil'culation satisfaisante, faiblesse et émaciation cxtrêmes, tl'istesse, inquiNude d'espl'Ît, pl'éoccupatioll de sa maladie, régime de vie substantiel.
Bains, douches, cau de la SOU l'CC d'Hygie en boisson.
Ré ullat: apl'ès un mois de celt.e médication, le malade avait
récupéré une partie de ses fOI'ces ; il pouvait boire à la fois un demiverre de liquide, ct il oÎnait à lable d'hôte.
De l'etOU!' dan cs foyel' , l'amélioration se soutint ct progre sa
tellement que, ('evenu aux mêmes caux l'année suivanLc, il buvait, mangeait ct digcrait comme tout le monde, cl faisait le
chal'me du salon par les agréments dc son espl'it ct les sons délicieux C'{u'il til'nit de Son instrument.
�-.f.6i -
70.
NÉVROPATHIE; GASTI\ALGIE AVEC RÉACTION SUR L,\
CIRCULATION •
.... « Madame N... , âgée de [,2 ans, bien réglée, tempér
ament
Iymphatico-nerveux, est slljette", depuig huit ans, à des cl'ises
d'irritation d'estomac avec des acridentg névropathiques; ces crises
revenaient, les pl'emièl'es années, deux ou trois fois pal' an; depuis
deux ans, elles reviennent presque tous les deux mois; elles consistent en une douleur pl'ofonde pal'lant de l'hypocondre gauche,
ct se pl'opageant du même côté dan la poitrine et dans le ventre,
avec une sensation el une espèce de bruit pm'licu\iers; il sUl'vint
des éructations très abondantes, puis des soulèvements d'estomac
et des vomissements glail'eux, quelquefois bilieux, et ral'ement des
substances ingérées. D'ordinail'e, il y a beaucoup de fièvl'e pendant
plusieUl's jours; ùes douleUl's le long de l'épine, dans le ventl'e,
il la tète, dans les membres; de la chaleul" quelquefois des sueurs,
l'arement du dévoiement. - Ces crises s'al'l'êtent dix, douze ou
vingt-quah'e heures, et reprennent ainsi plusieul's fois. Il anive
aussi qu'un fort aecès de fièvre reparaisse plusieurs fois de suite,
à la même heure; les C\'ises d'estomac suivent quelquefois celte
marche: le sulfate de quinine fait alors tt'ès bien.
» Lcs moyens employés avec le plus de succès sont les
saignées
du }was, les sangsues au creux ùe l'estomac, les bains, les demibains, les lavements, la glacc, et, en leur temps, les sinapismes et
les vésicatoires, ceux-ci promenés sUI'le vcntre.
» On a aussi employé, avec des succès variables, les
ventouses
scarifiées, surtout le long de l'épine; les calmants, qui ont rarement bien fait, et l'huile de ['icin il petite do e.
» La eonstitution irritable de la malade, sa sensibilité
ct l'étal de
névrose presque habituel de l'estomac, réclament, surtout au
commencement de la médication thermale qu'clle va suivre aux
eaux de Luxeuil, une aUention pal'liculièl'c et des soins de la pUl't
du médecin, etc .... »
(Cons1,Uation de M. le docteur N .. .)
Mme N, .. prit vingt-huit bains à 26° R. et quinze douches; elle
fil usage, en boisson, de l'eau de la SOlU'ce (l'Hygie.
�-
tü 2 -
Résultat: J'ai vu Mme N", un an npl'ès; à cette époque , il Y
avail six moi qu'elle n'avait pas eu de crises, et la dernière qu'elle
avait subie avait été la moins in-lense de toutes celles qu'elle avait
épl'ouvées jusqu'à ce jour.
7L
NI1:VIlALGlE RHUMATISMALE; LÉSION DE L'APPAREIL GÉNITOUlHNAtnE; PAllALYSIE I1YSTÉRIQ UE.
Madame la comtesse de N.. " (l'un lempCl'amellt lymphatiquenerveux , fut prise , il Y a sept ou huit ans, ll'une douleul' assez
intense à "une des extrcmilés inférieures; ceLLe douleul', que je
penserais avoir été de nature rhumatique·névl'algique, fit conduire
Madame aux eaux d'Aix en Savoie.
L'administI'ation de ce moyen thermal en douches fit disparnitre
celle douleur; mais la métastase _'opel'a sur le système nerveux
de tout l'appareil génito-UI'inaire , et même SUI' les UCl-fS de la vic
animale circonvoisine.
Madame fut prise alors de douleUl' utél'ines, d'envies plus fl'équentes d'uriner, et d'une impossibilité ùe mUl'chel' simulant la
paralysie.
C'est dans cet état que Madame fut dil'igée sur Nice, afin d'y
passer la mauvaise sni on; mnis ee climat, i favol'Uble dans benllcoup de cas, u'eut aucun effet sur l'état pénible de Madame, L'impo sibilité de marchcl' pel' évcl'a; il ehaque époque menstruelle, il
y [wail des crises extrêmement violente , que l'on était pl'esque
tonjoUl's force de combattre pal' la saignee , tous les antispasmodiques ayant échoué.
Aprè quelques années de séjoUl' à Nice, Madame se rendit à
•••• , où je fus appelé à lui donner ùe oins; je la tl'ouvai au lit ,
en pl'oi . à tous les symptômes d'une cl'ise hystéeiquc compliquee
de mouvements tumultueux du creue, de sufl'ocHlion, d'ngitution
des mcmbr'es supél'ieurs, et nus i de chaleurs intolél'ubles dans le
venLt'e, elc.
Je ceus alol's devoit' pl'atiqu l'une fOl,te saignée, qui fit ce SCI'
Ics cl'ise ' au bont de vin{]t-q1wtre heuTes; penùantle deui'< cpoques,
je mi, cn usngc Ioule la 'éric des cnlmnnls antispasmollicflles , lei
�-
Hj3 -
que la valél'innc, la belladone, le cyanul'e ùe potassium, l'?au ùc
Inuriel'-cerise, ctc.; la mauvaise saison ne pel'mettant pas 1 usage
conlinu des gl'ands bains, j'eus ainsi plusieurs orages tl essuyer, ct
plusieurs saignées furent pratiquées; mai.s, famil~'c
avec c~s
cl'ises, je Cl'US devoir leur laisser pal'courlr leurs pel'lOdes, et. le
m'abstins des évacuations sanguinés, moyen auquel je répugnUls ,
sachant que, dans les maladies nerveuses, elles prédi posent aux
rechutes en combattant seulement les accidents.
C'est ;insi que nous tl'aversâmes la mauvaise saison, et, qu'arrivés au printemps, je crus devoir tentel' de nouvcau quelqucs
moyens antispasmodiques, afin de prévenir les orages terribles qui
accompagnaient chaque époque menstruelle: tous, y compris la
quinine et ses pI'épal'ations, échouèrent; le musc seul nous donna
des rcsultats qui débal'I'assèrent Madame de ses craintes pOUl' une
malnùie de cœur.
Je fis alo['s prendl'e tous les joul's un gl'and bain jusqu'à la ceintUl'C; ct, dans le bain, la malade se faisait des injections au moyen
d'une seringue ad hoc; et, avant chaque époque, clic faisait usage,
pendant sept à huit jOUI'S, de supposit ires de belll're de cacao,
dans lesquels on incorporait deux grains de musc.
Sous l'in!luencc de ces moyens, les crises sont devenues plus
faihles, plus eloignces, et ont fini pal' disparaitre; les douleurs
abdominales ont presque cesse, et Madame a pu fail'e quelqucs
pas à l'aide de béquilles; l'améliol'ation a fait quelques pl'ogl'ès
l'année del'l1ière, et, cette année, elle (la malade) peut mal'chel'
avec une canne cl même monter quelques degl'bi; les crises n'ont
pas reparu depuis six à sept moi .
11 Ya quelques jours que l'ancienne douleur s' c. l fait sentil' à la
.iambe, mais elle a élc de peu de duréc, et elle a ces é sous l'in-.Jluence de fl'ietions huileuses calmante .
Ayant égard 11 l'amélioration obtenue, à l'ctat de célibat dans
~uel
M~dame
~ toujOUl'S vécu, à l'âge critique auquel elle touche,
J ru pense deVOlI' combattL'c les restes de l'innervation viciée des
p~exs
utél'ins et même des nerfs de la vie animale qui vont se
(!tstrlbUCI' aux extrémités infél'ieures, en Opél'anl une dérivation sur
tout le système cutané; c'est dans cetl vue, que j'ni con eill(!
•
�-
!(,4 -
l'usage d'un tl'aitemcnt pal' les eaux thcrmales de Luxeuil. (Consultation de M. N.)
Voici le complément dc cct historique:
Madame de N.... a 44 ans, taille moyenne, très brunc , embonpoint médiocl'e, facultés intellectuelles moins développécs qu'on ne
pounait le pcnser d'après sa position sociale; préoccupée exclusivement de sa maladie et de tout ce qui y a trait, sa vie a été
cxemptc dcs orages que suscitent les passions,
Bâillements frequents, constl'iction hystérique à la gorge, menstl'llation l'égulièl'e , mais moins abondante depuis quelques années,
toujours précédée, accompagnéc ou suivic d'une surexcitation
nel'veuse eonsiderablc; pendant sa duréc, oppression, spasmes de
l'nppareil respiratoil'e, irrégularite des mouvements du cœur, sensation dc tcnsion et dc gonflement hypogastl'ique, envies fréquentes
d'urinel' ; souvent, accès ncvl'opathiques (l'unc intensité effrayante,
fJuoi(IUC variables aux diverses époques; leucorrhée.
Immobilité eom pIète des cxtrémités inférieures; la malade ne
peut fairc lc moindl'e mouvement; on la portc de l'établissement
thermal à son logement, et là, une sel'v3nte robustc la pl'end dans
ses br3s ct la monte à son appartement au premier.
Appélil médioCl'e, digestions lentes, rcndues moins pénibles
pal' l'usage d'aliments tl'ès légcrs, du lail3ge, elc.; constipation.
Tel était son él3t tl son arrivéc aux eaux de Luxcuil. - Tout
aulL'e moyen thérnpeutique fut supprimé pcndant la dUt'ée du tl'aitement thel'mal, qui fut de qum'ante jours, ct consista en tl'cnte-six
bains à 27° R., quinze douches, et l'eau de la source d'Hygie en
boisson.
A l'appl'oche de son époquc menstruelle, Mmc de N.... eut un
accès névI'opathiquc d'UllC violencc peu ordinnil'e, qui se prolongea
pend3nt six heures, presenta le l'are symptômc de la cynanthl'opic bicn caracteri éc, ct céda à l'assa-fctida.
A son départ de Luxcuil, apl'ès un éjour de six scmaines , 3méliOl'ution immcnse sous lous les l'apports; la mal:..de fait Il picd,
quoique lentcment, le tl'ajet qui sépu['c l'établisscment therm31 de
la m3ison où clle a son logement, ct qui en est distante d'unc ccntaine de mètres.
)l
�{6~
-
Six mois apl'ès, ayant eu occasion de faire à Mme la comtes e.... une visitc chez clic, clle mc reconduisit jusqu'au ha~lt
d.c
l'cscaliel', sans aucun appui, marchant comme elle nc 1 aVUlt
jamais fait depuis huit aus.
.
Enfin Madamc rcvint trois annécs dc suite passer unc SUl on
aux eau~
dc Luxeuil; pendant la dcrnière, elle marchait a sez
bien, sans qu'on pût ccpendant la dil'c ingambe, pOUl' suffil'e aux
nécessités dc la vie; ellc se mêlait même aux partics de plaisil', ctc.
72.
'1YÉLITE; MÉNINGITE RACHIDIENNE.
Madame N.... , fcmme dc cultivatcur aisé, cst âgéc de 32 ans,
tcmpél'ament sanguin, bonnc con titution, menstruation normalc.
A l'âgc dc 50 ans, au mois dc févricl', sa sœUl' et on beaufrère mOUI'UI'cut il vingt-quatrc hcul'es d'intCl'vallc l'un de l'autrc;
en OUtl'C, clic pOI'ta un enfant dans scs bras à une di tance de plus
ùc cinq kilomèll'cs, sc faligua cn chcmin ct cut froid oult'c mcsurc: cn uile ùc loulcs ccs cil'constance , al'l'ivée chcz clic, clle
fut obligée de sc couchcl'; clic s'était sctltic, di ail-clic, piquéc à
l'c tomac; fièvrc, vomi cmcnls, doulcul's dan le ventl'c; se
règlcs pal'UI'cnl Cl l'cmpèchèl'cnt dc 1l1cttl'e vingt sangsues qui lui
avaient été pl'C cl'ites.
Après quelques jours, la réaction fébrile avait cessé. mais non
la maladic; pcndant cinq ou six mois, doulcUl's e1'l'atiquc , appétit facticc , constipation, faiblcssc musculail'c; cnfin, pl'ogrcssivcmcnt la maladie aniva au point où clle est aujoUl'd'hui. Douleurs
Sur tous les points de la colonne VCl'lébl'alc il la moindl'C pres ion,
principalemcnt aux vcrtèbres dorsales; cndolol'issement de tous les
muscles du corps, impossibilité de fail'c lc moindl'c mouvement
s~n.
cxcitcr dc la sen ibilité ct quelql1cfoi des doulcur aiguës,
am 1 celui de tournel' la tètc, de pOI'tcr lc bras cn a1'l'ièl'c, ùe
fléchil' lc tronc, dc ramassc!' quclquc chose qui cst à tene, donnc
licu à des douleul's déchil'antes dans les divcl's musclcs chargés dc
l'cxécutel'; le muscles de la partie po térieul'c du tl'onc oum'cnt
égalemcnt; ccux ùe la pat'tic antét'icure fl)ut éprouvcl' la sen ·[(tion
de cordes tenducs.
�-
HW -
II Y a IllliL Ü dix 1I10is, pU!' les suggestions d'une sage· femme ,
(lui pl'enait les mouvements spasmodiques pOUl' une maladie de
l'utérus, Mme N.... se fit mettre un pessail'e qu'elle a gardé quatre
mois; pendant tout ce temps, écoulement d'une matièl'e sanguinolente semblable à de la lavure de chairs, écoulement qui n'avait
pas lieu avant l'introduction du pessaÏl'e; après son enlèvement,
plus de sang ni de douleurs utél'ines, mais constatation d'un polype
ulél'in.
Respimtion et digestion en très bon état, constipation, quatrevingt-dix pulsations par minute, menstruation parfaite.
Seize bains à 28° R. , eau du bain des Dames en boisson.
Résultat, peu marqué il son départ. Une quinzaine de jours
aprè • plus de facilité dans les mouvements, moins de douleur;
ll'ois moi après, amélioration évidente.
73.
NÉvnALGIE AR'I'lCULAlUE, TEMPonALE; CÉPHALALGIE; PALPITATION
DE COEun ; LEUCORRHÉE; ENGORGEMEl'lT DU COL DE I:UTÉnus; HELACHEMENT DE SES LIGAMENTS; GASTRALGIE;
NÉvnALGIE SCIA'rrQUE
AVEC ATROPIIIE; PNEUMATALGTE .
Madame N.... est âgée de 32 :ms, et fut réglée il US; elle a
constamment demeuré dans une habitation humide (un moulin) .
Déjà il l'époque de sa première menstrualion, elle éprouvait de la
raideur dans les poignets, comme un léger endolorissement auquel,
il cet âge, on prêle peu d'attention; en oull'e, elle élait tl'ès sujeLLc
il la céphalalgie; la douleUl' occupait ordinairement la tempe droite.
Mariée à 22 ans, elle devint enceinte tout aussitôt; ct déFI
pendant sa gros esse sc manifestaient des palpitations de cœur,
contre le quelles la digitale a été longtemps administl'ée.
Au septième moi de sa gl'ossesse, elle eut une fausse couche
assez pénible, il. la suite de laquelle eurent lieu l'engorgement du
col. de l'utérus, le relâchement des ligaments ct la leucorrhée. Un
tl'a1tement pat' des caux minérales naturelles fut opposé il celle
a/fection, CL, en apparence du moins, en tl'iompha; la céphalalgie
avait déjil considél'ablement diminué, lorsque curent lieu les :lcci
dents consé ulifs de celte fau sc ('ouche.
�-
Hi7-
Quelques année ' après, il se manifesta une lé ion de l'appaI'cll
diCfeslif caI'actérisée pal' un trouble fonctionnel, anorexie, dyspep.'
cl e
o constipation; elle dura plusieurs mois. Après la guerlson
sic,
celle lésion sUl'vint une doulem dans la cuisse, la hanche, le genou, l'al'liculation et la planle du pied, ayant son siége à la partie
externe, augmentant la nuit, et .par les changements de temps,
sans tum6Caction ni aucun changement de couleur, ni sensibilité à
la pression; elle dura dix-huit mois, et passa du membre gauche,
SUI' lequel elle était pl'imitivement fixée, au membre dl'oit, occupal1tles mémes points et pl'ésentant les mêmes caI'aetèl'es. En ouke, par suite de cette a[ecLÏoll, ce derniel' membl'e est fl'Uppé d'un
commencement d'atrophie; les muscles sont plus que flasques, le
tissu cellulaire moins rempli qu'à l'extl'émité gauche. - Enfin,
depuis environ un mois, il la suite d'une vive émotion, toux nel' veuse, sans lésion pulmonail'e, avec expectoration peu abondante de
quelques mucosités; appétit très l'estl'eint; le lait el les autres aliments doux passent bien, le vin occasionne de la chaleUl' après son
ingestioll dans l'estomac; pouls à l'état nOl'mal.
Dix-Heuf bains il 28 R. , dix douches, quatre bains de vapeur,
eau de la soul'ce d'Hygie en boisson.
Ré ultat : il son départ de Luxeuil, il n'existe d'autre amélioration que eelle de la lésion de l'appal'eil digestif; la leucolThée a
aussi diminué considél'ablemcnt.
74.
MYO])JNTE; TORTICOLIS; ODONTALGIE; ÉI\UPTlON CUTANÉE;
HÉPATITE; NÉVI\ALGIE SCIA'l'lQUE; LEUCOl\nUÉE; LOMDAGO.
Madame
. . N... est âgée de 40 ans, gl'unde, belle femme , bien
consLttuee, tempéramcnt sanguin, fut rcglée à i4 ans et mariéc
à 27 , position sociale aisée.
~ès
l'âge de 18 ans, après un bain frais pris pendant qu'clle
aVatt ses règles, elle éprouva au tiCI'S infél'ieUI' et à la partie exteme de la cuissc, une SOl'te d'endolol'issement très cil'conscrit ne
dcpas~nt
pas un rayon de deux ou trois pouces.
'
A 1age de 20 ans, doulem' à la hanche dl'oite, se manifestant
cn tout temps de l'année, mais pl'incipalcment au mois ùe mai;
�-
4.68-
la hanche gauchc devenait aussi quelquefois le siege de la douleur,
mais elle était moins fOl'tement affectée: en outre, depuis l'âge de
l8 ans, elle était tl'ès sujelle aux torticolis, aux fluxions sur les
mâchoires, aux odontalgies: ces derniel's accidents se sont répétés
tant de fois que Madame N... a pel'du le plus granù nombl'e <.le ses
dents.
A l'âge de 30 ans, à la suite d'une fausse couche, él'uption de
petits boutons, avec démangeaisoll qui se transfol'ma en taches
hépatiques. Quelque temps après, d01l1eUl' à la région du foie
augmentant pal' la pression, et remontant jusqu'à l'épaule: apl'ès
avoir duré une année, elle s'amenda, sans disparaîtl'e entièrement;
il s'y joignit une autre douleur sur le tl'ajet du nerf sciatique, descendant ju qu'au genou gauche. Enfin celte année, la douleur s'est
continuee jusqu'au pied, et a affecté en outre le membre dl'oit; la
douleur sc manifeste quelquefois à la hanche, mais le plus souvent
au genou.
Depuis sa fausse coueh e, leucol'l'hée, til'aillements dans le ventre, douleur dans les aines se prolongeant à la paI'tie interlle des
cuisses.
Enfin, à 58 ans, à tous les symptômes énumérés se joignirent
des douleurs de lombago, altet'nant encore aujoUl'd'hui avec celles
de la sciatique, subissant d'une manière évidente l'influence des
conditions atmosphériques, ct Ile laissant pas un seul joUI' à Madame N... lIne complète liberté de locomotion; une demi-heul'e de
marehe est SOIl nec plus tûlra.
Les appareils de la respiration, de la circulation et de la digeslion paraissent n'avoir ubi aucune atteinte.
Quarante bains à 2G-27° R. , de trois ou quatre heures de durée; vingt-trois douches; eau du bain des Dames en boisson.
Résultat; au vingtième bain, les symptômes diver qui composcnt celle affection étaient améliorés de moitié. Madame N... faisait ,
sans e fatiguer, des courses cousidel'ables.
A son dépal't de Luxeuil, cette amélioration semblait avoir fait
un pas rétrograde.
�70.
i69 -
RHUMATISME ARTICULAIRE; ÉR PT ION DARTREUSE AVEC ÉCOULEMENT ABONDANT; CO ' GESTION CÉRÉDl\ALE.
MonsieUl' N... , âgé de 02 ans, maigre, sec, teint coloré; bonne
constitution.
Depuis longtemps, douleUl"s rhumati males vagues dans les articulations; un peu plus tUl'd, aO'cction dm'tl'euse aux jambes avec
écoulement abondant de matière séro-pul'Ulente : cette affection
dura tl'ois ans.
A l'âge de 08 ans, névl'algie sciatique qui fut guérie après l'usage des eaux et d'une pommade faite avec le bCUI're et le genièvre : nouvclle manifestation dcs douleul's.
Enfin, il ya un an, à la suite de pl'ofondes émotions, cessation
complète de douleurs de toute espèce : mais à la place, vertiges,
étourdissements, sensation d'un bandeau SUi' le front et autour de
la tête; tcl est encore son état aujoUl'd'hui. Bon appétit, pouls médiocrcment élevé.
Médication: sous l'inllucnce de huit bains, prj en s'immergeant
dans l'eau minél'a le jusqu'au menton, Ù 30° R., dan une salle
remplie dc vapeu\', à la suitc desquels il prenait un pédiluve à une
tempél'ature élevée, vertiges prolongés, étourdissements apl'ès le
bnin, plus intenses que par le pas é, nausées . - La tempél'ature
du bain e t l'amenée à 26-27° R.; les bains de pieds sont pris
tiède, dans une salle moins chaude, l'immCl'sion n'a lieu que jusqu'à l'cpigaslre; établissement d'un cautèl'e à la cuisse.
Ces modifications dans le mode d'administration ont été suivies
des meillclll' effets: plus de vertigcs, plus de céphalalgie; le cautèl'e uppurc bien.
Vingt-un bains, eau d'Hygie en boisson.
7Û .
HYPOCONDRIE.
Madame N.. . est âgée de 44 ans, petite, un peu maigre, mais
bien constituée, tempérament nerveux, née dans une position sociale agl'cable, réglée à H ans, mariée à l8; elle a cu lIeuf enfants,
tous aujoul'ù'hui vivants, et quatl'e ou cinq faus es couches.
�-
170 -
A l'âge dc 22 :ms, pendant sn dcuxièmc grossesse, elle éprouva
les premiers accidents d'une afl'ection , qui depuis s'est manifestée
il tJ'ois différentes repJ'ises, caractéJ'isée pat' Ics phénomènes suivants: inquiétudes, agitations continuelles, tressaillements convulsifs au moindre bruit, ct souvent sans cause p,'ovocatJ'jee;
préoccupation monomaniaque relativement il l'élat de son ouïe
qui, dit-elle, est considél'ablcment afl'aiblie; crainte, que rien ne
ju tifie, de devenir soUt'de; indiITérence pOUl' les personnes et le
cho e qu'auparavant elle aITectionnait le plus; idées, lentati ves de
suicide; pouls vif ct un peu plus ft'équent que dans l'élat natUl'cl ;
sensation de eonslJ'iclion au gosiel'; la nuit, décubitus sur le do ,
cl aggrava lion dc Lous ces symplomes.
Ces phénomènes se sont développés sans qu'il y eùt dans la position de Mme N., .. aucune de ces grandcs causes de chagl'in qui
pcuvcnt troublcJ' la f'aison; mais il est il remarquer que des affeclion analogues il celles de Madame ont été obseJ'vées SUI' 'quelques autl'es membl'es de cette famille.
La fin de la gl'ossesse amena la solution de cette aITection; à l'lige
de 50 ans, nouvel aceès, encore pendant un élat de gro sesse, cl
même terminaison.
A nlge de 42 ans, après une abondante métrol'l'hagie, ces phénomènes se manifestèl'ent encore; après avoil' pm' isté pendant un
an, ils lrouvèl'ent leul' solution dans l'usage des eaux de Luxeuil;
enfin, à l'âge de [Il~ ans, nouvelle 11émol'1'hagie ct reproduction,
pOUl' la quatrième fois, de ceLLe vésanie.
L'utél'US, exploré à diverses repl'ises, n'a jamais présenté de léion; les fonctions des organes de la dige lion sc sont toujours
exercee avec la plus parfaile régulal'ilé.
Trente- ix bains il 26 _28 0 R., douches Sur les extremilés, cau
de la source·d'Hygie.
Resultat: à son dépUI'l de Luxeuil, le trouble de l'intelligence
~v:Jit
considél'ablement diminue.
Un an apl'ès ., absence complèle de loule manifeslation mOl'bide
�-
17,1 -
77. AMÉNOIUUlÉE.
Mademoiselle N.,., domestique, âgce de 2l/ aus, de taille ct
d'embonpoint. moyens, teint colol'c, bien constituée, prcsente les
aLLI'ibuts du tempcrament sanguin,
Réglée il l8 ans, elle a subi, à ùiverses époques, des il'I'cgulal'i tés de menstruation; il ya cu une suppl'ession à l'âge de 20 ans,
qui a dmé nn an; celle qu'elle éprouve en ce moment, et pour la
guél'ison de laquelle elle vient réclamer le secours des caux, dme
depuis quatl'e mois.
A chnque suppl'ession, les symptômes concomitants onl éle le
mêmes CJue ceux dont elle se plaint aujoUl'd'hui; ils consistent en
dyspnée, oppression, palpitations de cœur; l'exel'cice , la mm'ehe
même la plus modérée, donnent lieu à des étouO'ements , il la céphalalgie; elle ne peut se couchel' que sur le côté droit; inappétence, digestion longue et pénible, SUl'tOut quand elle a pris des
aliments excilants; le lait est cc qui passe le mieux. Lassitudes dans
les membres, surtout dans les genoux; œdème des pieds. - Toutes
les autres fonclions s'exercent à l'étal nOl'mal.
Dix-huit bains, eau du bain des Cuvettes en boisson.
Résultat: rétablissement de la menstl'Uation, quinze joUl's apl'ès
son dépaI't de Luxeuil.
Le cœut' ct le poumon n'ont jamais donné au stéthoscope aucun
signe de lésion organique; la suppression des menstrues ne pouvait êtl'e attribuée à aucune cause appréciable,
78, nÉ'J'nocEsslON D'UNE DAIl'J'HE; 'J'HOUDLE FOKC'l'JONNEL DE LA
CII\CUJ,ATJON ET DE LA I\ESPll\A'l'JON,
Monsieur N.,., cultivateur aisé, né de parents sains, est âgé ùe
50 ans; constitution robuste, al'dent au tl'avail, PI'êl à subit" ditil , quelle opcl'ation que cc soit, pour êtr'e débul'I'assé de sa ma \adie.
Duns son enfance, il fut sujet aux convulsions.
A l'âge cie l7 ans, Cr-uption dartl'euse ü la région tibiale anlé-
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172
l'ieure de la jambe gauche, large comme la main et qui dUl'a six
mois.
A 18 ans, la dartl'e avait disparu complétement; alors, sensation
douloureuse, légèl'e, à la région sternale-moyenne; un peu plu
tard, elle s'étend aux parois latérales de la poitl'Îne; le malade néglige ces symptômes et ne leur oppose aucun tl'aitement, quoiqu'ils ne cèdent jamais entièrement, malgl'c quelques umcliol'alions
pass:Jgères.
Vers l'âge de 24 à 25 ans, la mort de sa mère lui fit éprouver
une forte secousse mOI'alc, et sa maladie fil un pns cn avant; les
douleurs de la région thol'ucique prirent de l'intensité; palpitations
de cœur, oppression, toux, expectoration assez abondante le matin
et le soit', mais difficile; cl'achats sanguinolents, amcné tantôt par
les efforts de la toux, et tantôt comme spontanémcnt; céphalalgic,
congestion cél'ébrale et vertiges à la suite de ces e{I'ol'ts; ~lat
dcs
forces complet, mais impossibilité de les eXC1'cel' longtemps salis
provoqucr des accidents,
Tel est encore aujourd'hui l'état de ce malade, sauf les crachats
sanguinolents, qui se reproduisent moins souvent.
L'appétit est très bon, la digestion parfaitc; un peu de vin n'est
pas nuisible; le cœUl' ne donnc point de bruit anol'mal , ni le poumon d'indices de tubel'cule.
Vingt-un bains à 28-30° R., eau du bain des Damcs en boisson,
douchcs SUI' les extl'émités infél'ieures.
Résultat: améliol'ation notable, même avant la fin de la
sai on.
Six mois plus tard: l'amélioration se soutient; depuis quatre
mois, il n'y a plus de cl'achements de sang.
79.
DYSP tE; SUI\EXCITA'rION NERVEUSE; HYPOCONDRIE,
PRUI\IT DE LA VULVE ET DES GM DES LÈVRES.
Madame N... est âgée de 57 ans; caractèl'c extél'ieurs cl u tempél'ament lymphatique l'cunis à une excitabilité nel'vcuse considél'able; pl'cd isposilion exi tant dès l'enfance à un cmbal'l'as des 01' ganes de la respil'ation.
�-
475-
UII peu plus tard, affection dartreuse sur les ext,rémité ; établissement d'un exutoire au bras; plus tard encore, longue conten Lion d'e prit, nécessitée pm' la ge tion d'un commerce important;
chagrins p['ofonns, provenant de la perte de son mari; et, de là,
exallation et mise en jeu de la disposition névropathique, à laquelle
des gros esses et des accouchements pénibles avaient imprimé une
di['ection vers les plexus abdominaux.
L'hive[' demie[', perte de l'unique enfant qui lui restait, ct, dès
lors, douleUl's dans le ventr'e rcndant la marche fort ùifficile; fatigue au moind['e mouvement; tension de l'abdomen au point de
ne pouvoir' SUppo['ter le contact de la ['obc; ennui, t['istesse, mOt'Osité, inégalité d'humeur, paroxysmes de cel état de soulfrance,
tantôt irrcguliers cL ['cvenant sans cause app['éeiable , d'autres fois
['égulicrs, revenant à l'époque de SeS règle.
De temps cn tcmps aussi, ct sans cause connue, accès de dyspnée dUl'ant plus ou moins, sans lésion du cœm', se terminant
('m'ement avant douze hem'es de temps, et rarcment aussi se pl'Olongeant au delà de vingt-quatre, Vives démangeaison ù la vulve
et aux gt'ande lèvres, e reproduisant à divers intel'valles et sans
aucune éruption apparente.
Trente bains, quinze douches, eau du bain des Dames en
boisson,
Résultat: amélioration manifeste sous tous les rapporls.
80,
d;PHALALGŒ; LÉSION DE L'UTÉRUS; RACHIALGIE LOMBOABDOMINALE.
Madame N... , âgée d'une cinquantaine d'années, tempé['ament
sanguin, appartenant ~\ une famille dont quelques membres sont
affectés dc goutte, belle position ociale, a été toute sa vie sn jelie
à la céphalalgie; à une cel'taine époque, elle en eut un accès qui
ùu['a t['oi moi ct la fit soufi'r'it' cl'llCllement. Elle a épt'ouvé aussi
quelques douleUl's dans Ics membt,cs, mais tt'op légèl'es ct trop
fugace pour' avoÎl' appelc on attcntion.
Ver l'âge dc 50 ans, tr'ouvant que ses ['ègles n'étaicnt pas assez
abondantes, clic pt'it des b['euvages dans lesquels entraient des
�substances fOl'tement emménagogues; à la sui le , il se déclal'a une
lésion de J'utél'us, que les hommes de l'm'l l'appol'taient il l'usage
de ees substances, et qui consistait en un engol'gement el des ulcérations fort douloureuses: celte all'eclion, dont le ll'aitement
dura neuf mois, et fut dirigé pm' les pl'emiel's médecins de Pal'is ,
nécessita l'ouvcl'tUl'e de lu vcine cinquante-tl'ois fois, et l'application de neuf cents sangsues! Depuis sa manifestation, la céphalalgie avait considél'ablement diminué de fl'cquence ct d'intensité.
Trois ou quatre années après sa guérison, il survint des doulems dans le ventre, et surtout à la région lombail'e et dans les
membres inférieurs: elles étaient si intenses, que, pendant longtemps, tout mou vement était impossible; la douleUl' du ventl'e consistait en un élat de tension ct de malaise pénible, mais supportable; quant à cclle qui sc faisait sentil' ft la région des lombes et
aux al,ticulntions des mcmbres infél'leUl's, le moindre mouvement
la rcndait iotolél'able. Les caux de Plombières furent conseillées,
ct leUl' usage contribua à la guérison.
Enfin, il Y a huit mois, la ùouleU!' a l'epal'U, mais aITectant un
siege diffél'ent: c'est maintenant SUI' la plante des pieds, et d'auLl'es fois à sa face dorsale, qu'elle se manifeste: la sen atiol1 qu'clic
fait éprouvel' est quelquefois celle d'un déchil'ement; le plus souvent, elle est analogue à celle qui résulterait du pincement de la
peau pat' le bec d'un canUt'ù; quelquefois aussi, au lieu cl' une do uleUl', c'est un engoUl'ùissemeut qui alIectc tout le pied ju qu'à son
al'liculalion avec la jambe; enfin, il ll1'I'ive aussi, mais ral'ement,
quc le gl'os doigt ou l'indcx de la main deviennent le siégc d'une
sensation douloul'cuse.
Depuis son afrection de l'utérus, les mamelons du sein sont devenus l'ouges ct sensibles.
La doulcU!' des pieds est continuelle, avec des redoublement
d'intensité val'iables cl inexplicables, la müt comme le jOlll', et sans
être nullement assel'vie aux conùilions atmosphél'iqucs; froid glacial aux eXlt'émités; disposition au dévoiement existant tOUjOlll'S cL
' e réalisant souvent.
Vingt haill. 11 '28° n., douze (louches, eau d'H sie en boissoll.
�- in; Ré ullat: plus <.le dévoiement, plus d'engoul'lli sement; tell dance de la douleur des pieùs il se déplacer.
8i.
MYÉLITE; GASTUO-ENTÉI\ITE; ENCÉPIIALITE CUI\O TQUE; uYSTimlE.
Mademoiselle N ... est âgée de 27 ans, petite, blonde, pt\le, meditative, aimant la solitude, impl'essionnable ft l'excès, réunissant
les caractères physiques du tempél'ament lymphatique il la profonde
en ibilité qui est le principal alll'Îbut du tempé,'ament nerveux.
Elle ful réglée à i 7 ans; en tout temps elle a été sujette au l'efl'oidissement des exll'émilé infé,'jeures, notamment des pieds et des
genoux.
A l'fige de Hi fi. i6 ans, clle fut affectee d'une maladie que les
hommes de l'a1't, appelés à lui donnel' des soins, regal'dèl'ent
comme une myélite, et dont les }wincipaux symptômes furent les
suivants: au début, rit'es sal'doniqucs, céphalalgie atI'oce, perte de
la sensibilité et de la contractilite clu bl'as gauche; cette aITection
avait été pl'ccédée de douleUl's de tète ol1l'des, pendant plus de
ix moi ; elle futtmitée pal' les cV:lCuations sanguines répétées, cl
par le moxa SUl' la colonne vel'tebl'alc, à la ,'égion dorsale.
Apl'ès une année de l1'aitement, Mademoi elle etait à peu pl'ès
guél'ie.
Trois années apl'ès, elle fuL affectée d'une maladie de l'eslomac
et du ventl'e, dont les principaux pl16notnènes étaient des ùouleUl'
énormes ct des vomissement opinit\tres, qui dUl'èrent deux mois;
inappetellce ct dyspepsie complète, constipation. Il arl'Îva quelquefois, au fOl'L de celte mal::ldie, que les yeux 'obscurcis aient, la
malalle n' y voyait plus; l'administl'ation du meL'cure pUl'llt êLI'e le
moyen le plu pl'ofitable.
Postérieurement et penùant deux :Inllees consécutives, 1\1110N... .
vint Pl'cndre Ics eaux à Luxeuil, et cette mauife lalion mOI'bide,
qui avait cu lieu lU' l'appal'eil digestif, disparut cornplClemenl.
Aujomd'hui, pesantelU' de tête, dilnculté de tenir les paupièl'cs
ouvertes, tenùance au sommeil, et SUl'CI'Oît de fatigue apl'ès :1Voil'
dOI'mi; intolémtlce ùcs yeux pOUl' la lumièl'e, lIes oreillcs pOUl' le
on; Ig l)l'uil ct 1'1'c1n1 du jour la fatiguent cga lement; la pnpille >
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176 -
un peu contl'uctee, se dilale sous un léger frottement; quand la
malade veut lire, elle voit les objets doubles; sensation anormale
SUl' toute la sUl'face du côté gauche du nez, comme si on l'emeurait
du conclact d'un corps éLl'anger; douleur sourde, mais fixe, à la
région occipitale.
Dans le eomant de l'hiver del'niel', il y a cu quelques accès de
ncvropathie; ct toujours, dans les diverses formes de cette maladie,
bâillements fréquents, et constl'iction spasmodique à. la gOJ'ge.
L'appareil digestif est dans l'état le plus satisfaisant; menstrualion parfaite; ricn d'anol'mal dans l'appareil locomoteur.
Vingt-un bains à 26-27° R., douches SUl' les extl'émités inférieUl'es; quelques verres d'cau de la source d'Hygie.
Résultat: à son départ de Luxeuil, aucune amélioration.
82.
m1UTATION CÉRÉBRO-SPINALE.
Monsieur l'abbé N. .. , pl'êtl'e, àgé de 26 ans, grand, embonpoint
modéré, tempél'ament nerveux, avait toujoul's joui d'une excellente
santé jusqu'à l'âge de US à i6 ans. A ceLLe époque, dOllleUl' dans
les deux genoux, se faisant sentil' principalement pendant la marche, accompagnée d'une légèl'e tuméfaction; cette doulem dura six
semaines.
A l'âge de 23 ans, sous l'influence d'un tl'avail forcé cl des longues insomnies auxquelles il donnait lieu, légère céphalalgie à laquelle M. N.. . n'attacha d'abord aucune im portance, el qui Ile l'empêcha pas de travailler, mais qui al'riva, ell peu de temps (en moins
d'un mois), à un degré de gl'avitc qui se tl'aduisit pal' les symptômes
suivants: douleur de tête à \' occiput; l'aideUI' du cuir chevelu de cette
paI'lie, ct ùu sinciput; douleul' sus-orbilaire pl'ovoquée pal' la lectUl'e et amenant la tumMaction de la peau ùu front; même douleur
aux l'égions mastoïdiennes pal'l'efi'ct du bruit; sensibilité constante
de celle partie et de la racine du nez. Après les fatigucs d'esprit,
SOl'tes d'élevures du cuir chevelu, l'occupa nt pl'esque en totalité et
sc terminant toujoUl's pal' rcsoluLioll; scnsibilité constante des tendons qui ont lem' aLLache à l'occiput, et de l'al,ticulation de la mtlchoit'e infét'ieUl'c. CcLLe douleur' présente dc l'intermittencc et su-
�- i77 -
bit de grande variations dans son étendue; tantôt elle occupe
toute la tète, et tautôt on en coùvril'ait le siége avec une pièce de
cinq fI'ancs; alol's, la compl'ession la fait cesser instantanément cl
complétement; intolél'ance du son et de la lumière, sommeil difficile; le moment où le malade va s'endormil', est celui où il soull'I'e
le plllS ; le matin, après le sommeil, il est beaucoup mieux. - Pupille un peu plus dilatée que dans l'état nOl'mal. - De temps à
autre, élancements passagers dans un des points des membres thoracique ou pelviens, ou de la pél'ip'hél'ie thoracique, mais SUl'lout
aux bras el aux épaules, dan le mouvement de pOl'lel' le corp en
avant; douleul' à la l'égion stemale ct dorsale ~ sensibilité à la pl'ession d-e ces mêmes régions. - Augmentation de la maladie, sous
l'influence de certaines circonstances atmosphél'iques, ou bien
quand le malade veut fixer un objet, et l'examinet' attentivement
pendant une minute seulement. - La neige, les objets éclatants, la
blanchcUl' des routes, fatiguent singulièrement la vision.
Monsieur l'abLé a pl'is une pl'emièl'e saison aux caux de Bains,
de vino-t-cinq Lains et quinze douches.
El il celles de Luxeuil, une seconde saison qui a consisté en vingtsix baius à 26-27° R., et douze douches.
Résultat: une.aussi puissante médication n'a modifié en rien cet
élat morbide.
85.
ARTHRODYNIE; lIfYODINlE; tl\UPTION RÉPERCUTÉE; ENTÉI\ITE;
ÉRUPTION MILIAIRE; DYSSENTEI\IE.
M. N.... , âgé de 40 ans, Lrlll'l, maigre, taille moyenne, signes
extérieurs du temperameot bilieux, fils de pauvl'es cultivateurs,
né ct élevé il la campagne, ayant travaille fort jeune.
A J'ùge de i2 ans, à la suite de l'impres ion du froid, ouvent
répétée, il lui SUl'vint dans les deux genoux une douleul' sans tuméfaction, qui le rendit pel'clu des membres inférieurs pendant
dix· huit mois. Depuis, fréquentes atteintes de lombago.
A l'âge de 39 ans, se trouvant en gamison dans le Py,'énéc. Orientales, il supprima brusquement une maladie psol'ique, qui
dUl'ait depuis trois mois, par tIes frictions avec une pommade uans
.
12
�-
i78 -
laquelle entraient le soufl'e et le laurier-rose; quelque temps apres,
il eut recoUl'S au remède dit anti-glairettx de Guillié, pour com battre de.s douleurs d'estomac. De l'usage de cette drogue, il resulla une Ï1'I'lLation du tube intestinal, c3.l'actérisée par des évacuations de matières glaireuses, qui dura trois mois et fut remplacée
par une éruption cutanée miliaire traitée el guérie en un mois par
des bains de vapeurs.
C'est quelque temps après la disparition de cette éruption que
survint la dyssenterie dont les conséquences durent encore.
Etat actuel: douleurs lombaires, t\'anchées, ténesme, flatuosités, bOl'borygmes, appétit sUl'excité, digestions labo\'ieuses. Du
sang pur pl'écède encore quelquefois la sortie de matièl'es excré mentil�s
toujours enveloppées de mucosités rougeâtl'es; apyrexie ;
les fOI'ces se sont conservées en assez bon état; la langue humide.
couverte il sa base d'une légère couche d'enduit d'un blan,e sale; la
palpation développe une sensibilité assez prononcée vers la région
du côlon, sans pouvoir faire constate\' de lésion organique.
Médication. Douze bains il 26-27° R. avaient modéré les doulems et diminué les f\'équences des évacuations; l'eau de la source
d'Hygie était employée à l'intél'jeur concurremment avec les bains.
Le malade alla passer trois ou quatre jOUl'S dans son village et re-'
vint continuel' et achever sa saison; mais il remplaça l'usage de
l'eau d'Hygie à l'intérieur pal' celle du bain des Dames, et éleva la
tcmpCI'ature de ses bains à 50-52° R.
La douleur et la fl'équence des selles augmentèrent aussitôt; la
faiblesse s'ajouta aux autres symptômes, il partit de Luxeuil plus
mal qu'il n'était quand il y arriva.
Un mois apl'ès, hydl'opisie ascite; trois mois ap\'ès, mort.
84.
TREMDLEMENT DES MEMDRES.
Mademoiscllc N... religieuse hospitalièr'e âgée ùe tiO ans, tem pér'amcnt lymphatique, a commencé il être régléc il {4 ans et l'est
encol'e a sez régulièrement.
II y a trois ans, sans cause pr'ochaine ni éloignée nppl'ccialJle,
elle ÙpI'OIlVa, en montant un e calier', une faiblesse ' subite telle
�-
,179 -
qu'elle crut qu'ellc allait sc laisse l' tomber: cependant, elle !it 'III
Cll'Ol't pour sc l'edresser et évita la chutc ; mai depuis ce moment,
clic éprouva de la raideul' dans les membres, et un tremblement continuel et involontaire. Ces symptômes légers dans le principe, aug
mcnlèrent peu à peu d'intensité ct constituent aujoUl'd'hui un état
très pénible. Il a été digne de remorque que l'augmentation de~
symptômes a eu lieu pl'jncipalemellt aux époques mensll'Uelles avec
lesquelles elle a coïncidé. Elle a lieu au i après le travail et la
conlention d'esp,'it : il s'est joint à cet état un peu de doulelll',
re,sentie principalement vel'S l'articulation des poignets, ct tU' la·
quelle les époques de froid l'igoul'eux ou de ehaleUl' excessive ont
une influence marquée; enfin, depui quelque Lemps, état d'inquiétude géncl'ale, besoin de se mouvoir qui ne pCl'lllel pas à la malade
de se tenir en place.
Mademoiselle N... a toujours eu une vic douce, calme, exempte
de passions et de fatigues corporelles.
Vingt-un bains à 28° R, , cau du bain des Dames en boisson'
douches sur les exL1'cmilés inférieur'es eL lU' l'axe spinal.
nésultat nul.
8~.
HALLUCINATIONS pÉmoDlQUES; DOULEUR ET AFIBLJSE~tNT
Dit
LA MOITIÉ DROITE DU CORPS, DIFFICULTÉ DE LA PAROLE; DIIIIINUTJON
DES FACULTÉS INTELLECTUELLES; RAMOLLISSEMENT DU TISSU CÉRÉOROSPINAL.
MonsieUl' N.. , âgé de tH ans, doué d'un tempérament sanguin
ct d'une très forle constitution. Depuis l'âge de l8 ans, sa vie a
élé traversée pal'Ies événements qui all'ectent le plus profondément
l'espl'it et le cœur.
A l'âge de 34 ans, après une secou e morole des plus violentes,
hallucination quotidienne à retom periodique: tous les joUt's à
midi, il lui semblait avoir' autour de la tête un cercle de fer aus i
sr'and que la ville de .... Ce cercle allait constamment se retl'écissaDt, et il al'l'ivait un moment où il sc rompait subitement; alor ,
J'hallucination avait J)I'is fin; mais le malade était baigné de sueur',
et dans une pr'ostralion de fOl'ces extrême : ces pal'oxysme du-
�-
480 -
l'aient ulle heul'c tous les jOlll'S, et se répélèl'ent pendant ll'ois
mois,
A l'àge de [18 ans, douleul' au gl'os ol'teil du pied droit, n'occupant qu'un point l'esll'eint , comme si on le perçait avec une vrille;
peu il peu, la douleur gagna le pied, la jambe, la cuisse et toule
l'extrémité pelvienne; la faiblesse l'accompagnait el suivait le même
développement , - Un peu plus tal'd , les mèmes phénomènes se
sont manifestés dans le membre thol'acique du même côté; en outre,
la pal'ole est devenue difficile, la prononciation embal'l'assée; à
chaque moment, le malade fait des effol'ts d'exspuition comme si
la gèlle qu'il épl'ouve tenait à des mucosités qu'il chel'che à rejelel'.
Pesanteur de tête, vertiges, léger trouble dans les idées.
Fonctions digestives à l'élat normal, pouls médiocrement plein ,
78 pulsations.
Les émissions sanguines, par l'application des sangsues, ont été
employées 1.1 pl'ofusion dans le traitement de cette ma ladic. Enfin,
le malade est allé d'abord aux eaux de Vichy, ensuite à celles de
Boul'bonne, enfin à celles de Luxeuil.
Vingt-huit bains à 26° R., douches sur les extrémités inférieures ;
cau d'Hygie en boisson,
Résultat: aucun changement apPl'cciable.
86.
GASTHALGIE,
Madame N, " est àgee de 26 ans, fLlt l'églée à 16 , mal'ice il ! 8
el devint enceinte à 20 ans; petite, embonpoint très modél'é, pal'aissa nt douée du tempcl'ament lymphatico-sanguin, menstr'uée
il'l'égulihement.
Pendant son enfance, cl'oûtes laiteuses , qui se prolongèr'ent
fOI't longtemp ; à sa pl'emièl'e grossesse, ennuis multipliés et fati gues excessives; douleurs d'estomac qui n'appol'taient aucun
trouble dans ses fonclion ; aprè l'accouchement, les ùouleurs
d'estomac subsistèl'cnl, mais devinrent discontiuues; des intel'"alles de bien-être assez considél'ables avaient lieu; toutefois, elle
soufll'ait beaucoup plus quand elle etait enceinte; clic l'a été qunll'e
fois.
�-
18-1 -
Il Y a envi l'on six mois, celte affection cUl un aecl'oisselllent,
tant pour a fl'cqucnce que pOUL' a ùUI'ée; l'appétit fole maintint,
mais la digestion devint tl'ès pénihle. Faible. se musculail'c tl'è"
pl'ononcée.
Mais en outl'e de ces manifestation mOl'bides portant sur l'ap pareil digestif, il existe aussi un trouble fonctionnel de Ol'gane
de la respil'alion. En clTet, depui son adole cence, Madame N.. est sujette à des pasmes de la rc piration, l'evenant à des intcl'valles inégaux, et avec une intensité inégale, ans cau e hygiéni _
que appréciable et sans rnppol't avec les conditions atma phél'iqucs;
souvent ce n'est qu'un peu de gêne dan la l'C. pil'ation; d'autl'es
fois la dyspnée est tl'è fOI'te; du re te, la lé ion n'est que fonc tionnelle, et rien d'anOI'mal n'existe dans le poumon ni le cœur.
Bains à 2Go R. .- Au deuxième bain, légCl' accè de la né vrose pulmonaire; cessation de la douleur d'estomac, dige tion de
moitié plus facile. Au quall'ième bain, accès d'a thme suffoquant;
dyspnée complète. La digitale et la belladone lI'iomphèrent aisément de cet accè . Mais la malade em'ayée ne voulut pa continuCl'
l'usage des eaux et partit de Luxeuil.
87.
PNEUMONIE CHRONIQUE; TUBEl\CULISATION.
Mon ieur N.... , grand, maigl'e, ec, ayant mené une vie laborieuse et pénible, est âgé de 04 ans.
Il fut pri , il YtI un an, d'une maladie aiguë, cal'acteri ée pal'
un point de côté, vi -à-vi la partie moyenne d.es fausses côtes du
côté ùl'oil. Il y avait fièvl'e violente, doulcl.Il' intcn c remontant
jusques enll'e les épaules, toux et pal'oxysmes. nocturnes, qui con sistaient ell un engoul'dissement de membres, ans douleur, suivi
de chaleur et d'une a scz abonùante moiteur qui cn marquait
lu fin.
AujoUl'ù'hui ['état aigu a dispal'u; cependant, il Y a toujoul's
accelél'ution du pouhi (90 pulsatioll ), toux ü la moindl'e impl'csion de fl'oid, sans expcctol'tllion; enfin, pel'si tance de la douleur,
qlloique avec moins d'intensité. Amaigrissement considérable SUI'
venu graduellement, et fai ant tou le jOtll'S des progrè .
�-
18'2 -
M. N... aUl'ilJUe su maladie aux fr'oids intenses et C011lÎnus auxquels il a ete expose. Il observe que la sueur aux pieds très abondante, qu'il éprouvait auparavant, a cessé depuis sa maladie. Il a
craché du sang pour la p,'emière fois il y a quinze jours, en descendant d'un bateau à vapeur.
Médication: quatl'e bains à 27 H., de trois quarts d'heure dl!
durée, ont été suivis d'uue nouvelle hémoptysie.
J'ai cru devoir lui conseillel' d'en discontinuel' l'usage.
0
88.
lIÉi\lOJ\lŒOÏDES; 'l'UBEllCULISA'l'lON PULMONA1I\E.
Madame N.... est âgée de 25 ans; elle fut réglée à i;) et mm'iéc
à i 7; elle a eu tl'ois enfants. Constitution fl'êle, délicate, teint
pâle, peu d'embonpoint.
Pendant sa deuxième grossesse, hémorrhoïdes fort douloureuses et donnant lieu, chaque fois qu'elle allait à Iii selle, à un
écoulement de sang assez considérable. Elles ont flué ainsi tl'ois
mois, apl'ès lesquels elles ont été supprimées par des bains de vapems locaux composés dc substances médicinales. - Pendant sa
troisième grosscsse, dès le tl'oisième mois, toux tl'ès fatigante,
qui donna lieu à des cl'aintes d'avortement; un mois ou deux
avant l'accouchemcnt., ccssation de la toux; repl'Îse un mois apl'ès
l'accouchement, c'est-à-dil'C il y a aujoul'd'hui deux mois; exuloil'e
au bras.
AujoUl'd'hui, aménolThée depuis l'accouchement, faiblesse très
grande, douleUl's lombaires, insomnie qui dure depuis la toux
survenue pendant sa grossesse, diarl'héc ancienne, décoloration
de la face, pouls médiocr'ement élevé (HO pulsations), respiration.
assez facile, toux fréquente, continue, nvec expectol'Ution abondan te , l'âle cnvCl'neux sur un point, muqueux sur d'autl'es, op ~
pression au moindre mouvement, appétit modcl'c.
Un bain d'une dcmi ·heur'e, pl'is auprès de son lit, il. 26° H. , a
tellement aggl'3vé tous les symptômes, notamment l'adynamie,
'lu'il a élé impossible de continuer celle médication. Mmo N.... esl
pal'lie de Luxeuil dans l'état Ic plus fàcheux .
�-
89.
1.83 -
A'I'L\OPHlE ET RAMOLUSSEMENT DES MUSCLES.
« SOUS l'intluence de difl'él'entes causes occasionnelle d'extension forcée des ligaments des articulations des extrémités inférieu/'es, il est survenu dans l'ensemùle de tous ces ligaments des
aI'liculations soit supé/'ieul'es, soil infél'ieul'es, une exaltation de
sensibilité de ces lissus, qni s'esl tl'ansmise aux COl'pS mnsculail'es
de membl'e , qui, au moincll'e eIrOI'l, deviennenl douloUl'eux et incapables d'aucune fonction.
Dans cel état, il Y a appauvl'issement de null'ilion des muscles,
et tous les phénomènes cal'aclérisliques d'un rhumalisme nerveux
qui mel ob tucle à la force et aux mouvements. » (Consultation de
M. te docte m' .... )
Notice complémentaire.
Mademoiselle N.... a 52 an , taille moyenne, blonde, gl'asse,
ehairs molles et llasC}ues, tempél'ament éminemment lymphatique;
à peine peut-on sentir quelques faisceaux musculaires dan les
membres thol'aciques el sUl'lout dans les pelviens, donl la graeilile
n'est pa en rappol'l avec l'élal d'embonpoint des aull'es pUI'lie du
corps; excitabilité IICI'vellse el susceptibilité morale con iclérables,
ca/'actère difficile. Langue habitucllement recouvel'le à la base et
SUI' les côtés d'un léger enduit blanc jaunâll'e, haleine fOl'le, digestions lentes et pénibles, altel'l1atives constantes de constipation
et d'un dévoiement qui ùevient incompl'essible. - Nul obstacle à
la péncl/'ation de l'ail' dans les poumons, eil'eulation languissante,
sauf quelques mouvements de réaction féueilc auxquels donnent
lieu d'assez fl'équentes indigestions; le pouls, nOI'mal dans on
rhythme, e t faible et petit; froid con tant aux extl'émilés. - FuiLie se eon idérable des mouvements mnsculait'es; elle cst telle,
pour les extl'cmités supét'ieul'es, que MIlON.... a nppris à cCI'ire
de la main gauche, aCin de pouvoil' soulager la dt'oite qui sc ll'ouve
fa liguée apl'ès avait' écrit seulement une demi-page; ct quant aux
extrémités inférieures, il Y a impo ibilité ahsolue de m~rclte';
fail'e dix pas, appuyee SUl' une béquille d'un côte el sur un ul'as
robuste de l'autt'e , la. faligue outre mcsUl'c; assise, elle n'ép/'ouve-
�-
-
, 18~
point de douleur, et la pression, sur quelque point des membres
qu'elle s'exerce, n'oce::lsionne aucune sensation penible.
Tel est l'état dont le point de dép::lrt fut, il Y a quinze ans, la
distension, par le fait d'une chute, de l'al,ticulation tibio -tarsienne.
LOI'sque, presque au début de sa maladie, lW'c N... , apl'ès un repos de quelques semaines, se Cl'ut guel'ie de son entol'se ct commença à marcher, elle fai sait portel' le poids du COl'pS sur le
membre qui n'ava it point subi d'aceiùent : pa.' cc surcroît d'action
et par la fatigue qui en resulta, ce membre devint malade à son
tour, et enfin, insensiblement, pal' des pl'ogrès lents ct successifs,
mais incessa nts, la maladie arriva à ce summum d'intensité où elle
est aujourd 'hui, et où elle se maintient depuis cinq ans.
En ! 844, Mlle N... prit aux caux de Luxeuil une saison et
demic à 28-50° R., dix-huit douches, ct fit usage en boisson de
l'eau du bain des Dames.
Le résultat de celle médication etait ù peu pl'ès nul à son dépat't
des caux; mais les c!l'ets consécutifs donnèrent de gl'andes espér.ances; car, l'hiver suivant, Mademoiselle pouvait seule, appuyée
seulement s U1 ~ une béquille, faire jusqu'à trois mille pas pat' jour ~
pt même monter du rez-de-chaussée au premier étage ... Malheu reusement, la mort dc son père, SUl'venue au mois de mars, donna
lieu à unc secousse morale dont le contre-coup sur son ol'ganisalion lui fit perdre tout ce qu1eHe avait gagné.
Revenue aux eaux de Luxeuil en ! 84;), elle a eu à subir une
serie de contrat'ietés qui ont dû agiter singulièrement un moral
aussi impressionnable, ct qui s'opposeront vl'aisernblablcment à
tout Lon elfet d'une médication qui a besoin de la tranquillité
jl'espl'il antant que du repos du corps.
Elle esl palllie après sa saison , à peu près dans le même clat
qu'clle était al'l'iyée.
90.
GOUTTE; GASTRALGIE TRAITÉE PAn U
VEU SE ; 'fiC DOULounEUX; N l ~V
l\ALGIE
STRYCHNINE; TOUX NEI\DE DIVEI\SES I\ÉGO~S.
Monsieur N... , ternpcrament Iymphalico-sanguin, est 4gé de.
ü2 ans.
�-
18:5 -
A diverses reprises et sous l'influence d'un régime défectueux ,
il avait épl'ouvé des douleurs d'estomac.
Il y a huit ans, il eut un accès de goulle ou quelque chose qui
fut pris pour tel, ct qui dura une quinzaine de jours. Enfin, il y a
un an, son mal d'estomac avait repl'is de l'intensité, et c'est pour
combaUre cette affection qu'on eut l'ecoul's à un traitement énergique, dont la sll'ychnine étnit l'élément principal.
L'n(fection de l'estomnc consistait en une difficulté de digérer et
une sensation de malaise qui commençait trois ou quatre heures
après l'ingestion des aliments, En même temps, il Y avait dévoiement, non pas continuel, mais au moins tl'ès fl'équent. Cet étaL
existait chl'onique eL snn réaction fébrile. Il y avait lassitude,
faiblesse, amaigrissement, sensation de mnlaise douloureux dans
les avant-bras et les jambes f1pl'ès lc l'cras; nullc sensibilité à la
pression dans la rcgion épiga trique.
Après l'usage de la médication énergique mentionnce ci-dcssus,
l'éLat de l'estomac ne fut pas amélioré; il SUl'vint une toux sèche,
continuelle, l!'è3 flltigante, san expectoration. Elle dUl'ait depui
~
un mois, lorsqu'il se manifesta à la tempe gauche une douleUl'
qu'on crut occasionnée pal' le en'ol'ts de la toux . Peu à peu la toux
se calma et cessa entièl'cment; mais la doulelu' de la tempe ne fit
qu'augmentel', et, apl'ès la cessation de la toux, se lt'ouva pOl'tée
à son summum d'intensité; elle était continuelle, déchirante; ellc
passa d'une tempe à l'autre , alfccta les l'égions occipitnle et sincipitale, rendant les pal'ties qui en étaient le siége très sensibles au
touchel'; en même temps, insomnie, agitation, cl'ampcs dans le
jambes, et principalement aux :)l'ticulation de la jambe avec le
pied; la névl'algie dm'a plus de deux moi ; ce symptômes s'étaient
surajoutés à ceux de la lésion de l'appat'eil digestif qui persi taient
toujour ,et qui, aujour'd'hui , sont la cause ta. laq uelle nous devon
la pl'ésence de M. N... aux caux de Luxeuil.
Etat aeluel : pûlem de la face; faligue des nvnnt-bras ct des
jambes pendanl le tl'avail de la digestion, faihl e sc consid cl'ablc ,
insomnie , ct, quand il y n un peu de sommeil , cl'ampes clans les
extrémité qui le lroublent; tt'istesse, mOI'osile; appétit satisfai ant; langue humide , couvel'tc rl' un 16"el' enduit hlanchâtre et
�-
!8G -
'étalallt bien, dyspepsie, dévoiement tous les deux ou trois jouI':; ;
ricB d'anol'mul appréciablc il la palpation.
Qual'ante bains il 28-29° R., vingt douches sUl'le rachis ct les
extrémités; eau du bain des Dames en boisson, alternativement
avec celle de la SOUl'ce d'Hygic .
Résultat: à son départ de Luxeuil, cessation complète des
Cl'ampes, de l'insomnie et du dévoiement; digestions passables, I1n
peu de gaieté; moins, beaucoup moins ùe fatiguc dans les membl'es.
Cettc amélioration fut pas agèl'e; un moment elll'ayée, la maladie
fit bientôt de nouveaux progl'ès, et la mort aJ'l'Îva cinq mois apl'ès
l'usage des caux.
9!.
NÉVROSE DE L'APPAREIL OIGESTIF .
.... « J'ai l'honHcur de confier il vos soins éclairés ct l'espectueux un de mes clients, il la santé duquel je pOl'te le plus vif intcl'êt; il vous donnera lui-même les détails les plus cil'constancié
sU\' son état; je me bomel'ai, quant à moi, à vous faiee conIHlÎl)'C,
en peu de mots, mon opinion sur la nature de la maladie chl'oni ..
que dont il est afl'ecté.
» Le tube digestif ct les pl'emières voie on t évidemment le siége
cle la maladie. Une obsel'vation attentive des manifestations morbi des, la palpation et la percussion l'épétées avec le plus grand soin,
m'ont fait l'ejelel' toute idée dc lésion organique, soit ùu foie, soit
de l'estomac, soit des intestins; la pâleue hauituclle de la langue,
le peu ùe ensihilité de l'épigastre, etc., ne pCl'mettent pas de cl'oil'e
il une ga tr'ile, maladie qui, je crois, est infiniment plus l'al'e que
IlC Ic pensent les sectateUl'S de l'école dite phy iologi(lue.
» En pl'océdant ainsi pal' élimination, on est logiquement conduit
nl'ango)' la maladie ùe M. N ... dans la classe des névroses du tube
digestif. - Celle névrose e t SUl'tOut cal'actcl'isce pal' le besoin, ou
plutot pal' la néce îté de l'cjetel' pét'iodiquement, pal' le vomissement, une matièl'e cn 'gl'ande partie liquide, dont la quanLité peut
êt,'e évaluée quelquefois il. plusieurs litl'es. - J'ai obsel'vé et analysé, à plusieurs l'epl'isc , la matièl'q des vomisscments; clic COII lient, en pl'opol'lÎons var'iables, des aliments qui ont tl ej il suhi
�-
1.87 -
un dcgré très avancé de chylificalion, un liquide filant qui atolls
les caractèl'es de la mucosité; sa réaction est acide, ce qui faiL préumCl' qu'elle contient peut-être une cel'laine quantité de suc gasll'ique, M. N... est habituellement COllSLi pé ; il a obser'vé souvent,
sUl'letrajet dUgl'OS intestin et surtout du côlon tl'ansvel'se, des lu meurs indolelltes, qui soulèvent les pal'ois abdominales, et qui sont
dues évidemment il. des contl'actions musculail'es spasmodiques de
celle pOl'Lion du tube dige tif; j'ai eu plusieurs fois l'occasioll d'obSCl'ver ces contractions dont il n'e t fait mention dans aucun des
lI'aités spéciaux StH' les affections des yoics dige lives.
« Je pense donc que M. N.... estaffccté d'une névrose gastro-inlestinale; que, ehcz lui, il y a plutôt inertie, atonie de la Illuqueu e
digestive, qu'ir'1'Ïtation de celte membl'ane; qu'en même temps le
mouvement péristaltique de l'estomac ct des intestins, est moindl'e
qu'à l'état no l'mal ; qu'il y aurait même tendance à la production du
mouvement contraire, cc qui expliquel'ait, suivant moi, les vomissement , la l'arc té des selle ,l'accumulation des mucosités sécrétées pal' l'estomac ct le commenccment de l'intestin, mucosités qui
séjoUl'uenL dans les pl'cmièl'es yoies au lieu d'ètl'c poussées VCI'S le
gros intestins, elc. »
(Consultation de M. le docteur P. B.)
Complément de cette consultation.
Monsieur N... , homme de bureau, est âgé de 48 ans, scc, lI'ès
brun, paraissnnt bien constitué.
Vel's l'ùge de 20 ans, à la suite de jeùnes rigoul'eux, douleu!' ~,
l'estomac, vomissements fl'équcnts dc matières aqueuscs, J'appol'ts
acides; inappétence, constipation; oulagement par l'u age d'aliments adoucissants. Cet état, qui se l'enouvelait tous les pl'intemps
et cessait ensuite apl'ès deux ou tl'ois mois de dUl'ée , a pel'si lé
ju qu'à l'âge de 52 an ; tl cette époque, lçs vomissements ont
cessé; il ICUI' a succcdé un état pel'manent d'indigestion intestinale; point de douleul' après l'ingestion de aliments; mais quatl'e,
ix ou huit heu\'es aprè , tumCfaclion lwogl'cssive de l'abdomen à
la l'égion hypogastl'iquc; bl'uit de clnpotcment pm' les seeous cs
imprimées à celle l'cgion ; clat de gènc ct de malaise qui devenaient
insurrOI'ltlblcs, IOl'sque celle tuméfaction élaitlll'l'ivée à SOIl apogée ;
�-
l88 -
et alor , ou bien M. N.... confiait son état· à la nalure, et, dans ce
eas, inappétence complète, souflhnces se prolongeant indéfiniment;
ou bien il sollicitait le vomissement, en portant ses doigts dans le gosiel', et il y avait régurgitation d'un liquide abondant, caI'acté"ise
dans la consultation ci-dessus; lorsque, nonobstant le gonDemcnt
du venll'e, M. N... s'ell'ol'çait de mangCl', la digestion ne se faisait
pas, et le vomissemcnt, soit spontané, soit sollicité plus tru'd, amenait la sortie non-seulement du liquide qui formait la tuméfaction abdominale, mais encore des matiMes alimentait'es en état de
macération. - Après le vomissement, le ventl'e s'affais ait ct ne
prrsentait plus cette saillie anol'male qui, au premier coup d'œil ,
pouvait être prise pOUl' l'effet d'une hydropisie ascite; alors, le malade mangeait avec plaisir et éprouvait ce bien-être indéfinissalJle
de l'homme qui sc porte bien, jusqu'à cc qu'une nouvelle tuméfaction le rejetât de nouveau dans les pénibles réalités de la maladie .
- II Y avail ordinairement constipation; eependarit, de Lemps Cil
temps, il y avait au si défécalions spontanées, de quelques matières
excrémentielles dmes, ramassees en bouleUes et pcu abondantes;
il est bon de notel' que la quantité des matièl'cs vomies dépassait de
beaucoup celle qui avait été ingél'ée dans l'estomac; pâleur de la
langue, l'cspil'ation eL circulation no l'males ; l'abdomen, palpé avcc
soin dans l'etat de vacuité, ne présente point de lésion ol'ganique ;
mais il existe à la urface de la peau de l'abdomen, même après le
vomisscment, une dilatation val'Ïqueuse des vaisseaux.
Tel est l'état qui a commencé à l'âge de 52 ans, et qui, après
quelques intervalles de ,'épit, a persisté jusqu'à cc jour. Aujourd'hui, il ya quinze mois qu'il dure sans interruption.
Dans le pl'ineipe, M. N... a mcné une vie très active; maintenant, e'est tout le contraire.
Toute e pèee de médication a été c ayée, et, il faut bien le
dire, cn pUl'e perle. _ Quinze bains il 28-500 R., un litl'e d'eau
de la somee du bain des Dames en boissoo; quinze douches, de
demi-heure chacune, à 540 R.
Résultat: à peu près nul fI on dépal'l. - Nul encore un an
après.
�92.
~89
-
SQUII\ IUl E DE LA LANGUE.
Monsieur N... , du canton de Berne, âgé de 70 ans, taille
moyenne, petit, trapu, vigoul'eux, tempémment sanguin, excellente constitution, né de parents robustcs, ayant mené une vie
aetive, mais dans l'aisance, exempte d'abus et d'excès de toute
espèce.
Sans cause appréciable, il fut pris, dans le courant de l'hiver,
de douleurs aux dents, aux gencives, et SUl'tOut à la langue:
quelques élanccmcnts sc manifcstèrent au si, et une sensation de
til'uillcment dans le cou, les oreilles et les mâchoires: tout cela
était très supportable, et ne se manifestait qu'à de l'ares intervalles, sauf la sensibilité de la langue, qui était permancnte, et ne
lui peJ'mettait de manger que des aliments bien cui ts.
Habitué depuis douze ans il aller passer une saison aux eaux,
il partit pOUl' Baden-Baden, où il aniva dans les premiers jours
de juin; le voyage avait déjà aggravé son mal; il s'exaspel'a enCOl'e
durant son séjour, pendantlcquel il pl'it douzc bains.
Enfin, il quitta Baden, ct al'l'i va Ù Luxeuil le l, juillet; voici en
qucl état, constate par un minutieux examen:
EnÙU1'cissement de la langue ver:. les bOI'ds, à sa partie
moyenne, occupant un espaee, en !ongueul', d'un peu plus d'un
pouce, en lal'geu l', depuis le bord jusqu'à la ligne médianc, ct la
totalité de SOli épaisseUl'; aux extrémités des points cndurcis, lumMaction assez considérable; au point centeal, dépecssion, comme
s'i l y ava it été fait une échancl'Ul'e pal' l'effet d'une espèce de raCOl'nis ement; injection anol'male des veines qui rampent il la surface inférieure de la langue; coloration plus foncée dans sa totalité, gOllllement des tissus sublinguaux du côte gauche; élancements ùans le cou, les ol'eilles el le màchoil'es, tl'ès aigu, mais
passagers, sc répétant une trentaiue de fois par jouI'; douleurs
continuelles à la langue, excessives, produisant la sensation qui
l'ésullerait si on en coupait des morceaux avec un rasoir ou si 00
la transperçait avec des aiguilles incandescentes ; énol'm~
dilliculté
pOil\' la mastication; bon appétit; insomnies occnsionnées par la
�- HW dOl1leUl'; rénetion de l'appal'eil tle la eil'elllatioll' pouls fOl't, plein ,
cL mal'qllant 80 pul ations. Coloration rie la fnee plu pl'ononel'e
clue clans l'élat nOl'mal.
L'en emble de ces phénomènes Ile pel'mettait pas de méconnaitl'c
la nature de eetle affection: c'était un quil'I'he .
Un eautèl'e fut établi au bras gauche; application de vingt 31115sucs au cou, depuis le dessous du menton jusqu'à l'apophy e mastoïde. Tl'aitement inlemc, dont la ciguë était la base; gargarismes
belladoni cs, régime appl'oprié, etc. JI fut bien exp l'es cment rc
commandé au malade de s'ab tenir de l'u age des eaux minél'alcs,
ous quelque forme que cc fùL.
Une pal,tie seulement de ces conseil fut suivie; le malnde pl'i t
dcs hains et but de l'cau.
L'affection fit des pl'ogl'ès rapides; l'ulcél'fltion, avec toutes ses
conséquences, hémol'l'hagies fl'équentes el abondantes, uppuration
fétiùe et ichoreuse, cachexie eaneéreu e, etc., ne'tarùa pas à s'établir.
Trois mois après, la mort mit un terme à ses souiTt'ances.
H3,
I ~ PATJE;
PALP11'ATIONS DE COEUR; DIARRIlÉE; JIIALADIE
DE LA PEAU.
Madame N.,. est ~\15ée
de 5t5 ao ,gl'ande, embonpoint modéré ,
Leint blaflurd , lèvre supcl'ieul'e épai se, ehail's molles et flasques ,
po ition sociale au-dcssu de l'ai aoce, LI cepLibililé nerveuse très
développée; elle fut l'églée à {4 ans, mal'iée à 27, et a eu deux
enfant,
A l'âge de 2l> an , ennuis profond et prolongé ,à la suite desquels CUl lieu une affection morbiùe CO li idél'ée pal' les hommes de
l'al'l qui lui donnèl'ent des oins, comme une hépatite, qui nécessita un long ll'Uilement, persi'ta pllls d'un an, ct pm'ut céder à
l'u age de caux minél'ale de Bain.
A peine les ymplümes d'hépatite étaienl-ils dissipé , que
des pnlpitations de Calm' JeUl' succCdèrent: elles dur"rent quntre
mois, et fUl'ent guéries par des pilule dan le quelles entrait lu
• digitale.
�-
HH-
Celle manifestation fut bientôt remplacée pal' une nouvelle forme
ùe ùiarrhéc , qui dma fOI'l longtemps.
Enfin, à l'âge de 32 ans, apparut une éruption dartl'euse alfcc tant les oreilles, le COll, le fl'ont, les tempes à la nais ance des
cheveux, et les épaules; SUI' ceLLe dernièl'e région, ainsi qu'au visage, elle affectait la forme pustuleuse; <lUX oreilles et aux tempes,
la fOI'me ful'fllracée.
Un régime convenable et une pommade mel'cul'ielle avaient aLtenué ceLLe él'Llption sans la guéri 1'.
Enfin, depuis un an, elle avait l'epeis une nouvelle ct fàeheuse
intensité. En outl'e, malaise, digestions pénibles; tendance au dévoiement pal' l'usage du Jait. Le vin et un régime tonique paraissent
aiùer à la dige tion.
Vingt-un bain à 26-28° R., eau du bain des Dames en
boisson.
Résullat : Ü son dépal'l de Luxeuil, améliol'ation l'emarqnable ,
digestion parfaite; il peine s'il reste des traces d' é['uption.
Quatre moi plus lal'cl , l'amélioration e soutenait et avait même
progressé.
94.
FISTULE URINAlI\E.
Monsieur N..... étudiant. est ilgC de i 9 ans. bonne constitution. tempérament sanguin.
A l'âge de ~ 6 à i 7 ans, après avoil' été exposé à l'action d'un
fmid prolonge, dans un établissement d'éducation où il faisait ses
études. il fut pris de douleUl' intenses à la ,'égion hypogastrique;
elles n'étaient pas continuelles, laissaient même entl'e leUl's divers
retoUl'S des intervalles assez considérables, et se fai saient sentÎl'
notamment par les temps fl'oids et pluvieux. Alol's envie d'uriner se
l'epl'odui nnt à chaque instant, émission de quelques gouttes d'une
mine bl'ùlanle, sensation de pesanleul' au fondement, comme
lorsque existe le besoin d'allcl' à la sclle ; contraction cles sphinclel's
tI'ès pénible , et néanmoins à chaque moment involontairement sollicitée; point d'altel'alion dans les fonctions des J'eins ni dnns le
qualités appal'entes de l'mine .
�- 192 Les hommes de l'm't, il qui M. N.... demanda des conseils,
crurent à l'existence d'un calcul dans la vessie; détrompés par le
cathétérisme, ils se bornèrent il IH'escril'e un régime émollicnt.
Plus d'un an s'était écoulé apl'ès la manifestation des prcmièl'es
doulcurs, et avec des alternativcs de ealmc et de souffl'ance , 10l'squ'après une de ces périodcs, pcndant laquelle la douleur avait été
très intcnsc et avait même pl'is Ic cal'actèl'c lancinant, un abcès
s'ouvrit à la partie inférieul'c inlerne dc la fesse, il un pouce et
demi du raphé. TI'ois mois après, la plaic était enCOl'e à sc fcrmcr;
elle donnait une petite quantité dc malièl'c préscntant les cal'actères
de la sel'osite autant que ceux du pus; ct le petit point pal' lequel
elle s'échappait ne se cicatl'isait point, malgré les lotions salut'·
nines el les ongtbents de taule façon.
Il se presenta il ma visite; jc n'cus pas de peine à diagnosliquCl'
une fistule minail'c; il passait par l' ouvcrturc fistulcuse autant
d'm'ine quc pal' le canal de l'ul'ètl'e; l'écoulcrrient n'avait licll que
pendant qu'il urinait. - C'était au mois de feniel': caleçon de
flanelle, ouverturc d'un cautèl'e il la cuis e, prescriptions hygiéniques, ll'uitcment pm' les eaux quand viendrait Ic mois de juillet.
Au mois de juillet, rien n'était changé. Le malade se soumit il
la médication minéralc par la bois on, telle que la pratiquaient
les anciens, c'e t-à-dirc lc pl'emiel' joUI', quatt'e venes d'cau à un
quart d'hcUl'c d'intcl'valle l'un dc l'uutl'C; lc deuxième jour, cinq
vcnes; lc ll'oisième jour, six velTcs, el ainsi de suitc cn augmentant d'un vcrre tous les joul's jusqu'au quinzièmc jour, el diminuant ensuite de deux vel'l'C' pal' jouI' jusqu'au vingt-unièmc jour;
l'eau était prisc à la sourcc du bain des Dames et buc immédiatcmcnt.
Résultat: à la fin tle la saison, amélioration évidente; il passe
beaucoup moins tl'Ul'ine pal' la fistule.
Quall'c mois après, j'eus occasion dc revoir cc malade; il y avait
quinze jours qu'il n'était pas sorti unc goulle d'urine par l'ouvel'ture fistulcuse. Cepellùan t le point de l'ulcél'ation extérieurc n'était
pas cnCOl'C cicatri é.
�90.
~93
-
LÉ 'ION DE L'APPAREIL CÉl'Ii,OI\O· SPli'1AL.
Madame N.,. , âgéc dc 46 an ,cncorc tl'ès ré"ulièrcmcnt menstl'uée, tempérament Iymphatico-sangnin, appartenant aux clas es
élevées de la société, s'est trouvée depuis longtcmp sous le poid
ù'alTections moralcs profondes.
Depuis plusieurs années, elle éprouvait de la fatigue dan les
membres et une céphalalgie continuelle. Elle altl'ibuait ce phénomènes à une lésion névropathique, et y faisait peu d'allcntioo;
ccpendant la maladie ayant pl'i de la consi tance, elle réclama les
secours de l'al't, ct la symptomatologie uivante fut établie.
Faligue mu culail'c con illél'able, tant aux extrémité supérieures qu'aux infél'icul'es, rc senties tout aussi bicn le malin 101'sque la malade sort du lit, que dans le COUl'ant de la joul'Ilée, quantI
un exercice un peu long poul'l'ait la motivel'. Il s'y joint aussi une
sen ation de douleUI' aux même cndl'oit. Ces deux phénomènes
(fatiguc et douleUl') s'etendent aux l'égioll lombaire Cl cervicalc
infêl'ieul'e, ain i qu'aux pnl'ois de la cavité abdominale. - Céphalalgie à pClI pl'ès con tante, mai val'iablc dans son inleo ilé et
dans le siége qu'clle occupc; in OIunie prc quc pêl'iodique, c'c t-àdil'c quc la malade, se couchant habituellemcnt de ncuf à dix
hcure du oir, dort d'un bon ommeil ju quc ver Ic deux
hCUl'es du mnlin ; mai dès lors, clle uc peut plu sc l'cndormil',
tant à causc des pcnsécs l'fui la pI'éoccupcnt quc dc la douleul' et de
la fatigue musculail'c dejà signalecs, et auxfJuclle e joint enCOl'e
un état gêneraI de mnlai e, d'inquiétude et tl'ntYitation. En pas ant
la maiu SUI' divcl' points du cuil' chevclu, on nc rencontl'C point
d'endl'oit douloUl'eux; il. n'en est pns de même dc la colonnc VCI'lebrale. Une légère Iwe sion déterminc de la doulcllI' ver le clel'nièr'es vel'tèbrc cer'vicalcs et lc. prcmière lombail'cs. - SUI'excitation de la vue et de l'ouïe, intolêl'ance du bl'uit et de la lumièr'e,
paupièl'es pesantes et pénibles à tenil' ouvcrtes, pupillc plU' clilalée quc dan l'état nOI'mal, yeux larmoyant. - Re pil'atioll parfaite; cependant, les mouvements mu culaires, d'inspil'ation SUI'tout, ont be oin d'un cerlain elTort pOUl' êtl'e pou ses un pC\I
1;)
�loin. - Digestion il'l'égulièl'e, l'appétit ol'diuairemcnL bon et même
assez impérieux; parfois, trois ou quatl'c hcmes après le repas,
malaise à l'estomac, pcsantelU" tension. Pal'fois aussi, il existc des
til'aillements; mais cc symptôme est aUI'ibué pal' la malade à un
écoulement lcucorrhéique, qui n'a ccpendant ni pel'manence ni in tensité. Quoique la maladc soit asscz souvcnt obligée de reCOll1'il'
aux lavements, elle n'est pas habitucllemcnt constipée. - Pouls
vif, ne s'écartant point des conditions nOI'males sous le rappol'l de
la fI'équence ct de la plénitude. Etat névropathique général, pl'Opension à pleUl'el'. Bàillements, cODstl'iction spasmodique à la gorge.
La maladie de Mme N.... , surlout en tant que considérée sous
le rapport cie la céphalalgie ct dcs lésions de l'appareilloeomotcur,
subit manifestement l'influcnce des conditions atmosphériques.
- L'expél'ienee lui a prouve que les aliments doux et légers lui
faisaient du bicn. Elle cl'oit avoil' remal'que que IOJ'squ'elle a pris
c\Lllait, du sil'op d'orgeat, ell e est plus calme la nuit, moins agitée.
Elle est mieux l'été que l'hiver; elle est ù'ail\elll's tl'ès sujette au
fl'oid des pieds.
Vingt-cinq bains à 28-50° R., quinze douches, eau d'Hygie
pour boisson.
Résultat: ù son déptll'L cie Luxeuil, l'établissement complet des
fon ctions digestivcs. LCgèl'c améliol'alion sous lcs autl'es l'apports.
Un an apl'ès, amoindl'jssement tcl dc toutes les manifestations
déel,itcs ci-dessus, quc la maladie peut ètl'e considérée comme
touchant il la guerison.
9(;.
AFFEèTlO
DAR'ffIlWSE;
BLENNORl\HAGIE;
nÉTENTlON
D'UlHNE;
lNCONT1NENCE.
Monsiclll' N.... est âgé de 00 ans, doué d'une fort bonne COlL
slitution, ct d'un temp6t'ament lymphatique bien pl'ononeé.
A l'âge ùe i 7 ans, gonOt'l'llce qui persista jusqu'à l'âge de 28
ans. A celle époquc, qui fut celle de son mal'iage, l'écoulemcnt
lachait encorc Ic linge.
Dans le pl'incipc, emploi de tous les moycns antigononhciqllcs
connus, même dcs fl'iction s mcrclll,iellcs. - Ver l'âge de 27 il
�!~):;
-
28 ail ' , injections avec le sulfate de zinc à 11oso IIUeltlUefois décuple
et poussées jusque ùans la vessie. Jusqu'à celle époque, écoulement gonor'l'héique ct amincissement du filet d'lu'ine qui ne SOl't
qu'en spirale, mais point de l'étention.
Soldat dès l'tige de 22 jusqu'à celui de 24, il s'était exposé à de
nouvelles infeclions, el des !'ésllltals avaient cu lieu; mais il était
dillicile de savoir' s'ils étaient le pl'oduil d'une maladie nouvelle, ou
bien une recrudescence de l'ancienne.
Vel's l'âge de 52 ans, rétention d'mine; il celui de 56 , incontinence, l'écoulement gonorl'héique pCI'sistant toujOUl'S, mucosités
quelquefois sanguinolentes an fond du vase. Alo!'3, nécessité d'ulle
,ie très sobre, impossibilité d'miner ault'ement que deboul; Ics
moindl'es excès punis par de vives donlenrs et P,lI' une incontinence
,
devenant plus permanentes,
Etal actuel: !'6tention pCl'manente, émission de l'mine conSlante, goutte à goulte, pat' ,'ego l'gèmen t , doulems eonsidérahles,
Îl'I'itation perinéale, envies constantes d'UI'iner, pesantcul' dans la
1'6gion rénale, écoulement gonorrhéique, fatigue musculail'e des
membl'es infél'ieul's. Toutes les autre fonctions à l'élat normal.
Il n'est peut-êtl'e pas inutile de dil'e qu'à l'âge de [.0 ans, il
s'élait manifeste une él'uption dUl'trcuse à la jambe gauchc (l'égion
tibiale antél'ienrc), qui suhit divers déplacemen ts ct occupa successivement diITél'entes eégions, entl'e autres le errux poplité, la l'és ion humérale, latérale du COll, et lombaire,
nains à 28° R., eau de la sOUl'ce d'Hygie en boisson (un litl'c
dans la matinée), rlOllrhes snI' ln région Racl'o-lombaire, supllhicnne
et pCl'inéale.
Monsicur N... avait pris qualol'ze bains et deux douches, 101'sque, un matin, ayant essaye d'ueincl', il Ycul suppression totale de
l'éeoulcment qui avait lieu goulle à goutte, et, immédiatement, il
e produisit la sensation d'un COl'pS qui ll'uverserait le canal de
l'UI'ètl'e et le sonflel'ait en le p;l1'courant; et, tout à coup, le jet de
l'mine fut lancé à deux mètres de distance, enCOl'e en spirale, mais
nvec un diamètre nOI'mal; écoulement d'un demi-litre d'u/'ine
cn un clin d'œil. Depuis lors, l'écoulement de l'mine a lieu comme
tians l'état nOI'mal, sans incontinence ni rétention; cependant, ellc
�-
19û -
coule loujoul's en spirale. - Seize mois sc sont pas és depuis cette
époque, et, sauf celle modification du jet, tout autre indice ùe manifestation mOl'bide a di pal'u complètement. - Dix-huit mois
après, la guérison se soutient.
07.
NÉVRALGIE DE DIVERSES RÉGIONS; GASTRALGIE; A IAIGRISSEMEN'('.
Madame N... , âgée de 28 ans, tempérament lymphatico-sanguin, fille d'une mèl'e goulleuse et al'l'ière·peLite-fille d'une grand'mère percluse de rhumatisme, réglée à 14 ans, mariée à 18, a cu
tl'ois enfant , ct a nourri les deux premiers. Elle a un frèl'e l'h\1mati é.
Parfaitement portante jusqu'à sa première gl'o esse, elle commença alors à so~lTt'i
d'une odontalgie assez grave pour exiger
l'avulsion d'une dent.
Mais, après son accouchement, l'odontalgie ('eparut, plusieur
dent s'allérèl'ent eL la névralgie s'étendit au cuir' chevelu.
Enfin, ayant p l'du son enfant à l'âge de iO mois, ct se trouvant
quelques joues après ou un coul'ant d'ail', elle eut froid à la Lète.
Alol's et depui elle épr'ollva une sensation comme celle qui dériverail de l'application d'une plaque SUl' la région temporale; la céphalalgie prit de la con islance, devinllH'e que pel'manente ct e montra il un tel point d'intl'nsité qu'elle éLait insuppol'table. - Comme
elle avait toujours on point de dépar't ver's les dent , six furent
al'l'aehées ct tl'ouvées cal'Îée . La névl'algie maxillo-crânienne ne
ce a pas pOUl' cela; il s'y joignit un coryza qui allerna dans la
suite avec elle.
Pendant une au si longue pél'iode de soulTt'ance , il e fil une
détérioration de l'élat génél'al. Mme N... devint faible, souffrit de
douleurs lombaires, de til'aillement d'e tomac, fut atteinte de leucOl'l'hée ct maigl'it con idèl'ablemenl.
Pendant sa dcrnièl'c gro es e, ses douleurs avaient disparu,
mai revinrent ct durent encol'e aujoul'd'hui.
Arrivée ù Luxeuil dans l'élat qui vient d'ètre décl'it, la malade
. e fit arrachel' quelques chicots sou l'influence de l'éthél'Îsation, et
uivit ensuite la médication minel'ale suivante:
�,197 -
Villgt-l{uatl'c bains à 2Go R., dix-sept douches. EaLl de la SOul'ce
d'Hygie en boisson.
Résultat: à son dépat't, faiblesse résultant de l'action des caux;
plus de douleurs.
98.
MALADIE DE L'UTÉRUS.
Madame N... cst âgée de 52 ans; clic futl'cglce à iû ct mal'iee
à 50. Bonne constitution, sensibilité ex ces ive. A pa!'t une douleUl'
rhumatismale à un bl'as, pendant qu'elle était encol'e en pen ion,
qui dura peu de temps, et di pal'Ut pOLl!' ne plus se manifestel' jusqu'ici, sa santé a été asscz bonne pendant sa jeune se .
.... « Madamc se recommande à vous pOUI' l'usage de eaux de
Luxeui l, qu'elle va prendl'c dans \' ctat que voici: A la suite d'ull
accouchemcnt asscz heul'eux, il y. a environ dix-huit mois, cclle
jeune damc e tl'estée souffrante de l'cins, du venh'e, ùes cuisses,
etc., SUl'lout du côté gauche, avec des pel'tes rouges fl'équcntes ct
irl'égulièl'es, maig!'issant, tl'ès faible, etc.; enfin, c1le con cntit à
sc laisse!' touehel'; et, depuis six à sept mois, nous avons pu eon statcl' un gonflement dur ~ du col de la matl'ice, SUl'lout à gauche,
avec une échancrlll'e pouvantlogel' l'extrémil6 du doigt. Le l'epos ,
{IUelques bains simpl~,
des injections de ciguë plusieurs fois dan
la journée, et le malin et le soir une autl'e injection avec une SOhltion alcoolique de sublimé, des fI'jctions avec une pommadc d'iodUI'c de plomb aux l'eins, au haut des cuisses et SUl' le baS-vclltl'c,
sont les rcmèdes que nous avon mis en usage. Pensez-vou ,
chel' cOllfl'èl'C, aujourd'hui, qu'il ne rcstc plus qu'une légèl'c in ·
duration des lèvres du col, un peu dc gonllement, peu dc douleur,
plus dc chal CUI', lcs règles bien l,établics, .... , que lcs eaux de
Luxeuil lui soient convcnablc ?"
(Consultation de M. le doctettl' G.)
Complément.
L'accouchcment de Madame a clC tl'ès hClu'eux , mais la fièvl'c
de lait a manqué, cL la secl'ction laiteuse ne s'cst pas faitc; il a
(lonc fallu mettl'c son cnfanl en nourl'ice, quinze JOUI'S apl'ès l'ac-
�-
HIS-
coucheJl1enL. Douée d'une eXljuise sensibilite, Madame a cp"ou,'ê
à la vue de la nourrice qui venait pl'endl'e son enfant, une émotion
profonde, eL une métrorrhagie a cu lieu, qui depui s'est l'enOll
velée à divers intervalles; d'aillems, pendant le temps qui s'est
écoulé depuis l'accouchement jusqu'à ceLLe hémol'rhagie, les forces
Ile revenaient pas; elle ne pouvait sc tenir debout, manquait d'appétit, était évidemment daus un état anormal.
Aujolll'd'hui, douleur à la l'cgion hypogastl'ique gauche, vive,
cil'cousel'ite, n'occupant qu'un point très limité, sc l'epl'otluisalll
par intervalles plus ou moins éloignés, ne dUl'mIt quelquefoi que
quelques qual'ts d'heure, ct d'autres fois tout le joUI'. Aull'e douleur pm'manente, diffuse, occupant le bas-ventre, le' reins, peu
inten e, sous forme de malaise. -. Sensation cl'engoul'Clissemenl
des membl'es pelviens, surtout le gauche, tl'ès fatigante ct pl'es (lue constante. Inappétencc, maigl'elll', fatigue, impossibilité de
fail'c le moindl'e exercice. -Circulation, l'espiI'alion il l'éLat nOl'mal.
Viugt-un bains à 26-27° R. au bain gradué.
Résullat: un mois après le dcpart de Mmo N" . ùe Luxeuil, je
recevais la leUl'e suivante: « Monsieur, votre prédiction est accomplie, je suis gucl'ie. Depuis mon l'ctour de Luxeuil, je n'ai l'e ' enti ni douleur, ni fatigue, ni malaise; mon appetit se soutient,
et mes forces revieIluen t chaque jouI'. Si j'ai lant taI'dé à vous dOIl ner ceLlc honne nouvelle,' qui, je le sens d'avance, sera accueill ie
avec intél'êt, c'était afin CJue vous pu siez appréciel' d'une manièl'e
positivc le résultat des eaux, ct quc vous décidiez s'il serait nécessairc de prel1dl'e encore une demi -saison, cIe. »
9U.
TUMJWll DLA ' CUE DU GgNOU, l'An CAUSE TnAUMA'I'IQUE.
Piel'l'e N... , âgé de i 8 ans, bon tempcl'ament, issu de pal'enl5
sains, reçul, il Y a quelque' années, un coup lIe boule de quille
au genou, au-ùessous de la rotule, assez violent pour le fail'c
tomher; eepeuùant, après einq minutes, il sc releva sans l'aide de
per'sonne, mlli'cha, etlcs jOl;1rs suivants continua ses lI'avaux.
Un mois aprf!s, la doulclIl' élanL devenue plus vive, et UII peu
de IUIllt\faetion !"'y rLant njoulcr , ill'('clama les soins d'un I1)('dcciu ,
�-
HH) -
ct en obtint une guél'ison à peu près complète; cependant, il l'estait
un peu ùe claudication.
Il ya trois ans, il fit unc chute qui devint la cause d'une l'eCI'Udesccnce. Dès 101'5 , il ccssa scs travaux, e fil appliqucl' des sangsues, des cataplasmes, fit USflgC dc linimcnts, ctc. Malgl'e l'cmploi
de ces moycns, la maladie pCI'sista ct s'aggl'lwa jusqu'au point de
présentcr l'état suivant actuel:
Articulation fémol'o -tibialc tuméfiéc, dll1'c, sans doulcur'; les
condyles ct la l'otulc nc lais ent point dc saillic entrc eux; ankylose
incomplète, pCll de mou vemcnt. At l'ophic dc la cuisse; jambe dans
la demi-flcxion .
Dix-scpt bains à :)00 R., dix douchcs Slll' ("articulation malade.
Résllllat: amélioration; mouvcments bcaucoup plus étcndus.
! 00. nUUMA'1'l SME
AR'l'ICllLAlnE ET MUSCULAIHE.
Nadame N... , âgée de !)[~ ans, réglée il iD, mariée il 5lS, a cu
cinq enfants. Ses couches ont été hcul'cuses. Cependant, les uites
de la premièl'e ont éte suivics d'abcès au scin et ensuite de douIcul'S lombaires qui ont occasionné unc déviation dc la colonnc
vcrtébrale.
Depuis lors, elle avait loujoul's joui d'une bonne sante jusqu'à
l'âge de 4t.l ans. Alor:>, elle commença il épl'ou vel' ùan les exll'émites supcrielll'es des ÙOUIClll'S légèl'es, tl'ès fngitives, sc l'eIH'odllisant plusieuI's fois le JOUI', el auxquelles elle fai sait peu d'attention,
pal'ce qu'elles nc l'empêchaient pas de sc livl'C1' à sr.s tl'avau ' . Elles
ont continue depuis celle époquc. Mmo N... n'a cessé d'êtl'e réglée
qu'à l'âgc de 05 ans.
L'année deI'nièl'e, VCI'S la Toussaint, rhumatisme articulail'e et
musculail'c aigu, qui a débuté par'la main dl'oite et a fl'appé suceessivemcntle bl'as du même côté, lahanehe, l'exll'émité inférieure,
la nuque, l'extl'cmité supcI'icul'c, l'extl'cmité inféricUl'e. Il y avait,
dan les diver e al'ticulations compl'omise , l'ougeur, douleur, tumùfacLion; immobilité absolue des llleml)('cs pcndant six semaincs.
Enfin, peu il peu, la locomotion e t revenuc, incomplète cepeudilll t.
�-
200 -
Etat actuel: douleur à l'épaule gauche ct aux deux genoux;
léger empâtement, fatigue musculail'e et augmentation des doulems par l'exel'cice. Tout le l'este à l'élat nOI'mal.
La malade attl'ibue la cause de sa maladie à l'humidité de son
habitation, située SUI' une rivièl'e.
Dix-neuf bains à 28° R., eau du bain des Dames en boisson.
l1ésu Itat: gucrison complète.
101.
INSUFFISANCE DE MENSTRUATION.
Mademoiselle N... , âgée de 18 ans, bonne constitution, tem pél'amentlymphatico-sanguin, fille d'une mère rhumatisée, fut réglée
à 1G ans.
A la suite d'une chute faile il y a un an, trouble de la digestion;
l'appétit continue à êtl'e bon, mais aussitôt après avoir mangé,
0ppl'ession, malaise, étouffement, faiblesses; lassitude dans les
membres; con tipation; palpitations de cœur, bruit de soumet dalls
cet ol'gane et dans les caJ'otide ; mensLI'ualion insuffisante.
Neuf bains à 28° R., cau ferrugineuse en boisson.
Résultat: guérisoll.
102.
nHONCIllTE CHRONIQUE.
Madame N.... , âgée de 38 ans, douée d'un tempél'ament sanguin, née d'un père sain ct d'une mèr'e mOI'le d'une afl'ection cancéreuse, fut l'cglée assez tard, sc maria à 21 ans, ct a eu six
enfants.
Il y a unc quinzaine d'années qu'elle fut atteinte de la fièvre
typhoïde. Depuis lors, douleurs cl affections divel'ses, vagues,
er!l'atiques, e pOl'tant principalement vel':, la tête, la poitl'ine, le
venll'C. Elle s'enrhume facilement, est très sujette au cOl'yza ct au
catl'I
~ he
pulmonait'e. Ces divel'ses affection altel'Oent entre elles.
Il y a un an, à la suite d'un cl'ysipèle phlegmoneux il la tète,
menace de eoupCl'ose, injection subite des capi llaires de la face aux
moindl'es cmotions.
Etat actuel: toux catal'l'hale avec expectol'ation persistant depuis
�-
20,1 -
l'hivel'. Nez d'une colol'ation plus foncée que dans l'élat normal;
toute la face est, elle aussi, plus injectée. - Endolorissement des
organes abdominaux.
Vingt bains dans un des cabinets du bain gradué.
Résultat: guérison du catUlThe au quinzième jour. Tout le reste
va beaucoup mieux.
103.
GASTRALGIE.
MadnmeN ... , âgée d'une cinquantaine d'années, mal'iee et n'ayant
jamais eu d'enfant, tempel'ament lymphatico-nerveux, constitution
allllélique, position sociale tl'ès heUl'euse, est sujette depuis fOI't
longtemps à dcs manifestations diverses ~ qui ont été considérées
comme dépendant d'un état hystcI'ique, et suscitees par des affections morales. L'usage des divel'ses eaux minél'ales lui a été prescl'it en ditrcrents temps.
Al'I'ivée à Luxeuil au commencement de juillet, elle pl'cscnte les
symptômes suivants : appétit modéré, et cependant répugnance
pour les aliments, digestions pénibles; les aliments ne pouvant
fl'anchie l'isthme du gosiel' spasmodiquemcnt contracté. A jeûn ou
apl'ès avoir mangé, spasmes d'estomac, cl'ampes douloureuses,
oppression, tiraillements. - Perle des fOI'ces, amaigl'issement
pal' défaut d'alimentation, ll'istesse, ennui, morosité.
Vingt bains au bain des Fleur's; eau d'Hygie en boisson.
Résultat: à son départ, appétit excellent, nulle répugnance
pOUl' les aliments, digestion pal1faite, l'e\.OLH' des fopces, gaieté
folle.
1 Ol/..
ENDOLI\S~ŒT
ET RAMOLLISSEMENT DES MUSCLES.
Charlotte N... " âgée de 18 ans, bien l'cglée depuis celui de ! 6,
belle constitution, embonpoint modél'c, fmiche, tempé"ament Iympl1atico-sanguin, fille de cultivatcurs bien portants, ayant mené
une vie douce, et exempte jusque-là de passions, ayant toujoul's
hnbité, et habitant encore, Ull rez-de-chaussée fOl,t humide,
A l'âge de 14 uos, douleul' à l' cpigastl'e, oppl'ession, impossi-
�-
202 -
bilité de se sene!' avec SOli corset; les fonctiollS digestives restallt
d'aillcurs dans toute leur intégrité. Cct état se prolongea pcndant
nn mois.
A l'âge cIc 1;) ans, nouvelle manifestation de la douleur épigastrique, il laquelle se joignit la céphalalgie, de la fatigue enll'e les
épaules ct une faiblesse musculaire génél'ale.
.
Enfin, il l'âge de 17 ans, il tous ces symptômes sont venus se
joindre l'endolorisscment de tous les points de l'appal'eil muscul<lire et cutané, sans en exceptCl' le cui!' chevelu etlcs téguments du
visage, l'inappétence, la répugnance pOUl' les aliments gras, un
goût tl'ès prononcé pOUl' le lait, des bâillements, quelques accès
de constriction cIe la gorge, fréquentes palpitations ùe cœur. Pendantla durée de la mensll'uation, qui est il l'état nOI'mal, faiblesse
considcl'able. - Nul autl'e trouble fonctionnel que celui des voies
digestives.
Vingt-un bnins aux Bénédictins, cau d'Hygie en boisson.
Résultat: point d'améliol'ation uutr'e que celle des voies diges tives qui 'nc laisscnt rien il désirer.
1O!:i.
AFFAIDLISSEl\fENT DE LA MOITIÉ DU CORPS; CHORÉE; AMÉNOHI\IlÉE.
J. N... , âgée de 23 ans, futl'cglée il 18; tempcl'umentlymphulico-sanguin, assez bonne constitution, née de pal'ents bien portants.
N.... est fille ùe service, et placée depuis bicn longtemps dan s
des conditions hygiéniques peu favor'ables; entl'e autl'es, on pcut
citel' celle de couchel' dans une chambl'e tl'ès humide et très [l'oide,
depuis ùcux nns, et dans un lit aùossé il une muraille d'où suintait
une humidité continuelle. La fl'uîcheul' ressentie pendanL la nuit
élait telle, qu'elle nvaiL beaucoup de peine à se J'échauffel' pendant
le jouI'. Elle grelottait continuellement.
JI y a sept mois que, sOI'tie de condition, elle rentra chez elle
et ne s'occupa plus qu'ù DIe!'. Mais alol's, la moitié gauche du
corps fut aITcctce tl'un état ùe l'efl'oidissement qui ne cessnit plus;
faiblesse considérable: ln main lai sse échappel' cc qu' clic tient, la
jambe ne pellt . 0uLcnil· le poills du COI'pS; cnllnpcs (louloureuses
�-
203 -
le côle lIIaladc, ayant lieu tous les jOUl'S , dLlr ~ lI quclquefois
ll'ois quarts d'heul'e; commencemcnt d'all'ophic. - Vel,tiges, ano rcxic, diarl'hée.
Etat act.ucl : les acciùenls pl'imitifs subsistcnt; de plus, insolll nie, céphalalgic, point douloureux aux l'egions intel'costalcs, Ù01'sales, lombaircs , danse de saint With legèl'e, mais évidcnt.e; nmenOl'l'héc depuis deux mois.
Tt'enle bains, quinzc douches.
Résultat: rcLout' tIcs t'ègles après le vingtième bain; cessnLion
de la danse saint WiLh; l'ct OUI' des fOl'ces ct de la nutl'ition dans
la moi lié du corps a!l"ectée. Fonctions dc l'appareil digestif parfailes.
SUI'
-i Oô :
NÉVIIALGlE DE DJVEHS ES nÉGIONS ; LEUCORRIlÉE DEPUIS LA
PllEMIÈI\E MENSTIlUATION; VOMI SS I1MENTS SPASMODIQUES .
Maùame N ... est âgéc de 50 ans, fut réglée à ! D, est mat'iée,
mèl'e de lIcux enfanls dont Ic elcl'niel' a 8 an . Tempérament lymphatico-nervcux, excellcntc con litutioll ; fillc d' une mèl'e forte ment rhumatisec , ayant marché aux crosscs pendant elix-huit
mois, atteinte de Icucol'l'hée ù'une manièl'c pCl'mancnte depuis sa
prcmière mcnstruaLÏon : bl'l1l1c, doduc , imprcssionnabilite excessive.
A la pl'cmièl'c appul'ition des l'ègles, a commcncé la s(lI'ic dcs
uombl'euses manifcslatiolls qui ont compose son état pathologiquc :
ainsi, doulcUl's dans Ics extl'émites infcl'icurcs depuis le picd jusqu'au gcnou, profondcs, faisant épl'ouvel' la scnsation d'un pince ··
ment; lOI'squ'clle étcnùait la jambe SUl' la cuissc, craquemcnt à
l'al,ticulalion du p;cnou; souvent aussi, cl'ampcs aux mollcts; cn
mèrnc temps, douleul' il la région sacl'o-lombail'e. Doulem aux
eXlrémites sl1pét'icurcs, aux :ll'ticulalions dcs doigts, aux avantbl'as, aux poigncts, il la région vel'tébJ'ale intcl'-scapulail'e. Les
conditions atmosphcl'iques n'influent cn ricn SUI' la fl'cquence ou
j'intensitc dcs doulcUl's : clics l'cvicnncnt de temps en Lemps, sans
mctll'c jamais plus d'un mois d'intcrvalle entl'c Icurs divcrses
apparitions, el redonhlcn l quand el lcs c: islcnt . on sc mnnife '
�-
20[. -
lent, quand clics n'existent pas, inval'iablement à l'époquc des
l'èglcs.
Il y a scpt mois, sous l'influencc d'une gl'ande émotiùn , douleurs violentes à l'estomac, suivies de vomissements dc matièrcs
liquides, peu abondantes; et en même temps, déjcctions alvines
de matières mucoso-sanguinolcntcs et vel'dâtrcs. Dcpuis 10l's, les
vomisscments, les selles et lcs douleur's qui Ics accompagnent ont
PCI'siSlé. Avant le rcpas, après, pcndant lcs intCl'vallcs , il ne se
passe point de jouI' où ces phénomènes n'aient lieu. A leul' suite,
pl'ostralion, sueurs fl'oides, fl,issons dans les membl'cs t.horaciques.
Tout le rc tc à l'état normal. L'exploration la plus attentive n'a pu
faire l'econnaître aucune h~sion
organiquc.
Vingt bains dans le bassin des Benedictins à 28 0 R., cau de la
source d'Hygie en boisson.
Résultat: dès le premier jouI' dc cclle mCdicalion, plus dc vomissemcnts, sellcs natlll'clles : auculle SOl'tC de douleur. Guerison
pad'aitc au dépal't.
! 07.
AFFECTION RHUMATISMALE DE DIVEl\SES AnTICULATIONS.
Mal'je N... cst âgée dc 70 ans. Ellc a étc réglée à 4.0 ans, Cl n'a
cessé dc l'être qu'à 00. Par son genre dc vie, clle a élé obligée de
descendre fréquemmcnt à la cave.
Elle a été très sujclle à l'odontalgic, el, cn divcrscs l'clwjses, clic
a fait opel'cr l'atTachemcnt de toutcs scs dcnts.
A !'ûge dc 00 ans, doulcurs dans le3 ùivcI'ses al,ticulation ùes
extrémité infédeul'cs, jambcs, picds, genoux, hanchc . Un peu
plus tanl, le eXlI'émités supéricUl'cs furcnt égalemcnt a(feclées ,
principalcmcnt l'épaule gauchc, mais sans tuméfaction.
A l'âgc dc 58 an , il sc manifcsta unc tou, catarrhale qui durc
encorc. Aggl'avatioll dc toulcs ccs manifcstations mOl'bides pal' CCl'laines cil'constances atmosphét"iques.
Il y a qUClf{llCS mois, Mal'ie N... fit une chutc SUL' l'épaule; une
doulcur \l'ès aiguë cn fut la suitc. EncoL'c aujourd'hui, lcs mouve
mcnts ont LL'è gênés ct tl'ès limilés : il llii est impo siblc dc faire
�-
20!) -
les mouvements nécessaires pour se coilTel' toute seule, Légel' empâtement.
Trente bains à 28 -500 R., eau de la source du bain des Dames
en boisson. Douches sur l'épaule.
Résullat : à son départ de Luxeuil, améliol'ation considérable.
Elle peut se coilTel' seule. La toux a diminué des trois-quUl'ts. Plus
d'empâtement.
108.
CATARRHE BRONCHIQUE.
Madame N... petite, brune, maigl'e, assez bonne constitution,
d'aillcUl's ilgéc de 74 :ms, position sociale aisée, fut aUeinte, il y a
trente ans, de douleurs dan les al'liculations, vagues, el'l'atiques,
ne s'accompagnant d'aucune tuméfaction, dUI'ant plus ou moins
longtemps, ouvent quelques heures seulement, d'autres fois des
semaines, paraissant à des intervalles variables, sans cause apPI'éciable, el subissant manifestement l'inlluenee des conditions atmosphériques.
Peu apl'ès, se manifestèrent des symptômes de catnl'l'he bronchique, avec il'J'itation à la région stemale, toux, expectDl'ation de
mucosités.
Un peu plus tard eut lieu un écoulement leucorrhéique qui dma
plusieur années.
Enfin, depuis nlge de 60 ans, les douleurs articulait'es sont devenues plus J'ares, mais beaucoup plus intenses. Lorsqu'elles ont
lieu, elles sont comparables, pOUl' la violence, aux douleurs névralgiques les plus aiguës.
Depuis longtemps, l'appUI'eil digestif n'exerce ses fonction
qu'avec fatigue et lenteur: nulle lésion DI'ganique.
Des manifestations diverses ont été combattues à plusiems époques par des moyens appropl'iés. Un cautère fut établi il y 11
quinze ans, enll'etenu pendant sept à huit ans, supprimé ensuite.
• La malade a fait usage, à plusieul's reprises, des eaux du Mont-Dore.
Pouls fort, plein, un peu fréquent; respiration gênée pal' la
marche et 10 mouvement; point de bruit anormal, expectoration
lissez facile, sans être très abondante.
�':206
Vingt-cinq bains à 28" H., dans les cabinets du bain gl'adlll';
pOUl' boi~
s Ol,
de l'cau d'Hygie coupec avee ccllc du bain ùes
Dames.
R6sultflt : à son dcpru,t de Luxeuil, amclioration immcnse sous
lOtiS les rapports.
Un an apl'ès, l'améliol'alion se soutient. Le catal'l'he clll'onique
est terminé.
109.
NÉ:VI\ALG1E SCIATIQUE; DOULEUI\S !!:l\nAT1QUES; GASTl\OENTÉl\ALGŒ; IlYPOCONDI\Œ; I J E U CORHI
~ E.
Maùame N... , âgce de 1)0 ans, ('cglee à H5, mal'iée Ù 19 , a cu
seize cnfants. Petile, bl'Une, cmbonpoint mCùiocl'c, bonne constitution, exempte de viee hérCdilail'c.
Une doulcU!' sciatique se declara à la cuisse dl'oile, pendant sa
pl'emièI'e grossesse, assez fOI'te pour occasionner la claudicalion,
cessa apl'ès l'accouchement, mais se l'cpéta, quoique avec moins
d'intensité, à quclques ault'es grossesses.
A divers intervalles, doulcurs c1'l'aliques SUl' diverses pat'lics des
membres, notamment au hl'as dl'oit. Cette douleUl', développée sous
l'influence de l'impl'essiol1 du fl'oid SUI' cette region, y persista avec
plus d'intensité.
Enfin, à la suite de soucis pl'olongés, malaise épigasll'ique, sen sation de chaleur dans les entl'ailles, souO'rance ind6finissable dans
la cavite abdominale, SUl'tOut aux appt'oches des selles. Lorsqu'elle
est constipee, la main de va beaucoup mieux; quand elle ne l'est
pas et qu'elle va à la selle tous les jOlll'S, le malaise est beaucoup
plus considérable. Réaction de cet etat sur le cerveau; alors, trislesse, abattement, morosité, fatigue d'esprit, pensées lugubl'es.
D'aillems, bon appétit et bonne digestion. Tel est encore aujomd'hui son état.
Vingt-un bains au bain gradué (26 0 R.), deux douches.
Resullat : pendant lcs quinze premiers bains, amélioration no- ..
table. - Au seizième bain, apparition de la leucol'rhce . Au dixneuvième, diminution de la leucorrhée et manifestation de la névl'algie . sciatique. Au vingt-unième hain, amendement de ce
�-
'207 -
del'niel' sy mptôme, SOIIS tOIl les mltl'es l'apport ' , la malade va Il'(\s
IliclI .
HO,
YERT IGES; DIARRHÉE.
Madame N. ,. est "'gée de 06 ans, elle a cessé d'êll'e l'églce À. l'àge
de [, O. FOI'Le constitution, tempél'amenl sanguin.
Depuis quelques années, vertiges, pesanteur de tète, nolamment
pendnllL la digestion.
Depuis plus de six mois, din l'l'hée sans douleUl'. L'oppéLil e t
très bon ct, peut· être, tl'Op amplement satisfait. U <Ige du vi n PllI'
en plus grande quantilé qu'il ne convient..
i\1adamc ~.,
ne paraîl ètl'e sous l'inlluenee d'aucun vice 011 dia
thèse mOI·bide.
Vingt-un bains à 27° R., cau d'Hygic ell boisson. Régime plus
convenable.
HéSllllat: fi son dépal't de Luxeuil, plus de vel'tiges ni de
Ùitll' l'hée.
i -1 ~.
GAST RALGIE; AMAIGRISSEMENT PROGRESSIF.
Mallame N... , petite, brune, is ue de parents sains, assez hien
constituée, réglée à i t) ans, mal'iée à 21, enceinte quatre mois
apl'ès; âgée de 28 ans .
Parfaitement bien pOI'tante, grosse, gr'a sc ct fl'aiche, ju qu'à a
grossesse; accouchement facile, suites hel11'euses.
Six mois après l'accouchement, malai e génél'ul , ct pl'incipalement ùe l'estomac; faiblesse de cet ol'gane, digestions lentes, inappétence, amaigl'issemenl progressif.
Depuis, des douleUt's se sont manifestées dans les extl'émitcs,
revenant à des intervalles variables, mais surtout à la saison du
printemps; menstrualÏon moins abondante et irrég ul ière. Des
crampes ù'estomac se sont manifestée, revenant tl'ès Ih!quemmenl ,
souvent (OUS les deux jOUl'S, s'accompagnant de vomissements horriblement douloureux et luisso ot après elles un malaise indéfinissabl e. Ces crampes se sont fait sentir pOUl' la premièl'e fois il y a
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'208 -
il pcu près trois mois, en ont dure dcux, ct n'ont cédé qu'à un régime approprié cl à des topiqucs antispasmodiques. Hernic ombilicalc, contenue pat' un bandagc. - L'état actuel comme ci-dessus,
moins les cl'ampes.
Vogt-un bains, quatr'e douches.
RésuILat: rclour de l'appétit et dc l'embonpoint. Plus de doulcms.
H2.
PROLAPSUS U'fEUI.
Madame N... cst âgée de 24 ans, réglée à i 6, mariéc à i 7, elle
n'a cu son prcmier enfant qu'à 25 ans. Grande, bicn constituee,
tempérament Iymphatieo-sanguin, elle avait joui, jusque-là, d'une
exccllcnte santé.
« .... Madame N... a cu, en novembre rIet'nier, une couche laborieuse que j'ai faite moi-même. Pendant la gestalion, il existait
déjà un engorgement marqué du vagin, près dLl col de la vessie;
cet cngorgcmcnt s'est accru à la suitc de l'accouchement, et de
rnanièr'c à gênel' un peu lcs fonctions de la vessie. - J'ai remarqué, eo même tcmps, un prolapsus de l'UlC/'llS au sccond degr'é.
Lc tl'aitcment. presel'it a déjà modifié avantageuscment cct état, ct,
aujoUl'd'hui, lc toucher fait l'econnaîll'c un prolapsus au pl'crnier
degré. Il (Consulf.cttion de M. le docteur P .. .)
Pour complètel' ces l'cnseigncmcnts, il faut énumél'er les phéno mènes suivants: appétit peu prononcc, tiraillemenls d'csLomae,
lassitudes musculilil'es considér'ublcs, fatiguc à la moindre marche
et }JI'esque impossibilité de se livl'cl' à aucun cxercice.
Madame N... a eu, à (1i[él'cntes fois, dcs abcès sous l'aissclle;
tout Ic l'este il l' Clat normal.
Vingt-un hains à 26° R., quatorze douches, il 30° R., SUI' les
cxtrémités inférieul'es, sur la région saero-Iombail'c ct sus-pubienne
latéralc; eau d'Hygie cn boisson.
Résultat: à son départ de Luxeuil, Mmo N.... sc dit guérie.
Elle a un appetit excellent, digère bien, danse ct valse toute la
soiréc sans rcssentir la moindrc fatiguc. - Jc n'ai pa constaté son
état par le toucller.
�-
H5.
<;20\) -
l'HTIII I~
l'ULMONAIR8 .
Mademoiselle N... , âgée de 21> aus, l'églée à ! 7, pelite-mle d' uu
gl'and'pèl'e paternel asthmatique, bl'odeuse de profession, bien eonslituee, taille moyenne, fut prise, il Y a six ans, d'un calanhe
pulmonai['e intense, qui dUI'a ll'ois mois, fit craindl'e la phthisie pulmonail'e, et fut comuattu pal' la saignée, les ventouses et les véj catoires. Pcu à peu, hcmoptysie peu abondante, se l'enouvelullt
fl'équemment.
A l'âge de 23 ans, abondante hémoply ie , qui s'cst l'cnou velée
lI'ois fois en huit jours. Deux mois après, nouvelle hémoptysie tl'ès
abondante.
Etat actucl : amaigl'issement pl'ogl'essif, arTivé aujoUl'c1'hui ü
un élut voisin dll marasme. Points de côté fréquents et occupant
des sieges val'inbles; toux continuèlle, hémoptysie de temps eu
temps. Une cave!'llc Ù la base du poumon droit; tubc'.I'cules sur
divel's points. - Respiration très gênée, au point de l'empêche!'
dc padcl' cl de marcher. - Pouls à 420. - Aménorrhée depuis
onze mois. - Inappétencc complète. Le vin, la viande de cochon,
la pâtisserie, ne peuvent être digérés. Constipation. Refroidis ement constant des pieds.
Trente bains à 27°R., eau d'Hygie en boisson.
Résultat: mort un mois et demi apl'ès.
H4.
MYODINlE DELTOïDIENNE, LOMOAJl\E, CYS'J' lQU E.
LÉSION DES
APPAUEILS DIGESTIF ET CÉUÉOJ\AL.
MonsieUl' N... , ancien employé ùes finances, âgé de 67 an. \
ayant exercé son état dans le el'vice actif, et résidé pendant quatre
uns dan UI\ pays humide et marécageux (la Hollandc), tcmpél'amen.t Iymphatico- anguin, élait affecté, depuis une dixaine d'années, d'uue douleul' permancute au bras dl'oiL, à la l'érriQJl du
deltoïde. A force de fdction s avec de liniments de toule ~spèce,
il vint il bout de s'en débal'l'asser.
Elle fut l'emplacée pa!' un lombago qui ùU\'a six semaine .
H
�-
•
2W-
Après 1:1 cessation de celte dernièl'e mallifeslatioll, il e pl'Oduisit, à plusieurs repl'ises, quelques symptômes du côté de l'app3l'eil urinaire, tels que: envies fl'équeutes d'urinel', émissiOIl
d'une petite quantité d'mine à la fois, douleUl's vives immédiatement apl'ès qu'il avait uriné, sensation d'ardeur à la région suspubienne. - Ces symptômes ne pl'irent point de consistance, et
aucun traitement spécial ne fut dil'igé contl'e eux.
Enfin, depuis lI'ois ans, les app31'eils digestif et cél'ébral sont
devenus le siége de la maladie.
Appareil digestif: lenteut' des digestions, constipation, flatuosités; point de sensibilité à l'épigaslt'e, ni SUI' aucun point des
régions abdominales; l'ion d'anormal dans l'état de la langue; point
d'indice de lésion organique.
Apparcil cérébral: étourdissements, vertiges ft'équents, coups
de sang, sans production d'accidents paralytiques; intolél'ance du
bruit et du mouvement, fatigue par la lecture et la convCl'sation .
besoin du calme et de la tranquillité de l'esprit.
Il existe une coïncidence frappante et constante entre ces manifestations mOl'bides, de telle SOl'tC que les symptômes du côté de
l'app:lI'eil cérébral sont d'autant plus prononcé , que ceux de l'appareil digestif ont plus d'intensité; il emble même au malaùe que
c'est sur ce demier appUI'eil qu'existe le point de départ ùes divers
accidents, comme si le lI'ouble cCl'ébl'al n'était qu'une sympathie
ou une réaction de celui de l'appareil digestif.
Vingt-un bains d'une heure à 26° R., HU Gl'and-Bain. Immersion jusqu'à l'épigastre, pédiluves tièdes ct sinapisés au sortir du
bain; cau d'Hygie en bois on.
Résultat: immense amélioration ùe tous les symptômes avant son
dép:lI't de Luxeuil.
Une allnée après, il ne reste pl'e que plus de trace des grave
manircFotalions qui avaient altéré si profondément sa sante et menacé
e joul's .
�-
2H -
{{ 1) . 11\l\I'l'ATlON GAS'l'l\O -PULMONAll\E; NÉVI\ALGIE SCIATIQUE.
La sœul' N... est âgée de 56 ans, gl'ande, bl'une, maigl'e, tempérament net'veux-sanguin, bien constituée, fut l'eglee à i 4 ans,
est exempte de vice heréditail'e.
Jusqu':\ l'âge de lB ans, elle avait joui d'une excellente sante:
IIluis alol's, à la suite de fatigues excessives qu'elle éprouva dans
une maison où elle était entl'ée pour se vouel' à l'instmction, elle
fut atteinte d'une irritation gastI'o-pulmonaire cUl'actél'isée pa!' la
toux, l'expectoration de mucosités, la dyspnée, les palpitations de
cœul' , el pal' l'inappétence, la lenteUl' et la difficulté des digestions.
Cet 6tat a persisté jusqu'à ce jour, avec des alternatives de mieux
ct de pis, sans dérangel' nullement la menstruation. Il a élé combattu par des moyens divel's, entre ~ult'es
les exutoil'es, la suignée,
les sangsues, le régime, etc. Un cautèl'e fut OUVCl't à l'âge de 24
ans, et maintenu jusqu'à cc jour.
Il Y a un an, après un voyage pendant lequel elle fut exposée
à l'impression d'un ail' vif, il se déelal'i'I une névralgie sciatique.
Divel's moycns l'ationnels, SUl'toul les bains domestiques, fUI'ent
employés contre celle affection, avec un insuccès complet: de telle
sorte qu'aujomd'hui la marche est fort difficile, la station debout
pénible; la hanche, le genou, le picd douloureux et engourdis; la
cuisse et la jambe gauche sensiblement atrophiées . Menstruation
pal'raile. - Les appareils respiratoil'e ct digestif dans l'état ci-dessus mentionné.
Vingt-cinq bains à 27° R., dans les cabinets du Grand-Buin .
Quinze douches. Eau de la SOUl'ce d'Hygie en boisson,
Résultat: l'amélioration est telle à son départ de Luxeuil, qu'elle
peut êtl'e considél'ée comme une guérison.
Un an apl'ès, le mieux s'est continué.
HG .
TUMEun SQUIl\RHEUSE.
Jean N... , cultivateur aisé, est âge de 5l~ ans, bl'un, peu
eh:.\l'gé d'embonpoint, boune constitutioll , mUl'ié el n'ayant poin
�-
:2 1':2 -
eu d'enfants; fils d' une mèl'e mOl'te jeune J'unc affcction cancéreuse de l'utél'US,
Depuis une dixaine d'annces, N... cprouvai t, de temps en temps,
à l'épaule droite, une douleur peu intense, mais cependant positive
et remarquable. Son peu de fréquence et d'intensité l'avait dispensé de tenter quoi que ce soit pour s'en débanasser.
A l'âge de 52 ans, il éprouva pOUl' la pl'emière fois, sans aucune cause déterminante appréciable, une ensation vague de gêne
et de tcnsion dans le testicule gauche, mais sans. clancement ct san."
augmcntation de volume. Quelque temps apl'ès, on put apel'cevoil'
un pcu de tuméfaction. Enfin, six mois apl'ès, elle était assez con sidCl'able POtU' que le testicule égalât Ic volume d'un œuf d'oie, ct
qu'apl'ès son extil'pation il pesât à peu pl'ès un quart de kilogl'amme. La douleul' étHit devenue presque continuelle et avait pl'is le
caractère lancinant. L' cxtil'pation eut lieu neuf mois après la mo nifcstation mOl'bide de sa,'cocèle : depuis ce moment jusqu'à celui
de l'opération, l'ancienne ct primitive douleur à l'épaule ne s'était
plus fait sentil'.
TI'oi semaines après l'opération, qui fut convenablement exécu tée, des douleurs vagucs, mais exccssivement intcnses, sc m:mifeslèl'ent sur divers points dcs régions abdominales, et pI'jncipalemcnt
aux ,'égions sacro-lombail'c ct iliaque; ct peu de temps apl'ès tlrpm'ut une tumeur dure, indolente au touchcr, pcu mobile, située
sou le muscle droit du côté gauchc, Aujourd'hui, un an apl'ès
son appnrition, la tUluem, avec les caraclèl'es mentionnés, trè.'
faciles il constatel" présente tics dimensions qu'on peut évalllcl' il .
qnatl'c pouces dan sa longuelll' et deux et demi dans sa lal'geur.
Elle e l selon la direction du muscle Ul'oit au-dc ous duquel clic
est située, à la hauteur de l'ombilic, et pm'aH lui être adhérente:
la pre sion ne donne lieu au développement d'aucune scnsa lion
doulot1l'euse, mais as ez ordinairement il un déplacement de gaz
dans les anses intestinales voL incs; elle e t dure, pl'ésente des bo. elures, et n'esl le siége d'aueun élancemcnt.
L'état genel'al est cquivoque. Les fonction s di gestives se font
dan. toute Icm intégl'ilC; le pouls mal'que 66, cllwésente les autr:'e c[ll'élctèl'CS de l'étal nonnal : mais le teint rl'(~sent
(juclqllc
�-
215 -
chose de cette nuance qui cal'actérise la cachexie, et la douleul'
sacro-Iombairc qui se manifeste de temps en temps l'éagit à la fois
et sur la tumeUl' qui devient sensible au toucher, et SUl' le pouls
qui devient fébdle et s'élève à ! 20.
Vingt-un bains à 26° R., d'une heure les premiers jOUl'S, ct
plus tUt'd d'une heure et demie; eau d'Hygie en boisson; dcux
douches en Ul'rosoir.
Pendant le cours du traitement, la douleur sacro-Iombail'e s'est
manifestée à trois repl'ises, et a duré une fois vingt-quall'e helll'cs ,
avec une très grande intensité. Celte douleur s'est toujOUl's montrée plus intense pendant la nuit, et a coïncidé avee les dépl'essions
du baromètre.
Résultat: à son départ de Luxeuil, il semble qu'il y ait un
peu moins de dUl'eté dans la tumeur. L'état des forces, qui d'ailleUl's était satisfaisant, parait au~si
avoÏl' gagné quelque chose,
Un mois et demi après, mort.
il 7.
PROLAPSUS UTERI.
Madame N.. , est âgée de 40 ans, tempérament sanguin-lymphatique, réglée à 18 ans, mariée à 50, a eu tl'ois enfants, apl'ès
des accouchements faciles. Bonne constitution, position de fortune
aisée.
Il y a tl'ois ans, pendant sa del'llière gl'ossesse, distension du
ventre plus qu'ordinaire et très fatigante; impossibilité de marchm'
ou de se tenir debout pendant quelque temps; sensation de pesan teur vers le coccix; constipation,
L'accouchement eut lieu sans peine eL sans aucune suite anormale; mais les symptômes qui viennent d'être énumérés pel'sistèl'ent.
AUjOlll'd'hui, ils sont encore les mêmes. En oUh'e, til'aillements
dans la région inguinale, fatigue musculail'e des extrémités inférieures, douleul's sourdes mais continuelles des lombes nécessité
d'une ceinture hypogastrique sans laquelle la station et 'la marche
sont tout à fuil impossibles; nulle douleur lorsque la malade est
couchée; lorsqu'elle est debout, il lui semble que la mall'ice pèse
SUl' le cocci x et descend vers le périnée.
�-
2!f. -
Nulle lésion fonctionnelle dans l'appareil utérin. Le toucher fail
constatel' l'élat suivant: prolapsus de l'utérus à un degré modéré;
antévCl'sion de cet organe: le col très dilaté; quelques granulations autour; })oint de sensibilité.
Bains à 26-27 0 R., eau du bain des Dames en boisson.
Le premier jour de l'usage des eaux, absence complète d'uri nes. Le second jour, une pincée de nitrate de potasse dans chaque
verre d'eau du bain des Dames. Quatre verres ainsi pris donnent
lieu à une mixtion abondante et libre. Au cinquième bain, cessation
des douleurs lombaires; moins de pression, amélioration sous tous
les autres rapports. Au vingt-unième bain, guérison.
-
-=>!~I
-
Voila des faits précis fournis par l'obsel'vation SUl" l'emploi des
eaux minérales de Luxeuil appliquées au traitement des maladies
ehroniques : ils ont été recueillis dans la pensée de constater et
de mettre en évidence la puissance thérapeutique de ces eaux.
POUl' tout médecin dégagé de pl'éjugés et sans parti pl'Ïs sur
celte question, leur puissance ne saurait êtl'e mieux établie; dans
lc plus grand nombre des cas relatés, nulle médication connue ne
pouvait fail'e espérer, et surtout en aussi peu de temps, des résultats pareils à ccux qui ont été obtenus. Les affections auxquelles la
médication minérale a été appliquée étaient anciennes, ct par cela
même graves, puisqu'elles s'étaient montrées réfractaÎl'es à la force
médicatrice de la nature et aux ressources de l'art; et il a suffi de
quelques semllines pour que, sous l'influence du nouvel agent, les
modificlltion les plus avantageuses se soient opérées dans l'économie.
Il y a lieu, sans contredit, d'attribuer une certaine part dans
ces résultats aux eirconstllnces étrangèl'es; car la médication par
les eaux est puissamment secondée par elles; le changement d'ai l' ,
un autre genre de vic, des distl'actions nombreuses, l'éloignement
momentané des affaires et le repos qu'il pet'met, Ini prêtent lin ulile
�-
2io -
concours, et lui donnent le caractère d'une médication composée;
mais en quoi cette considération infirmerait-elle la faculté curative
qui appartient en propl'e à l'élément minéral? N'existe-t-elle pas
pour toutes les médications possibles? Il n'y a point de· praticien
qui néglige, dans le traitement des maladies aiguës, de faire
concourir les moyens hygiéniques avec l'usage des émétiques,
de la saignée, des révulsifs, des antispasmodiques, qui sont le
pivot sur lequel roule le traitement; et cependant il n'est venu à la
pensée de qui que ce soit de dépouiller ces agent,s héroïques de la
part d'action qu'ils ont exercée, pour l'attribuer tout entière à,
leurs auxiliaires; il doit en être de même des circonstances accessoires concourant avec l'élément minéral dans le traitement des maladies chroniques; elles aident, elles contribuent au succès, elles
ne le font pas.
En recueillant ces faits, j'ai encore eu un autre but, celui de
fournir des matériaux à l'histoire s'énérale des maladies chroniques;
dans ceUe pensée, je n'ai pas cru devoit' restreindre mes observalions dans les détails actuels. Si les renseignements commémoratifs
sont précieux, c'est surtout dans les maladies chroniques, où souvent on ne connaît bien ce qu'est une maladie que par la connaissance de ce qu'elle a élé; il m'a donc semblé devoir donner à mes
descriptions un horizon moins limité, qui me permît de porter mes
investigations sur toute la vie pathologique du sujet de mes observations.
Des problèmes fort importants dans l'étude des maladies cIuoniques attendent encore leur solution; et, par exemple, la question
des éléments, si intéressante en elle-même, si fondamentale pour
la pratique, n'est que bien incomplétement jugée; leur nombre,
leur nature, leurs diverses manifestations, sont l'objet des théories
le~ plus di cordantes; il n'y a point de doctrine à cet égard qui ne
SOIt controversée.
. Il est fort difficile, pour ne pas dÎl'e impossible, de parvenir à
Jet?!' quelques lumières sur de pareilles questions, si on n'envisage
qu une des phases, qu'une des époques d'une maladie, sans la
rattacher aux phases et aux époques déjà accomplies; le meilleul'
moyen d'acquct'ir de notion complètes, alitant qu'elles puissenl
�-
216 -
l'être, c'est d'étudier cette maladie dans le passé comme dans le
présent, à toutes les époques de sa durée, depuis sa p,'emière
origine jusqu'à ses dernières manifestations; ce n'est qu'ainsi qu'on
peut arriver à en déterminer le véritable caractère. Alors, les phénomènes, en apparence les plus hétérogènes, s'explique l'ont pal'
l'action d'une cause unique, soit innée, soit acquise, à laquelle
l'âge, le sexe, le genre de vie, l'éveil ou la cessation de certaines
fonctions, en un mot toutes les diverses circonstances de la vie
intérieure ou extérieure, auront imprimé une direction SUl' tel organe ou sur tels appareils organiques; et la lésion de ces organes
divers se traduira par des manifestations qui ne peuvent qu'êll'e
diverses, quoique la cause de la lésion ne cesse pas d'ètl>e identique.
Sans donner outre mesure dans les idées de l'ontologie, on doit
avouer cependant qu'il existe beaucoup de cas où il est nécessait'e
de fail'e intervenir une cause pathogénique préexistante à toute lésion, laquelle, selon qu'elle aura porté son action SUl' telle ou tclle
autre partie de l'cconomie, donnera lieu à une cystite, une hépatite,
une gash'algie, un lombago ou une sciatique, etc. Il me parait
tout aussi rationnel, si ce n'est plus, d'admeth'e cette cause unique,
quoique pour des effets val'iés, que de tomber dans cette aull'e
hypothèse que des causes non identiques auront, pal' une fatale
prédilection, presque constamment amigé une existcnce, pal' hasard, et indépcndammentles unes des autres.
L'étude des maladies chl'oniques dans leUl' ensemble, en les considérant comme un tout composé des affections particlles qui ont
eu lieu 11 diverses époques, ct que réunit un lien commun, la cau e
productrice, quelque nom qu'on donne à cette cau e, disposition,
vice, pl'incipe, dyathèse, tempérament, etc., celle étude, dis-je,
ainsi dirigée, me paraît beaucoup plus philosophique que celle qui
verrait dans chaque manifestation morbide une maladie complète,
sans aucun rapport avec les manifestations antCI'ieures. Celle méthode est adoptée sans contradiction pOUl' ccrtaines de ces maladies;
la courbure rachitique des membres, le carreau, l' ophthalmic, la
tumcur blanche, sont des manifestations bien dissemblables! ct
pourtant le médecin n'hésitera pas il les attribucl' à un pl'incipe
�-
:2-1.7 -
unique, quoiqu'elles ne se manifestent qu'à des illtel'valles quel quefois considér'ubles. - Il CIl est de même pOUl' les divel'ses manifestaLions syphilitiques.
Ce même système ne poUl'l'ait-il pas être appliqué aux divCI'ses
maladies qui se succèdent sur uu même individu, toutes les fois
qu'une cause venant du dehol's ne rend pas raison de leur exis tence, soit qu'elles s'expriment pat' une simple lésion de vitalité,
soit qu'elles aillent jusqu'à l'altération matérielle d'llll organe? Au
lieu d'individualiser ces maladies, n'y aUI'ait-il pas lieu de grouper les diverses manifestations sous lesquelles elles ont apparu ~ Et
de l'étude de leUl's successions, de [eUl's modifications, de leUl's
transformations, de leur siége de prédilection, ne l'ésultcl'ait-i[ pns
un corps de doetr'ine plus satisfaisant pour l'esPI'it, ct des données
plus fécondes en indications pratiques? Il m'a emble qu'il pouvait
en être ainsi, et e'e t pOll!' cela qu'aux détails de l'état présent que
je n'ai pas négligés, j'ai ajouté tous les renseignements anter'ieurs
qn'il m'a été possible d'obtenir, dans la rédaction des ob el' valions
précédentes.
Peut-étl'c est-il l'escr've aux recherches de l'hematologie ct de la
chimie organique, de donnel' la solution de ces problèmes. En rai-son, on est autorisé à pensel' qu'on ll'ouvel'a dans le sang d'un
individu, qui à diverses époques de sa vic a été affecté de maladies
identiques pal' leur nature ct variant seulement quant à leur siége
et aux ll'oubles fonctionnels qui en dérivent, une compo ilion
s'éloignant plus ou moins de l'élat nOI'mal; en fait, M. Andl'al a
déjà constaté que dans beaucoup de cas de névroses, le sang cst
remal'quablement pauvl'e en globules, ct que la terminaison de ces
affections était heureusement infiuencce pal' [e moyens pl'opr'rs LI
clcver' le chiffl'e dc ce principe COll tiluant. (Andra[ , Essai d'hém(Italogie.)
.
....----.-
....
��TABLE
ilES MATIÈI\ES CON'l'ENURS OAN. CET OUVRAOF:.
Aperçu historique, topographique ct statistique sur la ville de Luxeuil
Du degré d'utilité des eaux minérales .
Notions sur les eaux minérales de Luxeuil.
Notions théoriques .
De la nature des eaux minél'ules de Luxeuil
Sources ferrugineuses . , •
Sources salines .
Analyse des eaux minérales de Luxeuil, par M. Braconot
Analyse des eaux minérales dc Plombières, par Vauquelin.
Du moùe d'action des caux minérales de Luxeuil. . . .
Dl!s éléments auxquels les eaux minérales de LUleuil doivent leur puissance. .
De la thermalité .
De la minéralilé .
De l'électricité .
Du mode d'administration des eaUI minérales de Luxeuil .
De leur aùmillistratiou en boisson
De leur administration en bains. . . .
De leur administration en douches.
De leur administration en lavements, lotions, injections
Des moyens auxiliaires de l'action des eaux minérales .
De la durée du traitement par les eaux minérales
'.
De l'époque de l'année où il est le l,lus convenable de faire usage des'a~
.
Dcs résultats tardifs des eaux minérales • • . . . . . . . x .
Notiolls expérimentales . . . . . . . • .
Des principales maladies qui peuvent être <>uéries on·am·él.' é' . '1"
.
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101' es par US3"('
des caux minérales ùe Luxeuil
.,
Névroses . . . . • . . . .
Névroses de l'appareil digestir .
Hystérie, hYllocoodric, néVl'opalhie .
Nél'r~gies
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Apoplcxit'.
p 3 r~l
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Stérilité,
Maladi e ' des voies urin aires
L p. ucol'I'hr.e, am énorrh ée. rl ysménol'l'h "e, ngr. critique, l'Ilgorgr mcnl .. t 111'0lapsus de l'utéru s '
Rhum ati sm e arti cul aire, fibr eux , muscul aire, viscéral
ObSlru ctioll S, engorgements viscéraux, cachexi e,
Maladi es de la peau,
Co nstipati on ,
Affecti ons div erses ,
Des pl'Ïncipales maladies 'lui sont agg ravées pal' l'u 'age des ca ux min éral es
do Luxeuil •
Préca utio ns ~ pl'e ndl'e ava nt, pendant et après l'usage des ca ux minéra les
de Luxeuil .
Hygiène !l es mal ades qui font usage des ea ux minél'a les
Ohserv ati on ' ,
DES,I N ON, IMI'II I!Œ n lE DE J , J ,I CQI'I "
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�EAUX DE PLOMBIÈRES.
��EAUX DE PLOMBIÈRES
CLINIQUE MÉDICALE
DBS .A.BALYSIBS
( u;.mipl ('gie , l'nrapli'gir, Irritation spillnlr, Myélite)
DE LEUR TRAtTEMENT PAR LES EAUX THERMO'MINÉRALES
DE PLOMBJimES,
Pur le 1)' LH E RI'I' 1ER.
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hc\'ol in de lu Légion d' honll eu r,II I\' lllbl'll de ln Snl'i~t·
d' hyd rologir médic81l; de I)arii ,
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d(' ln Hoc iûlû lI's ~cil
ù'élllulntion dï ::plnol, \I e III SCk:
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u'ngr lcuHure du Doua i,
de la ~o c i ~·té
om'hm médecin d{"S. burcu u :\ dt.' l>l cnroisunce.
DEUXIÈME ANNÉE.
PAR IS
CHF.Z GE RME R BA ILLI ÈRE , LIBRAIR E,
Rue dl' l' ;'co
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Il1\ES ,
CHEZ MADAME VEUVE BLAISE, LIB RAIRE.
1854
��AV ANT-PROPOS.
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Il Si je no ruis {l8.8 h t'abri de l'erreur t JO chel'Chc
du moins bavoir l'ovllntogc de ne savoir tromper
" personne.
Il
Uon.ura ,
Ce second volume se compose de deux parties
tout
~t
fait distincles : l'une, la moins étendue, n'est
qu'un complément clinique de notre fIiswi-re du
rhumatisme. Elle nous a été inspirée par le désir
de combler une des plus grandes lacunes de la pratique thermale, qui, faute de renseignemenls postérieurs au traitement, l'es le le plus ouvent muette
sur l'action consécutive, temporaire ou permanente
des eaux minérales. L'autre, la plus importante,
�A VA~'f-I10(lOS.
VI
embrasse presque tous les fa.its de paralysie que
nous avons recueillis en assez grand nombre, pour
qu'il nous soit permis de réaliser la promesse que ·
nous aviolls [aite de publier annuellemenL ou bisannuellement le résulLat de nos observations. Par
la suite, nous étudierons les maladies de l'estomac,
contre lesquelles les caux de Plombières sont «si
»
efficaces, qu'elles ont, depuis des siècles, l11é-
»
l'Hé, sous ce l'apport, l'attention et l'a.dmiration
»
des médecins.
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(Didelot.)
-----.-
�EAUX
1lF.
PLOMBIÈRES
GtNtRALITtS CLINIQUES.
Chaque saison esL caracLérisée par un ensemble de phénomènes météorologiques qui peuvent modifier la nature,
la marche, la terminaison et le traitement des maladies.
Cette remarque n'avait point échappé aux anciens médecins: aussi. a vaienL-ils désigné sous le nom de Conslittttion
médicale le l'al port intime qui exisLe enLre ces influences
méLéorologiques et les maladies régnanLes. Quoique nous
n'ayons à nous occuper ici que cl'alTections chroniques,
c'est-il-dire d'éLaLs morbides complexes, moins directement
liés qu les maladies aiguës aux conditions Lemporaires de
l'ail' eL des li ux; quoique nOLIs ne songions pas à dresser
précisémenL un lableau de constilution médicale avec des
élémenLs incohée 'nLs, émanés de malades réunis accidentellement dans un même lieu, cependanL nous croyons
qu'il y a quelque intérêl il rechercher quelle part d'influence les vicissiludes atmosphériques de la dernière saison peuvent avoir eue sur les résullats de la médication
thermale. En effel, pourquoi n'en serait-il pas des eaux mi-
�8
Gtl'itRAun:s CLJ~
J QUES.
né raIes comme d tous les autres médicaments dont l'efficacité se trouve i fréquemment modifiée par de circonstances accessoi res? e voit-on pas des malades qui,
après avoir parfaiLement supporté l'action des aux, se
plaignent tout à coup d'en ressentir de mauvais elfeL " lorsque surviennellt d brusque' changements d l mpératul'e,
des pluies abondantes ou des chaleurs excessives? S'il est
vrai, et pour notre part nous n'en pouvons douter, que le
froid et l'humidité contribuent tl diminuer les effets thérapeutiques des sources thermal s, si la chal eu!' el la sécheresse tendent au contraire il en exagérer l'activité, il ne
peut être hors de propos d'envisager rapidement les rapports que nous avons pu ['aisir' ntre l'apparition de cer tains
phénomènes climatériques etl développement de quelques
accidents pathologique sur plusieurs de nos malades.
Pendant Fhiver de 1852-1853 et au comm ncement du
printemps, il r ~gnait
1l Paris une constitution lU ldicale particulière. La grippe, il forme abdominale et bilieuse plutôt
qu'à forme thoracique, avait, dès le mois de janvier, ouvert la scène paLhologique ; un peu plus tard, des diarrhées,
quelques cholérines, puis des fièvres éruptives, des rougeoles, des scarlatines, des varioles, s'étaient montrées, révélant presque toutes un élémen t adynamique. Dans les
mois de mars et d'avril, la constitution médicale se traduisait encore sous des formes rnorbicles mnlLiples, il essence
calan"hale. On rencontrait des rhumatismes, des bronchites,
des pneumonites et d saIT ctionsgaslriques, plus particulièrement disposées à se t rminer avec forme typhoïde. T 1
;laiLencore le caracl "re de la conslitution régnante au moJOcnt. olt nous nou:; prépariolls il quilter Paris, c'est-à-dire
dans les derniers jour:; du mois demai. Enarrivantà Plombières, nous trouvâmes quelques lraces de ces formes mor-
�GÉNI
~ I \,lT
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CLI NIQUES.
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bides que nous avions observées il Paris, cL nous pùmes
constaLer sinon dans la ville, au moins dans les lieux les
plus voisin , des doul urs l'bumaLi male ', des grippes proches parenLes de la pneumonie, ct s rougeoles cLdes scarlatines à marclle irrégulièr , à réacLions lentes ct incompl Les, fréquemmenL suivi s de petiLs abcès disséminés.
Du 1er au 20 juin, les plui . furenL abondantes, les
vents sourn renL pl"sque constamment de l'ouest et du
nord-ouest, ct la température s maintintfroi le. Quelquesuns de nos malade, les rhumatisants en particlùier, se
plaignaient d'exaspérati on clans les douleurs et de la difficulté avec laquelle la transpira Lion cutanée s'établissait
Dans les derni ers jours dumois de jnin ct dans le commencern nL de juillet, la LempéraLure s'pLanL élevée, les vents
ayant pa sé à l' sL ct au sud-est, 1 temps étant devenu
beau, le' fonctions de la peau se montrèrent plus faciles,
et les rhumatisant · ommencèren t à l'es entil' un meilleur
elTet du Lrait m nt thermal, tandis que d'autres personnes
à prédominance nervell e, suj ettes à des accidents gastroinlesLinau , éprouvèrent une lIrexcitation assez vive, surtout à l'approch de orages qui lIrent lieu les 13, H , 15
et 17 juillel. Quelques jours auparavanL (nous ne devons pas
omettre ce tte circon tance) , les 5, 6, 7, 8 et 0, la température atmosphérique s'éLant souL nue enlre 25 el 30°,
plusieurs malades se plaignirent de picotements dan ' les
yeux, de pe anLeul' à la Lête et d'insomnie, elTet assez
ordinaire des premiers bains, mais exag \ré sans doute par
l'intensiLé cl la chaleur. - Pendant cette période, nous
conslaLàmes chez plusieurs malade' l'ex istence d' une pelite éruption anomale siégeant particuli l'ement à la nuque
eLsur la partie antérieure de la poitrine, éruption que le'
bai gneurs onL l'habitude de nommer gale des eaux.
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GL~:"AITF.S
CI. INIQues.
Du 0 au 10 juillct, la tcmpératurc ayant passé brusqllemcnt de 20 à 21 c., la diarrhée se manifesta chez plusieurs malades; chez d'autres, il se développa un assez
grand nombre de furoncles; deux malli\res hi n dir~ents
d'exprim 'r lu trouble surv nu, probablement sous l'inIluence de l'abaissemenr. Lhermométrique, dans l'exercice
des fonctions de J'appar il cutané. Chaque fois que la température se maintemit entre 25 et 30", comme nous
l'avons vu du i cr au 5 ct du 20 au 26 août, Ull certain nombre de 110S malades sc louaient de l'usage des eaux, tandis
que d'autres les acwsaieJlt de déterminer en eux Ulle vive
excitation nerveu ·c. Les pr 'micrs rentraient généralement
dans la catégoricdes arthritiques; nous n'avons rien changé
à Jeur traitemenL. Les seconds appartenai nt ~l la classe
des maladcs alTe tés de névroses générales eL de troubles
dyspepsiques; nous avons [Ct atlénuer l'acLioll de l'eau miuérale, en apportanL des modifications dans la lhermalilé
des bains.
Le 26 aoCtL, la tempéra Lure de l'air s'éLant encore abaissée
de neuf degrés du jour au 1'ndemain, nous eùmes de nouveau des malad s pris de diarrhée, quelques auLres de simples coliques et un plus p 'LiL nombre de mal de gorge.
Si ces remarques Il'olTrenL rien de llouveau, 'lles onL du
moins l'avanLage de conlirrner l'opinion de la pluparl ùe;;
médecin qui Ollt p/"Cttiljue tl'S eaux thermal~
eL qui aLLestenL que leur àction thérapeuLique s'accroît ou diminue,
dans un certaine limite, en raison de la Lempérature de
l'air, dit sec eL de t'hulIlide.
Quant il la tempéraLure des sources, on peut voir, en
comparant les tableaux que nous avons dressés en 1852
avec ceux que nOLIS présentons aujourd'hui, qu'elle n'a
subi que des varia Lions insignifianL s.
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�TEMPÉRATURES DES SOURCES MINÉRALES DE PLOMBIÈRES
R c l e\'écl'l llcn dnu t ICII muls de .J u illet ct .l'Au,lt '18G3, de deux .\ h 'olo; hcures
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LINIQUE.
43
Outre 10s fails précédents qui porlenl sur l'ensemble de
nos malad s el qui :'paraissenl évidemment. liés à des influences atmosphériques, nous avons encore 11 signaler quelque particularités cliniques en dehors ùe tous les phénomènesclimat.ériques qui se sont présentés pendant le cours de la
. aison lhermale. Nous parlerons d'abord de la difficulLé avec
laquelle M. D. 'a supporté, cette année, l'action des eaux.
- Venu à Plombières en 1850 pour remédier tl des accidents dyspepsiques, M. D. avait pris des bains tempérés el
des douch s Tiyoli; il avait même porté la durée de se
bains à deux 11 ures entières san en être incommodé, ct
il était reparti après avoir obtenu une amélioration trèsmanifeste. Celte année, M. D. revint à Plombières le
28 juin; ct comme rien n'indiquait dans son état qu'il ne
pourrait pas supporter les eaux aussi faèilement qu'autrefois, nous lui prescrivîmes un IraiLemenl tout ~l fait semblable à celui qu'il avait sui j deux ans auparavant. Mai il
peine eut-il pris quelques bains tempérés, suivis de douch s, qu'il se plaignit de pesanteur à la t.ête ct d'abattement qui détruisaient chez lui toute aptitude au travail de cabinet et qui le contraignaient à se jeter sur son lit pendant
une partie de la journée. Nous pensâmes d'abord que ces
accidents pouvaient êlre l'eITet des premiers bains el qu'ils
ne tarderaient pas 11 se dissiper; nous nous contentâmes,
par conséquent, de réduire la durée des bains el d'interrompre l'emploi de la douche. Cela ne suffit pas; le malaise persista, et il arriva même un malin que le malade
eut une syncope étant dans le bain, qu'il prenait en piscine,
à 27°. Nous convînmes alors de suspendre tout traitement
pendant deux jours, ct de recommencer par des demibains en baignoire, à une température de 25 à 26°. Le premier ayant été mieux supporté, on 1- répéta le lendemain;
�Gr:NI
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mais nous remarquâmes encore un tendance à la syncope:
le pouls s'aITaiblissait, le malade avait quelques vertiges.
- Nous lui prescrivîmes un bouillon, et les accidents diminuèl'enl. Depuis lors nous décidâmes qne le bain serail
pris à bauteur de ceinture seUlemenL ct dans le milieu du
jour, alors que les forces général s auraient été sustentées
par le déjeuner. - A partir de cc moment, M. D. supporta facilement le trai tement.
Nous pourrions citer au besoin beaucoup d'autres faits
pour démontrer qu'il ne faut pas toujours préjuger la tolérance acLuelle des malades pour les eaux minérales d'après
la facilité avec laquelle ils les ont supportées précédemment. Cette réflexion soulève une ~les
questions les pl li S
complexes de l'hydrothérapeuLique, ct que l'on ne saurait
aborder sans lenir compte avant tout des changemenl.s permanents ou passagers qui peuv nI. être survenus, m6me
insen iblement, au sein de l'organisme, dans l'inLervall
d'une année à lIne autre, ct sans étudier, en second lieu,
toutes les circonstances accessoir s relatives à l'époque de
la saison, aux influences climatérique , aux susceptibilités
individuelles, morales on physiques, ;1 J'exercice, au régime, cl.c., etc. - Quelque au Lori Lé que le méd cin puisse
tirer ùe l'expérience acqll ise, il ('st rare qu'il n(' l'encontre
pas des malades qui metl.enL cn défant s s prévisions.
Nous avons pu Cil juger celte anné , soit par cCl'Lains malades forcés de suspendre l'usag cles caux en boissons que
nous leur avions prescrite., SOiL par quelques autres qui
les onL bues malgré noLre défense, Lqui n'onL cu qu'à s
féliciter de leur acLion. L'an dernier, Mm" *** avait pris
chaque matin un ou deux verr s d'cau qu'elle digérait
assez aisément; c LLe année, bien que sa sanlé füt infiniment meill ure eL C[u LouL n Ile dCrL nous [ai,'e supposer
�GI~:'\ltR.L1TS
CLINIQUES.
Hi
qu'elle pourraiL boire les eaux avec un plein ~ucès,
nous
fümes contraint ùe renoncer à leur administration, quelques précautions que nous eussions employées pour en
faciliter la digestion.
Cc fait nous amène naturellement 11 en relater lm autre
qui lui est complétement opposé. Mn" **'\ atteinte de dyspepsie gastralgique, était arrivée à Plombières avec défense expresse de boire l'eau minérale, dont l'usage lui
avait été nuisible l'année précédente. - Mais bientôt, entraîné par l'exemple et les sollicitations de quelques malades, ell Lean gressa les re ommaudations qu'elle avait
reçues, bUl avidement plusieurs verres de la ource des
Dames, les digéra parfaiLement; ct quand elle quiLla
Plombières, cl! ne ressentait plus 1:). moindre douleur
d'estomac.
On sc tromperait assurément, en présence de semblables
déceptions, si l'on croyaiL que nous n'éLudions pas suffisamment t.outm; les circonstances physiologico-pathologiques qui peuvent indiquer ou contre-indiquer l'emploi des
eaux de Plombit'res. - Nous ne négligeons au contraire
aucune des occasions d'enlr r dans ceLLe voie de diagnostic
thérapeutique; nous savons tenir compln dn caractère de
la maladie, de sa marche et de ses périod s, des influences
qu'elle pent r cevoir de J'air, cles L mpératures, du mouvement, du repos, du choix d salim .nts, cl l'éLal moral, en
un mol de tout cc qui peul amener nn dérang menl plus
ou moins grand dans les ressources de la nature ct modifier les effets du médicament composé que nous employons.
D'un aulre côté, nous n'omettons pa de prendre cn considération louL cc qui lienl h cc mfidifJament lui-mêm'e : le
choix de l'cau ingérée, sa température, son éLat de pureté,
son mélange avec qllelque auLr boisson, sa dose relative
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cltl'iÉIIALlTlls CLIN IQ UES.
à l'âge, au sexe, au tempérament et à la cause supposée
de la maladie. Malgré cela, nous le répétons, nous rencontrons encore parmi les malades des individualités qni font
mentir toutes nos prévisions. Voyez ce malade, par exemple : ses digestions sont depuis longtemps laborieuses, sa
langue est rouge par les bords, il est tourmenté pal' des
éructations continuelles; il accuse de la sensibilité, de la
douleur au creux de l'estomac et dans le bas-ventre; il a
six à huit selles dans l'espace de vingt-quatre heures,
son pouls est petit et précipité; la teinte cachectique de sa
peau révèle l'existence d'une dyscrasie cancéreuse. Oserons-nous lui prescrire les eaux en boisson? Non, sans
doule. Cependanl il les prend en cachette, elle symptôme
qui l'incommode et le compromel le plus, la diarrhée, disparaîlle sixième jour.
Que conclure de cela, si ce n'est que Je prali ien a pour
ainsi dire une expérience individuelle à faire av c chaque
malade qui se rend aux eaux minérales, avant d'arrêter définitivement le traitemenl auquel il se propose ùe le soumeUt' .
Parmi les malades qui nous ont paru supporter le plus
diillcilemenll'action des eaux de Plombières administrées
soit en bain, soit en boisson, 110ns avons particulièrement
noté ceux qui sont sujets aux palpitations de cœur. La
difIiculté qu nous ;'Ivon parfois rencontrée à rattacher ces palpitations il leur sourc primitive nous a souvent embarras é, lorsqu'il s'agis ait de formu ler le traitement thermal dont nous avions il faire l'application. On
conçoit, en eITet, que les palpitaLions dépendantes d'un étal
anémique ou d'une affection nerveuse ne sauraient être
traitées de la même manière que celles qui résultent de la
pléthore et de quelque lésion du cœur, de ses enveloppes
�C~
: I"Ér:
. \l . IT
~S
CLl:'IQUE~.
ou des gros vai& ca ux. Mais encor faul- il convenir ici
quïl n'esl pas loujours p os~ ibl e de dislingu ries condiLion. organo-pal holon-iques favorabl s ou défav l'abl es 11
r emploi des caux. Par exemple, de lrois j('une' p -rsonnes
chloro-anh6miques, aIT' 'lél's de palpilalions, el chez lesllurlles n OLIS n'avons conslaLé aulre cho 'c qu 'un bruil de
'ouflll: (lu cœur, bruil dou'.:, simple, borné nu premier
Lemps, sc renforçanL dans 1 s gro' ai caux ct présentant
.'on ma\.il11uIH d'intensil.é au Jliveau de ' orin cs artériel :
d('u~
f;(' sont parfaitem nta
ommodéc, tl l'u ag de bain
tempérés ct de l'cau fClTugincuse pri e cn boisson, la troisi' me n'a pu s baigncr unc seule fois sans quc sc baLLemenls de cœur s'cxagéras nt ~ I lcl point qlt'il fallul renon 'ct' absolumcnl au\: bains, L1]rès huil jours de lrailmpnl.
I)Cll\: autres malades Igalel11 nl suj cls 11 dcs palpitai ion
onl élé sOllmi .. il l'usage des cau'(. Chez tous le' deu'< nOlis
conslalûm es uneauglllcnlalion de l'il1lpul 'ion du cœ ur, qui
s raü-iail. cnl ndrp sou les clavi 'ul
l à la parlie po 16ri ,ure ga uche d la 1 oilrinC'. - Le premier bruil étail sourd
<'lpl'olong , le s('concl plait raibl ; 1 pouls élaillul'ge el.dp
I()mps en 1. mps irréguli er. Nous rcconnÎlmcR au si chez
lous les cl 'ux llne légère \COll sure de la région précordiale,
un élargiss m III des spûces inl l'coslaux sur cc point, un
Cl ceoi ·flPTnCnl. cl la malilé av c exagération de la résislanc('
a\1 doi ~ 1. p ndalll la percussioJ1, culill des ballcmen ts de la
poinleüu cœur corre poJl(lallLs nu niv('illl de la nellvièmp.
('ùlc. Dl' l'em;pm blr de Lous Cl'" signes, nous Tüme POll\ oil" dia3nosliquer , dans ('s d LI;>. eas, Ull hyperlrophic>
JI1 (Will' l1V('G dilalalioll , lIw ladie dans laquelle l'usage
des Call,T, thnrrnales e.r:ige, selon nous, la 'pltr,~
grande ci,.con .'pel.'iion. l.'a nalogie' qui (''(islail enlre les ignes physi-
�CBNI\nALITÉS Cl.I:'iIQUES.
ques de cette afTecLion chez nos deux malades, nons conduisait à leur prescrire un traiLemeut semblable, ou il leur
défendre absolument l'usage de. caux. 1 ous leur conseillâmes, non sans hésit l', l'emploi des bains Lempérés suivis
de bains de ceinture un peu plus chauds, et comme boisson, l'eau de la source des Dames t l'eau savonneuse. Cette médication réussit parraitement il l'un des deux;
quant à l'autre, il dut renoncer à toute espèce de traitement thermal, ql1 Ique modiftcation qu nou lui eus ions
fait subir : car il ne pouvait ni hoire, ni se baigner, sans
éprouver les palpitations les plus vive::;, avec imminence de
suffocation.
Quellea pu être la cause de résultats si dirférents chez deux
sujets qui s'ofTraient à nous avec un ensemble de signes
physiques aussi comparables que possible? En dehors de ces
signes, n'y avait-il pa , dans l'un ou l'autre cas, quelques conditions organique que ne révélaient point 1 s sympLômes
généraux, quelque chose d'insaisissable san doute, mais
qui se rattachait à la nature même de la maladie, et qui devenailla principale indical ion thérap utique? Nous nous
adressions cette question, luand nous apprîmes que chez
le malade dont la sanlé s'était améliorée pendant le traitement, l'af~ction
du cœur remontait à un rhumatisme fort
ancien. ous avons pu concevoir dès cc moment comment
les eaux de Plombières, si efficaces dans les maladies rhumatismales, avaient procuré du soulagement en s'attaquant
à la racine cie la maladie. Quant au second fail, il nous a
été impossible de saisir la cause première de la modification
de nutrition du cœur, el nous cherchons encore les circonstances anatomiqu s dislillctés qui pourraient nous expliquer la mauvaise inGuence ex rcée par les eaux.
'ous ne ,uriOllS trop insisl r ur ces particularités cli-
�G.~NÉnAlTS
CLINIQUes.
niques, afin de bien faire comprend!' flu 'il ne .,uflit pas,
comme 1(> dit Berthemin, « de sçavoir Ct quelLes malad ;es
» nu,~
eau::!: chaudes sont profitables, mai.> encora de sçaJI VOÜ' $'i elle.5 1Je peuvent lJoint nuire. Lfl CO/Il r(mrt- de~
Il hommes se 2Jersuaclent qtt'il n'y a maladies que les baij,.~
)l 1~e
gueri. sent, et, SU?!S conseil, se precipitent ded(,l.ns ,
Il dont par etprè.; .ç'en suivtlll yrandes incou/1/1odiles. Il En
voioi un exemple:
Mn .. X. pas e 11 Plombières dans 10 courant du mojs
d,'aoù\ ; e11 y V naiL uniquemenL pour visiter une do ses
amies eL elle se proposait de n'y pas r que viJlg-C[ua~'(j
heures. C pendanl elle eul profiler de ce courl séjour pour
prendre \ln ou deux hains d·eau minérale. L'occasion lui
semble d'autant plus h 110, qu'elle a cu, il y a quelques moi~1
un rhumati me articulaire aigu de l'épaule droite. Elle se baigne donc. L'action 1imulnnlO cl s eaux se trouvait aloI' .
énergiquement favorisée pal' une lempérature atmospMrique de 29 q cent. Le lendemain, Mn.. X. r ssenl dans la mÔmt1
épa,ule une ùouleur lanciuante accompagnée ùe rougeur, !le
g nOem n~ et d'impossibilité de remuer le brus. Le rlllll\1Utism articulaire ùonl illl'élait plus question avait reparu;
e~
il fallut, avant que la malade quitlfll l)lombières, 1'6cÇl~\'ir
à l'emploi des émollients el des narcotiques PQI,lI'
c&lmer les symptômes d'arthrite aiguë réveillés par un S vi
\;Iain œ au thermale.
Parmi l s personnes venu s à Plombière comnle la rH\~
Il'de précédenle, à la suite de rhumatism
aigus, on el)
rencontre, en effet, quelques-unes qui, ~l pr è~ tl~oir
éprOlWr.
un grand soulagement de:; pl' Illiers hain. , sonl fOI'l:ées dq
disconlinllCI' le lrniLcrncnt, il l:t\use de 1',lpparilion de dOl1lGUI'S, avec gOllf1ullwnt cl. rouf> IIr, des ar~iculons.
C-la
se voit ~ lrt ouL
pendanl 1 :; d'rande. chal urs et hcz les Sll-
�20
GI ~ ",Él\ALrf
:s
eLINIQUES .
jets dont. la maladie e t encore peu éloignée ùe sa périod e
aiguë. Tel était le cas où se trouvait lin malade ur lequel
\1. le docteur Grillot voulut bien apprler notre attenLion et
qu e nous e n gae~
Hn es
IInanimement ;1 cesser l'usagf' df's
bains.
Ces remarques confirment pleinement l'idée que nous
nous sommes faite de l'action altérante des eaux thermales en général , et de l'cau de Plombièl' s en particulier, acLion
qui, pour être salutaire, doit s'exercer dans certaines limites,
san jamais s'élever jusqu'à la stimulation morbide, stimulation si facile à produire quand la période aiguë des maladies n'est pas compléternent éteinte.
Pendant la saison thermale qni vient de s'écouler, nous
:lvons eu sous le yeux IIne assez grande variété de mal~
die , parmi lesquell es nous avons surtout remarqué des
!lysp psies gastralgiques, des gastrites chroniques , des
cancers de l'estomac, des chI oro es, des rhumatismes, des
maladies du cœur, des maladies de la matl'ice, des maladi(')s de la moelle épinièr t du cerveau.
La plupart des dyspeptiques ont été soula gé ou guéris;
cependant nous avons donné nos soins li un dame dont
l'estomac, extrêmement délica t, après s'ê tre parfaitement
accommodé de l'usage les caux, s'est tout à coup révolté
contre leur action, au point de nous impo cr une extrême
réserve dans les derniers jours du traitement. Un bain tant
soit peu chand n manquait jamais cl déterminer une
réaction fébrile inl lise. ·on de ons dit" , il cst vrai ,
qu'une contrariété de famille ne rut pas étt"ang\re ail développement de cetle mau vaise disposition. Quoi qu 'il n soiL ,
l'amélioration très-remarquabl e qui s'était monlrée dès I f'~
premiers jours du traitemcnt n'a point r paru , bien qu
l'élat moral dont 1I 0 1l ~ parlons n'a it pas p rsislé.
�24
Parmi les malad '.' alTC'ctés rl c cancel' ùe l'estomac, IlOUS
avons cu Ull qui IÙI pu pl'C'lldrc que trois bains et boire
quelqu" \ CrI' 'S d'cau a\'Olln cu e, - Deux autrcs sc SO llt
baignés. ont bu jOUl'llCllelllellt de l'cau de la sour 'e dl'~
Dam s, co up6' '1\ cc de l' 'au savonneuse, et se sonl trom us
sali faits du lrait '111 nt; ils <1\ ai 111. moin s l'acidités, moins
cl gaz, \ omissaienl. moins SOU\ enl. t parvenaient à digél' '1' quelqucs aliments un peu subslantils,
Au nombl' c1es rhumati '[mIs, nou, en avons l'omar lm:
qui ont oblellu imm ·di,üemenl. d s résultats raiment surpreuant s, '1'01 maladc qui ne pouvait march r en arrivalll
à Plombi"rcs, faisa it de prom nade de d ux li eues aprè '
douz ' ou quinze jour de trait ment. - D'autres, moin s
Il euroux, n'éprouvaien t d'amélioraLion que vers la Jin cl •
1 Ul' 'a isoll ; d'autre.' enfin , encoro moins favori sés, Ollt
quitté les cau'( ùans l'état olt il~ y étaient venu,
Les maladi S oe la maU'i 0, toujours lIombr use.' tl Plol\1bièr 'S, ont eu ù s résUltats l'ort divers, chose fa cil il e:\'1liqner pal' la ùirruJ'()llc' du diagnostic c1iniC[u . - En g'Jléral, nou ' a\ons cu il nous féliciter du traitement thernllli
di.rigé contI' les pro lap us l ' gers, simple', entretenus par
lIne faibl "SC de Loull' rganism pluLôt qu par un ngorgement on idérable ou Lout autre étal anaLomo-pathologique de la maLrice.
Enlin. nou ' aVOlls l" 'uuilli un assez grand llombre d '
ras de pal 'a l~ s i , p OUl' en faire et te année l'obj l particulier de noLre clinique. - J\OU S nous limel'on ' heureux si
les déLails inL ;l'essanLs SUI' le 'quels nous nous proposons
d'insisLer trou onL nco l" parmi nos confrères l' indulgenc '
avec laquelle ils ont accu illi , l'an dernier, notre histoire
du rhumati sme.
11
��DES PARALYSIES.
èHAPITREPREMIER .
APERÇU ANATOMO -PHYSIOLOGIQUn
L'intégriLé cles centres nerveux imlorte Lellement à la
santé de J'homme, qu'il sLtout à fait superflu d'insister sur
la gra ilé d s maladies auxquelle ils sont suj ets. Mais
pour bien comI renùre ces m.alaclies, ponr concevoir combien il est facile de les confond re avec quelques autres et
cl se mépr ndre sur leUL' naLure, il est indispensable de se
reporter 11 la slructure ct aux usages cl s centres nerveux
et de la colonne vertébrale qui les conti ent et les protége.
- 'C'est ce que nous allons Cair le plu. hrièvement possible.
La colonne vertébrale, épine ou rachis, est une longue
chaîne osseuse placée à la partie po térieure du tronc ct
formée de vingt-quatre os nommés ve rtèbres, du mot latin
,;cl'tcre, tourner. Tous sont placés de haut. en bas, les uns
snI' les autres, séparés sim plement par une couché Hbro-
�24
ArERÇU AN ATOMO- l 'U
ISIOI.OGIQUE,
ra rlilagill cu ' , (earlilag , inlcJ'\ cl'l 6b l'a u\) et réuni: d'ulle
IIlunj"r inlimc pal' un grand nombr ' de ligamenls, Ces
cartilagcs ct ces ligamcnl ', sunsajoull' r beaucoup au poids
de la colonne \'crlébl'alc, ell iluf)lllrllll'nl remarqui1bl ern nllu longu 'ur ; placé ' enlre chaqu e \ ('rli'l)l'(' 'omme
de \ "rilabl ' coussinel ', ils i1 morl issenl les 'C' 'ouss 's cl
les concussions qui p uvent st' 1rilnsl1lelll'l' , pal' cOlllro'
eoup, des pari iùs inféri u!' s all C{'J'\ l'a u ; ils 'onslilu III
unc sortc dc ru S rt solidc, éla slicJlll' . uispm;\ :1 ra vo ri se r
cerlains rnou 'Illents de l' ' pill e, Illais éga lolllol1t pl'vparéil
ré 'i 1 r il tous Cr ll\ qui pOllrraienl , p'lr IC'1I1' \ iolr ncr, COlllprolll llre la Irllclllre Mliralt dl' la lI1assc encép halorachidi nn ',
La colonl1 IlSSe llSC dont nOLIs parl ulls Ill' cl 'cril pa ' une
ligne droite: la n"gioll du CO li , ronsli tul'r pal' S('pt \P1'l1\bre' (\ 'l'l. 'c J'\'ica los), ,t 'on \ ';" , ell ,l\ant '1 COIlCll\ '
'Il al'l'i\re; la r\gion dontlt" 1110ra ' iquc ou pccloritle,
r;ompo 'éo d dOllz vertèb res (\ l' rl. dorsal ,s), esl co nca\'
'1I.\\ ant ; ellfin, la région 10Illhail'l', form ée pal' cillq ~ e l '
l\iJres (\ el'l. lombai res), ])r "sen l(' IIlle COI1\ ' \ilé en a\alll
pt une concavilé n arl'ièr ,
Bil'n qu le' \ l'l'obl'" d'un' J'(\gioll 11\' l'es 'l'l11 l>l 'nt pas
;1 cc'II d'un aUlre, loute ' ont cl' penclant ccrlainsraraCli,·
l' 'S comlllum:; c senti 15; ainsi. chacun d ' c 'S P lil s os cs;
pourvu: 1· d'lIne parti' cy lindroïd' a~,)cz
épai sr , II1ullie
de qU<lll' fa e ' ('orps des \ rt'l 'h l' 's) ; 2° de lalllps ct d'
prolong Jllr nlS (apophyse ') destiné' soit il rOrllll'r d c~ arli ulalions, so il ü scrvir dt' p()inl
~H l ' in se rli o n à cl s lIlusc1rs
el à cl li ga l c l ~ .
Parmi c s prolong 'JI) nl., qllll lr sonl ohliqups (apoph , c oblique); deux ont Iransv r ~ , (apoph ys " Iransv l'ses); un s pti m 'C c1irig 'n arrièrc sur la li gn ' Illé-
�'\l'EI\(.: II . \N
. HO~I
- l'YSIO.GQ
""..'}
m.
dilUl(' : sa longllcul', dans plu icul's vc rt ~ bl' 'S, ,t sa (; nli gu. ration Il poinL lui ont l'ail. dOl\nel' 1 nom d'apophyse épi1/ l'1tS e, , Sonl.loul (' les apophy cs d' c ll ' (,: pl!' qui ,
'S 1 s un ' alIX aulrcs, consl i 11Icn L ceLLe rang '0
. ~ 1 )(' rp os
de Ilodosil és qu(' nous renconlrons au lllili C\1 clu dos el. CJuo
110 li , savon: ['('11 II' O1H'OI" plus saillantes au m o~c
n li '
('(' l'laincs positions dn Ll'On " 101' 'qu c nOLIs oulons pl'o(,;(;der
il l' '\pl oraLi on de' la colonnc \ el'tébl'al e.
La 'ondition lit plus gén Il"llc cl to ut 'S Ics CI·t \uros,
, c'est lJ'ÜlI'e P l'J'orécs d' ull trou annulairc (I.rou radlicli cn) ,
(]lli , .1\ '(,; les JIl è ll1CS lrous de. autre' verLèbres empil
Ic' unc'
SUl'
l es auLr 5,
' 0 11
ourl à formol' un long canal
(ca nal \ crLébral) de 'li né à log r la 1110 Ile épinièrc. -
œli -ci donn c naissanc' . à UII grand nombre
dl' n rl's qui doi,' 'nL .·c l' ' pandro dan ' dilTér 'Il tes l' "giolls
du 'orp ', il l'allait n >ces 'ail'cmcnt qu , le conduit qui la
rünfcrJ1l ' pl' 15 ni ât des ou Cl'tUl' 'S cl' Imis 'ion pOUl' cc '
III 'mps Ilcl'i's (n. spinaux ou l'achidi 'ns) . C'est pOlll' (,;ette
que l 'on rcmarque' , IlIa base cl 5 ilpoh
y s c~
<ll'd ' ~ Lin(lo
li ulaircs des veI'Lèbl" S. dC'ux éChellH.:nll"s, l'ulle supé-
~J a i s conlln '
ri ellrc. il C'Z sup l'ft i Il • l'alllre in fl ri urc, pills profond. '
(6 'hancrul' v rl \IJral ). qui sc 'ol1 yerLi s nl. h rsqu deux
vcrL "bres sonl appliql1t'es l' lin
Ilomnlé (ro ~ ! de c onjufla
i ~;oI1,
.'Orlenl du allal verléb1'll1.
lIl' l'auLe' ,
C11
un trOu
pal' lequel l 'S n 'l'l's spin au:\
L'e:..tr \miLé supérieure d ' l a 'olollile \ rtëbral
'ouLi nt
le criln , l' 1111 'menl. rachidien de forJ1lc ovalaire, dont la
cavil.é fit l' mplie pal' Ic c l' cau cl. le l'vcl L. ct qui comrnun,iquc av' le conduit v rl\bral pal' un grande ouverture (trou occipilal) Ol! pass nL la moell e el . ' enveloppes.
La parti ini' 'l'iour'
consisl lui-mème
l'
Il
posc 'ur l'o' sewrwfl ou sacré, qui
plusieurs \ erLèbres oud ' cs cnsemble
�26
AJlF.I\ÇU ANATOMO - JlU YSIOI.Or.IQl1E .
dépourvues de mouvement et do, ign;;es , à cause de cela,
sous le nom de .lau.,sos L'otlèbres, pal' opposiLion aux vortèbres vraies dont nous "onon de parler, qui peuvent
exécuter des mouvomonts limités.
SUI' la face po lériou ro t '0\)\' 0 \:0 du sacrum , on voit
d'abord plusieul' éminonc s, 0 pi.:cos d'ébauches d'apophyses; puis qua tre trollS (trOllS sacrés po térieul's) destinés au passa go d S branclles postérioures des n rfs acrés.
- La face an térioure ct concave do ce mGme os ost égaIement remarquahle pa l' la présonce de quatre autres trous
(trous sacrés anl ' l'ieurs) COllllllulliquaut avec le: trous de
la fa e posléri ure au moyen du canal sacré, qui n'csl luimême que le prol ngemellt du canal rachidi en dan.:; l'épaisseur du saCI'UIll. - Ceg tl'OUS acrés anl'rieuT'. , qui répOll"
dent aux trou cl' conjugaison for III é.' pal' 1 s vertèbres,
sont travor é par 1 s branchesanltll'icur s des nerfssacrés.
On ne peuL oncer oir une idée général des usages de la
colonne verlébrale san comp rendr aussiLôL son importance. - Placé ur la lign médian du 'Ol'pS, cil [orme
environ la moilÎ . d sa longueur LoLal ; lie con LiLue une
tige solide, quoi Ille flexible, qui serL de souLien à presque
tout l'édifice O ' eux; elle concourL I avec le crâne, que
plu ieurs zootomisles con idèr nt comme on épanouis ement, à fournir d .' ell veloppes proLec tri ces l ~ que1ques
porLions css nlielles du y L\me va culair , aux organes
des s ns, eLsurLout au'( cntr s n l'\ eux dé igné sous le
nom d'axe érébro- pinal, dont nous d von nécessairement dire quelques moLs.
L'appareil nerv ux de l'homme se compose de deux
grands sy t 111 S : l'un , iége du mouv m nt involontaire
et d'une sensibiliLé particuli èr , comprond LouL cc qui est
relatif à la vi nutritive : c'est lui qui préside aux fonc-
�,\ peR ç U ArI .\ TOIIO - I'Il"/ SI OI.OGIQ UE .
27
tions de digestion et d'assimilation, elc., etc. (système
nel;veux ganglionnaire ou grand sympathique) ; l'autt'e,
distribué princi[ alement aux organes qui mettent le corps
en relation avec les 01 jet' extérieurs, est la souroè de là
tlensibilit ' l)ropremenl dite et du mouvement volontaire. -'C'est lui , par con 'équent, qui anime les organes de 1
Joeomotion, ceux de sen: t de la voix (syst. n l'V. cérébro-spinal olt cl la vic le l' laI ion) .
Chacun de
ystèm
ômpose do deux portion :
l'un cenll"LlJo, fOl'mée de mass) nerveuses pills ou moin,
volumineuses j l'autre périphériquc, form ;e Cl nerfs qui
partent du c nlr po II' ilTadil l' vers di vc r 'es partie du
corps.
L 'p e ti (~s HlasseR n 'l'Y lI ~CS rlépen lante du ystème du
grand synlpalhiqu portcll t le nOIl1 de ganylioll,Ç. Quoique
parfait meut distinctes ,t i ~o l é " dIe' se reli nt entre
elles par d corel ns nerv ux qui s' unis ent aux nerfs du
sy t me cérébro- pinal, et qui se distril n nt. aux organes
placés lalls l 'ur voisinage, t Is que le pOllmon, le cœur,
l'estoma c, les illteslin ' ct 1 s vai . 'eaux sanguins.
Les ma ' ner" li 'es centrales qui appartiennent au
système cér 'bro- pinal, log s dan le cràne ou dans la
colonne vertébral , ont: le cerveau, siége des facultés
intellectuelles et morales de j'homme ; le cervelet, régulaleur des mouv en.lenls de 10 omolion ; la 010011 épinière.
organe conducteur de impre sion et de mouvements
volontaire .
Tout cet appareil n l'veux c ntral e t entouré, indépendamment de la ga1ne 0 s u e formé par le crâne et la colonne vertéJ l'ale, de troi membrane appelées méninges.
- La plus immédiale, la pi"-u1ère, s'étend sur tout le système nerveux, en passant du cerveau et de la moelle aux
�PERI.:U
A:-'\TO~I
- J>I
\SIOLOGI\)l!r.
lill'Is 11('1'\( 11\ (IH:\ rih"IlH'): la plus e\ll:rieure, la clurr-IIII'rc,
lihn'usl', lrl'S-Iù;islalill', adh"l'(' par ('l'l'lai ilS poillh il la
fart' inll'l'Il{' dl'S os du l'I'Ù1H', 1-:111' fo l'Il l(' plusieurs l'Ipi~
solidps qui S'l'II 1'011 'l'ilL dalls dl's sillolls plus OU 1I10ills pro('011(1-;(\('
la Illass(' ell(,l:plialiqlll' 1'1 ('ollslilul'JlI dl' \l:rilahlt's
cloisons qui lui senl'Ill dl' !:>oulil'II el dl' 1I()~l'
lioll,
L'l'II\l'Jllppl' illlC'1'1l11:diail't"
dl' cOIIII'IIl'aJ'{t('hrwlde, lIliIH'(' ,
hlall('h(', de nalul'(' ~1:rl'S,
!:>(:l'I'<"l\', SUl' l'('S d 'U\ sUI'f'an's.
dl'II\ liqui(\l's IIl'sliIH:S, dit
011,
Il ('acilill'I' Il'S 1ll0U\I'IlI{'nl s
(lu l'l'n l'au (Iiquidl' l'Ild'phalo-ra(' ltidit'II). La suhslallc('
qui COll tillH' Cl'S IllaSSl'S Ill'n {'IISl'S {,('Illl'illes IH' ]ln:s('lIll'
IIi la Jlll'IlH' hOlllog(:IH:ii(\ ui la 1I11'1Il(' c()ull'lIl' sur lous ](,..,
roilll'i; lalllôl hlall('\te el IIIIlIII', ('Ill' l'sL rl-pHlldul' prillci ralt'II11'1l1. dans l'I:paissl'ul' dll l'('n ('all <'l Ilu ('1'1'\ l'Id (suh:-.liltlCI' lll(:dullain'); lalllùl gl'i..,I' ou Cl'lllll'I:l', l,III' fol'llll' 111]('
1''''PI\l'I' d'l'Il\l'Ioppe'
..,1,1111'1'
,111\
diH'I'SI'S pal'Iil'''' dl' l'orgalH' (!:>lIh-
corlieale), J)alls la IIlIlI'1I1' ('pilli '.1'(" la disll'ihui illli
dl' ('('S dell\ sub..,lalll'('s suil 1111 ordre IOIlL ;1 rail iIlH'N'.
Ici la lIIalièl' ' gl'iSl', au li('u tl'l'll'l' siluù' il la surface dl'
l'Ol'ga lll',
l'II
OCI'Upl' la profllJ1dl'UI', landis qu' la suhslalH'l'
hlallch(' l'sL plac ~ , à ~
L('s ('('lItl'l'S IH'I'\l'UX
1il's dl' l'organisllle'
au
slll'fan',
SOli 1 l'II
1110 l'II
l'l'Ialiotl ll\el' Il'sallln'spal'-
dl'S 'lter:~,
(,ol'dolls hlalH's ou
a fail, COllIlIll' IUlllS l'a\olls (h\jit dil, deu\
('Iasst's di 'linrlps eL l'I'laliws il la natul't' t!t's l'ml 'lions au\'lu '111''\ ils pl' :Sit!I'IlL (Iu'rl\ Ile III de dl' nutrition, nrrj.,
tle Irt vic dl' reLalÎ(}lI \.
I.('s 1)('1'1\ dp la \ il' dl' l'elallllll 11111 (olt: <ll\ iSI\" l'II ?lN} ,'
1'Icftiden~
011 Sll/PI/céplwliqlles ou rrttnil'ns 1'1 ('II n('}j:~
I{l'i~à
S donl on
Le ... 1n'Illiers, au 1I0011hl'l' dl' c!( uze pairp ... , tl(ll'ipill
dll rl'âll(, par dÎ\('J' IrOlls ~ilr:.,
il sa bas; 1· econd, au
nuu,l:',
nombre d' lI' nt
'LIlIH' pail' 'S, :lll 'l'g 'Ill d' la 'O IOIlIl' \ ('1'
�AI'l::RÇU A:'iATOllO-I'II".IOLOGIQUE,
9
Irur OI'igiD , ils
téhralr pal' Ir. trous de conjl~as,
parlaglls l'n
filels
de
..,onl rompos(os d'lIJl grnlld nombre
llt>lI\ l'ai" l'aU\ : l'lin 1Josltil';eur , iJ1lplanlr sur la partit>
posléripur pl lal1ralr dl' la Jl1()('lIr rpinièn " LransnwL la
l
srnsihilil(\; l'aull'(' antérieur, illSl'l'(1 SUI' sa parlil ' alll.t l'iel1l'(' rl lalllra h', lranSlll('1 1 mou\ ell1pnl. DI' cellp sorle,
h', nerfs rarhidil'llS jOlliSS(,lll lloll-sl'u h'IlH'111 du POIl\ oir dt'
IrallsnH'Llrl' au musclps l' influ('nn' dl' la 'OIOlllé, Illais
e!lcorl' dl' la facullP dl' rOlIdlli1'(' jusqu'ail ('l'rH'au h's illlPI'('ssions produill'!) pal' h' conla('t dps corps (otrallgl'I':-',
I\.ssPz prt's du poinl Otl il liait, h' faisc('<lu postérieul' dl' rl'S
l]prfs SI' fait l'I'marqurr par la pl'(ls(,I1(,(' t1'\111 "on fl l'1ll1'lll
ap»('111 ganglion, au (\plll duqllrl h' fais('('au anlrril'u r sp
,'(IUnil au rais('{'<II1 pO:-I (l r il'1I1' pour fornwr un trollr 1'11111III Il Il qlli IH' tanll' pas il N' parlagpr lui-l1ll>nH ('Il dpu\
-).ps hranI>rallcllt's, 1'11111' f/1/{rlril'I ITI', l'allln' ]Jo~/ëril'I,
\(,s III1IS
dalls
11
l'flpalHll'l
1'11('S pO!'I('rÎPIII'I'';, pltiS pdilP';, SI'
arrit'r!"
l'Il
Il'11',
l'II''' ('1 da ilS Il''' 1111-\1II1)('lll" dll dO<.; df' la
l'l'lldl'lll
SI'
'II"I'S,
II''> bl'anrll!'s aIlI11ri('\\I'I";, plils \ Ohlll\ilH
's
1llt'lIlbl'l
au\
,
au\ parlit's lal(lrall''' ('1 anll-ri('IIJ'('s dll Irollc
'iup{'ri('ul's ('1 illf(ll'i('IIl':-; 1'1 ;1 la peau dl' la fac(' ('1 du ('I,'II\(',
Oull'l' ('('la, C'haqlH' 11\'1'1' l'achidi('11 fourllit dl'S nids qui
TOlls Irs
SI' 1'C'lldenl au\ ganglions dll gl'and S) Illpalhiqlll"
1
Ill'J'fs Il(' pO:is\'dl'llt pa s la <!ouhlt' l'a<:11111 l'I'COlIIIUI' au\
nerfs ra('hidiC'lls ; Il''' HIIS pn:sid('nl e\r1l1si\ ('1111'111 il la "'1'11sihilil(\, Il's alll l'es il la mol ilitt\.
nd dans
CI'S dl'l'Ilil'l's cOlislillH'Jlf dl'II\ s(lri('s : on cOIll»I'l'
1'11111' h's 1H'l'fs alfl'cltls Hll\ IlHlIl\ 1'1I11'lIls \ ollllilain's (mal'!'III' , allillldl', g'('.It's); 011 n'nfl'l'llH' dalls 1'<11111'1' Il's 11I'I'fs
di'sliJl(I S all\ 1I101I\(,IIII'll ls ill\ololltain's (1I111\l\1'1I1\'1l1 1>(:l'i '>lall iqut' dl's inll'sl ill-.) ,
0
L 'S lH'rfs dp la ..,msihilM s(' di\Ï::;elll aussi: 1 pn Il 'J'l'..
�30
Al'Ençn ANATOAIO··PIIYSIOLOGIQUE.
de la sen, ibilité gél/érale, racullé qui nous permetd'apprécier le froid, la chalour, la onsistance et, jusqu'à un certain point, la f01'1110 d s objets; 2° en nerfs de la sensibilité
spéoiale, j'acuité ft l'aido cie laquell e nous percevons certaines qualités spéciales des corps, telles que leul' saveur,
leur odeur, lou)' coul Lll' et les son. qu'ils produisent, modifications di \ erses d la faculté Je semUr qui oon tituent
les cinq sens. L'abolition ou l'alTaiblissement notable d~
l'une ou l'autre de ces facultés motrices ou sensitives, ou
de toutes les deu à la fois, con, tilue la maladie dOnt no\,lS
allon, nous occuper: la paralysie.
�CHAPITRE II.
GÉNÉRALITÉS. -
\'ARL~SIE
DE LA SENS IBILITÉ. -
DIVISIONS.
PARALYSIE DU ~IOUVEMNT
.
Définition, - Le mot paralysie, de 'ltGpM,n~
(résolution,
relàchem nt), serL à désigner la maladie qui l'ésult de la
perle totale, ou touL au moins de la diminution notable,
soit du sentiment, soit du mouvement. Son intensité varie
depuis la torpeur ou la faible se d'un 'eul doigt, jusqu'à
l'abolition compP\te de la sensibi.1ité et de la motilité dl,(
corps enlier. De là se sont introduits dans le langage classique di!Tér \nLS L l'mes consacrés à xprimel' les variétés
de l'ormes eL les degrés de cette maladie,
Quant à la forme, la paraI) sic est complète, s'il y a
perte absolue de la s nsibilité et du mouvement. Elle est
incomplète, lorsqu'an conLraire 1''111 et l'antre de ces
facultés sont simplement diminuées. Suivant qu'elles sont
anéanLie isolémenL ou simultanément, on la dit parfaite
ou impa1'fcl'ite.
�Qnanl il , on inlensil{' cl. son ri ndue, la paralysie cst
gdnémle 011 partiell('. Dans le premier ca, Ile enn lhil
LOlls ou presquc Lous 1 s organ S; dan le second , lanlôl
elle affecle un moitié laléral dll corps, f' L elle l'e oiL alor:-;
le nom d'luJm.iplégie; lant ôt Ile frappe sa moilit'\ inrc'l'ieul'e, ct on la nomme pa1'llplégi(' ; s' il arri ve qu' Il s fixe
'ur un membre snpéri ur ct sur un membre inférieur de
CÔlés opposés, , ur 1 hra gauche cl SUl' la jamb droil ,
par xemple, on dil qu ' il y n pamlysie ('roi.<ée. Enfin ,
lorsque le lé ion de s n 'ibililé l de mou\ cm ' nl sonL
xaclement limil \ s il lIIH' parU e peu élendue du orp"
la IJ'J,mlysie ('st locale.
On a l'habitud e cl . divi, CI' encore la parai , sic n idiopathique ct Cil s!/mptomatique. On nomme :ymptomaLiquc
cclle qui csl l 'c fTel. d ' l1I1\' autre malacLi ; le 1I10l idiopaIhiq\le s'appliqu à LouL paral y.' ic ré ullant de l'alLéraLi on
dir cte cL f'5, nLir ll c <III système ncr v u \: ; il convi nt SUI'tOIlL au\. formes d paralysics local s dlp nclantes de l'aclion du fl'oid , de CI'Lains poisons ou <le qllelques I1 wladi(','
rhumati smal .
Quelql1
s é 'l'i\ains,
s'allôlchanl au caract
re d.e
conli -
de fi:-.ité 0 11 cl mobililé des
paral ysics, ont admis qU 'l'lIrs pouvaienl ~ tr ' continues
ou i?1tennittentes, ji,T('1) ou mobiles. l)'autres, pl' nant n
causes pj'(~
s ul1
ée , ' de 'cs malad i s,
con, idéral ion l e~
nuil é ou d'illlC'l'lllittenc<"
ou leurs compliGaLiolls, ont pal'! 1 dc paraJ )si pléthoriqu(',
séreuse, bilicllse,jillm'/e, r te" l'If' , Enfin on admel C'llcorp
e~
pal' la 1'(\ 11'0 (' ssion d.c qu Iql (,~
drs parai 'si S pr o dli
princip('s Illorhiliqu ' (rhllmali sII1PS, dnl'Lres) ; pal' I('s
(' manaLions 0 11 l , m o l ~( (' lI ('s
du mercure, du pl omb , de
C l'Lain poisoll ' vég(ol'(lrs ni ,pl pal' l'ae lion dél(II('> I'('
Laux ,
or
�PARAlV lE nE 1..1, S r. "'S
J OUS IW cli::;c lIl l' I1S pa
lI.T
~:,
le mériLe ci e l ont es cc, di li nc-
I.ion. , qlli , pOlir la pluparl , repos nL SUI' des \'uC's hypoI.héLi pi CS ; mais nOliSne .'aurions m \connaî lrc le avanLages
praliquc'
ü(' quelqu
'-1111 S
d'clI Lrc clics ; nous aurons J'oc-
casion d'y r evenir plus lard,
Le.' décoll\ 'ri s des ph ysiol ogisLes modernes a an!.
pills ,i ve lumi èr e SUI ' l' IJi stoir tI '5 paralysi es, il
devenail na l urel qu'on adopltlL llil di vision pureml'nL
ph ysiologiqlle ; (" sL cc qll 'on a l'ail en la rédllisant ml\.
deu\. classes sllivanles : 1" p ara lysi!! d u senlilllelll , 2· lla-
j<' l é un
mouvemen t.
l'a l !J ,~ i ! cl 11
'10 PA
L es para i
aboliC' p r ~sC'
l
7
I\ . \ LY
ies dan
C' nl
S l1 ~ \) E LA
SENSLJllLIT(:.
IC'squ Il )s la s nsibiliLé
plllSil',l1rs \lI ri Ill'<\' CJuC'
1 0US
seule
110US
e~
L
('0 11 -
lenL l'ons d' in<liCJlIcr ; cc' sonl : Ici parai)' i e du nerf opliqllp.
('('cilr <1lll11urotiqlle) , l'cli p dl' 1'ouÏc' (cophosr, surditt') ,
dC' l'odoraL (ail smi l') , III goCl1. (agll 1i ) , el. l' nHn ('pll p
de la s('l1 sibili lé 1<.u;Li IC' , SUI' laquC'll c nOlis cl evons im;ÏstC'r.
1. abolili oll de la l'ac\lll (' dl' srn tir, sur \l ne pa rLir ou sur
LonLe la surface du co rp s, a r eç u plus pal'!.iculi \ r emcnt IC'
nom
d'anest1tesie . Elle p ut. e'\isl.(· [' seu/'e el inMpenJanlc
de l ouLe auLre [orme ci e paralysi e; nlitis, 1 plus souvent ,
l'Ile' pré
èd Olt Ile accom pagn la Il rt du mouvem enl,
la sui t . EII aiT 'l e ordinairemenl Ir
plulÔL qu ' Il e II
m"m , i ~g
(Ill , 'eU ' dernièn',
r"l'CrU nnell s où on r a nll'
l'llL~ Loul LI rait Op pOSI;;
j ambC's que' s\lr IC', bras.
Qua nd 1' <'lI)L':>Lhésie
{'li e'
111' .'1'
ü moin s cl '
SUI ' UI1
('si pl
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il' 'on sl ancC's
aulr poin l
l'I ~ ql
f' n lr
l d' un
sur 1r ::;
m anife.' te pas subit el1lC' nt , ell e
S' UnI1011('C' d'ordin airr pal' IInC' snrl
ti r p E' l 'vC
r ~ i on
3
plnlOt
�r,\IIALYSIE DE LA
E 'S IIJII. ln\
qu pal' une abùliLion compl èLe du , n ' k'l.clilc. Tantôt alors
les malad es accu-enl . irnplement une ensaLion s mblahle
il celle que produiraiL l' inl l'positi on d'un sable fin entre la
peau el l'objet qu 'iL touclJ 'nl; tanlôt il s sc plai gnent de
formi cation, de picolemenlf;, d'aberrations dan ' la faculLé
de en Lir , qui ne lelll'I"aWilll Lplus qu 'une idée in correcte
cl es corps. Quelquefoi s, enfin , l'n neslhésie su 'cède à une
exaltation d toutes les sensation . . On n peuL LOllcher la
pea u sans déterminer un impression douloureuse; la sensibilité e L extrême au bout des doigt, principalemenL à
la base des ongles; 1 s son aigus frapp nt désagréableI1JCnL l'oreill e; l'œil ne peut upporter l'acLion d' une
lumi èré un peu viyc, cl. le sens cl l'olfaction sc révolLe à
la 1 el'ceplioll des odeurs 1 s plus douces. Ces ph énomènes
d'exaltation . c fouL surtouL remarqu l' avanL l'an('sthésie
qui sur ient chez quelques h stériques.
