1
100
4
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/12/39193/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20696_1205592.pdf
8cca65573837758c61590fe4161f0310
PDF Text
Text
30 centimes
LE ROMAN COMfLET
,
MARIE THIÉRY
. -=--+-oE'-.
LA PETITE "DEUI SOUS"
LES MAITRES
DU
ARTHtME
ROMAN POPULAIRE
FAYARD et Cie
18-~O,
Editeul'll
Rue du Saint-Gothard, PARIS
18·
�/
�MARIE THIÉRY
- --+_.
f
1
.
,
"
•
/
r
1
,LES MAITRES
ARTH~ME
DU
ROMAN POPULAIRE
fAYARD d C.
18-20. Rue du SlUnt-Gothard. PARIS
�P 1 CESSE E FLLE DU PEUPLE
par Maxime LA TO II R
Le rc):man complet: 30 centimes
co.O&
II palJ'"&Ura désoJt"mais, et
'5 do cbtJi4que mols
v@lume le
UIB
....
GRINGALEtTE
jfilSfgaK'à nDUVfFdl Ol"'diliflO,
LE COQ DU VILtAGE
MALlCEï
PAR LÉON
RIVALITÉ D·' À'MOUR .
PAR PIERRE
UNE
DE NOCES
~JUIT
PAR CHARLES
MARIÉE A SON PATRON .
MORPHY
MICHEL
A. MATTH EY
RENË
ROCH!~
AMANT ET JUGE
PAR CHARLES
ILS DE JACQUES
PAR
LADOUCETTE
PAR FERNA N D-L.AFARGU E
GASTYNE
LE CORPS D'ÉLISA
L.E
PAR EDMOND
FLORAISON D'AMOURS
LA NUIT ROUGE
PAR
L'AMOUR ET J}ARGENT
PAR ,JEAN
MALDAGU E
PAR JULES DE
i.
CALVAIRE D'AMANTE
CHAlfi"E MOR.TELLE
PAR GEORGES
LA TOUR
PAR MAXIME
MÉROUVEL
LA DAME AUX VIOLETTES
PAR
GERMAlfiJ
PAR HENRI
SALES
DE PON -JEST
ESQU 1ER
MOINS FORT QUE L'AMOUR!
PAR PIERRE
SALES
-~
POUR L'HONNEUR d'une lVJÈ E
-'
Chaque Volu~e:
PAR JULES
DE GASTYNE
3 0 canti:n:n.es
�"
PREMJÈRE PARTJE
LA NUIT DU aWUltTRB
- Il Y a là une femme qui demande si monsi-e41r
le barOJ.J. peut ra recevoir.
- Comment est-eJle, Ur.bain?
Le valet de cllal11bl'c cul. uno grimace équivoque..
- Ça n'a pus l'ail' très ... trè: ... ço. me fait l'efl~t
d'un~
;quémnndeu.se, quoi ...
ILe baron tRaoul de F , oJ.b~]'l
ho.ussu. les éjJau,l es
avec impaLi.enoe.
- Demandez-lui son nom..
- Je l'ai .fait. Elle m'a 1'6pondu que c'était
jnulilo, que monsieur devinerait.
- ,le ne d.evlne rien du tout.. Dites à celt~
personne que soi ehle refuse de se nommer, je refuse,
moi, de 10. recevoir .
Raoul avait quest.iomLé Sull dome.~Liql
d'une
voix par(ait.ement CBlme ; il conlinuai t de oouper
Bans l.J::d.o les pages d'une revue'. Mai.s lorsque Urbain fut· sorti ct que kJ buron se retrouva seul,
son masque tomba.
Son vis8Jge aux traits réguliers pAUt d'inquiétude ; ses yeux très grands, très beaux, d'un vert
glauque, s'emplirent d'épouvante.
- Non murmura-t-il, {)'cst iJnposb~e
. EUe ne
conn aH p'as mon adr.es-se ... Je suis fou de m'unagiller .. .
Il promena autour de lui un re~ac
qui sc russurnit. Il fl:l'isa.it hon dan,s loC fn11l01,r bl,en clos. Une
lampe voilée de jaune pâle éclnirait fnibl.emenL les
P~eaux
de cuir ·r epoussé, leos meubl~
de noye.r
ClSeùé" comme des jOy8lux. Un feu clUlI' fhunbAlt
délllS l'atre ~ l'odeur très rlouoe du tabuc d'Ol~
nl
fiptto.it. Uno pendule Louis XVI en cuivre {ouillé
sonna sept heu.res.
Juste il ce moment Urbain l'evint, sa figwre glabre toute l?li.ssée de dégOilt.
. - I\.I0l1s1eur le buron, c'est bien s'llr une mendlanLc... ou une Î.QlI~
€olUe prétend reslier là jusqu'à ce qu'elle ait vu 'monsieur.
~oul
mi~
sa main devant son visage ; la lua:Ilèr~,
.sub
lte~n,
pa1'llissait l'incommoder.
PUilS il r€pnt sans qU<l su voix trembl<l.t :
- Vous avez raison Urhain ce doit ~t.re
une
rO'lIe. Débarrasooz-m'f>n' ('nrnm'" Vn11R nnnrrp,
- FoJJe... folle T Ef.es-.v()us s'Ill' que je sois folle'
UrbUtn s'6cul'w', pfJ.~
de peur.
Brusquement relevé, très 1)àle, le baron regardait la femme qui venait d'entrer.
. EUe se t.enait sur le 'seuil, adoooée à la porte
qu'elle avait ouverte gllid-ée par le bruit de.s voix.
Bien qu'el'I e fût dans la pénombre, me.rrte si sa voix
ne l'avait trahie. Raoul n'aurait pas héSité à la
reconnaître.
Il y Elut lin instant très court d'immobilité ct
de silence. Le premier, Urbain, retrouvant sOn
sang-froid, s'avullçn menaçant vers l'intruse.
- V{Jus aLlez dégneTpir, vous.
La voix de son maUre parut étrange à Urbai.n.
, cette
Elle ne frémissait {JEts seulement de ~olère
vo~x,
mais aUssi ù'épouvante.
La femme, lentement, s'avança. A mesUNI
qu'elle entrait daM la lumière, la misère de ses
vêtemen'Ls a.pparaissait plus évidente. Un chàl8
usé, rejeté en arrière, découvrait un corsag,e éJ.imé, mal entré dans la jupe sans celnlure ; res
mains nues, d'une pA.lellr de cire, se crtS'p/lient
sur sa 1)0.ifJrin,e. U.ne forme sans garnitures couvrait ma.I ses chev1cux cn déoordre.
Il pl,euvait. Au dehor,s, l a bise (le déccmbre soufflait dur. La malheureuse, en ses loaues mouiU6es,
tremblait. Mais une audace désespérée se ljsait
d.ans ses yeux creusés, sur son masque de souffrance. Une respiration haletante écartait see lèvres décolorées.
- Ln ilS'Sez, Urbain, répéta le baron.
D ajouta, ju,g,e ant nécessaire d'exp11iquer oe que
sa. conc1uil€ avai.l d'étrange pour le larbin.
- C'est une mfllll1eurouse que j'ai déjà secourue.
Une pauvre créaLure un peu dél.r.a.quoo.. . Ne La.
bI'lüalisez pas.
La f,emme ente:OIdit. Elle eut un rire qui, v'l'alÏment, ressemblait à un rire de <1tm en te.
Sur la pOl'le quo refermait derrière lui sou domesti.que, RAOul fit retomber la IouT'de portière qui
devlliit amortir l(!ls voix. Cette précaution p11se
le buron revint à sa visiteuse.
'
'
- Et mainlooant, iu vas m'expliquèT corn.rn..ent
tu es ici 1
Elin ne ré'pondit pas, regardant avec llue avide
surprise 1.0 décor de lu:xJe où elle se tl'ou>vait. RI/loui
la prit ']XlI' le bras et la secoua rudement. Alor~
elle toumu vero luti son visruge c,"ang·uE> sur lequcl
se peignaient la révolte et l'horreur.
- Comment · j.e snis toi? C'est sLmple. Je connaissni.s I.e nom <lont lu L'arru.blc.s ... n m'a été fàaiJle de ne pas te perdre de yue.
- Ainsi, tu me fois esiplionn.er?
Sans hésiter, la femme avoua :
- Oui, je t'espionne.
- Pns loi... Tu ne pnu v 8Jis le hire S{lns que je
m'en R{)is ap{'rçu ... QuoIqu'un t'uiJ û .
- C'-ost possible. Est.-iJ. vrai qlle dema1n tu te
maric3 ?
n ricann..
- Ma pauvre YVO'I1ne, si l'cspion à. tes ga~
�La 'Petite "Veuz Sous,"
faisait mieux son métier, tu seMis fixée sans avoir
besoin de me fadre œtte question. Oui, je me maTie demain. J'épouse Mlle M~rgeit
~arte,.
la
fille unique de Jean Martet, le nchisslIDe mdll'slnel.
Le père m'a.ooopte pour mon titre; sa fille pour
mOli-même, et ma belle-mère parce que sa t:Ule me
veut. Voilà 1 Y...a-t-il encore quelques détails que
tu désires connaltre 7
Sans relever la raillerie, elle dit: froidement ré601ue :
- Tu ne te marieras pas.
Il eut un geste résigné.
_ Naturellemen L. Je ru 'y attendais... La. classaque scène de jaklUsie.
. .
La femme eut un recud. Ehle prote s t8:, mclignée :
- De la. jalousie 1 Est-ce que ru ne sais pas que
depuis lcmgte~
- .si lon.gte~ps
-: je n'a~
plus
pour toi que du mépTLs 7 De la JalousIe! 0001 pour
toi, miséra.ble 1
.
- Ah 1 non, je t'en prie, pas d'injures 1... Je
~uis
patien t, tu le Vo1..'3 ••• Je te conseille, pourtant!
00 n'en pas abuser. Si t~ n'as vraiment .pour ,mOl
que les sentiments ... obligeants que tu dis, qu estce que cela peut te faire que je me llDarie ?
- Ecoute... Te souviens-tu de tes mensonges
pour me séduilre lorsque j'étais une honnête fi,lle,
laborieuse et crédule 7... Tu t'es donné comme un
incompris poursuivi par la maldl:1arrlce. T~
me promettais de m'épouser plus tard. Je tal cr~.
Je
t'aimais trop pour raisonner... Ah.! le rév~il
es~
venu vite. Mains d'un an après, J ap'ren~s
qUl
·tu étais ce qu'était ta vie ... et je te chassals:
_ Oui inber.rompit Lf'Oi:dernoe'nt le baron, ]e me
BOuviens: Tu m'as rendu, ce jour-là, un fier ser-wce : tu m'encombrais ...
- Je t'encombrais d'autant plus que j'allais être
mère ... Tu ne t'es jamais demandé ce qu'est devenu notre enfant?
- Ah! j'ai..
- Une fille.
- Charmé de l'np'prendre 1 Elde se nomme 7
- Yvette.
- Comme sa maman. C'est très gentiJ.
- Ne raille pas.
- Je n'en ai guère envie... En as-tu long enoore à me raconter?
- Jamais, poursuj-vit U!. femme, j~ais
Yvette
ne saura qui est SOD! père. ENe me oroü veuve.
- C'est tout comme ... Quel Age a-t-elle donc?
- Calcule.
- Huit... Neuf ans.. déjà 1
- Déjà.
- Bon. Ta Me a neuf ans, eIl1e te croit veuve,
~
me méprises ... Ce doit être à peu 'près tout ce
~e
tu as à m'apprendre?
- J'ai à te dire que tu n'épouseras pa~
~e
Martel. Ni elIle, ni une autxre. Assez d'une Victime.
- Très bien. Comment co1lld>tes-tu t'y prendre
pour m'empêcher de me marier?
- J'arracherai ton masque.
Raou] vit en elle une résolution implacable, et
80n a ssurance faiblit.
_ Qu'y gagnerais-tu, ma. ~auvre
fille T
- D'avoir faH mon devOill'.
_ Ln belle avaMa 1... D'abord, te croirait-<>n '1
EUe ne répondit pas. Mais ses yeux brillèrent ~
ce regard inquiéta un instant le baron. Est-<ce que,
par hasard, eale aurait des preuves '1
A cet instant, une sonnerie du téléphone VÜll'ù
dans un angle du fumoir. Raoul y courut.
_ AllO J... Oui, c'est moi... Comment, déjà ~ui
heures 1... Excusez-mai... C'est mon homme d alfaires... arrivé sans crïeJ:, gare.... Non, non, ne
m'attendez pas... dtnez, ) a.rnveral a~rès
... , MaTi
«uerite n'est pas fAchée ?.. Au reVOIr, OU1... ~
tout à l'heure.
n raccrocha le récepteur et revint à Yyonne.
_ Fin.issons-en, dit-irl durement. Cmnl>len you.Iez-volll! ,
-
-ll.!>
Vous m'avez bien oubliée.. .
Enfin, que ~rétcndez-vous?
~
Je vous l'ai dit : je veux sauver la malheureuse que vous allez perdre. Si, de bon gré, vous
ne rompez pas ce soir même ... la famUle MarLet
sera avertie dem ain.
Tu es folle. Puisque tu étatis si bien décidée
à m'empêcher de me marier, il falLLait t'y prendre
plus tOt.
- Je viens d'être très mal8Jde ... si m8!liade qu'on
n'a pas voulu me bouleverser par la nouvelle de
votre mariage. On a cru bien faire en se taisant.
- Mais qui cc on H, sapristi 1
Elle serra ies lèvres, comme 'POur retenir un
nom prêt à jaillir.
- Ecoute, Yvonne, j'en ai assez de cette pctite
fête de famille. Fais-mOÏ le plaisir de t'en aller.
- Non. Pas avant que tu m'aies promis ...
- Oh 1 Tu m'embêtes 1...
- Promets ... et fais attention que je veillerai. Si
tu me trompes, je parle.
A tout hasard, repris par son soupçon, il rép6la :
- Tu n'as pas de preuves.
- Si 1
Etait-ce un défi ? RaOUl le pensa'. Cependant,
une terrible colère gronda cn lu.:i. Mais il se domina.
- C'est bwn, dit-j,]. Tu me mets le marché en
main. .. Laisse-moi au moins le 'temps de la réflexion ... LalÎsse-moi. .. ne ro l~ce
qu'une heure. netourne chez toi. Je t'y suivrai de près, et lu s~u
ras alors ce que j'auroi déci-d6.
Elle hésita 1.m in~ta.
- Sail! dil-Qllc enfin, je t'allendraL. mais à
une condilion, c'est que tu n e te feras pas connattre d'Yvette ... D'Ili.lleurs, je ferai en sorte qu'eJ,le
dorme. Voici moq adresse ... C'est tout en haut, la
porte juste en face de l'eSICali er.
- A Grenelle! fit dédaigneusement le baron en
lisant le feuillet de papier que la femme lui tendaH. Heu:reusœnent que j'ai mon auto. Allons, file ...
Il a.ppuya Je do,igt SUT un timbr-c. Aussitût, le
vlli-ct de ohambre pa.ru 1.
- Alors, c'est convenu, disait]e baron, comme
poursuivant une tranquille conversation, vous allez
être bien cQurageuse. Je promets d'intéresser il
vous Mlle Martet. Allons, au revoir 1
llille ne protesta point. Le front bas, tout à coup
lasse à tomber, elle suivit Urbain.
Un long moment, le baron Raoul de Folbert se
plongea dans doo réflexions qui ne devaient être
ni douces, ni rasunte~,
à en juge.rpar l'expression violente de ses traIts.
Urbain, encore, vint l'arracher à lui-même.
- L'automobilr. est devant la porte depuis sept
heures et demie ...
- C'est bon, elle attendra.
LI est patient, le chauffeur 1 monologua Urbain... Ça a de la vertu ces Italiens 1 11
Cependant, malgré la vertu que lui reconnaissait Urbain, De-ppo s'impatientait.
Ardvé après rentrée d'Yvonne, il ne compr nait pas ce qui pouvait bien r etarder le d6par1.
Erugoncé d6ns sa fourru.re, la casquette J1abnLtue
sur ses yeux, il fai sait les cent pas sur le trottoir devant l'auto étincelnnte.
Tout il coup, Heppo arrêta sa marche : une femme sortait du porche. C'était Yvonne.
Beppo regarda curieusement la mis6rable ; comme elle allait passer devant le challffeur, elle relEWa la tête. Beptpo, dislinclemen t, put remarquer
les yeux trop brillants, l'expression lJ. ln foLs réBolue et désespérée ùu visage.
te Esb-oe que te ça 11 cn vient 7 11 murmura-t-il
en .suivant dies yeux la pauvresse qua. s'éloignait
mnmtenant touLe courbée.
Un long tern;p.s s'écoula encore. Beppo songeait
- :Vous êtes prêt, J3eppo?
-=--
1(
�~
r;ié-
La 'Petite
-
U
'Deux Sous ..
Oui, monsieur le baron.
============================== . 5
.
Le chauffeur, respectueu sement, ouvralt la po:-
Hère. Le baron , un insLunt, s'arrêta devant IUl.
il V01X basse quelques mot!} auxquels r~P9n
<1it une exolamation étouffée de .B eppo, pliS la
portière claqua.
.
Vingt minutes pilus tard, l'automobile stoppa.1t
il. l'entrée d'une des rues les plus ét~oies
, les
plus pauvres les !plus affreuses du Vleux GreMJ.e. Beppo' avait arrêté assez loÏin de. toute l ~ lr
mière et la voiture sombre, dans la nud, se distinguài.t à peine.
Le chauffeur ISe 'Pelotonna dans son mamtean,
tandis que, d'un bon P&S, Raoul s'éloignait. Toul
en marchant il cherchait à li.re les J].uméros. Enfin i.l trouva.
.
L'entrée était si étroite, si obscure qu'uIl:e secoode· il hésita. Enfin hl pénétrE!: dans le o~ulI'.
Au
fcmd, une petite flamme trouru.t l'obscurlté. Raoul
se dirigea vers eUe. .
Elle provenait d'un lampion au pétrole ;. UDe
fumée noire d'une âcre puanteur prolongeait la .
courte fta.rnm~
C'tétait plutOt une lueur qu'une
clarté mais elle suffisait pour rendre presque dlSt~n c~
les premières marches d'un escaLier raboteux, Raoul s'y e1ngag,ea, grayit ll·O.is étages.
C'était une de ces baiSOOS et vI,eilles ffiMSOillS ap1J€'le.és à disIJaradtre.
<1 Toul en haut ... )) C'est ici.
La porte, entre-b;âillée, lai:s~t
écha'])per un filet, de lumière. Etalfr.ce un oUllh ?.. Yvonne vouh6si toJtion chez son visij{lit-elle empêcher ~oute
teur ? Sans frapper, RaouJ pouss a le ballant.
Il y avait dans cette cl1ambr'e, .extrêmement pet.ite, un lit de fer ~ un burfet de bOlS blanc, un fourneau l'ouilllé el deux chaises. SUT le buffet, une
as.siette contenait encore queiJqu€:S pommes de
!.erre bouillies ; tout auprès, Un litre à demi plcin
d'eau un bol ébréché, un tro nçon de pain ct, posés a:u bord d~ l'assiette, deux fourchettes d'étru1n.
et un couteau.
C'était un couteau c1e poche dont Yvonne avait
dI1 se servir ce soi.r, un couteau assez grand, à
lame très aiguisée,
Le regard du baron gliRsa sur oes choses pour
s'arrêtel' sur Yvonne elle-même, assise près du
buffet, Elle dormait, renversée sur le dossier de sa
chaise, Une bougie posée à l'angle dU meuble
éclairait en plein son visage émacié.
Ce visage était si pè.Je, si douloureux qu'un,e vagu'e pitié lllmolJiil ·u n peu le cœur de Raoul.
Yvonne dorma.iL-ell e vl'aiment ?
. N'était-ce point plutOt un évanouisseanerlit qui
l'avait jetée là ?
Le baJron s'approoha, prêt à l'appeler. MailS, sos
yeux s'abaissant, il vit SUl' lœ genoux de la malheureuse un carton desl,iné à servir d'a pupitre et
une petite fiole d'encre quc, cl'une main, eUe retenait encore. De sa main droite le porte-plume
avait gUssé, tacha.nt la page commD!lcée,
Cette ,page, écrite su r une g r.a nde feuilLe de papier 'l,œdrhllé, le baron &e pencha pour la lire.
li lisalt, courbé, aLLenLiI maintenant à ne pas frO1er la dormeuse.
L'éonture était mWladroite, un peu !.reIIlbJlée.
~( Madam.e, quoi. qu'il doive m'a,rriver, je ne puis
lru.sser un miséruhLe vous vol,e r votJ.e ooIanl... ))
Le visage du ba,roiD, <J'u.bnncL empourpré de colJè·
l'e,. ptLlissait de plus en plus, il merure qu'.iJ. avan·
gall dans Sl/l Iedure.
,
Tout de suiLe, Yvon ne jctait ses accusations. EJlJe
<lisait qui était (;6 baron de Folbert aux man ières
si distinguées ; et les fails pr6r:is s'ajoutojent aux
faits . . De~
détai'ls probant!4, (h1S noms, des dates
constituaient, en cette leLtre encore inachevée, Uu
terrible et f?Udroyant rél'Juisitoire.
Raoul lut JUsqu'au bou L . puis il resta un moment immobile, cloué par la stupeur.
n dit
~
Il Ainsi, songeait-iJ, elle sait toute ma vie 1 B
faut qu'elle se taise. L'y forc er.; . ÇOmen~
? ))
Il prit la lettre, doucement 1 attira à lUl.
La d·ormeuse ne bougea point.
Raoul approoha le papier de la bougie. La t1am~
me monta. Raoul, qui tenait toujours la lettre
dans ses doigts, la lalssa se CODSUJmer.
Sentant la chaJ.eur atteindre ses doigt.s, il posa
SUI" le buffet ce qui r:estait du ' papier où ne de~
meurait plus auoune Wace d'écriture.. Et, comme
il retirait sa main, elle frOla le mancbe du couteau
ouvert. Il tr-em.bla plus encore.
Instinctivement, ses yeux firent le tour de la
pièce. Il ne dist.ingua point, inerte dans J'enfoncement du lit, une toute petite chose informe, un
corps d'enfant frileusement pelotonné sous la trop
mince couverture.
Yvette dormait. Elle obéissait à sa maml/ln qill,
en la couchant de si bonne heure, lui avait dit en
l'embrassant avec plus de tendresse, peut-être, que
d'habi tude :
- Dors vite, ma' ohérie, pour me faire plaisir.. .
Yv'ette dormait, Yvonne, évanouie ou tenassée
par la fatigue, lI1e faisait aucUill mouvement.
Le baron Raouil de Folbert, les yeux un peu hagards, promena ses doigts sur le couteau, puis son
geste hésitant s'affirma: sa main se referuna sur le
manche.
Une sueur froide mouillait ses tempes .
Yvonne dOI'mait ' toujours, la tête renversée. Sur
son cou amaigri les veines se tend<aient en saillie.
Le br8JS de RaouJ. se leva' et s'abattit avec la soudaineté d'un éclair.
.
Un fiat de sang jaiUit 00 la gorge trouée. D'un
bOllld, Raoul en évita la soui1Iwg, il y eut un'e ohute lourde, des soubI'eStauts, u.n rAl'e ...
Alol's SUI" le lit quelque chose bougea... Raoul
se re~ouna.
Yvette s"éteit réveillée. Rledress'ée, livide, les
yeux fous, elle regardait cette cl10se épouvantable :
sa mère assassinée, se tordant encore ...
L'enfant ne criait pas. De sa bouche convulsée,
nul son ne pouvrut sortir...
Raoul bondit vers elle, le bras de nouveau levé .. ,
MaLs soudain il crut entendre Yvonne lui dire :
Il Ta fille ... Yvette ... elle a neuf ans .. , ))
Le bras de l'assaiSsin retomba, il j.eLa son 8lI'IDB
et s'enfuit. Et De ful, doos la chambt'e d·u meurtre, un tragique silenœ,
Les yeux de l'enfant restaient hagards,
Son cerveau se refusait à compr'endre ...
Sans doute eUe se débattait contre un rêve monstrueux ...
Yvonne ne bougeait · plus.
La source snngla nte s'épanchait toujours. Le
flot pourpre s'étalait lentement suivant les épau.
les, glissant le long du corps...
Yvette voulait s'évellIer, . oublier son cauohemar.
Elle ten La un cffort, sa. bouche se tordit ; elle
8Jp'pela d'une voix d'angoisse :
- Maman 1
•
El voilà que l ' asÏil1~e,
de nouveau, tressaille.. . Ses lèvres remuent... mais c'est un flot rouge
qrn s'en: échappe...
.
Le corps se raidit.. . les yéux se voi.lent...
Alors Yvette comprit qu'elle ne rêvait pas.
D'une voix stridente, elle se mit à crier sa douleur et son effroi.
Des pas coururent dans l' esca.li€lr. La porte,
referm ée par RaouJ., fut enfoncée ... Alors d'autres
aI'is répondirent aux cris d'Yvette.
Et tandi,s qu'on s'~tpreai
auprès d'Yvonne en
soins, hélas r inutiles, des femmes en lourèrent
l'enJant. On l'emporta.
.
YvetLe oriait toujours, se d&batlanb, fUl'leuse,
n'ayant ooDseienoe que d'une épouvante qu'elJe
ne pouvait pas même s'expliquer. Sa raison se
brisait au choc trop rude, Elle n'était plus qu'Ull
pauvre petit être affolé
�La 'Petite "'Deux S ous " -w
G"il-6
II
VI TAL, LE MANCHOT
...:.- Eh bien 1 TortiLlon, que dis.tu de la rnaJ'chandise, ce soir ? C'est chic, hein, cet étalage ?
On ne trouverait rien de pareil rue de III Paix, ni
même sur les grand s boulevards. Allons .. . donne
ton avis.
Tortillon pencila la tête, rejeta ses oreilles e~
arr-ière et retroussa ses lèvres barbues, ce CJUl
éta..it 98. m8.!nÏère à lui de sourire et cl 'ap-prollve.r.
Tortillon - qui devait son nom à sa façon de
se tordre comme un ver et de se trémoll sser TortiUon était un caniche croisé de barbet, d'un
blanc douteux et d'une laideur certaine. Mai.s il
ra.chetai,t œ physique dé~lorbe
par tOl1teS 100
qualités de cœur et d'espnt que peut possédCif UiQ
pauvr e chien.
- Alors, t' es content, hien, vieux ':"'ortillon 't
EUes ont ben travai:Ué, les pauv'femmes... Faudra
tâcher de leur apporter des gros oous.
.
C'était à Grenelle encore, dans une rue aU9Sl
misérable, aussi lai<le, que celle où demeu.rruent
Yvonne et Yvette.
La maison éLait plus haute, et Vitali, le man?bot
lonsqu 'm rentrait chez lui après ses I~sf-ln.c
J01!1'nées, devait gravir les cinq étages c1'un €scal1er
ressemblant à une échelle.
D'ordinaire à I!a tombée du jour, les loca tai!l'e5
entendaient d~ns
l'escalIer le trottinrmen l du cltieJl,
le OM sound du ma1t.re et un certain fT'Otssrment
soyeux, un froufrou de pa'{>ier léger que tous connaissaient.
A ce f-roufrou, plus ou moin.s forl, on dev.inait
si ae manchot avait fait une plus ou moins bonne
recette ; et l€ls braves gens, lorsqu'ils (''''tendaient
fll'Ol€lr l.eUTS portes p8!I' ce que Vital 8JweIait sa
boutique, souplrai-ent, compatissants :
- Le pauvre homme n'a pas dÛ vendre grand'chose, aujourd'hui 1. ..
Ce soir, ~rsone
n 'avait entendu rentrer Je
manchot. C es.t qu'il avait ra'P'fJorté de la belle
marchandise Loute neuve, bien tassée dans un carton, et entièremen t dépouillée, la [lerche de bois
le long' de laquelle, à cet i:nstant même, il fixal!t
son am.usant étrulage.
Avec une extraordinaiIre a.èresse, Vitali, de son
uniqu-e main, nouait les ficelles mllilticolores; ~u
bout de chaque fiœlle, se bn:lançait ùne petite
poupée de bois, vêtue d'une robe en pa'{>ier ft'oissé de teinte éclalan le.
n y 5.'V8'1.t des darns€'Uses aux jl1~
oOnvoltées, d-es
poys1mnes en jllpon rouge et bonnet bl!mc, des
poupons 61U maillot. des ~ITots
et des P.ierrettes,
même de mmuseules polichinelles.
On voyaH que de 50uple-.::! doigts fémimns avaient
créé ces fragil s joujoux. Et ce drvait être une
arli.ste à sa f!lron, l'ouvrière capable de donner,
avec \Hl chiffon de papier de saie tant de physionomies di ffé ren tes à œs rai<les ret.iles pOllpf-CS.
Vital tOllt en disposant. ses pain tins, songeait
, il. celte'ouvrière, ces ollvlièrcs, plnt6t.
Il les revoyait dans leur cmamhre sans feu, la
rnèJ'(' et la. fillclLe, l'une triste toUjn.l1rs, l'autre 'déjà
trop grave, choisissant clans le fouitlis rles p8lpiC"I1S
éclatan ts, les mé langes de teintes œpahles d 'attirer le regard, <le fasciner les t.ollt-peLi.ts, les 00ranLs heureux que bonnes et mamans MIlèn.ent aux
heures claires s'amu el' d.ans les jnrrlins.
Il rallait que 00 tut tlrès joli, lrQ"! tf'ntanl, pour
que les menottes se tcrudissent sur>l~a.nte,
que
les voix caressantes au volonl.rure.<; eX1geaSSc.n L la
poupée de papier.
Vilal les vendait d€'UX sous. Il s-ch,..tait h la grosse les poupées de bot~
et les nr~l.tJi
~
~Iles
qu'il nommait ses asSOCIées et à qill II dc·vall 1 J.d.ée
de ces fan toches.
,
A l'enfant maJade, Vit.nJ, qui déjà J'a.imait dune
tendresse de père, avait un jour appocté u ne pou pée de bois d'un sou .. . Pour amuser la petite, sa
mère. avec des bout.s de papier, avait oostUloé la
marionnetle. VitruJ la regu,·duit... et l'idée s'Mait
implantée daM son cerveau de faire des petites
poupées drÔles, ainsi purées, qu'il irai t vendre.
Dfrpuis trois ans, le commerce né en une heure
avuit pro.'péré. Les fragiles joujoux ne duraient
guère; aussi l-cs ,client,s Id'€' 110. veille devenaienl les
chents du lendemain.
A ilrésent, la liIlette aussi chiffonnait des robe ..
en parpier. Depuis dell' mois, pt'ès du li t de sa
mère mala.de, olile seu,le fi lravarillé.
Enfin elle est rC'l1isc, ('elle à qui son Ame dr
délai ssé, son cœm mellrL,'i se donnèrent j8Jd.i5
sans retou!" l Stl.11S m~ lIe
he dire ....
Que d'Hnnées onl p:..ssé 1
Un soir, comme lui-meme sortait de 1110pit.& 0Ùor
après sa chute d'uli r.chafaudage on avait dCl Lill
ampllter l'épaul e droite. Vllnl rencontra .,ous le
porche une f.emme portant dans &œ bras un 1l0Ut<
veau-né. JI avrut, l,e pauvre IIlnooent, re~m
11' jour
en ceL asile de misèr'f's, enfant. de père inconnu.
La mère s'était ,'efuséc à l'abandonner.
C'était une petite fille.
Dans le bien-être de 80n lit d'hôpitnJ, entourée
de soins, la rnèTe en uerçant son poupon avait fait
des rC:ves .. . E11·e se voyail, à. force de wavail, éle-vant près d'elLe J'enfant qui Il'avait au monde
d'sulr<€! nppui que I·e s'Len, comme e'Hte n'avait plu'9
d'au tre affection.
l\'lain tenant, sur le point de franchir la port.e de
l'bôpilal, devant la foule indifférent.e des passants,
la femme avait peur 1
Il lui pa/'&Îssait tout à (:oup impossible de garder, d'élever seule son Mfnnt. EUe ne croyait l)].US
il. lJa possibilité d'un trava.i.l secourable ; eJU{J f.rmsonnait dans l'air glacé, autanl de détJ'esse que da
froid .
Vital passa près d'elle, et la regarda. Lui aussi,
au seuil de l'hOpitrul s'attardait le cœur éLreint
d'angoisse.
Ln r-cJnme vit la manche droite fJottlmte, le visage pâle. Leur's yeux se rencontrèrent, s'avouant
leur comm1lne pitié.
BlIe murmura: « Pllllvre homme! »
Et lui, qui redoutait comme une souffrance nouvelle la rompH.,sion qu'il devait désO,il'lni" ins . .
pi rel', n'éprouva qu'une émotion bienfaisante il
cette pitié spontané{'.
11 se l'l1pprocha, qllt's tionna.
Elle se nommait Yvonne, était seule aU Tl)onde.
aVe<: son enfant.
Vital était sans famille...
Causant ensemble, parlant d'eux, ils quittèrent
l'abri. du porche, marchant l'un près de l'autre.
Ils n'I!vaient pins aussi peur de la vie méchante.
Elle sans réfléchir CJ,ue lui-même était d€sarmé
pour la lutte, ql' sentait déjà. plus forte par oette
nmitié l'fui S'( l'frait.
Et lui, devon t crLt.c femme et 001 anlfant <fIl'aucun hOllhl'llc n'flvaH la charge de défendre, olbi~UX
de lui-même, songca. : « Il ne faut pas qu'elles
Boient seules. Il
Et, ne cc jOUl'-<lil, Yvonne fi vaU pu s'ap.puyer SUl'
I.e plua adèle, le phm dévoué des amis. C'est v~t.sl
qui, (USAnt 10ujouJ's : cr Vous me le rendrez Il, avait
aidé Yvonne IOl'\'iqn€ le IravAil chOmn.it.
Vita;l avn.it amH~
Cfll().\qUes épargnes. L'm(}eIJlnlÎt6 liù)T"(
~ ment
pll,y<-,C f al' san plltron, J'a.i<lait
aUlssi, mais celn. s'ép"j·sa vit.ë, et la misère al!181i\
en gl'n~i
~SIL
I t.
L,.s années paSgfl i{~nt,
de plU8 en plus dUf\r.iJi<'s.. ..
EPlllsée, min~
par Ir chagrin di! sa vie perdue,
Yvnnne, souv nt, éllHÎt S01lffrante. Pilla ce tilt
Yw.t,Le qui dut s'aliICJ.'. Vit.nl, alol'.', cnL l'idée des
pelilrs poup6es ... et l'on vivait. \'ilal ronnaLssaJJ
�~
La Petite
U
Deux Sous"
le passé d'Yvonne. Tout de S'U:ite, elle lui avaH
conté sa lamentabJe histoire.
Et comme une pensée dominait cheh la jeune
femme tous 5e'S tourments - la pensée que d'f\,utres, comme elle, serruenL trom.pées, po.r le misérable père d'Yvet~
- pour lui enlever au moin s
cette inq
u~t
de,
VitaJ s'était acharné à découvrir
et à suivre l'amant de son 8Jmie.
Et si, dès le premier instant, il n'avait poo aven;
Yvonne des projets de maria ge de Raonl, c'est
qu'elle venait d'être cruellement malade, ainsi qUI3
la pauvre femme l'avrut dit au baron, el que Vital
vou lait lui €'pargner cette nouvelle M'lotion .
Mais quel bouleversement, quell,e exaltation chez
elle quaud enfin elle apprit!
Pour la premièl'e fois Yvonne s 'était refusée ft
l11i confler ses pre jets, et le Manchot redoutait quelque folie..
•
Que pouvait la pauvr-e femme puisque - pour'
éviter qu'il ne trahit une po.tcrnité (ftl'elle voul it
à tout pr'ix qu'Yvette ~ora.t
- l'o.bandonnée se
refusait à dénoncer le coupable à. la just'ce '1 Que
tenterail-elle ?
Ce soir, ViLal en venant chercher ses pou,'P-écs
n'avait ren con tré qu'YveUe au logis. Il attcl1fllt
}<mgMmps son am~e.
Combien 11 trouva déJaite et
bouleversée la malheureuse, lor squ'elle rentra!
Elle sut, cept'f!<lant, par un immense 0ffort, mentir à ViLal, lui sourire. Elle cralfTnuit qu'avec re
désir de la protéger, il s'attardât chez elle. Elle n,e
le voulait pas.
Elle joua si bj,cn son rôle que ViLal la quiltll
rassuré par sa promesse de lui tont dire le lendemain, des démarx:hes tenlées e l de sCs projets.
Pourtant, revenu chez lui, seul en fuce de Tortillon et de ses poupées, Vital le Manchot se sentit
repris pur ses inquiétudes . De sombres pressentimen.ts lui SOITaient I.e cœur. Il I,ermin~1.
ses prépar<:üH~,
pos~
dans I1n angle de la p<ièce \il longne
percheauoow de !.aqueJle frou·froutaient ses petits
panlins eL revint près d·e la ta.!J]'Ü.
- Avec tout ça, Tortiùlon, nous avons dlné pn.r
cœur, cc soir ... Si nous cassions une croûte, . vieux
chien, qu'est-ce que tu di.rais ?
Lu queue de Tortillon fr é tilla plus fort.
C'éLuit un chien dIscret, n'insistant jamais pour
recevoir sa pitance, habitué d'ailleurs à ln misùre
et trouvant l'ordinaire de Vilal, Lout irrégulier
qu'il fùt, infiniment sl~prieu
au si,en lorsque le
l'vIanchot l'avait recu.etllL, pauvre toulou erra.nt,
destiné à la fourrière.
Sur la Lahle, un gros morooau de po.i.n ,ct un
demi-saucisso n posés sur un journAl. composaient
le. menu du souper. Le MatIlClhoL miL la main dans
la. po{!h c c1e son ve s~Qln
.
- Ben quoi, murmura-t-il, j'ai perdu mon couLeau?
11 ou vriL UII1 tiroi,l', .chercha. ·cncore. Tout à coup,
son vis.age ,s'é.cJaira. II se souvenaiL (j'a.voir, uv'Cc
oe même cou Lell'u, aic1é oe soi.t· Yvetl.c à. couper lJe,s
fi.cclles I1es poupées... Ensuï·te, il avait. posé son
couteau sur le buffe t et l'y avait, oublié. Demafin il
passerait par là p-!lJr !Je rep.rend.l'e, voi,là tout.
Philo.'301 hiqu<Jmen t 1e l'vt[~ncho
mordit do.ns fion
pain. TürWlon, il. peu ?rès rnssasi.é s'ét.iI1èl.it en
bt\illanL. 8()n mnttr<l, sUlvanL sa .COt;tumc, col1l.inuait à hli pa.r·ler.
- Tortillon, tu D'as, pn.s honte de bô.û1er 1 DOTS,
bon à rien .... Moi, il faut que je calcule... Tu ne
sais p08, TOl'~
. lo
? J' i vO'lé, cc ~ni r ... Ça t'étonne,
hein? Ben OUl, c'esl comme ça. J'ai chipé ça dl1D8
le tiroir d'Yvonne ... Tiens, vieux chiNl, tu v oici ce
papier-là? C'est une « recO'!lllllÎlsslJ.ncc lI. Si lu peLi I.e n'avaLt pas ja&\ .raurais jamaiJ su que sil.
mère avait por'lé aU lVlont-de-Piél.é oc LIu'eUe uppclait CI sa re11que )l ••• Pauv' femme 1 Avoir lravers6
. . --7-i~
tant de mauvais jours sans vOllloir le sucrifler,
el puis mai.ntenant.... C'est. pour Iln compt& de phaf.macicn, que m'.a. dit l·a pelite ... Si cHe n"aurait pas
dù m'en parler! On s'arrange toujo\ll' . Mais clle
prétend que j'oi déjà trop fait pour clle et son
enfant : "i c'est po." ridicule, hein, Tortillon, des
i<l ées comme ça 1
Il prit ln CI reconnaissance », la lut.
- Vois-tu ça, Torlillon ? .l.i":.ll bien! ça re'présenle
la seule c;.b.ose vaùanl quatre sous qu'ail jamais ocu·~
Yvonne. C'est les alion!;~s
de son père et de C,l
mère ... On va t'l.ch~r
de Jœ reLirer. On fera dt!s
éoono.rnies, quoi! Pas vrai, Torli lion?
Précieu s-e.tlll?] lt, il l,laça Je l'Clill des uljnc:.~
da n3 I.e alepin qui lui tenait lieu de portelfelljlle. Lt
l'Ame heureuse li 10. pensée de lu bonne action proje~é,
Vilal s'endormit et 1'6vn d'Yvonne.
Il faisait il peine jo\U', lorsque des COl1pS Ira ppés à so. porte l'éveillère-n L.
Qui pOL1v.oit vcuoÏr ~hcz
lui Ù. elle l1€IUre '?
Tortillon, le poil 'héli~s,
grondail sourdement.
Son ma!!J'·e le nt t.nire et courut ouvrir.
Sur l'éll'oit palier deux ombres se mouvaioot. VilaI recula interdit.
Devant liai se tenuient deux sergenls de vilte.
Cerles, le pauvre mru:chang de poupées n'avait SUl'
la conscience aucun d,étt.
Pourtant il la vue dc.'S agŒUs, le Mnndlnt fut
saisi d'une terreur irréfiérhie.
Il n'avait encore le pl' "cnt iment ù'anClln malheur défini, et cependant son cœur ~'ungois.
Tnstincti.vement, il recula ... et ce (nL d'une voix trem·
blante qu'il répondit à la question cl'un ,cs ugents
- Vilal, dit lc l\lan.cho l, (!'C'fl t mol.
All.ors les hommes pénétl'è.rent dons la chambre.
- Vital, vous allez nous sujvre. Au nom de la
loi, je vous arr6te.
...:.. Moi... ~\Ioi
1...
.
Ce cri de Sl1l'Prise épel'due ne pouvait 6mouvoÏJ'
les policiers. Pre.g.q ue ton jOli l'S, nu moment de Jeur
arrestation, les coupablQs ont Wl élan bien JOUé
d'indignation et de révolte.
- Moi!... rGpéla Vi.tal. Arr été 1.. Pourquoi? De
quoi m'accuse-L-on?
- Vous ne tarderez pas à le savoir. Allons, habillez-VO\IS .. . el pIns vite que ça ...
Machinalement, le Manchot olléit.
Pur la porte mal referméo ul1 s01lffle d'air passait et, duru; l'a.ngle où le grand lni tétait dresst\
les robes légèJ'les des poupées, agitée' pn.r ce so"Ifle, se mb-ent à frissonner ave.c un bruissement.
Tortillon tapi sous la tuble ne grondait. pl.u~!
obéis.sant à. contr~œu
è. J'ordre que v~nult
de lut
donner son mtlltr.€). Le COJ'lpS fl'émis.sûnt et Jc.s
ol'eilles en anière, i.1 fix·ait SUt' .les éLflange.ns un
regard p.Jein d'angoisse.
- Etes-vous pl'èl ?
- Je suis prêt.
- Allons, cn rouLe.
Tortillon kst.e ment, quitta sa cachette et, se
[aufùnnt, s'or lU le premier.
_ Pauvre 'COl'Lillon, murmum,,- son mnitl'e, tl.l
veux me suivre ... Hélas 1 où nous mùne-t-on ?
- Vous le v·erTez .. .
La porle claqua, envoyant un vent plus vi! ùa.ns
la fou,le des poupées. Et, LanllÎls ' qu,a le ~\IOJlc
hot,
d'un. pas ~(UI'd,
s'~lotgnai
entre 1 nge~s,
le silcnce se flt dans ,lu chambre ttbo,ndo:nnôc.
Un l'ayon <lo &ü'1Ml se gJjss" dans la ffitf\l1s·arl1e.
La journée s'annonçait belle.
Pans l-es squnres les béMs cll relieront en vain
leur ami le }"Ianl:hoL Ils reviendront chez e1lx, ra,pinut~e,
po<rlnn f. boudeusemeonl le (:jros 80\1 de~nu
JXUlIdant que, inuLi!IJc.s aUSSl en leur vame et. frllgJae
pafure, les panl.ins de Vil.o.l, de lems yeux l.'[fa.rés.
regarderon L couJcr les heme.,
�La 'Petite
III
ACCUSÉ
Dans la maison d'Yvonne, l'agi La Lion était extrême. Tous les localair.c.s s urexcités commentaient
le drame de lu. nuit
Le médecin, à son arrivée, n'avait su que con stater le décès de la victime, ct, su r l' ordre du
commissaire de ppli.ce, le corps devait reslf'r tel
quel jusqu'à l'arrivée des magis trats.
Le procureur de la République accompagné du
juae d'instruction se présenta au petit jour.
Déjà, d'après los re.nseignements recu ciJ.li s, le
cummissaire lSoup<:,nn,nait nrt ami de la marle, que
plu ";:l'IIJ"3 Il::.b:11I1 1:; f, l! Iii maison n.rn l·ltln:cnL avoir
vu venil' dan' lu soirée el que personne n'avait vu
reparLll'.
Yvette, déliranw, ne pouvait fournir aucun éclaircissement. PoulI.ln t, un nom san" cesse revenait
sur ses tèvres, cl pel'sonne ne démêlait qu'elle jetait ce nom comme uu cri d'appel; on ne remarquai! bien que l'angoisse de sa voix; Yvette, l'innocenle, elle-rn 'rne accusait son prolecteul'.
Ce Vilal qu'clic appelail élo.il l'homme venu le
soir chez l'assa<;!'>inée. On le fit nrrNer.
En nl'l'ivanl dr'vant la maison d'Yvonne, à la
vue de cette foule et des agents, le Manchot s'épouvanta.
- Qu'y a-t-il, mon Dieu .. . Qu'y a-t-U ?
La foule, le voyant descendre de voilure entre
deux sergents de ville, hurla, Iilenaçantc :
- C'esl j'ass':lssi n 1 A mort l'as!3Hssin 1
Vital, sans rrmcLrquer que ces Clis l'accusaient,
devina quc la vi('lime était Yvonne.
Tête basse, dan' un élan, avec un cri sauvage,
il se rua dons la maison.
- C'est Viln: ... L!' Manchot. .. Voilà l'assassin .. .
n montait., pOllrsuivi pOl' les voix cie colère, .et
la véTité s'affirmait à lui Lout en li ère.
Yvonne est aS';il:;sinée, et c'est lui, Vilal, qu'on
accuse ... Dans la f:hnmbl'e sanglantc, Il-evant le
corps égorgé, le malheureux s'erfondre à genoux;
il sanglote, sans \'o k autre cho~e
q'ue coite fenlme
qu'l.l adorait cl qui esl mOl'Le d'une mort all'oce.
Les ma&istrnL se regardèrent, émus. Mais tant
de coupables joucnl la comédie ...
Le procureu l' dit il mi-voix :
- Cel homme es t très fort.
El l'émotion s'ellvola.
- Vital, relevez-vous et répondez... Devant le
corps de votre victime, avouez ...
- Le COl'pS de mu victime 1 bégaya le !'vlanchot.
On m'acl~e,
moi, d'Rvoir Lué Yvonne.. moi !.. .
aUI1B,ü; don.né cenl fois ma vie pour elle 1...
110i ~i
- Si vous êle.'; 111 t1o<;cn l, nou vC11.IS aIderons il
le prouver. Répondez aux quesLions qui vonl VOLIS
êLm faiLes. Jj y a longtemps, n'cst-<:e pas, que
vous connaissipz cetle pauvre femme?
- Oui mon sieu r.
- Vous étiez parfaitement au courant de Soe8
habitudes ?
- Oui, mo nFiellr.
- Recevait-elle bcunr.oup de monne ?
-- A ma connaL'sance elle ne l'ccevrut personne.
- Que vous?
- Que moi, oui, mon ienr .
- Vous êLcs "C IIU ici hier soir 'f
- Oui, monsiel1r.
- A quelle heure ?
Mjll tl'ès n11it. Yvonne n'y otnit pas,
- Ii fai~ot
li n'y avait que la petite . .l'ai ntLcndu.
- Ah 1 Et Yvonne est rcntr'ée, n'est-ce pns.
llvllnt votr'e MpHrl?
- Oui, monSieur,
- D'où vrJ1nil-elle ?
- .le n'en SOiR rien.
- Vous ne le lui avez pas demandé?
- Si. Mais elle a r e fusé de me répondre,
U
Veux Sous .,
~
- Vou s vous êtes querellés à ce su jet ?
- NOIl1, mon sieur. Je n'avais pas à la qu el'eller .
Yvonne était libre de me confier ce qu'eJde voulait
ou de se tai re.
- Ah!... ah !... Et vous ne soupçonnez pas ce
qu'ellll'e avait été fa ire, où elle était allée?
Vital hésita.
I! soupçonnait bien vers qui avait été Yvonne,
Brusquemen t , .id eut La pensée qu'il OOIIDaissait
l' assassin ... Il ouvrit la bouche, prêt à accuser I.e
ba ron Ha oul de F olbe rt.. . Mais il lui sembla que
la victime elle-même lui ordon nai t le s ilen ce.
Ce t homme n'était-il pas le père d'Yvette, ?
Le rail'e arrêter, ne serait-ce poinl dévo Uer tout
un passé de misère qu'Yvonne vou lait taire ... risquer de faire proclamer par ce misé rab le sa paternité? D'ailleu·r s, il avu.i t j uré, lui Vita'l., à son
.a.mLe, alors que se croyant mo uramtc d Ie J'ui confiai t son -enfant, de to uj OUl'S empêcher l'orpheline
d.8 connaitre l'iniilme dont -elle éLait la. fille.
Le Manchot se tut. Son h ésil..a.tion n 'avait poin t
échappé au magisotrat.
- VOllS ne voulez pas r épondre, Vital 7
- Je ne sais rien .
- Faites attention q u'U peut être ~ our
vous de
la dernière importance de dévoiler 1emp10i de la
jou,rnée de 1a. victime. Si l'on r etrouve les personnes qu'.elle a vues, un e nouvell!e pisLe sera relovée, "\"otre innoocnce peut-être reconnue,
Le Manchot regarda le visage exan~u,
les lèvres doses de la morte, ses yeux r évulsés.
Il étorrffa un sanglot et répéta, très ferme :
- Je ne sRis rien .
- C'c!'> t bien. Donc, nous d1son s que vous êtes
venu ici hier à la nuit tombée et que, n'ayant pas
rencontré Yvonne, vous l'avez attendue. Elle est
ren trée. Vous avez causé,et p uis vo us êtes r eparti ?
- Oui, monsieur.
- Que faisaient Yvonne et sa fille T
- YvetLe allait se coucher. Sa mère le lui ordonnait. bien qu'il fût tôt encore.
- Quelle heu re à peu près ?
fi devait êtro h ui t heures et de mie .. . Neu !
heures au plus.
- Et Yvonne?
-: Yvonne n'avait pas dtné. Elle me dit qu'elle
allatt prendre quelque chose ct se coucher aussi.
- A.lors vous l'avez quiLtée. EUe para is'su.i t
calme '1
- Ou~
monsieur.
- Vous n 'avez ren~
o nLré
p'er sorLIle, en vous retirant, dans l'escalier ?
- Non, monsieur, per sonne.
- N~ en bas, à l'entDée non plus?
- Non plus,
- Vou n'avez rien remarqué aux abOI'Ù::I de III
maison? Person.ne ne rOdai t pal' là ?
- Il passait du monde. Je n 'avais a ucuuc rlll.iOn
de me méfier des passants.
- Vous êle renLl'é dir.ccteme nl chez vous ?
- Oni, monsieu!'.
- Qu Iqu'l ln VOliS a-t-i l Vu r entre r?
- Je ne suis pa!'!. Moi, je n 'ai vu pcrsonne.
- 1\fonc;ieur.. . 1\lonsicur le j1Jge, est-ce que je
puis purler?
ViLal soC z'elourna el reconnut la figure chafouine
d'un de ses colocataires.
C'étail. Un petit vieux ~orc1ide,
un juif é.;houé en
ce .q.llorl.lcr p!~uvr'e,
.,"H.pl d:ms UJ1J éLroit log/ement
VOl~1
de c~luI
de VItal. Il vivai t en pl'èta.nt à la
peLlle scmalOe. On le rooou tai t., on le haïssait et on
le fl~tai
, ayoot beso.in souven t de ses dangereux
servIces.
- Mes bons .rn.essieurs, je buis un honnê!.c
homme .. ql~nd
J. ru su de quel crime on accusait
mon. vmsIn,. Je ~ULS
venu, ~l'Oyant
!Xluvoil' peut-Oln)
6claU'cr la Justice en disant ce que je savais.
Il ta:llait bien que l'affreux usurier 'CIL certain
�Çlf'-
La 'Petite " 'Deux Sous"
=====================
de n'offrir aucune prise à. III jus liœ pour s'en approcher ami bénévolement.
En le voyant, Vital eu t un mouvement de recul.
Il éprouvait plus que du mépris : un réel dégoûL
pour cet être ri qui profitait de la misère de ses
semblables.
Plusieurs fois, VitaJ! avait trahi ses sentiments
à l'endroit du juif, et, grâce il. lui de pauvres gens
avaient pu évite-r de r ecourir il. l'usurier.
Celui-ci le sBIVait e t venait s'en venger.
- Comment vous appelez-vous?
- I.saac Siméon.
- Votre pmfoosion?
- CoU ecLioone ur, mon.sieur... collectionneur.
- C'es t-il.-dLre brooonteur ?
- Je n'ai pas de magasin. J'ai réuni dans ma
chambre quelques objets précieux...
- Que vou s revendez?
- Seulement lorsque la né.cessité m'y force,
mOI1Sieur... Seulement alors. Mes bi.belots sont une
partie de mon cœur '!
- Que savez-vous?
- Mon bon monsieur, je connais bien cet
homme, c'est mon voisin. Je sllis qu 'il.. .
- Vous serez appe lé comme témoin en temps
et lieu. Maintenant, répondez seulement il. une
question : Avez-vous vu rentrer Vital ?
- Non, non, monsieur... ni entendu... Lui qui
fait d'ordinaire tant de bruit dans l'escalier et qui
s'arrange toujours pour cog,n er ma porte en passant avec sa perche, la perChe de ses poupées,
monsieur, il est j}aJSsé comme une ombre. Mais
très tard - oh ! très tard dans la soirée ... Tl était
bien onze heures, j'ai ouvert ma porte, croyant
entendre du bruit, et j'ai vu de la lumière sous
celle du voisin. Oui, il. étai t bien onze heures.
- Que faisiez-vou s il. oette heure-là, Vital?
- Je préparais ma marchandise pour aujourd'hui.
- Vous vende?; des poupées, m'a-t-on dit?
- Oui, mon~ieu
, r.
- Alors, jusqu'à. onze heures vous a'Vez veillé
pour arranger vos poupées, après être rentré d'assez bonne heure?
- J'ai quitté Yvonne, je le répète, ve1'S huit heures et demie.
Le magistrat se tut un moment. Puis, sur un
ges.ti' de lui, on p.résenta au Manchot le cout~a
pl~m
de sang qui avait servi à égorger Yvonne.
VItal eut un geste d'horreur.
- Regardez... Regardez bien... Reconnai.ssezvous ce cou teau ?
Le visage de l'a.ccusé s'empourpra ... puis devint
blême. Il voyait SIe lever CO',n(.r.e lui des charges accab1a,ntes. Il chanœla, hébété.
- Répondez. Reconnaissezcvous ce couleau?
- C'est... le mi-en 1 bégaya Vital.
- VOIlS l'avouez. C'est votre couleau qui a servi
à tuer la victime?
- Oui, fit Vital, c'est mon couteau. Je l'ai laissé
ici hi er soi r. Je m'en étais servi.
- Pour quoi raire?
- Pour couper les ficeHes des pantins.
- Et... oos pantins, qu'en avez-vous fait?
- Je '!.es ai emportéoS c.bJez moi, dans lIne boIte.
- Il est fllcheux pour vous que ce soi t votre
couteau qui ait précisé:ment servi à frapper Yvonne.
Menta:lement, Vital suw!iait la morte.
;AIla~-e
permetLre cetLe chose monstrueuse que
lm, Vl!al, lm, son viei.l ami, soH accusé de l'avoi.r
~saSln.ée
?'" Vital sentn.lt se resserrer aul.our de
lUI, oomme ' l~s
mailles d,'u,n fi,let, l.cs P],U,5 accablantes présomptiOns d,ml on fera it auLomt de preuv~.
To,udt à C.oUlp hl se souvint de la reconnaissance du
M on.- . e-Piété empor Lée la veilLe 811 soir, celte reool!nalssance CI volée" à YVOO1ne, afin de pouvoir
rellrer se~
pa\]vres bijoux.
~ l e était là" d~n.s
sa poche.
SIon le fouillait, ce serait une preuve de plus ...
et qui parattrait décisive. Involontairement, il
porta la main à la poche de sa veste.
Des regards aigus ne le quittaient pas.
On surprit le mouvement. Sur un signe du magistrat, un agent fouilla l'ac.cusé.
Vital n'essaya pas de se défendre,
I! secoua 1& tête et laissa. couler ses larmes.
1
IV
CONDAM~
Après le réquisitoire accablant de l'avocat général, on se demanda ce que pourrait dire le défenseur de l'accusé . C'était un tout leune homme,
nommé d'oJ'fice à ha défense.
Vit.8JI. le Manchot, ac.cusé de meurtre SUr la personne de la femme Yvonne Larue que l'on soupçonnait être sa maltresse, pOUl' lui voler une reconnai.ssance du Mont-de-Piété, n'inspirait de compassion à personne. Bien que le misére.ble s'obstin tH dans ses dénégations, sa culpabùité ne faisan
aucun doute. Il s'agissait simplement de prouver
qu'il n'y avait pas eu de pr-é m édita Lion.
Tout ce que pouvait espérer le Manchot, c'étaiL .
de sauver sa tête. Ré. igné, morne, depuis son
arrestation, il avait laissé collier les jours sans
une plainte. Son avocat lui-même n'obtenait de lui
qu.e ces mots: « .le oSl.hlS innocent. Il
.
Affirmation inutile, puisque Vital ne .pouvait, ou
plutôt, ne voulail rien dire de plus. Cer·tcs, la tentation lui venait parfois de lancer la justice sur la
bonne piste. Toujours, au moment d~ dénoncer l'ancien amant d'Yvonne, un scrupul e l'ar.êtait : le
souvenir du serment fait à la morte.
Non, ja,mais, par sa faute, Yvette ne risquerait
de connattre son père 1
E't ~uel
ohose doublement horrible ce serait
pour 1en.fan.t de le reconnaHre non seulement indigne par le pu..c,sé, mais, de plus, souillé du sang de
sa mère , à elle 1
.
Non, mieux vaut que Vital. soit condamné.
Qu'imporle sa pauvre vie 1
La salle' d'audience est pleine de monde,
Ce n'est point là le public élégant des crimes 'PMsionncls. Ceux qui sont venus assister à l'aerair,,
de Vital sont, en grande partie, des gens de son
quarlit.;r qui l'ont connu et ne peuvent s'~xpliquer
son cnme.
L'avocat de l'a'Ccll5é se lève, très ému.
Son émotion ne vient pas seulement du désir de
plaidel' bri!1amment une cause qui. justement
est désespérée, pourrait le mettre en
parce qu'~le
vedelle SI, par chance, il obtenait un verdict de
oléJmencc. Le joeu,ne maltre René Barrance est sur·
tout ému de compassion.
Bien que son client n'ait rien voulu dire qui pOt
éclairer la justice, la conviction de l'avocat s'est
rai te. Son instinc t professionnel se refuse à voi.r
dans cet homme aux yeux fmncs un voleur et un
assas sin.
En mots vibrants, il dit la rencon tre de Vital el
d'Yvonne sous le porche de l'hOpital, le d.6vou&men L de cet homme infirme, sa.n res.c;ources, il de
plus faibles que lui : une femme encore malade el
un nouveau-né. Il rruprpell,e lu tend.resse vraiment
p.&teI'nelle de VitaJ pO'Uü Yvette, les so.ins d{)lnt il
aid e la mère il enlouJ'e'f la petite oréalure.
Quel motif, aut.re qu'une subite folie, aurait pu,
en un instant, [aire de , l'ami fidèle un meurtrier?
Et cependant tout accuse Vital.
Pour expliquer la pré~enC'
sur lui de la reconnaissance du Mont-de-Piété, pour expliquer comment son propre couteau a pu servir &u crime, il
ne trouve à dÎl~
que des choses très simples trop simples - qu'un jury se croyant bien a.visé ne
saurait se résigner à admettre,
�~
10================================== La
Eh bien ! matf:re Barranoe ne craint pas oe l'affirmer : elles sont vraies, les raisons que don~
Vi.tal. Un.e voix d'enfant accuse aussi I.e malheure ux ; mais c',es t la voix d'lLOO enfant détmenle qu'il
a même été impossibJ.e de f.aire paraltre Il la barre
des témoins. Et ce ori éperdu jeté sans relâche par
YveLte déliraJ),te : « Vital... Vital! » N'était-{!e poin t
plutôt un appel 8JU secours?
.
Le front caché dans sa main, prostr é sur le banc
d ' in~e,
le Manchot n'e.nteni1ait que vaguement
l,e s paroles de son défe.n:s.eur. li n 'e~l?éra
jL
plus
rie.n de la pi tié des hommes ... Il songeall à Yvette.
De tout ce qu'il pouvait redouter pour l'orpheline le pire s'est accompli.
L1e.nfant, revenue à la santé, n'a pas retrouvé
la raison. La voi05ine qui, charitabLem ent, a recueilli la pauvre petite 8i]J(rès le crime 8Jllaü - ne
pouvant conserver la charge de l'lnnocente - la
remettre aux mains de J'Afisistance publique, lorsqu'un fait étrange s'est présenté.
Un fait qui, plus que tout ce qui déjà l'aoccable,
effraie Vilal : le juif Siméon a dema:ndé et obt.enu
lu charge d'Yv.ette.
Oui, dans cet anLre immonde, où le juif et sa
femme - une vieille plus sordide encore que l'usu. riel' et pr~te,
affirme-t-on, aux J)Lres hesognes tralnaient leur existence abjecte, la pure e L douce
petite victime allait êtt'c condamnée il. vivre.
Devant le désespoir de son client en apprenant
cette lamentable décision., Me Barrance avait promis de s'employer il. [aire reprendre l'enfant; mais
il échoua dans ses démarches.
Rien de précis n'était [ol"ITIuié contre Isaac. Siméon ni cont.re sa femme Rébecca. Us pouvruent
justifier de moyens d'existence, Leur véritable [açon de vivre nul autre que Vital, pann.i les pauvres gens frustrés, bernés par eux et encore en
leur pouvoir, n'aurait osé la dévoiler de crainte
de terribles représailles.
Quant aux accusations, si formelles fussentelles, d'un malheureux accusé lui-même de meurtre, contre le premier d.e ses témoins à charge, il
était bien évident qu'on n'ert tiendrait, qu'on n'en
devait tenir aucun compte.
Dans l'impossibilité d-c tenter dovantag{3 pour
tnmquilliser son client, Mo René Barran('>8 s 'était
engagé il. ne point perdre de vue l'orpheline. Mais,
Vital
si bienveillant que dût être oe ~r . oteclur,
cam prenRit qu'il ne poun'ait protéoge.r l'enran l que
de fort loin et serai t excusable, aprè tout, de se
laisser di s traire d'une pareille tâche.
Un autre tourment reslait au Manchot.
Il savait Yvonne en possession de preuves accablantes contre le pseudo-bruron de Folbert. Qu'élaient devenues ces pl'euves ?
In terroger à ce snjet son avoc!~
c'eût été lui
apprendre J'existence de l'O!mant d'Yvonne c t rendre inutile le sacrifice fait au suprême désir de la
morte. Si la poerquli.sition op6roo au <lom icile d,e la
victime avait amené Jn découverte de oos preuves,
ln juslice eùt orienté Jes recherches d"lm a,utre eOté, et VLt.o.l l'oaurait appris. En q~('.ue
cache!,te
YVODnr serrailrel1e œ qu'eUe appelruL (( Le dossler
du criminCil » ?
PourvlJ que le hasard noe mctlr. jamais so us les
yeux d'Yvette la révélation du ileCI'Ct odien.x: de sa
noJssUlloo 1 Cal' Vilol n-e peuL I.JI;CClpler la pCt11.b'ée
que l' nIant SoQit à jomais I)J'ivé e de ;JI. .raisOtn.
L'avocat !d'est tu.
La Cour s'est reLirée. Le jmy d6liMr·e.
ViLil,1 semble cl6shnLér.cs.sé de SClIo1 sort. Emmené
par les gan·dIn.l'mes, il est SOI'lj 0. son tour. T1!'ès
pôle, très amu, ·MG Harrance ]'oCn(:CJ\lrD{§e.
.
- Oui oni, merci, répond l,e M,'..nchoL ; ça ne Jru t
..
rien... ç~ n e fai t rien.
L'avocat s'inquiète. Est-ce que son client va JUSqu'à l'incon;;cicnce ?
Vital 0. rcpr1s sa place. De nouveau, les robes
..
/
'Petite
U
'Deux Sous "
~
rouges, l'hermine blanche du magistrat, les robes
noires des avocats, papillotent de vun t ses yeux qui
regoardent S8JOJS voir.
Et voici que le président du jury se lève.
C'es t oui sur toutes les ques tions, sauf la prémé- .
oitation qui est écartée. Vitèi.l est eondamI1é aux
travaux forcés à ~pét
Li té .
v
CfŒZ LES S I M~ON
Vine odeur Acre, nausoobo'nde, méli/lnge de crasse,
de moisissure et de graillon, emplit le logis des
éjpoux Siméon .
Le,s " objets d'art ll , les « antiquités II qui sont
« une pa.rtie du cœur » d'Isaac sont là entassés,
pressés, ne laissant entre eux que hien juste la
place de se mouvoir et se rvent, au hasard de leru"
emplacement, il. des usages uu" 'quels ils semblent
peu d,es ti,n és.
Une consoJe Louis XIV aux lions dorés était devenue table à manger.
Dans un bonh~ur
du jour, Réibelcca serrait sa
v aisselle, et une' crédence Henri II tenait lieu de
garde-manger. Ce fut encore ceUe crédence qui
servit de lit à Yvette. Des harde s pos ées SUl' la
tablette inférieure rempla cèrent matelas et couverture. L'enlrult, pelüe, frêle pour son âge, y tenait
aisément.
_
Elle s'était laissé emmener par Rébecca sans résistance. SDS yeux très grands, très lumineux,
p erxliB.nt · leur expression épouvantée, se posaien,t
sans tl'ietesse ni joie S'llr les gens et les ~)bjeLs.
ELle r&pond d'un signe aux questions qu'on lui
fait, et seUil.emelIll lOl'sque ces questions touchoot
aux choses matérielles :
- As-t.u faim ?... ' froid ? .. Veux-tu dor mir ?
Elle hoche la téte. parfois pron.once un CI oui »
ou un « non II disLrait.
Mais si 1'00 veut la questionner sur ses pensées,
&ur ses souvenirs, son rega.rd devient fixe, -eilae
s 'immobilise muette et comme absente.
,L'adoption de l'or'Pheline par le couple Simoon
causa cLans le quartier' une surpri se extrême.
Quelques naïfs admirèrent sans reslriction ce
beau geste de iénérosHé. Les plus malins cherchèTent quel profit ~ac
et Rébecca espéraient pouvoir
lirer de cet acte.
Vital subissait sa peine.
On oublia vite sa pOolo et trisLe viemme, et
qui donc s'inquiéterai t longtemps d'une petite
fille il 'peu près idiote, l'ecueiLbe par un ménage
d'usuriers 1
Cependant, Mo Barmnœ vint visiter l'enfant.
Son cœur se serra devant l'aspect repou,s sant des
deux juLes et de leur demeure. Mais Y.lrette, proprement vôtue, pailisible, presque , ouriante, ne semtrisle, non inqui.et
blaiL point sou (frir. li se re~ia
sur le sort de sa petite protégée et, sur la demanda
même d'Isaac, il promit de revenir .
Lorsqu':[a Lint sa pl'@rne.sse,. t;lD mois plus ta.rd , les
Siméon, emportant lell!s vl€llUenes et e~mnat
]eur flUe adÛ'l),Live, avalen t qUItté le qU8.l'Lier S8Jt1S
laisser d'fl<lrosse.
L'avocat sc dib :
Je les .fera.i rechercher Il.
Mai s les jours pas5èl'ont, amenant leurs préoccud'Yvette.
paWons, leurs joies e~ le disL~.aY8nt
PerSOJJ.ne ne se mIt Con pelOe de retrouver les
usuriers. Au de'l à du Panlhéon, clans u.ne étl'oite
rue de Paris d'wtan, une bon tique sombre servit
de nouvel a..,He aux vieux meubles ct 8;UX bibeJots
d'I&aac. La oJ'édence ab,rit.aJt toujours l'amas de
chLl'foThS sur lequel dorml'lit YvelLe. La oonsole,
Voendu>c, était remplfùcée dans son oftJ.oe de table
par un guél'iiClon ner.ouvcrL doP, Loile ai rée.
Dans ra["l'jè~-boutiqe,
les époux avaient leur
lit à peu près conJor,Lable, sinon plI'OIpra.
\
(1
�~
La 'Petite
U
'Deux Sous
Il
Là, Yvette n 'entrait jamais. Elùe avait le dewoir ça 1 Imagine cette gosse en deuil, toute pâlucllOtte,
d'essuyer de temps en temps les v,ieux meubles
Un p-eu sdmple ...
panni lesquels eUe vivai.t ; de ba.1ayer les éLl'oits
- Un peu si.mple 1 interrompit narquoisement
espaces restés libres, @l1e fai.sai t cela docilement,
le vieux; tu peux dire tout li (aiL idiote.
le mieux poSsible, retrouvant instinctivement les
- Non. Ellie m'oMit W'ès Dien, Je saurai la fmlre
gestes précis et ad.roits, le goû,t de la pIl'opreté marcher, je t'en réponds 1 D'ailleurs, les premiens
qu'elle tenait de sa mère,
j,owrs je reste.r.&i près d'elle... c'est-à-dire pas Lout
Elle véout aiIlJSi qudque temps, inactive duraJIlt
près, Faut pus que nOus ayons l'air d'êl;re ensemune grandte partie du jour, assise su'!' un vieux
ble. Mais ' je la surve'ililerai, Donc, je te à:Ls, imaJgine un peu cette gosse.line, jolie - car elle est
tabouret, les mai.ns in€lI'tes et les yeux V18gues.
jolie la coquine - offrant ses pantins p,)Ul' deux
Isaac ne la rudoyait jamais .
.
_ Il la regardai t avec Utl étrange sourire de mé- sous, avec ce regard supplian.L.
- C'est vrai que ses yeux ont toujours l'air de
chanceté sournoLse, d'avide cupidi té. Si elle avait
demander quelque chose, reconout Isaac; s.i seupu saIsir l'expression de ce reg()rd, l'enfant se rct
lement elle savait quoi. ..
épouvantée. Elle s,e serait effrayée à tort. La me- Ça f.ait rien qu'el!le le sache pas ... Les· gens
na,ce d'lsal/:lc ne la vi.sait pas. Elle a'llait plus loin,
pen.seront qu'elle veut ses dellx SOI19. On. pourreit
plus haut que la chéLive p.eti te créature.
la mener jnsqu'au Luxembour'g". toi qu'es enragé
Mars gonflait les bourgeons.
.
Le prin t.emlP'S tout proche rendait plus sombre et pour la flure pl'QlDener !... ça. lu,i en f-era de l'exer,plus triste la sordide boutique d'Isaac, où jamais cice. BeLl, quoi... Tu réponds rien. T'es là, planté
sur tes jambes, avec Ulfl air d·h~!>iteT.
n'entrait un rayon de soleil Yvette s'étiolait.
- C'est que je voudrais pas qu'll lui arrive rlee
On lui permettait bien de s'asseoir à la porte
avant...
cc pour p1'en.d:re l'ail' ". Mais L'air d.e cette ru el·Le.
- Avant, aV6Jnl... Veux-tu que je te dise?.. Tu
domeuraü . LoUTdI, empesté presque autant que l'ates ~aboul!
O'a.1l1eu:rs, pour Lon prOjet, t'as pas
mosphère de La boutLque.
Isaac s'inquiéta. Il ne lui plaisait pas de voir besom d'attendre...
- Si, c'est pas encore temp's. Plus j'attendrai,.
dépérir yv,eLte. Il vOlJlut exigew de Rébooca q,u'eTIe
plus le sœnd8l1e sera gros... el plus Qn me paiera.
fit [aire à l'entant cbaque jour une courte prome- Savoir 1... En tout cas, mOl, ça comme-JloCe il
nade. Il s'attira une de ces rebuffades pimentées
m'ennuyer de nourri.r c'te rJetJte pour rien, FmIt
de !Fos mols dont Mm e Sim-éon avait I.e secret.
qu'elle gngne sà vie ..
C'était une ' courte, grosse, molle créature, au
- Faia à ton ldée, concérta Isaac, Seulemenl,
visage bLafa1'd, aux éheveux déjà gris. Mais ume
1 J'iii.! besoi1Il,. d'!f:)~.
telle couchoe de c.ras~e
graisseuse recouvrait ses gare, qu'iJo lui anrive ~"1el
bandeaux qu'il devenarL presque impossible d'en
distinguer la teinte r-éelle.
vr
Isaac au conLraDwe était maigre, desséché, noir
comme une VT8.ie marme . Son crAne chauve et huiUN JEUNE M ÉNA
GJ~
leux s'abntait constamment sous- une calotte de
velours ro.'Pé
Mme la baronne Raoul. de FnU>ert s'éveilla tns
Siméon ne se souvenait pas d'avoir fait obéi.r
tard, ce matin.Jà.
Rébecca. il renonça donc à obtenir qu'eLle nt proVoulant r~te
son retour de voyage, elle avait
mener Yvette Alll.&i rearoquevi1llée SM la mareh.e
donné la veille UDe fête tnerveilltlLl Se err son hOtel
du seml, La petite somnolai,t, fiévreuse, de longues
de la rue de Lisbonne - un adorable nid meublé
heul'€:S dUTan't,
.
tou t exprès pO~I'
elle paT un mari troop épris, obéisUn jour, un peu. dJe vent s'engouffl'aDt dalIls
sant à S€-S momdres caprices.
la :'loe fit volîïger SUIl"' le trottoir une feuil1e de
Et dans sa chambre d'un mauve doux au plapapler mince d'un rose vii, qui tournoya.. glissa le
fond sexué d'ru, dont les flèuJ'S se retrouvme.M
long du rw.s.se.au et V'imt s'aplatir auprès d'Yvette.
sur Je tapis, la jeu.ne femme, les yeux grandIS ouL'enfant machinalement la prit.
verts, . se de.man.doe sri. elJJe ne prolonge pas un rêve·
. C'é.bait dl\] poalpier de soie plissé, un. débris d'a:bt~
heureux,
jour jeté par une m~nagère
.
Un COl1p léger fImp.pé à la porte a.roaclla r-.rargoo.
Au froissement du papie:r entre ses doigts,
bien timbrée, cares,.
Yvette parut s'animer. Ses yeux brillèrent; elle rite à. ses songeries. Une voi~
sante, demanda :
mania un instant le chiffon brllissant., sans ~es!J,
- Je puis entrer '1
pr,écis , Puis Les mouvements de ses doigts s arferEL LouL aussitOt., soulevant la portière, le baron
ITUrent; elle enLT'ouvrait les lèvres, respirait plM
Raoul parut. Un geste ,tendre l'appela..
fort! un peu de rose aux jpues.
Penché sur le grand lit Lout IIlOU9SeUX de den~l1ent6,
entre ses mains fluettes, le prupier mince
telles, il répondit. aux mots cnressMts et mièvres
prit une forme de corolle dont elle évasa les bords.
dont 00 l'accueillait. Puis, s'llsseyo..n.L au bord d\l
Un peu de papier encore, massé au. sommet du
lit et gru'dant prisonnière un e pctd.c main que tout
cornet, figuTll vaguement un corps.
il co~vrt
de bal.sers l'U,p1dr;.s et Légers,
- Qu'est-ce que tu fabri.ques ? dit 14 rude voix ~n ~aI'l<nt,
de Rébeœa.
JJ s hn.fo1'l11>a : N était..e.J.l-o ~)1l
lasse de 80a nuit de
. Yvette sO'\lIl,eva lia peitibe chose infonne et, un fêLe? Qu'elle avait donc éLé charmante 1
- Vraiment, vraiment, diL Mafgu'Jrite vous m"
éclair à'intBlligenoe dans les yeux, e.lle répondit :
trouvez. jolie?
'
- Poupée ...
- Tiens! fit Rébecca.
Elle s'étonna, ,sincère en su sm'ppise,
Elle reprit., d'un aocent dubitatif
Non, ~argueJtc
I?e peut, sa trouver jolie,
- Tiens, tiens ... Au faH 1
Elle na pas ce temt dont la mer'veilleuse transIsaac dormBU au fond du magasin, Hi1le l'appela,
parence supplée à la réello bE'a lltiJ, Ses clleveu'X', à
- Viens voir ça .. . La. petite se souvient de son
la vérité O<pulenls oL soyeulil, soM de cette nuanoo
métier 1... Ellie sau.rait peut-être encore habiller des
cijê.Lain sans renets qui court les rues, Elle a III
poupées".
bouche grande, très rouge et bien meublée mais
- Et puis &près ,
d'un cLessin un peu lourd . Le nez, légèJ'emènt re--. Après? lues hommes sont stupides 1 Après,
troussé, donne UM expression de gnict6 jeune if.
en~
Ira les ve.ndre, ses pnupMs ..Je lui arrangerai
tout le visage.
un j?1i petit. éventaire; une perChe comme oelle
Les yeux mêmes de Margumite sont sans édl'at.
de VltaJ. sel'aLt trap lourde pour elle, Regarde-moi Du même brun que l(ls chevetUi, ils n'ont du.
1
�La 'Petite
charme que lorsqu'Hs son t emplis, comme à cc
moment, de tendresse rayonnante.
Mais l'amour n'embellit-il pas tout ce qu'il tou'che ? Il n 'y a c!OJll: flen de surprenant il cc que
le baron Raoui de Folbert, follement épris de sa
femme , la d.éclare la plus b'elle de toutes. Lui est
de Lous points séduisant ; élégant et distingué
d'·n.!lure wmme de vi<;age, avec celle grAce un peu
efféminée so us laquelle on sent la v~ u eur
nerveuse et qui rend s i comp-lètement irrésistible cel't&ins hommes .
Sous la fine moustache blonde, la bouche riait
sinueuse, les ye ux caressaient.
Marguerite extasiée conlemplait son mari.
L' intensité du bonheui' I?résent alarma soudain
la jeune femme. EI,le :\JIPI)i,IU, l, cœur gonflé.
- Vous m'aimerez toujours, Raoul?
- Toujou!\S 1
Il la regardait de ses yeux tendres, et ses lèv;res
ponotuèrent le mot sur la petite main frémissante .
Et cependant, un je ne sais quoi de distrait perçait dans son a('cent, el Marguerite se sen~it
tout
'
à coup moins heurense .
Involontairement., elle demanda :
- Qu'avez-vous?
li parut surpris de la question, fronça un peu les
sourcils.
- Qu'aurais-je? commença-t-iJ.
Puis brusque men l. pl'€nan t son parti, il avoua :
- Eh ! bien. oui, j'ai quel,que chose ... Oh 1 ne
vous alarmez pas, DH:l chéric; c'est à peme une
contrariété. Je vous l'au1'8.is cerlaulement oachée
si votre cher l?etil CŒur de sensit.ive n'avait si vite
pressenl.i celte Ol11bl'e à won ciel.
Il se mit à T'ire.
- Vous allez voir comme il y a dû quoi se Lourmenter. Il s'agil du chaulIeur. En visitant l'auto
tout à l'hecure j'ai rprnillrqué deg négligcllces. J'ai
~rondé
- c'était Il lo n' druiL - on a riposté ... bref,
-Je me suis sottelô' ent emporté et j'ai mis Gréne let
à ]:a porte.
- Grénelet. .. Vous avez renvoyé GreneJel que
papa apprécie tellf'lTIent 1 Il était resté dix ans
chez nous, et mun pèr'e a fait, je crois, un gros
sacrifice en nous 1(' ('édan L.
- Ma chère, que vouJez-vouls 1... Mon beau,père
reprendra son précieux GréneJ~t
et Lout Je mon<le
sera content. Cel hOlnrne. préci ément parce qu'hl
était plac6 ici pûr votre famille, se croyait tout
permis, et je ne puis, moi , sUl>porter les impertinents. I\lais nou~
vnici sl"lns chauffeur.
- 11 ous tel\1 des excuscs.
- Ah 1 non, ma l'hère. Je ne reprends jamais
un domestique congRlié. !\lais raSSllr'ez-vous : nous
l'aurons vite remplacé. J'ai déjà téléphoné à une
agence... I\,lon Dieu, que vous êtes donc exquise
dans l'envolemrnt de vos cheveux 1.. . Ma chérie,
je vons aime bien.
Et Mme la b:lI'nnne Raoul de Folbert ne pensa
plus au pauvre Gré-nf'let. serviteur dévoué sacrifié
en un moment d'imr..rtlience.
Le soir même, un <'hullrreur se p,résenLa rue de
Lisbonne, envoyé &:1115 cl()u~
par l'agence à laqupQ.1e le buron s'pl fl il adressé. Il apportait les
meilleures réfprr'nrN' et ce qui déciJa immédil1tement M. de Fol bPI'! Il l'arrêter, C'<lst qu'hl retrouvait en cet hOITlIn<' ,me ancienne conn.aissan.ce. Il
l'apprit à l'vfarguc'rilp avec une pointe d'émolion.
- Vous souven,'7.-vnn,'l, chère amic, du lemps
où, fiancé, je W'nois vnus faire ma cour? J'étai s
amené par une ouln IOllée nu mois que condui,~at
toujours !~ mêmf' IlfITl1me. Ull certrun Boppo. C'est
un Italien. U chel'I'hnit jus tement une place dans
UM maison particu liè r·e.
content,
- Je suis sll/.i.q fllilr que vou,s ~nyez
Raoul; et, ClOmmof' li \' 'ilS. il me 1~
que ce 13 l'lX>
qui vous nmennit près cie moi wH dorénavant à
notre service ... QUIlIlI li. GréneleL, m.aman m'.(\ téléphoné pour me demander des exp li ca tiOllS ••T'au-
Il
'Deux S ous "
~
rais aimé qu 'il rentrât à la ma ison; mais du moment qu'il s 'est montr é insolent avec vou·s, mon
père pense ne 11I1S devo,ir le r eprendre.
- C'est inOlliment déLicnt de ln. purt de lI1. Martet, répond"it le b:lllWl; je l'en rernc.rc1erai
VIT
DEUX
sous 1
On était à la fi n de jui.n. u"ne chaleur écrasante
pesait SU!' l'a gr&nd,e villie.
Dans les squares, dans les iardills. où de fré·
quents arrosages maintenaient 'une fralch eur rolative, des enfants jouaient mO'llemenl sous 1:\ surveilLance de bonnes somnolentes. Dan s J'u ne des
plus vertes allées du Luxembourg, des petiles filles et de tout jeunes garçons s'empressaient au toul'
d'une miette aux: joues pales, aux y"eux de rcve
qui soutenait il. deux mains l'évrn ta ire rel en u à
son cou pU!' un ruban et qui répétait, d'une voix
cl,lire, étmnge, comme lointaine :
- Deux sous ... deux sous ...
Ce qli 'oCl{~
venuaJl, c'élatt de très pel.iLes p<Jupées
de bols, vêLues de pa.piers m ulticoJores.
~lLes
semblaient lJ'Hre pus aussi pirnpiùlles, les
petlles poupées, que celles dont jadis VUn.! si
fièrement pronlenall l' étalage.
Tels queols, los pllfiLins LrOUVlaoient des amaLeuŒ'S
aux juvcniles admilutions ct, depuis quatre années
que chaque jour de beau temps ln petite li DeuxSous Il, aiusi que la nommaieut les enIu.llts, venait
au !--uxembourg \'rndre ses poupées, les mêi'en les
avalent été rures.
Toujours de noir vêtue, toujours pAie, enclose
dans son demi-mutis me, la frêle mu {'phunde ne paraissait ressentir aucune joie du succès de sa mal"chu.ndise. 1\ 1orne, e,lle ré;lléto.it le refrain dont sa.
clj.entè~
.a,vuiL fait un sUl'Oom
- Deux sous ... Deux sous ...
On ne iui aVI'.it jamais entendll prononcer d'autres mots. Aux ques/.lons dont parfoi.s on la pressait, elle ne répondait rien, ne sembLant même pus
leg en lendre.
Perso~n
n'aurait vowu profiLer de cet apparent
engourdissement d'cs[lrit pour nuire à l'innoc en te.
Les enfants avisaient à ne point froisser les fragUes bibelots t'n choisissant la poupée lll'éférée;
pas un n'oubliait cie lui en remettre le pr!x qu'elle
n'elH pas songé à .réclamer autrement que pu.r son
refl'l1Ïn :
- Deux sous. .. Deux sous ...
Au reste. la petite Deux-Sous pOSSédait un farouche protecteul'.
Un tllTreux caniche ~ I é maigre souffreteux
l'attendait chnque jour à: l'èntrée d~
je.l'CIin l'ac:
compagnait et ne la quittait pas de Lout le Lemps
qu.e d.lLl'ait La ~nte
. .?u:is lorsqu'elle reparta.it, iJ la
sUlvatL le nez druns sa jllpe.
Les plus tLgés des en(a.n.ts habiluéa du Luxembourg se souvûnuien.L de l'entrée en scène de ce
[>ersonn.age. Il y avn.it aklrs peu doe Lem~s
que
Deux-Soli S venait vondra ses [}OU [)Ocs.
Un jour, un chien que pourchassait le gardien
était vonu se j~Ler
oans \,<'-'l jll.mbes di} \0(1. Ollelte
et, tout aussitôt, cessant de fuir, li s'était mis n
japper joyeusrn~t,
toumant autour de la petiLe
cn remuunt IrénélIquement ce que la barbarie des
hommes avait bien voulu lui laisser de quen .
L' nfant l'avait regnrcl6 d'abord sans rien dire
puis s'était mise à pleul"ûr.
'
- A toi, ce sale oohot? demanda le gardien.
D'un signe ete lête, la pelile dit oui.
- Et. tu pleuf'es pal'Ce que je le chasse, reprit
le gaT'<lien ~nhome.
Pleure pas, gcsselinc, mEUS
garde ton chllCn près de toi ; aLLache-Ie, ça vaud ra.
m~eux
.
Decux-Sous n'attacha point l'ami retrouvé.
;
�~
n
t3
La 'Petite" 'Deux S ous ..
De lui-même il s'assit à coté d'elle, prêt à délendre l'étnlage et La marchande.
Pauvre Torti!.loo 1 Chassé, hoooi, a.près L'arrestation <1e .son malLre, des moi s du.nant il e rra.
Sa longue expérience d e vieux vagabond lui avait
fait éviter le terriJ:)!e lasso et la Providen.ce des
hraves cbiens Le r emettait sur la 'l'oule d'Yvette,
Yvette devenue la pctite Deux-Sous 1
Ce soir-là il partit Lrüompha leme nt avec là filleLte ; ma,i.s, à l'entrée du Lu xembourg, une grêle
de coups de pied l'accueil.1it.
Rébecca, qui venait là chaque soir attendre
Yvettf', reconnaissant le caniche, deV\Ïn~
furieuse.
N'était-ce donc point assez de garder la HIle de lIS.
v,ict.imc et faudra-t·il encore s'encombrer du cillen
d e 'l'assassin?
Tortillon ne cria point. Il étuit fait aux mauv.rus
trait emen ts.
Il tou.ma vers Yvette son heau regard tendre
qui sembiLait dire : Il N'aie pus peur, ne te chag;rine pas. On aura beau faire; mainLenant que
je t'ai tl'O<UVOO, on n'arrivera poi,nt à nQus> sépar er. Il
De loin il suivit sa nQuvelle maUres se jusqu'à
son logis; puis il reparLit, ncr et pim.pant, se
glissa de nouveau dans le jrurdin, se cacha dans
un bu.isson. Le lendemain Yve Lle le retrouva qui
paraissait l'attendre.
Et ce fut de même chaque jour. EUe lui apqlQrtait
du pain, dérobé sur sa maigre part.
J.cs g:Jrd,i ŒS . à présent, connois' ient la peti~
D.cux-Sous . Pnr pillé pour e11e, on sUPP<lrta Le caDJ,C11e, qu.i n'était plus oonsidéré comme errant.
On disait : 10 chien do Deux-Sous, et ce~a
f·aisait Il
Tortillon un nouve l état civil quI lui vaLait la pro.
tecLion des grandes personn€S et le respoot des
peLit.s enfants.
Toujours se'lTée dans SQn tabUer noir d'é.c olière,
la petite v·endeuso n'accllsuH pas ses quatorze fillS.
Ellle a peu grandi depuis qu'Isaac e L Rébecca
l'ont T'eCueiIJio. Copendnnt, - 'es lo.ngures séoo.nces en
plei.n air l'emp~.(hcnt
de s'6Liol r lout il faH.
Ce jour-là Yvette semhlait plus vivan le que de
coutum e. La gmnde chaleur amen<lil Ù ses joues
u!l peu ~e
cal'min. Le IlomJlre de.s. pelit-cs poupées
d:1mmu all. 'La f.ùtette répéLait son a.ppol :
- Deux sous .. . deux sous.
Une nourrice s'approcha; une élégan te nQunou
enruba.nnée, pOTtant dans ses hras un garçonnet
d'un an. ILe bébé ten.dit cs mui·ns vers' les p8lnti:Ills
aux cou,j,eurs vives don t loes t<lU1.S crriardl.) L'amusaj,enl. Yvetl-c sourit Il l'enfant.
EUe qui jamoO.is ne faisait d'avan.ces Il sa turbulen te clientèle r.;hoisil la plus éolatan te dos poupées
et la lui tendit.
- Prend s, dit la nOllIlOU. Je vais l'acheter ça,
ça te changera de tes joujoux en bijou terie.
Elle payn le panlin et s'éloig!w, tandis que lebébé se trémoussait dans ses bras en criant de
joie. Yvette suivi t la nourrice et renrant.
A l'entrée du jardin, une au to allenclait.
!->ebou t près de &Il maohin e, le chauffeur guettait la nourrice.
- Vous voilà enfin, nounou 1 Ce n'est pas trop
lOt. Madame la baronne va s 'i mpatienLer.
- Que Don 1 EUe nous a dit de la rcpr ndl'e chez
son unlie Il six heures... c'est encore nous quI
attendrons.
- Qn'est-ce que vous regardez donc, monsieur
Boppo?
- Voyez donc cette gosso, fit le chauffeur.
La n~JUou
se retourna' :
suls... T'as
--: TICns, te 'Voilà, toi... Tu nou~
envie de nous vendre une autre poupée ?
Yvette, san s p8rllHre l'on lClld re, riait au petit
garçon. ~epo.
commonça :
- ~n
)uJ'era1l1es yeux de ...
Il s arrêta, sc mOI'<lant les lèvres.
~
La nourrice s'installait dans la voiture. L'auto
s'éloigna.
Yvette reslJa un moment sur le trottoir. Quand
elle ne vit plus la voituil'e, la flllette soupiN!.. Il lui
restait encore que.lques poupées; cependant eLle
ne rentra pas dans le jardin.
Sans prendre garoe à Tortillon qui la suivait
tête Dasse, comme trisLe de la voir s'intéresser il
un élra.lI.gt''J', )vclle reprit I.e cllcllIÏln du logis.
Yvette passa la matinée du londemain à confeclionner, ù préparer sa marchandise. L'après-midi,
elle prit 'Je chemin du Luxer: bourg. La petite
Deu'x -Sous s'[\JSsit dans u n coin d'ombre et posa
son éventaire près d'ell.c, soc Je banc.
l! était elLcore trop lOt poUl' espérer des chalands; ~ ependant, <.toè.s qU'lI pas-s,ait queJqu'ruJI1,
Yvelte dÎlSnit de sa voix chantante :
- Deux S011S ... deux sous 1...
TorLillon avait l'ejoint sa maltresse et dévo,rait
10 pain apporté par elle.
Un pal; cria sur 1e sable. Yvette lendH la main
vers sa corbo.iJLe, l'agita; les petites robes de papier froufroutèrent.
- Deux sous ...
- Bonjour, petite. Tu viens donc ici tous les
jours?
Yvelte ne répondit rien.
Elle entendait cepend(lnl, et son regard s'attacba
curieusement ou r'egûl'd de l'inconnu
- C'est toi qui as vendll hier un pan Lin au poumes malll'es. Tu ne m'as pas vu près de
pon (~e
la v<Jlture qu{).n<l tu as suivi 1'8 nQurrice ?
Yvette seCû'ul8 ses pou pées.
- Deux sous. .. deux sous 1...
- Ah ça ! 0s>t-ce qn.e oett.e jOlie mioche est
idiot.e ? murmura l'.h omme.
Yv~te
~e
songeait PQin ~ à s'oHenser. Elle s'ocCUPalt mamtenant de 10rtil1lon, le caressait.
- - Laisso donc cet affreux cabot... Tu te 'Payes
ma t~Le
... On nia pas des yeux comme les Liens
quand on eSil. maboune. Réponds-moi. .. Je Le YeUX
d~
bien, je rn.'in lér-€'f'..se ~ toi parce que ... enfin, lu
n ns pas besom de saVOIr la raison de cet intérêt.
Profiles>-cn simplement. Voyons, réponds. Où est
ta maman?
CI Deux-Sol1S )) se recu~a.
Elle redil C<lmme en
rêve:
- Maman .. . 11a... man, ..
Puis e1I1e seCQua la tête.
- Morte? questionna de nouveau Beppo.
Mais YvetLe s'était remise ù caresser son chien.
- Avec qui vis-tu , alol's 7... Où demeures-tu?
A, ceci J;>eux-Sous avait appris 0. y répondre.
D un air appliq ué, elle nomma Les Siméon,
donna leur adresse . Isaac n'avait auumi.g.é lf'lSo sor·
ties de la peUte qu'n,près av il' ocquis la cel'tiluoo
qu ' elle saUlI"ait, au b-esoin, s>c faire ramen'er. Il te-nait à elle férooement.
~
Bon, merci. Tu n'oO.s d~ci<lément
pas toute la
ranson, pau.vre gosse, mn,:,,> ç'a n'en vaud!ra p8'l1têk,e que m,i{>llX.
BcpP<l s'éloigna sans qu'YvetLe parut s'en aperoevoir.
VITI
DE BRAVES GENS
- M. le baron de FolOOrt demande Bi mca.dame
peut le r ecevoir ?
1 intrQùui sez-Le 1
- Mon ~ondre
Et, tandas que le vaJet d.e chambre tallait chercher le baron, Mme MarLe t, d'une main coquette,
rectifiai t sa coiffure, faisai t bourIer lcs den teIles d.e
son corsage.
C'était une f{lmme d'une cinquanwine d'années
qui n'avait jamais été" jolie, mais que son air de
grande bonté rcndait sympathique.
Elcvée " Il. la dure )), ayant aidé son mari è. ac-
�~
ti==================================
qrué.ni.r la fortune qui, quatre ans ipl'l1S tOL, lui avait
permis de s'offüjr un gendre titré, eLle gardJ8.it des
Lemps de lutLe et de médiocrilé une façon d'êLre
active, décidée, des habltudes d'ordre et d'OOooom1e. D'ailleurs cdLe feLll/ 1Lt! Slffi!}Le ne nourrissait
qu'une ambil.ion ; faire faire à S8 bien-aimée MwrgueriLe un beau mariage.
InsigniflanLe mUl~
douoe, aimable, bien élevée,
la jeune fille, au.x yt!u.:x de sa mère, étaU digne
des plus hautes destinées.
Même 101·S{j1l.e l~ LJ/ •.n.l.1 Raoul de Folhert, rencontré à Biarritz du rl!l.D.t une vilJégiature, fit sa
demande. Mme Martet fut !.entee de te refuser
sans examen, le simpJe Lort..il de bar<ln lui paraissant peu <le chose.
MalS Le beau Raoul avait déjà fait le s.i.ège de la
pl;ace, avant de ri.squer uue attaque décisive. Et il
sayait qt'e MaJ-guel'itt. ne le Laisserai t pas évin-cer.
En effet, lorsque Mme Martel, par acquit de
conscience, 11t part à ''1 fi.1le de La. demande de
M. de Fo.lliert ;
Un garçon oerbaiTlem.en.t très
bien, ma.i.c3 qui ne .p arait pas cependant devoir
te convenir li, elll:l Pllt ln s'Irprise d·ent..endre la
douce petite Marguerite affirmer que Raoul, a!l
contraire, lui convenait abs<ll'Ument et qu'e11e étaü
résolue à n'en point épouser un autre.
- Mais, <lit Mme Martet Lout émue, c'est que
bien décidés, ton 1,f.>Jr· .·1 mai, à l'eIuoor ce jellne
bomme, nous n'avons prÎssur lui aucun renseignement..
- Prenez-en, répondit Marguerite.
M. MarLet se rendit dans une Iamille amie où
fréquentait le baron de FolJbert.
De même que Mme Martel, la mallroose de maison avait fait aux eaux la connrusSl8nce de Raoul.
Elle le savait orphelin - jJ le disait - et ne
crai~t
pas d'aftrm~
que c'élJait un homme tout
à llUt séduisant et supérieur.
Séduisant, Mme Martel partageait cet avis. Supérieur... elle n 'en <1emandi~
pa~
tant, pow-vu
qu'iJl fO.t bon, fklèle et t.endre .
- 11 est trè.s bon, dOOlaro. l'amie, électrisée
à la ~ensé
d'un mariage à faire. Çhaque [ois que
je ['ru quêlé pour mes œUVTes il s est m<lntré
d'une génbrosiLé princière...
, et ~es
Tout 'cela ne prouvait pas grand'<:hos~
renseignements de fralche date lru,ss8lent bien
dans l'ombre le passé du préten.dlUlt de
Mlle Marlel
00 s'en contenta cepen<lant. Comment empêcher
'l\[argot de prendre le bonheur où elle aIfimluiL
d!.'voir le trouver? El il suIfit au baron Raolù,
admis enfin à faire sa cour, d'un très léger effort
pour oonqtléI'ir et aveugl'er le pèTe et la mère,
comme il avait &11 oonqllPrir ct aveugller leur mIe.
Depuis qu,alre ans que Marguerite était baronne,
Mme Marlel n'avait que des raisons de se féliciter
du ch<lÎX de Margot.
Celle-ci rayonnait de bonheur. La naiss.ance d'un
fils mettait le com ble à ceLL!.' félicité eL. chaque fois
qu'il 50 p.ré..<;('ntillit chez sCo!; beaux-parents, Raoul
élfiil accueilli d'en thollsiasme.
Toujours du même élan tendrement glori'eux,
Mme Martel aLlait au-<levant de son gendre. les
main. wnùll,es.
.- Eh 1 bien, mon cher Raoul, qU<li de n eu! 'r
Votre femme et mon pr l.it P,icrre von toits bien?
- Parfait .ment bif>n, i'f, je S1.\.is qne V(HltS verrez
MargueriLe t<lul à l'hellrl') . .Te suis VŒ\1 avant ('lie
pOUII" vous en tretenir d'un sujet CfUi 'Vons est 10u·
jours très cher. Il s'agit d'une bonne action il. ncoomplir.
- Qu e je VOll.'1 remerGir de p oser ainsi 1 En
eff et, je trouve quI' le plu.s grand bn~e.u
que
'(luisse procurer ln forlune est la posslbl,l.lté de
taire des beu r ux.
NoLre chèr'e Marguerite pense de même. Elle
est, en cela comme P.1l tout, la dig~
fi.lde d'une
mèJe afl llli ('lJ.ble.
(1
1
La 'Petite "Veux Sous "
~
- Je VOllS remercie, R.aoul. Vra.iment, je sUis touohée... coul use... Ivlnis vDyons, CeLle !.>on,ne WUV1>e?
- Eh 1 bien, précisément, cette boon.e œuvre
Marguerite s'en serait certainemeIlt chargée avec
joie j mais je arois que mieux qu'eHe VOl1S serez
à même de l'en t:rep re.ndre, de l'amener à boIlJOe
fin ... Voici Loute l'hisLoire. DerruèJ.ement. ébant par
hasard enlrée au jard.in du Llllembourg, La noUlfrice de Pierre acheta un jouet pour le bébé il. une
petite m8J'l::hande d'oopect misérable. Nounou est
une bonne créatu.re Slans gran<le finesse j elle ne
remarqua point l'aspect sourfJ'cteux de l'enIant.
Mais la filletLe s'étanl wpprochée de l'nuto, Beppo,
mon chauffeur,remarqua ce visage d'enfant maladive. Cetle fIltette, paralt-il, t!l dans les yeux une
expression L<>uchanLe ... poignante j Beppo me ruSait en être tout remué. Le lendemain du j<lL1!' où il
l'a vue pour la prem1ère fois, il a de nOllv.eap rencontré la ven<.leuse de poupées. Tl l'a qu ostionnée
et a reC<lnnu qu'elle est, non pas idiote, mais
comme engourdie, avec toujours <lans ses yeux
celte expression de trislesse épe<rdue. Beppo a
demandé l'adresse de la petite et s'y est rendu.
C'est affreux 1 Un anLre immonde, où vit un vieux
cOtLple juü sordide. L'enfant n'est pas leur mIe.
Ils !l'ont recll!6.iJlie, préLendcnt·i ls, par pitié. Beppo
est persuadé, d'après ce qu'il a vu que ces affreuses gens n'(m! pris cette petite que pour s'en
servir.
.
- Oh ! s'en servir... pôu.rquoi?
- Mais ... dès maintenant, l'enfant leur est un~
SOUTee de profiLs avoo la vente de ses pantim
qu'elle fabrique elle-unême très adroitement; sa fi
gure de sou ffrance attendri t les gens, et les gros
sous doivent pleuvoir. Voilà pour le pré-sc.nl. Quant
à l'avenir... Dame, je le répète, cetté filUette est
ravissante... et l'engourdissement de son esprit
ne rend!loit que plus facile à ses S<li-disant protecteurs l'accomplissement d' ig\flobLes projets.
- Quelle horreur! se récria Mme Martet. Je ne
puis croire .. . pauvre innocenle 1
- Pauvre innocente, ên effet...
, - l'vlais d'où vien L-clJe, cette petite ?
- Eh 1 voilà jusLement ce qui semble louche.
SOi-disoot, ils l'ont trouvée touLe pClLite, errnnl u
et, comme elle ne pouvait dire son nom, ni indiquer Ron adresse ...
- Mon Dif'u, soupiTa Mme r.,'Jnrtet, qu'il y a
donc des misèl'8S de par le monde 1
- Des m isèrL-'s et <les crimes, .répondit le baron. On ne peuL espérer les guérir toutes, les
empêcher tous ; mais lorsque la Providence met
sur noLre chemi1l un.e oouVore do oont6 et de
justico à accomplir...
- On doit lui en être reconnaissant, inlerrompit avec feu Mme 'JarieL. Que je vous remercie,
mon cher Raou'l, de m'avoil' signa.lé la g.iLuation
l'tnvronte de celte ma.lheureuse 'Orpheline l, .. confaire ?
seillez-moi : que p.ouvns-~,
- l1etirer l(t petlLe à ces )uiJ.s.
- La laisseronl-ils partir ?
- Si on les paie, cer'laincment. Et 'Pour ce, cOl6
de 1'1-1 question, vous me pe r meltrez bien de cOlltribuer il. votre' bonne œuvl
' ~.
- Qu('tl excellent garçon V~l
R ~.s
!... Qu~md
jo
pense que j'ai hésité... <lui, j'ai hésité un moment li. vous conllf"r le hnnhellr de Mnrgot...
- /est. mal 1 dit le baron, d'lln a.ocent péù~r.
Puis, se r prenant, les yeux humides, la voix
a~nuiJ'd
. ie
d'émotion, il reprit ;
- Mais non, VOUS aviez raison d'hésiter j vous
aviez raiS<!f1 de me trOtl ver indigne de votre tUl .
Il est vrlll que ]'>el'sonne, je crois ne serait ab
solnm ent dign d'une créature aus~
déliciense. .Te
ne puis reconnoHre la fnv ur immense cl imm6!rit6e que VallS m'a\ez faite qu'-en, l'aimant de
toul " mon 1\,n1 r , .. ('n l'/Hlm'n nt ...
Mme Marlet s'-eoouya. ~es
yr.\l:J:. Son cœl1l' débordlliL de tend.œs se. Ah 1 qu'olle a donc bien faU
Q
�•
~
La 'Petite
U
'Deux Sous "
• 1,
======================
- On V{)US contraindra tout dé même. Nous
de céder à l'enlratnerrnent de Margot VeTS 00 beau ,
devons tous marc.her, suivant les ordres. Si l'un
ce {le!', ce bDn RuouJ ! Elle Ste leva, l'ésolue.
ae nOlls flancbe.. . Vous save7, ce qu'li arrive à
- J.e vai s ch.ezCes g€'IlS, immédiatement. Je
ceux qui flanchent ? Qn est genW, convep ez-en 1
prends l'enfant, je lla fais élever Je ...
On vous a laissé le Lemps de savourer votre lune
En SOUTi;lIlt, le bHJ'OII a.pli,~n
De h-ellu zèle.
de miel. .. sans com.pter qu'elle peut durer encore ...
- !lia mère, je yOUS l'econnai.s bien là: Mais
a.près, voLre lun,e de miel! On ne lu.i veut poo
il fauL, même dans J'ex€l'Cice d€ la bonté, cons erVOlls entrez vous- . de mal, à la petite baronne, mais ce qui est jUlré
Vélo une ceJ'lJaipc prudence, ~
est juré, et vojjà déjà trop longtemps que vous
même en pourparler's avec ces gens, ils vont esêtes seul à profiter d'une affaire qui devait être
sayer de vous faire c'hanter.
partagée ...
- Alors?
Raoul serra les poings.
- Laissez agir Bepcpo, voul.ez-vous ? C'est de
lui que vient l'idée que n ous pou,r,rions .retirr·e.r
- Oh! g,ronJd'a -t-il, être son ma.1tre 1
celt~
mail'heureuse de l'enfer où eJle est tombée" ;
- Bah 1 qui dOI1Q est tout à fa il son maltre...
c'est 111i qui, déjà, s'est présenté ohez oes brocan- Croyez-vous que ça m'amu se, moi, de fajre le
teurn, il. y relDUrneJ'18.. Il déba.ttra avec eux les
cbauffeur?.. Eh 1 j'a.i.merais e ne0re mieux votre
conditions, sUJi.vant vos instructions, naturellIer0108 que le rrüen, d'autant plus que la baronne ...
;m,ent, et sans vous nommer. Beppo €LS't adro.i.t,
Un geste menaçant de Raou.! l'interrompit.
donne7.-1ui carte lJl'anche.
• - Là... On ~Iaue
un peu... Pas 10. peine de
- Oh 1 de grand CŒur! Et je suis sÛl'e que
s émporter... DlT8..It-on pas. ..
mon mari m'a'p·p·ronv€ra : il C'Slt tOUjOllU'S sii hooBeppo se recu}a. Son visage pli.le dans le jour
:l'eux de fai;re le bien 1 Oui, je donne carte blanohe
faux du ga.r8Jge paraissait }JIlus pfl.le encore. Ses
à oe Drave Beplp0 ... Je ne l'ai mais pas, figurez'- yeux noirs lu<i.sai/ent. Ce n'étai t plus Le serviteur
vous, vo tre chaurfeur .. . Mais non, je ne lui trou- d éférant. Il r egardait Raoul a.vec une expr ession
vais pas un bon vi<S8.ge. Il a je .ne sais quoi dan s de défi, de menace provocante.
les yeux...
Raoul détourna les yeux. Beppo demanda
- Oh! mu mère !.. . Ne s'avon s-nous pas bien,
- Qu'y a-t-il de convenu?
tous, qu'il est dangereux de juger les gens SUlr
- Tu dois aller chez Siméon, L'entendre avec
les apparences ?
lui. Mme Martet donne carte blan che.
- Rouge 1 répliqua Beppo entre ses dents.
Le baron ne parut point entendre. Il demanda
IX
- QUaM iras-tu là bas ?
- A l'instant.
f
BEPPO
- Gare à toi s-i tout ça tourne mu.!... tu en
M .. le baron Raoul de F olb€rt ne fais-a.it point réponc1s ...
- Mais oui, mais oui, mais oui ...
partie de ces maltres in soudants qui dédaignent
Raoul sortit du garage, refermant avec bruit
de S'</lppesanlir su·r le détail des choses.
la porte dont les vitres vibrèrent.
~ erson
,n e fut donc sU I'[)r i,s de le voir, ce
- QueLLe poule mouillée 1 gron da Bep po. Si on
SOlr-Ut, dès que l'auto fut rent.rée ra.menant me.ne le Lenait pas ...
dame, traverS€r la cou-r de l'hôtel et. pénétrer
La nuit se faisait tout à fait lorsque Beppo pardil.Il.S le garage où Beppo s'affairait déjà au ne tLoyage de sa machine.
vint chez Isaac Siméon.
La bou tique était 6bscure. Isaac épargn ait un
Haou,1 re~Tna.
d,el"rière Iuri. la porte vibrée du
éclairage inutil e. Les chalands. rares <léjà pen'ga;ra·ge e t s'approcha de l'auto. De 1a cour on l.es
dant le jour, de~nailt
probléma tiqu es 'dès la
voyait, ma.1s personne n e pouvait les entendre.
tombée du soir.
Tandis que le bar.on se bai~ sa
it
près de Beppo,
Les maisons closes- de bonne heur-e semblaient
comme pour examm er une plèce, le chauffeur decraindre on ne sait quel de. ng,er, queHes attaqu es
manda, loa voix changée :
nocturn es. D'aiLleurs, les façades sont là très ra- Eh 1 bien, ça niche '1
res, la rue dans presque tout.e sa longue ur étant
- En plein. On prend la goS'S€.
bOI'dée de hautes muraiiLI,e s! Le fait <l'avoir choisi
- Chez soi?
cette arrl'e<Use rue afin d'v ouvrir u n magasin monPAS enoore décidé, mais on y viendra.
tratt bi,err1 que la vem.te des bibelots n'était pour
- Hueno, bueno, dit Beppo.
Isaac SirnéOll1, qu'une ra.LooIl soc.ial,e avol1able pour
- Mais es-tu stlr, très s ûr, que c'est elJe ?
couvl'ir d'.aubres méti<ens ~
r otajent moins.
J 'yOUS crois que j'en suis s Or. VOllS m'avez
neppo ~rouva
Rébacc.a occu.pée à mettre les
l'onvoyé à J'an(li en ce, et j'ai vu le défilé des té.
rno~s.
ISlM.{) Siméon en ét.ait ; jJ a cJ1a.rgé tlmt vole ts. Il la salua, plem de ôéférenœ, et s'in ·
form a d'Isaa c. La vieille le regarda avec défi ance.
qU'U a pu ce pauvre bou gre ... j'ai reconnu son
reconn u t l'h omme
Malgré la cLemi-obscurité, e~l
s :~ le
musenu.
- .l e voudrnis comprendre se/u,lement pouil'qlloi qui, la veilLe, était venu marohander une console
et qui, Lo ~ lt en discutant les prix, avl8..it pal'lé
ces juifards-Ià se sont encombrés d'Yvette.
de la petIte Deux-So us rencontrée par lui au
- Ab 1 P01ll'quoi... pourquoi. .. On tAchera de le
Luxembourg.
déco uvris. Mais ça ne m'éLonnerait guère s''hls
Que le ur vouLa.H oet indiviodu aux maniène's dou·
n'a\'qlient pas d 'autxcs rai SDns qu,e ceLle que nous
ceI1cu,s-cs? EU appela d'un ton rogue:
aYOn,., imaginée ... le tre.fic d'une jolie fUIe.. . Vous
- Isaac... On te demande.
a.v.ez 1''8 il' tout cbose ?
•
De J'antre obscur l'homme <SlurgU.
- Je ml' demande b'i c'est IIne .si b()lnne idée que
- Je vondrais m'entr tenir un instant avec
ça do ro.pp roùhor cIe nous la gamine?
b'- Non 1... Mais je vo us Lr ouve épaLo.nt 1... Eh 1 vous, dit Beppo souIevRnt ~o n clH1peo.U.
- Entro'l. A1blez doucement., je vous prie, VOllJiS
Icn, et nos projeLs 1... où trouverons-nous mieux
q\.l.() ce Lle gosse pour nou s aider T... Est-ce que pourriez beuder queJ.q ue chose ... J.e VIais fa.i.re de
la lumière.
vous avez l'intention de lab!j!Ù'l' 10ngLem[)s Lm!ner la ohose '1 ... Si vou,g aimez cetLe vJe-là...
Beppo s'était arrêté, mal ra ssuré dans ce tte om -- Je no suis pus n1<8Jlheurellx .
bre qu'il SllvaiL encombrée d'objets et snrLout qu'il
BE'J>po eut un mauvais r egard.
sentait peuplée. Cal' c'éLatt moLnoS la <:rD.in te cl'un
helJrt qu.i l'opprC's.sait que la scmsalion nctto de
VUIlS n'Nps pus ~<'\l
en cfl.nso, baron 1
,() visage de naoul se conLracta.
frOler un Clif\e. Il 6~ait
cerLoin qu'il se LrouvaiL là
Quelqu'un d'autre cru 'Isaac.
nc veux pas être contraint.
- J~
i
�La 'Petite " 'Deux Sous "
Rébeoca avait mis la dernière feuifile du volet.
La o:uirt étaU absoJue ; Be<ppo entendiL le fToltement
d'une allumette. La main crochue, velue, déformée
d'Isaac, éclairée par la petite flamme grésillante,
prenait un aspect démoruaque de patte griffue.
Le vieu x alluma une lampe il esserwe posée sur
un guéridon. Il était ainsi éclairé de bas en haut,(
et son V1isage\ comme tout a l'heure sa main, se
défonnait, hiaeux et effrayant.
Beppo, souvent, avait donné la preUNe d'un
sang-froid pouvant alllell' ju.squ'A la cruauté. 11 se
croyait des ner1is .solides, et cependant il éprouvait
ce soir dan s cette boutique de bric-A-brac, devant
00 vieu'x à. [aoe sournoise, un malaise ressemblant
il de la peur.
Un souffle rloUI'd le fit retourner : Rébecca renbrait. Elle referma La porte derrière eLle et Beppo
senti,t son malaise augmenter. Instinctivement, il
porta la main là la poche intérieure de son veston
que gonflu,i t lu. crosSIe d'u.n revolver.
Mais personne ne songeait il l'attaquer. Rébecca débarrassant un vieux fauteuil encomhré d'objets hétéroclites le poussa vers le visiteur,
- Si monsieur ve ut S'asseoir ...
Ii! accepLa. Alors, moins aveuglé par la lampe
qui se trouvait maintenant placée plus haut que
son visage, Bep.po distingua mieux les choses autour de lui.
Sur un canapé dont le crin s'échappait à travers l'étoffe déchirée, une form e noire était étendue - le frêle oorps de la petite Deux-Sous.
Yvette ne bougooi-t pas, SOn visage, appuy'é sur
son bras replié. meLtait d·ans la pénombre une
Lache pê.lLe. Elilie avait les ye~lx.
grands . ouv,erts e~
roogardaiL n ep ~.
Alors Ce.lUJ-Cl COlTljJrlt ct où lu1
était venue tollit ·à l'heure l'impression d~
n'êwe
pas seul ar\rec Isaac.
- Voilà votre jeune protégée, dit le chauffeur.
Qu'a-t-elle donc? Est-elle maJa<le ?
Rébccca Tépondit :
- Elle n'a rien du tout. Elle dort comme ça
tous les soirs, en attendant la lumJère. Elle me
peuL faire ses poupées à ttl.tons et elle n'est bonne
qu'à ça. Oh ! c'est une rude charge que ;nous avons
là, vrai 1
la Lête . . Sans le .saBcppo approuvait, hocan~
voir, ia grosse Rébecca lUI préparmt lcs VOles,
Isaac, ia voix m.ieiJleuse, protes ta.
Non non, il ne r egrettait rJen. Sans doute on
ne vi~aL
pâ.s toujours bien il l'aise ... Mais tant
yue sa femme et lui auraient un morceau de pain
11 sc mettre sous la dent, on ferait la parL de ceLLe
pauvre enfant.
- Commcnt donc l'appelIez-vous ? demanda.
Beppo ? Vous ne m'avez pas dit son nom hier,
- Yvette, dit Rébecoa,
Son mari lui jeta un regard noir, eL elle se troubla, grogna, mécontente, avec i-w conscience
d'avoir purlé trop vile. Isaac r-cp riL :
- Oui, cille se nomme Yvette, ou plutoL c'est ma
femme qui lui a donné ce nom-là, car son vrai
nom, personne ne le saura jamais puisque ellemême l'a oublié,
- Bien entendu, répondit BC'ppo. .
S'il avait oonservé quelque doule, l'Imprudence
de Rébocon le dis s~pai
t. Il se ca.rra çans son fau; su VOIX parut emteuil, prit un air ~ncLux
preinte d'une émotIon contenue,
- Vous avez éLé, vous êtes encore vraiment admirnboles. Il est consolant de rencontrer sur son
chemin des cœurs aussi gén6reux,
Isaac ni Rébcœa ne parurent s'émouvoir à cet
éloge. Ils n'éliaienL pas de ~ux
qui se I~isent
pnmdrc au miel de ID. flutterJe. ~epo
le comprit
.
.
et, très sou.ple, changeant de tncl.iqu?:
_ Si gén6reux que vous soy~z,
dIt-il, ~l d.ésm..
~rcsé
s il serait juste que voLre bonne actIOn trou,
1
.
~
vê.t enfin sa .récompense, CeLte récompense, je
viens vous l'ofCJ'.i.r.
Les époux Siméon échangèrent un regard que
Beppo surprit au passage et qui clairement signifiait : (( Attention 1 On veut nous rouler. »
- Je connais, reprit Beppo, une femme de bien,
toujours prête à secourir tau les les infortunes,
Cette personne 0. entendu par1er de vous.
- De nous ? grogna Isaac avec inqujétude.
- De vous et de votre protégée.
Si c'est ime' brave dame qui veut faire la
charité à la mOme, interrompit Rébecca. C'est pas
de refus 1 la v1e est dure. .
- La dame au nom de qui je suis ici veut faire
micux qu'une aumOne : elle vous offre d'assumer
la charge de l'enfa.nt.
- ElLe nous pai{!]'aLL umoe pension ?
-Non... E1le prendrait la fillette chez elle.
Rébecca tout à l'heure gémissail sur Jo. cherté
de la vie. Son marj a fu.iL choru:s avec eHe. Cependant, t()US deux répondent par Ja même proteste.tion :
- Jamais de la vie 1
- Nous séparer de cette chérie 1 larmoie Rébecca.
- Une enfant que nous aimons comme si nous
l'avions mise au monde! renchérit Siméon.
Beppo laisse ùi.l'e. Il a prévu ces protoe.st.ations.
- Eh 1 bien, n'en parlons plus. Je le regrette
pour vous, d',-lutant plus que cette dame cotillJ1l'enunt qu'il vous en coûterait de vous séparer de
la pelile étnit décidée il offrir unc compensation.
- LaqueLle ? deman<la Rébecca, cessant de larmoyer.
- Mais .. . une certaine somme et., je crois, assez importante.
Isaac eut un beau g-esLe.
- EsL-ce que de J'u.rgcn-ll s'écria-L-il, peut con201er une s-éfpamLion... Croit-on que nous voulons
vendre notre chère pel.itlC cnfanl ?
- Oh 1 ne vous indignez pas, répondit Bcppo
et meltons qu,c je n'ai rien dit. C'est fùch eux pour
elle. Son av>CIlir ctU été élJSsuré.
Rébecca tU un signe à Isaac, CeJui-ci prit l'air
dubilatif.
- Oui, oui, monsieur, il y 0. l'int6rêt de l'enfant. Nous n.e devons pas l'oubli er... Mais, d'un
autre coté, laisser allcr celle petile...
- Vou ne 1a perdriez pas de vue.
- VMi? s'écrùa R6becca, on nous per'mettrait
<Le la voir de tem.ps en temps ?
- J'vloi-mC!me je m'engag.e à vous l:amener, répondit neppa, aussi souvent. que poss.lhl-e; Je ~Ol1
S
le répète la personne chartLable qUI m enVOle a
été très 'touchée très émue de votre conduite si
désintéressée. Elne sc fe'l'aiL un s~l'upe
si, par
bonheur la petite J'cLronve sa J'mson - d l'éloigner 'de vous, d~
lui nrprendre l'ingl'aLilude.
_ Ah 1 s<Hlpira. Sirnron. le le vois, c'(,8L une
dJgne personne, avec de ~ien
beaux sentiments ...
_ Mais, dit Rébeoca, vous ne nous flvez pas
dit sOn nom .. .
Beppo avait d'abord caress6 J'espoir d'ohtenir du
couple la remise pure ct simple de la peine DeuxSous contre espèces sonnantes. Mais il comprit,
en Yoynnt les Sim éon sur le dMensive, qu'il n'obtiencllrnil jamnis ce1a et qu'alors mC!mr qu'ils parels'rurrangeraicnt pour le filer et
lrnicnt cMer. i~s
pauli" d.écotlvnr chez qui se trouvait Yveu,c,
Mieux vnlait brQlea- ses va.isseaux, quitte à trouver un moyen de se d&bnrrnsser de ces sordides
pCl'sonna{jles s'ils dev n.aicn t gC!nants,
n eppo en un instanL son C1ea. il ces choses et,
son parti pris, il répondit :
me
Mme
- La personne qui m'cnvoie ~n()m
Martet .. . eUe est fort l'ich , Ln. fill e de Mme Mnrtet
a épousé, il y a quo.l.re ans, t\L le baron Raoul de
Fol.bcrl, chez qui je suis en qu.aliLé de cha.uf1e~
�or- La Petite "'D.euz Sous"
e
e
}-
a.
s
r
t
======================
C'é tni t une très vieille bê.Usse, rue Monsieu.r-l eSur le bres de Rébecca, la main d'Isaac, sourPrince. Des commerçants, des petits employés,
noisement, s'abattit. Les doigts crochus de l'homme s'incr'ustèrent dans lu chair flasque, et la juive des ouvriers Il'habilaient.
Sonia, étudia nte, avait horreur des étudiants.
retint l'exclamation prête ù. lui échuppcr.
Elle demeura impassib le, tandis qu'Isaac, d'une ELIe vivait sans o.'l.lIlal"Bderie, farouchement réfrJl CLaire aux avances, a ux s)-mpal,hies qui pouvaieIlt
voix pleurarde, répon<.lait :
- Je ne cOIilluis pas cette dame ... de pUIlVrr)S
s'ollrir il. elle. Mais clle n 'avuit pas toujours été
gens comme nous n'cnten.dcnt point po..rler des per- ainsi.
sonnes du grand mond{). rVluis vous nous di:.cs
D'abord, travaillant gaiement, allègrement, son
<J,u'elIc est bonne .. . qn'elIc aimere h;en riotre pe- ambition était paLiente. tcna.ce et joyeuse.
tlte... qu'elle nOllS permettra de la voir .. .
Elle poursuivait alors son labeur sans fa iblesse,
- V6us n'avez pas expl!<.jué, interrompit R émais SUIlS fièvre . Elle voulait arriver, savait qu'elle
b ecca, comment ccLLe daille a entend u parler de . [\[Ti v rai t.
nous ...
En ces temps..Jà, elle habitait près de l'Ecole
- Diiln simplemflnt, répondit Be.ppo. Elle a "u
de IVlédecine et frc:\quentait ses camarades, réserYvcltc au Lux()mbourg, a vuulu 1-0. faire pal'lel' et
vée sans pruderie, chaste par goût autant que
s'est aperçue de son élat. Elle a cu pitié de l'enpor raison.
fant et m'a chargé de m'informer d'elle. C'est
Pilis. un bcnu jrmr, (ln la vit pù1ir, S'cs yeux se
pourquoi je me SUIS déjà présenté chez vous et je trou·h lèrent. Elle quitta son logis et se !réfugia dans
vous ai InterrQgc... AtllOIlS, ûle.s-vous cLécidés ... rE-iuceLlc maison où ne logeait aucune de ses camarades .
seZ-VOllS ?
- J'accepte, dit Siméon.
Et quand elle reparut à l'Ecole de Médecine,
c'était une Sonio différ'ente, rllde à tous, toujours
Rébecca grogna. .
- Faudrait toul de même savoir quelle somme sur la défensive el si violcmmcnt acharnée au
on aura...
laoenr, que Ics moins W'I'sjlicoces démêJè1'ent
qu'elle obéis"nil n011 à unc subite fièvre d'am- Cinq mille francs. C'est déjà joli Pour le mobition, mois à \ln bcsoin d'oubli dé es_péré.
ment on ne donnerait pas davantage. Plus lard,
Sonin Orbihoff conCfuit ses diplômC's , e.J\e ne
on ,"erra.
trouva poinl l'oubli. Et. dans ~a manE'inrdc où toute
Un sourire éruel retroussait ln lèvre rouge dc
l'éloclri cité de l'Mn::!e semblait s '~tre
amoncelée
la. " pel'!e des ciwu.H,·llrs Il.
p&r cC'l.l.c .soirée d'él~
Oppl'OO ..nle, If\ doclcrf>sse,
- Vènez la chercher demain, dit Is&'ac.
Les yeux lui,.ants, les pnll'ffi(,s brOla.nirs, song".
II ne murchand"it pas. Un intérGL IJlOI IlS imm ésonge ardemment e t fTémit dc douleur comme aux
diat , mais pllls pli.:;~,un
q1lC c{'lui de la somme ù
jours passés.
toucher mailltcnunl I·('hlouissail.
E1le s'était rapproch6e de la fenêLre ct rcgar- J'ru l' argenl, dit I3cppo. Vous a1lez me faire
un reçlJ ... el j'emmènc lu pelil,e. Inutile de rasscmdait au dellOfl'l, s.ans voir. \.JR rumeur de ln rue
bler ses vêLemcnts, on lUi en fournira.
montait ju srTll'à la j{'lJ1le r mme ; elle n'cntendit
- Ob 1 je pen e bi !:'n , gélllÎt Hébecca ; les pau- point qu'on fmppnif chez elle, ne se retourna que
vres frnsques crue nou-s pouvions lui donner ce
lorsque la pnrl.e, femnée seulement au loque t s'ouvriL touLe grande.
'
lui serviraient pas là où elle va ... Viens, ma co- Sonin 1. ..
iombe... Vien _, ma petite mign on.ne .. .
Elle eut Ull cri étouffé, presque un gémissc. Elle s'est npproëhée du eilllupé où Yvette, touJours inUl10bile, de ses gNlnds yrux purs contem- ment.
plait, sans la comprendre, l'étrange scène où sc
- Sonia 1 r6péIJA la mOrne voix caressant.e.
clrcidnit sa vie. Rn voyant nppr6lt;lwr la gro!'lse
Elle av{\it crispé ses mains il l'appui de la fenêfemm.e, l'enfant craintivement, se TecroqutNillu.
tre et, raidie, ne se retournait ras, ne voulo.iL pos
- Lève-toi, dit moins dûucement lu juive.
se relourner.
La pctiLc Deux Sous o.béÏJt.
- Sonia! N'dit la voix. Sonja, ne voulez-vous
Elle se laissa condulre vers Beppo et ne retira pM me l'rgal'(l{)r ... m'a.v{,z-VO\lfl donc oubli(·.
Ciltte fois, cl,le fit volte-face: J3.eppo, le cha1If.~ur
pas sa main lorsque eelul-ci la saisit pour entrnlner l'enfant comme une proie,
.
du baron de Folbert, se tenaH au seuil de la
chambl'e.
- Hegardez-moi, dit Sonia, ct voyez si j'oublie.
x
Beppo con templa les trai ts émnciés, les yeux
caves, la bouche crispée de la doctoresse.
LA DOCTORESSE onSlHOFF
Un peu de pitié lm vint de toute la souffrnnœ
La cho.leur, qui tout le jour avait élé acca.blunt,e, J16vélée poa.r ce v iwge que, }odi,s, il a aimé.
- MA panvr Son.ia ... et il tendaiL les bras.
se lu isait pll1S suffocunt.e encore il l'approcho du
- Laissez-moi 1 fll-elle rndement.
soir. L'oruge venait. Dps édnirs zébr'licnt l'Iwrizon
ENI' vint s'o.<;grOiT à l'abri de sa petite table
.assombri, de larges gouttes de plui{) crépitaient
encombrée de livres.
SUr les lrol,toirs surcliflilfféfl.
n{'ppo la regardait pensif, le cœnr v8~e.mnt
Duns sa petite manSArde où r'égnait une tèméll'rinl. Il s'en voulrnif de l'&rnolion rprouvee.
Pérnlure de four, Sonia Orbilioff haletait.
Crrtl's, il The vl'nnit pas ici pour r DIluer l'idylle
Soni s'était à demi dévêlllc. A ses pieds tmtnuient des savates. Un jupon de toile grise serrait nncienne, mais bi n pour jOIl('r à celte molheuses maigres hunc.hes. 1';Ue n'avait ni cOl'saflc ni :rf'll !;r qn'il A jnrl i'l I,rnn{' f'n son r ou voir, la cocami sole, et sa chemise glissait sur scs bres, clé- m('die s{'nl.imrnlnll'. nnn (Ir ln 1'< conquérir au;ct1r(]' Ile.
COUvrant les épflulrs 1.T'op minces, mais de lignes <l'l1ui qll'il avail hc ~o il
- Son in., dit-il dOllcem"nl, VOUs me haIssez ...
puros, ct la [loi td ne \ln PPll li '1 s ... c ct comme r n- Je l'C'spèrp..
lr6c pflr l'hubilul'I l'o.ppl'C1ch ment el l'inclinnison
Déjà ello decouvrait sn fnibl'~
.·r , n'osait IIlffirconstanle des épaules.
mer la hain e qni l'Ilurail défc,m(]lle.
~oni
rbihofr pos"uit dl' longups heur>~
- p sIl prit lin nit" conlr'nint.
SUit toute Sil viC' - flC'n('h('c :-Illr ln pe!I/" tob.1e
- Vous avez 10 dl'flit de me hllïl·...
cnconlorép de livres 1 ce r.ah:cl's qui, 0\"10': ulle
- Plus ([Ile vou. III' croyez! in!cl'l'ompit la jeu(',h/\be boitell se pl \ln li! (!(> r "', COIll]1o:,n it tout
1flIncuhlernent nf' ln mansarde, avec un Lub et lie feTll .ne . ./1' Il'('/:lÏs pos COllll11e nne autre, moi. ..
ies UlItl'.:!S qui font de l'anlour un jeu eL ne se lilm broc <Je fer-olnne_
2. -
LA
PETLTB c DEUX S'JUS •
�~
18
vrent que pour se reprendre. C'est toute ma vie
que je cl'oyais vous donner quand je me suis donliée .. . C'est toute ma vie que vow, avez prise, en
dfet 1 MaLs pour la [<J,ire désespérée, pour la dé\ aster à jamais... Pourquoi ne m'avolf pas laissée telle que j'étais, teHe que je voulais rester,
ignorante de la souffrance comme de la joie ...
Pourquoi m'avez-vous fai.t vous aimer 1
Dcppo s'aLtetlldait à des reproches. Mrus. il n'avait
pu,> prévu l'lJ(!oont tragique, le v.i.&age désespéré.
Vraiment, <cette Soma exagérait les choses 1 Il dissimula son impatience.
- Vou.; pouvez m'a.ocabler. Ce que vous me
dites, ie me le suis cent fois répét'é. Je vous demande pardon. .. Aocordez-moi cependant des ·circonstances atténuantes. Quand nous nous sommes aimés, Sonia...
Elle rectifia, violente :
- Quand je vous ai aimé, moi ... Vous ne m'ajmiez pas.
- Je vous jure...
- Non 1 Du moment qu'un amour peut fln.ir,
c'est qu'il n'e jamais existé.
- Qui vous dit que mem amour est mort... que
je ne vous aime plus ?
- Vous? cria-t-elle.
Il y avait dans sa voix, .en même tem,ps que
du doute, un invoJontaire espoir et aussi du défi
et de la passion. Ellie n'était point jolie, Sonj,u OrhlhotI, mais une telle int"'l1siLé de passion la soulel.·s,it, 5-eS y<;!ux brillaient d'll.O I.e! éclat, qu'ci le en de,v enait be-lie. Beppo se troublait.
- Sonia, Sonia ...
Elle vit qu'il allait se raipI?-rocher. Son geste le
repollssil. Il oMit. Debout, lom d'elle, il parla.
- Laissez-moi vous diire, vous expliquer... Je
n'ai p-as oublié quelle condition vous aviez mise
li. votre amour. Notre liaison devait être une unJon
durable et sacrée ... Plus tard, après avoir tous
deux pa!:lsé notre thèse, ayant le droit d'exercer
nous aurions mis en commun notre ln.bcur ; notre
union légalisée vous eû.t donné le .respect du monde. Vous disiez n'y pas tcnk, j'y tenais pour
vous. Je comptais devemr un. méd-ecin célènre et
qu'à nO'l1S deux nous aurions gloire et fortune ...
Milis je u'lliÎ pas ou de cha.nce 1
Elle eut nn rire sÏJ'went.
- Vous appelez cela n'avoir pas (Je chance?
Beppo pa1'ut dOuJoU1'81100ment oflen5é.
- Sonia 1 VallS ne m'avez pas OI'U ••• Vous n'avez pu me croire ooUjpable 1
chose ignoble,
- Ne mentez pas 1 Le vol, ~te
a été prouvé. Vous avez vœé votre camarade, votre ami, votre oor.ntpoa.gnon 00 misèl'e et de tNIvail. Vous avez fouil1é son tiroir que 00.0,5 méfianœ il lai&slliL ouvert, puisque vous seul pouviez
entrer dans ceUe chambre.., la vôtre à tous deux ;
vou s vous êtes apro~é
les quelq1J.es. billets de
cent ITa.IWS (PH~
le pauvre garçon venait de recevoiI' c:1e ses parents pour son entretien <le toute
une année. Un de ces billets, mtlrqué, a ôté changé
par vous .. _ oui, oui., la pl'euve e. été laite ct il est
M,c'hc à. V01l5 de nier. On lWJfait pn vous fl8.ire prendre, on a eu pitié de vous. Mais V{)US n't~viez
p'.lus
qu'une chose li. faire; aband-onncr votre oarnère,
vous cacher.. .
- Vous V yer" bien SoniA 1 VOus-TI?ê.me conv~
D'·z que ma clis.pariLion était nécessl}lre ... Fant-lI
cette djspnrition, que je no vous
conclure, d'tli~rès
aimais pa.."1 Y
_ Ce n'est point parce.que vous VOUIS êtes enfui sans me .revo.i.r que je vous dis ; iC VOUA ne
m'n'Vez jmnllis aimée. II C'est pf\.rce que VOIlS (Lvez
rendu (;ct~
fuiLe néoessnire en commettant une
t\ction rl{' gl adttnte. QUlInd on aimQ, on li horreur
de déchoir.
- Commo.nt expliquez-voU6 alors tant de crimes
commis par c.mour... et que t&nt de Olalhwreux se
La 'Petite " Deux S0U.s .,
~
laiss€'l1lt conduire à l'indélicate:sS<:l. .. afin de pouvoir
dOI1ILer à leur maHrOOb'e Ull 'Peu de luXJ0? .
- Vous n'allez pas dire qu.e vous avez volé ...
pour moi?
NO!l1, il ne peut rejeter -SUT Sooia la re·Stpollsrubilité de sa faute. Toujours fière dans SIa pauvreté,
elle n 'a jamais rien aoce.pté de lui, moins pauvre
qu'elle. Il "8 01.1p ira.
- J-c ne sais pas ... .Te ne sais .plus ...
Il éprouvait à cet instant un peu de vraie débrosse. Son a.ocent y gagna en sincél-jté et Sonia
se sentit moins inexorable.
- J'ai été cruellqment puni, l'cptT'it Beppo. Ma vie
était brisée ... J'ai connu des jOIll'S affreux ! J'ru essayé de t.ous les méLie-f'i 1 Ce qui renod·ai.t pour moi
tout diffic.ile, c'est que le ne vouJais rien dire de
mon passé. On se serait renseigné, .Te racontais
que j'arrivais de provinoe ... Ce n'était pas assez:
'o n me demand:ait des J"éf'é.r€lIlCOO , l'adresse de m~s
anciens (( poe.trons Il. Car je di.sa.ioa a'ussi, suivant ce
que je voulai! entreprendre, que j'avais fa it ceci
ou cela.... Mors j'imaginai dJe me dire lia:lien. Je
pa:rle bien œt.te Langue... M.a.in te:oon t, SoInia, je
me nomme lleppo.
.'
.
- J3.e!ppo 1
- Oui 1. .. Ne prononcez JamalS mon vrru nom,
m~e
dans cette chambre, même entre nous seuls;
hl est dispa.ru... oublié.
- Beppo ?.,
- Beppo tout COUin\.. Afin <l'évil-er les que. tians
sur ' ma famille, je me snis donné comme_ e.nf·anL
n8tur~
. Et Beppo a fuü par obtenir un.e place
chez un loueur d'a.utomobi'les. Bep;po a pass6 des
ex-a,meoo de chauffeur ... Bo lrp O m.o.i·nLenant est aU!
service d'un certain baI'On de Falbert.
- Vous, vous.. . en. service 1
- 11 n'y (l. pas de 801,5 métier.s, diL Beppo.
Elle répéta, désespérée :
- Vous, vous, VOllG 1...
- Je ne me plains pas. Le métier était plus pé1Di.ble q1.111n<l j'étais au g('lrage. Enfi~,
ma pauvI:e
Sonia., vous devez comprrndre que ]e ne pOUVUlS
VOlllS revenir en de paremo().'j conditions, vous donL
je suivais de loin ICH 'uccès, qui lJoursniviez la
»(.'11110 et noble ca'ITière ...
- Qu'y a-t-il donc de changé a.njourd'hui pour
q,ne vous sayez rev~mu
? cl manda Sonia.
- Tout simplement ccci. Lorsque j'appris votre
réussite, je me dis, me 6(lUVenant de a'habileté
professionnelle que vous possMiez avant même
d'tl.voir le droit de l'e:orercer, que vous feriez vit.e
votre place au soleil. li)t j'ni cessé de m'informer.
La pensée que j'étais banni de celte belle vie in- .
telligente <pl'ensemble nous devions mener me désespérait. J'ai voulu vous ~ublief
' Et puis, brusquement, par hasal'd, la vérlté m est !i-p~e
! Un
jour je vous ai rencontrée.. . Je v~u.s
al sUJV1e, vous
ne vous en !tes point aperGlle. J.ru vu où vous demeuriez et je me suis Ul.fo~·é
près de votJre concierge. Cette femme m'a dit que vons n'e 'ercj('z
pas - snn! par chol'itfl - e' qne vous pan rsnivi('z
vos étuc1'cs, né~ligeat
le. p1'nOt d'une immédiuLc
application de votre savoir. V0US 6LlJr1ie~,
les maladies nerveuses et mentales, st..cc vrni?
~
C'.'sL vrai. Pn.rcc Cfl'LO j'ai cru devenir folIo
moi-~e
de chagrin, il m'a plu d'6tudier la folie
des au tres.
- Ma chère Sonia...
- Je vous défends de dire; le Mu chère Sonia Il.
,Tc ne veux plus vous être chèrr ... Que v.oulez vous
ode moi?
Un coup .dc tonnCl'l'C éC'.Jata. LA. pluie rnainlenant tomblllt il Onl.s. Soflia, longuclJJCtlL, uspirn l'nit'
moins 10l.lrd M répé.f." .
- Qne voulez-vou {Je m0i ?
-- Je veux 8f'llJ.PTn{>nt vous offrir 1'<lCOflSion d'utiliser votre expérience nulrroncnL qne gratis. T.a
belle-mère du ba.ron de Folbert a près d'cllo 'tlne
Si
tmfant à peu près idiote, à gui e11e s'intére~,
�La 'Petite
~
Il
'Deux
Sou~
on vous en sera:it somppouviez la gu~rÏI',
tueusement reconnaissant, et je ne vois pas poru'-
YOllfl
quoi vous continueriez à. vivre dans l,a misère ...
J.e vous apporte le moyen de vous e.n affranchir.
- Eh men 1 expùiqutyl-VOUS, qùe faut-Ïà faire?
- Me permettez-vous de m'asseoir ? .. Non, ne
vous .dérangez pas... le lit me servira de siège.
VGici J'histoire; M. et Mme 1vLartet, le-s beaux-JNlrents du bar'on, possèdent une grosse, très grosse
fortune. Ils sont fort charitables. C'eat aiusi
qu'ayant appris qu'u.n.e pauvre créature, simple
d'esprit, joli.e, c'est-à-dire doublement une proie,
étaih à la ward d'un affreux couple de soidisant antiquair:es - en ré:iliLé des gens cBlpnbl es
de lous les métiers - Mme Ma.rLet n'a pas bésité.
Elle a donné à. ces vi:lains personnages 11Ile somme
assez l'onde et a obtenu qu'ils lui cèdent J'eniant,
[1 y I/l. un mois de cela.. La pcme Deux Sous
comme on j'appelait 'lorsqu'elle allait vendre de's
pantins de pa.pier à deux sous pièce, est devenue le
chou-chou, la. favorite de la maison. D'abord on
l'avait confiée à la femme de chambre. mIe pre.I.ait
ses repas à l'office et Mme Mœ'tet cherchait une
pension, un asile pJutot, où Cille pourrait la faire
soigner ct élever. Puis, tout a changé. Le baron a
prélendu que leur prot.égée devait ètre une enfant
volée, de n aiS\Sl3.nce aristocratique.. Il lui t.rouve
g!'und air. Mme M:u'oot a été ùe suite persuadée que
~a 'petite .Deux Sous est une prin<:ess€, ,et e1le s'est
]lu'é alors de retrouver sa ram ille . Yvette (on la
nomme Yvetl.e) est ùonc pas:séc ide ' l'o[fioe au snion .
Le baron, s'intéressant toujours à e.lle, conseille il.
sa beJ.1e-mère de garder sous son toit sa protégée
et de la faire truSter par: un spécfa.Hste. On adopte
oetr·e 1dée. Yvette ne qUltt.cra pomt sa protectrice.
plus à Paris. Je dis nous,
Mais nous ne s.om~
parce. <Iue M. le ba.ron et Mme la baronne sonL à.
Saint-Germain, dans la beNe vi1la à tournure de
chaten.u que les MJLrlet poS\l.èdent à. l'entrée de lu forêt. Dans qu·eJ..quas j011.n! mes maUres el moL .. Vous
sursautez à. ce mot de maUres ... Ma pauvre Sonia.,
qu'est-ce qu'un mot! Donc, dans quelques jours,
mes maUres et moi nous irons au bord ùo la mer.
.n nous reste encore un m<tis à pass·er o. La villa
Ma.r~ueit,
ainsi désignt'.16 du nom de la jeune bo.ronne. Le baron a confiance en moi, et nous causons souvent de bonne amit.ié. Il m'a été facile de
~.arle
de vous. J'a), d'aiUeurs, quelques droits
~
~-nres.
à la petl~
Deux Sous., ~
c'es1 moi
qUI llU découverte et rugOO!lée au charitable in térêt
de Mme Mutet.
[ Sonia O.rllihof!, peu à peu, perdait de son air
~IJChe.
Ses a.dnliorn.ble.s yeux ray<mnant de pasSIOn et d'inbellig<lDOO 00 posèPen.t s·a.r Bcppa.
- Vous n'êtes pas devenu méchant, c'est bien 1
dit-ell e .
-: Merci de cette paroile... Ah 1 Sonia, Sonia 1. ••
~L'3
ne nous Ilttendriast>ns .Pas. Je vous disais que
J '61 parlé de vous. Ne piluvant racon.ter q11and et
COJllJnent je vous ai connue, j'ai lnvon té uno fuble.
-- Encore, murmura Sonia, tonjoun{ menLir !
-: Dame, ma chère. j'y suis ~ien
!ol'cé. J'ni dit
avolJ' connu une personne guéne par vous qui
m'aVait 'P'o.rlé de votre science a.vee un éloge effervescent. J'ai fait ressortir l'avanlage qu'il y aU\'ait
à POuvoir garder, au moins quelque temps, n G<':meure près (j'Yvette, le docteur qui devait l'étllcr et la LT"Il.it.er. J'ai démon{,J'Ié a.uooi combien il
serait simplifil.l.nt que ce docteur fOt une docto~OSs?
On pourrait llti ôonfler nuit. c,t jour la ~urde
e .1 cnIa.nt. Un médecin - homme ou fem.~
arrIVé Û. la notoriété ne conflrnLiruit évidemment
pas il. abandonner SoB. clientèle pour u n{ sp.nJ e made .. Vous qni n'exal'coz encore que d'une rnr.on inernntt.on lc, vous n'aurioo pas crs raison;; ft oppos€r.. qn a. trouv6 quo jo parlni:'! d'or. C'est pourgUtol J.o allia vonu aujoul'd'hui 'ous prévenir dos
à~
entIOns dl) la fa.millo- Martot. Ce n.c.st point une
marche orncielle, On n'enverrait pas un humble
lUi
l
19
u
~
dhauffeur en mission a1l!près cIe vous... D'auLant
moins que j'ai dit - ne l'{HlbUez pas - ne vous
connat1.re qBe par des 010. dit. Je ne V0U6 ai ja 1'10$
vue, Sonia ... VOu.s éviterez avec soin de n~us
tra.h.i.r...
-:- Soyez tranqu ilJ.e, bien que j'aie horreur de
femdre.
- Vous alitez receVOIr la VÏJSi.te du ba;rolli Vous
ne pouv-ez le rooevoil: ainsi.
SonjJlll'ougit.
1
- Il faudrait VousaI'['angel' un peu, Soni,a, et
arranger aussi ·I.e décor... Vous ' êtes jeune;
adroite ...
- Mais non pas fée. Je ne puis rien avee rien.
- Ma chère amie, vouIez-vous me p.rouver que
vous m'avez pardonnè le passé '1
Les yeux de Sonia .ret.rouvèrent leur étincelle. ment farouche.
- Je n'ai rien pardonné, fit-elle d.urement.
Beppo fut dé{)ontenancé.
- Alors, dit-il, je ne sais comment vous dire ...
vous proposer... Il est bien certain, n'est-ce pas,
qu'on vous ol1riI'8 de superbes émoluments.
- Oh! sUlj}el'bes ...
- Si, si ! Je connais les Martot. Si vous guérissez la petiLe vous en avez flni nv.ec la misère.
- Où voulez-vous en venir?
- A ol:rn!nir que vous me permettiez de 'vous
faire une légère avance... de quoi vous ...
Elle acheva amèrement :
- Me vMir, n'est-cc pas? Ma garde-robe laisse
à désirer. Cependant, rassurez-vous. Je ne passe
pas ma vie telle que vous m'avez surprise aujourd'bui. Si votre baron s'effare de ma mise modeste
ce sera tant pis pour lui.
_.- Et pour vous 1 VOlUS He.s absurde.,. pardon,
absurdcment fière,
- Je n"aoc0I>terai rien de vous ... Bep?o. Mais je
vous . :reme!"C:i.e d'avoir pa.rlé de moi. J il ai VO]vl)tiers auprès de cette pauvre enfant, non par désir
de g8.0<1Tler beaucoup O'argent, ma.is parce qu'eU!'
sera pour moi un intéressant slljet d'étu de, du
moins je veux le croi.re. Si, après examen, je constate que nous nous trouvons en face d'un cas d'i.·
dioti-e banal et inguérissahle, j'en préviendrai loyalemen.t Mme Martel.
- Moi l j'ai idée que vous trouvera?; le. petite
tout à fmt digne de vous se.rvir de suje t.
- Je J'espère.
V011S V{)US occupiez d'hY'Pnotisme autrefois?
- Je n'ai pas cessé.
- Cel&: vous servira iSBIT.l..s douLe pour' Yvette ...
- VOllS aussi, vous vous en occupie2?
- Si peu ... Je p'e.n.dormais bien que des sujets
déjà. prép8.1:és par de p~us.
forts hypnotiseurs ... Allons, au revok, SonJ.~
...
- Au revoir,
Xl
Vl1.U MA.RGUERITE
Dans une jolie chambre aux tentures bleues fleuries de ptt(j'ue.rettes - J'nnc..'Ïennc chsp bre de !\lar·
gnl'rit ivlu·te
onaj~t:lIé
'\'dtc. EUeporte'1.lDC
robe de m{JU!ss lino blan,'he qU'll,llègent enco.re ses
entro-deux le V~lencius.
Un ruban blanc serre
sa taille déjà. dessinpc (lt s~
ohev{'ux b10nds bouffant autan r de son visnpte moins pt'tle sont atcb(-~
SUi!' la nnquepar un nœud de velours nQir.
Vraiment Yvntte, ainsi vêLlle, JlnmH donner rai~
'. on aux snellOsitions du bar-on de Folbrrt. Elme 8/
bi(>n l'nir d~lnc
l'eLit,o p~im
SSD m6·h ncolique.
Dep11is tfuinz€ jnurs Sonia Orbil ',ff est II. de·
meure à ln illa. t>.1:u'gllorile; Ane oh!;;erve, étudie',
essaio de pé'I1l~"r
10 myHl.ère de cet te int .eli~nc
engo\J,ti<1ic. Une lllèce ,contiguë à ,la r-)Hl111bre de ~
ma,l>!l.do a ét,.6 aménu.goo pour la dœw.resse,
,.
tI'llJ.lSformée.
Elle aussi ap81~t
�(;Il-
La 'Petite " Veux Sous
20
Lorsque le baron de Folberl s'est prés-enté chez
la jeWle femme 1,1 n 'u Il tluJes~é
ni s>wprise, ni dédain de la pau,\ (·e t.è du 1(lgl.S et de l'aspect misérable de l'hablluube, Il rW,11 !Irévenu.
Mais il importait que Sonia pnrtlt devant Mme
Martet en tt!lJue COl1velllLble, sInon luxueuse. Elle
l'a compris. EL l'awlIJœ que fort discrètement lui
offrait le baron, Sunia ruccepta.
Elle porte mruni cil/lili UD€ Jupe de laine grise,
une blouse de bata,LI:' mauve, et eUe est presque
jolie, malgré ~l:dH'w'uX cuurts.
Durant ces deux ,;erllainoes, Sonia n'a pas l'BVU
Beppo. Le chauffeur appelé pour venir aux ordres,
n 's aucune ralsoll de péllétrer dans la villa.
Et Sonia qUi, (j·abord.. s'est effrayée à la pensée
de vivre aussi prè:! dl] coupa.ble jadis si ardemment cimé, Sonia se rassure.
Si pour l,a jeulle !Prllme le passé d'amour n'est
point effacé, si c1Je ~ounre
encore et se début contre l'obsesi>'1on du souvenir, nul ne pourra le deviner sous le masque impénétrabJe de son visage.
Non, persnnlle ne saurl/:l q~ie
de se~lÏ'
BepP? si
près d'e.lle oppr'essl,> el angoisse S~ma,
e~
qu elle
n'est plus bIen sÛre que son angoisse SOlt de la
haine.
D'ailleurs, l'épl'euvl' t.ouche à sn fin,
Demain, le baroll 'et la baronne de Polliert parlent pour Biarritz. en aulo. Voyage d'amoure'lx
que racilite 1\lwc Martet en gardant près d'elle le
petit Pierre.
Devant les fenêlres ouvertes, les stores sont
baissés, L'ombre est tiède, parfumée de l'odeur
des héliotropes
Assi se sur une churise basse, les coudes aux genoux, le menton SlII' sns mains jointes, YvetLe contemple de son élf'Unge regard de rêve cette
sonne il J'énergique visage, à la vO,ix douce quolg,le
autoritaire qui, dùpuJS deux sem8.l.IleS, ne la qllltte
pas Wl in5tan.t.
- Yvette, dit la docloresM.
Un léger mouvement prouve seul que la fillelle
II. entendu son nom. StUlS repondre, elle continue
à regarder Sonia..
Celle-ci. héH-lte U1l peu, inl.erroge les prunelles
presque fixes. Certes, elle 0. <Sarle bLanche pOUl' leI
traitement qu'il lui plaira d"essayer.
Oui, elle pent cl dOit Lenter tout ce que sa
science, son aud>uce uïême lui conseillent. Cependant, si. eLle échoue? Si elle ne parvient qu'à Memdre tout à [ait la peli,Le parœl1e de raison qui parait brl1ler encore dans le cerveo.ll d'Yvette?
Brusqem~t
Soniu prend son parti. Elle s'approche de la jeune mie, la contraint à relever la
tête. Le regard de la dOc[ol'csse, 9,ue durcit l'efIort
de volonté, appuie su r les yeux ,d Yvette ... Et ces
pauvres yellx semblenl grandir, s'emplir d'épouV'ante... Les paupièrcs I>nllent oerveusement, puis
s'immobilisent. Sonia saisit le bras d'Yv'lto, le
soulève ... Le brus garde, rigide, ta position qu'elle
lui donne.
Sonia ne parl e pas. Menlnlement, elle donne li.
m'enfant, en proie an sommei] d'hypnose, un ordre
que oolle-ci exécuL IllJssilOl. C'est Lrbs simple : un
geste d la mUln , \J11 sOIIJ'irc, C'en t IlSsez pour
convaincrp Snniu de HIl rlli!':SI1nre sllr Yvette.
D'une pression de dnigt s u l' les paupières, la. doctoresse a r6v Illé l'illClln sri nte.
A l'hClire frllkhe, ROUS les grnn ds arbres du jardin, le goûlcr' e~t
Rervi : ln voix a micale de Mme
Marlet nppf'lIi' ln om'lol'f'gsc L Yvr-l.Ie,
Autour de ln lahll' en ,jnnc Chfll'/lée dl' fril:lndlses,
Marguerite d(' Fnlllf'ri 8';1('1 h'e, gracieuse, épano~
dans son bon hplJ r [).(1r'si~lfnt
Ln bonni' I\lmf' l Inrll'l t'HI (>cl1011ér dons un fauteuil il ltlll:wulf' l'Il fac' ril son n '1ri, 6rhoué, lui
aussi, rflll1rlr," ' 1Iln~
s.a dl/ur un p<:n flasque de
lI"OIiI hommr vipi llift"Clllt
Le baron de l' oib( l'L aRt li Paria dopula ce malJn
ver-
Il
-,lt!)
en auto. Il doit terminer (( des affaires )), explique
Marguerite, avant son dapart.
Le d1ner fut relal'dé par la raute au 'o-aron qui
arriva une demi-heure en retard. L'auto ayant eu
une panne, Raoul s'était vu forcé de revenir ~ar
le
train, laisso.Jlt Beppo ,J:éparer la ma.chine qu il ramènerait le plus vi~
possibl-e.
- Pourvu, d!.ll Marguerite, qu'il n'y ait demain
matin aucune anicroche...
Son mari la rassura. L'auw marcherait il. merveille Beppo [erait le nécessajre.
- Ce chauffeur es t vraiment un trésOr, dit
Mme Mu..rtet. J'en viens il vous féliciter d'avoir
renvoyé notre pauvre Grénelet, puisque vous l'avez si bien remplaoé,
Son.ia, muette, l'air absent, éc.outait les éloges
décernés à Beppo, commë cfiauffeur, et elle pensait
à ce qu'avait élé ce Beppo, aux am.bilion.s si
grandes, si nobles de ja,dis, el! auxfl llelles, de tout
son amour, eUe s'étail associée", Quelle chule 1
Remontée chez elle'" enfin, tandis que, dans la
chambre con ligu~,
YvettE' s'endormai t paisible, la
doctoresse éteignit sa lumière et s\accouda à la fenêtre.
Il faisait une a.àorable nuit. La h;ne, au-dessus
des arbres du parc, s'élevait plus pà.1e il mesure
flu'elle se rapprochait du zénith, En bas, l'odeuT des
héüotropes <lans la n,u it s'exaspérait et bruignait
Sonia de douceur aLlendrie. Elle' songeait.
Soudain elle se m.il il rire anlèrement. Elle se
raillait. Allail-elle, Sonia Ol'bihul'f ln savl~e,
la
docwresse aux cheveux courts, devenir sentimentale com me u ne griset~
?
Il Je suis folle, se ddt la pauvre fille,
c'est moimême que je devrais soigner, non les autres 1 Il
Un roulement sou:r'O fuit IJresooil1ir Sonia. L'auto
revient, La doclorf'sse se penche... regarde ]a
clarté blanche des phares qui surgit là-bas, a.u
delà de l'entrée du parc... Mninlenant, l'auto 8
tourné à la grille, elk longe l'allée... La vaici dans
la cour, devant le garage.
Sonia perçoit un bruit de voix, L'aide de Beppo
est là, prêt il seconder son chef, Sonia entend ouvrir la porLe du garage.
Beppo loge dans une ohambl e annexée il l'orangerie, qui servait autrefois il ün jardinier.
Sonia le snit. Elle sait o.us<si flue pour rentrer
chez lui Beppo doit passer devant la maison, devant la fenAtre où elle est a(,~olrJ.ée
Et elle guette,
le cœur battant d'une émotion qu'elle croyait
m'o rte, le passage de cet homme avili qu'eJ.l.e ne
veut plus ~\Ie
mépriser,
Comme 1 héliotrope S<"nt fort 1.. .
Au-dessous de la fené tre, dans l'allée blanche de
lune une ombre se dresse. Le pMe visage aux
yeux sombres de Beppo se lè~e
ve~
la fenêtre,
Dislingue-L-il la jeune femme lmmohile,
Toul dort druls la villa.. D'ailleurs, les chambres
des Martet et des Polbert don,nent sur l'autre fnçade; seuJes. de ce cOté, celle d'Yvptte ct de la
doctoresse sont habitées. Bep:po ne l'ignore pas. Il
s'est approc hé dll mil r.
Sonia se penche daV'ftlltage.
L'ombre projetée PW: la maison n'est point assez
profonde pour que la Jcune r mme ne puisse voir
le chauffeur entbrns!\er le <Xlnduit de zinc d'une
gouttière. Ses mains, ses pieds s'accrochent aux
supporls de fer ... il monte ...
La chambl' de Sonin etau premier étage' au
rez-{j~ha\1sé
se !d'olive le billard. Pet'sonnè ne
pOlll surpT'~ldN
,Reppo, prrsonne nf' virnoro <,lAfendre Sonilll Orblhnff. [t~\l e votHJruit erier, npprl6r
au SCCf'llIrR." Elle sc t.ait" regarde a.vec oel' yeux
fOll8 nppJ'Orhrr cet hnrmnr ... apprnchrr son doslin,
EL lorsqu'il surgit près cl'eIJe, lorsque, sans un
mol, sanfl In~
[11'11'1'1', il l'povploppe clp ges bl'EL.'l,
avec un ~<"mISl'rnt,
dRn!! l'horr'rllr d'elle-même
et Cf'prnrlilot 1\~i
IlV('(! llfl(' RnOlbre joie, U. semble
1 Sonia que
,l'WsOO
l'abnru loo no"
�~
La Petite
U
f)eux Sous
n
====================
, i.or~q'el·
se' r~tu
secle' d~n;
' s~ ~ha:mbre
Sonia OrbihoIT selllit une révolte d.éseospérée.
Elle pIeu ra en sl;Lg~t
qui la seouai~
t toute.
Puis soudain eMe s apulSa. Un de ces ll'elV'LI'ements
dQnt parfois sont coutumières les natures de violence, se faisait en eJJe. Oui, l'ami de jadis, d~
venu Beppo le ohauffeur, est indigne d'elle. OUl,
cet homme a dan.s son passé une infamie ... Eh 1
bien qu'importe 1 Qu'importe ce qu'il a fait, ce
qu'B' a été, qu'impor!-e ~'il
soit dé~hu
1.
.
C'-est lui encore, lU! toujours qu'aune Soma. Lill
à qu.i dans la ferveur ardente de son amour, eUe
fi. cru' naguère se donner pour jamais ... Elle l'aime
comme aux jours enfuis, plus aI'demment peut-être
à cnuse des doule uf'S souffertes.
Elle l'aime, enfin, d'une passion irraisonnée,
violen te, inguérissabl'e.
XII
SOi\IA R1!:VE
Le lendemain de bonne heure, avant que la doctoresse n'eûl quitté s'a ch amtbl'e, l'aulo ronfla .dans
la cour Sonia SUIVit le cœwr gonflé à la fOlS de
jOie et de peine, le bruit de la 1 1achillle c1élnarrl):it.
- Il est parti.. .. parti. .. parti 1... .
..
EHe s.e C\enti t prè" des larmes, mrus se re&3o.lSlrt
d'un effort, humUiée de sra f aibJe~·
.
Il Il revi endra, se di t.-elJe, ct alors ... ))
Sonia se prenait il. rê~e
le rach~t
de Bel?Po. Ell.e
le relèverait à force d amour, lul. rendrall la dignité de sa vie.
Pour la première fOhs, 108. doctor css.e SOullllite
posséder de l'or. 11 lUI en faut, et beaucoup, afin
d'établir sa vie, celle de Bp.ppo. Comme en réponse
à celte pelôSée YvetLe évelllée appelle:
- MadR.me j
Un mot q'u'elle ne pron~lCe
que .depuis quelqu.es
jours et qUl, pour elle, déSigne uDlquemcnt SonIa.
IC Je la guérirai, se chit la doctoress·e courant
li.
Yvptte, ct, pour cel l ~, mOl, hier ewore si bien détachée de tout, j'e1:1germ une somme énorme, le
Prix de mon bonheur.
Ce jour même la doctoresse endoTlTlit la petite
Deux Sous et de t.ollte La forr€ doe sa volonté, lui
ordonna rie s~ souv~nir.
Lorsque s'évei'lla l'enfont,
son regard était plus lucide, plus inquiet a.ussi;
san front se plissait, comme SOUs l'efforl d'une
pensée.
1( L'éveil... réveil viendra, se dit Sonia. Je vaincrai pour l'amour de lui. ))
Un jour que Sonia et Yvet.te se promenant, s'étaient avancées sur la route il quelque distance de
1a villa, la doctoresse vil lout à COUIP l'enfant secouée de frissons et fixant des yt'ux d'effroi sur un
Pf'fSOnnage d'a.Hure cependant très pacifique.
. C'était un pelit homme vol1té. maigre et d'âge
lndéfini. Il venait vers les promeneuses sans pa1'alll'r lE's voir.
A qlleJ,ques pas d'elles seu.lement il s'arrêta, leva
les hl'as en un geste de stupéfaction éperdue et les
laissa retomber, comme dHai,11ant d'une émotion
sans doute joyeuse, il en ju ger {)<fU' la grimace qui
t.ordait la bouche· Iip'pue SOl lS le nez crochu et qui
V9U Jait figurer un sOllrire. Yvetl.e se jeta contre SonJ.a, r{-]>étan t d'un.e voix déses pérée :
- Madame ... Madame ... Mradame 1
, - C'est elle 1 :,, 'ériia le Vif' ll X, c'est hien elle...
c est notre ohère petil.e enfant 1...
- Qui êtes.-vous? dît T'lItdement. Sonia.
L'homm.e Balua, joign.i t ' Ies mnins.
- QuJ je suis l... La mig-non.n.e ne me reconnatt
Pas... paUVI'e retite crélliure innocent.e 1 Je suis
~on
père adoptIf... cel utl qnli, pour assurer I.e bon,eur de l'en fant aimée, a fail tnir!:' sa lcndrpsse,
8 est séparé d'elle... Je ~uis
Isaac Siméon... Mais
vous ne me connaissez pas, madJl.me, je n'ai pas
l\insigne honneur d'être connu je vous.
- Je sais du moÎlk· vuLl'e lllPlll, el t!u'YveLte était
chez vous ... Ne trem·blez pas, mignonne .. . ne craignez rien. Je suis là.
EUe entourait la jeune ftIle de s on bms, la ca·
ressait Leudrefllen.L Yv·elLe lr-cfllhlai l toujours.
- Que c'est tris.te, IOl'tlI nya 15 !I. ac, qu,e cet
amour m'aiL oublié., moi qtli l'tWl lI' I,ant 1
. mplJt
je ne crois pas
- Non, dit Sonia, pr6clf;~
qu'elle vous ait oubHé ... ui l.cs l;e que vous désirez.
- Etes-vous Mill e MtLt'I..el '! quesllOnna Sim éon.
- Non, mais l'enfant m'es t confiée, et vous pouvez me dire ...
- Bien, bien. Oh! je ne veux pas grand'chose ...
La voir... m'assurer qu'ell., st en bonne san lé ...
Grands di·eux, elle est fratcl1e ,'UlJlme une Deur,
belle comme une pflnt.;'$s1
~ .. 1(' ' '-'LI nnus de n e pas
la voir. On m'avojt prolll b de Ille l'a:mener, el. jamaLs on n'a tenu celLe p.!'lJr>R~I
..
.
- On vous l'amènera certainement, si on vous
l'a promis.
- Vraiment oui, vrainlC'nt ol1i, on s'y est engagé. Oui! sans quoi, mf'llle pUllr son bonheur, je
n'a'tlJ'ais peul-être pas eu le courage de latsse.r
parl'i r cette chérie.
- Eh! bien, maintenant que vous l'av'Cz vue,
adieu 1 Venez, Yvelle.
Mme Ivlartet é.prouvn tjll<,lqn E' ennui en apprenant la démarche d·)sallc. EH., igllurait l'engagement pri s' par Beppo en son num de ne pas séparer
tout à falt Yvette des S~méon.
Le SalT mêm·c elle en'Ivii !\ :-"(1n crelldre .
.Le baron répondit que ROn ehn uITeur, pou!!' décider 1satnc, avait eu la falhlessE' ùe consentir à de
vagues promesses de revoir.
'1 Mais, ajoutait·il, je serl.lis fllché, ma mère, que
vous ou mon beau-pèri) prissiez la peine de conduire votre prutegée d,{1/
nlrrr'uses gens et,
d'un Gutre côté, on ne pent el1lployer pour ceila
qu'une per::;onne lrès sûrc.. JI.' dois précisément
envoyer mon chauffeu!' à Paris pour eXlilrniner,
chez Ile Ifubricflnt inventeur, un nouveau moteur.
Confiez·lui Yv.clte. Il Ill. 'olldll il'a chez les Siméon
eb ·1CUI' fera comprendrp ([l l'i.l senlit dan.getreux
pour eux de cOOrchcT' à abu,qe r de votl'e bo.nlé. ))
Mme MarLet communiqua sans retard à 10. doctor,e sse la lcltl'€ eLe naoul el ::)ollla Ur'billoff senLU
son cœur se gonO.er ; ses j nl~'s
rI'ordinaire lr~
pCl.les, s'empourprèrent, son regard eut un éc·l al
merv·cilleux. l'vtmr M.<lI·let, o.yon t levé les yeux sur
elle, s'éoria joyeUiSement :
- L'air di) Sainl-Ge.rlDaila vous [ait benucoup de
bien, madame Sonia. 1 VOliS embellissez de jour en
jour.
El la savante, la ~Il.rouche,
la sauvage Sonia fut
heureuse d'êlre bruIe, oulnnl qlle J'flût été la plu~
futile, !.ra plus coquette des mondaines .
Be ppo RI'riva Ill) so.ir, 1'1 dl 'tOlI~
1 1l l'autorisation
de reprendre pOUl' une nuit son ancienne chambre
de l'orangerie. Le len{] emn iJ.l , hl pal'fiJ'ait pour
Paris, emmenant Yvette.
Ce fut pendant le dlner que Soni.a a,pprH l'arrivée de Beppo. D éJaill an le rI'('n1Di., elle fut sur le
point de se tJ.rahir. A!fir>manL d~eo
. lvri
chez sa
malade des slgnes éVIdents de fnllgue, la jeune
femme entratna de bonne heure Yvette dans s8
coornbre.
Yvette n'avait pas sommeil. Elle s'était laissé
des habiller c~mplèe-:n
; ITlfli s, pnvnIoppée d.e sa.
,Iongu.e cherols,e de mut, pli*, !1t'rnP ilrn.it assise aU!
b "rd de son lit, refu sant dp " ' ' I~ndre,
répondant
un Il non)) entNé aux (\\jllr-g>nlinnR de ln doctoresse. L'enfant pal'ai ss nil c!':~r"e,
en dénanee et
JYl'omenaiL au tOllr d'oUe IID "pglll'rI inqui et. Sonia
éteignit la lumière. Seule, Illll' vrillf'use, dl8.ns son
globe rose, éolaira vaglll'ml'nt la chambre d'Yvette. Celle-ci, pour la première Coi.s, s'irrita el fit
'»"
/
�================================== La 'Petite
~2
de se lever umt à taU. La idoctorœse posa sa
sur ~ l rOJlJt .QJIi 1:en f.ant.
- -Dors ! ordon:na 5<'1. pensée.
Yvette se r aicli t, g4mil
- Dors 1 ropéta Sonia de toute sa ;volonté.
In ine
) 11 am
Encore ,u n frénaissement, une CO;ltrai~on
,de tout
le frêle petit corp.."l_ .. et la têt-e bilo!1de .retomba.
Sonia étendit reniant, le. oouynt.
Un remord:s .Iui vaaa.i.l. d'user amsUlie ,le terriMe
et mystérieuse force. "Mais ne faut-il 'pas que
'BcP'PO puisse ven.i:r?
Les mains de Sonia sont b1iUantes.
Debout près <.le sa. .fenêtr,e largement 0urv.erte, .la
doctoresse s'efforce de clistinguer dan.s l'obsaunté
lu, siJ.houeLte des choses. Mails la nuit cette !oi!s est
profonde : aucun rayonnement de lune.
Un pas très léger, à peine per.cepLible...
.
Bap-po 1 Un frCAlement sur Je zinc de J6 ,gouttlère,
un souffle qm'aocélère l!eJf0rt... BePi>Q, lest~n,
S<lute cLans la chu,fllbre,.. Daru; la plèoo V0WSlD,e,
YvetLe d{)rma.i.t toujours de \Son IOUird oommeil.
La doctoresse oubliait la présence de renIant,
plUis rien n.'exislait l6Jue Beppo. Ge fut lui qui, au
moment d.e quitLer Sonia, s:inlormad'YlVcLLe.
la docto- Peut-élIre Ila guériTai-lje, l1épondi~
.resse, ma VOIOIlLé agit s~r
elle coocrue. Jo~r.
davantage. Ce !-loir, eHe tfefusa.t.t de dQfIDlir, Je I.al· endormIe de force.
- Puis-je la voirtl
- Si tu veux.
I1r; se penchèl'o n. t s ur le ipct:il isag,e.
- J'ai houLe ... dit 'Sonia.
Et elle s'écarta de Beppo.
- EiLle d~rt
bien, wa petite iDeux SOlliS... Pas de
dang-er qu'.e.ll.e s éve ille '/ ...
- Non sans quoi je 'De 1,'aurais pas amené près
d'-elle ... · Tu l'as ."ue; œaintenoot alons~.u·€
- AttendIS.
- Quoi?
- Je voud.l'rus". Je voudrais, r~I1it-l,
,gu.ettun t
.sournoilsemcnt : ur 100 ~rajts
de SonLa l'effet que
produirait sa requête, que 1U<DI donnes à Yvette de
m'obéir .demain .. .
- Elle t'obéira ... .ELle est douce, pa.sls.ive mMle.
- Qui sait?.. En se retrouva.ut chez ces Simoon
dont el1e a sans doute gardé ·une oonI,uso terreur...
- Oui, clit Soni'R, elle ,a. ooJilServ6 le souv,enir du
brocatl leur ct cet ,h(l)rnme l'épouvante.
- T.u vois J ra se ,pourr,ait r!OIl'(' fort ,bien qu'en le
.rOv.oyAnt, en s'apoJ1cev<lut crue je la mène chez ces
affreuses gens, la pauvre petit-e s'affole et tente de
m'échapper. Imagine quel escJandre ,1
- C'est vrai, dit Sonia. Si je demand.ms il. vous
accompagner
- Non. 1 dit vivement Beppa. Ce scr;uiL impl'ude.nJ., ma chérie, si l'un v.ena.it à soupço.nner ,q uelque chose en.tre nou~
...