La p rte partiell e du lou cher p ut êLr limitée même à
l'ex trémité d' un .'eul doigt; mai ell(' e montr . le plus
communément sur IDl d s côtés de la fac , ou sur un
membre. Dans cc dernier cas, il st rare qu'elle sojt porté très-Ioiu, sans qu e )e mouvement de c membre
soiL plus ou 111 ins dilllinué; mais. ouvent, alors, l'alTaiblissem nt de )a puissanc musculaire e. t causé par un
défaut ri e rapport entre la s nsali on cL la volonté. Aussi
voiL-on Ull corps tenu dall s la main privée de s nsibiliLé
s'en >chapper aussitôt que les yeux n ont plus Iix s su/,
lui, non-seulemenl. parce que, dan s c tte circonstance, la
vo lonLé n'l'st plus Lran mi se aux muscles avec a 'ez de
force po Ill' qu'ils pnis ' nt accomplir llll acLe énergique el
prolong' , mai ' 'ncor , parC' ' qU'il J'absence d l'inlluenc ,
suppl éltlC'lltaÎre des yeux, l' nerf, sellsitifs d la maiu
aLleslh<!si e, dc\ L' l)LI Încapabll s dl' lransmcLlI'C la sen aLÏQn
�l'AIIALY S lE il E l.A S F.N
~ lB.1
~,
du ('orps qu' ' Ile )llbras 'C, t rOll vent la ' olont é imparfait
ou tout ~ l fait null ',
L e~ forfllcs les plus vastes que puis 'C olTrir ccllc Jl rtc parlil'lIr dl' la fac ullé dc sentit' 'ont l'anesthésie hti /lliLJféyiq7((,
0 11 pCl1'aple{]iqll C, limit écs ay 'C pn\cisioll par la ligne médiane dtl corps, ou pal' r ét nc111c t1 l'::;('x lr ~ /l1it c's inl" ;l'icurcs,
Pl pl' sqll e constammrnL sui, ies ou accompagnées dl' I'abolition incoll\pl i.'!c ou absolue de la l'aculLé du !I1 0 U\' 'Illr l1l
dans Il'''; pHI'! il';; qu'elles 811\ ahi:lsrll!,
1) e t l'éU'( ' que l'al1e 'lhésie d'un pal'LÎ e du l'orps soit
assez prollonc le pour la r ndrc ins nsibl illouLC c 'pècc li ('
)':SiOIl8, tcll cs qllc cl ',' déchirures, li s brCtlul' s, elc, , el(:,
Il ('st (\galc)llCnl l'al" de r ncontl' l' des ca d'an thé 'ie
uni, crs('lIc ; ' pcndant on l'a vu C0111111CI1 'C l' par lin sell)
poinL du Ol'pS ci. ~' ;t ndrr graduellement ~ UI' prrsquc
toul r sa surface,
La durée cl, l'anesthésie n';] rien de bien M:I. 'l'miné:
l'Il l' r;;LquelCJuefois Loute pas agèr , cOll1mc il arri ve dam;;
Ips 'as d\! l'OIH' US 'ion ou dc pl'(,,' 'ion lemporairc d'un lron '
ncn cux. ; l pl ~lS SOU\ cnl , Ile sC prolonge cl n 4isparall
lju'av(" la ,i ; clic peut c pendant s ùi 'sip l' 'ubil mep!
('l all mOl1lcnl le plt ~ inall ndu, As Qc iée (\ la p l'le le la
lI') olilil ~ , cil cs Lpresque touj ours cl lopgllc dllrée , c, qui
Il' mpêcllc pas, touLefois, qu ' Il e ne puis'. disparaître
encore , sail qllc la paraly'ic du mouvement p r 'istc au
m(\me degré, sail au contrai!' qu 'elle sC montl' , un Il LI
lT)o ins inl.en ' ,
Les candi lions palhologiques qui cngcnclr nt l'anesthésie
sonl (j 'autant moins facile il aisir, qu'il n'es t pa' inconleSlablcJl1l'nt démonlré que J s racin s de' ncrfs spin;lu:o..
l! t. les colonn e" post.éri 'lll' s dl' la 111 0('11(' soient les instruments u niques él ('x l'/I,~i
r ~ cl Lransmi ssioll <.l es . ensaLion;;,
�36
PAIIAU'S Ir: nE LA .s r.~'anlTJ,
Il nOlis srl'nit fa cilr , l'n rO'C I , d l'nppr lf'l' tirs ens dnns
Irsqurls Irs cololll1rs postél'icul'f's dr la 1110rllr, 011 la
1110 Ile elle-m \JI1 , rIant comprimé'" l'amollies , 10lalr nt désol'gani ' :C5, la sClIsibilil t'! s ' monLl'ait n :anmoin s
pal'faiL ment inLa te, L mûm . aUIY II1 nLée, l\ Oll. n';lVon.
pas à débaLLr Ull pareill que '[i OIl d ph y iologi xp ~ ri
III nlale, Cl nous de ons, pOUl' le 1I10meni , nou born er il
con lalel' qul' l'an slh 'sic a plus ct lIne foi ' uccédé il
l'inlerruplion cl la il'cul aLion dans LUle parli du coq s rI
suri out à l 'innu nce cl s calls exL:l'i ures qui , comme Ir
l'miel inl en ou prolong ~, agis:> nL pal'lÎculii'rement SIII'
10111 la surface de la peau , L rail suivant nous 0 11'1' lin
bpI ex mpl e d'fin Ihésie ]1 fi 1'1 ici le, dont la place sr. 11'0 11\ r.
nallirellelllnnl ici ,
111
ollsE n
A'l'IO"\
,,01.
AncslluJsic dit tronc ct d C,ç mcmbres in/él'icw's SW'1lC111f('
sous l't'nfluencI] du (raid . - Guérison.
~ ' la' g Li rite Blanchard , blan 'hi, Sf'lI, e, âgé dr l,l, ans,
de con stitution v igoul' u e, jamais maladE', nér de pèrr pt
m ~ r
\'ivanl s 1 bien porlanls, alTi\ 11 Plombil'r S pOlll'
se fair trail r d'une paralysie cie la . cu 'ibilil é, dont rll e
fnit l' monter l'origine 1l d lIX allnées. ElIl' fournil Il'S rf'n-
seign m nl s SUi\éllll , SUI' J d ' but de
Au mois cl juill et 1850,
ft
maladi .
Uc fl'mm
quittail Senlis,
pOlir sc l'endl' ~ I Paris. Ellcse proposaiL de fairr il pil'd 1IJ1 f'
pnl'Iir cl la roule, afin de' vi: il '1' SUI' son pa ssage d(,l1\
011 troi s p l' onl1('S élllXqU IIrs l'Ilnissai nI des liens dt'
parenl(:. Ell e marchail l :jh (\l' pliis lrois helll'es, qlland
rllr l'pssenlillill besoin de repos l'I de sonllnr il allqllr l cli c'
IlP POII\ :1ill'rsislr l'. ElIr sr r Oll r l1a ;1(\lIC' lqIW:; pns de la l'OIII !'
�",\IIAl.bll:
III. 1. \ SE:'i~
1 Illl..-n::.
"-
')'
l üo 1'1 11 il ~i !lrufolldéllll'ill. qu' ,lit' Ile s'éve illa qu'au nlili 'u
de la nuit. Elit' ru lcula qu'cil ' avail pu dormir ainsi p 'nclalll
Il ' uf Iwul't's, li) anl les t'\lrl'mill's infl;ri l'lIr s 1\ pl'inc CO ll\('rll's, mais la pnilrinl' ('lies hras parrail l'll1cnl (' 1)\ eloppés
dans Ull (' h1,I('- larlall, SOIl sOll1nwil a\ail {'Ir calme; l'Ih'
Il'C'prOu\ aiL aU(' 1I11 mal dl' ll'Il', l'I la digl'slion de 'on
derni er l'l'pas n'a\ail l'Il' luilil'n1l'1l1 lahoriplIse, Quand
~I i u'gl
(' ril'
Blanchard s'l'\('i lla , l'Il
uL peul' , ou plulOl
t'Ill' ful t; lnnnl'(' dl' :c \ oi l' dans l'obscuriLé ; mais IIc CO lllpril dl' su ill' qUl' SOli somm ' il s'élail prolong; plus longtemps qu'l'II' lit' l'il\ail \olllu ; cL Cil fl'lllm habiLuée, pal'
(;ta t , 1, r(,lIt l'I'I' fort lard chez elle, elle eli l pris résoltlllll'ni
'0 11 palti , si Il' l'roid qll\'II ' l'l'S '(' nrit , au momenL du
ré\ 'il , nl' r elil l'n qlll'lqUl' so rt e pal l a l~ s h , C pelldanl , l,Ill'
St' Il' \ li, pI apl'l'S sl'll'e \ i \('lll{' Il 1 agit ~,
l'Il ' sc l' 'mit e ll
nlill' 'he pou\' gagne!' la !ln' mil'l'!' habilal ion qu'cil 1'('11 '011Ir('I'ail , ou pOli r nHlIII !'r dans la prcJl\i \ 1' \ oilure qlli "
pré 'l'nierait. 1':lk malThail raril 'menL , mais elle nr' seulait pas ses pieds; \'lIe (' hl'rc hail 1\ l ' pos l' SUI' des 'Ol'p:
tlUI'S pOUl' :ll' (,()\l\'ain TC llU 'ils 1'ep/'enaienl fel//' cie, Elh ~
IiI ainsi Pl'l'S d' quall'e kiloml:ll' 'S .\\0 <\n 1 tir 1l'OU\' 'r lin\:
allhl'IW' 0\1 t'II , pîIl s'al'\'\;ll' l' , se pl'OpO 'anl d') paSst'l' il'
l'l'SIL' de la Iluit , pOlll' S') \'('chau lrer, pluLô l que pOU l' S')
~el',
enr alol's ('1\ (' Il '('p rou\ ail pas la Illoindre faLif;u!',
\l'\'i\ ér ü l'aub l'g\', la fcmnl!' Blan 'hard fil fairc un f(' IJ
il', p l cnnm1 l' ('C t'l' Ul1C' s \lfi ~ ail pas C'11('or Ù la l' 'chanf-
l'po
Iri'~-\
fer , l'Ile demanda li se lan'I' 1('5 jambC's a" c de l'('au
chaud ' , C' ful alors qu'( Il e s'a p r uL qu'eH' n ' nLail
ni la l'hal \II' cl ' l'ca u, ni les [l'i lions \ igolll' ' \IS ' qu' 'Ilc
l'ai:;,, it de 'cs li ' 1\\ mai ns SUl' e~s
pi ' d ,~ ni Ill ' ill l'act iull
li ~
pclilps flallllltt'c1ll's qui s'vd lappai 'nl du l'oy')'
, liai 'nI s\; ll'illdl'c :i\ll' S 'S jallllJ 's,
'l
�PAn .ILI' lE DE l.\ SI:;'
InlLIT É,
nll n",I(', l 's mOlI\ l'1l1(, llts d,'s c1 oi"t s de ' pi 'cl: étài 111
parrail cll1clll COIIS( 'I'\ ',;, La sLalilJll debolll duiL rCI'/lu: ,
la marclle facile; la malud e Il 'I' prOll\élil ui douleur, Ili
ri gidilé dans la l' 'gioll rac hidi enn e; sn l èle élaiL cnli"reIII 'nl libre, cL so n esLoma ' si hi n dispos', qu' 'II mangea
de fort bon apPI'liL, parlanL Il rianl li son étal l ne CO\1~(, Il a nl
Ü se 'olt 'h ,l' que pour il\ oir plus de facilité II sc
rni J'(' ' 11\ cloppel' les jall1h s dans un sa ' l' mpli de cmlr ~
l'haudes,
C I' demi (' 1' 1I"~
1 )(,
P I
l'alllt'illi la l' lwlL'lIl' , Illuis l'ail 'slhésil'
I' ~ i s l a ,
Ik 1'l'IOUI' r.lH' Z ell(', \Iarglll'I'ill' Blallr hard ('lIl ml'OllrS
ri 11111' l'ollie dl' 1lI () ~ ' obs,
pUl'mi 1l' .,qll('ls ' Ill' r il e: les linillwnls
(l V'C l'nleali \ olatil , 1'1'(1 11 séda tin', 1(';; bain ' sllll'lIrC'l l'; li t
Ips appli l'lllÏolls d ' l'puill s \ ('"ica nle ' d' Iter bes-[ttl X'-f/I/ (' ,','r
( r i ' matis ' ilalba) ,
C Il pnral ysi pnl'li(' ll e dll s 'ns dll tO li '1 1<'1' durail tl pui ' cl II \ ans, «ualld la Illalad l'ilL Il\ 0) l'e au \ eau x c1 r
PI m1Jii'rps, où nou, la Il'011\ (l11l'S dall, l'GUll ui "u nl:
S'llll ' géll ' rnh' '\ ecl1Pnl '; jamais lin III a1 d ' tl~ l e, j ail a i ~
tlll lrouble digcslif. l\OllS cllNc lions \ ain menl. il ('onslal ' 1'
l' e:--i t C'Jl 'C d' lin (lninl. d()U!tHII'ClI\ dans la région dc la CI JOllll e \"(') l'l "Iwale' ; l 'S s<,lIes sOll l régllli'\r' ; la mi 'tlu'ilion
I:::;t l'ac il e' ('1 dOlllilll>e pal' la \ OIOllll;, \Oll ' pin 'ons la maIilde, d 'p"is la plalll(' dl':'i piN ls jusqu 'au l1i\ p.au dl! la
l'l'i lllllre'. Siill S dt'I ermin er la llIoindre dOlll ur ; nous la piqllOllS <:1 \ 'C dl'S aiguillL's d'ac ier , d'( l' , d plalilll', sa lls
o!Jl('lIir allCIII1 l'l>sullal; nous la hrltlolls a\'(!c cl l'ilI11IllOlliaqu 'illi SliqUl', sa li s qU 'l'lIu l ' sent '; ,Ile l'l' 'le insPIlsibl!' il J'Heli oll cl ' Ii i plludl'l ' c1 f' \i CIlI1('; Il0US III SOUlllClLollS
à Iln fo urllnl, 'I cl' Iro-magllétiqup. l;l.abli 11 l'aid , li ~ li . ll'\
P!;HI"!'''i apli(I'J~
s, l'lllll'
il
la l1ai
s~ al
'C lhl Ilcrl' sd aliquf',
�l 'auU'(' ~()1
1t
~c
1 :; la plant
ulair" d O
de' pi 'cls: ell e 0pr ouvc des secoussE',
\lnu['e
n' l'r lnl';l1I
IHais la s\'llsibilil(1 dl'
s('~:
1,1
pC:ll \
p ;I ~ ,
Les d,)igls d , chaqu e pi ed sc l'r dl'esse l1l. 1'1 s ' rnplil'nL
<Ill gr ; de la ll1 alade, La planLe du pied se Cl'ilmpOnn
gour ' USCl1lCnL slir l e sol , 1 s m ou
mùmbre:; inl' \rirurs sonL 10uL ~l
111('111
vi-
arLic\llaires de:
l'ail. lib!' ,' ; l'i on
Il e
gêne la
sl alion cl hout , ni la march , 1 ous n' a ons donc ici qu '
l'absencc de la l'acuIL(: li1cLil c, qui (l'"I'il slir la malade commc
nue
p1'\10(,
'upalÏull ri. non comm , lin obsLac1e au\. mouv€,-
men l s; qlli la laquin' plULôL qll'cll
ne l' mpêche de
li\ t' 'l' li ses occupalions hah iLu 11 s,
qu'('lI e ne \ llL
1 qui lui fail. répéter
pas reslcl'lad/'e,
' sOlllncLlon:.; MargllcdLe Bléll1rhard ' 0111 Ll'aitem nL
~O1l
, uivanL : bain Ininénl cl 28° ~l 20· pendant un e h 1.11'0;
la sorti
dc ceilll.llrc de dix minutes dans 1 has:lin Il
(Pli iron 110°) , OuLre ccla, Lous 1'8 cl
crivOJ1s un
11
,'ontil'
Capucins,
li ' JOUI'S,
nous prc '-
éLuy de quinze minute,
Après dix jouI"
ail
à
d chain, douche générale tl30°, suivi d'un bain
de c
les pi.qür
trait m nL, l a IDal ar!
d'épin gl ; l e ql1in~
comm 11jour,
ù m
elle
avait la conscience qu 'on la pin 'a it;
1\
bilité taeLiI
ut ; CL quand Mar-
gllcril
,'0
'Ill
un mot, la sensi.-
Hlan 'hard quitta Plombi \ 1' s, après i.lyoir pri,
1.1' ntc bains,
ell
rétablissait graduoll
aulanL
de douch,' cL quinze éLu ves .
était parl'aitem nt guérie et 'a laiL lislinguor le con-
lact du doigL, d'une cl f t d'une baril de plUlll prol11 né
SUl'
L0US l es poinL
qui a vaicnL éLé pendant
1 si "ge de l'ano thé ie conLracLée
si
long t
S01.lS l ' inOu
mps
nee du
froid,
La p l'le
des ~ylpôe
du 'cns du Loucher J
'U L enf:OI'C consl.ituér lIll
si bizarres , si variés
dr l 'hy 'l' rie et dl'
�~o
rAIULY Il: ln ; 1..\
Jïl)
pOGOuci ri e.
O<lIl S
",
\ C l~ .
ce cas, ,Il e l'si presqu' louju ur: li-
1I1il éc à Ull s 'u l LHI il qu 'lquos points u(' la 'urra c' du
Cllrps.
2"
i' \ 1\ 11.\ Sil':
III
111)[ \ 1': \1"\'1'.
La para lysie du 111 ou vel1len 1, c1 alls S,I forll1(, la plus
,t nduc, p uL afreeLer le Lmnc ('1. ll's 1I1L' It1bres; on la
llOlllmc alors parrtl!Jsic généro le. Quand nu conl rait'
Il e
,t restrein tc il qur lC(uo pari i ' d(\lerlllillPc du orps,
Il '
jlI" 'nu les nOI11S [' ltélfl.iplégù· , dl' prtmplrlyie, el mèllll' de
paralysie loc:aü', s' il s'agi l d(' dl:signC'r ln pel"ll' d ' nIOU\ '1I1\' nL de qu elques 1I1L1sr les, CIJ Il 11 11 L' cl'Ia sr' \ oiL dalls la
chute uC's paupi 'o I'('S ( bl \pliaroplnsc ) vi <I <l Il S (,(' l'laills ras
dc 11\ ialiol1 de l'œil.
Parmi les p,u'al ) sies locale,;. œll v <ll\ la fa 'l', sÏillpl ' ou
cO lllpliqu l, t! 'al1 ('slh :si , csL aSslu'(l ll1enL la plus fréqucnLe,
Pr('sqll' Loujour,' " 'mipl Igiqu!' ( Il Imiplpgic ra 'ial ' ) , ('II
l' :~5l1
It c
g :néralcme nL de l'ac tion dll rl'Oid ou d' un courllllL
d'ail' , d , l'c l1gol'g '1IlcnL <lcs paroi ides , d' la [)t'ésl'I)('e
d'ulle IUIll ur dans le vo isinage du 1l'OU sl yloll1aslOïd icll ,
d' un abcès d
l'oreill (' inl('I 'Il(' , d' qu clqUl: alTe 'I.iun cl
la
parli r pt"'lrcusl' dll Il'l11pol'a l. d' ull ' pression . d'ull(' bll'sSlll'(, , ou d'lI11(' maladic qur lCOI1([lIl' dl' la pOI'li on dure dll
nrr f de l a sr pLi è'll1c pairc, du Il 'rI' Il'ir,trial , ou d' llIw \(: 'iull
du
C(' I'\
au.
La pr rlL' cOli1plète du mou\ cmrn l des JllUS '!L's de la J'acL
ill1pliqu Lou!, à la rois UIl' maladi o de la portion dUl'e el
d ' brallches 1l10Lric ,. dc la 'inquiènl paire; s'il s'y joinL
l'aboliti on de la sCl1 sibi li L; , il faliL ell all gurer qu e la 1)I'(IIl cl 1 ,
sel1!:lili\ c LI '
C'
Il rI' ' L an' cL".
La parai y 'i ' isolée LI' la 1\l11'1iol! dun' al ll'rl' peu la ph
~-
�r .\I\ALYS II\ ilE 1..\ l'A CI': ,
41
sio!loillie. lanL qu(' I c~ HIlIS 'Ies dll \ i 'age n' !:juilL pas mis
(' II j'II el que le mala le ne chcl'cli ni il padel' , IIi à rire.
\lai s rail-il qU l'lqm' llIouvelllenl qui ('\ilgèrc ra cle rl'spil'a' 1" UU
loi n', \ iC'lll.-il il LOUss('1' ou il lTirl', \ eul.-il ( ~ 1(,"I
plelll'l'I', üU. 'sil ûl l' 'XPI·CS.iOll la plu di ~ ordanl se llllllliresLe dans I('s Irail s des d('uÀ cû lps de la face : la joue malad(' ["('Sl.l' sa ns !110uv('Jl)rnl: el\l' eSI, nasqur el elle sc
IUlll('fie, au !l1ollwnLde l'expirai ion ,ou quand 1 malad fail
qlll'I(Jlll' clIorl pOUl' prOnOll CC I' un mol. Le 'ù lé de la fac '
I·(':·M sain , Sl' conlrn 'Ianl au onlrairc avec rOI'Ce, d ' Lc\'IllilH' la d(o\'inlion dl'. In. bouch(' el. fOl'lll e des l'ides saillanLes
qui co nlrasLenL d'llll ' mani \ rr fiI (' heusl' 'l\e· l ' il\1ob~
dll cù t 1 malade. L S mu ' les qui Sl'I'\ l'ni h !;llllasLicalion,
illlilH IS pa\' ln bran che 1l\0lri" dl! Itl cinqui ème paire,
peuH'nl enco ['c a 'coll1plil' ce tll' rOllcli oll: mai s la pal'aIy 'ie cl 'S 1\\ l'CS d.u ·ù1.6 ail' lü l'('nd \ll"'ll1emenl clillicil '
Iii pl'ononcinLÎon de cC' rlain es \ () ~ ('\I\'s \'l des cOJ\::ionne:
lahiall's: l a saliv e Cl Icsalimelll.::i, 110n r nl DU S pal' la j lie,
s'écll appent de la bOll 'Ile; le J1Ialade ne peut ni craclter ,
ni soulll l' , lIi l' 'n illcl' pal' Iii na\'ine üu eû !. ~ paralysé . Il es!.
l'an' qu 'cn l\lênle lemps la puupÎ'rc ne l' ste pas nll"o\l \ '\'ll\
('1.
que l'œi l , qui paraîl plus saillanl qu'h 1'6lalllo\'mnl,
()À.posG h dl'S cause' P ' l'I1 1allcnle.' ü'il'I'ilalion , n ' deviennl'
Pi1$ sujt' !. au lal'lnoirmcnl, h l'illllammaLi()!1 , elc. , ' Le,
\)a\ls la pal'al ysi de la pO\'LÏon molrice . cule de la illl]I\Îèm pairc, Irs 1l10Ll Vem nls d la j Oli du CÔLé aITeclé
sont CÀ I\' 'mom nl allérés, 011 I.oul ~ l l'ail abolis, Le muscles ll1assélc\' 1. Lemporaux sonL incapabl s d'op61' r la
masLi caLion; mais l'ex pression du \ i.'ag C'L pour 'ain 'i
dil' ' inla Le cL les lrails ollscn enllclll' r ill'acL0 \'e accouLumé. \ la \. ~\'il0,
clan . quelques cas, la j Oli est bi ' 11 un
peu dépl'illl" e: lIlais cela cli ~ paril
, dès que l ' Jllaladc 'sl'
�4
PA RALl' JE LO e UF. ,
Ille 1 i, rire, ('ircollstalll'c qüi c(JIllribl\(' lt di Lingucl' c ltC
paralysie de rt'lIl' de la
r
rlioll dlln',
Dans Iii IlIéljorit(> des ca,', Ips
e:,pèces de paralysie SP li
indiquer
lIIl('
aH ~ rati()1l
(~Kalu
S\
IlIptÔIliPS ,h'
'Ill, 1(':; IIIl S
'rs df'l1\
aux ll lltrf'S, mais SHnii
d('s dOllx ralltro u\ 11CI'\'('II \,
La maladie débutc rùinaircment sur l'un d'pu X , puis cil
!,j'étend progressi\ oment ~ur
l'a utre; c t qlland 1 .
IllU S
l es
ttrlim' par l ' pl' mi or J'[1Ii1ea U ont dm onus complétom 'ni
paraly,' 's
dans Icsqul'1s le s cond sc distribu e com-
C' UX
IlICncr nt ~l s' a~
cl r parli ellemenf.
La paralysi ' lora le peut ètl'l' b O l'~ e il Ull .'clii Oll il ClU f'Iqllcs-uns des Illuscl es d'Ilil Illclllbre, Ellc résultc pr('!;quc
toujours d'un (,\f'ITire itlll1lod ;r(> dcs mm; 1('3 CUX - 111 ' fil :-: .
011 d'lIl1
COUP!;,
off,"
pl'
'S,
ion d('s n 'rfs qui s'y di tribu lit , ou cie
do bi c 'sures , l'lc. , lc. Le fait .'uivalll
1l 0 U '
11
un oxeJllpl c,
OIlSEII\'ATIO\
N°
2.
Para lysie partielle des 1I111.w;!es {lél'hi.'seurs de l'avant-braç
el des doigts, à la suite de névrite,
WlIillaumo (S;ba. Li '11 ) , garüe l'or sticl', domi cili 4 i.t Dourièrcs (Vosg .),
ntre à l'hôpilal do Plombières pOUl' sc
fail'o ttailer d'uno p .l'l de mOll\'r ll1cnld e l'avant-braH droit
'l de t01lS 1'5 doigL<; du
11\ "1I1C
côté, C t hOl11mo, Îlgù do
56 ail ' , de coosLitution vigolll'ous , n'ava it jamais titI'
malad e, 11 j our, ayant cu il soulenir lino lutl ' acharné(' contre
plusi Ut's d 1linqu anls, il rc 'ut cl 'co ups cl ' b ~ tLon
sur toul
10 corp ', ,t principalem 'nl sut' le f/"oS de l'épaule t sur
l'tlvant-bra ' droit. L .5 ble 'suros qui n J'(Jsult J'ont rul' ni
Alli jcs de fiG, rc \'iol 11tl', el l ' Illa lado se vit l'ore; dl'
�43
T>A!\ .ILV SI E LOC ,I Lr ,
garclC' r Ir li l pendanL plu · de 'i x :';Cllluines, le bra. étant
(1 ' 1 (' IIU l' .'i "gc' d\m fo n[1C' 1I1enL consiCl ;rllbk, <le " Illpagur>
de d n llkUI'S 1 il '::; , C' gonl1 ' 11\(' IIL IH' l'id pas I () I ~ il disp:1ra1l l'l'; mnis h's dOlil elll's P r ~ i s l è r o nl , "rrt' 'Lanl par lictllii'rcl1ll'nL l ' Il'''jN de plnsi u!'s li gnes rcpr ;,;ontées pal' la
disl riOUI ion dl':; ncr[ ' médi an , brachial , cuLané interne eL
bran 'Ilial r lll él né :-.tCI'nC, Ell rs "I aionl. conLinuC's, s'e:-'(I';pél'al1l pal' l ' d ;pl<l(' ('\11 (' 11 1, des 111ol11bl'eS et pal' la moin dre
pl'ession slir les poinls que 110l1S venons Ùïndiqur r. Oulrc
c la, \(, malade s pl aignait de lor!1r ur dan, l ' bra loul
enli C'r ('1. do l'nlll'lnilll'm 'nLs qui se faisaient senlir jusqu 'li
l' cx ll' ;l1\il ( des dnigls. LI ~ l'ameall nC' l'\ ell ;o, pOSlél'icur
fOllrni pal' la brallel\(' ilil ern c l'lail parti cllIi èrcl1lcnl. douloll'rell \ illI-d( '::;sn us dr r l' pill'ochlée, le to ng du cubitus cl
j Ll::iqUI' ~ lIr le dos dl) la main ; on , oyail 11) '1I1 e uno lég\rp
row'cul' h la peau S UI' h's li gnos CO I'l'ospondantes au IrajPI
de 1' 0 I1r l'l'.
Wuillallme r r~ la ainsi pendanl plus de d p lI'(. mois san.
POl ll'oir l' \ érut er Il' moindre Jll OUV' III \'111 du bras el dp
l'alï llll-hrtl s. üuand il sortit d' ,0nliL , il sollt nait on briis
aVI'e
1I1ll'
é 'harpe el n ' 1 relt1uaiL qll'av 'c la plus grand
p ' ine. \Il mois t! 'aoùt 1852, il \laiL Cil élal de sc rendre
fI Pl
o mbi
ù r o~
POlit' y prendre le' {'au" .
\ son arrivée ('1852) nous constaLons un amaigri ee du hra s et de l'tlval1t-bras : l , musclr
nlCIIL c (Jn ~ i(l é rahl
dP\l oïde csL réduit 11 un Lr \s- p Lit l'olume. Il Il'existe de
doulcur SUI' aucun poinl.du memhre; mais il 0 L impossibl o
de n Ichil' l'avant-bras SUI' le bras t dc pli cr les doigts.
bir n quc Ics aI'l icul aLi ons de touLcs cC' ' pal'Li soient parfai tcment s ain c~ . ~ o u s r emarqllons Cnt'QI' quc si le malacl{', 11 l'aid cl la main gau 110, parvient h placer son
bras droit dans la ne;o,ioll , il pell t le l'l'tll'cs,'
l'
sans fail'C 1
�J> , \l1ALY~
I E
LOCAI.E,
moilldrc ' rrorl. Le 'y, Ii.: llll' des 11Ius<.: lus Ilécltissc ur:; parait
c10ll r s 'ul l'rappé d'illlpuis::iU IH.:e, L 'cxp loration ci e la l'OIIHU IU \ el'Ié l)l';11 0 ne rl\vè lc la pl'ésl'!lC(\ d 'aucull siglle qui
pllisse Il OUS Cail'(' rallilrll"I ' l'(' lll' paral j sir il quelqu(' l ',~;jOIl
dlll'cnirc Il cn r u\ , t\( li S l'l'c il 'l'cll ons C'1l \(lill , l ' 1011" du
l'<tcili '', l' exisLcllre dr (JllclIIUl'S douleurs CO I'l'C, pOlidanLl's
au point. cl 'ém crgenc(' d('s fjuall'L' dl' l'lli C'rs nerfs cervi cal!\
l't
du jJl'cllli er dol' 'al. J)u 1'C'sle , \VuillalU11c ne l'csscnl ni
élOul'disscm Ill s, ni ma l de 1('le;
'il
Illttl adie sufliL il
Lia cU lIseh ieli 'Ollllll Ocll'
l'(':o.pliqu l' , quoiqu o la p ri
JlOU S
JlIOU\ Clllcnt , pari iculil'I'I'!llC'n 1 borné au SySll'I1lC des
du
lIlU S-
("l's 116 'hisscu l's, so il dr nalul'o lt l'ai l" sOUpc:ollller UIlC pal'alj sir, sympLol llal iquL' pluLùI qu'ullo par
plll'Cll lCllL
a l ~ ' s i'
lura le.
l , Ilwl<!lil' , souillis aulrail 'Illl' nl 11I('l'l lIal, prelld I.:ilaquc
jour Ull baill teillp \1'6
J' ' cieu x j ours UIlO
~lu\
Ull
doucilC'
d,' 28" il 20", L t. O
l ~
pari i !I(',
QUilnd il (juill ' l 'hôpit al , il peul, dil-il, 'x ~ 'uL '1' quelques m OllI' IlIcnts de 1',lIa nt-bras SU l' 10 bras, mais celle
a l lC~
l ioral
o l
'si touL il l'ail inappr ~ciûh
l
pOUl' IIOUS,
CptL' <1111lÙ' (1853) , WlIi llaullle l'('llll 'c il l 'hôpital 1<'
:2i,
jllin,
ous pOll vons constntC'l' Cju'i l ex isle dans 1 •
\ ümenl s de Ilnx ion de l'a\unl -brus slIl'l c bl'uS
IlC' l'acil iLé qU l l l'cl poqlll'
01' il a quill(\ Plo1l1 llii' l"
Lili
III 0 ll -
peu pill s
S; ('üpnnd,llli
le bru esl ncore ama igri , CL ic mal,lll n peul pli 1" l 's
doig ts, II enl/" d nou \ cûU n ll'aill'111 ni, l, p ndanl
\ ingl. el un j O l/' ,~ il p l' nd d s bains, des doucI! s Cl dt,S
\Lu \ cs,
u mOlllent Ol! il :r 1)'(
~ Jl a l'
il quill cr Plomhi è'l'('s,
ItoU '
l' 'ÀêllllillOIlSdc JlOllVOall ; t , l' 't te fois, nOliS SOllll11 's frapp i
cl ' l'am ~ l j o raLiol
((lIi H' st Ill,lnifes i ; , pelld anl 1.: ,tl,c ' aisoll.
l ' u/'tl::;a I"l' p/'üi d ' l 'Clllbullpuilllj lü JllUSr l'd ' lloïtl es' 'stc! 's-
�IÜ[\rl.
~ r. n :.
~ in
(>; la nr \.ion dl' l'ayanL-bras sllr Ir bras se fail sans grandr
diflicull \; l'inde\. cl le 'm(>dius PCll\ nI êtr 1,0 LaI III nI ra-
me11l1. yer ' la paum
lair
cl
la main ; 1 petit doigt, l" ann\l -
' 1. le poucc conser venl
Cil
orr dc la r oideur , mai. ils
comll1 licen\, cep ndant il obéi r il la vol onté du maladt' ,
dn man Î 'l\' il nous I"air en ire i\ l a possibililL' d' une guPri son pr chaine, donL les n"~ \l a l s du lrai lr 11lC'nl lIw rnl al ,
('n '1852, nOlis a\ ail'nt. l'ail douL r.
OuLre 1 s paral ysies parli ('ll ('s Oll totales ü' lIn 111cl11hl'r,
œil s d lalanguc, uularyn", dc la
'ssi Cl. d es~
plin
c lr r s
dc l'anus pellv nI ('n('or s monl rer i '01IllIcnl . L 'aph onir ,
par l'X 'mpl
t1Ia
I' ~ ' n X,
causée par un Loqw ul' Lemporaire de' ncrrs
n'esl pa ' \In nc 'idcnL rar dan les accè d'liy, -
léri ' , ;\'lais la llupal'L du Lcmps ces ])aral ysie pal'Liellrs
sOl1lle prélud e de paralysies plus ôlcnclllrs, Lieur hisloirr
sr. li e C's:C'nl icll C'n\C'nl à rrlll' de l'h('mipl (\gic, rl onl nOlis
all ons nous P(,(, IIIWI'.
L'ht\ mipl rgic esL la plu s commune
l ysie"
(Ir. LOlllrs le. para-
Limil t'e, comme l'indiqllc son nom, il l' lin
drs
dr u\: moil il'Sdlt CO I'pS, pllls 1d 'Cfllr lll r ;1 ga llchr qu 'à droile,
dan.. la Pl'opol'Lion do 3 il II ,
Ile prése nl r d'assc7. 11 0111 -
hl' \Ise: val'iél(\s <1an ' son modr d'in vasion r i dans so n inLrnsiL' .
10 Tanlôt. cll e st' d0vrlopp gl'aüucll clnellL cL SOllS 1'01'l11P
1011 \';1 rail locale, pa l' xcmple, sUI'l' un llcs doigls on SlIl'
1' 1111 des ol'Ipils . d'Oll cli c s'(·I ('IId. r llsuil p au hras 011 II la
jambr, c\r mani èl'r il r nvahil' progl'ossi v 111 nI la 1110ili é> 10lalp d\lo l'ps, Ori ns (,C' ('as, il n'rs \' pas 1'\1 l'r de \ oir Irs
1l1PI11br s agiL(>s pal' (\ s mOIl\ r mr nLs con vlli sifs qlli sr l'e-
�ilflll\I,IlI'1l1 de Lemps ~ n LCII)1 se l eOl11m pUI' acl'~,
JUSqU ';l
que la molililé soil eomplél ln nL aboli ,
2° TantôL ,Ile fuil pour ain::;i dil'c c:-. plosion chcz dcs
sujels qui dCl ui ' longLl'l!')ps éprou vaienL qqclqucs , ymptome 'él'éhrau:\ , <I" Iqul's troublcs dans Ics fon cLion d'un
ou de plusi 'III':; SCI1S, Chez l'lin , il C' \i 'Iail préccldcmJ1lcnt
Url p li J 'l'lllbarruli dalls la paroi cl ulle 'crlai,H' difl
1cl~
;1 s rlir la langllr d la bouclw : t:IH'Z l'aulr ', on li aiL pu
rcma rquer lin o légt,l'c lnl'sioll dl' la l'Ole', ayC'(" liraill!,JI1(,111
J e la commi sllrc d " l''vr s du (;ùlé Sai l),
Cell ' \ ariéLé d'h ' mipl 'gi ,C rall ac hc pl' squ' lOUjOlU'. ,
ainsi qu la j)rpcédenlc, à de ' lé iOlls gra, s, Lrll s quo des
tumeurs iplra-c l'i'mionn c, l des tub l'cules d()lIs 1(' 'cr('au ou c1alls ses IlIcmbran S, etc" elc,
:1 " Dan: d'aul]' , circonsLane s, l'hémiplégie suce "de
;1 l'i1l\ asion dl' s Illplômes l' rébraux plu.' ou moins aigu*
vI ca ractérisés pal' de la c :phalalgi " de la fi ", l'r, du 0(0lil\' , c rlaincs pen 'l'sion::; de' l'inL ' lIi IY cncc, dc ' spasmrs,
lIes so ubr sau l: musculaires, des eOIl\ ul ion' 'l pell'roi:;;
de la contra tur do.' mu ' 'les Il 'chi::; eur.' , Dans 'clle V:lri (· t l~,
qui S ralLarll la plupalt du 1 mps à LIli ramollissclll 'nl inflammat.oi re du Cl'n eall , d'assez i ' ll oul III'S se
1'0)11 :l'nLÎr dalls Ics mell)hr s pal'i~
:') : ,
li" Quolqll,rois l'hémipl \gie ' manjf le d'un aulrl'
manil'J' ' Le malad e a r (; U lIn C\ bl s ur' il la l' t, ou il
a \prouvé quL'lqu s symplômc ' cér 1brau\. chroniqu ' au~
qucls olll succédé dc::; com ulsion, ou dL'" ac il répélés
d'rpilcpsic, La parn
l ~ sie slIil
l'dinair menl cc accl! ' ;
hOrn le d'abord il 1111 'eul mClilbr , parI i uliè'r m nt au bras,
(' Ile s'él nd bi 1)l ùt. SIII' Inlll U11 ('()tl\ dll l'Ol'pS Pl. dr \ il'nl
1I11f1 hémiplégil' l'Oll1pll' l(' ,
5" Duns quplqllps cas , l'ht-lIIipl gi ' débute brusqll ment
Cl'
�4.7
el an, qu'<lucnn sympLom pré 'urs ut' aiL pu la faire oup~ on
e r, Toutcfui ' , il ('sLbien l'al' qu' n se reportanl auJ!.
,1lllécMent s du malade on ne puis, pas remonLer à quelqu >iI)nannnaLlon du 'el'vcau, peuL-f! l.r déjà forL an iel11W
!ll d pui, longLcmpB oublié ,
Cel.! y::u'j ILé d'Il JlJiplégie pl'éc\Je sOll v('nL l'apopl xj (~ .
0° L plu SOll\ enL, au conlraire, l' hémip}clgie suiL immédialem nL l'apopl(' xje, l'il 'compagn(' ou ~<:' manife:'llq
pondanL sa dlll'l'e,
Dans ('LLe variéLé, 'omme dans la pré 'édenle , la sensibiliLé générale e L pl' que Loujours gravemenl aIT Lée,
chose plus l'al' dans les pl' mièr , cl uxièm ,lroi,'ième el
ql\aLrième f l'me ,
d'indiqu l' les rapporls qui peuvenl exister
En Pl'; a~ ' anl
ellLrc ccrLaines lé ions cél' braies cl. lès variéLés d'hémiplégi ' que nous venons d 111 nLionn J' , nou ' ne fai sons
que signal cr cc qu'il y a d plu ' vid nL, de plus fréquenL, dill)S c S rapporL ' , sans prél ndrc le considér l'
omme toujours cLab oJumenL consLanls.
L l'ail 1 plu ' "énél'alem nl admi " c'esL III , à P u ù'explions près, la Jési n anaLomiqu Il J'apporl av c l'Mmipl ~g i E' sc nmCOnll' dan l 'OUC}l, opLique ' , dan les
corp trié ou d:ms l'un de point : dlj \'hémi phère cérébral opposé au siége de la pal'aly ie.
Ce n'e l b ~l r lue dan d s as pal'Liculiersel très-rares
que l'hémipl Igie résulte d'une altération d la par Lie supéri ur de la mo Ile épinièl' . M'li quand il en esl ainsi , la
paralysi , d'abord locale 1 bornée ordinairement à l'un
d€'. bras, 11 Larde pas il dewni r cr IJ1l-l r'ale.
Le caus s d l'hémiplégie, son inl 'n 'ilé, cs p l'iodes,
Lparli l)lièl'E'menl la perle plus ou m in complèle cl la
lien ibililw 'l Ul! 1110\1\ 0nl nt, dr lC'l'I)lÏn l?lll plusieul'::> \ <1I'ié lés
�48
dans les symptôm('s de (,P li e ma ladie. 011 l'pmarque gl{n(\ralement un con tra te rrapl an t ('nt['(' 1 s LI u:( moitiés dll
Yisage. Tanclis CJue l'IIlle est immobil e ct r elâchée, l'aut l'
sc contracte 1. tiraille la commissure de lèvres III CÔ t.l~
.
sain, de manièr il produire une véritable grimace; l'œil
pst l l'lle, pl cur 'ur ou sali par le hum curs; l a lan gu est.
lia qu ,au moins dan ' sa lIIoiti \ paraly sée, ct quelqucfoi s
compl \temenl immobilc; c p IIdant le plu ordinair mcnt ,
1 ma lade pan i.cnt cncorc il la so rtir de la bou che, t SOIl \ ünt , dan cc 'as, on \ oit S;1 pointe:' in liner \ ers le dlt,\
<ln'e té. La \oi). ct la paroi' SOI t al téré s, la préh Il iOIl
de, alimenls solid s cl dcs bois on' s fail avec dilli ulté.
En génél'a l, dons les cas 1 s moin graves, l es s ns r c.'l ent inlacts; mai si l' i1 élllipl 'gie st t.rès-prononcée, la vision p ut s ' p rire , le plu ' rI' "fluemm nt. dan s l'roil COl'rl'sponclnnt au cû l malad , plus rarcmcnt Lpar e-xc pLiOIl ,
dan s c lui du CÔ lé oppo é. La paralYf;ie s'(> Lend qu lqu fois
allx s ns de l'ouïe Lei e l'odorat ; alors , la s('n. ibililr ta r til
est Il -mêm pl' fondélll ent alfpct(>p.
L bras du côté pnral 'Sl" ahandol1né ~ l lui- mC'I1lC', pend
snns mOU\'cn1C'n L 1 long du c rps; la jilmbc con, crve Ir
pills SO ln
~ n t Ull j) U do motilit(o , ct 1. m :lI ad parviellL
(ln or , avec bcall c IIp de peillC' , il la soul ever Ol! il la 110chir légèrcm nL , surtout lorsqu ' il n' l'a pas d'ane. t.hé i t
quc l' n ex 'it. Irs mu scles n pinçant vigoureu 'C]11(, l1t 1;1
peau,
Lc, mouvement s du th orax (~la l ral('nt is rt gl" Il PS, 1:1
r spiration e fai t. av c plu s <1 (' <Iini cull é,
Dans le cas grares, la maladie ne lard pn s il il1t " I' ('~ser
la pillpart cl s l'on 'Li on' , Lu dl'glutitioll s'e-x lit. avec
p ine, des troubles dig stifssr l1Ianife 't lit , la 'onstipatiol1
s monlr op iniillr ri. la paral ysir s'(o tpnd jl ~ qU 'i l la \ ssi
�I
~ lIP
,ÉG
49
I E,
li n'e t pa ' l'arc que, dans le premiers lemps, les
membres paralysé subis ent une augmentation de volume,
nne sorl.e d turgescence causée par le manque d'influx
nel'v UX, ct conséculÎ Cluent par la gêne de la circulaLion
N le défaul d'absorption, Plus lard, si la maladie ne tend
pa, à la guéris n, la nutrition s'alLèl'e de plu ' en plus, les
muscl s' aLrop hient, 1 j 'U des articulat ions devient impossible. des anh.yloses sc forment; N si. parfois encore le
membr maln.d 's pré entent un augm ntation de volume,
ce n' st plus qu' une vériLable boum sure, uniquement
déL l'minée pal' lIne infLILralion, indice le l'inertie des
Lis us cl U'\s-souv nL ans i de l'appauvrissemenL des
liquide, Toul roi , nOLIs d vons dire que chez quelques
h·miplégiqu les membres paralysé: 11(' dit]'\r nl en rien
d membres sain .. ,
Dans 1 s hémi[légies de longue lurée et qui doivclIt se
L l'mincI' d' une manière faLal , 1 s faculté ' inLelJ cLuelles
linissent clI s-rnêmes par s'aITaiblir. La mémoire devient
moins {idèle; les malades oublient les événcOl nts éloignés,
ou 11 s'les rappell nt qu'imparfaiLC'm nl; ils éprouvent d('
la di!licul Lé h lrouver un mol. cl à suivre ulle conver. alion;
ils subslilucnl une e;>,.pression à une aulre; ils pleurenl el
ils rienl quelquel'ois sans motir, elc., eLc. ; n un moL, Lous
les ûl:les qui, chez ux, s'accomplissent dans la sph re
moralc, inlellcctuel! l aITective, S perverti ent de plus
en plus, mêmc jusqu'à la folie, 11 atlendant que la mort
vi nne m Ur un terme à 1 ur e islence.
Dalls les cas 1 s plu Il ureux, ommc il an'iv pour'
1'11 ImiplégiC' (lui succède à une hémorrhagiec Irébrale légère,
la pluparl des symptôm s de la paralysi , après être
l'es lés sllltionnaires prndant nn temps indél l'miné, finissenL pal' s' am Iliol' r. La srnsibililé L\r mOIl ement repa4
�50
n ÉmPLÉGI E.
raissent ~ l la longue, d'abord dans les jambes, pu.is dans les
bras. Quand le malade parvient il marcll r, ou du moins
il faire quelques pas à l'aide d'une béquille ou d'un bâton ,
on le voit s'incliner [oIt ·m nt de côté el. jeter le poids ùu
corps sur la jambe saine posé en avant ; tandi que la
jambe malade, l'estée en alTière , traîn ée plutôt que portée,
et la pointe du pied n bas et en dehor , vient en J'cmchant ,
et par son propre poid , se placer à côté de l'autre.
Quant au membre 'upérieur , il e 1. serré contre le tron c,
l'avant-bra J1échi ur le bras , le pouce et les doigts pliés
dans le creux de la main L pl' sqLle tOllj Olll'S légèrement
œdémateux.
Après avoir affecté un d s cô té du CO I'p.', l' hémiplégie
peut guérir et se montrcr SUL' 10 cÔ l.0 opposé, C'esi. ce qui
arriva dans le cas suivant :
ollSEn vATlON N° 3.
Hémiplégie ga7tche, guérison ; l?'ois mois après, hémipLégie
dro ite.
Hippo lyl.e ÉLi nn ,roulier, âgé de 29 an.' , habite Charmoisl'Orgueilleux (Vosge ); il L doué d'une onslÏtuLion trèsvigoureuse, mai le développcn1ent exagéré de S s lèvres et
la tinte de , a peau indiqll nt une cerlainc prédom inanc ,
lymphatique. Il a, dit-il ,perdu son père d'une atlaq u . Le
18 mai, jour de son enl.r e il J'hôpital de Plombi ères, nous
l' interrogeons sur ses antécédents. Nous app rcnons que la
maladie dont il est atteint remOIlLe à di x-huiL mois" ct quC'
jusque-là il "éla iL Loujours bien porLé. Il I'UCOlll.c qu 'ayanl.
chargé sa voitul' à Pari s il la conduisit à Strasbourg, d'où il
se rendil à Rambervillers. Vin gt-quatre heures avant, il avait
ressenti un léger mal de lêl. ; toutefoi s, en arri vanl , il1était
�51
en pal'[aile sanl ~ ct il sc coucha, disposé (1 repartir dans le
milieu de la nuil, cL aprè' avoir chargé un gal' on (l'écurie
de l'év ill l' à deux h 'ures du matin; mais lluand cc derni l' sc préRenta, (:l.ienne n'élail pas capable de sortir du
lil: son bras cl. sa jambe gau 'Iles élaienl sans mouvemenl,
la s n'ibililô l'eslanl inlacte. l endant quaLre jour ', il demeura cOUl ~ h é, 'ans pouvoir remuer; le inflUiè me , il parvinL, t1 granu'p ine, à s le\ r cl il pul relourner chez
lui en voitul'o, Le' mouv menls revinrent pou ~l p u, d'abord
dans la jarnbe, puis dans le bras, cL 11 la fin du lroisième
mois Éli nne se l'oyaiL guéri. Il avait même r pris 1 travail cles champ ' , lorsqu'ull jour, Il sc bais anl pour pio'hel' la liTe, il se 'enLiL affaibli au poinL d'êLre obligé de
s'asseoir, ans ep ndant p -l'dre conn issanc . Quelques
in LanLs de l' pos n'ayanl pas uis ipé l'exlrême fatigue qll'il
éprouvail, ilrenlra chez llü pénibl 'Illent el s coucha. Le
m ']11' scnLimcnl. ùe fa Ligue persi'LaiL uepuis dix jOUl'R,
lor::iqu' il lenla, p lU'la première fois, de sortir de son lil; il
ne l'n ail pa: encor lOlalement Cjlùllé, q l'il cul. une nouvelle faiblesse, loujours sans perte d connaissance; mais ail
même inslanL la parole deviuL ill1poS ible cL il y euL abolition complèL du mon ement dans le bras et la jambe d1t
('()tli droit. PendanL six emaines, Étienne ne pul songer à
se lev l'; à daLer de cc momenL,i\ ressentiL un miell)' progl' ssiJ ,t il parvinL tl march l' à l'aicl d'un b[lIon.
Le Hl mai 1853, nous Lrouvons llippolyle ÉLienn dans
l'éLal slIimnl: parole embarrassée, voi afTaiblie; langlle
'paisse, mais droite; 1)ollchc réguli \re; sensihilité spécial' lOul il [aiL intac le. La jambe droite st l si ~ge d'une
pesanLeur e ces~iv;
le malade, assis près de nous, faiL en
vain des efforts pour léLach r son pi cl du 01· les orteils
n'ex.écutenL pas le moindre mouvemenL, (' qui l'ail dire à
�52
HÉMIPLÉGIE .
f:lienne qu 'ils sont de bois. La Ilexion du membre tout enlier ne s'accomplit qu'avec de grandes diffi ultés.
Le bras droit, aussi pesant que la jambe , reste fl échi el
serré contre la poitrine, au ni veau des muscles pectoraux ;
l'élévation de la main jusqu'au menlon est absolument impossible; les doigt ,parLiculi èr menL le médius et l'annulaire, sont repliés dans le reLl de la main.
Au reste, il n'ex i te ni fourmill ements , ni crampes; il
n'y a point d'amaigri ssement des membres malades et la
sensation de rI' id ne s'y rait jamais s nLir ; Éti enne ne sc
plaint pas de céphalalgie, t nous constaton qu'il n'existe
aucune douleur sur le I.r<lj 1. du rachis. 1 e cœur tla poiLrine sont ft l'éLal normal ; l'apréLiL C t bon ; les di gesti ons
stomacales sont faciles, mais la con Lipation est opiniâLre,
la micturition eSLparess us .
Avant de se rendre à Plombières, et pendant les di vers
accidents qui l'ont frappé, ~Li e n e a élé sa igné quatre fois,
on lui a fait plusi Ut'" applica li ons de ventouses e t il a pris
des purgatif énergiques.
Soumis au lrai tement thermal , il prend des bain tempérés de Lille h deux h ' lll ' S de durée 1, des douches de
dix minutes 11 un quart d' heure. OuLl' ce)a, di x douches
ascenùanLe' lui . ont adminisLr(lcs pen dant son s jOli]' i.I
l'hôpiLal.
Le 7 juin , quand il qu iLte Plombi\res, nous le II'OIl YOI1S
dans l'é laL sui vanl : (( Il étend racilemenl la jambe 1, il
» p ut fair agi r ses ol'I ei ls de man ière tl sc cramponn l' , ur
)) le sol. 11 \1e JI1arch pas cncore, diL-il , 'Ol11l11e il le \OLl» cl J'ait bien , ct 'e qui ln g(lne pcnclnnL la marche, c'cst moins
)) la pe, anlell)' qu 'un e orl.e üe Irem blcmenl d lout 1<'
m mhr , inr(>J'i eur. Le bJ'as, donl il ne pO ll vait ra in>
)) a UCUll usage, s'é tend (' t sc' né 'hit ai Imant; aussi paJ'l)
�53
)) vi ni-il, sans peinc, i\ 1'61c\ T au-dcssus de ,a tête; il
» ouvrc 1'1. rennc' la main 01 \ PC heaucoup plus de l'acilité.
H L mMius '1 l'annulaire, qui c1rmeul'aient toujours pliés,
» ont il pell prL~s
.Ia m(~Jlw
liberlé de mouvenl'lll, que les
» aut!' 's tloigLS.
» La 'voi \ [1 l'('pris son timbre accoutumé, la langu esL
» plus déliée, la parole csl. plus 11 lte, on peut même con» ver el' a\ec le malae! ; quant il l'élat général de loute sa
corps esl. bien rlis» personn " il l'exprime en di ·al11. : ~Ion
» 7>(I,~r:
; .ir' suis )uyw,)', Je s'uis qui, En erre 1, I ;~ ti c n e, vu au
» repils, a Loute l'apparence de la sant', 1 OU' ne d vons
» pas om llr qu'il mine plus aisém ni cl ctu sa consti» pal ion est moins opiniâtre, »
Les pa nies pal'al sées sont quelquefois le siége de douleur' prorondes ct de spasmes, bien que leur ensibilité
SllpCl'ti 'ielle soit altérée, ou toul ü rail abolie. L' luim.ipl é{lie spasmudique de Sauvages f; raltachail il des cas de
'elle espèce; mais ces douleurs, loin de dénOler une paralysie s 'entielle, n sont généralem nt qu'un indice de
l'exisl n 'e d'un travail morbid clans le cel' au ou dans
ses membrane , cl. presque I.oujour au voisinage d'une
10U n'accorderons pas plus cl'allenLÏon
lésion primit i
aux hémiplPgies intermittentes observé s par lln grand
nomhre d'aul.eurs, au début ou pendant 1 cours de cerLaines fi èvres graves; nou ne vo ons dans ces espèces
que le résultal d'un raptus, d'une
d'hémiplégies pas,~flè'e
ong slion vers un des hémisphères cérébraux, pendant
un paroxysm fébrile, congestion portée ass z loin pour
interrompr lcmporœiremcnl l'aclion de la volonté.
L'hémiplégi' est ql1elquefois congénilale ; elle résulte
�54
IIÉMlPLtGIE .
d'un a1'l'êt de développement ou d' un vice ù conformation du cerveau. n de ses hémisphères e t souvent alors
plus petit qu'il ne doit l' être , et le membres du côté
opposé, surtout 1 bras, sont fl échi s , contractés et, pour
bien dire , tout ü fait1'Obougris. En voici un exempl e.
onSEnY ATION
,0
~.
Hémiplégie congénitale.
Marie-Odile Martin, dévideuse, de Gérardmer (Vosges) ,
entre à l'hôpital de Pl ombi ère 1 17 mai 185 3. Celle jeun
1111e, de constitution ra hilique, ~ l <: heveux blond , âgée de
17 ans , paraît il p ine en a voi l' 12 ; elle porte un goUre
assez volumineux, et Il e es t suj e' lI e il des irrégul arités
menstruelles. Son intelligence, fort p u dévclopp e, ne
lui p l'met pas ùe nous donner des l'en eiO'nements précis
sur se anté lùents. Mais nou ' apprenons, cl pel' onnes
qui la conn aissen t, que sa mère est mor te ü l'ttg d 1,2 ans,
qu'elle il son pèr el. ùeux fJ'\r vivants t en bonn e santé.
La jeun mal aù ignore la dat dr a malacli , t, prenant
l'effet pOUl' la cause, Il e l'att rihu ü cc qu , tou t enfant,
ell e est r stée trop longtemps assi e.
A pl' mi ère li e, 011 r connalt que le cô té droi t de la
têle st moins léveloppé que le côl " gauche , et la m nsuration du l'âne met cC' fait hor d doute. L'exa men du
torse pet'met de constater l'e i tence d'une incur ali on
latérale au ni cau des 3", 11' ,5",6' et 7" verl." br S dorsales.
Le cô té gauch du vi.. ag c ntra:,;1. avec Je cô té droit par
Je relâchement cl la jou ; la malad ne p ut ni l'aire la
grimace, ni simer ; la bouche est tirée n haut et il droite;
la langue est \paisse, fl asqu e, 'tl1on déviée; il ex iste un
cmbarras tl'ès-marqué lans la parole.
�55
Le bras gauche est plus mince ct plus court que le bras
droit, sa parti ' sup ' rieur' 'st l'approchée du thorax.,
tandis que l' avant-bras, légèr ment l1échi ct contracLé,
vi nt I>'appliqu l' sur le bas-venU' ; ce n'est qu'avec la
pIn grande pein que la malade parvient à l'élever au
ni veau du cœ ur. La jambe gauche a la même longueur que
la droite, mail> \le est in[miment plu maigre , émaciée,
constamm nt. froide C' l. hleuâtre.
La sensibiliLé général est intact , aussi hi en sur la joue,
le bras ct la jaml)e péu'al ys s; qlle SUI' 1 côté sain. Odile
MarLin n'est sujette ni 11 la constipation , ni à la rétention
d'urine; s s fon tion digestives sont dans la plus parfaite
intégrité , et elle 11 se plaint qu d ne pou oir marcher.
En eiTeL, quoiqu'cil ue oit pa condamné à un repos
ab olu , il lui esL impossible dc sout ni!' une faLigue tant
soi L Il u prolongée sans l'CS cntir de la douleur dans la
région coccygi llnc, t unc pesanLcur exLrême dan la
jambc ga uch , qui alors sc train plus péniblement sur le
sol.
CeLte jeune lill ', lllil> en trait. ment, prend, chaque jour,
des bains l mpérés cl deux h ures, des douches de huit
11 quinze minu te ct ù ux verre d'eau de la source de
Dames.
Son départ Cl u lieu le 7 juin, sans que la moindre amélioration sc soit manifestée. Un tont autre résultat nous eût
bcaucoup surpris; car s' il est des cas oll nous ne pouvons
préjuger de l'a lion du trait menL thermal , cc ne saurait
être assurémenL dans le paralysies congénitales, qui e
montrent réfraclaires 11 tous les moyen thérapeutiques .
.Étiologie. - Il su!lil de sc reporler aux variétés de
formes que revêl l'hémiplégie pOUl' entrevoir la diversité
nes causes qui la produisent. La plupart sc résument en
�56
IIÉMlPLÉGI E.
des lésions matériell es de centres nerveux, et nous ne
pourrions les aborder 'ans faire l'histoire de tumeurs intracrânienn " des tubercules, de. ramollis ements , des épanchements san guins ou s l'eux, d . ncéphalocvsles, etc., etc.
D'autres, tell es que les rétroce sion ' rhumatismales el dartreuses, sont beaucoup moins saisi sabl es ; il en e lde même
de celles qui donnent lieu à certain s Mmipl gies anomales et passagères, si fréquentes hez les personnes de
tempérament essentiell ement nerveux (le hyslériques,
par exemple) , el que l'on attribue à une aIt \ralion sine.
malm'iâ de l'appareil cérébro-spinal , ou à un simple inlermption de son innuence sur les parLi es paraly ées.
Il n'esl pas rar que la cause pl' mi re de l'hémipl égie
se rattache à quclqu . conditions path ologiques tes organes
de la circulalion. Dans le cas suivant , on la l' trouve , cc
nous semhle, dan. un hyperlrophie du ŒUI'.
OBsEnvA'J'l oN
0
5.
lfémipüJgie gauche;: hypertrophie du cœur ; douleur vive
dans l a 1"f>gion dorsale.
Cath rin e Mill t, aulrefois blanchisseuse, auj ourd'hui
marchande, âgée d 5i, a1l S, cl Gon tilulion m \ Ii oc re, d .
tempéram nt nerveux, arri ve cl MelZ , oll e11 habi le une
mai son lrès-saine. Ell n'a pa onnu a m\re, mais son père
esl vi vanl ct bien pOrl:1l1l. La l1laladi pOlir laquell e cil
'e relld àPlombi \r s, clue sui vant cil h un excès cie lJ'avoil ,
remonte à qualr années, et son origin coïn id e avec l'âge
critique. Celle mal adie ful pl' Icédé de palpitalion de
cœur, d'abord légèr , plus lard a 5C;/, iolenles pour forcer
la femme Millel à s' inl l'rompre , lorsqu'elle marchait un
�57
peu vite. Si e1l vonlail pel' ister, ell e éprouvait bieniôlnn
peu de mal de têt eLdes éLourdisse menLs qui l' obligea ient
11 s'asseoir ; en même Lemps, elle l' ssenLaiL au cœur tnn tôt
une simple pesanteur , lanl ôt une véril abln douleur qui se
lllanir stail. surLouL quand la malade, alors hl anchiss use ,
s'élait Lenue à genoux pendanl longLemps pour laver son
linge.
Plusieurs aunées Sl' pass()renl sans qu' il apparliL d'autres
symptômes; maiRp l' lI 11 peu la doul em donl nous parl ons,
localisén primili \Tcmelll danRla région préco1'cliale, s'étenclil
sur la totali té dn {'ôlt: "'anche du 1hora'\ cL en arrièr
entre les deux épaul ps, depuis la sepLième verl èbre cCl'vicale jusqu'à la prem ière lombaire. A la mAme époque, le
caraclère de celle douleur parut an i. se mod ifier ; ce
n'éLaien t plus des élancement bornés au cœlll', mais une
constriction violenle dn côté gauche (le la poiLrine , qlli
produisait la m ~ m e sen, alion qu'un li n passé autour du
corps. Nous devons faire remarqner ici, que la malade porlait sonvent sur son dos de fortes charges de lin ge humide
ou même sorlant de l'l'au , ct qu'enc croi t devoir allribuer
à cetle circonslancc l'e'\tension de ses douleurs de la région
du cœur h la parti poslérieur du tronc.
Il y a ait en iron un an qu Cal\) rine Mill t ~ pr o u va il
ces dern iers symplômes, lorsqu'un soir, sc sentant faLiguéc
comme i 11 eCll rai l une longue marc\) e, lie s mit auli L.
Le lend emain malin, 11e s leva comme ~l son 0 1' linaire
et se rendit che? lInc de ses voisin s qu'elle d vail aid r
dans s s travaux d01l1CSliques. A P9in y était-elle, q U'OH
lui olrriL llne las e cl laiL; au momcnt olt Il e sc disposait
à la boire , Ile a p cr~ l\ t un cheveu. Aussitôt Ile fut prise
cie mal de mur (' L d , vomisscm nls, a compagnés dl'
bourdonnements d' Ol' ill s, cie troubl s dan ' lil Vlle, eL
�38
IH
~ mPLÉC'
p, .
d'étourdissement si violenLs. qu'elle tomba, sans cependant perdre complétement connaissance. Elle nt de vains
eITorts pour se relever seule, ct ses voisines durent la placer
sur un brancard et la [aire transporter à l'hôpital de Colmar ,
olt elle demeurait alors.
Pendant plusieurs jours elle eut une espèce de délire ;
il lui semblait qu'elle était devenue i mbécile; Lout tournait
autour d'elle ct elle cherchait à chaque instanUl descendre
de son liL Sa jambe gauche, roide et tendue comme si elle
eCit été maintenue par des aLLelles, et lourde comme d1i
plomb, ne pouvait exécuter le moindre mouvement de
J1exion ; la même roideur s'étendait en ceinture sur les
hanches. Son bras gauche, également lourd , retombait
sans mou vement le long du corp., mais ell e pouvait le
fl échir en 'aidant du bru droit. La lll lcturil.ion était natul'elle; il existait une constipati on opiniâtre.
La sensibilité tactile était intacte.
Pendant le séjo ur de deux mois que Catherine Millet fil
11 J'hôpital cleColmar, le traitement se borna, dit-elle, à des
bains de siége. Elle n sortit pour aller à l'hôpi tal de
Strasbourg, où cil r çut les soins de ' 1. le profC'sseul' Higaud
ct de 1. le docteur ChiliberL On DL une application de
sangsues SUl' le côté gauch , t l'oll plaça un vésica toire
entre le' deux Ipaules ; ouLre cela, on eut recours à l'm,trait el 11 la teintut' de di gitale, le premier aùrnini tré en
pilules, la second e sous forme de fri ctions sur la région du
cœur. A. son arrivée il Plombières, nou '
aminons la
malade, que nous trou .Qns dans l' état suivant:
Le cô té gauche du thorax pré ent une légère dépression au niv au des 3r , li", 5" ct 6c côles. L'épaule droite
est plus élevée <lu la gauche, ,cLnOlis remarquolls UIlO
déviation de la colonne v l'tébrale dans Sa porLion dorsale.
�IIÉ)I\I'l.É('.IF.
59
1\ xisl sur cc point même une exagération si nolable de
la sensibililé, que la malade ne peut pas s'appuyer sur le
dossier de sa chaise. L cœur n'occupe pa: sa posilion
nalnrelle; il e t porlé sous le bras g,luche, où sa pré$ence
est faci le il conslaler par la pel' 'ussion cl par les signes
slélhoscopiql1es; H, hallemellts sonl irl'éguliel's, cL ses
bruils, xLrêmemrnl confu , sont accompagnés d'un soume
ràp ux prolongé fort rrmarquahle. CGl organe esl le siége
d'un douleur permanrnt.e qui s'exagère pcn(lant.la marche,
el qui paraÎl s'étendre, mai sous une forme plus vagu ,
sur loule la poilrine, d manil.re h produire la sensation
d'lIne m mlri sure. La malad sc plaint, l1 oulre, de palpilali 11S, cl lou'{ ri (\e difftcullé h J'espirer; sa voix est
enroué , sa gorg tlrsséchée, el depuis six semaines elle a
lrois fois, vomi du sang.
L vi'ag Cl U1W Lpinlelérr\r ment.violacé ; la céphalalgie
est constanL t" ,compagnée de rigidiLé 11 la parli poslérieur du col; la houehe e t déviée il droilr, la langue est
roide Cl la parole difTIcile; l'œil gauch est brouillé ct
tra?!er.w3 llar de.ç mouches; l'odoral cSl inta l, mai l'ouïe
e 'lalléréc par des hourc.lonn ments d'or ,i\\e inc anl.
Le hras gauche Cfit. 10\1rd, immobiJ cL ngol1rdi; s'il accOlnplil (lu lquC's mouvemenl , ils sonl '1 r\s-limités cl doivent être condés par la main droiL . Ce bra' toul nLier
e tIe siégo cl douleur:i conlinll s, pl liS marqu ~es
sur le
muscle deltoïde. Lrs doiglS sonl parcourlls par des picolem nl ; ils sc Il \chissenl a sez l'acil m'Ill pOUf' 'aisir cl
selT r un 'Ol'pS, mais ils ne peu v nl Hl her pri 'e sans êlre
de 'serrés les llll' apr\s 1 uulres 11 l'aid d la main droile.
La jamb gauche C~l
lourde comme (lu plomb, mais ses
mouvemenls de lle>.ion cl de lension s'm..éculenl av c faci,lité; la uisse seul est engonrdie; la poinle du pied csl
�60
IlÉ"II'LÉGIF..
tra.inallie cL portée en d('rln.~,
la marche ne p 'uL "acc 111sans une peine exLr6me, eL il arrive souvent que la
jambe fl échit Loutit coup eL que l'on elliendull craquement
clans la hanche, qui esL el le-m6me le siége d'une douleur
constrictive fort intense. Si la malade esL couchée, c tte
jambe se rétra te ùe telle SOl'le, que le genou vi nt sc rnpprocher du thora 'C
Nous aurons compléLé le tableau des soull'rance dC'
Catherine Millel, i nous ajoutons que ses clige 'lions sonl
languissantes, qu'elle est con Lipée ei. que depuis longt mps
ell e est porté à la mélancoli .
P ndalll Loule la durée tl la saison thermale, elle prend
dix bains tempér ;s, quai rc douclles sur la cuisse, d UA. sur
le bras gauche t un pédiluve lous le jours. On lui pl' scrivit encore une lisane de va lériane ri des l'rietions n\'er:
de la teinLur cie digitale.
Le jer juilleL ell quitt l'hôpilal sans avoi ,' oblenu aucune amélioralion.
1 IiI'
L'abus dc ' liqucurs alcoo li ques engendre quelquefois
chez l'hol11m cles accie[ nts paralyLiqucs, Le cas d'hémiplégi dont nous allons rendre compte paraît sc ralla her
il ce g nr de causes.
onSEI\V ITIO'i
\,0
6.
fJémiplégie yaue/te Gonséc/,t i ce à i' abus des UOiIS01/s
nlcooliq1/es . A lIlélioration notable.
Charles JJallLelin, Illlhi l', d Mirecourl, àgé de 30
ans, de bonne constiLution, à p au blanchc, il chev ux
blond cl dc tCl11flérmnent nerveux, entre à l'hôpital d
] lornbières 1 3 juin 1853, Nous n'avons rien de parlicll-
�HÉMIPLÉGIE.
61
lier à not l' sur a parenté. II a son père, sa mère, et plusieurs frères et sœurs tous bien portants. Sa maladie date
cl cinq mois; nous recueillon le renseignements suivants SUI' la manière dont elle s'est clévelopp e :
Charles Uaul lin, étant miliLaire, a ail. l'ait de fréquents
exc s de hoissons alcooliques, ct après être rentré dans ses
foycrs, il a, mallteureusoUlent p ur lui, persisté dans cette
funesl habilud. \1 Y a six mois, c'cst-il-dire un mois
a ant d'être pamlysé, sa bouche' ct sa langue se couvri-..
rcnt d'un si "rand nombre d'apl1th' .. qu'il a ait une extrèm difficulté il parler; cL comme en mêm temps il
éprouvait une sorte de trémulation ue toute sa personne,
on Tut qu'il avait pris des pl' \parations mercuriellcs. Ces
aphth s, Lraité.s pal' le sulfate ue cui-.:re L le vitriol, ne
lardèrent pas 11 glll)rir. Mais le malade sc sentait encore
indisposé, sam; accuser cepemlant aucun symptôme hien
décidé.
JUSqU'LI cd 1.(' ùpoque, l.lauLclill n'avait jamais éprouvé
la moindre douleur dans la têt' )1i daJ\s le trajet cl la
colonne \ 'l'lébrale.
n malin qu'il s'étaiL levé ct sc Lenait cl bout pOUl'
raire sa barbe, il fut pris d'une faiblesse ct forc \ de s'asseoir. \1 y avait Lrois heures qu cc léger accident éLait
dissipé IOl'SllU'il voulut faire Ulle petite proll1cnaue; mais
le Cl 1imont do [aibl sse se roproullisi t, cL il t'ul pre qll
aussitôt J>o1ppd d',ul/. coup rie sang. C p nuanl il ne perdit
pa. connaissanc Cl ne tomba pas, ayant pu sc soutenir
conLre un arbre. Sa jambe gauche, devcnue toul il. coup
incapable dc le porL\'l', plia sous IlIi; le bras COlT spondanl
rut aussi altaqué, qu iqu'ü un moindre degré, car Llautelin pouvaiL encol'C n~ml('r
1 s doi~t"
pcndant qu'on 1('
saignait; mais Lout il. coup scs d()i~IS
s'ouvrircnL, le lan-
�62
Il ÉMlI'L t: GIE .
ceLier qu'il roulait s'échappa, t on bras perùit toute espèce de mouvement ; au même moment, l'embarras d la
parole se maniresta par un bégaiement très-prononcé.
On fit immédiat ment une premi èr saignée et le lend main une application d ventou cs sur chaque cLùsse ;
un peu plus tard, on pratiqua une nouvelle saignée, et le
hras [u t couvert de vé icaloit' successif ', dcpui l'épaul e
jusqu'à la main .
•
Deu"( mois s'écoulèrent sans que le malade pût l' muer
le bras ni la jambe, dont la sensibilité était lem urée intact, mais qui étaient con tamment froids t notablement
amaigris. A la [m du lroisi me mois, il CO ll1men a Ù march r à l'aide d'un bras étrün ger l d'lm bâton, préca ution sans laqu Ile il n'eCit pu se tenir debout. A la m ~ m e
époque, il se plaignait L!'avoil' conslammenl 1 sang i:l la
tête eL de r s enlil' des crampes dans le bras Cl dans la
jambe, mais sans fourm illements ni engourdissements.
Le jour d son en trée ù l'hôpital de Plombi l'CS, Chadf's
Ilaut lin se plain t de tr saill ements clans tau. les 111 111bres, de r idcur t de tiraillements clans le bras et la
jambe gauches. Celle-ci est lourde ct amaigrie; l'arti culation ùu gnou 11 peut s plier que de qu atr ~ l cinq
cenLimètr 's. Les art ils n'exécutent aucun mouvem nl ; le
pied est déjeté en dedans; lorsque le malade veul marcher, il le tralne, puis fait un errort pour 1 soul ver, ,l
le laisse retomber lourdement SLlI' le sol.
Le bra gauche, amaigri COmme la jambe, tond toujours à s'abattre le long du corps; la main ne s'ouvre el
ne sc rerme [U a ec un ' Il 'i no extrême. La force muscul aire des deux membres est presq ue nulle ct leur caloriücation imparfaite, mais leur sensibiliLé est normale.
Nous n'avons "irn à 11 01er du cô té le la rnct'; les sens
�lIÉmI' I.ÉC IE .
63
sont intacts, la paroi e t libr ; le cœur t la poitrine
sont sains; il Y a de palpitations, mais ell es ne se manifestent qu'il la s\lil e de quelque effort.
Les foncLions digestives s'acGomplissent régulièrement;
il n' xiste ni constipation , ni paresse de la vessie. TOUS
con talon ' l'absence de toute cloul ur oit il la tête, soit
dans la pari il. supél'ieure de ln. colonn vertébrale; la région acr e, ail contraire, . 1. le iége d'une sen aLion
de conl.llsion ('1. dr roideur qui gêne le malade dans sa
mal' 11'.
Haut lin, soumis au traitement thermal, prend vingt et
nn bains 1 mpérés, vingt et une üouche t quatre 11
six velTe, d'cali par jour. Le 27 juill t, avant de quitter
Plornhière , il ]l()l\S r nd compte d son éLal.
L s premiers bains ont exagéré les doul urs du bras et
de la ,Ït'llnhr; mais bientôt elles se onL di sipées pl' sqUf'
Lotalcmcnl, ainsi ([Il e les tiraillemelll.s musculaires t la
gêne de la réginn sacrée. La [orc musculair s'e, Ln.ccrue
dans le bra ; car la pression de la main, qui n poussai l
ql'~
12 l'aigllille Üll lynamomètr, la l'ail mont r actl1r1\ ment jUSqll'à 32. La flex.ion s'accomplit plus libre111 nt; les orteils ct le. doigt. ont recouvré une grande
facilité ùe mou ement; le pied ne traîne plus, et la marche l'st assez facil e pour que le malade es 'aie de ourir,
hose qu'il n'eÎlt jamais pu Cair auparavant sans risquer
de tomber.
L'observation suivante p ut être citée 'omme un exemple d'hémiplégie survenue 11 la sllile de travail excessif
el le préoccupation inlelle tuell e.
�64
IIÉMlPLÉGIE.
OBSERVATION N°
7.
Hémipléflie gattche; guérison.
Nicolas Compel, fabricant de brosses à Paris, âgé de
46 ans, de constitution médiocre, de tempérument nerveux el sanguin, arrive 11. Plombières le 22 juin 1853.
Il est issu d'un père goutel~X
et il a lffie sœur qui a
toujours eu mal aux yelL'\:.
La maladie pour laquelle il vient prendre les eaux date
de dix mois, et il l'attribue à un xcès de travail et à de
préoccupations intellectuelles.
Il y a trois ans, Compel n'exerçait aucune profession
manu ~ Ile; il voyageait comme marchantl ambulant, et se
trouvait, par conséquent, exposé ü toutes les alternatives
d'humidité, de chuuù ct de (roid. Il lell!' aLLribue l'origine
d'une névralgie temporo-faciale droite, dout les accès
élaient si violents, qu'il poussait des cris à être entendn
de tout te qua.rtier (les expressions de cet homme ont un
peu hyperboliqu~).
Dans l'intervalle de ces accès, il était
suje t à quelques maux de tête; aussi avait-il pris l'habitude
de sc faire saigner souvent, parce qu'il était, dit-il, lo w'mente pa?' le sang. Au l'C;'ste, il n'avait point de battements
de cœur, point de gêne dans la respiration; jamais non
plus il n'avait ressenti, m6me dans ses plus forts accès, ni
le moindre fourmillement, ni le plus léger engourdis CIuent
dans les membres; mai:; il arrivait quelquefois qu'il éprouvait un peu de peiue à uriner, eL il eut même une maladie
qu'il ne peul nommer, pendant laquelle on fut obligé de
lui appliquer une sonùa.
En 1848, Compel, ayant perdu Lout cc qu'il possédait,
ce~sa
de voyager. 11 se mil il fabriquer de articles de bros-
�65
lIIiMII'lÉGIE.
serie, et sentant la nécessité de faire tout par lui-même, il
apportait à son travail une activité opiniâtre qui le fatiguait
excessivement. Il était dans ces conditions nouvelles, lorsque l'hémiplégie se déclara. - 1\ ne peut rendre compte
de la manière dont elle fit invasion; il dit seulement
qu'après avoi1' eu son attaque, il se vit obligé de garder le
lit pendant quatre mois, sans être en état de pouvoir mettre le pied par terre. Il ne sentait pas quand on le pinçait
sur tou~e
la moitié gauche du corps: son bras et sa jambe
étaient froids, roides, engourdis, immobiles et sans force.
Il en était de même d s orteils et des doigts, que parco\lraient à chaque instant des élancements. Outre cela, il se
plaignait de douleur constrictive dans le bas des reins,
dans le genou gauche et dans les deux articulations tibiotarsiennes.
Tous ces accidents existaient sans douleurs de tête et
sans constipation, mms le besoin d'uriner se faisait sentir
toutes les heures.
Le jour de son entrée à l'hôpital, nous trouvons Compel
dans l'état suivant:
La commissure des lèvres est légèrement entraînée à
ùroite et en haut; la langue, non épaissie, sort facilement
de la bouche; la vue, l'OUle, l'odorat el le goût sont tout à
fait intacts.
La jambe gauche est très-roide; le genou est le siége
d'une douleur tantôt lancinante, tantôt constrictive; les
orteils ne peuvent faire le moindre mouvement dans aucun sens; la marche est impossible sans bâton, et lorsque
le malaùe essai de s'en passer, il sent aussitôt, dit-il, sa
.i ambe l1ti manquer 1)(11' faiblesse. Le pied est un peu
tourné en dedans et comme tout d'une seule pièce; sa
pointe ne peut s'abais8er.
5
�GG
1I~MPLÉGE.
Le bras gauche est aussi roide que la jambe; le coude
est douloureux au toucher, sans qu'on y remarque de rougeur ou de tnméfaction ; les doigts sont à demi Iléchis, ou
po Ill' mieux dire contractés dans Je creux de la main; la
force du bras, mesurée au dynamomètre, équivaut à 16 kil.
La sensibilité tactile est un peu moindre à gauche qu'il
ùroite, 11 n'y a ni fourmillements, ni crampes, La micturition et la défécation s'accomplissent aisément. ous ne
trouvons rien de parliculier du côté du cccur et de la
poitrine.
Dans le trajet de la colonne vertébrale nous constalons,
au niveau des dernières vertèbres lombaires, l'existence
d'une douleur constrictive que la pression exagère lég\rement.
Le 4 août, Compel, après avoir passé deux saisons II
Plombières, vient nous faire juge de sa situation. - li a
pris quarante-deux bains, autant de douches, trois bains
de vapeur locaux pour le bras, cinq bains de vapelll' entiers, deux ou trois verres d'eau chaque jour pendant la
première saison, six à sept pendant la dernière.
Il marche avec la plus grande facilité; la douleur du
genou et la roideur de la jambe ont disparu. Il peut faire
des promenades de plusieurs lieues sans éprou el' de fatigue; ses orteils ont repris toute leur souplesse; il allonge
le pied et porte sa pointe en bas, comme ~tn
maUre de
clan se. li se tient aisément debout, se redresse parraitement en marchant et se sent leste. Le sentiment de constriction qui existait dans les lombes s'est dissipé. M. le
doclour Barthe, à qui nous fai ons remarquer co malade,
constate, comme nous, qu'il peul ouvrir et fermor la main
sans la moindre difficulté. La force ùu bras a plus que doublé, car elle équivaut il 33 k. ; 1eR coudes ne sont plus clou-
�67
n~mPLÉGIE.
loureux, et la bouche n'est plus de travers. La sensibilité
tactile est aussi exquise à gauche qu'à droite. L'appétit est
excell ent; les envies d'uriner ne se montrent que deux ou
I.l'Ois fois par jour. - Enfm Compel résume l'action du
lraitement thermal sur sa personne en disant qu"il est en-
chanté de sa position.
C'est là un des cas où l'efficacité ùes eaux de Plombières
s'est révélée de la manière la plus remarquable. L'exactitude du malade à suivre le ~raitemn,
son âge, l'age ùe
son hémiphlégie surtout, ont merveilleusement favorisé sa
guérison. - Nous croyons, en eITeot, avoir remarqué que
les paralysies qui se déclarent avant la vieillesse, et qui
ne sont ni trop récentes ni trop anciennes, s'améliorent ou
même guérissent plus promptement, sous l'influence des
eaux thermales. - Mais nous nous gardons bien de présenter cette simple remarque comme une règle absolue,
car elle pourrait C!tre démentie par des faits semblables à
celui que nous allons ciLer d'après Martinet.
OBSERVATION
0
8.
Hémiplégie gauche, suite d'apoplexie . - GUé1'ison apr'ès
un mois de traitement thermal.
«( Un ancien militaire, âgé d'environ 60 ans, et doué
d'une constitution physique très - robuste, arrive 1\
)) Plombières en 1762, avec une hémiplégie de lout le
» côté gauche, suite d'une attaque d'apoplexie qu'il avait
)) essuyée un mois auparavant et dans laquelle il n'avait
» pas perùu entièrement c.onnaissance. Le docteur De» guerre, qui voyait le malade, lui fit commencer l'usage
» des eaux le lendemain de son arrivée. Je le voyais aussi
»
�68
» avec lui. Il but l'eau lhermale et se baigna. Au bout de
)) huit jours, il sentit du soulagement et commençait à
remuer l'épaule. Il continua les mêmes exercices, en y
» joignant la douche pendant un mois. BientÔt il put mar» cher seul dans sa chambre ct ensuile dans les rues. Il
» recouvra, aussi l'usage de son bras ct de son sommeil.
» J'ai vu peu d'efIets aussi salutaires et aussi prompts dans
» une maladie aussi grave et chez un sujet âgé. )l
Quelques hémiplégies paraissent avoir élé déterminées
par l'administration intempestive ou par l'abus des purgatifs. Chandler en a signalé plusieurs exemples, et l'auteur
que nous venons de citer en rapporte un cas en ces termes.
»
OBSEl\VATION N°
O.
Hémiplégie causée pa?' l'administration d'tm violent
pU1'gctt1j. - Amélioration notable.
« Une petite fille de 12 ans était hémiplégique du
côté gauche. Ses parents rapportaient sa maladie il un
l) purgatif trop violent donné à l'enfant à l'âge de trois
II ans. La langue élait embarrassée, el les facullés int.el» lectuelles peu développées. Celle petite malade Ht usage
» du bain et de la douche pendanl trois saisons avec des
» inlervalles. Elle prenait le bain une heure et la douche
» une demi-heul'e; à son départ de Plombières elle mal'» chait assez librement; elle se servait de son bras en LOus
» sens: du reste, elle se portait il merveille. »
II
L'innuence di1'ecle 01t indirecte des émotions morales
dans la production des hémiplégies ne saurait 61re mise
en doute. Un accès de colère peut la produire. On se souvient de celte fille citée par Diemerbroëk, qui flli. paraly-
�69
HÉMIPLÉGIE.
tique pendant trenle ans à Ja suile d'une peur. Dans J'observaLioll suivanle empruntée ~l Martinet, la maladie paraît
due 11 un vioJent chagrin.
OBSERVATION N°
Hémiplégie S!M"venue à ta .~tie
d'~m
Guérison.
10.
violent chagrin. -
« Une femme de trente el quelques années, mère de
)) qualre enfants, étail grasse et replète. A la suite d'un
» violent chayrin, elle 6tail devenue paralytique de tout
)) le CÔlé gauche; le bras, la jambe el la têle étaiûnt affec» tés. A son anivée h Plombières, ~a
têle était bien, Btla
» malaùe parlait facilement; mais le bras était lourd, ainsi
)) que la jambe; le teint élait très-jaune, et le dégoût pour
)) les aliments absolu.
» La malade but l'cau thermale et se baigna dans un
» bain à 25 0 H. Après quelques jours de ce trailement, il
» sc manifesta un besoin urgent d'évacuer. Le pouls était
» extrêmement plein et la langue couverte d'un limon
» épais. Je donnai un émético-cathartique qui produisit
)) un effet considérable par haut et par bas. La fièvre su['» vint, et cela ne me fit qu'augurer mieux du succès, parce
» que, comme l'a dit avec raison Hippocrale: FebTis
II slpe1·vni.~
apoplexiam solvit. Je Ds prendre le len» demain un vomitif à la malade; il la secoua fortement
II et lui nt rendre beaucoup de bile. Après le vomitif, cleux
» purgatifs furent administrés, et procurèrent encore des
» évacuations très-abondantes. La fièvre cessa, et je fis
» commencer l'usage de la douche sur touL le côté para» lysé. Dix-sept jours après le commencement du traite» ment, les règles parurent et coulèrent fort bien. L'étal
�70
PARAPLÉGIE.
» de la malade se lrouvait déjà fort amélioré. Après les
»
rl:gles, elle fut eneore purgée, et elle continua ses bains,
» la douche et la boisson. Elle prit encore un purgalif
avant de quitter Plombières, ainsi que quelques étuves
qui étaient indiquées à cause de la sécheresse de la
Il peau. Cette malade partit ayant le teint excellent, bon
Il appétit, bon sommeil, et le côté malade ne se ressentant
l) plus du tout de la paralysie.
» Le chagrin avait engendré la maladie en débilitant le
» système nerveux, et en intervertissant les sécrétions el
» les excrétions. Les purgatifs onl été du plus grand se» cours; ils ont évacué une abondance d'humeurs des plus
» considérables. Les caux en avaient préparé la coction. ))
(Martinet. )
Nous ne discuterons pas la valeur des explications données ici par l'auleur de cette observation, qui, tout incomplèle qu'elle est, méritait cependant d'être rapportée,
non-seulement parce qu'elle assigne une cause particulière à la maladie, mais encore parce qu'elle signale certains accidents remarquables survenus pendant le cours
du traitement. Nous voyons dans ces accidents l'expression, exagérée sans doute, du mouvement réactionnaire
produit par l'emploi des eaux thermales, el au moyen duquel la guérison de la plupart des paraplégies nous paraît
devoir s'opérer.
»
II
ln:
LA
l'AfPLI
~ GIE.
La plupart des pathologistes modernes se servent du
mol paraplégie pour désigner la forme de paralysie principalement caractérisée par la perte du mouvement des
extrémités inférieures, l'inaction du rectum el de la ves-
�PARAPLÉGIE.
71
sie, le relâchement des sphincters, ct souvent aussi par
l'a[aiblissemenL ou l'aboli Lion complèLe de la sensibiliLé.
Ce que nous avons dit précédemment des alLérations de
la sensibilité rendrait superllus les détails dans lesquels
nous devrions entrer à propos des variations nombreuses
qu'elle peuL subir pendant le cours de la paraplégie.
QuanL aux autres sympLÔmes, leur mode d'invasion, leur
caracLère cL leur ordre de succession varient suivant les
callses physiques ou les changemenLs paLhologiques avec
lesquels ils sont liés.
Lorsque la paraplégie résulLe de quelque altéraLiol1
~ponLaée
de la moelle ou de ses enveloppes, les malades
commencent ordinairement par éprouver des troubles passagers dans la sensibilité ct la motilité, ou même dans ces
deux foncLions à la fois, troubles suivis, plus ou moins
prompLemenL, par l'engourdissement eL la diminution du
mouvemenL dans les extrémiLés inférieures. Alors, la démarche devient mal assurée; la station debout est difflcile; les membres sont le siége d'une extrême pesanLeur,
de faiblesse et quelquefois de (louleurs qui s'éLendenL jusqu'au bouL des doigLS eL des orteils. A une période plus
avancée, le malade ne peut marcher sans un aide ou sans
le secours de bâLons ou de béquilles. Bientôt après, si
cela n'exisLait déjà, la vessie, le rectum et les sphincters
sonL alTectés, eL l'on voit apparaître divers autres phénomènes morbides en rapport avec le siége, l'étendue elle
degré de la lésion organique qui occasionne la paraplégie.
L'observation suivanLe o[re un tableau assez compleL
de la marche progressive de la paraplégie.
�72
PARAPLÉGIE.
OBSERVATION NO
11.
Douleurs dans les régions dorsale et lombaire; vomissements, diarrhée,. faiblesse et insensibilite des extrémités in!ùieures,. crampes dans les mollets,. singularité
de la démarche,. dysurie,. paraplégie, roi(le~t'
des
j(trnbes et du tronc,. nouveaux changements dans la
démarche.
Michel-Ange Granjean, de Melz (Moselle), âgé de 33 ans,
de constitution médiocre, de tempérament nerveux, est
né d'un père rhumatisant et d'une mère sur laquelle il ne
fournit que des l'enseignements négatifs; tous les deux
sont morts à l'âge de 64 ans.
Michel Granjean entre à l'hôpital de Plombières le 12
aoùt1853, ct ce jour même nous recueillons les détails
suivants sur les antécédents et la marche de sa maladie.
-Il affirme n'avoir jamais abusé des plaisirs sexuels, mais
il avoue avoir fail une assez forle consommation d'eaude-vie. Pendant longtemps il a habité une maison humide, el la profession de tanneur-corroyeur, qu'il exerçait dès l'âge adulte, l'a sOLlvent obligé à travailler dans
l'eau. Quoique, suivant lui, l'origine de sa maladie ne remonte qu'à cinq années, il se rappelle cependant avoir
ressenti pour la première fois, à 19 ans, des douleurs vagues dans les jambes et surtont dans les cuisses, tantôt à
gauche, tantôt à droite. Quelque temps après, il fut enrôlé
dans le 52· régiment de ligne, et fit partie des camps de
Saint-Omer, de Metz et de Homainville. Il insiste beaucoup sur celle circonstance; cal' il est convaincu qu'il a
contracté sa maladie en couchant par terre, bien que dan '
toute la durée de son service militaire il n'ait jamais été
�PARAPLÉGIE.
73
malade, si ce n'est, pendant quinze, jours d'un abcès dans
la gorge, survenu à la suite d'une marche au pas gymnastique.
Rentré dans ses foyers, Granjean se maria et reprit sa
profession de corroyeur. On le chargea en même temps ùe
surveiller, en qualité de chauf(eur, une machine à vapeur
employée au service de l' établissement dans lequel il travaillait. En passant de la pièce, souvent très-chaude, Ott
se trouvait cette machine, dans une autre pièce, toujours
très-froide, appelée ta lanne1'ie, le malade était exposé à
des transitions subites de température. 11 ressentit alors
de nouvelles douleurs sur le sommet des épaules, dans les
reins et dans les jambes, qui devinrent tremblantes. Il a vaiL
en milme temps un point douloureux sur le rachis, mais
de forme inlerc1l1'renle, et se fixant Lanlôt sur les verLèbres dorsales, tantôt sur les vertèbres lombaires.
Quand la région dorsale était envahie, le bas des côtes
devenaiLle siége d'une constricLion fort g6nante, quoiqu'eu
général elle ne se manire tât que sur l'un des deux côtés,
en simulant une demi-ceinture. La respiration était difIicile i il y avait des palpitations de cœur; puis survenaient
des vomissements opiniâtres, pendant lesquels Granjean
ressentait à l'intérieur un trouble général caractérisé paL'
des frémissements et par une agiLation extrême . A chaque
vomissement, il succédait un calme si parfait, qu'on. eelt
pu croire à une guérison complète; mais dès que la clouleur de la région dorsale revenait, ce qui arrivait la plupart clu temps après un intervalle cl'une ou deux heures,
les vomissements recommençaienl aussilôt.
Lorsqu'au contraire le point douloureux se fixait dans la
région lombaire, les vomissemenls cessaient tout à fait, la
constricLion se porLait sur les muscles abdominaux, la
�74
l'AJ\Al'LÉGJE.
micturilion devenait difficile, il se déclarait de la faiblesse
dans les jambes et du tremblement dans les genoux et
dans les mollets; il semblait au malade que ses mollets
«fussent [onnés de ficelles se frottant les unes contl'e les
autres, avec une sensation de l'oideur. JI
JI
Après avoir éprouvé, pendant environ dix-huit moi~,
avec de légères alternatives, les accidents dont nous
venons de parler, la situation de Granjean s'aggrava d'une
manière sensible el permanente,
S'il se tenait debout, ses genoux fléchissaient sous lui;
s'il marchait, il llù semblait fouler des epines so'us ses
pieds, quoiqu'il ne sentît pas te sol et q~t'il
lui j't'tt impossible de s'y cramponnel'. Voulait-il faire un pas en avant il
lui j'allait le secours de ses yeux pour diriger ses IJieds
vers te point où ils deovaient se poset'. Sans cetle précaution,
qui demandait de sa part une attention soutenue, le pied
qu'il avait mis en mouvement se trouvait porte ind'iflél'emment tant6t sur le c6té exiel'ne, tant6t sur le c6té
interne, 1'arement en avant, et parfois la pointe de ce pied,
moins souvent le talon, aUaientj1'apper lajambe opposée.
La sensibilité tactile était abolie depuis l'extrémité des
orteils jusqu'au milieu des cuisses.
A aucune période de la maladie, la douleur du rachis
ne s'est étendue à la région cervicale; jamais non plus
Granjean ne ressentit d'engourdissements des bras, de
pic;lements des doigts, de bourdonnements d'oreilles, de
vertiges, de troubles dans la vue, etc., etc.
En 1851, il vint pour la première fois aux oaux de
Plombières, après avoir reçu les soins de plusieurs praticiens ùe Met~.
La saignée, des applications réitérées de
sangsues et de larges vésicatoires avaient élé employés.
)..c lraitement thermal ne lui procura aucun soulage-
/
�l'ARAl'LÉGIE.
75
ment, en dépit des espérances de guérison qu'il avait
conçues en voyant une éruption de petits boutons se
montrer sur les deux jambes.
Trois mois après avoir quitté Plombières, la maladie
s'étant encore aggravée, on procéda à de nombreuses
applications de ventouses et l'on prescrivit les bains de
vapeur. La douleur était devenue intolérable entre les
deux épaules el dans la région des reins; les changements
de temps paraissaient avoir de l'action sur son intensité.
A la même époque, un dévoiement des plus abondants se
manifesla; le malade était forcé d'aller à la selle tl'ente
fois par jour, et chaque fois il éprouvait des épreintes qui
épuisaient ses forces. Ces épreintes persistèrent pendant
deux ans, mais sans être accompagnées, comme au commencement, de selles diarrhéiques.
Les jambes, qui jusqu'alors étaient simplement défaillantes et que parcouraient seulement des douleurs lancinantes, devinrent le si6ge d'une rigidité remarquable
accompagnée de crampes si violentes dans les mollets, que
les pieds se r~tacien
très-fortement sur les jambes. Ces
crampes revenaient principalement durant le sommeil. Le
malade, réveillé par elles, faisait effort pour descendre de
son lit ; puis, aidé par sa femme, il parvenait à replacer le
pied dans sa position naturelle, en l'arrosant d'eau froide .
.État actuel. - Depuis le sacrum jusqu'à la troisième
vertèbre dorsale, le rachis est le siége d'un douleur profonde augmentée par la percussion et pal' la pression des
doigts sur les apophyses épineuses des vertèbres. Cette
douleur est accompagnée de roideur et de chaleur, qui
deviennent plus intenses lorsque le malade fait eJfort pour
marcher. Les jambes sont froides et roides comme des
barres de bois; la sensibilité y est abolie i les muscles
�76
PARAPLÉGIE.
biceps sont en contraction permanente; les pieds sont
engourdis el légèrement œdémateux; les talons et les
tendons d'Achille sont le siége de picolements. Les deux
premiers doigts de chaque pied sont relevés i l'articulation
tibio-tarsienne est remarquable par sa rigidité; le malade
ne peut marcher sans le secours de deux béquilles. Quand
il veul quilter le siége sur lequel il est assis, il commence
par écarter fortement les jambes de manière à élargir sa
base de sustentation; et pour faire quelques pas en avant,
il s'appuie sur ses béquilles, renverse la partie supérieure
du tronc en auière, présente le bassin en avaut, élève
dillicilement sa jambe droite sans la Jléchir, et la porte
d'ulle seule pièce à quelque distance de la jambe gauche,
qui exécute ensuite le même mouvement, pendant que le
corps s'incline péniblement sur le côté droit.
Les bras, simplement af'faiblis, ont conservé une sensibilité el une température normales; ils ne sont le siége ni
de picotements, ni d'engourdissements, mais parfois ils
sont agités par des secousses semblables 11 celles que cause
l'action du galvanisme.
L'intelligence esl nette; les sens spéciaux sont intacts;
cependant, lorsque Granjean fait des efforts pour marcher,
il sent que sa tête se fatigue, it a ta cervelle bouteve7'sée et il
éprouve un sentim nt de balancemenl qui lui fait craindre
de tomber.
La micturition est diflicile, Ou pour mieux dire, le malade ne peul uriner qu'en allant à la selle, ce qui arrive
tous les jours.
La sensation de conslriction existe d'une manière permanente au bas des côtes. Il y a des palpitations de
cœur et un peu d'cssouffiement, pendant les mouvements.
La peau est sèche; la lallgue petite, pointue et rouge sur
�l'ATIAI'LÉGm.
7'1
ses bords; les intestins sont presque Loujours tympanisés,
el. de Lemps en Lemps le ,malade se plaint de crampes'd'estomac el. de coliques, non suivies de selles.
Granjean quitte Plombières le 1cr septembre, après avoir
pris les eaux en bains, en douches et en boissons et sans
avoir obLenu aucun changement marqué dans son étaL.
CeLte observation est remarquable sous plus d'un rapport; elle nous oITre un exemple de paraplégie se développant graduellement chez un homme jeune, qui réuniL
un ensemble de causes les plus propres à produire les
maladies de la moelle. C'est, d'abord, la prédisposition
rhumatismale, héréditaire, à laquelle ces alrections se relient, suivant nous, beaucoup plus souvent qu'on ne le
croit. C'est, en second lieu, comme causes occasionnelles,
une habiLaLion humide, l'immersion dlt corps dans l'eau, et
le passage du chaud au rroid.
Au milieu de ce concours de circonsLances, Michel
Granjean, dès l'âge de 19 ans, éprouve des douleurs
vagnes dans les jambes, sans ressentir aucun point douloureux dans le trajet du rachis. Plus Lard, après avoir couché
dans les camps, eL surtout après avoir repris l'exercice de
sa proression de corroyeur, il se plaint de douleurs intercur·
rentes, tantôt entre Jes deux épaules, tantôt dans la région
lombaire. Ces douleurs, probablement déterminées par
une congestion des sinus rachidiens, sont accompagnées,
selon qu'elles occupent tel ou leI point de la colonne vertébrale, de vomissemenLs opiniâtres ou d'un simple LremblemenL des genoux, avec faiblesse des extrémiLés inférieures. Lorsqu'elles disparaissent, les phénomènes sympaLhiques disparaissent avec clics. Ne Lrouvons-nous pas
dans celte coïncidence un exemple de la connexion qui
xisLe entre la moelle épinière et les organes thoraciques
�78
PA I\APLÉGIE.
et abdominaux? Jusque-là on peut supposer qu'il n'existe
qu'une compression temporaire de la moelle; mais à mesure
que la maladie fait des progrès, ses symptômes prennent
un caractère de fixiLé plus décidé, et l'on commence il
soupçonner qu'il ne s'agit plus d'une simple congestion
intercurrente, mais d'une véritable inflammation de la
moelle épinière. C'est alors que les jambes cessent d'êtl'c
rnolles et' défaillantes, pour devenir roides comme des
batTes, et que le malade se plaint de crampes permanentes etde rétraction des orteils. A une époque encore plus
avancée de la paraplégie, la rigidité gagne en s'é tendanl
le long du dos, et l'on en vient à se demander si l'affection
de la substance médullaire ne s'est pas propagée sur quelques poinLs des méninges rachidiennes.
Quand la paraplégie procède d'une lésion traumaLique,
les symptômes peuvem être soudains et neLtemenL accusés, à moins, toutefois, que ceUe lésion ne soit légère et
qu'il n'y ait de gravité réelle que dans les conséquences
éloignées qu'elle peut offrir.
OBSERVATION N°
12.
Paraplégie traumatique; saillie des apophyses des septième
el huitième ver·tèbres dorsales.
Dominique Lespingal, manouvrier, âgé de 36 ans, ÙC
consLitution robuste, de tempérament sanguin, habite
Dain-en-Saulnois (Moselle). Sa demeure est saine et bien
éclairée; son père et sa mère jouissent d'une bonne sanLé,
et lui-même s'est toujours bien porté, jusqu'à l'accident
qui a causé la maladie pour laquelle il entre à l'hôpital ùe
Plombières le 12 juin 1853.
�PARAI'I.ÉGIE.
79
Cette maladie , qui date de trois ans et demi, est survenue tout à coup dans les circonstances suivantes: Lespingal, travaillant aux remblais du chemin de fer de Strasbourg, a été 1'MÛé> diL-il, sous un éboulement. Nous
conservons son expression, parce qu'elle exprime fidèlement la position que prit son corps sous la charge qu'il eut
h supporter. Quand on le délivra, il avait, en effet, la tête
en tre les genoux, et les jambes se trouvaient relevées verf;
les épaules. La masse de terre, dont le malade estime le
poids à deux ou trois cents kilogrammes, portait principalement SUl' son dos et le comprimait d'arrière en avant,
comme s'il etlt été serré dans un étau. 11 éLait dopuis vingt
minutes dans c Ue position quand. on l'en tira: il pouvait
ncore parler, mais il était sans mouvement; on le souleva
par les bras; on allongea ses jambes, qui étaient comme
mortes, mais qui n'avaient rien perdu de leur sensibilité.
On le pla a sur un brancard, el. on le transporta chez lui.
Lespingal fut aussitôt saigné et ventousé; mais son état
était si grave, que le médecin appelé pour lui donner des
soins l'avait , dit-il, abandonné. Cependant, un certain
temps s'étant écoulé sans autre accident, M. le docteur
Legrand, de Metz, fut mandé en consultation, et le transport à l'hôpital fut décidé. Au bout ge six semaines de
maladie, les extrémités inférieures avaient alors compléImuent perdu la faculté de se mouvoir, mais leur sensibilité était toujours intacte. On eut recours, sans succès,
aux frictions avec des liniments de toute spèce et à l'huile
de foie de morue prise à l'intérieur.
En 1850, Lespingal se Jit porter à Plombieres. Il lui
était absolument impossible de faire un pas; on/habillait,
on le déshabillait, et on le portait a~t bain. Il affirme avoir
éprouvé une amélioration immédiate, même après quel-
�80
l'A1IAPLÉG IE.
ques jours de traitement; et quand il quitta l'hôpital, il
pouvait déjà faire le tour de son lit, en s'appuyant sur le
bore1. Six semaines plus tard, et de retour chez lui, il
commença à marcher avec des crosses.
Depuis cette époque jusqu'au moment où nous l'interrogeons, il n'a suivi aucun traitement; nous le trouvons
dans J'état suivant:
Les jambes sont froides, lourdes, amaigries et agitées
par un tremblement musculaire appréciable à l'œil; elles
ont conservé leur sensibilité normale; les orteils seuls son t
sujets à des crampes douloureuses; le pouce est contracté
sous la plante du pied. La station debout développe une
douleur profonde dans la région lombaire; Lespingal croit
que son échine veut rentre?' au dedans de lui. Muni de ses
deux crosses, il marche de la manière suivante: il élève
perpendiculairement une de ses jambes, fléchit le genou,
et tout aussitôt le pied, donL la pointe esL dirigée en bas
et un peu en avant, vient par son propre poids tomber
sur le sol, comme un corps inerte. S'il rencontre quelque
obstacle, un retentissemenL douloureux se fait sentir dans
les lombes.
La colonne verLébrale est le siége d'une difformité trèsmarquée : vue dans sa to Lali té , elle présente une incurvation latérale; les apophyses épineuses des septième eL
huitième vertèbres dorsales forment une saillie assez considérable; la verLèbre inLermédiaire paraît n'avoir subi
aucun déplacement ni aucune auLre lésion. On peut percuter eL presser toute cetLe région, sans déLerminer la
moindre douleur; mais il n'en est pas de même de la région sacrée, qui est le siége d'un sen Liment de compression, (lvec picotements dans les reins. Lor qu'on engage
le malade à fléchir le corps en avant ou à Je redresser, il
�81
PARAPLÉGIE.
le faiL par un mouvemenL d'ensemble, comme lout d'une
pièce, et non par le jeu naturel des verlèbr s les unes sur
les autres. Il éprouve aussi quelques difficultés à incliner
laléralement le tronc, surlout du côté droit. Enûn, il ressent II la base de la poitrine une conslr-iction en ceinlure.
Les extrémités supérieures sont daus l'élat naturel.
Les sens sont inlacts; la bouche est droite; le malade ne
se plaint jamais de douleur de Lê te ; cependant, il a de
fréqu nts vertiges.
A aucune époque le la maladie, il ne s'est manife té de
battements de cœur, de vomiss ments, elc., etc.; les selles
sont régulières et la mictul'ilion s'accomplit naturellemenl.
Le traitement thermal consiste en bains tempérés, en douches, en étuves, partielles sur les jambes et en demi-bains;
à l'intérieur, on prescrit l'eau des Dames. - Au bout de
deux jours, une diarrhée survient; on la combal par de
l'eau de riz et des lavements laudanisés, sans discontinuer
l'usage de l'eau minérale. Le sixième jour, cet accidenl
s'arrête, pOUf ne pIns reparallre p ndant le reste du traitement.
Lespingal quitte Plombières le 1e, juillet, avec une amélioration marquée. Il n'a plus le moindre vertige; la ceint.ure costale a disparu, les -rampes des ofteils se sont
dissipées; les jambes sont moins froides, moins lourdes et
moins sujettes aux tremblements; les bâtons ont remplacé
les crosses; les pieds, retenus plus facilement par le
coude-pied, ne retombent plus sur le sol avec la même
inerLie.
Quand la paraplégie résulte d'une compression brusque
ou de quelque autre blessure grave de la moelle épinière,
la sensibilité disparaîL ordinairement en même temps qlle
6
�PARAPLÉGIE.
la motilité. Dans le cas que nous venons de citer, il n'en a
pas été ainsi, quoique la compres. ion ait été assez violente
pour déterminer immédiatement la paralysie du mouvement. Quelle explication donner il ce fait? Faut-il admettre
que celte compression a porté uniquement sur les faisceaux antérieurs de la moelle épinière et que ses colonnes
postérieures n'ont pas été intéressées? En l'absence de
tout examen nécroscopique, ce n'est là sans doute qu'une
conjecture, mais elle emprunte quelque probabilité il des
faits comparables an nôtre et snI' lesquels l'autopsie cadavérique a jeté la lumière qui nous rait ici défaut. Telle est,
entre plusieurs observations citées par Olivier (d'Angers),
celle qui concerne un porteur l'cau chez lequel il existait
1Ine saillie considérable des apophyses des onzième et louzième vertèbres du dos, survenue à la suite d'une contusion
de la région dorsale. Cet homme eut à l'instant m()me une
paralysie dn mouvement du membre inférieur, avec conservation de la sensibilité. L'ouverture du corps permit de
constater qu'il existait un écartement de deux travers ùe
doigt entre les apophyses de ces vertèbres, ct que le corps
de l'une d'elles, repous é dans le canal vertébral, était
venu comprimer les cordons antéri urs de la moelle épinière.
De tous les symptômes de la paraplégie, celui qui la
caractérise le mieux, c'est la paralysie du mouvement,
soit qu'en attaquant 1 s deux membres 11 la fois elle se
prononce plus complétemenl sur l'un que Slll' l'autre, soil
qu'elle se borne à un seul m mbre ou même 11 un seul
système de muscles, comme on le voit dans les cas les
moins fâcheux, lorsque les racines ùes nerfs son t affectées
�83
PARAPLÉG1F..
d'un seul côté du corps. L'exemple suivant vient confirmer
cette dernière remarque.
OBSERVAT ION N°
13.
Pnralysie bornéc au membre il1ferieur gauche; do~tleur
sur un point t?·è.~-bien
limité de la région lombaire.
Nicolas (Nicolas), charpentier-mécanicien, de Rambervillers, flgé de 50 ans, de constitution vigoureuse, de tempérament nerveux et sanguin, arrive aux eaux de Plombières le 5 juill t 1853.
Nous n'avons rien de particulier il noter sur sa parenté.
Il habite une maison saine; il est devenu malacle, il y a
sept ans, dans les circonstances suivantes:
En travaillant dans un chantier, il nt Ull efi'orl violent
pour lever une pièce de bois assez lourde. Ses pieds se
trouvant alors inégalement placés sur le sol, toute sa force
se concentra dans la jambe gauche, et il sentit aussitôt
une douleur vive, déchirante, sur un point qu'il pouvait
recouvrir avec l'extrémiLé de son pouce et qui correspondait à la quatrième vertèbre lombaire. En pn,:ssant un peu
fortement sur ce point, on développait de la douleur jusque
clans la cuisse et la jambe gauches; cependant, tout
travail ne lui était pas absolument impossible; il pouvait
encore marcher, mais 11 traînant la jambe, qui s'allaiblissait de plus en plus. Peu à peu, à la douleur ftxe et
très-limitée qu'il ressentait dans les lombes vinrent se
joindre des douleurs sourdes et continues dans le sacrum,
avec élancements dans le talon, fourmillement à la partie
interne de la cuis e, et sensation de froid sur les deux
�84
PARAPLÉGIE.
jambes. Le genou gauche était le siège d'une vive douleur,
sans rougeur ni tuméfaction; la station debout était diOicile, et le coude-pied était serré comme 1Jal' 7tne guét1'(' ;
bientôt la marche devint progressivement impossible, la
douleur des lombes s'él ndit il la partie moyenne du dos,
la ceintnre abdominale se fit sentir, et le malade fut tourmenté par des envies d'uriner qui se renouvelaient à
chaque instant; les selles étaient faciles; il n'y avait ni
palpitations, ni gêne à respirer.
Les sens étaient parfaits; il n'y avait ni maux de tête,
ni étourdissements.
Arrivé à celle période de la maladie, icolas, ne pouvant plus raire un pa , fut obligé de sc mettre au lit. Il y
l'esta trois mois; pendant cc temps, il fallait le soutenir
par le bras quand il se levait; cependant, sa situation avait
fini par s'améliorer peu à peu; la ceinture abdominale
avait diminué, la doul eur du sacmm s'était dissipée, et il
commençait à aller ct venir dans a chambre.
Les seuls remèdes employés durant ces trois mois
furent ùes vésicatoire, des ventouses et des frictions avec
de l'eau-de-vie camphrée ct des pommades stimulantes.
Depuis plus de six ans, Nicolas a tout il fait manqué de
soins; nous le trouvons clans l' état suivant:
Le genou gauche est douloureux, sans rougeul' ni gonflement; le malade ne peutie plier, parce que, dit-il , les
muscles de la cuisse sont mor·ls. Il lui est impossible d'élever le pied pOUl' monter un escalier. La jambe lout entière
est faible ct tremblante, surto ut pendant la station debout;
elle est parcourue de temps en temps par des élancements
el par des soubresauts qui partent de la région des reins.
11 existe, en arrière, sur le rachis, une doul eur qui correspond aux troisième et quatrième vertèbres des lombes.
�PA\lAPI,tGIE.
85
Cette douleur s'aggrave lorsqu'on presse les apophyses
épineuses de ces vertèbres, et elle s'irradie tout aussitôt
su r plusieurs points correspondants: 1. 0 à la partie antérieure et interne de la cuisse; 20 à la partie antérieure de
l'articulation du genou; 3Q à la face interne de la jambe
ct du pied, et 110 au muscle couturier. Ces irradiations
douloureuses, déterminées à volonté par la pression, nous
font soupçonner que le siége de la maladie existe dans la
moelle, à l'endroit où s'insèrent les racines des nerfs
lombaires destinées à donner naissance au nerf crural.
La sensibilité de la jambe gauche et surtout de la cuisse
est très-obtuse; celle de la jambe droite et des bras ne
présente aucune altération .
. Nous n'avons rien de particulier à noter du côté de la
tête, de la poitrine et du cœur. - Il n'existe plus de sensalion de constriclion autour du bas-ventre; le malade a
des selles journalières, et les envies fréquentes d'uriner
qui le tourmentaient n'ont pas reparu depuis longtemps.
Pendant son séjour à Plombières, il prend vingt et un
bains tempél'és, vingt douches, et, chaque matin, deux ou
trois verres d'cau de la source des Dames. li part le
28 juillet sans avoir éprouvé d'autre amélioration qu'une
diminution noLable de l'insensibilité de la jambe malade.
C'est, en général, dans les viscères et dans les muscles
dont les nerfs propres prennent naissance au point malade
de la moelle épinière, ou au-dessus de ce point, que se
manifeste d'abord la paralysie; lorsqu e, plus tard, on la
voit monter des extrémités inférieures à la vessie, au
rectum et même à des parties beaucoup plus élevées, dont
les nerIs prennent naissance au-dessus du siége de la
lésion, on doit présumer: ou que les conséquences de
�86
PAHAI'LÉGIE.
ceLLe lésion se sont étendues au delà du point primitivement malade, ou que le foyer d'innervation propre à la
moelle s'est lui -même afTaibli de plus en plus.
Oll a pu voir par quelques-unes des observations déjà
citées, que l'abolition des mouvements volontaires dans
les extrémités inférieures n'empêchait pas les muscles de
ces parties d'être parfois le siége de mouvements et de
spa~mc
involontaires, de contractions permanentes ou
simplemen t passagères, accompagnées de douleurs faibles
ou violentes dans les membres eux-mêmes, ou sur un point
quelconque du rachis. Ces mouvements involontaires ont
ordinairement un caractère parl.Îculier de trémulation, et
ces con tractions portent le plus souvent sur les muscles
néchisseurs. Quoiqu'il soit difficile, sinon tout à rail impossible de suivre la connexion qui existe entre ces symptÔmes et la lésion à laquelle ils sont dus, les pathologistes
s'accordent cependant à les attribuer à l'irritation ou à
l'inflammation de la moelle, de ses enveloppes ou de la
racine des nerfs, que cettc. inflammation soit idiopathique
ou qu'elle ùépende de l'une des altérations nombreuses
auxquelles se rattache Hon-seulement l'histoire de la
paraplégie, mais encore celle de la plupart des paraI ysies.
On doit rechercher les causes pathologiques de la paraplégie dans les lésions qui produisent les malaùies de la
moelle épinière en général. Ce sont: l'irritalion prolongée
de la moelle, sa pression par un foyer sanguin, ses commotions; la congestion des tissus spinaux; l'intlammation
tles cordon rachidiens ou de ses membranes; les conséquences de celle inflammation, spécialement les épanchements de lymphe coagulable etl'incluration; les ramollissements de quelque nature qu'ils soient; l'inJlammation,
�PAR APLÉG IE.
87
l'exostose, l' ankylose ct la carie des verlèbres; les tubercul es et les tumeurs qui in té r e ~s e nt la moelle et ses en veloppes; les Il ydatides, les fongus, etc. , etc.
Parmi ces altérations, il en est qui se rattachent aux faits
que nous avons recueillis à Plombièr es ; c'est à celles-là ,
seulement, que nous devons nous arrêter. Nous parlerons
d'abord de la commotion de la moelle épinière.
��CHAPITRE III.
COMMOTION DE LA MOELLE i:PINIÈRE.
La commotion de la moelle épinière peul être la conséquence de coups porlés directement sur la colonne verlébraie, ou de chutes sur les pieds, sur les genoux, sur les
fesses ou sur le sacrum. On l'a vue résulter d'une forte
succussion du corps, à la suite d'un saut, d'un choc violent, ou même d'un faux pas.
Les symptômes de cette maladie varient suivant la naLure et l'intensité de la cause qui l'a déterminée. Si l'ébranlement a été faible, il ne se manifesle qu'un trouble
passager caractérisé pal' le refroidissement de la peau, la
pâleur du visage, l'irrégularité de la respiration, l'affaiblissement du pouls et la syncope. Si, au contraire,
l'ébranlement a été violent, entre les symptômes que nous
venons de décrire, on constate, isolément ou simultanément, la perte des mouvements et de la sensibilité, la
rétention ou l'incontinence d'urine, les selles involontaires, etc., etc. - Hâtons-nouS de dire, cependant, que
�90
COmiOTION DE LA ~iOEL
ÉPINIÈRE.
les accidents les plus graves succèdent quelquefois à la
cause en apparence la plus légère, et que l'organisation
délicate de la moelle peut être vivement affectée sans que
Ja colonne vertébrale qui la protége présente aucune
espèce de blessure. Examinée à la suite des commotions
les plus violentes, il peul arriver que la moelle n'offre pas
d'altéra tion capable d'expliquer la mort rapide qu'elles
ont produite. Dans les cas de cette nature, il eSl présumable
que le tissu intime de cet organe a subi une lésion incompalible avec l'accomplissement de ses fonctions, mais
tout à fail inappréciable pour nous. Dans les cas les plus
ordinaires, surtout si la mort n'arrive que longtemps après
l'accident qui a déterminé la commotion, on tl'ouve
diverses altérations: tantôt des Lraces d'épanchement dans
la cavité des méninges, tanLôt un ramollissement du cordon
rachidien avec ou sans inllammation, et quelquefois un
mélange des substances blanche et grise qui le consLituent, etc., etc. Nous allons citer quelques observations
de commotion de la mO,elle,
OBSEHVAl'lON NO
1~.
Coup de pied sur te vent1'e, ch~tle
sur te siége: paralysie
complète du mouvement .. pa1'Cllysie incomplète du sentiment; lJamlysie de la vessie et du 1 'ect~1n
,
Emmanuel Jacquot, d'Épinal (Vosges), âgé de ~6 ans,
voiturier, de constitulion très-vigoureuse, de tempéramenl sanguin, arrive à Plombières, le 6 juillet 1853, pour
s'y faire soigner d'une paralysie qui date de six mois. Il
�COMMOTION UE LA MOEJ"LE ÉPINIÈRE.
habile une maison saine; il ne nous apprend rien de son
père, qu'il a perdu il y a fort 10ngLemps ; sa mère est morte
asthmatique. Lui-même étaiL de fort bonne sanLé avant la
circonsLance dont nous allons parler,
Emmanuel Jacquot éLait debout eL plaisanlait avec un
hommll ivre qui, au milieu des propos discordants qu'il
Lenait, lui diL Loul à coup gn'il allait le .flang~w'
sn1' le
dos; il le saisiL en elTcL par Je colleL de sa blouse; mais au
même momenL il perdiL l'équilibre et Lomba brusquemenL
en arrière; dans sa chut.e, ses pieds se relevèrenL, vinrenL
l'rappel' Emmanuel au milieu du ventre, eL le firent tomber
lui-même sur le siége, Emmanuel l'esta dans ceLLe posiLion
sans pouvoir se relever; ses bras et ses jambes avaienL
perdu tonL mouvemenL; sa respiration éLait excessivemenL
gênée; une sueur froide couvrait son corps, et quoiqu'il
n'eûL pas perdu COll naissance, il ne pouvaiL parler qu'avec
peine, Lant. sa langue élait. embarrassée. Relevé el porlé
chez lui, il fut mis au lit; quarante-huit heures après, il
n'avait plus de gêne dans la parole; il resta six semaines
couché, sans remuer, eL pendanL trois semaines il n'alla
11 la selle qu'à l'aide de lavemens purgatifs, et n'urina
qu'au moyen d'une sonde, Trois mois s'écoulèrenL durant
lesquels on le porLaiL de son lit dans un fauLeuil. Depuis
l'exLrémiLé des orLeils jusqu'au bas des côtes, il avait
perdu le sentimenL eL le mouvemenL; ses mains éLaient
égalemenL paralysées jusqu'au poignet, Un peu plus tard,
il commença à marcher avec des crosses, mais il éprouvait la plus grande peine à se tenir. ùebouL; se:! jambes,
agiLées par des tremblemenLs continuels, néchissaient sous
Je poids de son corps, eL s'il persistait à vouloir resLer sur
sos pieds, ill'esSonLaiL aussiLôL des crampes douloureuses
qui le forçaient à se laisser Lamber.
�92
C()M~lOTIN
DE LA MOELLE tPINut RE.
A son arrivée à Plombières, nous trouvons Emmanuel
Jacquot dans l'état suivant:
Les mains, surtout la gauche, sont froides et paralysées;
elles ne se ferment pas, et on peut les piquer dans toute
leur étendue sans que le malade en ait conscience. Sur
l'avant-bras, la sensibilité est simplement aITaiblie. Les
jambes sont lourdes, débiles, tremblantes et constamment
glacées; elles sont parcourues par des crampes et agitées
par de fréquents soubresauts; leur sensibilité est obtuse.
La marche est pénible, même avec une béquille, donl le
malade ne peut se séparer. Dans la colonne vertébrale rien
n'indique l'existence de fracture ou de déplacement de
quelque vertèbre; la pression de leurs apophyses épineuses
ne réveille aucune douleur, mais la flexion du tronc en
avant est extrêmement dilIicile. La station debout développe dans la région lombaire une roideur inlolérable qui
s'étend sur les parois abdominales et qui le sangle, dit
la peau de
Emmanuel, de manière à lui faire croire (1 q~le
» son ventre est sondée à son échine. » La constipalion est
opiniâtre; la rnicturition s'accomplit sans le secours d'une
sonde; mais dès que le besoin d'uriner se fait senLir, il
faul y obéir, sous peine de se salir: l'inconlinence a succédé à la rélention. La voix est un peu rauque et la respi~
ration légèrement gênée, mais sans palpitation de cœur.
Les sens sont tous bons; il n'y a pas de mal de têle; la
bouche est régulière, la langue est droite, la parole n'est
plus embarrassée, la sensibilité de la face est intacte.
Emmanuel Jacquot prend vingt et un bains, dix-neuf
douches générales, des ùouches ascendantes, et, chaque
jour, quatre à cinq verres d'eau. Le 8 juillet, avant SOli
déparl, nous l'interrogeons sur les résultals de ce lraitement; il répond: (( Les eaux m'ont fail grand bien: la
�COMMOTION DE LA ~IOEL
ÉI'N
~ n E.
93
l'oideur que je ressentais dans les reins a diminué, en
même temps que le sanglé autour du ventre; je puis me
» baisser aisément, ce qui m'était impossible en arrivant;
II je plie mes doigts, je ferme les mains et je serre,. mes
II jambes sont moins lourdes et plus fortes; je parviens à
» rester debout sans éprouver de tremblements, et les
II crampes ne r viennent que de loin en lofn; je marche
» avec moins de fatigue, et je n' éprouve plus qu'un léger
II refroidissement des jambes et des mains. ))
Nous constatons que la sensibilité est beaucoup moins
obtuse sur tous les points Ol! elle étaiL diminuée, ou même
tout à fait abolie.
La commoLion survenue chez Emmanuel Jacquot a causé
tout 11 coup, COlnme on le voit, la perte, du sentiment et du
mouvement dans les mains, dans les jambes et dans la
partie inférieure du tronc. 8n même temps, la parole s'est
embarrassée, el les fonctions ùu' rectum et de la vessie se
sont anéanties. Ln secousse s'est donc étendue jusqu'au
cerveau, mais l'intégrité des facultés intellectuelles et surtout la disparition rapide du bredouillement prouvent que
de ce côté la commotion s'est dissipée sans avoir développé d'altération plus grave. Du côté de la moelle, au
contraire, J'ébranlement paraît avoir été plus violent el
avoir déterminé W1e inflammati on chronique, à laqu \le on
peut attribuer la persistance des syinptômes paraplégiques.
C'est là, du reste, un e suite fréquente des commotions
de la moelle épinière, lorsqu'elles n'occasionnent pas la
mort. - Nous en trouvons un exemple dans le cas suivant.
II
II
�94
COMMOTION D~
LA MOELLE ÉPINI ÈRE .
OBSERVATION NO
15.
Chute d'~tn
troisième étage,. Facture de la jambe gauche;
commotion de la moelle; paraplégie subite et complète;
pa1'Ctlysl:e du rectum, et de la vessie.
Fridrich, maçon, de Nancy, âgé de 28 ans, de consLilution vigoureuse, entre à l'hôpital de Plombières, le 7 juillet 1853.
n y a dix mois, Fridrich 'fll une chute d'un troisième
étage; quand on le releva, il avait la lèvre inférieure écrasée, le front entamé, la jambe gauche fracturée et la jambe
droite violemment contusionnée. Du reste, il n'avaiL pas la
conscience des douleurs que devaient causer de pareillef;
blessures des eXlrémités, car on pouvait les piquer ou les
pincer sans qu'il le senlît; et il lui était impossible de les
remuer, quoiqu'au moment de sa chute il n' ûL éprouvé
qu'un peu de stupeur, qui s'était assez promplement dissipée. Il fut transporté il l'hôpital de Nancy, où il resLa
couché pendant six mois, n'urinant qu'au moyen d'une
sonde et n'allant à la selle qu'après avoir pris des lavements. Durant ce séjour au Jil, le sacr~tm
devint le siége
d'une large eSCa1're, avec décoUement de la peau, ce qui le
mil dans l'obligation de resLer couché constamment sur le
ventre, autour duquel il lui semb.lait avoir comme un chapelet légèrement serre,
L'examen auquel Fridrich sc soumet nous permet de
constater les traces d'une fracture complète de sa jambe
gauche, à son liers inférieur, ct de deux ouvertures fistuleuses qui ont suppuré pendant deux mois, mais qui sont
�CO!nlOTION DE LA ~IOELF.
ÉPINl~RE.
9,)
aujourd'hui cicatrisées. Les mouvements des deux articulations tibio-tarsiennes, surtout de la gauche, sont extrêmemenL difficiles; la marche s'eITectue péniblement avec
deux béquilles ; le malade croit poser ses pieds sur du coLon; ses jambes sont faibles, roides, amaigries, Lremblotantes, agitées par des soubresauts et parcourues par des
élancements doulomeux, plus inlenses et plus fréquents
chaque fois que le Lemps change. Très-souvent aussi, des
crampes sc fonl senLir dans les mollets et dans les muscles
du dos. Les bras onl conservé leur sensibiliLé normale;
mais ils ont perdu beaucoup de force.
La colonne vertébrale ne présenLe aucune trace de blessure; la pression exercée sur les apophyses épineuses des
vertèbres, depuis le col jusqu'à la dernière lombaire, ne
détermine aucune douleur, mais elle cause sur ce point
une sensaLion de roideur qui se propage sur les fesses el
jusquc sur les cuisses.
La miclnrilion cst involontaire, ct quelques cuillerées
d'urine s'écoulent loutes les [ois que Fridrich, venant 11
étendre les jambes, place les parois abdominales dans un
étaLde Lension qui réagit sur la vessie, frappée d'inertie.
Les selles sonL rares; le sphincter de l'anus ne relient plus
les lavements.
La sensibilité esL extrêmement obtuse sur les quaLre
derniers orLeils du pied gauche et sur la partie poslérieure
des cuisses; elle est l.olalemenL aboli e sur les fesses.
Quand Fridrich s'assied, il croit toujours se poser sur un
siége recouvert d'un tapis épais; on peut pincer la peau
du venLre tout aulour du bassin et arracher des poils du
pubis et du scrotum sans causer la moindre douleur.
La respiration est libre; les fonctions du cœur sont normales.
�96
CO)IMOTION DE LA ~IOEL
ÉPlNIF.RF. .
Les sens sont intacts, à l'exception de la vue, qui s'est
légèrement affaiblie; la face est régulière et sensible aux
piqûres; la parole est naturelle.
Fridrich prend vingt et un bains, vingt douches, et une
étuve. Il quitte Plombières sans avoir obtenu d'autre amélioration qu'un peu plus de souplesse et de légèreté dans
les articulations tibio-tarsiennes.
Ici, la lésion de la moelle épinière paraît avoir exercé
particulièrement son influence sur les filets des nerfs sacrés et du nerf sciatique. On peut suivre, en effet, la paralysie dans les rameaux du nerf honteux interne et du
petit sciatique, dans les rameaux des nerfs fessiers, et dans
ceux du grand sciatique. Outre cela, notre malade a présenté une particularité qui a déjü fixé plus d'une fois
l'allenLÏon des observateurs ; nous voulons parler des
escarres de la région sacrée. On sait que ces escarres se
manifestent fréquemment dans les maladies de longue durée, qui obligent à rester constamment sur le dos, et l'on
explique alors leur formation par la compression locale eL
prolongée du tissu cutané. Mais la rapidité avec laquelle
elles surviennent dans les affections dont nous nous occupons tend à faire supposer que leur apparition, dans ce
cas, se rallache plus directement aux altérations de la portion inférieure de la moelle qu'à une gône de la circulation capillaire, déterminée par une simple compression.
Martinet rapporte un cus ùe commotion de la moelle
dans lequel l'emploi des eaux de Plombières a été suivi du
résultat le plus favorable.
OBSERVATION N°
«
16.
Un jeune homme de 16 ans, dit-il, fort 'grand pour
�97
COMMOTION DE LA MOELLE ÉPINIÈRE.
son iige et extrêmement vif, était tombé d'un lieu trèsélevé SUI' un corps fort dur, de manière que la région
» de l'os sacrum et les talons avaient essuyé une commo» Lion et une contusion violentes. Il s'en était suivi la pa» ralysie des extrémités inférieures et celle de la vessie.
)) A son arrivée il Plombières, un mois après son acci» dent, la paralysie de la vessie n'existait plus, il urinait.
» à volonté; mais celle des extrémités inférieures était
» complète. Le jeune. homme ne pouvait ni se tenir df'» bout, ni assis. 11 fallait qu'il (ùt continnell ement couchf>.
» I.a sensibilité, ainsi que les mouvements, étaient presqllll
» nuls. Je fis baigner et doucher le malade. Il restait
» deux et trois heures dans un bain un peu chaud, et l'on
» (aisait lomber la douche sur loule la colonne vertébrale
» et les extrémités, ensuite on frictionnait ces parLies.
» Au bout de vingt et nn jours de ce trai tement, il obtinl
" un mieux sensible. 11 parvint à sc tenir assis sur un fautelùl penda~
trois heures; il avait plus de force et de
)) sensibil ité dans les extrémités paralysées. Ce jeune ma» lade est revenu aux eaux deux années de suile, el tous
les ans le mieux s'est augmenté considérablement, au
)1 point qu'il marche maintenant sans bâton. »
)1
Il
1)
Il
Les secousses de la colonne vertébrale n'ont pas toujours des conséquences aussi graves que celles dont il
vient d'être question . .- Voici un cas dans lequel les accidents se sonl bornés à quelques symptômes en apparence
peu importants, mais se raltachant cependant, sinon à une
'ommolion de la moelle, au moins à une succussion de la
colonne vertébrale, déterminée par un Caux pas fail en
descendant un escali er.
7
�98
COMMOTION DE I.A MOELI,E RJ>IN IÈRF..
OBSERVATION NO
17.
SttrCha1'ge,. faux pas en descendant un escalier,. 1'etenti:;sement dans la région lombaire,. faiblesse et tremblement des jambes,. [ounn.illements douloureux dans les
hanches et dans le dos.
Marguerite Aubry, de Saint- Loup, journalière, âgée de
40 ans, de bonne constitution, née de parents bien portants, entre à l'hôpital de Plombières le 1.8 mai 1853.
Elle est devenue malade, il y a quatre ans, dans les circonstances sui van Les.
Après avoir chargé sur ses épaules un sac qui pouvait
peser une trenLaine de kilogrammes, Marguerite Aubry
eut à descendre un escalier dont les marches étaient beaucoup plus haute.ç qu'elle ne le croyait; elle fit un faux pas
et ressentit aussitôt dans ln région lombaire upe violenLe
secousse; elle chancela et ne put aller plus loin. Ali même
instant ses jambes s'alTaiblirent, cL il se manif sLa une
douleur sourde, contusive, et bien localisée au niveau des
deux dernières vertèbres des lombes. Pendant les premiers jours qui suivirent ccL accident, Marguerite avait un
malaise général indéfinissable, uvec tremblement ùes jambes. Huit jours plus tard, la douleur des lombes, accolt/pagT/de deJoul'lIIillr'ments, s'était étendue tout il la fois entrl
~
les deux épaules, dans la profondeur du ventre et sur les
han ches. Le tremblement et la faiblesse des jambes ne
tardèrent pas à dispar<JÎLre, mais les douleurs dans le dos
et dans les lombes onL toujours persi té. A. son arrivée à
Plomhières, nous trouvons Marguerite A.ubry dans l'état
su ivant :
�COMMOTION DE LA MOELU: ÉPINIÈIIE.
99
Douleur profonde al! niveau des quatre dernières vertèbres des lombes, s'étendant jusque dans les hanches, lorsqu'on presse sur los apophyses épineuses; douleur moins
vive sur un point du dos correspondant aux sixième et
septième vertèbres dorsales; les mouvements d'abaissement
ct de redressoment du tronc exagèrent ces douleurs.
Quand Mal'guerit veut se baisser, elle est obligée de commencer par mettre nn genou en terre. Quelque soin que
nous apportions à l'exploration de la colonne vertébrale,
nous ne pouvons découvrir aucun déplacement, aucune
tuméfaction des vertèbres; la malade se plaint de (ourmillements constants au creux de l'estomac, sur les hanches et au milieu du clos. Elle n'a plus de faiblesse dans les
jambes; elle se tient facilement. debout; elle va à la
selle, eL elle urine régulièrement.
Dès l'origine de la maladie, on a cu recours aux applicalions de cataplasmes el de vésicaLoires, mais toujours
sans succès. Pendant le séjour que Marguerite Aubry
fait à l'hôpital, on emploie les ventouses scarifiées loco
do/pT/li,. elle preml des bains tempérés, des douches, des
étuves, et, chaque matin, trois verres d'eau de la source
des Dames, en boisson.
Le 7 juin, elle quitle Plombières sans amélioration.
On remarquera, sans douLe, que les symptômes qui caractérisenL la commolion de la moelle, c'est-à-dire la pnraly ie du mouvemenL on de la sensibilité, la constipation,
l'inconLinence ou la rétention d'urine, ont manqué absolument.
A quoi tenaient la faiblesse et le tremblement des jambes
qui survinrent en même temps que l'accidenL, et qui disparurent quelques jours après? Étaient-ils dus il un ébranlement de la moelle, à une congestion passagère? A quelle
�100
COMMOTION DE LA MOELLE ~ ; I'NÈR
E.
cause palhologique convient-il d'attribuer les fourmillemenls conslants qu'éprouve aujourd'hui Marguerite Aubry?
Peut-on admettre aussi qu'ils dépendent de la secousse
imprimée à la subslance médullaire? Mais alors on s'explique difficilement pourquoi ces symptôme3 n'apparurent
que quelques jours après l'accident, et pourquoi ils ont
persisté après que la faiblesse des extrémités inférieures
se fut dissipée. Tous ces phénomènes morbides seraientils la conséquence d'un déplacement de quelque vertèbre?
Nous n'avons pu parvenir à le constater. Mais si cela était,
on ne pourrait plus comprendre la disparilion isolée dll
tremblement des jambes. Ne se peut-il pas que la succussion de la colonne vertébrale ait occasionné un ébranlement léger de la moelle, cause passagère de la faiblesse et
du tremblement des jambes, el en même temps un liraillement des faisceaux ligamenteux suivi d'inllammation
chronique et de gonllement des tissus intervortébraux,
cause permanente de compression de quelques-uns des
nerfs dans les trous de conjugaison, qui expliquerait tout
à la fois les fourmillements dont la malade se plaint conCJu'elle éprouve à
stamment, et la d'UJiculte d01tloure~s
Jléchir ct il redresser le tronc? Ces questions, difficiles à
résoudre, font voir comment, Sâns considérer j'observation
de Marguerite Aubry comme un cas absolu de commotion
de la moelle, nous avons été amené à la faire figurer à la
sulLe de celles qui précèdent, comme un exemple, comm
une nnance, si l'on veut, des accidents variés qui peuvent
succéder aux succussions du rachis.
�CHAPITRE IV.
DÉVIATI0llS DE LA COLONNE VERTÉBRALE.
Les déviations rachidiennes qui tiennent à d'autres
causes qu'à des changements de structure du corps des
vertèbre' se présentent sous trois formes différentes:
) 0 la courbure postérienre ou eXC1t1'vation, il convexité dirigée en dehors ou en arrière; 2° la courbure antérieure
ou incurvatiun, il convexité dirigée en avant et en dedans;
3" la courbure latérale, à convexité dirigée de l'un ou de
l'autre côté, mais plus fréquemment à droite.
I.a courbure postériwre .affecte principalement les portions dorsale et cervicale du rachis. Lorsqu'elle est trèsprononcée, la partie antérieure du corps de chaque vertèbre est un peu aplatie, surtout au centre de la courbure;
les apophyses transverses et les apophyses épineuses sonl
plus écarlées les unes des altre~,
et les parties ligamentellscs qui le uni 'sant se trouvent exagérément distendues.
Quelquefois, les côte rentrent en dedans, le diamètre
transversal de la poitrine est diminué, et le sternum est
�102
VEVIA'flONg DU RACIIIS.
poussé en avanL. Dans d'autres cas, cet os rentre en dedans, la courbure des côtes devient plus saillante en dehors, et le rétrécissement du thorax porte sur son diamètre
an téro-postérieur.
Quand l'excurvation alrecle la région lombaire, chose
pOUl' ainsi dire exceptionnelle, l'angle sacro-vertébral
s'elIace, et le bassin, dont les bords deviennent horizontaux, se trouve à peu près SUl' le même axe que la colonne
vertébrale.
La courbure antérieure du rachis e t peu fréquente.
Lorsqu'elle ûccupe les vertèbres dorsales, elle détermine
lino difformité très-marquée de la poitrine; l'angle postérieur
des côtes dépasse le rachis en arrière, et, à moins que le
sternum ne soit poussé en avant, ce qui est rare, le dia··
mètre antéro-postérieur du thorax se Lrouve diminué.
Lorsque la courhure antérieure a son siégc sur la région
lombaire, elle est quelquefois si légère, qu'elle peut passer
pour une simple exagération de l'incurvation naturelle de
celle partie; quand elle e t plus prononcée et tout à l'ail
fixée sur les dernières vertèbrcs des lombes, de manière
à former un angle avec le sacrum, elle peut avoir de graves conséquence:; dans l'acle de Ja parturition.
La courbure latérale est la l'orme la plus fréquente des
déviations. Quanù elle n'ocCllpe qu'une seule région du
rachis, elle esl dite simple; Illais elle a une grande tendance à se montrer sur plusieurs points à la rois, ct alors
on l'appelle doublf'. Dans cc dernier cas, la première
co urbure ou courhure cervicale a généralemen t sa convexité à gauche; elle comprend ol'd.inairement Jes dernières verlèbres cervicales cL les deux ou trois promières
dorsales. La seconde, ou cou rbure moyenne, plus visib le
que la précédenLe, a le plus SO ll vent sa convexité à droite.
�1l(.:VIATlONS DU RACllIS.
103
La troisième, ou courbure inférieure, a son siége sur les
v l'tèbres lombaires et SUl' les del'l)ières dorsales; sa convexité est à gauche. La première peul être fort légère ou
mallquer tout à fail, quoique la seconde soil considérable;
mais al01'5 celle-ci s'étend plus haut el celle de la région
lombaire sc montre aussi beaucoup plus marquée. Nou~
devons ajouter, du resle, qu'il est assez rare que toutes
ces courbures soient exclusivemenl latérales, el quil ne
s'y mêle pas un peu de déviaLion postérieure.
Dans les déviations latérales les plus prononcées, la
position des omoplates, des clavicules et du bassin peut
ol1"["i1' des anomalies singulières. Si, par exemple, la courhure intéresse la région dorsale, les côtes correspondantes
~ \ la concavité du rachis sont plus rapprochées les unes
cles autres et quelquefois parLiellement ankylosées; une
des olOoplates est pOLlssée au dehors, tandis que l'autre
rentre pro[ondémenl Cil cl dan·. Les Lrous de conjugaison,
élargis du CÔlé convexe, mais r Ill'écis et presqu oblitérés
du côté concave, exercent sur les nerfs qui les traversent
une constricLion dont les elTels sont parfaitement connus
depuis les observaLions publiées par Morgagni, POl· lai ,
Dugès et M. Chailly, etc. Les malad s sont sujets à des engourdissements, à des douleurs plus ou moins vives, à des
crampes et à un üITaiblissement progressif, bientôt suivi
c1'une émaciaLion de::; muscles animés par les nerfs qui
sortent de la partie concave de la colonn vertébrale.
Les modilicaliOllS de [orme survenues dans 1 s cavités
lhoraciques ou abdominale, sous l'inOuence de ces déviations, amèllent des troubles dans les fonctions des viscères qu'elles conLiE:nlleIll. La difIicult6 de respirer s'élève
quelquefois jusqu'à l'orlhopnée; el l'on voit les pal pitaLions de cœur, et la lenteur ou l'irrégularité du pouls
�104
)}~YIATON
DU I1ACnIS.
coïncider avec l'impossibilité d'élever les côtes du côlé
concave, et de faire une profonde inspiration.
Il est rare cependant que dans les courbures latérales
du rachis, il se manifeste de graves désordres des foncLions de la morUe épinière et de ses' membranes, à moins
que le corps des verlèbres ne s'enOamme ou ne se carie;
mais lorsqu'il en esl ainsi, on voit survenir des douleurs
vivas, des spasme, des contractions des muscles du tronc
el des extrémilés, avec perte du sentiment et du mouvement, ou seulement de l'une ou de l'aulre de ces facultés.
La maladie, qui la plupart dn temps, a pris nai~sce
sur le point le pIns prononcé de la courbure, envahit
quelquefois la plus grande parLie de la moeH e et même le
cerVflau, ct elle finit pal' déterminer des épanchemenls, le
coma et la mort.
Si les déviations du rachis sont légères, ou si, même
C}lland elles sont très-prononcées, elles sonl produites graduC'lJemenL, les viscères s'accoutument peu à peu à Jeur
position anormale, et les malades n'éprouvent aucun trouble fonctionnel, à moins qu'ils ne se livrent à un exercice
violent. Nous trouverons dans J'observation suivanLe
l'exemple cl'Lme déviation prononcée du rachis, compliquéE'
de compression lente de la moolle.
OBSERVATION N°
18.
Déviation cervico-dorsale et lombaire; sllillie de l'01l/0plate droite ; enJonC('1nent de l'omoplate gauche; CO1!/,pression lente de la 1I/oetll' plJinière paralysée; rUathèsc
1·/twnatismale.
Joseph Poignon , <.le Sainl-PielTe-Mont (Vosge), jOllr-
�DÉVIATIONS
nu
RACHI:;.
nulie!', âgé de 26 ans, de constitution forte, entre, le
17 juin, à. l'hôpital de Plombières. La maison qu'il habile
esl humide, adossée à un jardin el lrès-rapprochée du
bord de l'eau. Son père, qui élait de mauvaise sanlé, et
(tont la colonne vertébrale {JI ait. déviée, esl mort du choléra, sa mère est. vivante ct bien portanle. Jusqu'au mois
de novembre 1851, Poignon n'avait jamais ressenti d'aulre indisposiLion que des palpilations de cœur passaO'ères,
quelqlles étourdissements, de l' ngourdissement avec picotements à l'extrémité des doiglS et des douleurs rhumatismales arLiculaires ambulanles. A la suite d'un excès
de lravail 11. la terre, et après avoir été mouillé jusqu'aux
os, il aurait eu, dit-il, une fièvre d'accès avec frissons,
chaleur, soif et délire. A partir de ce moment, il aurait
été rorcé de rester couch6 pendant qualr~
mois, sans faire
le moinrlre mOllvemenl ; il ajoute même qu'il fullait le porter
pOUl' le changer de lit. Au bout de ces quatre mois, il commençait ~\ se lever; mais quinze jours apeine s'étaient écoulé~
lorsqu'i: ful, de nouveau, obligé de se coucher. Il éprouvait alors une sensation de conslriclion au bas des côles
et dans la région des lombes, avec crampes d'estomac,
ver liges et bruissements dans les m·eilles. Ses doigts
élaient froids, débiles, parcourus par des fourmillemenls
conlinuels, et pliés dans le creux de la main. Les bras
étaient rort affaiblis; le gauche surlout, constamment froid
et amaigri, tombanl engourdi le long du corps, ne pouvait
exéculer aucun mouvement el avait pe/'(he toule sens1'bilitè; en un mol, il élait comme mort. Le bras droit était
lui-même si faible, dit le malade, qu'il ne pouvail s'en
servir pour manger. En même telnps, les arliculations
radio-carpienne et mélacarpo-phalangienne du pouce
étaient douloureuses et gonflées. Tous ces symptômes
�106
DÉVIA 1JONS DU nACIIIS.
étaient accompagnés ù'une sensation de brûlure le loug
du rachis, avec douleur fixe dans toute la région cervicale
et 11 la partie postérieure de la tête, dOlltles mouvements
étaient difficiles.
Les jambes avaient également perdu une grande partie
de leurs forces et de leur embonpoint, mais leur sensibilité était restée intacte.
En 1852, Joseph Poignon put se faire transporter à
Plombières; il Y nt usage des eaux pendant vingt ct un
jours, soit en bains, soit en boisson, ct il en obtint une
amélioration déjà fort remarquable. - Quand il retourna
chez lui, son bras gauche avait repris Ù~ la force, ct la
sensibilité s'y était l'établie; il pouvait s'écarter du tronc
contre lequel il était JUStlue-là resté appliqué; il parvenait
m{\me, sans beaucoup d€: peine, il s'élever horizolltalemellt
il la hauteur de la Lête. Les doigts avaient repris une certaine souplesse qui leur permettait de s'éLendre ct de
saisir des corps menus.
CetLe anuée (1853), il son arrivée il Plombières, la maladie de Joseph Poignon olTre les symptômes suivants:
Courbure latérale double ùu rachis, conve'\c il droite
dcpuis les dernières vcrlt\hres du col jusqu'an milieu du
dos; com exc il gauche depuis les trois dernières vertèbres
élévation du sommet de l'épaule
dorsales jusqu'an ~(lcrum;
llroile; saillie considérable de l'angle iuférieur de l'omoplate du même côté; enfoncement dc l'omoplate gauche;
proéminence et tuméfaction rcmarquable des apophyses
épineuses des tluatre vertèbres ùe la région dorsale
moye1lnc; uouleurs asscz vives sur les points correspondants à ces apophyses, lorsqu'on les presse, et surtoul
;
lorsqu'en marchant le malade vient 11 faire un faux pa~
abaissement diflicile du trOllc, gêne de la respiration, pal-
�DÉVIATlO~S
Ill' IIACHIS.
107
pitations de cœur, sentime nt de compression circulaire de
la partie inférieure de la poitrine et de l'abdom en; crampes d'estomac ct constipation.
Du côté de la tête, l'oignon se plaint d'éprou ver des
vertiges, des bourùon nement s d'oreilles, des douleurs névralgiques vagll!'S Cl quehlues picotements sur les hords
ùe la langue.
Le col est roide, les mouvem ents de la tête sont difliciles, les deux bras sont afTaiblis, le gauche est plus maigre ct plus faible que le droit; l'extrém ité de tous les doigts
est le siége de picotements et de sensation de brülnre ;
l'auriculaire gauche cst contrac té dans le creux de la
main, les coudes sont doulour eux; l'articul ation radiocarpien ne droite est déformée, ses ligaments sont extrêmemen t relâché s; la tète du radius, tuméfiée et formant
saillie vers la face pulmonaire, sc déplace d'avant eu arrière, ~elon
que le malade exécute certains mouvem ents
du poignet ; la prelllière articulation phalang ienne du
pouce est gonllée, sans rougeur ni douleur .
Les deux jal1lhes S ~ lt débiles et tremblantes ; mais la
faiblesse est plus prononcée dans la droite; les mollets
sont agités pal' des soubresauts et sujets il des crampe s
uouloureuses. La marche est impossihle sans le secours
de deux bâLons; le moindr e faux pas occasionne un retentissement doulourell,{ dans la région lombaire.
La sensibiliLt'> des bras et des jambes est normale.
Joseph Poignoll, Jprès avoir fail uSJge de l'eau minérale
en douches, en bains ct en boisson , quitte Plombières lè
7 juin, satisfait de sa position. ~Il clret, la marche est meilICllre, les jambes souL plus soliùes, et il peut :;(: l)(,.~ser
d lJ
Mlon. La ùouleur qu'il ressenta it dans le dos est consiùé rablement diminué e; il respire libreme nt; les palion~
�108
DÉVIATIONS DU RACHIS.
ont disparu; les élancements névralgiques ne se reproduisent plus, les mouvements du col s'accomplissent sans
peine, les mains serrent avec plus de force. et les picotements qu'il ressentait à l'extrémité des doigts ne se monIrent qu'à de rares intervalles.
Cette observation présente plusieurs particularités remarquables. En s'arrêlant d'abord à la parenté de Joseph
Poignon, on voit que son père était alTect<~
de courbure du
rachis; en se reportant ensuite aux mauvaises conditions
d'habitation dans lesquelles il s'est trouvé, aux douleurs
rhumatismales qu'il ressentait déjà avant d'être tout à fait
malade, et enfin en se rappelant que c'est après avoir été
mouillé jusqu'au.'1' os qu'il a été forcé de garder le lit
pendant qnatre mois salls pouvoir rem1/er, on (ln vient à
soupçonner que les causes occasionnelIes ct prédisposantes
de sa maladie doivent se rattacher aux diathèses rachilique el rhumatismale.
Il serait difficile d'assigner rigoureusemeut à chacune
de ces diathèses la part qu'elle peut avoir eue sur le développement el la marche de celte affection; cependant, la
diathèse rhumatismale parall avoir joué ici le rôlr de cause
occasionnelle par raprort 11 la diathèse rachitique. JI est
probable qu'il existait déjü un commencement de déviation
clans la région cervico-Iombai ra du rachis au moment olt
Poignon, avant d'avoir élé mouillé, et sans être absolument malacle, se plaignait d'étourdissements, de picotements à l'extrémité des doigts et d(' palpitations de cœur,
premirrs sym[lLômeS de compression lente de la moeIle
épinit're. Les douleurs articulaires <,lies-mêmes, quoique
ambulantes eL d'apparence rhumatismale, avaienl peut-être
la même cal1~e
oi'iginelle. Quoi qu'il en soit, la déviatioll
du rachig a fnit de fnpides progrès dc's que le malade a élé
�Jl~:VIA.TONS
DU R.lClll!>.
109
occasionnellement exposé il une grosse pluie; il est enlré
tout aussi tôt dans une période fébrile aiguë, durant laquelle
quelques articulations sont devenues douloureuses et tuméfiées, en même temps que l'engourdissement, qui jusquelà s'était borné aux doigls, s'est étendu au bras gauche
tout entier, avec perte du mouvement et de la sensibilité.
On remarquera que ces derniers symptômes se sont manifeslés principalement dans le bras gauche correspondant
il la concavité de la courbure cCI'vico-dorsale ; tandis que
la jambe droite, qui a dû soulfrir le plus de la compression
exercée par la courbure lombaire à conve:âle gaucAe, est
aussi celle qui a ressenti l'affaiblissement le plus prononcé ,
En 1852, une amélioralion remarquable avait déjà suivi
l'usnge des eaux thermales ; celte année, elle est encore
plus manifeste, et cependant la déviation du rachis n'a pas
diminué. Un pareil r8sultat pourrait nous surprelldre, si
nous rattachions les symplômes éprouvés par Joseph
Poignon à un eI1'el purementmécalJique de la déviation;
mais comme nOllS voyons encore en eux l'expression d'une
alléralion de la substance médullaire survenue à la longue
sous j'influence d'une compression lente, nous nous expliquons comment le traitement lhermal , sans action sur 101
ùifrormité du rachis, a pu cependant dissiper la plupart
des accidents qui s'y rattachaient, en modifianl heureusement l'élat morbide secondaire de la moelle, et en forçnnt
les fibres médullaires et nerveuses, restées saines, à des
fonctions supplémenlaires exagérées.
Plusieurs écrivains ont considéré certaines déviations
spontanées de la colonne vertéhrale non comme une maladie essenlielle déterminant des troubles fonclionnels
variés, mais simplement comme une altéra lion secondaire
et dépendante de quelque aO'ection du système nerveux,
�~10
DLVl,\T10~S
nu
RACII1S.
On a vu plus d'une fois, en effet, des symptômes nel'veu'{
analogues à la chorée précéder les déviations et persévérer
pendant longtemps, avant qu'il fût possible de constater
la moindre difformité apparente du rachis, el d'un autre
côté nous savons qu'il n'existe pas toujours un rapport
bien exact entre le degré de la courbure vertébrale et l'intensité des symptômes paralytiques qui se manifestent.
Nous prendrons pour exemple le cas suivant:
OBSERVATION N°
19.
Déviation latérale du racltis dans la rpgion dorsalf, li
convexité dirigée à droite; paralysip du mOU1wmrnt
dans {es e::ctrémité$ inféripurf's" myélite .. mort.
Jean- icolas Robert, de Fougerolles, cultivateur, âgé de
Gl, ans, de cOllstitution médiocre, de tempérament nerveux,
se rend à Plombières pour y suivre un traiLrment thermal,
sous la dir0ction de M. ]P docLeut' Augustin Grillot, qui nous
invite à voir le malade avrc lui.
Robert habite une maison saine; son père est mort
hydropique; du côté de sa mère nous n'avons rien II
noLer. Suivant lui, les accidenle; aigus dont il sc plaint
aujourd'hui ne fPmontcnl qu'il trois semaines: jusque - là
il n'avait en recours aux hommes de l'art que pour se faire
enlever plusieurs loupps du cuir chevelu ct pour so faire
soigner, il y a quelques années, d'une maladie profonde
de l'os maxillaire inférit'ur, d'une véritable carie, qui
détermina la chute de trois dents.
Mais le~ accidents graves dont nous parlerons bientôt,
et pour lesquels Hobrl't s'est décidé il prendrt' les eaux,
�OI:;VlAT10NS OU RACmS.
avaient été précédés pal' une extrême fatigue dans le dos
et par des élancements qui se montraient surtout lorsqu'il
vOlllaitlever un fardeau, ou se livrer à quelque travail tant
soit peu pénible. Il avait une constipation habituelle et il
éprouvait pendant la nuit de fréquentes envies d'uriner.
Malgré cela, il pouvait aller et venir ct s'occuper de son
t'xploilation. Il était sans fièvre; il n'éprouvait ni fourmillements, ni crampes, ni Ironhle des sens; la sensibilité
tactile restait normale,
Il y a trois semaines, il se plaignit d'éprouver dans la
région du dos, entre les deux omoplates, une sensation
désagréable qu'il compare à une brfllurc; dès ce moment
sa maladir prit I.In caractère extrêmement grave, et il commença à ressentir la plupart des symptômes que nous constatons aujourd'hui.
Le dos est Je siége d'une vive douleur qui s'c\.ugère très·
sensiblement lorsque l'on rresse sur I('s apophyses épineuses de" 4", fi~, 6'" 7' et 8" vertèbres dorsales, cl qui se
propage sur Ulll' ussez grande étendue du muscle lombohuméral gauche, ainsi que sur les dernières côtes correflpondanles, ùe manière à former une (Iemi-ccillturc Constrictive. n existe une déviation eX('f'sSÎI'l'ment (pyere dll
rachis, sur le point correspondant aux vertèbres que nous
venons de ùésigner. Les jambes sontlolll'tles ct l'oides;
le malade n(' peul quiller sa chaise ~als
les écarter
fortpll\cnl Cl sans prendre un point d'appui il l'aide ùe
ses bras; la marche esl presqlle impossiblc; le,> pieds,
engourdis, ne senlent pas le sol; les orteils, immobiles,
ont perdu la faculté de s'y crampon\1C'I'.
Les sens sonl parfaits; il n'y a ni vertiges, ni céphalalgie;
les battements du cœur sonlllormaux ; la sensibilité généralr est naturelle, si cc n'est il la plante ùes pieds, où elle
est un peu affaiblir.
�112
DÉVIA TIONS DU RACl1IS .
Les selles sont rares et l'envie d'uriner se montre incessante.
Depuis l'apparition des symptômes aigus de la maladie,
c'est-à-dire depuis trois semaines, M. le docteur Grillot
avait déjà prescrit des applications de sangsues, des frictions mercurielles et l'usage de l'iodure de potassium. A
J'arrivée du malade à Plombières, il lui fil prendre des
bains d'eau minérale; mais les acciùents ayant paru s'exaspérer sous leur influence, il jugea à propos de nous appeler
à décider avec lui de l'opportunité du traitement thermal.
Il fut convenu que le malade serait reconduit chez lui et
qu'on appliquerait un cautère actuel, en traînée, de chaque
côté des vertèbres douloureuses. Ce moyen, secondé par
quelques autres, n'empêcha pas Nicolas Hobert de succomber au bout de quinze jow's, avec tous les symptômes
d'une myélite.
Jl est difficile d'admettre ici que la déviation du rachis ait
été la cause déterminante des symptômes paraI ytiques. En
etret, cette déviation était si peu apparente, qu'il èst permis
ùe restreindre son action, en admettant qu'elle en ait
exercé quelqu'une, à une compression progressive, laquelle
procède avec plu!> de ménagements et n'amène pas d'onlinaire une terminaison aussi fatale. Il nous semble beaucoup
plus ratiollnel de considérer cette courbure à convexité
droite, comme un résultat de l'action inégale des forces
musculaires sur les deux côtés opposés du rachis, action
qui dépendait elle-mOme d'une lésion primitive de la moellc
épinière.
Au point de vue de la thérapeutique thermale, celle observation n'est pas sans int61'6t. Quoiqu'il n'y ait rien d'extraordinaire à ce qu'tille maladie de celle espèce, abstraction
raite de tout traitement, arrive rapidement il sou LenllC
�H3
DÉVIATIONS DU IIACIIlS.
fatal, on peul sc demander cependant, comme l'a sagement fait M. le docteur Grillot, si l'emploi de l'eau minérale n'a pas précipité la marche des accidents. En admettant,
en effet, que les propriétés des eaux thermales reposent
principalement sur la stimulation qu'elles produisent dans
l'organisme, on comprendra qu'elles soient absolument
contre-indiquées durant la période aiguë de toutes les maladies, et plus parliculièremcnt dans celles dl' l'axe céréhro-spinal.
Les déviations les plus apparentes de la colonne vertébrale ne sont pas toujours celles qui ont les conséque~
les plus funestes. S'il en est qui sont accompagnées ùe
rétractions musculaires et de véritables paralysies, on en
rencontre beaucoup d'autres qui pendant toute la vie ne
donnent lieu à aucun accident, ou se bornent à causer un
peu d'engourdissement des membres et quelques phénomènes nerveux passagers qui ne préoccupent pas ceux qui
les éprouvent; tel est le cas quP nous allons citer.
OBSEIIVATION NO
Gibo~té
20.
considérable dc la région dorsale; impatiences
dans le.~ membres; chatouillement mt bout des doigt.ç ;
douleurs névra {{figucs.
Jean-Baptiste Remi, de Corcieux (Vosges), tailleur, âgé
de 24 ans, ùe mauvaise constitul.ion, habite une maison
très-humide; sa mère est morte à 50 ans, mais il ne sait
de quelle maladie; son père, très-sujet à des douleurs
rhumatismales, ne s'est pas levé depuis un an.
Entré hl ' hûpital de Plombières, le 31 juiHet1852, Remi
M
�DÉVIATIONS DU RACHIS.
nous apprend que lorsqu'il était enfant une voiture lui
avait passé sur le corps, et qu'il était devenu bossu à la
suite de cet accident, sans avoir éprouvé cependant, jusqu'en 18[,9, aucun des symptÔmes qui caractérisent les
lésions de la moelle. A cette époque, après avoir été fort
mal nourri, il eut une fjust1'1"le chroniq ue, dont il n'est pas
débarrassé, et qu'il s'est décidé il combattre par l'usage
des eaux de Plombières.
En eITet, Remi éprouve des symptômes de maladie du
tube digestif. Chaque fois qu'il mange, il ressent un malaise
extrême; il a quelques envies de vomir et des érl1ctaLÏons
acides; sa peau est sèche el brùlante ; son pouls est petit
et précipité; sa langue est rouge et pointue; il est généralement constipé. li ne se plaint pas de la gibbosité qu'il
porte; cependant, quand nous appelons son altention de ce
côté, il déclare que deDuis fort longtemps, car il ne peul
rien préciser à ce sujet, il ressent des chatouiJlements permanents el quelques élancements à l'extrémité des doigts;
il souITre d'impatiences dans les membres, surtout la nuit
et à l'occasion des changements tIe temps. Quelquefois
même, dans celte circonstance, il a éprouvé lm peu dp
tremblement dans les jambes et des douleurs névralgiques
comme
dans le haut des bras cl au-dessus des yeuh. ~lais
il habite une maison furt humide, il atlribue ces douleurs
et les autres symptômes, que nous plaçons sous la Mpen dance du système nervcux c('l'éhro-spillal, ü une influence
purement rhumatismalc, el il ne s'en préoccupe nullement.
Ainsi voilil une gibbosilé tfl's-prononcée qui dale de
fort loin, el qui justlu'alors n'a déterminé aucun accident
capable d'inspirer des craintes séri uses pour la vie tlu
malade.
Pendant son séjour à Plombièrrs, Remi a pris vingt et
�DÉVIATIONS DU RACUIS.
un bains tempérés, quelques dou
ches, et, chaque malin,
deux verres d'eau de la source de:;
Dames. Quand il quitte
l'hôpital de Plombières, il exp rime
l'éta t dans lequel il se
trouve en disant qu'il se croi t guér
i.
\
_8
�1
�CHAPITR E V.
C481E DBB VBRTÈ BRBB .
La carie des vertèbres procède, en général, de l'inflammation de leur tissu spongieux (ostéite vertébrale, ostéite
raréfiante) ou d'un dépôt de matière tuberculeuse dans ce
tissu môme. Quand elle succède à un travail inflammatoire,
on remarque d'abord à la surrace de la vertèbre un accroissement de vascularité suivi d'une simple érosion ou d'une
véritable ulcération. A une période pins avancée, le
corps de cette vertèbre est injecté, rougeâtre, ramolli et
plus prédisposé à s'aITaisser sous la pression des parties
qui lui sont superposées, ou à céder sous l'influence
d'une tension subite ou d'une rotation brusque du tronc.
Dans certains cas, ce travail inflammatoire envahit d'emblée le centre ou l'un des côtés du corps de la vertèbre, et,
selon qu'il fait plus ue progrès en avant ou latéralement,
il détermine des excurvalions plus ou moins anguleu ses ou
de simples inclinaisons latérales. Quelquefois, au lieu de
commencer ainsi par la vertèbre, l'inflammation, surtout
lorsqu'elle se rattache au rhumatisme aigu ou subaigu,
�CARIE DES VEnTÈnnE •
s'attaque aux tissus ligamenteux ou aux cartilages intervertébraux, d'où elle s'étend au périoste et au tissu osseux
lui-même. Il résulte de ce que nous venons de dire que la
maladie du corps de la vertèbre peut être primitive ou conséc utive à l'inflammation des cartilages intervertébraux et
de l'appareil li gamenteux du rachi s.
Lorsque la carie succède à un dépôt de matière tuberculeuse, cette matière se présente soit à l' éta t d'infiltration dans le tissu aréolaire de la vertèbre, soit à l'état
d'agglomération en masse, circonscrite par une membrane
enkystante. Dans ce dernier cas, qui e t le plus fréquent.
la matière tuberculeuse subit les mêmes changements que
clans le tissu du poumon; à mesure qu'elle passe au ramollissement, les parties qui l'environnent s'ulcèrent et
s'excavent jusqu'à ce que le corps de la vertèbre, réduit à
(ruelques larges cellules, et pour ainsi dire à une sorte de
coque, cède enfin à la pression d(~s
parties superposée .
On voit alors son apophyse épineuse, jusque-là légèrement
douloureuse et tant soit peu proéminente, s'écarter de l'apoph yse sous-jacente et devenir rapidement anguleuse.
Dès ce moment, il y a lieu de supposer qu'il existe dans
un e partie du corps de la vertèbre malade un e perte cie
substa nce , il la suite de laquelle est survenue une diJTormité
don t l'aspect varie en raison du siége et de l'étendue de
la lésion .
Les symptôm s de la carie vertébrale sont extrOmemen t
insidieux à son début; et quand, plus tard, elle ell st venue à déterminer d'J côté du rachis une déviation qui ne
laisse guèr de doutes sur son existence, il est encore fort
difficile de décider si elle est le résullat d'une inflammalion ou d'un e fonte tuberculeuse, isolées ou simultanée .
Il n'y a qu'un· examen approfondi de la constitution des su-
�H9
jets et des circonstances qui se rattachent à leur histoire
particulière, qui puisse nou édairer sur la nature de la
maladie. La douleur elle-même ne constitue pa un symptôme assez constant pour que nous en fassions un élément
absolu de diagnostic différentiel. Quoi qu'il en soit, dans
un cas comme dans l'autre, à mesure que la carie fait des
progrès, celte douleur devient plus permanente, et se
montre plus vive 11. l'occasion les mouvement d'abaissement et de rotation du tronc. Elle est presfJue toujours
accompagnée d'une sensati.on de constriction, soit à la
base du thorax, . oit dans la région abdominale, suivant
que tel ou tel point du rachis est alTecté. Il peut même :1}'river qu'avant l'apparition de la moindre déviation, les
ma lades se plaignent déjà de cette constrictioll et, en outre,
d'une sorte de grattement qui ~e renouvelle quand ils
changent de position; ce dernier symptôm se présente
particulièrement dans le cas olt la maladie procède de l'inOammation des tissus intravertébraux ou ligamenteux. Si
nous ajoutons h ces symptômes les nausées, les vomissements, les dou leurs gastralgiques, la dyspnée, l'insomnie,
la constipation, les exaspérations fébriles avec crampes,
engourdissements et paralysie plus ou moins complète des
extrémités inférieures, nous aurons signalé la plupart des
accidents qui se montrent pendant le cours de la carie des
vertèbre . .
Une fois que la courbure e t devenue très-manifeste, le
malade épronve la plus grande peine à supporter le poids
des parties situées au-dessus du siége de la carie. S' il est
debout ou même assis, il cher 'he à se soutenir en s'appuyant sur son coude, ou en plaçant ses mains sur ses hanches ou sur ses cuisses, et, s'il veut faire quelques pas,
sa démarche est lente, incertaine el maladroite. En exami-
�120
CAJ\lIl DES VRJ\TÈDJ\ES.
nant alors le rachis et le thorax, on s'aperçoit qu'ils présentent tous deux diverses espèces et divers dègrés de difformité, selon que la carie s'est fixée sur l'une ou sur l'autre des régions cervicale, dorsale ou lombaire de l'épine.
Lorsque la carie afTecte la région cervicale, la courbure
de l'épine est peu ou point apparente; cependant le col
se raccourcit et se contourne, les mouvements de la tête
sont difficiles; il se manifeste d'abord une paralysie partielle qui, plus tard, peut devenir générale et se terminer
par l'asphyxie. Dans quelques cas heureux seulement, la
guérison s'opère par voie d'ankylose, mais alors le col
reste pour toujours roide, raccourci et contourné.
Si la carie a son siége sur les dernières vertèhres cervicales ou sur les premières dorsales, le sternum rentre en
dedans et en bas, la poitrine s'aplatit, et la respiration devient difficile, par suite de J'action imparfaite des muscles
respiratoires. Quand la maladie attaque les vertèbres de la
région dor ale moyenne ou inférieure, la difformité offre
un aspect différent suivant que tel ou tel point des vertèbres est plus altéré, suivant aussi que le malade affectionne
plus particulièrement certaines position du corps. Pal'
exemple, il peut arriver que le thorax soit déprimé d'avant
en arrière; que l'une de ses parois lalérales rentre en dedans, tandis que l'autre forme une voussure au dehors,
que toutes les deux soient aplaties, et qu'alors le sternum,
au lieu d'être enfoncé, sc trouve porté au dehors t en
avant.
Dans le cas où la carie s' st fixée sur les vertèbres lombaires, les côtes inférieures et les fausses côtes sont déprimées
en dedans et ell bas, et qllelqll fois même jusqu'audessous de la crête de l'ilium; l'étendue de la région abdominale diminue verticalement, ot sa paroi antérioure so
�CARIE DES VERTk8RE ,
,121
trouve COlllme refoulée en arrière et rapprochée du rachis,
Ici, et par les mêmes causes que dans la carie des vertèbres dorsales, l'excurvation de la colonne vertébrale peul
être associée 11 une courbure latérale qui détermine, soit à
droite, soit à gauche, un certain degré de torsion du tronc,
Pour peu qu'on y réfléchisse, on conçoit que la carie du
rachis ne peul avoir lieu sans amener des altérations diverses dans les tissus rapprochés des vertèbres malades,
et l'on s'explique l'apparition des phénomènes morbides
qui viennent révéler la parl plus ou moins active que la
moelle, ses membranes ou les nerfs prennent à la maladie.
On comprend de m6me comment la lrame cellulaire, contaminée par l'intlammation voisine ou par ses produits, devient consécutivement le foyer de suffusions purulentes,
qui, prenant différentes directions, finissent, comme on va
le voir dans l'ol.Jservation suivante, par poindre sous forme
d'abcès pœ!' congestion, soil au dehors, soit au dedans, à
une certaine distance du siége de la carie.
OBSERVA1'IO '
°21.
Carie de la colonne vertebrale,. excuTvation cles 5e, 6r , 7",
8° et ge vertèbres (lorsae~,.
paralysie 'incomplète du
rnouvement et du sentiment.
Nicolas Maurice, de Nancy, âgé de 50 ans, charpentier,
de constilution très-vigoureuse, entre, le 7 juillet, à l'hôpital de Plombièr s, Son père est mort, mais il ne sait comment; quant à sa mère, elle a succombé à WL coup dr
sang.
Maurice ne fait remonter l'origine de sa maladie qu'à
six années; mais nous pensons qu'elle date de plus loin,
�CAillE DES VEnT~
; nES.
et que plusieurs chutes qu'il dit avoir faites étant enfant
ne sont pas étrangères à son développement. Voici les
renseignements que nous nous procurons à cet égard.
A l'âge de 15 ans, il fit une chute de trente pied de
hauteur. Tombé SUl' le siége, il avait rencontré ùn caillou,
qui lui causa une très-vive douleur. On le releva pour le
mettre au lit, où il resta pendant huit à dix jours. Quand il
en sortit, il fut forcé de marcher avec des crosses, tanl il
éprouvait de soufIrance dan s les reins; cependant, an bout
de quelques semaines, il ne ressentait plus aucun mal; . a
croissance avait continué à se faire rapidement ; il était
devenu très-fort, et il avait appris l'état de charpentier.
Cette profession l'exposa à de nouvell es chutes: il se l'appelle en avoir [ait au moins six. Un jour, eutre autres,
qu'aidé par un jeune ouvrier il portait sur son épaule une
poutre assez lourde, son compagnon, peu h él~ itu é à ce
genre de travail, laissa tomber l'extrémité qu'il soutenait;
celle-ci frappa brnsquement la terre, et Maurice ressentit
aussitôt un violent contre-coup dan la région lombaire et
dans les hypoco ndres. Il en soum'il pendant cinq à six
jours; cependant, il put ensnite reprendre ses travaux
habituels.
En 1837 ou 1838 (le malade ne peut préciser), il ftt ur
le dos une dernière chute, de sa hauteur seulement, à la
suite de laquell e il éprouva une douleur fi xe sur la septième
vertèbre dorsale. Celte douleur était d'abord tellement circonscrite, qu'on pouvait la couvrir avec le doigt; mais
quelques mois après, elle s'i rr.adia jusque dans les reins, les
fesses, les hanch es et les talon . En même tE:mps, il sc plaignait de crampes dans les jambes, dès qu'il voulait les allonger; il ressentait des fourmillements au visage, sur le
cuir chevelu, et à l'extrémité des doigts et des orleiL. Ses
�CARlE DES VERTj.; 8RE •
123
talons étaient le siége d'une sensation particulière qu'il
définit en disant qu'il lui semblait que ses talons allaient se
détacher de la partie antérieure des lJieds, dont la face
plantaire était le ~iége
de picotements incommodes.
Son ventre était dur, tendu et comme serré par ulle
corde; il urinait à tout moment et goutLe il goulle; il avait
des alternatives ele constipation et de dévoiement; et plus
tard, en 18.'51, ces accidents se compliquèrent encore
de vomissements journaliers, par suite desquels il rejetait une grande quantité d'un liquide tout à fait aqueux et
blanchâtre.
Avant cela, et dès l'année 1847, Maurice avait vu uu
abcès se former tout à coup sur la paroi antérieure de sa
poitrine, abcès qui, après avoir suppuré pendant un an et
s'être fermé, avait été suivi de l'apparition successive
de nouveaux abcès dans l'aine et dans le scrotum.
En 1850, à la suite de tous ces abcès, il s'aperçut que
sa colonne vertébrale commençait à se plier; bientôt,
au lit pendant
n'ayant plus la force de marcher, il re~ta
six mois, toujours SUl" le côté et sans jamais pouvoir se
meUre sur le dos. En 1851, éprouvant un peu de mieux,
il essaya de sc lever et de marcher, mais il ne put y parvenir sans se tenir 11 demi courbé et sans appuyer ses deux
mains sur les cuisse' . Pendant son séjour au lit, il était
devenu tout il fait bossu. Jusqu'en 1852, i\ fut obligé de se
servir de deux b quilles; depuis 101' , il était parvenu de
jour en jour à sc r dresser un peu mieux, el il avait pu
remplacer ses béquilles par d s bâton.
A son arrivée à Plombières, nous examinons Nicolas
Maurice. Nous ne retrouvons d'aulres traces des abcè '
dont nous venons de parler que dans les cicatrices qu'ils
ont laissées. Le rachis est le si6ge d'une gibbosil6 formée
�CAillE DES VERTf.:BRES.
par l'excul'vation des 5', 6·, 7·, 80 et g. vertèbres dorsales; leurs apophyses sont saillantes et relevées horizontalement; on peut les presser fortement sans déterminer la
moindre douleur . La région lombaire, au contraire, est le
siége d'une sensibilité assez marqu ée, et s'il arrive que le
malade fasse un faux pas, il éprouve toujours sur ce point
un retentissement douloureux. Le redressement et l'abaissement du tronc sont difficiles; pendant la station debout,
le corps reste à demi courbé en avant; les jambes sont faibles, tremblantes, sujeLles à des crampes; les orteils son t
le siége de fourmillemen ts; la démarche est pénible, hésitante « comme celle (l'un enfant qui apprend iL marcher, »)
et le secours d'un bâton est tout à fail indispensable.
Les bras sont sans force el !'ouvent engourdis. La base
de la poilrine est fortement rentrée en arrière; l'étendue
de la région abdominale est diminuée dans le sens ver tical ;
il n'y a ni palpitations de cœur ni gêne à respirer. Les envies d'uriner se montrent fréquemment; les selles sont
liquides et sc renouvellent jusqu'à six foi s par jour; l'amaigrissement est assez prononcé; l'appéti t est capricieux, et
il existe un dégoût prononcé pour les aliments gras. Du
côté de la tête, nous remarquons quelques symptômes que
Je malade ne nOlis avait point encore signalés, quoiqu'il les
eût éprouvés dès le début de sa maladie. Ils consistent on
bourdonnements d'oreilles, en battements dans la tllte et
'n affaiblissement do la vue. La sensibilité présente qu elques anomalies particulières; elle est intacte dans toute la
partie supériel1re dl1 Lronc, mais elle est alTa iblie SUl' la région abdominale et SUl' la partie supérieure de cuisses.
A la pla:1te des pieds el sur les deux premiers orteils, elle
est presque total ement abolie, tandis qu'aux jambe , depuis la naissance ù s orteils jusqu'aux cuisses, ello a conservé toute son intégrité.
�CARIE DES VERTÈBRES.
Ma~rice,
soumis au traitement thermal, prend vingt et
un bains tempérés et autant de douches. - Le 28 juillet,
avant de quitter Plombi res, il vient nous rendre compte
de sa situation. Nous constatons chez lui une amélioration
sensible: il marche sans bâton; ses reins sont pins soliùes
et moins roides; il se baisse et se redresse plus facil ement.
Ses jambes sont plus fermes; il peut appuyer fortement ses
pieds sur le sol ct se tenir plus longtemps debout. Il ne redoute plus, comme autrefois, la rencontre d'une pierre, et
s'il lui arrive de faire un faux pas, il ne ressent plus de retentissement douloureux dans la région lombaire. Ses
bras ont repris assez de force pour lui permettre de couper
son pain.
La micLurition se fait dans des conditions normales; le
nombre des selles a diminué, mais ell es sont encore à
ùemi liquides.
La sensibilité a reparu SUl' les points qu'elle avait abandonnés. Les crampes sont rares et les fourmillements ne
reviennent que le matin.
Ne peut-on pas voir avec nous, dans l'observation précédente, un exemple de carie des vertèbres par inllammation? En etTet, quelle autre maladie que celle-ci, survenant
à la suite de plusieurs chutes sur le dos, chez un sujet qui
ou rachitique, eelt
n'olTrait aucune apparence tubercl~s
pu déterminer une douleur limitée d'abord à une des vertèbres, s'irradiant bientôt jusqu'am: talons, suivie plus
tard d'un commencement d'in!1exion du tronc, d'impossibilité de se tenir couch6 sur la partie postérieure du corps,
ct enfin de gibbosité? A travers ces phénomènes successifs, auxquels viennent s'adjoindre, avec l(>s abcès symptomatiques, les fOl1rmillements, la douleur des Lalons, la
roideur des lombes, la faiblesse des jamb S,la conslriction
�-126
CARIE DES VERTÈBRES .
du bas-ventr~
les envies fréquentes d'uriner et les vomissements, ne pouvons-nous pas suivre les progrès de l'inflammation? Ne la voyons-nous pas, attaquant d'abord le tissu
propre des vertèbres, s'étendant ensuite du dehors au dedans sur les enveloppes de la moelle épinière ou sur la
moelle elle-même, et finissant par une perte de substance
dans un ou dans plusieurs os du rachis, perte de substance
suivie d'affaissement en avant de cette tige osseuse, et par
conséquent de courbure postérieure?
A côté de cette observation de carie des vertèbres par
inflammation, nous citerons le cas suivant, que nous considérons au contraire comme un exemple de carie par fonte
tuberculeuse.
OBSERVATION N°
22.
Carie vertébrale; abcès symptomatique; bégaiement,. paralysie incomplète d1t mouvement et dt, sentiment.
Alexandre Bonenfant, de Remiremont (Vosges), tailleur
d'habils, de mauvaise constitution, de tempérament scrofuleux, âgé de /j6 ans, entre à l'hôpital de Plombières
Je 12 juin 1853. Pendant dix ans, il a habité le rez-dechaussée d'une maison l'roide et fort humide. Il n'a
jamais connu son père, mais il sait que sa mère est morte
d'un cancer.
Dès son bas âge, Bonenfant était faible de.~
,'cins; il
avait le ventre gros et des chapelets glanduleux dans la
région cervicale. En grandissant, sa santé a toujours été
médiocre, et il est resté très-sujet aux affections catarrhales. Il a les lèvres grosses, !es cheveux châtain clair, et
es extrémités articulaire volumineuses. A la On de sep-
�C.\RIE DES VERTilllI\ES.
127
tembre 18118, il eut pendant trois ou quatre mois des accès de fièvre intermittente tierce, qui devint quotidienne
et persista sous ce type durant deux mois, pour reprendre
ensuite son caractère primitif et continuer ainsi jusqu'en
1850, avec des intervalles de quinze jours ou trois semaines. A cette époque, le malade s'aperçut qu'il avait
une petite grosseur à la fesse gauche, dans le voisinage de
la tubérosité ischiatique. Celte grosseur, qui d'abord
n'éLait guère plus volumineuse qu'un haricot, qu'il écorchait fréquemmcnt et qu'il attribuait a la position assise
que lui imposait sa profession, disparaissait et reparaissait
alLernaLivement : aussi n'y aLlacha-t-il qu'une médiocre
importance, jusqu'au moment où, étant devenue grosse
comme le poing, elle s'ouvrit spontanément et donna lien
à une suppuration qui n'a disparu que depuis un mois.
Cette tumeur n'était qu'un épiphénomène, en relation
avec un travail morbide plus profond qui se révélait par
des impati nce et des lassitudes dans les membres, par
des picotements à l'extrémité des doigts, par des crampes,
par des envies fréquentes d'uriner ct par une diminution
t l'ès-prononcée de la sbnsibilité des cuisses et de la plante
des pieds. En même temps, Bonenfant se plaignait de douleurs dans les J'cux, de vertiges, de bourdonnements
d'oreill es, de difUcullé à parler, quelquefois même d'un
véritable b6gaiement ct d'un cerlain aITaiblisscment de la
mémoire.
Le jour de son arrivée à Plombières, nous examinons ce
malad el nous constatons qu'il est dans l'état suivant:
Les régions cervical , lombaire et sacrée sont :doulollreuses à la pression; tous les muscles du col sont le siége
d'une rigidité qui rend fort difficiles les mouvemenls de la
t êle à droite el à gauche. Quand le malade
ut ouvrir lar-
�128
CARIE DES VER'rÈBRE S.
gement la bouche, il ressent aussitôt une cram.pe dans le
m.enton,. ses bras, engourdis, s'alraiblissent dès qu'il les
laisse quelque temps dans la même position; l'extrémité
de ses doigts est parcourue par des picotements. La fesse
gauche est atrophiée; on y remarque les cicatrices de
plusieurs ouvertures fistuleu:ies; les dernières vertèbres
lombaires sont tuméfiées et fortement inclinées à gauche;
la face postérieure du sacrum est comme enfoncée et couverte de bosselures qui en ont totalement modifié la forme;
toute cette région est le siége d'une roideur qui gêne beaucoup les mouvements d'abaissement et de redressement
du tronc. Les jambes sont faibles, tremblantes et légèrement amaigries; le malade ressent des crampes dans les
moll ets et daos les orteils, surtout au moment où il veut
s'étendre pour se coucher. Il éprouve la plus g-rande peine
à se tenir debout. S'il essaie de marcher, ce qu'il ne peut
faire sans bâton, il commence par plier le genou; ensuite,
par un elTet de balancl3menl du bassin, plutôt que par un
mouvement propre des muscles de la jambe, il élève le
pied et le projette en fauchant; mais au moment où il est
prêt il le poser sur le sol, les orteils se contractent, et l'on
voit s'opérer une sorle de mouvement r6pulsif qui pourrait faire penser que le malade craint de marcher sur des
épines, tandis qu'il lui semble au contraire qu'il va s'enfoncer dans du coton. Au resle, il ne peut prolonger sa
marche au delà d'un quart d'heure; encore faut-il qu'il
se l'eposo de cinq minutes en cinq minutes. S'il fait un
faux pas, ce qui lui arrive assez souvent, car il ne peut
diriger ses pieds comme il Je veut, il ressent aussitôt un
choc douloureux dans la région lombaire, avec relenlissemént dans les cuisses. La ('ace inférieure des pieds est insensible au froid el II la .chaleur, ce qui rait dire à Bonen-
�129
CAillE OES VERTÈBRES .
fant qlL' e. lle est morte; leur face supérieure et le bas de la
jambe lui paraissent comme serrés par une bottine étroite.
La sensation de ceinture est très-prononcée autour de
l'abdomen; les envies d'uriner sont fréquentes; mais la
plupart du temps \e malade ne peut les satisfaire sans
avoir recours a de longs efforts ou sans aller en même
temps à la selle , ce qu'il fait chaque jour, tantôt avec un
peu de di1liculté, tantôt au contraire involontairement et
par suite du relâchement des sphincters de l'anus.
li n'existe ni palpitations de cœur, ni gêne de la respiration.
La vue est alTaiblie ; Bonenfant se plaint de vertiges et
de bruits de touLe nature dans les oreilles; s'il veut lire ou
parler un peu vite, sa parole s'embarrasse, et il est pris de
bégaiemen t instantané. Il sent que l'action ordinaire de sa
volonté ne sulIit pas il dominer et à régulariser les mouvements qu'il veut exécuter; s'il cherche, par exemple, 11
chausser son soulier, il n'y parvient qu'après avoir fait de
véritables l'}forts de volonté, et en se servant de sa main
pour diri ger son pied. La sensibilité tactile , ü peu près normale partout, est nulle à la plante des pieds et à l'ex trémité
des orteils.
Pendant son séjour aux caux, Bonenfant a pris vingt et
un bains, dix-sept douches, el chaque matin un verre de la
source des Dames . Outre cela, on lui a fait trois applications
de venlou es, légèrement scarifiées, sur le sacrum el sur le
dos.
Le :3 juillet, avant son départ, il nous rend comp te de
son état.
La doulellr des régio ns lombaire et sac rée est remplacée
par un simple sentiment de fatigue, encore ne revient-il
que si le malaùe fait un e promenade au-des::ius de se forces.
9
�~
30
CARIE DE
VIlIlTÈIlIlES.
Il se tient debout sans souffrir, et il a moins de tremblement
dans les jambes; il marche avec plus de liberté; il peut
même sauter un ruisseau (ce qui lui était impossible avant
le traitement, si petit que fCtt ce ruisseau) . Il est rare qu'il
se plaigne de crampes dans les orteils et dans les mollets.
Le retoul' de la sensibilité dans la plante des' pieds lui permet de sentir qu'il marche sur la terre et non sur du coton;
mais la constriction du bas de la jambe et du coude-pied
persiste encore.
Les bras peuvent rester quelque temps dans la même
position sans être engourdis; les impatiences ne reviennent
plus que de temps en temps, senlement pendant lu nuit;
les picotements aux extrémités des doigts ont totalement
disparu.
La barre que Bonenfant entait autour du ventre n'existe
plus; il urine avec plus de facilité, ct sans être forcé d'aller
en même temps à la selle.
La douleur cervicale s'est dissipée j il n'a plus de bourdonnements d'oreilles ni de tiraillements dans les yeux;
mais sa parole est encore un pou hésitante. Il fait aller sa
t 'te de droite à gauche sans ôprouver de vertiges; il 1eut
même tourner totalement son corps sans craindre de tomber, comme autrefois.
Sa volonté est d venue assez impérieuse et a sez sontenue pour qu'il puisse mettre ses sou li er sans invoque!'
le secoul's de ses mains. Satisfait de J'amélioration qu'il a
obtenue, il se promet de revenir au moi ' d'août pOlll' j'{(il'l)
1/n() nouvelle saislJn thermale. En eO'N, après quat!' Sf'mainrs cl r po ,il l'entre il l'hôpil al.
Pendant son absence, il a eucol'e ressenti par-ci par-Ii!
quelqu s douleurs, quelques crampes, surtout le soir, soit
danR la région lombaire, sOil dans les jambes j mai:.; leul'
�CAillE DES VEIITÈIlIIES.
131
violence n'éLait pas à comparel' à celles qu'elles avaient
autrefois. Hemis en traitemenl, il prend encore vingt el un
bains et dix-neuf douches. Le 22 aoûl, avanl qu'il parle,
nous l'interrogeons de nouveau, et il répond: «Je me sens
Il très-bien eL je ~;uis
content. En m reposanLdc temps en
» Lemps, je pourrais faire une très-longue course; j'ai
» même fait hier un kilomètre sans m'arrêler, et j'irais
)) bien il pied cl Plombières à Hemiremont (12 il 15 kil.),
» si je n'avais une malle à Lransporter. Je puis me passer
» de bâton eL retourner mon corp tout entier, meme sur
» un parqueL ; j monLe très-facilement un escalier, sans
» être forcé de marcher à quatre pattes, comme autrefois;
» je sens bien où je pose mes pieds, et si je les approche
» du feu, je sens facilement la chaleur j mes jambes ne sont
» plus tremblantes; mes orteils ne sont plu rel.irés en
)) des 'ous par cl s crampes; je dirige mes pieds comme je
)) veux, eL je mets aisémenL mes souli r ; la guètre que
» j'avais aulour des chevilles n'existe plus. Il m'eSL pos» sible d resLer debout pendant longLemps; cependant,
» quand je veux trop m'entêLer à cela, j'éprouve encore
)) Ulle roideur sur le croupion, comme si on me serraiL
}) avec un cordon; je n'ai plus ressenti de barre auLour du
» ventre; pendant le jour, j'urine 11 volonlé; mais pendant
)) la nuiL, j'éprouve plus de diŒcuILé, surLout si jo ne suis
)) pas bien éveillé.
» .Je ne bégaie plus goère que dans les lllOmenls où je
» veu)., trop me prccipite'/' pour dire quelque chose, et
la un de mon premier séjour ici, je n'ai plus
» depui
)) éprouvé ni éLourdissements, ni bnùls dans les oreilles,
») ni douleur dans les yeux j cependant ma vue reste
» encore faible. ))
L s détails assez dév loppés que nOlis venons de donner
�,)32
CAil lE DES " EnTtUI\ES,
ur celle observation nous autorisent suffisamment àla
présenter, ainsi que nous l'avons fait en commençant,
comme un exemple curieux de carie des vertèbres, par
fonte tuberculeuse, Sans doute, on peut contester notre
diagnostic, puisque la nécroscopi e n'est pas ven ue le justifier; cependant, si l'on remonte à la parenté du malade,
on voit que sa mère a succombé 11 une étlTection cancéreuse, et l'on conçoit sans peine, car toutes le diathèses
se donnent la main, que Bonenfant, de constitution lymphatique, dont la jeunesse a été difficile, dont les lèvres
sont très-développ ées, dont le attaches articulaires son t
grosses, qui a eu des ganglions ce rvicaux et un gros ventre,
qui, en un mot, est scrofuleux, réunit en elTet lo ule les
conditions propres à nous fajre so upçonner CJ ue la carie
qui s'est développée chez lui se raltache 11 un tl'ava iltuberporté à aüopLer celte op iculeux, On se sen t d'autant plu~
nion, que notre malade, n'ayant jamais fait de chutes, el
n'ayant reçu aucun coup sur le rachis, av ai t échappé à ces
deux cause ocea ionneJJes si fréquentes de la carie par
inflammation fran che, Ainsi, s(\lon nou ', Bonenfant étai l
originellem nt et tubercul eusemen t prédisposé à sa maladie, Sa profession de tailleur, en le forçant à s tenir constamment assis, sans avoir le dos appuyé, et en r a i ~ant
ainsi du rachis le point de cOll centration de ses eITo rls p 11 - \
dant son travail, n'a plus été sans doute que la C,lI1Se occasionnelle de la carie qui s'est révélée: au dehors, par la
présence de plusieurs abcès suecestiifs et par la déformation du sacr um el des dernières verlèbres lombairos; "u
dedans, par Ull ensemble de symp tômes de paralysie con tre
lesquels l'action de " eau de Plombières s' st monlrée si
cIlicace,
�CHAPITRE VI.
IRRITATION SPINALE.
La maladie donl nous allons nous occr.per a d'abord
été décrite par les médecins fran çais sous le n0m de 1"achialgie, expression qui rappelle surlout son caractère
'ssentiellement névralgique. Par la suite, Jicod, Brown,
Parish, Grimn, Olivier d'Angers, etc" etc., quil'ont étudiée
uccessivcment, la désignèrent sous le nom d'i1Titalirm
spinale, Si cette nouvelle dénomination manque de précision, elle a du moins le mériLe de ne rien préjuger Sur la
nature de la maladie, el, à cause de cela, pent-être convient-il que nous lui donnions la préférence. En effet, le
plus grand désaccord règne à ce sujet parmi les auteurs.
Tandis que les uns regardent l'irritation spinale .comme le
résultat d'une simple hyperhémie ou d'une concentration active el passagère du sang dans les membranes, ou
même dans le Lissu de la moelle épinière el de ses nerfs,
les aulres voient en elle J'expression symplomatique de
certaines lésions orgnniques de ces appareils, ou de la
colonn' vert braIe Ile-même. Quelques-uns, enfll1, la
�134
IRI\lTATIO N SPINALE .
consiùèrent, au contraire, comme une afTection essentielle,
cause de toutes les névropathies. On conçoit facilement,
comme nous, tout ce que ces idées ont de trop absolu;
mais on avouera sans doute aussi qu'il esL bien difficile
d'établir avec précision la nature eL le point dè départ
d'une maladie qui ne fournit aucune occasion de nécropsie,
avant de s'être transformée en une altération de structure,
le plus sou vent compliquée d'inOammation et de paraplégie.
Au surplus, qu'on envisage l'irritation spinale comme
cause ou comme conséquence de quelques altérai ions de
tissus, elle es t trop intimement liée aux paralysies, soit
ql1'elleles précède, soit qu'elle les accompagne, pour que
nous puissions nous dispenser de ncus en occuper.
On rencontre un assez grand nombre de malades, sur
tout parmi les femmes, qui se plaignent d'une douleur plus
ou moins vive sur un point quelconque du rachis, Sclns
Lièvre, sans trace aucune d'inflammation ou de lésion traumatique de la colonne vertébrale ct des parties qu'elle
protége. Cette douleur, que la pression des apophyses Ile
manque pas d'aggraver, peut se montrer continue, rémittente, intermittente, et même périodique. Elle coïncide
généralement avec une mulLitude de symptômes névralgiques ou hy tériformes: tantôt, pal' exemple, avec une
gastralgie plus ou moins déchirante, avec des lassitudes
spontanées cL des engourdissements dans les membres;
tantôL avec une constricLion circulaire de la poitrine, ave
des sufTocations, de l'altération dans la voix, des démangeaisons 11 la peaLl, eLc., etc. Ces malades n'ont auLre
chose qu'une irrilalionspincûp.
Mais nous avons cru reconnaltre que cetle affection
offrait d'assez grandes variétés dans ses causes et son
mode d'invasion. Elle a parfois lIne physionomie essen-
�IR1'ATlO~
SI'I ' '\1.1. ESSENTIEI,LIl.
135
tiellement nerveuse ct sc manifeste alors progressivement,
à la suite d'un afTaiblissement général déterminé par des
pertes de toule nature, par une Gèvre typhoïde, par un
profond chagrin, elc., elc. D'autres fois, elle apparaît pour
ainsi dire subi temenl, à l'occasion de quelque trouble
survenu dans l'accomplissement de fonctions importantes,
lelles que les digestions, la menstruation, etc., eLc. Dans
quelques circonstances, enfin, elle peut être considérée
comme l'expression et la conséquence de certaines diathèses. Nous devons donc l'étudier sous ces difTérenls
aspecls.
1° frrilatio1/ spinale, nerveuse ou essentielle.
C'est le plus généralement sous celle forme que se présente l'irrita lion spinale, surtout chez les femmes ou chez
les hommes donl la constitulion a été débililée. Les symplômes nerveux qu'elle délermine sont si nombreux et si
variés, qu'ils servenl en quelque sorte à caraclériser sa
nature; on parviendrait même difficilement à se rendre
compte de cha.cun d'eux, i l'on ne se rappelait les connexions qui existent enlre les nerfs spinaux et les nerfs
ganglionnaires, et si J'on De savait qu'une altération de la
sensibilité de quelque partie que ce sail du cercle sensilif
peut dé,velopper une modiftcaLion de sensibilité sur un
point forl éloigné du siége primitif de la maladie. Il arrive
mêm , la plupart du Lemps, que la préoccupation du malade sc parle exclusivement sur quelques phénomènes
sympalhiques, qui ne sonl autre chose que des manifestations morbides, pour uinsi dire excentriques et confinées
aux l'amincations les pIns extrêmes et les plus ténues des
rameaux nerveux. Aussi ne faut-il pas moins que ' loute
�136
IRIIITA'CION SPINALE ESSENTIELLE.
l'atlention du médecin pour reconnaître le point de départ
de la maladie, et c'egt encore un diagnostic assez difficile
il préciser; car, si l'irritatioll spinale peut se transmettre
des racines des nerfs rachidiens à des parties plus ou
moins éloignées, on ne saurait se dissimuler que les souffrances d'un viscère peuvent aussi remonter jusqu'à l'origine de ces mêmes nerfs, par l'intermédiaire de leur racine
ganglionnaire. Quoi qu'il en soit, en explorant avec attention la colonne vertébrale, spécialement sur les points où
prennent naissance les nerfs qui se distribuent aux parties
afTectées , on parvient en général à constater, dans le trajet du rachis, l'existence d'une douleur assez vive, qui
s'exagère par la pression, par les efTorts musculaires ou
par les succussions brusques du tronc. Celte douleur du
rachis se trouve presque toujours en liai::;on étroite soil
avec des névralgies, des spasmes et des mouvemenlS convulsifs, soiL avec des altérations partielles du sentiment,
et même, dans les cas graves ou prolongés, avec une paralysie plus ou moins complète du mouvement.. Mais, ordinairement, avant d'en arriver là, les malades commencent
par éprouver un accroissement morbide de la sensibilité
générale et spéciale; ils redoutent le froid et la chalem;
ils sont sujets à cles alternatives de sécheresse ct de moiteur à la peau, qui leu\' semble être tantôt rugueuse, tantôt
clouce, et qui devient parfoi douloureuse au moindre conLact; jls rougissent ou pâlissent à la plus légère émotion;
ils tre saill entau bruit d'une sonnette; ils craignent l'action d'une lumière un peu vive; ils sont aff ctés désagréablement pnr les sons aigus j il éternuont souvent;
en un mOL, ils présenten l les anomalies les plus diverses
et les plus singulières sous le rapport des sensations.
Lorsque l'irritation spinale a son siége dans la région
�IRl\lTAl'lON SPINALE ESSIINTIELLE.
~ 37
dorsale, la douleur seflxe de préférence sur le côté gauchfl,
d'olt elle s'étend sous la mamelle correspondante. Elle est
accompagnée de constriction du thorax, de suffocation,
de dyspnée, de pleurodynie, de battements irréguliers du
cœur et d'une multitude de symptômes hystériformes,
survenant tout à coup, disparaissant de même, se succédant tour à tour, se compliquant de diverses manières et
s'exaspérant fréquemment par la préoccupation des malades.
Quand l'irritation spinale affecte la région lombaire du
rachis, les douleurs, les spasmes et la constriction se font
sentir particulièrement sur les parois du ventre et au pourtour du bassin; les altérations de la sensibilité et de la
motilité se manifestent SUl' les extrémités inférieures; la
constipation survient, et les fonctions de l'utérus et de la
vessie se pervertissent ou se suppriment.
Dans la région cervicale, l'irritation spinale existe rarement seule; la pfupal't du temps elle est liée à celle des
régions dorsale ou lombaire. La douleur qui la caractérise
s'étend quelquefois jusqu'a l'occiput, et, dans ce cas, elle
est associée à des douleurs névralgiques de la face. Les malades éprouvent une certaine roideur à la partie postérieure
du col, qu'ils ne peuvent remnel' sans difficulté, et derrière
lequel ils appliquent seuvent l'une de lems mains; ils 0:1l
de la peine à porter le poids de lem tête: aussi, dès qu'ils
sont assis, ils chp.rchent al'appuyer sur le dossier de leut'
siége. Ils sont sujets à des vertiges, à des bourdonnement::;
d'oreilles ou a la urdité; ils ont parfois la gorge serrée;
ils se plaignent de sufTocation, de difficulLé pour avaler, eL
fréquemment on les voiL perdre la voix ou la parole.
Outre cela, l'un ou l'autre bras peut devenir le siége de
picotements, de fourmillemenLs, d'engourdissemenLs, ct
même de paralysie plus ou moins complète.
�t 38
lllRITATION
l'INALE E SENTlELLE.
Un ùes traits les plus remarquables de l'irritation spinale,
surtout à son début, consiste dans la facilité avec laquelle
la douleur passe d'un point du rachis à un autre, et dès
lors on conçoit la diversité d'expression des phénomènes
sympathiques qui l'accompagnent. Les l'onctions des sens,
des viscères thoraciques ou abdominaux, la sensibilité et
la moti lité des bras et des jambes. peuvent, selon les cas,
ofi'rir des altérations successives et mnltipliées, avant que
la maladie devienne définitivement grave. Arrivée à ce
point, elle perd ordinairement son caractère de mobilité j
et lorsque, plus tard, on voit apparaître les convulsions,
l'épilepsie, l'amaurose, la surdité, l'hésitation dans la
parole, la toux, la gastrodynie, les vomissements, la
constipation opiniâtre, la rétention Olt la suppression
d'urine, la paralysie, etc., elc., on peuL se demander s'il
est permis encore de considérer la maladie comme une
simple irritation spinale, ou s'il ne c~nviet
pas mieux
d'admeltre qu'elle s'est compliquée de congestion des
sinus rachidiens, d'inll:lmmation de la moelle et de ses
membranes, de suffusion séreuse, etc.
L'observation suivante nons paraît offrir un exemple
d'i rritation spinale essentielle hystériforme.
OIlSIlIIVATlON NO
f J'ritlLo
J~
te
jambe.~,
rac!ti.~;
23.
spinale essentielle; douleurs intercurrentes SUI'
engourdissement des bras; faibl('sse des
picotements mL bout de la lang1te.
Luci Pilot, de Ville-sur· Illon (Vosges), ouvrière en
d nIelles, fIgée de 23 ans, non mariée, ùe constitution
�tI\RtTA.TlON SPINALE ESSENTIELLE.
médiocre, de tempérament nerveux très-dessiné, entre
à l'hôpital de Plombières le 18 mai 1853. Son père et sa
mère sont vivants; tous les deux sont estropiés, mais par
suile d'accidents. Elle a eu un frère ·mort d'hydropisie à.
l'âge de deux mois. Elle dit être malade depuis cinq ans
seulement; cependant, avant celle époque, elle a éprouvé
des accidents nerveux qu'il importe de signaler.
De 12 à Hl ans, elle avait presque toujours été faible et
languissante; elle soulIrait de crampes d'estomac; il lui
semblait sentir une boule remonter de l'épigastre à la
gorge, qui se serrait alors comme si elle eût été comprimée
par une griffe; elle se plaignait d'étouffements et de battements de cœur passagers. Longtemps avant cela, elle avait
ressenti des douleurs intercurrentes, tantôt assez légères,
tantôt plus vives sur quelques points du rachis, particulièrement entre le ùeux épaules.
Après une première menstruation, survenue tardivement
à 19 ans, sa santé s'était cependant consolidée; mais il
arriva qu'un jour ses règles se supprimèrent, SOllS l'influence d'une frayeur causée pal' un incendie, et, depuis,
intervalles irréguliers de six
elles ne reparurent qu'à dl~s
semaines ou deux mois. A la même époque, Lucie Pilot
avait éprouvé de nouveau ùe la g ne dans la régioll
dorsale, des spasmes, des étouITements et des battements
de cœur; plus lard, elle avait eu les pâles r.ouleurs; enfin,
au mois de janvier dernier (1853), elle fut prise de fièvre
typhoïde. Pendant le cours de cette maladie, elle rendit
1I11 grand nombre de vers inte 'linaux, parmi lesquels il y
en avait un qui était, dit-elle, deux fQis long comme le bras
et plat C01nmeun ruball. C'est ici le cas de faire remarquer
en passanl combien est fréquente la production des vers
lombrics et même des téniai5, dans le COUl'S de la cl\loroi5e
�,140
1Il RIT ATION ~PINALE
ESSENTIELLE.
et de quelques autres maladies qui dépriment fortement le
système vital.
A la fin de cette fièvre, elle avait eu des attaques de
nerfs, quelquefois accompagnées de perte de connaissance.
Elles commençaient le plus souvent par une sensation de
refroidissement général, avec roideur de la région dorsale;
plus rarement par un resserrement douloureux de l'épigastre, suivi de constriction de la gorge, de gonflement
du col, d'étoufTements, de crampes et de contorsions des
bras et des jambes. Ces accidents revenaient à des intervalles irréguliers; ils duraient fort peu de tempg si l'on
avait le soin de mettre aussitôt les mains de la malade dans
l'eau chaude; ils e prolongeaient au contraire et se dissir
paient. d'aulant plus difficilement, qu'on avait tarùé plus
longtemps à recourir à cette immersion. Dan tous les 'a ,
après chaque crise, il Y avait émission d'urine, claire
comme de l'eau, et de disparition complète de toute gêne
douloureu e dans le rachi .
Bien que, sous le rapport de son siége, ceLle gêne parül
avoir quelque préùilection pour la région dorsale, elle
l'abandonnait cependant de t mps en temps pOUT e fixer
sur un aulre point le la colonne vertébrale. Se montraitelle sur le col, Lucie éprouvait de la di !Ti cullé pour avaler,
du res erremenl au go ier ; des douleurs dans le sommet
des épaules et à la parti postérieure de la tête accompagnées de fourmillements dans 1 s doigt. Apparaissait-elle
sur la région lombaire, la malade avait de fréquentes envies
d'uriner; elle sentait son ventre erré comme par l'applicaLion d'une corùe, et il lui semblait en même Lemps
qu'une boule roulait (.te son flanc gauche dans son flane
droit, suivant qu'elle 'e couchait sur l'un ou sur j'autre
ôlé. Quann nous examinons Lucie Pilot, elle est dans l'élal
suivant:
�I1\l\lTATlOl'l SPINALE ESSENTIELLE,
Le rachis présente un aspect normal; sa région cervicale
est douloureuse à la pression. Cette douleur s'aggrave sous
l'inOuence des mouvements de la tête, surtout lorsque ces
mouvements sont brusques et faits à l'improviste. On peut
la suivre par en haut jusque sur l'occiput, dans les rameaux cutanés de la branche postérieure de la deuxième
paire de nerfs cervicaux, et par en bas jusqu'au sommet
des épaules. L'extrémité des doigt est parcourue par des
élancements; les bras sont faible et engourdis; lout tra,ail prolongé ' fail naître des crampes intolérables; la
région lombai re esl un peu douloureuse; les parois abdominales sont Lendues eL serrées circulairement; les jambes
sont LI' mblante' ; malgré cela, la marche est naturelle,
mais si pénihle, que la malade ne peut, ans difficulté,
descendre du premier étage au rez-de-chaus ée ; les coudepieds Lies Lalon sont comme pres és par lIne chaussure
trop él.l'oite, Il n'exi te au moment m~e
aucune douleur
SUL' la région dorsale; mais lorsqu'elle vient s'y fixer, el
celn n'arrive jamnis sans que la douleur cervicale diminue on disparaisse, la malade ressent un point de compression. ous les seins, de la gêne à re pirer et des palpitations de cœur.
La tête est comme serrée dans un cercle de fer; l'a pect
de la face est naturel; la parole est libre; la langue est
dL'Oi te , mais sa pointe est le siége de picotements pa sagers, La vue et l'odorat sont inlacts; il n'en est pas de
même de J'ouïe, car Lucie a continuelleJllent des bourdonnements et des sons de cloche dans les orei lles.
Le ventre est un peu douloureux à la pression, surtout
dans les flancs, où se produit la sensation d'une boule qui
roule de l'un à l'autre, La matrice n'est ni volnmineu e ni
abaissée; son 01 est petit t de consistance normnle.
�142
lIIHITATION SP INALE ESSENTIELLE.
Quoique l'état de la langue soit satisfaisant, l'appétit est
capricieux, et il existe des crampes d'estomac que l'ingestion des aliments dissipe presque toujours. La constipation est opiniâtre; la micturition s'opère avec facilité, et
l'urine est blanche comme de l'eau.
Le thorax est parfaitement conformé, et bien que
1'auscul tation et la percussion ne révèlent de cc côté aucunr
lésion, la re piration est quelquefois gênée, et la malade dit
qu'il lui semble aloI' avoir la poitrine serrée par une corde .
. Le volume du cœur est normal, se bruit sont naturel;
il n'existe plus la moindre trace de chloro-anémie.
La sensibilité lactile est parfaite sur tous 1 s points du
corps.
Jusqu'à ce jour, Lucie Pilot n'a fait autre chose, comme
traitement, qu de couvrir la l'égion du cœur de flanelles
trempées dans du lait et cl prendre des vermifuges, cal'
elle inclinait à penser que sa maladie lient à la pré ence de
v rS intestinaux.
Soumise au lraitement thermal, elle prend chaque jour
1111 bain tempéré, deu bains de iége de vingt minute, el)
pour boisson, deux ou trois verre de la source d sDames;
outre ceJa, on lui donne une infusion de racines de valériane et quelques cuillerées de potion antispasmodique.
Le 7 juin, elle quille Plombières après avoir obtenu ulle
am 51ioration très-remarquable, Inais qui ne s'est manifestée
que dans les derni rs jours du trait ment; jusque-là, au
olltrair , elle avait beaucoup plu souITert. Quelques
Il ures a ant son départ, nous onslatons ]u'elle n'éprOllye
plus aucun onslri lion dr la poitrino ou du ba -v{'ntr .
La sensation cl bouif' 1 la doul ur qu'elle avait dans los
llancs ont totalement di paru; il en ost de même de celle
ù la région lombaire; les talons tles coud s-pie Is no sont
�IRIlITATION
l'H'iALE ESSENTIELLE.
H3
plus comprimés; la marche est devenue facile, et la malade se sent assez de force pour porter un fardeau.
La douleur de la région cervicale persiste encore, mais
seulement sous l'influence de la pression. Les mouvements
du col et des épaules son t très-libres; les bourdonnements
d'oreilles ont disparu, ainsi que les picotements à la
pointe de la langue. Les bras et le mains ont repris de
la force; Lucie peut s'en servir pour travailler, sans qu'ils
s'engourdissent ou deviennent douloureux.
La respiration st beaucoup moins gênée, et les palpitations sont rares.
Les selles sont naturelles et journalières; les crampes
d'estomac se sont dissipées.
Le 26 aoôt, Lucie Pilot revient à Plombières. Depuis le
7 juin, cll e s'est 1rès-bien porlée; toutefois, au moment
de l'apparition des règles, elle a encore r ssenti quelques
crampes douloureuses dan les hras ct dans les jambes.
Ces crampe Ollt commencé comme autrefoi par la région
épigastrique; mais elles n'ont été que de très-courte durée
el elles ont cessé aussilôt que 1 nux menstruel a élé
établ i.
C'est surtout trois jours après son r tour chez elle, et à
la suite d'un - éruption générale semblable il la rougeole,
mais sans fi èvre et sans diminution clans l'appétit, que Lnci
a vu sa santé s'améliorer. Pour donner une juste idée du
succès obtenu par le premier traitemcnt, et des forccs
qu'elle a recouvrée ' , il nou uffira de dire qu'autrefois
elle avait la plus grande peine à descendre du premier
étage au rez-de chaussée, et que, pour revenir il Plombières, elle a pu faire il pied la route nlière, c'est-à-dire
parcourir sept lieues pendant la journée, sans être excessivement fatiguée.
�~
44
lRIIITA'fION
PINAL E ESSE NTIELLE.
Remise en traitement, elle s'est trouvée d'abord comparativement moins bien que pendant l'intervalle des deux
cures; cependant, vers la fin de celle-ci, un mieux trèsmarqué s'est manifesté, el l'amélioration que nons avons
déjà signalée sous le rapporl des doul eurs, des palpitations,
de la gêne dans la respiration , de la défécation, des forces
générales , de la marche, etc., etc., s'est tout à faiL consolidée.
t la naCe qui nous frappe dans cette observa tion, c'e~
ture nerveuse hystériforme àes antécédents de la maladie.
Lucie Pilot commence par éprouver des duuleurs dans le
traj et de la co lonne vertébrale: douleurs qui se présentent
uvec des alternatives de diminution et d'exacerbation, disparaissent tout à coup et reparaissent de Ill ()me, en déterminant chaque rois une série de symptômes différents, selon
qu'elles se fixent sur tel uu tel point du rachis. A l'âge de
douze ans, époque où la vie sexuell e va se préparer , et où
les perturbations nerve uses sont si fréquentes chez les
femmes, Lucie devient languissante; sa gorge est pas modiquement serrée ; elle a le globe hystérique ; elle se plaint
d'é Lou!Tements et de palpitations de cœur. A dix-nenf ans,
sa santé s consolide après la premi ère appariLion des
règles; mais bientôt celles-ci s'étant supprimées so ns l'innuence d'un e cause moral e, la chl orose sur vien t, la fi èvre
typhoïde se déclare; LnOLlS voyons, au milien de ces ca uses
nouvelles de dépression vi tale, apparaître des attaques de
nerfs, des engo urdissements dans les bras, des fourmill e··
ments il l'extrémité des doigLs, de la faiblesse ùans les
jambes, des crampes, des buu rdonnements d'o reilles, d e~
pico tements à la pointe de la langue, de la cons tipation ,
ùes mines blanches comm e de l'eau, etc., etc.: phénomènes
morbides coïncidan t tous avec des dOl1l eurs intercurrentes
�IRRITATION SPINALE ESSENTIELLE.
i45
sur le rachis. Ces circonstances réunies ne nous auLorisentelles pas 11 considérer la maladie de Lucie Pilot comme un
cas dïrritation spinale essentielle, surtout en l'absence de
toute fièvre, de toute lésion apparente de la colonne vertébrale, de toute affection appréciable de la matrice, du cœur
et de la poitrine, et en présence de l'amélioration qui a
succédé si rapidement à l'application du traitement Lhermal?
On a pu remal'quer sans doute que les symptômes d'i rritation spinale se sont révélés de la manière la plus frappas chose fort rare,
pante après la fièvre typhoïde. Ce ~1'est
en effet, de voir l'irritation spinale el même la paraplégie
se montrer à la suite de fièvres graves ou de simples fièvres
intermittentes, comme on peut en juger par le fait suivant.
onsER VATION
0
24.
Irritation spinale essentielle, précéclée defièvl'e intenniftente; V EN Ei\EA!: VOLUPTATES; njjaiblissement des bras et
cles jambes, picotements dans les na6scles pectoraux,
fO~6r7J1,ilemnts
à l'ex trémité cles doigts et des 01' teil.~
Jean Remi, de Mulhouse, journalier, âgé ùe 37 ans, de
bonne constitution, de tempéram nt bilioso-nerveux,
entre il l'hôpital le l or août 1853. Il a pendant longtemps
habité une maison humide, mais aujourd'hui il est sainement logé. Son père, qui était douanier, est, dit-il, mort
de froid ; sa mère jouit d'une bonne sanlé. 11 fail remonter
à dix 0\1 douze ans l'origine de' sa maladie. Voici cc qu'il
nous apprend sur ses antécédents.
En 1839, il enlril au service militaire l ful incorporé
10
�1 tG
IRRITATION Sl'INAlEESSENTIELLE.
dans le 3 régiment d'infanterie de ligne, qui, après avoir
tenu garnison à Lyon, à Grenoble et sur les frontières de
la Suisse, passa en Afrique. Au bout d'une année, il eul
plusieurs accès de fièvre caractél'isés par des frissons, de
la chaleur, de la sueur et de la soif; il se vit forcé d'entrer
à l'hôpital, où on lui administra du quinquina. Toutefois, il
n'y resLa que quatre jours, et il rejoignit la colonne d'expédition dirigée sur Milianah. Tous les mois environ, quelques fois tous les quinze jours, il avait encore un accès de
fièvre; mais on lui donnait du sulfate de quinquine, el il
pouvait alors continuer son service. En 1843, après avoir
eu son congé, il revint en France, où il prit de l'ouvrage
dans une filature. 11 y travailla pendant un an sans être
précisément malade, cependant il éprouva passagereme1lt
de la roideur dans les parois abdominales et de la cons triction à la base du thorax, surtout à droite. Cetle roideur et
celle cODstriction coïncidaient avec une douleur du rachis,
tanlôtdans la région dorsale, tanlôt sur le SaCl'llill, sans aucune sensation de chaleur ni de fourmillements. Malgré cela,
Remi se maria, et ardenter Libidinosèque, matrimonio sacrificavit. Dès ce moment, il ressentit une très-grande faiblesse générale avec sentiment de balancement; ses jambes
devinrent tremblantes; il ful incapable de travailler, el il
eut de nouveaux accès de l1èvre intermittente que le sulfate
de quinine combattit avec succès, mais sans faire disparaître l'alTaiblissement qui les avait précédés. Cet arfaiblis ement, au contraire, alla toujours en augmentant, el.
jl s'y joignit des douleurs dans los musci s et dan les al'ticulations, sans rougeur ni tuméfaction.
Le jour de son arrivé il. Plombières, nous trollvons
H mi dans l'état suivant :
Il existe SUl' les vertèbres dorsales el sur le sacruUl un e
e
�IRI\lTATIO N SPINNLE E SEN'fIEl.l.E.
H7
douleur sourde, avec sensation de chaleur et de fourmillement; lorsqu'elle se fixe sur le sacrum, elle s'étend aux
fesses et jusque sur le hauL des cuisses; elle devient
quelquefois si vive, que le malade ne peut se retournel' dans son lit, ni se redresser quand il est assis. Il
se lient péniblement debout; ses jambes sont débiles,
tremblantes, un peu douloureuses à la pression, et elles se
refroidissent dès qu'il est au repos. La plante des pieds,
seule, est le siége d'une chaleur incommode; les orteils
sont mobiles et sen tant parfaitement le sol; mais leur extrémité est parcourue par des élancements.
Depuis quatre mois seulement, la région cervicale est
douloureuse, et, il partir de cette époque, les mouvements
du col sont devenus clilfLçiles; des élancements névralgiques se font sentir à la partie postérieure de la tête, alldessus des yeux, dans le pavillon des oreilles et dans les
conduits auditifs. Le cuir chevelu lui-même présente une
telle exaltation de sensibilité qu'on ne peut passer la main
dans les cheveux sans y développer de la douleur. Outre
cela, les bras sont affaiblis, et des fonrmillements ou des
p,icotements presque constanls se manifestent au bout des
ùoigts.
La poitrine esL bien conformée, mais la respiration est
gênée comme par un lien passé autour du thorax; les
muscles pecLoraux onL traversés par des picotements; le
volnme du cœur est normal; an repos, ses battemenLs ne
présentent rien d'irrégulier, mais ils s'exagèrent violemment pendant la marche.
Les parois abdominale sont tendues t serrées circulairement; le foie ne dépasse pas les l'ausses ( ~ ôles;
la rate
n'est point tllménée; l'épigastre e~1. douloureux; les ~e l\ es
sont régulière!'; et la micturition s'accomplit sans difficult("
�,148
IRRITATION SPINALE ESSENTIELLE.
Omni nocte venel'eœ voluptatis appetitus instat; penis
se erigit, et $i quanclo UX01'em pctuluUtln approxirnaverit,
genitale sem en prœmat1trè jactat.
•
La face est régulière; les sens son t parfaits; mais depuis
le moment où la région cervicale est devenue douloureuse,
le malade se plaint d'un léger affaiblissement de la mémoire; il est triste et se sent entrainé au suicide.
La sensibilité générale n'est nullement altérée. - Remi
a suivi sans succès plusieurs traitements. lon-seulement
il a pris des préparations de quinquina, mais on lui a
fait des applications de ventouses sur le creux épigastrique,
dès le commencement de sa maladie, et même à l'époque
où il était encore en Afeique, car déjà il se p13ignait cie
ressenLir sur ce point lIne constriction qui l'incommodait
beaucoup et qui répondait au milieu du dos.
Voilà donc un cas d'irritation spinale précédé de l1èvre
intermiLLente. En 1840, le malade a un premier accès, et,
jusqu'à son retour en France, ces accès se renouvellent à
peu près tous les mois ou tous les quinze jours. Peu de
temps uprè , il ressent de la roideur dans les parois abdo·
minales et de la conslriction à la base du thorax, accompilgnées de douleurs erratiques sur le rachis; puis, ayant
élé débilité par Je mariage, il a de nouveaux accès de jiè1:I'C, bienlôt conjurés par le sulfate de quinine. Néanmoins,
la faiblesse persiste; elle augmente même, en se compliquant de douleurs névralgiques intercurrentes, de fourmil·
lements il l'extrémité des doigts et des orteils, sans perte
du mouvement et de la sensibilité, sans paralysie de la
vcssi eL sans constipation.
Nous ne pensons pas 11 rechercher quel rapport il peuL y
avoir, en général, entre l'irritation spinale et la fièvre
intermittente; mais nous ne pouvons llléconna1Lre quo
�InnTTATION SPINALE ESSENTIELLE.
H9
dans le cas donL nous parI on , jl a exisLé entre J'une et
l'auLre une coïncidence qui mériLaiL d'êLre signalée, ne
feiL-ce que pOUl' l'intérêL qu'elle peuL avoir aux yeux des
écrivains qui ont prétendu localiser les fièvres d'accès sur
l'axe cérébro-spinal. On nous accordera LouL au moins que
la fièvre a pu favoriser le développemenL de l'irritation
spinale, en ébranlant le système nerveux, comme l'éclampsie paraîll'avoir fait dans le cas suivant.
OBSERVATION N°
25.
Irritation spinaLe es~nti)
précédée d'éclmnpsie pendant ta grossesse; accouchement heureux et à terme;
persistance de l'éclamps'ie; convuLsions chez t'enfant,
après avoir tété sn mp'I'O,
Élisabeth Glood, de Dommartin-des-Vallois (Vosges), ouvrière en dentelles, âgée de 311 ans, svelte, de constitution
vigoureuse, de tempérament nerveux, entre à l'hôpital de
Plombières le 12 juin 1853. Son père ct sa mère sont
vivants et bien portants; elle a joui elle-même d'une santé
parfaite jusqu'en 1851, époque à laquelle elle devint enceinte pour la septième fois. Vers Je quatrième mois de sa
grossesse, dit-elle, après s'être exposée à des variations de
lempératl1r , et après avoir lavé beaucoup de linge, elle
éprouva du malaise, de l'agitalion, des étourdi 'sements,
des tintements d'oreilles et des troubles dans la vue; se
tenait-elle debout, elle était forcée, pour ne pas tom bel' , de
s'asseoir ou de sc raUraper aux objets environnants. Un
pen plus tard, ces accidents augmentèrent, et il s'y joignit
des tremblements, de la faiblesse ct des fourmillements
�HiO
IRP.lTATION SPINALE IISSEl'TIELLE.
dans les jambes. Était-elle couchée et venait-elle il. s'endormir sur le dos, elle était prise d'accès de suffocation; elle
portait ses doigts à sa bouche, comme si elle eût voulu « en
relirer des chev~t.'x
qui la grJnaient; » son regard devenait fixe; elle perdait connaissance; le globe de l'œil roulait dans l'orbite, le:> ailes du nez se contractaient; les
muscles de la face, tiraillés dans tous les sens, produisaient
d'affreuses grimaces; les lèvres étaient tremblantes; les
bras, appliqués sur les côtés du corps, étaient agités par
des secousses convulsives; la main se fermait, avec flexion
du pouce, sur la face palmaire; les jambes elles-mêmes
étaient tendues et soulevées par des soubresauts; la respiraLion devenait bruyante, le cœur battait avec violence, les
veines du col se gonflaient, la langue élait mordue, une
éClime sanguinolente s'échappait de la bouche, et la sensibilité générale et spéciale se trouvait complétement abolie.
Cetle période convulsive durait peu, mais la torpeur el
l'insensibilité se prolongeaient souvent pendant six heures,
après lesquelles il ne restait qu'une extrême faiblesse, sans
mtcune soufJ1'ance. Au resle, Élisabeth n'avait pas toujours
des crises aussi complètes; quand, par exemple, son mari,
qui snvait qu'elles étaient imminentes dès que sa femme
était couchée SUl' le clos, se hâtait de l'éveiller, elle pouvait
sauler à bas du lit, marcher, et, par ce moyen, éviter l'attaque qui l'eût infailliblement prise si elle fût restée plus
longtemps dans celle position.
Malgré cela, la grossesse suivit son cours, el l'accouchement se termina heureusement. La malade espérait que
désormais ses crises ne reparaltraienL plus; mais il ne
devait pas en 6Lre ainsi, cal' peu de temps après elles sc
montrèrent de nouveau et dans les mêmes conditions, c'cstà-dire quand le sommeil avait lieu pendant le décubitus
�IRRITATION SPINALE ESSENTIELLE.
dorsal. Toutefois, à mesure que l'on s'~loignat
du terme
de la grossesse, ces crises devenaient moins intenses el
moins rapprochées; mais elles laissaient après elles, cc
qui n'était pas anivé dans l'origine, des douleurs passagères
sur dilTérents points du rachis.
Notons en passant une circonstance qui présente un
intérêt particulier: Élisabeth allaitait son enfant; huit fois
de sui Le après avoir tété, il fut pris de convulsions qui se
prolongèrent de quatre heures du soir jusqu'à six heures
du malin; depuis, il n'eut qu'un seul accès, le 2 janvier
1853, date à laquelle remonte aussi la dernière crise que
sa mère ait éprouvée.
A son arrivée à Plombières, nous trouvons Élisabeth
dans l'état suivant:
Elle n'a pas eu d'attaques convulsives depuis le 2 janvier 1853 ; son nourrisson a été sevré dans le mois de
mai et les règles ont reparu le 20 du même mois.
La sensibilité générale est intacte.
Le rachis est douloureux à la pression sur tous les poinL'l
de son étendue alternativement; mais c'est particulièrement au niveau de la septième vertèbre cervicale que la
douleur se montre avec le plus de fréquence et d'intensité.
Quand cela se présente, les mouvements latéraux de la tête
amènent de l'étourdissement, la vue se trouble, des bruissements d'oreilles se manifestent, le conduit auditif est le
f'iége d'un chatouillement incommode, l'arrière-gorge est
serrée spasmodiquement ; on voit paraître le globe hystél'ique, et, avec, lui une petite toux sèche qui se dissi pc
aussitôt que la malade mange une bouchée de pain. Outre
cela, les bras sont affaiblis et agités, et de" picotements
avec mrlo,.missement se font sentir à l'extrémité des
doigts.
�~
52
I Rl\ ITA110N SP INALE ESSE ' TIELLE.
Quand la douleur se concentre sur la région dors~
lombaire, la base du thorax devient le siége d' une constriction circulaire; il Y a des battements de cœur d'une grande
violence, de l'essouffiement pendant la marche et de la gêne
à respirer.
En même temps, la malade éprouve une sorte de raideur et de resserrement extérieur des parois abdominales,
avec constipation constante, et rétention ou incontinence
J' urine passagère.
Si la douleur envahit le sacrum, elle s'étend jusque dans
J'épaisseur des fesses et des cuisses; alors des secousses,
des crampes, ou des élancements douloureux se font sentir
ùans les jambes, et bientôt les orteils, ainsi que les talons,
s' engourdissen L.
Mais il n'est pas toujours possible de saisir la relation
qui existe entre l'apparition ùe ces divers symptômes et
celle de la douleur sur telle ou telle région du rachis; quelquefois ils sont tellement confondus que la malade se
plaint de soulfrances dans tout le corps ou dans plusieurs
parties qui n'ont entre elles aucun rapport évident. Dans
tous les cas, il y a certains phénomènes, certaines expre5sions morbides qu i ne disparaissent jamais, ce sont; la sensation constante de refroidissem nt, la faiblesse des bra "
des jambes et des genoux, et la difficullé à se tenir debouL.
Au moment où nous examinons la malade, la poitrinp- est
sonore, et la respiration est légèrement g6née; le cœur est
un peu plus volumineux que dans l'état normal, mais ses
bruits ne présentent rien de particulier.
Pendant son séjonr à Plombières, Élisabeth Glood se
baigne dans le bassin des Capucins et prend une douche en
sortant du bain. On Ini prescrit en outr des étuves g6nél'ales.
�IRlll'l'ATlON SI'INALE ESSENTIELLE.
fi u bout de vingt el un jours de traitement, elle annonce
une amélioration si remarquable dans son élat général et
dans Lous les phéno:nènes que nous avons décrits, qu'elle
ose entreprendre de retourner chez elle à pied.
En se reportant aux premiers symptômes de la maladie
d'Élisabeth, on reconnaît facilement l'existence d'une
éclampsie pendant la grossesse. ous ne pouvons dire précisement par quelle voie ce dernier état a réagi sur les
centres nerveux, mais nous avons lieu de croire que
l'ébranlement répété qu'a subi l'axe cérébro-spinal, à
l'occasion peut-être de quelque stase sanguine déterminée
pal' le décubitus dorsal, semble avoir favorisé le développement de l'irritation spinale. En elIet, celle irritation
s'est annoncée d'abord par des douleurs passagères, survenues peu il peu sur quelques points du rachis, à la suiLe
des accès convulsif:;, eL elle a persisté, avec ses symptômes propres, longtemps après que les accès avaient euxmêmes disparu.
L'exemple suivant démontre qu'un simple ébran lement
du système nerveux, par cause morale, peut encore
amener l'irrilation spinale.
OBSERVATION N°
26.
Irritation IipinaLe essentieLLe survenue èt La tlile cl'ttne
petll' i tTouûLeli conséctltijs dans La menstntation.
Léonie LegollL, de Plombières, brodeuse, âgée de 17
ans, mais à qui l'on en donnerait à peine 13, à cause
de sa petite Laille, est malade depuis deux ans. Elle esl cl
constitution médiocre ct de tempérament nerveux; son
�454
IRRITATION SPI NA LE ESSENTIELLE.
père EJt sa mère sont bien portants; cependant cell e-ci est
goit7·euse.
Nous voyons cette jeune fille pour la première fois vers
la fin de mai. Elle nous apprend que sa maladie est venue
tout à coup il y a deux ans, dans un moment où elle fut
épouvantée par des masques. Sa frayeur fut si grande
qu'elle en était pour ainsi dire hors d'elle-même et qu'elle
ne pouvait rendre compte ~l ses parents de ce qui lui était
arrivé. Elle se sentait agitée et tremblante; il lui semblait
qu'un grand accident la menaçait; elle avait des étoufTements et la gorge serrée.
Ces symptômes existaient déjà depuis trois jours lor qu'elle se plaignit de fourmillements dans la région cervicale, de tremblotements des yeux et d'élancements névralgiques sur les tempes el au-dessus des paupières. En même
temps ses bras devinrent douloureux, et elle ressentit une
roideur et un affaiblissement si remarquable des jambes,
qu'il lui était impossible de marcher sans craindre de
tomber.
Cet état fut suivi le désordres dans la menstruatioll. Les
règles, qui devaient se montrer une douzaine de jours après
l'accident, ne parurent pas; leur seconde époque ent lieu,
mais incomplétement; la troisième et la quatrième manquèrent tout à faiL. La malade ayant alors fait usage de
l'eau ferrugineuse de la source de la Promenade, ces manifestations sexuelles se reproduisirent bientôt, et, depuis,
ell es ont continué avec la plus grande régularité.
Nous trouvons Léonie Legout dans l'état suivant. Les
bras sont amaigris; les attaches de l'arti ulation humérocubitale gauche sont relàchées, ct l'on ne peul la faire jouer
'ans y développer des craquements assez forts, semblables
à ceux que produirait le froissement d'un feuille sèche de
�11\I\ITATlO:i SI'I:<ALE E SENTIELLE.
Hi5
parchemin. L'extrémité des doigts est le siége de picotements passagers; les mains sont froides et souvent gonflées. Leur force, mesurée au dynamomètre, équivaut à
15 kil. pour la droite el à 12 pour la gauche. Les pouces
restent constamment appliqués sur la face palmaire; les
autres doigts se tiennent habituellement repliés sur eux;
cependant ils abandonnent quelquefois ceLLe position pour
se redresser et formel' une sorte de cône en sc rapprochant
pal' leurs pointes.
Les jambes sont faibles et tremblantes, mais beaucoup
moins amaigries que les bras. Les pieds sont constamment
froids. La malade est très-sujette à des crampes fort douloureuses dans les avant-bras, dans les mains, dans les orteils et les jambe:!, jusqu'au genou. Ces crampes reviennent
irrégulièrement, surtout pendant la nuit et sous l'influence
du froid. Quand elles sont violentes, Léonie ne peut rester au lit ; elle pousge des cris, elle étouffe; sa gorge se
serre; olle ressent une douleur fIxe à la partie postérieure
du col et des élancements intolérables au-dessus des yeux,
qui sont agités par des lrembotn~.
L'aspect de la face e t naturel; l!l vue est parfaite; l'ouïe,
l'odorat et le goût sont intacts; la langue est droite, trèsmobile et d'un volume normal; la parole est tout à fait
libre.
1\ n'existe habituellement ni douleur à l'épigastre, ni
ceinture costale; mais après les repa', il se manifeste
très-souvent une vive douleur dam; le dos, avec fourmillements au niveau de la quatrième vertèbre dorsale, douluul' accompagnée de vomissements, de constrictiotl du
thorax el d'étoufTemenLs. Si l'on exerce une pression un
peu forte sur ce point el SUl' la région cervicale, celle
pression relenlit péniblement dans les bras, dans les rtlus·
�HI6
IIIRITATION SPINALE ESSENTIELLE .
cles pectoraux, daus les jambes et au creux de l'estomac,
de telle sorte qu'il est impossible de ne pas reconnaître
que toutes les souffrances de ces organes émanent du centre nerveux rachidien.
Les fonctions de la vessie n'ont jamais été troublées;
le:; sell es sont faciles et journalières.
La sensibilité tactile est émoussée sur les avant-bras et
sur la partie antérieure des jambes, depuis le genou jusqu'au coude-pied.
Au commencement de la maladie, on a cherché à la
combattre par des frictions avec des liniments antispasmodiques et par des bains vineux; plus tard, on a eu recours à plusieurs applications de ventouses et à des fumigations de bain cl genièvre, mais les accidents se sont toujours exagérés sous l'influence de ces moyens.
Le 6 juin, Léonie Legout est soumise au traitement thermal, qui consiste uniquement à prendre chaque jour un
bain tempéré de deux heures.
Le 7 août elle se présente à l}otre examen, nout voici le
résultaL:
Les régions cervicale et dorsale du rachis ne sont plus
douloureuses, même quand on presse sur les apophyses
vertébrales; cepenùant la sensation de fourmillement
existe encore au milieu du dos, mais passagèrement. Les
vomissements journaliers qui coïncidaient avec ce symptôme ne se sont montrés qu'une seule fois pendant Loute la
durée de la cure. Les bras ont repris de l'embonpoinL,
leurs forces respectives se sont accrues eL équilibrées; à
droite comme à gauche, elles HonL égales à 25 kilog. Les
mains ne se gonflent plus; les doigts s'étendenL et se replient à volonté; les picotements qui se faisaient sentir à
leur extrémité ont disparu. Les mouvements de flexion eL
�Inl\ITA'l'ION SPINALE ESSEN'J'JELLE.
~57
d'extension de l'articulation cubito-humérale s'accomplissent sans que le bruit de craquement dont nous avons
parlé s'y fasse entendre. Les pieds ne sont plus sujets au
refroidissement; les jambes sont solides et la marche est
faci le.
Le tremblotement des yeux et les douleurs névralgiques
de la région sus-orbitaire se sont dissipés dès les premiers
jours du traitement; il n'existe· plus de crampes dans les
m~bres,
si ce n'est dans la jambe gauche, où elles se
montrent encore quelquefoiR, au moment où la malade se
met au lit.
Analysons maintenanL les symptômes que nous venons d'énumérer, que voyons-nops? A la suite d'une
frayeur, cause essentiellement morale, dont l'action a porté
directement sur Je système nerveux, Léonie se sent immédiatement tout éperdue; elle tremble, elle étoufTe, elle
croit qu'une calastrophe la menace; quelques jours
après, elle ressent une douleur el des fourmillements dans
la région cervicale, puis des élancements névralgiques, du
tremblotement dans les yeux et un afTaiblissement notable
ùes jambes, el enfm des crampes ct des vomissements,
chaque fois que la douleur ct les fourmillements viennent
se fixer sur la quatrième vertèbre dorsale. 'est-.iI pas
évident que tous ces symptômes se lient à un trouble profond de l'axe cérébro-spinal, Lrouble qui va bientôt retentir
jusqlJesuI' l'appareil génital et supprimer les époques menstruelles? Nous savons bi('n que les écrivains qui considèrent l'irritation spinale comme un e/Tet de la congestion et
non comme une afTection essentielle, cherchent à s'appuyer
sur cet te dernière circonstance (l'aménorrhée), pour expliquer ces phénomènes morbides, par l'action d'une concentration sanguine substitutive dans le ti su de la moelle
�~58
IRRITATION SP I NALE ES~
.N
TJEL.
OU dans ses membranes; mais si l'on veut se rappeler que
ces phénomènes ont apparu immédiatement après la cause
qui a jeté la perturbation dans le système nerveux, et
douze jours avant l'époque présumée de la menstruation;
si l'on n'oublie pas non plus qu'ils ont persisté pendanl
deux années, bien que les règles se fussent rétablies depuis longtemps et avec la plus grande régularité, on sera
convaincu que l'aménorrhée a été le résultat secondaire el
non la cause de l'irritation spinale, qu'il faudra nécessairement considérer, dès-lors, comme maladie nerveuse,
essentielle, idiopathique. Rien de plus fréquent en effet et
de moins surprenant que de voir une série de phénomènes
morbides se développer dans certains appareils organiques,
sous l'inlluence de l'irritation spinale essentielle. L'observation qui va suivre nous offre un exemple de dyspepsie
gastralgique consécutive à celte afl'ection .
OBSERVATION NO
27.
Irritation spinale essen/ielle' t1'oubles consécutifs dans Les
[onctions digestives; protapsus de ta mat1'ice,
Catherine Malgras, de Bar-le-Duc, bobineuse , âgée de
28 ans, de constitution ùélicale, de tempérament nerYeux, habitant une maison humide et froide olt le soleil
pénètre à peine une heure par jour, entre à l'hôpital de
Plombières le Hl mai 1853. Elle était d jà souffrante depuis une douzaine d'années; mais elle n'est devenue tOllt
à faiL malade qu'en 18l,6, après plusieurs grossesses qui
l'avaient fatiguée excessivement, car elle 6tait obligée de
ùonner en mêmc temps tles soin tl son ménage cl à ses
�IRRITATION SPHiALE ESSENTIELLE.
459
enfants, qu'elle a tous allailés. Sa dernière couche remonte
à deux ans; elle fut suivie d'une perte abondante qui ne
fit qu'augmenter sa fatigue habituelle.
Pendant longtemps, Catherine se plaignait seulement de
faiblesse générale et de courbature dans les membres,
accompagnées de douleurs passagères entre les deux
épaules; elle n'éprouvait rien jusque là du côté du tube
digestif; mais, il y a sept ans, les douleurs de la région
dorsale étant devenues plus permanentes et plus intenses,
elle ressentit une gêne compressive sur les parties latérales
ùu thorax, particulièrement sous le sein gauche, avec de la
difficulté à respirer, des palpitations, des tiraillements dans
les bras, des élancements et des fourmillements à l'extrémité ùes doigts. A la même époque et pour ainsi dire au
même moment, elle commença à souffrir de crampes
d'estomac qui durèrent pendant plusieurs mois, avant
que ses digestions devinssent laborieuses; puis enfin,
ell e fut tourmentée par des pesanteurs et un gonllement
épigastrique; et, bientôt, des éruetations, des aigreurs, des
borborygmes et ùe la contispation sc manifestèrent, sans
qu'elle ait jamais eu ni fièvre ni vomissements.
ept années se passèrent avec des alternatives de rémission et d'exaspération dans les symptômes gastro-intestinaux, alternatives en rapport avec les douleurs de la
région dorsale, qui e montraient quelquefois si violentes,
que la malade ne pouvait remuer, et qu'il fallait l'habiller,
la coucher et même la faire manger.
A son arrivée à Plombières, nous la trouvons dans l'état
suivant. La région cervico-dorsale du rachis est le siége
d'une douleur obtuse qui s'exagère sous l'influence de la
pression , et qui s'étond jusque sur les épaules, les bras,
les jambes ct les muscles pectoraux. La re<.;piralion est
�'160
IRRITATION SI'INALE ES ENTIELLE.
difTicile; la malade ne peut pas toujours réussir, même
avec elTort, à faire une profonde inspiration, et quand
elle y parvient, elle ressent une douleur constrictive sur
les muscles intercostaux. Elle est, en outre, sujette à des
battements de cœur; elle se plaint de roideur au bas des
côtes et de tiraillements dans l'estomac, plutôt que de véritables douleurs. L'épigastre est sensible à la pression;
les digestions sont accompagnées de pesanteurs, d'éructations acides et de borborygmes, surtout après l'ingestion
d'aliments maigres ou de boissons abondantes.
La langue est naturelle et quelquefois un peu amère; le
bas-ventre se gonfle tous les soirs; il est douloureux audessus du pubis, dans la régicn de l'utérus et dans le trajet
des ligaments larges. Les règles sont peu régulières et
presque toujours en avance de six, huit et dix jours. La
marche est difficile; mais cela paraîL tenir moins à la faiblesse des jambes qu'aux pesanteurs que la malade ressent
dans les reins el dans le haul des cuisses. La malrice est
basse; on col est sain; son volume et son poids n'olTrent
rien d'anormal. II existe une leucorrhée abondante et de
fréquentes envies d'uriner.
La poiLrine est sonore; les mouvements du cœur sont
un peu précipités; ses bruits sont distincts; le poul est
petit, mais non fébrile.
Catherine est d'une grande faiblesse; ses jambes sont
tremblantes et constamment froides. Si l'on presse les
principaux faisceaux musculaires des membres, on y développe de la douleur; l'extrémité des doigts est le siége
de fourmillements el de pincements. La sensibilité de la
peau est iniaCle, excepté à la partie illférieure gauche du
lhorax, depuis la huitième côte jusqu'à la douzième, olt il
exist de l'aneslhclsie.
�IRRITATION SPINALE ESSENTIEllE.
La tête est libre; les sens spéciaux sont lous parfaits;
mais la malade est d'une humeur inquiète et chagrine;
elle a peur de mourir, et ft chaque instant Bile verse des
pleurs. Le son d'une cloche, un coup de sillet, en un mot,
tüus les bruits aigus l'incommodent et l'impressionnnent
désagréablement.
Parmi les moyens mis en usage pour combatLre sa maladie, Catherine signale l'huile de foie de morue, dent l'emploi a été suivi d'amélioration, et les pilules de Morison,
qui, d'après son rapport, lui on t fait le plus grand mal. En
outre, on lui a posé des sangsues et des cataplasmes sur les
côtés de la poitrine, et un vésicatoire à la partie postérieure du co1.
Pendant son séjour à I lombières, elle a pris vingt et un
bains tempérés d'une heure eL d'une heure et demie,
vingt douches ordinaires de huiL à douzc minutes, et quelques douch es ascendantes.
Le 8 juin, elle quitte l' hôpiLal sans avoir obtenu d'amélioration notable; ell e éprouve seulemcnL Ull peu moin s
de palpitations et de faibl esses dan les jambes.
On a pu voir, par les détails qui précèdent, que Catherine Malgras, de constituLion faibl e et débilitée, de tempérament nerveux, se plaignait déjà de fatigue générale, de
courbatures dan les muscles et de douleurs dans le dos,
longt'mps avant de souITrir de l'estomac. On a deI remarquer au si que ce n'esL qu'au moment où les douleurs ùu
raehi devinrenL plu violentes, que les ~o u(Trance
s COI11mencèrenl à se faire sentir à l'épigastre ; ct si 1'011 veuL
tenir compte du caractère même de ces ouffrances, ùe la
relation qui existait enLro leur inten!)ité el, eelle des douleurs du dos, de leur persistance à l'état de tiraillements
pellJanl. plusieurs mois, eL avanL qu'aucun auLre symp1'1
�162
IRi1iTATION SPINALE SY~IPATlQUE.
tâme gastro-intestinal se fût manifesté, nous ne doutons pas qu'on n'envisage cette observation comme un
exemple d'irritation spinale essentielle, dont les eITets ont
retenti jusque sur le tube digestif, et se sont traduits, en
déflnitive, sous ulle forme dyspepsique.
2° Irritation spinale sympathique.
L'irritation spinale peut, comme nous venous de le
dire, déterminer dalls certains appareils des troubles fonctionnels évidents; il n'est pas rare, d'un autre côté, de la
voir survenir sympathiquement, à la suite de lésions organiques, incapables pal' elles· mêmes de lui donner naissance. Elle coïncide particulièrement avec des maladies
des reins, de la vessie, de la matrice, etc., etc. No us allons citer un cas daus lequel elle paraît s'6tre développée
sous l'influence d'une affection de l'eslomac et du foie.
ODSElIVATION
0
28.
J rrilation spinale lle la 'région eervicule sympafMq1te
d'une maladie du foie el de t'estomac.
François Nicole, instituteur primaire, âgé de quaranletroi s ans, bien constitué, dc tempérament nerveux, habite
une maison sainc, à Nonzeville (Vosges) . Il est marié t
père de six enfants, parmi lesquels d ux sont morts, l'Lin
cn nai sant et l'autre de phthisie; le troisième el le cinquième sont mal portants; Je quatrième el le sixii:me
jouissent d'une bonne anté. L père de Ticole est encore
vi\'ant; sa m~re
Ct succombé ri 1/?/e ajJeetio7/. de t'estomac.
La mafadie p OUl' laquelle il enl.re il l'hôpital, le 26 aoüt
�IIIIlITATION SPINALE SYMPAT 111QUE .
~63
1853, date de quatorze ans; elle s'est déclarée peu à peu
dans les circonstances suivantes:
Nicole a servi dans le 7e régiment d'artillerie; à cette
e u x ; mais une foi s rentré
époque, il a fait abus de s pir~u
dans ses foyers, il y a quatorze ans, il s'est corrigé, et il
est resté, dit-il, plus de sept ans sans boire. En 1840, il
avait alors trente ans, avide d'instruction et désireux d'obtenir le brevet d'instituteur, il entra au collége d'Epinal.
Il savait fort peu de choses, et comme il avait perdu l'habitude des classes, il se vit obligé à un travail excessif. 1\
y employait une partie de ses nuits, et ouvent mi:!me il
oubliait de manger.
A la suite de ce travail forcé pendant deux années, les
fonctions de l'estomac commencèrent à se troubler; les
digestions étaient d'abord simplement laborieuses ; bientôt l'épiga;;tre fut douloureux à la pression; tous les mois,
ou de six semaines en six semaines, il se manifesta des
coliques et des vomissements; les matières vomies étaient
amères, vertes ou jaunâtres, et le dévoiement ou la constipation se montraient alternativement. Plus tard, chaque
repas était suivi de tendance au sommeil, de tuméfaction de
l'estomac et du bas-veu tre, de borborygmes, d'éructations
acides et de palpitations de cœur. La langue était tantôt
sèche, tantôt pâteuse; la soif éta it ardente, et 1 besoin de
manger était poussé jusqu'à la boulimie.
Penùant que tous ces symptômes se développaient lentement, Nicole s'était laissé entraîner verS ses anciens
p nchants; il avait recommencé à fumer, à prendre du
calë, et à boire une grande quantité de bière, et même de
vin: aussi sa maladie, qui, jusque là, était restée kl peu
près sLationna.ire, s'agg rava- t-elle d'une manière notable
en 1852. Apartir decette époque , ses occupations ordinaire s
�164-
I nR ITATlON SP INALE SVMPATlII QUE.
qui consistaient non-seulement à instruire cent cinquante
élèves, mais encore à chan ter à l'église et à son ner les cloches, devinrent une surcharge pour lui. Il avait beaucoup
maigri; il était sujet à de fréquentes indigestions ; en un mot,
tous les symp lômes gastro-intestinaux avaient acquis une
extrême exagération. A ce moment, la région cervicale
devint douloureuse, et le système nerveux to ut en tier parut
prendre une grande part aux souffrances du tube digestif.
A son arrivée à Plombières, nous trouvons François Nicole dans l'état suivant:
La peau présente une teinte cachectique paillée; l'amaigrissement est considérable; le foie dépasse les fausses côtes de cinq à six travers de doigt; il est dur, bosselé,
et il s'étend il gauche beaucoup au delà de la ligne mé<.l iane. L'épigastre est tendu et sensible il la pression;
l'hypogastre est ballonné; les digestions son t douloureuses
et accompagnées de borborygmes et de renvois acides;
de Lemps en temp3, il ya des coliques et des vomissements. La langue, médiocrement large, est recouverte ft sa
hase d'un encluit épais eL jaunâlre; la bouche se sèche
fréquemment. Depuis quinze mois, l'appétit est presque
toujours impérieux; la soif est vive; les selles sont resserrées, grisàtres on tout à fait décolorées.
Le pouls est pe tit et un p8U viLe ; les bruits du CŒUl'
sont normaux, la respiration est naturelle.
La région postérieure du col est le siége (rune dou leur
obLu::le, profonde, qui, sous l'inf1uence d'une pression exercée sur les trois dernieres vertebres cervicales, s'exagère
ct s'éLend jusque sur l'occiput, si 'ge d'une chaleur incommocle ., Il existe une grande inconstance dans les
idées, de l'alTaiblissemel1L dans la mémoire et dans la vue,
de;; picotements aux yeux, de l'injection dans les COl1-
�IRRITATION SPINALll Snll'ATIIIQUE.
~65
jonctives, de l'enchifrènement, des ùourdonnements d'oreille,ef. de l'h yperesthésie dl! cuir chevelu . Le matin, au
moment où le malade s'éveil le, il éprouve une telle roideur dans le menton qu'il a de la peine à ouvrir la bouche; sa gorge est serrée; il lui semble que sa langue est
comme contractée, et s'il veut parler, il a du bégaiement
ct de l'hésitation dans la parole.
Les bras et les jambes sont aITaiblis et sans cesse agités
par des impatiences, avec formication des doigts; des douleurs lancinantes se font sentir dans les genoux et dans les
malléoles. Dès que le malade est assis, il éprouve de l'engourdissement dans les extrémités inférieures, et il est
forcé de se lever pour le dissiper.
La sensibilité générale est plutôt exaILée qu'affaiblie; il n'y a jamais eu de rétention ou d'incontinence
d'urine.
Pendant son séjour à Plombières, Nicole prend les eaux
on bains, en boisson ct sous forme de douches; 11 son départ, il éprouve moins d'agitation et de fourmillements;
la soif est moins ardente et l'appétit moins désor .onné ;
les selles sont plus régulières, mais toujours décolorées;
le volume du foie p'a nullement diminué.
Chez Nicole, les premiers phénomènes morbides sont
parti de l'appareil gastro-intestinal. Nous ne voyons en
'ela ri eu qui doive nous , ~uJ'prendl
: adonné 11 l'abus des
spiritueux, né d'une mère qui a succomb à une aITection
de l'estomac, il ~'est
trouvé dans les conditions prédisposantes et occasionnelles les plus favorables au développement de la maladie que nouS 'avons reconnue chez lui.
Elle commence d'abord par de simples troubles digestifs,
et quand, plus tard, ces accidents deviennent plus graves,
ils ne développent encore aucune sympathie ùu Côté des
�~
66
IRRITATIO!'i
PIl\A I, E SnlPTOllA TIQUE.
centres nerveux; mais à partir de l'époque olt Nicole fait
un nouvel abus des boissons, les symptômes gastro-intestinaux s'exagèrent il l'extrême, ct c'est alors qne nous les
voyons retentir jusque sur la région cervicale du rachis,
et déterminer' des symptômes d'irritation spinale dont le
caractère nous paraît expressément sympathique.
3° Irritation. .çpinale symptomatique.
L'irritation spinale qui se rallache matériellement 11. certains états pathologiques par quelques relations de causes
il effet, peuL apparaître simplement à titre symptomatique. Telle est celle qui succède à une altération du sang, il
ulle compres ion lente de la moelle ou de quelques tronc
nerveux, il la rétrocession rhumatimale el à la suppression
de quelque excrétion habituelle.
L'observation que nous allons rapporter olfre quelque
chose d'analogue avec la précédente, au moins sous ce
rapport, que la maladie du tube digestif a duré plu ieurs
années avant que le moindre trouble se soit manifesté du
côté des centres nerveux; mais elle présente, en outre, un
intérêt tout particulier, parce qlle l'irritation spinale semble avoir eu pour cause déterminante une altération du
liquide sanguin.
OBSERVATiON N"
29.
Irritation spinale cervico-!ombaire symplO1natique de
l' nnémie globulaire,. gastrodynie.
Marguerite Apparat, fabricante de dentelles, âgée de
56 ans, mariée, mère de six enfant bien portants, de
constitution médiocre, de tempérament nerveux très-
�lnRITATIO:'< SPINALE ~YMP'fO:lATIQUE.
~
67
prononcé, dont la mère est morte en couches, et le père
d'une fluxion de poitrine, entre, le 25 août, il l'hôpital de
Plombières. Elle demeure il. Ubexi (Vosges), dans une
maison humide, malsaine et située sur le bord de l'eau.
Sa maladie a commencé, il ya douze ans etdemi, par des
douleurs de l'estomac et du venlre. Ses digestions ne se
faisaient qu'avec une extrême lenteur; son estomac était
douloureux, la région épigastrique se gonflait, et la moindre pression sur ce point, même celle qui résultait de
vêtements tant soit peu sen-Bs, lui était tout à fait intolérable. Quelques heures après les repas, la douleur de l'estomac se propageait dans les intestins, sous forme de
coliques sourdes ou de simples pesanteurs, avec accumulation de gaz.
Pendant plusieurs années, les souffrances du tube digestif ne se révélè,'ent que par ces symptômes; mais il aniva
lin moment où ils s'exagérèrent, et chaque fois que la
malade mangeait, elle éprouvait des éructations et assez
snuvent des envies de vomir; en même temps, sa tête
s'embarrassait et sa face devenait turgescente. Sa langue
se m~ntrai
tantôt large et pâteuse, tantôt pointue, sèche
ct rouge SUl' les bords; la constipation étaiL habituelle.
Marguerite souffrait ainsi depuis plus de cinq à six ans,
lorsqu'un jour, après avoir ressenti de la pesanteur dans
le bas-ventre, elle cut une métrorrhagie très-abondante,
avec expulsion de caillots volumineux. A la suite de cette
perte, qui' ravait forcée à ,:ester au liL pendant quatre
mois, elle était si faible et si prile (anémie globulaire),
qu'il lui était impossible de se remuer sans avoir de violents battements do cœur ct sans s'oxposer à une syncope.
D'un autre côté, elle étaiL devenue si nerveuse, qu'elle ne
pouvait supporter le moindre bruit; une lumière trop vive
�~
68
lR
l \lTAIO~
SPINALE SYMPTOMATIQUE.
l'incommodait, elle pleurait à chaque instant et sans sujet,
elle ressentait an gosier une constriction accompagnée de
àysphagie; elle avait quelque peine à soutenir sa tête, qui
tflmber en avant, et, en même temps, elle
voulait t07Jjo~ws
eprouvail il, la plwtie poslé1'ieure dIt col une douleur sourde
se propageant à l'occiput eL s'irradiant parfois, sous forme
d'élancements, jusque dans les joues eL dans les tempe.
Ces phénomènes existaient depuis longtemps, lorsque,
il Yil deux ans, Marguerite sentit passagèrement de la difiicuIté à élever les paupières; et un jour qu'elle avait éprouvé
L1ne extrême fatigue, car elle avait repris peu à peu sa fabrication de c1.entelIes, la douleur cervicale étant devenue
plus vive, des symptômes de paraly ie de la face se manifestèrent; la mastication ne pouvait s opérer sans de
grosses grimaces, la déglutition même des liquides était
très-difficile; tout le côté droit de la face avait perdu le
mouvement et la ensibilité; la langue, déviée à gauche,
sortait péniblement de la bouche, dont la commissl1l'e était
tirée dans le même sens; la voix était affaiblie.
Tel~
sont les renseignements que nous fourniL Marguerite sur les antécédent de sa maladie. Au moment de notre
examen, nous la trouvons dans l'état suivant:
La peau olTre une teinte chlora-anémique trùs-pL"Ononcée ct les genci ves son t pâles. La région cervicale du rachis
est le siége d'une douleur compressive, av c sensation ùe
refroidissement; elle augmente encore sous l'iqnuenc du
froid atmosphérique et de la pression des doigts; la malade
prétend « que SCt cervelle 1"emul' dans sa tête; )) il existe
des bourdonnements d'oreilles, des vertiges, des élancements dans les tempe et dans 1 s joues; les paupières
s'élèvent et s'abaissent II volonté; la bouche est un peu
entraînée II gauche; la .langue, légèrement déviée du même
�In RITATIO N SI'I:'iALE SYlIPTOM A1'lQUE.
~6!J
côté, ne peut, sallS beaucoup de peine, sortir de la bouche;
la déglutition est 'difficile, la mastication est fatigante, ce
que la malade exprime en disant qu'aprè avoir mâché pendant quelque temps, elle. est aussi fatiguée que si elle avait
beaucoup travaillé.
La sensibilité de la face es t naturelle, mais ses mouvements sont plus limités à droite qu'à gauche.
L'intensité de ces symptô mes est loin d'être constamllIent la même; elle varie essentiellement avec l'intensité
de la douleur claus la région cervi cale; elle augmente ou
diminue avec elle; quand ell e est très-prononcée, Marguerite ressent des fourmillements, des picotements et de
l'engo urdissement au bout de ses doigts; ses mains se refroidi ssent, sa peau se sèche, et cIl éprouve une sorte de
pression douloureuse su r les muscles interosseux. Lorsque
ceLte doul ur est moins marquée, les phénomènes paral ytiques de la face et des extrémités supéri ures sont peu
sen 'ible5. Mais, dans ce cas, il est rare qu'il n'apparaisse
jJas une outre douleur au niveau des denüères vertèbres
lombai 'es, et alors les jambes se refroidissent, la peau qui .
recouvre les tibias est j01t1'1nillante, la station debout ne
peut être prolongée, les genoux sonL tremblants, l'abaissement du Irone e t difficile, la région lombaire est le siége
de picotements, el les orteils, serrés les uns contre les
autres, sont parcolll'lls par des 'lancemen ts et quelquefois
même par des crampes passagères. Aussi tôt que cette douleur lombaire dispara1L, les mouvem ents du rachi s redeviennent libres, la malade peut marcher facilement et faire
InÊllne un trajet ct plusieurs lieues.
L'estomac est presque toujours d()ulore~;
les di gestions sont difficiles ct accompagn6cs de tendance :J.U sommeil, d'éructations, de natuosités, de battetl1ent8 de cœur
�~70
IRRITATION SPI:I'.\LE SVMPToalATIQU E.
et de gêne dans la respiration. Ces symptômes sont surtout évidents lorsque la malade SI oublie à manger quelques aliments gras. La région épigastrique est tuméfiée;
les parois abdominales sont rigides et tendues, les selles
rares et difficiles; la micturition se fait naturellement, et
l'urine est aqueuse.
La poitrine est sonore; point de ràles, point de toux.
Le pouls est faible, ondulant et sans fréquence; le volume du cœur est normal; mais nous constatons l'existence
d'un bruit de soume doux, avec murmure, dans la régioll
cervicale.
Il existe un afTaiblissement extrême de l'énergie morale.
Marguerite est dominée par une sorte d'irritation nerveuse
qui fait qu'elle pleure à chaque instant, qu'elle craint les
émotions les plus légères, et qu'elle redoutt> même d'en
faire naître, en liant conversation avec les personnes de
sa connaissance.
Soumise au traitement thermal, elle prend :vingt et un
bains tempérés, dix-neuf douches et quclques étuves qui
lui sont très-agréables, et qui, dit-elle, la soulagent beaucoup parce qu'elles la réchaufTent; elle boit, en outre, de
l'eau ferrugineuse .
Quand elle quitte Plombières, ellc a repris beaucoup de
force physique. Ses digestions s'accomplissent quelquefois sans douleur, sans éructations et sans flatuosités. La
tuméfaction de l'épigastre est moins marquée; la rigidité
des parois abdominales a diminué; il en est de même de la
douleur cervico-Iombaire, des picotements des doigts,
des élancements et des crampes dans les orteils. Les mains
ct les jambes sont moins disposées 11 se refroidir; la teinte
de la peau est un peu moins anémique; nous ne retrouvons plus le murmure de la région cervicale; le bruit de
�IRRITATION SPINAlE SYMPTOMATIQUE.
171
souffie du cœur persiste cependant, mais seulement à certaines heures éloignées des repas; les palp'itations et
l'essouffiement ne se manifestent qu'à l'occasion qe mouvements un peu prolongés.
Voyons comment s'est annoncée chez Marguerite l'irritation spinale. Il y avait longtemps qu'elle souffrait des
voies digestives et que sa santé générale était altérée, lorsqu'une métrorrhagie abondante vint la jeter dans la faiblesse la plus profonde.
Elle avait perdu tant de sang qu'après 'être restée au lit
pendant quatre mois, elle ne pouvait encore faire aUC~l1
mouvement sans éprouver des battements de cœur et sans
se trouver menacée de syncope. En même temps, elle
était devenue très-pâle, et si nervev-se, que l'action de
tous les stimulus lui était intolérable, Cet éréthysme nerveux, remarquons-le bien, avait coïncidé avec l'apparition d'une douleur cervicale accompagnée d'élancements
névralgiques sur les tempes et dans les joues, puis il était
Survenu une véritable paralysie de la face, et la douleur
locale du rachis augmentant passagèrement, les phénomènes paralytiques s'étaient étendus jusque sur les membres supérieurs. Quand parfois cette douleur sc localisait
Sur les lombes, on voyait apparaître les mllmes accidents
du côté des extrémités inférieures; et tout cela, avec du
bruit de souille du cœuret du bruit de diable dans les gros
vaisseaux du col.
La malade vient il Plombières; ses digestions s'améliorent, le bruit de souille s'efface, la douleur cervico-Iombaire diminue, les picotements, les fourmillements, les
crampes, la disposition au refroidissement, diminuent en
même temps. N'avons-nous pas raison de considérer les
troubles nerveux qui se sont déclarés chez Marguerite
�172
IRlI l TATlON SPINALE SHII'TOMA'J'JQUE .
comme le résultat d'une irritation spinale symptomatique
de l'anémie déterminée par la métrorrhagie? Nous
croyons que ce genre d'irritation a dû se développer d'autant plus facilement chez elle, qu'clle y était déjà prédisposée par J'altération prolongée de ses forces digestives.
L'irritation spinale symptomatique d'une compression
lente de la moelle ou des nerfs qui en dérivent, n'est pas
une affection rare. Les observations que nous avons rapportées sous les numéros 18 et 20 en offrent des exemples
d'ajouter le cas suivant.
auxquels nous nous ~onters
OBSE/lVATION NO
30.
Irritation spinale sy lJ'Ptomaiq~e
d'une compression lente
de la moelle et des 16elj" dorsaux, parsuite de pl'ojection
des septième et huitième vertèbres dorsales.
Étienne Alexis, d'Amance (Meurthe), vigneron, âgé de
27 ans, de constitution médiocre, de tempérament nerveux, entre à l'hôpital de Plombières le 6 juillet 1852. La
maison qll'il habite est saine, nullement humide et parfaitement éclairée; son père est mort de gastrite à 52 ans;
sa mère est bien portante.
11 prétend avoir toujours eu une constitution délicate, et
il l'attribue à ce qu'étant encore tout enfant, il travaillait
déjà à la Lerre ct avait fréquemment les pieds dans l'eau.
Il fait remonter il quatre années l'origine de sa malacli',
qui s'est développée clans les circonstances suivantes.
JI re sentit d'abord quelques douleurs de chaque côté
du thorax et une certaine gOne dans les mouvements de
nexion du tronc. P ndant deux élns il n'6prouva aucun
�TII1\ITAT 10N SPINALF. SYMPTOMATIQUE.
n3
autre symptôme, mais au bout de ce temps il s'aperçut
qu'il avait dans le dos une saillie, d'abord fort petite, et
qui progressivement acquit un volume plus considérable.
Cette saillie, non douloureuse au toucher, était survenue
sans qu'il eût fait aucune chute, aucun effort, en un mot,
sans le concours d'aucune cause physique connue; jamais,
non plus, il n'avait eu de rhumatisme ou de maladie syPhilitique qui pût en expliquer le développement.
La difficullé qu'Alexis éprouvait dans les mouvements
ùu tronc ne tarda pas à se dissiper presque totalement;
mais les douleurs des parois de la poitrine persistèrent et
se compliquèrent même de douleurs erratiques sur différents points du rachis, tantôt avec faiblesse et tremblement dans les jambes, tantôt avec élancements et picotedoigts. Voici ce
ments dans les bras et à l'extrémité de~
que nous constatons chez ce malade 11 son arrivée à Plombières.
La région rachidienne est le siége d'une saillie grosse
comme un œuf de poule, ct formé e par la tuméfaction et le
déplacement cles septième ct huitième vertèbres dorsales.
r.a pression ne développe sur ces vertèbres aucune douleur; mais si on la cOIlLinue suivant le trajet des huitième,
neuvième e~ dixième nerfs intercostaux, on détermine sur
plusieurs points dn thorax un engourdisscllI nt douloureux.
Chaque fois que 10 temps change, mais surtout lorsqu'il
passe du sec à la pluie ou à l'orage, Ale is ressent des
chatouillement, des piqûres d'aiguille et des élancemonts,
non -se ulement dans les espaces intercostaux qui reçoivent
leurs filets nerveux des branches que nous vonons de désigner, mais encore dans ceux qui les tirent ùes troisième
et quatrième paires intercostales.
La région inférieLlre ùu col cl la région lombaire devien-
�474-
IRRITATION SP INALE SYMPTOMAT IQU E,
nent parfois, mais succéssivement, le siége de rigidité et
de douleurs passagères, Au col, elles sont accompagnées
de pincements à l'extrémité des doigts, de fourmillements
dans les bras et d'élancements névralgiques dans les muscles trapèzes et deltoïdes, Aux lombes, elles déterminent
de la faiblesse dans les reins et dans les jambes, avec des
tiraillements dans le trajet des nerfs sciatiques,
Alexis éprouve encore quelques difficultés à fléchir Je
tronc; il supporte avec peine la station debout; il marche
avec aisance, mais non sans fatigue, lorsqu'il veut prolonger ses promenades,
Les parois abdominales ne sont ni tendues ni resserrées;
les selles sont journalières, mais les envies d'uriner se renouvellent fréquemment, surtout quand la région lombaire
devient douloureuse,
Quoique la poitrine soit déformée et que le sternum soit
porté en avant, nous n'avons rien à noter sous le rapport
de la respiration ou des fonctions du cœur,
Les sens sont intacts; la sensibilité générale est légèrement exaltée et la base des ongles est un peu douloureuse,
Alexis quitte l'hôpital le 27 juillet, après avoir pris
vingl et un bains tempérés de deux heures, dix-neuf douches de dix à vingt minules, et chaque matin, trois ou
quatre verres de la source des Dames, Il se trouve infiniment mieux, quoique les bains l'aient, dit-il, affaibli, En
effet, il se baisse avec facilité; les douleurs qu'il accusait
sur les parois du thorax et dans les lombes ont disparu
presque complélement. Il ne ressent ni pincements à l'extrémité des doigts, ni élancements névralgiques dans le,
bras; la sensibilité morbicl qu'il av:lit à la base des ongles
s'est dissipée, et llwlgré les changements de temps et les
orages assez fréquen ts qui ont eu lieu pendant son séjour
�IRRITATION SPINALE SYMPT01IATlQlJE.
175
aux eaux, il n'a plus éprouvé, à partir du dixième bain,
ni douleurs erratiques dans le rachis, ni besoins fréquents
d'uriner.
Dans l'observation qu'on vient de lire il est facile de
saisir la cause immédiate de l'irritation spinale symptomatique; elle résulte évidemment de la compression lente
de quelques troncs nerveux, et sans doute aussi de celle
du cordon rachidien lui-même, compression déterminée
par le déplacement et la tuméfaction des vertèbres. Mais
il est des cas où celle cause matérielle est beaucoup moins
évidente, quoique l'irritation spinale ait été précédée de
quelque accident capable de faire soupçonner par luimême la nature de la lésion qui l'a développée. On en jugera par le fait que voici.
OBSERVATION NO
31.
Irritation spinale s~t1"venu
après un effort qui a déte1'miné un craquement clans le rachis.
Jean-Nicolas Colin, vigneron de Creu ne (Meuse), âgé de
28 ans, de constitution faible, de tempérament nerveux,
habite une maison située au midi, mais humide et mal
éclairée; son père et sa mère sont bien portants. La maladie qui l'amène à Plombières date de dix ans; elle 'est
su rvenue dans les circonstances que voici:
Colin avait 18 ans, et jusque là, il avait toujours
oui d'une santé parfaite, lorsqu'un jour ayant fait un grand
effort pour vider une vanne, il ressentit, et entendit même
Un craquement entre les deux épaules; il continua cependant à travailler, mais non sans éprouver une très-grande
faLigu , Quelques jours après cet accident, il se plaignit
�06
lRRl'fA'f10:S SPINALE SnlPTOMATIQUE.
d'une gêne légère dans la respiration et de céphalalgie.
Chaque fois qu'il faisait une inspira lion profonde, le craquemenl dont nous avons parlé se renouvelait; il avait
lieu au niveau de la deuxi me vertèbre dorsale, olt se faisait sentir en même temps une douleur fixe, qui s'exagérait sous la pression des doigts.
Pendant fort longtemps, le malade n'éprouva pas d'autres
symptômes; mais peu à peu il devint incapable de se livrer
à aucune espèce de travail; son appétit était tout à fait
nul; il avait des crampes d'estomac, des vertiges, des bourdonnements d'oreilles passagers, des picot ments aux
yeux, des fourmillements dans les bras, surtout aux articulations des coudes, des douleurs au défaut des cotes,
tanf6t $OUS [orme de points, tanl.ôt sous forme de constriclion, avec difficulté de respirer.
Un avait cherché à combattre son mal par din'érents
moyens j les frictions avec la teinture vineuse de roses de
Provins, et les embrocations avec de l'huile camphrée, ou
avec d'autres pommades dont il ignore la composition,
avaient été tour à tout' employées. En 1850 et 1851, il
était allé prenùre les eau'( cl Bourbonne, qui avaient déterminé chez lui une excessive agitation. En 1852, enfLl1, il
s'était rendu à Plombières, et il affirme qu'y ayant fait
usage des caux, qui l'agitèrent. au si, mais à un moindre
d gré, il s'étail 'elllÎ plus fort, après êlre retourné chez
lui, el il avail pu travailler de nouveau, en sc ménageanL
Le 18 juin 1853, il revinL h l'hôpital, où nous le lrOllvon!';
dan s l'état suivant:
L'aspect ùu rachis est Loul à fait normal, soit que le
malade se tienne ùroiL eL sans fairc aucun mouvcmenl,
SOi l qu'il incline 1 tronc en avant, à droite ou il gauche.
Il cxiste au niveau de la deuxième vertèbre dorsale une
�IRRITATION SPINALE SYMPTO~lAIQUE.
~
77
douleur Oxe qui s'exagère sous l'influence de la pression
et irradie le long des bras, jusqu'à l'extrémité des derniers
doigts de la main, en suivant le trajet du nerf cubital.
Chaque inspiration est accompagnée d'un craquement sur
le point où sc fait sentir la douleur fixe que nous venons
de décrire; il se plaint de maux de tête fréquents, mais
passagers, de siffiements dans les oreilles, de démangeaiSons dans les yeux, avec injection de la conjonctive, de
pesanteurs dans les bras, accompagnées de picotements
dans toute leur étendue, mais particulièrement à leur côté
externe et aux articulations cubilo-humérales.
Une autre douleur, moins fixe que celle de la région dorsale, et que la pression n'exagère pas d'une manière sensible, a son siége sur les deux dernières vertèbres lombaires; les jambes sont froides et débiles, les genoux sont
tremblants, la marche est chancelante, la station debout
est pénible; les principaux faisceaux musculaires des
jambes et des cuisses sont agités par de~
secousses non
douloureuses; les articulations coxo-fémorales, fémorotibiales et tibio·:'Larsiennes sont dans un élat de relâchement très-manifeste.
La poitrine est sonore; les muscles pecloraux sont douloureux; la base du thorax est le siége d'une gêne compressive qui entrave légèrement les mouvements respiratoires; le volume et les bruits du cœLlr sont naturels; mais
pOur peu que le malade éprouve quelque émotion ou fas e
de grands mouvements, il a des palpitations.
Les intestins sont légèrem nt paresseux; l'urine est
quelquefois retenue, surtout quand le temps change et
quand toutes les douleurs s'exagèr nt.
La sensibi lité taclile est parlout normale; jamais de
crampes dans les jambes, ni de douleurs dans les talons.
~2
�178
IRRITATION SPINALE SYMPTOMATIQUE.
Pendant le séjour qu'il fait à Plombières, Colin prend
chaque jour un bain tempéré de deux heures, une douche
également tempérée et deux ou trois verres d'eau de la
source des Dames.
Il quitte l'hôpital le 7 juin, au milieu d'une période de
surexcitation semblable à celle qu'il a déjà ressentie l'année
dernière; mais il n'en est pas surpris, car il compte encore
sur une amélioration consécuti ve.
La maladie de Nicolas Colin s'est développée, comme
nous le savons, à l'occasion, d'un effort musculaire accompagné de craquement dans la région du rachis, et qui a
sans doute changé les rapports naturels existants entre les
verlèbres et quelques porlions de leur appareil ligamenteux. Cependant, nous ne pouvons porler ici qu'un diagnostic probâble, eL walgré l'évidence de la cause première et occasionnelle, nous ne rencontrons aucun signe
extérieur qui révèle, comme dans l'observation précédente.
la cause secondaire et matérielle de l'irritation spinale.
De toutes les conditions pathologiques à l'occasion desquelles nous voyons apparaître l'irritation spinale symptomatique, aucune n'est plus favorable el plus fréquente
que la concentration du sang dans les enveloppes ou dans
le tissu de la moelle et de ses nerfs. 1\ y a même entre ces
deux états une liaison si intime de cause et d'eJl'et, que
plusieurs auleurs, contesLant l'existence de l'irritation
spinale, commo maladie idiopathique, ont, 11 dessein, confondu son histoire avec colle des oongestions rachidiennes.
Nous citerons deux ob orvations dans lesquelle cetle
liaison nous a paru facile à saisir.
�IRRITATION SP INALE SYMPTOMATIQUE.
OBSERVATION N°
~79
32.
Suppression subite des règle,~.
douleurs des lombes,. engourdissement et picotements des membres, ,~uivs
de
pamlysie incomplète.
La femme Bour, âgée de 26 ans, faiblement constituée,
svelte, de tempérament nerveux, mariée et mère de quatre enfants, a perdu son père et sa mère, l'un d'une maladie qu'elle ne peut dénommer, l'autre de phthisie pulmonaire. Attachée à un régiment comme cantinière, elle
vient de passer six ans en Afrique, où elle habitait une
maison humide; avant cela, elle n'avait jamais quitté Éply
(Meurthe), lieu de sa naissance, et elle s'y était toujours
bien portée.
11 y a cinq ans, elle fut exposée à une grosse pluie, et
ses vêtements transpercés se refroidirent sur son corps.
Elle était à une époque périodique, e~, le froid l'ayant saisie, l'écoulement s'arrêta. Elle ressentit aussitôt des douleurs sourdes dans la région lombaire et dans les hanches,
accompagnées d'engourdissement des membres pelviens.
Ces douleurs disparaissaient ou tout au moins diminuaient
sensiblement sous l'influence de la position horizontale;
elles s'exagéraient au contraire pendant la station debout.
Quelques jours se passèrent ainsi, durant lesquels il se manifesta de la pesanteur et des élancements passagers dans
les bras, de la gOne ct de l'incertitude dans les mouvements des doigts, de la dysphagie, de la constriction à la
gorge, des crampes d'estomac, avec sensation de globe
hystérique et des envies fréquentes d'uriner. Enfin, au
bout d'une semaine, la malade se trouva, dit-elle, tout il
�480
IRRITATION SPINALE SY!lPTO!IATJQUE.
fait percluse. La perte du mouvement était cependant incomplète et plus prononcée 1:1 gauche qu'à droite; la sensibilité demeurait intacte sur Lous les points du corps.
Une année entière se passa dans cette situation; on portait la malade d'un lieu à un autre; car lorsqu'elle voulait
changer de place sans se faire aider, elle éprouvait la plus
grande difficulté à se mettre en mouvement; en un mot,
elle se t1'Ctînait pl1tUJt qu'eUe ne 1nctl'chaü . Elle avait en
même temps, mais par accès seulement, des engourdissements dans les jambes et dans les bras, des picotements
à l'extrémité des doigts et des cbatouillements ou des démangeaisons aux. talons,
Cet état se prolongeait ainsi depuis plus de trois ans,
lorsque la malade eut une grossesse gémelJaire. Celle grossesse n'eut aucune infJuence sur la marche de la maladie;
mais l'accouchement une fois terminé, la guérison ne se fit
pas attendre: la femme Bour recouvra la santé et put nourrir elle-même son enfant. Six mois se passèrent sans qu'il
se présentât le moindre accident; au bout de ce terme,
et lorsqu'elle allaitait encore, mais que la sécrétion du
lait comnlençait à diminuer sans que les règles se fussent
rétablies, elle vit l'eparallre que lques-uns des symptômes
qui l'avaient paralysée pendant si longlemps. Malgré cela
elle put quilter l'Afrique et venir à Plombières, olt nous
l'examinons le 26 mai 1853.
Avant de quiLter Tlemcen, la malade a sevré son enfant,
mais les règles n'ont pas encore reparu, Elle sc plaint actuellement de douleur dans les reins el dans les hanches;
ses bras sonl lourds et lremblants; des élancements passagers se font sentir à l'extrémité des Lloigts, dont les mouvements sont maladroits el dj('fjciles; les jambes sonl fréquemment froides cl engourdies; les talons sont le siége
,
.
�Jr.RITATION SPINALE SY~IPTO)!A[Q:E.
~8
,!
d'une espèce de fourmillement comparable à celui qui accompagne les engelures; la slation debout et la marche ne
peuvent être prolongées sans déterminer une extrême fatigue. Les régions cervico-dorsale et lombaire sont douloureuses ; on ne peut les percuter et les comprimer du bout
des doigts sans accroître l'engourdissement des membres
pel viens et sans faire naître des fourmillemen ts dans les
bras. Les mouvements de flexion du trollC augmentent la
douleur locale; le coucher horizontal la diminue et la fait
même disparaître totalement: aussi, dans ceUe situation,
la malade éprouve-t-elle beaucoup plus de facilité à exécuter toute sorte cie mouvements, mais surtout ceux des
jambes.
Les sens !:ionl, parfaits; il n'existe jamais de céphalalgie;
la sensibilité générale est naturelle.
Les fonctions digestives sont intègres; l'appétit est excellent; les parois abdominales ne sont ni tendues ni serrées circulairement; la micturilion s'accomplit sans auCune difficulté; mais les urines se troublent peu de temps
après avoir été rendues, en laissant des incrustations uriques.
Les fonctions du cœur ct de la poitrine n'offrent rien de
particulier. Le pouls est normal.
Jusqu'ici la malade n'a employé aucun autre moyen que
des frictions, soit avec de l'eau-de-vie camphrée, soit avec
des pommades. SOLlmi~e
au traitement thermal pendant
vingt ct un jours, eUe prend des bains tempérés de deux
heures ct des douches de huit à quinze minutes.
Pendalltle cour::: de ce traitement, ses règles reparaissent pour la première fois depuis ~on
accouchement. Quand
elle quitle Plombières. elle a obtenu une amélioration si
remarquable, qu'cil sc croit totalement guérie; el nous
�~
82
mRIT A'lION SPINALE SYMPTOMAT IQUE.
partagerions toute sa confiance, si nous ne savions avec
quelle facilité la cause de sa maladie, c'est-à-dire la congestion, se reproduit dans les tissus qu'elle a déjà envahis
une fois.
Nous ne croyons pas qu'on puisse élever le moindre
doute sur la cause qui a déterminé chez la femme Bour
l'irritation spinale, car on peut, en quelque sorte, en saisir
le mécanisme. La suppression subite des règles paraît
avoir eu pour conséquence immédiate une concentration
sanguine du côté des centres nerveux rachidiens, à laquelle
il faut, suivant nous, attribuer les douleurs, les engourdissements et enfin la perte incomplète de la motilité dans
les membres. La diminution de ces douleurs et la plus
grande aisance des mouvements, sous l'innuence de la
position horizontale, milite encore en faveur de cette opinion . On sait, en effet, que, dans les congestions vasculaires avec excès de sérosité rachidienne, le coucher en
supination amenant une répartition plus uniforme du
liquide dans toute l'étendue du canal vertébral, il en résulte une moindre compression dans la région lombaire
de la moelle, et conséquemmont un peu moins de gCne
dalls les mouvements des jambes. Si nous ne craignions
d'aller trop loin, nous pourrions peut-ôtre expliquer ainsi
l'apparition, sousforme d'accès, des engourdissements, des
picotements et des démangeaisons, par l'occur1'ence de
quelques variations momentanées dans les quantités de ce
liquide.
La grossesse survenue pendant Je cours des accidents
paralytiques n'était pas faite, par elle-même, pour les dissiper. On conçoit, au contraire, que la distension de l'utérus
par 10 produit de la conception pouvait plutôlles aggraver,
en déterminant de nouveaux LJ'oubles dans la circulation
�IRRITUIOl'i SPINALE. VMPTOlIATIQUE.
~
83
artérielle et veineuse à l'intérieul' du rachis; mais on comprend aussi comment ces troubles ont pu disparaître après
l'accouchement, lorsque l'excrétion utérine et la sécrétion
mammaire qui l'ont suivi, sont venues servir de point de
dérivation à la concentration sanguine rachidienne, concentration que l'on voit encore se reproduire au moment
où la sécrétion du lait commence à diminuer, et avant que
les règles se soient rétablies, mais qui finit par sc dissiper totalement pendant le cours du traitement thermal,
et après l'apparition d'une première époque menstruelle.
Si l'inOuence de la menstruation sur les congestions
rachidienne, et secondairement sur l'irritation spinale,
es t démontrée par une multitude de faits, nous ùevons
dire cependant que celle-ci n'a pas toujours la même
expression symptomatique, ce qui dépend sans doute du
point de l'<lppareil encéphalo-rachidien sur lequ el la concentr<llion sanguine s'es t établie. Tantôt c'est l'éréthisme
nerve ll X qui domine, ct l'on voit apparaitre les phénomènes hystériformes les plus bizarres j tantôt, au contraire, c'est la torpeur pOllssée, comme dans le cas suivant,
jllsqu'à la paraplégie la plus complète.
OBSERVATION NO
33.
Suppression st/bite des règles,. douleurs lombaires,. r,étention ù/urine,. paraplégie complète.
Madeleine Mareine, de bonne constitution, de tempérament sanguin, habite h Épinal (Vosges) , une maison exposée au midi, non humide et bien éclairée. Elle a été
réglé il 15 ans; elle en a aujourd'hui 34, eL elle
s'était toujours bien portée jusqu'en 181,6, lorsque, le
�18ft
InRlTATlON SPINALE SYMPTOMATlQÙE.
18 mai de celte même année, étant occupée il laver la
lessive, et voyant tout à coup son linge entraîné par le
courant de la rivière, elle se précipita dans l'eau pour le
rattraper. Elle avait alors ses règles' leur écoulement se
supprima subitement, et elle ressentit dans les reins et dans
les membres des douleurs contusives, alternant avec des
fourmillements et des engo urdissements qui persistèrent
jusqu'au mois d'octobre. A cette époque, les règles n'ayant
pas encore reparu, la malade commença par éprouver
quelque difficulté à uriner et il remuer les extrémités inférieures; elle avait en même temps des palpitations, des
étouffements, du spasme à la gorge et quelques tiraillements à l'épigastre ; mais tous ces symptômes ne se montraient qu'irrégulièrement ' et d'une manière pour ainsi
dire accidentelle. L'abdomen était serré comme par une
ceinture, el la défécation n'avait lieu que tous les huit ou
dix jours. Bientôt Madeleine se vit absolument paralysée
des jambes,. ses orteils élaien t tout il faiL immobiles; si elle
meLtait les pieds par terre, elle ne sentait pas Je sol; on
pouvait la pincer de bas en hauL.jusqu'au nombril, sans
développer aucune doulenr; la rétention d'urine était devenue complète. Ces phénomènes s'étaient développés
sans qu'il se mt montré le moindre mal de tNe ou le plus
petit mouvement [ébr.ile ; les sens étaient intacts, ct l'a ppétit avait toujours été parfait.
En 18/,7, Madeleine s'é tai l fait conduire à Plombières, où
elle avait pris les eaux en bains, en ùouches et en boisson.
Elle fin avait éprouvé déjà une certaine amélioration; ses
orteils commençaient à se remuer ct ses jambes lui parais, aient moins lourdes. - Elle y revint successivement
pendant cinq années, et le 7 juin 1852 nous la trouvons
dans l'étal suivant:
�IRRITATIO
SPI1'iALE SYMPTOMATIQUE.
~81j
L'aménorrhée persiste encore j le rachis eat douloureux
Sur plusieurs points de son étendue j lOais ces douleurs
n'ont pas de siége fixe: tantôt elles passent entre les deux
épaules j le plus souvent elles affectent la région dorsolombaire. Les mouvements du tronc et les secousses d'une
voiture exagèrent ces douleurs j elles diminuent pendant
la nuit ou même pendant le jour, sous l'influence du décubitus horizontal et latéral. La station debout e t mal
supportée j la marche est possible, pourvu qu'elle ne soit
pas trop longtemps prolongée. Les jambes sont lourdes
et un peu engourdies; le mouvement des orteils est gêné,
mais la' malade apprécie parfaitement la nature des corps
sur lesquels elle les pose. La constriction abdominale a
cessé; les selles sont régulières et la micturition est redevenue naturelle. l,es phénolDènes sympathiques, qui
S'étaient montrés au début sous la forme de palpitations,
d'1touffements et de spasmes du gosier, n'existent plus, si
ce n'est il des intervalles fort éloignés ct quand il arrive
de grands changements de temps. La poitrine est sonore j
le volume du ccc ur est normal et ses bruits sont naturels j
le pouls donne 68 pulsations.
La sensibilité géuérale et la sensibilité spéciale sont
intactes.
Pendant le nouveau séjour qu'elle fait à Plombières,
Madeleine Mareine prend vingt et un bains tempérés, dixneuf douches de trenle minutes eL chaque jour, deux verres de la source des Dames. Elle quille J'hôpital le 29 aoùL,
après avoir éprouvé une amélioration très-notable. Ses
jambes sonl plus solides et moins disposées il fléchir sous .
elle; les orteils ont recouvré loute la liberté de lellrs mouvements j la marche peut êlre prolongée pendant plus
d'une heure, sans amenel' une très-grande fatigue j la sta-
�~86
IRRITATION SP INALE SnlPTO!llATIQUE.
tion debout est moins pénible; les douleurs rachidiennes
ont disparu, mais la persistance de l'aménorrhée nous fait
craindre que les bons eITets du traitement thermal ne se
soutiennent pas.
L'irritation spinale se montre fréquemment comme expression symptomatique des maladies diathésiques. Tantôt
elle est liée à l'existence d'une aITection scrofuleuse (carie
des vertèbres), tantôt elle dépend d'une syphilis constitutionnelle ; mais ce dernier cas ne s'est pas encore présenté
dans notre clinique. D'autres fois, on la voit apparaître
tout à coup chez des suj ets assiégés depuis longtemps par
des douleurs rhumatismales dans les articulations ou dans
les fai sceaux musculaires qui remplissent les goullières
rachidiennes. Dans ce cas, elle emprunte en général à l'élément morbide qui la domine son caractère de mobilité,
et elle peut passer rapidement, au moins ~ son début, d'uo
point du rachis ~l un autre. Elle parait alors dépendre plus
particulièrement d'une aITection des tisslls libro·-ligamenteux de la colonne vertébrale et probablement aussi des
tissus interverlébraux. Lorsqu'elle se prolonge, ell e finit en
général par pénétrer plus profondément et par réveiller
un nombreux cortége de phénomènes sympathiques.
Quand, par exemple, les malades se plaignent de crampes,
de douleurs constrictives des muscles, d'engourdissements
et de picotements dans les extrémités, on peut soupçonner
qu'elle ne se borne plus aux tissus ligamenteux du rachis,
mais qu'elle a envahi les organes renfermés dans sa cavité,
et il est à craindre alors qu'elle ne se complique d'inOamm;;.tion, d'épanchement, d'induration ou de congestion do
l'appareil vasculaire de la moelle ou de Res membranes.
L'irJ'itation spinal à forme rhumatique diminue ol'dinai-
�IIlRITATIO N SP INAL ); SYMPTOMATIQue.
~
8'7
rement sous l'influence de la chaleur du lit et s'exagère par
les mouvements. Après s'être promenée sur plusieurs
points du rachis, elle Duit presque toujours, surtout chez
les vieillards, par se fixer sur la région lombaire et par
amener soit une simple faiblesse dans les jambes, soit une
véritable paraplégie, soit la dysurie. oit l'incontinence
d'urine, etc., etc. Voici quelques faits qui nous paraissent
de nature à éclairer l'histoire de cette alTection :
OBSERVATION NP
3il.
Sciatique; douleurs rhumatismales ambulantes; gonflement douloureux, mais passager, de qttelques arlicttlations; prurigo; urticaire; irritation spinale; dysurie,
rétention d'urine; qffaiblissement de la sensibilité et d1t
mouvement dans les extrémités infét'ieures; Suet~1'
abondantes; - g1térison; t'etours ?'épétes des accidents;
guérison notwe lie.
M. D., de Paris, négociant, âgé de il2 ans, de constitution délicat , de tempérament nerveux, né d'un
pèr ct d'une mèr rhumatisanl', a ress nLi lIne pr mière
atteinte de rhumatisme en 1833, ct il croit pou oir l'attribuer à cc qu'il couchait à c tte époque dans un rez-dechaussée humide ct froid. 11 avait élé év illé pendant la
nuil par de douleurs lancinant s qui s'étendai nt sur le
trajet du nerf sciutiqu gauch ; sa jambe était froide et à
demi fléch i ; il n 'pouvait l'étendre sans éprouver d'affreux Liraill menls dans le m mbre tout nUer L clans la
f sse. Il S) trouva forcé d gard r le lit six jour, pendant 1 sql1 Is on eut r cours à lIne application de sangsu s, ~l des cataplasmes émollients et ~l d embrocatious
�188
IIlR ITATION SPINALE SYMPTOllATIQUE.
avec des liniments narcotiques et adoucissants. Ces moyens
étant restés sans succès, on conseilla des douches de vapeur qui firent bientôt disparaître la maladie. Six mois plus
tard, M. D. reçoit une petite averse et néglige de changer
de vêtements; le lendemain il ressent un peu de gêne
douloureuse dans les muscles de l'épaule droite et 1ans les
pectoraux j le surlendemain, cette gêne passe de l'épaule
droite à l'épaule gauche, s'étend sur les espaces intercostaux du même côté et paraît amener un peu de difficulté
à respirer. Malgré cela, M. D. continue à se livrer à ses
occupations habituelles; il est sans fièvre et fait plusieurs
courses dans Paris. Une semaine s'écoule ainsi sans qu'aucun autre accident survienne, et mêm sans que le malade
s'occupe beaucoup de ceux dont nous venons de parler.
Cependant, un jour, il prouve des palpilaLiom; avec essoufflement et e décide à réclamer de nouveau les secours de
la médecine. On lui pre crit des frictions sur le cœur avec
quelques gouttes de teinture d digitale, et on lui administre, chaque soir, trente goulles de teintur de scille et de
colchique. Après quatr jours consacrés à cc traitement,
survient un diarrhé légère, qui [ul suivie de la disparition complète des douleurs musculaires, d s palpitations ct
de l'essoul1lement.
Depuis la On de 1833 jusqu'en 1836, il ne se présente
rien de remarquable dans la santé de M. U... ; mais, au
mois de septembre de celle dernière année, après s'être
mouillé les pieds en chassant dans de luzerne, il sent un
peu de difTicul té à mouvoir l'articulation libio-larsienne
gauche, et il s'aper OiL qu'il a un légr,t' gonDemel1t, sans
rongeur, de la ma lléole externe. Il frolte celte partie avec
un mélange ù'eau ùe vie cl de savon) ct continue à marcher; la douleur et le gonflement abandonnent la cheville
�IRRITATION SPINALE
YalPTOllAT IQUIl.
~
89
et viennent se fixer sur le genou, dans les expansions tendineuses et aponévrotiques qui recouvrent la rotule. Ces
symptÔmes persistent pendant quinze jours, mais sans
être assez intenses pour commander un repos absolu; ils
disparaissent après un nouvel usage des préparations de
scille et de colchique, et sont remplacés par des tiraillements dans les principales attaches du muscle trapèze,
particulièrement dans celles qui se fixent, en dehors, à l'acromion et Sur la ligne médiane, aux apophyses épineuses
de la septième vertèbre cervicale et de toutes celles du
dos. On conLinue la teinture de colchique, administrée
dans une inl'usion de botryx; une lranspiration abondante
se manifeste pendant la nuit, et M. D... se trouve encore
lIne fois débarrassé de ses douleurs. Cependant, à partir de
cette époque, il se plaint de temps en Lemps d'avoir la
poitrine serrée, et il lui semble que l'omoplate gauche est
poussée en avant; il éprouve quelques élancements douIOUl'eux dans les articulations des doigts et des orteils, et,
chaque hiver, ces articulations se tuméfient légèrement.
En 18~,
au mois de décembre, une nouvelle attaque de
sciatique survient tout à coup; mais elle ne dure que vingtquatre heures, quoiqu'on ne fasse rien poUl' la combattre, et sa disparition est presque aussitôt suivie d'unpru1'igo funnicans, qui persiste jusqu'au milieu de l'été. En
18~9,
vers la uu de janvier, de nouvelles douleurs se font
sentir, tantôt dans les articulalionsphalangiennesdes doigts
et des orteils, tanlât dans le genoux, dans les hanches et
sur le sommet des épaules. Lor qu/eHes se dissipent,
M. D... éprouve un peu d'essoulllement et quelques palpitations de cœur. Il revient à l'emploi des bains de vapeur, ct fait usage, pendant tout l'hiver, de pilules composées de soufre doré d'antimoine, d'extrait de gaïac et
�~
90
IRRITATION SPINALE SYMPTûlIATlQUE.
de salsepareille. Au mois de mars, il a deux jours de recrudescence dans ses douleurs intercu:rrentes, puis elles
cèdent la place à une éruption caractérisée par des taches
rouges, proéminentes, confluentes, accompagnées d'une
démangeaison incommode et que la chaleur du lit rend
tout à fait insupportable. Cette éruption parait et disparait
irrégulièrement sur toutes les parties du corps, sans accélérer le pouls et sans troubler l'appétit. Au bout de cinq
jours, elle s'efface complétement, après l'emploi de quelques bains salins alcoolisés. L'été se passe sans accident;
mais, au commencement de décembre, de nouvelles douleurs erratiques se montrent sur les membres et sur la
région cervico-dorsale du rachis; les mouvements du col
sont gênés et accompagnés d'un petit craquement semblable à celui que produit le froissement d'une étoffe de
soie; la flexion du tronc est un peu difficile; le jeu ùe
l'épaule gauche est légèrement entravé; M. D... se plaint
d'élancements névralgiques dans les oreilles et à la partie
postérieure de la l(lLe. On couvre le dos de sparadrap,
et l'on revient aux pilules antimoniaJes, additionnées de
sulfate de quinine, parce que, chaque soir, il se manifesle
un peu d'exacerbation dans les douleurs. L'hiver s'était
passé au milieu de nombreuses alternatives de bien et 'de
mal; le malade continuait à prendre de temps en temps
q uelq~
fumigations aromatiques et des préparations d'antimoine et de colchique, lorsque, dans le courant du mois
d'avril, il fut obligé de se mettre au lit 11. cause d'un gonflement douloureux de l'articulation fémoro-tibiale droite.
Après un repos de vingt-quatre heures ct l'emploi de cataplasmes émollients el narcotiques, la douleur du genou
disparut pour se porter sur l'épaule correspondante, où on
la combattit par l '8 mêmes moyens; mais du moment
�IRRITATION SPINALE SYMPTOMATIQUE.
~
91
qu'elle fut délogée de l'épaule, M. D... ressentit une assez
grande roideur du col, accompagnée de sensibilité sur les
dernières vertèbres cervicales et sur les premières dorsales - Il avait en même temps des impatiences dans les
bras, des picotements à l'extrémité des doigts, de la constriction des muscles pectoraux et quelques battements de
cœur. Il était question d'appliquer un vésicatoire entre
les deux épaules, lorsque cette gêne douloureuse du col
cessa et fut remplacée par une sensation de courbature
dans la région lombaire, suivie elle-même de difficulté
dans les mouvements du tronc, de faiblesse dans les jambes et de dysurie. On prescrivit une fumigation aromatique, et des frictions sur les lombes avec de l'huile de
crotoll-tigliuTIl. La troisième friction détermina une éruption abondante i mais la dysurie ne diminua pas, et bientôt
on fut oblig6 de recourir à la sonde pour faire uriner le
malade. Dans l'espace de cinq jours, la simple faiblesse
des jambes s'6tait transformée en une paralysie incomplète de la sensibilité et du mouvement; on conseilla l'administration d'un purgatif et de sudations prolongées au
moyen de l'enveloppement. La première application du
maillot ayant 6té mal supportée, il fut impossible de pousser très-loin la transpiration; mais quand le malade s'y
fnt habitué, on put, pendant quinze jours cons6cutifs,
provoquer des sueurs abondantes, eu econdant l'effet de
l'enveloppement pal' des frictions sèches préalables et en
donnant des boissons aromatiques chaudes. Dès le second
jour de sudation, les mouvements paraissaient devenir
plus faciles; on insista sur ce moyen, et au bout de quinze
jours, sensibilité, mouvements, micturiLion, tout était
normal. Il ne restait plus la moindre gêne dans la région
lombaire; en un mot, M. D... était guéri, du moins il
�492
IRnlTATlON SPINALE SYMPTOMATIQUE.
croyait l'lItre, et il avait d'autant plus raison de penser
ainsi, que depuis la fin d'avril 1850 jusqu'au mois de mai
1851 sa santé générale était restée parfaite. Mais à celle
dernière époque, après avoir été repris de nouvelles douleurs articulaires et de quelques troubles dyspepsiques,
il se plaignit de passer de mauvaises nuits; son sommeil
était troublé par des impatiences, des engourdissements
et des picotements dans les jambes et dans les bras. Tantôt il ressentait de la roideur dans le col, et alors il
éprouvait un peu de gêne à respirer et quelques palpitations avec constriction de la poitrine, surtout du côté
gauche; tantôt il accusait une douleur sourde dans les
reins, ou plutôt sur la région dorso-Iombaire, et, dans ce
cas, il avait une sensation de ceinture abdominale, de la
faibl esse et des élancements dans les extrémités inférieures, de la constipation, de la dysurie et quelqu fois même
de la rétention d'urine; mais tous ces symptômes étaient
remarquables par leur fugacité. Après avoir ét6, par
exemple, durant plusieurs heures, dans l'impossibilité
d'6vacuer une seule goutte d'urine, bien que la vessie fût
pleine, la micLurition se rétablissllit tout à coup, et alors
M. D... urinait avec la plus grande facilité; un jour, il
avait des baLLements de cœur qui l'empêchaient de marcher; le lendemain, il faisait une longue course, il chassait même sans éprouver la plus peLite gên . Douleurs
rachidiennes et articulair s, palpitations de cœur et constriction abdominale, dysurie et r6tention d'urine, engourdissements, picotements, fourmillements, ratigue
dans les membres, etc., etc.: tous ces symptômes alternaient entre eux indifi'éremmellt, et se substituaient les
uns aux autres avec une étrange rapidité. Une fois, seulement, depuis 1851, après s'être exposé au froid, M. D...
�IRnTAO~
SPiNALE SYMPTOMATIQUE.
'193
avait vu reparaître un affaiblissement notable de la
sensibilité et de la motilité des membres pelviens; mais cet
accident n'avait persisté qLle pendant vingt-quatre heures.
Quoi qu'il en soit, tous ces symptômes avaient fini par
préoccuper le malade, et il s'était décidé, d'après l'avis de
plusieurs médecins appelés en consultation, à se rendre à
Plombières.
Il y arriva le 2 aolit 1852. C'est un homme d'assez haute
Laille, sec, éminemment nerveux, dont l'intelligence est
cultivée, eL qui ne fait aucun écart de régime. Sa poitrine
est peu développée, mais elle est sonore; son cœur est de
volume normal; nous ne consLatons en ce momenL ni
troubles dans ses battements, ni gêne dans la respiration.
En passant sur le rachis une éponge imbibée d'eau chaude,
nous trouvons deux points douloureux: l'un correspond
au niveau des dernières vertèbres cervicales et des premières dorsales; l'autre correspond aux dernières lombaires. La pression des apophyses épineuses des vertèbres
de ces deux régions développe peu de douleurs; les mouvements de rotation et de flexion du tronc ~ont
gênés;
l'abdomen esL circulairement serré, mais il ne l'était pas il
y a deux jours, eL M D... attribue l'existence actuelle de ce
symptôme à la fatigue du voyage. Lorsqu'il croise les
jambes, eUes s'engourdissent avec une extrême faciliLé; il
en esl de même des bras, soil qu'il les appuie sur une
table, soil qu'il écrive pendanL un quart d'heure. Toutes
les arLicu lal ions phalangiellnes sont un peu tubérosées; les
doigts des mains sont déformés cL légèrement renversés
Sur le bord radial, et l'on reconnaît à leur aspect ceLLe
forme de rhumatisme que nOllS avons décrite dans notre
précédent volume. Tous les sens sont bons; la sensibilité
gunérale est intacte.
�'194
IRRITATION SPINALE SYMPTOMAT IQU E.
Pendant le séjour que M. IL. fait à Plombières, nous le
voyons tous les matins, et nous pouvons constater par
nous-même avec quelle facilité paraissent et disparaissent
les douleurs rachidiennes et les phénomènes sympathiques
qui se rattachent à elles. Le malade est soumis au traitement thermal dès le surlendemain de son arrivée; et, du
4 août au 4 sep tembre. nous lui prescrivons chaque jour
un bain à 29 0 , suivi d'un séjour de 15 minutes dans les
deux piscines des Capucins, c'est-à-dire 10 minutes dans
l'une à 30· R., et 5 minutes dans l'autre, de 32 à 33° R.
Tous les deux jours, au sortir du bain, nous lui faisons
donner une douche de 32 à 33", mais alors il ne passe pas
dans les piscines. Jous ajoutons il ces moyens l'usage de
l'eau des Dames, ü la dose de deux verres, pris pendant la
durée du bain.
Après son douzième bain, M. D... ne ressent plus la moindre gêne dans le rachis, même lorsqu'on l'explore avec
l'éponge imbibée d'eau chaude, ou lorsqu'on presse fermemenL sur les apophyses épineuses. Les membres n'onl
plus de disposiLion à s'engourdir; il n'existe plus ni impatience ni fourmillemenL, ct le malade quitte Plombières,
plein de confiance dans la solidité de sa guérison, parce
que, dit-il, il ne s'est jamais senti aussi fort.
Jusqu'ici les prévisions de M. D... se sont jusLiflées, car
plus d'une année s'est écoul e sans qu'il ait vu reparaître
aucun des accidents auxquels il Cl été sujet.
Quelle étail la naturt) de sa maladie? La marche qu'elle
a suivie et le sympLômes qui l'onL caractérisée nous emblent l'indiquer sulIisammenL. 111.. D... tenait de son père el
d sa mère la diathèse rhumatismale, c'esl-à-dire une
prédisposition originelle au rhuma Lisme, qui n'aLtendait
qu'une occasion l'avorable pour e révéler. elle occasion
�IRRITATIOi'i SPINALE SYMI'TOMA1IQUE.
~
95
se présente dès que M. D... vient à coucher dans un appartement humide et froid. - Il Y contracte en efTet une né·
vralgie sciatique, c'est-à-dire une maladie si étroitement
liée au rhumatisme, qu'on les voit fréquemment se confondre insensiblement et se transformer l'un en l'autre.
Voilà donc la diathèse rhumatismale mise en exercice; et
bientôt, après avoir été mouillé, le malade éprouve des
douleurs ambulantes sur les épaules et dans les muscles
inlercoslaux, accompagnées de battements de cœur et de
quelque gêne dans la respiration. En 1836, les doigts, les
orleils, les genoux, puis les tissus fibreux qui constituent
les principales attaches des trapèzes, sont envahis successivement, et l'on voit apparaître, du CÔlé du système cutané, un prurigo et plus tard une urticaire, afTections en
corrélation fréquente avec le rhumatisme. En un mot, lorsque, apr~s
toutes ces manifestations diathésiques, surviennent, par métastase, la douleur du rachis, la constriction
de la poitrine et du v6ntre, les fourmillements, les picotement~,
la diminution de sensibilité et de motilité des
membres inférieurs, la dysurie et la rétention d'urine,
n'est-il pas naturel, en raison mOrne de la faci lité avec
laquelle ils se dissipent et se reproduisent, de considérer
tous ces phénomènes sympathiques comme l'expression
d'une irritation spinale essentiellement liée au processus
rhumatismal?
OBSERVATION NO
llhwnalisme chroniq~t(J;
35.
irritation spinale; gastrodynie .
Louise Bagné, coulurière, de Neuviller-sur-Moselle, âgée
de 31 ans, mariée, sans enfants, née d'un père qui a fini par
�196
II\IIITATION SPI 'ALF: ~n
IPTOilAQUE.
mourir de débauche, et d'une ru re très-sujette aux rhumalismes el aux névralgies, entre tl l'hôpital de Plombières.
Elle habite lIne maison mal éclairée, humide, et située dans
le voisinage de la rivière. li n'y a que cinq ans qu'elle est
positivement malade; mais bien longtemps avant cette
époque, elle a eu, dit-elle, des douleurs rhumatismales
dans les genoux, dans l'épaule et le bras droits. Ces douleurs avaient pour caractère bien tranché de changer de
place avec la plus grande facilité; et quand elles abandonnaient totalement les membres, ell es venaient se fixer
soit au col, soit au milieu du dos. Au col, elles étaient
quelquefois accompagnées d'élancements névralgique
dans la face; au dos, elles amenaient fréquemment des
fourmillements dans Jes doigts, des mi graines et des vomissements. En même temps, la malade éprouvait quelque difficulté à remuer le tronc, et de la courbature dans
la région lombaire. Ces accidents duraient déjà depuis
plusieurs années, lorsque, il y a cinq ans, outre les vomissements dont nous venons de parier, se manifestèrent
des troubles digestifs caractérisés par des crampes épigastriques, de la paresse dans le digeslions, des renvois
acides, des borborygmes, av c alternalive de diarrhée et
de constipation,
L'apparition de ces sy mptômes avait succédé à une
exaspération notable t ~l ulle fI xité presque absolue de la
Jouleur du dos, Dès ce moment, il devillt ra re qu'elle remontât sur la région cervicale, ct beaucoup plus rare encore, qu'elle abandOllnâtle rachis pour se reporter, comme
autrefois, sur les genoux, les bras t les épaules. Cependant, quand par hasard cela arrivait, les troubles digestifs
s'clTaçaient, les mOllvem nts du tronc devenaienl plus libres,
el la malade pouvait, sans fatigue, se livrer à la couLure.
�IIIRITATION SPINALE SYMPTOMATIQUE.
'197
En 185'l, au mois de:iuin, Louise Bagnéprit les eaux de
Plombières, qui lui firent le plus grand bien; elle avait
passé l'hiver suivant sans soulIrir beaucoup de l'estomac
et du dos. Encouragée par ce résultat, elle y revint en
1852. C'est alors que nous la voyons pour la première fois.
Elle ressent au niveau des sixième, septième et huitièmtl vertèbres dorsales une grosse douleur, accompagnée d'une fatigue générale tellement prononcée, qu'il lui
anive souvent de se recoucher dans le courant de la journée. Les mouvements de la tête sont suivis de tiraillements
dans les muscles du col et des yeux. Lorsqu'on presse fortement les apophyses des vertèbres dorsales moyenn8S,
on détermine un sentiment de défaillance dans les jambes,
qui sont constamment froides, et dont la sensibilité est un
peu obtuse. Les talons sont parcourus par des élancements; la malade se plaint de douleurs dans les bras, de
crampes dans les mains et de picotements à l'extrémité
des doigts. La base de la poitrine est serrée ciroulairement;
les mouvements respiratoires sont peu étendus; il exisLe
des palpitations passagères, surtout après les repas.
Les règles sont régulières,. mais peu abondantes.
La digestion est laborieuse ; l'épigastre est douloureux à
la pression; le foie déburde légèrement les fausses côtes;
la langue est un peu pointue et piquetée à ses abords . Trois
heures après chaque repas, particulièrement quand il a
consisté en laitage et en aliments maigres, la malade est
tourmentée par des gaz et des éructations acides. Les selles
sont rares, tanlôt féculentes, tantôL sèches; llt micturition
est gu,lguefois dij'Iicile, princ'ipalement quand il existf' de
la courba/~te
dctns les lombes,. alors l'urine sort avec lenteur eL par jets intermittents; mais elle n'offre aucune altération de ses qualités physiques ou chimiques.
�~
98
IRlTAO~
SPINALE SVMl"fOMATlQ IJE.
Les sens sont intacts; quelques douleurs névralgiques
se montrent à droite, au fond de l'œil et dans l'oreille.
La sensibilité tactile, depuis l e~ orteils jusqu'aux genoux, et depuis l'extrémité des doigts jusqu'aux coudes, a
notablement diminué.
Louise Bagné, soumise au traitement thermal, prend
chaque jour un bain tempéré de 2 à 3 heures, une douche
de 10 à 25 minutes, et de l'eau savonneuse pendant les repas. Le 1cr septembre, lorsqu'elle quitte l'hôpital, après
avoir pris trente et un bains, elle se trouve infiniment
mieux. La fatigue générale qu'elle ressentait a beaucoup
diminué; elle n'éprouve de fourmillements et d'engourdissements des membres qu'à l'occasion des changements
de temps; la sensibilité tactile des membres s'est rétablie;
la micturition, totalement dominée par la volonté, s'accomplit sans effort. La douleur de la région dorsale est à
peine sensible, et les mouvements du tronc ne sont plus
difficiles comme autrefois. Du côté des phénomènes gaslra-intestinaux, l'amélioration n'a pas été aussi remarquable; Louise éprouve encore des troubles digestifs, surtout lorsqu'elle mange du laitage et des légumes.
Les premiers symptômes de maladie qui sc soient manifeslés chez la femme Bagné remontent à une époque assez
éloignée. C'étaient d'abord des douleurs rhumatismales
ambulantes qui passaient, avec la plus grande facilité, dos
genoux, des bras ou des épaules, sur quelques-uns des
points du rachis, où elles finirent, en s'établissant d'une
manière plus fixe, par développer, au moment de leur
plus grande exaspération, des phénomènes sympathiques
de plusieurs ordres. Du côté des membres, par exemple,
c'étaient des fourmillements, des élancements et des
�IRIIITATION SPINALE S YMl'TOMA'fIQUE.
199
crampes; du côté de l'appareil gastro-intestinal, c'étaient
des aigreurs, des gaz, des douleurs épigastriques, qui disparaissaient encore quand, par hasard, le rhumatisme,
revenant à son siége primitif, attaquait les genoux ou les
épaules; enfin, on a vu survenir une dysurie passagère et
une diminution de la sensibilité des membres. Dans ce cas,
comme dans le précédent, ne doit-on pas admettre que
l'irritalion spinale a été le point de départ de tous ces
phénomènes sympathiques, mais qu'elle se rattachait ellemême à une localisation du rhumatisme sur les cenlres
rachidiens, chez un sujet qui s'y trouvait déjà prédisposé
par son origine et par les circonstlnces d'habitati6n au
milieu desquelles il vivait?
Le diagnostic de l'irritation spinale, indépendante d'un
étut inflammatoire ou d'une altération de structure, présente les plus grandes di1Iicultés. En erret, soit qu'elle
existe à titre de simple maladie douloureuse du rachis, et
comme affection nerveuse essentielle, soit qu'une série
de phénomènes sympathiques prédominants viennent à la
compliquer, les symptômes qu'elle développe se rapprochent tellement de ceux qui accompagnent une subintlammalion de quelques points de l'épine dorsale, qu'il est
presque impossible d'établir entre eux une ligne de démarcation. Telle irritation spinale, par exemple, qu'aujourd'hui l'on considère avec raison comme fonctionnelle,
essentielle, ne1'veuse, peut, dès demain, devenir intlammatoire; il ne faut rien moins, par conséquent, qu'une exploration minutieuse de la moelle épinière et un examen fort
attentif de toutes les circonstances qui se rattachent au
développement de la maladie, pour jeter quelque lumière
Sur sa nature. Grimn, qui, l'Url des premiers, s'est elTorcé
�zOO
IRIIIT<lTION SI'I\ALE SVMPTOlIATIQUE .
d'établir le diagnostic différentiel de l'irritation spinale
nerveuse, signale parmi ses caractères distinctifs : 1° le
défaut de rapport entre la douleur du rachis, ou le trouble
de quelque organe en pal'ticulier, avec l'état général du
malaùe; 2° la diminution de cette douleur sous l'inlluence
du décubitus horizontal, et son aggravation par l'action de
lever un fardeau, ou de tordre l'épine dorsale; 3° l'existence d'une sensibilité morbide sur un point de l'épine, se
propageant, sous l'influence de la pression, jusque sm telle
ou telle région du tronc et des membres; LlO la disposition
aux métastases, et l'apparition de symptômes hystéI'iques
au milieu de troubles fonctionnels qui semblent revêtir un
caractère aigu; 5° enfin, l'occurrence J'accès de Millement ou d'éternument, qui ne se présentent guère dans
le cours des maladies aiguës ou organiques, et que l'on
peut considérer, dit-il, comme caractéristiques de l'irritaLion nerveuse.
Mais, nous devons le dire, il est difficile de partager le
degré de confiance que le pathologiste anglais semble
accorder aux circonstauce diverses que nous venons d'énumérer; et tout ce que nous pouvons faire, c'est de les
accepter comme de simples adjuvanLs du diagnostic, plutôt que comme descaractcres absolument propres à établir
l'exislence de l'irritation spinale, indépendante d'un éLat
inOammatoire. Nous croyons qu'en l'absence de Loute
lésion locale évidente, capable d'élu ider la natu!'e de
ceLLe maladie, les renseignements les plus propres 11 fixer
Je diagnostic différentiel doivent ôtre tirés des anLécédents du malade, Je son tempérament, de l'existence
d'alTections nerveuses antérieures, et enfin des causes prédisposantes et occasionnelles (!lli ont agi sur lui.
Le pronostic <.le l'irritation spinale dépond de la forme
�IRRITATION SPINALE SYlIPTOIIATIQUE.
201
particulière sous laquelle elle se présente. Lorsqu'elle est
accompagnée de phénomènes locaux ou constitutionnels
qui peuvent faire soupçonner l'existence d'une afTection
des vertèbres ou de la moelle et de ses membranes, il est
généralement défavorable. Il comporte, au contraire, beaucoup moins de gravité, quand la maladie est purement
fonctionnelle ou simplement congestive. Cependant, il ne
faut pas oublier que, dans ce cas même, l'irritation spinale
peut constituer la période initiale d'une myélite, ou d'une
myélo-méningite, maladies si favorables au développement
de la paraplégie.
��CHAPITRE VII.
MYÉLITE ET MYÉLO-lIIÉNINGITE CHRONIQUES.
La myélite ct la méningite rachidienne, étudiéès à l'élat aigu, présentent chacune quelques signes partir,uliers
qui peuvent servir à les distinguer; mais il est rare qu'elles
passent à l'état chronique sans se compliquer l'une par
l'autre et sans déterminer alors une série de symptômes
mixtes, parmi lesquels il est souvent fort difficile de
discerner ceux qui parlent de la moelle, de ceux qui
viennent de $CS enveloppes. La plupart des paraplégiques
que nous voyons dans les établissements thermaux se
trouvent précisément dans cette condition, ct ce n'est
jamais qu'avec la plus grande peine que nous parvenons à
savoir par quel ordre de ph6nomènes morbides a débuté
leur maladie. Voilà pourquoi nous avons réuni sous le
mOrne titre l'inflammation du cordon rachidien ct celle de
ses membranes.
La méningite rachidienne chronique n'est parfois qu'une
suite, un modo de tertninaison de la méningite aiguë; mals
�204
• MYÉLITE CHRON IQUE.
elle peut être primitive, et, le plus souvent alors, elle a
son siége dans la dure-mère ou dans l'arachnoïde. Lorsqu'elle constitue seule la période initiale de la paralysie,
les symptômes qu'elle détermine consistent simplement,
selon Olivier d'Angers, « dans l'apparition de douleurs
» dorsales assez obscures, avec un sentiment de gêne et
» de fatigue dans les membres; et l'attention est en qucl» que sorte exclusivement fixée sur les phénomènes mor» bides qui émanent des vi cères aITeclés secondairement,
» phénomènes dont il arrive souvent qu'on méconnaisse la
» véritable cause ... » Nous devons ajouter que ces douleurs,
signalées par plusieurs écrivains comme le caractère essentiel de la méningite chronique, sont parrois intermittentes ou rémiuentes, et que dans quelques circonstances
elles manquent même absolument, ce qui contribue encore
à jeter des doutes sur la nature de la maladie. Mais, hâlonsnous de le dire, ce dernier cas estle plus exceptionnel; et,
en général, non-seulement on les retrouve sur un des
points des rachis, mais elles sont encore associées à quelques autres douleurs qui se font sentir sur le trajet ou à
l'extrémité des nerfs. Les phénomènes sympathiques dé.
veloppés par la méningite rachidienne chronique présentent quelques variétés dépendantes de la cause qui
lui a donné naissance, du tempérament, de l'flge des
sujets, et surtout de la région de l'épine iprimitivemenL
aITectée. Mais quelle que soit la portion envahie d'abord
par la méningite, on ne doit pas oublier qu'elle a, comme
dans l'état aigu, mais à un moindre degré, une certaine
disposition à 'éLendre soit en montant, soit en descendant,
et que, dans son mouvement d'extension, on la voit quelquefois passer tout à coup de l'éLat chronique à l'état aigu
ou subaigu, et se terminer rapidement par la mort. Co-
�MYtLITE CUI\ONIQUE.
205
pendant sa marche est, en général, plus lente et plus insidieuse, de sorte que l'on pourrait la prendre, au moins à
Son début, pour un rhumatisme, une névralgie, une simple
faiblesse de jambes, ou une des formes de l'irritation spinale. A mesure qu'elle fait des progrès, mais tant qu'elle
ne se complique pas d'inflammation de la moelle, la méningite rachidienne se borne ordinairement à produire
quelques fourmillements à l'extrémité des doigts, un peu
d'engourdissement et une certaine rigidité dans les muscles,
surtout dans ceux de la région cervico-dorso-Iombaire, sans
cependant amener encore l'abolition des mouvements et de
la sensibilité. Celte sensibilité peut même s'exagérer à ·un
point ex.trême, dans le commencement de la maladie; il
n'est pas l'are, en elTet, de rencontrer des malades dont la
peau et les principaux faisceaux musculaires deviennent
douloureux au simple contact, et chez lesquels il existe
so uvent une sorte d'éréthisme général qui les exci te ù
parler avec plus de vivacité qu'ils ne veulent, et ù marcher
avec plus de vites e, et comme s'ils rJtltient entraînés. lis
sont impatients, inconstanls et inquiets; ils supportent
avec peine la contradiction et se metlent facilement en
col re; leur agitation intérieure se traduit par des mou v menls cOlltractiles passagers dans les muscles du visage
ou par des tremblements involontaires dans les membre.
Leur peau, presque toujours seche, st le siége de picotement, et de démangeaisons, ·urtont 'lIlX jambes et aux
avanl-bras, et leur sommei 1 est ~gité
ou interrompu par
d s soubresauts et par des élancemen ts douloureux dan
les membres.
La durée de cette période d surexcitation n'a pas de
limil.es rixes. La plll[)art du l mps, des mois, cl s an né s
mOrne, se passent ainsi; puis loules ces manifestations de
�206
llYÉLlTE CHRONIQU Il.
la sensibilité exagérée s'éteignent graduellement et sont,
remplacées par des symptômes de paralysie complète ou
incomplète, soit qu'alors l'inflammation ait amené quelque
épanchement dans les membranes, soit qu'elle ait fini,
comme il arrive le plus souvent, par s'étendre jusque sur
la substance même de la moelle épinière.
Lorsque la paralysie succède à la myélite chronique
primitive, les malades offrent des particularités intéressantes à étudier. Quelques-uns éprouvent déjà un certain
degré d'affaiblissement du mouvement et du sentiment, sans
que la moindre douleur locale ait encore fixé leur attention;
mais la plupart, au contraire, longtemps avant qu'aucun
symptôme de paralysie se soi t développé, ressentent sur
le trajet du rachis des douleurs plus ou moins circonscrites, plus ou moins intenses et presque toujours accompagnées de sensation de refroidissement à la peau, d'élancemen ts et de crampes dans les muscles, de fourmillements,
d'engourdissements, de pincements et de picotements à
l'extrémité des doigts ou des orteils. Quoique la maladie
puisse se montrer sur différents points de l'épine , elle a
cependant un caractère de fixité plus prononcé que la
méningite rachidienn e, et son siége de prédilection parait
être dans la région lombaire. Aussi, la plupart du temps,
lorsque l'infam
a tio~l
se' prolonge indéfiniment, les phénomènes paralytiques s'étendent-ils de bas en haut, à mesure que les régions dorsale ou cervicale son t entreprises.
La myélite lombaire, simulant parfois un lumbago, s'annonce, en général, soit par une roideur, soi t par une insenibilité d'un ou de plusieurs orteils. Des crampes se font
sentir dans les mollets et dans les cuisses j les talons sont
parcourus par des lancements j les pieds ont de la tendance à se refroid ir ; les coudes-pieds sont serrés comme
�!lYÉLITE CURONIQU E.
207
s'ils étaient renfermés dans une bottine trop étroite, et les
articulations phalangiennes, métatarso-phalangiennes et
tibio-tarsiennes sont fréquemment traversées par des
éclairs de douleur. Peu à peu, l'insensibilité s'étend de bas
en haut, le refroidissement gagne les jambes, les genoux
sont tremblants, la station debout devient de plJS en plus
difficile; la région lombaire est le siége d' une douleur,
moins intense en général que dans le cas de méningite
rachidienne, mais plus profonde, et que les malades définissent volontiers en disant que le bas des reins leur semble
rentrer d'arrière en avant; chez quelques-uns, cette sensalion est si prononcée, qu'ils cherchent à soutenir la partie
inférieure de la colonne vertébrale, soit en y portant les
mains, soit en s'appuyant sur un Mton passé en travers
derrière leur dos.
Jusque là, il n'yale plus souvent que de l'hésitation
dans la marche, sw'tout au milieu de l'obscurité, comme
si le secours des yeux était devenu plus indispensable, en
raison milme de l'incertitude des mouvements. Bientôt les
membres inférieurs sont agilés par des secousses galvaniques, leur rigidité s'accroit; les pieds sont· de plus en
plus lourds, constamment froids ct presque toujours œdélUaLiés. Mais, avant que la maladie ait attej1')L ce degré de
gravité, des phénomènes sympathiques apparaissent du
COté du bas-ventre: les malades éprouvent taDilôt des coliques vives, tantôt des contractions convulsives des parois
de l'abdomen, et plus souvent lIne sensation de constriction semblable à ceIJe que produirait une corde serrée
autour de cette région. En même temps, ils se plaignent
de flatulence, d'anorexie, d constipation opiniâtre et de
rétention ou d'incontinence de l'urine, qui, par suite d'une
complication phlegmasique des reins ou de la vessie, oITre
fréquemment une réaction alcaline.
�208
MYÉLITE CnnONIQUE.
A part le cas où les membres inférieurs, au lieu d'être
rigides el même rétractés, sont au contraire flasques,
absolument insensibles et sans mouvement, leurs muscles
ne sont pas toujours tous paralysés ou du moins paralysés
au même degré. Il en résulte un défaut d'équilibre qui
donne à la démarche certaines singularités caractéristiques,
suffisantes pour que l'on puisse reconnaître un paraplégique rien qu'en le voyant marcher. 1< ChaquH pied, dit
)) Olivier, se détache avec peine du sol; et, dans l'effort
)) que fait alors le malade pour le soulever entièrement et
)) le porter en avant, le tronc se redresse et se renverse en
)) arrière, comme pour eontre-balancer le poids du membre
» inférieur, qu'un tremblement involontaire agite avant
» qu'il soit appuyé de nouveau sur le sol. Dans ces mou» vements de progression, tantôt la pointe du pied est
) abaissée et traîne plus ou moins contre terre avant de
») s'en détacher, tantôt elle est relevée brusquement en
») même temps que le pied est déjeté dehors. J'ai vu quel» ques malades qui ne pouvaient marcher un peu, quoique
) appuyés sur une canne, qu'en renversant le tronc et la
)) tête en arrière, de telle sorte que leur aIl ure a vail quelque
)) analogie avec celle que détermine le tétanos. »
Sous ce rapport, il existe encore d'autres particularités
fort remarquables. Nous avons vu, par exemple, commE:
Olivier d'Angers, des malades qui étaient dans l'impossibilité de porter un pied j'un devant l'autre, ou de reSler
debout, et qui, cependant, après s'être mis 11 genoux, pouvaient marcher à quatre palles, et même avec une cer·
taine vitesse. Nous en citerons un autre qui se tenait
facilement debout, mais qui ne pouvait re!ller à genoux sans
avoir des tremblements dans taule la partie supérieure du
tronc, ct qui était obligé de faire des e(Torls pour ne pas
�209
MYÉLITE CnRONIQUE.
tomber la face contre terre. Voici l'histoire d'un malade
dont la démarche était caractérisée par l'élévation subite
de la jambe gauche, absolument comme il arrive chez les
chevaux affectés d'éparvin sec.
OBSEllVATION N°
36.
Crampes jréqwmtes pendant la nuit,. travail prolongé
dans t'eau Ji'oille; dOltle'u1's, tremblements , impatiences
et engourdissements des bTas et des jambes,. faiblesse
extrême dans la réyion des reins; déma7'che singuUère .
Joseph Girompaire, cultivateur et en même temps instituteur, àgé de 36 ans, de bonne constitution, de tempél'ament nerveux, demeurant à Saulcy (Vosges), est malade
depuis dix-huit mois. Sa mère est morte âgée; son père
lt succombé à 1tne rétention d'urine . Voici ce qu'il nous
apprend de ses antécédents et de l'origine de J'alTection
POUf laquelle il entre à l'hÔpital, le 12 juin 1853. 11 a été
militaire et a servi pendant quelque temps en Afrique, où
il a contracté une fièvre qui, après avoir résisté au sulfate
de quinine, a été coupée , dit-il, par l 'usage du café noir,
llans lequel on j itisai t injuser des noix brûlées. 11 est
rentré bien portant dans ses foyers. Cependant il avait
déjà, pendant la nuit, dr.s crampes si violen tes dans la
jambe gauche, qu'il était quelquefois forcé de sortir du lit.
Au mois ùe novembre 1851, il travaillait dans l'eau, depuis
vingt-cinq jours, pOUl' réparer une fontaine, lorsqu'il ressentit uno douleur subite et des tremblemonts daos les
jambes; il chancela, et finit par tomber étuurdi, m is sans
perdre connaissance. On le releva et on le porta chez lui,
Ott il l'esta couché pendant cinq mois, se levant de temps
14
�MYÉLITE CHRON IQUE.
en temps à la vérité, mais ne pouvant faire plus d'une
cinquantaine de pas. Il ressentait al ors des impatiences,
des picotements et des crampes dans les membres. Il lui
était im possible de lever un fardeau, ou de se tenir longtemps debout; il avait des tremblements dans tout le
corps, et ne pouvait boire sa ns renverser la moitié du liquide contenu dans son verre. 11 éprouvai t de la difficulté
à tourner la tête à gauche ou à droi te , el se plaignait d'étourdissements et de doul eurs au·dessus des yeux. En
1852, au printemps, il se manifesta un peu de mieux dans
sa position. Mais, l'hiver sLlivan t, ayant tenu son école dans
une maison humide, toutes ses doul eurs repriren t ulle
nouvelle intensité. II affirme n'avoir jamais eu ni déviation de la bouche , ni gêne dans la parole ; la mi cturilion et la défécation se sont con Lamment accomplies
sans difficultés, et la sensibilité tactil e est touj ours res tée
normale. Au moment olt nous examinons Girompaire, il
accu se les symptômes suivants:
Sentiment de faiblesse et de douleur sourde dans les
lombes i impuissance de lever un fard eau, quoique les
mouvements d'abaissement et de redressement du tronc
soient tou t il fait libres i certaine difficulté à remuer le col,
quoique la région cervi cale ùu rachis ne soit pas do uloureuse i élancements élu-dessus des ye ux i étourd issemen ts
et bourdonn ements d'oreilles sans céphala lgie i impa tiences,
picotements et crampes dans les memb res i di corda nce
dan s les rnouverr. nls des bras eL, pa l' suite , impossibil ité
de porter il la bouche un verre plein d'eau, sa ns en renverser la moi li é i rigidité de la jambfl gauche, faiblesse de
la droite i station debou t infiniment pénibl e, ct développant un tremblement général quand elle se prolonge i marche au pas caractéri sée par une contraction subite, et pou r
�MYÉLITE CIIRONIQUE.
211
ainsi dire convulsive du jarret, tout à fait semblable à celle
que l'on remarque chez un cheval qui /utrpe. Si le malade
vient à courir, ce mouvement de contraction est inappréciable, et, sans un examen attentif, la singularité de son
allure passerait inaperçue.
Outre ces symptômes, Girompaire a de la tendance à la
tristesse; il s'émo tionn e et pleure factlement; mais la sensibilité tactile n'est nullement alLérée, el il n'a ni palpitations, ni essoufllement; il urine avec facilité, il va
régu lièrement à la selle; il n'éprouve aucune constriction
des parois abdominales ou de la partie inférieure du thorax; le sentiment sexuel s'est conservé.
J\ vant de se rendre à Plombières, il a suivi un traitement qui a consisté en applications de ventouses sur le
dos el sur les jambes, en bains de vapeur simples et en
fumigations aromatiques. On le soumet au traitement
thermal pendant vingt et un jours; et avant son départ,
qui a lieu le 1cr juillet, nous constatons qu'il marche avec
plus de facilité, et que le matin, en sortant de son lit, et
avant qu'il soit fatigué, son allure est à peu près naturelle. Il a moins de roideur dans la jambe gauche, et beaucoup moins de tremblement général, ce qui lui permet de
boire sans renverser le liquide qu'il porte à ses lèvres. 11 se
tient p us aisément debout, mais il conserve encore un
peu de faiblesse dans la jambe droite. Les douleurs qu'il
ressentait au-dessus des yeux, la gêne qu 'il éprouvait
pendant les mouvements du col, les étourdissements et hls
bourdonnements d'oreilles ont compléternent disparu. 11
en est de mOine des impatiences, des picotements et des
crampes dans les bras el dans les jambes.
Quand la myélite chronique envahit la porlion dorsale
�212
AIYÉLITE CHRONIQUE.
de la moelle, les malades sont sujets à de fréquentes secousses convulsives du tronc; la respiration est courte,
précipitée, diaphragmatique; le thorax est serré, surtout à
sa base, où se fait sentir, en général, la ceinture costal e ;
les battements du cœur sont troublés; l'épi gastre est le
siége d'une constriction doul oureuse qui se propage dans
les flancs, particulièrement dans le fl anc gauche. On remarque des fourmillements et des engourdissements,
bornés d'abord à l' extrémité d'un ou de plusieurs doigts,
et qui s'étendent plus tard, en se compliquant d'abolition
plus ou moins complète de la sensibilité, sur la main
tout entière, sur l'avant-bras et sur le bras, dont les mouvements deviennent discordants, saccadés et maladroits.
Lorsque la myélite attaque la région cervicale, il y a de
la douleur à la nuque, accompagnée de roideur dans les
muscles du col, et souvent même d' un véritable torticolis ;
il se manifeste presque toujours des troubles dans les sens,
des étourdissements, de la constriction à la go rge, avec
gêne dans les mouvements de déglutition et tiraillement.s
au sommet des épaules ou il la partie l ostérieul'e de la tête.
La plupart du temps la maladie, passant subi tement de
l'état cbronique à l'état aigu, envahit la base du cerv au,
développe du délire, du tri smus, puis du coma, et la mort
arri v par asph y 'ie.
Tell e est la marche qu suit la myéli te chronique. NOl!.'
nOLIS contenterons d'ajouter qu'à meSllr qu' Ile fait des
progr ' s on voit diminuer la chaleur animale t l'act de
la nutrition .
Si nous voulions insister ur toute 1 s singularités que
pré entent la sensibilité el la motilité, pendant le cours de
celle maladi e, nou . S rions amené à en traiter e,x p1'ofesso,
�MYELITE CUIlONIQUE.
et non accidentellement, comme nous le faisons en parlant
des paralysies. 11 nous suJJ1ra sans doute de rappeler que
ces deux facultés peuvent être très-diversement modifiées,
et que si, parfois, toutes les deux sont altérée simultanément et à peu près au même degré, il n'est pas rare cependant de voir l'une demeurer intacte, quoique l'autre
soit déjà gravement compromise.
Les causes générales des maladies de l'axe cérébro-spinal
Sont toutes capables de produire la myélite; cependant
nous devons mentionner spécialement celles qui nous ont
paru les plus fréquentes: ce sont les coups et 'les chutes
Sur le rachis; les courants d'air froid qui viennent frapper
le dos pendant que le corps est en sueur; le coucher SUI'
la terr ou dans des draps humides; l'abus des liquew's
alcooliques et des plaisirs sexuels; les métastases rhumatismal s; les distorsions de la colonn vertébrale; les congestion sanguines intra-rachidiennes; les caries des vertèbres, et différentes altérations de structure qui impliquent
la moelle ou ses membranes.
Les faits que nous nous proposons de citer mettront en
évidence la plupart des symptômes et quelques-unes des
causes que nous venons d'énumérer.
OBSRRVATION NO
37.
1Jlén'ingo-myélite chronique?
Marguerite Pingard, de Bar-le-Duc, bobineuse, âgée de
56 ans, parfaitement réglée jusqu'en 1848, de constitution
vigoureuse, de tempérament nerveux, malade depuis dix
années, entre à l'hôpital de Plombières, le 30 mai 1853. Il
�MYÉL I TE CHRON IQUE.
ya dix ans, après s'être fréquemment exposée au froid, et
après avoir eu de nombreuses migraines, elle ressentit
quelques douleurs vives, mais passagères, dans la région
dorso- Iombaire, accompagnées d'élancements dans les bras
et dans les jambes, et de sensation de brûlure sur le trajet
des nerfs cubitaux et des nerfs sciatiques. Bientôt ces douleurs s'étendirent par en haut, en conservant cependant
un caractère de fixité plus prononcé sur la région que nous
venons d'indiquer. La flexion du rachis et la simple application des doigts sur les apophyses des vertèbres dorsales
exagéraient nolablement ces douleurs. Les muscles du tronc
étaient le siége d'une rigidité suivie d'étouffements, de palpitations de cœur et très-souvent d'attaques de nerfs véritables, ou de contraclions tétaniques clans les muscles cle"
extrémités inférieures; parfois aussi, mais beaucoup plus
rarement, des contractions de même nature se faisaient
sentir dans les bras, et la rigidité s'étendait SUl' les muscles
du col. Jusque-là, il n'y avait encore aucun affaiblissement
de la motilité; mais la sensibilité était manifestement
exaltée, car la malade jetait des cris lorsqu'on venait à
toucher du bout des doigts certains points de la région
dorsale, ou lorsqu'on imprimait quelques mouvements aux
membres inférieurs. Quand elle souITraiL le moins, elle se
plaignait encore d'impatience et d'agitation dans les bras
et dans les jambes, avec quelques fourmillements 11 l'extrémité des orteils.
Ces symptômes existaiont déjil depuis sept ou huit ans,
laissant 11 la malade assez cie force, pour qu'elle puisse encore, au moins de Lemps en temps, marcher sans trop de
difficulté, lorsque, il y a dix-huit mois, forcée de sc tenir
debout jusqu'à une heure avancée de la nuit, et pendant le
temps froids, elle vit augmenter loules ses souffrances. La
�!In: L1TE Clll\O ·IQUE.
'2~5
douleur de la région dorso-lombaire devint beaucoup plus
marquée; des crampes se manifest rent dans la jambe
gauche, tantôt dans la cui e ou le mollet, tantôt dans les
orteils ou les talons. Elle avait senti ses parois abdominales
comprimées comme par une plaque de fer; la micturition
était devenue tout à fait impossible, et la constipation était
habituelle.
On avait cherché à combattre ces accidents par des
purgatifs, des bains, ùes vésicatoires et des cautères au
bras.
A son arrivée 11 Plombières, nous trouvons la malade
dans l'état suivant:
La région lombaire est le siége d'une douleur profonde
qui n'augmenle pa sensiblement par la pression; la station debout ne peut être prolongée sans que les genoux
deviE'.nnent tremblants et que le jambes se dérobent
sous le poids ùu corps. La malape se plaint de crampes et
de soubresauts qui troublent son sommeil; son pied
gauche est froid, engourdi et comme serré dans un soulier
trop étroit; pour peu qu'eJle veuiJle marcher, il sc roidit à
tel point, qu'eJle est forcée de s'arrêler, et celle rigidité,
après avoir persisté pendant plusieurs heures, est suivie
d'une résolution complète. La sensibililé tactile a diminué
Sur le premier et le second orteil; le talon est douloureux
au toucher. La rétention d'urine qui existait autrefois est
remplacée par une incontinence; la ceinture abdominale,
ou plutÔ~
la sensation de compres ion que la malade
éprouvait sur le bas-venlre a complétement disparu; les
digestions ont faciles et les selles sont régulières.
Le globe de l'œil est douloureux au loucher, et souvent
agité par de mouvements spasmodiques; l'audition est
affaiblie; la parore est libre ; l'intelligence est intacte.
�216
m ' ÉLITE cnRONIQUE.
. La poitrine est saine; les mouvements du cœur sont normaux ; mais de temps en temps la malade éprouve de
l'essouffiement et des suffocations.
Elle est mise à l'usage des eaux minérales, qu'elle prend
sous forme de bains frais, et, en boisson, à la dose de
deux, trois et même quatre verres par jour. Elle quitte
l'hôpital le 20 juin, après avoi r obtenu une grande amélioration. La marche et la station debout sont plus faci les i
la rigidité du pied se montre plus rarement i la micturition
est presque toujours dominée par la volonté.
Avons-nous eu raison de citer cette observation comme
un exemple de méningo-myélite chronique? Si l'on n'oublie pas que la maladie s'est annoncée par des douleurs
d'abord passagères sur un point du rachis, et se propageant dans les membres sous forme d'élancements; si l'on
veut bien tenir compte de l'exagération de ces douleurs
au moindre contact, de la rigidité des muscles du dos et
de l'agitation des membres, sans abolition de la motil ité
et même avec exaltation de la sensibilité, il nous semble
qu'on verra dans ces symptômes initiaux les caractères
d'une inflammation chronique des méninges. Plus tard,
lorsque la station debout devien t presque impossible ct
que les jambes fléchissent sous le poids du corps; lorsque
surviennent le refroidissement, l'engourdissement et la rigidité du pied gauche, la diminution de sensibilité des
orteils, la constricLion des parois abdominales, la constipation, la rétention cL l'incontinence d'Llrine, n'a-t-on
pas le droit de supposer que cette inflnmmation a franchi
ses premières limites, et qu'elle s'est étenclLle jusqLl'à la
substance médullaire du cordon rachidien? NOLIS Je croyons
ainsi sans oser l'a(flrmer; car, nou le répétons, il existe
entre les symptômes de la myélite et ceux de la méningitB
�MYÉLITE CHRONIQUE.
2~7
chroniques une certaine analogie qui jette sur le diagnostic
la plus grande obscurité. On a pu voir par les détails dans
lesquels nous sommes entré, que les symptômes de paralysie se sont montrés seulement sLlr une jambe, quoique
les phénomènes initiaux que nous attribuons à la méningite
rachidienne se soient manifestés aussi bien sur les bras
que sur les membre ' inférieurs. Jl n'est pas rare, en elTet,
que la paraly,sie causée par la myélite se développe d'abord
sur un seul côté du corps et qu'elle commence par le pied,
ou même simplement par le gros orteil, et nous pouvons
dire qu'il est assez commun que l'un des membres soit
alTecté en entier, avant que les mêmes phénomènes morbides apparaissent dans le membre correspondant. Dans
l'exemple suivant de myélite traumatique, la paralysie est
aussi bornée à la jambe gauche.
oBslmVATION
N°
38.
Léger déplacement de la quatrième vertèbre lombai1·e,.
compression de la moelle,. paralysie de la jambe
gauche,. incontinence d'urine,. myélite chronique con.~écutive
Pertuset (Barthél my), manouvrier, âgé de "32 ans,
nstiLuLioll très-vigoureuse, de tempéram nt sande
guin, habite LIll maison saine t bien éclairée à Laneuville-au-Bois (M urthe). Il est devenu malade, il y il treize
mois, à la suit d'Ull accident dont nOlis all ons parler.
Il travaillait dans Ull carrière, quand sur iot un éboulem nt qui l' nsevelit n entier. La charg avait particulièrement porté sur le ' l'oins; et loI' 'quo, au bout de cinq
à six minutes, on fut parvenu à le dégager, il avait COnl-
�2~8
MYÉL ITE CHRO NIQUE.
piétement pel'du connaissance ; mais presque aussitôt il
était revenu à lui, et il s'était fait donner un verre d'eau,
qu'il avait pu boire sans le secours de personne. Quand il
voulut se lever, il lui fut impossible de se servir de sa jambe
gauche; quand on la soulevait, elle retombait inerte et
dans la résolution la plus complète. Elle avait en même
temps perdu sa sensibilité. La. droite était simplement affaiblie. Au même moment il avait eu une émission involontaire d'urine.
Transpor té chez lui et mis au lit, Pertuset avait ressenti
dans la région lombaire une douleur sourd , qui devenait
plus v.i ve dès qu'il essayait de faire le moindre mouvement.
JI ne pouvait se tenir debout, et il ressentait des fourmill ments constants daos les orteil .
Le mal ade était dans cet état depuis quelques jours,
lorsqu'il eut de la fièvre et commen a à se plaindre d'éla:lcements dan la jambe gauche, avec engourdissement et
sensa tion gênrul te de serrement autour des che viII s et sur
le coude-pied. Ces élancements ne tardèr nt pas à se
transformer n véri tables crampes, qui aIT ctaient particulièrement le orteils et l s muscles du moll et. De temps en
temps la résolution du membre était r rnplacée par une
sorle de rigidi té incommode. La constipati on était devenue
opiniàtr ; l'inconLin n' d'urine p r istait, ainsi que J'abolition du mouvement et de la sensibilité. Au r st , aucun
autre phénomène sympathique n s'était développé; l'appétit était bon, l'in t Iligence demeurait intacte, les s ns
conservaient tout leur intégrité. Peu à peu 1 malade, soutenu par un aide t appu y sur un bâton, parvint à sortir
d on Iit et à fair quelque pas. Enfin,aumoi d'aoCll1852,
on put 1 lransporter à Plombières, où nou ' )e tI'OLlVOll '
dans l'étal suivanL :
�1
MYÉL1TI;; CHRONIQUE.
219
La quatrième vertèbre lombaire est déprimée de manière à laisser un léger enfoncement entre celle qui la précède et celle qui la suit. li existe su r ce point une douleur
obtuse, que la pression rend plus sensible et qui se propage
dans la région sacrée et sur la banche gauche, sous la forme
d'une simple faibless '.
Des crampes et des élancements douloureux se font sentir dans la jambe gauche et sur Je trajet du nerf sciatique;
les muscles de la cuisse et du mollet sont agités par des
secousses convulsives; le pied est dans la résolution la
plus complète; les orteils sont immobiles et de temps en
temps douloureux; les chevilles sont comme serrées dans
une guêtre; la staLÏon deboLlt est très-difficile; le malade a
la plus grande peine à se baisser, ou à se relever quand il
est assis. Il ne p ut marcher qu'avec le secour d'un bâton.
Lersqu'i1 veut se mettre en mouvement, il commence par
lever le talon pOUl' détacher son pied du sol; puis, quand
la pointe elle-même est prête à le quitter, il soulève la
jambe tout d'une pièce, la porte en avant, t le pied vient
retomber à terre, à la façon d'un corps inerte qui au rait
été mal ficelé aux os de la jambe.
La sensibilité tactile, tout à fait abolie dans 1 pied et
dansle talon, estsimpl mentafl'aibli danslero te dumell1bre gauche eL sur la llancho correspondante. L'incontinence d'min est journalière; les sell s sont rares, mai la
défécaLion est quelquerois involontai re.
ous n'av os l'ien cl particulier à signal t du c6té de
J'estomac et de la poitrine, dont J s fonctions s'accompl isent avec régularité; 1 pouls est normal; il n'y a jamais
de palpitalions; Lous 1 s sens spéciaux sonL intacts.
Jusqu'ici P rtuseL n'a employé d'autres moyens de ll'aitemenL qu quaLr applicaLions de ventouses scarifiées, t
�220
MY É LITE CHRO NIQUF. .
quelques sangsues. Du 1er août au 21 du même mois, il
prend chaque jour quatre verres d'eau minérale de la source
des Dames, un bain tempéré de deux heures, deux douches: l'une, de trente minutes, le matin; l'autre, de quinze
minutes, dans la journée.
Au moment où il quilte l'hôpital, l'amélioration obtenue
consiste dans un retour assez marqué de la sensibilité et de
la force dans la jambe gauche. Il a, dit-il, plus de ressort
dans l'articulation du pied, et il sent parfaitement son
talon.
Le 11 juin 1853, nou revoyons Pertuset à l'hôpital.
ous constatons qu 'il peut marcher sans bâton et détacher
son pied du sol, en commençant par la point, avec laquelle il bat la mesure, en restant appuyé sur le talon.
Pendant l'hiver, le J' froidi s ement, l'engourd issement, les
crampes ct l'insensibi lité de la jambe ont notablement diminué, et, à partir du mois de mars, le malade a pu commencer à bêcher la terre; mais l'incontinence d'urine a
per islé au même d gré, avec la faibles e t l'endoloris ement ourd de la région lombaire; il a même parfoi ress nlÎ qu Iques élancements douloureux dans la jambe
droit.
Après avoir été soumis an traitement thermal et à l'action de l' lectricité, à laqu Il il a été fort peu sensible, il
part de Plombi l'CS avec moins de faib lesse dans les hanches t dans la région sacré ; l' ndolori ' ement des 10mb s'est dissipé. La jambe gauch est plus forte ; elle se
réchauffe plus facil m nt ; 1 pied nt parfaitement le sol;
le orteils sont mobile ; la station d bout, l'abais ment t
le r dre 'cm nt du tronc s'opèr nt 'an ' diflicullé, tIcs
doul urs qui 'étai nt montr , p ndantle cour de l'hiver,
dans la jamb droiL ont totalement di ·paru.
�MYÉLITE CHRONIQUE.
221
ous avons cru trouver dans cette observation un exemple de paralysie par compression d'abord, et par myélite
chronique consécutivement. On ne peut douter, en effet,
que l'incontinence d'urine et l'abolition du mouvement et
de la sensibilité du membre inférieur gauche n'aient été la
conséquence immédiate d'une compression de la moelle,
Survenue subitement à la suite du déplacement de la quatrième vertèbre lombaire. Quant aux symptômes qui se
sont développés un peu plus tard et en même temps que la
fièvre, c'est-~ldir
quant à la constriction des malléoles et
du coude-pied, aux élancements douloureux, aux crampes
dans les mollets et les orteils, ct surtout à la rigidité qui
slIccède passagèrement à la résolution du membre paralysé, ne semble-t-il pas plus rationnel de les rattacher à
l' xisl nce d'un travail in!1ammatoire fixé consécutivement
Sur le cordon rachidien ou sur ses enveloppes?
Parmi 1 s cau es capables de produire la myélite, nous
avons cité le coucher sur la terre humide; sous ce rapport,
le fait suivant nous paraît digne de quelque intérêt:
OBSERVATION N°
39.
lI1yélite ch7'onique; paraplégie incomplète.
Mélani Arnoult, brodeuse, âgé le 33 ans, svelt ,
de bonne constitution, cl lemprrnment anglùn, habite LIn mai on un peLI humide ü Vi ll encourt (Meurthe).
Ell est devenu malade, il y a dix an , dans le circonstances su ivante :
On jour qu'eH venait cl travailler à une vigne et qu'ell
avait '!laud', elle se coucha le long d'une haie clans l'inten-
�222
MYI
~ LITE
CHRONIQUE.
tion de se reposer; elle sentit bientôt des douleurs vagues
dans le milieu du dos, et elle fut prise de frissons, suivis
de chaleur et de sueur. En un mot, elle eut la fièvre et se
vit contrainte de se mettre au lit. Cette fièvre persista pendant plusieurs semaines, accompagnée de roideur dans les
muscles de la région dorsale et d'Lill sentiment de faiblesse
extrême dans les reins et dans les jambes. Elle éprouva
en même temps des picotements et des fourmillements à
l'extrémité des doigt et des orteils; ses jambes s'engourdissaient profondément; elles étaient parcourues par des
crampes qlli se fai aient sentir tantôt dans les cuisses, tantôt dans les mollets; la onstipation était opiniâtre, et la
micturiLion s'accomplissait avec lenteur.
Quand la fièvre cüsparul, ces symp tômes persisterent, et,
de plus, la malade comm nça à ressenti)' quelques secousses tétaniques dans les muscles; malgré c la, voyant
qu' Ue n'avait plus de fièvre, elle essaya de lever. Mais
elle se tenait péniblement debout; ses genoux tremblaient
et ses jambes fié hissaient sous elle; si elle cherchait à surmonter cet empêchem nt, elle éprouvait une grande rigidité des muscles d la parti postérieure de la cuisse. Cette
impossibilité absolu dura plus de d ux mois; mais enfin
Mélanie parvint à se "tra1n r avec deux crosses, pui à marcher un p u avec deux bàtons. Du côté d s bras, )'afTaiblisement n'était pas au si prononcé que dans les xtrémités
inférieul'es. Les mouvements des doigt taient gênés, ce
qui rendait as Cl. difficile la préh nsion cl s corps menus; . t
si lamnin tout entière voulait embrasser quelque objet, il
llLÎ fallait fair d véritabl s eJTorts, encor la cbnsLriction
ne pouvait-elle se prolong r san que bientÔt l'objet t nu
s'échappât.
Il ne pal"lÎt pal'. que la sensibilité tactile ail été altéré
�MYÉLITE CIlRONIQUE.
223
pendant le cours de la maladie, qu'on a combattue jusqu'à
présent par de nombreuses frictions, des sangsues et des
vésicatoires,
Le 1er août 1852, à son arrivée à Plombières, nous examinons Mélanie Arnoult. Elle a une douleur fixe sur les
deux dernières vertèbres dorsales et sur les trois premières lombaire. Cette douleur s'étend à la partie postérieure
dès cuisses, quand nous exerçons une pression un peu
forte SLU' les points que nous venons de désigner. II eriste
des fourmillements au bout des orteils, dont les mouvements sont fort difficiles; les jambes sont roides, froid s et
ngourdi S; la station debout développe une fatigue exI.rême dan .la région lombaire; la marche est pénible, et
pour peu que la malade veuille la prolonger, elle éprouve
des crampes violentes dans 1 s jambes. En faisant des efforts elle parvient à monter un escalier; mais Ile ne peut
1 de c ndre qu'avec la plus grande peine, toujours sur .Ia
point du pi d, t sans que jamais son talon vienne s'appuyer sur Je sol.
De temps n temps, elle re 'sent un peu de d uleur dans
la région cervicale; alors, Ile a des étourdissements,
des sons d cloche dans les oreilles, et ell e éprouve
une gên légère dan les mouvements du col et de
l'épaule droit . La force est r venue dans 1 s bras el dans
lps mains; les fonctions de la vessi t de l'utérus s'accomplissent d'une mani re normale; la poiLrine est sonore ct
bien développée; la re l iratioll esL lihre; les bruiLs du
œur ,'onL nalur ls; ell e se plainL touLefois de palpiLalions
passagères.
Pcnùant le . jour qu'Ile l'ail à Plombièl' :, elle prend
chaque malin un bain Lemp ré de deux heure, une douche
de quinze à tr nt minuLes eL trois vorres d'eau de la ource
�224
MYÉLITE CUJ\ONIQUE.
des Dames. A son départ, qui a lieu le 19 aoôt, elle peut
marcher avec assez de facilité et même faire une dizaine
de pas en courant, sans éprouver de palpitations. Ses jambes ont beaucoup moins roides, ses orteils remuent plus
librement, et la douleur de la région cervico-dorsale est
presque toLalement dissipée, ainsi que les crampes, l'engourdissement, le refroidissemen t et le fourmillements
dans les membres ioférieur .
Le 12 juin 1853, Mélanie vient de nouveau à Plombières.
L'amélioration qu'elle avait obten ue l'année précédente
s'est soutenue pendant]' hi ver. Il n'est resté chez elle qu'une
faiblesse des jambes et l'impossibilité de faire une loogue
marche, de se tenir longtemps debout el de descendre un
escali r autrement que sur la pointe des pieds.
Lorsqu'elle quitte l'hôpital, 11 er juillet 1853, après avoir
fait usage des eaux, en bains, en douches et en boisson,
Il e e trouve infiniment plus forte; Ile e tient debout
aus i longtemps qu'elle veut, et commence à desc ndr un
escalier, en appliquant sur le sol la planle du pied tout entière. Elle nous parle pour la premi re fois d'une en!lation
de froid qu'elle avait constamment sur la t~e
et qui, ditelle, a totalement disparu sous ['influence du traitement
thermal.
La maladie dont nous venon d tracer l'histoire paraît
bien videmment avoir été la onséquence d l'action du
froid. P ut-être pourrions-nous encore attribuer 1 cas suivant à la ru me all!le; mai' il offre un intérêt plus parLiculi r comme x mple de myélite hronjque, s'annonçant
p ndant longtemps par lin simple engourdissement du gros
orleil de chaque pied.
�MYÉLITE CHnONIQUE.
OBSERVATION N°
40.
Engourdissement des orteils; abolition progressive et as,
censionnelle du mouvement et de la sensibilité; pa,.aplégie.
Joseph Perrin, maçon, âgé de 64 ans, de constitution vigoureuse, de tempérament sanguin, habite à Gérardmer 1 rez -de-chaussée d'une maison saine. Son
père est mort d'une dyssenterie à 48 ans; sa mère a
succombé à une hydropisie. Quant à lui, il ne soullre
que depuis dix-huit mois environ. 11 raconte ainsi la cause
et la marche de sa maladie:
JI était forcé de rester assis sur la terre ousur des pierres
froides pour faire du cailloutis. Dans celte position, qui
déjà devait amener par elle-même une extrême fatigue
de la partie inférieure de la colonne vertébrale, il se
trouvait exposé à J'action du froid sur le siége, et bien souvent il avait senti, en effet, un refroidissement incommode
s'étendre jusque dans le milieu du dos. Cependant, comme
il n'avait jamais été malade, il n'attachait pas à cela une
grande importance, et il avait continué à s'asseoir sur des
pierres ou même à s'étendre sur le sol pour se repose r. On
jour qu'il s'était sen ti refroidi plus que de coutume, il
éprouva de l'engourdissement dans le pouce de chaque
pied; plusieurs mois après, les autres orteils s'engourdirent également, et il lui fut impossible de leur imprimer le
moindre mouvement. Plus tard, l'engourdi sement s'étendit sur 1 s talons et sur les coudes-pieds, puis enfin jusqu'aude ous des genoux. En même temps, la sensibilité avait
déjà disparu sur tous ces points. A mesure que l'engour~5
�226
MYÉLITE CIIRONIQUE.
dissemenl s'élevait de bas en haut, la marche devenait de
plus en plus difficile, Le malade avait dû recourir d'abord
à un seul bâton, puis à deux; et, dans ces derniers temps,
il y a trois mois à peine, lorsque l'engourdissement et l'insensibilité avaient fini par gagner la cuisse, il s'était vu
obligé d'employer un bâton et une crosse,
Le 11 juin 1853, jour de son entrée à l'hôpital de Plombières, nous examinons Joseph Perrin ; voici ce que nous
reconnaissons.
Jl n'existe aucune douleur sur le trajet du rachis, soit
que nous pressions fortement sur les apophyses épineuses
ou Sllr les gouttières vertébrale , soit que nous fassions
nol.re exploration il l' aide d'une éponge imbibée d'eau
chaude, Malgré cela, le redressemen t du corps est si diffidIe, que le malade ne peut se lever, s'il est assis, sans
chercher un point d'appui autour de lui. Lorsqu'il est de bout, ses jambes tremblent sous lui et le tremblement ne
tarde pas 11 se communiquer au corps tout entier ; il éprouve
la plus grande peine à marcher, quoiqu'il s'aiJe d'une
crosse et d'un bâton, Au moment ou il pose le pied par
terre, il lui 'emble qu'il s'enfonce dan s de la lain e, et, en
même temp , ses orteils se redr ssent de manière qu'il lui
est impossible de les appliquer sur le sol; quand il reste
en repos, ils son t, <lU contrair , tout Il fait immobile ' ct
rangés les llns auprès des autres comme dan l' élat naturel. Les pieds, les jambe et les cuisses son t engourdis,
constamment froids ct insensible aux piqllres t aux pincements; les talons, les ort ils, 1 s mollets ct les genoux
sont traversés par cl s cramp s.
Les bras ont conservé tout leur f l'CC t tOlite leur sell IIlibililé; epenelant, la main gauche st suj eLLe à des engourdissem nts passagers.
�MYÉLl'rE CUnONIQUE.
227
II n'existe ni battements de cœur, ni gêne dans la .respiration. Le ventre est endormi. Nous conservons cette
expression, par laquelle le malade veut dire qu'il ne sent
pas son ventre et qu'il ne va à la selle que tous les huit ou
dix jours ; la micturition est ralentie.
Les sens et l'intelligence sont intacts; la parole est parfaitement nette.
Le malade passe à Plombières une saison pendant laquelle il prend vingt et un bains, dix-neuf douches Tivoli,
cinq douches ascendantes, et, chaque matin, deux verres
d'eau de la source des Dames.
Avant son départ, son état s'est remarquablement amélioré.
Il peut se lever, quand il est assis, sans avoir besoin
d'appuyer les mains sur sa chaise ou sur les corps environnants; il marche avec un seul bâton; ses orteils ne se
redressent plus au moment où son pied touche la terre;
il apprécie facilement la nature du sol et ne croit plus s'enfoncer dans la laine; il se tient debout sans éprouver de
tremblement général, mais les genoux sont encore débiles.
La chaleur et la sensibilité sont revenues sur toute l'étendue des membres inférieurs, et les crampes ont disparu;
l'engourdissement de la main gauche s'est également dissipé. Du côté du ventre, l'amélioration n'est pas moins
remarquable; car les selles sont d venue ' plus faciles,
plus fréquentes et presque régulières.
Quoique Joseph Perrin se soil souvent exposé au froid,
en s'étendant sur la terre ou en s'asseyant sur des pierres,
l'inlluence de cette cause est moins incontestable que dans
le cas précédent. On peut se demander, en eITet, si l'action
de faire du cailloutis, travail auquel il sc livrait journellement, n'a pas contribué plus puissamment à produire la
�228
MYÉLITE CHRONIQUE.
maladie, eu exposant l'épine dorsale à des mouvements et
à des secousses répétés, qui peuvent avoir eu pour résultat
définitif une concentration morbide sur la moelle épinière. Il
est du moins bien avéré que certaines professions paraissent
exercer, par l'attitude qu'elles imposent, une influence
notable sur le développement et la marche des aITections
de l'axe cérébro-spinal; on en jugera par l'observation
suivante:
OBSERVATIO
'0 41.
D01Ûew·s dans la 1·égiûn cervicale,. contraction pennrtnente des nwscles d1t col,. injlexion de la tête en a1Tie1·e
et SU?· t'epmtle droite,. paralysie des bras et des jambes.
Joseph Voluschneider, apprenti tailleur d'habits, de
constitution méJiocre, de tempérament très-lympathique,
dont les lèvres sont grosses et le nez épa té, se rend à
Plombières le 22 juillet 1852. 11 est âgé de 16 ans; sa
mère est bien portante; il n'u plus son père, mais il ne
peut dire dans quelles circonstances il l'a perdu. 11 est né
à Nancy, où il habite une maison au midi. Sa maladie s'est
d'abord annoncée par une simple fatigue qu'il attribuait
qu.} lui imposait son travail d'aià la position oblig~c
guille, et qui se dissipait en eITet lorsqu'il prenait un peu
d'exercice. Il n'avait cependant pas abandonné sa profession, quand, il y a trois ans, il éprouva une douleur
sourde dans les vertèbres cervicales, bientôt uivie d'une
si grande rigidité des muscles du col, que les mouv ments
de la tête étaient devenus absolument impossibles. Vingtdeux mois s'écoulèrent ainsi sans que le malade pCtt
redresser sa lête, qui se trouvait assez fortement renversée
�~m;LITE
c nRONIQUE .
~29
en arrière et inclinée sur l' épaule droite. Il avait en
même Lemps des élancements douloureux dans la région
occipitale et dans les cartilages auriculaires; ses bras et
ses jambes, agités par des secousses tétaniques, s'a tTaibli ssaient de plus en plus; il sentait de la roideur dàns les
doigts, et il avait de la poinp. à serrer les objets qu'il tenait
dans ses mains. Au bout de ces ,'ingt-deux mois, il était
complétement paralysé des bras et des jambes; on pouvait
le pincer sans développer aucune douleur, et il lui était
impossible d'exécuter le moindre mouvement, surtout ùu
côté droit, qui paraissait plus aITecté que le côté gauche.
JI fut contraint de rester au lit pendant onze mois, ressentant dDns les membres des secousses semblables à celles
qui s'étaient manirestées au commencement de sa maladie,
mais sans éprouver ni étourdissement, ni douleur de tête;
il urinait sans difficulté, il allait régulièrement à la selle,
et ses digestions étaient parfaites. 11 y a trois moi , il a
commencé à se lever en s'appuyant sur deux crosses, et
alors seulement il s'est plaint de douleurs profondes dans
la région lombaire. Peu à peu, il s'est habilué à marcher
avec ses soutiens, et il a pu se [aire transporter à Plombières, oü nous le trouvons ùans l'état suivant:
L co l e t roide et distordulatéralemellt; le muscl'
sterno-mastoïdien st en contracture permanente; la position d la tête, qui sc trouv renversée en arrière et Sur
l'épaul droite, et la roideur d s muscles de la nuque, nous
empêch nt de nOliS as urer de l'état des vertèbres cerviale. Le régions dorsale t lombaire du rachis ne
présentent ri n de particulier, t nous cherchons vain m nt à onstat r l'existence d'une douleur Sur Cjuelqu
point cl son ét ndue. Les mouvem nt du bras ct de la
jamb gauch' sont plus difficiles qu ceux des membr s
�230
~ I YÉLlTE
CHnONIQUE.
opsé~,
contrairement à ce qui avait lieu au commencement de la paralysie. Lorsqu'on imprime des mouvements
de flexion soiL aux jambes, soit aux bras, on éprouve une
ré istance notable qui Lient fi la roideur de quelques muscle'
que l'on voit se dessiner en r lief sous l'enveloppe cutanée. Le bras gauche, très-amaigri, a perdu une grande
partie de sa force j les doigts annulaire et auriculaire
gauches sont constamment rétractés sur la face palmaire j
la main serre difficilement les objets qu'elle saisit. Le bras
et la jambe du côté droi t sont moins affaiblis j les genoux
sont tremblants j la station debout est impossible sans le
secours de deux crosses j il en st de même de la marche,
qui s'exécute par une espèce d saut, ou plutôt de propulsion imprimée à la partie inférieme du tronc. Le malad
se plaint de douleurs Îl?-tercurrentes sur tout le corps, mais
principalement dan' les coudes, dans les muscles de l'avantbras et clans le faisceaux tendineux qui circon crivent le
creux poplité, en dedans et en dehors.
La sellsibilité tactll st r venue sur tous les points d'où
eUe avait autrefois disparu.
La mict~l'on
et la défé aLioll s'accomplissent naturellement j l'appéLit 't bon t les dige lions sont parfait .
La forme de la poitrine st un peu altérée j le sternum
faitun légère saillie en avant; le' épaul fi sont grosso::; et
levées de mani re 11 produir 1'enrloncement du col j mai.
la sonorité st normale. L " batt 'n 1 11 ts du cœur sont r6guli l'S, ct il n'y a jamais eu IIi palpitation ' )Ji . intur
ostalc.
Tous 1 s s n 'ont intacts j l'expre ' 'ion du visage dénoie
un' int lIigcnce a ' z développ \ .
Jos ph, soumis au tl'lùt 111 nt th l'mal, prend, baque
matin, uu baiu tempéré d'une à cl ux heur S j un douche
�li VÉLITE CnflO:'ôIQUE.
de cinq à quinze minutes d'abord; puis, après quel
e~
jour de traiLement une autf douche de vingt minutes (!(
quelques v rres d'eau de la source des Dames.
Après elix ou douze jours de traitement, il put commeocer
il marcher 'ans crosses, pourvu que le sol fût parfaitement plat; mais sur le pavé il lui est impossible de 'en
pas el'. A la fin de la saison, il est dans une situation vraiment surprenante : il se ti ent parfaitement debout, marche
Mns cross s, t m ;me sans bâton ;il peul. aller se promener jusqu'à la fontaine du Renard, c' st-n-dir faire
plus Ll'une demi-lieue. Toutes les douleul's ont disparu; la
force est l'cV nue dans les bras comme dans les jambes;
ra'ur1ulaire ct l'auriculaire gauche', qui restaient constamIII nt repliés dans le creux de la main, se redressent maintenant avec facilité. Le malade est si sati 'fait du résultat
du trait ment, qu'il est d'une gaîté foll ct qu'il cabriole,
dit-il, lans toute la maison.
Apl' s son retour à Nancy, il a continué pendant quelque
temps il sc bien porter, et il S'e t cm en état de reprendre
sa pl' [cs ion de taill ur; mais bientôt toutes ses douleurs
de tr Illbl m nt de g noux,
sont l' venues, acor~lpgnées
cl faibless üans les jambes ct de fatigue dan' les lombes,
salls cependant l'empêcher de marcher.
L 7 niai 1853, il J' vieut faire une nouvelle cure; quand
il quitt l'hôpital, il n'a plu la 1I10indr douleur, et ses forces
général s sont tl/s, qu'elles lui p rmettent de fair plusieur' li u s 'ans s'arrêt J'. Malgré cela, nous lui cons ilIon' d' rcnollcedl aproC' iondctailleut', qui nous para1L,
conlln non J'avon' faitJ.ll'· ':;clllÎr, avoir c t'cé un grand'
inDu n , au main omme 'aus occa 'ionn lie, sur le dé\ 'Ioppement de sa Illaladi', cl sur l ' reLou!' des accid ols
qui sc sont manir stés pendant 1 cour' de l'hiv l' ct rniel'.
�23~
.
,
)IYÉ LlT E C IRO
~IQlE.
Ce fait peut être cité comme un de ceux qui démontrent
le 'plus évidemment l'efficacité des eaux de Plombières,
Leur action n'a pas été moins h ureuse dans le cas suivant,
où il s'est agi d'une myélite survenue à la suite d'un accouchement laborieux, cause assez fréquente 'de paraplégie,
OBSERVATION N°
42,
A ccouchement pal' le forceps; fOtt1"lnillements, engourdissements, c1'ctmpes, secousses tétaniques et paralysie cln
mouvement dans les extrérnités inférieU1'es.
Catherine Milon, âgée de 39 an', de bonn e consLitutioll,
de tempéram nt anguin, habite, dans 1 s nvirons de
Vesou l, une l1Jaison parfaitement saine. Marié depui plusieurs années, ene devint nceinle, pour la première fois,
en 1846. Sa gros e s fut rort heureu e; mais le travai l de
J'accouchem nt se prolong a avec de viol ntes douleurs,
et s termina par 1'0 'tra tion, au moyen du forceps, d'un
enfant tl t l'me, volumineux, t mort d puis qu lques jours.
La fi 'vr de lait et 1 s suiles de cou Il s se pa èrent dans
�IIYÉLITE CllflONIQDE.
2::13
vrer ses forces en se donnant un peu de mouvement, elle
fit quelques tentatives pour se lever, mais elle fut contrainte à se recoucher immédiatement. Ses jambes étaient
extrêmement lourde. La station debout était impossible;
car elle éprouvait tout il la foi un fatigue intolérable
clans la région lombair , ct de vives douleur dan 1 s
articulations tibio-Lar, iennes et fémoro-tibiales. Depuis son
accouchement, jusqu'en 1851, la malade fut obligée de
garder' le lit, quoique, dès l'origine, les époques menstruelles eu sent r paru régulièrement, que les fonctions
digestives fussent lout à fail normale " et que jamais Ile
n'eût ressenti le plus petit mouvem9!.1t fébrile. Elle sc
décida enDn à e faire transporter à Plombière , pour y
prendre leseaux. Lelll' aclion fut pour ainsi dire nulle pendant
touL laduréedutraitem nt; mais un mois après son retour
chel. Ile, lamaladeavait commencé à sc trouver plus forte,
et elle avait pu, déFI, marcher avec d ux bâtons.
L 8 juin 1852, ell revint il Plombières· faire une nouvelle saison. Nous la voyon alors pour la premi re fois, t
nous la trouvons dan l'état suivant :
Douleur ourde dan la région des lombes, c rrespondant aux apophy s des pl' mière, cleu 'ième t troisième
vert br s 1 mhail'e ' ; faiblesse, engourdi 'sement t pesanteur cles jamb S; CI',U11P s passagères clans 1 S Dilollets, 1 s
lalon t les orteils; qu Ique secous ' s tétanique, principal m nt pendan Lla nuit; slation debout cliJIjcile; tl' mblel11 nt de genoux; rigidit ~ des muscles urvenant sou
l'influence cl la mal' he, qui e t impossible sans le 'CCOUI'S
cl cieux bàton ' ; cl uleul's dans toutes les arti ulations
des memb r s pelvi ns; nsaLion de constrÎ cLion aulour cl '5
'\1 vi lle ; nulle ontra 'lion d s parois abd minai S; llIicLuriLi n ct léP alioH [acil ; pointd palpitatioll ' de cœur,
�234
MYÉLITE CHIIONIQUE.
point de. gêne à respirer, Les sens sont bons, l'intelligence
est intacte.
La sensibilité tactile est obtuse sur toute l'étendue des
membres pelviens.
La malade prend chaque jour un bain tempéré de une à
deux heures el une douche de quinze à trente minutes. Le
18 juillet, quand elle quitte l'hôpital, elle se sent beaucoup
plus forte; la plupart ùes symptômes qu'elle éprouvait se
sont dissipés ; elle peut [aire quelques pas sans bâton, et
elle dit être en état de s'occuper des soins de son ménage.
En 1853 , Cath erin e es t encore revenue à Plombi ères,
où elle a pris les eau x comme l'ann ée précédente. Elle
part très-sa tisfaite du traitemen t, et nous constatons, en
eITet, qu 'elle n'a plus aucune doul eur; que s s jambes ont
repris de la [orce ; qu 'elle marche [acilemellt sans soulien ;
qu'elle peut même monter ou descendre un escalier ,
comme quelqu'un qui n'aurait jamais été malade, ct que la
sensibilité tacti le s'est parfaitemen t réta'blie.
Si les sy mptômes de la myélite s'annoncent, la plupart
du Lemps, par un affaib lissement gradu el de la sensibilité
0 11 du mouvement, il peut arriver aussi qu'ils apparaissent
brusquement, ct sans qu'on ail soup çonné , j usqlle-Hl,
J'existence d' un e tnill adie de la moelle ou de s s enveloppes. Le fa it qu 'on va lire cn oITre un exempl e l'fl mal'qnnbl e,
OBSE RVATION
0
43.
DuuleU1' vi ve et subite de ta 1'égion lombaire, S1l1'VenUe
penctcent le sommeil; aff aiblissement des jambes; t1'cmhlempn f rlf'S g(,lloux; r.eintu1'o (I brlomlnale; paraplégie
�MYÉLITE CHRONIQUE.
230
complète,. 1'étention d'urine, puis incontinence,. paralysie du sphincter de l'anus.
Nicolas Gaboury, manouvrier, âgé de 47 ans, de constitution très-vigoureuse, de tempérament sanguin, habite
une maison humide ~l Repuy (Meurthe). Son père et sa
mère sont morts, et il ne peut donner aucun renseignement à cet égard. Quant à lui, il est devenu malade, il y
a six ans, dans les circonstances suivantes.
Gaboury, qui a éLé militaire, a eu, pendant qu'il était
au service, deux blennorrhées compliquées de bubons.
Mais quand il est rentré dans ses foyers, il était en Lrèsbonne santé. Depuis longtemps il exerçait son état de tisserand sur un métier à navette volante, sans en éprouver
aucune fatigue, 10r~C{u
e,
le 18 février 1847, après s'être
Couché bien portant, il s'éveilla tout à coup, entre minuit
et une heure, en crianL qu'il étoufi"ait, et qu'il ressentait
dans la région lombaire une douleur si violente, qu'il lui
semblait q~t'on
le C01tpCtit en deux . Il se fil immédiatement
appliquer des ventouses, et resta couché pendant trois
jours. Lorsqu'il voulut se lever, ses genoux tremblaient et
ses jambes se dérobaient sous lui; il avait des élancemellts
douloureux dans les articulations rémoro-tibiales, et une
sensation de contusion dans les lombes, accompagnée de
resserremenL circulaire des parois du bas-ventre. Malgré
cela, il tenta de reprendre son Lravail. 'lais il avaiL une
extrême pesanteur slans les jambes, eL leurs mouvements
étaient devenus de plus en plus difIiciles; il Yressentait des
crampes violentes qui partaient des talons .ct s'étendaient
jusqu'aux reins. On voyait, dit-il, ses muscles se 1'oidù' ef
se cramper comme si on tes eût tirés avec des .ficelles.
A la suite deR événements politicples de 18i,8, Gabonr}'
�236
MYÉ LITE CHRON IQUE.
manqua d'ouvrage dans la fabrique de coton où il était
employé, et il n'eut d'autre ressource que de se mettre à
casser des pierres pour fa ire du cailloutis. Ce fut, dit-il,
ce tmvail qui l'acheva. Il eut presque aussitôt une rétention d'urine à laquelle succéda une incontinence. A partir
de cette époque, il resta six semaines au lit, et une année
entière sans sortir de la maibon, n'allant à la selle que
tous les dix ou douze jours, et rendant souvent des matières fécales sans en avoir la conscience.
Trois années se passèrent ainsi sans que la moindre
amélioration se manifestât, malgré les remèdes nombreu '
dont le malade fit usage. Ses jambes devenaient, au contraire, de plus en plus paralysées du mouvement et de la
sensibilité tout à la fois. Il avait des étourdiss ments et des
sons de cloche dans les oreille . S'il fai sait un mouvement
l ai~
pour se retourner à droite ou à gauche, sa vue se lroub
et il était prêt à tomber. En 1851, il prit la résolution de
venir à Plombières, où les eaux lui furent administrées en
bains et en douches. Ce traitement produisit un léger soulagement qni persista encore pendant huit jours après son
retour ch z lui. Mais à partir de ce moment il retomba
dans la situalion Ol! il était auparavant.
Au mois d'août 1853, Caboury revient à PlombièreR;
nous le trou von dans l'élal suivant: [] éprouve dan' les
lombes une douleur fixe et déchirante qui correspond à
toutes les vertèbres lombaires, et qui s'aggrave sous l'influence de la pres: ion. Ses jambes , lourdes, froides el ins nsibl es , sont parcouru s par des crampe!:! très -douloureuses qui se rellouv lient au moindm mouvement, même
quand il veut r spirer largement, t qui 'étendent des
talons à la parlie inf ' rieure du d s. Taut que le malade ne
remue pas, les jambe demeurent n résolulion; mais allS-
�MYÉLITE CHRONIQUE.
237
sitôt qu'il veut se tenir debout, ce qui lui est absolument
impossible sans le secours de deux crosses, elles se roidissent, et il ne peut faire un pas sans ressentir des tiraillements dans les cuisses et dans les mollets, comme si les
muscles de ces parties étaient mis en jeu par des ficelles.
Lorsqu'il parvient à faire quelques pas, on le voit amener
en avant ses jambes fortement écartées l'une de l'a utre, en
les traînant péniblement sur la pointe du pied, qui se renverse légèrement en dehors. Les orteils sont douloureux et
relevés sur la face dorsale du pied, dont la plante est tellement froide, que Gaboury exprime la sensation qu'il en
éprouve en disant qu'il a toujours des :;emelles de glace.
Les articulations fémoro-tibiales et tibio-tarsiennes sont
comme étreintes par une bande fortement serrée.
Les selles sont rares, et les fèces s'échapp ent du rectum sans que le malade s'en aperçoive; l'urine sort de la
vessie, par incontinence, toutes les fois qu'il tousse,
qu'il respire profondément ou étend les cuisses. Il ressent sur tout le bas-ventre, ct même jusque sur l'épigastre,
une tPoI e constriction, qu'il croit porter une large ceinture
ùe fer.
La poitrine est sonore ct bien dév loppée, mais la respiration est un peu g née; le volume et 1 s bruits du cœur
sont naturels; le poul est lent t tf s-faibl .
L . sens sont in tacts; il n'y a plus ni vertig s, ni bourdonnements d'oreille. Dès le commenc ment de la maladie, l'abolition d l'in linct s xlIel a té omplète.
aboury prend 1 s aux minérales en bains, n douches
et sous form de vapeurs partielles; mais il sc trouve si mal
du trailem nt, qu'il est décidé à devan el' l' poque de son
départ pour retourner chez lui.
Voilà donc, comme nous le disi ns il n'ya qu'un instant,
�238
MYÉLITE CHRONIQUE.
des symptômes de myélite grave, apparaissant d'une manière tout à fait subite et sans précurseurs locaux ou sympathiques. Nous ignorons quelle est la nature de la lésion
anatomique à laquelle on doit les rattacher; mais quant
à la cause déterminante qui les a fait ncûtre, nous nous demandons si l'on ne doit pas la rechercher dans le mouvement habituel et incessant des jambes chez les ouvriers
tisserands, mouvement bien capable de fatiguer la région
lombaira de la moelle et de la disposer aux concentrations
sanguines énergiques, aux épanchements, aux ramollissements, etc., etc., compliqués de myélite. Voici lm autre
fait non moins digne d'intérêt sous le rapport de l'instantanéité des premiers symptômes qui ont annoncé une maladie de l'axe cérébro-spinal.
OnSEI\VAl'lON N°
lib.
DouLeur subite dans l'articuLation coxo-fémoraLe; coliques
violentes,. impossibilité de marcher; douleu1's dans la
région dorsale,. affaiblissement de la jambe gauche;
station debout difficile; trembLement général; impossibilité de réguLariser la déma1'('lte.
J. B. Pi rre, instituteur à 13ruyèr s (Vosges), âgé de
bO ans, de constitution très-vigoureuse, dont la mère
est morte à 59 ans et dont lé père est très-bien
porLant,
rend à Plombièr s le 26 août 1853. Il a
ql1aLr fr re , Lous en bonne santé; cependant l'un d' ux,
qui est prêtr , a été toute sa vie affecté de tremblement
g>néral. Quant à Pierr lui-même, il n'avait jamais eu cl>
con vulsions pendant son enfance j il n'avait souffert ni de
migrain , ni de névralgie, ni de rhumatisme; en un mot,
�MYÉLITE CIIIIONIQUIl.
239
il n'avait jamais été malade, lorsque, il y a quatre ans et
demi, étant assis, et au moment Ol! il se préparait à prendre son repas, il ressentit dans l'articulation iléo-fémorale
une douleur extrêmement vi ve et si subite, qu'il la compare,
sous le rapport de l'ii!stantanéité de son apparition, à ceJle
que produirait un coup de fusil. Il s'était senti défaillir,
avait perdu connais ance, et s'était laissé tomber de sa
chai e sur le sol. On le releva: il ne put marcher; on le
mit au lit, el pendanLquaLre heures il éprouva les coliques
les plus aiguës. 11 ne se rappelle pas précisémenL si elles
ont été accompagnées de selles ou de vomissements; mais
il incline à pen el' 1 contraire, et il ajouLe que le médecin,
qui ne l'a pa quitté pendanL ses souffrances, les qualiftait
de coliques de miséréré. Après être resté onze jours couché, il puL sc lev r eL marcher péniblemenL, sans cependant Lraîner les jambes cL sans ressenLir auLre chose que
de la faiblesse générale. Trois moi plus tard, sa santé
s'était compléL menl réLablie; il avaiL repris ses occupations, qui étaient du rest assez complexes: car non-seulement il dirigeait une école, mais, en outre, il chanLait
LI l'église, et il sonnait Lille cloche qui pèse au moins
2,000 kilogrammes. A ceLLe époque, il sentiL la douleur de
l'articulalion coxo-Jëmorale gauche revenir insensiblement
el s'étenc1r jusqu'au bas des côLe t au niveau de la douzième vertèbre dorsale. 11 vinL faire un premier séjour aux
caux de Plombières sans obLenir le moindre résultaL avaoLilgeux; il croit, au contrair , '1l1e le 1rnilemenL lui fuL nuisibl ; il est c l'Lain, du moins, qu'il s'cn reLourna beaucoup
plus malade qu'il n'étaiL . enu, Cilr il ne pouvait plus marcher. Cela n' mpêchll pas qu'il ne se décidâL à y revenir
C)) 1850. li étaiL alors d'une extrême faiblesse; il se tenail
difllcilem nL deboul; LouL son corps étaiL lremblanL; il ne
�~IYÉLTE
CIl110NIQUE .
pouvait marcher sans bâton; il avait des palpitations passagères, et il se plaignait d'éprouver une douleur au bas du
dos et au défaut des côte . - Seize jours consacrés au
traitement thermal suJlirent pour faire disparaître tous ces
symptômes. Il se croyait réellement guéri, et non-seulement il marchait sans bâton, mais ses forces étaient si bien
rétablies, qu'il pouvait monter un escalier de quarante marches en portant un rézal (environ 100 kilog.) de blé sur
ses épaules.
Ce bon étatde san~é
se maintint jusqu'au mois d'octobre
1852, époque à laquelle il accusa ur la dernière vert bre
dorsale une doaleur sourde de plus en plus marquée et qui
s'exagérait toutes les fois qu'il prenait une.fausse position,
surLout lorsqu'il se mettait à genoux. S'il voulait marcher,
il était obligé de sc renverser fortem nt en arrière t de se
soutenir à l'aide de ses main ou d'un bâton passé en travers derrière son dos.
Au moment de son entrée à l'hôpital, nous le trouvons
dans l'état suivant:
Le rachis e t parfaitement droit; n l'explorant, nous
con ta ton . l'exi tence d'un douleur sourde au niveau de
la douzième vertèbr dorsal ct d la premi re lombaire ..
La station debout st Mn ile, et pour peu qu' !Je se prolong , il s manif t un balan cm nt de tout 1 corps. L
passe env iroll t1J1e ft ure
matin, en sortant du lit, il
avant qu'il puisse r dres r complét Pl nt J tl"on t march r av c facilité; aprè c la, s s mou ements d vienn nt
lib!" s et il fait m me d'a ez longues course ; mais il lui
est irnpossibl ct régulariser on allure, t il faut néc air ment ou CJu'il marche très-lent m nt ou qu'il cour .
Quoiqu sa jambe gau'h soit aJTaibli ttOl1t à fait incapahl de support r à pli e s ule 1 poids du corps, il n'a pas
�24'1
)[yJ!LITE CIIRONIQUE.
la moindre claudication. Quand il est assis, il e t obligé de
se tenir à sa chaise ou d'appuyer son coude sur une table,
pour conserver l'équilibre et pour ne pas être entmîné à
gattche. Les membres supérieurs ont con ervé toute leur
force; et jamais il ne s'était montré de fourmillement, d'engourdissement ou de crampes sur aucun point du corps.
Les selles sont faciles et régulières; la micturiLion est naturelle, l'appétit est parfait. Le viscère' pectoraux parais-sent intègres. C pendant il y a quelques palpitations de
cœur; et si le malade se li vre à un travail un peu fatigant,
il éprouve W1e gêne légère dans la re piration.
La sensibilité tactile est normale t tous les sens sont inlacis; l'intelligence est parfaite; le moral est excellenl.
L'instinct générateur est conservé. Le malade, qui e t marié depuis quatorze ans, et père de quatre enfants, n'a jamai abusé des plaisirs sexuels.
Soumis au trait ment thermal, il a pris le eaux en
bains, en douches el en boisson. JI . a él , dil-il, fortement
travaillé par leur action; l quand il quitte l'hôpital, il a
recouvré un partie de e forces, ct il ne se plaint plus de
la louleur local qu'il res entaità la parti in [éri ure de la
région dol' al .
Dan celle af~ ction, d nt nous ne voulons pas préjuger
la nature, nou ne retrouvons ni les [ourmillcm nts, ni les
engourdi 's ments, ni les crampes, ni les secou ses télaniqu s qtÙ caract1ri ent la myélite; cc n' 't donc pas sous
e Litl' que nous la faisons figur r ici. lais comme il s'agit
malgré cela, suivant nous, d'une lésion d J'ax c rébrospinal, nous avons cru qu'il était bon ct placer ceLte observation à côté d celle qui la précède, afin de faire voir que
les symptômes des maladies chroniqu s spontanées de la
moeH ou de ses cnv loppes apparaissent quelquefois
16
�242
' IYÉLITE CIIRONIQUF. .
d'une manière tout à fait subite, quoiqu'en général ils se
dessinent avec une certaine lenteur capable de les faire
considérer comme de simples douleurs rhumatismales.
Quant à la cause qui a pu déterminer les phénomènes
que nous avons vu survenir chez notre malade, est-il
permis de les rapprocher de celle qui, chez Gaboury
(obs. 43), semble avoir également préparé l'accident à la
suite duquel s'est manifestée la paraplégie? Faut-il admettre aussi que les eJIorts auxquels Pierre était obligé de
se livrer pour meUre en branle une cloche de 2,000 kilogrammes ont pu, comme il a de la tendance à le croire,
appeler sur la moelle épinière un travail morbide, dont
les eJTets se sont subitement révélés par une douleur dans
la hanche, par J'impossibili Lé de se tenir debout ou de
marcher, et par une trémulation du corps entier? Dans
tous les ca , si les faits précédents laissent encore quelques doutes an sujet de J'influence que de semblables
eO"orts, concentrés SUl' la colonne vertébrale, peuvent
exercer sur le développement de la myélite, il n'en est
pas de même du cas qui fait l'objet de l'observation qu'on
va lire.
Effo1"ls pour chw'ger des sacs ete ble sur 1tne voittlre;
(lès te lendemain: douletll's dans les cdtés; tiraillement
dans le nombrü et constl'iction cf1'culaire d11 bas-ventre;
impossibilité de redresser le (1'onc, affaiblissement des
jrlmbes, crampes dans les lalons; marche et staNon
debo111 très-difficiles.
François Bodard, sellier, âgé de 25 ans, de constitution
fort , de tempérament lymphatico-nerveux, né de pa-
�MYÉLITE Cil liON/QUE.
243
renls bien portants, habite une maison saine à Aumetz
(Moselle). Il a plu ieurs freres et sœur, tous en bonne
santé, et lui-même, qui est svelte el vigoureusement charpenté, n'avait jamai été malade avant le mois d'octobre 1851.
A celle époque, comme il aidait son frère à charger une
voiture de blé, il porta sur ses épau les une vingtaine de
sacs du poids de 100 kilogr. Le soir il se senUt fort
aITaibli, ce qu'il attribua à !-;on défaut d'habitude pour ce
genre dfl travail. JI se coucha donc sans la moindre préoccupation, espérant bien se lever le lendemain comme de
coutume. La nuit fut bonne; mais quand il voulut ortir
du lit, ses mouvements étaient difficiles, et il ressentait
de la pesanteur et des douleurs pongitives tians les côtes.
La journée se passa sans qu'il pllt travailler; le soir, lorsqu'il voulut sortir, il ne put marcher que pendant une
dizaine de minutes, et fut pri de frissons accompagnés de
tiraillements insupportables dan la région du nombril,
avec constriction circulaire du bas-ventre. 11 se tenait couché SUl' le côté, les genoux et la partie supérieure du tronc
repliés sur le bnssin ; il lui était impossible de se redresser
sans exagérer les tiraillements qu'il éprouvait dans les
parois abdominales, et sans év iller uue douleur sourde
Sur le trajet du rnchis, au niveau des clel'l1ières vertèbres
dorsales. On combattit ces accident par une saignée du
bras et par une application de sangsues nul.our du nombril,
r nouvelée deux foi dans les huit premiers jours de la
maladie; plus tard, on eut recours à l'emploi de vésicatoires intercurrents, placés sur le nombril , la colonne vertébrale, la poitrine et les bras. Cc traitement parut amener
une légère amélioralion, qui, malheureusement, ne fut pas
do longue durée; la constriction circulaire du bas-ventre,
�244
I!YtLlTE CIIRONIQUE.
qui s'était dissipée, reparut bientôt, et il se manifesta
presque en même temps des vomissements de matières liquides, blanches, glaireuses et acides. JI y eut alors une
consultation médicale, dans laquelle on prononça le mot
de ramollissement de la moelle épinière. On soumit le
malade à l'usage prolongé de l'huile de foie de morue, et
on lui fit prendre vingt bains sulfureux. Malgré cela, il
l'esta deux mois sans pouvoir redresser- le tronc; il avait,
en outre, des douleurs dans toutes les articulations du bras
droit, entre les épaules et dans la région dorso-Iombaire;
il se plaignait de crampes, de ùémangeaisons et de fourmillements dans les talons; il était tri!~-s
e n ible au froid,
ressentait fréquemmen t des fri sons incommodes qui partaient des reins pour s'étendre ju qu'au milieu du dos.
Quand il commença à se lever et à vouloir marcher, ses
jambes étaient faibles et tremblante ; il lui était trèsdifficile de se tenir debout. On fit une ap])licaLion llccessive
ùe quatre fonticules dans les gouuières vertébrales, de
chaque côté des dernières vertèbres dorsales.
Peu à peu il parvint il faire de trè -petites promenades,
il Plombière , où nOLIS l'examiet l'on put le tr an~portel'
nons à son arrivée, le 10 juillet 1853.
Le rachis cst parfait ment droit; nous remarquons les
traces de quatre cautères au niveau des onzième et douzième vcrtùbres dorsales; la pre 'sion et les mou vements
de flexion du tl'OIlC développent SUI' ce point une douleur
profonde qui retentit dans les jambes ct autour t1u basventre; la station debout est diOicilemcnt suppo rtée; les
jambes sont faibles, sans r SSOl't, tremblantes t presque
con!>lamment froides; ia marche est pos ible, lIlais elle
détermille toujou!'s li la fatigu e; le talons sont douloul'eux; la région préabdomiJialc cst le siége tic tiraillemen ls
�MYÉLITI': CIIRONIQUE.
245
in commodes; les selles sont l'ares; la micturition est facile; quelques pertes séminales nocturnes augmentent la
faiblesse générale du malade .
Les bras sont débile,>, les mains presque toujours froines.
elles doigts se meurent fréquemment.
La poitrine est sonore et bien développée; lesbruiLs du
- cœur sont normaux, mais de temps en temps il survient
des palpitations.
La sensibilité tactile es t intacte; il n'y a ni fourmillements, ni engou rdissements des membres.
Les sens son t intègres, à l'exception de l'ouïe, qui est
légèrement alté rée par des bourdonnements d' oreilles.
il
Pendan t la saison que Bodard passe à Plombière~,
prend vingt et un bains tempérés , vingt et une douches en
arrosoir et au piston, six bains de vapeur, et chaque jour
une doucho ascendante.
Le 31 juillet, quand il quille l'hôpital, il marche avec
beaucoup plus de facilité. Quand il est arrivé, il pouvait
il peine faire 2 kilom ètres; aujourd'hui il en fait 8 sallS
être trop fati gué. Les tiraillements qu'il éprouvait dans la
région du nombril, ainsi que la constriction circulaire de
l'abdomen, sont presque totalement dissipés; ses bras et
ses jambes ne sont plus sensibles au froid; il ne sOllfTre
plus des talons. Le sentiment de gêne douloureuse qu'il
accuse dans les reins et dans la région dorsale a tout à fait
disparu: aussi peul-il sans peine se tenir debout et fléchir
le tronc.
Plusieurs fois déjà nous avons parlé de l'influence étiologique des diathèses sur le développement des maladies
du rachis, de la moelle ct de ses membranes ; nous avons
même cité quolques 0bservalions d'irritation spinale qui
�246
)IY É LITE CHRONIQUE.
nous paraissaient se rattacher 1:1 la préexistence de douleurs
rhumati smales. ambulantes ou fi xes, IDllseulaires ou articulaires. Nous ne doutons pas qu e la myélite ne puisse
être aussi, et bea ucoup plus fréquemment qu'on ne le croit
en général, le résultat d'une localisation rhumatismale sur
les centres nerv eux cérébro-spinaux. Sous ce rapport,
le fait suivant nous semble olTrir un véritable intérêt.
OBSERVATION
46.
Uhmnatisme a7"tic7tlaÜ'e cMonique , dout
e u1",~
ambulantes,
myélite suivie dl! cléviCtl'ion du 1'nchi:;,
Nicolas Baill y, lailleur d'habil s, âgé de 36 an , de forte
constitution, de tempérament sa nguin, né d'un père et
d'une mère rhumatisanl. , mai ' qui néanmoins sont morts
fort âgés, l'un à Kl ~ ans, l'autre 11 80, arrive il Plombières
le 28 aoüt 185 3, Il C. t devenu malade il y.a cinq ans dans
les circonstances suivantes :
Après avoir été enrôlé dans le 51e régiment de li gne.
sans avoir fait un S l'vice actif, parce qu'il ava it ~ t é in co rporé dans un e compa gni e hors rang, il rentra 1 ien porlant
dan s ses foyers ct vint il Gerb \v iller (Meurth e) hal iter le
rez-d -c hau ssé d'un maison mal saine, Où il CO ll bait le
long d'un mur ex trêmement hum ide ct adossé il la terre. Tl
ne lard a pas il éprouver des cloul urs ambulantes da ns le
muscl s ct particuli èrement Ill' l'articul ati on tib io arsienn
gauch ; il fit quelque' fricti olls avec un liniment, ct pr e~
CJue aussi l.ôt Iles aband onn èrent celte a:'ticulntion pour se
fix r SUI' le ge nou, d'o ù elles délogèrent sou ' l'inlluenco
�MYÉLITE CHRON IQ UE.