- Alors, que rems-tu si la petite n'obé'i<b pas?
- Je .serai en ce cas, fort embanILs.sé. C'est
pourrql1QÎ joe Ùl ùc.mancLe de lui ordouner de m'QMlr. Tu le peux?
- Sans doute.. Mais allJ.ref6is tu t'occupais
B.US.sd .c!·'llypnotis-m.e. Ordonn Aui tGi-m6mc, mais ...
son sommeil n'cBt plu A le Rommeil d'hypnofle ... La.
'ourmcnter encore ... Non., je ne le veux pas ... je
e dois pas ... Ce serait m~,l.
.,.
- Tu aimes mieux que J Ille domam l ()I\D.W <le
)Voi'I' muter par la fo!'cr. une j.ctiote révo1l6e ?
- Elle n'est pdS idiofe.
_ Non? Çu y ressemble. FoHe, a!<Jl'S '1
- ·Comme ta voix est rude, Bcppo (
m lui sourit. Et SRns hypno~c,
rien que pal: la
persuasive CUTe.C;SO do cc SOUTIre, ,par III prI~e
./terulre deR y l~1J " i,] rendit Sonia ~loc)e
à son d sU'.
lEt elle sentit que ce que VOl1)~
, ra)t
cet homme, tOt;Lt
' (Je qu'il voudrflit elle le fertUt. Détourné de Soma.
~ et ionant la muin sur le front d'YvetLe, Boppo pc-sail de lC'llte su voio.n-té Sllr cc cel"V,'uQ floulIf'.Qnt ....
~.
'Deux .sous .,
~
Yvette un moment se convulsa, puis demeura
immob.i!le.
- Prends gll.l"de, ·suPIDlia Sonia.
- EHe ID 'obéira, je crois ...
Et de nOll've8.u, d<aalS la ch.al'nbre ~[.ble
que
r{)S&Ïlt la v.eillel.1..'Se, la. pe.1Jilte De.ux Sous cLemeura
IseUI1-e, incemsci-ente de ce pou'V0ir qu.', dès Cjat instamt, .pesait .sur ell<l.
XIU
L'HOM1ilJ;: AU Mam:EAU VERT
'Il avait un~
longne barbp g'l'is 'e et des ohevel'lx d'u)') 'blanc de neige qni encnClraient ses
joues, frôl-aient ses épa.ules. Eela lui faisait un
type d~ patriarche, une tète vénémbLe . Muts Je regard manqu.a.i.t de sérénité ; il demeurait empreint
d.'une tristesse anxieuse et les lèvres. pil.le.s ne sourIBlent jrunam.
Un soir de l'hiver passé on l'avait vu errei' dana
une v1ellle rue de Grenelle. Il mendiait, sans pr.wr,
,du. geste à pein.e esquissé de sa main Lendu.c. A
VOlX basse il disait merci et.se d~tolM'1ai
Ce qui ,ajLlutait à l',aspe.ct étl1ange c'è c.llL· homme,
c'était son manteau, une longue C8.p€ de drap vert
d{mt il rejetait un pan sur une é}Juule; Je bras
d·roit dem.~rait
cache d.a~
les pliilet, pour mendlel" le Vl€lllùar..(! se SeTVrut de la main gauŒ)e.
Plusieurs jOU1'S il erra par les mêmes rues. Les
gens du quurbier l'appelaient : tI ,L'homme nu
,manLeau vort n. LI devait être fGrt misé.ra.tJ.e et nc;
pae; ma nger à ~.a
f.üm, à en jUIZE'r por S0" tpl'lpeS
creuses et Le tremhlement qui agitait ses doigts dé-
.cba.rn6s.
tl ut;dqu'un, liIpilqyé, lui conseilla. de cher.cber des
séances de pose. Son type pouvai.t ~el-vir.
11 s'en alla frapper à la porte d'un a.lelier de
peintres.
II y avait 1à cinq jeunes gens ayant réuni leurs
minces ressources, pal'tageunt cet at.eJier, profiLant
des mêmes modèles. L'homme au manteua vert fut
accueblli par eux avec un joy01.èX en Lhousiasme. 11
ne pouvait mieux Lamber, cc vieux à barbe de
fleuve 1 quj n'exirre.ait rien ... pourvu qu'on lui don.
nât de quoi ne pas mourir de Iaim. Il ne devait,
du D'este, prét.encJ.re à. beaucoup. On le comprit,
JOTsqlJ'il eut, à III plièr.e des a rtitS te s, 'aissé t.omber
son manteau : l'homme ne pouvait poser que ln
tôle, son bras d;roi L avait été déboîté à l'épanlc.
011 l'employn pourtant. Et désormais ce fut le
soir seulement quc les habitant'S des plus vieilles
l'ues de Grenelt1e vi:rent rMcr 111œnme au mantedu
vert.
Bientôt mOrne il ces~a.
de parntt.re chaque jour.
SlJS recherches mystérieuses demeurant vaines le
vieillard les poursuivait plus loin, au hasard 'hé.
l'&s 1 errant de qUfl.rL~e
en qlwrtier, plus tristJe,
plus sombre chnqu8 JOur. n revenait partais ce.p endant., alLir6 pur une sorte d'aima.nt (Ians' une
éLroi1.e, obscure et p6.1.IIVTO rue. Et
matin à
l'aube à peine lcvoée, com.me la TU.è Pu.JVtissait dé.serte et qne s{:llle lUl() fl)m~
se montrait au -~IlÜ
d'un vieille mElison, l'homme au mnntenu ' 'vert
s'apprucha d'elle ct l'abord·a. Elle crut qU'il allait
lui dcmand'e!, l'aumône 0t, sans aigreur, s'ex.:wm
- Faut rIen gu6Ler aujourd'hui, mon pauvre
homme ... Je SUI', comme on dit clans la dèrlH'
- Je n'ai .besoin de rien, merci'.. Jc vOlllols sell '
lement SaVOIr... Est-ce que 00 n'est pas ici que dr·
meure un certrun Vita3 ?
- VitalI Vitrul le Mamooot? s'écria. la feI,1111e.
Vous le connaissez?
- .Te le l" nconlraîs rl~ns
les Lemps mais jn 1'{J.i
»Crdt! (\ vue df'pUis des années.
'
- Ah 1. sl1r que vous avez d\\ 1 P I,clre de vue,
pour v:.cmr le chercher pur ici 1 Y a beau lernps
quc VILa] Je M,ouchot n étéconc1amné à pCl'pétuité .. .
un
�;~
La Petite " Veux Sous
-
Il
========= ======== = ===
Lui l. .. Et ])OuTq:.uol ?
Po ur pas grand'choSle, miù1ca la fem m e. Sim·
plement pom' avoir saigné sa bonne amie . .Tc dis
ça... Au fond, moi, je n'ai }amais pu me figurer
que cc pauvre homme, qll 'avait l'air si doux, soit
tapab e d'une atrociLé p<1.rcille ...
- Es l-ce que Ia bonne amie de Vital 'demeurait
ici ?
- Non. Quand j~ dis (( sa bonne amie )), c'était
ip8ut-être que son amie tomt cOlIJrt. Est-ce qu'on salt
Jamais? Une ma.hl1eureuS€, toujours malade,. . On
la connaissait bien dans le qoortier... EilIe a -:a1t
une gosselin-e, jolie comme un cœu.r et que VltaJ.
a imait comme sa propre fill1e.
- EL... qu'esL-el ie devenne, la gosseline ?
- !\ h ben! voJù. fo'LgUI"€Z-VOUIS que dans celt.o
Jl1<nison-ci. .. tenez, y a "il 1111 ménM!t~
... Oh! nn
"Hain couple. .. Isaac et R6becca Siméon, qu'il$
s'appellent, i,J,s faisaient de la brocante, pour dire .. .
et prlHai~nt
à lia journée et à deux cents pour cent,
s'ils pouvruen1.. i't avares, HV~C
ça 1." El v11inli-t_y
pas g-u'y demandent à se charger d{} la fille de l' 1lSsnsSlIlOO ?... Et c·était pas nn petit embarras: la
pauvre goss.e av.o.it eu si peur e.n voy.an~
sa mère
le cou Lrou<é qu'elle en av,rut perdu la boule !
~ - AloJ'S... elle, IR. peti te ... e lIe eSL id ?
- Ici 1... Ah ! c'est vrai, je ne vous ai pas dit...
Jil,s on1 filé un beau matin .. . emmenant la petite et,
d.ecpUlÎs, personne ne les a revus.
- Où son,t-i ls allés?
.
- Si vous croyO'/' (;j'u'ils ()'l;\t laissé leur ad r esse !.. .
D'aiJleurs, personne ne s'en est inqu~t6.
Je vous
di s, le tem.j}!l ;1 p'llssé .. . Quatre ans, cinq ans binnUJt. .. Tout de ml!!me, H y a un mois, on s'cst raI>peM cet.te hi.s.t.oire ici, à r:wse du chien cre Vital...
L'homme l'l'prima tm mOl1v.em<ent.
- Oui, reprit la oommèTt', figurez-valls que le
pal1vre cabot, après le départ de son maltT'e pnur
la p r ison, avait, disparu, mais p..1.S tout à frut. ne
tempo en t.e.mps, OIl le voy·ai t reven.ir. li y a un
mois, il est. reveoo et il est r sté pleUJroJ1t, gémis.sant. Probable qu{il avB.Îit ét.é recuciJ.li par q,ne.lqu'u n ct qu.'il a dû. perMe soo nouveau ma.1tJ'e ...
Moi, y me faisait de la veine, mais que voulezvous... on n'<'5t pas assez coosu IX>ur fonder un
hOpita,1 <le chiens, et dame, les enTan.l6 .. . J'ai vu le
pa uvre tou.tou atLr.a,ppé par nn &ergot et empOlié à
la fourrière.
- Pau vre vieux Tfrrü1lon 1 murmura l'homMe.
- Tiens ... Vous savez 10 nom du ohien ? fit 10.
commère, in terloquée.
- Vital m'en avait J)'al'lé. Merci, madame, die
VQs r.ense ign-omenl.s.
Et, se rrant pIns étrni~mocontre lui les plis de
sa cnpe, le vieillard s'éloigna.
Des heures et des heures, il 8JlLa, pensif. Pu.iJs
.J'homme au manLeu.u vprl s ' a ' p~rc:ut
souù{).ll1 qll'il
s'l'tait ég.'lré.
Dct>nis combien de l.cmps mar chait-i[ 'l Il ne
~conis.l
pas ooUe ru étroit.e avec ses mu·
raill es hautes nt nues ct I.e r8Ç,{l~
austères de
ra res rn n.iJSon.s. Il y Ilw1.Ît poo de rnagD,ffills et
ils él ai,e ul niliér'.v.blœ : de pauvres échoppes: unc
m .er cc r ie poussiérpuSll', . un chnr~ie
ct, p lus
lO~
\ une m.i.s6ra.ble boulique de bl'lC.à-bra.c, qUl ve D lUt de s'ouvri.r.
Une fem me à cbulÎl" n:I'lqUG en sort.n.it péniblemen t des m eubl~
verlOJu~
cpl'el1p rangeait sur
le trolt.oir. A la vue de cetAe femme, le vleillard
s 'immooj;l isa. Une exclaJ'na.tion de sUl111ise s'échap:pa de ses lèvres
- E lle.. . J e ia reconOJlls, murmur<1-t..il, je n&
me tr om pe pas.
Il rt'brollssa chf?min. Il vO\lla.it réfléchir, combin f\ ~ un plan aVll.n d'abordf CéLie R~heœa
Siméon
qu après cinq fWS il l'ell'O\lvairL si pnreille.
~h
1 songeait le vieillard, il y a vraiment une
1(
ProV1dence 1 Le hasard seul ne m'aurait pM ainsi
atllené droit a u but. •
-
:ses
Com ment péné trer chez Sim60n ? Ne va- t-o n pas
en ce vieillard (;han celan t, à barbe toute blanr:i le,
Teconnaltre oe ViLaJ. accus-é... condamné '1 Ce Vllal
assassin en ruputure de bagne '1
Durant plus d'un an Vila 1 n'a J?as osé revenir à
Paris ; il a erré, mendiant, furtIf, sans cesse en
dange r d'être alTêté pour vagabondage fauLe de
p'apiers d'identité. Puis un soir, au bord du chemin,
11 s'est heurté au cadavre d'nn misérable erl'nnt
comme lui .. . un homme doot le signalement va·
gue pouvait s·appli.quer il Vita:!.
L'6vadé s'étant 8lSsuré que nul ne l'éphQ, a
fouil.1é la bes6.ce dll pauv.re mort. rI 's'est (!JIl'~:ré
ù'un carnet cré1Sseux contenant des feu illl> g timhrées et il a su que le nommé Lancrot ~n-i"1
(i;5 ans - est autorisé par !{' m-aire ete Sil commune,
etc. .. SoixaJ.'1 te-c.inq aIlS.. . Taille moyenne. liMbe
et cheveux bd.a.nœ ...
Il manque le (( sign.e particulier Il - le bras Gmputé ; mais la place l'st r os lée blanche avant. lu
signature du maire. Vital l'ajoutera .. Il a ap:Jris
à tenir une J!lurnc de sa fi in gauche, et l\;cl'Itm-e
de l'acte est faciJernent imilJable.
Vital n'a aucun remords do faux qu'il médite, de
'S'emparer de la pemonnlillité d'un mort. Que fait ù
cet Eusèbe, entré dans l e grand repo, qU'lm UIl"
tre poursuive sous son nom sa vi.e nomade ?
Des mois on t passé depuis lors. Vital, devenu
L ancrot, a osé T'Cntre!' à Paris, osé reparaltre, mt:me dans· son anden quartier de Grenelle où l'on He
,souvient san-s doute de lui.
Brusquement, il Ge décide et Réheccn, occupée
à écllafaudoc un guéridon sur un fauteuil, s'en lent!
in terpl~.
- Pllroon.. . madame...
Elle se retourne, sans grâce.
Les olie.nts sont trop raoroo, elle n'y croit gllèr.e,
e t, n'était rent~.m
d'Isaac, Rébecca s'épaxgneIl'tic~e
com6die de l'étalage...
Ici comme à Grenelle le cOlliple Siméon a su lever une clientèle spéci-a.le. Ici camIlle là-bas d~
pauvres gens ont recours à leur obligeance. Vilal
sait ce q u.e celte I( obligeance)) coûte ::J!lX obligés et
se croit certain qu'une !'lQurce de reven o!'\ 1l115Si
lucrative n'a point été abandonnée par 100 Siméon.
Cela va lui s.ervbr.
Rébecca. ne 'y trompe point. C'est donc d'ur e
voix rn~I1C
qu' ~ le
s'infonne.
- Qu est-ce qU'i! vous faut?
- Je voudrais pa.1ier à monsieur Siméon.
- Pour?
- J o lui e;cplilTuerai.
- Vous pouvez aussi bien vous expliquer aV(1(l
m oi. Mon mari n'est pas là.
- Je l'a ~ Lcndrai
.. .
- Allons, en Irez .
Furtivoment, il fouilln. d'.! reIl oMit, empl'~sé.
gard les recOInS de la bout.ique en,combré . Ah 1
s'il avait V'U l'éclair hlond des c.heveux Ù'Yvet,Le ...
ses grands yeux lumineux 1 Mais non 1
Per.<lonne dans ln. boutique, ni lion qui décelàt
l'habi lue.lIe présence de la jeune fllle.
- Voyons, dil€s un pe-u vite ce qui vous amènr.
- VoiJà, Mad.m~
Voillà ce qu'il en est : je me
trouve >en ce all-oment un peu gêné 0 ~ , &i.1ctlllnt qu r>
M. Siméon, que-ll1uefoi!'l .. .
Rébecca l'intR.>rmmpit.
- Gomment 1 Parce que nous avons 6t.~
bons
jusqu '·à la bêtise, on se le dJ,t ... cl on on flbll,c;e ...
Ah [ nou.s en ..:l.VOM pel'dLl de l'~rg
e nt
il oblig'er des
ing-rals 1... On Il peul pas enntinlHtr c·omm Qtl. .. .
Nou,,; s."'l;ons sur la paill!" snn.'3 tn.rd(~
hc.c ur'oll'p .. .
Et puis, faudrait poUY Lr... t encore, ql"~c
on
potinait en sa privan t, faudrait aussi savoir fi qui
l'on à nJ'fn.ire.
- Je donnerai des r éfflfrences.
- Oh 1 là 1 là 1 ùes références... C'est d~
garanties que nous vouJone.
�La Petite .. 'Deux Sous "
- La. s omme don t j'aurai,s bes oin n 'est pas
forte.
- F orte ou non, si noUlS devons La perc1re... Enfin , dite::; combien il vou::; faut.
- Vingl francs.
- Vingt balles, Ifien q u e Q6.' 1 Et pÜUl' comb ien
de temps?
- 1I 11ll jours.
- On garde les intérêLs d'avance_ Vous savez
l'usage ?
- Oui.
- C'est-à-c1ire que je vous remettr..ai vingt ['rancs
sur lesquels j'en gruxlerai dix .. . C'est il prendlre ou
il luis>,er.
- Oh !
- VoUà.
- Mais j'ai besoin de yjngt francs .. _
- Alors, <C.llI'p!\unl.cz-en q uarallte, si VQUS voulez .. . Seul ment, avar1l de vOus don·ner ça , il faut
q\1e nous soyons fixés ... Où demeurez-vous?
Il se mordit les lèv.res. 11 ne lui plaisait nullement d e <Ionner aux. Siméon le moyen de le rejoindre.
- Je vai.s voUs dire, ma bonne dilme, je Loge
en gnrni ...
- Rien pour répondre, alors?
- Que ma bonne foi.
- Porl&-Ia voir au l\lont-de-Piété. Vous verrez
cc (Iu'on prête lb-dess us.
- Alors, vous refusez?
- J't{) crois, que je r{lfuse!
L'homme au manteau vert poussa un long soupir. Ce n '>était pus le ~·efu.s
de l'usul'ière qui le lui
al'l'a.ch.ait. i\la is déboulé de ,U demande, il ne lui
rœlait [J]I1S qll'à s'éloiglle r' : il quoi Lui atrait servi
de pénét rer chez les Siméon. s'il c1<müt l'epartLr
sans avoir rien appris sur Yvette?
li! cherchait com~{!nt
prolo.lIger l'entretien, comlHent l'amene-l' vers son but véritable.
- Eh ben ! si c'est !,oul oc qu'il vous fullait.. .
- Oui, oui, je m'en vais.. . Pardonnez-moi de
VOII-S avoir dél'illlgée .
_.. I.e fnit ('~l ... 'I"e t;'il I)'('n valail pns ln pe;n~.
- Bien sûr. Allons .. . adieu, au pLai6ir, madame
Siméon .. . je pa rs. Ah 1 c'est pas gai d'ûtl'e seul à
mon Age... SI seulement j'avais avec moi une gosseline comme la vôtre 1
- Comme lu nOtre? El qui vous a dU que nn11S
avions une nUe 'f En vOlJà, des r~ontas
!
- J e croyais .. .
- Ah 1 Vous voulez parler de la peliLe Deux
Sous_
- La petite Deux Sous?
- On J'app·e lait cOTllme ça parce qu'elle aLl&it
vendr'c des poupées à dix centimes. C'él.ait pus à
nOliS, cette enfnlll-Ià. Une idée à fsanc de s'en être
enrom.bré ... dcs Vlluvres gens comme nous 1
Rébecca, lout il coup, jugea imprudent, même (leva n t cet étrangt>r, <!{) quiLler le l'Ole do len.:lre
mère adoptive. POUl' J'édification du vieux, ello
changea de lon.
- Ah 1 on l'a imait bien, allez, l'innocente 1 Et
c'est pour ça qu'on s'en est séparé. Pense? ùonc :
-l1ne dome très ridl l'a prise et la fnil (.-lever (' ,)nJ.
me sn propre ù('moiselle ... Tiens ... lin voilure qui
t;'nrréle ... [<,i('h z-moi le cam.p, snns VOUf! offefl.<:HJ1'\ ..
C' es l peul-Clre des clients pOlir de vrai.
L'homme ail rnan,te<LU vert S0 rLit avec la vjeille eL
ilq' n fnllut oc r,cu qu'il ne défnillit.
Du fiacre ar~lé
un homme é1.nit c!es{:end u ot aLtü :ril une jeune aile lrès blnnde, él(!go.l11ment I,ien
que si.mpllirnenl nlÏse. En cdtl' jolie rénluJ'e, VitrtJ Croylll t !'C('nn nu!Ll'f' ICL':l yeux cl' Yv.;&Ilf', si j'Ni,reils
nux yeux d'\'vnnnc ; m.ais des yeux d-r. r 'vc, o.vce
fpl.elfjllr c"nsl' d' i.IIM.('is d-an s Le rc'IHtrd. Roébecca,
les hn c: tf'yf>s. f. i trlÏl I1n" grnn<le émol.ion.
- Mn chérie 1... .1\10. petile fille 1 On t'amùne enfin 1... :\IUIH ('!lIrez donc, monsieur.
IlHnd~.
~
Bep-po, ayant payé le oocher, le congédia. Ii rep rit la main d'Yvette el dit, dans un souffle ;
- Allons !
Ji,lle pénétra la première duns la boutique.
Beppo l'y suivit. RéUeul'tl ellt.l'O l,n dernIère et vaferma la porte. L'homrne élU rnullteau vert s'élHi~
écarté ; mais il demeurait là, atlendant.
Yvette! C' était blcn \'v.'tle, il clbillée comme
une grande dame ... Il tremblait d·émoi.
A quelqllC disLance de la bnut iqne des Siméon se
trouva'it, dans un mm' dOtul'un·l un jardin, un porche condamné. Cela for'Inait un J'enfoncement dans
lequ el deux bornes de pier re "f' dl' 's'3nienl encori).
L'hnmme élll n1nnt:'tlll vcrt s'n,;sil ~ lr
l'une d'elles. Ail1-i l,hl"'':, et !-lan' .. e monlre!', il lui éloil hci te de · l'veiller l'enlrée de la boulique du broenn teur.
HélJ CIJU , snns interrompre ~('s
protestations de
lendresse, avait oiTerl des sièges ù ses visil.eurs.
peu d'entl!outllll me accepta un I;<\IUcppo U\'o(~c
leuil pOl,:.;i(~ru·
e t ilrunlill lL. Canduile pal' nfoecca q!li sïn. ,tiJ.:La r\'li ~ d'"Ue, un bras pass6 autour de lu taille de IF! je ul1e nUe, Yvette, docilement,
prit l'tace Sl:r Il! t'PIW ! '.
- Est-cc qlle mOl~jeur
Si méon n'est pas là, demonda Beppo ?
~
- Ilétas ! gét(Jit Rébl:o,eC8, hélas! non.. . Ah'
comme il va regrettel· ... ~I uis
SI vous aviez la bonlé
d'attendre quelques in~t:U1"
.. Certainement l' ne
tardera pas beaucollp, q1Joique ...
- QIIllif/lIl) '1 r('l'll ta tl"PI'"
- Eh! bien, voilà. ~l)n
mari a été appelé à
j'oulre bout dc PUlis .. . un rcn11c7,-VOUS (l'affaires ...
ml'Ille qlle j t! sli ~ jolinlf'nl illlI'{.(uée, 'llafCe 'lue ni
IlIi, ni moi ne connai ssons la personne qui l'a <le-
- Sans doute <les bib<>lots à acheter?
- Pns il. acheter, nOIi. :'1 l ' li mer On disait !lflnS
10: lettre que, aycU1t (,OIluis~ce
du s:lVQir de Siméon. Oll lui d~1IilJ:
,1 ,,' tlllll:èr·('... 'loi, ça ne
m'atlail gllère ... j'aime <l'l t{'!-l choses qui sont l()ut
il f:lit clai\'(\<;, mai!-! l'on Cl'it de lrop pauvres gens
pour loi s&or échuPIH~r
l·oc.oo.sion de gagner qurlques sous .. .
- Bien s\1r. Et .. . esl-il parti depuis longtemj> ,
mon sieur I~n!l
c?
- Le rende7.-VOllS étuit pOil!' dix heures.
- Oh 1 alo rs , il ne rl'viendra point avant midI
et nous ne pourron : l'IlI/J>lIdr.,.
lIpJ'po s'était levé. Les mains dans les poches, il
tournait auloul' des rnollb l·e.g entoRsSfIls, s'an'Mant
devant nn bibrlol, nc1m i1'all t" rl·ilin·uan.t.
Quelqncs pas ramenèrent l3ep.po près de la brocnnleuse. A cc momenl, une de sOS mains o;e \t'ndi t brusque menl, eWell'ran l la tl~\Jre
de Rébec.::a,
La ~ro
se femme ge r'erlllll, oégayant :
- Quoi ... q\JoL ... QII'est-cc ?
.E.IJe n'en l'ut dire davanu\ge. Sem corps fiasque
s'6crou'la sur la chaise longue. ELle ne fit plu,~
un
11IOUV ment. [J"f.rPO, sans se pl'eS&er, alla donner
u Il Lou r de clef il 1,1 por'l.e de la rue.
Du dehors, on ne pO ll v ait voir le canapé sur leqœl s'-était erfnnrlloé lo/l juive. Un meuble ptus haut
le masqllflit, Le rIHlIllrreU[' l'evint près d'Yvette La
je-unc fille il'uvnit p'u; boug6.
.
- Yvette! dit Deppo.
Elle leva ver!:! lui sc-s grnnds 'yeux qui s'effnraient.
_.- 1\1I(J11B
1
Alors elle se ievu et, d'~ln
PliS saccadé, passar
devant Deppo, ellc gagna l ul·flùre-lJoulique.
4
"
XIV
LE TIR 01 11
hlanc Siméon revint rhr,z lui de fort méchante
hu.meur. A J.'adrœs.o indiquée pal' l'amateur d'snli-
c'
é
d
q
c
b
�~
La 'Petite •• 'Deux Sous
Il
====================
quiiés ct réclamant ses lumières )),. Le dit amatcur
était absolument inoonnu.
Siméon arut à lIDe e.r"Jleur de n,uméro et s'infonna da[}s les mtrisons voisines. Rien.
Au bout d'une heure de vaines recllercha-s,
Et il s'avisa
Iooac se résigna à revenir b~dou,jUe.
qu'on pOllvait g'êlre jou é de lUI .
.
' .
.
- 'ça se dit tOllit à CQllp Isaac Siméon i1'Iuml)lé,
c'est u~e
sale farce 1 Si je Le tenais, ceLui qui m'a
écrit...
1
Il rentra donc exaspéré, maLs sana crainte. 1
tl'ouva Hébecca touLe gbmi:ssante.
- Ah ! mon pauvre vieux, pourquoi justement
es-tu sorti ce ma.tin !
- Pourquoi? cria I.saflc, parce qu'on s'e.st flr;h~
de moi... P.ersonne là-bas... pas plus d'amatc:lr
qlle dans mon œil! Le plaisir de me déranger ...
- Oh ! fit Rébecca, c'est-y possible!
Sim60n pr~cise
raconte ·ses vaines recherchf'.s.
n6becca J' éco nte sans éclater en imprécatiJJ1s
Contre la méchan.ceté des hommes en général, I,t la
btllise 'd'I sasc en particulier.
CeLa p<1.Ta1l extruorxl,inaire à Siméon.
- Qu'cst-ce qu'y a donc, nébecca? T'as ' l'air
toute chose...
.
_ - Je suis ma,Lnde. Pendant que tu donl~s
COmQJe 1In e bNe dans le pnnnenli et que tu pcrd1lls
ton temps, moi j'ai failli trépasser.
- Oh!
- Comme je te dis. Re,g.a:rde voir si j'ai bOJlne
mine?
Elle se tralna près d·e la porLe, et là se ras~it
en
gl'ommelnnl des plaintes.
- lirais qu'est-ce que lu IH'l ••. qu'est-ce que tu
peux bien avoir? répétait Siméon, inquiet de la
pÙ!eur marbrée de Sil feJ11 Tl 1P..
- FJSt-ce que je sllis, moi ce qui m'arrive, co
qui m'est arrhllé tant d'Lm coup? Faut le dire
qUe tu venuis il peine de partir quand la petite
Deux Sous est eFl~'éc
id, amenée par le monsieur...
- Yvette !... Et je n'y étais Ras 1
.
- Fnis pns des giri es : y a personne qtle n10l,
Enc a changé, la pe Ute Deux Sous 1 Des ·f rusques
(]e·. duchesse ... et des airs 1... D'abor~,
clle ::;e ré\'1'1110, reLle gamine. Elle n'a plus des yeux qui pen!'C'nt à rien, ..
- Et M. Bcppo? Il était aimable ?
- Ah! oui, c'est Uù1 m()nsieur bien OOal"ffi,ant (
Il était désolé de pas te voir. Y t'a atLendu .. atLendu .. , Mais. pour en revenir à ma maladie, nc.us
é~lons
là, bien tranquillement, il c.1.user, moi asSlse il cOt-é d'Yv,c'!.t.e et M. Deppo atJolant et venant
1.)Our voir les bibelots. Tout d'un coup, pamlt que
Jt! suis devenue v-erle ... cl j-e. me suis lr-ouvée mru,
de vrüi. Quand j'ai rouvert le s ,yeux, ]:a petite Deux
Sous était l0ujollrs il cOté de moi el Joe monsieur
me faisait respirer un ftacon, .. Parait qu.e j'avais
été longue il T'e ven ir. Le monsieur m'a dit
qU'il avail eu peur... Il a oou:ru c.hez le phartnnc.ien ch·crcher des sels el encoré, en revenant 'il croyélH me voir
debout,
parce
q~l'fynt
trouvé ouvert,e la P?r~
qu'il .était s qr
d avoir fe rmée en sortant, il s étrut ImaglOé quû Je
pas de danger! Je ,b~
!n'é.tais levée ... Y av~it
g~ls
)}aos pl,u s qu'un caillou ..: Mê me que (dC?Jpuls J y
~l
'penoo) j'ai peur qll'nn Salt cn~:ré.
pend.nnt cpU3
Je. Voyais rien,., Pourvu qu'on n'aIt rIen emporté 1
C-est pos ('idiote qu'au rait ,rien emptlch6 . .
- Olli, mais comme on ne peut pas savOlr qu'elle
est comme elle es t ça aurait arrêté tout de mtlme
rie la trou ver là. '
- C'est vrai. Enfin, quand il m'u vue remise,
M. 0?J)po est parti avec 1':1 petite ~eiJ.lx
S,a us. , ~l a
promis de la rll.mof'ner ; m.fl.J.s celle rOIs 11 t aV!)l tlTa,
pOUr qUe tll 1'lltLendes. Moi, depllis leur départ, je
me s(' n ~ Lout,e chnf>e.,. des nausélC;S que j'ai ...
- Si 111 te COll chais ?
--:- J'en avais bien envie. Mais j'attendais que tu
reVienn&.!, pour ne pas lai ssetr le magasin sans
p€l'\Sonne_ Aide-moi à m~rche
... la tête me tourn~.
- Si ça ne va. pas mIeux t:e sOIr ... ou demUll1,
j'irai chez le médecin.
- Je te I.e défends 1 S'Ac na la femme, reLrou.
vant son énergie. Tu C1'oÎ:l qu'on n'a pas asse;!
de dépenses comme ça ?
Siméon se garda dïnsistr:l'.
.
Le vieil avare ai,da sa k'i1 11111? à se met1lre au lit.
Dien étendlle sur $les COU"''';lfL'', /-1 Pbecoa poussa un
long soupiJ' de bien -être. 13l1h 1 ç.a ne serait rien,:.
un maJaise causé par ta Ohr!teu r. Eale S€ sen,Lalt
déjà loute " res,;uscitée l).
Cependant une nausée ptns rm'ûC la secoua: violemment. Siméon s'empreo'!'a, $ec:oura'ble autant.
qu'il pouvait J'êlre.
..
.
Le m{lmeu.t pénible pu.ssé. cnn .me !l s'él.Olgtnaü
du lit Isaac vit sur le sol un lOlll petit feUIllet de
pupièr. II le ramassa, et tJ.USSI tOI s'es sourciJ,s se
rapprochèrenl, son fronl SIE' l't lo.:"s.,<J .
- Tu as ollvert le ~iro,
grnnr flot-il
- Moi! gémit Rébecoa. Et comment l'ouvri-rais-je, puisque lu n'a s m~nH'
pa:'! assez de confia nce eIl moi pour le fet'ffi.l"'f tl vec une clef comme
tout le monde! Une serr11.rt' ,:t' il' t's t ~
6lSSe2: sfu'.
"IIIn; t'I~
mi--! llll-des::;()\J s du bllf'eu u d·es pitons et
un caden as à secrel qu'on l\P vu~l
pas, quand! on
ne saiL pas qu'iJ y oot e l q III ~e
[eJ'me avec des
leUres ... Est-c~
que j.e fXl.LS k IIll)l '7
Isuac ne para'issait pas t'entend·re, Il tenait toujours le feuJ ltel où s'uJignl:lh '1i' <l'l'OS ch.i1Ires.
- J 'ai faH t1j,( ~ r saior dos CH 11'11.1..0. :ltU.T ce papier-là,
cnsuile je l'ai mis dans le llrOlr, j'en suis certain,
Ilb~oimen
certain J ConUnf'fl 1 se trouve-t-il par
Lerre?
U se buissa, regarda SOIiS le bllreau.
Le cadenns à socl'et était lil tll' Ijllurs, enfilé dans
Jes deux pit.ons, ùont t'un plall enfoncé dans le
corps de III taille. ['nutre <1"n~
le bOf'd du tiroir.
Il déplaça les petits rOIlI""IIX de cuivl'e soutena nt les 1ett r-as , Amena La ('f)iTlh lnaison voulue et le
CHd{!nas suns difficulté s'ouvrit..
Isaac souj1ir'n. Il se rH,&"-lf rflll. 8vi ldemment, en
fennant brusqu·ement le Lif~lr,
hi~r,
hl a dtl faire
voJer ce ['euiHel. Ah! COnJ,mt' il 8 cu peur, l'mm·
ner !
Soulevée sur son a rr.ilJ.er', rV'hp ccu le regarde ou.
vrir le tiroir. Tout y est en nnlre.
Les registres sont il Irllr riHee, ces registres
écrits en lang~e
el chirr!'..... l'I1I\Vo{'nns.
Voici une peLiLe boUe en b \jl~
blanc, d'âspeç~
très innocen.t. Le couver'cle n"'Il fCr1'llC pas à clef.
Isaac l'ollvre. Il y a là q\letqllf's feuilles de paJlier à It.'tll'es, B semble qlle tu bolte en soit .rem·
plie. Lsaac les e.n l èw~,
un dOllbl*, ,ful1.d ap:parelt. Rébecca se l'Cdr~
e.noore pOlir ItlleliX vOlT.
Ln ptanche tte du double [Ol1Ù a sauté ...
Issac pousse un cri '''rrible :
- La balte est vid ~!
Le fruit de deux vies d'av'L1'ire ~ nrdie,
d'usure,
110 trafics , le trésor tout I~ trésor des Siméon
u disparu 1
Oubliant sa raibl
e~s
, R&be<:('H avait santé d,a- son
lit. mIe venait tomber S llr ses gl"noux à cOté
flévreux, fou illd'Isa8JC; Lou.s d,eux, avec d,es gl'~tofS
laient,mêd'élnt leurs mains, If' mAthenreux "tiroir Il.
Ils se la sRèrent vile de ('CS rl)('hHI'ches ùonL l'inu.
lUi té n 'n ppal'aisslli t quo/) trnp
L'u
~ uri
er
a éLé andnr.ieuR+'rnpn1 dévalisé 1
Tout à coup sa fur enr se t()II l'ne sur la pauvre
Hébecca. A poing" fermé
~ , il lrimbe liur elle. J9tle
tente de se défcndre ... .
D'ord,inl1ire quancl il arrive A r ~AHC
de se monLI'er
brutal, elle a vite fnit cie mC'ltrp ft la raison son
seigneur et mtlnl'e. Ce soir , Il rhibtie, ne pouvant
même parer te~
COl1p~,
rllp ~p
mit à hurler.
Alons il g'arrêta rIe frnpppr .
le silence : id
Avpc force i.njlll'f'!l, il 11Ii f>nH~.it
ne manquerait plus à leur mfllhl'ur fille d'attirer des
cœT1:p,[icatioJùS en r.aisant accourir les indiscrets 1
�G'IC-
26
La Petite
~e<U!NI;ni,
gémissant, 101100 rne\l.l'll;rie, eLle negagne avec peille son lit, sans que Siméon pense
ù lui offrir son aide. Un,e inquiéLude nouvelle vi-ent
de le faire courir à l'angle de l'arrière-boutique.
Là, i1 s'étend our le sol, glisse son bras SOllS une
commode. Ses ongles s·agrippen.t à. l'un des carreaux qui pavent le sol, le soulèvent, l'attirent, et
dans la cavité obscure, Isaac plonge ln. muin ...
Qu.ell-c cbœe prédeus.e - pluo" précieuse m~'C
que son argent - a élé cachée là? .
Les traits de l'11surier se détendent un peu, ses
lèvres laissent échapper un soupir dG soulagement. Les volcUI'l:i ne l'ont ~s
entièrement dépouillé, puisque" le c~hier
l) est là ! Le cahier mystérieux, capable de faire éclaLer un scandalc cIfl'oytl.ble.
Ce cahier, entre 100 mains de Siméon, de"iendra, comme YvelLe, IIne arme terrible, nlieu: encore : ·une sou,rce inépuisabJe de profits. (Hlblian t
J'émoi du ma.lheur commun, Hesos grieSs d~ns
l.J.eoca, de son lit, demaude en geigna.nt
-- Est-ce qu'on va porler plainte '1
- Imbécile 1 répond.Isaac.
Ce mot en di.t long. La femme en com.prend
toute l'éloquence. Oui, san.s doute, il peut être impfUd-e.nt de vouloit· attirer la police chex eUX ; cependant, laisser impuni leur vcHeur, c'esl dur J
Elle insiste.
- T'as pas eu peur, quand la mère d'Yvette a
éL} slIilJnée, de parler au magistrat.
- Pas la même chose 1 Et puis, ç'aurait pu mal
tourner, je ne dis pas. Mais j'en voulais à. celte sacrée rosse de i\lanchol qU1 me félisait manquer des
affaires à chaque instant... J·étais content de lui
reld~'
ça d 'Wl coup, en J'envoyant à la p.erpète.
Et ça s'est rudement bien t.rouv~
que j'y soye allé,
chez la défunte, ju.,te à temps pOUl' cueillir... oe que
J'ai cueilli.
- T'lU; toujouns eu du flair, constata Mme Siméon qui oubliait d-écidérnent sa ro.ncnne.
Isaac avait attiré un cahier formé de f.euillcs manuscrites, que c(J tlvTQ.i~
une éc,rHure IlS,;CZ maladroite; des lettres élélient gliswes entra les feuillets du cahier.
. U vérifia. : Lou L y él.nit, feuilles et lettr-es.
Il les remit dans la c(léÎlelte et se releva.
- Si je savais qui qtl'a fait le coup, je no donnerais pas dleJ' de sa peau ... Mais y en t1 qui paieron l pour lui en m~zn.e
Lemps que pour eux-mêmes.
Seulement, va folloir s'dépêcher maintenant. On est
il sec... Oh f mnlhrllI:., rIe malheur, de malheur 1
Et, malgré ilon espoir de revll.nche prochaine conlre le sort, bunc SirnèlrJri s-e mit à pleurer de vra.i.ôs
lurihes sur le ~H'Oir
dévuli:sé.
xv
~VET
OB~lT
Sonln Ol'bihoff Iltîl'Tlrlnit avec une fl6vreuse impu-
Ilenoe le retour <le [lrppo ct d'Yv(!tlc.
Si .elle a renrlu à l'illrlignè ami de jadiS tout !olo n
amour, ou pl1llt.l Inllle So't ~)a
Rion encore exaoerbée par des a.nn('ps de RO'llftrnnce, ell-e ne peut oublier J'acte désllOnOl'ant nntrefnis commis JWr lui.
Et c'est le cJ,atiml'nl de Hon amont", l'amertume de
son lvres!'e, de DP. p()\lvoir estim~r
celui qu'eUe'
odore. Df' 1110i !'IprAit-il eo('ore capable, cet hnmme
qui a trohi 8 l'on flo n.,.,1' d'un ami et qui, en If ri' elle,
'se montr-n si crll!'l, si I1lmf'ernt"nt cruel! Parfois un
doute serre ].e cO'ur de ln jeune ffflTIrrie.
Et voici quP nlln!-l cpUe oisivpté que lui crée l'absence rie 50 nlolnr!(', la dnctoJ't""i"(-' SI' tourmente de
QOllVea Il. Cefle r(Ji~
01' n'#,' t point pOllf el~,
pOli r
Bon Qlllour (JIll' ~n'li
:'ln!] l!irl.r. ,on:"; pOIiVOll' préci.se.:r oe qu'e..1J.e N)doute pour Yvc~te,
clJ.e songe avec
unxiétô il l'cnr \Ilt.
U
'Detlz Sous "
~
Sonia sent combien eUe est attachée à celte douee
malade qu'elle s'est jm'é de guérir, et elle a le reà Beppo de prendre sur
nlOl tl:; ü'üvQir p~rnis
YvetL'.) une influenoe.. .
l:iOlll;J. !;l'U::;S, JlIe cu s'aperce.vant que, sans le vouloir, elle en revient il soupçonner Bewo.
- Ah ! gémit-elle., je suie indigne,.. je s11Î3 injusle .. . et Je l'altlle, ponrwnt, je 1 !Ume!
H 1).. été convenu qu.e Ek.t>P() l}I"(}longcrait j1J3qU'au
le'lldemain son séjour à &llükiermall1.
!::iouw y songe, elle escompte les joies de ce revOiJ·, til.c;he de lo.ut aublitll' dans la pell!!éo Ilu
l>olJhcw·. Mais elle resie anxieuse jUS<1u'au moment
où Jll voitUl'e qui doit aller à la gli.re chercher
Yvett e ct lbe·ppe l'J'avance devant lu maisoll.
Sunia ira p.'endr-e Yvett.e ù l'arrivée du ll'ain. c t,
110 111' Beppo qui s~ra
là, Soaia se pare.
Elle devient coquette, plus femme depuis qlle
l'WIlOU!' il repul'U Ùtt.llS ~
yie.
~OJ
ia C!st en ulfan.ce à la gare et piétine, impatience. AIl! enfin, voici Yvette!
Ucppo la ti~n
pa.r le bra.:; doucement, avec un
uir de l'rol.cctien vigilante qui émeut la doctoresse .
- Je vous ramène madclTlQiseUe Yvette, mademe.
La voix de DêPP() 'eSt calme, son expression res,
pectue use. Devant cette foule qui les entoure il faut
tiou er la coméd·i'e. La jeune femmQ répond:
(1 lvlerci 1 )) tuntlkl que son rega.rd ÎJJI<:'.fToge.
- l'out s'es t fort bien pu,;"é, pOUl'S\Ht J3eppo.
D'ailleurs, je rendr'aj com'pl.e à Mme Mart.e,l.
Ils ont quitté la. ~are.
~:>Uli
et \'\·ette IJl'ennent
pince dans la victoria qui les attend; B~JlPo
s'assied prè:l du co,cher.
Yv{')lt~
sourit à la alocloresse et se serre contre
elle. E.sL-ce un geste caressant, un besoin de proleclion 1... Les deux, peut-èlT'e.
!\1)(~
I\lr l'leI gllell{) le retou!' de
p-elitc proLé,
~
et tout de S'Jite Bcip'po rac-onte lew' vis.il.e a,u x
Siméon.
- L'homme n'y était pl1~,
et la. femme ~ profiLé
de not"c pré.!leJ'l.cc POUl',. s é\:anoUlr, ce qui a été
fort ennuyeux. Blcn <'l1l il men coiltè.t d.e quitler
Yvetle, ne ftH--oe qU'un inst-'int, j'ai dû couJ'ir ehez
le phaJ'llulciell, heureusement tout p.I·C1Iche. En fin,
?ett.e fem~
est r~veOl
à. eUe, g!'~ce
aux sels qne
je rUj>portms ... et]e 1'.'.I.l lll.issée. J'ai dû lui promettre de r:une~
la peIlLe, mlUs sans rien pn\ciser il
eeL égllrd : Il faul évlLer que ces gens ul1usent de
lu cOlldesœndan0C qu'on leur Lérnoigne.
Mme Martet affirma qu~
tel était son désir' e~ celui dû M. l\fu.rt.et. Pnis elle conlt'édia Ilt'fpIto
Soniu se &ontit rougir Ile honte à. la pelJsée qu'il
allait !lrelllll'e sun repli!:! il ]'oC(lee.
Ah . la MGhéance._. comm-e eJle s'fl.ffirmoll.U durvm~nt
à C'~aqLle
.heure 1 Trai\.é comme nn vnlet,
VLU, Jusqu 411 SOlI' eUe ga.:rda cette ~pine
au cœu:r
ju-squ·G.u. rlu~ent
où I3epp-o vint La ,r-eLrou,v€r.
'
f\lnis 11 étUlt prc1occupé, di s trait.
- QU 'as-Lu,. demanda Sonin, je I.e !lens loinl(\in ?
- Je ne ~l!'
pa.::; préoc(·l1lpr., je sO llrfre ...
- Tu souffres ... moralement?
- Non. ~O\lt
prosaïquement je subie une souffran ce ph ySIque.
..
- EL Lu ne m'en disais rien!
- T1l. ~OIS
ai.en que. je L' II plllI'le, au contraire ...
-:- Lalsse-mnl te soJgner. Ne considère plus en
mOl qlle le méùocin .
:rel l Tu es bonne ... Ce qu.e j'ai n'oot rien...
il m t1'l rj~e.
<Le me lra lt.er seul pOUl!' de vraiJ'l mtlJai~s,
~e
n'al pOInt ouhllié mr.s él,ud~.
Seulement, le
dIffiCIle, c'es t d.e [aire e.XOClltf'r SM! pmpres cU'donnances.: . Au ,f:lJt, Lu es doct.eur, loi. C'est tout simple : CUl s-men une ordonnance
- Dis-moi c q.ue Lu éprou'ves.
Il sc mil à rire.
- 1':Goute, c'est /lJbsurde t Je ne vOl
~i9
pas
t'avouer .oe:l I.out botnnement, tant ce ma.I pll.I'RIt
hMe el ndlcule ... Je prenais des airs de malad.e
. -, l\!
�l;If-
e
La 'Petite
If
Veux Sous
U
==================================27
6êI'ieu'X, mais je ne suis pas ma1&de... J'ai une
rage de dents, là 1. ..
Sonia, rassurée, SB mit à rire aussi.
- Al.ors, va chez le dentiste.
- Il n'y peut rien. Cest une névralgie. Cela me
prend souvent, et j'8JÏ toujours un flacon de cWarof{Hme sur moi : une goutte me ca.Jme.
- Eh 1 bien, applique ton rem~d.
- Je n'en ai pas a p'p0 rté, et ici je ne puis m'en
procurer sruns ordonnance.
- Si tu en veux une, tu pouvais le dire tout de
suite : CfUe de circonlocutions 1
- Je te l'ai dit, je me trouve ridicule.
- C'est en te gênant avec moi que ln le deviens.
Voyons .. . que je t'écrive cela. MalS g'ici à demain
tu auras le temps de souffriT.
- J'i rai chez le pharmacien à la première heure,
t1vanl de parti!l"'. Car je m'en vais, Sonia., p6J' un
dos premiers trains.
- Oh !... Tou,jour.s se quitter 1
- J'espère, cette fois. que nous il'eviendrons
;vite ... Ma chère, me ts une bonne quantité, afin que
je ne sois pas obligé de retourner de sitôt chez le
pharmacien. L'ordonnance qui m'a servi jusqu'ici
est viel~.
.et l'on m 'a fait, à cause de cela, des difficultés. ur, là-bus, où je ne suis pas connu, ce
serait pire.
- Soit. Je ne ri flUe rien ayec toi, tu es du
méwer. Tu connais donc le danger de cette drogue.
- Bien SaI' 1 SOL lTanquille.
Ils parlaient à voix basse. La porte faisant comm miqucr la cfu·).mbre de la doctol'esse avec crllè
de sa malade restait entr'ouve rte et ul le re1let
de la veilleuse les éclairaH. Ce fut à cette f~ible
'lueur que Sonia griffonne. son ol'd?nnance.
Aussit.6t qu'il l'eut en sa posseSSIOn , Beppo parut
oublier sa sou ffrance.
Le voisina.ge de la pètite Deux Sousn.e troublait
'Pas la doctoresse. Une fois encore. fu.1sa.nt Laire
ses scrupules,
nia lui Ilvait ordonné le sommeil.
- Ma domin.a.tio.n sur celle petitel dil,..elle à BepJour, et je m'en
po, devient plus complète ch~que
réjouis comme d'un garant certain de 68. guérison.
CètLe guérison, rl'ai.lJ.euns. je I.e pres8ens a..c;sez procb.(line : divers syuJi}tomes me le font e. pérer.
- Laisse-moi la voir, demanda Beppo. Laissemoi l'egarder si vr-aiment elle dort.
Et, saDI:! aUenoIre d'y être mieux auLorLsé, Beppo
Se g lissa dans la clw.mbre de l'enlant.
Quelques insiunts s·~coulè.rent,
il ne revenrut
pas ... Sonia s'impatientait.
illJe s'approcha de .la porle et appela:
- Vi.ens donc ... lu VOŒ qu'elle dort.
Le chauffeur était incliné "el' ln. dormeuse, sa
ffin.i.n louchait le [l'out de l'enfnnL.
Il ne répondit l'Hm d'aborel 0. l'appel de Sonia,
Puis il la X' ;oignit.
- EUe a la tête 1»'l\Iante, cette petite ; fais attention, ne ra.pproche pas trop les e>:pérlenœs. L'hypnotisme, souvent, dcV'ient un remède pire que le
Inal.
Le ch l1ffe11r ne s'étaH poe trompé : la petite
Deux So:us s'éveilla le LeI du:nain fiévreuse et dolente. S<mÎa la. fll l'ooJ.er couchée et s·inst.a.1la près
d'elle, heureuse (l'avoir <:etle fai on de demeurer
aeUle uvec es pens6e6.
Elle se complall il des projets pom' plus tard.
e t hivor, lorsque les M rtet seront à Paris et
(JU'YveLLe, gl1~JI;
peut~,.
ne réclamera plus la
'j:)résenr.e journalière de la dort.nr .(', avec l'argent
gagné en l'oignant la pelil,l' Dellx OIIS, Sonia rbihoU s'lnsLnllera dH.rts un logis ritlnt où tout le jour
~l\e
travuiller,
revra d
01111a.<les et où l'ami
POurra la re trollver.
Elle r~v()
de r mIre légal lellr union, de Je lier
à pU '"
Tlom d'emprllnt l'l'ra un obstacle: vou·
1;~n-ti
reprendre l'nutro ? Sonia, nssiRe an chev<lt
un
solution, éohaIaude des
u l'veLt 1 cher he
p1/lns I~L les heures passent.
~
Vers le sOir, Yvette, jusqu'alors immobile et absorbée, s'assit sur son lit. ELLe passa. les mai.ns sur
son front, SOlIrit, s'étira et ten{\it les bras à Soni~
- Eh 1 bien, cbérie, VOUB voilà remise ? .. OuL ..
Vou'S avez un joli visage reposé ... la tête frnlehe ...
Vous voulez VOUIS lever? Je vais vous aider. lVIadame Maroot est asaise sous les arbres, nous irons
l'y retrouver.
c:eJ.a faisait partie du syetème de la. doctoresse :
parler à Yvette comme Si J'enfant pouvait la com·
prendre Lout à. fait.
Cette fois, on aurait dit que la jelme fiUe avait,
en effet, pleinement saisi le sens des paroles, car,
au jarA peine bahlllée, elle s'en alla d , ' el-m~
din re joi.ndre sa biaûa.i tri ce.
M. et Mme Ma.rt.et devisaient paisililemenl se
bal4oça.nt dans des rocking-chair.
'
On salua. a~
un a.ffoctueux empressement l'opparition d'Yv U.e, que rejoignit bien tèt la doctoresse. Mais la. pet.i.te re.f.usc <he s'a!'SCOir.
- Elle v~ut
se prom&1el', supposa I.e baIl M.
Ma.rtet. Restez auprès Ge ma femme, madame Soni~.
Je. vais faire faire quelques pas à Yvette dUlliI
le Jardin ...
Yvette déjà s'éloignait, pTimant le chemin de 1'0l'a.n.gerie; M. Mo.rtet la SuiVLL.
Mais un jardinier l'arrêta au tourn<lDt de J'allée
ponl" lui IDOCl 'er un pl6Ilt de rosier en souffrance.
M. Martel adorait ses roses. TI oublia un insta.nt
Yv~te
el dut pres ser le pas pour la rejoÎlld.re.
Il la retrouva près de l'Ora.n€lCrüt. De loin Il
aVllit cru la voir rMllasser un objet 90US un oranger en caï.sse ; mais il devait se tromper, c.a.l' en
&pyn-oohant il viJl Cf\le la jeune flUe avait les mailla
videa. Du m~e
pas décidé, La. petite Deux Sous rebroussait chemin. M. Martel la ffUivil.
CetLe rois, la jeune fille consentit il prendre place
à cOt.é de S8 rpmLectrioe ; mnis plus que jamais clie
:paraissait absellte et sans pensée.
Lu sei.rée parut longue à Semia - il lui tardait
de se retrouver seule d8.ns sa cha.m.bre afin de ré~r
librement. - fi'J!Je s'endormit en m.urrmurant
des mot.s de tenCLresse.
Le bruit d'un s8JI1g1ot l'éve.illa. Qui 1 donc pieujI"ait ? La docloresse courut dons lu C'l1ambre
d·Yvette. L'('fJItI.nt en sa longue robe d" nuit était il.
Igenoux devlln t son lit et angloba.Ï l,1ft tete dans ses
d>ra.s. Une seconde porte donna.nt <le la chaJll11re
d'Yvette sur un couloir et fermée au loqUl.'t la
veille au soir par ln doctoresse étaiL entr'ouvt>rl.e.
- Yvette 1
L'enfant ne sembla pas entendre.
Sonia, dOllcern.ent, la força il. se relever.
Elle s'a,p erçut ulors <flle la. fil1t'tle tremblait con·
vulsivemenL et les
nbl1ol!l augmentant, eUe crnignit une cri5e oerve use.
Elle coucha J'enfant, lu.i fit respirer de l'éther,
rien n·apai:-...... it YvetLe ; ses bras, Il présent, se rnidl.~ent
Alors Sonia n'hésita plU.9.
A tout prix elle voulait éviter à la rrêle petite
~üu
l re
la secousse d'une crise redoutable.
Elle prit ta main d'Yvette, la regarda dans :es
yeu.x. ç.e fut plus loog que de coutume. L'enfant
['ésbstalt de tolll€ 1~
rOO'ce d'lIn volonté :::oudélin
.réveilJ
en eUe. Mais la dodore,,:le fut la pins
\forte : Yvet~
cessa. de .sc raidir, cessa de se
j}laindre.
Le visage crispé, \.oule sa volonté tendue, durement, aiguisant soo regard, la doctores e ordonne:
- Parle. Ot) es-tn ?
. - I!:n chemin de. r r .. BI.'.ppo. m~
l)j~nt
la plnin,
il me .regnrd{' ... OUI, OUI. .. J b{·lra1. .. Je ferm c{'Ja.
BeptpO ne pari pas, m i.s j'en tends ce qU'il vellt...
Ah 1 nous monton en \·nit(l.re ... des rues... ùe
rues...
Lu voiLurû s'Ilrr't..e...
Non,
je ne
veux pa.s des oendre ... .J·ni peur... j'ai p nr ... Une
femme. Je sais ... Atlenc\c-z, je sai' son nom .. . Rébecon .. . Je la connais... EUe me fait peur.. . Oh 1 On
�~
28
La 'Petite
me force à entrer... Aa femme m'embra'S'Se.. , m'as·
sied près d'elle ... De-ppo s'est levé .. .
u Ah 1 la femme tombe ... Elle n'est pas marte .. .
Mais j'ai peur... si peur 1... Beppo me fait lever .. .
Non, non.. POIS œla ... Si 1. .. Je le ferai. il C./t.uL.
je sais, il faut... J'ollvre une parte ... Je VOJS un
lit... un bureau... ·un fauteuil. Beppo me regarde .. .
Il veut. .. U v-eut. Oui, je vois ... Le Liroir est fermé .. .
Mais je vois... Dans une caisse, d-es papi-ers, de
l'or, des billets.. . LI faut ouvrir... Beppo le veut.
Je vois comment on doit faire ... Sous la table, un
cadenas ferm e le tiroir... Pas de cleC au cadenas .. .
Des lettres... Je les touche... Beppo me presse .. .
Vite, vite... Voilà.. . Le oode.nas est ouvert et le
tiroir. Beppo a pris les
piers, l'argent, les bil·
lets .. . La. boIte e t vide... 1 falJot refermN... Voilà ...
Et Seppo me remène près de la femme... On l.a
dirait morte ... Oh 1 que j'ai peur 1... Beppo lui fmt
r espIrer un Oacon... IWe OUVY'e les yeux et parle ...
Il dit qu'il a été chez un pharmacien... Ce n'est pas
vrai. Heppo a menti. Ah !... en~
.. . nous partons ..
Encore le wagon ... per onne avec moi... que Bep·
po... [1 veut encore... Non, non ...
Yvette s'afTête, haJeLante, blême, les yeux di·
latés d'har~u.
Lorsque Yvette 6. dit u Nous partons n, la doc·
toresse li faill! clier : " Assez ! aS2ez ! Il
Elle ne veut plus rICn entendre.
]Y8.1Lleul's, qu pounal t--elle upprendrr, de pire ?
Elle sait la nouvelle U1ftuui.e du mon::;tre qui, llar
deux fois, s'est Joué d'elle.
i\tais voici que la petite a dit: « n veut encore 1 »
Quoi 1... Qu'a-t-il pu vou,loir encore, le misera·
bl e 1 Et Sonia ordonne :
- PllY'le ... Que v0uH)n ? Parle 1
Yvette repr-e.nd d'une voix déchirante :
- 11 veuL... mOl j~ ne veU]( pas ... U veut... Ah 1
quelqu'un vient, il ne peul plus vouloir ... Mais il
est revenu !.e soir ... J'ai senti qu'U était là, .. Je
n'ai pas {>u me défendre el je j'ai Cail. .. J'u i obéi...
El ce soi r .. . j'ai l'lé à. l'orangerie ... J'ai trouvé le
flacon comme il m'aw.lit dit sous une caisse d'omngel', el je l'ai pris ... El puis ... tout à l'heure je me
suis levée.. . J'ai été dans la chambre de Mille Murtel et j'ai mis un mouohoir comlne il n ùit. .. J'al
vidé le flacon ... Lout le Oaeon ...
Sonia étouffe un cri. C'est trop é1JCuvalltable 1
elle ne veu t plus, ne !Ieut plus rIen
Cett.c foi~
entendre. Elle recule. Son pied hew'.e un objet qui
1I'0ule. EUe le ramn5se.
C'est un Ooaoon ayanl contenu du chloroforme.
E..lle regame le nom du phllwmaci n : cela vient
de SaLnt,.{Jermill.in ... Et Sonia comprend 1
C'est elle, eUe qni n aidé l'assassin à se procurer
la drogue morLelle ...
El l'&jsns in, c'est Beppo 1 Beppo qui, pousllnn&
ju squ'uu bout l'infnmle, n'a pas crnint ù'armer la
main d'une in con. ciente 1
Mais pourquoi ce crime" Dans 'luel but?
Et ù'nbord, en l'nrrolement où ln jette la mOlls,
trcuoo découv~l'
e, Sonia ne pense pus que quelque
chose pmllï'Qll Olr ll'nté.
Brusquement, ln doctoresse a un éclnir de raison.
P ul·Olre encore sauveri~on
la malheureuse vic.
time 1
Laissant Yvette, à présent prostrée, elle court
l la ohambre de Mme MarLet...
Une petite lampe éclairait le corridor. Elle trouva
aisément la porte, mais l'ny/ml ouverte, l'obscurité
de la pièce lui parut effrayante.
Elle recula el se Li('nt un instant Immobile, pré·
tan 1. avldemrnt l'oreille.
De la chamhre voi. ine où dormnit M. fartel,
venait le sou rOi' éga.l du dormeur. Mois du hl de
Mmr fll.r!,('L, fJl! SoniA !l8.il êtrc là, tout proche,
1\l1('"l1n bruit., /111('lln snuff!(' .
.
couler snr son corps llne sueur frOld~.
Snnin ~nt
Lh, conlr lc monlnnt de la pnl'te. gr trouve un
<!ommuta leu'l'. La doctoresse ]e fait jouer.
ra
U
Veux Sous "
~:;
SUIT la. cheminoo, deux bougies électriques ft'cdllument. Mmp. Martet n'a pa;s bougé. Les mnins albongées sur ln. cou vertUl'e sont ouvertes, 1a pUl'--ne
.en dehors.
La l.êle sur l'oreilJ.er est invisible : un moue! Dir
la recouvre encore.
Sonia, devant la réalité du danger, retrouve un
peu de sang-froid . Elle s'npprO<'he, enlève le n )Uchoir... Mm~
MarLel reste 1IIl1T1obile. Ses yec ~":.J
fermés, ses lèvres gonflées et bleuies.
Sonia comprend. ELle a d.efJui~
longteffiiPs recon.
nu chez Mme Martet 100 symptOmes d'lille maladie
de cœur.
Ces symptômes, Beprpo ,!.es a vus aus-si, et c'est
pour cela t/u'iJ a ahoi.sl. pour commettre son crime,
le chloJ'~fme,
l'erret de l'anesthésique appliqué il
un cardiaque devant êLl'e mortel.
M~is
pourquoi... pourquoi... pourquoi '1 ...
.Et soudain. ce nom qui traverse l'esprit de Sonia
lui est un tr'ttit de lumière. ~
baron RaouJ de Fol.
bert, le patron de Beppo.
Elle a répri-rn<é, la première fois qu'elle s'esi
trouvée devant lui, un mouvement répulsif qu'elle
n'a pu s'expliquer.
Cette répnlsion n'était que pres~mtin.
Pour
q.ui Beppo lluC"alt-il commL'l ce meurtTe, si ce n'es.t
pour Je baron qui p'rofit.(>rI'l de IR mort des parents
de sa femme. EL sans doute, après la mère, le père
sera sacrifié ...
De la ehltm!we de M. Msrtet arrive toujours le
même souffie égal. ..
Et voici qu"une nouveUe angoisse étreint le cœur
de lu doctoresse. Qui donc ac('usera·t,..on shnon elle.
même, Sonia. qui tI si.gné ,l'ol'drYrlnance mortelle?
Pour se défendre elle devra accuser Beppo et...
avouer qu'elle aime Œn ItSHoB.'s sin 1
Assassin... La pensée de Ja malheureuse r épète
ce mot snns ce. se, et sarus cesse a1J~m.enL
l'horreur qu'elle éprouve.
EDle pounait SUipporLcr d'être 8JCCUsOO de meur.
tre, condamnée ... Mais que l'on découvre qu'cllo a.
aimé Beppo. plutôt mourir que d'en subir la honte.
El si l'enquêle fnit cLécouV'J'i r qui a été chez le
pharmacien cherrher le clllorofoYïlle ? Beppo a (l0
prévoir cette enCJl1êle ct sa réponse est prête : jl
affirmera n'y avnir {>ff> que ~ l1r l'ordre de la lloc1oresoo. Sonla Orbihnfr peut avoir demandé ce ser_
vice au chauffeur du buron de Folbert.
Ah 1 le misérable. le mi-sérAble 1
Ainsi, pns tn(!YrIe un PPll de pitié pour la femme
qui l'a SI follement aimé 1
Ah 1 comme elle le hait, aujourd'hui ... Quelle
soif de vengeance la soulève. dominant même l'hor.
reur indicible de l'heure pl'é.senLe 1
CelLe haine ce furieux cLé2ir de représailles l'en.
dent il Sonia la volonté de se sauver. Le mouchoir
encore sa lnré de J'orlPllr nu chloroforme, clIc s'en
empare. C'est un mouchoir du trollsneau d'YveLle
que Mme Marlel a eu tant de plaisir il com.poser
pour sa protégée...
Sonia éLemt l'électricité... referme ln chambre sI.
nistre... La voici de no~vel
près d'Yvette. Sans
même un r gard ponr 1enrrunt qui dort il présent
comme éCY"6s
- ~e,
Sonia chcrch le pctit flacon mar.
Rué de J'étique~
rou~e
et qu'elle a rejeté tont il
l heure... Le VOICI. La Jeune remme l'emporte dans
su ehambre.
Elle lo:,e, dlans sa cuvette, le mouchoir et le OUr
con : l'étlqu tte e décolle.
Et tout en agissant, l,le pense il la pauwe fomme do~t
la bonté, la g6n6rO'lité onl roumi il I:lon
m urtn r . des n.rmee inco.l(~
e nf Cl.
N'ost.oe pus
Beppo qUI a découv /'Il Ln pNite Deux Sous qull'a
fuit a!lmcLtre CllCZ le s Mm'l t ?
'
N:eske plts D :ppo encol' quI ft parlé de S()n]n
Orbl~
cornm d'un I:lpécialiste éminent caipable
de guérir Yvette?
'
Son}a s.c nt sa tet se )1el·dl'c. En quelle sinistre
moohinal1on s 'est-eUe laiss6 englober ?
�q.
La Petite " Deux J'ous
U
===================== 29
-
Encore une fois la doctoresse p'ense au buron de
Folbed, Est-ce lui l'instigat.eur 1
.
Lui, le cerveau qui arme le bras '1
La petite fl"le est nette à. ' pré;;ent ; l'étiquette réduite en bouillie esl méconn!1issable, mêlée à des
eaux savonneuses dans le seuu de toilelt.e,
Le moucboir d'Yvette n'a plus l'odeur aootlsatrice, La doctoretise pousse uu long soupir, Au
DIOins pourru-l-<llle échl:t.pper il. l'infamie,
Et de nouveau elLe areuge l'effrayant problème ;
- eUe cherche la raison du meurtre, préparé - elle
U'en peut doutel' - de longue mUID,
Beppo III su démêl er en La. petite Deux Sous un
8Ujet pGssible. Ue ses études, de ses expériences
l'
Passées, il a cons ervé la " Oreté du coup d·œil.
li
Mais si la mort de Mme Ma rtet a été préméditée, M. Martet, lui aussi, doit être condamné.
CUI' Sonia ne peut découvl'lr qu 'un but aux assassins : mettre Marguent.e de Folbert, c'es1rà-&re
_ le b.a.r oTI, en pOSGesslon de l'l1éritage.
Ellc s e dellJande SI 80n devull' ne l:Ierait pas, supprimant. toute consldérll.\Jon p e l' s on
e le~
de dire
<le qu'clle sail, tout 00 qu eUe s uppol:le, unn que i\1.
MarLet se défende e l qu'iJ pui ~e
arrac her sa fl Ue
des mains crmune1les de ce Rao ul de F olbert q ui,
le jour venu, la saCl1.1iera peul-être, e lle aussL Muis
On ne la cr0ira pas 1 N'importe ce qu'elle di ra pu.rait ra. invraisemblable.
Convaincue du cnme, Sonia n'e n peut fournir
~
de. preuve absOil uc... Elle est désarmée , et - elle
qUl voudrail défendre les au tr es menllcée aunsi...
La doctoresse s'est la issé tomber assise cLev.u.nl sa
fenêlre - cetto fenê Lfe pa.r laquelle Beppo a pén{)ll'é chez el1e.
Le souvenir de cette entrevue brOie maintennnt
Ie cœur de la pauvre f..emme.
Elle se tord les ffilUIJI1S et ple ure des larmes. louTùes et d'une amertume indiCible.
XVI
LA TACHE DE SONIA
Sept 'heures sonnant à sa pendUle, Sonia Orbib ort se redressa.
. ~'in
s tal
était venu (Le jouer le rôle nuquel, dMlIII1Ivemclll, elle s'éLait rés olue,
Sonia, fébri.lement, s'activa à sa toilelte.
Elle achevait de s 'habiller lorsque la femme de
ch.a.m.bre wpparut, le VlISage bou.leve rs é.
'- Madame... venez 1. .. Je ne sais ce qu'a Mnd (une, eUe ne bouge plus 1
Sans prononcer un mot, Soni a suivit la domesti.qlUl. M. M'Ilrtet ét.rut déjà près du lit de sa. femme_
II tourna. vers lu doclorcs);e son pauvre VÎlllLgO
Convuls é de douleur.
- f\[adame Sonia... Mon Dieu, c'est aflreux ...
Je croi.s ... j'ni peur ... voyez ... vite ...
f\IueUe toujours et pâ.l~
d'horreur, Sonia reJ11.Illit
80n ornce de médecin.
, Elle dut relaire, 60U8 les yeux angoig,g6s du veuf,
l exam en qu e, toUJt il. rheure, elle a fi évre usem ent
{l(:compli seule.
1. },[a rLet. 1ill\e esL
- J' ai pcur peur ... balbuti
(raide, glacée:.. AJ1 1 mon Di u 1 ~t\
maladIe de
cœur .. . El le le d isait bien ... On nl 'Iw all pr éven u .. ,
Soni a sans r egarder M. f\.lurle t, r épond:
- QII'L.. le cœu r ... tout ~dt
fini 1...
M. Mnrtct s'e ffonrlre il gC'noux ('t sanglote.
I\l ol's d61 ivrée de ce P!.!lIT'd Ilnxi('ux, rlése8péré,
qtl' cllo 'sentnil p~e
r
nr elle, ln onctnrl'!'l<;e sC rodr.ns.."-e, a~ l {>gée.
Tout n ' l'fit pns fini c(\pelrun~
et,
d'e:llc-même, Sonia va 8u-npvllnt dll dHngr-r ..
. - ])ô,;irez,volI.l;l qu'on ILPI)('\lo votrc m€rlec'lD 01'dmonir e '1
- P011rquoi. pmlrl'fll01 '1 r"'rond le v~lIr
il. trnvers
(\~
ln l'mes. Elle l'til mor'v- .. Mil bon ne, C'.hi're,
~t.e
~
eat worLe, .. PeI't;OIlll6 ne pourr&t
~
me la rendre... Oh 1 mon Dieu, corrument vivre
se.Il8 elle 1 Vous ne savez pas ce 9ue nous ét.ions
l'un pour l'autre ... Durunt !.Il nt d a nn ées, jamais
une querelle, jamais l1D n:uage. .. EUe m'a consolé
aux mauva.Î.S JOurs, soutenu aux heures de lutte...
C'est poU!!' eUe que j'ai été s i fier, si beureux de
m'élever, pa'rœ que je l'élevais av ec moi. Et ol1e ...
vous la connaissi ez.. . Vo us avez vu .. . Elle ne jouisS8!Îlt de $.8; fortune qM si el le en fai.oooil profiter les
autres. L'adoption d'Yvette aura ét.é sa de.rnière
grande joie... P.auvre peti te en fan t 1 Pour l'amo ur
de œlJe qui l'6imait, je l'uimerai, je la gardel'lti ...
je la ferai he ur euse... Ah 1 vous p.leurez, madame
Sonia ... Vous êtes bonne ...
Sonia s angloLait., en effe t, l' à.me broyée.
Le médecin des mo rts v int constater le déci)s.
11 n'eut pl:l.S un in:; laŒlt la pensée de meUre en doute
la C8.lIS e de la m ort.
Ah 1 Be ppo a bien les m eilleure atouts dans son
jeu. Sans d011 te il avai t ordonn6 à Yvette de détruire les preuves, de cacher le flacon.
Et peut-être que, sans l'intervention de Sonia,
substiluant sa volo nté il celle du mmui.rie.r, l'cnfant aUMit aœom pli jusq u'an bOlll sa si ni!ltre mission. Mais quo i qu 'elle fasse pour E'e oonvruncre du
contr6ire, Somu se dit : " Il Il admis la po~sibl
l é
de la déco uve rte d u cr ime et fi tout prépa.ré pour
que, en ce cas, ce fOt moi l'acCU3ée, moi qm lui
ai donn é mon a m our 1 li
Le mot la flag<:llf.' dans s(}n cœur, dans Sil chaix,
dans son orgll('il. Ah 1 f[U ' il ferait bon mou rir [
r-,'l ais elle n'a pas le droi t de disparaltre...
Sachant ce qu'el le wit, elle dOIt se te[lir pr'ète à
défendr e, s'il se peu t, les victimes qu'elle croit désignées.
La. oonsd en oe de pDuvoir se rendre utile , d'avoir
une mission dangere use peut-être, à coup sù r difficile à remplir, redonne à la jeune Lemme le courage de vivre.
C'est elle qui offre à M. Martet, accablé par la
doule ur, de se chll.rge r de tou tes Les démarches à
faIre. C'es t elle qu i r-édhge à l'ndresse de cc baron
de F'olbe l'l, dont e lle pressent l'ignominic, la dépêche qui va le faire a ccouri r .
El c'es t e lle en-core qui, le lend emain, se trouve
là pour recevoir la pauovre Marg ueïite el la con duire auprès du lit où Sil mère r epo'ic .
Le baron Raoul de Folbert a v ruiment l'air bouleversé.
11 ne pleure pas, mais ses lèvres ont un frémi ssement nerveu x. &t Sonia qui ne le quitto pas des
yenx remarqu e son Msitlltion au seUlI de la chambre mortu ai re.
Pou.r lons oeU.e hésitation , c l r o u.l>I i'>~ ceLLe pâ leur sont les sign es évid en ts d' une douleur q ui
bo.nore ce ge ndre modèle. Pour la. doctoresse t'e
son.t autant de cha rge s, au tant de preuv.es contre
10 mari de Marguerite.
Donnant pour l'aisGn que la vue de la m or te
POUJ'l'aÏt ca.u..'ler à YvetLe une trop vlve secousse,
[a doctora, se s'es t refn sée il. la isse r l'enfant. pén étrer près de sa protectrice.
Mats elle veut une preuve encore de la culp a hilité du baron. Avn.nt que celui-c i ai t quitté la
cha mbre mor t uai.re , l~ Jeu ne femme Vil cherch er
Yve tte. illlle la rc ti ent s ll r 1 passage de Raoul, I ~
force il. la. rega r der, à lu i pJ\rlc.t"
monsiel,lr,
- Voici v tre pC'lite prot{>!~i'C,
- Ah 1 et il recule, pê,lissan L.
- Trnrlez ln m,lin n monsieur le ba.ron, YVPlt .
Yvelle obéit, mais Raon l ne semble pas voir le
geste. QllClqllP l'hose d'un peu hn.gll/'d pl ,C dan'.!
ses y UX. 11 murmure :
- Pas l'lie..1t' n'Illlmi!'! ra" vonlll ... pR.S voulu ..
Puis LI remarque Ilvœ CJlwl1e nltrntion la dortore!'!8C l'étll(lip., pl 'nn ['pl'lOnl r1ur'cit, snn vis.nge
pl'en J unc telle e:prl'. ,ion r1l' fé['o{'jt ~ qlJe 50nll1,
mirux ([II elle n l'Il rllil rnl'OI'p. cnmp['Ponrl 11 quel
point peut êLre dangel '0Wle ltl. IlLcu.e ~
ellQ a;>3U-
�<;'~
30
0::..=================
mée. Quel que soit l'obstacle qui leur barrwa 1&
route, R60uI, cOIDlllle Reppo, sans pitié le brisera.
Tant mieux 1
La. pensée des risques à. courir, du péril à. braver
ranime Sonia. Elle se rachètera ainsi il. ses propret'l
yeux, de la honte d'avoir aimé un être inlll.me.
SoIlia, dou.cement, a emmené Yv;ette au fond dU!
parc. Elle tient la. mAin de li8. .petite Deux 80115 et
s'inquiète de la sentir brûlante.
Pauvre innOcetlt bourreau qui serait sûrement
victime si la sécurité des criminels venait à l'exiger, que taire pour La. protéger T
Un bruit de voix a:rxn.cba la doctoresse à. son angoissan te song.e.r:i.e.
A q~u.œ
PM, M . M.arlet et son goodl'e cau.seDit,
ussis dans ce rond-point de verdure qu'affection.nait ltl. morte.
Ni l'un ni l'autre n'a entendu approcher Sonia,
disaimulée aûx yeu.x des deux hommes par un massif de rhododendrons.
- Nous ne repartizmts pas, dit le ba.'ron, Marguerite tLeot à 1'00001' près 00 vous rlaruJ cette terrible épreuTe ... Nous logerons ici, mon père, n'est.ce pM, juaqu'à. votre retour à Paris?
- Û1:Ii!, OUIÏ., I18.~
Merci. .. Oh 1 je ne
suis pas pressé de rentrer à Paris ... J'aime mieux
rester ici, où elle a plm~
~
derniers jours ... si
heureuse d'avoir près d'eQll.e son p~ti-f1s
1 IJ est
bellU, votre Pierre, vous l'a.vez vu ?
- Je l'ai vu, dit le baron.
Et, à son tour, sa voiX ~t
sans timbre, étrange ...
Sonia s'étonne que le misél'tLhle conserve encore- la
facult.6 de s'émouvoir au nom de son tlLs.
PrevQit-il de quels poids ~rant,
~J.
jou:r pOua'
l'enfant, les crimes du père?
Sonia tient toujOl1!'s la main d'Yvette.
Oelle-ci, OOIT1!.:1e la. d,octoreMe, s'œt immobilisée.
Il scmb!") que la petite Deux &lus écoute ainsi le
dialog:.;e et le comprenne.
- Au reçu de la fatale dépbChe, continue le bè;ron, n'Jus avons pris le rapide, ma femme et moi.,
a.fin d'arriver plus promptement. Beppe a.mènero
l'auto. Je l'ai chargé, en partant, de toul régler làbas. C'est un homme de canfiance.
La doctoresse sel"ré plus fort la main d'Yvette
et l'entraln.a oomme en fuite. Elle l'~mtrane
jusq;ue
dans sa cl1ambre où elle se barricade.
- Bappo arrive... Bappo... bégaye Sonia, étranglée de dégoOt.
- Bep-po ! répond en oobo Yvette.
- TaiS-toi. .. tais-loi '. Je œ défends de le nomner, cel homme ... Je te le détends 1
L'enfn.nt se met à 'bremblM'.
A-t-clle compris 10. défenso ou n'œt~e
quJEl 15
vibration dans la voix, l'Ilœent passionné de Sonia
.q ui l'émeuvent '1
-- n va venir... déjà ... déjà!
Elle savait bien qU'lm jour il lui rau~t
se retrouver en fMe du misérable; mnis elle ne pensailll
pa s que l'C dût êt,e si toto
Que lui rlil'8·t-polle '1 El lui, qu'osera-t-il , ...
Arrl veru-t-il paifdhl/>, aurlaci(''Ux, sQ, do vaincre ?
Qui sait ... comptR.nt pouvoir lt son gr6 l'emp)o~r
encore pour d'nutrefl besognes de Bung ,
- Misét·o.hle .. , mi.sérable 1. .. Ah 1 j'ai peur ...
EUe s'uffole. pnl'le presque à voix haute. Et Yvette
son tOlJr t tremble ...
Il'Ilffole
Elle nn :S1 porle les mlÙDs à son front. Mais ce
n'est point l'(>ffort d"lJ11e pensée qui la torlure. C'est
u e sOllrtrance phy'gique, une douleur ~anc1t.e,
Toul à r.oup 1~ ~cClrd
de Ill. doctoresSù l'en~
l'nut le r gard do Ir.nrnnt., Sonin. CI' se de gérmr_
Flic court à la petiLe, la prend clnns ses b;ns ...
Yvette S~
cramponno
clle. Se,l yeux SC révulscnt. .. sa tCLc l'Oille convnl<:ivnment ;1\1r l'épnule de
SOllitl. Une fois l''.lH'..or(' Yvel
rsl f,)uclroyée pM
Lmp d't'motion. POllrra·t-el),t' supi1 f )rtcr ceLLe nLlUVClLlQ 0I'j8o(1 ... Sn raison, déjà alt.ein1. ", n'a.cbèJverat-elle pas de som.brer ,
La 'Petite
U
Veux Sous
n
-l~
Hélas 1 ne vaudrait..il pas mieux qu'elle ·s 'en.
dorme à jamais, 16 petite Deux Sous 1
XVII
il MON BONHEUR ))
" . Pour .Va.mour de ma paUIV.ne f€ffime qllÎ l'aiJ.
a c:1it M. Martet, je pI1eI1drai som d'Yvette
m~t,
tou10\hl'S.
l)
Sa. résoilutiOŒl n'a point V18Ilié, et cependant Yvette
en ~roie
à la fièvre, a été plaœe dans
v01ture ~ ambulance et oun~ée
loin. de la:
villa Marguen te.
Certes, le cœur de M. Mtal11et a saigné en pe.rrnettant que œla soit.
Maïa son gen<hre a parlé au nom de la séeu:ribé
même de M~guerit,
du petit Pierre.
Mme Onb.i.hoff ne perut préci.ser' 00 qu'a l'end'ant
et tant dB lll8II.a.dies oontagieuses débutent com~
celle d'Yvette 1
- Si vo~
n'a~1?tez
pas d'élœgner la co.nt.agion,
mon père, Je <romu de mo.n devoir d'emmener ma
ferrune et mon fiLs. TI m'en coCtterait beauco\l[)
CToyez--1e, de vous abandoJllIl-er à votre douleur '
et ce .serait un \el. chagrin pour Marguerite 1
.,.
- Que dit madame Sonia? a demandé M. MaD.'tet, essaJlUlt de se défendre.
- Ellie npprCJUVe. Et puisque vous po sédez aux
Loges cette petite viIlJ,a .meulJolée qui n'est palS occupée ~
ce moment, on y pourrait bransporter Yvetttl. ~!l.turc)emn,
l\1.I;.:e OrblhofI l'a.cco.mpagnerait.
- Ah 1 oui, s~upinl.
~.
M ii.l"'te t, Ct Mon BonheUll".! !', la pr~Il1èe
peb-te maioon de c&:rl:pagne
que J aI pu offrIT à ma pauv:re chère femme... mUe
no~
pa:rul, dans la su:i:Le, trop modœte. Mais jamalS .vom-e belle-mère ne permit qu'on. la w'Illdtt.
A pem.e a-t-eILe consenti il ra mettre en. location,
parce que, n'éba.nt point l1ahitée, la villa. se seraiL
détério.rée. Chère pettte maison... Oui, si Mme Sonia ne croit pas que œI.a. puisse G-tre mauvais pour
sa, ma.lB:de .e t si, wo.iment., cela lui pa ~ ra1t
prudoot
gu 00 1 aloigne... MalS assurez-VQI\1S, je vous en
prie, que rien ne ~eu.r
ma.nq uera.
- Soy-œ Lr.am.quille, man père, j'y veil1erai. D'ailleurs, rien D'es! plus simple que de dOlhlleT œü~
blanche à Mme Ort>ihoff.
- Oh 1 certememel?-t. Qu'elle agisse au mieurx:,
sans oalau1e'r... ~ q1ll les serviTa, là-baa ?
- Sopbie, la ~
de cha.rnbre de ma pauwe
belle-mé.re, p<JlI'a~
ailler aux Loges. Maits elle est
~ée
... ~q.ue
lm lPCu, je CI'OÎIS. M.a.Pguerite, qui
s est déjà l.Oq}llétée
cela, offre 00 se prive.r pend.ani quek[ueê joOOs <Le sa précieu se HM.lBe. Sophie
la remplacera pendant oc t<l-mps. H61C!lIse ne de.roonde pas mi.e-ux que d'adler là-bas ... Entre nous cette
fille a un caractère difficJj.je >et s'oo.t.e.n.d m:à.l. .uvee
Beppo qu'elle ne peut souIkir, on n SD.it PQurquoi
M~rgueit.
ni moi ne sommes fâchés d'avoir u:n~
ra1.l3on pour les. sé:pClll'er un peu. On trO'UVel'a Iocilement aux enVlTons une perSOtD.'llc qui vieIl.dI'a faire
la. cuisine, HélŒ;se n'étarrü point cordon bleu
Ainsi rut Cait.
.
Le lende1l?ui!t m~
de l'enl,err.c.ment de Mme
iMar~t,
Sonill. InsbsJlalt. YV1eLte ft 1( Mon Bonheur
qUi, la. Joc!.aress Il: approuvé 1~ départ de ~:).
petlte m6Iad-c. Cel~
élOlgne un peu l'irull..anL rednuLé
où elle devl'a revOIr 13eppo.
Alors m~e
qu'exÎlS~rait
l'i'ClrlQyaMe tmm:& SOUpçonnée par &xI1Ja, .tneullçant M. Martot o'Près avoir
frappé sa., femme, la docLoresso ne pC'tit croire que
le da.n~geI
pour le benu-p. l'l'l nu V:t1'OTl fIOiL immé.
d,lU: blle a~lrn
le kmps, Ul1e !i!i.s YVl'lt" gUérie _
'Î1 l' USl:llt à la sauve-f - die r~'P!cIla
son post/.)
SI ".f>
près dn veu!.
Pour l'.in.s tn nt, ln. plus exposée lui parait .êtr.e
YveLte. Beppo ne crairu1rart-il po.s gue l'enfa,nL n.e
u~e
déliran.~,
.el
�c;il
La 'Petite
Il
31
'Deux Sous"
r évèle, dans la sŒI'exciba.tion de la ma:badie ou en
ébat d'hypnose, les crimes commis ?
-
~
Meil'ci, madame. Oui, je suis t rès dévouée à
ma maltres.sc ... je l'aime bIen.
- J.I ne f>3.udraà.t poo vous élo-igncr d'-elle, Hé,..
Si Heppo peut craindre une trahison, son outil
même si l'on chwchait à vous détaoher d·e
sera brisé par lui sans hésitation. C'est sur YvetLe lùY~r.,
vot.re pla<:c.
malade qu'avant tout Souk!. doit veiller .
- Je n 'ai nuUe envie de d-cmander mon coogé,
{( Mon Donheur II est une 6troite maisonnette au
et si on ne me ronvoie pa.s ... Id n 'y l:J. qu'une chose ...
centre d'un minuscule jardin .
La bonne Mme NULrtet s'y est,trouvée tout aussd Mais ça serait p.ur pl'lls trurd.
- Quoi donc?
plus heu,reuSie peuH:Lre - qu'en la
heUl'l'ILI.&C - Je peux biem. dire ça ... Madame p r omet de ne
Somptuouse villa Marguerite.
pas rél'éter? illh 1 bien, quand Gr'énelel est parti
HélOïse pince les lèvres dédaigneusement.
'
Pour accepbe;r, ei\1e - femme de chambre de la nous étions comme qui di)'ait fiancés.
- Le renvoi de Gl'ooeJet a-t-il rompu vos OallDaC'onœ doc Folbert - de venir en ce taudis faire le
çailles ?
S~rvice
d'une malade et dsqueC' peut-être la conta- Oh ! non. Gr-6nelet et moi finirons certaineglon, j.l Lui a faJJu d>e.s raisons puissantes.
Rille les confie, sans se faire pie!', il la docto- ment par entt'er cm ména..ge; mais pas de sitôt enGJ'énelet a Laujours eu l'idée d'.aclleter une
resse. Héloïse, ainsi que l'a re.connu le l>aron, ne con~.
petite au})er~
... une auberge bien lenu~.
bien propeut souffrir le ohauffeur.
pC'e
·
où
l'(}n
P"Ul'll'ait
gagner
de
l'argent.
QU/iiIld H
- Moi, que vou:lez-vûllIS, dit-c.Ue à Sonia, cette
tête-là ne me reviem t pas. Je l'ai avoué à Mme la a été renvoyé de oohez m.a<nsieur le baron, LI avait
qui le
~D.I'one
qui m'a gr(J[ldée. C'est le suint chrème, cet envie d'ab-andanner <:6 'métier d.e ch~ufer
lndividu ... MonsieuT .en a lP~ein
1'<1 bouche, de son faligue et de cllereher l'auberge ... Mais moi je lui
ai dit : Il At!.~ndez
un peu, roplurez-vous pour aU"B.eppo . IJ fail tout bien. Il sait toul, mie.u x que p.er~olJne.
Un orgueilleux, par sseux comme une cou- menter vos écOIOOuu.es. Moi, pendant œ te.mps-Jh,
feuvro ... fier avec l'oUlce, f/Lul voir 1 On dirait que j'en f-erai aU5.9i et, dans quelques années, nous
c'!Jst pal' gnkc qu'vI mène monsieur le b~.J·on
... un p,0ur:rons achder ooe jolie petite maison avec un
~ardtn
et une !,eC'ra.s·s e au bord de la Seine. Moi,.
aIr, quoi .. . comme s'il prêtait son 3Juto à mes mal. ~ cOmpr
( =I~ez,
je ne suis J~a.S
Ll'OP r· e~sé
de me
Lrc -'. Et QJUis, je l'ai trouvé souvent en ~rail
de cau- "m
; mu!.."! Lambert (Gn5nclcl s' 'Ppelle LumSt· e.r avec mo.nsieur, tout bas ... Qu'est-cP qu,'il ru COll- maner
bc.rL) IIC l'ève que de . ça et d'ouvl'i.r son aUbc.rge .
.'llL '! ... D"s ['[l!}ports coutre nous ?... Ou bien, c'pst- ;\1me de l"ol!J.ert connalt ces projets?
qulC mOI1si~ur
JI" fr'iron lui fait ses co~:ildèn<s
et
- Non... moi je n'au,C'ais pas fait de cachottL'.ries
emploie à. des besG'8ines que... enfin Je me comî!,ends. P.auwe mad.ame 1 .Monsie,?r est toujours avec olle; c'est Lamltert qui m'a demandé de n'en
à lui. J'ni obéi, n'est~c
pas?
l'i~n
gentil avec clIe... ça, Je ne cLis Pa5,.. et il a rien dire - un iG.~e
.a~
amoureux pour de bon. Mais les hoonmes [ , D'aoo1'd Lamhert, c:-a me fait l'elTet ù'un fiancé,
bien .s\)r, ct j'ai p9UIr lui bealj~p
d' ~ rti~,
autreSalt-on jamais? On dit que les femmes sont trattres. Ah 1 ilen, je lcur conseill-e de parler, à ceux ment je ne pense.nüs pas il. l'épnuseT; mais hl t'st
- douze an~
Ull moins &lors:
qUi se plaignent 1 Un bon g.u'ÇO'IJ, voyez-vous ma- plus ClIg-é que m~
le trai!.cr comm(! un
dame, c'ét,ait Gl'onel.et. illn voilà un dévoué' aux je n'ose pas lui déso~ir,
blaŒ1,c-beoc d'umOUrêtl'X de rien üu tout...
nl"lt.res ! Il pleurait comme un enia.n,t le jour où
- J',ospère que V{)1lS seI'CZ heureuse, dit Soni.a,
~n
ltli a dOnth~
soon congé. El, tout ço, pourquOI '1
Et lai ·['·an! Héloïse à ses pl'oje~."
d ·/.Ivenil, elle
OU.r ril'lfl. Monsieur le baron .a. bLe.n l'uoonté que
Gréll"!et Ini av>8.Ït mltull/ué do respect. I\lai.-l je !'tll,- revint ver" l'onfan L m~\J.adc
Depuis p,rès d'une sema1ne, la docto esse di.sp
u ~e
yre homnJe s'cn cMf IOdait, oL moi qui le GOlm'.LÎfl,
Yvetbe à la mor t C'~t
une lutte de fr.!:;ij Les insJe n , peux pas croire ~u'Ïl
a.urait jama.i.s cu ~n lang,uc: trop longue. Moi, tout de suilc, j'ai pc,n sé crue tants qui ne laü3se guère à. Sonia j. loisir de .son~er
c bLall un prétexte 00 mOlbSiem' le baron. Et je l'ai a.ux habitants de la. vtllfl. !\l'Ol.rguerile. Elle en vient
~le1.i;é
oncore ~us
QUlln<l j'ai vu arriver cet Iwllcn ninsi il oublier S'C's inc!uiét;u'(lt:s sm la sécurité de
M. Marte t, l'~ .' eule l'i.mage oUiot.use de Beppo 5o'in,,0 :1~,hcur
.0 m~IN
q li lril11b,1l.dit MODsic.ur
terpose, quoi que puis::Je faire la jeune femme enqUfi!lU il étaU garçon... autant eliro un cO!1!pli.ce.,
q UOi 1
tre elle el chncull'e de ses u.clions, ;,lI' "ses 'Pe.n~s
ELle le voit CiD. rega.rdant Yvette. ElLe l'entend. en
a écou.Lé saDIS l'illte:i'fOmpre lc long
t La ~oc.tJ·es
éCOllwnt 100 phrases i:ncollérentœ qlre pŒ'ononce la
.plu.lt1tif monologue d'HéJoYse. Le dernier mollo.
n1wlode lm son délire.
ait frissÛlnner .. . CI Com lice ! li
E't elle a des révoa.te.s, des nausôps de dégo\1t, il
1 EUe Ile r6pèw, rungoiooée sans s ' [Lpe.rc~oi
qu'elle
la pensée qu'e~
ri. p u aimer C'Ct homme.
fl'o(;xcnS8.
e pl nonce à hiau!.e voix. H~oÏSe
Ce ~oir,
il sembLe ,",u'YvetLe !:>oit. mieux, sa respi- .le dis ce mot-là ... Madame C01l1pl'cnd bien ce
ration est m~ins
hatletamte.
qUe je veux d.i:['•• J'espère que Ma.clame m'excusera
r,te répétera péltS à mea maUres Ge que je lui COllSonia inLC'oduisit entre les lèvrm (1(, l'tmfant quelo 1 VOycz-VC1US, c'est ra.ttac.hement à madame la ~t1es
~ou
t te3
d. poU
; pnis ayflllt l'ep&Sé sur
lJt~'one
qui CM f it paJ'\ler. Je no j}enx 1",l.::I e.'pU- lOl'eille!' la pauv.rc Lèla ~nd(}10ri
· f',
ln doct.messe
uer.PQurquoi - c'est IJete, c'est fcu de m~
purts'approche de III l~nt.(-e
Elle J'Il Llis,\(~e
lar~e
oudCPULS que ce clw.ufIeuI' esi entré chez. nous j'al V,CI'Le {LOn de permettne à rail' de ('C renouv.elcr.
PeUr pOllr madame.
Aus~tO,
/lU tond. cLn ju.rdin~,
une silhouette se
TOllt rn fJel'vllnL ID èoctrp,-~e
t'l 'ès ln:" a.fin dl! meut. lIn ho,J17"':c f" , t !'."":' ' S lla., 'cr:> lu m.!l.ison,
puis s'am' Le , héSitant.
~IC
Pu..c; GlieiHe!' ln petite Denx SOIlS, Héloïse ha-
i!
i
fit
q
,"urde. Le b varda,!:;c est son
1>C~()jn
<It: "e llllltie.l',
rrJe. r:r.pr'nrl nI, l'.rxp
Out il ('011 fi 1'IIIlIUÜ1!.C.
Peu l,-dl n! a-l..f'lle cu
.,~COrJITIlC je di-'d
J.,'1·[lnd
tLMilUt.. Elle
;'1.
de pari [' ....Rn qll'on l'cn
.rc"
.,~on
V\I visugo de SOllia.
III
].lTlgllf:
trop longue '7
, r,",prend-ellc d'un ni)' nnxleu., [,mdl'ltlt l'a:) J'~pr.tel
. - Snyc;~
Lranquille. Non, non, je ne rélpétl:lr i
flCn .. 1\toi aussi, bien que la conmtÎi1snrlt dClj)uis
fell, Je! ·Ir. int6rl'l ,\ :\lm de FoJh('rl .ut jl] SlllB
~O\I'()lS
<ln pCllHCl' t1'I' Ile a. plès d'clle un' poranne qui lui est toute d6vauôe.
SOllia, <.;ul'iou: ment, l'cx:trnine.
Une longu.e b l'be blfillche !.(fl!l'bc sur SIl. poütrüne ;
dos ch~veux
blFn~
débordclIt du grand chapeau
l' _letr 1"11 alTière el, III' 19l'é l r~ chaleur de Cl'
jour de sepLembl'8, un grand manLe'an - nne ca,po
IbOU
dl' dr'!;Ip Vf>l't - l'envelolppe complèfement.
De la pièc.e du rcz-de-ehall,"ôe où elle se lien f,
II6Ioï6,P, cUe aussi., a vu l'homme,
et cru qu'il
Inendi'l1.it. l.n voici qui traw"rse lE' jD.1'clinet, pOO'tant
une aumône. L'hœnm." l't'ruse.
Sonia 1 voil souJcver dl' la main gauche son
grand clnpeu'U, et ~lui
seJ.ll!>le que l~s
yeux ùe l'in-
�~
32 =================================
La 'Petite " VeUle Sous"
~
connu cllerohent ses yeux avec une expression de cheveux que les émotions terribles de ces dernières
prière et de ccrunle.
semaines ont striés ete fils d'argent.
Ohoquée de Vùlf repousser son ofLran<1e. Hé- Que désirez-vous? reprel/d Sonia. Qui êtcsv ous 1...
10Ise, rudement, interl"Oge :
- Si VOlb:l ue VlI'
L'homme é.carle son manbeau, cherc:he le ooJ.e...
~ .1 //t::n, pourquoi êtes-vous là ?
_. Je VOUU,I'81" "I,vOlr ... vous demanr~
.. C'est ]lin <?ù son enfermés. les pai~rs
du mort danL i1
bien ici qu 'U y a LIoIlt:: 11111.1a<1e?
Il pns le nom. Soma, distmilemf'nt, y jetLe les
yeux: ne lit qu'un nom : Il Eusèbe Lvntrot n.
- Qu'est-ce que tf8 vou s fait '1
Elle repousse les papiers :
- Pourriez-vous au UlOlllS me dire comment cUe
- Je n'ai que faire de cela. Répondez-moi seu·
va 'l
lement. Dites-moi ce que vous voulez ?
- Mal.
-- Ah 1 mon Dieu 1
- Je suis un ancien ami d'Yvette. J'aime cette
- Ben quO! 1 Cesl une de vos parentes?
enfunt... eL je sais qu'elle va: mourir.
- MoL. . à moi. .. (JlJ 1 non, non.
Vital a parlé simplement sans détoul'lW.I' son
- Eh 1 ben, rulurs ?
10Y'8Jl regard. Et dans ce regÈtrd, COIT'.me dan.s l'ac- Je l'ai renc on trée ... autrefois .. ,
cel~
du vieil homme, i.l y III une telle sincérité que
Soma se sent émue.
- Quand elle élatt chez ses vieux juifs?
-- Précisément.
Qu'importe . ce «:I.~'es
réeNement cet inconnu .. .
- FnJlait le dire.
Il. est certam qu II aIme La petite Deux SOl1S, e\
- Et alors je .. . je m'intéresse à cette enf.ant, SODla ne se rec0!1na1t pas le droit d'éea!·ter de l'en1 '('st-ce pé;L.8 ... c'e t pel'mis .
fant cette affectlOn, SI étrange qu'eUe paraisse,
- J'espère qu'Yvette ne mourra pas, dit la doc·
- C'est même nn 1111"t::1 de s'y intéresser à celte
gamine, .. el, pOllrs ulvlt Héloise, parlant pour ellc- toresse.
ll ême, si ce n'éLal l {Xls ce Beppo qui ra umenée...
Les yeux de l'homme au manteau vert s'emplirent de larmes.
Mais l'homme a scJ.lsi ce nom.
- Beppo 1... CUITI/ll enl est-iJ?
- Ah 1 si on pouvait la sauver... la sauver tou~
Quelque chose de VIbrant dans l'accent du vieux à fait, lui rendre l'intelligence 1
- Peut-être.
fruppe la femme de chambre. Entratnée, sans réllé·
cllir à l'étrange té de ln qu estion, elle répond :
- Mon Dieu 1 Ce seroit possible ?
- Grand, milIce. b/"llfi, des ye ux qui plaisent à
- Je n'en désespère pus ... Venez, puisque vous
lo ut le m onde et que, moi, je peux pas souffrir.
<lés irez la voir. Mais vou s ne lui parlerez pas. D'ailleurs, elle ne pourrait vous eomprc-nd re. Vous ne
- Grand, I>mu ... c'est lui, murmura l'homme.
reslerez qu'un instant.
- Lui qui?
- Oui, oui, je vous. promets, madame. Oh 1
- Lui qUi' j'ru vu avec la ... La. je1lne fille.
merci, merci 1
•
- POSSIble. C'est tout ce qui vous tou..rmente
.
- Suivez~mo
.- Na.ture lle men t, Je ne ~eu.x
pas .. . on ne voudra
L'homme se découvrit et, te front incliné, re tepns que je la voi t, '/
nant ses Larmes, il suivit la docLoreslle. A l'oenlrée
Il Y a tant dllumlliLé suppliante dans l'accent
de la che.rrù:lre, il hésita ... il n'osait plus.
du vieil181'd qu ' HéIOlS>e s'émeut.
- Voule z-vous que je demande à Mme Ol'bihoff?
- Approchez, dit Sonia,
Puis, se tournant vers HéloIse, assise au chevet
- Madame?..
de l'enfant) d'un geste elle la congédia.
- Le médecin qui soigne La. petite... la doetoLe lit eSL daJns la pénombl'e.
rE'sse. ,.
Sonia soulève UJIl rideau, afin que l'jnconnu puisse
- Oui, oh 1 oui.
Il négli€e toute prudence, le pauvre Vita.l.. Il ou- voir le visage de 1a malade.
- Oh 1 ma petite l... ma ohérie 1 murmure Je
.blie sa crainte de se f.a.Il 'e remarquer, d'être re·
Manchot.
connu. Il oublie wul dans son désir de revoir 1.0
Et il tombe il ~enolX
.
fi11e d'Yvonne... son YveLLe encore un~
fois mGDes Inrme-s qu 11 ne chetrehe plus à retenir cou/lacée pa:r La. mm't.
lent, pres>sées, sur ses jO'llCS hCl.ves.
'
- Venez, commande H61oYse.
En regardant cet homme, en voyant cette 6moSonia fut mécontente, ma.is intriguée.
tion, éviacm.mt;nt sincère, la doctre
s~ e songea it.
Que peut-être ce vieux dont le visage pa:ralt honElle se disrut !PIe M. Mar.tet, oor.f1ant en son
note, a10rs que sa mise si extraordi.oaire rappelle
,gendre, ne saurait pas déIendre l'oq h€1ine
un I>rigand d'opéra comique ?
La petite O~x
Sous est enLoUJrée do() ong
-c ~'S
enElle se pen('he il su fenêtre au moment où Iléloise va pénét.rer d8JlB la maison et, dans un soul- tourée d'ennemIs ou de gens qlli le dcviendront's'ils
pelW«K la sUil>Pose.r en étut d-e leur nuire, Pourra.l1e, demande :
t-{lille, &euJle, protéger Yvette ?
- Que veut cet homme?
Ce pauvre homme en !.aImes serait certainement
- Voir la ronlra.ne.
un allié. En la détr6llse où la jette l'angoissante
Cn mmn lA doctore sse fail un s1gne de dénégation.
ceJ'Litu.de d'êLrc eni<lurée de mclveiUance Sonin. se
llélolse insÏ6te.
sent ~réte
!l.aooe.pter tOUJLe aide qui s'oèfrira fût- Il dit qu'U l'a coDnalL
eLLe bLen ffiJ.ntme.
'
- Ahl
L'homme se souvient de ln recommandation de la
Snnia hésite. P ent.-êt,re c t homme tienfril dn
qu'un in s lant. n
quelque fa çon au p 8s~
é d'Yv~te,
ce pas~
mysté- doctoresse : 1/ Vous ne r~stez
il se relève; ~ur
,!n p,e tlt.e mnin nmn igl'i pend!tnt
l'lellX que la bon ne Mme Ma rtet a si v:i.v.c.ment déau . bord du I1t Il s mcltne. J'effleurant il peine d'un
s iré connattre ?
bai ser trembll\nt.
_ Ve nez id , n é. l o'l~
. Vous r esterez près dû la
• onia a la mêm e p<'n ée qu'IMloYsc tout à l'heure.
petite pend un t que Je . recl'vrni cet homme. .
1( Son
père, p ut.-Nre ? ))
Disc l·i'tem('Ill. !l' \'!{'llIlIl'd nllrnd t'lU I' le sc ~1
110
('~p
c ~d a
n\.,
c He dOllle. Yve tte n'fi aucun cles traits
3d mruson le bon plaisir de la doC'tores.sr . ~l1I
s~et
YC:lIX, SlIl' lout, Mllt très dHféil llU udr.ir le en U.J' de celte fcmm , obteni r d Ue de cc t In oon!l !? S;.~
r enls. El VOICI qn 11 Tl,P m lp r C~ l ()1I
cI..- dr1id Vtt s'jmla l.ri"lc joir ,, 'upprnd1Cr l.'c llfllJ1t 1I~lronte
1
_ T'jll bien 1 mon ami, vous t'J.Lcs connIllLre pose à la doetor s,se, 1I1I r-a{)I' I'OChClllj'IIt... n song ean t all x yeux d '1 vell, c lIH en ('C mOO1e nt.
Yvelle ?
Les yell x d ·Yv.e
t ~ .. 1Tl1lis il ~ Aon l parf'I!!.! il {'l'Il X
Ab 'orl f, c1nn "C!l pf'n
~ p.,s
Ir Manc hot n'n p()int
cuL< nllu a.pprodlcr " min. Il bnlhllLio, trnulil é pnr du baron Raoul dl' 1"olhert. .. COl1l mrnt n' pn 1l- 1 . ~lIe
pliS clf'ltJ. fU ll la r enl~
r lJ\e
ë Sonln rI 'Jlnu~
cette
l'u,spccl de /. VI 1Ig< ('fll'T'giqlll' 1'1 évèT'c, élr-anIdée. Plll.9 elle lutte, plus l'idée s'u11pooe à elle e ~
gem{)n-L cnClldré de cu 'v ·u.x coupés cow1.s, des
�La 'Petite .. 'Deux Sous"
~
plus aussi augmente son effroi d'être seule en face
il':! mystérieux dange.I1S.
- Je vous ;remel'cie, m&1ame. Que Dieu vous
rende ce que vous faiLoo pour elle et ce que vous
.'VICnez de faire poUT moi.
I.'homme au .mnntcau vert est prêt à ~uilte;r
ln
charrnbre, Sonia, obéis'srunt à un obscur instmct, dit :
-.::- Hl'venez demain.
1
::;ans écouter les remerciements du vieillard, elle
refeJ"me sur lui la porte et, senle avec ses pensées
devant Yvette endormie, elle cherche avidement le
mot de l'én igme.
La nuit était ~nue
tout à fait lorsqu"une auto
~ronda
sur la ;route et stoppa devant l'entrée du
Jurdinet. La doctoresse se redressa, secouée par un
fris son d'ho.rreur.
Si c'élait lui qui ose venir 1
Presque aussilôt Héloïse parut qui, d'un signe,
app pla. la doctoresse.
- Le chauJfeur est là, madame, et demande à
vou s parler.
- f\,envoyez-Ie! dit rudement Sonia.
La fc-mme dJe chambre }Xlrut surp
i ~e.
- l\Iuis c'est qu'il vient de la part des maHres.
Allons! Il faJ.l:ait se résign'cr, tenir [.êle Il l'omge.
-- FuiLes-le monter. Je le recevrni dans la seconde ché1!1lbre.
- Je peux rester près d'Yvette, si Madame veut.
~
C'est inutl~.
Comme pt:ndant mes repas, je
Lalssera.i la Do.rte ouverte. Alliiez 1
I.orsqu'elle entendit approchel' I3eppo, une dé·
tresse ph~ r .! i que
envahit Sonia.
Elle a peur, horriblement peur de cet homme qUI
Va parallre et qui a les mains souillées de vol...
rouges de sang.
(( Assassirn, aooassin, assassin 1 " répète inlassa.bllement l'esprit c1e la doctor·esse, et bien que ses
. èvres r estent closes, elle a la sensabion de prononcer cc mot à hauLe voix.
.
I3appo est calme, presque souriant. Parce qu'HélOïse l'accompagne, il s'approche avec déférence
de Sonia. Puis, ln femme de hnmbre sort ie il
r C[ll'cnd son sourire d 'enLcnLc anJ0u l'CU 8:>, rait' un
gcstc ...
Aiol's, dnns la répuJsion qu'Ile éprouve, lOllle
prudence abandonne Sonia.
El ce mot qu'elle n 'n. pas pronnnc6 tOI1 t ù l'heu!'e,
elle le jeUe ù la t..êLc du misémlJle :
- Assassin 1
. lI pâlil, recule, puis, avec un geste inooucioQJlt, il
d Il:
- J 'aime autan t ça.
El il sc lai L. IDllc répète
- Assa ssin 1
PUis clIc ajc..uLe :
- Volel1r!
- Ah çà 1 Jait Beppo.
davan[.nge, dirait-on, de cette sen s'inql.j~Lo
COnde ~(,A'usnl.io
- Expliquez cet accUlCil. ELes-volls devenue folle?
- Pns encore ... ct ce n'est pns volre fuute,
, - Voyons, pas de mélodro.me 1 De quoi, au
Jllste, m'accusez-vous?
D'uvoir dévaùisé les brooonl-eurs.
eppo poussa un juron.
ça 7
- Commenl S~i-tl
- D nvoir, reprend Sonin hors d'elle, as.susHin6
M roe Murte!.
u - Tu as déclaré Loi-m~e
a succombé à
ne malu<lie de cœur ...
- PUI' l'effe t du chloroform .
ch; P.crsonne .n'n parlé de chloroforme, que je sn-
il
So ~
Personne n'a su comment cela s'es t fait, dit
nia.
- PCl'sonn '" que vous 7
- Quo moi, om.
- Pourquoi l1'avoir pa dit cc que vous savie-z ?
3. -
LA rETIT\:: « DEUX SOuS ••
33
~
Qu'attendiez-vous 7.. . De pouvoir me le dire ell
tOle à tête 7
Sonia se tllt, atterrée de s'Ollre livrée, d'avoir livré
Yvette. Avouer qu'elle savait, n'était-ce pas se
perdre inuliJoernenl LouLes deux ?... Elle s'était si
bien juré de 00 taire ! Et voilà qu'en face du misérable une mal"ée de dégoû.t l'a soulev~,
déLruisant
tau le prudence,
- Pourquoi t'être tue, voyons 7 reprend I3eppo.
I! ne scmble point effrayé, seulement furieux,
- Il ne m'a pas convenu de vous livrer, répond
Sonia avec effort.
I3eppo hausse les épaules.
- Me livrer ! Qui donc écouternit vos fables"
Sur quoi reposen.t...elLes 7 Avez-v.aus des prel.j.V't:s 7
- Non, dit la doctoresse.
TI lui plait qu'i.l la croie désa'rmée. C'est le s(jILTL
pour elle, et sans ~Ie
que deviendrait Yvette?
Seppo, de plus en pJus, a J'air t1+6gagé.
- Au fond, vous-même ne croyez pn.s un mot ùe
ce3 histoires de brig.ands. Qnel in lérCl aurais-je cu
Il lu mort de cette pauvre femme?
Sournoisement, le regard de Oeppo cherche Ir!!
yeux de la doctoresse. Elle se sent 6piée.
Elle en a déjà trop dit. II ne raut pas qu'elle lai s,;/)
cel homme deviner qu'elle accuse le baron. Elle ré·
pond, détournée :
- Que sais-je ... J'ai trouvé le flacon du chloroforme ... le mouchoir.
- J'étais bien loin, dit I3eppo, je pourrais 10
pl'ouve!', el aus i l'impossibilité de pénéw'el' lu nuil
à la vilIa lVlal'gllel'ile, dont les pal tes son t soignensrmen t vCl'fouillées ...
- Taisez-vous! gémit la malheureuse. Ah! taisez-vous 1
- Donc, reprend I3eppo impitoyable, en admettant, qu'avec l'aide du flacon on puisse ét.nblir I]ui
a été acheter Jou d.r<?gue, reste il. 5avoir fJ~i,
en pleine TIllll, dan:; lu vllIa cIo e, ryun.nd J'étalS loin ... u
pu J'ad.min ÎlSlrer. Eh 1 Il me semble que Ja juslice
ayant sous la main, dans la. maison mOrne du
crime - pnÏoS(]l1e vous voulez qu'iJ y nit eu cl'ime
- ayant, clis-je, une docLoresse, celle.Jlà pl'éciséInent qui, la veil~
mCme, a signé l'o!'donnunce, il
me s mble que la justice ne cÏ1erchor..1Jit pas plus
loin. Qu' n penscz-vous? Que di~-vous
de 11100
dOductions ? i\lais je suus sû r q1LC vous u.viez pesé
tout cela à vous seule. cal' vous l'tes :me femme
remarquablement inLcl~et,
m:ld.rune Ol'bihoff.
Sonia réprime un frémissement de colère.
- Quant à l'histoire du vol chez les brocanteurs,
vous m'intéresseriez en m'indiquant la provenance
de ce conte à dormir clebout.
- On u volé les Siméon, .. ct vous y avez été .. .
- Alors, naturellement, ce ne peut être que
moi ... MerCI.
Il ricanait. Mais les paroles de la doctores'3e lui
cousaient un vérilable soulog.emenl.
- Dois-je conclure que le sil nce prudent ob~p.r
vé par vous jusqu'ici seru mainLcnu '1
- Oui.
- Je crois que cela vaudra mieux .. , pour t(lut
le monde. Comment va votre ma.lade 7 J'6t.ui s ,,"nu
nl'en infOl'mer.
- Je ne puis me prononcer encore.
7
- Vous n'avez besoin de rien pOUl' ~e
- Non, merci.
- M. t\lar:Let m'a chargé de vous rc-metl.l'e une
somme - je ne sais laquelle, la lelLre est cac(wlée
- ce qui vous est dO, je pense,
- C'est bien, Remerciez-en pour moi M. Mortet.
Elle n.vait pl'Îs l'enveloppe que lui tendait Beppo,
mais ne l'o\lJvmit point.
- Vous ne vous assurez pas que tout y est?
ruiIJa I3eppo; passant pur mes lUn~\
cependant.._
- Assez 1 ordonna SonioU.
Ello ébait à bout de rorce.
ct s'éloigna...
J3eppo ricana, haussa les épaul~s
•
�La Petite .. Veux Sous"
XVIII
LU1t1IÈnE
. Chaque nuit, HéloIse prenait, durant quelques
beures, auprès d'Yvetle, la plaœ de la doctoresse,
~
que celle-ci pat se reposer. Mais ce soir-là, Sonia refuse de sc laisser remplacer: elle sait que le
repos lui serait impossible.
.AlssiJse au chevet de la petilc Deux Sous, tenant
>dans sa main la main de l'enfant, Sonia s'efforœ ,
llurant ses lon-gues heures de veiJle, d'arrêter un
plan, de préparer l'avenir.
Que falre, que dCNcnir '1
Seme, elle pourrai.t peuL-êtr e se soustraire aux
représailles de Bappo ; mais elle ne veut point se
séparer d'Yvelle, l'abaJldonn er au baron. La laisser chez f\I. Mar1.et, c'est la livrer aux meurtriers
de sa bienfaitrice. Le ve.uf, ignorant le danger, ne
saurait l'en défendre.
Sonia OrbihoIf a conscience d'être seule, absolu·
ment seule au monde.
.
Elle a peur, e'lJle, la vaiJlanle 1 Et voici que, du
fond de sa détresse, elle évoque l'image de l'inconnu de la veille.
Ce vieil!laNl, don t e1iIe ne sait rien que sa pauIVreté et sa faiblesse, bien apparentes, aime tendrement Yvelte. Si précaire que dOL êLre son secours,
el.1e l'acCClptera. D'ailleurs, par lui, alle pourra sa·
v.oir peul-être ce qu'est Yvette.
Quand donc a-l-id connu l'enfant '1 Le dira-t·il?
Cet homme est étraJlgj!. Cc nom de Lanc1ot, ces
papiers s<lnt-ils bien à lui. Qui peut-iI être ...
Sonia tient toujours la main d'Yvette. Sans y
prendre garde, ~
la serre davanl.a.ge, laJldis que
sa pensée se condense sut la nouvelle énigme sur·
gie en s<lU chemin : « Qui est ce vieiUard '1 Il
Soudain, la voix d'Yvelt.e s'élève, prononçant un
nom que la doctoresse n 'a pas encore en Lendu.
- Vilall
Sonia reLient s<ln souffle. Que va dire l'enfant 'l...
Est-ce le d élir~
encore '1
Mais non. La voix d'Yvette n'est ni enfiévrée,
Ini douloureuse comme lorsqu'eIlle divague. Ccln
ressemble plut.OL au timbre spécial, à l'accent un
Ipeu saocn.dé qu'eJ1e a 'Iol':;qu'elle parle sous J'influence mégnéLique.
- VHal... repnd-l~,
VilaJ. le Manchot
Son ia I.N)ssai1le. Hier, un pli du gr&l)d manteau
,verL tombant trop neLlement, trop droit, de
'l'épaule, lui 0 fiait presscnlil' l'infirmité du vieil·
la.rrl.
Mais il dit se nommer Lnnclol '1
- Mon o.mi VilaJ., dit Yvette. Il vient chercher
les pou,pées ... Maman a bie n lravaillé ... Moi aussi..
Il y a beaucoup de peUles poupées ... Vil..aJ apporte
de l'argent. Maman n'est pas là... gUe esL sortie .. ,
Mon ami ViLaJ., ne V{)US fàchez pas 1. .. Si 1 Il a de
la peine que mamo.n soit sor lie, parce qu'elle esl
malade ... Ah 1 voici mutnUJl. Elle esl 11Jute pâle,
pAlc.. .. Elle v~ut
quo je me couche ... Je vais dormir
Oh 1 Oh 1
Et Lout à coup c'est une dlnmeur de détresse qUIl
pousse YveLlc, un cri dé!> !'lp~r6
.,
.
Sonia la prend duns ~cs
bras, 1l1palse, cherche
là l'al'l'Hcher 1\ ccl étal di' dcrni-solnmeiJ lu cide où,
si HrulIgomcnt, eITe
t tomhée.
Yvel.le pnfin A'us50upil. El la nuit S'Ucll va, lenLe,
mais moin s tOl'lur'an[c pOlir Sonia Orbihoff.
Le SOllllneil d'YveUe dllra d(~ jongurs heures ..
J\u jour !cv6, lu vie repril, discrèlc dUlJS la pellte
viJIu, j)[uynn le aux a len lou l'S.
Yvette re.posait toujour:i, lorsque 1I6hllsc so mon·
Ira. Il la porle de sa chu rnlJ1'c. l<jùle aIHlflllçail quo
" le vieux b nhomme c1'hi ,1" " Mail l'()venu.
La doclol' !i ·c, loul l'II vl!iJolllllt SUI' le sommeil de
10. jeune Hile, li (lIT(lt6 ,on plal1.
Elle veut provoquer les confidences de l'étrange
~
vieillard et, pour cela, elle parallra certaine de ce
qui, chez elle, n'est encore qu'une supposition .
Elle donna l'ordre d'introduire J'inconnu et, d'abord, elle garda le silence, laissant le vieillard contempler sa petite Deux Sous endormie.
Lu doctoresse gueltait J'ém{)Uon sur le visag~
cr-eusé, meurtri, du vieil homme. Il y avait dans
son re.gaNl Hxé sur Yvel le la'nl de bonlé, de ten·
dresse, de douleur, que Sonia sen Lit S'évanouir ses
dernières hésitations .
Elle s'approcha du vieux et, sans élever la volx
mais nettement, elle dit:
- Vital ... le l\lan chot.
Lorsqu'un homme cache sa pers<lnnalité sous un
faux nom, le fail d'êl re brusquement démasqué
cause uI)e secousse nerveuse qu e les plus habiles
n e parvlennen 1 pas toujours è. dissimuJer.
Mais l'homme au manteau vert ne cherche point
à feindr~,
ne ~'erfai
.pas !l0n plus. Au contrair-e,
son maigre vIsage s'IUuffime, et c'est en frémiilsant de joie qu'il s'écrie :
- Elle m'a -donc teconnu, hier... e.1!e se ~Ol\'
.v ient 1
- Elle ne vous a pas reconnu. Eveillée, eLle ne
se souviendra probab lement de rien .
Et comme il s'effare, ne comprend pas, Sonia
l'emmène dans la pIèce conliguê.
- Asseyez-vous, Vital, el si vous aimez Yvette ...
- Ah 1 Dieu, si je. l'aim-e 1
- Si vous l'aimez, r ép-ondez-moi en loul.e frun
chise. Je suis une amie pOU l' elle, moi aussi. Je
cherche à la déf-end re.
- La défendre! QueUe dangers la menacent '/
.- Ah 1 Pour vous le dire, il faudrait que je (usse
bl~n
s.Ore tIe pouvoir cOll1!pter sur vous ... El je n.)
saIs rren, sinon que vous vous êLes introdUIt ici
sous un faux nom ...
- C'es t vl'ai, j'ai menLi. Mais que l'on sache que
Vital se cache sous un nom d'emprunt .. e'esL pour
moi ... pir.:! que la mort,
- J e nr vous trahirai pas, dit Sonia. Pour l'amour d'Yveltr, ne c.herchlz pus à me 11'0111J)el'. J'ul
besoin de l.out savoir.
- Ecoulez donc mon hi:;loil'e, 'diL Vital et à lu
gl·tlce de Dieu 1
'
Hrièvement, iJ dit sa rencontre avec Yvonne au
seuil de J'hOpital, d'où ils sor Laien t tous deux ot
IcuI' amitié, et le drame ...
CondllJlllné ~ perpétuité, il a cru devenir fOll de
désespoir, à la pensée que jamais plus il ne reverrait son enfant d'adoption.
La volonté de l,a relrouver a décuplé son audace.
Il a rés~lu
de s évade~.
D autres voulaient tenl.er
une évasIOn. Il les a ll.Idés et les El suivis
Ah 1 la fuite areus~,
trop t.Ol décou~erL,
les
coups, de feu 1... ,lis étalen t parlls Lroie, L'un a été
tué, 1 auLre reprJs.
.
V!lal, seul, a miraculeusement échappé.
Vllal r~conl.e
sans empha.se, simpJcment. li ne
parait pomt ,~e doul:er combIen fut sublime son silence, lorsqu Il sacrrfla au vœu de la morl.e sa li.
berLé, sa vIe peut-être.
Sonia écolJ~
en silence, ne songeant point il dou.
r : les 'yeux de ViLal ne sont pas trompeurs. Il en
vlOL ail Jour .TieuT"eux où un husard l'a conduit ~LlI
nouveau logIS des Siméon à l'heure nlame oÙ
Y~eL
y fut amenée par Ull monsieur Ir granrl,
mrnce, très brun n.
-. Beppo, mu.ra Sonin.
~l
. rep~nd
r6ci~.
II diL s'O Lre tenu à quel,
q1l0 dI5Ul~(
de
boutlq\lc des Siméon, guellanl
la SOI' ~ J(~ d Yvetl.e. La docLor sse l'irtcnol11p.
le mOllsieur qui avaiL al/lené
- L hOIl~1e.
Yve.lle, n·t-)], une première fois quitl.é seul le ma'
gas ll1 '1
- Non, non, j'en sllis sOr. Ils on L rlmocllr6 lonG'
LC'rnps, tl'OS lon~temp!
chez I::snlne cl sont re-purI111
cns.(\fllbIC fi pICO, le mOl1l:>ieur l.emm l YVi'lto pDr 10
mmll, Au bout de la rue, ils ont nrr0l6 une voi'
u:
�(;'iF-
'ture, y lSoot 'filonbés ; le monsieur a dit : Il Gare
Sa in t-Lazare ll, AIOI'R ('omplant la peU I.e somme
'que JI' poS'Sédais je pris, moi aussi, l1n taX!i, l~ ciel
lallc protégeai l, j'arm,ai avant eux &. la gar:e,
l' Je les entendis demand er drs !~lJptS
à cle, Linatian de SainL-Gel"ma.in, ~l fl place l uyéc, en lroiIsièll1C', il me r esJ,ail quall'e sous .. , 1\ Saint-Germain,
,j e vvus vis, madamc .. , Oh ! je vous l'll:(,nnais bien ,
iJe l'L'ga rdais Yv tLe, ma petit,(' -v'tt" uull'efoJs si
lJ1i;(~!be,
prendre !Jlu('C' duns un IJl~ , l 6quipage, Je
IJe sui\'is, ce b 1 équ'llilge, l'l! cournuL, sans S()uci
d'allirCI' l'attention, ~Ï7I1S
vos cllt'viluX ull!-licnt plus
vile, et, biellL6L, je vous perdis cie vue, Je continuai,
<A!pvu(l U1I" suiv,o.nL lu lf'il(',e eln l'ou.es. C'est H1I1:;i
que j'IITivai à la villa Yl;11'gu er ile. Le ('onciel'ge
élail ù rentrée de l'aven Ile, o,'<liqu.unl les cuivres dl!
la gdlle. Je lui domnnrl<li l'nl1l1l6no - cc qui étail
\10(' manière de lier ennvenmtioll - et en - ui le m'infOl'll lU.i qui était la j olie pc>liic Ilemoi~J
qui venait
d'niT \ el' CUl voiture. Il Il oC r,'p(/neli l : Il <,:u ne VOUg
1Tcgarde 'Pas ll, ct me fel'nH\ 1;1 grille S11 r le nez.
C'étn it donc bIen là que demCllr,'lil YvelLe. Si je
m·6!:l i .. t.rompé ('!11 ' 1Ii''''nl 1 1l'a!'" . <I.f' lu voilul't',
c.el homme aurait répondu que personne ne venait
de rentrel'. J'UJurail$ œpcndHlll biell voulu a.ppl'endrl~
le nom des protCG1.e\II'S Lie mn pUllvre petile
CI1{'l'i{'. 1ais je S<'lvni ni, 1'1 1'CtlOI\~r.
c'é Hit l'i m pOI'tant. Je ne pouvais revel1le à Paris, n'ayant que
'lllnll'(' SOIIS n poche, ,Il' l,',; l'll1l'Înyai il ' ,'heler lin
J.C1l de pajn, p üs rn
mi , li ln 1'''I'hpI',III' d'un-lit
iCI' .; , pl':nllIl'C' ou cl" "II' IIII'C'. I C' vi\'ni Ù Pl1l'is
en pfJdnnt ln Lèll' ... Jf' IIIl l" par Iro, lv('!' Ù m'€1l1plnyer ,1"\!'l ' , ",ù",
Il' l,p'" IC'ntp
~
cl ne pHS
tout il fait mOlll'ir e faim. Cellfl mE' suffisait. Chaqlle jOli!', je l'ô(l.'li,, :11110111' d,(' la vmu i\1:ll',querile.
Un soir, le concierg.e m'ay.anl aperçlJ ln'app l a.
1( Tenez,
voilà lino pièC'oI', Irl dit ccl homme q\li
pieu!' il. La patlvl'e l adnmc 0. été enlel'rée ce mutIn et J'on m'a dOIlDé de l'nrgl'nt à di!'tribll l' en son
nom au: pauvres qui vicnrl 'ni,ml nlljollJ'(I'l1uÎ. Il Cela me SCITa le cù'ur. Q\li élnit la morte? Sa mort
lai ~ tit-0IJL' (\(' n<I'IV(',111 1'. II!' nn rH'olertion"
filaI:; Î<' Ile pllis riC'!1l dClIIan '1'. ,() 1 ni rn 'll1e fnill',
l, ('oll('ierge éliflit rentré t., c('\lr fois l'nn1l'l" je viH
fl~
fe!l'lllCI' lu ~l'je
devant 11ln!. Le lrndemuin. j<.'
' l'cv ! .. pour voir !';or1.ir dn porc 11ll" \ oi 1111'(' d'amhulll llCC! Le ronCJC't'g , CC'lf ' :"'IS, nl'opo'll'{)pha 1'11clenll'n l r.L m' \"'~:.<1
rie l'fl.clcr lOlljOlll'!' pHI' 1'1, peulêll'(' m'c(' l'int"lIlinn dC' filll'C' un mouvois CClllp.
" "l'd 'lIlent, me dit cd homm" VOU" porter mnlhC'111 ;ICI, hahiLanl:; dC' c llr \ il1t1. i\Jl't~
la lJlort de
Mu Inllle, void lu pauvre petitc a.dopl{'C mal/lde. 1)
J 'ui l'II g l'tllld'pcillt! à ('ltl('lrf'I' Illon rh Igl'ill, ln voix
s'éll'llll."1ftit pour cl 'Tnonc)f'l' : le Il l'prnmi~o
il
l'ltôPIl"'i'? Il - " Non ... il III pl tilC' villfl rJ 11 maltres,
al!' r.O~HI
... Une nw.iRo!l gl'IlIHle ('()J11In u.n mOIl('hoir. Il rvlnis 1 conci l'~r,
~'ftr-evnl1
fln'il me
il'épon<lnil uu lieu de lI!>!' J'u elny r, r commença à.
CI'I('l', me üéfendJlnl d 1 ~'pr":JIL,
,If' n'ui plus 1'0Pl\ru Ih-I> <i, en l'r~t
; qu'onl": -k ri', y [nil' ?.I1'
/ SUif> "CIlU ici. .l'ai que
s ti oln"~
dûs gens... Qllelq~l'IJt
a,)unt 1 marqup 1ft vo,llll't d'/lTllhlllnnc m'inÙI!J1I1l (' lI.e mflison, ,J'ai pas. (, qllPlqll ,~ jonrs sans
hi er, jf' nH' gui, f1C'nli Il'np inoser cnl,I'pI'. Et pli~,
quiet, trop l11tllh ureux... Voila toule mon llisLoi.r'e,
tllo.cluJllc.
1 -- .le vo
cl'Ois, dit ' nin. Voua lIvez bi!l'.Il fai~
I ~e vcnir, bien fait de VOUIS con/ler à moi. VomI Otes
Ilnlllbellreux, je sl1is plu s Imnll1 Ul'ouse ncore. VOIlS
uv(':( rlù, vous dC'vez VOIl'! (;wher : moi (t'usai je
;rglliruis Cair pl'I'dr'(' 11l<l troN'. mr. flllver loin (1<>
ll, r,eux Rue j'ai con,nllil. i'\JH~
COll
qu je Cuis
PUI'ce (Tllf> j ~n
ni Pl'Ill', i' n vrllX pn lr-R prl'dl'e
~e Vlle. Srul{', je saiR quel p('ril III n.lIrA' un ltnnnMe
ln.lrlln
uno )i'unp femme t'unfl n Ie. Seille, je pour,l'UI lOi! pr~:-Icve
, - Et Yvette 1... Vou.'! ~l'!V
1, P ,1'16 d'un dangor
I
dl/ln
!
l
I
l'POt1r
-
35
La Petite .. 'Deux Sous"
'1le.
Oui, si l'on pOlit crnindl'c au'clle lie souvienne
~
et tr.ahiJSse. On a fait d'elle un instrument que l'Otll
bri:sera sans pitié s'il parait devenir daDglereux.
- ll éla.s ! dIt Vilal, gu ru'a-l-e-Lle seulement?
- Je l'espère. Cette nuit, une dètenLe s'e~
proclllil.e, suivie d'un bon et reposant sommeil. Elle
dort eIlJcore. Noms paruons à voix basse. Cependalllt,
ln porte de sa chambre ~Lanl
ouverte, le murmure
Sllrnl'ait ù la n'éveiller d'un assoupissement moins
pl'ofond. Ses forces se reno\1vellen t, son cel'veau
s'apaise, ï(m ai la conviction. Oui, je la guéri1'l1i,
la pauvre pctil.e. I\lais une foi!'- guérie, il ne fnuL
pas qu'elle rèt.c:l\Jrne chez les Martet.
L'~lOme
au mantJeau se leva. av,ec un cri.
- Grand.s dieux !
Qu'avez-vous ? demande Sonia, épouvantée
de la subito altéralion de ses trails .
- M,artel... Oh 1 non, c'est im'Possible ...
Il Ce serail trop .affreux! Non !.. . n y a pilusi.eurs
I\i(.a'r tot, sans doule. Cependant, voyons ... Est-ce que
ces personnes avaient une fille?
- Oui. Elle a épousé, hl y a environ cinq ~ns,
Le
ooron Ra olll ùe Fol.b€rt
Vi lai retomba sur sa chai-se.
11 tremblAil de la lête aux pied .
L'air hagard, il répétait comme en songe : Il Folbert. .. le hé! ron Raolll de Folh:.rt.. Il
Tout il. coup, saisissnnt le poigrÏet de la doctoresse, il prononça . sl'uncll8.nt les mots :
- Il n e f.q~,t
pas qll'Yvelle soit reprise par eux.
Qu'eUe meure plu lot 1. .. Oui, qu.'()lle meure 1
XIX
HANTISE
A la viUa MaT'gueriLe, la vie se lralnait lourdement. Le pauvre M . Martet pass&.it des joul'l1ée",
entières enfermé dans la oham.bre de sa fenllnc. JI
défendait que l'on y dérangeM rien. Il voula it cru
l es rho!'ip." demeurassent telles que la morte les
avait laissées.
(Ju ' lqll l! \lf el ,sincère que fût le chagrin de l't[1I!'gllcl'ill' de F()!Ll"i~,
<>a i.cudl'es:e pOlir SOI1 fils, SOIl
amouI' pOUl' Raoul, l' J1 c1élourn:tienl un peu. Sa
vie 11 clIc, était assombrie, ntkj!;t("" non 'Point brisée COnlll1/C l'él.ail celle de IV!. ~l LrlCf.
Le baloll sc 11IonLI'u.it plein de lact.
Il cS!3>Uyait (;Cr nclant, en jJl'éscll e ùe l'tJnrguerite,
de (léLoul'll 'l' son beau-père <le sc" longues s6unccs
clnns la chumbre de la morte. Il le demnnduit arfeelueu ement, mOl1le Lendroment, mais avec une
cerl-aine fel'n\1~
anxieuse que r-lsrguel'iLc ne [UI.
pas longtemps sans J' >fOOIl'qu r.
e tonrm nlci: d ,nc point mon père, dit-ell
un jouer. Cc..'! séjours ohez ma pauvre mruman lui
fonL du bien.
- Us lui ront du mal, riposla le buron, beaucoup
de mnl. V01l::l ne J' mlll'quez rien?
- lkllHu·quew ... quoi donc? Il est trisLo ... o.borM en son chagrin.
- Jc ne vous le fujs pas dire : il Gst absorbé,
- C'eRt bien nnturel 1 Moi qui vous ai, qui ni
mon pelit enhlllt, cr'oyez-vous que je ne l'egr Ho
pas Ù 10llt inRlnnl qUl' m'J.man nl' soi t pLu!l~.ù
1
Haou.! ut un gcst impali nL cl triat,c.
- VOIH nû me n1l1ipI'eJ1cz pas ... Du 1 esLo, achev -t-il ù demi-voix, il Vfll.tl Illieu: (lue je sois 5"ul
il. P ~voil'
C(' nouvetiu lnnllwul' ...
l\1~I'g
' lr
avait entendu.
Elle suisit le brus de S Il mnri.
- Qur voulez vou!> dire, l oout 1.., Vous ne pensez pns que mon père soiL molli lo?
- Mnlud, .... non.
- Vous avez uno préoc{;u HLl.inn (jUd vous \'oulez
roo cnchrl'.
- Oui, je ,'oudrnis \'01~
lu di simuler. tllnis jc
me demande si j'Cil ai 10 dl :, .l'assume, en lUltlunt
�~
36
La Petite
61
'Deux S ous "
~
les symplOmes swpris par moi, u ne responsabilité
Blle s'approc:haft, s'efforçant de soUTire, tendant.
bien grande.
petit P ierre aux lèvres de M. MarLet.
- Quels symptOmes... Q:uoi ?...
Mais cette chambre à d'C'lTIi obseuore effraya sans.
- Calmez-vous ... Ce ne sera r ien peulrêLre. En
doute ren~at
; il se rejela en arrière en poussant.
tou t cas, cela peut n'être qu'u n tr o1iliJ.e passager.
des crts 8.lgus.
DUes-moi , chère amie, y eut-il jamais, dans votre
- Emmène-le, emmèoo-le, dit le grwnd-père.
(amilIle, des cas de ... de folie?
Et, plus im;patiea:nment enC<lre, il demanda :
MargueriLe jeLa un cri.
- Que veux-tu ? .. Laisse--moi ici avec elle ... avec'
- Vous ne voulez 'pas dire que mon père .. .
cl'le .. : Vous n 'avez pas besoin de moi, vous.
Raoul hocha pensivement la ~Le.
Pms se reprenant, avec un remords, il atlira sa.
fille et l'embrassa.
- On a vu de grands esprits troublés par le ohagrin.
.
- Toll. pauvre vieux papa, vois-lu, ne peut pas- Oh 1 Raoul l... Mais non, je n'ai jamais ense C<lnsoler e~ ne veut pas qu'on le console.
tendu dire que personne, dans notre famille, ail été
Et Mar.guel~,
sans oser insisLer, s'éloigna toule
fou .. . D'ailleurs, je ne vois pas, non, je ne vois pas
e!l ~anmes
. OUl, son mari a raison : 1\'1. l\larteL
ce qui peut vous faire r edouter cela. Mon père
s €!Xalte, sa douleur s'exaSlPère.
n'est pOlnt un exalté.
Le soir du même jour, M. de Folberl s'étant
- Oui, oui, répondit Raoul d'un air profondérendu da~
le garage eut avec Beppo une longue
ment préoccupé; il se peut que je m'exagère le danct mystérieuse conférence. l!l en revint souriant
ger, mais il exisLe, ma abérie. 11 y a des symptôd'~n.
narquois sourire que prudemment il effaça en
mes auxquels, .pour peu que l'on se soit occupé rejoignant sa fearune e.t son beau-père dans la saille
doe médecine, il est diJficile de se tromper.
à manger où Le dtnar venait d'être servi.
M. Martet, au Tegl'et d'avoir affligé sa chère Mar- Eh bien 1 envoyons à « Mon Bonheur »
guerite, s'efforça, dtLrant le repas de se montrer
chercher la doctoresse OI'bi'hofI. Elle a la spécialité
moins absorbé. III se mêlait à la èonversation lD.des maJo.dies menlales. Nous serons fixés ,
chait mérne de s<lurire : mais Mme de Folbel"t ne
- A vous parler franohement, je l'ai fait prier
pouvait oublier la terreur ressentie en trouvant son
l'autre jour, par Beppo, de venir. Ellie a refusé de
père prostré, les yeux hagards, en le voyant requilLer sa moJade, ne fût-ce que pour quelques heupousse.r 'Son petit-fils.
res. Lorsqu e vous la reverrez, ne lui en faiLes pas
1'\'1. Marlett ne dit rien que de fort rais<lnnablc. Il
de reproches. D'abord paree qu'olle a cru n agisa.cce:pla de prol~nge.u
peu la veillée en fUlllille,
sant ainsi J empli r son deVOir, et puis parce que
au lI~u
.de se r~Li
er
Sitôt la fin du repas, ainsi qU'hl
Boppo, d'après mes ordres, a dû lui dire que je la
le frusalt depUIS la mort dc sa femme.
demandais à votre insu, ce qUI est la vérité.
MargucriLe finit par se rassurer. Le baron lui- Comme vous avez confiance en Beppo 1
même se félicita de ce que ses craintes probableTe le mérile-t-i1. pas ?
ment seraient vaines.. Il s'excusa auprès de sa
- Je ne peux le nier. Mais il me déplatL que vous
femme de l'avoir troublée par de triS/les chimères.
disiez à un domestique que vous agissez à mon
Le lendemain réservait ù Mme de Folbert une
insu.
surprise douJoureuse.
- En un cos semblable, afin de vous éviter une
Lorsqu'elle entra chez son père pour lui faire
inquiétude, personne ne peut rien y voir d'offenainsi que chaque matin, sa première visite elle
sant pour vous. Mais j'ai eu tort, puisque cela vous
trouva flévreux, inquieL et si plUe qu 'elle s'c'n époufAche, Voulez-vous acceptel' mes excuses?
vanta.
- Ah 1 lai ssons cela, répondil Mme de Folbe.rL
- Père, tu es rn.a1a<le ?
en pleurant. J'ai d'au tres soucis plus graves, à pré- Non, non, au contraire ... Je suis, oui, je sui!>
sent. Je crains pour mon père .. . Il fauL appeler un
heureux, très heureux.
médecin.
CetLe fois, vrnime~t,
les yeux du pauvre homme
- l\lonsieur MarteL s'effraiera, s'inquiétera. ALavaient une CXlpresslOn de folie,
Lendons quelques jours encore, voulez-vous? PeuL1\I. ~ate.
considérait &a. f11.Ic, d'un air hésil.{ml. ..
êlre arriverons-nous, à force d'affection, à arra- SI.J é,tlllS sÛl"... commença-L-il... Non ri 'n. Tu
cher votre pauvre père à son idée fixe. TOchez de le
me
CIXJlI'UIS
fou.
'
faire s'inléresSier davonlage il. son peLit-Ols : la
père 1 gémit la pauvre Margu erite.
- <?h 1 ~on
gentillesse de l'enfant serait le meilleur remède .. .
s'enflé\ l'ùnt
- SI, SI 1 repfll M. Mut'lel, en~lé,
- ,Ir vais touL de suite con.duire Béb6 à son
da.~lI,t:gc
Tu ne pour:nis pas ~melr
.. . nlai~
gril nd-père.
mGI, j al, Lant vécu av-cc son SOUVOl1II' depuis qu'cUe
El ln jeune femane courut au jardin où, sous la
st pal'Lie 1 A force de penser il. elle, je J'ai reLcJ
garde de sa nourrice, le petit Pierre jouait, assis
dans l'herbe.
.
près de nous 1. .. ~lIo.ns,
voici que lu as l'ni!' l~1
ffrayée .. . Je savais bIen 1... N'en parlons plu :; n'on
- Viens, mon amour; viens, mon petit ange 1
Tendrement, Marguerite endève son ms dans sea
panions plus, eL, descendons ensembLe c..ll j ~rd
in
bras,
A~ons
1 Bé!be dOlIL y C!Lrc. Pauvre chéd 1 Ili er j'ai
- J vous le rapporlerai tout 0. l'heure, nounou .
reo1u.OO d:e 1~rasc
. Ji:) f i 'en \"eux.
Et e!Ue parLiL, caressant le pelit, qui riait.
Il ayult dit : CI D~scendo
au jur<lin n, el cCQJenDans la chambre de la morte, où régnait une
danl Il ne bougea}t pus, sem.blan,t désirer que sa
demÎ..obscuriLé, où floLlait J'odeur des roses renouftIl~
s~,nt1.la
premlèr:e. Enfin, vOyllnL qu'clIe l'attenvelées chaque jour, 1\1. MarLet, la UlLe en ses mains,
d/ut, III Pl'lt, son ~l
eL s'ap.roch~
d'une table-hurCi~u
aont .Il ouvl'.lJL cL ferma rapil(]emenL le liroir
songeait à la ohèro diSlparl.1c.
Marguerite en pénétrant dons la. ohambre close pUl,~
en relira I~ ~af
qu'hl miL dons sa poche.
•
fut impl'e sionnée p.ar cetLe obscurité 00 tombeau.
SI, proJ!1pl qu aIt éLé s.on, mouvemenL, Murgu el'iLo
le ,,:,Il gl~Sc.:
d~9
le Lir<llr un feuillet de papier
- Père, es-tu là?
qu 11 ,avaLt jlllSqll alOI tenu cach6 dans sa main.
- Oui, oui.
Qu es.!'-'ce que ccJa pouvni L Mn.. ?
Elle ouvrit pluil gronde la pOI1Le, et la chambre
s'éclaira. ELle 1 vil alors dans SIO. pose 00l'a$6c. Ses
M. MarLet jela un rO"oUrd de ';'cgrel au LiroiJ'
ferm~,
poussa un Soupir
dil :
y ux qu e dopuis longt mps il nüiL f.cl'més eurent
- Allons ... aUons voir Bébé.
M113 lu lumière un rega.rd !faré.
J.'esprit pl'évent! oc Ma.I'gu J'!tc vi,t Ill. un de ces
il quilta résolument sa chambr{', ct Sil
Cette f~iB.'
r-cdout.ables sympLômes donL lUI avait parlé Raoul.
ftll 0.le sU,lvll, plus in.quiète qu jf1mai!l.
SOli cœur sc gonfla.
HlCn .dn.normal no S() produisit dans le cours oc
Grand-père, voici Bébé qui voudraU t'ea:n.bro.sa.a maLmée. Ap.rès le déjeuner Margu.crit.c in LaLla.
6C'r.
son père dans le billard, p.ièco hgréo.blemenl Irulc.he
1;
cL
�'Qè
La 'Petite
H
'Deux
SOIIS
37
U
.que M. M,artet choisis's ait volontiers pour y faire sa
.sieste. Ensuite, répondant au désir de son mari,
.- -eIl:le alla le rejoindre au salon.
- ' Causons, ma chérie, pro'posa Raoul. Mais, de
,grê.ce, écartons les sujets pénibles. Je voudrais retrouver un peu La gai,elJé de ma chère petite Mar~ot.
Oh ! je ne demande pas que vous vous conSOLie z
tout de suite de la mort de l'excellente femme que
'Vous pleurez, que nous pleurons tous 1
.Ici, Je ba.ron de Fo1bert eut lU!Il long SOUJ)Îlr.
- Comme vous êtes- bon 1... Elle vous aimait
bien, pauvre rnarman 1
Une ombre passa sur le visage de Raoul; ses
trait.s eurent une crispation légère, et ses yeux, ses admirables yeux - se d6Lournèrent. Ce ne fut
qu'un moment. Ay.ant très vite repri.s G<JIlr saJlgfroid, souria.nt, il pcmrsuLvit :
je voudrais
- Sans oublier celle. qu,i n'est p~UlS,
que, pendant quelques unstants, vous soyez à moi,
laissant de cOté Lo.U!le pil'éoocuip'ation étrangère.
- Toute préoccupation étrangère ? répéta Marguerite. Je tiendrais œpendant à VOUIS parJ€!I' de
mon père, à vous dire ce que j'rui. surpris ce matin.
Et elte r épéta les propos conius de M. Mart.et et
dit l'avoir vu cacher un pu.pier.
Haoul avait aHumé une cigarette. Il suivit d'un
œil rOveur l'enroulement de la fumée légère et
soupira.
.
- Oui, ouL .. éviâel'nm'ént, c'est étran~
... et in.(JUii.étant. J'espérais tant m'êLre trompé! Hélas!
hélas 1 Mais ne vous désolez pas. En mettant tes
choses au, pi>l'e, nouoS n'awoIlJS certainement à lutler que contre une exaltation pa.ssagère, causée
par le grand chagrin bnl.squement abattu sur va~re
pèr>6. En tout cas, dès demain, j'irai à Paris
Je venai un spécialiste. Je le mettr-ai aU cowdn t
de ce qul 00 p6.S8e e-t le pri-er.ai de ~ir
ici au
plulS l:Ot, s , a~8
~
faire conn.a1tre comme- mécLècin,
~
r~1
effralerrut M. Martel. Ce.s messieurs ont
lllabltude de ces choses et savent les p['écautions
à pl'~mdre
pour ne point blesser leurs ma:lades Et
maLntenwnt, ma chère amie, ln.issez-moi vous' r épét~l'
ma requNe. Soyez pou~'
une h<mre toute li
mOI, plongeons-nous >\111 peu dans ce délici eux
~goïsme
à deux qu'est l'amour... et faisons des proJets ... de beaux projet,g. Pui,sque votre MW,] nous
Sépal~
du mOfllne pour de longs mois, que diriez,vous d'nne croisière LoinLail1Je ?... Si nous w.ùl.ions
~a."5ser
au bord du Nil, uno partie de l'hiver?
- Et mon père '1 dit MaTgueril.€.
"' Le haron fronça légèrement lles souroiJs. Mais
u'll.l'Ul voix reslée douce, il répondit:
- Noua J'emmènerons, s'il y consent ct que sa
s'a nté ae Ipel"meLte.
- Alors, oui, je vellX bien. Ce sera oharunant 1
Nous ,laisserons il. Mme Orbi,hoff la petite proLégée
de maman.
- C'est cela.
--. A prOiPos d'elle, savez-vous ce que prétend
1I61oïse ?
. -- VoLI'e femme de chambre? Quelle imaginatIOn so.tlgrenue a-l-eH,e à ce s'uj,e t ?
Ln baronne 00 mJt à tt-ire.
, -- VOIl,S ne croyez pns si bien dire. Une imagination sarurgrenue, en effet. Héloïse, doo qu'elle Il. vu
YveLLc. u. pré-bend'u qu'elle a vos yeux, qu'erlle VOllS
l'essc.mblre 1
-- C'rsL clhalTIlOllt ! De là il conolllre que j'ai fait
TCCIJ riJi il' par ana lJelle-mère un... pooh6 d<l jeull{!Sse ...
- Oh 1 RaOl!'1 1
- ,Te plaisante.
- 1';Hpérons-lc 1
- l~n.,
vous ne vOIJJLcz pas 'De parlerr que de
lIous ?
,- ~i,
si, j,a veux bien. Je VOUlS aillme.
vous
.fI.llll(', hll VOllS le l'élpéloer c'est bien parler e DOue,
J('.I" 'l1se ?
l!'lIcUS que le baroD e1 la baroJ1Ile de Folbe.rt
J'e
~
s'efC'o rçaient d'oublier en de te.rudres p,r opos les tristesses du mOlII1efllt, une scène bizarre &c déroulait
dJaIlS> 'la swlle de bLllard .
Alors que, hanté par le souvenir de la chère
1ll1Orbe, il passait Ides nuits en tièrers id 'inrsO!lIlI1Îe,
M. M.a.rtet céidait de 'suite à la sieste dont iJ avait
l'babitude et qui lui était devenue ind,ispensable.
Etendu sur un divan de cuir, il dormait proJondément dans Ilra pièce ouscure. Les i.enêLres ,restaient ouv,erLes, mais les vdlets étaient clos .
M. Martat fut soudain arraché au s'Olmmeil par
un brusque rai de lumière loe frappant au visag~.,
Il ouvrit les y€IUiX, juste pour voi.r disparra1tre le
rayon qui -l'avait étblouL. Mai.s l.'obscu,rité d\ll billarrd
n'était poin t assez profonde P011I' que M. l\frutet
ne pût distingu.er ia Lolmle des Moses.
"'
Devant la fenêlre dont le volet un in.stant écarté
venait d'êh1e ,a.vec soin refermé il vit un homrn.e.
Il fut aJ'Ors nÜ'n effrayé, seulement sur:pris, eru
:rOOOJlJlaiss,ant celUJi qui g'introrluisait ainsl par la
fenêtre.
- C'est vous, I3eppo? Avez-vous b-esoin de _par1er il mon gendre ?... li n'est point ici. Mais quelle
singulière idée de ne pas entrer tout bonnem()nt
'Par la porte ?
Le chauffeur, d'un geste, dc.manda le siJ.ecnce,
Il P'I'otait l'oreille, J'air anxi8ILX.
- Ah ! ça, fil M, MaTLet, pourquoi ce mystère'
- Mon.sieur, <lit Be,p'po en s'a.pprochant du divan
sur La p'OinLc d€s pi{)dlS, j'ai à vous parler... de
choses très graves.
- A moi?
- Oui, monrsieur. E~
je 'VOIlliS demandClI'I1Ï la
'Promesse de ne pas,me trahir, ni Bu'p rès de monsieur le baron, n i. auprès de madam.e la baronne.
M. MarJ..et se redressa avec ennui.
- Que diable avez-vous de si secret il m€ oonfier?
- Puis-je om~Ler
sur ln. discrétion ...
'
- Oui, oui, c est promis.
Bappo se pencha vers l'v1. flloJ'tet. De très près,
de tout près, iL lui nlUJ'lTlura quelques mots.
M. fllnrLet changea de visage. SM r egard se fit
anxieux. Il bégaya :
- Je S'oi.s.. . On m'a dit ... Je n'y croyais pas.
1\'1018 -d'~jlin
... je ... je ne sais,
B ~o
dit quelques mots encore. M. MarLet, les
yeux en larmes, joignit les mains.
- Elle ... e.me y croyait, Isoup'ira-t-il. Que de fois
je l'en ru !laillée ! Erlle Il vai,t acheté en cachetLe des
lilvres tNlibant de cel:a; je les ai ll'O'\lvés ...
Beppo reprit à voix moins basse :
- Si vous le voulez ... quand mon ieur le l\amI!
ira à l'aris ...
EL sans .attendre de l'éponse, comme il é tai l venu
id s'en alla.
Il' savait t(lS domestiques re lenus à Il'o1f1ce nuimCmo IC'UI' ttyl.1Dt fourni l'agréable occupaLion de
d6guster il sa sanlé une bouteille de 'Champagne.
TI leur &:vaiL expUqu>é ce lte larges&e par nn heureux
'CIjl:t.lJp :de ç,ar'1ls, au o~é,
la veLlle au soir.
, i\1(us 111; vOllle au ~;() r Heppo, en réalité, n'a qllitté
1orangene que pOUl' pénéfJrer après tou.tes lumières
éteintes par le ohemin connu de lui, dans la ohambre de Sonia, dont une main cDmplice avait eThtr'ouvert ha fcnNre.
De là, lrave rsan.t la chambre d'Yve-tte, le cha.wffeur erst entré dans <:{)olle de Mme MarteL.
Il n'y est r esl6 qu'une scond~
ct s'est reWré par
10 même chemin.
xx
I.E MI~
SAGER
DE L'AU-DELA
Lorsque J.() len<l-emain le baron mmonça devant
5œ'1 intention de se J"cn dJ'e à Paris (Hlnd
la ,jou:-née, sûn beam-père. qni" depu:i.s la veHlc, pa.
I"aJ/;/Stut plus absorbé que Jam~lS
dans un.p. id,,1 fixe
M. MaI'Let
�~
38
La 'Petite
If
'Deux Sous "
~
r.emb~a
sortir d'un rêv~
pour s'informer si R6CJUÙ
à. ces cllOses . .Iill,le me <:li ait : (1 Si je meurs l n preprendrait l'auto.
mière, j e vous prou ve r.ai que c'est vrai ... n
- Certainement, est-oe que vous songeriez, mon
On ani \'>ni l II U go l'age.
père, à. m'accam.pa.gner?
Attendez-moi iCI, monsiell r, je remise ln voiLe baron avait un accent ·de surprise joy~use,
t,
et je reviens. Vo~s
a vez dl'viné, je pense" qu'il
comme s'U ne pouvait croire à. cette ,b onne rolw~e
.
n y Il aucune réparatwn il fUll e et gue c'étaIt un
'Mal'gueriLe se récria :
p,réLexte pour me libérer de devoir ~n<luire
mon- Pa,pa déteste l'auto.
sIeur le baron partant où hl lui aurait plu d'aJJ.er.
- Mais non, mu.i.s non, protesta vivement
Me voilà I,ibl'e de vous mener où vous 5'&.'\'IE'z.
M. Marte t, je ne la déteste pas du Lout, et oola me
C'6Lait dnna une mAison ne,lIve, en l'une des codistraira. J'inai av.ec vous, Ra:oul, si ma présence
queLLes ru s nouveUement percées qui onl si comne vous cause aucun dérangement.
plè-em~n
LI'ansformé le quarti-cr des Ternes.
- Par exemple! Je s'U.Ïs très ,heureux, vraiment,
:\u pIed d'~n
large escalier ae stuc et de marbre
[l'ès h eureux ... Tan-ùis que j'irai un rendez-vous
gns, s'ou\'l'nlt la. porte ct'un ascensc,ul' avec bonquette cie ,clams rou,ge.
'<l'affaircs qui m'ap.jlelle, B l po vous mènera où
vous voudnez.
Bl'rpo y nt n~scoir
~I.
l\larlet, monta près rlr lui
et JJllt ln I1lflCIJlne en mouvement.
-- Si je vous accompn.gnaLs? p'r oposa Margue- C'est nu der:ni~
éto~e.
rite.
1\1. illal'tet gard~
II le silence. Sa bonne m'Il rI'
- Et Bébé? fit Haoul. 11 resLeruit iCI tout seul
ordino.ire!TIcnt très colorée, avait péli,
0
'
avec les domestiques ... Je n'aime pas cela.
avec U'lle ~ecolis,
s'nrréla,
E Inn 1 :J~cnser,
- Non, non, appuya M . Martel, il ne foot pas.
SUI le pu.lier.une .seule porl p , à cet instant ~rnde
Ponr une fois, je pn.'Jlds ln rInce, l\largot.
ouvc1'lc, laso~
VOlr un hadj ;>omptueux éclairé par
(( iVlurgot n, cc petit nom donné allx joU1's hell<le h a,\~l(;'s
vel'rlèrc'l en grisaIlles. De~
mellbl's s6l'eux! Lu jeu ne fr.lllJne sc sentit rcna,Ure il. l'esà pled~
Lors, fau teuiI~
rigivêres : l)A.hu.Is, ~aT)les
poir. Non, 1\1. l\lnr!el n'étn it point dangereusenlcnt
des. le gurmss8lent. J)es potiches japonaiRl'l', "nmenacé ... on l'arracherait à la hantise. Et pr-esque
!;wrt'ée:s rie dragons allX aile ùorl'-es, conl naient des
joyeuse, teniln t sail Iils aIlS ses brn,s, el.le assistu
plnn tes verte,s. Face à la po l'le, dominant une
I8IU doépall't de &ln père et de SIAn Il:01'1.
haute /'heIIl:ll:ée, une 11orlof(oP nOI·mand.p-.
13 epl'tl • tnut à son rOlo tle rhnuf(ellr, ,\tAit impnssible. Vain,emf'nt l\J. l\1.arl et cherchli à re'TH'ontrer
Sn!, l~
l'cuil .u,n domestique d'impeccable tenue
alLendfllt les vlSlllenrs.
ses yeux pour lui nire : " Je snis là, soyez fidèle à
Monsieur pe.lIl-il nous recevoir? demnnda
vos prome.s.s-es. Il neppo ne scmblu.it se 50uV'enLr
n eppo.
'
de rien.
- Je vois m'ûn assurel'. Si ces messieul's veuPlace de l'Etoile, l'auto stoppa.
lent prenclire la peine d'entrer flU Alon? ..
- Qu'arrive-l-il ? demanda le baron,
LP sll.lon, de tous points, élait en harmonie avec
- Je ne sais ~ro , p, dit Oeppo.
l e ho,I,1 d'cnlr'éc.
II descendil, s.e livra il un examen rapidoe, mais
Pas une fausse note da.ns l'amcublement.
sufn"'anl pour Eùl cner un gr01lpe dl' badauds 8111J)cs,soi<>s d'un gris très dOl!x tendairnt les IllU".'!,
tour de la voitlll e.
- Il faut llllrr nu garage, dit br'ièvcment le àroplJJcnt les fenêtrcR, couvl'ni nt les faul euils et
retombaienl en pli- larges. autour d'nne tnblc londe,
th I11lffl'u'r, el j /lUI ni du mal à y arriver.
Le tapis aussi élait de IlUIII1l'e gl'ise.
I I. Ma.rtel., ne connaissanl rien nu mOlClUr, ne
. :- Remn.l'f/u z:VOl1!l, rnnl1sirur, qu'il n':t~
1 pas
TDuvai(' songer il r1emnnder d(',; explications qu'il
101 un
Renlr (., Ill! en dehors dll gris? r ( cou7]' ùl eert.ain llcnl pas comprisf's.
leUl's sont p'I'ohibf>es.
-l~
baron, 5'0'15 uvoi'I' l'e m~f'
rAi,sons de' sc déNon; f. .M~rlct
.n'nv.rlil pns remnrqllé .
rplus
• inl,ére!iS T de ln fl IlC'>s l,i on, n'inlJ>rrr,;eu 'P~,
II n ndlwffilt ~o()ln
celte horm<mie li ail Cf' fi son
que S'On beau-pbre. Il s'irril.a seulenwn l du conü'egotll, un peu de I?oul'Pr~,
d jaune RPrlrn't, '1'1 eltemps et dé<:lal'a qu'il alLail pl' ncll'e un taxi.
qllœ dorures alll'olCn!, mlNIX convenu. Mai s il lui
j 1. , laJ'Lct jeta un r.cgard amueux ù l1eppo ; l'plie
plnlt qUo 1 cc.drc SOit élrn,ngr>.
foi,;, le chwuffeur y répondit par 'lln impel'l'ciplible
M. ;\J.arlet B'A~it.
Ros.pf'dle&rm~nt
r. n.f'ppO
signl'.
se ten.nJt dehout Cl qll! Iqllc dl.,tnnc
'
- El vous, mon pèl"e, demanda. le bnron, que
I.\près un ins!'nnt, ,1. "u rtel ' demanda il mi'l'ui LC'S-vous ?
VOlX:
- J' ... je va.is .1.lIer jlliSCTlJ'au garage av'Ûc l'auLo,
-~
Pensez-vous qu'on nous reçoive?
L je l' viendrai l'y pr'enclrc à l'hellre que V(lIlS
- ,Je l'I'spère,
ml' donnCl' .1.. P ll61r la r6paJ'\8.tion s.enn- t..cltl
PI'\l!-é1I'c cOt-i'l mio1.lx valu demandar lJn
longur ...
<Iez.-volls ?
ren- En toul cas j' i afraire! moi, ponr d ux bonnes
.
!
~
i
:
P
>
(
'
l
un
!
1
0
~
e
i
r
Il
pensnit
il
la
viSIta
.
n
ppo
hl'ul' s. ned~-,c)lIs
ensulla ut! gurago, si cola
['Olt pOl lUI ICI, I>ll. v<.>!I,Ic:' <lU soir C'élail 'm'
vous va, mon pène.
qu'un 1'!.I\~ez-vous
(l"'il ét il
jH'E;~d.
leu.x
..erlainellDcnl, certnin mcnt.
j 1011 ';lelll' de
(.fu1nevrellse répondit le hau l
1\T. Mal'Lot n'Cl plus l'air pai~hle
qui rafl~m.it
sn .fellr
d'IIO Inn pénNr(> l'Hl iIlAn"lmonl
c.bl
.'
".
,~
eCO\1rn
e ct 1
fille. ))"'5 qll'Û l'ulllo f; l' Iml cn 1l0'(~,:I.
'Inrl 'l
1 ! qu ' on \lel!t
~ac1n
ft
,1111
av!'/'
le
Ml'1ir
d'~tl!
con-,
se [lI iL il iTIIC"['r,lg '1' Il ppo avec VOlllblhll'.
sol~,
II no rr·fust' J[lJfII\.l!\ r]'fll'f'u/"I,I,I,il' personne
!msicur <üt le challffeur, c.<llmeZ-V01Js . .l'ai
_
d' Un hOI~.la
~nrut
souclnin cinna l'I'n adrf'~lnt
dt>jh cie. RCJ1l1lll!LeS de ce <flIC j'ni rail , ne !(J...'l {lg~
un ,P0r 1 re . onl ~n
rn'l.in (ln , longll-e et pAle
mrntl'z [ln.'). ,'1 vou. Nf'. clèfl nlt"~8I1
al~81
l'e~81
Ics plts. SOI~
rnnigr'c visngr, Lrès pl\lè
tr01 JI M, qu !icmlrce apl'As ?... El mflllSll'Ul' le ba~USI,
oux gl'n(~R
!t'nlls r(> 'Illiers, plt'in d'une ma1'011 ItUnl tot rail do devin .1' qU'JI sC passe quelque
Je!l~
noucr, éllllt s(>vôrl'mcn l rns(>' 1
1
<l'un blan<, c1r
"
, , C r8 c I('veux
chos!'.
M cl Che nClgr, ;1.~Sf'Z
Ion ~ , l'(>nrnclr;!ir'nl
'on, n I)PO, je vou~
I~
p'r~lIct.s,
je ne laisse. e
n(!VI'ClIse, f r~s
~rancl
90 ourbnit 'II n
rai rien devin 'l'. :\101 OU~F:l
Jill r!f'. i'crnpul cs et,
P, u. Sa délTlfl,rche, œp nclnllt, étnJt jeune lorsqu'il
f;nllR II' fnlf ... extr(lf)J'(linnirc dc l'nutre nuit...
s avança (~IJ-!VO:l
clp. St's visiteurs.
Qu 1 fnH" demnnda l3eppo.
qlll l'Il-Je 1 honnl'lIr
1\1. Inrlct sc !lIordit (':; Ir v 1'1>:;. Suns pnrntlre enPui s sou.clnin Il rf'connllt' l1eppo.
trmc] 1(' tn 1/1Icc;lion (ltl ChAllff Il.1', il pOlll'!wivil. :
- Ah ! ~h('r
monsjf'ur je vou s r mels ... je vo lB
- Ce sont cl'oynnces de r mIlles. J'ai sOllvent mels~
~l Je me SOuvif'ns l... Quel,lc amère (J'ésolahlflm6 ln t.enrl/ln
dc Mme Molu l l à s'intércsser
han était la vOtre, lorsque VOUl'l vlnLc9 il. moi!
V.MU
�~
La 'Petite
Il
Veux Sous "
- Oui, murmum Béppo, dont le .regard devenait
-extntiqu-e, j'étais près du suicide, alors, et, sans
vos conooils .. .
- Qu,e dites-vrJus ? s'écria le beau vieilJard avec
lliI1 aacent de r(~pT'och-e.
.
VOUIS von1ez dire : sans
eUe. .. sans les conseills de cel1e que vous ploor iez
ct qui vint v-ous consoJer, vous gUldc.r...
- Et comment serait-elle venue, répondit Beppo avec foo, si vo tre voix ne l'avait appelée 1
- Vûul1ez-vous me demander de l'élvOCfUe.r encore ? .. Avez-vous oublié qu'clle vous pria... vous
ordonn'a de laisser son esprit en repos, désormais ?
- Je n'ai rien oublié. Je suis ici - non pour
moi - mais pour vou's amener moooieu'I'.
e n laissant peseiI"
- Ah l llt 1vl. de CMncvr u~e
son regard sur IVI. !Vl,ar[,eL Très bien .
- IVlonsieur, commença le peuvre homme, je
viens d'ér.rouve r un'e grande douleuT ... ~t
si S()u~
dain.e qu elle en est peut-être plus cuisante. J'ai
perdu ma chèr,e femrne.
- PaJ'don , murmura discrètemenl nappa , il 1:1e
scmbJ,e co,nvenabLe que j me reti:rre.
M. de ChênevI'e'llse arw rouva .
- J'al tend,r ai daJ1S le hu.lŒ, dit neppo.
M. Marlet reprit :
- Ma chère Eugénie est morte s'ubilement ces
jours.-ci . Je la savais aL~eint,
ou plu,tôt menacée
{l'une malBidie de cœur; cependant rien ne pouvait
me faire craindre un dénouement aussi orusque ...
1\lonsieu.r, je dois vous . l'avouer : personne n'a
plu.s que moi o,ié énerglquemenL les phénomènes
srltrites. J'étais parraitement l 6bsolume.nt inçrédule.
Oh 1 je ne s'uis pas matérialiste ! J'eS/pérais - j'esPère encore - en u'ne survie qui n'aul1a point de
fin et réunira dan s l'au-delà ceux qui se seront
aimés ici-bas. l'l'lais je n'ndmetl.n.is pas que les
âmes parvenues à cet nu-delà puissent MVerlll'
parmi nous -et manHesle.r I.e UT présence. Ma
femme, e],]e, croyait &.u spirit.i,s me. Moi, je la plaisantais. Elle me di t un jOlH' ; (j Si je rrreur.'3 181
pr'emière, je TeviemLrai. »
1\1. Marlet s'arrêLli, v,jolemment ému.
ReoueilJ.i, l'imposant M. de Chênevre'Use éCOllt.ait
ces co,nflcl'enccs. Le veuf POUll'sllÎvit ;
- Depuis la mOl't de ma remme, je passe la pluS
grande parJj,!! de mes jOl1l'J1ées dans sa cbambre.
It me emble qu'olle y €'St enco.re.
- Blie y est sans dOlJ~e,
répondit M. de ChêneYreuse.
- Olli ... oui monsieur, elle y est... du moins à
c~rlains
momen ts. ,l'en ai cu hier mutin La pnmve.
- Voyons cett'e prcuve.
- De grand m ~ lI.1,
je pén6Lrai clons la chnmbre
de ma femme. Personne n'avnit bougé dans Jia
Villa. Les rideaux étaient baissés, il faisait lrès
nuil. Je tenais il la main une bougie que j'allai
POSClI' sur le bill'onu ... El là., je vis ... Je is une
Ieui],]c de papier il loltms (du papier dont cHc se
S'erv'o il, il y en a enCOl'e Sur le }mrra11 don.'3 un
~uvar,
une feuiJJ.c posée hien fin évidence l't Cfui,
J'en SUIS sûr, n 'y était pas la voillo au so ir 1 h!
~onsi.cU1·,
com~nl
vous dire mon 6motion Cf uiln d
le lus ~ur
10 f uil leL qurlqups ml'llfl tracés au
cl'ayon, quo je reconnus être do l'ccrlture de ma
fe.miffi e l .
- Son écritllre, viI'aime.nt?
'- 01li, monsieur, il n'y il. point 11 cm douLer. I.;es
~h'08
peul-être sonL nn peu moins formes, mais
tout li. l'f1il reconnoi sso,bl es cependant.
- Et quels ébnienL 1 8 mots Ll'acés?
- (( Je ne VOlilS oublie pas. )1
- Signés?
- Oui, monsieur... do son prénom : Engén.ie.
La signabuTe surlnul csl ubsolumi'ul pareille aux
SIgnature de ses 1 Ll.res de viva.nLc.
O,,[)por'Lé ce précienx mesag~
'l
- A ve~ous
- Cerl,/;dnem n .
- Voulez-vous me le confier?
- Ùl voici.
s'abso.rba un moment dans
de cetLe éorj,lure d'outre-tombe.
- 1'1'10nsieu'I', dit-il après une courte méditation ,
vous êtes privilégié. Alors que, très souvent, 18&
esprits s-e font prier et su'p plier 10ngLemps avant
de répondre à notre appel, votre appel même esL
deVl8illcé ... On vient au-devant de vaus 1.. . Je cro1a
que o'ous obtiendrons sans peine de très probantes
manifestations. Mais dites-moi, monsieur, qu~
q u'un a-t-il cannai s,s ance de cette surn's turel1e
missive?
- Non. Je ne l'ai montrée, je n 'en ai parlé il
personne ...
- Comment avez-vous eu la. pensée d,e vous
adrcsser à moi?
' - 8eppo, le chauffeur du ba:ron de Folbert, mon
gendre, a vu, parait-i!l, des f<lits krM extraordinaires. C'est un adepte d'U spirilisme.
- C'est un [idèle, comg,ea non sans sév.:rÏJt~
M. d.e ChênelVreutSe. Vous J'avez entendu, t'Out
l'.heure, 'rerudre boma
, g~
à la chal'ité OO<XYUI'a.bO.e
d'un eS{Jlr'it quJ lui e'st cher .. ,
- Oui. Hier, Beppo ost ve.ruu me trouver. Il m'al
parlé de ·vous. Ayant été consolé, il a 8'U l,a dlé!ldcatl6
pensée de vouloir que j,e le so iR a'lLSsi ... A.h ! s'écria
soudain M. Martet en prenant sa (kle dans ses
maLns , je ne pui CToire encore qu.e ce so-]t moi ...
moi, qui suis icL .. moi qui ohe.l'che le swrnaturel !... Ah! sans c.etLe lett.re.. . Je sui,s bien
foroé de croire II l'in'Vraisembla.bl-e. J'ai d'a.ilJe:ul'S
élé prépé\.f'é il a.œmeltl'e le miracle par mes J.ec.\Ul'eS <le IceS jour
s~i.
J,e V'ous ai <lit que ma femiTne.
s'intéressait OJU Slpiriti,gme. iVI>a,is, sachant que ceLa
po,uv,a it me cléplJélire, e1k ne m'av8iL jamais avoU'~
qu'elle lût des ollvrages, des études s'Ur 00 Sll.10et.