247
du même moyen et se portèrent successivement sur le
coude-pied, les chevilles et le genou de la jambe droite:
Partou t Ol! elles se montraient, elles avaient le même caractère: elles étaient lancinantes, accompagnées de gonflement léger, mais sallS rougeur, et elles s'exagéraient
so us l'innuence de la pression et du mouvement. Toujours
poursuivies par les frictions, elles finirent par disparaître
tOLa lement pendant cinq mois. Au bout ùe ce temps,
après avoir été exposé à la pluie au moment où il venait de fauch er un pré, ce qui J'avait mis en transpiration, Bailly éprouva un malaise général, ~e Goucha tout
habill é et s'endormit; mais quand il s'éveilla, il ressentit
des douleurs semblables à celles qu'il avait éprouvées autrefois el qui le forcèrent à garde l' le lit pendant trois semaines. Ji eut de nouveau recours aux frictions avec un
liniment q~bi
sentait très-fm't j il allait déjà mieux du côté
des articulations, lorsqu'un joui' qu'il se croyait assez bien
pour resLer levé, il ressentit tout à coup une douleur au
milieu du dos, et fut pris de vom issements qui se prolongèrent pendant vingt-quatre heures. Plusieurs semaines
s'écoulèrent encore après cet accident sans qu'il pÎlt songer à reprendre son travail de tailleur, et quand il essaya
de le faire, il se trouva ex trêmement alfaibli . Ses jambes
étaient molles et tremblantes; il avait des douleurs ambulantes S T tout le corps; l'extrémilé des doigts était parcourue par des élanceme nts, et lems mouvements étaient
si mnl assurés, que Bailly laissait lomber tout ce qu'il
tenait à la main. Le5 muscles des cuisses étaient agités
par des secollss s tétaniques qui le révei llaient en sursaut.
Depuis lors sa position s'élait Loujours aggravée i il avait
de fréquentes dou leurs d'eslomac accompagnées de pyrosis et de vomissements qui ùuraient quelquefois douze ou
�248
MYÉLITE CURONIQUIl.
quinze jours, presque sans discontinuer; mais quand il
soufTrait ainsi des organes digestifs, les douleurs ambulantes disparaissaient, il ne souffrait plus des membres, et si
nous l'en croyons, se.~ jambes ne se seraient prises définitivement qu'apt'ès te rétablissement de son estomac. Il s'aperçut, alors, qu'il avait un commencement de déviation
latérale du rachis et une douleur sourde sur toute l'étendue
de son trajet. Peu à peu, mais surtout depuis quinze mois,
le tremblement et la débilité des jambes ont augmenté;
des crampes violentes se sont fait sentir dans les mollets;
quelques troubles se sont manifestés dans les fonctions de
la vessie, et le malade s'est vu dans l'impossibilité presque
absolue de marcher.
A son arrivée à Plombièr s, nous le trouvons clans l'état
suivant:
L'épaule droite est plus élevée et plus saillante que la
gauche; les côtés du lhorax sont un peu aplatis, et le
sternum est légèrement bombé; la région dorso-lombaire
du rachis est le siége d'une courbure latérale, convexe à
droite; il existe sur le m6me point une douleur sourde,
que le malade exprime en disant qu'il lui semble que son
dos est labouré pal' un instrument non pointu, que l'onfemit
pénétrer entre cuir et chair. l)'aLllres douleurs se font ressenlir sur les parois de la poitrine; mais elles prennent la
forme lancinante, et elles ont un caractère de m bilité si
prononcé, qu'el!es passent d'un point à un autre avec la
rapidité de Nclail'. La ceinture costale est permanente;
l'abdomen est constamment gonflé et distendu par des gaz;
la mictul'ition s'accomplit irrégulièrement; quelquefois le
malade est obligé ùe faire des efTorts pour vider la vessie;
d'autres fois il a de la peine il retenir son urine, qui est
tantôt rare, tantôt abondante. La constipation est opi-
�MYtUTE CHRO NI QUE.
M9
niàtre; mais aussitôt que le besoin d'aller à la selle se fait
sentir, il n'a pas la volonté d'empêcher l'évacuation des
matières.
La station debout est impossible, si le malade ne prend
pas un point d'appui sur un bâton; encore faut-il, indépendamment de ce ecoul's étranger, qu'il tienne les jambes fortement écartées et les pieds en dehors. S'il veut
marcher, il ne peut diriger le mouvement de ses pieds;
quand parfois il cherche à faire un ras plus long que de
coutume, il se sent comme enlevé de terre, au moment où
il pose la pointe ùu pied sur le sol; il saute alors involontairement et très-souvent il tombe, pour peu que le terrain sur lequel il marche soit inégal; lorsqu'il ne tombe
pas, il se trouve lancé de manière à faire sept ou huit pas
discordants, jetant ses ],ieds indifl'éremment de droite ou
de gauche, et sans la moindre direction.
Ses jambes sont lourdes, roides et tremblantes; les articulations fémoro-tibiales sont serrées comme par une
genouillère; il a des crampes dans les mollets et des douleurs dans les hanches; ses pieds sont toujours engourdis
et complétement insensibles, depuis les chevilles jusqu'à
leur extrémité; les orteils, que le malade ne peut mouvoir
à volonté, sc redressent lorsqu'en marchant il est pr6t à
poser le pied par terre.
Les bras sont faibles; les mains sont tremblantes; l'exIrémité des doigt e t le siége de fourmillements et d'élancements douloureux.
La respiration est naturelle; les bruits du cœur sont
normaux, le pouls est lenl.
Les sens sont intacts, la parole est libre, les traits du
visage sont réguliers; il n'y a aucune douleur il. la nuque,
ni au sommet des épaules, mais de temps en temps Bailly
�200
.'YÉLITE eURO ' IQUE.
ressent quelques douleurs névralgiques dans les tempes et
dans les oreilles.
Pendant son séjour à Plombières, il fait usage des eaux
minérales en bains, en douches, en boisson et sous forme
d'étuve. Avant son dépa rt, il affirme que sa position s'esl
améliorée . Il est plus ferme sur ses pieds, qui sont réellement moins insensibles; ses jambes sont devenues plus
légères, et il marche avec un peu plus de facilité. Il ajoute
que les crampes qu'il ressentait sont devenues tr s-rares,
que le gonOement du ventre a diminué et qu'il a des selles
journalières.
Que nous apprend celle observation? Nicolas Bailly,
bien porlantjusqu'à l'âge de 31 ans, mois originellement
prédisposé au rhumatisme, s'expose à l'humidité, cause
occasionnelle la plus favorable au développemenl de celte
maladie. Ses articulations, SUcees ivemen t attaquées, guérissent SOu~
l'influ nce des frictions r pétées, el les douleurs
qu'il ressent disparaissenl totalement. Cinq mois plus lard,
il se trollve expos \ il la pluie, au moment Ol! il est en l:iueli1r,
et il a même l'imprudence de s'endormir sans quitler ses
vêtements humides. Aussitôt Ull(' nouv Ile invasion du rhumatisme e révèle par le retour du gonllement et des douleur articulaire. JI a recours de nouveau au moyen qui
lui a réussi autrefois, et déjà il éprouve un mi ux sensible du côté des articulations, lorsqu'il est subitemen L
pris de vomis cm nts, à la suite desquels il res 'enl de la
faibless \ dans les jambes, des élan em nts à l'exlrémité
des doigts et des secom, es tétani lues dans 1 s cuiss s. avanl qu'aucune déviation se soil encore montrée.
'est-il pas naturel de voir, dans l'npparition de cos symptômes, 1 s premiers elre'ls d'ulle localisation rhumatis-
�)IYÉLIT E CllI\Oi'i IQUE.
'.
251
male sur l'axe cérébro-spinal, localisation suivie de myélite qui, plus tard, doit se manifester par l'altération des
fonctions de la vessie, le relâchement des sphincters de
l'anus, les crampes dans les mollets , la rigidité des muscles et la paralysie presque complète des extrémités irifériemes ?
Le pronostic de la myélite chronique est généralement
grave ; cependant, on la voit, dans certains cas , disparaî lre
sous J'influence d'un traitement convenablem nt dirigé,
ou se prolonger indéfinim ent, quelquefoi pendant quinze à
vingt an , au milieu d'un état de paralysie plus ou moins
complèt , sans déterminer aucun trolù)le dans la nutriLion générale et dans 1 s fonctions intellectuelles. 1ais
le terme l'il plus ordinaire de cette maladi e est de deux à
six ans; et il est d'autant plus prochain, que les puissances
de la vi sont plus déprimées, que la perte du senlimeut
est plus compl ète, que la [ aralysie des phin lers d l'anus
et de la ves ie sl plu ' prononcée et que les qualités de
l' urine sont plus altérée'. Quelque circonstance accidentelles el tout à fail secondaires p uvenl encore faire présager une j sue prochainement fatale. C'est ainsi, par
ex mpl e, que l'appariti on cles escarres ur le acrum
doit nlever tout SI oir J e guéri '· on. Le 'iége m ' me de la
myélite p ut fai re ari r son pronosti c : dans 1 s régions
cervicale ct cl r ale, Il e e t touj ours plu,' fâeb us que
dans la région lombaire; non-seulement à cause d la nature
cl s a id nLS :ympatl1iqucs qu'elle d' v lopp du cô té de
l'estomac, du cœur ou des poumon , mais encor à cau e
d la fa ilité avec laquelle elle peut s'étendre à la base du
cel' au cl dél l'mincI' alors rapid ment la mort.
�252
TRAITEMENT DES PARALYSI ES .
Nous venons d'étudier les condilions pathologiques auxquelles nous avons cru pouvoir rattacher les diverses paralysies qui se sont présentées ~et
année à notre observation. Il nous reste, maintenant, à parler de leur traitement, au point de vue de la médication thermale.
�CHAPITRE VIII.
TRAITEMENT DES PARALYSIES.
Toutes les paralysies, quelle que soit la diversité des
cau es qui les produisent, résultent: soit de la suppression ou de la diminution de la force nerveuse et du principe de la vo lonté, à leur foyer générateur ; soit d'une
interrupti on complète ou incomplète dans la transmission
de cette force nerveuse et d ce tte volonté, du point où
elle sont générée, aux parties du corps qu'ell es doivent
animer et mettre en mouv ment. On con oit dès lors que
le traitement d ces maladi s repose lout enli er sur l'ensemble d moyens capables de faire disparaître les conditions pathologique qui s' ppo ent it la généra tion, ou
'eul ement h la transmi ssion de la force ner euse et de la
vol nté.
Au pointd vue de la thérilpeuti qull générale, le siége cl
la nature de la lésion une fois déterminés, cc qu'il y a de
plus im portanl à faire pour le prati cien, c'e. t d'apprécier
exactement l'état d s systèmes vilsculail'e t nerveux , afin
de savoir si la maladie qu'il a sous les yeux est ai [j1të ou
�254
TIIAITEMENT DES PARAr.rSIES.
cMoniqtte, sthénique OU asthénique; expressions conven-
tionnelles sans doute, mais qui ont l'avantage de le guider
dans le choix de la méClication qu'il doit adopter.
Nous n'avons rien à dire des moyens de traitement indiqués dans la période aiguë des paralysies, puisque la plupart de nos malades nous arrivent dans des conditions de
chronicité et souvent même de débilité cachectique fort
avancée. Chez eux, la paral ysie, déjà ancienne, ne consiste
pas uniquement dans une abolition du mouvement et de
la ensibilité, il est sur venu peu à peu des complications
nombreuses : la peau :fonctionne mal, les mouvements du
cœur et la re piration se modifient, les acles nutritifs se
pervertis ent; en un mot, le tout devient malade; et le traitement le mieux approprié, dans les cas de ce genre, est,
eu général, celui qui tend à éveiller dans l'organisme des
mouvements incitateurs, ca,pabJes de mettre en jeu toutes
Jes fonctions et de les relever au-dessus du type morbide,
et presque touj ours atonique, al,lquel ell es sont descendues
depui longtemp.
En ITet, 1 s agents thérapeulique 1 s plus rl'uctueusement employés contre les paJ'alysi s chroniques fi gurent
tous dans la lasse des toniques, des al térants, des timulants et des exc it ~ t e u rs propres du syst me n l'veux. Ce
sont les préparations de rhu toxicod ndl'um , de quinquina,
li serpentaire, d'arnica, d pyrèthre et d gaïac ; puis le
phosphore, l'iod el Je mercur , la noix vom ique et la
strychnine, l'électri cité, l'électro-galvani me , J'électroponctu re, les frictions, le massag , la fl age llati on, el enfin
1 s eaux minérales, qui , à ell e s ul s, comptenl plus de guérisons qu tous 1 autres méClicamcnts réunis.
Si nous consu) ton la tradition, nous n tardons pas à
reconna1tre qp 1 seaux d Plombières ont été, depuis long-
�TRAITEMENT DES PARALYSIES.
temps, appliquées avec succès au traitement des paralysies. Dans le grand ouvrage imprimé à Venise, en 1553,
sous ce titre: De Balneis omnia quœ extant C1tp1td G7·œco.ç,
Latino,Ç et Arabes, elc., etc. ; dans le livre de Jean Lebon,
édité à Paris en 1576; dans 1 s Disr,nurs des ea1·/.X chaucZcs
et bains de Plombilwes, publiés en 1609 par Dominique
Berthemin; dans Binninger (1719) ; dans Geoffroy (1756);
dans Richardot (1772), elles sont unanimement recommandées contre les tre'nbtements, la 7'oideuT des membres el
la paralysie proprement dite. Cette réputation de vieille
date et bi n méritée, les eaux de Plombières l'ont conservée de no jours, ainsi que l'attestent les écrits plus récents d Didelot, de Martinel, de MM. 'l'ueck et VincentDu al, qui, tous, citent des cas de paraly 'ie heureusement
modifiés, el même totalem nt guéris par leur emploi.
Les propriété thérapeutiques et le mod d'administraLion des caux de Plombières ( oir 1r e année, page 5i1) peuvent xpliquer s résultats. Comme liquide tenant en dissolution, el à petites dos s, J'arsenic, médicament altéranl
par excellence; comme 'imple véhicule dU ,calorique, type
de Lous les excitants; comm agent de p rcussion, lorsqu'on les prescril en douches, ell es po sèdent les qualités
électives Lgénérales qui répondent à lOti les besoins de
la médication Lhermal -sLimulanL . - Administrées en
b isson', lies agissenL par voie <.l'absorption el vonL incileI' les centres nerv UX, par l'inlennédiaire du y tème
vasculaire; données ou forme dr bains ct de douches flagellanles, à tempéra~ul7
élev\, Il 'S ùétormincwtune violenle sLimulation d s xtrémiLés nerveuses périphériques.
CelL ûmujaLion sc omm unique à la mo Ile, qui ,réagiL à
s n lQur sur les parti s malades auxquelle lie doit rensenLiel el dédre la sensibilité t l mouvement, résulta~
�Tl\AITEMENT DES PAIIAl.YSIES.
266
finitif qu'il faut chercher à réaliser dans le traitement de
toutes les formes de la paralysie chronique.
On ne saurait oublier cependant que pour retirer de la
médication stimulante tous les avantages qu'il est permis
d'en attendre, il est bon d'en varier les moyens d'application, non-seulement en raison de la cause, de la nature, de
la période, de la durée et des complications de la maladie,
mais encore selon l'âge, le tempérament, la constitution
des sujets. En d'autres termes, il faut savoir saisir les indications, remonter au mode suivant lequel la paralysie
s'est produite et tenir compte de la facilité avec laquelle se
manifestent les err ts de la sLimulation. Voici quelques remarques générales à ce uj t.
Supposons un homme déjà d'un certain âge eL de constitution pléthorique, frappé d'hémiplégie. Les fibres médullaires ont éLé rompues par un épanchement ou par un ramollissement inflammatoire, peu importe; il a perdu le
mouvement et la s nsibiliLé de tout un côté du corps; l 'i~
vasion de sa maladie remonle à une époque encore peu
éloignée; il se plaint de maux de lél ct de lendance au
sommeil; il a de fréquents raptu: vers le cerveau; son
visage est rulilant; son poul ' est plein t dur; il éprouve
des vertiges et des bourdonnements d'oreilles. Faut-il le
sourn ttre indilTéremment au trait ment thermal ct ans
pl' ndre ertainc précautions préliminaires? P r 'onne ne
le pense assurément, ct J'on a compri::; qu'Lme évacuation
sanguine préalabl st tout à fait inwsp nsablc. CeLLe prem.i l' indicaLi Il une fois l'eml lie , on ommencera par
des bains de jambes ou par de demi-bai.ns simplement Lièdes; quelques jours après, on fera pratiquer, au
sortir du bain, une afi'usion générale avec de l' au dont on
élèvera graduellem nt la température; puis, si ces pre-
�257
TnAITEMENT DES PAI\ALYSI ES .
mières tentatives sont bien supportées, on passera à l'emploi des bains entiers et des douch es tempérées sur les
membres paralysés, en ayanll e soin de surveiller ]'étatdn
système vasculaire, afin de ne point transformer une stimulation salutaire en une excitati on morbide qui pou rrail
occa ionnel" les accidents les plus funes Les.
Des principes à peu près analogues sont formulé par
M. Berlrand père, dans le traitement des hémiplégies par
apoplexi es : « Constammenl. alors, dit-il, ce sont les dou» ches, les demi-bains et 1 s bain tempérés que j'ai em» ployés à l' exclusion des hains chauds ; car on conçoit les
» dangers que leur usage pourrait ntraîner dans les cas de
)) congestion cérébrale, comm dans ceux où ,il existe une
) J direcLion vicieuse d -s Iluides ou des forces vita les vers le
» cerveau . ))
Mais, on 1 sa it déjil, la plupart des paralytiques qui se
rend nt aux eaux minérales 11 sc troll enl plus dans 1 s
conditions que nous venons d'indiqu r. -11 est rare qu'ils
aient des symptômes congesLifs du côté des centres nerveux
t de la surexcitalÏolI va culaire gén Irale; leur maladie est
ancienne; le Iravail JJuxionnail'e concomitant, qui s'étail
élabli aulour de la déchiJ'nre de la substance médullaire, a
disparu depuis longtemp " cl, les tissus qu'il avait en ahis
1euv nt Ote r dev nus al tes il r prendre les l'onctions
qu'ils ava ienl lemp rail' mellt cc sé d'exe rcer; la paralysie
persiste néanm oins. On n p ul pér l' san doule fair
disparaîtr la solution d Oll linuit \ n ?'(!ssollclant Jes fibr ps
médullaires rompu s; mais on doi t l nter de r nclr à
e lles qui ont 616 implemcnt nuxionné s l'aptÎlu le qu ' lI cs
avaient autrcf is à transmettr les impressions elles vo lilions. JI fauL p Olir C la Mir ,1' p111s larg ment dans lps ap~7
�258
TnAITEMEriT DES PARAl.YSIES.
pli cations de la médication thermale-stimulante et prescrire
les bains tempérés, suivis d'un court séjour dans le bain
chaud, la douche percutante à température élevée, et même
l'étuve, afin, comme le dit Martinet, de faire pénétrer dans
les tissus une certaine quantité de calorique qui stimule
l'excitabilité.
On pourrait croire que dans les paralysies subordonnées
à une lésion essentiellement mécanique, comme celles qui
surviennent par compression, à la suite des déviations du
rachis ou même de l'affaiblissement des vertèbres, il est
absolument impossible de rétablir le mouvement et la sensibilité perdus. Cependant nous voyons chaque jour le
contraire, non point que nous fassions disparaître la gibbosité et la compression qu'elle détermine, mais parce
qu'au moyen d'incitations répétées nous développons dans
les fibres médullaires restées saines noe circulation nerveuse supplémentaire anastomotique, comparable à celle
qui s'établit à travers les plus petits rameaux de l'arbre
vasculaire, après la ligature d' un tronc principal. M. Horleloup a démontré en elTet que dans la paralysie qui résulte
de la section complète du nerf principal d'un membre, ou
d'une déchirure des fibres centrales de la moelle ou du
cerveau, il reste encore un certain nombre de parties
voisines saines, au moyen desquelles on peut espérer le
r 'lahlissement plu' ou moins complet de la sensibilité et
du motlv menl. C'est évidemment par la méthode stimulante que l'on aLleindra cc hut, c'est-a-dire en porlant les
excitateurs sur J'arbre nerveux tout en tier, une fois que
l'on s'est assuré que l'état fluxionnair ou lOême inflammatoir., qui accompagne Je pllls son vent ces sortes de paralyl1ies à leur début s'e t totalement dissip6. JI se présente
même des cas où la persistan e de l'élat l1uxi onnaire, au
�rRAITE!IEl'iT DES PARALYSIES .
259
moins à un certain degré, n'exclut pas absolument cette
méthode, pourvu qu'on ait le soin de concentrer ses elTets
sur certains appareils ou certaines parties du corps que
l'on a choisies comme centre de dérivation. On con oit
aisément, par exemple, qu'une hyperhémie, une phlogose
déjà ancienne du tissu médullaire, puisse être avantageusement contre-balancée par la turgescence vasculaire que
détermine sur la surface cutanée l'emploi de la douche
percutante à température élevée.
La nature de la paralysie, sa spécificité, son essence, si
nous pouvons nous exprimer de la sorte, peut aussi décider du mode d'application de la médication thermale.
Ainsi, les paralysies d'origine rhumatismale cèdent plus
particulièrement aux slimu lations de la peau suivies de
sueurs abondantes. Telle est l'opinion de 1\1. Bertrand aux
Bains-du-Mont-Dore, telle était aussi celle de M. l\laninet
à Plombières, comme on peut en juger par ]'observalion
suivan te:
OBSERVATION N°
47.
Pa1'Ctphlé(Jie 1'htl1no(isma{ 0; SlIrml'S nboncLantel1 ,. glllJrison.
« Un homme de 55 ans était parai sé c1 es extrémités il.
» féri eures,pol' l'effet d'ttn1'1tu1nalisme goutteux, au poinl
Il
»
»
»
»
»
qu 'il ne pouvait marcher qu'avec deux béquilles. Le
malade était naturellement d'une bonne constitution
physique; il digérait bien, et au un des vi 'cères abdominaux n'était en souffrance. JI vint il Plombièros en
1790, t il était déjà mieux, ayant faitlll1e saison l'année
précédente; il suivit le mêm traitementque la première
�2GO
»
, ' RAITE~N1
'
DES PARAI.YSIF.S .
fois, c'est-à-dire qu'il but l'eau thermale, se baigna pen-
» dant trois heures tous les jours et prit la douche une
l)
l)
l)
l)
l)
»)
l)
l)
demi-heure sur les extrémiLés inférieures et sur les
lombes; il transpira surabondamment , et journellement
la sensibilité et la force revenaient dans les parties malades. Il est parti de Plombières, après deux saisons,
en fort bon état; car non-seulement il marchait sans
canne dans sa chambre et dans les rues, mais encore il
faisait des promenades de deux lieues dan s les montagnes qui environnellt Plombière '. »
JI n'est pas toujours nécessaire pour obtenir ces sortes
de sueurs criliques de pousser ln stimulation 11 son summum d'intensité. Les sujets chez lesquels elles apparaissent sous l'inOuencp. du bain tempéré et de la douche
peuvent êlre dispensés de l'étuve, ca use iUl1tile d'affaiblissement. La conduite que tint 'Iartin et dans le cas suivant
nous paraît bonne à imiter.
OBSERVATION NO
P[t1'Ctplégie
pl'od~tie
48.
par l' cu;tion !lu ji'vid;
abondantes.. {J7tél'ison.
li1e~t's
« Un jeune homme tic environs de Saint-Mihiel, d'une
constitution physique forte cl robuste, avait beaucoup
l) soulT ' l't du fl'oid à l'armée pendant les campagnes
li d'hiver, et ses cx tr milés inférieures en étaient demeu" rées par
l ysée~
. 11 ne ponvait marcher san s être sou teuu
l) par une personne ou pal' un bâton, ct souvent même il
)l avail besoin ùe l'une el de l'autre. Il se baigna d'a bord
,) dans le bassin tempéré; ensuite ùan s une baignoire,
)l
�TRAITEM ENT DES PARALYSI ES.
»
Il
)
»
»
li
»
li
li
»
261
parce que, s'étant trouvé mal le troisième jour dans le
bassin, il me parut plus prudent de le faire baigner
dans une cuve. ·Il reçut la douche tous les jours pendant
une demi-heure sur les extrémités malades, et but tous
les malins huit verres d'eau thermale. li n'est res té que
vingt jours à Plombières , et il es t parti guéri, marchant
sans bâtoll. Jt eut d c.~ sue1U'S abondantes toutes les
nuits, ce qui fut p OUl' lui la crise salutaire. Je ne l'envoyai point à l'ét uve, parce que le bain et la donche le
faisaien t suer suffisamment. »
L'application ùe. divers moyens que la thérapeutique
thermale met à llotre disposition est parfois très-difficile
chez les sujet atteints de simple irritation spinale, parce
qu'en g6n6ralla motilité nerveuse qui prédomine n eux
leur permet rarement de suppor ter une température élevée, et qu'il devient dimcil alors de susciter des mouvements réa Lionnaires qui leur oient salu taires. Cependant ici
il faut encore tenir compte de la nature de l'irritation spinale, t ne pas oublier que celle qui se l'attache à l'existence d'une rétro ssion rhumati smale, ou qui succède à des
dartres, à d s éruptions cutanées, et ., etc., exige l'emploi
de moy ns stimul ants, qui ont presque touj ours contreindiqués et mal supporl és dans les cas d'irritation spinale
purement nerveuse ou essentiell e.
Telles sout les r 'marques que lIOU S avons faites Sur les
applications de la médication Lhermale. ous nous content l'ons d'ajouter qu 'on p ut en ore on s cond ri s erfets
par les ag nts qui J.i gLU' nt cl an la matière médi cale comm
excitateurs pl'opr s des ner l's et du ystème musculaire. La
noix vomique, la stl'ychnin , l'électricité, les frictions, le
�'262
TlIA IT EllllNT DES PAI\ALYS I ES .
massage et la flagellation constituent de précieux accessoires, surtout dans les paralysies, où il s'agit moins de
combattre la cause anatomique de la maladie, que de rendre aux filets nerveux et aux muscles la capacité fonctionJ\elle qu'il s ont perdue.
Ici se termine notre travail sur les paralysies. Les bons
efl'cls de la médication thermale appliquée à cette classe
de maladies, sur lesquell es le distractions, le changemeut
d'air et les bienfaits du voyage n'exercent qu'une influence
insignifiante, témoignent hautement des vertus des eaux
minérales, ce vaste 1'eceptaculwIL rncrlicamenl(/?'ium, où,
en dépit des incréùules, l'ob ervaLeuI' attentif et de bonue
foi découvre les trésors inépuisables qu' une main puissante
y a renfermés.
l'IN.
�TABLE DES MATIÈRES.
Pose. ,
AVANT-PIIOPOS • • .
v
Généralités cliniques
7
Températures des sou rces miuél'ales de Plombières, relevées
pendant les moi s de juillet et d'aoùt 1853, de deux à trois
heures de l'apr1:s-midi. . . . . . , . . . . . . . . . .
u
DES PAflALYSŒS.
CUAPITnE le,. CIIAP. TI. -
Aperçu Olnatomo-pilysiologique.
Généralité,. -
23
Divisions.
31
lU Paralysie do la sensibil ilé .. , .
33
Observation NU 1. - Ane thésie du tronc et des memb,'cs
inrtll'ielll's s urvenue sous l'influcnce du rroid.-Guérison.
2° Par,llysie du mouvement , . . . . . . . . . . • .
ObSOI'I'!\tion N° 2. - Paralysie partiello dcs mu scles fl échi sse urs de l'avant-bras ct de ' doigts, à la suito do
Ilévrito • • • • • . . • • •
. • • • • • • . • ...
36
40
4~
�264
TAB LE DES MA Tl tR K
r ogos.
Hémip légie · .
45
Obse rvation 0 3. - Hémipl égie gauch o, gu éri on i trois
moi s après , htim iplég ie droite . . . . . . . .
50
Observa ti on N° 4. -
511
Hémip légie co ngénitale .
Ob ervati oll N° 5. _.. Hémiplégie gnuche; hypertrophie du
cœ ur; douleur vive dan s la r égion dor:;:lle . . . . • .
56
Ob ervation N° G. - Hémipl égie gau che COll écutive à
l'"b u. de bo issons nlcooliques. Am élioration notable .
fJO
Obser vati on N° 7. -
611
Observati on 1 0 8. -Guél'ison après
Hémip légie gaucho; g uériso n . .
Uémipl égio gau che, s uite d'apoplexie.
mois de trai tement t hermal. . . .
67
Observati on N° O. - llémiplégir. Crl ll ée par l'adm ini tratioll d' un vio lent p urgatif. - Améliorat ion notahle . . ,
68
Obser vat;o n N" 10. - Hémi plégie sUfl'en ue Il la s uit e d'un
violen t chagr·i n. - Guél'iôoll .
6U
llL1
De la P ar ajJ légi() . . . . . . . .
70
ObsCI'vation N° t J. - Douleurs da ns l e~ rég ions dorsal ct
lon,bai r'o i vomissements , diurt'hée i faibl esse ot in sensibi li té des extrémi tés inféri eures ; cra mp s d ans les mollets i singulari té de la démarche i dysul'Ïc i pal'a plég ic;
roidelll' des j am bes ct du t l'onc; nouveaux changements
da ns la déma l'c h . . . . . . . . . . . . . . . . . .
72
ObsorvaLÎ on N° 12. - Par:\pl égi traumatiquo i sa illi e des
a pophyscs des se pti èlll c et hu iti ème v r tèbrcs dorsales. .
78
Observation N' J 3. - Pa ralysie born éo a ll m ombro infuric ur ga uche ; dOu leur SUI' u n ]Joint t rès-bi en limita de la
rég ion lombaire. • . . . . . . . . . . . . . . . . .
83
Cil Al '. Jl l. - Commotioll de la moe lle épi ni ère .
ti o n
n 111. oup de p ied SUI' le vontre: chut !}
1 siég(' i paralysio cO lJl [l lùte du mouvement; pa ra lysie
incomplOlc du sCli ti ll1en t i p'\l'ulysie d 11\ v s. ie C t du
l'cctum. . . . . . . . , . . • • . • • .. . . • , .
8!)
O b ~ ()I ' v:\
~1I
1'
00
�265
TAULE DES MAT I ÈRES.
poge •.
Obsorvation Nu 15. - Chute d'un troisième étage ; fracture
de la jambe gauche; commotion de la moelle; paraplégie
su bite et complète; paralysie du rectum et de la vessie.
94
Observati on N° 16. . . . . . • . . . . • • . . . . . ,
96
Observation NU 17. - Surcharge; fanx pas en descendant
un escalier; retentissement dans la région lombaire; faiblesso et tremblement des jambes; fourmillements douloure llx dans les h anches et dans le dos. . . . . . . .
9S
CUAP. IV, -
101
Déviation, de la colonne vertébrale.
Observation N° 1S,- Déviation cervico-dorsale et lombaire;
sai lli e de J'omoplate dl'oite; enfoncement de J'omopl ate
gauche; compression lente de la moelle épini ère paralysée; diathèse rhumatismale. . . . . . , . . . , . . 104
Obsel'vation N° 19, - Déviation latérale du rachis dans la
région dorsale, à convcxitG dirigéo à dl'oite; paralysie du
mouvement dans 1 3 extrémités inférieures ; myélite;
mort . . . . . . . . . , . . . . . . . . . . . . .
110
Obs'Zl'vation u 20. - Gibbosité considérablo de la l'égion
les membres; chatouillement
dOI'sale ;-illll' atiunces dan~
au bout des doigts; douleurs névralgiques . . . . . . .
113
CIIAI'. V, -
117
Carie des vertèbres . . . . . . . .
Ob ervation }'\" 21. - Carie de la colonne vertébrale; exCllrvation de ' 5', (j', 7°, S' et U' vertèbl'es dol' ales; paralysio in comp lète du mouvement et du sontimeht . . . .
121
Observation Nu 22. - Cal'ie vertébrale; abcès ymptomati<]ue; bégaiem Ill; paralysie incomplète du mouvernellt et
du sentiment. . . . . . . . . . . • , . . . . , . . 126
CUAV, VI. -
138
Irritati on spinale.
135
1" Irritation spinale, nerveuse et es ontiollc .
Observation "23, - Irri tation spi nale ssentioll ; dou1 urs intorcul'rente sm le rachis; ongo urdi emont des
bl'as; faibl sso des jumbe3 ; picotements au bout do lu
hUlguC. f • • f • • , • f • • • • • • • • • • ~
j
•
138
�~6
6
TAB LE DES MA T I ÈREi'.
Pages .
Observation N° 26. - Irritation spinale essentielle, précé dée de fi èvre intermittente; venel·eœ voluptCttes ; aITaiblissement dus bras et des j ambes ; picotements dans les
muscles pectoraux; fourmillements il. ['extrémi té des
doigts et des orteils . . . . . . . . . . . . . . . . .
Jil 5
Obser vation N° 25. - Irritation spi nale essentielle, précédée
d'écl ampsie pendant la grossesse ; accouchement heu reux et il. terme ; per sistance de l'éclampsie; convulsions
ch ez l'enfant, après avoir te té sa mère . .
Hg
0
•
•
•
•
•
•
Observation N° 26. - Irritation spinale essentielle sUl·venue à la suite d'une peur; tl'oubles consécutifs dans la
menstruation. . . . . . . . . . .
153
0
•
•
0
•
•
•
••
Observation '°27. - Irritation spinale essenti ell e ; troubles consécutifs dans les fonctions digestives ; prolapsu
158
de la matrice . . . . . . . . . . . . . . .
0
•
0
•
•
2" Irritation spinale sympathique .
162
Observation N° 28. - I rritation spin ale de la régioll cer vicale symp athique d' une maladie du foi e et de l'estomac . 162
3° Irri tatio n spinale symptomati que . . . .
16G
Observation N° 29. - Irl"Ïtatioli spinale cervico·lombail'e
symptomatique de l'anémie globu laire; gllstrodynio. . . 166
Ob ervation l u 30. - Ilorito.tion spinalo symptomatiqu e
d' un e compt·ossio n lente de 10. moelle et dos nerfs dorsaux, pal· s uite de 10. proj ection des 7' et 8' vertèbl·es dor172
sales . . . " . . . . . . . . " .
0
•
•
•
•
•
•
••
Obsor vation N' 31. - Irri tation spinate survenu e après un
efTol·t qui Il détel·miné un cro.qu cmellt dnn s 10 racbis. . 175
Obse rvation ,. 32. - Suppression subite d s règles ; douleurs des lombes ; ongourdissement et pi cotements dos
membres, suivis do paralysi incomplète. . . . . . . . 179
Observation Nu 33 . - Suppression subito des règles ; douleurs lombair es ; ré! ntion d' Ul"in ; paralysie complète. . 183
�TAOLE DES ~IATÈ\E
S .
267
POies,
C/l~P.
Observation 0 34. - Sciatique; douleurs rhumatismales
ambulantes; gonilement douloureux, mais passager, de
quelques articulation s; prurigo; urticaire; irritation spinale; dysurie, rétention d'urin e; affaiblissement de la
sensibilité et du mouvement dans les extrémités inférieures; sueurs abondantes; - guérison; relours répétés
des accidents; guérison nouvelle . . . . . . . • . . . 187
Observation Nu 35. - Rhumati me clu'onique; üritation
spi nale; gastrodynie, ' , . . . .
195
VII. -Myélite ct myélo-méningite chroniques . . . . ,
203
Ob ervation u 36.- Crampes réqucnte~
pendant la nuit;
travail prolongé dans l'eau l'roide; douleurs, tremblements, impatiences et engou rùi ssements des bras et des
jambes; faibles c extrême ùans la région ùes reins; démarche si ngulière. _ . . . . . . . . . . . .
209
Observation
213
0
37. -
Méningo-myélite chronique
Obsel'vation ' 0 38. - Léger déplacement de la 4· vel,tèbr6
lombaire; compre sion de la moelle; paralysie de la jambe
gauche; incontin ence d'urine; myélite chronique consécutiv o . . . . . . , . . . . . . . . . . . . . , _ . 217
OlJservation 10 39. - Myélite chronique; paraplégie incomplète . . . . . . _ . . . . . . . . . . . . . . . 221
Observation l\" 40, - Ellgourdissement des olteils; abolilion progressive et ascensionnelle du mouvement et de la
sensib ili tû ; paraplégie. . • . . . . . . , . . . • , .
225
Observation Nu ll'l. - Douleurs dans la r'égiol1 cel'vicnlo;
contraction pcrmanento des muscles du col; inflexion de
la tête n ilrl'ièr'c ct SUI' l'épaule droitc; paralysie des
,bras ct des jamlJes . . . . . . . . . . . . . • . . . . 228
Observation u 42. cCOllche01ent ]laI' 10 forceps; fourmillements, engourdissomollts, crampes, s cousses tétaniques et paralysie du mouvement daos les extrômitt\s in-
férieures, . . . . • . . • . • . . . . • . . • • . .
23:1
�268
TAilLE DE S MATlt~RES.
Pog ••.
Observation 1 043. - Dou leur vive et subi te dans la région
lombai re, survenue pendant le sommei l; affaiblissement
des jambes; tremblement des genoux; ceinture abdominale; parapl égie complète; l'étent ion d'urine, puis incontin e nce ; paralysie du sph incter de l'anu s . . . . _ . _ 234
Observation N° 4{t. - Douteur subitu dans J'articulation
coxo-fémorale; coliques violentes; impossib ilité de marcher; douleurs dans la région dorsale; aITaiblissement de
la jambe gauche; station debout. difficile; tremblement
général; impossibilité d régulari ser la démarche. _ . _ 23S
Observation Nu 45 . •- EITorts pOUl' chargel' des sacs de blé
snI' une voitu/'e; dès le lendema in: douleurs dau les cOtés; tiraillement dans le nombril et con tl'Îction circulairo
du bas·ventre; impossibilité de redresser le tronc; aITai·
blissemont des jambes; crampes dans les talons i mal'che
ct statio n debout très-difficiles . . . . . __ . _ . _ _ 242
Observation N° f&(j. - Rhumatisme articulaire chronique,
douleurs ambu lantes, myélite SUIVie de déviation du
rachis . . _ . . • . . . . . . . ,
_.......
246
VIII. - Traitement des paralysies.. • . _ . . . . . .
25a
ClIAP.
Observat ion N° 1/7. - Paraplégie rhumatismr.lo; sueurs
abondantes; guérisou. . _ _ . . . . . . _ . _ . _ _ 259
Observation N° ItS. - Paraplégie produite par l'action du
froid; SUllurs abondan tes; guérison. _ . . _ _ . -.
FIN DE LA TADLE.
2GO
�COMPLÉMENT CLINIQUE
POUR 1852.
RHUMATISME CHRONIQUE.
« La plupart des faits individuels relatés depuis plus de
vingt an!) dans les rapports des médecins inspecteurs
1) des eaux son t lellement incomplets, tellement dépour» vus de délails, sur tout au point de vue du diagnostic,
que )'hydrolog'ie minérale n'en a pu relirer presque
Il aucun profil.
Ainsi s'exprime ÎIl . le ministre de l'agriculture et du
commerce clans sa nouvelle inSlruction du 20 mars 1852.
ous pouvons étcndre ce tte réflexion à toutes les queslions qui se l'allacbent il l'histoire thérapeutique des eaux
minérales; car si j'on s'est efforcé de mellre en relief les
verLus spéciales des so urccs; si l11GJ:pc on a signalé avec
enthousiasmc les formes pathologiques contre lesquelles
cllrs réussi se nt le plus constamment, nous sommes fondé
il dire qlle tout ce qui concerne leur aclion consécutive,
persistante ou temporaire, Cl été complétemellt nég li gé.
Cependant, est-il rien Je plus intéressant que de savoi r si
l'action des eaux s'es t continuée après Je départ des malades; si ['amélioration s'est soutenue; si la guérison s'est
maintenue; s'il y a eu des rechules ou des réciùives; si le
calme ol le bien-être ont succédé aux exacerbations mor25
»
1)
)J
�306
COMPLÉllENT CL! ïQUE. -
nIlUMATlSl!E.
bides qui se manifestent si fréquemment pendant la durée
du traitement? Dans l'état actuel de notre organisation
médicale, ces questions sont entourées de difficultés si
nombreuses, qu'il nous est ahsolument impossible de leur
donner une solution efficace. - Peut-être, un jour, l'administration supérieuré, dont la so llicitude s'étend de plus
en plus sur les établissements thermaux, sen tant la nécessité de relier entre eux, par l'intermédiaire des préfets et
des maires, les médecins particuliers des malades et les
médecins inspecteurs des eaux minérales , nous fournira les
moyens de combler cette lacune si fatale aux progrès de la
science hydrol ogique.-En attendanl, nous chercherons à
l'atténuer en publiant, sous le titre de Com plémenl cli111:que,
les renseignements que nous avons pu l"I ~ cueilr
sur quelques-uns des su.iets qui ont J'ait l'obj et de notre travail
pour 1852.
u 1Rhurnalis1np (/rtù,;tûaire chronique primitif,. amélioration stationnaire d'abord, puis progrrJssioe, apres
l'~sag
e des eaU.T.
Pierre Larderet, qui a fait l'objet de notre cinqui ème
observation (page 1l13, vol. Rhumatisme), avait quitté
Ploml)i 'rcs, le 9 août 1852, dans un élat relativement satisfaisan t. J DUS cons tati ons, à cette époque, Ulle améliorati on manifeste dans ses forc s général ::. j sa jambe ga uche, qui était raccourcie quand il en:.ra il l'hô pital, avait
repris sa position na tu l'elle, et la plante du pied commenait à toucher le sol. Le gonfJelllcll t du geno u du même
côté avait di sparu, l l'amincissement de la jambe étai t
moins prononc . La jambe dn1ile, il laquelle QII ne pouvait
imprimer le moi nd re mom em nt :jans dét rmi nrr de vives
douleurs, obéissait 11 lonl. s lc') vo l o nlé ~ du ll1ulade j les
�eOMPLÉllENT CLINIQTJE, -
nnmIAT ISME.
307
articulations tibio-métatarsiennes n'oITraient plus la moindre trace de tuméfaction, et Larderet avait pu mettre de
côté les crùsses, pour se servir d'abord de deux bâtons,
puis d'ttn seut. Une roideur légère du pied gauche persistait encore.
Ce malade revient cette année (1853) à Plombières. Interrogé sur la manière dont il a passé le temps qui s'est
écoulé depuis son dernier séjour aux eaux, il répond:
cc L'hiver a ete (l'ès-bon pour moi;je n'ui plus souffert
» et JE 'AI FAIT Aue N REMÈDE. Je j'estai env l: ,'on deux
)) mois dans l'etat oùj'élais en quittant les eaux, conser» vrmt L'amélioration que ,j'avais obtf.nlle l m(/1:s n'en
» éprouvant pas de plus marquée; après ce laps de temps,
» je commençai à fah'c de petites marches; mes forces
» généra les revenaient de JOUI' en jour, et ma jambe reprit
» sa souplesse naturelle, »
Le 9 juillet, Larderet rentre à l'hôpital, où il occupe le
lit no 17, et, quoi qu'il en dise, nous reconnaissons que son
pied gauche pose encore imparfaitement sur le sol, et que
le genou correspondant est un peu fléchi, La jambe toul
entière est légèrement amaigrie, et nous remarquons un
peu de roideur dans le mouvements de ce membre.
Vi.ngt-trois bains tempérés de deux heures ù deux heures
et demie de durée; vingt-trois douches de quinze minutes;
six bains en piscine à 35°; huit étuves partielles; deux ou
trois verres d'cau minérale de la source des Dames, chaque
matin: lei est le traitement auquel Larderet a été soumis,
Avant son départ, nou [' connai sons, d'accord celle
f is avec lui, que son pied est lotrûemenl et j'enne}f/(mf
appuyé sw' le sot,. que le genou n'est plus Iléchi; que la
najambe a l'Bpri son volume Ilormal el sa sOl~pe
llll'elle, et qu'elle n'est le siége d'aucune douleur; en.Gn
�308
COMPLÉMENT CLINIQUE. -
RHUMA l' ISME.
Larderet, qui se tient très-aisément debout, nous assure
qu'il peut faire une lieue à pied sans fatigue, et même sans
le seconrs d'~tn
bâton.
Cette observation est précieuse en ce sens que l'amélioration qui s'était manifestée pendant l'usage des eaux
en 1852, stationnaire pendant quelques mois, s'est ensuite
montrée progressive et de plus en plus évidente, sans
1·emède, jusqu'au moment où
qu'on ait eu recours à a~tcun
le malade est revenu cette année suivre un nouveau traitement, dont le résultat immédiat peut nous faire espérer
une guérison complète.
N° 2.
Rhumatisme articula'ire cMonique primit1j'; localisation sur le genou de douhun ambulantes; ankylose;
ameliomtion immédiate et progressive; ma~lvis
e./fet
d'un baù~
trop chaud.
Il sera question ici de Marie-Barbe Sirchafer, jeune fille
dont nous avons parlé à la page 147. L'amélioration remarquable qu'elle avait éprouvée l'an dernier s'est continuée de jour en jOllr. Elle n'a plus ressenti la moind('e
douleur, même pendant les rigueurs de l'hiver.
L'action bienfai ante du traitement thermal l1e s'est pas
bomée à la jambe malade; la sanl\ générale de MarieBarbe es t devenue parfaite, ct les époques menstl'uelles,
qui avaient disparu dès l'invasion de Ja maladie, se sont
rélablies de la manière la plus réglllière. Celte Olle ne
cesse de répéter qll'avant le traitemont thermal on voulail Mû couper tajambe, manière expressive d'exprimer
la reconnaissance qu'elle lui doit, et d'établi .. un terme de
comparaison entre l'élat acluol de son genou et celui dans
lequel il se trouvaiL quand elle vint à Plombières pour J a
�COMPLEMENT CLINIQUE. -
nm:
~ fATI
S ME.
309
première fois. Le 3 juin 1853, elle se présente pour faire
une nouvelle cztre. Nous examinons son genou. 11 n'oITre,
sous le rapport du volume, aucune diITérence avec le genou sain; mais ses mouvements sont encore fort limités;
il n' est le siége d'aucune douleur, même lorsqu'il arrive il
la malade de faire un faux pas.
A pein e était-elle en traitement qu'elle fut obligée de
l'interrompre pendant six jours, à la suite d'un bain trop
chaud. Elle ressentit alors des étourdissements, du mal
de tête et des dou leurs d'estomac accompagnées d'un sentiment de courbature générale et d'abattemen t profond.
Depuis ce contre-temps, il lui a été impossible de prendre les bains, même tempérés, sans ressentir une vive
surexcitation. Barbe Sirchafer quitte donc l'hôpital le
1 ~ juillet, moins sa tisfaite qu'elle ne l'espérait, bien que
son genou, ajoute-t-elle, soi t encore plus fort et peut-être
un peu plus pliant qu'à son arrivée.
Nous devons faire remarquer ici qu'un seul bain pris
trop chaud a sum pour communiquer à la malade une surexcitation qui a persisté pendant toute la durée du traitement, malgré les précautions prises pour éviter par la suite
l'action d'une température trop élevée. Nous aurions passé
ce fait sous silence s'il s'était présenté isolément; mais
nous en avons rencontré quelques autres semblabl es, et
nous en profiterons pour constater qu'un seul bain, une
seul e douche, administrés à uno température trop élevée,
peuvent ca user une excitation permanente assez vive
pour forcer les malades à interrom pre leur traitement, ou
même ~1 y renoncer complétemenl.
Tel est le cas dans lequel s'est trouvé M. du Plantier, qui,
après avoir été envoyé d'abord à Baréges, puis aux bains
de mer pour une maladie de l'axe cérébro-spinal, s'était,
�:HO
CO)l'LÉ~IENT
CUNIQ1'E. -
RTlUMATISlIJ: .
en dernier lieu, rendu à Plombières. - Les trois premiers
bains tempérés qu'il prit ayant été suivis d'un soulagement
assez marqué, on crut pouvoir passer à la douche fine en
arrosoir, et comme elle avait été bien supportée, on songea
à la remplacer par un embout plus vigoureux; mais la
température de l'eau s'étant trouvée trop chaude, le malade en ressentit aussitôt une surexcitation si vive, qu'il fut
contraint d'abandonner son traitement et de revenir à
Paris, où nous le voyons pour la première fois. JI nous
affirme qu'il est encore sous l'inOuence de l'excitation déterminée par la douche trop chaude qu'il a reçue, bien
qu'il se soit écoulé depuis lors plus d'une quinzaine de
jours.
Nou:; pourrions encore ci ter deux autres cas où un seul
bain administré à une température trop élevée, au commencement du traitement, a produit du côté de la tête
des symptômes congestifs qui se sont renouvelés plusieurs
fois malgré toutes les précautions employées pour en prévenir le retour.
o
3.
Rhumatisme articulaire cervical,. amélioration immédiate, limitée à quelques 1Jarties du corps, et stationnaire.
La veuve Thomé est la malade dont nous avons tracé
J'histoire à la pag 175 de notre premier volume. Cette
femme revient à Plombières Je 31 juillet 1853; elle occupe
le nO 6 de la salle des femmes. Elle nous dit avoir peLl
soufTert pendant l'hiver de douleurs qu'elle ressentait
dans l'épaule et ùaos Je col, cl nt les mouvements sont demeurés aussi libres qu'ils l'étaient au momen t où, l'an
dernier, elle avait quitté les caux. Mais nous devons nous
�;:O~IPLÉ)ENl'
GLtNIQUr.. -
IlItUlIAT1SME.
311
J'ilppeleJ' qu'indépendamment du rhumatisme articulaire
cervical qui la tourmentait, la veuve Thomé avait encore
lin gonOement des chevilles qui rendait la marche impossible sans le ser.ours de deux béquilles. Après l'amélioration ob tenue en 1852, sous Je rapport du rhumatisme du
col, pendant la durée même du trilitement, on pouvilit
reut-être espérer que l'action consécutive des eaux amènerai t plus lard quelque soulagement dans les arLiculations
des pieds; mais cela n'a pas cu lieu. Depuis l'hiver dernier,
l'améliora tion, bornée aux mouvements de l'épaule, du col
L des doigts, ne s'est point étendue jusqu'aux membre
inférieurs : aussi la femme Thomé sc sert-elle constamment de ses deu x béquilles. Soumise de nouveau à l'usage
cles caux en bains, en douches, en étuves et en boisson,
elle quille Plombières le 21 aOllt) sans avoir obtenu lUI
soula!?ement plus marqué.
10
4.
Ankylose des vertèbres cervicales,. inCU1'vatio1i des vertèbres dorslll ps,. compression de l'axe cérebro-spinal et
des ne/:fs,. disprtrition des douleurs, sous l'influence dit
traitement thermal.
Marie-Josephe Pierron, dont nous avons entretenu nos
lecteurs (R/mm., p. 178), revient le 12 juin 1853 à l'hôpital
de Plombières; elle est couchée au n° 8.
Elle n'a pas été satisfaile de sa santé pendant le Cours
ùe l'hiver, 110n qu'elle ait eu à se plaindre de l'action des
eaux, mais parce qu'elle a 6té presque constamment enrhumée; il son retour, tout en accusant encore de la faiblesse dans les bras, elle peut cependant les remuer avec
assez •de faciliLé ponr manger ~eul
et pour porler se
mains 1:1 sa tête. L'endormissement qu'elle ressentait à
�31'2 .
COMPLÉ)IENT CLINIQUE. -
RIUMAT~E.
l'extrémilé des doigts a :dispal'u complétement, ainsi que
les élancements doulourQllx des yeux et ' des oreilles. La
suppuration qui s'était établie depuis longtemps dans la
région cervicale a beaucoup diminué, mais la roideur du
col et l'impossibilité de tourner la tête sans tourner
aussi les épaules ne sont pas moins prononcées qu'elles
ne l'étaient l'année dernière.
Nous constatons aussi chez ceLlc malade le même état
d'incurvation des premières vertèbres dorsales. Mais nous
devons faire remarquer que les douleurs qui paraissaient
tenir à la compression de l'axe cérébro-spinal et des nerfs
ont tout à fait disparu, bien que la circonstance anatomique à laquelle nous les avons attribuées ait persisté au
même degré. C'est du reste un fait assez connu que certains accidents, la paralysie même, coïncidant avec une
distorsion de l'épine, peuvent ceHser entièrem nt, quoique
cette rlistorsion ait pris un caractère de permanence bien
arrêté. Nous sommes assez disposé, d'après cela, à aLtribuer les douleurs que Marie Picrroll ressentait dans les
yeux et dans les oreilles, non-seulement à la compressioll
de l'axe cérébro-spinal et des nerfs, mai encore à un
travail patholgiq~c
concomitant propre à ces parties; travail qui a pu cesser sans que l'incurvation vel'lébrale aiL
en rien diminué.
10
5.
Tumell1' blanche conséClttil'e a1t 1'h~tmaisc
articulaire
chronique; améliomlion continue après t'usage des
ea1tX .
Puul Hllguin, dont la maladi a été relatée à la page 232
de notre clinique SUl' le rhumatisme, rcvient il Plombières le 25 aoul1853. L'amélioration qu'il avait6prouv6c
�COMPLÉMENT CLI NrQU E. -
R IlU~[AT
SME.
313
l'an dernier, pendant so n séjour à l'hôpital, a continué
jusqu'à ce jour. La mensuration démontre qu'il n'existe
aucune différence entre le volume du genou malade
(38 centimètres) et celui du cô té opposé; on distingue
parfaitement la rotule et tous les reliefs de l'articulation;
et, bien que le jeu de cette partie ne soit pas entièrement libre, Huguin a toujours pu la mouvoir sans ressentir la moindre douleur, depuis le trailement qu'il a
au-dessous
suivi . L'amincissement de la jambe a per~igté
du genou, mais la cuisse est remarquablement démœigrie .
\ La tuméfaction de la malléole interne du pied gauche n'a
point reparu .
06.
Rhumatisme articuhlil'e clu'oriq~te
des mains, des poignets, des genOl!X el de la 1'égion cervica le,. corps fibl'o·
muqueux de ln face dOl'sate du carpe,. amélioration
pendant et après te t1'aitement.
La femme MereIl s (Rhum. , page 276) r vient à Plombières le 12 juin 1853. Elle raconte qu'elle a beaucoup
so uffert pendant six emaines ou deux mois, après avoir
quitté l'hôpital ; mais cl ic s l' xpl ique n disanL q~l'i
fallait
bien qu'elle fût tl'availlee par les ea~l:r
. Peu h peu, celte
sorte de recrudesc nce dans s s douleurs s'apaisa; ct l'amélioration qui s'était manifestée dans son étaL, pendant la
duré même du LraiL ment, se continua, ct sc révéla petr
une liberté plus grande des mouvements et pal' la disPfl1'ilion complète d,1t y(mjlement des deux genoux, ce qui
rend la marche infiniment plus facile que l'an dernier; la
malade peut même h prolonger penclant une heure 01~
deux , L s membres supérieurs ont égal ment beaucoup
gagné, sous le rapport de la for e t des mouv 111 nts; les
�3'11.
CO~[PLÉM
E NT
CLINIQUE . -
RnUMATISME.
articulations des doigts de la main gauche ne présentent
plus de tuméfaction, mais ces derniers sont encore un peu
crochus; parmi eux, l'annul aire est resté ankylosé. Le$ articulations huméro-cubitales, autrefois gênées, sont devenues parfaitement libres. Nous remarquons qu'il existe
encore sur le poignet gauche des corps fibro-muqueux,
semblables à cenx qui s'étaient dissipés l'an passé, sous
J'influence du traitement thermal. Les craquements de la
région cervicale, les étourdi sements et les bourdonnements d'oreilles n'ont pa' reparu pendant l'hiver.
La femme Merelles est soumise pendant vingt et un jours
à l'usage de ['eau minérale, prise en bains, en douches, sous
forme de vapeur et en boisson.
Elle quitte Plombi'res 10 2 juill t; elle dit se sentir plus
ses jambes on t encore plus de so uplesse.
Jorte de pC~/'I01t{,.
Le corps muqueux de formation nouvelle s'ost dissipé,
comme ceux qui ex.istaient l'année dernière; mais l'annulaire et l'auriculaire de la main gauche n'ont rien gagné.
No?
Rhumatisme articulaire de presque toutes les artiCttlations,. douleurs névrat(Jiqnes et diminution dfl la sensibilité Szt1· le côté droit de let f ace ,. amélioration pendant et après 1''Usage des em~x.
La malade qui fait le sujet de cette observation, Adèle
Fleurot, ne se ressent plus deg accidents rhumatismaux'
qu'elle a éprouvés autrefois ( le petit doigt de la main
droite est seul encore un peu crochu), et ell e ne serai t
pas revonue il Plombières, si elle ne conservait des traces
de la maladie cérébrale que nous avons signal ée chez
elle. Sous ce rapport, en erret, l'amélioration, tout évidente qu'elle soit, n'est pas telle, qu'on doive abandonner
�CO~IPLÉENT
CLINIQUE, -
RnUMATISME.
3Hi
la guérison aux seuls efforts de la nature; la sensibilité,
qui avait reparu dans l'avant-bras droit, pendant l'usage
des eaux, a ?'eparu égalp,ment SU?' La face, dans Le C07trs
de l'hiver; mais la malade, à son entrée à l'hôpilal, se
plaint encore de quelques étourdissements; elle ~ de la
peine à élever les paupières, et elle accuse au fond de
l'orbite, particulièrement il l'angle interne de l'œil droit et
dans le hautdu nez, un lirail1ement qni la met dans l'impossibilité de regarder de côté, Il existe assurément chez
elle une a/l'ection clu cerveau, attestée par les troubles qui
se manifestent dans l'action de la troisième, de la cinquième et de la septième paire ùe nerfs, Nous profiterons
de ce cas particulier pour raire ressortir la coïncidence
fréquente qui existe ~ntre
le développement de quelques
maladies des centres nerveux, particulièrement de la moelle
épinière, et l'apparition de doule\lrs rhumatoïqlles, avec
ou sans gonnemenL dans les articulations des membres.
Nous croyons, cependant, qu'il a existé chez notre n'talade
un véritable rhumatisme aigu: les caractères de )a maladie à son début, sa migration sur plusieurs articulations,
l'élat couenneux du sang, etc., ne permettent pas d'élever le moindre doute sur sa nature. Mais, d'un autre
cÔté, ne peut-on pas se demander si la rétraction actuelle
du petit doigt ct la diIJiculté que la malade éprouve encore
à lléchir le pouce, sans qu'il existe Sur C(~s
parties ni gonflement, ni soudure articulaire, ne se rattachent pas directement à la maladie du cerveau? Nous nous sentons d'autant mieux disposé à accepter cetle supposition, qu'elle est
fortifiée par l'existence de douleurs passagères dans les
filets nerveux qui se distribuent soit au pouce, soit au
petit doigt et à l'annulaire.
Cette année, Adèle Fleurot est venue deux fojs à Plom-
�M6
COUPLtMENT CLI IQUE. -
nnUMATISME.
bières, du 9 juillet au 1 août, ct du 30 août au 15 septembre; elle a pris une trenlaine de bains et de douches.
Nous constatons, avant son départ, qu'elle est très-rarement sujette aux absences dont elle se plaignait; qu'elle
n'éprouvE: plus ni battements de cœur, ni bourdonnements
dans les oreilles, ni étourdissements, et qu'elle n'a plus
cette tendance irrésistible au sommeil, qui l'empêchait autrefois de se livrer à aucun travail d'aiguille; mais les douleurs des muscles des yeux ct particulièrement de l'œil
droit, qui, l'an dernier, s'étaient dissipées pendant la cure,
persistent encore, cette année, à la fin du traitement.
er
o
8.
Rhumatisme muscltlaire et articulaire; ankylose incomplète cle.ç articulations mdïo-carpiennes; action conséde 18[,7 à 18[,8; aclion imlllédiate et
cutive des ea~tX
consécutive de 1852 à 1853,. action très-marquée pendant la cure de 1853.
Lindeker, en quittant Plombières, au mois de septembre
1852, entrel l'iL de sc rendre à pied il ancy. - Cette résolution annonçait ch z le malade une amélioration trèsmanifeste, puisqu'il sc croyait en état de faire un trajet
d'une vinglain de li LI S; mais il fuL forcé de séjourner
en route par suit d'un écol' 'hure survenue à l'un de ses
pieds, taus i parce qu'il a ait 1'e u plusieurs averses
qui l'avai nt horriblement trempé. - Malgré cela, Lindeke1', uo fois rentré h '!. lui, s nlit qu les articulations des poignets d v nai nt de plus en plus libres; sa
main, qu'il n pouvait auparavant pos l'à plat ur une tabl ,s'est tendu petit à petit, ct il a pu sai ir facilement
llO corps t le serrer avec une c ftaine for . Les douleur
qu'il éprouvait cons~amt
dflns 1 s cuisses ont été seule-
�COMPLÉMENT CLIl'iIQ UE . -
RlU~IAT
SI
IE.
3/17
ment passagères pendant tout l'hiver, celles des épaules et
du co) n'ont point reparu; mais celles des talons et des
tendons d'Achille se réveillent encore sous l'influence des
changements de temps.
Le malade revient à Plombières le 1cr août; il en repart
le 22, après avoir pris vingt et un bains tempérés, vingt
douches, cinq étuves, quatre bains de vapeur locale sur les
poignets, ct trois à quatre verres d'eau de la fontaine des
Dames, chaque matin. - Il sc loue de l'action des eaux
q ui , cette année, s'est manifestée pendant la dU1"ée dt6 lraitement. - En elTet, Lindeker a beaucoup gagné sous le
rapport du mouvement de articulations radio-carpiennes;
ses poign ts peuvent décrire environ un quart de cercle.
e'est à peine s'il ressent encore quelque roideur dans les
tendons d'Achille; aussi descend-il beaucoup plus facilement tm escalier t e propo e-t-il de nouveau de faire à
pied la roule ue Plombières à Nancy, dans" space de deux
jours.
Nous appelions J'alLenLion de nos lecteurs, il n'y a qu'un
instant, sur la relation qui existe quelquefois entre les douleurs rhumatismales ct les maladies de l'axe cérébro-spinal. Le cas dont nous nous occupons en offre un nouvel
exemple. Lindekel", qui venait ct' Lre témo.in des questions
que nous adressions à nn autre malade aL! int d'un aŒ c- "
tiou bien évidente de la moelle épilli ~l'e,
nouS déclara avoir
ressenti autrefois plusieurs des symptômes qui faisai nt
l'obj t d s investigations ail \qul'Il es nouS Il uS livrions aupr6" de son camarade. - « Alll,r'fois, dit-il, ct c'csl même
» par là que DI s douleurs ont commencé, j'ai beaucoup
» soulTert du dos, où il me semûlrtit toujours avoir ?lf/, feu
J) bien ardent. J'éprouvais des bourdonnements dans les
» oreilles, des ' lollL'di!:lsemcnls ct de l'engourdissement
.
�l
31 H
»
COMPLÉMEN 'r CLINIQUE. -
RIUMATlS~1
dans les bras, avec sensation de froid . -
ë,
A la même
» époque, je ressentais un grattement continuel au larynx,
» ce qtÙ me faisait faire des elTorts répéLés pour arracher à
» grand'peine quelques craché!!s de la poitrine. - C'était
)) comme un rhume serJ. - Ma gorge était serrée, j'étais
)) tourmenté par des baLLements de cœur, ma respiration
)) était courte, et A LA FI ' J'UIUNAIS malgré moi. Tous ces
» maux se sont dissipés; mais, quclque temps après, j'ai été
» pris par des gonOement et par des douleurs dans les ar)) ticulations des mains et des pieds, cc qui me décida à ve» nir à Plombières une premièrc rois. »
D'après ce récit même, nous n'avons pas hésité à penser
que l'engourdissement de bras, l'impossibilité de 1'elenil'
les 1tl'ines, les étourdissements ct lcs bourdonnements
d'orei)] s, les palpiLations et la gêne de la 1'e piration coïncidant avec la sensation de chaleur intensc dans le trajet
de la COIOI1I1 verLébrale, ont dû S l'attacher 11 l' xistence
d'unc maladie de l'axe cérébro-spinal, dont les dou leurs
ùans les telldons d'Achille, le talOI1 t les articulations, ne
ont peut-êlre encore aujourd'hui qu'un reflet rhumaloïque.
o
9.
nmwur blanche scroJ1tleu.w:cln genou droit, consécutive à
des dottlcurs amblt(n·,~.
OlLl'crtUl'r's fistuleuses,. suppuration; mndliom.tion consécutive iL t'ar'fion des eaux.
'icolas Noxül'd, cc JCUJlC scrofuleux dont nous avons
parlé il la page 290 cl notl' pl' mi r volum , r vient à
Plombières dans lcs premi l'S jOllrs ùu moi d'août.L'amélioration qu'il a r"senLi p lldantl'hivcl' équivaut à
unc guérison. - I ~t sJ l'on v ut 1 i Il se reporL r à ce qu
nous disions dll malade' ail 1110111 nL où, l'an cl mie!', il sortaiL
�COMPLÉJlENr CLINIQUE. -
RllUMA11SME.
319
de l'hôpital, on ne pourra se refuser à admettre que les
eaux minérales ont souvent une action consécutive bien
décidée. Ce cas est a sez intéressant pour que nous jugions
à propos de revenir sur les principaux symptômes qui,
l'an dernier, caractérisaient la maladie; savoir: gon.flement
avec d~.reté
considérable du genou droit,. élctflcemenfs
doulourwx dam.' cette parfie,. jambe à demi ployée,. impossibilité (Félen(lTe ou de .flr!chir complélement l'articulation !emoro-tibiale,. amaigrissC'.llWnt du membre lDîtt
entii'1',. suppumtion pU?' une Ott vertu re fls~te1,.
mm'che
(tllec le secours d'w~
bâton, sans/aire jotter l'articulation
malade, la pointe du pied seule eJ.fleu1'Clnt Le sol.
Au moment où oxard, après avoir été socmis l'an dernier au traitement th rmal, quitta Plombières, nous étions
loin de compter sur lin succès. - Voici comment nous
parlions de lui:
« Quand le malade quitle l'hôpital, nous ne croyons pas,
» quoi qu'il en di5e, qu'il ait obtenu la moindre améliora» tion. ))
A celle époque. c'élail biell là notre pensée, - l'action
immédiate des eaux avait ét ~ insensible et tout à fait inappréciable pour nous, - mais leur ('Jfel conséclllif a élé dei;
lJ1Ui; remarqllabl('s. - Au moment où Nicolas Noxard revi nt à l'hôpital, le 12 juin 1853, !lOli con latons que le
genou mala le n'a pas un centimètre d plus que l'autre;
lJue la Ilexion de l'articulation est plus libre, san cependant
être 'omplète, el que ceLle p'lrlie Il'es!. le iége d'aucune
douleur. Enfin, pour donner IIne idée vraie de l'am ~Iioraln
obtenue, il nous suffira de dire que le jeune Nnxard se fait
un jell d'aller à pied à Xerl.igny, après déjeuner, et d'en
revenir avant dÎn r (environ 16 kilomètres), sans ressentir
la l1loindre fatigue.
�3:20
CO~IPLtMENl
CLIN IQU E. -
o
JUIUMATI SME.
10.
tibio-tarAnkyloses incomplètes des deu:c a?·tic~lons
siennes et des deux genoux; suite de brûlure; ~tlcéraion
de lapeau. Amélioration pendant et après le traitement.
Charles Duval, ce pauvre ouvrier qui a eu le malheur ùe
tomberdans une chaudière d'eau bouillante( Rhum. 1 p.294),
revient ceLLe année à l'hôpital, où il occupe le lit nO15. 11
nous dit qu'une fois rentré chez lui il a vu s'accroître de
jour en jour l'amélioration qui s'était déjà fait sentir pendant qu'il prenait les eaux, au mois d'aoCtt 1852. Depuis lors,
cette amélioration a été assez marquée pour lui permettre
d'employer tout son temps à faire cluelques menus ouvrages
de son état de mécanicien . Nous nOlis rappelons qu'au
moment où Charles Duval C}uiLLa Plombières, il accusait
plus de force et plus de ressort dans les jambes, il lléchissait mieux les genoux, il commençait il poser toute la
plante du pied SUI' le sol; il pouvait enfin se tenir debout
sans crosses ni bâton. - Cette année, al! moment où le
malade vient faire un nouveau Iraitement, nous conslalons
que sa position 'est encore améliorée,- il marche même
:,ans béquilles sur un sol plat; - il ne peut encore opérer
aucun mouvement du pied sur la jambe par le siJl1ple
secours de sa volonté, mais s' il sa isit la pointe du pied
dans l'une de s s mains, il j}arvicllt à lui faire exécuter des
mouvements articulaires assez élendus, et à vaincre la
soudurc apparenta de l'articulation tibio-méla tarsienne,
ce qui lui était absolument impos&ible il y a un an .
l'''' h
-
l'JI'IIIME\lU c l~rJt\u
I,F: !It/\'O
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QIIAI! KT CI', 11111 UJ.:fla~I,
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�El' UX Dru PLOMBIÈRES
�l'HU S. -
IlPMH~
C E~TItALK
DI': NAPOLtO N Cil \.IX KT C·, II U& DIWG~1tE.
20.
�HYDROLOGIE
n p.
PLOMB-ÈRES
ou
NOUVELLES RECHERCHES
SUR
LE nENDEMENT) LA TE~lP(.:I\AU
DES
ET LA COMPOSITION CHIMIQUE
SOURCES
DE
1' \11
PLOMBIÈRES
l~.
O . IIENUY
D. LlIIÉIU'.l'lER
l>octellr e ll M Medn~.
Jn .I)('('lcllr.\,ljoinl ,It-, (,:lll' d,. l'IoI1lLiiore.)
011·".11'"".1..: JI 1.'1;.11,111 (l'bulIlII'I,r. ;\lt'1II11I1:'
d, la ~I)(:iél
d'II)llrull1',:ie u..':.lic.l,. (le l'atl. , du J.
Sodd\: u\:ulllhlo,lIli Il'1.1'111\1.1, ek'.
--;_.---
C[I~7.
PARIS
GEHMEH BAILLIÈHE, LlBHAIRE,
1855
DB VICJrf
��AVAN T ·PROPOS.
Il
Il
Il
1!
Mngni ornninù res Cu iL nnturœ IlllCbrn!
dll1lovcrc, ocr contrntum ejus ron"prcLu
illlrospiccre, cL in d('o rull1
crndcl'C. Il
S ~( cfùtu
SE~n.
d '5-
Lorsqu'en 1853 je pris l'engagement de publier
un trav ail d'ensem ble
SUI'
la composition chimique
des eaux de Plombi èr ,je ne prévoyais qu'une
partie des di!Ttcullés qui allaient s'ofl'rir iL moi.
J'avai s, en elTel, h éLudier un grand nombre de
so urce, toutes fort peu minérali ées ; je devai . procéder à de nO lflbrcU1;es évaporations pOUl' obtenir
des produit
SUl'
I c~q
u e l s il fût possibl e d'opércr
avec quelqu ccrLiLude, et, de plus, je m' étais proposé de doser l'arsenic, ce qui rendait ma besogne
et plus difficile et plus longue. En un mot, je me
�-6-
trouvais en face d'une entreprise dispendieuse et
d'une exécut ion délicate, quand j'eus l'idée d'appeler l'attention de M. le préfet des Vosges sur le
dessein que j'avais formé. Sa bienveillante interven tion provoqua une mesure administrative qui eut
le précieux avanti),ge d'attacher aux recherches qu'i l
fallait entreprendre) l'autorité d'un nom bien connu
clans l'histoire des eaux minérales. J.,' Académie de
médecine, invüée par M. le Ministre de l'agriculture
et du commerce à procéder à une nouvelle
an~
l yse
des eaux de I>[ombières, confia ce soin au chef de
s~
travaux chimiques, Mr O. Henry, qui dut sc
transporter à Plombières même) olt j'avais déjà
prépa.ré, d'après un programme arrêté enLre lui
et moi, les éléments des expériences chimiques que
nous devion~
-xécuter en partie sur place, eL com-
pléter à Paris.
Telle est l'origine de ce travai l fait en commun,
et de sa double paternité, qui sera sans doute une
bonne forLune
pOUl'
[e publi c médical, comme [le
est un honneur pour moi.
Lllllf\JTTER.
�CHAPITRE PREMIER.
SUBSTRUCTIONS. -
SOL. -
DÉSIGNATION DES
SOURCES.
S'il egt vrai que 110US n possMions aucun document
authentique relativcm nt h l'époque olt le bains de
Plombières ont ét6 institué;:;, on no peut nier epenùant
que les substl' LCtioll, gallo-romaines qui snpportel1t
la ville presque tout ntière ne témoignent de l'oeigin d(> j ~t fort and nue de l'nméuag ment des eanx.
En fret, le l' 'serrement d II ravin au fond duquel fle
montrent l, ROU l'ces th l'males, leur xtrême abonl1anc t leu r proximité des ("aux douces, avec le _
quelles il fallait 'vit [' qu'elle ,;e mêlass nt, né ssitèreut des travaux dont les vestig'es rappellent encore
�-8-
la grandeur et la solidité des constructions romaines.
On peut se faire une idée de l'importance de ces travaux, en songeant qu'il fallut en quelque sorte créer
un sol à la ville, au moyen d'une couche épaisse de
cailloux bri 'és et ùe fragm ents de tuile jetés à bain de
ciment, et dans laquelle furent ménagés des puits là
où jaillissaient les sources chaudes (1). Telle est, même
aujourd'hui, la "olidité de cet ouvrage, qu'on a la
plus grande peine à l'attaC),uer avec les meilleurs instruments. lVIalgré cela, il est à croire que les con tl'UCteU1's ne jug'èrent pas qu'un pareil travail suffît à préserver le eaux thermales de toute altération, car ils
ventousèrent cette couche de béton, dont l'étendue
occupe une smface de plus de 200 mètre' carrés, au
moyen de canaux taillés dans des blocs de piene
durc, superposés au nombre de troi , et de -tin', à recueillie, il droite et à g'auche du pied des montag'ne' ,
les eaux qui s'en écoulent pOUl' les condui!' dü' ctement dans la rivière. Rouvroy, chargé par Léopold 1er
de sl11'veiller des réparations à faire aux bains de
Plombières, a pu voir qu Iques uns de ces canaux;
ùt plus d'un 'iècle après lui, M. Jaquot (2) les a reconnus dans troi. eudl'oits diftërents : 1 ,'ur la riv
droite d l'Eau-Gronn , dans la culée du pont qui est
au-dessus de l'égli 'e; 2 sur la l'iv g'auch ,à la tête
du g'l'and pOllt; 3° enfin , sur l mur de soutènement
de la rue d Luxeuil,'pl' du bain des Dame.
0
0
(1) Anti'111ités des rnux rnin érnlcs do Vichy, Plombièrcs, Cie. ,
PD g. 125, pnl' D Oluliou.
(2)
~Iémoirc
sur Plombi ' l'C
~dl'cs
\ :\ la Société d'Epinal,
�-0Les ouvrages des anciens ne s'alT~tèen
point là :
après avoir capté les sources chaudes, ils durent songer
à se re:lùl'e maUre de l'Eau-Gronne, petit torrent qui
coule au fond du ravin, et dont les eaux, grossies tout
à coup pal' les pluies d'orage ou pur la .fonte ùe,
neig'e" auraient pu détruire eu un instant le fruit de
leurs travaux. Après en avoir détourné le cour', ils
l'encais èrent entre deux murs faits de gTOS blocs de
pierre encore marqués de lettres d'assemblage et
s upero
~és
en forme de degré' à gTùndes retraite::;.
Le pl'océrl' au moy n duquel ces pierre. sont jointes
mérit , suivant M. B aulieu, d'être f:ignalé. Voici la
de, cription qu'il en donu :
( C'est Ull caual en auget calTé, taillé dans chaque
»joint vertical, et qui va s'éhrgissant vers c:a buse
Il tl'Ollq née par l'assise inférieure; là, il se divi
en
'1 clen • bran 'hes horizontales qui s'ét 1 dent sur tonte
" la longueur de chaqu piene. Dal!, cc 'anal on a
» coulé un ciment qui, en se dlll'cisl"aut, a rendu toute
II filtration impos, iule: aussi, la solidité de ces murs
)l
st tellequ'aprè-' quatorze Ri cles de durée, et mal» g'l'C la pression latémle de l'Eau-Gronne et le poids
" des maisons qu'il::; SuppOl'tellt, on ne saurait y M Il couvrir la moindre fi, ure.
Il Bien q Lle le fond du canal, dont la Im'g'eUl' est
Il le 6 mèü's, soit bétoné, puisqu'il est en gTande
Il parti
'onstrnit ,'ur l sol artificid dont nous
Il u,voml parlé plu
haut, on avait cependant jug'
Il né
smil'e d'établir au-d SRUS du béton un payé en
li daU s de gTès de 3 mètr s de 10ng'uL' Ul' ,' Ul' 1 mètro
)) de lu,l'g'e et 0111 ,66 d'épais.'eul'. n trottoit' de 0"',33
Il de hauL sur une lal'g ur qui varie, on ne sait p01~r
~
�-
10 -
quoi, de 1 mètre à 1 ,50, rég'nait le long des murs
)) du canal, qui subsiste encore dans un bon état de
)) conservation sous l'.lIôtcl-desrDames et les maisons
» voisines. Malgré cela, quelques filets d'eau thermale
» ont réussi à. s'ouvrir une iss ue au milieu du béton et
» viennent se perdee dans le torrent.
»A partir du bain Impérial, ce canal se dirigeait
)) de l'est à. l'ouest, en travù~n
obliquement la rue
)) de la Filerie, où son assise supérieure a été retrouvée,
» en 1837, à 0"',80 R'.l-dessous du pavé. »
Il y a quelques années, au milieu même de Plombière.', sur l'emplacement où l'on voit aujourd'hui le
bain Romain, il exi ·tait encor un partie d'une vaste
piscill dont le foraI était l) avé J e fortes dalles semblable . i.L 'elles du canal de 1'Ba u-Gl·onne. Cette piscine,
alimentée par deu""&" aqueduc' ,'outerrains cl e 1m ,66 sous
clef, sur 0111 ,80 de large, pouyaiL recevoir plus de cinq
cents haigneurs ! A... urément, quand on envisage l'étend ue, la form e et la solidité de pareils travaux, on se
dit qu 'il ne fallait pas müin..: qn'un géni vaste, qu' un
peuple gTund et ri che pOUl' les entreprendre, et l'on
est amené Il croire a v c le '!ironiquelll' BalduinusRichard, de Va~Rebourg,
{( lj1/e c'('st œuvre cl'ingénieurs
r01l/((ins qlli avaient pour lors 1WI'fiÇIl1l de bas{ir et cimen·
{{'/" Jort brave et. subtile, de dUl'ée quasi ZJerpél1/('lle (1). )l
m
»
Au 1'0, te, ~i nCiUS insistons su r e.' détail:-; archéologiqu s, c' st b: '11 moins pOUl' prouver l'antiquité d s
an . de Plombi l'es que pour donner une idé g'énéraI <lu régime d's aux eL du sol Cl rtijieiel au .' in c1u-
(1) Antiquitus
ù ,~
la Gaul
n clgiqu r, 1540.
�-11-
quel elles ont été aménagées. Quant au sol naturel de
la contrée, il est constitué par une chaîne de hauteurs dirigée du sud au nord, présentant plusieurs
points de dépression, un cirque, des plateaux et des
rameaux qui s'étendent obliquement de l'est iL l'ouest,
et entre lesquels on remarque de profondes vallées.
C'est dans Ulle vallée de cette espèce que sont situées
les sources thermales , Elles jaillissent toutes d'un
granite porphyroïde très décompo:::é qui forme la base
des deux montagnes entre lesq uelleHla ville est étroitement resserrée. La pente abrupte de ces montagnes
est hérissée de masses gTanitique ' et de fragments de
rocbes siliceuses; leur sommet est constitué par des
hancs de gTès vo g-ien il l'état de dislocation, et !'i l'on
s'avance SUI' les plateaux voisins, on trouve, au -df'ss us
du g'l'ès vOf"g'ien, le gTès big'ul'ré dispo"é en bancs assez
rég'uliers_
Au sein même des masses granitiques d'où émergent
les sourCf'S, on découvre de la cbaux: fluatée ( .. path
fluor) tantôt eu masses concrétiounées, tantôt en filon s parfaitement cristallisés, d'un blanc vcrdtttrpou du plus beau violet. Rounoy, Hicbarclot, Geofli:oy,
avaient eu l'occa sion de la signaler, et Lemaire 11
parle comm d'une espèce de pyrite qui. mise 'ur
un fer l'ouge, ionne une flamme bleue, En efti t,
c spath appartient tl une val'iét," de fluate de chaux
phoRphorescente , et la lueul' qu'il r(pand lorsqu'on
l projette HUl' des charbons ardents, varie en raison de la couleur blall he ou yiolett cl s cristaux
exposés il l'incandescence, Nous n avons eu quelques
[rag'ments d'un beau vert, bl'ùlant av c un flamme
y rte qui rappelait la variété de haux fluatée de
�-12Sibérie, connue sous le nom ·dechlorophane. Plus
abondant, suivant Morand (1) , daps les environs des
eaux chaudes, et pour ainsi dire dans leur lit, on le
retrouve néanmoins dans plusieurs endroits éloignés
des sources, sur la côte de Plombières, mêlé soit à des
terres f'ablonneuses, soit aux rochers g-raveleux des
sources savonneuses, où il est souvent uni à la baryte
sulfatée.
Quant au sol cl'alluvion, il a si peu de puissance an
fond de cette vallée que c'est à peine si l'on doit en
tenir compte comme terrain. Envisagé de la manière
la plus g'énél'ale , le :01 du canton de Plombières
abonde en roches siliceuser; : aU"i pouvons-nous dire
que la composition de ses eaux thermales, qu'il faut
désormais considérer comme des ('aux alcalines silica"
ides, vient ici justifier l' expression de Pline « tales sttnl
aquœ qualis {erra 11er (juwn fluunl l2). »
Au pied de la montag'ne ùu ud, à qu l'lue: pas des
sources chaudes, passe le petit torrent qui arrose toute
la vallée de POlObières, Il vient des montagnes situées
à l'est, à un clemi-lieue le Remiremont, Avant d'entrer dans Plom bière', il reç:oit dans sa course le ruisseau. 'aint-Antoine, qui sort, plus au sud, des montagnes voisines; puis il se divis en deux petits bms
qui enveloppent la promenar1 d s Dames t se réuIJissent sons le pout des Va heR, pOUl' tl'aVf'l'ser la vill
lans toute sa longueur, Il coule rapidement SUI' un
lit incliné, encombré de blocs g'mnitiquds t de pi nes
(1) Jllémoil'c pOli l' set'vi!' à l'histoir
PIOllluièl- 's.
(2) IJ bt. nat., liv, 31, sect. 20.
nntul' 'Ile ct Dlédi 'nlo cl
�-
13-
éhoulées des montagnes, parmi lesquelles on trouve
des morceaux de quartz cristallisés SUI' calcédoine et
spath fluor, des cailloux de quartz noir ou brun, trablanc très rapproché
versés par des veines de quart~
du horstein, el c. Ses eaux sont claires et limpides; leur
tem pérature s' él ève et s ' abaisse en raison de celle de l'a tmosphère, en raison aussi des orages, de la quantité de
pluie, etc. En 1853 et J 854, pendant les mois de juillet
et d'août, elle a varié entre 12°,8 et 21°,5 cent., celle
de l'ail' ayant oscillé, durant la même période, entre
14",9 et 35° centig'l'ades.
Les sources thermales de Plombières sont si llombreuses que Tissot a puc1ire qu'ilsuffil'ait ùe les réunir
p0ur formel' une petite ri vière . Il serait difficile, en
effet, d'en donner une compl teénumération: quelques
unes se perdent dans le lit de la ri vièl'e; d'autres sont
employées à des u ag'es dome tiques, et il est l'are
qu'on n'en d couvre pa' quelques nouvelles lorsqu'on
procède aux tl'avaux commandés. pal' des réparations
urgentes ou pal' des améliorations à apporter au rég'ime des établissements, Telles sont celles qui, l'un
dernier, ont été recueillies pm; les soins d l'architecte
du département, M. Grillot, et de M. le régisseur des
bains, pendant les fouilles opérées dans le jardin de la
préfecture pour la construction de nouveau réservoit's .
Cette multiplicité des sources poul'l'aitmêmejeter un
peu d confusion ùans leurs dénominations et par
conséquent clans l'étude de chacune d'elle<. Qllelqu s
unes ont perdu l'appellation sous laquelle elles ont été
décrites autrefois, et nous avons vainement cherché
la fontaine Pierrot et la SOU l'ce de la Blanchisseuse
�- Hétudiées par Morand; d'autres, réullies dans un même
réservoir, sont vaguement désignées sous les noms
de Il'e, 2 mc , 3 me nouvelles; il en est enfin qui ne sont indiquées que par le numéro de la maison dans laquelle
elles se trouvent. Si de semhlables dénominations, tout
imparfaites qu'elles soient, suffi ent aux contemporains, il est certain qu'elles ne sauraient satisfaire ceux
qui leur succéderont dans l'étude comparative d'un
aussi g-rand nombre de sources. Peut-être jug'era-t-on
comme nous qu'il serait bon que tous ceux qui écrivent
sur les eaux minérales s'entendissent à ce sujet, et que
l'admini tration fixtLt définitivemp.nt la nomenclature
et la synonymie des sources, chose bien facile assurément, puisqu'il suffirait de donner à celles qu'on a le
plus récemment découvertes les noms des hommes
qui, comme Berthemin, Lemaire, Rouvroy, Nicolas,
etc., ont jeté le plus d'éclat sur les thermes de Pombières.
Nous avons trois espèces d'eau_ minérale : l'e,a u
(errugineltSe, l'eau savonneltSe et l'eau thermale . Les
'ources chaudes actuellement conservées sont au
nombre de seÎ:-:e; toutes servent à l'alimentation des
bain ; celles des Dam s et du Crucifix sont, eil outre,
employées n boisson; il en est de même des eanx
froid s: ferruginouse et avonneuse.
1 La sou1'ceferrugineu, c, aussi nommé' source llou/"d'ille, du nom d'un évêque d Soi .. 'OL1.' qui pac:s pOUl'
l'avoir découverte, e, t ,'ituée an mili u de la g'1'and'
allée cl h pl'olllcuudc des Dames, à l' xtrémit6 orientale ù la yill ' EUc est 'onsl'rvéc duns ULl bassin '11'culairc au fond duqu l 011 cl 'sccnd pal' unc clonhle
rampe. L (lébit de cett source est d 51,4545 pal'
0
�-
15 -
minute. D'après les expériences gue nous avons faites
dans le cours de juillet et d'août 1852, 1853 et 1854,
nous avons vu sa température osciller entre 10°,9 et
12°,5 c.
20 Dt S01l/'CQ savonne1tse de Luxeuil, découverte en
1678, était conduite autrefois au bain Romain, où on
la buvait. Elle est actuellement tout à fait abandonnée. Elle se trouve sur la pente d la montagne du
sud, sous les terra" 'es de l'ancien ch~teau.
Son rendement ne nous est pas connu; sa température varie
de 15°,1 à 17°,5 c.
30 La source savonneuse des Capucins se trouve
aus'i sur le versant ùe la montag'ne du sud, plus bas
gue la précédente, mais presque verticalement an
'dessous d'eU . Elle sort d'une roche tapissée d'h' patiqu s, située sous la troisième tenas' du jardin de
la préfecture. a température oi:lciUe cntr 12° et
14°,2 c.
4° Les anciens parlent beaucoup ù'tille SOUrce qu'ils
désignent SOl1S le nom de sourcc Sainte- aLh l'inc.
L'année dernière nCOl'e 'lle était située derrière une
baignoire, dans un des cabinets du côté Hord du bain
Romaill, Depuis quelques mois, sm la demande que
nous en avons faite en 1852, ou l'a recueillie dans un
petit bassin ovale, en marbre blanc, placé 'ous l'arcade qui forme l'entrée cles cabinets no- 1J, 15 et 16 du
même établissement. Le peu d'abondance de la source
Sain le- 'athel'ine est sans doute la cause de l'oubli
dUllS lequel elle est tombée tlcpuis longtemps, et où
nous l eussions laissée nous-ll1()mes, si la m ntiou
qu'en fout plusieurs écrivainR. '11 lui attribuant Ul1e
S'l'anùc effi 'aGité dans le traitement des maladies ùes
�-16yeux (1), n'avait piqué notre curiosité et nenous avait
amenés à rechercher si la vertu toute spéciale qu'ils
ont prétendu lui r cOllnaitre pouvait s'expliquer par
quelques particularités inhérentes à sa composition
chimique. On verra plus tard qu lles sont nos conclusions à cet égard.
5' A 'sez pré' de la source savonneuse des Capucins,
ous la seconde terra se du jardin, il existe deux
'ources chaudes, réunies dans le même local. Ces
SOUl'ees, dont la décol1verte ne remonte qu'au mois
d'avril 1829, portent les noms vicieux de première et
deuxième nouvelles. La température de l'une varie de
26' ,8 à 30° c.; celle de l'autre, de 14° à 22° ,6 c.
6° Au-des. us cl es sources, et toujours daus la
pente de la montag-ne du Sud, on trouve la fontaine
Simon, achetée ü\m propriétaire cl ce nom, et située, comme la, savonneus de Luxeuil, au pied des
mUl'i:i de l'ancien chtt.teau. Elle e t recueillie dans un
ba 'sin d'environ 2 métres cané;.;, crem;6 dans la
roche, t èlUqU 1 on alTive au moyen d'Ull aqueduc
voùte, d'une lOllO'UeUl' de 13 mètl'e~,
pratiq né ·ous
la route de Luxeuil. 'a températl11'e véll'ie de 33' ,1 à
34°,5 c.
70 Sur la peute d la montagne du Jord, cl 'l'ri re
la maison de ~r
L. Ledllc, dans une heU cave1'l1e
naturell d 3 tt 4 mètres calT6s, cl'cusée cn votitb
dans 1 granite,. omd nt plu ieul':; filets d'eau chaude,
dont la r6union f01'l11 la fontaine Jl1uller. Le fil t
le plu::; chaud a un teml)ératUl' de 40' à <1l', 7 C.;
(1) HICIIAllIJOT, p. J 3[1, ct
D. CA1."HT, p. 5[1, !1O, 21 '1.
�-
17 -
l'autre, ou ,~econd
M~tle',
a pOUl' points extrêmes
29',6 et 33',6 c. Oette eau dépose spontanément SUl'
la roche une certaine quantité de matière végétoanimale que nous amons, plus tard, l'occasion d'examiner,
8° On a donué successivement les noms de Source
de Diane et Source ~le la Reine à une source abondante
et des plus r chercMes, aujourd'hui nommée Source
des Dames, Elle est située au pied de la montagne du
Sud, sur la rive g'auehe de l'Eau-Gronne, au-dessous
de la route de Luxeuil, près du pont qui unit la
route d'Épinal à celle de Besançon. La température
de la source des Dam s présente une grande stabilité;
dans toute 1eR expériences que nous avons faites
en 185'2, 1 53,1854 et L855, elle a toujours été d 5'2' à
52',2 c.
go En face de la Olt/'ce des names, au nord, dans un
ang'le l'entrant formé pal' le . maisons d la gt'ande rue
de Plombières, sou un petit réduit en ma.onnerie qui
sert d'étuv pour les pauvres, on trouve une autre
source très-chaude dite Source de BassoJnpierre , Sa
temp'rature ex1rêm est de 61 0 ,1 c,
10° Près de la sourc ll'écédente, dans le milieu
ID me de la rue, à quelques mètres au-des ous du
pavé, on a réuni quatre sources: celle de Bassompierr ,
dont nous v nons de parler, et troi' autres, ùont deux
'eul 'meut sont connue,'; quant à celle qui ne l'est pas,
nous avons lieu ù supposer q Ile sa températme est
excessivemetlt élevée, cal' la source de Bassompierre,
la plus chaude parmi celles que nous connaissons, n
110 us a jamais donné plus de 61°,lc., et les deuxautt'es ne possèd nt qu'un chaleur médiocre, Oepen2
�-
18 iL la source inconnue, elles
dant. réunies toutes troi~
donnent ensemble 65 0 c.
Il ° Toujours sous le pavé de la rue, en face de la
maison des Dumes de Prance, on voit un autre réservoir dans lequel on a réuni trois ources . . Ce
sout les 1re , 2"'· et 3me nouvelles de la rue. Leur' température est sujette à d'a 'sez grandes variations, ce qui
tient à l'imperfèction de leur captag'e. Nous avons
vu la première varier entre 640 c. et5l", l c., la seconde
entre 33°,4 et 47°,:5 C., la troisième entTe 32° et 34",5 c.
120 Sous le Mtiment des arcades, dans une petite
chambre demi-circulaire et protégée pal' une grille
en fer, on voit la fontaine nommée autrefois fontaine
du Chien, d'après une tradition commune à plusieurs
eaux minérale::;, qui attribue Sil découverte à un chien
de cl.asse qui serait venu s'y baigner. Plus tard, on
l'appela Fontaine du Chenf', parce qu'clle coulait près
d'un chêne . Depuis, l'arbre a été remplacé par Ull
brist, etla source a pris le nom d Fontaine du Cruci fia:.
Sa températut· oscille entr 48°,2 et 49,1 c.
13° A l'extr('mité oricntale du bain Homain, on a
capté un e source fort abondante, dont lc point d'émergence n'est pas bien connu, malS que l'on s'accorde général ment 11 placer du càté de la rivière, CnVil'Oll à 15 mètres au-de.:lsus de son ré, Cl' voir le
captag- .
'u température, prise à l':-.trémité occidentale du
bassinoùclles'ama s ,oscillait nire GO",7 etG1 0 lom
les années 185;., et 1853. Au mois d'aoClt, en 1854, elle
s'est abaissée jusqu'à 51°c. en l' space d tl'ois semaines. Nous verrons bientôt à quelles caus s était dC!
cet abaissement tout à fait accidentel. Aujourd'hui,
�-- t9 -
au milieu même de fhivel', 'eLle source fait monter le
thermomètre à 64° c.
14" Dans l'ang'le nord-est du bain Impérial, à
quelques mètres au dessou du pavé do la rue, existe
un petit puisard où se rend une antre source d'une
grande puissance: 'est la source d'Enfer. Son point
d'émerg'ence n'est pas accessible. On pl' sume qu'il
existe à plusieurs mètres du puisard, SOIIS une maison
voisine., a température, prise à 3 ou 4 mètres environ de sou point l'émergence, vari ontre 55 n ,8 et
60 .. c. La vapeur de cetLe ource est recueillie dans une
chambre qu'on appelle Etuve d'ellfer, dont l'atmosphère oscille entro 39 ,5 et 40°,5 c.
15" Une autre source, fort connue du sexe féminin,
après av il' succesf'iv m nt porté le nom de SOl/rc,' des
GuullclIx ct Source des !Jmwrcs, e nomme an jourd'hui 'ource des f.apucÎfls. EU sort, au nord,
d'un va t bassin, pal' un trou de 22 centimètres
t de 1 centimètres de profondeur ,
de diamètr
pratiqu6 dan' le pavé. De c troll s'échappellt, pal'
intermittence, de grosse. bulles de ga% on chapelet,
dont nous donn l'ons 1 lus loin la compo:,ition.
IOUs. passons sous. ilon 'C plusiours autL'cS SOUI' os
minérales non utilic::ées, telle: que colles qn'on al' cu illies c tte année dans le jardin des Capucin'.
16u Les eaux froides sont au si fort abondant os à
et fOl't
PlombPre::;. Elles sont tontes très-16gL'o~
agréablos à boire. Lu seule lont 110ns nou. soyons 0 cùp{'>; an point dt' vno de CP travail e~t
la fontain
Godl't. EH prend:a Hom e, tl it ~I. J aqnot , dallH 1111
p1'é f;itu6 HU' la pente s ptcntl'ionalc do la montagne
du 8ud <.'t 11 sC' divis? C'n pll1siclll'>; parties; l'uno va
Q
�-
20-
sortir dans la cour de l'hôpital; une autre dans:a rue,
au-devant de l'hôtel de l'Ours: c'est la fontaine proprement dite; enfin d'autres parties sont retenues par
des particuliers. Le rendement de cette source, pris au
tuyau d'écoulement situé dans la rue, est de '7 1,3170
par minute; sa température, étudiée dans le cours des
mois de juillet et d'aotlt 1853 et.54, a osci \lé entre 90 ,3
etll·,6c.
�OHAPITRE II.
DU RENDEMENT ' DES SOU RCES DII PLOMBIÈRES
ET DU MaTÈ RIE L Q U'ELLES ALlill ENTENT.
La richesse de source de Plombières a été diversement estimée par les exp6rimentateurs qui ont étudié
leur rendement. Jous saisirons l'occasion d'en dire
quelques mots, en nou' appuyant sur nos propre.
observations et 1) allcoup plus encore SUI' l s ohligeantes commnnications de 1\1. Grillot, arcbitect du
départemellt.
On a évalué le l'endem nt de la sour e du bain Ro ·
main à plus de 500 lite s par minute, et l'on a mêm
ajouté qu'une parti de ~on
au se perdait encore par
les fissures du canal qui l'amèll ùan le réservoir où
elle est r cueillie. L' nu de nous avait même acc pté
sur. la foi d'autrui, cette évaluation, a ez conco;'dante:
du reste, avec la description fastueu"e qu.e Berthemin a donnée de cette source ,
1615. Mais d'après un
en
�-
22-
document administratif antérieur à 1853, il paraitrait,
au contraire, que cette source ne donnerait que95 litres,
a u lieu de 500, Il Y a, comme on ya le voir, une assez
grande exag'ération dans ce' deux appréciations; on
conçoit cependant qu'une contl'acliction aussi choquante, en apparence, ait pu se produif'e, lorsqu'on
sait quelles difficultés présentent lrs expériences de
jaugeage, toutes le, fois quelepoipt d'émergence d'une
fO lU'ce n'est pa,' suffi 'ammellt connu, et qu'elle YiEmt
s'accumuler avec d'autres sources lans un vaste réservoi!', au lieu de ci l'culer librement et .. ans obstacle,
C'est précisémfDt cc qui a lieu pOUl' la source du bain
Romain,
.
Jusqu'à ces derniers temps il avait été impossible de
la meSlll'ér exactement, parce qu'on ne pouvait pas, à
cléfaut d'une machine as ez puissante, enlever toute
l'eau de son réservoir souterrain, ou tout au moins,
diminu r sa pression, en abaissant son niveau d 50 à
GO centimètres. Mais l 16 sept 'mbre 1853, ~L 3 heure,
40 millut s du soir, la pompe hydraulique, nouvellemeut in, tituée pour le service des établio::sements,
ayant permis de tenir ce réservoir dans des conditions
favorabl ~,
n a fait une expérience aussi 'onclllante
'lu possible t de laquelle ill'ésulte que le 1'endem ut
de cette f'ourcr3 st de 298 litres par minu te,
,'on l' gime est essentiellement lié à celui d la
source d'En.D l', qui débite à son tour 80 litreR, ou fi nlem nt 10 litres pal' minute, suivant qu 1 résen'oir
du bain Romain dans lequel elle s r nd aussi n partie, Fe tr nve plein ou à peu près vid ,Bn réi'U1116, on
calcule quo c 'de ux Roure s, entr lesCJuell s il existe
évidemment un communication, mais dont on ignol'e
�-
23-
le point de jonction, débitent ensemble 318 litres par
minute.
Les trois sources, réunie!;; en face de la mai 'on des
Dames, nommées 1re , 2e et 3e nouvelles de la rue, sont
clans 1 s conditions s mblableR Ü celles où se trouve la
f'omce du l)ain Romain. Si on éPlli 'e leur réservoir au
moyen d'une rompe , on obtient un rendem nt de 80 litre par minute, et de 24 litl'es seulement, 101'3qu'onles
abandonne à elles-mêmes et qu'on les lai:,se s'échapper naturellement de leur bas. iu. On comprend, d'après cela, le désaccord que peu~'nt
présenter les
j'ésult:ü o~tenu
pttr deux xpérimentateurs qui
lI'ont pa opéré dans des conditions identique.
Le r lldement des sources les mieux aménag'ées
semhle lui-même sujet à qu lqueR vmiations. 'est
aimi qu'en 184'7, l\J. GI'illot aurait con taté un l' nd ment de 33 litl·e.' pur minute pOUl' la ource des
Dames, mesurée à la 'ol'tie de f;on rés l'voir intérieur,
tandi. qu'il n'aurait ohtenu que 29 litr s quelque' années plll, tm'd. Cette année encore, le 30janvicl', mosur6C' c tt fois à son iuyau supérieur d'écoulement,
eU a débité 16',666, tandii'i qne le 29 mars elle a
10nn6 191,566, c'est-it-clir environ trois litres de plu,
ftu'elle n'a\"ait fuit cl L1X l1loi' auparavant.Le r 'ndement de ln, "ourc du Crucifix ne paraît
pas être non plus d'une l' 'g'ularité parfaite. Dan ùll(,
pl' mière communication qui nous a 'té tran mi, e pal'
M. (lj'illot, il est e~tim
à 8 litr .; d'apI' , un alltr0
l' nseigncment tiré d'un document administratif attriùL1 'à 1. Garn ie!', il st p l'lé à 15 litt' , ; et, nfin,
clans une nouvelle éI reUVé fait cette anné , 1e29 mars,
M. Crillot l 'évalue à 10 1,588, tandis qu le 30 janviel'
�-
24 -
dernier, il aurait été, suivant nous, de 81,411 par
minute .
Le rendement de la source des Capucins a été calculé d'aprè ' la quantité de temps qu'elle met à remplir son réservoir' , dont la capucité e. t connue. Il est
de 40 litres par minute, suivant M. Grillot; de 50,
d'après le document administratif dont nous avons
déjà parlé.
En comparant encore cc document av c les constatations de 1\1. Grillot, on trouve que la wurce de Bassompierre débite de 10 à 15 litres pal' minute.
La richesse de la source Müller a été aussi l'objet
d'appréciation différentes. Le 29 mars dernier, eUt) a
donné 111,545; elle avait donné précédemment soit 9,
soit 15 litres; - mais ici les infiltrations sont évidentes, t l'on tmvaille n cc moment à y remédier.
Le rendement de la sour e savonneuse du jardin de
la préfecture et de la source Simon paraît également
être influencé par le. eaux pluviales: aussi voit-on la
premi re de ces sources doun l' successivement, et tt
des époques différentes, 5, '7 t ) 9 litres par minute.
- Le 29 mars 1 54, elle a même fourni 30 litre;;; Ile
était alors d'une abondanc extraordinair, du bi n
certainement ~L la fonte d s neig ·s.
Quant à la source Simon, elle débitnit, l même
jour, 3'7 1,50 ,tandis que, d'après des xpériences antérieur'm nt faites, Il n'aurait donné qu 23 ou
29 li trE:s.
Des deLlx sourc . nouvelles du jardin, vérification
faiLe aussi le 29 mal'. 185 , l'un IlonD 11 1,540 par
minute; l'autre n'a pas été jaugé, à cause de l'impossibilité où l'on est de la recueillir à son réservoir.
�-
25-
Ce ne sont pas là toutes les sources de Plombières;
on pourrait en utiliser beaucoup d'autres; mais telles
que nous les avons présentées, c'est-à-dire en nous
tenant peut-être au-dessous do la vérité, ces évaluations établi:::sent uffisammellt la richesse thermale
dn pays, et ill'ésulte des chiffres pOl'tés au tableau
suivant, que, pour vingt-quatre heures, on obtient un
rendement total de 824,64U litres, ou de 744,009 litres, ~elon
que l'on estime le débit des trois sources
enchambrées devant la Maison-des-Dames à 80 litres,
ou seulement à 24 litre pal' minute,
Tnl.lcnll du l·c.ulcllIcnt dc .. .
de l>hllllblt!l'cS, "nlclllé
Olll'CC"
Illu' 11I11I1ItC .
Do
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JlOCVlIEl'iTS
S
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~I.
~OlnCHS,
(j \
Tt
HYllnt
Soul'cp.dll.bain Romain
Soul'ce d l'Enfer. " .
Sou l'ce de Basso mpierre ..... , ... , ..
Soul'ce Muller ...... ,
Soulce des Dames ...
SOUI'CO 1re , 2' et 3·
nOllvell s de la rue.
Sou l'ce du Crucifix ...
SOIlI'CC de Capucins .
SOllrce Simon .. , ....
Source savo nn euse du
jardin ...... , .. , "
Sources nouv Iles du
jardin., .... , .....
-
~
05 litres.
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!I.
1 EU.
, R,",:l
-
de
~munés
émll n('S dr
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--
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G UII. LOT
eX I éricnrc
20 murs t85j
litres.
10 -
298
15
11
29
24
10
-
545
-
-
588
-
110
37
-
30
--
11
5[10
-
515
573
-
(1) C('lI o "alllntinn t'st beauroup lrop au-tl .su! <1 10 lélllilè pour qU'IIIl'y oiL pM
Ih une ur 'u r illllterieUe.
(2) C,. 0 litres Ile .ont obtenu. qu'II ln condition qu'on épuls 'le rt. TVol r do çe.
IOurccs; autrement, on
Q leulement ~4
IILI·Ob.
�-
26-
Toutes ces eaux alimentent quatre établissements
thermaux; le buin Romain, le bain Tempéré, le bain
Impérial et le bain, des Dames, dans lesquels on compte
un grand nombre de cabinets, presque tous meublés
d'une baignoire et d'un appareil à douche, avec ses
acce soires . Quelque. -uns de ces cabinets sont double
et contiennent deux baignoires; d'autres "ont consacrés aux douches écossai cs, aux douches a. cendantes
et aux-douches en pluie.
Au bain Impérial, la vapeur de la source d'Enfer
alimente un sy::1tème d'étuves qui comprend plusieurs
pièces. -- Dans une partie inférieure, en contre-bas
du sol de la rue, se trouvent cleux étuves o'énérales et
une étuve partielle à CJ,natr ouvertmes employées
pour les membres. Au-dessus, on a di, posé deux cabinets, l'un pour étuve Il boîte, l'an ire pOUl' bain de
vapeur utérin. 'l'out ce Ry 'tème de 1'Cljlorarium est su ceptible d'améliorations important s qui, si on le, réalisait, comm nous l'avons demandé, perh1 tiraient
de tirer un grand avalltuge d s vapeurs thermale',
dan, le traitement do certain0' mnladi s, au moy n
de l'inhalation.
Une autre étuve, séparé tirs pr('cédcntes et deslin
aux malades de l'hôpital, est chauffé par la
vapeur de la f'ource de Bassompierre.
Le bain de ' Peinees, toujOUl'S ré e1'v6 à la c!ü;position
de' l'administration supél'i Ul", fait aussi partie lu
bain lmp rial. II se compo.' d d ux vastes baignoir s n marbre des Vo, g'e's, av 'c siége t, gradin',
d' un clouch latérale, d'un n,bin t de clou 'h s cl , cendanle ct latéral , d'un autre cabin t d stiné à
une douch ascendante, et enfin, d'une antichambre
�-
27-
et d'un petit salon dont le pavé repose au-dessus
d'nn ré 'ervoir d'eau chaude, et peut être, par ce
moyen, chauffé à volonté.
Les divers 6tablissements thermaux de Plombière:,
contiennent en outre dix piscine:- autour desq uelies on
a disposé des baignoires, des cabinets de ·douches et
quelqnes ve ·tiaires.
La masse d'eau utili ée, luoiqUE: bien inférieure à
cell qu'on pourrait aisément 'procurer, permet
déjà d'administrer un grand nombre de bains, sans
craindre le moindre 6pnisei11ent des sources.
En 18:>1, du 13juin au 30 septembre, on a donné:
Au bain
Roma~n.
.
Au bain Impérial.
Au bain Tempél'é .
An haill des Dames
6,206 bains ou douches.
12, 'i 82
16,834
4,174
En totali té.
39,996
non compris les bains iL domicile.
En] 853, l chiffre s' st encore acc l'U de 4,081 bains
ou douches, t nous avons la certitude qu' n recueillant les source. nombreuses, aujourd'hui négligée,
on pourrait, avec un matérie1 suJlisant, t s'il était
lléce saire, h'iplcr, q uadeupl ,r et m~e
scxtnpler le
110mbr d s bains admini. tr':3 'haq uo JOUI'.
•
�.-
�CHAPITRE III.
DE L& TEMPÉR&TURE DES EAUX DE PLOMBI ÈRES.
La température des eaux thermales est-elle invariable et constante, ou sujette, au contraire, à des
oscillations, soit régulières, soit irrég-ulières? Cette
queslion, discutée long-uement par Ang-lada, étudiée
pal' MM. Forbes, LegTand, Françoi , et sur laquelle
M. Filhol st revenu tout 1'6cernrn nt dans ses recherches sur les eaux des Pyrénées, a dù nous préoccuper
aussi, en ce qui concemc les sources de Plombières.
A.vant de rapporter les exp6riences qui nous sont
propres, qu'on nous p l'm tte de citer les rernaques
des observateurs qui llOUS ont précédés dans cette
étude.
Plusieurs faits, nous devons le dire dès à présent,
�-
30-
s'opposent à ce qU'01l aclm('tte d'une manière absolue
l'invariabilité de la température des source thermales.
Qui ne sait, par exemple, que certains tremblements de terre ont, parfois, produit sur elles les
chang'ements les plu.' extraordinaires, bien qu'elles
fus ent extrêmement éloignées du lieu où passaient
l s opérations volcaniques? Pendan t l'accomplissem nt de c , conV/flsions à g'rande, distances, on a vn
les eaux thermale, profondément modifiées, ous le
double l'al port de la quantité et d la qualité de
l urs princip s minéralisateurs; OH a vu leur écoulement augmenté ou diminué, ou même totalement
détruit. T us s chang'em nt, se faisaient q uelqu foi d'une maniè!' permanentp, mai.' le plus f:ouvent
ils n'étai nt que momentaués ou dt\. moins n se prolongeaient qu pendant quelrlues heures, quclqu s
jours, ou quelques semaine, , aprè le, quel' les sources r pl' uaient leur cours, leur températm et leurs
qualités llabitnel1e,. On n'a pas oubli6 <lu"n l '75~,
'ou's l'influence du tremblement tl terre de Lis1 onne,
la ,our '0 de la Rein à Bagnm'e, -de-Luchon H'accrut
.'ubitement (1), t que l's aux de Bagn \1' s-de-Bigorre pcrdirent momentan6m nt 1 lll' chal UI'. On
n'igllol' pu,' non plu,' que le 26 juill ,t 1805, le.' caux
d Carlsbad disparurent pendant plusieurs llemcs,
au moment du tl'cmblemellt Ù<' tC'rl'c d'}s 'rnina. En
18 ~ 9 enfin, le Sprude!, le Tdré.\icIIUllIIlIl ei le l\'('ubnmn
su bireut 1 alténtiiOll.' les plus Hing'ulicl' ,', et le
(1) CA (PAil DO • Diction. hydroloyique cfl' Ill/cho::., p.121.
�-
31-
SclLlossbrunn disparut 1l~e
tout ~t fait pOl11' ne revivre qu'en 1823, maif; ave , d s cùangoments dans sa
température.
Nous pouvons menti nne1' dans l'histoire pm·ticulière de' sources de Plombières un fait de même natnre. « n exi te, dit Lemaire, derrière la maison du
» ieur Jaquotel, au mi('i du grand bain, une source
)) d'eau chaude qui était as.'ez froide il y a environ
Il soixaltte-quinze ans, et qui n'est devenne chaude
» que depui. l'horrible tremblement de tClTe arrivé à
1) Plombières et à Remiremont en 1681. »
En dehor.' de ce changements subits de teml érature, véritables catastrol.he' . urvell11eS dans le régime des sour 'ef; thermaJps, il '11 e. t d'antres, moins
sellsibles sam; aucun dout , wais HOll moins intéressants, et .'ut' le1:quels la sL:ience ne possède malheureu_ement qu'un certain nombr de do 'uments incomplets ou inexacts. Kou::; voulon' l arlel' des variat'on de leur état thermométrique étudié au jOUl'
le jour, de mois en mois, d'année en année, de sièclP
en siècle. Ori comprend c penÙaI1t la valeur q ne pomrait avoil' une suite cl'obs 'rvations aill::;i fa.ites, 101'1'>qu'on youùrait formuler Ulle opinion sur la. cause de
cette température elle-même. Mai', oit imperfection
des in trument ou iltadvertallce Ù e:xpérim ntatellrs, Foit div l' 'ité de~
points où 1eR constatations ont
été faites, 'oit confusion clanR la 110meliclatUl'e des
sources, soit enfin q Llelques changements apportés
dans 1 ur améllng'cment, il e.'t c1ifIicile, sinon tout à
fait imI o. sible, d'établit· d s comI al'aiSOllS rigoureuses entre leur état th rmométl'ique actuel et lem
état th l'mométl'iquc ancicn. Malgré cela, nous ne
�-
32 -
saurions négliger les observations que nos devanciers
ont faites à ce sujet sur les eaux de Plombières. En
voici un aperçu:
(( En 1718, l)enclant tout le mois de mai et une par» tie du mois de juin, la fontaine du Crucifix, dit Le» maire, parut bien plus chaude que celle de la fon)) taine des Dames . » (Habituellement au contraire,
la température extrême de la pr'emière est de 49°,1 c.,
celle de la seconde de 52°,2 c.) « Au mois de septembre suivant, elle était revenue à sa chaleur ordi)) naire. » L. Durand, commenté pal' Calmet, fait
observer que le chang'ement signalé par quelques buveurs fut expérimental ment vérifié à l'aide du thermomètre à l'esprit de vin, et reconnu pour vrai pal'
Lemair lui-même, qui l'avait mis eu doute, (( Cette
» variation, ajout le médecin de l'abbaye de Remire- '
» mont, peut êtr du nombre de ces phénomènes
». dont il est d'autant plus difficile de découvrir la
cause, qu'ils arrivent plus rarement; mais l'on re)) marque une autre espèce d variation dans la chal) leur des eau
de Plombière , m ins xtraordilJrire
» ,t plus fr équente, qui parait être l'cff t d' une 'ause
» non variable et con tante, Toutes l s sources qui
'l ont
un 'haleur sen 'ible sont quelquefois plus
II chaudés et quelquefois moins chaudéf;,
t la varia» tion qu'eHeR subissenL st proportionné ,autant gue
D j'ai pu m' 'n aSRUrel', au d gTé de chal ur de chacune, On remarque daus la hautem de la liqueur
l) du thermomètl'e au m l' 'uro, une différence d'enviI'on trois lignes entre la plus gTande et la plus
» }Jetit
élévatiOl, Plusieurs habitants du lieu m'avalent as ul'é autl' fois qu'elles étaient phls chaudes
rit
J)
J)
I)
)l
I)
�-
33-
aux approches de la pluie et '/noins chaudes aux approches clu beau temps. J'ai vu un nommé Gérardin,
» qui a été plus de vingt - cinq ans baigneur au
l) bain des Dames, qui nous prédisait la pluie et le
» beau ternp , fondé sUl'le degré présent de la chal) lellr du bain, avec autant ou l)lus de confiance que
» s'il ellt été fondé sur la variation du baromètl'e le
l) mieux con 'truit. Je puis certifier avec vérité que
1) toutes les fois que j'y ai fait attention, j'ai remur») qué que ses prédictions éta:ent j \lstes. Celte variaD tion de chaleur dans les eaux de Plombièl'e , ajoute
» Lemail'e, dép ndrait-elle des variations du poids de
)) l'atmo 'phère? Les différente::; épreuves que j'ai
») faites pendant le mois de juin et d'aoùt en 1743, le
)) mois de septembre 1744 et le mois de juin 1745,
)) paraissent le prouver J pl' nais l degn', de cha» leur ùans denx ou trois sources diftël'entes pre q ne
)) tous lesjOUl'fl, et souvent même le matin et le soir.
)) Toutes mes observations confirmellt que ces eaux
) ,ont plus chaudos au approches de la pluie et
moins chaudes aux approches du heau temps.
) Il fit en 1743 un temps chaud et sec dans cc l ays») ci, qui commença vers la. fin du mois d'avril, dura
)) tout le mois de mai, environ la moitié du mois de
) juin et finit le mer redi de l'octave de la Fêt -Dieu
» pal' un tonnerre t un grand vent. La veille, le
» mardi, ayant plongé le tltel'momèt: e au mCl'cme
)) dans l'onu d la fontail1 ' dn bain des Dames, reçue
l) dnus un vaisseau que j'avais soin de lais 'el' échauf)) f l' au même df'g'l'é que l'eall de otte fontaine S01'» hUit du robin t, le mol' Ul'e mOllta il neu ]J1ll/cr's (rois
) lignes el un lJr'lt plw, hautcLll' ~L laq~
lle il ôtait tou-
l)
1)
r
1)
r
3
�- 34jours monté depuis que j'étais à Plombières, Le len» demain, mercredi, ayant plongé mon thermomètre
)) dans la même eau, avec les mêmes précautions,
D vers ùeux heures après midi, le mercure monta à
» dix pO~lces,
six lignes , un 1Jeu plus, Le même jour,
grand 1'ent a'Vec
» yers les neuf heures du soir, il fit ~tn
» fonT/er?'e; il continua à monter à la même hauteur les
» joU/'s s~liuan
ts,
pendant lesq1tels nous eûm.es du ton· ,
» nerre et de la pluie,
.
» Il serait ennuyeux de faire montre d'un détail
" d'observations faites SUl' cette matière; il "' uffit de
» dire que toutes se sont tt'ouvées parfaitement con» form es, ~L l'exception d'une eule que je fis le 29 sep» tembre 1744, à onze heures du matin au bain des
.. Dames: le thermomètre plong'é dans l'eau de cette
» fontaine avec les précautions accoutumées, monta
» à dix pouces, six lignes et plus, ce qui ne me laÎssiüt
» pas douter que nous ne dussions avoir de la pluie
» dans peu; cependant je fus trompé dans mon atJ) tente: il fit beau le 30 septembre, le 1e r et le 2 or,J) tobre, mais il s'éleva un vent impétueux qui fut,
» autant que je pus m'en aSSUl'er, nord-ouest. »
Ainsi, cl'aprèB les observations de L maire, on serait
fondé il admettl'e deux faits: 1° la variation de température des SOUl' 'es thermales de Plombières, mais,
comme il le dit ailleUl's, dans une limite qu'il restreint à troi . lignes environ entre la plus gTande et
la plus p tite évaluation j 2° l' lévation de cette même
température à rapproche des pluies, et son abaissement à l'appt'oche du beau temp. ous verrons pIns
tard quell confiance il faut accorder à ette second
énonciation,
'D
�-
35-
D'autres recherches exécutées pendant le mois de
jUin 1700 et pendant le moi de mai 1701, antérieurement iL celles de Lemaire, avaient conduit aux résultats suivants: le thermom ètre R. marquant iL l'air
libre 14° (17°,:)0 c.), donnait:
Dans la fontaine du Crucifix.
Dans la fontaine des Dames..
Dans l'eau de la petite source .
DallS l'eau savonneuse. . . . .
Dans l'cau des fontaines ol'dinaires.
40°
4'2
49
10
10
n.
(50°,00 c.)
(52 0 ,00 c.)
(G1
° ,~5
c.)
(120 ,50 c.)
( 12° 50 c. )
Le 28 septembre 1755, à onze heures du matin, pal'
un temps couvert, le thermomètre étant à l'air libre,
au 1[)" degTé R. (18°,75 c.), Morand (1) avait au si relevé
la t mpél'ature des différentes sourc s , il. l'aide du
thermomètre iL l'esprit de vin, et il avait obtenu:
Dans lasourccduCl'ucifix. .
63"1\. (53 0 ,75 c. )
Dans la source des Dames. .
4i
(55°,00 c.)
Dans la sou rce des Capucins.
40
(00 0 , 00 c.)
Dans la SOUI'ce sa vonneuse dl s Capucins 12
(10°,00 c.)
Dansla source savo nn euse de Luxeuil, 11 à -12 (13 u ,'75 à 15 c.)
Dans la fontaine Godet.. . .
8
(~Ou,
c.)
En 17'72, Monnet, dans e' DOUV Iles rechercht's
SUl' les eaux de Plomhières (2) , produisit le::; chiffre::>
suivant'- :
-----------------------------------------( L) ~l é Jl1oire
dl' l'IOnbi
1101 11' ~rl·vi'
're~.
(2) NOllvrlle Ilyùlol ogic.
i\ l'hi sto ire naturelle ellllédi cale de caux
�· -
36-
P OU l' l a source du Cru cifix. . . .
Pour la fontaine du Grand-Ba in. .
Pour la fontaine proche la ~ I ai so n-des
Dames . . . . . . . . . . .
POlll' la fontaine des Dames. . .
l'our la fontaine des Capucins.
4jO R. (58°,75 c.)
6'2
(ï7o ,5ù c.)
59
(73°,7:i c )
\5()CI,25 c.)
(61 °,25 c. )
4.1
40
Si l'on s'en rapportait à ces résultat brut" , on
pourrait croire que , de 1700 à 1772, la cbaleur de
l'eau du Crucifix se serait élevée de 7° R. (8° ,75 c.),
et celle des Dames de 3° R. (3°,75 c .). On devrait en
conclure, au contraire, que de 1792 ju. q n'à l'épol}ue
actuelle, la, températur de ce mÊ'mes ource se
serait abaissée d uue mani r as 'e z notable; car pendant les mois de juill t t d'aoM 1854, le maximum
tbermométrique ùe la source du Crucifix a 6té de
48°,8 C. , et celui de la. ource des Dame , de 52°, 1 c. ;
ce qui fer ait un abaiss ment de lwès d 10° c. pour
l'ull e t de 4°,1 c. pOUl' l'autre . Cet abai.s ment serait
encore plus frappant, si l'on comparait l " r (sultflts de
10nnet avec ceux de C'ul'1'ère , 11 ce <]ni concerne la
OUl'ce d 's Capucins , ùont la tempél'atur aurait été
d 49° il. (61°,25 c.) tl'apl'è,; le premi er, t cl 32 R.
(40° '.) 'eulement , tl'apl'cs le second . On al'l'ive..l'ait
aill,'i tt constater un difl'él' nce de 17° R. (21°,25 c.)
eut!' 1 ::; dét l'luinations de t· s d lV 01 sOl'vateul's ,
:1 un int \'vall(' de cpt ann6es.
En invoquant les oxp6ri nec::; qui nous sont propres ,
il fa udl'ait également atlmottl'equ d pui ' 1785, époque
à laq li 'Ile arr '>1' menti nu . s résultai : ou plutôt
teu. de l'abbé Te. si Cl' , ln tcmp "l'utllm dl' la. oure d S
apucitls. e: 'l'ait (:lc\'éc de ]:'2,",::> ., cnnwjotlnl'h'li le
m'lximllm dc Hon état 111 l'IDom6tl'iqu c:t Ù' 52°,2 C.,
�-
37-
et nous l'avons YU m~e,
mais une seule fois, le
6 aollt 1832, s'éle"Vcl' à 54° C., sou. une pression atmo·
sphérique de %°>80, la température de l'air étant à
22,°,5 c. Cette source est, en effet, une de celles qui présentent les variations les plus remarquables, et si nous
nOl1s reportons à la CODstatation faite par Jaquot , le
2 juin 1814, nous voyons que le résultat obtenu par
lui cl 'passe même d'uu degré (62°,50 c.) celui qu'avait
signalé Monnet, quarante-deux ans auparannt.
Il exi::;te une différ 'nCB beau 'onp moins sen~ibl
entre le' résultats consigné: par Duchauoy et ceux
qui figUl'ent dan. le g'l'ancl tablea.u des températures
dreSf:6 pal' l'a1'rèr . Celui-ci inliqu 40° R. (50° c.)
pOUl' la sour ce du Crucifix et la source de . Dames , le
thermomètre donnant il. l'ail' lihre 20° R. (25° c.) et
17° R. (21°,2:) c.); c lui-là l'valu' la température de la
pl' mièl'e h 39 Ro (48°,7- c.), t celle cl la seconde à.
tH R. (;)1°,2:> c.), sans fair aucune mention de l'état
de l'atmosphère; déterminations qui se rapprochent
tellement des notres qu'on peut les reg'arder comme
identiques.
Malgré CCf: rapprochements, tontes ces observations,
nous ne f:amJons trop 1 l'('péter , pè hent par les termes
de compal'ai:on ; eU. n'ont ntl'e eUes aucun lien
direct, et HOll. ayons mille' l'< i"ons pour répudier 1 s
c('ncluf'ions q n'on pourrait C'l1 tir 1', si Cl~ n'est pOUl'
rtablir d'Lm manièrt' g'énérale que plusi urs eaux
th lmales placél?s dalls l S cOllditiom; an mili u d s
quelle' on l .' étudie joumellem nt, n po::;. 'dent pas
l'immua.l ililé IIb,o/lIe de températur que pinsielll':
écrivain.' 1 ur attribuent. Quel q li soit l'auteur que
nons 011 ultions .'ur cette question, nou ' le trouvons
0
�-
38-
presque toujours en désac 'Ol'Ù avec celui qui le précède
ou qui le suit. Parfois, sans doute, certaines cieconstances tout à fait accidentelles et saisissables permettellt ae se rendre un compte facile des contradictions qui
se présentent. En 1854, par exemple, les tables ùe température que nous rédig'eons annuellement nous mirent
~ même de constater un changement l'emar'luable d'ans
l'échelle thermométrique de la principale source de
Plombières, celle du bain Romain, qui, préc6demment,
avait marqué pref'que constamment 60° à 62.0 ',; mais
qui, dès le 4juillet, s'était abaissé progl' ssiv ment, de
cinq en cinq jours, à 59°,4 c" 58°,2 c., 56°,2 C., 55° c"
52°,9 c" 52°,3 " et enfin à 51° c, Cet abaissen;en t de
10 à 11° c" 'Ul'venu d'une manière si rapide, eût été
de nature à inspirer des crai.nte::; SUl' l'av nir de cette
source, si la moindre l'éflexion n'eût suffi pOUl' nous
faire soupçonner qu'un pal' il refroidis 'ement devait
êtt'e dû à quelque mélang'e d'au froide, En effet, M. le
régis"cur des bains ordonna quelques recherches qui
justifièrent ce soupçon, et aujourd'hui 1 apI' s les travaux exécutés par M. Grillot, al' hitecte du départ ment, la sourceal'ecouvré sa température accoutumée.
Une autre cause ùe dissid n e ente les observa.tions
recueillies par des personnes différentes , r6side dan
la. présence de plusieurs filet d'eau au m~e
g'l'iffon
d' une f' OUl'ce. 'j l'on veut étudi r, pal' exempl , la
t mpél'atur d" la SO llrcc Müller,. à Plombi l'CS, il ne
faut pa oubli cr qu'il existe, à son point d'émerg'ence,
plusieurs coulants dont la température vari de 29°,6 c.
à 41°,7, ct qu'il peut, cl s 101' , en résulter une diiIér ne (le 12°,1 c. eutrc l s évaluations de deux xpé-
�-
39-
rimentateurs, >li tou' les deux n'o ct pas opéré sur le
même coulant.
A côté de ces faits, qui portent avec eux leur explica tion, l'étude de la température des sources en comporte
quelques autre' plus difficiles à interpréter. Qu'un
même observateur tr'ouve toutes les sources ou plus
chand~s
ou moins chaudes qu'un autre ne les a trouvées, cela se conçoit et peut s'expliquer pal' l'occurrence de plusieurs circonstances accessoires, particulièrement par le défaut de c07npamti t'ilé des instruments
employés ; mais que le même thermomètl'e, qui, dans
les mains du même ob 'el'vateur, a marqué un ou deux
degrés de chalem de plus dans une >lource, marque
ensuite un, deux ou trois degrés de moins dans la
même source examinée il des époques diverse", tantôt
fort éloigné s, tantôt, au contraire, fort l'approchées,
et pour aimi dire du jour au lendemain. c'est là certainement une cil'con tance qlli ne s'explique plus
d'une , manière satisfai..:an te par quelques moditications dans le procédé Ol , él'a~oit
' e,
et il faut nécessairement en conclure que l'état thermométrique de
toutes les sources thermales n'est pas immuable. On
se fortifie encore dans cette opinion en voyant deux
observateurs , q uoiq ne à de, époques différCl Ites et
avec des instrument. différents aussi, obtenir des
résultats identiques pOUl' une sou rce et tout à fait
OPl)osés pour une autre.
Toutefois, .. 'il e.'t impof;sible de nier c s oscillation,
dan::; la t('mpéral ure quotidienne dRA sources, il faut
Convenir qu' Ue.. ne parai 'sent pas affect l' d'un manière bien sensible leu l' température séculaire. i l'on
consentait, pal' exemple, à rapprocher les observations
�-
60 -
recueillies en 1700 de celles que nous avons faites
depuis trois ans, on verrait que la température de
l'eau Favonn euse de la fontaine de Dames et du Crucifix n'a pour ain si dire subi aucun e modification
pendant le cours d'un siècle et demi . C' st peut-être
en ce Fens que Didelot, tout en pnrtageant l'opinion
de Lemaire SUl' la variation de l'éch elle thermométrique journalière cles eaux de Pl rmbières, aux approches de la pluie ou du beau temps , -a pu dire cependaut qu' elles jouissaient d'un degré de clwll'lll' conslanl .
Du re: te, cette COl1fitance toute relative de la température d s eaux minérales en général e. t facile à
comprendre; elle dépend sans don te de la lenteur d it
r 'froidi ssement de leu1' foyer. ct rien n' mpêche d'admettre que dans un tl,g'e antérieur aux sOllvenil's historiques de notre époque, clles n'aient été beaucoup
plus ch audes qu'Iles ne le Font actuellement. Mais
on conçoit ansFi qu e pour opérer et abais. ement
de leU!' degré thermom t rique , il a fallu un laps de
temps immense , si l'on suppo. e tout à la fois qu e
leur chaleur a pu, d l'origine, égaler celle de l' au
boni1lante, et qu la marc] de 1-ur refro idissement n'a pas ét é plns rapide qu'elle ne l'e t aujourd'hui. 11 est probable qu'en 1'aison cl la mauvaise faculté condu ct1'i e de' canaux qu 'elles parcourent, le
temps employé à l'ahais:t'ment de leur température
ne suit pas une prog'l'0ssion arithm étique, mais plu tôt
un . or te de progr SSiOll g éométrique ; t si l'on ('value
c refroidissement d'après l s calcnls de Fourrier, on
"('nt bien qu'il doit être tout à fait inappl'éciabl , m me
pendant l'irnm nse série de plusieul' . siècle .
'il en est ainsi, la cause d s variations quotidiennes
�-
41-
doit tenir le plus ordinairement à des circonstances
accidentelles et pour ainsi dire extérieures et superficielles, telles que l'imperfection des captages, la
dimension et la ituation cles' réservoirs où EOnt réunies
les sourùes, la quantité d'eau accumulée, on c::éjoul'
plu.' ou moin:; prolong'é dans ces réservoirs, la pres~ion
qu'elle y exel"ce SUl" l'eau llouvelle qui tend à s'y
déverser, son refl'oidi!='sement plus on n,oins rapide, le
mOllyement du, l'vice, l'action d'une pompe, elc" etc.
::Si toutes ces influences di. pal'aif:saient t qu'il mt
toujours permis de relever la tempél'ature d'une sout'ce
à son g'l'iffon, ct sans que l'eau s'ama<::fOàt dans un
bassin, nous croyons qu'on v l'J'ait, en effet, diminuer
de beaucoup l 'S oscillatiOlis thermolll "tr'iq ues qu'elle
subit,
n pm'aitrait tout naturel d'attribuer les vtll'iations
q lIotidiennes de la températurc des sources it de l'ean
doucc qui se mêlerait par infiltration il, l'ea'l minél'alC',
pendant f'on trajet dans les profondeurs de la terre;
mai~,
::i les eaux de l'atmosphèl'e parviennent ~I, surmonter les ob:::tacle qn lE'lll' opposent les G'neiss, les
couches de micasclli,'te t la masse granitique eH même, cc qui n'e, t pas admis par tous les géologues,
pourquoi donc, comm l dit avec raison M. Baudrimont (1), ces eaux douces ne chang' raient- lies pas
la nature du principe minémiisatelll' contenu dans
l'cau minérale, en y apportant 1;;1, potass qu'elles ont
n('ces!';airement ramassé , soit à la surface du sol,
, oit dans les terrains qu' lles ont ü'a\'ersés, et Ol\ elles
(l) Recherches ch imiques
SUl'
les caux de Vichy.
�~2-
n'ont rencontré précisémeut que des roches à base
potas:oique, tandis que la princiI ale base des eaux
minérales des terrains anciens, particulièrement des
eaux de Plombières, est ta SOll r/e et non la p ,t-asse ?
Outl'e cela, ces eaux douces ne devl'aient pas se borner à modifier la nature des principes minéralisateurs; elles devrai nt encore en changer la proportion.
Or, il ne se pa se rien de semblable, ,i ce n'est pour
les sources le plus superficielles et les pIns mal protégées; et nous non' sommes assurés qu'il n'existe
auclln rapport entre les oscillations de température
des eaux thermales de Plombieres le' mieux cflpetées,
et la somme de matières fixes qu'elles contiennent,
laquelle varie à peine ùe cluclques millig-rall1ffieS pour
ces dernières, essay6es tont' h tonr a leur maximum
et à lem minimum thermométl'j()ues.
TllhlclIlI "CIU'{'I"ClItOllt lc .'éI!!1I1u lixc fmll'Ill IUlI' ICI!! /lOlll'CCI!!
dcI" DalllCI!! ct tlu (;"1Iclllx, COIUIUIJ'uth'{'IIICllt !lUX 1('gè"CH
"IlI'ÎlltiOIl8 dc tCIIII.é.,,,tlu'c Ilu'cllcs 1!1lIhlHHcnt,
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1,8,2.
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8 juil let 1851,.
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20 juillot 1851,.
n voit, d'après cc tableall, comme l'avait i(',ià
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b3-
constaté M. Baudrimont pOUl' les eaux de Vichy, que
les variations qui se présentent dans le degré de minérali<:ation des somces, s'accompli sent dans des lim:tes·trés-inoffensives, et qu'enes paraissent (}tre indépendantps des changements de température, euxmêmes fort restreints, qui affectent 1 s somces le
mieux captées.
Lemaire, avons-nous dit précédemment, après
avoiI' constaté l'élévation de la température des sources de Plombières à l'approche de la pluie, et l'abai 'sement de cette même température à l'approche du
beau temv, conclut qn ces phénomène dépendent
de la pre. sion atmosphérique, Son idée était toute 1'0.tionnell , et il a pu admettre que, sous l'influence de
la diminution de pression atmosphérique qui annonce
les pluies, les sources pouvaient ~ortil'
du sol un peu
plu abondantes et plus chaudes. Il a dît croire aussi
que l'effet inverse pouvait avoir lieu, quand ette pression augm ntait, c'est-à-dire il l'approche du beau
temps; mais nous n'avons pu COnfil'ffi rIes concln. sions de Lemaire, et les re~hcs
qu nous avons
entreprises à ce sujet ne nous ont conduit qu'à des
résultats négatifs. ou avons vu, par exemple, le
rendement des sources les mieux captées rester le
m~
, ou varier dans une limite mal défini , l'oit
ou gagna sent quelqlles deque l s eaux peI'dis~nt
grés de chaleur. Quant à l'influence d s pression.' baroméhiques SUl' l'accl'oiss 'ment et l'ahaiss ment de
leur température, on en jugera pal'l'étude des tables
gui terminent ce chapitl",
Lorsqn'apl' sIe' avoir 'ompul' "e ', on aura vu que
les source' l s plu stables cl I)lombièl'es, toIles que
,
�-
66-
celles du Crucifix et des Dames, présentent. des oscillations thermométriques limitées à quelques dixièmes,
pal' des tE:mps diffërents et par des pressions 1arométriques cliver 'es, on comprendra que nous clàions
nous tenir en garde contre les conclusions beaucoup trop radicales de Lemaire. Plusieurs sources
offrent, il est vrai, cles variation' pll1s notables; de ce
nombre est la som'ce cl'Enfer; mais il ne faut pas oublier que cette source, comme beaucoup d'autres, ne
sc trouve pas dan ,' cle::; conditions d'aménagement favorables à des expéI'i 'nces l'ig'o Ul'eu, es, CUI' on ne peu t
relever sa tcml ératul'c qu'à w ~ e certaine di stance de
son point d'émel'°' llCC , et Ra commnnication avec le
vaste réHel'yoÎl' du bain Romain, les exigen es du services, etc ., etc., doivent faire varie t' de plusieurs dég rés son échelle the rmométrique. Au r éste les variations qu'elle Rubit pouvant eeC01'e sc manife~tr
pal'
tous les temps possibles, elles Il'illfirment en rien le
jug'ement que nou::; nous sommes fOI'lI1 é de l'influence
des pluies et du beau temp'; , SUl' la <.;haleul' des sources .
En comparant encor e la tcmptrature ùe telle ou telle
à l'autre, on pourrait croire aus i
sour ce, d'une ané~
à des chang'cments qni Ile sout pas r éels ct qui tiennellt IL 0 qu e plusi urs sour es, r6ullics d:ms le même
l'é"ervoi l', pcuvent y S(\j0 Ul'n el' plusou moins longlemps
selon le besoin du scr vicu, t .. o mêler 1 s Ull es aux
autres, commE; nous l'avon!; vu pour les so urccs l" ', 2"
et 3c DOU vell ::; de lu ru , qui sont plus ou moins abondant ::; e1 plus ou moins challùes selon qu'ello' s ubi ssellt ou non l'a.ctioll d'uue pO lll pe, ct qu'cllcs ,éjo ul' ll 011 t plus ou moins lon gtemps dans leur r6servoir,
1. s 6valuations que nous aV011,' dOlll é s SUl' la temp6-
�-
L15-
rature de ces sources doivent donc être laissées de
côté, comme incapables d'élucider la question qui nous
occupe.
Si, dans la table de 1834, on s'arrête à la source
du baiu Romain, on sera fl'appé de l'abaissement progres if de 'a température; mais on n'y devra attachel'
aucune attention, et déjà nous en avons dit la cause
(page 38) .
L'étude dela température des source:::, dans ses rapports avec la m6téorologie, exigerait plusieurs conditions qni n'existent pas à Plombières t qui se trouvent rarement réunies, hâtons-nous de le dire, dans
quelque station thermale que ce soit. Toutes le' expériences, COI1IDlC l'a fort biell dit 1\1. Filhol, d vraicnt
être faites au griffon dcs ,:OU1' es, SUl' un point déterminé; mai, il arrive le plus ordinairement que legl'iffOI1 e. t inacc 's~iblc
ou tont il fait inconnu; d'autl'es
dans
fois, plnsieul's sources sont rccueillies cn~ ' cmble
des bassins peu profonds, mal abri tés, 0 u même en tièrement exposé::; à la pluie et à l'action de to.utes les mo. On
difications atmosph('l'iflue. qui Pl'U yent ~Ul'venir
con\,oit dès lors ln l'éSCl'VP dans laquelle nons nous
renfermons, lll' cette question.
Cependant nous croyons ponvoir dire fluO toutes les
le l'apport de
sources de Plombières, ellvisag'ées ~OlS
leur état thcrmométl'iquc, pOUl'J'aiellt, comme les
sources dcs PY1'6né s 6tulli{'es par l\I. l"ilhol, être
divisé s cu deux g'l'onp ::i :
1 Collc: qui, telles qu la ource du Crucifix ct la
~Ol'ce
de, Dam s, profondément flituées et bien e11chambrée:, lIC subissent Clue des 0 'cillallol1s insignifiantes ct limitées à q uelq u~s
dL'tièmes d degré;
0
�-
l,6-
2° Celles qui, comme la source savonneuse du jardin de la Préfecture, la source Simon et la deuxième
Müller, mal protégées et plus superficielles que les
précédentes, présentent des variations ùe plusieurs
degrés et d'assez grandes différences dans leur volume,
au moment des pluies et de la fonte des neig'es.
Quant à la liaison qu'on a dit exister entl'e les approches de la pluie ou du beau temps et ces oscillations
quotidiennes de température, il ne nous a pas été possible de l'établir, puisque nous avons vu des variations thermométriques, en plus ou en moins, se mani fester dans les circonstances les plus di verses et quelquefois les plus opposées aux conclusions de Lemaire,
malg-ré les ]!récautions que nous avons apportées daus
le choix de nos thermomètres et dans la vérification
plusieurs fois répétées de leurs points extrêmes,
�TABLEAU DES TEMPÉRATURES
CouSCUU eH Il nl'
obseJ"'n Celll'!'<, tlnu" Ic .. mêmc!' s ourccs, c C il tles é llOflllCS
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�OHAPITRE IV.
ANALY SE CH IMIQUE ; COUP D'OEIL RÉTROSP ECTIF.
De tous temps les aux thermales ont attiré l'attention du monde savant; mais si leur importanc.e n'a
échappé ni à la sag'acité d'Hippocrate (1), ni au géni
poétique d'Homère (2), qui 1 s fait naître du fleuv
Scarnandl'8 , il faut convenir que le seules notions
exactes que nous possédions sur leur origine et l ur
natur sont dues tout ntières à la chimic et 11 la
g6og'nosic modc1'I1cs. En cffet , avant les trn.vn.nx de
(.) f1 Ept a.EpWV, uBa.'rwv, 'rO'ltWV,
D,
3.35.
(2) JÀta.ôoç
X:,
V.
147 à 10'2.
§ 13 et "i, et IJ Ept âta.tn,ç
�-
56-
Scheele, Priestley, Lavoisier , Bergman, Berthollet,
Fourcroy, Kirvan, Saunders, etc., etc., l'histoire
chimi'lue des Eaux minérales se résumait en documents incomplets ou lnintellig'ibles et en hypothèses
plu ou moins extravag·antes. Telle était en particulier
l'llistoire des eaux thermale' de Plombières, de ]530
à 17'78 , c'e~t-àdir
depuis G org'es Agricola jusqu'à
Nicola, , chimiste distingué, que son savoir fit appeler
à l'école de médecine de Strasbourg',
Les premières notions que nous possédions SUl' ces
eaux nou les représentent comme étant composées
de plomb, de soufre et J 'alun. C'était là l'idée g'énéralement admise d'apI' s tous les écrivain que nous
avons consultés, et entre autres, d'après l'un des plus
anciens, Bartolomeo Viottit a Clivolo, qui s'exprime
ainsi: « In Lotharingiro montanis , balnea sunt quro
Il plWl1bers quasi
plumbeœ] ob nimiùm copio am
» plumbi mixturam vocant, Constant x plumbi , ut
JI diximus, sulfuris et aluminis <:ommixtione (1). "
Fusch (2), Gontier de Roanne (3), Gabriel Fullopio (4),
Andreas Bacci (5) , etc., etc. , tous r procluiseut la
même version, et parlent d s thermes de Plomhières
sous le' dénominations suivantes : aqllœ plumbeœ,
(1) De ]Jallleol'll11! virlbus. Libl'i JV, p. 123. Lu gd., 1552.
(2) mslorla omnium oquaruln quœ in communi SUllt horllà
pl'ocliconllumuslt, etc. Ven tiis,151,2,
(3) Petri Gontier Roolll1œi cOllsiliorii, et medici l'fyis ordinarit,
lixel'cllaliolles lIyyiasticœ, tc., Iibri XVlJI, cap, . L. 3. P. 73.
Lu gduni,1668.
(4) De IltcnnalilJus aquls, libri VII. Vonctiis, 1561, ct 1560.
(5) De thcnn/s, etc., libl'i VII. Venctiis, 1571,
�-
57-
IJlumbariœ, plwnbinœ, plumbenœ ou plumberianœ. Gundelfingel', en se servant de l'expression de plumbinum et m6me du mot vulgaire « IJlmnmers » pour
désigner la localité où se trouvent les eaux:, dit positivement qu'Iles doivent l ur nom au plomb qui les
minéralise . Voici comment il s'exprime: S1tnt et armet
Belgns lhennœ plurnbinu1n (vulg'o plummers) Ct 1Jlu11lbi
minera nuncupatœ .
En 15'16, l'idée préconçue de l'existence du plomb
dans l s eaux thermales d Plombièrcs re sort encore
des épreuves auxquell s les soumet J. Lebon, secondé
par Richard ct Louùert, apothicaires-chimiste. , fies
contemporains. Ils procèdent à une diotillation des
eaux, et ils obtienncnt pOUl" résidu une chaux de plomb)
une s ub s~'1 nc e semblablc à la céru, e.
Ontre la préscr:ce du plomb, du soufre, de l'alun et
d'autres minéraux admis avant lui, Berthcmin (1) ,
s'appuyant sur le ' e 'périences de Pri 'hard , signale
en 1615 ecU du nitrc et du bitume dans les eaux de
Plomhiél'cs.
« Toute l'eau estant séparée, dit-il, par la distillation, restér nt a u fonel du vase deux sortes de
» sub .. tul1ces, l'une noir~t
e par-de~su
ct totlt /emellt
l)
bitumi1wus(', sans g:où.t autrement apparent, mais
» avec oc/eu r rll!sa gJ(jab/e, mise sur l s cl1arbons ardeuts s'exhalallt incontinent . L'aulr substance qui
» restaapr s la distillationdel'eau, ajout B l'th min,
)) fut un s l mordicant et âcre à la langu , dememant
)) fixe sans se fondre. ))
li
l)
(1) Entier discours des eaux cie Plombières. Nancy, 1615, p. 61
al 05.
�- 58Nous reconnaissons ici, sous le nom de substance
bitumineuEe, la matière que Nicolas retrouva plus
tard, et signala sous celui de substance t erro-g'élatineuse , que Vauquelin appela matière animale, et
qui devait, pal' le mystère attaché à son origine, exercer la sagacité des chimistes et des g·éologues.
Nous citerons encore un passage assez curieux du
livre de cet autem, en ce qu'il exprime une idée qui
rappelle l'opinion émise par Anglada, l'un des plus
célèbres chimistes modernes, savoir: que les eaux de
Plombières , comme beaucoup d'autres eaux salines
qui fourni ',_ent de la g'lail'in ,pourraient bien êtl'e des
eaux sulfureuses actuellement désulfurées. -, {( Lorsque l'air est épessi, dit-il, pal' quelque pluye ou nuée
obscnre , le soufre 118 s'exha lant ,;i facilement , ni si
promptement , j e dis la vapem du soufre, il se sent
manifestement t tel qU' ~L IJlu sieUl's remllissa11t la
teste,illeul' cause des do ul urS, Que si ce n'est tousioul'S
qu'à ,L'orleur on s"apel'çoit du MJ1Ifre, c'est qu'avant que
l'emt soit delwTs de terre, eUe perel cette odeur en chemin (Jl, ))
En 1693, Nicolas de Rouvroy reproduit sous une
autl' . forme l'opinion de Pl'ichnrù. il pl'OpCH de la présence üu nitre clans les eaux d PlomLières, 11 mentionne un sd blanc Cljiproclvrnt j'art du goût de celui dont
Ort ,'e sert l)(jw' saler te., viande s,
En 1606, Titot 1'1'0 ède à une analy' en présence de
le TI \g'ué t de Binningel' ) l'un attach6 à la pel' onl1e
de Léopold J", l'autre à cell du duc de Montb61iurd. Jl
('l) Pages 62 ct 63,
OUV I' ,
cité.
�-
59-
conclut à l'existence de parties subtiles, aériennes et
volatiles, terrestres, alcalines et surtout nitreuses;
puis, contrairement à tout ce qui avait été écrit avant
lui, il nie l'exi 'tence d'lm principe sulfureux.
Neuf ans plus tard, Lemaire, médecin sl1'pe71dié de
la princesse-abbesse de Remiremont, le même qui a
laissé un excellent livre sur la manière de prendre les
eaux de Plombières, fait évaporer une quantité considérable d'eau des diverses sources; il étudie avec soin
les phénomènes qui se passent au milieu de l'cau
so umise à l'évaporation; il signale avec une grande
exactitude {( la forma1ion d'une pellicule r ssemblant
l) à un talc fort mince qui commence à paraître à la
)l superficie du liquide,
lorsqu'il est réduit à la
II douzième ou quinzième partie de son volume. )) Il
parle avec une égale précision « de l'apparition d'une
)l matière g'l'is&.tre, ou d'espèce de flocons couleur de
)l cendre qui sont
n quelque manière semblables à du
)) coton haché. » C'est la matière végéto-animale de
Vauquelin, ou le bitume de Bel'themin. Lemaire fait
encore une étude comparative des eaux chaudes et
des eaux savonn uses. « Après avoir fait évaporer
une assez gTand quantité de ces dernières, il me
resta, dit-il, un masse si ressemblante à celle que
clonnent les eaux chaudes, que je ne pus y remarquer
la moindre différence sensible. Les diver,es substances, comme la pellicule, et les flocons contenus dans
cette pellicule, taient parfaitement semblables à ce
que l'on observ dans l'évaporation de l'eau thermale. l).
Enfin, il conclut de ses recherches: 1° que le résidu
laissé par les aux évapor e. est de nature alcaline
fixe; 20 que l'eanla plus chaude, telle qu ceUe du
�-
60-
conduit et de Bassompierre, ne lui a jamais donné
qu'environ treize g-rains pal' pinte de matières fixes,
c'est-à-dire quatre grains et quart par livre (la pinte
de Plombières était alors de 3 livres 3 onces 6 gros
d'eau fl'oide, et de 3 livres ~ onces 2 g-ros d'eau
sont moins charchaude); 3° que les eaux mvoneu~s
gées que les eaux chaudes, ce qui est vrai.
KOlis tirerons parti de ces expériences quand nous
vieudrons à rechercher si, depuis l'époque où elles out
été fai~es,
il s'est produit quelques changements dans
la somme des principes fi es qui minéralisent les eaux
de Plombières.
En 1721, le du de Lorraine envoya son chimiste et
on, pothicail'e à Plomb:ères pour analyser de nouveau
les so urces chaudes et les caux savonneuses, n présence de Blanchy, son médecin. Al l'ès avoir trouv6
que (( le.. sub::: tal1ces mÏ11érales qu'elles contiennent
l) participent d s métalliques, c:piritueuses, salines ,
» sulfureu'es, bitumineu pes , terreuses fixes et non
ils chorchèrent, comme l'nvait
» poin t aluminou es
fait Lemaire, à détermin r 10 poids du ré:::idn laissé
par l s i"OUl'COS dn Ch ne, du Granel Bain, des Dames,
et pal' l'eau fiaVOl1nenso. JL fil' nt 6vapor l' 60 litl'es
d'enu de la somce du CMne; lorsqu'il n'on resla plus
qlle 3 livres envi l'on , ils la flltr\rent pour en f'épal'or la. partie ten n,o qni pe..:ait 10 gTains. Ayant
nsuite fait ha.por r jusqu'à si 'cité la lique111' filtrée,
ils oùtinr 'nt un l' 'sidu cln roidfi d 3 gTOS, 'Ofit;\-clil' 3 grains 766/J 000 cl l'ésidu total par li Vi'
cl' nu (J).
,l)
(1) Quœs!iol/cs mcdic(I' CII'CÙ (ol/Ies 1I/crlicalœ pltWlli cl'iallcu, par
J, ClUL1ùe-Morcl, p.O, 171iG.
�-
61 -
Une pinte, c'est-à-dire 3 livres 3 onces 2 gros
d'eau de 1:1 source des Dames leur fournirent 10
grains de sel cristallisé , c'est-à-dire 3 grains 121 /1000
par livre.
Vingt pintes d'eau savonneu e évaporée jusqu à
siccité leur donnèrent 20 &l'ains de sel fixe et
2 gt'ains de terre, c'est-à-dire 0 g'l'ain 343/1000
par livre.
Les chimistes qui e livrèrent à ces recherches reconnul' nt bien la présence de la matièr'e animale,
mais ils la considérèrent comme un espèce de soufr'e
qu'ils appelèrent soufre bit ~tmineux
.
En 1737, un professeur de la faculté de médecine de Besançon, René Oharles, qui avait accomp~gnét
Plombières u ne madame d'Houdetot, profita de son s~ jour
aux eaux pOUl' essayer d'en faire
l'analyse (1). Quatre livres d'eau thermale lui donnèrent 16 gTains de sel alcalin , c'est-à -dire 4 g-rains
pal' livre. Les essais de Oharles paraissent s'êt.re
bornés à cette opération. Peu versé, comme il
l'avoue lui-même , dans la pratique d la chimie, il
pria un opératem habile, Habert, de se livl'er 11 des
r cherches àllxqnelles ce d l'11ier le fit participee. Ils
constatèrent qu le résjdulai
~s ô par l'caLl de la fontaine
du Ohèue était de couleur jaunfttr , salill, produisant
sur la languet peu près la même impression que le sel
commun, déliquescent, 1 r Ctlant sur une llaq u d'arg'ent 'n répandant une odeur diili cile à définir (otJore m
qui definir e naquit, e:x:ftibel), t laissant Ulle matière
(1) Q/lPsliOllCS 1Ileclicœ cil'cà lOI/ les, etc. Morel, p. G.
�-
62-
fixe de laquelle on pouvait extraire quelques particules de fer au moyen de la pierre d'aimant.
La présence du fer sig'nalée pour la première fois
dans l'eau thermal donna lieu à quelques contestations ; et Puton, de Remiremont, sans doute l'un des
ancêtres de celui qui ~ cultive aujourd'hui quelques
parties des sciences naturelles, avec autant de succès
que de modestie, déclaJ'a, mais à tort, que le chimiste
Habert s'était trompé, et que l'eau d la fontain e du
Chêne ne renfermait aucune particule de fer.
Celui-ci, pour,' uivant ses recherches, s'appliqua à
démontrer la présence de la ma.tière bitumineuse et
du sel marin, pal' l' mploi de la dissolution d'argent
et de sublimé corrosif; et il conclut de s s expériences
que 1 . eaux: thermal s de Flombières contenaient
une terre alcaline, de la Eélénite, du ~e l marin, trèspeu de fer, et une minime l}uantit6 de bitum (1).
En 1746, Malouin, docteur l'ég' nt de la Faculté de
eu ~ es
de
médecine de Paris, traita les eaux sav on
Plombières pal' l'évaporation, la distillation t les
r ' actifs. Après avoir décrit le' diffi;l' ·nts procédés
dont il s'Hait servi, il arriva aux conclusions euivant s, savoir: qu'elle::; contenaient, ~ leur source,
un bitum de la nature de l'huile de pétrole, un
vitriol d' mars, un :el analog'ue au sel marin, un e
terre absorbante qui se vitrifiait aisément au ~ u, t
un sel alcali de la natul' . de la soude. Mais il ajouta
qu e ces eaux, transportées, subissaient une certaine
altél'atioll : leur acide vitl'iolique s' unissait, suivant
(1) fi 'Il" Ch
U I ' l c ~ , olV'ng~
cité, p. 8.
�-
63-
lui; avec une partie de l'alcali, formait un sel de
Glauber qui n'existait point auparavant; et, en même
temps, le fer et la terre se précipitant, il ne l'estait
plus dans les eaux savonneuses qu'un sayop léger,
résultant de l'union de l'alcali et du bitume.
Sans nous arrêter à l'explication donnée par Malouin sur la form'ation du sulfate de soude, nous devons faire remarquer que ce el, l'un des principaux
éléments minéralisateurs des eaux de Plombièl'es ,
commence seulement à cette époque à y êtl'e signalé.
Soixante l)intes d'eau savonneuse, évaporées lentement à Plombières même, donnèrent à Malouin 3 g'l'OS
38 grains d'un sédiment de couleUl' g'l'ise et d'un
goüt salé , c'est-à ·dire environ 2 grains par livre
(la pinte étant prise pour 1,000 gTammes) ou
1 grain i321
pal' livre, si l'on calcule sur la pinte
LOIJ
de 3 livres 3 onces 2 gros (1).
En 177;2, Monnet publia dans sa Nouv(' Ue Hydrologie (2) une analyse des eaux de Plombières, « n
» n'existe guère d'eau, si pure qu'elle soit, dit-il,
Il qui ne donn e pour le moins un r é:;idu aus i consi» dérable que celui qu'elles laissent après l'évapoIl ration. Il Cinquante livres d'eau du Grand Bain ne
lui ayant fomni qu 24 g-rains de terre et 18 grains
de sel, ensemble 42 gTains, c'est-à-dire moins d'un
grain pal' livr e, il en conclut que ces eaux ne méritent pas le nom d'caux minérales, et qu'on doit les
con idérer simplement comme des eaux chaudes
(1 ) l Valle l'ius l.otltallllgiœ, p. 11,0.
(2 ) Nouve ll e JJydrologle, in-12 , p. 136.
�-
6lJ-
pures, parmi celles qui ont la réputation d'être les
plus pures.
Le travail de Monnet souleva plusieurs réclamations qu'il paraît avoir pressenties , car il se hâte
d'ajouter qu'on ne doit pas confondre l'effet des eaux
de Plombières comme bains avec celui qu'elles pro duisent intérieurement, et il est certain, dit-il, qu'en
les envisageant comme bains, elles méritent la réputation qu'elles se sont acquise. Cette sorte de réserve, suffisante peut-être au point de vue clinique, ne
pouvait être considérée comme une satisfaction accordée aux chimistes qui s'étaient évertué3, avant lui, à
rechercber la nature des minél'aux contenus dans
l'eau de Plombières. Et, en effet, nous avons toute
raison de croire que l'auteur de la Nouvetle Hydrologie a commis quelque erreur clans l'évaluation des
matières fixes fournies pal' l'eau du Grand Bain.
Quant' au prétendu savon gue l'on trouve dans la
roche granitique de laquelle sourdent les eaux thermale , il le regarde comme une matière quartzeuse
ramollie,
ous voici enfin arrivés en 17'18, époque' où Nicolas
publia sur les eaux de la Lorraine un travail chimique très-soign usem nt exécuté. Après plu, ieurs
'sais faits s ur nos aux thermales avec le sirop de
violette , les fleurs de mauv , la noix de g'alle, l s
alcalis fixe' t volatils, 'te., etc. , il procéda à une
véritabl analy, e de l' au d plu ieur sources. Nous
citons t xtu Hem nt le: résultats auxquels l'ont conduit se.' J' ch 'l'Cl) s sUl' l'cau de la fontaine du f'Mne,
et ur l' au
SUl' celle de la fontaine fel'rugineus
savonneuse, afin que le lecteur puisse les l'approcher
de ceux qui nous sont propre',
�-
EAU DU C"È~E
65-
OU DU CRUCIFIX.
L'eau du Ct'Ucifix donne 39 0 R. (48 0 ,75 c.). Elle e t
limpide, pre~qu
sans aveur t sans déboire; a denité diffère peu de celle de l'eau distillée. - Cette eau
n'est point gazeuse.- J 'en ai fait évaporer ving-t pintes
dans une capsule de grès bien unie, sur un bain de
sable; elle a fourni un résidu d'un blanc sale pesant
environ cent dix g'l'ains, ce qlti (ail cinq yrains et dtmi
par pinte. Ce ré. idu, exposé à l'ail' libre, ne s'est
point ré ous en liqueur; il a cependant augmenté
de poid .
» L vinaigre distillé, ver 6 sur vingt-cinq grains
d ce résidu, a occa. iOllné une vive efferve. ceuce. La
aturatioll achevée, j'ai fiUré la liqueur ~t travers un
papi l' jos ph, lue j'avais u la précaution de peser
auparavant. La liqueue, soumi fl ensuit à l'évapor~
tion ct à la cri ·talli atioll, a fourni un . el en aiglulles
minces, emblabl à la terr foliée cri talli é : une
partie d la liqueur a égalem nt refu é de donncr d s
cristaux.
» L filtl' ct
qu'il contenait, ayant été jeté ur une
balanc apI' . l' xacte d s iccation, ':t trouvé pcser
douz gTainH de moins qu'auparavant, ce qui démon tre q ne cc résidu conti nt un p u plus de moitié
d nbstance f;olublc da.ns l vinaigr. Pour m'assurer de qu He nature ' tait c !.te matière, je l'ai ·ou,
mi::.e aux expériences :uivantes :
5
«
�-
G6-
» J'ai pesé vingt-cinq autres grains de ce résidu,
sur lequel ayant versé du vinaigre distillé jusqu'au
point de saturation, j'ai étendu la liqueur avec un
peu d'eau distillée . Je l'ai filtrée; après quoi, y ayant
versé de l'alcali fixe bien pur, en liqueur, il s'est fait
un léger précipité; la liqueur est devenue laiteuse, ce
qui prouve évidemment que cette substance dis 0lubIe dans le vinaig'l'e est un peu terreuse. Ce précipité terreux, rooumi::l à la calcination, a pris les caractères de la chanx vive .
» Pour m'assurer ensuite de quelle naturè pouvait
être la substance salinf., j'ai jeté tout ce qui restait
du résidu de ces eaux, c'est-à-dire ' environ soixante
grains, dans de l'eau pme; j'ai fait prendre un
bouillon à la liqueur et l'ai filtrée; ensuite je rai soumise à l'évaporation et à la cristallisation, elle a
fourni des cristaux de natrum ou' alcali marin. Ces
cristaux, combinés jusqu'au point de saturation avec
l'acide vitl'iolique, ont produit ùu roel de Glauber.
» J'ai rassemblé ensuite les deux résidus sur lesquels le vinaig'l'e n'avait plus d'action, ainsi que celui
que l'eau n'avait pu dissoudre, le tout pesant environ
cinquante-trois grains; j'ai v rsé dessus de l'acide
vitriolique, qui a encore occasionné un mouvemellt
cL'effervescence. La liqueur, filtrée et évapol'ée, a
donné, pal' la voie de la cristallisation, de la sélénite
11 base vitrifiable.
» L'autl'e parti cLe ces résidus, absolument indissoluble dans les acides, même les plus actifs, ayant
été lavée et en uite exposé à un feu viol ni, dans un
creus t, s'est convertie en une spèc de porcelaine.
» J'ai dit plu s haut que l' villaig'l'e distillé, j té
�-
67-
sur le résidu de l'eau du Crucifix, fournissait un sel
cristallisal)le, mais qu'une portion de la liqueur refusait de donner des cristaux . J'ai versé dans cette
liqueur de l'acide vitrioliQue : il s'est fait une effervescence; l'ayant soumise à l'évaporation spontanée,
elle a donné des cristaux de sel de Sedlitz, ce qui
prouve la présence de la mag'nésie dans l'eau du
Crucifix.
» POUl' compléter mes expériences, j'ai soumis cette
eau à l'évaporation spontanée; lle m'a donné exactement les mêmes résultats. »
En traitant par le mêmes procédés d'analyse l'eau
des autres sources chaudes, il est facile de reconnaître, dit Nicolas, qu'elles sont absolument de m~e
natur qu celle du Crucifix. Les sources tempérées,
elles-mêmes, donnent des résultats à reu près semblables ; la seule différence bien marquée, c'est qu'elles
n'ont point altéré les fleurs de mauve, c qui tient à
ce qne l'alcali contenu dans ces eaux s'y trouve trop
étendu, par ."uite du mélange qui se fuit sous terre
des eaux 'haudes avec les eaux fl'oides, et l'on voit
en effet Que ces eaux tempérées, soumises à l'évaporation, ont fourni un 1'6sidu de 111 me nature que celui
de ' aux thermale::;, mais moins abondant, et qui
n'était que de troi grain' et d mi par pinte.
ico1-1s tit'e de e. analyses les conséquences suivantes:
loQue toutes les caux chaudes et tempérées de Plombières sont ahsolument d même nature; 2,0 qu'elles
ne tiennent en dissolution aucune substance métallique, ni els neutres; 30 qu'elles conti nnent d puis
environ deux gTain jusqu'à delL"X g'l'ains et demi de
�-
68-
natrum pal' pinte; 4° qu'elles contiennent de la terre
de différente nature, savoir: celle dont on fait la porcelaine, c'est-à-dire vitrifiable en partie et en partie
réfractaire, de la terre calcaire et de la magnésie;
5° que les différentes espèces de terre contenues dans
ces eaux pùurraient fort bien n'être que le produit de
la décomposition d'une matière spathique sur laquelle
l'eau a peu d'action.
EAU
FERUGI~S
OU DE LA SOURCE BOUltDEILLE.
La température de cette eau est de 12° R., celle de
l'ail' était de 10° R. Elle est limpide et d'un goCtt minéral fel'l'ugineux ; eUe prend une teinte roug'e obscur,
101' qu'on la mêle av c de la noix de g·allû. Versée sur
des fleurs de mauve, au sortir cle sa source, elle l s
rend l'ougerttres; l s acides n'y déterminent aucune
effervescence; il s'élève seulement quelques bulles
d'ail' sous forme de petites perles. Les alcalis fixes et
volatils s'y m~l
nt sans ocen. 'ionuer d'altération sen··
sible; l'alcali prus 'ien lui fait prendre une couleur
légèrement bleu(\tre; la dissulution de Saturne y occasionue un précipité noir&tl'e; la dis ~ olutin
d nitro
lunaire n'y produit qu'un précipité xlrêmement
rat' ; le nitre mercuriel y dév lopp un précipité de
couleur jaune; l' au de chaux la r nd l "g'èrement
laiteuse.
)) J'ai .. oumis seize pint s d. cette eau à l'évapora«
�-
6\)-
tion dans une terrine de gTès, sur un bain de sable.
Lorsqu'elle a aC,quis un certain degré de chaleur, elle
est devenue jaunfitre et elle a laissé précipiter une
matière ocreuEe, laquelle, recueillie sur un filtre,
pesait deux oTains.
Il ,J'ai mêlé ce précipité avec un peu d'huile, je l'ai
exposé ensuite au feu dans un creuset. La flamme
ayant cessé de paraître, j'ai retiré le creuset du feu,
et quand il a été refroidi, j"ai recueilli sur du papier
ce qu'il contenait; je lui ai présenté ensuite le barreau
aimanté, qui en ct attiré pr'esque le tout, ce qui démontre que ce précipité est une chaux: ferrugineuse,
» J'ai continué l'évaporation de cette cau privée de
pa partie ferrug-ineu e; _luand 11e a été réduite à près
ùe Ifloitié, j'en ai pris une verrée sur laquelle j'ai fait
les expél'ien 'cs sui vantes:
)) '\. J'ai ver, é un p u de cette eau concentrée SUl' des
fleurs de mauve; elle a pris sur-le-champ une couleur
verte; unie iL la noix de g'alle, elle ne décelait aucunement la présence du fcr.
» B. J'en ai mé16 une autre partie avec de l'eau de
chaux; eU est dev nue laiteuse.
» O. J'ai v rsé dan l'autl' partie de la dissolution
de nitre lonair , ce qui a occaf'ionné un précipité d
couleur gTis tirant un peu SUl' le jaune.
" D. L l' ste cl l'eau, ayant été soumü; à l'évaporation jU~<lu'à
'iecité, a donné un ré 'idu ale d'un blanc
jaunt'Ltl' : du poids cl elix-sept grains ou mwil'on, ce
(lui fait un oTain pal' pinte el' an ct un seizièm .
l, E J'ai versé :ur 'e ré. idu du vin ai g'l'
clis tillé q lli a
occa;:ionn6 une v:v effel'veflcence. Lorsque la clistil1a-
�-
70-
tion a été achevée, j'ai étendu le tout dans un peu
d'eau distillée, ensuite j'ai filtré la liqueur pour la
débarrasser d'une portion du résidu que le vinaigre
n'avait pu dissoudre. Dans une partie de la dissolution, j'ai versé de l'alcali fixe en liqueur bien pur; il a
occasionné un précipité blanc q ne j'ai recuei!li SUl'
un filtre; l'ayant ensuite exposé au feu, j'ai reconnu
qu'il avait pris les caractères de la chaux vive. Il
précipitait en l'ouge briqueté la dissolution de mercure
par l'acide marin, ce qui prouve que ce précipité est
de nature calcaire.
F. J'ai exposé à l'évapOl'ation insensible l'autre
partie de la dissolution du résidu salin dans le vinaigre; elle a donné de cristaux de sel acéteux marin t
calcaire; une partie de la .liq ueur a refusé de donner
des cristaux,
)) G. J'ai versé ensuite de l'acidèvitriolique sur cette
portion du résidu que le vinaigre n'avait point attaquée; il a occasionné une légère efferveEcence. La liqueur ayant été filtrée, j'y ai ver é un peu d'alcali fixe
en liqueur, ce qui a occasionné encore une précipitation terreuse. J'ai examiné ('.ette matière et j'ai reconnu
qu'elle 6tait de naturc vitrifiable.
)) H. La dernière portion cl u résidu sur laquelle le
acides n'a "aient aucune action, ayant étéi.;oumisc à un
feu violent, s'est convertie en un matière vitrifol'm
assez semblable à l'émail.
»)
Il J'ai 6galement soumis deux pintes de cett
au à
l'ôvaporation insensible elle a clcJDué les mêmes produits, savoir; d'abord une terre ocreuse; emmite,
par l'entière dessiccation, elle a fourni une incrustation
�-
71-
salino-terreuse blanche, 'lu'laquelle ayant procédé de
même que sur le résiclu de l'évaporation par le feu,
elle a donné les mêmes résultats.
)) Il résulte de ces expériences :
» 1" Que cette eau est faih lement gazeuse;
» 2" Qu'elle tient en dissolution, par le secours d'un
intermédiaire particulier, environ un quart de grain
de fer pal' pinte;
» 3° Qu'elle contient de la terre de trois espèces:
l'une crétacée, l'autre de nature vitrifiable, et un peu
de magnésie; la totalité peut être évaluée à un gTain
par pinte et un seizième; .
)l 4° Qu'elle contient en outre en dissolution environ
un quart ùe grain de natrum pal' pinte. )l
EAU SAVONNEUSE DE LA FONTAINE DES CAPUCINS
OU DU JARD IN DE LA PUÉFECTunE.
CI Le 25 octobre .1777, à huit heul'es du matin, l'atmosphère marquant au th 'rlllomètr R. 70 au-de::sus
de la g'lac , le même thermomètre, plongé dans l
bassin de ' tte fontaine, est rcmonté à II 1/2 .
Il ]
Cette cau ~t tr s-limpid et d'une saveur légo l'cm ent al';tt'ingente.
2" Si rOll en jette, au SOl'tir do sa ~o l1' ce , ' Ut' des
fi urs de mauve, 11e pl' ml un uup d'œiloug
e~t
re.
» :3 0 Verf:ée dan s la tcintlll'c de tournesol, elle la
fait également rougir.
0
0
)1
�-
72-
» 4° La noix de galle jetée dans cette eau ne décèle
aucunement la présence du fer .
» 50 Les acides y sont mêlés sans effervescence marquée, et les alcalis sans aucune altération sensible.
)) 60 L'eau de chaux est devenue lég'èrement laiteu e
par le mélange de cette eau.
» 7° L'alcali pl'Ussien ne lui a communiqué qu'une
faible nuance verd~Hl'.
Il 8° La dissolution de savon dans l'eau distillée,
mêlée avec cette eau, n'en a pas paru sen, iblement
altérée.
II go La dissolution de
el de Saturne dans l'eau distillée, versée dans cette eau, a été décomposée; il s'est
fait un précipité blanc l.il'ant "'ur le gris,
» 10° La disiSolution de nitre lunaire n'y produit
aucun changement sensible.
)) 11° Le nitre mercuriel dissous dans cette eau fournit un précipité qui acquiert une belle couleur jaune.
II 12° J'ai fait réduire, pal' évaporation, cleux pintes
de cette eau à peu près à huit onces; j'en ai jeté une
partie ur Ip.s fleurs de mauve, elles ont foumi il.
l'instant une belle couleur verte.
" 13 0 L'eau de clmux devient laiteuse, lor:qu'on la
mêle avec ette eau conc ntl'ée.
140 J'ai ~oumis
ving't pintes de cette eau ~t l'évaporation daus une tel'l'ine d grès sur un bain de sable,
dont la chal lll' n'a jamais excédé le degré d l' au
bouillante. Il ne s'est rien précipité pendant l'haporution. Ce. vingt pintes ont lais~é,
pal' la de:siccation,
un résidu de coul ur blanche du poids de ·oixl.l.lIte et
un grain cnviroll, cc qui fuit trois grains et un vingtiém par pinte d'au.
J)
�-73)) 15 J'ai jeté ce résidu dans unefiole,j'ai versé pardessus une once d'eau distillée, j'ai placé la fiole un
instant sur des cendres chaudes pOUl' faciliter la di 'solution des parties dissoluU s; j'ai ensnite filtré la liqueur et l'ai exposée à l'évaporation spontanée, elle a
produit des cristaux irréguliers de natrum,
0
" 16° J'ai fait sécher ce qui était re~té
ur le filtre,
c'est à-dire ce que l'eau distillée n'avait pu dissoudre;
l'ayant ensuite pesé, j'ai vu qu'il avait diminué de
poids nviron de moitié, ce qui prouve que les eaux
saVODlleuses tiennent en dis. olution ~L peu près autant
de subslance saline que de matière terr use,
» 170 J'ai versé du vinaigre di tillé sur ce résidu que
l'eau n'avait pu dissoudre; il a occasionné une lég'ère
ffel'vescence; lorsqu'eUe a ce ~ é t que je me suis
assuré que cet acide n'ayait plus d'action sur cette
suhstance, j'ai filtré la liqueur, puis j'y ai versé de
l'alcali fixe très-pur, en liqueur; il a occasionné un
précipité blanc qui, ~L l'examen, s est trouvé être de
natur calcaire et de la mag'né ie,
18° J'ai v rsé de l'acide vitl'iolique SUl' l'autre partie de ce résidu que l'ean et le vinaigre n'avaient pu
dissoudre; il a encore occasiollné un mouv ment d'efferv scence; la liq llOur ayant été filtrée, éYaporée et
soumi,'e à la ristalli"ation, elle a fourui des 'l'istaux
d sélénit" ü ba e ,itl'ifiabl
J)
II 10° Le réf'idu terreu.'
ur lequel 1 s ac:des n'avaient
pas cl'ac1ionavait un couleur jauni\tr . Voulantrn'assurers'i! ne coutenédt pas un peu cl fel', j' n ai pd.'
UIll' partie, je l'ai ID lée av c un peu d'buil ,j'ai xpo ~é le tout au feu; ayant nsuite approché le b'1l'!' au
�-71, -
aimanté de la matière, il en a retiré qu lques paillette
de fer.
" 20° J'ai exposé l'autre partie de ce résidu à un
coup de feu violent dans un creuset, après l'avoir bien
lavé et fait sécher; elle s'est convertie en Ulle espèce de
porcelaine ou fritte d verre.
)) L'eau de la foutain e située dans la rue de Luxeuil,
ayant été oumi::;e aux mê~s
expériences, a donné
exactement les mêmes résultats.
CONCLU IONS.
Toutes ce expériences démontrent:
Il a. Que les eaux dites savonneuses de Plombièl'es
"'ont de mêm lllltul'e que l s eaux thermales, puisqu'elle. contiennent les même::; principes;
" b. Qu'elles n'en diftëren1, qU'CL raison d'un peu d
gaz q ni s'y tl'onve et dont les eaux thNmalcs ne saumiell t Ml'e pour\'ues, à callse de l'extrême yolatilitp
ùe cet agent;
) (', Qll'elles COlltipnn 'nt lLtlRSi tlll fer, mais en si peiitp qnanLité qu'Il n pellt tl'C ni évalu6l', ni l' nelue
sen~il.!
par les 8u11s1ances n(' 1'bes pt 3:tl'ing' ntes;
)) Il . Gue lu d('nomination c1'cnux saVOlllleu. es ll e
leul' convi nt pn.' plus qn'aux l'aux 1hcl'lL1ales, puio'que
elles-ci tiennent ('gal m nL en di. Rolllti on ('Pttc ma tiGr' t l'ruse qui fait donne!' iL "l1es lh l' nom d'rnux
savonn euse '. »
Il
�-
•
75-
En 1791, l'un de, homme qui ont le plus dignement
représenté la médecine dans les stations thermales,
Marti~e,
publia clans le Jultrnal Physico ·jllùlical des
eaux de Plombières quelques expériences analytiques
cl'apl'èslesquelles ilcléclal'e per"ister à regarder les eUlL"{
thermales comme principalement alcalines et comme
contenant, en outre, trois esp ces de terre: la terre
à porcelaine, la terre calcaire et la terr magné i nue.
Quant aux savonneu!'es, elles contienuent, dit-il, les
mêmes sub tances, mais en moindre quantité, avec;
un peu de g'az et de fer . Il ajoute enfin que les eaux
froides de la Grande Promenade (source de Bourdeille)
sont déciddmant f rug'ine~s
et contiennent, en
outre, tous l s autre.' principes cles ea,ux savonneuse .
Ces conclusions sont à peu près analogue à celles
de Jicolas . Nous ferons remarquer sel41ement qu'à
l'époque où écrivait M. Martinet, il paralkait, hose
que nous ne pouvons cl'oire, qu'on n'était pas encore
définitiyement fixé sur la nature de l'ean de la source
Bourdeille, malgré l s rech l'ches très -précis . dn
chimiste de Nancy, t l' valuation fort exacte qu'il
avait faite d la quantité d fer contenu dans c tte
au.
En ] 802, 1. Grosjean père se livra à. le nouvelles
recllercll s sur la constitution chimiqu cles eaux de
Plombières. Il évapora à iccitè treiz pintes de chaque
esp cc d'eaux: th l'male, savonneuse, et f l'l'ug'ineus . Il oùtint des aux thermales nn ré 'idu pe: ant
66 gTain. ,c'est-à-dire grains par pinte; c'était une
�-
76-
substance blanche qui, traitée pal' les différents procédés indiqués pal' Chaptal, a produit: 32 grains 1/2
de natrum, '1 grains de magnésie, 14 grains de terre
de chaux, 13 gTains d'alumine pré ipiLée par la potasse et dont la moitié environ était vitrifiable . .
L'eau savonneuse donne 42 grains de résidu, c'està-dire nn peu plus de trois grains pal' pinte, d'un blanc
plus terne que le précédent, et qui fournit environ
20 gTains de natrum, 19 g'l"fLins des différentes terres
et 2 g rains ] /2 de fel'.
L'eau fel'I'ugin use, vaporée de même à siccité , a
fourni 28 grains d'un précipité ocreux, dont G g rains
de natrum, 14 g-r:üus des trois espèces de terre, et environ 4 grains de fcl'.
M. Grosjean ajout, en outre, qu'il a constaté la
pI'6-' n(:e cl l'acide carbonique dans toutes les eaux,
même dans les eaux thermale;:, ce qui est contraire au
sentiment cl . icolas et de Vauquelin. Il y existerait
s Ion lui clans le Pl'OpOl'tion:, uivantes :
E Il thermale, 3 gTains 1/4; cau savonneuse, 2gTains
1/4; eau fClTug'in clls , 1 gTain /'*-.
A pell près tL ln même épofJ.ue, Martin t, désireux
de contrôler les rt'>: ultats obtenus p :I1' Ni olar; , pria
Val1qn lin rle fairo une nonv lIe analyse d s aux de
PlODlbièl' ,.;.Oett ann,l y: ut un g'l'anü retcntiss ment,
non- eul meut à 'a llsc l la c'16bl'it(' aLtachée à la
p rson11 qui l'e,'6 utait, mais aussi ~t Cami le la
pl'6sen e dan les eaux cl
tt mati Ll'C v('g'6to-animal qnc l s rmci 118 avai nt onsiüé1'6e omme un hitU111e, 'ln le" cont mpornins t 1. qu' Hay n,Duchauoy ,
Chaptal, n'avai nt signal(· jusqu -là que lans les
�-
77-
sources sulfureuses d'une autre rég'ion. Nous citerons
le travail de Vauquelin, comme nous avons cité celui
de Nicolas.
EAU DU CRUCIFIX.
Essais pm'll's réactifs.
» 1° L'eau de Plombières versée SUl' la teinture de
violette, la verdit très-~eniblm
;
II 2° Le IDmiate de baryte y forme un
précipité
blanc;
)) 3· Le nitrate d'argent, un précipité jaune-brun;
)) 4° L'acétu.tc de plomb, uu pr6cipité abonùant;
li 5° L'oxalate ù'ammoniaque, un p1'6cipité blanc
très-petit;
» 6° L'cau cl chaux, un nung' floconneux a sez
abondant;
» 7° L'llydl'osulfate de potasse n'y a ploùuit aucun
effet s n. ibl ;
'l 8" L'iufusion de noix II
g'alle et l prussiate de
potasse Il'ont rien fait dan, cette eau. Il
i'capo/"at!un de t'calt et pl!ënoJl!ènps qu'elle a présentés
penda llt cet!e operation,
Pari, de cette eau éva» Douze pintes, mesure cl
porée avec soin da us une bas iue d'argent ont fourni
�-
78-
79 gTuins de résidu sec. On a remarqué que, vers le milieu de l'évaporation, il s'est formé une graude quantité de flocons bruns et légers qui flottaient dans toute
l'étendue de la liqueur. On a également observé que
la couleur du résidu était noire, avant qu'il fût entièrement desséché, et qu'il prit une couleur gTis foncé
par la dessiccation parfaite. On s'est de méme aperçu
que ce résidu exhalait, quand il était chaud, une
odeur de colle-forte dissoute dans l'eau.
') Ce résidu avait une saveur chaude, ~cre
et alcaline. Il attirait sensiblement l'humidité de l'air, et reprenait en même temps la couleur brune noirfLtre qu'il
avait avant sa dessiccation complète. II produisait
une vive effervescence avec l'acide muriatique, même
étendu d'eau. »
Traitement de ce résidl~
pal' l'alcool el examen ùes
matières qZt'it (t dissoutes.
» Ce ré idu intt'odl1it dans un petit matras avec trois
ou quatre parti . d'alcool, ct exposé pendant quelques
heures à la chaleur d'un bain de , ablc fin, fut r6duit
par ctte opération à 70 gTains. L'alcool avait acquis
une couleur jaunc d'ambre; évaporé spontanément, il
laissa unE' petit quantité de muriate de f:onde mêlé
d'un peu d'alcali cau tiqu diHicile à estimer. On n'a
trouvé dan ce résidu aucune tt'ace de seh; déliquesc nts t 1'1' ux, ce qu';:m aurait pu prévoir li priori,
pnisqllc 1"11cali n"1umit lU y GO xi t L'. La raison pOLlI'
laqu Ile l'alcool a dissous ici l muriate de soud ,
c'csi qu'il contenait une c l'Lain quaniit' d'eau; et
je cl'ois qu'on pounait employer c t ag'cnt à 3-1 ou 35'
�-
70-
avec succès, puis séparer le muriate de soude des
résidus des eaùX minél'ales, 101' qu'ils ne contiennent pas de sels déliquescents. L'alcool a lonc enlevé
"7 à 8 g'l'ains de muriate de soude au r ésidu des eaux
de Plombières. II
Traitement
dtl
résidu des eau:x par l:ecnb froide .
Il Après avoir fait passer l'alcool sur le résidu dont il
est question, on l'a fait digérer pendant quelque
temps dans sept à huit parties d'eau distillée. Bientôt
celle-ci a pris une couleur roug'efttre: elle moucsait
par l'agitation et e::dlalait une odeur lixivi 11e très'ensible. Cette lessive, filtrée avec le résidu, fut soumise à l'évaporation; elle donna d'abord des cri 'taux
qui avaient toute les propriétés du sulfate de soude;
Ile fournit ensuite d'autres cl'istaux en aiguilles qui
faisaient eifi rvescen 'e avec les acides: c'était clu carbonate de soude. Outre es deux espèces de sels , là
liqueur contenait ncore quelque portion de muriate
de soude, qu l'alcool n'-:wait pas dissous. Comme il
est extrêmement difficile de séparer ces c1iffér nt8 sels
pal' la cl'istalli ation, surtout 101'sq u'on opère SUl' une
petite q ualliit6 de matière, on a suivi une aut!' méthode poUl' en crmna'ltrc le: quantités. POUl' trouver
cene du c<.Lrbol1at de soude, on a mêlé au résidu un
quantité suJiisante d'acide nitrique pour le satur l',
et ce pOillt a été fixé pa!' la cessation de l' fferv scence ; ensuite on a ch rché, pal' un expéri nce de
om]Jal'uison, combi n la mame qUi1utit6 d cet acide
a pu satur r de carbonate de soude cristallisé. De là,
il st résulté que le l' 'sidn cont nait 26 gTains de cet
�-
80-
alcali à l'état de crista1lisation. On a obtenu la quantité de sulfate de soude au moyen du muriate de
baryte, qu'on a versé dans la solution du résidu
jusqu'au point où il 11e s'est plus formé de préci- '
pité. Par le poids du dépôt lavé et calciné, on a eu
28 grains 1/2 de sulfate de soude. Enfin, pour connaître la dOl:ie de muriate de soude que contenait
encore la liqueur, on y a mêlé une dissolution de nitrate d'argent; le poids du dépôt a indiqué 7 à
8 grains de muriate de soude. Ainsi, cette quantité
de sel et celle qui a été dis. oute pal' l'alcool dans une
des opérations précédentes en portent la quantité à 15
ou 16 grains. »
Tmitement du
1'é~idt
par l'acide
muriatq~le,
et examen
des matières qu'il a dissoutes.
» La matière qui a été lavée suce ssivement par l'alcool et l'eau, et qui a fourni les substances citées plus
haut, a été mi e en dig'cstion av c l'acidc muriatique
aft'aibli; il s'est produit un lrg'ère efferve cence pal'
ce mélange, LOl'sq ue l'action de l'acide mUl'iat:q LI a
été épui '6e, on a étendu d'eau et filtr'· la. liqueur.
CIl -ci , évaporée, a. donné un s 1 déliqu cent qui
avait toute. l's pl'opl'i6t6s du mlll'iat d chaux; l quel, cl"composr pal' l carhonatc de p tas. , a fourni
'nviroll '1 g'l'ains d' chaux carbonatée parfait ment
pur. Il rc tait ncol' une as.'ez g'l'ande quantité ùe
matière que l'acide mUl'iatiqu \ n'avait pa disRollte,
us l s doig'ts
eU' avait un couleul' gTi ,était clouc
't tr s-légèl' ; ell \ n'avait aucune avem. D
�-
81-
Examen de la matière insoluble dans les 1'éactijs précédents,. sa nature, sa qualité.
« Les différentes épreuves par lesquelles a passé le
résidu dans les opérations précd~ntes
avaient fait
penser que c'était de la silice, En conséquence, on la
fit fondre avec trois parties de potasse caustique; on
fit dissoudre le mélang'e dans l'eau, et on le satura
par l'acide muriatique, Cette dissolution évaporée s'est
prise en gelée sur la fin de l'évaporation; et lorsqu'elle a été entièrement séchée et lessivée avec de
l'eau, elle a laissé 16 à 17 grains d'une poudre blanche,
qui avait en effet tous les caractères de la silice; elle
était extI'~mn
blanche, La liqueur d'où cette terre
a été séparée ne contenait que du muriate d potasse,
formé dans cette opération, L'eau de Plombièl'es contient donc un g'l'ain et un tiers de silice pal' pi nt .
» Les différentes matières que nous avons indiquées
dans les paragraphes ci-dessus, et qui constituent
l'eau minéral de Plombières, sont Çl.ccompagnées par
une substance animale gui nous a paru avoir beaucoup d'analog'ie avec la gélatine, mais dont nous n'avons pu estimer exactement la quantité que par approximation t par le déficit éprouvé,
» Cette matière animal , dissoute dans l'eau, sans
doute à la fa.veur de l'alcali, se prenait en g'elée pal'
le refroidissement de la liqueur suffisamm nt évaporée, Elle avait une couleur roug' Mee, une od ur de
coll forte fondue, C qui nous a fait soupçonner que
l'alcali contribuait i:L sa olntion dans l eau, c' st que
quand on a satu!' \ l'alcali pal' l'acid nitl'iqu " une
6
�-
82-
g'rande partie de cette matière s'est séparée de la
liqueur sous forme de flocons bruns, Il
, conclusions et réflexions sw' l'état où sont les
n és~tm
matières dans l'eau de Plombières ,
Ill'ésulte des expériences qui précèdent que l'eau
de Plombibres contient six substances 'différentes,
savoir:
«
10
2°
3°
40
5°
6°
Du carbonate de soude;
Du sulfate de soude;
Du muriate de soude;
De la silice;
Du carbonate de chaux;
Enfin, de la g'élatine animale,
Il Les mêmes
xpél'iences font voir aussi que sur
douze pinte d'au, la quantité de la première de ces
substances s'élèye il 26 grains, la deuxième à 28 grains,
la troisième à 1 g'l'ains, la quatri me à. 16 gTains, la
cinquième à 7 g'l'ains, et la sixième à 13 grains; d'où
l'on a, pal' pinte:
1° arbonate de soude , , , , , , ,
2° ulfate cl 'oud ... . .....
° Muriate de soude" , , , , , , ,
4,0 ilic " , , , , . , , , , , , , , , , , . .
50 Carbonate de chaux .. . . . .
6 1atièl' animal .... . .... .
2 g'l'ains
2
l
l
0
l
8
»
t
6
1
~ j
T
1
's
1
'2
1
TI
2
:ï
Dans l'estimation de c s diffél' "nt s substances, on
�- 83les a supposées à l'état de cristallisation, et non à
l'état de siccité.
Il Déjà plusieurs chimistes avaient fa it avant moi
l'analyse des eaux de Plombières, et Nicolas, dont le
travail sur ce sujet est un des plus exacts, y a aussi
trouvé de la silice; et sachant que cette substance
n'est pas soluble par elle-mêm dans l'eau simple, il
a eu recours à l'acide fluorique pOUl' expliquer sa présence à l'état de dis30lution dans l'eau de Plombières;
mais il n'a pu démontrer l'existence de cet acide pal'
aucun moyen, ce qui n'est pas étonnant, cal' il n'yen
a véritablement point. Il serait même difficile d'admettre cet acide, combiné à la silice, dans les eaux de
Plombières, sans forcer, en quelque sorte, les lois de
l'affinité, puisqu'il y a dans ces caux une certaine
quan tit d'alcali libre. JI me paraît beaucoup plus
naturel d'admettre la dissolution de la 'jlice dans l'eau
d J:>lombièl'es à l'alcali lui-même, dont une partie
existe fl l'état cav.stique, t qui, comme on sait, se
combine facilem nt à cette terre et la rend soluble,
Il Il est a sez commun de trouver de la silice dans
les eaux naturell s, mais il est l'are qu'elle 'y rencontre 11 si gTande quantité, qUHnd l'eau ne contient
pas quelques substances propres tL la dissoudre.
» Les chimistes qui ont fait l'analyse des eaux de
l"'lombièl' ' ,
ont reconnu un matière qu'ils ont reg'al'dé comme un bitume, mais ils ont ét dans l'erreur à cet ég'ard. Ce n'est point, en effet, un bitume,
mais bien une substance animale qui m'a paru avoir
beaucoup d'analogie avel: l'albumine ou la g'élatiuc
animale, car elle forme gnlée pal' le refroidissement
de sa dissolution, ct elle produit à la distillation
�- 84de l'ammoniaque et de l'huile empyreumatique et
fétide.
» Cette matière me parait dissoute clans l'eau de.
Plombières par une partie de l'alcali; car, quand elle
est réduite sous un petit volume par l'évaporation
et qu'on sature l'alcali au moyen d'un acide, elle se
sépare sous la forme de flocons rougeàtres qui ne
sont plus solubles dans l'eau simple.
)) J termine ce travail en faisant observer que l'analyse de l'eau de Plombières a été recommencée deux
fois sur des quantités ég'ales, et que toutes deux ont
fourni absolument les mêmes principes et dans des
proportions à peu près semblables. ))
Tl' nte· ix ans s'étaient écoulés sans qu'on songeât
à recommencer l'analY'e quantitative des eaux de
Plombières , lorsqu M. Guersant père, désirant savoir si l'eau du Crucifix avait subi quelques modifications d pui. l'époque OLt Vauquelin en avait faitl' xamen, pria l'un de nous d'y procédel' de nouveau (1).
Voici les ré::.ultats de c travail, l'apportés par
1 calcul à un poids de 1,000 g-rammes d'eau minérale:
gr.
Acide carbonique libre.
Cal'bont~
de soude anhydre .
Carbonate de chaux.
lit.
0,224 ou 0,113
. 0,1 19
. 0, (113
-- --........--------(I) AI'chiv('s glll/fmicol de.mMI·cille, ft!vric "18I,R, ,1'0 Il ce SIII' les
Uil/ X cie Plollluiè1'es, )ln" 1. Gll crsü llt. Analysc par lIl. O. Henry.
�85 -
Sulfate de chaux. .
. . . . traces.
Sulfate de soude anhydre . . . . . . . gr. 0,009
Chlorure de sodium et traces de chlorure de ma- .
gnésium . . . . . . . . . . . . . . . . 0, 012
Phosphate cl'alumine et de chaux, traces inappl'6ciées.
Peroxyde de fer. . . . . . . . . . . . . . 0,006
Alumine. . . . . . . . . . . . . . . . . 0,003
Silice (dont une partie fut retenue par le carbonate alcalin) . . .
. . . . . . . . 0,056
~ I atière
organique azotée brune, après le traitement analytique. . . . . . . . . . . 0, 029
Cette composition doit faire considérer l'eau du
Crucifix, avant son évaporation et au bouillon de la
Rource, comme formée de :
gl'.
Acide carbonique libre (à peu pl'ès 1/3 du volume) . . . . . . . . . . .
0,1690
Bicarbonate de soude (whJldre. .
0,1683
llicarbonate de chaux. . . . .
0,0187
0,0 ·70
Bicarbonate de protoxyde de fel' .
S!.llfate de soude anhydre. . . .
0,0090
Sulfate de chaux . . . . . . . . . tl'ace::: inappréciables
Chlorure de sodi um et de magn6sium.
0,0120
Silice. . . . . . . . . . . . . . . .
0,1 560
~ I atièl'e
azotée organique (gl:\il'ine 1).
0,02110
Alumine ct phosphates, traces . .
0,0080
TOTAL.
0,4770
insi, par litre , l eau de cette source renferme:
substances minéralisantes, 0,4770.
Depuis cette dernière analyse, on n'a fait, il est vrai,
�-
86-
aucun .travail d'ensemble sur les eaux de Plombières;
mais on n'a pas moins continué à s'occuper d'elles,
à certains points de vue seulement.
M. Rutin, par exemple, après quelques recherches
d'analyse qualitative, s'est attaché plus particulièrement à étudier leur degré de minéralisation, qu'il a vu
varier dans les proportions suivantes, pour un litre
d'eau du Crucifix:
1833,
'1838,
1841,
1848,
3 grains If8.
12 centigr. 5 milligT.
14 centigr .
24 centigr.
Le 13 novembre 1847,. M. Caventou (1) signalait,
le premier, dans l'eau ferrugineuse, la présence de
l'arsenic, que MM. Chevalier et Gobley devaient, un
peu plus tard, retrouver également dans les eaux thermales (2). Ces résultats demeurèrent sallS doute inconnus il. Plombi l'es, car on vit s'élever sur cette
question des contestations qui n'avaient rien de scientifique, et dont il nous répugnerait de l'appeler les
détails. Cependant cc débat ng'ag'ea l'un de nous à
faire quelques expériences à c sujet, et à r courir
aux lumières de M. Bonquet, qui constata, en effet, que
l'cau cl Plombières contenait d l'arsenic. On assure
également qu'un chimiste dont le talent inspire toute
confiance, M. Braconnot, est parvenu à former un
anneau al' euical av c le résidu de dix litres d'eau de
(1) JOl/mal de Chimi.e médicale, 1848, page 33.
.(2)
,6ance de J'Académie do médecino du 28 mars 1848.
-
�-
87-
la fontaine du Crucifix. Mais on devait aller plus loin
encore dans cette étude; et M. Chevalier, à qui la
science est redevable de précieux mémoires sur les
eaux minérales, a complété ses recherches par le beau
travail qu'il vient de pré~ent
à l'Académie de médecine, travail où il indique la quantité d'arsenic contenue dans IJlusieurs sources, particulièrement dans
celles de Plombières, où il existe, selon lui, à la dose
de 0,0010 pour 26 litres.
Enfin, dans une thèse intéressante , soutenue à l'école de pharmacie de Paris, en 1854, M. Ch. A. Pommier, de Mirecourt, nous apprend qu'il a pu obtenir un
anneau arsenical du produit de quinze litres d'eau de
chacune des sources Ferrug'ineuse, du Crucifix et des
Dames.
Outre cela, M. Pommier a rcch rché l'iode dans ces
trois EOUl'Ces. Pour la, dit-il, nous avons évaporé
séparément et à siccité 5 litl'es d'eau de chacune de ces
sources . Le résidu r pris pal' l'alcool à 4.0° et la liqueur
alcoolique évaporée également à siccité, nom eùmes
un sel qui, additionné d'amidon, nous donna, avec
quelques gouttes d'acide azotique, les résultats suivants:
Fontaille Fen ugilleuse : Coloration bleue très inten e,
imliquallt la présence d'un principe ioduré.
Som'ce
d1~
G-rucifix : légères traces d'iode,
Soutce [ht bain des /Ja mes: l' g' l'es trac s d'iode,
Déjà, en 1848, 11. le doctenr Ilutin avait cherché à
constater la présence de l'iode dans les eaux de Plom-
�-
88-
hières, mais il était arrivé à une conclusion tout à fait
opposée à celle de M. A. Pommip.r.
Telle était, à peu de chose près, l'histoire chimique
des eaux de Plombières , jusqu'au jour où rious avons
exécuté le travail qu'on va lire.
�CHAPITRE V.
NOUVELLE ANALYSE DES EAUX DE PLOMBIÈRES.
Parmi les expériences qui servent de base à notre
travail, les un s ont été faites à.Plombi l'es mArne, du
15 aoM au 15 eptembre 1854; les autres, préparé s
seulement sur l s li ux, ont été complétées dans le
laboratoire de l'Académi impériale de médecine.
Nous avens ain i sati fait au judicieu . précepte, qui
veut que pour donn r l)lus de val 'ur aux analyses
des eaux minérales, elles soient cIe préférence e '6cutées sur plac et, dans certains cas même, à leur point
d'émerg nce. Les sources que nous avon le plus particulièrement étudiée sont: la source du Cl'ucifi ,
la source des Dames, la source Savonneuse, la source
�-
00-
Ferrugineuse et la source Sainte-Catherine. Voulant
en outre connaître, autant que possible, la composition
des lifférentes eaux dont le mélange constitue les
bains en piscine, nous avons procédé à l'analyse de
l'eau des bassins lu bain impérial et du bain tempéré.
Nous avons également soumis à notre examen l'eau
qui alimente les baignoires du bain Romain. Toutes
ces eaux, tous ces mélanges, pl'.ésentent une trésgrande analog'i de natur et de composition, et l'on
peut dire qu'au point de nie chimique, il n'y a réelle. ment à Plombières qU'Ulle s uIe eau minérale, qui est
tantôt un peu plus, tantèt un peu moins çhargée de
principes minéralü.:ateul's, . clan qu'on étudie telle ou
telle so urce. En effet, à part la source Fel'rugin use,
on voit que toutes les autœ:, à de lég'res exc ptions
pré. , offrent les mémes cartée~
physiques et les
mêmes réactions chimiques, ce qui permet, omme
nous allons le faire, de l s confondre clans une de cl'iption générale.
CAftACTftftES ctNftnAUX.
Lorsqu'on nvi age les caux de Plombières sous le
rupport cl l urs pl' pl'iN(': physiques , on reconnaît
qu' lle: jouis. nt d'une limpidité naim nt l'emal'quable, carnct r qn l'on retrouve clans tout fi les eallX
cl la vaUt' . '11 s n'ont ni sa,v ur ni oel Hl' clistin te ~ ;
qu 'kIl! s pel' 'onn s, cl ué s sans dout d'un délica-
�-
91-
tesse p-xquise du sens de l'odorat et du goût, prétendent trouver en elles une très-légère saveur d'infusion de chair de veau, et Lemaire (1) assure que l'eau
des Dames lui a semblé moi.ns fade que celle du Crucifix, et qu'il croirait même pouvoir distinguer l'une
de l'autee, s'il les goûtait au sortir le leur source
respective. Toutefois, il se Mte d'ajouter qu'il ne
saurait rapporter cett différence à une saveur particulière et encore moins l' xprimer pal' un mot déterminé. Le mêm auteur cite un fait que nous inv quel'ons pour prouver qu'on ne ~aurit
trop se défier de ces
appréciations tout individuelles. « Au mois de septem)) bre 1744, dit-il, on vint m'avertir qu'elles pal'ais» saient (les eaux du Crucifix) amères au g'oût, en
» m'invitant à m'en assur l' par moi-même. Trois ou
» quatr personnes m'?yant dit la même chose en
» même temps, j'allai à la fontaine tlesgoùtai; je
les trouvai bien main fades que de coutume, mais
» je n'ai pu constater d'une manière sensible cette
») prétendue amertume: leUI' saveur me parut seule)) ment être semblable à celle de l'eau de la fontaine
») des Dames ... . Je les goûtai derechcfle lendemain
) matin av c attention, mai eUes me parurent n'avoir
)) plus que leur goût ordinaire. »)
jous répéterons donc que nos eaux tllermales n'ont
point d'action particulière sur l goût ou sur l'odorat,
à moins qu'on ne les ait con entrées pal' la chaleur;
dans ce cas, elles acquièrent une saveur aIcale 'cente
. uivic d'amertume, et nous avons pu retrouver en elles
)1
(1) D. Calm t, p. 267.
�92 -
une certaine odeur osmazomÎl]ue qui se rapproche de
celle du bouillon de viande léger. C'est très-certainement une erreur gro::sière gue de les avoir qualifiées
(1). Si, parfois, on constate l'exisd'eaux s~tlrue
tence d'une certaine odeur de gaz sulfhydrique au
voisinage de quelques sources, comme il arrive fréquemment dans les environs de la source du PetitConduit, il faut l'attribuer aux immondices qui séjournent dans ces endroits, et nullemeIlt à la nature des
eaux elles-mêmes.
Toutes ces eaux thermales ont, comme les eaux savonneuses, quelque cho 'e (l'onctueux au toucher qui
rappelle la sensation que produirait une eau commune dans laquelle on aurait dis sou un peu de savon .
La densité de ' eaux de Plombières, ramenées iL 140
centigl'ades, diffère peu de ceU de l'cau di tillée. Quelgues-une' d'entre elles, comme la source Savonneuse
et la ource FelTugineuse, ont un pesanteur 5pécifique moindre, ce qui tient f:\ans doute à ce qu'elles renferment un peu de g·az. Les plus denses sont la source
du bain Romain, cellc du Crllcifix et c 11e de. Dame. .
On peut, du l'este, d'apr:-l le tableau CÜ'c8sé pal'
M. . Gt'osjean, juger d'un coup d'œil des diffél'enc s
de densité qui xistententl'e elles.
(1) CanlJrc, p. 3ô2,
Il Iloto. BOllilloll-Lngrnnge, p. 313.
�-
93-
TeJnpél'll.tnre ct pCSll.llteUl· sl,écHlques tIcs caux
de Plombières.
PESA TEUR.
TF.lI'~1
U(:SIG.'iATlON DCS SOUI\CES.
\TUnE
~
lhrrm. Cl'nti g r.
POIDS
dont il fou l
l
Source du bain Romain ....•..
du Crucifix ou du Ch ene.
du bain des Dames .. .
-
-
-
-
Muller ...............
des 2tuves ...........
Simon ............•.
ùo Bassompierre .. ... .
des Capu cins .........
Savonneuse de Luxeuil.
S:lVO Il Il use du J ardin ..
l ~el"rugins
.........
Eau di stillée .. . ............
63° 40
50 Il
52 GO
32 6t
5/1 40
35
62 (,O
52 50
1R ..
15 50
15
11& "
.
1)
,C'~l
' ~U.
1i8 71
68 70
68 68
li8 68
68 GO
G8 63
G8 63
68 66
68 63
G8 62
68 615
68 66j
l'Ii:S A.:'ô'TErn
sp~(·in
lu
295
295
295
29G
295
2\l5
293
295
295
29:i
205
293
e.
690
680
660
6GO
670
G10
G10
640
G10
600
595
615
La faible différence que nous onstatons ent\' la.
pesanteur spécifique des eaux de Plombièl' s et c 11e
de l'cau di. tillée s' xpliq ue par la tr s-minime proportion de matière. fixes qu' 11 s fourni 'sent aprè
leur évaporation ~t siccité ; elle' re ~se U1bl
n L eu 'ela à
toutes les sources qui, comme elles, sortent de roches
gTanitiques . ~ ous
avons résulÏ1é dan. le tableau suivant les r cherches que plu, ieurs observateurs ont
faites à ce sujet à des époques différentes et assez éloig'uée, les ulles des nnlr s.
�-CjQTableau relU'ésentant les e XI.é ,·le nces taltes pOIU' d étermlllCl' h,.olluuc
cie "ésldu Ox e tOIl"oie IlU" l es e allx dc l ' l olllblè ,·cs .
.
QUAXTITB
1'01 os
DATE
de
des
des xpé-
des
l'eau.
résidus.
l'icncrs.
EII'ÉI1IÜENTATEU"S.
0,320
0,400
0,275
0,1137
0,/135
0,110:!
0,380
0,3 19
0,302
0,250
0,280
1721
1770
1778
1791
1838
1852
1853
18511
1833
1838
18111
0,313
18,;2
1853
Blanchy ct Rouvroy.
René (Charles).
ico las.
Vauqu elin.
O. Hr nl'i.
LhOl'i tier.
Lh el'iti el'.
0, Henri ct Lheritiel'.
H ulin.
H Ulin,
H utin.
Hutin .
1,IH'riticr,
Lh el'Îliel'.
O. ll end et Lheritier.
Gl'osj no .
l.ernain,.
Lemai/e.
Monn '1.
Nicolus.
Dl anchy ct Rouv roy.
Monnet.
1\"O)lS DES SOURCES.
-
---
grul11ll1cs grnnllllcs.
Source du Crucifix e t du Cbêne 1,000
.
-
»
Il
Il
li
-
Il
»
»
..
-
Il
h
Source des Dames . . . . . . .. ..
-
1,000
O,118G
Il
O,aiO
sources thermales.
llassompierl'e . ... .
COllduit. ., . ' . ' ..
Grand-llain ... , ..
1,000
1,000
1.,000
1,000
0,317
0,251
0,1125
0,1125
0,1120
Sourco Savonne use .. . .... . .
1,000
Tontes
SouI'ce
Source
Source
les
de
(lu
du
-
-
-
Sources div
.,
..
li
n
.
Il
e r ~es
ternpél'ées., 1,000
Source rerrugineuse .... . . , . 1,000
-
-
.
li
»
0,
5~
0
0,0110
0,130
0,'1 58
0,170
0,140
0,JG8
0,1151
0,1 25
0,110
0, '120
NO~IS
-
18118
18
~li
1802
1715
1715
1772
177 8
1721
1772
j7iB
1802
18511
1778
1778
»
1802
1854
1\ icola~.
GI'osjcn n.
O. He nri ct Lheritier.
'icolas.
ico lus .
l"où ré,
Gl'osjean.
0, llenl'Î ct Lhe ritier.
Les résultats consig-nés dans cc tableau d6montr nt
qu la miné l'ali. ation d seaux d Plombièl' s ne
subit pas d modifications bi '11 importantes. On peut
voir, pal' cxempl , que la source du rucifix, qui, en
1721, avait donné 0,3.20, a fourni 0,319 e~ 1854. Quant
�-
95-
aux différences plus considérables qui se rencontrent
dans ces résultats, ne peut-on pas les attribuer aIL'\: procédés opératoir'es employés, ou à l'état hygrométrique
sous lequel le poids du résidu a été ùéterminé?
Lorsqu'on évapore l'eau des sources miné l'ales de
Plombières pour ohtenir les principes fixes alins qui
les imprègn nt , on remai'que certaiùs l hénomènes
parfaitement décrits pal' Lemaire; nou allons les
exposer :
Le liquide reste d'abord très-limpide et lég'èl'ement
alcalin au papier de tournesol rougi. A mesure que la
concentration marche, ce caractère d'alcalinité, ainsi
qu'on le pl' voit aisément, se prononce de plus en plus,
Plus tard, l'eau se trouble progressivement par l'apparition au milieu de sa masse de petits flocons blancs
et comme lanug'ineux; puis il se forme à sa surface
une sorte de pellicule membl'aniforme qui, lorsqu'on
la brise avec l'extrémité d'un tub, se divise en petites
lames minces, transparentes et brillantées,
• i l'on pousse l'évaporation plus loin, la liqueur
deYient jaun~tre,
et elle exhale une od ur qui a quelque chose d celle du bouillon. Lalaisse-t-on r froidir,
lIe sc prend en une véritable gelée, pourvu que l'opération n'ait pas été trop brusquement co duite.
Enfin, lorsqu'on d ssèche avec précaution, on obtient
en petites écailles miuces et
un l' siùu blanc gl'i ~tL'e,
feuilletées . C produit, traité pal' l'eau di tillée, e t
amer et très-alcalin; sa dicsolution, filtrée et abandonnée ur des lames de verr, laisse apI' s l'évaporation spontané , de beaux cristaux pri matique de
sulfate de soude, avec quelques cubes ûe chlorure de
�-
96 -
sodium, qu'on reconnaît à la loupe au milieu de la
masse.
Ce résidu contient en outre beaucoup de carbonates
alcalins et quelques carbonates terreux; mais si l'évaporation est faite dans une cornue, à l'abri de l'air
atmosphérique remplacé par une atmosphère d'hydrogène, le résidu de l'opération (1), introduit sous le
mercure, ne fournit aucune bulle de gaz cal'bonique
au contact d'un acide; il se fait seulement un mag'ma
gélatiniforme siliceux:,
Lorsque, au contraire, on introduit un courant d'acide carbonique tians uue solution de silicate de soude,
l'acide silicique est bientôt éliminé sous forme de gelée, et le liquide fournit du carbonate, La même chose
arrive quand on laisse une solution silicatée exposée
à l'air, SUl' des assiettes ou dans un bocal à large ouverture, es essais d montrent que si dans le résidu
fixe obtenu par l'évaporation à l'air libre des eaux silicaté s de Plombièl'e , on trouve con tamment des
car onat , res carbonates ne sont que de tonnation secondaire et qu'ils pl'oviennerlt de silicates primitifs.
L'action des réactifs sur l'eau minérale au sortir
de ~ 0Ul'
es presque id ntique pOUl' toutes, ne 'e manife te tout fois, dans la plupart, qu'après quelques
mom nts de contact:
1° L papier d tourne:ol rougi e t pl'ogr s ivement ramené au bleu, - Cette réaction sc manifeste
(1) Exception ruite de ln ~ou
r e Snvole~
eL de la so ure I,'crrugincu8c, qui contienll 'nt d l'ncide lu bollique eL des ('al'bonates,
�-
97-
assez rapidement quand l'eau est chaude et concentrée.
2· Le sirop de violette et celui de chou rouge sont
verdis.
3° Le chlorure de baryum indique la présence de
sulfates.
4° L'azotate d'argent acide décèle l'existence des
chlorures.
5° Le phosphate de soude détermine lentement une
due à la chaux, et le liquide
teinte louche, blanch~tre,
filtré et additionné d'ammoniaque fournit un nuage
floconneux de phosphate ammoniaco-magllésien.
6° L'oxalate d'ammoniaque produit un trouble blanc
très-lég'er.
7° La potasse amène un effet semblable.
8° L'ammoniaque liquide développe un nuage blanc
très-lent à se former.
9° Le tannin et le chlore ne fournissent rien à
noter.
10· Le chlorure d'or prend, par réflexion, une coloration violacée peu intense.
11° Une solution bleue d'iodure d'amidon est compIN ment et assez rapidement décolorée.
12° Quant aux acides, ils· produisent dans l'eau des
phénom \1Ie8 nssezintél'es, ants à connaître. Verse-t-oll,
par exemple, un lég'cl' excès d'acide sulfurique pur
dans l'cau minéral pris à son point d'émergence, il
n se dégag'e aucune blùle, il ne se fait aucune effel'v scence, mais l liquide l1renü un aspect légèrement
palescent; t si on le r g'arde attentiv ment à une
vive lumière, on y voit nager une grand quantité de
p tites lamelles ou de fragm nts diaphane:; qui, après
,
7
�-
98-
un repos de 24 ou de 48 heures, se précipitent au fond
du vase, où ils forment un léger dépôt blanchMre. Ce
dépôt est dft à de la silice qui provient, nous le répétons, d'un silicate alcalin primitif dissous dans l'eau.
Plusieurs corps, tels que la potasse, la soude, la lithine, l'alumine, l'oxyde de fer, le fluor, l'acide botique, l'arsenic et l'iode, ont 6té l'objet d'expériences
particulières que nous aUons décrire. Nous les avons
recherchés dans les produits concentrés d'une gTande
quantité de liquides ou dans les précipités obtenus pal'
des sels de baryte, d'argent, toutes opérations exécutées par nous à Plombières même.
Nous y avons fait aussi l'examen ùes gaz qui se dégagent d quelques unes des so urces, ainsi que celui
de l'air et des vapeurs de l'étuve d'Enfer, et de la matière végéto-animale dépo ée sur la roche de la SOUl'ce
Muller.
RECHERCHES QUALITATIVES ET QUANTITATIVES
DE
CERTAINS
PRINCIPES
MINÉRALISATEURS
PRÉSUMÉS OU EXISTANT DANS LES EAUX DE
PLOMBltRES .
Acide carbonique et cnrbonates. - A l'exc ption des
so m'ce F rrugincu
t avonn u , les eaux min6l'al s d' Plombi l' s, prises ci leur point cl'cmcrgl'nce, ne
fou missent aucun trac d'aciùe carboniqu t ù carbonate ',àll1oin 'qu'oun l sait onccntrép, ' àJ'ail'libl' .
�-
99-
•
Déjà, Nicolas avait signalé ce fait sans en donner l'explication (p. 65 ). Dans une analyse publiée par l'un
de nous, il y a plus de douze ans, et que nous avons
relatée précédemment (p. 8-1), il est question, à la
vérit6, d'acide carbonique et de bicarbonate; mais il y
eut là une erreur à laquelle donna lieu l'emploi ù'un
mode opératoire dé3avantageux dans cette circonstance. Voici ce qui fut fait: on ajouta un léger excès de chlorure de baryum dans un poids d'eau
déterminé; on recueillit le précipité formé, qui fnt
lavé <'oigu usement, fortement séché, puis pesé. Dans
cet état, on le traita par l'acide chlor:Qydrique pur, et
le résidu, lavé et séché, fut pesé de nouveau. La perte
en poid qu'il avait éprouvée fut considérée comme
produite pal' du cm'bonale de baryte) tandis qu'elle
était due l rincipalemeni à du silicate.
Revenons maintenant à notre analyse.
Nous avons employé, à la recherche de l'acide carbonique libre, ou formant des carbonates, un poids
déterminé d'eau sortant de la sour cc ; nous l'avons
traitée d'abord pal' l'action de la chaleU!' seule, puis
pal' l'addition d'acide sulfurique, afin d'eu dégager le
gaz sous le mercure et ùans un apparcil approprié,
cHI il, l'un de nous (1) . Le produit, mesuré , après les
cOl'rections voulues, a été transform6 en carbonates t
en bicarbonates, mais la Fomce Savonneuse est la
seule qui ait foumi c produit.
Phosphate et fluate. _ ous avons ajouté dans 70 k.
ù' au du Crucifix un lég l' xcès d chlorure de ba-
(1) Jou1'ILal de p{w1'1I1(Ccle, 18511.
�-
100 -
ryum, et nous avons recueilli le précipité, après l'avoir lavé convenablement. Ce précipité, fortement
séché, fut mélangé avec de l'acide sulfurique pur
clans un creuset de platine, recouvert d'un verre de
montre très-net, qui fut trouvé terni et dépoli sur
plusieurs points, après qu'on eut chauffé ce mélange.
Cet effet ne peut être attribué qu'à de l'acide fluorhydrique.
Le résidu acide, trouvé dans le creuset, et délayé
dRns de l'eau distillée et filtrée, précipitait par l'ammoniaque en flocons LIan cs gélatinifoJ'mes . On y mêla
un lég'er excès de sulfate de soude, on filtra de nouveau et on rendit la liqueur neutre; additionnée alors
de sulfate de mag'nésie ammoniacal, eUe donna
bientôt un précipité de phosphate ammoniaco-ml1gnésien (1).
Vauquelin, dans la belle analyse qu'il fit de l'eau
de Plombières expédi e à Paris, émet l'opinion qu'il
n'y existe pas de compo. és fluoriqu s. Si nos essais
nous ont pel'mis de soupçonner le contraire, c la tient
sans dout à ce que nous avons lJU opér l' sur des
produits obtenus d'une très-gTande quantité d'eau minérale.
ous avons ajouté à 15 kil. d'eau du
Iodu re. Crucifi et de la source des Dam s , une petitc quantité de lessive de potasse pur préparée avcc la chaux
t le bicarbonat potassique très-bicn cristalli é. Ctltte
(1) L'un do nOli s avait déjà. employé ce mode Ù'illV st igati on ùan s
l'analyse de l'au ScùoulmaLL, n 1852 ct 1~53.
(lht~in
de l'Aca•
démie de médecine, pages 1007 ct 1008.)
�-
101-
lessive, essayée à part, ne donnait aucun indice d'iodure. Lorsque le mélange ci-dessus a été évaporé et
réduit à 50 ou 60 grammes, on l'a additionné d'alcool
rectifié cl1aud, et l'on a filt!';' . La nouvelle liqueur a
été évaporée à siccité et calcinée; puis le résidn, après
la calcination, a étél'epl'is pal' l'eau et neutralisé avec
réaction acidule . Alors, on y a ajouté une solutiou
claire d'amidon, et, au bout d'un tube, un peu de
chlore ou d'acide hypoazotique. Cette addition a donné
lieu à une teinte un peu rosée que nous présumons
produite pal' une trace d'iodme.
Acide boril~te
(J~b
hOl·alc . - La présence de l'acide
borique coïncidant fl'éq Llemment avec celle des prbduits micacés, et les micns abondant eux-mêmes
dans les l'oches de Plombières, nous avons cru devoir
rechercher cet acide dans l'eau qui les traverse. TOUS
y avons procédé de la manière suivante: 12 kil. d'eau
min' raI ont été évaporés avec soin, filtrés et réduit!:!
à 25 gr. environ. Cc résidu, additionné d'un légel'
excès d'acide sulfurique, fut abandonné au repos.
Quelque temps après, il s'était formé de petites lamelles, h côté de crü,taux de sulfate de soude. Ces lamelles, recueillies f"Ul' un v rre de montl'e, ont été dissoutes dans l'eau distillée à l'aide de la chaleur, mais
e11 s n'ont pas tardé à reparaître avec le l'efroidissem ·nt de la liquel1r. On les a traitées alors par l'alcool
bouillant, et en brûlant ce véhicule, on a reCOllnu dam;
la flamme de refiets d'une nuance ver le non douteus ;
d'où l'on a pn pré"umer l'exi:trnce de l'acide borique.
Arsenic. - Après les travaux que nous avons m niionn(>s plu::; haut, la présence de l'arsenic ne pouvait
�-
102-
être pour nous l'objet du plus petit doute, et nous
aurions pu négliger de nom en occuper spécialement,
si notre but principal n'avait été de rechercher, aussi
rigoureusement que possible, à quelle dose il se trouve
dans les principales sources de Plombières. N6us
nous sommes Eervis pour cela d'un procédé nouveau,
ou plutôt d'un mode d'analyse modifié par l'un de
nous, et qui sera prochainement publié en détail. Il
consiste à transformer l'hydrogène arsénié en acide
arsénique, sans perte, à recueillir ce composé et à le
convertir, avec toutes les précautions po ~s ibles,
en
arséniate d'argent pur, que l'on pèse ou que l'on appl'écie à l'aide de liqueurs titrées.
Nous avons employé, pour cette recherche, le produit
de l'évaporation de 30 kil. d'eau des principales
sources, du Crucifix, des Dames, Savonneuse. - Et
pour la source Ferrugineuse, nous nous sommes servis
d'un poids connu du dépôt ocracé, purifié et sé hé.
L s liquide ont été réduits h un très-petit volume
t convenablement carbonisés par l'acide flllflLl'jque
pur, afin de clétruil'e toute la mati l'e oJ'ganifjue. L s
résidu!', traités alors par l' all bouillante, ont passé
par l'appareil de lITal'.l1 et par notr méthode . .Du
poids d 's arséniates d'al'g' -nt obt nus , on a déduit,
pour 1,000 g'J'am. d'au, c lili d l'acide arsénique, que
nous considérons h l'état d arséniate d 'oud t portons comme tel; dans l'eau fel'l'llgineu ,il est noté à
l' 'tat d'al' éniat ùe fer,
�-
103-
Tableau cie l'al'I'!cnlc eontclIlI claus les eaux de Plombières,
éntlué ell 111'séulnte cI'llI'gent,
sounce
tIrs
IH 'I~S.
SOUTICE
SOU RCE
CRUCIPIX.
SI"C \TIIBRIN'"
SovOnneU!!f
EAli
Il.IU
EAU
sounCR
du
-
-
EAU
d!~
-
-
SOUIICll
Fcrl1ginu~
-
EA
1,000 gra m. I.COO g rom. 1.000 grnnt. 1,000 gr[llll . 1,000 gro lll.
-
o BSER V A TI O:iS.
AI1 SÉN IATE ATISÉNIATF. AnS[.:N TATE AIISI::NlAT r. ATISliNIATE
do
010
~OUI)E
SOUUE.
.
tlo
SOI'IlE.
do
du
F B n.
SOC h&.
, 50' X ! HO
150' X! !l0
0,00070
0,00000
ou
ARSENIC.
Vurscnic l1 t6 considéré li l'étot de sal .'odi~
t'n rllisc'1Il de )'ulca Unit(! de l'eo ll des quotrt
prclnlèrl's SOUfces - cl
,', N'lui (t'arSl:~Ife
de (el
IInns la cil1qu~I
• i,
que,
GrollllllC!I.
ou
AnSE~IC.
O,OOOGO
0,00040
0,000119
Ou
ou
ou
ARSENIC.
..\nSENIC .
ARSENIC.
Grllnuncs.
GroulIncs.
Grammes.
GrOOlIn s.
0,00028
0,00024
0,00024
0,00020
rnuse Ù(~
ln t"ndunc que
Illonlre l'ursrnic Ù ~'u
,'l c méta l , quuud il
en fontocL avec lui.
Gr8tnlC~.
nÏl
C!I {
O,OOOlG
Il résulte de ce tabl au que la sourc des Dames e t
celle qui contient le plu. d'al', enie; après elle vienn nt, au mm' titI' ,la sourc du Crucifix et la source
,'ainte- athel'ine, puis la source Savonneu e, et enfin
la source Fcrrngincuse.
Lil/âne, J ous avons voul Ll avoir si la li tbine, annoncé déjit pal' r. Deliessie dans les g'I'anites des
Vor::gcs, fie trouvait anssi lans l'eau minérale; nous
avon donc l' 'duH à un petit volume 12 kil. d'au du
Crucifix; et apl'ès avoir neutralisé la liqueur, à l'aide
de l'acide sulfurique pUI', nous en avons .. épal'6 pal'
filtration la silice gélalinifol'ID ,et nous y aYOl) ajouté
un léger excès d .'oude pur, Le liquide, filtré de
pouv 'au et tl'ès-clair, a été additionn6 de phosphate
�-
104-
de soude. Il s'est produit un précipité floconneux blanc
que nous avons recueilli avec soin sur une petite
mèche de coton. Ce dépôt, séché sur un verre de montre, fut à son tour traité par l'azotate d'argent étendu,
et l'on 'filtra. On enleva alors l'excès d'argent par de
l'acide chlorhydrique, versé goutte à goutte, et l'on
évapora la nouvelle liqueur, qui donna un résidu que
l'on chauffa avec de l'alcool rectifié; -on filtra encore
une fois, et la partie alcoolique évaporée laissa des
cristaux nets, attirant un peu l'humidité de l'air,
communiquant à la flamme de l'alcool une couleur
rouge pour]Jré, précipitant en blanc par un carbonate
alcalin et par le phosphate de soude, caractères qui
dénotent évidemment l'existence de la lithine.
Soude et polasse. - Ces bases sont assez faciles à
reconnaître; nous les avons même dosées, afin d'avoir
des contre-épreuves de nos essais, et nous en avons
fait autant pour la silice, l'acide sulfurique, l'acide
chlorhydrique ou le chlore, à l'aide des méthodes connue, dans le détail desquelles il ·eraitinutiled'entrer.
POUl' la potaf;se et la soude, on a pri -.; 15 kil. d'au
minérale qu'on a concentrée, filtrée, neutralis e par
l'acide sulfurique pur, et évaporée de nouveau jusqu'à
sicci té. Reprcnant alors par l'eau pure ti de, nous avons
obtenu une nouvelle liqueur que nous avons encorefiltrée, t qui :t été évaporée totalem nt, pour calciner le
ré iriu avec un petit excès d carbonate d'ammoniaq ue.
Le produit de la calcination était formé de sulfate de
soude et de potasse. On l'a pesé et traité par le
chlorure de platine qni a donné le scl double cl
potass l'prés ntant cette base. La soude a été appré-
�-
105-
ciée pal' la différence dans le poids des deux sulfates
ci-dessus iudiqués. Le sulfate de soude cristallisa, du
reste, avec tous ses caractères, et il fut très-facile de
l'isoler et de l'apprécier dans les produits de l'analyse
de chaque source.
defer, de manganèse, de titane. - L'oxyde de
fer qui minéralise l'eau ferrugineuse et'que nous avons
do é dam~
cette eau, ainsi qu'on le verra plus loin,
existe en traces fort légères dans toutes les autres sources de Plombières, à côté de la silice et de l'alumine;
nous n'avons fait qu'en signaler la présence. Quant au
mang'anèse et à l'acide titaniqu , nous les avons vainement recherchés dans le dépôt ocracé de la source
Ferrug'ineuse.
Oxyrl~s
Alumine. -- L'alumine suit la silice, et elle apparaît
surtout clans 1 s produits de l'altération du feld path
(les 'wnites (mati re savonneuse} Nous l'avons
appréciée par le moyens mis en umg- ordinairement.
Matière organisable. - l1Tn.tière pseu(lo-ol'ganique. Glairine, matière bitumineuse des anciens, zoogène, etc.,
etc.
Cette matière se présente sous divers état" : tantôt
eU est tenue en di.;solution dnn l'cau, et ne n'apparaît que dans le cours d certaines opération ; tantôt
e11 ~ est libr ,et on peut la r cueillir sur la roche gl'anitiqu ,où lIe se dépose spontanément. ' st ain i
qu'on la trouv dans la gTotte Mull l', au point d'ém l'g-ence de la source d cc nom. Duns cc cas , eU
so
,
montre ROUS la forme d'un substance 11 lIqueuse d'un
�-
106 -.
blanc grisâtre> sans saveur ni odeur, onctueuse au
toucher, et ressemblant assez à du blanc d'œuflégèrement épaissi. Si on l'agite arec de l'eau, elle perd sa
forme de magma muqueux et "'e divi'e en flocons
abondants, qui se précipitent lorsqu'on laisse reposer
le mélange. Elle ne cède rien ·de sensible à l'alcool rec·
tifié bouillant; mais, traitée par l'eau pure, elle lui
cède une matièrejauntitl'e; et si l'on soumetle liquide à
l'évaporation, illaisse une sorted'enduit de couleur ambrée, brûlant au feu avec une odeur pyrog'énée manifestement ammoniacale, se charbonnuntparl'acidesulfUl'iq ue chauffi ,et fourDissant, all'ècl la carbonisation,
quelques vestiges .de sub. tances fixes s aline
~ , alcalines
au pal ier de tournesol rougi, t mêlées a,ec de la
"'iUce.
L'eau additionnée de potasse n l attaque qu'incompIétement: il reste après IJ tmiiement un magma gélatineux formé de silice, encore imprégné de matière
ol'g'aniq ne, cal' il se charbonne par l'acide sulfurique,
En évapotant la liqueur, on la voit devenir jal1nMre et
de plus en plus foncée; elle sc comporte comme les
eaux minérales de PIorD bières e11 S-ID ~ mes
(lui, limpides et in 'olorei', prennent, p ndantleur concentration,
une tinte ambrée d plus en plus int ns , à In sure
que l'al 'aU qu'elles conti nn nL an'it plus énergiquement lU' la matièro v géto-animale di. "'oute.
La l1~me
[q II Ul', saturée pal' cet acide, abandonne
à l'alcool un peu de matière ol'ganiqu , et il en reste
encor av c le sel soluble dans l' au t ayec la siliC'c
F6p:ué à l' >tat insolnble.
n p ut OJ1l" Cl'V l' P ndant longtelllp: tte matièl'
ol'g'aniqu sans Cl n'clle subisse aucune altération. Nous
�-
107-
n avons qui date de deux années, et qui se montre encore avec toutes les qualités qu'elle possédait quand
nous l'avons recueillie; cependant il arrive quelquefois qu'rHe prend à la longue une légère nuance l'osée,
et qu'elle lai!'se dégager une odeur sulfhydrique trèsmarquée, ce qui tient sans doute à la r action de son
l)rincipe org'anique SUl' les sulfates qu'elle peut contenir,
Yue au micro cope, ne se présente avec l'apparen e
de ma 'S s grisi\tres, amorphes, au milieu desquelles
on déco uv!' de: cri taux aiguillés, et qu lquefois de
petits animaux infusoires, tantôt globuleux, taJ.ltôt oblong" suivant les mouvements qu'ils exécutent, Ils
circulent autour des îlot de matière végéto-animale,
~l la mallière des poi~f'n:
; rUile !le leurs e ,trémités
plé!'ente un petit appendice qui paraît leur!' l'vil' de
t ntacllle: le bord de leur corps est plus transparent
que l milieu, dans lequel 011 dü,ting'u des g'loùlll s
opaques, janntttrc.. ur quelqnes points, lloil'l\tI'es SUl'
d'antre ,C s infusoirf's accom pli!'. ent plusi urs sp ces
cl mouyemenh;: ils tournent qnelquefois SUl' enxmêmes comme une toupie; d'autre: foi. ils l' l' plient
à la mani r des sangsues; on le voit cl venir !l'loùuleux Inu' la contraction de leurs extrémilés, ou s'allonger pOUl' p;t~ser
entr cl ux orp::; qui leur font obstacl ' Tou s n'onL pas la m 111 g'ro. ~ >l1l'; l 's plus petits sont plu. transpar 'l1tS t s'agit nt av c plus de
Ils s'abordent quelquefois
vitesse qu le,' pIns gro~,
entr eux et tonjour::; par leur extrémité tactile, eL cl s
qu'ils vi nnent 11 sc ton cher , ils e r tirellt nus. itôt il,
reculow; av c nn rapidité e.' traordinair .
'i ou cl s 'èche la matièr pl' uclo-ol'ganiC).u , elle
�-
108-
prend un aspect corné, devient demi-trausparente, et
perd une gTande partie de son poids: alors elle ressemble beaucoup à une lame ùe gTenétine sèche, Lorsqu'on la calcine, elle laisse un résidu principalement
composé de silice, et pendant l'opération elle fournit
du carbonate d'ammoniaque, de l'azote, du carbure
d'hydrogène, de l'acide cartonique, et de plus un peu
de soufre t d'hydrogène sulfl1l'é, si, avant de la soumettre à l'analyse destructiye, on n'a pas ' eu la pré~se
L' totalement du sulfate de
caution de la débar
so ude dont elle est imprég'née,
Le magma gélatineux que l'cau de Plombières dépose f:pon1anément ~ Ul' hl roche paraît C:tre constitué
en majeme partie par de la .. itice Itydralee, provenant
de la décomposition des gTanites, et par une matière
organique particuli re, a:.;olée, flui e t sans doute l'origine de l'oscillaire qu l'on trouve dans plusieurs eaux
minérale:, et particulièrement à Plombièr s,
'
La matière p"eudo-ol'g'anique en clisf'olution apparaît pendant l'évaporation de l' 'au minéral , à laquelle
e11 donne une couleur jaun ambré et quelquefois
tout à fait brunll.tre, Elle s attach à tous les produits
d la 'oncentration, pnl'ticulièrement à la silice, Quand
par exemple on n utl'ali e par l'acide sulfurique une
certuine quantit6 d'au th l'male COnCGIÜl'ée, il s' 11
r.:épul'e des flocolls do .. ilice fortement olorés n lJrun
pal' cett mati rI,; org'aniqu , qne l'on p ut 'nI v l' n
parti , II traitant ces flocons, préalabl ' ment s6 'Ms,
pm' un(' lessiv alcaline faible, La liq U lit' qui les a
fournis cons l'VC ncorc nn certain quantité cl' cettc
mati\re; aUf'si elle l'cst
olol'ée en b1'1.111 clait', 1, i
l'on y Hjoul un16g"l' excès d'a 'ide, 11 donne d
�-
109 -
nouveaux flocons de nu ance plus foncée que les précédents, également accompagnés de traces de silice.
Cette matière se rapproche infiniment de toutes
celles qu'on trouve dans beaucoup d'espèces d'eaux, et
qui sembl nt avoir pour origine l'hwnus, d'où dérivent
les acides humique, griique, créniquc, etc., etc., encore
imparfaitement définis . Dans l'eau ferrug'ineu se, elle
joue un rÔle à côté du fer, ainsi qu'il arrive dans l'eau
de Forg'cs, en Normandie.
La recherche des autres principes qui minéralisent
le. eaux de Plombières a été constamment faite SUl'
10 kil. d'eau de chaque source, évaporée stlr IJ/ace avec
le plus gTand soin, et ram née à un poids de 2GO cL
300 grammes de liquide. Tous ces produits de concentmtion présentaient le même aspect; ils avaient une
teinte l)lus ou moins ambrée, et ils offraient un dépôt
siliceux blanc ou gTis~tre,
quelquefois en flocon!',
qu lquefùis en petites plaque: lamelleuses membranifonnes.
Disons de suite qu'en regard des chiffres qui inùiquent les ré. ultats fournis pal' l'analyse, nous en avous
placé d'aut!' s qui, sous la dénomination <1 'composition
nttionnetle, l' présentent tftrioriguemcnt el rationneLLement
la constitution de l'eau minénle intrlCte, prise à son
point d't!me l"yence. Ce double l)oint de vu ous leCluel
nons présentons nos résultat::; ne saurait paraître
ina Imi!:'sible, pui qu'il st reconnu qu' . l'tains produits obtenus par l'évapomtioll d l' 'au iL l'air libr ,
l's carbonates surtout, ne préexistaient pas, et qu'ils
proviennent seulem 'nt cl la décomI osition des silicates primitifs. L'un de nou ' avait Mjà vu des faits
analogues se produir à propos d l'examen chimique
�-
110 -
des eau.."\: d'Évaux et de Sail-lez-Cbàteau-Morand, et
l'on peut présumer que beaucoup d'autres eaux qui
sortent des tel'l'ains gTanitiques sont dans le même
cas.
COMPOSITION DE L'EAU MINÉRALE DES PRINCIPALES SOURCES DE PLOMBIÈRES ET DE CELLES
DES DIVERS
BAINS
DES
ÉTABLISSEMENTS
THERMAUX.
COlllllOsitioll (lc l'cau luiuél'alc cIe hL source du
Crucifix ou elu Chêne.
CO.II POSlT!
COli POSITION FOunNIll
Qu,\;\rnHS
Grammes
GrlllnlllCS
Ac ide si licique (silice). 0,0080
Alumine. , , • , , , 0,0120
Carbonate avec silicate
de soud
, 0,0/134
Sel de potasse (c:.ll'b , et
silicate), , , , , , 0,0080
Chlorure de sodium, • Ol " O
_
de potassi um, ' 10
Sulfate de so ude (supposé anhydre) , , • 0,0810
Ctwbouut {de chnux ct
de magnés, 0,0410
Silicate"
Oxyde de 1er (sesquioxyde), ,
traces,
Phospll llte,
, s Ilsib lo
Li thin e
id em ,
1
J?]UOI' '1.
A ide bOl'Ïque
'1
Iodul'c,
' indices.
Mlltièl'C orgnll iquo azoté
. , , "
0,0200
Principe arse/lic({I ", 0,000 2/1
°
T tal
, 0,318Cili
li
Ol'Al';TITY.S
H\'rIO~"ELR.
Acide silicique ,
, 0,0200
Alumin e . , "
,,0,01 10
Silicalodo ouclo(3NAO
+2510 3 )
,0,0518
Silicate d potas'u , ,0,0 (1 80
,,
{cie chaux , ' 0 04" ,
slhcales
ùe magnésie, ' ~.,
Chlorure de sodiun~
, '0 0450
de pota SlUm , '
Sulfate du soude (sup]Jo 'é anhydl'c),
, 0,0810
,O,OOOCi
Arséniate do soudo
Oxyd ' de fCl' ,
, tU"1 ...,.
l'ho. pllllle terreux,
, lrl...,,,,lb,
Lithino
' trl.-".. II.
Jodure.
, indices,
Acide bOl'Îquo ou bol'ale,
?
?
Flu ol' Oll filiale,
l\lMi'.l'o organique azotéo
, 0,0200
Tot.al
. 0,2838
II)
(1) 1. 1IuRIIlI'nllltlnn vll 'nt dc' lu rnrlllntion ,!l'B ('ul'hoJ1nLl'S HUX d('pcns li 8 silicate,
tn 'I1r L'Ul(S l'n u& 'lutH y uit «!lClUte lu'rte CIl I,Urc.
�.
11'1 (;ompos ltlon de l'call dc Il. s on,'ce .nlnéo'ale tic la
sOUl'ce tics Dnme!il .
COMPOS I 'rIOI(
CO!lPOS ITIOll FOUI1NIE
QUANTl~.
:S
11
\TJ
O ~NnLH
.
QUANTITts
11--------------:-----1--------------:----GrOllllll CS
Acide silicique (silice) . 0,06j5
Al umine ....... . . ... 0,0100
Carbonate de soude
avec un peu de silicate sod ique .. . . , .. 0,0700
Sel de potasse (sili cate
ct carbonate) . . . .. .. 0,0040
Chl ol'ure de ~odiur.n
... 0 0360
de potasslum .\ '
Sulfate de soude (SUp-1
posé anhydre) .. . .. 0,8~
C:ubo nate de chaux ... /) 0300
de magnéslC(1 ,
Iodure? .. .. ........ . indices.
Oxyde de rer ( esqui oxyde) ... , . .. ... .. sCIlsiblc
Pho phal .. . . ... . . . . lrès·"oslh.
Lit hi ne .. . .. .. , . . . . .. Idem.
Fluor? ou fluate . . . .. .
?
Acide borique? ... . .
?
Pl'Ïncipo arsenical .. . , 0,00028
Matiùre organique azotée .... , , , .. , . . .. , 0,0200
Acidu silicique. , .. . , . 0,0116
Alumine . .. , ...... .. 0,0100
Si licntc de soude . . ... 0,0818
de potasse ... . 0,0040
Silicate de chaux ..... . 0 0320
de lllagnésle. . '
Ch lolllre de sodiu.m .. 0 O"GO
de potass1l1m . ,v
Sulrate du soude (upposé unhydl'e) . .. .. . 0,0820
AI' éniale de soude . ... 0,0007
l odul'e .... . ... . . . . .. indices.
S ( '~qnioxycle
de rel' . . .. sensibl e
Phosphate . . ...... . , . sensibl e
?
l'Iualc " ... . . , .. . . . .
Acido boriq lie ou bor,\le . . .. . . .. .. . . . •
?
!\taLlere organique azotée ... . ..... .. . . . . , 0,020 0
~
TOTAl. ... •• •• 0,31778
TOTAl. .•••. .• 0,2781 1
SOUll CE El' lIIAl' l l!; I\ E SAVONNE
:ms.
Les soutces savonneuses ém l'g' nt d roche g'l'anitiques porphyroïdes, au milieu desq u 'nes paraissent do
l10mbr nx filons ùo chaux fluatéc, de baryte et de
�112quartz, des veines d'une substance feldspathique de la
nature deseurites, et des filets d'une matière blancMtre
ou rosée, quelquefois noir!l.tre et tachetée de fer olig'iste. C'est de cette matière gTasse et douce au toucher, appelée savon minéral, que les eaux dont nous
parlons ont tiré leur nom d'eaux sa1)onneuses,. mais
cette substance n'est point particulière aux roches d'où
sortent ces eaux, et nous savons, d'après le témoig'nage
des anciens, qu'on la retrouve tout aussi abondante au
sein de celles qui livrent pa 'sag'e aux eaux thermales (1). En effet, en 1'730, lorsqu'on fit la chaussée
avant cette époque, en l'710, lorsd'Épinal, et m~e
qu'on répara le bain des Dames, on remarqua dans les
fentes du rocher d'où jaillissent les eaux chaudes, à
côté d'une boue roug Mre ou noir!l.tr , des morceaux
de savon tout à fait semblables à ceux qu'on r ncontre
dans le voisinage des eaux froides savonneuses proprement dites (2).
Le mode de formation de cette substance savon neuse nous paraît avoir été parfaitement expliqué pal'
M. Puton, deRemiremont, dans lemémoir intéressant
qu'il a publié sur le.3 métamorphoses et les modifications des l'oches. Quant ~t sa constitution chimique,
ell 11'0. pas manqué de pl'éoccup l' les anci JUS auteurs.
falonin Yoyait en Ile unc comùinaison entre une terre
absorbante et une huile de pétrole, d'où l'é 'ultait une
espèce de savon qui, dissous imperc ptiblem ut dam;
les eaux, les rendait adoucissant R, tempérantes et
(1)
Duchanoy. Essai st!r l'arl d'imitcl' les call.& minérales,
p.21&1.
(2) D. Calmel. 1I1c'1)1oil'c de .Lemaire, p. 253.
�-
113-
apéritives (1). Morand la considérait comme une argile
endurcie qu'on retrouve nou-seulement auprès des
sources, où elle est le plus abondante, mais encore dans
les pierres schisteuses des environs.
Berthier, à une époque moins éloignée de la nôtre, a
fait un examen détaillé de cette matière savonneuse;
il a vu qu'elle était composée de silice, d'alumine et
d'un peu de mag'nésie . Celle que nous avons eu à exa
miner se présentait sous deux formes différentes,
tantôt assez semblable à du fromage mou, tantôt en
masse plus consistante, pesante, compacte, luisante,
polie et douce au toucher comme du talc. Au sortir de
la roche, elle cède un peu sous les doigts; mais lorsqu'on la conserve pendant quelque temps, elle se sèche
sans perdl'e rien de son poli ni de !:on onctuosité. Si
dans cet état on la laisse tremper dans l'eau , elle se
ramollit, devient grasse, tant soit peu limoneuse
et gluante, sans se dissoudre entièrement. Elle offre
plusieurs variétés de couleur j le plus souvent elle est
totalement blanche j d'autres fois, elle a une couleur
noisette ou tout à fait roug'eMre; dans quelques cas
enfin, sa surface est d'un gTis moi~
tacheté de points
noirs. D'après nous, l'alumine et la silice en font à peu
près les 90 ou 92 c ntièmes; le reste est constitué par
de la chaux et de la magné ie en partie carbonatées,
par d l'oxyde de fer et quelques sels insignifiants. A
l'état sec elle a donné:
(1) Vallorius I:.otharingitu. AJ/II/yse des cal/::r savonneuses cie
bières.
8
Plom.
�-
114 -
Acide silicique.. . .
Alumine . . . . . .
Car'bonates terreux ..
Oxyde de fer.. . . ,
Chlorure et sels insignifiants.
30,01
61,43
5,71
2,85
traces.
100,00
Les auteurs qui se sont occupés le plus anciennement des eaux thermales ne font aucune mention des
sources savonneuses. Il parait, en effet, qu'elles n'ont
été découvertes qu'en 16 0, et qu'on les négligea
même jusqu'en 1683, époque où J.-B. Alliot, médecin
de Louis XIV, commença à les mettre en usage. Ces
eaux sont toutes sans odeur; leur saveur diffère peu
de celle de l'eau commune. Toutefoi', quelques palais
délicats les trouvent douceatres, ce que Zuing-er, en
parlant d'elles, exprime par l'épithète de subdll lces (1).
Leur limpidité est un peu moins parfaite que celle de
l'eau des fontaines ordinaires ou des sourc, s minérales chaudes, surtout pendant les temps de pluie.
Vues par transparence, elles ont une lég'ère nuance
opaline qui permet à l'œil exercé de les distinguer dc
ces dernières, et qui tient à quelques atomes ùe silicates cal 'aires qu' Hes ont entraînés. ans doute la
même substance contribue, avec le silicate de soude et
l'alumine, à leur communiquer cette onctuosité à laquelle se rattache leur nom.
(1) Zuillgol', Thèse, chap. 3. S. V.
�-
115 -
COlllpos ltiOD d cs ClItl X d e la s ource Sa"ODn CUSC .
COMPOSITIO N FOUn NIE
C OMPO S ITION
QUANTIT(:S
l'Ali L' EX I' ÉIlIENCB.
Q Al'I TITÉS
1-------------:----1----------------Grnm mcs
Acide i1i cique (sillce). 0,0340
Alumin . . • . • . . 0,0140
Cm'bon a te deso ude avec
. 0,0240
l'estes de ili cate
C.\I'bonMe ct silicate de
potas. e, . . . . . . Isen ibl e
Chl orurcs de sodium .. O,OOlIO
de ca lcium . .1
_
de magnésium 0,0171
Sulfate de soude s up po·
sé a nhydre .
0,0220
Sulfa te de ch a ux sup·
posé a nh ydl'r.
. pcu ,,""LI.
l odul'f'? ? .
? ?
Ca l'bonatc d chaux , . 0 - 0
de magnésie\ ,01 :J
Ph o ph ate .
Lithin e . . . . . . )ndices.
Flu or, a cide blll' i'lli e . . n.. , h••,hl
PI incipc IIl'!\eni cal .
. 0,00020
Sesqll ioxyde do fCI' . , incli cs.
M atièl'e ol'guni q ue a ~o tée . . . . • . . . 0,0100
Acid e cnrboniqu e dégagé (0' ,000) . . . .
Groml1
c~
Acide ilicique .
0,01 80
0,0140
Alum ine .
Sili cate de soude .
de potasse, se n- 0,0270
sible . .
0063
de chaux , . "
de magné ie . . 0,
Biea l'bonale de chaux-.. . 0 0 101
de magné le '
Chlorure do sod ium . . \0,0040
de calcium ..
de mag nésium 0,0171
Sulfate d so ude, s up~
po, é an hy dre . . "
?
S, Ulrate de cha ux, s up- 0, 2~ 0
posé a nhyd l·e . • • .
Iod ure? ? .. . . . . ' 1llréSUII'é'
Phos ph ate . . . . "
'1 1
Lith ine . . . . • . . senSI ) e
Flu lll t acide boriqu e? ,,, ,,,loui.
Arsé niate de so ude
0,000l19
Sesquioxy do de r l'
tr aces.
Mati 're organi qu o a zotéo .
0,0100
1T OTAl"
•
0,14030
TOTAL.
0,12899
SOURCE SAINTE - CATHERI NE.
,
ou avon.' fait 'onnaîtr (pag 15) le motif qui
nous a engag'é à tirer c tto sont'ce d l'oubli Où lie' est
�-
116 -
tombée depuis longtemps, et à la 'oumettre à l'analyse. Il suffit de comparer la somme des principl's qui
la minéralisent à celle que fournissent le.' sources du
Crucifix et des Dames, pour saisir l'identité qui existe
entre elles. La seule différence qui mérite d'êtl'e signalée porte sur le chiffre du sulfate de soude qui
y est de 0,1100 et sur celui de la matièr org'anique
azotée qui y figure pOUl' 0,0500, tandis que dans les
deux autres sources, le sel ,n'est représenté que par
0,0810 ou 0,0820, et la matière org'anique par 0,0200.
Cela explique-t-illa préfér nce toute spéciale que les
anciens accordaient à la source Sainte-Catherine pour
combattre les maladies des yeux? On ne saurait le
croire, surtout, lorsqu'on se reporte au mémoire publié par M. Petrequin, de Lyon (1), qui a fait ressortir
les bénéfices qU'OH pouvait attendre de nos source.
thermales en général, dans le traitement de ces sortes
de maladies, sans préférence ou sans exclusion d aucun d'elles, e se pourrait-il pas que l'emploi tout
particulier pour lequel les anciens réservaient la
source Saint -Cathel'in ou 'ainte- 'lair dépendît
simplement do son peu d'abondance, et de co lue sa
tempérnture tièd , plu,' douce que c Ue d s autr El
·ource. thermal , , s'acc mmodait mieux à la " llsibilité des organe,' oeulair ,?
(1) Annules d'oculistiquc, 18:19, page 22 .
�-
117-
C::omposliion tic l 'eilU tic ln souo'ce Solnte-C::otberlne.
COMPOS I TION
COMPOSIT ION FOUnNLE
PAn L·El'~R1NC.
QUANTITKS
I\ATI O:iNE l LB .
Grommcs
QUANTlTÉS
Grammes
0,0428
Acide siliciqu e ( ilice) .. O,06GO Acide silicique .
Alumine . . . . . . . 0,0110 Alumine . . . . . . . 0,0110
Silicate de so ude . . . 10
Carbonate do souda etl
,0316
de po lasse. .
de potasse. . . . . 02 50
de chaux . . .
Silicate de soude et de '
de magn é ie .. 0,0258
pOl asse. . . . . . .
Chlorures de sodium .. )
Chlorure de soLlium et/
do calcium . . . . . \0,0400
de ca lcium, . \0,0400
Chl orure de potas ium.
de potas ium.
Sulfale de sou de ( upSulfate de soude ( upposé anhydre).. . . 0,l100
0,1100
posé anllydl·e). . .
Cal'bonale et silicate de
Arséniate de soude , .
0,0006
c1laux . . . . . . .
Il .....iblos
Sesquioxyde d fel'
Carbonate et sili cate de 0,0200 Malière organique azomagnésie . . . . .
lée. .
0,0500
S sq uioxyd de fer .
traces.
Etc., elc" etc.
Pl'Încipe arsenical.. 0,00024
lI1n.ti èl·e organique azotée.
.. .
. . . 0,0500
' OTA. Les aull'essubstan ces n'ont pas été
cherchées, la source
élant encora 1JI(l1 capl ée il. J'époq ue de l'analyse.
(1)
°
TOTAL...
. 0,321211
'1
TOTAl""
0,3118
111 EIlI'. dolrcn! y ,',Isler fI"r n""logi,'.
Après avoir analys6 l' cau de cbaque soure iRo16nt, lIOU avons examin6 cell <lui COJ1,'tituc le' mélang' s d s pü;cincs du bain imp6l'ial, du hain t mpé1'6
et d . bai g'uoires ùu bain l'omniu. Jous avons r ésumé
(lans 10. tableau , l1ivant la composition mlionnelle de
ces mélanges, d6uit~
d 's ré, nltats fournis pal' l'analyse.
In
�-
118 -
()Oml)osltlon du u l(!lungc 1)0111' hnlns d n n
é tnblll'llSClU clltl'l. (i).
lIAIN
DAIX
I}H
·~n
IAL
ICN d lvcr /!
~
Qt:A"iTITÉS
.
(lO I I AIN.
n ,lIN
QUA:'IiT ITÉS
QUAI'nIT É6
TEll l' É ft É.
-~
Grammes
Acide silicique.
: 0,015
Alumin ..
Silicate de oude.
de potas e . :\0,029
de chaux . . ' '\0 014
de magn é te . . '
Chlorure de SO dil1~
.. \0 010
de potasSIUm '
SuHat de soude (anhydt e) . •. . . · 0,030
Sesq uioxyde do fcl' . . indices.
1I1atière ot'ganiqueazo• tr .1I, n ~I I~.
.
Ille.
Principo al' enical . · indiqué
Fluor, acide bol'iquc.
Lithine, etc. , par alla- 10111".,.
-
.
.
. .
l
togie . . . • • . .
TOTAL.
---
· 0,008
GrUOlmes
Grnmc~
0,0210
0,0130
0,0240
0,0110
0,0690
0,0560
0,0390
0,0126
0,0300
0,0300
0,0560
n,0510
indi ·cs.
Ir
Rl'n hl
~ .
indiqué
ID ~ru
rm
indices.
s nsible
indiqué
.
ID16terlll.
TOTAl.. . 0,2230
TOTH. . 0,1896
-
- --
(1) Mu. donnons Ici de .ull 1 S COlllpositions rollonncll(. tiré"s de. r6sull nls oblcnus .
, i l'on v ut avoir ég'arcl aux résultats qui précèdent,
n doit, lorsqu'on envisag-e les différ>nt. bains dn
Plombi \ 1' s ous l l'apport de leur deg-r6 de minéralisation, 1'.' rang'er dans l'ordre .'uivant: 10 ha in l'O main; 20 bain tempéré ; 3° bain impérial.
RIVIÈ RE ET FONTA I NE GODET.
TOUS
la l'ivi
l'
avons complété notre travail par l'analyse de
t d l' au doue qn \ l'on boit clans 1 pa;rs,
�-
119 -
afin de rer.hercl el' s'il E>.xistait quelques points de
rapprochement entre la composition chimique de ces
eaux et celles de" sources minérales. L'eau de la rivière étant souillée dans la traversée de Plombières
par les impuretp-s et les détritus des ménages, nous
avons dÛ. la recueillir en amont de la ville et avant
qu'elle ne se fût confondue avec le ruisseau SaintAntoine. L'eau douce usuelle a été prise au robinet de
la fontaine Godet, en face de l'hôtel d l'Ours. Les
tableaux suivants représentent la composition de ces
deux e 'pèces d'eaux.
«:'OUlI'o!lltlon d c l'cllU tic ln fontulnc Godet,.
COllPOSlTlON
COMPOS ITION 1'0 RNI Il
QUAl\TITI1S
IATl
QUA ,"fTIlÉS
O~ElI.
1---------------1----1-------------------
C rOlllll1C3
Grllllll11 CS
Acide. silicique (silice). 0,0360
Alumtn c . . . . , . .
Carbonalo de sou de t
de pota~
se . . . . . 001"0
Silicate de soud ct dt'\' ~
potasse.. . . . . .
Chlol'ul'e de sodium . . (0 0030
de potu ssillm. '
Sul rate ( anhydl'c) dr
Roude. . . , . . . 0,0000
Carbonate dc chaux .. ' 0 01 {O
de llIugn IS le ' 1
Scsquioxyd' do fol', . . indi cs.
Mati
'1'
organiq ue azo-
té (Ivalu éo). . . . 0,0060
Acide silicique.
Alumi ne.
0,0226
Silicate de , oude.
. 1o Oi??
d potasse .• , l,
de chaux.
_
dr mngné ·ie . . 0,0111
Chlorure dt' sodium.. . 0 0030
do potassi um '
Sulfate do soude (an-I
llydl'e). . . . . • . 0,0000
SC·f1u ioxyd e de fer .
Matièr Ol'gallique nzo- 0,0060
té , . . . . . • .
(L s autres substances
non chercluies.). . .
'l
(L s autl'cs SlibstancllS
non cherchées) .
TOTM..
.0,08JO
TOTAL.
. 0,0669
..
�-
COMPOSITION J'AIL L'E1p fj nlF.NCE.
120-
O U ANTI
~S
gromm
.
5.
Acide silicique (silice). ... ...
0,022
Alumine ........ . ... ....... 1
O,OOD
Cal'bonute et silicate alc:J.lin.,
Sulfates de soude et de chaux ~
Chl oru re de sodium .........
0,006
de calcium ...... "
de magné ium .....
Carhonate et silicate, terreux.
0,018
Indi qué.
Sesquioxyde de fer ... . ... . ..
1rès-sensi ble.
Malière organiqne ...... ....
Les autres substances nonrecherchées.
Tolal ......
NOTA. Comme on
le l'oi II cette ellu
est encore uno enu
en gronlle pnr tÎc
SiUcGtie, et Il l' t-
fuIt en être amsi
de foutes les coux
de ln "olléo eL de
lu montogne.
0,055
Il est aisé de se convaincl' , d'après les résultats consignés aux tableaux qu'on vient de lire, que l'eau de
la fontaine Godet et celle de la rivièl'e participent
encore de la composition chimique des eaux minél'ales: ce sont toujour des eaux Ailicatée ,et il parait
en être ainsi d toutes les eaux de la vallée; mais la
somme des principes minéralisateurs diminue de plus
en plus; le sulfate de soude, pal' exemple, qui dans
les eaux thermales a sans doute une autre orig'ine que
les silicates alcalins t terrelv, n'y figure relativement que pour une très-faibl quantité. Il n e. t de
m~e
de la matière organique azotée, qui, repré eutée
par 0,004:0 dans l' au de la fontaine Godet, ne se
trouve plus qu'à peine indiquée dans celle de la rivièl'e.
"
�-
121 -
SOURCE FERRUGINEUSE.
Quoique la constitutjon chimique de l'eau ferrugineuse se rapproche de celle des autres sources de
Plombières, elle en diffère essentiellement par la présence du fer que certains agents y tiennent en dissolution, et aussi par celle de l'acide carbonique et des
bicarbonates terreux.
Elle a une saveur fraîche, sen iblemeut atramentaire; elle est sans odeur, si ce n'est dans quelques
circonstances qu'il ne nous a pa été possible d'expliqu'!r, où elle est venue l'appeler à notre odorat la
présence de l'acide ulfhydriqll. ne fois, entre
autres, nous avons pu rendre témoin de ce fait M. le
docteur Mélicl', Inspecteur général des caux minérales
de France, lors de son passag' à Plombières, en 1854.
Au robinet de la fontaine, elle est tout à fait limpide
et incolore; mais pour peu qu'ou la conserv , elle
s'irise à sa surface et dépose un nuage albumineux
de nature org'anique, dans lequel est emprisonné de
l'oxyde de fer rouge jaunlltl'e, excessivement atténué.
L canal de déchal'g'e qui conduit cette cau dans la
rivi re où elle sc perd, est tapi~sé
pal' un dépôt de cette
espée , au milieu duquel on trouve qUE:'lques paillettes
de fer sulfuré et de peti1es lamelles de mica,
L'cau ferl'ug'ineuse, ilcidul au papier bleu de tournesol, p rd ce caractère après une légère ébullition
�-- 122 durant laquelle elle laisse précipiter son fer, avec des
carbonates terreux et de la silice. Elle fournit la plupart des réactions propres aux autres sources de
Plombières, mais elle s'en disting ue par les suivantes:
Elle prend une teinte lie-ele-vin par le tannin ou
l'infusion de noix: de galle;
Sous l'influence d'un sel d'or soluble, elle se trouble
en pourpre et donne un précipité fort lent à se former;
Traitée par le sulfure de sodium, elle prend une
teinte noir grisfLtl'e ;
Additionnée d'a7.otate d'argent, elle prend rapidement une couleur pourpre-rouge vif, qui passe ensuite
à la teinte1:ineuse ; elle finit par précipiter sous la
forme d'un dépôt violet.
Le fel'l'o-cyanate de potasse y fait naître, après
quelque temps d contact, un lég'er dépôt blan
L'eau fel'l'ug·ineu. e de Plombièl'c:,:, ainsi qu'on peut
s'en convaincre pal' 10 tableau qui précède, est donc
un au à la foi s sillcatée et fel'l'ugineuEe, minéralisée
par du bicarbonate et du rénate de protoxycl do
fer.
Dosagc d~t f cr.-Poul' dm'or xactem nt le ~ r) nous
avons eu l'ecour au mode q lie voici: 13 kilogrammes
300 gTamm s d'au pri e à la ourc ont été immédiapure;
tcm nt additionl)c's d'un léger xcès de pola~
l dépôt, d'abord hlnnchi'Ltl'e, pui v l't, a pris un
t il1to ocm -é , aIl' sune el'lainc ag'italion ù l'air .
Cc dépôt, oigon ns ment l'ecu illi, fi. été di!' ou dans
�-
123-
l'acide chlorhydrique pur, et cette dissolution, évaporée presque à siccité, a été repri e par l'eau, dans
le but d'en isoler une grande partie de la silice ; puis,
après l'avoir étendue d'eau distillée, nous y avons
mêlé du sel marin purifié. Dans cet état, nous y avons
ver>:é avec précaution, ct jusqu'à cessation de précipité bleu, Hne c::olutiOl1 de prussiate jaune de potasse
(ferro-cyanate) , au 1/40 à l'alcalimètre. Une mesure
représentait 0,0428 de sesquioxyde de fer, par des
essais faits à part et comme étalonnage. Or, nous
avons employé 4 mesures 1/1 de l'instrument, cc qui
donnait 0,175<1 de sesquioxyde d fer l our les 13 kilos
300 gTammes de l'eau soumis à l'analyse. Cette
quantité conduit à 0,0132 pour 1 kilo. Ces épreuves,
rép' tées plusieurs fois, ont toujours fourni des 1'ésu1tatiJ mo,)' n5 parfaitement comparatifs.
°
Nicolas avait trouvé que chaque litre de cette eau
ferrug'in use c'o ntenait 1/4. de gl'ain, soit 0,0125 de
esquioxyd de fer, sur un résidu salin fixe de 0,07- .
Si l'on l'al proche ses ré ultats des nôtres, on verra
qu'il existe entre eux un l'apport très-réel, et que la
quantité du fer, di traite de toute trac d silice qui
Cil aurait augmenté l Ioids, st presque identiqu It
cl'lle qu'il a indiqué, il Y a maint nant soixanteùix~ lpt
ans.
L'au ferrugin u.. de Plombi l' 'étant de a riatul'
peu harg'ée d'acide cal'boniqu , il ani ve, comme nous
l'avons dit, qu le fer s' n épar 11 u d temps après
qu'Ile a ét pui Je. Pour obviel' à c t i nconvélli nt,
un pharmacien disLing'ué, M. Gentilh mme, de Plombièr " à qui nous sommes il ur ux cl'adre:,o r i i cl s
�-
124 -
remerdments pour la bienveillance avec laquelle il
nons a plus d'une fois secondé dans nos travaux,
M. Gentilhomme, disons-nous, a eu l'heureuse idée
de charg'er cette eau d'acide carbonique, à l'aide d'un
appareil approprié; il en a fait ainsi une boisson
agréable, plus efficace, et dans laquelle le principe
ferrugineux se trouvé parfaitement conservé. Nous en
avons examiné plusieurs bouteilles préparées depuis
longtemps, et dans toutes nous avons reconnu, de la
manière la plus facile et la plus nette, la présence du
fer à l'état de dissolution complète. C'est là, sans
aucun doute, une amélioration dont l'un de nous a
déjà pu tirer un excellent parti dans sa pratique médicale.
État du {el' dans t'ea~
{errugineu,oe.-Le dépôt ocracé
recueilli avec soin dans la rigole d'écoulement a été
lavé dans l'eau distillée, puis agité avec une a~sez
grande quantité d'eau chargée d'acide carbonique
traitement avait pour but
dans un appareil Driet.
d'enlev l' le carbonates cl chaux et de magnésie. La
partie non soluble du dépôt fut tr'aitée, à l'aide d'une
douce 'haleur, par une solution lég' re de potasse
pur . L liquid l rit bi ntOt une couleur d'un brun
jaunàtr , ou plutôt un teinte ambrée foncée; aprè
l'avoir séparé (lu dépôt ~t l'aide de la filtration sur un
petit mol' eau d'anüanie, on y njouta un lég'el' excès
d'acid chlorhydrique ou 'ulfll1'iqu affaiblis; on vit
alors apparaître cl i'\ fio ons bJ'uns qui fur nt l'ecu illiH
·t lavés.
C ' fio ons, soumis à la calcination, brùlaient n
�-
125 -
répandant une odeur de corne brùlée et laissaient un
résidu siliceux. Ils se dissolvaient lég'èrement dans
l'eau, beaucoup plus dans l'alcool, et la d'ssolution
preuait, sous l'influence du el d'argent, une teinte
br~m
violacé; évaporée, elle fournissait un enduit
brun de nature organiqu , qu'on parvint à dissoudr
de nouveau par les alcalis et à pl'écipiter pal' les acides.
Cette matière organique qu'on r trouve souvent
unie au fer dans les eaux minérales peut se rapportet'
aux sub tance qu'on a nommées créllate etapoNénate,
comIosés encore imparfaitement connu, mais dont
l'humus est l'origine. On les l'etrou ve clans plusieurs
source ferrug'ineuses, notamment dans les eaux de
Forg'es, en Tormandie, où ils existent à côté de l'acide carbonique et des bicarbonate .
En résumé, dans l'eau ferrugineuse de Plombières,
le fer 'e trouve combiné tout à la fois à l'acide carhonique et à la matière organique (acide crénique), et
dissol:s par un excès de cet acide carbonique.
�-
126 -
Comll o .. ltlon d c " c au de la
CO:\IPOSITlON FOURNIE
PAil L · ElH~
: nIE
NC
CO!!POSTTION
urA:o\T
F. .
1T~
S
Litre.
Total.
Acide carbon ique . .. . . 0,029
g rulI1l111'S
Acide sil icique . , ... . .
Alumine ... . . ... __..
Carbonate de chaux .• .
de magnésie
Carbonate et silicate ùe
soude ct crénat. . ...
) dem de potasse ... · ..
Crénate alcalin et terl'eux. _, . . . ', .... ..
Sesq uioxyde de fer . . ..
Chlorllre de sodium et
po tass ium ...... . ...
Sulfate de so ude (an hydl'iqn e . ..... . .. . ...
Fluor ct lithine .. . ' " .
Iodure .... . • ' .. , .. . .
Principe arsenic a L .. .
Acid e bOI· ique? .•.. "
Mati \ re organique azotéc (acide crénique).
.'Cl·,·u g ille u sc.
S OIll' CC
Il,0480
0,0075
0,0115
0,0150
indiqué.
0,0132
0,00115
0,0123
présumé
Imr DIi OI.
0,000 16
pr.p. "'·"
indiquee.
---
nATiO
~NR
I.L
QUANTTrÉS
B.
---
Rn ,'otume.
Lilre.
Acide Cnrbonique libre . 0,0170
grammes
e et sil i Acide sil i ci~u
cates (soude, chau x,
magnésie) .... .. . . . . 0,05730
Alumin e.. . . ... . . .. .. 0,00750
Bicarbonate d e chaux.
de magnésie 0,01660
Bicat' bonate de pl'Otoxyde de fel
_
~v c
crdnatC\ 0,023 00
Idem •.. .. ..
arsé niate id . 10,00001,
Ch lorure de sodiu ll! ' . , 00150
ùe potass IUm. ' 1
Sulfate de so ud e (SUp-r
posé anhydre) .... .. 0,01230
Lithine .. " _. . .. . ....
.
U VQF luor ou fluate ... ... . non
lu!;. -(
Jodu re ?? ....... . . ... pr .: :.ul1
~
Il Ir
Acide boriq ue
onulogic
Matièr e ol'ganiqu e azot éo \acid crùni!]ue 1) indiquee.
Total. • .. . . 0,1130G
°
n . _....
- -Total .. . . _. ,. 0,121711
(1)
(n L'ougrn 'nl otion csl duo
ANALY E D
HU x
bicaruuna llJS au lieu ti c caruouatcs si mpl es.
GAZ Q 1 S' iC IIAl' l'E DU l'nO
ET DE LA TI\Ol SIÈME SO I\CE
DES CA I'UCIJ\S
0 VELLE DE LA CnANDE
n E.
Dans la partie du bain qui porte 1 nom d'
'l'l'OU
des
�-
127-
Capucins, on voit se dégager, par intermittences trèsrapprochées, de grosses bulles de gaz, en forme de
chapelet. Plusieurs écrivains qui n'ont pas pris la
peine d' examiner la . composition de ce gaz ont dit
qu'il était formé d'oxygène et d'azote dans des proportions qui se rapprochaient de celles qui constituent
l'air atmosphérique. Il suffit de jeter un coup d'œil sur
les résultats suivants de notre analyse, pour demeurer
convaincu que cette assertion est tout à fait sa ns fondement.
Nous nou sommes el'vis, pOUl' rec ueillir le g'az,
d'un vaste entonnoir en fer-blanc, dont la douille était
eng'agée dans le col d'une bouteille pleine de liquide.
Bientôt le fluide g'azeux a rempli cette bouteille, et,
nous servant ùe la piscine comme d'une cuve pneumatique, ilnou a été facile de le faire passel' dans des
cloches g'l'ucluées.
Analy é à l'aide de la potasse d'abord, puis du
phosphore employé comme moyen eucliométr'ique,
nous avons constaté qu'il était, sur cent parties, composé ainsi qu'il uit;
Acide carboniq ue .
Azote., .
Oxyg'ène.
o
92,1
7,9
100,00
Le g'az lui s'échapp aUl:isi l,al' bulles do la. Ource
nouvelle de la ru , recueilli avec un peu plus de difficulté à cause de la température élevée ùe l'eau ,
'o umis ég'aloment à l'analyse, Cl donué, sur c nt
parties;
�-
128-
Acide carbonique . .
Azote .. .
Oxygène . . . . .
o
94,5
5,5
100,00
Ce gaz a, comme on le voit, à très-peu près, la
même composition que celui du Trou des Capucins.
C'est de l'azote, avec un peu d'oxygène, le 1/3, le 1/5
environ de ce qui existe dans l'air atmosphérique. On
remarquera sans doute que ce g'az ne contient pas un
atome d'acide carbonique, circonstance qui vient encore
à l'appui de l'idée émise par nous qu les carbonates
ne préexistent pas dans les eaux thermales de Plorobières.
�Résumé de la compo!<ition rationnelle de reau des princl palcs !!Otll'CCS de P!omblèl·cs.
1 SOLlH:!:
pn"crPES 111 ,;;n lU""(RS
1 SOl-RCE 1FOXTA1:\E 1
dans '.000 grammes d'eau
du
SOlllCE
des
1 litre.)
CRlClfTt .
DUiLES.
C\TIIERI:\E
Gramlll' '',
Grammes.
Grammes.
Tcmpëratun'...
Acide. silicique (silice).
Aluilllne. . . . . . .
Silicate de soude . . (1)
de potasse...
~ :;é~ie
·.
:!
O,OiOO
0,0120
0,"JJ8
0,0080
0,45~
n .ul(
°
1
TEllIJlUi.
ROl\~.
1 G ramme-j
0,0258!
1
B.UX
11II'lfllU
Gromllwo;:.
Grammes .
G raI1lUII':S .
O??(j
0,0210
' -0,0130
0017?! 00 90
,
- 1 ' 6
0,0240
0,0110
0,0150
0,0560
0,0290
0,0111
1 0,0390
1 indices.
0,0126
TOTAL • •
••
.1
0,2838
0,2ï81
0,3118
O,OllIO
°
0,0669
0,2230
0,18 96
OIISERI",1 1ï0XS.
2.1
Lithine silicatée proba\
\
blement. . . . . . sensible. sensible. sensible. indices.
indices. indices.
00100
Chlorure de
de sodium...
0' -0
0 0360
0 0400! 0 0030
0300
0,0300
,
\,
,
potassIUm
' ~J,
,
de calcium. .
II
li
1
1
Sulfate de soude ( sup0,0300
0,0820
0,1100
0,0090
0,0510
posé anhydre) . . . ' 0,0810
0,OJ60
Arséniate de soude . . 0,0006
0,0007
0,0006 1SU fIPQsé. supPo3é supposé supposé
indices
indices
Sesquioxyde de fer . . . Irate' ,mib. Ir. "D,i'lle'. senibl.{PI'éSUm~
indices
Iodure. . . . . . . . indices . indices. indices.
par
par
par \ par
Phosphate. . . . . . tr',·m!.bl •. Ir. smibla. Ir. S~Dlb
• .r analogie. analogie. ana!ogie . \ analogie.
??
? ?
Fluor ou fiuate. . . .' J' d t ' d ?? . d ?? \
? ?
? ?
.•
Acide boriqueou borate. ID lte! OU ' ,111 . • • Ill. . .}
Matière organique azo-I
0,0200
0,0500
0,0040 lindéterm. lindétcrm. lindéterm.
tée . . . . . . "
0,0200
°
<.::>
GODET.
0,0116
0,0428
0,0100
0,0110
0,0818
00316
0,0040'
0,0320,
nUI(
!HI'TE-
0,0980
f a N.IO 1 t SIO·I.
"l I L('~
bHlllS :,out alimentés I)ur des
sourrt'!) dh t!rsellldlL 1111 ni.! fU lis..:(;s , Cl
nlnquelles YÎcnneuL 'n~l1Ic
~e
. lIIi!lcr
que luefoi~
dcs C t UX plu\ io !es. Le bain
p. Jrlh ulièrclllent cJ ons cc
1mJJc:rial c~L
rils. _
RlI'IEl\E DE L'EAUGI\OXNE/
COYI'tlSITIO'
!RésultoL dt' l't:l.l>érÎl·ncc.}
.
(1
LlTlI" )
.. . .1-°
Acide sil icique
O?·)O
Alumme . . . ' :."
,-Carbonale et
alcalIn. . . . . . . O,OODO
Carbonate et silicate
terreux . . . . . . 0,01 80
Sulfales de soude et de
chaux . . . . . . .
Chlorure de sodium. . f 0,0060
de calcium et
de magnésium. . . .
SesC]uioxyde de fer.. '1indiqué.
Matière organique azo.
tée . . . . . . . . Ir.-StDSibl,
SlltCalPI
0" n'a t1cn trot.wé autre.
TOTAL • • • . • 1
0,0550
Il
:
�,
nés mné de la composilion l'a(fonncllc "c l'eau ...... ,;ourccs sa"onOCII!'lC et fcrruglneu s c .
EU;.
SOCRCE SHO:\:\IXSE.
1 litre.'
SOURCE FERRt:G I~CUSE
DE nOUtlDEtLLE.
Total. ...... .
0,01800
0,011100
Acide carbonique libre p.n vol ume ...
0,00630
0,010 10
O,OOiOO
0,01710
0,02200
présumé.
sensibles.
0,00049
indices.
?~
0,01000
0,12899
0,0 '170
grammes.
Acide silièique et silicates ù
0,~17
onSFRY\TIO'\s.
litre.
grammes.
Acide silicique (silice) .•. ... ,
Alumine ............. . .... .
Si licates d·' soude ...... ... . .
de potasse . . ....•..
de chaux •....... "
.. . . .. .
de ma[:n~,ie
Bicarbonate de chau~
. .. . .... 1
dl' magnésle .... \
..•.. ... . /
Chlorure de sodi~m
de calCllIm •. ..... .
de magnésium .. .. \
Sulfates de chaux l supp.anh . \
. \
de ~oude
Iod ure ................... .
Phosphate ... ...... .. ..• .. . t
Lith inp .•... . . . . . . . ...... \
Arspniate de soude ..... .... .
Sesquio\yde de fer......... .
l'Iuate et borate . .. . ... .. .. .
~a
tiêre
orgauique azlltée ... .
E.\ U
(t litre
.. .
c lanx .. .
0,05730
magnésie
pOt:lssc ..
0,00750
Alumine . . . . . . . ... ......... .• ..
Bicarbonates da c1w ux ... .. ....... .
0,01660
de magnésie .. ..... . . .
.~
de PI'otoxyde de fer (1) .
0,02350
Avec crén ale
Arséniate ff'rrellx . ..... . ...... ... •
0,000011
Clilorures de sodium .............. .
0,00450
de potassium ...... . .... .
Sulfates de sou de (supposés anhydres)
0,01230
de ch a ux
indices.
Li thine....•.... . •...... . •........
Indure .......... . .... •.......... sup. par analog.
11
Fluate et borate ....... ....... ' .. .
sensible.
Phosphate . . .. .. .. ......... ...... ,
indiqu ée.
Matière organ iCJue azotéE' brune . ... .
(Acide crénique sans doute.)
es~u
de
Total ........ .
0,1 2 174
( JO
n ('p
St
r ~sc
nl h:
fl l r
:;:quic\'C) de
0,01:1'1.
=
�-
131 -
EXAMEN DES VAPEURS SPONTA NÉES
DE L'EAU
DE PLOMBIÉRES.
11 existe à Plombièl'e: deux étuyes principales :
l'étuve cl'Enfer et celle d' Baf·sompierl'e. Leur atmosph r vari de 37 0 c. à 40 0 ,5 c.
En réfléchis 'ant aux expérience de BJ'eislak (1),
qui, par la condensation des vapeur de la solfa.tare
de louzzoles, ,t parvenu ~t form l' tt'9i. mille livre
d'un
au minéral tenant en solutiOlI du g'az sulfhydrique, de l'hydrochlorate d'ammoniaque, du
Rulfat d'alumine et du sulfut d fer; en s l'l'portant
aux 1'(', ·ent. Ü'avau de 1\1. Niepce (2) et anx 1elles l' ch l' 'he' ùe M. Thénard, qui a reconnu qu les vapeurs lcs eaux minérales ntraluent uvec elle: des
principes ,alins, t ntre autr . cl l'al' 'élliate dê
Houd , il dey nait intér sant de d >terminer la l1atlll'
chimique ües vapeurs spontanées d l' an de PlomLPl'cs abandonn 'e à sa température native, 'cst c •
qu nous avolJ. cs. ay6 d faire,
On Ravait ùéjà, comme l'a parfait ment développé
M. Fl'anç:ois dans un {émoil' communiqué it la 0ciété d'hydrologi , on avait, lisons-nous, qu'à la
(1) rO',ogc dalls la Campanic, /80,2.
(2) Hccherclles SUI' la composition de l'nil' des cnbin ts de bains,
li douches, li s salles u'inhalation, te., te" 1855.
�-
132-
faveur de certaines conditions particulières, la présence de substances et de sels fixes pouvait se manifester daus les Yapeurs, particulièrement dans les
vapeurs d'évaporation acUl'a , C'est ainsi, par exemple,
qu on trouve des cristalL,,{ de chlorure de sodium sur
les parois des tuyaux d'appel placés au-dessus des
chaudières d'évaporation des salines ; t quiconque a
visité une fabrique de nitrate de potasse sait que ce
::iel, qui n'est nullement volatil, est cependant entraîné par l' au vaporisée, Il y a tout lieu de croire
également, comme l'a fait remarquer 1. Chevalier,
que les sels ammoniacallX et le chlorure de sodium
que l'on trouve 11. Évaux et à Chf\.teauneuf, etc., etc.,
sur les paroiS' des élablissem uts therm'1ux, ne s'y
forment qu'à la suite de certaines réactions déterminées par la natme de l'eau vaporisée. Enfin, M. Constantin Jam s nous a ég-alem nt communiqué un fait
qui ~e rapproche des précédents, et que nous devons
citer. A 1schl, si l'on su pend une houle de cristal
dans l'atmo'phère des salles de ·tinées à l' c voir l'eau
des mines de sel gemme vapori ée a différ nts degrés, c tte houle présente, au bout de quarante-huit
heures, de nombreux crista\\ x d chlOl'Llr de sodium.
S'il ,t d 'ffiontl'é que les vap urs soni capabl s d'entruÎller d s 'els fixes, on conçoit plus facilement
encore qu'eH s pniss nt entraîner des princip s volatils tels q u des g'al:, soit que ce gaz s trouvent libres
dans l'cau 11 -mêm , soit qu'ils résnU nt d'a tions
diverses ct l'éciproqu s entre l'ail' ext(~I'i
ur t les N6men ts qui la minéralisent. C'est un fait \l1' leq uel tout
1 mond est d'accorù; troll a constaté la présence
cie l'acid cUl'boniqu " de l'oxygèn , de l'azote, de
�-
133 -
l'acide sulfhydrique, etc., dans l'atmosphère de plusieur~
étuves.
Quant aux matières organiques, on sait encore
qu elles peuvent être suspendues dans l'air avec les
vapeurs, et pel'. onn n'ig'nol'e avec quelle facilité ces
matières se laissent entr'ainer pendant certaines distillations pharmaceutiques. ou, allons voir enfin que
la matière végéto-animale existe à l'état de diffuEion
extréme dans l'atmosl hère des sudatoriwn alimentés
par les sources thermales de Plombières. Déjà M. Rutin avait avancé que la vapeur fournie par ces sources
possédait d s propriPtés qui différaient d celles de la
vapeUL' de l'eau ordinaire, et il avait xpl'imé l'opinion
qu'on y retl'ouvait des principes 'alins et de la matière organique. M. Rutin a ans doute formulé cette
opinion d'après des l' cherches xpél'imentales qui lui
sont pro(~
s. Mais comm il n
les a pas fait connaître, nou' aVOllS cru devoir tenter les suivantes,
afin d'élu id rla que~
tion aux yeux d ceux qui, man quant cl' '\périellce pel' onnellc,', s croiraient fondé: , en s'appuyant sllr c qu'on a dit de la non-volati·
lisation des mati l' s fixe , à considél'er la vapeur dèS
eaux minéral s comme iùentiqn il, de la vel11eur d'eau
01' linaire, en uu mot, comme de l'ca u pure à l'état vé
siculeux.
TO US avons dù, pOUl' écarter toutes les chances
d'err ur, choi :1' une étuv non fl'rqu ntée, t dans
laqu lie, pal' ccnséqu nt, nous Il'eu .. iOI.' pas à r dout l' l'action d' "manation alcaline ré uUant du
séjour d s malade: dans l s étuve', pal'ticulièremen1
celle des sels ammoniacaux, produits d l" ,'cr tion
urinait' .
�-
134 -
Kous a"Vons placé des papiers réactif~
de tournesol,
d'airelle, de plomb, au milieu du mporariulI1, en évitant avec soin quïls ne touchassent les parois en maçonnerie qui circon .. crivent le lien où nous avons
opéré. Ils y sont restés suspendus pendant toute une
semaine, sans subir aucun chang'em nt.
En condensant les vapeurs spontauées de l'eau minérale au moy n d'appar 'ils réfl'ig6ant
~ , nous avons
obtenu une certaine quantité de liquide parfaitement
limpide, sans saveur et sans odeur, ramenant l ntement au bleu le papiel' de tourne. ol roug-i par un
acide faible. Cette r6ac1ion devenait plus évidente et
plus prompte si l'on Gonc ntT'ait ce liquide aux deux
tiers ou iL la moiti . Traité pal' les réactifs, ü don nait:
Par l azotat d'argent, lm précipité, ou plutôt un
trou1.lle blanchâtre qui disparaissait pal' raciùe azotique, n laissant une coul ur brune à la liqueur;
Par le tannin, de. flocons lég' l', ;
Par le sublimé, des flocons plu 16g l', TI or .
Le ,el d'ol' y subis ait un l'6duction très-lent ; 1('
'hlol'Ul' dc baryum demeUl'uit ans action,
f-li l'on concentrait cette au, on voyait, lOl'R(}n'On
avait évupOJ'6lcs deux ti l'S de l'lon volnme, S fOl'm~
~lec,
.. ivl'ment au mili 'U d'cil de p tits filnm 111H
'OllllllC hmug'ineux qui, réunis SUl' llll(, lam de platin t half
~s,
hn'lhi nt en répaurlant un oü UI'
j('gèl' m nt empyl'cumatiqu , t lais, ni nt cl 'la ili .
QII 'lqu s g'outtc:; d 'cU eau tr ,-C011cclltré , pOl'léeH ' l11' une lame d veIT, donnai ut, pal' évaporation ü l'nir, d' pdiL ' l'i s taux qui, l'UR au mi 'l'OSCOp ,
pl"senl'ai Ilt la onfigul'ation cle, feuil! dr fong l'
�-
135 -
Évaporée jusqu'à siccité, elle a laissé un résidu
blanc, s lin, tl'ès-alcalin, bleuissant vigoureusement
le papier de tournesol roug'i . Une portion de ce résidu, traité par l'acide sulfurique, a d'abord donné
lieu à une lég'ère efferv.escence, puis il a pris une
teinte brune et s'est charbonné de plus en plus. Traité
par la potasse, il s'en est dégagé de l'amm:miaque
appréciable par l'odorat et au moyen J'un papier
r actif dispos6 EUT' un verre de montre gui servait
d'opercule au creu 'et dans l quel s'op61'ait la réacnon.
D'un autre côté, nou avons di posé dans l'atmosphère du vaporariu1J1, à l'abri de toute adultération,
des assiette dont le fond était recouvert d'une solution étendue d'azote d'argent. Ap1'è quelques jours
d'exposition dans ce milieu, cette solution levint
troubl , gTistttre, et fournit un précipité duquel on
'6pa1'a un p n d 'hloI'ure au moyen de l'ammoniaque, et qui lai 'sa un compos in oluble noirtLtre
1 matière organique t l'oxyde d'argent. Enfin, vou lant rendre plus palpable la pr6sence des matières
que la vapellr d'eau entra1ne avec elle en -=e dégag'eant spontanément d la source thermal, dont la
t mp6ratl11'e maximum est d 60' C., nous avons fait
('vapor l' l'lut' d S "OlT de montr l'eau fOl'mée par la
conclensation de c (te vapeur.
Nous avons obtenu:
10 Un v l'l'e de montre chal'g'é de matièl'C ol'g'aniqu tr s-visiùl à l'œil nu, et pl' entant au mi 1'0- .
scope tous les uractères cl la g'lairine obt nue pal'
l'évaporation dire 'Le de l'eau th l'male qui avait fourni
les yap ues <ln nous étudiions;
�-
136-
2n Un second velTe de montre où la matière organique se présente en moins grande quantité et où l'on
voit des traces de substances cristallines.
On peut conclure de ces expériences:
1° Que les vapeurs spontanées de l'eau thermale de
Plombières sont autre chose que de l'eau sous forme
vésiculeuse;
2u Qu'elles entraînent de la matière organique, quelque produit ammoniacal, et même d'autres corps qui,
par eux-mêmes, ne sont pas volatils.
EXAMEN DU GAZ
RECUEILLI DANS LE VAPO R4RIUM.
Le gaz recueilli dans l'étuve de Plombières a fourni,
dans trois essais comparatifs, pour 100 parties.
Azot ....... , .... ... . 81 5
Hi Il
Oxygène . .. ..... .. ... .
2 ~)
Acide carbonique ...... .
100 0
Ce gaz, dont la composition se rapproche bea ucoup
de celle d l'air atmosphérique, avait une odeur un
peu mal'écag·cu,'c.
�-
137-
RÉFLEXIONS SUR LE MODE DE FORMATION DES
EAUX
MINÉRALES
DE
PLOMBIt R ES
ET
S UR
LEURS PROPRIÉTÉS TH É RA P EUTI QUES.
On a, reconnu depuis longtemp' que les eaux minérales contenaient la plupart des principes qui constituent les couches solides de notre g'lobe; mais par quels
moyens la nature procède-t-ell à la formation de ces
eaux, et comment celle -ci se chargent-elles des gaz et
des élém nts terreux ou métalliques auxquels elles
doivent leur. propriétés g'énéralrs ou sp ciales? C'est
la une que:tion que le::; chimi tes et les géologues discutent chaque jour, sans tomber tout tL fait d'accord,
Quelques-uns veul nt, avec Bi!:ichof, que ce soit exclusivement par voie de simple solution ou de lixiviatioH;
d'autl' s veulent, au contraire, avec Stiftt, que ce wit
pal' voie de sublimation, On cite de part et d'autre des
fait propres tL fortifier les hypothèses dans le quell
on sc réfugi , Nous n'avons pas l'illt ntion d' ntl' r
dans cett qlPstion g'én raI , ~lé.ià
traitée par l'un d
nous avec d'ass z gTalld.:; dé\" loppements (1), Re tr ig'nant nos remal'qu 's aux eaux de Plombière.:, nous
dirons que, semblab) 'ù. tout sI
aux qui ém l'g nt
(1) Eau\ de PloL1bièr~,
l, LIi rili r,
-
ClinilJue I/I édical, ', Int roduction, par
�-
138-
des granite. , elles contennent fort peu de matières
fixes; soit, par exemple, 0,15; 0,'25; 0,30; 0,40 cent.
par kilogramme: bien différentes en cela des sources
qui traversent des terrains salifères, g'ypseux ou calcaires, dont les éléments sont ueaucoup plus solubl(ls
que ceux du gTanite.
On peut admettre, d'uprès 110S analyses, que les
principes qui minérali:=:ent les eaux de Plombières
proviennent en partie cles g-ranite eux-mêmes; telle
e t lasilic combinée à l'état de silicate avec la soude,
la potass , la chaux, la magnési , et peut-être la
lithine.
P011l'ju tifierc ttepr"somption, nous avons cherché
à faire unc eau de Plombièrcs artificielle, en traita.nt
une C 'l'taine quantité de poudre fine de g'L'unite pal'
de r an distillée chaud . 'l'ous les liquides provenant
de traitements réitéré' ayant été rél1ni' et filtrés, on
lcur a fait rubir un omm ncem nt d'évaporation. Il.
rOf;sédaient7tne réaction alcalin!' évid nt; évaporé j usqn'à "i cit , ils ont prif:, n e coudensant, comme le.
aux min' mIes n'ltur 11 f:, un tc:ntc jaun a .t?7. prononcée, t il' ont foumi d ré. i<1\1s où la présence de
fiilicates alcalins, t m(\me d silicate.' calcail'es, a 6t •
fncilement recollnue.
, i l'on tl'aitnjtpal' [ps U 'ide.' 1<'5 liquide:; COllcentr s,
011 vo ait . précipiter, à c,)té de la .. Hic, un sllb:-t<111 t '0101' e, bnmMr , qni .. ' comportait au fen à ln
mani l'e des matièr S org'èlniq1l' s, ('t qui s , l'bonif'ni t 101'!'q n'on ln chauD'ait av'c d l'ac:de sulflll'iq u .
('('tic exp rienc ,l'épéft> tl' is foil", a 'onstarnmcnL
donné 1 s même ' J' • ulLals. - Ell 'clémonü , c nous
R ml 1(', qu l'au peut enl v r anx gJ'aliife, qu lqnes-
�-
139-
uns de leurs principes minéralisateurl", et qu'il y il. de
gTanùes probabilités pOUl' croire qu'une partie des matières qui se tr01,lYent clans les eaux: de Plombières est
due à une action tout à fait locale.
Nous dison qu'une partie se/.:lemellt de ces matières
peut êtl'8 en levée aux gTanites; car, en effet, les expériences que nous "enons de citer n' ont pu nous
éclairer SUl' la provenance du chlorure de sodium,
-et particulièrement du sulfate de soude que ces eaux:
contiennent en proportions relativement assez notable., et dont tous no liquides artificiels n'ont fourni
que des traces insig'nifiant s. Il faut admettre nécessairement que ce sel a une autre origine, et que peuttre elle se rattache à une action plus générale, - On
pOUl'rait ans doute, si l'on partageait les idées d'An g'lada, ntttach [' son existenc à la d générescence
complète des sulfnr S pl'imitifs, - d'autant mieux que
les aux de Plomhières sont de celles qui laÏ::, sellt dégager de l'azote avec un peu d'oxygène, en m(!mc temps
qu'elle' déposent de la g'lail'ine, - Mai. c'est là Ulle
théori bien difficile à j ustifiel', surtout aujourd'hui
que l'on sait qu: c tte g'!a,üoine ne se l'encontre pa ' exclusivement dans les eaux sulfureuse', ous préféJ'On. expliquer la pl'é ~ enc
l ce sulfate et d 's chlol'llre, , ('11 • uPI 0 ant que l'cau, déjà chal'g'éc de ces sels ,
al'l'ÎYe dans les terrain gTanitiqu s auxquels eU em
pl'lmt de nouveaux élém nts pal' un véritable pl'Océdé de lixiviation , 'l'out l s SO Ul'ces, très-analog'ues
entre ellr. , au point cl vue chimiqu , émanerai nt,
suivant nous, d'une nappe commune ol'ig-in lle, ,t,
en se clirig ant vers dire rentes is:u ',eH ' P l'draient
on ncqu l'raient qlt lque!'l nouveaux princip s , Ain i,
�-
HO-
les unes wrtil'aient du sol avec une température moins
élevée; les autres, comm les sources Sa,onneuse et
Ferrugineuse, se mélang'eraient à des filet' d'eaux
étrangèI'es un peu carbonatées, calcaires, ou ~L des liquides min61'alisés pal' ÙU fer crénaté et carbonaté,
dissous à la féweul' d'un excès d'acide carbonique. Des
liq uides de ce g'eme pourraient e former dans des
terrains de tourbes pyrit uses, comme il en existe
dans le voi inage le Plombièr - , L'odeur sulfureuse
que pré. ente accidentellement la somce de Bourdeille
s'exiliquerait par la décompositiou de q l1elq ues-unes
de ces pyrites, à moins qu'elle n 11l'ovienne de l'alté1'a1ioll de' f:'ulfates pal' des matière organique'.
On a pu voit' aussi que l'eaLl pure ayec laquelle
nous avons traité les gï'anit 5 en poudre offrait des
traces évidentes de la matière organique azotée qu'on
retrouve dans les eaux min6rales de Plombièr s,-Ce
résultat, nous l'avouonfl, nou a causé quelque SUl'pri"c, mais c'est un fait, et lIOUS nous hornons à l'enr gi .. tr r comme tel, . ans cher h l'à l'expliquer,
Voyou' maint nant q llel.. eUf'eign ments l'étude
chimique de, eaux de Plombi l'CS p ut om'il' iL la tbérap utique, Elles f:ont faiblement alcalin fl, cl on n'y a
sigllalé' qu'un .. i petite quantlt' cl' .. ls, av c un peu
d glail'ine, qn'on a pu cl'oi]' qu'elle: étai nt cfti7Ilir/llcmr'lll af'SèZ in ·ig'nifianLe.', j llSq n'à l' poqu où
r \1. rav nion, h 'Yt'llicr t obky Y d~couvl'int
la
prés nct' ùe l'al'::;enic. Mais l'cxpél'i nce clinique antit,
11 'U1'( Ils lU nt, ,t d puis longt mp" 'uI pléé ail ilcnee de l'unalys ;
avait, ]J 11dant dC's sPclcs, 11l'egisll'é des millier cl'" Clrc~.
Faut-il attl'ibu l' C S
CllI' ~ ail sel alcin~
<lui saIlli' llt l 1l eau'X de Plom-
ne
�-
1ld -
bières? La proportion de ces sels, si minime que la
plupart des sources ne sont guère plus denses que
l'eau distillée, nous laisse quelque doute à cet égard j
et si nous reconnaissons qu'on n~ peut, à la rigueur,
déduire les effets d'un médicament de la dose à laquelle
il e"t administl'é; si nous admettons qu'une quantité de
sels, si faible qu'elle soit, ne saurait être ab ~ olument
indifférente quand elle est UI'ajoutée aux sels contenus
naturellement dans le sang, nOll ne pouvons, cependant, comme on l'a fait autrefois, attribuer exclusivement à ces sels les résultats thérapeutiques que nous enregistrons, La richeese alcaline des eaux de Vichy a pn
faire supposer que les guéris ns opérée par elles dans
les cas de dyspepsies, d' ngorgement' vi cér'aux, etc"
étaient du saux ,el alcalins plutôt qu'aux autres
substances altél'antes qu'E'll s contiennent; mais il
nous sembl moins facile d'expliquer de la m~e
manière les guérisons de dyepepsies et d'engorgements
opéréei'l ég'alement pal' les eaux de Plombières, comparativement si peu chal'g'ées d principes "alillS. Si la
clinique établit quelqu analogie d'action entl'c les
eaux de Plombières et les eaux de Vi hy, an lieu de
l'attribu r fi \lX sels qui clans l'une t dans l'autre se
tl'ouvent en des proportions si difl'éJ' nt s, ne convi nclrait-il pas mieux de l,' fnil' cl 'pendr de la p1'ésenc de qu 1<1 ue autl'e principe 1l1inérali ateur énergique, 1 l que l'al' enic, dont léS do ~es , d'un côté
~e nt ent
des termes un pen plus
comme de l'autt' ,pl'é
comparablfs? 's réflexion s surprendl'ont-elles les
pratici ns qui saVE'nt combien l'action des bains artificiels, composés uniqu ment de carbonate de ouel ,
�-
H2-
diffère de celle des bains naturels, alcalins aussi, de
Plombières et de Vichy?
Nous pressentons toutes les objections que peuvent
soulever ces r éflexions. On dira, entre autr 's choses,
que les eaux minérales doivent être étudiées dans
leur état de vie, comme un tout, et sans les di~sequr
par l'analyse: 'st aussi notre opinion; mais nous
devons la re treindre aux cas où 'la himie ne nous
révèle en elles aucun principe capabl d'élucider leur
mode d'action. Dès Ci u'Angelini eut signalé la présence de l'iode dan . l e~ eaux de Sale' ; dès que Liebig
et Daubeny eUl'ent 'onstaté l'existence de l'hydrobl'omat de magné ie dans les eaux de Kl'euzoach,
l' ilicacité, ju que-là toute JDy ~té ri e u 8e,
cl ces eaux
contre les scrofule, dut- lie tre attribuée à quelque
autre principe que le brome ou l'ioel ? Eh bien, ce
qu'on CL fait pOUl' le .. eaux de ales ,t de Kreuznach,
nous voudl'ion . le faire pOUl' l s eaux de l'lombièl:es.
Comme la minime proportion des sels qui l s imJ:irèO'nent ne nous donn e pa. une xpli ation atisfaisante
de lell!' action; comme nous 11 pouvons la dMuir
de la pl'ésenc de la g'lail'in , matI l' onctueus ,
émolliente, qui re te ans dout étmngèl'B à l' ffet le
plus ordinaire cl s eaux de Ilombièl'e.. , la stimulation,
nous .'ommes forcés d'aclmcttr gue leurs vertus th "l'apeutiques l' posent sur qu lque autre pl'inciI e min ralisateul'.
1
La . ule sub:tfm e qui l)UÎS e peut-fltr expliquer
l'action cl1rativ des ('aux cle Plombièl'es, en d hors
des Ill'opriét6s qu' 11e' ti nn nt de leur tempél'atul' ,
de leut' état d'eau t de l'ensemble lU me de leur com-
�1~3
--
position chimique, c'est l'm"ellic. - Qu'on nous
perrnette quelques explications à ce ujet.
Ou sait qu'en administrant ceTtains médicaments
à trè -petites doses , et qu'en continuant pendant
longtemps l'usage de certains remèdes qui, donnés
momentanément, paraissaient n'exercer aucune action, on finit cependant par amen l' d'une manière
qu;lconque, mais presque toujours inaperçue, une modification profonde de toute l'économie, soit par les
matériaux que l'on y introduit, 'oit par les impressions locales, par les incitations qu'on y détermine et
qui se propag'ent san .'ecousse dans l'org'anisme tout
entier. Les remèdes qui provoq Ll nt de pareils effet
sonL appelés altérants: tels sont l'arsenic et les eaux
de Pl mbi \1' R. Plusieurs voies SOllt ouvertes à l'action drs lTédicamf'J1t
~ altéra.nts; aussi l s plus préci ll.."X 'ont-ils ceux qui. e pr!!t nt tt des modes variés
d'appli cation, tantôt , ur la peau, tantôt s ur la surfac intestinale.
L s eaux minérales alcalines arseniqué ~ de Plombi61' "e présent nt aW3C ce condition. avantag·euses.
Donnée en bain , ou 11rises n b Ji, 'on, elle ag'iss nt
pal' voi d'aùsol'ption, ,t eil s vont, par l'int~rm
é
lUair du syst me vasculuil' , a/the/', c'e. t-à-dire modifi!' les 'cntr " n l'venx t i0ll, les points de l'écoIlomi où le sang' abonde; ou bi n elles ag-iHsent
d'em blée t par voie d stimulation dil' cte sur le :,'s-'
tèm nervelL"X d la peau ou de l'estomac, poUl' dis 'émin l' nsuit lems efl'et , au moy n d s irradiation,
Il'rveuse, LU' toute, le ' parties animées pal' l
1Ierfs.
net indispensabl , on le conçoit, que d pal' il~
�- 144 médicaments agissent d'une manière lente, mais continue; dès lors, il devient néce::saire que les principes auxquels ces médicaments doivent leur action
n'existent en eux qu'à l'état de grande division,
comme modificateurs permanents, inaperçus, et non
comme perturbateurs brusques et passagers. Dans les
eaux de Plombières, l'arsenic existe précismen~
à
doses très-fractionnées, c'est-à-dire dans les conditions le plus particulièrement exigées par la médication altérante.
Ces réf! xions suffisent sans doute pour démontr r
que les eaux de Plombières ne sont pas, chimiquement parlant, des eaux insignifiantes, et qu'il serait
irrationnel de penser que l'al'. nic ne se trouve 8n
elles qU'iL des doses si minimes qu'il ne peut jouer
dans leur action qu'un rôle indifférent, surtout lorsqu'on réfl échit que son dissoI vant est de l' -au d'une
pureté }l'csque égale à celle de l'au distillée, et que
le ConcoUl' . de ce. deux cil' ons tan es : pureté du
dissol vant et dose lilinillle du princip di spous, sont
des pIns favorablcs an suce \8 de la m6dication altérant .
Apl'èfi tout, on 11 ' samuit oublier qu' n bonD thél'apeutiqn on .ne doit pas tOlljOtll'S concl ur l'ig'our us mcnt de la üos d'un méclicurn nt ü 5 'S effet. pr6 umé:;, mais qu'il fitnt ncore tl'nir compte de l' 'tat
molécuillir dans lequel il e prés nlc, t des formes
pal'ti culièl' fi SOl1 . le. qucll s il p6nètr cl ans l'oro'n,nifi l11 '.
�LÉGENDE
SOU RCES ,
LAN
OB l.4
A
Sourco-du bain Romain, servant à alimenter le
vaste réservoir souterrain placé sous 10 bain
Romain, dans lequel la pomp hydraulique puise
pour alimenter les réservoit's,
t:
Source dite de l'Enfer, destinée Il échaulfor les
étuTes du bain Imp~rial.
C
Source Dassompierre servant il échauffer l'étuve
de l'bospice, placée SUl' la source même et se
rendant nsuite dans le réservoir des baignoires
du bain Romain placé sous la rue devaut
l'Arcade,
D
Source Miller servant 11 alimenter 10 réservoir
placé s<Ius 10 premier étage du bain des Dames,
où clio arrive naturellement sans le secours
des pompes,
E
Sourre du bain des Dames servant 11 alimenter
los pIscines, les baignoir s et les douches de
l'hospic~,
ct dont 1 tl'Op plein pourra servir un
jour il alimenter la I5rosse pompe hydraulique,
F
ourees recueillies sous la rue devant la maison
dito ~rs
Dames, ct qu'on destin li alimentel'
pins tard la pompo hydrauliqu',
r.
Source du bain des Capucins, servant à o.lim nter
leB piscines de ro bain,
Ji
Source imon, nlimcntnnt le réservoir BUp rieur
du jardin.
PL01IBIÈRES
Nt
CONNALTnl!
S0111'CO Savonneuse, sc rendant dan" II' m~e
l' \sol'voil',
le
S,)lll'CC
L
SOUI'C
BAINS ET DES SOURCES
S ALlMEN'fENl'
architecte du département des Vosges
12'2
L
MAnR
IRM
avonneuse liMe, se rendant naturellrmcnt
dans 10 réservoir plac~
seus le premior ~tUJ>r
du
bain des Dames,
du Crucifix, senant priocal~men
pour
hoissons et dou! le trop-plelO so rend au l'és r"oir n" 17,
�LÉG ENDE DU PLAN.
t,
Bain Romalll.
2.
Bain Impérial.
3.
Bain Tempéré.
LÉGENDE DU PLAN.
SOURCES .
4.
Dain di t des Capucins.
~.
Bain des Dames et de l'Hospice.
6.
Pavillon 3ttenant au bain Impérial et réservé n,l'
Princes.
7.
Bâtiment de l'Arcade, contenant lcs 10gemootH de
l'Inspecteur et du Régisseur.
!J .
Pompo hydraulique servant à alimenter tous les
réservoirs destinés à fournir les bains ct Ir>
douches des quatre établissements principau'
A
50urce-du bain Romain, sen'ant à alimenter Ip,
vastc réservoir souterrain placé sou le bain
nomain, dans lequel la pompe hydraulique [luise
pour alimenter les réservoirs.
/1
Source dite de l'Enfer, destinée à échauffer les
étu~es
du bain Impérial.
c
D
Source lIIiller servaut Il alimenter le réservoir
placé S<lUs le premier étag du bain des Dames,
ol! elle arrive natnrellement sans le sccour.
des pompes.
E
Sourcc du bain des Dames servant à alimcnter
Ics piscines, les baignoires et les douches de
l'hospicn, ct dom le trop plein pourra servir un
jouI' à alimenter la grosse pompe h,drauliq~.
F
Sources recueillies sous la rue devant la maison
dito -lrs Dames, et qu'on destine à alimentel'
plus tard la pompe hydraulique.
r.
80\lrce du bain d s Capucin, servnnt à alimenter
Ics piscines de co bain.
H
Source imon, alimentant le
du jardin.
RESERVOIRS.
10. il . ~2.
Trois grands réservoir Il ciel ouvert, destiné. j
refroidir les eaux thermales ct servant à alimen·
tor les bains ct les douches des quat1'e établis-
13. 43. U. ~ 5.
Quatre grands réservoirs sou~rin
destiné. i.
contenir les eaux. chaudes alimentant les bain'
et les douches des établissoments.
46.
Réservoir souterrain destiné aux baignoires du
bain Romain.
17.
Résorvoir placé sous le bain des Dames et sev
vant pour le bain Romain.
ments.
no' 40, ~ t, 42, t 3, ~4
ct 45 SOni
(Lea rose~i
alimentés pnr la pompo hydraulique; le no iG
cst alimenté par la source Nill l'Oct la sourcc
Savonnouse K, qui y arrivent naturellem nt; Ir
no ~ 7 est alimenté par lu source nassomplcrr
Ct par callo du Crucifix).
~ 8.
Réservoir d'cau froide pour douches
ér.osai,'~
PLAN
VILL·E DE PLOMBIÈRES
FAISANT
CONNAITRE
LES
ALIMENTE T
Dressé par M GRILLOT, architecte du d!partemenl des Vosges
~servoi
sup rieur
Son l'CO Savonneuse, sc rendant dans le
rosel'voil·.
m~ntr
1<
S'JUI e Savonneuse tièdo, se rendant natnrellement
dans le r sel'voir placé sous le premier étage du
bain des Dames.
L
Sourcc du Crucifix, sermnt principalement pOUl'
hoisson8 ct dont 10 trop-plein SC rend au l'éser'
voir n" 17.
LA POSITION DES BAINS ET DES SOURCES
QUI
Sourcc Dassompierre servant à échauffer l'étuve
de l'hospice, placée sur la source même ct sc
rendant ensuite dans le l'ésel'Voir des baignoires
du bain Romain placé sons la rue devant
l'Arcade.
��-
145-
CO N CLOSIONS.
On peut conclure des recherches qui précèdent:
lOQue les sources minérales chaudes ou froides
abondent à Plombières, et qu'on pourrait avec elles
alimenter un matériel immense;
2° Que l'échelle thermométrique de toutes ces
ourccs s'étend de 90 et 10° c. à 65 0 et 70 0 c. ;
3n Qu'en les envisageant uniquement au point de
vue de leur température, on peut les divis r en :
. Sources minérales fl'oides;
B. Sources minérales tièdes;
C. 'ource;:; minérul s tout à fuit chaudes ;
4° Que la th rmalit6 <les sour s ('baudes subit de
lég-ères variations qui ne paraiss nt pas nécessaircment liées à des chang'cments de t mpératurc ou de
pression atmospMl'iC),llC ;
5° Que ' C' val'iations, ùan ' leul' Lhermalité, ne coïncid nt pas absolument avec l'aug'fi ntation ou la diminution des princip milléralisateurs qu'elles l' n ferment ;
6n Que ln. somme d c s principes ne parait pas avoir
subi de modifica1ions important s d pui un siècle,
quoiqu'elle soit sujette h dps oscillations Journalieres,
à la vérité insignitiullkl:i ;
10
�-
146-
7 Que la densité des eaux de Plombières diffère
peu de celle de l'eau distiUée ;
8° Que toutes ces eaux, fort analog'ues pal' leur
composition chimique, émanent probablement d'une
nappe commune originelle;
9 0 Que si quelques-unes d' ntre elles semblent fairl'l
exception, cela tir.nt à ce que, !Oe mélang'eant avec
des eaux ft'oides un peu calcaires ou fel'l'ugin uses
(wurce Savonneuse, source FE:rrug'ineu se), elles ont
constitué ainsi des source particulières;
10° Que l'élément minéralisateur qui domine dans
toutes ces eaux est un silicate h ba. e de soude, de po
lasse, de chal/x', dc..1IUlljnésie, fourni pal' la l'ochegranitique d'où elles . mergent;
] 1° Qu'elles paraiRsent avoir pris ailleur,; le autres
principes minéralisateur:; (i'tüfate de souùc, chlorure
de sodium) uRsoc'iés aux précédents;
12° Que le 'al'bouates tl'OLlVPH dans les résidus fournis pal' l'évaporatiJn è.e l'ean minérale à l'air libre
(ex' ption faite deH Fources. 'aVOl1neuse et Fel'l'ugineu ) ne préexistel/t pas, (l qu'ils 1/1' sont que le ré.luttat
de l' rtltlmlÎon progressive des silicates primi! ifs ,] 3° Qu 1:1 matièrc à laq u 11 on a donné 1, nom de
savon minéral sI, principalement constituée par du
sili ate nlumineu,· ;
1<10 Que l'ea u fCl'rnginem; l'cnrt'l'm, comme les
euu SaVODl1 us El, des sili 'at '5 alcn.]jnH t torr ux,
m is qu'elle doit ces propl'iétér-; spéciales à du f l' combiné av c un excè. d'acide arhonique fot av la matière organique qu'on a dé. ignée SOl1.S le nom d'acide
crénique;
15 0 Que l'cxist ne cl la lithin dans les caux de
0
�- 147Plombières s'explique ai ément par la présence de
cette base dans les granites des VO~g'es;
160 Que si l fluor et l'acide borique ne sont signalés
que sous forme de donte, ce dou te se trouve fortifié
pal' l'abondance de la chaux fluatée et des micas
dans les roche que trav l'sent les eaux ;
170 Que la présence de l'arsenic dans tontes les
sources minérales à l'état d'arséniate de soude, et
d'arséniate de fer pOUl' la r;:ource ferrug'jncu.3e en particulier, peut expliquer en parlie leur action thérapeutique ;
180 Que les ources, étudiées uniquement sous le
l'apport de la quantité (l'arsenic qu'elles contiennent,
doivent être l'ang'ées dans l'ordre suivant:
A. Source des Dames,
Sour 'e du Cl'uc:ifix
B. {Somce Saintc-Cl~er
Source Savonneuse,
D. Source Ferrugineuse;
,
19° Que nous n'avons pu obtenir que des indices
d'iode;
2ü" Que les g'nz qui s'écl1appent du Trou des Capucins t de quelques aufr s sources d Plombières
diffèrent csscntiellem nt de l'ai,' atmospMrique;
21 0 Qu'ils sont 'ol1stitués pal' un peu d'o. ygène ussoci6 à une trè ··grande proportion d'azote, sans aucune trace d'acide carbonique;
22° Que l'air des étuves, au contraire, diffère peu
de l'air aLmo 'phprique ;
23° Que les vap urs qui r mplissent les étuves renferment quelques substances salim's et une matière
�- 1lt8 organique; que, dès lors, ces vapeurs sont autre
chose que de la vapeur d'eau ordinaire;
Un Que les essais synthétiques que nous avons xécutés pour essayer de faire une eau de Plombières
artificielle, tendent à démontrer que l'eau minérale
naturelle se fOl'me, en partie, par lixiviation, dans les
granites d où elle émerge.
�TABLE DES MATIÈRES.
AVAN'r-PAOPOS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
.,
ln. - Substructions.- Sol. - Désignation dc's sources.
1
CIIAP. JI. - Du rendel\lcnt des sources ot du matériel qu'elles
alimeutent . . . . . . . , . . . . . . . . . . . .
21
CUIP, III. - De la tempél·ature des caux de Plombières .
20
CIIAP. IV. - Analyse chimique; coup d'œil rétrospectif
55
CUU.
CUAP.
-
V. - Nouvelle analyse dos oaux ùe Plombières.
80
Caractères généraux . . . . . .
00
- Densit6 des caux do Plombières.
02
- Tableau des sommes de résidu fixo fourni pal' les eaux
de Plombières . . . . . . . . . . . . • . . . . "
04
Phénomlmes qui so manifestent pendant l'tlvaporatioll
des caux do Plombières. . . . . . . . . . . . . . .
115
~
-
Les cnrbonates alcalins ne préexist03llt pas dans les
eaux do Plombi
~rcs
. . . . . • . . . . . .
- Action des rénclifs sur l'enu de Plombières.
ou
\Hl
�-
150Pages.
- Recherches qualitatives et quantitatives de certains principes minéralisateurs. . . . . . . . .
98
a. Acide carbonique et carbonates .
98
99
b. Phosphate et fluate . . .
c. Iodure . . . . .
cl. Acide bol'ique ou borate .
e. Arsenic . . . . . .
f. Dosage de l'arsenic
[J. Litliin . . . • . .
h. Soude et potasse .
i. O;..ydes de fer, de manganèse, de titane.
j . Alumine. . . . . . . . . . . . . .
le. Matière ol'ganique-pseudo-organique.
1. Glairine. . . . . . . . . . . . . .
-
100
101
10 l
102
103
10!,
10
~
105
105
105
Composition de l' cau minérale des principales sources
de Plombiùres ct de celle des divers bains des établissements thermaux . . . .
110
Composition de l'cau du Crucifix
110
Composition de l'eau des Dames
111.
Source ct m:üièrc savonn euse . .
111
Composilion de la matière savon neuse.
114
Composition d l'enu sa vanneuse
115
Source Saint -Cath erin e . . . . .
115
Composition de l'cau cie ln 50\1l'e'3 Suinte-Calherine 117
Composition du mélange pOUl' bnius dans les divcrs
élabli sSOlnents . . . • . . . . • . . .
11.8
Eau de la l'Îvit'r et de la fontaine Godet.
118
Composition de l 'eau do la fontaine Gode t.
110
Composition do l'cau d ln rivière.
120
Source Ferru gineusc • .
121
DoslIgo du fer • . . .
122
~ta
124
du fer dnns l'oau rerrugin use
�-
151 Poge •.
Composition de l'eau de la sourcé Ferrugineuse.
126
Analyse du gaz qui s'échappe du TrOll des Capucins
et de la troisième source nouvelle de la rue. . 126
Résumé de la composition rntionnelle de l'cau des
principales sources de Plombières . . . . . "
120
Ré' nm!! de la composition rationnelle des sources
Savonneuse et Ferrugineuse.. . . . . . _ _ . .- 130
Examen des vapeurs spontanées de l'cau de Plom131
bières . . . . . _ . . . • . . • . . . .
Examen du gaz recueilli dans le vaporarium. _ _ .
136
Réflexions sur le mode de formation des caux miné,
ralr.s de Plombières ct sur leurs propriétés llJérapeutiques .
137
Conclusions. • . . . . . . _ . • • . . _ . . . _ . . • .
--
14~
��LÉGENDE DU PLAN.
1. -
B:lin nomain.
2.
Bain Impérial.
3.
Baill Tcmpél·é.
l,. -
Buill dit des Capucin,.
5. -
Bains des Dames ct de l'Hospice.
6. -
Pavillon attrllant au bain Impél'itll ct réservé aux princes.
7. -
Uùtiment do l'Arcadc contrnant les logements de l'in spectour
et du r·égisseur.
8.
P ompe hydrauliqu servant 11 a li monter tous les ruservoirs
destinés 11 fournit· les bains t les dO llches des quatre établisscments principaux .
10. 11. 12. - Trois grands réservoirs 11 ciel ouvert, desti nlls il
refr'oi dir les caux lhcrmah's, ct sorvant il ali menter les bains
et les dou hes (les quatre élabisemcnt~.
13. 13 11,. 15, - Quatre gr'ands résor'vo irs souterrains destinés Il
c,lIllcnir le caux chaudcs alimentant les bu'n ct les dou·
ches dcs élab
li ~;c
m e nt s .
10.
n éser'voir souterrain de tiné aux baignoire du bain Romain.
17. -
Réservoi r pIncé sous 10 bain dos Dames ct servant pOUl' 10
bain Romain.
(L s réservoirs n" 10, 11, 12,1°,111 rt 15 so nt alirneté
~
pal' la pompc hydraulique j le n" 10 st a li mcnté par la
sourcc Millcr D CL 1,\ ~Ol'C
Slvonncusc K, qu i y arrivent
natul'cllcment; lc Il '' 17 st al imcnté pal' la source Bassompirrrc ct par ccllo du Cr'uri/h.)
' 8. -
n ~scrvoi
d'cau rroidl' pOUl' douches écossaiscs.
so nCES.
A -
Sourcc du bain Uom nill F.crVl\l1t il ali montcr )e vasto l'éscrvoÏ1'
~olcrni
placé sous le bain Uomain dlLn
~ 1 qu('l ln pomp
hydrauliquc pUi5~'
pOllr Illilllcnt l' ka l'éOlTVoil's,
�B
Source dite de l'Enfer, destinée 11 échauffer lés étuves du bain
Impérial.
C -
Source Dasompierl'~,
scrvant à échauffer l'étuve de l'hospice,
placée SUl' la source mCme, ct sc rendant ensuit!' dan s le
réservoit' des baignoir'es du bain Homuin, placé oous la rue
devant l'Arcade,
D-
Source Miller, servant il alimenter le réservoit, placé ous le
1·' étage du bain de Dames, où clio arrivo naturellement
sans le secours des pompes,
E -
Sour'ce du bain des Dame scrvant Il alimentel' les piscines, les
baignore~
Cl les dou ches de l'hospice, ct dJtll le trop-plein
pourra servir un jour 3 ulimenter la grosse pompe hydraulique,
F -
Sources recueillies sous la l'ue devant la llI:LÎson dito des
Dames, et qu'on destine iL alimellter plus tard la pompe
hydraulique.
G
Source du bain des Capucins, servant il alimentcr les piscinC3
de ce bain.
Il -
Source Simon, alimentant le réservoir supérieur du jardin.
1 -
Source Savonneuse se rendant dans le mCmo rt!servoir.
K -
Source Savonneuse tiède 50 rendant nat ul'ellement dans le réservoir placé sous le 1" <ltage ùu bain des Dames,
L -
Source du Crucifix, serl'ant principalement pOlll' boissolls, Qi
dont le trop -plcin se rond :lU réservo!!' n° 17.
�DES
EAUX
MINIRO-THERMALES
PAn
LÉOI'OLD
'I.'URUK.
OOC1' EUR MÉDECIN DE 'l,A FACULTÉ DE STRASDOURC,
MEMBRE D'UN
GRAND NOMDRE DE
NATIONALE
SOCIÉTÉS SAVANTE
ET É'l'l\ANGÈRES.
QUATRIÈlIJE EJJJ1'ION.
APARIS,
CJJEZ llAlLLÈllE, RUE DE L'ÉCOLE DE ltnmECINE, 17.
ANJmmIÈRES,
CHEZ 1I1.AIZll.
18t'1,7.
�·.
�J'avais dédié la troisième édition de cet ouvrage à mon ami,
le docteur Champion, de Bar-le-Duc: ce médecin si distingué
est mort depuis, victime de son dévouement.
Peu d'bommes disparaissent de ce monde en laissant autant
et de pareils regrets . Sa mort a été considérée, par les habitants du département de la Meuse, comme un malheur public .
Ses amis ont élevé un monument à su mémoire, gravée, dans le
cœur des pauvres surtout, en caractères ineffaçables . Je reproduis
ici la dédicace qu'il avait acceptée, Si son âme grande et noble
s'intéresse encore aux cboses de ce monde, et j'aime à l'espérer,
eUe accueillera volontiers ce doux et triste souvenir,
��ACI\ÉG~
A LA FACUL'I't DE m t oEclNE DE STRASnOunc, PI\OI'ESSEUn liE [.'ÉCOLE
D'ACCOUCIIEMENT DU DÉPAJ\TI::MENT DE LA MEUSE, ETC., ETC.
Ceux qui vous connaissent et qwi li1'ont ce précis dl, mode d'action des
eaux de Plombières, le trouveront peu digne, sans doute, de votre patt'onage. En effet. pour dédier un traité de médecine à une de nos célébrités
chirurgicales, à un médecin aussi connu par sa V'lste érudition que par
sa grande pratique et ses nombreux succès, il faudrait que ce livre pût
être classé au nombre des meilleu1's de l'époque.
Je suis bien loin de revendiquer pour le mien un pareil honnem'; et si
cependant je ne crains pas de vous l'offril', c'est qu'à côté du savant, il
Y a chez vous un ami auquel je m'adresse d'abord, bien certain que je
suis de son bon accueil. Je dirai à cet indulgent ami toutes les difficultés
du sujet que je traite.
m'écoutera avec bienveillance et il m'aidera de
ses conseils, pour éclairer une foule de points enCQ1'e obscurs dans l'al't
d'administrer les bains et d'en ti1'el' le meilleur pa1'ti possible.
Cet art, suns être mieux connu des anciens, était cependant bien mieux
pratiqué, Ils devaient à l'empirisme une foule de notions SI-'r la manière
d'administrer les bains, qui les rendaient un des plus l)uissants moyens de
1(1, médecine. Aussi Hippocmte d'i sait-il déjà que le bain convient dans la
TJl1tpa1't des maladies : Balneum in plerisque mOl'bis confert. En effet,
suivant la température à laquelle il est administré, mivant sa durée, suivant
n
�enfin les substance,ç que l~art
ou la nattl7'e ont mêlées à l'eau, le bain
est un t'emède qld prut ?'emplir les indications les plttS opposées. C'est ce
que VOltS savez pm"faitcrnent bien, nour··ri que vons êtes des doctt'Ï'lies de
nos p,'édécesSelt1"S; c'e.çt ce IjlW vous t'cvèle cha,que jour aussi vot7'e longue
et heureuse expcl'ience.
Mais ceUe connaissance des bons efTets du bain est peu t·épandue. Le
bain pulJlic, pl'OScrit 1)111' les mœltf'S sévères des prmniers chrétiens, n'a
eté de nos jours qu"impar(aitmnent rétftbli dftns tout ce qu'il peut avoir de
'véritablement utile.
Compositllm al/lcm cst totum lavaCl'um ex pal'tibus facultatc inler sc
difl'cl'cnl,ibus. Quippe ingl'essi in a l'C caliùo vCl'sanlul'. Postea in uqu:nn
calidom inlroellnl : dcindc ab hac cgl'cssi in fl'i gidam : deinde sudorcm
dctel'gunt, d'isait Oribase. Et ce passage de l'ail' chaud d(tns l'eau
chaude, puis de calle-ci dans l'eau (l'oide , où le baigneur' ne r'esta'it Ijue
Ijuelques instants pour être ensuite (rictionné avec la stt'igîUs, épongé ,
(rottiJ d'huile SOuvent chal'gee d'essences , ne rc.çsemblait en den à cc qui sc
(ait de nos jours, au moins dans toute la pat'tie la plus civilisée de l'Eul'ope, car les Russes ont conservé, avec peu p.~ modifications, les bain
anriens. Chez eux, V'rès des bOt'ds de la mel' Noire comme en Sibin"ie, on
tr'ouve des vicill"ar'ds à â.!]e patTiar'chal,
Ce n'cst !]Uèl'e que la doltohe 6cossa'ÏSe, dont plus d'une (o'ÏS VOltS avez
fi ppl'écié la puissance. qui se T'approche, 2Jar son action sur la peau, de
celle du bain des anciens. Ils possédaümt, sans aucun doute , sur la température dit bain. des notions (01't précieuses qui nous manquent aujourd'hui, et sans les tmvaux de mon frère, qui lui aussi est votre ami,
nous ne pOtinions pal nous expliqum' ces guerisons de maladies en appa"ence tout (t (ait semblables, obtenues, les unes par' des bains (r'ais., les
(Httres pat' des ba'ins chauds et prolongés . Nous savons ma'tntenemt que,
dans les prem.iers cas. les accidents morbides étaient dus li une t1'OTi gmnde
activité des (onctions de la peau, landis que, dans II: second cas, c'était a'u
rté(nut il' action de cette membmne Iju'a (a.llait rŒIJporter les accidents clont
sn plaignœient les malades.
Nous m(mquons aujourd'hui encore rIe notions pl'ucises sur la rItwée à
donner nux bnins dans les diverscs rnaladies. lI'1es pt'écédents M'avaux, (âdés
de celtx de mon {rrre, tendent à ln'olwel' que, dans les irritations cérébmles
(fièvre ch-r:/n'a.le ou mnnie) proltuites peM' la surexcitation de la penu, IJat'
Wl dcyagrmant trop considii1'(tblc rI'élactricité nagCttitle, les b(Lins (mis llelwcnt
rt'I'e 1)QI'tes à une duriJc de plusieurs .fours, landis {fur ces bctins seraient
c me~t
des it'ritations cérébntles, l)!'oduites ]J(t/.
rno!'lels, a1Jl)[iqués (tU tl'ai
le rlé(ILut d'action de ta pcau, pat' la pr'ésence dans l'éoonomie d'une trop
pl'ande quantité d'acides qui, en neull'aUb'nltt çn tl'Op grande propurtion
�les c61calis du sanfl, t'endent cc lIat'n'icl' trop plastique, tl'oll confllt/llble, ci
IJrélf,isposent (1 toutes les formes que IJeUvont rc-IJI!tù' les maladies de na/m'c
goutteuse.
C'est contf'e ces maladies si comrnunes, ct I/t,i, jusqu'aux travaux de
mon frèTe, avaient été si peu connues, que nos eCl:ux de Plombières conviennent admiTablement, comme vous l'a'llez éprouve, et pOU?' Vous.Jfllôme ct
llOUl' beaucoup de vos nombreux malades.
Nos caux, en elTet, outre qu'elles contiennent et I/u' elles irUl'oduisent dalls
l'économie les sels du sany (1), augmentent aussi à leul' aide les fonction,ç
acides de la peau ct rlJtttblissent (tinsi l'équil'ib)'c, pu'iS$arnment sccondiJes
I/u'elles sont, et lJat· leur t&mpe1'atu'rc ct pœ/' la dùn;inul'ion de li1'ession
tttmosphériquc due à l'élévation de Plomliièl'cs (2).
Nous avons egalIJment Ilien peu de données exactes Slt?' les elTets etes bl.tin,~
composés. Les anciens cepe11dant en {(tisaient un g)'{tnd usage. JEgl'otalltium autcm causrt multas aq ll ::C misturas par:Jtas habcballt, dit Si cc us
dans son Compendium de Balncis. L'npplication dcs doctTines électf'ocMm'i ques à la médecine va jeter sans doute beaucoup de lumière sm' celle
importante quest'i on; rnais que de recherches n'avons-no1.'s Pas eneOl'e If
{o'i1'c POU?' l'éclairef' complétemeht.
(1) On scnt bien que les acides, laissés (bns 10
s~ng
pa,' le vice des sécrétions,
n'y son t point en excès ni à l'é tat libl'e; la vic Ile supportCl'l\Î1 pas UII t,'oul>le SCIIlblable : clio sera it détruite à l'instant si le sang devenait acide elm.)me s'il était
neutre. Au mOlnenl où son allol'(\liOIl esl la plus grande chez les gou tteux, il esl
encore alcalin; seu lement il l'esl moins <lu'il ne doit l'être dans l'élal de santé.
(:rmilé de la goutte el des maladies goutteuses, pal' S. A. 'furclt, ehap. II.)
(2) Les caux de Bains el de Luxeuil, qui ne sonl poinl alcalines, ou (lui le sont
à peine, seront donc toujours, à cause de cola même, de beaucoup inl'é,icures :1
coll es de Plomhièl'es, au moills pour la classe la plus nombreuse de maladies, pour
toules cell es cnto'c auU'cs qui sont ducs à l'affaiblissement des {onctions de la pcau.
Enfin, Plombièl'cs étant le seul des établissements thermaux de l'est dc la France
dont les caux soient assez abondantes ct 'assez c!,nucles pour alimenter de vastes
étuvcs, il méritera toujours une allentioll toule spéciale du Gouvernemcn t ; il ser:l
toujours compté au nomhl'c dcs bains les plus importan ts dc la Franco; ct l es médecins suisses ct :.llemands conlinuel'onl à Ic prélërc,' Ilc beaucoup aux bains acidules
cl salin s dc Bade tians le Grand-Duché, bains d'une n,llure toul à fait opposéc "
ccll e des nÔtr('s, bains gén éralement peu convenables à la guérison des maladies
clll'onicrues de nos climats, et qui sc rccommandeut surtout pal' la beauté d'l pays
ct pa,' les jcux public'll, si tanl est que des jllux publics puissenl êtrc une rCCOlTlmandation pou,' la ville qui a le triste I"'ivilége (le les posl~aer.
Les bains de Plombièrcs,
ainsi cruc le Jisuit le célèb,'c docteur Hutini, de Genève, se,'ont toujo urs tes plu,'
f'o1ll1al1ls, COl1nllS au moilli dans cellc partic de la France.
�L'r]loque de l'iUtnre où l'on doit dc pré{ércllf'c recow'ir iL l'usage des
{}(tins minéraux est aussi clltièl'Clncnt ignorée de beaucoup de nos confrëres .
et ccpendcmt, dans une (oule de ras, cette époque cst d'une grande im1lm'fance à bien précis!'/'. Tempus eon"I'Ullm balnea pel udi e l men
maio ct Se(llCmbl'i) rfisrtit un anrien autelw, ct cette opinion de l'antiquité
est d'un (frand llOids, ainsi que je l'ai établi ailleurs.
Enfin, it loutes ll'S difficultés du sujet qlW je tmite dans cet ouvrage, il
(ma l'li core ajonte/' celles qui résultent pom' moi de l'application d'une tMo,'ie qui, quoiqlW puissante et (Ol'te de v/lritt!, n'Clt est pas moins toute
nouvelle encore; aussi mon l'ivre devait - il être et est-il très - imp(t1'(ail.
Il (allait donc qu'en vous le décliant je comptasse autant que je l'ai (ait
.m)' l'indulgcnte amitié avec laquelle 110118 accueillerez ce nouveau témoign(tge
7mbUe de tOlit mon dévouemellit,
Voll'c ami)
�PLOlUnIÈRES est une jolie petite ville de 1,500 habitants, située dans une vallée étroite et profonde, dans
la direction de l'est à l'ouest, sur les bords d'un torrent
nommé l'Eau-Gronne, à l'extrémité méridionale du département des Vosges. Son élévation au-dessus du niveau
de ]a mer est, suivant les uns, de 421, suivant les autres,
de It44 mètres; ene est bâtie sur un terrain granitique.
On ignore quels en furent les fondateurs, mais r étendue
des travaux dont on retrouve encore de nombreux vestiges, leur solidité, leur parfaite exécution, leur forme,
de monnaies romaine et une inscription latine en l'honneur de Neptune, ne permettent pas d'attribuer ccll('
fondafion à d'autre qu'au ' Romain (1).
(1) Voyrz Ir Trailé historique des eaux de Plombières, jJar DOM C
LM ET.
�ij
AVANT-PROPOS.
Ces travaux ne sont pas de ceux que l'on entreprenait
au moyen âge; leur importance, d'ailleurs, aurait obligé
les historiens de cette époque à en parler.
Vassebourg (Histoire de la Gaule Belgique) dit qu'Ambron , ms aîné de Clodion le Chevelu, fit rétablir les bains
de Plombières, mais l'archidiacre de Verdun n'appui
celle assertion sur aucune preuve. Tout porte à croire
que nos bains furent détruits, au milieu du cinquièm
siècle, par les hordes que commandait Attila ct que Plombières fut ensuite longtemps inhabité. Ainsi, dans une
fouille que l'on fit SUI' la place, entre le bain Romain
d'aujourd'hui et le bain Tempéré, en 1825, on mit à
découvert la partie moyenne de l'ancien bain Romain,
vers le fond de laquelle on trouva un noisetier entouré
d'un dépôt de tourbe formée pal' ses feuilles et ses fruits
et de 12 centimètres environ d'épaisseur.
On ne sait pas à quelle époque du moyen âge Plombières ' sortit de ses ruines. Saint Romaric fonda en l'an
620 le célèbre chapitre de Remiremont; il est possible
que ce furent les abbesses de ce chapitre et les moines
du couvent voisin qui firent rétabliL' nos bains; cependant,
comme les rois de la seconde race avaient un palais à
Remiremont. ou tout près de là, il est possible aussi
que ces rois aient concouru à cette restauration.
L'étymologie du nom de Plombières n'est pas mieux
connue que son origine. On a cependant beaucoup dismais heureusement r obscurité dont
couru sur ce sl~et;
il reste enveloppé n'est pas très-regrettable.
Dans le patois du pays, Plombières se nomme Piommer ou Piummer, et quelques auteurs ont pensé que ce
nom venait de' la propriété que nos eaux doivent à leur
chaleur de faire tomber les plumes des oiseaux quand on
I<'s y pJOl1g~.
D'autrcs on t prétendu, au contraire, que
Il' nom de Plombièr'es venait de plmnbum ) supposant
�iij
AVAN'f- PllOPOS.
Slans doute qu'il y avait dans le voisinage des mines de ce
métal.
Enfin, comme le premi r mai de chaqu année on
décorait nos bains avec les fleurs de la sai on, on a pensé
aussi que les Allemand , qui, plus qu toute autr nation,
fréquenlaient alors nos eaux, les avaient nommées, à cause
de cette rêt r Bains-des-Fleurs, ou dans leur langue (1) ,
blumen bad ou blume bœder d'où par corruption on aurait
f:üt le mot Plombières.
Ceu fète, belle de simplicité, mble d' celer une origin
plus ancienne que le moyen âge; c'était ans doute à la
divinité protectrice des caux que les Romains adressai nt
cet hommage : il était tout à }a reconnais ance.
Dans l'origine, l'aspect de la vallée où 1'011 a bâti
Plombières était des plus sauvages. Ces pentes rapides,
aujourd'hui couver les de prairies si bien arrosées et
de jolies habitations dans toute la hauteur de la montagne, l'étaient alors de forêts et d'énormes amas de
pierrps '. connus dans Le pays sous le nom de rneur.jers
ou mur.7ays.
Les vieillards qui abondent à Plombières (nous avons
pOl'du, il Y a quelques années, une demoiselle arrivée
à l'tlge de 107 ans, en conservant jusqe-l~
une santé
remarquable), se souviennent tous du temps où les prés
de la Grange-Jacquot et la plupart de ceux qui se trouvent entre la rivière et la route d'Épinal n'étaient qu de
mUl'Jays .
A la place d l'un des plus considérables du pays,
à lIne demi-lieue au-dessous de Plombi~'es,
on voit
la bene ct pittoresque ferro Parisot, où de l'ich s l)1'aiJ
(1) Ail
l'appol'l
de
PIIII ,II'PU S Cnul.l:<G1U5 , médec ill
pall'iole' IIOlum:.\Ïcu l 1I0S
hain
PlllmlJrl's/)(ui.
allcmalltl, ses
COIll-
�iv
AVANT-PROPOS.
ries recouvrent un pierrier de quinze à vingt pieds d('
profondeur.
Mon ami M. Hogard, l'un de nos plus savants géologues, les considère comme des moraines, comme des
dépôts amenés par d'anciens glaciers qui paraissent avoir
recouvert autrefois les Vosges. Il a publié sur ce sujet
plusieurs articles où la science le dispute à l'intérêt;
j'en extrais le passage suivant (1) : « Sur les flancs des
montagnes des vallées de Combauté et de l'Ûgronne,
on remarque des amas considérables de blocs anguleux,
qu'au premier aspect, on pourrait prendre pour des
nappes d'éboulement dont on voit quelques exemples
sur les flancs de la Vêche, du mont d'Agnal, vers Ûutremont. Mais on parvient sans peine à reconnaître, entre
les uns et les autres, des différences essentielles qui motivent leur séparation en deux groupes bien distincts.
Les matières des massifs d'éboulements instantanés
sont entassées indistinctement, mais comprimées; dans
ceux des éboulements successifs, le triage de ces matières a lieu : les plus gros blocs occupent la partie
inférieure des nappes, qu'ils entourent quelquefois en
formant un bourrelet relevé; les arêtes des talus sont
toujours rectilignes du sommet à l'origine du bourrelet
terminal, et leur inclinaison varie de 26 à 55°, suivant
la nature des matériaux accumulés (1); enfin, l'arête
de ces amas, affectant généralement une forme conique,
suit la ligne de plus grande pente des montagnes, conditions dans lesquelles se trouvent les éboulements de la
Vêche, d'Ûutremont et de quelques autres parties de la
vallée d'Hérival.
)l
CI) Annetles de 1(1 Société d'ltmu/rttiun , 18 Hi.
(1) O/)scrvntions SUT les mornincs. 1 !H2, (l. 38 .
�AVAlST- Pll.Ol'O •
v
Dan la val1ée ûe l'Ogronne, à l'amont et à l'aval
de Plombières, dans les vallées de Saint-Antoine, près
d'Hérival, il existe d'autres d' pôts de blocs qui n'offrent,
soit dans leur ensemble, oit dans le détail de chacune de
leurs parties, aucun de ces caract' l'es essenti Is des talus
d'éboulement.
)l Les blocs n'y sont pas striés et déposés de haut en
bas, en raison de leur masse; ils ne ont pas entassés
et serrés les uns contre les autres. S'il occupent quelquefois les parties plus fortement inclinées des flancs des
montagnes ,ils se trouvent au si, et beaucoup plus
particulièrement, dans des vallons dont 1 pentes n'cessairement sont moins considérab'les que celles de ces
montagnes : quelques - uns de cendent jusque dans le
fond même des vallées, mais c'est encore une exception, tandis que généralement ils occupent une position
à peu près également éloignée des sommités et des fonds
des dépressions. On y rechercherait en vain la moindre
trace d'une 'arête rectiligne, partant d'un escarpement et
suivant une pente uniforme jusqu'au point le plus bas,
tandis que toujours on y voit des renflements, des dépressions, qui ne permettent pas de supposer un seul
instant que ces blocs aient été animés d'une certaine force
d'impulsion.
» Ces blocs sont presque tous anguleux) et quand ils
sont de nature de grès et de poudingue, ils sont polyédriques, à arêtes très-vives, ce qui prouve bien qu'ils
n'ont pas dû s'entre-choquer: il existe entre eux d s
vides considérables, et dans quelques-uns de ces amas,
il existe presqu'autant de vides que de pleins. Les arêtes
ne :sont aucunement émoussées, les blocs superposés
ne sont pas mêlés à des débris, des éclats qui se seraient produits- sous le moindre choc; ils r posent indistinctement sur ·Ull de leurs angles, sur une arête;
»
�VJ
AVANT-}'ltOPOS.
ils sont ouvenl red.ressés et appJiqués les uns conlr
les autres en s'arc-boutant, de lelle façon qu'on doil
admettre qu'au moment où ils ont pris ces positions,
les vides existant entre eux aujourd'hui étaient remplis
p,u' une substance solide, qui a disparu depuis en laissant
à ces masses à claires-voies une structure particulière
que n'offre aucune des autres accumulations de débris
de roches produites sous l'influence des eaux, ou par
suite de la destruction de quelques masses minérales
laissées en surplomb au haut de quelques pentes escarpées
ct projetées ensuite vers le fond des vallées.
» La glace est la seule substance qui ait pu momentanément servir de lien commun à ces blocs, favoriser
leur accumulation dans ces conditions, sur des pentes
et dans des dépressions à partir desquell es la surface du
terrain se prolonge suivant des plans dont la courbure
el le peu de raideur ne pouvaient permettre l'éboulement
des matériaux, et à l'extrémité supérieure desquels on
ne voit pas d'escarpements de massifs de' ces masses
minérales d'où ces blocs ont été tirés. La glace seule
a pu disparaître sans laisser de trace de son passage
ou de son mélange; des saJ)les, des argiles, des galets
seraient demeurés en place, tandis que dans les parties
les plus inférieures des amas dont il est question, nous
retrouvons entre tous ces blocs les mêmes interstices, les
mêmes vides.
}) Nous distinguerons donc les nappes d 'éboulements anciens, récents et continus, des amas de blocs jetés
çà et là, souvent sur les parties les moins déclives des
pentes, restes de moraines latérales des glaciers qui
occupaient autrefois une partie de la contrée, en faisant
remarquer en outre que ces sortes de moraines occupent
des points d'autant moins élevés au-dessus du fond des
vallées, qu'ils se trouvent pJus éloignés de l' orjgine de
�vij
~es
AVANT-PfiOPOS.
cavités, ct qu'ils n'ont atteint les lignes de Thalweg
qu'au point où se terminaient les glaciers dont ils indiquent ainsi les limites, en l'absence de moraines terminales qui, dans quelques contrées, ont entièrement disparu. »
Dirc depuis quelle époque existent ces moraines c'est
chose absolument ïmpossible. P ut- tfe et probablement
même elles étaient déjà formé s quand les hauts pics
des Alpes s'élancèrent pal' delà lcs nuages. Mais quelle
ét:1Ît la cause qui refroidissait ainsi notre pays aujourd'hui tempéré? La terre aurait-elle c.hangé d'équat ur?
les Vosge étaient- Iles plus rapprochées du pôle ou ou
le pôle même? 11 est plus prohabl qu'avant la formation
des houilles, des lignites, d s toul'bes et des immenses
forêts qui existent encore aujourd'hui, l'atmosphère plus
dense, parce qu'elle contenait plus cl' acide carbonique
employé depuis par la végétation, était alors plus froide
qu'elle ne \' est maintenant.
Mais laissons aux géologues la solution de ces hautes
questions, tout en accordant à nos meurgers l'attention
qu'ils méritent et ils ]a méritent à un haut degré, comme
nous venons de le voir, ces vieux débris d'un autre
âge, devant lesquels ont passé une partie des merveilles
de la création qui a précédé la nôtre, et dont on retrouve
partout les nombr ux l'estes. Ces moraines étaient là,
teHes à peu près que nous les voyons aujourd'hui quand
non loin d'elles paissait le gigantesque mammouth.
Elles étaient là encore lorsque, pour la première fois,
l 'homme foula le sol des Vosges, où les loups, les ours
ct le presque fabuleux urus régnaient en maîtres. Elles
étaient encore là ces moraine quand les Romains fondèrent nos bains et quand, plus tard, Attila, le fléau de
Dieu, les fit détruire. Ne passons donc pas inattentifs
A
�viij
AV ANT- PROPOS.
devant elles puisqu'elles peuvent évoquer Lant eL de si
magnifiques souvenirs!
Avant que )' on eût recueilli les sources d'eau chaude
dans des bassins, le torrent de l'Eau-Gronne passait au
milieu de la ville, dans le fond du grand Bain ou bain
des Romains; il séparait ainsi la base des deux montagnes.
Les fondateurs de Plombières le rejetèrent à gauche,
en lui creusant un lit dont les bords sont défendus par
des murs en gros blocs de pierre dure, taillés et posés
les uns sur les autres, en forme de degrés à grandes
retraites et à joints presque imperceptibles, et par des
bancs de ciment desLinés à empêcher l'eau du torrent
de venir se mêler à l'eau thermale. On peut voir encore
aujourd'hui, sous le pavillon du bain des Dames, une portion de cet ouvrage. En 1857, on en a retrouvé la suite
à plusieurs pieds sous terre, dans le milieu de la rue de
Saint Loup, où l'on a construit un nouveau canal pour
vider les bains.
Un incendie détruisit entièrement notre ville en
1498; une inondation, le 25 juillet 1770, combla le bain
des Romains et renversa plus de vingt maisons. Aujourd'hui nous n'avons plus à redouter une inondation
pareille. Les ,voûtes sont plus élevées, les maisons sont
plus solides; mais l'incendie, commençant au haut de la
ville pal' un grand vent de nord-ouest, pourrait encore
détruire PJombières; l'autorité municipale en a été avertie il y a longtemps : espérons qu'elle prendra enfin des
mesures convenables pour éviter un pareil malheur.
Nous avons à Plombières cinq établissements thermaux.
Le bain des Dames, le grand Bain, le bain Tempéré, le
bain des Capucins ou bain des Goutteux et le bain Royal.
Nous avons en outre deux étuves : celle de l'Enfer, qui
fait partie du bain Royal, et l'éLuve de Bassompierre; la
�AVA T- PIlOl'OS.
lX
rOnLaine <lu Crucifix, plu . iNu's 1'001tailles d 'e:w dite savonncuse, rt la fontaine fcrl'ugineuse.
Le bain des Damc appal'lcJlai\ aux chanoinesses d Remil'emont. Elles le firent l'Ctonstrnil'e ùe 175'5 à 173ft
Vcndu pendant la Révolution, il fut longtemp une propl'iété particulière. Le Couvernement en a fait l'a 'quisition, mais sans le pavillon qui en faisait parti ,ct d:ms
lequel 011 trouvait trois grandes salle!'> remplies de IJaiglloil'cs pour les malades qui y !'tilluaicnt.
Ce bain est situ ' en haut de la gl'andc 1'1H' d Plombièr s, sur la l'ive gallche cl l' Ea u-C I'0I111e. La sour '0
qui l'alimeute a 42 degrés Réaumur ou 52 degrés 1]2
c iltigradcs . Cette source est plus chaude gue 'rlle dn
Crucift · dont nous parlerons plus tard; b aucoup <le
p l'sonnes la préfèrent pOUl' la boire, ct les Suisses surtout;
en général on la digère mieux. Déj;'l D. Léopold Durand, de
la congrégation de Saint-Vanne (1), en avait fail la remarque
dan. le Tra'ité histor'ique des eau.'X: de Plomb1'ères) etc. )
mis on ordre par Dom Calmet qui lui a donné son nom.
Le bain des Dames vi 'nt d'ètre entièrement reconstruit
sur les plans et soUs la diJ'ection d mon ami M. Grillot, auquel nous devons Mjù la r stauration <lu bain
T mpél'é, les salons et Je ba in Romain. Le hain des
Dames a deux étages. Au rez-de-chaussée, il Y a deux
hass.ins un peu moins grand s chacun que eux du bain
Tempéré t plusieurs cabinets de douches. L'cau y est
maintenue à 28 degrés 172 Réaumur ou 37 degl'és centigraùe . Ces bassins S l'\'enl actudlemen\ atlx malades
de l'hôpital dont nous parl('rolls plus loin.
('1) Je dois la connaissnnce tIc cc fail à mon savant concitoyell c l amj
M. NOël. de Nancy, auteur d'imporlan t ct nombreux mémoircs PO\u' SC'l'vi '
:1 l'hi lOIl'c de LOlTaÎnC'.
�AVANT-]JllOPOS.
Le prclllÏrl' étage du haiu des Dames est à peu près
d(· niveau avec la route de Luo 'eui1. Il est compos' d'une
salle entourée de 18 cahinets de bains, qui seront chacun
pourvus d'une douch . Cette salle l' pose SUI' un bassin
rempli d'eau haude et servant au bain Romain, de sorte
que les malade auront l~ aussi, comme au bain des
Romains, l'avantage très-gralld de trollv r au sortir de
leur baignoire un pavé toujours chaud. C'est au zèle de
M. de la llerg rie, préfet des Vosges, et de M. le comte
Siméon, député de l'arrondissement, que l'on doit cette
restauration.
Ce bain est élégant comme tous 1 s ouvrages faits par
M. Crillot, ct on ne pouvait tÏecr un mciHcur parti du
p u de place qu'il occup ; mais il aurait fallu doubler
son étendue, en y joignant la maison de M. Georges où
l'on aurait trouvé bc::rucoup d'cau chaude; il aurait fallu
aussi acheter il M. F'ournie et à M. Grillot (Louis) les
sources thermales qui sortent dans une cour de la maison
du premier t sous la maison du second; ces sources
auraient pu être facilement utilisées au bain des Dames;
elles sont inemployées aujourd'hui.
Le grand Bain ou bain des Romains, était très-vaste
autrefois et s'étendait jusqu'au milieu du bain Tempéré. Il
avait a,lors environ 51 mètres de long, sur 7 mètres de
large et 1 mètre 55 centimètres de profondeur; une cohorte de 500 hommes pouvait donc s'y baigner à l'aise.
C'était une magnifique piscine, dans laquelle on descendait
par de larges degr6s aujourd'hui rccouverts. Il était à
ciel ouvert.
On ne sail quels événements en ont enfoui les deux
tiers, ni à que1le époque c la est arrivé. Mais il est
très-probable, ainsi que je )' ai déjà dit, que cct enfouisement date du milieu du cinquième siècle et qu'il est dîl
~Il.'
bandes d'Attila.
�AVAN'l'-j'llO'f'OS,
x.l
Si l'on <levait en eroiec .10A CI\IM CAlIIEIURIUS, qui {'nivit
lm petit poëme sur Plombières en 1540, cc haill :lul'ait
CU, à ett époqn nCOl'e, ses dim nions pl'emj('J'Cs. Voici
qu'il a dit ;\ t'ct égard:
'
(Juem ci1'Cum pa1'ies da/us coercct
Passus qui bis (e1'e ducentos ,
J
Mais celte évaluation est évidemment exagérée , EI1
clt t, le poëme d CAMERARIUS e t accompagn' d'une
gravUl'e représentant Plombières, 9ù)' on voit J à l' C'ntréc
occidentale du grand Bain, un tour détruit à la fin
du si "de dernier seulement, après l'inondation de 1770
qui failJit ruiner entièrement Plombières, et cette tout'
était construite sur la portion encore enfoui de ce LllÎn.
En 1857, M, de Monicault, alors préfet du départemenl,
à (lui Plombières doit beaucoup d'amélioration qu'il a
pro\'oquécs ou encoul'agées, obtint du Gouvernement
ct des Chambres 1 s fonds néc ssaires pour rélablir
ce ba in tel qu'il c 't aujourd'lHli ct sur les plans d 1\1,
Grillot. Ce bain est composé d'une b Ile salle :l1oÎt de
verre et pavée en marbre des VosgC's, dont la découverte
et l'e, ploitation sont dues à mes amis les fl'ères DlltllC;
qui ont converti , près d'Epiull l, mi1le hectaI'cs de galets
sléeil s en prairies arrosées, et qui sont ainsi devenus
les hi nfaiteurs de leur pllyS. Au pourtour de la s~ùlc
du bain des Romains se trouvent 24 cabinets de bains tous
pourvus de douches très-puissantes, qui sont alim nlées
par 1 s réservoirs du bain Royal t CIl bain des Dames ,
C'était au bain des Romè~ins,
dans la portion du côté
du midi, que se trouvait le bain des Pauvres, destiné
aux malades que les déparlCm nts de la Meuse, de la
Mos ll e, de la Meurthe et des Vosges envoienl à leur!:"
J
�XIJ
AVA 'l'-l'nopos.
fl'ais ~l J'ho pico de Plombièl'es. Dans c bain, on admet . .
tait aus i le étrangers munis d'un ccrtificat d'indigence.
Ce bain élait tJ'op petit pour le nombl' de baio'n urs,
et sa t mpél'atuJ'e élait habÜlIdlem nt trop él vé pOUl'
la plupal't d' lItr eux.
Ce pauvres malades s haigllcnt actueUem nt dans les
bas in du bain des Dame , ainsi que j'ai (léjà cu l'occasion de J dit, ; mais il vaudrait bien mi ux leul' con·struire un bain à l'hôpital même.
Cet établi sem nt ne oùterait pa plus de cinq ou ix
mille fl'311C . JI ('l'ait alim n té pal' la source Miill 1', qui
va actucl1ement au bain Tcmpél'è, ct qui a d vingt- 'inq
à vingt-six d gré. Au moyen d'une pompe qui pui erait
une faibh' portion de la SOUl' r très-chaude t trè -abondante qui
perd aujourd'hui sous 1 pavillon du bain
drs Dames, on aurait fa 'ilellwnt toule l' au née ssair
pour porter 1 bain d l'hôpital il vingt-neuf degré R. ('t
pour foumi!' au ' douch les plus chaudes. On éviterait
ainsi le tri te pecta 1 que donnent trop souvent 1
pauvre malade portés au bain, il cl mi-nu ct tout
grelottants, ou 'y l1'aînant à grand'p iu \ à raid de lrurs
potences.
Disons à cette occasion que, pendant 1 s temps pluvieux
et froids que l'on rencontr as ez ouvent à Plombière ,
Les pauvres de l'hôpital d vrai nt avoir des sane haufli' s.
Faute de cette pl" caution bien peu coût use, et que
l'humanité r' clam , beaucoup cl c s malade , en général mal vêtu , perdent p mlanL Je jour tout le bi n
qu'ilsavaientobtenudubain. Cctinconv'ni nt 'tait autrefois
plu grave, parce qu'on ne chaumtit pas le lit des p:WVl' 5
à leur sortie du bain. Je sui parvenu, à force cl ré lamations, à fair introduir à l'hôpital c Ltr tl'è ' -l" Ile
~méljoratin.
�AVA
''l'- l'nopos.
xiij
Faisons aus·j d :; VŒUX pOUl' que les dépal'lel11mts
qui nvoient le pauvres malad s augmentellt un peu
la rétribution qu'ils leurs donnent, pour pouvoir d'abord
facilit r leur arrivée à Plombières t leur l' tour 'hcz
eux, et pOllr permettre aussi de prolong rIeur traiLement
quand cela devient nécessaire. Les malades qui obtiennent un place à l'hôpilal doiv nt s'y rendre an jour
fixé et n'y l'es leI' que 21 jours, ce qui fait qlle Ll'èssouveot une femm e ne peut s baigncr que pendant Jes
denx tier de son séjour ici, ct perd ainsi une partie onsidél'able des avantages que le département avait cru lui
faire.
Sous la salle du bain des Romains se trou "t ~ ]e bassin
qui était autrefois à icI ouvert, et qui est alimenté par
une source dont la tempéra turc est de 56 degrés Réaumur
on 70 degrés centigrades. C Ue sourcc est la plus a.boudante et la plus chaude de Plombières. Quand le ba sin
e t vide, elle fournit 500 litres pa l' minute; mais, à mesurc
qu'il se remplit, l'cau d la source va se perdre dans
l'Eau-Gronne à travers les banc de cim nt construit par
Jes Romains, et fissurés peut-être par suite de tremblements de terre qni, quoique très-rares dans les Vos cres ,
s'y font cependant quelquefois ressentir.
Le bain Tempéré, b:1.ti sous le règne de Louis XV,
occupe une partie ùe ]' espace où s'étendait aut l'crois le
grand B::ùn ou bain des Romains. En creusant ses f01Idations, on trouva un éllOJ'I1I' robinet eli cuivre, des
cornich s, des tronçons de colonnes, sembJa})les sa ns
ùoute aux ruines du même genre que l'on découvrÎt ~
il Y a que]qu s années, dan s la partie du bain des Romains depuis si longtemps comblé , ct qui forme la
place entre cc qui reste de cc bain ct le bain Temprrr.
Ces corniches, <:es colonnes, dont. M. 1 doc tf' llt' Jaqnot
a con crvé qu IqnClS échant.iIlons, dépo ent ùe \'C 'i, LeHee
�:iv
AV NT-!'llOI'OS.
d'anciens monuments dign s d s Romains et de l'impOl'';
lance ùe nos eaux.
Le bain Tempéré n'av<Ït dans l'origine qu'un s ul bassin circulaire fort vast ; il en a quatre plus petits main . .
tcnallt, dont deux sont destinés aux hommes cl deux
aux femmes. CeLte nouvelle disposition pel'met de v~H'iel
la tempél'ature.
Le bassin le moins chaud des femmes a de 25 degrés
'1t~ à 2() 172, ct même 27° pendant les temps couvo)'1 s ;
le oassin le plus ch:md a de 27 degrés 1]2 à 28° 1Z2 R.
Le bassin le moins chand des hommes a de 26 dcaré
Ù 27° 112; le plus chaud, ùe ~8
degrés à 28° 1]2 H. Ces
bassins sont revêtus en marbre des Vosges . Autonr d'eux
il ya des cabinets où l'on prend des bains ct cl s douches.
Ces cabinets sont distribués en deux élag S. Il y a aussi
d(' nombl'euses baignoires ùans la saH mèrnc du bain.
Soixante personnes peuvent sc baigner à la foi dans
les bassiJls du bain Tempéré, ct soix.:mle t quinze dans
les baignoires du même établissement. Ces baignoires sont
toutes CIl cuivre. Dans ]e passage \'olité de ce bain au
bain dçs Capucins, il Y a deux cabi nets de douches trèschauds : l'un surtout est toujours l'empli de vapeul's; ces
deux cabinets sont souvent fo['t utiles.
Les sources du bain T mp' ré sont celle de Bassompieno qui y arrive à envil'on 4.4, degl'és R. ct foul'nit à
peu près le tiers de l'eau des bassins, la source Muller,
que l'on pourrait remplacer bien avanlagcusrll1ent pat'
les caux 'haudes qui se per'dent sous le baiu des Dames
ou p~ r la. source chaud qui, de chez M. Fournie, va s .
perdre dans la rivière, et le pelit conduit qui a 50 ct quelques degrés.
Le bain des Capucins, autrefois bain (les Goutteux.,
kün rlcs L'preu T, bain des Pauvl'('S, Pelit-Bain, élait,
ail rappoJ't de Lcm<lü'e t de DOJll Caltn '1" un hain très-
�AVANT-VROPOS.
xv
tempéré; mais Je leur tem ps on y conduisit une source
très-chaude, qui en éleva beaucoup la température.
Le ba sin de cc bain est divisé en deux parti s. Dans
l'un', l'cau :\l'rive par un très-gros trou au fond du payé,
entraînant souvent avec elle des bulles d'air qui ne diffèrent pas de l'air atmosphérique. Elle a ordinairement
56 degrés R. ; c'est sur ce trou, lorsque le bai~l
est yidé,
que les dames vont prendre des étuves de siégc contre
la stérilité.
, Le trop - plein du côté chaud du bain des Capucins
et une petite source h'ès-chaude, sortant du fond du payé,
remplissent l'autre côté du bassin où l'on pentfaire aniver
aussi un courant d'cau froide. Cette partie du bain n'a
quelquefois que 28 degr'és R. , souvent 50 ct plus; l'autre
en a 54 et queJquefois 56. Il est bien à désirer qu'à l'avenir
leur température soit mieux réglée.
Ouinze personnes peuvent sc baigner à la fois dans
chacun de ces hassins. Pour peu que l'on y dépenserait
en embellissements, il Y aurait place encore pOUl' de
nombl'cuses baignoire qui ne seraient pas les moins recherchées.
Cc bain est très-précieux pour nos rhumatisants. Chaque
année on voiL s'yopérer des cures nombreuses et trèsremarquables; aussi mérite-t-il toute l'attention de l'administration, ct d'autant plus qu'il nécessite d'importants
trayaux, non pas pour l'améliorer, mais seulement pour
le l'établir.
C'est dans le bassin chaud de ce bain que j'enyoie les
malades aŒ ctés de pneumonie chronique, les tubel'culeux, et il remplace très-avantageusement pour eux les
bains du Mont-d'Or. Cela est d'une grande importance
pour beaucoup de malades des départements de l'est de
la France, qui trouvent près d'eux. un puissant remède à
un mal partout ailleuts Irop sou vent incurahle.
�xvj
AVANT-I>HOPOS.
M. Crillot a til'é le meilleur parti du dessus de 'C ùa~n,
qu'il a fait couvrir en 1arO'es dalle et entour l' d'lIne balu tL'ade en pierre: c'est aujourd'hui unjoli 'p romrnoir pour'
le salons. On y jouit d'une très-b lIe vue: au milieu d
celte petite place, il y a un élégant pavillon pOUl' s'abrit l'
clu soleil.
Le bain des Capucills devrait. repl'endee son ancien
nom de bain des Goutteux, si on n'aimait mieux l'appeler
bain des phtysiques, des poitrinaires. Les habitants de
Plombi(!)'es ont cu le plus grand tort de lui ôtel' le nOm
qu'il portait aU~l'
e fojs
ct qui rappelait ses puissantes qualités, pour lui donnc)' celui de moines sales ('1. dégoû-.
tants.
Le bain H.oyal, comJ11 'lJcé so s l'Empire, occupe l:\
placc où était, avant la Révolution, le couvent des C;h
pllcms.
Son bassin est calTé et divisé en deux parties: l'une pour
les J'emmrs, l'autre pOUl' les hommes. Sa tempél'atul' st
de 27 ~l 28 degrés R.
La forme de ce bassin n'est pas en harmonie ave
les voûtes élevées de la salle. On devrait le remp]acel',
pal' d ux bassins ovales revêtus de marbre, t séparés
chacun en deux parties afin d'en graduer la température.
[J fauùrait aLlssi, dans les deux principale' porles dl\
hassin de ce bain, en faire de beaucoup n~ois
grandes,
afin d'éviter le plus possibl ]e courants d'air.
POUl' donnel' issue aux vapeurs de ce bain, on est
fOl'cé d'ouvrir une des larges fenêtres qui sont à sa
partir. supérieurc, ce qui refroidit souvent beaucoup les
baigneurs. ri faudrait remédier à cet inconvénient fort
grav , loul ('fl entreten:mL dans l'intérieur de cc bain
une température moins élevée. Depuis vingt-cinq ans j'ai
vu dru .' pel'.ollnes frappées (l'apopkxir dans cr bain, e~
�AVAN'J'-pnoros.
nij
j'ai dû l'auribuer urtout au défaut de renouvellement
de l'ail'. Les malades ne sont pas commodém nt assis
dans 1 s bassins de ce bain, qui peuvent contenir à. la
fois 60 personne . Il Y a 14 baignoires autour de ces
bassins et trois cabinets de douche très-pui sante . EJJes
tombent de plus de vingt pi ds de hauteur. Il Y a en.core au bain Royal d beaux cabin ts de bain dans lesqnels sont disposées 40 baignoires. La plupart de . cabinets
du rez-de-chaussée sont pourvus de douches latérales
te' s-eomplètes.
II s rait à désirer que, dans qu lque -uns de es cabinCls, on ptlt rencontrer des appareihi de douches 'cossaises.
On 11'011 ve bien le tarif de ces douches sur le règlement
cl . bains, pourquoi ne pas tl'O~Ve
de lieu disposé pOUl'
les recevoir?
C'est un oubli presque imp:H'donnahle d la part de l'admini tralloI des eaux, c sont des pas rétrogrades faits à
plai il' pour montrer que, sous quelques l'apports au moins,
nos établissements sont au-de sous de ce que l'on rencont1" p:n'lout ailleurs .
.J'aime à espérer que l'administration des bains profitm'ade la l' construction dll bain cl s Dames, pour prendre
an hain Royal quelque cabinets de bain qui Cl'aient
uniquement consacrés aux douches écossaises et aux
douches vaginales. Ces dernières sont encore administrées dans les cabinets de douches inle tinales commune
aux deux sexe:,;, ct ce sont des hommes qui les préparent!
Il S l'ait difficile de grouper tout à la fois plus d'indécence
et de malpropreté.
C'e. t au bain Royal et au ni veau des bassins que se
trouvent les étuves dites de l'Enfer. Elles sont échauffées pal' une source qui a 52 degrés Réaumur et par
llll(' vC'rte de la grande SOUfre (lu bain dt's Romains.
�xviij
AVAN'f-pnoros.
Ces étuves consi,'lcut en 5 cabinets précédés ù vestiaires;
celui du milieu est destiné aux douches local des bras
et des jambes. An-dessus de ces cabin ts, il Y a des appareils pour les étuves de siége ·t pOUl' celles d la moitié
inférieure ou de la totalit; du COl'p , la tête xceptée.
Quoiqu ces étuves soient bien upérieul'es à ce qu'elles
étaient naguère, ell es sont encore loin d . répondre aux
besoins des malades. L'inspecteur actuel des aux, mon
con1'1' ' 1'e t mon a111 i ) M. le dot ur Garnier, n négligera rien de ce qui pourra compléter cette partie si importante de nos étalli ss ments.
Elle mérite d'autant plus de the}' son attention, que
ces étuves, Ioule, rétrécies et mesquines qu'elles soient,
consoll1ment cepenùant un énorm masse d' cau, qui va
pendant ]e' trois quarts de la journée se peJ'dl'e inempJoyée dans la rivière. Or celle eau pounait ncore servil', ne srr'aü-ce qu'à r nouvel r plu' vile l'cau cl s
bassins du bain Royal cl du bain Tempéré. Il suffirait,
pOUl' la refroidir au degré convenable, de faire passel'
ses tuyau .' de conduite à travers un canal d'eau froide.
On pOUL'l'ait vider la partie du bain d s Romains qui
est aujourd'hui comblée et qui se trouve entre le bain
Tempéré et le bain d s ROll1ains, la voûter à plat, ce
qui ne gênerait pas le paSS<lO'e sur la pla e. On aurait
ainsi un ya ste salle en communication :wec les bains Roma in, Tefll p 'ré et Royal, où l'on él ablirait de magni fique5
étuves qui pourraient ne le céd l' en rien il celles de
l'antiquité Cl ~l ceHes que l'on trouve partout aujourd'hui
en Ol'i nt. Plombière est le s ul therme de l'est de la
France où la haute temp 'rature des eaux. ct leur abondance permettent ce g nre d'établissement. Si le proj t
que je propose se réalise, on verra bientôt doubler à
Plombières le nombre d s malades qui y viennent chaque
année.
�AVAlST-l'llOI'OS.
X IX
YiS-:l-vis 1(, baill (1 s Dame ' , dalls l'a llgk Iles IIl:Usons ùe MM. Hellri Ilél'is' etLalllbinel., t'st la yieille "(lIv ('
OH l'étuve d Bassompierre. On ignore :\ quelle époque
elle fut construite. Il faudrait ou la suppl'ime!' Oll la J'( ~
lablil'. L'cau qui l'échauft' s perdait autrcfoi dans la
l'i\'ière auprès dn bain des Dames. En est 'onduite :.1Ué r~.
jOHl'cl'huÎ au bain Te mp
C'est là, sous la rue qui est très-large, qur l'on pounait
construire 1 s plus pui 'sant s étuves de Plombirres. Lh
t'Il em\t, prrs <le l' angle de la maison d 1\1. Genl iJhomm ,
pharmacien, sc trouve Ja sour'ce du hain des Romaius,
qui fournît pal' minut' plus de 500 litres d'eau il 56
degl'lls Il 'a 1U1II1I'. Il paraît qu'autrefois, ayant d'al'l'iv ]' a u
hain des Romains, cette au passait dans trois ba sins
à ('ieJ OUyeI'l et d' une construction toute gr ossière, incliqua nt e11C01' , l'enfance de l'art; ces bassin ' , dont j'ai vu
un \ partie 101' des fouilles fait s pOUl' élablir d s conduit s d'cau, sont peut-être antéri urs :-UL' Romains ct
cl' origine ga uloise; peut-être ont-ils été con slnlÏts après
la r uin e de l'empire romain, sous les rois de la premi ère
ou de la seconde race.
C' st sous les fondations ùe la facade des maison ' dites
d la Crand Face que se trouve le conduit qui rnrne
l' au de la grande source au bain des Romain';; ; il st ,
ainsi que je J'ai dil, l'empli de fissure. L'cau qu'il levrait
contenir s'é 'happe en partie dans la rivière et coul en
pal'li en nappe sous la rue .
.lJ esf indispensable de faire un grand travail pour
r ccueillir cette source et toules celles perdues aujolll'd'hui sur le cl ux rives cl J'Eau - Cronne. Ain i on
trouve dans les maisons de M. L duc ct de M. Girardin,
rt " s de l'hôtel de l'Ours, cl eF> sour ces d' eau chaude qui
peut - "ll'e font partie d'une ource plus imporl:-m tc qui
passerait ous la cuisine de l'hôtel.
�lX
AVAN'f-l'nOl'OS.
J'ai dé,Fl dit que, de ce côté de la vin , il Y avait
enCOl'e de J'eau thermale inemployée sous la mai on de
M. Georges, dans l'arrière-cour de M. Fournie et sou '
le cellier de M. Grillot (Louis); il Y a aussi du même
côté une source chaude sortant de la roche, mais dan
la rivi\re; enfin, sous l'étable à porcs de la poste au ' ch -,
vaux, il Y a également, dit-on, une source tiède très
abondante.
SUI' la l'ive opposée, il faudrait vider toute la ru
depuis le bain des Romains jusqu'à l" glise. On l'ecueiUel'ail ainsi d'énormes mas es d'eau chaude, qu'u Ile puissant
ll1achine hydraulique, placée dan la rivière à la hauteur
du bain des Dames ou au moulin Durocl" élèverait dans
des bassins d'où elle irait alimenter tous nos établissements.
Ce travail est indisp n able et il est de l'illtél'êt du
Gouvernement de le faire fair au plus tôt. A son aide
on triplera la masse de nos eaux et on pourra augmenter
assez nos bains pour les mettre en état de fournir ::mx
Ilombr uses demandes du public, lors de la prochaine
ouverture des chemins de fer de Paris à Strasbourg eL
à Dijon. Je recommande ce projet ~l notre préfet, M. de
la Bergerie, protecteur si éclairé de toutes les améliorations; je le recommande aussi au député de notre arrondissement, M. le comte Siméon, à tous les dépULés des
Vosges, à cette honorable phalange de pairs et de députés qu i aiment et protègent nos établissement , et parmi
lesquels je me plais à citer M. ]e comte Molé, M. IIarley,
M. Gillon et M. de Ladoucettc.
ta fontaine du Cl'Ucifix, ~ous
1 s arcades, alimentait
autrefois un bain COflllU sous 1 nom de bain du Chêne
et dont on trouve unc bon ne gravure dans l' ouvr'age de
Durand mis en ol'dl'c pal' Dom Calmct. Réservé depuis
pOUl' l'usage des buv urs, l'c'xcédani de l'cau allait au
�VANT-}'RO'POS.
XX]
bain d s 1101nains. Sa tempél'allll'(' cst de 58 degrés R.
ou 4,7 degrés 1Z2 centigrades.
Les deux principale source ù' eau avonn use sont :
l'une SUl' la terras du jardin du bain Royal, l'autre à
l'entrée de la route de Luxeuil; mais j] en existe un grand
nombre d'a11tl' s.
Ces eaux. savonneuses, coulant ~l tl'avers 1 granite en
décomposition, empruntent le carbonate de soude au feld. path du granite. Elles contiennent, mais en moindre quantit' ,les ls que l'on l'encontre dans notre cau thermale
'Ct naissent clans le couches superficielle de Ja terre; cIl
varient b aucoup 'n volume ct en minéralisation: Ues
sont don un médicament infidèle ct de peu de valeur.
La fontaine ferrugineuse est si 1uée au milieu d la grand(\
promenade; elle s'écoule dans l'Eau-Gronne.
On dit que, dans la maison de madame veuve Grillot,
près du bain des Romains, il Y a une ource purgative
que les ancien propriétaires ont cachée pour se débarra sel'
des nombreux visiteurs que cette source leur procurait.
.J'ignore jusqu'à quel point celte tradition presque p l'due
est fondée.
On s'est beaucoup occupé de la cause à laquelle les
'e aux thermales doivent leur chaleur. Je ne rrpèterai pas
~ci toutos les hypothèses qui ont été tour à tOUl' proposées
pour en donner l'explication; je me bornerai à dire quelle
est r opinion généralement adoptée par le monde savant.
M. Tétra, directeur d s mines, a prouvé que la chaleur de la terre augmente d'autant plus que l'on s'enfonc
davantage vers son centre; il a constaté que cette élévation de température est l'égu lièrement d'un degré pat'
~ent
pieds.
M. Arago a confirmé ces recherches en examinant le
dQgr'é ùe tempéra turc de l'eau fournic par les puits artésiens,
�xxij
A Al'Il'-PROPOS.
('au qu'il a constamment trouvéed'autan1.plus chaude qu 'elle
venait de lieux plus profonds .
11 résulte de là qu'à une très-petite profondeur, relativrment au diamètre du globo, la température est
tellement élevée que tout cc qui est soumis à son action
doit y être à l'état de fusion. Il est à peu près certain que
cc sont des métanx; en effet, les calculs des astronomes
et des physiciens ont établi que le poids de notre globe
était tellement considérable, que son intérieur devait
être composé de ubst::lllces cinq ou six fois plus lourdes
que les terres et les pierres qui forment sa couche extél'i ure.
D'un autre côté, les chimistes ont prouvé que ces tenes
et ces pierres ne sont que des cendres métalliques, d'où
)' on a conclu qtte J'intérieur de la terre était composé de
métaux encore purs.
Représentez-vous maintenant uI).e disposition du sol qui
permette aux caux pluviales do s'enfoncer profondément,
vous les verrez revenir d'autant plus chaudes qu'elles auront
pénétré plus avant et qu'elles auront suivi, dans leur retour à la surface de la terre, une direction plus p rpen~
diculaire. Vous aurez ainsi l'e:xplication de la cause de la
chaleur des eaux thermales.
L'étendue des tremblements de terre, l'identité des laves
que vomissent les volcans, viennent déposer encore en faveur de l'opinion que je viens d'exposer.
M. le docteur Ph. Hutin, dans un petit volume qu'il a
intitulé Guide des baigneurs à Plombières ) après avoir
adopté l'opinion reçue sur l'accroissement de la température de l'intérieur de la terre, émet, pour expliquer
la formation de nos sources thermales) une :idée bien singulière : c( Mais, djt-il, lorsque les terrains ne sont pa.
disposés de manière à offrir un trajet de syphon, l'eau
�AVA:N'J'-PROl'OS.
xxiij
continue d s'infiltrer jusqu'au degré qui la réduit en
vapeur. A ce moment et sous cette forme elle acquiert,
comme on le sait, une force considérable de projection
ascensionnelle qui la remonle à trav rs toutes les fiscures
qui sc présentent et ]a fait jaillir à une lempérature plus
ou moins élevée. » Nolre confrère n'a pa ,songé que
l' cau descendue dans les profondeurs de la lerre sc trouye
sous la pression Je l'cau qui lui est superposée; or, une
colonne d'eau de 52 pieds égale le poills d'une atmosphèr ,
chacun sait cela: ch bien! à neuf mille pieds, pl'ofondeur
où la terre est présumée avoie 80 denTés Réaumur ou 100
degré cent.igl'ades, la colonne d'eau pèse sur sa base
comme 279 atmosphères, ou, sur un mètre de surface,
corinne plus de trois miHions de kilogrammes! Sous
ceLLe pression énorme, )' eau pourrait acquérir, sans e
volatiliser, une température supérieure à celle qu'il faudrait
pour fondre les métaux les plus réfractaires.
Mais quand même, ce qui est impossible, on soustrairait, ~l neuf mille pieds de profondeur, r au il toute
pression, ct que là el1e se réduirait en vapeur, l'hypothèse de notre confrère n'en serait pas plus facile à
soutenir. En effet, cette vapeur, qui s'élèverait sans cesse
en traversant des couches de moins en moins chaudes,
ct
se refroidirait bien vite, reprendrait la forme Ijqu~de
occuperait 1,400 fois moins d'espace. Qui la pousserait alors
vers la surface de la terre? et devanl cette force d'ailleurs,
si on la trouvait, comment l'cau descendrait-eHe pour se
changer en vapeur? M. le docteur Hutin n'a pas, on le
voit, étudié la physique, ct cepend::mt il parle de l'électricité positive de notre cau thermale et de l'électricité
négative de notre p au, absolument comme le ferait un '
physicien. Il aurait pu et dû dire qu'il a emprunté ces
itU'es ù mon frrrr aîn(\, et à mOl qui 1cs tiens de mon
f'+ ,'e.
�xxiv
AVANT-j'nOpos.
M. Hutin prétendant que cl s hommes éminents dan
la science pI'O~
ssent que la chaleur des eaux thermall's
se comporte difTér mment qu celle de nos foycrs,
ce qu'aucun homme éminent. dans la ci nee ne professe,
nous expose longuement ses expérien es pour prouve)'
le contraire. Il ne sait pas que, le 9 mai 1778, l'académie
des sciences eL belles - leHr'os de Nant:y couronnait la
dissertation chimique de Nicol.as sur nos eaux minérales,
dans laquelle ce savant distingu' raconte les expéri nc('s
montrer que notre eau thermale sc
qu'il a faites pou~'
réchauŒ et se refroidit comme l'eau ol'dinaÏt' amenée
à la m A'me température, et que les bruits populaires à
ce sujet sont de toute l'au selé. Nous vereons plus
loin que, sous le l'apport médical, \' ouvrage dM.
Hulin n'est pas beaucoup plus fort que sous le l'apport
physiqu. Je le démolltrerai, parce que l'on doit êtJ'e
sévère envers un homme qui, pouvant fai)'e un bon ouvrage, on a fait un mauvais, très-répandu à cau e de
'on bas prix chez 1 s p l'sonnes qui font usage de no.
eaux, et qui pourrai nt s fourvoyer beaucoup en le
prenant pour guide. Du l'este, on trouve dans ce petit
livre des descriptions assez bien faües de quelqu s-uns
des environs de Plombières; je le recommande pour cola,
mais pour cela seulement à nos pl'OJllCl1eUrs.
Dans les ouvrage de Dom Calmct et de Martinet SUl'
1 s Eaux de PlombièTes ainsi qu dans la thè e inaugurale de M. le docteur A. Jaquot, de notre ville,
on trouve de curieux détails historiques et topographiques.
M. Jaquot donne aussi une notice bibliographique trèscomplète des ouvrages qui ont paru avant le sien sur
nos eaux. Je n'aurais pu que la copier ici en y ajoutant
toutefois 10 la dissertation inaugurale de mon ami. M. 1e
docteur Michel, mai l'e de Sa in t- Loup, SUT l' Ernp loi de ':
J
�xxv
Eaux minérales de Plombières et de L'llxcwil (Paris,
1825). Cette thèse est l'emplie des meilleures idées théorique . Son aut ur e t un des médecins 1 s plu' distingués et l'un des plus habiles chirurgiens de nos en~
virons.
20 Un Précis sur les eaux de Plombières, par M. Adrien
C l'OSjean , fils d'un anci n insp cteur de nos eau."; et la
Thèse inaugurale de M. 10 docteur Bailly, inspe 'teur actuel des eaux de Bains. Cc médecin, distingué comme
praticien et comm 1héoricien, a tort de considérer nos
eaux comme purement thermales; que celles d Bains
n'aient guère que ceU qualité déjà très-appréciable, je
peu ' le lui accorder, mais, ainsi que je l'établirai plu
loin, nos eaux constituent, par leur minéralisation
seule, un puissant rem de, un des fondants les plus actifs ct les plus justement célèbres. 40 Enfin le Guide du
AVA:NT-PROPOS.
baigneur et du touriste aux eaux de Plombières) d Remiremont et lieux voisins) par' M. Friry, in-8°, 1846. L'auteur n donnera probablement plus tard une seconde
édition plus complète et plus curieuse encore. Nous
devons lire sa première édition comme table des matières
seulement de la seconde, mais comme une table des matières
remplie d'intérêt.
Avant de terminer cet avant-propos, j'ai à parler de
hotre petite vine l de nos promenades et du tarif des
bains.
Plombières a été bâti tout exprès pour les malades, et
déjà au xvr siècle, Montaigne en disait beaucoup de bien:
(( Les logis n'y sont pas pompeus mais fort commodes;
car ils font, par le service de force galeries, qu'il n'y
a nune subjection d'une chambre à l'autre. Le vin ct le
pain y sont mauvais. C'est une bonne nation, libre,
sensée, officieuse, disait-il. ») Depuis Montaigne, la ville a
bien changé de face et on peut y trouver un grand nombre
5
�xxvj
AVA 'T-PROVOS.
de beaux et de bons appart ments ainsi que des logcm nts moùestes mais sains . On peut être Jogé et nouni
à Plombières depuis 1 1'1'. DO cenl. par jour jusqu'à 7 ct 8
francs. II y a encore ici, comme au temps de Montaigne,
beaucoup de très-bonnes gens, mais iL yen a bien, comme
partout, qui font exception à la règle. C'était chez un
des ancêtres de ces derniers, probablement, qu'était log'
CAnŒRARIUs qui, trente et quelques années avant l'arrivée
de Montaigne à Plombières, publiait sur nos bains un
poëme curieux et qu'il terminait ainsi
Ac tliscedel'e gestiulIl prope omnes,
Nam gens illa hominnm est inhospitali ,
tulle l'elligiosa , inel's, in'epta ,
Non romana quidem ut volunl vocal'i ,
Sed l'Ul'is gelici vetus pl'Qpago,
ln ((ua se velit esse prone nemo ,
Omnes el cupianl fuisse ct oplent.
Éviden~mt
CAlItERARIUS était hypochondriaque ' et il
avait une hôtesse laide et méchante. En face de l'angle inCérieur des arcades est la maison qu'habitait VolLaire, dans
la chambre sur la rue au premier étage; cette maison
appartient à madame Bloock. Deux maisons plus haut logèrent le duc de Richelieu et plus tard, au temps de l'Empire,
les reines d'Espagne et de Hollande; c'est là encore que
logeait Montaigne, la maison portait alors le nom d'hôte]
de l'Ange. Vis - à - vis le pavilJon du bain des Dames,
chez M. le capitaine Lambinet, gendre de l'ancien inspecteur des eaux, M. Martinet, habitaiL la bonne impél'atrice Joséphine. C'est dans la maison de madame Durock, au-dessous des arcades, que descendait Stanislas,
qu'on a l'habitude d'appeler le bon roi Stanislas. Sous
son règne, les peuples lorrains étaient si malheureux
qu'ils émigraient par band s noml)1'cuses, t quand
�AVAl'I'l'-l'llUl'Ull.
,
l T"
. -~
les sbires de Stanislas parvenaient à le al'1'êt r, le bon
'roi les faisait pendre sans distinction d'âge ni de sexe.
(Voyez le 5e volume des mémoires de M. Noël pOUl'
servir à l'histoire de J. . orraine); il mourut maudit du
peuple et regretté seulement des courtisans a uxqucl .
il faisait du bien par ostentation plus que par bonté réelle.
Cependant tout le monde pade de lui maintenant; on
chérit sa mémoire et ou a presque oublié en Lorraine
l'excellent duc Léopold, le meilleur, le plus noble d s
princes des temps modernes. A sa mort, il fut si regretlr
que les larmes du peuple mouillèr nt le pavé des égli es.
On a ~onservé
dans ma famille un religieux souvenir de
son règne, et c'est en mémoire de lui que l'on m'a donné
on nom. On a consacr' à Plombi' l'es une promenade
à Stanislas, je voudrais qu'il y en eût une dédiée à Léopold. Madame la duchesse d'Angoulême et madame la
duchesse d'Orléans ont logé au pavillon du bain Royal.
Les vieillards de Plombières trouvaient à la dernière de
ces princesses la grâce et la bonté de l'impératrice Joséphine; elle a de plus qu'elle une instruction profonde et
une haute raison.
Casimir Perrier et Boulay de la. Meurthe, l'une de nos
illustrations lorraines, descendaient dans la maison qu'habite màintenant madame BJoock sur la place des Bains.
Du côté des arcades, vis-à-vis l'angle du bain Tempéré, chez mademoiselle Bourgon, logeait le cheval ier de
Bouflers. On a conservé son fauteuil, qui avait déjà servi
à Richelieu et peut - êtl'e plus tard aux reines d'Es! ao-ne
et de Hollande. A-t-il servi à Montaigne, cela serait posible, car il vient de la maison qu'il habitait ct il est trèsvieux.
Les fers poli~
de Plombières ont une grand et juste
réputation. On fait à Plombières de l'ol'févrerie, ou
mieux de la bijouterie en fer, comme on en fait en !()Ille à
�xX"VilJ
li.
Herlin. Cette industrie occupe un grand nombre d'ouvriers. Nous avons aussi à Plombières une fabrique de
grosse quincaillerie au haut de la promenade des Dames .
.Elle appartient à M. Hildebrand, de Semouse, qui l'a fait
construire sur l'emplacement de la porcelaincrie incendiée
il y a quelques années. Cette porcelainerie elle - même
avait été établie dans les bâtiments d'une papeterie que
Beaumarchais avait agrandie pour y faire le ,papier de
l'édition du Voltaire de Kehl. Pendant la Révolution et
sous l'Empire, cette usine fournissait le papier du Moniteur.
On trouve à Plombières un grand nombre de promenades
toutes très-pittoresques. En descendant le long du torr nt
on suit, au-dessous de la ville, la route de Saint-Loup :
c'est une belle allée sablée, se déroulant en feston à travers
une des vallées les plus fraiches du monde. Les montagnes
qui la dessinent sont couvertes de forêts entremêlées de
prairie' toujours arrosées, toujours d'un vert admjrable.
A 6 kilomètres de Plombières, sur cctte route, on rencontre les barraques Rougemont, un peu pl us bas le moulin
Rougebac, plus bas encore le champ des Rouges-Vêtus.
Mon ami M. Noël croit que ces noms sont dus à ce que des
catholiques à la croix rouge ont été tués et probablement
ensevelis là. Mais les habitants racontent qu'ils tiennent de
leurs pèl'es que des hommes, d'étrange pays et tout habillés
de rouge, vinrent s'établir autrefois ct construisirent des
maisons dans ces localités où l'on en voit encore quelques
restes. On y a trouvé aussi des meules de pressoir et
de moulins d'une forme différente de celle des nôtres.
Ces hommes rouges, au dire du savant M. Gravier (1),
(1) M. Gravier a publié IIne IIistoire de Saint-Dié du plus grand intérêt j
il est autcur d'une histoire non moins rcmarquable de la FJ'anche-Comté.
C'est un des hommes les plus distingués de notre pays et de notre époque.
�xxix
étaient des Anglais qui vinrent jusqu'aux contin ' des Vo ges
au XIV· ct dans le courant du XVc siècle, sou les
règnes malheureux de Charles VI et de Charles VII. C'est
à eux peut-être que l'on doit l'introduction à Ailleviller
ct à Fougeroles de la culture en grand des arbres fruitiers:
qu'il soient bénis pour cela! mais on ne avait pas faire
le ] irsch à cette époque. Cette industrie est récente à
Fougeroles et dans le reste du pays; elle n'y date qu
du XVlIlo siède.
Si vous sortez de Plombières pal' la route acl uelle d}
Besançon, qui bientôt sera la vieille route, à deux ki10mèLI' s de la ville vous rencontrez à main ~auch
le
chemin du Val-d'Ajol; pendant deux autres kilomètres,
ce chemin est bordé de bois qui de temps en temps laissent
apercevoir des fermes, des champs et des prairies; puis
vous êtes à ]a Feuillée, et, comme si un voile épais se
déchirait subÜement devaht vous, les vallées, les montagnes, les champs, les prairies, les sapins, la rivière,
les vergers, les hameaux, les fabriques, les villag s,
les formes isolées, le Val- d'Ajol enfin presque tout
entier se présente à vos yeux, et en face de ce beau
panorama, vous trouvez que le nom de Val-de-Joie lui
sied à merveille. Ce n'est pas que, dans cette vallée, ne
couLent aussi bien des larmes, qu'il n'y ait beaucoup de
misérables. Pour en donner une idée, en 1816 de bien
triste mémoire, plus de 500 personnes y sont morte de
faim, et au moment oùj'écris, combien de familles encore
y sont torturées par les plus cr els besoins! Que je puisse
enfin la puissance de l'asvoir l'humanité, compre~ant
sociation, fournir à chacun une part proportionnée à son
capital, à S011 talent et à· son travail, rendre ce dernier
attrayant, et vraiment chrétienne, remplacer partout la
misère par l'aisance, é1evant ainsi partout la véritable
cité de Dieu! C'est encore à M. le comte Siméon, aloI'
AVA T-PllOPOS.
�.xxx
AVANT-PROPOS •
préfet des Vosges, que l'on doit celte promenade. Comll1e·
J'oute, elle pouvait être plus courte et moins rapide, mais
'He aurait ainsi perdu beaucoup de sa beauté.
Depuis la Feuillée, vous voyez il l'est une montagne
couverte de sapin , c'est la Vêche : elle a six cent
quatre-vingt-cinq mètres au-dessus du niveau de la mer,
c'e t plus de deux mille pieds. Sur sa pente nord se
trouve un immense/" amas de rochers de quarlz blanc
et à sa base de nombreux gisements de kaolin. C'était
de là que la fabrique de porcelaine de Plombières, incendiée il ya quelques années, tirait ses matériaux. C'est
là qu'est la pittoresque vallée des Roches, maintenant tral'oule départementale qui va de Remiversée pal' u~e
remont à Fougeroles, et qui est plus beJle que réelleJ11ent
utile. On a cherché en la construisant tout ce qui pouvait.
plaire à l'Œil et nuire à la route. On a attaqué la montagne là où elle était le plus élevée et où ses pentes étaient
le plus rapides. Plus loin, en remontant la vallée des
Roches, vous trouvez ce qui reste de l'ancienne abbaye
d'Hél'ival. Une ferme, un vallon étroit, tapissé de prairies,
ct des montagnes élevées toutes couvertes de magnifiques
sapins: c'est là qu'habite une partie de la famille Fleurot,
qui a fourni tant de rebouteurs célèbres et plusieurs médecins. Je suis l'ami de l'un d'eux, M. A. Fleurot, praticien fort habile.
Mais nous sommes encore à la Feuillée. Nous avons
il nos pieds le beau village de l'Aître, chef-lieu de la
commune du Val-d'Ajol ou l'on compte plus de 7,000
habitants, et nous dominons ce village de toute la hauteur de ]a montagne. A notre droite, au couchant, au
fond de la vallée et à () kilomètres de l'Aître, on rencontre
le château de Fougeroles. Il est bâti snI' un monticule;
ses remparts existent encore, ses tours sont détruites,
et le gothique donjon est remplacé par une maison auprès.
�AVA'N'l'-l)ROPOS.
xxxj
'de laquelle on avait planté une pelÏte vigne, la plus l'approchée d ce côté des Vosges. En 1620, le eign ur do
Fougerol s fut obligé d'appeler à son aide les habitants
de la contrée pour l'aider à chas er les ours qui s'étaient
emparés des souterrains de son château. Dix ans plus
tard, les Suédois, plus féroces que les ours, démanlelaient ce château et en massacraient les habilants. C'était
.sous Louis XIII, Chades IV était duc de Lorraine, et not1'(,
pays était un des plus malheureu de la terre. C' t de
cette époque que date la ùe lT'uction de lous les châteauxforts de la Lorraine, de l'Alsace ot de la Ij ranche-Comté.
Au dire de Dom Calmet, les loups et les ours étaient aiorR
bien plus nombreux que les hommes. Du fond de c tl.('
vaUée, on admire les arbres fruitiers qui se présentent dl'
toutes parts comme une vaste forêt.
En continuant à descendre, on lai se à sa gauche 1
grand et beau village de Fougeroles-l'Église, chef -li LI
d'une commune aussi populeuse et pre qu'aussi étendne
qne le Val-d'Ajol; puis, à une lieue plus loin, on traverse Corbenay, long village où les flèvres des marais
sont endémiques, par suite de la négligence des propriétaires de la prairie. Enfin, on arrive à Saint-Loup,
gros bourg, et bientôt ville importante. On en visile les
quais, la halle au blé, l'emplacement du vieux chât au
féodal, et on revient à Plombières par Aillevillers, SUl'
le territoire duquel se trouvent le champ des RougesVêtus, le moulin Rougebac et les barra que Rougémont
que nous connaissons déjà . A Aillevillers, il Y a une
église tr·ès-vieille, très-petite et très-laide, mais il y a,
comme à Plombières, un curé, homme instruit, aimable
et bienfaisant. De ce village, on peut, au lieu de revenir
par la vallée de l'Eau-Gronne, prendre à gauche )a l'oute
de la Chaude-Eau et remonler la vall' e de la Sérnouse.
On trouve d'abord à la Chaude-Eau les l'orges de MM. de
�nxij
AVANT-PROPOS.
Buyèl'e et Demandre et leurs habitations châtelaines. Il
y a là une source thermale inemployée; plus h:mt, on
passe devant les forges d'Alangie et de ]a Forgette. On
visite ensuite la belle forge de Sémouse, à M. Hildebrand, où l'on fabr.ique de la tôle, du fer-blanc et de
la grosse quincaillerie, avec l'excellent fer des hautsfourneaux de ]a Franche-Comté.
0)1. peut de là revenir à Plombières par Ruaux, où les
hahitants vous montreront le château des Fées resté inachevé, parce que la colère de Dieu s'appesantit sur elles
au moment où elles le construisaient.
A Ruaux et dans tout notre pays, les bolides et d'autres
météores sont attribués, par beaucoup de personnes, au
dragon qui va paître sur les montagnes, et qui porte
sur sa tète une couronne de diamant, jetant un immense éclat. Quand le dragon boit, il est obligé de déposer sa couronne au bord de la fontaine; heureux celui
qui peut s'en emparer alors, il a une fortune de roi.
.l'ai connu des hommes qui sont allés épier le dragon,
mais ils sont revenus sans sa couronne.
On peut aussi, de chez M. Ilildebrand, conlinuer à remonter la Sémouse, traverser le Blanc-Meurger et ses
noirs atc1iers où sc file le fer, et revenir à Plombières
par la route d'Epinal, après avoir fait une promenade
de 16 lieues de poste.
Mais nous sommes toujours à la nouvelle Feuillée. Ne
]a quittons pas sans aller visile)' l'ancienne Feuillée et
Dorothée qui en fait i bien les honneurs. Nous n'aurons
guère qu'un kilomètre à faire pour cela, ct nous passerons
devant 1'hahit:nion de M. Claude Charrière, neveu de
l'historien du Vai-d'Ajo!, vieillard très-respectable ct l'un
des chefs (rUne de nos familles les plus estimées.
1a vue du Val-d'Ajol depuis l'ancienne Feuillée e t
peut-être plus belle encore que depuis la nou vçlle. Deu '
�AVANT- PROPOS.
xxxiij
siècles plus tôt Dorothée aurait pu figurer très-bien à l'hôtel
Rambouillet. EJ1 a de l'esprit ,et beaucoup : elle aime
peut-êtl' un peu trop à ]e montrer, mais ce qu'elle ne
montre pas t ce que ses voisins connaissent, c'est un
c -ur tout dévoué à sa famille et aux pauvres qui l'entourent. La charité vaut mieux, bien mieux que l' sprit.
On revient à Plombières pal' la ferme Jacquot, si bien
encadrée de prairies et de hois et si pittoresquement
jetée tout près et au-des us de notr petite ville.
Derrière la quatrième et la cinquième maison au-dessous de la gendarmerie était autrefois le château de Plom
bières; bâti l)al' F l'ri III à la fin du XIIIe siècle. « Dux
Lotharingi:n castrum de Plumeres super halnea contruxit ut defenderet balne:mtes a malis hominibus, » dit
la Ch1'onique des Dominicains de Colmar. Madame veuve
Parisot a un grand ct bon jardin sur l'emplacement de
cet ancien château. Ce jardin était appelé, à cause de
cette origine, mey du, guaTd ou jardin du guet.
Sur la montagne opposée, il Y a une jolie promenade
que j'ai fait commencer . Quelques-uns l'appellent BelleVue: je propose de lui donner le nom de notre bon duc
Léopold.
.