Après 00 mort j'a.i lrou.vé ces volum es (j'ans sa.
chn.mbro et je le.s ai lus ... Je les ai Lus en me ca('.ha.nt de ma flUe ct de mon g-e·n.dre, espriLs positifs fjlu,'a'uraiffilt e ray~
s,
'ou plu tôl r6voltés, œs
{'\hoses étl'an.ges. Monsi.c){,J', pouvez-volls, dès maintenMt, évoq,ner la ('\hère âme l'Dvolt-P ?
M. de Chênevru~('
prit un air rlllhiLaIi:i:f, héstitn
10ngtcmps puis, bTlLSquemenL, se leva.
- V.enez, mOll'sieur.
Et précédant M. Martet, il lui nt quiller 1-0 saqon\
où rien n'a,pf»lrnissait d'8Dortrav{!rg.er un b~H'Cnu
111.'111 et l'inlroduisit dans llDe très prtil.e pièc~
5tlll3
[J1l11[\('
p"l'Ic que c·elle qui leur liVlraiJ, passage et
sans feJlêlr'e flJppurcnte.
La porte nefermée, la nuit so nt complll(,e.
M. de Chênevreuse toucha un commu/.fiteur, et
un hoc 6lectl'ique s'alluma au centre du plafond.
Mo-i's M. MarteL vil que ce plaJond 6talt noir;
qtW les murs, le sol, tes boiseries, tont otaï t nQk
Noir aussi le guéridon ten.ûnt le milieu d'e la pi,èœ,
nCYÎlres les chûises Cf ID l'cnl-o.llfoien t. L'ntmol'lp!lllfe
élait Nouffante. M. do Chl'nevJ1ellso lendit à
M. M'f,lrLc.l nn _ cmvclopp.c ffi lmée.
- Voici la leltro de l'Esp,rit que VOus m'avez
confiée louL à j'!J e.ure. Je l'tU mi&c ici. L'envol p~e
est cach elée. Ne l' ouvl'C'z pas ... Posrz-Ia vous-môme
S'Ut!' ln lable ... C'est bien. Tout à l'heurc vous l'emport J'ez. D'orulJ\'es mol, S·001,S doule allront été ajou\,és à la plrm~
quP. vous ovez lue.
1\1. :\'J'fu'tC'l ne l'é-plJT1rlil .rien. II l'la it bien dans le'3
(Ji,!,;p(Hli li ons rvoUilurs pOl II' lout croirr.
L' (1.II1 uin.ncc ùu lieu, 1'<l"j11.cl rnCme ûn ~p'k
ilt8,
&iii
voix 1{tn(;lrnnLc, u.l1lol'iUtire et <luuce il la fOlis, subjuguaient le pauvre hn·mtme.
- A~:;.eycz-vmls,
dil l\L de h~n.evl's
PO!:lez
vos TTHlinlS sur le glt~ridon.
flien.
Lui-mt\mc, ns~i
l'Il rncf' de ,1111. i\ la 1'1 r t, erflmllra ,de
s s dnigl.s la taille. Ali bout (J'uln in.'3l.tlnl, dns c-r8qucm lIl .. sc firent enlendre, une sorte de fr'émisscmenl a.nirna le gllftr idnn.
- y n-L il {}Iu,c.lqu'un ? dcmonda 1\1. che Chênela
M. die
on~emplJéti
C1én~lVreus
a
VI'CU S·C .
lJn pioo ,ùu gu('ridon soulev6 retomba. Cel,n, vou].aiL dire ; u Oui! Il
•
�~O=
- Qui êtes-vous?
.
.
Le guéridon se souleva, pUIS fmppa cmq coups.
Puis vingt et un.
- E. .. U ... lradf\li sait le spirile.
Sept, G.. , Cinq en-core ... quatorze...
~1.
Martet n'aLLeIlldit pas davantage,
, - Eugénie ... c'est elle 1
.
•. LB; tlilile, vi 1:1 cm reusemen t, frappa le coup umque
Slgnl fi an t : D'Ill,
.
.
L'Esprit somblait content d'être SI Vite reconnu.
- Voulez-vous parler? demanda le médium.
'on 1 répondit i!la tanle en fraplPant deux
coups.
.
_
. - Oh ! puurq.llo! ? RémIL ~L
~Iarl.!t,
haJelanl.
- Chut 1 fit J.e spirite.
Il questioruna :
- Voulez-vous cependant vous manifester?
La 'labile acqui~.
- Alors... <:teignez vous-même.
AussitOt, l'élecwiciLé disparut.
Il ne vint pas li la pensée du bon 1...1. Martel que,
/1ans 100 plancher même, sous les pieds dn médium,
un commutateur .se pouvai.t Lrouver. D'~ileurs,
le
temps lui manqua pour faire des réflexIOns.
,. Les prodiges se précipiLaient.
1 Une main toucha la SIenne.
1 Des rosee tombèrenl effeuillées sur san visage.
Un halo lumineux se leva dans un coin, s'a,lIlongea,
puis, quil~nt
le sol, aLla s'évanouir en touchant le
PlafoIlld DOlr.
. .
.
l\1. t-.larLet aprlls aV\1ir SI vivement ~ésIr
communiquer aver 103 chère morle éprouvrut une émolion qui :Il 'étai t pas tou le de douceur.
Brusquement, le guéridon se remit à frapper. Le
e-pirite épela :
/'
Il Emporler la lettre, Ille l'ouvrir
que demain
soir )).
1 Et la.ussitÔt., l'élecbriciLé r eparu l, un peu rassurante. ~I.
Martet 6tail blô.lne.
, - La LUJTJillrc soudain roopparue, dit le médium,
' signifie gue l'r::pril ne veut plus se manif.esl{)): aujourd'hm. Rcven.cz quand vous voudrez, monSIeur,
tant quoe VO l1S voudr'{)z ... Ave7.-vous un orayon ?...
Ecrivez mon /1.dr-esse sur l'adresse mC!.me de la
'leltT'C ode l'Esprit. .. Je vrus vous la ,dicter.. Vous
flvez, il est vrai, prlls de vous quelqu. un qUl rourToit vous fa ralflPc.ler ... cependant, CCCI vaut nlleux_
Je dicte: cc f\-Ionsieur de :h~n('\
" reusc
... Vous savez
le nom de la rue .. . nO 17. )) C' st parfai t.
-.Tc &uis bi en ému, bouleversé, murmura
l\I. Marlel.
1 - Ccla sc con~i
L : une prcmibre sél~ro!
!vlais
.t'lOIlS obLiendron9 mieux. J'cspèro que 1 Espnt se
1 mon Irel'O 1)lu 9 nr[[l'lTIcnt.
.
Le sril'ite ,,'&Lait levé, rouv~It
la port~.
1. I\[ortct quiHa. In. chumbrc mystéfJeu.se, eJTJ, porlanl cG('heL('c l a 1.cL!re do l'E!'lplit.
.
hoJI. en cor:npognre du
l Borpo aLl.cII<luit (\l1~s.e
correct larlJin qui ltV~
mlrodUit los VJSIteurs.
1 De nlQ\lV('!lIu dun..'i l'asocnoou,r, BQppo 'c1omnnd·a.
l'cS'pectueu emen L :
.
- gLes-vou C:()'l1Ln~,
monSlCur?
- Je suis ... shr.péfart 1
.
1 _ J(' VOllS ai confié le secret c1e ma V1C ... , Vous
saVC7. m inl{,"l1ant qu'une grande <1ouJ~r
m a accablé et comm nt J'll!i été. consolé .... SI., pou!' une
raison ou pour' une autre, il vous plmsall de la anter il (/uolqullln v{)Lrc visite à M. de Ch~Dcvreus
...
, - l ll'y fi pna de damg~r.
, .
- Enfin, si vous changl z d aVIs! n me m61ez en
rien il votre l'oeil. V01lS pouvez ayOlr enlrutdu paJ110r
de lui par d'mll.reR quo por n~ol.
- Ne craignez rien, répondJt gnave.mcnt le pauvre hommc.
.
- El si l'<m vous inLcrrogc 9Ur l' mplOl de 'V{)Lre
Icmps ?
.
- .Je dirai que ... j'ai fait des co 1t.Ni rs.
C'rl\l lOIn. Au Bon Marché, vous pouvez aVOIr
La 'Petite .. 'Deux .sous"
~
fait une commande... Al1ez dhrect ement au g&.o..
l'age, monsieur. Jo 'Prends une voiLune et je vai,s
là-mis ... Avez-vous confiance en moi? Je p.rends
I,'!'nViOyer. Urue
n 'importe quoi, que je VO\lJS f ~ rai
peau d'El bique, 'PM exemp.1e. Vous cli.rez que vous
6vez repris goût à l'auLo .. . et atlOl'8 ...
- Je veux bien. Merci, Bappa. Moi, je n'en puis
plus 1
- Cela se voit, monsieur, vous panais:::ez bien
fa.tigué. Rejoignez M. le baron au gar./:l.ge et
l'acontez.!J.ui que vous venez du Bon Marohé... Pn:rfez de . la foorruil'e. Si je suis un peu en retard,
M. le baron m'excuscra. Surtout diLes bien que
vcyus m'avez quiLté sitôt en arrivant.
- Oui, oui ... Metei, mon ami! Vous êtes vraimont Lrès dévou06 et je ne l'oublie.rai pas ...
XXI
LE B.\RON DE FOLBERT A RAISON
De son cOLé, le baron n'avait pas perdu s.a jomnée. TillJ1dis que SDn beau. . père et Bappo se dirige&iont voers Je quartier renoumlié des Ternes,
M. de Fol·beri se faisait conc1uire à N euJlly. Là, au
centre d'un po..rc assez vaste enclos de hau:te.s muraJLl-es, se tl'Ou\'e la maiJson de sanié du docbeur
Probe.
Le docLcur Probe était I1n homme d'urne cinquantaine d ' an~es,
à l'œil vif, à la paroie brève. Ses
lèv.res minces, soigne1J.semen t rl1Sées en Lre des favori<s grisonoonts, ilgn'Ol'aien.t le sourire. Cc.penclant
le visage du médecin se fit affable, autant qu'j.J éLait
en lui, pour accueillir le baron.
Dè-s l'abord, ils éohangèrent des phrases qui paraissaient étr<l ln slliLc de conversalions pr6céden Les. Le docteur demanda. :
- Doi,:;-je con.clure de votre vcnue ici que tout
est bi rn .,
- Tout sera bien, je l'espère.
- J'en suis lrèi:i heu,reux. I\r~s
yous n'oubli{'z pas
quels sont nos prinCipes, prmclpes dont rien no
me fera démordre, parce que ma tranquillité en dépend, aulant que cellle des personnes qu.i veulent
bien se confier à. moi. Jo n'accepte comme pensionnrul-es que des m.o.la.des dûment munis <I<l cr-r'tiflcals, t je veux, Je veUX qu'a ce oertificat soit signé d'un nom hont'l1b~me
connu . .Tc sais, jr . i8
que l!'es exilgen.ces à ce ~ujet
ont éloigné de moi
C<ll'tamos personnes ... Mru.s los Qutrcs les. inLellige;nLcs" les raisonnables, m'en ont su éé; cc.ln n'a
fUlt qu augmenter 'lour confl.unc cn moi. Notez que
je .ne dcmo.ndo p.as que l'on con sul le un prince de la
EClence : ce serail exogér6 - et maladroit - car les
sommités d6tourne.raienL les fami
.~los
d'envoyer les
m8Jlades ici. 11 Y Il des cc maison de santé Il classiques (si je p,:!is dire) qui j~ui
sent
de lu protCl~n
d~
ces. messreurs. Mo. maIson, li moi, est de trop
mlDce .lmporta~ce
ct leur parait à dédaigner. Ccp ndant, JO. ne cratns pus de 1 aIfiMl or\ lie eSll parfaiJ,cmen~
blen ten~.
r..:tes pc.nsionnnires y ont la vic
aUSSJ .do~ce
cru I~ rn e&t possibd <le 1<1 leur procurer.
Je &U1S 1cnneml des mesures de violence ou d
moins, je n'y l'OOOUI'.s qu'à bon oscir,Oit.
'
,
- Eh 1 mon oher 9Gcleur, VOliS v us méprene1..
Avez-o~s
donc. besorn de me convaincre? Suis-je
l'6.fl'llctalro à ,la Juste admiration crue mérile un 6t.o.b!isen~
aussi... ulile que le vôlre ? Nons somm s
d .a:ocord,' J~ p~nse,
d~pul
s 10ngLGm,ps ? Si je viens
a~Jou:d
hUI, c ost UflIq'uemen.t pour vous prier de
m 1l1dlque,r lm m6decin réunissanl Ioules les quaIlLés requIses.
- Avez-vous SlUivi mes conseils?
- D~
point en poi'lll.
- Bl~n:
AJlors je vais vous donner une adresse.
JJJ écrJvlt quelques mols snr une carle ct la Lendit
il Raoul.
- VDici. Le docLcur méry st le plus honn te
�z'
~
La 'Petite ,. 'Deux Sous"
=====================
homrne du monde, universeJ.lement estimé comme
tel. On le sait incapable d'une compromission.
- -Et... alors?
- AIlors', c'est ce qu'il nous faut. Toujours mes
principes de sagesse ! Vous irez chez ce brave
Oméry. Vous lui direz que vous V{)US adressez à lui
parce que vous avez enhendu vanter ses J.urn.ières.
li en sera d'auLant p'1u-.: flatté que, si l'on es>t una·nirne à estimer l'!l{)mme, on l'est presque autant à
déclarer ses capacités ... moindres que ses vertus.
Il s'étonnera peut-être que vous n'ayez pas, tout
d',abc,xi, consulté votre médecin habituel ... V{)US lui
eXlpJiquerez crue votre pauvre beau-père, ne se
croyant point malade, aurait s,ans doute refusé de
le r.ooevoi,r. Vous insisterez sur la nécessi,té <le péné~I'er
près du ... suÏ'et sans le mettr.e en défianoe.
Et - voici où est la vraie trouvaille - vous lui
appreoorez q1ue le spiritisme est le da.<Ia de v{)tre
beau-père et lui sug~érez
de se présenter au besoin comme un médIUm. illuSltre. Là-d,essus, le bon
Oméry bondira, car hl tient, sans examen, pour des
charlatans ceux qui praiiquem le spiJritisune et pour
des fous - vous entelIldez - des fous, ceux qui y
,croient. J.e ne suis pas très certain qu'il se trompe;
mais peu de ses confrères se montrent aussi absolus. C'est pourquoi j'&i choisi celui-là entre wus.
- Merveille.ux ! dit le baron.
Et il pl'it congé hà.livement, afin de se rendre chez
Oméry.
Le docteur, àg>é, réffficLaire aux choses nouveNes, rétif aux idées modernes, n'~vait
plt1JS qu'une
clicnLèle resLreinLe. Il se conso'lait de ses loisirs
forcés ,en se livrant à des travaux absol'bant.s.
li fut oependant oruUlI'ffié d'en être disLI"aÎlt pUll' la
vi'site du bar{)n, plus charmé encore d'apprendre
.qu'il n'était point !,out à fait o.ublié e~ qu'il y avait,
de par le monde, des gens qUl vantmcnt il. d'au[.res
1( ses lumières )1.
. Il promit de se rendre le lende'!l1ain à l~ vifla .Marguerite et o.CC0pLa ap.rès avo,ll' bond't amSl que
le prévoyait son conlrère, de JOUier le rôl e d'un. spirile - c'est-à-<dire d'un eharlatan - afin d'amener
le ma'l ade à trahir ses pensé~.
,
"
Le baron eut l'iffilPressi{)n que d avance étall fUlt~
la convi!ction du docteur Oméry : un homme qui
s'oceu,pe de s:ririlisane est certaineme.nL bon il. enfaruner.
M. de Folbert fit il. sa femme un récit mitigé de
ses démarches.
Il passa S{)us slilence sa visite au doeteur Probe,
mais parla longuement de ce rulgIle dOcWur Oméry,
dont il avait si souvent entendu ci.ter le nom. Il
parut étonné <{ue Marguerite ignorAt son existence.
- Pour ne point effrayer votre père, ma chèTe
amie, le doc~ur
Oméry, cachan,L sa qualité de médecin, domandcsra M. Marlel NO'Ils pousserons celui-ci il. le recevoir et le laissero ns soul avec le docteur qui d{)il se donner comme SlPiriLe .. .
- QueUe id6e 1
,., - Ah 1 c'est que ... vous ilSnorez ... je ne vous ai
Pas dit, craignant de vous Imepressionner, que j'ai
Surpris M. Martet 'Plongé dans la lecLurc d'ouV'ro,ges traitant de SIPil'lLisme. C'est donc une ontrée
en matières.
1 - Mais comment e:xrpILquere-L..jn qu'il c{)nnaH
'~l{isLCtce
de mon père ?
If - Affaire il lui! Ne craignez rien, il dira ce qu'il
i\udra dire.
Le lendemain, M. Ma.rtet pro){)ngeait sa sieste SUr
~o dÎlYan du billard lorsque son gendre vin t l'éveilar. Le .baron s'en excusa fort.
s' - Mais, dit-H, quolqiU'un vient d'arriver qui inIsle pour vous voir, mon père.
- QuC'lqu'un ... un hommo, une femme?
- Un monsieul' Ô-gé.
.
-:- Un v~ ei. 1 ami, sans dQlulJC, qui croiL d,o son deVOI,r ete venir me disLrn.ire de mon oha.gri:n ...
11 en 6prouvait plu tôt de l'impatience.
- VallS avez dit que j'y éJLn.is ? .. Il no fallait pas.
- Je n'ai point osé me permettre... Je ne conn.ais, du reste, aucunement ce m{)nsioor. Il m'a prié
de vous dire qu'il vient de la part d'un M. de
Chêne ... Chênevreu&e ... un nom de oe genre.
M. Martet se redressa vivement.
- Amenez.,Je ici. .. amenez,]e ... Ah ! mon Dié'll !. ..
- Je vais le chercher.
Et i;} alla rejoindre le docteur, qui ruttendait le résultat de l'ambassade.
- ;Eh bien 1 oonsent-on à me recev<Xir ?
- Ç'a été difficiùe... Et peut-être n'aurais-je rien
obtenu, si je n'avais eu la pens.ée de di.re que vous
veniez de la pal't de M. de Chénevreuse.
- Qui est ce personnage?
. - Je n'en sais tro;p rien. Hier, en revenant de
Paris, mon beau-père a prorwncé ce nom plusieurs
fois, de but en blanc, sans que rien l'y ai.t amené,
sans le faire suivre d'aucune expJication, et je n'ai
pas osé l'interroger.
- Qu'est defVOOU votre beau-père hi.er, pendant
les deux ou tr{)is heures qu'il a passées à Paris?
- Il est aillIé faire des courses. .. il a été au Bon
Marché.
- -Vous en êtes bien s>o.r ?," Ce n'es.t point une
fable inventée par lui?
-. Non. Puisque l'objet qu'il a a.cheLé, une peoo
de bique pour l'auto, a été apporté ce maLin.
- Alors ... Mais il a eu le temps de faire plusieurs
ahoses, peut-être.
- J'en doute, car H est arrivé au gal'age où n{)us
nous êtions> donné rendez-vous bien avant le momen.t fixé. Un employé me l'a dit quand, à mon
tour, je suis arrivé. Il n'eStt resté seul .à Paris que
durant une heure et demie. Nous étions à l'ELoile
quand je l'ai q;uitLé. Le garage est vois.in. V{)US
voyez ... q'e t€lJIlJ)s d'aller rue du Bac, de faire un
achaL et de revenir.
- Oui, évidemment. Donc, je me présente de la
pant d'un M. de Ohênevreuse dont j'ignore tout :
c'est commode !
•
- Plaidez le faux llour savoir le vrai.
- tMétJ10de de polllCier cela, mon bon m{)nsieur.
Enfin, je verrai bien!
Le baron condui5i.t le médecin dans la biblio!l1èqru.e et, suivant ee qui avaH été convenu, l'y laissa
seuil' avee son beau-père.
La pensée que cet inconnu veno.it de la part du
médium impressionna.it assez M. Mantet pour que
s{)n visage trahisse son ém{)tion. Son regard, ordinairetnen t paisible, éLait inquiet, fiévreux.
M. Oméry le nota comme un fû.ahoox syrn.pt6me.
LI aborda cependant d'un ton jovirnl celui qu'on lui
indiquait comme un malade.
- Monsieur, je n'ai pas l'honneur d'être connlU
de vous; mais je viens de la Tlart d'une perS{)nne ...
- Je sais, je sais, répûndlt pré.cipi,tamment M.
MarLel. Parlez plus bas... PO'UI'<J11Oi l'avez-vous
nommé? Il n,e fallait pas dire ce nom-là ici.
- Mais vou8kmême, monsieur, ne l'avez-vous
pas prononeé ... hier, delVant M. de Folbert ?
- Moi ?... Jamais! Je m'en garderais bien!
- Hum! hum! fit le médecin.
- Vous ne mo croyez pas ? .. IL est v.rai que je
n'ai point di,t à M. de CMnevreuse que je ~iendra.lB
cachée ma visiLechez lui ...
- Racontez-la-moi, votre visite.
- Vous ... VQUS voulez ?...
- M. de Chêne'Vl'euse, mon ami , Lient à s'assurel'
que vous n'avez rien oubhé. C'os.t Lrès importanil....
Le docteur Orné]"y parlait au hasard, se di.sant :
ri Si mon inter'Iocuteur u touLe sa fllÎ'S{)n, il va me
déclarer q1ue mes paroles n'ont aueun sens et me
meLlre il la p{)r~
comme un av.entu rier. Ce sera
tant mieux pour lui. S'il est fou, il imogine.ra compr<Jndre quelque chose à mes propos incohéllCnts, al
ce sera Lam pi.s 1 " M. Martet pllJ'lllt oompl'endre.
- Eh 1 qUOI, mon sie Ul', dit-~,
VO'llS ocoupez-voul!
aussi de spiriLiso.ne ?
- Ceriainern<!nt, répondit à. regret ]e médecin.
�42 ==================================
Après s'être assuré que la porte bien fermée les
mettait à l'abri des indiscreLs, M. Martet revint
s'asseoir près de son étrange visiteur.
- Que je vous raconl..e 7... Je vais le faire. Mais
d'abor<l, si M . de Chênevreuse vous a laissé enl..endre que je ne suis pas venu seuJ ohez lui, oubliez-le.
Cela, il faull'oLililie r. J'ai promis de n 'en rien dire
et je ne veux pas trahir la confiance qu'on m'a témoignée. M. Ge 01ênevreuse n'a rien à oraindre :
je n'ai perdu la mémoire <l'aucun détail. Je pourrais
même vous décrire la maison, l'appartement. ..
- Décrivez.
Et le pauvre M. Martet parla d'abondance, dépeignit le luxe du hall, du salon gris, du bureau qu'il
fallait traverser pour pén&lrer dans la oh ambre
noire.
- Et dans cette cha.mbre noire, que files-vous?
- Vous le savez aussi bien que moi, répond it
M. Martet non sans quelque im.patience. puisque
vous le cannai sez, il a dû vous rendre témoin de
prodiges semJtlables. Vous~mée
en avez peut-être
obtenus?
- Il importe que vous les répétiez ... si vous voulez qu 'ils se renou vellent.
Et ce fut le r éci l de la séance, amplifié par cet
8S/prit crédule qui s'était si bien cru n communication avec l'au-ddà.
A mesure qu 'il évoquait les ohoses, le pauvre
11. Marlct d venait plus nerveux. Ses veux avaient
un regard fixe eL, sans y prendre gaj'de, duns la
tension de son esprit son corps aussi se Lendait.. la
nucrue paraissait se raidir - sympLOme pathologique, noté aussitOt par le médeclD.
Afin de pousser à bau t le malade, le docteur Ieigni.t tout à coup de douler.
- Monsieur, dit-il d'un ton sarcastique, je vous
ai fait raconter ces choses précisément pal'ce que
je n'y crois pas. on, je n'y crois pas 1 Je n'y cro.irais que si ï avais une preuve ... Je n'en ai jamais
obtenu de probantes.
- Vou s n'y cl'Oyez pas 1... Alors, j'ai r~vé
?
- Je ne dis pas.
- Et la leUre ... la let.lre que j'ai trouvée, moL ..
moi'1lTJ~e
t sur le bureau de ma ferrune morte, et
écrite de sa main?
- Où est calte leLlre ?
- J'e vous rai dit. 1. d Ch nwreuiSIe l'a en[,.rmée dans une enveloppe et p~ée
f'ur lu: table. L'Esprit y a ajouté des l11ots ... df phr<lS , pel-~'.
- Vous ne l'avez pas nuv rll)?
- Pas neore. Je Il dois l'Ollvril' qu'C ce soir.
- Eh 1 mon
~i("lIT
nous y sommes ù. préscnt,
faprè!rmidi comple pour le soir. Vous avez un bon
moyen de me cunvaincrp.
- Si vou êtes incr6<lule, ponrquoi vous envoie·
l-on vers moi?
- Pour q1le Valls me convertissiez.
- Cette I('M re, je l'ni sur moi. .. je ne l'ni pns
quitLée. Ln. voici.
Et. M. MarLel, d'une main Iremblan(~,
brisa l'cnvel ppe. Il en sOl'lit un r lIill,. ete pnpicl' qu'il rcconnut aussill'lt : (,'élnil II' pn.p iel' gl'is-hlcll qu'employait Mme Mn riel rt donl IIne provisiun reslait
encore sur le bUl'eau de sn cliambre.
Lentement, il la ù6plin.
Et ses yeux s'agrandirent, œvinrent hagards, sa
bouche s'en Lrou vril.
],;11 1 bien? cl manflll le médecin.
M. M ri t ne répondiL rien.
n tpnnÏltolljoul's le pupier, et !ln main de plus en
plus Lrembillil. D'un g' Le o.u Lori LaiJ'e, le médecin
enleva le ( u il let.
- ,le m'en dout.l.lis ... il n 'y a. rien, f'j.c.n ..•. pns un
mol., po.!! IIne Ir'oce.
M. Marl('1 AI' rnnima.
- On m'a trompé! ('nin-t-il. L'E:prit 0. pu ne ri n
njollwr. Ce qui d{oJh élaiL (ocrit y SéraiL encore· .. On
Il chang{lle ...
II s'un·ato.. Il wlai~
dire: Il On 0. hangé le par
La 'Petite
Il
Veux J'ous ,.
~
Du doigt, le médecin lui montrait le L.imde l'angle: (( Villa Marguerite n.
- Comment exp'iquerLez-vous que M. de Chênevreuse ait eu en sa possession du papier à J'entête de votre villa?
M. Martel serra son fronL dans ses mains .
- Je ne sais pas ... Je ne sais plus ...
Alors, M. Oméry chang{~
de manière.
- Voyo.ns, mon ami., voyons, du cai.me 1••• Raï,.
sormons. Vous ave?J la fièvre, il faut vous soigner...
Vous .avez des haJl~cinto
s ... Vous n'êtes point
allé hIer chez monSIeur de Chênevreuse. Je VOILS
ai laissé dj,re ; maLs je sais qoo vous vous êtes
rend'll lout simplement dans un mal1asin .
- Ce n'est paA vrai l
'"
- 1'I1uis si 1 c'e t vrai. Vous y avez même fait
l'emplette d'une fourrure qu'on vous a apportée oc
malin.
- Ah 1 g·émit le malheurcUJ(, la fourrure 1
Et, 1 li l à coup fmLeux , il cria:
- Que venez-vous faire ici ? De quel droit m'interogl-v~s
? Qu'est-ce CJ1.le cct interrogatoire ?
Le médeclD ne paru l pOilll surpl'is de cette fureur : cela était aussi un symlltûme ...
~'envlop
de la fI lettre de l'Bsprit » avait
glissé par tl'rre, un nom s'y lisaIt. : « 1. doe Chênevreuse. » VIvement, ONec une sonpll',sse su.rprenante chez un homme de son âge, M. Oméry la. ramassa., sans quo M. l\Jarlet l'eùt r~mal'qué
.
Celui·ci s'Nai t levé et, de son bras tendu montrunt la purte :
'
de .moi... je ne le support.era.i
- On se moqu~
pas. Sarl.. 1., ~1leUr,
Je vous prie.
Le bu.ron n é l'ull pas loin. A la voix courroucée
de son bc.au-pèl'e, il accour ut.
J?'un coup d'œil, le do~Lcur
lui fit comprendre
qu .un P.1us long examen pour l'instant éLaiL inutüe.
PUIS ItllssUI?l le gendre calmer !l'il le pOlliVo.it son
beau-père, Il quillu la biblioU1èqne.
Il ren co ntr'u r. .la'~ueitp.
qui I~ guplfu it.
- Eh bien 1 doc:1 Il r, mon pauvre pèpo?
- Hélu~
! .l11ndUlI!p., il vou.s fau.l. du courage.
- ;Y/on DIeU 1 Cc -t donc vraI. .. Il est m~n.cé
do fo.lIe ?
- Plus quc m-enacé, il esL alteint.
El ~ ra('~nl
cc qui ne res:;.cmbla.it que Lrop il
ùes dlva.go.LlOns.
'~jlCndH,
l~adm(,
nou~
cn aurons le cœur
neL SI, b.ICn ,:,l'üln:f'nt, monsielJr votre père> n'a
pas lout m~LglUé,
Je 110 lais.·j'rru pas que d'êliro
e!l(;o~'.c
111(!UoICl sur'... n IJI\nI1lIit6: l\lnis cliOn nOIlS
n aUJHJI1S pus alfau'e il. 1 hallucmation, sauf pOUJ'
l~
!dl~
C<'pcndan t. ,A ce sUJet, ln preuve est fai Le.
J .al, par b nheur, 1 admssc d() ce prétendu monSLelU' (!,e Cllêncv/'pu:,c. Voy,ez... &st-ce J'&::rilw'e
de Monsi w· tll/lI'Let?
- Oui, ccci (lsl ér'riL le la main de mon père
- Cetle. adr . ··c P;-lIl <lone ~tre
purempnl flcLive
00 cela, Je. vaIs 1." u, surer en m'y .ren<lanL mo~
mOITI.. V 1II.l1ez dl.I·C ~ . t\lon~i.('ur
de Fulbert
e
derna:n ;n~lI
- je n,~1
plus le t.cmps ce soirqu-,
Je VOI~
l,t-I).t:3 ... PUI!:lqu il fi un auto qu'] , f
cond li wc dl' son cOté. •o ilS ferons ' en~r
qut'lc. 1 cndcz-vous il. dix heUI<l; "'_ nL el
nméru 17...
.
wuvan e nu~ brag
piero
»
bl
f.B.Se
Le I<mdemnin M. de Foll 'l't am('n', ]Jar nev 0
fuL,. comme on le pens, 'xacL HU rendez-vous p
Lalllodubul'onetlc(!{)IUl)"d
éd '
.
gèl'cnt I~ lon~
ùu tl'{JL!oil'. ·
e U III ecm soc l'O.ll'- Qu a fUll notre malud après mon départ?
d~al!1c
doc teur il. Hnoul.
~ J ru eu gl'~ndpi
à.le calmer. Mais il u'cxpliOit [?6.s ponrqllol Il éllut !li furieux ('onLre v ua
1 a.valt as.~ ~
sem lfb.n.S-Il'ofd pOUlI' t.enir il. m oa~
~}lpr
~n.
1)1 ~lnduc
VISIte il. CoC pI·p.>lpndu médium.
En~,
11 s 1 upllisé, mais a g(wdé - coin se
voynlt - une préocClipation : il llf' compr nd pW3
qUI vous OLes et cp Illlc VOIll.'! avoCz voulu.
- PUtLvre mOll.SICUl' 1 Si pur ha..sa.rd il est tomb6
W
�\~
La 'Petite u1)eux Sou.s
u
entre lies mains d'un charlatan, nous le ferons
pincer, ce Monsi~ur
(le Cl1ênevreuse, je vous le
promeLs.
•
- Bah ! Je suis stlr qu'i:] n'exLste pas.
- P eut-êLre. V6Jci la maison indiquée. Laissezmoi i n.~el'rog
]e concierge.
Celui-ci j ustement sortait de sa loge.
- Mon ami, dit le docteur Oméry, je VOThS 00U!rais gré de me renseigner. Est-ce ici. qu'habite
Mons ieur de Chêne·vre'U·se ?
- ConnBlÎs pas. Il U'c.st pas chez nous, probablement pas dans cette rue, qui n'est guère lo.ngue
et où l'on se ,conn ait entre concierges ... J'ai pas eOltendu c·e nom-là.
- Qui donc habite id wu dernier étage?
- Au dernier étage ?.. Vous tombez bien: il
est à louer.
Le baron et le docteu.r échangèrent un regard.
- Cela suffit, je pense, dit le bal'on.
Mais le m6decin voulut en avoir 1e cœur net. Il
glissa, di.scrètement une pièce dans la main d'Il"
concierge et demanda :
- Un de vos locataires n'a-t-i,1 pas un saJ!on entièrorruront g.r.Ls .. . meub l·es, tentures, ridea,u x 7.: .
- EnlièrernenL gris... dit l'homme, en fals~.nt
disparaître la pièce dans la poche de son l.abller.
At~no(ijez
voir un peu . Je lL8s oonnaÎ!s tous, pour y
être entré. une fois ou l'n.u tre. Au pr.emier y en a un
rouge, l'aUll..re bLanc; au gecond, un blanc aussi et
un jaUotùe ; au troisi.ème., c'est du b,leu; au qU8r
tri èml", du cho.u.c\ron ; au cinquième.. .. BenI 1<8 cinqu ième ... il est il. louer. fi n'y u qu'un apparter
menL par étage. C'est œès vaste : 8iSceooeur, eau,
élec1JriciLé téléphone ...
- l\"ler-c'ï, mon ami, merci bien.
Le doGc [,eu r Oméry n'eut pas l'idée de s'informer
nu numéro 19, et si le baron y song,ea., il avait s'es
raisoTollS pour ne le point faire .
ChêneLà, d'aiUeurs, CQlffime au 17, le .nom d~
vreuse était in.coRn'U, mais on autrut pu dire qu'au
dern.i.er étage il y avant, en effet, un sBllon gris ..
- Mom.sü>\1r dit il. Raoul le docteur Oméry, Je ne
sai,s t,l'Op co.rrlmen.t a.pproc.hcr de noU!v.ea.u n otre
. malade saM l' exaspérer. Je crois qu'il serait bon
, de le meUre en sUI'veillOJ1cc.
- p,nnsez-vous qu'il soit prudent de I.e ~arde
,avec rW'lS 7
-- Oh ! prudent. .. JI n'cst jamais prudent de gl;lfder nn démen.t ch<..'Z soi, mêane s 'iJ ne po.r,a tL a Ltemt
([lle cl/! folie dou ce. Vons avez vu bier il. quel p.oint
Il était fllrkux ? ,l'admets qu'il eut quelque rOJson
de l'~(),
pli~'re
je lc contrariais da,n.s ses croyo..n~s.
I\lais on peul très bien, sans le vouloir, contral'J.et· un fOll. Un mot ffialaidroit e t l{) voi,l à on colère.
IOr "DUS savez que ta colère - en somme, nne
,-8?'rtc. de foJie passu.gèrc - d-evi.en.t fort dange re use
Sl etUe se grefto sur une démenœ latente. Pour Mme
de [, olbert, f·i.n on pour VOl1S, je crois que mi,eux vaudraiL isoLe,!" M. M~rtR,
all moi.ns momenLnnémen,t.
, - Je le crois llul'3si rnrnlll{)U'reuseme-nt.
- , i je puis vous être ut,ile en VO"ThS inct.iqwarùt
Iln.e maison d\") san lé ...
- Merc.i, doclc.u r .. . H6111S 1 que die tJristess'es !
1 issez point abaLLre . Bien so i·gn é,
- Ne vou~
Dal'fait.emooL surveiIJ6, mo.nlSie ur votre beau-père
gUt'-rj,ra sans doute. Vous m'a.vez dit que personne,
<1an~
sQ rllmme, n' a (olt; alLeint de oe l.ru-nilile mal.
- PIns que je sache.
-:- Eh 1 bien, lorsque la Co],ie n'est pas hérédi~a ~ re,
elle Re guérit. C'est alors un accident forllJt provoqu6 par u'ne cause extérieure. Dans le
f~
qui ~ou
s occupe il s'sgiL .d'un vio lent c h~riI1,
~
~ lbL:
ayons bon espOlr. Je retoul'neral ce
r VliJ.la Marg,oorLt.e. S i jo ne puis voiJ' M. Mar~et,
V0111S me liiendrrez a'll ccmrant d(' ce ~
Slu,ra. pu
oeL passer d'ici là, et je vous délivreral le oortiflua nécessn.ire à 1'8Iflmi s.qion de volq'c malade en
ne' maiso,n de s,Ln t 6 q t1-eJ,le qu 'elle soit ...
Mme d e F olbe'rt guettait avec ioffi.IPalience le re-
tou.r de son mari. Elle courut à. lui 'à sa descente
de l,'au-t.o. La figuxe bouleversoée de la j-eu!l1e f.enmll8
effraya le ooron.
- Grands dieux, ma chère, qu'y a-t.H, uIj
malheur 7
- Un maTheur ... je Ille sa.:Ls pas ... mais quelqM
chose de bien étran.ge 1 HéloTse est lJà.... Elle est
venue nous dire que Mme OrbihoCf et Yvette on t
di.spos,ru 1
Le baron ét{)uffa up. juron peu en harmonie avec
son élégante co;r.rectlOn.
Bep.po, l,ui, ne broncha pas. Mais on aurait pu
voir ses mains tre:rnMer e t ses lèvres blêmir.
Le baron s'81ança.
.- Où es.t Héloïse 'l
--:- Dans ma cbambre. Je l'y retiens depuis son
arrIvée, pour êtl'e s'Cre qu'e pap.& ne La rencontrera
pas. Ellle est larmes ; il la queS>tioDiIlJ8rait, et œ
serail encore pOUT liuli un sujet de boulevenseaneDt.
- Je vais l interroger. .
Héloïse, en effet, était en larmes. Aussj le baronl
ne put-LI d'abord obtenir d'elle que des exclama.tions désolées . Enfin eLle Mcon.t a :
que, c1eipuis quel- 1) faut vous <lire,. mo~sieur,
ques lOUPS Yvette al].aat mIeux. J e m'en apercevais
bIen, el même j'aurais jUlfé que La petite ,avait reLro~vé
sa t6te. à la faço n don L ·elIbe regO.!!'d:a.it.
MalIS Mme 8<>ma n'en voulait pas conven.i:r. DePUiS quelques nuits, elle refusait de m e laisseT veiller... J e r..e sais pas comment eUI:' pouvajt résister.
il l1e jamais donrru.r. Hier soÎ!r, Mime SOIJJi.a. me
dit : (e De bon matin, Héloïse, dès que VDUS serez
le'Vée, V(JCUS ire't chez le pharmacien faire faire c~Le
ordonnance. Ce ser a pel1L-êtJ"e long à préparer"
maLS vous l'attendrC'l n. MDi, à peine Levée, je
pars. La femm e qui vient pour la cuisine n'arrive
qu'à onze lùeures chaque matin. Voilà qu.e quand
je re viens de chez Le pharmacien qui m'avait fait
alLendre... fa Il ai t voir 1 - cc J.am a is, qu'il dis aiL,
il n'avait manigancé quelque chose d'aussi compliqué. n - V{) ilà donc que quand je r,evi.eI1s, je
trouve UrnuJe - c'esl la f-emme qui faisait la cui~
sin e - en trai n de prépal'er so n déjeuner, CI - Eh 1
b en, que je lui dis, a-L-on demand é après moj, làh a u t 7 » - CI. N?n, q~' e l e me répond, on n'a. pas
bougé. On dira.lt qu on dort. Mème que j'ai p&I
osé. monLe: prendre les ordres. Il - CI J'y vais,
moL. " Et l,a mon Le. Ah 1 monsieur 1 Mon sam a n'a.
fa it qu,'un tOUir qu·and je suis entroo dans La c~am
bre d·Yvette. Le lit était vide 1 El pas plus de ma.darne Orbiboff que d-e petite J;:>eux Saus. .. Je va.is
dans les a.ulr'C's chambres ... Rien! J'ouvre l'armoire où jé serrais les arfaires de La doctor esse ...
plus rien 1 Je redesoends en courant,. te - Ursule.
que je crie, elles sont parties 1 " - (( Qu·i ? n _
cc Yvette et sa. doc toresse. " Elle monte et revient
touLe tremblant '. cc - C'est pourtant vrai ! Qu'est-ce qlle. Çl1 veut dlr~
7... Elles sont peut-être retourn6e.s v.uLLa Ma.rgpe rtLe ... n - CI Ah! ben oui! Ava.n.t
qu'on tes y appelle... Il - (( Alons '{ " - (( Alors
je ne sai.s pas! )l - (l Faut deman<l,cr aux vDis~
!lICS n, que dü Ursu:le. Mais moi je pense : on va.
]n.ser, conLer d.c.s histoires qui rOnthiOrDnt Irs m6l1lr,es .. ~ cc - Non, que j.e dis, ne d0mandez rien. Ne
pal 'lez à perSOMC. Je cours à lu villa prévenir mons io ur et madam e. Ils feront ce qu'i.ls voud.ro!lJt.
VOUIS, restez ici pour garller. Il - Cc Plus sou'vent 1
qu'e lle me répond, j'aurai.s trop p eu.r... Emporfl'z
la cleC; moi, je me trolle . " Et me VDilà ...
Le ba ron s,e m ordait les làvres. Il qucslionnaJ
d'\lJloe voix dont t'altération snrpriL MargueriLe :
- Quel.q'U'uu est-il venu à cc Mon Bonhe ur n ces
lours<Ï 7
- Qu.clqu'un ... Non ... Ah 1 mais si : un pauvre.
- Gc.la ne compte pas.
- AlLcndez 1... Jo' veux dire un pauvre pae
comme les a.ntres. Un v Leux très extraordinaire
qui avait oonnu la petite Deux 80118,
- Ma.d.ame Sonia. l'a reçu 'l
�~
'4
==================================
- Oh 1 oui, monsieur. A deux re.prises, moi,
je l'ai vu entrer dans la cha.mbre de la. petite.
CotLe fois I.e juron vulgaire échappa au baron,
mais Marguerite n'y prit point garde.
RoouJ, brusquement, quitta la ch~br.e
e.t, d'un
pas rapide, reto.urna. au garage.
Beppo avait prévu ce retour et l'ordre qui sui:vrait. L'auto étalt là encore, prête au départ.
Le baron y sauta.
- A CI Mon Bonheur ". vite 1...
A voix basse, il ajouta:
- Un sale CQUP, peut-être.
- Peut-être, répondit Beppo.
XXII
PRIS AU PI~Gm
Les CI affaire<> Il d'Isaac Siméon l'entrainaient souvent fort loin de c.hez lui. Il avo&.it des CI d}.~ents
"
un peu partout, un peu daIDs tous les mondes.
L'usurier, qui prêtait un louis en rechignant à
de pauvr.es hères contre un reçu de quaran,to
(francs, pouvait avancer }.a IorLe somme à un fùs
\ 00 fa.a:niUe mis à sec par la dame de pique ou la
dame de cœur.
Le prooédé alIors variait légèrement.
Isa.a.c promettait par exemple deux cents louis,
con.t.re un reçu de quatre cents.
Sur ces deux cents louis, lors de la signature des
.bi1lets. il remetLait à l'emprunteur mille francs.
CI Pour le
reste, disait bénévolement le brave
1homme, revenez d.em8jn.
El le pigeon nalÏ revenait... pour recevoir, 0.11
flieu de l'argent attendu, des ü(res de propriété sur
Iles objets les plus invnuisamblables.
Pour l'achat, la ven!le des objeLs exLnao~dijrs
1dont il payait les go~s,
Siméon sc livrait sou ven t
à des COUI'ses lointaines.
C'cst ainsi qu'il se lrouva un soir à l'heure où
la nuit va d cendre, devant l'élablissement du
docLcur Probe à T{·u illy.
IcSaac col1l1..l11L le docteur.
Avanl que n~
90it suJûsammcnt achuland 'e sa
maison d~ santé, M. Probe a dl1, CIJ1 un lemps de
misère, recourir à cc l'obligeance Il de ru urier.
Jamais Simc'on l1C sc désin,téressait complètement de ses anrjC'ns clienls.
« Qui a emprunlé, cmprunl.cra Il, sc disait ISMe.
En ce qui concernait M. Probe, le juif se trompait.
Availril trouvé (lrèl.cur à de moin.s dures conditions, ou, s'élKlilrl,t liré d'embsd"l'ss gr~e
à son
adresse et à Lo soupiles.se de sr.. conscic:nce?
Toujours est-il que Sim60n n'l'ut pus le plaisir
de l'CJprendre Ir c10cLeur dans s<JS filets. Cepcru:1ant
ce soir, en plLc;..<lIlnt devant lu maison de san lé, il
s 'arrêta et conlemp la avec intér t la belle grille
doublée (le \,Ole ct les murs très hau,ls, sans une
ouverture, derl'ièr" It'...squels s'o,britaient le pavillon
du directeur ct 100 co/'ps de bll.liments réservés
aux pensionnoi)'('s clu docteul' Probe.
auc, a..wmt suffisammenl rognr<1é, aLlait sc décid-er à s'éloigner, lo rsqu<l la gl'iJJl·c s'éobraOllra : 100
batl.n~
1&..I'gcmr.nl s'écarlère.nt pour laisser sorlir
une nulomobile. Il sc rangea. cL s'aplll.liL mO<l.ooLement contre ]e mu!', obéissant il son humbl>c el
prudc.mLo coutume de !.cnir le moins de pln.ce possJ..blc, afin de n'(>tl'c poi,nL romarqué.
Le chanrCeur n'avllil IJas cl" mu sque. TI ne prit
point garde il. l'homme l'n.ngé conlr le mu!', mais
J'homme le vil. El, don s s ~
v{'\I·x, s 'lt.lllllnn llDe
avide curiosité. TI IJlong .n s on· r S·J.rd à l'iulérieur
de III. voiture. Un Jomme s'y ll'OuvniL seul.
C hli-Iù nw~si,
T ~lUC
le reronnu\.
n la~sn
flIer' l'I1ut().
Le concicrg(' fermait la grille, lorsque le juif
:l4!'111 deva.n.t lm.
1)
La 'Petite
Il
'Deux Sous
Il
~
- Pardon ... j'en Lre.
- Monsieur, l'heure des visites aux maJades
est passée.
- Je ne viens pas pour un malade.
- Monsieur le directeur ne reçoit plus à parLir
de cinq heures et demie.
- Il vien t cependant de recevoir ?
- Cas personnes sont arrivées à quatre heures.
D'aiLleuil's, je n'ai point à di sou ter. Je vous dis de
ne pas entrer, vous enLrez tout de même. __ AJloez
VOI1S casser le nez à l@ porte du dU'eoLeJw' si le
cœur V.Q\lJS en dit.
'
Sim60n courba l'échine. Il était accootum6 aux
rebuffades ct ses neds crussent été insensibles à
de plus vives insolenc.es. A pas menUiS, hl sc diri<1ea
vers le bul'.e.1.u.
0
Au valet de pied digne et gou,rmé qui lui avait
ouvc.rt la port.c du pavillon Isaac se fondant en.
courbettes et en grimaçan.U; sourJes, avait remjs
sa carte:
ISAAC SIMEON,
Antiquaire
Pas d'al~.
Au crayon, l'usurier grirronna :
CI Pour affaire .urgente, du plus hau·t intérêt. li
. ~e
valet d~
rled ne parut point surpris qu'un
VlSlteur de SI piètre aspecl se crot certain d'(!tre
reçu et d'intéress·er le po..tron.
Sans do.ut.e, son expél'ie.nc.e de larbin lui avait
appris à ne jam ais préjuger des décisions des
m~lres
et. d.e l'iJ?.porlancc des gens. Sail-on jamrus ? 11 tntrodUlsJt Siméon dans UJle pièce d'aLten Le et dit :
- Je ':'als m'assurer si monsieur peut l'eœvok.
Il revll1t., annonçant que « monsieur li allait
hientôl revenir. L'atLe.n!le se prolongea. L'ombre
ISe fit c?fipl~e
dans la ,petile pièce où le visi!leur
atLerudmt >Cl Il commença.Il à sc sentir mal il l'ais.e,
vaguemf'nt rrl'ayé d'il ne savait quoi, lotsque le
docteur Probe parul enfin. Son abo,pd f,ut clMl'mant.
- Eh 1 bon.jour, mon cher monsieur Siméon ...
Très enchanté 1. .. Asseyoz-.v ous donc_ Puis-je quelque chose pour vous sel'vU'.
Il fil jou.er l' ékclri.cité. Isaac cligna des yeux
comme un hibou ù la gl'llJ1de lumière.
le doct.cuI', vous deman- Je ven.ais, mOI~iour
der quelques ren seIgnements sur vos prix ... sur
le genre .de f!1alades que vous recevez, sur ...
- DbllrCl']CZ-VOUs, par hasard devenir mon
pcnsionnn.ire ? r~ila
le docl.cur Probe.
non 1 Si moi-mêm.e ou quel-:- N<1D, m~ : )O.!'uerl
quo n.n cl s mlCns IlVl0t:lS le malheu·r de pereIre 1
r~Jgon,
nous y ,e pOllrl'JOns, ie le sais, am bi lionner
KI Nre reçu . ICI. VOtl'<l maison n'esL poin.t pour les
pauvres gens.
- Eh 1. mon .l1mi, il y Il plusieurs classes pn.nnl
nos penslOnnalr
Ceux pour losqu Is la famille
s~
monll'e <lxigoonto, qui doivent, par exemple,
vivre lA?u-t 0. raIL ~ part n deos petits pavillons t
Olre SOIgnés spéCIalement, ceux-là naturellement
pa.ycm·t pl,us chC'r.
--: Pr6ei.s ément, la personne qui m'envoie voudraIt aVOIr J?!lur... . en~,.
pour I~
ma!a;do qn'on
v.Qu~
cOn.ral~,
~ ~Sl!0sOn
de l'un d VII..'i J1etitH
pavl,Il?ns. ~als
J ru bien pour d'arriver t ,p l ard
et qu I~
salent tous occupés. Vous venez SODJ~
dou~
d e~ réserver un, car Monsieur l<l buron de
Fol~r
n est pas un homme ft se conl ntel' 'du
régime commun J?our une personne de sa fnmillo('.
- b C mmcnt, dinbl. sav('?;-VOUS L. s'écl-in fil.
P 1'0 e.
- Je. on~s
parfail.cmcmt monsiew' le baron
et aussI monSieur. B~po,
son chaurreurM. 1 roh asu~eti
son bin9Cle
t son rC''' ' l'd
pcrÇM.t chercha à déchWre.r \'( ~ ni'gme
du VI ~ U : . ,
?hufoll.1D ct J'eLors grimaçanl devant lui. Ill' (;/1, 1Il ou Ju st, que prétend-il l!p'cndr~,
cet hfl l1 ll1 .
dont ..1. Probe a el.e bonnes raisons pour l'c.lrmt,,·l'
�•
La 'Petite " 'Deux Sous
~
U
La o8JllJ8.ilIerie '1 J.ga,ac vit cette héisit&iJOn. Il reprit,
av-ec \ln bel 8Jplomb :
- J'espér.a.is arriver à temps ce soir pOlUl' rencontrer ici Monsieur 1e baron. Je savais qu'il
viendrait - cela m'ellt évité d'aller demain villa
. Marguerite. Quand on est occu·p é comme je i.e
suis, ces déplacements ...
- Enfin, mon bon Siméon, qu,e désir,ez-vous au
juste '? RencOOlt.reŒ' MonsiJeur de l' olbeTt ou me dem.ander les co!llic1ition.s pour un m&J1ad'e ?
- Les deux. J'ai ma'nqué Monsieur de Folbert.
Voul·ez-vous me donner par écrit les prix ?...
- Voici u·n prospectus. Tout y est prévu. Cependant, on peut, de vive voix, discuter et s'entendre.
- Merci, Monsieur ].e docteur.
M. Probe se leva. C'était un congé.
- Sans doute, dit hUiffiblement l'usl1I'ier, l'heure
est passée de varus demander la fav eur de visiter... J'ava.i.s promis de rapporter des détails
de visu ...
-
En effet, à cette heure les pensionnaires vont
. Qu,elqUJC's-UllIS Les agités - QlIÜ leM dou~
che ...
- Ne pourrais-je me prom ener aU moins dans
le parc... voir l'extérieur des pavillons ? ... R evenir me sera difficile ... EL je voudrais lant qu e Le
malade dont }e m'ocC'l1pe soit amené ici! Je n'ai
pas oublié los frons rapports que nous avons eus
ensemble, monsieur le d,oc teu r, .ct je serais conlent
de vous r.en,dr.e service, ·en rendant service égalemenl il une fnmi.lle dans ... l'em barras.
Cette fois, Isaac lou-chait jusle.
A son accenl, au léger ul'l'êt dont il avai t fait
précéd·er le mol embarras lui don:nant ainsi une
valeur de sous-.cnLcndu, M. Probe dressa l'oreille.
Si réellement on vielü lui pl'opooer UIloe (( Blfaire II il s 'agit -d.e ne point la laisser échapper en
mécontentan t l' inlermédiliLre.
- V.eœz dit-il, mon cber monsieur Siméon,
faire voir tout ce que je pourrai, étant
je vaLS vau~
donné l'heure Lurdive. Il faitCll cor,e jou.r dans le
parc, heureusement; vou.lez-vaus me sn ivre ?
- Que je vo us remercie, monsIeur le docteur!
s'écrin, Siméon.
EL il se précipiLa sur les pas de son gnide.
Derrière le pavilJon dir.ec LOl'i n.1 donl une cou.r
J)avée le s6pruraiL, s'élevait un MlimenL carré à
deux éLa.ges sou'lemen ~ aux fenNre s gr'Ïllées.
- Ici se lrouvent les malades de secon{]e classe,
d\! b~tirne.
les lro.nquiUes, dan s. 10. partie ~nuche
A clro it.c son t les ~glés.
J' en 81 peu pour llIlsLant.
- Cepenclan t, ces cris que j'en lends? di t Isaac
qui do\)venaü livide.
- Ln cloulChe, expli.qu.a briève ment le docliCur.
A1LlOI1S plus loin. Voici devant vous, sépQ;rés les
U!I1s des au lres par des arbr :! vertR - choisis
P8.I'ce que, toute l'année ils forment un rideau do
verdure - voici les quatre p0lils po.ymons donL je
dispose. C'est peu mais peut-Olre pll1S lard pO\lJrrai-j.e m'agramldir. ~
d€rniel', là-bas, es t inhabité.
Je puis vous Le faine visUel'.
- AIJons 1 répondit Isaac, frémissanl de sa
bonne chanco.
POUl' alLcindre au fond du par'c le dernier pavillon il fu;ll.a.illongcr Ics trois auLnes· Or, qui sait
ce qu,c, en passan l, des oreilles ct des y.eux bien
ouverts pOUDTaiClIL surpreryd l'c ! Ilu pr.e mICr ~vtJ
Ion, 1lne voix s'élevait, ml11s n{ln pour une plmnte.
Dno femme chanl(üt.
Au second pavillon, un silence. profond rêgnait.
Sa.ns la lurrniè.r.e qui, déjà, br'i1l8.lt à. une fenêtre
On ul1rsit pu le croire jnha·bi ~6.
En arrivant éIIU troisième, le docteur pressa le
pas. Moais Si:m6on feignit de ne pas 1 emarqu,er
cette hê,t.o d, al1 con.L.ruire, l'olen li L:
.
On -cn LcndaiL à. l'inlérieur une VOIX ru.de qUl meqn1 cl'iaj t :
. llaçuil ol une voix S1UlP.pian~c
- Oc n'est pas vra'l 1 Au secOl1fS 1 Je ne suis
d~n
er
pas [()lU!... Qu'on me rende ma fiUe ... MargueriLe,
Marguerite! Mon g,endre est un misér&b].e. Marguerite, viens délivrer ton père 1...
Isaac poussa un long soupir.
- Pauvre Monsieur MarLet, diL-il en rejoignant
le docteur, est-il assez malheUl'e'Ux 1
M. ProDe fr()[)ça les sourcils.
Mais le. visag-e :de Siméon n'exprimait éllUcunemi:mt le tri-omphe de qu elqu'un qui Il intérêt à surpr.endre un secret. Il semblait vraiment parler d'un
fait connu de lui d'avance.
Le médec1n se rassura. Ap.rès tout, ce juif est
8:ssez canaiUe pour êbre mans ],a oooo,oo'lloe.
Cependant H ne répondit rien et entralna Siméon
à ·],intéri.eur du derni,er pavillon, enwre inoccup é
afin qu'il en pùt IdécriI"c le co-n.fort à ooux qU.i ]'a~
vaLent ch.argé de sc rensei gn el'.
Lors qu'au retour il repassa d<want le pavillon
de M. Martel, 1e paiUvre homme ne cri-ait plus.
1"1. Probe reconduisit le visiteur puis r,evenant
S~H'
se~
pas se rendit au.près de son· nouveau pensl-onnt\ll'e. Il,Ie trou va couché, .Ies bras emprisonnés
dalls la cam.L$o1e de force, 100 Jambes li ées. Prè s de
lui, un gardien se tenait. Un gaillard à LoiUrnure de
IUlteUü, au~
yeux du.rs dans UIJe figure bestiale.
- Eh bIen 1 demanda le docteur d'une voix
douce, ·est-o n calme?
- Ah 1 oui!... J'ai dû. lui melLre la camisole et
lui I.ülaclie.r les jambes ... Il aumit fini par faire du
vdalIl ... Il est dangereux, oe vi·eux-Ià 1
M. l\l.urtet tourna vers le méd-ec in son pauvre
visage convulsé.
- Calmez-vol1S, mon ruui, c.almez-vous.
- Monsi.eul', mOllsieur! Je ue suis pas fou .••
C'est une indignité 1
cc Laissez-moi vous r oconicr. - On m'a amené
chez vous sans me dire où l'OD me conduisait. Il
y a deux Jours, un homme que je ne conn.aissais
pa.s, M. Ornéry, .est venu ... qui m'a, renù-u à moitié
fou ... Non, 1l0'1l, pus ce mot-là! Je veux dire qui
HÙ\ fait l'·a conler d-es eh~s
qu e je ne .devais pas
JLIlre cUIllla1Lrc. Et de-puIs, j'ai bien vu ... aIl me
surveillait. Mu fille n'osail plus )'e.s ter seule avec
lJloi ... On éloiglluit Illon petit iii ... Mon g·enLlre ne
Il le quitlait pus, uujounl'hui il n voulu me jJromeIl er CIl aulo . J'ui accepté, ct l'un Hl'a amené ici
SUIIS lIle ri·eu dire ... EL Loul dl! :;uiLc on m'u pr'is:
on m'u enfermé ... c'est Ull guel'élllc IlS ! Je me plaindrui iL la juslice ... Vous PIl l'épuÎlIll'ez. Je ne vt'ux
pus r€st·er ici... Lochez-moi, misérable 1
11 s'-exc iLait ùe nouveuu.
Le ùut:Leu·r Pro·be, so ns élever lu vo.ix, déclora:
- Si vous ne vous Lenez pu s ll'Ullquille, si vous
cri ez, on va. V(lUS doucher.
Les yellx de 1\1. I\oltlrteL S'OllVI'i l'C llt ùémesurém ent
ses jO'Ul\S devinrent cramoisie,". 11 se mit Il trem~
blol' et il gémir COTllllle un )lelit cnfant.
me pe·l'suntlel' que vous avez votre
- Vous voul~z
b Ull sens, l'cpl'll le ùocteur, l'c!:>lez c(rlme, alors,
soyez suge. ün vous rendrn II votre nlle si vou.s
n'Cl-es pus malade.
- ç'esl.;. c'est vrai? ba.llJlILia le malheureux.
- Ce1'luulcITlenL Muis pa!:> l(~It
de suile. Quand
vous ltI'e~
.1)JI(~é
que l'on s'cst trompé en vous
umennnt ICI... Icnez, je vais VOus rnontrru' ma.
honne volont6 ... Ne m'en fnilo s I>as r-epenlir 1 Me
pl'OmeLLez-vol1s d'6lre doci.le ?... OÎt va vous dé1Ler.
- Oui, oui ...
- Déliez-le, l\holI, relirez lu cümisole.
- Il va rocommCJ'lCetr.
- Non. Je suis corlaül que non ...
- Non, non, promit 10 pauvre hommJe.
On le ùt\livr-a.
11 s'uss it su,r son lit, regun]n 1\1. Probe, HliuIf,
son g,lI'dieIl, puis l.Juisso. 1 . yeux.
II ne s/wail IClluel de ces ci eux hommes l'épOllvunLuH 10 plllS, eL il cou t enco!'e envje de crier à.
l'nille, de lenler de leur échoppe!'. Le souvenjr de
10. ruùe poigne do Hholf s'ulJallunt sur ,l ui to.ut à
�La 'Petite " 'Deux Sous "
""beure le fiL se contenir. Il essaya d'espérer, se
répétant: Il C'i!.'3t une erreur que l'on reconualtra
yit.e ... li
[\(ais il ne pouvait croire à celte erreur, ni comprenrl.re ce qui l'avait amenée... et l'horifan~
conviction le pénétl'llit que son internement aValt
été voulu, prépuré, pur ceux sur qui reposait toute
aa tendresse: son gendre ... sa fille.
Oui, il en venait ù accuser sa fille!
Comment supposer qu'elle plU se laisser si complètement aveugler 1...
.
(( Pourtant, sollgeait le malheureux, j e n'élUls
pas gênant ... Je l'uilllu.is de toute mon o.me et sans
égoïsme: je n'ai jamais prétendu assombrir son
boolleul' pur mu tristesse ... Et elle ... eHe avait un
si bon petit cœur 1 Elle paraissait me bien aimer
aussi... Non, non, c'est impossible, mon eillant ne
peut être criminelle 1... ))
XXIII
RÉDECCA llENTnE EN SCÈNE
Ce jour étant un dimanche, Isaac Siméon en profita pour ne point ou vril' son magasin.
Les .... oleLs de fe r l'estèrent donc rabattus. Seule,
la parlie basse de ln porle fut dégagée.
Cela !nisait COlllllle une grande chatière par où,
de grand matin, 1'.Jll) e Siméon, revêtue de ses plus
beaux atours, s'était glissée au dehol's.
- TAche Ge faàre de la bonne besogne et dépêcbe.
toi, Lui cria 90D mal'i du fond du magu.<;'În.
- Pas peUl' 1 rél,ondit la douce Hébecca.
Et l'éclair soudainement allumé dans ses prunelles toujours si lIIornes, la crispation de ses lèl'res .en disaient long sur ses intentions.
Depuis 16 v-e-i11e au soir, depuis qu'Isaac, de retour de Neuilly, uvait appris à sa femme l'internem ent de M. Martel, ceJ,~i
ne décolérait poo.
- Alt IliÙS encoril, gl'onrlait-elle, lambin! Perm ets il cet Individu de réussir en Luut 1... Apr s
quoi tu seras tout étonné quand tu voudrus [eJ"!JI(;r
!e pil!ge, de trouver l'oisea'u nvolé. CI'ois-tu Qu'il
s' éterni sera il Paris, même en Fronce?
- l\Jllis oui, mui s oui .. . A quoi bon pOUIf' lui grossir un magot donl i,1 ne pou,r rait jouir? Car où
peut-on jouir de fJ'"elque chose sinon ici, dans co
ben u Paris où l'on llT'rive il se cacher aussi bien
qtl "O fnr'êt viprgl' ?
- Eh ben 1 il s'y cachera, dans la forêt vierge,
BI t aimes u!i('ux c,:u t PUll!' toi, (;u r vIent au III '1IlC.
Qu an.d on nous a volés, t'us dit: (1 FUUt que jc me
dépêche 1 1) Et pui H, maintenant, on diraIt que t'oses plus ... T'es un tache 1
- Oh 1 dis pn.s ça 1
- T'cn donne l'HS l'air, alors,
- J'altends te !llomenl. .. Je surveille,
- Oui, joliment 1 Tu ne suis mOle pas cc qui
6 pMRe à Snlnl-GNrnain. Sanll l'husnrd, Lu ne tl'
dOIItel'ais seu,lempnt pas que le beau-pl!re est piqué.
- Savoir 1
- Su.voir quoi?
- S'il est loqu6.
- Oh 1
- J 'ai id qu'on lui a fuil un Sille coup, au puu:\'1" ' mon ieur, n l'enfermnnt.
- Oh 1 fil eneore l\ ébecca. ça c' st. .. c'cst. ..
T'.lle ne IroILvlllt {lns le (IUnlinculJ [ pr'i~nuL
C Helen t son admiratIOn pOUl' lino Ri undl (!icm ' 11IIbil'Lé Che'l 1 b Ollrrf'JlI. Simérm lui vi.nt n aide,
Cn, dit-j,I, c'e ,[ l!'l!:; rouhlord,
ju toment, Il/H'r'C' CI" 1(' hUl'on est hnbill' .. . lu
te méfior, Et moi, je pr(otrn.ds qu'y faul 13111'i" de plnH prl' Sttinl GC1"Olnin,
On rn'Il fai l N<Lvoir qu si je me montrai trop
Jl
• nl. ..
l' mon tre pa!! 1
.
or . jf' rlf' vf'rrn.i rien, non plu s 1. ..•Te SUlS
~
pas invisible ... Je peux pas rôder aulollir de la villa
et interroger les gens sans qu'on me voie ...
- Que les hommes sonl maladroits! grogna Mme
Sim·éon.
- Vas-y toi-même, la vieille, si ça Le chante.
- J 'irai dema.i.!Il.
- Bon voyage! fit Isaac d'un air détaché.
Mais la nuit parLe conseil. Le matin v.cnu, Siméon
ne tmite pllLS le vuyage de Rébecca comme une simple fantaisie de fell1111e curieuse. Après tout, elle
Il raison. Il serait bon de ne point perdre de vue
ces gens-là.
Or, depuis la visite d'Yvette ' chez eux, les brocapteurs n'ont plu.s enlendu parl er des hôtes de la
villa Marguerite. Siméon, d'ailleurs, a été absorbé
par les recherches auxquelles il s'ost livré sournoi.sement pour découvrir son voleur.
Un point reste, pOUl' le juif, particUilièl'effient inquiétant. Il pourrait expliquer qu'on se soi t emparé
de son trésor .en bri.sant le tiroir, mais comen~
a-t-oo découvert le secrel du cadenas?
Siméon, sellll aujourd 'hui en sa bouLiqu.e ob~l!'e,
s'acharne à creusCJ' l'obs éda nl problème. Et une
pensé.e qu'il a déjà souvenl repoussée comme par
trop invraisemblable, le hante de n uveau, s'impose il lui..
Ce Beppo aux jolies manières ne serait-il pas l'auteur ou le complice du vot ?.,
Qui l'aurait arr6té '/ Pos la présence de l'idiote,
bien sl1r. Rébecca lor que son ma.i ~ui
Il fait pOl't
de ce soupçon s'est inrJi.gn ';c.
Ça, par exemple, c'est t.rop for t! Accuser un monsicu.r· si aimable, qui l'a si bien sOI.gné.e, courant
chez le phru'mlloCÎen - el 00 n'est pas ~a porte à
cOté - lui ncheLarü des sels qu'il lui a laissés en
hommage 1... Ah 1 non !... On peut être inju Lé,
mais il ne fnut pas êLre bêle, d soupçonner le chauffeur du baron c'est être plus que bNe 1
Siméon a paru s'incliner sous l'algarade, mais
le doute reste eo lui,
Il Eh bien 1 se dit le jui[ que la bi,le étouffe à
crLte idée, si c' es t lui il rendro gorge &.vec son
111 alt l' e, je le lui pl'oTllI'Ls. Ah 1 lion, ClI
I~ ';4,
hl ne
fau t plus Lal'de.r il m ettre 1 feu aux poudl'cs ! 11
Ré) occa ne reviT}'l citez oH q\1C tU.l'lt daJf1~
1.'1 jou I'noe. Elle s'c'ngoulfl'n, com~
lm f'tüCll IlOlIJ'&lIivi,
dnn...'1 l'o1vr~Ie
busS{' eJ,e la pal te , puis s'n.l'rNa,
sufT,oquée en v n&Jll de dehors )1111' lu. nuit cl l'u,lIlU&ph'~
cmpun.nl.ir de la boutique.
- Isaac, t'i!.'3 là 7
- Oui ... je dormais, je crois ... Tu In'as fait peur.
Qu'est-cc qu'e t'as?
r-lalgré !'fl s-omnl~ce,
it avait sai~
i le trOllble de
la voix. Rébecca haletait.
- J'ai ... j'ai ... Ah! Y s' 11 passe de belles 1
- Mais quoi?
.
- Allume d'abord, L pUIS dOllDe-moi à boire ...
j'étouffe.
"
DarU m en t, le vie ux fit de la lumière. Puis il alla
dans l'al'ribre-bouliqllc cl revint avec un verre
d'eau.
- T'as pas honLc 1 rugit R{·becon. De l'au ... de
l'enu il. 'Une pauvre f mme flll'U trimballé toute lu
sainte journée avec 1111 pain
del1x sous dans l'estomac pour Lout déjeuner 7... Mulh ur 1 Donne.
moi de l'eau-de·vie.
- Mais ...
~e
l'eau-fj -vic, je to dis,
- n.lJ~oi
- SI III n a~ rien nlnn"{·, ça 1 kl" mal...
- As-liu flnl 7... Et pui" fni!'1 'C CIIIO je tr (li.H. J'!I,i
besoin cie me remonl.{' I', Et l.ni l\1I~i
t'UllJ1(IS besoin
de te r omonl r, ql1u,nd ln !'fl Il 1"HS.
'l'II me donnes ln f!nll. sc ...
- Y >Il clo quoi 1... VeJ'Sc fi boire ...
- Tien.s. rtol'onLI', ft {)J'lofe'nl.
- Ah 1 ça. foil han 1... Ouf! 1 Eh 1 ben, voilà.
Mnclunle Mtll'Iot st morLe ...
- Morte ?
Et cnLorr6e. Oh 1 t'u pas besoin cLc com-
trc
�~
La 'Petite" 'Deux Sous
47
H
me.ncer à lever te~
bras en ['air." Si tu dois crier à
chaque cowp, fauL lie préparer : c'est pas fiul. Pour
lUl homme qui {( snJ"V·eilJ e » si bien les gens, y devrait au moins savok quand c'est qu'on les porlie
lU eimeLière.
- MOI'te 1 Madame Martet morLe ! T'en es sllre ?
Qui te fa dit ?
- La boulangère à qui j'ai acheté Je pain de mon
déjel1ner. C'élail la boulangerie La plus pr.oche d'El
la v~la
. Je lui ai dit oomme ça : « C'esl-y vous,
madame, qui fouI'nissez la vlllu Marguerite ? li
- « Voui, qu'~I1e
me r~poqld,
mudame. li - « On y
est dll.Os la peLne, que Je dls )J. - (( Croyez-vouSJ si
:C'est un malheur! qu'elle me fait )). ~
« Ben sûr
{]:lLe je lui di,s. Le puu,vre monsieur ! C'es!,..y v~n
tout d'u~
coup? Il - " Hen, qU'elle me r6pond, c'est
le chagI1n Il . - « Le chagt'lll '1 Il - (( VO\.lJi madame
comme je vous le dis. Y a encore des 'maris qui
aiment leurs femmes, même quand elles ortt les
cheveux gnis. C'e~t
. consolanl il pc,nser. EL lui, le
brave monsleur, id éLalt de ceux-là. QU<lnd il a vu
sa dame morte, comme ça, lou,t d'un coup, ça l'a
sai L .. )) - Moi, je ne di s.ais pl.u!:> rien. J 'é lf.1.Î.S
sa.isi,e aussI. EL pu,is, je voulais pas ~aire
vok que
je \Savais pas que mad'ame l"lul'let était morte. La
bOl1langère reprend: " Mourir comme ça, la nuil
~n
dormant1 y en a qui d i,sen t que c'est une bel~
mm'L. Moi, J'aimerais mieux avoir le Lem.ps de me
retourner, pour sùr. Le pauvI'e mo.n,sieur se trouvait lout sellol quand c'e,st arrivé. Mo.do.m la bo.·
rOnln,e de FolbeT'L, sa fille, et monsie-ur le baron
étaient absCJIls. lis sooL vile revenus, vous pen.a€z ! Heureusement, Il y avalt lJ. la villa une dame
médecin pour soigner une pauvre gosseUne qu'on
avait ado!ptée. Car c'est du monde bon comme mOIn
pain, je peux le dire. Je les cann/l;is ! Ils se ser'Vent chez nous depuis qu'ils viennent à la villa
MargueriLe. )) Je d,e ma.nde : C( El la gos&eline
qu'esL-ce qu'on va cn faire, à pr&senl ? Il - C( Ah i
madame, voilà bi en ce qu'on flle suil pas. POlir l'instanl, pli l1 'e,~t
pus ioi. Elle avniL une mnladie contagieuse. Alors, l'flpJlorl A.ll pelil de mndnm<, la baronne ... n - « Une maladie! Depui s quanti donc? Il
,}'ûlnis bleue moi de penser qll'on avait mis
Yve tte ÈL l'M'pilaI sans nous prl'verllir. « Tout juslo
aprè lu mol'~
de madame Madet qu·c dillu boulangère. On l'a emmenée dans une villa qu'Hf-; ont
aux Loges - C( Mon Bo.nheul' Il qu'elle s'uppelle, 111
v~l1a.
- avec la dame médecin qlli la soigne . .T-e
sais ça par la cuisinière: o.n cause, n'est-cc pas ?
M~me
la femme d(l ch'ambre à mac1l1.me la hlu\onne
y él.n.iL aussi, è. C( Moo Bon he'11I' n, pour sC'rvir la.
<lame eL sa malade. Mais elle CoHt revenue ces jOllrsci, L je lUe serais pas étonn é qu'i,l y ait clu nouveau là-bas. La cuisinière, quand j lui s.i demandé
des nouvelles, m'a dit que mndernoi!';ûlle Hé].o'j,SoC c'est la fcmme de chnmhre il madame Ill. har'onne depuis qn'elle est de retaur, ne desseTTe -plus les
<lents. Qunnd on J'interroge, ell e répond: (( J'ai pas
à m'occuper des afflllr-es des malLres. Il
H6bccca oessf1. Œil Înstant cl pUI'ler, but un,e seoConde rasade d'eau-de-vie el reprit:
- Tu pcm'9e6 si j'étai.s suffoqu&e <l'onl,endOO,
Isaac se Laisait. Douche bée, les yeux fous, écrn13é par tant de nouV'elles dmprévues, il écou~ait
Rébecca.
- Nn!Ju
, relcmn~
je me dis louL de su-iLe : fi Jo
vais aller aux Loges Il, J'y ai été, j'ai vu la vj]Ja
Il Mon Bonheur )1 fermée, p l'les cL fen ll'es, comme
:.I3i, d()puis des mois, personne n'y dem lIrflit plus.
D'ubol'd, j'ai pensé que la }}oulanf!èl,{, s'éloit Ll'ornP()o de nom, ou qu'il y avait dellx (( j'vlan BOtll,heur li.
J'Ui demandé li des voisins ,'li c'él,nit lJiC'n liL qu' n
ollVnil appor.Lé une mall1.c1c. Oui. l\1-uis on ne savail
pas (j'llund elle é~lIit
partie. On me diL : Il Si vous
'vou 1er. rn appri'ndre pluf! long, demander. à. la fcmime qu'allait travailler là. Il - (( Bon 1 que je dis.
Ûù qu'elle demeurc ? » On me J'enseigne, t'l m voi-
~
là p,~tie
à la recnerche de. la femme de ménage,
Je 1 al trouvée ... Donne-mOl encore à boire 1
Siméon vers.o, il ne prof,cslait plus, Rébecca
avala sans sourciller l'alcool dévorant et reprit:
- J e l'ai lrouvée ... el sais-Lu ce qu 'elle m'a appr,is ? Un matin, pendant que la femme de chambre était allée en commission, la dame médecin
a enlevé la petit.e Dcux SOM 1
- Oh 1
- Ne reoommen,c-e pas à crier! C'e.st comme ça.
- , Non! C'est l'e baron, vociféra Lsaac ; il a voulu
se débarrasser d'elle.
- Pas du lout 1 Je l'ai d'abord cru aussi. Mais
quand il a su la chose, le baron , il est arrivé tout
cDu.rant à. (( Mon Bonheur ", I.lvec monsjeur Beppo,
et ills étOlent verts tol1S les deux, qu'a dit la femme de mé.nage. Elle les a bien vus, puisqu'ils l'ont
qu psllOll l1 ec.
Siméon s'erra son front à deux mains el de ses
1~."I
'es
. blêmes tombèrent d'effroyable.s jurons. Sans
s mqUléter de la fureur de son mari Rébecca le
huc
~L
'
- La voilâ envolée La petite Deux Sous sur laque.Jle tu comptai,s si sûrement 1 La voi.là disparue ... Ben lu' peine de nous en encombrer peiDdant
quatre ans!
- Elle Ifl'OUS a valu l'argent de M. Martet, dit
malencon lreusement Siméon.
- Oui, glapiL Hébe-cc.a, parlons"'ÛJ1 ! Envolé com me Yvel,[ , l'urg nt! Ah! lu p€Ux te vanter d'être
habile 1
~t,
1nspirée par J'alcool, Rébecca à son tour dégOIsa les trésors de son répertoire .
~Iméon
dans le besoin de s'en prendre à quelqu un riposta menaçant.
La fe';lme leva l~. poin~
; une gifle répondit à son
ges t.e. El ce fut 1 1!(1wl)le pugilat entremêlé d'insultes et de mols immondes.
'
XXIV
PREMIÈRE ALARME
Après Ire départ de son pè.re ponr la maison de
sl1nlp, M:1rgu .1·ltl' tir Fnlhrl'l (]r, 'lnrn à son mari
que le séjonr de ln villa lui étaiL d('vcnu insupportahl · :],e souv nil' de ll'Op dr \.l'is;(~e
Les choses mis-cs hlHivemen'l en ordre, on pflTt.it.
Ce fut llne douc ur pour la bnrOlll1C de se retrouvel'
dans l'hOlrlll de la rue de Lisbonnl' cadre charmanL
de S(>S '[l,I:emi 1'S mois de bonheur:
Très vIl.c, le baro!! en homm e pratique s'inquiéia : on ne peul ,la~&er
III forlul1r de M. Mnrlet
entr les mams d un fou. Il fauL conslituer un conseil de famille.
- Mon pè~e
guérira, Il dit Marguerite. C'est
aff.re'llx de fal re consl,(l.Lcr sa foEe ...
- Lorsqu'il sera guéri, ma ch re amie on lui
rendra la libre disposiLion de ses biens. Mais jusqnc-là nous devon!'; à notre !ils d-e sauvegn rel r
ses in LérêLs. Or, tant que mon molhf'1U'e1lX beaupère n c.s ra. pas interdiL on peut tout craindre.
- MaIS chez le docteur Prone il est comme en
prison, il ne peu L rien f8lire.
- S'il ne peut ri.cn en mal il ne peut ricn non
plus en bien. All I'Z-VOllS lai s,c;er dormir ses revenus? Qui louchera s s OOllp'0l1S ct. <lui surveillerA.
Je CO\1l'S de seR vnleurs? Et l'MieL" pen!->cz-vOllS
qn'il soi\. raisoJ1nahle de le COW'Cl'vrl'? Votl'r pèr(',
s'il guérit, vtiV1'l1. nvrc nous . 11 n'n l1rn.i t d'ai11eur,
pas li ':3oin d'uno si gronde infilol\.nlion pour lui
seul.
Mnrgl1rrilc se laissa convainçl'r.
.
Le s Mn rtd n'o.vnicnt que . d,ps pOlrenlts loignéfl,
ahso,rbl\3 dillns },CI\ll'S ocrl1?l1,Ilons romm rcülJ,,,s ou
auLt'es cl n'ayanL pas, comme le brlw-père dn bllr?Jl do Jï'0I1)Cl~
COll{l uÎJS, avec 10. il".ichess, IO! drolL
(le r. r(\poscr.
�~
,
48================================
- Je me feTa1~
scruJp'llle, &t RaQUa., d a'ugmoo
Ler leurs t.racas. S'id vous oonviJenlt amsi, ma dhère, IlOllIS org.a;rris.erons le oonseil S6lIlS 6.'VoiIr reCOUirS à ms aJŒiés. Je caooaJ5 des hommes d'i8lfairas lrès experts, très oobi'l es ...
- Ah 1 f.a.i.tes pOil!' le m:i.eux, COIl1Soea1Jtàt Margue.r1te. Moi je n'en.1.endlS rien à oes tristes choses, et
m'en occuper augmente mon cllaga-in.
Ra<l'Ud s'eIlliPlbya avec un.e ooLiv.uLé foéibrile à réunir les six membres nécessaires au conseil de famille. Avant .la convocation léga1e qIl!i devait leur
être faite Hs se rassemblèrent rue de LiWonne,
chez le bar.on d'e FoLbe.rt.
Margue.I'1te leIS vit. Raoul les Jn.ui préserua.
C'étaient des noms qu'eJ.!le entendait pou.!' La
première foj,g, des visages jamaÏlS aperçus. Cela
00 lll1i. parUli point ex !Jraorxiinaire. Comment e.ocailt~e
COThflU oes (( hommes <l"aITaj.res », ~e
qu~
jamais ne s'était occupée de questi<Jns d'argent 1
S'il av,a it assisté à la réunion de ceux qui devaient gérer ses biens, <lU plutôt surveüler la gestion du tuteur qu'on allait chois.ir - et qu'elle seran)t ce ,LUlteur, sinon le gendre die l'ÎIn Lc.rdilt, Lemt
nat11re!J1emeIllt désig,né - M Martel ellt été Sltro,péfait de reconnattre, S<Jus le nom bien banal de M,
Du;pant, les trailts austères de 1\1. de ChQn eVI'€ll1se.
Beppo, qui se trouvait à l'eru!.rée Q'e 1',hôLcü 101lSque ces messiel1rS y parvi'l1lrenlt, salilla 1\1. Du~t
d'œ disare/. sourire. D'aIiReu.rs i1 ies acauealÙlail
«lUS d un reg.ard de CO'l1lOalssanœ. A cet imSl!.alIll,
le chuufCeulf ouillhait un peu son roI(} ~ltbaJen.
Quelques j<Jurs plus tard, le conseil fuL dùment
oonsti [,00.
A 'lia maison d.u dooteulr Probe, La onLre-vis~t
n'avait ame'I1é que la confirmwl,joo de l'éLnIl de M.
Marr'l€lt. Ge Dut UIl1e pénible scèn e.
Le malin, le docteur Probe vint, d'un ai:r souriant, trouver son pensionnaire.
- l'lIon cher mons.i€fUll', je vous ep'pocLe une exoel1enio no>uveUe. Deux de mes cOnlr;ères VOOlt venir vous eX3m.Ïlller. S'i.!IJs 50111t Q'''wvis que vous devez ~tre
rendu il. voLre farrtille, eh .bien! vous
ayanL trouvé assez calme cee; temps-ci, je n'y ferai point d'<JbjecLion, Ces meSSIeurs sont envoyés
ici par ordre pl'éf-ccLoral, alln de s'assurer de votre état. Vous m'avez aimable.monL accusé de vous
reLenir ici pour complaire à votre ge ndre ... Vous
ne voudrez pas, je l'espère, accuser deux autres
médecins de ceLLe m~e
entenle. P>ar conséquent,
tâchez de les bien cOllvraincre, car c'osL volrç doI'nière chance. S'ils vous décJn ren t mulade, m.ru.gré mon désir de vous êLre agréable, je screl rappelé au devoir de prudence el je vous rcLiJen<lrari.
M. Mart.cL sen li t son cœur sc gon ner do joie.
l!.niin 1 il raJ.Lait pouvo1r prouver aux autr'cs qu'i,t
était S>UJin d' prit.
pas de ciLer voLre soi- Je ne vous consei1l~
disant monsieur de ChOnevreuse il. mes conCrèl'eS : ils referaient pl'ol.HlblemenL l'enquête d6jà
faite et. qui pl'ouverait que vO,:!s a,:ez r~vé
Loute
oetLe hIstoire. Cela ne VOllS aIderaIt pOint i.l. les
convaincre de voLre pal'fait élat mentall.
M. MarLot ne I,(,po.ndit pas, Absorbé d~W1S
son
espo1r de délivrance il OIYaLa snns y goùl.e.r son
déjeuner du matin el ne s'aperçut pas qu'il avait
un gollL singuHer,
Presq\U} aussitôt lin étrange énervement s'empara du pensiollnaire du docleur Probe. 1.1 eut des
fourrniJlemenLs dans les jambes, un beSOI n de remuer, de s'ogit.cr, et lui, si calme 'pur prudence,
sur une obscl'v.nLÎon de I1holf se mIt en colère.
Le gardien menaça; 1\1. 1nrLeL g'exospém davantage. Une demi-heure plus tard, lorsque ~.
Probe introduisiL ses If confrères )1 dans le paVIllon, M. f\,ln1'lel, le!! bras empr'isonnés dans III camisole de foroo écumolÏL comm un Iurieux, Ccpendont, il s'Cl.puisa ncl Tl voya.nt 1 s m('decins.
- Docteur, gémit le mnlheureux en s'lIclress'llnt
à M. Probe, cet homme est uoo brute ... Commun-
La 'Petite" 'Deux Sous ,.,
~
de z-lu.i de me détacher. Vou.s savez bien que je
ne SUl,S pas fou ... Vous me l'avez dit vous-même ...
li s exaspérai'l d<e nouveau. Ma:lgré lui ses nerfs
le dominant, il volidait crier, frapper.
L'un des médecins élrangers s'approcha.
- Calmez-vous, mon ami, calmez-vous .. .
:- Oui, oui, doctel!r, je suis calme. Mais qu'on
m enlèVIC ça .. . Je vru.s VOus raconter pourquoi on
m'a cru fou.:. C'est parce que j'ai dit avoir été
chez un. spirite, monsieur de Chêllevreuse. Je vous ;
donner8.J son adresse. Et l'on prélend qu'il n'existe pas ... Il existe. Vous le trouverez ct vous verTez la chambre Lonte noire et la lable où EUr1énie
a changé sa lellre.. . Je veux dire. ..
<>
Il s'ar~l.
A l'expression_ des figu.res, il comp.rit
à qool pomt sas paroles étaient j'ugées incohéllelJ1tes, l 'I vit soo espoi.r s'évanouir, se f<ermer davantage Les portes de sa prison.
Alors son désospoü' devint immense 1 Et toujours en lui ce frémissement .nerveux j<nmais encore éprouvé, oette exospération contre laquelle il
ne pouvait plus lutter. Il se sentit devenir furieux,
vraIment, et cMont il celte colère qui le perdail,
il se remit à crier, i.l. s'·agiter comme un forcené.
Les médecins se retirèrent, édifiés,
Le rapport confir'mant la démence de l\'f. 1\1 artel fut .sJgoé par eux en toule trunqi~lé
de COI1Scienoe. Le Lombeau de la victime était défmiLive'linent scellé.
Mlarguerite, cependant, ne pouvait se consoler.
E~1
vO,uJai~
re~oi
son Jlè,re, offirmallt que sn
VISite l aplllsePUIL. Elle obl'rnL de son mari qu'il
l'aocompagne à Nenilly ; mois là ils se heurlè rent
il. l'inilexible volon Lé de M. Probe.
TouLe visite il son !,1eIlHionnni,re, pour le moment, demeu1'llit interdlle : son éloL, loin de s'améliorer, empirait, et IIne émolion ne pouvuit
qu'être l)OUI' lui funeste.
Marguerite revint ch e1. elle désespé rée.
Son courrier l'aLlendail. ElIc le dépouilla distraitement, .gans song-er i.l. vérifier les adresses
avant de déchirer les cnvcloppclS.
Flle s'orê~a
en voyant: Il ~Ionsicur
Te Doron Il,
e:, clIIe allait mettre de côté la lellre sans en lire
dav61ltage, lorsque son J'egard rlll attiré pOl' qllelqu es mots sou lignés (~'ln
trait épuis ct qu'ell e 1111,
presque sans le voulOlr : Il Pl'enez gnrde il. VOU!!, »
ans plus de oserupules MargucrlU! lut Loule Œ.a.
lettre. EIile él.ait brève.
(( 1\1on::;ieur ]e boron, écrivait-on, aVCZ-O~IS
oublié certain faH qui se possa un soit' - une nuit
plutôt - i.l. Grenelle, il y a bienlôL s,ix ans?
" D'aulres s'en souviennent
" Prene:: aardc à V01.U: ! »
Et p.as de signa lu re.
1,0. baronne de FolberL llaussu les épaules. Une
letLre anonyme 1
.
C'est-il-dire l,a chose du monde la plus méprioSabIc, Le premier mouvement de ,l a jeune femme fut
de déchirer cette lettre, PI1ÏlS ello s'l1tlJardof.: à la
mieux examiner.
Le papier 6~t
vulgaire, l'écritu~
petite, grinçante,. volnt.aI1e~
retoyrnée. MnTgueriLe plia
le CeuiJ IC.t. le remlt SOUS enveJoppe el, se rendit au
bureau de Raoul,
Elle expliqua au baTOn son erreur et lui conpas lire celte ~nepL
missLve.
seiUa. de ~e
~1rus
lUt Lint 8>U conlraire r'.t. en prendre connOI sance. JI la lut même deux fois sous] regard
de sa Cemme, étonnée de surprendre une légère
alér~Lion
~ur
son 'Visage.
OUI, vrrument, les lraits du b au Raoul ont u
un imperceptible frémissement en lisanL oos incoagérément dé
hérenoos ... et sa voix œL pcut-~.re
d,aignouse pou'r dire :
- C'~sL
un imbécile qui pense m'intriguer.
Il f!,olssa la lettre t ln jC'ln au panier,
l'vIru.s !Ol's quCl Margu riU! l'ont quitl6 il ln. l' prit,
la d6f~'o1Sa
ot l<mguemœL réOé.chil en 111 relisl1nt.
�La 'Petite" 'Deux Sous
~
De qui p ouvait venir cette mena'Ce qui - le baron .s'en croyai.t cerla.in - ne ~evait
être qu'un premier 81veM:tSsement, le preO'uer coup de fou ouvrant la. guerre?
Un soupçon lui vint, un n om monta. à ses lèvres :
Beppo 1 Le chauffeuT seu.! savait.
Mais quel intér6t aurait-,j,l, après tant d'années,
à devenir, d'allié, ennemi ? ..
D'aitleUlfS, un danger de oette sorte, at.teignant
Raoul, aLieindrait le chauffeur. . en atie.indrai,t bien
d'au.tr,es ...
Et s'il était reconnu que Be'ppo pouvait devenir
déla Lcur, oornbien vite des mains pru de<n tes, mais
inexorables, se tendraient pour étouffer le serpen.t !
M. de Folberl sonna. deux GOups, puis un seuù,
a.u titnJbre étecLrique placé à sa portée. Quolques
instanls plus tard Happo parut.
Sans dire un mot, fixant SUl' le chauffeur l'éclair
perçan.t de s es y'8!UX, l,e baron lui tendit la letlre
anûnyme. Be.p-po la lut. Avec un sifflement bref,
.il la renDit au baron.
_ Eh ! bi'en qu'en penses-tu? demanda oelui,-ci.
B{}ppo eut èncore son brc.f si fflement, qui tena.it
du défi du déd,o..in et de la colèr'e,
pense, dIt-il, que IG: petite Deux Sous a retrouvé la mémoire.
- Oh 1
Le baron na songeait pas que le donger pllt ver
nir de là.
CcrLes il n'a point cessé d'être inqui.cL de 10. dispa.rilion d'Yvette, mais sans y aLlo.cher ccperudant
une impor!tan.r...e capitale.
Il en sait assez sur les rapports de Beppo avec
SOOlia Orbihuf[ pour s'expliquer le désir dl') la doctoresse oe ne p,lus se trouve r en faoo du ch8Jurrewr,
et il pen.sait qu'une question d'humanHé l'avait
'SeuJe empêchée de s'oof\lJir en abandonnan.t sa malade. ;Et voilà que la situation empirait 1
- VOThS aviez raison , reprit Beppo, c'éLait un
sale coup, cet enlèvement.. .
- Mais ... es-tu sO.r ?'"
- Dame 1 Voyez-vous quelqu'un d'autre 7
- Non ... Que faire?
_ Atlendre. Ce pOUlIet ne sera pas le dernitlfl'.
- Certes non 1 Si on voulait simplemen,t m e perdre on le ferait sans me meUre su~
mes gardes. Ce
q;u 'on veut je pense c'est me fau'e cho.n,ter.
- çu. on'a tou t l'ru!-, dit Bcppo. Et ,mùm,e, à vous
parler franc, ça me déroote. Ln. petIte n est point
cB.p'l1b.1'e d~
oombi.ner une a.f[ture comme ceù'~-là
.
- Non. .. mais la doctoresse .. .
- Eh 1 bi.en, non, justement. Ce n'es.t pas, ça ru!
peut pas être el~
... Du chantage, OrbJ!lOff ... Non.
Vous ne la COnn8J.SSC'l pas.
.
- J e la connais moins que toi en f,o,ut cas, railla
le bru·on.
ÙC!ppo haussa les épaules.
.
_ Vous moquez pas. C'est un clue type ... et. ..
enfin, j{) m'enLends.
- Tu f.cras bien de ne pn.s te lo..isser f,a usser le
j~emnt
et aveug1c.r par Les souv,Cln irs. amow'Ü UiX.
L'heure est grave. Il s'agit d'ouvrir l'œt1. ,
.
- Oh 1 vom, frappez pas 1 On sc Lire.ra d a fr.alI'e.
de
Ça semit Lrop beau, le métier, si on n'av~lt
~mps
en Lemps un peu la frou sse ... Gard.e'l blcn ce
billot pour compo,rCd' &.V'CC ceux <ru,i su1vrOif.Li eL
nous ~'eI1dr
compl.c s'hl y IÜ uno O'U plooHlw's
Plumes au service de nolre ennomi.
- On pOOlt changer so.n 6criLure.
.
~se
- .Jamn1s si complèLemc.nt qu'on n'y J'econa
00l"lainœ par.entés ... ct je m'y cnLends à expertIser
1~ écl'iLures.
- Tu L'entends Ilus.si à les contrefaire .
.- V<Jth<J diLes ça pour la leLtre d l'Esprit 7..• Eh 1
loul.c la besogne,
hJen, 1'1 z si ça vOus plaH : dUl1~
ce fIU i Ill'U bté le plus du.r, ç'a 6Lé de jouer au re·
_ Jo
"<mant.
Tu cs supcl'sUli,eu,x 7
PeuL·OLre ...
4, - LA PE'UTB • DEU X sous •
-
49
U
-i!:>
-:- Enfin, repr it le baron, personne ne peut saVOIr... Non, peI\Sonne., en dehors de la petite. Et
eII1oore, en y réfléchissant, j'admeLs qu'elle ait raOÇlnté ce qu'elle a vu ... qu'elle ait dé-slgnoé un monr
SHmr quekonque comme 1e. .. enfin ...
- Oui, oui, allez, sautez le mot s'il vous gêne,
interrompit sans façon Beppo. VOUIS avez raison,
l'eiI1fant, en somme, ne sait rien puisqu'elle ignore
le nom .. . à moiIlls que Sonia n'arrive à Je lui fai.ro
dire en état d'hypnose...
.
- PuJI 1 Une voyante? railla le baron.
- Une nerv'euse, aU'X mains d'uM très habile
hypnotiseuse.
. - Sapristi 1 ' 11 fallait penser alors que cela devilCnidrait un danger et ne pas ameLLer œtte doctoresse de malheur l...
- Là .... là .. . un danger! Oui, j'aurais dû y penser ... "fVfals ce qui ma.inlena.nt ncms inquiète 00115
a se,r vi d'abord. Vous n'allez pas Le nier et vous
en prendre à moi, à prés,ent ?
-- Oh 1 ne n.ous ohamaillons pas, il y a mieux à
faire. Tàchons de découvrir d'où vient cette diable
de lettre.. ,
- Ne m'avez-vous pas dit qUJe votre ancienne
prét.endait avoir des preUNes ?
- Des mots en l'air. r...e qui aw'ait fait du vilain
c'est qu'elle ait e.n;voyé la leUre qu'elle écrivaiL
quand .. . ~I1fin,
la leLtre que J'ai trouvée.
- Et SI elle en possédait, de,s preuves 7 Si., après
sa mort, quelqu'un les avait pris{}S ... et gardées '7
- Qui? Une seille persOlIU1.e - l'enquête l'a révélé - était dans ses confidences. Et s i le pauvre
bougr'e de Manchot avait pu S81l1Vcr sa überLé en
désignant une vioti.me à dnme Ju.stice, je pense
qu'il l'o.uraM ç''\Ï.t.
- C'est vrai, dit Beppo. Alors é.videmment Soni.a,
l'enragée 1 a\liI18. fait causer Yvette. Ah 1 sru:r ...
Et le beau Beppo jura sons souci du décorum.
- Il faut les r.etrouver, ces deux-là, di,t le baron.
- J'ai e1l beau enquêLer aux Log es ... pas un indice 1 A croire qu'eLles se sont en.volées. Et, quont
au vieux me!Ildiant qui est allé à (( MOIl BoOr
heur "."
- Eh! parbleu 1 Le voilà, l' autou r de la leLlpe
anonyme ... Tu me rassurais au suj<lL du per'sonnage, prétendo.n.t qu'il n'était qU'lm aide inconscient aux mains de lu doc tores .. e, ,.
- OuJ, je pensais qu'elle avall !fuit entrer un
pauvre qucloonqu.e el s'en éta.it sCl'\'ie comme d'un
commissdonnaire pour préparer ],eur fuite.
- Taru:lis que moi je m'cn inquiél.ais.
- Peut·être aviez-vous raison ct moi, tort. Il
ost cerLain que si Sonja lui a confLé de.s secrets,
10 bonhomme seraiL biCl1 bête de n 'en point pro-
mer.
- De ne poinL tdcher d'en profiler, corrjgl'.a le
bar{)n. Me crois-Lu arrivé où j'en suis sans Olre
décidé à tout pour conserver ce que j'ai ?
- Ce q?,o v~lUS
avez ... , et volrc peau, mon. cher
baron 1 N oub1Jez pas qu elle scro.it cn cas de bavardages imprudenl.s, sigUlèrcD~L
compromise,
- EL la tienne?
- IIc'U ... enfin, oUJi, je .. . Monsi Uil' 10 baron n'6
plus d'ordres il. me dOIUlJer '1
Au changement de ton du Chllllffcur, LnsLincti·
veml~t
Raoua l.ourna lu. tête vers la porte. Quelqu'un la poussaH doucement.
..- C'e s t moi, dit Mal'guûrite. Je Sllvais Bcppo
101.••. J 'ai une commission il. lui donner.
- Donnez, ma chère, je n'ai plus besoin de lui.
Et Je bal'on put lLdmircr la prolllptilUlÙe avec la.quelle le chauffeur reprenait son rOle.
Margu,erite n'avail utlnché uUIlle importance à la.
lettre érùgmatique. POUir elLe aueun doute nc [louvait exister : c'éLatl l' œ uvre d'Ull mauvais plalsanl.
Sans dou\.() n'auNÙl..eLle plus pcu sé à ceLLe menace .Q.oonymo si, le lendemain, sortant de bon
maLien pour <les cO'W-:l>es charitables don.t &lIe avail
pris l'habitud.e avec su. mère, la jeune fmnme o.e se
�Ql-
50
Clll trouvée à la porte de l'hôtel pr~cisément
comme'
le facteur remettait au portier le prenuer courner.
Ma,rguerit.e le prit des mains de cet homme a.fi:n
d'en faire elOO-même le tri, Et parmi les lettrœ
adressées a.u baron, eUe t.roo!va u.n.e en.v-e.loppe pareille à oelle de la. veille,
Il Enoor-e une leLLre anon.yme,
se dit..eUe\ cela
finit par devenir exaspérant, Il
Et ehle :reID001La. pour 16 remettre à eon. mari
et le prier, en. m~e
temps, de chercher d'où vonaient ces sottises, afin d"en tarir au plus vite la
source. El~
aJJa direc!.€:ment il La chambre de
Raoul. Mais la pièce était vide.
Une porte La fa.i.sa.i.t oommunÎtq'ueJ,' avec le bw·cau.
Cette porte, ubrHée de l'autre cOté par une draperie, était entr'ouverle.
.
.
de VOIX,
Le jeune femme perçut un brUl~
Stupéfaite, elle s'arrêta..
.
La voix qu'elle entendoot étaJt celle de Beppo, et
cela n'avait rien d'-étra.nge qu'il fllt" à oeite heure,
venu aux ordres, Mais était-œ bien le chauffeur
respectueux qui parlait sur ce Lon famiLi.er, presque arrogant?
- Il n'y a pas à se le dissimuler, disait Beppo,
c'est profondément embêl.aD L.. . Plus je réll6ctbis
plus je me <118 qu'ji y a une Cu~t.e
... Vous ave.z été
l'ud&nant mal avisè en les élOlgnant." Fo.lla.ü les
garder sOus voLTe clef.
- Ah! c'est toi qui m'embêtes avec les r proches,
répondit Le baron.
.
.
.,
'
Coinmenl ! Raoul tutoie cet homrn~
1.., Et il 1 au~orise
il lU! reprocher quelque chosol
d'H~oïs.e
Elle eut le cœur serré, Une insu~t.o
lui revinl en mémoire. Il Madame a bleu. tort, dlS8.lt
la femme de chambre de tanl vanLer ce Deppo ...
Moi, si j'étais Mada.nle, j'aiIler~s
pas que ~10n
siC'Ul' ait, OQTnIne ça., 9O\l!I la ma!U, un dOiUcsliiqu.e
ùu temps qu'il était garçOOl. Il
La voix de Deppa s'éleva de nouveau.
_ Vous verrez qu'aujourd'hui nous aurons un
autro billel doux 1
- Tant mieux. Il sera so.relnent plus expli.cile que
ccIui d'hier ...
~la.rgueH
porta lu main il son cœur:
Une 1umière cruelle Sé faisait.
Le Il billeL doux n dont on annQllçait la venue,
elle le lenni l. .. Celui d'hier, lrop peu explicite, c'était. la lettre anonyme, partanl de cerLuins raiLs qui
se sonl passés une nuit.,. six o.ns plus lOt, li. Gre.noUe ... Six ~lD.s
... Avant son rnariug-c ...
Ah 1 ll éloï'e avait rlllioolL: ce I3cppo a aidé .aux
folle, de jeune?$e du bar<ln... et peut-êl.re au Jourd'hu i /lcorc.·,
~Ini.s
ene se reproche ce soupçon. Elle est s().re
qu'à présent Raoul est tout à elle. Et a-t~le
le
droit de s'cll'1uérlr de son passé? Qut:l bomme en
së mal'in~
11 apporte p~,
à celle qU'lI éP~lse,
un
cœur alourdi d~
myslél'1.eux souvenirs qu elle no
devrn jamais connattre, quo peuL-~tr,
hélas 1 (}!Je
sera impuissao,le il effacer 1
Et dans son tendre cœur confla.nt, imédaLe~lnt
n0.11 le r mords de S'UT'pr ndrc oc d>iJuJogue, dons lequel un faiblesse MCle.nne rappelée permet au valet c!{) trui 1er suns respect son maUre.
Elle heul'te un meuble, appelle ...
_ Ici mu chère, répon Hnoul.
.
,~epo
Lol", qll ' Ju/'guerif:o ouI va la pl~I'ère,
avait dH~rau.
IWo l"!~\
la lettr SUI 1 bUI~:,
_ \ 'olllt 1 (li~Ie,
s'efforçanl de sourire. J n.:- ~
COlll Il rëcri[urc. Ge'L le Inauvais pltl'auL d Iller
q i reCOllllnellCC,
Q1I \ va r6iHJOdrè 1,"110111 'l
1.0 hllron Jf'lf nu oup c1\:i1 sur l'o.uycloPI '. Eu
('jfl~
:est hl 'Il 1 ~ m~nle
é rtLIl.l ,
1); 1 lll- ll'c l'{migme '~ri(ltC,
le dlInger se
Pfl~CU
e, Il ia 1 cali, ' de celn, jlll:lteitl 'nt, comment
0'1 vriI' c l
t LLI'c ri Vl\llt f\la/'/{ucrl t (' '1
El li. soo air, b. l'exp
ion collLl'ainLq di! poo
La
'P~tie
fi
f)~ux
.sous "
~
sourire, le baron devine qu'elle est inquiète mtùgré-'
tout et qu'elle veut .savoir,
Tandis qu'en riant, il hausse les épauJes, Raoul !
eherche avec oogoisse à gagner du temps et le
moyen d'éloilg.ner sa. femme.
- Ma chère amw, faites-moi le gr::md piaisu' de
jeter vous-même cette jeUre a.u panier, C'est lout
oe qu'elle vaut.
- Sans la. lire ... Est-ce prudent ?
- Prudent 1 Qu'entendez-vous par Là ?
- Si absurrdes et si: vagues que soient ces menaces, elles peuvenL émaner d'un ennemi... et mieux
vaudrait faire Ince à cet ennemi. .. Ouvrez la lettre t
Raoul, et voyons ensemble cc qu'il en est.
- Ensemble, .. Vous tenez vraiment à connattre .
les inepties Ilu'elle contient?
- Oui 1
Il Y a eu dans la voix de Raoul un léger frémissement et son rc;ard n'a pas su restar impussi. ble. Margu~ite
.n IJerçu l'anxiété, et c'est avec un
accent de fermeté que soo mari ne lui eonnaissaü
point encore qu'elle a répondu : u Oui 1 Il
Raoul est beau joueur. D'aileurs~
J'a.udace peut
seule le tirer de co mnuvais pus. t epl'onanL son
sourire moqueur il déchiTe l'enveloppe.
Il Demain mardi, à quaLre heures, on attendra
monsieur Qe baron de Folberl à l'entrée <.lu passage
du Havre. rue Saint-Laza.re. Il
Le baron éclata d'uu rire peuL-être un peu trop
bruyant.
- C'est complet 1 La plaisuDer~
sO corse. Un
rendez-vous ... Lisez ... mu chère.
- Vous irez '1
- Cette question n'est pOB sérieuse ... Me cl'oyezvous d'assez faible menLalité POUl' d{)nner dans ce
paIUlenu grossier ?
Il regarda su femme. Au fond des yeux de ~.Iar
guerite une ombre demeuro.it,
Prompt à ln méfiance, Raoul songea :
Il Elle ka, eJlLe, et cherchera. à découvrir la personne qu.i fera le pied do grue... EL si on la connall, i.rrité d{' ne pas me voir, pcul.~Lre
s'aùrC'r.;S l'o.-t-on à ehle ? Il
En un illSl110t S Il parti fu t pris.
_ J'ira:i d'auLanL mOIns que je comj)Lo.is \UUs
llI'opooer ù'CS981y.cr oooore d<J V0!r volre psr .. .
- Ah 1 vous ~tA·s
bon 1 ~oCrl
.• , Eh blen 1 oui,
nous il'O~.
COlllmandez J'a.uto.
Le v.i.soge dé Raoul se rombrunit. S'il Oe va p, ~
au rendez-vous, il Y f!I1Vel'J\O. Heppo.
r;on, nous ne ~ouvns
aujourd'hui
- I\la c~èl'e,
nous se I'Vlr de 1 auto. noppo, Justement sorl. dïci
et m'o. demandé sa journée.
'
- Ah !... C'est contrariant.
- No~s
prendrons une voilure, paUl' une Ioia ...
-Ow.
- Qu'avez-vous, ma chàre '1 Vous ne m.e purlez
pas Crf:Lnchement. Je sens en vous je no sais quelle rétICences ...
et tlui parle douIl s'est levé, se rapproche d'~le
cem~t,
meltant dans sos admirables yeux toule
la pUlssanoo de Lenrlresse doot il sc sent capo.blc.
Et le cœur de MUI'gllerile se fOll<1 dons la douceur d ce regard. El1r noue lies bras nu cou de
Raoul el murmure:
.: Je VOI1S ai!l'0 tanl 1 Ne me fait s jumni. de
peUHl ... Ce ~cralt
LI op (:nI 1'1, cc seru it trop 1Il1l!.
Une émotion ~inct
l'I! pl flC Kil!' Ile ''l'illge le
.RallU!. L'umou-r r l'V nt dunt J'culoll/"e sa f 'mwe
depuis l~ prelllw!' Jour n éVI'ill6 daus l'fUll Il 1 1111sérlfblc le seul sC'ntillH'nL vrai 1'1 pur IIU'il /lIt JUInUJS éIH·IJIIV-é. El c'
bi
III
pLus qu'une: dnllC
la Inn.th
tU
llOO. UI'
euJ. nlLifl CIll11 lUi
!.ombé l' pllUVl'e
1011 rd il. 110111.
1
t p Ill'
Ill'. fA',
(' l'CH 'il
1Iii llllO IJllffr\l.'lO,
1n.I'nJ . ({ll'a V" "'1""8
de fl nll r/~
10. l 'II
1ft ( m n
('Ù 011
ro ~
1. MarI l onl fo.l..'! d'un poicls lroo
CUll. ()
Mois IJeppo le lui
0.
rappolé ct l.e lui rapjlclle
�Ç'll-
La Petite " 'Deux
SQUS
U
=~t
~
enoore au moindre signe d~ faiblesse : le baron, de
Folbert n'est pas seat 1
II n',est qu'un rouage dtans un terr1ble engt'enage.
qui le 1)roiera s'il tente d'anrête:r l'éllB.Ja auquel il.
B. promis de concourir.
la' te.ntatio:n de fuir, em~
ParioU! vient à. Ra~u1
menant sa femme loIn. de [out. ce qui, ~ . l'attachant à .}.'horribJe passé, Je condamne dans le pnésem, le condarrnnera dans l'avenir t il. jlOursUllv:x;e
la mê.me l'oule.
1
Mais ses désirs de relèvement sont die cOlUrte
durée. Le cœur du baron de E'olbert, ast trop profondément ganr~é
pour g;Uo€l le rc.mords y puisse porter des fi'uits salutaires. Au contrai,re ir:rité contre lui-même de ce qu'il Lroite de faibiess(ts
ridicules, a.près ces crises de <légoùt i1 se replonge.
plus profondément dans ln. beue, se rejetle vers
OOUx qui le traiLerl:t d'ami eL serai51lt d'i.mplacabiles ennemis pour le complice devenu renégat.
En cct instunL o.ù ,tvlarguerile" énervée pur 1:1
.souffrance d "avoir à douter de son mari, cède aux
larmes qui l'étouffent ct. 'pleu~
su.r l'épaule de
R-aouJ, celui-ci ]a rassure.
- Vous fa.ire de la peine. ma -chénie '1 Le ciel
~'en
préserve 1 Igllorez-vous q l~e
je n'ai d'o,Ylre
.Joie au mondle qu votre joie '1 ... Il :Il'y a pas de
Iemrne plus t,endl'emeut aimée qu..e VO'US, ma. pelite
Mal'g0t, et ~est
ê.tl'e i'lljust'e que, (l'€tl1 douter.
Elle sour:i.t à tl'aVleI"s oos lurmes eI., tro]l. franche pour lo11gteIIl(pS pouvoir dissunu}er, elle conres.se ses aaiubüs. Ce r~p,el
du put.:ré ... ne s'ap·
p~le-ti
11ns sur une faute oncienne ? Raoul peut
bl~
l'avouer : polScfU 'wo.rs eUe n'exist.,1.'it point
OOCOl'e l1011f lui, de quel droit lIUi ferajt~l
des
r eprocbes '1 Mois le lDaron ,s c défend.
Il n'oU. l',ieD à confesser, vraiment j eb ne comprend
pas plus qLl'clle ce qu'LI en >csL.
Alors r vèI'SaWJ,e comme elle:; sont. toutes, ia jeune fOOlmc exige qu'!,! sache; qu'il com.pl'enne, et
pOur cela il n 'y Il. qu.'un moyen : se rendre à ce
rend<lz-vouS mystérieLlX,
- Vous rksÏl'<CZ que j'aWl> là.-hl!1S ?
- Oui ... ~'lus
je ré.11éehis, pl'us je crois ~ue
ce
sée par un .sentiment de malaise ~
dès le dé"
part de Raoul\ l,'avait. s&isie.,.
Elle veut sav@'w ... eUo veu t v«}ir. l
Devant l'en.tl'OO du pu.ssagcc le fiacre! s'est aITèté.
Sur le trott04ù1 de: la l'ne. Sai:I:lt-L!l7.Jalre, CIlJŒIS ge.ns
p.aJSsoot, pressés_: NLme die Ii'0llie.zrt, N!lmcoÏJgn6e
au fond -d-c la vOlture, regarde ceUE qID eliltND t,
ceux qui 'liiu. moment statiOIment.
m.avanbage,. dans la
Souda.in, elle se renIo~
crainte d'être !'ec..Qonue. Enire ]]laT l'a~."-e
lCôLé ùu
passage, RMW s'avance... il va sortM'.
PersoI!-ne ne par
~1t
l.'a.ltendre, le goohtcl'.
. Sou.dam, \ID petit YlffililarGl." ôccu,}Dé jusque-là fi
exarn~l'
'Un ét.o.lage, se ret~Ul'n.
Et Mnrguerile vaut v'ÛÎ.l' le mouvement 6'arrét
du baron son re.cuil,
~
,petit vi·eux soulève' on chapeau - un melon
détemt, verru\lrc" usé" cemme la. houppelande qui,
malgré la S8.lSO'U, ,€IIhVle].fi)oppe les maigt1o.s épo.ulcs
et lombe presque )usrfU'auiX tuIons.,
Il salue, obséquie:uiX, dit quclques mot..s .
Hao.u] ne ,paru1t, [point eHrayé, aeUilemenl surpris et mécontent.
Et tous deux, le baron. et l'homme, Fet(i}Lll'U>lml,
s'enlonoent dans le passage.
Mme !i.e Folbert n',wall jamai' vu le brOCMllcl1r
Isaac Sun éon. Tanài.s que la voilure' la raroel1f1it,
eHe se demandait quJ. pouvait être ce peiit VÎ <'II X
d'aspect sordide.
Un quémandeur peu l-être, qui n'a rien trollvé
de mieux pour forcer l'attention du b.aron que rl~
l'intriguer par de v.agL1es menar.es. filais H:10l11
a reoonnu cet homme. Son ar.rêb bIlllsq,ue l',iudique assez.
Marguerite encore pense à 1me matl1'>Cslle u.bu.ndDI1'I100. N'osant venir elle-mèrn{' celte femme. aura.
choisi un maoollltaire, son père sans dOl1 te
Mon Dieu 1 Pcut_êlJ'e son mHr~
o-t·il r mmis la
gran.de .!inuLe de séd1 ir.a Ll!ll>e honê~
flUc .. , PeulêLr.e de l'an.c.Le.!me liaison y a-t-il un en fan t...
(( Si oeta est, se dit la jewne Jemme. il faLlt f]U.9
Raouil S?Îl gér'ifu'e!Jx et llon ... je le VCllX 1 .Je provoquorru sc.s oonfidences Min de pouvoir lui f.:\Îl'O
cOllnaHI'e mon d6 ir de conso.]er, de sOCOUI'ir la
Vous savez qu.e je n'y J' nCl!lntNI'ai pTobablelIl:ent peI'~Otl.? Tout ce qU'a je f l'ni, c'est de
,dol?neI' la joie il mon pe:rsécuLeur dlssinlUlé de me
Mlargu'€'Inte voyant _~.p1>roch{'!
l'heur.c du dliwl'
sans que son m/;lJr.i <i\'!t reparu pc.n!:la qu'il U\ ait
été voir Jo. dé1a.Ls,sée,
sel'a mieu..x.
-
.voU' faJ,re béné,v olemenl le picd dJe' gl·Ue.
- Ne Je roUes pas 1 On ou» a dj~
quatre }1>CUrl~ s : VOUS' pouvez Obl'c saI" que si l'tDn a vraIiancn.t
InLon.tion de V0US ahnr-deJI on sera exact. Ne
SOye)'! pas là .av~lL
quatre bcurca et quat"L. Tl'averwz dé1hbrm~i'lt
le passage, çomme si vOUS
Vo.us rcnœez il un buL détermiuné, et si pe:nsonl'lc
n,a 'V01l!l arrèie, c'est que S\ll1 IIlml on ne veut q;ue;
68Jl1l1lser il vos dépens. Alors, lIl:C l'evencz r01jlt
SUI' vos pas.
- Je feNIl). 00 gue vous voulez, eomIllle' V{)llil v.ou,.
dl'cz.
.
- Merci 1
, - C'est mol, ma chère nmie; qua. vous rcmt;rc.i.e
~ aVoir conlinncc en moi.
- Oh 1 Raoul 1 J'nul'ai Luujow's ctD'llfiance en
vo.us ...
L'flrpl'e5-rnidi du JOUI' où le bOll'on 5e l'enœait,
Lui comp,laire, ruu l'elidez-vou :! nDOJlJyme; l'e.
~,rOlnc
ItVlllit refnsé de s.or·li l' d juuu it avec pdit
1erro., lorsque quatr.c hOUl'08 thntère.\1t à lu. pend\1le.
La jClU'lJe fc.rmrlc, involon.Lnj1' 'rnent, '~mg;.a:
V,H OoLl.e penô'ua. ' av noe : en me dépÔdmll,l, j'alTi<:1'uiS Moore 1tl. bu.
vant lta.ou!. )1
d' Dl! ÎllsLn,nt pllw Illrù, coHf6c on ho'tc, enveloppée
( u,n long InUnl.cHlI, cne monlaiL dun LlIlC voiLul'c
Iu.ell e avai!. (:Hvoy(; cherchel·. Une loi::! cu ~'O\J
te
?~:
1'6fléch.iL il t.O qu' ~l()
pcn~aiL
l 'culllplir !-llJOn"'"léIl1c.nL, el ac rendit comple qu' Ue y éLuiL pou~'
})GIll!'
t
mullheureu c. ))
EnIin
no.ouJ
p8JI'UL.
Il étaiL plus pille enoore qu,e d"ha.bituœ, av co
do 10. pen.l' dru1S le r egard. MargllJer1tu lui sourit.
MlI1is oc ql1'iJ dit fige le sout'i~
'c sur '1:00 Jèvr.()~
dt}
jeune femme" lui serre le cœur ... l'angoisse...
Ruoo.l ment 1
- Eh bien t vous S/.l.v-e.z ? s;'6r..I.'ie-t-Î11 d'un lIOn
dégagé, oomme j e le pensais bien je n'ai trouvé
pe.rsollloe ... Et <:~J?8n.daIl't,
j'ai alLc.ndu. Oul; j'ai cu
La bonté (j'alteo,dre 1
- Porsonne ... au rendez_v Uf! '1 ... Ma.i.s .. , ~vez
vous au moins rencontré ponr VOtiS raire prendre
pat~enc
... qnelque visage connu?
'
SI le baron de Folbert' était moi.ns t r'Oublé il
~'8percvTait
de l'étT'ftngelé de oclte question, du
Lon pills éLl'o.nge cncofr d nt (l11r lu i ~st
rllite.
Mais il nr. rcTnlbrquc l'icn el l'rp,OllO ttvcc ~,st!~
f'aUC·C :
-
Ol!
.1'0
•
llÏ vu âme qui vive de conn'lissane", ami
[l'l
nnemi.
I.n jellne femme ~
tajt el fiC détolll1lù pOlir 001ohrr ln rnl)['{'11T' qlli OmpOlll'pl'C son
iwge, lc.q
lUl'meR qlli monlc'nl il. ses V' l1X.
(',{'ipCnd/lllt, on C011r8 dn' l'rp,I1f!. lont en s'effor·
Gnn! or mont.r>er bonne con[cnnnrl' olle rfof.!{oobit,
tll 11 0 nl de b'nl1\'(lr rTI ::lon 011101J1' cl ~ eXClMCS à ]a
rl r 1 vaul,i" dl' Rnnn1.
f\f'vcn·ll.g 'clnn ' le bnudoi!' de la baronne, où
.i'·\Ille rTlf'nngr. paS-l>n sCS soil'PCS de têt(' . M~,
lal'!wenl.r. 11J1'OL(1r.ment oommcnr..e :
- Je m'élru ::; llguré. ..
1
�52
~
La Petite
- Quoi donc, chère amie 'l
- Que peut-êt.re ces lettres proveooient d'une ...
trune personne envers laquelle, autrefois, V0118
auri~
eu des obligations ...
RaoUl interrompit, amèrement ironique :
- Une anci·enne amie 1. .. Vous tenez à la version de l'ancienne amie 1
ne
- Ne soyez pas irriLé. Je le pensais... e~
]l'l'cn offcnsais point. M~e,
je voulais vous dire ...
Qu.e je trou:veI1aÏs très bien, très généreux de
la &eoourir, 'Si eUe en a booo.i!n.. Je n'en serais pas
offe.IhSée du tou t.
- Vous êtes bien bonne, merci 1
- Non, pas àu tout offensée. Je vous saurai'S
gré, au contraire, d'agir avec fl'8Ilohise.
Elle attendit un irust&nt. Raoul gardait le silenoe.
Alors elle reprit :
- Ce que je ne vous pardonnerais pas, R~ouù.,
ee serait de me ca.cbelI' quelque chose... D1tesmoi... la vérité, toute Ln vérité.
- Mais je n'ai r ien à vous dire 1 Il n'y ay.ait
personne au rendez-vous. Quelqu'un s'est moqué
de moi, n'y pen sons plus. Vraime nt, ~Il:s
me
rega rdez d'un air soupçonneux... On dlr8.1t que
;VOUs doutez de ma pGTOle !
Il ache va, la caressant de son tendre regard :
- Vous fa u t.-il ma parole d'honneur ?
Elle cria épouvantée:
- Nonl
Sa parole d'honneur... pour a.ppuyer un mensonrre 1 1 l ais alor s ... alors?
n. ~ ouJ
n'es t donc pas l'homme impeccabk , bon.,
loyal au cœur d.roit qu'elle a aimé? Marguerite se
sent 'prise de v-e<r~
e . li lui semble qu'clle s'enJonœ
dans un flbtme DOU' eL gl8JCé.
Elle vou.drait crier a u secours, laisser éclater
les sanglols qui l'étouffent... Et oependant elle
reste impassible. Une volonté s'évèi1!e en elle; savoir la vérité.
~aIDemnl
xxv
Pendant plwsieurs jou.rs, Mme de Folbert guetta
00 ind'Ï'œ qui pOol la ~tLre
sur le c~
min de celLe vérité qu'eUe s'est Juré de déoouvflr
et que, cependant, eUe redou.Le de connalLre.
Ple urer la morL d'une mère très tendre, voir
s'obscurcir la raison d'un père profondément
aimé... cos épreuves si 'dILI'CS Marguem\.e cor;nprenrl qu'elles ne sont rien encore comparées il. 1 épreuve nouvolle: douter de celui qUl Il. tout son
cœur qui av.a.i.t toute sa conflanoo.
Et '00 qui rencLait plus affreux pour la malheureuse femme la conscience de s'êtro troml?oo dans
son es Lime et la certitude d'en trouver blenlOt la
preuve c'est que, mOme indigne., même déchu,
eon ~(1Ul'
pour lui étailt le grand, complet, suaveugle, p~ut
blime amour, qui, s'il. cesse d·~tre
souffrir de ce qu'il VOlt trop clrurcmen.t, non pomt
en mourir.
.
.
MarguerLt..e guettait les COUlTlOrs.
.
PrétexlllDt une sorti e, elle s'arrangeait pour descendre c t .se trouver dovant la loge a u moment de
l'arrivée du facLeur dont eUe surveillait l'approche
.
par la fenêtr e dc sa cham bre. .
Mais un nutrc a ussi gueluul. Et Sl grande htLte
qu'e.l.I.e ma li d sccn.dre dès que l'hom me nppro'c hail deux foi.<3 eJ.le arriva juste li Lemps paw'
voir 'ncppa s'cm parer des lettres. Respec lu eusemen l, il dit:
- Je porl le COurriCI li monsieu r lc baron.
Et Margue.rit<> n'osa r~ . n.dr e .: " ,Je m'cn charge »
et p l\C li~re
les letlres qu II t('nl1ll.
.
D'ailleu r, il qll 1 bon? Elle éLn..it COD VllIncuo
quI' le chauffeur n'ugissait ainsi que par: ordre et
q u com p!ire habile , il avait déjil fa i L ~I spar
t t:re
la lettre OOill,i,)rom tLe.nLc qu'elle ne devrut po..s vo.U\
U
Deux Sous
U
~
Si l'anxiété, l'en.fièvrm~
de la jeune femme
échappaient encore au barOOl, c'est que de cuisantes inquiétudes le tourmentaient. Mais le dévouement d'Hélolse veillait, et elle fut plus clairvoyante.
Deplili! son retour des Loges, la femme de chambra a souvent pensé à la recommandation de Sonia
Orbihoff: li Ne q;uiltez pas madame de Folbert,
a dit la doctoresse, ne vous laiBSez pas éloigner
d'elle n. N'avait-.eiLe poin.t ses liaisons pour parler
ainsi, l'ét.nange doctoresse?
Qu'elle ellt enlevé Yvet\.e, peut-être avec le CODr
cours du vieillard inconnu, ne rendait nullement
suspecte Sonia 8IU jrlLgement d'Hélolse.
li Elle savait ce qu'eUe fai.Sla.i.t, se disait la bonne
fille; quant à croU'e que ce soiol une méchante
femme avec les yeux qu'eLle a, non 1. .. Seulemen.t
une personne qui a aû avoir de grosses peines
dans sa. vie ... Ça Illii aura un peu dérangé l'esprit.
Enfinl maintenant que Madame Martel est morte,
que le pauvre monsi.eur est enfermé, mieux vaut
pouT 1a ,petiLe Deux Sous d'av.oir quitté 1a maison. ))
H€JOïoo, s'éLant souvent répété ces choses, ne se
tourmentait plus au suj et d'Yvett.e et conservait
un bon souvenir li la d~me-é
e cin
qui écoutait
ses conft.denœs et ses plaintes contr.e Beppa avec
una si graMe bie.nveillan.ce. Elle en savait peutr.
être long sur M. le baron et son inséparable Bep~)o,
Mme Sonia! Hélolse n'était pas loin de se crOIre
investie d'une mission: la. mission de protéger,
de défendre sa mallresse. Si Mme Orbihofr ne l'avait
pas jugoo capable de remplir ce rôle, l'aurait-elle
supp.1iée de ne point quitter Mme d.e Folberl ?
Chaque matin, elle trouvait sous l'oreiller de
Marguerite un petit m~ucboir
trempé de la:m~
Elle aurait vou.lu conseiller à sa maltresse d aVOir
un peu de courage... et DIC l'os.ru.t. Un mat.in., cependa11lt, voyant à Mme de Folbert un visage pl!u.s défcit que de coutumiC, elie n'y tint plus.
.
- 11 faut qu.c Ma dame se fasse une raison ...
Margue.l'il..e tressaillit.
_ Pourquoi me dit.es-vO'lLS cela, Hélo1,;"?
_ Je dis ça, parce que Madame ~leur
.? Loute la
nJUit... Le jour encore, de:VaIl:L Mon61c!lr, Ma.dp
. m~
se r.etien t pour ne pas lm fall'e de. l>ffi.r;e ; .m8.1s 51
M01l5ieu.r savait que tous les matioo 1 oreiller est
Lrempé de larmes .. ·
_ Je voua défends de lui dire...
_ Oh 1 Madame ... y a pas de danger! Mais vrai,
si la pauvre défunte Ma.dame voyait l'état ot! madame la baronoo se met, elle serait la première
il. lu·i dire : (1 Faut pas pleurer, ma fille l...
Pour
monsieur Martel... il guérira, bien stlr, et ça lui
r.erait joliment de la peine, quand y reviendra, de
trouver Madame si. changée.
- Est-ce que je change, ma bonne Hôlolse ?
- 011 1 de pleur.er, ça n'a jamais e.rnbelli personne... ça, faut dire la vérllé. El monsieur le baron esl stlrcme.nl triste de voir Ma dame avec les
yeux rollges.
\
Malgré oUe, d'un ton d'am crtum douloureuse,
Marguerite répand:
- Il n'y prend pas garde.
IIélDlse eul le cœur serré. Ell e joignit lea main s,
et son bon r egard devin.t humid e.
Margu erite vil 00 regard. Elle y liut \lJD. nrrectueux
dévou ement ct se sen tî t moins d6soopér 6c : clio
n' était plus seule, seuLe contre tous .
Cor lie en. vc.nuLl il. se croi l'e cnlouroo d' nncmis ; saU-elle s i d'uutrcs, parmi leurs ser viLeuJ's,
n 'ont pas comme l3eppo été nch rtbs pur l aoud,
nfin de l'a.i d r il la tromper, li lui mentir ?.. , Elle
béBita. un instant. lIé.loTsc le v it ct dit bien vite :
- Si r-Io.dom n jllmniB be di D dl' conflcr dcg
peines ... enfin des p in.('R qu'clle aW'LLit, il C}lIulqu' un .. . ct s~ des fois, l'li n\'rut bC:'oin que c qudqu'unrJà snit prot à rn lrer dnns 1 feu pow' ~1J ...
enfin mol... je n sais pas bLoo e.xpliquel·... Ce quo
)1
�~
La Petite " 'Deux Sous"
============== = = =====
• , bien
Ah 1 c'est triste
53
-i.e:;
~
triste, sou.pira l'excellenlt
je veux dire, c'est qoo je su.is toute dévou.ée à. Madocteur. Mais il ne fau t pas se désespérer, madame,
dàme, voilà.
ajou,tart..jl en s'adressant à la bar{]<noo ; il arrive
IJ y a tant de sincérité dans oette offre de déscmvent que les malades les plus agités sont le plus
vouemen.t, que la baronne en est bou.le.versée.
Ayez 'Il1l peu de pl/3ltienoe.
Ehlesent qu'elle p<l'Urr.a s'appuyer sur Héloïse, vjte ~>ér1s.
Mme de Folbe.rt quitta le docteur Probe désespécompter . sur e!JLe pour tOUlt ce que pourra fake
rée. La c8lIDÎsole de forc·e 1 Elle imaginait 1e pUIDl'humble amie.
- l'v1a.daane 00 sait pas, reprend Héloïse, il fa-q.t vre bon M. Marlet en proie à 00 supplice.
que je lui dise.. Grénelet et moi nous nous marieDwrant tout le trajet du reLoU:!' elle pleura, le
.1'000 un de ces JOurs. ..
visage enloui dans son mouchoir. Près d'e1l-e Raoul
. demeurait siùencieux, ne trouvant pas un mot pon.!'
- Gr-énelet ? ..
- Oui, madame. Oh 1 d'avoir été renvoyé comme 8ipa.Lse:r oe chagrin. Ceux q,ui 1ui montaient aux
ça par monsieur le .baron, ça ne l'empèche pas de . lèvres ét.a.ienlt àoes mots qu'Il devait étouffer, des
rester bien le servüeur de madame la baronnc-, mots qwi l'aurait perdu.
et s'il a l'occasion de lui être bon à queJ.que chose...
Oui, près de oette charmante et dOThCe MargueOn ne sait pas ... C'est comme moi, il fera tOIut son rire dOillt il voyalt chaque jour augmenter la trispossible ...
tJe.sse, Le cœur du misérable se serrait. Il n'épro\],.
- Grénelet ! reprit Marguerite.
vait pa.s en.core le remords de ses crimes, il so uf~
EUe se mppelle que le jour mème du brusque fr&i.t de voir l,a jeune femme en être victime.
renvoi. de ce pauvre garçon, Beppo est entré' au
S8.lliS même entr-er à la nursery pour embrasseI'
serv1ce du baron ... Et, pour la. première fois, erre le petit Pierre, Marguerite monta tout droit ùan.s
son.ge à s'étonner de cette ooïnciden.oo,
sa chambre, si affligée de l'état de son père qu'clle
Pa.uwe Grene.let 1 Il a été sacrHié, elle en. est en oubliait .ses autr€-S Leurments.
maintenant cerLaine. Et vœd que sa fiancée, la
Héloïse, 8JCcourue pOl1r l'aider à quitter ses vêle>brave créature, se pol1te garant que tout Blutant ment.s de sortie, les JUti. rappela.
qu'eUe-même il lui est resté dévoué.
- Mooame la baronne a vu les leUres?
- Mercd., Héloïse. J.e VOI1JS SULs reconooissante..
- Non ... où sont-elles ?
ah 1 plus que vous 00 le pensez, de m'être ainsi
- Sur le b1l.l'eau de Madame ... là, sous ce jourattachée... J'aurai peut-être un jour à mettre à n.al. Par prudence, je les avais co.~hées
... Elles son t
l'épTeuv,e votre dévouement.
Leutes po\1I' Madaffi-e, sauf une .. .
- Et celui de Grénelet, réclama Hélotse.
- Ah ! soupLïa Marguerite, cnfin!
- Celui de votre fiancé, 000.
Elle wait reconnu PécriLure con.tournée, le pa- Mad'8JIle, je ne veux ps,s dire : tan't mieux! pior vulgaire.
parce ql1e, lorqu'on est heureux, que tout marche
- Laissez-moi, Hé.Jolse. C'est bien... Mcrci ...
COOll'Ile sur des roulettes, on n'a besoin de personn.e.
Fièvrelu.sernent, Mme de Folbert courut meUre le
,ToOUJt d(} même, je suis c<ID.te.nte de penser ... enfin, verrou à sa porte. Elle voulai t être a.ssuréc de la
Madam,e oomp.rend, ..
solitude pour lire l'horrible rn.is.sivc... oui, hor- Oui, et, pour commencer, pour vous montrer rible, elle en est certaiM, elle le sen.t l... Qun.nd
tout de suite la confiance que j'ai en VOlLS, je vais elLe aura hrisé cette enveloppe, c'en sero. fait de
vous charger d'une mission ...
l'ombre d-e doute qui défendul t e ncore SO!1 boIÙleur.
1
Ahl
Le malheur sera là, clair, aveuglant.
HéloYse se rengorge, ses yeux semblent défier
Elle Dte cheroha point à ouvrir l'enveloppe tn
des eIlllteanis oachés ...
évitant de l'abtmer, afin de pouvoir - l'nyant re._ Madame verra si je m'en tire bien ... o.h 1 je OOillée - la faire remettre Il Raou.l sans avouer
n'aurai peur de personne.
qu'elle l'eût ouverte. Elle aurait cru s'cl)a.i.sser J'lI
- Bien. Mals il n'y aura point à. ba,lailler. Je agissant ainsi. BIle d6plia la lettre,
voudrais que vous descendiez à la loge et que. vous
'1 restiez, S0118 prétexte de caus cr avec le conCierge,
Il Monsieur le baron,
Ju..squ'à J'arrivée du courrier. Alors, vous prendrez
,( Je vous remercie de l'argen.t que j'ai bien reÇ11...
tout oe qu'apportera le facteur .. · Tout, vous me
Votre chauffeur vouJaH UM signature. Je l'ai refllcomprenez bI en?
sée. Vous n'avez pas besoin de CfuHLance , elle n.e
- Le courrier de Monsioor aussi ?
vous servil18.it à rien.
- Tout.
(( Si vous voUtliez em faire usuge conlre moi, j.e
- Bien, madame.
- Vous me l'apporterez ici. Et, si vous rencou,.. ferais connaHre le secret que vous me payez puur
garder ct je ne serais pas Le plus à plo.indI'e.
Irez ... qt1elqu'un, neppo, par exemple..•
(( J'ai à vous dir.e enoore oecL Je crois que j'a,i
, - Q.u'iJ y v.ienne 1 gII'onda Héloïse.
- ... Quo Beppo, reprit l,a baronne, réclame les tort de me taire et l1tLC vous ne m'en aurez pas
:kltlres de MonoSieur, vous répondrez que vous les touto la reoonnaissanoe que vous devriez. Peutêtre, si je m'adressais à madame La. baronne, semonllez vous-même .. . Allez.
rait-elle plus généreuse que VOUL9.
- J'y COUIB ...
(( Ma femme me conseille d'agir dc cette façon.
Il n'y avait rien, 00 matin-là, du cor.!lespondant
J'ai bien du mal à l'cmpôcher d'écrire il madame la
mystérieux.
ba:ronn.e et je !1() suis pas SÙl' qu'eJJe m'obéira tou- Je retournerai à t.ous les cou~'rie
s , Mad!&.Ill'e
, les (,c.rnmes, c'est très cl.1têté.
jours. VO'lliS sav~z
))eu.t êtr~
lranquille.
rendre la ml~n
- C'est vrai, fit Marguerite, plusi.eUM fois par Ce-peru:lant, je cro1S qll;'on po~rnut
.raIsonnabLe <lt lui fau'c tenir sa langoo; maIs 11
Jour il aI'Jive des- lettres ...
faudrait la conLenLelr.
mIilo a'eUll.I18Jit de n'y avoir pas songé.
(( EUe !1e se plaU pa.s où noUlS sommes: elle
L'après.midi de 00 jour, M. et Mme de Folbert
n'étaü pas née pOUl' vivre ~ome
oela dans la m6Be rendirent à Neuitlly. Ils prirent l'auLo, t MardilcriLé. Il n'y a qu'à la VOlr 1...
lUeriLe en tut aise: Beppo ne serait poin.t à l'hO.~ed
~ Alons e.Lle pense que vous pourriez nous verseI
PGw l'>mpècher BâloIse de s'emparer du courl'lor
nOl s saurions faire
d'un seul coup U[) capital, qu~
du baron.
De même qu'à leur prcmière v.i.site, M. Probe fructi,Oer. Vous êtes devenu Soi riche depuis l'affuÏl'tl
de Grenelle (mCmc que vous avez <lU de ln chnnce
t:eçlllt le baron ct lA ba.ronne avec des rcgrets ~
Iiles condol6ances.. L'état de M. MarteL - il devait que 'ça soye moi, et non la (( rouSISe )l qui aiL trouvé
les preuves) que vous ne vouùrez PCts qu'on pllÎsse
il. la vérité de le dire - bien loin de s'améliorer,
etn.pirruit. P resqu.c constammen t, il Iullult lui meHre dJre que vous refusez de l'ru'g.cnt à. de po.uvr'cs gC:lltS
comme !10iJJS, de l'n.rgcnt quü, pour nin.s.i dire le\l.ll
la camisole de force.
�La Petite" VellE Sous"
est .da, à OOJUBe du service qU'Lis vous pendent en se
16isant.
« Si ee que ..e vous propose là vous convient eL je cllOis qu'à la réJlexion, ça 'Vous ~OIl1Viendra
vous y aUll'œ du. béné.flee, 'parce que ma femme et
moi .avons du cœw' eL ne vaudrnns pas abuser
d'un bienfaiteur généreu..'C.
" Donx:, .m .cela V'Ous convient, failes-le-moi S8r
v{l'r. Si demain soir je n'oaJi pas reçu de vus noUr
. vellés, je me préGenLer.a.i apres-demron cbez Vo:t1S . .•
.Et taot pis si madrune la ba.eonne me voit ct me de-
mande pow-quoi je viens.
(( V Jil1ez croire, monsieur le 'baron., à mes senlimmts humbJement dévoués. »
Marguerite, blêmf.\ froide comme un marbre,
retenait ta lettre oans ses pau'Vres mains tr.em,blanbes.. . 'ses mains où scintLllait la. somptueuse
bague de ~ilIes
qui ra promise à. Ra0111 et
l'ar,nenu d'or, l'anneau bénit qui l'a li-ée ù lui.
EUe ne comprend plltl, Elle ne peut comprendre.
Seulement., elle sait qu'one infamie pèse sur
fhomme dont aUe porte le nom; que des misérables
t.iennen t entre leurs mains avides leur honneur, ..
La souffrance de la malheureuse deviont insout nable. Elle étouffe, son cœur ebi déchiré par des
ongles 00 r.er, un ma.nteau c1e glace l'envdoppe,
et cependan.l elle a l'impression. que ses mains
tiennent des ch.arbons ardents, que {lu feu aussi
coute (tans sa poitrine.
Et la tentation du suicide vient il. l\Iarguerile.
, Oh loua, disparaHro.,. Je plus souJfrir l... Ah!
Diou lui pardonnera: elle est tellement torturée 1
Ia.is voici que des cris s'entendent. ,. des cns
d'('nfant. B6bé, snns doute, a un cnprJoo ct plew·e.
- Ah 1 mon petit Pierre, .. mon petit e.nJoQ1lt!
gémIt la mère douloureuse.
on, elle ne peul, ne doit pas déserter la luloo,
nlhndonner le pauvre i.nnocenl. Si rude que soit
II' calvaire, il faut qu'elle le gra isso jusqu'à l'ult ne immolation !
Iargue.rit.c, froissant encoro cn , n main la lettre
l-ntale COUlI'~
à. la chnmbru (j l'entant En v<>yuni
eulLrer ~
mère, il s'o.p.aisc, lui teud le.<; bras :
-
Maman 1
Elle le serre con\.re elle, pernnment.
- Oh 1 mon ange, mon cher .nnge 1...
Et Le renda.nt h. s.a. bonne, l\ful guenl (', d(oc i d~,
nOll plue il. mounr, mais i~ luHer, il dl'fendre son
fiLs, à dérendré Haoul lui-méme, l\LarguerUe Wl.
trolV~.
son mari,
En la 'Voyant si pâle et s i 6muo mclt.nnt C iLe
émoli<>n sur j,o com.pte de ln. visite il. ruiLly, 10
b31'01l eu t un 61<111 ue piW é si11 cère,
- Pauwe peLiLo 1
-,. Pauvre petIte, réPèLc_Ldk, ln voix amère.
DUi vons pouvez me J)lailHll'r'. Je Jl crois pM
qu'i1 '.1 aJ.t au III n(!c un supplice cümpltrublo Il
celui (rue j'endure. A'Volr la pl' ,que N"rtiLooc qll,
l'homm C[u'on fil'lllO s.L iudigll d'{ lim'!
Mlarguoerlte 1
' C quI' jl' 'Vous
_ Oh 1 ALLe.nc! \1, pour me r ' ~OndI
di·. ce gue je SJlis. Et d'ltb.lrù, je vou 1.1018 un
o.v'u. J'ai été, /IIui uussi, l'\.luLre jou,r' LW r !lei '70,vou . J~ vous ai vu pal er à un vieil Ilommo d'aBpeeL ml érubJe".
- Oh 1
- J'ai cru - je vous ni diL cc qu je cmY'lÎ ' ~
l'Appel (lU a l'our's d'ulle rJI~l.1!wU'C
ac
utandonnée . .le vou luis v lU le fuil'o <\vuUC'T' cL vuull
ilirl crunhien j dt. il\lllJi vou. voir g{>nér u .. ,
..
Mal V \If! /lI'[\V<Yt 1 lU t Alors j'ai u ~ur,
peUl' de VOHl! quj vou, l1Iontl'; '7, Uélnynl. ,J'ni eu
l'.iOl[1/'e:sioll LÜ/OC tl'Nr /lI! bord d'un prf'.cl pi ce,
la t =rr III' d'y ~Ii'
(1"••• hl j" i voulu, OO[ 'ndllnt,
voir
'1\I'il y av.lI L d bouc /lU lond d Ci' 11 btmc,
savoir 1]1 Il
v/I 'IIi
Cl1chllit vo I"e front, 'l je
~ .· u i ~ ,. /·vie rio ju senl arme Ml Illon pouvo ['.
~
J? m~
suis abrussée ~ ép.iel' vos cor.resrpondances., .
Et VOllà ! acheva-t-elle dans un cri de doUÙ)m· en
jetant élevant RaouJ la lettre anonyme.
'
Il 118. prit. A mesur.e qu'jJ lisait, sa pâleur clevenrai,t qivl('le, ses yeux se creuscie:nt. Cerf.<>.s il en'brrut dans cette émotion l'abjecte texreu.r
misé-
du
qui voit son crime, déoourveM ; mais il y
ruva.l't de 10. douleur nus
lJ8. rloule1J'r de le voir
connu de la seule oréatu.re pour laquelle il éprou_
vât un sentiment d'affection .
Marguerite devinn ce dé~
poil',
. La , wuffral1Ce de celui que, malUé tou~
elle
alIDrut encore, la bouleversa. Elle s'efI<mdra il genoux près de Ici, prit dans ses mains la tête du
baron, l'ottÎJ:a vers Ue.
- Oh ! RnouJ, RnoU!! 1 Je vous aime tan,t 1.. .
quoi que vous ayez commis... fûLœ un crime,
Je ne c~s.rai
pas de, vons .a,i;me.r ... Mais ayez pit.ié
de mOl! Ne me trmlez pe:s e.:a ennemie, .. Soycz
con fiant, .. Dites-moi ln vér.ilté ... La 'Vérité Raoul
et je vous pardonne.rai 1
"
- MargueriLe.,. All ! vous me tort.urez J
Vrniment, il. ceLle minulie, 11 a horreur d" lui.
Le d{'goùt de vivre lui mont.e du cœur 'll.UX ]l'vres
en amère nausée. Il se dég.a,.ge, ouvre un tiroir de
son bureau, on retire un revolver.
Avee un C'I'i, \lar.gueriLe lui aorraahe l'arme,
- Je ne VCLt.'V: pas, Raoul!.. . Je ne veux J S 1
Oh 1 jo t'en conjure, pour l'amour de moi,., Au
nom de nolre iUs !
-:- Novre fi,ls l... Ah 1. me.lheureuse 1 Mais pour
lUI, pour lw surton l, iJ V'8.udrai~
mieux qlle je
fusoo mort J•••
Cl pl'n<mnt il a !tüs,;é la jeun fc.mmc s'emnu.rer
du revu/ver, et déjà 1 reprend la volonté d'·o ·istor, d.e luLLer, d jouir encore.
La Len ' {)'~
il ln fnb si p~s
3 ion.
et ~i Tl1Ire
de IlU1'fJlleri le a pu fdire jaillir dl' co cœur de boue
un ooluJ.l· de l'opentil" : l'éclair s'éteint vit .
11 pouna SU,pf\'JJ'LAr de vivrc, aimer vivro MIe, 'il peut l.'onti nuel' il. profiter du Mnéfice d
s~
crim ·s. JIn. l'edoll té d'avoir en sn femme un
ju stlcicl', JW , s'ofll'!! comme .a!lli6c, ne rro <Joutant
P( ~ ; quc cet It rn~
~> i follement . ld ro n'.a point
'culement un pli. SI' de ~g,
~I\lS
qu'aujou rù'hul
C'ncol'C se rrolongc :iOn iniamle,
lJurl'ièrc ('c fronl que Mar uerlle épel'cJ.lle pres_
se dl' s s Illvr ., u w'nn6 la pcn<;(>c de mort con_
d,amnant lm MnrtcI. C~s
malTlS qu'~U(
erre
dru ! les sIennes J on L falto deux fOlS orpheljne
CJl !ncnnnL son pèr
I1tl cn.blLnon,
Qu cl vien<ll'Ilit III ma1heu)"cll. e si 0Cfl fOl'rails
lui l!lIo.icnl brusqur.m nt rév(;lrés.
En un i Il WII t, le parti du bu ron est pri
:dlo véril6.({u'on lui. r6f;larnc il doit la 'I~,il
mêll)f' III vnntré (~l
JomLam pm:1';6. M.orguel'Ïtf.
su Il pço (llll' IJ Il adc dA hooo!'8n 1.. . cIl!lô po IIITUl t
il la l' <ileur le pm don nor.
. l\klis quoi qu'cl1i' rliS.(.', elle l'C<'lltorait aV' r' une
l~sur{)nLabc
,lJolTcur s~.l
prononçüit le mot
l'Ob~e
d ffl .1 :
If
Je .:i!lIS un MaassÎn l
n
l'aveu,
Il
H faut <IUJ ,c tout
lûiiWC
t
c?ncllHlr : ~ IfLs fulre ccl ap el à la
C'T'V"('
- !\In chérie, je l 'Ql1hl1('11!l.Î j:lTll(liR C[u l , IVlllle_
mml. qlll?JILc lendl'l'-.
ont lt-. vfJll S ! II f lit
g o vou ' soyez meUll'ul' (CI)I!, <flICO
plu!!
rr
lllelul enle et secotJmbl .. , qu> VOll n III' lh.ligi ' 7.
PlU!
rlp~
c1cs SOI1VprUI (11 li m sm t. ~ro .
oc~.,
O~l1,
J ru été COlJpll.bJC 1 ui o~
lHJlJlIlI1! qui
m fi éCJ·I,t .~ut
me ponr.Lre, s.i je no C'Qnwnl!l pas
am /.)1 tlOn ...
Ainsi, c'p.q vrnÎ. ., VOilA 0.'\'1'7. commlR 11ne Il. .. fJlli vous (), po c
d tl pourlio,n clnr1iI~h(',
au 1 Les jllUll:1I11l'CR '1
- - nui .
Ion fli('u 1
- Ah 1 j. VOII!; rni hOl'r III' 1
0 !fl/'ll"
- VOII m C,dl c,
600
-
�,~
La 'Petite
U
Deux
SOU$ ..
==================== 00
DEUXIÈME PARTIE
~
Si vous m'abandonnez, Marguerite, je sms
perdu .. ,
- Je ne vous abandonnerai pas,
VOUB n'exigerez pas ... de savoir ?
- Je ne l'exige pas... Je vous de'mande da tout
1
me dire.
chose.
- Soit. Je vais voua r.acan.ber l'horib~
Mais ensuil;e, je vous 1& jure, Marguerite, comme
w me serait imp<l5Bible de supporter 1a pensée que
'Vous me méprisez ...
- Je vous plains, je vous aime ...
- Vous me p1-aignez enCOiI'e... Peut-êt-re ne cesserez-VOus pas de m'aimer... vous me mépriserez
cependant malgré vous, et je n.e Vel:lX pas de votre
mépris... Si vous voulez que je psrte, je parlerai.
Mais les mots que vous exigez seront les derniers
que vous entendrez de moi. Le geste libérateur
dù:ut, tout ~ l'heUlI8, vous m'a.vez détourné, vous ne
plus.
Œ'em~chrz
Ah ! c'est horrible 1 RllIOul 1 Quel odieux mar-ché 1.. .
- Choisissez.
-
-
Ne soyez pas inexorable!
- C'est vous, ma pauvre amie, qui êtes sans
·pitié.
- AlI'ors, CfUoi. Que vou3.€'l-vous? Q.ue puis.-je '1
- Me pardonner 1
- Je VOUs pardonne.
- TYr,a ider.
- Je vous aiderai... Je vous aideNli il satisfaire
i a cupidité de ces gens immondes.
- Vous les connailSsez? <lit Raoul.
-
Non .. , J'if,lJlore leur nom.
Lsaac Siméon.
Les parents a.doptifs de 1,[,' pet.i.l.e Deux Sous?
Oui.
Raoul!
Quoi encore?
YveLte... Celle ressemblance.. . Un jour que
j~
vous en pa.rlai s, VOu.s v ~ u s , êles ind ig né, Elle...
.(ffic tient au mystère aUSSI, n esl·ce pas?
- Non, non 1 Pensez-vous qu'alors cet homme
e'en serait s6paré 7... Vous voy.cz bien que non 1.. .
- Que dit·jJ do sa dispari lion '1
- Il nous Cil ' d6clo.r
.sponsable. El cela. le
rend plus rér'occ conLre moi.
- 11 n'a.i.maiL pas cetle pet.ile, ccpendun t ?
- Non, mu.is il feint d la pleuror pour avoir le
drotL de récl'imin r ... Ah 1 que je suis la s de tou l...
1{1S à. mourir .. , Laissez·moi vous délivrer de nlo~
Mm'guerite, ..
- Tai s-toi ... Tais-Loi 1
Comme il savait bien que s'il parlo.it de mouri"
il l'aurait il sa merci 1
Elle gémit:
- VO'lI S ne m'aimez donc p .9 ?
-- C'esl pa;roo que jc VOllS uirnc ...
- Vous m'avez promis... Ecoulez, 6col1lez ...
~'.acoepl
l e pacte : je ne V011S quesfJ.orm l'ai pllls ...
J e n'e snierai pas d'apipr-endre ce que VOliS voulez
Ult) cacher... Je vou,s pnrdonne de m'uvo1r menti 1
- Je vouJais vous épargner une peinc.
- Et vous m'a.vez dOsespér 6 ' .. Mai s je T'oublie.Irai. Je ferai ce que vous voudrez. Jut z-moi seu lemont de ne pas vous ... Ah 1 c'est horrible 1 Je ne
.veux même pas prononcer ce mot 1
- Je vivrai, Marguerite ... Je vivrai pOUl' expier,
~r
me r achetor... pour V008 rendre vOLre bonent' 1...
, Et lat pauvre femme, aveuglée. plU' Bon .um<mr,
~ -cl mi oonsol60 <'0 SC voyant armée, Sc JlJgœnt
.néces5aLro, n soupçonna poInt qu'elle scellnÏL ellemême 100 cha1ncs d'un esclnvng de honLe dane
lequel bÎle'nLOt ello s'e déobaLIJ'aiL, im.puÏS6anLc.
~
,. U ri UATELOT'I'm
ji
Avet. un joyeux bru:i:t de grelots,
tou.rna. dans la
ta. caITioIe
COI1I'.
Le chev,ru! s'arrêta. de l\llÎ....ffiéme dev&lJt 10. porte
de i'a'1.1berge. Un holll!I.M auss.itôt partUt sur I.e
seuil.
il avait les cheveux grLs, un vi.s-age é-panoui de
oo.nLé .et lCles yeux joyeux et [-ralles, à cet instant
très attendris.
- . ETh ben 1 le gOSS'e ~
Sur 1a voitWTe, 00 g&>rçonoot d'une douzoine d'anniées se l~
tout drroit, jeta sa casquette en l'air
et cria :
-Ça ye.stl
Une femme condui.sailt le chevall. EDe .accrocha
les r~nes
au garde-crotte et, tout en descendant,
d ~ t
posément mais a.vec un frémissement de
Lriomphe dans la voix:
- Jean est reçu. On luj a fait des compliments,
Bravo, petit hœnme 1
Et, se reboUI"I1llnt vers l'extérilffiU' de la. maison.,
l'aubergiste annonça :
- VOUJS enLendez, vooo auLroo ? Le fis ton a son
eertificn.t d'élu~.
et av.ec dos complime.nLs 1..,
l'an bern y av8iÏt Lrois hommes att.ablés ; ~ome
gis l;e, ils crièrem,t : Ct Br'8fVo 1 l) EL le lriompb..uteur,
ta.nt entré, dut Lrin.quer avec eux.
n les con.naissait, d'ailleurs - ùes morinie.r3
qui, chaqu.e jour et souvent plu&ieurs lois pur jour,
venaient là « vider UID VeIT H.
Une terrasse <.lomi,na.it la Se.il!1-e, ombrogée d'acacias taillés. Dan.'l un rungl, une tonneLle: des
cc messieurs de Pal1Ï.8 Il ue dédaignaient pns de s'y
as sooir dllil·a.nt la be lle sai 00, pOUl' d6gusLc.r une
d e oes ma.telotes - dont J'cTh9Cil gn.e de l'aUJberge
établissait la célùbriLé - en buvant un vin a.igrelet
qui t.a.isait l'osilI' le joli visage des feTIl1me.S t fuser
plus clairs leurs éclat... de ril·(1. Depu:is huit uns
, t son succès a.llait croissant,
que l'auberg-e ~xist,aj
eL chacun s'-Iliccordail. à dJ.re qu.e c'était jus Liœ.
D~
si braves gens, coo GréncloL !
Lui, Lam.bert, ancien chanfI ur; lIe H6JOïse,
fen!lIDe d chambre ayant amass6 un pdit ma got,
étalent venUlS se. poser l.a,. payan.l deni'e'1's comp!,ants - cetl;e mlUSOn dont Ils aval ,[ fuil lll1C auberge. Ils amo{"TlaJent avec eux leur file, un gamin
de quatre 8JlJS, l.r'Os pâle.
On lIe <LcvS;il pas s'é-toruner de lû voir si Ir~1
. Sa
mère ra. n\.mt qoo, ne pouv6JIL quitler se:, rntlltroo,
elle a.val\. d? m ' lke son bébé n nourri r-o. Or, Ic>s
D?UJl'l'IOOS n ~t
poo toujours pour 1 pauvr
e.~
petIts Ml'es qlll IffiU' sont confiés tou.s 1 .·oin s n é·
œssair-e.s. Au bon a.ir." bien nourri, choy6 aimé
l 'cn far\.l ne tH.l'd{l POirlit à s c for-LiDer.
'
,
Plr1fo()i~
il pleul'u.il, r"pou,sganl sa mère cl appeInnL: cc Mruman 1 Mama.n 1 Il d'une V(li.· d(':;'CbPI\'
:rée. AllQT'S, le vis llge d'IMloÏso s'a\.Llustt.il i ,JJe ' 1"
nül L'enfant 0111110 SOIIl C ;ur, el s.i qur.lqll 'Ull ~.
sist.a.i L à la SoCOo.-o, elle lof' pre.rHlliL li lé.rnoin de l'ult (l·
c.hemcruL tenace de son p~ti
Jro'D DOUl' lu. nourri
que, duran.t quaLre /l11llées, il a considéroo comm'.!
sa mère.
Peu t.L !>Ou, cepen danf., les souv-cnirtl dl) .l em
s'aH6nuèrcnt L ce 11() ruL plus qu'll éloYso ql1'i
appela" mama.n.-II -el. ql1 'hl aana.
AussiL()l qu'il eut l'àge nt uis, JAl.Olbe.M Gl'énel
envoya SoOl1 fUs 0. l'écolo. Plus inLoll igcnt qUI doci le
était LIS si a rc! nt Ull Jeu I II à l'é lud.r
Je g.(~min
Bientôt, mililgré sa diss.ipo.won qui SOli vl"O,L lui 'v~
lait des rcrtlonl.mnce.s, il d vint Le favOY'1 du malI
que s6duisait son esprit vil et sn [rancllisc.
-
�C?l-
56
Cette franchise, plus gue toute au1Are qualité, Héloïse s'attachait à la. développer chez l'enfant. On
eût di t qu'elle reùoula.i t de voir poindre en lui une
tendanoe au mensonge.
l'vIrus Jean ne ment.a.il ja.mais. Il aurait rougi de
se sauver d'une punition par W1 mensonge.
Ses camarades l'adoraien.t. Les jourr-s de oong-é
Lambert Gréuelet a.va.it fort à faire pour défendre
Bon auberge contre l'envabissemen.t de touLe uM
marmaille, -d<Y.llt Jean dirigeai t les bruyants ébats.
A cou.ps de serviette, crian.t et riant à la fois, il
Les chassait lous comme une volée de moinea.ux
indiscrets ; et la troupe tapageuse a.llalt s'ébattre
sur la berg·e, à la grande frayeu r d'Héloïse qui eM
mieux aimé sacrifier son rcpos et la belle Lenuc de
l'auberge qu.e de voir son fils impr.udemment s'approcher de l'eau.
Elle imaginait Loujours pour lu.i les pires catastrophes, ce dont la ra1J1ait son mari.
- Ne vois-tu pas commc il est débrouillé pour
son âge ... et alerte, et adroit 7... N'aie pas peur,
va! D'ailleurs par ici l'eau est calme, pour ain-si
diTe sans courant ; aucune écluse aux environs.
Si Jean tombe à l'eau, il en sortira : il nage comme
une anguille.
Et, en efIet, Jea n tombait à l'eau ... volontairement, dans celte eau c.LaLre et tranquille, dès que
te ~omps
étaU doux.
Les baioo froid.s, les libres courses au gru.nd air
fortifièrent si bien l'enfant malin gre, qu'à douze
ans il en aurait pa.ru plutôt quin7.e, sans l'exprc&sion enfantine des yeux bruns, l.a.rge ouverLs.
- Tout 1e portrait de sa mère, répéLait Lambert
avec émotion.
- Oui t oui, disait sa femme.
Ils 6talent senl de cet avis, ct lorsqu'on entendait Grén~et
affirmer celle ressemblanoe, on metlu.;t Héloïse sur lu selle lie.
- Voyons voir, m'ame Gréllclel. .. Monlrez vos
yeux 1... EL vous trouvez qu'il VOtl!S ressemble, le
gumin 7 Jamai de ln "ie! J 'voux pas vous fnire
de Ir. peine, muis il n'a rien de vous .. , rien de rien 1
- Il ne me r'c 'semble pourLu.nL pas non p us,
disu.il aloI'S Grénclel.
Et il riait à gorge d 'ployée,
116loYse haussai t les épaules.
- Je v.a.iB vous dir-c, r prcnaiL-elle, moqueuse
un peu ; vous ne m'avœ pas n\lJue à son Age ...
J 'ai changé.
- Ben l El votre homme, y vous a CO:{loue quand
vou.s étiez gosse 7
- Il m'imo.giuc, riposLait HéloIse. El puis, quoi,
Jean ressembl à sa grand·mère.
On s'aimait !waucoup il l'auber'ge de la (( MaLeIole Il d'une affection profonde, appuyée sur l'estime ~éc.i!proque
- seule aIr ction qu,i puisse r6sisler à l'UJSure du Lornps.
- 11 n'y a pl.Ul de meilleure, de plus digne femme
que la palronnc, déclarait volontiers Lrun.bert.
- Je ne connais pas au monde un hO'IDIJl.e v&lant
Grénelet, proclrun.nit Ilélo1se.
Tandis que .Jean, après avoir bu à. su propre
2k>ire, se hClJt..ait de reprendre ses vM ments de tous
Tes jours afin do courir impatient do leur 31>prcndro
ses succès! 1 joindre ses cuma rades, 'un des
clients .altanlOs demanda;
- Qu'en ferez-vous, de oc g8JTl1n ? Un aubergis~o
qui prendra la (( l\laleloLe )) quand vous aurez enVIe
de vous l'Cpu S r ?
Lambert sc r6cria :
- Un aubergiste 1 Bi n sOr que non.
.
- Nous n'y a ons point s<mgé, intelT mplt Hé15 on a encore du t 'mps pour choisir il. Jeun
an métier qui ooit de s m goût,
pas sine l', cette préoccup<!-Hélol 0 n'~t
tion do l'av nil" de Jea.n, elle 1'0. depuis lunglemp!l.
Fot ((unnd Il l'h eu r ù\} dîner le gamin l'cntra
rs!'oufll&, ébuuriffé, tout vil.lra.nL ncorc de 10. Hullé
d t~s
jeux, Ue le priL contre elle, l'a.paisa, 1" mlL en
La 'Petite " 'Deux Sous "
~
ordre ses vêtements, lissa ses cheveux, et tendre,
très grave aussi, eUe demanda :
- Jean, que voooras-tu f~:ire
plus tard 7
- Plus tard .. , répéta l'enfant, quand je ser~
grand 7
- OuL
- J'y ai déjà pensé, maman.
- Vrai 7 El tu ne m'en as rien dit l
sava.is pas si mon idée vous plairait.
- Je ~.e
à papa et à toi.
- Dis-la Loujours.
- D'abor,d, réponds-moi, maman. Tu ne veux
pas·, que j'aie une au.berge comme vous, lu n'y
tiendrais pas.
0:1, non .
.:.... Alors, va bien 1 fit Je pelit dans un éc!at clIO
rire, Si VQUlS n'avez pas cette idée-Ià, que ça. ne
vou,s fasse pas trop gros cœur, quand vou s aurez
eDv~
de vQ.us reposer, que la (( MaLelote Il soit fermée ...
- Co.rnme tu vois loin 1
- C'es t mOTlSieur MiThande qui m'a rait réfléohir à ç'a.
- l\lonsieur Mirhanùe ... le. peintre quli a pris pen,..
sion. ici pendanl u.n mois l'c.utomne dernier 7
- OUI .. ,
- C'est lui qui l'a. demandé si nous comptlol1S
Le passer l'auberge un jour 7
- Oui
- De quoi y sc m~le
1
- Un dimanche, lu sais, il s'étais mis à pIeu'"
voir. Il était dans la salle,.. et moi aussi. Je m'nmusa.is il. faire des bon hommes sur un cahier, l\lonsieur,lirhande m'u vu. TI a pris le cahier, Cl. re.gardé mes bonhommc5, et hl a. dit : 1( - Il est
épalanL ce gOl I(). I~i n 1 P~tiJ,
tu rus des dh;posiLIOns pOllr II) dessin. Ça l'arnulSerait,.. il d'apprendre la peinLure 7 - Je famis des tabLeaux aussi
beaux que les vOtnr.'l? - Peut-èt.re plu!; be'l11x ...
Qui sait 7 Il .J'ai. pCT! 6 qu'il se moqu.ait. de moi ...
TouL de même, il m'cn 11 repad6 ct unc fois il m'a
dU : - Alors, Lu Slf' 11IlS aubt"J'giste plus tal'd ... C'CoSb
dommage 1 - Pourquoi, mon~iur
7 - Parce
quo Lu as un cou p de rayon qlll. pr~et.
Il Voilà,
maman, pourquoi je Le demnn.clULS SI, vous trniez
il. me rniro {!nrd (' ln « MaL IoLe Il ... Sl! Lu VOu lais ...
- Quoi, mon I?cLil .... Te faire ~prend
la pein,.
Lure 7... l\Inis OUI ... OUI, co &erllit très bien ... J'on
œu.serni avec Lon père.
- Oh 1 morci, m'man 1
Le soi r mêm • Tl610ïse mit son mari nlll cournnt
dos désirs de Jean . Grônelet appro.uViU : il y a des
pei.n.Lros qui gagnent trœ gI'OS.
- rel puis, dilril, c'est UM carrière qui doiL être
a,gréal>le, puisqu'elle rend gai.
- Ellc rend gai 7
-:- I?aane t As-Lu jamais vu, Rarmi las artistes
qm vLenneont il. La « Ma.!JeloLe d an-g uillas Il Ils- Lu
ja.m.a.i.s vu un visaJ,Je tr.isLe, hein ?
'
- Oui, ils ~on
. L Lou s bien en lrain. Faut dire aussi
quo ceux ~l\
vJ.Cnr~et
sont en humeur de rire ...
J\utrement, l~ ne vlJCnd~aiet
pas.. , En fi'l1 , si c'est
~ Id.OO du peL.ll.... J
valS écrire à monsi li!" Hl'hallde cL lUl dem'illllder consei1.
Il
Of' DONS AMrs
A moi l es plaisirs!
Les f olles ma/tresses /
Il //lui...
- Bonjour, mon.'liour n1nn runi. ..
Pu.u,l Mll'hand nrrêt.n. Ilet p n grn.nd nir l'L, tO\1
d'une pl!~t'r,
s r Lourna sur s n hnut Ln!>ouJ'C't de
pnillc. A !'cn!J:l:e de l'u,!,cHor une jOlll1e Hile sc tenait, souriant.e.
'
�I:l'C-
La 'Petite " Veux .sous" ===================== 57
- Salut, petite Princesse ... Eh 1 bien, arrive ioi,.
Tu es en retard .
- Gela se peut.
- EL voilà ta contrition 1
- Si vOUJS me grondez, je m'en vais.
- Va.-i'en 1
Le sourire de la j.eune fille s'épanouit en. un rire
,franc.
Au lieu de s'en a1,ler eJile refenna],a porte,
et se mi t en devoitr d'ôter son chapeau.
.
- Sais-tu" reprit 1e peinlre, ce que j'a1me en tOI 1
- Tout, j'espère.
- La mtUinc 1 Atlen.ds que je te. le disco
- Non. Vous ne le direz pUiS.
.
- J'ai envie de te ballre 1.. . ce que j'aime en tOi,
c'est que m~e
lorsque tu ris, les yeux reslent
trisle.s. '
- Vous aimez me voir triste ?
- Tu ne l'es point, puisque lu r13.
- Mœ yeux ne rient pas .. . e t les yeux, c'est le
lnirojr de l'ème.
- On dit ça. Mais d'abord, ça ne prouverait
lien: le m1r"oir d'une femme doit Loujours mentir.
- J 'aime rnj,eux que le mien me dise la vérité.
- VOye'l-VOll'S ça 1... Non, mais, parole, tu ~e
trouves jolie?
- Pas vous 1
- Je n'en sais 1'1en. Je ne me le suis jamais demandé.
- Eh 1 bien, moi non 'p~us
. Mais si V{)US m'aviez trouvée l<lido, vous ne m'auriez p6>S f'ait POOOI'
pour Ophélie... qui devaIt être joli,e, ni: pou,r cetl,e
Princesse vénitienne, qui vous a ~aLu
une méda~le.
- Et à Loi, un surnom. Prinœsse, vous avez une
Colossale vanité.
- Pas du Lout 1
En parLn~
elle avait enfilé une longue blouse.
ElLe lira un chevalet, découvrit une élude commencée, ouvrit RU bolt.e de cou'leurs, puis, toules c~s
choses prêles, elle alla s'asseoir sur un divan.
- Eh! bien, tu ne travailles pas?
- .J'Slttends le modèle.
- TiJ<IDs, parbleu, c',est wai 1 SOIphi.e n'est pas
o.rl'ivée.
- VOUiS voyez bien que joe n'étais pas·' :eLard?
~l
même, mon ami Lancrol monqu·e aussi.. . Si
J'avais pu prévoir cela, j'aUl'uis lralné ...
?
- Tu redoules Le l~Le-àtê.c
- Avec vous 1... Ah 1 gr,amds clieux, non 1
- Hum 1 CH le peintre, comm{)nL clois-je prendre
Cette confiance, pewt-êlre aprè s Lout excessive?
- Comme une preuve d'.cstimc, monsieur mon:
~,
et aussi d'if>ffecLion... Om, je V{)UIS aime
leu .. .
cc
Mon cœur est en lroi,s morccaux : l'lm pour
Sonia, Ioe seoond paulI' Lan.crot, l'aulJ'e pour vous ...·
Et, comme mon cœur est l'I'ès, très grand ...
- Tu crois ça?
- J'c n suis sû r e. Je le sens. Et alors, vous comprenez, l,es moroeuux en sont gros.
- Un gros morceau de cœur... Je possède un
gros mOl1000.u du cœur de la Princesse 1 Je pourrais m' en conlent.er. Mais je suis servi l'e dernier
diltl.S ceLLe distribution, et cela me chiffonne.
- Les derniers seront les premiers ...
- Oh 1 0.101"13 ••• Mais tu n'arrives jllJl1Ja.is au bouL
do ton jd6e : pourquoi a11fOois-tu lralné si tu avais
Su que le paLriarche ne serait pas là 1
- Parce qu'i·l n'[Ùme pas qu'o jo sois seule avec
Un monsÎleur ... mOrne avec vous.
- De quoi se mêle-t-il, ce vieux? Tu sals, cetLe
f~çon
de gouvernanLe il. barbo blanche est un peu
l'Idicule.
,,_- Oh 1 Il a bien le droit (le S'occllpcr do moi ct
"'I.l ç.e quo je fais ... pauvre bon yi'eil nm il. i vous
saviez co qu'il 0. ét6 pou r moL .. pOUl' Sonia 1
h':- ;PeliLo Princess., quand me diroz~yus
votre
~lo.'
1... Je ne sais rien de vous, mOL .. Lorsque
~
je travaillais à Grenelle dans un alelier que, je partageai,s uvec trois camarades, j'employais comme '
modèloe un vieux manch{JC très misérabLe, qui ressembl·ait dans sa cape de drap vert à un brigaI1a de
comédie. Un beau malin, le bonhomme me laisse
en plan. Des jours, des semaines s·e passent... Enfin, le modèle r eparalt, plus absorbé, plus muet
que jamai.s ; oependanL l'expression de son visage
est müins triste.
« Là-dessus, je fais un hérit.age, un petit, Lou l
petit héritage. J 'en prome pour m'i;n.staùJe.r ch'Cz
moi, dans un E.teli.er où je pui·sEYe t.rav.a.iJIer seul,
aV18C une cl1a.rribl'e
à mE.' guise. Je loue cet a~elir,
albenam te, une poti~e
cuioSine, en.fin... I\1n paJai,s 1 J Y transporte mes frusques, mon chevalet ...
et mon modèle à barbe blanche m'y suit.. . ou plutôt
m'y poursUJit.
cc Je commençais il. être fatigué de peindre des patri.a.rolles, si bi en que j'aurois Fmi par congédier
le bonhomme, s'i! TI'av'a:it e·u, u.n. jowr, 16: bel1e idée
de L'runener. Tu n'éLai.s guère encore qu'une gamine... maigre comme un olou. En ~ voy,a nl, je
dioS au vjeux :
- Pourquoi m'amenez-vous ce fauch-eux?