Au milieu du faubourg d'Épinal, en sortant de Plombières, on prend à droite llil chemin qui remonte le ruisseau de la Meule, puis on tourne bientôt encore à droite;
on passe devant la maison du maire actuel de Grangesde-Plombières, hon et charitable administrateur, M. CouvaI;
on côtoie la montagne en ayant Plombières à ses pieds
et un horizon qui, toujours beau, varie continuellement.
On descend ellsuite comme pour aller à la fontaine du
Renard, mais on pas e au - dessus d'elle en se dirigeant à gauche, entre le hameau de la ville de Pari
et Ja route de Remiremont; enfin on arr'ive p~lr
les
fermes Daval à la vieille route d'Epinal, d'où l'on peut
�xxxiv
AVAN'f-l)ROI)OS.
revenir à Plombières par le moulin de l'Écrevisse, 011
par le belles all 'es tracée dans no forêts communales
au temps de l'impératrice Joséphine. Ces allée peuvent conduire auFaing-du-Bray, où sont au si de belles promenad s,
ct à la fontaine Stanislas d'où dix chemins différents vous
ramèneraient à Plombières. Mais je ferais un volume rien
qu'à raconter toutes les promenades de nos environ, ct
puis j'aurai à décrire les hautes Vosges, si gracieus et
si belles du côté de la Lorraine, i imposantes du côté
de l'Alsace, où elles sont coupées presqu'à pic et du sommet
d squelles on admire la chaîne des Alpes, les montagnes
de la Forêt-Noire, le Kaiser thul, petite chaîne volcaniqu
ur la rive droite du Rhin, le .Rhin ct l'Alsace. Et puis,
j'aurais à dir la min 'l'alogie si riche de notre canton,
sa botanique semi-alpestre ct le rcste de son histoire
naturelle. J'oublierais ainsi que je dois m'occuper' avant
tout du mode d'action. de nos eaux minérale. Je terminerai donc ce long avant-propos en publiant à sa suite
1 règlement de nos bains. On y verra qu'en g 'néral 1
prix en e t trop élevé, ce qui les rend moins accessibl s
aux pel'sonnes de moyenne fortune, et cependant le Gouvernem nt, en devenant propriétaire des principale caux
thermales de France, veut sans doute qu'elles soi nt
mises à la portée du plus grand nombre possible de malad s. Disons toutefois que nous devons déjà à la sollicitud éc1airée de mon ami M. Gillon, député de la Meu ,
une diminution considérable de ce prix, autrefois plus
élevé 'encore.
L s baigneurs réclament aussi un regi tre d'inscription
toujours ouvert au bureau des bains, qui leur servirait,
le cas échéant, à faire constater leurs droits qui sont
maintenant soumis au plus fàcheux arbitrairc. L'inspecteur, chargé lu servie de l'hôpil.::ll qui lui pl' Hd beau 'oup de tcmp déjà, ayant à soigner en outre a JicnleJlc
�xxxv
i\ VA~T-"pnOPs.
en ville et à vi îter, tous les jours, plusieul' fois, tous
nos établissements de bains, ne peut pas savoir si lei
cabinet est ou n'est pas libre de toIle à telle heure; alors
il donne ses billets sans désignation d'heure ni de cabinets, et on est à la merci des garçon de bains, trèsbonnes gens du reste, mais qui ne valent pas cependant
une règle bien observée. NotJ'e in pecteur gémit, j'en
suis certain, de la tâche que, bien malgré lui, l'autorité
sup 'rieure lui impose à c t égard. Il voudrait aussi, tout
comme nous, un registre d'inscription et un commis responsable pour le bien tenir; espéron qu'il obtiendra
bientôt cette importante amélioration, que l'on me promet
toujours et que l'on ne nous accorde jamais.
REGLEMENT
SUR LES EAUX ~lINÉRALES
DE PLQnlllIÈRES.
1 Le j}lIédecin inspecteur des eaux minérales de Plombières est chargé de la police médicale et de la surveillance de l'ordre dans les établissements thermaux.
2 Les personnes qui, pendant la saison des eaux,
se proposeront de faire usage de bains dans les piscines
ou dans les baignoires qui les entourent) dans les cabinets de douches et de bains de vapeur, devront en
prévenir le médecin inspecteur, qui assignera l'heure el
le lieu où elles seront servies.
Ces dispositions ne pourront ~tre
changées) pendant
une saison de 21 jours) que sur la demande des baigneurs qui se seraient munis de cartes, hors le cas
cependant où ils ne se conformeraient pas eux-mêmes
aux conditions qu'ils auraient d'abord acceptées.
50 Nul autre que le fermier ou ses préposés) les
employés des établissements) et les médecins particulier's
0
0
�XXl.vj
AVANT-PROPOS.
des malades qui en auraient un et demanderaient à
être accompagnés par lui} ne peut pénétrer dans les
bains pendant les heures consacrées à l'administration
des eaux ~ sans une autorisation de l'inspecteur ~ qui
pourra la retirer à ceux qui ne se conformeraient pas
aux dispositions du règlement} ou qui troubleraient la
tranquillité dont les malades ont besoin.
4.0 Toutes les contestations entre les étrangers et le
fermier} ou les employés et gens de service, sont décidées par l'inspecteur. Les étrangers peuvent ~ suivant
le cas} exercer le recours à l'autorité municipale ou
judiciaire.
Le fermier s'engage à se conformer toujours aux décisions de l'inspecteur.
5° L'usage gratuit des eaux ~ bains} douches} étuves
et chaises d porteur} sera accordé d'après l'autorisation
du Préfet ou de l'inspecteur'}
1° Aux malades admis à l'hospice} soit pendant leur'
séjour dans l'établissement} soit lorsqu 'après en ~tresoi
}
ils fer-ont encor-e usage des eaux;
2° Aux malades munis d'un certificat d'indigence délivré par le maire de leur domicile} ou de toule autr'e
pièce constatant l'indigence} telle que passe-port d'indigent~
etc.;
3° Aux militaires non gradés;
.{o Aux habitants de Plombières qui se feront serv'ir
à leurs frais} sans être astr'einls aux frais de service
du tarif. Le fermier ne pourra leur refuser l'usage des
ustensiles affectés aux bains} ni l'eau montée par les
pompes.
Les malades munis d'un certificat d'ind'igence et les
militaires non gradés devront avoir l'autorisaf.·ton de
l'inspecteur} qui indiquera } pour' ce service comme pOtl?'
les autres } le lieu et l'heure des bains,
�xxxvij
AVA T-))ROPOS.
6° Les pn:x des eaux ) du service el du linge sont fixés
d'après le tanI suivant ) auquel le fermier se conformera
exactement.
EAUX l\IINÉRALES.
1° nain porté à domicile .
•
2° Bain dans les cabinets du bain Romain
et du bain Royal.
"Bain dans les cabinets du bain Tempéré
3° Bain en baignoires autonr des piscines
(bain Romain et bain Royal) .
Bain en baignoires autour des piscines
(bain Tempéré)
4° Bain dans les piscines. .
.
5° Douche à la Tivoli ou douche écossaise
(15 minutes ou moins)
Douche à la Tivoli ou douche écossaise,
par minute d'augmentation.
Douche à la Tivoli ou douche écossaise
au bain Tempéré (15 minutes).
6° Douche ordinaire pour 15 minutes ou
moins.
.
.
.
Douche ordinaire pour 15 minutes au
bain Tempéré. .
Par minute d'augmentation
7° Bain de vapeur, partiel ou général.
8° Bain de vapeur au trou dit des Capu-
cins . •
1r OOC
1 00
~
60
u
50
li
40
li
30
»
60
»
05
u
35
"
30
03
50
•
9° Douche de vapeur.
.
10° Pour le remplissage d'une bouteille,
d'un litre d'eau minérale, chaude,
savonneuse, ferrugiueuse, à exporter.
.
Bouchons et apposition du cachet.
40
75
50
»
05
"
10
�XXXVlIJ
AVANT-PROPOS.
Lorsqu'une baignoire sera pendant plus de deux heures
à la disposition d'une m~e
per'sonne, on pOU1"ra exiger
le prix de deux bains. Il en sera de mtJme pour les
baigneurs qui resteront plus de trois heures dans les
ptsctnes.
Quand une personne manquera un bain ou baignoire,
sans en avotr (ait prévenir une heure d'avance le
premier garçon du bain , on pourra en exiger le prix
et la priver de la place qui lui avait été assignée ..
baiIl est dé{endu à deuxpersonnes d'occuper la m~e
gnoire les enfants seuls sont exceptés et le pr'ix du bain
n'en est pas augmenté.
L'inspecteur pourra interdire l'entrée dans les bassins communs à tous ceux qui n'auraient pas pris
d'abord un bain de propreté, ou qui se trouveraient
atteints d'une affection capable, soit d'inspirer de
la répugnance, soit de compromettre la santé publique.
J'
FRAIS DE 'SERVICE.
10 Transport au bain sur le pavé de Plombières '" 2fJ
20
Retour. . . . .
,,25
0
3 Course en ville le jour et la nuit sur lc
pavé. . . . . . . . . . . .
)) 50
40 Promenade, chaque demi-heure. . . . 2 00
50 Bain dans les cabinets du bain Romain
ou du bain Royal. . . . . . . . ," 15
6° Douche à la Tivoli ou douche écossaise
dans les cabinets du bain Romain ou
du bain Royal. . . . . . . . . . ." 15
Ce dernier article ne s'applique pas aux douches des
cabinets du bain Royal dont l'entrée s'ouvre sur les piscines et qui sont destinés aux baigneurs de l'enceinte
commune.
J
�XXXIX
AV ANT-l'ROI'OS.
Dans le prix des bains de vapeur ct dans celui des
bains et douches qui ne concerneront pas les articles [) et 6 , sont compris les {rais de service qui s'y
rattachent.
Nota. Les sommes dues pour les services indiqués aux artICles 3 ct 4 précédents, seront payées directement aux garçons
par les pérsonnes qui les auront employés; elles seront acquises
.à ces hommes sans que le fermier puisse prétendre à en faire
la répétition.
Le {ermier est chargé de (ounLir le linge dans les
bains Romain ) /loyal et Tempéré; chaque baigneur de
l'un de ces établissements lui devra (qu'il use ou qu'a
n'use pas de ce linge) une rétribution de 20 centimes
pour un peignoir chaud) une serviette et le chauffage
du linge de corps. Si les baigneurs dés'irent une plus
gr'ande quantité de linge ) ils se le procureront d'après
le tari{ suivant :
Fond de bain .
Peignoir chaud
Serviette chaude.
20
15
05
Nul autre que le (e1'mier ne peut fair'e apporter du
linge chaud dans les bains.
Le linge ne sera délivré aux baigneurs des bains
Royal ) Romain et Tempéré) que par les employés de
ces établissements. Leur entrée est en conséquence interdite) sau{ autorisation) aux domestiques des logeurs.
Les cabinets de bains devront ~tre
libres exactement
d l'expiration des deux heures indiquées sur la carte
d'entrée ) et ce temps sera calculé sur l'horloge ·de l'établissement.
�xl
AVA:NT-PROPOS.
7° Les prix portés au tarif sont un maxim,um qu'il
n'est pas permis de dépasser. Il est expressément dérendu au fermier , à ses préposés et aux gens de service,
de rien exiger au-delà des taxes qui y sont fixées ~
mais le fermier a la faculté de les diminuer, s'il le juge
convenable.
Épinal ~ le 25 janvier 1845.
Le préfet des Vosges,
R. DE LA BERGERIE.
Vu et
APPROUVÉ :
Le Ministre de l'agriculture et du commerce,
CUNIN -GRIDAINE.
�DES
DE PLOMBlÈUES.
CHAPITRE PREMIER.
iJellu tllel·lIu"le. l'CRU SRVUIUleliSe
feI'I'ugilieuSe.
e., l'NUI
Les eaux minérales ont été considérées de tout temps comme
un des plus puissants remèdes à opposer aux maladies chroniques. Mais ces maladies sont très-variées, et les eaux minél'alcs
eUes-mêmes présentent de grandes différences qui tiennent il leur
température plus ou moins élevée, aux substances qui les minéralisent et aux lieux d'où elles sortent.
Beaucoup d'hommes distingués nous ont laissé de précieux
ouvrages sur cet important sujet, mai.s ils s(}nt bien loin de
l'avoir épuisé. C'est que la médecine est encore une science à
faire: elle a manqué jusqu'ici de méthode rigoureuse; elle n'a
envisagé les faits que d'une manière incomplète, et elie a laisflé
il l'avenir la grande tâche de revoir et de modifier profondément
presque toutes ses doctrines.
L'ouvrage que je publie aujourd'hui sur les eaux de Plombières
vaudra-t-il mieux que ceux qui l'ont précédé? Je le désire sanS
4.
�-
2 -
oser l'cspél'el'; je ferai ans doule tous mes effo l'ts pOUl' qu 'il
soit digne de notre époque, mais alors même que j'atteindrais à
ce hut, je dois me hàter de dire qu'il serait ])icn loin encore
du degré de perfection que la mérl ecine peut et doit acquérir
comme science de faits presque tou!'; matériels.
Nous avons à Plomhières trois espèces ù'eaux minérales: l'eau
thermale, l'eau savonneuse ct l'cou ferrugineuse. Toules tt'ois
sortent des terrains granitiques sur lesquels on a bùti notre
ville. C'est donc à tort que l\T. A. Duponchel, dans le Dictionnaire d'histoire natu?'elle de d'OrJ)igny) les fait sortir de terrai us
de sédiments inférieurs.
L'eau thermale est inodore; elle est légèrement onctueuse au
touchel', ce qu'elle doit à la soude qui la minéralise, ainsi qu'à
la glajrine ou barégine qui s'y rencontre. Sa température s'élève
de 26 à 56 degrés Réaumur ou de 32 à 70 degl'és centigrades,
suivant les sources où on la puise. Ces sources sont très-nombreuses. Beaucoup sont encore à recueillir, et je ne crois pas
me tromper en éva luant l'eau thermale, actuellement employée
par l'administration des bains, au tiers seulement de celle qu'elle
pourrait utiliser.
Cette eau contient par livre, d 'après l'analyse de Vauquelin,
C:ll'bonate de soude
ulfille de soude.
Hydroell1orate de soude.
C:\l'bonate dc chaux
iliee.
MaLièl' azolee' , dite glail'in c
gr. i ï-;1
gr. j 1>
gr. 0 iir,
gl'. 0 il1
2
gr'. 0
,
gl'. 0
~.
011
haJ'rgi ne..
,
1
liaisons observer que, dans ceU e: analyse, les sels ont été supposés à l'élat de cristal1isation.
Chaque baignoire, au bain des Homains pal' exemple, contient
500 litres d'cau, dans laquelle il y a donc 145 grammes de
sels de soude, dont le carbonate de cette base forme à lui seul
près de la moitié. Mais partout 145 grammes de sels de soude
dans un bain cbaud auraient déjà une action très-puissante, et
à Plombières cette action est bien augmentée pal' la grande élévatioLl du pays.
�-
3-
Chacun de ces bains contient cu oull'e 27 gl'ammes de glaitine ou près d'une once, dose habituellement pl'esCI'ite quancl
()u ajoute la gélatine aux bains sulfureux, Mais cette glairine
agit-elle comme médicament? le carbonate de cLaux et la silice
que notre eau thel'male tient également en dissolution formentils, avec la glairine et le sel de sonde, un composé que l'art
de l'homme ne saurait repl'oduire, et qui constituerait ainsi un
remède plus énergique que l'analyse chimique ne semble l'indiquer? Nul ne le sait encore, et les amis des hypothèses
peu vent à cette occasiou se donner carrière, mais les esprits exacts
sc contenteront de ce que la science iudique, et cela leur suffira
ponr classer les caux de Plombières au 1CI' rang des eaux thermales alcalines. Nos eaux thermales ne sont donc pas puissantes
seulement par leur cbaleur, comme le prétend mon bon et savant
confrère, M. le docteur Bailli fils , cc que je ne lui conte terai
pas pour les eaux de Bains, mais c'est surtout à leur minéralisation qu'elles doivent leurs principales propL'iétés et la bonne
et vieille réputation dont elles jouissent en Europe. Les sels
de soude qu'elles contiennent sont aus i les sels cln sang de
l'homme, sels chargés de maintenir ce sang à un degré convenable
de liquéfaction.
1\1. le docteur Hutin a voulu pesel' lef\ els denos eaux cbaudes.
Trois fois il a refait ces pesées, en 1833, 1838 et 1841, ettoujoul'S
il a eu des résultats différent et inférieurs à ceux de Vauquelin et d'autl'Cs chimistes. 1\1. Gentilhomme, pharmacien à
Plombièl'es et mon ami, évapore en grand nos eaux thermales,
pOUl' fahriquer des pastilles avec les sels qu'elles contiennent,
et ses résultats en grand cODcol'dent padaitement avec ceux
de Vauquelin. M. le docteur Hulin s'est donc tl'ompé dans ses
peséc , expél'iences très-délicates ct que les chimistes ct les
physiciens seuls peuvent bien faire.
L'eau savonneuse est inodore comme l'eau thermale; sa température varie, suivant les sources, de 11 à 13 degrés Réaumur, ou de 14 à 16° 50 centigrades. Les substances qu'elle
tient en dissolution la rendent légèrement visqueuse, et c'est
à cette viscosité qu'elle doit son nom. L 'eau savonneuse est
minéralisée, comme l'eau thermale, par le carbonate, le sulfate
�-4 et l'hydrocblorate de soude, le cal'bonate de chaux, la silice
et la glairine; mais ces substances s'y trouvent en quantité
moitié moins considérable. Il serait à désirer qu'elle ne ffit plus
employée dans nos bains, et qu'on la remplaçât par de l'eau
thermale que l'on aurait laissée refroidir. Cette amélioration
est facile à réaliser, et d'autant plus désirable que l'eau savonneuse varie beaucoup en volume ~t en qualité, suivant l'humidité ou la sécheresse de la saison, ainsi que ceJa a lieu pour
toutes les sources superficielles.
L'eau ferrugineuse est froide; sa saveur est très-prononcée.
On trouve, dans le bassin qui la reçoit, un dépôt rouge briqueté
assez abondant.
, cette eau contient par pinte ,
D'après ~ ' odér
Carbonate de oud . . . . . . • . . •
Carbonate de chaux , de magnésie et silice .
Oxitl e de fel' . . . • . . . . . . .
gl'. 0 ~
gl'. 0 i
gr. 0 î
Cette analyse est inexacte.
Si la teinture de noix. de galle donne à notre eau ferrugincuse une couleur noire très-prononcée ; 101' qu'on a fait bouillir
cette eau avant de la traiter par cette teinture , elle ne la colore
plus ou I!-e lui donne que la couleur vert de mer, ce qui prouve
que le fer est à l'état de carbonate ferreux et non pas d'oxide
ferreux, tout en montrant aussi la présence ,d'uu alcali ou du
carbonate magnésique. D'ailleurs l'oxide ferreux ne donne aucun
goût à l'eau, et notre eau ferrugineuse a une saveur atramentaire
caractéristique.
Comme il y a, non loin de notre source ferrugineuse, un filon
de sulfure de fer, j'avais pensé d'abord que notre eau pouvait
contenir de l'acide sulfurique et du sulfate de fer; mais, ainsi
que je l'ai dit, après l'ébullition, la teinture de noix de galle
ne la colore plus , ce qui aurait encore lieu si elle contenait du
sulfate de fer. Traitée par l'bydrochlorate de baryte, il n'y a
point de précipité de sulfate de baryte, ce qui arriverait si le
fer était sulfaté. Enfin les sels de plomb n'y démontrent pas non
plus la présence de l'hydrogène sulfuré que l'odorat tendrait
à y faire reconnaître, l'odeur atramentaire de cette eau se rapprochant un peu de celle de l'acide hydro-sulfurique.
�-
5
CHÂPITRE Il.
J'el!! fOlletloll S «le la Ile",.. ",
Pour expliquer d'une manière satisfaisante le mode d'action
de notre eau thermale, lorsqu'elle cst employée 'en bains , 11
est indispensable, dans l'état actuel de la science , d'indiquer,
sommairement au moins, les principales propriétés de la peau ;
de dire quel rôle cet organe joue dans l'économie, et quelles
modifications il éprouve dans les affections chroniques que nos
eaux peuvent guérir.
Cette nécessité est d'autant plus grande que, q uelqu' accessible
qne soit la peau à toutes n,os recherches, nous avons entièrement ignoré, jusquc dans ces derniers temps , les principalcs
fonctions de cette vaste membrane.
Depuis Sanctorius, dont les expériences avaient prouvé que
la peau est chargée de rejeter du corps la plus grande partie
de nos aliments et de nos boissons (les cinq huitièmes, si on
ne tient pas compte du moins de l' exhalation pulmonaire) (1),
la science n'a fait à cet égard aucun progrès réel, et la médecine n'a même pas profité de l'une des plus importantes observations de Sanctorius, prouvant que la transpiration rend le
sang pIns fluide. Aussi rien n'est plus vague et moins applicable à la thérapeutique que les enseignements des physiologistes
à cet égard.
D'après Richerand , il Y aurait similitude de fonction entre
la peau et la muqueuse pulmonaire , toutes deux excrétant dc
l'acide carbonique. La peau serait en outre chargée de refroidir
(1) 011 doit 11 S éguin et L avo isicr dcs l'cchcl'c:hcs i ntéressan tes, clcs till ées il lai ,'c
évalucr l'impol'ta nce r clative dc la t ranspil'U tio ll cutanée ct de l' cx l, ulllliu li pul monairc. D'après ccs savanh, la pl'cllliùl'e de ces séc rétio lls sc rait Cil lII oyclIlle
3. la seco nd ·, comme onLC est II sept. (AnI!. de chimie 1 t . 90 , Ilf/gl's H).
�-6le corps à l'aide de su transpiration continuelle. Enfin cette
transpiration qui se trouverait, suivant lui, en antagonl me
habituel avec la sécrétion des reins, aurait encore pour ohjet
de lubréfier la membrane dans laquelle le sens du toneber
réside.
Adelon donne, d'après Tbénard et Berzélius, l'analyse de la
transpiration cutanée; comme Richerand, il rapport.e les expériences que Sanctorius faisait au commencement du XVIIe siècle,
celles qui ont été répétées depuis cet habile et infatigable observateUl' pour mieux constater les siennes; il regrette que la
chimie n'ait pas mieux éclairé ce sujet; il regarde la transpiration cutanée comme destinée non-seulement à entretenir la
souplesse de la peau et une égale température du corps, mais
comme une sécrétion dépurative et décomposante, partagcant
ccs importantes propriétés avec la sécrétion urinaire surtout.
Il eu induit l'extrême importance de cette fonction, et il explique di verses maladies, tclles que les rbumatismes, l'h'ydropisie,
la dyssenterie, les catarrhes, etc. , par le transpol't, sur d'autres
organes, de la matière qu'eUe devait excréter.
L'illustre Broussais, mon maUre, qui a fait faire à la médecine
de si grands progrès) autant et plus encore peut-être en détruisant de vieilles erreurs qu'en proclamant des védtés inconnues jusqu'à lui, Broussais, dans sa physiologie, après avoir
parlé de l'anatomie de la peau, de ses sécrétions et de son
importance comme ol'gane du toucher, termine cet at'tiele par
un exposé des phénomènes de relations des fonctions tacliles
de la peau et de l'influence qu'clIcs exercent tout à la fois SUI'
le cerveau et sur les viscères.
Cc opinions des physiologistes sur les fonctions de la pean
sont Yagucs, incomplètcs et souvent erronées. Ainsi cc n'est
point entre la peau et les reins, comme le prétend Ricbcrand,
qu 'il y a antagonisme. Bien loin de là, il Y a entre ces organes
similitude de fonctions, ou plul,ôt concours pour l'accomplissement dc Iq. même fonction, comme nous le verrons plus tard
en détel'fllinant alors les véritables antagonistes de la pean.
La lruuSpil'ation cutanée n'cs t pil' non plus destinée prin(' ipalcmcnt il refroidir nolre l'orps, puisquc Ic rcpo ', en di -
�,- 7 minuanL beaucoup l'énel'gic de celle fonction) bien loiu d 'augmenter notre chaleur) est une des causes les plus puissanles
de refroidissement; puisque les malades et les vieillards) dont
la peau étiolée ou couverte de rides ne fonctionne plus que
d'une manièl'e imparfaite) sont on ne peut pas pins accessibles
au froid; el si la peau est cbargée surtout, comme le prétend
Adelon) de la décomposition du corps, si elle n'a pa à remplir
un l'ole bien plus important et méconnu jusqu'i ci, comment
expliquer l'amaigrissemenl cles gens avancés en àge) qui mangent et boivent souvent beaucoup) digèrent bien et transpirent
peu?
Comment, avec les idées actuellemeut admises pal' les pbysiologistes ut' les fonctions ùe la peau) expliquel' à lenr aide
les sueul'S critiques des malades) tantôt si bienfaisantes ct tantôt
si funestes? Comment expliquer aussi la production des rhumatismcs, celle de la pleurésie) qui vient assaillir un homme
alors qu'il se repose dans un endroit Ifrais, à la suite d'un
violent exercice) pendant la durée duquel il aura cependant
transpiré, en une heure de temps, plus peut-être qu'il ne l'aurait
fait dans l'état ol'dinaire eu tout un jour? Comment enfin)
indépendamment d'une multitude d'autres phénomèues aussi
inexplicables avec les théories actuelles, comment se rendre
compte du mode d'action des caux minérales? On 'en est réduit
avec Alihert à se dire qu'il y il dans ces SOUl'ces quelque chosc
de divin. Nous gagnons il. cela, nous, médecins des eaux, la
dign ité de prêtres, mais qu'y gagnent les malades?
.Et avouons ici que) si la physiologie connaît peu les véritables
fonctions de la peau, elle n'est malheureusement pas beaucoup
plus avancée dans la connaissance des fonctions des autres organes,
Cela vient de ce que les études médicales remontant aux premiers ùges de l'homme) chaque siècle a légué ainsi ses erreurs
au siècle qui le suivait) et de ce que les sciences naturellcs
étant dans les premiers temps trop incomplètes pour expliquer
les phénomènes de la vie) les médecins se sont trop souvent
cHorcés, à l'envi les uns des autres) de repousser leut' concours:
beaucoup croiraient encore déroger aujoul'd 'hui s'ils empruntaient
il la pbysique et à la chimie les moyens (l'arrachel' notre art
�......!.. 8 il lout cc qu'il a cu jusqu'ici de vague et de conjectural. Et
cependant nos organes, tout matériels qu'ils sont, ne peu vent
certes pas échapper aux gr'andes lois qui régissent la matière :
si jusqu'ici ces lois n'ont pas élé reconnqes, la faute eu est il
nous seuls.
Aussi, pour revenir à la question qui fait l'objet de ce chapitre, remarquons tout le vague qui existe dans les traités de
médecine qui ont pour objet le mode d'action des eaux minéraies: remarquons avec quel empressement leurs auteurs évitent
la partie véritablement philosophique des questions qu'ils traitent, pour abonder dans l'ompirs~
et nous raconter des faits
que nul lien scientifique ne rattache les uns aux autres, et
devant l'explication desquels ils se taisent, impuissants qu'ils
sont.
Cette impuissance, je la partageais avec eux et je faisais contre
elle d'inutiles efforts. Je dois aux travaux de mon frère (1) d'avoir
pu lui échapper, d'avoir bien compris ou d'avoir beaucoup mieux
compris du moins les véritables fonctions de la peau, ses rapports avec l'organisation et la manière d'agir de nos eaux sur
elle.
La peau n 'est pas destinée seulement à refroidir le corps à
l'aide de la transpiration qu'elle exhale; ses fonctions ne se
bornent pas non plus au rejet de substances usées par la vie
ct désormais nuisibles à nos organes; enfin la fonction du tact,
dévolue à la peau surtout, est bien loin encore de l'importanco
d 'une de ses autres fonctions jusqu'ici méconnue, je veux dire
du dégagement de l'une des deux électricités qui constituent
110tre Huïdc nerveux, et qui, par suite, sans aucun doute, d'une
volonté première et toute-puissante, produit de la vie, président
à sa conse1'vatlon et à l'accomplissement d'admirables phénomènes.
Chez l'homme en bonne santé, les sécrétions de la peau sont
acidcs. 01' les acides soumis à l'action d'une pile sont repoussés
par le pôlc négatif et attirés par le pôle positif, donc la peau
à l'InsLÎluL, son 'j'raité de la (foutt e ct des maladies
(i) Voyez 6es méloi'c~
(foutteuses, 6011 Jltédeein des douleul's.
�-
9 -
qui sécrète et rcpoussc de son tissu des acides, cst un ol'galle
doué d'électricité négative : et ici remarquez bien que je ne
discute pas cette loi, aujourd'hui admise par tous les chimistes,
qu'il n'y a point de changement chimique sans dégagement
d'électricité: remarquez bien aussi que je suppose également
admise par mes lecteurs cette loi qui reconnaît l'électricité
comme un des produits de la vie, et que mettent hors de doute
les travaux des Cotugno, des Galvani, des Aldiui, des Humboldt, et en dernier lieu, ceux si importants de mon frère.
La peau est donc un organe acide ou chargé de produire
l'électricité négati ve du corps, avec les reins, les uretères, une
portion de la vessie et la plus grande partie du tube intestinal.
1\lais duns cette production d'électricité, la peau, à raison de
sa grande étendue et de l'activité de ses fonctions, joue le
premier rÔle. Aussi le froid intense, en agissant sur elle, produit-il une véritable asphyxie en suspendant l'action d'un des
pôles de la pile, dont les poumons, une partie des sérenses,
le foie, la rate, les organes génitaux, le tissu cellnlaire, et les
os constituent le pôle opposé ou le pôle positif. Ces organes
sont liés entre eux par le moyen des nerfs et du cerveau. Le sung
forme leur conducteur humide.
Cependant l'électricité, produit le plus important des sécrétions
animales, ne se comporte P?s toujours comme celle qui est
dégagée par une pile. Elle existe souvent à l'état dc tension sur
l'une des surfaces d'un organe membraneux; eUe attire sur l'autre
l'électricité de nom opposé, et elles se dissimulent l'une par
l'autre, comme dans la bouteille de Leydc et dans l'électrophore.
Mais pour plus de détails je renvoie aux ouvrages de mon f['ère,
ne pouvant ici perdre de vue mon sujet.
De toutes ces considérations on doit nécessairement induire
que, si la peuu ne fonctionne pas assez, que, si la transpiration
cesse d'être acide ou ne l'est pas suffisamment, ou que, si au
contraire elle fonctionne avec trop d'activité, il y aura trouble
dans le reste de l'économie: d'un côté, une tension morbide dans
les organes alcalins, de l'autre, une consommation trop rapide
des deux électricités, qui pourra amener plus ou moins promptement la mort.
�-
10 -
Tous les faits pathologiques confirment cette loi. Voyez eu
effet les poumons, le foie, le tissu cellulaire, les os et les grandes
cavités séreuses, devenir le théâtre babituel des plus graves
accidents, chez les bommes dont la peau blancbe et lymphatique n'a pas assez de force de résistance pour lutter avantageusement avec les causes, si nombreuses dans nos climats, de
refroidissement et d'affaiblissement.
Voyez au contraire, dl,lns les pays chauds, les maladies devenir promptement mortelles sous l'influence d'une trop violente
excitation de la peau, ou voyez ce dernier organe tombant dans
l'atonie, ainsi que le tube digestif, sous l'influence d'une excitation trop longtemps continuée; voyez alors le foie et les
séreuses s'entreprendre, et la vie s'éteindre plus lentement par
suite de l'inflammation cbronique des organes alcalins, dont
l'électricité ne peut plus se neutraliser en se combinant il
celle de la peau, qui ne se produit plus qu'en quantité trop
peu considérable.
Mais là ne se bornent pas, pour ce vaste et important organe, les enseignements des doctrines électro - cbimiques, et
mon frèl'C a prouvé que la loi en vettu de laquelle une électricité tend toujours à appeler à elle l'électricité contraire, s'appliquait à notre organisation comme an reste de la nature, et que
des lotions alcalines, par exemple, sur une peau trop peu acide,
lui rendaient son acidité normale, rétablissaient ses fonctions
dans toute lenr plénitude, tandis que des lotions acides pouvaient
diminuer son énergie 10rsqu'eHe avait été exagérée. Mon frère
montrera, dans une série d'ouvrages auxquels il travaille maintenant, toutes les applications que la médecine peut faire de
cette loi si importante pour la guérison de maladies jusqu'à
présent regardées trop souvent comme incurables.
Si donc les lotions alcalines ont cette propriété remarquable
de rétablir les fonctions de la peau, en y faisant un appel
d'électricité négative, el en mettant ainsi en liberté dans l'économic cc fluide, sans lequel la vie est impossible, on conçoit
facilement le mode d'action do nos eaul, agissant tout ù la
fois 'ur la peau par leur température et pur leurs principes
alcalins.
�-
11 -
On conçoit encore mieux cette action quand on se sou vient
que Plombières est élevé il plus de 1,300 pieds au-dessus du
niveau de la mer, et que l'air, pesant dès lors beaucoup moins
Sur la peau que dans les pays de plaine, le sang, son excitateur naturel, y arrive avec beaucoup plus de facilité, et
rend ainsi tlien plus puissante l'action des médicaments qui
ont pour objet de rétablir ses fonctions. Le fait suivant en est
une preuve extrêmement remarquable.
PREMIÈRE OBSERVATION.
Madame D. , de Nancy, âgée de trente ans environ, mariée
sans enfants, avait depuis deux ans une ascite qui avait résisté
à tous les moyens employés contre elle et qui avait nécessité
déjà 32 ponctions, dont plusieurs avaient fourni plus de quinze
litres de sérosité. l\fadame D. était dans le marasme, son
tube digestif était d'une susceptibilité extl'ême et tout présageait
sa fin prochaine lorsqu'elle vint il Plombières en 1836. Je
dus, peu de jours après son arrivée, lui faire la trente-troisième ponction, qui fournit plus de onze litres de sérosité. Le
foie était hypertrophié, mais il l'avait été davantage. Il paraissait
maigdl' avec le reste du corps. La pèau de cette dame était
pùle et aride. Des étuves, prises à Nancy et portées jusqu'à
50 degrés R. , n'avaient pu triompher de sa sécheresse; les
urines étaient à peu de chose près nulles.
Pendant six semaines je fis prendre à madame D., tantôt
tous les jours, tantôt tous les deux jours seulement, uue étuve
à 36 degrés R., dans laquelle elle était plongée jusqu'au cou,
et dans laquelle elle restait aussi longtemps que la circulation
ne s'activait pas trop. Je secondais ce traitement par de l'eau
de bourrache et de tilleul, et par un régime doux en rapport
avee l'état des voies gastriques. Peu il peu les fonctions de la
peau se rétablirent en même temps que celles des reins et du
tube intestinaJ: A ]a fin de son traitement, madame D. transpirait beaucoup, urinait de même et digérait parfaitemcnt bien .
.Te l'ai revue deu ' mois après à Nancy. L'épancbement abdominal
�-
12 -
avait entièrement disparu, madame D. était grasse et forte ,
complétement guérie enfin.
Ce fait curieux montre combien nos étuves ont de supériorité sur celles où l'atmosphère pèse davantage que la nôtre,
en même temps qu'eUe montre aussi les liens étroits qui unis!lent entre eux les organes doués d'une même électricité, puisque
l'on a vu se rétablir tout à la fois, en n'agissant que sur la
peau, les fonctions de cette membrane, celles du tube intestinal
ct des reins, en même temps aussi que se rétablissaient sans
doute, dans la cavité abdominale, les fonctions de la portion
des séreuses qui, enveloppant les organes alcalins du ventre ,
doit être négative et chargée de l'absorption de la sérosité po ..
sitive que sécrète le reste du péritoine.
�-
13 -
CHAPITRE III.
Du I."ill el~u.1
et .Iu
.,,,111
teu1l.é.·é.
Dans le traitement de madame D. , nos eaux n'ont agi que
par leur température et non pas par leur minéralisation : on
verra, dans le cours de cet ouvrage, un grand nombre d'exemples
où ce dernier mode d'action l'emporte au contraire sur ]e premier, et cependant je crois devoir recommander à tous les
praticiens qui auront l'occasion de prescrire nos eanx, de tenir
un grand compte de leur température élevée. A son aide, ils
triompheront souvent des maux les plus graves. Qu'ils se souviennent qu'un des thermes les plus renommés de France,
le Mont-d'Or (1), ne doit ses propriétés, souvent héroïques, qu'à
la température de ses eau:!, puissamment secondées aussi par
la diminution de pression atmosphérique; mais qu'ils n'oublient
jamais que le bain chaud, par cela même qu'il est un puissant
remède, est un remède qui, prescrit mal à propos, peut devenir
très-dangereux.
« Le bain très-chaud à 34, 38 degrés Réaumur, dit Martinet
daus son Traité des maladies cMoniques, agit très-énergiquement
et même plus que l'étuve au même degré; ce bain très-chaud
convient bien dans les engorgements et obstruction des viscères,
ainsi que dans toutes les maladies où il faut atténuer puissamCi) Le célèbre inspecteur des eaux acidules du Mont-Il'Or, M. le Iloctelll' TI rtrand, insiste beauco up dans son ouvrage SUl' la nécessité d'employer ses caux
en bains chauds. Ce conseil est d'autant mieux fondé que) sous une pression atmosphérique plus forte ) des eaux e'l tout semblables li celles du ~lontd'Or )
mais administrées cn baios Lièdes seulement) nuiraient Il eau oup 11 la pluplrl
des maladics que le do cteur 13erlrand voit guérir chaque année. J,a tempéralure
de l'cau ( /~ 5 degrés ccn tig"ades) , la grande élévation des th ermes) T,lus de l,'ois
'nille picds au-dessus du niveau de la mer, et le mérite hien c;onnu du uocl 'UT
BCl'lrand ) sonl les Heules auses d la répulation ,lu ~fol\t-d'Or.
�-
14-
mef.1t la masse bumorale et stimuler vivement les solides, soit
pOUl' corriger une sécheresse grande de la peau) soit pour rétablir
une transpiration anéantie, soit pour attirer à la peau des humeurs qui engouent ou irritent les viscères.
» Le docteur Fischer prétend avoir vu produire à ce bain des
effets admirables) même dans dcs cas de pleurésie et de péripneumonie) en déterminant une expectoration que tous les autres
remèdes n'avaient pu amener. »
Le bain très-chaud l'emporte de beaucoup en activité sur
l'étuve même, à égalité de température. Cela s'explique et par
la densité de l'eau, bien plus grande que celle de sa vapenr,
et par sa minéralisation, car les substances que notre eau contient
ne sont point volatiles. Le bain très-chaud peut devenir une
espèce de supplice, mais il est, comme je l'ai dit, un des plus
puissants remèdes connus . Toutefois, pour lui comme pour l'étuve, qüe le médecin redoute une action trop prolongée, trop
réitérée surtout, qui aurait l'inconvénient grave d'affaiblir le
malade par des sueurs excessives et d'augmenter souvent ainsi
le mal que l'on voulait guérir . J'ai. l'habitude d'accompagner
toujours au bain les personnes à qui je le prescris très-chaud)
et de passer aveç eUes les quelques minutes qu'elles peuvent
y rester. Je fais de même pour les premières étuves) et souvent ·
je ne conseille ces moyens que de deux jours l'un.
n arrive quelquefois que je suis forcé de prescrire un repos
semblable, alo1's même que 'j'administre notre eau thermale en
bains tièdes seulement; elle peut) même sous cette forme, sti.muler violemment encore la peau et l'économie entière de certains
malades doués d'une' très-graude irritabilité: les faits suivants
en sont la preuve.
DEUXIÈME OBSERVATION.
Madame de n. vint, en 1828 , passer
Elle était affectée d'une gastrite chronique
la combattre avantageusement à l'aide de
premier bain, quoique tiède eL fort court)
l'été à Plombières.
grave. Elle espérait
nos caux, mais le
développa chez ma-
�-
15-
dame de n. une éruption miliaire générale. Pendant son séjour
à Plombières, je lui fis prendre plusieurs fois des bains de
jambes tièdes, de notre eau tbermale et à son insu. Chaque fois
les jambes de cette dame devinrent presqu'érysipélateuses, tandis
que les bains de jambes ordinaires et à la même température
ne produisit'ent jamais cet effet. l\ladame de R. quitta Plombièœs
entièrement l'établie, mais sans le secours de nos eaux, qui
avaient sur elle une action si puissante, si rare et si remarquable.
TROISIÈME OBSERVATION.
Madame de ..... , d'un tempérament lymphatique sanguin,
<igée de 45 ans environ, prit pendant six semaines , en 1833,
de nos bains à 26 degrés Réaumur, pour combattre il leur aide
une gastroduodéno-hépatite chronique. Chaque cinq ou six jours
elle était obligée de les interrompre. Sa peau devenait toute érysipélateuse.
C'est aux substances alcalines qui minéralisent nos eaux que
ces faits doivent ètre attribués, c'est à elles aussi, comme nous
l'avons déjà démontré, que sont dues en grande partie les cures
si nombreuses que nous obtenons ici. C'est il elles encore que
nous devons attribuer la poussée ou gale des eaux, qui, après
douze ou quinze bains tièdes, attaque le quart environ de nos
baigneurs; mais disons, avant de terminer ce chapitre, quels
sont les effets du bain tiède et comment il est modifié par les
substanceg qui minéralisent nos eaux.
'
Le bain tempéré a beaucoup plus de puissance que ne se
l'imaginent la plupart des médecins modernes. Selon eux, l'effet
en est peu marqué, très-difficile à caractériser; ce n'est qu'un
moyen hygiénique, et cependant il était pour les anciens la
principale ressource contre les maladies chroniques. Au' moyen
âge il jouissait encore de la plus grande réputation. Aussi Savonarole disait-il: Balneurn quidem angustiam pororurn aperit
et materiarn eo evacuandam evacuat. Evacuat enim totum corpus
mediante cute. Et Prosper Alpin nous raconte, ùans sa Dfé-
�-
16 -
decine égyptienne, que le bain a la propriété de changer les
tempéraments bilieux en sanguins, et les sanguins en pituiteux.
Dans le siècle dernier, le docteur Pomc obtint de bains tièdes
prolongés pendant dix, douze ou quinze heures, la guédson
d'une foule de maladies chroniques regardées comme incurables.
Cettc action du bain tiède prolongé est due à deux causes
dont le médecin doit hien connaître l'influence. La première c'est
la soustraction continuelle de l'électricité de la peau par l'eau
qui la baigne, ct qui, en imbibant l'épiderme, lui fait perdre en
grande partie su· propriété isolante. N'oublions pas cependant
que chaque point du tissu de la peau, partageant la propriété
isolante dont jouissent toutes les mailles du tissu cellulaire,
l'électricité ne peut s'en écouler jamais que lentement. Cette
première action est donc débilitante de la peau.
Mais pendant la durée du bain, la peau absorbe beaucoup
d'eau, qui est entrainée dans le torrent de la circulation et qui
se mèle à toutes nos humeurs. Or les expériences de M. 1\1agendie ont prouvé que l'action de l'eau mêlée au sang est toute
sédative.
En injectant deux livres d'cau à trente degrés Réaumur dans
une veine du bras, il fit, en moins de vingt minutes, tomber
le pouls de cent cinquante à quatr~vings
pulsations, et il calma
un délire grave qui avait tous les caractères du délire hydrophobique; ce qui tient sans doute à ce que le sang étendu d'eau
fournissait, sous un même volume, une moindre quantité de
sels aux sécréteurs et .ù ce que ces derniers ne pouvaient plus
produire autant d'électricité.
C'est en ,p artie sans doute à cette absorption de l'cau pal'
la peau, pendant la durée du bain tiède, qu'est due l'augmentation si remarquable de la sécrétion de l'urine. Mais cette
augmentation reconnaît aussi pour cause et pour cause puissante la diminution qu'éprouve alors la transpiration insensible.
Si l'eau du bain tièùe est alcaline comme l'est ]a nôtre, clle
soutire de l'électricité il la peuu, comme le ferait l'eau non miUél'ulisée , et avec plus de fucilité encore ; elle est du reste
••
�-
17-
absorbée comme cette dernière: cependant elle 1\ une action bien
différente de l'eau ordinaire. En effet, entraînéc dans le tOt'rent
de la circulation, elle rend le sang plus alcalin et plus fluide;
il est habituellement trùp épais chez les personnes qui ont des
•
maladies chroniques ou qui avancent en âge. Elle donne au
sang des qualités telles que les fonctions de tous les sécréteurs
acides, la peau, le tube intestinal et les reins, s'exécutent avec
plus de facilité et de puissance.
Plus donc le bain tiède sera prolongé, plus l'absorption de
l'eau sera considérable, plus les effets du bain seront marqués.
TJ'expérience l'avait appris aux anciens. A la fin du moyen tige
on prenait encore des bains d'une grande durée.
Fabrice de Hilden (Epislola ad Croquerum, p. 660), après
nous avoir décrit l'horrible situation de Pfeffers et l'établissement d'un hôpital où, en plein midi, on était obligé de se
servit' de lumières à cause de la grande quantité de vapeurs,
ajoute : Cl Hine evenit ut multi, dies noctesque thermis non
egrediantur, sed cibum simul et somnum 'in his capiant; di1iores
id propter voluptatem quam ex ipsis t,hermis percipiunt, pauperes autem propter penuriam hospitii (aciunt. » De sorte
qu'à Pfeffers, au XVI<\ siècle, les riches et les pauvres passaient
les jours et les nuits dans Feau.
De nos jours même, l'usage des bains prolongés s'est conservé dans quelques thermes. A Baden, cn Suisse, à SehinLznach , et surtout,à Louesche, on se baigne habituellement encore
de cinq à douze heures par jour. ~nfi,
au rapport dc llerthemin , au XVIIe siècle, les Allemands qui fréquentaient beaucoup Plombières, s'y baignaient, la plupart, depuis le mutin
jusqu'au soir.
Ils y grenouillaient, dit l'auteur, y faisaient
même apporter leur soupe quand ils se sentaient faibles. »
Dans le cours de cet ouvrage, on verra les effets que fai
obtenus de nos bains tièdes plus ou moins prolongés (1), et je
Cl
(il M. le <locteul' Hutin, dans son Guide des baigneurs 1 a cru dcvoj,' C0I18"C"C!'
lm cl,api tre à ce qu'il appelle l'aclion physiologique ole no~
caux, (IU'il prétend n'avoir
pas été élulliéc avant lui. On t,'ouve daus tOIl S' les tlictionnair ' S de mé,lp 'in c) C I~
qu'il raconte de l'elfet des buins ti -des cl c l,uuds su,' lu cil'culation (" sII,' la sécr :,iol1
�JH<lü'ai 4101'8 dans quelles circonstances Hs me paraissent devoit'
üt,'e prescrits : je me bOl'Derai ici, en terminant ce chapitre,
ct p,o ur montrer l'ext.'ême attention que le médecin doit apporter
dans la fixation du degré du bain, à rapporter le fait suivant,
QUATRIÈME onSEU v A'l'IO"N •
Madame de R. , des environs de Metz, me .fut adressée, en
1834, par mon ami M. le docteur Marescbal fils, pour achever
la cure d 'une suhinflammation de l'utérus avec léger abaissement de cet organe. Cette jeune dame était d'un tempérament
très-nerveux, et elle était venue à Plombières malgré elle çt pat'
pure soumission aux prescriptions doctorales.
Je lui prescrivis d'abord des bains de trois quarts d'heure
de durée et à 24 degrés Réaumur. Ces bains la mirent dans
une agitation extrème : elle plemait convulsivement; elle avait
de violents spasmes; elle maudissait Plombières . Après cinq ou
six hains à cette températuI'e, je crus devoir les pl'escrire à
2:3 degrés seulement, et dès lors ils produisirent tout l'effet désiré.
J"es accidents nerveux disparurent, ainsi que la tristesse
qu 'ils occasionnaient. L 'embonpoint fit en peu de jours de remarquables pI'ogrès, et madame de R., après trois semaines
seulement de séjour à Plombières, le quitta dans un excellent
état de santé.
Il est prohable que cbez cette dame les fonctions de la peau
devenaient trop actives dans ses ' premiers bains, et que l'abaissement de température dans ceux qui ]es suivirent, quoique
fort léger et presqu'insignifiant en apparence, suffit pour rélablir l'équilibre que la maladie avait précédemment rompu.
des reins, Ses expérien ces à cet égard n'ont ùonc rien appris ; il pouvait s'amusel'
à répél CI' ' clics de nos devancicl's 1 mais il ya une étrange prévention de sa part
à se donner id comme ayant fail une découverte. Quanl à ce qu'il dil des propriétés organo-I 'pti(lu es d nos eaux , ell vérilé je ne le comprends pas. ElIlploi e-t-i1
ce moL barbare ct non ac<;cplé dans notre langu e çomme le fait le avanl 1\1. de
I1lainvillc '1 l\lais nolt'c cau n'a pas d'a lion IUI,ti culièrc sur l' odorat ni sur le
go ùt, Quand on sllÏt le conseil de I1el'7.eliu s pour apP,'écier la aveur de l'eau
mill érale, Ilu 'on la go ùtc avec une bouch e pUre de mauvai s gOtÎl.
�-
l·
I!) -
Souvent on demande s'il faut donner la préférence aux bain'
pris dans les bassins ou il ceux que l'ou prend dans les haiO'noires
autour des bassins et dans les cabinets. Cette question a plus
d'imporlance qu'on ne le pense habituellemeut: l'cau minérale
est sans doute la même dans les bassins et Jans les baignoires ;
el avec un peu d'attention, il est facile d'entretenir l'eau dans
les baignoires ù une tempémture égale comme dans les ba,ssins ,
de sorte que l'on pounait croil'e qu'il esl à peu près indifférent
de se baigner de l'une ou de l'autr'e manière. Il est loin cependant d'en être toujours ainsi.
D'abord nous n'avons pas de piscines au-dessous de 26 degrés
112 Réaumur ou 33 degrés centigrades, et souvent il faut aux
malades des bains plus frai:. Ensuite il arrive assez fréquemment que les malad1!s ne peuvent pas supportcr J'agitation de
l'cau du bassin, qu'ils ne peuvellt pas Don plus entendre, sans
en souffrir beaucoup, le bruit inévitable dans un bain public,
et que la température élevée de l'atmosphère de ces bains lem'
nuit heaucoup, Il faut donc à tous ces malades des bains Cil
baignoire, soit autour du hassin, soit dans des cahinets
séparés, sans cela lcur tr'ai tement échouerait complétcment.
Souvent aussi les dames malades sont beaucoup mieux les jambes
étendues dans une baignoirc que si elles étaient assises dans
un bassin, et cette année, une de mes malades, une dame de
Troyes n'a pas obtenu de son séjour ici le bien que j 'en espérais,
parce que, voulant lui faire prendre des bains longs, je l'avais
envoyée dans un bassin où elle était incommodément assise, ce
que je n'ai reconnu que l'avant-veille de son départ. Je dois
dire ausRi que le traitemeut de cette dame a été beaucoup trop
peu prolongé: trois semaines sont hieu loin de suffire toujours
à la guérison d'une maladie chronique et grave.
D'un llutl'C côté, Ull malade disposé à la triste se sera généralement mieux dans un hain pnblic que dans un bain particuliel', et s'il a besoin d'un hain prolongé, il le prendra hien
plus facilement dans le bassin commun que dans une baignoire;
il le prendra au ssi il moins de frais, ce qui, pOlir heanconp de
personnes, est encore lIne considél'alion -importante. Si cc malade est in1hme, il eutrera dans le bassin et il en sortira bien
�-
20 -
plus facilement. S'il a une ankylose incomplète des articulations
des membres abdominaux, ou une autre affection de ces articulations qui cn gêne les mouvements, il pourra, dans le bassin
commun, supporté par l'eau, soutenu par ses voisins, essayer
d 'un exercice rendu ainsi bien plus facile. S'il se baigne au
bain Tempéré, il pourra passer de l'un ou de l'autre des bassins
dans le bain cbaud des goutteux, dont la température est habituellement de 33 à 34 degrés Réaumur ou de 41 à L ~2 degrés
centigrades. J'envoie la plupart de mes malades du bain Tempéré terminer leur bain dans cette piscine, où les uns ne restent
qu'une ou deux minutes, les autres 10, 15 ou 20 ,minutes,
et d'où ils sortent tous avec la pe~u
chaude, halitue~s,
condition très-désirahle pour le plus grand nombre d'entre eux,
mais qu'il faut obtenir rapidement et sans surexciter trop le cœur
et les centres nerveux. Après les bains tièdes et chauds, les
douches chaudes et les étuves, il est généralement indispensable que les malades se couchent dans un lit plus ou moins
cbaud et pour un temps plus ou moins long, suivant les conseils du médecin. Il faut aussi qu'ils évitent de s'endormir alors:
beaucoup d'entre eux se réveilleraient avec la tête lourde, et
puis ce sommeil du matin serait un vol fait à la nuit suivante,
et dont presque tous auraient encore à se repentir.
Dans le choix de leur logement, les personnes qui arrivent
à Plombières ne doivent pas seulement donner la préférence à
celui qui réunit le plus de conditions de salubrité, mais ils
. doivent s'occuper beaucoup aussi de leur lit qui doit toujours,
être suffisamment couvert. Enfin i.l faut à nos baigneurs, même
au milieu de l'été, des vêtements bien cbauds : ceux que, dans
les pays de plaine, on porte à la fin de l'automne; et., quoique
bieu vêtus, tous nos maladés devront éviter de se l>romener
après le coucher du soleil, à l'heure de la chute du serein.
�-
21
CIIAPITRE IV.
Des tlouelte@.
ClJacun sait que la douche consiste en une colonne d'cau plu
ou moins grosse, d'une Lempérature plus ou moins élevée, tombant sur telle ou telle partie du corps, ou s'inlrodui ant dan'
les cavités qui peuvent la recevoir: l'anus ct le vagin.
De là trois espèces de doucbes : les douches descendantes, la
douche vagiuale et la douche intestinale.
Les douches descendantes se divisent en douches en colonnes
serrées, si je puis ainsi dire, en douches en arrosoir et eu douches écossaises.
La douche descendante ordinaire n'a pas nniquement pour
objet de stimuler la peau, ce à quoi elle est cependant merveilleusement propre; elle agit aussi ct souvent avec une énergie
puissante sur les organes que la peau recouvre.
Si on la dirige de manière à cc que les secou ses qu'el1e
imprime retentissent surtout dans les organes hypertrophiés
par suite d'une inflammation chronique, alors elle peut rendre
aux veines et aux lymphatiques l'action qu'Hs avaient perdue,
et en même temps que les fonctions de la peau, ordinair'ement
affaiblies dans ces sortes de cas, reprennent leur énergie première,
l'ab 'orption se rétablit également, les organes alca lins ct acides
s'équilibrent mieux, et peu de jours suffisent souvent pour détruire des obstructions considérables.
Nous aurons, dans le cours de cct ouvraO'e, plus d'uue occasion de justifier cette loi. Disons toutefois que des douches
trop fortes peuvent produire les accidents les plus graves et
amcner rapidement à l'état dc suppuration les tumeur ' que
l'on voulait combatb'e. Je ne saurai recommander au médecin
Lrop de pL'Udence dans la pre 'cl'iption de cc mo}cn puissant ;
�-
22-
je ne saurai.s recommander Tlon plus aux malades !t'op d'aten~
lion à ne pas alier' au-delà de ce qui leur aura été prescrit
à cet égard. D'ailleurs, la plupart du temps il suffit, pour
amener lu résolution des engorgements chroniques) de faiI'e admalade,
ministrel' la douche pal·tout ailleurs que sur la ré~ion
et bien sou,rent encore la douche sur cette région peut devenir
un obstacle grave i.t la guél'ison. lU. le docteur Gromier, secrétaire
de la société médicale d'émulation de l,yon, dans un savant
mémoire sur différeotes eaux suHureuses ( 1), donne sur l'acti.on
de la douche les meilleurs conseils, jc vais les transcrire ici..
n
La douche doit-elle être générale ou locale? J'ai vu sous
ce rapport commettre les plus grandes imprudences et je n'ai
pas su moi-même m'en préserver. Une pratique banale, admise
chez les baigncurs, consiste à faire administrer la douche précisément sur l'cndroit correspondant à la douleur. Eh bien!
c'est là un très-grave abus, qui dovient la source d'une foule
d'accidents. Je me suis assuré que, toutes les fois qu'une affection
mème chronique conservait cncore un certain drgréd'excitabilité,
la douchc locale est dangereuse, cu réveillant les douleurs et
l'inflammation au-delà du point nécessaire pOUl' en opérer la
résolution; et bien qu'il soit établi et reconnu, depuis Bordeu,
qu 'une intlammation chronique ne guérit qu'à la condition de
repassel' il l'état aigu l Ou sc tromperait d'une mauière étrange
en envisageant cette proposition comme absolue, et en sc figurant qu'il suffit d'ahandonner au Ilasal'd le soin d'en régler
l'inlcHsité. La douche locale est rarement applicahle; eUe ne
devient lIécessaire que dans les cas où l'état chronique est
tl'è -invétél'é, et s'accompagne d'un état d'atonie qu'il est important de stimuler d' une manière vigoureuse. Dans toutes les
autrcs circonstances, l'excitation produitc par la douche généJ'al, S UI' la peau et tout l'ol'Cl'anisme, devient en général sufHsa nte pOUl' dissiper un e affection locale, en l'aison de ce
principe puysiologique que, loutes les fois qu ' ull Ol'O'ane et daos
un état de souffrance, c'est SUl' lui en particulier que vont 1'e ...
teotir toutes les stimulations subies par le malade. "
( 1) JlP/IIoi/' cs de la société médic ale d'émulatiol! de Lyon, lomo 1" .
�Comparolls à ces saO'e conseils d'uu excellent praticicn ccux
que donne lU. le docteur Hutin dans sou Guide des baigneurs
à Plombières.
" Dans les affections chroniques de l'estomac et de entrailles,
daus les engorgements du foie, on peut compter à la fois SUl'
l'action directement styptique et doucement stimulante. de l'eau
prise en boisson, et sm' ses effets révulsifs à la peau; il faut,
en de tels cas, prendre des bains p,'olongés de quatre, cinq,
six heures, pcndant lesquels on pcut boire un verre d'eau de
trente en trente minutes, et tcrminer la séance par une douche
sur les diverses régions de l'abdomen. Dan ces ci l'con tances,
on se trouve bien aussi de pI'encire et cOnSel'yer, en se recouchant,
un grand lavement ci'eau thermale. » Eh bien! qu'armé de cc
livre, un malade veuille, comme cela arrive souvent, e soigner
lui-même et qu'il se fasse administrer la douche sur le ventre,
pour se guérir d'une inl1ammation chronique d'un ou de pLusieurs des viscères abdominaux, ne courra-t-il pas le risque
de voir tous ses maux augmente,', de rendre sou vent ainsi une
maladie mortelle, de très-guérissahle qu'eUe était? Et 'il boiL
en outre un verre d'eau thermale toutes les demi'-heures, alors
que son estomac sera doué d'une grande irritabilité, n'ajoutera-t-il pas encore beaucoup à la somme de ses maux? Et pui
ce bain de 5 ou 6 heures ne pourra-t-il pas ètre infiniment
trop long? Enfin le grand lavement d'cau minérale ne pourrat-il pas augmenter encore l'irritation causée par ce tl'Uitemenl
si légèrement prescrit? Du reste, où 1\1. Hutin a-t-il vu que
nos caux thermales étaient styptiques? Jamais elles n'ont eu
cette propriété, et elles l'ont eue pour M. Hutin moins que pour
personne, ainsi qu'HIe raconte aux pages 107, 108 et 109 de
son livre.
Nous avons à Plombières des douches descendantes nombreuses.
Il est à regretter souvent qu'elles n'aient pas un volume plus
considérable. Nous avons des eaux beaucoup plus chaudes que
celles d'Aix en Savoie: mieux recueillies qu'elles ne le sont,
nous pourrions a voit' des douches qui ne le cède raient en l'ien
à celles si renommées de cc therme célèbre.
�-
24 -
La source de soufre et la source d'alun d'Aix en Savoie ,
50urces toutes ùeux styptiques celles-là, ont de 44 à 45 degrés
œntigrades seulement, et fournissent 26,000 hectolitres d'eau
par jour. Notre source du bain Romain a iO degrés eentigl'ades,
et fournit, daus le même espace dc temps, 7,200 hectolitres, et
ce n'est là qu'environ le quart de l'eau thermale de Plombières.
Il faudrait encore, comme à Aix, amener les masseurs jusque
dans les cabinets de douches. J'avais introduit cette amélioration
et je n'avais qu'à m'en applaudir pour mes maladBs; mais mes
masseurs et mes masseuses n'avaient pas d'abri pour se tenir
au chaud dans l'intervalle d'une douche à l'autre, mes malades
ne se succédant pas toujours dans le même cabinet. A la fin
dc l'été, mes masseurs et mes masseuses toussai.ent tous. L'année
suivante, ils ,'oulaient recommeneOt' ce dangereux métier, mais
je m'y suis opposé dans leur intérêt : ils seraient tous morts
phthisiques.
Il faudrait aussi à Plombières de meilleurs appareils de douche à température toujOUl'S uniforme, ce qui serait bien facile.
La position du malade, quand il reçoit la douche, mérite aussi
une grande attention de la part du médecin : en général, il
vaut beaucoup mieux que le malade reçoive sa douche étant
couché sur un lit de sangle, la tète et le baut du corps plus ou
moins élevé, qu 'étant assis ou debout. Il faut, pour que la douche
produise tout son effet, que les muscles et la peau soient dans
le pLus grand relàchement possiblc; que les muscles, par conséquent, soient à demi flécbis, et que lc malade s'abandonne sans
aucun effOlt. J'insiste beaucoup SUl' ces demiers conseils, ils ont
une grande importance.
De la douche écossaise.
La doucbe écossaise, ou douchc alternativement froide et
chaude, agit bien moins par sa force d'impulsion que par ses
changements brusques et fr6quents de température, lorsqu'en
vingt ou trente secondes, elle passe de 20 degl'és Réaumur,
par exemplc, à 30 dcgl'és. Au moment où l'cau froide cesse de
couler, la peau tend à réagit' contre l'impression qu 'elle a pro-
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25 -
duite; l'eau chaude vient augmenter cette réaction de tout son
effet; ct quand revient l'cau froide, elle trouve déjà une peau
plus vivante, si je puis ainsi dire, et plus disposée à réagir
contre elle. Ces actions et ces réactions ont donc pour effet d'appeler à la peau plus de saug, et de faire produire, pal' conséquent, à cet organe une plus grande quantité d'électricité
négative.
Pendant la durée de la douche écossaise, douche que l'on
ne connaissait pas avaot moi à Plombières, je fais prendre
souvent un bain ùe jambe de 30 à 32 degrés Réaumur, pour
empêcher ainsi toute surexcitation cérébrale.
Je ne connais pas de moyen plus capable de fortifier les malades chez lesquels l'affaiblissement de la peau a produit des
accidents nerveux et des troubles plus ou moios graves dans
les fonctions des différents organes.
La douche écossaise est un remède précieux, que l'on devrait
employer souvent dans la pratique habituelle de la médecine.
De la douche intestinale, autrement dite douche ascendante.
JI est rare que cette douche produise à Plombières des accidents hémorroïdaux. On le conçoit quand on sait que le
rectum est un organe alcalin et que nos eaux, en activant
surtout les fonctions des organes acides, s'opposent aux tensions
morbides des organes alcalins, par suite de l'accumulatiou sur
eux d'une trop grande quantité d'électricité positive. Tl faut
donc, pour que la douche ascendante produise ici un flux. hémorroïdal, que le malade y soit naturellement très - disposé;
mais cette douche, traversant le rectum, va remplir et distendre le côlon, provoquer l'évacuation des matières alvines qu'il
renferme, provoquer aussi uue sécrétion plus abondante de
substances acides à la surface de sa muqueuse. Une partie de
l'eau thermale dont elle remplit le gros intestin est absorbée
et agit comme altérant. Enfin cette douche, en dilatant l'intestin et en le mettant ainsi en contact avec tous les orO'anes
qui l'environnent, provoque une multitude de phénomènes élcctriq':les, dus à l'électricité par influence , qui contribuent SOll-
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26-
vent beaucoup à ramener à l'état normal les organes digestifs
prescrite
et leurs annexes. l'fais cette douche no doit jamais ~tre
tant quc le médecin ne s'est pas assuré que le rectum et le côlon
de sou malade pouvaient en supporter l'action.
De la, douche vaginale.
Les maladies de la matrice et de ses dépendances sont encore
bien peu connues, et nous en avons la preuve dans la désespérante lenteur que nous mettons à les guérit'. Ce ne sont pas
de ces inflammations pures et simples, que la saignée et la
diète et que la nature aussi suffisent à guérir promptement.
Si cela était, les savants mémoires que mon ami M. le docteur Treille a pu'b liés, il Y a longtemps déjà, sur cette matière, n'auraient rien laissé à désirer; et cependant empressonsnous de dire que rien de plus sage ni de plus complet n'a été
écrit jusqu'à présent sur ces affections si communes et souvent
si graves.
Mais cela suffit-il? non, bien certainement non, ct nous
arriverons à une époque où les maladies de matrice, beaucou'p
moins fréquentes, disparaîtront en quelques jours quand nous
aurons bien constaté leur nature, quand nous saurons bien à
quelle cause et à quel trouble de sécrétions elles doivent leur
naissànce.
La douche vaginale est un puissant moyen contre beaucoup
de ces maladies; mais elle a besoin d'être employée avec une
grande prudence. Sa température doit être surveillée avec beaucoup de soin; il en est de même de sa force d'impulsion, que l'on
modifie facilement en diminuant ou en augmentant l'ouverture
du robinet que l'eau traverse: en général il vaut mieux la prescrire faible que forte) et en régler l'ouverture avant l'introduction
dc la douche. Pour avoir négligé cette précaution, j'ai connu
une dame qui a été fortement blessée par le choc de la canule
quc l'eau pous ait devant elle.
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27 -
v.
CIl~PTRE
De l'étuve.
L'étuve est un des meilleurs r emèdes que le médecin puisse
oppo el' il la plupart des maladies chroniques. Elle comient
si bien à l'homme que tous les vieux peuples en ont conservé
l'usage habituel comme un des plus pui sants moyens de l'hygiène, ain si qu'on peut ]e voir chez les Asiatiques, les Busses
d'Europe et tous les Africain de la civilisation barbare.
Les Grecs et les Romains avaient l'étuve en très-grand bonneur. Au rapport de Strabon, les premières étuves furent dédiées à Hercule. E::tstat apud Pisandrum calida balnea fuisse
cognominata herculea, quod Afinerva olim fesso lIerwti sudatoria parasset, dit Baccius. Ainsi c'était au dieu de la force
que les anciens avaient dédié les Lains de vapeur: tout le monde
sait comment les prenaient les Grccs ct le Romains, et comment
les prennent encorc lcs Orientaux, les Africains et les Russes.
Ces pcuplcs ne se contentent pas d'échauffer la peau par la
haute température de la vapeur, ils l'excitent encore par des
lotions d'enu, plus ou moins froide, prisc cn bain très-court ou
en arrosement, eau tantôt pure, tantôt mélangée d'essences ;
ils se frictionncnt avec dcs savons parfumés, et tous ont recours
au mas age dont jc parlerai plus loin.
Toutes ccs pratiques ont pour effct d'augmenter les fonctions de la peau, qui sont d'une telle importance 'q ue, chez le
Arabes, lorsqu'on s'ahot'de, on ne sc dérnande pas Comment on se
porte , mais comment on sue: ente haar? ct malheur à celui qui
répond: ma fisch haar, je 110 suc pas; une maladie grave, la mort
même le menacent!
L'étuve convient donc au traitement de peesque toutes les
maladies chroniques , dans lesquelles les fonctions de la pea u
sont affaiblie'; elle con "ient 'Ul'tout aux pel' 'on 1le' dout le san n
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28-
est devenu trop plastique, trop riche; entre les mains d 'un
médecin habile, elle est un des meilleurs remèdes pour combattre les incommodités de la vieillesse, pour en retarder la
venue et pour augmenter ainsi la durée de la vie.
Nous avons à Plombières une masse énorme d'eau thermale,
et si elle était bien recueillie depuis le bain des Romains jusqu'à
la bauteur de l'église seulement, on en aurait1ù plus de mille
litres par minute ou 1,500,000 litres par jour, et cette eau a de
60 à 70 ~egrés
centigrades. Avant de la faire servir aux bains, on
pourrait donc écbauffer à son aide de vastes étuves, qui régneraient
sous la rue dans toute cette partie de la ville et qui attireraient
à elles seules, cbaque année, des milliers de malades.
Ce n'est pas que la vapeur de notre eau ait des propriétés
différentes de celles de la vapeur d'eau ordinaire, rien au
moins ne l'indique. Les sels que notre eau contient ne sont
pas volatils : aussi, quand M. le docteur Hutin dit que la vapeur de l'eau de Plombières est alcaline, qu'il s'en est assuré,
• 'il commet uue erreur, et du reste il aurait dû nous dire par
quel procédé il avait acquis cette certitude. Je sais bien que,
dans une étuve salement tenue, la vapeur peut devenir promptement ammoniacale, mais cette ammoniaque n'est qu'un accident
dû au défaut de soins et non pas à l'eau elle-même.
M. Hutin dit que l'on trouve une notable quantité de carbonate de chaux dans la ,'apeur de notre cau. Comme plusieurs
de nos cabinets d'étuve ont à la partie supérieure de leurs
voütes quelques stalactites de ce sel, notre conrt'ère a pensé
sans doute qu'elles étaient déposées par la vapeur, tandis qu'elles
sont produites par la filtration de l'eau ft travers les mortiers
des voûtes. Pour expliquer la présence de ce carbonate de cbaux
et de sels de soude dans la vapeur, il suppose aussi la volatilisation de la glail'ine qui entrainerait ces fiels dans ses mailles:
ce ne sont que des suppositions. Toutefois, nos étuves sont de
beaucoup pr'éférables à celles des pays de plai!le, à cause de
la grande élévation de notre ville, qui, en diminllant beaucoup
la pression de l'atmosphère sur la peau, permet au sang de
s'y porter avec bien plus de facilité qu'il ne le pourrait sous
uue pression atmosphérique plus fort.c. Ensuite, la peau des
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29-
pcrsonnes qui font usage de nos étuves est presque toujours
préparée à cctte médication par l'action dc nos bains; déjà
ceux - ci ont modifié la composition des humeurs, ont agi
comme altérant, ou cette action a été produite par la boisson
de noh'e eau si les bains ont été défendus; enfin nos étuves
n'éprouvent pas les nombreuses variations de température auxquelles sont habituellement sujettes les étuves chauffées artificiellement, et cela est encore une considération très-importante.
Chez beaucoup de personnes, il est nécessairc que les bains et les
étuves n'éprouvent pas de brusques changements. Nos bains
peuvent être administrés à une températme toujours égale; ils
ont toujours le même degré de minéralisation; nos étuves ne
peuvent pas non plus varier beaucoup, et si elles étaient mieux
construites, elles auraient à peu près toujours la même température, qui, du reste, ne s'élève jamais au point de dépasser le but
à atteindre et de produire une violente surexcitation.
Le bain de vapeur convient à une foule de malades, et cependant il a besoin d'être surveillé de très-près, et pour sa
température et pour sa durée. Toutes les fois que je le prescris,
j'accompagne mes maladcs, aussi longtemps du moins qu'ils ne
sont pas habitués à scs premiers effets et qu'ils ne savent pas
encore le temps qu'ils peuvent le supporter sans risque. Pendant la durée de ce bain, je fais souvent laver les jambes et
les pieds, tout le corps même du malade avec l'eau qui écbauffe
nos étuves et qui agit bien plus puissamment encore que la
vapeur. En général, dès que le pouls atteint de 100 à 110 pulsations par minute, je fais cesser le bain; mais souvent aussi
j'empêche, par des aspersions d'eau plus ou moins froide, le
pouls d'atteindre cette vitcsse, et ces aspersions sont très-facilcment supportées par les personnes les plus délicates, à la condition d'en modifier la température en raison de l'irritabilité
des malades. M. le docteur Hutin a tort de donner, comme règle
générale, que le corps se couvre en quelques minutes, à l'étuve
de Plombières, d'une humidité rcmarquablement visqueuse ;
il a tort d'attribuer cette viscosité, quand eUe existe, à la
glairine contenue suivant lui dans la vapeur, ce qui n 'a
pas heu du tout. Cette sueur visqueuse se remarque surtout
�-
30-
. chez les personnes dont la peau est mauvaise) et principalement
sur les membres affectés de douleurs rhumatismales.
Les faits suivants montreront toute la puissance de l'étuve dans
dcs cas que le plus grand nombre des médecins considéreraient
comme entièrement au-dessus des ressources de l'UI't.
CINQUJ~ME
onSEUV ATION.
l\f. P ... , àgé de 60, ans, conseiller à la cour royale de Metz,
me fut adressé par mes deux confrères et mes amis Mi\'T. Mareschal fils et Scoutetten, pour entretenir cbez lui de dernières illusions et lui faire espérer encore une guérison que tout semblait
rendl'e impossible. 1\[, P .. avait fait une chute violente sur le siége;
deux mois après il avait commencé à sc plaindre de douleurs dans
la région épigastrique et dans l'hypocondre droit. Bientôt on avait
reconnu l'existence d' une tumeur trèR-volumiueuse) située audessous du grand lobe du foie; puis de la fluctuation s'était
présentée vers la tubérosité scialique du côté droit: on avait
ouvert) et un abcès fistuleux) donnant un pus icboreux trèsfétide, avait succédé à cette opération. On pensa que la chute
avait détcrminé la fracture d 'une portion de vertèbre, que la
tumeur abdominale était un abcès par congestion en rapport
avec la fistuLe; on considérait ce cas comme inévitablement
mortel.
un an en~ü'o
après sa chute,
A son arrivée à Plombi~res,
1\1. P ... avait une anasarque s'élevant déjà jusqu'à la hauteur
de l'ombilic. Il était dévoré par la fièvre hectique et il élait,
comme 011 le pense, d'une grande faiblesse.
Dans cet état) l\{' P ... voulait se haigner : il croyait que
nos bains seuls avaient la puissance de le guérir. Ce ne fut
pas sans difficulté que j'arrivai Il lui faire comprendre que les
bains ne pourraient qu'augmenter l'hydropisie déjà si menaçante et qu'aggraver son mal. Je lui prescrivis des bains de
vupeur d'une durée de dix il quinze minutes. Tl les suppolta
très-bien i l'atmosphèl'e de l'étuve devenuit promptement trèsfp,tide; elle avait l'odeur ùu pus qui sortait par la plaie fis-
�-
31 -
tulcu e. Après trois semaines de ce traitement, M: P .. retouroa
à Mel? beaucoup mieux j mes confrères continuèrent à lui faire
prendre des bains de vapeur et bientôt il fut entièrement rétahli. Tl mourut 5 ans plus tard, tué par une apoplexie foudroyante.
Ce fait est bien curieux et il mérite d'être médité par les
praticiens. Il montre combien la nature et l'art sont puissants
encore dans des cas en apparence désespérés; l'observatioll suivante offre tout autant d'intél'èt.
SI IÈrt'IE 013SERVATIO .
1\1. Charles Génin, de Charmes, fils du docteur Génin ,
médecin distingué et mon ami, était à 15 ans au collége à Lunéville, lorsqu'il eut une tumeur assez , rolumineuse et mobile,
située il l'hypocondre droit. Nos caux prises en bains et p.n
douches la firent disparaître, et le jeune malade paraissait entièrement l'établi, lorsqu'à la fiu de l'automne il éprouva de
vives douleurs ahdominales, beaucoup de fièvre, du dévoiement.
13ientôt on reconnut l'existellce d'une grosse tumeur', située
à 5 ou 6 ceutimètres au-dessous des côtes à droite, et plongeant
profondément dans la fosse iliaque inteme de l'épine antérieure
de l'os des iles. Un prolongement d'une dureté osseuse, de 6
ou 7 centimètres de large, s'étendait jusqu'à la ligne blanche.
A ce mal si grave on opposa les saignées locales, les applications et les boissons émollientes ainsi que la diète, puis on
arriva aux fondants de. toute nature; mais le mal allait toujours
en empirant. Je vis à la fin de l'hiver notre jeune et intéressant malade: sa peau était sèche et poudreuse, ce qui tenait
à ce qu'elle ne fonctionnait presque plus. Je conseillai des bains
alcalins et surtout nos eaux.
])[on confrère m'écrivit plusieurs fois au moi.s de mai pour
me di.re qu'il ne savait pas si son fils vivrait encore le soif,
et qu'il ne savait comment me l'envoyer; enfin il al'riva roulé
sur lui.-même, les talons collés au siége; il était dévoré par
ulle fièvre ardente j il avait la tête brûlanle et .les ex tl'émités
�-
32 -
glacées; le d~voiemnt
continuait toujours ainsi que de vives
souffrances. Le marasme était arrivé à ce point chez ce jeune
homme que, bieu qu'il fût de grande taille et qu'avant sa maladie il pût peser d~jà
65 kilogrammes, la servante de sa mère
le portait au bain sur son bras et le rapportait de même. Je
lui prescrivis des bains de 28 il 29 degrés Réaumur et l'étuve. En 65 jours qu'il passa à Plombières, il prit 55 étuves
et partit entièrement guéri. Il avait augmenté à Plombières
d'environ 15 kilogrammes; depuis lors il n'a pas cessé de jouir
de la meilleure santé.
Si l'on avait continué à faire chez ce jeune homme de la médecine locale, à traiter ses tumeurs par des saignées et des
fondants, il aurait promptement succombé; mais j'avais coustaté chez lui un affaiblissement très-considérable des fonctions
de la peau; j'avais reconnu que c'était à cette grave lésion qu'il
faUait attribuer la maladie toute entière, et le succès vint confirmer bientôt la bonté de mon diagnostic.
�-
33 -
CHAPITRE VI.
De J'eau tlterulale .Ie Plo ... hlères eu hoiSIilOIl.
POUl' expliquer le mode d'action de l'eau thermale appliqu ée
l;ur la peau, nous a,'ons été obligés de décrire longuement
les fonctions de ce vaste organe. La mème nécessité se présente
pour l'estomac, si nous voulons apprécier le mode d'aclion de
notre eau thermale prise en hoi sson.
Nous avons vu tout à l'heure les pbysiologistes impuissants
il expliquer les fonctions de la peau; ils n'ont pas élé plus
heureux dans les efforts qu'ils ont faits pour se rendre comple
des fonctions du tube digestif.
nepuis les expériences ingénieuses de Réaumur et de Spalianzani, qui avaient prouvé l'existence du suc gastrique ct sa
propriété de dissoudre les aliment", et d'opérer même hors de
l'estomac une digestion artificielle, à l'aide d'une temnérature
convenable, la science o'avait pas fait de progrès réels, cl mème
on pourrait l'accuser d'a voir fait des pas rétrograd es, si, dan"
ces derniers temps, lIOUS n'avions pas eu les beaux travnux de
Gm elin et Tiedman, travaux provoqu és par l'In stitut et mql appréciés cependant par cette illustre société (1).
Ces savants ont prouvé que, chez tous les animaux vertébrés,
les aliments mis en coutact avec l'estomac obligeaient ce viscèt'e
il sécréter un suc d'a utant plus abondant et plu s acide qu'ils
étaient eux-mêmes en plus grande masse et plus stimulants;
que ce suc avait la propriéLé de di ssoudre les aljmt-r~s
et de
les réduire en chyme, et que ce chyme, malgré son mélauge
avec la bile et le suc pancréatique, conservait so uvent son
acidité dans toute la loogueur du tube intestinal. Hs on t proll vé
(1) Rec/te7'cltes l',t'1lérÙIIClllales ']Jhysiolt)gq1
, ~ el chillliqllrs
P'''' TJ EOMAN ct GMELIN. ParÏl;, li ai 11ère , ' J 8~7.
SIll'
Clc. ,
6
la
d/:qOlioll ,
�-
34-
aussi que, hors de la présence Jes aliments, quand l'estomac
n'était plus stimulé par eux, le liquide qui baignait sa mem- .
brane muqueuse était neutre ou à peu près neutre; mais
ils n'ont pas su à quoi attribuer cette faculté qu'avait l'estomac ùe sécréter des sucs tantôt acides et tantôt neutres;
ils ne voyaient pas l'économie d'assez haut: ils ont préparé
les pierres de l'édifice, ils n'ont pas su le construire. 1\lon
frère, toujoms guidé par le flambeau des doctrines électrochimiques, a montré comment l'estomac, organe acide de même
que la peau, et par conséquent organe négatif comme elle,
dès qu'il était distendu par les aliments et rapproché ainsi du
foie et de la rate, organes positifs, s'électrisait par influence,
laissait écouler le long de ses nerfs le fluide positif, qui neutralisait auparavant son fluide négatif et séparait du sang q'ui
baignait son tissu les substances négatives comme lui, pour
les l'epousser et en faire la matière de sa sécrétion; taudis que
pour se nourrir, il s'assimilait les principes positifs, en vertu
de cette loi qui veut qu'une électricité attire toujours à elle l'électricité contraire.
Dès lors, on conçoit, et le rôle, jusqu'ici ignoré, de la rate
cette admirable
et une partie de celui du foie. On ~omprend
prévoyance de la nature qui n'a pas voulu que l'estomac, dans
l'état de vacuité, sécrétât des sucs acides, qui auraient corrodé
sa membrane que les acides peuvent dissoudre. On comprend
aussi comment la muqueuse intestinale peut séparer du chyme
un liquide alcalin, le chyle, dont par conséquent l'électricité
est opposée à la sienne. On comprend que la salive) la bile
et le suc pancréatique aient pour fonction principale de fournir
au chyme les substances alcalines qui doivent plus tard se
retr'ouver' daus Je chyle, substances qui doivent encore stimuler
la muqueuse gastro-intestinale, en y faisant un plus puissalit appel de l'électl'icité de nom contraire. 1\Jaintenant aussi
on pcut comprendre le fait remarqué déjà par Hippocrate, mais
inexpliqué jusqu'à ce jOl:Jr, que l'alimont fortifie, puis est assimilé. Il fortifie dès qu'il touche aux parois de l'estomac, parce
qu 'indépendamment de son contact, qui est déjà une cause
pui sante du développement de l'électricité négative, en rap-
�-
35-
procbant l'estomac de la rate et du foie, ces différents organes
s'électriseut mutuellement par influence, et foumissent ainsi à
l'économie les fluides électriques ou nerveux qui commençaienL
à lui manquer.
Lors donc que notre eau tbermale ,'ient, à la température
de 38 à 42 degrés Réaumur, distendre l'estomac, eUe doit agir
n,éeessairement sur lui comme le ferait l'aliment, développer
sOu électricité négative, et par suite de son simple contact,
et par suite aussi de son alcalinité et du rapprochement qu'elle
occasionne entre les parois de l'estomac, la rate et le foie. II
y a donc, dans le même moment, production nouvelle des deux
électricités, au'gmentation des forces de l'économie. Il y a aussi
une absorption plus puissante des matières contenues dans le
reste du tube intestinal, a))sorpLion provoquée tout à la fois
pnr la stimulation d'une eau chaude et alcaline, et par la
sécrétion d'une quantité plus considérable de bile et de suc
pancréatique. N'oublions pas de remarquer ici que cette
ab,
sorption a pu être augmentée déjà par l'action de l'eau prise
en bains. Car, ainsi que mon frère l'a encore démontré, toutes
les fois qu'un organe acide un peu important, et la peau l'est
beaucoup, reçoit une forte stimulation, tout le reste de l'appareil acide du corps la partage. C'est en partie à cela sans
doute que nous deVons attribuer la grande quantité d'urine
que sécrètent nos malades. Les reins, organes éminemment acides aussi, et à l'égard desquels les capsules surrénales
remplissent probablement des fonctions analogues à celles de
la rate et ùu foie sur l'estomac, les reins partagent ]a tension
de la peau et du tube intestinal, Jeur sécrétion devient plus
abondante et plus acide.
Mais l'alcalinité de votre cau est-elle suffisante, me dira-ton peut-ètre, pour la rendre comme boisson un médicament de
quelque valeur, ct n'agit-elle pas seulement comme le ferait de
l 'eau ordinaire chauffée à la même température? Non certes.
J 'ai déjà démontré que notre eau est sufftsamment alcaline pour
agir puissamment sur la peau des personnes qui s'y baignent:
elle agit également par son alcalinité sur le tube digestif quand
elle est prise en boisson. Deancoup de malades en boivent un
�-
3fi -
litre ou cinq verres, qui contiennent près de 30 centigrammes de
sels de soude, dont plus du tiers est formé de sous-carbonate de
cette base; or l'eau seconde de chaux, que l'on administre avec
un grand succès dans le traitement de beaucoup d'affection
chroniques des voies digestives, agit puissamment déjà à la dose
de 30 grammes, et 30 grammes d'eau ne peuvent, pas dissoudre
tout il fait ft centigrammes de chaux, cet alcali n'étant soluble
que dans 758 fois son poids d'eau, ainsi que l'a expérimenté
Thompson, et étant bien moins actif que la soude. Mais, dira-t, on, la chaux dans l'eau seconde est caustique et la soude dans l'eau
de Plombières est à l'élat de sous-carbonate. Je n'en disconviens
pas; mais indépendamment de ce que l'acide carbonique est loin
d 'enlever ù la soude toutes ses propriétés alcalines, tout le monde
sait que la chaux, introduite dans l'estomac, est neutralisée il
l'instant par les acides que contient ce viscère, de même que le
sous-carbonate de soude y est décomposé par ces mêmes acides.
On voit donc que notre eau thermale en boisson peut exercer
sur l'économie une grande influence; mais· par cela même, il
ne faut la prescrire qu'ù propos. Elle peut faire beaucoup de bien,
et elle peut faire aussi beaucoup de mal.
Alors que la peau et le tube intestinal sont affaiblis, alors
que le tube intestinal ne réagiL plus avec assez d'énergie sur
le bol alimenLaire, l'eau du Crucifix, et mieux encore celle du
bain des Dames, doivent être prescrites en boisson. On pourra,
il leur aiùe, helter beaucoup le rétablissement du malade, et
faire disparaitre souvent des accidents qui simulaient une inflammation profonde des voies gastriqués, ct qui étaienL dus au
co~traie
il un état tout opposé.
Mais si les voies digestives étaient surexcitées, si elles étaienL
le théàtl'e hahituel d'une tenswn étect7'ique trop grande, noLre eau
thermale en boisson pOUf J'ait devenir funeste. Alors, tandis qu 'il
faudmit peut-être 'limuler médiocrement la peau par des bains
et des douches, il faudmit aussi prescrire des boissons acidules
et un régime dont on écarterait av cc soin tous les stimulants
de cet état morbide.
Je dois faire observer encore que ln boisson de noLl'e eau
Lhermale peut devenir danO'ereuse aux personnes chez le quelles
�-
37-
les sécréteurs acides n'ont pas fonctionné depuis longtemps avec
assez d'énergie, et chez lesquelles, par conséquent, il Y li,
dans le torrent de la circulation, une quantité d'acides trop
considérable. Ces personnes ont alors le sang très-plastique;
elles sont disposées aux congestions organiques et une stimulation trop vive des organes abdominaux pourrait en produire
de très-graves. Avant donc de prescrire la boisson de nos eaux,
étudions avec soin l'état des sécrétions de nos malades, et nous
pourrons alors, mais seulement alors, leur donner des àvis
que la science avouera et dont la pratique confirmera l'utilité.
Beaucoup de personnes, qui ne peuvent pas digérer l'eau thermale au bain, la digèrent facilement sous l'excitation de la promenade. C'est avant le bain qu'il faut que ces malades aillcnl
boire l'eau, et jamais il ne faut qu'ils en boivent une nouvelle
dose tant que la première accuse encore sa présence dans l'estomac.
�38 -
CHAPITRE VII.
De I"eau savonneuse et tle l'cau fel'ruginetlse
en bolIllSOII.
Eau dite savonneuse.
De tout temps on a mêlé l'eau savonneuse à l'eau tbermominérale pour abaisser la température de cette dernière, lorsqu'on
l'emploie en bains ou en douches. On ne pourrait, sous ce
rapport, que lui attribuer des propriétés négatives, si l'on ne
savait qu'à raison de sa composition cbimique, elle peut produire une excitation salutaire; je m'en suis quelquefois avantageusement servi en l'employant en bains et en douches, sans
mélange d'eau thermale. Elle agissait alors de la même manière que le bain froid, comme tonique ou antiphlogistique
suivant sa durée; mais son effet tonique était légèrement accru
par sa minéralisation.
Un grand nombre de malades en font usage en boisson;
pour la digérer sans peine, il est souvent nécessaire de la
mélanger avec un sirop qui en relève la saveur, car cette eau
est naturellement fade, ce qu'elle doit autant à sa composition
chimique qu'à sa température; elle devient ainsi une excellente tisane pour la cure de beaucoup d'inflammations des reins
et de la vessie; elle aide la ortie des graviers que contient
trop souvent ce dernier organe; par ses sels alcalins elle active la sécrétion de l'acide urique, s'oppose ai.nsi à la précipitation des pbosphates de chaux et ammoniaco-magnésien ' ,
cn mème temps qu'en étendant l'urine, elle diminue l'action
lrop excitante Clue ce liquide exerce souvent sur la muqueuse
vésicale.
L'euu savouneuse Cil hoisson peut hilter beaucoup aussi la
r'uél'ison des gastrites ebez les malades habitués à une noul'-
�-
39-
riture et à des boissons stimulantes, qui sui vent ici un régIme
doux, et remplacent par l'eau savonneuse le vin, le café et
les liqueurs dont ils faisaient usage. Cependant je ne la conseille, dans ce cas, qu'aux personnes qui veulent absolument
boire de l'eau minérale, et auxquelles l'eau thermale et l'eau
ferrugineuse ne pOUl'raient point convenir, administrées sous
cette forme.
Eau ferrugineuse.
L'eau ferrugineuse de Plombières ne s'emploie guère qu'cn
boisson. C'est un excellent tonique, qui convient parfaitement dans
les cas de débilité de l'estomac.
Lorsqu'une croissance trop rapide, nne habitation humide
et sombre, une vie trop sédentaire, ou d'autres causes produisant les mêmes mauvais effets, ont laissé l'économie dans un
tel état de faiblesse que la menstruation ne peut s'établir chez
lcs jeunes personnes, notre eau ferrugineuse pourra rétablir
l'équilibre et amener les plus heureux résultats. Un régime
doux, l'air pur et léger de nos montagnes la seconderont puissamment, en favorisant le rétablissement des fonctions du tube
intestinal ei de la peau. Mais avant de conseiller l'eau ferrugineuse) examinons avec attention l'état des viscères; ne négligeons pas non plus l'examen, si important dans cc cas, des
organes de la circulation, et en prescrivant à nos malades un
exercice inaccoutumé, prémunissons-les soigneusement contre
le danger d'\ln exerct1ce trop violent d'abord, qui pounuit occasionner des désordres irrépal'ables.
�-40-
CHAPITRE "Ill.
Del!! , 'elltouses et du
1l"!Ir;~.
Les ventouses scarifiées et sèches.
Les ventouses sont un des remèJes le plus anciennement
connus, et l'un de ceux qu i étaient, au moyen àge, le plus employés aux eaux thermales. Il pamit qu 'ù Plomhières, au siècle
dernier encore, on regardait leur application comme le complément nécessaire du traitement de nos eaux., et que tons les
baigneUl's s'y faisaieut ventouser, au moins une fois, pendant
leu!' sé.iour. C'était abuser d'un excellent moyen, et cet ahus
avait fini pal' le mettre dans uu discrédit tel, qu'à mon arrivée
à Plombières, on ne connaissait plus les ventouses que de nom .
.! 'ai contrihué beaucoup à les remettre en bonneur, ct je dois
avouer ici que je leur dois un grand nombre de guérison remarquables. Dans les inflammatious chroniques, alor que de
fréquentes applications de sang ues ne peuvent être supportées
pal' les malades, on peut Pl'cscl'ire sans cl'aiute les ventouses
scarifiées, dont on modère ù volonté l'écoulement. Elles ont
sur les sangsues le grand avantage de ne point affaiblie autant
les malades. Mais comment agissent-elles? Tous les praticiens
savent que1'applieatioll d'uneseul e ventouse, même non scarifiée,
suffit souvent pour enlever d'atroces douleul's. Certes, ce n'est
pas à la légèl'e irritation qu'elle peut déterminer sur la peau
qu'il est possible d'attribuer nu effet semblable, voyons donc
si nous n'e n trouverons pas la cause ailleul'S. La peau) qui se
trouve soustraite sous la ventouse à la pression de l'atmospbère,
est à l'instant même gonflée pal' un afflux considérable de sang,
qui bientôt, brisant les vaisseaux qui le contiennent, viellt
tcindl'c la peau en noir plus ou moins fOllcé et pl'oduiec une
véritable ecchymose. Cet effet est parlagé plus ou moins pro-
�-
41 -
fondémcnt par le tissu cellulaire sous-cutané. Qu 'cu résultet-il? Ces tissus, habituellement non conductem's de l'électr'icité ,
le deviennent à l'instant même à un haut degré, et l'électricité
opposée à celle de la peau et dont la tension trop forte produisait la douleur, vient s'écouler il la surface du coeps et
occasionne ainsi un soulagement souvent aussi prompt que la
pensée.
C'est de cette manière seulement qu'agissent les ventouses
sèches, ct cela ne doit pas empêcher les praticiens de les compter
au nombre des meilleurs et des plus puissants remèdes.
SEJ>'l'IÈl\1E OBSERVATIOl'i.
Maùame V., de Plombières , avait depuis longtemps la anté
la plus délabrée. Enceinte, elle avait eu pendant tout le cours
de sa grossesse une ascite et une anasarque. Trois jours après
ses couches, elle se leva et marcha sans cbâussure sur un pavé
humide et froid, et elle eut il l'in tant même une hémiplégie
complète.
L'état de son pouls, tous ses précédents ne me pel'mettaient
pas de recourir à la saignée générale. Je lui couvris le cuisses
et les jambes de ventouses sèches, et en une demi-heure, la
compr'ession cérélH'aJe et les accidents qu'elle a,rait produits avaient
entièrement cessé.
A côté de cette pl'cuve remarquable de la puissante action
des veutouses sèches, je pourrais en citer une foule d'autres,
et les montrer surtout commc le moyen le plus prompt de faire
cesser instantanément d'atroces douleurs abdominales, qu 'ellcs
oient dues à une affection du tube digestif ou de se annexes .
.Je pourrais dire aussi que les ventouses sont encore un des
remèdes Je plus en vogue chez les Allemands, et que tout paysan
russe sait en ~pljqer
au besoin, en se servant pour cela des
pots de terre ou de fcmte qui meublent sa chaumièrc; mais ne
nous éCUltous pas trop de notre sujet.
�-
42 -
Du massage.
Le massage, si bien apprécié par les Orientaux qu'il est tombé
chez eux dans le domaine de l'hygiène publique, est à peine
connu en France, et cependant son action est des plus fortes,
son influence des plus heureuses .
.Bien plus puissant que les simplea frictions, il peut donner
à la peau la plus grande énergie. A son aide, on guérit une
foule d'irritations chroniques du tube intestinal; à son aide
aussi, on peut se débarrasser de rhumatismes anciens. Beaucoup
d'asthmatiques lui devront de longs relâches à leurs maux. Les
personnes qui ont une grande tendance à l'apoplexie, lui devront un soulagement plus réel qu'aux saignées dont on est
si pOlté à abuser dans ce cas. Les vieillards enfin, à son aide,
prolongeront souvent beaucoup leur vie. C'est au massage ct
aux étuves suivies de bain froid, que les Russes de toutes les
classes prennent chaque semaine par suite de leurs idées religienses) c'est il ces moyens surtout qu'ils doivent de compter
un si grand nombre de vieillards vieux comme les patriarches.
Le massage fixera bientôt l'attention du monde médical eu
"F rance, et bientôt aussi on le rangera au nombre des remèdes
Jes plus utiles. J'ai habitué à mas Rer plusieurs individus des
deux sexes, que j'ai choisis jeunes et forts, et je puis dire que
cet utile moyen a rendu déjà de grands services à beaucoup de
mes malades, sans nuil'e à aucun.
Il y a plusieurs manières de masser, le massage des Chinois
cst le plus facile : il consiste en trois coups cadencés, frappés
avec la main du masseur sur les membres et le bas du tronc;
celui des autres orientaux consiste surtout en frictions exécutées ,
à J'aide de deux doigts seulement, le long des muscles sous-cu'tanés que l'on pince plus ou moins fortement. Ce massage bien
exécuté peut eb. quelques minutes développer une sueur abondante. Les Russes se massent dans leurs étuves avec des balais
'de bouleau garnis de leurs feuilles.
�-
43 -
Le massage avec les deux mains enveloppant tout le membre
et le pressant très-doucement, en exécutant une légère friction
toujours dirigée de baut en bas, est uu remède excellent à opposer à la plupart des entorses. Un quart d'heure de ces frictions en apparence si peu puissantes suffit souvent pour faire
disparaître la douleur et le gonflement, quelque considérables
qu'ils soient, et en les renouvelant deux fois par jour, il faut
moins de jours pOUl' guérir ces accidents, habituellement graves,
qu'on n'emploie ordinairement de semaines à l'aide d'autres
traitements.
Le massage a tant de puissance qu'exercé en fTictions douces
de haut en bas, le Jong du corps et des membres, mêmè par
dessus les vètcments, il suffit souvent pour enlever en quelques
minutes de grandes fatigues.
�-
44 -
CH!PITRE IX.
Des eRuses Iles IlialalUes. ou Ile l'étlolo"le.
La connaissance des causes des maladies est une partie trèsimportante et beaucoup trop négligée maintenant de l'art de
guérir. La médecine moderne accorde généralement toute son
attention aux effets des waladies et elle perd ainsi ses plus
puissants moyens d'action. Cela est vrai pour le traitement des
maladies chroniques tout aussi bien que pOUl' celui des maladies
aiguës. Les premières même ne doivent la plupart du temps
leur longue durée qu'à la persistance d'action des causes qui
les ont fait naître. Souvent, par exemple, un malade souffre du
tube intestinal parce qu'il a l'habitude de manger trop vite ou
trop, ou bien à des heures irrégulières; souvent ses souffrances
tiennent il l'usage de tel ou tel mets indigeste; à ce qu'il boit
trop en mangeant, ne serait-ce que de l'eau pure; un autre a
des douleurs rbumatismales qu'il doit à une habitation humide,
à des vêtements insufnsauts; celui-ci a Jes jambes et les pieds
habituellement froids et il souffre ou du ventre ou de la poitrine ou de telle autre partie du corps; celui-là a vu se supprimer une sueur habituelle des pieds, des aisselles ou de tout
le corps, et il est en proie à une maladie grave qui peut résulter
aussi dc la suppression ou de la diminution d'autres sécrétions.
Dans tous ces cas et dans tant d'autres, que poul'ra le médecin
s'il ne sait pas, par un examen sévère, remonter à la cause même
du mal et bien comprendre son mode d'action? " S'il est malbeureusement vrai, dit M. Bouillaud, que dans l'état actuel de
la science, le mécanisme d'un bon nombre de causes soit enveloppé des plus profondes ténèbres , il 'ensuit que les mêmes
ténèbres doivent envelopper la nalure iJltime des maladies produites par les causes dont il s'agit. " 1\L le docteur Bouillaud
prouve bien par ce pa 'age loule l'importance de l'étiologie .
�-
45-
Sans doute il y a encore bien des causes de maladies donc l'action
est pour nous un mystère, mais le nomhre de ces causes tend
à diminuer chaque jour et diminuera d'autant plus vite que
nous nous en occuperons davantage. Du reste, si au tem'ps d'Hippocrate les bons praticiens accordaient déjà la plus grande
impol'tance à cette branche de la médecine, il combien plus forte
raison ne devons-nous pas le faire aujourd'hui! Tant que pour
conuaitre une maladie nous nous bornerons à apprécier les ravages qu'eUe a fait dans l'économie, les ruines qui ' signalent
sou passage, nous ne saurons 'rien: c'est à la cause qui l'a développée et à la manière dont cette cause a dù agir qu'il faut
que nous arrivions le plus vite possible. Pour cela le médecin
a besoin de patience et d'un bon jugement. li faut souvent, pour
arriver à ln vérité, présenter au malade les mêmes questions
sous les formes les plus différentes, et à la fin de ses réponses
l'obliger, sans qu'il s'en aperçoive, à les contrôler les unes par
les autres.
Ne nous bornons donc plus à envisager les maladies chroniques d'après les altérations organiques qui les accompagnent;
ne nous bornons pas à consulter pour elles les enseignements
si souvent trompeurs de l'anatomie pathologique; mais étudionsles dans leurs causes, et nous fet'ons ainsi de la médecine moins
riche en mots barbares, mais infiniment plus riche en utiles
appli.cations.
�-
46 -
CHAPITRE
JYI,tla.Ueliil
.I~
x.
)a I.eau • .il.tollie .Ie eette 1l1elllln·a.. e.
D'après ce que j'ai dit au commencement de cet ouvrage 1
on conçoit que les malaelles de la'peau, qu'elles soient primitives
ou sympathiques, doivent se diviser en deux grandes classes,
La première renfermera les maladies produites par l'aff(l.ihlissement de la fODction sécrétoire de la peau; la seconde renfermera, au contraire, celles qui seront Je résultat de J'accroissement exagéré et plus ou moins étendu de cette fonction.
Et ces deux classes, pour ne pas embrasser presque toutes
nos maladies, auront besoin d'être arbitrait'ement bornées; car
Ja plupart de nos maux reconnaisscnt pour principale canse,
des modifications apportées par les agents extérieurs dans les
fonctions de la membrane qui nous enveloppe.
Atonie de la peau.
Lorsque la peau pèche par faiblesse, lorsque ses sécrétions
sont diminuées, qu'elle se décolore, qu'eUe se refroidit, et qu'indépendamment du trouble babituellement grave qui résulte pour
l'économie toute entière d' une production trop peu considérable
d'électricité négative , le sang trop acide, trop coagulable, circule
avec plus de lenteur à travers des organes affaiblis, exposés
à dcs concentrations morbides contre lesquelles ils sont sans
force de réaction; alors nos eau ' peuvent produire d'admirables effets.
Cet affaiblissement des fonctions de la peau est dû pour l'ordinaire à l'influence d'babitations humides et obscures, au défaut
d'exercice, à une croissance trop rapide, à l'hérédité, à des
passions tristes, ou à d'autres causes agissant de la mème manière. Et l'on comprend que je n'entends point m'occuper ici
�-
47 -
de la faiblesse de la peau due à des concentrations morbides
Ul' d'aulrcs organes, parce qu'alol's elle n'est que le !\ymptôme
d'unc autre maladie. Lors donc que cette atonie est idiopathique,
ous son empire, la peau se décolore et se refroidit. Elle ne
produit plus qu'en quantité insuffisante l'électricité négative dont
elle est la source principale. Alors le sang peut acquérir une
plasticité funeste, les muscles sont sans énergie. Le tissu cellulaire, les os, les poumons et les membranes séreuses peuvent
devenir le tbétLtre des plus fùc~eux
accidents; alor aussi peuvent apparaître des névroses très-douloureuses, toutes les fonctions
se font mal, la ,'ie est incessamment menacée.
Dans ce cas, nos bains très-chauds, mais courts, des douches
fortes, mais peu prolongées, des douches écossaises surtout,
l'exercice sur nos montagnes, le massage, les ventouses sècbes,
l'eau thermale en boisson et un régime doux et analeptique,
approprié à la faiblesse générale, rétablissent bientôt l'équilibre
et guèrissent des malades que l'on croyait désespérés.
HUITIÈME ODSERVATION.
Je fus consulté, en 1823, par M. le capitaine Og ... , de Fougeroles. Ce malade avait alors les jambes ct les bras œdématiés.
Des ulcères scrofuleux avaient envahi les jambes : on en retrouvait de semblables au col et sur les mains; mais ceux de
la main droite avait déjà détruit, en partie, la seconde phalange du pouce et altéré la sec,onde pbalange du medius. Le
troisième os du métacarpe était partagé en deux, ce que l'on
reconnaissait facilement à l'aide de la sonde. Le quatrième os
du mème métacarpe était presque aus i malade; jusqu'alors tous
les remèdes avaient été inutiles, et le dernier médecin consulté
par M. Og ... s'était prononcé pour l'amputation du poignet; elle
paraissait en effet inévitable.
En remontant aux causes qui avaient déterminé cette maladie
si grave, je ne pus pas en reconnaitre d'autre que le défaut
de vitalité de la peau, amené par l'habitation d'un pays froid et
humide surtout si on le compare à l'Espagne, où 1\1. Og ... avait
fait longtemp la guerre. Ce défaut de vitalité de la peau
�-48me parut aussi produit par le passage -d'une vie très-active ù
une vie très-sédentaire: sous l'influence de ces causes, qui, chez
beaucoup d'individus, auraient produit de violents accès de goutte,
le tissu cellulaire de uotre malaùe s'entreprit, et agissant avec
énergie sur un sang trop acide, il s'enflamma d'autant plus
qu'une nouuiture abondante venait ajouter à tous ces désordres .
Le tube digestif était légèrement irrité, ce qui était dû autant
au chagrin que causait la maladie, qu'aux sJmpathies morbides
exercées par les nombreuses ulcérations dont j'ai parlé.
Un régime doux, des applications modérées de ' sangsues et
de ventouses scarifiées autour des ulcérations, des cataplasmes
émollients, avaient amélioré la position de lU. Og ... , mais il était
loin d'être guéri; sa guérison même pouvait paraître encore
très-problématique . Je le Hs venir à 'Plombières pour y prendre
les eaux.
D'abord j'ajoutai à nos bains de la farine dc lin; d je nc
les lui fis prendre que tièdes. Bientôt il put les supporter sans
addition de mucilage et plus cbauds; alors je leur adjoignis des
douches générales, puis enfin des étuves, et en quarantc-un
jours 1\'1. Og ... vit terminer une maladie qui pouvait paraître
au-dessus de toute ressource. Sa guérison date de près de cinq
années, elle est parfaite depuis celte époque; les fonctions de
la peau rétablies se sont soulenucs à l'aide d'un exercice suffisant et d'un régime sain.
Un au après l'époque où je publiai cette obscl"'ation, je fis
voir ce malade à mon ami, 1\'1. le docteur Champion; dc narle-Duc, qui reconnut à chacune des cicatrices toutcs les ulcérations dont j'ai parlé . Le capitaine Og ... succomba, en 1829,
à une ' carditc chronique. Cette dernièl'e maladie reconnaissait
les mêmes causes que la première affection, et si, à son début,
au lieu de l'attaquer surtout par les :saignées générales ct locales et par une diète sévère, je l'avais combattue dans sa
cause si j'avais rétabli les sécrétions languissantes de la peau,
j'a\lrais probablcment pu sauver une secoode fois ce malade;
mais la science alol's n'avait pas les ressources qu'elle possède
aujourd' hui.
�-
49 -
l'mUVIÈME O1ISERVATION.
Mite L., d'une famille qui compte quelques sCI'ofnlcux, du
l'este bien développée, grande, forte, aux cheveux châtain ,
mais à la peau blanche et aux yeux largement fendus, ful
affectée, en 1830, d'engorgements scrofuleux du cou et de la
région parotidienne gauche, à la suite d'un refroidissement. On
employa contre cette affection tous les moyens alors indiqnés,
et cependant on ne put empêcher ces tumeurs de s'abcéder. On
attendait inulilement depuis plusieurs mois la cicatri ation des
ulcères qui les avaient remplacés, lorsque je prescrivis des
douches écossaises. En moins de trois semaines j'obtins, il leut'
aide, la guérison complète de cette dégoùtante infirmité . .l\1'lu L.
s'e t mariée depui::., et elle a un enfant qui, jusqu'ici, lI'a
eu aucun accident de la même nature que ceux dont j'ai guéri
sa mère.
Je poun'ais facilement multiplier les observations de ce genre,
mais celles-là suffisent, je le pense, pour montrer combien,
daus les affections scrofuleuses dues à l'inertie de la peau 1
nos eaux peuvent avoir de puissance.
La plupart des autres accidents scrofuleux, étant dus il
l'affaiblissement des sécrétions cutanées, ce serait peut- ôlre.
daus ce chapitre que je devrais les placer; mais comme ils
peuvent aussi. reconnaître, quoique rarcment, d'autres causes 1
telles que des affections intestinales ou des contusions, et comme
du reste, en les réunissant aux maladies de la peau 1 je m 'écarlenüs trop des idées actuellement reçues, ce sera dans un
chapitrc à part que nous examinerons les ressources qu'offrent
alors nos eaux. minél'ales.
Des dm·lres .
.La peau est exposée il une fOllle d'affections : les plos communes sont les dartres. Ces maladies peu vent être a valltaO'cusemcnt traitées à Plombières, et trouver dans nos eaux une
heureuse cl puissante médication. ~lais
le médecin devra étudier
•
7
�-
50-
d'abord en quoi elles auront pu modifier les fonction s de la peau .
Sans cette étude préliminaire, il ne pounait faire qu 'une méd ecine empirique; ce ne serait que pal' hasard que son traitement
pourrait réussir', et ce ne sera pas aux fonctions de la peau
qu 'il bornera son étude : il devra recbercher avec soin les
liaisons sympathiques qui peuvent exister entre ces affections et
les Ol'ganes internes. TI y a une foule de maladies de la peau
qu'il est dangereux de faiœ disparaître. Elles sont souvent des
crises heureuses qu 'il faut savoir respectel'. Quand on est décidé
il les guérir, si d'autres organes que la peau ont été primitivement
malades, on les surveillera avec l'attention la plus soutenue, et
pour l'ordinaire on proeèdera avec lenteur dans les modifications
à apporter à la ensibilité du système dermoïde. On aura recours
d'abord aux bains tièdes et prolongés, quelquefois aux saignées
générales et souvent aux ventouses scarifiées. Alors aussi, on
devra prescrire un régime d'aotant pLus sévère que la maladie
sera plus opiniàtre et plus étendue, et cependant on craindl'a,
en affaiblissant trop le malade, d 'occasionner des désordres plus
graves souvent que ceux que l'on avait il prévenir.
Un exercice soutenu et proportionné aux forces est aiorR de
rigueur. Dans le plus grand nombl'e des cas, rien ne seconde
mieux que l'exercice l'action des moyens médicaux, lorsqu'il
s'agit de r établir, dans les sécrétions, l'équilibre rompu sous
l'influence d'une maladie chronique.
Enfin, lorsque les principaux accidents sont diminués ou ont
disparu , ou bien lorsque l'Oll n'a pas ft redouter de métastases funestes pal' la guérison trop prompte de l'affection cutanée, Jes bains plus chauds, auxquels on peut ajouter souvent
alors des chio l'Ures ou des sulfures alcalins, les douches chaudes
et les douches écossaises viennent, avec nos étnves, offTir une
'éric de moyens puissants pour compléter la cure quand on les
juge nécessaires.
Si les maladies de la · peau dont nous nous occupons ici, et
que l'on vient guél'il' à Plomhières, sont dues à une cau 'e cxterue, telle que l'impr'cRsion du froid humide, le contact de
tissu , l'Ildes ou sale , etc., alors \ a moin de contre-indications
fourlJles pal' le tempél'amcnl ÙU malade , on pOlll'ra prescl'Îl'e
•
�-
51 -
beaucoup plus vite les bains chauds, les douches ct le, élu'\'es.
Contre ces maladies, 1ft boisson de l'eau thermal e est souvent
aussi un précieux moyen.
Mais il ne suffit pas, dans le traitement de ces affections ,
de les faire momentanément disparaître . Il ne faut pas que les
malades guéris en apparence, en quittant les eaux, retrouvent
chez eux toutes leurs infirmités; il faut les armer contre les
récidives longtemps à craindre dans ces cas" et on ne peut le
faire, on ne peut donner d'utiles avis au malade qu'après que
l'on est parvenu à reconnaître les lésions de sécrétions qui o<!casionnaient , qui entretenaient la maladie.
Si beaucoup d'affections de la peau peuvent trouver à Plombières un remède efficace, disons cependant qu'en géuéral ce
remède est loin de valoir les eaux sulfureuses qui sont en quelque sorte le spéeifLque de ces maladies. li y a IJrès de Besançon les bains sulfureux de Guyon, dont mon savant confrère
et ami 1.\1. le docteur Coyot est inspecteur et qu'il est de mon
devoir de recommander aux dartreux. Nous avons aussi en Suisse,
à 15 lieues de Bâle, les eaux sulfureuses de Schinsnaeh qui 'ont
également d'une gt'ande valeur.
DIXIÈME onSERVATION.
Marguerite, pauvre fille ùe la commune des Granges de Plom~
bières, âgée de 2 Lans, régulièrement développée, d'un tempérament lymphatique, avait depuis plusieurs années, une dartre
pustuleuse qui lui couvrait la face, et la rendait un objet
de dégoût pour ceux qui l'entouraient. Cette dartre ne parai.ssait
pas réagit· ur le tube intestinal; elle ne faisai.t pas maigr'ir la
malade, mais cependant elle ex.erçait sur elle assez d'influence
pour s'opposer au développement de la menstruation. Dès son
entrée daus ma maison de secours , je prescrivis une application de sangsues au pourtour de la dartre ct "des cataplasmes
émollients pour la recouvrir; j'eus recours aussi aux. saÎO'llées
générales. A ces moyen s , j'ajoutai l'usage de demi-bains cbauds
�-
52-
de notre eau tbermale, ainsi que des pédiluves, des bains de
"apems sur les parties inférieures du bassin, des doucbes sur
les jambes et les cuisses et des vésicatoires à leur partie interne; plus tard je remplaçai par des liniments légèrement
astringents les cataplasmes de graine de lin, et je prescrivis
llotre eau ferrugineuse en boisson . Sous l'empire de ce traitement, la dartre disparut en trois mois, et bientôt après les
règles s'établirent. La guél'ison de cette fille daté maintenant de
plus de 20 années.
ONzrÈME OBSERVATION.
~lmc
H* 1 de Plombières, âgée de 28 ans, régulièrement dévcl,oppr.e, d'un tempérament lymphatique nerveux, bien réglée,
mais ex posée à de fréquentes migraines, déterminées chez elle
par une irritabilité tl'Op vive du Lube digestif, irritabilité entretenue par un régime trop excitant, avait, à la fin de l'été,
des dartres squammeuses qui en vahi.ssaient une partie des épaules
et des bras, et que l'on retrouvait encore sur quelques partics
de la figure. Consulté pour cette maladie, je prescrivis une
saignée du bras, des bains très-tempérés de notre eau thermale,
de deux heures de durée chacun, et un régime doux; ces moyens
ayant calmé l'irritation mOl'bide de la peau sans l'avoir fait
entièrement disparaître, je fis alors ajouter aux bains du sulfure de potasse; en vingt jours, Mme *** fut guérie, et Sa guéri son date de plus de 20 ans .
DO ZlÈl\1E OllSlmvATlO .
M. M"" l'égulicrement dév eloppé, âgé de vingt-trois ans,
d'uu tempérament lymphatique, cut rccours à mes conseils cn
t825, ponr se débarrasser de dartres pustuleuses qui avaient
envahi tout son COI'pS, il l'exception de la face, des mains ct
des jambes. Cette maladie, déjà ancienne, avait résisté à tous
les remèdes employés contre ellf' . .Je conseillai il 1\1. ]\T*** de
�-
53-
rcndre nos bains mucilagineux. par l'addition de farine Je lin,
de les prendre frais et longs, et d'enduit'e les portions les plus
malades de sa peau avec un Uniment composé de jaune d'œuf,
d'buile d'olive et de mucilage. Il aida l'action de ces moyens
par un régimc très-doux et par des promenades sur nos montagnes. En quarante jours, il fut délivré de sa dégoûtante infirmité: et s'il a continué le régime que je lui ai prescrit, je
ne doute pas que sa guérison nc sc soit parfaitement soulenue.
THEIZIÈl\1E OllSEHVATIO •
1\'1. ***, àgé de vingt-six. aus, avait depuis on enfance des
dartres crustacées qui occupaient habituellement les cuisses et
les jambes, et qui s'étcndaient souvent aux: avant-bras, aux
poignets, et même à la face. On avait considéré cette affection
comme constitutionnelle et on avait craint de la guérir, jusqu'à
ce que lH . *** vint à Plombièl'es comme employé du Gouvernement. M'ayant consulté SUl' sa triste position, j'espérai pouvoir
au moins l'améliorer beaucoup, et je fus assez henreux pour
tcnir plus que je n 'avais promis. Des saignées du bras répétées
tous les mois, des bains tièdes de troi beUt·es de durée tous .
les jours, des ventouses scarifiées (sur les doigts on se bornait
aux scarifications: la place manquait pour appliqucr les ventouses) sur toutes les dartres deux fois pal' semaine; plus tard
dcs doucbes tièdes sur le tronc ct les membres, un régime doux ,
la privation absolue de boissons excitantes, le guérirent compIétement dans l'espace de quelques mois , et sa guérison date
déjà de plusieurs aDnées.
�-
54-
CH,iPITRE XI.
nes éI'ésipèle8 et .le8 sue~
exagérées.
Ce ne sont pas les érésipèles à l'état aigu que l'on vient guérir
à Plombières, et cependant nos bains tièdes prolongés peuvent
ètre opposés avec succès à ces maladies quelquefois si graves;
mais quand l'érésipèle est développé SUl' la tête, il faut ajouter
au bain de fréquentes lotions d'eau acidulée froide loco dolenti.
On vient assez souvent à Plombières pour se débarrasser d'érésipèles qui, revenant fréquemment, surtout à la face, affaiblissent Jes malades et les défigurent en grossissant leurs traits.
Cette affection se remarque plutôt chez les femmes que chez les
hommes, quelquefois dès l'époque de la puberté et plus souvent
vers l'àgedu l'etoU!' . llfaut, comme pour toutes les autres maladies,
en recherchel' avec soin la cause. L' habitude de manger vite ou trop,
IIne vie sédentaire, le froid des extrémités iufél'ieul'cs qui en est
la suite, des vêtements insuffi sants, une habitation bumide ct
le chagrin, cette so urce si féconde et malheureusement si commune
de tant de maladies, sont, avec le tempérament lymphatique,
les causes les plus ordinaires de l'affection qui nous occupe.
Après avoir autant que possible fait dispal'aître la cause de
la maladie, nous la tfUitel'ons avec succès pal' des hains tièdes,
qui seront terminés chaque JOUl' pal' un demi-bain très-chaud ,
de 34 à 36 degI'p.s R. ct de 5 à 1il minutes de durée . En en
sortant, les malades s'asseoiront dans un lit très-cLaud, se cou, vra ll t bien Le buste, mais de façon à suer, surtout des extrémités
inférieu res, pendant une demi- heure ou trois quarts d'heure au
plu.
L'apl'Ps-midi, alors que la digestion du déjeuner sera faile,
('cs mal ades dCVl'onl (ll'clld l'C un bain de jambes au hain chaud
fI(' s Capucins cl de l,) il 30 mirlUlcs de durée; ils iront de HI
�-
a5 -
se promener pendant quelques minutes au bain des Romains,
pour éviter de sc refroidir cn s'exposant trop tôt au grand ait'.
Leur régime sera surveillé avec soin, car lui aussi constitue
une partie très-importante du traitement. L'exercice sera prescrit dans les lieux secs, frais cL hoisés. ]~c traitement sera continué pendant deux mois au moins, el répété, si cela est possihle ,
l'année suivante. Les médecins ordinaires pL'escriront du reste
aux malades, à leur retour des eaux , un traitement analogue :
des demi - bains alcalins, salés et chauds , pris deux fois par
semainc au moins, et le plus possible l'éloignement des causr.s
morbides.
Quelquefois, sans aucune allél'ation de ti. fiUS et tous les viscères étant sains, la peau eontl'3cte une disposition à la sueur
souvent fort incommode. Cette sueur est inodore et n'est presque
pas acide. Avant de la guérir il faut de bieu mùres réflexiolls; car',
à la place d'une infirmité peu grave, on 'p ourrait facilement avoir
à combattre plus tard ou de violents accès de goutte, ou, cc
qui serait bien plus redoutable, des accidents apoplectiques.
QUATORZI~ME
OJlSERVATION.
M. L., de Paris, âgé de 60 ans, d' ull tempérament sec ,
n'ayant aucune lésion viscérale apparente, me consulta, à la
fin de l'année 1825, ponr le guérir de sueurs noctumes excessives, qui, sans cause connue, le tourmentaient depuis près d ' Ull
an. Ces sueurs étaient telles que 1'1. L., couvert d'un seul
drap, mouillait corn pIétement chaque nuit un épais matelas. Des
bains chauds et de:. doucbes générales le guérirent en trente
jours de cette pénible infirmité. Depuis, 1\T. T. . . a, pendant longtemps, joui d'une très-bonne santé; mais il est revenu aux eaux
douze ans plus tUl'd, avec des douleurs rhumatismales et des
vertiges qui m'ont fait heaucoup regretter pour lui ses bienfaisantes sueurs d'autrefois.
AujouL'd'hui on prescrirait le quinquina dans un cas semblable,
el on n'aul'oit pas hesoin de reeoul'Îr à l'action des eaux. M. L.
�-
56 -
avait très-probablement une fièvre intermittente, que son médecin
ordinaire et moi nouS aVOns méconnue, mais que nos eaux ont
guérie.
Les femmes sont plus fréquemment exposées que les hommes
à ces sueurs, qu'accompagne très-souvent chez elles une éruption
miliaire qu'elles déterminent.
Ces sueurs reconnaissent des causes diverses. Elles sont souvent, al'tificiellement produites pal' trop de précautions contre le
froid; elles exigent, dans tous les cas, de la part clu médecin
chargé d'en débarrasser les malades, l'attention la plus soutenue.
�-
57 -
CH.!PITRE XII.
lUn,lIuUes du tulJe
l.hary .. "ites chroniques
.U~estlf
et
g'"tsJ.·ale~
Les maladies du tube digestif ct de ses annexes sont au nombre
de celles qui exercent sur le mOl'al l'influence la plus marquée.
Les inflammations chroniques de l'estomac, des intestius et du
foie) ' développent souvent une tristesse qui peut aller jusqu 'à
l'horreur de la vie. Tel est le spleen des Anglais, qu'ils doivent
attribuer autant à un régime et à une thérapeutique incendiaires,
qu'à leur climat humide et froid.
Quand on étudie l'influence des cfimats sur la santé des hommes,
il faut toujours faire une grande attention à la pression atmosphérique qui vient les modifier puissamment; ainsi, en Angleterre, la grande pression d'une atmosphère descendant presque
partou t au ni veau de la mer, en rendant les fonctions de la
peau plus difficiles, vient ajouter aux inconvénients du froid
et de l'humidité, et multiplier beaucoup les affections goutteuses
et tuberculeuses.
Cette tl'Ïstesse, si naturelle aux êtres souffrants, est loin
d'être toujours proportionnée à la douleur. Bien souvent cette
dernière est à peine sentie, ce qui m'rive dans un grand nombre
de gastro-duodéno-hépatites chroniques et d'entérites chroniques,
et cependant les idées les plus affligeantes viennent assaillir le
malade et lui peindre sa position avec les couleurs les plus
sombres.
Cette réaction du physique sur le moral est loin d 'ètre insignifiante dans la cure do ces maladies; en effet, le moral
réagissant à son toUt' sur le physique, en augmente l'excitation
morbide et devient sou vent ainsi un puissant obstaclt> il la guérison. C'est dans ces ci.rconstances surtout que nos eaux sont
nécessaires; cn vain emploieriez-vous le traitement le mieux
�-
58 -
dirigé, si vous ne dépaysez votre malade, si vous ne l'arrachez
à des lieux, à des habitudes qui ne font que lui rappeler
scs souffrances, qu'entretenir son découragement, tous vos
cfforts seront inutiles.
En vain chercherez-vous alors à imiter la composition de
nos eaux. En vain essaierez-vous, au milieu de Paris, de dépayser un Parisien hypocondriaque; inutilement aussi chercherez-vous à remplacer les heureux effets d'un long voyage,
de l'espoir longtemps soutenu d'une guérison prompte et sûre,
et de cette tranquillité d'esprit dont le malade jouit dès l'instant où il se trouve débarrassé du fardeau de ses affaires.
Vous perdrez en outre l'action si puissante de l'air des montagnes.
La membrane muqueuse qui tapisse l'intérieur de la bouche,
du pharynx ~L e( de l'œsophage, peut devenir le siége d'inflammations qui, passant à l'état chronique, sont traitées avec succès
par nos eaux, employées en bains généraux, en douches et
en pédiluves, ct secondées par un régime composé d'aliments doux
et de facile digestion. Des saignées générales ou locales sont
quelquefois indispensables pendant le traitement de ces affections.
QUINZIÈME
onSEfivATIO .
Pharyngite chronique.
A la suite de plusieUl's pharyngites aiguës, 1\'1. lc comte de S.
contracta une inflammation chronique de la muqueuse pharyngienne, dont les cryptes prirent un grand développement.
Ccttc inflammation ayant résisté ft tous les moyens employés
ponr la combattre, M. de S. eut recours à uos eaux.
Aux bains chauds et à de fréquents pédiluves, j'ajoutai des
applieations niitéré('s de ventouses scariflées ù la région supérieure du cou. Je prescrivis un J'éfl'irne sévère, composé seulcment: de farineux ct de fruits cuils. Je défeudis le vin , le
'arr, les liqucllJ's. Après vingt jours de trailcmelll , ce mal ,
�-
59 -
qui durait depui s deux ans déjà , était considél'ublemcnt diminué.
~1.
de S. quitta Plombières alors , et beaucoup plus tot que je
ne lui conseillais. Cependant, ainsi que m'en a informé depuis
une dame de sa famille, sa santé a continué à s'améliorer pur
l'action consécutive de nos eaux.
Les inflammations chroniques de la muqueuse de la boucbe,
du pharynx et de l'œsophage, deviennent rarement assez graves
pOUl' nécessiter le traitement des eaux minérales . Aussi voyonsnous peu de ces affections à Plombières. ] ~ n revanche, une
foule de personnes y viennent pour se guérir de maladies d'estomac, d'inteslius, du foie ou d'autres annexes du tube
intestinal, contre lesquelles nos eaux ont la plus grande ef1icacité .
Ces maiadics sont de nature diverse; les unes peuvent être
classées parmi les névroses, les autres parmi les inflammations
chroniques; les premières, bien plus communes qu'on ne le
pense généralement, doivent ètre presque toujours précédées
et entretenues par un trouble quelconque dans les sécrétions.
~n
effet, d'après ce que nous avons dit, d'après les tl'avaux
de Wilson, d'une foule d'autres savants, et d'après ceux surtout
de mon frère, on sait que les nerfs sont dans l'économie des
organes à peu près passifs, chargés seulement de conduire, à
travers les différents tissus, comlOc le feraient des fils métalliques, l'électricité que dégagc chaque pOl'tlon vivante du COl'PS
dans ses mouvements continuels de composition et de décomposition. On comprend dès lors comment <les nerfs peuvent devenü' malades, ou transmettre d' un organe à l'autre des causes
de maladies, alors qu' un organe a éprouvé une lésion quelconque ,
qui, modifiant ses sécrétions , l'ohlige à fournir, ou moins ou
plus du flu ide électrique qui lui est propre, ou bien à fournir
le J1uide opposé il celui qu 'il devait produire; on comprend
aussi que presque toujou l's il suffira , pOUl' guérir de graves
affections n,erveuses, de l'élahlil' lcs sécrétion s dan s leul' élal
nonnal.
Les névroses des ol'gaoes di ges tifs ne seront donc plus des
ètl'es i nsaisissahl cs , comme le pense le docteur Bal'l'as, et leur
I,fll ilcment ne sera plus il l'a,'cnir abandonné à toutes les chances
�-
60 -
de l'empirisme. Ces névroses s'étendent souvent des surfaces
gastriques jusque dans le canal vertébral, ainsi que j'ai eu l'occasion de le constater un très-grand nombre de fois depuis plus
de quinze ans que je me livre à ce genre de recherches. En effet,
sur un très-grand nombre de malades tourmentés par des affections abdominales chroniques, on rencontre ULle sensibilité
morbide des vertèbres dorsales, là justement où la moëlle épinière reçoit les nerfs qui viennent des ganglions où aboutissent
les branches du grand splancbnique, qui vient lui-même, comme
on le sait, du plexus solaire, et cette seusibilité morbide est
démontrée facilement, chez beaucoup de malades, par la douleur
que détermine la simple pression des apophyses transverses des
vertèbres, cbez d'autres, par la chaleur plus vive qu'ilf/. ressentent dans les parties affectées, alors qu'à la manière de
Copeland, on promène, le long du rachis, une éponge imbibée
d'eau chaude.
Cette variété des affections gastro-intestinales est extrêmement
remarquable; je crois être le premier ou un des premiers médecins qui en aient padé. Du reste, rien ne s'explique mieux
quc cette propagation de la maladie d'un ol'gane sécréteur le
long des cOl'dons pal' lesquels il envoie au centre nerveux l'électricité qu'il dégage. Dans ce pbénomène d'une sensibilité
morbide de la moëlle épinière, en rapport avec une lésion des
organes digestifs, il est probable que la peau elle-même joue
un rôle fort important. Mon frère montrera comment la sciatique
est ordinairement produite par une maladie de la peau. D'autres
observateurs détermineront peut-être queUes lésions cet organe
épt;ouve dans les maladies qui font le sujet de ce cbapitre. Quoi
qu'il en soit, on remarquera dans les faits qui vont suivre quclle
influence heureuse exerce alors le tr·aiternent qui a pour objct
surtout de rendl'e du ton, de l'énergic à notre enveloppe extérielll'e.
Ces affections, où le système nerveux devient secondairement malade, méritcraient peut-être d'être distinguées des simpLes
inflammations abdominales, par les noms de gastralgie ou de
gastl'o-entémlgie, mais cc noms ri l'cpr' cnteraient pa, su ffi. ammenL cncore Je. accidenls donl nOlis ilYOn •. à noni' OCCll per
�-
61 -
ici. D'une aut.re part, en les considérant comme une vari été
de myélite, j'exciterais de nouveau les susceptibilités médicales
d'un ccrtain nombre de confrères, qui ne permettraient ce haptême que s'il était appuyé sur des preuves tirées de l'anatomie
pathologique, preuves que ma position ne me Dlet pas à même
de leur fournir, et dont la valeur, du reste, a été ridiculement
exagérée. Cependant je ne puis m'empêcher de faire observer
qu'un homme dont l'opinion est d' un grand poids en· pareille
matière, Olivier, d 'Angers, à qui la science doit un beau travail
SUl' les maladies de la moëlle épinière, n'hésite pas à croire à
l'existence de la myélite, lorsque, dans une foule d'affections
cllroniql1es des poumons, du cœur et de l'utérus , il rencontre
une sensibilité morbide de la colonne épinière dans ses régions
dorsale, cervicale ou, sacro-lombaire. J 'aurais donc le même
droit de regarder comme le résultat d'une myélite cette môme
scnsibilité morbide de la colonne épinière ) dans celles de ses
régions qui conespondent anatomiquement avec les organes digestifs, lorsque ceux-ci sont malades. Mais n'insistons pas tant
sur les mots , accordons plus d'attention aux choses, et ne perdons jamais de vue, du reste, que cette sensibilité morbide de
la colonne épinière n'est habituellement alors qu'un accident
secondaü;e , et que c'est principalement sur les sujets faibles,
à peau peu active, qu'on la l'encontre.
SE[ZI1
~ ME
onSERVA'l'IOl'l,
M. Pierre (1) , de Uemiremont, entt'e preneur de bàtiments ,
àgé de trente-trois ans cnvit'on, d'un tempérament nerveux,
travaillait à Paris il y a dix ans, lorsqu'il sentit sa tète fortement tirée en arrière et qu'il éprou va en même temps beaucoup
(i ) J e viens de rcvoir cr., mahulc ; il Y a six semai ncs (!u'iI a quiLlé ]'loonbi""cs,
elle Il'li eux qu'il doil à nos ~a u x sc so uti cnt ; seul ement" qu and il oublie un jOli"
de se faire masser les ex trémil és ahdomin ales, scs j amhes sc ,'c f,'oidi sselll
l'C
pÎI'a tioll "edev icllt plus p :nible (nO Ie de la seconde édition) .
c l SlI
�-
62-
d'oppression et de toux . J~ntré
à l'hôpital Cochin, on le soigna
pour une pneumonie aiguë, et il sortit au bout d'un mois
complétement rétabli . Sa santé se soutint assez bonne pendant
huit ans. Alors il eut de nouvelles suffocations, des douleurs
presque constantes à l'épigastre, et peu à peu ses forces se
perdirent; la marche lui devint très-fatigante, et tous les moyens
employés' pour combattre ce mal écbouèrent entièrement. M. Pierre
vint à Plombières fail'e usage de nos eaux, et il me chargea
de diriger son traitement. Le palper ne me fit connaître aucune
lésion abdominale; la langue était aussi dans son état normal;
le cœur se . contractait régulièrement) son vol ume ne paraissait
point augmenté; les poumons ét~ien
partout perméables à l'air,
je dus dès lors, pour arriver ft la cause des accidents dont se
plaignait le malade, examiner sa colonne vertébrale. Le toucber
était très-douloureux sur les troisième et quatrième vertèbres
cervicales; il l'était un peu moins suries quatrième, cinquième,
sixième, ~ept
i ème
et huitième dorsales. A ces symptômes je n'hésitai pas ft reconnaître une double myélite, et aux bains tièdcs )
aux douches, je fis ajouter des applications réitérées de ventouses scarifiées sur les régions malades de la colonne épinière.
Plus tard) je voulus essayer d'un bain à 36 degrés, tel
qu'on les emploie fréquemment au Mont-d'Or, espérant qu'une
puissante dérivation à la peau hàterait le rétablissement de
M. Pierre; mais je lui recommandai de m'attendre avant de
prendre ce hain chaud, auquel je voulais et je devais assister.
M. Pierre, ouhliant (·.ette prescription, prit un bain chaud
trop long, et, arrivé chez lui, après une lipothymie, il eut de
violents accès d'étouffement, beaucoup d'engourdissement des
jambes et une paralysie complète des bras, qui, beureusement:
n 'eut qu'une demi-heure de durée.
Cet accident, qui pouvait être si grave, est venu prouver que
la douleur détermi.née pa l' la pl"8ssiou des vertèbres ccrvicales
était bien, dans ce cas, un signe de myélite, ainsi que je
l'avais jugé. Pourquoi contesterait-on maintenant que lu moëllc
épinière, alors qu'elle est malade, peut souffrir de la pression
cxcrcée sur les vertèbres qu'c1le traverse dans la région dorsale,
puisque c'est là que le canal rachidi en es t le plus étroit, que
�-
63 -
la moëlle épinière eLle plus rapprochée des parois osscuses qu i
l'environnent?
L'inflammation de la moëlle épinièrc chez 1\1. Picrre n 'est-elle
pas évidente dans sa région cervicale? l ,a paralysie momentanée 'des bras ne l'a - t - elle pas rendue telle pour tout le
monde? Elle l'est également pour moi dans la région dorsale
que j'ai indiquée. C'est à la myélite cervicale qu'il J'aut attribuei'
la faiblesse musc.ulaü'e et peut-ên~
aussi. l'oppression, tandis
que les douleurs d'estomac, que la nature des aliments n'augmente ni ne diminue, doivent ètl'e produites pai' la myélite
dorsale.
M. Piei're va beaucoup mieux.; il pouvait faire à peine un
quart de lieue cu plaine, il peut maintenant faire deux lieues
à travers les montagnes: son estomac est moins douloureux.
S'il pouvait l'ester à Plombières autant de temps encore qu'il
y en a passé déjà, il est probable qu'il se rétablirait complétement; mais à défaut de nos eaux, des exutoires à la nuque
et entre les épaules, de la laine sur la peau et des chaussons
de nanelle et de taffetas gommé, pour rétablir la sueur des
pieds très - abondante autrefois, le guériront entièrement, je
l'espère.
DIX-SEPTIÈME O1JSERVATION.
Mmo p ... , de Metz, vint cette année à Plombièi'es pour combattre, à l'aide de nos eaux, des douleurs d'estomac augmentées
par la digestion, et dont Mme ·P. . . avait à se plaindre depuis
plus de deux ans déjà. Cette maladie n'avait pas dérangé le
cours des règles habituellement abondantes . Une de ses principales causes était l'habitude qu'avait lU mo P ... , de manger
très-vite en ne mùchant qu'à peine . .L'épigastre était un peu
douloureux à la pression, mais il n'y avait aucune tumeur
abdominale, La langue était large el pâle, mais ses cryptes étaient
développés à sa pointe ct l'ougl;,Hl'es. La quatrième, la cinquième,
la sixième et la septième nrtèbres ùorsales étaient douloul'euses
Ù la pression.
�-
GiJ -
Je prescl'ivis, pour boissOIl, l'eau savonneusc; je fis prendre
fI [\'['nc P .... des bains tièdes, de tI'ois à quatre heures de durée;
je lui fis fail'e deux applications de ventouses scarifiées à la
région douloureuse du dos, et je lui recommandai de ne manger
que des aliments doux, en quantité modérée, ct surtout de les
mùcher le plus parfaitement possible. Dès la première application de ventouses, ~l'nc
P .. , . éprouva le mieux le plus marqué;
elle a quitté Plombières dans un état très-satisfaisant ~ ct je ne
doute pas de son l'établissement complet, si elle reste dans de
bonnes conditions hygiéniques.
Ici encore la myélite n'était-elle pas évidente? et indépendamment de la douleUl' que causait la pression sur la pOl'tion
surexcitée de la moëlle épinière, n'avons-nous pas, pour établir
cette surexcitation morbide, une autre preuve puisée dans l'amélioration qu'éprouva 1\l'nc ·P ...• immédiatement après l'application des ventouses loco dolenti?
DI -HUITIÈME onsERVATIO ' .
Mille p .... , de la mème ville que la malade qui fait ]e sujet
de l'observation précédente, était àgée de vingt-cinq ans envir'oll ,
lorsqu'elle eut, en 1832, vingt jours après ses couches, un affreux cbagrin qui altéra profondément sa santé. Depu.is lors,
lUlIlc p .... eut continuellement des digestions très-Iabol'ieuses,
une constipation habituelle, beaucoup de pesanteur dans le bassin
et des tiraillements douloureux dans les llancs.
11 y avait cbez J.\1'IJC P .... un léger ahaissement de l'utérus
un peu trop développé; un eoO'orgement fort ancien et indolore
de 1'8 du colon, et probablement do quelques portions du péritoine dans le voisinage de cette région intestinale. L'épiga ll'e
était dou loul'eux 1 la langue avait les cryptes de son extl'émité
ù veloppés et l'ouges, mais la colonne épinière était aussi tl'èsdouloureuse à la pre. ion, dan l'étendpe de la quatrième il la
huitième vertèbre dOI'sale et dan ' toute la région 10mbaÏl'e.
Ai-je eu tort de regarder dès 10l's ]\1'"0 P ... , comme affectée
d 'un UlJ éliLe douhle eL d'illl1ummatioll chrollique du tube il1-
�e~
-
testinal et de l'utérus? Aux bains tièdes et longs, a1lx dOllches
de chaque côté (lu rachis et des membres ct à un ré"'illle
doux, j'ajoutai deux applications dc ventouses scarifiées SUl'
les régions dOl'sale et lomhaire, et chaque fois elles pl'Ot!lIifii,'elll
un mieux des plus marqués; la santé de Mmo 1> ... , s'amél io1'a
beaucoup pendant son séjour àl?lombières.
lHX-NEUVII':l\1E onS~I:\VATW
M. M***', d'Aunai, àgé ùe quarante-troi.s ans environ, é.tait
tourmenté depuis dix ails pal' une gastro-eutéf'ite chronique,
contre laquelle il avait eu déjà deux fois recours il nos eau x. ,
en 1827 et cn 1828, sans un succès marqué. Cette maladie avait
également résisté à tous les moyens employés pour la comhattre.
1\'[. M*** revint cette année à Plombières, ct il me chargea de
diriger son traitement.
M. 1.\'1*** avait le teint jaune-paille; il était très-maigre, trèsfaible, très-découragé, et il avait de fréquents dévoiements.
Ses digestions étaient habituellement si lahorieuses, qu'il est
exact de dire qu'il passait sa vie il écouter son estomac digérer.
Le toucher ne me fit reconnaître aucune hypert['ophie abdominale; il Y avait peu de sensibilité il l'épigastre, mais les quatrième, cinquième, sixième et septième vertèbres dorsales étaiellt
douloureuses à la pression.
Je crus pouvoir ranger, au nomhrc des causes qui avaiellt
produit cette gt'ave maladie, la funeste habitude qu'avait
M. 1\1*** de manger très-vite. Je lui en fis reconnaitre aisément
tout le danger; je lui pres cri vis deux applications de ventouses
scarifiées pal' semaine, de cbaque cùlé des vertèbres douloureuses au toucher, des hains tièdes de trois beures de dnrée,
des douches le long du rachis, de viugt-cillq à trente minutes,
et le massage par percussion. Apl'ès ch,aq ue application de l'elltouses, lU. ~1*
éprouvait une amélioration très-:marqm<c. Il
suivit ce traitement pendant U11 mois, el il quitta Plombièrcs dons
l'étut de sallté le plus satisfaisant.
�-
66-
Chez ce malade encore, la myélite n'est-elle pas évidente,
et par le siége de la douleur de J'épine dorsale, et par l'amélioration marquée qu'il. obtenait de chaque saignée capillaire
de la région donloureuse du rachis?
VINGTIÈME OR8EfiVATION.
'Mu.., de .... , de Joinville) vint il Plomhières) en 1833, pOUl'
se guérir d'une inflammation chronique abdominale, causée pal'
la frayeur du cholér'a et qni avait résisté jusqu'alors au régime
le mieux observé. 1\I IOC de *** était ùgée de trente-deux ans environ; elle était bien réglée; sa langue était large; son ventre
était souple, un peu douloureux vers la région ombilicale. Elle
avait des coliques presque continuelles et des selles en dévoiement il heures fixes. MIOO de *** était très-amaigrie et profondément
découragée. Vexamen de la colonne vertébrale me fit reconnaître,
chez elle aussi, une sensibilité véritablement morbide, depuis
la quatrième jusqu'à la septième verlèbre dorsale. L'eau chaude
en boisson ne put pas être supportée; les bains et les doucbes
ordinaires, secondés par quelques applications de ventouses,
ne produisirent qu'une très-légère amélioration. J'eus recours
aJors à la douche écossaise) ee précieux tonique de la peau;
dès ce moment la santé de Mme de *** se rétablit rapidement.
Son embonpoint) ses forces, sa gaité revinrent à la fois, et
MDle de *** partit enthousiaste de cc remède.
J 'ai revu depuis Mmo de *H à Plombière ; sa santé était trèsbonne encore.
VI GT-UNIÈM1,
ons EUVATlON •
vint à Plombières en 1833, pOUl' combattre, à
Milo de ~*
raide de nos caux, des palpitations, des suffocations, une
toux convulsive, de fréquentes coliques utérines, des dou leu l's
continuelles d'estomac s'exaspérant pendant la d igestion; toutes
ces douleurs, tous ces accident avaient une grande tendance
�-
67 -
à rr.vêtir la forme intermittente, et ils étaient alors ù peine
modifiés par le quinquina. Agée de 28 ans, régulièrement réglée, et d'un tempérament éminemment nerveux., 1W 1o de *H
faisait remonter l'origine de ses maux à de grands cbagrins qu'elle
avait éprouvés plusieurs années auparavant. Sans diminuer
l'importance de cette cause, je dus tenir grand compte aussi
de la funeste babitude qu'avait M"e de *** de manger très-vite ct
très-chaud,
L'auscultation et la percussion de la poitrine ne me firent
découvrir aucune lésion à laquelle je pusse rattaehcr les suffocations, les palpitations et la toux; le toucher ne me fournit
aucun indice de lésions ahdominales, mais je trouvai les huit
premières ver'lèbres dorsales très-douloureuses à la pression,
de même que toutes les vertèbres lombaires. Dès lors, je dus
rattacher à Ulle myélite les accidents dont se plaignait 1\1"0 de Hi
et aux bains tièdes et prolongés, ,a ux douches de chaque côté
du rachis, j'ajoutai plusieurs applications de ventouses scarifiées sur les régions malades, M"e de *** continua un régime
doux, but tous les matin quelques verres d'eau savonneuse;
après son hain, je la faisais masser pur percussion pendant un
quart d'heure, Au bout de six semaines de ce traitement, cette
malade se trouvait infiniment mieux, et ce mieux se soutint
plusieurs mois; de nouveaux chagrins vinrent ensuite annuler
l'effet des eaux.
VlrlGT-DEUXIJ.;MI<: OUSEUVATIO
lU."*, des environs de Mc\con, ùgé de vingt et quelques années,
luuait, en s'umusar.t, avec un jeune homme qui le renversa
avec force sur l'angle d' une table. Il eut un coup violent SUl'
les quatrième ct cinquième vel'lèbres dorsales. La donleur qu'il
en l'es entit dUI'a quelques jours. Un mois après il fut atteint
d'une gastro-eutérite grave, qui résisla à tous les traitements
employés contre elle,
Deux ans plus tard, M.*** vint ù Plombièl'es, Je reconnus
l'existence de la myélite à la doulcUl' que la pression déve-
�-
68-
Ioppait sur les quatrième) cinquième, sixième et septième vertèhres dorsales; j'appris alors les circonstances que je viens
d'ex poser, et qui jettent un si grand jour sur l'origine de cette
maladie et sur la cause de son opiniâtreté.
A son départ, 1\1.**" était un peu mieux; mais si l'effet
secondaire de nos eaux ne lui a pas été très-favorable, il n'aura
retiré que peu de fruit de son voyage. Je lui ai conseillé,
en partant, de recourir il de plÏissants cxutoires . Tl a-vait pris,
pendant un mois de suite, des bain~
tièdes de trois heures j
des douches d'un quart d 'heure il vingt minutes; et il avait eu,
eu outre, plusieurs applications de ventouses scarifiées, tant SUl'
le dos que sur l'épigastre.
Cette observation est extrêmement curies~.
Jusqu'ici, en
cfJet , nou n'avions rencontré cette sensibilité mOl'bide des
vertèbres dorsales que cuez des malades où elle reconnaissait
évidemment pour causc un trouble premier dans les sécrétions des muqueuses abdominales, soit une modification de la
quantil.é de l'électricité que ces membranes doi-vent fournir ù
l'économie; mais ici l'ordre cst inverse : c'est du centre nel'"eux, devenu malade ù la suite d'un coup, que l'irritation est
partie pour s'étendre aux muqueuses avec lesquelles il se trouve
en ra pport; et cette inflammation, due à une cause traumatique, présente cependant tou~
les symptômes des affections
précédentes. Si on ne peut lui refuser le caractère des myélites ,
pourquoi ne l'accorderait-on pas aux autres?
YJNGT-Tllorsl.È:ME
OnSEJlVATlON.
~tmo
1\1 ... , de Paris, ùgée de trenle-huit ans environ, d'un
lcmpérament éminemment nerveux, n'ayant jamais eu d'enfants,
avait, depuis un grand nombre d'années, les plus violentes
douleurs, qui attaquaient aHet'nativement ou tout à la fois les
organes contenus dalls les cavités thoracique et abdominale, en
simulant les lésions les plus graves. Tantôt, 1'iUlOll'[ .... , il la
suite de toux convulsives) avait d'abondantes hémopbtysics ,
lantôt un dévoiement dy ssenlél'ique ou une hématémèse . 1We était
�-
69 -
habituellement tourmentée par des !<pasmes que la moindre
émotion faisait naître. Les nombreux: médecins que ' Mme 1\1 . ..
avait consultés n'avaient pu reconnaître aucune lésion organique;
et l'excessive sensibilité de la colonne veltébrale, dans ses régions
cervicale, dorsale supérieure et lombaire, n'avait fixé l'attention d'aucun d'eux. C'était cependant un des phénomènes les
plus apparents chez cette dame, c'était celui-là seul qui pouvait
expliquer tous ses maux: et donner d'utiles indications. l\llllc M...
a retiré peu d'avantages de nos bains. Un mal aussi ancien et
aus i grave ne peut céder qu'à un traitement très-long. J'indiquai celui que Pomme conseillait en cas semhlahles. Der)Uj!,;,
je n'ai plus eu de nouvelles de cette malade; aujourd'hui je
commencerais par étudier l'état de ses sécrélions et j'arriverais
sans doute ainsi à lui donner de plus utiles conseils.
VINeT-QUATRIÈME OBSERVATION.
Mlle
***, âgée de trente-trois ans, d'un tempérament éminem-
ment nèrveux, affectée deeuis plus de douze ans d'uoe gastrite
cbronique qui avait résisté à tous les moyens prescrits en
pareil cas, vint cette année, pOUl' la troisième fois, faire usage
de nos eaux.
èonsu.lté par Mlle ***, je reconnus que sa laugue était large et
son épigastre assez douloureux au toucher. Je oe rencontrai aucune tumeur abdominale; mais, en revanche, la coloune épinière,
depuis la quatl'ième dorsale jusqu'à la huitième, était hahituellement le siége de grandes douleurs, et le toucùer de cctte
région était insupportable. l\'[IIC *** était bien réglée, et cette évacuation ne modifiait en ricn on état habituel.
L'habitude de manger très-vite était cncoreici une des causes
de cette maladie, que je n'hé itai pas à ranger parmi les gastro-myélites. Après un mois de séjom' et cinq beures de bain
par jour, 1\1110 H* allait mieux. J'aurais voulu qu 'clle pùL l'esLer
deux fois plus longtemps à 'Plombières; SOIl éLal l'exigeait. .J'ai
conseillé il son médecin ordinaire de l'CCOlll'Îl' pLus lard aux bains
frais et prolongés de Pomme, en atlendant une nouvelle saison
des euux.
�-
70-
.De même que chez la malade qui fait le sujet de la 21 C observation, j'aurais clù faire précéder ce conseil par l'étude des
sécrétions chez cette demoiselle. Alors, au lieu de me borner
il constater l'existence de son mal dans tel ou tel organe, je
serais arrivé facilement à en reconnaitre la nature. Alors au si,
et seulement alors, j'aurais pu donner des conseils véritablement
utiles et avoués par la science. Mais cette science n'était pas alors
assez avancée.
Toutes ces obs~rvatin
sont telles que je les ai publiées dans
la 3° édition de cet ouvrage. Je crois avoir eu tort d'attribuer
ces accidents morbides à une inflammation de la moelle épinière. Il est probable que ses enveloppes seules sont affectées
alors, et la plupaLt du temps sans doute sans lésion de tissu;
nos bains de vapeur, les ventou ses sèches, le massage, un
régime alimentaire approprié à l'état de ces malades, un exercice en rapport avec leurs forces suffisent habituellement pour
les guérir.
�-
71
CHÂPITRE XIII.
Nous ne reviendrons pas ici sur cc que nous avons dit dos
fonct.ions
de l'estomac et du resle du tube intestinal, non plus
1
que des liens étroits qui unissenL ces organe' au foie, à la ralc,
au pancl'éas et aux glandes mésentél'ique . Ces donnée si neuves
et si puissantes ne sont pasJ'cstées illapel'çue du lecteuI'. Nous
passerons donc à l'étude des gastrites et des gastt'o - entérites
traitées il l'aide de nos eaux minél'ales.
L'inllammation chronique de l'estomac ou O'astl'ile clll'onique
est pl'esque toujours accompagnée de celle d'une portion plus
ou moins étendue des intestins grêles. Sous son influence, il
Y a toujours modification morbide dans les sécrétions de ces 01'ganes, et par conséquent modification dans la produclion des
électricités qu'ils envoient au cerveau et à la moellc épinièl'e.
Ces centres nerveux peuvent aussi devenit' eux-mêmes Ja pl'oie
de l'inflammation: dans tous les cas ils fOllctionnent difficilement. Alors l'instinct se déprave, alors arrivent les hypocondries de tout geDl'e et beaucoup de mar;ies.
Cependant, un certain nombr'e de malades ont Je c.eJ'veau
assez puissamment organisé pour 1u Uer avec avantage contre
les surexcitations viscérales; mais il Il 'eu est que bien pen qui
puissent s'affranchir de toute idée triste, 10l'sque les prinèipau
orcranes de la digestion sont enflammés.
Excité pal' ces idées, le cerveau réagit sur la muqueuse <>astt'o-intestinale avec une force proportionnée à la stimulation qu'il
l'cçoit. Cette réaction sur des ol'cranes malades ne pellt qu 'cil
aggraver l'élat, et comme le système nerveux est, plus qu 'a ll cun autre, soumis à l'empil'C de l'habitude, pOUl' pOli quc
la gastro-entérite soit ancienne, alol', mème que les moycns
employ és pout' la combattre ont réussi il la faire disparaître ,
�-
72 --
si 011 ne parvient pas il cha nger les idées , le cel'Veau) tout
r.n n'étant plus stimul é d'un e manière anormale pal' les viscères abdominaux, en produit de semhlables à celles qu'il fOI'mait pendant la maladie, et ces idées tristes peuvent souvent
la rappeler.
L'inflammation de la muqueuse gastro-intestinale développe
les symp"tbies les plus variées . Chez les uns, elle ne cause que
de légères douleurs, chez les autres, elle en produit d'insupportables. Tandis qu'elle détruit l'appétit de l'un ou le déprave
entièrement, elle augmente considérablement celui Ge l'autre,
excessive; elle accable
Chez l'un, elle détermine une ~aigreu
l'autre sous le poids de la graisse; tantôt elle cause une soif
inextinguible) tantôt le dégoût pour la boisson .
Ordinairement , dans cette malaùie , la langue est rouge . sur
les bords, et terminée en pointe ; quelqu efois ses cryptes prennent un énorme développement; d'a utres fois, la muqueuse
qui la recouvre semble comme atl'ophiée ; souvent aussi, plus
large que de coutume, la langue porte à son pourtour l'empreinte
des dents.
L'épigastre est ordinairement douloureux fln toucher; mais;
fl ans les gastro-entérites chroniques les plus graves, ce sym ptôme peu~
manque.r entièrem ent; les selles sont ou plus rares
ou plus abondantes; parfois elles ~ont
accompagnées cie glaires
membl'aniformes que quelques malades ne voient qu'avec effrt;>i,
les prenant pour des portions d'intestins. l,es selles peuvent
encore éprouver beaucoup d'autres altérati.ons dans leur couleur
ct dans leur densité.
On n'a pas oublié ce que .i'~
dit clans le chapitre précédent
de la propagation de la douleur des ,'iscères jusque dans les
vertèbres, ou leurs ned viennent se ,'éunir il la moelle épinièl'e.
Quelque variés que soiellt les symptômes de la gastro-entérite
chronique, presque toujours le médecin lu reconnait faci lement.
Il doit s'attacher à remonter il la cause qui l'a produite, et la
signaler à son malade, si elle existe encore. Sans doute l'axiôme
abla/à causâ tollitur (J /reClUS, est loin d 'èll'C toujours \'l'ai en
médecine; cependant) tant que dure la <:allSC d'une maladie ,
les e'ffol'ts (~U médecin sont fl'appés d'impuissance.
�-- ï3 Nous avons vu combien le moral exerce d'inllucnce SUl' le,
malades affecté dc gastro - cnté1'Ïtcs clH'oniques; aussi cst - il
'bien souvent nécessaire alors de joindre la médecine de l'ùme
au traitement physique. Au reste, cette médecine ne doit jamais
être négligée, car, à elle seule, elle a une puissance qui l'emporte quelquefois de beaucoup sur tous les autres moyens. C'est
ainsi que les sOl'ciers du moyen ùge. quc les enthousiastes des
Cévennes, ceux du cloitre Saint-Médard, et, dans ccs derniel's
temps, les médecins homéopathes, comptent un grand nomhl'e
toutes dues à une action énergique
de guél'Ïsons mervcil~Is,
exercée sur le moral. Emparons-nous' donc de cClui des malades
affectés de gastro-entérites chroniques; expliquon -leur, aulant
, qu'ils sont en état de le comprendre, et leur maladie et le mode
d'action présumable des moyens que l'on se propose d'employer
pour la combaUl'e. S'ils ont perdu l'espoir, il faut tout faire
pour leur rendre, sans toutcfois promettrc une guél'ison trop
prochaine, de peur de s'exposer ainsi à perdre leur confmnce
et à les voir se désoler de nouveau, s'ils n'étaicnt pas rétablis
dans le Japs de temps indiqué à l'avance.
Quelquefois il faut modérel' leur joie, lorsqu'un premier pus
vers la guérison la reud trop vive. C'est alors qu'il faut lcs
prévenir que, pendant la durée deieur traitcment, ils doivent
s'attendre à faire plus d'un pas rétrogl'ade, que mille circonstances impossihles à prévoit' peuveut déterminer. C'est alors
qu'on doit leur faire comprendre la nécessité de SUppol'ter courageusement ces retours vers le mal, et leur dil'e pourquoi la
naturc emploie souvent ce moyen pOllI' amener plus vite le rétablissement de la santé.
Il faut leur citer quelques exemp'es de l'influence fùcheuse du
chagrin dans ulle position scmblable, et réserver, pOUl' les temps
de découragement, l'histoire de maladies plus graves que celles
dont ils so plaignent, ct qui, malgré quclques exaspérat.ions
pendant le traitetncnt, ont été parfaitement guéries sons la
double influence du courage il supporter lu dou.lcur, et de l'attcnlion il suivre avec sévérité les prescriptions médicales.
Souvent ces malades mettent à une bieu forte épreuve la patiellCC d.e leul' médecin. Si un mot de ce dernier peut être interprété
le
�-74d'une manière défavorable, ils s'en saisiront avec empressement)
ils le tourneront de cent manières pour y trouver un prétexte
de s'affliger, 'de regarder lenr position comme incurable. Dans
ce cas, le médecin a besoin de toutes les ressources que lui fournissent son instruction et son humanité.
Un régime d'autant plus sévère que la maladie est plus grave)
est une condition sans laquelle ou ne peut raisonnablement, dans
ce cas, espérel' un effet avantageux de l'emploi de nos eaux . ft
y a, pour la prescription de ce l'égime) une foule de considérations relatives au mode de sensibilité du malade, à ses goûts,
à ses répugnances, mais toutes sont connues des médecins.
Des bains assez chauds pou r exciter modérément la peau,
mais assez tempérés toutefois pOUl' ne pas stimuler vivement le
cerveau, le cœur et l'estomac, conviennent parfaitement il ce
genre d'affection : souvent il est a vantg~ux
d'en prendre deux
dans la journée; leur durée est toujours proportionnéc il l'état
du malade: le médecin seul peut la prescrit'e.
A leur arrb'ée à Plombières, un assez grand nomhre des malades affectés de gastro-entérites chroniques doivent débuter par
une saignée locale; souvent il faut y revenir à plusieurs fois
pendant le traitement.
Je me se:"s alors) avec un grand avantage, de ventou es scarifiées . Elles aident puissamment l'action dérivative de nos eaux.
Quelquefois, pendant le trai te ment de}a gastro-entérite chronique, l'estomac passe de l'irritation il la faihlesse; notre eau
minéro-tbermale alors, pure ou mêlée il quelque substance
qui en modifie l'action) produit d'admirables effets. Alors aus::;i
on peut conseiller également notre eau fcrrugineuse. Dans ces
cas, le médecin prudent ne doit jamais oubliCl' que l'estomac
passe, avec une grande focilité, de la débilité à la surexcitation
morbide.
Si, dans cette maladie, les' gros intestjns ne sont pus irrités,
ct s'il n'existe pas dans d'autres portions de la muqucu e gastro-intestinale unc sensibilite trop vive, des douches ascendantcs,
plus ou moins prolollgées, peuvent être fort utilcs. D'abord,
ellcs combattent avantageusement la constipation, aecideut qlle
no ' caux développent prcsque toujOUt·s; ensuite, elles agissfbilt
�-
75 -
comme un dérivatif souvent d'une grandc puissance. C'est au
médecin à en prescrire la force, la dUl'ée et la température.
Vel's la fin du traitement, des doucbes extérieures générales,
et quelquefois mème locales, peuvent être très-a,'antageuses.
Lorsque la gastro-entérite, en réagi sant sur le foie, le pancréas et les glandes lympbatiques, a occasionné le développement
morbide, l'hypertrophie de l'un de ces organes, ou même du
tissu intestinal, aux moyens précédemmeut exposés il faut
presque toujours ajouter la douche extérieure. Son ohjet n'est
pas seulement de produire une action dérivative sur la peau;
elle a aussi pour but de modifier la sensibilité de l'organe malade,
et lorsque celui-ci n'est plus sous l'influence d'une irritatiou
trop vive, elle y détermine un mode d'excitation qui, bien dirigé,
favorise à un baut degré l'absorption duns les tissu's engorgés,
et prépare dans tous les cas la voie al:lx exutoires. Mais si
la doucbe peut être un remède bél'olque contre ces maladies,
lorsqu'on l'administre sagement, eHe peut, au contraire, les
aggraver beaucoup lorsqu'elle est imprudemment dirigée; c'est
. dans ce cas surtout qu 'il faut se rappeler l'axiôme festina
lente.
Le massage des parties solides du tronc et des membres est
alors aussi très-indiqué.
Les inflammations chroniques du tube intestinal étaiertt autrefois méconnues pour la plupart : aussi les traitait-on de
la manière la moins convenable. A l'eau thermale en boisson,
on ajoutait beauc'oup de purgatifs et l'on croyai.t la cure compIète, lorsque le malade, en quitlant nos eaux, avait un gl'and
appétit et peu de douleur. Mais bien souvent cette amélioration
n'était qu'apparente; comme eUe ne résultait que d'une violente
perturbation, causée par des médicaments trop souvent inopportuns, bientôt la maladie reparais ait beaucoup plus grave.
Aujourd'hui., grèlce surtont aux travaux de mon illustre maitl'e ,
le docteur ' Broussais, nos eaux, mieux administrées, font plus
cie cures et dos cures plus solides.
Assez souv'nt il anive que les malades affectés de gastrites
chroniqucs épl'ouvcnt , pendant ru age de nos eaux, une surcx.ciluLion plus Oll moins l'orle ; les persolllîcR nerveuses Y sont
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76 -
su!'tou't ex posées. On ne doit pas, pour cela, discontinuer
eaux minérales. Som/ent cette surextoujours de prendre l~s
citation produit les plus heureux effets; mais on doit cependant
la surveiller avec la plus grande attention, Ja borner lorsqu'elle
se développe trop) et écal'ter du régime du malade tout ce
qui pourrait l'accroître ou l'entretenir. Quelquefois cette surexcitation n'arrive qu'après l'usage des eaux. Elle est ordinai...
rement alors une cl'Îse salutaire, mais elle exige toujours les
soins les plus sui.vis. On l'appelle le travail ou la crise des
eaux.
Cette sUl'excitation est produite sans doute par l'augmentation
des séorétions de la peau, et. pal' la production d'une quantité
d'électricité négative, à laquelle les centres nerveux n'étaient
plus accoutumés.
Les saisons qui conviennent le mieux au traitement de )a
gastro-entérite à l'aide de nos eaux, sont le printemps ~t l'automne. Les grandes chaleurs, en excitant fortement la peau,
en activant la circulation et tout l'appareil nerveux, rendent
le tube intestinal trop i.mpressionnable et s'opposent souvent
il l'emploi de bains cbauds et de douches qui, sans elles, pourraien,t être fort avnt~geux.
J 'ai traité, à l'aide de nos eaux'
et avec un grand succès, au niilieu de l'hiver, des mal~es
affectés de gastrite chronique, et., pour certaines personnes,
je préfère cette saison à l'été.
VI NGT-CIl.'1 QUI ÈME onSER VATION.
M. le curé B .... , ùgé de trente-trois ans) était depuis 10l1gtomps tourmenté par une gastro -entérite, que des purgatifs
drastiques avaient extrêmement uggravée. Son médeciu les lui avait
inutilement d6fendus. L'impatience de souffrir le rendait le jouet
et la victime de tous les charlatans. Déjà plusicul's h6morrhagies
du tube intestinal avaient failli le tuer, lorsqu'il vint à l?lombières au commencement de l'année 1825. JI était a10l's prêl
à tomber dans le marasme : sa peau était d' un bl~nc
mat,
pénible à voir; son pouls était petit, dur et fréquent; sa langue
�~7
-
rouge il la pOlnte, et les régions hypocondriaques tendues èt
très-douloureuses au toucher; lcs glandes mésentériques étaient
considérablement tuméfiées.
LU. B .... éprouvait le plus profond découragement; il attendait la mort, il la désirait même comme un terme à ses
maux. Ce n'était que pour satisfaire sa famille qu'il venait
es ayer un remède contre une maladie qu'il regardait comme
incurable. Son estomac ne pouvait plus supporter allcune espèce
d 'aliments; il les rejetait tous. Ses selles rares étaient mèlées
d'abondantes mucosités et suivies d'épreintes douloureuses.
M. B. . . .. avait une si grande faiblesse que les moindres
efforts lui causaient des défaillances. Je m'attachai d'abord à
lui rendre l'espoir qu'il avait perdu. Je lui expliquai comment
de nombreux écarts de régime, comment le poison Leroi et
quelques autres dont il avait fait usage, l'avaient amené il l'état
auquel il se trouvait réduit. Je lui fis voir aussi l'influence
fàcheuse que la tristesse pourrait exercer sur sa position. Je
lui expliquai le mode d'action de nos eaux dirigées contl'e sa
maladie, et les effets beureux d'un régime sévère; enfin je lui
promis de le guérir, et il crut il mes promesses. C'était un
grand pas de fait; la connaissance de sa position et celle des
causes qui l'avaient produite, l'espoir de retrouver' la sante,
de renaître il la vie, me donnèrent sur lui Uf! empire que
j 'exerçai en despote. Je lui interdis tout alimënt solide, je ne
le nourris que de décoctions féculentes, mesurées d'abord il la
cuiller; j'opposai à ses douleurs des fomentations émollientes
et des ventouses scarifiées : je le mis bientôt en état ùe supporter nos bains, d'abord très-courts, puis suffisamment prolongés; bientôt aussi il put digérer du lait, des farineux cuits
il l'cau et au lait; je lui fis manger ensuite des bouillons gélatineux; bientôt aux promenades à àne sur nos montagnes,
il put ajouter de longues promenades il pied. 11 partit, après
quarante bains, fort ct rempli d'espérance; il pouvait alors
digérer des viandes blanches. Tl continua quelques mois enCOl'e
le régime qui lui avait été d'une si gl'ande utilité, et depuis il
n'a pas cessé de jouir d'une santé pa d'ai te.
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78
VINGT-sIXrimE OllSERV ATION.
M. le duc de V .... épl'ouva un violent chagrin, causé par'
la mort d'un homme qu'il chérissait (l'empereul' Napoléon).
Sous l'influencé de cette profonde affection mOl'ale, son estomac,
ses intestins s'enflammèrent. Il avait luttétoujoursavec désavantage
contee cet.te maladie, 10l'Squ'il vint me consulter à Plombières,
pendant l'automne de 1826.
Sa langue n'offrait aucun signe particulier, le ventre était
souple au toucher et point douloureux; les selles étaient rares
et sèches. 1\1. le duc n'éprouvait aucune douleur de tête; son
esprit avait conservé toute sa vivacité, son caractère toute sa
force, son jugement toute sa rectitude; mais, sans ètre tourmenté par de grandes douleurs, il vomissait ordinairement
tous les jours une p'artie de ses aliments et bcaucoup de mucosités; ü n'était pas encore très-maigre, mais il éprou,'ait une
grande faiblesse musculaire, inséparable compagne des affections graves des organes de la digestion. La gastrite chronique
le duc en reconnaissait l'existence avec tous
était évidente; ~J.
les médecins qu'il avait précédemment consultés; lui-même,
pOUl' la combattre, s'était appliqué plusieul's fois des moxas
sur le ventre.
Je lui prescrivis le régim9 sévère ind iqué en cas semblables,
des bains, dcs ventouses, des douches légères et un exel'cice
proportionné à ses forces. Tl suivit exactement mes prescl'iptions,
au régime près, qui en était une des parties les plus importantes.
ne voulut point renoncer au vin généreux, aux viandes noires,
au café; aussi ne retira-t-il aucune utilité de nos eaux, qui cependant pouvaient le guérir, car il était bien moins malade que
IH. B ..... , sujet de J'ohservation précédente. Il mourut au
printemps sllivant.
Je cOlllhattl'ais bien plus énergiquement aujourd'bui une pareille affection, produite par le chagrin; elle était nécessairement
accompagnée ct heuucoup uggn\v(!c pur l'nffaihlissement de la
peau. Les bains très-chauds et courLs, les bains de vapeur, le
n
�-79 massage, auraient eu sans doute de trè. -heureux résultats chez
M. le duc de V ... J'aurais pu recourir encore à l'acupuncture,
cet admirable et puissant moyen de la médecine des Chi.nois
et des Japonais, qui vient si bien conftrmer nos doctrines électrochimiques.
.
VINGT-SEPTIÈME OllSERVATION.
'Mlle D ... de F ... vint à Plombières pendant l'été cie l'année
1825. Elle était alors âgée de dix-huit ans. Elle avait pris,
dans la pension où on la fit élever, plusieurs médecines et plusieurs ,romitifs de précaul'ion. De retour chez ses parents, elle
se plaignit de douleurs d'estomac, de digestions péuihlès. Le
médecin flu'elle consulta, croyant qu'elle a,rait une faiblesse
d'estomac, lui prescrivit des vins amers et une nourriture stiD. .. augmentèrent; sa gastl'ite
mulante. Les accidents de ~Ile
devint bientôt boulimique; bientôt aussi elle commença à vomir.
Alor;s on reconnut sa maladie, et on luttait inutilement contl'e
elle depuis près d'nne année, lorsque, s'apercevant qu'une
tumeur dure et volumineuse s'était formée au pylore, on lui
prescrivit les eaux de Plomhières.
1\1l1e D . .. était régulièl'ement développée, d'un tempérament
1 mphatique sanguin, et elle avait encore assez d'embonpoint,
quoiqu'elle vomit tous les jours une grande partie de ses aliments.
L'épigastre était douloureux au toucher, la langue rouge à
la pointe; les selles étaient rares et les règles notablement diminuées.
1\l'étant assuré que lU lIe D .. , ne pouvait pas encore digérer
les farineux, je lui prescrivis le lait pour seul aliment, et pour
boisson des tisanes mucilagineuses. Je fis prendre à Mlle D....
des bains tempérés et longs: bientôt elle put su pporter la douche;
elle aida ces moyens par un exercice à pied, modéré mais
soutenu. Immédiatement après les règles, on lui appliqua quelques sangsues au bas-ventre; bientôt les vomissements cessèrent.
Après un mois de traitement, Mlle D ... put ajouter des fal'Ïneux
�-
80-
il son lait; et après deux mois de éjour à rlombières, la tu-
meur qui s'était développée au pylore n'était plus appréciable
au toucller. JUliO D... avait augmenté en poids de quatorze
livres; depuis lors elle a joui d'une très-bonne sanlé.
VI ' GT-HUlTIÈME OBSERVATION.
Madame la marquise de S ... , ùgée de trente-cinq ans, d'un
tempérament sanguin nerveux, avait été vivement effrayée dans
son enfance. Depuis cette époque, ses digestions furent toujours
pénibles, toutes les émotions un peu fortes lui causèrent des
nausées; et depuis bien des années déjà, la vue des met qu'elle
appétait lc plus, l'arrivée d'un ami, l'obligation de sc trouver
dans une société un peu Jlombreuse, tout provoquait chez elle
cette sensation si pénible de la. nausée.
l\ladame de S ... n'ayant pu se guérir chez elle de cette malheureuse disposition, vint, en 1826, à Plombières où elle me
consulta. L'abdomen n'était point douloureux au toucher; la
langue n'élait pas rouge aux bords; la menstruation était régulière ~ l\I mo de S. .. avait presque l'embonpoint et les forces'
de la santé; tout devait faire considérer sa maladie comme une
névralgie, et bien des motifs paraissaient devoir indiquer l'emploi
des édatifs, si puissants contre beaucoup d'affections nerveuses.
Tel ne fut point mon avis. Je ne crus pas qu'un estomac qui,
depuis de nombreuses années, était continuellement excité par
de douloureu es envies de vomir, pût être seulement en proie
à une affection nerveuse. Je pen ai que l'irritation morbide
était partagée par toute la muqueuse, ct je le crus d'autant
mieux que l'Oll rencontre souvent des gastrites aiguës trèsintense , sans douleur à l'épigastre et ans réaètion fébrile.
Je pres rivis ft 1\1 1110 de S, .. des bains très-tempérés et prolongés, de Ü'équentes applications de ventou cs scarifiées à l'épigastre, un régime très - doux, avec la recommandation de
rejeter à l'instant tout aliment qui déterminerait des nausées.
A tous ces moyens , 1\1",e de 8 , , . ajouta l'exel'cice sur nos mOll Lagnes, en les pl'oportionnant toujours à 'es fOI'ces.
�-81Quarante jours de ce traitement avaient suffi pOut' guél'Ïl'
Mmo de S..... d'une maladie que l'on pouvait, il raison
de son ancienneté, considérer comme constitutionnelle : mai
, six mois après avoir quitté nos eaux, cette dame s'étant
exposée plusieurs jours de suite à un froid rigoureux, sa 'maladie ,reparut, moins forte cependant qu'elle n'était avant son
séjour il Plombières.
Mmc de S ... fut obligée par là de revenir aux eaux l'année
suivante; je lui fis suivre un traitement semblable au pœmier,
et il produisit d'aussi heureux résultats. A la fin de l'automnc ,
Mmo de S ... m'écrivit qu'elle jouissait de la santé la plus parfaite.
Celte observation est très - intéressante. Elle montre en effet
que, mème contre une maladie très-ancienne, la médecine peut
encore êtrc toute-puissante; elle montre aussi, il côté de l'action
de nos bains, l'heureuse influence des ventouses, qui agisscnt
surtout en permettant il l'électricité positive de s'écouler par la
peau, ainsi que je l'ai expliqué dans le chapitt'c VIn de cet
ouvrage.
VINGT:- NEuvrÈMI~
ODSERVATIO •
Mmc la vicomtesse de 1\'1. .• vint à Plombières, au commencement
de l'automne de l'année l826, pour se gllél'ir d 'une gastro-entérite chronique qui la tourmentait déjà dcpuis deux ans, et qui
avait résisté jusqu'alor!\ au traitement le mieux ,dil'igé. Cette
maladie était d'nutant plus grave qu'elle était survenue à l'époque de lu ménopause, et que 1\1"'0 de l\'[. ,. était éminemment
nerveuse. A son arrivée il Plombières, 1\11110 de M .. " pouvait
à peine faire quelques pas dans son appartement. l\'l'ayunt consulté sur sa position, je n'eus à lui prescrire que des bains
très-tempérés et des promenades à <lue ct cn voiture, son régime habituel étant on Ile peut pas plus convenable.
Quelque prudemment administrée que fût notre eau , cne ne
laissa pas quc d'agiter beaucoup cette dame ct de lui eallser
parfois des accidents nCrveux très-pénibles: ces accidents mèmc,
-auraient élé de nature à m'obligcr Il lai fair suspendre l'usage
9
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de nos bains, si je n'avais eu la certitude que la moindre excitation pouvait développer chez elle des spasmes violents, qui
ne laissaient point de traces après eux, tandis que notre eau
minéro-thermale, en rétablissant l'action languissante de la peau,
en s'opposant au surCl'oit de congestion viscérale que l'hiver
pouvait occasionner, devait produire une amélioration durable;
c'est aussi ce qui eut lieu. Dc retour chez elle, M'no de M ...
éprouva un soulagement bien marqué. Elle r0vint au commenCement de l'été de l'année suivante.
Quoique mieux que l'année précédente, elle souffrait beaucoup
encore, et elle éprouvait surtout une grande difficulté à marcher.
je fus obligé, cette fois, de lui prescl'ire un régime un peu
plus sévère que celui qu'elle suivait à Paris . Cela ne suffit point;
une saignée devint indispensable; je l'obtins avec des sangsues,
la malade redoutant l'opératiou chirurgicale. j'ai revu Mme de
M . . . quelques semaines après son dernier séjour à Plombières;
elle faisait aisément une demi-lieue à pied, et ses fOl'ces digestives avaient pris autant d'accroissement que ses forces musculaires.
TRENTIÈME OBSERVATION.
1\1. G .... , de Nancy, d'un tempérament sanguin, àgé de
soixante ans, était depuis longtemps tourmenté par une gastroentérite chronique, accompagnée d'éructations nidoreuses et de
dévoiement. Tl vint à Plombiè('es au commencement de l'été
de l'année 1828, etH me consulta sur l'emploi de nos eaux. D'après
mes conseils, il prit des bains tempérés, des douohes en arrosoir SUI' le ventre; il ne se nourrit que d'aliments légers,
ct s'abstint de boissons trop stimulantes; .il allait passer une
partie de ]a journée sur 110S montagnes, dont l'air vif et pUt'
convient tant aux personnes affeotées d'inflammation chronique
des viscères abdominaux. Ces accidents ayant cessé, il quitta
Plombières après uu séjour de trois semaines; mais bientôt,
son mal reparaissant, il fut obligé d'y revenir. J'employai cette
seconde fois les mêmes moyen ' que la première, et bienlôt lous
�-
83-
les accidents morbides dispal'Urcnt. De retour chez ) ui, sou
mal, qui allait en apparence cédé à nos bains, se montra avcc
plus de gravité peut-être qu'avant l'usage des caux. Mais bientôt ,
à cet orage, succéda le calme le plus padait.
l\f. G. . . a éprouvé, d'une manière salutaire, ce que l'on
appelle vulgairement le travail des eaux; cependant je suis
persuadé que s'il avait sévèrement obscrvé les pl"escriptions quc
scs médecins ordinaires et moi lui avions faites) il aurait facilement échappé aux chances toujours incertaines de. ce travail
vraiment critique.
TRENTE-U l'HÈME OBSERVATIO •
Mme G ... , dc Plomhières, ùgée de quarante-deux ans, d'un
tempérament lymphatique sanguin, mère de nomhreux enfants,
régulièrement réglée, eut, par suite d'un travail trop péniblc
et de purgatifs inopportuns, employés contre des emba.rras
gastriques, une duodéno-bépatite chronique, qui bientôt développa uue jaunisse générale. Attrihuant la couleur ictérique
de la peau et tous les autres accidents de la duodéno-hépatite
à l'abondance et à la mauvaise nature des humeurs, .on purgea
et repurgea cctte malade à outrance pendant trois annécs, sans lui
prescrire aucun régime; on lui fit avaler, sous forme d'électuail'es,
d'apozèmes et de pilules, tous les prétendus fondants et désohstruants que prodiguait l'ancienne médecine. Mais ces sllbstances ne pouvaient qu'augmenter l'inflammation des intestins
et du foie; aussi, lorsque 1.\'1'"0 G .... vint me consulter, avaitelle nn flux céliaque sans aucun mélange de bile; sa peau élait
d'uo jaune noir pénible à voir i lc ventre élait très-volumineux
et le foic considérablement hy pcrtrophié. Le bord antérielll' de
cet organe se scntait il un travers de main an-dessous du bOl'd
des fausses côtes, et vers sa partie moyenne, il a "ait acquis,
dans une étcndue de deux à lrois pouces de eirconfél'cncc, la
durcté du squirrhe; les règles avaieut presque compléteJl1cnt
cessé. Tous les habitants de Plombièl'es l'ega rdaient ccUr. inté-'
ressaute mère de famille comme perdue.
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Changeant aussilôt sou régimc, je lui prescflvIs, pour tout
aliment, le lait et les farineux. à l'cau et au lait, et pour
boisson des décoctions mucilagineuses; je lui fis prendre, pendant tout l'hiver, des bains longs et tempérés de notre eau
minérale; je couvris souvent la région épigastrique et l'hypocondre droit de ventouses scarifiées. J'ens quelquefois recours
aux sangsues, que l'ancienneté du mal et la faiblesse de la
malade ne me permettaient d'employer qu'avec beaucoup de
réserve. J'aidai tous ces moyens par des douches légères sur
toute l'habitude du corps et sur la région du foie. Bientôt
le dévoiement cessa, le ventre diminua de volume, et la couleur
ictérique devint moins foncée; mais l'engorgement squirrheux
pcrsistant, j'appliquai un large séton immédiatement au-dessus
de la région qu'il occupait, et je fis continuer les bains. En
sept mois Mme G . . " fut parfaitement rétablie, et elle n'a pas
cessé depuis de jouir de la meilleure santé.
Les sétons, les cautères, les moxas ont sans doute une grande
puissance comme sécréteurs accidentels; mais s'ils l'emportent
souvent de beaucoup sur les vésicatoires, c'est qu'ils agissent
aussi à la manière des ventouses et ùes aiguilles çhinoises, en
devenant des conducteurs de l'électricité du tissu cellulaire et en
procurant ainsi la décharge de ce tissu.
TRE:N'.(E-DEUXIÈME 01lSERVATIO:N.
1\1."'" C ... , de Vevay, àgée de cinquante et quelques années,
de petite taille, avait joui constamment d'une bonne santé,
lorsque la mort de son mari, la plongeant dans une af{1iction
profonde, détermina che1. elle une gastrite chronique intense,
qui bientôt épaissit tellement les parois de l'estomac, que l'on
sentait ce visçère comme s'il eût été moulé en phltre. Les digestions étaient à peu près nulles et toujours très-douloureuses.
C'était surtout vers la partie int'érieure de l'œsophage et à l'orifice cardiaque que la malade ressentait le plus de ma}.
L'épigastre était immédiatement pou sensible au toucher; mais,
quelque temps après un tact léger , les douleurs devenaient beau-
�-
85 -
coup plus vives ct se soutenaient ainsi pendant plusieurs
heures.
MOl o C. o. était d'une extrème faiblesse et d'une maigreur
voisine du marasme . Ses médecins, MM, les docteurs Guisan
et Convers fils, tous deux praticiens très-distingués, me l'adressèrent à la fin de l'été 1829, regardant les eaux de Plombières comme la seule chance de salut qui restàt à leur intéressante malade, mais tremblant toutefois qu'eUe n'eût pas la
force de soutenir le voyage. Heureusement leurs craintes ne
se réalisèrent pas . Dès son arrivée à Plomhières, je fis prendre
à Mme C . . , cinq à six heures de bain par jour, en deux séances,
Quelques applications de ventouses scarifiées à l'épigastre,
quelques douches sur les membres et les parties solides du torse,
un régime très-doux, une mastication parfaite et quelques promenades sur nos montagnes, l'établirent Mme C, o. au-delà de
toutes nos espérances. Après cinq semai~
de traitemcnt,
l'estomac avait repris presque toute sa souplesse première, les
digestions étaient faciles, le teint était bon , les forces étaient
revenues.
Mmo C . .. a fait encore usage de nos eaux en 1830. L'amélioration qu'elle avait obtenue l'année précédente s'est soutenue
jusqu'à présent.
TREl'lTE-TROISIÈME OlISEl\ VATIO •
A la suite de beaucoup de l'atigues, Mme ùe 1\1 , .. " de
Lausanne, âgée de quarante-neuf ans, ayant cessé d'être réglée
depuis deux ans, éprouva des douleurs d'estomac, puis bientôt
des vomissements. Ces accidents s'aggravèrent beaucoup, cl
]e médecin consulté par la malade, le savant ct ingénieux
docteur Mayor, reconnut l'existence d'un squirrhe du pylore.
MDlOde M" ,. me fut adressée au commencement de l'été de
1828 .. EU" ét~i
f~ible,
conllidérablement amaigrie; elle ~e
Pouvait plus l'len dIgérer. Indépendamment d'une tumenr i'acIlc
il rcconnaitrc, el que je rapporlai , comme mon savant conL'I:"'Ùre,
Il lIne dégénérc cenee squinbcuse d!l pylore, j'cn trouvai ulle
�-
86-
tlssez con idérable à la partie inférieure du grand lobe du foie,
mais qui, au dire de la malade, existait depuis de nombreuses
années sans l'incommodel' en rien.
Je prescri vis à M'ne de 1\1... des bains tièdes prolongés,
deux applications par semaine de ventouses scarifiées ft l'épigastre; pour toute noufl'iture et pour unique boisson du lait
coupé avec moitié d'eau de mauve, et quelques douches légères SUl' les membres et lc · dos. En très-peu de jours, MmD de
lU. .. éprouva un mieux très-sensible. Au bout de vingt jours
elle pouvait se promener sept heures de suite sur nos montagncs.
Elle quitta alors Plombières, mais y revint à la fin de no"embre de la même année, continuant toujours à se nourrir
de lait coupé d'eau de mauve. Cette fois, aux bains et aux
ventouses scarifiées, j'ajoutai des moxas superficiels sur la région malade. :Mme de lU ... passa encore cinq semaines à l)lombières; de retour cbez elle, elle entretint ses moxas pendant
plusieurs mois, et elle ajouta à son lait coupé quelques écbaudés
qu'elle digéra parfaitement bien. J'eus le plaisir de revoir chez
elle, l'année suivante, cette excellente mère de famille, cette
fcmme, sous tous les rapports, l'une des plus recommandables;
elle était guérie, et aujourd'hui elle jouit encore de la meilleure
santé.
TRENTE-QUATRIÈME OBSERVATION.
Mme D ... , de Lausanne, âgée de trente ans environ, peu
abondamment réglée, cxtrêmement irritable, petite, assez bien
muscléc, brune, mais ayant la peau très-pâle, était depuis
plusieurs années sujette li des vomissements accompagnés d'accidents nerveux très-graves. Tous les rcmèdes avaient été inutilement employés, ou plutôt lcur luxe avait nui beaucoup à
la malade. ale vint à Plombières, et me consulta, 1828 ct
1829; je reconnus chez cette dame une surexcitation gastrique,
qui, souvent et d ' une manière instantanée, passait à une véritable atonie; enfin, quelques autl'CS symptômes me firent
�-
87-
penser qu 'à ces accidents se surajoutait une légère il'I'itation du
cerveau.
Je prescrivis à l'lme D ... un régime doux, autant cl'exercice en plein air qu 'elle pourrait en supporter sans fatigue.
des bains tièdes et de l'eau du Crucifix en boisson, il ]a dose
d'un à cinq ou six verres, lorsque la pùleur de la langue,
la faiblesse du pouls et l'insensibilité complète de l'épigastl'e
me faisaient reconnaître l'utilité de cette médication, il laquelle
je substituai les boissons émollientes, la diète et quelques autres
moyens analogues, quand les signes de l'irritation gastrique
venaient à prédominer. J 'ai revu depuis MIllO D ... jouissant d'une
santé parfaite .
TUEN TE-CINQUIÈME OBSEII.VATIO •
l\'r me R .... dc Genève, ùgée de cinquante-sept ans, me fut
adressée par le savant et célèbre docteur Butini, dans le courant de l'été de t 829. Cette dame avait éprouvé quelques
dérangements dans ses digestions, et un médecin, à la campagne, lui ayant fait prendre pour cela de l'émétique, tous
ses accidents s'aggravèrent beaucoup. Quelques semaines après,
Mille R ... alla consulter M. Butini, qui reconnut chcz elle une
tumeur au lobe moyen du foie, assez grosse pour qu'on pût
l'apercevoir à travers les vêtements de la malade; l'épigastre
était douloureux et le teint ictérique.
M. Butini ordonna à MIOO R ... d'arriver en toute bâte à Plombières où je dirigeai sa cure.
J'aurais voulu débuter par une large application de sangs ues,
tant à l'épigastre que sur la tumeur; mais la malade n'y consentit point. A des bains tièdes de trois à quatre heures de
durée, à un régime doux et peu abondant, MUiO R ... voulut
que j'ajoutasse la douebe dès les premiers jours; je la prescrivis
faible et de courte durée, sur les membres et sur le dos,
mais on la' prit forte et longue sur la tumeur. Une inllammation
des plus douloureuses fut le résultat de cette imprudence. 'J'l'eu le
sangsues, loco dolenti, en triomphèrent, et diminuèrent de moitié
•
�-
88 -
la tumeur. lIuit jours après, une même imprudence amena des
résultats semblables, et de nouvelles sangsues produisirent une
amélioration aussi mal'quée que la première fois.
Après quarante bains, Wnc R ... partit complétement débarrassée de sa tumeur. Je l'ai revue depuis à Genève et à Plombières;
sa santé s'est parfaitement soutenue.
Cette observation prouve combien il peut être avantageux
quelquefois de ramener il l'état aigu une inflammation chronique; mais, dans ce cas, Mmo R ... a joué sa vie il la loterie
la plus hasardeuse; et jamais médecin prudent ne tentera la
même fortune.
Depuis lors, pour éviter les graves accidents que l'indocilité
des malades peut quelquefois produire, quand ils insistent trop
près de moi pour que je leur prescrive un remède qui peut
être accompagné de graves dangers, je les préviens que, suffisamment avertis du mal qu'ils peuvent se faire, ils sont libres
d'en courir les chances; mais que, s'ils le font, ils doivent renoncer 8ussi à me prendre pour guide.
TRENTE-SIXIÈME ORSERVATION.
Gastro-entérite-chronique. Hypertrophie du {oie et des glandes
mésentériques.
Mille de M ... , àgée de trente ans environ, grande et bien
développée, avait, dès l'âge de quatorze ans, époque de S8 première menstruation, commencé il souffrir ùe violentes douleurs
d'estomac et d'intestins, qu'une médecine incendiaire ne fit
qu'aggraver. A ces douleurs se joignireut bientôt une foule
d'accidents nerveux. Aux médicaments, on ajouta l'usage d'un
grand nombre d;eaux minérales à l'intéL'ieur et à l 'extérieur, mais
le tout inutilement.
Lorsq ue ]}IIl1C de ~I ... vint pour la première fois à Plombières,
en 1828, clle avait le ventre proéminent comme celui d'une
femme grosse de huit il neuf mois, et depuis bien des années
il ne diminuait plus; il était extrêmement douloureux au tou-
�-
89 -
.
cher; le grand lobe du foie descendait jusqu'au niveau de l'ombilic i ou sentait daus le reste du ventre un grand nombre de
glandes qui avaient, pour la plupart, la grosseur d'une noix.
l\'IlIlc de 1\1... éprouvait de vives et continuelles douleurs
dans l'hypocondre droit ct dans la région hypogastrique; S0S
rugestions lui causaient de grandes souffrances, sa langue était
rouge au pourtour, ses selles étaient rares, sanguinolentes ct
muqueuses; elle était mal réglée et perdait beaucoup en blanc.
Les moindres impressions lui causaient des accès de rire ou
de pleurs convulsifs; elle avait souvent de violentes crises nerveuses.
Je prescrivis un régime sévère, des boissons émollientes, des
bains prolongés et des saignées capillaires, obtenues ordinairement à l'aide de ventouses scarifiées, quelquefois à l'aide
de sangsues. Ces saignées furent répétées d 'abord deux fois par
semaine, plus tard on les éloigna davantage.
~lmo
de M ... , après un séjour de six semaines à Plombières,
continua, de retour chez elle, le traitement qu'elle avait commencé ici, et le suivit avec la plus grande sévérité.
Bientôt les accidents nerveux disparurent, bientôt aussi les
douleurs diminuèrent beaucoup.
Au mois de mai de l'année suivante, 1\1"'0 de M ... revint
à Plombières. Elle était pâle et faible, mais elle n'éprouvait
plus de douleurs qu'alors qu'on la palpait; le' foie avait conservé son grand volume, les glaudes mésentériques étaient toujours hypertt'ophiécs.
Quelques bains de nos eaux rendirent des forces à 1'1 111 0 de M ...
et firent disparaître sa pàleur. J'eus alors recours aux moxas
superficiels, appliqués sur les régions abdominales les plus
malades; cette dame les supporta très-bien; elle en eut jusqu 'à
treize en suppuration à la fois.
Après six semaines de séjour à 'P lombières, Mnl e de M ....
retourna chez ene, prit de temps en temps quelques bains,
continua son régime; de loin en loin elle se fit poser des ventouses et se fit appliquer de nouveaux moxas jusqu'au printemps de l'année suivante, époque à laquelle ellc revint il
Plombières.
�-
90 -
Son ventre avait repris son premier volume et perdu toute
sa sensibilité, ses digestions étaient faciles, ses selles étaient
bonnes, le foie et les glandes mésentériques étaient revenues
à leur état normal, les règles arrivaient à époque fixe et sans
douleurs; en un mot Mmc de 1\'[ . .. était guérie, et maintenant
encore elle jouit d'une santé parfaite.
'l ' RE~T-SPI1l\
OBSERVATION.
M"c Marie P ... , de Plomhières, àgée de vingt et quelques
annécs, d'un tempérament lymphatique, peu abondamment
réglée, avait, en /828 , une gastrite chronique peu intense ,
que le médecin qui la soignait combattit à l'aide de purgatifs
et de tartre stibié. Bientôt, sous l'empire de cette médication,
le mal s ' agrv~
beaucoup, et lorsqu'en automne 1\1." 0 P ....
vint me consulter, elle était d'une maigrelll' extt'ême; elle avait
les tl'aits fortement décomposés : c'était un spectre ambulant ,
et chacun la regardait comme destinée il une mort prochaine.
Ses règles ne paraissaient plus; sa langue était très-rouge à la
pointe, son épigastre très-douloureux au toucher, son pouls
petit, vite et serré. Ses digestions étaient des plus pénibles; du
reste elle n'observait aucun régime.
Pendant les six premières semaines de son traitement, je
prescrivis du lait caillé pour' unique nour1'iture. Plus tard,
des farineux à l'eau et au lait. Pendant les huit premiers mois,
l\I"o 1\{ari.e P ... prit deux bains tièdes pal' jour, d'une heure et
demie à deux heures ùe durée.
Bientôt ses accidents diminuèrent d 'intensité; ses tmits, d'abord
contractés par la soufJrance, repl'irent leul' expression habitUf'lle; son marasme aussi disparut. Au bout de buit mois de
traitement, Ml'e Marie P ... digérait assez facilement le laitage.
Elle avait repri presque l'embonpoint de la anté; mais pour
peu qu 'elle s'écartât de son régime, de violentes douleurs à
l'épigastre venaient promptement l'en (aire repentit·. J'appliquai
alors un petit moxa superficiel sur la l'égion malade. 11 pl'Oduisit une prompte amélioration; Mll e l\'l aric P . . . l'a remplacé
�-
\)1 -
dcpuis par un exutoire au bras. Tl n'y a qu'un an que ses
règles se ont rétablies. Elle mange des viandes légères; mai'
le laitage est encore ce qui lui réussit le mieux. Elle a, du
reste, depuis longtemps retrouvé toutes ses forces. Nos bains,
le r~gime
sévère qu'elle a eu la constance de suivre, les ventouses scarifiées et les exutoires l'ont arrachée à une mort inévitable sans cela.
Si, chez celte malade) nos bains minéraux, en modifiant) en
activant les fonclions de la peau, ont exercé une heureuse
influence) le lait caillé n'a pas été moins favorable. Il agissai.t
sur le tube intestinal, à cause de sa légère acidité, d'une manièl'e diamétralement opposée à celle de nos eaux sur la peau.
Au lieu d'exciter la sécrétion du suc gastrique et des mucosités
des intestins, il diminuail cette sécrétion, autant du moins qu'un
aliment peut le faire; il jouait ici le double rôle d'aliment et
de sédatif.
'l 'RENTE-HUITIÈME
onsER VAT ION.
Gastro - entéro - hépatite chronique.
l\fmo G ... , de Plombières) ùgée de quarante ans environ,
avait depuis longtemps des douleurs d'estomac, des digestions
difficiles, de fréquents dévoiements; mais comme son appétit
se 'soutenait, qu'elle était gl'as e et forte, elle accordait bien
peu d'attention aux soi.ns qu'cxigeait son état : aus i finit-il
par empirer beaucoup et par la mettl'e dans la nécessité de
recourir à mes conseils. Depuis quelques mois tou les accidents
s'étaient aggravés: l\l lDO G ... avait heaucoup maigri, elle était
faible, son teint était ictérique, sa langue rouge aux bords cl
saburrale dans le reste de son étendue; son ventre était lrèsvolumineux.
]~n
palpant cette dame, je reconnus une grande sensibilité
de la ' région épigastrique el de l'hypocondl'e droit; le foie
descendait beaucoup au-des ous des côtes. Antérieurement ü
était presqu'uu niveau de l'ombilic, ilnvailln durcté du sql1inhc;
�-
92-
du reste Mme G ... était encore réglée. Je 'Prescrivis un régime
doux et peu abondant, nos bains tièdes et des applications
réitérées de ventouses searjfiées sur les régions malades. Plus
tard j'appliquai un séton sur la tumeur du foie . 1\11110 G ....
contiuua ses baius, son régime, et depuis dix ans sa santé
est parfaitement rétablie. Certes, ici le séton a uue grande part
à la guérison de cette dame; mais je suis convaincn que, sans
l'nsage de nos bains, elle aurait été beaucoup plus longtemps
malade, peut-être même aurait-elle succombé à son maL
J'ai déjà fait observer que le séton, agissant comme le cautère
sur le tissu cellulaire sous-cutané, organe alcalin, soutire par
lui l'électricité dans tous les organes électro-positifs; il doit
avoü' dès lors SUl' le foie une action bien plus puissante que
celle du vésicatoire qui n'intéresse que la peau. Cette action,
du reste, eRt partagée aussi pal' le moxa, dont les anciens tenaient un si grand compte qu'ils regardaient comme incurables
les maux que ]e feu ne pouvait guérir : " Quod ign'Ïs non sanal
i'l1sanabile, " disaient-ils.
TRENTE-NEUVIÈME O:BSERVATION.