- Je m'en souviens, inLerrompit Princesse, et.
cela m'a fai t riJ'.e.
- Et Lon rire, reprit ,le peintre, me fi t te rnjeux
regarder ... et je compris !Iout le parti que je pouvais tirer de ce vi,sage émacié de petite vi€rge. Tu
me servis plusieurs fois. Le vieux famen.aH, s'asseYO;i,l dans un coin et a lLendai t, sans bouger, que
la séance ait pris fio. Tu engraissoo très vite,
Princesse, et &01'S tu deyj,TIJS une Ophélie exquise ...
et 00 Iut ce momcnt-Ià que tu choisis pour me dé~
clarer que Lu avais assez de la pose et que tu voulais peindre à ton Lour. ,Te be savnis seule da.ns la
vie, seu le avec cet éLI'ange et vieux défenseur qui
- œla se voy.a.irl. - se serai t fait tuer pOUT Loi d~
bon cœur ... Pour ce que ça t'aurait servi l. .. Tu
parlaîs aussi de Sonia. et quand je te demandais :
Il Qui est-ce donc ? l) tu ouvrais tout grands Les
yeux et tu d.i.sais : cc Eh 1 bien, Soma.. . c'est Son1a. Il Le vieux n'oéLa.1t guère plus exphcitJe. Il C'est
une am ie d'Yvonne, qui a pris la. obJarge de l'enfant. li Et je l!1'en ai j-rumahs s.u daV'E.'l1,t;ag,e.
- Mon ami, je ne pouITaiJS V{)US en apprendre
beaucou,p plus. 11 y 6 dans m{)n exisLence un mystère que jo ne pourrai sans douLe jamais éclaircir.
Si loin que je me .souvienne , je me vois sur un Lit,
dClJIlS uno rnaison inconnue. Une femme se p€ncbait vers moi et me parlait douooment. ElIe se
nommait Sonia. Dans ma tête, horriblement doulJoureuse, il y availL Ull chaos... ùes images confuses, des figures -grima.çantoCs, d'aulres Bouriante.s.
Je me .rappelle qu'un vieillard - Lanuot - est venu. Je ne le connaissais pas, et pourtant sa. présence me iaisai t plabsir comme ceBe d'un. ami. Je ne
parlais pas... ou je opa..l1lais très peu. Un matin,
Lancrot est arrivé. Sonia m'a empo.l11ée dans ses
bras, comme un petit oofant. J'Mais si maigre ...
je ne devru,s paS! pISer beaucoup. On m'a mise
dans une VOilUI~,
Sonia el Lancrot son,t m<>nLés
près de moL.. Je m.o suis év.anouie, paraH-il : le
mouvc men t, J'air vif au sort.ir d'une chambre de
malode m'avaient saisie. Je repris conf~isae
phlS Lard ... Nous étions loujouro cn ViOiLure. Nous
arrivions à UM tourte pctiLe gare. Sonia me prit
oocoro dans ses bra.s et m'emporLa. dans un wagon.
LanoroL ne vint pus av,c c nous; c'.cst il. Paris que
nous l'avons rdl'ouvé en arrivant. Il monta en voiture avec nous .ct nous mlfimes dans un hOl.c1. Là,
Je fus .encore mwll/lde quelqucs jours. 'J e commençojs li. parler, li. ilvLerroger. Sonia. me répondoit ~
H Plus tard, p lus to.rd 1). Enfin, quamd je pus me tenir dd)OllIL, cl10 ln'emmenn dans le petit appnrl.cment que, depuis, nons n'o.vons pas qll i1té, aux
l3alignol,bes. Lancrol hubil>c, dans ln mOme maioo:n, une cham bre /:lU sixième. Le plus Bouven t
il .refuse de prendre ses repas avec nous. EL pow
�La
~n8=
;:tant Sonia le traite mieux qu'en égal : elle a. pour
Ilmi de la, dMérence. Cbère Sonia. 1 Quand elle vit
que, bien .remise, mais épouvantée de n'avoir dans
Ima pauvre tète que du vide, ou plutbt un choc de
'oouvenirs vagues et cootr.ooi.ctoires, je m'obsti.nais à. V0u10hl' me comrprendre moj,.~e
et me
.rendro comple de ce qui m'en.tourait, elle ne chercha p()oint il lDA:I leurrer avec des fa.bl.es. E\llie m e
dit : (( Je n'en sais pas beauooup plus que toi sur
ton passé. J'ai été appelée par une personne que
je ne coIlIl18.i.ssais pas et qui I/,'avait l'ecu,eillie, pour
te soigner. Oetlie personne est morte et sa CamBle
a voulu f..'éloigner. Tu étais dangereusement ma/Lade. Jo suis partie aVl3C toi. Je t'ai gard ée un peu
de temps il. ~n campagne, puiJ8 je t,'ai amenée ici. Tu
m'appartiens, puisque ceux qui s'intéressa.i-en.t à
toi t'on t repoussée. Il ne faudra jamais chercher
à les ret.rouver... d'aiJleur.s, tu ne le poUlTaie pas. Il
1.1 e demabdai IQ illom de ma bienfaitrice. Son.ia me
dit ; Il Tu ne me connai13 pas. Mais regarde-moi,
Tegardc ffie8 j'eux. Tu volts, lu sens, n'œt-ce pas,
<pIe j e ne veux nullement te mentir, te tromper?
!Eh ! bieru, 00 .Qom, ·il vaut mieux pOUl' toi l'ignorer.
J e t'ai emportée comme te vol111nt, pour le 5000traire à un grand {langer. Sur ce dang(?f' jamais je
ne dirai rien. Tu ne dois rien iSavoir. Oublie-le,
comme je m'efIorcerai de l'oublier... )J Tout cela
ét.ait obscur, bien compliqué paru' une pauvre petikl créatul'e ébranlée par la maJ1a.die eL dont le 001'veau, 6'éwiUarü à la vie, avait peine à précisCJ' les
choses. Je devais avoir liU. mentnIJt6 d'un tout petit
enf8iD.t... Peut-ê(.r-o ne me serais-je point SOl1vanue
de ce que- m'avait diL Sonia si, plusieurs fois,
J'ayant de Q1(J\lVCt\u questionnée, je nc m'étai.s al[i,ré les Dlémes répolloos. El chaque fois je voyais
.mieux combien mon insistance lui él.aht pénible: je
118. faisais vraim ent souffd l'. Alors je tenlai d'interroger Lan:el'ot. Il me dit ne rien savoi!'. 11 devaill,
ussurait-il. une grande roconn,aissance à madame
Sonio. qui l'avait cllaritablemont u:ccueilli, et à moi
qui !liui ruwell une eillant gu'il a jadis booucoup
aimée. AlollS, jV' me résignai à. ne rÎ-on savoi!', et
,bienlOt d'u,uLrcH
préoccupations m'assaillirent.
!I)'tlbord Jl1.OUS Jl.vi-on.' vécu sans soucis. Je voyais
Sonia. puiser ,dans un porlcleuit1le qui conlenait
des billels de banque; mois üs n'ntaienl pas en
bien gnmd nOll1IJl' . Un jour elle avoua à La.ncroL
qu'elle louchait il !Lu fin de sa réserve! Alors il lui
dit qu'il avaiL repris ses séanc
de pose et que plusieurs p intr- 1'<JllIployairnl. Il sUPT1J.ia Sonia de
lui :pcrmcLbr'c de nous uider. Elle refusait, disanl
qu'eLle nlfi~
!J'l1VU.Ü!CI'. Il Ma.ls, difrelle, ce que je
faisaü; jadis, 1-c ne le ferai plus jama.i.s, jamais. J'ai
IIorreur d(') cc qui l'Ilpp.f\llc 1 prussé.» Alors je compl'Î-s ql1C 10 passé do Sunia élait mOlé par quclque
chose li. mo.n passé il. moi, du moins au plus r6ccnl.
Sonia ch l'chl\ du travail. Elle écrivait., écrivai L
pendant dos b 111'(''') cL clos heurell, puis s"en nllail
offrir aux journaux sa copie el raoovall parfois un
pèu d'aI'gen t. Il JIIÎ en coû(nitl8.f.freusemcnL de :;01'IiI', Ùt{) voir du mon.ùe ... EIl.(' ~e
déoJ.a.rai l at,INnlte
ct nClll'as thénio <01. lu~I. !l.i con,tre ses ncl'fs. ml 0.
cu hrau l1utLer ! SUH nerfs nt prü:l 10 dCHl:u~
. EIl{}
souffro pl'osqU{) consLn.mmen,l, s'irrite dt' son inaction 'l ('r[fr frl'iI.lltion la rend plus mal.nùc. Un jour
Lan~
'I()1
ln t.une nn ('hrz VOU . .Te no coois pns qu'il
eOt la prnsée de me propoS<'1' oomme modèle ; t'1
voulail seulemen t me distr'o.irc U.ll pou. C'est très
BOUV nL que jn odais avec llli. Vous slli\·rz.le res.te.
- - Pauvre rpct.Hc Princesse 1 PauvI'c prhLe Pnncesse, VQUD devriez Ciro sombl'-e comme un mélodrame, plaintlvo comme un 61égie, cl vous OL~
délitcieuS('.lI1elll gaie... tin luul
t pure comme UJn
gll(!llot d'or... t d"hol'danl.o de vie.
.
- C'est que, dit la Princesse, fai tout un a.r\léré
à rel))' ndrc... les I.\.lln6cs don L Je nc me S u VI OtS
pas. Durant CC {('!li pa-là, Je n'ai pas dÛ être heu·
reuse. ct c'est dl' lA q1le vien l la. contrd~.i
que
vous o.lm~
: ma bouche rit au prés.ent, plus encore
'P~tie
U
'Deux Sous
Il
~
0. l'avenjr, et daM mes yeux, un peu du passé d·emeure qui les attriste.
- Peti·Le Prin0e6.':>e deiégende, quel àge.a.vr.z-vOtus?
- Je n'<m s&is rien ... Je dois avoir vingt-deux
ans ... ou plus ... 0I.l ffio-Lns ... Qu'en prnooz-vous ?
- Je pense, d1t le peintre, que VlOU.S avez l'âge
des a'ooos et du printemps.
Il ,p rit ~a main de la j eune filJe, la baisa.
E.!JJ.e essn.ya de rire, mais son rire était moil1S
clair, et BUe fut tout heureuse d'entendre frapperl
à 1-0. porLe d'une façon dri.scrète qu'e1:1e reoon.nut.
- Ah 1 dit..eUe, voici Sophie... Au travail, monsieur mon ami, et Burtout jumai.s, jamais, ne trahissez mes confidences.
- Ne cro.ig.nez rien : vous· a.vez de plu.s ûnciens
amis que moi, vous n'en avez pas de plus dévoués .. .
de plus sincères.
- Je le croi.s, dit..elle, .t rès grave. Je l~ sens .
III
LA POULE AUX ŒUFS
n'on
- Monsi'e ur le baron fait demander à manam<l la
baronne de vouloir bien descendre au sallon.
- C'est bien, Irma.'
Rien n'était changé dans la chambre luxueuse où
IVIargnerile de F()ol·b erL, jeune mariée, avait connn
to.nt d'heures tJûureus.es.
Quo ce Lemps semblait 10intain, irrécl il. la pauvre
temme ! Ses jomnép8 à present s'écou1.aaent mornœ
dans cette chambre plei.ne de souvenirs des joias
défunLes, et e1le s'ét()nnait de V'OÎf les choses 81 pa/l"ejIJles il. j Ilifli s, tanois q.ue sa vi€ intime 6: subi de
teLs boŒleversrunents !...
!
Ah ! que de mine,s autouT d'.elle, en el~
QrlJclle vainc lutLLe contre les m.q.1l'ValS génies
acharn6s à saper son bonheUtr 1 Une soole. chose
esl l'Cstéle, irJ'édudwle: l'amour de Mal'gu
e l'j,~e
paul' son mar.Î!.
Mais \JoUL est mort de ce qui faisait la noblesse et
la douceur do cci amour. Mme de Folbert ne peut
pll15 estimer oo.lu·j dOJl,t clle porte le n-orn, l'lIe ne
peut p"
hélas 1 se ~!,oi.r'9
aimée... Non, ('Ile n'a.
même
; conservé lllluslOn de cette Len dre.sse.
P.o.rtiojs· HOOlll n dos ~Ian.s,
des crjs d01.1.!l)l1rCIlX,
qui font que MargutCnLe a COtlJSciooc,e de lui Ctl'e
utile encor, d 1 d6f cfLdrc par sn pr600nce d'une
plu<s compdèt.e ~éhance
j ffitüs eUe srut aussi que
? 'almer ?a f.emme s'aime lui-même
Rooul av~t
ct pr6Le.n.d JOillr de la Vle.
Raonl a trop vile compris que la pa.saion doulourcuse ,de :a rem.me ln .faismL flo n <'.oSclav à jn..
mais. II a mOl'l'lS prHl lEI: ~lIe
de feindJ1CI, s'csl monl.r6 fl'<UûCh<>Olllent au tont8JJre, cyniqllC'l'Tloent i"gOYsto.
1J1I1e a souffert d,wu,nlage <'.t ne l'a pas moins 'aim6
.
J 0.0111 Con tend être ()obéi.
C'cst p<Jurqu.tQÎ\ bien qu~
sachant qui elle va l"O1~
ver au salon ct. pourqUOl QIIl l'a[}pe.l'le Mm"'llerit.e
doc.i}e à l'oJ'{l!re reçu, quiLLe (1UJ!lSLt6t 'sa CJ~ambt'e:
DL'{ heuJ'cs soDinent. C: t le soi.r. En pnss(l.nL
d~vant
sn huulLe f;llaoo gu olair-en~
des n ~lu"S
éIcc\.l'lgues, Mù.rguerl,Le JeLLe à wu image un mélo.ncoJiq1ùe rleg~d.
Le temps n'est pl'us où l'flITJOU.r
de l-tooul 1ll.L d.onnait l'i.Ull,(3i.on d'~t.r
CJ boUe. Sa jC I1 l1esSO œt. f~née.
~
ch.cveux ont des mèches gris.es, sonl Lei.n t a pâlI.
Mais l'expns~
ùu rega.rd si fièrrmont résiun.e
gné, La mél.a!l(X)ljQ du sourire lui ~OJ1ne.t
bOllut6 nOlw~Je,
plus .k>ucbfmLo qu'wn '~cla.
t do prin ...
temps et q)ll appello lI'J'oo.i.sLible.mol1t la sympa,Lhi
,M.a.rgu.e..rlL. p~rte
'Ulloe toileLLe 6légllnLe (le mlûLro
1 eXIge), mal.9 dune OOinbe eff.a.cée, d'un gl'ig dOl1X
'U[) peu ma.uve, au corsage à peioo OUN l'l. Un haut
c0·!Jel' de porles mainLenuos par des ba.rot~
de
brLllanl.s cn erre son cou. POUl' obéir à Raoul enoore, cos perl - car cUe Q. prs l'hCM'rour des bi-
�f~
La 'Pdite ., 'Deux ~ous
u
===========:::s:::======== 59
'1mx, l'borreur de toutes les parures: le bonheur
songe à se par,er.
fseul
~ On rit très rOllt dans le salon.
\ 1\tI.argul8l'ite s'attarde un ins·tallit, J.a. main f3iur la.
~rte,
repoUBSée par ce rire vulgo.ire qu'elle connaIt
Jif-en. Cepen:dlant, ehle sa décide... entl'e.
1 Ah 1 voici notre chère petite oorOl1DJe! Bonjour, rnignoo.llle. .. Vou.s wilà. plus jolie que jamais
LoUjollrs ai jeune!
Dœ grosse femme, en robe de soie d'un viillet
'a.ro.ent ou1nagew;ement décolletée, portanJt sur sa
Lmitrïn.e moDe tout un 6ventaire de joyaux se lève
~C
les bras tendus, va vers Marguerite. Mais I.e
,mouv.em.e.nt de recul de la baronne est t.rop net:
,la grosse fermne l&Ï&se reto~
ses bras.
- Ne vous voynnt pas, ma t.outte beJle, nous nous
.inquiétions, craignant que vous ne soyoo malade.
- Je n'étais pas prête, dit brièvement Margl18'rite; veuillez m'exeuoor, ro8Jdame.
Debout devant la cheminée, Loujoums très beau,
d'une impeccable élégance, le baron Raoul de Folibe.rt regaroait MargueriLe.
Au mouvement de recul, visiblement de dégoo.t,
dont e.lle. a repoussé l'élan de la grosse femme,
'Raoul a fJXlnc6 lœ sourdis.
Cetle ombre sur le Visage du maUre donne à la
malhelU'euse le courage de micux ent.rer dans son
jt'6le: elle va d'elle-méme au-devant d'un petit
,homme aJUquel SOn habiL, pourtanL d'un bon faiseur,
,ne parvienl pas à don:ner l'au' il sa place dans ce
,saJon très élégant.
.
" - Bonsoir, mo,ftsLewr Simoon.
- l\ladame la baronn.e, je suis votre très humjble servFt.eur.
EL t'.usu.rier sa rencoig:ne da,ns l'angle dc ia ohe~ée,
à l'ombre proLeohrice de Raoul.
Vr.n.i.ment, <Le oos deux hommes, celui qui a sur
l'antre toul pol1vo.i.r - eL quel cruel pouvoir de
terreur et. de honle 1 ,- semble bien êLre cc beau,
col arroganL Raoul.
l\Iais Mme 00 Folbert sent gue ceLte arrogance,
coUe fierté recouvrent. une craUlte perpétuell . J a:mais le baron n'a CQl1sen.li il faire à sa malh€UICUSe
lf.e.mme l'aveu du crimo co.p1IDis. Maie e}le s.ait
.q u'il a éL6 OOUpii bIc, el elle chcrche, elle UDngme
Jes pires choo·cs. La pensée d'un meurt.re mOrne la.
(l(nLc. Un jour elle Il 056 dire au 'baron :
- Si vous avoz da.ne votre passé une action honteuse, le temps néce.ssaire est écoulé pour que
vous n.c soyez plus sous lo coup d'une poursuite ...
'Libére7.-vous de vo.s pers6cuLeul'::!.
. Non, non, je ne pour- Us ferai·c.nl un s~dn.lc
mi. me déJJarrasscr d eux que par ...
, TI s'Mai L Ill"rOLé, ,les .yeux brusque.rnent baissés
IJlOUT en dérober 16e10.11' à Marguerit.c. Et elle a
JOOmp.ris cruolle pe~sé
<Le m~,
n traversé le cer~u
du bll.l'On ....El~
a fl'éml d. horreur. Ah 1 plu:tôL subir la dOml.OOtlon sournOLse de ces gens 1. ..
.lU ç'a élé 1 UI' hideuse pr~lce
pl'osqU() chnqu
~or.
ILs onol a,n:tê.Oé. « ~
amlS n que, (f'ni1l urs,
pe baron sembl8.JL déjà. CO'llJlIl1tr<l t que Mnrr:,rueritc
~epto.i
sont> di cu SIan, J)1~lS
écœurée, plu,s rnnl'hEJIu'euse et aussi mieux vllmcue.il chB1]ue intJ'u!fÀ.On nouvcUe. Pe'tl à peu, les omlS de su. {amill ,
peux dos llJlnées hc.urOUSeB}, ,s'écariè~nL
fl'oi~R
s
lpar lJatWud~
ckl 1100u1, :flIL\JlLude ~u Ils pre;Dillcnt
<JlOur du dédain ,L qui atnJL, ()/l:r I!lJ, à des::!em. calFOIre M{oJI'gur~L
eUe·même aiJdalt il. lcu.r él~gIO
~nL
ces Il.émoi<o'S 00 son honheur ne frusarut
JO: 'a!l~)rci
sa prOOcnt..e misère.
r l.ongt mps., La j une femme a co.rC>!'\eé l'~poir
la gu\ri.oo d M. Martel. Alor~,
f/penant !1.Upl'~
cf<CJle son. pèl'C, s dévouant il !tll, elle se s nl1l'fllt
moin.s i.ol ,moins (jIX>lra.g
~ c.
I·~t
puis,.il l'aurait
.rodée à défe.ndr le peLit Pi !Te oont!'e les mflu
e lc~
néCnslcs dl1 n01lvel clltourage il. Ile unposé. Il l'lUt
nu pmI. cl.eur poUir LI, un guide pour .J'enf.a.'ll.
M. Marl.eL ne guérit point. Uno s.euJ.e fOts, SA
f1l:1(\ n (-1,., oiClmisc li L'npprochC'r.
;et
~
Elle s'est trouvée en {.ace d'un pauvre être revê"btr
eL qu'un ga.rdien maintenait avec peine. En voyant Ma.rguerite, il a hurlé
avec rage et. l'a. maudi.t.e... Elle n'a p.lus demandé
à le voil'.
Un jQ\ll', SUI l'ondre <le RaouJ, on 8. 81rüe.n.é Pierre
a u saJon où se tJroumt le couple Siméon. Ré.becoa
a pris l' enfant g.UI ses genoux, l'a embro.~ê
- Comme cet &mou l', a dit la groSSoe femme
.ressemble à sa. chère maman 1... Mals il aura.
l'esprit de son père. Qu'en ferons-nous, plus tard,
de ce ché.ru.bin 'l
Il Qu'en lerons-nau.s"
li
Ces mots ont pénétré
d'a.n.goiss.e le cœur de Marguerjte.
Quoi 1 CeLLe temme a.urrut quelque influence sur
le fils de Raoul - son fils il eLle - et Raoul l'o.u1.0l'isel'élJtt 'l ... Ah 1 non, non 1
Depu.i.s lors, la crainte de voir son en.tant aux
mams cie o~te
mégère a. poursuivi Marguerite.
A oeLte époque &le tomba malade ... si gra.vement
qu'cl1e crut en mourir.
Et ce fut unoO surprise pour Raout de voir que la.
femme de chambre de sa femme, la fidèle Héloïse,
choilSissai t cet instant pour s'éloigner, quiLLe r sa
matt.resse a.vec éclat, sur une simple réprimande.
Que1!l'U<OO jo.urs plu'S tard, la bonne du petit Pierro
aya'DIt emmené l'enfant nu parc Monceau y renconlrn Hélorse. Les deux femm
causèrent longtemps. HéJloIse pllJ'a1ssOJi.t con \Ji te.
- J'ai eu tort, d.i.snit-elde. Pauvre madame, je
la regrette... Parlez pour moi, voulez-vous 'l D'7
roand z-lui de me reprendre.
L'uutre prom6ttait son intercession et bavardai,t ,
questionnée par Héloïse.
Pierre s'était éloigné de quelques pas
Sou.dnin, sa bonne s'inqui éta.
- Bébé ... je ne vois plus bébé...
E1I.e I.e chereba sans trop d'anxiété d'abord, puis
en s'affolant Hélolse .J'aidait, ananL d'un roté Lan·
<lis que la bonne cow'ait d'un o.uLr{) ... C'éiai,L l'lleuro
cm le parc regorge d'enfants joyeux et de nounous
bavardes. Beaur..oup connaissaient Pierre, habitué
du ja.rdin. Personne ne l'avait vu 1
Longtemps les ct ux femmes cherchèrent... La
bonne pleurait; HéloIse, très pMe, s'affa.iralt. Il
falluL reverur à l'hôtel, rumonœr la di.sparilion du
pa.U.VM petit.
- Je ne vous accompagne pas, dit Hélolse. Je ne
veux pas voir le cbagrin de MMlam .
Ce fut Raoul qui apprit li Marguerite le malheur
qui la frappl!.H.
- Mais, dit..iJ, on le ret.rouvera, soyez Lro.nquille 1
Je ferai le nécessair.e.
ELie \'6cou lai t, sans parallre oomprendl'e, avec
un él.J'i1ngc ,"ga.rd. Soudain Il éclal:a de rire, un
riTe stridant qui s'acneva en an gl ots.
On nc ret.rcmvll. point l'enfant volé. Et ja.mai.s,
, d<>pu.Î.5 lors, sa mèr ne prononça son nom. Elle
devinL plus triste., piUS sombre, avec un perpétuel
éclat de 'film dans 1 yeux. hlle ne parlait gut'ro,
eL sea !1Clt(ls h~bitu.('ls
ne scmb laient poinL s'offenser <le cC' si1eoe·a. Rl-b ces., OPp nd8J1L, par d'incessantes question$, a' ff rçail génémllr.ment d'obte·
nir mieux que des r~pofi>Ses
évasives et trop brè·
ves. Ce soir encore, ayant entralné la baroun RUT
un cannp6 Ol\ la gros, (.,mm se lai' tomber
pri\'i rI'ell e, nébcœ s'obstina dans ses eItorls d'amabidité.
- Vous avez, chèr~
baronne, une robe meïVp.i1~u3e.
Oh 1 mu.is oni, pour sl1r 1... QueUe jvlie
étoffe 1 ; l <111 volour8 frappé 'l
- D la vanno.
1). la ... quoi, s'fI vous platt ?
de la camisole <Le ro~
tout
-
PU.!1I1" .
RébC'..<)(Al. se rellvoer , avec un écln.L de rire IInl
s.ecou.u IIoll'l i:l()ft gros corps fJVf\rhL
- De ln panne 1... Une ôlotCl' 'lui doit c ûLc.r .~
yeux do la tél<c ... Ah 1 o.h 1 ah 1 PourqUOI pas d~ Ùl
purée ... 1Ii ! h i 1 hi 1
�~60
==================================
Le baron causait à mi-voix avec Isaac. Il cessa
de parler et regarda la Jui.ve qui, s'en apercevant,
répéta son inepte plaisanLerie. Le baron eut un. riTe
indulgent, Isaac grimaça de satisfaction.
Depuis qu'mG na;geaient dans l'opu.1enœ, les deux
époux vivaient en ~aite
union.
EL Siméon est plelD' d'admiration pour le génie de
Rébecca 1 C'est à elle qu'est venue l'idée d'établir
de façon oontinue et toujours fructueuse le chantage
qui met RaoU'l à la merci du couple juil.
Yvette disparue, les pièces accusatrices r estaient
a.ux mains de Siméon. CeLui-ci, venimeux, ja:loux,
après un gros versement reçu voulait, telle une
bomlle, lancer sur la route de Raoul les terribles
accUlSations, puis disrarattre. R&becca en avait dissuadé son mari : m.LeUX volait agir doucement et
ne pa.s étrangJer la poule aux œufs d'or, avant
d'en avoir tiré tout ce qu'on en pouvait prétendre.
- Oui, répO'Ddait Siméon, et quand il n'aura
pLus rien à craindre, le temps de prescription
écoulé le baron nou.s enverra promener.
- Non. il ne nous enverra pas promener, parce
qu'il 8IIlra toujoUJrS quelque ohose à crai.ndre.
- Quoi?
- L'a.ccusation d'avoir fait enJermer son beaupère pour se rendre mallre de sa fOl·lune.
- On n'y croirait pas.
- Non, si on mettait ça sur le dos du baron de
Folbert, riche, considéré. Oui, si du même coup
on découvrait la vra.i..e personnalité de ce bea.u
monsieur... Fais-.lui comprendre quc tu ne croIs
pas il la. folie du beau-père. et tu verras sa têbe 1
Isaac avait, en tous points, suivi les conseils de
Rébecca. Et les résultats de l'habile manœvre demeuraient si sati.sfaisants que l'affreux SiméO'D
en éprouvait, pour sa géniale compagne, une admiration respectueuse et aLteoo:J'1e.
Lo couple s'aLLachaH aux Folbert ainsi que d'Sr
vides sangsues l't ces aff.reux juifs n'éLaient. point
les geugs à exiger, comme cho'e doo, une part de
cel or pa.y~
par des larmes el du sang. Le prix de
réaùisé avai·t subi un réemploi
l'hOieil de M. r-,.1~teL
acti1. En réalilé, de ],a valcur immobilière ni des
valeurs e.n portefeuiJ.Je oonsLHuan,t la fortune de ses
beaux.parents, l'ien ne re "laiL aux mains du baron.
Il avaH dû s'exéculer. C'élai t le sacrifice prévu.
La dot de Margue rite même avait été ébréchée.
Pourtant, le tmin de mai.son des FolberL en Elpparooœ demeurait le même.
Une superbe auto, dernier modèle, est toujou.r s
au garage; le chauffeur a élé remplacé. 13eppo a
Quitté le service. Il mène joyeuse vie dans un monde
interlope et, de t mps 0. aulre. fait à son ancien
ma.1lro une visite in Léress6c. Raoul l'accueille
sans plaisir, mais il salt qu'il doit J'accueillir, et
jamais Reppe ne repart les mains vides.
Pour sulflre à LOUit cela, le baron tr ouve des rcssaumos... dang rellOOS. dont les Siméon exigent
un profit; de6 r ssources qui se tariraient peutêLre. si la disLinction parfaite de Marguerite ne
donnai.t aux Il soirées 1) du baron, auxquolLes on
la contraint de paraltre, un cachet de respecLabilité qui oot une sauvegarde pour Les initiés, un
attrait, une garantie pour les nouveaux Il invités 1).
Rébecca nait encore dans un ébranlement de
touLe a. chair gélaLineuse. lorsque la porte fut ou"c.rte p.u.r un impecoahle domooLique annonçant:
- Monsieur Durand.
Et 10 vénérable vieil1a.rd, ni plu..'! ooUJ'bé ni moins
imposant que naguère, IuL introduit.
Très vile, d'aulres noms furent je tés par le valet
de piccl solennel, la plupart l'onllan ta L sO'Dores.
- Monsieur le
mto de Dollusaccio... monsieur
de Rocheville-La.lour...
El d'ootres plus humbles, comme heureux de
passer inaperçus:
- Duporyl. Grossac, Gu r.i r...
.
Margue.rt Le, debout., accueillait sans élan. mW8
doucem nt polie.
La 'Petite .• 'Df!UX Sous "
~
Le comte de BeLlusacciol grand, brun. teialt
olivàtre, diamoots aux dOIgts. s'in'Clinn. SUl' la
ma.in de la ieune femme et la baisa.
_ M. de Roch ev ine-Latou.r. petit. /trop maigl'e,
teint livide, bredouilla une ph.r.ase Bm'Poulée.
Les oaulr-es: Dupont, Grossac. etc.... personna.ges secondaires et quelconques, saluèrent plus
cavalièrement la maltresse de maison, réservant leur empressement pour Réjlkca qui les.
d'elle. Ceux-là, plus que. les autres,
gro:upa a~tour
étaient de son clan.
Le comte de Bellusaccio s'excusa, d'UJDe voix
caressante, d'avoir pris la lioberté grande d'enga·
ger Ul.1 die se~
amis, de passage dans la capitale.
à vemr ce SOtr.
Le visage de l'vlargueribe eul une contraction
douloureuse. Ce fut le baron qui répondit:
- Comment donc, lrès cher 1 Vos amis sont
nos amis.
Presque .aussilôt, rami du comte parut.
- MonSieur Borùève, a'IlIlonça le valet
C'était un très jel10e homme à l'air âssez timide; un je ne sais quoi de' gauche d'indécis
émanait de sa personne.
••
Rébecca jeta au com.te de BellThSa.œio un r.egnrd
in terrogateur. Il y répondit par un clignement
des paupières.
.La groo.se femme eut un sourire avide, landls que le baron de FoJbert, après avoir dit au
nouveau venu quelques phrases c1e bon: accueil,
proposait n égligemment:
- Mesi~ur
... un écarlé, si cela vous Lenle ?
Marguenle. encore plus pâle. alla. se placeL
dans un ~ngle
de la pièce.
\
En ~n
lDstant, une table à jeu fut dépliée. U1I
trenqullle écarté s'ébaucha entre le nouvel Mlo
et le haron, les autres faisant cercle auLour des
jou1eurs. Le jeune homme timide gagna... ga gna
enoore. Alors, M. de Bolluso.ccio récbama :
- Mon cher baron, si vous élargissiez le r r.
cle? Que -diriez-vous d'un pem bac de famille
auquel nous pounions loUIS prendre part?
- Comme il vous plaira.
On s'inslalla.
- A deux lableaux? proposa le comLe ' je
LienG la banque.
'
- J'en suis, dit Rébecca.
AssiSie .!loin du j~,
raidie, Lâchant d'oublier
00 qui se pnssc à côté d'elle, Marguerite penoo
il son petit Pierre.
IV
FHI
En plein quart1el' des Batignolles, au fond d'une
assez vaste oour oento,urée de hautes bàtises haDiten:L Yvette et Soma Orbihoff. C'est au CÎnq'UJ~me
... un logemt'nt d<l deux pièces très som.
mllJrement meublées.
S~nia"
s,,:uvent oouIfrante et obligée de garde&'
Le lit, s étali rOs rv~
la plus petite. Dans la s&oonde, où ~
deux. fQffimes pnenaient leurs repoo, .on. déplie, le :'Oir pour Yv LLo UDJ tit.cage.
Amsl. que la dLt la pe!tiLe Princesse à son nmi
Paru:! MI~h
an<Le
, la d.octorcsoo est venue 00 fixer
là a.vec 1e.nlant oonvwlescenle voici déjà plusieul'S
années. EII,cg y ont. véeu pauvrement. sévèr'cment.,
el cependant la . gru.o!.é d'Yv.cLle s'est ép6.1Ïouie e~
rayonne, embelliooant les dures réalités de l'exi&
~nce.
Gelle qui n'a pu réagir, celle dont l' ôMrgi'e,
tendue un mo~<t
- le L mps néoessairo pour
enI.ev.er la pellte DEmX Sou.s e t veni\l' .La. oacher
dans ce~t.
gr:mue cité popule use - a bru squemont 1utoll, c t la doctoresse.
Il y a ciMa sa vi trop d'arrrel\l.X souv nire...
ml ne pout en disll'll.ir sa pensée
EL l'en distraire commellt? Reprendre sa car-
�~
1
La 'Petite
U
f)eux Sous "
======= = ======= ======
•
tière, soigner les autres, elle qui a tant besom
d'être soignée 'l ... Non, Sonia ne le peut plus.
_ CalIl:e que l'.wmour 6 ren<l!ue si misérabLe ne
peut échapper il la géhenne de ses pensées, de ses
remords, de ses regrets.
Yvette ne saurait comprendre de quelJ,e.s SO'Urces
.profondes viennent les larrnes auxquelles souvent,
à bout de force, Sonia s'abandonne. La doctoresse
~pli.que
ces l&rmes par un état nerveux J'TlJ8iliadi1.
- - Je suis neurasthénique, ma pauvre petite chêne, n'y prend:s pas garde ... Surtout, que ta gaieté
ne soit point éteinte par ma maussaderie 1 car ta
glaieté, vois-tu, c'est la seufte fête de ma Vle.
S~uls,
deux êtres sont chers à Sonia: Yvette,
l'innoc·ente arrachée par elle à ses bourreaux, et
Lancrot, ce vieil ami dévoilé dont la souffrance a.
tait )}Our elle un frère de misère.
Cepcooant, elle s'est inquiétée de M. Martel. Le
ManchoL, envoyé par eUe, est allé aux renseignements. n lui a été facile d'apprendre l'internement
du beau-pèr.edu buron. Son.ia, de suite, a soupçonné
le nouveau crime des misérables.
Fou, ce tranquille, paisible, pacifique M. Martet?
Allons donc 1
Sonia sait comment il a supporté la perte subite
de sa femme; cHe a. vu à quel point sa douleur
était profonde, mais sans exaJt.alion.
,Par que.lles secol1S5es l'a-t-on fait passer pour
1amener à des actes d'8pparcn le démence?
Vita.l n'ayant point su le nom de la maison de
san~é
où l'on ayait conduit le père de Marguent.c,
Soma ne pouvlLlt soupçonner la connivence du médecin aliéniste. Elle uppo.saiL te malade confié à
-l'une des sommités dont le seul nom est une gal'antie.
Si donc le baron a tramé uoo nouvelle infamie,
Sonia sc crœt certain.e que ses projets criminels
seront déjoués. Elle se l'affIrme pour s'excuser de
quitter la lutte.
Vraiment, cette tAche qu'eUe a cru possibLe déJendre M. Mart.et, défendre Marguerit.e - elle
8e sen.!. incapable de la remplir, Yvette seule lui
devra son selut.
Un jour vin.t où, gràce à Paul ;\Iirhnnùe qui la
tnit tra.vaiLler avec l ui, Yvette sc lrouva à. mOrne
de fournir U'D peu .ct'aide pour les dépenses communes. Le gène fut moins g!'.moe.
Pour la j~e
fllle les hen-r es p~6cs
à l'atelier
'du pein.lre éLalen,t des heures lummeuses ; elle en
revenait LoUIt imprégnée d~ joie. Cependant elle n'a
tamais cherché à défini.r le~
sen lirnoote qu'elle
eprùuvo pour le jeune homme. Il Monsieur mon
am i n, diL-elle par jeu.
El cela résum~
bien 1 déférenoo de l'élève pour
son mnl lre sa cnnilancc dans le bon et affoctueux
camarade ~ue
se montre Paul Mirhande. Jamais
ils ne se vruent seuls.
Cc n'osL pas que Vital meLle cn doute J.o: loyau~
du peintl'e, l'honnêtet6 d.e ~
oh~re
Yvette; malS
d'autres peuvent venir tandIS qu clle est là - des
rapins familiers, bardis, blagu lies. - Peut-être
aussi le Manchot a-L-i1 voulu év1lcr, par sa pré-~ce,
les qUJootions de Miehn:nde auxquelles la
san.s doute l.rop fl'anch~et.
jeune fille r6~ndait
Et en cite il a suffi d'un moment de sohtude
pour qu'Yvet , dans ln joie de SC ~oner
il. celui
qu'eU aim.e sans le sa VOl!' rneore, ail raconté tout
CO qu'clle connadt de
vie. Lors.que Soph.ie, 10
tnodèle, arrivant chez le pein.tre, IIllerr0!'I'lpll ,ces
COnfidences, elle fu t ac:.cueillie uvec malUS d-enlhQusinsme par le maUl'e que par l'élève.
Sophie, Fifl poUil' ses inLim('s, 6lait \IDe peLite
brune bien model~
./l.nx yeux bri1Iant~,
entre des
cOIrfure assez
rounnqu elloo d'un noir lui sant
peu es lhéLiqwe, mais qu'elle modinoil suivant le
gotll d "1 pelntl'cs qui l'employaient.
.
A pe ine arrivée el1 se mit N t deVOIr d'opéror
~
Challgemenw 'voulu.s. llil un tournemain ce
6i
~
fut faU, et du paravent derrière lequel u n instant
eLle s'était r éfugiée, elle sortit transformée.
Cheveux épars, une draperie blanche retenue
d'un geste frHeux ,sur un corps dévêtu, Fifi monta
sur la table du modèle et pri t la )}Ose.
Yvette, ressaisit! par son t.ravail, l'air grave,
étalait ses oouleurs. Debout derrière eUe, Mirhande
examinait l'œuvre commencée.
- Bi-en, ça, peti-be, apprO'llva-L-hl ; ton dessin
s'affermit. .. Tu sais, je reste classique, moi; je
veux la ligne... Eh 1 bien, Fifi.. . quand tu aUJ'8JS
fini de f.aire des grimaces ?.. M-a pa.role, elle pleurniche 1
Yvette regarda le modèle.
- Oh 1 c'o88t vrai, Sophie, VOUs pleurez 1
Sans faQOIl, Mlle Fifi se moucha da.n.s un coin
de sa draperie.
-. C'est rien, grogn.a.-t-elle; faut pas faire attenr
tion. Ah 1 j'en suis t'y sotte de m'faire d'la bile
pour un pareil type ... vrai 1
- Mon enfant., dit Paul Mirhande, je t'invi te il
ne pas nous oonfier tes secrets.
- l'\'Ionsieur mon ami, dit Yvette, vous aurez
beau faire : Sophie vous ccmtera sa. petite histoire ...
C'cst un jour où vous êtes destiné à recevoir des
confidences.
- Cehles de celte jeune persoI1I1e ne ressembleront pas aux vOLres, Princesse, j'en ai peur.
- Pauvre mie 1 Laissez-la parler. Peut-être pourrons-nous qUlClque chos.e pour eUe, et si vigilant
que soU mon VieUX Lancrot, il n'a pu m'empêcher
d'apprendre que le mal existe.
- A propos, il ne parait pas, votre Il gouvernant n.
- C'est vrai. li a quitté la maison avant moi.. .
n aura été reten.u ... Voyon.s, Sophie, a11ez cheorcher
votre mouchoir et prenez le temps de nous raconter voLre tr is.tes se. Cel&' vou.s soulagera.
- C'est une baigneuse que nous voudrion.s peindre, appuya Mirhande, pas une fon.taine.
- Ne vous moquez pas ... Elle ne dirait rien.
:- Je t'a.ssure, ma petile amie, que oela vaudrait
rrueux.
- Non 1 Moi, eLle m'int6resse, cette pauvre
créalure.
- Ben, voilà, dit Flfi, c'est rapporl à RaLphe.
- Rolphe...
- Rodolphe y s'appelle, de son vrai nom ; mais
on dit toujours RçJphe.
- r: te fnit des traits, hein? demanda le peintre.
- Oh 1 j'vous ICN;S, qu'v m'en rail 1... M'en a
toujours fait .. . Mais c'est moi, tout de même celle
'
que.. . oeUe qui.. .
- Oui, oui, nous comprenons ... passe 1 conseilla
Mil'h an de.
- Mais v'la trois jours que j'lai pas revu. Alors,
j'ai peur qu'y' soit pris da'D!S une sale affaire. ..
Elle se rerml à pleurer.
- Pau'Vre petite! dit gravement Yvette. Si indigne que soil celUI qu'elle aime, elle l'aime vraiment... Il faut la pLaindre. Ne vous désolez pas,
Sophie, votr.e ami roviendra.
Les yeux de Sophie étincelèrent à travers f}eiS
larmes.
:- S'y revierut, c'est qu'y sern l'sté c'bemps-Ià b.
f8.1l'6 la fote ... Alors, gare à lui 1
Celle fois, Yvelte ne put s'empOcher die rire.
- VallA bicn, dit le peintre, l'inconséquence féminine ... Au juste, Fifi, qU'QSl-oc que tu voulC1rai..s,
ma chère.
- Ne l'a.voir jamais oonnu 1
Il Y nvait da.ns CG cri u.ne telle sin<!érit6 de <1éBeSj)}Oir, que Mirhando lui-mOme s'émut.
- AutrefOis, ropr-end FiO, ROdol,plle t.M.va.illait.
- Oh?
- Oui, monsieur, il trnvaiJ,lail. Jt étail obez un
médôein qui so~e
d s fous. Comme RodoliplOO est
très {orl, on lUI donnait b. garder les ~lus
méc.ha.nls. Et pis, un joW', y s'a CAché avec el pa~u.,
�~
62
.:.:= ===========-=== ====== La
a eu des mot.s.. . y 6"est dég.ol~
d'Il! métier...
Et en a I!ris un autr e, conclut ironiqueœDJeŒlit
le peintre.
- Non, répond FQfi iintgénœnent, y n'tait p118
rio~
que O'brioo'l er.
A ce moment, quel.qu'oo Û'appa. C'était La.ncrot.
- Je suis en retard, dit Le M-anohot. Je me suis
laissé arrêter par \][l rasoombl-emen.t et j'1éI.i. ftait le
-
badaud, moi aussi
- Un accident 'l demanda Yvettft.
:Ie entre
- NOD . Un€ bataille ... Une vraie bataiŒ
a\pa.ches. En plein jour, c'eet assez extrfrordiJJJa.ire.
GénérBÙement, ces messieurs at1lende:nt Le s oir...
ou la nuit. Ils étaient p lusieurs. Nat UT6Hem€lllt, les
a.gents aooourus Lrop peu noonbre ux O'Ilt dll attendre du renlort. En.fin, on a pu en aITêter ainq,
dont deux ont éLé con<lui ts à l'hOpital, leurs CBlIIla r ad es les ayant mis en fàc.heux état.. . Estroe que
la. séan ce est finie 'l
Mirhan.de et YVl{3tte surl'V.irent la direction dJu regaro du Manehot et ils vire n t So<phie, d esc endue
d,e la taible, 00 sauvant. derrière oon paravent.
Le peintre la rappeJa.
- Eh ! bien, Fifi ?
- J 'm'en vas, répondit Fifi s ans se vetollI'oor .
Vous Th'pai erœ rien p-our aujollI',J'h ui, v'là tou.t. ..,
!.e.u·t q~
j'm'en reioUl'ne ... Ah 1 m alhelU' 1
Mi rhanoo et Yvette édhang èrent un CO L ~ (j,'œiJ1.
Ils (;()U1pl'enaient. La pauvre Fifi tremblmt pour
RoJa.l.he et le vOy8J.t déj à lie ven tre ouvert d'ull
coup de cou teau, ou , ce q ui senait pire 'peut~
L re
à
ses ye u.x , a rrêlé par la t.errilile rousse.
Yvetle éLait toute pA le.
- Les vilaines ohoses ... Pouah 1
- Ou bHez-1es, ma p e tite a.rni€ ... Ou.bOiez tou.t Clé
qui n 'est poo votre arLT prin cesse... :V o~re
art... et
oof.re amitié, o.oheva-t·ij tou t bas.
v
DANS LA BOUE
SOIJlhie
a:vw t quitté
l'ateltier dG P aul MirlhaMl6
à cher cher Rodolphe.
Il te Luj iaJ.I.a.i t, mort ou viI. Et son ÏDsLi.n:ct l'ui
di saiL qu'à la bagarre à laquelle le Manohot venait d'assister, 0011 &mi élaiL mêlé. Mtais cllIo ne
put rien élIIypremd.œ.
D'8ibOIxl, da.os son aJ!<llemenl, ene n'a pas SOIllqé
à s'irrliformel' de l'endroit où la bat&ille Gill 1lrell.
A tout hasard, à une {.em.me qui poase e:hle de~
i d ée
man<l c :
.
- C'esL-y vraa qu'on s'est bllLLu tout à. l'n()'.ll'e
pa.r ici 'l
- Batlu 7... Je ne salis pas.
La femme est uno bmve ouvrière Ilue l'àSlpoct
de Fin n'encourage pomt à La. oouse.rie.
- Eh 1 va. do1lJC .. . n Ja.ronne l'amje de 1 00 ()il:phe.
BUc continua sa route., s 'a)'.WroohtIDt des gI'O~pe8
avoc l'espoir d ' co~dr.e
par']tlr d<ls arreslaLl<> r:s
o [J<6rées. Si (;I!ll>Q vOyn.lt UiCl t~ge nt elJ..e se WlLV'QI18J.t,
a.vce la peUl' d' ê Lrc (( ramassée » pour r ien, sim]'l'1c:menL 'parce q u'el le oher che Ralphe. l]me essaie
.
de se .raisonner.
Aprùs LouL, eJle n'es L J)aS s ûre !Iue RoJuillc r~ t
de la par tie... C'est. bêLe d~
s-e f6.lre du InaUV81S
8Ilng
CQfTllnc
ça, sans savOl! ...
Et une l d6e 1l0UV lIo snrglL dans son cervcau.
PeIlL-être, Jwnrll/111L qu'die Ic oherche, noù:~phe
es L·i.1 reve n\l ch-ez cne? EII" pre 'e le pas.
e'l'st rue BerLlH', un Lnlldi .. Elle grimpe en cou~
ranL "e,".{;ILlier crU~l't.>Ix
cl cher 'Ill! la clef <lll1lS la
~('Lt.e,
sous le pu.illuBtf>n.
La cie! n'y e."t j)Us. Alors le C!I'ur d<" Fifi Se met
lt. ba Ll r e il baLLrc .. Sl'lr, il ,t lev nu ... Hûr 1
El lillè n.'{). e ~l.'frupp{'r, son inl!litllenœ oh!.LllSée brusquement en tl'l'I'eUr.
'Petite· ·u 1) ~ ux
Sous " ~
.
ID DI~esL
pas doux, Ra.lphe, il oo,gne quand. il esi
sootll ... et il l'est peut-âtre.. .
,
EYe 00 d·éc.i.de pourtant, frébppe à petits coulPs'
~
s .
Un€
voi~
étou1iée r épood :
.
- ·C'est-y t'Di 'l
Une m ain ~tr'ouve,
la p<lrte p ru<lemml/ffit,
- Oh 1 te v là_. te v hà, Rolphc.
- V as-tu te taire, malh~}'eus.
...
Sur Fifi qui vivement est emt,rée, la porte se referme et -la rniséJJ&b1e pousse un. gfun.issemen l.
'
. . je l'sav,aÏls ... '
- Oh 1 1& d>e d'là. 1 je ~a.is
- Vs.s-tu p-as g u euJe.r 't... Lav-e-moi puMt
l'.bMO.
RodoJq>lle est à. d:elmi dév&u.
Sur SOBi torse de Intteur, le s8!I1g couLe o'm1re'
a&!ge ])laie ooaire fépaU:le.
- Un peu ',Pus bas .. , ça y était... Voyons, fais
pas Ja bête .. . De l'eau Jl.1'OFe .. . et pus vUe que
ça 1 Ousqya t'étais, au lieu de m 'a Ltend·r e ?
- J'p.aux IP as t'attenJdœ tout l e tarrrps.. . faut
que nl'&~aiJe
q~
j'te w ... J 'tP.ose ohez des peinI!.res... T as oUJbllé.
.
- Ah 1 vom.
~
On. L'en donnera des femII\es qui turb irlent
comme moi.
- As--tu fini l... Et Th'ipJe-urn.iclle pas.
Rolphe, aUaM SUT une clI.aise , slilUlHlait fort, .
pMe, lui aussi. R epr.i!re de ja;lousie, elle daman ..ùa. :
- Qui qu'ta. fait ça?
- C'est l'Bibi ùe Grenelle.
- Ici?
.
- On y r e.ndrû. sa visiLe.. . Soye tra n quill e t
LaiSOO-«l1.OÎ m'guérir et j'ui f... une boutonn ière
d8.D!S l'esLomac ... que l'air y passe.
- p{Jurquoi qu'y L'en veuL à Loi ?
- Pas à mm, mals an s11ent. J'cognais p OUl' 1
Ernesse ct Bibi pour un c&maro. C'est &a h i 8~
toir~s
de fem.J'IWs.
- Je l'pensai.s. .. <::ria Fifi exa.spérée,
Miflllgré sa souffrance, RQIlphe conse.rvait de ~
vigueUl'. SOOl QOlng s'Blbattit rudement sur Fift ql11
chanoeLa.
- Oh 1 g.tmùt-cJle
L 'homme jlJ116.. 11 étaU le maltre, peut.-étre ? ..
AllaiL-e:JIIe se la.ire ? ..
Domptée, elle s'em pressait a.vec oos mains Lrcmblantes. Quand il au.t assez vocifél'é, i.!l18.{;onLa.
- Uue. sale Il:fo.i,r~
.. y en a un qu'a son <lPll1p Lc.. .
C'{)st mOL fiue Je J al sonné... . que le sang y sodait
par 1<!,S esgou.r·<!es .. .. C'es~
il 00 moment--là que Bibi
m'a crevé. J'y aUl'aJS fl1JL payol', Lu peux le croi re l.. . Mais ~
ae.r:go[s arrivaient... J \a.i fait la fUiede-l'air ... J'smgna.IS ... 1l~
C01'e tr op, ça n>se voyait
pas .. . Jima. rrupporlil mOl-même ici au lieu que les
autres, C'<lst les sergots qUi les on't for~s
.. . à 'J' hO~ülI,
ou men és au post.c ... MaUtcur
- .RolJp.OO. VJ,à q~' ça reco.ul!Je, j.a.u.I. un médecin ...
- Un .. .. non , ~s
J'épè le , pour voir 1... Ça se-rait l a peme .de ID être tiré d'là pou r me r 'melll-e
dans lctll'.S ,Pll?.ces 1...
- On y ~L
que tu t't1JS rais QI.1 en ... J' sais pa.s.
-:- En ~
tJ. moz;. bw'cau, ra.illu RoLphe. F ....
T?Ol la 1P.tllX1 J V Dg rn m ettre au pieu... Mals j'vas.
e r, .l1lA p a u v' gosse 1
t enco~Dr
- N d is 'p1l8 ça ... réllondit la tris le Fifi... N 'dis
pas ça ... ~o n lJC} ~ )m o 1 C'es LpllS qu'l u soyes cares.
san t... M ~lS
.Lu s ru s ben quc j'Le gobo eL que j'Ierais
Lou L p ~u r lm ... tu l'lill.ls bon !
- C e.",t bO!!. Dœllnc-moi à boi.nc ...
Le l c~d(,lfImn
Paul Mli r hDnde cL ) VOIl!Je utLcndil'eut vamelllent l eu.r modèle.
So~
l ne
ne peut quiLLe r Rolphe. La. Oèvl'c J'u pris,
i1 déh!"O, olaq\NlJ1t des den ts 1iU têle ('.n f(}lI. SophiQ
plcure tou Lcl:! ses lUl'mp . <:lue ro.ir·c·/ DésobéI!' è
Hoclo1phe en dcmllnda.nt du sccours '{ Elle lit., J'o.:J(
pn~
: son ma
l .tr~
l'./\, dCPli.~
lon gLe.mJls pli é iL 1'0b.éi!:lS&I~
pr~we.
I.~t
Cop.on.dJant, si l e lllUl empi(·l ...
81 10. pl;w.e s .cnvonome ?
Pendunt plusieurs Jou r s, ill res La. prùs du blc.ssé
1
�~
La 'Petite
U
63
'Deux .sous"
sans le .quittJer d ' une h-ew e, vivan t -de. rien, d'b'i,llenrs Slins OIppétit, le cœur trop serré.
Cependll.l1t, les quelques frru'lcs économisés durant l'a bsence de Rodolp.he, s'épuisèrent. Fif!. les
eu t vito employés chez Je .pharmaolen à qui, à.~,tou
hasard, elle demandait « une pommade pour une
grosse coupure )l, au restaW'aIlt où ello prenait des
" portions li alléchantes capulJles dc Lenter, entre
deux accès de fièvre, J.'aP'Pétit du blessé.
Pen{kmt une de ces accalmies, RodoLphe inquiet
domand,'l :
- V'1'ô. combien de jours que je suJs là, hcin. '1 ...
EL sans qu'lu gagnes rien '!
- J'y ai pas 1'cœur à travailler, .l'opondlt FiiI.
- Si t'attends ça ... Faut pourtant vivre?
- EcouLe 1 Veux-tu g:ue j'te quitte, seulement
deux heures ?.. . J'vas Chez l'peintre qui m'e~
ploie, qu 'est ben gentil... m'SICU Mirhunde, qu'l
s'appelle. Y m'av,anoera q~ éqles
ronds, si j'y dis
qU'fuI du tourment.
- Qué tourment qu'lu vas y. dire?. . Que ton
daron ou ta claronns est malade?
- J'dirai que e'e.st moi.
- Fait est... qu't'as une sale mine. . on l'croira:
Va voir si r:a colkl... va.
FiG rétablit la correction sp.6f'\iale de SO. coiffure
enfila une mauvais'€! jaquette fol courut. il. l'Illclie/
',Ile y Lrouva non le peintre, mois Yvclte.
.Ln jeune fille venait là chaqul} JOUI', !m\·ailJ"r.
81 PUIlI , lirhandtl devait sortir iI ln I,'liss.ait, di~a.nt
: Il Vous êles chez vous, Prinoc:;pc ! )1
En, ce cas, Lfl.n~rot
demeurait au,p"es d'Y\ 1 t[ ').
Pour ri~n
<lU monùo, il n'Q\'lL t;Oui"euti à laisser
I.n jeuno flUe seule dt1ns ce l1uurticr c,'iCenLliquc.
EUe avaLt beau promett.re de n 'ouvrir à pCl··
sonne. Ln L1Cl'O t. s'anlêL.a,it à l'œ l.er. ColLe éLroj~e
v~gilance
cffl'uyo.il Yvet.!,(} lui rappelant lc mystél'1-eUX danger couru par elle j adIS . Sans doule ce
danger m( te enoore!
Ce ru t le Manchot. qui introduisit Sophie.
- Eh! hien, dit gu.ierMnL Yvotte, c'est joli de
nous plru1lel' là de cetLe façon!
- F'l.ut pl1S /l1'en vou.loil" ma.ùemoiselle. J'en
ai 1\ du linwuin, n,Uer. 1. .. El c'est pn,s fini. l\l'sicu
l\'Iil'hùmle n'est pa.s là ?
- Non. Voul z-yous raLe~d
... ou puis-je lui
fo.ire votre oomallsslOn? l'vluls vous venez peUL·
être posl,'r 't
-
p{)'!:'.er 1... Ab 1., ben, . Vl'ui .. J:ai pus cor
10
Lemps. FOlllit ~eq
J J·al?'phq~<e
..
J a.i un malad-e ...
Jo veux dire c oP.S L nJOl q u e,st mn.ll1d0.. . Des lnngUiOUU'S d!ums l'esLom~
.. : Pas moy,en d'rcsLer debou L. J'pourrais ~
t mil' ~
pose" ben s ilr.
Elle paI'la.1L Lrès ViLe, désIr use d éloudir yv , el~c
<le Lui It\Îf lIbljcr s J.~ débu L malaùroit : 1( .J 01
Un JnIfLLarle )l. YveL(,c la regil,f'd,(1 l on~
u cmenL.
EUe
yH 10::1 ye,u x roug.i.s plill' la voQiU-e e ~ tcs lu.l'mes, Les
j'ou,es Lerreu&es.
- !Pauvre Fifl .. . 9Il. ne va pas ?
L'accen t d.e bon té d'6 la joune fille Joncha la
misérable, ello se mit à ple~'r.
DtlU0CmenL,
Yv-eLto nUlu ve.rl;! elle la. fit asseOll'.
soye\'; gentillo et roisollnabJ(), au Heu
- • oph~G,
de m nnl.lr et de l?III uror. l~suy
z vilo .vos yeux
eL dites-moi ce qUl vous fl1Ît [ont do P('LllO. Poutêtl1e pourrai-je queLque chose pour VOliS '1
.
- Ah! VO li S nvc7. bon acouf, VUU .. , au hl'U
de V(lU S Jn(H11Jl , de moi C01l1111 m'Rirn ~lirh
rie.
- .Je n'ni Ilucun envie de me ll}(HjUer Cil voy/.U)t
du C;h8~Iil.
.
1,l1llero!, j U8I'JllC-Iù, n'avait ricu dlt. Il se ru,p·
!)l'ochn.
~I)rhil,
V01l8 voulez une IlVOl.IlCe ?
F:JIII' le l'e/{tu"da il tI'f\.Ve1·H f l Inmll e ' et fil, nd·
mirnLivo: .
- L'u. !.ollL de mÔl1le comp,.I" JI' vieux ... Oh!
p8.rd0n, m'sieu 1
- ne l'urg nI ... (:'I.'sf pO Ill' (rI nvoiJ' q\1O vous
plCII('f Z? dit Yvo n~,
ch l t1(~e
~
- C'est p6S pour en avoir que j'pileu.re. corrigea
Fin avec une sorte de dignité, c'est paree q~e
je
pIeure que j' en ai besoin ... Je veux dir-e po,rce que
je suis dans la peine, vollà 1
- Je ne peux voUS donner gr:an d'ohose, mo,i,
ma pauvre FitL .. Je ne. suis pas riche ... Voici toujours un~
petite pièce. Il iaU<iru revlElftlÏ.(' quand
M. Mirhan de sera là.
- Oh ! me,rci, mooemoise.Ue?
.- Altendez, ne vous en u.Jlez po..s enCQro ... Vous
dItes que vous êtes mallade.. . Vous n'avez pas
l'ail' bi en vaiIJan!e, en effet.
'ous mentir... c'~t
pus moi,
. . 1 'Oll, j'voux pus
c'cst... ll!le amie ... une umle~
comme qo., que j'ai
chez mOI, et aJor~
.. .
Yvett.o retint 11[1 30U1'1re. '
_. Fifl, je ma souviens de vos confidenoos. Celle
amie , c'oQst TIodolphe, n'est-cc pas '!
SOphLC bondit, épouvantée.
- L'nomm cz pas. .. Ah 1 maJheur 1 S'y savait
quo j'l'ai dit 1. ..
- Vous n 'avez rien dit. C'es t mol qui ai devil1é ...
Pauvre créat ure 1
Lau cro L, ùe nouveau, par'la :
. -:- Cette fille s'est s.alIVée, 'l'autre jeJu r, qlNlIld
J'fll raconl6 lu quereJle ~ la bataille plutôt - de
ccs ehenf\pNls.Son ROdol,ph.e devait cn Clll'e et iJ
aura élé blessé.
Le visag-c ']e Fifi était devenu VI.!Tt 1 Dans &es
yeux il y avait de fép ouyall lc ete la colère aussi
et IIne sorte de résœution dé~èsp6re.
En ccl instant , l){)u.r d6fcn1r~
celui qu'elle aime, t·' lfi sr. rail
capabTe de lJJcUJ'tre.
Le i\Ianchot dev.Lne ce qui R'est pn.ss6.
:- Votre ami ~st
blessé, ct plutôt que ùe se
laJ8ser prondre, Il r.réfère reilter n;n,s soins. Je
suis bien sOr qu'il n a pas vu de 111&If'Cln.
- Non, répondit Fifi d ' un a.ir Jlurouche.
- Vous aimez mieuX le VOiT mouri.r '1
-: IY veut Cl ue j'ap'Pellle personne... f\1."l1R pourqUOi qU'vOll S lll'faiLes flirl' c''1ue ](10i>5 P' ;; 'l... ;\lisère de misère! S'y f'ovait ça ...
- 1vln pauvre flllr, reprit -velte, j'Rl rnnd'pitié
de '10\1.8... Je vondrnis pouvoir l'OU,:! l1f!'UChOT Ù
cet~
Vle. En ,uLteMllnt, jo SC1' is contenLe de vous
èlre bonne à quelque chose,
n n'y pcut rien ... quc de dem'mder a m"sieu
\Iirhflndc (1e m'avancer.
- Vnus ne voulez pas qu ' on VOU!;! nvoio ...
- Non 1... C'est pourtant vrui... M'sieu. Mj~
]'llande sail olt que je demelll'f'... Qu'y n'envoie
pel'sonne, surtout, qu'y ne vienne nus, lui non
ll'l.11S !.. n'nhord, je rest.e jl1
i.~
1,\, poursuivit
Fl0, Làchan L .d~
répae~.
J 'res!e près de Rolphe ...
\'(ll.l't , Au plR.lsl.r, mon~le
ur , mndnrrio_
Et vUe, l,in reparUt.
VI
CI:IAR ln
1
Sonia, depnil'l qtIelque-..'3 jours , nlJait m.ioux. Pour
compl air il Y\'c(Le,. eUe sorbait ün pëll Ses nerfs
la fltlSUienl moins soul1rir.
On Nail (\n avrll. Le ciel pnrDif1~t
Ri d&lioo!~Jn e
nL
hl en, l'Jur si lège·r, (1) Ir3 C(f'urS lcs plus
tl'rillt!'l 'Plllnip n! lel1r peine IlLLOnll 'e.
!I est dl' r:c:, jou.rn(>.e !'l e,'quises 0\1 il semble qll'll
SOIt lIuposnhle d'CLr~
m.alh6'1r
~u.'
On n spire un
t.~pnil'
illljll 'éri' , l'impossible f;{'mblc TK>. illlc. ilJais
les snil':; dl' ces jou!1s-là sont jl(ll't1{'uIÎll menl
hllll'rls aux t'lml ~ ('on dNrr!'lse.
Apr?'fl nvoÎr' tout le jOllr h{>ni 1... (>1 J'II' s'N!"
trolvé~
moius ml ,lh(>~reJ.
e ,0111, Ol'blhoff, vcrs
t .oil', 50 !H'J1Lait ~p.rlse
~k
l'borl' 'Ul' de VIVTe.
Qunnd Yv~tlp.
!'\)virnt de }'.at.elicr d~
PHul li l'ha.n1J e
III dort
esse (!lait étendue sur .Ion lit dans là
chalilbre qui, e éjà, s fu.i.suit ob",curc
1
�~
64==================================
- Oh 1 Sonia, dit Yvette en l'embJl8.SSant, êtesvous plus souffronte ?
.
- Non, non...
- Vous n 'êtes pas sortie, je suis so.re, gronda
la jeune fille.
- M'aj,g si, ma chérie. Je l'ai fidèlemen t obéi.
J'ui marché, plus même que le temps convenu.
Peul-être me suis-je fa tiguée ...
Y\'ette s'assit au bord du lit et, prenant dans
ses mains La mai.n fi évreuse de la pauvre femme,
douoement la caressa.
- Sonia, ma chère grande anùe... Que puis-je
pour vOOS d!isl1raire ... Ah 1 voici. Je vais faire un
réci~
dramatiq:ue. Fitl... vous savez, le modè'le 1
- Oui. Elle ne revenait plus, m'as-tu dlit 1
- Elie 6. reparu aujourd'lmi, non pour poser,
J1'\lS.is pour demander seco1Jl'S. Je vous ai dit l'histoire de cette malheureusc Sophie .. . Voilà que son
horrible Ralphe cst reven u chez e]Ie, blessé ... peutt-tre gravement, et pJu~t
que de risquer d'être pris
(cet homme doit avoir (les crimes sur aa conscience) il préfère rester sans soins 1 Fifi n'ose pas
lui désobéir en ap/pelant un médecin ... C'est affreux de voir une femme aimer un tel miséra ble 1
Son.~
eut une sorte de gémissement.
- Ah 1 oui, c'est af!reu.."i: ... affreux.
- Comme vous voilà redevenue nerv(,llse, SoIlia chérie... Mm qui croyais VOWl dist.roir.e aTe4
mon hi.stoire, bien qll'oCl1c ne soit pas très gade.
- Non, non ce n'est pas ce1u ... Je p1ui!lJS Fifi.
- ~Joi
aU5s~
j'ai grand'pilié, mais peut-on appelcr de l'amour un sentiment qui a pour objet un
t,l rc abject, criminel peut-être ...
Sonia encore gémit.
? demanda Yvdt.e inquiète.
_ Mais qu~avez-olS
La main de Sonia serr a plus fort la main de la
jcooe fille, Elle supplia :
juge pas ... Tu ne
_ Pourquoi parler ainsi ? ~e
1'~uX
gavoir .. Aie seulement pIllé 1 Pauvre, pa.,u:vre
créature 1
..
_ La m eilleure façon d'exercer la plllé envers
FiJi scrait de la sépa:rer d Ralphe.
~
Elle ne se laisse.l'nil pas fai re.
EL Sonia r é péu., plulS douloureusement :
- Tu ne snhs pas ... tu ne sais pas 1...
'"
Après un moment, la doctoresse aemonêttl :
- Sais-tu l'<adrosse de ccLLe fine 1 Ecris--la.
_ Ecriro l'adl-eSse de Fitl 1.. . n ne fauL !la 1100·
ner à personne, vous savez. Ln malheureuse petite
a tant supplié qu'on n'y aille pas t
- 'e crains J'i{'o . Ah ! crue de misères dans ce
monde 1... Et elle acheva 1.out bas : Et que de misérobles 1
Le 1endemai.n YveLte SOI'lit de bon maLin. Elle
nJaait porter son trava.il il. l'un des magazines pour
lequel. enle doosinai;t. Lancrot sorlil de son cOlé. Il
('{)ntinuait è. gag;ne.r un pou d'aTgcnt en posant pour
la tête. Sonia' ee d6clruro las&c et promil de sortir
plus tard. Mais fi prino fllt-c-Ile seule que :La dodoj'csse s'apprêta en hlloo.
Elle ne portait p~us
~s
chevC'llX ooul'1s, mllÎts die
sévèrcs bo.ndcaux, tout blancs il présent. et son vi,
~nge
éma.cié, ses yeu?, t'I1 u!,lris .lJ,C l ?eva!~n
t de l a
vieilltiJ'. Pour la p1'Cml~
f OlS . depUIS bien long(.omps, Sonia. Orbiliof! marchrut il. pas pressés;
pour Ja prem ibr.c fois depu is Lan ! d'années, elle
avait un but.
..,
d'
La maison qu'habiLoJ.t 1"111 Ignomlt le luxe. un
concierge. Des caries clouées aux. por~s
lD~
quruent 10 nom d s loc.at.ail'cs. L'esc~hr
étmt éLrOll,
très raide, obsc ur Lbooou:7l.. Il faiJllall de. bons yeux
pour Lire sur \ ~ cll1"lons les noms écrll.s, le plus
.
oouvent, par une main oll.ulh ubilc.
Sonia enfln trouva ce qu'die cherchait.
Pas de son~tl
. ENe fJ'f.l})pf\. Per&Qnne ne répon.
dit. ElD.e [rappn pins fort.
AJor.'>, il pli. fnrt.ltfs on (1 JlpT'ochn de 1(1. porte, pUIS
on s'immobilisa. S on in dH à mi-voix:
- Ouvrez, Sollhio, c'est llll (Unie.
La 'Petite" 'Deuz Sous"
~
Elibe entendit tourner une clef, ne battant fut
écarté a v ~ c Pf.éooution et Ile visage c hiffonné de Fifi
apparut, m qruet, entre 600 rouflaquettes mal peignées. En voyant dcvant elle u ne personne inconnue à qui el Le trouva l'.air auslèl'e, le modèle s'efIara et, dans un instinctif mouvement de défense
chercha à r ef,ermer la porte a.u nez de l'ét.l'aIlJcrère:
Mais cellile-ci avait prévu lIe g.cs Le, et déjà elle se
f,aufilait, obligean t Fif! à s'écarter.
Én mémé temps, elle S"efforçait de la rassurer,
- N'ayez pas peur de moi, ma petite. Je ne veux
de mal ni à vous ni à votre bJ·e ssé, je viens le voir.
Je suÏJS médecin.
Fifi, se baus~nt
sur JJa. poinle des pieds, UlchaiL
de masquer le ht placé près de {],a porte. Elle dit,
les den ts ser rées :
.- Y ;n'est pas dei... j'sais pas ce que vous voulez
aire .
- Pour quoi mentez-vous? demanda douce ment
Sonia. ~e viells de 10. part de mademoisel,le Yvette,
pour quI vous posez chez monsieur Mirhande et Je
vous le répète, je suis médecin.
' ,
- En t{:cz, alors.
Et Sophie s 'écarta, <lémasquan t le lit.
?ur l'oreiJiler d'un blaI?-c douteux, Rod_o:1phe reposait, les yeux clos, le VIsage cmpO'Urpre. Sonia eIfleura délicatement le front brûlant. Le blessé entr'ouvrit à peine Jes yeux en grommelant; il avait
le soüffle court et très fort.
- ,Cet homme a la fièvre.
- J'sais ben ... et pus y va, pus il I·a ... Y ne me
!recon:rlo.1t s~u'IOlnet
pus aujourd'hui ..
EUe se mit à sanglot.er, la LêLc dans son tab1icr.
- Du calme 1 Nous aJ10ns a.c soigner, Avez-vous
confiance en moi ?... Je vous assurc que persol1!lc
ne ~aur
qui je viens voi.r et mêm e que je viens ici.
Flfi <tamponna ses yeux et, soudain conflante, dit
avec ferveur :
- Ah t c'que vous avez bien fai.t d'venir ... Vrai
de vrai, j'en devenais fo.l.le.
La plaie , ainsi que la doctoresse s 'y attendait
~ta.i
violemment enflammée. La Il pommad e 1) ach
e~
tée par Fif! avait eu les plus mauvais résuJt.ats .
P.eut-ê lre était-ce sl1rtout La fau te de l'irÛlJ'l11.ièrc
improvisée à. laquelLe touLe nolion I}on p.&.s d'anlisepLie, mais de s imple propreté, étaIt cerlainemcn l
étrangère,
Sonia aVtJ.lt- ctl soin de sc mutilr du 'Ilécess,1.ÏJ'e.
Elle Iftt chauffer l'eau, nettoya, fil un pansemcn t.
L'inf1ammaLion, l:écoO.l'tement des Uèvres de la plaie
rendaient i mpos~1c
il IJe:l?ter les points de SU~l-e
.
Rolphe demeurelt lllconsclCmt.
- EsL-ce qu'iÏl est très maàado? demanda Fifi
qu'6pouyantaft cet~
longue prost~in.
'
- OUI. Il TI aurru t pas fallu .. . M·aIS pourquoi vous
faire des Teproches ? Ce n'cst poinl votrc fauLe.
- Et il. présent 1
- A présen t il n'y a rien il. faire quo de lc ma.int.eIllr è. la diète et qu'à tAcher dc couper ceLLe fièvre
Voici dos cnh~ts.
Fail;es.lhJi en prendre un quand l~
fièvre sc~a
tombée. Je revlCThdnai demain.
- Vrru ?
Maintenant, So~he
meLLait. &ul~
t d'emprcsse~nt
il Técl.ame~
laIde de Lu blenfals-anlf'l inconnu<l,
'tlu<:lle avaIt rnlS lout à l'heurc d'entéLcnùlUl il la
refl1Scr.
- Jc reviendrai demain cL tous les janr jusqu'uu
m om~
n.t où vot.ro blessé n'o!lura plus besoin de moi.
El VOIC~
un peu de monnaie poUl' que vou s ne Boyer.
PB:s obligée de ~tou.rn
c r aujourd'hui chez monsièur
Mil'hande, Ne J!lI SseZ pas so un volre mnlad .
- Oh 1 tout d m6me... tout d'môme... C'quc je sui,s
BouJag~
l... SU~OL
C]11e VOlllS m'pl'omeLLez ...
Le v!~as.e
atkIst6 .de Sonin s 'éclaira d'un SOUl'il'C
il ce tLe mSlstance qUL o'osai t ne ttement s'affJrmer .
- .l e vous prom t.s d't:lre di sc!' Le ... Vou s l'ou rTez
rassurer ce garçon , s'il s'inq11ibllC cl c ma vcnue iCI.
- J'su is tranquill e nlor:. Icrci 1...
Sonin ne pouvait comprendre quel moiil l'nvaU
�c;i7-
La 'Petite
Il
'Deux Sous ..
poussée à venir au secours de cel homme. Depuis
l'effr<>yable secousse où avail sombré toule son
énergie, c]Je ;ne connaissait plus la pUié.
l\lais en écoulant YveLte redire le récit de Fifi, de
nouveau la doctoresse a r essenti la compassion.
ELl'e revint de sa visiLe plus apaisée. qu'elJc ne l'a
Jamais été depuis la nuiL.tragique où elle découvrait
le cadavre encore chaud de la bonne l\Ime MarLeL.
Elle a fait du bien, il lui .c<n vient quc.lque douceur. Yvclle fut rayonnante en apprenant que sa
chère Sonia a eu pitié de sa pl'ot-égée ; eLle prétendait accompagner la doctoresse le lend emain. CeLleci s'y opposa.
. .
- AVlee mes che\"eux blancs , ma mlgrlOnne, Je
puis me risquer pa.rtout. Mais loi ... Oh ! non, vraiment, ce ne serait poo la place.
YVlCLte céda. A sa second.e visite, 10. doctoresse
LrouVf> le maLade en pleine connrussanoe.
Il l'accueillit sans élan , eL Sonia vit qu'C, SQphi.e
avait les yeux roucres. BUc grunda :
- Vou s avez ma.f tnené celle petite il. cause de ma
visite 7... Eh bien! mon garçon, elLe ne m'a point
appelée. Je suis \'el1U'C de moi-Illeme. Et c'est tant
mieux pour vous que je sois yenue; je dois vous
dire que vous flJ.:ez un mauvais coton ... Pas belle
du loul, voLre blessure... Allons, ·exo.minons ça,
vou:; protesterez après.
- J'aime pas qu'on s'mêJ.e ... commença-l-il.
- " (ms aimez mioOOoX crever comme un chien 7
Alors , très bien. Bonsoir 1
'onia faisai,L mine de l'Cpartir.
Rolphe se mit ù geindre.
- Ah! ma bonne darne, dit Sophie, n'vous en
allez pas comme ça !... Faut ben pardonner... Y
sail '{>Us c'qui dit. .. Oh ! l'us beau m'faire des yeux,
j'dis c'qu'e t vrai ... Véux-tu L'laisscr soigner, malheureux 1 D'ubqrd, à présent qu'la dame m6decÎln
t'a vu, qu'é soit où que l'es, é pourrait toul aussI
ben l'faire avoir du désagrément, qu'elle te soigne
ou p a s . .
.
onia sount il. celle lnglqne, el nolphe en fut
frappé, Il sc détourna, l'air penaud.
- Voyons, demanda la doclore5&(', \'oulez-vons
m pOl'mctlrc de refaire ce prunscment? ne s~'ule
chose m'inléref7sc : guérir clio(' hle.s.sur . Tl'ouvezVOllS C)'Ue j'aie 1'air d'un mouchard 7
ll.oL.r.he se décida ù. ln rog81'de.r, h6sila un instanL,
puis Il dil, moins rogu.e :
- Non: J'croi& pas que vou s te en OLes Il.
m il se r elourna p()lUr sc fait' pans l'.
Ce jour-là, So~ia
pada pou . Ellp donna :sos instructions il. SOphlC, rebanda la plaIe el pru'lll, n'emportrunL comme paicm nt qu'un courl merci de Rodolp1lC. Sophio, conLcnle, no .songoait m':me pas il.
rOnl-ol'cier. La doclre~
l'evlnL. L'homme s'appri.voisail. Il laissail Sophio b~varde.
- C'est un bel homme, c pas,. mad~
7 Et fort 1
C'est il. cause de ça qu'on l'avrul pris pour soigner
des fou~
.
- Oui dit Ro1phe un ,r ude métIer ...
Quan?' son malade' ~ut
se lever, Sonia reparla de
5C6 anClCnnes oœupa[ions.
.
- EsL-ce qué vous ne voudl'lez pas les reprendre ? Vous n avez pas honle de lu vIe que vous menez?
- Si, des [ois.
Il ne 50 s·cnt plus en m6fio.nco. Cet~
fe~maux
yeux désolés qui l'a si dou c In nl, SI potl mment
soigné, par puro bon té, lui o.pparalL d'une e 'sence
SUJpéricurc.
. '
Il n'~l
pl116 peur qu' !Je lui fa5se o~Ol[,
des ellJnU1S ;
mais il l'll,i déplu.tt qu'olle Je mé.pl'lse absolument.
Il écoule J s conooils qu'olle lui donne : ~he]'c?r
du travail, viViJ'c mioux ot, pui quo sa pelllo. a.rrue
lui est si dévouée, la reliror de la boue nu llou de
l'y cn roncor.
.
- Oui, oui, grommelle TtolphC', mal. convOlnou,
ben sCr, oui, m rci. .. Jo compr nds blCn ... PC'IlLl!Lro. Oh 1 Caut ~
oroire ct . choses ...
6. -
LA PL."I:lXI; "DEUX
OUS ••
Il s'arrête, gêné pour mentir, sous le beOlU re.guJ'(l
clair de l,a doctoresse; et, cessant de parler de lui,
il s'écrie, cette fois sindre :
- J 'voudrais vous r'valoir c'que vous avez fait
pour moi. Si, des fois ... o.n ne salt pus ...
Il cheJ'Che comment il pourrall être ulil-e, cl
trouve en.fin il. donner un conseil.
- Tenez, ma.dame, j'peux toujours vous dire
quéqloo chose ... Ça pounait servir, Si, des fois,
vous connaissiez des pauv' bougres qu'ont J'crtLne
fOlé et qu'on soye pour eux à la recherche d'un
asile, ne 'Les enlVoyez pa.s là ousque j'travaillais.
- Où donc étiez-vous 7
- Chez l'docteur Probe, à NeuiLly. Ah 1 mes
agneaux, quelle turne !... Et c'est ça &1JSsi qui m'a
dégoûté. J'suis pus méchant... QUQ,ml j'voyais ...
Ah 1 non, tout d'même, j'peux ben être canaille,
comme vous dites; mais y a des jours où qu'la vie
VOU5 dégoûte el, vrai, j'f'rnis pas c'qu'y fait, le
docteur, non!
Sonia devenait n.l!en ive. En dcananda:
- Quels lraitemenls fait donc subir co doclour
Probo ù ses pell1sirJ11l1aircs ?
- Oh ! j'dis pnil qu'y les marlyrise ... Non, pour
ça ... ni qu'y \~s
fu sse mourir de faun, ni qu'y soye
rude avec eux.
- Alors 7
Sophie devail savoir à quoi s'en tenir.
Elle, si bavarde, s'inquiète, sc met à tousser
d'une petite toux d'u\'el'lif'semenl.
- Zul! dil l1.odo1pllC . ln ll'ouves que J"ai la 1angu.e trop longue ?.. Tu m'embêles... 'ai l'droit
d'parler. EL si ça fait ·des e-mMtcments au l'ahron,
t8lllt pis 1 l\Iais ça ne lui en rra pas, 11 esl tu é, la
canaille 1 Y sail s'y prendre. Tout an rbgle ... toUlS
les certificals... Les conlre·visites légalos s'font.
quand y faut. .. C'qu
' ~ a d'épatant, c'est que Loutle
monde, justement, n y "oit qu'du feu 1. .. Ah ! madame, comme je vous l'dis, n'envoyez pas d'vos
amis au doctoor Probe, à moins que ça soroiL que
vous \'ouderriez vous déhOl'ru8SC'J' d'0tlX.
- Que voulez-vous dire? demanda la doclore sse ,
houle\' l'sée. Si je vous compI'C'l1ds on purvient
dans cet asilo, il interner ct à. con:'3oeJ'ver COlllll è
fous des gens \'Oisonnables 7
- Tout jusl', Augusl! Moi, n m'révolle 1 i
c'élait que j'voudl'.uis lI1'd faire d'un panl~,
j'aimerais mieux J'surine·l' ... l'faire uri,11 cr, que d'le rc;nd'
malheureux des nns eL dos ans. Y en 0. qu i d'viennent fous tout d's uite, c'est le moins il. plaindre.
y en a ((ui r'tien nent un p u d'raison l, ma foi,
ça fen.d 1 cœur 1. ..
- C'cst monstrueux 1
Sonia aJl.uiL diro : (1 Votre d voir (;lait de dénoncer oct homme. Il Elle S'MI'è-Ln. l .urJer de devoir
il. l'ami d Sopl1i.e lellt été 1ui paJ 1 l' ohinois.
- y s'y en Lcnd, l'patron, il. les ll'ipalul'er 1 11 a
l'air doux, g~nl
tou l plein. Et y dit des mot '"
j'sais pas comment, juste c'qui fout pour meLt' en
furour le pauv' dio..blo qu'oo veul faire passer pour
maboul. A!urs, une fois l'bonhomme Cd1 colbre, on
L'&, flanquoC la oomisole do [oroc ... ça. l'fail rugir.
VOIUS pensez 1 Alor, \'us-y d'In 'douche 1... Eill 1
ben, la douche, j'sais pas SI ça. culmo les -vrais mabOilles, mais
aul', ça les exaspère. Et puis, sani
compLcr ~es
p htes drogues ... Oh 1 pas de poison ..
non 1 maIs des machins qui tapent su' l'système.
Et, oomme je VoQus dis, le médcCÎJ1 d'II{). prMeclanoc
'1. peul ,:'nir .: y V~!:r
un fou, y pourrait l'jureo~
1011ez, 1 d .T'mer 9U) a.l el! Ù gU I cl r, c'élait un d'ln
hautc, el II aVllll l'ail" bonllol11nle comme lont. ..
Son gondre élnil de La nobl sSC. Ah 1 ouiche 1 y
s'en puss' do pl'Op' ùans Le gratin. Fn.llnit voir ça,
quand c'esl qu'y amenait mossieu son beau -piJr '"
dans wn aulo.. . Ah! ma chc)r , I;a en fail ,m foin
ces gens..Jà 1 L'pouv' vieux, y pl ul'ail. .. appelait sa
mie ... sa Marguerite, qu 'y disnit... Et pis, y s'est
mis il ball' la camJ>U~e
pour de vrai, il. eauser à
sa défunte comme' cj vous pa.r] .. ,
Jc:s.
�~
66
Santa ét.a.it devenue livide. D'une voix qu'elLe
s'efforçait de {I~end
re
ferme, elle demanda :
_ Son nOfi ... le nom de cet 11Omm0 !
Quoi qu'elle m, son accent trahit l'émotion qui
l'agitait. Rodolphe cligne des paupières et répond :
- J'sais pas.
Sonia, d'un air égaré, passe la main sur son
front. Elle murmure:
_ lon ... Cela encore!... Ce serait trop! Et cependant ... Son gendre, titré ... Sa fllile, l\farguerite ...
Sa femme, morte ...
Sophie s'approche et se [ait consolante.
.
_ On dirail qu'ça vous chil'fonne, c'qu'y dIt,
Ropbe. Faul pas vous tou.rncr les sangs .. . Si c'est
quéqu' personne d'vos connaissances qu'on aye mis
' là~bas
sans qu'y l'mérite, faudra voir à l'faire sor'iLir... l\laintenant qu'vous l'savez.
_ pm! Vas-y voir 1 fit Rolphe.
Sonia demanda encore:
.- _ Son nom .. . le nom de cel hom.me.. . Oh 1 je
lVOUlS €iD prie L .. Vous m'avez dioL que vous vouliez
me rendre 5crvice, que vous m'êtes reconnaissant.. :
C'est moi qui vous devrai de la reconnaissance SI
vous me nommez ce malheureu:x ... el ... je vous en
saurai gré ... Je ne suis pas riche, malheureusement.
Rolphe cut un geste plein de noblesse.
_ Ah ! mn.lheu,r ! On n'veut rien pour ça ... J'vous
dis que j'sais pas l'nom ... C'esl nai. Le patron 1''\
pas dit. y J'dira jamais. J'y ai dcmo.ndé au paJu .'
Nieux ; Y m'a I·'gn.rdé (l'lravers.
_ 'oyons, mon ami, il faut..; oh ! il faut aDSf1lu:menl que je sache ... Vous padlez du gendre vC1l1U
en automobile: vous l'avez donc vu ?
- J'l'ai aperçu.
- _ Comment ét il-il ?
_ ChoueLlc. comme tout .... Oh ! ponf ça, y a pas
pu rupin.
_ C'est vaguc ... soupi ra. 10. docloresse. Et le ...
son chnuffcuf. Il d(wail o.\'oir un chauffeur?
_ "oui! Et c'ui-là, je sais son nom
- Ah ! dites-le ...
_ .J • aiti son num, j'vas vous expliquer comment.
J'étais par là quand son palron lui a dit: Il Altendez-moi ici ... » cl il 1'0. nommé .. .
_ 1;;h 1 birn ? Oh 1 mais, diles .. .
_ Hnlphe, inltCl 'om.pl Fifi, la dam" va. sc trouvor
mal.
_ C'est vrai qu'vous êtes d'la. couleur d'un ma-
La 'Petite .. 'Deux Sous et
-l?-
- Merci, ma pauvre petite 1
Sophie, devant cetLe main tendue, hésita.
Elle l'ef'lleura timidement d'abord ; puis, soudain résolue, elle la saisit et la baisa.
_ Pauvre, pauvre créature! mUI'.lIlUTa Sonia.
Et elle partit, la tête perdue, ne sa.ohant encore
à quoi se r6soudre, qu'cmtre!pren.drc.
Avant tout, il fall.ait savoir la vérité.
VII
sous
LA TONNELLE
Depuis que 00 mère avaü écrit à Paul MiI'lhande
pour le consulter au sujet c1e la vocation d e Joon,
le peliL bonbomme ne domnait plus que pour faire
des rêves de gloire , e.t il passait des hoores ea:ltières
à dessiner.
Cependant les jours s'écoulaienL, et Mirhandoe ne
Jean se d~
râpondajL pas. Héloïse s'im~aten.
5Olait.
Avril fleuri ssai t les bords (le la Seine.
La terrasse de l'auberge devena.it uccuei'llant ,
et le dimanohe on voyait arriver, de nouveau, des
jeunes femmes très gaies (l,U bras de jeunes gens
très fous .
Par un beu.u dimanche brillant de so·Leil, Paul
Mir<huMe, <lont on cllésestp-é l'ait de recevoir des nouvelles, arriva à « la l"lateJote )l.
Il.n' étaiL ~as
seul., Un couple élronge J'accompae~trêmcnl
jolie el pa.ra.isgnll.ll. Un.e Jeune ml~
sant fort Joy euse - qUOIque d'Ulle gu.ietoé difr6rentc
de cedle des aulI'c~
habitués dll dimanche - ct un
vi,cHlard à barbe bl.fcllooo, très gra.ve, lrisle mC!me.
Il est vrai que sa tristesso pouvniL s'expliquer
suIflsomment. Cc vieillard élait infirllle : annuL6
d'U bras droit. Ils s'as&Lrntl. tous Lroi sous lu 'Lonnelle, el 1\1 Lrlwncle commanda. le repas.
_ Après, dit-il, n011S oauBerons de mon ami Jean .
Le gamin ria.it d'l1!l air e,·lasié.
_ Oh ! j'ai rud ment tra:va.illé, aillez, m'sieu 1
Vous verrez ...
_ Va jouor en atbendanL. N'oûnnuie pas le monde, ol'dolln Gré.nl"lel.
Il s'empressait. ù mett.r-e 10 couvc.rt, aidé pur une
&el'vanLe. Quand il vil ses IlOtes instal[és , Gréne-.
let annonça :
_ Je v.o.is dire ù ~ hourgeOlsc que vous lites là,
;m'sicu Mil'hande. ~J
clle vous avaat ap rçl!, elle
chabé~.
serail venlue ~o
surl:c pour vous remercic.r de ne
_ ,le ne me II ouve pas mal. Le n m !
nouS aVOJl2 oubh6s.
_ All-imdez voir... l3o.n 1 y m'o. sorti de la tête ... pas
JI6Jooïsc, a.bandonnan L ses fourneaux, arriva en
un nOIl1 il. cone.her rlcho~·
...
courant.
Haletante, )e5 dents serrées, Sonia. dit:
-:- Ah, 1 monsieur,. que c'est gent.il de votl' part 1
- DcfYPO ?
~!i\Jo
s arr6t,a net . ses yeux agrandis \'i1r ln SUl'_ ,l'15le!... Ah 1 bC'D, si j'm'atlend i: ... Vous les
connais."Wz 'i ... .J'ni trop [lud.., moi ... Sùr com.me [lm;o .a.I..\aH'nL d.u iv!ttnchot li ln jeune 11 Ir.
~.c
J 11 ct fl'~IS
Vlsu~e
d'Yvetle n '6V'CiJJttil en eUe
j'suis ici, j'.nul'ul <les cmbC!lernenls l... Mo. .bonne
.9U un,e v.a~ue
bmprcs~lOn
de déjà-vu. L'Yvette d'ondam<', faut p11 manger l'morceau.
bl.c
ru peu il l'YveLte de jadis 1 ~lnis
onia n'enLctnd [11u&. IWe 0. cuché son visage dans lourd hUI re. &w~n
sos matrl!S, el elle revit le po..'!sé, J'horrible passé .. , Lancrot, luI., n a pas ch!fln~é
I3ien quo. v~tu
convenablement, il ra'P'P <3lllc netteFifl t nolphe sc regard nl, intrg\1l~s.
eTùCo~c
) homme au manteau vert. D'ailleurs,
_ tlfa.dame, demande timidornenl l''in après un men~
son Ipflmut610 re,nd plu.s so.ramcnt recorurltlis,o.blc.
long silcore, vouIez-vous prC'l1dre quéqu' chose?
Lm remarque 1 attentIOn dont il esL l'ohj<'l, mais
- Merci ...
sans la. compl'oCJ1ldro. Comment pourrait-I,I roconSonia se re<lrc&SC, respirG longuem ent.
na.tlro en cet~
opulente mntl'o1~
HUX chen'II;'; gri_ Nous l'()ptI~rons
de cela, Ro~l)1e.
Si je vous
son~.t
la plmpantc femme de chambre qUI l'indemnnde de m'uider ... de me ser'Vlr ... avec une r~
tomJlen
~e
proporti onnée nalllr011cmenl nux serv1- trodUISit un Jour il « Mon Bonheur)) 1
olle, ~;e
pl'end poin!. garde il 11\ 5t 1J (fnc. Yvc~Le,
ces rendu,8, pOllrrai-Je cornpt.cr slll' vOllS ?
tlon d l-I ~IOH{!.
J.ollle f111 plaiRir de ceLte j Olll'llG\! .nll
nl.
.
_ Voui 1 r{>,pnnc1it Rodolphe solen/~mc
grand al!', 1l~
JDUit du ciel plI l', do ln 11l'i .. ' pnlrÛl' 1 appllya Fin. \t:l, s'y n'vous tilde \lH&, rn~1
<le
ln
JCI!II"
vcrdul'e . eUe admire le cintilfumée,
je f'rai tout /;'IPUC ,"QUS voudrrz, madamc 1 lOI,
lem nl eJ·e l!~ SQLne.
'
voyez.vous, j'r.llbl iel'ai jnmni 8 ql'
~ nli
VOI~
T1l0~
fi: pein a-t~l'c
donné à l'hôlœsc un regard dishomme, à J'heure qu'il c~t,
s'rail à ln I\lorg~!C'
ou Il t\arL.
Paul Ill'hlll1'10 inLerprèlo à sa fnçon l'ébnla fosse communc ... Ah 1 vou.s pou\' 7. l'Cl'OIl'e, 80hlssemeI1t cl' HéloIs•.
phil' S' ferait tHer pour VOIl&, Vr!L~
d > vrai 1 .
- ~h
! mu !JOli 1·' maùame Gr(n<,1 l, VOliS voilà
hlle parlait, d'lin grand ~hUl
éVldm11lnenl Sincère.
très ml.I'Iguéo. Vuu s trOll vez que j'ai bion c.hoisi
Sonia, ponlnn6menl, lui lcndll la main.
�'~
La 'Petite
U
'Deux Sous"
mon vis-à-vis pour le repas en pleine lumièlre ?
!l'Iademoisel1e que voici ne red<QuLe point Le grarud
jour... Pas frclaLé, oc teint-là, madame GrénJelet.. .
YveLOO a entendu ; elle rit, un peu plus rose.
- Non! dit résolument HéùoÏse, rélpondant à ses
p en·sé es, c'esL impossib'le !
- Qu'y a-t-il d 'impossible, madame Grénel'et ?
. - que... rien. Une iCMe que j'ai. M,a is pDur
·monruour ...
D'un mouvement du menton, Hélolse désignait
NiLal. Oelui-ci demon·da souriant :
- On dirait, madame, que vous CToy-ez me I1e connaHre ?
- Ou.i ...
- Vous dave'l vous tromper, car je ne arois pa;s
vous avoir jamais r€ll1Contrée.
- C'est possiliJe. Une res·sernblanoe .. .
- JI vient tant de monde ahez vous, mad.ame
Gré.ne 1et, d.iL le pein tre ; les confusions v<Qus sont
pcnmis.es.
- Bien SÛT. Mais ce n'est pas iCi. que j 'ai idJé.e
d'avoir rencontré monsieur ; c'est.. .
EUe .a.lIait (lire : (( C'est aux Loges Il.
El'le rctint le mot impl'l/clent : 'si el!Le av·ait alOors
frôlé u.n mystère - Cf" 'elle aimerait éclaireir eJIle a été,. depu.is, mêlé à un autre mystère qu '€I1l·e
doit jalousemeI1t garder .. Ne serait-ce pas le com·
prometLre que d'18,ppll'€ndre à des étrangers le nom
des maUres qu'eLle a servis .. .
La servante, wpportant les hors-d'œuvre, amCiIla
une diversion.
H610ïse retourna surveiller ses cas·serooe.s, et l'e
peiu,We et sa peti te amie purent :repren.dre l'amica.le et Laquine. causer'ie qui dllrait depuis le matin SOlliS Je , sourire bienvoCillanL du Manchot. Ge
souri.rtl, d'ailleu rs, 6lai t sou vent d.istrait.
Un,e préocC'upaLion nQuvc,l'l,c tourmenLe ViL8Jl. Soni~
Dr> .lui a P?int oa.c~é
l'arfreuse rév,élation que
lUI fi fa.ILe l'aThCl-en gardlcn ù~s
luus.
C'est hier seulement CJlIC S011lU est revenue bouloyers{\c de so. visiOO à Rod~ph
, et dès aujourd'hui
cllc aurait voulu commen cer tenquêLc, Le!Iltcr de
déco/I\'fir le seol'et d'épouvante que cacho l' asile
du doc leur Pl'o.De.
tlIU
!~l
la ohère peLlLe Yvette sc prometa.i~
une
tcll' joie de pas&Cr lIIl1Û jOllrnée à la campagne
av·cc SQn gr'and ami Paul I\lit'hande, jouJ'n6c ()It.'go.nis6 la veilJl<l, ù l'hcUt'e môme où Sonia :recevait
les con'tldooees du fMouche omi d Sophie l...
La doctoresse n'a pas VOU111 atlrislet' la jeuniC
flllJlc en ta reLenant. Et hien qu'elle se sente plein.e
d~
ClitlitnllCC dans la loyallté du peintre dont C'me
~ pu app.réci r la C9JIstunL-c et géné.rewe bon Lé,
Son lll n vJ}ulu que Vila,] fût de la partie. Demain,
le I\luncllot tentera de p6n6tl'er dnns l'asile sous
u n pr"I,cx~
quclcon.f[lle. Sonia, eJae, ne peut en
~prudlc
: olle &G dIt qll'c le haron de FoJbc.rL doit
Ge IlCwlre padois chez s.on complice ann do s'osSU,rEll' <l'e l'étaL c.Le leur vIctime. Si c h'onJCT.ée si abime,' qu'eUe soit par los mn.ux soufferts, ' edJ.e ne
v cuL pus s'cxposer à êLre reconnue.
Vital, 00 plus cu plus, S'.a.bSOI'bc en ses pensées
'~
p;}ine faiL-i1. hunneur au déjeuner, maJ/gr6 le~
lnsLances d
Jcun-e.s gens.
. A 1)(ltIlt Lw, Banll Mil'nuncLe cn est un peu agacé
YvetLe rit à pl in gosier doC Lout et de rie.n. lia~
Ile sent (( henrcusc ... heur~sc
... heur~s
1... Il et
le dll. ingé'nuffi' nt, cc qui n.[tcndriL le rointre e t
lui [lorl'ar'lIe une cxC'lnrnnlioll intpmpesti.ve :
cn lui preno[~'l)t
les mains.
- Oh 1 mil. ch6ri·e 1d~lriI,
mie l'e:i'a de riJ'{'. Son Ilco/l regard s'aJongniL .
(Ille ::;c d6Lour'na, colÛus·e, W..ndis que 11() peintre jetÙ
\ln Cl'dulItir J'o(3'gQ.l'<l sur le MllndlOt.
~ ~lni s
, 10 nez dans son nssieLLc, VilaJ n'a pas vu
ite gC::lt des ma.ins unies. i\.Jors, Mirthanc.Le, il son
. our, so met à l'il' ,.umLl~é
~ Ali dOilserl., .J'ean ropo mlL, ~JlPortan,
d'un ail'
la. foi g1?rioux eL conJus t( Bon l.ra.vruJ. Il.
67
~
Paul Mirhan:c1e el Yvette se partagent les aahjers
et a dJn.i,rent, enco ura.geants.
HéJ.oïse arrive pour ClriLendre Les OOD1iplÙl1e.nts
q~e
l'on adresse à son fils . Mais sa joi-e est affaibili-e qu.a nd €Ille ap,prCIlJd que pour entrer à l'Ecole
does Bc:aux-Arts il fnut avoir quinze ans accomplis
et subIr un examen d'adunission.
- E:b. Men 1 IaUOO's, jusque,1oà q.ue iai!re? Et.,
po'u r être assez savant au moment de l'exam€Jn
il faudra q u'il 08jppren.ne .. . Qu.i 'lui donnera des le:
çons ? demande Hél·oYse.
- Moi, déclara uvee eniram Yvette.
~t
comm.e Héùoïse la regarde, indécs~
elLe ex:pJlque :
'
- yous pouvez élJvoir cOManee , m8ldJame : je
lravarile avec mo.nsieur Mirhande. C'est lu.i qui
m'a en~gJé
~
que j e sais. Dès qu'il ne sera plus
·tout à frut novloe,. voire petdJt garçon piC'ofltm'8. des
oonsetls de M. MiThande. N'est-ce pas monsieur
mon ami. ?
'
- Prinœs'!if, vous organisez tout, le mieux <Lu
mO'ud.e. U:ne d i~:culté
ce.pend8JIlt demeure : commen t, habJtant lCI., votre.... notre .élève viend.ra-t..jj!
!prendre ses leçons à Montmartre ?
~
Il pourrait venir une ou deux fois par 00mame ; on le garderai t ~(}uLe
18 journée et enlre
les leçons il travailLerait ici...
'
- Si c"est p.ossib.le comme œla, reprit Héloïse
m?n mari et m.oi en serons bien heureux ... I.e
m1n est débrou.il,lé . .le V<QUS l'amènerai une fois ou
doux, puis il se tirera d'affaire. Le traj et est court.
-:-:- Je prendrai le bateau, déclara fièrement Je
peut Je.a.n, et jJ'\lJis à P.ani,s j,e demand.erai man.
chemin ... Oh 1 j-e le salll'ai vite allez 1
- II est gentil, ce gamin, mo.nsieur mon ami ..•·
Mon petit éJève me plIait absolument.
- m. quant o.U prIX des leçons, re.prit Héloïse un
ipeu gèn~e,
~n.mari
et moi n 'y regarderons pas.
être payée, s'écria
- MaIS m?l Je n.e veux p~s
YveLte. Monsleur Mlrhande m a toujours donné son
temps pour rian, par bonté. Je suis contente de rcndre à. son pc.tit protégé ce qu'il a Juit pour moi.
- Cc-pendant, vœ1ur!. protJesLe<r Il61oïSC .
- ACcc.ptez,. ma bonne madame Gl'énelet, acceptez,. dLl le pean tre. En ~change,
mademoiS<elie et
mOl ..: e t mê
. ~ ce !D.onsJ.eur ql;li n'a pas l'air d'entend.le et que l ~ubhrs,
11000 vlCnclrons quelqueIois
le d/m.anohe dé'J ewl·e r chez vo us. Vous nous ferez
des priX de f&.veur, voilà tout.
- A.h 1 je serai bien heureuse de vous offrir notre
modcste menu, ulJez 1
- C'.~s,L
vous qui OLes modesLe - bea.ucou,p trop
- vos m~nus
~o . nt
suoC'Uilents, vous l e savez bien.
- Et c e~t
Sl J O~l,
œlte terrasse, di~
Yvette.
Elle continua., sadresoo.nt à Lanc.ro,L :
- Si elle V()~alt
eonsenLir il: nolliS acc.OIJ1pagner,
com.me ce seraü bon pow' Soma de resp.l.I' 'cel air
e>.Jqui:s !
- Ah 1 fi t Héloïse, Sonia?
:- Vous la connaissez? demn.nüa YveLl.c, surprasc.
Vi Lnl, {lI'rac~
à ses pensées, la rego.rclail anxicu...
sem on t. HéLoïse se sentait rougir.
- C'est ce nom que je trouve MOle, nt-€lle embarrassée.
Mais La.ncro t Il,e se laissa point tromper.
CetLe fcmme, qu'il croyait n'avoir jamais vu le
coonnU - €l·Le 10 djsait avec r~üson
to'Ut iL l'heure el clio connaU aussi Sonja. A-t-elle 616 mêlée au
draro do la villa iI1ilrhruerile? ommenl et l1nns
qucJJe me.sun'c. ? l.~'
pcintre s'e t levé.
'
- Une promenade nu bord de l'eau vous plu.il'uil.elle, Yv ILe?
C'oest lu premièrl' fois qu'cn p['ésence d'Héloï. e, il
:nom~e
la jcun~JIU
uuLremcnt que pur le surnom'
de ~ . rl1ces{)
qu /llw donne ei volon Liers .
, Vllal rc.qI1~<e
}[él
.oï~e
qui est J'Cstée bouche béo.
[Ixes Slll' ln. Jeune fille semhlent ne .pas la
Se. ycu~
vou' cL s effûrer devant un fanLOme
ga:
�c:if-
68
Il n'y a point à en douter, se dit VitaJ, elle nous
connalt.. . Mon Dieu, que sait-elle ? Est-elle avec ces
monstres auxqueLs· nous avons arraché ma pauvre
petite enfant? »
De son cOté, Héloïse se dit :
cc Un miracle s'est accompJi 1 La petite Deux Sous
iiliote est devenue cette belle créature. Je ne m'étais
pas tJ.rompée en oroyant que le Manchot, arrivé à
Il Mon Bonheu.r )l , avait aidé à enlever l'enfant ...
Depuis, il ne l'a pas quittée ... S'ils l'ont enlevée, lui
et la doctoresse, c'est qu'ils craignaient quelque
chose pour elle ... Quoi... et de lu part de qui? Madame Orbihoff ne semblait guère aimer monsieur le
baron. Peut-être que, dans ce temps-là, elle S6 mé·
fiai,t déjà de ce que Madame a SU plus lard ... Quoi? ..
Je n'ai pas compris. Mais slÎrement pas des choses
il. l',h onneur de Monsieur, puisque .. . Ah 1 ma pauvre
(';hère Madame 1 ))
Un souvenir étreignit le cœur d'Héloïse, amenant
des larmes dans ses yeux. Le Manchot s'en aperçut.
li cessa de s'effrayer.
Pau~
Mirhande et Yvette, escortés du petit Jean,
descendaient vers le fleuve, Vital restait sur la ter·
rasse avec Héloïse.
Elle paraissait ravoir oublié, se tenait près de
la table en désordre, sans penser à la desservir. De
la maison, Grénelet ruppela :
- Héloïse!
- On y va...
Et elle s'apprêtait à partir, en effet, lorsque la.
main de Vital se posa sur la sienne.
- Héloïse ... C'est votre nom, je me souviens. On
ous a nommée devant moi autrefois ... Vous aviez
raison, tout à l'heure : VOUJ me connaissez.
Elle devint IouLe pAle.
- C'est ... c'est la petite Deux Sous ? demund<&:1-elle à voix basse.
- Oui.
- Oh ! Lout de même ... Lout de même 1
Et, sarus trop sav.oir pou.rquoi, e11e reprit :
- Vous avez bien rait de la reLireI' de là-bas .. .
U y avait de ln crainte et aussi de la rancune
dans sc,: façon de prononcer: Il Là-bas )). Vital soUrpira, allégé.
Héloïse demanda, tout à cou p méfiante :
- Les avez-vous revus?
- Qui 'l
- Le baron ... et les autres.
- Je ne con~jsa1
personne.
- C'est vrai. l\lais la doctoresse les connaissait
bi en. Ils ne l'on t pas r etrouvée Lout de suite, je le
sais. Mais depuis, plus tard?
(1
-
Null.
lis se regardaicn t, n'osan t être enoore tou.t à CaH
francs, mais sentant bien que cela. devenait nécessaire. Lnncrot demanda:
- Y a-W l long Lemps que voUs avez quitté IJl.8r
dame la baronne?
- Oh 1 oui... des années 1
- Vous retournez chez el.le quelqueJois ?
- Jamais.
- VOWl ne vous êtes pas bien quillées ?
IléloIse eut un sourire ambigu.
- J 'aimais beaucoup Madame. Mais elle n'est paS
~e1l
dans la maison. La raison qui m'en a (ait
partir m'empêche d'y revenir, même pour voir Ma·
dame.
- Ah 1
- Pourquoi me demandez-vous ça ? Avez-vous
peur que je parle à ces gens-là de la petite Deux
Sous? Pas de dôJ1ger 1 Si c'est ce qui vous toux·
nente! vous pouvez dormir sur vos deux oreilles.
- J ai confiance en vous, dit gravemen t Vit,aJ.
- Comment ça. ? Sans me connaHre.
- Vons avez un visage 10yo.J ... eL très bon. Vous
e voudriez pas nuire à ... à ... quelqu'un ..
- A per onne 1 Et, s'il faut tout vous dire, ça. me
La 'Petite
If
'Deux Sous"
-le)
chiffonnerait rudement si vous connaissiez le baron
de Folbert ou quelqu'un de chez lui
- Pourqooi ?
:- Pour des raisons à moi, je veux qu'ils m'ou.
bll en t. . Ah ! VO'l1S n'allez pas croire que j'en ai peur
au motns ... ou que je SUIS partie en volant.
'
- Ah! grands dieux 1 non... Chacun a ses rai.
sons, OOffiIne vous le dites... Mais, madame, j'ai
encore autre chose à vous demander. Si vous vou.
~e
q:ue madBl!1~e
Orbihoff permette à Yvette de yenir
I ~,
II fa . u~ me Jurer... oh 1 oui, !TIe j~r er,.
sur cc que
"IiOUS ayez de l,lus cher, de ne JamalS frure allusion
devant cetle enfant, au temps où vous l'avez connUe Il ViUa IVLargu.erite )) ou à Il Mon. Bonl1eu,r ))
p;lIe fie sa.i,t rien de son pas1sé et eUe doit l'ignore,r;
il Le faut 1 Vo.u.s.ne. me trahirez pas?
- Je. ne dirat rIen de rien, Je vous le jure...
Tenez, Je vous l,e Jure sur la tête de Jean ...
- C'est bien.
. - Etl .r~it
Héloïse, voulez-vous que je vomr
dlse ? J ru 11dée que c'est un bonheur que nous nous
soyons retrouvés. On est. amis, n'est-ce pas ? ..
Peut-êr~
a~rons-u
besOln les uns des autres .. ,
- QUI srut! peut ctrc, répondit pensivement Vital.
VIII
V:-! JOLI MONDE
-
Qué sa}e temps J. .. Misère 1
remonla le col de sn veste, fourra ses
m8JJ1S daos ses poches et, sa casque tte rabattue sur
s~
ye~x,
ma sQlo~
l'averse. Il éUü t nuit noire. Une
bise al~ ' r.~ poussru t la p.luie en lIarges ondtes.
qu.e .l'hiver revient? grommelait
- Dmul-?'fl P~s
R od~
l , phe.
~ en al ChOISI un d'soir pour ma premJè~
sorLle... rvllnce 1
Il longeai~
les maisons afm de se garer un peu de
la .grande VJ.olenoe de l'averse et, plus encore, pOUl'
évtLer de p8sser dans la. zone des becs de gaz
!~od
'ph~
.n'~
,pas l'e sprit tranquille dep.uis'la. bata111e ou, SI Jolim nt, en ééhnnge 'du coup de COULeau
d'ont ~onia
l'oU guéri, il a (( sonné » un camarade.
- EL I?~rtanl,
monolo,g ue Rolpho pour sc l'OSsu.
rer, qu.ol qu'ça peut 1cur-z-y faire à oeuSISes de la
rou.sse ?
Rolphe loLLrlNl. l'~ngJ.e
d'une rue.
.Une trouée lumJT~es
apparut dans le sombre
alignement des bâtiSses.
D'une grancLc baie ruisselait la lumière
Au-dessus, un énorme glObe ct
.
6clairé à l'inLéri€'1.lr servai t d'e <: verre rouge
lettres électriques expliquaient u~s;lbea
d~s
~olphe
Il
A Li\. BOULE ROUGE ))
g
Une nmsiqu.e de bastl'i ngue ù 1
.
naient parven,ait jusqu'à R 1
e~
cU1v~e
s. domi·
P
de l' t°ée (} qUI se dLssl mula,
à queIDque disLanc~
coin d'une porle.
en r
du bal, dan s le l'CI! piétinait, impatient t
, 1
d'avoir donné à F-ifl
e. conge é. Il re~ctai
d'61VObr oonvenru
" ce sOJr-~à
, une LeUe tache et
J"
Il qu on sc l'ctrouvorod-t là »
MoUis ail~S:d
b'soin d'l.unt m'presser... · V'rai 1
de (( La Bou'l~
Roe groanrneler : une femme sortai t
vidus. Tous deU~gt)l
RCCompagné~
do deux indi·
baissée su r les
alen t COIffés dune casquetw
nuque, étaienL l~x·,eurs
cheveux, rasés sur la
œ
. ')
. en saux I.<m!pes en aCCroche~uri:s'
c~éspor,
nt cette blouse longue, f ndue
de gurder presque consLamment les 'm~ilfeJt
doigts peuvent ca
ans /:les poches. Ainsi, les
Leau il virole armT.'eSdseI· souvent .Ie mo.ncho ùu cou, . a 0 ces chevaJlers du crime.
I~ La. ~em.
éUlll en cheveux, avec des rouflaque t""s, amSJ que (( ces messieuns Il
ROlphe reconnu L Fin.
.
�C?C-
La 'Petite
U
'Deux Sous"
- Pas trop tôt... avec Eloi et La Risque, comme
j'lui avais dit .. . Bon !
Le trio venait vers lui. Il le laissa approcher.
Quand il passa devant Ralphe, celui-ci se détacha
de l'ombre. On se SM<ua.. Fin aJrl.ait en avant, trot' tant comme une levrette. En ligne, les trois hommes suivaient, se oourbant sous raver,s e.
Fitl s'arrêta bientôt devant un cabaret sordide,
c'éLa1t l'habj,tœl dooor, Au centre 'ŒIl aquari.um où
somnolaient des poissons maladif.s . Fifi entra là
comme chez eEe ; le.s trois hommes s'engouffrèrent
à sa suite avec un cc ouf 1 Il de satisfaction, et
sèébrouèrent. Leur,g. vêtements ruisselaient.
, nes voix ratiq;ues les sal'uèrent de lazzi. - ~lmce
de rigole 1...
.
- As-Lu fini d'faire l'.arrosOIr !
.
Il régnait dans la salle une chaleur lourde et empuantie. Les· relents de tabac, d'alcool, de vêtemenLs crasseux et mouillés prenaient à la gorge.
Sur un signe de RlY1p-he à la patronne - une
<1ross.e femme av·achi,e - cene-ci quitta. le oomptoi.r,
tra\'orsn. 'Ia: sa:lle ct ouvrit une petite porte dis&imuùée dans lb: hoiserie.
- Si vous vou,]cz être LranquLlles, dit-elle.
~ Le groulp e disparu t ,par l'étroite ouverture que la
grosse femme ensuite referma.
. .
Dans le réduit où la patronne les avaIt mtro"(luits FHi et 16 trois hommes s'assirent autour
d'unè pel.He table poisseuse, sur laqu elle traînaient
dos verres et un flacon d'a.J>OQol gradu.6.
- J'l'avuis prévenue en passant, dit Rolphe, pour
expliquer ces préparatifs. J'y avnis dit qu'a nous
gal'de l'salon, qu'on avait à Ca11&er.,
.
Au-dessus de la tmble, un bec de gaz 11 demI fenn6
laLssaiL échapper 'cn sifflanluue l'el.ite flamme dansan.te. Fifi se renveroo su,r sa ohaise el fixa ses
ye'llx SUI' ta p('o~le
flam~;
elle ol,ignail d,c's paupières , e,ngoul'diô et Lasse. La 1 lsql!e dl~man!i
:
_ EL puis après ?.... Lu 1I10me n a l'Icn dlt.
_ Flle n'a rien à dll'e.
_ Sûr! approOlf'v.a. Elo!. A, toi d'faire ~'bonimt.
_ Ben voilà. J al basoH), d u.n J'ude laopm ... sohd€.
_ Ga z'y est, dit La Bisque dont le poing s'abattit
, sur la table.
. ,
Eloi fit la grimace.
_ Tu sais ... moi j'maI'ch' pas, s~ c est un sale
cou!,>. P,o ur le mijoL€r, l'col1p d frLcfrac .. .. , vas~y
,
j'SU IS Lon homl)1e.; mai~
p01ll' m~rche,
l Le d18,
j'marclle p8JS ... J'al les fOIes blancs.,.. .
_ J'Li,ens à ma sorbonne... Et 1· pamar rouge .. ,
et la lunette ... Rien qu'd'y penser ...
Lu. n isque vociféra. :
- Q\lé muffle 1 nom cLc d'là l
,
_ Assez 1 commanda Ralphe. J'sais c'qu on peut
vous demander. Si c'étoit pour saigner un pante,
j'a.urai s besoin d'personne.
- Des fois 1 protesta. La. Risque.
Fif! arrachée à sa somnolence par la colère de
l'homme se fI'oLLa les yeux eL à &On Lour se fIlcha.
En voi'là une idée de croire qu'on a. besoin d'eux
pour !oire urrlm8Juvais coup ... Est-ce qu'elle s'en seraH mùLée?.. Au con Lrairc, ·il s'agit d'une bonne
action.
- Pas, Ralphe?
Celte fQis, La. Risque eL l'aulre il l'unisson s'esclaIrèren t.
_ Non 1 mais écoutez ça 1
_ MademoOiselle a bien son peLit rrix Mon Lyon?
FUL'iellse rouge C01Dffie un coq, l'in envoya. aux
deux hommes une bordée d ' ~!Iju'e
s.
_ Toi ordonna. Roliphe, to.lS lon bec!
_ Si 't'()lai.s à moi, g,r onda Eloi, ce que j't'en
collerais une ...
_ VoUi 1 cria. Sophie exaspMée, cfUand c'esL que
c'est une femme t'as du courage 1
Mais un gesLe' menaçant de Rolphe la Dt ~e résigner au silen . Elle pinça les lèvres, er001Sa les
bro.s et sc recula, boudeuse.
Rollphe parla longtemps.
69
~
Quand il se Lu tl. Eloi demanda :
- Combien?
- ça... j'peux pas cor' vous l'dire.
- Moi, ça me fait rien, déclara La Risque. La
chos·e m'va ... J'iJrais pour rien ... Pour le plaisir.
Eloi railla, sceptique :
- Pour l'plaisir ed'quoi ?... D'se faire faire marron su l'tas ?
- Pas d'danger, promit Ralphe. L'bourgeois n'se
plaindra pas .. . U aurait la frousse qu'on y barbotte
chez lui.
- Enfin, quoi, pour moi c'est dit, fit solennellement La Risque. Quand qu'Lu sauras l'jour et l'moment, un signe .. . et on marche.
Eloi baussa les épaules.
- Alors, moi z'aussi.
- C'est pas malbeureux! cria Fifi 00 son coin.
- Fais pas ta poire, conseilla Ralphe, et viens
trinquer.
IX
UN PORTRAIT
Le peLit Jean Gréne!let prenait sa première leçon.
A vrai c1ire, iL ne travailluit guère!
Il promenait sur toutes choses des regards extasiés et n'osait pas avouer à Paul Mirhande à quel
[Joint dessiner au fusain l'oreille et le nez que le
peintre avait placés devant lui comme premier modèle lui paraissait I{luéril et ennuyeux. Il aurait infiniment préféré Mre mis de sui\,c au modi!Je vivant.
AujouI'd'lmi, Fifi n~ pose pus. t...liL'ban.de J'etouche,
de chic, des ébauches, et Yvelte travaille ù des illustrations pour un lC maga7.ine n. Elle cherche iL
stimuler son élève qui, tous les quarts d'heure,
donne un COUT> de fusain.
- ~Iais,
mon peLit, vous ne ferez aucun progrès
si vous ne lravuillez pas.
- Je t,rav'a.ille, madomoiselle. Je regarde.
- Bravo 1 cria le peintre. Cet enfant vi,ent de dire
une chose profonde. Rega.rder d'une certaino façon,
pour l'arl.i.s\,c, c'est encore travailler.
- R este il. savoir, dit en rianL Yvetle, si monsi ur
Jean regarde de la façon que vous dites ou, wul
&implement, €Jl petit garçon curieux.
Jea.n devint cramoisi d, consciencieusement, dignall't de !'œ1I, ten<lant son fusuin à bout de bms,
il prit des mesures.
,
La demi'Ü de neuf heures sonna au large cadran
d'une ho['loge norma.TIde. Paul l\li.l'hande ropoussu.
vLv.ement son ehevalet et se leva.
- Je ne vous ai pas dit, Princesse, que j'ai reçu
ces jours-ci la v1si\,c d'un c.amurade de collèg,e.
- Ah!
- Quand je dis cama.r.ade .. . Nous n',é tions pas
dans la même classe. Il est plus jeune que moi,
bien plus je.un.e. Il m'a retrouvé grD.ce à vous.
- A moOi?
- A la princesso byzantin.e qL1e vous posê.\,cs ...
Ça 1'0. amusé, ce gosse, de connnllre II UlIl artiste )).
Il m.'a écrit à ce moment-là. Il hnbill1il la provin.ce 1
près d'uill oncle, tauLe sa famiUe . Le dit oncle ()tunt
mort l'an passée, Dordève - c'est le nom de mon
jeune ami - est venu oetL€ année II prendre l'ail'
00 Paris Il. Mais ja vous parw de lui pour Q.lTiver
à vous a'Pprendre ced: Bordève a fait, je ne sais
oomnICnt, la connaissance d'un e ccrlaino baronne
de Folbcrt, ulne personne cllal'ma.nLe, paralL-il, et
tris Le, tris Le , !.risle ... CetLe trislesse a séduit mon
ami Il est, je crois, un l?C'u amoureux do la. baronno(). bien qu' cUe Ile saIl ni jeune, nj jolie, et
s'enLOLo à la. clisLra.il'e du chagrl!l mystérieux qui
semble la ronger. C'est dans cc but qu'il a lour·
menlé le baron de FaIber'L, mani de la dome, jusqu'au momenL où celui-ci a obliaeJ sn femme à
poser devant moi. Oui, j vnis nvoir 0. porll'niturel' oeLte mélancolie. BOl'dèvc s'est rhlll'g6 de me
Ça m'ennuyai!. J'ni demandé
pl'esscnLiT il ce ~ujeL.
•
�La 'Petite ., 'Deux Sous "
un très gros prix pour découra:ger. Bordève m'al
pris au mot. (( Tope-là, m'a-t-il rut, j'ai cart.e blanche n. C'est au matin .. . tout à l'heure... à l'instant,
que ce provmcial obstiné va m'amener son héroïrue.
Car j,e senüs bien swprhs s'il ne remplaçait p.as le
mari pOUl' ootte corvée.. . Pa.r.dO'Il, Princesse, j'allais dire une sottise... et c'eüt été mal reconnaHre
la confiance que, depuis peu, me témoigne votre
(( gouvern,ant n. Lui qui sans cesse était sur vos
talons vous laisse venir et rester seuLe lel avec
moi depuis une semaine ... Qu,e se prus e-t-il ?
- Je n'en sai rien, répondit Yvette; mais certainement il s~ passe quelque chose. Il a l'air préoccupé et Sonia semble bouleversée.
EUe avait oublié Jean qui depuis un moment
's 'appliquait en conscience. Paul Mirhande, d'un s1gue, lui rappela la présence de l'enfant.
E ·le contin ua à voix ph1s haute :
- Padons de votre modèle, monsÏJeur mon amJ.
Si cette dame doit venir, peut-être vaut-il mieux
que je m'en aille,
- ~Ia.is
non. D'ailleurs, .elle ne sera pas seule:
Bordève va sllrement s'incrusLer.
- Oui, mais moi ... pauvre petite artiste 1ncon'nu e.·, sans compter ce gamin .. .
- Bah ! Si c'est une poupée coquette, vanite-use,
elle sera enchantée Jd'avoir une gaJerie ... de poser,
pOUl' deux personnes de plus.
- Votre ami ne dit-hl pas qu'eUe parait triste '1
Ce n'est donc point lln.e pou.péc coquette. La mélan colie n'alteint pas les ots.
- Bravo, Princesse 1 En ce cas, ma baronne est
un brave cœur meurtri par la vie et au-dessus par le fait même de ~te
sourf!l~e
qui élève des peLi Les mesqulJ1enes, suscepltbiJités, et c., etc... ,
que vous cr~jgnez
de froisser en ne lui cédant point
la place ... Ma phrase est un peu diffuse ...
- Un peu, avoua la j.eune fùle en riant, mais
elle me conv.a.:inc tout de même. Je reste, nous restons, Jeun et moi 1 Voyons celLe oreille, monsi.eul1
mon élève? Eh bien 1 mais ça vu... 0.0 va vous
metire viLe à la bosse ... et de la bos.oo au modèle
vivant...
- Une voiture s'Birl'ête 1 annonça Jenn.
Un instant [llus t.ard, guidée, ainlsi quo l'nvait
prévu le p~in['c,
p!)r M. llordève, Mme dl' Folbert
pénétrait dans l'alelier..
Emprcbsé, M. Dorclëve présentuit :
oici, maclUlnc, mon ami Pnul Mirhande dont
vou.s goùtez comme moi le beau [.(l.lent. lil'hande,
la baronne de fi'olberl qui désirc le servir de modèle.
Il s'arzoêLn ay(\nt avisé Yvette qui s'était levée,
et .s'~cIiu,
enlhousiu.ste :
.- Mai:; lu voilà l... C'cst >0'11' la princcRse by~
zn.nIL1le., .
Yvolf.c devint toute rose. Marguerite sc laurna
vers (l1J<J en SOuri.lf1ft.
ne élèvl' ... maintenant pmfcssmlr... EL vomi
SOl1 élève... Co petit bonhomm e qui baisso 10{) noz ...
Tu [Jf'll. roprcndre lon travail, Jean, tllndnme le
permottra.
~ JoIe d"mnnde. Et vous tlllflSi, madcmqi.;elle,
rcrndt('z vous il votre dessin ... Bot-il inùi scrct de
regarder ?, ..
Yv III() explirpHl. le sujet, nomma le roman (ju'cllo
ill us l mi t.
.
.
A 101', j conna.i.s.sn.is v?'S œuvres: JC rcço~s
la r evlle où oela. para.U. Je Illl1S c~urméo
de poUVOlT
vou:> en complimenter, mOldemolselle.
- Et mumle.n.an[ dilt M. Dordèvc, parlons un
peu du dLCf,d'ml1\'I'c quo devra rn.ire . , ct Sllns
grand mérile (; Lie fois - mon ami Paul Mu·handc ...
Aillsi rl1Pf lée nu su) L de sa visite, Mme de FoJ.bor! lùlJlprnchu du peintre.
- Ju vous uvoue, dit-l'II Q,Vcc nn pen d'l1m~r
LlI!TIl', que je n'ulII'nis jnrl'ltl.is SOllgé ft ml' frul"e
]}Cinl!1 (' .. , C'c:t UDr. idée de mOllsil'ur Bord!'!vc qui
l'a lloufW·1' i\ Illon T!1ari ... m j'ai dù céder.
~
Les SJéaillJoos de 'Po se vous ennuIeroIllt, madame?,
Oh 1 grands dieux, non, ce n'esl pas ,
cela. Autan~
je comprends le désir d'avoQir son
portraH chez une jeunle femme dnus ~out
l'éclat
dJe sa beauté, autant je trouve a:bsurde à mon ttge .. .
-" Mais vous êtes jeune 1 protesta Mirhandc .
Elle secoua la tête.
- Peut·être... si l'on s'en rapporte au nombr~
des années. Mais 1a jeunosse ne s.a calcuLe pas .. .
T,elles femmes de dix uns plus vieillo9 qUie moi me
font l'effet d'être de dix ans mes cadettes.
- Madame, dit sincèrement l\Iirhande, voulez·
vous me permetLre d'êLre franc?.. C'est l,e peintre qui parle : vous êtes charmante ... et je fi'aurais
pu soullaiter un modèle plu,s intéressant.
- Intéressant. ., Comment cela?
- Il ya liant de choses dans vos yeux ... EL c'est
moins votr.e vi l sa.~e
que votre ê.me qu'il faudrait
saisir ... cl ren.dre.. .
.
EUe eut l'air épouvanté un peu, comme si le re- '
gard scrutateur
peint 1'e rulait vraiment lir dans
wn ê,me douloureuse l'effrayant secret qu'ü Lous
il faut cacher.
/
- Commen.t voulez-vous pOlSer? demanda i'"lirhande.
- Oh 1 comme voUs voudrez! Décidez VOllSmême. J"ai mis celle robe, qui est n11lC robe du soir,
à tOUit hasard.
EI1e écarta le long manteau qui l'enveloppai t
toute et apparut, très mince, in.fl.niment gl acieuse
et simple d'attitUide, en celLe robe aux plis un peu
lOUJ'ds el souples oependant, d'un ~rjs
leinté de
mauv,e, au corsage à. peine ouv.ert, qlll a'Vait 1nspiré
à Rébecca Siméon son inepLc pLaitsanoorie sur « lu.
panne )).
- Enlèverai.je mon cha.peau?
,
C'était un grand chu,pewu nou', ,d u~.
de ces
form.es seyantes et toujollrs jolies, qut peüverLt braver le temps et ne sont jamt~
démodées, p~rce
qu'elles s rut empreinLes d'lin vél'lLa.ble (;fI.chet ri urt.
_ Non oorta.1nomenL ne l'elllevc>z pfls... ct ne
dép()fUil
e~ pas Lout b. fait cc gra.rud manLea.u qui
sera un fond cxcellcn t.
Animé, joyc.u..x, il atLi:raiL un chevalet, chois:i.s·
saiL une Loile.
.
_ Hordove il VOlIS est perrrll's do rester... eL de
distrai re moo modèle par u:ne oonvc"rsuLioll nus .
spiQ'iLuelle qu'il vous se.pa donné de la fournjr.
Là. 1... De voux-même,' ma~c,
vous yous ~Irs
placée mkn.lx qLle je n aurulS su le f[l.lre. En vr>us
des r>lis
asseyant, vous. avez donné à. votre ro~e
merveilleux ... Lo bras sou,ple... Oh 1 Illon... ('bo.l.'mant!..·
M. D01'dève pent n.voir de l'CSipI'lt ou se taire, à
SOli gré. La. ban'onne 1 FollOOl't n'écou~e
q\le vaguoment les propos 6chu,ngéR uutour cl'clle; son
regard V~1.
dl1 pT<?fi1 <.l6Ii~t
d'Yvette, penchée sur
son desa m , au Vlsage Irms ct rose du pelit élève
qui felnL d'être absorbé pfI.r son truvail.
l~\1S
il sc senL observe, plu.s il ho.isse le nez.
Qu'esL-ce qu.'eUe a donc, la dame, à le regarder
comme ça?
Le vLsage de Mo.rgneritc s'ussomlJl'it. Une trisLesso plus déseSipér{}e flnCoœ navre son rE'gard.
êLre fi 1'0 et
Ah 1 10 bel nrant 1 Qlle . a mbre doi~
h ul·euoo ... ffislAI ainsi le peLit PielI'ro disparu de SU:
vJc? A-t,..il ces boo.ux ch-cveux blonds bouclé . . ces
.
y-cux fira.n.cs ?...,
- Etc~-vo.us
l!l.5se, mo.rlnme ? Vou s p!\1iS{)~.
- Ç>UI. .. Je... je l'C'VLendra.i. un autre jour, plulOL
demaJln ... voulez-vous?
Elle indiqua une heure, et
l<wn, pr .. ér de
sc retrouver seule pour pleul'cr.
M6co~ten,
Puul Mil'llande repoussa le c11I'\o.l t.
- yOllà 1 tlloi qui. me féliciLai.s, jug ont c 'tif' da·
me d 1111 autre n.cnhll (T'lO l:Ies sœu!'", les in sllpporl.ubles poupées mondlunes 1... Pa.~
du Lou ! : \10.'
dame ost cap T'i ci<Hl 00, M~nme
a des VUIIOUl·S ...
Yvette &e mit b. ri~.
-
-
NQIIl.
du
�c;<>r
La 'Petite" 'Deux Sous "
7i
~
oor.a.it pO'5S.Lb1e que des efforts fussent tenLés pour
l'arracher à sa pri.son ?
Des eHorts ... Hélas! quels efforts la malheureuse
Sonia pourra-t-eille entreprendre seule, démunie di
oe levier qu'e·st l'argent, lI'ayant pour l'aider qu'Ul
vie.i.Hard infirme?
C'eSit à ce moment que VJiLaJ, à quJ alle s'est CCYJI
fiée, a cessé d'accompagner Yvett.e. Chaque jour i
est aillé à Neuilly, rOdant autour de l'asile, q.u~
LiolUlant .chez les fourlllSSeUl'S, essuyant même cl
faire parler le concierge.
La veille du jour où Yvette dovait r0ncont1'"-I>
Mme de Folbert., Sonia, ma,lgré l'lu)rreul' que lu
inspire Rolphe, s'est bI'usquernent réso'lue.
- Je retourIlcrai demain rue Bert.he, a-t-elle dé
claré à ViLal, et je défends qlle VOllS me suiviez.
.I,e n ',a,i rien à cr&.indre, je V,Ol1S l'assure.
Tandis qu'Yvette se rendait à l'ateJier de Mirl1an~
le, la doctoressc se iliri.gon.il v,ers le logement de
Sophie. Elle se hâtait, craignant que la j6'1.lne femme ne soit déjà sortie. Avant même de frapper, elle
fut rassur(or. On ~ e dL<.".p utait dans l a ch'lmIJre.
Soma heurte à la porte. Les VOiK 50 lai sent.
Sophie, raclant ses savates, vient ouvrir. ElLIe salue
Ua viGitellSC d'une exclamation .
- Oh 1 e'te coup, la v'JJà. 1
E}JUe pOUT'suiviL, toute·rouge, avec des mines:
- C'est mMèmr, RoLphe, c'esl la bonne dème...
Entrez donc, médèrne, dOOlll€Z-VOUS c,eHe de vo~
asseoir.
Rodo.Jlphe aussi change de langage. Sans Nrc du
franç:.ais très pur, ni des expressions de la suprême
élégunce, ce n'est plus l'ignn.b1(' argoi. Polimen1,
il remercie 1'8 dooLores,se dl? ses F".oins, !'a'lsurc que
son épau.le va tout il. fait bien.
- Ah 1 Lant mieux ... lont mi,ùl1x ... Je le pensais.
Aussi ne suis-je pas v0nue auj lIl'd'hui pour vous
offrir des soins, mais po'lll:' vous demander de
m'oj,der ...
RoJphe ct Sop.hie échang()'Ilt UT! coup d'œil.
- L'autre iour 'vous ,avez mnnifcsLé le désir de
m'êLrengréable.
- Voui 1 dédlara Pin, pour sûr 1 Il le veut, et
moi-7.-<8.ussi.
- y a-t-Î'l longtemps que vous avez quitté la
mai&OTL de f>flllt6 ?
- Oh 1 dame, voui ... d-es années.
- Vous iguo/rez dOTiio si... le rrHllade ou, lIu
moins, celui qu'on faisait raSSCI' pour malaJe et
que vons gnl'die7. cu demie!' tirll. <'flol ellCOrr là. ?
- J'vas vous dire. On sort qnrlcmefoi.s guéri des
au Lre.s maisons d.e san lé. De cene-là, jamais. Com~
ment qu'on guérirait puisqu'on n'est pas malade 1,
Sonia fris..'>OTLna.
- C'est 11orri])l,e! gémit-elle.
- Oh ! fJl1and rclis qu'on n'('11 r;n!'L pa: ... Si! ort
on sOIrt toujours ben, \Ion jOtLl' ou Llllk.e, IlH.Üs 100
picdL9 devant.
- Et ... monsi mr .. . le monsi'oll.r, enfin, l'st-il viv.o.nt?
- Voni.
- Vous en otes 50.1' '1
- Voui.
- Com.mŒl. t cela?
Rdhphc hésil.r" ft t le gros dos, louoha dit c6t6 c10
Sophir. Fifi encouragea :
- VI/ls-y! •
x
- Ben, s'y faut que j'vous dise ... VoWl. L'autre
jour, pas, moi j'<tibcn vu, comme <:Cl, que l'vieux
LE PRIX D'UNE VIE
vous ~enli
. .i'm'ai pensé : RM (fllC ('l'lIt! pauv'
domo vOlldr.oit lâcheIT ùe l'(j,['I'I' (1'11'1... SOr aussi
Sonj~L
n'élait plus retournée ohe7. Sophie. Le bles- qu'ça sera gl1r.rc commode ... A réll!'.R·rn pt'~
pas.
sé pouvai L il présen L se -passer de ses soins, ct Ill. rl'~Îs
ça. emhOlcrnil jolimonl l'pntnlll, si p<,u qu':ia
doctor sc, en r6flé·chiss.flnL :n~IX
,rollfl<!m1Ccs d.e
('S~aye.
Fli j'vas l'prôvcnir:. qn:oll. s'rnélle ~:tUl.
y
l'cx-gnrdien des fOllS, éUlIt ISnlSlû d hOrl'eul' contre m'deman.del n rommcut qUJe 1 SUIS ... Oh 1 J semis
pns Cn peine d'lui dnnnrl' une cXl~!r
, nlio
... .T'en
cot homme qui avait consonti il sorvir' de grOlier.à
IrOuvC\I"uü:l tllujours une... Et lu!', contPnt, y m'!el'a.H
de mnJhe\JrCtl'OOH vic limes, QllC fern cc Ralphe? Ne
trollvcTn-L-ll pas le moyon d pt'ôvenir le docteur un p'lit caclenu.
Il .l'moi llit o.n
s .~i
: l'patron c8l lm l. J,J' t ~ 1 qui
Pmbe que que1qu'un s'int6rcSflO à M. Mnrlet ct qu'il
- Ne soyez pas méchant, monsieur mon ami,
cela ne vous va pas.
- Ah! vraiment? Pourr,a is-je savoir ce qui me
va?
- D'~Hre
bon. V()IUS l'êtes.. . OeLte dame est
malhellreuse, elle avait les yeux pleins de larmes.
- Possible. Mais elle ne devrait pas choisir juste le moen~
où olle tl0se pour se livrer ù. une
recrudc ' ('ence <le chagrm.
.1QD, mais vraiment, m{msieur mon .D.mjt
croyez-vous qu'on choisisse le roomerut de !alsser
s'cxasp rer son cbagri,n, comme vous le . ditos 1..:
C'est injuste et cTuel.. . Vowez-vous savoir ce qlU
a. bouleversé oelte paurvre femme?
- Jo serais charmé de l'apprendre, a.fin d'éviter,
à la prochaine oCCélJsion, le même écu el!.
- Eh! bien, c'est Jeau.
- Jean 1
.
- Moi? Oh 1 mademoiselle ...
_ Oui, Jean. Ene le regard.ait, le regardait...
Elle a su,ns doute pC\I"du \1Il petIt garçon .. .
- Princesse, vous devriez écrire des romans!
Après tout, votre supposition est peut-être juste ...
.li\.lors, je ne fixerai pas les séan.ces aux jours
où nolre élève devra veUlr.
-Oh!
_ Gela vous déplalt, mansienr Jean?
- J'aurais voulu revoir la dame.
- Tu la verras en peinture. Je Le montrerai son
portrait. Laisse ton dessin, petit, tu dois être faligué. A qu.eile heure ta mère doi t-elle venir te
'Prendre?
- A quatre heuros. Je lui aJ dit que, hien sûr, ça
ne vous gênerait pas que je r ste lOtit le lemps ici,
pour profiter.. . Maman m'a donné mon déj.QUJDœ·
oomme du temps que raDais à l'école.
_ Tl'ès bien, mon. arrni Jeun. Mais je t'aurais
invill' volontiers il ipar~lùge
le mien qu~
du res:
ta\ll'l1.nt voisin on m'apporte ... Une pOl'hon ... qUl
refroidit... Ah J Prilncesse, Princesse 1 L'exisLe.noo
d'un vieux garçon a des heures amères.
IWo prolesta gaiement :
- Vienx garçon J .
- !\lpLtOO1s cé1ibatrure,
Ene jeta éLou.rcUlffient :
- M~riez-v<YUs
1
Pli~
elle dcYint pourpre cL no sut plus quelle
con tenanco avoir. Il dit, très grave:
.
.
_ Je snivl'ai peut-être vite V(Jt~e
consetl, Prmcese, si... si. .. j.e sujs o.SBez c l'Lnw du .s'Llccès poUJr
ne pas redou\,Cr les charg~
d'une fumJJle.
8noore Loule rose, ,eLle &e hô.~a
de rassembler ses
doooins cL de prcuù1'e congé.
_ \{ous reviendrez cet aprèSrmidi? demanda 1t3
peintré.
- CcrJ;a.inement. Ne le dois-je pM? Mon élèvo
m'uttendra.
- C'ost vrai.
E ouvrit Ja. porte et, attendri, pensif, regarda s'éloigner la jeune mie.
Ce n'était poilnt seulement lu crainte de la gêne
qui arrêta.it encore sur les lèvrGS de Paul Mirnande le dlofiruLif 8,v.eu. Si <1élicicuse qu'li jugeât sa
chère Princesse, ce p8Jssé obscur qLl'elIc-mêmo
jg.l1ore l'ép011.Vantc.
�Gl'è-
72 =================== La 'Petite
n'a jamai.s rien fail pour moi. .. La dame, au cont.raire, m'a reoousu, soigné, guéri. .. que sans elle,
Fill s'rail veuve...
A celle éVOO6.üon , Sophie hruyammc-nt reniOa.
- Alors, reprit Rolphe, c'est l)aS lui que j'vas
servi r, c'est la brume da.me. Et, pour comme ncer,
j'vas m'informer si, des fois, l'vieux n'y s'rait
pus. Faut vous dire que j'connais er.core des gardiens d'là-bas. Le docteur g.arde longtemps son
personel, s'y peu,t. Y n'·est janlais fiClr qUUlld y
en a qui s 'd6filent, comme moL.. n a peu r des
fu.ites. Enfi,n. l'nuL' dimanche, rai été par là.
J 'ili vu un a'mes anciens camarades qui sortait,
et je l'ai questionné.
Fifi sc mord'l1.it 11'5 lèvres. Cette version avait été
arrangée entro elle ct Holphe, p ur l'édillcation
de la dock>resse. Lu. vérité, c'est que RaLphe a enYo)'é Fifi guelter la sortie des gardiens en congé
s'en rapportant à elle du choix des moyens pour
obtenir des con-fidenoos. Rolphe conLinua :
- Vet' monsiew', que m'a dit mon camarade est
toujours dans SOn pavillon; mais j'crois qu'II est
fou pour de vrai, ou idiot maintenant.
- Ah ! le Inwlhcureux !... gémit Sonia.
Elle prit dans sa poche une pièce d'or - les
économies de Vit a.l 1 - et la lendit à l'homme.
- POur votre peine ... C'esl tlès peu ... Je ne suis
pas riche.
- lVllCrci ! Ça n'v,alait pas ... Oh 1 moi, vous sa... que j'en suis b()te 1 ;"Ialvez, j'suis désint~re
heureusement, y en a pas beaucoup comme moi 1
- Ah! pour sür, dit Fin, d'u.n accent pl\néU'é,
pour sûr que c'est dommage que Eloi ct La Ri5que
ne soyent pns, comme Rolphe, disposés à rend'
service pou{' le plaisir.
Son ami jugea qu'elle avait la langue trop longu . Il fronça les sourcils.
l'dais la peLite ne se troubla point:' Elle répéLa
son encouragement favori :
- Vas-y donc 1
S~nia
avait saisi la r6ti en ce. Elle interoga~
anxieuse:
- Qui sont ces gens,., Que vOl1le7.-Yous dire 7
- Oh 1 ben, on peut vous expliquer ... Voilà ce
qui en est. Quand j'ai 616 sl)r, pas? j m'ai dit :
c'rc;t pas l'tout, mon loup. ~lainte
qu'on sait
qu'y est, faut l'tir l' d'là.
l! s':lr~t.n
un inshnt.
onin, pâle ct le c(J'ur batLanl, atlendnit.
- Voui, j'm'ni cllit ça ... comme ça. 1\1 is j'm'ni
pensé aussi: à. IQi seul, mon gros ... lu peux l'fonil11 r ! Faut d'l'nide. Oh 1 avec deux bon, 7.igues
qu'ont peur de ripn, cl pis moi qui rl'nit l'lrohJ (, III l' ,
on s'L .. pns mul des mur'ILlIes, des po'"1 s cl d
gnrdiens 1 POIlI' lon~,
j'IIi Lou 'hé deux moLs d'J'fIffnir à des bru";' gens que je connnio .. . Y m'ont répondit : Il Çn biche 1 On marche. (\Iab dis .0111bit'n ? 1) Combien 1... Qué qu'y fallnit leur z'y dire "
J'leur 'l'y ai dit : Il .J 'caus rai il la personne pour
ICI celle qu'on mtLrchol'uit. - Alors, ljU'Y 'l'ont l'é~
pendu, on S'I'U Ion homme; mais rien,., dllme, ..
on fi mieux ... 1)
Ec«(,uI'6e, crpendanl frémidsnnte d' spoir, Sonia
brièn'Inent demanda :
- Que vous fauL-il 7
_ :'Ilni ... ,J'veux rien pour moL ., C'est cu ses.
- Comhien leur faul-il ? corrigea docilement la
doctoresse.
- J'ni mllrchnndé.,. commc pour moi... i\lnis y
risque:>,.. t drs gros 1
n rle~
- "oyon., ,ln hifrl'e,
- Cinq miJ.le J
Sonil se lordit leil m ins.
- Impo!lsihlc ... C'eilt Impo~!libe
1
- Y 7,'1'0 vOlllnient deux .. vnnt. .T(' lellr 7,'nl c1iL
". Non 1 moi j'aurai l'fll'g nt. .. Vous avez on~
f\(ln '1" Y 'l'ont dit : (( Voui, on l'conTInU Il. 1.ien
lI'n f. ()n In\Jchel'l\ (jlllll1rJ l'monieur s'ra (!n sù-
H
'Deux Sous"
~
reté, où qu'on nous dira de l'conduire Il , Vou~
savez, ma chère dame, c'est pour rien !
Soni-&: n.e répo nd it pas. Le fron.t pencM, les
mains crispée , elle réfléchissai t.
Cinq mille franœ ... Où les trouver 7.. ,
Et quand m ême .elle arriverait à se les procurer,
est-ce vraiment le devoir de Sonia de tant risquer,
de Lenter cet effort insensé avec des aides aussi
répugna~s,
[Jour retirer d'un cabanon un malheureux que tant d'années de suppJ.i,ce ont peut-()tre
r en<lu. fou 7 Et ~ nod olphe échQue ? Si lu i ou se:;
compiLees se laIssen t prenclPe 7 C'est Je bruit, le
scandale le procès retentissant où sera mêlé le
r;om de S()J1~a
Orbihoff. Il faudra parl~
de nappo,
l accuser ... Et tous ses efforts pour éviter la honte
seront perdus ...
El Yvdte ... la petite Deux Sous que, du même
co~p,
le baron de Folbeut pourra rejoindTe 7 Yvette
qUi se trouvera de nouveau livrée aux menées do
ces ~ens
... ~t arpprendra qu'eLle fut criminelle d.ms
son InconSCIence de malade ..
~olphe
ct Fifi. sont embarrassés par le silence
qUl se prolonge. Holphc reprend :
- C'est comme je vous dis. Vous ne J,}8.yerez
qu'après qu'lout s'ra bi€n .
- Ces hommes saven t mon nom?
- Jamais de la vie 1
Et, oubliant qu'il affirmait Lout à l'heure aŒ1r
gratuitement, Rolphe ajoute :
0
- V~yons
,! Vous pensez pu.s que j'soye ('i MI .. ,
Leur dire vot nom ? .. Pour qu'y s'adressent t't VOliS
sans moi el que l'affaire me passe sous le. nez '1
- Hum ! hum 1 lOU5!'Ola Sophie.
Rolp11e s'aperçoit dc sa bévue et lAChe de la ré·
parer.
- Non, j'voudrais pas .. , Moi, qUlInd j'arruncre
q;uéqu'dhose, J'm'y inJ,6res~
, ça m'chiffonne qu
S pQ..'jse de moJ. .. on a sa peille amour-propre.
- EL... si VQU& échouez ?
- Dame, ça sera wnt pis.
- Si l'on vous prend ?
- Oh ! ça ... pas d'dange r 1
- Si on prend les nutres ?
- Faut pus penser ça, ça porte malheur 1 Enfin
si on pince quéqu'uJ1, ça s~ra
pas moi, pl1l' . qu'
j'en sais assez pOlll' faire Laue l' patron d'l'élubllssemen l. Et puls, j'suis pas manchot 1
- Je voudrais ()lrc sQre qu'en auoun cas mon
nom ...
- Oh 1 si ç'cst ça qui vous tracassr m bonne
dame, vous pouvez ct' lrnnquilJe : pers~nl1
n'maugera l'I ~orc.
.
- OUI: .. mUls ClIlq mllie francs 1... C'esl norme
pour mol.
.- y n 'voud,ronL rien raba.ttre ... V'là Je malheur
dit Rodo lphe avec un SOu.pir hypocriLe ,
'
La doctoresse se leva,
- J ~ v,?us remci~,
prononça-t-elle avec effort '
r{:fléchlral. .. Je verral.,. el je vous donnerai bic~J
une rép<lnse.
- C'est ç~ .ma chère dame, a u plaisir 1
-: Au p.lmsl.l' ! l'ép06ta Sophie sur le pa.lier,
popu,laire parut à Sonia, en la
. Et cetl.o lo~t,!
cl.l'con.5 Iance, IroDlque jusqu'à ln rllaulé.
le lunr'hOl qui l'ntlcndnitnnxi useSonIU, Il'ûuv~
monl. ELle I,UI rapporta ce qu'avait d't R l i t
conc.lut n pl UI'<lnl '
1
0 P le e
J1~ais
nou s nd réunirons celle somme 1
<!ont elle 0. cllls le premier' jOI1l' reconnu la
1 a~
loy,anl6 et ,1 uvcugle dévou emen t il Yvetle, Sonia dc'PtUIls Ilong1temps a confessé son roman de douleur
C cc 1011 ,
,Aujom'd'hui, co n'es!. plus s ul ment pOlir la IlIle
1nl <.1 serllll prM à donnrr S<:l
d.Yvonne quo .10 vi~1
VIC. Il la sucrtf'ic l'nlt an. si suns un r.cgl' t à rello
mnlllClIreU!!? r6Itlu.~e
qui, u milieu du ]1lns 6pouvnnl.nbl drllme qUI puIs!'!, Lor~l
rune ltmc de
f em~H'"
a li Jo courage cl songer il. sauver YvéttE',
de 1 r.m acher nu x 1J011l'rC'tlu . de sn bienfaitrice.
on
A
�C'1l-
.
1
La 'Petite " 'Deux Sous"
=== = = === = === ==== =====
Vital et Sonia che!'chaient vainement une solution à ce problème torturant, lorsque Yvette revint
de l'ate·lier, animée, joyeuse, toute contente d'uvoir,
pour distraire sa cM.re grande amie mélancoliq.ue, à
fair~
le n~cit
de la visüe, chez Paul Mirhande, de la
baronne de Folbert.
- Vite 1 dit Yvette, à téllble 1 Je meurs de faim ...
En déJeunant, je vous raconterai des choses ... oh 1
des choses on ne peut plus intéressantes. Mon ami
Lancrot, vous déjeunez avec nous pour m'écouter ? .. Oui, je meLs V'Otre OOlUv,ert ... Eh bien ! vooo
n'êtes pas curieux, dit la jeune fille désappointée,
lorsque le déjeuner corrnmencé, elle vit que ni Sonia
ni le Manchot ne 'paraissaient songer à la questionner.
- Mais si! dit la docto.resse, je suis très intriguée; j'attends ton bon ,p laisir.
- Eh bien ! sachez que monsπu:r Mirhan.de f.aIt
un portooit. Cela n'a rLen d'extraordinaire. Mais la
belle madame est venue ce matin, avec un jeune
h9ffime.. . Pas intéressant, le jeune homme, queICQ.nque ... Mais elle 1 Vous l'aimeriez, Sonia, mol
j'en perds la tête 1... Une figure, pas régulièrement
jolie, mais écJ.airée par des ye.ux qui ont l'aiIr d'êLre
devenus tNins:paremt.s à foree d'avoÎlI' p1enliI'é. Mo.i,
je pense que cette dame a dÛ pc.rd're un enfant,
parce que, tout €J1 po·sant, eUe re@aJfd:ait 1:e pet~
Jean ... VOIUS savez, La.Dtcrot, mon élève, le fUs dJe.s
aubergistes de « la Matelote» '1
OLÙ, oui, j e sais.
- Elle ne quittail pa,s c1es yeux ce g·amin, pouersuit Yvette, et je voyais son regard devenir d·e plu8
en plus Lriste, et s-a flgu.re se co.ntracter. Monsieur
~li
rha.nde
l'a vu aussi et lui a pro~sé
de lever la
séance. Ah 1 e1le ne s'est pas fait prl{!r 1... Elle s'ost
sauvée p-1utOt qu'el·le n'est partie. Mais elle reviendra, je la reverrai 1 EL peut-êt.re que je sU'Ill'ai son
histoire...
- Quelle pel.àLe curieuse.
- Savez-vous I.e nom ùe oelte dame? deJ'lliaD.cLa.
ViLal, d'un ton d.is~l'a,t
- Certainement. C'est ln haronne de Folbert. ..
Sonia! qu'avez-vous 1", Oill 1 mon Dieu 1
.Devon,\]o d'uilie pù,ùcu.r de coonvre, Sonia défail~
lait. LancmL aida. la jeun.e nUe ù la soutenir. Mais
lui alllSsi, b16.rne, trem.b.1o.nt, 1 araissait p.rêt à s'6vanou:ÎIr. Ocoupéc de Iii docl.o·t· sse, Yvebtc ne vit poi:nJt
le boulcvoersmnenl du vioiU.nœcL
XI
ANGOISSANTS PROBLÈMES
Sonia se l'cmü assez promrpte ment. Son P~e:r
regard [ut pOUl' Vit.a.l, et dans les yeux du vLell
homme elle vil une é.pouvante semblllbJ.e à la
91j'6nne. To.\1s d~ux
sen<LaiolliL SO rCS5errer 81Utour
d'eux, autour d'Yve-tLe, la cha.tnc du p·assé. Paa- un
invraisembl'a ble concours de circonstances, les perso.nnruges du dI'IllIUIC sc tl'O'Uvaient de nouveau rap~
'Proch6s.
_ T.o.nt pis pour mon élève r décJ.a.ra. Yvett.e. Je
{Ile vous quHte plus aujourd'hui, SOnJa. La.ncrot
ilra pl'6vcru.r mo.n sieur Mir)1ande.
Mais la doctores-se protesta :
- Ne te fais pas de peine à cause de moi, ma p~
lite chérie. Va, va, mon YV{)tt.e 1 Puisque tu as pr!s
la charge de faire LravaiJ.ler oct onIant, tu ne dOlS
!PflB la lai'Sser à anonsiC'UJ' Mtrhlmde.
_ Promebtez-moi, du moins, que SI vous étiez
plu.s souffrantc l vous m'enverriez ch·e rcher ? ..
- CeJ.a, oui, Je te le pl'omels volontiers.
Lancrol et Sonia. demeurèrent seuls.
- Enfin; disail Sonia., madame de Folbert :vit,
eUe Jouit encore de sa for tune, Les misérables ne
l'ont donc point condamnée '1
- Et o~endat
, répondit Vital, elle est profondément triste. Quel martyre moral lui fait-o.n subir !
- Peut-être, ainsi que le suppose Yvette, a-t-elle
:pcrdu son fils. Le petit. Rierre. C'était un bel enfant, vigoureux et gai. Mons.ieur Martet adorait SOn
petit-fils.. .
. - Ce qui m'étonne, dit le vieilla.rd, c'est que madame de Folbert ne se SOiit point opipOsée à l'internem~t
de son père ... A-t-on pu la tcrompe~
elle
aUS51 '1
- Ah 1 sBlns doute. A moins qu'oo ne l'ait contrainte à laisser faire.
...:.. Oh 1 elle n'aurait pas cédé.
- Je me so.uviens de l'ernrpire absolu qu'avait le
baron sur sa fenune .. . Un empire qui s'expliquait
assez pa.!' la violente passion qu'éprouvait la pauvr.e créature pour le beau, le séduisant Raoul. Que
de fo.is j'ai entendu madame Martet et son mari
s'attendrir sur le grand amour unissant le j~uDe
ménage. Ah 1 le monstre 1 Son pouvoir de séduction agissait même sur ses beaux,parents : ils l'admiNi!ient, 1e loUJai.€-rut, l'adoraient.
- Gerbes, reprit le Manohot, j'aurais fait tout au
mon.de pour éviter cette rencontre de madame de
Fo1bert et d'Yvette, st l'on aVl8Î'l pu la prévoir. Cependant - conune pO'lltI' sa reconnais.sance par IleJo~
e l'autre jour - je suis d'avis qu'il ne fau t pas
voU' les choses BlU pire. Qui sait 1. .. Peut.-être de ce
mal sortira-t-il un bien 1
- Eh! quel bien en peut-il sortir?
- En tQut oas, nOlUi8 n'avons à rcd'Ol.J,ter rien
d'immédillit. Comment Mme de Folbert pourrait-elJe
OOOODma1lre, en oelite superbe créaeuTe dont les
yeux brillen t d'inteLIigenc.e., 10. pau·vroo hlioLe p(\le
et [rClle de jadis 1
'
- C'est vrai.. . Hélol'.se cepeooant.. .
- Héloïse a reco.nnu Yvette parce que j'Hais là.
C'est en m'identifiant avec le pauvre accu.ellli à
« Mon Bonheur» lors <le la disparition de l'enfant,
que cette femme on est arrivée à idenLifle.r également Yv'etle aVlec da peti.Le Deux So.us. J.e vous assure, madame Sonia, que vous vous exagérez le
danger. A chaque jour suffit sa peine 1 AJ10ns au
pl,us pressé, qui est de secourir monsie'u,r Martet .
- Ah ! je le voudlrais 1 s'éC!l'ia Soruia exaltée.
- Admettons un insLant, poW'suivit le Man cho.t,
que nous arrivions à arracher M. Murtet il ~ ..
bourreaux. Où 1.e mener, où le cacher '1 D'autre.·
que nous pourraient attaquer les criminels; il su:firait alol's de menrc le malade sous la protecti, I{I
de la justice. Mais VOIlS, madame, ne pouvez agir
légalement. Dénonce!' les coupables, ce serait meltre au jour un !J'op douloureux mystère. Donc, \1Martet évadé aura tout il. craindre encore. P ens'~k
vous que sion Je retro\lve on hésilel'llit à le replonSiG geôle? CclLe fois, aucune fo.rrna lil6 il
ger d~ns
rem~li
: c'~st
un fou évadé que J'on rattro.pC'. Il
auraIt beau Jeu, le docteur Probe! Et l'on emploi,'.
!,ai~
peuL-~.tr
les gral?ds moyens, CO'JX sur lesquels
II n y a pomt à rC'Vemr, pour empC!cher une évasion
nouvelle.
- Oh 1 laisez-vous J... Di eu sait que je les en
crois capables 1
- Il Lmporte, l ~rit
l e r-.ran.;Ï1ut, d'ussnrer à.
M. Martel une rctraite discrète et sÙI'e. Où la trouverons-nous ?
- Ilél.a.s 1 cela aussi. est presque impossible avec
notre manque <Ïe NlSSouroes ...
Il ne faut pas dés espérer. Nous allons cher·
j:).h€!l'." 'réOéchlr... Vouflez-v()lUs me Inn ss'cr quaranLe-hrtiit heures pOUl' réfléchiT et pOlJ't-ClLI'e tentai' 'qn€,lque ooooe? Aye-z comflance en moi 1
- Oui, mon ami, de tout mon cœur 1
Tandis qu e Vila! ct la doctoT'esse creusaient d'an· '
goissan ts problèmes, le petit Jean Grénelet, uyant
ta.nt ~ien
que m~1
dessiné u.o nez de pl'Om, se dé·
battlllt pOllr vaI'lCI' ses plaulll'S avec la difficulté
de d.€l'iSine.r un n.o7. de race. Ce qui l'assomm it.
Il demanda timidement à Yvette :
•
�(;?-c 74
===================
- Est-œ que vous aussi, mademoiselle, vou.s
avez dessiné des nez?
- Je crois bien! Et des yeux, et des bouches ...
Cela ne m'amusait pas du tout.
- Ah 1 soupire J ean, un peu réconforté par cet
aveu, ça vous ennuyait aussi?
- Mais je m'appliquais tout de mê.me.
- Et M. Mirhan<le?
- Quoi, M. Mirande?
- Il a dessiné aussi des nez, des bouches, des
yeux '1 '
- Certainement, répondit la voix joyellse du
peinltre. Pauvre petiot 1 Parce que, sur tes cahiers,
lu mets debout des bonshommes, tu Le croyais capable de faire, du premier coup, un chef-d'œuvre '1
Va ! Tous nous avons la même déception, el dans
tous les a.r~
œLa se relrouVIC. Et, tu sais, mon petit
homme, si tu sens faiblir ta vocation, il est lemps
d'avouer à ta maman que tu t'es trompé. Tu ceindras le tablier blanc des gâte-sauccs et seras tout
simplement marmiton à la (( Matelote d 'ang uilles n.
- Oh! monsieur, bien sl1r que non, je n'ai pas
changé d'idée. Je ferai ce qu'il faudra .
- Bon, mon petit.
Un peu avant l'heure convenue, Héloïse vint
chercher son ms. Il lui tardait de savoir comment
s'était passée cette (( première journée d'atelier n.
Chargé d'un imposant carlon où le peintre avait
mis des reuilles blanches et un feuillet de modllle,
le fulur membre de l'Institut quiLla J'atelier, (ler
comme un prix de Rome.
En routc seu:lell1<,nt il songea il racon ler à sa
mèr{l la visiLe de celte bcIJe madame, dont M. Mil'bande allait faire le portrait.
- C'est une baronne, muman... On a dit son
nom, mais je ne me le rappelle pas .. . j"écou tais pas
beaucoup ... Ça m'amusait bicn de voir M. Mil'hande
ln lleindl'o ; mais H ne veut plus q1J.c je ois là
quund elle revi ndra.
- Pourquoi? Est-ce que tn n'us pas été sage ?
- Oh 1 si 1... C' st parce que celle dnme est deyenue triste, LrisLe à cnt1se d moL .. si tristc qu'elle
est partie.
- Comment, triste à cause de toi?
- Oui, pal"ce qu'elle
n ail il un petit gr.rçon
(ju'elle a perdu. C'est mad moiselle Yvette qui l'a
dit. Elle n'en savait rien, pour st1r ; mais M. Mil'hnnde croit nussi flue c'cst ça.
- Pauvre darne 1 répon<lit lfélolse cOlnpntissunte.
La 'Petite
U
'Deux Sous"
~
Brusquement, depuloS 1 jour où Yvette lui a conté
sa vie, depuis qu'un '\r liment nouveau s'est glissé
entre eux, le pellltre a 'lb~r
H.1oné
le tutoiement qu'il
co~servai
t d? temp où Yvette. fiUeLte encore, poSaLt p01!-r lm. En V{)'y "llt &a petite amie alLri.s,tée,
Puul MU'hande reprit lB lu tolement ra.milLer.
- l'lIon peLit., tu U"- du chagril1 .. .
Elle s'était assise gUI" UJl divan, les coudes aux
genoux, le menton sur ses mains joinles. Il sc mit
près d'eUe, 1a. contraign it à .le regarder et répéta
très tendre :
- Tu . as du cbagrin, dis '1
- am.
ee tutoiement
ainsi r pris n.'élait plus le m~e
qu.e jadis. Elle S'CD lrf,uula et rougit, gCnée. Le
p~mtre
s'en aperçut. Lui-même sentait bien que
l'~noceDr.
camaraderie de naguère ne pouvait plus
eXJster entre eux. Il se fit Il"ès grave et fraternel,
afin qu'e1le el1t confianœ.
- Ne suis-je plus votr"l' grand ami, Yve~t
? Ne
voUJl.ez-vous pas vous cnn!lL-r il. moi '1
- ~onia
m'a. retel1ue ce matin parce qu'CIlIe se
scntrut souffranle. j'l101, je m'imagine que ce n·était
là qu'un préLexLe pour me garder.
- Quelle idée 1 P ou rquoi '1
- J 'al SJ peur qu'eU ne me laisse plus venir ici
chaq-ae jour 1
- Ah! pru' excmplc 1 En quel honneur '1
- Si je P?uvais le f'omprendre 1 11 sc passe iles
~hose.
dont]e n.e soupçonne pas la n(üurc, muis que
.ID devL1le.:. terribl<'s, ..,1 Il Ilx(juclles je dois êtrf! mêsN>
1 Lan crot, qui CI'~lvnit
lée: .. Soma e!"t l~'vpr
pOlOt paru de la JOIIl'lI {r, ('st arrivé tout il. ·1 lI( ure
avec un ail' élrange. Il Ms 'ln 'il esl entré S~nia
m'a congédiée. Elle C\ Iln,' il. m'envoyer ici' au~"mt
de volonTé qu'elle cn a (<11 C(! malin pour me "order.,
Au bas de l'escu.lier, 11' ('tan! aperçue que j'avais
oublié ma bourse, je sui, r-l'lTIonl6e. J'ai 01lvert avec
ma clef. Ni SOllia. ni f.illl(·]'ol ne m'ont enLendnc. Ils
causaient dans la chumbr-e de Sonia dont lu l,orte
élait OuvClfte, ct j' i su rpris ulle ph!'CtlSe fJui m'a
épouvunl6e. Sonia di sni l : " C'est hOnlbllQD1ent. ùangE:l"eux ... Qu'o.vez-()l1~
fuit? Vers quel nhlOle ourons-noll,s !. .. n Insl indiv 'lTl 'ni, SHIlf! J'ôrl(~chj
Ilue
j'agi 'sujs mal, j'ai pn\lé l'oreille. Lnncrot u r{ pl Ddu : " Je <;uÎS sùr- ùe ,~'I 'e frmme ... et nous n'uv ons
pns le choi.x. Mais nOliS Ill' sommes point 0:\1 boue
de nos p.cines. J.1 faul 1:Jr-!~f'n
.. . )) - (( Ah 1 jc donner,lis n'on sanf(, 0 rll!. Slrnla, pour me prorlll" r
celle somme .. . ClIlq n III' frnnc 1 P ur ln.nt d {Jcns
c'cst si peu .. . et pOll r fH!.IIS c'('!'j[. .. l'imjJ{)ljsiLJlc""
JI 1 s font, reprnd Rl'f . r. p.st llnJ"l qneslion d, vie
XII
ou d{l mo~·t
... n Je m~
!'>1I.1!'> se.n·Lie glacée de terrcur 1
Snns br'UlI, .comme J {>l'~
('nt.I·~e,
j suis l"f'ssortie.
LE nT.) "lIEUn m:CULE ..•
.Tc nc vonlals pns Clrc :Sllr-Iwise éc()ulant. Dites-moi
ce que cela peut Si.gllif1PI· I... Il me s 1 bic qlle je
- J e vons ni regrellée ce llIat.in, Princf' sc.
l!l che nu ~ord
ù 1!1I Ilblrne qui, d'un momt'nt à
Y'Vette jeta un regnlù cüsLrni,t ur J'ébuuche pIn1 m! lre, va. t:J. cngloll Lu'. A Il 1 j'étais trop haurcu;;e 1
cée en pleine lumière.
hIle se nnt à pk'ul'{!I" épCl"dum nI.
- Mal aussi, monsieur mon ami, j'ni rcgrcllfJ de
. Ne. pleurez p·llS ... Oh 1 ne pleurez pas 1 Je ne
np pus vf'nir... Valls avez travaillé... Io.dome do
pUU:I vou' vOs I.annos .. . YvetLe, Yvette ... mu peliLe
Folbert est venne ?
<UTI!I'. .. ne craIgnez l"ien, je SU is là. J Cl sorui là
_ Oui. .. et justement elle vous 0.. réclnmée.
louJours pour V01l protéger, VOIlS défcnd! e.
~foi
'1
Eh ! comment pOllrrf'7.-VOllS me déf ndre conous l
lre un ùang~'
dont jïgllor 'I n natul'e '1
_ Elle n'a pns .réclamé notre fulur prix de Rome?
. - .;. Et qUI peuL-ôlr fl' xi!!' que ùn.ns v{)lr lma.~
on...
. .
gtnalion ... Yvette, r gardez votre ami l, ..
VOliS voyez, j'olliVniS raison : il lui Cl frut l!1ll1 ~1l
sO\,lril à, W'UVPI'S Fe' larl lOS. Sa. fl'Uycur saJin"ion .
plll!!all. ~lJc
n ép.rouvai 1 plus cefl.e sen: tian irr,üJ
_ PalICe qu'elle n'en Il pns pnrlé?
sonné.e d lLba.~r1on
!l'ni J"opprcsse cnl.m Sonlo. t-t
alu r..,l 1f'!n en l, nll1rma Yvonnl'.
_ Vous cherchez toujours midi il 1111lt[or7.e heuL nClOt cl .pU IS Cju tl!OC lr:s voil ab~r6il
pax ulle
Pl"~ocuI!nt.O
qui Illi U 'I OoCUI;C étrangère.
l'CS, Yvdte r "l';n f()11 t CH ,VOU l'av 7. f!"n ppée : elle
hile n e::.t plu~
'leur Ht'ule p n86·(', 1 ur sollci doVàus a. lrouv c chaJ1nnnw.
_ Vrai? ,Je suis conLcnle. J'aul"U is bien aimé ln 1I11nant, t cela. su ml pour gluc r celle poLi I.e Clm.
(:~nlt\e.
J\uprès dl. Poul
lirhu.nd, ünc r lrouv6
r voir ...
! III pI'C8HLOn,. don 1 dl(· Il lJ ,."oin )lonl' otro h/nreuse
pUi-\ v<,nll.'! 7.... Et po~r
_ P01l1YJ,uoi Tl/ôt.c~-vons
ôLl'e lrès atfilôc,uinlôc Illlit!1 H'IO<>nt.
'
<l'loi m'urnW'7.-VOllS il 1'1\ lll'{' où rl~j:\
k' J(HU' halsné~umls,
dlL It, IH'intl' . WJLrc o.mie ("/ll1('rhe
.
S() '1 ... Qu
(lnl cc. fllçOnEl-là, morlf'moisC'lI' '1 •.• Eh 1
Clllrr mtJ.lc fl·a.nes f1L 0 sai 1 où les tro11ver. J'ai
muis ... vous uve/: plcur(:, Princes e 1
�C'?l-
La 'Petite .. 'Deux Sous"
====================== 75
connu ce genre d'amgoisse. On n'en meurt pas. Le
vieux a dÛ confier cet embarra,s à une femme que
madame Sonia r egr~t
de voir mise dans la confidJerruc .. . Il 1a.ut êtù'le ème petri.te folile comme vo'us
pour Î!.vire du d'l16lffi,e av'ec dies o11olSes a'U'ss1 simpLes.
- Mais cette frayeur de Sonia ! EUe a parlé d'un
abimû ou nous courons ...
- Cet abîme n'est que trop facIle à définir. Evidemme.nt, ces cinq rn.iill1e francs sont le chiff.re d'une
detle. Si on ne les paye pas, 1,e créan~
poursuivra, '. fer.a ven.dre ce que possède madrune Sonia.
Les meubles vendus, le propriétaire ne vous gardera sans doute 'pas très vol~mtirs
... yous ~erz
dans la rue ... Voilà. l'abîme! Ce n est pomt gal. Cependant je tl;onve exagéré d'en faire une question
de vie 0'l1 de mort...
- Oh ! vous cherchez à me rassurer... Mais ce
sero.it d.éj.à bien douJoiUù'eux d'être saisis ...
_ Parbleu! Aussi on 1'6vjtera... Vous pouvez
être sùre qu'on l'évitera, petite Princesse ... n'y aumit-il que moj pour procurer cet argent.
100 s ... 011 ! non .. .
- Comment, non? Vous ne petmeUriez pas à
votre vieiil I/:'-Ioi de vous rendre service?
_ Mais vous n'êLes pas si riche que ça...
une imperti_ Vous n',en save z ri,en. Que vo~1à
nente petite personne !
- Ne vous fê,chez pas.. .
.
- En .ru-je l'air ?
- Qu.e VOUs êtes bon 1... Ah 1 que vous êtes .bon 1
- VOU5 allez vous rasséréner, j'espère '1
- Oui, bien sûr ... Mais comment faire pour expliquer ù Sonia ... lui dire ...
_ Ma chère p()tite Yvette, il y Cl <:les g@s sans
conscience qui se croien t irès malins n inventant,
pour .expliquer les choses les plus simples, des fabJrs il. dormir debout. Pour moi, j'ai 1'l1o,r l'eur du
mensonge, .
. _
_ Et je SUilS comme vous, fit l velte.
_ Je le sais. J'ru l'borreur du mensollgr, d'abord
parce que je le trouve dégr?-d0- nt , et c~t.e"l'1Liso?
me
sn1ïlrn.H pleinement pour 1 évücr. l\10.1S J en III une
a.u tre : le mensonge c.s t une mal~dres
' e, ct. iJ\ .arrive toujours il. comphque.r c;e 'ru hl préLcndal t SIl'llpliIler. Vous aB,cr l'doumer près de madame Sonia. Vous Ilui raconterez tout bonnemcn1r que v!\US
êLc.s remontée, que vous l'avez rntendue sc d6ol~r
de n'avoir pas cetLe somm{}, que vous êtes rcp.arL16
sans oser ...
_ Mon pauvre ami, c'est jmpossible ! ~e n'aime
pas, j ne veux pas mentir, mnis je ne pUIS o.v~u('r
il. Sonia que j'lli sutI'pr.i.s une po.rtie du secret qu ello
prend tant de peino à me cacher ... Eille cst. iro)? nerVCll SC, lrop é.bl'nnlée ... J'aimerais mieux le ùlr~
il.
Lo.ncl'ot.
- Vu r.0ur Lltncrot 1
,.Il s I.l.l'rangera ensuite comme il pourra aViec
Sonia ... Ah 1 qUù vous ôLes bon ct g6néroux \...
Mais, VOUS savez, cet argent, j'Û' vous le l'cndl'ai.
- Parhlen 1
- J'y Liens nbsolument.
- MQi aussi.
- Vous ricz ... Vous me parlez comme aux peULs
enfanls qui onL un caprice. On dU comme eux pour
ne pfLS Les exeiLct·.
_ Ma-is non, mais non ... Je comprends fort bi~
que V01IS soyez .une Lrbs fi bre pctite Prinoosse, ob
je vons 1ai,ssÛ\ral me rembourser peu ù peu, comme vous l'en Le.ndr.az,
_ Eh bion 1 c'est oonvenu. J e me sa.u,w'. Il me
tarde d'apporter un peu d<l paix il. celte pnuv.l'll:l
Sonia 1
Et, ue nouveau joyeuse, les yeux élincelants,
YveLLe \S'ten nMl1 port,cr la. bonne nouvelle.
Denx honroo plus Lard, ,la nuiL V<lnllnt, ~ : ml
Mirau
hnndo s'apprfll it ù sortil' puur n.Ller, prc.n~
. l'csluUl'nnt son rrpn.q solitt1Ïrt" IOI'SCf1.1 un vunleUr
iOIC1LLendu se pl'ésc.nLo.. C'élai t l.nllcrot.
~
A sa. mioo troublée, le peint.re comprit qu'Yvette
Iltvai.t trar..smis sem offre.
Le Manchot, pressé, von.a.it-il chercher l'arg ent?
- Mons1eur, dit ~e vicilJ.ard, je v.(}u,s retal~d
...
Cependant j'aimerais avoir, dès ce soUr, un moment
d'en,lretien av'e'C VOll'S.
- Il est certain que ... c'estl'heuTe de mon dîner.
Mais, moo bon Lancrot, je le recuLerai pour vous
La.i.:re plaisir.. . Laissez-moi d<mnoer {le la lumière.
Sm' un chevalet, un tableau voilé d>c serge attira
l'atlem.tion du Manchot. Il l,e désigna du geste.
?
- C'est lie porlrait de la baronne !de F~bert
- Ou.i... Yvet,te vous a parl6 de cette dame ...
Rh quoi peut-elle vous in téresoor ?
- Oh ! en rien. Moo&ilcur, je viens vous nemercier de l'offre gén.éreuse que v us avez faite à
YveoLte. Elle me J'a lraD.Sù11ise.
- C'est lout naturel.
- Non, monsieur, cela n'c&t point naturel... ou
bien ,..-cela POU'l'l'ait l'être trop.
- Que signtifle...
- Monsieur, ne vous fAehm pas. PardonmlCz-moi
si je m',exprime un peu bruLalement. J.e ne suis
qU'lu.n :pau;v.ne homme qui ne S'5 it ,p as tourner de
belles phrases. Monrueur, cet arg-ent serait le s.Br
lut pour une personme bj10n malheurs~
. Cepe;n,.
dant, aVJant de l'n.cce.plier, je voudrais vous priJeI
de me 1e pre ter ù moi, non à Yvette.
- Je flle VO:lls pas la différence ...
- Elle n'appn.ralt pas très netlement, peutrèt.oo
au premier abo.nd; cependarllt, Îll me sem.ble que
vous devriez la sem,ir... Monsi,eur, notl'4i) petito
Yvette es,t si simple, si éll)ignoe de tOllt vilru n ca.1cul, qu'.e:lle n'a pas suppot;é uno minute qu'en 1.'0hligearut v,o us pouviez conoevoir une mauva1se
peDlSée.
Cette fois, le peintro comprit.
s'empourpra. Il marcha vers le vieilSon visa~
la:rd et, les poings &C1Tés, ordonna :
- Vous aaIILez sortir .. . sortir imm6ùi.aL me.nt.. .
Mais au lieu de reculer, ul!l.r roL lBndiL la main
OIU jeune homme; son honn6le figll,re s'é.c1G.ira,
- Ah 1 monsieur, monsieur, que je suis COlltent 1 Que je vous remercie !
La colère du peintre III place à la stupéfaction.
- Ah 1 oui, monsJeur, je suis conLc.nl.. . heureux 1 Ce qu e j'ru dH, c'ét.ail pour provoquer cc
mouvement indigné ; car je le pensais bien, vous
êtes inca,pRble d'un bas cœlcuJ, il1<capnble d'abuser
00 ln candide confiance d'une €l1fant. r..Jais je voulais en CLre sO r, cn avoir nne preu 'l'. Pensez donc 1
Mo. p etite Yvette es t tou L cc que
ime nu monde.
Je voudrais ln sauver de touL mu.l, Ini préparer un
avenir hCUl"C'UX. Peut-être cela n' st-il point pos
sible : tant c1e choses sont entre c'lle ct le bon.heur !
Mais qu' Ue vive, sinon S8ns d0111eur, du moin::;
j' i commencé à parler,
sarns remordIS 1 Et puis~
monsiour, laissez-moi être sincère ju~q'a
bout:
j'ai un grand , Lrès grnnd service ù. vous demanùCJ'.
b'abord, il me faut trahir un Recrot... dont on ne
m'a. p'o int fait confidence, mais que j'ai deviné. ]1
se pass.o une chose prévlle par moi il y a long·
te:mp~.
Je la redoubais sans pouvoir l'emrpêcoor.
DClpuis ql~
je vous ai. amené Yvdte, to u Le joJe,
tou~
ef'<poir, tout co qui a miR d 1 bontheur da.ns sa
vie lui est venu de VOliS. EU.e f]uiLtnit un int6rieur
IlristIC, sombre, misér8ble, DOUI' venir, dxmsi ~a
beHuté üe votre nf,elier, jOli ir de l'art, ùu lravail, or
La g ielé, cll} La. jeunesse. Vous .avez pour elle toujours éLé si bon, si affcdueux, sans rien qui puisse
i'effarollcJ!cr... Comment la, pauvro petite ne se
serait-elle pas aLlOJCtb6e à vous? Je crois que pour
YveUe 10. pensée de ne plus VOLIS voir s raiL un
arrêt de mort... MaiA j e vous demru.de, monsieur,
sl I)IIJO vous est chère, de l1C point 1.0. laisser se
Imlrrer cl'espérances vaines. FoiLcs-lui senlil' que
voLre aff.oction pour elle n'esl que oe l'amitié. PoiLOA-llI; comprendre que trop de dü;tnnce vous sépar e ù'une pauvre cnfnnt comme clle, pOllr que
ro
•
�G?r-
76
vous puissiez songer à lui donner votre nom.
Monsieur, je vous en prie, ne laissez pas ma chère
petite Yvette croire au bonheur 1...
Le vieilard par:1ait doucement, humblement, et
cependant d'une voix ferme, et son regard très
franc ne quittait pas les yeux du peintre. Paul Ivlirhande, à son tour, lui tendit la main.
- Lancrot, vous êtes un brave et digne cœur...
J'ignore quel lien vous attache à Yvonne .. .
- Aucun lien du sang, monsieur, mais j'ai...
j'ai connu sa mère.
-
Ah 1
-.: Elle l'ignore. BIde ne sait rien de son passé.
- Oui, elle m'a dit ocla... C'-est étrange.
- Une émotion- une terrible émotion, alors
qu'elle était Loule 'petite, avait anéanti toute mémoire chez elle, ct durant des années, de longues
années, elle a paru vivre sans pensée.
Le peintre était devenu très pAIe.
- Lancrot, c'est impos sible ! Elle, Yvette, n'a
pu être .. . folle 1·
- Non, monsieur, pas foJJe 1 pas idiote non
plus ... mais comme endorunie, comme étourdie par
une trop rude secousse ... Il ne faut pas que l'enfant le sache ... Je vous l'ai dit parce que ... parce
que j'ai cru devoir le faire.
- Merci, mon runI.
Il y eut un court silence. Le peintre, atLristé, !longeait. 11 demanda:
- Comment l'a-t-on si bien guérie ?
- Madame Sonia est médecin, elJle l'a soignée.
- Et elle croit que rien n'est à redouter pour
l'avenir?
- Oh 1 oili, morusieur, de ocla eLle est certaine.
L'eruant a retrouvé le libre usage de sa raison
après une sorte de fièvre cérébrale; et de'p uis, e,l le
n'a jamais donné aucun signe ... je ne dirai pas
de folie : oille n'en a jamais donné... mais de la
moindre étrangeté.
- Lancrot, le sen timent que j'ai pour ceLLe e<Ilfant est plus que de l'amitié.
- Je le sais, monsieur, et c'est pourquoi je vous
parl<l comme je le rajs.
- Et si ... si ce sentiment était assez fort pour
me fl{1ire pa.sser sur ... 00 que vous venez de m'l1J>prendre ...
- Il Y a Ilutre chose, monsieur.
- Quoi?
- J'ai connu la mère d'Yvette. C'était une a.dm~mble femme, une victi,me ...
- Je vous cOfl1d)re.ncJ.s. : Yvette n'a pas d'étaL
civil.
- Elle n'en a pas Elle doit ignorer même le
nom de sa mère.
- Pourquoi?
- Un drame a entouré ce n m. Cc drame qui Il
brisé ln J>auvre petite, il n<.l faut pas le lui raJllpel1er.
- Ah?
- So. mère était uno [ mme du peuple ... Vous
voyez, monsieur. Pille naturelle d'un pauvre l~wJ
heureuse, Yvette ne peuL OLre pour vous qu une
BlInio à qui vous ferez du bien, ou une iThforLun-ée
que vous perdriez ...
_ Vous vou s trom,pez LllIncrot. En,fant du peuploe dites-vous? Eh 1 que suis-je donc? D'llilleurs,
JO
dépends de personne, puisque, MIas 1 mes
vieux sont morts.
.
.
_ Mon sieur... oh 1 mo nsJcur, ce seraIt trop
beau ... trop inespéré... Voire femme,. ma pau.vre
petlLe YV'€tte 1... Ah 1 je pourrais mou,nr tr.o.nqu'1L1e,
et sa mbre l à~ha.u
t, vous bénirait... MaIS non .. .
c'est impos9.lble, mon Dieu 1. .. li y Il autre chose .. .
.'
Il y a pire 1
- Quoi ? Yvette ... étant Inconsciente ...
- Yvette est llllASi puro que la plus pure 1...
Non il ne S'agit pOint d'ell e. .. mais son pèTe ...
, Quoi? Vous m'épouvantez.
RsL un miséruble 1
- Snil-ellf' son nom ?
he
La 'Petite
U
Veux Sous ,.
~
- Elle ne re saura jamais. Ce fut le dernier vœu
de sa mère.
-!EL lui ... la conatl
~ il
?
- Il a pu., rapprocher jadis. Savait-il qu'eLle
Hait sa, fille .. . Je n'ai pu ID 'en assurer. Maintenant i~ ignore où elle se trouve et qu'elle est guérie. Peut-être, si elle était en sa présence, ne la
r econnaHrait..;i1 pas.
- ELle ne vous a pas qu esLionné sur ses parents ?
- Je ne lui ai jamais dit les avoir vus . Et je
vous demande, monsie ur, en échange de la confiance que je vous témoigne ...
- N'ay·ez aucune inquiéLude, mon ami. A YveLte,
à pel'lSOnne au m.onde, d'.aill eurs, je n e l"épèterai un
seul mot de œ que V{)US venez de m'apprendre. Je
vous remercie d,e votre démarche. Elle vous honore, Lancrot, et elle m'honore aussi, car elle me
prouve votre estime. Oui, l'ombre d'un affre'ux
passé obscurcit l'avenir d'Yvette. Je devrais ne
songer qu'à une chose: je l'aime! et je sons bi,en
qu'eUe m'aime aussi... M/a rcher ven, le bonheur
sans regarCLer en arrière ... Peut-êll'e un jour auraije oc courage, qui ne sera, sans doute , que sagoose. MaLs, je vous le confeRse, je suLs boulevrs~
par ce que VOus me révéJcz. J '![li besoin CLe voiIr bien
olair en moi-même. Je veux, avant de demander à
ma pauvre petite ami.e de mettre sa main dans La
mienne, êLre certain de ne jamais regr.eLter ce
moU'vemenL. ..
- Vous avez raison d'>/lJgir ainsi, monsieur, VOUIS
le devez.
- Kn atLenCLant, je vous donne ma parole d'honnête homme de ne rien Laire conna11oi'e 0. Yvette
des sentiments que j'ci pour elle. Je la troiLerai en
peliLe amie très chère, tl'ès respectée 'JUs si. Je
serai fmLemel av,ec ·oHe, je vous Je l)['omeLs.
- Merci, monsicur.
- El maintenant, me jugez-vous assez désintéressé pOUl' accepter que je vous prête la somme
don t VallS avez besoin ?
- Ah J monsieur, qùo vo1fs êLe.s bon! Vous me
pardonnez d'avoir VOullU m aSsurer de vos inLenLions?
.
- Vou s u.siez de voLre drOit... C'était mC!me votre
devoir. Cet argent, vo~s
pCI1S~Z
?ien que je no l'ni
pas dans mon secrélmre .. Mms Je p'llLs me le procurer. Voulez-vous reveT),1,r dcmo.in il cette mC!me
'heure? Yvelle sera parL1'Û.
- Merci 1.;. Ah 1 j'n~
une requête encore 0. vous
I/lJMeSS,er : Je voudraiS - Mme Sonia aussi
qu'Yvelte n'asSliste pas aux séa'TLces de pose do
Mme de Folbert.
- 'l'ions ... cl p01.ll'ql1oi cola?
- Nous d~siron
qu'eiIJIe ne fasse paIS de nouvelles connaissances pou r le momen t...
- TouL autre modl!le mondain vÜ'us effraierait-il
autant, ou e·s t-oe une méfiance qui vise personneA.
lemenL Mme de FolborL ?
LancroL se tro'Ublll..
j;~
bien 1 .non, ne me répondez poo. Je ne
veux r~Qn
savol!' de p,lus. J'ai confiance en vous.
Vous ilIlm.e,z ~vet,
vous la déf€'l1d'ez ... eL jusqu'au
momenL ou .J aura.l des clroiL!:I sur elle, si j'en d<Jis
prendre un ]our, ]e m'en romets à vous.
XlII
Il. Bonoi];VE SE R6;vOL'fE
..... Faites :vos jeux, m essieurs.
Un ~ourd
silen.ce règne dans le alon. Les joueurs,
o.ttenLlr!:l, sU!'Vel~cnt
le banquier.
Pr~sque
tou s les v.i.sages cepel11do..n.t demeurent
oourlllil1ls.
On dira~
que le comLe d{} Bellazuccio qui, en ce
moment, t,l ~n t,.1a
~an(rue,
se soucie aussi peu de
gagner qu tlJl s mqullète reu do pcrcl're. Ln banque,
�l
g
(;if-
La 'Petite" 'Deux Sous
U
jJ est vrai Il. ce soir une chance extrême. Le visage
du comte' ne s'en éclaire pas davantage.
Tout à l'heure, tandis qu'hl était à l''I1n des tableaux, il a perdu coup sur coup aovec la mêm;e
éga1ité d.'Ame . Auprès d.e lui M. Bordève .perdalt
avec mOUlS de philosophie. Info.rtuné M. Bordève 1.
La .chance qui aux premières .soirée~
poosées .à.
l'hôlel de Folbert avait paru lUI SO'UT.lre le boud.e
mainte~
sans discontinuer.
cont..re le
Ce soir, waimenl, le guignon s'a~ne
paulVre garçon. M. Hoehevine, le sptrlte aux nobl~
traits que chacun ici appelle M. Du,p.ont, ~rd
aussI
puisqu'il est au m~e
tabJ~u,
et il 50urü comme
le comte, indifférent, hautam.
Il y a là encore deux étrangers, deux nouveaux
venus amenés - comme n<J.g!1ère }l amena Bordève
- par le comte de Bel:lazucclO qUi les a reno~Lés
dans une mai-son où l'on .s'!l!il'l1se. A chaçrue sOlré~,
des habitués amènent am51 un ~ ,pll!-sleu.n: arrus
qui viennent quelque t,e;mps, pms dISiparalssen.t.
Les nouveaux veillus. aujoul"d.'llUl, des h6te~
dêJla..'V'
sage qui doivent qulLter Paris 1e le~dma?,
n ont
pas pour leurs débuts, la chance qUI favol"lsa ceux
de Bordève. Ils font contrc mallvais'e fortune bon
cœur avec assez de vaiHance.
Gro&S>&:c,. les
A Î'a'l1lirc tableau', Siméon, Lal~ir,
habit.ués, v01an.t iffiOi.nJS souvent ralLSSetr looT .mLse.
Bordève, ce soir, est ncr.veux. Celle persistante
déveine l'irrite et iJ se oouvien t que MIfi~
de. Folbert l'a grondé <l'être joueur. La. sympa~le
~S(pec
tueuse mêJéc de pitié que la ba~one
l~
lUs!plre ne
fai t que croHl"e. Elle-'ffiOO1O' lal5se voU' 8.J\l Jeune
homme une bienveillance qu'à nul aut..re de ses
Mles eUe ne témoigne.
- Vous ne. d0vriez pas jouer t
QueLle amertume dans sa voix quand eUe lui dit
cella... li a r6pondu, pensant la rassurer:
- Buh ! J.O' ne jouc guèl"e q·ue chez vous ...
EUe a étouffé un gémisseunent, est devenue Loule
plUe. Le soir de cc mOme jour eile a tenté de -l e retenir près d'elle quand sc soot foomés 100 Joux. La
baronille, si peu oauseuse d'orc1inai,re, a feillit d'être
entralnée daills Uille conversaLion animée.
Le jeune homme s'y P1"0 tait, mais le buron de
Folbel"t a rappeJé son Mte.
- Eh bien 1 nous ne jouons pas ce soir?
Et la groSGe Rébécc< venant s'<J.l'iseoir près de
tlfargucnte, a insisté.
d'aller jo.uer, ma
- N'empêchez pas M. BOl"dè~e
chère baronne, je vais vous Loo!l" com,pagme ..
Aujourd'hui' Bordève se souvlClrll des consCll!s de
de façon
Mme de FOlbMl. Poul"quoi l'enga-L~,
&i pressante, à s'éloi.gnel" 7... PourquOl celle émoLion lorsqu'il lui a di l ne jouel" que chez eJ.le?
Un sO'Ulpçon qui, de.pUlS peu, hante le Jcune
homme, se précise, s'im pose.
CetLe persistance do déveine... Cette incroyaéb le
chance du banquier, les physionomies détach es
des familiors du lieu, alors mOmo qu'ils perdent des
sommes énol"mes ... Que signifie [,out ceda 7...
Ces gens perde,nlrils on réaliLé, ou plutÔl ne sonlce point les compères de ces banqUlers chanceux,
et l'ar~ent
qu'ils vel'&ent d'u'l1e main ne le reprendront-Ils pas do l'aulr-o ?
Il regarde la jeune femme assise au fond du s.aIon. Les yeux de M. Bordève relliCO'ntr.mt les yeux
de Marguorite, et U st bouleversé de lour expression à lu foio aul"l"itaire et sUlppllanLo.
Quo demande, .qu'ordon ne-t~.I
?
pa~.
il
Qu'il cesse. de Jouor ... ou. qu Il ne chel"~
voir trop clair aul0!1.l" do lUI, .e.L que, deVInant lmdélicateSISC il sc taise, par pILlé pour eLlc ?
Sans quhter du rc~ad
la baronne, BOl"dève dit :
- J'abandonne le lOu.
Un concert do reproches s'élève, il ne réc.oute pas.
Le soU'rire de Marguorite l'approuve, furLlf et bref
sowire, qui. suHlt pou'!' l'encou~gr.
I:1 r6pèt.e :
- J' Ah fUldool1e le ieu ... .Te SUIS à sec.
- Qu'à cela ne tienne, monsieur 1 Voulez-vou.,
me permettre ?. .
.
Siméon est déjà près de lui, courbé, obséqUieux,
les mains pLeines. de billets de banque.
Là-bas, le regard de l',·1argu.erile 5'angoisse.
- Merci, répond sèchemenL le jeune homme, je
suis décidé.
- Vous n'êtes pas beau joueur, mon cher, chantonne le comte de BeUazuccio. J'ai perou plus gue
vous tout à l'heure ... On se refait, vous voyez.
- Peul-être n'aurais-je pas le5 moyens que vous
avez pour me reiaire, rlposle I3ordève.
-:' Que voulez-vous dire, monsieur?
- Ce que j'ai dil.
Le comte s'était levé, les deux mains appu.yées à
la tabi'e, les yeux étincelanLs.
Mais -le baron de Folbert est là qui surveille', prêt
à intervenir. Et cette intervention, le comte semble
l'attendre. Elle est sans doute prévue.
- Eh 1 vraLmoot, mon dher, 'écrie Haoul avec
un rire indllllgent, que vous avez mauvais caractèl"e 1 Il est peruni.s à un joueur, si ci?nstamment
malheureux que l'est .notre .pauv~
alIlll, ~e
perdre
patience un penJ ... eb li n'a J'en SlUlS cerlam , voulu
meUre aucune intention offensante dans ses paroles. Je sujs sûr, BeIJazUlCcio, que vous pos5édez
de la corde dc pendu .. . avouez-le! et donnez-en un
petit morceau aux joueurs malchanceux.
Mais 1\1. Bordève ne se sentait pas d'humeur ù
accueillir la plaisanterie. Les bra·s cl"oisés, il jlttendait que Le comte accenlullt I.e défi de oon a~liude
.
.Mais à cc moment, une mam &e posa sur 1 épaule
de Bordève. Il se retourna.
Mime <le Folbert s'était rapproclhée de lui.
.
Elle nt) paf1lait pas; mu.is il sentait frémir la mrun
et voyait trembler les lèvl"es de ln jeune f~me.
San" UIl1 mot de plJus, il q,uitta la lable, s'éloigna.
Il avait pris la mai.n de Marguerile, il la baisa et
elle comprit tout ce que vvulalL dire ce baiser.
- Merci 1 mu.nmura-l-elle.
Elle attendit que BOl'dève -etH quiLLé le 5al<>n.
Alors, elle aus.si s'en alla, sans souci des joueurs.
- Vos jeux, messieurs, disait la voix du comte,
redevenue parfailemen t calme.
Les nouveaux venus encore perdaient...
Bordève marcha lon~emps
au husard, afin
d'apaiser la fièvre qui faisait battre ses Lempes et
do se calnnel" assez pour pouvoir réfléchil".
Après l'esclandre que ce soir il a failli soulever,
il ne peut revenir ohez les Fo1bert. Plu.s il songe
aux à}]UI"~S
des h6tes du baron, plus il se sent convaincu d'avoir été umené par le comte de Dellazuccio - cct ami de ren()('nLre - dans un Ilripot.
Et cela explique pourqlloi, malgré la distinction
parfaite, Jo charme do ln mallresse de maison, on
ruc reçoit chez elQ·e que des hommes.
Mai.s par quel étrange concours de circonstances
la baronnc <10 FoIberl si cha l'man te, si rés~ve,
si évidemrnent en dehot· de toules vilenies, se
ll'ouvc-treJle jO'l1er le l'Ole d'une 1 nJlll1cière de tripot 7 Pa.r queUe doéohoon e oon marj, dLstingué et
cha.rmant, en est-il v·enu ù Iair.e ]e méLier de
grec ? Comment a-t-il pousé une créature r.uss.i
angélique que la baronne ? Pauvre Jemme 1 De
quCl11e é10quence a élé 5 n regard 1 Quelle reconnaissance li. ex'primé son pauvre visage doulou roux
lorsque Bordève, se lai 5ant entr<J.lner par elle,
Il quitté la lnbl-c de jeu 1
IlIa reverra. Il veul la revoir, mais ailleurs que
ohez elle. Il se souvient que le lcndcm<J.in l1e doit
poser chez Pa.ul Mkho.ndr..
Lc l.endemain il se rC'Ild;1 à J'atelier, nvanll'heure
convenue pOllr la pose, et lro.vn le p inIre occupé
à tout disposer.
plus gl a.ve quo de outume. QuaMinhando ét~i
tre joul's se &on L écoulés dopuis !<i'\. onv l'salion
avec La.n.crot. C s jours il Jes a pnssés à réfléohil",
Il a rovu YveLlc, Lendre pour lui émue de grntiLu<ln : el voulant tenir la promesse faite au vieil.
�~
78
La 'Petite
lard, il a dO. se montrer, au contraire, plus froid
eL réservé; du moius l'a-t-il e5sayé.
lais comme il joue mal son r61e ! Il suffit que le
visage de la jeune fiUe s'aUriste à une phrase un
p.!u compassée, à un (l'lot qui veut être indifférent,
l'our qu.e, bouleversé, il demande: « Qu'avez-vous,
petite Princesse ? Il, avec un regard qui suffit à
d6ll'uhre to.uL l'effet de ses bcliles attitooes.
Paul Mirhande s'en veut d'être si faible s'en
veu.l plus encore d'hésiter devant ce qu'il sent
Lien, cependant, devoir être le bonheur. Cela le
l'end triste, absorbé.
M. Bordève n'y prend point garde. Il a luimCmc une préoccupation qui l'ompêche d'être clair;voyant poUl' au;f.rw,
li a ré olu de confier à Paul Mirhande ses soupçon,s. Il espère - sans se l'a.vouer - que le peintre
raillera son imaginalion, traitera ses supposi.tions
de billevesées.
Il ne serait pas IAché qu'on lui prouvât qu'il se
trompe: ce matin il n'ace pte plus sans regret la
pensée de ne pas retourner à l'MLeJ de Folbert.
Mais aux premiers mols que prononce Dordève,
in peintre de\i ient tLll.'nli.r,
son allen lion ne sent
point la raillerie. C' st qu'il se souvent du désir de
Lancrot d'6viler les l>encontres d'YvetLe avec la
nronne, Il a. dû mentir, lui que le mensonge inilignc, et affirmer il. Yvetle que Mme de Folbel'L
V I ut êLre seule. Par le fait d'avoÏJ' vu redouLer LeUl'
contact pour sa petiLe amie, tout ce qui t{)uche
au . F{)lbert intére 'e au plus haut point le pe1l1tre.
Un trJpot, cett.A maison des Folbert tEst-ce pou.r
cela qu'on veut éloigner Yvette?
Le Manchot sernlt donc au courant ?...
1n.is, comme 1\1. Bordève, il se déclare convain.cu
qJ" le rôle de 1\Ime de Folbert n'esl que passif et
q l'elle est con trainte à le remplir.
. - Celte femme est une hon~le
femme, j'en jurerni. ! l'Ûpondil-il à Dardèvi), qui lui raconte l'intpl'vcntion do la bn.ronne. Vous devez, mon cher,
IlJi obéir et, avant (j'avou' laiss6 entre les griffes
de cos VOlOUl'S tou'e;; le.,; plumes de 'u;; ailes, rcto:trnCl' vers le r/.)!cmbicr Iamilial.
li;, n'esl-ce pU_", je ùevruls... d'(l.u\.a.nl que
j'ni violemm.enl éLr6r:11é rnt.:s cu.pitau.· ... C'est Ifi' tyUlll ce que la vic coûLc cller, même en dehors
d'I jeu.
Cela dépt\nd ùc.<; vies, réponù1t l'artis~
en
1 i nl ; vous n'u.vcz ptt!; choh:ii la phu; snge.
- Oui, oui. je vais re uI'tir. Il m't·n coûlcra.. .
pn"ce CJue je me suis pris tI 'u ne v6rllable affection .. .
I/I'oS là ... d'UllC nrrl'clion ll'è:; iendre qui epenri tnl n'est pas ùu l'amour - pour 'Une femme que
jl' devinc très mulheur Il e. Je la sen.,> menue'
dt' jl' no suis qllet dHn.gf'!r, d ~ m'illHl "in fIue je
T,OII1'1 ai, en l'CSLanl, ltLi être bon ù. qU('lqlle clK>l:YC.
- II st qu .:;Ijoll ùe la })arorme, nnlurcllcIlleDt.
ui, Ah 1 une voilure ... c'est eIJe? j'aJ anvie
li ' Ille ·auver.
'e soyC7. pa' ridicule. Accu illC't.:-Ia OOlnlnc si
ri' l'irJl u'éLail ,t luis ·('z·rnoi raire. l{'.~uùzIa
t l'l di que je po. rleJ'ELÏ. Vau' V<llTe2 !li elle m'o.p1 lllvr.
I!orrlève n' ul pliS 10 lait'· de dcmon<ler <1"5 explI sLions ,: le pei nlre .ollvru.it la porle, el la. baIfllllle de l' 01 b 1'1 rn~.al
•~ Jn vi
"C (>luit murbré. ses Il'(l.lf.<; tir6s. E1J
1(. Igl\ CIl voyallt Dordbvc, J.I s'avonç!1 VCl'$
lIe
Il:llt, !lndeI' c~
(;OITIme la reille au 80il', bUlSa la
nll n qu'clic l'IJi tendait..
.
1irhn:nde, vous arrivez
_ f\lndarnc <lit Paul
tO :11 à propos. 1 TOLIO umi sc désohlit à ln. )l nsoc
cl,' !I(' pouvoir peul.être pl' 'nore congé de vous. Il
pi'il . aujourd'hui mCme.
J':', !</UIS laisser nu jeuTle homme le Lemps de
pr\)le. ter, l' peintl' poursuivit :
- Il
arrOllï'S mgr.nles...
1/118 j'lmagmc qu'il
noU'i l l 'n<lm vit '. Tl Il jlris août b 1/1 \'Ie fi Parisien oisif. La province, le tl'avail r ffr icnl.
et
•
U
'Deux Sous
Il
~
Le visage de l\IaJ'guerite s'éclaira
- Oh 1 monsieur, qu'une existence intelligernruent occupée dans un cadJ'e p.aisible ne vou~
f!. uvantü pas ... Cest le bonheUl', croyez-moi. Je suis
contente que VOUs IJarLiez.
Et CMUlle 13ol'-ùève avait un geste attristé, elle
COlil'lgea :
- Je vous l·egl'etLcroi.. . oui, vraIment, vous me
manquere7.. Nous étions de buns amis, je crois .. .
Mai:;; précisément à cause de cela, parce gue je
veux être une vérit.able amie, je vous conselile de
relour'lwr cl1ez YOUS, là OLL out vucu les yCH'J'es ,
où votre vie doit aussi s'écouler... un peu gr'ave
peut-être au gré de vos désirs, mais plus douce,
plus süremem heureuse et ser-eine <Iu 'e.n celte
tourmenLe dont, en un moment de folie, vous
avez pu vous charmer,
Ello le vit très ému et s'émut aussi,
- NoLre amitié, repriL-eI.le avec un sOUJ'ire un
peu !lremblé, m'a été bonne; je vous en remerCle.
- Je voud!fais, ID&darne, avo.i1' l'occasion de
vous prouver mon dévouement... il est très profond, je vous le jure!
- J e le cl'Ois .. . Je le sens .. . l\lerci.
- D'aussi loin qlle je sois, je serai heureux de
répondre à vot,r..: appel,' si jnmuls vous me fo.isie7.
l'honneur très gl'and de ré<llumer ce dévouement.
EUe dit encore :
- l\lerci !
Et, fle nouveau, eUe lui tendit la. mail1.
DOJ'dève y posa longuement ses lèvres, puis il
sorlit suns une parole. Uue gêne tomba entre le
pcin 1.J'e el son n!odèl<l.
Mille de Folbcl'l comprend tl'Op bien quo lu scène
de la. veille a décidé Borxlève il t,rusquer SOn déI!o.rL glle ne J){'ut <Iouler qu'il T1'ait des SOUpçons
sur l'!lOnorab' itu de ses partenaires.
.
A-t-Il conflé ces sou.pçons à son OO11? Paul
f\1irhdlHlo, à so n lour, est-il en défiance ?
~e , qUI
EII,' st;n t ln honle poser sur elle ; l'angoÏ!~
i"ol'llis ne la quiLLe se fait plus oppressante. Ah !
n'e
st~!'le
point coupable d'accepter celte odielliie
existence?
QU'!Jbtien
~e Uc,
11610.s 1... Pou'n a-l-eHe loujours
&atJ'il'J' Raoul '1
El!. ~l si souvent rOvé ~e
l'ar~che
à !>8. vie
coupLtblc, de l'emrnCI~
10~
... bien loin, pour leIairl' ,I\t'C lui lUI t' 1'.'ISIA'IlCC n{Hlvel\e. E.I!e Je lui Il
dcm
ulr't~
... Comme il!'" d.IJrrD1 cllt rnillée 1
Le peintre, n silenc.e Lr~vaitl,
cherchant quel
sujel ;dJ~a
l' pOUl' clistrulre la lJùl'onne de SOrt
6v](l, lI,~
lJ'lSkt'lS('. Il (ut heureux d' ntendre résonll r le limbre d' nlrée.
_ Entrez .. . ln po.rle est OUV{)rte.
Insl,in"'i"C'm ,nl, ~'I.m
ct Folbt:rt e relourna en
enl nt1ll1t ouvrir. Une Iemme s'avanr.n dans l'o.tclier l'll ~ 'cxC\l~nL
•
- .Ja ,vous déralJ~c,
monsieUJ·... Je venais ..
EU, !> !lrrêfo, péf.rlfléc, seR VCU: clemourant fixés
sur le v~, age. de l\lme de FOlbel t.
Cellè-r:1 él;,wl de,,:clllW livide; Idais soo rrglll'CJ
- un J'Cgd rd 1'111 plr~u1L
- ne se Clt)lachnit 1Olllt du
regard de la Iemme.
Ilyn~
reconnu la visileuse s'éllit lout
Lr'.I" ;~1',
nus. Il,H r1~,louné
JoOdlffé.rcmJ.. Toul en 'mêlant sc'
coul lJI' , II domanda. :
- {JI!' . t-C( . donc qui vous amène mil. chèro ma .
<hlllC Urt'nala t ?
'
Le' '('11' rie lu baronno suppl iai nt toujours urd~IWlcL.:
lé~J'
c . inclina la tête. Mnrguel'iLe se
VI t compl'J, . hl,. rIgide, oli J 'lHi.t la po ·C.
. • .1l~
1:.1I1', dIt .1I()lolse, d'une voix qu'clio vou11111 .dl 1 mil e.L (]lU, mnJgr6 SPS cfforl.s, fr6missnit
éll'Olll Jl1ent, Je Y·'lUl.L vou s <Jil'C qlle le peUL ne
pOu.rI'~
p~lS
delmtin vemir prendre aa leçon.
- Jo. 1-11 TOldnd ?
. - f\lalade 1 .~r
récria vivement Hélol'so, ah 1 non,
bIen . HM, il PCIn lUI peu enrhnmé ... C'cst uno précaullOn,.. Malade! E!:It;..ce qu'il t jamais malade ~
�~
La 'Petite
U
'Deux Sous"
======================
79
yeux fixes, ne disant poo un mot, ill obéisSJait passi,Vooo savez quel beau garçon ça fait pour son àJ.,me "
v'ement au gal'dlen qui sllcoédaiot à HodOlJophc.
let fort, et vigoureux... et si gai! Ab 1 iJ. n'est pa,s
Cet homme n'ébait point brutal!. Moirul avisé que
malheureux, ça sc voiÏt.
son pr'éd6cesseur, 11 ne so:n.geaH pas à remarquer
Le peintre, surpris, regarde la mère de Jean.
l'étrange ull,urè ùe la maison.
Pourquoi oette tirade... Où vcut-elle en venir ?
Analnle, d'espl'lt moioo curieux que Ro1p,h e était
- Cet enfant-là ne me donne que des satisfacaussi, de corps, moiThs vigoureux. Il eû.t été ÎlIl.tions. Vous vous ra:ppelez comment il a passé son
suffisant dura nt les premiers Lemps du séjour de
examen pour le certificat d'études .. . Et voici qu'il
devi,endro, grAcc à VOY., monsieur MiThand,e, un ),,1. 1lar/;ct il ['asile. M. Probe ne pouvait l'el111ployer qu'à la garde des pea1S.ionna.ires déjà ma;artiste 1. .. C'est beau d'6lœ arLÎIS!,e !... Un métier de
t~s
. Son rôle prèS de M. Martet n 'av~Llt
donc rien
Monsieur .. ,
doC l't'rr rblc: J ,'1':-; par ceJa même il devenait très
u Ah çà! se demanJn't le peintre, devient-elle
monotone, el dlwant Joes interminabLes heures pas.
Mle ? Eet,.,oe pour lI1me de Folbert cet éial8€'e? Il
sées auprès de cc vieillard immoblJ.e et muet le
S0S yeux se posèrent sur ::;on modèle.
Marguerite avait los [aupière's baissées, une gardien pouvait ü.brerme:nt donner cours à son ilnagination.
flamme colorait ses joues, tou t à l'heure si pAJes.
Anatole n'était pas poèLe, mais amoureux 1
- Monsieur Mirhande, reprit Héloïse, voilà ma
Amoureux de toutes les remmes .
cororoÎsSlion faite. Sitôt que mon peLit homme ne
Bmn es, hlonâes, roooses se succédaient dans
:sera plas 'e nrhumé, je vous l'envoie .. . Oh 1 comme
,j e vous dis, i~ n'est pas maili.l.de .. . Mais du tout 1 les bonnes grâces du gardi-en, san.g qu'il songe/il
Seulement, moj, je s'uis pr,UI' qu'on soigne les dm- même à étaLJlir une sélection.
Pour l' in:;Lu,nt, l'inflammable Anatole est au démes aftn que ça ne devienl\e pas sérieux ... Et j'aibut d'une nuuvelle lWle de miel.
me assez noLre potiot pOUl' avoir le droit d'exagérer ... Au revoir, monsieur.
Elle est. brUlle, avec des yeux luisants, des che- Au revoir, ma bonne madame Grénelet. Dites v ellx t'üd!.., "li 1 les. \.empes ; son corps est souple
x, f!:u x cltmensions parfaites.
à Jea:n de dessiner en attendan t. Je prévieudrui .cL nerv~
Elle lUl a dll se nommer u Nllli Il. C'est vraiment
demain son professeur.
tout ce qu'il saiL d'elle.
Héloïse cependant ne s'~tojgnai
paiS et regardait
NinL. évirlemmont UI! nom de guerre choisi pour
avide.mmcm t Mme de Folb er t.
l,es amoureux ... peut nom sans prétentions d'ailMais celle-ci ne tourna plllS vers elle son visage.
leUors, et Qui plalL Il l'es pl-it UWOlent ô'Anatole.
Elle se tenait immobile, ne semblait pus entendre.
~l J'a conllue. iJ y a peu de Lemps. Un dimanche
Héloïse alors se décida il sortir.
qUi élruf S()11 JOllr (le sorlie, il l'a renC'on[.rée sc
Lorsque la port\) se iu~
rC'[ermée, Marguerite lep!,OiJlllCnant I~ nez en l'air devant l'entrée de l'ava sur le peinLre u,n reg/lnl étincelan.t de joie.
- Cc petit garr,on que j'ai vu il ma première sile. Le concierge, en olig,nanL des yeux uvec indwlgence, la lui avait fait remarquer.
visite ici est-il le fil.s de cette femme?
C'p.~l-v
vot' {'A)nn'll;SsanC'e, rn'sieur AnaLo]r
Elle parlaÜ à voix presqu e basse, avec une douceL\..e g&minc? a demandé le cerbère bonasse De~
ceur caressante, un 8Jccenl de tendresse qu'elle ne
p,uis ,ce I?alin elle. est 1à. Elle m'a demruidé si
se connaissaiL plus.
c .éf:.al Lle JOu l' de sortle du gardien chargé du der- Oui, r6pondH le peintee surpris; c'était Jean
mer pav,llIon, aU fond du parc ... E,,,L-eLle au couGrénelet.
l'~nt,
h~Jn!
(( .Anat le? '~ que je lui ai dit. Elle
- Jean? Ah 1 oui, Jean ... Le petit Joan Grénelet.
Son souri.Te s'eff,a ça. cs 'y~lX,
de nouveau, s'as- 's eS,t, O;I&e à. rwe. (( SavOlr 1 qu'elle m'a dIt, y en
j'ai dit, e s t
BOmbl'irent. L'oolaL de son vl5.lqe lentement s'atté- a pl 0.1 plU SIeurs ». - . u Anatole, ~e
pas bIen grand, pas bt·c n fort, eL il a une pelile
nua. Jusqu'à la fin de la séal1iCe, 1a baronne d-e
mous1i!-tehc blonde qu'y retrousse ... Il EllIe m'a enFolber.t tin L lu. pose en silen .
co!'!' 1'1 1111 1H'7. (>1 m'a répondn : u C'<Tlle vou,c; 6Le..;
aillCW'5.
Vi'siblement, son lune é~lÜ
un brave homme, vous 1 Il Pui'l elle a tourné les
b!llons cL s'est mise à faire les cent. pilS. La m~
tme! Regardez comme elle vous r'luque ... Mais
XIV
pas de da.ngel' qu'elle s'approche pendant qu'vous
êtes à me, jXLrler, parce qu'é pense hlen qu'nous
UNE IDYLLE
cn.us~
d elle. ~lIe.
que j'vous reLienno l'os ...
Un JOUI' p~r
qllmzlltnC c'est vraiment pas d'Irop
M. le doc[,eur Probe, chaque soir, faisait consp~u.r
une JClmesse comme vous ... Bonne chance
ln SII'IlI' AnntOlk !
ciencieus ment sa ronde.
n allait <le cellule en cellule, distribuant aux nouAno!\.Ll~
n 1'Cjo~0IL
la. pet.ite peJ'sonne.
vc;aux venus de ces encOltragemenLs dont il a,
El I lUI a souri, IUl a pris le bra" et lui a dit
quelques année.s })lus tOt, si habilement leurré M.
sans préambule :
'
MarteL.
-r:~
m? r'~onais
... Fais pas ta. bête ... Avec
D même que M. Martet, les malheureux on l'éç.n qlll.flut qUIllZfune, tu L'cs pas apC'rçu quo j'te
coutant se reprennenL à e~prc.
Pour ceux-là mO- r' luquats 1
rne (jl1i ont le C<lTVeaU détraqué ct que leurs fa- Où donc ? 0. dC'mandé Analole inlenloO(lué.
milled ont confiés au dodcur Pf'Oue sans soupçon, - Tu ne l'saLs p't'êt' pas... hci.n? TAc le de
nor cc que le d<?ct~ur
tl,ppelle cyniquement entre
t rapcl~
ousque L'ilS éLé.
wiliés la Il spéctall Lé Il ode la maison, M. PI'obc
- J'ai Hé ... <'111 u Brin cie MI~let
» où y avait bal.
J\.rou ve dos p8JI'olc.s d'espoir perSo\ll&.sives.
- Ah 1... Tu vois ben qu'c'était loi 1. ..
Mais cc genre de mallmlrs cst rûre dans 1'61.ab1is,EL, com~e
oRe n'~
dit ail concierge tout à
.semen l. Le rlocl,()ur [ll'Mère Ic.,<; pensionnaires gue ~ heure. na J UII !lC'lfSOntne s'es l éCI i(>~
:
,hli amènent de::! n.Lb~ler:s
ncWs ct inLél'ell sés. Des
- Non ... c'(jue l'cs un br.llVe type lü! 1
familles dc oc:s peIloSlOnnUlres on peut obLPnir OOl1u.
Avo·uer à celle chllrmnnt-c fille qn'il ne l'a pas
coup, ÎIIlfil1im nt plus crue les somm s fi"lJl'llnt sur .ren1lUI
· fJlI~
nu hA,] du ct nrin de Muguet Il. c'e~t
les prcHpecLus de l'a~ne.
'9 .familles onL tont à
été vraiment peu garant.
:rrdolll '1' du docteur et p.nr!lîJ les sangsues attaAnllto\e mentit crrl'ontémenL. Il affirma que les
chées li III fortune des Folbert, M. Probe n' t cer- yeux nOIl'S de su ronquête l'avaiont Cuit rêvC\r plue
tEllS point la moins avide.
BOuvent qu'à lellr Lour.
• M. Probe t("T'mina. Sll visile pfLr M. MarLcL.
Elle lUI apprit nIons qu'oMo so nomma.ït NÙlil
LeJ) re de la baronne dc l' olberl ne donnait plu.'! qu'elle ét.aiL rCpa.'lseu~
el que son bon ami l'ayanJ
gran aouc.i il. son Lourreau. MOl\1e, prosLré, Les
afllndonn6e, eLlc était llbr. '
-
�~
80
La 'Petite "Veux Sous "
- Comme ça s'trouve 1 répondit Anatole, je suis
libre aussi...
Ils passèrent une jottrnée exquise.
Et rentr é 1( en prison n, oomme disait Nini en
plaignant son nouvel amoureux, Anato~e
trouva
Jes heures démesurément longues.
11 lui semblait que jamais cette terrible quinzaine ne finirait. Ah 1 revoi:r Nini !...
Et voici que IlIl donzel1e, im.pati.enbe a:uta,nt qU'hl
est impatient, a trouvé le moyen d'abréger l'at-
tsrute.
0UI' J'affirm'ation du g&rdd.en qoo
510: correspondance lui Hait fidè1ement remise et ne COUlrériift
auoun risque, Nini a por.omis d'écrire.
.
Aujourd'hui on a remis à AnaLo,le une I€ttre qUI
J'a complètement boulever.sé.
.
.
.
Il l'a a.ppTise paT coettr - c~ qm n'était pas difficile car elle est courr-te, - et puis, par prudence,
l'a d~truiLe.
Nini éoriv.ait ;
(( A ménuH vat au fon du gardin pré du mure
à colté du çapin. Ge gaiteré une écheJ de corde.
Tu me trouvera dan le chemain qui longe le g'ardin de ce collé la.
1( Cel qui
t'ème,
1(
NIN!. »
Depuis qu'il a reçu cette épltre, évocatriCe de
joies amO'llreUSes, Anatole est enfiévré.
On le serait à moins.
Ce Roméo, m.aJ,gré tout, ne l ais~
.p.as d'être. un
peu inquiet de l'aud>aC€ de sa JU~leL;
Les sU!,tes
pourraient être fâcheuses p~u.r
lUI Sl I on vene". a
découvrir son absence. MalS les rJ.sques sont-1Js
vraiment très gran<los ?'" SO? malad.e n'es~
point
un agité. Il dort, ou du mOilla se tIent COl toute
la nûit. Et en l'enfennant à double tour ...
Quant à craindre une visite nocturne du patron ...
pas de <l.ang-cr 1 Une fois sa ronde fini>o , fi\ 1. Probe
sauf un cas exLroordinaire, ne r eparatt pIns.
Cette ronde de chaque soir, il tarde au gardien
qu'elle soit terminée.
Enfin, voici M. Probe 1 Il s'arrôLe au seuil d.o la
chambre et demande, de sa voix d0üce
- Rien de nouveau?
- Non, monsieur, répond An.alole,
- Le mal'Ild€ est calme
- Oui, monsieur.
- Il n dlno?
- Oui, monsieur.
- Il faut Je coucher.
- Dien, monsieul'.
- Bonsoir, mon ami.
- Bonsoir, monsiettr:
Ce sonL exactement les phrases échangées chaque soir. M. MarteL a paru ne rien entendre.
.
A Ris clans le fllUI.cuil qui, avec un lit, une tOilette une armoire t une petite tahle, compose le
mobllier <le Sil chMnbre, le vieillard n'a pas même
·Ievé les yeux su r le docteur. Son visage rcsLe rigidc-, comme figé.
Ah ! qu'il est changé, 10 bOn moIlJS.Ïeur Martet,
<Iepuis le tem,ps heureux où, dans Je jardin de la
vilil.o. M.arguerite, il f(L isait gaiement jouer son 'potitfils 1 Le corps a muig.ri, la (ace est d()venue jaunâtre, la: barbe tout à fmt blanche est mal soignée,
l es oheveux se sonl raréfiés.
D'après le conseil du docteur Probe, il la suiLe
de l'épouvantable crise de fureur où l~ vu~
de sa
fille a jeté le pauvre homme, Marguerite n a plus
cherché il le revoir. P.ersonJ'le n'approcha plus Je
pensionnaire de M. Probe, que M. Probe lUl-même
et] gat'dien al.taohé au ma:ladc.
Anatole écoule s'éloigner et se ,p erdre le pas du
direcLeur.
Là-bas dans le bl\.Liment princ:ipal, un fou pou.sse
des clrun'eurs déchÎl'an[es . mui.s le sLlence est profond dans les pavillons voiSIns de oelui de M. Martel. Le plus proche est inoccupé DIlJ1S l'autre, 16
~
femlliie que lors de la visite li laquelJle i1l avrut
a.mené M. Probe à consenliT, Isaac Siméon a entend·u·e chanter, ne chante pllius ...
Sa gardienne serait peut-être pour Anatole un
danger si eUe soupçonnait ses projets. I!l )0. sait
mauvaise, hypocrHe et de plus Jalouse, dans sa
vieillesse hideu.se, de la jeunesse et des plaIsirs
des autres. Mais chez celte mégère 'Un vice 110UV€&,u a I\emp'~acé
[,es vLccs d'amtan : elle boit.
Dans la chambre même de l'infirme qu'eUe doit
soigner, la g.ardienne a des cachettJes d'alcool, et.
chaque soir, après la visite du maltre, eUe s'enivre. Anatole .salt qu'à minuit, .(->lle sera in.capnblf' d·
rien disœrner et que, enLenldit-elle marcher dan:g
l es a116es, eUe ne s'en souciera guère et ne bougc.M. pas. Anatole avait à sa dispositi0:n , pour le
oas où son malade, au cours d'insomnIe, deview
drait ditficile, 'Un flacon de dl1ol'!11.
Il n'hésita point à eIl pl'éparer une forLe dose,
et quand M. Martet, obéissant passivement, se
fut couché, il lui pré-senta un verre en dis,ant d'una
voix terrible ;
- Buvez 1
M. Martet obéit. Il a cooscience d'être au pouvoir de volontés inflexibles. Anatole, tout à fait
tranquillisé, le regruXlu s'endcrmjr.
Que ~es
he11I'eS sont len!,cs a,u gl'é de l'impatie noe
amoureuse du gar<lien 1... Enfin, il prend pa.rti la demie de onze heures sonnant - de qUlUel' le
pavillon.
La nuit est ckl11ce, l'ombre, sous les arbres, est
hrouée de flèches d'arge'l1 t.
Anatole respire longu€iIJlent. Il se sent, pour la
première fois de sa vie, ulle âme poétique.
Le chemin qui lange le parc et où l'attendra
l'amante a.udaoieuse est dé&crl, même durant la
.j ournée. IL est bordé de jardins dont on ne voit que
des sommets d'flIrbres au-des,'5üs de bauoos murallies t de teTrains vagues.
.
1
Un peu plus loin, se irouve un cha.nLIer. de ConstructIOn, abandorlné depuis peu par sUIte de la
faillite Oe l'en treprene u,r.
Voici Je sapin dépasSDnl l~ mUT de clOLure et
qui, du deh01's, servira de pomt de, ropèr'e il Nini
pour lancer l'éohelle de corde.
Enf.L!1 les douze coups <le minuit s'·égrènent, 50lenn.els .. . AussitOl qudque chose fouette J'air audessus du mur et rcLombe a.vec un heUfrL assourdi.
Exacte 'autant qu'au<Ùlcieusc Nini a lanc6 l'éch lIe de cor<1e avec une habileté - une vigueur
surtout - qui plong em t Anatole dans l'admir.aLion.
- ELIe il du nel'f, la. mâtine!
Nini, en effet, a. donné, en lançant l'échelle, une
preuve de force élonmante chez une femme, on.r
à J'échelon d'U bas est attachée une IOtI.rde plCrre.
Anatole, de plus en plus, admire.
N'est-œ pas bien ilrriaginé cc poids qui mointiendra l'·écheUe lorsque, l'heure venue de réilltégrer le pavillon, AnaLole devra grimper de
l'Illutre côté
- QueHe fine ffi.OlU!he, cette gosse 1
AUè~l'em81t,
AnaLoLe g.agne le faiLe du mur. J,à
quelques précautions il prendre, . le mur étant
peut-être, SOUlS l'épaisse. couche de lierre, gllllli
de tosson.s .. . La. lun éclaIre le chemin.
Anatole peut vok, au pied do lOêchoJ~e
Ninl mli
lui envoie - précieux enco.uragement ..:. Il!tl halser du bout 00s doigts.
Un instant. encore... et Anatole serre d'aIlS ses
brft~
sa ~lon.ée
petite amie.
Vüe, vlLe, elLe en\.ro.t.në SOli amoureux vere le
.ch&!ll1Ï'Ûr. Ello aussi, }a foug-ul'usc Nini n. rlon<:
pensé il J'abri tuLélaire <lI' I.n cabane alJ.~conée
?
C'reL par ln, en erfel, que Ni'ni cntrntne A'I1>l1,Lole.
TouL à COnp - et 51 soudainement que le ma,lh{ll1reUX n'a pu jeLer un cri - Anatole A>e sent
bllillonné, terrassé, ligoté; une éloffe n01160 81.11['
ses y0tlX l'av>ougJe ... cl 8 bras pUlsMnf,'l l'enlèvent,
et réduit au si,1ence comme il l'immûobilité, l'arnou.-
�~
La Petite
1#
'Deux Sous"
=====================
.ooux inJort:uné est, à l'ébat de paquet, pol'lté d&1s
'La cabane, qui va. devenU" sa. prison - peut-être
son to.rnbea.u 1
Ah 1 que d'.amères reflexioIl5 viennent ajouter
aux lJi·stesses du pauvre garçon.
Il est tombé dans un guet-apens 1 Les sourires,
,les œilhl:ooes M Nir1i oo.t éLé l'a:p.pàt auqool, pauvr€
imbééitLe, il a mordu trop aisément.
1
HélBlS 1 hé1ru3 1 (Juclle infâ.me créatuœ se cache
sous le joli InaSlqUe de la petIte Nini 1
Jv1ais pourquoi ce guet-apens? Que lJù veut-on ?
, Anatole se dit que peut-être ~iY?
est, comme lui,
victime et non oompUœ des cmruneLs.
\ PauNre Nini ! N'est-ce pa.s un amoul'eu'x congédié
qui, l'ayant épiée. a vau1u se venger 7
. Mais il s'est adjoint, le monstre, un ... <1eux comsenti
plices peut-être ... Anatole es ' ~ certain d'av~ir
s'&lbattl'e sur lw quatre maill S... même SLX...
Alors ... Nini, elle aussi pro bableme11 t, a été je~
,pal' teu:-re, bê.illan.née... emporliée ... où cela. gJ'8lIld,s
dieux ?..
• Anatole en vient à oublier L'incertitux:le de son propre des~in
dans l'angoisse où il es't ~e celUi de son
, arrlOureuse.
Tandis que le pauvre garçon 00 débattait moral~
ment dJans une affreuse Lnqu·i étude, sans ~v.oLr
phy.s.iqwemen,t se dJebatLre le moins du monde, tant
iJ, éb&.it bÎJe[1 ficelé sl1ivant les règles de l'art,
N.ini avait repris sa place 8JU p,i ed de l'échelle
qu: eliLe mamtcn.ait.
, Un homme, déjà., l'avait gmvie qui, a;près un prudent coup d'œil dans le ja.rxJ.in du docteur Probe, y.
.éLait descendu.
Un autre prit le même chemm. Nini entendit leurs
ipas éLouff.és sur 1e sable, pU!Ïs.. . rien.. Le cœUT de
la. jeune femme battait il, grands cOUfPs. Elle n'avait
oepen.dant pas peur.
..
Dans cette romanesque avenLu.re q'U1 pouvaIt tourner en drame, la Fif! de RodoUphe, devenue Nini
pour se faire u:imcr d'Anatole, se trouvait dans son
élément. Un Cl'ime l'eût elfrayée; mais faÏJre la
oonquêLe d'oo ni.ai.s l'a.vait &.musée.
Pauvre Analore 1 Que doi l-il peuser d'elle, là-bas,
d,ans sa. ca.ban.e?.. Elle en ril, MLle Fw, et, jOUilllt
sur ses .<WllX petJts noms de gu.erre, elle mu.rmLLre,
r ail:leu.se :
- F ... i. .. fi, fi ... L .. ni, fLni 1
_ PaUVlre Anatole 1
Mais la pensée de Sophie se reporle aux choses
6&ieuses. Les pas se rapprochent dans l'alIée...
.l'échelle ge tend.
Fifi maniée sUT un échelon, pèse de toute sa
fOl'cc.'Un homme SUI1git a.1-~S
du mu,r , l'enjam!be, puis, retaurné vers le JaI'<.Li.n, se ,penche, tend
les bras... aJtLire un OOl"pts que qu~
u.n. soThlève ...
Un effort encore de rbOOlme qui, pén.i:bLement, desc.end a'Vec sa charge ...
.Fi.fl aide li. déposer dou:oement le corps sur le
chemin. Un instant ruprèe, Rolphe repal'aU il, son
tour, descend lestement.
, - Ben 1 dit Fifl, pour de la belle oUVirnge, c'est
de la belle ouvrage.
", La. Risque, penché sur le corps, grommelle
, - y n'boug·e toujaurs pas, le pante...
FUl s~ inC] u.ièto :
- Quoi qu'voua y ruvez rait, au vieux 7
'- Ls: paix 1 gronde noIphe. Ferme ton bec...
On n'y a rien fait, d'ubord, Qlle d'Ilji meL' un fo~
lard sur la. l:J.o,uch~
dans son in térét. Y do.rm~
con 1Ille un sabol... Atlention 1 l'amène l'échelle, La
RIsque.
- 1..:.11 bien. 1 et le poids .,
- Tire... J'V'B.S t'nid 'r... A tt.cnds... pose-mol
il'vieux il, l'ombt·e ... Sllt.n.née challdolle 1 A pourrait
a'souf!l{)r à c't'heure ...
Mais la lune 6lai t haute ncore et rosplend.i.ssant.e. Rolphe siffla doucemen t.
I\U& itôt un roulement se nt entendre el, au
tournanl du chea:ni.n, une oharrette paru.t, Lra.1née
6. -
LA PETITE • IlBUX BOUS »,
St
~
par une harLde!lle. C'était une sorte de haquet reoouvert d'une bâ.che. EJ..J-e s'a:rrêta devant le groupe,
et Le con'<1udeur demaillda :
- C'est-y bon ?
- Va bien, Eloi ! répondit La Risque.
On souleva le corps, toujours inanimé, on le coucha dans une chal"I1et~,
à. dessein remplie de chiIfons, que l'on ramena sur lui.
Ralphe monta près du conducteur.
La Risque avait roulé l'échelle, débarrassée du
poids. Il demanda :
-;- Je r'conduit'y Fifi ?
- Comme c'est dit, répondit Rdlphe.
Le cheval, cinglé d'un coup de fouet, fila. Fitl. et
La Risque se trouvèrent seuls sur le chemin.
- Maintenant, à l'autre 1 grogna l'homIlle.
- Quoi quTas dit ?
Sans r épondre, La Risque se dirigeait vers la
oabane. Fill se cramponna à lui.
- ne défendis 1. .. T'entends ? .. Rolphe t'a Pa.'3
dit de l'refroidir. Laisse-le 1
- Pour qu'y jaspe ?
- Quoi? Y n'peut rien dÎJ'e : y n'sait rien ... Y
d~ra
que j'm'appelle Nini... Et v'là tout c'qu'y peul
dire... et qu'je d'meure à NeuiJlly ... Si ça les y aide
à romp.rend', c'est qu'y serant malins ...
La Risque hésitait.
1 menace Sophie. Si tu fais
- Tu sais, aten~o
pas oof!1me. on a dlt, REJol.phe gardera la braise ...
C'étaIt, blen pll1S que tout sentiment de pitié le
raisonnement CB.Jpable de décider La R.i..c;que
'
fi jure sourdeme.rut et rebrou.ssa chemin:
XV
ENVOL~
-:- AllO ... aùlO .... C'est vous, baron 7 Oui... c'est
mOl, Probe... B.LeI1 ... Parf&i te men t, merci. .. S'il y
7.... Oui. ... Et assez camme ça ... J'rua du ~ouvea
merrus vous VOIr... 0111, tout de suile. Oh 1 toute
affaire cessante, s'ill vous pladt 1. .. Non., j'a1tendg...
Dépêchez-vous.
Le docteur PJ'obe raccracho. le récepteur et repou.ssant un peu le téléphone par ta tif, s'accouda à
BOIl bureau, le menton sur ses doigts joints. M. 16
docteur Probe n'a jamais le teint vermeil. Aujour.
d'hui il est jawne, avec des rnarbrUJ'es plombées.
Ses yeux ont un rega.I'd inquiétant.
. On fra.ppe à la porte. ~
gard1ens, des employés
VIennent aux ardTOO ou frure des rapports. Le docteur Probe écoute distraltement, répond rudeme<nt. Personne n'a l'aiT slJllpris de celte attiLude,
tous Iles viooges sont bouleversés presque à l'ég.a1
de oelui du pc..tron.
Une heure passe.
M. Probe n'a pas quitté sa place. ToUJtes les ciru)
mioutes il regarde sa montre.
Enfln 1 Sous 100 fenêtres du burea:u, c'est le grondement, le halètement d'une auto qu'on arrête.
Un instant plus tard, le baron de Fo.lbbrt paru'
devant le méde-oin.
- Qu'y a-t,.i1 '1 demanda Raoul, non sans anxiété.
Le docteur Probe le regaJ1dla fi x emen.t.
- Il Y a, mon cher aa:ni., que cette nuit on a enlevé votre beau-pllre.
- On & .. Non 1
- Asseyez-vous donc. Vous voiQà bl~me.
Vaue
.aVIeZ parfaitement entendu. On a -enlevé M. Mtartet,
Le buron se taisoait. L'a.irr hébété, il regarduit la
d oclem·. Celui-ci s'impatienta.
- TAchez de comprendre et de m'aider. Qui, en
dehors de vous, pouvait s'intéresser à votre beaupère ?
- Personne.
- Sa DUe, cependant. ..
- Ma femme ? IDUe n'a jan'16Ï6 eu le maindrt!
sol1pçon. Je L'aifi.rme.
- Pa.s d'autres pail'enf& '1
�~8
2=
=
=
- Très éloignés, qui se soucien t de lui comme
de leur première pantoufle.
- Alors .. . je clois pense.r. que 100 a.uteurs de cet.. .
acte se son t trompés.
- Comment, trompés ?
- On a. enlevé monsieur MarLet croyanL enlever
un au tre ma.lade ... Il m'esL difficile de m'expliquer
le but de ceLte [açon cl'n.o"Ù'. Ca:r, enfin, ,~i l'on a des
doutes sur la parfaite l~gaJté
de. Imtern~
d'une personne, il me paratt plus simple de, S<l.1?u'
qui de droit de l'affnire, en demandant qu on mforme, que de mettre les lorts de son cOI,6 ,par un
acte illicite.
- Qui sait 1... Il Y a tant de complicaLirms souvent dans les ftlmilles 1... Et puis, c'est peut-être
une manière de faire chanter?
- Vous reprenez courage, vous, à l'idée qu'~n
a
pu emporter Yow"€ beau-père
l~
VOulOU"fl
Vous avez tort de vous rasc;u.rer Sl vlte.
- Vous m'avez dit qu'il est idiot.
- Oui ... à peu près. Mais on n'est jamais sûr..
- Ah 1 vous savez, si par votre r.a.ute je dOlS
avoir des ennuis. ,
que ,:ous
- Par ma faute est assez joli 1 E~t-ce
l.loyez que je m'amuse, moi, depUiS ce m hn ?
Ppn;;ez-vous qu'il DIC convienne beaucoup de metlre la police dans m":'G aUaires ?
- Vous n'avez pas ...
- Porté plo..inle .'l Ma.Ls. immédiatement 1 ~ l'a
Li~n
fallu 1 Et le diable s.att comment cela fimra ...
, il ! 'Vous v-oici moins fier ...
- Pourquoi avoir porté pla.inLe ?
ql~
vous
- Ah çà, vous êtes m.a.gni1lque 1 ~e
croyez que chez moi 1e3 malo.des . clispar81s00nt
comme les mu~c:1.des
? J'ai un 6tablissement. très
bien tenu, mo~jcur
le. ba.r~n
J~
ne prOte pomt le
Hanc à la. criLique, mOl 1 J Y velUe. Je me garde.
- Vous vous gardez, m~l.S
vous ne ga·rdez pas
vos malades.
Le dooteur haussa les épaules.
- Enfin, comment 001.a S'oOSt-il tait ? dem.a..niIa
lerveusement le Laron.
- Si je le sa'D,is 1
- Le gard ien de mon lll'uu-père ? ,.
- Anatol-e a rlif;paru aussi.
- Alors , c'est lui.
- Je n'en f,Ul~
pas sl1r, En tou t Cfl9, il n 'était
poin t seul On a ({lit passer monsieur Martet pardessus un' mur de plus de trois mètres de haut les traces son L vi 'ibles - puis on l'a emmené en
voiLure ; il Y a. l~
m arques des r oues.
- Oh 1 oh 1 oh 1
- Oui nO UE! sommee frais, nous deux.
- Enfin si comme vous le supposez, c'est par
erreur qu'on '6 e nl (}v6 mon ben\ll-père, qu'eJ1' ferat-on ,
- Ah 1 voilà 1 Qu'en lera-km.. . Il est probable
qu'on s'e n débol'rnssera.
,
- Si c'é tait sllr l
- Vous vous colùSoleriez ... Mal9 on Ben dé barl'a.c;se ra prob/l.blernoo t en l'ab andon nant sur un
(;hemin. Et s'il "avl
de dire son nom, sur le signalemen t' que r i donné on me 1 r amènera. Cela
ne !.lerait pas encore ITop, brop !Ih;heux...
- Qua ]'l611t-il arriver de pire ?
- Eh 1 rn.e.1S, que dan., un 6cluJr d'intelligence, Il
ruconw ...
- - QuoJ , Que rll.conLerait-il qu'i] n'a.H dêj/\ dit 1
-- car vo~
êLcs V'l'uiment Un h 'm Lout a ~i
bile homme -ruiro mieux con tiller sa folie ...
- Mon rher baron, V()US pa.ss ~ hu'n vil,. de
l'effl'Oi 811
Jmc, rle l !!II'cnr il l é~oge
... • ~Ol
jo
me main ions dans 111\ nillfeu ((III, pOlir ètro Juste,
n'cn L MS mOin cl Ilgl'éahle. J'r lime q!le ml\me
si rien n\e 1 perdu nous {Lvons tont ,~nut1rc
. .J~
'VOlIS li' fa il. f ppel l' d'abord ~ rc.e qll 11 conven Lit
que vou ru 1'11. instruit /\n reu\rd d,e ~t.
événe10nt, ('n uiw [}U~
e que Jo v Hl
VOlr 1 JO p~
r.Offiipt r Sllr vous.
sans.
La 'Petite
U
'Deux S ous "
~
- .l:!:h 1 que diable p1Jl.Îs-j e faire, moi ?
- Rien maintenant, que de pa.rattre rempli d'une
pieuse inquiétude sur le sort de vol.I'e cher beau.père.
~
Et puis ?
- Et puis si les choses toutrnent m~ l, me sout.enir, affirmer... très exactement le contraire de
ce que vous savez.
- Vous n'y g.an~rez
rien, et j'y gagnerai, moi,
d'Olfe mêlé à de vilaines histoires.
- D'être mêlé .. . Ah 1 non ... Laissez-moi riro...
D'être mêlé 1... Vous êtes exquis- 1 Eh 1 mon cher,
ne save7rVOUS plu.s que nous somlDe:) tOllil solidJ.Ur~
les oos ùes autres ?
,.,.. Si 1.. . Oh 1 si j amais on m'y repince ...
- Ne dites pas d'enfantillages. Pour être :re]:Iincé, il faudrait que vous eussiez ~'abrd
recouvré
'Votre liberté .. . Et vous savez que c est Im~os.lbe
...
Bon t Vous voici de nouveau prêt à. grmcer des
dents 1 C'est absurde. Avez-vous. eu tant à vous
plaindre?.. Ulle femme char...
- Je voUs défends de parler d'elle.
- Oh ! mon ami... Quel gClU'C... Quelles façons
dé-plorablement déplacée vous pren~
1.
A ceL instant un employé se préCIpIta nans le
bureau.
- l\Ionsieur 1... On a. retrouvé Anatole.
Les deux hommes se lovèrent d'un bond,
- Mort ? questionna le docteur.
- Heu 1.. . 11 n'cn vaut guère mieux. On est venu
chercher U.I:Ie civière pour le tran.s.,portel' il. J'inilrmerle.
- l\lais où l'a-t-on retrouvé?
- Dans le chantier de constructions, sous une
oabalIle, bê.i1lonné, Ligoté.. . sans conais~.
Déjà M. Probe quittait son b~eau
en courant.
Le baron le suivit.
Débal'rassé des liens dont ses membres tuméflés,
gonflés, gal'daient l'empreinte, le vi.sage e.L les
mains violaoés, le cou enfl6, Anatole reposaIt sur
la. civière qui avait servi ll. le rapporter.
Le docLcur écarta les ngt:nts et les employé qui
entouraient le pauvre gardien.
'.
.
- Délshabi,ll('z-le... vIte.. . La resp.l.rallon artificielle...
DOTant plus d " \1 n~
heure, il demeura là" irnmà'le cœur d An.ltole
bile, regardant touJoul"f:!. ~fln
se r mit à baUre, lu. pOlLrme se gonfla.
Quelles que pussent être les l'évéh-tions qU 'l'lurait
il faire Je gardien, M. Pl'Obe désimit 1 !l re ovO'ir
le pr emier, e t san témoins. Arguant de la faiblesse du mœladc, il! éloigna tourt le monde, ne per me ttant qu'a u baron de domeurer là. Il riéclara
q ue la déposition d' Anatdle ne pourra.it lui êLre dema.ndée avant de longues heures.
de l'asile il connoHre La.
L'in téTêt du d i r~teu
vérité ne laisait doute pour personne. La police
elle-même s'inclina donc deV'ant la volonté tin rnédomn.
Lorsqn Anatole eut recouvré pl Inement l'n age
de ses facnlLés, tQ nc vit il qes cotés que I\J. Probe
et le baron. Il ne conn i r.:it pas cu dernler, maLs
la vue de son patJ'on Le rassura.
I! e· !I Il tLl en stlre~
ct J)lenra de joUl.
- Voyon. ·, voyon"l, mon ami... yous voilà:; uvél
Ne pIeUTez pas et dilc;i-.r11l11S (:~ qUJ vous e·[. (JI rivé,
Ml1.ls Anatole n'éprouvnit allcune hClte à r;ol1[œ~
ser sc::! tor!.'!. Il Im~gtnl.i
ln fllr ur du patron lrou.
Vlmt le mat.in 'on pi'n l'ion/1 tl,c seul 'lU lA. .!Jon
- ellr Il nI,) soupç IInc pns enr.ol·c lC::i slii le do
l'a vc.n tu 1'''' dont il fu!. viclim - il c: pèrc que ,;ÇIJl
piteux él.lt a.tLendl1rn le do t'ur.
- Vou, . cul, ropcn~
1 1. Proh~,
P()lIVC:t. ,d,le!' b.
retrouvrr le molli 1 (JilL vou 61n,IL cOIlf10.
Les y IIX d'AII/ltolf' s'ouvrirl'ot Il ~m
ur"m ni.
- Rfjlrollvé ... Inon mallUl ... Il '~l
donc flOU 61
- It déhrr, soupirll le ri ol.eur.
- Ou oot homme rElit l'idiot, gl'ond~
le ba,('on.
�G'l2'-
La 'Petite
fi
'Deux Sous" =====================
Anatole tOI1J'D1l, v&rs iui, nOIIl sans difficulté, sa
tète endolorie.
Il avait un regard si sÎlIlcèrement effaré qu.e la
':lupposItion de dé1i.re, autant que' l'accusation de
la feinte, devait tomber.
Evidemment Anatd1e ignore que M. Mru-tet a ét.é
enlevé. Cela embro1tiJlJe 1.lID !peu p1us l'écheveau,
déjà emmêlé, dans lequel!. se débat M. Probe. D'un
geste, il recommande au baTon la patienoe, et de
nouveau, très dO'\lJCeme-nL, interroge.
- TAchez de v<ms jSouveruir... Que s ' est~il
passé ? ... On vous a troUV€ dans une cabane, au
cbantier voisin du prurc. Vous avez dû, pour sortir du jaI'din, frnnchi r la mUTai:JJe. Vous 8-t..on emporté .. . et. comment ?
- Emporté, mlH"ffiUJre AnatOile... nbll.
Il
-
-
J'ai poris l'écheJle et suis monté.
Quelle échelle ?
L'écbcl1e de cO'I'de que m'a lanoée Nini.
Le d?cteur et le ~81'on
échangent un regard.
- Dltes-nous qlU est Nini ?
- Ma cOTInatssance, avoUA Anatole.
\
1
\
Et tout. à cO'u p retpris paT les doutes qui l'ont torburé avant qu'il ne soit évantlllÎ dans la cabane il
racon1;e . tout d'une hruleine ce qui. lui advint. '
coutpab~e,
mon~eu,
ool!lclut-hl en pleu- J ru ~t
rant ; l!1MS Je penlSalS 1'6VOOJJl' biien viLe... et voilà!. ..
J~
me demande si aUe n'avait p-as fait. "semblant...
8.l ce rend1:-v~us,
c'était ~
Ipr6pa;ré pour :tne faire
prenc.Lre ... MaLS pourqUOl? On ne m 'a pas seulemen.t fouillé.
- N'en. doute,z ~as,
dU le docl/eur, votre Nina. est
une ~e
9uJ. s oot iou~
de VOU5. Pondn.nt que
v~,
étiez mIS bor,s d'état d'a,gir, m~e
d'appeler
à ~ &lde, on a pé~tr
darus le parc, on s'cst tntrodUlb dans le pavillon, et le pauvre vie.lil:4\.rd que
VOlUl deVLeZ garder a ét.é CThlcVJ6.
AnI/lLole poussa un rUf.l!Lsseme.nt féroce qui proll-
va que sa force rovena..it.
- Ditoo-no'lls COIl11ment é!t&i.t cette mIe?
- Pas bien grande, J'nne, a.vec des' yeux luisiilnt.s, dies eh,eveux pl8.<ru(\" sru.r I~
tempa'!.
- Quand 1 aVC'l-VOUiS oonnue ?
- A ma dernière sortie.
VOlLS a-t-ellle drmné son ndresse T
- Non. ELle m ' a dit comme ça. qu'oHe demeurait
chez sa. mè.re, alors qu'y ne !a.Uait pas lui écrire ni
eller CIh ez eLle.
-
-
Oui... enfin, vous a vez éM r ouJé.
n~
peut l'dire 1 g~t
le
mQIlS.l!eua', pa.Nl.O'llIIleZ-mol ...
pauvre garçon. Ah 1
XVI
UN COUP OE FILIn
Le printemps est la saison J)ril~
te
penijo,nt la.qu,elLe les hôtes de passage, provinciaux e1 étrangers, uffluent il. Pari.s.
A u..{ COllIse , au t.hM.Lre, au cercle, - car il fiait
pa.rtie d'un cercle, et non du moindre - le comt~
de BfM~u
'caio
I,nisait S'fins cesse de nouvellJcs
conooi.SSaIlOOS qU'hl ~meoil
e:n&'Uito allez 8C8
exoolJents amis.
Ils étaiant aoclleillis !;laf le baron de l?oU>erL
ave<: une pert'aite coutrto ie, !JIl.r la baronne .avec
u'nl politealHl un pOil onll'.ainLe qn.e sa marne
Lristesoo expliqu~t
~ez
pour qÙ'e)J ne ftU paa
Jtl.«ée of, ~tI.n
nt~.
ltt le:; ({ potit.os parties üe fa.mille Il S P0111'SlÙvent, dl}vicnnenL de moins en moins f.amiliale .
Les b8.bles &Ont à peine lnsta.lléo qu'un valet
vient j),(l,I'ler bas au baron.
- Vous porrnoltez\, In
icwr.!l ?... Une oommllnioolion tlrge1ne. {oit u s'~cLpe.
Rtbocca, l.a.sae d pMI:IOr
soir6es auprès de
Marau.ariw muette, Il pl'is d ' oa.rtea ~L joue, eU.e
83
~
a.ussi. Mme de Folbert est secle. Personne ne rai~
attention à elle.
Ell.e a éprouvé une anxiété du soudain départ du
ba,ron. EUe quitte doucement ie S'alon. Dams le vcsli.buJ,e, elle trouve le v.aJet qui est venu avertir son
ma1tre. C'est un homme dont ene se méfie, comme
elle se méfie mainten.ant de tous OO'llX qui l'ento.u.rent ; car le personnel entier a été rerwuveJé :
tous les domestiques, merne sa. femme de chambre,
ont été choi,s1s, arrêté..'! par le bn.r.on lui-même.
Marguerite, en sa pu'opTe maison, &0 sent entoUtrée d'e.nnemis. A peine ose-t:el1e interrog.or le
valet de pied. Gourmé, correctement respectueux,
il répond:
- Monsieur Beppo a fait demander Monsieur,
iIls sont au fumoir.
Beppo.... le mauvais génie 1... Quel! mal encora
va-t--l,l faJ.ro ? Marguerite sait qu'il vient parlois
e.t IlJe s'en v~
jamais les fQaioo vides. Ce soiT,
peut-ét.re, est-il venu poussé par un be'soin 'd'a.r.
gent.
Cette pensée la rassUTe à demi. Mais le cou.
:v&Jge 11u.i manque pour r,epara1tre au snlkln.
- Si monsieur le baron me réclame, dites que
je suis souffran te.
Elle pas<>e vile devant le fumoir d'où s'écha,ppe
un brUlL de voix COllrUS et monte chez elle heu.
reuse d'6cbapper à l'odieu.se contMinte.
'
Dilus Je fumoir, le baron et Beppo sont debout,
l'un en faoe de l'autre. CeLui-ci d.iJt. :
.
. - J IC .v0UtS a.vais pr~v{)nu.
CetLe organisation
8lD.Sl [aIle est une. fC?J'le... C'est parce que j'9.i
oompns que L'CoLa f1rurrut mcl que je vous ai quitté.
D'un l1ocent. dé.aign~x,
le baron réplique
- .Te ne VOIS pas d ai.l.kmrs Beppo, mon anci-en
chauffeur, admis dans mon saJO't).
- Vous à'auriez admis s 'il l'eût faUu.
- PIus très sClr...
- L'heure n'est plus aux dispntas... Pas 16
~ps.
Je vous ,dis que VOUiS êtes dénon.cé, surVeIllé ... menacé d une desce!lJte de police.
- Dénoncé par qu.i ?
- Par l'un queloonque Îles pigeons que vous
p!\lIll1ez. ,vous VOllS i.maginiez que personne ne re~
gun'berru.t ? Absurde ... absurdle ... surtout je le ré.
pè~,
d avoi r organi:sé oela... chez vouS 1... Une
mru~on
d~
jeu dans un hO ben, alors que pour ce
métlCr-Ià li l'8.ut à tout moment pouvodr cbànge;r
de J.ocaJ. J...
- Il ya loo deux systèrnoo : ici le pavillon sa.uve
.
la. ma.I1Cbal!ldioo.
-
Ou.i 1 A cause de la respecLa.biliLé de Mme de
FoJ.bert, vous vous croyez 1:1. J'a.bri indéfiniment,.
Eh .bien 1 moi, je sais... vous entendez qu-e vous'
êtes ITJ6IlISioé... Ge soJ.r, peu.t-èLre VOill"l serez pinoo..
- Comment le sais-tu'
'
- Je m'en doute d~p.yis
longliemps, je vous l'eJ
dit 1 Vous veJ'.l1ez. Mal, ) ru survei.llé, D'abDa'd je ne
sUti.s paIS trn:n.quriJJe depuis 1'€'.l1U-èvement de M' Mar
tet ... C'est loucl:le 1. ..
.
: personne, en dehors de
- On a dO. faire er~u.
ma fomme, ne POUlt s .m.t&J'esS{}l' au ViÏ.eUlX.
- Ce n'ost pa prouvé. Je .suis dans mes peLi1ls
souJiel'S, moi.
- Puisque, en tout cas, le bonhomme est fou 1.. .
- C'cst Pr be qui le diL... Vous êtes mono.C'é
de t~us
cOt~.s,
je vous l'a.fflrme 1 J'ai vu, ces jours
da:ru~s
.. d éL~'I.lges
t1LJ6es et venues pIlI ici ~
SOir, ) al repris mon poste d'observat.ion et j'ai vu
d?S. gens sll.specte garder l'ooLroo de l'hôtel. Je
n al pa.s hésllé li. vous avertir moJ!ITé le dangeœ
rl.'étre pris darl.S le cotlf de m'ct.. vgu ne VOUIM
rien écou!'Ol·... Bonsoir
- 13onsoiiI' 1 répondit 10 baron ironiqlJC
Mni~
quoi qu'iJ en. Go.l, il frémissait
T;lcrppo ,quit,ta le ~oir,
I~ se h urLa, u poo:U
qUI V," rat cil' surgir dans If:' hall et. qui,
tromblanL, Mgayu.1t :
- Monsieur le bGl'on. .. 14 poliœ 1
�G"lt-
8~
======================
Comme un tau, Folbert se rua dans le saJon et
clama:
- Rangez tout 1
.
,
.
Les muins, promptes comme l'6clrur, s abattl.fent
sur les enjeux, les cartes fwrent enlevées. Dans
U!l1 tohu-DOhu Il1d(,
~-;.( Tipl.be,
les hommes coururent
aux portes... Trop tard 1
A chacune, un agent barrait le chemin.
Beppo, poussé par le baron, était entré avec 101
d-ans le salon. Tous deux, à la faveur du désordre,
par une porle d I,-;s.iafl U 100 dans la boise~,
,regagnèrent le boudoir Ge la baronne, pULs l escalier ... Ils montai f' nl, IH1\ etanls, avec la mOrne pensée : prendre l'argent \à-ha.ut, dan:s 1e coffoo-fort, et
redesceond re par rf~.sc'Ilie
de serVice ...
Ils entrèrent en trombe dans fa chambre de
Marguerite... L'heure n'était plus aux dél~cates
ni aux conVenllnces.
La baronn.e n'avRit pas commencé à se dévêtir.
Assise dans une profonde bergère, elle songeait,
lasse, brisée. A l'entrée des deux ho.mmes, e.lle se
lève d'un borul. Le baron lui jette en passant:
- La palice 1
Les deux homm ~ ont disparu dans le bureau du
baron, Ils s'acl!ul"Tlenl sur le corfre-fart dOIlJt, en
son affalement, nanu l ne trouve poinL La oleI.
Quand>, où, comment l'a-toi] égarée?
Bewo, exaspér6, l'insulte.
Et le baron, exa-spéré de même, insulte aussi
le com,plice de DfIguère.
- Tu m'as vendu! C'est toi qui m'as dénoncé 1
- Tu n'as pas 6gnr-é la clef, rugit Bep~.
Tu
refuses de parlllUN Lon or avec moi... QUI le l'a
donné, cet al' ?... 1 est à moi oomme à toi. .. voleur 1
Dans un liroir le baron a pris un revolver. Li
le brandit. Ses yeux sont injectés de sang c1a.n.s
son visage livide.
Oeppo a peur .. , Il recule, il chance.1Je devant le
can<>n d'aCier braqué sur son front.
La voix rauqu , na.oul lui jelte sc.: haine.
- C'est loi qui m'as p rdu ... qui m'as entralné .. .
Misérable 1 Oh ! misprablc 1
En bas, les poliriers ont tout envnhi.
Trois d'entre eux se détachent, montent à la
pOUl'Suite du buron rie Folbe,rt.
ParvenM au premier, ils hésitent ... Ils n'ont
point il h6siLer longtemps; un bruit de voix furieuses les guide ... Mais devant eux se dresse un
obstacle.
Une femme, les bras étend M, leur barre le cliCmin. C'ost l\1arguei~,
D' une pilleur de mort, 100
yeux lOM, ene 81ppllrolt, trngiqu ment belle dans
la clarté orue d s 1umièN'.s élcctriques.
Elle se tien.t SUl' le sellil de sa chambre, et son
geste de protection d6scspél'ée, son masque d'angoisse émouvenl un insl.n.nt les policier:>. TI leur
répugne de repous!ler bl'utaJement celle malhcureuse. Ils diselll seulement, la voix brève :
- Laissez-nous PO!; r, madame, il le fauL.
Elle aussi, sans doule, ils devl'ont lout il l'heure
l'arrOler : n'esl-l'lIc pM complice ?
Pour l'instant, 001 IIi ql1'i~s
cherch nt c'est le chef
de la bande. MBJ'gnerite se raidit ùavnnln.ge, los
dents serr6cs ... On lui p&sscra sur le corps plutOt
que de l'écart.. r,
. Tout il coup cliC' jette un cM strident, s'abat sur
les g ncmx; dan. Il' bUI'cau d son mal'i un cou'p
de feu vient (l'(t,,\uler, f;uivi d'une chute,
Sans plus s'or~lIpc
de la pnuvl'e femme, les
ngents enfonœnl ln pO l't<J , Dehout, le baron te.nait
à 1 main son rl'vnlvN fum:1nt.
d'Ilne dern!Ïèl'. convUllDevanL lui, L"I' ~aiJlnt
ion, Deppa est ('U'1I0U, If' f,'(Jn t trollé .. , T~n
vOylln t
entrer lC!i p !il'if'l"s. If' bfl.mn El lin rire de cJl>menl.
- Cela dcvnil nni·r a.insi 1 gémit l-e misérab'C'.
El, tlvllnt ql1'on n'lLit pu pr6voij" SaIl mOlJV JOen!.,
il a relevé 'on arme... appuyé le canoll sur sa
tcn JI .... Le coup part...
La Petite "1)~ux
Sous ,. ~
Sur le co~s
du complice tué par lw, le corpe
du swcidé s abat low·demen.l.
Dépuls les confidenées de ~on
~mi
Bo~dèe,
Pa~
Mirhllinde s'était pro-mis de pénétrer, un soir de
jeu, chez la baronne, II voulait s'assurer par lwmême, dOt-il y perdire quelques louis, de l'allure
de ce coU'pe-gorge dissimulé SO'US de briJlants
dehors.
li avait annoncé son intention il Mme de Folber t, sans recevoir d'elle le chaleureux encouragement qu'aurait da lui dicLer la poltles-se m<lndaiM. Il en savail assez sru.r son rôle pour cornprendl'c ù'où venait ceLte rés-erve et ne point S'eJla
formali ser.
Ce soiT-là, brusquement, il se dûcida. A.rrivé très
tôt, il atlendH un .peu a.vant d'enlrer. Arrêté SUlr le
trottoir d'en face, iJJ. admirait l'ospect élégant et
luxueux de 1'hOle.!,
A travers les persiennes rabattues, des lueurs
filtraient. On eOt dit qu'une fête somptueuse se
donnait là,
Ce soir d'autres que le peintre examinaient l'hOtel. Il rem{\J'qua des hommes vêlus de paroessus
et de chllipeaux melons. Deux par deux, ws nUaient,
revenaienl sur leur pas, san" jamais beallcoup
s'éloigner de l'enLrée où s'engouffraient soit isolés,
soit par groupes, d'autres hommes, ceux-là d'aspecL pl us élégan t.
tlfirhande ne pOUIVaiL s'y tromper: ceux qui entraienL - naïfs ou grecs - étnient les Mtes attendus; dans ceux qui faiJSaient les cent pas d'un
ai~
d'indifférence nê.ne use, le peintre dovina des
policiers,
L'bOlel de Folbert était en surveillance 1
AussiLOl le jeune homme songea il. la baronn<l.
Il pensait que Bordève présent se rot ingénié il. la
pI'éserver, il. la sauver.
Un homme enoore, d'une aJ.J.ure rapide, se glissa
dans l'hO lei,
Presque aussitOt une fenêtre au premier s'éclairu.
Une silhcyuetle de femme se dessina derrière les
rideaux de guipu l'C. Le pcin !d'e recoOill u t MargueriLe. Elle venairt de ('emoTliLer che~
~l(
et, ay-anL allumé elle-même J'élocLri ci Lé, oublllllt de fermer ses
volcts.
Elle s'éloign,a. de la renêtre et aJJa se jeLer duns
la bergère où son mari e~
neppa devaient la l'&trouve!'.
Paul MLrbande, ne. la voyant plus regarda de
!l10Uveall l'enLrée, 11 Vlt devant le porche un groupe
nombreux : tous los flâneurs d1strai\,s venaient de
s'y réuni~.
P.Los do doute: une descente de palice
61lait avoIr Lieu 1
Mirha.nde traver,sa. r-ejoignit leB policiers au moment où une .partl~
de ceux-ci entraienL viv menL
dans l'bOlel i, il les suivit.
hl pé.nétra d&ns la salle de jeu. Après
Avec ~ux
ceux qUI monlaienL il. la recherche du baron il
15'6Iança...
'
Margue~i
te, affaissée, déraillai t, oomme si ellemôme ét.a.it. CrB.ppée par le cou.p de feu enlonùu.
:
Elle gérndssrut, la voix élra~e
- Raoul... Raoul .. ,
. A l!l seconde dékloaLian, eUe cessa de gémir et
s arls~
Lont il fait, êvancYuie .
~!e
n eut ,point conscience que deux bras la soulevaient, qu on l'emportait en courant.
P~ul
~1irhan(je
cha rgé de son préCIP\IX flmlenu,
avaIt fUI, au hll,sarfl, n'urant qu'une id~c
: nrr:J('hr
MBJ'gu~r,lte
il. lu honLe dune arrc.stlflt.i fi., l'.nr'·a<:llex
il la VISion d'horl'cur qui, sans doute, l'aul'alt attendue il son réveil.
'
Il sc dil (jll le baron, affOlé devant le péril imminen t, s'C,'\t fail jnslioe.
Une portière coupe cn deux 1 cOI'l'idor. Lol'sderrière IlIi, Mil'honde rc~pie
qu'elle !'t ,'~tombé
un. peu, Un dliv-a.n ('_~t
là . 11 Y doépl>8e Le OOrp.<! inerte
et li OiLLcnd, avec III même anogoLs l' que si lui-mOme
�~
La 'Petite ., Deux S ous ..
était poursuivi. TI prête l'oreille aux cris, au tumulte d'en bas, aux ex.clamations de ceux qui ont
découvert les corps et 8ppe1J.en-t leurs camarades.
Marguerite a fait un mouvement. Elle ouvre les
yeux. -Si elle aJJait eTier 7.. .
Douceme.n t, respectueusemen t, le pein tre 1ui
pose une main sur 'les lèvres ... H supplie à mi-voix:
- Taisez-vous 1. ..
. Marguerite se cramponne à lui, se s<mlève. Le
souvenir lui revient, et son VÏJSage se convulse.
- Ne criez pas 1 Ne parlez pas 1 murmure P.aul
Mirhande . Pouvez-vous marcher 7.. . Venez .. .
Elle deman<le, haleûaDte :
- Il s',est tué ... "Il'est-ce pas 7 Ou on l'a tué ...
Et com me le jeune homme se tait, elle tente de
lui échu P'])eT.
- Laissez-moi. .. Je veux Je voir.. .
- On venait l'arrêter, dJt-iJ.
Pour la sû U\,;er, il doit se montrer sans piti é.
- Ah ! l'arrêter... Oui. ..
- VOU!'l ne pouvez rien pour lui, rien ... et vous
allez V011S perdre.
Elle eut un geste désespéré.
- Qu'importe 1
- Je vous en conjure, madame, 18Jissez-moi vaus
sauver 1 Venez ... Il doJÏt y avaiT une autre sortie.
A quoi bon souffrir une honte imrfféritée ?
A tout hasard, cherchant à la convaincre, il
ajouta :
- N'avez-vous person'l1e qui vous soit cher 7.. ,
Pel\Sonne à qui vous rattacher encore?
- P ersonne ...
Elle redit, dou'l oureu se :
- Personne 1... Ah 1 mon Dieu!... Main Len an f,
main tenant...
Un combat se Livrail en eHe. Ses la:rmes jaillirent, et, tout à courp résolue, elle dit :
- Emmenez-moi... Merci 1
E11e é tait nu-tête, en toile~.
Elle mUlI'mu!18. :
- Il faudrait un man'teau ... Comment revenir en
arrière ?...
Un cMle d'Orient aUx teintes douces était dmp6
sur le divan. Le peintre l'arraoha et le jela sur la
tête et los épaules do la jeune remme. Dans la demiobsct:rité de la rue oela passe r oJt inaperçu .
MamLonant, ~'es
el~
qui le dirige. Elle le conduit il. un esooller mtérlCur qui mène aux cuisines.
Ellles sont désertes. Commo une bande de rals
fuyant un vaisseau qui s'engloutit, les domestiques
~i
diiSlpal'U. V;ne por~
de ~ervic
dOllJne sur une
lID'p&lSSO él!rOlte <lernère l hOieI... On n 'I(\. point
songé à. ceLJ,o sorne.
- Où vais-je aller? demande la pauvre cr6ature
éperdlle.
.
- Chez moi d'abord, si vous voulez bien me
Caire cet honneur.
- Ah 1 pOUJI'quoi êtes-vous sn bon?.. Si vous
saviez ...
quo vous otes malheureuse et je vou s
- .Te sa~
sens digne de tous les respe c t,s, cela me suffit.
Hâton s-nous, madame.
XV1I
EN FUITE
- Bonjour 1
Yvelt,c entrait dans l'ate:l.i er, saluant gaiement
EUe s'8d'rêta, ia1terdite, en. v?yant Paul Mirban<le:
un doigt sur les lèvres, Jill lmpooer le silence. n
8.lla S'Ur la pointe des pieds s'assme!' que la pO'I·te
de l'a1e11er à sa c.hamJ)re étnit soigneusement fermée el revint ver3 10. jeulne mlo.
- Qu'y a-l-il 7 demnnda celle-ci à mi-voix.
- .J'ai chez moi quelqu'un ... une personne sauftrante.
- Ahl
- Oui. Je ... Je sUIiB bion ombarrMS().
85
-:1
- Embarrassé pourquoi... ponr la: soigner 7...
:Voulez-vous que je vous aide?
Il admir-e 1& jolie confiance d'Yvette.
.
Il sait bien qu'elle l'aime et, l'ai mant, ne serait~le
pas excusable d'éprouver un peu de défiance
jalouse à la lPensée de cette malade séjournant chez
son ami?
Il allait a,ccepter l'aide de la jetlne fille étant
bien sOr qu'elle ne trahirait point un secret à elle
confié. Mais il se souvient qu'il a promis à Lancrot d'éviter les rellJcontres entre Yvelte el la baronne de FOIl.be rt, et cette malade qui après une
effroY,able nUlt de larmes re.I?0se sur le lit du peintl'e, c cs t la pauvre Mn.rguenle.
- V,ous peOls'cz q:ue je seu'als nlne ;rlauv!i'Î.5e
gard-e~m!.
? repfleDtd Yv'Ùt~e
qu'éLonne Je silence
de son grand ami.
- Non. ce n'est pas cel'a. Cette dame désire que
sa pr6sence ici soit ignol 'éc de lous.
- Ah!... redit la jeune fille:
Cet~
e fois, un peu d'angoisse p'Ü!sse dans son reg.ard. PauJ Mi.rhande prend sa main e t tend.remeJlt :
- P~tie
Prin~es
se , vous me croyez, n'est-ce pas,
<;Iuand Je vo~s
diS que ].a malheureus,e femme à qui
je donne .asile mér!te tous les respects ?
Et Je [?emtre sourIt en pensant que le voilà comme
son aJ'rll Bord?ve, prêt à se faü'e le champion de
ce~t
:nélancolique baronn'e dont, en somme il ne
salt nen.
'
- Si je ne puis vous être ulile, fit doucement
Yvette, il vaut mieux que je vous lai sse. Cette personne serait fô. chée de trouver quelqu'un dans
l'a telier si elle veut s'en aller,
- Qu'allez-vous faire, PrinlCesse, si VOUs ne restez paIS ici à tr"avai1ler?
- .Te préparerai ~ la maison. des croquis. Je serai
tOlJte seule... 8?ma e'sl Qal'tle de grand malin,
comme elle le fait chaque jour, pour aller voir son
nouvellu malade.
- mUe se remet à exercelI', a.lors 7
- Oh 1 par charité ... Ce doit ê~re
quelqu'un dans
le genre de l'amoureux de J'i'ifi, j'i magine, ca:r eHe
refuse de me Inisser l'accompagner, et eUe emmène Lancrol. Allons, adieu!.. . .l 'ou bliais : avezvous lu les jOllrnaux, ce matin 7 Que s'œt-il passé
hier soir 7... Les camc,lots crient dans la rue ...
- Quoi 7... Qu'annoncent-ils ?
. - Un d~uble
.d.rnme. Un ,crimin el qui se Cait justice. Une dispantlOn ... On dIt mOrnc des noms, mais
je les ni mal en tend UiS, et je n'Qi pas eu la curiosité d'ooheter les !e,uiJIols senf'lo,tionnsls. MaitS on
a remué c1o.ns vot:re chambre.. . CelLe !Oi3, je me
sauve...
, La jeune fille venait à peine de quiLter l'alelieJ
lorsque,. /lU seuil de la oh ambre, parnl MIi.rgu e.ri te
Le pemtre eut une exclamll.Lion d pitié: les che·
veux de la malheureuse femme étaient devenus
tout bllanes 1
IWe n~
prit point ga.rde à la surpl'Ïse apitoy6e de
Paul Mirhande. Elle avait les yeux fixes les lèvres
tirées en un rictus de souffrance.
'
Elle dit, la voix saocadée :
- Il faut que je retourne, là-bas.
« C'œt mon devoir ... Il n''CiSt peut-être que bl.cssé
ct il me l'éo1am e,
'
- Il est mort, dit I~ peintre.
S~
br.ulaJe que fO.t celte aCnr!Dation qu'i] sait
vrole, SI cruel que S01t le coup qu'il porte, le peintre
no peut hésiLcr. A lout prix, il doit empêcher Mme
de Il D'Ibert de retourner il. l'hOtel.
- Votre mari n'est plus, ma(tam{), vous ne pouvez rien pour lui 1
Bile ne pleure pa.'3. Sos yC'Ux paraissent brO l6s
enlre les paupières meurtncs.
Elle dit, de la mOrne voix saccndée :
- Boppo l'a lu6. Je dois le ve'nger.
Mirhunde songe au cri des camelots que lui a
rapporté Yvette.
�~
=================================
~
-
Madame, dit le peinlxe, le meurtrier s'est fait
justice.
Dans le regard de Marguerite l'horreur augrJ'!lente.
Elle pa.g.s,e ses mains sur son front et bégale :
- Du .s8.ng... oh 1 que de samg 1 Et de la boue
,ussi. .. tant c1e boue.".
..
- Je vous en conjure, apl~z
-voUS:
..
(( N'ave'l-vouS personne qui vo.u:s sOli cher'
'Avec un cri }lJJe jette :un nom :
.-: Pierre 1
Et des flota de la~
s'éobapp.en:t de se~
yeux.
PaU1l Mlrr'hland:e, doucemen.t, la rrut ~s eOLr.
Margt.erite ple1:1ra longtemps. Et toujours ce l!0m
revenait sur ses lèvres avec une ferveur de prière
ou une douceur de caresse. .
.
- Ce Pierre, dit en.fi.n le pe.mbre, vous pla1t-il ql1e
Je l'appelle auprès de VOlliS ?
f: L·oppeJer... l'appeler?
J:j;lIe se oolma, tamponna ses yeux.
- L'8Jppeler près de moi, Pierre? Mais il ne me
oonnal t Das.
:'Ilil'hunde fut épouvanté.
Marguerite avrut perdU la raison!
Elle vit l'.effro:i. du j'eune Hbmme et, s'effocça.nt
de s~ dominer afin de le l'B.SSUTer :
4 VOllS me croyez lolle ? ...Non. J'ai ~oute
ma.
roison... Je ne puis vOUJS e:x>pUquer ... J1lIa1.ntenant.
~'.r>e
ne me connalt pa.s... ne me co.tID8J1t plus..
vrei : ie ne
Mais je le connaLs ... Ah! vous di~
d()'s point retourner là-bas. Je ne peI1Ill>etwal pas
qu'on me retrouve... Je Vlai~
me ~a.er
me
cacher J... Où puis-je, oJ!l~r,
dJt~
mOl, yenQanl
quelque temps, ill?ql18;U JOur. où ]e sal1I'aI uUe le
.nom Je mon man .. nest pomt...
EUe s'arr6ta, effrlllyée de ce qu' J]'e ~J·ail
dire.
Paul, respêdu.euscmc:nt, serra ses mrum.s tremblan,tes.
:\I~dom>e,
J'ai pour vOUs le pllus profond,. l~
absolu 1 espect. La.'iSS62-moi vous dln-e que j'at
en pul'Ue deviné ce qtÙ, autoul'f de VOliS, derelt
vous fElffe tnnt souffrlI" et je dom ute convOJJJ.Ou
que vou rùtoo La p~eèI'
victime .. Pa.rdQlThn~
moi ùe vous parI
al.fiSL 1 Je vou.dr<ns vous falfe
œmpl'C:ndre que je VOUlS suis dévoué cLe tout cœwr.
N'avez-vous pas quc:Iqu''UO à qui vous cONier '1
- Non. Si 1.., Ab 1 Blle me recevra... me gardom ... Commc.ut n/y n.i,.je pas p nsé tout de suite 1
Eh 1 mOn Dieu, o'est si simple ! TrOtp shm.pI.e pour
ma paUv.le téte... Je suis ~perdu,
mO'i, je ne Slais
p!IUI .... Ob 1 voulez-vous. ,C.aire venir une voiture
bwn VIte... Je veux po.l'W ...
E.!ù.e 3e ll()vs,it d6jÀ., impn.tiente. PlauJ. dit :
- J~ vous accompagneroi.
- Non, non! Il 00 t,o.uL pM.
- AloM, n.tlendcz. Partir insi, en pleiT) jour,
snns ch.apeau, sans manteau, en robe do 9011', C{~Jn.
est irn possi.hle. Voua VOus cn irez à. la tombée du
joLlT, afln de n'Mrc poin!. rClIlflf([ué.f'. Si :VIll,; VOll),'7,
vous en con Lonl.er, di\fll3 mcs accessOires JO POl-laèd.e un.o mante nretonne, VOIlS rabl1LLrez le capuchon.
- Oui, oui, c'est parfait.
[nis, madlliIDo, vou,s ne pourvez 1'OOt€r ~n.s
eŒ'gcnt. Pour un peu de temps, p8l'meL!Jcz-!1101 de
:VOus prêLer...
,
_ ;\[Il prêter... pour un poo de LemPS: .. nCIla;S\ 1
si ce que je redoute se prod'U.lt, Margueflte de Pol.
borL aux yeux de tous, dClvra pas.<Jer pour mOM
Je r~teai
pt.:lIvre, comnH'. ln ,r}w; !J(~tlV'I
:.m'l~
dianLe. J {.ni.s l'n ~F' moment Je n III hr~()ln
cll' lll'n .
ravûis ma bOUTS S'\llr moi,. elle con~et,
t1n.~
fort
somme, t pui::! j'ai nW6 blJOU'X que Je n avrus pas
-
P!1Ul
.
enroro l'cU rl'fl.
S'~t,lÏ
apprOChée du ch Vo8Jl t
fme do Po b~l't
~ur
l'Cqnel se trouvait son porlnait commencé. NJae
6co.rla le .ri(leau 'lui
contempla.
~cs
- JIier hi
péré, ct ~1jourd'hi
l'
cachait et Longu ment se
lnrm s P; H(>rs 1'i&~(HI
·icn
l.
11C01'('1 dIt··rlle d'un tween,L dé'Sœc''est finL tout est fini 1 Ah !
La 'Petite .. Veux J'ous .,
~
j'étai-s bien malheureil.We, mais il viy,a.i.t 1 Oh 1 mo<n
p.8.'UiV1I"e, p!6!uvre Raoua. .. mon pauv.re RalÜ'ull
Vers le sok, après de pénibles ,8IlteI'lllativ'€lS de
oa:l:me et de déSelslpoir, ayant accepté de p.roruŒl'e
un peu de nourriture pol1I' complaiJre à son hote,
la baronne de F{),l bert, enveloppée die la longue
mante sambre aux pli1s lourrls qui ne La:i.ooait rien
deviner d'eJlJle, qudtta l'atel<i.eT.
Paul Mirh8.Il!de avait fait aVl8lloeT UJn0 voiture;
y monta.
- Ahlez vers Bassy, je V{)US dirai.
Le peintre, attIristé, tourmen~é
de ce mystère,
si,
oomel1I'a l{)ngtemps pensif, se (]Jema.n~t
maJlgré SI8. prom.eslS'e, la baJr'onne ne l'6t{)l1I'l1Jal.t pas
vens ~ mocj cŒlpable... et désespérément aimé.. .
rvIiaJ~uwj,te
XVIII
COMME UNE ÉPAVE
Dans la salle oommune de la «( Matelote d'anguiJtes Il quedques buveurs melllll;iell.t Wlpa,~e.
C'étaient des IDa.ruers qui, leu,r Journée fime,
S 'UClCOI'chaioot lldl mOllllellt (1e joyeux repos.
Sm le cbelI.l;in venant de l'em.blllI'cadère où leIS
bate<8tUX .accostent, UDe lemme Lentement s'ava.n..
çaH. Elle sembRailt eX'f./rême.ment lasse, presque
défa.tlll'ante.
Parioie e1l.e s'arrêtait pour reprenol'e h8ll-eine.
P.ax-Iohs l8.ussi eLle serrubffiaJit hésiter. La vu,e de l'auberge éal a ir.-ée, le bru~t
des voix lill rendirent un
peu de f{)roo et de cou.nag . Elle pressa le pus.
Un horrume pa:rut dans l'encadrement .de .110. porte.
' t un bon vi.sa.ge épanoui et tena.lt, lNçe s.ur
Il ~:v.ai
son épaule, une ser-vieLLe. C'était le prOpl'létalI'e
de la (( MaLelote )J, J'hon~te
Gr-énelet.
d'a,borc~
dl8l1s le chamin.
n regaroa. dli.sbrat~
la v.u e de. la femme tou le drOlt€ en s·oo. grr'<lJnd
mantoou à ca.puchon Jl8Ibn.LLu sur son viooge, J'attention de l'homme s'éveil.~
Il attendit, penlS'llnt
que l'inconnue aJllLait s'approcher. EIItlIC fit que'lques
pM, en effet, mais c1e nou,vell.U s'al:rêLo..
A lors Grénelet, prenant son. partI, ana. vers eUe.
Sos wl,1u.rœ ne lui pllahScnt pomt.
- Vous désirez, mac1nme?
V1e.DJt,..e-ILe rôde.l l o.u~
de l'auberge po11I' aLtcndlre 1'00 dea roona:llers ... Impossi1ble d'a dcviner il. quello cl~e
e1le IlIpPuI'Lient, si elle e.st
jeune ou vle.iJi1:e.
.
tr~s
bloocbe, aux dolgt.s de 11l,qu.eTJ8
Une ro~in
scln tiIJen.t des 01!1l111lfl.nfJ.s, l'flIbat plUIS eOCOTC la grend
c.'1.jJ'uchon. Gréuc-lel. albo.ndonn.a. sa s'I'lIppülSiLion,mai.s
n' n d.avi.m.L C]1] C p.l ns m6/'J.nut.
Gerpend'llIIlL, de P{)mbre du oopu.dl1on vient une
v{)ix llssou.rdie, tremhl an Le.
- Je voudraLS p6iI'ler à Mme Gré.n.elet.
- A ... ma femme
- Vous OLes Lambert... Je ne vous reconnOJÏJë&uis
pas.
La voix est plus 1'11Qnohe. La Lête so relèlve. PJ'6ci pitamm en t, l'auJ:>eTgklbe se découvre.
- Oh 1 mnd ...
nommez
- Ohllt 1 pour l'oUllour de Dieru, ne
pus ... Puis-je entrer ch z vous sllfllS otrc vue?
- Ah 1 pal' exemple... pM exemple 1 Ah 1 mon
me
Dieu... m .n Dieu!
Tl s'effare, le bllfive Lamoo.rt. De l'auborge, on
crie :
- Hep 1 patron ... l'addition 1
-Onyv 1. ..
EE viLe ouvrant une peULe bal'rière qui ct !lIno
d'Un~
ilU'din.et de l'n.UbI"I'bre, Gr6nclet y pousse
'1'
la fugitive.
Rnlrcz là, mlld/lJ1U, t ll.tlendez .. , Il Y a UllO
port. lT6f.oJ. va vr.ni.r VOlIS ch l'cher ...
Vi'V'elmm1L il l:eCCT.I116 l,a. bnlT.ière, JaisS8lt1t Mnr-
gueri/ie d.a.n.s le j.o.r.uin ooocw',
�I<;"<r-
La 'Petite" 'Deux
Sous
ne oe côté, une fenlê't.r~
du premiar étalge oot
Une femme un instant y a.pparalt, aLtitré.e
sa.ns doute par le bruit de la barrière ref·ermée.
TIJ1ll,e se penohe j mais elle est à oon1lre-joUir eL
Mun€- d~ Folbe.rt ne peut voitr d'ol1~
que d€ls cheveux grlS.
- Eost-oe Vions, HéJor.se ?
1 Ma:rguarite ne répond pas. il lu~
s.eml:i:le reconlIlaître œtJte v'Ü.ix. A q.l1JetlqU'Wl d'i.nvisLb,1e au f'Ünd
{de la chambr-e, la poc.oonne à oheveux gris parle
: ma.i.nMm.'&.nt d'un ton rassurant.
- tilLais non, c1it-dIe. Ne VOUIS agirez pl8JS. .. A,L( Ions, al!l'Üns ...
1 Elle se retourne et disparaît.
r !A 00 mOlment, UTIle püfl"1ie du rez~d-cha;usS'6
est
[ ~VlerL
et HéLoïse OO\lJrt à hl). nouvei1Le venue.
- Mrudame, oh 1 .rriJa.d.a.me... C'est le wn Dieu
\ qui vous en:voie ! Je rue savais cwnme.nt vous faire
d.iJ'e .. . QiUand je l'ai y;u sd mal1ade ...
Mlanguerite jette un cri.
- P !CIITe 1
.
- Pioerre ? Oh 1 non, non !'t'ts lui ! Il va bien ...
m.ême pllJJS enrhumé. Alm'1i,' vû'us ... v'üu!s ne S1a.V€'Z
donc pas .,. Comment, si v'Üus ne save'Z pas,
êb8S-VOUS venue?
- De grâce 1 fiaite&«Iloi ent.rer... Je n 'en p'1.1is
;plus!
- Foll!e que je .suis 1 Je vous tiens là... Venez,
, iV~nez
... ,en~r.z
.. . POl.lJVez-vous m.onter ?
: Mmguerit.e sa cramponne à. la rampe. Héloïse,
d'une main, Ua soutien.t, de l'autre élève une la.mpe.
Le capuchon a glissé. Dans 10. pJeinc lumière apparulL le visage défaiL de la barorme, sn chevelure
Llenche ...
- Ah 1 vos chevéux 1 gémit Héloïse. Ma pnuVl'e
madtune, oe qu'on a. fai~
de vous 1
- Mes cbeNcux... oui, il::; sonL tout blancs, j'ai
i;vu... CeLle nuit, ills ont blanoehl ...
Eilles .{laTveIl'fl.ient au pa.lier. Héloïse iniroduisü
Mrurgn nie dlllllS une chamlJre propremeut meublée
d'acaj ou et Oe rops à Geurs. SUL' le lit, enfermé
dans ses rideaux, un édredon gunflait. Des vases
de porcelaine S'IlII' la cheminée soulenruenL des fleUl\'l
en papier.
- Not.rc rplll.9 belle cl1ambre 1 annonça, non
sans fierté, Mme Grénelet.
.011e approcha ll'Il î.aluleuiil où Ma.rguerite se laissa
torrubcr.
- Eille n'en peul .plu.s ... mon Dieu 1 Elle se trouve
mal...
En erret, brisée par trop d'émotions, ha.r~ée
de
fatigue, le. bal'Ollifie de Folbert d6faj]] ait.
ll?lloïse pose sa lampe, l.l"(lverse l'éiro~
palie.I\
rrn.ppe à une porte.
- E'nt.rez 1 l'Qpond 10. voix que tout il. l'heure MurgueriLc a cru reconIlJll.Ure.
La chambre où pénèire HélOïse est moins vaste
que 1'l1uLre, eL les meub~s
en sont moins briUanLs i
m.a..i6 olle prend jour sur le jal·dinei. C'est pourquoi eilile ~ été choisie :p<;>W' l'Mte qu'elle abrite en
ce moment. C'est UiJ). Vleillard à longue bar~
blanr
ohe, dont le regrurd, empreint d'une stupeur efSII1IlB cesse autour de lui . Il est oouché.
!.rayée, ~e
Une frmme se tient (}rès du lit; elle se retoume
}'ers lléloIse.
- Ah ! madame, dit celle-ci, venez vite... C'e-si
un.e cha!Dœ crue vOthS soyez rei:! Lée ce soir 1 Venez ...
1 il y a là quelqu'un de. malaùe.
1 - Qu ir4~I.Ul
... m~l1s.
.
.
.
. Ehle h651ta. HéJ.olse, qUl, SUlt pou rqu.OI , fnit un
L, 1o11t bas\ poUt' n être point onLendue du
-,jgn
VieiHard, elle diL un nom.
}. .l:!:t Sonia Orbihoff [l'émit. Mme de Folbert à l'au-~
~
ta. Il MI8A.eIoLe J. .. Il .ELle s~t
donlO" .
,..... Je croyldil:! qp'eUe aV8.1t appns, poursu:L lIét 101se Em désign611t du geste le malade i m8.l$ elle
1 n'a pas l'air de savru.. .
,..... Ailors, comment es1rol1e ici ?
_ Pout-ôtre... commence Bélolso.
~aitrée.
87
U
FopXlr~
~
Mais eJ.Le s'rurrête : le secret de la baronne de
ne lui appartient pas. Même à Mme Sonia
qUl salt tant de chos,es, qui po.raH connaUre tant
de ~ourex
m~Atèl'es
, ~léoïse
ne se croit pas le
droIt d apprendre pourquOI, ou plutôt pour qui elle
suppose que MargueriLe est accourue ce soir.
- La chambre en f·a ce ... allez, il y Il de lu lumière. Moi je reste l'l-v.ec lui.
Lorsque Murguerüe reprit conscience d'elle-même
elle se vit couchée dans le liL dont la doctoressè
avait relevé les ridea.ux, rejeté l'édredon .
. Elle fiL un effort1 se sou.vint et fondit en lru-mes.
A10rs Sonia se pencha vers elle, la contraignanL
à respirer de l'éther.
- Qui êtes-vous? dit Wlu t à coup Mia.rguell'iLe.
,..... Une amie.
t - Je vous connilis ...
m'o.vez-vothS re.ncontrée déjà?
- Pe~L-êir
- Mms ... vous aussi, vous me connaissez ... Vous
aVez dit mon ILom tout à l'heure ... Alors, c'est fini. ..
Je suis perdue!
- Calmez-vous. .. Je sais votre nom, en effet i
mais s>i VOUiS désirez le cacher, je ne le prononcerai l,}lus . A personne je ne révélerai voire pré~nce
Lei ..• Vous pouvez avoir confiance. Regal'dezmoi : vous verrez· dl/1lls mes yeux que je ne sais
pas menLir.
Marguerite se sO'Ulève. Son regard, ardemment,
iln tenoge le visage émacié de la docioresse et elle
se souvien t.. .
- Madame Orbihoff... Madame Sonia 1. .. Vous .. .
vous... Oh ! je me rappeEe... la peLit.(' Deux Sous .. .
Vous Clt.es partie... Pourquoi? Peut-C:lre saviezvous le mystère de la v1e d e Raou.!... Le mysll.!re
que j<l n'ai jamais conJ1U et dont il est mort.. .
- lIlort 1... lI1. de Folbert esi mort!
AnCI'ée dans son erreur, Marguel'ile poursuit
- Mari la nuit passée ... Tué ... nssaooiné 1
- Lui 1
...... Par Beppo ...
- Lui! redit la docwresse.
Muj,s de quel ton d'horreur, d'oeffrroi.
- EnsuHe, reprend Marguerite, Beppo s'est tué.
- Lui! :redit encore la doclo.resse.
lEt tous les dégoûLSI, 100 remords, les désespoirs
soufferts durent un instant revivent et la submerge~L.
Elle s'appu,ie au.lit de M&I'guer~L
pOW' no
pomt tomber. EUe revoit l'étudianL aux yeux irÜc.!Œigents el e.nsoroeJ,eurs. Puis le chnuf.li n,r aux yeux
de rnellSonge.. . E<t en eUe soudain so tait un-e
grande paix. EllIe a conscience que ~Ülut
est· firui.,
ef1\a"cé ...
Beppe est mOO"t 1
Ma.rguerite s'esL remise à parler. Secouée pur la.
fillvre, eJle ne peut pJoo b!W' l'a[[reux récit. Elle
diL la descente de police, la ruée dos agents .
sauvée. On m'a en Lral née , on m'a
- Je me sui~
gardée Lout le JOur, cachée. Ce soir, je suis poartie.
PeI'Son.ne, peI\SoI'lne ne me reLrouvera 1 Il ne rau~
pM !... Je ne rcprendrali. mon nom que si ln mé·
moire ùe Raoul éOhu,ppe au dbhonneur ... AloN,
je reprendl ai mon Dom ci je reprendrai mon fils ...
- Pierre 1...
- Vou VOIlS souvenez de lUi. 1... Vous êtes
bonne 1
- Où donc ~'WJ.
?
- Où .. . VOUS ne le savez pliS 1... Non, vous 110
.pouvez savoir. ,Je Vfl.i.s VOltS ai,re ...
- Non, n'ajouL z riC'n maintel anl. Crulmezvous ... 11 faut prell<1re quelque chose. llNoll:ie va
;VOUS apporLcI' un pC'u de buuillon... Et puis vous
dormir z... Il faut dormir .
Tandi'l que Sonia. Orbihof! proùigualt ses soins
Il Mme de FolbcrL, Yvette, d<Ulls le peUL logement
~
Bal.i~oUes,
s'inqui6t6it.
A midi elle a vu revcrùr Lancrot seul. Le ~r HI·
chot Il bdèvomenl expliqué que le malaùe dont S(IDia. s'est chargée étlllll pl
fiouffrnnL, lu ùoclort' ....
ne le quittera point de la. journée.
�~
88==================================
Vainement la jeune fii1le tente d'obtenir des explications.
- Vous savez CIe que vous a dit Mme Sonià 'l
C'est un homme très maJlheureux qui vient de fort
.
loin ... il ne veut pas être nommé.
Et le jour passe, doublement mélancolique et très
lent pour . Yvette qui ne peu t aller retrouver son
g;rand arru.
Le soir vient.. . La nl\lJÏt se fait. Lancrot a dit :
(( Si Mme Sonia n'est pas de retour à sept heures,
c'est qu'elle ne reviendra que demain.
Yvette ne dormit guère oette nuit-là.
Lorsqu'elle fut levée le lendemain, Yvette alla
frapper chez Lancrot ; elle trouva la chambre vide.
(( TI est allé cheTcher Sonia )), ,pensa la jeune fiUe.
Elle s'activa à préparer leur petit logement, pour
fêter le r etour de son amie. Ce matin-là non plus
elle ne se rendit point à l'atelier. A mddi, Lancrot
repBJI'1llt seul. Alan" tout à fait maLheU!îeoo'6, Yvette
rul~
retrouver P auil Mirhfllnde.
Elle lui dit l'absence de Soni·a.
- De tous cotés, conclut-eJle, je me heurte à d'es
mystères : c'est très pén'ible.
- Voilà une méohante petite phrase qui contient à mon adresse 00 reproche immérité. Trouvez-vous mauvais, Princesse, que, même vis-à-vis
de vous, je respecte un secret qui n'est pas le mien?
- Pardonez~i!
C'est vr-ai, je suis injuste...
C'est que j'ai du chagrin.
- Le travail va vous diJstrai:re.. . Le travail et le
modèle. J'ai intimé à M1le FHi, par un petit bleu,
l'ordre de veILiT tout à l'heure. Je prétends achever
ma baigneuse, et cette effrontée jeune peI'sonne .p robablement pour me remwcie;r de lui a voir
avancé le monLant de plusieurs séances de pose ne reparatt plus.
- Chut 1 monsieur mon ami. .. J'en tends son trè8
spécial trottinement.. . EcouLez, on sonni'l,
- Entrez! oria le peinLre.
.c'était bien Sophie.
Seulement, 0 surpr.ise 1 el1e ne 'pOiI'tait plus ses
c!heveux collés en rouflaquettes, rnuis relevés en
bouffa n Ls presque réguliers.
- Ma chère{ déclara. le peintre, tu as l'air pres·
que disbingué
Néglirrennt la réticence... de l'adverbe, Fin parut
flattée. <'E lle s'excusa poliment d'av il' Lardé à re·
parattre. j~le
allait poser mainteooUnt tant qu'on
voudrait.
- Alors, v:ite 1
Elle tenait un journal qu'évidemment elle avait
(1t) lire en rouLe. BUe le jeta sur le divan et pa.soo
deI'ri6re le pa,r avent.
Machinalement, Yvdte p'ri.t le journal.
Elle dit au modble invisi.ble :
- Mademoiselle Fin lit 10 feuilleton 1
- OUli, pour sOr, mais pas (lllljourd'hul. Aujourd'hUI, j'ai lu l'aff<atre ... à la première p1lige ... Vous
voyC7. ... en grosses leUres ... Il ost d'hier, le journal.
Pu'ul Mirhande préparait sa p.8IleLte et n'écoutait
pas. Yvette lut il haute voix : " Le drnme de l'hOtet
Folliert)l. ElLIe s'arr6t.a, SUrroqll<ée.
- Monsieur Mirhande ... le drame d-e l'hôtel Fol.
oort 1 Vous entendez ... Folbe'l't !
"- Allons, bon 1 murmul18. le peintre.
Comme il ne répondait rien, YvetLe s'étonna
- Vous n'entendez pas 1... Fdltertl
- Ll s'agit d'autres FoIDert, sans doute ...
- Ecoutez:
cc Depuis longtemps. la polioe surveillait ce qui
Be passait chez un cerlain ba:ron de Folbert dont
['bOtel sc trouve voisin du Parc MOnoeil<U. On y
jouai l groo jeu et la polioe s 'en douliait. Mais l'a.pparente respectabilité de la b8lT'0nnc, les dehol's
correcLs du baron, longtemps prolég6rent ces chevaliers d'industrie, CX' 9 c crocs de haute volée ... Il
Yvette interrompit sn lecture :
- Oh ! la bUŒ'onne." Non. noll. c'est impossibJe ,
La 'Petite .. Veux Sous ,.
~
Cette femme a un si beau, si doux visage 1 Elle ne
pouvait m-entir... C'est une calomnie!...
- En oe qui la regarde, oUti, dit le pednt-re. Ecoutez-moi, Yvette. Après tout, je ne sais pourquoi
j'ai feint d'ignorer ces tr1sLes choses. Je les ai lues
comme tout le mon.de. En deux mots, sans les
phrases ronflantes d'un reporter en quête de copie,
voici la vértité : Toute une bande de gtI'ecs se réunissû'jent chez le baron de Folbert et, de compilicité
avec lui, on dépouillait proprement au jeu les naïfs
que, bantOt J'un tantOt ralltre, des affiliés aLtiruient
dans ce coupe-boursCtS. La baronne s'en doutaitelle ... Est-ce de là que ven'ait s'a prOfOnGB tl'[steSlse 1... A'vant-hter SOiT, sur J.a plainte d"Uine victime moins patiente que les autres, une descente
a été opérée. Le baron s'est sauvé dans son bureau
avec un d-e ses complice.s et - qu~
s'eSlt-i,l 'paJs,s é ils ont dt) se quereller... On a entenGu deux coups
de feu. Le baron, après avoir tlué son adversaire
s'est logé une ba:lle dans la tête:
- Mais c'est horr.iil:Jtle ... c 'est effroyable !... Oh!
la pau,v1"e f-emme 1. .. Es,l-ce qu'on l'a arrêtée aussi?
Ce serai t par .trop injuste 1
- Non, la baronne a d..i:s:paru et la polioe n'a pas
trou.vé sa trace, peut-être ne l'a-t4ù.e pas cherolJ6e.
- Oh 1 est-ce vrai?
- On le diL et je m'en suis réjoui ... Pauvre créature 1
- L'aV>lffit-clernière nndt... fitipellsivement Yvette.
Ses yeux demeurajen t fixés sur le peintre. Elle'
lui vit l'air contraÏ'nt.
Elle réfléchit encore un instant; puis, s'u'PProchant de lui, trè8 ~rave
et (out de même un peu
triomphante, eUe dit, appuyan t su r les mots :
- L'autre nuit... L'autre nuit... Monsieur mon
ami, je comp'rends, ..
Il jeta une brosse au bout de l'a\Jelier e t g;ronda
- Au dJable, Jes femmes!
- Oh ! monsieUü mon ami ...
- Pardon, Princesse .
- Je vou s pardonne. P.a,r donnez-moi à votre
tour... El ne regrettez rien .... NOR, rwn ,1 C'est
comme si je n'avais pas compns.
Elle a pa.rlé très bas. Occu pé à prendtI'e sa pose,
l e modèle n'a pas da en Lendr·c. Mais f'ifi est pleine
de son sujet. ELLe recommeooe son bovrurdJage,
1
- Y s'en passe de drôles, ruIlez, par re mona{)~
Un baron 1 Qui a'Ul"lüt jrumfllbs cru?. . Y vaut gu6re
mieux que l'autre baTon ...
- Quel ailUre 1 d'emantIoa le peintre.
- Mam'zel1o Yvette me comprend.
- Moi '!
- Den sOr 1 Puisque la dame m6decin il. qui cfue
Rolphe a tout rn.con l-é est votre amie, a VOllS a
ben dit ... Non 'l Oh.! ben, zut, rai cor ou ln l~,ngue
trop longue... Pis, j'bava rde, ) bava./·de ... et J ~lens
pas la pose ... M'si eur MLrh~dc
Vtll., me gr~n<le.
- Certainement 1 fit le pemtl'e d une VOLX rude,
vous nou s assourdisse\'. uvec vos sornettes.
JI voyait s'Iltllumer dn.ns les yeux d'Yvette une
curiosité inquiète.
Les a,Uures de Soni'a dev~aint,
ele,puLs qu e~ que
temps, si étrn.nges que la Jeune fille devait être
prompte il. se tourmenter, à &llisir le moindre mot,
A le oreuser, il le re tourner.
Pauvre cbère peLite Princesse f Qu'il serail bon
de J'enlever il lou s ces drr.rrnes soupçonnés... de
L'emf}orter bien loin cl de IUii faire tQIU t oru.bljffi'
dans U1lle we nouv.elLJe... une vie d'aTTlO'Ur 1
(( Aussi bien, so dit le peinLl'e, je finirai par en
rurriver là, envol' et con.tre tout f... Je l'lltime ... Jo
faim<o de toute mon Ame l...
De bonne heUTe, Yvel!{) quitta l'ateMer.
Elle n'osait pas quoot.ionner le mod61e et, irritée
il 10. penséo que celle Otltc éla.IL au courant ù"une
el1~
ne
partie. de ce. mystbre qui u,b sorbait ~onia,
pOllVfl1t se dl!:lLraire de sa proOCOlllplt.LlOt,J, travatllo.lit
m~l.
EUe prlt hâtivement congé du pemtrl" ct partit.
'
�~
La Petite ., V eux .sous"
================ =====
Alo.rs, ju.geant que son amour pour Yvette l ui
donne des droiLs sur un sooreL qui peut la toucher,
il entrepren<l de foire parler son modèle. Mais Sophie s'ost bu.t ée. A toules les quest.i.ons du peintre,
elle l'épond vaguem erut :
- j'd,ois j'sais rien ... Non, vrai, c'est des histoires
comme ceHes que RO'lpbe roconLe... II en a dit
comme ça des Las d'vant la dC1me qu'est venu,e chez
!lOUiS .. . pour rien, pOUl' causer ... J 'd oi·s t'y venÎJr denain?
- Deunaln ... non . L€ peLit GI~énelt
vient pour sa
eçon et j'ai idée de me servir de lui pour une
eLu cie.
Fi-fi desoendait de sa table. EUe s'arrêt·a.
- Gréne ... quoi? Que vous avez dil?
- GréneJ/et. Tu connais qu elq u'un die ce nom?
- ' J'te cro1s.. . Pardon 1 J 'vous crois... Q'uand
j'd·is que j'connais ... C'est de nom seulement. Une.
tJ.ul;>e'~
qu'y lient, mon GI'énelet, à moi.
- to;h ! bien, c'est son fils, si ça t'in Lér-es.se.
- Son ...
Fiû faiJ.iit laisser choin' sa d,rape,rie.
- En quo,i celLe pu,renlé du patron de la (( Matelote )) et de l'élève de tllule Yvette te su'rp.rend.-elle ?
Sophie se mordit les lèvres; d'un. bond elle se
réfugia derrière son paravent. En deux minutes elle
fut revClue, et quitta l'atelier sans avoÎlr voulu prot:J.O.Thoor un mot de plUJS.
XIX
UN COIN DU VOILE
- EnfIn 1
Celle nuit encore SOIllia est restée là-bas.
Blie revient au matin, bricsée cl tourmentée de
l'inqui étude où doit êlre Yvette.
Da.ns l'exclramaLion dont la. jeune nUe accueille
la doclorœse il Y a du )'c-proche auLant que de la
joie, c-L la voici qui se mc-t à p.Jeurer.
- Oh 1 YveLLc ... ma. chérie ...
- Non, vous ne m'.aim.ez pus! Vous n'avez pas
confiance en moL. Vous. me lrarilez comme une
peUte [vIle sans raison ou comme une élrun.gère
dont on se méDe ...
Elle s'a.bat dans 1,?s br8JS que lui tend sa grande
amie, se laisse ber'!€'1', ' comme un baby ct finit par
s'apaiser, pal' sour.l1t'e à travers ses lo.l'mes.
Sonia osL 1'6sO'Iue à se confier à Yvette. Que peutelle Cl'ifllindre à pl'ésent 1
Ceux donL la jeune me a'Uro.it ou to.nt à redouter,
parce qu'Hs avaient tout à redout.c.r d'ello, ne sont
'P'lU!s. En dehors du baTon CIL de B{)J[>po, nul santS
(loute ne pourrait élabLir l' idClllLiLé d'Yv·clLe et de ]os.
petite Deux Sous. Peroonne n'est p1rus là pOl1l' di.re à
qoolne besogne de sung fUTent employées les moins
innocentes et, remonGant vers un drame plus ancien, pour rupprendire à Yvelte qu'elle vit une nuit
so, mère agoniser sous le couLoou d.'l\1n asSla.s.siIll
e t que cet assassjJ,l étrut son père 1
Alors, à quoi !lon affliger la jeune flUe en lui
taJisant enoore 00 qu'elle ne saurait touj01U1S
ignarer?
- C'est méchant, dU Yvette de se cacher de
moi... J'ai peur...
'
- Assieds-toi près de mol... DOMe tes mains...
E11œ SOilit brQJ.a.nl.es. Tu n'as pas dormi?
- Til'ès mal. Je ne suis jamais tranquille toute
seuJ>e ... E st-il guéri, cc malnde dont je dois tout
Jgnorer ?.. Reprurtez-volllS ce eOÎlr?
- Non.. Demaitn seuJement ; si l'on avait besoin de
moi, Lan crot , qui est retourné là-bas po1Jr pr.end~
ma p1ace, v·i.endra m~
chercher... EoouLe-mOl,
Yvett.o, co que j'ai à te diTe est t.rès grave. QertaillIS dét.e.il s encore <loivoent restGr caché.':!. C<lnr
l.(l[lt.e-toi do ce que je puis te dire et s<luvien.s-tol
CJIu'une indiscr6lion cOlJ'l1;IJÛ5e me pe-r<lrcll.
- Oh 1 SoniA 1
89
~
- Autrefois, il y a b j,en l.ong~emps
, poursuivit
la doctore.sse, un crime fut CUUlJuis, un crime affreux 1 Un pauvre homme act.:usé de Io1iJe, a été
interné aydn.l toute sa ra.ison. Le rn.alheu.reux
vienl d 'échapper à son mar tyre . Il s'es·!. J~iugé
ch,oo la mère de ton petit élève, HéJoYse Grénelet.
C'est là que j.e vais le voir.
- Comment. ..
- Chut! Ne m'interromps p&'3 . Il ne fa,ut pa.s
qu'on se doute de La présence de ce poovre homme
chez Les Gréndet. Il y arrwa une D'lüt. Personne
d'autre que moi et les Grenele t c 'est admis auprès
de ·lui. Comme il est i.mjJo:>sible, cependoot, de
cacher son existence, HéJol::;e r.u.C'onte à qui, veut
l'e.ntendrre qU'El c'est uu' de ses parents maila.d!e.
- Rien de tout cela n'est bi.cn Lr.ag.ique.
- Tu trouves ?
- Mais oui, puisqu'il ost mainlenant en liber~é,
ce monsieur 1
.
- On pourrait le repren-dre... Bioen que. .. maintenant.. . D'aillC'Urs, qu·esl-t.:e qni pourra jamais
ef[.a/cer les so'uJlrances qu'il fi endurées 1
- Vous me défendez de vous interroger ... Laissez-moi pourtanl vous demander une chose: RodOilphe esl-il mêlé à ceoi '1 .• •.
- Pourquoi oette question?
- Une idée ql1i me vi ent... parce que hier, Sophie a paTté de VOOJs et d'um 1>&:1'on ...
Sonia S'épo.uvanle. Qu.e-lle dangereuse auxiliaire
que cette fille étourdie 1
La doclo.resse ne cherch.e point à nJ.er.
- Rolphe a connu mon mala.de ...
- A,lol"s, c'est lui qui vous l'a. fait oonnallre et
vous a priée de le so ign er ... ~onia
chérie, (lites~
moi encore ccci : pourquoi l'avaiL-on enfermé?
- Non, non ... cela n'est point mon secret.
- La même défaite que lui 1
- Lui ... CfUÏ?
- Mon.sieur Mirhande. Par exmpl~,
son secret,
je l'ai percé à jour. Mai·s je ne vous en dtral rien,
j'ai promùs.
Et redevenue joyeus.e, Yv.ette embrMsa follemen t la doctoress'e.
CeIJe-cj avait un visage plus triste que jama.is.
Le deuil de sa v.Île Luj 6cro.saiL le CŒur.
A l'llJuberge des Gr6nclct, dans (1 la plus beJle
chambre )), Margueri,te de Folbert repose. Après
une nuit sans sommeil vers I.e matin elle s'est
assoupie; et la bonne IIétlotse, si elle 00 craigœit
d'évciUer les curiosités, fc.rmernil aujourd'hui· 1'00berge, afin d' évi ter il . ses malades 1e tapage que
mènont les ordinaires clioenLs.
Mais la doctoresse a donné il la baronne un calmant puissant, et le somrn-eitl de la pauvre f-emme
résiste 8Jll br\}ü dos voix qui montent du rez-doeoha:ussée. El1e n ' en1tend pas non plus le.s san
glots bruyants, la voix rageuse de M. Jean Gréœlot qui, en e nfant glUé, se m.che tout rouge po..rce
que s~
mère vient de décider qu'il n'ira. pas aujour,d'h ni chez M. Mirhande.
- Mai,s tu m'fuS laÎlSs6 lu:! écrire que je suL!
gUéJ1Ï et ~e
j'irai aujourd'hui.
- J.e n avais pas réfiéehi.
- Réflécbi il quoi 1... Je veux y a.ller 1
- Mon Dleu, tais-toi, elle 'la. t'eJi.tenMe.
- Qui?
- Une odBJffie, arrivée Mer soir... Tu vooals de te
coucher.
1.0. curiosité dIstrait Joan de son chagrin.
- On fiJTive toujolll'S ÎlCi la. nuit, main.tenant.
- PO\lrquoi dis-Lu ça?
- Eh 1 ben, le cousi'll aoos i est arrivé la nuit...
- Tu te couches de bonne heure.
- Oh 1 lui, c'est pas de bonne hrUI1e qu'il esti
Il.I'rivé. J'ai été révei,lIé pOl' la voiture cL j'ai en.tendu
Les pas dans l'~caier.
Il m.ar·chalt d'un lourd ...
On a.urait dit qu'on Le porl<l:H, le coœln.
- C'élAi.t -sa m.aj,J~
qu'on port.a.it.
�La Petite •. 'Deux Sous ..
~90=
- Oui, tu me 1'&3 dit. A ce momenWà l'horlog.e
de la salie a soIlI1é quatre coups.
- Tu as mal oompté, tu 'dormais à mottié.
- Et ma.iJnt.enant il y a une autre personne là-
t.al1t?
- Oui.
- Elle dnrt encore ... EUe est ma.l.a.de aussi, peutêtre? Ça va devenir un hôpital, chez nous !
- Oui, elle est un peu souffrante: .. fatiguée de
son voyage. Alors, tu comprends, je vais ~tre
obligée de m'occuper d'elle. C'est pour ça qu.·e je te
demande de rester. Tu es assez grand pour aider
,ton père ,I?endant que je sena.i. en haut.
- Si c est pour ça... murmura le ~ti
Jea,n dont
la mauvaise humewr n'est jamais bIen tenace.
Mais poodant La. semaine, il n'y a pas fou1e à
i'auberge toute la journée. Le travail tient éloignés
les clients, dont quelques-uns seulement reviennent
tl.UX heures des repas.
Après s'êLre appliqué de son mi6U!X à seconder
son père, le gamin peut aooez viLe s'éva.der. Il
monLe à pas de loup J'escaLiler eL, sur le pali€r
du premier étage, s'arrête, l'oreille au guet.
Dans la. chambre du cousin on parlait. Une voix
d'homme répondait il Héloïse. PeUl Je8JIl la recoo'rultt, cetLe voix: c'est celle du ManchoL qui, un
dimanche, est venu il la (( Matelote n, ronené par
lM. Mirhand-e el Mlle Yvette. Et ce n'a pas ét.é une
mince surllr:iJse pour Jean que de voir le Mancbot
repn.rattre le lendemain de l'ariV~C
du cousin et
.re\'enir ensuüe, chaque jour. Il pa.ratt qu'Us se
connaiss-ent depuis longtemps, le cousin et lul.
drôle d'apprendre comme ça
C esL toul de m~o
bru. l}uement qu'on a un parent dont personne jllmai. n'avait parlé.
- C'esl,-v <lu'on étail brouillé, a. dama.ndé le gamin?
•
- Qu-clqne cho!'oC comme ça... et puis, il voya.geait.
Il voyageait 1 Le mot fait rêver Jean. Comme
oe serait amusant d'entendre raconte.r au cons-in
scs uvcnLuros 1
Lorsque le CO\lsin sera guéri on lui demande ra
des histoires. D'lOi là, défenoo de pénétrer duns
sa. charnl)'(~
1
- Çe ne sefa pas gai, la. maison, songe mélancoliquement le petit.
EL il l'esLe là, sur son paJ.ier, ntre les dEm.X por-
te closes, ne s.achant trop que fnire de
hl-rn~JC.
Mrus voicj qu'il s'imngint' entendre remuer dllll.'l lu.
clwlnbr.e où loge ln voyu.g use. Cotte dame app Il
poul-NI ... f.: besoin ct socours ...
1( Si mnmlln
vCllait, sc dit Jean, je la pr6vi n-
drai . clic ntrerait. Il
klÎ' non 1 llblo!!' cm e toujours a \ c la MlllLCIIOL.•I
ne peut en!lcmtre cc qu'clle rut. li n'()::;6
l' (l.PI 1 1'. •. COllllTl nt faire ?
.1 'an
L <le caractère r6so'lu.. Il se décide à frapper r hez l'étrnq~e.
PCI' MM nl' répond.
d'avoir n(,ppendant, 10 gamin &0 croit cert(~il
tendu du bruit tout il. l'h~1T
.
hl si cIl é.Lait plu nl1~.I:(Ù)
... ou mOJ te.
1\ crotLe pensoo un grando cud ilé combattuo
par un viol nt effroi ngito le relit Gr6noel 1. La ('lltiosllé l' mporLc. [)nle~r.,
t.r~
dQu.cemont, il
enLr' ou vrQ ln porlê ct regarde.
Ce visage pAle !l1lX yeux clos l'eposant sur 1'0reiller ~m(.\uL
l'enfa.nt.
Qu' IJe a J'n.k mJ.tI:a.de, la !,r.l.uvre drune 1 AllClm
Mp[l){)(!h(>JJ1ent ne peut se fair
flans l'e 'prLt
du petit garçon P.D'Lr cette fomm dont 1 s cheVi lIX .'ont répandus en M ordr.! et ln h.olle ma.d~e
aux ch veux brunR qni, en .grand to16~J
CŒrrOO
d'lin 1. u cha
li, flut f li . son POlI\,Hl.1l il. M.
MirhI1D
(I~.
D'ailleu.r.9, il n'avait guoI"e 006 ln l'\)gare! r.
. '
Le VI'uit 00 l'lI.11bol· r, n'a ru t.r~
" ~arglOt
te
de Sil. 1 rrellr, La pré mc , GcpentJanl. ~1 1 ILCICUS1.,
de J-(',an Gr{mel t agit sur le.,. la l'Vlurne.
~
Elle ocuvr-e les ye.u:x. Soo regard est indécis d'aboro, p'l1is angoissé... EHe se redToose.
- Madame, dit renIant d'une voix tremblante,
maman va voojr tout de suite, je va.ilS la chercher.
L'.angoisse s'efface dans les yeux de Margueriie.
E11e sourit... et murmure dou.cement :
- Mon petit ... oh 1 mon beau petit ...
JC8IIl se l'8JSSoUre. Il s'r6Jpproebe du lit, sOU!I'iant
aussi, et s'inf,o.rme a'Vec po1i.Lesse :
- Vous a:I!.Iez mieux, madame? Maman a dit que
vous étiez malade ...
- Mamoo... tfl maana.n, ah 1 oui ... J'e rue te fai.s
pas peUT?
- Pourquoi me feriez-vous 1lBU!I' ? ..
Elle l'eLo:rnJ)e Sour l'or-ei.1ler, plus blême, plus défatte.
- Vous n'avez paIS l'arlT d'aùler très bien, madame; voulez-vous que j'aille cbercher maman?
SeUlement, je ne sais comment (aire, parce qu'elle
oot &ans la chambre du cousin., et l'on me défend
d'y entrel' ... Un cousin que je ne connais p<iJs et
qui est vteu.x .. . je sais, je l'ai demanJdé à maman.
11 est n.rrivé une nuit... comme vous, il y a ... pas
bien longtemps. D€!pU1is, il ne sort pa.s de sa chambre. Hier, il a éLé J)1'l1S malade; c'ost une dame
médecin qui le soigne, asve.c un vieu x qui a un bros
de moins, un ami de Mlle Yvette... Ellie me donne
des leçoIlB de dessin chez M. Mirhancle... Mais
v.ous ne connaissez pas ...
Maœguerite est sur le point de rectifier, de cUre
qu'elle a vu Mlle Yv.etteà l'atelier .
Elle se ravise. Jean ne semble pas la recon..
naUre, cel vaut mieux.
Lu baronne de FoJ:ber.t si elle doit disparo1tre di.spllJI'alLra, même pour J'enfant.
Est-ce que vraimen~
elle pourro rompre avec le
· l~e
?
p . 6, se refaire une vtie nouve
Elle évoque la scène de l'avant-vellle ... les cou.ps
'de !Jeu, le meur\.re, et jcL\.c un long cri d ·horreur.
A ce cri, HéloIse accoUTt.
Jean se sauve sarn.s demander son reste,
L'heure où Jean Gl'énelet aTl'Lvnlit d'ol1ài:naire à,
l'atelier étant depuis long Lemps sonnée et l'enfant
no po.rad.ssant palOt, non plUS qu'Yvctbe, PaUl Mil'hande ,réso1ut de mettre à, ex6cultion le projet que,
sur les vagu
propos de Sophie, il a conçu.
Com~t
Fin a-t-elle e.n~du
p<l!rlcr des Gr6n let'1 Ces gens ne sonL-iJls pas môlés 8JU mystère
dans lequel s'enferme Sonia ,
Ce mystère, le peinlJ-e est décidé à ol'oola.iJrcir du
m ins en ce qui p ut menacer ou simplemcfi't toucher sa petite amie.
Puisqne Yvette ne paraIL pas c'es1 que Soni
st
de relour chez elle. Hruison de plus pour Mirhande
de c ren.d.re à l'auberge do la (( Ma.Lelot.e li .
Si la jCUIne m.le vient à. l'atelier ~ l'ab nec du
peinbr , l nt pis 1 Elle 'S'llppO!lera qu'une arroa.ire u,r gent.e 0. obligé Paul Mîrhande à sorür sans l'avohl'
prév nue.
L'nrli Rle arriva à l'auberge des Grénelet juste il.
point pour commu.nde,1' son d6j 'uner. 1l1'aV1tl.it aLnsi
(!\Icul~
alln de donner plus ~e natu.rel à sa venue.
n ne t rouvl1 dons ln salle flot Grondel.. ni IIéJoIse.
Le pnti t J can, d '·UIl air ab!lo,rbé) s 'œt\vaiL à. dresser lOtI cou crts. Il euL un VI'al on d~ jOJ(~
cn voyant
entrer II} pcint.r~
.
- Ah 1 JTon:;.tcu~
M.trhande 1 Je pcn.sais bien,
moi, lJ11C vong RCflez éLonné de 00 pas me vou'
arri v
l' GO
Ina Lin 1
- Eh) ou}, mon petiL homme, étonn6 ei m~e
un peu rnquJcL. J me demandais ai Lu n'av.a.is pas
cu l.me reohu~
el sui'} venu prendre cl.6 to.'1 nou"
veUes.
- Oh 1 qn vous êt.es bon monsieur! Corn.ne
vous V 0'l'Cz , j n
uÏl<l J)llfI m~l.fd
'. Mo.k·· il Y NI Il
cl u. (JUI le son~,
d'in. ln maison, ~t.c'esi
pour oela
~\le
Jnllman 0. refU!3é de me lat:;,er 8I1ler... .Jo
lollide il. sel'viT.
~
Q\lJ. donc est mal-ade '1
�La 'Petite " Veux Sous .,
~
==================
- Un de no's COlliSms que joe n'ai jatrnai's vu et
une dame qui est arrivée la nuit detrnière. Je ne
la COn'I18:1s pas non plus. .. EL1e esi pMe... pllle. ..
Ça fait peux.
- D'où vieDit-elle ?
- Je n'en sats rien, d'un voyage proha.blelllent.
J'ai 'vU dans sa: chamilTe un granel, grand manteau oomme un man:te.au de religieuse, avec un
capUJOhon.
.
.
Mirhande devenait très attentiI. Il demanda,
cherchant à pruraUre i:nodifférent
- Tu as v'u ceLte dame ...
- Oui, ce matin.
- Ah 1 fit le peintre, déçu .
Un soupçon, que rien d'aiJJeul's n'autorisait, lui
a tTaw)I'oo l'es.prit, tanclis que le g8JIIlin parlait dru
manLe.au à cap.uchon. Mai·s iil y a beau coup de
' manteanx seIIhbilabJ,es, et la pensée ne vient pas au
. peÏiIli.r'e CJlUe Jeaill a pu volÏJr la baronno de Folbert,
renco'nlbrbe par 11lli dans l"atelier, sanlS ~a recon·
, !!llalJl.re. J eau repI'en.d :
- Devinez qui soigne notre cousd.n., qui le connaU ?... Le vieux av-ec un bras de moins que vous
avez ame-né un jour déjeunJer ici 1... C'est drôle
hein ? Et au lieu d'un méJdecilin, c'est une dame:
•une doctoresse ... N',est-ce p8JS q'ue c'est drÔle 1 Moi,
j'a'u rais pas confiance... Ah 1 voici papa qui revient de la cav~
... Papa, .rego'I'de qui est là 1...
- Monsieur Mirha,nde !
Très vhs.ibleme.n.t, le brave Grénelet doit faire
er~Qft
poUT ,aocueiilHir j.oy IIsrmen.L le peintre. Palù
Mrrhand'e na p8JS besmn {j(' cnn,c;tater la conLrainl e
de l'aubergiste pour s'aftil1t1('1 !fll'il a bien fait de
veni.r, qu'il touche au mol {jp ]'{'rllgme.
Jeam s'était esquivé pour allt!1' prévenir 00 mèr .
Ce,Llo-ci arriÙva, essuywlll ses muin's à son tablier. BIle !&i.sai.t me.iJ.leure contenance que SOJl
mari.
Ne sUlpposnnt ,p as que le peintre pût avoir des
soupçous, Héloise jugea qu,!, lp meill lour moyen
d'{liViLcr qu'il en eût étail de pn.ra.1Lre enrchnnlée' Je
sa présenœ. Elac le l'emercin doJ1JC éperdumen,t de
, s'être dé'Ian~
à ca:use de SOI1 gnlop·jn de fil s.
Mais en parlant de Jean, T1~lose
senlit s'évu,.
nou.ilr sa.: balle assu.rance : n'all ni t-il pas, le bavard,
I.rouver le moyen de pal'ler (Le lu venue ici de Ln
dor.eg,~
et du Ml>Jl1cllol...
L'exiSlLen.oe parut t ut à coup très compLiquée à
La pauvre Mme Gréool L.
-- Vous voUJlez bien déje'UDer, monsieUJ', n'e61.-00
pas, sur la terra'sse ?
- Va poua' la terras ' e 1 Dontlez-moi le men!U
'du joUl', madame Gréoolel, s.ailLS plus. li doH ét . r~
: d'ailloUl's exoohlen.t.
- Pa.'1 lrès redherché, m onsq eUT. En semaÏJ1e,
~ous
sa.vez, je n'ai. à. cOlnpl.er que sur des clienLs
pluLOL gros mal1,gcUI1S qu,e gourlli'ets.
- Niiunporte, je Ilie veu.x en rien augmenter vos
ocC'Upations ... Jean m'a dil quo vous aviez ici deux
malades.
- Déjà 1
- Comment, déjà'
- Jo veux (lire: iJl a déjà eu le temps de vous
reoonler ça. ?... Oui, nous avon s un cousin à nous,
pae solide, le pUlUfVJ'e 1 1:1 a été bien. sonffra.n t tous
ces dernlic'N jouns. Il va mieux ce nllll.i\l. Il aVlwl
pris froid en vOY8.g'Cant la nui'!, flUW:I CLre flSlSez
"ouvert... VoyonrS, je va.is pl'épa\['er vou'e taJ.Jle ...
A!l.kuls, bon 1
DeUe oxc.llUlla.rLion étairt. MI'achée li HélOïse pa.r'
l'.a.:wafliLinn 1nopin6e du Ma~clt(},
Ignorant ln 111"éoonoe du pei.nt.re ViLaù VeTlSJ t chrrch.er le repas c1<l
son tDGllade. En' voyan.L 1 aui iil'hrlOrde, le 'Vii cil
lard un in!!t.a.nt palI'l\\ ennbonussé. Mais il Hvai.L,
pour so raSSUI'cr guI' aes cOM6<ju~:nos
~o
sihl(>~
de
raj/30n~
qu Ignormt Uélo~
'e ;
ecU rcltcont..rc d
cola IH qll'npl'ès' s'être d'abord 0.: ~l)1nb,ri
son vJ,sa,ge
s'llclu.i..r cl 'un souil1irre.
91.
-Lie
Le pe1ntre lUIÏ tendit la main et, tout bas, !;\ifIn de
ne prus être entendu d'Héloïse, il demanda :
- Pourrais-ie vous voir un moment, Lan.rcrot?
J'al à VOUIS l?arlelI".
- Pas mamtenant, monsioeur. J.e dois retourner
au.près do ... quelqu'un, mais tout à l'heure, quand
~me
G~énelt
al}-f.a le lodsir de me remplacer, je
vrloodr8.1 vous re)Oln:dre.
- VOI1S me tJ'Ouv.eroz SUIT la te.rJ'lasse j'y vais
déjeuner.
'
- Bien, mOIl'Sieur.
Ce fut sans grand. aip:pétit que Mirha;n;de fit honneu[' au menu d'HéIloïse. T'l'op de choses le tourID<ffiltai en.t.
Ayant achevé son T€IJ>'8lS, le peinrbre restait là, fumant afin de se donner une contenance. Impatienté
de ne 'Pas v?ir a.rri!ver LBJncrot, il ehe.rehe à distingue[' ce qUJ se passe dœns une chambre dont lia
fenêtre est larg,e ouverte au premier étage. Est-oe
là que se trouve le malade soLgI1!é par la doctoresse?
Le l,i l est invisible. Pensonne n'approche de la
LeJIêtre. Le peintre en vient à Sl1pO~,
la. pioce
inha.N,tée. Mois si! Quelqu'UiD. est là... queJqu:"l.1n
vien,t s'accouder à la fenêtre.
ç'est une femme à.. chevetLX blancs qui, SUtI" eUe,
a Jeté U'Ilie mante notl1e dont elle s'e,n,veùoppe frileusement D'un élan irréfléchi, Paul Mirha.n.de
s'esllevé.
La terrasse est étroite. Mocguetite de Folbert
~u1.
netLeJ.nent d~stinguer
les tTaita du ]J'6iWt.re.
Comme il J'a reconnue, elle ru recon:na1t.
Elle a tant voulu d€jpisber sa curios:i:té tal1t voulu
lui ('orhe.!· Ra l'eL'ra ite 1 Et malgré tout' en voyant
près d'elle cel hOO1:me qui lui fut secoul'kble et bon
eUe épf'Ouve W1 s·enliment de douceur d'apiBe~
ment. Elle lui fait un signe.
'
je puis monter?
- VraLment, diL Pau~,
Il pnrle bus: elle devine sa ques.tion plutôt CJ1l'eUe
ne 1entend, répète le geste lJUIl l'mvite et qultLe la
[enélrê.
Elle a un étrange a.spect, la pauvre Marguerite.
Ses cheveux qu'elle n'a. point rcùevés tomboot sur
s~
é~ules.
~1Je
est vêt.ue, sous sa gr&ru:le ma.nte,
d un slmple ) u,pon , et si le offianleau s'éca.r(.e la
niUdl~
des bras et des. éfaules a.ppar.o.1l.
'
!VIrus elle ne son.ge porn à cela Elle va ouvrir la
po.r!.e de sa oh 8lmbre, afin d'éviter au pcinLre tou·
te hésitalion, car elle pense qu'il monLera à tout
h~ .sa;l'd,
Mns demander qu'on le guide. Et c'est
alOsl, en effet, qu'agit Paul Mi1'ho.nde. lil oonnalt
l?s Il~es.
(l..u, lieu de lrav.ersc..r l,~ s::W.Je :p'our gagné!'
l ~scahe
' r, 11 Lol~'r(
la, maison, s mlroduli po.r le ju,\'dlilleL. Ma~gl,ent
laisslUlt sa porLc oUV>QI-Le, est revenue S(~ JeLc!r dans UII1 fau,toui!. Paul Mjroorude P"'raliL. Il est é!mru .a~tIlOL
qu'el.l.p est émue.
-:- Madrne~
dit-lI,. avaml Lont laisse:u-moi VOUI
afflIlTner qne Je ne SUIS pas venu ici en espion pOUl
SUf'J)l'f:!flidJ'.e llO scr~
qrue vous vou.ticz me cacher.
Alors mêlll<C que le ha!'.ard m'ul1l'o.it appris le JiC"J
de votre rèl.ruit.e je me serai& fait un point d'han·
nour d-e' ne [li).':! vous impos.e.r ma présence pui.squ.e
'
vous vou1icz l'éviter.
- .le. vous crois ... ~ai.s
<,Juel1o que soit la rai.
son qUl vous amllne, )e S'Ulf:, heureuse que VOU f!
soyez id. J'avais trop présumé de mes rorees ... Je
no puis TC Ler sans an soutien, sans un ami dé·
voulé ... Et cet ami, je &ais qU<l vous acceptez de
l'êlr , Ah 1 Dieu vous bénira 1...
- Dite&-rrtoi en quol je puis vous slervù', madrone.
- D'abord, apprcnez-moi ce q:ne VOllS sa.vez. Que
s'est-li passé ... là ·bas ?.. Je n'al vu OiUcun journal.
- VoIre bOtel
t mis soU& !>Collés. On y a perquisi tion-oé, et !li, parmi]
papiers saisis, il s'en
Lr'()llvr do COIJl1promeit..anL.. pour certaines personn R... lel1 N'port,r!':> Il 'en onl point été avisés. Les ur.
r~lion
faiJ.e.s l'allll'o soir sont mai nt.enues.
- Vous avez les noms ... Isaac, Rébecca ?
- ArrêLoo.
�~
92
- Be1lazuœio '1
- Arrêté.
- Ce sont les pires, munnura la pauvre femme;
Ys furenl les mauvais génies de RaouJ. Et alleZ
eux, art-on perquisilionn.é '1
- Certes 1 Là-dessus, La police fut moiIliS discrète. Les jOUJrl1aux prétendent qu'on aurait trouvé
dans le coffre-10rt de SiIméon, outre le& preuves que
cel homme et sa femme pratiquaient l'usure sur
une grande écheJle, des données précieuses se rapportant à un crime commis il y a de longues
années, et pour lequel un innocent fut condar~é.
- Un Cl'lIITle 1 Un crime 1 répéta Marguente
lLffolée. Le crime de GreneJl1e ?
- De Grenelle, oui ... Comment savez-vous '1 •..
Elle se penoha ver& lui, el, san visage exprimant
une douleur, une angoisse de martyre, elle dit
dans un souflle :
- Ce crime... C'est lui qui l'a commis. .. C'est
pour acheter de silence d'Isaac qu'i.! était devenu
son esclave... Le criminel, c'est Raoul 1...
- Ah 1 m&l.beuteuse femme 1
Elle s'exaltait maintenant. Se& mains fiévreuses
crispées sur la main du peintre, elle poul'S'Uivit :
- J e sav.rus ... Je sa.vais qu'on pouvait le perdre.. . J'aj tout endThré pour le sauver... toutes les
douleurs ... toutes les honUlo ... et .rien n'a servi 1
L'heure du châliment a sonné. Un jour j'ai compris que la volonté de ces e.t.res abjocts - . Isaac,
Rébecca - comme elle pesait sur mon., ~an
pèse:
rait dans l'avenir sur mon fils. Alors J ru consenti
l'atroce sacrifice. J'ai. vouln que, pour moi, m~
enfant soit mort. J'ni voulu être morte pour lUl...
Mon peLit. .. mon Pierre 1. .. Il m'a vue, il m'a. parlé . en lui ri en n'a tressailli 1 Je reste pour lUi une
élrangère ... Et je dois me laire encore,. le laisser
dans ron ignorance. Lui apprendre qU'lI est mon
fils, ce &'erait faire peser sur sa têLe l'infamie de
son père. Ah 1 malh eu r sur moi l... Malheur 1
Et soudain une pcnsoée nouvelle vienL à Marguerite, un nouveau tourment l'assaille.
- Ah 1 mon Dieu 1 gémiL-elle, Mon pauvre père 1
- Votre pbre ?
- Oui 1. .. Vous ne savez pas. TI vit encore, h6las!... Mieux vaudrait qu'il rÛt mort 1... Il a perd u
ma mère su.bitcrnent, et dans la violence du .chag;rin sa raison a s0!TIbré. lil. eRL d~ns
un asIle ...
fou Curieux ... Qu'advlendra-t-II de IUJ 1
- 00 0. dû nommer un conseil de famille?
- Oui. .. je me souvi ns ... Ceux qui le c~mpoeaient, Lous ... tous m'étaient inconnus; mais de1. C'él~ent
puis, ils ne m'ont que irop ~proché
des amis de Raoul. ]).ellazucclO en faiSait parlle...
eL Dupont. .. et 1e& autroo, ceux qui sont arrOLés.
- Votre père avait de la fortune ?
- Oui, une grosse fortune. Pourquoi me demandl*l-vous cela .,
- Vous l'avez revu depuls son int.ernemC'Ilt ?
questionna le peintre évitant de rApooore.
.
- Rien que de m'entendre nommer, paralt-Il,
8uUit pour le mettre en crise.
- Ah 1 Où est-il 'l
..... A l'asile du docLeur Probe. Vous connaissez '1
..- Non. Qui &lIait le voir '1
- Mon mari.
- A.b 1 fit ncorc le peintre.
- Et maint nant, qui a'occupc.ra de lIUi T••. Cel
hommes... arrOLés .. .
- Ne vous tourmentez pas. On nommera. lm curaleur. Sa pension sera très ré~liè"Cment
payée
j'usqu'à ea mort. Al ors, vous hént.erez.
- Me taire connntlre...
- Vous avez nn tlls, madame; croyez-vQ'US avoh'
le droil de le dépouiller ,
- Cet or ... Cet or est maudit...
Elle s'cxa9pémil, les yeux arrdlés.
Mirhande eut peur cl'un e nouvelle crise ner-vOUBO.
Il chercha cles y ux un flacon ù'6bhor, des eL.~,
.. n
ne wt lien. Des 8ft.ngl W! oonvulc;1fs eeoou.aiM.t MM-
La 'Peti~
"f)eux Sous ,. ~
goorik Le peintre se décidta à ch-encber de a'Olide ;
il quitta la cht8iffib.re Sllins que Mme de F oJ.OOrt paTllt
s'en apea-cevoir. Au mOOlent où i.l anr.ivaJ.t SUT 16
paliea-, une porte s'ouvrit <Levant lUli. Latncrot sortait de chez l'hOte des Grénelet.
- MonsiellT .. . Vous saviez qu'elle était ici 1 Vous
veniez pour e11e... A-t-eLle donc assez confiance en
vous pour vous avoir lout dit '1 ..• Ah 1 de quel secours, alors, vous nous seriez 1
- Je ne vous comp,rends pas. .. Mais 's i je puis
rendre service à ceLte pauvre femme j'en serai
bien heureux ... Avant tout, il faudrait La soi.gner.
Elle a de véritables convulsions de douleur !...
- Je vais envoyer Héloïse.
- Mais...
.
- Madame Grénclet lui est absolument dévouoo.
-Ahl
.
- Sans cela, serait-elle ici ? Attendez-moi un
instant, monsieur.
Un moment pl'llS tard, Lancrot revenait, suivi
d'Hélolse. Mirh.a.nde Q'tJtendait au seuiJ 00 la chambre du malade. Le Manohot l'y poussa.
- EntJrez, monsieur. Aussi bien, dût-on me blâmer, je veux tout vous dire. Je sais que vous no.115
serez un appui.
A r entrée des deux hommes le malade s'était
taumé vers eUX. Le pei:ntre, sllrpTis et apitoyé, vit.
une face maigre aux lons de cire, encadrée de cheveux blancs el dans laquelle luisait un regard craintir. M. Lancrot s'81pprocha du lit.
- Monsieur, fit-il doucement, voici un nouvel
ami qui vient vous voir.
- Un ... ami? prononça le vieillard.
- Mais oui. Vous n'avez plus que des amis
maintenant 1 Les mauvais jours sont finis .
Le visage de cire se contracta.
- Il me reprendre 1 gémi t le malheureux,
- Il ne peut plus ...
- Comment?
- Pa.rce qu'iJl est mo~t.
.
- Oui, VOllS m'a.vez dlt... J,e ne SalS pas ...
Mirhande écoutait sans cœn
~rend
.
Le Manchot se tourna vers lui.
- N'esk:.e pao, monsieur, que le baron de Foloort est mort 'l
- Oui 1. ••
En répondant, le pcin!Jre inte.I1I'ogeo. Vital d'un
regard angoissé. Comen~t,
au dT<lme de l'autre
nUit, cet homme étai-~l
mOLe?
- Mort, mort, mort 1 répéta le vieillard d'une
voix qui s'afIermissait.
Il continua, anxi-eux :
- Et elle.. . elle...
- EBle sera blcn h8'l1I'euse tle VOUs retrouver.
- ELle 1... Elle était avec lui, contre moi.
- Non , monsieur, je vous l'nIfirme, et monsieur
Mirhande, qui connaU madame de Folbert, VOUs
diTa ...
- De grâce murmura le peintre, eXijlliquez-moi
ce my tère 1 j"ai la sensation d'être en proie à un
cauobern.ar ...
Mu Lanc:rot, d'un signe, l'implora .
- DiteS seulement, insista le Manohot, ce que
vous pe'Ilsez de mndnme la ba.ronne.
- Oui, dites, répéLa le m'lllade.
- C'est uoo femme très digne très malbel)
reuse ... une victime.
'
- Une victime... eUe aUssi 1 gémit le vieillard.
Ah 1... je l'ai sonvent maudit.c... Vous ne oroy<l'2
pas, vous ne peo.scz pas ... qu'elle ai'! voulu sc débarrasser de son pauvre pèr '" l' nIC'MllC1" a.vec da
fous 1.. . Ah 1 les mOMlres, les monslres 1
Mirhande compronait. En un fulgurant ~cJair
dl
pensée, il ro,pprochait les confldences de Margue
rite d s paroles du violl1flTd.
TOllt à l'heure, en 6coulant la baronne plIr1e:r dl
aan père n'~t-1!
pas eu un S<Y\lpçon de l'é'pouVMl
table vél'ilô ?
�~
Là Petite
U
Deux Sous"
AilI1si, depuis des années,. le père de Mme de
folbert vivait interné en pleme ralson 1
PO'Ur s'entparer de la fortune du malheureux, le
baron a conçu, exécuté le plua h~ible
de~
forfaits el Marguerite, aveuglée, n'a. rien doevmé 1
- ' Comment reprend la voix brisée du pauvre
M. M.ar~e:t
co'rrument, après si longtemps a-1relJ.e
pensé... d-èviné. .. Car c'est elle, n'cst-ce pas, c'~t
Marguerilte qui m'a arraché il. cet enfer 1... Puisque vous dites qu'elle es<t bonrn.e.
.
V~ta.l
hési.te, irLdécis sur ce qulil dOIt ré~de.;
mails l'e peintre ose Le pieux mensonge qun. dOit
achever la. gué'riS<ln du vieillard.
.
- Oui, dit-il, c'est votre fille. .. Voulez-vous. la
revoir 1...
. .
- Oui ... o.u,i ... Oh 1 oui 1. .. Marguerlte et mon
Xletit Pie.rre son bel enJant. ..
~. EncoI'C ~e
roilS, LlLDcrot se tr?uble:
N'a·t,..o.n point supposé que 1 émotlOTh de la bar
ranne en voyant petil Jean à l'atelier venait du
8o.uvenir de son fils mort 1
Mais P.aul Mirhande rassu'r e le grand-père.
- Il' est bien portant vo.l.re peti1t-fil.s, vous le
'Verrez.
.
- Ah 1 c'est trolp de bonhew" 1 murmure le vie.iII.land.
I! sourit, ses yeux s'humecte?'t. de '!.arme6 t;euson cerveau, aff.aIbh par tan.t d 8.Ilr
reu.ses. Ma~s
nées de souITrance sans espoir, s'embrume de nouveau s'appesa.rut.it ... Son regard devi~t
vague ...
dorm.ir mainwna.nl, dit La.ru:rot.
- h f~ut
- Oui... dormir.
Il est fail à l'obéilSsan.ce, lc p~uvre
M.. Martet.
iiI ferme les yeux et tourne son V1.sage vers. la muraille. ALors le Ma.n.chot emmèn.e Paul Mlrh.and~
à l'extrémité de la cbambre et il. voix basse !tu
raconte comment,. par les confidences d-e l'ami de
Fifl Soilla. a appJ'ls que M. l"la l'bet, So/in:"S être fOll;,
élaiL prisoniüer du dodellr Brobe. ~nèvamel,
il
dU que Sonia, jadis, a conmu lia fo,miJJ.e, N1.a.rtet. U
dit comment lill-même a Cu la. pen.s~
d amener le
vl-eilla:rd don.L Sonia à préparé La doél.i,V1'anœ, chez
œt~
Hélo\'se Grén.edet, dévouée' il. la ba/"<mne qu'elle
servit autrefois. il était néof'ssail'e que VQiU5 sachiez ... l'vlooame Soni>&: me pardorunera
- Bl1c vous paroonnera. Ltl.n.Cl'ot. ~le
ne peu1
me considérer comme un étranger, pUlsque ...
n sourht. Lanarot devine.
- Oh 1 monsieur, vraiment 1 Vous avez rMl6chi ... Et vous voudriez, sachant. ..
- J'ai réfléchi. Et mes r'éOexions m'ont amené
il. cOlw-e.n.ir avec moi-mêm e que je ne pOl1rra.is êtr.e
heureux sans ma chère peli le Princesae. C'est donc
au fiancé d'Yvl'Jtlo - car ell-e ne me repoussera
pas, je l'espère -:- que vous ave'L conllé les secrets
d.e madame Soma ...
xx
OU LOINTAIN f'Asst •• ~
Les Siméon eunml li. se défendre d'avoir é~
com.p.uCCB do l'assassinat dc la malheureuse
Yvonne.
On se l'appelle qu'ayant pénétré dans la .cham·
bre du me'Ul'lre au mom nt de \n. conJroniJ.aoon de
Vital avec sa. prélcndue victime, o.f1n de charg~
I.e Manchot dool 11 vou1!üt se venger, L~c
a.vwt
dérobé SCIJ1.S e.n prév<lir- la valeur, un p<'tlt carton.
Or, celle bolle que la victjme d RarJuJ a, sn.na
d~IJLe
il. dess/lli'O, miRe en évirlrnrt', avec I.e pro] t
imprudent d~ menacer Renll l d'en livrer le contoou
aux l\lar'1.et cetle bol I.e con I.i.rn t dPlS lett.N'.::I l'('ÇIlCS
par le baron . de FoLOelt, a.\lll'!l qu'il sc nommait
R~1DUil.
sAlJlS phil.'!, éwmt filA d.e [11>1'0 t m~I'P
inooI1.nu.!!. Plu.cé comme 8Jpp.ren1.i dans lime rU'brlque, il
n'avait pojnt t..aJrdé à ae lier aV( de rnauwu.'3 <1.1'0100
cL il. d6l.a.iB3er l'a t.eli.ar.
93
~
Dès lors, ce fut ta vie de hasard, bricoil.an.t, va--
Lant. .• la vie misé.rable... Puis H demeura quelque
temps groom chez une cabotine de bas Mage. Ce
fut là que, voyaIllt de près le monde des féta.rxù>!
li!! prit les allures d'insolente oondescenda.nœ qUl
devaient plus tard, éblouir la bonne Mme Martet.