Mme Ac ... T ... , de Genève, me fut adressée en 1825 pour
la première fois par le docteur Butitli. Cette dame, ligée de
70 ans cnviron, avait une forte irritation du tube intestinal,
sous l'influence de laquelle s'étaient développées des tumeurs
abdominales d'un grand volume . Elles étaient dures, inégales,
inscnsibles au toucher. L'une d'elles existait dalls le voisinage
de la branche ascendante du colon, l'autre au-dessus du pylore,
et la trois1 me, plus à gauche, semblait se confondre avec la
rate. Ces tumeurs, dues probablement à l'hypertrophie de glandcs
mésentériques, rendaient fort grave la position de Mme Ac ...
On avait à craindre qu'en s'abcédant eUes tuassent prornptement
cette dame.
Je compris quc, dans un cas de cette nature, l'usagc illlcl'nc
des ca ux oc pourrait qU'ètl' funeste, qu'aggl'aVcl' l'lllflammalion de intestins, que rcdoubler l'activité du travail morbide
�-
93-
qui s'opérait dans les glandes mésentériques. Je compris qu'il
faUait opposer à l'entél'ite un régime sévère, observé pendant
toute la durée de la vie de la malade, car je n'avais pas l'espoir
qu'à un àge aussi avancé, nos eaux pourraient donner au système absod1ant une puissance capable de ramener les glandes
hypertrophiées à leur état primitif : je dus donc les considérer
tout d'abord comme des ennemis qui menaceraient W nc Ac ...
pendant le reste de son existence.
Aux bains tièdes de deux heures de durée, à un régime n'admettant que des légumes, de la viande blanche et des fruits
fondants, tels que le melon, les fraises, les pêches et les raisins,
j'ajoutai la prescription d'un exercice modéré mais soutenu,
toujours en rapport avec les forces. Plus tard je pre cri vis des
douches sur les parties solides du corps, mais la malade, quelque peu indocile, la prit aussi sur les tumeurs abdominales, et
heureusement pour elle, elle n'eut pas à s'en repentir. Après
deux saisons de nos eaux, Mille Ac... retourna chez elle parfaitement bien. Elle avait repris le coloris et les forccs de la
santé. Ses digestions étaient faciles. Le dévoiement et les coliques
qui la tourmentaient à son arrivée avaient eomplétement disparu,
mais les tumeurs avaient résisté.
Pendant dix ans Mille Ac .... rc\'int chaque année à nos eaux.
]~le
arrivait toujours faible, pàle; mais en peu de jours, l'air
de nos moutagnes) 'l'effet tonique de nos bains et le bonheur
de retrouver un remède à ses infirmités, lui rendaient toutes
ses forces. Elle se débarrassait ainsi du renouvellement d'irritation intestinale qu'amenaient le froid et l'humidité de l'hher,
saison si fatale aux vieillat'ds, qu'amenaient aussi des écarts
de régime auxquels la conviaient chaque jour d'imprudents
amis, CD prétendant qu'à son âge il fallait des aliments cbauds
pour sc souteuir.
En 1836, cette dame, que regretteront longtemps tous ceux.
qui l'ont connue et qui OTlt pu apprécier comme moi toutes ses
rares qualités, se laissant uller il ees malheureux conseils, pre··
nant des glaces, des vins généreux, raviva l'inflammation abdominale que nous comhattions depuis dix ans et arriva trèsmalade il Plombièl'es.
�-
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Je lUi défendis les douches, mais je oe pus réussir à la convaincre du mal qu 'elles pourraient lui faire; tout ce que j'obtins, ce fut qu'au moins elle ne les prendrait pas sur le
ventre . .
Mme Ac... se plaignait alors d'une douleur simulant une
sciatique du côté droit. Mais cette douleur remontait jusque
l'aine, et vu le dépérissement de la malade, l'état habituellement
fébrile de son pouls, quoique je toucher ne fit reconnaître
aucune modification dans les tumeurs du ventre, on avait à
craindre leur dégénérescence cancéreuse.
Mille Ac .... :fit alors une chute violente. mIe tomba de sa
bauteur sur je pavé. Dès ce moment tous ses acciùents redoublèrent et elle arriva mourante ~ Genève, où mes habiles confrères cvureut pendant quelques jours avoir affaire aussi, entre
autre chose, à une sciatique grave; mais bientôt la .Il uctuation
vint prouver que les glandes étaient en suppuration et que lès
jours de ~I"lc
Ac ... étaient comptés. On ouvrit la tumeur,
ce qui n ' emp~cba
pas la malade. de succomber quelque temps
après. Elle avait plus de 80 ans.
Cette observation est remarquable en ce qu'elle montre combien,
dans les graves affections abdominales, nos eaux conservent de
puissance, même chez les personnes àgées. Mais n'est-ce pas aux
vieillards principalement qu'elles conviennent? En rétablissant
les fonctions languissantes de leur peau, de leurs reins, de tous
les organes acides, ne sont-elles pas pour eux une véritable fontaine de Jouvence? Si tou's mes lecteurs ne sont pas pénétrés
de cette vérité, si chaque jour des faits nombreux ne viennent
pas la confirmer, c'est que, d'une part, je n'aurai pas clairement
exposé mes opinions, et que, d'une autre, il n'y aura plus de
certitude scientifique.
Quoique l'observation suivante n'appartienne pas au même
genre ùe maladies' que celles qui la précèdent, je crois devoir
terminer par clle ce chapitre, afin d'appeler l'attention de mes
confrères sur certaines fièvres intermittentes, qui, fort légères
en apparence, produisent cependant les désorganisations les
plus graves.
�~
95-
QUARANTIÈME OTlSERVA'rION.
Cm'dite intermittente, suivie d'hypertrophie du {oie.
Mme N ... , d'Herpont, vint à Plombières dans le courant
{le J'été de l'année 1829, pour se guérir d'une hépatite chronique très-grave, qui avait amené un énorme développement
du foie.
Ce viscère occupait tout l'abdomen et me parut devoir pesel'
de quinze à vingt livres. Mme N"., <Igée de trente ans environ , grande, brune, très-irritable, était alors fort maigre,
son teint était d'un jaune foncé, sa langue était saburrale dans
le milieu et rouge au pourtour. Tout le ventre était douloureux
au toucher. Les selles étaient bJancbùtres et muqueuses; les
règles n'étaient point supprimées. ·La maladie de MOIO N ... datait
de trois ans déjà.
I~le
avait consulté d'habiles médecins, mais aucun n'avait
pu triompher de la maladie du foie, qui était arrivée au poiut
de compromettre gravement sa vie .
.Je lui prescrivis d'abord neuf heures de bains par jour,
cn deux séances, quelques applications de ventouses scarifiées
sur. l'abdomen, des boissons émollientes et un régime doux ct
peu abondant. J'obtins ainsi quelque améHoration.
Comme la maladie de Mmo N,... était très ·grave, je visitais plusieurs fois par jouI' cette malade : je remarquai bientôt
clue, vers deux heUt'cs de l'après-midi, elle éprouvait habituellemef!t d'assez fortes palpitations. J'en fis l'observation il cette
dame) ct je la priai de me raconter de nouveau SOli histoire,
saus omettre, autant que possihle, la moindre circonstance.
J 'appris alors que, pendant plusieurs mois, <'Ile avait été
obligée de voir, tous les après-midi, une femme qu'elle haïssait
beaucoup; bientôt elle eut des spasmes violents, qui se reproduisirent toujOU1'8 à peu près aux mêmes Leures, lorsqu'elle
fut déli vrée de la présence de son ennemie; bientôt ses digestions se dérangèrent; hientôt aussi son foie commeuça il
�-
9G-
augmenter de volume, ct depuis, les accidents nerveux ayant
cessé, elle et ses médecins n'avaient point fait attention aux
palpitations, du reste exemptes de douleurs, qui avaient remplacé les accès spasmodiques.
Je compris dès lors le peu de succès que l'on avait obtenu
chez l\'I mo N .... des soins qu'on lui avait prodigués, et, négligeant pour un instant l'état du foie, tout en continuant les
bains prolongés, je combattis l'irritation intermittente du cœur
par des lavements de sulfate de quinine et par des frictions de
pommade stibiée. J'obtins promptement une amélioration marquée. Lors du départ de MIDO N .... , je lui mis ùeux sétons à
l'hypocondre droit, et dans une notice très-détaillée, je fis part
à son médecin de l'heureuse découverte que j'avais faite. On
suivit mes conseils, et deux mois a'près, le mari de cette intéressante mère de famille m'écrivit que les palpitations avaient
complétement cessé, que le foie était diminué des deux tiers, que
les digestions étaient faciles et que tout présageait une prompte
guérison.
�.- 97-
CHAPITRE XIV.
Ihl relâeltenlellt tles
pl~r
..ilil I1JuhnulJlRle8.
J'ai examiné déjà, et le prcmier peut-êlre, la propagation de
la souffrance des organes abdominaux jusqu'à leur centres nerveux, J'ai à signaler encore un genrc de douleurs des voies
digestives et de leurs annexes, dont la cause écbappe à peu prè
toujours à l'attention des malades et à celle des médecins, Je
ne l'ai vue indiquée nulle part. C'est l'affaiblissement des parois
abdominales, qui les empêche de soutenir suffisamment les viscères qu 'elles contiennent.
Le prcmier malade chez qui j'ai eu l'or.casion d'observer cette
affection était tlD maître de forges du département des Ardennes,
qui s'était guéri d'ancienncs ct vives douleurs de l'e tomac en
portant une ceinture qui serrait la région hypogastrique et qui,
à sa partie antérieure, renfermait trois ou quatr-e kilogrammes
de métaux de différentes natul'es, dont Le poids comprimait fortement le bas-ventre, en refoulallt vers le diapbmgme la masse
intestinale. C'était à l'électricité développée par' ces métaux divel's
que ce monsieur attribuait son rétablissement, qui n'était dù
qu'à la pression exercée par la ceinture et pal' le poids qu 'elle
contenait.
Depuis lors j'ai souvent rencontré des malades qui éprou'\laient la cessation complète de leur malaise, dès l'instant où
j'appuyais fortement ma main sur leur bas-ventre en remontant
un peu les intestjns. Une ceinture sumsait presque toujours
à leur guérison . T.es hains ft'oids et couets, la douche écossaise,
les loti.ons astringentes et un régime tonique sont de tl'è!,-hollS
moyens aussi à prescri.re daus ce ' cas.
'l()
�QUAIIAN'rE-U lÈME OBSERVATION.
'Un jeune homme souffraü depu,is plusieurs années d ' [I~se1.
vives douleurs qu'il rapportait au grand lohe du foie. Il croyait
avoir une affection très-grave qui abrégerait beaucoup sa vie.
11 était habituellement fort tt'Ïste; ses douleurs lI'étaient dues
qu'à la faiblesse des parois abdominales; une ceintul'C les fit disparaitre ainsi que sa tl'istesse.
Cet accident, que l'on l'encontre souvent chez les bommes, est
bien plu commun encore chez les femmes, où il se complique
presque toujours alors d'un abaissement de l'utérus. J'cu ai
observé UII cas bien remarquable.
QUAllANTE-DEuxrÈME OnSnrrVATrON.
Une dame *** avait eu plusicllr r enfants et avah heauconp
maigri après avoir été très-grasse. Depuis trois ans cette malade avait. perdu la voix. On croyait chez elle à une paralysie
du larynx. Ses digestions étaient toujours douloureuses et trèslentes; elle était très-affaiblie. Eu l'examinant, je fus frappé de
J'extt'ème rclà{',hement de ses parois abdominales. Dès que cette
dame, étant eou,ahée sur le dos, s'inclinait un peu à droite ou à
gauche, à l'instant toute la masse intestinale sc précipitait du
cÔté de l'inclinaison et semblait abandonner entièrfment le côté
opposé. Soutenant le ventre il deux main , en refoulant en haut
les intestins, j'éprouvai l'agréable surprise d'entendre cette dame
me dire à haute voix qu'elle ne souffrait plus. Son aphonie,
~laiL
duc sans doute au malaise qu'éprouvait le diaphragme
qui, dans ses mouvements d 'abaissement, n'ayant plus à repousser
les organes ahdomiuaux, n'était plus soutenu par cux. Une
ceinture abdominalc apporta ù cette dame le plus grand soulagement, et luj rendit la voix qn'elle perdait de nouveau dès
qu'elle Mait sa ccintUt'c.
�-
99- ·
Je pourrais ajouter beaucoup d'autres faits il ceux-ci', mais
ils suffiront, je n'en doute pas, pour fixer désormais l'aLtention
sur un genre de souffrances bien faciles il guérir quand ou en
counaît la cause, et devant lesquelles les médicaments les plus
variés ct ]e régime le plus sévère étaient tout à fait impuissants.
Cet affaiblissement des parois abdominales est probablement
une des causes les plus puissantes du développement de l'emphysème pulmonaire et une de celles de l'agrandissement des
cellules des poumons des vieillards, ainsi que de la diminution du
nombre de ces cellules: il peut naître souvent de la mauvaise
habitude de dormir le baut du corps fortement relevé par d'épais
oreiUers : il mérite une grande attention de la part des malades
ct des médecins.
�100 -
CHAPITRE XV.
De 1'.ay(h·otllé,,·Rl.le et de IR Il.édeeine (le lU. I~"l'\.
Je ne peux pas passel' ici sous silence l'hydrotbérapie de
Prietznitz, non plus que la doctrine du savant M. Raspail, toutes
d~ux
ayant la prétention de guérir, beaucoup mieux que ne le
font les médecins) les gastt'ites et la plupart des autres maladies.
I:bydrothérapie, qui avait eu un moment de grande faveur,
est déjà tombée à peu près partout; on a remarqué que, pour
un petit nombre de guérisons solides, elle avait beaucoup d'insuccès dus, soit il la fatigue qu'entraîne la réaction puisRante,
nécessitée par ce traitement) soit et plus enco re à l'absence
de réaction, quand celle-ci ne peut plus a'voir lieu. Et oportet
ut ille qui vult bal'YIeari in aquà l'rigidà, disait Avicennes, sil
juvenis , ut ejus caliditas sit su{ficiens ad resistendum aquœ {rigidœ , etc. " L'opinion de l'illustl'e Arabe était celle de toute
l'antiquité; aussi une des grandes autorités médicales de notre
époquc, ITufeland dit-il: Ainsi la métbode tant vantée, qui a
pour but de rendre J'homme plus rohuste par l'usage fréquent
des bains froids, l'babitude de s'exposcr presque nu aux intempéries de la saison rigourcuse, et celle de supporter les plus
grandes fatigues, cette méthode, dis-je, ne produit d'autres
effets que de rendre nos organes plus raides, de les durcir
davantage, de les metlt'e plutot hors de ser'vice, et par suite
d'accélérer la vieillesse et la mort, au lieu de prolonger l'existence. "
Les bains russes, la douche écossaise et les simples lotions
d'eau froioe suivies de fl'i.ctions sèches l'emportent de beaucoup
sur J'hydrothél'Upie, soit comme moyens purement bygiéniq ues ,
soiL comme moyens de la thérapeutique. En lisant les obset'vntions contenues dans cet ouvrage et celles qui ont été pu .
(1
K
�-
101 -
bliées par d'autres médecins, on vena aussi u'n grand nombre
de guérisons obtenues, à l'aide des eaux thermales, dans des cas
beaucoup plus difnciles que ceux. où l'bydl'othérapie a réussi,
muis les guérisons dues aux. eaux thermales sont plus rapides,
plus solides, on lell- obtient avec bien moins de peine de la
part des malades et sans les exposel' à Mtel' beaucoup l'arrivée
de la vieillesse.,
,La doctrine de 1\L Raspall, en crédit dans le monde, n'est
pas admise par les médecins, non pas parce qu'elle est due à
un savant distingué, dont le nom en impose au public en même
temps que ses prétentions blessent un peu nos susceptibilités
médicales, mais parce que cette doctrine, qui, à l'aide de la
voie si trompèuse et si. facile de l'analogie, veut tout expliquer,
n'est pas mieux fondée ui moins dangereuse que celle de PI'Ïetwitz.
En 18:14, M. Henucci, alors élève en médecine, ayant montl'é
comment les fen:l1ues de son pays enlevaient au bout d'une
épingle l'acare de la gale, on pria 1\1. Raspail de démontrer
cet insecte microscopique à l'hôpital Saint-Louis, ce qu'il fit
avee beaucoup de distinction; mais parce que d'un grand nomlwe
de pustules de gale part un p(·tit sillon au fond duquel sc cache
l'acill'c, en inférer que les neuf dixièmes de nos maladies sont
ducs ù des cause semblables 1 que si ce nc sont pas des acares,
ce sont les diverses variétés d'helminthes ou d'autres animaux
qui les occasionnent, alors qu'on n'apporte à l'appui d'une
semblahle assertion aucune espèce de preuve, c'est, il faut en
convenir, a voir une imagination bien vive, bien [)oétique, bien
orientale, mais faire bon marché des règles de la logique ou
compler beaucoup sur la crédulité du public. D'ahord M. llaspail
aUI'ait dCl démontrel' que l'aeare de la gale est la cause ùe cette
ma ladie ('t non pas l'un de ses effets, ce qui est cn'eore à déterminer; ensuite il aUI'ait dù faire voir, dans la fièvre typhoïde par exemple, les animaux quelconques qui, snivant lui,
l'ongent et ulcèrent les intestins; dit'e pourquoi ces prélcndns
animaux s'atlaquent plus pal,ticulièl'emcnt Ù L'ileum et aux par'ties
déclives de cct inlestin; il aUl'ait dù l'air'e la mème dl;JllOIIstl'alion
pOUl' toutes Ics autl'es affections qui rcc'()flllilisf\ent, sui,ant lui ,
�-
102 -
des causes animées. L'analogie, s'éerie-t-il! mais d'abord l'analogie
explique et ne prouve pas, et puis quelle analogie peut - il
trouver entre les symptômes de la gale et ceux des gastrites
aiguës ou chroniques, entre ceux de la gale et ceux de la fièvre
typhoïde, ou, si vous le youlez, des maladies syphilitiques? Mais,
dira-t-il, si mes démonstrations ne prouvent rien, mon traitement
réussit. Non, le traitement ùe lU. Raspail ne réussit pas. Exceptionnellement, sans doute la médication tonique peut produire
de très-bons effets, c'est ce qui arrive aussi du traitement du
docteur Benee, de celui d'une foule d'autres guél'isseurs. Le
remède Leroi a fait des miracles à côté d'un grand nombre de
victimes.
L'cau prétendup.sédativc de M. Raspailest une eau très-excitante.
Elle est la copie àu liniment anti-goutteux de mon frère, seulement lU. Raspail remplace la soude par l'ammoniaque, et du
reste, son pharmacien, 1\I. Morel, avait longtemps préparé le
remède allli-goutleux avant de préparel' l'eau édative. Ce n'est
donc qu'ulle imitation et une imitation malheureuse. Les liniments alcalins conviennent dans tous les cas olt la peau fonctionne
trop peu, ainsi que l'a démonlt'é mon 1'r0re, non pas à l'aide
de l'analogie, mais à l'aide de CeS ex périences que l\T. Raspail
savait si bien faire et qo'il abandollue pour se livrCl' à tous
les hasards ùe l'hypolhèse. Dans une foule de cas où lU. Raspail conseille son cau prétendue sédative, il faudrait des 10Lioos d'eau froide ou d'eau acidulée ct non pas d'eau alcaline.
Duns la fièvre eéréhrale de l'enfant, par exemple, que l'on guérit
si bien av cc lrs lotions d'cau froide pure ou mienx d'cau froide
acidulée, conseiller les lotions alcalines: c'est plus que ha 'ardeux,
c'est mortel; et cOllseillel', ' comme 1\1. Haspllille fait encore, dans
les fièvrés intermittentes quotidiennes: tierces, qUaJ'tes et pernicieuses, le mème traitement: c'est déplorable. Que dire au ide
sa théorie des maladies ùe poitrine, dues suivant lui aux œufs
d'iusectes cl à la poussièl'e'? Eu Algérie, il Y a hcaucoup d'insecles, bcaucou [l de poussière, beaucou Il de SClIIellee ' entmÎnée
pal' les vents: il n'y a pas <le phthisies pulmollaires; il Y a
tr(!s
~ pCU
de maladie aiguës de lu poitrine, et cc ' dernières, chez
\10US , sout infinimellt plus communes dan ' les saisons humide,'
�-
103 -
et l'mides, où l'air ne charrie ni œufs d'insccles, ni pou:.sière ,
ni semences, que dans les saisons chaudes. Mais, dira M. 'Raspail, et cet épi de seigle qui Lmverse le poumon en causant
tous
les accidents amenés par l'inflammation de cet organe. Mais,
"lui réponuL'ai-je, cet épi de seigle est une des causes noml)l'euscs
des iuflammations des poumons, qui, aveC le reste de nos
organes, peuvent être divel'sement impressionnés par tous les
agents physiques qui agissent sur eux; enfin, j'ajouterai qu'un ,
médecin chimiste comme lui aumit dl). savoir que, bien avant
lui, mon frère avait parlé des propl'iétés de l'ammoniaque, mais
de ses propriétés béchiques dont M. Raspail ne parait pas se
douter, et que nos prédécesseurs employaient déjà en conseillant aux phthisiques de respirer l'air ammoniacal des étables.
Mais j'ai guéri telle et telle personne: quel est le médecin si
ignal'e qu'il soit qui n'en puisse dire autant'? Est-ce que souvent la
naLure ne guérit pas malgré les remèdes? Est-ce que les médecins
instmlts se sont jamais attl'ibué l'honneur de toutes les guérisons
qui s'opéraient chez leurs malades? M. Raspail fait mieux ct
s'honore même de ses insuccès. Ainsi il donne comme exemple
de la bonté de s,a méthode l'histoire d'ulle dame opérée d'un
cancer du sei LI , d'après son conseil, sous ses yeux, et pansée
par lui tous les jours. Au bout dc 40 jours la plaie n'était
pas cicatrisée, et tous les accidents se reproduisaient avec une
déplorable violence. Il est b!en fâcheux que 1\'1. Raspail nc soit
pas resté le chimiste distingué que nous applaudissions tous.
Si, au lieu de prendre pour épigmphe une sentence d'Hippocrate, H s'était souvenu de celle-ci " q,ge quod agis» ct nous avait
doollé une nouvdle édition de sa chimie organique, corrigée ct
augmcntée par de bonnes observa Lions , il aurait bien plus fait
pour sa gloire ot pour l'humanité.
Son régime, beaucoup trop tonique pOuL' un gl'and nomhre
de personnes, usc et affaiblit hien longtemps avant l'ùge les '
voies digesLives; il fait manger davantage, digél'er vite d'abord,
mais c'est là un ciel gros d'orag-es. Du reste l'ien n'es t horrible
de puanteur comme un ménage de ses fanatiques .. L'odeur ùe
l'ail, mal'Îr.e il celle du eampbre, est quelque chose de détestable.
Un camp d'Arobes n'esl certainm~L
pas si infect. Dans le
�-
104 -
midi) l'aiL sert prcsque de pain) la CUlsme y est des plus
épicées, 'eL certes la moyenne de la durée de la vie n'est pas
plus élevée à Montpellier et à l\larseille qu'à Nancy et à Metz,
oü le régime est moins excitant. ] ~ l médecine comme en tout, il
faut redouter ce qui est e~csif
.
�lOf>
CHAPITRE XVI.
l'flahultes ellrolliques tles reins et cie la vessie.
Au commencement de cet ouvrage, à l'occasion des fonctions
de la peau et du tube intestinal, nous avons dù pader desconnexions étroites qui unissent ces organes aux reins, aux
urétères et à la vessie. Nous avons montré que l'appareil urinaire devait être aussi compté au nombre des principales sources
de l'électricité négative du corps, et nous avons vu que, d'après
les expériences de mon frère, l'urine cessait d'être acide alors que
la transpiration cutanée ne l'était. plus.
Or, tous les médecins ont observé depuis 10ngtemp!1 combien
les maladies des reins et ùe la vessie, les affections calculeuses
surtout, étaient communes chez les goutteux. La raison en est
facile à comprendre. Chez les goutteux, en effet, les fonctions
pour éliminer du corps
de la peau ne sont pas assez activ~s
les substances acides qu'elles devaient excréter. Les fonctions
des reins sont affaiblies en même raison; l'urine n'est plus acide
ou ne rest pas assez, le temps de l'accès excepté; dès lors il y a
précipitation de phosphate de chaux et de phosphate ammoniacom.agnésien, qui, entrainant avec eux plus ou moins de matières
animales, peuvent devenir la base d' une foule de calculs et l'origine d'inflammations au si douloureuscs que graves.
Une constitution goutteuse, l'habitation d'une maison humide
et sombre, lB défaut d'exercice, des pas:ions tristes, l'abus
des plaisir's vénériens, celui des liqueurs alcooliq ues, les maladies des organes génitaux, celles du tube intestinal, les coups,
les chutes, les secousses dans les voitures trop dures et l'hérédité sont les principales causes des maladies des reins et de
ln vessie.
�-
106-
Souvent ces affections se compliquent d'une irritation primitive ou secondaire de la moëlle épinière. Dans tous les cas,
ce dernier accident mérite une attention soutenue.
Quelle que soit la cause qui détermine ces maladies, alors qu'elles
sont enCOl'e du domaine de la médecine, nos eaux sont un des
plus puissants moyens de les combattre. Mais pour que leur
action soit le plus efficace possible ·, n est nécessaire de les sec'onder par un régime approprié à la nature et à l'intensité du
mal.
Si donc le point de départ de la maladie est une excitation
des voies digestives, ou si elles sont irritées consécutivement
aux voies urinaires, un régime peu abondant et composé des
aliments les plus doux, est alors indispensable. A lui seul, il
exercera souvent contre le mal une grande et heureuse inil uence, mais à lui tout seul, il suffira bien rarement pour amener
la guérison.
Dans les cystites et les néphrites chroniques, nos eaux minérales, f,'oides ou chaudes suivant les cas, conviennent parfaitement en boisson, alors du moins que le tube intestinal
peut les supporter. En effet, ces eaux légèrement alcalines, en
augmentant les sécrétions acides du tube intestinal, peuvent exercer
une action semblable, mais sympathique sur les reins et la
ve sie, en même temps qu'elles augmenteront la quantité de
l'urine sécrétée par les reins, et qu'elles produiront, lors de
leur sortie, un jet plus considémble, qui entraînera facilement
de petits graviers antérieurement formés.
Disons cependant que, si nos ('aux sont parfaites comme médecine de la cause qui produit la gravelle et les calculs réuau ,
les eaux de Contrexéville, habilement et consciencieusement dirig~es
par lU. le docteur Mamelet, l'emportent de beaucoup sur
lcs 1\ôtres pour procurer la ortie de ces produits morbid e ,
causes. i fl'équente de douleurs atroces.
La supériorité des eaux de Contrexéville dans co cas tieut
m'tout il ce qu'elles excitent très-peu les fonctions de la peau;
que tout leut effet sc porte sur les J'eins dont ellcs augmentcnt
aussi beaucoup la srcl'élion, l'urinc agit mécaniquement alor's
pour entraîner lrs calculs; mais la cause de la maLadie subsisL
�-
107 -
après le départ de son dangereux produit, il faut donc la combattre.
Nos bains chauds, nos douches générales et locales sont parfaitement indiqués alors: ce sont les meilleurs, les plus puissants
moyens à opposer à ces maladies.
Mais quelque avantageuse que soit l'action de nos eaux contre
les cystites et les néphrites chroniques, on doit souvent leur
adjoindre, indépendamment du régime, le secours si puissant
des saignées locales, surtout lorsqu'il y a complication de myélite.
Les applications de ventouses scarifiées ou de sangsues sur les
régions lombaire, hypogastrique et périnéale, impriment souvent au traitement la marche la plus rapide et la plus heur.euse.
QUARANTE-TROISIÈME 013SERVATION.
M. le Laron D ... , Anglais, d'un tempérament lymphatlque,
âgé de soixante-cinq ans, vint à Plombières en 1826, pour se
guérir d'un catarrhe de la vessie fOl't ancien et assez grave.
Son urine était abondante, mais puriforme et très - fétide; il
éprouvait souvent, lorsque la température devenait humide et
froide, des douleurs gravativcs à l'hypogastre et dans les lombes;
de difficulté d'uriner.
elles étaient alors fréquemment ~uives
, Je prescrivis à ce malade l'abstinence des liqueurs fortes et
des viandes noires, la boisson de l'eau savonneuse et du petit
lait, des bains chaqds, et tous les deux jours, des ventouses légèrement scarifiées sur les régions lombaire et hypogastrique;
je lui lis porter des vêtements de laine sur la peau, ct je lui
commandai un exercice modéré mais soutenu.
Sous l'influence de ce trai tement, 1.\'1. D. , . obtint, en quelques
jours, une si grande amélioration que son urine, redevenue
pad'aitement ll'ansparcnle, lie laissait pas même apercevoir d 'énéorème; mais ne pouvanl pas résisler à l'attrait qu'avaienl
pour lui les viandes noires et les vills géné['eux , il Il'oblint
qu 'un soulagement momenlané au lieu d 'une guéri 'on solide.
Il est impossible de guérir un malade qui s'obstiue il demeurer
sous l'empire des causes qui ont développé son mal.
�-
QOARN'1I
~ -Q
lO!:! -
A'l'lHÈl\1E OllSEltVATIO .
l\J. C... , de Chaumont, près de Reims, âgé de vingt ans ,
bien développé, ayant conservé assez d'embonpoint, était depuis
près de sept ans tourmenté pal' une néphrite intermiLtente des
plus graves. A la suite d'un jour ou de deux au plus de calme,
la maladie s'annonçait par des douleurs sourdes daus la région lombaire; après être restées quelques heures au mème
degré, devcnant plus intenses, elles suivaient le trajet des uretères
et s'emparaient de la vessic. Bientôt tout le ventre devenait excessivement douloureux, le malade avait de continuels vomissements et de forte épreintes. 11 urinait fréquemment, mais peu
à la fois, et son urine était sallguinolente.
Ce triste état durait souvent plus d'un jour, puis peu à peu
le mul diminuait, les urines alors devenaient sédimenLeuscs.
Enfin après quatre ou cinqjoul's d'horribles souffrances, 1\1. C...
avait de vingt-quatre à trente heures de repos.
Un traitement auti-phlogistique sévère avait échoué. De larges
moxas sur la région lombaire n'avaient amené aucun soulagcment.
J~c
quinquina, le sulfate de quinine il très-hautes doses n'avaicnt
produit aucun effct. Tous les rcmèdes empiriques u\'uient été
sans Je moindre résultat avanlagcux. 1\1. Dupuyll'Cll pensait,
ain i que d'autres médecins disLÎllgués, que ce mal était produit
par' un calcul rénal. J ~ e maladc vint à Plomhières pendant l'été
de J 827, et il me chargea de diriger sa cure.
Après un cxamen attentif, je ne pensai pas que cette grave
affeclion fût produite par la préscnce d'un calcul; je l'attribuai
à une in{lammation intermittente, d'aulant plus difficile il vaincre
qu'cllc élait plus ancienne. Je débutai d'abord pal' des bains
prolongés, dcs applications de ventouses scarifiées SUI' les lombes
et les flancs, et j'obtins ainsi unc J gère amélioration. Je parvins
à prévenir le relour d'un accès tout entier. Plu confiant que
mon pronostic, jc crus devoir alors omployel' nos
jamais d~ns
caux a vee la plus grande éncl'll'ie, et au heures Oll Je mal se
montrait lc plu ordinairemcnl, jé Hs prendre il ~I.
C... des
�-
Ion -
bains à 36 et 38 degrés "R~aumr,
dans lesquels il restait dix ,
douze et quelquefois quinze minutes.
J'obtins de cette médication les plus encourageants résultats.
Le malade prenait ordinairement ce bain très - chaud dans
l'après-midi. Bientôt je lui prescrivis le matiu une douche générale de 43 à 44 degrés Réaumur. Il est inutile de dire que,
pendant ces exercices si violents, je ne quittais point M. C ...
Il partit de Plomhières parfaitement bien, et deux ans après,
il m'éct'Î"it pour me remercier, et me dire que nos caux. l'avaient
complétement rétabli.
QUARANTE-CINQUIÈME OBSERVATION.
JUliO L. fi .. , était âgée de vingt ans environ, lorsqu'au printemps de l'année 18{14, elle fut prise de douleurs très-vives
dans la région du rein droit, accompagnées de vomissements.
Les urines étaient rares, épaisses, sanguinolentes; la douleur
du rein s'étendait souvent le long de l'urétère jusque dans la
vessie et dans la cuisse droite; il Y avait tous les jours de violents
accès de chorée. La mère de cette demoiselle avait en une affection
calculeuse du rein droit dans sa jeunesse et avait rendu un
calcul à l'époque de sa première couche. Son père est goutteux.
Je pronostiquai une affection calculeuse du rein droit, et apl'ès
six sema ines de traitement, je réussis à faire disparaître lo::! vi ves
douleurs qui avaient tant tourmenté notre jeune malade. Nos
bains tièdes, prolongés pendant tl'ois ou quatre heUt'es, amenaient
toujours un très-grand calme et ils doivent être comptés pOUt'
beaucoup dans le rétablissement momentané de Mil" li ... Mais
elle n'avait pas rendu de calculs. Cette jeune personne était
d'une santé habituellement mauvaise, et elle semblait rechercbél'
du reste toutes les occasions de la rendre plus mau vaise cncor'e;
aussi, malgré la gravité de mon pronostic et malgré tous mes
conseils, ne prit-elle aucune précaution pour évitel' une rechute
qui eut, lieu au mois de décembre 1845. La douleu!' de côté
s'étendant jusque duns la vessie et lu cui e, les vomissement · ,
�-
110-
les urines rares, sanguinolentes ou muqueuses, la chorée, tous
les accidents enfin de l'année précéd,ente reparurent, mais plus
violents encore. Tous les soirs, vers quatre ou cinq heures, il Y
avait un de ces redoublements que l'on rencontre dans d'autres affections calculcuses . Je portai toujours le même pronostic, et en
prescrivant de nouveau les bains et les ventouses, j'ajoutai comme
la première fois différentes tisanes émollientes et diurétiques: plus
de deux mois s'écoulèrent sans amener aucune amélioration. Les
bains, qui permettaient d'abord à l'estomac de digérer sans vomissements, perdaient peu à peu cette propriété. Je demandai
nne consultation. Un de mes confrères crut que nous avions
seulement à combattre une gastro-hépatite. La douleur que le
toucher développait dans l'hypocondre droit et les vomissements
lui cacbaient le véritable caractère de la maladie. Deux autres
de mes confrères furent appelés: 1\'IM. Mansuy et Crousse. Ces
Messieurs partagèrent mon opinion, c~urent
comme moi à une
affection calculeuse. Nous prescrivimes la tisane de ma'rcbantia
en continuant les bains de plusieurs heures, et huit jours après,
Milo H ... rendit le premier calcul. Il était d'acide urique et
avait le volume d'un petit haricot. Successivement elle en rendit
une vingtaine d'autres, et à mesure qu'ils sortaient, l'état général
s'améliorait beaucoup. J'e~pérais
une guérison complète et prochaine, mais notre malade se refroidit et contracta uue pleuropneumonie grave dont je réussis à la guérir encore. Cependant,
depuis lors son ventre resta ballonné et elle ne rendit plus de
calculs. Ses accidents nerveux, au nombre desquels il faut compter
les vomissements, continuaient, mais la nutrition se faisait trèsbien. Mlle fi ... avait tout l'embonpoint de la santé.
J 'avais voulu essayer de quelques promenades dans une voiture bien douce et SUL' une route bien unie, pour savoir si cette
demoise1le ne pourrait pas arriver à supporter le voyage de
Contrexéville, afin d'aller on hoirc les eaux et d'essayer de ce
puissant moyen contre les calculs, mais elle sc refusa absolument
à tenter cette fortune qui .pouvait encore être bien favorable.
Nous étions au milieu de l'été, je continuai nos bains pris
cbaque jour pendant buit ou dix heures, ct j'espérais une crise
heureuse qui débarrasserait la malade de ses calculs, ou la to-
�Il -
Jél'ance du rein qui pourrait finit' par se flétrir SUl' eux et
arriverait ainsi à ne plus causer de douleurs. C'étaient deux
bonnes terminaisons : on devait tout faire pour obtenir l'une
ou l'autre.
1\1. le docteur Ph. Hutiu vint sur ces entrefaites et fut consulté,
A première vne, il décida que les calculs n'étaient pas d'acide
urique. Je les avais analysés. C'étaient, suivant lui, des calculs de
phosphateammoniaco-magnésien. Ils étaient rouges et ternes, et les
autres sont blanc-grisâtres et brillants; il faUait nourrir uniquement
la malade de ~égtaux
non azotés; et puis elle n'eut plus de calculs,
ses accidents n'étaient que nerveux, et tout en répétant la longue
série des médicaments conseillés dans les affections calculeuses
et que j'avais tous employés déjà, il voulut des promenadcs
cn voiture et conduisit lui-même lW'o H ... à Hérival, dont une
pal'tie du chemin est détestable. Il fallait sauver cette malade: je
prévins ses parents de l'immense danger que ces secousses devaient
faire naître; j'annonçai comme inévitable, dans ce cas, l'abcès du
rein malade et la mort de la jeune fille quelques heUl'es aprèfl l'ouverture de l'abcès dans la cavité péritonéale, et je cessai mes viites. 1\'r. le docteur Hutin continua à promener Mll e H ... avec un
.'uceès apparent. Les accidents nerveux semblèrent di paraitre.
On criait victoire: il était bien à regretter qu'on n'eût pas soigné
plus tôt ain i cette jeune personnc; mais bientot ses douleurs revinrcnt plus vives que jamais, et la mort arrivée, ainsi que je
l'avais annoncé six mois auparavant, vint donner un cruel démenti aux assertions bien légères de mon confrère, qui aurait
dü savoir que, dans toutes les maladies, des reins, et surtout
dans les affections calculeuses, on doit redouter les sccousses.
" Les effets de la commotion sont plus sensibles chez les individus qui portent des calculs dans les reins ou les urétères "
dil 1\1. le docteur Rayer. AuthellBc rauge le cahot des voiture parmi
les causes de l'inflammation des reins.
M. lc doctcur 'Ferrus dit: " 11 est une prédisposition à la néphrite infiniment plus directe, plus certaine que toutes celles-ci,
c'est la présence de gr&viers dans les voics Ul'inaires. " Ainsi,
dans cet étal morbide de l'urine , la moindre errenr de régime,
un exercice violent, un voyage dan une voiture rude, penvent,
�-
112-
oit en augmentant la quantité des sels concressibles, soit en
provoquant Ic passage dans l'urétère, déterminer la phlegmasie
de ce canal et par suite celle de l'organe s9créteur auquel i.l
adhère. . . .. C'est aussi dans cette variété de maladies qu'il
faut surtout éviter l'usage du cheval, des voitul'es rudes, etc. »
Hufeland, parmi les causes de la néphrite, range entre autres
les calculs rénaux; l'équitation, les cabots d'une voiture. Tous
les pathologistes sont unanimes sur ce point-là. M. le docteur
Pb. Butin, qui, dans son Guide des baigneurs, a la prétention de
nous rappeler aux règles de l'art ,.les a, lui, complétement oubliées dans ce cas.
Ici, on le voit) nos eaux n'ont pas pu triompber d'une pyélite
calculeuse, les calculs étaient d'acide urique. Nos bains adoucissaient les douleurs; à la longue sans doute ils auraient pu
amener la guérison, mais en agissant surtout comme antiphlogistiques.
QUARANTE - SIXIÈME OIlSERVATION.
Pyélite calculeuse du rein droit.
A la même époque, je soignais Mlle G.... égalcment de
Plombièl'es, et qui présentait des accidents absolument semblables
à ceux de 1\1110 H. .. Seulement elle souffrait du rein gauche,
sa mèrc était morte d'une affection de ce , rein présumée calculeuse. Mlle G ... avait les mèmes accès de cborée, les mêmes
vomis ements, les mèmes douleurs du rein s'étendant à l'urétère, il la vessie et à la cuisse, ct le même redoublement le
soir. Seulement, plus àgée que iU lie Il. .. , elle était beaucoup
plu maigre) plus affaiblie; ses urines peu abondantes étaient,
comme celles de Mlle H ... , tantôt muqueuses, tantôt sanguinolentes. lU. le docteur Rutin, qui vit aussi cettc demoiselle
mais qui ne la soigna pas, pronostiquait sa fin procbaine tandis
qu'il annonçait la prompte ct complète guérison de 1\1" 0 fi ...
JUlie G ... vit encore. Elle est moins maigre) moins faible qu'elle
ne l'était alors. Elle n'a pas rendu de calculs, mais aux douleurs piquantes qu'elle accu c et qui semblent partit' d tous
�-
1[3-
les caHces du rein, on pent supposer qu'ils sont en effet, tous
ou à peu près tous, remplis de calculs, ainsi que le bassinet;
mais on a le droit d'espérer que bientôt la tolérance s'établira
et amènera la guérison de cette intéressante demoiselle. Depuis
plus d'un an elle offre un phénomène assez rare et que l'on
rencontre dans quelques familles des Hautcs-Alpes. Elle pleure
souvent des larmes de sang; il lui en sort par les oreilles, le
le milieu du dos, le dessus de la
bout des doigts) les aisen~,
tête, la bouche, le nez et toue~
les autres ouvertures.
. Chez elle encore nos bains ont échoué; ils ont bien produit
d'abord un grand soulagement, mais cet cffet n'a été que momentané. L'acupuncture me réussit parfaitement chez cette demoiselle et diminue ses douleurs de la manière la plus remarquable.
J'introduis les aiguilles dans le tissu cellulaire sous-cutané et je
les y laisse pendant plusieurs jours. Dès leur introduction il y
a un soulagement des plus marqués. Ce~
aiguilles n'agissent que
comme conductrices de l'électricité qui surabonde autour de
l'organe malade. Quelles eaux minérales aurait-on pu lui conseiller? Et comment le trouble qu'amène la maladie du rein
agit-il pour produire les curieux phénomènes hémorragiques
qu'on remarque chez elle?
11
�Il!~-
CIIA.P IT RE XV Il.
lUaladJelil Ile .Ioitrine.
Nous avons vu, au commencement de cet ouvrage, que les
poumous étaient des organes positifs, absorbant l'oxigène, le
plus négatif de tous les corps, et absorbant aussi, avec une rapidité souvent funeste, les gail acides, qui sont également des
corps négatifs. Nous, avons dit alors que les poumons pouvaient
être considérés comme les antagonistes de la peau; que ces deux
vastes organes devaient maintenir l'équilibre dans l'économie,
par une égale production des 'deux électricités positive et négative.
Si maintenant nous examinons les circonstances sous l'empire
desquelles se développent les maladies des poumons, nous verrons que presque toutes tendent à produire une tension douloureuse de ces organes: que c'est par suite d'une diminution
dans la production de l'électricité de la peau que celle des
poumons sc concentre sur le pareuehyme pulmonaire et sur
les membranes qui l'enveloppent, pour produire presque toujours
des inflammations aiguës si graves, ou pOUL' amener des in!lammations chroniques qui président à la formation de tubel'Cules
et amènent plus ou moins rapidement la mort. Tous les faits
concourent à établir cette loi, et cette loi est non-seulement applicable à l'hommé, mais aux mammifères et aux oiseaux, ainsi
que j'ai eu de nomhL'Cuses occasions de le constater.
On conçoit ùès lors la grande utilité, dans la plupart des maladies chroniques de la poitrine, de tous les moyens qui tendent
à acliver les fonctions de la peau, quand le médecin surtout
peul reslcr le mallre d'en régler J'action; sous ce rapport, les
eaux de Plomhièl"S onl encore parfaitement ·indiquées. Plus
dluutles, plus minéI'alisécs que celles du Mont-d'Or, elles leur
�11 fl1 scraient heaucoup préférables dans cc cas, si cnes étaient fi une
aussi grande élévation au-dessus du niveau de la mer, et cependant elles sont assez élevées déjà pour que la diminution de
pesanteur atmosphérique vienne, chez les habitants des plaines,
concourir avec elles, employées en bains chauds, en douches
et souvent en étuves, à la guérison de catarl'hes pulmonaires
chroniques et de pneumonies chroniques, sans lésions graves
de tissus.
L'hémoptysie, du moins chez les femmes, n'est pas toujours
alors une contre-indication à l'usage de nos eaux; cependant
cet accident, souvent si grave, mérite toujours de la part du
médecin la plus sérieuse attention.
Elles peuvent être fort utiles aussi contre toutes les affections
du cœur de nature rhumatismale, et beaucoup de celles qui
amènent ensuite d'jrremédiables désorganisations, ne sont pas
autre chose dans l'origine. Nos bains alors, en rendant à la peau
sa première énergi.e, doivent être classés parmi les meilleul's
moyens fi prescrire.
Cependant nos eaux n'ont pas la réputation de convenir aux
maladies de poitrine. Cela vient de ce qu'on a essayé de les
appliquer dans des cas trop avancés pour qu'elles pussent encore, ou sauver, ou prolonger du moins les jours du malade.
Cela vient aussi de ce que l'on ignorait la manière de les administl'er contre ces affections, et que l'on pl'escl'Îvait des bains
tièdes et prolongés à des malades qui avaient besoin, au contraire, de bains chauds et courts, ainsi que les prescl'it avec
tant de succès l'habile et sayant médecin du Mont-d'Or.
Toutefois, gardons-nous de croire que, dans toutes les affections de poitdne, les bains cbauds soient convenables. En
effet, lln certain nombre dc malades ont, dans ces cas, la peau
habituellement chaude et d'une chaleur <lcre et incommode. Chez
eux une Lempératm'e éle.vée, si convenable dans la plupalt des
maladil's du poumon, ne fait que redoubler les accidents. Cela
vient sans doute de ce que, chez ces malades, la peau produisant
une trop grande quantité d'électricité négative, il Y a effort
des poumon pour sc mettre en équiliure avec elle, ct par
suite, tension douloul'euse de ce dernier organe, augmentation
�-
llG-
de tous les accidents. Dans ce cas, au lieu de prescrire des bains
chauds, il faut au contraire recommander les bains tièdes et
pl'olongés; au lieu d'une méthode dérivative, il faut recourir à
une méthode tempérante.
Du reste, dans les graves affections de poitrine, il faut réunir
ces deux ordres de moyens. Opposer des tempérants à la fièvre
hectique, et quand l'accès est passé, recourir alors aux moyens
opposés. Mais avant tout, dans les maladies de poitrine comme
dans toutes les autres, le médecin doit s'attacber d'abord,
ainsi que nous l'avons dit plusieurs fois, à étudier avec soin
les lésions de sécrétion qui existent chez les malades,. et de
pareilles études nous mettront bientôt à même, je l'espère, de
triompher facilement de maladies que nous nous habituons trop à
regarùer comme incurables.
Avant de rapporter ici des faits puisés dans ma pratique,
qui prouvent l'utilité. des eaux de Plombières contre un certain
nombre de maladies de poitrine) je crois devoir dire quelle a
à cet égard, l'opinion de plusieurs hommcs de
été autrefoi~,
mérite qui ont écrit SUL' nos eaux. Ricbardot, dans SOli Nouveau
système des eaux chaudes de Plombières (Nancy, 1722), dit à
l'occasion des maladies contre lesquelles nos eaux sont efficaces:
• Les fluxions àcres et subtiles sur les poumons, la toux
sècbe, la difficulté àe respirer sympathique, ou par embarras
de flegmes épais et visqueux, les inflammations de la gorge,
s'y sont trouvées souvent guéries. La douleul' de ,poitrine s'y
évanouit, de même que les palp,itations du cœur, etc. ; l'enrouement invétéré s'y perd; l'extinction de voix, de pl,usieurs années
et rebelle à tout autre rcmèdc, s'y est plusieurs fois réparée •
Mengin, premier médecin de Léopold Jer, publiant cn 1734
de Remarques sur lfS eaux de Plombières, disait entre autre
choses : ., Maxime prosunt in tussi {erino, raucedine ct
astltmate. "
Dans une dissertation inaugurale, soutenue le 10 décembre
170(;, pUl' Pierre-Ahraham TiLoL, .de Monlbéliul'd, Sur la nature el les usayes des eau..x; thermales de Plombières, ce médecin,
(lnlllnérant les maladies il la cure de quelles nos eaux sont COI1-
�-
117 -
venables, dit : " Nous voyons qu'elles sont d'une grande utilité
dans la toux quinteuse, le râle et l'asthme , lorsqu'ils proviennent d'une humeur àcre et salée sans ulcération des poumons. »
Jean-Claude Morel, dans une autre dissertation sur les Ea'llx
de Plombières, soutenue sous la conduite de Dieu et la p1'O-
tection de la Vierge divine et la présidence du très-célèbre, trèssavant et très-illustre 1\'I. Charles, etc., le 14 mai 17 116, disait
de nos e/lUx qu'elles sont surtout vautées parce qu'elles adoucissent la toux, portent le remède aux 'affections de poitrine, etc.
Rouveroi, médeciu à Plombières, rapporte, dans SOIl petit
Traité sur Eaux, le fait suivant:
QUARANTE-SEPTIÈME OBSERVATION.
" Son Altesse Charles IV, étant incommodée dudit mal d'estomac et d'un grand battement de cœur, fut conseillée pal'
MM. Dancy et Mousin, ses médecins, de venir aussi boire de
ces caux; laquelle, pour s'en être bien trouvée, ne manquait
pas tous les ans deux fois d'y venir, accompagnée de plusieurs
princes et de toute sa cour} etc. »
QUARANTE-HUITIÈME OllSERVATION.
Ce même Bouveroi, médecin et pharmaoien il Plombières,
" fut attaqué, dit Le Maire, d'un crachement de sang occasionné
par des excès de régime. ,Il mit inutilement en usage les remèdes ordinaires : comme il était dans le préjugé commun, il
n'eut recours à la boisson des eaux cbaudes que quand il vit
que les autres remèdes étaient sans effet. Cependant, la boisson
des eaux dissipa bientôt la chaleur qu'il ressentait, modéra et
guérit enfin parfaitement le crachement de sang, et le délivra
de son préjugé (1) .•
(1) R('ma"qucs de 111. LfI Maire , llu\(leeill li Remil'clIlon l , sur l" , ,'au .. ,lu
de Plol/I{,irl'l'.l', P"I' n UM
l'IIllll hii'l'r . Voyez lr T}'aité IListorif/ur tl" ,. ~al,T
f:,\ 1 .
ft1
~ 1.
�-
118-
Ces citations me semblent suffisantes pour prouver qu'autrefois
nos eaux furent en honneur pour le traitement des maladies
qui font aujourd'hui la spécialité des eaux du Mont-d'Or, et
que si leur réputation, sous ce rapport, semble avoir été en
décroissant jusqu'à nos jours, cela vient seulement de ce que
les médecins qui les administraient n'ont pas sù éviter les nombreux écueils de ce genre de traitement, si bien compris et si
bien dirigé au Mont-d'Or par le docteur Bertrand.
Il me reste à prouver maintenant, par mes propres observations, que, de même qu'autrefois, nos eaux, ~algré
le préj ugé
contraire, peuvent encore, ainsi que le disait Jean-Claude l\Jorel,
adoucir la toux et porter remède aux affections de poitrine.
QUARANTE-NEUVIÈME OBSERVATION.
Pneumonie chronique avec ulc ération présumée du loqe moyen.
du poumon droit .
M... , , âgé de trente ans environ, de petite taille, ayant
le thorax rétréci dans toutes ses dimensions, fils de phtbisique )
s'ent'humant très-facilement, avait toujours eu une grande prédisposition aux irritations d'estomac. Il me consulta au mois
d'octobre 1830; il avait alors t1'Olltc ans. Son teint était jaunepaille. Depuis un mois, il toussait beaucoup plus que de coutume;
il maigri 'sait rapidement, avait la respiration courte; ses crachats
étaien t en plaques verdùtrcs et souvent mêlés à beaucoup de
sang. Il l'essentalt ulle douleur profonde , mai peu intense,
ver-s la partie moyenne antérieul'e du poumon droit. La poitl'ine percutée rendait dans celle région un son mat, et l'auscultation y faisait reconnaître un 1'àle muqueux, accompagné
daw; un seul point d'une légère égophonie. La langue était
l'ouge à ses bords, muqueuse dans le l'este de son éteudue;
J'arrière-bouche, les amygdales, le voile du palais avaient lIlle
tei nte plus foncée eueOl'e que les bOI'd s de la langue, ce qu i
cx pliquail les douLeul" que le malade ressenlait 'dans Iles 1'6n-ion "
�-
119 -
Son angine etsagastrite avaientété aggravées par des gargarismes
très-chargés de nitrate de potasse, qu'un premier médecin lui
avait conseillés et qu'il avait avalés en partie,
Je prescrivis à 1\'1... d'habiter une chambre bien éclairée,
constamment à la température de 28 à 30 degrés Réaumur (1).
Toutes les fois que l'inflammation du larynx et du pharynx
se raviva, je la combattis par des applications de ventouses
scarifiées sur le col, par des frictions de pommade stibiée sur
la même région et par des aspirations de vapeur d'eau tiède.
Je le soumis à un régime sévère, je le condamnai à un silence
presque absolu; et après quelques applications de ventouses
scarifiées sur les ,régions malades, j'entretins continuellement
une forte dérivation à la peau, tantôt à l'aide de moxas superficiels, tantôt à l'aide de,1arges emplâtres de poix blanche ,
saupoudrés de tartre stibié.
Pour parer aux palpitations produites par un commencemenl
d'hypertl'<lphie du cœur, j'employai des moyens analogues, cl
je prescrivis quelquefois en outre le sirop d'asperges. 'Enlln ,
j'habituai mon malade à boit'e une grande quantité d'eau pure
à la tempél'uturc de sa chambl'e, Mon but" en agissant ainsi l
était de rétablir le tube digestif, dont les fonctions se faisaieul
(1.) ltlon li'ère a1né a proposo, il Y a quelqu s années déjà, de seconder le
traitement des phthisiques pal' l'emploi d'une I,autc tempéra ture. Plusieurs fails
lol'l curi eux m'onl prouvé que c'était un des plus puissants moyens contrc
ce lle si redoutable maladie, Il serait à dés i,'c,' que , près de chaflue gra nde
ville) on cons truisît de vastes senes ) dans lesl!uell es oes malades, ct tous ceux
1. 'lui le rl'oid de nos hi vers es t si souv en t mortel) trouveraient le climat des
l ' :gions é,!uatoriales, leur magnifiquc végétation, ct assez d'espace pour pouvoir
jouÎI' des agréments ct ùes bien la its de la promenade,
Le succès du premier étaWi ssemen t de cc genre) s'il est construit SUI' une gl'a nd!'
échelle) Il C pCUl ,!u'ètrc complet.
'1'outer.. is, I, il lolls-uous de dire que la serrC la plus vaste ne remplacera jamais
le beau cicl du midi) Où l'on devrait envoyer vivre ct se guérir tous nos phlloisÎllucs) mais non l' liS 1. la fin de l'automne) comme le prescrivent la plupart
d , 1108 co u['rèt'cs à loul's l'Ïcloes w ahl/l es. L'hiv cr du mid i de l'Europe peut 11
l'ci Il ' l'alclltir la march' ùe la I,hlhisic tub
c I '( : ul eus~,
con lractée dans dcs pays pluB
l'l'oiùs) laudis que l' été hrûlilnt du midi la guérirait preslJue toujoul's) si surtoul
1'''11 Il 'attc ndait pas 'lue la plU8 grande partie des poumons rût cOlllp,'omise.
�-
120-
fort mal, et dont les premières portions étaient en proie à une
inflammation chronique. Je voulais aussi, en mêlant le plus
d'eau possible au sang de ce malade, réparer d'une part les
pertes qu'il faisait par une abondante et continuelle transpiration, et de l'autre, rendre son sang moins propre à entretenir l'inflammation dont j'ai raconté déjà l'étendue et la gravité.
J'obtins de ce moyen un autre résultat d'une bien grande
importance. J'éteudis dans un plus grand volume le pus, qui,
sécrété dans un pouqJ.on malade, était en partie absorbé et altérait
~
ainsi la masse des humeurs.
rci les résultats dépassèl'cnt toutes mes espérances. La toux,
les palpitations cédèrent bientôt. La langue redevint nette, les
digestions se rétablirent.
.
Au printemps, M. o. put sortir aux heures les plus chaudes
de la journée. Au mois de juillet, il vint passer trois semaines
à Plombières, où des demi-bains et des douches sur les membres
et' le bas du tronc lui redonnèrent beaucoup de forces. Il dirigeait un établissement industriel considérable, et il est probable que, sans tous ces moyens, il aurait immédiatement
succombé.
Ce malade est mort phthisique deux ans plus tard. Il avait
quitté la ville qu'il habitait et il fut soigné dans sa nouvelle
résidence comme on soigne encore les phthisiques aujourd'hui.
Je ne doute pas qu'il eftt vu son existence se prolonger bien
davantage s'il était resté soumis à un traitement analogue à celui
qui lui avait été une première fois si favorable. Dans un cas
semblable, je prescrirais aujourd'hui nos bains cbauds à 34 ou
38 degrés Réaumur, d'une ou plusieurs minutes de durée. Je
prescrirais aussi des inspiratious ammoniacales au malade. Mon
frère a démontré, dans son Médecin dcs doulw?'s, combien ces
inspirations sont utiles alors. L'ammoniaque, électro - posilif
comme le poumon, tend à repousser loin de sa muqueuse l'électricité positive qui y cst surabondante quand celte membrane est
enllammée. Une cuillerée d'ammoniaque mise d'heure en heure
dans la chambre du malade et dans un vase ouvert suffit à cette
indication. On crée artificiellement ainsi l'ait' des étables garnies
�-
121 -
de beaucoup de fumiers, condition indispensable à leut' salubrité
dans les cas de pneumonies chroniques, et condition qui, jusqu'à
mon frère, avait été entièrement méconnue.
CINQUANTIÈME ODSERVATION.
Pneumon'ie chronique.
1\1110 B .. , de Plombières, âgée de 50 et quelques années,
d'une petite taille, d'un tempérament nerveux, fut atteinte en
1828, trois ans après l'époque de la cessation de ses règles,
d'une inflammation chronique du sommet du poumon droit. La
percussion de la poitrine, dans cette région, produisait un
son complétement mat. L'auscultation démontrait que le parenchyme était devenu tont à fait imperméable à l'ail'. La toux
était fatigante et presque continuelle, les pommettes étaient
ronges, la maigreur très-grande, l'estomac faisait fort mal ses
fonctions. Un de mes confrères, 1\1. le docteur l\lolin, alors
inspecteur des eaux de Luxeuil, vit avec moi cette demoiselle
une année plus tard et la considéra comme perdue.
L'habitation daus une chambt'e très-cbaude, le silence, un
régime sévère, des boissons mucilagineuses en abondance, des
saignées locales et générales très-modérées, un large exutoire
des applications ruhéfiantes sur le thorax, quelques pl'éparations opiacées et des bains de notre eau dans les saisons chaudes,
pris avec toutes les précautions indispensûbles dans un cas aussi
grave, triomphèrent en trois ans de cette maladie.
CINQUANl'E- NIÈME OBSERVATION.
Bronch o-card'ile chronique.
M. le général comte P .... avait contracté lors de la dcrni ère guene d 'Es pagne, une pleuro-pneum9nie très-grave, qu
l'on n'avait pu qu 'imparfaitement gLlérir.
t
,
�-
122-
D'un tempérament sanguin, 1\1. le général éprouvait, dcpui
cette dernière maladie, de fréquentes palpitations avec imminence
de suffocation; sa respiration était constamment pénible et
bruyante, l'exercice augmentait tous ces accidents. Plusieurs
fois la vie du malade avait été gravement compromise, et ce
n'était qu'à l'aide d'un régime sévère et de saignées fréquentes
qu'il était parvenu à la rendre supportable.
Nommé à un commandement de troupes du camp de Lunéville, 1\f. le général crut devoir profiter du voisinage de
Plombières, pour essayer si no eaux ne poul'l'aient pas lui
être de quelque utilité. Je reconnus chez lui une cardite chronique, compliquée d'une bronchite légère; peut-être les plèvre
avaient-elles conservé aussi quelques traces d'inflammation. Je
fis Icontinuel' le régime sévèl'e , fortement recommandé déjà par
le médecin ordinaire du général. Aux bains chauds, et pendant
leur durée, j'ajoutai tous les dcux jours une forte application
de ventouses scarifiées, tantôt à la partie postél'ieure, tantôt il
la partie antérieure du thorax.
Sou l'empire de ce traitement, la respiration devint bientôt
aussi facile qu'elle avait été pénible, et 1\1. Je général, qui
ne resta que vingt jours à Plomblèt'es, pouvait faire, à son
départ, plu ieurs lieues il pied, il travers nos montagnes les
plus escarpées, avec autant de facilité que l'homme le mieux
porlant, landis qu'à on arrivée il montait difficilement il un
second étage.
Cl QUANTE-DE XIÈME onSEuvATION.
Bronchite compliquée d'hémoptysie.
d' fI. .. , jeune dame, gmnde et il poitrino bien développée, mais d'une J'amiUe qui eompto plusieurs phthi iques,
lou . 'ait depui' plusieur moi , ct scs crachats étaiollt 'OUVCllt
m ~ lIugé
de 'ail!; l'Oug' ct flocolllleux. 1"e stéthoscop indiquait chel': clic l'existell 'C d'ulle bronchite étendue; SOli cœur
IJulpilait avec force ; el! avait souvcnt Ics pommettes rouge ';
JIII O
�-
123 -
du reste toutes ses fonctions, à cela près, s'accomplissaient régulièrement.
.
Son médecin ordinaire, mon ami, l\f. le docteur Guillemin,
de Saint-Dizier, praticien très-distingué, lui conseilla les eaux
de Plombières et m'adressa cette dame, pour la diriger pendant
son traitement. Une saignée du bras, des bains tièdes de trois
à quatre heures de durée, quelques douches, un régime doux,
beaucoup de précautions contre le froid et autant de silence
que je pus en obtenir, débarrassèrent Mmo d'H . . . , en moins
de six semaines, du mal si grave qui l'avait amenée ù Plombières.
Elle y revint l'année suivante, mais par simple précaution,
et depuis cinq ans sa poitrine n'a pas éprouvé la moindre
altération.
CINQUANTE-TROISIÈME OBSERVATION.
. Broncho-cardite compliquée d' hémoptysie et de myélite.
1\1'00 G .. " de Lunéville, jeune dame d'un tempérament ner-
veux, fille d'un père mort jeune et d'une mère hémoptysique
depuis nn grand nombre d'années, a le thorax peu développé,
surtout d'avant en arrière. Elle s'enrhume facilement, et ses
l'humes sont toujours opiniàtres. Son cœur bat habituellement
avec force. Elle se plaint souvent de douleurs de dos ou de
coté.
Depuis plus d'un an, elle avait au genou un abcès fistuleux, situé au-dessus de la rotule, et qui avait résisté au
traitement le mieux dirigé. Cet abcès était souvent fort douloureux; Mill" G. .. ne mar'chail qu'avec beaucoup de peine.
Son médecin, mon ami, M. le doctcur Castara, digne héritier
d' un beau nom médical, me l'adressa au commencement de
l'été de 1833 l pensant, avec raisou, que IIOS caux pourmient
triompher de sa maladie. 1\'1 1110 G .. , , à son arrivée ici, toussait
beaucoup. Malgl'é mes représentations, elle alla à la montagne
avec une société nomhreuse ct par 'un temp froid; à son
l'ctOUl', elle cmcha beaucoup dc 'ang , ct son sang était rouO'e
�-
124
et 110conneux. Une saignée du bra arrêta cet accident ; {Ill e
G. .. continua à se baignel'; je ne lui fis prendre que des demibains, mais prolongés pendant trois et quatre heures; elle oberva nn régime sévère, parla peu, supporta avec résignation
de nombreu es applications de ventouses scarifiées SUl' la colonne épinière, la région du cœur, le sommet de la poitrine et
le genou malade. A ces moyens j'ajoutai des douches modérées
autour de l'abcès. Elle quitta Plombières parfaitement rétablie.
Évidemment ici nos eaux n'ont été qu'un adjuvant, mai sans
doute d'une grande puissance. Elles ont agi comme excitant
des fonctions de la peau des parties inférieures du tronc et des
membres abdominaux, pendant que l'air de nos montagnes activait beaucoup aussi la transpiration insensible et que les \'Cntou es scarifiées soutiraient l'électricité positive dont la tension
était exagérée.
CINQUAl'lTE-QUATRIÈl\IE onSERVAT[QN.
Pneumonie chronique très-grave.
1\1. X ... ùgé de 30 et quelques années) notaiœ dan une
pclite ville du département des Ardennes, avait été mouillé et
refroidi à la fin de l'hiver, et depuis lors il avait ressenti
une forte douleur au-dessu du sein gauche et avait été tourmenté par une toux presque continuelle, accompagnée d'expectol'ations muqueuses. La douleur et la toux résistèl'ent à
tous le traitements employé contre elles. M. . . " vint à
Plombières à la fin de l'été 1833. Il était miné par une fi vre
continuelle, sa maigl'ep.r était voisine du mara me. La moindre
montée lui causait une forte oppL'e ion; on le eon idél'ait comme
perdu. A l'auscultation on reconnaissait du nUe sou crépitant
dans la moitié supél'ieure du poumon gauche.
Cette maladie avait, comme la plupart des pneumoni '8, le
froid pour caus premi( rc. Le ' fonction de la peau étaient
considérahlemcnt affaiblie ,j dUR chercb 'l' il le ' rétablir. .Je
�-
125-
prescrIViS en conséquence <les bains à 32 degrés Réaumur, qui.
d'un quart d'heure de durée furent successivement portés à 314
d'heure. et à la suite du bain, une douche en arrosoir et générale, qui, commencée à 32 degrés, était rapidement portée à
37 et 38 degrés Réaumur et durait de 3 à ;:, minutes. C'était
au bain Romain que je faisais baigner ce malade. Reporté chez
lui dans un lit bien chaud, il Y suait abond.amment pendant
une beure, et sa chambre, bien chaude aussi, était constamment
remplie de vapeurs ammoniacales. D'heure en heure on en
versait une cuillerée dan's un vase ouvert. Ce traitement eut ,
une merveilleuse réussite. En moins de trenLe jours 1\1. X ...
avait retrouvé une santé excellente. Tl pouvait gravir facilem'ent
nos montagnes; il ne toussait plus, il ne souffrait plus.
CINQUANTE-CINQUIÈME 013SERVATION.
J'ai soigné, en 1826 , avec un de mes confrères, Mmc de M...
Cette dame, ùgée de quarante ans environ, était arrivée ici
avec une toux sèche et ancienne qu'elle disait nerveuse, et avec
quelques dérangements des fonctious gastro-intestinales.
Le .sentiment d'une chaleur 'habituelle et fort incommode,
lui fai sait avidement rechercher l'air froid. Je fis d'inutiles efforts
pour la convaincre qu'en agissant ainsI, eHe courait à une mort
inévitable; sa toux n'était que nerveuse, eL trois ans plus tard
elle mourut phtbisique.
CINQU ANTE-SIXIÈME OBSERVATION.
Mmc •.• , aussi à l'ùge du retour, vint en 1827 à Plombière .
Depuis plus d'un an elle toussait beaucoup. Depuis plusieurs
mois elle avait une forte extinction de voix. Le SléLllOscope démontrait l'existence d'une pneumonie étendue. M,ne. .. devaiL
ùonc s'cntourer des plus grandes précautions. Le silence cL
l'habitation dans une chambre conslamment chaude éLaient pour
elle de ri guel1l' ; mais, pein tre distin gué, elle voulait connaître
�toutes nos montagnes,
et chaque soir, après
recevait chez elle une
chaque jour son mal.
quelques mois après,
la phthisie.
126-
toutes nos vallées, les dessiner touLes ;
nne promenade de plusienrs lieues, elle
société nombreuse; elle aggravait ainsi
Mes représentations furent inutiles, et
]\:[ffiC••• mourut dans le dernier degré de
CINQUANTE-SEPTIÈME OBSERVATION.
Un an plus tard, je me souviens d'avoir rencontré dans le
monde une jeune demoiselle chlorotique que soignait un de IDes
confrères. Cette demoiselle toussait depuis longtemps, mais elle
aimait éperdûment la danse, et, mourante déjà, elle dansait
à cbaque bal depuis le commencement jusqu'à la fin , et sa mère
espérait ainsi la guérir! Il est inutile de dire qu 'elle ne retira
aucun avantage de son séjour ici, et qu'elle fut, peu de temps
après son retour cbez elle, une nouvelle victime de la phthisie
tuberculeuse.
J'ai rapo~é
ces trois observations, afin que les malades
qui pourront les lire restent bien convaincus que nos eaux,
par cela seul qu'il en feraient usage, ne seraient point pour
eux une espèce de palladium à l'aide duquel ils pourraient impunément tout braver.
l,a lecture attentive de ce cbapitre doit démontrer que nos
eaux ont la mêmc puissancc que celles du Mont-d'Or dans le
traiLement des maladies chroniques de la poitl'ine, cc qui est
trèlS-imporLant pour tous nos départements de l'est de la France.
Cette lecture doit aussi amener à des idées nouvelles sur le
traitement de ccs graves affections, alors que l'on ne peut recourir aux eaux minérales. Sachant que c'est à l'ammoniaque
qui se dégage du fumier, qUll l'air des étables doit sa vieille
répulation dans le traitement des maladies chroniques des poumons, on recommandera dc laisser toujours beaucoup de J'umier
daos les étahles où devront babiter des poitrinaü·es. On pourra
jusqu'à un cerLain point remplacer nos eaux et celles du l\fontcl 'Or par des bains alcalins et très-chauds. Enfin, à défaut ù'é-
�-
127-
table, on fera vivre les malades dans des chambres au midi et
maintenues à 28 degrés n. de chaleur; on répandra à dose modérée de l'ammoniaque dans l'air de ces chambres.
l,es malades se trouveront presque toujours très- bien aussi
des bains de soleil que les Grecs nommaient êliDsin et que nous
avons entièrement oubliés. « Et sole torrendum corpus u est
un précepte bien souvent applicahle dans le traitement des maladies chroniques, dans celles de la poitrine surtout. Le massage
des extrémités inférieures, les exutoires intéressant le tissu cellulaire, l'acupuncture, en faisant glisser les aiguilles sous la peau,
dans les régions de la poitrine où les poumons paraissent le plus
compromis, et en les y laissant chaque fois deux ou trois jours
à demeure, sont aussi des moyens d'une grande valeur.
Dans oos affections, le régime doit toujours être mis bien
soigneusement d'accord avec l'état des voies gastriques, mais il
faut qu'il soit aussi tonique que possible. Les aliments gras,
sucrés ou amylacés sont alors très-nuisibles; ils fournissent aux.
poumons trop de carbone à brûler, ce qui ne peut qu'ajouter à
leur maladie. Le sel recommandé pal' 1\1. le docteur Latour,
dans le traitement de la pbtbisie, est un condiment indispensable; mais à trop forte dose il pourrait nuirc à l'intégrité des
voies gastriques. Tous les médecins savent du reste que le sel
joue dans l'économie un rôle d'une importance extrème; qu'il
est plus utile, bien plus indispensable à l'homme que le pain;
qu'il est pour lui une de ses conditions d'existence; que c'est
la matière la moins imposable de toutes celles dont le fisc s'alimente. Donné comme préservatif de la pbthisie tuberculeuse aux
moutons, il leur réussit à merveille, mais chez l'homme déjà
pbtbisique comme chez le mouton phthisique, il ne peut plus
ètre qu'uu des moyens accessoires du traitement et non pas le
constituer à lui seul : alors aus i le quinquina, l'opium, les
baumes: les térébenthines offl'ent souvent ' de précieuses ressources, et contre une maladie aussi grave, il ne faut en négliger
aucune. L'exercice doit ètre alors très-modéré, et souvent mème
presqu'entièl'cment interdit; car il a toujour pour effet inévitable
d'activer la respiration.
�-
128-
CHÂPITRE XVIII.
J'tIaIR.lies .Ies orgaues géuitaux.
Il est rare que les hommes aient recours à nos eaux pour
combattre les affections chroniques des organes génitaux; c~
pendant il y a des cas où eUes peuvent être utilement employées.
CINQUANTE- HUITIÈME OBSERVATION.
M. M ... , de Metz, me fut adressé, en 1829, par mon ex~ ,
cellent ami, 1\1. le docteur Champi.on , de Bar'-le-Duc. Ce malade
arrivait de Lyon, où ou l'avait soigné pou[' un engorgement
profond des glandes des régions inguinales et une hypertrophie
de l'épididyme du côté gauche, que l'on avait considérée quelque
temps comme un testicule surnuméraire,
Un traitemeut très-actif avait été tout à fait impuissant cont['e
ce mal. A son arrivée ici, M. M . . .. était pâle et maigre; les
memhres abdominaux étaient ,infiltrés. Les tumeurs des aines
étaient plus volumineuses que le poing, et le tube intestinal
était très-fatigué.
Aux bains de trois à quatre heures et aux douches de quinze
ou vingt minutes, dirigées d'abord sur toutes les parties solides
du tronc et sur les membres, j'ajoutai, tous les trois jours,
des application, de ventouses scarifiées sur les régions inguinales.
M. M ... fut soumis à un régime doux. Bientôt l'œdème des
jamhes disparut; ]a peau se color8; les glandes inguinales diminuèrent de volume; l'épididyme se guérit. Au bout de six
semaines de séjour, 1'1. M... avait repl'is toutes ses forces. Tl
l'evint l'année suivante achever a guérison. J 'ai eu depuis l'occasion de le voi,' souvent. Il jouit de la plus pal'faüe santé.
�-
1
129 -
Il n'y a qu'un petit nombre d'hommes qui fasse usage de
nos eaux, pour se guérir de maladies chroniques des organes
génitaux; en revancbe, beaucoup de femmes viennent, chaq ne
année, combattre à leur aide des affections chroniques du vagin,
de l'utérus et des ovaires.
Ces affections se compliquent tl'ès-souvent de dou\eu\'s dans
le bas de la colonne dorsale, et Ludwig, au rapport de 1\1. Olivier, d'Angers, regarde le sentiment de tension dans le dos
et les lobes, chez les femmes dont l'éruption des règles est difficile
ou qui sont enceintes, cor,nme une irritation de la moëlIe épinière.
Le médecin recherchera, autant que les cil'constances le lui
permettront, les causes qui ont développé ces maladies. 80uvent elles sont occasionnées par le refroidissemcnt des extrémités
inférieures, quelquefois par la rétrocession d'une dartre. TantOt
elles sont ducs à des ascarides vcrmiculaires siégeanl dans le bas
du gros intestin, tantôt à une maladie spéciale produite le plus
souvent par la çontagion, souvent aussi par l'Ml'édité. Chez
telle malade ce sont des digestions habituellement mauvaises qui
les entretiennent, chez telle autre une habitation sombre et humide;
tantôt ces maladies sont dues à l'influence d'une vie trop sédentaire, à celle aussi du chagrin ct tautôt il l'entraînement des
malades pour les plaisirs, pour les di ssipations du monùe.
Quelquefois elles ont une origine que les femmes n'osent pas
avouer et con\ro lesquelles cependant il faut les prémunit·. Au
surplus, les causes de ces affections sont extrêmement nombreuses
et le médecin doit faire tous ses offorts, non-seulement pOUl'
les connaître, mais pour bien apprécier lem' mode d'action sur
l'économie afin d'en paraly et' les effel,s et d'en prévenir le rotOUI'. C'esl daus ces maladi es surtout que l'ou doit bien souvellt
regt'cUer qu e l'éducation et l'in 'lruction des sages-femmes no
soienl généralement pas suffisantes pour commander la confiauce.
Combien de maux n'éviterait-on pas ainsi en épargnant la pudeul' des malades, qui ne consultent la plupart du tomps un
médecin dc Tlotl'e sexe qu'après avoit' lon gtemps atlendu, ell
lai ssant ainsi empil'er beaucoup leul' mal. L'cxameu des org!llles
malade , si nécessaire, si indispensable dan beaucoup de ccs
12
�-
130-
maladies, pratiqué pal' une femmç habile, n'aurait rien de répugnant, tandis qu'entl'e les mains d'un homme, il est considéré
par beaucoup de femmes, et avec une sorte de raison, comme
un attentat à la dignité de leur sexe.
Le vagin, les ovaires et très-prohablement la matrice sont
<;les pl'ganes alcalins doués de l'électricité positive. Au moment
où ils out le plus d'énergie, à l'époque où la nature Il voulu
qu 'ils fonctionnassent dans l'int.érêt de l'espèce, alors en.Gn
qu'ils jettent dans l'économie une quantité considérahle d'électricité positive, il Y aurait de graves désordres si cette électricité ne pouvait se neutraliser nulle part. l\{ais le sein de la
femme alors, orgaue aeide comme la peau, se développe en
même raison que les . fonctions génitales, et lorsque celles-ci
son t accomplies, la sécrétion du lait vient en aide à l'organisation
et maintient l'équilibre.
Mais quand le but de la nature n'est point rempli, quand
le sein l'este un organe inutile, faut-il s'étonner si l'électricité
positive s'accumule alors sur les organes génitaux, y produit
une tension douloureuse ct par suite les plus graves désordres?
Les affections cht'oniques de l'utérus ct de ses annexes ne
sont pas toutes des illflammations ou des névroses, il s'en faut
hien; soùvent, après avoir' débuté par une inflammation franche,
elles sont indéfll1iment entrelenues par le défaut de tonicité dcs
veines et <,les absorbants de ces organes, C'est alors qu e le remède
fortement recommandé pal' mon ami ~1. le docteur Jacquot, de
Saint - Dié, peut ètl'e très - utile. Valun pris à petites doses,
longlemps continuées, agit d' une manière puissante sur l'écolIomie tout enlière et sur le systèmc utérin en particulier; il
rend aux veiue el aux absor'bants le ton dont ils manqnaient,
cl il guérit ainsi une foule d'accidents, inlerminables ans lui
ou Ilans UH ùe ses succédanés, Mais on ne doit l'administrer
convaincu de la tolérance du tube intestinal, et
qu 'après s'<~te
qu 'apl'ès s'êlre bien assuré aussi que lc caractère prédominant
de l'affection utérine que l'on vent combattre, est le défaut de
lOllicité ùes organes qu'elle a envahis.
AIL surplus, J'ulérus est un organe d'une trop haute impol'- '
lance dUlls l'économie, pom' que ces maladies ne soient pas,
�-
131 -
ou produites, ou accompagnées par des trouhles souvent considérahles dans l'ensemble des sécrétions. AtlachOIJS- nous surtout
à constater ces trouhles et leur nature: nous arriverons ain:;i,
selon toute apparence, à l'emploi de moyens qui abrégeront de
beaucoup la durée habituellement si longue de la plupart des
maladiés de matrice, et nous nous expliquerons ainsi la guérison rapide de certains cas, qui nous paraissaient identiques
à d'autres, qui n'ont cependant éprouvé aucune amélioration de
remploi ~u même traitement.
Nos bains tièdes et prolongés, chauds et courts, nos douches
générales plus ou moins fortes, plus ou moins chaudes, nos douches
écossaises, DOS bai!)s de vapeur, nos douches en injection, les
ventouses, le massage, un régime le pins souvent tonique, sont,
entre des mains habiles, d'excellents moyens contre ces maladies;
mais en général, pour qu'ils puissent produire une améHoration
dnrable, il faut que les malades en fassent usage tout le temps
nécessait'e, et qu'elles sachent à l'avenir éloigner de leur mieux
los causes auxquelles' était due la perte de leur santé.
ClNQUAl"TE-l"EUVIÈl\Œ onSRllV ATlON.
Mme N ... , de Bar-le-Duc, ùgée de trente ans environ, d'un
tempérament lymphatique nerveux, quelques mois après un
dernier accouchement, fut atteinte par une métrite aiguë extrêmement grave et douloureuse. Cette maladie passa à l'état
chronique, mais en conservant, pendant près de trois années,
les symptômes les plus alarmants. Enfin, graee aux soins assidus
et si éelairés de son médecin ordinair'e (1 ), Mme N ... put alors
raire quelqlles pas dans son appartement; bientôt après, elle
eut recours à DOS caux . TJC eorps de l'utérus était très-Jéveloppé; dans la station, il tiraillait es ligaments et occasionnait
bientôt de grandes douleurs. Ces douleurs se propageaient aux
membres a]Jdoniinuux. Mmo N ... souffrait beaucoup, en outre,
un peu au-dessous de la l'ole; elle avait souvent dei> suHoca(1 ) Le ,lo ctcul' Cbampioll , de n ~ I '. l c- )u
c .
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132-
tions, de la toux et des maux de tête d' une grande violence;
à to ut cela 'ajoutaient une foule d'autres accidents nerveux,
que l'époque des règles rendait toujours beaucoup plus intenses.
En examinant la colonne vertébrale, je fus frappé de son
excessive sensibilité dans les régions dorsale supérieure et sacro-Iombaire; je crus dès 101'8 à l'existence d'une inflammation
chronique de la moëlle épinière dans ces deux régions. Aux
bains, à des douches légères et difficilement supportées, j'ajoutai quelques applications de ventouses scarifiées le long du
rachis; enfin, pour mettre cette dame à même de profiter de
l'action si bienfaisante de l'air' de nos montagnes, je fis construire, pour elle, une litière portée par deux ânes, et s.ur laquelle elle pouvait, sans la moindre fatigue, fai re de très-longues
promenades ( 1).
IUn> N... obtint de nos eaux une amélioration assez marquée
pour la décider à y revenir l'année suivante. mIe lui donnèrent,
cette fois, assez de force pour lui permettre de marcher facilement dans sa maison. Alors, so us la direction de son médecin ordinaire, sans les soins si éclairés duquel elle aurait
depuis longtemps perdu la vie, Mme N. .. fit usage des pilules
alunées de M. le docteur Jacquot; ces pilules lui firent le plus
grand bien et la mirent à même de pouvoir faire, il Bar-le-Duo,
de longues courses à pied.
De gl'ands chagrins, l'hiver suivant, rendirent aux maux de
Mlf'. N. .. une nouvelle énergie. Elle revint, pour la troisième
fo is, il Plombières. Aux bain tièdes, aux ventouses scarifiées
de chaque coté cie, régions douloureuses de la colonne vertébrale, je fis ajouter des douches cossaises prises tous les jours,
peudant dix minutes et mème pendant un quart d'heure. 1\1"'0
. .. partit de l'lombière::; parfaitement bien, et depuis j'ni su
que l'améliomtion de 'n santé sc so utenait toujours.
(1) ])epuis 011 a ' ~o l s lt'uiL
d'uult' s palanquins 11 lllombières. JI dev rait y en
:lvoi r li' sem blablcs da li S loul 's nos viii cs pour les malades (lui fl'C peuvcnl sup por tt'" I ~\ marohe ni lu VOilu,'c, UUX(jU Is ccpomlollli c gr:\ntl nir cl un l'cu d'ex l'cico
son l I,I:"cssaiJ'cs.
�-
133 -
JI est tt'os-probable que Mmo N ... conservera toute sa vie l'h y-
pertrophic de l'utérus dont elle est atteinte, bypertl'ophic ,
du reste, que l'on rencontre tant de fois cbez les femmes qui
n'en soupçonnaient pas mème l'existence, qui n'avaient jamais
souffert de cet organe; mais il y a tout lieu d'espérer qu'en
continuant à combattre la surexcitation morbide du système nerveux, on rendra à Mme N. .. une excellente santé.
Ce que je prévoyais il y a dix ans s'est en partie réali sé. La
maladie de matrice de MUl o N .. , est entièrement guérie. Mais
cette dame est d 'une famille qut compte des goutteux et des
rhumatisants, et on n'a pas fait la part de cette disposition
originelle; aussi l\IIllON. .. est-elle continuellement tourmentée
par des névroses très-douloureuses et qui céderaient, je le crois,
à un emploi judicieux de toniques et d 'astringents à l'intérieur
et d'excitants de la peau à l'extérieur : les douches écossaises,
les lotions alcalines, le massage, qui à lui seul est si pui sant
dans le traitement d'une foule de maladies chroniques; et de celles
surtout qui nous occupent , seraient ici parfaitement indiqués.
SOIXANTIÈME OnSEl\ v ATIO ' .
Mille L ... , àgée de trente et quelques années, régulièrement
réglée, tourmentée depuis longtemps pur une abondante leucorrhée, par un sentiment babituel de pesanteur dans le bu 'ventre, vint, en 1837, à Plombières. L'utérus était plus volumineux que dans l'état de santé; il Y avait une rétt'ovet'sion
hien prononcée et qui pouvait expliquer Ja stérilité de Mmo L .. ;
elle se plaignait en outrc de vivcs douleurs dans la région sacrolombaire, et elle n'avait ,pa pu supportel' les pilules d 'alun de
1\1. le docteur Jacquot.
Aux bains tièdes prolongés, aux douches exlernes et à quelques étuves, je fis ajeuler des douches utérines, que je potta i
jusqu'à quarante minutes de durée par jour) mais en deux séances.
A son départ , Mm. L . .. élait beaucoup mieux ; ellc avait passé
pl'\s de deux mois à Plombières, cl depui s plus d' un mois son
Jlux vurrinal avait comp16lemrnl cc ·s6.
�-
134-
sorXANTE-UNIÈME
OnSJHl.VATIO •
Mme de X. .. vint, en 1828, à Plombières pour se guérir
de flueuts blanches, qui, depuis plusieurs années, résistaient
il Ulle foule de moyens pharmaceutiques : elles étaient tellement
abondantes que Mme de X ..• se voyait forcée d'avoir recours
à un vètement particulier. Les médecins qui l'avaient soignée,
avaient envisagé sa maladitl tantot comme le résultat d'un vice
herpétique, tantot comme produite par l'acrimome des humeurs;
pour moi, je ne vis dans cette affection qu'une inflammation
chronique de la muqueuse utéro-vaginale, et je prescrivis, pour
la combattœ, des injections émollientes et des bains cbauds. En
quatre jOUI'S les Oueurs blanches avaient disparu.
Pour consolider cette cure, Mmo de X ... prit quelques douches,
et, afin que la su ppres ion si prom pte d'nne évacuation ancienne
ct au ssi considérable ne devint pas la cause d'autres inflammations , indépendamment d'un régime doux et pell réparateur,
ct cl 'un exercice proportionné aux forces de la malade, l'I"IOdc
X... , d'après mes conseils, se fit appliquer quelques sangsues
11 l'anus et quitta Plombières pUI'faitcment guérie.
Le plus Û'l'und nombr'e des ohservations que je cite Jans cet
ou vrage ont été recueillies à une époque où je ne voyais guère
de la maladie que les effets les plus appal'cnts. Elles n'en sont
que plus propres il faire bien ressortit' la puissance de nos eaux,
qui fai saient toujours une large purt ù l'état général de l'économie, que j'oubliais souvent alol's, aillsi que le fai 'nient tant
d'autl' s de mes confrères.
SOI XANTE -D E
' [ÈM E O.BSEflVA'I.'IO N.
M ill' X ... . , tlgéc de ~ Uj
Uli S) était ) depui s se pt ou huit uns,
lOlll'lllenlée pal' IIIlC métrile l' è~ - douloul'euse. JI y avait un
leucorrhée l!abituell e, ct réguli èrcm ent , dix jours aprè l'époqu
ùes règl s, Ulle exacerbation tl'ès-marqu éc do tOl\te!:! 'es douleurs.
�-
1:~5
-
La marche était devenue presqu'impossihlc à celle malade ,
et quand elle arriva à Plombières en 1843, elle était convaincue
que son rétablissement était impossible. Le col et le corps de
l'utérus étaient fortement hypertrophié ; du reste, Mlle X ....
avait conservé de l'embonpoint. Elle était gr'ande, bien développée
et d'un tempérament lymphatique.
Je lui prescrivis de prendre tous les malins un bain dans le bassin
le moins chaud du bain des Capucins, à 29 ou 30 degrés Réaumur.
Elle y restait de deux à trois heures, et eu eu sortant, elle allait
passer d~ 20 à 30 minules dans le bassin le plus chaud, qui a 34
et quelquefois 35 degrés Réaumur. En ortant de ce bain, elle
suait abondamment pendant une heure. Le soir, à troi ' heures,
je lui faisais pt'endre, tanlôt tous les jours, tanlôt tous le dflux.
jours, un bain de trois à quatre minutes de durée, dans lequel elle
entrait quand il n'avait que 34 degrés Réaumur et que l'on
portait rapidement. à 37 ou 38. Sous l'in(luence de ce traitement énergique, WIC X ... éprouva une amélioration des plus
marquées.
Je lui conseillai de continuer chez elle les bains très-chauds
et court!;!, pris deux fois seulement par semaine. Elle revint l'année
suivante à Plombières. Elle était entièrement rétablie. J'ai employé le même traitement dans des cas allalogues et avec un
uccès marqué; mais il faut, pour le sui vre, que les malades nous
accordent tout le temps nécessaire, qu'elle aient un peu de
courage, beaucoup de prudence, et que DO'US n'oubliions jamais
qu'un traitement aus i actif a besoin de uotre part d'une sUl'veillance aussi soutenue qu'éc1ait'ée.
SOIXAN'f E-TllOIsrÈME OllSERVA'1'IO
Un squilThe de la partie supérieure du vagin, du col el du
corps de l'utérus, amena l\'[adame *** à Plombières, à la fin
de l'été de l'année 1825. Elle était encore réglée, mais dans
l'intervalle des règles, elle avait des !lueurs blanches assez abondantes.
�-
136-
Cette dame, àgée de trente-six ans, était d 'un tempérament
sanguin ; elle avait mené toujours une vie fort active, et elle
rapportait l'origine de son mal à des cbagrins et à une maladie syphilitique guérie, huit années auparavant, par M. Culerier.
Lors de son arrivée à Plom bières, elle souffrait de fortes
douleurs; le médecin qu'elle consulta, très-malade lui-même,
ne put la suivre autant que le nécessitait son état, et les vingt
premiers jours qu 'elle passa dans notre ville furent perdus pour
elle.
Les bains et l'eau thermale en boisson, an lieu de diminuer
ses souffrances, les avaient encore aggravées. Lorsque Madame *** me consulta, je reconnus nn squirrhe utéro-vaginal
très-développé; le col de l'utérus, dilaté et rugueux, offrait
plusieurs végétations morbides, dont quelques-unes égalaient
une noix en grosseur; on en trouvait de semblables dans la
partie supérieure du vagin; l'utérus était très-développé, et
sa pression sur le rectum gênait la libre sortie des fèces.
Vingt-cinq sangsues à l'hypogastre enlevèrent les violentes
douleurs quc Madame *** éprouvait, et qui depuis longtemps'
ne lui laissaient plus aucun repos. Je lui défendis la boi 'son
de l'eau minéro-thermule, et je lui fis prendre des bains plus
Jongs et moins chauds. Tous les trois jours je fis appliquer
dcs ventouses scarifiées SUl' lcs r égion ' lombairc, sacrée et hypogastrique. Un régime doux. et le repos vinrent cconder ces
moyens, qui, en six semaines, avaient considérablement diminué le volume du squirrhe, en laissant à Madame *** l'intégralité de ses forces. IJes végétations du col de la matrice et du
vagin étaient presque entièl'ement effacée ; les sellcs étaient
faciles et l\fadame *** n'éprouvait plus aucuuc douleur .
Forcée de retourner à Paris, au lieu de sc conformer à mes
recommandations, l\fadame *** fit à pied les courses le plus
fatigantes, 'Vugua à tous les détails de son commerce et de son
ménage, et sc nourrit des aliments les plus substantiels.
Sous l'empire de ce régime de vic, deux mois après l'usage
dcs caux, les douleurs revinrent aus i fortes que jamais; bientôt
le squirrhc s'ulcéra, l\ladame *** rcvint alors à Plombières.
�~-
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137
Le cancer qui s'élait développé avait envahi le rectum. .le
si grave, employer que des palliatifs.
ne pus, dans un c~s
Cette maladie devint bientôt mortelle, tandis que, sans ses nombreuses imprudences, tout permettait à Madame *** d'espérer,
sinou une guérisou complète, au moins une amélioration durable. Les prescriptions les mieux indiquées ne peuvent rieu
contre l'lndocilité des malades. Il est probable qu'à la suite de
son premier séjour à Plombières, un traitement mercuriel aurait
parfaitement réussi à cette dame.
SOIXAl'lTE-QUATmÈME OllSERVATIOl'l.
Hypertrophie de l'ovaire avec symptôme d'une prochaine dégénérescence cancéreuse.
l\'ladame P ... , de Plombières, âgée de trente-deux ans environ, me consulta, en 1829, pour une affection grave de
l'ovaire gauche, qui datait de plu ieurs annéés déjà. 1\fadame
P ... avait beaucoup maigri; elle avait le teint jaune-paille,
elle éprouvait de vives douleurs lancinantes dans l'aine gaucbc;
ces douleurs augmentaient surtout à l'époque des règles, qui
étaient peu abondantes et inégulières. Tout l'hypogastre était
douloureux au toucher. L'ovaire gauche paraissait avoir le volume d'un gros œuf de poule. l!ne saignée du bras, quelques
applications de sangsues, des bains, diminuèrent un peu les
douleurs, mais la tumeur restait la même. EUe disparut compIétement en six mois, sous la double influence de nos bains
et de deux applications de ventouses scarifiées par semaine, le tout
secondé par uu régime doux et pas trop abondant.
-
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138-
CHAPITRE XIX.
De la stérilité citez les rellunes et des IIloyells
de la gué.'1I'.
Beaucoup de dames viennent aux eaux de Plombières pOUl'
faire ce ser à leur aide la stérilité, accident souvent très-fùcbeux
et contre lequel la médecine moderne est moins armée que ne
l'était la médecine ancienne. On peut s\'n convaincre facilement
en lisant le traité des femmes stériles de la collection des livres
attribués à Hippocrate. Ici on ne sait guère conseiller que les
bains de vapeur pris sur le trou des Capucins, immédiatement
après un bain tiède ordinaire, et cependant nous pouvons beaucoup plus, mais il faut avant tout connaître, si cela est possible,
la cause de la stérilité. Nos conseils sans cela perdt'ont toute
leur valeur et souvent même ajouteront au mal que nous avons
la mis ion de guérir.
La cawse la plus fréquente de la stérilité chez les femmes
est bieu certainement Je déplacement de la matrice, son inclinaison vicieuse, à laquelle il est ordinairement si fucile de
remédier il l'aide d'une petite éponge que l'on place entre le
vagin et son col, du côté où ce demier s'incline. Cette petite
op 'l'ation doit être faite immédiatement après les règles: c'est
l'époque la plus favorable il la conception. Une sage-femme peut
cn êtrc chal'gée ct la renouvelcr quelques jours de suite, au
commencement dc chaque mois, jusqu'à ce que la couceptiou
uil eu lieu. Nos eaux dan ce cas peuvent être un adjuvant
très-utilc.
SOIXAN'1'J.!:-CINQUIÈME OllSERVATlON.
Madame la comlessc de " ' , de Paris) était mariée depuis
s pl ans t n'avait pas eu d'enfant. Elle vint il Plombières ,
�-
139 -
où elle pdt des bains, des douches et des bains de siége de
vapeur; mai.s j'avais constaté chez elle l'existence d'une antéversion très-prononcée de l'utérus. J 'indiquai à une sage-femme
babile la manière de relever le col utérin à l'aide d'une éponge,
et cette dame avait, l'année sui vante, un beau et fort garçon.
Des règles trop abondantes sont aussi une cau'se de stérilité.
Et si plures quam conveniat, mulieri menses prodeant, neque
sic utero concipiet. On peut leur opposer ici des demi-bai.ns
fl'ais, des bains de bras cbauds, des douches chaudes et des
ventouses sèches sur les parties supérieures du corps, à l'approche des règles surtout; il faut recommander beaucoup de
repos à la fin de chaque mois, des demi-lavements frais, un
régime doux; modérément abondant, et des aliments mangés
froids ou seulement tièdes. On comprend que nos bains de
vapeur de siége ne pourraient alors qu'ajouter beaucoup au mal
que l'on veut comhattre.
ft
Il
SOIXil'TE-SIXIÈl\1E OBSERVATION.
l\fadame la pl'incesse de ... , madée depuis plus de deux
ans, n'avait point d'enfant. Ses règles étaient très-abondantes,
et c'était la seule cause à laquelle on pouvait attribuer sa stérilité. Je lui prescrivis ici le traitement dont je viens d'indiqucl'
les hases, il ' réussit à merveille, et Madame de .. , a aujourd'hui une jeune et nombreuse famille.
L'ahsence des règles peut aussi produire la stérilité. J'ai cependant connu lIne femme qui a eu huit enfants sans avoir été
1
jamai réglée.
Alors des demi-hains chauds, de ' douche:; cbaudes sur le
bassi u et le extrémités infél'ieul'es, ùes douches utérines puisautes, si rien ne l,es contre-indique, des ventouses sèches il
la pHrtie intem8 des cuisses, nos bains de vapeur de siége,
'suffisamment prolongés, un régime tonique, une vie active sont
pal'faitelllcnt indiqués, si la chlorose toutefois n'est pas la cause
de l'allléno1'l'hée.
�-
140 -
Chez les femmes chlol'otiques, en effet ~ les ooins chauds, les
douches chaudes, les bains de vapeur, en excitant trop la transpiration insensible, augmentent l'altération du sang particulière
à cette malàdie et produisent des palpitations et des accidents
nerveux qui pourraient devenir très-graves. Il faut dans ces cas
guérir d'abord l'état chlorotique, qui peut à lui seul occasionner
l'aménorrhée. Contre ce mai, notre eau ferrugineuse, nos dOUt'bes
écossaises, l'air des montagnes et un régime tonique sont de
précieux moyens.
La stérilité peut reconnaître pour cause l'étroitesse de l'ouverture du col utérin et sa trop grande longueur. Les anciens
le dilataient avec des sondes graduées, c'est encore ce qu'il y
aurait de mieux à prescrire alors. Enfin, si la stérilité est due
à une maladie, quelle qu'elle soit, de la matrice, il faut guél'ir
d'abord cette maladie, c'est le seul moyen de faire cesser ]a stérilité qu'elle occasionne.
La stérilité vient beaucoup plus souvent sans doute de la
femme que de rhomme; elle est cependant quelquefois occasionnée
par ce dernier: aussi, avant de traiter la femme, faut-il le plus
souvent examiner son mari. Ce dernier peut être plus ou moins
bypospade, quoique parfaitement conformé du reste, ce que j'ai
rencontré plusieurs fois, ou bien il peut avoir une faiblesse
naturelle ou acquise qui termine l'acte avant même qu'il soit
commencé. J'étais tenté, dans un cas de ce genre pour lequel
j'étais consulté, de conseiller la fécondation artificielle pratiquée
avec succès par Spallanzani sur la femelle d'un mammifère;
mais l'état de semi-imbécillité du mari me faisant craindre, si
cetle tentative réussissait, de donner l'existence à un idiot ou
à llll fou, je préférai m'abstenir. Il y a cbez les hommes d'autres
causes de stérilité, mais tous
, les médecins les connaissent.
�-
141 -
CHAPITRE XX.
TlI ..,eul.°S flluoeuseso
Tous les ans il arrive à Plombières un certain nombre de '
peI'$onnes affectées de tumeurs fibreuses, intéressant le plus
ordinairement les ovaires ou l'utérus. Nos eaux peuvent rarement
les faire disparaître, mais souvent eUes semblent en arrêter
le développement, en même temps qu'elles peuvent contribuer
à guérir les inOammations chroniques que leur présence avait fait
naitre dans les organes qu'elles déplaçaient.
SOIXANTE-SEPTIÈME OllSERVATION.
Mademoiselle de St ... de Scbaffhausen, alors àgée de trentehuit ans environ, d'un tempérament lymphatique nerveu ,avait
depuis plusieurs années de vives douleurs abdominales, que l'on
combattait il l'aide de purgatifs et d'autres médicaments qui ne
faisaient qu'ajouter à ses maux.
Consulté pal' cette demoiselle, dont le ventl'e était habituellement très-développé, je reconnus l'existence d'une tQmeur fibreuse assez dense, occupant tout l'hypogastre et s'élevant jusqu'auprès du nombril.
Les règles étaient trop abondantes, les dige tions (:Staient accompagnées d'accidents nerveux très -variés. Mademoiselle de
Nous
St ... était maigre, faible et profondément décou~'age.
convinmes, son médccin ordinaire et moi, qu'on supprimerait
toute espèce de médicaments internes; que Mademoiselle de
St ... serait soumise à un régime très-doux; que l'ou combattrait
les accidents abdominaux pal' des applications de ventouses carifiées, loco dolcnt't ; que l'on aumit fréquemment recours il de
petite saignées du bras, et que Mademoiselle de t... vicnlIrait au printemps suivant à no eaux. Ce traitement fut suivi
�-
142-
avec beaucoup d'exactitude. Notre malade fit usage pendant plusieurs années de nos eaux. La tumeur n'a plus augmenté. Les
digestions sont devenues faciles. Mademoiselle de St .•. a beaucoup plus de force, bien moins de douleur. Elle a passé maintenant l'époque du retour et tout fait présager pour elle une
Jongue existence.
SOIXANTE- HUITIÈME onsERVATION.
Tumeur fibreuse uterine paraissant en 'toie de dégénérescence
cancereuse.
Madame X ... , de Paris, veuve depuis quelques années et
mère d'une fille qu'elle a"ait perdue, avait une tumeur aux. apparences fibreuses qui occupajt la matrice et proéminait dans
la région hypogastrique; celte tumeur devint le siége de douleurs souvent très-vives et en même temps il s'établit un écoulement utérin verd{ttre, très-abondant et ex trêmement fétide, peaucoup plus fétide que ne l'est d'habitude l'écoulement du cancer
utérin. Tous les moyens employés pour combattre cette affection
avaient échoué, lorsque 1\1. le docteur Chomel, médecin de cette
damc, l'envoya il Plombières. En tête de la consultation qu'il
lui remit étaicnt ces mots de bien mauvais augure: casus gra-
vissimus.
A son arrivée à Plomhières, à l~ fin de l'été de 1842 , 1\'fa·
dame X .. , était très-maigre, très - faible, très - irritable. Son
teint était jaune.- paille, l'écoulement était d'unc al)ondance telle
qu'il mouillait complétemént cinq ou six. serviettes par jour.
Nos bains ordinail'es llC paraissant pas avoir d'aotion contre
un mal i grave, je crus devoir les modifler en ajoutant il chacun
d'cux 500 grammes de sulfate d'alumine et un kilog. de sel commun. Ce dcmier' comme correctif de l'autre, pour l'empêcher de
diminucr par trop les fonctions de la peau. J'espérais que l'action
de l'alun, en diminuant la sécrétion morbide, en la guérissant
peu t-ètl'e, permcttruit à l'économie de rcprend 1'e quelqucs forces,
ou l'al'l'ètcrait du moins dans la décomposition dont elle semblait frappée. J'obtins de ces bains un résultat inespéré : le
�-
143-
, complet rétablissement de Madame X.", La tumeur fibreuse
existe toujours, mais eBc est insensible et il n'y a plus d'écoulement, l'ladame X, , , s'est remariée et elle a passé sans accidents
l'époque du retour,
Ce fait est d'un grand intérêt: évidemment l'honneur de la
guérison n'appartient pas à nos eaux, mais bien à l'action que
le sulfate d'alumine absol'bé avec l'eau du bain a exercée sur
l'économie entièl'e, et en particulier, sur la tumenr malade.
Quelle modification heureuse le sang éprouvait-il alors? Quelle
influence le sulfate d'alumine exerçait-il sur la peau en particulier? Ce sont des problèmes qui n'out pas encore été résolus.
Je soigne dans ce moment et avec le même succès une femme
des Granges-de-Plombières, qui a une tumeur fibreuse utérine
remplissant tout le bassin, Lors de son développement, il Y a
quinze ans environ, celte tumeur était le siége d'atroces douleut'
qui filJlrent par se passer entièrement. L'automne dernier elles reparurent avec un écoulement très-abondant, très-fétide, mais cette
fois de la fétidité pal'ticulière au cancer utérin, Cctte femme était
faible, m'aigre; son teint était jauue-paille aussi, et comme dan '
le cas pl'écédent, le col utérin était sain, Je prescrivis des
bains tièdes de deux heures de durée et minéralisés il l'aide de
250 grammes de sulfate d'alumine et de 300 grammes de sel
commun, J'ajoutai à ce puissant mo en les pilules d'alun du
docteur Jacquot, de Saint-Dié, à la dose de 30 centigrammes
par jour, et ce traitement a obtenu les plus beul'eux résultats.
1)cut-ètre que l'on pourrait arrêter il l'aide de ces moyens le
développement ultérieur des tumeUl's fibreuses, si communes chcz
les femmes et quelquefois si graves, Je ne l'ai pas encOI'e essayé;
jusqu'ici je n'ai opposé aux progrès de ces tumeurs que les
hains et surtout les étuves : de nombreux faits me portent à
considéJ'cl' l'étuve comme un des meilleurs moyens il employer
pour enhlyer le développement de ces tumeur's, Je pl'esc('is en
outre de fl'équentes appliçations de ventouses scarifiées au-dessus
de celle de leurs pOrLions qui sont douloureuses, car la douleur
tend toujOU1'S il augmeutcr leur volume: ubi stimulus ibi flua/us;
ct comme l'alull à l'int6l'ieur serait alors suns inconvénients et
pOlll'l'aitexel'cer l'influence la plu heUt'eu e, j' n essaierai l'action.
�-
144 -
CHAPITRE XXI.
La plupart des auteurs qui ont écrit sur les eaux de Plombières, les considèrent comme nuisibles aux hydropiques, et
certes il y a beaucoup d'hydropiques auxquels nos eaux ne pourraient apporter aucun soulagement; ce sont tous ceux dont
l'hyd,ropisie n'est qu'un des symptômes d'une lésion organique
grave et incnrable. Toutes les fois, au contraire, que cette
maladie reconnait pour cause une fièvre intermittente, une simple
lésion dans les fonctions de la peau On des voies uI'inaires, une
suppression de règles, alors nos eaux peuvent convenir, non
pas en bains qui ne feraient qu'aggraver tous les accideuts, il
moins de les prendre tl'ès-cbauds et courts, mais en étuves dont
on proportionne le nombre, la fréquence et la durée aux forces
des malades.
Les étuves alors, en rétablissant les fonctions de la peau ,
ramèneut aussi il l'état normal celles du tube digestif et des
reins, organes acides comme la peau, doués par conséquent
cOJUme elle, ainsi que nous l'avons déjà vu, de la faculté ùe
Pl'od uire de l'électricité négative.
Mais avant de prescrire l'étuve comme moyen à opposer il
l'hydropisie, étudion bien d'abord les Jésions qui se sont opérées
dun les sécrétions du malade. San cette connaissance prél iminaire, en effet, nous poul:rion s ['edoubler les müux que nou s
étions appelés il guél·ir. L'observation suivantc, quoiqu'étrullgèœ il l'action de no!:! eaux , prouvcra L'importance de cette
règle.
�145
SOIXA~TE-NUVÈM
OBSERVATION.
Anasarque.
~I.
H ... , maUre de poste à Plombières) àgé de 40 ans environ, sujet depuis de nombreuses années à des palpitations
qui le forcent à recourir à d'assez fréquentes saignées, a en
outre une irritation chronique du tube inlestln:ü, qui l'oblige à
se nourrir d'aliments doux, et à se priver de boissons alcooliques.
Désireux de sortir de cet état de demi-souffrance qu'entretiennent des occupations trop actives et quelques imprudences,
M. fi ... se confie aux soins d' un médecin homéopathe qui lui
promet qu'à l'aide de ses poudres, il pourra désormais manger
de bonnes viande , boire de bons vins et échapper à cette pénible obligation de s'observer toujours et de se faire saigner tous
les trois ou quatre mois.
Ce traitement produit d'abord les meilleurs effets. On criait
déjà au miracle, quand l'œdème. des extrémi..lés inférieures, puis
celui de tout le corps, vinrent fournir une preuve de plus de
la vérité des doctl'ines d'Hahneman.
Alors on essaya les diurétiques, mais ils furcnt sans effet.
l\T. fi ... était depuis plusieul" mois dans ce tri le état, quand
il me J'appela à son ai.de. Une saignée du bra , ulle applicalion
de sangsues à l'anus et un régime doux et peu abondallt étaient
l'estés sans effet.
Des sueurs excessives, mais non acides, et en c·ela semblables
il celles de la plu pal't des malheur'eux tourmentés par la fièv re
heelique, ne pl'oduisirent non plus auculle amélioration. J,e
son mal, propre à la région du cœur, était entendu dans un
e pace tel que l'on devuit croire à un commencement d'épaIlche··
menl dau le péricarde .
.1'utteihuai lou ' ces dé ordres à la maladie habiluelle ùe 1\1.
Il ... , il l'irritation gastl'o-int.estinale, qu'un l'égime incendiaire
a vait augmentée b aucoup , et je lui prescrivis le lait caill pour
toul aliment e.t pour tout t'emède.
�-
14ô-
Ce lait caillé, en diminuanl J'état d'éréthisme des voies di~
geslives, rendit aux reins Jeur puissance sécrétoire, avec une
telle énergie qu'en moins de quatre jours l'anasarque, qui durait
depuis près de six mois, fut entièrement guérie. Alors aussi
disparurent ces sueurs que j'ayais pu regarder d'abord comme
une crise heureuse et qui n'étaient dues qu'à des réactions morbide', 11 est évident, que cbez M. H ... , nos étuves n'auraient
fait qu 'aggl'aver son mal en affaiblissant la peau, en surexcitanLle cœur et en laissant subsister l'irritation abdominale, contre
laquelle le lait caillé s'est montré si puissant.
SOIXANTE-DIXIÈME OBSERVATION.
Ascite.
Madame ù'A ... , àgée de quarante-deux ans, de taille moyenne,
vint à Plombières à la fin de juillet 1832, pour combattre,
ù l'aide de nos eaux, une ascite très-dé veloppée, accompagnée ·
d'œdème des extrémités inférieures.
Madame d'A. " était encore bien réglée, mais elle éprouvait
depuis longtem ps de douleurs dans les régions inguiuales, qui
augmentaient d'intensiLé à chaque époque menstruelle; ces douleurs nécessitèrent une recherebe des causes qni les occasionnaient,
et on reconnut qu'elles taient dues au développement de deux
Lumeurs fibreuses probablement im plantées sur les ovaires. Bientôt
l'hydropisie abdominale vint 'ajouter aux maux de cette intéressante malade.
1\1. le docteur Vericelle, l'un des hommes dont la médecine
de Lyon s'honore le plus, con ulté alors par Madame d'A ... ,
crut devoir aUl'ibuer l'a cite aux tumeur dont je vieil de parlAi'.
11 pcnsait sans douLe que l'inflammation cllronique qui pré:idait
à leur développement s'éLait propagée au péritoine, et il crut
que la guéri on de la malade dépendait de la résolution de ces
tumeurs.
.
Il essaya d'abol'd les diul'étiques sous toutes les formes, et
n'cn ayant point obtenu de uecès dumble, il conseilla les ea ux
de Plombi ,res.
�-
1!17 -
Madame d'A .... était si mal à son départ que CbilC1l1l la
croyait perdue. J~e voyage lui fit déjà beaucoup de bieu, en
ce qu 'il augmenta d'une manière notable la quantité ùe l'urine.
Cependant, à son arrivée ici, Madame d'A ... ne pouvait pas encore
se tenir coucbée. Elle croyait que des bains et des douches, urtout dirigées sur les régions inguinales, où depuis longtemps
le toueber ne pouvait plus reconnaître les tumeurs, il cause de
la trop grande distention des téguments abdomiuaux, devaient
la guérir: aussi fut-elle très-peinée lorsque je lui en déconseillai
l'usage; lorsque je lui affirmai que les bains augmenteraient
l'ascite et changeraient promptement l'œdème des jambes en
anasarque; lorsque je lui dis que, dans un cas semblable, les
douches ne pouvaient être d'auculle espèce d'utilité. Je proposai
de suhstituer à ces remèdes des étuves proportionnées il la faihlesse de Madame d'A .. . , et un premier hain ayaut confirmé
mes prévisions, elle consentit à suivre tous mes conseils .
.T'espérais bien, à l'aide d'une excitation soutenue de la peau,
diminuer' et faire même peut-être morrientanément disparaître
l'ascite et l'œdème des exlrémités inférieures; mais comment
remédier aux causes qui les avnient produites, et quelles étaient
ces causes? .Te ne cl'oyais pas que l'hypertrophie des ovaires
dût en être accusée . Rien n'annonçait la dégénél'escenee cancéreuse de ces organes : les douleurs dont ils avaient été le siége
avaient depuis IOllgtemps cessé. Sacbant combien les fièvres intermittenles, alors même qu'elles paraissent très-Iégèl'es, peuvent
entraîner de graves désordres, je demandai il cette dame si ell e
n'en avait pas été attaquée quelque temps avant sa maladie actuelle. Madame d'A . .. m'appl'Ît que, l'année précédente, tous
les deux jours, à deux heures après midi, elle avait cu de
lé""ers fJ'is ons, el qu'actuellement eneOl'e, à la mèrne heure,
elle éprouvait un mnIaise auquel la gravité de son étal l'empèchait
de songer , Sm ra certitude bieutat acquise de la persista lice
de celte fièVl'e, j'établi mon diagnoslic, ct j'augurai bien dès
lors de la malade. En effet, les étuves admin.istrées tous les
deux jours, le sulfate de quinine à doses proportionnées à la
susceptibilité des voies digestives, quelques applications de ventouses scarifiées SUI' l'ahdomen et deux moxas superfteiels,
�-
141:)-
triomphèrent de tous les acci.dents de Madame d'A .. , mais nOIl
des tumeUl'S des ovaires, qùi, du reste, n'étaient plus le siége
d'aucune douleur et qui n'entràvaient en rien les fonctions du .
péritoine.
Ce fait, rapproché de la premièl'e observation que je rapporte au commencement de cet ouvrage, montre quel parti
p~lisant
on peut ,tiret' de nos étuves dans le traitement
d'hydropisies graves, mais occasionnées cependant par des' lésions qui n'intéressent nullement, ou du moins qui n'intéressent
pas d'une manièl'e incurable des organes essentiels à la vie.
OIXA~TE-NZÈM
onSERVATION.
Anasarque.
lU. C ... , de Rnaux, pt'ès de Plombièl'es, ùgé de quarante
ans environ, d'une taille ct d'une consl'itution herculéen nes ,
grand chasseur', était depuis plus d'un an tourmenté par
une anasarque, produite sous la double influence d'un état
plélhorique et de noinhl'eux refroidissements. Il avait eu recours
contrc ce mal ft tous les empiriques de sa connaissance, et il
avait mis son estomac aux plus rudes épreuves, en l'abreuvant
des remèdes incendiaires de ces charlatans, Après avoir épuisé
tous leurs secrets, il vint me trouver. Deux saignées du bras,'
un régime doux et quinzc étuves de vingt minutes il une demiheure de durée, le débarrassèrent de son mal.
Depuis lonotemps on savait qu' la chaleur, appliquée à ln
pcau, pouvait vider rapidement L'e tomac de l'cau dont on
l'avait gorgé dalls un des supplices de la question. Il n'est donc
pas élonnant que le m me moyen débarrasse le pél'itoino ou le
tissu 'clLulaire de la sét'osilé qui y est accumulée. Aussi, dans
les ca que je viens de cilee, de étuves ot'dinalt'e ' auraienl
probablemcnt pL'oduit d'aussi puissants effets, i elles avaient
été administrées du moins dans un li eu aussi élevé quo Plombières. Mais je n'ai pas besoin de revenir ici SUl' cc que j'ai
dit déjà de l'iof1u nce de la pression alrno phél'iquc. J 'ai guéri
�-
149-
plusieurs autres hydropisies, à l'aide seulement de cataplasmes
chauds de pommes de terre appliqués sur les cuisses et le
bas-ventre des malades, soit tous les jours, soit tous les deux
jours, et renouvelés pendant deux ou trois heures de temps,
de manière à provoquer une abondante sueur. Alors je prescri vai
aussi des boissons difusbl~
et cbaudes, de manière à seconder
les applications externes.
Hydropisie de l'ovaire.
Jl nous arrive assez souvent des malades affectécs d'hydropisies plus ou moins avancées de l'ovaire. Nos eaux, cbez elles,
agissent en améliorant leur santé générale lorsqu'elle était déjà
compromise, mais jusqu'ici je les ai trouvées impuissantes contl'e
cette maladie. Nos étuves, nos bains chauds, si bien indiqués
contre d 'autres hydropisies, n'ont aucune action sur elle. Si
la médecine est encore à connaitre et la cause et la nature de
l'hydropisie de l'ovaire, on s'en console à demi, quand on sait
que cette maladie peut exister longtemps sans compromettre en
rieu la vie dcs malade .
�-
150 -
CHAPITR E XXII.
De l'olaéSlté ou POlysRI'eje.
Nous avons chaque année quelques personnes qui viennent à
Plombières dans l'espérance d'y voir diminuer un embonpoint
excéssif. Cet accident, très-commun, est il peu près abandonné
comme incumLle par les médecins modernes; au siècle dernier
l'infortuné Louis XVI et son aïeul Stanislas, dans ce siècle,
un roi de Wurtemberg et Louis XVJU en sont des preuves
manifestes .
Chez les anciens, cette incommodité a"aIt des conséquences
beaucoup plu graves qu'elle ne peut en avoir aujourd'hui: aussi
se préoccupait-on bien plu; des moyens de la guérir, moyens
que Jes Anglais ont en par He conservés avec le pugilat, mais
qui ne servent guèl'e chez eux qu 'à pt'éparer les boxeurs et
les jockeys, ct qui, bien à tort cependant, ne sont pas considérés comme étant du domaine de la médecine.
L'obésité est non-seulement un embarras continuel, mais elle
es t aussi une grave menace pOUl' ses victimes. n Obesi plerum-
que aculis morbis et difficultale spirandi strangulanttt1', sttbitoque sœpe moriuntur : lJuod in corpore lenui01'c vix cvenil, » nous
dit Celse. IL eRt rare en effet que 1 s pergonnes très- grasses
vivent longtemps. Faut-il donc, comme les moderne le coneilIent, nous borner dan s ce cas il prescrire un peu plus d'exercice
ct une alimenlatiou moins abondante? Mais ces moyens, quelque bons qu'ils soient, sont prcsquc toujours insuffisants contre
cc mal.
En effet, robé iLé ne dépend pa ', il s'en fant bien, de cc
que le malades mangent trop. Beaucoup d'obè es mangent au
contraire ll'è -peu, tundis que nou voyons souvent des personnes
maigres manger bcn u 'oup. Celle -là) dillc vulgaire, ont le foio
�-
151 -
cbaud, ct comme cela arrive souvent, le vulgail'c est très- près de
la -védté, Ces grands mangeurs ouL des selles abondantes; il
perdent ainsi beaucoup de bile, liquide très - carboné; ils on t
aussi la respiration et la transpiration insensible très-acti ves.
Les obèses) au contraire, ne consomment pas assez du carbone
et de l'hydrogène absorbés dans les alimeuts par les voies digesti ves, et qui se déposent so us forme de graisse dans les
mailles du tissu cellulaire. Il ne faut donc pas se borner alors
à diminuer la quantité des aliments, mais il faut les choisir
parmi ceux qui contieunent le plus d 'azote, parmi ceux qui
peuvent se changer facilement en protéine , c'est-à-dire en tissu
animaux: les substances non azolées, en effet, celles qui sont
riches en amidon, en sucre, en gomme, ne peuvent pas servit'
à la réparation de ces tissus, mais donnent seulement à l'économie du carhone et de l'hydrogène, destinés dans l'état normal
à être brûlés dans le sein de nos organes et à fournir ainsi à
l'entretien de notre chaleur, mais qui se couvertissent en graisse
et se déposent dans les mailles du tissu cellulaire, quand la
respiration et les sécrétions n'out pas pu les user. C'est à cau e
de cela que les anciens défendaient les aliments peu azotés aux
personnes trop grasses, l'expérience chez eux ayant souvent
devancé de beaucoup les données dc la science moderne. " Pul-
mentum vero, alicam, amylum, lac, nucleos, eerebrum, ova,
pisees autem leneros, vel pinguia quœq1te reprobamus, • di.t
Cœlius Aurelianus en parlaut du traitement des obèses, et il
conseille alors du pain sec fermenté, fait avec la farine et les
sons, et bien rassis pour que l'on en mange moins ; il conseille
aus i une nourriture sèche, de la viande noire et même de la
chair de porc, mais salée et vieille; poreina ex deposito, hoc
est, longo . tempore sale siceata; les alimen ts de haut goùt et
les légumes qui excitent à uriner , tels que les asperges, le
panais, l'ùche, le fenouil, les poireaux ct autres semblables .
Pour activer les fonction de la peau, il conseillait encore aux
ohèses tous les exercices du corps, les courses en voiture, l'équitation, les voyages, le frictions sèches, lcs lectures à haute
voix, la déclamution, les bains de soleil , Bliôsin , les étuves
èches, le loUons alternaliv menl chauùes ct froid e',
�152 -
Nous avons exposé les causes de l'obésité. Il faut donc, pour
la eomhattl'e efficacement, fournir d'abord moins de carbone ct
d 'hJdrogèlle il l'économie, non pas en se bornant, comme on le
fait aujoul'd'hui, à diminuer la quantité des aliments, mais
en en modifiant la qualité ainsi que le conseillaient déjà les
alleiens : il faut en ontre faire respirer davantage les obèses,
augmenter avcc mesure toutes leurs sécrétions.
gradations
On modifiera le régime des oMses en suivant le~
que la prudence indique. On leur prescrim du pain très-rassi"
et même atttopyre ~ c mme les Grecs appelair.nt le pain mêlé
de sons, le pain de mun ition d'aujourd 'hui, ann qu'ils en
mangent moins. On leur donnera du bouillon gras , dc la viande
Doire dépouillée de sa graisse et rôtie) quelqnes-uns des légumes conseillés paf' Aurelianus euits au gras, On leur interdira l'usage hahituel des mets sucrés, féculents, gommeux,
le beul'I'e, l'huile ct les autres graisses; ils devront peu boire,
on Jeur défendra aussi la bière et on leur donnera de préfé- _
rence du vin npl'e : " Vinttm pa1'vum daltimus, medioc,"Uer asperurn; " il tendra à diminuer l'absorption du tube intestinal.
On leur prescrira des veilles aus i prolongées qu'il sera posibIe, Le éjoUl' au lit diminue la transpiration et la re piration
ou l'oxygénation du ang: il ne peut qu'augmenter la fOI'mation de la grai se, qu'ajouter au mal que nous ayons à guérir.
On fait respirer davantage les obèses en diminuant lç temps
qu'ils ont l'hahitude de passer dans leur lit et en les engageant
il vivre toujours dans un air bien pur. Il faut qu'ils fuient
l'ail' puant et enfumé des tabagies, qui diminue si puissamment
toul il la fois la respiration et les fonctions de la peau, qui
use et vi lllit rapidement le poumons et l'économie entière.
Les ohè es doivent se livret' surtout fi un exercice soutenu, en
ruppot't avec leurs forces. Rappelons ici ce que dit Galie .. de
Quando in
lu condition indi pensable d 'un utile ex.ercice :
quifJus rnotibus nHlla fit anhelitus mutatio, hos nondum exercitationes vocamus, quod si qu'is majus, mi11usve, cclerius aul
ft
crebrius, jam ex motu aLiquo r().~piae
cogitur, huic certe tan lus
motus exercitatio {ucrit. " Ainsi l'exercice, pOUl' èlre utile, doit
activel' la respiratiou, c'e t-à-dire faire hrùler par les poumons
�-- 153 -
et par le l'este de l'économie, dan le même espace de temps ,
une plus grande quantité de carbone et d'hydrogène; mais il
doit toujours ( ~ tre .prescrit avec prudence et ne jamais être porté
jusqu'à une extrême fatigue.
'
Quand les obèses le peuvent encore, il faut que, tL'ès-cbaudement vêtus, ils marcbent avec vitesse et assez longtemps pour
revenir chez eux tout baignés de sueur. C'est le plus actif des
moyens que l'on emploie pour pn1parer les boxeurs et les jockeys
et les faire diminuer promptement de volume quand ils sont devenus trop gras.
Il faut ajouter à tous ces moyens de fl'équentes et longues
frictions sur la peau. « Mulla (r'ictione, dit Hippocl'ate, eœtenuari,
medioc1'i crassescere. " La cultUl'C d'un jardin convient aussi aux
obèses ... Fodere ergo valens robustaque eœercitatio est, » nous
dit Galien.
Si ]a marche n'est pas facile à nos malades, s'ils ne peuvent
plus se livrer à beaucoup d'exercice, on peut se borner d'abord
à leur faire élever de poids proportionués à leurs forces; n'ouhlions pas non plus le ballon de Zadig et du seigneur Ogul.
'Faisons IÏl'e nos ohèses à haute voix; qu 'ils déclament avec actiou;
qu'ils fassent de grands mouvements de bras; qu'ils conduisent
des chevaux ardents ct difHciles. On devrait pour ies obèses
ressusciter tous les exercices du g;ymnase antique, exercices si
utiles à tous les hommes qui, par état ou par habitude, ont une
"Vic peu active, et utiles aussi à tons les jeunes gens) <],ui doublcraient par lil leur force et leur adresse .
Le' ohèse' qui viennent li Plombières pour y commencer
]eul' traitement et donner à leU(' peau une pui ssa ntc cxcitation ,
doivent se soumettre au réO'ime alimcntai\'e que j'ai indiqué et
man ge\' cbez eux, en se contelltunt de cleux repa si cela leur
est possible. JI faut qu'ils associent il l'exercice 110 hains de
vapeur suivi s d'une sueur abondante ct qu 'Hs reCOU lTen t au si
li de fréquents et longs massages, en se l'appelant le pt'éce pte
d'Aure]ianus, excellent au moin ' pOUt' les malades ricll es. " Inne
ne parles rel'ri(Jcscanl vel i mpl ~ant(,r
ctiam à lJlurimis crit
corpus eonf"riCltndum, ut duo bus minis/ri ab lIt/,mcris lalera et
alUs duouus rtb in!luiniblts entra. »
�-
154 -
Pendant la durée de leur traitement, les obèses devront reà la balance de Sanctorius, qui leur a'ppt'endra
courir souven~
ce qu'ils ont ou gagné ou perdu et qui fournira à leur médecin
les plus utiles indications.
Une fois revenus à des dimensions ordinaires, nos malades auront toujours des précautions à prendre pour éviter de retomber
dans leur ancien état; mais ces précautions seront devenues pour
eux d'autant plus faciles qu'ils auront, pour les déterminer à les
suivre, la puissance de l'habitude et la satisfaction du résultat
obtenu.
�15r) -
CHAPITRE XXIII.
Tous les ans il vient à Plombières un assez grand nombre
de personnes qui ont à se guérit' des suites de l'apoplexie. La
plupart en retirent beaucoup de soulagement) et plusieurs une
guérison complète. Mais pour combattre cette maladie avec succès,
il faut, du côté du médecin, l'attention la plus soutenue; du
côté du malade, la docilité la plus entière: il ne s'agit, en efiet,
de rien moins que du plus noble de nos organes, du cerveau,
ce principal réservoir du nuide nerveux, auquel toutes les stimu~
lations aboutissent et duquel toutes les déterminations émanent j
de ce viscère enfin que Tiedman a si bien nommé la clef de
l'organisation animale tout entière, et dont la compression peut
amener instantanément la mort.
I/apoplexie est un mal qui, de même que la goutte, e t
souvent héréditaire. Il y a entre ces deux affections des analogies bien plus remarquables. Toutes deux sont dues presque
toujours à des lésions de sécrétions du mème genre. Le sang
de l'apoplectique offre les mèmes caractères que celui du goutteux:
il est tl'Op pla ,tique, trop peu alcalin, Les ouvrages de mon frère
ainé abondent en données nouvelles sur cette maladie, si commune
dans IIOS pays froids, el habituellement si gl'a ve.
On ,'ama que c'est à un affaiblissement des fonctions de lu
peau, ordinairement facile à guél'ir, que l'on doit la plupart
dc' apoplexie ' et leurs récidives, conll'e lesquelles les saignée,
le' exutoir s et les pUl'gatifs ue sont, pOUl' l'ordinaire, que d'impuissants remèdes.
.
On comprend dès lors l'action de IlOS eaux contre une foule
d'accidents occasionnés par l'apoplexie. Alcalines et chaudos,
agi sant sous une pres ion atmosphérique beaucoup moin forte
{lue celle il laquell ont habitués la plupart des malade ' qui
�-
156 -
nous arrivent, nos eaux, en facilitant beaucoup les sécrétions
cutanées, rcndent donc au sang la fluidité qui l\1i manquait, et
lui ôtent cette prétendue richesse, cette plasticité à laquelle sont
dues la plupart des congestions inflammatoires.
}\fais si, de retour chez lui, l'apoplectique satisfait de l'améliol'ation obtenue, retournait à ses habitudes premières, et négligeait d'entretenir, pal' tous les moyens possihles, cette activité
sécrétoit'e de la peau rétablie à l'aide de nos eaux, il risquel'ait
une rechute d'une maladie contre laquelle les doctrines électrochimiques fourniront à l'avenir de si utiles remèdes.
Quelles que soient les causes occasionnelles de l'apoplexie, il
faudra presque toujours prescrire un régime sévère, mais tonique
et composé surtout d'aliments azotés, qui, en entretenant convenablement la vie, en réparant suffisamment nos organes, fournissent cependant le moins de substance combustible que possible.
L 'apoplectique qui mange beaucoup et qui fait aussi un trop
graud usage de boissons excitantes, court inévitablement à sa
perte. JJa digestion ùe ces aliments peut causer une réaction
fatale de l'estomac et des intestins sur le c5Eur et le cerveau,
et tuer le malade quelque temps après son repas. Cependant,
il est assez heureux parfois pour que ses digestions s'opèrent
sans réaction morbide bien marquée. Déjà H s'applaudit de la
vigueur de sa santé; les eaux lui ont rendu le libre usage de
ses membres; jamais il n'ent meillcur appétit; et un médecin
fùebcux ,rondrait lui prescrirc un régime sévèl'e, l'cxercice et
les frictious! JI rit de ses presc['iptions importunes; mais le sang
qui bicntôt aboude cbez lui et qui , par suite de sa maladie et du
défaut de précautions, est l'esté beaucoup trop peu alcalin et
parlant trop plastique , est de nouveau appelé avec violence dans
Jes h6mi phèrc8 cérébraux, ou hien 1'inf1ammation à laquelle ces
organrs élaient en proie, continuant à fairc des progrès, les
ramollil, les d6sorgani8c : 1'apopleclique meurt au moment où
il cro.Yait pouvoir compter le plus sur la vic.
D'autres: fois, entrainé par les annonces des charlatans, le
malade voudra ajouter à l'action des eaux, J'action miraculeusc,
'clon lui , ou d' un Ait'op émLi-glaireux , ou ùu remède l AC roi , ou
de tout tlutl" poison ralemcnl vendu ave' brevel. Crs poL ons ,
�-
157-
en stimulant violemment son estomac, pourront quelque temp'
encore augmenter son appétit, faciliter ses digestions, lui permettre les plus riants pl'ojets : le malhemeux s'endol't SUl' un
abîme.
Indépendamment de la pléthol'C qu'amènent de telles médications et de ses funestes effets, le tube intestinal, vivement
Ït-rité par le poison dont on l'abreuve, ralentit les fonctions de
la peau, réagit sur le cerveau en l'irritant, solli.cite une beaucoup plus abondante sécrétion de bile, liquide alcalin, ce qui
augmente la proportion déjà trop grande des acides dans nos
humeurs. Alors se détruit l'utile excitation de la peau que nos
eanx avaient produite; alors se ranime l'inflammation prète à
s'éteindre, et i, sous son influence, le cœur, par un surcroît
d'action, ne vicnt pas terminer la scène, des foyel's purulents,
. des dégénéresccnccs squinheuses ou cancél'euses amènent bieulot
la mOl't.
La plupart des apoplectiques qui viennent faire usage de nos
eaux, ont besoin d'une saignée génél'ale ou locale lors cie lcur
ani vée; ils sont alors dans des conditions bien plus favorables
à leur guérison; la surexcitation du cœm' est par là beaucoup
moins il craindre, et l'on peut, à l'aide de cette saignée, employer les eaux d'une mauière plus active.
ous remarquons habituellement une amélioration très-prompte
dans l'état de apoplectiques qui font usage de nos eaux, mais
celte amélio~'n
cesse · bientôt de faire des progrès. Il est
couvenablc dans ce cas de suspendre le traitement, soit pendant
quelqucs semaines seulement, soit ju qu'à la saison suivante. Ce
phénomène vienl sans doute de ce que nos eaux minérales agissent moins pent-ètre sur le cerveau que sur les nel'fs des membres
paralysés, auxquels elles rendent la puissance, qu'ils avaient
perdue, de tr'allsmettre les , limulations cérébrales devenues pLu
fortes, par la diminution de l'épanchement encéphalique. Sans
doute, eu activant beaucoup les fonction' de la peau, en rappelant de la chaleur el de la vie dans les mebl~s
paralysés,
IlOS caux J'a vol'Ïsent aussi l'absorption du cailLot épanché, lIlais
cclte action m'a loujours paru beaucoup moins mal'quée que
l'autre.
�-
158 -
Les apoplectiques, à Plombières, doivent prendre d'abord des
demi-bains tièdes; peu à peu on en élèvera la température et
ou en prolongera la durée, sans toutefois exciter jamais une
action trop marquée du systèm,e circulatoi1'e. Si, malgré le
régime nécessité par cette maladie, le pouls se relève" la face
se colore, que l'on se hilte de recourir à la saignée générale
ou locale, suivant l'indication.
Lorsque les malades sont babitués à l'action de nos bains,
prescrivez des doucbes sur les membres paralysés, sur les
parties inférieures du tronc et sur les membres ahdominaux;
les doucbes ascendantes sont so uvent indiquées dans ce cas;
mais défendez avec soin les douches sur la têtc : elles feraient
courir à ' 'os malades les chances les plus fâcheuses ( 1).
Je me trouve toujours hien, dans le traitement de ces maladies, de fréquents pédiluves à la température de 32 ou 33
degrés R.; plus chauds, i~s pourraient déterminer, pal' la douleur qu'ils causeraient, une réaclion fâcheuse sur l'encéphale
et accroître ainsi les accidents.
Toutes les fois que les malades le pourront, associez aux
moyens précédents des ét uves, en ayant soin de couvrir la tête
de linges imbibés d'cau froide. Ces étuves auront pour effet
de désacidi{!er le sang, de le rendre plus il uide, de s'opposer
ain i à de Douvelles congestion cérébrales; mais accompagnez
alors ' 'os apoplectique et faites-les retirer à l'instant où ]a
circulation commence à s'accélérer. Le massage est aussi un
puissa nt moyen dans J'apoplexie, et ee que j'en ai dit déjà le prouve
suffi. amment.
Dès que les malade peuvent supporter les promenades en
voiture, à ùne ou à pied, Jaites-lcur fréquemment respirer l'air
si pur, si hieufaisant do nos monla gnes; mais rccommandezleur de ne jamais porter l'exercice jusqu'à la fati gue.
(i) Did elo l , dans 60n Apis/aux pcrsonnes qui font usage dcs eaux de Plombières , les dérend de Jo mnni 'f'C la plu s ahsolue. " Il es l souv nL s urvenu li. leur
Rui le, dil-i l , des CO/lllll Oli OIl S violclIles au ccrvcau , qui olll rait craindre pour
la vi • " l\lonlaign', d ans ses , ,rayages , nous raconle que la
l ui
dQU
he sur la t \ le
all sa b eau coup d'élOurdi ss 'on ' nl s ,t un c migraine qui vint le lourmenler
lOU6 1 s jours.
�-
159-
J. . orsque, grâce il nos eaux, l'encéphalite est guérie ou
con~
sidérablement diminuée, les exutoires me paraissent soU"vent
indispensables pour en prévenir le retour, ou pour maintenir
l'amélioration que la première partie du traitement a déjà produite.
Ces exutoÏt'es peuvent être placés, tantôt il la nuque, 'tantôt
sur les membres abdominaux, quelquefois sur la région du
cœur ou Elur toute autre partie, sui.vant que l'on a pour but
de produire une dérivation au profit du cerveau seulement,
ou que l'on veut combattre encore une autre phlegmasie.
Si le médecin est souvent obligé d'inspirer aux apoplectiques
des craintes salutaires, quelquefois aussi il est obligé d"éloigner
d'eux la désolante image d'une fin prochaine) de leur rendre
l'espoir qu'ils avaient perdu. Cependant la tristesse est bien
moins généralement l'apanage des eéphalites chroniques que des
gastrites; toutefois elle est aussi nuisible au traitement de ces
deux genres de maladie.
L'hiver, le printemps et l'automne sont les saisons préférables pour le traitement des apoplexies il l'aide de nos eaux.
Après leur usage, les précautions hygiéniques seraient insuffisantes la plu part du temps aux apoplectiques. Ils ont besoin, par
des lotions alcalines proportionnées à l'irritabilité de leur peau,
par' le massage ou des frictions fréquemment renouvelées, d'augmenter la transpiration insensible. Ces moyens, du reste, qui
sont indispensables aux apoplectiques et aux goutteux, le sont
également aux vieillards qui tiennent il prolonger leur existence
et il vivre exempts, autant que nous pouvons l'être, des infirmités de la vieillesse. Un prudent usage de la vératrine ou de
la poudre d'ellébore il dose purement altérante peut être alors
très-avanlageux; mais je renvoie ce que j'ai il dire sur celle médication au ebapitre où je m'occuperai du traitement de la folie.
SOI XANTE- DOUZIÈME ODSERV ATIO
M. :M.". , de Nancy, d'un tempérament angnin, âgé de
oixantc-einq ans, avait lu le livre apologétique du remède T. . eroi
�-
IGO -
et il en était devenu enthoùsiaste. Ayant fait plusieurs fOls usage
du vomi-purgatif, il lui avait dû plus d'appétit et la dis pa['ition de quelques douleurs : c'était à son gré un remède
infaillible à tous nos maux. Cependant, sa panacée avait fini
par développer chez lui une duodéno-hépatite assez gt'ave, qui
nécessita tous les soins éclairés de ses médecins. Il eut une
légère apoplexie au printemps, et il fut forcé de rccoürir il nos
caux.
A son arri vée à ·Plombières, il ne J'estait Ù lU. M... qu'un
léger' engourdissement de la jambe et du bras gaucbe et une
douleur assez vive dans le talon du mème côlé. n marchait péniblement.
Très-gras, ayant le pouls plein, malgré des saignées abondantes, je lui exposai, autant qu'n fut en moi, tous les dangers
que lui ferait courir une alimentation tmp abondante; mais il
ue tint pas compte de mes avis. Cependant des demi-hains, de
fréquents pédiluves, des douches sur les extrémités inl'ùieul'es ,
le tout aidé pal' une forte application de sangsues, firent promptement disparaitre la douleur de talon et la paralysie du bras
et de la jambe. Avant de quilter Plombières, lU. ~I. .. put faire
ft pied près de deux lieues sur nos montagnes: pour un apoplectique de son àge, c'était certainement une longue route; il
ne testa que trois semaines à PlomLières.
Si, de retour chez lui, il avait ajouté il un régime peu abondant
une vie active, de frictions sèches, des lotious alcalines, nul
doute qu'il existerait encore; mais loin de là, pour compléter
sa cure de Plombières, il crut devoir se débarrasser d' httrneurs,
et il cuL dc 1I0U veau recours aux purgatifs, 11 déterminèrent chez
loi une apoplexie foudroyante.
SOIXA 'l'JF J'IlIHZlÈME OJlSERVA'ftO •
A l'ùgc de quar'aute-deux uns, M. Tb ... , alors acleur du
Théàll'e-.I!l'unçals, d' un tcmpérament éminemmenl 'uoguin, pas a
'ubitement d'uue vic tl'ès-a<,live il un "cpos physique pre, que
�-
l{iI -
a1)solu; en revanche, il se livra avec entraînement aux travanx
de cabinet.
Bientôt, à un embonpoi.nt inaccoutumé, vinrent se joindre
des douleurs de têle auxquelles 1\1. Tb. . . n'accorda que peu
d'atlention; mais ces doul eurs augmentèrent jusqu'au moment
où, à la suite d'une longue veille, un épancbement cél'ébral
tl'ès-gravc produisit une paralysie complète de tout le côté droit
du üorps.
'
Des soins bien dirigés arrachèrent , M'. 'l'h . .. à la mort, et
dans l'automne de 1824; il se fit conduire à Plombières. J'ai
rencontré peu de malades plus indociles; cependant, les bains,
la doucbe sur les extrémités inférieures, les pédiluves, quelques
saignées générales et locales luttèren t avantageusement contre
$8 maladie. Malgré une alimentation trop abondante, tandis
qu'à son arrivée il pouvait à peiue faire quelques pas, en se
traînant péniblement appuyé sur le bras de sa garde, à son départ, deux mois après, il pouvait faire seul un quart de lieue.
Revenu l'année suivante, il vit cnèore sa position s'améliorer,
ct après quarante jours de l'usage de nos eaux, il arriva au
point de faire facilement une lieue à pied. Mais de retour dans
sa famille, il prit, malgré .l'oppositiou de tous ses médecins,
le vomi-purgatif de Leroi, et un nouvel épanchement cérébral
vint terminer sa vie.
Si ce malade qui, à son indocilité près, était un des plus
aimables hommes que j'aie connus, avait voulu s'astreindre au
régime sévèl'e que nécessitait sa position, je suis convaincu que
nos caux auraient pu le rétablir ou du moins prolonger beaucoup
sa v le, car nous devons encore dire avec le père de la médecine:
Apoplexiarn vehementern solvere irnpossibile, irnbecillern vero
non l'acile . »
n
SOlXAlSTE ET QUATORZIÈME OBSERVATION.
M. D .. ') du canton de Vaud, âgé de soixante-cinq ans,
vint en 1827 à Plombières, pour se guérir d'une. hémiplégie
légèL'e dû côté droit , causée par une congestion cérébrale qu'il
14
�-
162-
avait cue à la fin de l'hiver. Jttant déjà vcqu quelq ocfois il
Plombièl'es, lU. D ... l crut pouvoir se passer des conseils d 'un
médecin l et à des bains très-chauds et très- prolongés, il ajouta
des douches aussi chaudes, très-fortes et prises principalement
sur la nuque. Une nouvelle apoplexie fut le résultat de ce trailement, et je fus appelé polir soigner M. D ... Des saignées
générales et locales, des sinapismes aux pieds, une diète sévère
le rappelèrent à la vie. Lorsque je le jugeai en état de recommencer l'usage de nos eaux, je lui fis prendre des demi-bains
tempérés, en ayant soin de placer à ses pieds un vase clos rempli
d'eau plus cbaude.
Aux hains j'ajoutai bientôt des douches sur les extrémités
inférieures,; je revins plusieurs fois aux applications de sang ues,
el je parvins ainsi à rétablir assez hien ce malade pour Je mettl'e .
en état de marcher seul.
J/amélioration de sa santé aum sans doute été en augmentant l
si, dû r tOUl' c\'\e1. \U\, 1\ a continué te traitement sévère <lue
je Illi aVilis prescrit et que nécessitait lu gl'Uvité de sa po i, lion. 11 est p,'ohable que, sans son extrème impl'U(lel1ee, \\t.
J) .. .
aurait obtenu de nos eaux une cure radicale.
SOIXANTE ET QUINZIÈME
on
ERVATlO •
M. X .. . , ùgé de tl'enle au , d' un tempérament sanguin 1
nerveux, avuit été guéri, en 1823 , d'une maladie syphilitique,
li l'aide d 'un tl'aitement mercuriel très-complet. ] ~ n 1825, une
pelile Lumeur d' un rouge liviùc se développa un peu au- dessus
du nez. Cette tumeur laissait écouler, à la pression, un pus
blanc et épais; de légères frictions mercurielles la firent dispara1tr .
En 182G , f. X... commen n il se plaindre de douleUl's
OSléocopes il la partie supérieure et postérieyre du pariélal
ga uche et il la bosse co1'ona1e du mème côté. Bientôt, sur cette
dcmHwc l'ég\on ) se d ve\oppll. une exostosc a sel. o1umiu us
et assez douloureuse pour empècher le malade de porter. un
chapean.
la fin de J'hi ver d 182G à 1827 , il la suite de
�-
163 -
vives contrariétés ~ 1\'1. X. '. eut un congestion cé ..ébrale, a~.:
compagnée d'hémiplégie du côté droit. JJes douleurs ostéocopes
persistaient toujours au pariétal et au frontal. Des saignées
rétablirent M. X ... , et il prit beaucoup d'embonpoint il la
suite de cet acciqcnt . 1\'[ais la maladie des os n 'ayant point fixé
l'attention des médecins ordinaires de ce malade, non plus que
les risques que lui faisaient courir son état de pléthore, une
nouvelle congestion cérébrale eut lieu six mois après la première,
mais elle fut plus grave.
Celte fois l'bémiplégie du côté d,'oit était complète et accompagnée de perte de la parole.
Les saignées locales , les dérivatifs sur l'estomac et les in..:
testins ne faisant pas di paraitre l'hémiplégie, on employa avec
sucè~
la strych nine; cependant ses 'effets avautageux furent
bornés, et M. X ... vint à Plombières. Il bégayait encore, ne
marcbait qu'avec b eaucoup de difficulté 1 et son bras droit ne
lui ~t ui.~
1..I.' t\UCI.\l\ . Q\ . \r ~ , <\\.\Q·\<\\.ù\ \)Ù\. M~il.
l e ffi\.m,,\.ür.
Une application de sangsues à l'anus, des bains tempérés ,
des douches ascendantes, des douch es descendantes sur les
extrémités inférieures, de fréquents pédiluves, un régime doux
ct l'CllCtC\CC lui t endi.rent en \.\'01 emalnes le libre usage de
la j,tlmbe, du bras et de la Jangue : l'exostose diminua considéra blement de volume; mais lors de son départ, .Ill. X. "
éprouvait encore les douleurs ostéocopcs dout l'ai déià parlé.
TI était donc à craindre que la table interne du pariétal gaucbe
ne s'exostosàt, comme il semble. que cela avait déjà eu heu,
ou que son in/lammation se continuant dans l'encéphale, n'amcnàt bienlôt de nouveaux acci dents : mais si M. X ... a suivi
Je traitement sévère qu e néces itait sa position, j 'ai tout lieù
de croÏl'e qu'i1 jouit aujourd'hui de la meilleure santé.
01 ' ANTE ET SEIZlÈl\Œ ODSERVAl'ION.
~'aùmc
~1.
.. , (les emirons de \\lctz, ùgée de quarante-huit
ans, ayant pa sé l'ùge du relour, d 'un tempérament anguiu ,
tr'ès-gras e, avait cu, à la suite d ' un gra nd chagrin, une
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164-
apoplexie avec hémiplégie et paralysie, non pas de la langue,
mais de l'organe cél'ébral générateur des mots. A son arrivée
à Plombières, quatre mois après son accident, elle ne pouvait
ni marcber ni parler : je lui fis une forte saignée. Au bout
de douze jours de bains et de douches, Madame 1\1 ..... .
marchait déjà seule dans la.cl;tambre, et elle avait retrouvé assez
de mots pour pouvoir se faire facilement comprendre. Quinze
jours après, Madame M. :. pal'tit encbantée du mieux qu'elle
avait obtenu, mais auquel ces quinze derniel's jours n'avaient
rien ajouté.
SOIXANTE ET DIX-SEPTIÈl\IE OBSERVATION.
M. de J ... , âgé de soixante-neuf ans environ, d'un tempérament éminemment sanguin, eut, au mois de janvier 1832,
une attaque d'apoplexie avee hémiplégie accompagnée d'embarras
de la prononciation. n vint à Plombières l'été suivant; il marchait avec peine; son bras droit lui était complétcment inutile;
il pl'it quarante bains et une tl'entaine de doucbes; je lui fis ,
en outl'e, deux saignées générales. A son départ, 1\1. de J ...
marclluit facilement : il pouvait, qlloiqu'avec peine, mettrc
on chapeau snI' sa tête, en sc servant de son bras paralysé.
L'année suivante, après un traitement pareil, lU. de J ... put
assez bien éCl'ire.
est revcnu une troisième fois il nos eaux;
il les a quittées parfaitement l'établi.
.
n
�-
165 -
CHAPITRE XXIV.
DE LA FOLIE.
01.b11oU8 des u1étleein8 Rnc1ens et Illoclel'Jle8
SUI' IR folie.
La folie est une maladie encore entièrement inconnue; il e l
facile de s'en convaincre en lisant les ouvrages des médecins
qui se sont occupés de son histoire. Pour expliquer sa nature,
ils ont mis en avant des hypothèses plus ou moins sédui antes,
et qui, suivant eux, devai eot fixer désormais la science; mais
aucune d 'elles ne peut satisfaire un esprit exact: je le démontrerai après les av oÏl' passées rapid ement en revue. Je ne réussirai
qu'à constater cette grande et triste lacune dans notre science
que j'aurais atteint un but utile. Signaler une erreur , quand
même on n'a pu découvrir encore la vér ité dout elle tient )a
place, n 'est-ce pas déjà un sel'vice rendu? Mais j'es père faire
mi eux et indiquer, sinon par'courir entièrement la route qu'il
faut suivre pour al' ri ver enfin à connaitre la véritable nature
de la folie ct, par conséquent, les meiijeurs moyens dc la guérh'. Je ne me bornerai pas, dans celte seconde partie de mon
mémoire, à exposer des idées théoriques; je les fortifierai pal'
l'histoire de faits assez nombreux ct assez concluants pour mériter l'attention de mes lecteurs.
Hippocrate, dans ceux. de ses livres qui nous sont l'estés,
parle à peine de Ja foli e. Celse expose, avec son élégance accoutumée, les différents moyens employés de son temps pour
la combattre. Il parle d 'abord de la folie aiguë uvec fièvre ,
qu'il e11vi e en différents genres, uivant que les fou sont gai '
ou tri sles, faciles à maintenir ou furieux, emportés :par un
pl'emier mouvement, ou calcll]unlles' moyens de sati sfaire leurs
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166-
passions dominantes. Il reconnait un autre geore de folie, se
déclarant d'abord san exciter de fièvre, mais eo produisant
ensuite une trè -légèl'e ou Céll'actéri ée par la tristesse, amenée,
selon lui par la hile noire. 11 admet une dernière espèce de
folie, la plus durable de toutes : les malades sont gais ou
tristes; leur maladie ne nuit en rien à leur santé, à la durée
de leur vie.
Déjà, du ' temps de Celse, on avait remarqué la grande utilité du sommeil daos le traitement de la folie aiguë. Omnibus
vero sic affectis somnus et di{(icilis et prœcipue necessarius est,
disait cet auteur. La bile noire, les humeurs viciées lui paraissent la cause la plus ordinaire de la folie, aussi conseille-t-il
contre elle l'ellébore blanc et le noir, le premier comme vomitif,
le second comme purgatif : ù ces moyens il ajoute la saignée,
les affusious sur la tète et les lotions de cette partie du corps
avec de l'eau simple ou médicamenteuse. Il ne se borne pa à
conseiller les coups pour maintenir les fous furieux, mais il
les conseille encore, aiusi que la faim ct les chaine , comme
méthode de traitement.. (( Si vero cons ilium insapientem tallit ,
tonnenl'is quibttsdarn optime curatur. Ubi perperum aliquid dùliit
aut {eeil, /,ame, vincutis, plagis coercendus est. " On conseille
aujourd'hui, dans le mème but, la douche froide sur la lète;
c'est, comme nous le Yert'ons plus loin, l'un des plus puissants
moyens du traitement moral de lu folie.
Rufus donue uue théorie plu ' complète de la maladie qui
1I0U occupe: clic est toujours due, suivant lui, à une affection
du cCl'veau, tantôt produite pal' l'altération du sang de tout
le corps dev nu mélancolique, tantôt par l'aLtération eulc tlu
à de la hil jaune ou brùlée ct
'uug du cerveau, m~langé
épaissie par sa trQp gl'Ullt!e chalcur. Le cerveau devient malade eneOl'C , nous di t Rufus, pal' 'uite de l'action sympathique
qu' X()J'C nl sur lui le viscères qui avoi sinent le diaphrarrme,
ou bicn pal' l'atrabile qui 'en cmpare , ou bien pal' uue vapeur
111 <Ianeolique qui s'élève ju 'qu'à Lui. Le médecin d'Eph1-.se explique du rt' tc , en unatomi te habile, le sympathies de l'e Lomac
cL du cerv au pUI' l'intermédiaire <l ncds allant de l'UII il l'autre
Ilr cs Ol'g'flnc ; il chel'che à expliquer aussi le gcurc du déCl
)J
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167 -
lirc pal' la uaturc de la cause qui constitue la maladie. Tel sc
croit un vase de terre par suite de la sécheresse et du froid
natUl'el à l'humeur mélancolique; t'il autœ 'se, croit sans tête
parce que sa tète, l'emplie de vapeur, est devenue réellement
plus légère. Si la plupart de ces iLlées sont des hypothèses
dont nous comprenons facilement toute la fausseté, jugeons-les
avec indulgence; tenons compte à leur auteur des efforts qu'elles
lui ont co"Ûtés et rappelons-nous que, parmi les opinions que
nous considérons aujourd'hui comme incontestables, beaucoup
pourront vieillir à leur tour et exciter au même titre le rire de
la postérité.
Si la folie est due à ce que toute la masse du sang est devenue
mélancolique, Bufus conseille la saignée. Il n'en est plus de
même i le sang du cerveau seul est malade, et Bufus donne
des préceptes poUl' distinguer ces deux cas. A la folie produite
par une affection primitive du cerveau, il oppose des bains
t'réquents, a,ssiduis balneis; à celle qui est' due à une humeur
dout son peu de durée permet d'es(>él'Cr l'évacuation, il oppose
des remedes variés et puissants, « Oporlel autem, ajoute-t-il ,
incipienle morbo mederi, narn inveleralttm et auclum medenlis
manus respuit. "
Que la folie soit due à une affection primitive ou secondaire du cerveau, Possidoni.llS recommande contl'c elle les purgatifs.
Galien, qui attribue un certain nombre d'épilepsie il uu suc
épaissi par la pituite dans les ventricules du cerveau et principalement dans le ventricule postérieur, qu'il considère comme
le plus 'n oble, pense que ce suc est une des causes de la
mélancolie, quand il e trouve en grande quantité dans la substance du cerveau. Il en est de même du suc formé par l'atrabile aux dépens de la bile jaune recuite l et qui produit le
délire férin quand il abonde dans l'encéphale. Ce délire est
avec ou sanR fièvre. La folie qui tiee évidemment son origine d'une
bile peu colorée, est la plus douce de toutes.
Ca)jen compare la mélancolie pl'odllite par les affections hyPOCoodl'iaqucs au délire causé par los maladies aiguës. C'est
alors la chaleur qui se propage jusqu'au corveau , ou bien un
�-
168 -
esprit vaporeux analogue à la fumée ou à la suie qui s'élève
jusqu'à cct organe. Le médecin de Pergame indique, comme
Rufus, les signes auxquels on distingue les trois genres de maladie. Il conseille aussi la saignée générale pour combattl'e la
manie due au sang mélancolique.
Cœlius Aurelianus dit que la mani.e est une aliénation à marche
lente, ce qui la distingue de la frénésie : il ajoute que, sous
ses différentes formes, elle ne constitue cependant qu'une seule
maladie, etque son siége est dans tout l'appareil nerveux, quoique
la tête soit plus compromise que les autres parties.
Pour guérir la folie, Cœlius Aurelianus conseille un grand
nombre de moyens, tels que les ventouses scarifiées à l'épigastre,
aux épaules et SUl' la tète, au début, ainsi que des sangsues,
la saignée, des frictions et des fumigations de différents genres.
Il s'occupe avec soin de l'habitation des maniaques, de la surveillance dont ils ont besoin, des exel'cices qui leur con viennent,
au nombre desquels il met des lectures ct des questions proportionnées il leur inteUigence, le spectacle, le chant, la déclamation et des auditeurs disposés à les applaudir. Les questions
devront toujours être appropriées à l'état du malade; au cultivateur on parlera d'agriculture, ct de navigatiou au matelot.
La promenade et les friction s succéderont aux exercices intellectuels. Si ces mo,yens ne suffisent pas, Cœlius Allrelianus en
conseille beaucoup d'autres, tel que des applications topiques,
nllsolation de tout le corps moins la tète, des exercices faticrants, l'ellébore blanc donné souvent comme vomitif, les eaux
minérales, des voyages sur LetTe et SUL' mer: " Et ànimi avocamenlis quibus mentis taxulio fiat. " En parlant de la m éJUllcolie, il r jctte comme une vaine bypothèse l'opinion qui
lui donnait la bilc noire pour origine. D'après lui , de mauvaises
digesliollf;, des vomissements continueis, des boissons et une
nourriture ùcrc, Je chagrill, la crainte, la prod uisent. ,I;;1Ie dWère
de la manie ('n cc qll 'ellc est due il unc maladie de J'estomac,
landis CJ.uc chc?' les maniaques c'est )u l \te qui souffl'c. Bea ucoup dcs IIlOyCIIS jlldiqués pOUL' guél'ir c 'ux -ci conviennent il
ceux -HL; loulerois, Aul'el iUlIlIS tléfcll( h 'uigné' cL l'el\éhore
HU
III Ilallcoliqu s.
�-
169 -
Les Arabes n'ont guère fait que commenter Galien, qui a régn
sans partage dans nos écoles jusqu'au Xvne siècle.
Paracelse, et après lui les médecins chimistes, pensaient que
les métaux jouissent J'une vertu particulière, propre à rétablir
l'intellio-ence, à guérir la folie. C'était surtout aux sel de cuivre
qu'Homberius attribuait cette puissance.
Van Helmont, adoptant l'archée de Paracelse, le multiplia
pour expliquer les mystèl'CS de la vic. D'liprès lui, les différents
genres de folie sont dus à l'archée dirigeant, il le caractéri e
ainsi : Prœscs dnmum Wc manet curator, reclorque internttS
{inium, in obitwm 'Usque. • Il lui donnait, ainsi qu'à toutes
Splel1 ergo tam (ons est
nos idécs, la rate pour origine :
Il
Il
idœarwm conceptarwn in imaginativa hominis quam ips'i'l.ls archei. »
ylvius Lehoe attribuait la folie à l'altération de nos hu ··
meurs.
Boerhaave considérait \a folie comme une maladie éminemment sthénique: " Ut plurimum immensum robur musculorum,
di ait-il, pervigilimn incredibile, tolerantia inediœ et algoris ,
imaginationes horrendœ. Et plus loin il ajoutait: Quœritur
Il
Il
Hunc quœnam sit causa quœ illud organum corpm"eum dislributorium et CalUf"iginem I>pi1'itutlm ita turbat ? Respondeo quidquid tam (m'liter pe," sensus externos a{{icit iliam par lem scntienlem prÎmam corpoream ul effeclttS sil major quam omnes
en'eclus aliarUln causarum in illud organum agenlittm, » Au i
conseillc-t-il de remplacer l'idée folle par une autre plu puissunte, el cite-t-il avec éloo-e la méthode d'un praticien hollandai
qui l'ai 'nit haltl'e à coups ùe courroies le fou en traitement,
lorl>qu'il exprimait des idé " folles : le exécuteurs de cette
Pl' sCl'iptioll barbare étaiellt quatre fou s qui 'enorgueillis aient
ùe la Lilche qu'il s avai ent il l'emplir. Dison au si que Bocl'buave attribue 'erlaincs folie ' il l'alrabile , ain i que le fai aienL
les a Ileiell ' ,
l\Torgagni , dont les tm vaux ont u Ulle i grande inllucllcc sur
la médecin e moderne , li iuutilement recherché la cau e de la
foli c dans lcs lesioll ' du cerveélu, nill, i qu e l'on peut s'en Il 'urel'
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170-
en lisant ses lettres 8 et 61. Les anatomo-pathologistes qui lui
ont succédé n'ont pas été pIns heurcux.
Le médecin d'Arles, Pomme, pour expliquer les maladies
appelées nerveuses, prétendait que les nerfs se racornissaient
alors, et, suivant lui, les délires maniaques et hypocondriaques sont dus à ce racornissement, à la ,tension spasmodique
des nerfs amenant l'engorgement des vaisseaux sanguins, et nécessitant l'emploi des bains prolongés.
Pinel a traité la folie plutôt en philanthrope qu'en médecin.
Il a brisé les chaînes des aliénés ', et cela seul est un beau titre
à la vénération de la postérité; mais il n'a donné aucune
théorie de la folie. Bien nourrir et bien vêtir les fous, les
exercer autant que possible en les empêchant de se nuire ou de
nuire aux autres : voilà tout son traitement.
Le successeur et l'élève de Pinel, Esquirol, en admettant
cinq genres de folie) reconnait que toutes ces formes peuvent
s'alterner, se remplacer chez le même malade et paraître successivement toutes dans un temps très-court; cependant il
conclut à conserver cette division qu'il croit bien fondée. Il
convient, du resle, de l'impuissance de l'anatomie pathologique
pOUl' nous révéler la nature de la folie, et il n'ose pas tenter
un travail si difficile.
Gall et Spurzheim ont placé dans le cerveau le siége de la
folie, et ils ont cherché, dans ses différentes nuances, de
nouvelles preuves en faveur de leur doctrine çle la pluralité des
organes de l'intelligence. Selon purzheim, des recherches attcntives devraient toujours montrer, dans certaines parties du
~crveau
des fous, des lésions de tis u ou dc coloration.
l)our l'illustre réformateur du Val-de - Grâce, la folie est
toujours une irritation du cerveau. li a développé cette opinion
dans un de ses ouvrage les plus remarquables: Traité de l'irritation ct de la. folie.
Joseph Fl'Il.llck admet dix cspèces de folie. n considère aussi
cette maladie comme une Îl'l'itntion du cerveau, soit primitive,
soit sympathique.
C'cst surtout ùans le système ganglionaire que Sprengcl veut
qu 1'011 rccherche les cnuse de la folie; il trouve lu preuve
�-
lit -
de cette opinion dans les angoisses, le bouillonnement intestinal
qui naissent du plexus sphlancbnique, et sont les avant-coureurs de la folie. Il expose les rapports qui existent entre les
ganglions et le cerveau, sur lequel ils agissent d'une manière
vi?ieuse chez les fous . Il constate en ces termes l'exaltation de
leUl's forces musculaires : « Simul incredibilis est musculorum
vis ut (ortissimis compedibus vinciri nequeat . » Du reste, l'hypocondrie et la manie ont, selon Sprengel, les mêmes causes et
les mêmes effets.
C'est dans l'altération des membranes du cerveau et du cerveau lui-même que 1\il\L l?alret l Voisin et beaucoup d'autres
médecins de notre époque voient la cause de la folie; enfin,
M~J.
Leuret et l\1ichéat regardent la folie et l'hypocondrie comme
des affections purement morales, comme de simples erreurs de
l'esprit, ct cette dernière opinion obtient maintenant en France
des couronnes académiques.
�-
172 -
CHAPITRE XXV.
Critique .Ies OltilliOJl!1l l.réeétlelltes su." la folie.
Nous avons vu que, dans l'antiquité, la plupart des médecins attribuaient la folie à une altération de sécrétions, à la
bile, l'atrabile surtout, mais aucun des travaux de cette époque
ne démontre cette asse;'tion. L'atrabile n'a pas d'existence réelle,
et souvent III hile se mêle au sang en quantité considérable sans
que l'intelligence en soit en rien troublée.
Cœlius Aurelianus avait déjà fait justice de cette opinion, mais
ce médecin si judicieux, si grand, malgré J'.obsourité de son
style, au milieu des grandes figures de ces temps éloignés, en
atll'ibuant ]a folie à une affection de tout le système nerveux,
n'a fait que remplacer une elTeur pal' une autre. En effet,
nous voyons dans la folie un grand nombre des diverses parties
du système nerveux fonctionner très-régulièrement; et, avant
de déclarer que les autres sont malades, il fàudrait en avoir
des preuves bien évidentes; or ces preuves manquent entièrement, ainsi que nous ]e verrons plus loin. Cœlius Aurelianus
n'était donc pas plus fondé ù con idér'el' la folie comme une
maladie de tout le système nerveux que ses prédécesseurs ft l'attl'ihuer il la bile et il l'atrabile.
L s médecins arabes et . les médecins cbimistes des VO, xvre
et Vif" siècles n'ont pas avancé davantage l'étude de cette
grave question; ils n'ont améliol'é en rien le traitement de la
l'olie.
Les archées de Paracelse et de Van Helmont n'ont pas droit
aujo\JI'd'hui à une réfutation sérieuse .
.Doerbaavc recollnait que la folie développe une force musculaire très-considérable, qu'elle permet de supporlcl' d'énormes
veilles , la faim , ln soif, le ft'oid et le tourment d'i.dées épouvantahles . Il es t bien il regretter (lue cet homme éminent , aprè'
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173-
avoir défini quelques-uns des effcts de la folie en un slyle qu
Tacite avoucrait 1 ne se soit pas demandé quelle pouvait être la
source où la nature puisait alors cette exagération si remarquable des forces. Il est très-probable que Boerhaave ne nous
aurait laissé 1 dans ce cas 1 d'autre tàche que celle d'appliquer
aujourd'hui la science qu'il aurait fixée lui-même. n n'en est
malheureu sement pas ainsi, et bientôt, abandonnant un terrain
solidc qu'il pouvait si bien féconder, nous le voyons émettre
et développer uue hypothèse qui, pour ~tre
renouvelée de nos
jours, n'en est pas moins une bien grave erreur. « Insanus
est, dit-il, cui mens laborat, licet corpus possit esse integrum. u
Pour lui, la folie n'est plus qu'une idée trop fortement em- .
preinte dans le cerveau, qu'il faut re~plac
par une autre,
dût-on employel' pour cela les courroies du praticien hollandais
et tous les tourments indiqnés par Celse. l\1ais si la folie n'était
qu'une idée trop fortement empreinte dans le cerveau, celle
qu'on lui snbs ti tuerait , plus puissante encore que la première,
ne changerait en rien la maladie; elle ne ferait que cbange!;
l'objet du délire sans améliorer l'état du malade. Disons aussi 1
comme nous aurons l'occasion de lè démontrer plus loin, que
cette doctrine ne donne aucune explication sur l'orign~
du développement si con. id érable parfois des forces physique ; elle
est aussi fau se que celles qui l'ont précédé.
Morgagni n'a pu trouver la cau e de la folie dans des altérations
du cerveau, et n'a point laissé, que je sacbe, de théorie sur cette
maladie.
Le racorni sement des nerfs inventé par Pomme ne mériterait
même pas une simple mention 1 sans l'intérêt qui s'attache aux
merveilleux effets des bains prolongés, si souvent prescrits par
Je médecin d'Arles.
Pinel et E quirol n'ont pu soulever le voile qui cache encore la
nature de la folie; nous n'avons donc pas à réfuter leur doctrine
il cet érrard.
On sait aujourd'hui que bea ucoup de fou meurent sans avoir
d'altél'ution du cerveau ou de ses enveloppes, et quand bien
même on en trouverait toujours, elle ne feraient que coo ta ter
un ùes eff l!\ dl' lu folie an nous en dévoiler la nature ; anssi
�-'- 174 devons-nous rejeter comme fa usses les doctrines de MM. Voisiri
et Falret, d'autant plus qu'il est reconnu de tout le monde que
les altérations organiques trouvées chez les fous ne ' sont. point
identiques, ou que l'on en rencontre d'absolument pareilles chez
une foule de personnes qui ont toujours eu le libre usage de leur
raison.
Le professeur Broussais veut que l'on chercbe daus l'encéphale
le siége dc la folie, constamment produite, prélend-il , par l'irritation de ce viscère. D'a près mon illustre maitre, cette irritation
doit toujours être suivie et accompagnée de celle des caplllaires
sanguins etlympbatiques qui servent à es fonctions , à sa nutrition.
Il est persuadé du reste que le cerveau rougit, s'injecte de
sang, s'échauffe d'une manièœ tr s-remarquable quand il agit
avec beaucoup d'énergie, soit dans,les pbénomènes de la pensée,
soit dans ceux d~
l'innervation motrice. Voilà des a seI'tions
bien claires, bien positives, sans doute : sont-elles fondées?
Il s'en ' faut bien et J3rous8ais lui-même va nous le démontrer:
" Que sc pas e-t-il de matériel, dit-il, daris les nerfs ct dans
le cerveau pour l'exécution de leurs 1'onctio'ns et indépendamment des afi~tés
moléculaires qui les maintiennent avec leurs
propriétés connues? C'est là, comme je l'ai déjà dit, le grand
mystère de l'économie vivante ... C'est là qllé nous ne pouvons
pénétl'cr avec aucun de nos sen ; c'e t dans cette albumine que
la cause inconnue que nous avon signalée plus haut se met
en rapport avec nous. " Si nous ne pouvons pénétrer par
aucun de nos sen dans le cerveau qui pense) comment donc
pouvons-nous si bien décrire les modificatiolls matérielles qu'il
subit aloI' ? pat' la voie de l'inùuclion sans doute; mais ù
quel organe dans l'économie pouvez-vous comparer le cerveau?
à aucun autre, et dès loI" SUI' quoi ba ez-vous votre induction?
Brou ais l'econnuit lui - même que l'intégrilé du cerveau peut
se conserver lI' '' -longlemps chez quelques fou privilégié ,d'où
il aurait dll conclure que la folie ne dépend pas d' un désordre
maLél'icl du ccrv au. Cela est si vrai que nous voyons 1 s altérations morbiùes du Cl;ll'VeaU le plus variées ct les plu graves
slIn qu'elles produiscnt la Jolie, ct la folie 'dépend i peu de
l'ahord d'une quuntiL \ plus consid l1'ul>1e de sang dans le "l''''
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175 -
veau, que souvent l'apoplexie n'altère en rien les fonctions de
l'intelligence) même au moment où l'épanchement a lieu, Olt
la paralysie se prononce. Dans l'état physiologique, la circulation peut s'accélérer impunément sous une foule d'excitations
diverses sans que la raison en souffre : il en est de même
lorsqu'une névralgie faciale, une douleur de dents ou d'oreille
font battre avec une grande force une des carotides ou toutcs
les deux à la fois. Bien loin ù'exciter la folie, l'abord du sang
en trop gl'ande quantité dans le cerveau produit le sommeil
ou la somnolence; enfin, dans le délire des fièvres aiguës et
dans le délire chronique, la compression des carotides est sans
effet contre eux.
Les partisans de la doctriuc de l'~ritaon
ne pouvant plus
faire jouer au sang le rôle considéI'Uble qu'on lui attribuait dans
la folie, soutiendront peut-~l'
que, pour n'être pas sanguine,
l'irritation du cerveau n'eu existe pas moins sous une forme
purement nerveuse. Comment pourraient-ils le prouver si l'ncLion
de la pulpe nerveuse n'est acces ible ft aucun de nos sens,
ainsi quc Broussais le reconnaît. La doctl'\ne de cet homme
si justement célèbl'e n'est pas mieux fondée que celle de scs
prédécesseurs : pour expliquer la folie il a supposé l'irritation
du cerveau.
Joseph Franck admet dix espèces de folie: il est vrai qu'il
conclut, du passage facile d'une forme de manie dans une autre,
que souvent elles reçoivent leur type de circonstances fortuites,
et qu'il y a peu de. pl'oUt pour le médecin à classer ainsi les
paroles et les aetes des fous. Disons iei, p01l1' ne. plus y revenil', que toutes ces divisions de la folie n'ont rien de philosophique ni de réel. Nous voyons une foule de fois, et E qui roi
en convient, les mêmes malades pl'ésenter dans un COUl't e pace
de temp tou les ymptômes de ces espèces si arbitrairement
admi ' .s. La folie diffère d'un malade à l'autre, non pas parce
qu'elle varie dans a natul'e, mais parce que les pel' onnes
qu'elle attaque ont des caractèl'es di fféœnts, qu'ils peuvent lui
offl'il' plus ou moins de résistance et qu'elle-même val'Ïe en intcnsilé. Lo ivrognes nou offrent tou les jours un phénom ne
du m me gome. Les uus en effet sont des fous .furieux, les
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176-
autres pleurent de teudresse à tout propos. Ceux-ci prêchent
ou déclament, tout orgueilleux de leur prétendu savoir; ceux-là,
moralistes sévères, se posent en réformateurs du geme humain,
et tous CelJendant doi vent à l'ivresse seule ces sy~ptôme
si
variés. Ne sont-ils pas la représentation la plus exacte des différentes espèces de. la folie, et une preuve de plus de l'erreur
où l'on est quand on se fonde sur des caractères aussi peu
constants pour classer cette maladie en genres et en espèces. ,
Sprengel n'est pas plus fondé à attribuer la folie à une altération morbide des plexus splancbiqu~
que Broussais à une
irritation du cerveau. Son assertion est toute gratuite. Si Sprengel avait eu des idées physiologiques plus avancécs , cet homme
savant aurait cônsidéré ce trouble nerveux co.mme une conséquence de la lésion de la muqueuse digcstive et non pas comme
sa cause.
1\1. le docteur Leuret ne pouvant trouver, ni à la simple vuej
ni à l'aide du microscope, des altérations céréhrales d'où l'ou
pût déduh'e, nécessairement la foli.e, a fait revivre l'opinion de
Boerhaave que j'ai déjà citée, et a prétendu que cette gl'ave
maladie pouvait se présenter isolée de tout symptôme physique;
qu'elle n'était qu'une et;reur de l'esprit, une maladie purement
morale; que c'était un traitement moral qui seul pouvait la
guérir, et qui devait consister urtout à substituer chez les fous
une impre sion, une passion à une autre.
J'ai déjà suffisamment démontré le peu de valeur de cette
opinion. On sera bien plus convaincu de sa fausseté quand on
aura lu ce que je dirai plus loin sur la nature de la folie.
raut-il conclure pour cela que les fait ciléR par Boerhaave
et par i\1. J.Jeul'et n'onl aucune valeut'? certainement non, mais
ces faits ont été mal ioterprétés. Aucun ne prouve l'intégrité
de la anté des fous qui cn ont été le sujet, Ce point cependant était d'une impoltance capitale; ensuite, en les commentant,
on n'a Lenu ompte ni de l'action médicatrice de la nature, ni
de l'acLion de puissants modi(jcateul's physiques employés dans
que les coups de laces traitement prétendus moraux. j~ st-ce
nièrc d'ont pade .130 rhaave, les bain , les douches cbaudes,
froides) elle travail, employ~s
par 1\1. Louret, ne sont pas des
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177 -
agents physiques et de très-puissants'? c81'tainement si! Est-ce
que la crainte des coups de lanière ou de la douche froide n'a
pas el~mè
une inOuence sur notre économie? jJ(œstitia et
. timor impediunt pe1'wirationem crassortun excrcmenlorwn pcrspirabilium, nous dit Sanctorius,
M, Leuret, en exhumant une opini.on que Boerhaave avait
défendue, que, bien des siècles auparavant, Celse avait formulée,
ainsi que je l'ai déjit dit, n'a pas mieux compris son sujet que
ses prédécesseurs, l'a moins bien compris peut-être. Je terminerai. ce chapitre par une citation de Joseph Franck: « Nous
démontrerons que les mnnies naissent des mêmes conditions
morhides qui donnent naissance aux autres maladies; si nous
le prouvons, l'opinion absurde et aussi contraire à la religion
qu'à la morale, qui. fait naître les manies d'une condition morbide de l'âme elle-même, s'écroulera aussitôt. En effet, on
comprenùra que, dans les manies, les instruments dont l'àme
se sert pour exercer son action sur le corps ont seuls été
éhra'nlés. Cela posé, l'histoire des manies perdra les couleurs
dont quelques modemes L'ont revêtue et elle rentrera modestement dans la sphère des autres maladies; ce qui u'aura pas
lieu sans un profit évident pour les malades.
11
15
�-
178-
CHAPITRE XX"I.
De ." Jl"tUI'C~
cie
1..
foUe.
La pui ance d'attention des monomaniaques, ]a multitude
des idées et lavivaellé de l'imagination de beaucoup d'autres
fous ~lonct
toujours le médecin observateur. On n'est pas
frappé de moins de su'rprise quand on étudie les fous au point
de vue de leurs force physiques. 11 y a en effel, ebez le plu
augmentation considérable de
grand Hombre d'entre eux, un~
puissance musculaire. C'est ce qui faisait dire Il Boerhaave voulaltt caractériser la folie: " Ut pltM'imum immensum robur Tn'ttSculorum, u et Il Sprengel: " Simul incrcdibil'is est muswlorum
vis. " " On ne saurait expliquer, dit Broussais, comment la
vic pcut tcnir Il une dépense d'inncrvation eél'ébrale et musculaire commc celle qui se fait pal'fois, durant deux, trois, quall'e
, moi de suite, que1qu fois mème durant plus d'un an, chez ces
ma] heu reu x. u JI ne corn prend pas mieu la résistance au fl'oid
de hcaucoup de ce malades: " Cela uppose, dU-il, une ré- .
paration de forces nervcu es dont la ource n'est pas appréciable. "
El celle sout'ce est d'autant pIn considérable que, la plupart
du temp , elle ne peut pas réparer 8es pertes pal' le sommeil
ct par une alimentation sufftsant . Essayons de découvrir celle
inconnue, cela est d'une imporlance capitale pour l'iulellj enee
de nolre sujet.
Pou\'ons-Ilous) ave MM. Lenret et Miehéat, suppo 'er que
C tlo SOU l'ce oit tout 'implement une idée fausse trop forlement
empreinte dans la mémoire des malades, ou, pour me ervil'
de l'expression de M. LeUl'et) duns la mémoire des hommes
qui sc trompent, CUI' c'e t ainsi qu'il caraetél'Îse les COllS? Mais
(lil n'a jumui, VII une idée augmenter Con idérablerncnt les fOl'ee
Illusculuil'cs ct perm.ettre de braver le üoid pendant lout uu
C7
�-
17!) -
hiver, par exemple, alors que le malade, san' vèlell1ent, reste
accroupi au fond d'uue loge, privé qu'il est de somnwil ct
souvent d'une nourriture suffisante. "Est-ce que, dans des circonstances semblables, l'homme "ain ne s'affaiblit pas promptement et ne meurt pas à la peine, quelle que soit du reste la
puissance de sa pensée, la nature de ses préoccupations, la
grandeUl' de ses espérances ou l'étendue de ses craintes'? évidemment si! Il faut donc que nous cherchions ailleurs cette
cause inconnue. Serait-elle dne à un état pathologique du cerveau'? il faudrait pOUl' cela que le cerveau fùt la SOurCfl de cette
force, et tous les faits prouvent le contraire. Les hommes à
cerveau puissant et bien développé ont habituellement le système musculaire peu énergique, tandis que les athlètes ont
presque tou une petite tête, ainsi que les anciens l'avaient
déjà constaté et comme le prouvent plusieurs de leurs statues.
l\fais si le cerveau était la source des forces musculaires, nous
trouverions nécessairement cet organe d'autant plus développé
dans l'échelle animale que les animaux auraient plus de vigueur.
Le lion, par exemple, le tigre, l'ours auraient un cerveau beaucoup plus considérable que le nôtre, et le contl'aire a lieu. Bien
plus, les reptiles et les poissons, qui, de Lous les verlébrés,
ont le plus de forces musculaires, sont de tous aussi ceux dont
le cerveau est le plu petit. Nous savons également qu'un dindon,
un canard, une autruche que l'on vient de décapiter peuvent
encOI'e marcher; qu'une tortue, une salamandre, auxquelles on
a enlevé le cerveau, peuvent vivre et se mouvoir encore pendant plusieurs semai.nes. De tous ces faits, concluons donc
que le cerveau, sous l'influence d'une idée ou sous celle ù'une
maladie, n'est pas et ne peut pas ùevenir' la source des forces
musculail'es; que ses altérations, que son il'l'ilation ne peu vent
pas cxpliquel' la puissante innervation de fou.
J ~t ldioJs
l'influence du climat SUI' l'homme : peut-être commencerons-nous ainsi à entrevoir la solution de la question qui
nou occupe.
Les habilants des pays ees et chauds se distinguent pal' leur
imaglllulion, par lem vi.vacité, par leur énergie ct par ]a
iolellcc de lcurs (lussions; on remarque tout le contl'aÏI:e cher.
�-
180 -
les hahitants du nOl'd : à quoi tient cette différence? pl'nc~.
paIement à ce que la peau des uns est habituellement stimulée
par un air sec et chaud, par un soleil éclatant, tandis que '
la peau des autres est baignée par un air humide et froid, sous
un ciel peu éclairé. Ce fait, que personne ne peut contester,
nous montre déjà que la peau exerce sur le cerveau une influence très-grande, et qui suffit pour modifier profondément
les manifestations de ce dernier, sans sortir même des conditions
physiologiques. Notre conviction à cet égard sera complète, si
nous étudions l'influence d'une vaste et forte insolation sur la
peau de la face et du cou, 011 celle d'un large érésipèle snr les
mêmes régions. Nous voyons en effet se produire très-fréquemment alors uoviolent délire, un véritable accès de folie. l\Jais
si, au lieu d'être sUl'Cxcitée, la peau est exposée sans une
protection suftisaute à un froid rigoureux, à mes ure qu 'elle en
éprouve l'influence, on voit l'imagination s'amoiudrir et finir
bientôt par s'éteiudre, pour faire place à un pesant sommeil
précurseur de l'asphyxie. Que, dans le premier cas, on couvre
la peau de linges imbibés d'cau fraiche et le délire cesse; que,
dan s le second, on réchauffe la peau, et vous voyez disparaître l'état comateux, la mort apparente. Tous ces faits ne
prouvent-Hs pas que, dans les actes de la pensée et dans les
graves affections de l'intelligence) le cerveau ne joue qu'un
l'ole secondaire, qu'il acccpte l'impulsion au lieu de la donner?
On m'o bjeclera peut-ètre que le délire produit pal' la surexcitation de la peau n'cst dei qu'à une action sympathique de
cet organe sur le cervcau ct le cœur, et à ce que cc dernier
envoie vers la tête une trop grande quantité de sang. Cette
ohjection ne détruirait pas le principe que je veux établir: la
Subordination du cerveau; mais elle n'e t pas fondée . En cffet,
inutilenlent alors, ain si que dans le délire des fièvres graves,
comprimez-vous les carotides : c'est que l'abondance du ang
dans Je cerveau ne fait pa. délirer', mais pl'OVoque au sommeil ,
ainsi que j'ai eu déjà l'occasion de te diee et que le démontrent une foule de faits pathologiques . te délire est Je rés ultat
d 'une ac.Lion Loulc nerveuse. Quel rôle la peatl joue-t-elle pOUl'
le produire?
�- - 181 -
Mon fl'ère ainé, dans ses travaux ur la goutte et sur le
maladies goutteuses, a donné la solution de cet important
problème. Il a démontré d'abord, par des expériences faciles
à répéter, que le tissu cellulaire est un tissu isolant tant qu'il
n'est pas blessé. Ce tissu, présent partout dans l'économie, est
chargé d'anèter l'électr'icité qui s'y produit partout, mais principalement dans les sécréteurs, et de la forcer à suivre les
conducteul's qui lui sont préparés, les filets nerveux. Il a démontré aussi que la graisse avait à remplir une fonction analogue
à celle du tissu cellulaire, et il a expliqué ainsi pourquoi la
nature l'avait accumulée en masse si considérable autour des
reins, Plus récemment, lU. le docteur Lacaucbie, dan ses étude
bydl'otomiques, nous a montré les globules de graisse entouraut
paltout les glandes, même les plus pelites, comme elle entoure
aussi, pour les isoler, les fibres musculaires. Le travail du
chirurgien du Val-de-Gràce ne fait donc que confirmer sous
yeux
ce rapport la doctrine de mon frère, p.n étalant sous no~
le merveilleux appareil dont se sert la nature pour conserver
et pour utiliser dans l'économie vivante le fluide électrique.
IHon frère a démoutré aussi, par des expériences que j'ai répétée bien des fois avec lui, que la peau est électrisée négativement, et que sa tension électrique est d'autant plus grande que
es sécrétions sont plus abondantes et plus acidcs. Il a prouvé
que les sécréteurs repoussent de leur tissu, après les avoir séparées du sang, les substances électrisées comme eux; il a donc
découvert la loi des sécrétions organiques et la double nature
ain 'i que la source du fluide nerveux. Jl est facile dè lors de
comprendre comment la peau surexcitée occa ionne le délit'e :
sécrétant trop, elle produit trop d'électricité, qui, par su tension
de,'enue morbide, exerce sur le manifestations du cerveau el
le contraction musculaires, une action d'autant plus puissaute que l'équilibre des force nerveu es se trouve détruit por
la prédominance du système négatif de l'économie, syslème
composé pl'incipalement de lu peau, de la muqueuse guslro-inte tinule et de l'appureil urinaire.
Dans l'élat de sallté, cet équilibl'C e l facilement maintenu ,
pur la transpiration insensible m'tout , qui enlève il la peau
�-
182 -
uue g['ande partie de l'éleetL'icité qui s'y produit sans cesse,
et par l'épiderme qui devient d'autant moins isolant que la
transpiration le maintient plus humide. C'est pour cela que
la foli e est hi en plus rare sous l'équateur que dans nos pays
humiLies et froids. Dans ces derniers, l'atmospbèœ habituellement saturée d'eau, dissout difficilement la transpiration, quand
SUI'tOUt elle n'est pas tl'ès-active et que par suite la peau a
peu de chaleur. Alors l'épiderme plus sec, souvent plus épais
ct plus mauvais conducteur' de l'électricité que de coutume,
accumule cette dernière dans la peau au point de produire une
tension morbide, capable de développer nncore le délire, la
folie. Cette maladie peut donc reeonuaÎtœ pour cause deux états
opposés de la peau, mais amenant tous deux un résultat semblable, une tension électrique exagérée.
On m'objectera peut- être que je fais jouer à la membrane
qui nous enveloppe ct aux autres sécréteurs acides un rôle trop
important. J'opposerais il cj3tte objection les faits que j'ai déjà
cités et les curieuses expériences de M. ]e docteur Foucauld .
.le d1l'ili:; au:si qu 'il n'est pas étonnant de vou' la peau remplir
un l'ole aus 'i considérable, puisqu'elle e t le premier organe
('réé, qui, il lui seul, constitue un certain nombre d'animaux;
cnii n, j'appellerai à mon aide Ull des savants les plus distillglUis de notre époque, lU. Pouillct, dont les expériences
tCllllcnt il prouver que l'électricité négative est seule capable
d'exercer dcs actions chimiques. Or, pOUL' tout homme non
prévenu , désintéressé dans la question, les travaux de mon frère
ont incontestablement établi la préseuce de l'électricité négative
il l'élat de tension dans le tissu do la peau, ct comme résultat
des sécrétions de cette dernière. Le pôle négatif de notre économie, la peall, le tube inte tinal el les reins, seraient donc
chnl'g6! , non-seulement de décomposer les sels du sang et d'cn
rejeh'l' les acides surabondants, mais ils seraient encore chargé:;
de tOlLles les autres actions ebimiqlles de l'économ ie; ils auraient
il pl'épal'cl' tou s les matériaux que le sécrrte"l's positifs n'nuI" li cnt plu s qU'il sépal'er du
ang.
Disons id ec pendanl qu 'il est possihle quc, dans la folie commc
claus d'a utres arfc('lÎolli:; \lcncu 'cs gra ves, la pulpe cérélll'ldc
�-
183-
éprouve un changement dans sa composition même, ce que la
chimie organique pourra nous démonlrer plus tard. Ce changemeut ne scrait sans doute qu'un effct ùu trouble survenu dan
les sécrétions, mais un effet qui souvent pourrait nécessiter uu
traitement spécial, et de même que nous guérissons la chlorose
en rendant à l'économie ]e fer quc III maladie lui a fait pel'dre
ou ne lui a plus permis d'emprunter aux aliments, de même
pourrions-nous guérir aussi plus promptement et plus sltremenL
la folie en rendant à la pulpe nerveuse les principes qu'ene avait
perdus.
De ce point de vue, DOUS nous rendrions parfaitement compte
de la grande réputation dont jouissaient, chez les ancien , l'ellébore blanc el l'ellébore noir, dans le traitement de la folie urtout. En effet, ces plantes contiennent de la vératrine qui, au
phosphol'e près, a la même composition que l'acide c.érébrique ,
le pl'incipe esseutiel de la graisse cérébrale. I~n
effel, d'a près
1\1. Frcm~
' , cet acide .contient :
CaJ'bone.
Il yd l'ogi~nc.
Nitrogèllc.
Phosphore.
Oxygrnr
66,
JO,
2,
0,
7.
6.
:{.
!J.
)9, tl.
m d'après Pelletier et M, J)uma , la ,'ératrinc serail composée de
CarbonG,
Il ydJ'ogènc .
ill'og ' lIe
Oxygène.
H(j , 7-'
o.
8, 5i.
1) , 4.
l!) , 00.
Dès lors, l'ellébore bJanc cl l'ellébore DOit' n'agiraient pas
simpJement, le premier comme vomitif et le second comme purgalif, mais ils agiraient malO'l'é ces propriétés et comme fourni sant aux nerfs el au cerveau des parties intégrantes.
Le 'avant Liebig eroit, du l'Csle , que c'est ainsi seulement que
J'on peut expliqucr l'action souvcnt si pui snnte des pl'incipes
�végétaux analogues, tels que la quinine, la codéine, la morphine.
J'ai le regret de dire que, tout en ayant soigné un grand
nombre de fous, je n'ai jamais eu recours chez eux à la vératrine, mais depuis quelques mois j'emploie avec beaucoup de
succès cette substance, à dose seulement altérante, dans d'autres
affections nerveuses très-gmves, ainsi qu'on le verra au chapitre
pù je parle de J'épilepsie et de la catalepsie.
�-
185 -
CIIAPITBE XXVII.
Étiol~e
,le 18 foUe.
Il faut, pour contracter la folie, un tempérament indépendant
du volume du cerveau et de sa puissance, indépendant aussi
de la forme intérieure du corps et de la prédominance des ('.onstitutions bilieuse, sanguine, nerveuse ou. musculaire. Ce tempérament est caractérisé par un état particulier de la peau, qui
permet à cette membrane, dans certaines circonstances, de produire et de conserver plus d'électricité négative qu'il n'en faut
au cerveau, électricité qui s'élève alors à un degré de tension
morbide.
Le tempérament qui dispose à la folie peut être bél'éditaire
comme les tempéraments goutteux, phthisique, dartreux ou
cancéreux. On le rencontl'e surtout dans les pays bumides et
froids, de même que ces derniers, et souvent dans les mêmes
familles. Il peut se développer spontanément aussi et sous
l'empire de causes que nous allons examiner rapidement. "L'étude de ces causes est toujours d'une très-grande importance
pour Le médecin, ear ce sont elles qui pré ident au développement de la folie, que cette maladie soit due à l'hérédité ou
il un tempérament acquis.
La folie altérant beaucoùp les manifestations de l'intelligence,
on a été toujours très-disposé ù considérer toutes les affections '
de l'àme comme ses causes les plus pui 'santes. On est tombé,
à cet égard, dans une fàcbeuse exagération. Ainsi, en Chine,
dans les Indes orientales, en Turquie, en Espagne, dans l'Atn él'ique méridionale, il Y a beaucoup moins de fous qu'en
AngleloJ'rc, en FrHnec ct en Allemagne, ct cepeudant, dan '
�-
186-
ces pays où la folie est plus raI'e, les institutions civiles , po~
litiques et religieuses doivent, aidées qu'elles sont surtout par
un climat chaud, exciter des passions bien plus vives que chez
nous. Les passions n'ont donc pas, sur le développemeut de
la folie, l'importance que nous leur attribuons. Aussi nous le
voyons souvent agir avec la plus grande violence sans qu'elles
produisent cette maladie. Et cependant, comme toutes ont uno
influence très-grande sur les fonctions de la peau, toutes peuvent
devenir des causes efficientes de la folie, mais alors elles n'agissent sur l'intelligence que par les effets pbysiques qu'enes
produisent, et pas autrement. « Inter a/fectus animi, ira et
perichardia, corpora e{{iciunt leviora : timor et mœstitia graviora,
cœteri vero a{fcctus ut his participantes operantur, disait Sanctorius, et il ajoutait plus loin : « Nihil magis reddet liberam
perspirationem quam animi consolatio; mœstit'ia et timor impediunt perspirationem.
La colère, en activant beaucoup les fonctions de la peau,
augmente nécessairement beaucoup aussi sa tension électl'ique;
c'est à cela qu'cst due l'augmentation des forces mu culaires
que cette passion produit. Si cette tension électrique ne s'use
pas par la transpiration) par la conductibilité du tissu cellulaire et -par les contractions musculaires, elle peut produire
le délire chronique) la folie. Ira (uror brevis est un tableau
aussi exact que raccourci de cette passion. La colère est véritablement un court accès de folie, et pour peu que le tempérament y prête, elle peut produire d'une manière durable cette
tri te affection; c'est que les fonctions de la peau, une fois
dérangées ou accru cs pal' une pa ion violente, ont beaucoup
de peine ù revenir à leur type accoutumé, surtout dans nos
contrées humide et froide ; c'e t ce qui fai ait encore dire à
anclorius : " Corpora quœ perspirant plus solito, non proptet'
. otnm corporis sed 'propter vehemcntern aliquem molum animi,
majori cttm di{{icullate ad solitam et salubrern perspirationcm
reduwnlttr. »
Le chagrin et la craintc engcndrent des effets opposés à ceux
de la colèl' . 11 ' diminuent Jes fonction d· la peau: " Mœstit'ia
ct timor cm'rom e {~ Cit1l
1 f/raviora. » La peau sécrétant moins,
�-
187
~
produit alors moins d'électricité, et déjà le sang et toutes nos
humeurs s'altèrent, ainsi que cela a lieu chez les goutteux;
cela seul Mt une cause puissante de maladie; mais, ainsi que
je l'ai déjà expliqué, l'épiderme étant devenu moins conducteur,
la transpiration insensible étant moins abondante, l'électricité
peut acquérir encore dans la peau une tension trop grande ct
produire la folie comme dans le cas précédent, quoique ce
soit par une canse contraire. On peut, jusqu'à un certain point,
comparer alors la peau à une houteille de Leyde lentement chargée
par une faible machine. Toutes les autres passions, étudiées
au point de vue de leur influence SUl' nos sécrétions, peuvent
être rangées sous ces deux types.
Post co'iturn irnrnoderaturn, dit toujours Sanctorius, quarta
ft
pars solitœ perspirationis in pluribus prohiberi solet. .. Nirnia
abstinentia a coïtt, et nimius usus irnpeditm,t perspirationem,
sed nirnius usus rnagis. Coïtus juvat excitatus a natura : a mente
mentem et memoriam lœdit. " Ces observations du médecin de
Venise nous suffisent pour nous faire comprendre comment l'abus
de cet acte peut intervenir si puissamment quelquefoi parmi
le causes qui disposent il la folie. Les aliments, les boissons,
les vêtements et le climat, exerçant une très-grande influence
sur les sécl'étions cutanéc , peuvent tous aussi, dans certaines
circonstances, agit, comme causes occasionnelles de la maladie
que nou' étudions. Tous le médecins connaissent la folie des
ivrognes, le delirium tremens, que l'on a tant d'occasions d'obsel'ver; tous aussi ont su apprécier l'influence du climat; tous
savent combien la folie est plus l'aee c1alls Jes pays chauds et daus
les pays secs que cher. I}ous.
Quand la tension morbide résulte du défaut de vitalité de la
peau, la fl'équence des selles de,'ient au si une cause, et une
cause tl'ès- puissante de la folie : loule ' ces causes doivent être
étudiées avec beaucoup de soin, afin que l'on pui.sse sou 'leuire
le. malades à leur aclion ou modiflCr celle-ci d' une munièr
avantageuse. L'étude des causes de la folie a encore une auLl'e
résullat ll'è ·.imporlant; c'est qu'elle aide puissamment le médecin dans les recherch e ouvent difliciles auxquelles il doit se
�-
188-
livrer pour savoir si la maladie qu'il est appelé à soigner est
due à une trop grande énergie de la peau, ou bien, au contraire,
à sa faiblesse, différence très-importante à connaîl're, et qui
entraine nécessairement de puissantes modifications dans le traitement à prescrire.
�189 -
CHAPIT,RE XXVIII.
Tl'attenlent fie IR foUe.
J'ai passé rapidement en revue les oplOlOns émises jusqu'à
ce jour sur la maladie que nous étuùions et j'ai démontré qu 'aucune d'elles ne l'avait appréciée d'une manière con venahle , Je
me suis ensuite adressé à la phy iologie et à la pathologie :
ces sciences m'ont fOUl'ni les premier élément nécessaire
il la solution d'une des questions les plus importantes et les
déplus grave , la connaissance de la natul'e de la folie, T~es
couvertes de mon frère sur les sécrétions et sur le fluide nerveux, celles de M. le docteur Lacauchie SUI' la trame intime de
nos tissus, et enfin les recbel'ches de M. Pouillet SUl' le rôle
de l'électl'icité négative dans le action chimiques, m'ont permis
d'ajoute!' encore à ce données pl'emièl'es ct de présenter sur
cette affection une théorie beaucoup plus complète et plus satisfaisante que celles qui l'ont précédée.
En examinant l'iuf1uence des causes physiques et morales qui
peuvent déterminer la folie, j'ai mont!'é que toutes agi sent
sur notre organisation en modifiant les !;écrétions de la peau,
ct j'ai. rattaclJé facilement à ce ' modifications morbides tous les
accidents qui caractéri ent ette maladie. Il me re te maintenant
à donnet' une dernière sanction à la théorie, en parlant du traitrment qu'elle indique et en citant de nombreux fait qui déposent, pal' leurs résultats, en faveur de la méthode que je cherche
il fait'e prévaloir.