Décidé' à tout po1.LI" parvenir à la fortune, il s'enrola dans une étrange et terrible bande qui, voulan.\
monter il. l'assaut du monde, s'arl'nait de tooo les
moyenoS. Chaque initié, sui.vant ses cBlpacltès, acœptait un rôle.
Le rOl,e du Il beau RaoUl1. )) parut à tous neW~·
ment i.nJdiqué. Il pouvait, avec son physiqu e, jouer
l'homme du monde, et accrocher 'Une hériiière,
fille uni.que, afin d'amener à la masse la fortune
des parenLs après celle de la fiancée.
Ce fut il. cette époque q.u'i.! connut Yvonne et la.
conquit. On saiIt de qu el cœur elle l'adora 1
La malheureuse, affo:lée d'amour ne songea point
à juger cet homme qui se prétendait malchanoeux,
sans travail, et consentait à vivre du labeur d'una
femme, tout en ref\lSl8JDt de l'épouser.
Lorsqu'il rompit avec elle, en l'abndo~t
brusquement, il ou bila chez elle un. portefeuille où l1'a1naient des leUres <te ses comph,ces. Par ces lettres,
Yvonne connut l'ignoble existence de celui qu'elle
6V.aJ.t ba.nt aimé; ce so.n.t eUes que l'abandanmée,
ayant a.ppris les fiûnçaiIJœ de Raoul, a projeté d,e
livrer il. M. et à Mme Martet ann de sauver leu,r
ft:1le d'un sort plus misérable encore que n'a été le
aien. Ces J!.ett;r.e,s onlété entre les mrains d'Is.a.ac une
arme dont il se promettait de ne mena<:er Raoul
~ue
lorsque celui-ci, r0pu, en poi.session de l{1ul
loI' des Martel, lui para1tl'ait une proie asosez belle.
Ne ~révoyant
pas que le baron de Folbert aurait
cette infamie - aprè.s tant d'autres 1 - de se débarrassser si vite de ses beaux-pnrents, Isaac ay~t
compris de qui était l'enfant d'Yv.oDn.e, gardalt
la petite Deux Seus cœn.me lJJIl prem.\.CT mstrumen.t
de chant~e
venant a'j)puyer les ~tres.
Les pr'oJets d~
Siméon de ce cOté, ont été déjoués; mals ils se sont si bien rattmpés autremn~
qu'üs n'ont poi:nt r egretté la disparition d'Yvette.
Le coffret, pour e'Ux, était la poule aux œufs d'or 1
A sa seule évocation par Isaac, le baron rendait
mervei11eusemMt. La bande en tière, SIe sentant
me:n.aœe dans lia. par~
de l'un ~e se:" memi?ll'es1
a ct 11 Ca.ire bon ace ue.iJ au cou'-!>le d USIlJ'.ùeI'S CJU.L elll
dooo'én&VW1t, sa ~al't
des profiLs.
Et voilà que 1il1Strument de chantage caressé
par les Siméoo se tourne contre eux 1
On a pu retrouver la trace de cette Yvonne, jadis
ma1trresse du beau Rooul. E'\lc n. été 8SSBlSsilIlée, la
veille même du mariage de celui-ci. Comment hésiterait-on il aœu3eT RaoUil 1
Or, un innocent rut oondarnné sur une déposition
aoca.b.Lante d'Isaac qui, justement, possédait de quoi
(aire accuser le baron. N'eslritl pas très évident que
r.u:sll!rier rat complice 1 Si les années éccmLées ne
leux assurarent pas l'impunité c1u crime, on ferait
peser sur les Siméon l'a.ssa.s.sinat d'Yvonne, En fait
li pèse sur eux cncore; oor ce souvenir rend les
jug&s plus s~vère,
les jurés implacables.
Les leUres tr(Y\]voos chez ISl!.{\.c n'accablaient pas
seulement le baron. EUe émanaien t de w plupart
des actelll'S actn.els de la oliminelJe comédie, éclairant ainai le ~é
des te amis )) de Raoul.
liJUes l'éclairaient si bien que le vénéra.ble monSi.~ur
de CMne<vreu - o.u Dupont - d<>nt le œhinel noir de spilite rendait plus d'no sel'Vire il. l'ru.
socilllion, se se ntanl tmr> sérieusement mena cé,
Lrou'Va le mOyQn &> se pendre da.nB sa. priso.n. Los
au tres pfi.'T'uren taux 8...'lS.i s.ea.
QUlln l il la ba ronne de F'ol1><'rt, disparue le soir
ÔiU. suicide de son m&M, elJ.e deroowm introuv8Jbla
Un seul, pal'mi ceux qui s'intércssent aux débnt.s,
pourrai t indi!'fuer le li Il où elle se trouve. C'est un
avocat, M· Darronœ, dont le beau talent s'Post affi r.
mé depuis qu·il d6!eodit désespérément Vital 11
�~9
=,-~
MancllOt, sans pouvoir faire partager sa .convict.ion d>e l'innocence du malheureux. Ainsi, il ne se
trompait pas : VHol lut injustement C:ùnda/IIlné 1
Mo Barrance sc souvü:n"t d'Yvette dont il avait
promis de s'ocC'Uper et qu'i!L n'a point cl1eTché à retrouver, Un remords lui en vient, qu,i le fait s'attacher à la. nouvelle affaire ressuscitant raucienne,
et s'y passionner. Un jour, quelqu'un qu'il rue l'lecoruuut pas se pMsenta chez Lui. C'était le MancllOt.
- Monsieur, dit Vital, 1orsqu'il eut CCJnté sa vi~
je me confie à vous. On a cru mort lIe. torça t évadé:
je préfère que s.a mémoire seule soit réhabilitée,
que Vital défunt r€\s~e
défunt. Mais je VOThS denande un service... Oh ! un !Service bien grand ...
~ha.rgez
-vous
de défendre madame de Folbcrt.
- La femme du baron? Elle n'est point accusée.
- Faites que nul soupçon de complicité ne pèse
lIll' elle... Qu'eIl!le puisse, lorsqu'il dui conviendra de
9.lr-e valoir ses droit.s, retrouvel sa fortune et ceJ.le
~ ses paren ls, '.
- Mon ami, dit Me Barrance, ~'avoct
€'St lié par
le secret profe.ssiœlnel. Dites-moi ce que vous savez, dites-mot où se trouve Mme de Fol.bert,
A partir de ce jour Marguerite Martet eut pour
champion l'un des avocals res plus écoutés dubal'rrou. Les débaLs fin,is, l\ro Da.rra·l1ce,s'ocoupa,au nom
de sa oli:emte, de Lous les arran 1 ents lDI/lJLériels.
Jusqu'au dernier moment, 1~
docteur Probe
échappa aux soupçons. Son nom 00 figurait pas
dans ~es
fameu
s~
le~Lr.s
et il n'a j amais paru à
l'hOtel de Folbe.r~
Mais lorsque Rébecca se vit ·au banc des accusés, bout le fiel de ISO. vil.aine âme lui remon~at
aux
lèvres, ellle voulut se consoler en fa.is&I1t partager
son trop juste malheur il une personne de plus.
EUe accusa Le baron d'avoilr foit enfermer son beaupère de ccmnivooce ,!-vec le docteur Probe. Celui-cl
éta.l1 dans Ua salle, diJScrètement dissimulé.
Ne trouvant pus 00113 la pem..sée qu'll fut toujours ha.bille à so.uver les 8IPpafenOOS une aJSsu.ranœ assez so.lide, iJ. quJLta vivement la saUe
et, ~e lendemain, l'établiswmeut de Neui.lly fut sans
di.reeteur· On le cueiJ.lit au Havre, oel son dépaTt
préciJ>ité ne fit que l'accabler davantage.
,T andis que }es phases de ce procès reten Lissant
se dérOU!laienL, des scènes poigno.ntes se succédaient il l'auberge de Lambert Grénelet.
DL avait fallu préparer M'll.r/SuerUe à La :révélation
du crlme ignoré d'elle, cœnmlS par son mari contre
le pauvre M. MarLèt,
Mors son amour, qui av:ait survécu à wul, 5Orobra d.an.a l,'horreur de cette révélation. Elle n'<élp.rol1va pIAlS qu'un immoOnse déwuragement, \.lIIl immense MgoQt d'avoÎ:!' appartenu à cet être ilIDmonde.
Appa.rtenu, oui. Mais, Jégu.J.ement, ene ne fut
point sa Cemme. Le mariage contracté par Ruj sous
un faux nom est nul. L'cn!a.nt né d'eux 00 portera.
pas le nom couvert d.<l se.ng et cOO boue.
Ce 'D.e tut que trois jOUI'& après les 1r6vélo.Lion.s
fattes au peintr pal' Lancret qu..o Sonia con.sentit
~ apprendre il Murg~ite
.Jo. présence s.i procl1c dG
son père. Lor que M. Mortel., la OguTa reva8ée, mé.
oonnaLssable pour c ne qui d puls La.rut d'ancé.es ne
l'a vu, lui tendü le.<! bras, Ml8XgueriLe ne put que s'y
jetar défaiUM ,sans pronOn<:el' une parole.
- Ma fille ... ma chérie... Ce qu'ils ont ta.U
d'eLle 1... Ri !#j pauvre ln.è.l la voyail Ainai 1...
YVette mrunll'lnilllt vic.nt avec Sonia auprès ide
Mn.rguerile .. Ell( ne ~tlU'n
j[j,T)l i
<111-01 nng o()ule
dans &C8 verncs, <IIJ ][e ptll'l "JI' t ut do n 1 drames .00 naguèr'e, 'lais, Sai é jUWl pOl' S()ni~
rle C6
qu'jij devaÏL lui npPl'cndrc du pn, sr" l'nul 1\lIhrunùo
vouln, pour cel! ) qu'il l'cgu ni l' d(I,' l'lIlltin tomme
e8. fla.noéc, éclair ' lin pou l'llT1goi wHo énigme.
Yvelk! n'ignoI'e plu qu les Ilurt.ct l'ont l'ecu 'illie p 1 11VI'e pet:i t4' ét.rtmgorc; CJlIQ rhez eux Sonia
rlj.'
,nue ct que :il la. dOC.t.olC13 0 l'a erillcv60 pour insi dlre volée - c'est qu'tLyan~
découve.r
La Petite
U
'Deux Sous "
~
l'indignité du baron de FO'lbertl el1e vouJait éloigner
de. tout pernideux contact l'emant à laquelle, en 181
sOIgnant, elle s'est tendrement attaooée-.
C'est sur la terra.sse de l'aaberge, devant le décor
brillant de la Seine, sous le ga'and sOIe.ill, qu:e PaUi1
Mirhande a parlé à YVJett.e du passé,
- Alors... Je auus une enfant t.rouvée, sans famille ... sans nom ...
San coeur se gon.fle. Le pcintre l'atw-.e contre lui
et, ten.dremerut., gravemen.t, réRo:ndi:t :
- Pour famille, vou:s avez ceûx qui vous aiment
Et, si vous le vowez, Pr.i:nOOS5e, mon nom devien:
dra votre nom.
Eblou~e,.
elle . oublia tout ce qui n'ébait pas la
grande Jale subItement éclose sur son chemin. Elle
nooo. ses bras au cou de son ami et bien mieux
que par des. motS, ses lèvres lui réPondirent.
Quelques ]oums ploo tard, Jean, qui a'Voait pa.ssé
de longues heures à canôt'er avec s es camaJrades
presque déserte, '
trotlNa à son retour la ma~.son
Héloïse panüssait bouleversée, à la fois heureu&e
et désolée.
- E'coute, mon petilt, dit-eUe à l'enfant en l'attirant pràs d'elle; j'ai à te dire une chose bien
ave... Tu sais combi'e.n je t'aime ... Et toi, jamais
il ne iaud.ra m'oublier... Mais tu dois l'apprendre
aujourd'bui : je ne suis pas ta vraie maman ...
~
La regadi~
tcro.t pâLe. Ses yeux se remplissallent de larmes. .biUe poursuivit :
- Ta maman était ma-lbeul'euse, !J'ès malheureuse et ne pouvait te ga.rder près d'elle. Alors elle
t'a confié à moi. Maintenant, elle veut te reprendre.
- Je ne veux p8JS 1
- Jean ...
-:- Non" j~ n~ .veux pM ... Je ne la connais poo,
mOl, et tOI Je. t alme ... Marnan, c'est toi 1
- Mon peLlt, mon bon petit! Je ne te quittel'ai
pas. Tu alliras deux m8lffi8lfls voilà t~u
...
- m... j'aurai deux papa.s aussi?
- Ton père e.s~
mort.
-Ah 1
Le vJ.sage de l'enf.oot peignru.i.t une srup6facLlion
douloureuse, Héloïse le serra. contre clle le cajolant comme lorsqu'il était Lout petit.
•
- Ecoute encore, mon chéri; tu la. connais ~
maman 1 C'est la dame si trisLe qui était ici'
- Qui éulit... EllIe n'y est plus (f
•
. - Non. El,le. est partle tooL à l'heure. N()'U.s iro.n.s
bientôt la reJoindre ... Ne p!.eUJre p8JS mon bon pe~t
J eau, ne pJeure pas l
'
- Je veux bkn l'aimer - elle fi l'air si maJr
~usa
- et aJler vivre avec clIe fiÎ. tu v1cns
UUSSl, avec pupa,
'
- Il ne fo.udra plus dire : CI Papa )).
- Ohl
- Non. TlI diras : CI Palpa Lambert, maman
Héloïse n. Maman tOl.\t court ce ne sera plus moi 1
Elle lutbaiL pour ne poiJrÙ s~oter
all!$si 1&
ban~
créatu.re.,
l
- Tu verras comme nous serons heureux tous
c~mhle
1 Tu verms 1 Et tu aura.s aussi un grand.
père. Il sera 6i bon pour toi... Il te gâtera.
- Un grand-père... Je suis content.
- Il faut que jo Le dJ.s.e encore oeci : le cousin
est parti.
- Ah 1 avoo octte da ... avec ... avoo ma nouvelle
m~re
?
temps qu'elle i ~l Vil mJcux,
- En m~o
-,Il rovtenclN ?... Je ne l'w J.o.mai,s vu, moi, le
w
COUSlll .. ,
ni... N'cn parle pas. Ne pn.l'le de rien Il
pen<l.a.nt quelque temps, Tu me le promet. ?
- Oh 1 oui, Et. fllors, mon deSLSin ...
ontmuerus Vtl 1 Mon~eur
Mirhll.nd,.lo,
T11 I.e
connuI,t blc;!- ta .me.rnlIn: ttL... hl ne sais pa 7..
Il crOlS qu il va
. m ner, monsieur MirltaIlde.
- Avec mademOlscllo Yvette, s'écria le gamin,
distrait de sa (m'Oue émoldon. Oh 1 mol, 11 1
pcl'tlOnnC
�~
La 'Petite ,. V eux J' ous u
95
t;;fLo
avait eIkol'e épargné la Dande e..vid'e - on.t éLé
r éali~s
.. On Il veJ.ldu 1'h.Otel que j-amais plus Marguerite ne voudrrul l"evOlr ; et cela assure l'oaVlem.ir.
Marguerife a acheLé la maison blanche en plein~
s,?utude, Dans une maisonnette, au bout du pare,
VlVe.nt l es Gr~n.elt
lis onL' cédé la « MlflItelotf) li,
ne vouJ.amt pomt se séparer de ce~ui
que toujours
ru chérissent comme leur enÏoot.
Lambert se décCYUVTe une passion pour le jardiXXI
nage, Héloïse met sa joie à élever toutes les bêtes à.
AU PORT
plumes ou à po.i!I, susoept.i:bles de peu'Pler u,nre b8JSsecùur, et elle trouve en'COl'e il. exercer ses talents de
Sur la cOLe basque, dominant la rive rocheu&'J cOl'clon bleu" en apprenant son métier il. la jeune
devant le meI"W)il!eux horizon de la mer dans le Basquaiee qu'a pr1se Marguerite.
iécor' des montagnes ble.ues, une vaste maiBbn
Lancrot est instal.lé chez les Grénel€t. Il se rend
blanche am boiseries sail1antes est nichée danlS 181 utile de son mieux, et la bonne Héloïse le choie
verdure et d8lIlJs les fleurs. Le jardin s'avance en de tout son br ave cœur.
teJ'l'QlS\S'e vers la mer.
'Marguerite est men déli<,.ate, bien brisée pur
Là, par une douce soir6e d'été, un groupe fami- toutes se.s épreuves. M. Martet demande encore
liDJ s'a:ttarrde. Un vieilliard SiUX yeux paisibles, au des soins, Ils ont auprès d'cux la plu:> vigilante,
bon soulli.re, est assi.s dans un y.aste fauteuil.
comme la plus éolairée des compagnes : Sonin 01'Docile et attendri, il s'efforee de ne pas bouger bihoff ne les quittera plus.
aOn de ne point contrarier un jeune <.lessinateur
Tout à l'heure eile est nJ.J.ée cherclle.r à la poste
gl'Uvement appliqué à faife son portrait eL qui, à la plus voisine les lettres que le facLeur n'aurait
lout moment, s'écrie :
remises que I.e lendemain, La. voici qui revien i,
- Je n'y arriverai jamais si vous Temuez Lou· moins pAle, une lumière aux yeux.
Piorre 00 lèv'@ et court à elle.
jOllllS, grand-père,
- Ma.dame Sonia.., venez voir.. La nuit arrive,
Marguel'He f\Iarfet, assise près de son père, uvec
sans quoi je finirais ... Di Les, ne trouvez-vous pas
un orgueil mélancolique contemple l'enfant.
POUl' Pierre comme pour YveHe, Je passé demeu- que grand-père est ressemblant?
Il Vous no rcga:rdez pas 1
rera obscur. li ne saura jamais que la baronne de
- Madame Son.i&, dit M. i\1artet, en souriant, a
Fo1bert enLrevue par lui est œtte dame arrivée une
nuit à l'auberge de la Matelote. Il ignorera que ce des lettres qui la rendent. heureuse...
- C'est vrai. J'u.i des nouvelles du jeune m6nagc.
fut pour l'arracher au milieu criminel où el-mê~
6LaiL 10roée de vivre, que sa mère a consenti 10 Yvette m'écrit. Hs prolongent enc01"O leur voyage
c1e nooes, muis noD.S ~rometLn
d-e s'.a:nrêter ici
pll1S cruel sn,crifice qui se puisse consentir ...
ct soo fiancé - l'une occupant longuement a.u retour.
Lorsque IWlo~se
- Ah 1 s'écria Pierre, maman Hélorse avait raila bonne àe Pierre, et Grenelet entralnant le bébé
- ont, sur l'ordre de MargucI'ite, volé son ms, son : comme nous allons être heureux, tous enMme de Folbert croyait que cette séparation serait semble 1
Mais nulle voix joyeuse ne fit écho lo sa joie,
éternelle, et eUe l'acceptait 1 Elle acceptait pour
Heureux, tOUiS troi.s l'Maient dans le )1'6sent aUl'enf.ant un avenir de travahl, une vic très humble,
plutOt que de le voir un ltJur suivre les exemples tant qu'ils le pouvaient Nl'e. Mais du pnssé trop
Ceae son père. Mais libre, Mal'guerite a. voulu repren- de c1éohir8lI1ts souvenirs se levaienl palU' au~.
penda~
, MaIlgluerit.e regardG,nt son ms , murmu.ra :
dre son Clis.
Par los soing de Mio Barrance, les biens de
- Du bonheur. " oui, il en est encOl'e... tant qUI)
.
M. Martet et de sa fille - ou, du moins, ce qu'en l'on peut 8limer 1
longtemps qu,e j'y pense... Al<Yrs peI'sonne ne se
qu ittera ... On sera tO'Us, tous ensemble ?
- Mais oui 1
- Embrasse-moi, l.i1'8l1Ilan. Hél .. non, maman tout
court.. . Je ne po urrai jamais dire autrement, voistu ... Faudra pas que mOlIl autre maman .s'en fAche 1
-
-
."....
-
-"""'-' -
Le 15 Mai parai/ra:
ET FILLE DU PEU
n OMMC l1\t01T
pur
Maxjm~
LA TOUR
: 30 ce
-~;.
11 paraîtra ti . Lo,.ma{s. et jusq 'ù Il lit/el ordre. un tJolume
te 1" de chaque mois.
16-15, Afl NI)~r
... l)alJl... tl
&o_t
�MODE
95
CENTIMES
DT
-BI
LE VOLUME ILLUSTRa::
... _ _ _
E
A
CATALOGUE DES VOLUMES ACTUELLEMENT EN VENTE
Barbey d'AUREVTLLY Les plaboliquell.
iPCints par enx·mê~.
\ EpoRees Africaines.
Les Yeux verts et lea Yeux
Colonel BARATIER .. '! Au t.;ongo.
Paul HEUVIEU,
bleus.
Le Jardin de Bérenlce.
de l'Académie française. L'Alpe Homicide.
Dn Sang de la Yolupté et de
\
Le Petit Duc.
Maurice BAUUSS,
de l'Académie française.
la Mort.
Deux Plaisanterie..
~ M~Doés
Tristan BERNARD .... )
d'Bn Jeune Homme
La Danseuse de Pompéi.
Jean BERTHEROy .... ) Le Double Amour.
Louis BERTUAND .... Pépète le bien· aimé.
BINET·YALl\1ER ...... Les Métèques.
Pa ni BOURGET,
) Cruelle Enig.~e
de l'Académie française . André Cornell!!.
L'Amour qui passe.
Le
Pays Natal.
L'Amour
en fuite.
BODDEA UX
Henry"
.. ' Le Lac Noir.
La Petite MademoiselJo.
La Peur de vivre.
llIémlr BOUUGES...... Sous la Hache.
La leçon d'Amour dans un Parc.
Ren6 BOYLESYE ....• ) Mndemoiselle Cloque,
Adolphe BRISSON ..... florise Bonllenr.
Véaus ou les deux Risques.
Michel CORDA y .••... Les Embrasés.
LeS Demi·Pous.
L ·Evnugéllste.
Alphonse DAUDET .... Les Hois cn exil.
Les Deux Etreintes.
Léon DAUDET ........ Le Partage de l'Enfaat,
Paul DfROULlWB ..... Chants du Soldat.
Lucien DESCA YES .... Sous-OUs.
1Crapotte.
Henri DUYERNOIS .... / Nounette.
) La Léllcndo de l'Algie.
,
Georges d ESPA RBIlS. La Guerre en dentelle9.
Ferdinand FABRB ..... L'Abbé Tigrane.
L'Aulre
Amour.
Vit de CbAteau.
Claude FERVAL ....... Ma Figure.
Ciel flouge.
Uon FRAPUl ......... L'lnslitutrlce de ProvlnGe.
Le Capitaine FracDiSc (lor vol.).
ThéophUc GAUTIER ... Le Côpitlline Fracasse (2. VOl.).
Itenée MaupcrlD.
E. cl J. de GONCOURT (jerminie LacertelU.
Sœur Philomène.
Gustave GUiCHES ..... Célesle Prudhomat.
le Cœur de Pierrette.
L:l Boune Galette.
Tolole.
GyP ................... La Fée.
Murnau.
Doudon.
La Meilleure Amie.
Myriam DARny ....... t, Divine Chaason.
Le~
TranslI !Il1otiques.
S(lu~enirs
du Ylcomte de Conr.
lllcl'e.
Monsieur de Courplère mari6,
LII Cnl'rlère.
Abel HEltMANT ....... Le Sceptre.
Le Cnvaller Miserey,
Chronique du Cadet de Coutras.
Les ConOdcllc'!s d'une Aleule.
Le Char de l'Eltat.
Coutras, loldat,
HERVHlU
~ FUrt.
Pan! _.J6m ' û'
lM L'Inconnu
de lA.,.... 10 ·a.nça . L·Armutu;c.
l
l
!
~
f~eNOuVa
Jen.
Henri LAVEDAN,
Leurs Sœnrs.
de l'Académie fra.nça.ise. Les Jeunes.
Le Lit.
Les Marionnettes.
Jul
LEMAITRE
\
de i~Académe
française./ Un Martyr lIans la Foi.
) Aphrodite.
Les Aventures du roi Pausole.
p'l e rLOUYS
r e . . . ...... L a F cm me e t 1e P an t'ln.
Coutes Choisis.
Les Chansous de BiliUs.
Maurice MAINDnON .. Blancador l'Avantageux.
"
r.!;~·
La Toarmente.
L'Essor.
Panl MARGUEIUTTB. Pascal Gefosse.
Mil Grande.
Le Cuirassier blanc.
Ln Force tics Cboseli.
Octave MIRBEAU
)L~Abé
Jules.
. ... , Sebastien Uoch.
Engène MONTFOnT ... La Turque.
Lucien MUHLFELD •.. Ln Canlère d'André Tourette.
L'Antomnll d'unc Femme.
Cousioe L:1ura.
ChonclJctte.
LeUres dc Femmes.
Le Jardin secret.
Mlldemoiselle Jaulre.
J.es Demi.Vierges.
La Confession d'uu Amant.
L'Heureux Ménage.
Nouvelles Lettrcs dc Femmes,
Marfel PR:eYOST..
Le Mariage de Julienne.
de 1 Ac.'l.démle frn.nçaU!o. Lettres à Françoise.
I.e Domiao Jnune.
Dernières Lettres Ile Femmes.
L.l Princesse d'Erminge.
L: Scorpion.
M. et Mme Moloch.
J.~
l'muse Bourgeoise.
Pierre ct Thérèse.
l'cmmes.
Lettres i Françoise JIUlrlée.
IDIBJOllues d'Amour.
Mlehol l'ROVINS ...... Commenl elles nOlis pronnent.
L: Professeur d'Amour.
Henri de R20NlEn,
)Le Bon l'Ialslr.
de l'Aoad6mio fra.nçaiBo./ Le Mariage de Minuit.
J 1 0ENADD
!L,ncorninour.
n es.~
&\
••••• ••• HIstoires Na turelles.
La Gin
Jea~
RlCH?PIN. .
I.C$ Débuts de César Borgia.
de 1 Aca.d6mlo {ra.nçBlse. La Chanson des GueUl:.
Cl ROBEnT.DUMAS Amonr Sacré.
1.
•
é
\ Ln VIc Priv Il de Michel TCI.
'2douBrd ROD..........
sler.
Les Roches blanches.
Andr6 THE.URIET,.
LII lIIaison tics deux Barbeau.
do l'Aeadérrllo ftunço,lso. l' écbé mortel.
Pierre VEBER ......... L' Aventure.
En Vento dans toutos les IIb,.al,./e
l
ot 10
blbliothoques d o s Gcar6.
t
��1f~.=
~
LES MAITRES DU ROMAN POPULAIRE
Nouvelle Collection à.
=====
30 centimes le VOLUME
paraissant le 1 S de chaque mois
=========
Le 15 Mai paraîtra:
PRINCESSE ET FILLE DU PEUPLE
ROMAN INÉDIT
PAR
MAXIME
LA TOUR
Le Roman Complet:
30 centimes
Volumes déjà parus:
GRINGALETTE
LE COQ DU VILLAGE
L'ENFANT D'UNE VIERGE
RIVALITÉ D"AMOUR
UNE NUIT DE NOCES
MARIÉE A SON PATRON
PAR JULES MARY
PAR PIERRE SALES
PAR CHARLES MÉROUVEL
.
PAR LÉON MALICET
PAR HENRI GERMAIN
PAR MAXIME LA TOUR
LA DAME AUX VIOLETTES
L'AMOUR ET L'ARGENT
PAR MICHEL MORPHY
PAR EDMOND LADOUCETTE
•
i
CHAINE MORTELLE
CALVAIRE D'AMANTE
PAR GEORGES MALDAGUE
PAR JEAN ROCHON
LA NUIT ROUGE
FLORAISON D'AMOURS
LE CORPS D'ÉLISA
AMANT ET JUGE
PAR JUL ES DE GASTYNE
PAR FERNAND-LAFARGUE
PAR A. MATTH EY
PAR CHARLES ESQU 1ER
LE FILS DE. JACQUES
MOINS FORT QUE L'AMOUR!
PAR RENÉ DE PONT-JEST
PAR PIERRE SALES
POUR L'HONNEUR D'UNE MÈRE!
PAB JULES DE GASTYNE
Chaquo Volume:
30 centimes
Lc volume franeo par la po s te: ..-;.0 centimes.
Union Pos talo: 1:»0 o.nUmoa.
Abonnement pour D IX volumes : Franoe : -4 franos i UnIon Postale : Ci frano ••
A . FAYARD
et C I' tdit e urs,1ti- 20 lue du Salnt- Gothald,PARIS (XIV').
1
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Maitres du roman populaire
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire.jpg
Description
An account of the resource
Arthème Fayard lance les Maîtres du Roman Populaire en 1914.<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/les-maitres-du-roman-populair">En savoir plus sur les Maitres du roman populaire</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
La petite a deux sous
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Bouvet Marie-Louise
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Fayard
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1914
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Les maîtres du roman populaire ; 18
application/pdf
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Pas d’utilisation commerciale
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20696_1205592
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/12/39193/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20696_1205592.jpg
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/12/39167/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20694_1205591.pdf
695a4031a16e2499f80d7be6b9e19e94
PDF Text
Text
30 l8ftIime$
lE ROMAN COMPLET
t
.~
.Q
'-E=
..
,
OINS · FORT· QUE L'A OUR!
LES MAITRES
DU
ARTHtME
ROMAN POPULAIRE
FAYARD
et Cie
Editeur.
18-20, Ru. du Saint.-Got.hard, PARIS
16
��PIERRE SALES
,
LE
AITRES
DU
ROMAN POPULAIRB
ARTIiEME fAYARD et 0Edi\.<ll,lu
18-20. Ruo du Salnt.-GothArd.. PARIS
,
�u
È E!
L'H
par Jules de GASTYNE
Le ro:m.an complet: 30 centimes
II paraltra désormais, et jusqu"à nouv.' ordre,
un volum. le 15 de chaque mois
Volumes déjà parus:
G . iNGALETTE
PAR JULES MARY
• L'ENFA T D'UNE VIERGE
II LE FILS DE JAC UES
Î
PAR RENÉ DE PONT-JEST
LE COQ DU VILLAGE
PAR LÉON MALI CET
PAR PIERRE SALES
UNE
VIT DE NOCES
RIVALITÉ D'AMOUR
PAR CHARLES MÉROUVEL
PAR HENRI GERMAI N
LA DAME AUX VIOLETTES
MARIÉE A SON PATRON
PAR MICHEL MORPHY
PAR MAXI MELA TOU R
CHAi E MORTELLE
L'AMOUR ET L'ARGENT
PAR GEORGES MALDAGUE
PAR EOMqND LADOUCETTE
LA NUIT ROUGE
CALVAI E D'AMANTE
PAR JUL ES DE GASTYN E
PAR JEAN ROCHON
LE CORPS D'ÉLISA
FLORAISON D'AMOURS
PAR A. MATTH EY
PAR FERNA N D-LAFARGU E
A ANI ET JUGE
PAR CHAR LES ES QU 1ER
C
taq
e
70
e
�'MOINS fORT QUE L'AMOUR
PREMI ÈRE
PART) E
J
MICHEL THO:\.lEIUJ.'1
Le jour é ~ ait
il pCUlC levé , lorsque Mlle Suz.anne de
SainL-Ermond parut dans la grande cour, qui séparait
la maison d'habilation ùu corps dc la. fabrique.
Le gardicn de nuiL, qui allait se reposer, la saluà d'un
air éLonné .
- Comment 1 déjà debo ut, mademoiselle 1
La "jeune flUe répondit en sourianL :
-- Vous savez bien que c'est mon habitude.
Puis elle continua son clwmin, d'un pas plus lent,
tOUl'llllllt un peu la tête et eoLr'ouvrant les lèvres , cornille
Gi elle lIvait quelque chose à dire.
Enfin, elle se décida:
_. Dites-moi, mon ami; mon pèl'e eslrll l'en!.ré, ceLle
nuit ?
- Ma fOi, noo, mademoiselle, il aura sans doute été
retenu ù Paris par les apprGls de la fête .
- Bn eUe L. Allez. dooc vous l' poser, vous.
- Mo.demoiselle n'a besoin de rien 7
- Non, merci. Voici d 'ailleurs 'lIl. Joseph Be.rnier.
EL le gardie n ùe nuit s 'en ulla, lllndis que Joseph 13ernIer, le contremaître de la lubrique, s'approchait. en
saIuan L la fille de son pat.ron.
- Bonjour, madellloiselle.
- Bonjou.r, 13ernier.
- Vous ne vous déferez donc jallluis de celte habitudo
d'êLre levée avant Lout. le monde 7
- Que voulez-vous, Bernier : puisque mon père esL
sans cesse retenu ù Paris, et que M. Mi)1 1 est en
voy.a.g , il fnuL bien que les ouvriOl'S voient quelqu'un de
in Cnrnille. Cela leur donne toujours plus de cœu r pour
~rnvl"e
.
.Lo ùOlllramul!Jro .se dirigea vors la porle de la fahrlqu e
e~
l'ollvrit n disant:
- Je viens simpl~ent
fuire lin tour, ce malin, puIsque
nous avollS l' 9u l'ordre hier, d'arrêter Loutes les machine'
'
.
Suzunne 'nll'a avec lui sous le vasle hangar où. s'al!gnaiellt les divQl'ses machin~
de ln g1'anda fabrlque de
qui nvnit él" [11n\l('0 quaranl,c ans uupabai ,; décOI~,
ravont pal' sari iil'and-père materllel.
Iml~
s'arr ta ri vllnt une IlolUvr,lIe machin , inst.al~e
soul( IlIcnl ~jefJlIs
quclqLl S illOIS, et qui avait donné les
l>lus IIlcrvetlloux r sulLllLs.
Ail 1 ~b 1 prononça Bel'nler, avec un bon sourire,
vous exumlnez enCOre la dernière invenLion de M. Mi.llel '1
- En êtes-vous toujours satisfait, Dernier 7
- Parbleu 1 Economie de temps, de travail, de marchandise 1 Le couteuu au lieu de 111. scie 1 Presque plus
de sciure 1. .. Ah 1 il faut reconnaître que la fabrique d'aujourd'hui ne ressemble guère à celle d'aulrcIois. Si vol.!·e
pauvre grand-père vivait .encore, il ne reconnaitl'ait. plus
son œ uv J~,
tellemenl M. Michel l'a bouleversée ... Savez.vous J1uand il r evient, M. Michel ?
- Mais bienlôt, je pense, mon bon Bernier. Vous auriez besoin de lui?
- Ah 1 dame, oui. Il m'a tracé de lu besogne pour tl'ois
molS; en voilù quatre qu'il est parti... El, conune volro
papa ne s'occupe pas beaucoup de la labrique ...
- Cependan t, mon père a surveillé, lui-même, l'na'l'Iovage de Lous cea bois gue M. Michel fi expédiés de
l1ussie.
- Ça, oui. M. de SainL-Erll1ond a louL vu par luimême; c'est lui qui les a fu il ranger, là-bas, derrière l(l
hangar .. . Il y en a des las et des las ...
- Oui, pour plusieurs millions, Je l'ai entendu dil~
lJ.
père. C'e.<;t une grosso spéculJalion.
- El, sans doute, on attendra le l'eLoul' de i\1. l\llclld
l)our y loucher 7
- C'est P'I'ob.able, Bernier.
Tou t en parlant, lis avaient faiL le lour de l'Immense
atelier . Des voix reLentirent auprès d'eux.
- Voici mes hommes qui ru'rivent, dit le oonlremaître.
Nous allons commencer nos pn~Brali,
pour installer ici
la salle des rafr aîch issements .
- Esl-<:c qu'un tapissier ne doit pus \Cnil' de l '!u'is ?
- Si ; muis nous allons réeuler les ll1achines pour
[aire de la place.
La jeune mIe jet un dCl'niel' l' gOl'd ;ur l'atelier, puis
elle s'éloigna. Tous les ouvriers la saluèrent re.spedueusemen! q uand elle Lrâversa la cour.
Elle rcg ,ll'du, en possant, un peUt pavillon sur ln porLe
duquel éLaienl insc.rits ces mols ~ C,iliin L de l'in géniaur ».
Puis elle enlr'a, dans le magnifiqu chalet que son
g rand -père avait jadis [nit construire lors du m l~iuge
de
sa mèlo, et qu'elle habitait seule aujourd'hui avec 5011
père. Elle w'a\'Cl'sa le Wl'Und salon cL :;'tlIT;tn longuement devanL un beau portrait de f Ull me. Elle murmuru,
d'une voix attendrie:
- Puuvre et chh''! mure 1 Ah 1 pourquoI s·lu morle?
Puis elle ajouta u'islRmcnl :
- Oh 1 jo comprends, aujo urd'hu i, combien tu as ùù
sou rfr;]' 1
EnsÏJ.iLe, eUe romonlll lour'dament ch ~ olle u1 alla S'iJ.O
coutier lIU a'oboru de la [onôLrc.
Devant clic "l'lcwloil l, \ rlsll! pla Ill' dl ul.~c
qui ,'l:lliIl'l'
Paris d Salnt-Denis. L'avenue, comme l~ plnln!', 'bit
couverte tl'un bj'ouJllarll blunc, I('~,l
qui renùa ;l les
choses inccrllllncs. SUZdllIHl distingua, d'une raçm} VILgue, Ù SfL droite, réTliJI'Ul0 musse (les tolus des fmlincaLion, lc-.' lIou. pont.,; du ch min de fcl' qui COllIW/ll ln
roule, le" chemilwc.s des usines, pui.; des voilui
lIui
[los;;:licnt ;J.VM des form'S illc1él>S s,lo LI'IIJU\\"Il' r[ui
�Moins 101" que l' Amour
commençai t à ma r cher ct dont on entendait de loin le
glapisscm n t, les charrelles des maraîchers ...
T ou t à co up, en face d'oHe , une longue ban de de nua·
;:~s
s' claira ; leurs for mes bizarres se dessinèrent en
rlluge sur l'hor :zon, <les ra yons i mmenses les d~pa
si)
l ,':1l en quelques minutes. Et aussi tôt , t.out le brouillar d
t comme par
.Iu i cou \Tait la plaine ·ain L-Den.is s' ~v an oui
!·r.chanlemenL, laissant des gouttes de r osée sur l es
""nlpS, su r les haies, même aux angles des toits. Enfi n,
.C! gros disque du solcù apparut, le jour se levait dans
U"1C gaieté sereine. Tou t le soleil était bleu.
: lUN.l
~uzane
se pencha davantage , comme si elle pou\'n.l voir plus loin. Et , dils lors, elle examina toules les
l'oilures. Elle les prenai l au moment où elles dépassaien t
les for tifications et les suivait j usqu'au momen t où elles
arrivaient devant elle, et alors , com me to uLes con tinuaient leu r chemin vers SainL-Denis , la j eu ne fil le avai t
un peliL mouvement de déceptIon.
Puis clic regardail LIe nouveau ver s Paris , et cher chait une nouvelle vo;Lure.
Sa femme de chambre vint prendre ses ordres; Sumnne répondil qu'elle n'en avait pas.
- r-Iudemoiselle ne veut pus essuyer sa robe pour le
bal de ce soir ?
ous uvons bien le Lemps. Luissez-moi...
Et eUe revinl se placer IL celle fenêtre, où, presque
tous les malins, e:le guettai t lè retour de son père.
l-:e fut seulemenl vers huit heures et demie qu'elle
poussa un cri de joie :
- Ah 1 le voici 1
Elle se précipila dans l'escalier, traversa promptemen t
la maison, puis le jardin qui l a Séparait de la r oute ct
yint se placer 0. la por le, fixanL ses yeux , à !.rois cenL~
mNres devant clic, sur une victoria, dans laquelle éta.:t
lin homme à moiti.! endormi , qui tenaiL entre ses doigLs
un c g'ue éteint. Le cocller aperçut Suzanne, eL, se retournant vers son mailre, cria:
'ou.' voici arrivés, mons:cur 1
M. de Sainl-Erillond sursnula cl regarda au dellol's. Il
vil aussi .!.u Olle ct eut un geste d'hllrnl'ur.
- Ah ço., je n() pourrni donc pas mettre celle gnmine
Il la raison 1 Lu. voilà qui espiolUle mon relour, comme
fnisa.t aulre[o:s su mère 1 Cela commence à devenir in:;·lppol·tnble.
I.a v()iLure )Jl:n
~ tra
dans la cour, dont ~lIz1nc
avait
liliL ouvrir la ~ri1e,
ct s'arrN.n net devnnt le perron.
5\1la.nne était .lù, le:; bras Lend US , les aèvres sOllriantes.
- Bonjoul', mon p~re.
- Tu snis, commellça M. de Salnl,Ermond, que je
n'aime pus li. te voir ainsi, il la parle quand ïart'ivc.
- Mais, père, c'est un Jrn.!.ard. Tu sais bien, toi aussi,
que Je me Ii)ve de bonlle heure. Je... m'occupais de m
!leurs ... r u: nlcnclu Ln voilur ...
M lie l'embr a sn! t avec la plus vive tendresse. lIL de
",lInl-Ermond se d "!-:ugea doue men t
- Bon , bo n. NUlls n'avons gut'::re le temps de nous
~lfIbrase
uujourdïlU I.
.'uzlllne, un peu interd lle, rôpllqua :
- Demi l' a. di'jù commencé les J)1'épal'ütifs ...
. Bien. ~ol,
r~i
él.é r tenu , hier, pou r pl' ndre mes
d~rnlè
r es
diSPOSltIOIl S uvec le t 8pl~1
1" ••• J'ni Né forcé
3e coucher au cCI·cle ... Et, 00 mnlin, j'étais chl'z III tnPlssier à la. premièrc ~eur
... On va apporl l' IIlle ten to
toule prête pour COUVI'lr l n grande cour, qui rorvirn Ilu
ialon, avec un tu pis ... J'aime 0. croire quo tu l'es d JI\
occupée de tn
ilel te '1
- Oui, mon père.
_ Jo tiens Il CI' qlle Lu sols éblouissante . Allons r emonLe vile che!. tOI ... EL jo vais m'occupe!' un pe~
(Ù)
\out.
Il !.raversa la maison, tandis quo Suzanne rcstall lm.noblle, pouvnnt il peine Louff 'r
s lannes.
Elle se l' ndit dans le snlon ct L{lmba sur Je divan flui
Ile Lrouvnil nu·ùessous du porlrall de sa mère. ['uis, levan l lcs yeux verl> celte ùouce ligure, c1Je balbulfn :
- Puuvre mOre 1 CHuit (linsl chaque fols qu'il r VI'
lait apr{:s l'UV,J;I' n.bdol\~c
olusieurs 100.r5.. Je no
~
compr enai s pas , al ors, j'éLa is Irop petiLe... ~ lain
t cnat1
t,
je devine to uL EL j'ai peUl' de trop dev:ner...
Elle e n te ,~dit
s?n père qui donnaÏL des ord
r~
brusquem ent, s Imrn1 lentll nt de ce que l a voiture du tapissiel'
ne fùt pas encore arrivée. Et, qlland cette voiture ul'riva
il r eprocha aux hommes d'avoir perdu leur Lemps Cl{
r oule,
- Vous savez bien que nous n 'av ons qu'une seule
journée pour tout préparer, pour trAnsformer cette cour
en salon , pour Ins taller le buffet dans le premier ves tibule de l' usi ne.
Et II était Lou)ours l à, le cigare à la bouche, le chapeau
un peu en nl'l'lère, bousculunt tout son monde ... quand
un fiacre s'arrêta devant !~t mo·soll. Un jeune homme,
grnnd , sec et brun , en descelldiL et , l aisant le tour du
chale t, nrr:va dan s l a co ur, où M. de Sai nL-Ermond
cr iait au milieu des ouvrier s.
Tout le monde cessa de travailler.
M. de Sam L-Ermond devInt très pl1~.
Et Suz(lnne, qui regn.rduit par une fenCtre du salon,
m urmura en Ll'emblant :
- Michel Thomeruin 1
Déjà Joseph Bernier s'ovnnçail, la main lenllue; et les
ouvriers de la fabrique, venus cc Il:alin-Iù, som ;:lien Cri
envoyant un salut au jeune iugcnicuJ'.
SeUl, M. de Sainl-Ermond restai t fro:d; li fixait durement son r egllrd sur ~liche
-l homerain, si dUl'emen
que cc dernier s'!llTèla eL. ù sun Imu', dévisll g•.'a 5011
pal l'on. Apl'ès quelques secondes , il prononça :
On dirait que mon orr ivée vous surprend mon'
sieu r dc Sainl Ermond '1
rd tcn-:- En efrel, ba!buL:a celui-ci; je ... je ne ... vou~
da..s pas cc matm.
:- Je.. s~i
~'livé
pal' le tra in de neuf heurcs rt lûrnnt('lr?IS; J al prIs une v oltu.l'e , et je me suis imrnM
;, ,:L!lIe~
fall condu:re ici.
- Sans voir volre mèrc ?
- Mon Dieu, oui, lIl'mSieur, J'avais hâle de VallS l'en·
dre compte de mu mission.
~pendat.,
lI. de ~aint-Er/lQJd
revenait peu :'1 p"u l.l.
1111, reprenait son allure IIiI1Itaine d'homme du monde.
I! .alJ~n
un nouveau c:gal'e, donna quelq1:è': urdl'es,
]lUIS, d un Lon gloclal, s'adressa li. Michel:
- Si vous voulez hi '11 ëhtrur dons le ('haleL, nOlis caus~ron,;
plus il noll'C ui:jc. Vous conna.issez le hemin,
II esl-ce pas?
• 1 chel s'inclina et gruvit lentemcnt lcs marche., du
Jlt l'l'OIl .. SC dC'I,n nndnnl pourqlloi on le tl'aiLa:l en ét:'Wbel'.
III. de SurnL-hl'moncl I1IlIl'chnit auprès de lui.
Au rnOtn1?lIt où ils pùnélrèl'ent duns le grand Sl on lL!
jeune ingénieur dlslingun un pnn de l'ohe qui tl s p,,;'ut
a lIssilOI t1erriilre une port~.
Il murmura doucelllenl : • Suzanne ., pu: J sc tou ,liant vors SOli patron:
- Permellcz·moi, nHlllsleur, de vous dCIll'.Ill!CI' des
1I0uvelles ùe Mlle Suzanne?
- II ll1e de SainL-I::rrnllI1Ù esl en parfaile santé, ['~p1i
qua son pru-e , du mCme Ion gl acial. Asseyez-vou.> donr
monsieur.
'
Micllel s'nssll, lou t décontr.na ncé.
Je suis tout il VI)IlS, déclnl'u Slllnl·Ermond ; mais
permettez-moi d'ouvrit' œlle fcnOLI'C, (Ille je 511 l'V '1 le un
peu ce qu'on faiL ... Maintenant, je vous œoute.
L'ing 'nieur jetn un couL! \l'I'C!! SUI' lu COll!', SUI' ln. Icnle
qui commenç,lil li. s'OlevCJ', puIs enlama son l'(-cll.
- A insi que vous m'cn av'Z donnO l'ordre, il y a qua'
Ire mo s, je suis parli pour vlsiler tous les chunlicis de!1
pays du Nord , ufin Ù· xamille l' leurs UPfll'ovislonll'}II1 nLs
1 urs mélhod s d'explOitulion, ulln surtout de che.l'chcI!
des bols dans des condlLJolls meilleuros que ccl cs qu'on
1I0US falsail le!..,
?lll, plissons, jn.l'
l 'I·?~lP
Sai.nt·Ermond; cl Je vou:'!
<'n pI'le, soyez hl' f :. Je Il 01 que !Juclqu s Inscnnts 11 l'ou!'
aC" ordel' nujoul\l'hul.
- Si vous Ùè.·,I:ez qlle IlOlh reml'tlions c ll<- CGn\"cr.
S'II ion 0. domuill '1 IIlLel'l'ogea J\Jirhl'l d'un lon légl!1"'rIIlln l
,
.
1l'Till'>.
- Non, non. ConlinuC'l,
.l'ui dOliC tr~lVesO
lout" ln Su Me el toute la Nor
�Ql-
Moin,s fort que l'/imuor
Yège, visilunt les mo:ndres villes o~
€xi~len.t
des enl.~-:
pÔls de bois ou des scieries m écaniques. AinsI que l al
eu l'honneu,l' de vous l'.?cri rc il cel Le ûpoque , nous n 'a·
vions rien de nouveau il apprendl'e de ces côtés·là : n os
m achines sont bien plus ~r[clionées
, gràce surtout
aux dernicres m{)dillcaLions qui ont été inll'oduiLes dans
1l 0S IlPPol'eils ...
- ModiOoatiarus que je V01l5 Mis, je m'empresse de l e
reconno ître, et pOUT Iœq1.lJ011es Y{)US .a,Y€'t refusé !.oule
l'~om
, oe nse
...
- Si j'ai cher ché à amélioraI' v oke fo..br!ca·t.ion, monsieuI' c'csi simplemen t p OUl!' I8ccompliI' mon <Levoi.r·. - En
qt.liL~
. !lL la NOl'vè:;e , j e su,'s allé di]'(}~tem:r
il Saint-p~
t.effi!JOnrn' où se L1'ouve un !TlJU.l'C·l lc Impol'Lnnt des bOIS
qui ~ ' e xtJ"' Ù l [ Cnl
par le por!. de n.ig<1.; el c 'est là que j'ai pu
cffeoJU/. r les I8clwLs considéJ'<lb!es dont "O'UB Ill'anoz
eh1lir "é . Comme je vous l'ai expliqué dans ma dernièI'e
~tLl;
de Sa.:·rut-PélersboU,l'g, 1<'5 bo h<; que j'ai achetés ont
nu l'OU S sembler d'un pI~X
éloy e ; ma is Icur quaJiLé œL
:wsolt:l?!lünL supél'[eure, nou.s n'uu l'ons p r('-.-;t]ue p.!1S de
d ~c h (t
: f ill lW mot. j' es p ;~ re que l'üffu"re c-,:: l exce.llent e ..
- Les UI):"; sont nrr v ôs <1 ..... uis llil-31quéIS jours; je les
ai vus pOi-J11Î.:i!1(!'. j'er: su:.,> e n.:· lt;w l;(,.
- Ah t ils so nt... I. JI(~ n 8.11I1 VC'..5 ?
- Muis oui. Cela VOU5 étonne?
- NOll ; cal' c'est b:en le d (,\.ai que j'avais imdiqué. Seule.ment, permdtez-moi de VGIIS le dire, je n'a.vais qu'une
confiance très lim i tée dans le com mi·ssi{)n,nrul-e-ex pMiteut· auquel VOltS rn'av!.ez dOTIllé J'ordre de reme.tLre nos
marchandises.
, ~'(lJr
Thomcrûin. Ne \'ous
- Vous me SlII·prcnC7., mon
a;·je p:l5 ér.ril 1l1H.l j'a"u is j'a plil$ entière confinnce cl ans
I\l. 1',,[;.;· hl,of1.
- . i \01.15 ne m'nvie7. pns éCI'it cel,n de l:l f.uçon l n plus
Cü.:...·" "';';q ae , je v ous avolle rl';\lIc!t<J Cl1cnl qlle je n'au rais
,Î Ill1l n ..;nnIlé troLs miU ons de rrw_rdwllws.;3 il ce gail111rd là.
Q GO cl'ùig.1Ù!Z· V()'tls don 7
- .. 1:.5 ... un mnu\'u.is eml1nl'lllll'<Jl1f\nt, Oll hie.n rjue cet
indiv idu n'écltnJIgefit nos tI1nl'd
i lnd
i~:c
s de q'ual'té slIpél'ieUI'O con t.IIC drs nlfll't hll.ndi ses nvu r' (ies ... El comme, il
ce m ,_llent-I à , vous m'uvez ordo nn é de poul'suivl'e mon
voyo.ge, comme je n'ui pu assis:lCl' uu CIt :u'g€m enL dos
batea ux ...
-- TrilI1rjllill lSe7.·volls, m(\ns rllll' Thom erl/\i.n : j'avA
i, ~,
SUI' c·' Pou5chlwCf. les meillell.rs l'-ml seigne:menLs; el ce
qui, (l'ltilleIlJ's, re.lld vot r,' d<'flanO!' h'en l' i d ic lJ~,
c'eSlt que
les bol.. nch
e t~.s
pur vous sont 1/tl'rivrs en parhlit étal: je
cxumin és ; i l ~ fOont l'IJtg
~ S d,LOS nolre
les ai s o-il:n(~emJtL
chantier , de.rrièl'e noln'C gl'Und ot<, lic-l' cie sc.iel':e; ils so.nt
même déjil nSsllr'r.$ ('{l nlre tOUiS lcs l'i:;qUC5 d'inccnd c ...
COlllillU./.'Z, j VOliS prie.
- Le l'OS te de Illon vnY,'lge n'offl'C IItolhclIJ'C'lIsrm nt
RU(;Un luléI'èL. Vous uvcz cxig~
<flle je pou "se ÏJIS IlU'OIl
cenlr'c de La Russ ie. jllSqll'illi Volga; toul 5L là , à 1'('1,,1.
1'1Id'TI1e.JL:lllire. Et je suis p('J",<;unoé CplC, !ln<l'llnt plusieuJ's
t1TIifl(lC-S, oos relaLioTls avec n gll et SIlIIlt--Pét.eJ·sboulf'g nOIl
~ ;
surOrOllt nmnlement.. fR..5 deux ool'niers mois de molt
v{)ynge on t donc été perd'us.
M ithel s'ruTêla. Suint--EI'mon<l' pt'OI lonça d'un Lon indif·
l ét'€I!.t :
- C:'~L
... lout cc que vous uviez il me dùre?
-
Oui,
-
San:1 doul.e 1
mOJlS
i eu~'.
- Eh bien , allez pll..~Sl'.r
lu joumoo avec \'oke tn6ro,
c'est j\lsbement un dlllwnche; et VOIIIS viendrez dellluill
repl'()-u.dre vo lre posLe. A demain 1
El LI 50 le>nu, envoya nt llin sflhll Itnu~l
il S{)n ingé·
Thleul'. Il uUait sOI'tir, quu.nd MI hel l'l1rrèltl e.ll d isan,t :
- Pu t'(l(\n, monsi cu1'. Est·ce b'CJl ~ o uL
ce que , vous,
vous UVe7. il Ille cliI-e?
que jo suis fr'<lnc, mon,sieu,[' de Sn.inIrEI'·
- Vous ~:nvez
mond. VOUlIcz·vou me penl1eLw'e M vou;; posor uno ques-Won '/
- Faites, monsieur
- J V'CM d'Il.c:corn·pllr, pour vous, un long et pMible
v~y
. "ge
En arrlvllnt (, t'n.l·is. Je n'"i ('11 qll 'UJI idl'e : (' (lU
l'l" J•.'" pow' VOliS voir, pour me rnC'l tlf'e iL volro dlsposilion ,
SI cela ()lmL n<-~csa.iJ'C
SUJ1S avoir Dris llll ', heure II J' r
vous ne m'uvez
pas donné UIfle p<lignée de main 1
Suinl-El'l1Iond se l-edJreSStl avec beaucoup de hauLeur el
dll ;
- C'est Ja première fois, monsieur, qu ' un de m'è:S cm·
ployés se permet de me parler n.insi.
- C'œt parœ que je crois en avoir le droit, monsieur, J'épliqua Michel fièf€«]lent.
Ces deux phrases ava 'ent été prononcées dc telle l l\çon
que t ou t
monde les ent.e.ndit dans lu. coua'_ Joseph Ber·
nier munnUI'n :
- r:a 00 va donc pas entre noLre paLron et notre ingé' nieuI' '?
L' !Jldusl.riel lançait des l'eg,1Œ'ds fu rieux il Michel.
- Celt.e fois, monsieUir, est-ce bien {ouL ce que vous
avez il me d ire? s'écl'iu-l-il.
- Non, monsieur : j'ai encore une (fuesLion il VOliS
embr.a.sser ma pauvf'() vieille m ère .. , E~
w
poser.
de mes In5lrults, mon- VOliS abu.sez si . nguli~remt
SiNlf 1 Vous sa vez 11'1's bien que je donn.e, ce soir, "r,e
pnnd c rc:e, que je n'ai qll'wn.e journée pour [aire t ou"
l!Io.'i [1rl'p lLra {i!s .. .
- Ou i. mOTh,>ieu:!", j e sU.ÎiS lout cel.a. Je SMS que, le p:-e,
m ier d i Jl1~nche
de mtli. vous donnez {{)uj ours lU le grando
[êle. Et je ne vous cacherai pas que c'est pOUT être ici à
cetle dl:lte que j'ai voyagé jour et nuit .
- .le ne vo us caclte!'ni pas dl:lvan{uge que je ne VOU3
atLendnis C]II'UU milieu de la sema in.e 1
- Ainsi, qlIru1d VOUS rn'u\~z
dit: u A demain 1 • cela
signifiait bie.Jl que Vous ne désiriez me revoir que ... d&
main?
- S<1n:; dOl't~
, mon,sieur.
- .l tl~ C]u'i
.: i,
mon
s i~\l'
de Sa inl-Glmond, VO\IIS !l1'nV;el
fa il lï u, .,neUIf de m'inviler à \'otre g n\ndc S{)ir( e.
- (':'('sl. u.n lod que j'avais; el il ""'n sertl plus désOl'
mu:.s fi nsi.
- C'est bif'n, mons icul' : je n'ru qu'à IlI'incliner, et je
10 fais l 'c spe 1Uell/5e'menL ...
- J'enl.en<ls que lo ut renLre duns l 'o rd.re 1 Et je vou.s
prie de sav,;.j~
· déS{)I>tlJals vous mieux te.n r il volt'e pi nce.
- ,Tc snu'l'ili m'y tenir, mOllsicolJll', sO.l'ez k al1quille. r'<Ll'c!(\ nncz-lI1oi cl 'avoir provoqllé ('cUc ex p licul'{)n ; elle Nail
.Ji rCCSi··n ire . .le VOliS avoue que je ne me soru.is pas attendu
il un Ici revi r('m
P Jl~.
- O"e sig lüfle n.l vu parolc-s, mOnSÜ!l:l'?
- Ellps signifi ent , m on.<;ieur, qu<', d L'p u.i..s dix l\J1.S qt:e
j'ni eu l'honneur d'eIflt.ror dlUlS vot.re I11 lt:lson, j'u.i rr"lJ !'-,i ,
f>/lr mon énc-l'gie, fi . oulenir une entreprise qui sernit irn·
1111Lnl]u ah!eme-nt tombée: qu 'au lieu d'expl oiLer pour 11l'm
compt e tes découveJ't.es que j'ai [uiles. je les ai abllndunnées à \'oIJ'e usine .. . En thn '\TrIoL, j'ai l'el,' vu voLrc [01'1 \lne
qui soml1mi t... Je con.~i(k1l't
is
Nll.c ma.ison ommo ta
In!enne ... Etai s-je U5."<'7. naïf 1 Vous rn'pn chassez I}J'lI.!oUlemcnt, lor:;que je violls de vous dOftlner une <.lernlère
J,I'euve da mon dévouement 1
- Eh ! Vou." !ll·je diL que je vous l'envoyais, monsieUll'
Tltomemin ...
- Oh 1 n craignez pus que j e vouos lll.is.<;() ceble peine. _
J'ai l 'hC1lïl1eUl' de VOU.5 donn<>r mu. Mmi' ·ion.
- VJ'a ime nt, mon.s:eUJr; et PQIll'q uoi donc?
Michd S'llvo.nço. 1J,n peu et vint uudacieuS€-rnen.L se pla.·
cet Ù('VUIÜ l'inOus loriel.
- .le vous aon.n.e rn.u d6mi5Si{)n, 6~clar!
· L-it
d'une volx
forle, f)nrce quo j'oime Mlle Suwnnc de Su.int-El'rnolld.
- VOliS ... nJiITlez mu fille, monsieur?
VOIJS le suvez bic.n t Et ce n'~sl
quo powr m'nloigne!
(1 'el 1<.> qlle VOlIS lTI'UV€'/. oXlp('l(jjé e.n Suèd , en Norvège, on
Hussle ... Si vou n'aviez cro.inL quelque l' a ~st
. anoe
cl .rna
f)lLl'l, je crois bien que VOltS m'ul1ri 1. xpédi (lU fond de
l'Asio 1 Oui, Je vous donne ma dOmissill n, parce qu'il ne
me j>lail pas d'{Ike lru.ilé de lu [/1900 d OJlL vou' venez df
m" LrllHer il. l'i.nstanl, dnns Ln mUlScm d 'line jeune fille qUE
j vénère el que j'oUi me peuL
· ~tl'e
pl us quo vous ne l'aim.el
d ne ln 1'6nr.r<>z .. .
- /I. "-"<'/', lI1onsieur', VOltS v"us oubliez 1
Soinl· I:l'Tl10lld élPndll ln rr.aln ver ln podo du !jalon.
- Ad il'u 1 s'écrin Il!Jcht,j d'una VOIX fUI'ouche .
El le jf!un<' homme S{)rUL \)rusque.Jl1ClI1L du 58lun, tan
Il i~
ClI'" l 'iIJrfu"lriol pl'ononçaH :
- non d~j.!LrOi
1
�re6=================
u
I ~CE"DI.\nu:
1
Michel eut li peine quitté le chalet, que M. de Sain.tErmond revint dans la cour, aflectant la plus g.I-ande
insouciance, plirlant a.v~
désinvolture. faisant l'ec<l'mmancer les plis des tentures, criant:
- Qu'on se dépêche 1 qu'on se d6pêche 1 Les. neu.;.s
arriveront à midi. 11 faut que tout salt prèt à midi, qu il
n'y uit plus qu'a disposer les guirlandes.
'I1 remargua, Cependant, que. Joseph Bernier ~avilIùt
mollement, et l'estait, des mlOutes enllères, ImmobIle,
comme abimé dans ses pensées, regardant dans le vague; et il l'apostropha :
,
- Ah çà 1 Bernier, à quoi pensez-vous donc?
- A ... à rien, monslOur.
- Pardon 1 Je n'aune prus qu'on fasse des ~choteris
devant moi. Il est bien facile, d'ailleurs, de sa,'oir où vous
nvez la Léte. C~
n'est pas Il moi que vous pensez, ni tt
\'otre travail. Vous pensez #l. votre bon ami Michel Thomerain .. ,
- S'il faut vous dire la v6rité, monsieur, nous avons
entendu tout à l'heure , quand il vous a donné sa démission .. , Èt dame 1 on ne peut pas oublier que, depuiS
dix ans, on travaillait sous ses ordres ; et je crois bien
qu'il n'y avait pas un seul ouvrier qui ne rot son ami.
Je crois même qu'en dix ans, il n'a pas renvoyé un seul
bomme.. , C'eslr-y vrai, vous autres 1
Les ouvriers présents déclarèrent :
- Ah 1 pour sür 1
M. de Sainlr-Ermond sourit ironiquement; puis H prononça :
- Je suis d'une opinion diamétralement opposée il. la
vOtre, Bernier. Et il y avait longtemps que IR oonduite
de M. Michel Thomerain me déplaisait. Ma parole 1 on
aurait cru Qu'il était le maHre 1.. , Heureusement, c'est
fini 1 N0l.\.s n'ef,~rlos
plus parler de lui.., Il ira jouer
ses petites cornérfips oc dévouement aut.ee part... Allons 1
nu travail 1 Ceux qui préféraient Michel Thomerain à moi,
c'est-n-dire il. leur \Tai palron, n'ont qu'à le suivre 1
Dès lors, pcrRrmne ne dit plus que les paroles nécessaires à la besogne. Et vers midi les a.pprêts él.aient
prcsl1uc terminés.
Une superbe tenle, gris ct bleu, relioit le chalet a la
fnb ri l111e; la grande porte de la fabrique élait ouverte,
et une lonrd draperie l'ouge séparait le premier vestibule d'l reste des ntellers .
Le glocier IIni,,!] it pour inslQ.ller son buffet; le neuriste disposoit rI "jà cfrs guirlandes de tous cOtés .
A cc moment, lID domestique viot j)rél'CllÎr .M . de Sainl.
Ermond que sn nu J'allendait dans la salle à ma.nger,
- Cien, bi n, j'y 'uis, dil-iJ.
Mais, sur le fl('l'I'o n, il hésita un peu.
- C'est qllC, rnurmu rll-L-i1 cn lui-même, avec elle CD
sera moins commode. Bah 1 Lant pis 1
Et il se dirigrH' vers la salle il ma nger, où SUZlI,Illltl,
vêLue d'une simple robe notre, attenduit, debout, le visago
Ir~
t'Ale, les yeux un peu rouges.
- Tu as plelll'<l '1 1lt son père en s'asseyant.
- Je regrette que vous le voyiez, mon père, car l'Il-i
faiL co que j'ai pu pour que mes yeux ne soient pns
t'ouge,.
- Tu suis bien que jo vols tout, même quand on veut
me le clicher.
- Je n'ai r Ien il racher.
- Alors tu VliS me dire POurquoi tu as pleuré T
- Oui mon père. J'étais dans le grand salon, lorsf]uo
vous y éies enlr' 1 \'ec M. Michel; j.e l'ai quitté, mais seulelilent POUl' me rendre dans le pelLl solon qui est l\ côté.
Et... j'ni entendu tout ce qui s'pst Passé entre vous et
fil. Michel.
Tu écoutes donc aux porles 7
0'1111C'est bien POl' hm,ard que je me t!Quv8.is l~.
Irn's on vous entendait de toute la Illl\1SOn
Voilà donc Qui est lHlda.iL L ouI rend inulile la com-
Moins fort que"Amour
-M)
municution que j'allais te faire . Puisque tu sais qûe
Michel nous quitte ...
- C'est vous qui 1'y avez fœ'clL
- Non. Il a simplement compris que sa place n' était
plus ici.
- C'eslr-'!Hl.ire que, mainter.aot que vous n'avez plus
besoin de lui, maintenant qu'il n refait votre fortuM
ébranlée, maintenant qu'il vous a nbandonné ses invenoons ...
- Ta, ta, ta 1 En voilà Ilsse!z, mademoiselle 1 Je ne puis
admettre. qu'une petite fille comme vous critique la. conduite de son père . Qu'il ne soit plus question de ce Th<>merain un homme de rien qüÎ a osé me dire qu'il aimait
ma tlJ~
1... Assez sur ce suje ll .. . Déjcunons tranquillement, et songeons à la g.runde fête que nous donnons
ce soir.
- Je ne vous répondrai qu'une! chose, mon père. ct&clRl'a Suzanne, d'une voix ferme. Nous ne parlerons plus
de M. Thomerain puisqûe vous l'exigez; mais je vous
prie de ne plus me trailer en petite fille : je ne le suis
plus, et la preuve, c'est que je serai b:entôt majeure.
- Nous n 'en sommes pas encore là, Dieu merci 1 s'écria.
Sainlr-El'mond, en se passant la main sur les yeux. Assez 1 Mange et tais-loi' Ce serait insensé que la fille récommençât les scènes de la mère ...
- Ma mère était une sain te 1
- Oui, oui, entendu 1 :--1":5 taIs-t oi 1
Suzanne baissa les yeu.'C et ne dit plus une parole
jusqu'à la fin du repas.
Ce qu'elle n'avait pas raconté à son père, c'est que,
lorsque hIichel éLait parti, elle avait voulu cow'ir pour
le rejoindre, Illi ad'I'esser une parole aUectueu se.
trop forte: elle étaiL tombée raide
Son émotion avait ét~
au milieu du salon et étail r{)stée là, 11 demi évanouie,
jusqu' a u moment où son père avalt apostl'ophé le vieux
Joseph Bernier.
EUe était remontée alors en sanglotant dans sa chambre, où elle s'était enfermée jusqu'à l'heure du déjeuner,
plew'ant lentement, toujours, souITrant affreusement, è
la pP.nsée que l'h{)mme qu'elle aimait était détesté par
son père,
Après le repas, M. de Saint-Ermond lui diL avec un
ton d'insouciance :
- A propos, petite, soigne toul puliculièrement ta to1lette, ce so:r. Tu Vel'!'D S plusieurs jeunes gens, lous plus
séduisants les uns que les ault'es ... Tu es très demandée ...
Et je le comprends, car Je ne connais pas de plus jolie
jeune fille que ~oi,
orgu~il
palernel mis à part...
- Et, sans doute, parmi ces jeunes gens , vous IlVe7
déjà choisi votre gendre ?
- Ma loi, oui; mais Je ne t'en dira! rien, je veux
d'abord connaltro ton opinion ... Je ne suis pas de ee,q
pères barbares, qui imposent le mari de leur choix ~ leur
!llle ... J'!'iline ~no
indépendance, et je respecle celle des
autres, que diable 1
.
- Je puis y·o us d<lclnl'er d'avance, mon Père, quet
l'homme que j'aime ne sera PlIS ici, ce soLr.
- Comment 1 encore? s'<lcl'Ia M. de aint-Ermond, en.
ll11umltnt son ci,aare. !'oujours c~ rêve de poliLe 111 le. ?
Palsambleu ma tille vous imaginez-volls qu'une Sainlr
épous~r
un peLil ing<lnieul' ... ?
Ermond pu~se
SuzHnnc n'ottendit pas lu fin de la pbrase ; cUe quitta
rnpiclem enL la salle à manger, et remonta chez elle. Son
père continull trflnquillement d'allumer son oigaTe ; puis
li 8.110. s'6Lcndrc dans le fumoir, où, les yeux en l'air, il
regarda les petits nuages que faisa.it la. Iumée de son
cigare, ct, peu à peu, il s'enùormit.
Quand il s'éveilla, vers Cinq heures, il eul un mouvement d'humeur:
- Hein 1 je m' ndors nprlls mon déjeuner J Voilà trois
fois que celn m'arrive 1
Une voix railleuse lui répondi\ :
- Prenez gurde, mon cher; c'est un symptOme de vieil.
lesse.
- Oh 1 comtesse, balbutia Sa.int-Ennond, vous êwn
méoMnle nuJourd'hul.
Et 11 se leva pour baiSer ln main de lu bol~
Q.omlesSQ
Nina. Carenilch.
�Ol-
MÔiTlS 1 0f t que r Amour
_ J'espè.re, com tesse , qu'li n'y. ll. pas longLem ps que
vous éles ici 1
- Tout jusle une demi-heu re.
_. IVI,ais .. . c'es t une trahis on 1 Commen t ne m'a-\},on pas
averti?
_ Je l'ni défendu. J ~lis
venuo afin de voir si rien ne
VOuS manque pOUl' ce soir. J'a i demandé Iville Suzanne:
Mlle votre fille s'es l, parait-il, enfermée dans sa cham)1'e. Alo rs , j'ai bien été obligée de vous demander, v.ous :
Jil m'<l répondu que monsieur dorrofut cjans sou !umotr.
C'eOI été un péché que de vous réveiller . Vous dorrruez
do ~aut
en bas .. .
si gentiment, avec un pelit mou~ent
Un entendait volre 1'espiJ'ution qUI s échoppaIt pru'le nez .. .
- Comtesse , vous êtes abominablement mécl1anle 1
_ Non; mais il faut blen vous rappeler , de temps en
temps, que vous n'êtes plus un jeune homme. Allons,
offrez-mbi voire bras, ct faiLes-mo! iaire un tOUl' dans
vos ateliers.
Saint-E.l'mond offrit son bras Ô. la c.omtesse russe, et
ils quilli'r'elJt aussitôt le salon pour tra 'erser la COllr et
exum ner les apprêts de la Iête.
_ C'est Charml\llL 1 déclara Nina Cl\.reniteh, en adressant un souriJ'e fi Sainl-Ermond. Vos invilés seront ravis.
_ Dès le moment qu e VOliS êles salisfaite, répliqua
galamment Sainl-Ermont!, .je n'ai plus r:en il désirer :
mon but esL atteint.
- Voulez-vous vous Laire 1... Si votre fille vous enlendait 1
- Oh ! ma fille 1... pl nonça Saint-Ermond,- avec. un
g.esLe insouciant.
Ils traversèrent aussi le buffet, puiS soulevèrent la
tenture et gugnèrent le grand a Leli er , qui était absolumen L d2srrL
- Je cïois qu'ici personne ne nous écoute, dIt Ninn .
- Nu]l. Nous sommes bien seuls. Ayez-vous quelque
chose ù m'annoncer '1
- De mon côté, toul 'v u bien: mon frere, le prince
Gél'ald Véréoine, m'aecompngnera ce soir.
- Est-il toujours duns les mêmes dispositions ?
_ Oui. Il u encore aperçu voire fille, l'nulre soir, 11.
l'Opéra, et il la trouve adorable. Mais Suz,s,nne 'ne se
doute-L-<:lIc de rien?
- De rien absolllment. Je ne lui ui jamais parlé du
prince, et, ce matin encore, je rui ai tléclaré que ' je ne
v-oulais mème pas lui nommer le gendre que je rêvais .
- C'est pnr [a it
- Et, après cela, comtesse ... nous &ongerons il. n ous,
n'cs t-ce pas '1
- Oh 1 mrul'ioTI!S dl'abord ces enfa'n.ls 1.. . Vous savez C[M
notre ma.ri,age d6pend du l€'œr ... Mrus n'ai-je pos entendu
vos domœLiques p&'ler de ThomeTain 1.. . Se!l'ait-i.l revenu?
- Oui ; ma.is rass'IJll'eZ-VOlliS. Je l'ai m ilS fi. la portt' ... ou
plutôt, POUl' être plus M .r oit, je l'ai n.mel16 à m'offrir s a
·IOmissio1!l ...
- Que vous avez acœp tée '1
- Sans héGLlC'l'.
- C'est que ... son l'ctour ici POUVf\iJt wUll perdre!
- Je l'ai hierl pensé. Nous sommas d6.bal1l'i1SSés de lill
pour Lo ujo'UJrS.
- Pruriait 1 MBlÎ1ll!.en o,ot que je suis rllSSUlI'OO, je vous
quiLle.
1
- Quoi l déjà '1
- Il faut bien que j'aille m'habiller. Ne voulez-vous
pns que je sois bello?
- LaiSS<lZJmoi bœiser VOl3 mains, au Jmili.l'ls.
- Ne les avez-vous pas assez embrassées, hw ?
- Je ne m 'en [{ISse jrumais.
- AdùC'U, ma UNais sUJjet.
Saint-Erm()nd rec.onchl.isLt 1.<1. joUe Russe jU6qu 'à sa voiture, et rest.o. SUI!' la i1'ouLe tnuat que lia voiLure 'plll'u t il
l'hO'!'izon . EL 11 ren.Lre cl1ez lui en penslI>n t :
- Ouoll.e adorable femme [
~l S:jl\lSLlüla lo l or~
dcvftl1 t sa labIe de t.oilettte, t procéda
.1 1
·1 ,
ln ses choveux qui s'obs Linaient il
passel' du noiJ' au bla.n.o.
,(-"'l
' ~ Hll., Il """'-"'HuL pou.r s 'a&S'UJ'er qu'a'llCun d _ ~t.aiJ
n avmt ft16 OUJbli<:, que le vestia.ire eL 10 buUet étal6!lt
n
p.rêts, que Lous les me>ubles ol,aienL l.Ji.c.rl rangés comme il
le d€siraÏJL.
Ensuite, il mon ta chez sa fille .
Suzrurunc, dès qu'elle v1t son père, ferma U!ll tiroir où
en train de
'éluient d éposées de vieilles lettres qu'elle é~a<it
lire.
Sa1nt-Ermond eut l'ai,r de ne pas s'en o.pp.lJWVmr.
- Ma chère fille, je viens toO dc.1J,lm~·
a'iJ ne te mati
quo(] rien.
- N6n, merci, mon pèlre ... J'ai ma r0be, mes fleUl's, mes
b'joux. J'ai donné les ordres rl<'..ces&aires pOUJl' que votre
dîner vous soit porlk chez vous, l)u k~quo
nous ne pouvons
dîner dans 10. salle il maijlgel' .
- Bien, ma fille, merci. A ce soitr.
Il revint dans sa. eha.mbre oi'! il dîna en homme hCll.l!
renK; puis, il commença sa to:it1.o1le la pol\1S délicate, la
prépal'ation de son vi"age, don.t il corrigeai.t les lI'ides par
d~s
pCltes, sm'louL les P6J1upières el les coi ns d~
yeux,
qlle de !.ro.p 'Longues cL trop noo1JtweuS€S 'VIeilles avaient
p!il;sés avant ]'û.ge. Enfin, .\ n€lÛ hC1JJ1le6 du so.il', élégant
comme un jeune 11Omme, le gillrdénia à la ]Jout.onnière,
il d.:scon<laH au re7.-de-chaulS8p.o qu,i 6lait 6cln.t.anL de
lumière.
Suzn.nne, aussi s6rieUise qu'une fooume, élait debout au
milieu dl! grand salon, donnant un dernie1' coup d'œil
voyant lout, avec la s11reté, la préci>sion d'une maltr€6SE!
de maison acoomplie.
Sain\-Ermond nt une p~-reu
.el
; pUiÏS, ex.aminmL la. tol·
le1to do sa mie :
- Sais-tu qne tu cs adorable 1 Ces deni,cUes blanch€>1'
te vont il l'avir.
- Ce sont des .enlelles de ma mère:.
- MnAs tu n'us prcsque p{lS mis de bijoux?
_. Cette broche de ma mère me ~"t1[(j;L
- Et pas d'aig.relte, poo mêm e UJl€ fie u.r d'ans les cheyeux ? ... Il est vrru que les cheveux ronL assez ~(Im
pOUl' n'avoiT pas hesoin d'ornements ...
- Ma. mère leG portaiL ainsi.
SainlrE.rm.ond fit une seconde pirouet!A:l et passa Ùoans
10 ves&ibule, en murmurent:
- Ma. fille devient insutpporlable avœ sa mère. Je nc
puis pouo'.tant pOl"! 111 pleUl'e.r élernellemenl. Voilà bien
1)1'/:s de onze ans qu'eUo est mOl'te 1 - Ail! YOUS voi-::.i,
comlesse 1 Corrume c'est ruimable· à VOU~
d',n:nrjv,cl' la prenlière.
Nina Carenitch a.rrivuit, a u brus du prince VéTénine,
long jeune homme blond , Ml regrurd la'op oIail' , U11X mouslach06 ,urop lon"ues et Lornba.nles.
- Je VOUIS prés()nte mon tl'ère, IffiQnB!<lu,r de Sainl.-El'·
lTlond.
- Ench.anlé et très honoré de VOlliS pœs(-d('r chez moi,
prince, dit So..inl.-Ermond, comme s'il voyait Gérald pOull!
la p.remioro Cois.
Ils pénélrèrent dans le srulon; ct Niwl. C1fen.llch aJln
QIllorosser SU7.o.nne. Su.u.nne 1'llcC'uemt LI'ès froidement
o.i,nsi que le prince. BI., comme de nouve.aux invités a.nrivaienl, elle quit,ta les deux Russes, pour faire son devoir
de m attresso do maison.
Dell!x heures a.près, les salons de M. de Saint-Ermond
éle.ien t pleins d'une ro ul e é16ganLe, mélangéo de financiers, de genti·lshommcs et de beaUJOOllip d'61.r.cmgers. Les
gentilsholT1JllJes étaien t les anciens ca.mrut'a.des ete SaqnlErmond ; les fLnnnciClJ'.S, les amis do lu In.mille de sa
femme, les l'eLatioI15 (orcées q u'cn>l.l'nfnüi! sa s~jl\Jaion
d'in~Jstrel
; les étrangers 6t.a.ienL, n gé.nÙral, }es omis de
la comtesse Nil1Ja C8.t'en iLch , taus los habi(,l.lés d u salon
de la jo lie 11 usse , qu'ello fais!l!it inviLcJl' -pa.I'LolllL où elle
allait.
D'aillleul's , l'Il p l u.prur-t des fnvHés, >&p.!'ès avoiiI' salué
Su~o.n,
aUaien·t présenter leurs cOmlplim{'Jlts à Nina Cal'enrtcll , comme &i. elle a ussi n.vOliL été 10. llWil.resse de lB
m llj,sOn.
SUZianne dansait cOI'recWment avec tOtllS les jeun es
hommes qu'elle cOIlillai:S5!lJiL, 01. nvec t.CJi1.IS œ u'x qill lu!
étaient pr6scnl()S, sans jllmo.is accordel' plLlLS d'u.ne dunse
nu m~o
eavaJiell'. C'esL a.msi que, wu'~
d'abo.rd, He avo..i1
d0il15é avec le pl'1nce VélrénJno, ma is f:lu.n.s aLliaJ.'her il. lu:i
�Moins fo rt que " Amour
~
plus d'illpodo.nco qu'aux au[r€lS ' 180000 ge1l5 qui l'Il courMais sa m ère, femme du pe uple, dr oite el énergique,
avaiL tout devin6 :
lisaient.
- T u es allé à l a fabrique déjà?
La fêLe étoail très bl·LIlan.te. lrès anim6e.
Il n 'avait pns su mentir.
Et Saint-Ermond é-tsaiL ravi d'entendre tous les compli- Oui , m a m ère.
ments qu'on lui adl'essa·,t, et p'Nncipalmnent cell!X qu'on
- El.. . ça n'a, pas marché?
adressa.it li Ni:na Crurenilch.
- Non, h él as 1. .. J'al été (ol'cé de donner ma dêmi,s.
De Lou.<; côlés, on disait :
sion.
- VraimefIL, c'esl celt.e comtessc russe qui est la l'Cine
- Tu n'as pas vu Suzanne?
d\l bal.
- Non; je suis parti comme un fou 1
Vcrs un.e heure du TTtlu.:UJl, le prince Vél'Ôn.ine, qui sc 1. 110- Cela vaul mieux. Oh 1 j e m'en dout.ais bien, d'après
menait (lU Ibra.s de Sainl-El'lUond, 6C trouva tout li coup
Lout Cl que m'avait d:t Suzanne . Ah 1 la brave fille!
en face de SUZanJle.
- Elle vena:t donc le voir ?
votre père et mOl,
- l\1aderno:selle, dit.-il. mOIlBtC1.~'
- 'l'oules les semaines. Mais console-loi, mon paul're
fICUS VOU/l ch€ll'Cllions.
enfam 1 Elle sera majeure avant longtemps ... Et cc nc
Suzanne salua el allan. co;nLinuer son ~lNrùin
; rn:l:s son
seru pas ce viveur el celte comt.esse russe qui pOUITOlit
~re
l'I1l'.rê"n :
enlever son bonheur à mon enfant. Embrasse-moi, mon
- Mon enfant, Je p.r ince d6sirerall val...o.er avoc ~oi.
Iils, et sois courageux.
- Mais j'ni déjà eu l 'honnewr de d.fU1/l-er avec monsieur ...
- Oui, mademoiselle, mailS pas UtM valse. Ju.slemenb
Il l'avaH emb.rassée longuement; et, toul le jour, ils
0 ,) cn comm<:TJ('e l111e ...
avaient parlé d'elle.
- Je YOUS 'avoue, monsietu', que je suis un peu (atiLa veuve Thomerain avait pu croire que son !Ils 1'(guée .. .
sislnil il. la douleur; mais, le soir venu, quand sa mère
- El tu o.~lais
Le r eposcr du côté du buffet 1 demanda - se lut couchée, Michel , après avoir tourné quelques ins./lon p{;ore en rianl. Allons, mon prince, oUrez votre bras Il.
Lants dans sa chambre, sortit doucement, poussé pdr
ma fille, el allez vous reposer wus les dçux en buvant
une force invinc ible.
du c.hn.mpagne.
fi ùescendil la rue de la Chapelle, franchit les fortifiSuzonne se tl'OUVllil pl'ise. Eble n'osa pas résister li son
cations ct, aussitôL, aperçul la longue file de voitures qui
père et accep:a le lyras du prince. IIJS sortirent du ehllilet,
s'allongeait devanL la maison de M. de SainL-Ermond.
ll"dversèl'el1t la coU!!' Lrn.nsfoff'mée en salon et gagnèrent
Il souUriL horriblement quand il ent.endit l'orchestre et.
j'enlrée de la Iabrif}ue.
à demi ouvel't.es, il distingua les
que, pa.r les fen é ~res
Vél'énine fiL asseoir Suza,rùne li drolta du buffet, en
groupes de danscuil's .
disanl :
Î"lême des pensées jalouses lui sel'l'èrenL le cœur. Ayec
des gltleaux et deux ... coupes de
- Je yais cl~'Cher
qui dansait Suzanne 7
Comme on le remarquait et qu'un cocher disait à haul ..
champagne .
.\Iachinalemc:nt, SU7.anne cessa de l'egardœ' la fêle ot
voix : « Regardez donc ce bonhomme ... Est-ce qu'il n'a
ftxa ses yeux SUII' l'immense vide qui s'éLenœit dea-rière
pas bu un coup de lrop 1 •
Micllel s'610igna un peu. Puis il quitta La. l'oule, saula
elle. Elle ne distinglla'L J'ien dans celle longUJe lmvoo
sl'mbni de l'atelier cle sc,ierie; mailS el.lc le connllissait
en ple:n champ et sc rapprocha de l'usine, qui élait ensi bien qu'il lu i selnll>la qu'clle voya 11 ~oules
les machines
tièrement isolée des aut,res maisons.
e~
place, Ie.~
ollvri€ll's tJ Leu!" hœogne, l, au miliC'U cl'eux,
Il resla près d'une hcure appuyé conll'e un arbre; d.
la silhouclt.e énCll'giq uc do M,ichel ThonlCl'8in, dil'igoant
là, il pouvait voir une pa.rLie ue 1a (ête. Enfin, comn
;.~
tout, anlmaru:. l01.11., obéi pa.r lous comme un maUre Moro.
Suzanne se dirigeait vers le buffel, il ne résisla pas plu3
- Ah! pOllo'quol n'est-il pas ioi, ce solr 1 ffi\.LMlwralongtemps au désir de Ill. voir de piUS près.
II couruL jusqu 'à l'autre bout de la fubr:que où se t.roukUe sourdement.
lA:: prince (~luit
revenu, pOl'lllnt une assiette de gflt.el1ux
vait une pelite porte, don t il avaiL la clef sur lui, eL · il
enlra dans les chantiers.
el les deux coupes de champagne.
C'est là que se l l'(}\Ivnienl., en im menses monceaux, les
- Comme eettc usine doit NI'c inl&.res'3llllle 1 dit-il. Je
b ois qu 'il avail achetés en Hussie. JI les l ongea sans les
6e1'flis 'Taim"lll curieux de la visiter,
-- Cola vous SC.I'U fucile, monGicuT, dit Lr:oidemcll t Mlle
re ga rd er , puis s'engagea dans l 'a te [cr...
do Slainl-Enn ond.
~1nilteaL,
il distinguait lrès bi en le buflel et le salon
11 continu·a cl bavlllrdel'. d'sum des l'i.ens, ossaYIlin.l de
installés sous la lente.
faire oauser . UZU.l1Ile_ Lu. Jeune fille ne répondaril que par
Plusieurs fois il avait aperçu Suzanne; eL, chaqua
phrases cOllll'les ou paof' m onosyl'babos. Sn pensée 61~l.it
fois, li Rvait éprouvé une impression heureuse, parc
~
que la jeune fille regardaiL dans ce vide sombre. Il del:lif'J1 bien loin : 'clle s'en allnAl 1'00 de la Ch a.pol'le , dlu.1~
vinaiL qu'elle pensaiL il lui.
u.n modcS'~
logemonl. OC.('lIP(- par uno vie.ille femme ct
son ms : Mmo veuve Thom œ'llii n et. r"r. Michel Thomerrun.
Soudain, il lui sembla entendre des pus cl~Tiè!'e
lu!. 11
Braye garçon 1 Comment ~LVai-lI
su,pporJ,6 ceLle douse retourna sortit il demi ue l"atelier, el , dans Je choleur ulll.tlcndlie 1...
min qu'ô! a~it
suivi pour veolr des champs, aperçut un
Que fasa.i l-il mnlnLen-nnL 1...
gr us homme qui IuyaH.
,
A quoi pensulL-il1 Sa. mère Ilvalkllle 1'6ussi il. le COllli ful tellement stupélalt qu'il ne put ni marcher ni
pous$<) r un cri. Et sa première pens6e fuL qu'on l'avl\!l
eolcr 1...
suivi, et que sa foUe lentulive alluit compromettre Mlle
EL loujours lu j ulle tilla fixa iL ses ycux SUI' le trOll no il'
de SnintrErmond.
de l'utclicr, n'écoulant JJ llS le prince l'liSse , ne sOllgcunl
Cep ndanl personne ne revenaIt.
<:omlfl si I ~ e llvu:1 pu devinel' qlle ... .1il.qu'il. ~liche,
En vllulanL laire un pas, LI h ul'la un petit objeL. Se
bas, au fond de l'nI 11er, Cliché dOl'rillre une machine, le
5011\' nilIIt quc, au moment où l'hollime pass ai L, il avaiL
jeune ingénieur O[llUI1, r,!wreJllulL li distinguor le l'iso
gr~
n londu LOllll)cr qu ' Iqu chose, il se bu :s::a et 1 arn:Jssn une
de !:)uzl\n ne au m.bou de la [oule (fui se pressalL dullS
pelile boite. JI ln nllt mllchlIlulcrnellt duns sa puche sali;;
ce rer:oin.
1'0 Il VI'! l' , Puis, il voulut encore rêvoi!' Suzunne ;·entru.
dnlls l'nlclie!' 1. J'CS ta pl'ès d'une demi-hellJ'e i~UlObc
qu'n;trlls un e Il)ngue lulLe ?O~l
lre
Ah i ce n'nvnlt ~16
ne POU\ unt sc déGider u pa!'tir. El pcuL-llll'c sern:L-il re.~
!';
lui-mi:rno, conlre son lunour. que ~! Ic"e
l oral l (!llILh.: Sil
là ulo lu. nuit si uno tUllllense clamcw' ne s'élalL élc\C.\oe
101'1' , jlUU!' venir rudCI' IlUlnUl' de l'usi nc ... Le tnH~i,
n
soudain.
sc S~[la'In
t dl' 1. dt' SlI~ rl(]nf,
Il s'étai t naturellement I."liL COIlr1u i.l'l' rhpz sn milr . ! ~l Ill, ln prcm :l>r ex- Au l eu 1 Au feu 1
plosion de Lolldl'essc j}iIsSI'e, il !ll/u iL essoyé de ne pas
Il po!'ta les mains il. ses ) eu x.
d iN' la 1/('I'llé, PCII.!;um ((ue ce SÙJ"o.i~
bien assez LOt do- Est· ce que Je r ôve 'l
main.
�Moinsfort que l'Amour
~
Mais non, C'était bien vrai 1 Un terrible incend:e v&nait CIe se déclarer dans les vastes chantiers de bois e~
menaçait déjà l'alelier, De lo ngucs gerbes de feu s'élevaient en tourbillonnant délà, et , par les baies v; trées ,
êclairaient l'u s~e
,
Michel fl'issonna ,
- Muis on va me voir .. , On me voit 1..
Il avait nperçu le je une homme, qui était avec Suzanne, se penchel' au-dessus de la tenture et regarder
vers le fond de l'a tel:er.
Il se couvrit le visage des deux mains, voulant surtout éviter d'iHre reconnu. Et il se précipita hors de
l'atelier,
Une fois dans la petite allée qui séparait l'usine des
chanticrs, il eut une seconde d 'é pouvante,
Tout était en feu, Le bois, bien sec, bien rangé, flambait C<lmlne un lUS d'allumettes.
Un vent doux , I~g e l', portait les étincelles sur les tus
qui n'é[.llient pas encore embrasés,
-
doléance de ses invités, s'excusant auprès d'eux, un g l'dlen de la paix vint lui dire:
- On a a'IT1!lé 'l'fiolflrne qui a mis la feu.
- Hein ?... Vous dites?.. On a mis le leu 1... t,J a IS
c'est lmpossibie 1
11 fa:llit s'évanouir.
Cependant, soutenu pnr le prince Verénine, il !>ld\'lt
le gardien de la paix, qui le mena vers le groupe où .!oe
lxou\'llit Michel.
Alors J'o'mcier décl:u'a, fur icux :
- Tenez, mons 'eul' de SUlnl-Ermond, voici l'inc;:nt1il'irc :
III
Le FL1J
Comment m'échapper d'ici?
!:jans doute. il n'uvait qu'à rehrousser chemin, tmvex'ser l'atel:er et sortir par le buffet, Mais on pouvait le
surpl'Cndre, 1\1. de Saint-flrmond pourrait l'apercevoir ...
El alo.rs, quel scandale ce serai t 1
- Je ne puis m'en aller que pal' les chantiers 1
Déjà, les flammes du brasier léchaient le haut de l'atelier. 11 allait périr, s 'U ne s'eufuyalt mp:dement.
n connaissait exaclement les tours et les détours du
ohenùn. Il ferma les yeu.x et C<lu-rut devant lu'i. Par moment, la fum ée le suUoqunit. 11 arriva enfin à une 16gèrc distan ce de la porle pRr laquelle il était enLré;
mais elle était encomurée plLr des matl'riaux en flamm es
qui étaient tombés là, 11 chercha une autre issue, ct, nu
fond d'une llllée, qui n'était pas encore embrasée, aperçut la bnlTièl'e.
.
Il monLIl sur un tos oe plan~,'"
et souta en deho~'s,
- Enfln 1 s'écria-L-il.
Mais , nu moment où il allait continuel' son chemin, il
sentit qu'on l'arrêtait; el deux voix crièrent:
- Que faisiez-vous jn:~edas?
- Je ... je ...
Il nc put trouver une parole et, suns opposer la moinùre
résistance, suivit deux hommes qui l'entralnaient. Ce Iut
seulemen t en arrivant au burd de la route qu'il reconnut
des agents de police.
Il essaya alo.l's de se dégager.
- r.lais, que me voulez-vous, messieurs 7
- <,:n, on vôus le d Ï!ra plus lnrd. Pour l'instunt, suivez-nous.
- Où donc me menez-vous? Pourquoi m'arrêtez-vous 1
probable que vous le sal'{n, puisque vous nous
- 11 ~
avez SUIVIS Leut il 11leul'e suns la moinllre diWcullé. 1\1Ions , allons, pus de fuçons ou nous employons les gr'ands
moyens.
Accablé, ne voulant pos comprendre, M!chel ne résista
plus. Et quelques minutes après, ii se trouvait au milieu
de la route, devant un offlcieJ' de paix. De là, il pouvait
voir l'immense loyer d'incendie. Le.s flammes s'élevaient
lJ. des hauleurs insensées. L'alelier n'()tait pas encore alr
teint; muis il semblait oortain qu'il serait brOlé avant
l'arrivée des pompes a vapeur.
De Saint-Denis, de Paris, une énorme toule se dirigeait vers l'us;Jle, C<lurant nv c les pomp !ers.
Les invlI.éa de M. de Sninlrt:Jr mond, groupes devant le
chalet, regardaient avec stupuCacllon, osnnL ù -peme parIer.
L'indusiriei restait Ill, comme épouvont6. tl'emblant.
Quand l'offlc:er de paix, arrlv !lU galop, lui aVili t de~u.nd,)
des renseignements pOUl' Ol'ganfsor des &<:'cours,
il avait l'~pondu
:
Je ne sais pn ... Il n'y a que du bois partout.. ça
va
mbc-l.... c'est 'lb,Hnlnablc ...
-n
P '
1I~;
avec lin soupir de r6sl~nt
!o n :
-;-:- 1 ~lut
Cc qlfIJ j'nr·va. Gtre brLil~
... Car je cruins bien
qu Il Il Y ait plus qu'a luire la purt du ·r.Ju.
'.(anuLs qu'li ôtait Ill. l'ecevant des compliments de eon-
Lorsque Michel entendit cette accusation, il s'arrucha
des muins des agents, ct cria avec mdlgnation :
- Vous mentez, mons:eur 1
En mème temps, il levai t la main sur l'officier de paix;
celui-ci se conLentu de [aire un signe il ses agents, el
réfpondit ave<: Je pl'llS grMld calme :
' - 1 l'enez gawde, mons lcu r; n'aggravez pas encore votre siluation, en vous !'l; ~voltan
contre l'aut{)rilé pubLque.
PuTS, s'adressant aux agents:
- 1:.1, vàus, tenez· le donc solidement 1
Les deux agenls haussèrent les épa ules , et l'un d·cu.~
mu.rw'a~
-
-
VOliS croyez que c'est facile 1
l'vLchcJ compri t qu'il ava:.t tOI'L de s' mpol-1el', e,t da, en
martelant bien Lous ses mots :
- Soit. mess:eurs 1 Je ne boug{!rai pas; ne craignez
r ien de moi. Je saurai attendre que celle épouvuntable
erl'eur s'éclail'cisse 1
Pendant cetle rupide explication, les invités de M, de
SainlrErmond étaient venus se grouper auto~
de lui.
La comLœsc ru
élait parmi les pl't'l1l ièrcs, examinall'
d'un œil méchant ce "lichel Thomeruin, qu'elle d6tesai~
comme S<ln p'ius violent ennemI. l.û prince Vérénine le
dévisageait aussi, en sou.riaut dans St\ longue moustache blonde. Puis des ouvriers s'éta:ent glisst's jusque-là,
et reg n'rdaient avec stupolaclion leur ch l ' ingénieur, que
tous aimaient. Et tous se demandaient ce ,liu'i! pouvrut y
avoir lie vrai dans celle hOfnble accusal;on.
M . d SainlrEl'mond oolllblUJl le plu,,; élonné de tous.
Toujow's appuyé sur le brHS de VI'!r6ninc, il attachait sel..
yeux sw' ceux ru, Mi hel, qui, luI, le dévisngealt aveo
déduÎJ1 ... Puis il regarda sa. llg'ure noircie, ses cheveux
et sa barUc à dcmi-brulés, ses vêlements en lambeaux.
Enlln, il murmura, comme padunt pour lui seul:
- filais c'esL impOSSI ble 1
Vér6nine seul entl!ndit ces paroles; el il se pencha. A
['ol'CiIJe de SaÎll \,-t::l'llIond :
- l'uites donc aLlention il vos paroles. Est-ce Il voua
do défendre 00 gredin?
L'oflll:ier de paIx iJemanda :
- Vous connslSS(!Z cet homme?
- C'élait mon mg nieur en hef, ['épondit Saint-Ermond; il ne l'est plus , heureusement,
- Il n 'est plus aUnché il voLre maison?
- Non, monst 1I1·.
"-' Depuis quand i
- Depuis ... dcpu'~
re malin. 11 m'a donné sa d6mis.
sion, il la suite d'ulle violente discussion, que plu~ie.r
personnes ont enl.rlldue, du l'este.
L'o!flciel' de puix se loul'na vers Michel:
- I::st,ce eXtwl. monsieur?
- Pudultellle nl exuct, monsieur.
- Vu us av:ez 1l0Ile drs sentiments de haine C<lnlre la
Camllle de SalfilrEI'ITlond 1
- Contre M. de !::3ull1l-Erniond, oui, monsieur; mRil
pas contre su Clllllillc, rèpundit Michel uvec un bien me.
lancoltq ue suu rire.
L'oflicler de DUlX allaiL encore lui nOS'r qnelques qlle.>~i
�~
10=================================== Moins
~ion5
; mais on entenllit un ori déchirant, et on vit Suzanne de SninlrErmond qui arrivait avec le vieux Bernier.
Depuis le d ébut de l'incendie, la courageuse jeune fille
était restée prés du leu, essuyant de telnps en temps ses
larmes, pleuJ'ant cette uelle usine, autant que ses vieux
souvenirs d·en!n.nce qui dlspd,l'a lssaient.
Bernier courni-t de tOll:S cOtés, essayant ue sauver
quelques machines; mais déjà lfl situation était intenable dans l'atetier, où tombaient des planches eo nammées,
où l'IOcendie allait éclater tout à l'heure, mat g ré les
elIOl'ls des premières pompes qui avaient été mises en
batterie.
Alors, il ébait sorti et s'était trouvé en race de Suzanne,
au moment même où un des invités disait près d'eux :
- On a arrêté le misérable [Jui a mis le feu; il paraît
que c'est un ingénie ur que M. de SaintrErmond avait
renvoyé ... C'est, sans doute, une veogeance ...
Suzanne se retourna, aperçut, de l'auLTe cMé de la
feute, le groupe formé par wn père,.".e5 amis, les agents
de police ' et Michel. Elle y courut com me égarée, suivie
pu'!' Bernier; et voyant Michel enlre deux ageo ls, elle
poussa un tel cri que tout le monde tressailli t Puis elle
se préCipita vers Michel, les mains tendues.
M. de SaintrEI'mond l'apostropha vivemeot.
- Es-tu fo lle , Suzanne? Tu ne sa's donc pas que e'est
cet individu qui a mis le feu à nos chantiers?
La jeune fllle s'écria, avec un accent sublime :
- Ce n'esl pas vrai 1
En même temps, Bern.ier déclarait:
- Non, mons;eur, oon. C'est impossi.ble
- Taisez..vous, Bero ier, r épliqua sèchement l'Îl1duslriel.
Taisez-vous, ou on pourai~
croire que vous êtes son
çomplice 1
Michel, l'âme remplie de reconnaissance, prononça:
- Ah 1 merci, Suzanne, merci 1
L'oflicier de paix crut devoir inlervenir.
- Si douloureuse que "ous semble la vérité, mademoiselle, je suis fOl'~é
de vous affirmer que nous avons des
preuves de la culpabililé de cet bomme.
- El moi, je vous dis que c'est faux, reprit Suzanne
fermement. C'est une indigne calomnie ... Accuser M. ThomM'afn 1...
Son père lui saisit les bras et l'en~ra
il. quelques
pus en maugréanl.
Et il alJait lui adresser de nouveaux reproches, mais
leur explication fut inlerrompue par un grand bruit.
- Voiei les pompes il. vapeur 1 criaiiron.
C'étaient deux pompes il. vapeur qui arrivaient de Paris
au galop.
L'officier de paix donna l'ordre do tenir Michel un peu
en anière; puis il 1Il reculer tolItes les personnes présentes, ann que les pompes Il vapeur pussent manœuvrer plus facilement.
Presque aussitOt, le préfet de police arriva avec le
colonel des pompie.rs; et, toute l'allenlion élant concenlot'
~ur
l'incendIe, on oublia momenlal\ément l'incendlIilre.
Uu'on le garde Il vue 1 ol'donna le prMel de police .
ail l'mterrogera touL il. l'heure. En ce moen~,
le plu~
pressé es~
de cO'lTloottre le feu.
Les soldats arrivaie nt, uu pas de course du posl.e-casorne do La ChRpell() et de Suint Denis.' Les chalnes
.:>'organisaient. On allait chercher de 1'()llU d ans loules
les maisons environnantes; des pOIl1plers ~Iuienl
pm'Lis
uvec dl) longs tuyaux pour relier lu pompe il vapeur au
petit canal qui sc lrollve il l'el1l.l'éeo de Sainl-Denis.
Le colonel s'était rop
:d()
m(ln~
Tendu comple de la aiLuatlon. 1
chantiers 6loai nt perdus : c'Mait un immense brasi l', où personne ne pouvniL plus pén(lLr r, el
d'ou s'échappaiclIl do grosses 6lincelles, que lc v nt portait sur les fab riques cnviI'onnnnles.
Lle ce cOLO, Il n'y avait J'ien il tente],'; on devrait s'eslimer heureux sIon pouvait pl' serVel' les maisons voisines. Des pompes Il. main baignaient d'eau les mUll'B et
les loits de touLes ces moisons.
Quant Il. la SCierie, elle n'avoit pas encore pris leu
on voya.lL seu.lement des 6thlC<JlIes qui y Lomboicnt, un
coIn qul s'cnOommuit, eL aussitOt le jet des pompes. dl-
fort que l'Amou,'
~
rigé sur le point menacé, qui parvenait li éteindre, ces
petits brasiers, ..
Puis, tout d'uo couç, malgré les jets des pompes, une
immense Jlamme courut le long du toit qui était goudronné. Ce fut l'uffairê de quelques minutes. Tous les
bâtiments de l'usine ~taien
en leu.
Michel contemiJTu.ït tout cela. sans prononcer une pal'ole; mais, quand il vit la grande Jlamme qui léchaiL
ie toit de l'usine, quand il entendit craquer les vitres et
alors les iia rnme,s s'engouItrel' en épais tourbillons par
les larges baies, il eut un cri de soul'd décourugement :
ft Oh 1 mes machines 1....
Tou!.es ces mach.i:nes, dont da oonnajssait les moindres
rouu ges : les anciennes machines aclJetœs par le grandpère de Suzanne eL que lui ava.it omélior es peu il. peu ;
puis les machines qu 'il avait inventées el dont pas un
outre modèle n'existait, le fruit de ses longs tl'avaux,
qu'il s'était imposés si C01Ll'ugeusement, et d'uoe façon
si désinlèressée, pOUl' que ['usille de Mlle de SaintrErmond ral une us1ne modèle; enfin les dispositions si
ingénieuses qu'il avait étab1i<ls, toutes ses épures, ses
plans, ses de-ssîns, ses projets d'avenir: l{lut cela allait
tltl'e à jamais d'éti''ù1t... Détruile, cette tégère galerie il
j our, sur laquelle SUZ'ilnne venait tl'lUS les matins, pour
Jeter u.n coup d'œil dans l'usine. Détruit, ce petit cabinet
où il passait quelquefois la tIluit, travuilJ.ant, cherchant,
ne resseIlÛÜnt aucune latigue, parce que, Lo.ut a uprès,
une adorable jeune fille s'était endormie en pensant à
lui.
Le colonel c'r ia, d'une voix tonnante :
- Hé, liJ.-bas, descendez donc du toit 1 Vous voyez
bien que l'uS'ille est flcuue 1
Les braV'es pomr)lc1's luttaient vaillamment conlre le
feu, debout sur des poutres brùlunles, sublimes de coul'lige tranquille, méprisan t la mort qui les guelta1t.
- Voulez-vous descendre, sacrédieu 1 répéla le colonel.
Les pompIers finirent par oMu·.
Il était temps. Quelques minutes a{X'ès, le lait de
l'usine s'eUondrait.
Michel baissa la tete, en murmUl'ant :
- C'est fini 1
Le colone.! décla.ra avec humeur.
- Si on peut sa,lIve!' la maison d'ha.bitation, lA! sera
bien tout.., et encore 1
Des ouvrieJ's avn1'mn. déménagé quelques meubles; mais
on leur avait donné l'ordre de cessel', parce que cela
gênait le service des pompes. On avait \)eS()in de so
campel' dans le chalet, si aIl voulait le sa uver.
Une angoisse lel'I'n>le él.l'eignait toutes les gorges; car,
il. une très légère dJsbance, se trouvait une grunde distillerie et une importanle fabrique de bougies. Déjà, des
Ilammbches avaient tl'Uv<:rsé Irl roule; ct, comme le
foyer de l'incendie s rapprochllit, leur nombre (ltait plus
grand. i\:u moment où le toit rie l'usine s'eUondrait, '
un 10urbillCln de 1lamm s s'éleva duns les airs, puis.
poussé por le venL, vint lambel' sur le toit de la distll·
lerie. Le colonel vLl aussilôt le dangel'. Faisant III part
du feu, il ol'donna à une des pompes a vapeur de se
d pincer et de diriger son jet SUI' III dIstillerie.
Il y cut quelques minutes do onlusi.lO, pendant lesquclles on oublia presque le premier incendie.
QlIand l'ordre fut enlillI'ement J'élnbli, on s'aperçut que
la ten to, disposée SUI' la. cou'r, (llnit en !eu, ainsi que
les gllido.ndes Q' Oeurs. EL, ces gUirlEtndcs faisant le !.oW'
du chalet, ce fut comme une I.l'alnée do poudre autour
de J'habitat ion d~
lu ramillo Saint-EJ'rTlond.
- 0 mon Dieu 1 notre maison qui braie 1 murmura Suza.nnQ.
En quolques ~condes,
la maison se vIda, ct quatre
pompes so placèrent devant les quatre raçades pour
cOlllhn ttl'C 10 nouveau royer d'Incondle.
La chaleL Oluit bllt! sur pierras; muls tout le premier
êtag eL le comble 6tulen t en briques et en bois. l3ieIllot
on le vit en nammes de tous cOl~s.
'
La comlesse Nina !u'cnltoh dit il hRute voix :
- Je penso que. malHUlnllnt, M. Mlchol Thomet'uin doit
litre sa tisflÙt
- !.o bondit, s·60rlo. M. de Salnt-Rrrnond : Il m6rilero ll
qu'on le jet!).t au milieu des fla.mmes 1
�~
Moins fort que rAmour
====================
1
Michel n'entendit pas ces paroles cruelles. Il contemplait ccrte maison qu'il avait t.a.nt aimée; il contemplait
surtout cette grande fen être, à gauche, avec sen bl1Jcon
entouré 'de lierre et cie glycine. Que de fois, 100l'&r[u'il al"
rivaiL, le maLin, Il avniL vu Suzanne à cetle [enêliNl 1 Elle
lu i envoyait uIl gai bonJour: lui, saluait de loin et passart SOliS ses yeux, la tHe décolvert~.
('uis, il se rendait, heureux , à sa besogne et confiant dans l'avenir.
Comme tout cela ét.ait loin 1
SOUdHin il éprouva un tressaillement qui le secoua tout
enlier.
EtaiL-ce une visIon 7...
- E'sL-ce Cj1.le je perds la tête 7.••
Mais hon; Suzanne avait paru li la CenClie. Et une
longue acclamation avait re\()llli.
Quand la jeune tille avait vu les flammes enlourer
le chalel. elle n'avaIt plus eu qu'une pensée : sauver
quelques le LLres , des souvenlrs précieux, une miniature
de sa mère, les portrails de son grand-père et de. sa
grand'mère.
Elle seule savait où se ~roUlVat
œla. Elle seule savait la fnçon d'ouV'l'ir le tiroir où elle cachait ces chères
reliques. Elle s 'était donc glissée dans la maisen, au n1ilieu du trouble; elle avail gagné le premier étage; puis
eUe avait perdu du temps ... Elle n'nvaiL pas peur, elle
élait émue seulement. Lorsqu'elle était entrée dans sa
chambre. elle avaiL dQ chercher un moment, ne Lrouvant
plus ses clefs au milieu du désorclre que caus~
une toiletle de bal. Ensuite elle avait eu de la peine [l, ouvrir
sen tiroir.
Quand elle eut pris enfin ce qu'elle voulait, elle retourna en arrière; mais, au moment où elle meUait la
main sur la rampe de l'escalier, un jet de pompe traV'ersa l'antichambre du premier ét.age et la renversa.
Les pompiers envoyaient maintenanl leurs jets par les
fenêtres ouvert€s, car le leu s'éLcndo.it au dedans comme
au clehors.
Suzanne eul une minule d'évanouissement.
Quand elle se r eleva, une partie de l'escalier était en
Il am mes. Alors. elle revint duns &a chambre et courut à
la fenêtre.
Elle ne jela qu'un cr! :
- Michel!...
Et, dans toute cette Ioule, il y eul une hésitation . Les
deux fenêt.res qui entouraient celle de Suzanne éltlient
~n
feu; el celle-ci commençuiL à flamber au-dessus de la
Jeune fille. Nina murmura li l'oreille de s,m frère :
- Eh bien, lu hésites 7
- C'est que ... ça n'élult pas dl1.Il5 le programme.
- Veux-tu perdre la pllrUe 7
- Non, non. En avant 1. ..
Le prince russe s'olança ct arriva deva'nt la maison.
au moment où deux pompiers voulaient 11us51 y pénétrer pour saliver II). jeune fille. M. de Suinl-Ermont criuli :
- Mon ellfant 1 ma pauvre enfllnL 1
li se remu ait beaucoup, mais sc laisllu retenir par Nina
qui lui disait:
.
-;. Laissez dono; mon rrère y est nllé .
toule
L mcendie gagnait. A part ln renêlrc de ~u7.ane,
la façade était en flammes. Et son baloon commen1;nit
d~
brOler.
1 crJu.il-<m de Lous cotés.
- Une écheLle 1 UDe ~chol1e
Des ~lOm
' che.l'a~n
lIne échelle, cnl' TI semblait
lm~tbe
~
on. pQt grllTnpar SUl' celte faç.o.(\e teut ' Il
feu. Gérald 'vérélllne, malgré Je pèu d'envie qu'Il en avait
s'éL~i
précipité dans Jo. maison avec un 'des pompiers ~
malS Us ressorLlrenL presque lluSSiLOt, aveuglés par la fu:
au milieu de ce brasier.
rnêc, ne pouvanL avn~er
Tou~
oela avait été SI rapide qu'on n'avait tait aucune
attentIon ll. un groupe de trois hommes l'jill se diri gell.it
comme une masse con[l150, vel'S l'incendie.
'
C'était. Michel, quJ, ne p (}u van~
se dég>(1gor, tralnait
avec lU!, les deux agents chargés do le garder. Les
6g~nts
s ~1'Ochaient
d Mespérémen\ à lui, s'lmagtÎrnnt
qu il vou.laIL. protl\()l' de cet incident pour s'éChup))(lf.
Lu:! h~u·lat
. de rage :
donc J Ini65Cz-moi donc. Vous
- MaIS la~ez-moi
.,oyez bien Qu'elle m'aooclle ...
ils arrivèrent ainsi devant la ma:isoTI, au moment où
Gérald Vérénine en était rej eté par les nammes.
- Tonnerre 1 s'écria Michel, en faisant un dernier
effort.
Les deux agents roulèrent à terre ; et avant qu'il.
pussent se relever, l'ingénieur était sous le balcon de
Suzanne.
Gérald voulut l'arrêter.
- Monsieur, on apporte une échelle.
- Eh 1 il sera bien temps d'upporter une échcll'.'.
lorsque la maison s'écrouleru, répliqua Michel en écar·
tant brusquement le prince.
Puis. il s'accrocha à une branche de lierre, oonl les
feuilles élaient déjà brQlées; et, avec une vigueur sur·
prenante. il s'élança vers Suzanne.
- Mais c'est de la démence 1 s'écria M. de Sain~
EI'mond, furieux,
En même temps, de toutes les poitrines, sortait uo
cri d'adliliration pour cet acLe de courage.
Heul'eu;;ernent pour Michel, le lierre était v<:lrt; et.
si les feuilles avaient éLé déjà de échées puis C8JI'OO·
ni.s ées, Ips branches, quoique très Cllaude:s. résistaieul
encore au feu. En outre, l'ingénieur connaLssait si bien
toute cetle par Lie de la façade, qu'il trouvait facilemenl
des saillies de brique pour placer ses pieds.
Quand il arriva au balcon de bois qui se carbonisai!
déjà, il inclina vers la gauche, s'!l.rc·bout.a et ,lonn6 Ul)
grand coup de pied duns les planches enflarolJlt\eg.
GéN1:ld, qui était Loujours au-{]essous eL voU:liaJt fI.l::Ioo.
lu ment prendl'e sa part du sauvetage, criait :
- Attendez dOll C 1 On va arriver avec Wle échelle 1
Mais Michel, C,)Jn me s'il ne l'avait pas entendu, cria
aux pompIers :
- Un jet d'eau sur le mur ... là 1. ..
Et, avec le plus grand calme, il indiqual\ tiD crochel
de fer planté dans la muraille
Les pompiers comprirent; ils baignèrent d'eau 1<1
partie que JeU!' indiquait l'ingénieur, t.ruldis que <:elltti-ci
sauLait enfin dans la chambre.
- Ah 1 Michel 1 balbutia Suzanne, je vous IÙmel-ai
!.ouLe ma vie 1
La porte de ln chambre était fendue par le !f.!u ; le..;
flammes passaient par les lentes
alÎaie.nl léciler le ~
rideaux du lit.
Michel prit Suzanne sous son bras droit et s'Ilvan('[!
vers le bn.lcon.
.
Ii donna ncol'e un gl'and ooui> de pied d1J.ns lA WIn 15·
l,rade et renversa ce qu.i Le.na it encore.
Purls. se penchant en dehors, il ~[,.<;Ît
1~
Cof'lJctlct de lel
de 10. ffi''l.1n gauc.he.
Il y eu·l. nTIC m l nul.!.) d'(lT!xiélé suipr ême.
Au-dessus d'e11x se balançait une sollve enll<..mmée q'UJ
menaç[Lit de tcxrniDer.
rvLichel se laissa a,lder, SUpe.nd~1
prur ln mam gau~h
el
se-l'I'a.nt Loujawrs la ,twilJe die Suoonne dans sen b.rus droit...
- Lâchez-la 1 hWl'lail Géralld. Ltv.:hez-In, nous ih roc;:'
et
Vl'OThS ...
MI8is Mjchel éLuit bien Lrop jaloux de son précie.ux rar
deau : il entendait Sfi.uvet à ...lui seu.l sa. c.hère b1en-aiauoo
Il prit lientA:lrnen'b sen élan el. rulila toanbc.l' sur une plate
l.)n.nde, au milieu des Geurs écrasées.
11 pLia Slll!" ses genoux et laiUit perdre oonn.ai.<;.<;a.nœ
mu.is Suzanne 61,n:Ut debout, sa.uv6e, sans qu.'une se'llll'
éLInœJ·h) eQt !.oucMo s.a ·robe ll1iaJlche.
- Sauvée 1
Ce cri éclata uvee de.s rup'PJ.ad~l9Semf}ts
eruUlOusiusl.œ
El, oomme dans la (ou·le on i.gillorait le nom de la Jlli!l'Son
n A.lil!i6 qui .avaitl/l.CCompU cei Mt.e d 'hérori')!1lO, rien nl1 JPl11
arrête.J.· cet enl.hous..iaJiirne. Et, lon,que le.s ouvriers '".l'ri
vèrent enfin avec une échelle, 'UJl imlll1ense éclat &. la·rl
reteTlltit. La solIi'Ve 50 ù6ln.cJ1.a il œ moment; et, pre..c;qw
aussit.OL, la fenêtre de Suzanne f'Ut ~lOut
en feu.
La jellitle fiUe s'étlllil\. penchée cll/r Mdchel. quI a.vait \Ja)
sorte d'évnnoUlissemonl. Il 61.u.il Qf>pt'esre, œ poUy.oJ.t p!IJ
1er ...
_ El.es.-vous bles3é. MJc/reJ? Je volJ.ls en supplie ... ri
pond<lz"'lllO.1 !
�r;it-
12
====================== Moins
11 finit par dire, fixo.nL ses yeux pleins d'ain.:Jur sur lu
ieliIle I1Ue : _
- Non .. , ce n'esltrtien .. , un peu d'étourdissement .. ce!u
va passel'", Mais vous?
- Oh 1 moL .. je suis bien heu reuse 1
et l'ét.reignlt avec
Et, soudain, elle se jela dWJ:s ses bl~
Ç)a.'><>1on ,
Un des pompiers di.l en souriant:
- Ah 1 oui. vous pouvez bien l'€!tIllbI'8SSelr; C!lJr V{)U~
lui
devez une fameuse ohandeJJe 1
M, de Sa.int-E'I"ITlond était resté d'abord r;Jo'wé sur pl'aœ.
se senLant vaincu, haiss,nnJ. la lê:e, hurnJQié, J.I falluL que
la. onù~es
le poussât vers sa fllle en lui souJIléJ;nt ;
-- Su.rveillez-vous donc 1 On vous rog.urde,
11 '8J'l'iva' pour soplLT'Cr SlJZ'UJlne de Michel, qui s'oUr
bliaient dam; les bl'aS 1 '~1il
de ['alJlLre,
- AllI ma. cl1èI'e enfant 1 s'6cri,a-!"H, en embrasslll1L
Suz8JllfIle, quelle hOT1'ible rnmute tu nous <LS fait pé1SS€l' 1.. ,
C:n!in; te vo.ilà SlLUvée 1.. ,
M.icllel se l'C\:lJIlaj,l peu il peu, les yeux hagards, l'evenant wut à coup il ln réaLité .. , T,ml à l'hew'e, en sauvUJll
::;uzan.ne, il av.a:iJl oll1hlié l'O)JOlJl\'8.l1lable acouootion 'rliligé:'
contre Jui, Et il s'éveillait ellCOl'e plus malhew.'eux ; 11
vuya't 8Jup.rès <le tUl tQS deux sel'genLs de vUle, qui
n'osaiê:Illt plus le 1.<l1JJ.:,her, mak:. qui ne le qu~Ltaien
pas et
semblaient se défier 00 Lw, 11. de SaJnL-Ermond lui dlt,
d'un Lon dé~'1EUX
:
- J'espùN, mOll::..o.!ur, que cet o..clê do oourage vous
SeniIl1l de ciJ\::unst.aIK'e a lLéJ1uanle , Quant à TI'lOi, quels
quo Q)UJisse.nt êtJre vos l('II',6 el~\ ' el'~
moi , je n'oublie.rai pa:;
!Jue je vous dois la v.ie ee loon enra.~,
Michel lui r'épon<lit. lIèl-erlH,n t :
- Si j'ai fu.it Illon <le \ <Jl.l', mons;eu.r, ce n'est nulle/llent po 111' acquéril' cks ct ,.w.;.s il votre ['ecorùTIlUissan<:o .ru
li \'o~r
proLecUon, Les 1cllk:J.x.:.ernt'J:L1Is de MUe Suzanne
!T,O .5u:
: ~nl
amplement
IV
LA LOGIQUE D'UN PllOCUliEUR
l.'inlcn>-iLt: ùe l'incendie diminlluit peu à peu, Lo toit
cha:et s'étai~
effundré COlI/ille cclui de l'usille, El
Jlu.inea~
que le specLllcle n'offrait plus le mèmc
üL!"u.iL, la foule collununçuil il se rcLIrer. Lu plupurL
Jes inviLés de 1'.1. de Sainl-El'lIlOnd . qui étaient reslés
'<lI' curio:;lté , allait>nt tui serrer la main, 11 acceptaiL
1n\'PTllent 10lls ''!s compliments de condoléance, disant
fune voix navn!c :
Wle perle épouvantable 1
- C'~L
chcr ami 7
- filais vous êLcs U~Sl'é,
- Eh 1 oui, je suis assuré ; 1IIIlIs l'assul'Unce ne me
paiera que lu. valeur InlT'llls'que de Illon usine, de mes
llluchines ; elle ne pOUl'1 u me rendre les lJénéf1c.es que
(','la me produisait Lou~
les uns .. , ',fins compte!' mes
lLPPl'ovisionnelllenl.ii, qUI ~l , lrt
con~ld"r.bes
.. . J'avais
fuiL WH) superbe sp('cu III Lllm .. ,
Déjù Nina Co1r ni!.ch O\lIit vùulu pnr'llr, en dIsant:
- Jè vous em lllè ne , SU1.anne, VoLre père vous confie
è. moi.
Mais Suzanne ovalt répondu:
Non, mudullle. Je vous remercie, Je ne quitte pas
Illon père .. , Et d'allleul'S, je veu" roslor ici jusqu'à lu
fin.
L
Le,~
/lnmmcs develllllrnt coul'Ies. plus noires" e se
perdaient dans ln fIl1111',(' l'l/IS, le j'"lf sc levait. T:.t Lo~l
l' royer de l'incelitl!t' lIT' Ili/ll Il/l llHPBi'l désolé, On voy tut
('clte illlllle:n:i<! ('tendue. 1,1111'1' de dé<'.ombl'cs, avec les
jets des pmllpes qUI se CI',d:;u!l'll1 en Lous sel1S, Vers six
heures du mutin 'll1C vllIIIII'C' UI'l'iv;1 de l'ul'is au g~lop,
-. Vnicl le ch"è ct.:: ln , ' Jl l't!l(\ dll j'oflJrlel' de paix,
(;'ût.lIt 1 on ~'\l:eUcn
le cheC d" lu SûreLé , mais le
j'\4
JOff
Clue
r A mou r
-i.<!J
pl'ùcureur de la n0publique ct un grelfier, Quelques
personnes dirent en sourian t :
- Cette fois , on n'accusera pas 111 jusLice de commen,
cel' son instruction trop Lard,
Et un malin fit celle remarqlle :
- Pourvu qu'die no sc tl'ompe pas, comme dan.>
l'affaire de la " Mèche d'm'II 1
En apprenant que le procureur de la n épublique arri\'aH, la p.lupart des gens qui partaient s'arrêlèrent. Et
une [oule énorme sc massa sur la ,l'oule, du côté de
Paris et du côté de SainL-Denis, maintenue par deux
cordo.ns de sergenls de \'ille,
Les magistrats et les fonctionnaires se saluùrenl ; eL
le prooureur et son compagnon furenL mis nu courant
de tout ce qui s'cullL pussé depuis 10 commcnc(>mcnl de
l'incendie,
f..o.nsqu'on leur raconta l'.acle de courage accompli pwr
Miohel Thomerain, Lous les deux eurent un sourire nul"
quais,
Le procureur déclara même :
- C'est très adroit.
- Préféreriez-vous revenir au posle de police de La
ChapelLe, pour l'interroger? demanda l'officier de pu.ix,
- Non, non, dit le procureur , j'u.ime bien mieux l'ester ici : rien ne vauL ces premières enquêtes failes so~·
dainement et su.!" place, Seulement , il nous faudrait un
local pour nous installer,
- J'y ai pensé, dit l'officier ~e
paix ; on nous pré·
pare une pièce dans la disLillel'le, Ill, en face,
,
On avait en effet préparé une grande table dans Je
bureau de la dislIi.lerie ; et ce fuL là que les magislrp.b
s'assirent" enchantés d'avoir en lin pincé un coupoIJ;;:
- D'abord, qu'on me fosse venir les deux agents qui
l'ont al'~,
dit le procureur,
Les deux agp.llLs furent inlrodulLs ' ; et, aprùs les (ormoUtés d'uS<Jge, un d'eux comlllença ;
- Voici ce qui est arrivé .. , 1'0ur lors, nous étions tlQ
service, depuis .. ,
,
- f'ai[.es lJien attention à ce qlle vous allez dIre, pru·
nonça le procureur, VoLn: déposition est d'une gl'fivil,J
rxceptionnelle.
, ' ,
- Oh 1 monsieur, c'est bIen SImple, Nous étIons il.
la pOlte. de La Chapelle, à fuire noLre service, qlllln(l,
l" ut d'un coup, Ulle IlllnICllse lueur s'd()ve dans la dir<;clion de la plaine .. ,
- [Jne seule lueur 7
- D'abord une seule ; et, une minute aprOs, Ulle se·
c.onde luour, IUl peu ptus loin ; pub ulle Ll'oisièm\!,
iJref, trois lueurs bien distinctes, Tous les gens de l'ocIrai les onL vues comme nous, Et, en rnéllle temps, 011
criait : "Au feu 1. MOI , je dis à Illon camal'Ude ;
• As-tu remarqué que le [eu a pris en trois endroits
diU6rCfltS? » 11 me l'épond : " C'esL vrai ; donc on doit
l'avoir mis, ~:u
ne prend pas touL seul en l.v.nL d'endroils
à la rois, » Alors, nous pllrlons au pllS de cur~e
, ct
nous mons vers l'lflcenciie , pendant que des gens de
l'octroi allaient prC!venir le posle, Nous arrivons devallt
la maison qui nous cachait un peu l'incClldie, et nous
sautons rl~ns
le ChUJllp qui est à droite uc l'u:\inc, avec
l'intention d'empoigner lout individu do mlno suspccLc,
Nous nOlis arrêLons blentôL devant l'ew..1roiL qui Hambait 10 plus fort ; nous apercevons même une peLito
porte ou.verte dans la barrière du chanller ; eL nous y
sorlons entrés si l'ailée, qui se \.rouvo devanL cette
porte n'avait été en !lammes, SeulemenL, rlOU' nous
dlso~
que, s'U y a un incendIaire, et s'il ne s~et
PI!S
encol'O (:chupp6 Il va essoy l' de Iiler par IlL, En Cfret,
au bout d'un m'omeIlL, nous di~lnguos
Ull individu qui
essayait de se diriger Vflrs ln pOl'lo ; mais c'éLait IIne
chose Impossible, Il rcbou~e
chemin ; nous le sulv n~
des yeu,', cl nous le voyons s'engagel' dans une uutre
o.Hée, qui n'était pus enCOI'6 en feu ; nous nous ~nct
tons de chaque côté de l'allée, en dehors; cl, une mi.
nute après, il arrJve en COuru nt, li monte sur un tas
de plan<:i1es, eL il saute dans le champ .. ,
- Awlit-ll quelquo chose dans ln main?
- Non, rien .. , Nous Illi meLlons 111 muin au collet...
_ Il Lo.lt de la résislunco?".
- Non, pas SUl' le moment li s'esL lo..if;Sé cJT.!]nen.er
�Of-
Moins fort Clue rAmour
===== ======= = =======
13
~
eheLé son crime en sRuvant mon enrant d'une morl
sans r ien dire. Sans doute, le ù~s
p olr,
l'é m otion d'être
p.resque cerLaine ...
pris 1 Ce n 'est. qu 'en arrivant à la route qu 'il a voulu
nous échap per. Et, depuis ce m oment, il n'a cessé de
- Cependa nt ... vous pourriez nous dire s'li avait 1111
prore.s.ter de son innocence. Enfin, quand la jeune fiI~e
ca·ractère yjolent, passio nn é 7...
s'est trou vée da ns les Hammes, il a pré Lendu qu'clle
M. de SainlrErmond eul l'air de rélléch ir; puis il
:'uppelaiL, il n ous a demandé de le 11l.cher : nous , nous
répondit :
10 _tenions bien ; alors , il nous a tralnœ avec lui... Il a
- Michel Thotnerain était un rOveur, tou jours on
une poigne 1... Et, arrivés devant la ma ison en feu, il
quête d 'une inventIOn - ingl':nieur lrès remarquable,
nous a envoyés rouler à quatre pus .. . Ça , il fatlt rccond'aiJ.leurs, - don t Je caractère est resté pour moi une
naître qu'il a sauvé la jeu ne fl lle avec u ne crllnet'ie 1.. .
érugme. Ce qui est bien cel·tam, c'est que, peu à peu,
il avait en tièrement pris la d irection d e l'usine, 'ch or·
- Bon, bo n . Gardez vos appréciations pour vo us.
chant à m'annihiler. POUl' remeltre les ' choses dans
\'ous a-t-il d it quelque c11ose?
l'ordre nàtu:rel , je r avais env'l)"é en Suède, en Nor·
- TIien de spécial.. . que c'étaH une errel1 r , et que
vège, en Russie 1 Je ne voulais pas me séparer de lui :
~a
n lJ
s'expliquer ...
je désirais simplement rep rendl"C entièrement la direc- Oui, oui , /lL le prooureur. Toutes les fois qu'on
tion de ma maison, pour la passer plus tard à mon
pinoe un bonhomme , c'est une erreur, et ça va s'expligendre. Mich~
Thomerain r a bien senti ; et, quand il
quer... l-.1ais , pincé sur le fait, il faut avoir d u toupet
e"L revenu, Iller rnatm, il a encore voulu parler en
POUT oser nier 1. .. Comment étailril, au moment de l'ar, maHre : Il s'est emporté ?ontr-e moi, avec la plus grand e
restation 7
VIolence, .SUl'tout quand 11 a VU que jo ne l'invitais pas
- Oh 1 comme vous allez le voi r : les vêlements déchià ma S01~
annuelle... 11 m'a J'cp,roché de ne pas le
rés, les cheveux et la barbe à moitié brûlés .. . Il s'est
ll'alter comme il le mérilaH, après les diverses inven·
encore un peu plus brillé en opérant son sauvetage ...
tians qu'il rn'uvail o.bandonnées ...
- C'est bon. Reslez là, au fond de la salle ... Mainte- Cennaissailril La. valeur de vos approVisionnements,
'nani, je d,(ske inler~T
M. de SninkErm<Jnd.
- Nat·urellernenL, pUIsque c'esL lui qui avait fait les
L'incluslriel arriva aussitôt ct salua eorrecl-ement les
achats en Russie.
magistrats.
- Vous aviez d'One eon[jancc en lui 1
Il répondit aux premi1!res questions :
- La plus gmnde ; seulement, je vous le répète, j~
- Je m'appel'Ie Gusl,a:ve de Sninl-E.rmond ; je sui"
voulais qu'il restâL ù sa place d'ingérdelllT ...
v<'u! ; j'ai cinqunnte ans ; et je dirigeais l'usine qui
- Et €{ll'il n'aspi rât pas Il mo nler plus haut 1. .. Bon ...
\'ienl d'ètre brOlee .
Aviez-vous cXl1lTuné ces achats cie bois?
- Est-ce vous qui l'avez fondee?
- Oui; ils étaient remarqual1 emenL faits.
- Non; elle appartenait Il ma femme.
- Et, depuis hier mnlin, avez-vous revu ce :'1ichel
- Racontez-nous ce que vous savez.
Thom(wain '/
. - Mon Dieu, fort peu de chose. - Tous les ans, je
.- Je l'ai soulement revu, qunnd les agents l'ont al"
(j'mue une gra.nde féte, le premier dimanche de mai ;
l'Glé.
C€lte fête avait donc lieu aujourd 'hui .. .
- Hier, 6Liez-vous nJl<! dans "05 chantiers?
- Dans votre usine 7
- Je n'y avais pas mis Jl'S pi s depuis lr is OH
- Non; le buf(ct seulement Nait Install é dans le vesquatre jO'lll's.
libn!c de l'usine ; lu cour, qui sépare ma maison do
- Quelqu'un a·L-il pu s'y renrlre 7
j'lIsine, était transformée en salon de r()ceplion; et on
- Je f'ignore... Peut-ôke mon vieux contremaître ::
rl'lnsuit dans le grand salon . .Je me ll'cuvais cluns Je
aura-t-il fuil un tOUI'
~'tl(}
l
de récf'plion, 10rsC]ue j'ni entendu cl'icr : "Au
- Eh bii'n , qu 'on le fa9Se venir . Vous, monsieur, vcuil·
(ru » Aussitôt tous mes invilés se son t précipités au
lez ne pns qui Lwl' celte plèc;e.
,
(HlOrs ; on a heureusemenl pli leur porler leurs mnnOn alia chercher le vieux P.rt!rnier, qui arriva, les
I.")!!.·. ~roi,
je sujs resté sur kl l'OllIe, af!n de donner
lill'mea nux yeux .
l~.
indications nécessaires aux pompiers ct aUx soldats
~le
Joseph Brrn:rl', déclora-t-il ; Jlli
- Je m'ape
(. dl acCOuraient.
so ixnnw-dtlux uns, et il y Il il peu pres qual'unle ans
- C'''..st bien dans le chantier que le fell a e:te mis '1
q118 je suis dans ln fabl'ique. Ah 1 l'Iuel malheur 1
- Oui, puisque l'usine n'n brOlé quo longtemps après.
- Vous connaissez bien MiclllJl Thomeram 7
- Qlle renfermaient vos cl1anlicrs '/
.- Ah 1 oui, c'l'st le meilleur des hommes. Tous les
- Des bois de construcllon et des bois de d~coupge
.
ol!\Tiers J'ad oraien t.
- Pour quolle somme 1
- Vous sa\"ez qu'il avuit eu U!lC diSCUssion uvee votrc
- Environ trois mUlions.
polron?
- Etiez-vo us assuré 1
- Oui; ct c'est Li n !;ichI)Ul< 1 ct je ne comnred
~
- J'ci tOUJOUl'S été ussuré; ct la valeur de mon nsslIf:t~
c?mment çu a pu arriver. M. Michel fai soii tout.
nnl'e nugm,mtait ou dirnlnunil, suivant les quantités
il 1 uSlfle ...
cl ,: IllarchnndlSe5 que j'emrnogosinnis.
- Ah 1 c'cst lui ql1l dirigeait Loul ?
- De Lelle sorte que vous ne perdez J'len?
-- C~li,
mon sieut' : les ventes le.; achats la fabrication
- Je perds mon usine, qui etait admlraiJll'lllonL inslal"
11'>0, des machines uniques que ju,nmls je ne pOli I"I'U 1 il menait tout.
<"aint-Ermonù \'oulul interven1r :
]·Plllpl41cer ...
- Mais cc n'étai t que d'après mes or"dres 1
- Pourquoi cela 7
- Veuillez vous taire , mon sie ur! lui dit le procu reur
- Parce que ... pru'ce qu'elles fivruent clé Inventees .. .
Et, conlinuant l'inlerrogntoÎI'c <lc Bernier :
Tn!' ... In.vcnlkes chez moi enfin ...
- l'en 'CZ-VOllS que cc M!chcl Thomeraln soit capub!e
- Inventees ... par qui 7
d'n\'oÎl' mis le feu 7
- Par .. . pel" ce malheureux qui a lTIis le feu che?
rn li.
- Lui? s'écria BCI'niel' en ûlen<fant la main. On m'~
COl!,pcrnil le bras, que je ~ias
qu e ça n'est pas vrai!
- C:'6I<lit donc votre employé?
Cotte d~cJartlon
prodUISIt uno grnndc impression dam
Oh,1 il no l'élalt plus. Jliel' malin, il m'n donne
l'auù itoire. Mais le procureur reprenait aussitôt:
su dOnlu;.;lon.
- Qualld Oles-vous entré, pour la dernière fois, c1n~
- POUl" quel motif?
les clIulIlIers d'approvisionnmnenls 7
~ ~-. :O~I"
un moUf tout Intimo, su r leq uel je \' OU5
- llier, monsleut·. J'y allais tous les jours.
,( ./l1S ICCrmnUlssun t de Ile pas ll1'i:1Lerl'ogor plus longuement.
- IIv z-vous remarqué quo! Clue ce soH d'anormal '/
- ~on,
mon ieuI', l'Ion .
. - Oui, jo compl'end s, dit le pl·ocurour. - Uno der- "ous on ()l 'S bien certl1in?
1~l"e
qucsWon : croyez-voliS cc 1\liChcl TllO!llcraln ca- '{ou l élult en rlnco, comme d'hnbiLude.
l'lUblo d 'avo ir commis lin pareil crime?
- - 1 ~1,
pendant 1 incendie, v ilS n'rIvez rien remnrq1l1
J - VoLl'o question m'cmbuJTûssc nu pilis haut point...
non p}"us 1
o ne voudJ'als pa.s cJlal'ccr cc ma.lheurcux, qui a J'(I- 1I.'n 1 mOI.sj~lr
�~
1.4
=-==================== Moins
._ Aviez-VOllS revu Michel Thomerain depuis le matIn 7
__ Non, monsieur. Si j'en avais eu le Lemps je serais
,'lien allé le voir chez sa 111ère; mais j'ai été retenu à la
labriqllc par les prépo.ratifs de la fêLe.
_ Bien. Restez là, .. Qu'on [asse venir Michel Thome;-aJ.n,
Il Y eut une r éelle émotion, dans la salle, quand on
ril enLrer ce beau jeune homme à l'allure fière, avec ses
lêlemell\.<; en lambeaux , sn. figure noircie, ses mains eni1I n gl<Ultées.
_ Vos nom, prénoms eL profession 7 d emanda le pro:ureur d'une voix jndiUérente,
_ Je m'appelle Thome.rain, j'ai trenLe BnS. Je n'ai plus
de siLu Illion.
- Pardon, le tiLre d'in génieur vous appartient.
_ Je n 'y ai aucun droit, je ne sors a' aucune école. Tout
Il.l monde me donnait le titre d ï ngénieur et je l'avais accepté, voilà tout.
- AI4.)l's, VOllS étiez emp loyé de M. de Suint-Ermond.
- Oui ; mais , hier mal in, à la su ile d'unc violenLe dis:ussion, nous DOUS Bommes séparés pOur to ujours.
__ Votre ancien pakon nous a fait vot-r;e éloge; mais. il
il. I\.jouté que vous étiez violent. Le contrem ai tre Bermel'
~ré
Len.d,
au conLraire , que vous é tiez très doux, que tous
:es ouvriers VOllS ao'oraient...
- Je les aimais aussi. Mon père étaH un ouvrier.
_ Maintenant, r aconLeü-nous comment vous avez mis
leu I~\)X
chantiers de M. de Sai nt-Ermond .
__ Mo i, monsieur? Mais c'esL de la folie 1
- Alors ... vous n iez?
- De toutes les fo rces d e mon être.
Le procu reur r esLa silencieux ; puis :
_ Je vous ai laissé le tem ps de r éfl échir, avant de vous
poser m a question utte seconde fois ...
- Je n e puis vous répondre qu''\I!lle chose, monsieur,
!;'eS't «ue je suis innocen t 1
situaLIon ? Un a veu
- Voyon6 1pOurfJUoi aggraver vo~re
I:implifierait lout. D'ailleurs , comment pOuVez-vollS nier ?
Non seulement vous avez été pris sur le fa it, ma is il es t
Irès facile d'établir les causes qui vous ont pOussO ù commebtre cet hOlTible fadait.
Miahel eu L un mOllvf'menL d'impaLience.
_ Je serais bien curieux , tH-il. de connaîLre .. , ces cauIt~
;es.
- Oh 1 c'est bien simple. Il est éta bl1 qu'un e assez vi ve
animos ité exis tait entre vous et votre patron. Vous vouliez
Lout d iriger; lui, naturellement, voulait êlre le maHre chez
lui. Celu arrive tous les jo urs ...
_ P ardon, monsieur ; perm etLez-mol O'e r étnbllr la vé,
rité exacle sur ce poin t : mon vairon s'occu pait fort peu
tl e s a labrique, 10 l'sque j'y s uis entré ; c'Cla it son beaupère qui la d irigeai t c l qu i m'a appris à peu près Lou t e
que je sais. LorsrJue ln benu-pèr e de M. de Suint-EI'mond
es t mort, c'est mol qui Iii tout diri gé; depuis , mon puiro n a encore perdu Sil l em m e.. , EL j'ni touj ours consorve!
:' nlière dirccLi.on de lu faIJl'i que, à laquelle je me co ns u:rais c1'o.illeurs, cntiùrr lll pnt .
_ CelU, M. de Snill l-Enno n<l le reconnlllL parlniLcmenL.
_ Il n'y Il. guère qU'l l ll nn quo m on pntron a la it sem!l Ian t ô'c reprendre ln direction de son usine, Il Inqllolle
il ne venait, aupal'u van L, que pou r loucher scs béll(·nces.
J lui al pnrfailem nL laissé rC'preJl dre la pl ucc lJu 'l l VO ll lait ; puis il m 'Il envoyé il l'étrange!', pL c'est alors 1111 0
j'ai comprrs qu'II son(.(l'aiL il se M I?IlI:r asse r de. mo\ . .l 'ni
d on t Il .m aVfll t
accompli consciencielu;oment II\. mls!O~
chlll'gO. EL, qua nd je buis revl'nu, hier, Il m'n l.rullé av(:~
Ill nt de dédnln , c,ue j'ni Cl~'·
oulr(! .. , .l'avouc que Je me SUIS
mnpol'l.é ...
_ Justemen L - Mainten un l, voyez comme toaL cond'jr'i ful"irnx, à lort ou il l'ni
coroe. VOUil vo us on al~z
"on , indigné ... Vous nmLrez ch!'z vo us, eL .. vous y rcs!.cz t .. .
-- Je n'ai pus <jll il l(! mn mère de III Jo U rl1é~.
- P u!.~ , commtl 1I1l scntlment dl' pllc.;.-;ion, SUI' lequel
j'olU'ni la d iscrHlon 'l'Il (l(' pus m'étrndre, vous domine,
vous pade;>;, VOlIS venc;>; r()f!pr nulour de ln fnIJl'iqllr ... V,lIlS
pénélrez dll ns lel; Chlllllicrs, pour voir de l'lu., prl:~
cf>lle
fort que
rAmour
~
tête.,.à laquelle on ne vous Il pa.,c; laissé ussisLer .. . Est-ce
vrlll ,
- Jusqtle-Ià, oui, monsieur.
- Alors, dans un moment de folie vous voyez que je
vous fourms moi-même l'excuse d'~ne
folie passagèro,
vous mettez le teu à ces chantiers ...
- Non, nO'll, je vous jure que ce n'est pas vrai 1
- Vous voulez braler ces machines, que vous avez invenfA.\es ...
- Oh 1 brûler mes machines! Mais pourquoi?
- Pour qu'elles ne puissenL plus servir Il un homme
que vous détestez 1
- Oh 1 monsiew' 1 moi qui aurais tout fait pour les sauver, mes chères machines 1
- Enfin, quand vOus êtes arrété, vous avez honLe. El
comme il se présente une occasion de réparer ,en partie
voLre ac Le de folie, par un acte de coul'age, vous sais issez
c eLLe occasIon, vous accomplissez cet acte : vous sauvez
Mlle de SainlrErmona' 1
- Non, monsieur non 1 VO'US me prêtez là des sentiments qui ne sont jamais entrés d uos mon âme.
- Alors, comment expliquez-vous ce qui s'est passé celle
nuiL 7
- De la façon la plus simple.
- Croyez-vous donc pOuvoir vous justifier?
- Oui.
- Je vous préviens que le feu n'a pas pris par accident. Il a étç mis ...
- Je le sais. El. .. j'ai vu l'homme qui l'a mis.
- P ourquoi ne l'avoir pas enco re diL 7
. - D'abord , on ne. m'a guère pel>mis de le dire. EL puis ,
SI vous croyez CjUe Je pensaIs à cela, tandis que j e voyais
br Qler cette usine que j'aimais tant 1
Le proc ureur ha ussa les épaul es et dit ironiquement :
- J'aLLends, bien curieusement, vos explications, monsJeur.
- Je ne vous expliquerai pas plus longuement pourq uoi
j'ai pénétré dans l'usine, contin ua Michel avec bea ucoup
à'e calm e. J'y s uis entré, j'ni eu torl, je le reconnais. J' ai
passé plus d'une heure dans l'atelier de scierie. - Tout
d'un coup, j'ai entendu des pas dans le chan tier; je suis
sorti de l'atclier ... Et j'ai aperçu un homm e qui fuyait
dans la nuiL ...
- Vraiment 1... Allons, vous ferlez bien mieux
d'avou er .. .
- J'ai cru qu'on m'avaH espionné. Cependant je su is
enco re rentré dans l'aLeUer. Et soudain j'ai enlendu cricr
au feu 1 J'ai compris alors qu e cet hOII1'm e que j'ava ls Vil
s'enf ui r a'cvaiL être l'incendiaire, Je n'avais plus qu'à fuir
à mon tour ...
- Décidément, vous vou s moquez de nous ... Laisscz
votre hom mc inconnu ... Quel menson gc 1. ..
- Un mensonge ? s'écria Mir:.hel, qui se conLen na CI
p ei ne. Tenez, ccL homm e, en paSSllot près de moi, a laissé
lomber une petite boite.,. que voici 1..
v
OBm'l'S
COMrnO,\!El"fANTIS
De no uvea u, l, ~q mngis trnts échnn gf>rr nL des SO l rle~
norquo i ', Et, co m me ~ ( ".hc
l ChCI'clitLi L tlalls ses poches , 10
procureur d it :
- Ne vous donn ez donc pns LIUlL ùe mnl pour menUr 1
Michel cCSBa ri e chrrchcr un in slant, suffoqué d'indlgnlllion ; puis il balbu ti a d'un e voix sourde :
- E&I-ee ai ns i quc lu jlJs Li ce sc rena', en prunco ?
pas cel~
!Jolle ; vous ne III trnu- Ne chm'chrz do~c
verez pliS .. Voire ,balle, voLl'c .lncon nu sont dr.s produ its
de voire Jlnllgmutlon .. , EL d6cld 'lo-vous à avouer tout dt!
suite 1
jil l'e, mcssip urs, t'f1l' un homme a possé
_ I\IRIS je VOl.~
devanl 11101. .• Un gl'OS h omme ... Tl Il Inissé tom bel' un
ohjd .. jr l'ni l"IulIllssé IDIlChlnulIJlllenl... Oh 1 je vo us jur a
que je dis ln vérité 1
�G'lt
Moins fort Que l'Amour
====================
- Et c'est maintenant seulemenL que vous songez il. en
parler?
- Mais je vous le r épète, monsieur; toule cette nuit, je
sonaeais bien il. aull'e chose ... Je ne pouvais croire, d'ailleu;;", que celte eITeur durerait plus de (1uelq1les minutes ...
- Enfin, voyons cette boHe ... Vous ne savez plus où
vous l'avez mise ?
Michel fouilla dans toutes ses poches, il ne se souvenait plus où il l'avait placée. n finit cependant par la
retirer, et la r emit au magistrat en 6.'isant :
- Cela servira, sans doute, il. reconnnttre le coupable ...
L suivre Se8 traces ...
Le magistrat prit la boite que lui tendait Michel. Alore
seulement le jeune hOmme la regarda; et tout le monde le
vit tressaillir. Le procureur lUi demanda avec un mauvais
sourire :
- Esfr<:e que vous vous seriez trpmpé de bQHe ?
Machinalement, l'ingénieur chercha encore sur lui; et,
ne Lrouvant rien, il déclara :
- Non, non. C'est bien cela.
Le magis trat retournait la boite en tous sens : c'était
une petite boite rectangulaire de fer-blanc, décorée de
vign ettes jaunes et nOires.
- Tiens, tiens, dit le procureur , le portrait de l'empereur de Russie, a'un côté; et, de l'a utre côté, un e t.ête de
pa.ys an russe ... Voilà évjdGIDIIlcnt qui vient de R ussie ...
comme vous, monsieur l'in génieur .
M1abel pâlissait, et il devi n t livide, quand le magistrat
Ouvrit cette boite, d'où tombèrent une dizaine de grosses
alJ1JtlIlettes de bois.
.
- Eh bien , continua le procureur, vous pouvez sans
doute n ous renseigner à. ce sujet ... Vous connaissez ce
genre de boite et ce genre d'allumettes ?
- Oui, monsieur, répondit Michel, oui se reme tl ail peu
Il peu. Cette boite et oes alumA~tes
sont de fabri cation
russe.
- Vous en êtes bien certain, n 'est-ce pas 7 - Or, voudriez-vous me dire de quel pays vous arr iviez hier ?
- MaiS de ... de Russie 1
- De quel point de la Russie ?
-
De PeI'lTl.
- C'es t bien loin . cela; mais vous n'êtes pas venu de
Perm sans vous arrCt;er' q uelque par t?
- En eUet, j'ai p assé une de mi-journ ée à Saint-Pétersbourg.
- Et da ns cette deml-journée, n'avez-vous pas fall
quelQlles Ilchflts ?
- Si, monsieul'.
- Avouez-nous fran chement que vous avez l'apporté
une petite provision d'allume ttes . C'est la manie de Lous
les Fra nçais : sous prétexte que les allumettes de la Compagnie ne v8'lent pas grand'chose, ce qui ne manque
pas, d'aille urs, de vérité, il n'y I:l pllS un voyageur francals qUI ne rnp'P orte, de l'étro.n&rer, sa petite provision
d'allume ttes. N'cs t-ce pas ;votre cas, monsieW' Thomerain?
- Jo le reconnais , monsie11r.
- Et si nou s a llions chez vous, je parie que nous trouverions une provision de ces mêmes haites?
- C'est vra i, monsieur.
- Alors, rien ne n ous prouve que ceLle boite, que vous
. prétendez avoir ra massée , a ppartie nne il votre fameux
inconnu .. . tand is qU'il est fotL probable que cette boite
est Il VO liS 1. ..
- Non , monsieur 1 Non seulement je VOus le Jure,
mais j() Pllis VOIlS 10 prouver.
- VQYons ; comme.n t cela ?
cel- ..Lo cosl,lll1Jo que je porte en ce moment n'es t pas
.UI 1a.vcc lequel j'ai voyagé ... C' s t un costu me q uo j'nvais ~ I S~
il Paris, el que j'ai remIs hier matin.
Une. Qu'eske qui nous pr ou- \ ot re eXC\ lse Cfl t ~nrlJ
;. qUOêtVO li S n'a, 7. pus I{lissé c~1o
boite dans 10 nou*'.ll U v emont que vous avez mis?
-I um~ts
.. . j() n'avnis uur.un moU f pour emporler des
" ....
. s SU I' mû'J... J e ne 1ume ))os ...
- ROIRr.n de pl .
. .
.
~ o u.s
voyez cl
liS. Cclll olablll'llit vnt,re pr6m6d il a l,fon.
one ouo -tout ('C nlla vou ., pssnvcz d(' rlll'Il
al
pour votre justifloation se ret.ourne absolument contre
vous. Suivez mon cOJlseil : avouez Lout siffipJement.
Michel eut un accès de révo.lte.
- Eh bien, s'écria-t-U d'une voix vibrante, continuez
votre instruction COmme bon VOliS plaira 1 Puisque vous
mettez en dou<te tout ce CJ1.Ie je vous dis, ce n 'es t plus la
peine de m'interroger 1
.
Quoique le procureur fot séparé de l'ingénieur par la
tab le, il eut Wl mouvement de crainte. en voyant ses
yeux injectés, sa face contractée, ses poings qui se fermaient comme pollir Irapper.
- Diable 1 dit-il, enco re plus sarcastique, je ntli pM
besoin de prendre de renseignements pour savoir si vous
avez un caractère aimable.
Michel ne répondit pas.
Les yeux à telTe, il essayait de r éfl écbir il son horriblo
situation; et il souUJ'aiL cruellemen t à la pensée que SR
'mère apprendrait bi entôt l'infâme accusation qui pesait
sur son rus bien-aimé.
- Nous alJlons raire le tour du foyer de l'incendie , dit
I.e procure\IJ.' en se levant.
- Et notre prisonnier? demanda le chef de la S11reté.
- Il va nous suivre. Ma is qu'on le tie nne il distance.
Ce gaillard-là serait c8Jpa:lJle de sauter sur nDUS.
On sortit de 1a maison. Le jqur était complètement
levé. On apercevait les ruines fumunles de l'usi ne sur
IesquelJes on versait encore des Lorren ts d'eau. On ~ di·
ri.gea vers le champ dans lequel Michel avait éLé arrêté.
Lorsque l'ingé.nieUT passa deva nt le groupe form é par les
amis de M. de Saint-Ermo nd, il ruperçu t la flUe de l' ind us·
t.riel entre Nina Carenitch et le pr ince V6rénine. Il aUai!
dé tourner la tête; mais Suzanne lu i adressa Wl salut do
la main et sourit. Il la salua il. sun to W'; puis il suivit
6CS gardioos, plus conflant et plus lort.
On fit assez rap idemçnt le tOllr de l'usine et des chan·
tiers , sans rien cMco uvrir de spécial .
P\lis , les magistrats voulurent )'(v~nir
à l'endroit rar
lequel Michel élail sor ti des cban tiers afin de l'examinCJ'
en détail.
D'abord on ne vii ri en , que des plan ches consumées et
les fils tordus de la barri ère. Mais bien tôt un des agenl3
se baissait en disant:
- Tiens 1 un por liefeuille.
Au même ins ta nt, un second agent sc baL<;SB it auprl'..o
de son cnm a rade el tro llvait un second pOl' le fe uille.
- Atlendez 1 Ne touchez à r ien , cria le procW'eur. Laissez oe.la ...
Et il s'a van ça avec le chef de \ ll S Oreté, pour examine r
la disposiLfon des deux por tefe uilles.
Tous les de ux étaien t o uv e rL. ~ SUI' l'heroo ; et, entTe les
deux, étaie nt ét.e.nd Iles quelques cartes .
1.0 proc ureur prit l'une de ces cartes ct cons tala qu'e Ul'
portail le nom de Michel Tho mer oin.
.
- Fai tes ava ncer notre homme, de ma nda le ma gistrat.
Et, quuncl Michel fut là .
- C'es t bi n ici q ue VO liS avez sauté ?
- DCITI /l.nde7. Il. vos agGnls, r épondi t brus quement Mi.
chel, ils le saven t miellx que mo i.
- Co~nisz-vu
ces de ux po rter uillcs , qui sont là,
Il. vos pieds? IO terl'og a le procureur, sans se ù&partir ùe
son cn lme.
Michel rcgllrdu ot dit :
- Oui ; Ils sont Il. lTIoL.. Eh 1 non , cepe ndan t 1 li n'y
en Il qu 'un qui soit il fII oi 1
- Nous ignorons encorc ce qui sc lrouve Il l'intérjeur,
Exam inez-les bien; nous 1 s rGlèvçrons ensuite.
Mlrhel réfléch it un peu, pu is d it :
- Celui-ci, Il. gauche, esl un por lerelJil le que je possMe
de puis 10ngLcmps ,. e t quo j'ai r elJ'ouvO, hie,r, dan s la
poche de mon hallJl, lorsquo j'ai quillé mes vO lemonts de
iJl 6cs
voyave. !I lle contenait QUo Ges car Ies (lui sont ~par
là ... ' ~'out
cela es~
lombé ùe ma poche, ail momcnt où je
soul./JJs ...
- POSsible. El l' n lItro 1
- .l 'ui cru, d'a\)rl!'fl. quo l'autre était il moi, parce qn'D
r;~mhle,
d'une lTIuniè,·., l'! lonnante, il un portofeuille que
J ni n['h etr Il Sllint-r'étel's l)ourg et Qu'il Ilorlo Illon m i.
Uale : 111
�================ === = Moins fort que l'Amour
Le procureur 60m -J t et dit :
_ Vous nllez sans doute nous affi rmer que c'est
l'homme inconnu qUI l'aur a Ja issé tomber en fuyan t 1
Michel se. contint et répond it :
_ Je n'affirmerai qu'u ne chose, c'est que ce porle fjluille
. nc peu l être il moi, puisq ue le mien est certainement chez
moi , et que vo us l'y trouverez immédiatement si vOUS
voulez vous y rendre.
- Bjen . Vous con tmuez votre système de défense;
vous tenez il nous prouver que votre inconnu eXIste. Je
crois que vous ne pourrez nous prouver qu'une ch~,
c'csl que vous avez achet6 deux portefeuilles au lIeu.
d·un ... D'ailleu rs, nous allons bien trouver quelqUes pnl'pieTS lil-deda ns.
.
Le magislrat ramassa le portefeuille qui était à gauche et l'ouvrit : il n 'y trouva rIen que deux cartes sem.
blables il celles qui étaient ét.endues il terre.
PUIS il prit le second et \'Quvrit aussi. Il contenaIt un
petit cahIer impnmé, une sorte de brochure de la CompagnK! des sleepmg-cars, où étaient consiglIlés tous les
reosclgnements nécessaires pour faire un voyage de
.. .
,
Pari s à SamlrPélcrsibourg et vice verso.
Le proclireur ouvrit ensuite deux poches .lDt e~lu
res
,
l'une rcnrerffiful des cnrles avec des lanfs lmpnm és de
de Saint-Pétersbourg; l'autre
divers marchands de bOI~
renrermait des billets de banque russcs pOUl' une valeur
d~
quatre cents francs .
. '
Le procureur montra ces dIVers papiers il.ÎI 'I!~hel
et dIt :
_ Vous prétendez encore que tout CCCI n est pas il
l'ailS?
'
. ._ d'
. lichel, malgré touLe son énergie, eut une mmu"" aD1I0lsse.
.
.
C'est qu'il se sou\"('Onit très exactement d avoir ml~
chas son portefeuille une brochure sembLable il celle-CI
cl des tarifs imprimés dt'! marchands de bois, et des
hi;lets de banque russes , qu'il avait rapportés comme curÎnsité.
- Vous hésitez? fil le procureur,
sans se ~rouble.
il est naturel
- Monsie ur, diL ~Ii(\hel
flue j'hésite, car le conLenu de ce port.efeurJ.le l'assemble
~i.rangem
l il ce que vous trouverez dans le mien ...
- Ah 1 VOliS persistez tOllj-ours 1..,
- ,](' VOllS demande, 8\1)C instance, de VQUS rendre immédiatement chez moi; et, (Ians mon costume de voyage,
,111 da.n s ma valise, VOIlS tl'ouverez un portefeuille seml,Jable il celui-ci... .le suis absolument cerLain de ne pas
l'Ilvoi r emporté hier.
houssa les épaules,
, •
Le pl'Ocure~
- Vous êtes nl)suI'be, avec voIre cnLêtemenl. Com"ent 1 l\ous tl'O U'OLS un porl.eieuille renfermant des
bl:lels do banque ru sses , des tarils de n{>gocio.nls
•. sses , une uI'Qchure de voyage CI
SainL-PétersVCUT'g... Et vous nOlIS sout nez que ce portelcuil'le
~ù.sL
pas il VO'lIS, lorsque nous savons que vous
;l:'riv'ez de Rt:ssie et que vous êles ail!'! il Sa.inIrPélcrsbourg pour Y faire des achats de bois?
- Je vous ferai T'~trla"qf
flue d'a litres personnes que
de b811que russes, que
moi peuvent o.voLl' das bl~e\.s
:I"oulres personnes q1le mal pC'uvent nvoh' des tnrifs lm[l1'imés de négociants russes ... Enfin, monsieul', Il n'y a
pas que moi qui sois ollé en Ru ssie ... Et puisque je suis
ce:'loin de vous mOIl~re
mon porl.eIlluille dans un qu arL
j beure...
.
_ Qu'esl-ce que oela proHvera Que vous aViez doux
pOJ'te! uilles, eL que vous les IlVlez garnis de la mCme
(ilr,nn 1 D'ailleurs, qui nOHS prouve Que ~os
cur!es, solen1
. i)r! ias du porl.e!elllIJe que vous reconnmsse1. pOlll le vOtre, ou de celui que vous préLondez ne pas vous aTlPar11'.11il' 1... Elles étaient aussi rapprochées do l'un qu~
de
l'autre 1. .. Enfin, en supposont que votre inconnu eXIst.e.
r.nmmenl aclmctke quo cel inconnu eot SUI' lui un porLer"uillo somblo.blo au vôtre, garni comme le vôtre 1.., Ces
lill'US de bols sonL une prouve obsoI1le ...
- Et qui vous d it, monsi 'ur, que cct inconnu n'éLait
pas un nnemi, un rival de M. de Snint-EI'mond 1 Et
dans ce CilS, est c' quo la présence (le IlCS tarifs impl'imr'>..s ne s'mq>llqucllUU pas <10 ln façon la plus naturol.le ?
rols. VOuJC'l ' ·Ol.S 'ous décider il
• Un(' dCl'ni~re
vOUtr 1
!
~
- Je jure que je s uis innocent 1 Je le jure sur mon honneur 1 Je le j ure sur l'amour de ma mère 1.. .
Michel avait à peine proMncé ces mots qu'on distingua it le bruit d'une vlOlente d i-scussion à Une légère dlslanœ. Une voix indignée criait :
- Je passerai 1... je vo us dis que je passera! 1
Les sergents de ville maintenaient une vieille femme
en cheveux qui cherona it maJgré L<Jut 11 tes écarter.
- Ah 1 je vous dis que vous ' n'empêcherez pas une
mère de rej oindre son er:Cant 1
,La vi€ille fem.me fit un de rn ier effort; d 'aHleurs les
sergenls de ville, émus , n'osAienL plUs retenir la mo.lheul'CUse. Elle leur écha ppa, passa devant les ruines de la
fabrique, sans rien regarde r; e l rupereevant les hommes
m assés clans le cb.amp, elJe y COtJoTuL.
.
On enlendi t un cri déchiran t:
- lvla mèr e 1
- Mon pauvre emant 1
La veuve Thomer ain était tombée dans les bras de son
fils,.oui s'était brusquement dégagé de ses gardiens. E l ~e
le tmt amSI quelques mstan ts , pUIS balbulia
- Ce n'est pas vrai, n'estrce pas ?
- Non, mèro 1
PaUvre m<:re 1
Le maLin, elle s'était levée de bon:ne heure bien doucement, pou r nc pas éveillCl' son fils.
'
En passant, elle avait posé son oreille contre La porte
de sa chambre, et, n'entendant rien avait mUl'mul'é avec
joie ; « Comme il dort hicn ! »
'
descendue, vile .; elle était Illlée un peu
. Puis elle é~il
JOJO , pour lUI chercher ce bon Jalt qu'il nimait il prendre
le malin, ce petit pain, sec , bien grillé , et du beurre nu . E\
seu!e
elle était revenue, sans s'al'l'êter , sans parlel' il ur.~
l"Oisine : et elle avait pr6paré ce peUt déjeuner P 'JlII' (Ji
porter l{lut à J'heu re dans son lit.
'
Comme elle allall le g:l!.er, son grand enf-unt, le con,
soler 1 Déjà, il serait reposé. Quelle joie 1...
Elle avail attendu ; cl, comme il n'appelait P.lls, elle
avait fini par ouvrir la porle, b!en doucement, en J'el.enant sa respirati on . Et alors, touL d 'un coup, eHe avait
vu celle chambre ,'ide, ce lit où .son fils n'avait pus couché ...
Elle avaiL d ev iné qu'il éLait Ill-bus ... Mals pourquoi ne
reven ait-il pas? ..
Ql1e!(lues instants apl'ès, une voisine avaiL sonn'::, afin
r.~
de ce grand incend ie .
de lui demander des n O l1ve
Des nouve
~ les
? Il Y avaiL cu le feu 1..,
ça n'u pas le sens cam- Mais oui, on dit mème, Jl1ni~
rnun. qu' ils ont al'l'tHé votre fils 1
Elle é lait partie , il moitié lolle, ne croyant pas qll1l
cela fû l possible,
Et comme ellc élnil Iteureuse de le 6CI'rer dans ses bras.
de lui entendre dire quo çu n'é tait pus vrai 1...
- Alors, si ce n' s L pas vrai, mon bon Michel, allonsn 0us-en L . Si tu savnis comme j'al besoin de CUUSl' r avec
t..li 1. ..
- ParLir 1 Non, mu m(:re , nous ne pouvons pus ... On
n)'1(cl~<.
- Toi', 01\ l'accuse? On ose 1...
Et, avnnt que Mlellel eO L l'épandu, elle se tournn;L vers
lous ces hommes ct lellr jctllit, d'une voix farou ch e :
- Ce n'cst pas Vl'ui 1 Enten(lez-vous, cc n'est pus
vro! 1... Et de q uoi oscnt,ils l'o.ccuso r 1
l\oJichel dit en r ic-OnnnL :
- D'avoiJ' mis le teu à l'usine ...
- :roi, lai~e
celll 1 M.ais vous ne le .connaissez pns,
\lno folle ... SI VOltS savlOZ comme il esl
mCSSleUI'S 1 ~esl
hon, mon Michel 1 VOIlS ne savez pns que son p~I'C
t':talt
10 plus hOl~eto
des, hommes, 1 yous nc savez pus que 1lI0n
pauvl'o rnal'l et mOl, nous n étlOns que des Ouvri!!rs, mois
que lui Il 6(,(; reçu il l'Ecole Pol.llechnll1ue ( Mnis vous
IlC suvez pn.s qu'LI a abandonn6 sn Cn.!'i~le,
pUI co quc mon
pouvl'e homme est mort, el qu'alors mon fils a voulu
\"ivre avec sa m()re. la SOuLcnlt' 1. .• C'est mil se ule jOlo
mon orgueil... Non, ce n'est Po.s POSSib le : vous n~
(' )'0)'('7, pns qu'il .nil fnit rela ... C'est une erreul' ... Je \'OllS
en l'uppUe , mc~SI
urs, .•
�... ~
Moins forl que
r Amoui" ====================
1Il.icliel arrêta sa mère Qui allait peut-être tomber aux
gen oux du procureur.
- Assez, mère! Ne nous humilie pus devant ces genslà 1 lis se moqueraient de nous ... J'ui dit lout ce qu'ij lnlluit dire pour me justifier. Ils ne m'ont pas cru ... VII , nHL
bonne mère, rentre tranquillement ( ~ hez
toi. Je ne veux
pus qu'on le yoie pleurer ...
- Ainsi ... tu ne rentrerus pus IlVCC moi?
- Non, puisqu'on va me m enB.!' en pl·ison .
- En prison, toi 1... En prison, le fils de Thomerain 1.. .
« Eh bien, j'irai avec loi 1
I.e procure ur s'avança et dit s évè remen t:
- Je vous ai permis d'embrasser vot re ms. Muinlenant,
celle scène a trop duré. Je vous prie d e vous relirer.
- Vn, mu more, dit r"llehel ; je le veux .
Le "ieux Bernier s'approcha.
- Appuyez-vous sur moi, madame Tbo mel'ain .
. - Oui, dit-elle , mais à une condili n, c'es t que vous
durerez que vous ne croyez pas à loul cela.
- Pouvez-vous me le demand er? prononça Dernicr,
avec émo tion. Moi, le vieil ami de T'lolllcraill, moi qui
uillne son fils comme s'il était il moi, croi re que ce fil s
est capoble d' o ~ oi r commL5 un crime! Non, n on! [\licliel
est in nocen t 1 Et malheur à ceux qUI ont cullsé lout cela.
car vous verl'()Z bien qu'à la fin ça se lournera conlre
<'llX!
- i\!crci, Bernier 1 merci, mon vie il ami! diL Michel en
'Passant devunL son ancien contremaître.
.On l'cnl ;';\ inaii déjà. Q1Innd il :lrJ'iva à la route, JI ne
Vü plus Suzunne.
1 Lu j?un~
. llll.e s'ét.aiL é~anouie
lorsqu'elle avait entendu
es cr1S ct mdlgnalion {Je Mme Thom()l'ttin; on l'avait
))Ortée dans ulle voilure; eL la comtesse y étnit monl6t!
-ln'cc elle en donnont l'ordre de partir pour Paris_
Michel fuL mis <laps un fiacre, avec trois agents, qui
Surveillaienl 51'S mOindres mouvements. EL bienLôt tout
le monde pal'tait. Les voiLures allaient lentement. r./\
[oule sc pre!'sait ]lou\' voir le c01lpahle. Ln pillpurt des
f\u\'l'irrs ri'! 1;1 fubriqu e, tÎi'ls r)1I' :ls tlp rcevnient ~!i c "el,
:;e <1 érou\Tuient nvec respecL. Et le malhou.r'cux leu,r l'CIII.lnit Irist-emant leur salut, murmurnn L :
- 131'av(.\S cœurs !
On s'urT'êta devant la maison 11Itbll.ée pnr l\Iichel et sa
mèl'e, il l' ntr6e de la rue de La Chapelle.
Los ugcn l.<fconduisiren t J'ing6n ic\lr nu quatrième (;tagc
Où les magistrats éLul()nt déjà arrivés.
'
- Ouvrez-nous, dit le procurelll'.
l Micllcl obéit pussivement. Il pluça tut-mOme sa cie! dans
~ selT~r,
hcureu.x que sa mèl'e ne fut pas encore là et
n o.sslslllL pas li celte scl!ne déchirnnte,
Dans l' nLrée, il montra une porle ()l dit :
- Vl"lici ma cha.mbro . Vous pOllvez y punélrer. Vous
u'ouvc\'()Z dans mn valise Lout ce que vous ch()l'chez.
Cc ILit 'Il ellet (l.a.ns la valiso quo les mng lsl rats [J'oudeux paqueLs de bolles d'allu.melles J'usses. L'un
deux él.ait défaiL.
1 - VOU!! voyez: vous aviez déjlt dépliO ce puquet, cllt
e procureur, et il manqili) ju ~tlane
une bolle,
Ô' Col1() dont je me suis servi dl'pù ls Saint-l'élersuouJ'lI ,
It Michel cn haussant les 6pau.lcs,
Le porlelelll,lIc était dans un coin, posé .sous un indicll.l{'~
d s chemins de [(J\'. 11 l'enfel'rnuiL exaelement ce qUI)
"!Ich()l avait annonc6.
- C'I'!.;l bien commc je le pensnls, dit trnnquillement
1(' mllgi.lrnt. \'ou s en Ill'iez un Sllr \' O\lS el un dnns l' OS
Je suis donc fOi .~ cI vous IIII/inlcnir en t'Int
Il~g al'(~I! lI g{' iri.... ,on
' "
' ~
1es pilJlit!I'S quo vous
((L',el.
e L d' c.mpOl'...:ll'
wliS
V~rent
- fnii.<'s
.'
.
\lpvOi', momneul' 1 loallcs cc que vous cl'(1yez Nro
yol/'()
11'-\<> 1 ( . 1 1: .. VOliS commetlez \lm' mflllllle ; ",ub vou"
C. . ,lIS re><J)I)II",O blo.
U .\.:. 'hel <~ ew'h
tiunt
. Il 1a tAt
"C' d ons l cs rn :lln::; Cil IJnllJu11'1r.
U
,'\IZfl
I.H,I::.
ln~?
".