J 'ai démontré que la folie tenait à une tension éleetl'Ïque et
morbide de la peau, amenée tanlôt pal' la trop g,'ande excitation de cette memb,'ullc, tuntot parce que son épiderme trop
sec dcvenait trop isolant, tUlltôt parce que la masse de éc['l'1tion cutanées ayant éP"OllVé une diminution considérable ,
�-
190-
ies vapeurs qui les forment n'étaient plus en quantité suffisante
pour enlever à la peau assez de l'électricité qui s'y produit
sans cesse pendânt la vie, alors même qu'elle s'y produit en
moindre quanLité que dans l'état de sanlé ; j'ai démontré aussi
que cette tension morbide de la peau, quoique due ù de
conditions différentes, pouvait produire une tension également
morbide du cerveau.
Nous avons plusieurs moyens de diminuer cette électricité
surabondante. Nous pouvons exciter les sécrétions du foie, le
principal antagoniste de la peau, et administrer des vomitifs
ou des purgalifs dra tiques. Si quis plus justo sensibitiler evaCI
wat, minus justo perspirat. . .. vornitus urinam et perspirationem clivertit » disait Sanctorius. C'est cette méthode que les
anciens suivaient empiriquement quand ils administraient aux
fous l'ellébore blanc comme vomitif et l'ellébore noir com~
purgatif; elle doit réussir dans la folie aiguë, lor que cette dernière est cal'actérisée par une activité beaucoup trop grande de
la peau, et ce cas doit se présenter fréquemment dans les pays
chauds. Mais si, dans la folie, la pulpe nerveuse n'était pas
'uffisamment réparée, les ellébores, en lui fournissant la vératrine qui a une si remarquable analogie de composition avec
elle, devraient être considérés par nous comme l'un des plus
puissants remède de la maladie qui nous occupe, ainsi que je
l'ai dit dan l'ayant-del'lIier chapitre. Cependant, i la maladie
cst grave et tenace, on ne peut pas continucr longlemps l'emploi
de médicamenls aus i énergiques: ils pourraient abîmer sans l'etou)' le t.ube intestinal, ou bien, y détermiuaut une illtlamll1ation,
ils ajouteraient ainsi au mal au lieu de le guérir; cnfin , dans tous
1 s ca où ln f lie ré 'ulte, soit d'uue trop gl'ande. ch l'C' e de
l' 'piderme , soil d 'une diminution cie la tram,pimtioll insensib1e,
ils ne feraient qu'aO'grn\'el' la folie au lieu de la guérir', et ils
hàteraient heaucoup l'al'l'ivée de la démence. C'esl pOUl' o'avoir
pa fuit celle di ,tinclioll importante que les praticiens, dans nos
pays humides ,t froids, sc sont vus forcés d 'abandonnel' les
difJ\
~ l'ètcS
pr'par'ulions ù'cllélJol'e duns le ll'llitement de ln folic,
malgré les excellents cHets que les médecins grecs elromuio . en
n,raient aulrefois obteuus. On éviterait ces graves inconvénients
�-
191-
cn administrant la vératrine à dose altérante seulement, à là
place des ellébores.
Les saignées, en affaiblissant l'économie toute entière, lai sent
habituellement à la peau sa prédominance morbide, à l'épiderme
sa sécheresse, ses propriétés isolantes, et non-seulement elles
ne sont pas le remède de la folie, ainsi que le savent tous les
bons praticiens, mais quand cette maladie est due à une tension
électrique de la peau qui résulte d'une diminution dans la massc
des sécrétions de cette memhrane, la saignée alors l'exaspère et
conduit vite à la démence.
Les lotions acidules souvent répétées sont un des plus pui.ssants moyens de diminuer promptement la surexcitation de la
prau, mais quand il faut les génémliser et combattre à leur
aide une maladie chronique surtout, elles peuvent aller beaucoup
au-delà du but, supprimer les sécrétions acides et amener ainsi
de graves désordres.
Le bain tiède a une action hien plus puissante et bien plus
sllre eontrc la folie que tous les moyens dont je viens de parler,
, que la plupart de ceux qui ont été proposés jusqu'ici contre cette
grave affeclion. Les anciens l'employaient déjà, mais Bs étaienL
guidés par des théories iucompl te qui les empèchaient d'en obtenit' les admimble effets qu'il peut produire. Ainsi Bufus le con"'
seillait contre l'espèce de folie qlL'il attribuait à tort à une affection
pl'imitive dn cerveau, et dans des temps bien plus rapprochés
de nous, au siècle dernier, llOUS voyon Pomme l'emploj'cr avec
succès contre la mèmc affectioll. Mais Pomme était aussi dirigé
par Ulle théorie entièrement faussc, ce qui a ôté à ses observations beaucoup oe la puissancc qu'elles auraient eu sans cela,
ct ce qui a fait bientôt remettre en oubli lc moyen qu'il recommandait.
Nous avons vu que, quelles que oient les cau e, de la folie,
elle esL toujours due il une accumulation trop con l.dél'able
d'élecLricité dan' l'appareil élecLl'o - néO'alif et urtont dans la
peau, qui e t isolée d'un ('ôté par l'épidermc, de l'autre pat'
Je tissu eelllllair'c et la graissc. L'cau étant un lrès-holl COI1dllctelll' de J'éleclriciLé, en mouillant l'épiderme lui enlèvc s s
Pl'opri')lés i. olantes et lui permet, par con 'quent, de ou trairc
�-
192-
à la peau son électricité sUl'abondante et de faire cesser amSI
tous les graves accidents de la folie: mais comme l'homme est
souvent exposé à avoir son épiderme mouillé par la sueur, par
la pluie, par l'eau dans laquelle il nage, Dieu n'a pas voul~
que cet épiderme pût enlever trop facilement l'électricité aux
tissus qu'il recouvre, aussi les faisceaux de fibres qui constituent la peau ont-ils une organisation analogue à celle du tissu
cellulaire, ce qui les rend mauvais conducteurs comme ce tissu.
TL faut dès lors que l'action du bain tiède soit très-prolongée,
afin d'arriver à soustraire par l'épiderme assez d'électricité à la
peau, pour ramener l'équilibre dans les forces nerveuses, pour
faire cesser la folie.
Le bain tiède, employé comme remède contre la folie, a donc
besoin d'ètre prolongé, non pas pendant une ou quelques heures
comme le dit Esquirol, non pas pendant une ou deux heures
Micbéat, mais pendant un ou pluau plus comme le veut ~I.
sieurs jours, en le continuant ainsi durant plusieurs mois au
besoin. Les faits que j'exposerai plus loin démontreront l'extrème facilité avec laquelle ces bains peuvent être supportés par
les malades, si cette démonstration toutefois a besoin d'ètre
faite après les nombreux exemples recueillis dans les fastcs de
la médecine. Je pourrai citer ici ce qui se passait au XVIe siècle
à Peffers , au rapport de Fabrice de Hildell: qui nous dit dans
son Epistola ad Croquer1.!m : « Dine evenit ut mulli, dies,
noctesque thermis non egrediantur, sed eibum simul et somnum
in his ealJiant, ditiores id, propter voluptatem quam ex ipsis thermis
pereipiunt, 71aupcres autem, propter penuriam lwspitii, (aciunt . ..
Je pourrais rappeler au si qu'au ièclc dernier, le docteur Pomme
vingt
ohlenait de bains prolongé pendant dix, douze et m ~me
heures, ct répétés tou les jours pendant plusieurs mois, la
gu 'ri on d'une foule d'affections nerveuses, considé.rées avant
lui comme incurable. Je pOlilTais citer galement ce qui se
pas ait il Plomhière ' il]a fin du moyen <Ige. puisqu'alors lés
malades e haignaient depuis ]c Jevel' du soleil jusqu'ù son couchol'. Je pourl'ais rapporter l'histoil'e d'une dame d'Ornans pl'ès
Be au on, qui est mOl'te il y a peu de temps, à l'ùge de 82
ail ' , ayullt pa . é le 40 dernières nnnées de sa vic duns une
�-
193-
baignoire, dont elle sortait trois ou qual['(~
henres pal' nuit seulement, Je pourrais également commenter l'Assiduis Balncis de
ilufus; mais je n:aurai pas besoin de recourir à tontes ces autorités pour appuyer ma doclrine. Elle est basée d'abord bien
plus solidement que les théories médicales ne le sont d'ordinaire,
et puis elle est confirmée pal' les fai~s
que m'a fournis rua pratique
déjà bien ancienne et qui m'a mis à mème, non pas de guérir
le cinquième ou le quart au plus des aliénés, mais les quatre
cinquièmes, proportion énorme et qui, je l'espère pour l'humanité, sera plus satisfaisante à mesure que le traitement que
j'indique sera plu's connu et mieux appliqué.
Mais, me dÎl'a-t-on peut-ètre, au lieu du bain tiède prolongé
que vous prescrivez' , n'arriveriez-vous pas plus vite au but à
l'aide d'un bain froid également prolongé; en diminuant ainsi
la circulation périphérique, Ile vous opposeriez-vous pas de la
manière lu plus active aux sécrétions de la peau, n'empècheriezvous pas ainsi l'électricité négati.ve de se produire dans la plus
abondante de ses sources et de déterminer la tension morbide
qui, suivant vous, occasionne la folie?
Le. bain froid prolongé ne doit jamais Nl'e prescrit par un
médecin pr'udent; il produit trop facilement l'aspbyxie et la
mort; il a du reste les mêmes inconvénients que les lotions
acides longtemps continuées; en diminuant trop le .. fonctions
de la peau, il amène promplcment une altération profonde dans
la compo ition de nos humeurs. Et puis, dans la folie qui est
due il la débilité de la peau, comme cela a lieu pal' exemplc dans
la folie sénile et dans beaucoup de folies goutteuses, ce bain
froid, il moins d'ètt'e très-court, ne pourai~
guère qn 'ujouter
à la cau e de la maladie. ]~n
le prescrivant court, il pourrait sans doule produire alors quelques bons effet , analoO'ucs
à ceux que Boerbaave ct beaucoup d'autres médecins rapportent
de bains froids de surpl'ise; mai il pouerait aussi, dans ])ien
des cas) déterminer' des congestions fùcheuse , cc que Ile fait
jamais le l)ain tiède. La température de ce dernier doit varier
uivant les sai ons et l'état d s malades. Ainsi un hain il 2G
degl'é, ccnlio-rade ' peulu 'ètre, en été ct pOUL' un malade fort ,
qu'un bain lièd , tan lis qu'cn hiver ct en élé m(\U1c , il agirait
1()
�t9[~
-
comme un bain Ll'Os-froid sur un homme affaibli pal' l'âge ou
par la maladie. En général, le médecin, en prescL'i vant le hai n
pl'olongé contre la folie, doit fairc en sorte que ce bain, sans
exciter la peau, lui enlève seulement son électricité surabondante , et non pas une quantité de chaleur telle que les sécrétions
cutanées puissent en ètre fortement diminuées. Quant à la durée
de' ce bain prolongé, elle doit être d'auLant plus gl'ande que le
malade cst plus vigoureux et plus agité. Pomme, eu padant
d'une fille hystérique, Susanne Gouiset, qu'il guérit par des
haios tièdes de dix heures de durée, dit que, sans les préj ugés
de sa malade et de son époque, il aurait exigé que cette fille
restàt dans l'eau jusqu'à parfaite "'uérisoo. On trouvera dans
les faits que je rapporte l'exemple d'une fille que j'ai aillsi guél'ie
en un seul hain de dix jours de durée . Au surplus, un mé(lecin observateur jugera facilement les effets du baiu et la
durée qu'il devra lui donner. Si le pouls se ralentit beaucoup,
SI le malade se plaint d'une grande fatigue, dt! beaucoup de
sommeil, d'un froid que, dans les cil'eonstanees o('dinaires, le
baiu dans lequel il sc trouve ne pourrait pas produire, il sera
temps de le sortir de l'eau et de le remettre daus un lit; on
couvrira plus les jambes du malade que le reste de son COI'pS,
quelquefois même il sera nécessaire de cllauffer le lit à la plaeè
qu'occuperont les pied '. A la suile du bain prolongé, le malade
doit dornlil' pendant plusieurs lI eu l'cs et quelquefois pendullt
dix ou douze; à son l'éveil, il est ordinaire que la folie repal'aisse
pour céder souvent au sccond ou au t.roisième hain, quand SUI'lout
clIc e t cnCore il l'élat aigu.
Dans la folie chronique, il faul souvcnt ajoutel' aux bains
prolongés uu exercice suffisanL pOUl' fnli"'uer le malades . J,es
contraction mu culail'es sont nus i un puissant moyen de diminuer la tension électrique, d'u cr l'électricité qui surahonde
dalls l' conomie. Sans avoir la va leur du bain, l'excl'cice peut
cependant merveilleusement concourir il la guérison de nos maIndes.
Souvent la tension électrique el mOl'bide de la peau, qui pl'oduit
la folie, n'existe, eomme dans 10 dl\lire occasionné pur l'érésipèle,
l'insolation, la brûlure ou l('lIe autre eaHse ana logue, quc dans
�-
195 -
une partie circonscrite de la peau, dans celle de la tête et du
cou principalement, ainsi qu'on le verra plus loin, et la plupart
du temps, dans la folie aiguë surtout, la peau de la face et
de la tète acquiert une tempét'ature trop élevée. Il faut découvrir
soigneu ement ces régions et les mouille l' souvent d"eau froide
dans le bain. On peut aussi, ct sans inconvénicnt, employer sur
.elles les lotions froidcs acidules, oont l'action', bornée à une petite
étendue de la peau, DC peut plus èLre nuisible.
Il faut nourrir les fous: la dépcnse souvcnt excessive qu'ils
font d'innel'vation ou de Ouide électrique, le rend indispensable;
sans cela, ils tomhcL'Uient hienlôt daus un grand degré d'affaiblissement qu'il est important dc prévenir. Lcur régime doit
être approprié du l'este à leurs forces digestives et aux causes de
leur maladie.
SOIX,olN'fE ET DIX-lUTj~ME
1
OnSERVATION.
Manie aiguë {ut'iwse.
1\1. V ... ,. , dc Bellefontainc, d'un tempél'ament sanguin,
avait eu , à l'ù"c de douze ans, un premier accès de manie qui
avait dur6 douze ou quinze jour. Le t 0 novembre 1820, il
était alors t\gé de vingt-cinq ans environ, Ut! chagrin amoureux
lui occasionnà un nouvel accès de manie; furieux, il hrisait
dans son délire tout ce qu'il pouva.it atteindre, et il courait les
champs en injuriant et en frappant les personnes qu'il rencontrait.
En cassant une fenêtre, il sc ble a as ez profondément à
la main droite: le sang en ruissela pendant plu lelll's heures.
Tt'ois jours apr l'i1lva ion de son mal, cinq ou six de ses
voi 'in me l'amcnèrent: il avait l'œil étincelant, la ligUl'C vultueuse, le ton bref, et tantôt il se livrait il. des accès de furcur, tantôt il des accès de 1'il'e déùaigneux; il avait le pouls
peLi t et Cr Iqucnt.
De tl'ès-ahondantes saignées générales, de larges applications
il la base du cràne ne diminuèrent en rien son
de sang ~es
�-
IgG-
délire. Les saignées ay,ant été portées aussi loin que l'étal du
sn jet pouvait le permettre et Il'espémnt aucun bon ré °llltal
des dérivati fs dans un cas de sUI'excitation cérébrale aus i violente, j'eus recours au Lain.
Je le prescl'ivis de 25 à 26 degTés Réaumur.
Je donnai l'ordre au gardien de notre malade de lui jeter de
l'eau froide sous le u!:!z toutes les fois qu'il s'agiterait par tt'op,
et l'on en usa ainsi plus d'une quinzaine de litres.
Lorsqu'il témoignait un grand dé il' d'avoir des aliment , on
lui en donnait de choisis parmi les plus légers.
Après les vingt-quatre premières heures de bain, 1\1. V... ,
un peu plus calme, commençait il coordonner ses idées, quoiquo
toutes fussent encore frappée au coin de la folie.
A la trentième heure, le mieux était plus sensible. et à la
tl'ente-neuvième, il fallait causer quelque temps avec le malade
pour observer encore des traces de manie.
Je le fis alors sortir du bain, et il eut un sommeil des plus
calmes, qui dunt onze beures.
A on réveil, je fis retourner 1\1. V... au hain; il Y resta
quinze heures; l'amélioration de la veille se soutint; la nuit
fut très- bonne. Même prescription le lendemain; seulement,
après le quinze premières heures ùe bain, le malade s'apcI'cevant de tous les bou effets qu'il a ait ohtenus du premier
bain de lrente-neuf beures, demanda de prolonger autant cell1lci; je le lui accordai; il en sortit eomplétement l'établi. et il n'a
pas eu de l'echute.
J'étais encore le disciple fervent de l'illustre Brous,ais, dont
j'honorerai toujours Je souvenir, quand je recueillis cette observation et neuf autres de celle que je rapportc dans ce mémoire; mai je cherchais déjà il supplécl" dans le traitement
de la folie, Ct l'in li Cfisance des saignées génémlcs ct lo('ule ,
ct sans comprendre encore le mode d'action des bain ,j vou lais
ccpendant lirer parti des faits i remarquables que Pomme a
publiés dans SOli Traité des a/fectior/s vaporellscs. On compl'cncl
dès lors pourquoi j'associais si lal'gemenl lu saignée aux bains
prolongés. Maintenant que, gn\c SUl'tout aux Il'avau"X cl· Illon
frèrc, je connais micu ' la loi d08 séer Itions organique ' , je n
�-
107-
saigne plus les fou que je soigne, el sans les affaiblir, j'obtiens des guél'isons aussi promptes, sans courir le risque de
rendl'e souveot leur état incurable ou bien plus difficile à améliorer, à cause d'une saignée inopportune. Ce n'est pas que la
saignée doive être toujours pl'oscl'ite dans le traitement de la
folic, quand surtout elle atlaque Jcs sujets pléthoriques, mais
elle doit être employée bien rarement, et les expériences manquent encore pour déterminer d'une manière exacte son inùication ct ses effets.
SOiXANTE ET DTJC-NliUVIÈM'~
OllSERVATlON.
Manie aiguë'.
la fille l\I. : . , de Buaux près de Plombières, âgée de vinglhuit ans environ, fille de fou, l'égulièl'ement développée et
. ))ien réglée, avai t eu, il Y a q uelq ue au nées , un premiel' accè
de manie dont je l'avais guérie en tl'oi' semaines, il l'aide de
saignées générales, de larges applications de sangsues ù la ba 'e
du cn\ne, et d'un séton à la Hoque.
On me la ramena en 1830, folle autant qu'elle l'eût jamais
été. Elle chanlait, criait, sautait ct parlait continuellement,
sans que es idées eus enl entre elles la moindre cobérence. Je
débutai par une forle saignée du hrÎls, une application de vingt
sauO'sues il la base du crùne; puis, voyant que le délire et l'agitation de la malade ne diminuaient pas, je prescrivis un bain
de vingt- ix degrés, dans lequclla fille l\[. " re la cent viugt
heures. Ce ne fut qu 'à l'aide d'un bain aus i prolongé que 110U '
pûmes obtenir du calme; il était complet, notre malade avait
recouvré toutc son intelligen e. Mai ' , à seize jours de là, elle
cut une rechute, ct, cn mon absonce, ses Plll'C111s la mir('nt
au huill, l'y maintinrent. quinze heul'Cs , ct lIepui 'cize an ' sa
!:HmLé !:l'est bien soutenue
�-
198
QUATIlE-VlNGTIÈME OBSERVATION.
JJ1 anie aiguë' {tu'ieuse.
M... , de Bellefontaine pl'ès Plombières, âgé de soixante
ans, d'un tempérament athlétique, devint fou furieux au commencement de l'été de l'année 1830, à la suite de la pèrte d'un
procès. Six hommes alors avaient peine à le contenir. Après
une forte saignée, je le fis mettre dans un bain de 25 degrés
Réaumur; il Y resta dix-neuf heures. Au commencement du
bain, on fut obligé do lui jeter quelques bassins d'eau ,froide
au nez et à la bouche, comme moyen coërcitif. Après ce bain,
le sommeil fut calme; le lendemai!letlesjourssuivants.bains
également prolongés, aliments peu abondants et pris parmi les
moins animalisés, eau pour boisson. Le traitement dura cÏ1'J,q
jours; cet homme est mort b uit ans plus tard sans a voir eu
de rechute.
QUA'l'llE-VING'l'-UNIÈM'E OIlSEIl VATlON.
Alanie aiguë.
Madame X· u , d'un tempérament éminemment nerveux, rendue
plus irritable encorc par ulle entérite chronique assez grave, et
fille d'une mère folle, avuil été envoyée aux cuux de Plombières pour y combattre, il l'aide de 110S bains, sa phlegmasie
ul)dominale.
~fais,
al'1'ivée au milieu de l'été, ct prenant des bains trop
cbauds Cl de doucbes trop fortes daus des lieux d'une température trop élevée, l.Uatiame X*** fut atteinte d'une manie
aigu ë qui éclaLa au plus haut degré upl'ès quinze jours d'incubation. Une pl'cmièrc application de sangsues à l'auus n'ayant
produit ehez cette malade aucune espèce d'améliol'Ulion, le
médecin qui la soignait, désespérant de la guérir, voulait la
�-
1Ufl -
fairc rclouruCl' chez elle, lorsque quelques personnes qui s'intércssaient vivement à Madamc XH " , désirèrent que l'on me
con ultàt.
L'agitatioll de la malade, sa figure vullueuse et tous les signes d'une irritation cérébrale tl'ès-intense, me firent conseiller
une nouvelle application de sangsues à la base du crâne, et Je
traitement de cette malade m'ayant été dès lors ilbam!onné.
Aux sang ues jc fis succéder un haio de vingt-cinq degl'és lléaumur,
Madame X· H Y resta quin:le heurcs. Dès la première heure
tous les accidents avaient ùisparu. Pendant dix jours, bain
au si prolongés, matin et soit' demi -lavement à peine tiède,
alimentation peu abondante et peu animalisée. Guérison complète de celle redoutable complication. Un an après, à la suite
de cllagl'in domestiques) l\[adame X*** eut une rechute dont 011
ne put la guérir, mais contl'e laquelle mon traitement ue fut pas
employé.
QUATUE-Vl GT-DEU IÈME O/lSlmVATION.
Manie aiguÏ",
rI .... , cordonnier à Plombières, ùgé de vingt - neu,!' aus ,
d'ull tempéramellt éminemmcnt ncrveux, cL d'lIl1e famille qui
compte plusi urs aliénés, avait eu, au printemps de l'alHlée
J 830, un premier accès de manie qui avait duré trois mois,
ct s'était guéri sous la seule inlluence de la natul'e. Pendant
cet accès, il crut longtemps avoir deux têtes. Au printcmps dc
l'année suivante, sous la douhle inlluence de l'ivrogneric et de
la saison, il cut un nouvel accès, mais celte fois, sa manie
était furieuse. Chargé de le soigner, après une lSaignée du bras,
de dix onces environ; je le fis mcLL1'e dans nn bain il 23 ou
2" degrés Héuurnur, el je prcscrivis des affusions d'cuu, 11 20
degn" seulement, sur la tèle, toutes les huit ou dix minutes.
Au bout de quiùze heures de bain, le délil'e de ce malade commellça à diminuer, cl à la vingtième heurc , il en ['oslait il peille
des traces.
�-
200 -
Alors il supplia son père de le sortir du bain, et lui promit
d'ètre à l'avenir l'homme le plus rai onnable. Son père le crut
et lui rendit la liberté. A près quelques heures de sommeil, délire aussi complet qu'avant le pl'eroiel' bain. Second bain pl'Olongé, également interrompu pal' la foi qu'eut le pèl'e aux
promesses de son fils. Quatre bains, d'à peu près même durée,
furent tous terminés comme les deux premiers, et la guérison ne faisant aucun progrès, on me laissa enfin maître du
traitement.
Je prescrivis une appliCillion de vingt-quatre sangsues à la
base du crème et un bain de trois jours. Les morsures de sangsues donnèrent abondamment.
Pendant les vingt-quatt'e premières heures, le malade eut deux
lipothymies légères; il eut le second jour une exacerbation de
tous e accidents, que je considérai comme un des premiers
effets de la saignée, muis cette exacel'halion cessa bientôt. A pl'ès
soixante heures de bain, N ... eut un sommeil de douze heures,
à la suite duquel il s'éveilla ll'ès-calme. Un second bain de même
durée le l'étahlit entièrement.
Un an apt'ès, sous la double influence du printemps et de
l'ivrognerie, il eut un nouvel accès, aUlluel je remédiai de la
mème manière que l'année précédente; mais cet homme, continuant à boire avec excès, de l'eau-de-vie surtout, redevint
hientôt aussi fou que devant; el renonçant dé ormais à lui
donner des soins que son intempél'ance rendait inutiles, je conoù il est
seillai à sa famille de le faire enfermer à ~raévile,
mort quelques nnnées plu tard d'une pleuro-pneumonie.
QUA'l'HE- rNGT-TflOl Jl~\fF.
OlISEl\VATION.
lUOIlOma1! ic.
Madame X, . " fille d'une mère morte de la goutte et d'un
père darlreux, alors ùgée de quarante-trois an ~ lue fut confiée
à la fin du mois d'octohre 1831 , pour la guérit· d'une monomanie qui dlll'aitdcpuis quutre un elqlli, peu npparente d'abord,
�-
201 -
s'était beaucoup aggravée. 1'\ladame X ... avait cu un enfant dans
cet intervalle et elle l'avait nourri.
Depuis, elle était devenue sujette à de fréquents accès de
fureur. Elle croyait son mari menacé par de puissants ennemis,
qui allaient lui intenter un procès criminel et réduire ses enfants à la mendicité, tandis que lord Byron et son frère naturel
Vidocq imprimaient dans tous les journaux et dans ~ous
les
ouvrages qui paraissaient alors, des articles diffamatoires c?ntre
elle et sa famille. La plupart de ses anciens amis étaient des
émissaires de ces deux célébrités si différentes. Elle se croyait aus i
alliée à la famille Bonaparte.
Depuis qu'elle avait sevré son fils, ses règles étaient revenues
comme par le passé.
.
A son arrivée chez moi, elle était maigre et pâle, comme le
sont beaucoup de fous. Des chagrins domestiques étaient la cause
occasionnelle de sa maladie . On ne se souvenait pas d'avoir vu
d'autres aliénés dans sa famille.
Quelques applications de sangsues à la base du crâne, deux
saignées du bras, des bains tièdes de notre eau minérale, prolongés souvent pendant trois jours, et jamais pendant moins de
six heures, de fréquentes affusions d'eau un peu plus froide
que le bain, un régime doux et des promenades quelquefois trè longues à travers nos montagnes, triomphèrent en sept mois de
cette grave affection.
QUA'flm- VIl'lGT-QUATlUÈME onSER VATION .
1'\1. LaI'. de il .... : âgé de treute-buït ans, me fut amené eu
septembre 1834. Aliéné depuis q uclq ncs semaines, il était maigre,
jaune, taciturne, ne parlait que pour sc plaindre de sa ruiue
imaginaire. Cinq bains tièdes de deux jours chacun ufJil'ellt
pour le l'établir. Sa guérisou s'était soulenue jusqu'uu mois de
mai 1844, époque 1\ laquelle il éprouva ulle rechule : quatl'e
bains de deux jOU1'S de durée le rélablirent encore, mais il e 'l
mort cel hivCl' à la suite d'une maladie aiO'u ·; .
�-
202 -
QUAl'HE-VINGl'-CI ' QUIÈME OBSERVATION.
1\1."*, âgé de vingt- ix ans, se croyait depuis plusie urs année
fils naturel de l'Empereur. Les personnages des lahleaux et des .
tapisseries s'animaient à sa vue; il s'irritait ordinairement contœ
eux et se parlait habituellement à demi-voix; il était nécessairement plein de sou importance; du reste il était doux et poli
avec les étrangers; il était gros, il avait le teinl frais, assez
sa
d'appétit. On avait essayé beaucoup de trailements cOtl~e
maladie et tous inutilement; on me l'envoya au commencement
de l'été, il passa trois mois à Plombières. Je ne lui fis prendre
que des bains de deux heures et demie. Deux fois, pl'é umant
qu'il pouvait être atteint d'une affection goutteuse, je fis mettre
à son in u quatre onces de potasse dans son bain, et chaque
fois il eut une exacerbation très-mar'quée de tous ses accidenls.
l\<fes soins ne lui furent d'aucune utilité; j'aurais dù, mal'"'l'é
l'ancienneté de son mal, insi ter sur les bains tiède ' trèS-lJfOlongés et sur beaucoup d'exercice, suivre enfin pour lui le
traitement qui m'a si bien réussi chez Madame X . . .. , sujet
de la quatre-vingt-troi ième ob ervation; mais je n'avais enCOl'e à
cette époque que des idées très-incomplètes sur la nature de la
folie et ur le traitement qu'elle nécessite; aujourù'hui il est tl'èspl'obable que je sa urais guérir l\I.*" ou leI autre malade affecté
comme lui. Sou observa lion au surplus offre un gl'and intérêt il
cause de l'exacerbation provoquée deux fois par une excitation
cependant moclérée de la peau, exacerbation qui vient ncore
aprUyOl' mes démonstrations sur le rôle importunt que joue la
peau dam; la folie.
QUAl'RE-VU<I or-SIXIÈME onsr-:J\VATlON.
Mademoi selle N ... , ùgée dc vingt-huit ans, d'un tempérament
lrès-nervcux, babiluellcmenL souffrante, devint hyslél'ique puis
hypocondriaque. Elle était pùle el maigre à son urrivée à Plom-
�-
203 -
bières; elle se pleurait comme perdue; elle courait après tous
les hommes qu'elle voyait passer pour réclamer leur protectiou . ..
Les bains prolongés pendant plusieurs mois furent sans effet
Sur elle; elle était accompagnée par une sœur bicn dévouée
mais faible, dont la pré ence m'empèchait de donner au traitement toute la rigueu'r désirable. Il aurait fallu, au lieu de
bains de dix à douze heures, des bains de plusieurs jours et
de longues courses à la campagne, dans les moments où les
bains auraient été suspendus. Cette demoiselle a été guérie plus
tard, j'ignore par quel traitement.
QUATRE-VINGT-SEPTIÈME OBSERVATION.
1\'[. ***, d'Épinal, me fut amené, fou furieux depuis plusieurs
mois et exténué par des jouissanccs solitaires, auxquelles, malgré
toutes mes précautions, il continuait encore à se livrer, même
dans son bain. Je dus rcnoneer à le guérir. 11 mourut peu de
temps après son départ.
QUATllE-VINGT-HUITIÈME OB 'ERVATION.
1\1. N.. " Polonais réfugié, figé de vingt-quatre ans alors, était
fou depuis pl'ès de deux ans quand on me l'envoya àPlornhièrcs;
sa folic consistait en une mélancolie profonde, n pleurait presque
toujOUl'S, il répondait à pcille aux questions qui lui étaiellt aclre sées. 1l se roulait souvent i\ terre comme un dé:j(lgpéré; du reste
il mangeaiL avec a' ez d'appétit, il avait encorc l'cmbonpoint de
la santé; se elles étaient l'ares, scs di<ycsLions ùiffLCile ct accompagnées d'éructation, sa facc était vultueu 'c, animée, d'auLre
foi s ptlle ; lcs bains prolongés restèrcnt sans action dans ce cas;
à la vérité je commençais seulemcnt il les employer dans le ll'uitement de la foli e et je n'élais pas encore bien fixé SUl' leut'
"aleul'. D'un aulre côt6, je n'ai pas assez insisté ni sur lcur
durée ni sur lcut' tcmpét'ature, et je n'ai. pas prolongé assez cc
Lt'aÏl 'ment. J 'ai gur.ri dcs épilcptiques et dcs rou s après huit
�-
204 -
mois., un an même de soins continuels; ce u'est souvent pus
assez pour triomphel' de ces graves affections. Chez ce jeune
110mme, les ellébOl'e récoltés dans des pays chaud ou la vératrine à dose altérante auraient aussi parfaitement convenu.
QUATlm- VINGT- NEUVIÈME ODSERVATION.
•
Madame ***, petite-fille d'un ivrogne des Granges-de-Plombières, me fut amenée folle furieuse : trois bains tièdes, l'un
de deux joura, firent cesser tous ces accidents, mais on aur,ait
dû les continuer plus longtemps et d'autant plus que, dans la
famille de madame *H , il Y a eu d'autres fous et J.llusieurs épileptiques, tous devant leurs trisles maladie" il l'ivrognerie de
leur aïeul. Madame ***, après quelques semaines de guérison,
redevint folle; elle ne fut plus soignée, mais elle conserva dès
pour continuer à diriger sa maison. Je
lors assez d'intelg~c
ne doute. pas que si l'on avait repris le traitement qui avait donué
une première fois de si prompts et de si bons résultat , elle n'eût
obtenu une guérison solide, ainsi. que cela est arrivé ù la fille de
Ruaux dont j'ai déjà rapporté l'histoire.
QUATRE-VINGT-DIXIÈME onSERvATION.
Mademoiselle *** , cousine germaine de la préeédeute, ct "gée
de vingt-cinq ans, grande et forte remme comme elle, comme elle
aussi bien réglée, deviot folle fUl'ieuse; elle déchirait ses vêtements
el courait toulc noe à travers les campagnes lorsqu'elle parvenait
il s'échapper. La cau e occasionnelle était un chagrin amOUI'eux ;
la cause foemelle éLait la filiation dont j'ai déjà padé: cles bains
li \des prolongés suffirent, au bout de quinze jours, pour pl'OCUl'Cr une guédson qui ne s'est plus démentie.
QUATnE-VINGT-ONZIÈME OBSERVATION.
1\1:", des environ de Charmes, me fut amené au mi lieu
df: l' lé de J'allnéc l8:HJ. Il était fou, ::;ouv'IIL l'ul'Îeux , d(lp ui s
�-
205-
quelques semaine ; cct homme avait été déjà pensionnairc il
l\Taréville pendant buit ans. Sorti guéri de cet hospice, il s'était
mal'ié deux ans avant sa rechute: quatre bains tièdr.s, de deux
jours de durée chacun, suffirent il son rétaùlissement qui dure
encore aujourd'hui.
QUATRE-VINGT-DOUZlhm
ons En VATION.
l\ladc:noisclle ***, du Clel'j us, ùgée de vingt-sept ans, d' un
tempél'ament mou, d'habitudes douces et religieuses, était folle
et quelquefois fl1l'ieuse depuis plusieul's emailles, quand on me
l'amena au milieu de l'été de l'année 1835. Des bains prolongés
pendant 30, 40 et 50 heures, continués pendant quinze jours, la
rétablirent; mai des coutmriétés domestiques la firent redevenir
foll.e deux. ou trois mois après, et depuis lors, livrée à des
chadataus, elle est re tée dans ce malheureux. état, d'où les
bains prolongé , continués un peu plu longtemps, auraient
pu facilcment eucore la sortil'.
Q ATIlE- VmGT-TR F.IZu'
~ l\E
onSERV ATION.
Mademoiselle ***, des Gl'allges-de-Plombière , fille d'une mèl'C
l'olle, sœur d'un frèl'e fou, ayant plusieur autl'e parents fou ,
est épileptique depuis environ dix ans: elle en a trenle il peine;
elle devint folle et fUl'ieuse pendant l'été de l'année del'l1ièl'e;
elle se cl'oyait un ange et frappait tous ceux qui lui résistaient.
Deux bain lièd s de {18 heures enlevèrent eet accès de folie
que l'épilep ie reproduira plus lat'd SUII doute. lUais pourquoi,
me dit'a-L-on peut-èLI'e, nc pas trailer l'épilepsie et prévenir
ainsi la folie? Poul'quoi? c'cst que le tl'llÏtement de l'épilepsie
est un traitement long, d'un suceès douteux et qui exi"'e dcs
sOin ct des dépcn cs au-desslI' c1es res. ourees du plus grand
11010h1' de malades.
�-
206-
QUATftE- VINGT-QUATOHZIÈME OBSERVATION.
1\1.***, conseiller munici pal de Fougerolles, me fut amené au
commcncement du mois d'avril en 1835: il était fou depuis le mois
de juin précédent, Cet homme, d' un tempél'ament lympbatiflue
nerveux, a une tante qui a eu un accès dc folie. 11 est ùgé de
quarante-deux ans, sa maladie existait d<ljà depuis neuf mois; il se
croyait ruiné, il pensait qu'on avait abusé de sa signature comme
conseiller muuicipal, qu ' un ex-notaire en avait abusé aussi, de
même que des agents d'assurance contre l'iucendie. Il avait eu
déjà quelques aecès de fureur; il avait voulu détl'uire ses titres
de pl'opriété, Je lui fis prendre des bains de 28 degrés Réaumul'
ct de 2/. à 48 heures de durée; dès la fin de la première semaine, il Y avait chcz lui un mieux bien marqué, A la 11n des
quinze premicrs jours il paraissait guéri, mais bientôt ses idées
folles revinrent, et son pouls de 80 pulsations vint à J 20; je
ne savais à quoi attl'ibuer cette espèce de rechute) quand je
décou vris sur un de ses bras deux éllormes furoncles, Je COIltinuai notre traitemcnt. La folie diminua pOUL' reparaitre bientot,
quand deux autres furoncles se montrèrent à une jambe; mais
l'ngitalion se calma, pour ne plus revenir, apl'ès un mois de
bains.
Celle obsCl'vation est curieuse, en ce que deux fois la folie
'est manife tée de nouveau, sous l'inl1uencc de l'inflammation
de la peau occa 'ionnre pal' Je dév lopp menl des fUl'oncle ; que
J'on veuillc attl'iboer aussi au lis u ccllulail'C une parlie de celte
surexcitation cél'éhrule mOl'bide, il n'en ré ultcl'a pas moin ce
fuit que la rolie rev'lluil chez lIolre malade r.t él:lÏt entretenue
par ulle irrilation éloicrnée du ccrveau et ù laquelle ]a peau pre'"
lIuit unc tl'ès-gl'allde parl; il esl aussi digpc de remarque qu'un
mois de mon trait mont ail sur/i il la gllél'ison d'ulle mono'"
manie des mieux cl\ractél'Îsécs el qui avait déjà ulle longue
durée.
�-
207-
QUATRE- VmGT-QuINZIÈME ODSERVATION.
Mademoiselle ... de R .. , , ùgée de vingt-trois ans , vit mouril'
uhiLemcllt son père au printemps de l'année 1834. Bientôt elle
devint folle; le matin elle était dans un état ,'oisin de l'idiotisme, le soir elle parlait beaucoup; elle avait des idées
érotiques et ellè courait apl'ès les hommes qu'elle rencontrait.
On m'amena cette malade au pl'intemps suivant: l'espèce d'intermittence qui se manifesLait chez ellc m'engagea à essayer
d'ahord le quiuquina et scs scls; mais n'en ontenant aucun
'résultat) j'eus rccours aux bains tièùes prolongés; j'en fis prendre
deux seulement, de 24 heures chacun, et cela sufllt à la guérison de cette demoiselle.
QUATRE-VINGT-SEIZIÈME onSEnVATION .
.l 'ai dit que J'initaLion d'une porLion seulemcnt de la peau
Pou,'ait produirc la Colie : Je faiL suivant en fourolr'a la
preuve.
~Jadl1è
.U, en 1832, l'nt tout à la fois une toux. fréquenLe
ct des vomis cmcnts que je considél'ai comme nel'veux; les
vom'i semenls cédèrent vite, mais la Loux pCl'sista, quoique
develluc bien plu;; ral'C; la malade tomba dans l'hypocondrie
la plus caractél'isée. hile avait aloJ's vingt-huit ans; son lempél'ament e~l
éminemment. nel'veux el eUc a eu des pal'CoLs goulteux
el Jous. Elle cl'Oyail qu'ellc était phLhisique, et pendant un an,
se regardant comme vouée il une mort pl'ochaine, elle e p]eul'ait
uns cc sc. Cetle affection disparut en 1833, Dl/li ' revint en 1 a4
avee toul le cOl'tége des symptômr qu'elle avait eu ' la première fois. Celle dame a "ait alol's une ehevelurc épa isse et
Jonrrue, cl de f'n:l!uruLrS nllcl'Ilatives de 1'0ugellL' et de p;\leul' de
la face ..Je pellsai quc sa chevelure, en accumulant trop de
chaleur eL ll'Op d'électricité dans la peau qui la produisait,
Pouvait ainsi jouel' un l'ole important et lI' s-lluisiblc. Je la fis
�-
208-
couper, et sou les ciseaux de la coiffeuse, on vit instantané·
meut disparaître tous les accidents. Au bout de trois mois, les
cheveux étant déjà revenus assez longs, la mélancolie reparaissait, je les fis couper de nouveau et le calme se rétablit. Onze
ans plus tard, à la fin de l'hiver, cette dame fut de nouveau
reprise par des accidents analogues à ceux qui l'avaient déjà
tourmentée; elle était d'une maigreur qui touchait au mal'asme;
différents moyens avaient été employés sans succès chez elle,
quand elle vint de nouveau me consulter. Je trouvai le même
découragement, quelques hallucinations, la crainte de devenir
foUe, le désespoir que cette cminte causait, une grande faiblesse, de très-mauvaises digestions et un grand dégoût pour
les aliments. La tête entière était très-chaude; j'eus recours au
moyen qui m'avait déjà si bien réussi : je fis raser la tête de
cette dame, et à l'instant même tous les symptômes de l'bypocondrie disparurent entièrement.
Ce fait curieux a quelqu'analogie avec l'épileptique dont
Esquir'ol raconte l'histoire, et qu"l dut sa maladie à une forte
in olation de la face et du cuir chevelu, Seulement l'influx nerveux
s'accumulait chez ce dernier, jusqu'à ce qu'une déc barge violente à travers le cerveau vînt à se manifester, tandis que chez
madame *** l'influx nerveux, ou l'électricité constamment prédominante, venait con tamment aussi surexciter ee vi cère.
Chez ces deux malades, il a suffi pour les guérir de refroidir
la pean de la tête.
QUA'l'RE-VJlSG'l'-DIX-SEPTIÈIItE O;nSERVATlON.
Madame L, de V, , . , , donlune ŒlU' est morte foUe t dont
quatre frère sonl fous, devinl folle elle-même au commencement de l'ullnée 1837, sept joue, a'près es couche . Elle l'cfu a
dès lors de noufrir son enfant, quoique le luit flit toujours abondamment séel'été. Sa maladie durait déjà depuis quatre mois quand
cette dame me fut amen e : cHe avait tl'ente uns; clle était bien
réglée cL d'une helle con ·tilulion. l ~ lI e délirait sm' tous ' los
sujet, ,ct passait continuellemont de l'un à l'antre. Son poul
�-
'209 -
était régulier: il n'était pas trop accéléré; seulement il était
babituellement un peu dur. Je fis à cette dame unc saignée
de cinq à six onces, uniquement dans le but de m'assurer de
l'état du sang, que je trouvai très- plastique, comme je m'y étais
attendu. En rapprochant ce fait de la teinte jaune de la face,
teirite que l'on rencontre si fréquemment cbez les fous, en
tenant compte aussi de l'époque où la maladie avait débuté,
je compris qu'il fallait recourir à tous les moyens qui pourraient
acti ver les sécréteurs acides, je prescrivis de~
étuves et des
lotions alcalines répétées trois ou quatre fois par JOUi", la tète
exceptée .
Les étuves ne produisirent pas tout l'effct que j'en attendais;
parce que l\fadume L ... s'ngitait dans son lit après les a oir
prises, et empêchait ainsi la tran spiration de s'élablir aulant
que je l'aurais voulu. Cependant la positi?l1 de notre malade
1
était déjà bien améliorée quand je lui fis prendre sept ou huit
bains tièdes de notre eau minél'ule, rendue plus alcaline pal'
l'additioll ùe quatre onces de potasse caustique par bain : la
durée moyenne de cbaque bain fut de quatre beures. Dix-buit
jours de cc traitement ont suffi pour amener la guérison d' une
maladie qui. durait depuis quatre moi s déjà, ct que de bien
tristes circonstances pouvaient faü'e regarder comme incurable.
Ici DOUS voyons la folie, produite par une altération humorale duc au défaut d'action de la peau, céder tres-promptement
au rélabli ssement des foncLÎons de cette mem brane; ici encore
le cerveau n'est pas consécutivement affecté, et c'est toujours
dans la peau qu e sc passent le modifications qui produiscnt la
maladié, et plus tard celles qui doiv ent la guéri l' ; mais celte
folie apparti ent à une classe différente: c'est la,f lie goutteuse,
très-fréquente quoique moins commune quc la peemi ère I.lt qu'il
, importe beaucoup d'en di linguer. Chez les Jou s de cetle seconde
espèce, la tension électrique de la peau s'élève au-dessu du
degré normal, par suite du peu de conductibilité de on épiderme,
de a sécheres c babituelle ou du trop peu d'abondance de la
tt'unspiration, ainsi que je l'ai longuement expliqué plos haut;
17
�-
210-
QUATRE-VIlSGT-DIX-HUl'fIÈME OBSERVATIOlS.
:lUadame ***, asthmatique et d'une famille où l'on trouve des
goutteux, des asthmatiques et des malades tourmentés par des
coliques néphrétiques, était nourrice depuis trois mois et souvent tourmentée depuis lors pal' des douleurs vagues dans le
dos, les épaules et la poitrine, lorsllu'elle me fit demander
en grande bàte. Elle se croyait au moment de mourir. Je la
trouvai délirant, son lait était supprimé, elle avait une fièvre
ardente. Je la fis suer à l'aide d'applications chaudes et d'infusions de tilleul. Le lendemain matin elle était mieux et elle
suait beaucoup encore; mais malgré ma défense, on la changea
de lit et il y eut à l'instant un arrêt de transpiratioQ et un
délire furieux. Son pouls buttait 160 fois par min'ute : il y avait
soubresauts des tendons. J'en étais encore ft mon début dans
l'étude et l'application des doctrines de mon frère, et je crus
devoir faire une saignée explorative de 30 grammes environ.
Le sang était très-noir, il se prit en une masse dense et coueuneuse à sa urIace; au bout de 36 heures, cette masse n'avait pas
laissé échappel' encore une seule goutte de sérosité. Je Pl'cscl'ivis
d'heure en heure des lotions générales avec un liniment trèsalcalin. Je fis couvrir les cuis es et le ba -ventre de celle dame
avec des flanelles imbibées de lessive fortement alcaline el lrèschaude; dès que la sueur' revint, le délire diminua de fréquence. Au bout de buit jours il était entièrement pa sé, le
lait était sécrété en quantité convenable et notre malade était
en pleine convalescence. Chez celte dame on ,'oit le délire al'riv r aussitôl que la peau chaude et mouillée vient à se sécher,
que son épiderme n 'est plus ince amment tl'aver épar beau
coup de vapeurs ou par de la ueUl' qui l'aUl'aient dépouillé de
l'électricité surabondante qu 'il accumule au - dessous de lui;
mais on voit aussi le délire diminuer ft mesure que la transpiration sc rétablit et sou 'trait ain i à la peau beaucoup d' Ilcctl'iciLé et
de chaleur. Jei nous avons encore affaire à uno affection goutteuse:
tous le précédents de la malade, sa peau habituellement s che
J
�-
211 -
et rugueuse, son sang beaucoup trop pla tique en déposent suffisamment.
QUATRE-VINGT-DlX-NEUVIÈME OBSERVATION.
Delirium tremens.
M. *H, maréchal-ferrant à Plombières, âgé de cinquante ans,
d'une constitution athlétique, buvait depuis longtemps outre mesure, et reau-de-vie était sa boisson favorite. Depuis longtemps
aussi ses forces diminuaient, et un tremblement général le rendait
impropre ft la plupart des travaux de son état. Unc nuit on
vint m'appeler en bâte: c'était au printemps de l'année 1832;
~1.*u
avait tenté de se suicider, et armé d'une aiguille à éton,
heureusement peu tranchante, il s'était fait au col et au ventre
plusieurs blessures qui n'intére saient que les t éguments. Je
le trouvai assis sur son lit et en proie au plus complet délire.
Il voyait une foule d'hommes à. ]a figure et aux gestes menaçants, sa face était vultueuse, son pouls dur et fréquent: il
y avait carpologie.
Je fis à ce malade une aignée du bras de dix. onces environ, ct je lui fis appliquer quinze sangsues à la base du cnlne.
Je le fis mettre en uite dans un bain de notre eau minérale,
à 24 degrés R., dans lequel n passa quatre jour . n eut de la
limonade pour boisson et fut mi à une diète sévère. Après ce
bain prolongé, M. H * eut un sommeil de 15 heures ct sa guérison
fut complète.
Mais aprè ' quelques mois de demi-sagesse ) il revint à se
habitudes anciennes, et mourut misérablement deux uns après i
à demi pal'alysé et imbécille.
CENTIÈME
ons ER VA'fION •
Delirium tremens.
1\1.***, de Plombièrcs, âgé de quarante et quelql1es années, de
petile lai1lc, au col court, aux épaules large' , trè -gras, inoceupé j
�-
212-
adonné depuis longtemps à l'ivrognerie, avait tous les trois oU
quatre moi.s un accès de delirium tremens dont je le guérissais
en deux jours, à l'aide d'une saignée et de bains tièdes prolongés
pendant cinq ou six beures seulement. Ce malade finit par succomber victime de son intempérance.
CENT UNIÈME OBSERVATlON.
Delirium tremens.
M.***, du Val-d'Ajol, bomme gros et court, âgé de cinquante
et quelques années, adonné à l'ivrognerie, eut, il Y a trois ans,
un premier et violent accès de delirium tremens. Appelé en
consultation près de lui, je prescrivis des bains tièdes trèsprolongés. Un premier bain de 48 heures diminua ses accidents
et lui peocul'a plusieurs heuees de sommeil. Uu second bain
également prolongé acheva de ~e guérir. IL a eu depuis lors,
d'a~née
en année, sous l'influence de la même cause, un nouvel
accès de cette folie, et le même trait{)ment ,a amené chaque fois
les mêmes résultats.
CENT DEUXIÈME
on
ERV ATIO •
Delirium tremens.
M.***, garçon brasseur, ùgé de vingt-huit ans envü'on, gros ct
court, adonné à l'ivrognerie, eut un violent accès de delirium
tremens, au commencement duquel il essaya de sc couper la
gorge. Il avait un mauvais couteau et ne se Ht heureus.ement
qu'une légère blessurr. Il voyait constamment une foule d'animaux
fantastiques, il avait une grande agilalion et de la carpologie
comme les trois précédents; deux bains tièdes, de deux joul's
chacun, suffirent pour le rétablir. Jc crois que depuis il a cu
le cou l'age de résister à sa fatale pas ion et qu'il n'a pus eu de
rechute.
�-
2l3-
Dans le delirium tremens, la peau des malades est habituellement très - chaude; les ivrognes transpit'ent beaucoup, aussi
leur sang est-il en général assez peu coagulable. Le bain prolongé
agit chez eux de la même manière que dans la folie aiguë, due
il la surexcitation directe de la peau.
On ue doit pas être surpris dès lors du puissant effet du bain
prolongé comme remède à ce genre de folie.
CENT TROISIÈME OBSEUVAl'ION.
Hypocondrie.
l\ladame H*, âgée de trente ans euviron, bien constituée et d'un
tempérament lymphatique sanguin, vit ses règles se upprimer au
printemps de l'année 1846, à la suite d'une grande frayeur.
Bientôt elle fut, en proie à une tristesse profonde, au dégoût de
la vie et au plus complet délire. Tous le ' moyens employés
contl'e cette grave affection ayant échoué, on essaya des eaux
de Plombières en bains tièdes de deux heures de durée et en
douches écossaises. Je fus consulté pour rada me ***, apl'ès six
semaines de ce traitement qui n'avait produit aucune amélioration. Je conseillai des bains prolongés. Nous les portàmes ju qu'à
3 et f~ jours. Constamment, au bout des dOllze ou quinze premières heUl'es, ils produisaient une amélioration des pl us marquées.
Madame *** reprenait toute a pl'ésence d'c prit, toute sa gaieté;
mais dès qu'eBe avait passé une nuit dans son lit, elle '~veilat
presqu'aus i malade qu'elle l'était avant ces grands bain. Cependant peu à peu l'étal de Madame Ho s'améliorait, sc r gles
l'epal'Urent après deux mois de ce traitement que nous eontinuùmes pendant trois mois, el quand elle quilla Plombière , il
Y avait chez elle un mieux hien sensible) qui s'est soulenu, mais
qui n'est pas encore aujourd'hui uue guél'ison complèle. J'ai
conseillé de recourir chez celle dame il la vératrine il do. e u1térante. J'aurais dlt admini tret' déjà ce remède pendant que
~Iudme
**' faisait usage de no eaux, mni je n'avais pa ' encol'e
d'opinion bien arrêlé ' Ui' la valeut' de ce précieux l'cm "cl .
�21{~
-
CENT QUATRIÈl\1E OBSERVATION.
Manie aiguè' et delirium tremens.
M.. , . âgé de quarante et quelques années, d'un tempérament
sanguin et d'une famille où il y avait eu des personnes bizarres,
sans être folles, était fou depuis huit ou dix jours quand on me
l'amena l'été dernier. Il se croyait pacba, il avait un sérail de cent
femmes, il allait avoir uu très-grand nombre d'enfants. Depuis
qu'il était fou, il avait bu beaucoup de vin et de liqueurs. Je
ne sus que plus tard qu'il ,buvait habituellement des vins trèsforts et de l'absinthe, ce qui m'expliqua les symptômes de
delirium tremens qui se mêlaient à ceux de sa mortomanie.
Ce malade avait beaucoup de flèvre, 120 pulsations par minute l
Ce ne fut qu'au bout de trois mois de traitement par les
bains prolongés que la fièvre se calma, Le délire diminuait aussi '
et j'espérais une prochaine convalescence, quand à la suite d'une
promenade de plu ieurs heures, comme je lui eu faisais faire
depuis plusieurs semaines, tous le jour avant on bain, il
tomba en cantS, sans que rien pùt d'abord m'expliquer la cause
de cet état i gra ve. Les pupille étaient dilatées, le pouls était
lent, les deux carotides avaient des pulsations parfaitement égales
et faibles, les mâchoires étaient fortement serrées. ]J y avait alors
beaucoup de champignon vénéneux. Je pensai que notre malade en avait mangé. J'interrogeai. son guide, qui m'avoua qu'il
lui en avmt vu un à la main, Je prescrivis à l'instant 25 centigrammes de tartre stibié dans un litre d'eau et je les fi avaler
au malade pal' cuillerée, en profLtant de quelque espaces
jnterdcntaires. J'introduisis plu ieurs1'oi5, parles mème espaces,
les barbes d'une plume poUl' 11'1'iter l'arrière-bouche, et plu jeurs
fois il y cul des vomi 'ement incomplets par suito de la contraction des muscles dos lTI,àchoires. J'ajol.\tai de forles ' fdclions
à ces moyens, de applications cha udes sur les ex trémilés. Ce
ne fut qu 'au bout de 20 heures que M..... revint à lu.i. Je
le renvoyai dan sa famille où} nprè' quelques mois d'agitation,
�-
21;} -
il est tombé en démence, J'aurais voulu qu'on lui admi.nistrAt la
vératrine, mais ce conseil n'a pas été suivi.
Jé crois que, chez ce malade, les ellébores à dose vomitive et
purgati ve auraient été bien profitables au com~ent
de son
traitement. l'fais nous n'avons en France que des el1ébol'es indigènes, et les anciens les ont proscl'its, comme de beaucoup inférieurs aux ellébores des pays chauds, à celui d'Anticy('e
surtout.
CI~QUÈMET
ODSERVATION.
Démence aiguë,
M. le capitaine *.. avait depuis longtemps une tumeur fongueuse du rectum, qui lui faisait perdre une très-grande quantité
de sang. Habilement opéré à Lyon par le savant chirurgien de
l'Hôtel-Dieu 1 M. le docteur Pétrequin , il contracta bientôt après
un violent dévoiement et il arriva exténué à Paris, où il tomba
dans la plus complète démence, On me l'amena plusieurs mois
après, n'ayant qu' un très-petit nombre d'idées fausses et se rapportant toutes à ses besoins matériels. Sa peau était froide et
pâle, ses digestions mauvaises,
Je pensai que, chez ce monsieur, la démence était le résultat
seulemérit du profoud affaiblissement produit pal' des pertes
de sang considérables et par le dévoiement. Je prescrivis à l'intérieur des amers et uu régime suffisamment tonique. Je prescrivis des bains alcalins, prolongés pendant (j heures par jour.
Ce traitement améliol'ait lentement l'état de lU. H*, quand, à la
suite d'un refroidis ement, il eut beaucoup d'oppression et de
toux, un point de côté, des crachements de sang et du râle
souscrépitant dan le poumon gauche j une saignée de deux
palettes me fournit un sang peu coloré et presqu'incoagulable,
Des inspirations ammoniacales ct des opiacé firent promptement
raiSon de ce dernier accident, mais il (ut bientôt 'remplacé par
une bouffissure g6nél'ale, par l'anasarque, qui céda à son tour
aux lolions de teinture de digitale el aux up ritifs. Un peu plus
�216 -
tard je prescrivis de nouveau les grands bains, mais sans les
additionner de soude, et je leur adjoignis des douches écossaises ou alteI'Dativement froides et chaudes. Je commençai paF
• de l'eau à 24 et de l'eau à 28 degrés Uéaumur. Notre malade supporta 'plus tal'd l'eau froide à 20 degrés . Tout ce traitement dura quatre mois seulement et le capitaine quitta Plombières parfaitement rétabli.
'
Ici encore la peau a joué un rôle très-important, mais à l'in'verse de la folie; elle n'avait plus assez de tension électrique et
le cerveau ne pouvait plus penser.
Je pourrais ajouter d'autres faits à ces observations que je
crois dignes d'intérêt, mais elle sont en nombre suffisant pour
exciter l'attention des praticiens, pour leur montrel' qu'il y a
beaucoup à faire dans cette voie nouvelle où je les appelle avec
moi; elles suffisent aussi pour justifier mes idées théoriques,
pour rendre un peu d'espoir aux nombreux pa~ents
des fous
que l'on ne soigne nulle part aujourd'hui ou nulle part convenablement, et pour l'USSUl'er aussi SUl' leur a venir les personnes
qui ont été folles e1les-mêmes, et qui se croyaient, à cause
de cela, irrévocahlement frappées dans l'organe de la pensée et
~échues
en grande partie de lenr dignité d'hom~e:
�-
217-
CHAPITRE XXIX.
D~
rét.ilel.sie .•le la eatldelJSle et .le r .. ,.sté.·Je.
L'épilepsie ' était aussi bien connue d'HippoCl'ate que des
médecins modernes, Vingt-deux siècles se sont écoulés depui
ce grand homme san~
que la science ait fait sous ce rapport
le moindre progrès, Serait-ce par basard que le descendant, le
disciple 'd'Escnlape aurait déjà découvert ou connu tout ce qu'il
importe de savoir sur cette maladie si grave? Interrogeons à
cet égard des hommes que nous regardons il bon droit, parmi
les modernes, comme des princes de la science, Esquirol nous
dit, dans son Traité des maladies mentales, que l'épilepsie n'est
pas seulement une maladie épouvantable par la violence de ses
symptômes, mais qu'cUe est désespérante par son incurabilité,
PIns loin, caractétisant les recherches des anatomo-pathologistes
sur les lésions organiques trouvées dans les cadav('es des épileptiques, il ajoute : ,< que conclure? rien! "
Joseph Franck, le médecin le plus érudit peut-êtl'e des tem ps
moderlles, arrivé dans sou exposition de l'épilepsie au siége et
ù la nature de ce mal, s'écrie : n C'est avec doulcur que nous
avouons que cette partie essentielle du diagnostic se tl'Ouve
tout à fait dans le domaine des conjectures, » AilleUl's il dit
encore : ~ Nous ignorons la cause prochaine de la plus simple
fièvre, il n 'es t point étonnant que nous soyons obligés d'avouer notre ignol'ance sur la nature intime d'une maladie au si
obscure que l'épilepsie, »
L'analomie pathologique montre ])ien san s tLoute, la plupart
du temps, de graves altémtions de tissus dans le cerveau des
personnes mortes épileptiques, mai!! ces altération sont on ne
peut pas plus variées, et on en tl'ouve d'ailleul's de pareilles,
�-
218-
produites par des affections entièrement différentes. Enfin, comme
tous lés autres désordres que l'anatomie pathologique inventorie
chaque jour, elles ne sont que des effets incapables de nous
révéler jamais la nature de la maladie, et qu'avec l\lorgagni,
tant de médecins considèrent encore comme des causes, au grand
détriment de la science.
D'où vient donc que plus de deux mille ans d'efforts soutenus ont été inutiles pour l'étude de l'épilepsie comme pour
celle de la plupart des autres affections morbides? Cela vient
de ce que l'i~norace
olt l'on a été si longtemps des lois physiques et chimiques nous ôtait la possibilité de comprendre
les phénomènes les plus importants de l'économie vivante,
ceux -là mêmes dont les moindres modifications occasionnent
et caractérisent nos maladies. Ainsi on voulait étudier l'épi.lepsie
sans savoir ce C(ue c'est que le fluide nerveux, sans connaitre
les lois de sa production et de sa distribution dans l'économie. C'était vouloir l'impossible : mais non-seulement on ne
connaissait pas le fluide nerveux, on ne connaissait pas même
les nerfs. Les discussions sur leur solidité ou leur perforalion se
sont renouvelées jusqu'à ces derniers temps. Bogros, anatomiste
distingué de l)aris, en injectant des nerfs avec du mercure, avait
cru y voir un canal central, mais M. Raspail a démontré jusqu'à l'évidence que Bogros s'était trompé et que les nerfs ne sont
pas des tubes creux.
1\1. le docteur Mandl et lU. le docteur Ehrenberg ont confirmé ce fait, reconnU d'ailleurs par plusieurs micrographes, leurs
prédécessem's.
Cette question éclaircie et c'est d'bier seulement, nous avons
encore à déterminer la manièl'e d'agir des nerfs. On sait depuis
longtemps, Hippocrate et Galien, sous ce l'apport, étaient aussi
avancés que les médecins modernes, on sait, dis-je, que les nel'fs
sont chargés de déterminer les mouvements et les sensations
dans toute l'économie, mais comment agis ent-ils?
Hippocrate admettait des esprits animaux, séparés par le cerveau ct conduits à l'aide dC6 nerfs dan s les différentes parties
du corps. Après lui, quelques médecio!;, au rapport de Galien, considérèL'ent les ler~
comme des espèces de cordes
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219 -
élastiques agissant par vibration. Galien les croyait des tuyaux
de la plus grande finesse, destinés il contenir un fluide d'uuc
finesse proportionnée et sécrété par le cerveau. Cette opinion
du médecin de Pergame fut adoptée par les Grecs qui vinrent
après lui· et par tout le moyen âge.
Quelques médecins du XVIe siècle, Argentarius, Cabrol et
Charles Pison entre autres, nièrent cette doctrine, admirent la
solidité des nerfs et proscrivirent les esprits animaux, mais ils
remplacèrent la théorie reçue pat' des hypothèses moins soutenables : du reste, les opinions d'Hippocrate et de Galien
continuèrent il prévaloir pendant tout le XVIII" siècle dans la
plus grande partie de l'Europe, l'école de Stahl seulement admit,
avec son maître, l'âme à la place des espr'its animaux.
Les médecins allemands Prochaska, Reil, Ritter, Autenrieth
et d'autres, en présence des magnifiques ' découvertes de la
physique et de la chimie, au siècle dernier, entrevirent bien tout
le parti que la médecine pouvait eu tirer, mais . faute d'observations exacts~
ils ne sortirent 'pas plus que leurs prédécesseurs
du champ des hypothèses. De nos jours, Frédérick Tiedman ,
pour expliquer l'action nerveuse, ne trouve rien de mieux: qu 'un
mouvement se continuant dans le nerf depuis l'organe sensitif
jusqu'au cerveau, mouvement du reste qu'il reconnaît n'avoir
pas encore été constaté, et nurdacb en est réduit il adopter
l'opinion de Prochaska, qui regarde la sensibilité comme une
cap se puissante J comme celle enll'e autres de la circulation,
tandis qu'elle n'est elle-même qu'un effet.
Les pbysiologistes français ne sont pas, sous ce ra pport si.
fondamental, plus avancés que les avants d'outre-Rhin. Richernnd dans sa physiologie n'ose pas aborder' le gl'ave sujet
de la puissance nerveuse. 1\1. Adelon rappelle que Brous ais ct
J.Jegnllois pensaient, avec Reil et Pl'ochaska, que lcs nCI'fs jouissent de leurs forces et de leUl's pt'opri étés, sans les emp,'untcr,
ainsi que le veulent beaucoup de physiologistes, aux grands
centres nerveux; du l'este, il déclare que nous sommes dans la
plus profonde ignorance su,' l'cs ence m me de l'innervation.
Georget, dans sa Physiologie du système nerveux, el Olivier,
d 'Angers, dans son Traité de la moelle épinière, ne nou en ap-
�-
220-
prennent pas davantage. Les nombreuses vivisections de M. Ma~
gendie n'ont pas nqn plus donné la solution de ce problème.
La question est-elle enti~rm
neuve? Il n'en est heureusement pas ainsi et nous pouvons maintenant connaître la nature
du fluide net'veux, ses sources et la manière dont il se distribue;
nous pouvons donc déjà soulever un coin du voile qui nous
cacbait la nature de l'épilepsie et les moyens de la guérir; mais
il faut pour cela nous adresser à un autre ordre de savants,
et demander aux physiciens les faits et les explications que les
médecins nous refusent.
Au rapport de Cotuguo, un élève en médeoine, disséquant à
Bologne en 178G une souris vivante, éprouva une commotion
électrique dans la main, en touchant le ned phrénique avec la
pointe de son scalpel. Ce fut trois ans plus tard que Galvani
commença les expériences qui ont immortalisé son nom . Je perdrais trop de temps à retracer ici l'histore de ses travaux, de
ceux de son neveu Aldini et d'une foule d'autres savants, qui
tous confirmèrent ce que l'élève de Bologne avait eut['evu déjà:
l'existence de l'électricité dans l'économie animale.
13éclar et après lui Nf. Prévost, de Genève, trouvèrent tous
deux qu'une aiguille de fer doux, plongée dans le nerf crural
ou dans le nerf sciatique d'un homme vivant, s'aimantait comme
si elle était traversée par un courant électrique. Phili ppe Wilson,
Clark) Abel, firent digérer des lapins et des chiens après la
section du pncumo-gastt'iq ue, en appliquant à ln partie pos.lérieure du nel'f coupé, un ùes pôles d'une petite pile, l'autre
pôle étant en rapport avec l'épigastre. Tout tendait donc à établir
que la puis 'ancc nerveu e et l'électricité étaient identiques) mais
on ignorait encore comment la nature produisait le fluide électrique au sein de l'économie vivanle; s'il était séel'été par les
centres nerveux et par les nerfs, ou s'il avait une autre origine.
Benoit Maujon, Wollaston, Orioli, cherchèrent à pl'ouver,
comme l'avait entrevu Galvani) que les sécrétions se faisaient
sous l'empire des pllissances électriques, mais tombant tous
dan unc erreur commune, il attribuèrent à l'électricité positi ve
1 s pbénomènes dus il l'électricité nét'1'utive, et à celle-ci les phénom nes de l'électrieilé conlt'aire.
�-
221 -
Un médecin connu pour avoir répété quelques-unes des expériences micl'ograpbiques de DOS prédécesseurs, M. le docteur
Donné, soumit en 1834 il l'Institut le résultat de tentatives
faites également pour détermincr le rôle que joue l'électricité
dans l'économie animale, mais il se trompa aussi de pôle et
ses edsais n'ont laissé après eux d'autre trace qu'une preuve du
zèle de leur auteur.
Ce fut alors que mon fI'ère aîné prouva, pal' des expériences
nombreuses et souvent répétées, que la cellule la plus mince de
tissu cellulaire a, tant qu'elle n'est pas blessée, la propriété
d'arrêter un assez fort courant électrique.
On compl'end dès lors pourquoi la nature a tant prodigué ce
tissu : c'est pour arrêter partout, dans l'économie, le fluide
électrique qu'y produisent surtout les sécréteurs au contact du
sang et l'envoyer, à l'aide des nerfs, là où le réclament les besoins de la vie, et surtout dan le cerveau et la moelle épinière, qui n'en sont que les collecteurs et non pas les producteurs.
1\'Ion frère ne borna pas là ses recherches. IL 'Voulut, comme
1\1. Donné, trouyer la loi des sécréti.ons orgauiq ues, mais, plus
beureux que lui, il ne se ti'ompa pus dans l'appréciation des
phénomènes élcctriques , ct il eut le bonbeur de découvrir l'électricité négative à l'état de ten ion dan' la peau de l'homme
sain, en quantité d'autant plus considérable que la. peau fonctionne davantage et secrète des matières plus dcides. Tl reconnut
égalèment que les lotions acidulcs font disparaitre cette électricité,
que les lotions alcalines redoublent son énergie et rendenlles
sécrélion ' cutanées plus acides; !l montra en un mot que les
grandes lois de la matière 'appliquer,rt aux. corps ol'ganisés comme
il tous les autl'es, que les écrélions ol'ganiques 'opèrent ous
l'influence de puis ances éiectrique , que les sécr'éteu!' alcalins
sont électrisés positivement et le sécréteul's acides négativement, qu'il y a donc deux pôles dans l'économie comme daus
llne pile. .
Cette découvet'te dominera la plus grande partie des questions
médicale . . Elle a déjà jeté de vive lumi res Ul' l'apoplexie,
ln "'ouLLe, la folie ct le maladies ùe la poitl'ine. A SOli aid
�-
222-
on arrivera, je n'en doute pas, à guérir le cancer, le hideux
cancer. Elle m'a fourni dans une grave épidémie de suette miliaire
les plus précieux. moyens. A ppliquée aux vieillards, elle apprendra à combattre les funestes effets de l'âge, caractérisés,
comme le dit le savant Burdach, par l'abaissement de la vie
périphérique. Cette découverte réalisera donc, autant qu'elle peut
J'être, la prévision de l'i1u~tre
et infortuné Condorcet, en prolongeant beaucoup la moyenne de la vie humaine. C'est sous
son inspiration que je vais examiner l'épilepsie.
L'accès épileptique est caractérisé, dit Joseph Franck, par
les mouvements anormaux des' muscles, l'anéantis ément des
sens et des facultés de l'âme, désordres dont le malade ne garde
ensuite aucun souvenir. La plupart du temps ces désordres revêtent des formes si hideuses qu' Arêté n'en a été que l'historien
fidèle alors qu 'il disait: " Ut si se, muluo in accessionibus
speclantes œgroli, quœcumque paliuntur cernerent, non ultra
vitam ducere lolerarenl.
»
,
A quoi peut être dû ce cortège effrayant de symptômes? Ne
serait-ce pas à ce que l'une des deux électricités du corp s'étant accumulée d'une manière anormale dans un point quelconque
de l'économie, finit par acquérir une tension assez forte pour
rompre les obstacles que lui opposent les tissus isolants, et pour
s'élancer sur les parties du cerveau qui ont l'éleetricité contraire?
Cela ne serait qu'une hypothèse difficile à soutenir si l'accès
d 'épilep le arrivait toujours prompt comme la foudre, sans symptômes précurseurs, et s'il n'était pas habituellement facile à un
médecin ob ervateur de con tater chez le épileptiques des lésions de sécrétion qui pré 'jdent pre que toujours comme cause
au cl vcloppement et à la durée de cette redoutable maladie.
Tl' s-souvent l'accè épileptique commence par la ensation
d 'ullc vapeur 'élevant d' un point quelconque du corp ver le
cerveau, ct les convulsions n'ont lieu qu'au moment où la sensation a atteint cet organe. Si ce souffle, cette aura epileptica
a commencé ù l'extrémilé d'un membre ct que le malade ait
pu lier fortement le membrc au-dcssus de la sensalion qu'il
éprouve , il arrive 80 vent que l'accès n'a pas lieu , mais aussi ,
�-
223-
dans ce cas l le malade e t la plupart du temps en proie
à une agitation pénible, qui dure aussi longtemps que J'accès
n'est pas venu rétablir l'équilibre, et cet accès alors peut acquél'ir
une violence telle qu'on l'a vu tuer immédiatement l~ malade.
Qu'est-ce que ce souffle? que fait la ligature? à quoi attribuer
cette agitation morbide qui a besoin d'un trouble si grand pour
se calmer? Le souffle n'est qu'un courant électrique anormal,
portant dans une portion quelconque du cerveau une électricité
opposée il celle qui y si ge et qu'elle , ncutralise. Bonnet, dans
son Sepulchretum, nous raconte qu 'il vit il Neufchàtel en 1656
un homme à qui il survenait de temps à autre un gonflement
à l'aine gauche, d'où partait un sentiment de fourmillement qui
se pOI'tait lentement jusqu'au pied, pour remoutel' rapidement
au cerveau et occasionner de fortes convul ion du côté gauche.
Uw ligature au-des us ou au-de ous du genou, dès que l'accès
commençait à se faire sentir, réu si sait toujours à l'arrèter,
mais un soir, le malade ne fit pas la ligature à tcmps et l'accès
le tua.
La ligature, déjà employée au temps de Galien et qui trompe
souvent l'attente du médecin, au dire de Joseph Franck,
apI' s quelques heureux e sais, en ajoutant aux angoisses et en
rendant les paroxy mes plu fréquent, guérit un malade du
docteur Liboscbitz, de Wilna (1), chcz qui l'accès commençait
par le pouce. Mais il fallut que cclte ligature fût permanente,
l'accè revenant dès qu'elle était enlevée. Evidemment ici la ligature n'agissait qu'en comprimant, avcc tous le autres ti su )
le nerf quelconque qui ervait de conducteUl' à l' lectricité accumulée dan on voisinage. lei celle ligature agissait comme celle
que l'on pratique sUl'lcs nerf des animaux vivants et qui arrète
tout passagc de l'influx Der'Yeux) de la partie inférieure du
lIerf lié au cerveau, comme du cerveau à cette partie.
La liO"uture produit au si le m \me eff t, mais momentanément seulem nt, que la sectiou du nerf au-des u de l'aura
ou que l'amputation de l'orteil ou du doigt, ou que l'ustion
(i)
JO!
ph Fl'anrk. IIIa[ac/ies du sysl,,/IIt'
lICI'pewr.
�-
224-
du point quelconque d'où cette aura s'élevait. J'ai soigné et
guéri il ya 22 ans une fille jeune aloTs, qui demeure à l'Arrière,
commune du Val-d'Ajol, en appliquant un puissant moxa sur
le point d'où s'élevait l'aura epilepitca au centre de la dernière
côte asternale gauche. Cette fille était épileptique depuis deux
ans et avait 10 ou 12 accès par année.
Mais on compr'end bien que, si la cause qui détermine l'accumulation anormale de l'électricité dans une portion de notre
économie persiste et a une grande puissance, l'électricité acquerrera une force de tension telle qu'elle opérera sa déchUt'ge
sur le cerveau, malgré tous les obstacles qlle la ligature, la
section du nerf, l'amputation d'une des extrémités ou l'ustion
pourraient lui opposer; c'est donc à sa cause qu 'il faut remonter,
en s'armant, pour la découvrir, de beaucoup de patience et en
appelant à son aide toute sa sagacité, tout son jugement.
Si cette cause est un obstacle physique tel qu'une esquille,
une tumeur, un corps étranger, on comprend facilement qu'ici
vaudra infiniment mieux que la médecine, dont les
la cbirug~
moyen.s seraient alors p.'esque toujours impuissants; mais si
elle résulte, comme cela a lieu si souvent l d'une lésion de
sécrétion, cette lésion bien connue l rien n'arrêtera plus le médecin dans la détermination du traitement il prescrire ou du
moins le pl us gmve 'obstacle sera franchi . II le serait plus fa-'
cilcmeot encore si l'on avait l'econnu que l'épilepsie était occasionnée par la présence de vers dans le tube intestinal, comme
cela arrive quelquefois.
Dé toutes les lésions de sécrétions qui produisent l'épilepsie,
la plus fréquente est celle de la peau; aussi Tissot dit-il dans
son traité SUl' cette maladie: (( Ce sentiment de froid aux extrémités est as ez commun il toutes les personnes sujettes aux
maux de nerfs; je l'ai surtout remarqué ,très-souvent chez les
épileptiqulls, qui 'ont toujours d'autant mieux qu'ils l'éprouveRt moins. " N'oublions pas ici que lu frayeur est une cause
puissante du développement de l'épilep8ie, et que la frayeur a'
pour premier effet lo refroidissement de la peau. • il.'œst'ilia
et timor irnpediunt perspimtionem crassorurn excrementorum
IJerspirabilium : et perS]J'iralio, impedita Ct q1tacurnque causa,
�-
225-
mœstitiam et timorem (acit,
dit Sanctol'Îus. Aussi Morgagni
dit-il: « Vous me demanderez peut-êtrc si Albertini fit tirer du
sang; il en avait fait tirer immédiatement après le premier accès )
et il l'aurait fait quand. même cettc gmnde frayeur n'aUl'alt pas
été suivie ùe l'épilepsie: car c'était son habitude, et .le crois
qu'il en agissait ainsi parce q ull a vai t remarqué après Mal ..
pighi, ce que j'ai observé aussi quelquefois, qu'après des affections mOl'ales de cette nature le sang est porté à se coaguler. "
Ainsi Sanctorius nous dit que la fraye ur et la tl'Ïstesse diminuent la transpiration insensible; Morgagni nous apprend que
le sang des personnes qui viennent d'être effrayées s'épaissit,
suite nécessaire de la diminution d'action
de la peau', enfin
.
Tissat a reconnu que, dans les maladies nerveuses et surtout dans
l'épilepsie, les extrémités sont habituellement froid es, et que les
épileptiques sont d'autant moins malades que cet accident cst
moins prononcé, Ainsi les meilleurs ohservateurs s'accordent
dans ce cas, de quelque point de vue qu'ils envisngent cette
grande et impol'tante question.
Je crois avoir suffisamment démontré, dans les deux dernicrs
chapitres et dans tout le cours de cet ouvrage, que le fluide nerveux est en tout identique au fluide électrique et qu e ses source
principales sont les sécréteurs. Les expériences de Béclar et
de 1\1. Prévost ont prouvé en effet qu'une aiguille de fer doux ,
plongée dans un nerf d'un homme vivant, s'aimantait comme si
el~
était traversée par un courant électriquc j celles de mon frère
ont démontré ql,le la peau de l'homme vivant contient toujours de
l'électricité néga tive à l'état de tension et en quantité d'autant plus
grand'e que la peau sécrète davantage. Elles ont pt'Ouvé aussi
la propriété isolante du lis u cellulaire qui est la tl'arne de
tous nos organes. L'acupuncture de Japonais et des Chinois,
dont j'obti en souvcn t de rnerveilleux effets, qui se peoduisent
dès le premicr instant de la pénétration de l'ai gui lie dans nos
organes, ne vient-il pas cneo['c déposer en faveur dc l'opinion
que je so utiens ici, et rernal'quons bien que si ces aiguilles sont
en acicr ou en fer doux, au lieu d'être en ul'gent ou en or, comme
celles qu 'emploient les Chinois et les Japonais, leur action d' ..
1)
.
18
�-
22G-
minue, il me ure que fox'dation vient diminuer aus i leut' pro ...
priété de conduire l'électricité,
Le effet ,i remarquable' que l'électI'icité produit par le
n{'I'fs de la grenouille ou par ceux d'un homme mort récemment de mort violente) et qui sont la reproduction fidèle de
tous le mouvements de la vie, ne sont-ils pas une nouvelle preu ve
il l'appui de la doctrine que je défends,
J'étais donc fondé à dire que, quand l'épilepsie est cine au
dé\'elopprment d'une tumeur ou il la présence d'un corps étranger
dans l'épai seUl' des tissus, elle vient de la pre sion de ces
corps SUl' un met nervcux, pre ion qui accumule au-dessous
du point olt eUe 'e:.erce l'électricité que ce met nel'veux devait
conduire au ccrveau, jusqu'à ce qu'clle ait acqui' uu degré de
tension capable de lui faire surmontel' violemment l'obstacle qui
s'opposait il sa mal' he,
J 'étai également fondé à dire que, sous l'influence d'une lésion de sécrétion, l'électl'icité se di tribuant d'une manière inégale,
peut s'accumuler dans quelque portion de nos ti sus, s'y dissimuler comme dan la bouteille de Leyde, ju qu'au montent
où son accè' de tcnsion amènera la décharge; l'accès épil plique ne sera point précédé par unc aura, si l'accumulation de
J'électrieité a lieu très-près du cerveau ou dan une dépcndllllce
des ncrfs de ln vic orgauique dont le fouctions échappent à
I10tre conseiellcc.
'ou' pouvons voit' au, si nos sécrétcUI' eux-m('mes, sous
1'inllnence de certaines ex 'itation morhi (. e ' , accumuler beau('onp 'll'Op d'électricité ct ùev nil' ainsi ]e poinl de cl Ipart Cil
mt'Ille temps que la cau 'e de l'ac~
épileptique, Le foie, l'c 'lomne, le pancréas, les intestills, les glullde' JDé 'elltériques ,
Ollt (~ té
ouvcnt 'ignalé ' par les auteurs cOlllme le lieu où '
prrpill'uit l'ae 'ès du llIal dont nOLIs 1I0US occupons; lcs oU\'l'agcs
de 1 Ol Il let , de ~rol'gani
eu foumisscnt beaucoup d'cx.ernplcs;
Ti. sot el Porlal en citent un grallù nombre, puisés dans leul'
pratique ct daus cell de leul' contemporain t dl: lcur pl'éMccliseuf's, cl nous trouvons dans l ~ squirol
un ohscl'vation trèscurieusl' , olt le plu important de ' sécl'éleurs, la peau JOLI
l: \ itlclllment ce rôlc, Uu j'une Amét'icaiu s cudol'lUit ous la li"IlC ,
�-
227 -
sur le pont d'un navire, et eut un coup de soleil sur la tète:
il devint épileptique. Esquil'olle guél'it par des affusions d'eau
froide sur la tète. La cause du mal, la nature du remède et
son heureux effet prouvent bien que le point de départ de
l'épilepsie était dans le cuir chevelu. La peau de ce jeune homme
représentait dans ce cas le plateau de résine de l'électrophore
partiellement électrisé.
C ENT SIXl1~ME
013SERV ATION •
1\Ion confrère et mon ami, 1\'l. le docteur Cbrestien, de Thann,
m'appela en consultation à la fm de l'année 1836, près d'un
de ses malades, M. K ... alors âgé de cinquante ans environ . Ce
monsieur était hémiplégique depuis trois ans, et depuis ùQuze
ans, ,i l avait chaque année plusieurs violents accès d'épilepsie.
Il était souvent tourmenté en outre par de vives douleurs abdominales . L'hémiplégie s'était établie lentement: d'ahord ce n'éLai.t
qu'une gênc légère dans le côté droit qui avait grandi à ce point
que, lors de ma première visite, 1\1'. 1 . .. se traînait il peine
il l'aide d'un Mton; il ne pouvait plus écrire et il avait la bouche
forlement tournée à gauche.
Cette paralysie venant lentement à la suite d'une pilepsie
déjà ancienne, était considérée, par 1\f. le docteur Cbre tien et
pal' quelques aulres de nos confrères, comme un accident devant
amener promptement et inévitablement la mort. lci la paralysie
paraissait être le résultat d'un corps de formation nouvelle,
d'un tubercule ans doute comprimant l'h émisphère gauebe du
cerveau, ce devait être un mal au- des us de toute espèce de
res ourees.
lU. K. ... est d'une famiJ]e goulteuse; il a hahilé le midi de
la France et l'Espagne pendant toute sa jeunesse . Revenu cn
AI 'ace, il a éprouvé toute les pénibles émotions du grand induslriel plaeé sons 1 joug terrible de la conCUl'l'ence. Ces émotions,
le tcmpérament héréditaire ct le retour dan un pa " humide
�-
228 -
et froid avaient profondément affaibli sa peau, qui était jaune ,
sècbe et froide aux extrémités. Je pensai que si nous parvenions
à rétablir les fonctions' de ce puissant sécréteur, je pourrais
non-seulement prolonger les jours de M. K ..• , mais peut-être
même le guérir.
Mon confrère partageant ma manière de voir, nous prescrivîmes six. lotions par jour, depuis les reins jusqu'au bout des
pieds, avec une solution de soude dont on doit toujours proportionner ]a force à la vitalité de la peau des malades. Mon
frère a donné la formule de quatre solutions de soude obtenues,
l'une avec une lessive de sonde caustique pesant 6 à l'aréomètre
de Baumé, l'autre 8, la troisième 10 et la quatrième 12. Ces
solutions doivent être saturées ensuite par de l'alumine en gelée
et -eu excès, précipitée de l'alun par l'ammoniaque. A ces lotions
nous ajoutàmes de l'infusion de tilleul et de la tisane de bourracbe et nous prescrivîmes un régime modérément tonique, mais
peu abondant.
.
Bientôt la peau de M. K.' .. fonctionna mil}ux, bientôt elle
se couvrit chaque matin, SUl' les parties lotionnées seulement,
d'une sueur tellement abondante qu'en une beure et demie que
notre malade la faisait durer, elle perçait un épais matelas.
Sous l'influence de ce traitement, la paralysie, l'épilepsie,
les douleurs abdominales disparurent pour ne plus revenir.
~(.
K ... a maintenant toute la force que comporte son ùge,
soixante-deux ans. Il a pu, il Y a quatre ans, faire à pied l'ascension du ballon de Guebwiller, montagne de plus de 1,300
mètl'es de bauteur.
Ce fait si relnarquable infirme en partie le précepte de Celse:
• Si vero aut mens lœsa est, aut nervorum {acta resolutio, medicinœ locus non est. "
Il prouve de plus que les médecins doivent se préoccuper
bien moins du nom imposé à un groupe de symptômes que de
la cause qui les a déterminés, que des lésions de sécrétions qui
les précédent et les dominent presque toujours.
�-
CE~T
229-
SEPTIÈME OBSERVATION.
Quelque temps avant de soigner lU. K ... j'avais été cbargé
par uu de nos plus habiles et plus savants confrères de donner
. des soins à sa femme qu'il m'avait amenée à Plombières. Cette
dame, âgée de vIngt-cinq à trente ans, éprouvait de vives douleurs
auX. régions du cœur et du foie. Ces douleurs, développées sous
une forme très-aiguë, avaient résisté depuis près de deux mois
au traitement antipblogistique le plus énergique . Le pouls de
Dotre malade était dur et pleio et donnait de 130 à 160 pulsations par minute. Les émissions sanguines, portées aussi loin
que possible, n'avaient fait gu'augmenter sa dureté et sa fréquence . l\fadame S ... était très-faible et très-maigre. Elle était
irritable à ce point que le moiudre bruit, la moi.nd['e émotion
lui donnaient des spasmes violents et épileptiformes . Mon ami
M.le docteur Mansuy, qui la -voyait souvent alot's, considérait,
ainsi que d'autres médecins, ces accidenls comme francbement
épileptiques.
La faiblesse de celte dame, la nature de ses douleurs, ses
graves accidents nel'veux, l'énorme développement de son pouls,
tout semblait indiquer pour elle des bains tièdes, presque froids,
lels gue ceux que conseillait le ooeteur Pomme au siècle dernier.
Mais la peau de ceLte dame était jaune, fl'oide et sèche: au lieu
de la guérir, les bains tièdes n'auraient fuit qu'ajouler à son
mal. Je lui prescri\' is donc des baius de :30 degrés Réaumur
el de courte durée, ainsi gue des bains de vapeur.
Un mois de lraitement suffit à madame S. .. pour lui rendre
Lout l'emboupoint de la sautr., pOUl' la délivrer de ses douleurs
et ùe tous cs accidenLs nerveux., ainsi que de l'accélération de
Son poul ,qne les saignées redoublaient el qu'aucun aulre moyen
n'avall pu calmer.
,
Cc second fait me semble encore de nature à montt'er l'élroite liaison et les rapports de cause à effel qui existenL souvent
�-
2:30-
entt'e le tt'ouble des écrétions cutanées et de graves désordres
nerveux. Cependant si, contrairement à l'axiôOle de Celse, j'ai
pu guérir M. K ... , déjà paralysé à la suite de nombreux accès
d'épilepsie, en rétablissant chez lui les fonctions de la peau,
il peut ex ister de si gra,'es altémtions de tissus que le médecin,
malgré le traitement le mieux indiqué, ne peut plus parvenir à
en triompher.
Est-ce le cas de tous les épileptiques dont l'intelligence est '
déjà altérée? Peut-être que non, J'aime à croire que beaucoup
de ces malbeureux pourront ètre auvés plus tard . La nature
est bien puissante quand on sait la comprendre et la seconder.
Je dois cependant avouer que j'ai échoué dans un cas d'épilepsie olt l'intelligence du malade était déjà profondément affaiblie,
,
\
CENT HULTIEME onSEIlVATIO •
J 'eus à soigner, au commencemen t dc l'été, en 1842, un épi leptiqne ùrré de trente ans environ el qui, depuis deux ans seulement
qu'il était malade, avait déjà les traits de la face très-grossis,
considérahlcment altéré. Ce monsieur avait une somnolence
JlIlhituelle, il répondait tardivemcnt aux. questions qui lui étaient
lente, il se plaignait de vives douleurs
faites, Sil parole ~Lait
don s la région temporo-coronale droite; il avait de fréquents
accès d'épilepsi et plus souvent encore des vertiges sui,<is d'évanouissement.
Cette maladie si grave avait aisi cc monsieur p ndant qu'il
faillait un voy[we T,our ses affaire commerciales; clIc avait
cu une marche très-rapide et elle avait délel'lninr, prohablement
déjà un ramolli sement du cerveau, une désorgani 'ution donL
il ne me fut pa ' possihle de triompher. L'augmenlation des
sécrrlions cnlanée' ne pl'oduisiL ici qu'une amélioration de COtH'te
doré', eL quelques mois plu s Lard la mOl'L vinL tCl'miner celle
(,l'U Ile a rreclion,
�-
231-
CENT NE VIÈMl, OJJSEI\VATION.
lUademoiselle M... , àgée de trente ans environ, est épileptique
depuis quinze ans bientôt. Elle a été soignée par tous les médecins
les plus renommés de l'rance ct son mal a résisté à tous les
traitements. EUe a souvent dix ou douze accès par jour. Souvent, à la suite de ses accès) elle devient folle et déraisonne
penc1aut 8 ou t 0 jours; on me l'amena il y a deux ans il Plombièl'es. Sa peau était froide et sèche, at;lx extl'émités SUl'tout.
l\Ja lgré J'état avancé de son mal, j'espér'ais encore pouvoir la soulager et peut-ètre même la guét'ir. Je lui fis prendre des étuves
ct des demi-bains à 36 et 38 degrés Réaumur, d'une durée de
2 à 5 minutes. Je faisais sortir' mademoiselle M... dès que son pouls
donnait 120 pulsations par minute. Plusieurs fois eUe eut uue
syncope en sor'tant de ces bains, mais jamais d'accès épilcptique.
l\lademoiselle M... passa dcux mois à Plombières. De reloUl' chez
elle, elle éprouva une diminution très-grande dans la fr'équence
et la force de ses accès, mais on ne continua malheureusement
pas le traitement que j'avais si beul'eusement commencé, et après
quelques mois d'un mieux très-marqué, mademoiselle M... reprit
son état habituel.
Quand l'épilepsie est curable, cc qui, pour moi, malgré]' opinion reçue, est le cas le plus fréquent, il faut non-seulement
de bons conseils au malade, mais il lui faut une grande perévérance pour suivre le traitement prescrit,
CE T DIXiÈME OJJSERVATlO .
l\la<lemoiselie J ... , fille d'un ancien mlliLait'c au Val-d 'Ajol,
est de taille moyenlle; elle a heaucoup d'emhonpoint, Ses rt'gll'fj
sont peu abondantes; à l'I\ge de seize uns elle eut ses prcmicl's
accès d'épilepsie sans aura et ulle h mipJégie du côté gauche ,
qui di pawt bientôt) mais qui lais a une douleul' habituelle ct
�. - "lJ:l -
de la faiblesse dans le bras . Elle était sujette aussi à d'assez
violents maux de tète. On la saigna souvent sans résultats
utiles. Son sang était, dit-on, noir et très-plastique. Plus tard,
mon ami i}J. le docteur Fleurot lui :fit prendl'e des bains alcalins ct salés, mais qui ne produisirent pas de sueur ni <'l'amélioration marquée dans son état; enfin on m'amena cette jeune
personne au printemps de l'année 1834. Ses pieds étaient souvent
froids, sa peau était peu acti ve dans son ensemhle, aussi je n 'hé-'
sitai pas à lui prescrire nos étuves les plus puissantes, qu'elle
supporta très-bien. Elle en pt'it qual:ante, en se reposant pendant
quelques jours au milieu de ce traitement. Pendant ce repos, elle
eut un léger accès de son mal, qui disparut ens uite jusqu'à la
fin de décemlwe, où eUe en ent un nouveau, léger aussi., après
avoir lavé la lessive dans l'eau froide penqant toute la journée.
Quoi qu'il en soit, cette malade et ses parents furent émerveillés
des bons effets produits par nos étuves.
Mademoiselle ' J" ." espérait en faire usage l'année suivante
encore, mais des revers de fortune l'en ont empêchée. Du reste,
elle aurait pu se guérir chez elle en faisant ce que je lui
avais prescrit; 'mais elle était entourée de parents peu intelligents, d'une pal't, et d'une antre, devenus trop pauvres peutètre pour pOuvoir lui donner les soins que nécessitait son
état.
CE '1' 0 ZIl~M!:
OHSlmVATlON.
1\1. D ... , munufaetueiel' non loill de Guebwillel', vint me condu pl'intemps de l'année 1 8(~ I. Il était alOI' c\gé
'u lLer il la
nn
de vingt-cinq Il ns, grand, bien développé, ayant beaucoup
cl'embonpoi nt et toutes les apparences de la plu belle sanlé.
Depuis son nfance jusqu'à l'ùge de dix-huit ans, il avait eu
de fréquent!; accès précurseurs de l'épilepsie. JI Ile tombait pas,
il Il'avait pas de convu lsions, mn.is il pOl'dait pendant quellu facullé de parler et il avail Il 's vertiges. A dix.-buit
ques jlsaL~
ail ' , les accès devinrent t'1"U!l(:hemoul épileptique' mais 'tlUS aura..
Ces acc('s, <J'abord assez rare', allèrent cn so rapprochant tou,-
�-
233 -
jours davantage, et à l'époque de sa consultation, M. D ....
en éprouvait de deux à trois par mois. Il avait inutilement
essayé conlre eux beaucoup de remèdes. Au premier examen,
Je ne savais il quelle cause attribuer sa maladie . .En effet, sa
peau transpirait facilement et d'une transpiL'ation suffisamment
acide; son appétit était bon, sa digestion facile: il était sobre
et laborieux et toutes ses babitudes étaient régulières. I\Iais
j'appris qu'il avait habituellement de troi s il , quatre selles moulées par jour, qui enlevaient ainsi il l'économie une gL'ande quantité de bile, et malgré le bon état des Jonctions de la peau,
faisaient prédominer les acides, en produisant ainsi, mais par
un mode différent, des accidents analogues à ceux qui caractérisaient la maladie de lU. K ... Aussi, ayant fait à lU. D ...
une saignée explorative d'une vlingtaine de gL'ammes, j'obtins
un sang noir et très-plastique, semblable à celui des vieillards
et à celui de toutes les personnes dont la peau fonctionne trop
peu.
rc prescrivis encore ici des lotions alcalines et un régime tonique et modéré, mais j'ajoutai à ces moyens l'usage interne
de l'extrait de cachou et l'infu ion de roses de PL'ovins, afm
de diminueL' l'abondance des selles. J 'amenai bientôt 1\1. D ...
à n'en avoir qu'u ue tous les trois jours, en même temp que sa
peau fonctionnait bien davantage. Depuis lors 1\[, D ... a été
délivré de la maladie qui empoisonnait son existence.
CENT DOUZIÈME OllSEl\ VATION.
Je viens d'êlre consulté par un forgeron de la Cbaude-]~,
épileptique depuis son adolescence . Cet homme dans la force
de l 'tIge Il plu sieurs sell es par jour ; il a souvent au si des coliques et du dévoiement. Il n'y a pas de doute pOUL' moi que
e'cst à ce dél'angement des fonctions du ventre qu 'est due sa
maladi e.
L'ohservation 'j eurieu e de M. D ... me conduit à en citer
Ulle autre qui a avec elle ulle grande aualogic' , puisq u'il s'agit
�-
234-
aussi d'un trouble nerveux fort grave, également amené pal' des
selles trop abonda ntes.
Quand l'accès épileptique est précédé par une aura epileplica
s'élevant d'un membre, nous avons vu qu'une forte ligature
pouvait en arrèter le développement, mais nous avons vu que
souvent alors les malades étaient en proie à une vive agitation,
qui ne cessait qu'à la suite d'un nouvel accès . C'est qu'en se
bornant à empêcher la communication anormale des deux électricités, sans songer à rétablir l'équilibre enlre elles, on ne fait
que grossir l'orage, qu'ajouter au mal aù lieu de le guérir,
aussi voyons - nous les épileptiques renoncer la plupart du
temps à leurs ligatures, forcés même de rechercher les occasions
qu'ils savent capables de déterminer leurs accès, afin de se délivrer de l'agiLation pénible qui leur en annonce et le besoin et .
l'approche.
En combattant la cause de ce grave désordre, ainsi que je
viens de l'indiquer, on pourrait, je le crois, obtenir d'excellents
résultats de l'acupuncture. Il faudrait laisser pendant quelques
jours à demeure des aiguille d'or, que ,'on ferait pénétrer à tl'avers
un large pli de la peau comme le ruban d'un séton. On pourrait en placer plusieUl's au-dessus du point où se déelal'e l'aura
et SUl' ce point-là même; si l'accès épileptique venait sans
avant-coureur, ce 'sel'ait à la nuque et sur la lète qu'i! faudrait les placer. On poul'l'ait encore en appliquer alors sllr les
parois abdominales, pour peu qu'on soupçonnerait les viscères
qu'elle,s l'CCOUVl'ent d'être causes de la maladie. Ces aiguilles
n'agil'aient qu'en soutirant l'électricité interne, mais cette action
serait il elle eole tl'ès-pui~ane,
Je soigne maintenant plusieurs
épileptiques d'après les principes quc je viens d'étahlir, ct tous
me disent ou m'écrivent qu'Hs vont heaucoup mieux.
L'hystérie et ]a calaI psie sont aussi de gl'aves désordres nerveux, fJui l'econnaissent habituellement cles causes nnaloO'ues à
celles qui produisent l'épilepsie ct qui lIéees i.tent un ll'aitement
il peu pl'ès pareil. Il est trè '-pl'ohable que, chez la plupart de
()es malades, il n'y a pas seulement trOll bIc dans les sécl'étions,
et pal' suile dans la production et la disll'ihution du !luide nel'v ux, mais qu 'il y a aussi insuffisance dans la nutrition de la
�-
235-
pulpe nerveuse . La chimie organique résoudra bientôt, je l'espère, cette grave question . Je suis d'autant plus porté à croire
que, dans ces maladies, il Y a insuffisance de nutrition de la
pulpe nerveuse, qu'elles se développent presque toujours sous
l'influence de causes déprimantes. Les observations suivantes
semblent confil'mer cette manière de voir, que je ne doune, du
reste, que comme une induction qui a besoin d'être appuyée
par des recherches nQuvelles.
CENT TREIZlÈME OESEn v ATION .
Hystérie.
l\'Iadame X ... , âgée de vingt-cinq ans environ, d'un tempérament sanguin nerveux, mariée et saus enfants, avait éprouvé
avant son mariage un violent chagrin, causé par la mort d'une
jeune personne qu 'elle chél'issait et qui mourut d'une maladie
de la moelle épinière . BiclHot, sous l'influence de ce chagrin, la
santé de madame X ... s'altéra; éprou,'ant quelques douleurs de
dos, elle crut qu'elle avait.la mème affection que sa jeune amie '
et qu'elle mourrait comme elle. Bientot madame X .. , éprouva
des accidents nerveux qui, augmentant d'intensité, se changèrent en de violents accès hystériques avec perte entiè,'e de
Connaissance. Ces accès augmentèrent de fréquence j ils ne furent
pas diminués par le mariage et ils résistèrent à tous ]es traitements employés contre eux.
Madame X .. . vint l'été dernier à Plombières pOUl' essayer
de nos caux. Elle avait a]or jusqu'à trois accès par jour j ils
étaient trè -longs et suivis de stupeur, comme les accès épileptiques dont ils se rapp,'ochaient beaucoup. l\fadame X .. ' était
,toujours tl'iste, elle craignait de devenir folle, el elle croyait
qu'eUe ne pourrait jamais se guérir. Elle éprouvait de' douleurs
dans les régions cervicale, dorsale supérieure et acrù-lombaire.
,Je lui prescrivis SUl' ces régions de fortes frictions avec de la
pommade de véralrine, des hains tièdes de denx heures de durée
�-
#
236-
tous les matins, et tous les soirs un bain de jambes d'une demiheure dans le bain cbaud ùes goutteux.
Ce traitement avait amélioré d'une manière sensible l'état de
madame X... âprès quarante jours de durée; mais nous avions
encore presque tous les jours un accès grave, et la tristesse
restait la même.
A son départ de Plombières, je conseillai à madame X ....
de prendre tous les jours une pilule contenant un . quinzième
de grain de vératrine, si son médecin ordinaire l'approuvait.
Bientôt les accès passèrent entièrement, ou du moins madame
X ... n'en a plus qu'un léger à la fin de chaque mois, elle a
retrouvé toute sa gaieté; elle compte maintenant 's ur une prochaine et complète guérison.
Au mois de février dernier, elle avait cessé de prendre ses
pilules, mais ses accès et sa tristesse vinrent l'obliger à mieux
suivre me&' prescriptions.
CENT QUATORZIÈME OBSERVATION.
Catalepsie.
Madame de ... , âgée de trente et quelques années, mère de
deux enfants, et d'nne constitutiou qui parait excellente, est
devenue excessivement nerveuse sous l'inOuence de longs ct violents ehag!'ins, sous celle aussi du rude climat du nord de la
Russie. Elle a inutilement employé une foule de moyens pour
se guérir, et eotr'autres l'hydl'opatbie, les caux d'Aix en Savoie et le magnéLisme. A son arrivée à Plombières, le moindre
bruit faisait tomber madame de ... en catalep 'ie, tant6t partielle, tanlôt générale. Ces accès étaient toujours aeco.rnpagnés
de fortes douleurs. IJes moindres émoLÎeus les faisaient naître;
la position de madame de ... était déplorable. Elle avait au si
les extrémités abdominales habituellement froide ; elle était triste
et profondément découragée.
Je lui prescl'ivis tous les deux jours un grand bain tiède, de
fréquents bains de jambes, des lotions alcalines ut' la moitié
�-
237 -
inférieure du corps, et tous les jours Une pi1we contenant un
quatorzième de grain de vératl'ine. C'est pendant le dernier hiver
que j'ai. prescrit ce traitement, et malgré la saison, j'en ai obtenu
déjà d'excellents effets. Le système nerveux de madame de ...
fonctionne avec heaucoup plus de r ~ gularité.
Les accès de catalepsie sont bien plus rares et moins violents. Tout me fait
espérel' le rétablissement complet de cette dame .
•
�~=
238 -
-==========================
CHAPITRE XXX.
La paraplégie ou paralysie des régions sous - diaphragmatiques amène chaque année plusieurs personnes il Plombières.
Souvent elle art'ive à la suite d'une chute ou d'un coup sur
la partie inférieure de la colonne épinière . D'autres fois elle est
produite par une affection rhumatismale; dans tous les cas elle
est due à une maladie primitive ou sympathique de la moelle épinière, ou à une maladi.e des organes qui l'avoisinent et l'enveloppent. Pour la paraplégie comme pour toutes les autres affections
morbides, recherchons d'aborù avec beaucoup de soin 'il n'existe
pas quelque grave lésion de sécrétion à laquelle on puisse attribuer les accidents ressentis par le malade. De cette recbercbe,
en eHet, dépendra et la nature et le succès du traitement.
Toutefois, disons encore ici que les lésions de sécrétion peuvent amener, dans le système nerveux, des modifications telles
que le rétablissement de ces sécrétions ne suffi e plus pour les
guérir, et qu'elles aienLbesoin, pour di paraître, de médicaments
spéciaux, de nature à rendre à la pulpe nerveuse les principes
qui lui manquent. C'est le cus alors d'ajouter au traitement les
alcaloïdes et surtouLla strychnine, qui est considérée en quelque
sorte comme le spécifique dc la paraplégie.
La paraplégie reconnaissant pour cali e une affection des vertèbres sans carie de ce os, le mal vertébral de Pott, est aussi
cffiœcement combattue à l'aide de nos eaux; mais nos eaux ne
doivent pas ernpècher de l'ecourir alors aux exutoires les plus
énorgique , non plu' qu'à un tl'aj~cmn
unti-scl'ofuleux en
rapporl avec la constitution des sujets ct la gravité de la ma"
ludi .
�-
239-
CENT QUlNZIÈrJE OBSERVATION.
1\1. ***, cultivateur aux environs de Château-Salins, vint à
Plombières pendant l'été de l'année 1832, pour combattre, à
l'aide de DOS eaux, une paraplégie jncomplète, remontant à quatre
ans envit'on et dont il ignorait la cause. Il avait cinquante-trois ans;
il faisait à peine une centaine de pas eu chancelant comme uu
homme ivre, et pour marcher, il devait regarder constamment
son but, sans quoi il serait tombé à l'instant. Tl ne pouvait pas
non plus rester debout et immobile; il avait des vertiges quand
il levait la tète.
L'examen le plus attentif de la colonne épinière ne laissait
apercevoü' aucun désordre anatomique. Ce malade avait encore
de l'embonpoint, ses jambes se refroidissaient facilement, ce
qui est ordinaire aux paraplégiques. Il ne souffrait pas de l'estomac, mais depuis qu'il était malade il s'applaudissait d'avoir
de trois il quatre selles moulées pal' jour.
Aux bains minéraux et aux douches, j'ajoutai chez ce malade
tous ]es astringents nécessaires pour le constiper, et bientôt il
n'eut plus qu'une selle tous les trois ou quatre jours: dès lors
il fut guéri. Il ne passa que trois semaines à Plombières, et
avant de le quitter, il faisait plusieurs lieues pal' jour dans des
chemins souvent très-difficiles. Quelques mois après, je sus qu'il
était toujours resserré et bien portant.
CE T SEIZIÈME O1JSER VAT ION.
Mademoiselle u*, des environ de Lunéville, vint à Plombières
pOur comhalll'e, à l'aide de nos caux, une grande faiblesse des
extrémités inféricures, qu'elle regardait comme la suite de plusieurs entorses des pieds qu'clic avait eues successivement. Tl
nle fut facile de L'cconnaitre chez mademoi elle ou J'existencc d'une
nJ élite.
�-
•
240-
A l'aide d'un linge imbibé d'eau chaude et promené le long
du rachis, je reconnus que cette affection occupait la région
sacro-Iombaire . Aux bains et aux doucbes j'ajoutai plusieurs applications ùe ventouses scarifiées sur cctte région. Quarante jours
de ce traitement améliorèrent la position de mademoiselle ***.
De retour chez elle, son médecin ordinaire, partageant ma
manière de voir, lui appliqua plusieurs moxas superficiels sur
]a région lombaire. Le mieux que mademoi elle *** devait aux
eaux se soutint; mais notre malade était loin encore d'être guérie.
Trois cents pas étaient pour elle une course pénible. Elle revint
l'année suivante à Plombières. Aux eaux et aux ventouses, j'ajoutai l'extrait de noix vomique à l'intérieur et à doses brisées.
Mademoiselle *** pouvait, en quittant Plombières, faire plus d'une
lieue à pied.
Je l'ai revue une année après. Elle avait cessé trop tôt l'usage de la noix vomique, et cependant elle avait couservé assez
de forces pour vaquer chez elle aux travaux du ménage de son
père.
CENT DIX-SEPTIÈME OBSERVATION.
Paralysie incomplète des extrémités abdominales.
M. Th.***, de Ccrvois, était tombé de vingt pieds dc hauteur,
et la région lombaire avait fortement porté daus cette chute.
Depui lors il éprouva une extrême difficulté à marchel'; il ne
pouvait plus dirigel' es pied, et il chancelait comme un homme
ivre. Il lui était impossible dc se tenir debout dan l'immohilité,
sans 'appuyer sur es main . Lorsqu 'il marchait, c'était en
jetant sc bras et son corp en avant qu'il parai sait pouvoir
se diriger un peu. 11 y avait dix-Luit moi qu'il était dans ce
td te état, lorsqu'il vinL, l'été dernier, ù Plombières .
.En examinant les régions lombaire et sacrée , je reconnus un
développement anormal des apophyses tran versc gauches des
deux dernières vertèbres lombaires , ct en promenant ]e long
du dos uue éponge trempée d'cau chaude, je trouvai une exa~
�-
241 -
gération dé sensibilité très-marquée, depuis la seconde vertèbrè
lombai're jusque vers le milieu du sacrum.
En rapprochant ces données des accidents qu'éprouvait le malade, je dus croire que les dernières vertèbres lombaires n'avaient point été frappées seules de phlegmasie, il la suite de
la chute qu'avait faite 1\1. Tb:**; mais que les nerfs des dernières
vertèbres lombaires, et probablement les premières paires sacrées avaient été atteints par le même accident " dout le défaut
de soins convenables avait perpétué les tristes effets .
.Te prescrivis de fortes applications de ventouses scarifiées sur
les régions malades et des bains prolongés.
Dès l'application des premières ventouses, le malade éprouva un
soulagement des plus marqués. En peu de jours il put marcher
très-facilement et sauter avec légèreté. Après quinze baius et six
applications de ventouses, je lui fis prendre des douches chaude
et 'fortes. Enfin, pour terminer sa cure, je lui appliquai de
larges moxas loco dolenti. Il quitta Plombières, après un mois
de séjour; je ne doute pas de son parfait rétablissement, s'il
fi suivi les conseils que je lui ai donnés lors de son départ.
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242-
'
CHAPITRE XXXI.
Du
elUIC~r.
Chaque année 1 nOus avons à Plombières quelques malades
'qui viennent pour essaye!' de combaitre, à l'aide de nos eaux,
ie développement de tumeurs cancéreuses, ou pour ~mpècher
leur
récidive après leur ablation. Le cancer est une maladie encore
entièrement inconnue : reconnaissQns cependant que, sous l'influence du microscope, son anatomie pathologique a fait dans
ces derni.ers temps de très-remarquables progrès, dus principalement aux beaux travaux de M. le docteur Lebert. l'lais
reconnaissons aussI que, jusqu'à présent, la thérapeutique n'a
profité en rien de ces découvertes.
te cancer peut envahir tous les tissus; l'hérédité (1) et unefOille
d'autres causes peuvent ie développer. C'est une maladie constitutionnelle. Le fer, le feu, les caustiques détruisent la tumeur,
mais il s'en reproduit bientôt de nouvelles, soit au lieu même
où existait l'ancienne, soit dans d'autres parties du corps.
Le microscope fait découvrir dans le caucer des globules de
formes propres à ce geme d'affection. On y trouve aussi un
grand nombre d'artères de formation nouvelle et point de veines.
L'analyse chimique a trouvé dans le cancel' beaucoup de ma'tière albumineuse et de graisse.
La compression que Desault avait déjà conseillée contre le
le docteur Récancer du rectum, que Young, Pearson et ~I.
camier surtout employèrent plus tard, n'a qu'une action tro'P ,limitée contre cette funeste maladie.
(:1.) Disons cependant (lue, si l'hérédité peul êtro un ' dcs caus 8 du cancer, le
plus souvenl on nall de parents cancél'cux sans le dev nil' soi-même. Si le cancer,
la goulle, la phthisie ]JUlmonairc clics scrofules étaient, nOJl pas loujours, mais
SO UVCllt hér '<lilair s, l'humanit : succomhcrail hicnlôt so us les oups de cc Ile reout:ilile létl'lIl'claie.
�,
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243 -
.Les emplàtres {rOUX, largement appliqués sur lcs tumeurs cancéreuses superficielles ct que j'ai recommandés il y a cinq ans
'déjà (Essœi sttr le cancer, Paris et Plombières, 1842) , ralentissent souvent beaucoup lc développement de ces tumeurs, mais
ne peu vent pas les guérir.
Les étuves prolongées, employées par mon savant ami lU. le
docteur Cozc, doyen de la faculté de Strasbourg, ont bien pu
fondre rapidement d'énormes tumeurs cancéreuses) les réduÎl'e
en apparence à l'état. de plaies simples, faire disparaître les douleurs et prolonger un peu la vie, mais elles n'ont pas pu guérir.
Les bains alcalins) conseill'és par mon frère, ont momentanément aussi beaucoup amélioré l'état. de ses malades, mais n'ont
pas eu pLus de succès définitif que les étuves. Ils ont servi
seulement à constater la complète insen·sibilité du cancel' en contact avec une eau alcaline assez forte pour irriter douloUl't'usement
la peau.
Dne foule de remèdes ont été conseillés contre ceLle cl' uelle
maladie, et parmi eux on tl'ouve beaucoup de narcotiques. Mais
disons ici que presque toUjOUl'S nous n'apportons aucun soin li.
hien nous assurer du lieu où les plantes que no'us presci'ivons
ont été recueillies, ce qui e t cependant d'une importance énorme,
ainsi que le prouve, par exemple, la grande différence qui existe
entre les propriétés du pavot et dn cbanvre d'ol'Ïent et celle:; des
mèmes plant~s
venues dans nos climats, celle aussi que les anciens
avaient reconnue entre les ellébores d'Anticyre et ceux venus en
Allemagne ou dans les Gaul,es. " Je connais des cas, dit Hufcland ,
où l'opium en topique , la ciguë, la belladone, etc., ont fondu
les engol'gements les plus durs . Preuve incontestable que ces
engorgements avaient une origine nerveuse. On a obtenu ~u s si
dc très-bons r ésultats de l'a' 'enic , de l'antimoine, de l'alun ,
de l'or , des sel de fer, de mercure , de l'i ode( I), ct cependant
)1
pli
s~ lI l' SUI' 1'5 s lan,l ' In UnlrllU;rCS, 'lui so nl ù",
(1) 1}iod · a un c acti on l l'issé r :leurs ac iùcs; il n'cs l gUlll'c probable (lU'il puiss cn 3voil- un e se mbl abl e SUI'
le c ~n
<:c r , séer ' lcul' al ' ulin ôu pos itif. Au ss i , n - l'ai-j e ja mais VII l'I'oduil'c ,]'utiles
1-f1'cls dans le ance r ,'o nOrm é, il ru'a mèmc paru SOuv('nl alors (JlI 'i1I o;\lailla Illurclw
Ile la maladi e 1 sa term inaiso n l'Ullcst -.
�-
244 -
011 considère encore le cancer comme incurable. Qu'est-ce dontl
que cette cruelle maladie '?
Le cancel' a une composition chimique analogue à celle du
Joie : il doit être, comme cet organe, un sécrétenr électro-positif puisqu'il attire à lui, pour s'en nourrir, les substances
électro-négatives. D'ailleurs son insensibilité au contact de fortes
solutions alcaljnes le prome encore. Ceci est important à établir
pour le traitement local, mais comment le cancer sc développet-il'? Quels rapports existent entre lui et le reste de l'éco:'
11omie'? Evidemment c'est un organe nou~ea,
mais de toutes
les productions morbides c'est peut-être la moins bien organisée.
'En effet, si elle a en elle .une grande puissance de développement, elle n'eu a pas ùe cOllservation. Bien différent des autres
tumeurs qui peuvent vieillir ayec nous, le cancer à peine produit doit mou rit' ; il est très - vasculaire, mais il n'a que ' dcs
artèl'es. ] ~ videmnt
les préparations narcotiques, en paralysant
la sensibilité de la tumeul', cn dimn~at
' l'én ' ergi
de ses vaisseaux, ne peuvent qu'être fort utiles. !Tais il est bien préférable,
quand cela est pos 'ible, de les appliquer sur le cancer même,
plutôt que de les faire absorber pal' le tube digestif, aux fonctions'
duquel ils nuisent souvent beaucoup.
N'oublions pas alors le traitement général! Il a une extrème
importance. Le cancer, en eHet, est une affection de l'économie
entière et une affection essentiellement débilitante. Enh'etenons les fonctions de la peau aussi actives que possible, mais
pl'éférons alors la transpiration insensible aux sueurs, qui,
après un soulagement apparent, usent ct affaiblissent beaucoup.
AloI' les bains dc soleil, les frictions sèches, le massage, les
lotions générales avcc du vin de Bordeaux., nos bains cbauds et
courts suivis de lotions froides nos bains de vapcul' suivis
d'irrigation d'eau froide, scront très-utilcs. Les cancéreux sont
comme les vieil1ards, comme les phthisiques, comme les goutteux, ils ne rc pirent pas assez. Au si nt. Andl'al ct Gaval'Ct,
en trouvant que le ang des can(
~ reux
contenait beaucoup de
iH.ll'ine, ont reconnu qu 'il avait moins ,dc glohules que dans
l'élat physiologique. Il fuut donc aussi raire l'CSpircl' beaucoup
"8 malades 'L dan un air bien pur .
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245 -
LcUt, l'égime doit ètre tonique, contcnit' plus d'alimcnts a (milable ou plastiques que d'aliments respiratoire. Enfin il faut
faire aus i une trè -large part à la débilité générale de leur 'ystème nCl'veux. J,a vératrine, il dosc sculement altél'ante, doit
leur convenir beaucoup, il e t impossible même qu'elle ne leur
convienne pas.
L'acupuncture il demeure, qui produit souvent de merveilleu:
effets, ct qui est beaucoup trop négligée par nos médecins
d'Europe, devra non - sculement diminuer momentanémcnt la
douleur, mais ralentir aussi les progrè du mal.
Si lc 'savant docteur Pétrequin, de Lyon, a pu, à l'aide de
l'électricité, coaguler le sang dans lcs tumeurs anévrismales,
on pourra probablement à son aide dissoudrc l'albumine qUI
abonde dans les cancCl's, qui comprimc ct atrophie les tissus nu
sein desquels elle cst alors déposée. On nc ferait du reste, il raide
d'une longue et lente application d'électricité à ces tumeur', que
diminuer leur tension habituelle, qu'on obtiendrait ainsi déjà,
indépendamment de toute action chimique, d'excellents résultat '.
On le voit. donc, il Y a beaucoup il fait'e encore pour les cancéreux. E péron que le moment n'cst pas loin où la medccillc
pourra triompher de cette si redontablc maladie.
Dans le cancer dl1 rectum, maintenant que les in pirations
éthérées rendent les opét'ations chirurgicale si faciles, nc pourrat-on pas recourir à un anus artificiel par la méthodc dc l\t. le
docteur Amussat, et u'ohtiendl'a-t-on pas, par cela seul d jà,
une bien grande amélioration dans l'état des malades.
J 'ai. r cueilli le ob crvations suivantes à nne époque où j 'avais
beaucoup moins médité ur la nature et sur lc traitement ùu
cancer quc je ne l'ai fait dcpuis. Au i nc peuv ut-elles guèl'c
prouver que l'utiLité dc no eaux comme moyen dc modificr
avantageusement celle grave affection.
CENT DIX-nUI'1'IÈrtm OUSERVATlO •
l\Iadame L ... , opél'ée d' un cancCl' ÙU ein pal' mon savant
ami Champion , de 13ur-Ic- Du :, me fut envoyée par lui pOUl'
�-
246 -
combattre, à l'aide de nos eaux, la diathèse cancét'eusc, for.tement prononcée déjà, et qui semblait indiquer, comme prochaine,
la fin de cette malade.
Des glandes nombreuses s'étaient développées le long de la
cicatrice qui s'étendait jusque dans le creux de l'aisselle. La
peau qui recouvrait plusieurs de ces glandes était rouge, prète
à s'ulcérer. J'ajoutai, dans ce cas i grave, le handage de 1\L Récarnier, à ?OS eaux thermales, et je fis disparaitre ou diminuer
beaueoùp les tumeurs dont j'ai déjà parlé. J\1adame L.... ne
vit point se rouvrir son cancer, mais elle succomha douze ou
quinze mois plus tard sans de grandes souffrances. Elle éLalL
alors tombée au dernier degré du marasme, et les régions hyd'un grand
pogastriques étaient le siége de tumeurs squirhe~
volume.
CEN'I' DIX- NEUVIÈME OBSERVATION.
Madame "., des environs de SainL-31ihiel, ùgée de trentc an' ,
mariée ans enfants, avait au sein droit uue grosse tumeur dUl'e ,
Oottante, ct dont l'existence élait déjà assez ancienne. Cette
tumeur avait ré i té il différents moyen ' employés contre elle.
Madame ~ .. lI\e fut adr ssée par son médecin pour essayer
de l'action de nos eaux. ,le crus devoir ajouter la compression
ù ces deruières, d'après]a métbode de M.le docteur Récamier.
J'oblins à s 11 a:ide une guérison complète de cet accident; mais
t'année suivante, Il se reproduisit plu menaçant encore dan le
sein oppo é, el cette fois nos eaux. ct la compression furent
mutiles. LI fallut plus tard recourir il l'extirpation. J'ignore cc
qu'est devenue cette dame. Ces deux faits sont très-curieux: s'ils
r1épos nt de la puissa nc du bandage compressif de 1. le docloU!' Récamier, Hs témoignent aussi de son insuffisance. C'est
c{ue " truitelllcnt ne s'op po e qu 'à l'effet du mal; il en lais c
ub 'i 'l 'r la cau 'co
�-
:l'l/-
Cn.lPITRE XXXII.
De la goutte.
ous avons à Plombières un bain qui portait autrefois le nom
de Bain des Goutteux; cela seul prouverait l'utilité de no eau
dan ]e traitement de cette maladie, habituellement si douloureuse et souvent si grave. Mais on sait que nos eaux ont alcalines et très-chaude , double conditi.on on ne peut pas plus
favorable au traitement de la goutte. En effet, cctte affection
est toujour due, ain i que mon frère l'a démontré dan c
ouvrages, il un défaut d'équilibre entre le sécrétions acide et
alcalines. Les premières n'étant plus assez abondantes, lcs sécréteurs alcalins éprouvent par cela même une tension morbide,
cau e prochai.ne de l'accès de goutte. Celui~c
est donc énergiquement combattu lorsqu'on fait uer abondamment ]e malade.
ouvent aloI' deux ou lrois jour suffi ent pour faire disparaître
un accès qui aurait pu durer sans cela plu 'ieurs semaine . l\Jai
il faut que ce SneUl" oient acides, cc que les bains alcalins
ct les lotion alcaline produiscnt hien faeilcment. En effet, chez
les goutteux, il n'y a pas seulement tension morbide d' sécréleurs positif ,mais il ya eneorc altération dans la composition
du sang qui devient lrop pla tique, parce lJue les alcalis se trouvent neutralisés en trop fOl'te proportion par les acidc qu
l'économie aUl'ait dCl pcrdl'c.
J'ai uffi affimcnt cxpliqué déjà l'a lion de no bain chauds
et alcalins sur la peau, pour que l'on comprenne combien il '
ont favorable à l' tablis ement de celle ueUl' si dé irable pendant l'accès de goutt . i\lais quand l'accè ' e t passé, il f(lUt
{~X
ilel' le Viu possible la lmo piration insensible du goutteu ct l'aindl'e pour lui des sueur hahituelle et abondante ;
II
l'fel lie l'uffaibliraicnl beau oup ct elles pOl\wticn
�-
-
248-
mème le conduire rapidement à la goutte chronique. Alors les
bains très-chauds et conrts, suivis de ces lotions d'eau froide
que les Grecs nommaient psucrolousia, lcs bains de vapeur accompagnés d'irrigation d'eau froide son~
on ne peut pas plus
convenables . l'fais la goutte ne peut pas être avantageusement
combattue si ·le malade ne sait pas se soumettre à un régime
sévère. Rappelons ici que, par le régime seul, le célèbre Cornaro
a pu se débarrasser de la goutte . Ce régime doit être composé
surtout d'aliments azotés, faciles à convertir en protéine, en tissus '
animaux et. offrant pen d'éléments re!\piratoires à l'économie.
" L'usage du vin, de la graisse, ou en général des substances
qui ne s'altèrent dans l'organisme qu'autant qu'elles fixent dc
l'oxygène, dit Liebig, influe d'une manière notable snr la production de l'acide uriqqe. L'urine que l'on évacue après avoir
mangé des aliments gras est trouble et dépose en refroidissant
de petits cristaux d'acide ·urif:J.ue. .. Le même savant dit encore: « La gravelle et la pierre s'observent chez les personnes
qui prennent peu de nourriture anima\e. On n'a jamais rencontré des concrétions d'acide urique chez les mammifères carnivores vivant à l'état saùvage. De même, les calculs d'acide
urique qui se c\éposent dans les articulations ou dans la vessie
sont entièrement 10('.onous chez les natioQs qui ne vivent que
de nourriture animale. "
Il faut peu dc vin aux goutteux ct du vin vienx, générenx
trop alcooliquc. J/alcool est un poison pour eux. En
sans ~tre
effet, ainsi que le fait observer Liebig, à raison de sa volatilité,
l'alcool pénètre tous les tissus animaux et dépouille partout lc
sanO" de son oxygène, pOllr le convertir en cau et en acide carbonique, 1\1ais aloI,' le sang artériel devient analogue au sang
veineux; il ne peut plu fournir aux organes l'oxygène qui leur
était nécessaire. Dès lors toutes les sécrétions sont troublées ct
oe la manière la plus favorable au développe1ncnt de nouveaux
nceès de gou Ltc .
.Le thé ct le caf conviennent aux goulteux, non pas seulement
commc boissons diffusiblcs, excilanl Lcs fonctions de la peau,
mais aussi i\ cau 'c de la théine cl de la caféinc qu'il' conticnnent, qui pcuvent sc convertir fncilcffienl cn talll'inc ct favoriscr
1
\
�-
249-
ainsi la formation de la bile, chez les personnes surtouL dont
le régime n'est pas assez animalisé, ainsi que le fait observer
Liebig.
Chez les goutteux, la respiration n'est généralement pas assez
active; eHe ne fournit pas une quantité suffisante d'oxygène au
sang, dès lors il n'y a pas assez d'acide carbonique de produit; mais en revanche, il Y a des acides moins oxygénés qui
neutraliscnt les alcalis du sang et le rendent trop plastique ,
trop riche. TI faut dono prescrire beaucou pd' exercice aux gou tteux :
rien ne fait respirer davantage.
Un grand nombre de goutteux sont obèses ct oot le veutre
proéminent; presque toujours alors les parois de cette cavité
sont trop faibles pour soutenir les viscères qu'eUe renferme.
Lc diaphragme manque dès lors de point d'appui, il de cend
Lrop bas ùans l'inspiration, ct les côtes ne se dilatent plus autant
qu'il le faudrait, d'autant plus qu'elles supportent une granùe
partie de ce ventre farci dc graisse. D'un autre côté, les inpirations profondes étant fatigantes, ces goutteux ne respirent
qu 'à demi. Une ceinture abdominale bien faite remédie à cet acèiùeut, qui mérite une sérieuse attention de la part des médecins.
l\lais les goutteux obèses doivent, pour se guérir de la gouttc,
commencer par se guérir de leur obésité: j'en ai indiqué plus
.haut les moyens.
La goulte est souvent le résultat du tempérament, mais plu
Souvent elle est acquise. Le causes qui la développent, agissant longtemps sur l'économie avant de la pl'oduirtl, doivent
nécc sairementfai re éprouver au système nerveux des modifications
da os sa composition, qui deviennent plus tard de graves obstacles
au rétablissement des malades. Ces modifications doivent êtl'e
toujours négatives, puisque la goutte est due à des cause qui
diminuent nos sécrétions les plus importantes; on comprend dès
lors l'action puissante du colchique et des autres végétaux, con1 nanl comme lui de la vératrine, dan le traitement de la goutte.
Mai ' i J'on. se souvient de ce que j'ai déjà dit de la vératrine
dans les chapitrcs précétlents, on reconuait quc jusqu'ici on a
Inul employé ce remède Ml'OlclUC, qu'il faut ne donner qu'à do 'c
~ implen
, allérante , ct plutôt encore pOUl' pl' ' venir le relour
�~
250 -
des accès que po.ur les guérir quand ils so.nt déjà venus. Ainsi
administrée, la vératrine no.us fo.urnira le mo.yen de guérir la
go.utte chro.nique, co.ntre laquelle les sueurs abo.ndantes n'o.nt
aucune actio.n utile et que les anciens so.ign~et
déjà à l'aide
des ellébo.res .• Nig1'urn medet pœralyticis, insanientibus, hydropicis, dummado citra {ebrim, podagris veteribus articulariis
rnorbis, " dit Pline l'ancien. Mais, dans no.s pays fro.ids, la
vératrine, et à do.se seulm~nt
altérante, pro.duira pro.bablement de meilleurs effets enco.re que le ferait l'ellébo.re; au surplus
l'expérience nous l'apprendra plus tard.
Les go.utteux ne savent pas assez que c'est après leurs accès
surto.ut qu'ils do.ivent combattre leur malaùie. Hleur faut alo.rs
du courage, d~ la persévérance et les conseils d'un médecin
éclairé.
CENT VINGTIÈME OBSERVATION,'
Goutte fixée sur l'estom((,c.
~radme
de ... , de Berne, àgée de vingt et quelques années,
mariée sans enfants, jo.uissait d'une santé excellente, quoiqu'elle
eùt depuis lo.ngtemps une tumeur fibreuse épiploïque du vo.lume
du poing peut-être. Mais au printemps de l'année 1844, elle
fut prise, sans cause à elle co.nQue, de vomissements que rien
ne put arrèter. Elle vomissait to.\1S les jours plus qu'elle ne
mangeait et qu'elle ne buvait, aussi maigrissaH-elle d'une manièœ effrayante. Ses médecins ordinaires inclinaient à penser
que la tumeur intéressait une anse de l'intestin et que le cas
était mo.rtel. Ils voulul'cnt cependant essayer de no.s caux et
m'udress l'ent cette dame. Je lui demaudai entre autres choses
si elle avait jamais eu lu go.utte. Elle me dit que non; mais en
changeao t la forme de ~u questio.n, j'arrivai à savoir que, l'avanLveille de ses pl'cmiers vo.missements, madame de ... avait eu uO
léger gon(1ement de l'auriculaire droit qui dispar.ut Je jour mème ;
que le lendemain elle avait eu ~n O"QuflemcnL scmblablc cL dç.
�-
251 -
même durée au petit orteil du pied droit, puis ses vomissements ;
mais que ce gonflement n'était pas douloureux.
Cette indication, que j'avais eu quelque peine à obtenir) me
parut suffisante. Je pensai dès lors que madame de .... était
encore en proie à un accès de goutte, qui de l'auriculaire et du
petit orteil s'était porté sur l'estomac: je prescrivis en conséquence des bains à 30 degrés Réaumur seulement, mais rendu
plus alcalins par l'addition de 200 grammes de forte soude du
commerce, et matin et soir, un massage énergique de tout le
corps, après avoir fait laver madame de . " de la tête aux pieds
ayec du , vin de ROl'deaux.
Dès le pl'emier jour de ce traitement, madame de . . .. ne
vomit plus. Peu à peu je lui donnai plus d'alim~nts.
Au bout
de qual'nt~
jours elle retourna chez elle entièrement guérie el
a guérison dure encore.
CENT VrNG'f-UNItME OnSERVA'l 'ION.
Goutte vague.
l\f. de Haller, de Lausanne, petit-fils de l'illustre médecin
de ce nom, était depuis près d lun an tourmenté par la goulte,
qui s'était promenée sur diverses parties et qui élait depuis
longtemps fixée surtout dans les al' ticulations scapulo-bumérales.
M. de Haller était considérablement maigri; âgé de quarante et
quelques an~ées
seulement, grand et fort, il ressemblait alors à un
vieillard. Il était profondément découragé; ses amis le royaient
perdu. Je lui fis prendre des bains chauds et des bains de vapeur;
je lui prescrivis, au sortir du bain et en entrant à l'étuve, des
lotion ' générales avec le nO G du liniment antigoulteux de mon
frèr'e, lotions que l'on recommençait encore quand on massait
1\'1. de Haller, après que la sueur' de l'étuve était terminée. Je
lui pre crÎvis un régime tonique, du vin de 130rdeaux à dose
Inodéréc à ses repas, et au boul de deux saisons jc Je rcuvo ai
guéri, Il n'a pas encore cu de rechule.
�-
252-
CENT VINGT-DEUXIÈME OIlSERVATION.
Goutte aiguë.
1\1. J ... , l'un des industriels les plus distingués de France ,
avait eu déjà de fréquents accès de goutte, lorsqu'il vint à Plombière.s en 1844. TI avait près de soixante-dix ans; il était replet
sans être obèse. Au second bain, il fut pris d'un accès de goutte
au genou; ses accès duraient ordinairement deux ou trois moi . Je
lui prescrivjs ,des bains à 29 degrés Réaumur, rendus plus alcalins à l'aide de 200 grammes de forte soude du commerce,
six lotions par jOUl' avec le nO 6 du liniment antigoutteux de
mon frère, des tisanes diurétiques, ct au bout de quatre jours il
fut rétabli.
CENT VINGT-TROISIÈME OBSERVATION.
Goulle aiguë'.
lU. X .. , , de Colmar, jeune homme fort et sanguin, avait eu
déjà plusieurs accès de goutte, quand il en eut nn nouveau en
1842, étant alors ù Plombières. Je lui fis prendre des bains à 34
degr'és Réaumur dans le bassin le plus chaud du bain des goutteux. En quatre jours M. X .... fut anssi complétemcnt guéd.
Chaque année nous avons un cerlain nombre de malades affectés
de la goutte chronique. Nos eaux améliorent un peu leur position,
mais ne le guérit pas. J 'ai déjà dit pourquoi l'nsage de la vératrine à do e altérante devait être très-utile dans ce cas. Peut- tre
se trouverait-on bien aussi de l'usage de la narcotine, alcaloïde d'ulle composition presque semblable à celle de la vératrine,
et qui n'a pas il beaucoup près ses propriétés vénéneuses.
�-
253-
CHAPITRE XXXIII.
Rilumatil!lmes.
Nous avons examiné le mode de traitement, par nos eaux j
des lésions des centres nerveux, sous l'influence desquelles se
développent la plupart des paralysies : abordons succinctement
un autre genre d'infirmités ordinairement moins graves, mais
généralement plus douloureuses.
Les rhumatismes .articulaires chroniques, les névralgies que
l'on traite si avantageusement il Plombières, sont des inflammations qui ont leur siége tantôt dans les nerfs, les muscles, le '
système fibreux, les aponévroses et les ligaments, changeI1t
parfois de siége, et peuvent se fixer sur les orgaues les plus
impo~tans,
Ces inflammations reconnaissent ordinairement pour
cause l'action du froid sur la peau, des exercices trop violents
ou des sympathies morbides. Dans ce dernier cas, il faut que
le traitement de la maladie marche en première ligne.
Lorsque la maladie est très-douloureuse et le malade trèsexcitable \ indépendamment d'un régime convenable, on ne éloit
pre cril'e d'abord que des bains tempérés plus ou moins longs ,
et s'ils ne suffisent pas pour calmer les douleurs ou l'inflammation, on aura recours aux saignées générales ou locales,
suivant l'indication, et parfois aux opiacés, tant il l'intérieur
qu'à l'extérieur.
Aussitot que, par l'emploi plus ou moins modifié de ces
différents moyens, on aura obtenu un calme suffisant, des
bains très-chauds, mais courts, des douches également tt'èscbaudes et deI) étuves produiront lu révulsion la plus avantageuse, qu'il faudra secondel' quelquefois encore par des saignéos.
�~54-
!iuvent, dans ces maladies, on peut se passer de saignées
et de préparations pharmaceutiques; nos bains alors ont seuls
l'honneur de la cure.
L'exercice est fort cbnvenable dans toutes celles de ces affections qui n'ont pas envahi les membres abdominaux; car,
dans ce cas, le repos 4ë~ient
parfois nécessaire; mais l'action
des eimx, un régime suivi; des frictions sur la peau et l'espoir
d'une prompte guérisori s'opposent à ce que ce repos compromette la santé générale.
Le plus souvcnt, cbez ces malades, aux bains cbauds, aux
doucbes et aux étu'es, il faut ajouter la boisson de l'eau
thermo-minérale; elle est parfaitement indiquée. Son action se
propage, tant par continuité de tissus que par l'intermédiaire
du cerveau et du cœur, des premières portions du tübe digestif
à la peau, et elle produit souvent ainsi les plus heureux effets.
:Mais si les malades sont très - irritables, si leur cteut est
trop développé, il faut, au lieu de bains chauds et courts, leur
prescrire des bains tièdes et prolongés, et surveiller beaucoup
chez eux l'action de la douchc.
Souvent il faudra, dans le traitement de ces maladies' , minéràliser davantage nos eaux, appliquées en bains surtout, ét on
les alcalinisera d 'autant plus que la peau des malad es sera plus
débile, qu'clle produiJ'a mOins d'électricité négative. Du reste,
il faudra insister bien plu ' alors sur le douch es cbaudes et sur
Jes étuves que sur les bains: alors aussi le massage ct les bains
de ,solcil scront d ' Uri merveilleux secours.
CENT VINGT-QUATRIÈME OIlSE!1VATION.
Sciali'ltte .
1\f. de J3. " avait une sciatique ll' \s-do liloUl'Cli 'e, que J'on
avait cs ayé ùe combattre il l'aide de l'essence de térébenthine
prise ù l'intérieur. e médicament avait amené ulle violenle
gastl'o-en téri te , qui, passant à l' lat chronique, réagit a sez
pui ' 'umment sur l'encéphale p ur Pl'Oclllil'e le lœdiurn vilœ.
�-
255-
Un traitement rationnel fit disparaitre ce fùcheux symptôme,
Cependant la gastrite, quoique moins intensè, eXistait toujours,
et la sciatique causait de vives douleurs. On conseilla nos eaux
à 1\1. de B ... ; il vint à Plombières en 1826. Agé de trente-èinq
ans, il était maigre, jaune, ,f aible; toutes seS digestions étaient
douloureuses, et là seiatique le réduisait, pour l'exercice, aux
promenades à cheval ou en voiture.
La gastro-entérite me parut devoir nécessiter les premiers
soins: je lui opposai un régime doux, des bains tempérés et
prolongés et l'air de nos montagnes: Des liniments huileux,
des applications de ventouses scarifiées et des vêtements chauds
modérèrent en même temps la douleur de la cuisse malade.
Bientôt le tube intestinal s'améliorant, je pus administrer les
bains chauds, les douches et les étuves. Ce,S différents moyens
avaient rendu, en quarante jours, fi. M. de B ... , la gaieté et
les forces.
Les fonctions digestives n'éprouvaient plus de trouble notable; mais la sciatique) quoique moins douloureù e) exi tait
toujours. J'aurais désiré que ce malade pût prolonger encore
l'usage des eaux; mais obligé de retourner à son régiment,
bientôt sa sciatique se remontra aussi douloureuse que jamais 1
il crut avoir complétement perdu son temps à Plombières. Ces
douleurs furent les del'Oières : à cet orage succéùa le calme leplus complet. J'ai revu M. de B. .. une année après; il jouissait d'une santé parfaite.
CENT
1 GT-Cl QUIÈlIlE onSERVATIO
Sciatique.
M. G... , du Tholy, àgé de quarante-six ans, d'un tem pét'ument
éminemment lymphatique, était tourmenté, depuis plusieur ' années, par une sciatique en apparence trè -grave; depuis un au elle
avait réduit ce malade à marcbcr aux cro 'ses. ~I. G ... m'ayant
Consulté, je r 'marquai chez lui une peau blafarde; l'estomac
Ille parut 'ain, mais la circulatioll puLmonajre était .... én e t
�-
256-
le cœur présentait tôus les symptômes de l'hypertrophie; la
cuisse et la jambe ne servaient au malade qu'à lui faire éprouver
de violentes douleurs. Le premier jour je prescrivis à 1\1. G .. .
un demi-bain cbaud, et à la sortie de ce bain, uu verre d'eau
tbermale. Sous l'influence de ce bain, ses douleurs sc.iatiques
diminuèrent beaucoup, la. respiration fut plus facile; le lendemain, un bain entier produisit une amélioration encore plus
marquée; le quatrième jour, 1\1. G. .. put se passer· de crosses.
Il retourna à pied chez lui au bout de quinze jours j des vêtements de laine sur la peau ont consolidé cette cure remarquable.
CENT VINGT-SIXIÈME OBSERVATION.
Sciatique.
M. Pariset, charron près de Vézelise, eut, en février 1834 j
une sciatique très-douloureuse; depuis le 15 mai, il était réduit à se servir de crosses. Il vint à Plombières le 21 juillet ;
une saignée du pied, trois applications de ventouses scarifiées
sur le membre malade, vingt-un bains de quatre heures de
«urée chacun, à 28 degrés Réaumur, et quinze douches de
vingt minutes, à 30 degrés, le rétablirent ' entièrement.
CENT VINGT-SEPTIÈME ODSEIlVATION.
Sciatique.
M.. T ... , de Charmes, maréchal-ferrant, ùgé de quarante cL
quelques années, d'un tempérament athlétique, était depuis plusieurs mois, par suitc d'une sciatique très-douloureuse! dan s
l'impossibilité de travailler, lorsqu'il vint il Plombières, il Y
Il quelques années. Quarante bains de buit à dix. heure de
durée, à 28 degrés Reaumur, quelques douch es et plusieurs
upplications de ventouses scarifiées diminuèrent un peu ses dou-
�-
257 -
leurs; mais elles étaient assez fortes encore pour qu'à son départ
de Plombières, 1\1. T ... désespéràt de sa guérison. Un mois
après son retour chez lui, il était complétement rétabli et il
n'a pas eu de rechute.
CENT VINGT-HUITIÈME ODSERVAl'ION.
Sciatique.
M. V ... , de Charmes, àgé de soixante ans en viron; très-replet,
vint à Plombières en 1833, pour se guérir d'une sciatique qui,
depuis six semaines, l'empêchait de sortir de son lit et lui
causait les plus violentes douleurs. Vingt et un bains, une quinzaine de douches et un vésicatoire sur le lieu le plus douloureux, que je saupoudrai d'acétate de morphine . le rétablirent
entièrement.
M. V ... est revenu l'année suivante à Plombières par simnle
précaution.
CENT VINGT-NEUVIÈME onSEllVATION.
Sciatique.
M. 1\'1. .. , des environs de ~lontmédy,
d 'un tempérament sanguin nerveux, était, depuis plus d'un an, tourmenté par une
sciatique douloureuse et il marchait aux béquilles, lorsqu'il vint
à Plombièl'es, au commencement de l'été, en 1834. Il avait, à
la partie upél'ieure et interne de la cuisse malade, une tumeur
du volume d'un œuf de poule, d'une forme irrégulière, et
qui, placée au-dessus de l'artère crurale, paraissait pulsatile
ct simulait un anévri me. Des bains tièdes de quatre à cinq heures
de durée, pris pendant quarante jours, des douches cbaudes,
deux saignées du pied débarrassèrent 1\1. M ... de ses douleurs
et de su tumeur, sans qu'il pitt encore, pour marcher, se pa ser
du secoUt' de ses béquilles . .J 'ignore quel aura été chez lui l'effet
secondaire de eaux.
20
�-
2.8 -
CE Hf TRE TIÈME 013SERV ATION.
Rhumatisme articulaire.
1\lademoiselle ... , de Lunéville, âgée de quarante ans environ ,
bien réglée, d'un tempérament sanguin, vint à Plombières au
commencement de la saison, pour combattre, à l'aide de nos
eaux, les restes d'un rhumatisme articulaire aigu, qui l'avait
tourmentr,e beaucoup à la fin de l'hiver. Des bains de 26 à
27 degrés Réaumur, de trois heures de durée, des' douches un
• peu plus cbaudes, de dix à quinze mlnutes, et le massage par
percussion, ou massage chinois des membres et des parties solides du tronc, guérirent mademoiselle . .. en trois semaines.
CE T TRE TE-U lÈME OBSERVATION.
Rhumatisme articulaire.
1\1. 1\1. .. , officier supérieur, était tourmenté, depuis cinq
sE}maines, par un rhumatisme articulaire, lorsqu'il profita d 'un
peu d'amélioration pour venir, cet automne, faire usage de nos
eaux. Quoique d'un tempérament éminemment sanguin, il était
très-pàle il son arrivée et d'une grande faiblesse. :Dix-huit bains
à 27 degrés Réaumur, de trois heures de durée chacun, le
guérirent complétcmcnt.
Beaucoup de personnes viennent à Plombières pour se débarrasser des suites de rhumatismes articulaires incomplétement
guéris, ct le plus grand nombre s'en trouve très-bien.
�-
259-
CHAPITRE XXXIV.
Nous avons, cllaque année, il soigner ici un asse7. grand nombre
de tumeurs blanches plus ou moin avancées. Di ons que génél'alernent on a trop oublié, dans le traitement de ces affections
souvent si graves, l'expérience de nos prédéce seurs . On se borne
pre que toujours maintenant à employer les préparations iodurées dans le traitement des scrofules, et on oublie les nombreux moyens qui réussissaient si souvent à nos devanciers.
Mettons ici les praticiens en garde contre la doucbe, employée
dans les tumeurs blanches snr l'articulation malade. Quelquefoi
sans doule elle peut être utilement conseillée ainsi, mais le plu
souvent elle doit ètre prescrite partout ailleurs que ur le mal,
dont elle augmenterait beaucoup la gravité.
Les ventouses scarifiées peu vent ètre souvent très- utiles alors
po~r
eombaLLre les accidents innammatoires, mais il faut le
appliquer un grand nombre de fois, en modérant l'écoulement du
sung, de manière à ne pas affaiblir les malades, auxquels il faut
pre c1'ire des bains longs, le ma sage, des fl'ictions sèches SUt'
tout le corps, ]a tumeur exceptée, et un l'p"'ime tonique.
CE T TRE ''l'E-nEuXtÈ Œ ODSERVA'l'ION.
11umeur blanche.
Mademoiselle Thérèse V ... , de la eommone du Val-d'Ajol,
avait été guérie de la gale à l'aiùe de l'onguent citrin uu mois
de janvier 1824 ; clle avait alor deux an et demi. Bientôt
�-
260-
après, l'articulation fémoro-tibiale se tuméfia avec augmentation
de cbaleue; bientôt aussi la petite malade fut ohHgée, en marchant, de décrire un demi-cercle avec le membre affecté; enfin,
à la fin de l'année, sa jambe restait à demi fléchie sur la cuisse;
ce fut dan cet état que ses parent me l'amenèrent. J 'employai
d'abord le traitement antiphlogistique; les sangsues, les ventouses scarifiées, les cataplasmes émollients ayant suffisamment
diminué l'iu{]ammation) j'eus alors recours à nos eaux. Douze
doucbes chaudes terminèrént cette puee, qui ne dura en tout
que quarante jours et qui. fut faite au milieu de l'hivel'.
CE T TRENTE-TROISIÈ tE ORSERVATION.
Tumeur blanche .
.Mademoiselle ;\1. de V ..... , àgée de vingt-sept ans, d'un
tempérament lymphatique sanguin, avait contracté, à la suite
d' une chutc sur le gcnou droit, UDe tumeur blanche de cettc
partie, qui faisait craindre que l'on ne fllt obligé de recourir
à l'amputation de la cuisse: mai nos bains, nos douches, dont
je modérai l'action par des applications de sangsues et de ventouse scal'ifiées, produisircnt en qual'antc jours une améliora tion
assez marquée pour mc fairc espérer une guérison complète.
L'année suivante, le mème traitement a mis mademoiselle lU.
de V ... à même de marcher facilement sans béquilles.
CE T THENTE-QUATRIÈME OIlSEIlVATION.
Tumeur blanche.
ébasticn Toussaint, incliNent de la commune de Bcllefontaine, "gé cl quatol'ze an , d'un tempérament lymphatiquc,
commença à se plaindr'c, à la fin de l'éLé de 1827, de douleurs
dans J'tlt'liculatioll du hras droit et de l'avant-bras. Bientôt celte
articulation s tuméfia , ct dès le mois de novemhre clle était
�-
261 -
très-cbaqde ct tl'ès-douloureuse, Cette maladie alla toujours en
empirant jusqu'au 20 janvier; alors l'articulation était cinq ou
six fois plus volumineuse que celle du bras gauche; les veines
sous-cutanées étaient très-développée et trè -apparentes; le bras
était considérablement atrophié; l'avant-bras, à demi fléchi sur
lui, ne pouvait exécuter aucun mouvement; Je malade, maigre et
pâle, accusait une douleur constante à l'extrémité supérieure de
l'olécrane; cette douleur se propageait parfois jusqu'à l'épaule.
Lorsqu'il voulait élever un peu la main, il portait son hras
en arrièl'e, pour profiter de l'impulsion que ce dernier recevait
quand il était ensuite abandonné aux simples lOjs de la gravitation.
Des applications de sangsues et de ventouses scarifiées, des
cataplasmes émollients, des bains génél'aux de 28 degrés Réaumur,
une b"bitation et des vêtements chauds, une nOUl'l:iture douce
et analeptique, diminuèrent beaucoup la tuméfaction et firent
disparaître les douleurs, Mais après six semaines de traitement,
l'amélioration restant stationnaire, je fis prendre il ce jeune homme
des bains de 38 degrés Réaumur' et de huit à quatorze minutes
de dUl'ée; il les supporta parfaitement bien pendant quinze
jours.
Quoique les hains tempérés calmassent toujours les douleurs,
cepeudant ils augmentaient constamment le volume de l'articu, lation malade, et jl ne fallait pas moins que toute la journée
ct Loute la nnit pour dissiper cetle augmenlation occa ionnée
PU[' l'absorption; les bains très-chauds, au contraire, diminuaient
Con idérablemcnt ee volume,
Le bras repl'Ït son premier volume; les douleurs disparurent
entièrement i Tous aint portait facilement sa main ur a tète;
mais l'articulation était anl yLl) ' ée. Cette articnlation n'avait pLu
alors qu'un demi-pouce de circonférence de plus que l'autre; je
j ug ai le malade guéri. Il e t mainlenant domestique cbez un
cullivuleul' de sa communo, et l'amélioratiou qu'Ha duc il nos
eaux. u conLÏnué jusqu'aujourd' hui.
�-
262-
CHAPITRE XXXV.
InOalUIIlatioll tics uluseles. tics telltlons. des os et
des (l,.vités synoviales. Ita.- suite (le f.-actures et
tic luxations-
L'inflammation, suite nécessaire des fractures des os, se propage souvent aux muscles et aux tendons qui avoisinent l'os
et durcis
fracturé, et, sous son influence, les organes engor~s
ne peuvent plus qu'imparfaitement remplir leurs fonctions, Souvent, et surtout dans les fractUl'es comminutives, l'inflammation s'entl'etient dans les os cux-mèmes et produit des exostoses;
d'autres fois, lïnflammalion s'étant propagée dans une articulation voisine, les sud'aces synoviales deviennent adhérentes
et l'ank)' lose a lieu. Ces différents acciJents sont aussi déterminés par les entorse , les luxalions, et, en général, par toutes
les cau es capables d'i!TitCl' ees ol'ganes primitivement ou par
sympathie, 11s sont un des résultats les plus ordinaire des tumeurs hlancbes que nou avons rapidement examinées daus le
chapilr'e précédent: nos eaux 10 combaltent avec le plus grand
uccès. Le massage, qui il lui seul peut, en quelques jours,
guérit' des elltorses qui sans lui a lIl'aient duré plusieurs mois,
e t alOl's de la plu gmncle utilité. Au re 'te le massage doit
compter, avec le ventou e , all nombre de nos remèdes les plus
précieux et le plus actifs.
CI ~ T TlJ
~ N'l
i -ClNQUIÈM~
O.OSIUlV ATIO •
M. G ... "jnt il Plombi èros on 182!), pour diminuer les doulcur'! clin claudication fill 'il devait il uue fraclurc ancienne du
p6'o\l(\ vcrfl son cxll'émité infél'i ur ; fracturc qui, mal l'é-
�-
2ü3 -
duite, avait développé, entre autres accidents, l'ankylose de
l'articulation de la jambe et du pied. Cette articulation, malade encore, rendait la marche très-douloureuse. Je bornai le
traitement de M. G . .. aux bains cbauds et aux doncbes. Ces
moyens, employés pendant trois semaines seulement, suffirent
pOUl' guérir l'inflammation des os, et s'ils ne purent détruire
l'ankylose, au moins débarrassèrent·ils pour toujours 1\1. G ...
des douleurs que la marche lui faisait 'éprouver auparavant.
�-
264 -
CHA.PJTRE XXXVI.
De Il, vieillesse et (les Jlloyeus .Ie Il, In'olollfljel'.
J'ai parlé plusieurs fois, dans le cours de cet ouvrage, de l'utilité de nos eaux pour les personnes d'un âge avancé. Je crois ne
pas m'écarter beaucoup de mon suje~
en consacrant un chapitre
spéoial à UD .examen rapide des soins que la vieiiIesse réclame,
et des moyens que la science possède d'en -retarder la venue,
de lui imprimer même une marche rétrograde, de la délivrer
des infirmités qui l'accablent presque toujours aujourd'hui, et
enfin d'en prolonger beaucoup la durée .
Soigner et guérir les' malades, c'est là sans doute une grande
et noble tùcbe, mais nous en avons encore une aussi grande,
une aussi noble et plus utile : c'est la médecine qui préser've.
TI y a un cel'tuin nombre des moyens qu'elle indique! dont
qui
chaque homme peut et doit faire usage; il en est d'a~tres
sont presqu'exclusivement du domaine du magistrat et du législateur. J ~ es premiers appartiennent à l'hygiène privée, les
seconds forment l'b-ygiènc publiqu(l. Ce sont la surveillance des
logements du peuple, celle du commerce de ses alimenls, la
protection il accorder il son travail, les soins les plus soutenus
pour que l'air qu'il respire soit toujours pur, en secondant la
propreté intérieure par 'celle des rues et au besoin par le desséchernellt ùes mal'a is, et enfin une d ir'ection sage et momIe il
donner il J'éducation, aux amusements, il. toules les habitudes
de cc peuple, aujoul'cl'hui pauvre , ignorant et malheureux. n
est encore des précautions il pl'Clldrc contre les maladi.es contagieuses , précllutiolis que la prévoyance la plus vulgaire indiqueraiL il IIOS hommes d'élat, s'ils avaient le temps de songer
ft la santé du pCl1pl c , si , uu lieu dc basel' lcs principalc ' res ~
�-
265-
sources du trésor puillic sur ses passions tristement exploitées,
ils s'étudiaient à les diriger vers le bien. Ils ne savent pas,
les imprudents, que par un juste arrêt de la Providence, les
émanations putrides qui entourent la chaumière, engendrent les
épidémies les plus meurtrières, qui vont semant la mort jusque
dans le palais des rois. Au pbysique comme au moral, la négligence des intérêts du peuple, c'est un ciel gros d'orages.
L'hygiène publique bien faite ferait disparaîtl'e la plupart des
phthisies, des scrofules, les maladies syphilitiques, les fiè.vres
typhoïdes et presque toutes 'les autres fièvres épidémiques et
contagieuses, en même temps que le plus grand nombre des
crimes. A eUe seule elle doublerait déjà la moyenne de la vie
humaine .
. Aussi un des savants les plus distingués du siècle dernier, l'infortuné Condorcet, après avoir dit, dans son Tableau des progrès
de l'esprit humain, que la médecine préservatrice fera disparaître '
la plupart ùe nos maladies, ajoute: " Qu'il doit alTiver un temps
où la mort ne sera plus que l'effet d'accidents extraordinaires,
ou de la destruction de plus en plus lente des forces vitales, et
qu'enfin la durée de l'intervalle moyen entre la naissance el
cette destruction n'a elle-même aucun terme assignable. En effet,
cette durée moyenne de la vie, qui doit augmenter sans cesse
à mesure que nous enfonçons dans l'avenir, peut recevoir des
accroissements, suivant une loi telle qu'eUe approche continuellement d'une étendue illimitée sans pouvoir l'atteindre jamais. "
Mais pour réaliser ccs vues d'avenir de Condorcet, pour que
l'hygiène publique et ,privée fussent bien faites, il faudrait que
les médecins fussent rélri bués par l'Etat et revêtus d'une haute
magistrntu re,
Le vieillard est presque toujours accablé maintenant par les
infirmités les plus pénibles; cependant elles ne l'empècbent pas
de tenir beaucoup à la vie et de s'écl'iel' a~ec
Horace: " Eheu!
fugaces . ... , lab1tnlur an ni ! " La vieillesse a même encore
assc? de charmes pour que Cicéron l'ait vantée comme l'tlge le
plus heureux. " Eorum aulem qui, exacta œtale, moriunlur,
dit-il, {orl1tna laudatur. eur? nam reor, nullis, si vila longior
daretur, possel esse jucundior. Nih'it est cnim pro{eClo homini
�-
2()() -
prudentia dulcitts, quam, ut cœtera au/,erat, affert cerle senectus. » Cette opinion de Cicéron sera bien plus vraie si nous
parvenons il débarrasser le vieillard de ses infirmités, à lui
renùre, en grande partie au moins, la force et la santé de
l'àge mûr, conditions sans lesquelles nous ne pourrions pa!l. prolongcr beaucoup son existence.
Combien l'humanité entière ne profiterait-elle pas de ce surcroît de vie accordé précisément à ceux de ses membres qui
ont le plus de science et le plus d'expérience! La jeunesse ,perfectionnée par une éducation infiniment meilleure, qui développerait toutes ses aptitudes, l'homme 1 eureux par le travail devenu
un plaisir toujours nouvean, la maladie n'étant plus qu'une rare
exception, et la mort, le terme éloigné d'une vic où nous n'aurions eu que des actions de grâces à rendre à la Providence: en
vérité, l'àge d'or régnerait de nouveau sur la terre! Voyons si
la science possède les données nécessaires à la solution de cet
important problème.
Ricberand nous trace, dans sa physiologie, le tableau des modification qui caractérisent la vieillesse et qui produi enl la
la mort: diminution de la sensibilité, affaihlissement génér'al,
digestions mauvaises, absorption difficile) 'nutrition imparfaite,
oblitération des vaisseaux lymphatiques , lenteur et roideur dans
tous les mouvements, appauvrissement de tous les organes, diminution dtl la chaleur du corps, ainsi qu' Hippocrate l'avait déjà
remarqué.
Adelon entre dans plus de détails peut-être sur les accidents
qui camctérisent l'ùge avancé, ct il ajoute à tous ccux. déjà décrit pal' Richerand l'atrophie des poumons.
Burdach, apl'ès avoir étab li lu nécessité de la mOI't Ù LIlle
,époque déterminée, puree que la vic Il commencé à L1ne autre
époquc, ('ceonnaît cependant, pal' suite de l'examen de ~ail s,
que l' ,:dslence eslmainlenaol plu ' ussul'ée duns toute SOli étendu e
et qll 'rlle est prolongée même danR cerlain::> li eux pal' Huile des
IH'ogr'ès do la médeeille, pur suite aussi de ~d propagation des
IUlll i\\'es cl de l'adoptiOll d' un meilleul' ~ent'
dc vi '. insi, il
(;cllèvc par exemple, la moyenne de lu vic Il 'élail que de 1Halls
el ;) mois au XVP' sièe\c, die c 'tmatnlellunL de ~l: amI ellO
l
�-
267 -
mois, Burdach ne pent' donc pas, malgré la loi qu'il a posée,
déterminer au juste l'époque de la mort nécessaire,
l\1uller, dans l'étude de la caducité des corps organiques, dit:
" La question de savoir pourquoi les corps organisés périssent,
et pOUl'quoi la force organique passe des parties proùuctives
qui meurent dans les jeunes produits vivants de ces corps, est
une des plus ardues de la physiologie générale: nous ne sommes
pas en état de résoudre l'énigme et tout ce que nous pouvons
faire, ~'est
d'exposer la succession des phénomènes, li Jusqu'ici,
on le voit, la science fait défaut; avant de l'interroger encore
et de voir si ene ne pourra pas nous fournir des données plus
satisfaisantes et légitimer les vues d'avenit' de Condorcet, de~
mandons à l'histoire quelques-uns des nombreux documents qu'elle
possède SUl' la longévité ,
D'après la Genèse, l'homme avant le déluge pouvait vivre
près de dix siècles, Adam mourut à 930 ans, et l\'Iéthuséla, aïeul
de Noé, vécut 96D ans; mais ne peut-on pas dire ici avec Pline
Quœ omnia inscitia temporum acciderunt : annum
enim alii œstate unum determinabant , et allerum hyeme : alii
quad1'ipartitis ïemporibus, sicut A1'cades, quontm anni trimestres
ruere, » Au rapportd'Hufeland,' c'est l'opinion d'Hensler, qui croit
l'ancien: "
que l'année des ancètres d'Abraham n'était que de troi
mois,
cc qui réduirait la vie d'Adam à 232 ans et celle de ]}'Iéth llséla à 242 ans. Disons cependant que, si l'on adopte l'opinion
d'Hensler, clle sera di((icilement conciliable avec le verset de
la Genèse où, à la mème époque, l'Éternel dit :
«
1.\lon esprit ne
plaidera point il toujours avec les hommes, car aussi ils ne sont
que chair, mai leurs jours Sp.l'ont 120 ans. li Ce qui, d'après
le calcul du théologien allemand, réduirait la moyenne de la vie
à 30 ans. Pour mon compte, je préfèl'c de beaucoup le texte
non interprété, et j'aime à croire que l'homme parviendra bientôt
à celle satisfaisante moyenne de 120 ans, c'est-à-dire, en attendant de nouveaux progrès, à une vic tl'Oi8 fois plus lOllgue
que celle de no populations curopéennes les plus favorisées.
Au surplus, celle moyenne indi(lIlée par la lliblc n'a l'ien qni
doive nous pal'aitre impo sible; en effet, nou voyons dam Plinc
l'ancien de nombreux exemples de personnes Ilisloriqucs qui
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268-
ont vécu à l'égal des patriarches après le déluge. " Argalonius
Gaditanum, dit-il, octoginta annis regnasse prope certum es t. Putant
quadmgesimo cœpisse . .. G01'gian Siculum centum oclo vixisse . ..
}JI. V . .. Corvinus centum annos imptevit. .. Terentia Ciceronis
cenlum septem. Ctodia O{elbi cenlum quindecim, hœc quidem eliam
enixa fJui~decs.
Luceia mima cenlum annis in scena pronttnciavit. » Pline nous montl'e donc, à côté d.'un roi de 120 ans
et de quelques autres centenaires, la femme de Cicéron qui mourut
à 107 ans, celle d'Ofelbus qui en vécut 11 5 après avoir eu
t 5 enfants, et la comédienne Lueéia qui monta 100 ans sur le
tbéàtl'e .. Pline nous apprend encore que, de son temps, il y ayait
en Italie trois bommes àgé de 140 ans, quatre de 135 à 137
ans el quatre de 130 ans. Une femme de 132 ans et une autre,
L. Tertulia, de 137 ans.
H. Henkins mourut en 1670 , dans le comté d'York, à l'àge de
1GD aus. l'bornas Parre, autre Anglais, mourut en 1G35 à l'âge
de 1tJ2 ans et D mois; Henl ills était donc né en 1tJO 1 et Part'e
en 14 82, tou deux bien avant l'introduction du tabac en EurQpe,
qui ne date que de 1560, et dont le tl'isle et dégoûtant usage
ruine le peuple, conlribue à le porter à l'ivrognerie et abrège
))eaueoup 'a vie, en stimulanl trop énerrriquement le système
nerveux, en fatiguant les poumon ct en faisant perdre inutilement une quantité trè -considérable de salive, précie.ux. liquide
que Dieu a donné à l'homme pour aider à sa digestion, el OOU
pas pour le rejeter après l'avoir emp uanti , ou, ce qui e t encore
plus nuisible, pour l'avaler, chargé qu'il est alol's le principes
vén Ineux. L~
tabac n'aurait jamais dû sortir des pharmacie.
L'allemand WUlldcrt mOUl'Ut on l7G 1 il l'age de J 3G ail'. En
France, on a vu des "ieillards vivre plu de 120 ans. Anx Grange de-Plombières, uobommea vécu Il0an s,etj'uicollnu àPlombières
une vieille fille qui est morte à 107 aus, tuée plulôt pal' l'ea~
de-vic que pal' la vieille se . Si donc Abraham a vécu 175 an
ct son fils Jaaac 180 aus, Jlenkios, au XVll" siècle, a vécu presqu'ull i longtemps; aillsi, depuis les Lemps le ' plus l'eculés
ju qu 'il. nos jours, On a renconll'é des hommes dont la vic a duré
plus d'ull siècle el demi, comme pOUL' nou mOlltrer combien
nous pouvions faire faire encore de progrès à l'hygiène et il la
�-
269 -
médecine et à quel ùge avancé il nous était possible d'atteindre.
Ce hommes se sont trouvés dans de contrées et dans des positions très-diverses, dans les pays cbauds comme dans les pays
froids et les pays tempérés. " De spatio atqtte longinquitate vitœ
horninum, dit Pline l'ancien, non locontm modo situs : verWIn
exempla ac S'l.ta cuique sors nascendi incertum (ecere. " La science
parviendra-t-elle à fixer cette incertitude? Je le crois, jusqu'à
un certain point cependant, car sans doute, avec Horace, nous
devrons toujours dire,
Til nc qUa)si ris ( cÏ!'c ncfas) qu m mi hi fJ1lCIIl tibi
Fincm di dcdcl'inl , Lcuconoc, ncc babylonio
T nl3l'is numel'o .
Mais nous pounons compter SUl' une vie moyenne incomparablement plus grande qu 'on ne le pouvait à l'époque où vivait
Horace.
Pendant la vieillesse, nous dit le savant Burdach, la vie se
retire de la péripbérie et devient plus intérieure. Que se pa set-il alors? La peau e l1étrit, se ride ct e refroid il. Les poil
qui la couvrent tombent ou blanchis ent; elle e t babituellemeut
sèche et souvent dal'treuse. La transpil'ation in ensible est considérablement diminuée; la puissance nerveuse, qui est un de
ses résulLals, l'est également. Les alcalis du sang sc tl'ouvent en
partie neutralisés, dès lors ceLte humeur 'altèrc, s'épais il ,
devient ricbc comme on le dit vul/l'aircmcnt, et cette richesse
n'est cependant que de la misère . Alors aus i les cartila/l'e' s'o sifient, des concrétions calcaÎL'es se dépo 'cnt dans différente
parti 's du corps; les reins ct la vessie contiennent souvent des
calculs. Le tis u cellulaire sOlls-cutané e flétrit comme la peau,
ou se remplit d'une graisse incommode; le veines superficielles
'affaibli cnt beaucoup, et la sta e du aog qui en ré uIte augmentc con idérablem ent ] CUl: volume. L 'mine est neutre et
sou ent alcalin e et féLide : l'appétit diminue, les digestion de"ViennelJt langui santes, les cellules broncbiques sc l'al'éfient et
s'agl'Undissenl.
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,.
2ïO
~
Evidemment, pour retarder la mort ou la décrépitude, pOUt'
rendre au vieillard une partie ' de la force qu'il a peraue, il
faut réagir contre cette diminution de la vie périphériq lie; il
faut donner à la transpiration insensible toute l'énergie qu'elle
peut reprendre sans danger : « Senectus revera est œgritudo ,
sed diu protrahitur, si corpus reddatur persp'irabile, » dit Sanctorius; aus!?i Hufeland, dans sa Macrobiotique, donne-t-il aux
vieillards le conseil d'aller habiter des pays chauds. « Senibus
vero nocet hyems, disait Avicennes, et i1wenies senes, ajoutaitil, el qui eis similanlur, in œstate (orliores. » ~[ais
l'énergie
de la peau doit être toujours proportionnée à l'état des voies
aériennes . Du reste la chaleur et la lumière ne suffisent pas
pour prolonger beaucoup l'action de la peau, puisque la vie humaine entre les tropiques n'est pas plus longue maintenant que
dans des latitudes plus élevées.
L'exercice a certainement aussi une grande valeur, mais il est
également loin de pouvoir suffire à prolonger beaucoup la vie,
puisque, malgré un exercice modéré et soutenu, vous voyez tous
les jours des hommes qui ont à peine atteint la moitié de l'tige
auquel Henkins est parvenu, et qui meurent de vieillesse, même
dans des pays plus chauds que l'Angleterre.
Le régime est également un moyen d'une grande puissance
et sans lequel même l'homme n'arrivera jamais à une extrême
vieillesse; mais le régime ne suffit pas encore, puisque le célèbre
Cornaro, ayant à 40 et quelques années une santé déplorable et
perdue depu.is plus de 20 an s, lui dut bien de la rétablir, mais
ne put vivre, tout en le suivant avec la plus grande exactitude,
que jusqu'à 103 ans, el puisqu e Massinissa, dont Plutarque vante
à la J'oi l'activité et la sob r'iété, ne vécut malgré cela, sous le
beau ciel du nord de l'Afrique, que jusqu'à 90 ans.
Les bains chauds, les bains de vapeur ct le massage sont
très - utiles, mais ils ne suffisent pas non plus, puisque les
Orientaux et les Afl'icains barbares cu font un gl'and usage ct
n'arrivent qu'exceptionnellement il un t'ige tr '-avancé. Disons
cependant quc le pacha d 'Egypte a aujourd'hui 80 ans et une
grande vigueur de corp et d'esprit; mais il n'a encorc que la
moitié il peine de l'ùgc d'Henkins.
�-
271 -
Les aliments excitants, embaumés comme le veut lU. Raspail,
~e
procurent pas, daus le midi où ils sont en usage, une vie plus
longue Ilt plus exempte de maladies qu'un régime moins tonique
ne le fait dans le nord; ces aliments même ne peuvent qu'user
plus vite les forces digestives, comme l'ail' tt'op cbargé d'oxygène
use beaucoup plus vite les poumous et l'économie entière, comme
les bains froids, tant vantés par Prietznitz et si bien appréciés
par les anciens, usent vite aussi et hâtent de beaucoup l'arrivée
de la vieillesse. Tout ce qui est excessif nuit à l'homme (1).
La continence chez les vieillards est aussi une condition bien
importante à la prolongation de leur vie : " Senes ex UStt moderati co:Uus fiunt ponderosiores et /1'igidiores, dit Saoctorius, et
ailleurs il ajoute : " Inlerimunl sehes cOÏlus. " Disons cepeodant que le danois Drakcnberg, qui mourut en 1772 à 146
ans, se maria :i t Il ans et voulut se remarier à 130 ans; que
l'anglais Tbomas Parre, qui a vécu 152 ans, se maria eu seconde
noce à 120 ans, tandis que Saint Antoine l'africain, malgré une
continence absolue, ne vécut que [05 ans.
Si tous ces moyens, isolés les uns des autres, sont insuffisants quoique très-bons, ils peuvent, étant réunis, acquérir
beaucoup plus d'importance ct nous amener" bien près déjà de
la solution complète de l'intéressant problème qui faiL le sujet
de ce cbapitr'e. Nous allons donc les examiner de nouveau au
point de vue pratique.
Nous dcvons distinguer d'abord la trauspiration insensible de
la sueur qui use ct affaiblit. « Perspiratio insensibilis juncla
cum sudore, mal a : quia sudor fiurarum vires diminuil. » Sanctoriu ajoute il la vérité : " DicitU7' aliquando bona, qttia a
majori mato divertit. » Ce n'e t donc qu'exceptionnellement que
la sueur devient utile. Elle appartient à la thérapeutique bien
plus qu 'à l'hygiène.
(1) L e ('amphre, dont M. Raspail veut fairc un e panacée, agit sur nouS commc
l'alcool; il dépouille le sall g de son oxygène; il rend le sa ng arlériel analogue au
sang veineux. D nn é sou v nl eth haute dose, aux vieillards surtout, il Ile J) cul
(IU 'èll'c C:O: lr'èmcm(' nl /Iuisihle, qu e favori sel' heallcoup l'arrivéc de la goulle, dc
l'apoplexi , de lu dom 'lice sé nil e. C'esl un poison (illi , P ur.l\' pas èl,'c lrès-ar lif ,
'l'C Il CS I
l'ns moins l .. 'os-dangereux,
�-
272-
Un logement sain et bien éclairé est la première condition
indispensable ~ l'entretien des fonctions de la peau. Ce logement doit être non-seulement vaste, exposé au ~oleU,
à l'abri
de l'humidité, mais il doit être éloigné de tous les foyers de
corruption où s'engendl'ent les miasmes qui produisent les fièvres
typboïdes et pernicieuses, aujourd'hui si communes et si meurtrières. Ce logement sera muni de doubles croisées en hiver et
toujours de la plus grande propreté.
I,e matin et le soir, à moins d'indication contraire, il faudra
se laver de la tête aux pieds à l'eau froide, ce que les Grecs
appelaient psucrolousia, et s'essuyer à l'instant avec un linge sec
et rude. Cette habitude bien facile à contracter a une extrême
importance: elle donne sans fatigue beaucoup de ton à la peau
et la force nécessaire pour résister aux influences extérieures,
infiniment mieux qu'on le pourrait sans cela. Avec elle plus de
rhumes, plus de rhumatismes. Le massage doit être mis en
usage au moins deux fois par semaine, mieux · vaut y recourir
tous les jours. Nous faisons étriller et brosser tous les jours
nos chevaux, pourquoi ne pas avoir le même soin de nos personnes? Ce massage peut être pratiqué même par dessus les
vêtements, mais il a bien plus d'effet sur la peau nue. Écoutons
ce ' que dit A vicennes des frictions chez les vieillards : " Oportet
ut in qua lita te et quantitate sit temperata... et si {ricatio vices
haùuerit interpositas, in vicibus, pannis grossis, aut manibus
nudis absque mantili aut re alia {ricentur : hoc namque eis
con{ert, et interpolationes œgritudinum membrorum eorum pro..
hibet.
1
Les bains de soleU sont aussi d'une grande puissance : les
Grecs, ainsi que nous l'avons déjà vu, les nommaient êliôsin.
Pline le jeune, en rendant compte à Cal visius des habitudes de
Spurinnn, vieillard qu 'il venait de visiter, lui dit: " Ubi hora
balnei nunliala est (est autem hieme nona, œstale octava) in'
sole, si caret vento, ambulat nudus. Deinde movetur pila vehementor ot diu : nam hoc quo que o,xercital'ionis (fenere pugnaC
cum seneclule. "
De temp à autre des hains alcalins eL salés, des élu ves 'mo'"
d rées, des lotions alcalines conviennent, quand surtout les
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273-
fonctions de la peau languissent. Les Orientaux se font laver
avec des savons aromatisés toutes les fois qu'on les masse.
Nous ue pouvons pas espérer une longue et verte vieillesse
si nous ne savons pas nous livrer à un exercice habituel et
suffisant. Spurinna avait 77 alls quand Pline le jeune ]e visitait. Nous avons vu qu'il jouait tous les jours il ]a balle (pila);
il faisait tous les jours cinq. quarts de lieue à pied, en mettant
la plus grande régularité dans toutes ses hahitudes : " Senibus
placida omnia et ordinala cOn1Jeniunt, )) nous dit encore Pline
le jeune. Aussi Spurinna jouissait-il ' d'une santé excellente :
" Inde illi post septimum et .5eptuagesimum annum, Gurinm, owlorumque vigor inleger, 'inde agile et vividum corpus solaque
ex seneclute prudentia. Spurillna exerçait son esprit en même
temps que son corps; mais il mangeait trop, il passait trop de
temps au lit, il ne peut donc servir de modèle qu'avec certaines
restrictions.
Vexercice doit être toujours modéré et proportionné aux forces,
à l'état de la respiration et de la circulation. Les vieillards doivent
éviter soigneus'ement de se baisser beaucoup et longtemps, de
peur de l'apoplexie, que la colère aussi peut facilement produire.
Si à tous le ê\ges le régime alimentaire est d'une bien grande
importance, il en acquiert une bien plus grande encore dans la
vieilles e; il faut beaucoup de régularité dans les repas, la mastication la plus complète possible, des aliments proportionnés
aux forces digestives, aux besoins de l'économie, ni trop, ni
trop pell excitants et d'autant moins ahondants gue la vie est
moins active. Nourrir beaucoup les vieillards c'est les conduire
rapidement àla mort; en effet, les poumons, le foie, la peau,
les rein , tous les sécréteurs ne fonctionnent plus alors que
d'une manière incomplèLe, il ne peuvent plus agir que lentement sur no humeurs: il est donc d'une importance extrême
de ne pa vouloir trop réparer celles-ci.
Si les poumons des vieillards ont une certaine a.nalogie avec
ceux des reptiles, il faut que les vieillards, comme les reptiles,
empruntent surtout au dehors ]a chaleur dont ils ont besoin.
Vouloir faire pl'oduire cette chaleur par de puissantes digestion. , c'est ne pas comprendt'e du lout les nécessité de la vieillesse.
21
�-
274 -
Je ' ne saurais trop insister sur ce dernier précepte; la plupart
des maladies des vieillards sont dues à son inobservation. La
goutte, l'asthme ', l'apoplexie n'ont pas la plupart du temps
d'autre origine, Presque tous les vieillards mangent trop, beaucoup boivent trop aussi.
Le célèbre Cornat'O s'était réduit, dès l'âge de 40 ans, à ne
manger que 12 ùnces par jour d'aliments solides: pain, soupe,
jaunes d'œufs, viande ou poissons, et ~ ne boire que quatorze
onces de liquides. Il avait dû à ce régime de se guérir de la
goutte, de douleurs d'estomac, de coliques, d'une fièvre lente
pt'esque continuelle; mais évidemment la nourriture qui lui
suffisait à 40 ans était beaucoup trop abondante à 100 ans et
c'est ce qu'il ne sut pas comprendre, Comment, me dira-t-on peutêtre, un homme peut-il manger moins de 12 onces par jour?
Certaincment oui; ainsi nous lisons, dans le Voyage en Syrie
et en Égypte de Volney, le passage suivant : " On peut même
dire que le commun des Bédouins vit dans une misère et une
famine habituelles. Il paraltl'a peu cwyable parmi nous, mais
il n'en est pas moins vrai, que la somme ordinaire des aliments de la plupart d'eotee eux ne passe pas six onces par
jour : c'est surtout chez les tl'ibus du Najd et de l'Hedjàz que
l'abstinence est portée à son comble. Six ou sept dattes trempées
dan du beurre fondu, quelque peu de lait doux ou caillé suf. fisent à la journée d'un homme; il se Cl'oit heureux s'il y joint
quelques pincées de farine grossièl'e ou une boulette de riz. La
chair est réservée aux plus grands jours de fête, etc. "
Si donc les Arabes du déscrt peuvent vivre d'une mauière
aussi frugale, quand ils sont dans la force de l'âge et remarquable par leur vie active et leur intelligence, certes on me
concédera bien que COl'nal'o à 90 ans, habitué qu'il était depuis
50 an à oe manger quc 12 onces par jour, aurait dù réduiro
graduellement encol'e la masse de ses aliments et arriver, à 120
ans peut-ètro, à ne mauger que six onec' pal' jour. De cette manièl'C COI'naro aumit donc pu prolonger beaucoup plus sa vic.
Les Arabes du désert vivent , je le suis, sous un ciel de feu eL
pUÏiicnL dan l'atmosphère la chaleur que nous, habitants des
pny. froids , nous sommes oblig~
d'cmpl'Imter à no alimcnts,
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275-
c'est-à-dire au carbone et à l'hydrogène fou mis à nos humeurs
par la digestion, et qui se brûlent dans nos organes au contact
de l'oxygène fourni par la respiration. 'fais la respiration étant
incomplète chez les vieillards, par la diminution du nombre des
cellules pulmonaires et leur agrandissement, cette combustion
de l'hydrogène et du carbone est trop limitée pour fournil' la
chaleur nécessaire alors; il s'ensuit donc qu'il faut que les
vieillards empruntent cette cbaleur au dehol's, comme le font les
Arabes, comme le font les reptiles. Je ne peux pas trop leur
recommander les bains de soleil pris avec les précautions convellables.
J'ai. dit tout à l'heure que les vieillUl'ds mangent et boivent
trop. Le vin, dit-on, est le lait de la vieillesse: examinons son
action sur l'économie.
On peut admettre que le bon vin 'vieux contient en moyenne
12 p. °10 de sou 'Volume d'alcool absolu , composé de deux atomes
de carbone; 6 atOmes d'bydrogène et 1atome seulement d'oxygène.
Le vin contient en outre du suere, de la gomme ct quelque'
acides végétaux. Ces demiers produits sont combustibles, mais
l'alcool l'est beaucoup plus qu ·eux.
.
Chacun sait avec quelle rapidité les liquides alcooliqucs sont
absorbés par le tube digestif, et avec quelle promptitude, par
exemple, le vin blanc et la bière peuvent so uvent pr'oduire leur
action diurétique, combien viLe aU$si les liqueurs alcooliques
peuvent occasionner l'ivregse. "Rapidement amcnées dans le torrent
de la circulation, ces liqueurs offrent parlout, à l'oxyO'ène que
le sang artériel a puisé dans les poumon , leur car'bone et
leur hydrogène non brûlé; partout il y a combinaison do
ces corps avec l'oxygène) il Y a combustion; mais ' cette combu tion tI·op rapide, trop complète, laisse le sang dépourvu
d'oxygène., le noircit ct augmente beaucoup sa viscosité, sa 1'ichesse, par la saturation de ses alcalis il raide d'une partie c1es
résultats de cette combustion. L'ivresse n'e't-elle pus une c1es
conséquences aussi de cette comhustion) ce qui la rapprocherait
sil1gu~remnt
de l'insensibilité produite par le inspil'ations
éthérées? Quoi qu'il en soit, les liqueurs alcooliques (1 (pouillent
�-
2i6-
rapidement le sang de son oxygène, saturent ses bases, diminuent par conséquent sa (1uidité. Dès lors ne donnons du vin
aux vieillal'ds qu'avec
. b aucoup de mesure; ne le considérons.
plus comme leur lait, mais comme urie boisson qui peut bien
facilement devenir pOUl' eux. une cause très-aetive de destructiou.
Au surplus, à toutes les époques de la vie, l'abus des lique'urs
fortes est on ne peut pas plus nuisible, et si rien n'est triste
comme de voir un vieillard se livrer à l'ivrognerie, rien ne
dégoûte autant qu'un ivrogne dans la force de l'âge. Tout ivrogne
est un lâche qui se dégrade volontairement et tombe au-dessous
de la brute. Certes le bœuf qui travaille, la vache et le porc
qui nous 1I0ul'['issent, le chien qui nous garde, sont bien plus
recommandables que l'ivrogne; ce sont des animaux utiles, l'ivrogne est une hèta mlisible à lui, à sa famille, à la société
tout entièœ, et cependant on peut encore Je plaindre autant
que Je blâmer. Combien sont plus coupables ceux qui spéculent
sur cette déplol'able passion, quelqu'élevé que soit le rang qu'ils
occu pent dans le monde! Sou s U1I gonvemcment paternel, on
punit'ait !'Iévèr'ement tout homme rencontré ivre dans les lieux
publics. Quand nos sociétés seront mieux organisées, l'attl'ait
qu'inspirera le travail sufftra pour guérir le peuple de ce vice
honteux,
l,a continence est ordinait'Cment une vertu faeilo à la vieillesse,
mais une vertu indispensable il la prolongation de la vie. « Venus
œlale lanlum florenl'Ï'U1n est,
dit Galien.
l,es vieillards devront faire un fr'(!quont usage de la balance
de Sanctorius, aJjn de micux ul'veiller J e u~ régime et de pou voit'
diminuer un peu la quantité de leul's alim 'uts, toutes les fois
qu 'ils auront plus gagné que perdu. Ce ql1cj'ai dit préeéd,emmont
suffit pour établir l'importance de cc précepte.
La COll ,tipatioll est habituelle etllécetisaire aux vieillards: c'est
unc dcs sages précautions de la nature, qui ne veut pas quc le
vieillard, dont Ja peau et les l'eill, l'on"liounent peu, porde
trop de bile, ce qui ujoulcrait encore au)( 'auses déjÀ si nombreuses qui tendellt ù augmentcr chez lui la plasticité du sallg et
ù le pr'édisposer aux cOllgestion l 's plu ' graves. Leli pUl'qntifs
JI
�277 alors ne sont donc que bien rarement utiles et ils doivent être
administrés par un médecin aussi savant qu'expérimenté (1).
L'expérience prouvera qu'en revauche les vieillards se trouvel'ont bien de quelques toniques du système nerveux, donnés à
dose modérée, tels que le café, le thé et même l'arnica et la
vératrine.
T.."électricité a été souvent essayée en médecine, roais jusqu'ici
avec peu de succès, parce crue l'on ignorait la manière de le faire
utilement i elle pourra cependant devenir un puissant rqoyen de
cOllservation pour les vieillards, et si je ne suis pas trompé dans
mes prévisions " on doit pouvoir, à 'son aide, rendre à la peau
la plus gl'ande énergie. Il faud/'ait pour cela faire prendre aux
vieillards des bains d'électricité positive suffisamment prolongés.
Ce8 nains devront effacer les rides, rendre aux cheveux la couleur, la force et ' l'épaisseUl' qu'ils avaient perdues, aux veines
superficielles leur ancienne énergie. Il est probable que, sous
l'influence de cette action électl'ique, le tiS8U ~eluait'
souscutané se développera de nouveau, que tous les sécrétetlrs reprendront une vigueur nouvelle, que l'homme retrouvem ainsi
toute la force de l'àge mûr. NIais, dans ces ex périences qui
promettent tant et qui tiendront peut-être tout ce qu'eUes promettent, il faudra procéder encore avec une sage lenteur, toute
excitation vive étant nuisible dans un âge avancé.
(i) Tout ce que j'ai dil du régime des vieillards et de la nécessité de leur communi(!uer la chaleur quc leur respÏl'ation incomplète ne leur permet plus de demande."
uniquement à leur sécrétions, cst parfaitement applicable aux pbtbisiqucs. Aussi,
vouloir cngl'aisscl" ceS derniers, c'est vouloir les tucr rapidement. Illenr fa.ut pcu
d'aliments ct des aliments azotés, usant peu d'oxygène et réparaht facilement les
tissus; mais il faut (IU'ils vivent dans une atmosphère toujours très-chaude, à 28 ou
30 degrés Réaumur, a~nsi
toment de la phthisie.
que je l'ai indhlué au chapitre où je m'occupe du tl"ai-
*
�-
278-
CHAPITRE XXXVJI ET DERNIER.
UOIIC)lIl!!ioll.
J'espérais, en commençant cet ouvrage, pouvoir consacrer plu's
de temps à sa rédaction, mais les exigences d'une nombreuse
clienteHe m'en ont empêcbé. Si je me décide à le publier malgré son imperfection) c'cst que je le crois utile) non-seulement
pour faire mieux apprécier la valeur de nos eaux minérales,
mais aussi pour montrer combien la médecine peut faire de
progrès en s'aidant pour cela des science physique et chimique,
qui seules peuvent lui imprimer une marcbe assurée el l'arracher enfin aux séduisantes et dangereuses hypothèses, qui
jusqu'ici, pour]e malheur de l'humanité, occupent une si grande
place dans son hi toire. Quelques-un de mes lecteurs trouveront peut-être que j'ai accordé trop d'importance aux lravaux
de mOn frère; mais en y réfléchissant mieux, ils compl'ClldrOnl
que la découverte des fonelions du tissu cellulaire el celle de
la loi des sécrétions organiques ont nécessairement la plu
grande valcur, au double point de vue de la ph)' iologie et de
la thérapeutique. Ce n 'c t pas que celle découvel'le puisse à
elle cule constituer toute la médecine, il s'en faul hieu même;
mai lléces airement elle e t appelée à exercer sur elle une grande
et heurcus influence. Ou me demandera peut-être pourquoi, d puis dix ans qu'elle e t publiée, elle n'a [las eu plu de succès
dan le monde savant; c'est par un motif bien impie: mon
fr l'e a le double tort d'ètre Frunçais et provincial. « Nolre
nation, dit Fourier, méprise les inventeurs nés en :Frunce; elle
n' lime leurs découvertes que 10L'squ'elles ont pa é la mer et
qu'Iles reviennent en costume lIoglais. Les Français Ile v ulent
�-;-- 279 -
accueillir aucune invention dans sa naissance et r ev~ n diq u ent
après coup toutes les découvertes (1). »
Si j'ai beaucoup puisé dans les travaux de mon frère, j'ai
beaucoup emprunté aussi à cenx de MM. Liebig, Dumast, Andral, Gavaret et aulres savants de notre époque . J'ui également
beaucoup demandé à nos prédécesseurs; peut-être ai-je cité trop
souvent ces derlliers , mais ne pouvant m'entre,tenir qu'avec eux
ùe la science à l'étude de laquelle j'ai consacré ma vie . éloigné
que je suis de tout centre scientifique, on me pardonnera cette
prédilection . D'ailleurs nous ne pouvons que gagner beaucoup à
la lecture des anciens, et bien souvent, ainsi que je l'ai fait remarquer à l'occasion de l'ellébore et de la vératrine, la science
moderne dans ses dernicrs développements ne f::tit que confirmer
l'expérience antique . C'est une chose digne d'admiratiou que les
ressources de la médeciuc dans ces temps reculés. Combien d'entre
nous, et parmi ceux qui ont le plus de vogue, seraient des médecins très-médiocres il côté de Cœlius AUI'oolianus ou de Galien!
Mais la médecine ancienne, que ces hommes éminents nous ont
tran mise dans leurs immortels' écrits, est encore vivante euez
des peuples nombreux, lels que les Chinois, les Indiens, les
Arabes) et si, moins confiants dans nos lumières, nous allions,
at'més du doute philosophique, demander à ces peuples tous
les moyrn!' qu'ils emploient contrc la maladie, certes il y eu
aurait beaucoup qui seraient sans valeur, mais nous aurions
encore une bonne ct bien abondante moisson à recueillit' chez eux:.
Les CLinois et les Japonai nous raconteraient les merveilles de
l'acupuncture; le Indiens nou apprendraient de même, ainsi
qu 'une foule d'autres vieux: peuples, tout cc que l'on peut obtenir du massage eL de l'étuve, ainsi que les ressources que leur
fournissent, dans beaucoup d'affcctions gra ves, leurs plantes médicinales, puissanles comme le ciel des lt'opiques. Enfin, chez
tous ces peuples, étudiant les causes des épidémies qui les déc.iment, nous trouverion que ce del'Oières sont duc aux miasID<:s
que dégagent les matières organiques en décompositiou, et qu
-(il 'J'raité de l'flsJociatio71 domestique agricole.
�-
280
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la peste, la fièvre jaune et le choléra n'ont PL
que nos fièvres rémittentes, aujourd'hui confondues ~
si impropre de fièvre typhoïde. L'hygiène publique et la thérapeutique gagneraient donc heaucoup à ces recherches, que nos
sociétés savantes devraient encourager de leur mieux. Elles amèlieraient déjà une élévation considérable de la moyenne de la vie
humaine; le nombre des vieillards augmenterait donc beaucoup
aussi, en attendant que les doctrines que j'ai émises sur la vieilJt'sse, et sur lesquelles je me propose de revenir dans un traité
particulier, soient devenues des idées adoptées par la pratique
générale; doctrines qui, du reste, comptent l'hygiène publique
au nombre de leurs plus puissants moyens.
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AVANT- PR OPOS. Plombi ères; 'son origine .. ..
Les mUl ' j~ ys de Plombières sont des moraines
Les bains de Plombi ères . . . . . . . . .
Eaux savonneuse et ferrugineuse . . . . . .
Ca uses de la chal eur des eaux thermal es .
Bibliographi e . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Plombières, quelques-uns de ses baigneurs et ses. promenad es.
Règlement des baills. . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..
CUAp. j. L'eau thermale, l' eau savonn euse et l' eau feL'l'u gineuse
CIlAI'. 2. Des fonctions de la peau . . . . .
CUAI'. 3. Du bain chaud et du bain tempéré.
CIl AI'. 4 . Des douches. . . . . . . . .
CIIAP. v" . De l'étuve . . . . . . . . . . . .
CUAP . G. De l'cau thermal e el! boisson. . .
CIIAP. 7. De l'eau savonneuse et de l'eau f e l'r~ g in e u se en boi s on .
CUAp. 8. Des ventou es t du massage . . . . . . . . . .
CU /\I'. 9. Des causes des mal adi es ou de l' étiologie. . . .
CUAI'. 10. Ialadies de la pcall , atoni e de ce tte membrane
CUAp. 11. D s érèsipèles et d s sueul's exagét·ées. . . . .
CIIAP. 12. Maladi es du tube digestif , pharyngites chl'oniques ct gastl'algie . .. . . . ....... .. .... .
CUAI'. 13. Ga trit s et gasll'o-entél'ite chroniqu es. . . . . . .
CUAI'. 14 . Du relâchement des parois abdominales . . . . , .
CIIAI'. 15. n e l' hydroth érapi e et de la méd ci ne d M. Haspail
CIIAI', 16. Maladi s chroniqu s des reins ct de la vessie
CIIAI' . 17, bl adi s de POill'ill . . . . . , , . . . . . . . .
CIIAI>. 18. Maladi es de ol'gall es g "nil3l1X . . . . . . . . . .
Cl/Ar . 1 (J . De la st61'ililé chez 1 femlll s et de moy ns de la guérir .
Cl/ AI' . 20. Tum urs libr us S.
Cli Ar. 2'J . ICydl'opisi s. . . . .
Cl/A l'. '22. De l'obésité 0 11 Jloi ' :U' 'ie
CUAI' . 23. Apopl éxie . . . . . . . .
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H JQ
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CUAP. 24. De la folie, opinions des médecins ancicns ct moderncs SUI'
celle maladie . . . . . , . . . . . . . . , . . . .
CIIAP. 2!). Critique des opinions précédentes sur la folie.
CUAP. 26. De la nature de la folie .
CIIAP. 27. Étiologie de la folie
CHAP. 28. Traitement de la folie
CIIAP. 29. De l'épilepsie, de la catalepsie et de l'hystérie
CUAP. 30. De la paraplégie.
CUAI'. 31. Du cancer .
CUAI'. 32. De la goutte.
CUAI'. 33 . Rhumatismes.
CIIAI'. 34. Tumeurs blanches.
CUAP. 30. Inflammations des muscles, des tendons, des os et des cavités synoviales, par suite de fractures ct de luxations.
CUAP. 36. De la vieill esse et des moyens dc la prolonger.
CUAP. 37 et dernier. Conclusion. . . . . • . . . • . . .
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l'ago
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7
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2
a
Au liou de •
Lilel :
goût quand ...
Les reins, sécréteurs ...
Quand la peau.... quand 1('
_tube ...
avaient déjà envahi .. .
ang trop peu alcalin
elle lombe
oit d venue
partiellement ou inégal ment
éleetri é.
(1 ) Voyez à la page 239 la 11 ;S' observation.
goût. Quand ...
L s reins, organes .. .
Alors qu la Jleau .. . alors qu
le tube ...
avaienL envahi .. .
ang trop acide
ct 1 s lob s
esL devenue
partiellement éleelri é.
�·.
�B.M. DE VICHY
1111111 111 111111111111 111111111111111 11111 11111 1111111111111
3584520044
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Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes
/BCU_Vichy_album_de_photographies_247365.jpg
Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Plombières-les-Bains (Vosges)
Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Title
A name given to the resource
Eaux minérales : Luxeuil-Plombières [recueil factice]
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Baillière
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1857
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) TH 615.853 BIL
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Crénothérapie -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Eaux minérales -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Cures thermales -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France – Plombières-les-Bains (Vosges) -- 19e siècle
Eaux minérales -- France -- Plombières-les-Bains (Vosges)
Cures thermales -- France -- Plombières-les-Bains (Vosges) -- 19e siècle
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
72 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
Demi reliure verte, dos plat, filets dorés, titre doré. Dedicace autographe de l'auteur sur page de faux titre de "Notice sur les eaux minéro-thermales de Luxeuil". Contient : Notice sur les eaux minéro-thermales de Luxeuil et spécialement sur le bain ferrugineux / par le Dr A. Billout ; Etudes sur les eaux minérales en gén{phono}eral, et sur celles de Luxeuil en particulier .../ par Barnabéé Aliès, .... Paris : Baillière, 1850. - XLVII - [4] ill. - 220 p. ; Des paralysies ... et de leur traitement par les eaux thermo-minérales de Plombières/ par le Dr Lheritier, ... Paris : Germer Baillière, 1854 - (VI-320 p.) ; Hydrologie de Plombières ou nouvelles recherches sur la rendement, la température et la composition chimique des sources de Plombières. Paris : Germer Baillière, 1855 - 154 p. - [1] f. de pl. à dépl. ; Du mode d'action des eaux minéro-thermales de Plombières / par L. Turck,... 4e ed. Paris : Baillière, 1847 - [6]-XL-282-[1] p. Dédicace de l'auteur à M. le Dr Champion
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine publique
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Hydrologie_de_Plombieres_358452
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/22/26599/BCU_Hydrologie_de_Plombieres_358452.jpg
Crénothérapie -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Crénothérapie -- France – Plombières-les-Bains (Vosges) -- 19e siècle
Cures thermales -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône) -- 19e siècle
Cures thermales -- France -- Plombières-les-Bains (Vosges) -- 19e siècle
Eaux minérales -- France -- Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône)
Eaux minérales -- France -- Plombières-les-Bains (Vosges)