0
ma m1:rc 1 Commo vous I1Uez sour-
FO(T QLL 1: A!Jf)\,I\, __
2
VI
NINA CAl\ENITCH
Personne, dans la société parisienne, ne connaissal1
e xactement la siluation de la-comlesse russe Nina Care·
nitch. Tout ce qu'on savait sur elle, c'est qu'elle habitail
Paris depuis une d izaine d'-années, et qu'el!e y avait tou- "
jours mené grand trllin. Les uns disaient qu'elle 6tait une
grande dame, chass6e de la cour du c;r,ar, à la suite d'uo
scandB:le où un grand-d uc avait été compris; d'autres
assuralenL gravement qu'elle avnit dû quitter son pays,
le lendemain d'une conspiration; les vieux boulevardi()rs
la rangeuient dans la grande catégorie des aventurières
Il Y a\'ai t un peu de tout cela dans l'histoire de Nina
Caren ilch. ,lariée tort jeune au eomLe Curenilch, eBe
l'avait ruiné en quelques années; puis, ne pouvànt renoncer au luxe, elle élaH devenue lu maHresse d'uo prince
de la ramille impériale rug.e; la femme de ce prince
les a\'ait surpris, el le czar a\-ait donl!é l'ordre au comte
Carenilch dB s'exiler dans ses t()rres, et surLout d'y entra!·
n~r
sa ~I:OP
jolie lemme . furieuse d'être l'el6guée en proV\l1.ce, J\ma Cal'eTlileh poussa son mari dans une conspi rali on n .hllisl(). Ln conspll1ltion fut I.lécouverte comme
femme
toules les conspirations; I() comte ful Lué et s~
• fa it() prisonnière. Elle séduisiL l'officiel' chargé de la "'arder, et s'enfu il, emportant de magnifiques bijoux
le
t['ésor amrJssé par les conspirateurs : puisqu() la conspiration ava it n \' 0 l'lé , les conspif'awurs n'avaient plus besoi n cIe l.r(!Sor. Nina gagna Oclosso., passa en TUl'quie et,
deux mois Ulwès, on ln voy aH apparailre à Paris. Elle
prit un g rand appartement dans un hOlel du boulcvan:J.
et on commença. à s'occupe r d'elle.
quelques bribes de son histoire, parla de
. Elle, [ 'a~.onl
liberle, d mdépend,a nce, de lutle contre la tyrannie - enl'
but. presque s'envelopper d'une auréole de martyre: .Si~
mOIs nprès son ar1'1v6e li 1"111:;;, elle faLsaiL partie des
grandes éléganles. Au boul d'un an, ()lIc ('1111. li la mode
Ime nl'gligeu d() sc prl'scnter il l'n.mh
s~a
dc
russe; mais
elle pénélru lacilelllent duns une grunde partie de la
sociélé parisienne, OL! die fut jni usée par les !emm()s ()l
très courtisée par tous les hommes.
Elle étoit adorablement jolie, IP'ando, bien faile, avec de
longues ma ins ~f1l6es,
des pi()ds étroit!!. Sa carnation
élait superbe. Elle avait la peau Bne, blanche , unie, DùllS
une tache, sans un pli, et son visage ;<tai t si rose Que les
élCganls l'nvoient surnomrn6e la comtesse rose. Elle avnH
surLout d'amirb~
cheveux , ces cheveux des nlles turLares, longs, épais , d'un blond fau ve clair ; et sa nUl'jue
Ilu-<lessous, était dessinée avec UII!'! IiIH!S5e exquise, blan~
che comme une fleur d e magnolia, ct du même ton liliteu:<
cL vol lO.
Ell
pl\.Ssa que peu de l~mps
Il l'hôtel où elle <!taft
dcscendu.c, les deux mois nCcessuires à l'ins tall ation du
lili'nnd appnrt menL qu'elle loua boulevard MlOJeshel'bes ct
qu'elle ,meu.bla de la. mani~l'
la pllUs somptueuse_
'
Les premiers loul'l1Isseurs de Paris vinrent se meUre à
ses ol'dres.
Elle leur dit simplement :
- Je veux lout ce qu'il y a de plus beau.
E! Comme l'uu <.l'eux, par prude nt:', lui disaIt le pn.~
de ses marohandises, ()lle cuL un mouvemènt d'impu.tienc;c :
- Monsle Ul\ lui diL-elle, j'achèlc d'abord ... Je m'pcoupe
nSllile du prix.
I,,()s rOu l'n is!'<!ll ri; se COllsulll)r()nl alors entre eux 1.'\
qu.rlqlll's-lI.ns émirent l'avis qu e c l ~ gra nde dame P~ , lI "
1'1111 trM bien ni' r ns payer se lacllll·PS. Un Indiscret ulla
1'l(~on
f' r à Irl cornl<'ssc .{' qui foe passn it ; ()lle fil \('nir Irs
IOIIl'rlIs sru,l's d"I1.al,~
snltln immrctnte ment ce qu' 'Ile lrllr
dl'Wlll, PlIl!; 1 S relrlel·cin. Celte fnçon cJe proC(!t! l' l·O .SUrl!
toul le <:ommel'C' paJ'j.5irll, Il,,i, dé so rmnis , lut il. In ri
lion ch' la l'l)JlIlr:-;se. On prit lIIêm" l'lInbilllt!e de n'cllvo\'l'r
:<1' I I Il,;'(;ii à hl eomt.c ';le fl,-~
nu, 1.l'~u
u' el
les -d
Il Lu.uùa.!L
cL
""'0-
�<;-CC-
Moin$ fort que l'Amour
18
Ses bijOUX' el l'argent qu'elle avail emporLés lui permettaient de vivre largement pendant delL'l ou tI"OI.S a~s.
Flle pensait bien qu'il ne lui fuudrult pas une ~us\
lru g~
l:éJ'lOùe pour lrouver un ballleur de !o~ds.
Elle '8.IS~r
<l'aille urs tout cela sans beaucoup réJ~chI,
comptant s
le hasard, atLendant tranquillement lllnprévu.
Cet imprévu se présenta dans la personne de Gustave de
~alfit-G"mond
.
l.e ])l're de SUZdm.e a '.'li t él~
l'un des pr~mle
Jr", adora Leurs de la comlesse russe, 11 l'avull
.
ape~
'S
o"l.rmi
'ue au
êlre
BOIS, à l'Opéra, et avait lall Lous ses eU.orts"p0ur
nscirésenlé De son "ôté, 111 COlTlLesse avrui pl15 ses re
_
p
- t.:s I.!' cet Mmme qu'elle rencontraIt partout gnemen
51
' d ét ·t iche veul VlvellT ,
elle Sllvrut déjà que SalIJI,-Ermon
ru r
,
'fortune
déSœuvré, et que, jadiS, ù aVait mungé~te
sa
personnelle au prùflt ù~
f(uelques danse
'
C'é:t.ait bien lu prOIe qu'Il lUI f-allal\.
Le chevalier GllSLave de Samt-Ermond était 1~:
d.anl d'Iln~
famille buurgcoise du Rouergue, ano
l.oUlS XVllI. ,
t maître d'une fortune d'un
OrphelIn tJ. vl1~
~I
WH,! ans il. la ùi1a.pider. Il
millIOn et demi,. II , f'llnle dè to\Js ses camarades ruic
avmt ensU1~
lllllloécllé ; redorer son blason en se mariant
né~
. il aV~l1,
cher 1
ric~en'
,
n mariage {ut banale, comme l'histoire
,L !J,;lillJlre ~
s~c
tnarlll{!es Des amy; communs I.e pré(;\; pn'S<.l~
" louis J10nehard riche Ir~dl5t'e,
qUl avall..
<enl-èl-en u ' " ,
' t D'
il ' i . ·t
[ondé la selO!" mécl1nique de Sam· CIUS;
. s~<
IIISI
f
1- enl, ~Ule
Ronchnrd pal' ses granùes maOlères, et
i~CI."e
rut hildé en quelCjue5 :>emaines. Le mélllige
(~ 'I I~leur(,X
pend~t
deux a.ns; mais, dès que S1~flne
Il'Hpllt comme su mcr\) voulub la nournr, u-ll.1t-EI'.lTlond
"
'~h<lJitd.!S
de garçon: il revint au cercle, repulepfl.·
('
, l~
1 b hème él(''''anle et
1 ul (Wl\. proo11èl't';;, aux
'\.cs \JÇ a Q
""Ule
Il -ne consi(].o.!J-,1 plu,; sa kmme que comme ,me pe
p'msionalJ~,
d ,nt la. fortullè lUl pel'mell.alt ncoJ'O d
i
\'Ïvl'e en très grand s"lgcneu l' ; car, à lUI SèuJ, Il dépensa
lous les revenus de 10. maison. .
.
/lIme de 5slDH;:1'1llllnd sou(fralt en silence, et ses pal'cnls moururent, ;,./J.II:. avoir blen compris l'éPo~vantbe
faut qu'Us Il 'ni.'nl COInmL~
Durant leur Vie, Sam!"
Frn10nd avait toujnut'<; e11 l'adresse:' de sauver les ap~
;enc,c,.'; Il alle lall. nol-Ille ùe !trc le courrier de la [~l'IUt' (le pa.rcOUTll' l~,;
d~'hers,
de CIIlJser avec les ouvrIers,
~lIi"ra
IÜ en de.'>l PIt.., Ù son inexpènenœ. n se donnait
d. 1; allur<!S dp paJ,l'OIJ qu) slu'veille l 's cho..o..es <.le hout
beU('--mèl'C' lllourut d'a.bord. el, dès lors, il S'occ'lpa
beaucoup moins dl' l. fabl'I{IUf'.
.
Son bcaU-Pt'lrP élw~
uJIlj'lurs h urC!u,' dc la dirIger :
nc'rruer venait d'y !l\Îl'C t:nlrpr Michel Thomerain, qui sc
lormaiL SOU!; S(',S 0~'CS
el sous ('e~x
de M. Ronch a rcl,
\Ilssi avant de mourll', ce dernlp!' QI1-ù il. son gClIdre :
, .:-. VOl1S pouvpz conner la fnhrlque il Michel et à Oerni-eI' : ils W. roW6J'Ml pn.rfo.it ment"
Le viveur n'amil plus devant lUI Que sa femme, si
douce si l'ésigMp; il perdit o.lors ,toute mesure et sc
la&.~
'al! r il Lous ses instincts dc Joul~sance
et de pa.
Il abnnùonnn nl,l l' ment ln. ln]:mque ; Cl , mlÙg~
rcssej . c'cse de Miehel,t il lui donna une proeurattoll nlln
Ia cun ,.." .
paL signer lrs le l,l 'es,
,
qu'Il
Quand Sa [emml', timidement, lui ao'ressrl.lL !m fepro-
1
Sa
ciJe, uM.rét'!)()1nù a ll, : 1'1 'l' r'y en1endenL bien mleux que mol.
Je le (l t 13Cl 1.. '
'1' 1
. J
p'ailleurl\, soyez trnnqullle : je n'c'n (u pns a r, mU1S e
survcillt> 1
iD
Au resle la
Et il avait un ~rJtld
gpste de ' li lsance.
, 1
• ~.
litt oprœ ln morL (e
Inbrlquc, Qlli aVilit fOl'cémf'n. JI .1'1('
. hnl'
limll'.harvl. r :<llllllli n<,',lil il bipn mnl'cher, ~I'lC{,
il Mt'] ,
If'S h<'n~ces
nu"mrnll\lcnt peu il peu: J'len nNul (one.
~ C)'uindl'I' df' r~f'
rt,lI-,
Pr lnllml du cl uil <]1) &.'l (tmmc, SninlrT::rJOon<1 ,mllo.nca
fille n ..., l'r.lrllinll5 mOll JUine" ou COlllmCl't Ilùes le lorçulfmt
1\ ;,'!..'ll.P.r qUI'lljlldois 1( Pn.ris, pOllI' Il'aiL< r les pel' '() Iln~
qu Il n6 pollYlti\ III< ItIf nlll116111lllL l'''c,c Ii!l' r\ ~nlt-I(!b
,
\1 prit l'huhitlHlc de
'coucher ,\(,IlX ou 1l'ois foiR plU'
<;~l1ILnc,
Uir.;alÔl m.~1t
. il lui lIrI'in! de nu·s l' plu,ol'1urs
I(~
~
jOur\:; dehors, Queltjues amis de Mme de Saint-El'mond
cssayèl'ent de meUre la jeune femme en garae contre les
folies de son mari; mais elle se défendit d'être malheureuse. Pour ri-en au m<lOde, eUe n'aUl'aiL consenti il demander une séparation. El, au fond, elle aimait toujours
sun mru'i, elle était fière de lui : une soirée de bonheur
sullis-ait pour eHacel' le souvenir des mauvais jours. En
outre, ce qui rassurait 111 mèl'e de Suzanne , c'est que son
mari ne Louchait jnmais Il. ses capitaux; les revenus de la
fDbr.i.cJue lui suri:~QnL
. Aussi n'eu.t-elJe pas l"idée de pren,
cIre la moindt-e pT'~ca.uion
contre IUl pour l'averuiI',
Elle mourut d'81lleurs peu de temps ftprès ses parents_
Suzanne avail alors neut ans. Elle ~eul
avu't été
main des désespoirs de sa. mère : elle seule l'a-vait vue
pleurer, soufIrir; et elle Ilvait souHaM et pleuré avec elle.
Sa n~ d-ou te , elle Il.Ïmilit son père; mais elle le craign~
aus:s1. Et d~jà
elle s'imaglnail que les pères d~
autres
pel1tE'S nlles ne devaient pas èll'e ainsi.
E~evé.
aulallt par son gl'll!lù-[>ère que par sa mère, elle '
avrul pfLS l'habitude de suiVl'e le vieil inùllSLriel à travers
la fabrique, dans son .bureau. Elle connaissait toutes les
macillnes, cHe causaiL avec les ouvrieors. El quand SOIl '
grand-père était mort, elle avait cru retroU'Yel' son souvenir au milieu de la gr'anode usine.
Peu tJ. peu, celle usine étuil devenue pour elle une chf166
très impol'tanle, ellc en paI'lait comme elle aurait fait d'un
être humain. Il lui semblait qu'il y eOL au fond de ioub
cela une vie rnystél'iell e. Elle aimait sa fabrique aulant
qu'elle avait aimé &ln grnnd-pèJ'e,
E.l1e aima donc Lout n ' lUl'ül.lement celui qUi1a d.irg~t,
mamtenanl que son gl'nrul"pèl'c é llHL mort, D'aillcurs
elle entendait continuellement faire l'éloge de Michel. El1~
se sentait seule, sans parents rn[>prochés; son père lui
faisait peUl' encore. Ello l'e!!ul'dll I\lkJlel non pus comme
un ami, IDms comme un pal'ent mystél'ieux, qui l'E'pl'éscn lait il ses yeux celle fahrique qu'clle Il.inulit si profon-
*'
d~menl,
Il y f'Ut, il la. mort '.le sa UJ l'e, Il[ r:ol1seil <1·1 famille,
dans lequel son père fil d '5 d{~larnos
solellnelles, Il
jUl'U qu'il ne se r IIHll 'i l'ait jltn1!lis, (.,l'il se con~.lIe'rat
tout ('Otiel' à sa chèl'l' Suznnne ; j] emhrllSsa sa fille avec
une eHuslon inconnue jus(jue-lil, E~
li resla mallre de la
fortune de Suzanne, muître des capitaux, maill'o n'c la
{ubl'tque,
Lu. comt-E'S:Sfl Nina C:arcnit.ch "aVIlit r'xn.clcmlllt que,
grIlCc ù l'habile gestion de Michel, 1:\ fubrique.étalt (Irrivée
il donner près de q\latre-vingt mille Inmcs de b6n ·n.ces
unnuels,
QlLllnl nux capitaux, Ils s' lcvajpnb il trois mi11ions,
L'aventurière pouvnU-olle m!cll'X l't'v('r'
::' ·llt·Erlllond conscl'Vfl,iL 'wc ccrtaine
A colle ép~,
l,nue; la tenue ôlait (\'ulllplll'ti sa seule quulit,j. Il pll5Sait
I.ous J.cs matin." f]1Jelqlles lnslltnis Il. la fobri qllf), déjeunait
avec a fille ; plWi il pal'talt en dislLnt de lu ' lçon lu plus
Sérieuse:
- J'al beaucoup de courses h. tnire à r:l.l 5,
S ' courses sc' !.>ornaient li sc rpndrc li son ,'ercle, où 11
(untll.iL d(
cigares LI VCC ses comptlf.{~ns
il" boulevard;
il JOU/IiI, un [>nu, 11'00 peu ;,puls sa voltul'e \'LltUlt le pllCnure, cL il ullnit !lU Fiols.
Un jç>ur de prLlI~
cm
!}~,
sa. v,)lluro fut accroch":e, d tllS
l'allée des ACAcias. pAr un lrmdau cie lOUll/:( ; ~OJl
<,oellc
u.llait s'emporte\'; ~uls
SalOl-Ermond l' mlll'ql!1J que Ir
lllnd,tU étllll occup<: Il nr unr, forL jOlle femme, uL 11 or,
donnR it son eor.her dl' .or l'lire
C.elle Jt,>lie femme ",1 .. 1, Nirlll CnrelllLrh,
Il la salllll ; clll! ROIlI'IL Et lrs voill1rcs se dégul-lèl'<'nt
,Il III rrnconlm (lnSlll! fi, lu pode .lu Hoî. "
i" ',';ns
l nHmue de.5 ChA.Ill[h-r-.lyst) s, Alol'S, il n'hésitn J '~et
ürdollnll ft. I,;On COl Ik[' di' III Sl1ivl",
.
t::L III 'ntOL il savuit SUl' elle l-out cc qu'elle \'01\';1
qu'on l'II,{'o nll1t.
- J'aimllls boaur,oup mil f"rnme, sc r]('r.1,1I'l1.ll1 Il
même pOUl' c.nrlol'miJ' Hon l'f'ille de conseil Ilet' 1111 ~
'aa
pul, ln pleu~r
éler;nell 'OirnL, El pourvu ({ue 'j!1 10'(,' upe
SI IgncuwmcnL de 1 Muc Ion de Suzanllu, j'lI.Ul UI aCt'om.
pli tous mes devohs,
r", Jemh:lllufn ct les jours slllvalll , il oss.ayu de l'cllou-
p
Il
LI
s
G
p
d
ct
Q
s
�Moins fort que t/lmour
Grè
Au bau,t d'un mois, il la saluait comme
vieille amie; il causait quelques minutes nvec elle,
BienLôL, elle lui permettait de se prés ntC'l" à son hôtel.
- En aU,e.ndant que je vous reçoive dans mon Ilppartenlf'nt, lui oïl-elle, avec ce sow'ire \lil peu vague qui
cluu·mll.il tant Sa.inl-Ermond.
Elle lui rllconla compltlisll.mment les morcellux de son
histoire qui pouvaient êlre dits.
SlJ.inl-Ern ond les répéla au ('ercl"; et, ln peu 111:'
temps, uOt.: lG:gende ex Irll.Ordinaire , Ir1:s nmpllfl.\e par le
viveur, envoloppa l'avenlUli1:re.
Elle rH à ,'aint-ErlIIond l'honneur de le consull.t>r sur
SOn inslallation du boulevard Malesherbes.
, Il en fut ravi.
Elle lui permil même de su rveiller les fournisseurs, d'nlCr cher. eux pour pre. cr leurs livraisons, Sninl-Errllontl
;'ucqui\ll\ avec joie oe touLes ("es commissions. lrès 11('1'
d'êlre ~I'-Rité
en mtime pur ceLle « gl'ande clame étrangèle» dünt on ccLébr'o..it déjà ln beauté,
Tout se [lassait, d'ailleurs, entre eux de la ma~i1:re
ln
~lS
correcte; cl Sninl-Ermond se ft\cJ1nit lorse,u nu ce1"~Ie
on souriniL de ses relaLions avec la comtesse russe.
l! a!(Jnno..it :
- C'1'.sL unf' très honnête femmc, me~i
c urs,
je vous en
(Ion ne wu paJ'olc d'honneu.r 1
Une lois J'installalion Lerminée, Nina iOngea il inaugul'cr ses salons. Elle savait bien qu·elll.! n'aurrtit qu'à lancer
c]~
inviLnlio!'16 sw' papier japon pour réullir tnus les é!u';a.'lLs désœuvrés qu.i battenL le lJou~\'1d
; mais l:~
\'Cllllllil oe" femmes.
-II lui (llllait, pOUl' cela, 6tre présentée lllns quelques
suions.
~;:lc
n~
le demandll pas il Sainl-Ermond ; mais elle le
hl! 1&,1:,,8 dl'vin 'r.
lIult Jout·s Ilpr~s,
il lui apportait des invil<llions pour
clC\ll( rYl1liso ns de la vieIlle aristocratie et deux dans le
mOnde financier.
- Ave cc.s quatre salons, <l'iL-il, vous IU'l'ivl!rcz promptem~nt
il. cO!lnnilre 10. wcir:lé la plus rJ('f~l\ntc
de Puris.
1 La comtesse, ChnpPI\1nn('e par :-:lÏnt-CI'n1on<l, par11t
. n~
l'cs fjU' tn' soir!'p., (01) rllP "lit le plus grand s\lcf'ès.
1. ~ fcmmes ne [lUl'l'nl qUt~
s'in"I'I1('1" rl~\'nt
,'1 b.'i!'1 ,', :
IIJ\!" les hOUlIllt', rl(t:]l1rèl'eon L l'fll 'l'lIl' ('Ill'I aÙill"nll l', .Jlll!!1
\lll;,: pCIl;OnJ1P.s qui nvuirnL étC'vé (jUdlplCS <lout 's SUI' s',
'ortunl', elles (1lrenL confondues par le" magnifiqu es lll'lIt nnls dl' Nina.
Ver
l'éLingè/~.
une
, ·\u m;licu de loul cela. Jf). fal)I'iqu c ne tenuiL plus fjUI)
IJleu peu do place duns la ('l'l'vell., o'c Suinl-Ermond. Il y
pa~'li
'sul L encore, muis jusle le Il.!rnj)s n ,<·a;so.Î1'o pOUl'
Ilu On ne songeaL pas li. s'oc'cu!>"r de sa conduite a 1
dehors.
, l'our re.ndre les invltalions qu'clio IlvniL ac~pl15
, Nina
(oUrelliloh donnu. une fê~
mu.anifilJu , donL elle confh
llaL\lrellclllenL la dirOt'Uoll ... il 'l ~int
-Elmond
. Le chevali"l'
truyallia prOs d'un mois, plus qu'il ne l'a.vllit fait de tou~
&a, VIl!. afin que le bal de l'éLrnngtr? (l'épassIU wuL e
GU o~
avait vu pcndant la saison. I.-es Journaux mondu~s
~l1br,u'e
pltr livaflce, les déLalls de cette soirée, où 1011
ct OVait cul~ndre
nos arlisloo les pl~s
merveilleux, ail I.Cs
ans~!l
Sl'rllicJ1t jouées pal' le premIer oJ'Chf~qre
de Pans,
uOIGUe l'on h1L en plein hiver, la; trois saJons d Nina
:; ~rl?i(tn
d~r:Ol'éS
de guirlandes a'c l'oses, Les (cm mes II'!;
I)~
" cllllIl'i!lls .. Siri' leurs relations mlriguèl'mü pour
• nu' uno Invllnll n.
Jnr~l,
III rNl~
nut lieu t fut sUj1cl'ue. Nina fut COllfln'
: Ulll1lll' lol (' .... ine lie:, (!1t'HIIIl !.o:r;.
NulcIl cnl lu LI" •'or Ùl'.:> con , !vl'ull,;.Jr.s
l'llS;.\lS ()tnil dl',.
vor6.
,
Q
cOln~
s'il /lV/lit dC\'inô cdlo 1 1l1I'lie'\li0I1. Saint.-Er'IPLnt!om nh l , nllollf'tlil t]'·l.cal mCll n 'inn jl"',
SI fi (' !lHw voulu Il'1~
11;IC ( 10 Il l.outl' riS luI uVUlt
voulu oonner ulle r '1 - (1 \fl Il'mm ' '1 U'1l Il lùr,dt:
'
, - NI! \ ,lUS ~onlI'Z
dll!le \IIlS, 1'011111' C, si !l11CUn do
\os ,ruurlll eUlS Ile VO\1S \11\'oie 0 (,Lt:lul' B...
,llIlL fllt l'ClllUNllllù)1 Il'hnhlJ.'I·..
. l',lc .s'eIn r1a avec Ulle e.·lJ'Clllll v101c1Ic,,: \)1 c cri Il
• !:>lLn~
En (Jud :
~nld'
- 1-1u.:s qu'aHe (aiL pour que vous osiez m'insulter do
la sorJ..e 1.. .
Elle eut les plus jolis mouvements de colère ine!g~I.',
- Sachez, monsieur, que je suis \lne honnête femme !
Finalement, elle rentra dans 9Ei chnmhre, laissant aintErmond stupéfail au milieu de son grund salon.
8t le chevalier s'en Cul [lik.'1.lwl1lc.nL, se demano'unt i,
depuis plUSieurs mois, il ne {aiSlUl[ pu.'> fou,;,'l€ roule.
Il se pro.;enLa le tenclemail1 : on lui l'~pondit
'lue ma·
oame ne rocevnil pas_
Il revinL Ilinsi, Ioule une semaine, trouvant loujours la
porte consignée. Il écrivit, il demnnJa pal don; et il failLI
enfin devenir (ou de joie, quand il reçut cc.s deux ligne!!
a'eIa jolie comtesse:
Je ne voulais de vous qu.e votre amour 1 Quelle désillu,
sion vous 7Il'avc;; apportée!
NINA.
Il courut au boulevard Malesherbes, protesta de la
pUI'olé de ses inlcntions, d e son profone! respect Nina
cu l la (aibla;se de pardonner; elle aecC'pta l'amour du
chevaher ct lui donna le sien, Et les frais de la granae
fël.e n'en reslèr('nL pas moins PUYI!:; [lill' Sairü-Ermond
Ce n'était d'ailleul's pus tl'Op ch er; cllr le chl'valier s'imaginu .ainsi qu'il était très heu1'cux el airn~
pour lui-mên:t
- ce réve de 101lS les hommes de qu,lrunlc ans.
Sn liaisoll lLvet.: :\ iIla lJIuI\'ha à rands pa., Et, dum
loul<, III Gocidé pUI""':PIlflC', il ne :;c tl'Oll\'n IWl'M1nnc pOUl
la blâme.r ; il Y cul mëme des g ns s(mcux qui l'ûpprou.
v"I'rnL ; œln alluit SI llltm avec 1hypocrisie h:ùJitu ''If' deJi
(A1lWenanees 1 On aumit pC'ul-ëlJ'e iJ.C(~lsé
'uml-Ermond
s',l s'élwL l'l'marié, tanois qu'on ~1·OIl\'a.L
fli'~
nlliurel qu'li
fiL une mailr('6S1? que celle maÎll'f's;;c parOt pllrlnut IlVec
ll!i, qll'elle allât mülllP Il. la fahl'i1JlIP. lJu ('Ile l'Il"il (!Our
ainSI dlI'c la plli.(;\; de la mère tI Su:.: lIlne.
&l.in~-Sro<,
en dII!!, lui ml'nuil souv'nl sa fille; el
ils nllnll'nt ell.l'mllle au Bois.
n-[lt'udanl 1(1 eorntr.<;Gc devmn louL ùe suite une l'nnl llIie
arhaol 'néc dun" c<'lic enfnllL inli'JIigrnl". qui 6urpl' nnll ,'~
m ulndres ··ec"J I'(ls qu'clle ('rhlull!l'uiL ll\'CC fion ami. El, c.'
[lit t;UJIJUI,; dl'vanL Slï~Ie
liu'clle dLSllIllula se. liai.' !l
av('C li! 11111, Il,' l:'oin .
,Ce ,'lui ,:uI,ve,IUllL le lllit!u. au 1I111ll1io, c'est que l,
.lluo/lllOn p '1 ln III Il ',semblait parfu.iwlll.-nl so.uveg~rdN',
D Urne (a,ÇüIl gùnôl"U.le, on cl'oy il lu cUllIlc!lSe U'è.~
liche'
rt, 1 qUCII!U 'IUl vouJbH blù.m\)r le chc\"!lher, on lui l-é:
ponchit :
CoL vcuf. N' vnut-Il rHl.S ITÛC\lX qu'il
- ~uil1t.-E'mo!ù
&<lit l'ami d'Ilne [cllunr du monde, plutùt q~
00 ùHnpWcr la fortune de SIl flLl nv~c
d 'S coquines?
A mosur 'l~O
Su;m.nne gr'undit, eLle complit, quolq1:')
Il'Ul1ll nl4lnièl'C va.goo, '-'Clte siluation Îl·I"éj'!uU/'!l"e. )),
peu a pùu, ollc CI'-,,;,a cie. ""IOr citez ln oomll'SSe. PUI'
ros~t
pOUJ'. sou 1>t1'(!,. elle la rooevn IL lllljours avec Wl
polJlRsso (1'0\<1 ; mais elle ~a
d l<\:.tnit pm(ond6mel1t
l\1~
s'en upe~'çt
bien vile; ct, pour cviLer Ul) heul'L
qUI menuoe,l"lllL 9
iluali n, cil
n.lla ,Ic moins el;
lI()m~
Il ~UI\[-Deli>.
Snint-Ermond, 'lue lœ regards de
sa flile genulenL aus i, Lrouve. cola illen mi ~IX.
Il viv<lit
pl' sqlle continuel! mflnt avec lu comL ~.
Quand il 1.
l'(!s1.!tiL pas à ,"ült·Ue~.
il disait à 58. lille, il l\lichol l
ainsi \lu'A Lous ses alllis :
l\ I~,l'nier
- Je III suis ul'rang un peUL coin. nu ocrl'le .
:-'Inis lO1ll le IllOlld savuit Qll'il étuit ch l NlHfl ...
EL comll1e il pus."lit sa vie ,hcz l'Ile. qll'it y <IiINJit,
lill'il v j,<,ecvuit st' nmis, touL en If
~ lall" Ill' r ~'I<!
J 1 III
Ili'lll 'Ille 1/11 1111 illvi é, CîlflllJ ' 1 prof1!ull, (1 .~
V Il,lIOS dl' • 'inn l \1 é[.ui!, 011 du III
JI tui wmh!tlll
bl ) nnlu!' ,t '111., le Il'nin il VIC ,i<' '1 !lIlltl ff'ntuIO lùt
nI 1 pn!' l'li,
'in 1 IlV .1 Ill, Ull un .1 Illi o.ppn'II(\IS
l'Ill'
trIps tI J' ,qUI).·, tlll'Il ,t.al nL f' lIN le, Im~ins
il 1'1'1111 -fl'ur de Il Il, l', IlHllS 1 Ut l,llll'ait SC
,'1
(n.ir' r '1 III l' - ; pllLi 11(' l'IL nU miL!,,!l1l <Iirf "\Il! . de P.
(nlr ' r.!wlrc jl! tir!' nn HI 1.';~
. API'I
Ct' ,ellt! lUI <1\ 1
lJui n'p. is '11
r.lI' onl.c les dive!' , pc\rlpdlM d'un prO\.:
fjt: drons son imo[;llw,hon., P,~nù3
nl
l ' J.mnns.
-, inl
Eru"JIld IJul'uit,
�===='''''0======== Moins fort q ue rAmour
Enfin. N'ina lui an llonça que I.e pl'ûCÛS était perdu,
que, pour obLenir juslioe, el~
irait &c jeter aux pieds
du czar ; Inais eLle njout,a qu'elle risqu.aiL d'être envoyée
en Si MI'ie , il. cause de la cons! i'l'aLion de son mari.
&ünt-Ermond crut tous les récits de Nina et lui défrndit de jamais retourner en Russie. I:;lle résis.ta; déclanant qu'eltle ne vou,lai! plus être il. charge il son cher
chevalier. &1inL,Ermond s'emporta, ne voulanL pus que
ceU":! question rùt Illwne agitée enLre ellX , EL, LJI:,anll,
cnlln, l!l" comtes-se Co.llsentit il. rcs WJ' en Fl'a.nce, Il slma,
,
- gina qu'il avait échoppé il un grnnd dangor,
_ Jamrus je n'allJl'uis pu me J)'lsser dr. vous, lUI dU"ll.
L'avenLunèrtl avajL uUdnt son bu L" HOl,:ue dans lu sociéLé parisienne, elle aNui t pour f.nl! un l,lomme r Iche,
qui mett'.l.it s.a fort une enti ère à sa dl.sf)Ot~on,
uvcc I~
même désinvolture Que si cetLe forLane aYOlL été à IUtl .
Les milllions, len Lement amossés par le vieux bonh0mme
flom:!1'll'd, allaienL devenir ta pl'Oic d'une ôtrungl.,l'c"
VI[
11.11 U<JO{"".S S cl''Julèl'cnL, Il/IlSI, pendant Ic"quell's rien
\'wt LroulJler Ln douce harm onIe d'une situation où le
. ll" \'ulte r de Smnl,ET'Tl10nd s'imagi nait avoir Lrouvé le
t nlleul',
II n'éprouvait d'nilleul's aucun remoras, mulgl'é ln ju'
/t'usle croissallw de sa l111e, Il sc pel'suadoit que 'u:wnne n'aVilIt l'ien dcvmé , il la Lrailm L LoUjOlll'S en enfant ; et, l orsqu'elle go plaignnii un peu cl'êLre (}lhlaissoo,
i l agissai t avec ellc cvrn me j a~:ls
sa m ère : il lui donT'ait lIne suirée où. il (h~ployait
toules &es séductions
cl !JClm.rr:e du monde : eL le lendemain, il a.ll<t,it lui chel'(her un bijou.
C !lune 1j)S rev{'n u de ses oopiLnux et de la rnbl'1q uf)
ne {)Oltva.lent sufliro il. entl'eLenll' lu maison de Saintl x'n is ct ta mo.i.-;o n ue IH COll 1Lesse , il avait, depuis
lungtemps. Louc hé aux capitaux, sans ln ruoind l'<l hési1.'lLion, sa.ns 50 dire qll'à la o/a.jorité de sa nUe il serait
fOI'Cé de les lu.j fOlllcLlre inLncLs, teJ.s qu'il !.es avait r<Jçus
il la mort de sn femme. Qu'éttdt-oc, d'ailleurs , que de
pcULes sorrunc:! dc cinquanLe ù cent mille karlCS s.ur
une gros,*, milSSC de Lroi nllLlion ' 1... 11 avnit priS ain si
plus de deux ccot mille [mne:; rar an, do t,cl,le sorLc
qu'un a.n avant 1'1I1c.qndi« de l'usine, il nvail dilapidé
pros de deUl( milllolls.
Alors seulement" il euL peur do l'avenir, trembla
d'll'antage deva.nt su. fllle, cf l ui cou sacra un POli plus
de ternJ)S : il s'oocupn davnnlugo LIe la fahl'il1ue, el
mrme se deman.dn comment il pûur~il
avouer il un
g nd.re Qu'il avnit dévoré deux militons d'une fortune
oppart.cnwnL oxclusivemenL il. son en.ra.nt.
CcpandanL, sa passIon pour la comtesse nugm{)nLai t
'lvec l'âge; cl, en songeallt a.u mal'lnge d<l sa fille, il
le disa.iL que le mal'Îllg'e de SUZUrullJ p()un'oit bien n'(}Ll'o
lue le prélUlle du sien,
Il avaJt beau SIl mo,(rllillI.:r, e w indre Ics r:heveux, sc
fuir.' Illlbiller comme un jellne homm e, il senlait qu'il
vieIllissait, qu'il élaiL usé, L 'hcure du r 'po_ SOTlnl'l'nit
hil'ntOt. Qllel rêve pour lui, s'II rom'/llL Otariol' Suzunnc
il un homme qui sc'l'uiL coulant Sil!' le chupitre ct
ln
f()i':uno de la leune lillc 1
Et, aprl'S ceÙ\, VIVl'e, MOI' nu grand jouI' pOl' la j'1]j
C'lnl If' <;C :
dimiflll6 son Irain de ma i,':on,
' illa D\", it sa ~ pm c nl
san; qlle son ,LIlii (lin l 'l\UlH ~('5
la/'i('s:;<'s: r i, M ilS rl ollli' ,
,lin Il ' il !lù [11/ (' I,~
(' ('l) fI " " Ii , '~
: il S lrJ
(~ aiL
I'
I'[~ '
fl.YI\,l I n '! !;.~I ' jlI't 'S Ù'IITI 111 ill;,',n , AI',·c N ,lu cl 1111 p:l !'t
d,IIIS h ('Llll'lqul' , _ CUI' il cTlh
~ ldn/
('011.;(' 1,\,('1 lin fil II"
1'01 d;!J1!; 1'1 labl'/'lIH:', _ il rJ('l l '\"I
' .1i~
~()/l
,]>;is!pnc" c!:IIl'
u~_
I>1rfll:Lc qUldudc, rn l':u fnil (I~' ()h l(' ,
J n~:c;/IltP<,"
3(,II,IJltut. '111 tClIt,' . SI' orNe,r Il ''; nh 's
liD
"z.!!>
E,I1e avait trouvé un port tI1\uquille et ne vouJa 't J '
se Jetel' da.ns la tempê te de la vie . et c'était l'V"> 1 P ~
q'l'el'e avait dirr' é le
'
>,~ur
De ....
l'le de la
l!llU
traü) de sa maison, l ugeant i nub~e ns.
noel' p us longtemps de la poudre aux Pa.rj.
E1!e trOUl'ait la vie bonne t Sa' tE
!.!notl tri:.:; aCCeptable Il ' e , Hl - rmond un campad:ll1S son horizol! ' la l'~J
~VaJt
plus qU'lm nuage noi r
d" SII"anne e' "
,Itlon de comptes de la tute lle
,
.. , -, • IC ma flag ct
'
Illond ne lui unlit r;\it e e la Jeune fille, Saint-Er"' lljet ; nlnl.;; eUe av' ~ue
des ~eml-confidCts
il ce
' n"')ndl'e il son che 0.11 vILe deirllle, et elle o.vaif ' laJ.ssé
1
cord 81'0C lUI,..
VoÙ l{!l' que, Cl 'u vance , elle éLait d'oac.
01', un sui!' Où seule d
SI\,l il LouL ce ,il , S~lI
valet ~S
,son ~Ion"
cIte réfl6chis- Le pl'ince Vé.rénine f' ~t pIed vml !L1l dire :
con-:l esse peut le recevoIr. al uemunder si madame La
Nma se leva conllne toile
- Vous uvez dit; le prince' 1...
- L e prlllce Vér·én.ine 1 Oui
)':IS me [.r0!111)(lr ' car ne ,ma?ume, Et je ne orois
~' ,nne, je lui ui d e l~ . ndé
de ,~ ~tas
>; n L pas ce l le pel'''
l! m,
l , Ou Ulen me l'ép6lcr son
II y cul un court sil
. '
"
son g:aci,n l.
ence , Nmil elult agitée d'un fl'isCR.pencl uliL ~!Ie
reprit s.o
'
dumestiqui! del11l1n<lruL ' n sang-fruld ; et, comme le
- DOis"je repOndf'e 1 ~e
'
"- Non, non, ralles 1 t madame ne r f:~oiL
pas '!
;non frère,
l'n rel'. - Le prince \ 'CI' '>nine est
Elle avu, L si lJien oublfé la Ii
'
lI illL il licine de ce [l'i:I'e.
ussle queUe se S<:JUI'eIl'abol'G, elle ne J'a YaiL pas rù'
,
avec 1e COIlILe Carcllll<"l l el il 'Ut' depUIS son mario,"e
C6
peLit 1.. , Il Y avai,l clone 'diX:huit Le époque, il (~L<nl
~
:iLC lll' ne s'él.J.ient VIU;, El s.i Nil~ns
que le frère c L la
"\)j'l,cs pHS cl jnle; elle supposa 't tl"enlblait, ee ll l'La ' i
df' \'nit c:onnaill'c son hisl()i!-e V/I'U l ,1Jl(ln que son frère
pas 1111 cl;wger Dour (\~Ic
?.. ,
IC, cl alOl's, n'éLaiL-iJ
L e pl'mc!) euLm en soul'Îant ùan
II) m ()in{
l l'~ I)nI11(1rl"I.<;, ii S'UVlulça v ~ ~e salon ; el, ,':ia.ns
tendus, ELle l'eslalt immobile le ~rs
sa, sœur, les brllS
cux Iixes,
- Eh JJien 1 dLt-il, on ne
pas?
IIlllclllnn.JeJlll;:nL, elle llIi lendi t 1 ~se
Ion de l'elll'(;(;l1e :
II JOlte, 11 dit , d'un peta
- On CI'()lI'Ult qlle cela Le ()
- VIeu non.. Seulement g, ne de revoir ton frère?
" .. , J" en suis touLe ho
, Je
! li CS' ICI
1 me denlo,ncte comment
r,UI~1.(:
la l Il.'isle?
u evorséo .. . Pourquoi ILS-Lu
- J'UI [u/L cUmllit:l toi peL " ,
1", sœur.
- Que dIs-tu?
Il l a ~'CJu
rd Il IJlen en fuce
- Olll, pullte sœur "-' l '
' J ~I
ail comme lOI' ,, J"a'1 CI}ns·
,
PiI'é l
.,g''c.mg/
- ":h 1.. , .Tu as... COnSpiré ?
S('ÙIl' ,
- , bh 1 OUI .. . On se la.is~
cie hl horlé .. , On veut relll'el\Sl()r te pal' les grands mot~
pl' 1llI,I' ".
C1:ur, . . Et on sc rait
- l'li n.s él6 pris?
- Il Y Il U'IIX I\IIS.
-- .Je n'ai vu ton norn dans
mLclll'S ,
aucu n Pl'OCÎ!S do COllspi,
,
- C' 'SI qlle, Ilécllll'a 1 prince d'
(les con splr.a.. ions Qui [()nL du
~ln
Olr dcgugé, il l' 1\
li ns (Till n'cll font PM, I.a Lien~I
)I~g?
oL des conspira"
I l ~ q, Cl1 f' l' ; l.out le 1111)I)!lr Con a pnl'Ié C,U lIn grnnd T'{'lcn11 111 0 1'1 rie Lon mnrl l u lIvlIis 1"'uSSi ft ',?n a Sil qll'ilpri>S
- (;l',lrC lt 'lIIOI ? fil :-.Jina an'"
ll'Chapper, l:'I',le ' "
SC, 11 lise" ,
- CJr\-lIX! 1l ln IIWI'VCI!!flIl"
l:Lbrictt!, El tll ns rc'
1"'111\,(; Ù 1'!ll'is un" .. illlltt.!< ~
I.,cn" [l"
gnl! du tn l!lN'Vi)illcllSO",
- II no s'n giL rn ~ d,' moi I1t l
pili s 1ll 1l:Il'iI.l;. l i', l' 1 , 'I "I1~
Jlr' l ' Il COm c ~ sc,
do plus ,~(l
- 1\11 1 clJ f. n 1 Volllt 'que
mon fl'l'ro,
(lI H're " ' /1 1'11 1"
Il Il/P jllld, 's orfl'r'lllrt: f"
m pnt ' " ~h
" ' , ~Il l 'UlS l '
nl.cndriolls .. , ,r' !'rJI
r. :Il(~
cI~l'e
lwn (lUC 11011 fi' ':~
1",1,; 1\ à (!loi fi é t~
l't' . o! " "
r!:on l'()('lt, ~la
['<ln [II'
"lire [I~
Il'i(!r.()rr:s [);JJ; 011':'
i
;ii,
t'
�Ol-
2i
MOIns fort que l'Amou~
nos paTent.., mol'l.s, JI me reslait COl't peu de chose, à
peine de quO! tel'min r mes études",
- Tu éLais devenu officier?
-- Oui, da.ns la garde de l' mpereur, Alors, indg~
contre toules les injusltices donL j'étais Lémoin, principalemen L conLre ~
in jusLices du 501'1, je me suis latssé
l'nt.ra.iner dans UiJe conspirution .. donL je te raconterai,
une autre fOIS , ~
aéooils .. , nésu ltat : \'ingt ans de
!':ibérie, ..
- On L'a envoyé en SllJérie?
-
Oui 1 Mais je me suis ar('t~
nu pr~mj
Et me voici. J'aj.me mieux Paris,
- Ainsi, Lu viens vivre .. , Ù Paris?
- Oui.
- Avec quoi 1 Quelles sont tes ressources?
-
cl'
J'Cla.ï. ..
Toi, d'ulJord, ma chère so'ur, Ensuite mon intelli-
snoo, mon wtre, Et, en lroislen le lie Il , un hOllime qui
IIl 'Pst enLicl'emcnL dévoué : pou.scltarofr. Tu le connais,
e'E'st mon ancien précepteur,
i
l
1
~
.1
s
s
il.
Il
u
;.
Il
11~.
>s
'Il
-- EL que comptes-tu C.alre?
- T'imiter, ma chère sœur, ' 'n~,tu
pus LI' Il\'{ un
hO'1lme qui t'adore '1 Pourqlloi ne Il'ou\'c.!'o.is-jr. pas une
C\!fIJme qUI sc tQ4U Cro.i L de moi !
Le Crère et la sœur se l'egal'dèrenL quelques 'nsLunl.s
sans parler, esso.yo.nt de Ure leurs plus s('('fèLcs pensée ,
Cc Cut Nina qt:i rompiL le sil nr.:e ; ellr plon ,nçn lenlement :
- Il Y a un logemenl de g:u'çon à 10llPI' n,u 1 z-dcchaussée de cdw 1 aisan, Tu l'arrêleras (h'rrKlin ; je: Le
donn.cl'a-i l'urgenl n ét:essnire pOUf le IlJeulll '1'; lu [lOUJ'ras vivre ici , Olt au cercle de 11'1. de ~alt-EI'Jond,
Tu
tùcher,1S sim!'; 'nJCnt de ne pa., Caire de bêli~
et de
sUiv!'o tous 1Tll!$ eonscils, En lin 11101. .. tu srrns ft 11I0i?
- c,'st enlend", pl'Iile fiO'IlI', je rl'ni Il. loi, ri. loi 11
111·)i 1 Je me disais bien que n"115 IhJI S l'fi!;, i ,,; )\15 ft
lellli-mnl. Allons, emlll'll'snnS'11I liS fI'Ol,nch":muIL, A
nous deux, nous S0/'QJlS invinr.JI[{>s !
(j~ti{'
Cùis, l'lie se laissa al.l'r 1 IlclrrllJrllt drms ses
liI'US et le regurda avec udmil'utiun, Il l'lnit. 1.v.ll(>IlIC:lt
l{'au, Irès élunc-û, avec la pMU Il~i
blallchr qllr œllc
lIr
eL les IJ~mcs
cheyell:-' : ~a
rtI01li-:!:wlle él'lit
cle sa sq~
('ncor!' [llus blond e, Ses yeux anlient ce ml\me l'cgaT'ct
dOucereux et ses lèvres r;e sourirc vn;,[ue,
"
con- 'l'Ii es lJten mon frère 1 dil-ellt>, Cil le prc.~5uIlL
t.re elle,
A ce mom '11 1, la POIl;' <Ill Sillon S'OIlVJ il. I,t :--1. de
Sain t.-Er 1/10 n<l , qui anlvaJl, s'arrélo. tOllt inl rdi L.
Il I,a!bulia :
- :-VIa chère .. , r-Iadame .. ,
Nillll soul'il eL s'avança vcrs So.inl-Ermond,
- Mou cher ami, dit.-clle, je vou,; p:'(;,;enlc IIiOIl (rér ,
le lll'inee V6r6nine,
- Votre CI'ère 1. .. Eh, vous ne m'uviez jUITIni f, pnrl6 do
luj 1.. ,
ina revint vers GCrald ; et, hll I1lclllmt la mnin SUl'
1'épaule:
- C'esL que, dllrcllc, Je m'illlll,ginni q1l' !lIre Inon
frl31'e ct moi, il exl5LnIL une lJlll'l'i 'l'C infrllnchi 5sn ùl :
lJion fI'ère élnJl oracic!' de l'cOIllel'cur, eL l1\(;i j'a\~is
(:c,nspil'é conLre ce môme ernp l"lIl', ./liais, aIlJourd 'hui,
~Ho
bal'l'Iru'(l n'existe plus, Le m(:rne eaprlt. bn11e nke
110US : mon !J'ère 0. ()I.() com[lromis do.ns un pl'ojeL de
('OnlSJlirnUon ; cL lc voilà Corcé de s' ,xii r,
~nlt.-I:mod
lendit ln main l\ Gérnld,
- P nneLLcz-mol, lui dll-il, de vous ~cfI'eJ
lu main,
.1 t:, Suis le melll 'UI' ami d() la COIllLessc, j'al le droit
Ù cLrc le vôt.rc, Et.... si Je puis VOliS ëLI'e 11 Lil .. ,?
~ ,- Oh 1 dit. Nina en sourianl, plus heurclIx que mol,
l){:mld a r{:ussl à ul1'llclIer sa fOrlUllC d s griffes de ses
onnCmis,
,- Ou du moins, dIt. le prince aVe le plus gl'l1nd s(>l'1l'lIX, Je n'al laiss<l que fort peu dc chooe enlre lel/ll's
vilaines paLles,
Il uvalt C01llfll'Lc; la ruse de sn SI III', EL, l·) ut de sul le,
~olr
hlen prouver il Snmt-El'lIlond ql/'il ne ~erl1i
t , J>;I!)
l'Il Crère s~nlt,
il Imisu lu l11uln tl sa s(J'ur ct sc reu'n, La comtes.' dit. allssilc'Jl il ,sninl.Ermoncl
I~h
hlf'tJ, 1',111111H'nt II' Irt 'I\'('Z \ ous '1
~
;o,lais il est' charman t.
No oroyez-vous pas que ce eel'aH 1 mari l' Yé P. lU l'
~uzne
.. , 1
- Et .. , Thomerain 1 fit l'industriel.
- Qu'~t-ce
que ça, Th olllerùin" demanùa ln com
kss'e .. , Ah! oui, l'ingénieur cie lit,bas, l'inventeur '! .. ,
- C'est quc .. , je vieM de ilùlpert.','voir, IlVec lelTcUt',
qllïl c,t lllllou,reux de ma Cille,
- :, Ia.i , Suzanno?.,
-
-
-
Est Cul!.c de lui.
A JOT,s .. , mon fr,)rc arl'ive à propos,
- Le prince songe donc à se marier?
- Non; mais laissez-moi Jl1enel' loul cela, el \'ous Sl'rl'l
snt:sfaü,
Le lcnc1 P J)lai n, Géruld vint déjellI1cr chrz sa sœur:
SainL,E:111ond le li OliVa eneorc plus cllarmnnt qUE' la
\'eille, Et, peu h ]Jeu , I l s'habitua il Illi.
EL il s'hab:Lu o. si IJIf'n Ù lui que, birrltûL, il n'cul pns ptl~
de sœ:-c:"., pOUl' le frère que pour la sœur,
Qm::qn.cs m ois np~i)s,
quand r.ùro.!d connut toutes les
inquiétudes de Sainl-El'lnond, il lui d('clal'fl :
- \ 'ous pOl!vez cornp!AJr !JII!' j e VOliS aidel'ai ft \'OU5
tirer de" e nlUllv(;i$ p. s,
L'indu,;lriel, se garda lJien Lie parler il sa 1ille de 'e
nO\l\'OOU \'enu, Et, comme S\lZnD~
IIC renconlra j nlllais
Géra!t], elle ignora l'existence du l}l'ince l'USSC, jusqu'au
joUI' Ol! SOIl 1)/'1'(> donna sa gl'unde fôle, ct. le lui pl'é.!enw.
011 milif'U <1'0.\111''' tlln "(!\lrs,
~
Ali lJ)ul <le for t [lell de telilps, d'aillellrs, 'ainl-EmlOlld
cl lu cOllllesse IlVr:lt'1l1 ~mU
dnns (I{:rald IIh mn;tl'e auda(';' Il'\;
l ils UViliqlt 1'11 Il i s n Il "f'ndnnl. C'Nail lui que
,:iriq,'nil ('dif' I1ssp,'inl ,"Il dit'I~(>
fOt',lll'!! \lUI' 1I11 fr i'rl:
1 IIl1e srrur (',']llo.'tanl l'nrnilnl Ij.o la s'ur.
:"\;11'1 Il\a.il '111, t"ut d 'aboJ'd, [tl'~
<;IJII frl.'l'e lui obi'i,a'l.
p. l't:e qu'i!lI'n.lIl'ail pas cl ul'g lil : i\lI~s
'inn o\'ait,ellt'
<'l(' ll'ès ~ l oln(>1'
l"';l'StIUe (;~l'k
ilyuil payé lui ,rn\me les
fra:s de son insl ail fl tiOIl ,
- Tu n~
clone de l'a!~en?
lni Il':ail 'Ile demandé,
- !lIais oll i, peltlc sc.('ur,
- D'où le \'ien l-il ?
- Je ne l'ai jrunnl s dcmande: rl'Oll te vennll le lien,
s'Nnil inellnùc,
I:t d (srJJ'I11n.is, Ilc Il '/li t OVClIg](lIl' 1,[ 1'.'(ocu 16 tous Ir'
ordres dc son frèrc, comprenallt 1.j('11 qu'il sera:t. illtll :.,
de lui résisler,
f:ainl-Ermond lu! DI\:ssail r.uo;si, ('t'I!!iünl nan !' la 1 Iiroi,) de Géro.lcl, oui l ui avail de IW ' I\' ';tll torln :1,.111 nI.
01' ,mis de lui rendl'c Sll rorlu ne Cn\'O:l"~
. - Nous nllol1s l cn lel' une SpéCI, : HI 1lI0.gniCJu~,
in,
faillible, lui uvait dit le prin 'C, ~',:ltr1enL
"utl'e in!!t':nieul', ce .. , Michel Thomcl'o.in nous tf(l'~o.i
t : il Ile CUIIIpl'elldl'Uit pas, Envoycl',-le c!<lI1c 1\ 1'\:11'11 Ig.:r, J1 ~U,-I{'
Cil
ol'vège, en I\u~.sil:!
1 Là-bus, nu lieu Je nous g('nC'1'
il nous sera utile,
El :--lIcll 1 avniL cllt! c. pédié en Suètl\', en NÛn
,.~gl
·, l'II
nussle , lai ssnn l Ghull111 libre au prince Gél'lù\l, qui n~la
Il Slllnt.-El1l1on<l que llluinlenlllll ri Il nI' pOUI'\'o.it J.!u,
empl!cll'l' la relU' il de sa. myl;~ri
cu
' coml,ill:l'I'vl\.
l'\11l11
Ainsi qu'Il l'avnit dlL nn J: rocureur de la Hùpulùque,
l'indllsll'Iel uvait ulors repl,ls 011 fuil semblant de replendre lu dil'ection de su Cabrlque ,
11 avnit donnO il Miehe! l'ordre d'aeheter iles 30is duns
un() pror/m'lion , ~onsld('Ib
l e, EL c l énorme IlpprO'ii -ionnemenl, (Illi \'lilnit pills de trois million;; do fJ'anes, aV1I1l
.: ~ d.)pru t pal' 10 Ceu en qU Clq llP.S Il NIl'I'S ,
Dès quo la nouvelle s'en CUll'{>IHllldlle dnllS le cornlnere'll
pnl'i~c1,
011 reconlluL unnn:llll'IIIL'nL qUI', quoiqll'il fftl
pOUl' ;\1. de Sni n t-t::1'1 Il onù , Us
assun", c'(jtuil lin <1(' lIs1~)
Clllnpagnies d'nssu l'a n('E" pOlll'l'llfenl l'n t'ffl'L lui T'E'mliour~eJ'
10 vnkm' Inll'lI1sèqll de ses rl!:'chndi~s,
Illlli5 lion
1111 rendre celle lI\CI'Vcillt'use !nlJl':qllc, inslnlke jl1dlS Il
~i
flCu do frni cl qui donnniJ si f l:J1 ItlClll Ù' ,1 llCuu.ù':'llNlc s,
�Moins fotr que" Amo
Pe~nt
toule la journée qui Sui'lit l'Incendie, M. de
SaiIllrEnnond resla fi Sainl-Denis, surveillant le dC:bluicment avec le prince Vérénine. Il annonça à ses ouvriers
qu'il leur donnerail des seco urs équivalents il leul' saloir
jusqu'au ml)O~J
où ils uunlient l'ctrouvé du lravail ; et
ceLle libéralité le l'pndit aussitOl sympall1ique, tnndis
qu'on commença fi se lourner contre Michel 111j)merain.
Le soir, Sainl-Ermond revint il Paris, toujours accompagné par Vérénine; et ils arrivèrent chez la comlesse
il l 'heUl'e du dîner.
Nina les all.eoùail près de l'entrée; elle les renvoya
brusquement.
- Faites-moi le plaisir d'aller dtnC"1' oCl vous VOlldrez .. .
au cercle ... ou chez Gérald ...
- Et ma nlle 1 prOlll,llça Saint-Ennond, asse? inquiet.
_ Votr mIe 1 Elle dnrt ... Ah 1 ce n'a pns élé sans
peine ... Elle vuulait pal ir· ... Elle u eu une crise de nerfs ...
Heureusement, j'ai pu la c;<urrl<'J' ... l'arlez ... A demain 1
Je n'ai pas besoin qu'on 10 réveille en ce momen\.
lAs deux hommes s'en furenL
Its dînèrent M'uoquiUemcnt chez Gél'ald, jugeant utile
de se montrer il leur cercle.
- Vous voilà Coreé d'accepter mon hospitaliLé , dit le
prince il ·SainL-Ermono.
_ J'en. suis encll-llnLé, prince. Je cro:s d'aillcurs que
iéoonnais nous ne nous qUflicrons guère plus.
- J'y comp!.c bien, dé lara Gérald.
Le lendemain, l'industriel se leva de honne heure el se
rendit il l'usine, pour prcn<lre son COlU'J'jer ; el il \~lJ'1
chez ln comtesse, vers onze heures du malin. Il lrouva
SlLZanne au salon avec. ina. La jeune fille éLaiL très pfde.
Elle ernbrassa Icnur'l'111enL son père, puis lui demRmlu
ce Qu'il savait de nouve au.
- Hien, ma Il,,,,,nne, /'ien. Toutes choses sont dans
- [(' même étaL Nou'e labrique est déll"-uite de lond en
comble ...
- Cela, je le Fais, mon père; mals j'espérais que lu
m'o.pprcnclrais Qu'on avait enfin reconnu l'Innocence de
M. Thomeraln.
Sainl-Ermonc1 eut un geste d'impatience ct sans douLe
al1uit. n'pondre brutalement il sa Hile; la' coml.œsCl l'interrompit.
Et, de sn volx ln plus doucc, elle diL :
- EvidemmcnL, "\'iclt>mmenl on arrivera il l'econnattl'c
l'innocence de M. Thorner-/lin : c' st cc que je répùle depuis hier li f\!IIe Su;mnne. Je lui ai rnême promis que n01/:::
liserions, tous, d n()l~
InUuence, pour qu'il soil relL\cltû
1 plus LOL possible.
- Vous croy!'z donc il son Innocencc ? balbutia SaintEl'mond, abasourdi.
- Mals {!vidc"rrr1/'nL ... Ce gurçon-là vous était si d<rvoué 1... CcLI<! rahl'll}uc, c'Nllll Sil malson... Commel1L
IldmeLLrr qu'li ail v •• ulu la dèL/'uire 1...
_ Il ne falsnil pl.~
portie d(' mn maison 1
_ Mals li y ,<;1'1'11 1 r'cnlJ~,
mon sm!. .. Et li Y rentreru,
quand vous rec< l1~ruiI'cz
voire usi n . Je l'ni prom ls ft
j'IiUe Suzanne, qui bïnt l' ssc à lu!... Ccrtninement, Jc
crois 11 son innor.l'nce 1... Un homme aussi coura~e.·
est incltpuhle ù'umi!' commis UII IcI rol'fnit 1... TouL relu
s'expl!qlJern, VOliS Ir. \'erl'rz, cIe roÇoll ln plus nnlllrelle ...
Tenez, G6r'IlId vi·-rl/lm d('Jl'llncr' avec nous; demandez lui
6Qn opinion, je l,nri fJU lui auiSSL 'J'()Jt b. j'Innoe nce do
Michel Thomernlll.
Suzanne nrif(' 1 il ln comtl'_<;;;e un regard do r COli·
nU:SMnrf' Elle' ,;e lui~
'alL pr<'llclre uu pi~gc
que lui Lenùui L
l'Il vcnturIi!I"(\.
.
Celle-CI n'n vuil pO!> CH })rnucoup de m!!.! Il devinor
qu'elle Illrll rnil ln JC'llIlC flH" l'rI lui parlant de l'homme
qu'cJ1e aimult, Sl/l'Iollt n 10 dNendant: -L non s<,ulcmenl
I!~
calIC'r~i
~u7.anrw,
nIals ('III' raplrrnH sn confiance,
so fernil' III nmi . pour ln mIeux trnhlr nsuiLe.
- Volr' frère va biplILôL arr';vpr 1 demanda SWnt-Lrmond pour d":"lJrncr la conv<,r Illion.
Je l'al falL pr{!ven lr, diL Nina. li termine quelques
Ir-trres.
Cependant l'Ile ~onl
l'l l'nvoya un dom sliquo ch z son
fr/'ro
d urne. LIqUI' dt'sccmlit, LI Il vel', 1\ ln (;OUI' cL fmppa
~
1 . 1"
-~
, Il (lorte dl! J'IlI>Pl1rlcm 'ilL que le prince occupait nU
r 1. <le-du\~
.
Ir ~
Ce ~ut
le prin?e lui-mêm e qui ouvrit. Il ru'! laissa pas
parlCl ,le domestIque; il fil brusquement :
- <,:est.pour le déjeuner? Bon, j'y vais.
~t
Il lill reler'mn III porLe au nez. Puis Il sc relourna
~:e
ue~ Ji~o:n
I~:t.e,
qui élait resté caché derrière la
fOM br: f~mr:;te.s
SO~l
toules les mêmes. ~Ia
sœur sait
boul de pq ~ J al expédié mon vuleL de chambre à j'auLre
Et elle m~1
IS, pour que personne ne Le voie chez moi. ..
pUisque
enVOIe son domestique. Enfin, lout va bien
personn6 ne L'a aperçu.
'
,
'
L homme pro
_ Oh 1 Il n' nonçA., d.un .ton ~oguenard
:
b. Par' ~
est.p as diInclle d entrer dllns une maison
leur l~:e
A l' .port:er:s sont loujours fourrés au fond de
b
"
/Je les JOurnaux
- Brel lu vus l'c n.lk! ..
c'esL j'h c~re
' . n . l' comme tu es venu. Il est midi;
To.chc d~
n ou Il yale moins de monde dans les ru" ....
e r enconl rer personne de connllis" I/C
- S oyez t r a n " l l "
~
~.
pOur cela: dè qUI, e, prmce . J'al un moyen bi~n
simp!o
" , s qu on me reCT~-" bUJ'U ,J~ . t oume 1ace;
l-l
.
pal'iemis de PUSS d
JO
seulement le 1" ~rl
evant votre conCIerge sans qu'il voie
_ T
J.ou {e mon museau ...
_ C'~sura/on.
car il n'est pas beau.
faule de la nature prince
- Oonc da
,.
_ EL c~
s' ~s lune heure, Lu auras quillé Paris ...
'.
.- O1r, a France.
- EOlU/:,L air en est mauvais pOUl'
. J mu 1...
Loi.
- Où lu voudras e An 1
--.:::- En Il ollande , ;H'i~ce
.r. ~l.erJ'C,
en lIollande ...
lacilement mes dernic\'s d·' c est là que je vendrni le pl liS
C' •
IUma.nts
en Il,Jllllndc. Tu • hl"
.
, - . ~f)[t,
1 argent que lu m'upportals?llS
en mIS dans le Uroir
- Trs dix mille fmnes sont à
crét.a ' I·C. Dès que j'Qllrni vendu le gl~Ch7
dun vot/'e se·
la galclle.
rese, Je vou enverl'ai
- l'\nl1 ; c'est inutile. J'en ai tlS.SI' z
Tu gJI'lI"r'as ce qu'on te donnl'ra EL
pour le m f,mf'nt.
le difficile pour le Pl'/ X. _ P o u~v"
surtoul, ne fn is pas
NlSSCS 1... Tu es touj ouJ's trop \,()pru: que tu t'en d6bm'·
- Biel\, prince. Et après rela ? .
- Tu reviendrus fi. Biga pRrblf'u t
oubli~
que tu
t'es élahli en.lroposilnÎl·e et omrnl", i AS-l~
·ï)~rl'u
?
- Non, prJO O. J'!lVOll<! même cu onna r~-{'
rien li Cair'e et de heaux bénéncei;1 1 e le m€!tler st bon:
- ~()nduis-to
IJÎpn. Ne le I!rÎSC as
attends mes insLr~clo.
Allons p
~e oovarde pa.~
El
- Au revoir, rnnce.
'
- Au rbvoir, Pou. hUl'oH.
Pou."CharoU s'inclina ouvrit d
l'appartement, se glissa' dans la ooucement la porte ()
Le prince res-pira.
c ur L dlsparul aussitôt
- Maintenant, prononça-t-ll j
go{l.j!nél'. Si M. de aint-Ermond e, crtol S que III pnl'Lic est
cl'Anement difnciJe 1
n cs pas conlellt, Il sem
À
OIë
QuelquQs inslanl.s n.pr~
pour passer du.n.s la sa.Ue
HUch.
àIl 0 Ul'aIL.
SOn bro" li Suznnn.
manger de 10. comtebSO Cnre-
VIII
1'" \
I,UVE
TIIOMl';nAIII
SUï.UnIIC se seral~
emportée
.
Jours auparavant on lui avait adv.~c
I~dl;gnao
si, dru
chez la comlœ~
CarC'nllch eL 1 C(~,u
I~ (! S('rnlt in.~tul(
hO!;J}litaiilé nvec l'econais~
Et C l' UO'''cpl l'!llt 60
'p;ps<CC'IWl1ClllllL , depuis 1
1T'alin, e111' 6Lai! r lt /!. Lrn~uitJ(!
disait qu'elle avull mal jtJg~
la' coml,u,r !I.CUI·PIISC : elll' !
cC /'c\.'m}l aL, l'(otrn~
l'C n'li vait u Il ~
, pOli r pr'()(IIJ(r
Thorn l'llm, de son collrog(' de so u Il pnr\('r de MIche
S1I7.nnne lui aVilit dcmllnd'é b. d ' n MVOuI'Jrl('nL.
_ Vous Otes bien ccrtwne qU,~v(\r5>s
l' pl'L<WS :
n no te r..onc1umnerl
pns '1
Gt Ninu répondnit, ItVCC un supcrlJ
Lion :
e nccent d'indiWH\
-
C.o/lll\lent DOurrait-on cOndamn r un inoce~?
�Moins fort qtae "Amou"
Ol-
.en se mettant il table, elle dit ·
- Ma chère culant, je n'ai pas besoin de vous assurer
que vous êtes ici chez vous, ni de vous dire combien je
SUis heureuse a'e vous avoir auprès de moi.
. P.uis sc Lournant vers SainL-E,l'lTl ûnd :
- Voici ce que nous avons convenû avec vo1.re mIe :
~us
n'avez qu'i:! !1P'f)J'ouver ... Gérald vOll6 oUdra l'hospi. !alité, comme il l'a déja fait; el moi je garderai . SuzarlTLe,
lus<;u'à ce que vos affaires soient un peu démêlées. Vous
n'avez pas envie, je pense, de vous installer à l'hôtel?
Saint-Er'mond s'inclina.
- Olère madame, vos dœirs sont des ordres pour moi.
El, dès le moment que ma filte esr d'aCcord avec vous ...
Suzanne a1éclara en SOllriant :
- La comtesse et moi, nous nous entcnd'bns très bien.
Nina s'adressa alors a son frère :
- Tu as bien ohserVé tout ce qui s'est passé la nuit de
l'Incendie?
- Autant qu'on peut observer a.u mnieu d'un pareil désastre.
1
- Crois-tu , oui ou non, que M. 'rhomerain soiL couPable?
- Quelle question 1
- Répond!'., je le veux.
- Mais je ne dois avoir rien à t'uppl'endTe là-dessus.
Il est de toute évidence que ce brave jeune homme est
Victime d'une eITeUi".
- Vous croyez il son innocence? dernana't. SUEaIllle
avec anxiété.
- Non seulement je crois il son innocence, s'écria le
Iprince, mais je serais fle!" d'ètre son a'ni !
- Il sera fiel' aussi d'êlre le vôtre, m;lnsieur, répliqua.
Suzanne très émue, lor!',Qu'll saura avec quelle arçlcur
voUs l'avez dt'Iendu.
- Je défends simplement lu \'é rilé, dit le prince modest ernenl.
Sainl-Errnond avait attaqué jv)'euscment son morccau
de
pûl
~.
El il sc di!;ait :
-
~écjdment,
ces gaillards-là ~ Olt
plus fort.s que mai;
lIlals Je lcs trouve aussi lJ icn lludarieux.
Au milieu du repus, le prince dil :
Mc perml'Ltr'ez-volls de VOliS demander mon cher
monsIeur de SllinL-E r'mond, !Juel était exu.ct~mnl
l'éLüt
'de vos affaires?
- Mflis, fort simple; d'accord avec MJichel Toomerain
QuJ approuvail ma s.pC'Cu III li on , j'avuis C,onSacré tou~
notre forLunc li ccs achats de bois . Ces lrois millions rePrésentaient en effet la forLune de ma Olle. Heureuse~ent,
notre police o'nssurance se trouve bien cn règle.
ans cela noul> wrions r·lI ln/!s.
<1'- Vous êles donc fOrcé d'allendl'e que la compag nie
assurance vous reml our!"!"? ..
-:- Oh 1 ce ne sera [HIS long. 'Il ne sf;l.Urni t y avoir ln
InOlnllre contestation il cel égard. C'est l'aIfall'e de tIUelqueg semaines_
~ - Evidemment; muis cn aLtendullt, 51 vous avrz l'~oin
oapitnux pour vos o.Uaires, je vous en, prIe, disposez
d es miens.
-:- Merc!, prince, mer'Cl 1
Et, par-dc.'>5us la lRllle, SainL-F,l1T1ond tendit la main
au prince, en le rcnlCJ'Ci.ant o.VCC ellusion.
Le prtnce l'arrêta.
- .1l>llJs un moL. o'p, remcr<..'lem nt, ou je reLire mil nroPOSition. Pul&lue vous Il('(!eptez, je m 'es time ll'Op hem'eux .
!In -; M1Ù8, à mot, mOIllIlOlir. dit Suzanne, vous me pere.trez bien d'ajouter lin m<-'r<',L
(l -- VOUS me rend ez conlus, mademoiSelle, répondit timietnent Gerald.
.
Saint-Ermond n pul s'empêcher dc sourire en pensant:
- II est de plus en plus fort.
Ah~
fin du repas fut churmanLe. Suzanne, s'enhllrdi&Snnt
-.ma.nu'u à son pC!I'e :
'
,"""-: Veux-tu rn'Ilccompa.gne,' aujow'd'lIui chez Mme Tho.......aln?
l.'induslrleJ ptl.llt et balbutia :
- MlÙs ... pourquoI?
Eh 1 dit lu cornLes..'lC, pour rassuJ'er cetLe excellente
me, lui donner un témoignage de slImpe.tJùe daus .son
-
t;;
23
=~:!
~
maliheuJ'. Si j'avais l'honneur de la connaître , je vou s
assUJ'e que je sel'ais déjà allée chez eN ...
- Pour ma palt, dt'\Clara Sn.int,-Crmond , je vous avoue
que cela m'embarrasscrull un peu ... aprC!s la discussioll
Gue j'ai eue avec son fils ...
- Soit, dit Suzanne; mais tu me permettras bièn d'y
aller seule?
- Seule ? .. Ce n 'est pus tl'~S
convenable!
- Mais si, mais si, mon enfant, dit la comtesse, Je
mettrai mon coupé à votre disposi l,lon. Je trouve cola
ro.rt
lHlLureL
'
Le prince se leva bient6t.
- Tu nous quilles '( demanda Sil sœur.
- Oui. J'ai quelques um ig à vlsikr; ct je désire en
outre passer an Palais de Justice pOUl' pouvoir vous apporter des nouvelles.
.
Suzanne lui ü.dressa un sourire,
- Oh 1 nH, I'ci, prince 1
Elle-m(!me Sû diJ'igc-a nu.ssitôt VC1'S sa chambre; et
Snint-Ermond ct la comLesse demur~I·i.'l
seuls duns le
boudolI' où le viveur aimait à savow'er son café €J1 fumant.
Il allait allumer un cigare, quand la comlE'.sse l"arrêta
en dISant:
- Para'on 1 Ql1é faites-vous?
- Eh". je vais ... fumer mon peli:l cigare, comme lous
les jours, ma chère comtese.
- Chez moi?
- Est-cc Que vous ne me l'avez pas permis depuis longtemps ?
- Si je vous l'ai permiS, je vous en relire bien vite la
permi ssion.
- EL. la raison 1.. .
- C'est QUo, lo r<'!Ju 'un l'tomlT\é fume dans le boudoir
d'une r Olm " on a le dl'oit dl' Cl'Oll'(: q11e ccL homme est
un peu trop bien !lVre cC'tl<! femmf>,
- AlleZ-VOliS me l'clil'cr aussi VOl!'é amour?
- Non; mais je n'oublie pns que votre tille est chez
moi...
- Et ... vous aimez mieux ma Olle que mot?"
~
Elle le rnôrikrnil ; cn.r elle vaut n1 !,'ux que vous.
- Vous êtes bien méc.hante, aujou!'cJ!lUi.
- Je suis prudente.
Sail1l-ErmonLl mplnçà philoSOI>hiqucmcnL SOll cigare
dans son étui: ct :
- J'nvolle' que vous m·o.vez stupëflé, cc ma.Lin !
- Vraim ent?
- Oui. Et je ne serais pas fü r:hé ... si vous dni~
z
m']lOnorer de quelques ex;piicu.lionl>.
- Et à quel sujcl?
- Mais,... votre "/lvlt'ement SClll(l nin... voLr'(~
cnltlüusia$l1lO pour ce Thomeruin ... l'cmlll u u",iasme de vultc
frero ...
- Pour vous?
- Non. J'UI tJr'èg hj('..n compris rpr . (jl;lltld dcvllJ[ ilvoit'
J'air de rn'oIJllc;:er, de rrlc r{'fldc'I' UI1 ~rand
~ervl.,
Cl'In l,
po;;.c auprès do ma Il~.
MtllS... dt:!<:llu rc Thom l'UlJ1 uvœ
cette ardeur 1..
- C'1.~t
hllhilc.
(Irmgereux; c'cst douJi!er 1"0 monr o'e ma flUt'
- C'I~
pour cc drOle.
I,l'ompez, mon oher. dIt NIJ1A ( f i se r(lJ)jln1- Vou ' vou~
cha.llt de SaJnL· Ermo.nd r~u1et,
- mol
IHf'rt 1
- J'oLlcllds vos cxpllcillions rlV('C Il 111,11 l.iencc.
- Mainleflltnl que, 1 lU' la comb
i Jla~m
de mon frère.
votr'C :;iLuu.tJfJII p~cuflaire
t'oSt f'CflUl;\J il 1I0!., nrnrnlcnanL
que VOliS ~Ws
œrCuIn de (:ampLe/' li vo lre llUe les ll'u,.!
rrullions qlll iui appaltiennent" que désll'ons-nous?..
- Nous dc".<;ii"ons matl 'r Suzanne avec G~rnld
... el
vous uvee mol. Et, au lieu de démolir Mlcltel ct.nns l'cs·
"rit de rna nUe, vous le gmncllssez, vous le meLtez sur
un piécl estai 1...
- QI/'importe 1 Ce qu'il faLlail avant tout, c'6tait !!le
rake aimer de Suzanne, chose o.ssrz difficile ; cai" vous
Sll.vez . qu·elle.ne me portaiL pas dans son cœw· ...
- Pas jJl<écisôrnent..-.
- Gr, vous [wez vu 10 r-œullilllt, ce ma.t.in, - VoLre
flile est folio de ce Thomer·am . Aller en ce momem
cont.re cet amow' scr'a.tt I.I.ne gl'osse imprudence. Vot"."
Dlus habiter chez moi ; eUe me dé Les·
fllle ne voudn~
�Moins fort
terait encore plus vivement que par le passé ... EL, quant
Il. mon frêTe, elle ne voudrait plus le VOIr : elle devinenait lout de SUite que nous vou·lons le lui donner
\ pour mari.
- Jusqu'a présent, votre ralsonnement est juste.
vOYOJlS ia sulLe.
- il est Jonc trifm arr/Hé, bien entendu, que ce Miche!
!st innor.ent . Et, quand I.a justice aura reconnu son
~1'cur,
vous lui o[[rirez de diriger vol7'e nouvelle labrique. Avec ces deux phrases. je ferai de Suzanne ce
que je voudrai. Votre fille va aller chez tvlme Thomerain ; elles pleureront ensemble : les pleurs, ça amollit
ooaucoup. Suzanne ren,trem en larmes, je pleurerai B.vec
!Ile ; mon frère sera témoin de notre émotion, el il
;'essulera les yeux, ce qui indiquera qu'ir prend ln
)Url la plus "ive il la dOlileur de votre fille, et ce dont
Ille lui sera très reconna issan.le. Dans quinze jours,
dans huit jOUT5, Suzanne considérera (jérald comme un
ooble ami, lui donnera t<Jute sa confiance ...
- Et quand ~liche
set'a ncqu.itLé?
- Vous dites ?
- Je dis ... ' quand Michel sortira de prison ?
- Ta, la, \<J.! Af'qu.itté ? Un ince~:al'?
Avec de l:t
prémédita tion 1. .. Toul au plus s'il obLiend"n de vagu€S
circonstances alLén uanles 1 M. Th0merain sera bel et bien
condamné. J'ai lu le cooe. ce matin . C€SL une affaire de
travaux forcés. Oll ! n ous déclnrpl'ons rnen tous que n ous
le croyons innocenL ; mais le minislère f1l1hlir n'olim pn s
la naïveté de n ous croir'e. Si vous saviez comme il est
incrédule, le ministère puolic ! Elon nous rendra. Soyezen bien 8,<;.<;111'(>. le service d'expédier volre ex-ingénieur n
la NOlwelle-GaINlonie. Alnrs. le rhilgrin de Suzanne deviendra du dése,c.pnir : n0US pleurerons encore avec elle;
mon frère luj oHl'ira Lollie son amitié ... nemal'(]uez que
toul cela aurll un pl'U compromis voIrE' nlle ... On ne la
demandera pos bf>uucoup en marin,!!e.. 81 il sufnra que
~rald
ait alors une mRilre.~s,
qu'il entreLirnne une demoiselle quelconque. pour que Suzanne del'ienne tout
à coup ja,louse rlr lui ... El de la jalOUSie il l'amour ... Comprenez·volls ma.inlenanl?
- Je vous laisse faire, murmura Saint-.Ermond en
baisant la main de la comlec>:""C.
NLnfJ sonna un dornl'sliquc pI clit :
- Mille de Sainl-Ermond va sortir. Qu'on melte mon
coupé il. sn disposition.
IJne heure après, Suzanne arrivait chez la veuve Thomerain.
procla~é
Qttè
rAmour -l~
!ncLion ql1and li la fin de 1
-le p~eml'
d
c laque année, leur enfant élAit
.
r e sa classe
DcpuJS son enfanc' il
'(
.li l'Ecole pol t' 1 . c,
avnl 6Le entendu qu'i! entrerait
avec Bernie/ cc ln: qUe : cela avait éLé décidé, d'accord
Sai.nt-Df.nis, l'e ~iLnlHre
de ln s~ier
méoonique Ile
de Thomeram. Mme Thomel'ain
difficulté eUray~C5Pf
qu 'il y ~OL
des eX1UI1ens dont la
l'Ec0le p<Jlytech" leP us audacIeux; son fils enLre/'aH à
était ainsi réglé n~l
e h ~t f en sortu-ait ingénieur; l'avenir
numér'o 3. Sa 'è"
e ut reçu li l'école en eUet avec le
Et l'ien ne se~b.Pt'(!par
.son trousseau..
si lranquille lorsq~
~,fv ol r JamalS troubler leur bonheur
dainement pa
. l~m
e t'am
fut enlevé presque souEn l'€vena {d un; n UXlOn de poi trine. '
gloLait en re:!al'd~
1 nLel'l'cment, tandis que sa tnl:re sanfaite jadis d;ns ,m l u , n~ vled le phot<Jgraphie de 'c n mari
Cct'ivit une letl une fOlie, M.lchel l'enl.ra duns sa chrrmbre'
p<Jsl,c. Il relJ'()~a
ct alla . la jeler immédialemen't à I~
chambre.
sa mèl'e, lout anxieuse, dans sa
- D'où viens lu d
sorti?
onc? lui demanda-t-€ile. Cllr tu es
- Je viens d'env ,
o~ el' ma démiSSion.
_ Hein ?
ne son"eniL ml)
IIlJ
- Ne sUiS-je Pas 111
me dois:
1 s de veuve? C'est li ma mère CJue je
- illals, malheur u
.
fJue nous avions fl'(P~;
.tu . bl'lseS lon avenir, cel. avenir
- Oui. je &~ is rnu 1 e SI lenlement 1...
valions vous m:aviPl uornrlle rnère, au prix de quelles pri"
.Ju slem~
.
"USSI '
qne.
il.. cIII Brl'lVer si 1Dm;
mais je sois
plus ù'urgent ici. .
ouse de ces privations, il ne rcstt)
- Nous obli-:.nd rons une b
.
- Cc n'cs' pas cela ue' OUfS() poyr loi.
moi qu'il s'dgi t.
q
le veux dU'c, ce n'est pas de
fjui clone?
- El cl(~
- De toi, ma rnère; sans nul d
1ll1e boul'sc il. l'école; mais r..eJ.a oute, nous obtiendron,o
quoi vivre...
ne Le donnerait pas de
- i\ lions donc! Est-ce que j'a.i De .
moi? Pourvll que 11\on n!s uit ce ~0.tn
de quelque cho.t:.e,
prendrai m n ancien m6lier de co q 1 1.1 lUI fnul !. .. .le re.
pOUf' rem{J lnc('f' ton père ... Tu ne Illul'lèl'e : Ïil lrnvaillel'ai
désobéir, lt présenl. 'f
vus Pas Le IIlctlre il me
Il l'ombrassa lendl'oment et é
.
lriste :
l' pondl t uvec lm sourire
-:- .Héllls 1 c'est bien li loi de
désormais. Ne
sU Is-Je pas le chef ùe la famille? m'o~ir
Elle éclola on sungluls
JUlsqu'lI celle horrible ooLasLt-ophe, la vie lout entière ue
Son nls contin liait : .
/lIme Thornerai.n avaiL été remplie par le bonheur ot le
- D'ailleurs. j'en ai déjà.
• travail.
trouvé une plflce...
parLé avec 8ernier; l 11 111'0
Son exJstencc pouvait sc résumer en quelques mot :
- Digne de loi 7
'
j eune fille. elle nvait soulenu sn mère par son Irllvail '
- OUI, nllpr'ès de lui d
ct, après la mort de sa ml!re, elle avail vœu, Isol~e,
chard. Il y a bPulrc up il. 'f ,~ns
la !nbrique do M. Ron,
nomisnnL quelques sous, attendanl l'avenir nvec ln tranli réformer ... Pnis, tll s ail e. là-has, un tas de machines
quillilé d 'une Cl/ru! simple el honnt'te.
!Jcl'TIi~
m'cn fi ellr.Ol'e p:I;~lé
~ Ronchard me connan ...
A ll'ente ans, elle ovnit rencontr6 Thornerain sImple
!I J!C fnul [l'as perdre di" l,cm '
revenant du cimcl.ièl·e :
PS
ouvrier mécanici n, orphelin comme olle; ils s'étaient
fOI, tu auros bien n.q~;,
, r , ni une si bonne occ.ns1on
'
""Z
u arre po
1
.
nI s. Je m étn.is PI'omi
aimés el s'étaient mariés.
, u r BO gner ton grand
lI
Chncun d'eux travo.il1ail de son côlé; mals, nu bou~
vous ne tl'availlcriez Sp?l~
,lOI'S,fJ
je ~Ol'Liras
de l'école,
de deux ans, Michel naquit et le pèro dit il sa Cemme :
pnuvre pèl'e est J)tu.ti ;'
1 un ni 1autre. Puisque e
' c es bien le moins que tu te re.
poses, loi l
- Tu resœr'as fl la OIaison, pour soigner le pelit.
- Gogncra.s-Lu u."-SCz?
Elle essaya bien de r{> •
- Si Je ne g<lgnc pas assez, Je lrllva!.llero.l double; mais
rvJic'hcl entra COl11lnc si sl~Ler;
m.ais elle dut Céder. El
Saint-Denis.
mp e OUVl'ler dnns la scierie
je ne veux po.~
que le pel.it quille in ma ison.
Dès lors, l'cxl sl.ence du mari el de la Cemme se concenHl"gulièl'erncnt le samedi li '
maison: Il !.lisait' :
,<lipporlalt sa paye li lu
trn dans J'amour de cel enlnnt. Et Thomerllin devint plus
ambitieux, pOlir que son fiJs rcçQt une éducation Mevée.
- Je fais COlOllle rnnn père
Il fit dœ <:Ludos pécinlcs cl ne tIlrda pus à mon le!' en
C'élll,it bien pell, U\! dél)ul. IÛ il
gl'Udc.
(.oute 1 éeon~li
cie Mme Thomer [allait touto l'adr(>';s ,
ne rOt pas dlnlinu ('e .
a n, Pour que l'aisance
Lor
~qlJ'i1
fallut envoyer Michel nu collège. Th omeroln,
d.evenu contrcrnailre, était en mesure de payer sa peni\ u UoUrt de cieux mois Michel
.
sion.
lIppris li connnlll'C t (lI JIA ~ ' 1 s ~ln:,
~IU
avait rapidem nt
vricl'. Le patron n' v~liI
cxipé cee ~1<'l,
œssn d'Otre ou'
Malhcul uscm nt, c' "luil. toul CC qu'il pouvait pnyer;
et.1 m('IlI1p-C f'<'Sltl tOlljours gùné : les Cl'or,e; d'études dl'
in tndre
Jeune hOlTJme, J1IJfJuel 'Ilnq quo pour mieux
de son inlelligf'l1cc '.!I d ' sa nohle ,1 s l~tércs{jH
Il cause
~1\Chel.
(~IJO;)"bl1inL
tùlJt Parmi leurs ILmLq, on lrouvRit
111 apprend ru ninsi, disUil-ll
ondllllc.
,fi J'Idlt'ulr de s' sl\lTlner li IIll cn!ant; mais eux
fi aWI ent rnôm(' r"" l' ' (
t un SI1CI'rlic
.
el les ouvl'jel'S.
' li eonnattœ le,; mnchie~
""'n'l
J~'>
10 {' qllc ce ra
. Et si
~.
un sncl'In<"(', ilc; v Ir.)u\'nÎep t IInl' hnmen ' ,nli:'
JI 1 plnç.n Cl lors sous hl ord
T
l'Cs (e l1ernler, ll0\!r Ju
écO:
t
d.t
1
�~
Moins fort Que l'Amour
======================
.>econder, le remplacer au besoin, Mais bientôt Berruer
vint dire à son palron :
- Il faut 1ui donner autre chose à faire, monsieur : il
m'enlève tQu,te mn besogne,
- C'est que nQUS devenons vieux et que lui est 10. jeulIesse, répondit lranq uillement M, Ronohard,
Désormais, Michel [ut le véril6.ble directeur de la [abrique; M, Ronchard lui livra tous ses plans et lui abanùonna la moilié de son bureau,
Au bout d'un an, le jeune ,ingénieur transformait une
première machine ct obtenait d'!s r ésulbats surprenanols,
Aussi M. Ronchard, avant de mourir, put-il assurer, à son
(:tendre, j:Jue Michel , aidé par Bernier , mènerait parfaitement la rubrique,
Comme l a position de Michel o.vait largemen t aug·
menlé, il nvait loué un nouvel apparIement où il s'élait
installé a\'ec sa ml!re; et il avait exigé qu'Ile prît une
bo,ne. POl~'
la pr'erniè:x> f,) 's de S'i vi(',~lme
Thomerain
connut le repos, Et, par une pensée bien délicate, ~ , Uchnl
n'avait pas voulu que sa mère habitât dans la plainc
Saint-Denis : il l'avait laissée à Paris, rue de la Chapelle, sachant combien elle adorait le quartier où elle
D.vait vécu.
Devant le bonheur et la réussite de son flls, la veuve
ThomCl'uin se consola plus facilement de la mort de son
mnr'i. 1:;:t d'ailleurs, ils Pilrlaienl si souvent de lui 1..,
1\lichel vivait pl'esque seul, se consacra.nt il sa fabrique,
chel'chanttoujours de nouveIl(~
améliorAtions. Un dimanche, il y conduisit sn mère, qui avait exprimé le désir de
voir J'endroit où son fils lr'llvaillnit,
SU7.anne jouait dans la cour: Mme Thomerain la trouva
si genlille, qu'elle lui demAnda ia permission de J'emhrasser. Et, depuis ce temps, elles furent une p..'l ire d'amies.
M, de SniL-~rmod"
loul enlier à la coml.essc ru.sse,
t.(!mhln:t vivre au deh ors: Suzanne n'a~it
aucun parenL
auprès d'elle,
Eilp Sf:' fit conduire souvl'n t, chez ln veu,ve Thomerain,
!lui l'amusail par ses 'l'N:its: ou hien, elle allait dans
l'usine et restllit des heures nu milieu de ce bourdonnemenl, toute sourinnl(l dès !lue Michel levaiL les yeux vers
Iil pPtile galerie d bnis où olle se tenait.
D'autres fQis, clic ne houp .fill pas de ln com', comme
lrès occupée tI anoser les pl'lilœ plaIes-bandes qu'elle y
nvait fa it illslnll r : eUe allenduil que fich()1 sortit ... e l'nIeller et t.ro.versl\t la COUJ' paUl' se r otlre a son bureau.
EIlI' lui (l(lmandn.iL alors s'il 6tail satisfait du LTavail, du
rendement des machines. El il hli expliqua, peu à (jeu,
comment on traite les hnls quand ils arrivent, comm nt
on les place dans des étu'ves uvec de la vwp<lur d 'eau qui
les p6nèLre, les rend pLus élnstiques, plus malléables et
emp~('h
les feul'~s
d Sf:' rervlt'c, Il lui montra les ansci<'S, quj prndlllMif'nl plus de déchet qu'elles no
cienn
donnaient de bonnes mal'choodlses, et qu'il avait remplar.~es
par des couteaux,
Elle s'lnt(>l'es!>tlit il toul. ne compronanl pas encore que
c'6tnil surtout l'in(!,ln:eur qui l'inJII'I'I'Sgni'l. Et lui ne voyait
dans toul cela qu'une cnmaradcrie d'mrfant.
Ce fut le vieux nernier qui leur ouvrit. les yeux, avec
sn grosse bonhomie,
Un jour où tous trois éln.ient réunis sur la galel'io de
bois l examinaient le l'.o,-et.-vient d'un nouveau chariol
p rfecUon~
par Michel. aVeI: un enoliquetage automala pièce &. découper, le vieux contretique qui ~levai
maUre dit;
qui me [ait enrager, c'est que c'est toi, Michel, qui
illvenleR toul cela , el que ce eera sans dou[(l un autre qu i
~n
profltero,
- Pourquoi donc 7 demanda nayvement la jeune fille.
- Dame 1 quand vous VOlLS mar.ierez, mademoiselle .. ,
si votre mari ne voudra pas tout diriger 1
Qui sai l m~rnc
Mir.hel cul un long 'roilslli\1 menl, mais il n'osa pas regarder Suznnne, Et, brusquemcm , Il j.eLu un ordre Il. l'ouI rier' I}ui surveillait ln mllrche du charioL.
, AU ndez, j'y VI/th'!, di.l Bennier, Ils ne savenl pas enlùre ~gr
1 mouveml'Il'l,
El le con LI' 'mnlll"e d~'enit,
Suznnn .t Michel, a.ppuyés conlre l,a b~u
tl'ade, 1'eS\.èr 'nt lonlIwmps sllencil'ux, Ils r éfléchIssaIent, Il\'CC leur
(:Spr'U grav , li ce que Bernior von'8.l1. de dire et voya.len\
enfin nu Cond de 1 ur cœur,
, ee
SUZD.IlJW se tOU!ITln Lout à cou p vers Michel et lui t l''!
la main,
•
- Ne craignez lion, dii-cllc : vous resle:rez touj "
ici. ..
Puis, un peu piUS bas, clle ajouta:
- Parce que ... vous n'useriez ja.mais me demanJer
il quoi je n'hésite pas il vous répondre .. , Je VOU5 <I :n
monsieur Michel ...
- Oh 1 rnad~JI1oiscle
1... ~Ia
chère Suzanne!
D'en bas, Be l'Il ier Cl'iolli 1 :
- Ça commence à aUer mieux,
Suzanne, pour cacher son érnotJon, dit én souria r t
- Mais j e vous préviens que je veux garder l"
nier.
- .Te vous aimurm toute ma vie, prononça lentel: "
:-'lichel.
- ~Jais
nous conserverons cc secrel pour nous .. . j
qu'au jour où je croirai devoir en pl'évenir mon p' :,
Aùieu, je vais emhrasser votre mère,
fut aillsi qu'ils s'avouèl'ent leur amou]',
El jamais ils n'en ava ienl reparlé.
Ils attendaient t.ranquillement l'a venir,
ee
Dans le CQup~
de Nina Caren itch, Suza.nne avu ï l'\
qué tous ces bollheur'S pa..c;sés. El. malgré sa d ùu~
,
Bctuelle, elle avait le SOUI'U'C aux lèvres, quand pl ..'
sonnn Îl la parie de Mme Thnmerllin. Ln veuve y 1
u.ussilôt el eut un cri de bienheureuse slupeur.
- Vous 1 vou , ici 1
- Ne m'attendiez-vous donc pas 1 N'esL-ce pos il ",,,
de veni]' vous consolel' 1
Et eUe i'cmul'usso.lt avec la plus chaude, la plus 1'1 ,
pectueu5C [(llldresse, IllndLS quc la veuve r(:pNaH :
- Vou s 1 vous! Est-ce pœsibie 1
E:'nfin, Colics s n.." 'l'enl d,lns ln salle il manger, !J ';
étUll le salon de la vpuve.
-- Je n'ose pills buuger, dit s{l mère, Par morner '
je m'imagine qu'il \' 11 en l'I'r, qll'i1 va me parler ...
- Ah 1 je <;Cl'llis bien d " jà \lcnue, dit SUZanJ1C; mil
hier, j'Clois unéanlle.
- Et où éLcs-'.'ous, rnamlennnt?
Suzann!' épl'Quva quelque embal'TtlS à répondre. l ,'
baissa les yeux,
- Chc:l la cl}ml ose Cnrenilch.
Et voyanl la vcuve Ire saillir, Ile ajouta. :
-- Oh 1 Je n l'ninulls pl : mais, maintenant, il III
sernblc que c'esl IInc aui.r'e r mmc, Si vous saviez n\',',
1~lce
ardeur eLle Mfcnù ~Iichl
1.., D'ailleurs, tout l,'
monde ofnrme qu'il est iTlnocent 1 Est-cc que Michel [>Cu
être coupable 1... Est-ce que ~hcel
peut avoir [ait qu.' i
que cho$C de mo.I 1
Elle pal'lait nvec une agilntion fébMle,
- tlrnis lout le mond'" nllll'mC'r'a qu'il
t inrlùO'll
mon pèM, la comte se, son frère, l3er-nier, moi.., tout
monde 1.. ,
La veuve ecouo lristemen t la tète,
- Alor's, elit-eJre, pour"quOI II' gnl'd('nt-ils '! Poul'qu
de le voir 1 C'est hOI'l'ihl ! l '
('mpéch nt.-ils sa m~1'
on appelle cela la jusUee 1
- lis vous ont emp"·chée?..
- Ilier, l3f1rm l' m'a l'arncr1(:e ici, fo.lle de douleul', ! l6taient dùjll venus, Il avai 'nt touL bouleversé, enle\ ,'
lous les papiers de Mll'h 1. Ah 1 mieux vnut quc In, 1
mari S{)it. mort: Il aurail Irop souffp.rt,
Ln veuve cul un grnnd gc_~I.e
; nrnis elle 1'-0 radou r'
- Hélas 1 il quoi celu me scnirnlL-U de m'emporll'r' ,
J'ni eu lorI, h'cr . j'Oi VfJulll olier ft cel endroit llJ.1 1
dit .. , Jnmais je n'aurais TU que je counaitl'ais cela
1 D "p6l 1 Lil où on je'lll' 1!S voieurs, les assassin,'
Mon [lIs est là, en nllendu,nl IJII'on 1 mène il Moz
.l ~
I3cl'Oiel' m'l1l'oompugnuil .lnrunr je' ne l'ovni" vu ]JI( ,
l'cr, pas m~o
il la morl de mon mari 1 El hi.'I',
pleurail comm' un pnlanl. l ,JIl!; Hvons demanrltl li \',
mon ms, Les mlsénb
' l' ~ 1 Ils nouS onl refusé cl'Iu! 1
11(, v r'r
pCI'
~ Unle
, .. on le lruit .. comme un (rimir
ùnng reux, ,\I on iii " si bon, ~i honi't~
1.. , ,'.101'3, j J 1
SUIS mporl,"O l ,Il' ICh iLi trli('
~ de bl'IU'r'eHllx ...
ln J.
est 'gui... ,
1101111111'. 1I·.,n\ p~
de CU 'IU'. rr. 1Tl ,
l'y Sl:r:tis l' l<.'urnl!o : BCl'lIl e l' n'n rll!; r oulu : il Il '
r:
�cre· 26
Moins fort que "Amour
k:reœ li reslef' ici . el JP l'attends. Il Y est aJ.lé, lui ...
:::i!i1lti douLe. il va reve11ir blen~t.
A mesure que ln vellve pa r[,1J L, SU7.a.DJUl pleurait Icn
toment, ;;e fluu/'IUlL SOli Michel, seul. abandunné dans
Wl mlSérable caclwt.
Et elle sP presSalL cvnire Mme nJ(~me
.
- Oh 1 comme nOliS l'o.LWerons 1 ffiunnura..t.-eLle.
OD nous
Comme Il auru besom It'éu'c eoru;olé, qu~d
J.c rendra 1
- 0111 ; mais il me semble qu 'U seraiL déjà moins
mnlllew·eux. s'il savait que \'ous êtes venue me voU" ..
-- Il le SaUHl. EL tTILIIIC, mon pere me pen:netLra
d'aller le vOir avec vous... Il ne S6TU pas toujours
ainSi... C'est af1rellX. le secret 1
Une VOIX [lrononça tlerl'lèrc elle :
__ Coul·llge. nllUlernoLSCUe 1 EL /iU lieu de vous dœo
1er, cOnsolez-vOUs plutôt, de savOU' que Michel e8t ou
-secret
C'ôLuJt l3eJ"lllcr qui revemul et affec'J.lIjt cI' l!tre trafl
qu.iLlp now l'US! 111'('.r ln J IInl! fiNe II avait lB. ole! tll!
oouccme.nL.
l'uppaM.emp..nt, el éli11L ~ntré
- El! uJ('u ï fit Suzannc
_ Quoi de nOlïveau 1 Uler)~gca
Ja veuve, bien trerll ·
blante.
_
_ LI ne j)PlIl <'ncore y avoU" 1'l!'..D de nauVCllu. oll
BernKII' en s'asseya.nt VOJCÎ. du rf'.stc. où en sonl )efi
choses. j'ru vu le Ilige (j'IIl,"truclion cho.rgé de l'nfIall'e :
Il m'a ll.Cc:ucllh avec la plus gril_ade UICIIVt:JUUJloe el w'a
fait compl'findre (j11l' la )U$tl()t· n'élalL pas forcée d('
connaitr€' ooll'!' MIGheJ COrIllne nous le con1ll1l6S0116. El
il 6 frul III m{>m(' obsel'vlJ.l1on RU pl1l1œ Vé.rénmc, <[Ill
éuul arrIvé au PalaIS 8n méllle temps que mOI et venu.lt
de 10 piHL de M rie Sa 1l1-/:,rIllon(!. 1.11 ju...lJc,e ne Volt
eL ne dOit VOl./' qu 'une chosl'. o'l'$l qu'un crune ~poUV8"
LabIe Il été oomnllS. lfi ..lt.">."u , il n'y u pù" de oul~.
pl:.isque pIllE de vmg ll;m"lns onl vu le chal1ucr lllllll001' en trOLS endf'oits rlilfNl'nls nonc il y li. un grcdin
qm a ·mLS l~
[eu i\1lllhl'll l'CUSI'll 1Cil l, Michel avait cu
J'lmprlld(ll}oc d·.:! pi·nélrcr da.ns l'u"lne : on l'Il pns ct.
tant que l'Insr1J(
~ lOn
n·uu·l':! [lfIS fliit de plus grands
pons. on croira qu'il ' ~t le l'ouplwlc. C'est li cause de
œIl! qu'l}n l'a 111...<; 1111 ~('Ilo.f"
lAHI~
les hOmmes de lu
poltoo croyant il su culfJahiL~
; e'l'nt très pénihle. muifi
cela vaut mlcux .. Qua.l<1 SOli innocence l!claLers., elle
n·o'cln.ll'''tl 'lUI' d'f'U ·mf\nof', en dphol's rie lU I et n'cn SIlI'll
qtH' plus nf'>I.~J1"l
l'wolle . Enlrn, 1 juge m'n pr(}ffiL,
QW1. d()s (ju(, l'.ela fI'l'alt pnS!;lhlc, II n(Jus pel'lnetLrllil
de le vOÎl' O'ICI lil, nOlis lIlelLI0118 tout en œuvre, poUl'
I,rIlUV(>.r Ù!S
Suzo.n~
Dn'uv<>.s de son LTInor;i!noe.
tenclrt ln lnam u 13I'I'IIII'r
- .Te n'ou"I!eJ'OJ j!UTHJ.IS voL!'c dl!vouemenL, mon bon
Bernier. l\I ':l'cl 1
- Ah 1 madl'lnoL!.elle 1 jl' n·a.1 no.s l>c.M11n qU'on me
remercie, Je l'allnl' t01ll. lloil'(' u"uve MI<:l1ell
Us callsc)rormt Ilncore longu·rlllro;. long\'cllIps. de lui, de
leurs esp(!1'Ql)ccs. pUIS Suw JI nl! pnt wn~é
de ses Vleux
o.mllS.
La veuv" l'f'lubrassa. lougoomenl, en l'appelant • mil
chère enfnnt- .
Suzanne s'écriu, Ll'OS e)(allée, au milieu d ' une demi~r
étreJnt.e :
-
Adieu, /l'n ùOIlDe mère 1
1•
,.1:t J1EMOfIDS DE
-
l~;n.
mn
I3rllv cœur! murmura Bornlc:!', loondls que Suzanne
.'en nllait.
La vC'uve l'l'sm \In moment SHr la porl!'. t\r..onwnt seH
\lUS dan!! !·c.;Callc·r PUI!> el'" ~vmt
l'n d'Mnl ;
- J'6ta.\s 51 Le
U!te aU\.N'fms, quand elle vanaH me
t'oll'.
- Ah 1 oul, lAluL œL
4'un.e volx IIOmlll·e.
Et U lI·enIonça. un ~u
lllon clJ,n.n,gé. d6cJnru
BcrnJer
Dlus duns 60n flluf..euU. les
Ilras. &LIongés slIr les
le VlSage conllf'llcLl!.
mon.La.ru.s. I~.s
~
yCllx fixés il lerl'O,
C'étail
wuU' . ncrveuJC , ra.mc~"
n'Illy
t un homme de t'""liLe
v
....".,."
an .J1Hnaus connu aucune mlÙiJole. vieux gvLryan ,
pour qw l'exu;Lenoc éta.lt comprise eoLr-e la fabl'lque.
Suzanne eL la fnmiLle ThomeraL.'l. Sa figure était toute
fMiche, rose, !'.ornme oe.lol.e de III veuve ' sa barbe et SC!;
chcv.eux d'un blanc sec .
•
7
Tout d'un couP. il se redressa el poussa une excla.
maLlon rie colère . .
- Qu'y a-Irl! 7 demanda la veuve.
V~lI
~ y a ... Il y Il ... que je ne SULS pas conte:rrl. de mol.
-
Que <1iles-vous. Bernier T
- Ah 1 il Y Il un \.as de raisons pOUl' lesquelles je ne
suis pas cont.enL de mol. Tout li l'heure, je n'ai pas voulu
décourager cette charmante demoÏ6el1oe mais à vous une
mère on peut loul <tire .
"
fait il Michel 7
- Qu'a-t-on ~ncore
! -:- Oh 1 on ne Iw a rien fail de nouveau, puisque c'est
oUJours la même chose D·ailleurs. cc n'est pllS de lui
lJue Je veux J)!lrler C'est de 0101. Qui suis resté comme
IUl ,nllUS dE'Vanl ce JUo«c quand il 01'/1 expliqué que Michel
éUl.1t COUpable...
<> •
- Il ~ d.iL celu 7.. EL vous 1.. .
- ~lo,
Je me suis tu . je ne trouvais rien Il répondre .
~a seule pensée qUi me t.rnversàt la tête c'était de m~
~ter
S\l!I' ce Ju"e
.
": et d e 1'(1_
·... ·,lTlg.I"-... S1..Je' n'uvalS Cl'funL
nUISit li MIchel, ma parole je l'aUl'lllS falll
que ça ~e
- Et 11 croit oeln. ... sérieusement'/ 'lJulli t
1
Ils n'onl pas l'Idée, ces gens-là que c'es~
la Il veuve.
que cela va s'e;\plir]1Jer l '
une elTeur,
- Ah 1 b~n
oui 1 1 our eux. d~s
le moment
'on est
arrêté. on est c:.oupnblc. I\lo.Jédiollon 1... Il u vait qu
un petit ril'c Ironique. Il m'a rlit . • Je VOl' ce 1~C,
IS pUIOS
.
1>eIlUCOUp, !noonsl eur, Je pLnlns surtouL III mè e d
OC
Inulheureux 1" El il m'a parlé de sa SY'mpo.r i e E
' d
1 e.
'Il
VOL'IAu une sympa.'l lie
onl 'je me moque 1
Le vieux con.lT'em~It
sc leva et sc mit à marcher Il
CI'unds pas da.ns lu chambre.
- Oh 1 oni, je fiuis furieux conw'e moi car c'est ma
faute, ce qui o.rrive l
'
- Volre faule. [lcrnler?
u
d'i"'" Eh 1 o~
... ES:-CJC que l~oLre
~Il('he
serait aujourul en .P l~.?:
)Le
. s 1C ne nvaln PI1$ luit entl'rr duns
cc I SIl.CICC u.LllICJUC '" Ah 1 mon vieux Thome '
J'
l'en demande pa.rdon 1
ram, c
~ . CaJ~e7.-VlUS
, je VOU!,; cn prie, dit la
v>::ut jl3.lnars vu 1 ~ont.f'(ailre
sr Il!!iLé
veuve, qUl n'aMais 1) s'exallAlt de plus en PIIJ8·'
- .rui été un Iml>éc!le l ' Je n'al .
.
~U
Ttre dans
l'avenir. Mais au.c;sl, ce gurçon-Ià av~
Je me souViens en ore ... Lor"c tw. 1 1 lr~)
d cœur .
claru que Thomorain éLu.il
1 - ~ m~d
CHI nous dé
"So.v('z-vous s'i1 y a d s épel~JU,
. Mlche
r~e
demanda :
il elait l.ouJours fOUITé d".n~mlcs
1 • ~I
l{(nMalt, lui;
maliqucs. J'eus ln SOLLL'iO' d
I . VI~<,
un~
s s mllillél
n'uviez plus riC'l1. que 1'011 tlVII'lllllt ItlJ)ondlc qu VOliS
1f
•
ou
lIlun"!!
1'01' ... .1""ur
..'
ver, pour '" alI'C al1'lvf'r li l'F{' l'
s'en moquaiL de l'Ecole 1 Il ,:0 c. Ah 1 blcn, oui. 11
ch . ; c'ost que son P~re
Il I~e
VOYlut plu/! qu'u.nl)
ch f de rlunJUe eL qu'LI dc~;\I.
mourir, .QlI'll dev nalt
m.:lison. El mOI, j' Ils 1
gnj:!n r 1 arj:!rnt rte )a
l' ·n.is dû l ' é
a [olblesse de l'opprouv l'.
OUI
UI r POl/di'\) ; • Enll rl·o.bord il l'
mon gllrçon. On cau 1'0 de celR pl . t'd
Ecol ,
. no '
.'
.
.
IL'; nI . • Vous
L
m 1.
116 ILlillon<; hl' n LI11V<II11(>
t Il
• .
a.pCl'{;U de rien .. EnSuite. je l'n~s
'fnil enL~'r
~u
~t
même li la [ubrlque. F:t mu.\ntenllnt Il se' .\ '" l de
meratll, In{/r'nieuT de L'I~ln
CTI con{/~
fIir;lt~
. 1. Titomund sc serait meltné dC'vllnl lui 01010 ~I
• tout 10
EI1110nd ; le patl'on n'ow'nll pas o~
lui e
. do &tlnt.dlseu ion n'/lulrait pas eu lll'u... Tnn::: nnQucr ; CI'tte
s qu
MIchel
sL considéré. pur tous ce.,t; uns-là ç
'iul a r~usi'
ct. Qunnd Je Glulron 'd~Jl1n
un ouvl'Ier
Que MJchel
1lJ1IlaJt sa
il fi voulu ....c <I1!;~'é
c'est un remolxl qui m dôchlre 1
() lui. Ah 1
- Voyons 1 voyons, mon bon Bel'nler
vous exagOrez. NOlUS devons, nu COnlr .' dU kl veuve.
cl'avolr CaU entrer MIChel il III ( b'l /lIre. vous bc'nlr
11 ( Q lie : su Dosi LIon
"il.
d
�~c-
Moins fort Que
,~
était superbe ; vous savez qu'il avai1l économisé oont
le corrunencement d'une grnnde fordix. mille [~anœ,
tune. Moi, je ne .veux pas oésl'spére.r. L'6prcuve est
rude; m~is
nous en sorlil'ons : Micbel nous sera rendu,
il épousera Suzanne qui n'a jamais douté de lui, pas
plus que son père.
uzanne me disait tout à l'heure
que M. de Sa:inlrEl'lIDond affinnerrul hauLement qu'il
cro.yait à l'innoœnce de Mjchel. Puisque ceLLe accusation
ne tombe pas d'elle-même, Michel sera jugé-.. Mais il
sortira la têLc haute du tribuD'il1.
_ Ma vieille tunl<l, permettez-moi de vous dire que
rien n'est moins certain ... Si vous saviez avec quelle
que Michel est cou,pable 1...
logique ces gens pl'ouven~
Mals eIilln, j'espère comme vous qu'i! nous sera rendu..
Et Do ès ... vous croyez qu'il épouscra Suzanne?
- Sm's doute.
_ Alors, expUquC2-moi ce que ce Vérénine velJll.it
lairc au Palais'/
Ln vcuve fixa des yel:lx étonnés su!' Bernier, qui continuait :
r - Autrefois, je fI'ai pas su voir l'avenir; aujourd'hui , je le vols trop.
_ Expliquez-vous, je vous en prie.
- Oh 1 ce n'est que I.rop clair 1 Suzanne... est cbez
ooLLe fcellU1le, n'cst-ce pas?
- Ouj; mais, maintenant, elle a une opinion meilleurc d'elle : la comte..c:.se défend Mlchel avec o.rdeur,
aimsi que ce nouveau venu, so.n frère ...
_ Le prince V61'énine 7 Je vous ai dit qu'i! était au
Palais en mM'W te.mr...s que mai. On a f.ait passer sa
carte au juge, qui m'avait déjà reçu j ou l'a fait entrer.
Et savez-vous ce qu'il a dema.ndé?
- Quoi donc?
- Que fI;. 'ilel rût mis en I,ibl!rt~
SO'U5 caution, qu'il
Pllieroit, 10. somme qnc Ion exigerait. ..
- Mais, c'est bien, cela !
- C'est une inI'Ilmie 1 c'est une trahison 1 S'il a de·
manrté cela, c'est pal'Ce flU'il savait bien qu'on ne le
lui accorderait r-s. Oh 1 je lis daos leur jeu comme
s'ils me l'avalent expliqué eux·mi'mes.
- Vous me nlll.es tremblel', Renlier.
- Nous savons, mu1hcureu ment trop, le peu de
conHo.nCe qu'on peut aVilir (\n M, de Saint·Ennoml;
nous ne savons que \.rop qu'il ne vit que pour celle
étl'o.ngèl'e, pour cctlfl comtes.se qui vIPnt... on ne salt
d'où, et qui m'n toujours fait, à moi, l'eITet d'une co·
qlline, Et j'ai dcvlné, depuis longtemps, que le puLr'o n
n'attendail que d'a VOIT' manp ~
nlde pour se m;.tricl' 11llm~e
avec ceLI./') gUI'U,,<;.r 1 S u1(>m<lnL, il fnuL 11tf1 maT'i il
qui celll' belll'-mèrl" ronvi(,l1ne. El alors. on Q faH venir
co moru.ieur de n'US6ie... ou d'au.ke pllrt N'importe 1
Nous Tl loUvon.s vu lfU'O,V11Jlt ..hier, main il esL à PAris
d('opullS plusi ms mois il m,'jol.eI· sa pcl.i.Le afJ&re, !!IL,
sI Michel Il 6l.1! envoy6 si loin , c'est que, tout slmpleInnnL, on voulait l'éloigner'. Et, Il La laçon dont le
Pabron l'Il n.cClICIlI!li., je crol.'l qu'II est revenu Il St!ü"tDenis plws t()t f'Ju'on ne l'attend ait. Donc, tout ce que
rCI'Ont c He comte sc, son frère et M. de SoJnt-Ermo.nd,
no !>C1lt cuCher Qu'une Lrahfson.
- VooorlCZ-vOIlS tf\J'ils l'/lCCusenl?
- Non ; rnnls po1lrquoi tout ce zèle 7 Pourquoi laisset-on SU1..nnne v nir chez vous? PUlJrnuoi ce prince
l'U''\S() qui ne connaîL pas Mich l, 1 délend-U si Ilrc! rnmenL
D'ahol'd, c'est qu'ils espèrent bien que Michel
5C.t'U cond.u.mné C>I Itfm-s iL.<; a.ur·on.t to1lt le beau rOle,
S! M i ,he! esL 'ficqtl1tl.6, Ils n'en auront pas moins le
bea\l r'Ole cl le pn.lron n'en r'(f1l5~
pas moins son
con..c;.cnl.en;ent I1U manage d,e SIl nlle uvec 1ichel, pour
ioULes sortes de bonnCS raisons, Qui seront plus mauvaises les unes que les au Lrcs... Suzanne, j'en suis
OOrtain, r'CSLerll fidèle li Mir.hel; mnis l'existence de ces
deux enfunLs s l'Il ernpmsflllnéc pur ltne brouille de la·
DlH!e 8L Mlchol, <lui 1116ril.lllt de n'ovOlr OlJrun chnlirin
dans sa vie, MIchel sera malheureUX 1. .. Voilà pour'quol
le suis rurieux contrc mol-f1~e
1
Mme Thornpram écoulait avec IRrreur; elle comprenait toute la ju,slc.<;.<;oe d(\S NlISl>lIn III nLs de son vieil
ami ot ne Lt'Ouvaü l·!.en il. dire DOur les altuauer'
1...
27
Amour
~
- Mon Dieu 1 murmura·t-elle, c'es~
que tout cela
semble probable en eUeL...
- Ah 1 je ne demanderais qu'à m'êLre tl'ompé, dé·
cl-ara l3el'ruer, mais je counooiS trop mon [>a.liron. Je
n'ai jamMs rien dit, paI'Ce que œ].a ne me regaJ'dail
plIS ... C'esL un abominabie égoïste 1 Il a fa.iL soulfrir su
femme 1 Il fera souffrir sa fille ... Et nous, nous qui lui
étions si dévoués, nous souffrons il; call..ge de lui, nous
souUrons p;1I'CC qu'H a dédaigné notre Michel, quJ
vaut cent fois mieux que lui 1
Il Y euL un long silence. La veuve pleurait toujours,
mals avec une sorte de résignation' qui lui vennit peu il
peu. Elle entrevoyait un avenir si cruel qu'elle se
disait déjà qu'il lui faudJ'Ilit un grand courage pour le
suppor'ter. Elle eut cependant une révolle sourde.
- Mais qu'avons·nous faiL pour que le malheur tombe
amsi SUl' nous? Avons-nous jamais accompli quelqlte
chose de mal 1
- Qui sail? murmura gravement Bernier.
Il vin t s'asseoi.r aupr'èg de la veuve el lui prU la main,
tandLs qu'eUe dcmalHl.ait avec anxiété :
- Ah çà 1 que voulez· vous dire?
- Noll.:> venons de parler de choses passées et ~
vous ai dit que j'é-prouvais le plus violent remords de
n'avoir pas forcé Michel il; suivre sa caITière: mais là
j'a.vais une noble excuse, et j e ne pouvais prévoir ce qul
arriverait. Tandis qu'il y a Lrois mois, IlOU6 avons fait,
lé-gère.m.ent, quelque chose de bien mal ... Et c'est peut.
...
être notre puni~o
La veuve tl-essaillit et prononl;.a :
- Cest vraI ... je compr~nds
...
Bernier repn.L lentement:
- Il Y a troi s mois, I~pelz-vous
... J'étais venu VOIU
voir, à la sortIe de ln hlhrique ... Nous étions ici, da!
cetLe mème pièce atLcndll.nt le courrie.r du soir, qw
devait oous ap[lol'ter des nouvelles de Michel... V01J!!
souvenp.z-vous 7... Il n'envoya qu'une \)PLiLe lettre, quel·
ques lignes désOlées, pour nous demaoder si les jour·
naux avaient bIen dit la vér;tk au sujcL de l'affaire df
la l'u.e de lia Paix. ; et, à sa leLl.re, il Joignuit un joùrnal ..
La veuve se leva auLomatirjuement, alla dans sa
Charmbre et revi.n t il ussi Lût, portan lune bnile.
- Voici la correspondance de MIchel. dit-elle.
El3e ouvrit Lu. boil.c, cne.r:cha, pws tendiL une enve
loppe il; Bernier.
- Voici cctLe lettre.
Le cont,re.maiLl'e l'ouvrit et la lut à ho.ute voix.
«
MoU chèl'e et bonne mère,
« Je viens de lire lous k.'3 journaux de Jr"ooce quI
arrivenL en Suède; tous pHl'lent de ce~L
afruil'e de la
l'u-e de la Paix. Til dois comprendre à quel point cda
m'a bouleversé. Vile, vite, une depllche. pour me diNJ
que c'f.8~
f.aux, qu'Il ne peut y avoir là qu'une erreul'
iIllbOCile ...
c BonjoW' " Bernier, è. toi mes meilleul'cs caresses.
• Ton MrcllEL. •
- Et voici biE'n l'exl.rait du journal, dit Bernier, qui
oontinua d li'l'e à haute voix :
• Le vol do la rue de la Paix
u
Nous avons déjà souvent enLretenu
n03
lecfRurs
des \'ols Rudaci 'u x ('()IIllT1is nnnS! lœ mn.gRsins de bilouLede puJ' des clienLs illClJOOUS, q1li se font mOllLrel'
Lous 1
articles en magasin l't pl'onLent du premier
momenl ot) l'ompy~
Il le dos toul'né, poUl' s'ernpru'er
des objeilS de valeur qui sont sous leurs rna;m;.
c PlusiellJ's mngllsil1s du Palais·noyu] et de ln rue oe
la Paix onl d~jÏ\
~Ié
victimes de ce cpnre de v,'l; l't
c'e~t
snns doute cc qlli a r1nnnr Il M. i\lnrl,ill PélissieT',
g~ru.nL
du beau mu"nsin de M. Natln.'l[l, l'i(I,'e d.. c1él'>'lœl' Il. son pnlron Ilne ml1g11Hlqlle l'lvl rc d,' dlallldllts
." Nous n'ovons pus voulu pari l' hlcr ~e
Crlt.! al!"lrc,
purce que l'inclllpé prl>I~'s:i
Il''l'C éIlel:l!lt' de, son 1'1n0cenee. MuJh urcuscfllcnt, 1 instruction 11llnl"dluLe, il; lUt
quello on a proc6dé hiel', ne p<lut laisser (le dou~
à lIi
sujet
�~
28
Moins fort Clue
r .l'!mour
.;~
" Voici, d'ai:!leurs, las faillIS dans touLe l€lt1r simplicité:
nernier s'arê~
un peu; ensuile il dit :
" M. Nadaud, qui possède depuis longlen:ps un _des
- Vous souve'ITez-vous, ma vieille amie de la dépêcll c
[ll'emiers magasins de bijouterie du paltlls-noyal,.a
'
que j'adressai il Michel?
- Héln.;;!
fondé, il y a quelques années, un nouvea.u magn.sm
rue de la Paix. Voul{wL conserver la dlr ctlOn de son
- Vo.u.s n'ignorez pus que ce Murlin Pélissier élait
son mellJ.eur !l.rni de collè"e?
magasin du Palrus-Hoyal, il a donné la gérance de soo
La veuve secoua la 'têl:
nouveau ma"asio à celui de ses employés dans lequel
il av'ait la P~15
grande confiance : Murlin Pélissier. .
- Son rnejJ.leur ... son ISeul Ilmi d'enfance! dil-elle.
" La gérance de Marlin Pélissiel' prod ulsunt les meilEt que nous eümes la cruaulé de lui lél6crraphier
leurs résulLals, son patron cessa l'Cil. à peu de s'occuper
" out est malheureusement vrai 1 •
'"
de !;on magasin de la rue de la Paix.
- Ma!s lui... était coupahle 1 s'écria la veuve.
• Il se conLentaiL d'y plisser, de Lemps en temps, le
M~
~UI
sait? murmura l3ernier. l)epUis le moment où
~oi r, pour s'în1ormer; d'une façon glln6rale, de 10 marche
IC,l? no.us ~ éLé enlevé, pense-km autant à son ollli
~\tl
PehSSler. Comme Michel, Mal'tin u déclaré qu'il
lies aUaires.
• AjouLons que pélissier vi'ialt .t.rès simplement, dans
AI lIlJJOOOnt,
el
nlvlTle
n
' .pers>onDe n'a voulu le cl'oi'l'e .. . Ij ' ~
un petiL logement situé au cmqlllème éluge de la maies']' é ous, qUI, Jusque-là, l'avions toujours aimé cl
llTI ' ..
son où est le magllsin de bijouterie.
.
" Le dlmonche, il oU ait chez ses parents, petits ren- lSes parents eux-mêmes ne l'~nt-is
pus abandonn&
dès e premier jour?
tiers qui haoitent Suint-Ouen.
. .
" Il Y a quelques mois, ~n
patron reçut la vlslle de .
- C'est que ses parents sont de vieux égoïstes! Est-ca
que nous, nous abaud ll nllol1s !llicllel?
),!me Pélissier, qui venait le supplie!' d'\.lISer de son. uuLoMme Thomel'uio
·t
l'ilé sur son fils pour le foire n!noncer à un [lI'llJet de
bliltia :
se llrl la tête entre les muins cl balm!llriug.e, qu'iil Jeur avait annoncé et ouquel ils éta.ent
0flposés : il s·ugisso..it d'une Jeune hile: orpllehne, qUI
cent C'~t
vrui. .. Il a toujours déclaré qu'il éLait innooccupe une petite silliulion d811S une uSllle <le la plume
pab~'?
:tu~rçon
1... Si lui non plus n'était pas couSaint-Denis. M. Nadnlld en pal'la il son enlployé, qui
son sort...
Geul. .. pe.rsonne ne songe à améliorer
lui répondit brusqucment qu'il n'ovaiL besoin d'aucun
- Si : quelqu'un l '
t
.conseil il ceL égard. Et il n'en fut plus quesLion entre
celte pauvre fille quo ~ ~s
l'esté nd~le,
déclara ne~i-l'
:
_Cll'C.
mer 1
l
aImait et qUJ. n'a pas ce3Sé de l'aia Avnnt-hier, ~l.
Nudaud en arrivunt rlle de la Paix,
l'
?
Celle qvu'on u accusée d'être s.a co
conLemple avec. joie la devunture d.e son magasin, puiS
{,!lltc j'Jyeuscmcllt , en s'écriant :
, - ~nl'e
. q~ elq,u
I1ll:luvaise ilven~cI
Et touL à
IhelUe, JUI eplou\é une des plus rUde · é l ' ' d
li Eh bien, Pélissier, en voilà tlne bonne journée ?
..
['éta ·· d s mChlons e ma
" - En effet, monsieur, répIJlld l'employé.
'\le·· ·. , ~ lS lLaJLSd' ce grund couloir des juges d'insl'Ile I Hm , u Il en 1e... J uperçOIS une fenune
.
1( El
PéliSSier s'essuie le [l'Clnl.
· .' n SI"\lP
'.. le, ne 1"
d 'allt pel'sunne Elle , en
bH
eg.ar
' . nOir,
, '1
1( Nous avons ùeuu être Cil hivcr, dJt-Il, je transaussi; mais elle baisse les yeux cOÙun~
. mlfpeC;o~
I·ire, Toul l'après-mieli j'al pu du IllOnde,
peUl' de me gêner ... C'é taiL elle .. :
SI e e nvrul
• - Alors, vous êtes content?
- Juliette Mflrund?
• - Oh 1 oui. monsieur.
• L'employé prend son Ilvrc de caisse et additionne
~
OUi.., Quund je pense que c'est à CnllS d"
Ile
. L~I'e . .qu 'on
J ' ~ ft.'Il VO)'é e _
de ,la labrique 1«.. , J·u.i
e "ce
1."S
• - Vingt-d 'ux mUle francs de vente.
hésité
"Le potron fait un bond,
JI' n OSaIS pas 1 aborde!' .. , Elllm, je l'ui SUl "
,
« Vous dlLes?
I nl~mc
; mais j'avui
~ hontc. Je lui ai del1~u
t:o~
" - Je e1ls... vingl-<Ieux mille francs.
\'(IUS a nppelce ICI 1" Elle m'a l'épand ne. , 0
blant : • !lion; mais je Viens pour qu'un U, ~
lrem• - Ah çà. , plaisant ez-vous ?
• - Et pourquoi cela '/
pennJssion de le voir. " Je Il'ui su que lui ~ce
r onne l.u
" - Qucl prix flYeZ-VOUs donc vend u notrc belle
lui ai serré la nmm ... El. .. eL ç'a éLé wut 1 p IqueJ' ; Je
7ivière de diamunls ?
l3ermer se tut ; il essuya deu{ lurmes 'q"UI COll,!(lJent
sur ses joues.
• - Notre... belle r ivlOre?
Il Oui. r.elle de quatre-vingt mille Cra nes 1
La veuve eut I1n moment d'OcroTsme
l
mu ernel :
- C'est que, ùilrelle, on va ,."
" - Mal s, je ne l'ni pns vendue, monsieur_
éLO l'ami de ce voleul'?
rl!1JlOcher il Michel d'uvoir
" - Alors... où eslrelle?
" - A ... il la devuntlue,
.- Esl·il plUS COupable que Michel?
T3el'0]('1'.
murmlJJJ'U
• - Vous l'OUS trompez ... Elle n'y est plus.
" Murlin Pélissie r se Irouùle. Il court il la devanture,
La veuve se leva encore eL alla 1
de jou.rnaux en disant '
c 1ercher Ull puquet
pllusse un cri et s'Cvu.nollit.
" M. Nadou<l appelle d ux sergents de viJle ; OP soi{:ln6
- Mais voyons .., voy~ns
Il
'''mployé, qui bientôt revient Il lui, et on l'inlerrllge,
réellement bien coup.l1.hle, .. ·..
me semble qu'il était
Il donne alors la lislc des bijl)ux qu'il a vendus, le nom
Eile IHlrcourut plusieurs JOul'flau '
1
liu; clients; perSonne, arnl'mt:-Iril, ne lui a demandC Il
ao~
ens ; cL, quand
elle eut trouvc ce qu'elle dé<;ira~l
menL
' OLIO lut aLtenl.ive\ )J r la rivière.
" _ Ainsi , vOus connaIssez tous les clJcnts qUI sonl
\ "nus ? lui demande-Loon,
Il Le vol d~:,
Il Excepté un, qu.i (L achelé eL paye comptant un
'/1l3
1 l'ncolet de mille Crnn cs_
• - A quelle heure '{
« Malgr6 les dCMgations fùrllloll{'s cio Mw'Un PAL' '_
" - Mais, .. jo J1e oois pas 'uclCll11enl. .. Il n'y n ]lIlS
5!e.r, III ju~lIce
a Lermlné l'insll'uction do
II
., It:i
J,mgtemps .. ,
IICUse o HUII'c, Et l'accusé pas..QCI'U proCh: e myst.6c.our d'aSSISes. La mèl'e de MurWn Péllssi nement en
" IJ lJolbulie des IllOts incompI'6Ilens:l;les, Il cst clair
rlei1110re ent.revne avec son /Ils dans 1 el' u eu une
qu'il perd i,a. Illic. Enful iJ. pl'on.once :
wTlPliO d'lvou~r
ln vérit6; lIu~
Il ~'csquCle
~lie
l'a
« - C' L_ c'est qoo ... on nOU5 uum volés ...
indignation eL u même d clJUl'é Il
emporté avec
" Un des gnnl!ens d la poix va prCvenil' le commis(Ievui~
encore luJ pul'icr aillsl el~:
,~ère
que si ollc
t>lliI'C de pollee du quurLier quI. il son LOllr, interroge le
rlc ne plus venir le voil'. Dt'pu'is ce ;:~aJt
hlcn mlellx
!:('mnt ct, malqr6 ses prIlLeslnllon,., l'envoi!' au f),lpOL,
lissier ne s'esl ph!!; pl' B('n1A\e !l la
,J~ent
Mme Pé
~(lUS
Inr:lIlpnLion du l'ni de ln rivlèrc de dwmnnls. NOliS
père il a lnlerdiL qu'on )<~rl\t
d
PII.,on, Quant nu
no jlfHIVllna donn l' aujolJl'd'lIl1l de plu;; lnngs c\tIlnlls :
quI déshonore su vlolNesse. ' evunt lUJ, do co fils,
r,?nlenlo n -noufI de dire Cju'a(JI'Cs UII! pl'elllll'I'c in.<:LI'IIClion, l'ol're.'iLnLlo n de Murlin l'('llssier a Né mainte" Il a 6té Imposs!l,le de l'ctrouvcr lln
u 1 des din
l:UC . •
'llnnls, .'oiL chez Murlin P61i
-:.~lc r "so"
Sh
,
l , r 'Z .~n
n' al-
T
U,J
go
�~
Moins iort que l'A mour
======================
lrcsse : J ulieLIie MOI'an d . On croit tou jo urs que c'est
elle qUI a dû. lui servir d e complice, et q u'e lle sait où
les dium anLs on t été cachés ; mais on n'i!l. pu relever
aucune preuve co n tre elle. On croit au.ssi que c'est pour
po uvoir épouser sa mailresse que Martin PéliS&ier a
commis ce vol. En effet, ses pa rents s'opposant à ce
muriage de la manière la plu:; a bsolue, il aum voulu
POuvoi r s 'établir sans recourir à eux . Cette hypoth èse ,
que le juge d 'ms truC1Îon a dcvel opp6e de va nt l'acc1.JJSé , ,.
n'a pro voqué. de Sa part , qu'un immense écla t de
. r ire.
"Mur lin Pélissier continue d' ai lleurs à se moquer
de la jus tice ; il a surmon té co m p ldement son a battemen t des premiers jours et est fort gai. Il esL per suad é que , puisqu'on n ' a auc une preuve contre lui,
on sera forcé de l'acqui tter . Son sys tème de défense
<!onsiste à dire que la r iv ière de dULmant.s a dO êlre
vol-ée par l'inco nnu qui a acheté le bracelet de mille
fra n cs. La jusUce p ourm he ureusèment . lui pro uver le
con traire car la rivière de dia m ants a été vve , à la
de van
t ~ , aprl!s l'he ure à laquelle Martin Pélissier
prélend qne ce fam e ux inco nnu est venu.
" Sa maiLl'esse Juliet Le IVl ora nd a été chass6e de la
fullI'ique LIe Sain t-Denis, où elle occupait un peti t emploi
d:1ns ln comp lab ill lé. Elle a demand é. plusieW's fois,
la permission de vo ir son ama ll t , perrn i.s sio qui lui a
toujours été refu sée, com me on peuL bie n le pen ser. Jl
es t évident qu'elle cherche il avo ir quel Que com municalion secrete a vec le pl'iso nn ier : elle lui envoie , jJres(jue
chl1que jou r, du lin ge o u tout nut!'e objet dont il peut
Il.voi r besoin ; et on n e les Ll'ansmct , naturellement. à
l'nccusé qu'après les avoi r S<lign<lusement examinés .
.J llsqu'à présent, on n'a r ien déco uvert de suspect. »
La ',eu\'e po.;.n le jo urnal et cl it :
- C'est vra i, tout ce1a , c 'es t des accusa lions , rien que
<les .accusatio ns... m n.is 11 n'y ,a pus une preuve .. .
Pas une .. . Et tou t ce q ue di t Mar lin pou r sa j uslificaHon, on oc le croi t [ ,US. C'est el'ucLcme.nt commo pour
Michel.
Elle sc leva, mit un ch li le et un chopen u.
- Ve;;(!z l' d it-cllu im pé!'allvement 0. IJ.cl'nier.
- Et OÜ ollon s-nous?
- VOllS ne le devinez donc pus? dit la veuve cl'un e
voix gl'elve.
- Si! je dov ine , s '6crin. Bernie r. Et j'en suis bien
houreux. . ca r j'ava is eu la mêm e ponsée.
- Dau vr e JullelLe 1 murmura tend rement i\lme ThomOl'ai n. A·[-{)lle dQ sourIrir l...
... Juliotte Morand , il cette mOrne houre, r em on t.o.i t
.Iour'de mcot les six 6tnges qui n lellu len t il sa ch nmbrelle ; et elle avait de,; sflnglots oonvulslrs qui la [0 1't;aient de S'6I'rOter il chuCfUe étage.
Ell était encore écrasée par le l'eCUS brutal du Juge
d' in str ucti on :
"Non mademoiooHe , non, j e ne vous do nnerai p o.s
ln pc rmi ssio n de 1 voir ... Vous Il'y avez au cun d roit.
d'nilleuI\S 1 C'es L bien ussez qu'on vou s permettre de lui
6ol'ire .•
Elle était SOl'UO, on ploumnt, de ce g mnd cahine l 011,
)')Cil de jo urs Ilu paruvant, on l' a va it m cnncf'e dn 1'(lI'fêle!' ol'le-il116mc , si c ~ l c n o d isui t !lUS ce qu'clle sa vu.i l ...
Co qu'eUo suvai L? l'auvr fille 1 EUe savait qu'cIl
.(:tuit o rphellnc, qu'o n l'avall élcv('e pn!' ChU I'iL6 , qu'elle
<\Vall COlll'ageuscl!len t truvnill6 toule !XI jeunesse, qu'e~l
<WHlt r'mporté 1'6g111iè!'ement les prcmlères réoompen.': cs,
l't qu'à sel1.c uns, 01 1 l'uvail prlso cOnlme caissièl'c cI:mq
Iln magasin du houlevard de Lu Chnprlle. C'est ln quc
n'Tl~I:,
qui judis avait counu ses parr.nIB . étnlL venu
la ehr.rchcl' pour llll donne!' un cl!lploi Clnns l'u." lne tIé
1\1. (le Salnt·~rmo
; ollo y lrlJvllllinil (IrlIlS lin I)('l! t
humQu, un liÏtlSqllO 18016 ILII milieu dc l'Il:inc : elle
t\~I'iw,L
hl; enL1'6cB de' bClls bruts el la sOf'lIe des boia
olP.L; ([11'11.; /l\-ni H rov rj (·rOl
l p~s.
Elle al'aJt l.U III lino
existence douce et heureuse, bien t raitée par Bern i€l'.
protégée Dar Suzanne.
EHe n 'avait ép ro uvé un prem ier trou ble , d ans cetta
exisLence tl'lmqullle, que lors que Martin Pélissier était
ven u r endre vÎlSl1e à s on a.mj Mi chel. Eile avait vu Ml11rtin chez 8ern ier, chez Mme Thomera in, à l'usin e ; Cf
Martin _6La.it venu très so uvent. On l' ulma it PU!'lout" non
seulement pu roo Qu 'il était bon, mais parce qu'il a ppo)'·
LaH a vec lu i l'en trai n et la ga ieté.
Et ils s'éta.ient allllés, ne pen sa nt pas qu e rien pû!
enrayer leur bonh eur .
Et, quand les pa ren ts de Ma.r ti n ava ien t r efus é leur
cn nsen tel11ent au mar iage de leur !i ls, elle l'avait vu si
m alheureux , si tris Le, qu 'elle s'était donn6e, bien sim,
plement, à lu i, pour le co nsole r.
Et alo rs , tout il co up , ava it éclaté ce Lte nffl'cuse c.:Ltns.
trophe.
Marlin avai t été jeté e n prison-;- accus é ne vol.
Seule , elle avait défe ndu cehi i qu'elle aimait ; seule.
elle ne l'ava ll p as a bando nn é.
Et lorsqu 'on lui avai t demandé pourquoi elle sc con·
d uisa.i t a insi , elle a vui l r épon du fièrement :
- C'es t que je lui appurtiens 1
BerrLier , Mme Tll Olllel'U m , S uzn.nne même , croyant
tous à la culpabil ité de ;Vla rlln Péll ssier , avai ent essayé
de la ramener il. d 'autres sentim ents. EUe n 'av ai t j nJouis cessé de le so utenu'; et, comme on l'ava it placée
entre l'alLernative ùe r ompre délini liver ncnt flvec l'arc usé ou de q Ultle r la [a bnque, elle était pm'lie sn.ns hés iLer.
Dans lout le quarl,ler, on la connaissu.it bien . On s e
la m ontrait du dOigt , quand elle mon Lait, à onz.e
heures, dans le tra m way de La-Chapelle.CoJ.lège-u(",..
Fr'ancc, qui la menait devant le Palais de Justi ce.
Le conducteur, qui etait aussi du quartier la regn!''
da il a vec m()p.I·lS .
Et quan d eile descenda it au bo uleva r d du PnJais , il
d isait aux voyagcurs :
- C'est Jbl i" ltc "Lornnd , la bonne amie de ce YltkHr
d e Marlin Pélissrl.el'.
Quclquofois , des gam ins dans la r ue l'insIlJtllil'll \.
Sn coru:ier ge aHec La it de détourner la t ~ Le lorsqu'e:le
l'e n trai t.
Le.s four n isse urs la servaient mul. Plusieurs disaien t
même :
- Qui sait d'où vient l'argent avec lequel elle n ou.~
pa ie?
Et i,l s en prontaient pour lui vendre plus cher .
.J1It'l<lttc ne lalSa it qu e bien pe u d'uttentlOn il lous ces
délruls,
T ouLe su pcnsée sc co ncen traiL sur Ma rLin , qui devai t
soulfrir, et dont c Ne ne po uvait so ula ger que bien t ai.blement la S<l uClran cc. E~le
en o ubliait presque la d ~.
ChLf'lll 'C qu 'i:lIe a.va lt é rro uvl'e, qtrand ell rIvai t quitté
la f·n.bri que, quand elle s'é t.ni t vue r epoussée pal' 'lE
vie ux [lNnle l', qu' elle co ns idél'ait presqul' comme un
paren t, pu r l'vluno Tllo me:rain, par S uzan ne.
uzon n#
a vai L été lu plus do uce pour elle ; ~le
lui avait 6cril
en lu1 e n voyu.nt un seco urs .
J·uJie Lte l' aVili t rO!Tl&ci
do sn lottro , m ais lill Rv-ail
r elollll' né fi èr ement le secours :
" .1 'rui encore quelques économies, m ade moiselle . Qua nd
elles seron t m angées , j'csp Ore que je re tro uvera, du
travai l. "
C'é.I./Iit sur ses écOnomi s q u'elle vivait, dépe nsan t bien
. pe u de chose, éconOlTllStlIll sur tout encore pour POuvoir envoyer "des ùouoeurs " ù S<ln che r p rison n ier .
Le mlllh UI' s'était si lourdement apf\Csonti ~ur
011('
qu'elle songcni l. d, ~ jlt
11 la pOI';~ihflJé
d'une ()I}Ilflnmnn:
Lion. :-:;a d(\r..isio n élait pf'i . S I 1I1urtin était conLln.Jllné,
cUe J'rait vivl'C JI Oil OH l' '.rl'Vcrro..L ; 01 elle \tI'avnillt'J'"iI
pre!::; Uf.) lui, pOlir lui. ..
Elle ul'rl\1l ('Ilfin au l';'xi.èmo ét{lf~O
ot fYé-n('lm d~n
.'
rol.ll' chin' peLII" ('hIi ITlhrr, où cl 1.) [l,'nil 1\11 la tlU
IJ!p. j(,' d\J. 'id 'L' • la l.! CI P\jIi
~,lPr.
�~
30
================ = ==== Moins
fort que l.1Amou1' ~'
Par sa fen être, venait une bonne odeur de printemps. 'U éno
elle regarda dans le lointain et aperçut la large avenue
mé! eu;r:u éelnt de rire retclltJt ; et le président lui·
rieux.
tes les pemes du monde à garder son séde P.anis, le ponL du chemin de fer, et, lm peu plus
Cependall,t il eut l' . d
'
loin, ].es l'uiIjes de la scierie mécanique.
cils et :eC}!l~'I.d
'
lUr e s emporte!', (fonça les sourElle n'eut inëme P!lS une pensée méchante.
- PaU\Tes gells 1 murmura-t-elle. Les voilà aussi
- AccUSé VO~1l
n'
~_"
malheureux que moi 1
Hon, de o~v
m
avez c"""":,, ~ndafl:t
Lollte l'inskucPuis, elle se relourna, tom éton~e.
Qui donc frapque , SI. vou.s (;()nlinue
oquer de
.. ln
. JuslICe ; Je vous préviens
pait à sa poI'Le ?
quer ~"v'
z ICl, Je serai forcé de V<lU6 appJjl'
.
.
, B
"'" ,r€rnent la loi
- Faites mo . .
....
E,,,,e ouvnl el poussa lm grand cri en voyan. emier
!t N'une Thomemin
premier PMx d~eur
le présrid<mt, on V<lUIS donnera le
. __ Ma pauvre en:unt, dit simplement la veuve; nous
de vous ~ed
aplc~On;
malS. VO'U:S me permettrez
7e:lOns oleurer a\'cC vous [
pas Co.nl'1l
que ltJ. Juetlœ aUraIt mieux fait de ne
_ ACU~
pa,r se moquer de moi.
x
AUDIENCE GAIE
Quand le président donna l'ordre d'introduire l'accusé, il y cut un grand mouvemellt de cul'iosilé dans la
foule éJ.égunte qui l'emplissait lu cour d'assises .
Les journalLx uvaient rucont-é que plus de tl'ois mj]Je
personnes avaient demaodé l'autorisalion d'assister au
pT' cb.s de MUI'lin Pêlissie!' ; on savait que l'accusé se
défendrait avec énergie, on s'attend nit même à. des incidrnt.s d'l.ll\JlCnce. Et, comme toules les jolies femmos
de Paris connaissaienL le heau mugusin oe bijoulel'ie de
la rue de la PaiX, comme touLes s'6lllienl souvent arrêt.écs devanl la fameuse riVière de diamants, toules voulaient se t.rouve.r là pour voLr condrunner l'homme qui
avuit volé cette rivière. Plusieurs même connaissaien
très bien le jeune bijoulier ct o(>clar(1ient hautement
qu'on ne l'aw-ait jamuis cru ca.pable d'une chose pareiile.
Il éta.it si charmant, sI aimable 1.. , Quelle désillu·
,inn ....
Et il avait une façon si galante d'uccrocf1f'l" les diamonts allx orrtll"s, et une munièl'e si t:(llie de prouver
IIIIX !wu'is qlJ
di" mille Iruncs de bijoux sont UD<l
Somme insignIfiante '"
Puis, on élniL très intrigué par c~l(
jeune fille,
ecU..:: Jll.l'dlJ.: 1IllJl()J1o. qll\ Illi t\lliL r siée l'Idole, alors
que toute sa famille l'ubnndonnaiL... On la. disaiL si
jolie 1...
:\Iarlin l'clissier entru fort tra;o.quiJ.lement ctllnJS la
gl'i1nd saUe; et il n'y eut qu'un cri :
- li n'est pus cltnn:;:é.
Tou~
u,l! plu" si on le trouvaH un peu eo~·a.iB5é
et la
Ogu ft' palic.
CoLuit un honUlIQ de laillo moye1)ne, t·l'ès bien plis
o.vcc une I.u.l"ge pnjLrIJlc, <le;; membl'ffi 6QJides se \.e.i':
minl)~
V l' de joli!? picr;!ii
.dffi ma.l.ns t.rès fines et
lIrès b'r,tncltc.s. ~n
$a~
éwûL b.lllllc pt rose, uvec
UIII! hou.clu: l'rul'Iunt, (\ffi yt'.t.lx lJIPlIS, la.rges, biell ou·
verls ; ses che....eux étaient roux el. 6D. barbe un peu plua
Clair'e,
Il :Xllu:1 gruvement J.a cour ct le jUI'Y; pUis se retourna pour regal'der l'-nu<litoil"C.
li npcr.:ul lICo.uco\lp de visages de conais.~
et
lO~
lilLCJ(lCLcusemenL Lous ceux qui IQ J'6gtLrdo.ient; e.,
COlJUlI\,' Il Il it;llI<S se détournulent, il mu!'rllUl'a :
m.
T:.s
,j'lI1liJl!cile
On 10 IllPr\1J. ulors
oollllllonçu.
1
à la oorJ'c, ct son inLen-ogaLoire
- Vos nom, prénoms et qultlllés '1
.- J,':.1n L()ls-~iu'
1 P,:Ji sic!' ... pl'l,wnnjOl',
-- \"uus dlle" '!
.
- Jt· rj S ; Jean-Lou! ....
,-- e. fi, Jo n, \ul'I~
qllahlL. votl'e emploi, si vo 109
I1lTlICZ Il l''U.· '1
'
-- ,"ni )Jlln di!, rnon ieur le pr':sir]ronl répliqua Martin Il vr:,; le Illl15 grand 'l'Jeux: priSIlJtnlor ou ~J vous
pr('1 \rc'.
Il!nltel'... logé nllX [l'uis du cou~er<,mnL
- MOl1sicUJ' le prés'de L
li
sans se trouble .,. 1.0., con nua. Murtin P'<UsslCr,
Pa!.;~
d~p
'
~,J
19n .... re ce qui ft pu se l.ta.."'Ser dans
~
~
las quon ru' r
eu l'ai1naLle a~len
fi OUl'~é
à Mazlis, car vous nv€z
les bl"wls du dch on de ru y . donnf;J' un logement où
ni.r . J'igoore Ckm~l:S
ava.:wt bien de la peine à poa.rvemois... !v.Ir.Us je u00 qUl a pu se passel' d-epws tl'Oj,s
l'Ignoreriez , qu'à p ~te v<>us afJlrmer, au ~
où VOlIS
bOlUle douzaine
époque, on compüüt déjà une
donc bief! mieux ct
crunes Impu:u.lS. La poLice feraH
que de s'nchnrne e l"Chec~r
1 5 aul.eUl'S de ces cri.rnp..!i
Unuez vos pat.i.l<.-/r 6ur ~
Inoc~t.
.. Mainlenant con·
et je làehJeml de ,~!lQ.iés
je sais qu'Il fauL les 'subir:
"
"
'
"
sUbtr
Sil ns .. ~
.
. Y~u.s
?D-usp.r trup d'tm-,
nUJ. - ,i(l m'tl;ppell.e J.oan
trente. ans, et lOI'squ'o.n
;LoUlS-Marlm Pélilssier, j'o,i
magasm de bijouLerie dQ~;
al"rèM, ) 'é1.aiLS gh>an L ùu
quj je ne cn.cheral r.as 1 1 . !'Itv~aud.
encore un li
:pe.n.se;r.
uu t Il l Il eure ma façon de
l{(.<pondC',; simplt'Jl'ent li m e s '
IIlÙOUX poUl" vous. - Vous avez ll1.iQur:Sllons, ooln v;Jlldm
lyc6e ,llenJ'i 1V : d.ans ~()u •. ,,·
1 de bon nes él udes au
.
l
"
...,., vos classe:;
~lez
CS l't'compenses o.vcc un d
' \'OliS pm'luThomero.in, qUI est l'esté VQlre"emVO'SllcllmW'adcs, Ivlichel
..
el eu!" and
- O UI, monSIeur le pN'-:;loenl' el .
...
je .suis. étonné de ne pas le v{)ir 'ici !e VOUS, Il.VOue que
qll\ aJOlJ.IRro.it la moind.re foi ~ '~
ce Il est pus lU:!
SRn..'\ doute, il n'a pas Rncore to,i';l1n~üre
arcu~.IJ()n
...
Ces pl.·Ot1~
pr-oulli,;lJ'ellt une j:!ra 1SIln voyug,~
...
Lout l'!luàilooire, où ~ol
le monde . 1j(/',?l>r~ai{Jn
dfllJ5
5aVllit que Michel Tbomcmin ser~'l!
", urtlD. f'él, ~Icr,
après.
Juge peu de l'mp~;
lAI prœident ~nsa
qu' 'n lui IL
,
accallierail l'accusé d'UUjOlll'd'blll pprenlUlt la Véril.) , il
- Si volre ami TlloTTierRin. n'e~t
allSsi n COfl.l.lrus lm Cl'i'me, un eri plIS Ic!, c'col C]UQ ~ui
rf11e le vOLre. Votro ami Tb~
~ me pl.~
~po
Ivnnlo.blo
l'homme dont vous Iwicz (ait ~r~ est en prioon. VOil~1
- Lui 1... Michel 1 s' CI'iu 1 ~.I e n~clur
ami 1
Lui, avoir fail quelque chose ~
)IJOutlCr en .bondissant
vrai 1... .Te le lt;we 1 r~UlC
C) llj" mal,l Mais ce n'e&~
pn~
quoi ~-ton
,l'aocilS(}r 1... l~
,on.t dl! ont Jnellti 1 Et ùe
_ TniSll(;- VOlIS 1
quol?
- Non, je ne ma tai'l',aj
le plus Q'l1QÏ.L, 10 plus loyal ~.
~C(;U6el'
I\ficbel l'homme
enfin 1...
' qUI so11 au monde [ Èt de lIlioi
- Assez, 1),.d~l\u8
1 En
vous.
' ce moment il ne O'Bglt que do
• l'end/lI,l!L VCI& éhu!
grundes disposllions po~'
j VOUB. avi"""
manUes\,é d6'
commun VQiJ..I& n~ en 1,1',01' Ô. ~l dessm .o'ol'nelTll)nt ; lin ami
M . !'!odulld &11 PalaiS-Ho l ngt an, cill.ns ht muloon do
dessmer ~es
proj~ls
de
Où VOUS [!Vjll. commenCll PaT
a s!'tf>z l'npidelllent Ullf) ,JOUX. VOIlS uver, aCl'Juis lIins!
pl'ér:ellscs. EL ~1
il granrle connnis:;unc:e oed 'pl<Hro.~
:) employé do
NQ.ùau~U'
VOIlS Otes devonu le pr mler
d': .
hf'
M.
Le pT'('f',idenl contin Il
mn.is collli·ci ne l'(.("Ot!; ~c
l'Ilconter ln vie de l'uccusé
On vil qu'il PleuJ"a~
~ Il 1HIS.
'
cher ami, It SlIw.nn ft' t no songcillt plus qu'ft son
Michel aVIlÎt dO l~I;r'(
.~l1JS
CCUX fJlI' l'IllT>stution de
rien de louL ceill' cluns .,\ mnllIDllf<'lJx... li ne SIJVQ.IL
on n~s
~'arcs
J['t~re
que ,'lIlloLt.e
avnlL pu lui CDVoY~r,
pnrJnr des ('Vùfllelncnl/5 d Jt IIILcl'IIll à III jCllnll nlle de
{Ill lu 1!6.0œ:lJlllté de ne l~
1 (;1101'5. Jultdte nVltlt même
li dIre OU'on l'avait, r:hn '00
�l;'i1-
31 -Ml
Moins fort que "L'1tnOur
de la fabrique ; et, dans la dernière llelll'û qu'elle lui
avait adressœ, .elle lui annonçait que le vieux Bemier
et Mme Thomeraln venaient la vuIT tom, 1es joUJ's et
pleurer ,!vec elle.
Il fallut qu'oo le secouM pour (fu'il regardfit le, préSIdent, qui étaIt arrivé au récit du vol.
_ Nous VOICI arrlvœ &. .la journée où la rivière de
diamants Il dIsparu .
1
MarLin eut l'Ill!' de s'évcHler,
_ Ah 1... OU1", cin me jllge", Si VOU" croyez /Que j?
prnsulS a cela 1
MaiS son moment d'abattement élait, vile passé; 11
r(lprenuJ l son énel'gie, 5C d15ant qu'il faUait, qu'on l'llC'
q\IJLLûl, poUl' qu'il pot n.ller drfendre son cbel' MIChel,
quelle que !t1L l'accusation qui ()t!sail SUT lui
_ Ce Jour·là, quand votre plllron est a]'riv~
rue clc la
P:LIX, il Il constaté qu_ la riV1 èl'e de dia.Jllurüs Il'était
plu s â la devuntu,re ; il VO'US fi demandé votre livre de
caisse et a consLaté que VOIId Il.v:ez vendu pow' vmgt
mil le (ranœ de blj()ux, alors que la rIVière seule en
Wlnit
Quatre-vmgl mIlle Dè.s ce moment, vous vous
VOliJS êtes même évanoui .. ou plutôt,
dvez faIt semblant, pour vous donner le temps de
èt{!S troublé, vous
V(lItS
l'I'flt'ch.ir.
"VOUS avez parlé d'oo incoonu, que vous avez
n('cust' <lu vol E., hwn entendu. r.d lOconnu n'a ja1l11llS
- Je le oonDD issais c1epuls SOIl arrivée à ParIS : 11
déjà Vlm-tl, il dlve~
repl1.5CS, et avait toujours
<lcl,,'Lé Je DeallX l1ijouJx En outn:,- il est le (rén! de ln
<l(J1I.6'i~
Curenltcll, qw li. toUjOUl'S été une des boCUlC8
,:llen\.œ; de Lu maIson
A ILI,feHlent dit, vous avez 113. plll...<; gl'andp confiance
'ÎillIl- la parole du prince?
1\ lél IS..
fULUU'cllcflIc.nt.. i1Ul·i\ol de confiunce, tlll
;])OlnS , qU'on peut en aV01r (j,ans un elllllJt qUl ocl1ét.a
11epuJs IOl\gtemp.~
et quI paIe bleri,
- C'est oe que j\l vouJ.rus vous laire dll'>" , ,\ mS1
" " TIc. vous préterule:t qu,au morntlnt m(\me où Ir prJ!lœ
pst en!;r'o ÙWiJS le mo.gusill. III. j'Ivlère û.VUlt rlojll éL1
è/1i~vée
de lu dCvarll1.lrt: 7
.. Sans dou.t.e, monslcur le président
C'c,,;'!. bIen i\~sey
'z-vous,
t" UI.'5 le présIdent U'I'donnll. :
Fal ,\'> venl!' le pT'mce Vél'énm
fl l,';.: 'r ent!'11 en lançaut Ile j'rUlS <;Il..lul.s 1\
Le prHj(~
plnsi{mrs 6légunles , pUIS s'mc!Jnll Jcvallt le prùSIt1I'fü,
qw, Il,prés !tH avoir f-lut 'prf!t.er sel'men t et lUi Il.VOU!
[J\)~,
I ~s
que.o1:{l~
d'lisage, lUi demanda ,
é l iLi-t,
Vou' COJUlitiS.1P.Z l' aocllse?
l.(lT'sque Je :;111" arn\!: û l 'OrJ/' , 'J10nSlcur le [>1'001 '
d'" l, j'tl! dell1:Jnd(: II ilia :;œur <1(' rn'WdlfTUCr un bijou,
ll'.'r ,:n
t]1ll
je pusS\! avoIr confiance, J'uvllIS I~'&lin
'Mu. sœul' ru'indlqua le O1ng!lSln
élC' r<>ll'Ouvé, .. pa.~
plus que les dmmants Eh bkll, le
mOOll'nt est venu pol,IT vous d'avouer, Viles-nous où ()('S
d1l1,man\.s onl ('té cachés ; votl'e ]Tutron, en reconnaIS'
fiUi'J(',e de..<; scrV4ces que vous lui avez reoetus OUiT'efolS,
reLir'era la plamt.e qu't! Il. portée contre vous , et le j ury
Sf.' 1l1Onlrera Indulgent; il se souviendra de VOfi anLé,
c(:tl.'n~,
Il songeru a VOS paron!.." dont vous désholli\l'P.7
,
ln viel'œ~
\' 111"2-n011S 1JlIssi que c'csl 1InC passion !â~h(\1J
qui V(IIiS a pOl1ssé il. commcllre ce vol Vou s
vOllllr" vous IIlUnCl' avec ,Julietle 1\IOl'nnd, vos parenk'
l'lokut op6<~;
il c~
llIunage, ccl argent vous HU/Iflil
pel'mis cie vnus t'I,ahl1l' ; vous TX:: '1"Z VOlIS débalï'<J$f,,.,,l'
fBciI,,'ment ct;,s rllanlllnts, une fois que les soupçons &'
!iCl'I1irlil }g!J('I',; S\IJ' ~t.
if1eOnnu .. , Une dCl'nière [uis,
, VOUMo"·VOU5 avouer?
Péh "Sl~'
_ llne del'Ilièrr fl\~,
OIonsleur lc présicl."nL. je !'épulproi NI que j'ni clAjn (lit. J'al donné les noms des pe.l.'sonnl's qui éloRll'nt \"I~nues
dans la jow'nél! ; aucune
d'ones n'a drmanM lt vOir la l'ivii're de djamlL~.
\' l'S six heure::;; du SOIr, j'éliJ.is seul dans le muga.5 in :
J'u\"''lis envoyé I.e gal'ç',on parler de,;; lettres n la posl.c,
et Illon commis èt.aJt allé livrer des bijoux dnns troi"
nlulSons, ..
- Oll Il devait resLcr lon gt..emps, ce quI prouve que
vous saVH'Z hll'n qu'C v()'\}s dentcurel'iez seul ; il vouS
oulll&nit, pour cela, cl 'cnvoy r votre garçon il J.o. postP.,
Ci] que vous uvcz luit. Conti nu{'z ,
- C'e"l, 1110J'f: q~
l'i!1c.oanu, li )'cx i stRnce duquel VOI.JS
rcfusez de oroirl', esl on ll'é ; je Il Il' le r!lppplle !ort bien :
de pllJ6ICUI'S InjOux"
Je Ilulgosm
:\111,1'1111
de III l'IL\' de la Pmx, en me djsru1L QU'li étUI 1. OU'Ij{l': l'Fr
11I1 d1/1l munI, JCLI:lII': humlllc, dont 'He o'u vmt jamais cu
qu'à se loucr l'a.llai rue de ta PUIX et lis la connm.<;o
snnce rte !vi P<-Iissler, (jlU eul la bonUl de rlcssl!1e!'
l'Ill ;if1UrS f1JlJdèles D'lU]' mOl, Je le 'l'OUVlI.I louJuurs t.rès
iJonnôte, très l'al5()11I1ab!e; aussl, je ne pUlS crrlU'C qU'lI
sOil, ooupable du vo l dont. on l'occuse J
{JUS, la bel!f: l'Ivj~a
_ VOliS tl;Vlez J'Clllllrqlll' n'~L-C
qUJ se trouvllIt 0. la de\'ëIlJtll1"! '/
0111, fllort.<.;ICUl' le tJrE'SlJl'lIt,
J "1 LSSll:r , qll1 VO' ;111 hj('n où vouJuiL eo venir
~1{,J'lin
IL pl'I'1':<I(,l1t, l'ut lm en rl'IJTI!,atl,'nc' ,
- Pl'Lnce, t;OIIVCneZ·VOlll; l.
N', st,çe pll..'> que, la
il 'l' I1lèl'e fOll; qlle VOU 5 èle::. l'cnu, lu riVIère n',' t/u. [>1\18
. il 5:1 pbnœ h:\blLu Ilc '{
LI.: pl'mee se !'1' 1.()IWnll vr!rs racu,ï~
- 'vf.'lIS 51, lllon!'irlll' rcl'<~e,
Je me ~o\lviens,
au
': ;J I~!'l1re,
qUi' 1ft l'IvicJ'e y l'laIt t.:neorc.. Je J'al l'''lllar·
1,:N', <Ill milieu de I·;! d~VIl,:"
.. EL même, cn ren!J-:Jol
chez lilu ,;œur, je lui cn 81 po,l'lé ..
Le ['Iré..<;.ide.nt euL un g,'<;I,(' dc Ll'Illmpile
_ V('IUS v.oYIlZ bien, PélJs h!r, \'OIIS n'avez plus q1.1'à
aVtl,lH)1' 1 Tou,les lcs preuves sont contre OUS,
l.1 dèc.l<u'al.inn de Vél'énlTloC UVtllt abasourdi /llul'Lin
P{jl ü,o,i el', L'ac:.cuM pronol1Ç<l cncore :
l ,rpelel.-\·ous hl Il prince ' La parure n<l rl·~vaU
plus <'.) trc lil, .. C'C'st ImpOSSible .. ,
- .le VOWl l '/L::.S\lI'C , 1II0n,Icm' PéIISSIf;\J', c\(;clnl'Il 1'3
prlnce OIY c roaLicOPJl de graVité, J'ar j lU'C cl (\}l'r 10.
\' én t.é, ~t je 111 ilis, ,le suiS, d'alUcurs, u1)so!tlmenL r;.~('
UII gJ' , bMlnlC, 11 lIIjne COIlllllune, S!lM c10uJe un
SIl>Hlr que vous SOl'LlI'ez lndemne de ce tl'l!Junttl. CD
Otrangel', qUOlCju'il !}':)l'IiU rOI'. bien le !mnçuls, [J m'a
i )l;j" on n
n'cn sera plus heweux gue moi, Je VOlIS eu
Il IIlflnJé rl'abord des bagues, puIs des montres ; c'él.alt,
oun mu pOII'()le,
dL'IlIIrU, pour offrir il \lne femme, Hien nc lui convenait,
Le président l'emerClf\ le p.l'mce et ordonna de f/lire
Ennn il m'u demandé, C'II me mon tN\ rtt des \.lrolns
n tl'el' la co.m to sc Cfl.rcO!!.c1l
Pl.a 'rllI!1S If' hlls rlu cnm ptoir
JAL tlposHion do lu comtesse ne fit que c.orl'Obolw oellll
• - Et là, QU',Q,VC7rVOUS 7
do son t.rè~
,
1\ J)I'
hl'rw,'1 1.5,
Jo me ]'~Il
1.1'1'S ,'xllcl.l'menl, dJt,.(~lc
que mon frère
• - Monl.rl'.z-Iœ·mol T
(1011 !.IL m(' hl'rc){~
un hljou ruc de la PaL", cl qll'en
1\ J'lU
dO me Uu,lSSCl' ; eL c'est 0. ce mOlllen[,..lll. qu'iJ
nU!'i\ [lll 6tcrvjl'o le hl'lh e~
rnlevel' III rivicre de lu de· , rC1ltranl il me dIt:
.J'ni V1\ une bien belle ,{)I1rur'e de diamants chez
VIlJllulle,
ton \Jijoulier
" Qlland Je m
suis relevé, il ét.Ut toujours il 111.
« J.. lII'Cfllprrs,,<;() (]'uj(\lIlc.r C)u ,6nlon moi. il esi lmposIllC'It\" plll0C , Il Il CliOn rboJ,qi un bl'Ur:r.lrt" 1'1\ payé ct
o;dJ!e quo 1\1. P"lIssler F,1)lt cnllpllb l " : c\'sL un 1rès hanc:;t pu.rli Lrlls Vile Comme 111. ctf'vanlure l'$t "II plan
fit l" ",L\'I,OJl ; d, r; ,l'la 1Il"llIr nt. , 11 dOIt ~Lro
vidime d'une
1!\J'lin~,
Je nc J'lOIIVuJS III. voIr sans la l'r!'nrr! '1' p.xpl'I!s,
erJC Ill'
que j'pl1f t' l'nng(' le
l 'f't 'luc Russilfll, et avant 1Il~mc
\.)111111<1 Jo. CUIllt('SSe ~1l
ful l' Ilr<'l', le 'prôsldcn~
dit a
hr{JI!' des hraœlRl.s lin nouvCll\l clienl est pntré llan,s
'
Fill'I bien, (lit )e pr&lldent avec un sOllrire malJn
E: cc ,li~nr
L,!
VO\L~
l'luIt 7..,
Pl'lllCJ' V'I'I"111no,
connaL<;..:;pl 1 orince Vurt'Iline?
-
l61i1'51 r o\'lInC'
\'nlx JIl 'q\l('II,,11 :
Les cJ~IX
li'ln,llgIlCl/J(' qll" \)U
qui (irnalHmL de PI'I', onn s q,1I ont ,~ne()l'
, "
lions,
V'!J1f'Z d'cnLenllro ~
lu faiblesse d4!
{' ,limer, conll'ColdJsent ùom: 1111sniumenL vas
6S.sel'
�:'-'c
32
Moins fort que l'Amour
~
Donc, en admettant que votre inconnu exisw, en
une r6campcnse ..
si je voulais d ' '. SI Je vo~lnis
accuser l'nomme que j'aime,
';, Imettant que vous n'ayez pas fait disparnltl'e vouslit~L.
lie la vérité ... oc que vous appelez la vé·
"l'illle le bracelet que vous prétendez nvoir été acheté par
"Ii, cet inconnu n'a pas enlevé la parure de diamants,
" Eh bhm la vérité . 1 .
de caché l'un' . ,
,~
e Jure dev~nt
Dieu, jo le
" uisqu '-c-Ile a élé vue il l a dl'vanture du magasin n.près le
pasSé
1
. ~our
1autre, c esl que, ln veille, nous al'ion
' r, ment où votre incon nu serui l ve nu ... Vous n'avez plus
moi
a sOU'Ci! ens~mbl,
<lt lous les deux, lui comme
, I I' la r essource de nous dir\! qu'il est venu plus Lard .
, flOUS ne pClùSlOns qu'à nous aim€!r, à flécJ1ir sc.>
- Non, non 1... intp.I·rompit ~lurin
avec col Ore , il est
~nts
... MalS voler, lui !... El poul'quoi 1... N·avions.
1 !l venu il l'heure que j'u i tilLe ... El, puisqu 'il ne vi e-nt
c h~n
Ilas [assez ~ur
l!lre heul'-eux ? N 'avjons·nous pus
l ,s aujourd'hui déposer ici. c'est que c'est bien lui le
. ..... un no re POsllion ?
Elic c
...
' upable 1 Voilà 1 Vous souriez 7.. . vous ne me cr oyez
SOllri . €5S;a d ~ regarder les mombres de la cour, qui
l,as ?... SoiL 1 Sourira bien qu i sou r [rn 10 dernier 1
_ ~l
.~rolq
uern
e nt ; ~lIe
se tourna vers l es jurés :
Ic défilé dcs Lémoins conl inua.
n'ont
. J n 8J. plus besOIn de parler à ces hommes qui
'..-e ijlrcmici' qui vinl Cut M. Naduud.
d
Ifl'adri~
à e cœur, qui ne saven t que condamner .... Jo
Il l'acon ta la scène de lu tll'clll l verle du vol, telle que l es
mille
.
vous. qUI 6lcs sans d ouLe des pères de f a·
Irnaux l'avaient donnÔll des le début de l'uffaire.
l'('ndl:e :~ul.ne
cO~P!
·endf
z ... C'est vous qui pouvez me
_ Jusque.l,). dit-il, je n'ur ais eu qu 'ù me 1011er de ,\jol'lin
li 5 ~ier
"S' . 1 que J -l:lJme !... Je vous iure que Marlin Pé·
· ]'ssicr; c'élait l e meilleur ge:ranl que je pusse r [ l'el',
~
• mnoc~t
!
.
l'ail, illl'Jl!igent, tr~s
honêl~.
Je ne puis meUre sa der·
.
Le p r é SI'd ent, Impatienté
l 'in' - nompl"
- C'est h'len
de Colie. J'UI·X .
,""
•.
" ,'C action que sur le comptA:: d'un UCl:è~
()uand
Il
,
mudomoiselle,
fletirez·vous 1
jours cu la plus grondE' c,mlrunce en lui.
,
e e re-passa devant 1 - hl' .
Illuro d'adm' l'
e pu IC, II y eul un mllrAinsi, S'écl;U ~Iarlin
Péli!'sier, vous aviez assc7. dc
S'él.aitnm~
Ion. ~on
\ 'is~ge
, ,,?ut il. l'heure si pâle,
' Ifiance en moi pour me dllnner la gemnce d'un magap ~ rbe
. ses ~
ses yeux nou'S brtllaient d'un éolat su1 qui, ]Xll'Cois. conte nail près d ' tin million de marchlln·
g('osses' boucl n~x
cheveux châtains s'6chappaiellt 1 hr
]I~ t'S
; cl, quand on m'orcuse J'un vol de quatre-vingt
rogardu. S'éloi~e:
a~n
cJl[\,pea~
noi r . Martin Péli.:5;·~
JI<
'1 Ile franc.;;, quand j 'uIliMle que 'je sui s innocent, VCUS
- Oh 1 ma chOre ~c nttendr1ssement et mUI'ïl,ll'a :
l 'l';ez plus conllnnce en n,oi, vous ne me l'oyez pns ?
(l'amour 1
uhetle 1 Comment le pay !!' fl~
tant
vo i là yolre connance 1 Vous oviez connance en Jrloi
l'CC que je vous faisai s g"Jrtcr beaucoup d 'urgent ! .. .
La porte des témoins .
ques instants il y eut se r frnma sm eJJe. Pendant quel·
! lis, depui.; dix ans, j'U'IIILI" pli voICI' dix fois ce qu'clll
,~n;c
une houle Sld' lOllt l'au,l.,
Loire, La d6posilion in~
,'aCCuse d'avoir volé 1
- Le malheureux 1murmura il!. Nndoud, avec j'égoIsme
boulever sé lout le monde e~
de J l~te
.1I10ründ U\'lllt
uciont
d'un homnlc l'i rJlc, arrivé et tranquille.
cc 6e tel'lnincruiL par un 'v °d ~ pensult déJù que ln sérul·
l ' ~o
"1
.
'
er
IC.
d'acc
u·u
Aprés lni. vinrent une diZAi ne de pers(}nncs, qui t{1ll!V ms, presq ue aussitôt
le l'ési
1 1 ament.
procureur de la Hé,pUblfqllCP
.den t donno. ln parole au
, ,nrent les u,)posilions l es piLlS fUI'ol'ables sur le~
UlIrl-denL de l'accusû.
pou~
prononcer son r éq l ist~
~UISC
I~ Ya solennellcOlell t
ct <ltt de fOl't betlles ph ruws 0 : 'lPUl .a très longuem.'nl
Enfin, 011 intl'OII I:isil Julielle ~ l O!'ond.
ct d' ~bus
de connance ; ~i
r~n[t
alt quesLion do vol
Elle S' (II U1.~·
a fit" , ment jusq.t 'ù la bn.rl'e, Lil, <'lIe 50
noirCIr compl ètement l'accusé.
u e v l, do façon ~ •
•ourna '· 1 vit lIlurtbn. Sans Ill:. iter , elle l ui tClldit lèS
Ille représenta, d'ailleuI':' comme
IX lTIC<IllS ct bu.lùutlll :
gercux, vivunt duns la d (\ba
~ Che
C,: ~n
homme Lr~s
dan·
- Ah ! pounc ami 1
]Ia!' nt.s, auxquels, par 'Illlnanil'é ,liSant 1'0lJglr sc,; vieux
- Merci! mcrci 1 pro nonça III jeullo homme. , Ierci,
hontes do Iii Cour d'U$sil><'S.
, I l IlvalL ~pargné
1("
1 ra chère ,' ulielte 1
Il purla de JulieLte Mor'und CC>lnm
'
A,prés !cl> prcmières que Uons , le Jlré: iùent lui dit !JI'Ufiues si rènes de la vie purishmne
le d Ulle de ces pcr·
! ,.Iomcll t :
qu détournent les jell
nes gens do leur uevoil....
- \ OUS étiez ln mFtit 'C6SC dr l'accuse} 1
1 endllnt to ut cel acle <l 'accus r
Ço, c'cst trop 1 hu!'l.n ~Inrli
(jl'PC 110 mouvement
houssait conlinuellomrmt ks épa ~ Ion , Mn,rtin P6Iisi;'CI
tl·indiglllltlOn. \ vu ' n'UI(!"[; l,as 10 <.Jol' iL dc demUJlllel'
noncer :
tI .cs. On 1 enlendit pro;.
('(lIa ù mademoiselle 1
Le pl'(.'Sidcnt alait r Opon drc par quelquo apostrophe
- Animul 1... Imbécile 1. .. CI"'lin 1
1 il'ulcnle.
El. lorsque le procureur pa 1 <Ï"
lui cria :
l' n
JulietLe Morand, il
fi f ut intel'I'ompu par l a jeunc fillo qui disait:
- Vous in.sullez une C
- Pourquoi donc T Cro)'cz-VOus quo j'en 'rouNisse mon
IÛlChe 1
emmc , monSieur 1 Vous él s un
• ' Cl' 81T1l ? Oui, monsicur 10 pr(:si'clent, jo suis ';;a f ~rnme,
Le procureur term ino en
jluisque je l'ni me do tout mon il Ille , quo jo suis toute ù
lion d r> 1Ft loi.
requérant une s6vOro applicnlui 1 r,[aHltcnanl, que vOlLlez-vous d moi?
r,ta!lernoi"elle, tl1 ch z do 10US ca lmer un peu . VOll q
En s uH~,
ce fut le tour d l'
1' .11 1ll.lll fi dé.monW'cl' que ~uavocl,
qui s'attaoha nalu
d rcs dans un éla t ([' cxnlLutlon qui no peut que nui!' fi
<lit était ub.~rde
1 ce que 10 procureul' ILVllit
, homme C]1I vous aimez ... Lu jUl>lico, cependant, il toi
AncIen cumarndc d'l![ d
1Il'('U\'O ni' l'S vous de 10 p l us gl'nnde indulf,CllCC : 'Lanl
jeunesse studieuse, sa ~] cs d de MurLLn, il d 6pelgnit sa
don a!"!::; ] - l' i~Üons
intimes qui cxisloCnt onlr VallS cl
JI 6muL l'assistance n t) .c travaIl.
'accu ... 011 aurüit ou le dl'Oit cie vou considérer comm e
Illdol'nble jeune nllc ql ' p~rlnL
des vIeux pnrenL-,; d~
:t cOll1)Jlic ...
A
Il nvall Ne Iidi'lo
'
() monlen t, MIIl·tin 1" l "
. . 6U malhclll· ...
loi ' on l'a fnlt, lTlonsieur, dit brusquernent Ju·
i
~
ln
l'Imn.r:mes
(
ln
r
c
~
l
i
p
n
r
o
il
hall
t
voL':
Je] w.
011 lll'il IICCIl';.!O d 'uvoir ces cl1llora nc' , que vou s ]H'CnUl'C, OOS choses.lit, Itl ~ r~ JlI<CO t cupo.ble de COOl,
l , ~I(\ ncl~
avoir été volés pOl' lui. .. Et on ne m'u Inis50.'
Celle ln tCITllption nt l '
dl'nL uécln.1'Il que
LLe < plu~
<I6~lornc
freL; 10 Il't"
~I .
sll l"l'eiller, .. On nùl espi l)!lf n li1 .1e rl ~ que pour mieux m
(hnL ]'uyocnt t"I~
'
condulle élalt mlrMr:lblc f'
II
11('(', .. On II1i' f. Ui \',lit pal'Ioul, rornlTle, pnr't oul, des '11'c's
,
. ~ "Ulla S I ' 1 . .
' '. '-"
.
IllC'nt l'acqulttelllPnL " Il'' III( omo n dt'1!111ndllnt hlllllol1chcs 1ll·11l:>ullnien L.. , On pUlll'Ult hlen mïn ,;ulter 1 Jc
.,
r
Il
..
0
nC
Cll
~.
1"
1
I~"
(tVIIl. orrnl' entenl <.lN ' 1 <l
, '. ,II III f'hssll'I'!tu
Il'umis l,l u- p(' r sonne poUl' me Mf/TlIII'(' 1. .. 1 lt 1 j'ni (U
all(' lIuanles.
· 1 n< Il
C Ihl1:J!CI' 1 • (; iI' ~
.L Il'' ' .
J" (' OU I' ~ 1' de "')uffnr sun s II1 C plnuHlre ; mn iS , uujollrQlI ll lld, au UOllt d'lin ]
tlillU Où VJI1lle monrl!' prout IJI"" IU ri r e, j e [110 '!Elin<' hnll ,
il .v cut lin grnlld sii 1 ~ lcufe, 10 y l'd lcL lut l'apport
1 fIlNl t qu'on ~:C l>t ()()/lCllJ il \"
.vi s d(' 111 01 d 'Urie Cnc: 1/1
Il.1C(mnU cOllf,ab!t, u~"
.
l :ld l 'Tl '" Oh 1 je me OI( , IP IH!t'1l 1 to I jull1'8 (le (' OS l o n g l '~
l'acrllSl: <: toit ('orll lall;n ô il c fl~rcO
. IllIle. ~ nltt"nll nnte
• 'Ill !: .) l n " 'ahlilci d 11 l U rI! !l' ill Il'11 ll,m ... On vr 11"b r Un écollb ' ailS S1urci ll IITl C; , C tl'lVUll , r l' 'é:;,
111 t II I ar. urhcr dl!, 111'IW ... . CJI1 III Il'Il l l ni l OllV(' r["lIlP Il
Il IlU Z tla nl) II I\! 1
~r,
P li Il!liL:
C,OI 11' III v(,le 1 !l, {,t on In dl nll IJ U ' j e • r !s ( JI U'dl.! t .. fI! lll1e bd:s\!.
,Il'" ~1 l> Ille ~ 1~UI'6
, vou" cne,/;
~n('i,
si {J DIUlrll: ... . ~l t': lUC.
un 10;, 011 11\ ' prell.I!.
?
ïi
�Moin.s lort que l'Amour =================== = 33
~
DEUXJÈME PARTJE
LES AUDIENCES SE SL IYENT ET NE SE RESSEMBLENT PAS
C'éLait, il peu de chose près, le même public que quelques jol.lJl'S aupaxa va nt. TOlliS ceux qui avaient vu condamner Ma·rtin Pélissier voulaient assister au procès
de son ami, l'ingénieur Michel Thomerain.
Rien de nouveau n'ét.a.it venu jeter la. moindre lumlère
&ur œ crime mystérieux. Miobel avaiL continué de nier
avec la plus vive énergie; et le juge d'instructi on n'(waj~
eu qu'à suivre le cheruin tracé, dès le délbuL de l'il.fa.L"e. paJ' Le prOC1J!1'eur de la flépublique. On avait
accuffiu.lé preuves sur preuves contre Michel ; et perSOnne ne doutait de l'i.s.slJe du procès. L'ilùg
éni~
ur
se.roit
au verdict,
8O!remenL condamné ; mais, avant ~arive
On passerait par Ulne série d'émotions tout à laiL pa,LpiLa.nt.es : aussi la foule des élégantes qui recherchent les
émotions de ln Gour d'assises éLaJt-clle plus oompacte
que jamais.
On se serait cru dans une salle de théii.t.re un solir de
Première repl'€6entation. On se saJuaiit de loin; on bavardait à haUite voix. Et la' bande des avocats était
enchantée comme une compagnie d'acteurs qui [ait reoeL~.
On cliscutait encore le procès de Ma:rLin Pélissier; Les
Uns croyaient il. son innocence eL a.rfirmaient que le vol
e.VUit dQ être réellement commis par cet inconnu ... puisqU 'il ne s'était pas représenté ; les aut.res disnient que
Martin éLait bel et bien coupa·ble, que son inconnu étalit
un pauvre produit de son imagination, qu'il avait eu
l'adres-se de mettre les diaman>t.s de côté, que sa maih\lSse les vendraLL à J'étranger et que, lorsqu'il aUNiit
term.iné son temps, il retrouve.rait là un bon petU capital,
Ill.CiI.ement éOOnonI isé.
- C'est tm udl'oit coqtùn, votlà Lout 1
Tous reconnaissaient d'aiJ.l.eurs que sa tenue devant
ln COur avait été déplo.rable ct blli.maienL le pr6sluent
ùe n'a.voir pas sévi contre un accusé aussi peu respecl1<eu.'{ de ],a juslièe.
- La preuve qu'il est co u,pable , disaient ses adver&<.tires, c'est que, dopuis qu'on l'a ràmoné il Mazas , III est
el'lchanlé, se moque de tout le monde; il est certainement Mvi d'(,"11 êke quitte il si bon marché.
~nis,
lorsque ln COUJ!' paru 1, on ne songea plus qu'à
Michel Thomc.z1/.l.in, qui wLlalt ôtre inkoduil. Ce qui avait
OOntr.ibué Il donner à Michel l'al:lure d'un héros de 1'0lTlam, c'œt qu'on sava.it que M. de Sainl-Ermond avait
dema.ndé qu'on le mil en liool'\.é sous caution ; I.e prince
V6l'6nlne avait proclo.m6 po.rLu~
que j'ingénieu'I' ét.wH
in nOOent el qu'on ne pourrait pus le condamner. Les
l<lUrnüux aval nt parlé va.guement d'Uille inl.rigue d'lIlnlour qui éta4t la Oc1.use de tout; on n'ignorait pas que
M1lc de So.in IrEI1llOilld élAit oJlée plusieurs [ois chez la
Illère de Michfll ThomeI'41in. M. de Saint-8.rmond o.vait
tno~
ann1)n' qu'il n'aLl.cndaiL que la mise en liberté
dll Mâchel pou.r lui conllel' la reoonst.ruction de se. nouvellll Usine.
ÂIlSSd, toute l'opinion était-elle favorable à Michel
~Ift)iqu
'on
sOL parfaitement qu'il scrai t oondumné, œr
U.l le monde le cl'oyait coLLpublc.
lIJ~
Mlellel Thomernin pn.rut; et la sympa.thle qu'il inspis'augmenta encote.
.
1Son Visage, ravage' jAlr la douleur, avait une CXp1'CS~ On sl.ll.rlime, oos yeux noirs bri.l~()1t
6Lru.ngcment.
u millou de ses cllCvcu'( el de sa barbe, d<Js poils
!~Uent
blanchI. !:)cs mains éLaien~
nmaig.rios et blanche::.,
,Ga haute LaHl.o s'étaIt un peu voOlée.
..,E0l.l'lc.s les conVC1'!lIltloDs s'ar~lcnt.
On ()LaiL' réeUe"""ut saisi. Michel ne regarda personne, el il ne répon"01lt6 FORT QUI' L'AWOUR. -
•
~
dit qll!e par Wl signe au salut de son avocat, - le
même qll'i 8IVaiL défendu Ma.l'Lin Pé lissier.
Ce rut a.u milieu d'un silence religieux que le président lui ordonna de se lever, et lui posa les premières
qU€6Lions. MjcheJ répondit ld'llnquiilem.e n t, 'd'une voix un
peu sèche que coupaient, de temps en U>.mps, de longs
1
(Tissons : il avait la fièvre.
Sedon l'usage, le président raoonta en détail la Vle de
l'aœu.sé el appuya longuemen t Sin' les preuves nombreuses de dévouem ent qu 'il avait donnœs à tous ceux
qu'~1
aimait. On aurait pu croire que le magistrat vouù:Lit préparer 00 acquittement.
On entendit même un avocat, qui se croyait Irœ
spiriLuel, dire :
.
- Estree qu'on va déce~
un prix Montyon il l'ao
cUBé 7
Ma.is c'était tout simplen~
Jne habile opposition que
re président avalit pr6parée. Il changea lout il coup le
ton de sa voix; et, de vena.n L sévère :
- Comment, après cela, aVCl'VOUS pu devenir criminel
Pour la prem ière rois, MIChel euL une révol'te. Il lit
un grand geste; on cruL qu'il allait paTler. Puis il
laissa re~omb
son bl'as, comme un bomme résigné à
tout entendre. 11 murmw'a scuiemellt :
- Continuez, 1TI0ns.le1.1 r. Je vous dorn&.nde pa.rdon. sI
j'ai fa.iW vous interrompre : c'est que je "'ne suis pas
1uùJ1lué aux eHels oratoires de la COUl' d'assises.
- Oh 1 reprit I.e ma.gistl'at d'un ton dédaigneux, je
sa.i.s que vous avez rué ; et, sans doute, nierez·vous jl,~
qu'au bout, tandis qu.'un aveu de votre part simplifi rait
ce prOCès et disposerait le iw:y à l'illdulgence.
- Un aveu 1... Ah 1 oul ... Depuis deux mois on veut
absolument que je m'a.ccu.se d 'un crime que je n'ai pas
OOlllllIÙS... Folie 1
- Racontez-nous ce que V<lUS avez fail la nuit du
crime,
- C'est inutile, puisque vous ne me croirez pas.
- Vous refusez de !parler ?
- AbsoLument.
- Je vais donc le raire pour vous. - Vous aviez f]lIittê
M. de Saint·Ermond le m.atin après une violente discussion. Toute la jOUll'née VOlliS aviez l'oulé, dans t; , ,I.re
téte, des projets de vengeance ... Vous nvez su les r O ('lIe'!'
il votre mè.re, cc qui pl'Ouve votre diSSimulation el \'uIJ'e
prémédiLat.i.on ... Le SOiT venu, vous partez sans rien clire,
VOlIlS espé.l'iez ble.n que vous ren~icz
de mf!m<, , une
rois votre ooup fait... Mais, SUI la route , on vous fI vu
pa.s.9Cr. vous S1Cmblicz Ivre... \ ous aviez bien l'n liure
d'oo homme r i Vil oommettre une mauvaise II 'lion.
Ennn, vous p(:.nétrez dans les chantl~rs,
avec Ulle r~lé
dont voU's n'aviez pLus le droit de vous servir. T\)11'1'
quelle raison ourlez-vous pén61.r>é dans cos chanticl's,
si cc n'esL pour a.ccomplir vot.re ven geance 7
Le président se tu t, comme aUendant une réponse.
Michel resta Im,passible.
- Vous voyez. Vous ne t.rouvez non Il dire. On a
essayé de fo rmer une légende autour de vous, on a parlé
d'un rumour mo.lheur(!ux, d'une jeune fille ...
Michel se redressa el cria brusquement :
- Taisez-vous, m.onsieUT 1 Je vous défends de pn.rler
ici de cette jeune Hile 1
Il Y eut un murmure d'admiration dans toute la sulle,
car on s'attendait à ce que MIChel exphqufit sa ['1'/\sence dans les chantiers par le .r:ésir [Ou qu'il R\'ail
èpl'ouvé de revoir !:)uzu,nne de SainL-l~mod.
Et, de LuimM\e, il OOaI·lIa.it ce moyen de délense.
- ,Tc suis enbré Ùa.ns les chDJlticrs ; je reconnnis C]11b
j'sa cu Lo.rl. C'est Lout ce qlU) vou.~
avez le droit ne
constater.
- Et c'es t ce que je oonstate. Je constate aUSl:i que
c'eSJl., d '/lpl'Ils vos décJrur'atlOllil, environ une hew'e a près,
que le leu éclate en trois endroits difIérenL
~.
I\:OtlS
sommas encore d'a.ccord là-{iessus. I ~t j'ai le droit de
dil'C que, pendant œ temps, VOlliS p.réIJ[lliez v tre vengoanoe. SMl.s cela, qu'a.Ul;ez-vous (rut 7 Vous ne répondez pas à cetle question 1 C'est que vous sa vez hien (Jue
là est le poinL lo,lble de votre dérense. Enlin l lell ~
mis. Vous êt.es vruuté. Vous n'avez Dlus au'il, luir. Voua
�~
34
essayez de fuir par l'usine ; mais comme, de la sa1le
du bufIeL, on peut vous voir, - on vous a vu, mOme , vous hésitez un instant, vous vous a1Têtez ; puis vous
revenez dans Ip.s chantiers.. . Les agents vous aperçoi·
vent ; et on vous a.rrète , au moment mème où vous
sEIJutiez paT-<Îessus la balustrade. Vous VOllô laissez
prendre sans résistance : vous comprenez que vous êtes
perdu, et, sur 14) moment, il ne vous vient aucune idée
pour vous justifier. Ce n'est que plus tard que vous
inventez un petit roman dont, heUl'eusement, la justice
n'a. pas été dupe. Alors, au milieu de cette nuit telTible,
surgH P)U:l' vous une occasion inespérée de vous laver
de votre abominable action . La fille de votre ancien
paLron Il va; L eu l'imprudence de l'entrer dans la malson
('n flammes, pour y chercher celtains objets... particulièrement précieux. Vous la voyez appa,raHrc à son
halcon, que les flammes lèchent déjà" ct vous vous précipitez à son secours; vous écaI'lAlz tous ceux qui pourraient vous aider ~ la sauver. Et vous l'arrachez à la
rnœ't, avec un oourage auquel je SUIS le premier il. rendre
justice. Déjà vous vous imagiruiez que votre forfait allait
êLt'<! oublié, quand les agents vous remettent la main
au collel. L'incen.die s'éteint peu à peu, Les magistrats
sont aJ'rÎ\'€.s , on procède à votre interrogatoire. Et, o'est
alors que, pour déLournel' les soupr;ons, vous inventez
un inconnu ... le même inconnu auquel vo1re ami Martin
P8ssier s' t ad.ressé aussi vou.l' faire croire à son innocence. Seulement, je vous préviens que vous feriez
mieux de chercher un autre moyen de défense; car
œlui-là n'a pas réussi à votre ami : Martin Pélissier Il
élk condamné à huit lUlS de lravaux forcés.
Ü'ttR nouvelle, encore inconnue de Michel, le remua.
profon.d émeni,
Il compara, dans son espIit, la situation de 60n ami à
la sienne; et il s'écria :
- Si vous avez condamné Mar Lin Pélissier, VOll.S avez
fr.a,ppt' un innocent) ,
Le préSident sow'it et continua :
- vous étiez bien di{,rnes l'un de l'auL"e, car vous
n.enk'z a - i bien ct aussi fn.cilement l'un que l'autre.
J' I1n:5 d exposer votre système de d~fcnse,
puisque
\'OI1S a ez refusé de parler. Vous inventez donc un
inoonnu, qui an:rait Laissé Lomber un objpt en passant
d v'Ilnt vous. Vous montrez cel objet: une boite d'oHum l s ; ma.is celn fOll.l'nil une arme contre VOUiS, caL'
c'utaipnt das allumettes l'us..<;cs, semblables Il celles qU'on
fi trouv(.es chez VOIh5. Puis, Il l'endroit môme où VOtlS
nv'f:'7. snuLé hors des chanliel's, on retrouve un pOI'Wf \ 'li.) d hlJT1cation ru 'sc ; vous voulez soulcnir que c~
porlefeullle appal Lient Il volre Inconnu; mais VOu.o; YOUS
lroub' z en voyant. qu'il POl't~
vOW'o Injtiülc : M. Vous
chez vous, Col
nfllrmcz quc VO\ • en avez lin s.~1lJIahc
qui
t exoct ; rw! s la j\J.:' icc n'n pas besoin de long1AU11j)5 cherd1el' pour deviner que l'un de ces portefeUilles
(l.alL d Liné il. vot. ' n.nli Mn.rlin Pélissiel',
Vous o.hlez
l'nl<:ndro maml"n ml l''s témoins dont les dépositions
·uc
conflrIn"ront enliCl 'Illent Les conolusions de l'I~t.
li On,
c< Frul<l.s en1.r'r le prince Yér6nine?
.Michel ut un mou\'ement de curiosité, que lout le
monde r'e.lTllLrqua.
Il ~
dl1lnUJlllniL ce que le pl'ÜICC Vél'(mine pouvaiL
11\'011' li dire sur' son alfnÎl'c.
I.e prinC<1 cnlra Il promenant 6011 l'q;anl un fl('U
t l'liudltoir , rwcc ln slf~unc
d'Ull IU)TTuno
sait olan!!. Conuuc il étult l'''au , ]I!lne et
(.1 ng l', u' \S lc ft'mmcs le LrouvorclIl CIIlIl'IIIUI.lt ; ct
il ache '0 de S<'dulrl" l'IlUIlitoire, lor6qu'lI réJ1lfnolt au.'
q l 'l,tlons du /116:: Idcn t :
.,'
J m'HI'p 1) (jll'/llrl \'6rénlne ; ]'éllllS, prmce,d otnd l' Il garl!:; r .. 1'1 mp!'1 ellr ; mois <X's )Mes III ouL él'(!
"1 Iffi P Ir ra n pol./f.iquœ, EL jo n'ollLlldb plU? qlle
Il'0.\0 l' li t~ 1\lrl li SC1. longkmps pOUl'
u\'(\Jr me
( 1 n ur II r 1 l'lIlIçal),
r.omn •• on éln! L cn persuod(! Cjuc le princc o.V IL quitté
(, li 1 cu.t.. dune oon pll'll.Lion, li parut, il Lou, ,
J Hl
\1cUrnc 1
q d'ull régime de tyrannlo.
\' u!
nOlis dll'o co que vous savez T lul rie·
ma.ndo iZrucl
ncnt le nr<:&J.d IL.
Moins fo rt que l'A mour
~
- Oh ) for t peu de oh ose. Je ne sais sur M. Thomerain
que ce que j'a i en bendu di re pM' M. àJe Saint-Errnond el
par ma rsœur. Et, comme eux, je su.is absolument persuadé qu'il est j,nnocenL 1
Il Y eut encore un mouvement d'!lJpprooation dans la
foule; on 5aJvait très bien que le prince faisait la cour il.
Suz,anrne, eL oh trouvaiL qu'il se co.nduisait .avec beaucOlllP de générosité vis-à-vis d ' un Iival. Michel lui-même,
le Jjri.nce, se défiant de Cl'
très étonné, se mit il. dévis~er
secours venu d'un élrangor.
- Cc n'est pas ce que je vous demande, dit le rH'(;sident
au prince, Veuillez nous raconter ce que vous ll.VCZ vu , la
nuit de l'incendie?
- J'ai déjà eu l'honneur de le dire a.u juge d'instruction. Je me trou.vais dans la pièoe où a.vait été installé
le buffet, IOl'Sque le feu a éoIaté. Maohinalement , je me
suis penché pour regarder yers le fond de l'atelier qui était
éclaiN! par lïncendie ...
- Et.. . vous a.vez vu ?
- J'ai vu M. l'homerain , qul st>.mblait hésiter, puis qui
fuyait.
- Vous l'avez reconnu ?
•
- Oui, parfaitement. La lueur était .si vive qu'on y
voyait comme on plein jour ...
Michel l'interrompit doucement.
- Vous vous souvenez bien exactement d'avoir vu mon
visage, monsieu!l' ?
- Oui, exaoLernent ; mais je m 'empresse d'ajouter que
je ne crois pas le mo ins ~u monde que ce soit vous qlli
ayez mi.s le feu .... Et je m'explique même ... fort bien ...
votre présence dans l'usine ... Sans dou te le dé::>ir d'as'
sÏ6ter de loin .. . il ... la fêle...
Le prince, maintenant trouvait mal 6es mots ; et JI
bal'buliait, comme s'il avait eu peur.
Michel s'était levé et fixait un regard terri ble sur lui. Et,
tout d'un coup, il cria :
- Vous mentez, monsieur )
- Aeousé, laiscz-vous, dit le pl'ésldent. Jusqu 'à pr6sent,
vous aviez formellement refusé de nOlis dire oil vous étiez
allé, a.prt'S avoir mis le feu dans les chantiers ; vous sa·
viez hi n que ce serait une charge accablante pour vous.
Et, dès qu'un témoin - ténlOi n qui cependant. vous est
favorabl - nous renseigne à cet égard, vous lui dites
qu'Ii ment. Eh bien, je vais vous d ire pourquoi vous étiez
enlrô dflns l'uf>ine. Le prince Vér6nine voudrait, avec 13
g('nl'l'osité de son camct1!re, VOU6 fouTnir une excuse; i'l,
lleoI'(!
00:11. douto, voll'e Qvoed.t dherohel'U tlne exou';(J
plus l'omn.ncsque ; IlInis, la vér ité, c'est qU'aprè .. avoir
miri le [cu uux chantiers, vous vouliez le motllre à l'U!·/flc.
C'œt pour cola <Ille VOliS ne voulez pas que l'on VOUS diso
que VOliS ôtes entré dans l 'usine.
... 1'111'<.1on, monsieur, repllqua h'olclom nt MI('hel je
onnais que je 'uis entl'é dons l' usi.nc ct que j'y ;;ulS
mf!me: resLé IlSS(Yt longwJ11!PS. Mols j'affrrme que monsl/'III'
a. I1wntl ) Il n'a. pas pu voir mon visage pOUl' lin l'RI;);!
bien impIe, c'est que j'N.I\is cacM derrl{)re Hne IIlfll'hin"
t que, pOUl' allel' de c Lte machine il lu !Jorl{! je hIC
'll'S couvert le visage de mes. deux maina, Jo l~ répèle
donc: \'I)U, av('z menti, monsieur 1
Le tl'oubl(' du prince (~tai
vlUi po s6. Il av(üt «conté '"
délcnso de Mio),,1 avec la plus pClrfnllo t1'Rnq\Jil(~
. Ù
sc contenta de haussCl' les (lpaul " en preno, t:'
�~
Moins fort que rAmour
===========::;::::========
- Olti, monsieur le président: il taié
~ comme fou.
Mi.c.hel détourna. la tête quand son ancIen patron passai
devant lui.
On appela alors La. veuve Thamerain, qui eut le courage
de faire sa déposition sans se troubler et sans ple~,r.
_ Je <lirai, moi, déclara-t-elle, ce que personne n,6. osé
,de ,Samt-El,'dire. Et, si je parle, c'est parce que MlI~
mond m'y a auwrisée. Elle et mon fils s m 8.lent. L';II,
le iPauvl'e eniant, n'n pas su lI'ésister au dés~
d.e la VOlf.
Ce iIl'est que pour cela qu'il a pénétré dans 1 usme ...
- Oh 1 ma mère 1
_ Non ne m'arrête pas 1 Une mère a le droit de dire
la vél'i té , 'toute la vérité, pour sauver son fils .. . ~t alors,
il y a eu une coïncidence é{p<>uvrunt.albl... . Un mlSér~
a~mis
le feu ... Mais je jure que ce n'est pas mon fils_I__
_ C'est bien , mad.a.me. Veuillez vous :retirer ... AllollB,
. '
. ,
eiHons... dU le président.
La veuve lui jeia un regard lDdlgulé. Elle s adressa aux
jurés :
_ Sur l'amour que j'ai pour lui, il est innocent, mes-
a:
sieurs 1
flliclJ.el mumlUra :
_ Va .. . Ya-t'en, pauvre mère 1
.
Bel'Dier qui vint onsuite, eut mOlllS de courage ; Il
langlct.a. la balTe, répélant wp1'ès chacune de ses l}hra&es '
-'Mais il est innocent, messieurs 1
Sa déposition serVIt à prouver que personne ne s'étaU
lnitrodu~
drulS les cLanLicrs, car f.l en avaiL . enco~
faü
le tour dans l'après-midi. LofS:<IU,11 euL te.rminé, Il était
teuement .accablé que Mlooel lm dit :
- Du courage, mon vieil ami 1
Le brove contremaitre s'en alla en pleurant
11 fut renlpLacé pal' les agents qui avalent arrêté MiOOel,
lit qui répéLè1'ent simplement leU!' première déposilion.
TouL cela avait marché lrès rapIdement. Il n'était encore
qUe qootre helll'cs du soir.
Le procurellr se leva et, d'une voix ironique, comIllenoa son réquisiloil'e,
- Il Y /1. qu('lqu(!.'S jours, je Mloodo.is la société conke
lin criminel danr'I'eUX , qui, avec une habileté eL une uu~
IncroY.'lIJ!.cs, ILva.il com/llis un vol considérable.
Il nLait, naturellement. Et ocpendant , comme il Cü.lIait exPliquer la dlepOl'ition des oIJjets volés, il décla'~i
énerr,i·
à
'lUcment que le vol avait 6lé oommis par un inconllll.
J\Uj(JUJù'ht.J CJl.OOrc, l'aocu;;6 n'n rien trOll\'6 de mieux,
Pour e défendr" que de rejeter son orime." SUI' un inCOnnu - le f 11 'ux inconnu qlli aurait commis Lous ItlS
CrÎln , l'iuCA)l1nu lui a remplacé l'homme ffit1.'SlJué de
indls.
Un SJurire plll'OOUfUt l.oule lil sulle ; el on rit même
[ranc.h, ment, quand le lflaglsLrut aJoula :
,
-- Nous mdtrons donc, si vous le voulez hllm, re'
lncunnu de cl'Jté, pOUl' nvisag .1' l'lus sN';eusomoot Ips
oh'll'ges qui p . nL Slll' l'accusé.
Dès lors, le procureur" s'61(!v~nt
pl'oge~sv!r:nL
pnr
de grand gestes, .·emIJlull dOflllller wul J IlUdlWlre ; cL
il 1>l'onon(.:n uno série dt> ph ru '5 indlg~es,
où 11 fut
t;rnvcmcnt quesllon de III soci6l.~,
d 13 d.angers qui la mede.'! hommcs ....
nnçai .nl, dm paf ~sio ns
-
clc\'icnd ton l nos grand . mdu tries, messieurs,
l'Il, e, :ellX qui !levai 'nt les d~1('8 lllocl1dicnt? Quel épouvuntable cxemplc pli lU'
Qlt
1;1, cluns un mOll!mL de
1(~M.re
les ouvriers 1
LaI' Il C1"jt l'i1I'fUlk\went OOl'l.aul de la culpn.bllité de
Mlehe\'
- T?u\ l'acr.u~;o,
El vmimenL, ('('lu vous soulève d'indlgl [IllOn, qllnw.J, ùl!vnnt tant cio pr'!lv~,
on l'onLond
Ic!' lcore t
[llli 11 pmlfl do M. de Saint r·jrmond.
- J rcnds Ju lice à III g(,nêl'o !U\ de cet lrW1J51.rlci ; ('
penullnL Il rml'tll'z'flloi de vous dire que 'Lto r, "n l'oall.6
lUI (:ol1Le ln·n ~u.
Lil
mpagnio d;nssurnnc v lui l' n·
, hOll, el' Lo Il.
qu'il a
lu, Mill
LIe oompilgTll
, QI
111 ne ... qui ln d~onl'U.g·1
de
pcl'Lo 7 01', {' ,tLe
~1e,
ql i l' œu.<;(Jo? MI ('~ I 1 'l'hl m( min, VOUIl r1Men, drcz H 'qllOru nt 1\ soci \,\ n , ièlll" 1 VOll Il 1 T'
r.e
p.8I5 l2s h<mnêtes geas l ~
merci dM incendi.a.ireG 1
Ce fut sa ,péroraison .n s'essi.t, heureux e\ tranquille ,en
ooITLlIle quia noblement t'eIllIp'Y son devoir.
La pa.rQIe élAit à la défense. L'avooaL de Michel com·
mença en Des termes :
- Je vo~
avoue, messieurs, que j'ai été pcro!ond6m.:mt
M . le prooureur ~
énergiqueétonné en enWmda~
ment l'applicaLion de la loi . Je m'aUendtiâs l trouve!',
dans sa bouche, des iParoloo plus bienvcillantes. Je m'ÎInltghn,ais qu'il aurai t eu quelque pitié pow' une aussi grande
infortune.
,puis il p85Sll une heure à démolir tout ce que le prooureur avait dit Il paJ!'la vaguement de œUe foroe in.vincible qui avait condui~
Miahel dans son ancienne fabrique i mais, sur un Tega.rd de son olient, il glissa wuL
de 5Uite à une autre période. li insista be8.uooup sur
son amour filial , e' t!~ pleurer pl.us.ieu.rs membres du jury;
mais il indisposa vivement la cour en déclara.IÜ que l'instruction lui semblait avoir été faite d'une maruère bien
serez
légère.
- Oui, IDŒSleurS, s 'écria..tril enfl:n. ; il y a. eu un crime
elfreux ; mais ce n'est pas I.e vrai criminel qui esL sur
ce banc. VOU5 r end.rez donc ~
Thomerain à sa mère,
vous Je rendTez à wus ceux qui l'aimen~
e~
l'estiment 1
Vne grande indécision régnait en ce moment.
Malhcureu<;ement, l'avoonL de la compagnle d'assurance
prit la parole, se port.ant p8.l1.ie civile. Et 11 pmu va, avec
surabondan.oe, que Mlohe1 avnit mlS le leu, qu'Il avrut
peut-être même .1ntél'êt à cela, que, sans doute, dans s~
achals de bolS, il avait abusé de la confiance de on
patron...
Miohel l'lntel'romlPil :
Vous êtes lill lou ... ou un bien méchant homme,
monsieur ...
L'avooaL n'en oontinua pas moins ; e~ il demanda un
a.rrêt énergique ; LI demanda surLou\ que Michel rOt dé·
claré oivilemenl rC.9ponsabl.e.
Après une longue délibérllUon, le jury reconnut Miclw\
coupable, In-ec acl.mJ.asion de rur<X>llSt.ances atl6nuan!.es.
Le mo.lileureux fuL condamné à cmq rulS de LI''U.vaux
forcés et déclaré civilemenL responsable.
11 6coula u'oldemunt la. lecture du veJ'dict ; puis il Pl'\)nonça d'lille voix forte :
- Vous avez cOlllmls une faul-e, mcssieul's 1 Je jure, une
dernière fois, que Je suis Innocent 1
11
LA JUSTICE DES
nOMMES
Un mois s' -laiL écoulé depuis la condamnaLlon dc ~li
chel ThomCJ'8.lIl, un mois t.el'fible POUl' le pl'lsonnler comme 'POUl' Sil pauvre mère, Son avocat aVilIt vuulu inlel"
Jaler <Lppd; Micho! a v,tU refusé
- A quo! bùn '/ avulfrl] dit. J'ru Cil la. [oree u demeurer
calme il C<'I.lè premierc Q.udlCn{'C ; mBIS si je me tl'ouvais
~Ilorc
cl 'V!!d'IL des mugl~rats,
Je ne suul'ais plus cOlltunil'
mon mdigno.l.i n,
AlOI-S, soo avocaL avaiL voulu le misollner
- As-tu l'ufléobl à cœi, <fc:,~
qu'on va l'cmm nel' luin
do la [o'ro.11('..6; que lu pnssel'llS d!S a!lJ1ée.~
nu milieu de
handits". que lu seras s6pa.ré de la m~re
..
- Oh 1 <x'la. r(!pondiL Michel avec un soume ~nlgmat
que, c' st autre chos .
PuLg il avait 0.)01116, d'un Ion rusolu :
- Elnnt donn(:ps lm circ.on ·I./l.llœs fnillir,; qui ont en('l' m.llhl'l1rCU5\! Ilrlalro, Je ('Qmpi nll. hi 11 1\11jouni'hui qu'on m' condrullnrJ'l.l1l loujolll'S, Donc, l'lu
tol J pnr inti, ('t I1lleUX (' ln VfilHh·l.
, 1 1 M,lfil ... qunnd \11 SOl'tl.'! là·bus, eOmme tu n0
l'
'l'11b
SUulO aux e.lqwl1s qu; l' 'nlour..:ronL, le dl.
rod lIr env!'rl 1 • III' toi d' xc{l]lll1!.<ls n 1 1 r)n t>b\i 11 Jr
f c lem nL 10 !JIll ·U. 011 un ù.milll111on ôe 1 1 ••
tnl1'~
�' C
~
36
_ Non non! Moi, demander gràoe, jamais l Je ne veux
Men, ni grace ni diminution de peine 1 Quand la socié~
se oonduiL envers un honnête homme oomme elle le (OlL
envers moi , oel honnêl e homme a le d.ro~t
de se révolter
con lre Ja société, de la mépriser. le me mets en dehors
de toutes les lois hwnailIles, puisque ces l ois servent il
oommcll.re des inIrunies.
L 'avocat le quitlail, tou l lrr iste, se disant :
_ Ce pauvre garçon commettra là-bas quelque folie
désespérée et se fera p UJli r plus cruellement enoore. Si,
du moins Martin Pélissier voulait m'aider 1...
Et il se' rendait ooe;( son second client, lequel l'accueillait tou jours gaiement.
_ T iens, tiens, voilà n otre défenselilI' 1
_ Ah 1 ne plaisanLez pas là-dessus. r 6pondai t l'uvocal. le suis bien 8SSeZ furieux de n 'avoir pas réussi il
\'OUS faire acquitter , toi et Michel 1
_ Bah 1 c'est un petit malheur dont on peut se con.1101er aisément.
_ Et voilà Michel qui, non seulement, n e veul pas interjeler appel . mais refuse même de signer un recours
en grâce 1
- Ah 1. •. Michel a r efusé ?
- Formellement.
_ Eh bien 1 Il n'a pas lou t à fait tort.
_ !\lais je pense que ln ne \ïmi teras pas 7
_ 1I10i 1 J'aime lrop !\lichel pour ne pas suivre son
exemple. T u sais bien. au collège, on nous disait toujours de l'imiter. Tous les prolesseurs m'ont régulièrede ca:I\8.clèrc, en me disant :
ment reproooé ma I~èroté
c VOll'S devriez prendre exemple sur Th omerain. D Je ne
vais pas oosse.r aujoll,rd·huL.
_ Ainsi. .. cela le va. 10 régime de Mazas 1
_ !\lai~
il n'u rien de détestable. EvidemmenL. on dine
moins bion ici Qu'au cnIé Anglais; mais celte simplicité
dans la nourriture l'Urnène la simplicité dans l'esprit. ..
Je tavouera i oopend,lnt que Je ne suis cPas encore habilué
ou s'IslOme de IiLerie de la maison: il est ool'tain que le
dir~
rl ur ne paria.ge pns mes idées sur la qualité et l a
qU!llllit.(: de laino dont se compose ... ou , du moms, dont
d"vrait sc comp('~<;{r
un matelas; mais. avec un peu de
honne volonté 1 D'nlPeurs, je ne suls plus ici poUl' longLemps ..J'aime à cl'oiro qu'on nous expédiera prochainemenl vers d'autres rives ...
- Ta. ta, la. 'lu es absurde; Je trouveriÙ. dans ton
proces, plus de hull ca de cassation jnfaill!.bles ...
- Tu 1 ~n scr;lru.s pour un Ilull'e.
- On T"f'COIIIITlCnCCI'(I ton pror t1-S ••
- El Je mf le Ifl'l\'rrnf ('JI IIICI' d'un Juge, dr. plusieurs
lug ,'. d'un nvocal W'·JI{:I·uI7 ... l'on, non. Ils ont tous l'aLr
de ~ingl'.
1 Cc m' s.ml J)!1f; dos hommes. CeG gens-là :
cc sonl cl mucldll - il t.Orl<.lnnnncr.
__ Je l'nhandonne les mu.gLbll'uL<; ; mais les douze membrt., du JUI·.v 1
III rnéllll' chnse. Je ne dis pas Cjll'nu commence_ (:" ~l
menl , Il n'Ili('!ü pa ,'(1('nrc qu Iqlll' chose h1lmmn : maiS.
r 'II Ù [lru. ils s IIl1pl'l'gncnl de l'aLrnosphère ambianle.
ils ne voienl plus. dal1: J'homme qui est d V~Ln
L eux.
qu'un ru> minable ('<)'1'lin .. et ils 1 condamnen l . C'est
bien c'esL l'usuge. C,luoIlnd, pur haslllxl, ils n urquilt.cn t
un ~n
se mO(Ju) d' ux ... Sérjcl~
nt, 1I10n dl rami.
Lu '-IIS parlé C()ll1l1l 1 '~mosl1
1:ne;
si Lu r commençmB.
III o('rois fore de le l~p(:i'r.
00 qui
L bltllm/l.b!l' au point
de vue Iitl(II'lllrc. 'r. Ii' d.lnne dOliC pas celle J);'tne. Mlch~
l
et mol .>I,)lnrn
ndl,1rl/'s de rn.lre 00 Pt\lll voyage'. Songo
donc li ('('ci : r,'(. L lIur je n'ai plIS vu Miohe'1 rlopuls son
d6pnrl pour III Il!~si('.
Sion rcvisn.lt. noo procès . on
ser'fi.~
IJiûll apn.ule d TI'ocquitter q110.1 un de n~us.
ce
uvcralll 'Iur.n~
inJusl . VOls·Lu que 1un de
qui c miL
nous soit nvoyl! iii-bas. landis que l'autre resteraH ici 1...
~Ioi,
i'~n
mourl'nl, 1
L'n.vocut finiL pnr l'l'noncr.r ft faire ohonger cl'Idée ses
deux omIs; l on IIPPI'it IllenlOl Que. hcJl 1 Thomeram
l'l IIlurl!n l' ·Ii 1 r rer!ll('nl partie' du prochain nvol Il
o\~y
1~.Cr
<Ionie ; on rl\.Conl.u mCm que ~1l'Ln
ln
1'I!.~i
r {l.vl1.il nC('~Ili
ln n<nlve'.lIe pru' ces mols :
- Enfin 1 ln val <lonr, voir cl 5 WltJll'opr.phna . 1
Michel Ilppril la nOllvell SIOJ1S so dépru'Ur du calme
baut.:li.n qu'il allect.alL cJ.<tpuis sa condamnaLion.
Moins fort que l'Amour
~:>
Jama.is les parents de MarUn ne demandèrent la permission de voir leur fils, tand is que Juliette vint rendre
yisite il son cher prisonnier au.,,"Si souvent qu'on voulu'
le lui permettre. Elle lui demandait toujours .
- Et ton père, et ta m èr e 7
M.arLin r éporul a.it mélancoliquement :
- Que veux-l u, ma chéri e, il fauL les plaindre, puisqu'ils cr oient leur fiLs coupable ; ils doiven t être bien
malheu.reux ... Peut.-être ont-ils peur que j e leur r ede·
m ande l'argent que je l eur donnais depuis quatre ans'l
Ils avaien.t dépensé ce qu'ils avaien t POUl' mon éducation . j 'ai recoIlslJlué leur peLI L capital , pour qu'ils pussen.t se r eposer. c'éta.it bien n aturel.. . Ils reconnuÎtron.t
un jour leu.r erreur et seront alors encore plus malheu·
l'eux . Je suppor<te tout, coura·geusernent. puisque ton
a.mour me. reste. Je ne m'inquiète plus que d'une chose :
que V8.3·tu devenir quand tes paunes économies seront
!llWlg6es 1 Moi, j'espère bien travailler, là-bas . et je
t'eOl\'errai régulièrement tou L ce que je gagnerai... à
loi eL à l 'enfan.t que lu mettras bientôt au monde .
- Tu sais bien que j e veux aller vivre là où l u vivras l
- Bon, bon. Nous verrons cela plus Lard. En ce
moment, il te serail imposslble de voyager. El je veux
que lu resLes ici.. . Pu.isque M. B'ernier a la uonté de
s'oocuper de Loi, il te t.rouveru sans doute une pluC'C.
- Je t'obéirai. mais seulement il cause de notrl' r.nfant; car. désormais, mon devoir serait de te slllivro
pa.l'tou t.
- Pauv.re chère l emme 1 murmurait doucemeJ1t le
prisonnier, que n'aj-je pu te donner oc lIt.re de femme
légl lime, pour que notre enfan t soi t un enfsnl 16"ilune.
C
- Tout cela se fera plus Lard 1 Nous ntlendr<Jns. voilà
tout.
EL ~f<Lrin.
ému. balbutiait :
- Ah ! que lu es bonne de ne jamais douter de mo! 1
1 au fond, vois-Lu, il n'y a gu~re
que toi qui m 'aies
cru innocent 1
- Esl·ce qlLC le père de mon enfant pounnit êlre un
criminel '1 .•• s't!eriail Juliette avec cxallation .
ca.r
TandIS que Juliette Huit aUIJr~
de Mat'Un, la l'cuve
Thomerain s·eni.relcnniL avec son fils . \1lchel parlai!
peu. Il cont.empLnH longuement sn mère ; eL sa mère
ovait le couragc de refouler ses sanglots. POUl' [Ilire
croire il son fils qu'elJe supportait (cl'memcnl cc.t.I,c ter'
rlb!o:l l!preuve. EL, (]Wlnd on ne les 6coutnil pas, ils
(:ohn~'aict
l'apldement qUClttUCR phrases à \'oix hllssc.
I.e j ou I' nil 111 dernière entrevu eut Lieu. In yeuve dl l
SUriS II 'llIhLGr :
- Au revoir, moo 1I1s. à blenlOt.
- Au revoir. ma mère.
CI) Jour-là, Martin fuL mo.fn.s courageux . fi ~ 1 la
C~
lout d'Wl c.ouP. n snnglots. Il la pensée qu,il
nc. Igi
pas il PaJ'IS lorsque son n ranl viendrait
Juliellc eul la fcu'ce de sOll11'ire en d isant . au mon e.
- A Ulentôl 1
1
•
! ~t, 1 s d~u'\
femmes s'CJ) ruUH'ent.
bl.cs 6lalcnt V.II11 s S(~ules.
Bernier étai t l rl!s OC\~
C
au ,Ù~blaYIL
de ~ fabrlqu . Elles purti ,· nt, sc tcn.a~1
pa.t a. l11<un. Iw. uat cou icI' IIbl' m n L lew's lanlt
sans dLrc . un mol . ferman t pOl' lois les yeux POUr l' L' :
v,er La l'];ilon dl's quelqucs Instunls qui vcnaiclI l o~e
6 ~tJler.
On 100 {lvall provenues : celle V'sIIA
t
la dernière.
.., SeralL bler)
·i
Drmuolfl. lI11chel cl son ami devalenl qu'Lte p .
d~/'Ig
ver.:! 1 porL d'c.rnbalCe~
' rd' ~s
pour
'AI
.•
.....
011 011 tt'.î
"d' . IL
expt.: leHI au...., n. uvec un Lroupenu d
'-" ahl
u.s..o;assms. d s vol urs.. .
e nu"",I' cs, des
El ell s ne les verraien t plus 1
Saru: douLc, elles uv(\jant oncoro co Il Il 11n('C ~n
l' Il \,I!'
nlr 1 Ma.ls. ?un~
une pru'\l!llo jO\lm~r
do lrlste !. celD
leur somblu.it bien vngue, bien ln ort.llln.
E~U\s
ne .l'l',&;Ontal nt aUCun foUl/ue, e1l!l 11 ron'
gcruc.nL pas Il. prc.n.dro do vollw'c. EL 11
sc trouvb'
~L.I'C
�·~
Moins fort que tAmour
======================
rent SOL.'"dûin à l'entrée de la rue de la Chapelle, ce qui
leur rapp('Ja le passé.
Que 'de fois la veuve êtait venue là pour atœndre son
fils qui renlrait du collège 1 Que de fois Juliette, depw.s
lrois ans, était venue, le dirTUlllche, au devant de Mlirlin.
Ils Ot.aient tous si heureux, alors 1 Comment ce bonheur
avaitril DU s'énvol~r?
Pendant qu'eUes descendaient la rue, on sc les montrait du doigt avec mCpris. A ceux qui ne les connaissaient pas on disait :
- La jeune est une One perdue, la mailrcs.."C d'un
voleur: c'est elle qui l'a poussé à voler, c'est elle qui II.
caché les diamants; et, un jour ou l'au.ire, on dCcouvrira la véMLC. L'aulre, la vieille, est la mère d'un ingéniem' qui a mis le feu à l'usine de son patron, chez
lequel il avait gagné l'a.rgent qu'il laisse Il sa mère :
elle ne manqueM de rien , elle a plus de cent mllle
trancs 1
On considérait es deux malheureuses comme des complices impunies.
Ellp..s n'entendaient rien, enes allaient len Lement leur
chemin, mlentLSSnll1 leur marche; il mesure qu'elles approchnient, la soliluùe leur faisa it peur.
Enfin, eiles arrivi!r nt c1Jez la veuve, cl Juliette monta
ayec elle. Elles restèrent ensemble jusqu'au soir. Alors,
Berniar vint diner chez sa vielllc amie. Le reDûS fut
trisœ, silenciê'ux .
Puis le conLl'emaIlre ramena Juliette chez elle.
iMme Thomer·aln Ctait si accablée, qu'elle s'endormia
facilement et dormit jusqu'au lendemain .
F.lle fut réveillée en sursaut pur sa petiœ bonne qui
lui disait:
ladame, il y a deux messieurs qui derTUlndent à
vous parler.
- A moi?
~
a 1;, deux messieurs que je ne connais pas. Voici,
d'nilll'\l!'s, la caJ'œ de celui qui s'est présentC le premier.
1lJ,J.(: Thomerain lut :
LOl;IS BOURGOUAND,
llu!ssler.
'.
s
JI
je ne dols rien Il.
- Un hulssier, chez mol? ~lo.is
pCJ'sonne 1
Elle 6e v~lit
l'n.pldemenl, en donnant l'ordre de faire
('nl.! l' œs hommos dans le salon, Oll elle sc rendit quelques mlnuLcG après.
L'huissier la salua respoolueuscment oL prononça. avec
graviLê :
- Jo Suhs dCsolé, mMame, d'avoir il acoomp.Hr une
au&si penible mission ...
En ru.cc d'une pareille Infortune, Il se croyait obl~é
de prolloncer une phro.se de eondoléancc. La veuve
l'lnœf1l'ompit.
_ De quoi est-Il q
Won, monsieur?
_ Je viens Ici, madame, pour sIgnifIer un jugrment
obtenu pur mon client, la compagnJe d'assU1'anoe La
Gauloise, conlrc M. Thomerain, rvUchel, ex-ingénieur de
lu mulson Sa.int.-Ermond.
_ Veulllez m'expliquer. monslcUi'... Vous n'ignorez
pas, sans douLe, que mon flJ6 n'esl pas Ici 7... Ma situalion 'L ns.-..ez douloureuse pour me donner droit il quelques f>glllxts ...
M' llùurgouand cul un gcsœ lrès noble.
- Ah 1 llludame, personne plus quo moi ne compatit
à voir,) lIlalheur; IlwL'i je suis forcé d'accomplir mon
Iltlslor,. Vou ne devez pas Ignorer qu'un jugement a
(!!t l nd li oonlre volre fils?
La veuv lt .. ;saillit.
- Jo ne vous eOlnprends poo'! , Illonsk'Ur. Dois-je eneoro subir qu 'jque nouvelle hurniltntion '/
- ~lon
DIeu, mn.damc, jo d·'vrais IllC borner slmp ment à vous Ignlllllr le jug 'ment, car mcs In9l.ants
SOnt Lrès précieux ; mw ... puisque vous semblez Ignorer ...
- Pal'lez dODO, monsieur 1
- Vous ne devez pas avoir oublié le jugement qui a
reconnu votre 11flIlloheureux fils coupable àu crime d'incendie?
- Ce jugement est une infamie ; mais en quoi a-l-OI\
bes<xin de me le signifier .. . il moi?
- C'est. que, madame, votre fiLs n'a pas été seulement condamné à ... s'expaLrier : il a été, aussi, déclaré
civilement responsable.
- Responsable... de quoi T
- Des pertes subies par ],a Compagnie La Gauloise .
La Compagnie, d'après ses engagements, est œnue de
rembourser à M. de Saint-Ermond une somme de près
de qualre millions, tant pour les approvisionnements
e01l5umés par le feu que pour l'usine, la maison d'habitation et le mobilier. Mais, le feu n'uyant pas pris pur
accident, le feu ayant été mil! inœnt.ionnellement par
votre flls ...
- Mais c'est faux, c'est faux 1 s'Ccria la veuve ne
pouvant encore s'habituel' à entendre appeler son' fils
incendiaire.
- Pel'mcLLez-moi de vous dil'e, madame, que les débats ont Ct.n.bli ~a eulpabilit.é de voire nIs, el que r.lichel
Thome.nun a été rendu civilement responsable. La Compagnie a donc facilement obœnu un jugement qui condamne voLre fils Il. lui rembourser les quatre milliona
qu'elle esl foroée de versel' entre les mains de M. de
SaintrErrnond ...
- Mon Ols 1... Rembourser quaLre millions 1... Mla.:iB
c'est de la folie 1
- Madame, je V.QUS al déjà dit que Je dev.ra.is me
contenter de vous signiller ce jugement; mais je ne
demande pas mieux que de VOlIS renseigner plus complètement. La loi est formelle à cel {>gllrd. L~
Compagrues doivenl rembou.rsel' les perl::; slllJies pltl' les porsonnes in.condiées, mOrne lorsque l~
incendies sont dus
Il la malveilJance. Seulement. Inrsque les incendi s sont
dus à la malveillance, les Compagnies ont recours l'ont.re
les incendiaires... Et c'est pour cela que volre Hls est
condllJfTlJ1ll il rembourser qualre miLllollB il la Compngn.ie
La Gauloisc ... Oh 1 je sais, madame, ce que vous n.n z
me répondre : que ce jugement est absurde, que votre
fils esl incapable de r~uni
une par ille somme ... sua'tout
dans sa situation actuelle 7 Mals 1 Compagnie peul
toujours prendre un acompte. Votre flls possède UM
poUle forlune. Tous les objeLs mobiliers qui sont . ici l~
appartiennent.
- Les objeLs... qui sont ici T
- Le loyer n'est-il pas à son nom?
- C'est vrai ... C' st luL. qui avait loué.
Ainsi, on allrut enlever tout ce qui se trollvail là 1
Ce peLit mobLLlCr, nchet.é avec tant d'umour sur les Ill'o·
nomies de Michcl, on aU6Ît le lui prendrc 1... C'Cllnl'
1J1en de 16 jU5tioe dœ hommes 1
- On vous Laissera les objets néccs.aircs. madullll'.
Elle out un gesœ résIgné. On lui ... voloait les meubles
que lui avaIt donnés oon fils, Les meubles qu'el-m~zn
avait achetés jadis uvec son mari '1 ...
Soit 1 que lui lmportalt, après tout T
Tout cela, c'était ce qui repl'ésenlnit Paris la ville
maudiœ Oll on avaH condlllTUlé son fils celœ viÙe qu'elJ.e
quiLt.c.rolt bienl.Ot pour re}aindre son' enfant 1 Elle se
rœignail fa.cilernent à œUe perte. Qu'étaik:e quo cela
auprès de la ruine de son bonheur 1
Ne devail-<>n pas lui l'eOlI)U.re d'ailleurs les Litres de
la forlune 6conomlsée par son ms, ulle somme de c lit
dix mille lt'!lllCS, que Mlchol avalL 1n.1.
dans la enl Rde M. de 'ainl-Errnond , avant son d~parl
pour la HIL.<;sie? Elle n'auraiL qu'Il. demander ces tilres il M. de
Sa.lnt-Ermond, qui ne pouvaiL plus les garder; olle SIlva.i4
qu'on les av8Jt relrouvés intacl8 dans le coUre-fart de
l'ooine, après l'incendie.
Au ~I,
comme l'hui. el' continuait de lIre son acte,
elle s'ImagIna qu' Ue avaH mal enœndu ; car 11 parlan
ju.: OIenl de ces t.ilres.
_ Vr.>uclrieü-voqs ll'épéler, ,monsfewrT Je ne oom,
prends pas bl00 ...
_ Je dlI qu'en oul.re, Je BignJJle à votre Ols qu nous
avo.ns, pa.r OpposlL1OD, défendu li. M. de Sttint.-Ermond
de remeUn!, au sle1D' Michel Tbomerllln, 1 Lilres de
�;?-è
38
.'ente que oe dernier lui avait confiés, el don1 la valeur
:lSL lÙl oe.n1 dix mille fre~
environ.
La. veu~
eut encoI'e un mouvement indigné.
- Comment 1 vous saisiriez oe1 argen .... économisé
flVec I8nt de peine par mon enfant 1 Mais c'est impos-
ôibltc 1
La. kil ea\ formelle, lIlIBdame.
Alors .. . il ne nous restera rien '[
- Nous avons le droit de .saisir tout ce que pOSSède
M . Michel ThOOlerain. Nous saisirions davantage, s'il
él&t plus riche.
E1de ~
quelques instants silencieuse ; puis elle
mW'IIlUl1a, comme se parlan' à eLIe-même:
- Mon pauvre entant 1 Et \oi qui croyais que tu me
l.aissaJ6 à l'abri du besoin 1... Ah 1 maudit soit le joUI'
oli tu es e.ntré daIlS cette fabrique 1
-
L'huissier terminn la lectUl'e du jugement ; la veuve
ne l'écoutait plus. Elle éprouvait une trop rude secousse.
Et l'huissier ét.aU parti depuis une heure qu'elle étan
encore à la même pl.acc, a.ccroupie sur sOn fauteuil,
les yeux vagues, songeant à oette Ue perdue, où on
allait envoyer son enfant, ~ d'où elle s'étal, imn.ginée
qu'eJ.Ie pourre.it l'enlever grft.ce b. cet argent. Elle aurai'
tout sacrifié pour rendre la liberLé à son 11.1&.
Elle était encore là quand Bern.ier arriva. n venal1
ln voir deux fois par jour.
D'un geste larouche, elle lui montra le pepier laissé
r.ru' l'huissier, et Bernier le lu'.
- C'ét.a.iL ta.ta.!, d~-il
: c'est la loi 1
- Alors, il ne me reste riel), rien pour e.l.ler le sau"er 7 s'écria La veuve avec exaltat.lon.
- Calmez-vous, ma bonne amie, balbutia le contre·
maître.
- Rester œ.lme deva.nt. cette série d'injustices 1
- Vous savez bien que vous ne manquerez de rien ...
- Oh 1 peu m'importe que Je manque de quoi que ce
soU 1... Ce qul m'importe, c'est qu'avec cet a.rgent
j'aurais frété un bal u, j'a.urals corrompu les gardes
de l\lichel, je l'aurais arracM à ceLte exjstence do
malheur 1.,. Ah 1 lout s'acharne conlre mol 1... Je n'ai
plus compris ce que m'a dil ce' homme ... TO'Ut ce que
je sais,. c'cst qu'on vien(lra. demain, qu'on 56lslra tout,
ici, même les m.eulMs de mon I1Ulri ... EL on me laI&sem UJl lit pour dormi!', n' l-ce pas 7 comme si une
m~re
pouvait dormir quand son !Ils est malheureux 1...
Et cet homm , ce M. de ,mnl-EI'Tllond n'a pa.s su
r'pondre qu'il n'aVilit p!lS l'argent de mon fils 1... Non,
cela auro..it ôlé presqoo humain 1 Il se moque bien de
cela, lui, pourvu qu 56 comPllgnlc lui remboun;e ses
IIl1l1ions 1 Ah 1 cunuilJc, va 1 Quand je pense que mon
flIs lui Il fnit gagn r jusqu'à conl mille f1't1Ilcs par
nn d,ans cette fabrique 1
G!.te l'.(l leva et counll li un portrait de M. de SaintLI'l110nd, qui ôtall oncore sU'Spendu au milieu d'un pan·
n CIIU.
El e sauta sur une ctllll!'-c, nt mber le cadre; 0& elle
piétina le verre, qu1 (j{'"hira J.a photographie. Elle par!.:J il d'une volx s~che
:
Eh bien 0016 vaut mieux quo nous n'ayons pLus
l'n.rgcnt. (Jul ~enaH
de lui 1 SI j'IL vais eu cet a.rgMt·là,
ns cloute m'aul'lIiL-li porlt malheur; mll.ls je sauverat
.\11 h 1 quand même 1 N'cst-oc pas, Dermer, quo je le
sa uvcral 1...
Elle prll les malIJ.<l du contremnlLrc, en fixant sur lut
li ' f,C mit à poUl'S r des
un J'('ga1"'1 suppUo.nt Pu
pluintcs 8Ourdos, (). prononcer des pIll:olcs l,ncOh&entœ.
_ Pauvl'e femme 1 murlllura lJ.cI'DJor. r~Ue
perd la
tete.
LuI.même essuya des larmes qui coulaient au.r ses
loues.
El Il lança un tas do jurons .. l'.adrc, '0 d gens qu'jJ
r. nomm1l. pn.JI, mals qu'Il qu.aUfia cl coquins, do ban'Ii Ls ...
Elllln, vers une heuro, Il prn un d«:lslon.
- !a vit'II10 alllle, si vous m' n croy·'/., nou n
Moins fort que l'Amour
~
resterons pas plus longtemps ici . Vous, allez vous en
venir avec moi.
Elle se raidi t.
- Non, non ; je veux Mre ici, quand ces hommes
commettront leur dernière in!a.m.ie 1
- Je vous dirais que vous avez raison si vous 6Liez
seule; mais il taut songer à Michel, qui a besoÎll de
vous... Vous n'avez pas le m'OH de tomber malade ...
Oem vous ferait trop de mal d'assister il. la saisie.
Elle hésiLo un peu, pws balbuLia :
raison ... Je ne do.is songer
- C'est vrai.., Vous av~z
qu'à Michel. ..
Bernier alla donner quelques ordres à la petite bonne
et revint avec un châlo et un cl\aJpenu. La veuve se
laissa emmener; elle éLoil très adoucie, après la crise
violente qui l'avait secouée le maLin. Elle obéissait
comme un enfan.t à tout ce que disait Bernier.
Et, quand e]'le se trouva, le soir, dans une chambre
autre que la sienne, dans un IH autre que le sien, elle
n'eut pas trop d'élonnement.
EllIe concentra toutes ses pensœs sur :\Iiohel ct s'endormU en murmurant :
- Tu peux compter sur moi, mOI! brave entanL 1
1lI
LA CONSIE.~
DE M. DE SAINT-EnMOND
Le père Bernier avaît eu, pandrull très longtemps, UruJ
réputation d'égoïste: c'était les fommes qui la lul avaient
faite, parce qu'i! n'avait PDs voulu 50 mariel'. Au fond,
il ne savait pas tTès bien lui-même poul'quoi il était rcst.1
garçon : peuL~tr
parce qu'il se sentalt timide et em·
bo.rrossé devant les femmos ; puis, il él ~ ~iL
très occupé
à 10. fa.briqlJe, ce qui lui aurait laissé lli Jl peu de lemp
pour aimer sn terron e , c'élait du moins ce qu'il disait. Et
quand on l'accusait d'avarice, quand 011 lu.! parlait d'un
avenir lugubl'e, où il sera il scul, abandonné aux soins
intéressés de quelque vieille uouvùl'nanlc, il haussait les
6JlULÙes. Tout cela lUi étail bien égoal.
D'abord 11 l!ravlùllcrn;t à la lubrique jusqu'à son dernier jour, en souvenir de son pr,~lIiè
patron ,1. Honc.ha.r<l, el par amour pour Mlle SIl1~'Une,
par amour sur~out
pOUl' lâ vieille usine, qu'il oIlvaIL vu uutil', s' tgmnùir,
s'uméliorer : il y était le matin ava.nt tout le momie;
le solI', il taisail C'IlCOl'e des rondes qUllnd les ouvrierll
éL'üenL l r)J'lis. EL milme, si la fabrique lui llIanquuiL, JI
savait bien une maison où on l'accu 'Illcmil toujoura en
amI, presque en pn.rent, la maison de son filleul Michel
Thomel'Illn.
11 n'6talt pIIB loul il. lait 10 pUTI'Wn de fichel le 'Tui
parrain, éL8J1t un par nt éloigné de provinr'e qui n'avai\
pu ventr Il Pari po~r
le IJap\llme ; alOI'.. ücrnlCtl' l'avaa
re~lncé
el porLé ~hc
l il l\glisc ; 'l, qUllnd t'(lnlunt
nvu.JL grandi, le conLremnltl'e aVolllL poi; l'haoitude de
l'a.PIleler :
- Mon ms.
L'aulre disrut :
- Bonjour, papa nerni n'.
De t, Ile sor~
que B rnier, s'Imaginant qu'il avait un
ftls~
n avait pl\k; admis l'id6e du mnrlnge. Puis, quelle
luJ, de voir c gamill r U Il l'F.r,olc et sa
glOlr , pou~
belle condUIte à ln mOrL de Thorncrnin, el al\. rou~lt
si
;rapide duns l'usine 1
QI~Ù
tous I~s
ouvriel's étaient il ln besogne, et luI
Dt'l'nter, surveillant t<)U~,
el que Mloh '1 puralssalt li l' ntl'éo de l'a I.cllor , le vieux conll'cmulll'o Bcnhl!t des bourle Vl~f({e.
16es d'orgueil lui tel nurft~l'
EL toute SOli admirnlioll sa 1 limait duns ces mots .
- Ah 1 la sflcr6 g/lmin 1 Je sncré gumln l '
•
Molli aussi, Q\l<l d,' <lolllll1Jrs, d llU fi ceLLe nuiL
11 1
Les chevou !tu Ilvnlent hlnl\chl plllS viLe qu' ~I
n était wrlur6 pur une id'" fixe :
n ( x n.nn.
- Tout œln n j;ernit pus nrrivO &1 le ne l' al
!a.1t ent r à ln luhrll]lIll.
'
!IV slIns
avait \.nnt nlm60, comme Il III
Ah 1 ceLle ,fuhriqll '1~iJ
déLeslalt ~runto
1 U mêm " Illlhnait SUl'.II.nn moin
qu'all\rc!OI ..
e'
�Moins fort que rAmuor
~
~
Et cependlll1t, ce matin-là, il revenait li. la fabrique,
comme tous les jO'UTS : il allait surveiller le déblayement.
En dé-pa.sslll1t les fortifications, il eut un mouvement de
colère; il donna un grand coup de canne contre la grille
de fer de l'octroi, et prononça :
- C'est comme ce coffre-fort 1 Encore moi qui l'ai déniché 1 Si j'avais su que l'argent de Michel sc trouvait
dedans 1... Allons, Bernier, tu n'es d6cidément qu'une
vieille bête 1 Et toute ta vie, tu n'as fait que des bêtioos.
Il se persuadait cela, depuis la oatastrophe. Et les :remords le déchiraient.
\
- Heureusement, je commence li. réparer 1
li élai~
un peu consolé, li. la pensée qu'il avait laissé 10.
veuve bien installée chez lui. Il lui avan donné sa chambre et avait couché sur un lit pliant dans la salle à
. man ger. Ce matin... elle lui avait semblé plus calme, plus
reposée.
. - C'est que je n'ai pas besoin qu'elle tombe maLade 1
Il ne- me manquerait plus que cela 1
Toute la matinée, ils avaient parlé de Michel, leur unique préoccupation.
Il arriva sur le chantier, constata que tout se passait
bien comme il l'ava.H ordonné; et il s'en fut aussitôt. Il
rentra dans Paris et arriva devant la maison de la yeuve
T'homerain au moment où plusieurs hommes parluient
wec la co~irge.
Celle-ci disait :
- Je vous .assure messieurs, que je ne sais pas où cne
5t. Elle est partie hier avec un de ses amis, et elle n'est
ms revenue.
Elle aperçut alors Bernier ..
- lvIais le voici 1 - MonSIeur Bernier, ces messieurs
'emundent Mme Thomerain.
- C'est pour ... suisir, n'est-ce pas? interrogea le conremaftre avec dédain.
- En eUet.
_ Veuillez me suivre. Mme Tllomerein m'a remis ses
lefs cl m'u chargé de la remplacer.
Il s'engagea dans l'escalier, ct les hommes le sUIvirent;
lndis qu'il ouvrait la porte de l'appartement, il dit :
- C'est au nom de la. compugnic La Gquloisc ? ..
, - Non, monsieur, non, J'épandit l'huissier. Nous, nous
enons du Palais, pour exécuLer le jugement qui con~mne
Michel Thomerain à payer les dépens de son pro-
ès.
- Ah 1 fort bien 1 prononça froidement Bernier. Exéutez voire besogne.
L'huissier commença. su saisie. Bernier le suivait, estUy'Unt de sauver les objets les plus intimes de ln veuve,
(:prill1!lrü son indignation, se disnnt que, pU'sfju'on no
10ul'ail évit r cela, il vulait mieux le supporler nveo
lulme.
115 étai nt dans Je salon, quand un pus précipité rclen'it; cm [rarpn il la porte d'enlréQ,
Bo.·nier a.lla ouvrir ct sc trouva en (a.ce do Mlle de
;Ui.nl·Ermond.
VOliS, mtw moiselle 1
- Oui. On m'a dMendu de venir... Mon p()re m'n.
nCme menaœe; mais j'ai réu.o;.si Il m'enfuir ce matin.
I3<lmicr lui c!onnoo. une vigourellse poignée d o loain.
Cetle nouv(}lle démarche de SUUlnne lui fuisuit rudenen t plaisir.
- Vous savez que Mme ThOJTleruin n'est plus ici?
_ Non. J'espérais rnCme bien la. voir. Où donc eslr
'lie aJlée?
- Chez moi.
- Cet npparLemcmt lui paraissait saIl.9 doute trop
triste '1 Pauvre lemmo!
- Non mademoiselle, déclara brutalement Bernier. SI
IMme Thomeruin s'est réCugiC-e 'hez moi, c'est pureo
qu'eUe n'a plus Je droit de reslel' ici. On saisit.
- Que voulez-vous dire?
- Enlr"Cz, et vous verrez! Quand ces gens-Ill auronl
nn!, Je vous mOnerui voir votre vieille llimie.
nI m ntrer Suzanne dans 10 sulon, Ln jeune fille no
Comprena.it pas. Ello regar'dait, d'un œil ahuri, ces trois
hommc.q, dont l'un 6crivult, tnnJu quo les deux nutl'cs
bOUSCUlaient tout.
L'hulsslcj" lui u.dresso. un petit salut sec, puis recom,
mença 11 dicter :
- Nous disons : un cadre dor~
(lui renfermaIt uno
39
~
photographie; la photographie et La glace sont anéan·
tis... Mettez tout simplement un cadre vide.
Il secoua le cadre , d'où tombèrent des morceau;" de
verre et la photographie abîmée en vingt endroits, Ma·
chinalement, SU1)anne regard·a d'abord le panneau, ail
elle était habituée à voir le porLrait de M. de Saint"
Ermond, puis regarda la photographie et se baissu pour
la l'8.masser. Elle comprit; la photographie tomba de ses
doigbs. Et la jeune fille se mU Il pleurer, en murmurant:
- Dieu 1 le portra it de mon père 1
L'huissier s'écria :
- Je vous assure, mademojselle, que ce n'est pas nous
qui l'avons mis en cet état... Parole 1
Bernier ramassa vIVement la phoLographie et la cacl1&
sous son paletot en disant:
- Je ne ferai donc jamais que des bêtises 1
Il prit la jeune fille par la mj).i.n et la. poussa. dans une
autre pièce.
- Pardonnez-moi, mademoiselle. Je ne pensllis plus li.
celn. Vous devez bien savl);r quI', pc ur 1':0n uu monde,
je n'aurais voulu vous fuire di! i:t pi'nc.
- Oh 1 je comprends, murmlu'a SUZ:\Il!'l.è, el1 s'e&Suyan~
les yeux; je compren.ds.,.
- Ah 1 ne pleurez plus, ne plew·cz plus, S;) f' ré.. . Allons,
bon 1 Voilà que je jure devant vous! Je ne s ais plus où
j'ai la tête; c'est trop de choses pour m oi en si peu de
temps 1 Et maintenant, quand je vois pleurer une femme,
je fais comme elle ... Pleurer 1 c'€St ridicu!e pour un vieux
dur il cuire comme moi 1
- Hélas 1 mon bon Bernier, on est bien for.:é de pleurer, quund aIl est malheureux; et nous sommes to ~
bien malheureux ...
- Ah 1 oui, nous le sommes 1
- jI,'!ais expliquez-moi ce que signifie cette sui.:ie. Je
m'imaginais que Mme Thomerain ne manquuiL ùe rien,
- Alo rs, vous ne savez p0.5 7.. .
- Quoi donc?
- Qu'on saisit tout ce qui était li. Michol, pour payerje ne sais quoi, les [ruis de justice, l'ussurance... la
Gau!oise ...
- Non, j'ignorais cela.
- On a m~e
mis III main sur lu lortune que Michel
avuit dans la caisse de la maison : vous savez bien,
l'autre jour, j'ai reLrouvé le cofIre-IorL. On 1'0. porté làbus, Il votre père .. ,
~
- Mais pourquoi mon père n'a-t-i] pas conseryé ce~
ul'gent afin de ~e rendre Il Mme Tllomel'ain '1
- C'es\ bien ce que je me suis dit, ma. pauvre mademoi·
selle; mais , slins doule, il n'nul'lt "ilS ponse comme nous,
volre père, puisqu'il a. faiL une déclal"ll.Won Il la 'Police,
eL la compllglli d'assw·ance n'a pas étc! longue Il se Co.tre
donner l'aulorisation de saisir celte fortune. Elle en 0. le
droit, ct c'est autant de gogQé pour elle ... Nous avons
UI>pl'is tout cela hier ... C'esl un nouveau coup; il [uuL
l~
subir avec courage. Seulem nt, quand cetle pauvre
amie a nppl'is cela, ello Il. eu un nJOllIcnL d'\lXusp'\ration
qu'il fau,t lui pardonner.
- Jo lui pardonne si bien que je veux allel' la voir Lou~
de sulte.
- DOIIS un instant, je vous mênl'rlLi ch z elle.
- Soulom .nt, rendez-mai ce [Xl1·h'uit, Bernier.
EL, comme le conLremaîtrQ hésitait.
- Je le veux, dit Suzunne.
Elle le prit, 10 roula dans un morcellU de papIer et le
cacha dans son mantelet.
Rernter !lIta presser l'huissier, qui s'ernpl"·ssa de terminer, cur le contromaitre lui folsuil un P u peUl' !lveQ
ses man.i{)res brusques.
_ Nous partons, rnonsi,euJ', nou:; partons ...
_ Oui, partez, diL Bermer; car Je commt'nco Il sentir
ma main qui s'impaten~.
Co bI'ave homme, dont la doucour étlüt prov rbiale, _
avait mnl.ntenont des moments de n '7;0, penùl.nt lesquels
il [lUl'all chel·ché querelle nu pl' nllor venu,
Il dc."oCendit nOn avec Suzanne.
En bas', la concierge lui d monda :
Ou est donc l\lmo Thomer/un?
_ Ello est où bon lui somble.
_ C' "l qU'llVCC celte safsie, je suis inquiète pour m n
ter,me ... Si olle ne paye pas, que ùirai-je un ropriôtn t. ?
�====================== Moins
- J'irai le trouver, votre propriélaire 1 El mainteoon\.
fichez-moi la paix 1
_
Il s'éloigna cn maugr6ant.
Malgré sa tris tresse , Suzanne ne pouvait s'empêcher
de sourire.
Elle d it, même :
- Je ne vous ai jamais vu ainsi, mon bon Bernier,
Il s'arrêta pour la regarder en face el répliqua sourdement :
- C'est vrai; je crois que je ne suis plus le même
bomme. Ah ! tonnerre J, ..
Et il serra les poings pour menacer quelqu'un qui
D'était pas là.
En arrivant chez lui, il fil allendre Suzanne dans la
salle il manger et pénétra dans la chambre d e la veuve.
La pauvre femme était assise sur le bord de son lit,
regardant le dernier portrait de Miche!.
Quand elle vit Bernier, eUe d it:
- Je \'OUS attendais pour retourner là-bas?
- Où d onc ?
- Q1ez moi. Vous savez bien ... ces hommes doivent
venir sans doule aujourd·hui.
- Assez caUsé là-dessus, cria brw:{}uemenL le conLremaître. TouL cela me regarde maintenant. Et pas d'objections, tonnerre ( Je no st:is pas d'humeur à supporter la contradiction ... r:n attendant, il y a là une belle
\eune fille qui vien~
vous embrasser.
- Suzanne Y
- Oui. Elle esL là_ .. Entrez donc, mademoiselle 1... Seulement, vous, je vous préviens qu'il ne faudra pas la
\Jiétiner, eUe 1...
Suzanne s'était précipitée dans les bras de la veuve
et lui parlait av(:c la plus exquU;e aUection :
- Il Y a long\.()mps que je serais venue, depuis celle
horrible journée où l'on a condamné notre bon Michel;
maLe; maintenant on ne me laisse p!us.la même liberté.
AujOurd'hui, j'ai réussi à m'échapper ... Je savais que
vous sel'h;Z encore plus tl'isle que lrs aulres jours ...
- II (olas ! murmura 'Ia veuve : c'I"SL auj oul'd'hui LIU 'ils
emm tn ni liche!.
- Oh J ï s pèl'e toujours. moi, j' ",ptlre que la lumière
se (era ... Il ec:;l impOSSIble qu'on nc reconnaisse pas SOD
fort Clue rAmour ~
si j'acceptais un remboursement dans de telles condi'
tions .
- Mais, cbère madame Thomerain, n'ai-je pas le droit,
moi, de rembourser une perte causée par mon père 1
J'entends parler, tous les jours, de cette compagnie d'assurance, qui va nous rendre quatre millions. Ces mil·
lions, c'est ma fortune, la fortune de ma mère! C'est ~
moi, bien à moi J Je comprendrais que vous fussiez si
fière vis-à-vis d 'autres personnes; mais vis-à-yjs de
moi 7...
- Mon enfant, dH la veuve, cet argent ne sera à vous
que le jour de votre majorité; d'ici là, il est confié à
votre père ... Al.I$Si, ne parlons plus de cela J
- Si, si, nous fn parlerons, déclara fermement Su.
zaMe. Et, dès aujourd'hui, je clirai il mon père quelle.
sont mes intentions à cet égard; je suis d'aileurs cer,
laine que je n'aurai fail que devance r ses dr.sirs.
Tandis que Suzanne parlait, le visage de I3ernier· se
rembrunissait. La proposi Lion de la jeune fille ne lui allaU
pas du tout . Es!rce qu'on avait besoin de l'argenl de
M. de Saint-Ermond?
- Non, mademoiselle, non, ne parlez pas de cela Il
votre père. Je connais quelqu 'un, moi, qui s'arrangera
pour que les choses se pnsscnt comme si Mme Thomernin
n'avait rien perdu. Soyez tranquille 1
- Quelqu'un? fIt Suzanne élonnée . Qui donc?
- Quelqu'un ... quelqu'un... que je connais ...
- Mnls qui, enfin?
- Ah 1 voilà 1 C'est UM personne qui n'aime pas beau,
coup qu'on parle d'elle. Vous savez ... il y a des gens qui
sont a insi...
Suzanne eut beau le questionner, il ne voulut jamaiJ
Dommer cette personne; mais il rCpHa qu'il la connais·
saiL parfaitement. Et qu'on ne lui n demandlH pa" da.
v antg~,
parce qu'il n'Ctait pa~
d'humeur à ba\'urdcr
La jeune fille embrassa tendrement Mme lhomel"lf:l:
puis &lrnicr la. reconduisil il 10 voilure de louage qui l'uttendail dans la rue de la Chapelle.
Quand Suzanne arriva boulevard Male
~ herbs,
e11e
trouva son ptlre seul, dn.ns le salo n de Ninu Careniteh ;
et, avec l'inconscience na!ve des fLme pures, elle inter·
ino~
c ~1
rogea brusquement M. de Saint-EJ'mond.
MIlle Thomerolfi poussa un soup:r.
- Savez-vous ce qui se passe chez ~Ime
Thomernin,
- Je n'ai plus ete confiance dan" la Juslice de hommon pllre?
m " dit-elle. Je n 'ul confiance qu'en moi J
- Ah 1 tu viens de là-bas? nt l'Indtlstrlel, sans se dé- Que \'oulez-vou s dIre?
partir de son calme. On ra ch rchée pal'tout; lu com- CrQy
e~·
\'ous
qu Je vais lai&SCI' Michel vlvr avec
tesse voulait t'mnment' r avec elle pour falr'e quelques
ces hanù ,ls? .. Oh 1 je l'an/lcherai à ceLte \0 orr,''!use J...
ach at.<l ... Je croyais l'avoil' c161 ndu ùo jamais relourner
Je COI romprai ses gardes. Ces ~ens-li
, ça .;'ar·h 'le 1 J'ru
chez crUe ~Irne
Thom ruin 1
de l'al'genL 1 J'UL plus d' œnl mille francs ...
Il était a.;sis dev(\n~
la table du milieu eL parcourai'
Elle sc levu, l'arlunt ('ncore uvee une xallution croisd es journuux iJlustr~.
sant. Elle Il'ai llû-l>as, elle uchHeri~
un boteau, ellc couIl continua, snns m~e
lever les yeux vers Suzanne:
ch l'ail SUI 1 ponl, comme un matelot, pour ultrntlre
- Alors, tu m'as dCsob i ?
un' honn 0 aSlon de rn lr (n'oder son nls. Dernier la
- Mon pbre, j'o.l cru raire mon devoir.
r '·olI'drl. O\ C' t"ist .. :C, n'osant l'i nterromprc.
- Voilà un bien grand mot, mon cnfnnt 1 Tu me per_
EL srHIIIUIII, clic 1 tomba SUl' son lit, murmul'Onl, d'une
mettras de te dire que c'est il moi de dIriger Lon exisvol x d '! p(or( :
lcnc . Je te prie ~onc,
de la (açon la plus formelle, de ne
_ J't'luis rollt' .. Je rl:vais .. , Ils m'ont lout pris ... ~!.
do
plus mettre les pl '(15 chez Mme Thom raln 11 est inadSainl-El'm 1iÙ Il rVl'é l'org nL de mon fi13 ... Ah J lous ces
missi ble que Mlle de Saint-El'mond (ns..<;e des visites •
mis(!ruhles s' 'Ilknùcnl..,
la mOre d'lm homme ... qu'on expMie aujourd'hui mWle
_ la<l ume '111 0111 'rain 1 mndame Thonwrnln 1 cria
il la Nouvelle-CalMonle,
&lrni l', ù'un volx ùe l' pro he, en lui montrnnl :'jU'
_ Ohtl mon pOrc 1
tann c(ul sang lolalt.
_
ui, oui, prononçu très froidement M de So.lnt:
Lu \,'\1\'e roC f assn la m in sltr III Ogure cL l~nhta
Ermond, feuilletant S()S Journaux, Lu ne ~ux
te faire
_ f'llnl ')11 . J ne sais pl~s
I,Jloen ce que J diS ... Je
encore il cct\'() id~,
ct tu as III U!\.() tcHem nt montée
sourfre tanL 1 Ce qui rait que Je n al plus ma tête il moi...
que ... nous l'eparlerons de ceLo. une auk lois: lu 00tnPardonllel·moi 1
prcndras aloI' qu tu nous 86 lous rendlm un peu rkllmlns 1 prononça Suznnn ,c' L bien plulOL il mol
cules; mals, je le r6pt'Jtil,
n' st pas le moment d'agiter
d'implol '1' voire pUl'don pOUl' mon p1lrc, CommenL al-il
celle quesllon. Cc qu tu voulais me dire, j'en SU1S ocr.
pu fair' c la 7
lu in, c'est que lu cs ul'rlv6e chez cel\,() (enun au ma~
El! s l' UI'
a avec nerté,
où on la sulsl:sail,..
'
- Mni.~
c n'csl qu'une l'feur; Ji esL Impossible quo
_ Vous le aavlez donc 1
ce ne soiL pu une l'l'CUI'; l argent uu:an dO ~lre
- Oul.
ea .1 \ )1 UI' Ill on ) 're : s'il 1'0. IiVI \ à la Jus tice, c . ~
T
- El vOUS ne l'avez pas omp~ché
qU'II oh :s ait à de... consa.lt!ljilions flurliculi 'l" ; malS
_ Je m'cn s rais bl fi gardé,
évl<l 'lIlITJ('nl son in\.()nlloll (,.\I!{it dl! vous 1 l'runIJourscr.
- P/lrdon, mon pbr... Jo ne comp MS pM t.rlIs
!l:on, (lit ~ hClllcnL 1 VCllve, non, J ne veux ri n 1
bien .. , Vous voulez donc accnbler una malh ureuso dont
On a pn l'Ul'jl nt de Illon ms, qu'on 10 garde 1 L'infamie
la vic s'est 6coul6c d'une aussi noble ma.llibre T '
Will !llul5 gl'Ilndc 1 Voilà Loutl ion rus me maudll'o.lL,
�(;?l-
======== =============
Jusqu'à midi, il s'occupait ou faisait semblant de s'occuper de ses aUaires, dans le salon que le prince rUS66
avait mis à sa disposition.
A midi, il partail avec Gél'aJd : Ils aUaient ensemble
déjeuner au cercle. L'après-m idi, il venai t prendre la ëomtesse et sa fille pour les mener au Bois. Gérald ne paraissait pas encore; on l'apercevai t seulement, de temps
en temps dans l'allée d es Acacias.: il saJuait correctement
ces dames, sans s'anèter, comme un viveur qui n'entretient a vec sa famille que les relations nécessaires. Et iJ
n 'arrivai t chez sa sœur que pour d[ner.
Il se montrait très froid vis-il-vis de Suzanne , n e lui
fai sait jamais un complimenL ; et la jeune fille lui en était
très reconnaissanle. Jamais non pluS la comtesse ne parlait de son frèt'e à la jeune lille. Elle se contentait de dire
il Saint-Ermond , avec une pillite moue
- Je vous en prie, surveillez mon mauvais su jet de
frère; il a déjà fait bien assez de sottises en flus sie . Je
n 'ai pas besoin qu'il recommence à Paris.
Q~and
elle était seule avec SuzantIle , elle essayait de la
d istraire , el ie lui d isaiL :
- Je ne veux plus voir, sur voLre visage, celle teintAI
de trislesse ...
Plusieurs fois, elle voulut lu.i pBll'ler de La. veuve Thom erain ; mais elle hésitai t
Enfin elle se décida ; elle lui d emanda, au bout de
quelques jours :
- Vous n 'avez plus eu de nouvelles de ceLle malheureuse mère?
Suzan ne Lressaillit e~ balbutia ~
- Vous n'ignorez pas que mon père m'a form ellemen'
défendu .. .
- Oui, oui, je sais cela, dit la comtesse. Les hommes
sont cl'uels, ainsi. Mais moi, j'ai pris ùes informalions :
.\tIlle Th <> mel'ain a été malade: elle va beaucoup mieux
heurcusement. C'est que je m'inlkt· sse vivemen t à eHe,
el j'ai pensé que nous pounions lui envoyer un secours ...
- ElJç ne l'accepterait pas, dit Suzanne, que cette pensée humiliait.
- Oh ! je sais un moyen. - Celte pauvre remme es'
il la cllar'ge du contrcmalll'e de votre père, qui ne doit
pClS être bIen riche, non plus. Je vais 'cul' envoyer un
billet de mille francs dans une envelOppe , sans écrire un
mot.
Suzanne voulut d'abord empêcher la comtesse d·execu.
tel' son projet; mais, en songean t que cel a apporteraIt un
soulagemc.nl momentané dans l'existence de la veuve , elle
finit par consenti r.
- Faites comme vous le désil'ez, ma(lanîe : Je n'ai pus
le drol L d'llrrêtol' \'oll'e générosIté. Et peut-être ét(),!·~
10 US
mieux iospil'ée que moi 1 Seulement, vous me permettrez
d'être de maillé duns votre envoi.
- De grand .cœur, chère nrant.
Et le billet de mIlle francs {ut envoyé, comme l'avai'
pl'oposé ln comtesse à • Mme veuve Thomerain, chez
M. Bernier D.
Le lenclema.!n, Suronne n'avait pas encore qu.ilté Sil.
cham'bre, t'Ûrsqu'on vinL la prévenir qU'U!Il h omme III.
demanduit. Elle courul l' apidc01~ml
uu salon L StE!
trouVla. en face du vieux Bet'n ler, qu.i tonait une enveloppe à la mam.
- Que se pll5se-1r1l donc 7 demanda Suzanne , inquièl.e.
- Bas gl'an.d 'chose , mademoiselle. Je viens simple·
1'OOruL vous apporter ceci, dll le conLremult.ro l'espeo.
tu.ousemen Ll'i
Et il lendit à Suzanne l'onveloppe où , la veille, elle
avait mis le bIll L de mille 111i] ncs.
LA CONSClf'.lICE DE DERNIER
La pl'omièl' pen~
u~
hl jellne fllle fut de nier.
-Je ne comprends lias ce que vous voulez dire, mon
bon Be!'nler.
. .
'A parth' de 00 Jour , Suzanne ne prononça plus le nom
_ Oh 1 c'est 1>len jnutHe avec mOI, mademOIselle. Ce
de MIchel. Elle eut môme le courage de lire, sn.ns pieumalJn nous avons deviné toul (le suil<l lfUalld le facl'Cr, 1 'arllcl de jourllaUx où on n.nnonça.1L BOn d('j)ur L.
leur ~t
Iltl'l'Ivé. Mme 'l'hom(,l'aln uUI'tlil mi\me rolll\Sé
La comlosse 1'0ntou I'niL des soins les plus affectueux. Et
lA loL~r
... Je l'on ai (J~ I Pûole,
snchan t ~ue
cela VOlltS
SU7./lnne s'habltlloH de plus en Dlus II. ceLte maison,
f l'aiL trop de peJl1e. EL alOI , j(> vou.s aI rappOJ1.é ce
~'eU
nvnlL tant ml:pl'i&."c jad is: au moins, elle nvalt le
bi!leL mol-même. - Mme .Tholllcr'Uin n'a besoin de
Onhellr de poss(xlor un peu son pùro.
l'len, ajoutu-I-Jl bIen tranqu lllell1ent.
p)'0ur snl~h'(
à ln moraJe hypocrite du monde, So.!nlr
li posa l'envotollDC sur une !.aule. Suzanne ne troumond hnbit.ulL touJOUI'S chez le prince GOra.l.d.
-
zan~!
Moins fort que rAmour
Encore des mots, des phrases , ma chère SuIl faut malheureusemen t d es idées un peu plus
pratiques, pour se diriger dans la ";e .
_ Vous me permettrez de grurder les miennes, mon
père. Ainsi, je vous avoue, très nellernent, qu 'il me semble impoSlSible q1le vous ne rendIez pas à Mme T homerain ln fortune de'" son fils.
- Je le regrelle : mais c'est impossible, dit sèchement
l'induftrie l.
_ VOIlS l'avez donc livrée à la justice?
_ Pas encore : mais cela se fera dans qu elques jours.
_ Mais ... quand ln compagnie d 'assurance vous remboursera notre fortune, vous en. détacherez certainement
cette peUte s omme...
.
_ Je n'en détacherai pas un centIme.
_ Alors, je le ferni, moi 1 dit fièrement la jeune fille.
1\'1. de Saint-Ermund leva enrm la tête et fixa un regard
mauvais sur SUZianne.
_ Tu ne feras sQrement pas cela, ma fille 1
- J'attendrai ma majorité .
à ta maj orité qu'aujour_ T u ne le feras pas ~lus
d'hui.
~ à mo ins qlIC, dans ton cœur, tu ne places la
.
famille '1 homel'Ilin au-d"ssus de Lon père .
Suzanne tressaillit. Elle s'avança , en suppliant, vers
M. de Saint-Ermond .
_ Oh 1 mon père, que dites-vous là?
_ Mon enfanl, lorsqu'un homme est condamné à une
peine quelconque, il est aussi condam.né. li. pay~r
1es fnais
de son procès. Généralement, les crlmmels n ont guère
de fortlme : et cetle seconde clause de~ur
presque t?Ujours sans erret. :l.lll.ls icI, le cas e.:;t dlUérent : on saISit
ce que possédait liche!. pour COUVl'lr les fraIS de son procès. En outre la CllIlll'ognie d'assurance, ayant recours
contre les in~d
: nl'es,
saisit il son toUI' ...
_ Oui mon père, je sais cela: je l'admehs : mals vous,
QUi vous' empêche de réparer cet,.nou~l
crllauté?
_ Un motil bien simple. Tu t .magmes sans doute
Qu'uue compagnie d'assurance pare it caIsse ouverte les
pertes subies par un assuré? Eh b;en, no~
1 Et la pn'uve,
c'es~
que je n'Ul encore touché el que le ne tou hm'ul
rien ... lant que l'enquête de la. compagnie ne sera pM
termin 6c.
- Quelle enquflte?
_ L'cnqul'Ié Gue rnil toule compagnie d'assurance pour
s'assurcl' que son cll<,nt Il'a pas mIs le [cu lui-même.
_ N'a-t-on pas, hélas, déclaré que le coupable, c'étai~
Michel 7
_ En cOet IYLchel Thomerain , qu.i, le matin même de
l'Incendie, étUit enr.ore l'employé ùe la muison, un uut re
moi -même... Ah 1 tu ne t'imagines pas le tort que ce
malhcureux [ou nous Il. cuusé 1 SaIs-tu quolle a élé lu première id6e d l'inspecteur do la compugnie d'assumnce "
C'esi que la dispute, que j'ni e ue nvec Michol, n'était que
simul6e, que Lout avait 6té convenu entre nous d'aVa!!C6,
(Jt que j'uvals Inlkl'OL il voir dispar>llYlre mon usine. Ces
~
~bsurd
e:
mals c'est ainsi. Et, le jour ail je l' mbourserais à Michel S8 lor'tune, le jour où on ~e
pro'Uvera.iL que
tu vas encore chez sa mère, on me dirait tout SImplement : Micllel Thomcrain était \)0[1'C complice; et c'es t
VOU! qui lui avez ordonné de mettre Le leu a ?Jas chanHers. Votre conduile d'6uJourd'hu i le prouvo blan. - E\
~ilà
pourquoi, Suzanne, je le prie de ne plus me déso"'Jlr.
�C'If-
42 ====================Moins fort que l'Amour
yan rhm à M répondre. Il la oolun et atlait partir. Elle
demanda alors timden~
:
- Comment va ma vieille amie T
- Bien mieux, mademoiselle.
- On m'a dit qu'elle avait été gravement malade.
Alors, j'avil.ls désiré... Que Je suis désolée de l'avoir
bJessée ,
- Oh 1 mademoiselle, maintenant, plus rien ne peut
la blesser. D'aiLleUll"S, elle est très calme : son délire
oot passé.
- D!les-lui que je pense souvoo.t, souvent, li. elle".
- Elle en sera bien heureuse. maùemoiselle.
- Et que j'aw'ais voulu aller la soigner.
- Elle a men compl"ÎS, mademoiselle, que cela. étrut
impossible ... Et ce n'oot que trop naturel, hélas 1
Il Y eut un lourd silence; puis Suzanne prononça tout
bas :
- Avez-vous des nouvelles de ...
Elle ne dit pas le nom de Michel. Bernier répondit
tristement :
- On sait que la frégaLe qui les emmène a quitté la
France, et que les deux prisonni rs élaient e~
bon~1l
santé. lvficbel est toujours courageull. et son alTll l\larLin
toujow1S gai. Voilà. tout.
Suzanne rt:garda autour d'elle, craignanL d'I!tre espionnée; puis Ile Lendt les deux mais li Bernier.. :
.
à ... quand vous lUI éOI"lvez,
_ Quand vous ~crivez
\'ous lui direz que je suis toujours la même... toujours ... et que ... que je l'attends 1
- Je n'en ai jamais douté, mademojselle, déclara
anqûil!em~
Bernier.
A Ct; moment, la porte du salon s'ouvrit, et M. de
Saint E.rmond parut, son portefeuille sous le bras.
Il s'arrêta, tout stllp(:[ait en voyant son conf.remaiLre
et demanda sèchem nt :
- Que venez-vous faire ici, Bernier?
Suzann se mit Il trembler ; mais elle se rassura
quund elle entendit la. réponse du cont.:-emaUre.
- Je veno..is prendre congé de lIladellloiselle, mon.
siew·. M-ldomo' lie 0.
ujours été si bonne pour moi,
que Je li ai pas voulu p.u"l.ir sans lui dire adicu.
- II in 1. .. Que signifient vos pUl'Ol ?
de !"ainl-Ermoncl so rend aujourcl'hui
- Si mOTl'~eur
SamlrDcnis, je le lui expliqu"rai plus amplem<,nL.
relenu oule la
- Non' je n'irai l 'IS là-hfl..'1, je s~J"ni
l/l "nœ il Paris. Expliquez \'OUS donc tout cl suil
L'industriel s'assit, laisslLDt 13 l'nier debout et le dévi'./lgO!J.J1 ta\" insol nec :
- \'OIlS... PiLl'te?', m'QvN-vOUS dit 7
- Oui, monsl'ur.
- Vous ne rn' n lLvjcz pn.s pl'6vcnu 7
_ J'allais le fuit aujourrl'hui.
de
_ l\11:tL'L. qui vous Il. dit que je vous ~mnolt.r1s
partir?
_ Je n'atLro.l pas besoin ae vous demllndol' volt'O pcrrn1ssiùn, mons.iew' . .lc r prends mon ind6pcndnnce.
_ Ce qui veut dire que... vous me quittez?
- Oul, rno1llSlcur.
_ J vous cl'oyals plU1l nLtnch6, sinon Il mol, du
moins Il ma fabnquC.
_ La laLtriquc n't!xisf,c plus, monsieur.
_ Qui vous dU que Je ne vals pus on InsLollcr uno
1 7
CI' ne s rait plus 1011. m··m " mons! ur. Et maint.ona nt quo le Wl"l'Ilin
1 enLi r rn (>o~
déblayé, Je supposo
ql1C VuOO n'uv 1. plus lJesoin de mol.
SIl.inl.EI·rnoncl ,;0 mord t l' 11'\1':5. Il 1 rnomlt cncol'O
s'ri (ond 'l'U 1 unp nouvel! fllbl"Îl( . ; rnais, Il'11 s'y déci·
(1.olt II uVllit comJlt.(: sur 1'<, ï rlênce du vieux conLrc,
InaiLr( : fi avait m~,)
~c;p(\ré
qu B"I'oier retrou,vlJt'nlt
f>i'IJ il peu l' r,clll"el des rtIf'I-Vl'..i1 u l"
rn:lchincs lm' 'nhomme
l 'l 1 Ill' .1 h 1. Et pli ... (l'In l'1l\LrnllintL, C~
qU'1 Il Il id 'li
C<1II1111
[, !.sant pal Li
de sa fOl"lllllC,
et '!jul le qulLtn.it ln11 jurun nL, sans m~e
lui dOMer
l Il l'Il m ùe on d llllrl. 11 llit :
bt 1 J IIVIUS ,'neor h(" in cil' VOliS 'f
- J'aul"Uls 1 rr:grol. de ~ us quille!' touL de mOmo,
mû
'ur
~
- Ainsi, votre conscience ne vous cne pas que vous
vous devez à ma fam.i1lil, qui a fait votre position?
- Non, monsieur, répliqua I.rMlquillement le contremaître. Ma conscience me dit d'aller autre part.
- Vous entrez dans une nouvelle maison?
- Non, monsieur.
- AJars, de quol vivrez-vous ?
- Des rentes que j'ai amassées en travailllm1t.
- Je ne vous savais pas ~I ru.:l!" , lit j'müuslll:iel, avec
un sourire ironique. Mais, puisque c'est nu service de
mn famifIe que vous avez amassé ces renLes, vous comprendrez <J.i.sément que je vous trouve un peu ingro t de
m'abandonner si brusque.ment.
- C'est que ~s
circonstances l'exigent, monsieur.
- Soit 1 Mais je vous dois encore le paiement des
samaill!eS qui se sont êcoudées depuis ce maudit inœndie.
- Non, mon.s.ieur, vous ne me devez rien . Si j'ru
t.rnv&illé au déblaiement de l'usine, c'éLait simplement.
pour payer ma detLe de reconnaissallce à votre fami1te: car, dès le lendemain oe l"incendic, j'nvais
pris la r:!50luLion de me retirer.
- C'est peulrét.re voLre opinion, dit M. de Snint-Ermond, de plus en p~us
piqué; ce n'est pas lu. mierune.
dO.
Vous toucherez, aujoW"d'hui, ce qui vous es~
- Non, monsicur, je n'irai pas le toucher.
- Et pourquoi?
- C'est mon idée.
- Alors je vous renverrai.
- Jc ne ferai que le recevoir pour le porler au bureau
de bienfaisance.
- Savez-vous que vous me manquez de respect, Bernier?
- Ce n'œt pas mon inlenLion, n .on.sieur ; mais j'ai
l'habitude de ne pas mentir.
Une sourde colère agitait l'industriel. Jamais un ou\'lier - ct il considérait BeMier comme un simple ouvrier pm'venu - n'avait osé lui pal"1er ninsi.
Il aurait voulu lui répondre avec insol~ce;
et il n'osn.1t pa, il cause de SUzanne. D'un auLre c.Oté, il
n'os.aiL pas orJonner à la jeune nUe de se retuer. 11
domina cependant za colér eL diL :
_ B('mier, VOliS avez parfaitement le droit de me
quit r. Je regr lte votre docision ct vous le d(~laro
sln(;(;rtml nt; mais ce qUIJ VOllS n'o.vcl. pas le dr.Olt ~e
[UII".' c'c L de me quiller ainsi. Jo no vous ni Jamll.lS
!lIJI ' é le molndr r l'roch , je vous Il toujours laissé
1 Il"C de diriger "oka travail à v<1trn guise. Et aujourd'hUI VOII me pari Z ('A>mme un rnploy6 qui 0. eu il.
liQ !>l~indr'
de l'on patron. Et vous failes cela d v.ant
mn Il Ile, o.proo o.\'oir I!xprun6 VOLI"fl r peeL pour Mlle dt'
::)[ljnlrl';l'mond; c'cst donc que VOus avez qUelque suje
d plaint" contre moi.
Il
Expliqun-vous fran chement.
BCl'Oicr 1'~Sbn,
le:; Y('l1X fixés il terre, immobile pen_
dl1l1L . une rnlnute, oh rchllllt tUle phrU5C bamLlo qui pOt
sn J>"illsoo; mals il ne savaiL plIS mo:ntir. 11 00
d 'gu1~r
contenla. do répondr :
de prendre congé d vous, monsleul
- PClwe~L1.-mOi
et nul.d('mo lsr Il .
- Non, I3emler, non. Je veux connaiLro le lond do
votr f16nsr'>e.
- p<'lrn
o~tez-mi
do m tair, monslollr.
- Non. Gela Indique CJuo VOliS flVP.Z lin vrai senLlmcna
d'ant r ,dhi<, conlr mol. R "ponlle7, mOl; r.sl-e vrui?
Bel'nier lova la lOte t reganlu (1'01(1 rn nt l'Industriel
on disant :
f
puisque vous l' xigez, Je no m Lirai pos; - ouJ,
monS'Cllr 1
L'inùu ·triel se passa les mlllrul snI' le front, en mllrmlll'llllL :
On a donc beau falre 10 bien, on no rôcOlLe jamais
quo l'IngrnLltud .
J nc VOUI! dols aucuno reconnn! o.ance , Il VOU.5
pe1
'on(~
Il'ment,
monsieur 1
\'011' s(!vér :
L'lIldusLl"i ~ sc leva n dlsanL d'\ln~
- t:' t blon. Pnl'Le~.
J'oublierai volr ingraliLudo.
Mleu 1 MnLr;, mol qui Il'oublio pus v s<:rvlc s, Jo YeUX
vous donner uoe polgnoo do OUiln.
�~
Moins fort que l'Amour
Et il IAlndit la main à Bernier. Le conbremaHre salua
eL flt que!ques pas en arrière, comme s'il ne voyait pas
la main de l'industriel.
- Vous refusez de me donner une poignée 00 main 1
- Ah 1 monsieur, lais9€Z-moi m'en aller sans me
poser loutes ces questions, surtout <.levant Mlle Suzann'3... Cela me rend trop malheureux.
- Non, Bernier, dit Suzanne. Je veux savoir, moi,
pourquoi vous refusez de donner une poignée do main
il mon père.
- Parlez, je l'enge! cria l'inrlustricl !urie.ux .
- Vous l'exigez, monsieur '1 Soit 1 - Je ne veux pas
vous serrer la main, parce que VOlIS avez porté un faux
témoignage contre Michcl Thomerain ...
- Ah 1 c'est cela '/ dit l'industriel en haussant les
épaules; j'aurais dQ m'en douter ... r.lais si ce n'est que
cela, je ne m'inquiète plus ... Allons, adieu, mon pauvre
homme ... Vous êWs un peu fou ...
- Oh 1 d6cLara le contremaître, avec un geste farouche, il n'y a. pas que vous qui ayez menti, ce jourlà... l\[ais patience 1. ..
- C'est moi qui ai bien trop de patience de vous
êcouter aUSGi longTemps 1 Sortez, malheuxeux, S?rtez 1. ..
- Pourquoi m'avez-vous forcé Il parler, monslew'?
- SorlAlz 1 Et que jamais je ne vous revoie 1
- Soyez tranquille, monsieur 1 Je quitte la France.
Et je n'y reviendrai que le jour où la jusLice y sera
mieux rendue.
v
LES
ÉCONOMIES
DE BERNIER
En disant ces derniers mots, Bernier lança un geste
furieux contre cette personno, qu'il menaçait toujours,
sans que jamais on la vit, et qui ttuit peut-être bien La
jusllce; puis il sortit hl'usquem nt, nprès avoir envoya
un dernier adieu à Suzanne.
Ln jl\uoe lL.le éLo.it tomb6e sur le canapé, où elle pleul'alt, Il demi accroll·pie.
- .J'espt!r que te vollà conU'>nte 1 lui cria son père.
Elle 50 jeLo. vers M. de Sainl-Ermond.
- Oh 1 mon péro, pa:rdonnez-mol 1
voic.s cet homme m'insulter pour
- 11 a !-allu que ~u
\lue tu te r'nùes en,rm compto de l'nbsurdité de ta contlllilo '/ ...
- CO st qu'il est si malheureux, mon p/)re 1 11 aimait
tant M. Thomeraln qu'il n'a plus sa !.êta à lui.
L'lOUus Lriel, enchanté de voit' la tournure que prenaient les choses, sc mit il rue flédalgnousement.
- EL moi qui inte1'l'ogeals gl'uv>ment co vieux tou 1
MOi r{ui m'lmaglnals qu'il uvalt quelque gl'! f s(:rieux
COntI' moi 1... Quelquo ilju.~tC(
PMs\lo inaperçue, et
qUe j'aurais été ravi de l'()pal'er 1... Et tout celn aboutit
tt une acou ation ridicule 7...
son père par des signes de lOle,
SuzalUlC aprouv~ûL
n lltesuro qu'jl parlait.
- Oser me dire que j'al porté un faux témoignage
COntre Michol?.. A moi qui n'ci ce&Sé de le défendre 1
- C'est vl"8.l, mon père 1 Vous n'avez rien dit qui ne
[Ut JlQ.rf{).Ucment oMct Bernier s'en prend Il vous comme
i:! IIOit s'en pren.dre à tout ie monde.
M. (le So.inlr.Etmond aporçut n.lors l'enveloppe, con~n'Lt
10 tulleL de m~!1e
francs, que BernJer avait dé·
I>oS( SUl' la \able.
- Qu'est-ce que o'est que cela 7 dU-IJ.
J'avai encore commis une Imprudence, mon père,
dtl~!I'a
COU rageusemc.nt ~uzn.e;
mals le VOlU! jure
qU LI ne rn'arr.i.vem plus rlCJ1 de semb.Lable.
L'ind\J6lriel ouvriL l'enveloppe e~ vU le billet de mille
rl'<l.ncs.
- 'ru leur avais envoy6 cela 1
- Mime Ülronitch s'inl6ressai\ comme moi à ceUe
lllIJ.!hcureuse [emme' nOliS u.vQJ1S voulu lui adresser
~la
somme d'u.n, ~l\Dèr
nnonyme, .sans lui éCrire.
F.l1e a blon d viné d'où cela ven.o.i'· et me J'a renvoyée
Ce mutin ~r
Bemler,
Comme Suzanne IAlrminaH cette explioaplion, la comtesse parut da.ns le salon en toilellAl du maün, tout
effarée.
- Quo se passe-t-jl donc, mes .amis 1 J'ai entendu le
bruit d'une discussion .. . Je me suis levée en toute hâte 1. ..
J'espère q·u e cc n'est pas après votre fUIe que vous en
avez, monsieur '1
- Non, dit gracieusement Saint·ErmonCl; c'est contre
vous, qui laissez taire des sottises à SU21anne.
- Comment cela 1
- Suza.rllle vous le racontera; vous me permettrez
de me rendre il. mes aUaires.
Et il sortit avec la gravité d'un homme qui est sur le
po.int de toucher plusieurs millions.
La comtesse dut arracher, par bribes, à Suzd.nne le
réoi,t de ce qui s'était passé; et, quand la jeune fille 'eut
terminé, Nina dit avec insouciance :
- Bah! si l'on s'OCCUpiüt de l'ingratitudo des gens
qu'on oblige, on ne ferail jamais le bien. Nous oublierons Mme Thomerain, voilà tout.
Suzanne revint dans sa chambre, essayant d'écarter
10 souvenir d'autrefois; mais, dè~
qu'elle fut seule, e~l
fut reprise, malgré elle, par tous les doutes qui l'avaient
assa.iJ.lie quand on avait jugé Michel. Machinalement,
elle ouvrit un tiroir qui \;,nlenait plusieurs journaux;
elle en enleva U'I1 qui renfermait 10 compte rendu du
procès i et, tout de suite, elle lut la déposition de son.
père.
- Pas un mot qui ne soit vrai 1 murmura-t-elle.
Pu.is, olle cuL honte de sn !aiblesse.
- Je suis folle, moi aussi 1 Est-ce que je puis douter
d s paroles de mon père 1
Cc.pendant le vieux contremuHre s'cn allait le long
de.s boulevards, d'un pas saccadé, jurant, fermant tou-
jours le poLng, parlant à haute voix, si bien que les
passa ls se moquaient de lui. 1\lème, un sercrent de
ville, le croyant ivre, voulut l'arrGlel'. Bernie;' le repoussa bruLalemcnt, en disant :
- I\h 1 prenez garde 1 je n'aime pas es gens de "olre
espèce 1
Et H paraissait si menaç.nnt que le sergn~
de ville
jugoo. imprudent d'engager une lutte.
Il n'y avait, pas longtemps que cell.e haine était venue
fi Bernier conll'e les gardien' de ln paix; cela datall de
la ntlÎt où deux des leurs avaient arrêté Michel.
11 con~iul
son chemin, aprlls avoir montré 10 poing
au ciel.
.
Il étaU furieux, e~ selon son hab itude, [urieu..'X contre
lui-même:
- J'ai encore [nH une bêlise ... J'aurais dQ avoir le
courage de me Lo.ire ... Mais voilà 1 c Ue sacrée IfLnguc 1
pas moyen de l'al'l'èLer 1 J'ai sQrcm nl cau~
du chncrrill
li. MLle Suzanne 1 Mais tant pis 1... I\prœ lout, je ne ~LIi!l
pas fD.ché do lui avoir dit ce que jo pensais à ~ r-1. d
S~int-Emo:d
1 Oh 1 oui, il . a menti quanrl 'il a dil que
Mic.heI a.v~t
tl,m caractère Violent ... Et l'autre, le prim.-e,
a rr:renLi aUSSI, pul' IlO Î\lUchel le lui a dit en pleine
audien.oo ... Allons, il y a, sous toul cela, ql! Jque cho'
qUI n'oot pa.s clair ... Mnis nous 1'6cl.u.il'c.il'OnS plllS Lo.rrl,
morbleu 1 En ce moment, j'ai bien d'autrœ civils 11
rouetter 1
Et il allait toujours, furJeux, rapide, ne prenant ni
voiture ni omnIbus, trouvant qu'Ils vonL trop lentement.
Ii so sentait une acUvlté de jeuno homme.
Dans le faubow'g Sn1nIrDonis, il rencontra un de ceh
horribles " paniers il. salade D, qui serv n~ li transporter
los crimlnels.
- Quand jo pcnso que Michel a été là-d dans 1 pro1
nonça-t.-Jd avec un mouvement do l'age. Canœll les ,
Le mot u ca.nalll s " s'adressait tL b6au.coup de monde:
aux agents de police quj avaient Ilrrllté Michol, au juge
d'Jo~ruct.ix:m,
au ùl1'(:cLour de Mazus, il. l'avocat, aux
jw'Us, li. M. do Sainl-Enmond, il. la comtesse russe à
son (l'Ù1,() et li. lt:luL l'auc1i.to1ro qui avalt l"efnpli la cour
d'll&Sisœ, et môme à tous ces ParJ.siens qui avalent cn-
,.n
'"
�Moins fort que rA.mour
c.ore le cœur de manger, de boire, de travailler, tandis
qu'un innocent ét.aiL eXlp6dié ~ la Nouvelle .
Mais patience, paUenoe 1 Ça ne d urerait pas toujours 1
Et Bernier, ayant une dernière fois montré le poing
au ciel eL à tous les passants, contL'lua son chem1n ,
plus œlme, rassuré par l'a.venir qu'il entrevoyaa.
Q\lJIl.Ild il enlm d:ans son logement, deux femmes
ét.a.ieat assises sur une malle et causaient, se J,enan t
par la me.in. TouL de suite, Bernier se mit à crier ,
oo ur mieux cacher sa sensibilité :
- Là 1 qu'est-œ que je vous disais 1... J'étais sûr de
les trouver en l.rain de ne rien faire 1 Ah 1 vous savez ,
madame Thome.min, et vous, mademoiselle Juliette, je
n'aime pas Jes p8J.'esuc~
1... Bonjour 1. ..
Ls deux femmes SOUI'irent; et la veuve répondit
- Vous vous trompez, mon bon Bernier. Si nous
nous reposons, c'est que nous avons fini.
- Oh 1 Je sais que vous avez toujours r aison , vous.
i\.lors, votre malle est faite?
- Il n'y a p.us qu'à la fermer
- Et la mienlle?
..:... Comm< 1 la vOtre 1
- Ma valise, si vous préférez?
- Vous allez donc en voyage '1
- Oh 1 pas bien loin. Je vous accompagne seulement
jusqu'à BouJogme.
- Non, mon am.i, non . Je ne puis accepter celte
nouvelle preuve de dévouemem.
- Ah 1 pas d'~xrli
'aUon , ou je me fâche.
Il p3.SS!l·t aJl.~1
sa Journée li bousculer les deux
femmes. Et quand ellcs ntllent, jJ leur dISait
- Ah 11lh 1 VOliS VOtlS Irnag:niez que c'était une bonne
vieidle bête que le papll n 'l'nier ... et qu'on le mènerait
!XU' les deux o l'el Il :6 '1 Eh liicn, ça n'cst pas vrai! J'entends qu'on m'obéisse, moi 1
Et, en lui-même, il riait : il songeait à tous ces imbéciles qui avruent prédit qu'à [a fln de sa vie il n'aurait
personne nutour de lui 1. .. D'abord, il aV.:lit sa vieille
nmie Thomerain, qui Q I :upalL sa chambre. Lui, couchait l{)UjOUI'5 sur un lit pUant, dans [a salle à mUJ1ger,
Puis, un mulin, 11 ~lai
o~I(!
chnl'cher quelques objets
dans la chambre de Jul!eUe IOl'nnd, [JOUI' les rapporter
à la jeune lîlle, qui solgrlalt ~!me
Thomel'ain. Et alors
11 lui étail venu Uli idL'è. Il lui venait œaucoup d'idées
depuis quelque temps; el il les e:\écutait tout de suite
OOUI' n'nv ir pas le l.crnp,- d'en chUllger.
Mme Thom 'uin se l' .mettnit peu à peu de la grande
.;ocousse qu'elle avait ('pI Jllvée. Pendant toute sn maladie, - lIIoladle il laq\~JI'
les m('oJecins n'avaient pas
compris ~rund
'chor.e, - elle avait ~t(!
soignée pal' luUell{l avec un fJ(lmiraLJlc dévouement. Juliette ne bougeait pllls do 1.1 C.!lfirnbl'(' de la mrLlade; lie couchait
slIr UJl fuul(,1l11. Elle flvnlt donné Cl l3ern!el' la le! de
son pellL 10t!;;lTIcnl; el BCl'lIier allait Il' l'Jmps en t e~ps
lui chll'chl'f du IU1ge, un' robe, un lllnnt.cau, ce qu elle
ùernanùaH. Et ce f\ll 6.ilL i qll'il comrHLfU la modeste
chambr tlo (10 lu j~une
11Iie Ù son sa10n ; et le résultat
de celle compul'Uison fut lu. r ~ (Jexlo
suivanle
_ Quel Sil~'é
r'g,)isLe j'ul fait jusqu'jcl 1
!::t, sans prôrenlr la jellno Olle, il donna congé du
10geIfl nt de Juliette 1 transport.a Lons ses meubles dnns
son salon; de tclll' sorw qu , lorsque Jullelle, POUl' la
premll)!'e foi., con.sc.nLH à ne pas velll l' la veuvo, le
COlltl'wnallro lUi dit:
_ Pn:n"1. m n bras; je vais vous reconduire chez
VOliS.
La j('unc fil!
l't'pondit:
_ Je veux Vien; mats latsS()z-mol metlre mon chapeau.
d'
l
bo
._ Oh [ 1"15 lu pt'~ne
1 dit l3ernler,
\ln on
urru,
t,.llons sncrcbl u 1 (lr nei\ mon bro.s tout de sul~
1
fi t.r~ve['
fi 111 , 1 lit' il lIIung{'I', cntl'uinnnt JulJ clt.o, eL
ouvrit III po ·te cl Il .'1 lln.
dll'z VOII:;.
- LII, VO!I l~('
El!' r 'f.(.111In, rlovwa, cl lomoo en plcw'ant dans les
brus d~
Il,' DI,'I',
- Ah 1 JI' Il') veux pas dl.! t;.n 1 hurla le c{)ntremalLro.
Tonn '1'1 1
L::L U luI. wnvcIIU quo
nouvul ordN.
JlIhc~
habiterait là jusqu'à
~
- Ce que j'en fats , ce n'est pas pour vous, déclara
Berruier. C'esl il cause de l'e.n.ftant que vous aurez bientôt.
Il ache!Ja même d'avUllce toute un e layette, - pour ne
plus avoir il s'en occuper, assurait-il. Il convint avec
J u.J.ieHe de plusiew's autres choses que 1& veuve ne connut
pas; cur Bernier avan souvent des enlreliens secrets
avec la jeune fille, et. lui faisait des recommandatio!15
qui ne l'egard,aient que lui et elle.
- Nous vous sommes à charge toutes les deux, disait
souvent La. veuve.
l\1Jai.s Bernier n'avait jalOOis l'air d'entendre cette
phrase. Un jour, cependant, comme Mme Thomerain
insistait, il dit :
'
- Oh 1 soyez tNlnquhlle ! je n'ai pas envie de manger
mes économies pour vous! Je marque toutes. les dépenses, et je me ferai rembourser par Michel.
- Mon pauvre enfant 1 mUMTmra la veuve.
- Ah 1 à ce propos, quand donc allez-vous le retrouver, ce gamin?
-:- Mais , mon ami, vous savez bien que je n'ai plus
d'argent pour accomplir ce gm:nd voyage.
- Comment. 1 vous ne savez donc pas ce Que vous
nvez?
- Que voulez-vous dire?
- Vous avez dix mille francs 1
- Moi 1 j'ai dix mille francs?
- Sans doute 1
- Pu~q'on
a tout. saisi 1
- Bardon 1 on n'a pas saisi la r obe que vous aviez
sur vous, ni votre lit, ni volre Labie ...
- Mais que vaut loul cela '1
- En soi-même pas gl'i1nd'ühose 1 Seulement dans le
tiroir de la Labie, au lond, j'ai trouvé un petit paquet
dix beaux billets de mUle Cranes 1 Entre nous, ils éLn.ient
bien mal cachés, on aurait pu vous les voler.
- Ces dix mille fru ncs ne sont pas à moi, Bernier!
- A qui, diable 1 vou:ez-vous qu'ils soient, alors?
- A un ami, trop généreux, trop délical, qui emploie
cetle l'use pour me les fuire accepter.
- Hein 1 qu'esL-co que vous raconte?: là? S'ils ne sont
pas 1\ vous, ils sont à Michel, qui les aura déposés là
oU vM t son d('part,
,
1
- Non, Bel"l1iel" ils sont Il vous.
- A moj? Ah 1 voilà bien une auke hisloire 1 Si vous
vous imaginez quo j'ni pu éConarniSt'r dix mille francs ,
moi? Vous rue pr'coc1. donc pour un ingénieur 'l,.,
Il fit de grands gcsLcs, [l'n.ppa. sur le plancher t cria
furieus<'mCQ1t. ;
- Flunque?:-Ics au leu vos billets, si vous. n'cn voulez
pas 1 Oh 1 les lemmes 1. .• Ça n' st bon qu'il vous (1lÎ1'O
enrager 1
- Non, mon ami, je les gnrderai pl'éCleusem nl. J'ucC<'pt.o 1 prêl que vous m C{ütes : c ln mo [)Cl'mettl'a
d'aller r'i.oindl'o mon cher enfant; cl, tous d 'U.·, nous
vous bémrons, comme l'ami 10 plus tendre ct. le plU3
dOltoot ...
- Ta Nl ta tu 1 De l'atlancLriBsement? Encore une
chose qu je n'aLme pas 1
Et, pl'enu.nt sn. canne, il aUa sc promener enchanté
d'avoiI' si bien joué son l'Ole.
'
DOs ce jour, on pr~un
le dépnrt de Mme Thorncrafn.
Elle Ilevuil I1l\er n An.glclerr ,d'où Ile s'cmbnrqueraU
pour l'Auslralie; cl ItL, ~l
nlten<.ll'ult , llvanl <.le passer
en Cal(.'(lol1ie. E:Uc ne f4lval l pllB enCON) très bien ce qu'oJle
teralt là-bas; mals IInc grande juie cmpllsSllil son tl.me ,
qu'cUe serail près de Son fils.
à la seule pen ·~c
Lorsque le mnlenconll'eux b:l1et de Suzunnc urrivn
chez eux, le (J<'pnrt {\l' III VI!IIVC tll1it dl'jll Ilxé ' mnis jrlmais n"rnlPI' Il'avail pll1'l6 d'nller il. floulogne '. au 1 la
veuve élnit Ile lout élonnée des propOSitions .
conduirez
- Non, mon uml, dit·dlc, non, vous m~
sImplement il lu gare <.Ill 'ordo
- Est-ce que VOlIS IlVC1. la fll'élenUon de m'imposer vol'
volon [('5 '{ cl'ill-l-Ji d'un Lon rogue.
Non, nl)lI ; n\lli VallS snvez bien qu'on no peul pas
60 pass rr ,de VOUS pour le (ll}blnyelllenl do l'u.sIn .
Il S ('n paS${ 1·1l. III n )len.dnnt deux Jours. D'ailleun
vous, l'eposez-vous. Julielle m'uJdel'l1.
�Qi<-
Moins l ori
Clue
l'Amour
= ====================
Il força la veuve à rentrer dans sa chambre, et resta
avecduliette dans la salle à manger. Bernier faiblit alors
pour -parler; mais il réfléChit.
- Nori . Allons dans votre chambre. Ici, elle nous en,tendrait, peulrêtre.
Ils passèrent dans le salon, qui servait de chambre à
Julielile. Et c'est seulement, après avoir tout bicn fermé.
que Bernie!' d6lIlanda :
Bernier demanda :
- On a tout apporté?
- Oui, monsieur I3€rnier, ce malin.
- Et elle n 'a rien vu?
- Non. Elle dormaH encore.
Et, en môme Lemps, Juliette montrait une grande
valise carrée, s.olide.
I3€rnier la souleva et dit:
- Allons 1 elle n'est pas trop lourde. Et vous avez vérillé si tout y était?
- Oui, oui, il y a bien tou:s les ~bjets
que vous avez
COIlIlmandés ... Mais, comme Je serrus heu·reuse, si vous
vouliez bien me pet'meUre de vous accompagner 1
- Des bêtises 1 Ah ! pas de ça. Vous, votre rôle, en ce
moment, c'est de nous donner un bel enfant. Vous avez
un bon logement. sain et aéré; le médecin et la sagefemme sont préyenus depuis bier ; vous avez dans ce tiroir, deux rouleaux de mille francs, de quoi subvenir à
tous vos besoins. Vous penserez fi nous : et VOliS nous
attendrez. Ce sont, d 'ailleurs, les dernières volontés de
Martin Pélissier. Vous ne pouv~
aJlronler un aussi long
voyage que lorsque votre en:Iant sera vl'.nu au monde.
Et maintenant embrassez-mOl.
,
- Oh 1 merci, cher monsieur Bernier 1 s'éCria la jeune
fille en embrassant le contremaître.
_ Ce bui'Ser-là, c'était pour moi, dit Bernier, et je le
garde. Embrassez-moi une autre Cois pour lui... Hein 1
quJ Crappe?
On frappait, en effet, à la porle.
_ C'est moi, répondit la veuve Thomerain. Que Caitesvous donc?
_ Nous terminons ma valise, réponclit tr!J!lquillement
Bernier e.n ouvrant.
LI! veuve vit celle grosse valise et dit:
- Vous emporlez cela?
- Oui. Quand je vous aurai embarquée b. Boulogne,
j'ira.! peut·êlre lal1'e un tour en I1clgiq\1e; il Y a longtemps que J'ai envie de vllir les usines de 06 pays·lll.
- Ah 1... vous allez en BelgIque?
- Jo vais où 11 me pLaH d'allel' 1 Et je ne veux pas
qu'on 1110 qUE'stfoDIle lll-clessus.
Jamais l1er1\l8'J' n·o.vait été uussi bollJ'ru que ce jourIll. I.e Slllr, il nt venir un bon dlner pOlir f trie départ
de sa VIeille wu!'., el, au dessert, II dœlnra qu'ù étaIt ravi
Il Jo. p 'nSi'lt? quc su rmllson ne !\Crull plw; encomhr(:e par
une mulude, eL QU'U pourrait enfin reprendre su chambre.
Le I«ndernam. Jul il'tI.e condUISIt l'lS deu.-': \leOlX amis
Il ln. gare du Nord. ~lme
Thomcro.ln, soacluwt quo Bernier allm t flttre une peUte excufolon, rw s'étonnu plus
de Je votr emporl€l' tout lUl attirail da voyage, wOme un
gros revolver e~
un large coutoa ullo igna.rd.
_ M. de Samlrf:Jl'ffiond VOUS a donné un congé? lui
demo.nda-l-clle.
- O\JI. el un fameux.
A ln. gare, il parla encore Il volx basse ~ Julletw. Enfin,
Il s'Installn duns un wagon de première r;1 as!!C , à Côté
de Ln. vouve; el Cllmmll lu veuve trouv/llt qu'on auraIt
pu voyugor en scconae, il répondit que cela lui plulsalt
ainsi. f.Al \.Trun s'ébranla . .
Jullelte rtlSta Sllr le quaI de départ, tant qu'elle vit le
mouch oir que Dermer agitait pal' la porlll!re ; puis elle l'Cprll len wment le chemin de la ru!> de lu Chapelle.
On avait Il peine quitté Paris, qu'un des voyageurs
étendit la main eL dit il une autre personne ;
- 'l'enoz 1 voyez·vous c s ruines 'f Gl'lLait III que se
LrouvalL lu fam use fa bl'Ique SninlrEl'mond, incendléo
par son lnt~eur,
Mlchel Thomerain.
Ln veuVe l.ressallllt. Les autres voyageurs sc pressai nL Il. In porUùre pour l'egl:LJ'der. J3ernlel' gl'orrunela,
serra 1e.'J pomgs, d(;vlsagea Insolemment le voyageur qui
o.vlllt purl6; puis il mUl'lDUra :
- A quoi bon chercher une querelle 1
Le reste du voya,ge se passa sans incidents. A Bou ·
logne, la veuve éclata tout à coup en sanglots.
- Ah! mon pauvre ami, dit~le
, nous allons bien ·
tôt nous séparer.
Bernier ne répondit pas; il la conduisit sur 11l bal€au et s'assit auprès d 'elle.
Au bout d'un moment, des hommes prussèrent, portan t
des bagages.
- Ah 1 mon Dieu 1 s'écria la veuve, ils ont mis votre
valise avec la mienne 1 Il faut vite prévenir...
- Pas la peine! dit tranquillement HerItier.
- Puisque vous d evez aller en Belgique ...
- Non, décidément. nü rénéchi pendant le voyage.
et je crois que les usmes d'Angleterre sont tout aussi
intéressantes que celles de Belgiq ue.
- Dites que vous voulez encore m'accompagner plus
loin, mon bon ami 1
- Pas du tout. Je me 'p romène un peu 1 J'ai bien le
droit, je suppose, de dépenser mes économies comme il
me plall ? ..
Ils arrivèrent Je soir à Londres. Bernier installa son
am ie Il l'hôtel; puis il alla s'occuper du passage. Corn ·
me le bateau ne partait que trois ou quatre jours après,
il eut le temJ1lS de montrer Londres il la veuve; il visita
même deux fabriques avec le plus grand sérieux. U
jour du départ, il conduisit Mme Thomerain à bord du
paquehot qui devait la mener en Australie; et H lui
fiL solennellement ses adieux. La veuve se retira dal1-~
sa cubine.
U) le.ndemain, quand elle se leva, elle aperçut Bermel
qui se promenait sur le ponL Il lui cria gaiement:
- Croiriez-vous que ces animaux-là avu.ient encore apporté ma valise avec volre malle 1 Me voilà forcé de vou;,
accompagner en AusLralie 1
VI
'NCEI1T1TUDE
Suzunne sc trouvait ùonc comme soule Il PariS, san ..
ami véritable qui pal tu gu ider, auquel elle pat se
conller franchement.
Le lendemum de sa del'l11ère entrevue avec Bernier,
elle r{)sollJt (j 'owu,rr r lous ICS SOnlllTICnts dont son cœur
était pleLTl, pour se consaCI'CI' entIèrement il son devoir .
- Avant tout, je dols obéir il mon père, se dit-elle .
Je dOllS, par mu Lendresse, lui f.llil'e oublier les ennuis
que je lUI al cnusés. J' clJasseral Ile mon esprit le sou.
vonir de CCliX quo j'aunuls aulr'[ols, pUisque, l'éolie
mont, Ils sc sont rane6s parmi s s ennemis.
Elle concenlralt loules ses [X!nsécs SUL' M. de SuintErmond, attendant avec lmp,tlif!nco que la journée 60
fùt écoulée; cal', maintenant, l'Ind ustriel nc puraissait
plus que le soir chez la comtesse : il passa.it son aprés.
mIdi Il dlscul€r avec les agents de la compagnie (!·as.su
rance.
Jamais encore ia jeune fille n'avait souffert de celle
abscn06; souv nt mC!me, ollo ne l'avait pas romorquée .
Ce Jour-I ii, elle demanda plus; urs fois Il ln coml€s.sc
si son pbre vienc\raiL sorcm nt dinar le soir.
- Oui, dll Nina, b. moins que mon mouvais sujet de
fI'ère ne l'entraîne encore ou cercle. Ils ne so quillenl
plus. Votro p~re
aime l>caucoup Gérald.
La ComteSBO n'ajouta pus une p!lrole; mals cela suflll
pour que Suzanne songet\t il ce jeune 11Omme, dont SOn
pllro lalsait son compagnon habituel.
Pendant 10. journée, Nma ne ce%a d'entourer la jeune
l!lIa des 50ms les plus tendres, les plus délicats, avec
celLo chatterlC si trompeuse des remmes russes.
Elle luJ disait, en l'embrlbSSunl :
- On ne peut pas se réjouir d'un malheur' eL ceJ)011danL, je no regrette plus, moi, qu celle CD.~strophB
ait oclalé, puisqIUJ 0610. nous u permis de mieux nous
oonnallre, de DOUS aimer v{;rllablcmenL... Je BUis bien,
Wi
�===================== Moins
bien heureuse que votr.e père ait eu la pensée de vous
confier Il moi?
- Moi aussi, madame, répondait Suzanne timidement
Et la comtesse s'éeriaiL :
- Ne m'appelez plus « madame " ; donnez-moi le
doux titre d'amie.
Puis. o.vec un mouvement d'expansion :
- Tenez, Suzanne : si j'avais eu une fille, j'aurais
voulu qu'elle fot telle que vous 1
Suzanne avaiL un tel besoin d'affection qu'elle écouJait. qu'elle croyait ces plu'uses, dont lu comtesse soi·
gnait habilement la gradalion. Elle lui rendit ses élrein·
Les et murmura :
- Oui. je vous aimerai bien.
Elle aimerait bien la comtesse. puisque c'élait ramie
de son père, eL puisqu'elle devait oublier son plLSsé .. EL
cependant. en se laissant aller dans les bras de Nma ,
II lui semblait qu'elle faisait mal.
Le soir, elle vit alTiver son père ct le prince ensemble, causn~de
la façon ta. !Plus aUectueuse; c'était ~e
prince qui bavardait le plus, et Sainl-Ermond l'l'COUlait
avec ravissement. L'indusLriel enLra dans le salon en
disant:
- Décidément, prince, il n'y a que vous pour raconter
ces cancans de boulevard 1 Vous voila devenu plus
Parisien que moi 1
Suzanne souriL au prince plus gracIeusement que de
coutume. Puis, ù lable, elle fit tous ses efforts pow' ne
plus être trisle.
Son pl!re le remarqua et dit Il plusieurs reprises :
- Je retrouve donc ma peUle Suzanne d o.ulrelol5.7
Il était enchanté, d'ailleurs, parce que Bes allau'es
marcho.ient Lrès bien. De l'argent et d'aimables compagnons, il ne lui en fallait pas davantage pOUl' éLre heureux. Homme essentiellemenL égoiSte et superficiel, il
lui suffisait de voir unt: personno sourire pour croire
qU'elle étaiL heureuse.
- Vous allez au cercle? deman<1a la comtesse, apr(),;
dîner.
- l\la foi non 1 Je \"DUS consacre ma soirée. Suzanne
nous fera de la musique neskz·vous, prInce '/ ValLS savel. que je ne peux: pas mu passcr de vous ...
Le prince fixa son regard vu gue SUl' les yeux de Suumne; puis Il dit :
- Enchanl6 de vou" être agi ('able, Samt-Ennond.
EL le prince s'in.;lu!la sut' une causeuse, au[M!s da
6
sœul'.
- Joue-nous quelq J' chllse de gai 1 cria Saint-Ermond
li sa hile, qui S<! Il.pltait nu piano.
Suzanne enleva ùl'1!lnmmenL quelques nla7.urkas do
Chopin: son pèlu s'endormit v l'S lu [in, après avoir
fumé un cIGal'e
Le III ince (,aU üil de temps en lomps il voix basse
a \'cc sa sa.:ur,
_ Tu m'u flllt pt;ur, Lout il. l'heure, dit Nult.l . J'ai cru
que lu ulluis adrl-'s_cl' un compluneI?t ù Suzunnc.
_ S0I8 lronquill , va 1 Je ne me rISquerai que lorsque
lu lcn'atn seru pl tt.
. l'aLIln 1) 1
_. OUI
ttcndons -ncoi e quclques s'oHlin.s : il n'y
Il pas l~son
d'cxrunln r longtemps ~.uzalnc
your de'
nner qu'ellc a 111eurD cc multrl. EL M 1 homel'lun OCCUIl<!
toujours WIO I:r:mdp. pince dan; son cœur.
_ 'on son ccr ur n'cst plus l'empli quo de chagrIn
D r un' mol cc gros chagl'ln ne &Cl'a plus qu,' de ln
Irtsll'sSO : no~
agir fiS alol's ; ct lu n'u,uras Il ~ dr. mllI
il JOUCI' lon IO I~ d'amoureux, car clic -f.l. n.'I.!lIcmenl
chal'lnnn1.c,
- J JOu rois d'uut.n.nt plus ais6rnenl mOIl rOle
U. , dit 1 I)l'JnC<! uvee un sourü ,. lili '1Jn que
Lrolu d 1 l'élxl tel' avec la pl ., adorable
cvnJ1ct n ' do
ou COll
~
do bail L1
fort Que rAmour
~
Le prince tH ln moue et répliqua :
- Conquête diIficiJ.e, ma chère sœur 1 Figure-tai que,
l'autre JOUI', en revenant de l'usine de So.int-Ermond,
j'ru ranoontré une jeune femme, aussi jolie que SuZlanne est belle, o.vec un visage doux, un peu tl'iste,
l'allure d'une femme abandonnée ...
- Quelque grisette 1
- GnselLe ou grande dame, peu importe 1 Et ma foi,
en attendant que Wle ' de Saint-Ermond daigne faire
attention Il moi, j'aurai là la plus ravisso.nle maîtresse
qu'on puisse rêveJ' 1
- Tu vas devenir amoureux de toules les Parisiennes ...
- Pùurquoi plIS '{
.
- Veux-Lu te lair,:). maunus sujet 1
EL la comtesse interrompit son frère pour complimenter Suzanne, qui qu ittait le piano. La sœroo
s'acheva d'une façon charmante.
- Une vraie solroo de famille, dit Sainl-Ermond en
pl'enant congé de sa fille eL de la comtesse.
Suronne rentra chez elle un peu étourdie, et répétanL
pour s'étourdir encore:
- Oh 1 je suis bien heureuse 1 J'al fait plaisir Il mon
père 1
Elle se coucha bien vite et dormit aussitôt, pour
échapper aux pen<'ées qui allai 'nI la reprendre.
Elle eut ainsi quelques jours de tl'unquillité.
Puis Lout Il coup Ime tristesse encore plus Jourde
s'appesantit sur elle.
()uelqucs lignes lues dans un journal suffirent pour
renouveler son inccl'lltude :
'
Nous appren07lS que Mme Tho7nerain. la mère de
Michel Thomcrain, récemment envoyé en NouvelleCalédonie. vient de quiller Paris.
On croit que la malheureuse femme va s'établir à
Nouméa, pOUl' vivre auprts de son lils.
Suzanne vil cela un matin, el elle relut les deux
phrlLScs vmgt fOlS, murmurant :
- Elle ('sL partie, elle 1 EL moi, Je rest'l Ici 1 Je fais
ce que je puu> pour oublier, poUT' les oubllel' tous 1...
Mon de\'oir mo l'ordonne ...
Des
oomnlnes ct des semaInes s'(:OOul{)I'enl sans
upporte!' 10 1I10inor "hnngermm\ à son xi..;lence. Son
père ll'UrlnlL hlen do qlllUor l'appartement de ln cornl . ,d mellh!cr llll peLÎt bOtel pour sa fille. dt's fju'll
uurllit reCOUVl'e sc' capitaux; mais cola n'él,all cn(,oJ'(l
qu'à l'élut de projet. Et Suzanne II{) demnwlait cornbll)n ~e
lemp.s elle pa . 'rait enCOre l!ü n Ill. chnmbro
quI.' . Hnll aVlD.1t mlso il s diSPOSition . C'é~nil
III qu'ellu
V1\"8lt av c 10 rmss6, avcc :\I01P Thomel'nin, u\ec n l'_
nier, ~vc
Mlch 1; c'c'!tnlt là l'Ju'l!lIu IIl'lIil sllsJ)<!ndll 1
pol'~Int
de ~ mère, ùû son gl'a1r,-)~[
ct !l<1 sC! gl"llld'mêlo Jamais personno no v nUll 1 y Il':l'nng<1r. El! avnlt
sél'ie d Phot'PI'djlhllJS <le 1'11;;111'1, '!.'PlUS
rClr:ouv ~no
Jo JOllr ou sO,n ~l'J(e
uVllit con ·trUIl 1 ~ pl mlera
II ltc:s jusqu. il 1 (IBnf: clCI'OI '1'0 : Leule . Il. v'O li joune
1lJle 'labL la •. Ill, r)]'f' qll' C.hll'lUO jour l'!lu s'cn l'Ilp1~ln
l, IL'". ,mo~dl'<!s
Il tUilli, Clle cxunll'nalt SUI'lollt la
\ uo 0 en:;. mble, p!'1 ' tlilns 10 gmnd nl 1'" 1 l'
,
rte ct
V<11 x . Il
I~
(e r tCOII
Pilu "
LI',
•
1.
l, nchalent Sllr la r,111<'l'ie ,lU ello
avoil l hahltudo cl l'cnll'.
'
C'6[ol 1 qU<1, pOur la (Jrewl()re rOl3, el10 uvalt avoué
on I11JIOIII' 11 ~Ii .hel.
l'u s, VCJ',:j m.dl, ello l'enfermait bien \'110 lous ces
souv nJl'r. en mUI'mUl'llnt :
J' lU [ollo do pèll l' Ù lout cela,
1::1, SI clIo aVilit II 1Il'é, Il,) cssuY' iL S j
,
t 9 yeu.', !lll'n doue m,'nt, pour ri
Ill)" 1 HIIOUS meln ,
.,
1
d
.., 'ô TOUgll', e l0
mct '110 un _ Il U r ' pou l'\; , ct be l'''ll,jall U. lr)J1 en
OUI' Inl EIlO,
rlISHlI quo. le l"lldem Iln, 110 sel'ult
plu.~
fol'~,
fju • IIr 110 l' 'IlIUurolt phI 1'1 n d e i 1 6
U 10 Il'n<lcllllJ.ln, 0110 r 'Ollllnenr;:ü ~
QUM
Il yo.ra J princo, 1 JI', 1
l'I mi r mouvement de Ilj)ul
Cil ld
tlcll 1 lui cM r : « VOl!
�~
,
Moins fort que rAmour
=====================
Mais elle refoillait ce sentimen\ de colère, en pens&l·t :
• C'est l'ami de mon père 1 »
Elle éLait arriv6e il. si bien dissiroiller ses souffrances,
que la comtesse croyait que ces souff.ra.nceS n'existaient
plus.
Un matin Suw.nne était en contemp1ation devant
toutes ses photographies, lorsque M. de Salnt-Ermond
entra brusquement chez elle.
_ Mon père 1 s'écria-t-elle, en étendant les ma.in6 sur
la table comme si elle avait eu peur qu'on ne 10. volât.
L' ind~st.rel
ne remarqua pas le mouvement : il était
trop animé, trop joyeux.
Et il prononça. :
- Enfin 1 ça Y es\ 1
- Quoi donc, mon père?
_ La oorrupagnie, l'oosurance... On paye...
_ Eh bien N'est-ce pas tout naturel 7
- Pourquoi me dis-tu cela?
_ C'est que ... vous semblez si joyeux qu'on croia.1~
presque que... vous aviez peur de ne pas être remboursé ...
_ Peu!' ... peur? répondit Saint-Ermond en reprenant
un peu de œlme, noo, je n'avai:s pas peur; seulement,
avec ces sacr6es coropa.gJties, on est touJours content
quand c'est t.eI"IIliné .. . Tu COffij}re!lds, quand ~ s'agit de
p atites sommes, de quelques milliers de Ira.D.?S, el~
payent sans hésiter; ça donne confiance a~
publtc . IVLaIS,
lorsqu'il s'agit de million bons01r 1 Les dif~cultés
qu'on
soulève n'en finissent p8.5 ... Enfin, tout est eIl!tendu, nous
allons toucher près de quat.re \ millions.
_ Alors ... nous p.a.rli.rons bientôt d'ici T
_ Sans doute, fiL l'industriel avec une peUte moue;
maïs rien ne prcsoo.
_ Nous ne pouvons accepter plus 10000gtemps l'hospi\,alité de Mme CareniLcb; nous n'avons plus aucune rruson
pour cela ...
_ EI1 1 si, il y
mille raisons. Je ne saifl pas encore
si je vais reconstruire l~ [lUbrique; eL, da.ns ce c!15' y
habiterions-nous 7... Te voilà une ~nde
demol.5elie,
bollJlil il marier ...
- Jo ne veux pus me marier, mon père 1
- Bon, bou, nous ve.rrons cela un .de ces jours. Or,
si Lu Le maries, nous ne vivrons plus ensemble ... Il [aut
que talttes œs qucsLions soient résolues , avaJl.L quo je
songe i\ une nouvelle InsLallaIJon.
- Si vous relevez la fabrique, je serai toujours lIeurcuse l'y habiter, mon père ...
Et, machinalement, Suzanne se tourna vers la t.able
où les photographies 61aiilnt ét.endues pOIe-mêle.
- Ti .ns, liens 1 qu'est-ce quo ceLa? (lit SainlrErmond,
on SO pCllch.mt.
_ On ~l rc!rOllV(l 0018., bulbuLia Suzanne, parmi les
choses qui onl (Ml sauvées ... C'est Bernier qui m'a apPOrté ...
_ C'<.'SL
11. moi qu
llc1111cr aurait dCl remettre toutes
<:œ flhologr!LphiCS, dit Salnlrgrn:ond en lœ ra~
·~nt
.
Il les pa a n revu ,puis co lit un pnqu t qu Il gbssa
tlanr l'ta podl .
,"
SU7.llnUil lrc;.,s Ullt, mals n osn l'len dire,
gaicmüll.t
Dix mlnu
ne pouvnlt pas les
c
d'clder
Cl
rcll\\'cr l'uslno. Avec
47
~
cinq à six cent Inille francs, je reme ttrai tout sur pied
et ce sera, je crois, un capital bien placé .
- Ad!!Ilirablement placé. Sans compter que Suzanne
sere. ravie ...
- Blle me disait encore tout à l'heure qu'e1.Je voudraJ,t habiter là-bas.
- Oui; ma.is trouveroThS-nous un ingénieur capable de
rempLacer Michel ?
- Les ingénieurs? Mais ça pullule, ma cbère 1 Des ingénieurs de Lalent '/ Mais 11 n'y a que cela à Paris 1
Et SainlrEmnond eut un grand geste dédaigneux, pmu
exprimer le mépris que lui, homme riche et ignorant, il
éprouvaiL pO'.Ll' les geThS\de talent qui meurent plus ou
moÏ!ns de faim.
"- Mais oui, déclara-tril, nous trouverons un homme d€>
géIllÎe, si nous vOillons, qui relèvera notre usine, sous
not.Î-e direction, et qui "nous en laiSOOl18. la g,loire ... à moi
~
à Gérald . Serez-vous satisfaite, comtesse?
- Vous êtes le plus galant des Parisiens, réPliqua Nina
en donnant sa main à baiser à Suintr.Ermond.
L'industriel s'inclina, fit une pirouette et disparut en
disant:
- Je me sens tout l'ajeuni. Je vais toucher mes millions, ce ma tin ...
- Nos millions 1 lui cria 1n. comtesse.
- Oui, nos mlllions. Et, l'aprèS-midi , je mènerai Gérald à Saint-Denis. Quel beau spectacle pour séduire
Suzanne 1 Un prince rus.se, un b6ros, se transformant en
indust.riell
Le soir, lorsque Gérald rentra chez lui, la femrrne de
cJl'll.m.bre de Nina vin t le chercher.
- i\looamo fait prier monsieur le prince de monler
.Lmmédi<alement chez elle sans se [aire annoncer.
Nina sauta a.u cou de son rrere avec une exaltat.ion
fébrile.
- Es-lu contente de moi ?
- Tu es la plus charmante petite sœur qu'on pu~'lSC
rêVer 1 Uais j'aime à croire que tu ne te plains pas de
ton frère?
- Oh 1 non. Sans toi, je n'aurais coctaine.rnent jamais
pu mener aussi bien tout ceci. Enfin, M. de Saint-ENnond
a bien toucM ses millioos ?
- Oul; et, en aLwnc1an t, nous les avons d6j}Osés à la
Banque de France.
' - -Bt après cela, vous êteS aUéS à. Saint-Denis?
- Oui; où nous avons examiné lout le cnantier et
l'emplacemen t de l'usine; les fondulions sont encore en
bon 6la~
: il sera très facile de tout reconstituer; il y a
môme des pilieJ\s de maçonnet'io qui indiquoot l'emplaC()ffient des machines.
- Et cos machines '/
- Nous avons \'U le directeur de la [abrique où ~1icl\'
Thomern.J.n les rai~t
construire; il commandait 1 .
pièces s6paJ'l'menl, sans jamais dOlliler 10 plan de la machine enllèr ; mais, avec les phologl'tlphl s , on arrivera
a.près qu Iques lo.toon menlf:l à les l'ecOnsLiLuer. EL SuZallilO '/
- Je lui ai dit quI' ton plus vi! désir éLn.it <le to consacrer à l'industrie, et que sans doute lu allais devonir
l'associ,] de son Père.'
,
- Qu'a-t-cIJo dit alors?
- Elle a somhlé très élonnœ, f;'çst tout. Je Cl'ois que
le SOllV ni!' cie- Michel ('S~
coOipiN ment écarté. Il (aut
que, dans si.' moi, clic soit la. {,'mm.
- Ça, e 5 ra plus diffleilo.
- J.l.I.lh, qUülHl QI! saura quo loul,}S ILS (mnmes sont
Colles d·) loi. .. Le..') j"un.!S filles, cn Franoc, 50 monl,ml
sI. IIHeil len~
lu PlR ..
- 1,1.> si [acilelllenL <tll cf'la, lIlil (' ICI' flCl'lll', prononça
<*rltld d'ull Lon dépit,' . .ro trouve, fil! COl1ll',dtè, le. Frl111·
çaisos lout autre:. que leur r!:pul.IIU, 1. [J'abord, ta llllldemol 1t ·U/.1nne 11' In < cno," lalL JI Il ttLlcnlion li.
moi QU'ù lou~
les jCllll('S hornrn " \1111 \ l 'Illl III Ici .. ,
- C' t qu', Il n·mail ...
Gémlrl, co cl It elre uno mn.
- Murs, rut p k1l ~J1cnl
l,{l(lle li 11 l'Ille à l'aris; car jc no suis prl.s plus a nCé
ryu' 11 III ml l' j011r 11\ c mon !UC().[ulue de h~ rue dl la
Chujl 11 .
�Moins fort Clue l' Amour
- CcmunenL 1 s'écria la comtesse en souriant, ce n'es'
donc pas fini, celte amourelle?
- Eh, ma sœur, c'est il. peine commenoo 1 Cependant,
j'ai fai·t quelques progrès ... Nous nous saluons ... Je caresse son enfa.nt, car eUe a lm enfant.. . Demain, je saurai
où elle habile, quel est son nom ...
- Quelle folie 1 fil Nina en haussant les épaules.
- Appelle cela comme tu voudras : une folie 1 une
fantaisie 1 un caprice ... Et puis, ce sera une c1istracLion
pour moi qtLIlnd j'irai il. Saint-Denis. Si tu crois que cela.
m'6.lIIU5e, l'industrie 1... Enfin, il. c1ire vrai, cette jeune
1.. . EL
femme est si jolie, si gracieuse, si fine, si d~lica.e
BVec cela, si diUérenle de Suzanne ...
- Quelle chaleur, mon frère 1... Prends garde 1 Seraistu réellement. amoureux de cetle grisette?
- Qui sait? munnura. le p.rince il. VOIX basse. C'es'
fU'elle en vaut la peine 1
VIl
LBS DOUCEURS D'ONE FRIIDATB
Le lendemalO de leur dernière entrevue avec Mme Thomerain et avec Juliel.te Morand, Martin Pélissier et ~!ichel
Thomerain avaient élé envoyés il. Saint-Martin-de-Ré, où
la frégate La Mugissante était en l'Rde, attendant les deux
cenLs prisonniers qu'elle devait lransporter il. la Nouvellecalédonie.
Lorsque le médecin eut passé la visite, pour retenir
ceux des forçats qui éLalent incapables de supporter la.
t.raversée, on procéda il. leur embarquement.
1.1oalgré la. vie cruelle qui attendait ces malheureux il.
bord, le. plupart chan Laient gaiement; et la plupnrt sonieaient déjà il. la libert.é re:aüve dont i1s jOuiraient après
leur voyage.
Jusque-lil., il avait été impossible aux deux amis de
s'adresser la. parole. Mais, comme on plaçait tes pri60nniers par groupes de cinquanle, Murlin P lissier rejoignit facilement ~liche,
qui le regarda avec stupeur.
- Toi, ici, Marli.n 7 munnura-t-il.
Puis, l'ingénieur eut un geste de découragement et dLt
sourdement :
- C'CISt vrai 1 Toi aussi, ils t'ont condamné. Jo l'oublie
\oujours 1 Je ne songe qu'à mol.
- Tu sais bien, d6clara tmnquillement Martin, que je
\'aime t.rop pour jamais I.e qùltlcr.
Un garde, à ce moment, poussa brusquement Michel,
en luI disant:
- Allons 1 c'est à vous 1
lichel euL un mouvement do révolte L raJlIll l!clalcr;
car c «à vous » si~nflat
'lu'on a liaIt lui rIver un anOCllU do ler au bas de la jambe gauche.
"-f,arLin devinant bien l'humiliation que ressenlait son
e.ml cL voulnnt l'all6nuer, dit avec 10 plus gmnd ('ulme :
- C'oot très joli, ces anneaux; ça vous (aIL rcssenlbler
" uno ( mme ambe.
Tnu!i les forçaLs st' mirent à l'Ire; 10 garde imposa silence il. MarUn, qui allalL continuer ses plnisanlori .
- Vous ferlez bien mieux de vous lalre, vous, le nu1
m6ro ~032
- Ileln 1.. comment m'appelez'vous? Le numéro
&0327 .. . Je m'appelle Mal'lin POllsslor, monsieur,
pas le loustic 1 Cc n'ost pas
- Allons 1 allons 1 (~ilœ
dl' j u IcI. Vous savez bien que c'est votro numéro rnatrioulc.
- Ah 1 dH l\1nrUn, d'un nir noU, tant pis 1 J'aurais
prNéré que cc lOt 1,. numéro gngnant ct la lol.r.rle.
EL, au mili u du lou rire qui nccueillalt su nouvelle
boutade, U t.cndiL sa jambo au forgeron, en lui ful san.t
rema rquer qu'elle élai t très hi en t<>urn6e, eL qu'li ne (allaiL po.s la lui ablrner.
- Tu scra..c; donc toujours le JTl~me
7 luJ dH Michel,
quand l 'opéra lion fut t.crmlnée.
- <.:ro· -tu donc qu co soft lu hêll.so de douze jurés t
d'un tribunal au campi t qui pul
m Corcer il changer
mon orlct~
'/ Je 1 trouve bon, et je le gard . Que
4J.o.blo 1 un DCU do iUlleto no sera ons inuillo ()OW' cha.rwer
l~
~
loisirs ~e notre traversée. Au surplus, je suis ravi :
J avalS t<>uJours rêvé de voyager ... peut·êLre pas de cette
façon; mais, enfin, il faut savoir se contenter de ce qu'on
a.
- Ah 1 ce que je trouve de plus aITreux murmura
Michel à voix basse, c'est d'être mêlé d~sorai
à tous
œs misérables, à ces criminels endurcis.
- Je ne trouve pas, moi , dit fl'oidement Martin. On
peut se l.i.vrer sur eux il. de curieuses éludes de mœurs.
Et puis, doit,.on les considérer comme des criminels? Si
tu en crois les juges, oui; mais nous ne pouvons avoir
qu'ooe confiance limiLœ dans les gens qui portent la
robe et la toque, puisqu'Us nous ont condamn és toi et
moi, qui sommes parfaitement innocents des crim~s
dont
on nous accuse .. ,
- Mais presque tous ces misérables onl avoué leurs
crimes 1
. - Faute avouée est il. demi pardonnée 1 Et d'ailleurs,
SI nous en croyons aussi les philanthropes, les médecins,
les savoant.s, nous apprenons que ces criminels, que ces
coupables ne sont pas des coupables: c'est la \SOciété qui
est COupable, .. Eux 7 ce 60nt des malades.
- Tu plaisantes t<lujours ...
- Et remarque qu'an les traite effectivement comme
des malades, c'est-à-dire avec les plus grands ~gards.
Qu.'ordonne un médecin à Lous ses malades, il la fin de
l'hlve.r '/ Il les envoie aux bains de mer; c'est la règle.
Eh bien, on envoie lous ces malades il. la mer : seule.
ment, au lieu de leur indiquer le Tréport comme station
bainéaÎl>e, on leur fixe la presqu'He Ducos l'ne Nou ou
la douce inl'He des Pins ... Cette dernière, en raison d~
nuence ?~ ln. résine sur les poitrines faibles, est résel'r6e
aux phllSlqUes .. ,
- Tou ne CesseT<lS jamais de r.Î.l'C ? dit J\.fJchet qui IUImôme, sentait diminuer un peu sa mélanco.lle devon' les
paradoxes de son ami.
- Jamais 1 Et je veux l'ire einsi pendanl l<lut te Yoyug~.
QUmld je pense, qu'il y a un an, mon patron m'a refuSé
un congé de quinze jours 1 Le voilà bien (ol'cé ùe m'en
donnel' un quelque peu plus long 1
Lorsque les cinquante forçats eurent tous leUl' ,1nn au
rlvé il. 16 jambo gauche, ils r çurent un sac d toile contenOJlt 100 (fcts qui dcvuient d~l'mnis
leur servir. Chacun d'eux avait troi s chr'm:scs de gl'ossc toile, deu.' paIres
d bas de litinC', un panlalllll, lIne VUI'CIiSC el un h01111el
d l.aine en drogu t, un panLnlon el une vureuse de toile
'
plus une paire de souliers.
Ensuite, on les mit cleux pal' deux, et on les conduisit
il. bord d la ~fr 'oi,9sal
~C,
oil Ils Curent immnklClIlts sur
un /!mnd regl~,
que Ma.rtin ba,plisa : .. L livl'o d'o
des forçats u.
l'
lA: .commnndant d~
la Ir·égat.c assistall de 1.0in Il celle
inscription, examinant les dossiers de t<>us ces ml1lheuroux. Au montant où on In.sorlvait Martin il 6'a\'an a
'
•
et dit :
- On Valls signale comme un mnlLvals pd.onnier
qui se permet de lolll'Oer en ridicule tout cc qu'on lui
dlL. Je Y{)llS préviens que nous a\'ons ici le cuchot et
ln orde pour mettre les plus mutins Il la ratson
MnrUn s'incllllll avec la plus parfallc POlœ.s~
et répondi t:
- Je ne rn moque jamuls de (' cru 1 est l'CSpe .(,'11>18,
mon commClndant; et je m l'Uppell trop bien VOir' no.
ble corulit,~
pon.dant le sll'ge de Paris PO\1J' ne pus vous
ro.~pecl
l ous les Parisiens sc souvienn nt drt; ncles
Mrn!qucs du OOmlTl!lndunt cie Po.louN, fJlIl élalt lLlora
en.sclgllc, si jo nc me trompe L. Seulement, mon com
mandant, vous me ]>Cr'OJ 'Ltrez de vous fa.lre ob 1'\ r
10 dlu~ant
de v.otl'e bague est sur le point cie to ~l.
il 6Cr/:ut n&le.sslIll'O de resSOl'r r un peu l '1 t
n~
\'
cennais blCn, votm bague; "est mOI' qlll Cla ° l~ 'l ~
Il
\cn·
"
/
vous
duc '" vous sou Yenez·you.s dans un l11ug 1 d l' 1 1
as n u tL U sHoyaI7...
- Assez 1 I!L st'!chem nL le COtnmalldllnl N'o blf .
.
U
t'1. pas
mes obs<:rvatLOns.
Mal'Lln sc l,ut; mais il l' garda rJxoment le comman
dant t'L ('l'ut démfllel', du.n.s ses Y<!UX d
dlsDosl tloIU
oS
bIen vcJJ 1all lcB.
�~
MoiRS jort Clue rAmour
-
~
=====================
C'esl bon, pensa.-t-il, on en profitera pour obtenir
ueJ.qu.es petiotes do uceurs.
QuaI'ld l'inscription fut tenninée, on fil descendre les
deux cents forçats dans la batterie de la [régate, où
quatre cages garnies de barreaux de fer forgé étaient
assujetties contre les parois. En voyant ces énormes cages, IIlarlin eut un mouvement d'eUl'Oi, comme tous les
pl'isonniers; mais il reprit sa gaieté en disant:
-'Tiens! les cages de Louis XI 1
Chacune de ces cages était disposée pour recevoir clnqt:ante prisonmers. 13lcntôt, ils furent tous enfermés ,
massés les uns contre les autres, éclairés par deux lampes qui dansaient au plaIond.
11 régna alors un gl'and silence.
Toute gaieté était tombée.
Cet emprisonnement avait quelque chose d 'horriblement lugubre.
On entendait, au-<leoous, le branle-bas du départ, les
olxlres des quartiers-maUres, les ec,ups de sifflet, puis un
gland bruit incertain, un murmure long, plaintif, la
trisle chanson ue la mer. /llartin Pélissier, pour éloigner
la tristesse qui l'envahi&sait, se mit à examiner le contenu de son sac.
- fiegarde, dit-il à Michel, comme le gouvernemenl
est généreux et prévoyant: d'abord, ce costume de laine
que nous avons sur nous, altenl!on délicate contre la
mauvaise saison qui commence , et une paire de bas de
laine pour nous protéger contre les rhumes <le cerveau.
Je dis une paire de bas de la;ne, car l'autre est évidem·
!lient dpstinée à r enlel1l1el' les économies que nous fel'Ons Il la Nouvelle-Ca: onie. Et cs bonnes chemises de
toilo 1 C'est gro , c'esl solide! P;u; d danger qu'elles
nous r eviennent <1\' c les poignets effilochés, ou les boulonniOres déchirées, de chez la hlanchisseuse 1 Tiens 1
tl ferais tous 1 chemisiers d la rue de la Paix, de la
me Vivienne et du boule.v/trrl avant de trouver des ohemises pareilles 1 Et ce l.Jonnf'l de laÏl1e 1 Hegal'de,moi sa
forme pittorestjuil L é l'gante 1 Voilà la v rltable toque
ùe Yoyage 1 Et quond nous arriverons dans des pays où
l'hiver ressembl au prinl mps, nous mellrons ce magOlUquo costume de to le, donl la coupe désespérerait les
ous ne sommes pus rinICillt'lll's tlllllcul's de Pm·is.
ches n chau.slIJ'e, 1 je conlcs;;e qu'une puire, c'es~
pell; rrulis il fauL s.P, dire qu nOlis n'uul'Ons jamni. do
hou,.. Et Liens, yoici qu'on vu nou donncr de bOlls hamacs pour lil.s, avr.c une couvC'l'luJ'e dl' magniliqu lainel
Le urveilla.nt leur crluit n effet d'accl'Och r leurs ha
macs, qui 6laient roulés sous des lIanes rongés autour
do la cage. Dc.~
cl'och ts élai,'.nt atlnch
aux balTeaux.
Encore une aimablo altention du gouvornemc.nJ., dll
MarLin, potU' ceux d'entre nou qui sel'aienL tentés de &El
P<:.n.dre 1
II continua de bavard l' jusqu'Il ln. nuit, ct ne se COIIcha qlle IOI'Squ'll fut certain que Mlch ' 1 ne manquaJL
pl us de rien.
Vers le malin, ils furenL tous réveillés pItt' un roulls
viol nt· la lanterno vacilla IIcore plus fort que toul il.
l'heure; Il.Y ut des hruils sourds, d caisses qui frapPaient contr les parois.
.
.
.
- Nous portons, dit Michel.
larLin vouluL enc.()!·c lancel' une plOJ.santel'le, maIS il
n' n cuL pns la force; eL, s'ollendl'ÎSSunt commo son
n.tnl, il murmUl'a :
_ 0 chl:ro Frunce, quand te r(?\' rl'ons..nOllS '(
Et, pour vainl'I'c la d ul '!JI' Qui l'Hrl'ignl.Ût, li plonsea sa !tte dans I!On hamac t S'CffOI\-'l de dormir.
Bienlôt le tambour
nna le r6v il, cL 1 surveillanL
ta l'awc l de sc' (1 ux œnlB pl'i!10Ilni 'l'S. Ensuite, on
1 IIr distl'ibuu le ca.! , avec la mUon do bl~
urL cl . 110
d't'<lIH) vie (jXN> ft huit rl'nUlltrl's. ln l'lin Mclnra que
Co caré cl ~
biscull ~l.niet
bion slIp('rll!urs à 1'\1('l'nol del uncr parisIen, composé de caf '. au lait et d' c.roi.;.>unls.
- l'amie IlhorulClJr 1 j(' 'omlllenl'ILS ft m Ius.r do
c: '1 C J an.ls. EL C café 1 Il n y en li pus <lu pu I~'il
ail
Nnpolltaln. St>ul menL, OOInlllC mon mt'Ic\ in nI dN,'n,1
1 . alcools, jo V!lIS faire Il' filer do mon euu-<le-vic un
d~
no.s aimabl ~ corrrpucnolls.
WOUIS
~'OlT
Il passa son eau-<le-vie è. un lorçaL eL convint avec
lui que, moyennant cette petite libéra.lilé, celui-ci lui
roulerait eL lui poserait son hamac, le matin et le soir.
Il fit le même marché, au nom de Michel, avec un
autre força t.
Et, enchanlé de cette combinaison, 1-1 s'écria:
- Parlez-moi des paquebol6 de l'Etat pour ~lre
bien
servi 1
Michel sour:ait à toules les boutades de son ami; mais
il restait grave eL silencieux . De temps en lemps, il
examinait cette réunion de bandits qui parll.Ûent fro :de·
TPent de lours crimes dan un langage qU'il ne compren-ait pas loujours. GélniL avec ces gens-là qu'on
l'avait condamné à passer les plus belles années de
sa vie.
El, sans doute, pulsque eux élaient coupablœ. iis devaient s'imaginer que lui aussi l'était. Et ~I frissonnait
à ia pensée que l'un d etL'\ allait lui poser cette question, qu'ils se posaient tous entre eux:
- Et loi, comment ns-tu faiL le coup'(
Ûl'pC'ndanl aucun d'eux ne lui adressa la parole, malgré le Msir que tous n avaient. La ha.ute stalurc de
Michel les effrayait, et tout aulant la blague infernale de
Marlin. En oulre, dans la matinée, Martin passa une
pièce d'or au surveillant, afin Qu'on fit venir n r.achelle un.... tourn
d' au-de-vie pour les quarant huit
forçats; dès lors, ces miSérabl s considérèren t les deux
amis comme des coquins dl' haute envergure qui leur
étaient supérie~.
Cc~ui
qui le 5"rvnit d iL à lvlarlin :
- Ah ! vous de\'cz folr/! lin malin, YOUS 1
-- Je m'en flalle 1 rt'>pliqua dignement l'ancien bijoutier.
A dix heures, on ouvrit la porte à'une d-!ls cuges et
cmquant forçats monlér nl sur le pont où ils restèrent
deux heures à 'Prendre l'air. On distinguait encore, dans
le lointain, une ligne brumeuse, qui ét.ait in cOte de
France. A midi, les cinquante hommes rentrèrent dans
leur age, tandis qu'on amenait sur le ponL les compagnons de Michel et de Marlin. On distribua, à tous les
prisonniers, leur portion de nourriture, scmbln.~e
~
celle àes matelots, c'est-ù-<iire la soupe faile nrer. des
lé'::lImes conservés, t du heurre frn!s, Qui fut rcmphr.(o,
quCIQul\S jours plus lnl'(] , par du ln' (j salé, du 1 muf en
con. ' rre, ou du moul n. Apli:' la suu!"" on leur donna
ù chncun un Quart de lilr d yin. La nounilure du
soir se compsai~
de la soupe aux 16gumes secs ct de
la rallon de biscuit
A deux heures, au moment où on ramenait les cinquanle forçats dans l eur cage pour l'onduir e les aulres
sur le pont, le commandant, qui e\nminait curieusement
ce troupeau de coquins, aperçuL ~Iarlin
eL lui fil signe
de sortir fies ran~s.
/l tllrlin suivit le ommanclan t, qui
se d ir~eat
vers l'arrière de la Cr,·j.(ute, el le salua avec
la. rn(ome politesse que s'il l'avnit r ncontré sur le boulevard.
- J'ai examiné votre dossier, lui dit le commnnclant
el j'ni vu que vous n'aviez jo.mais cesSé de protester d~
votre innocence.
- Prol.cstalions dont les effets ont été bien platoniQues, mon commandanL.·
- Aussi, vous reriez mieux d'avouer, maintenant. SI
~otr
ancien patron l'entrait duns ses bijoux, on olr
lIcndralL sOrement pour vous une commutation de
pcin .. .
- Bah 1 fiL Martin avec Insouciullce .• Iainl<,nunl "ue
j'ai eu le plaisir de commencer le voyage avec vous 1
- Alors, vous refusez toujours d'avouer?
- Plus QUo jamais 1
- Je pourrais Mjll... en cas d'uveux ... vous lulsset
un ()Cu plus longl IIlps sur le IlonL, au lleu de vous envoyer lnuL de sulle dans votre cage.
- Eh 1 Mais cellc cage n'o. rien (Jut me blesse. J,
suis ml'mo nS5C7. llall6 d'être traité pltr la société comme
le roi LQuis î lmlla Judls le carùinal de La Balue el
les personnage. les plus Imporl.nnts du royaume.
- Tant pis [lour vous 1... VOIlS m'Inspiriez do l'Inlé
rel... Je m souvenais de vous ... J'6tals dispoSé il vow
donner MLfJ1 DeUle douceur ..
out: L'Auoun - ,
•
�C:-ol-
50
===================== Moins
, . - Je suis désolé de ne pas m'entendre avec vous,
mon commundant, déclara gra"Vement Martin.
Et il resla immobile devant l'officier.
- Tenez, dil M. de Palouêt, voulez-vous arranger le
chaton do ma bague?
- Volontiers. Prêtez-moi seulement un peLU CRnif.
Le commandant remH sa bague et un canif à Martin,
qui, en quelques minutes, remil bien en place le diamant qui menaçait de tomber. En la .rendant à M. de
Palouet, MarLin dH :
- J".4~ceptrnis
tout de même de lâcher ma cage deux
heures ùe plus dans le jour, mais à la condition de
partager oeHe douceur avec mon ami Michel TIlOmerain.
- C'est bon, je verrai, dU le commandant.
El il appela un mat.elot qui recoooulsit Martin dans
la batterie.
M. de Palouët réfléchit, !.oute la 'nUit, il ce que lui
avait demandé ~1a\'tin
Pélissier. EL il examina. le doss'er de l'ingénieur, cOllune il avait examiné celui de
son ami. Cette grande Infortune le toucha.
- Si ceL homme est coupable, se dit-i1, il est encore plus malheureux.
Le lendemain, lorsque les forçats furent &menés sur
le pont, un matelot vint che.rcller les numéros matricules ~032
el 4031.
Martin et Michel fUn!nL conduits chez le commandant
qui leur dit, avec celt.e sévérité grave des hommes bons
qui veulent cache.r leurs bonnes actions :
- Vous, le numéro 4032, puisque vous êtes bijoutierhorloger, vous neltoierez les horloges du bord, ainsi
que les instrumenls de p~ion.
Vous, le numéro 4031,
puisque vous êtes ingénieur, vous descendrez dans la
machine, où. vous vous meUrez l la disposition du mécanicien.
- Merci 1 dirent ensemble les deux amis.
_ Silence 1 Allez 1 prononça. le commandant.
C'était le premier adoucisemn~
qui leur anivait dlUlS
leur l.crrible situation. E\ Us en furen\ d'autant plue
heureux qu'ils nvalent cruenement soulfer\ la nuit préc{'d nle, enfermés avec des hommes saIes, malades, quf
C<l nmcnçaient à avoir des m<lments de révolte comme de
VI" s blltes fauves. Dons toul!' la batterie régnait maint< Il lOt une od.,;ur ûcre, fét.)cle, une oha.l6ur mauvaise.
QuoIque s&parl!s, les deu; amis tulUlt enchantés,
plll ~
qu'ils uvai nt un ~nval1
il falre. On les traitaU
durement; mnis ils n'u.vaient plus à suppmim ce suppli en de l'accouplement avec des grooins qui, tout le
jour, [,OUI' tromper leur ennui, hurlaient dœ clllIDSOns
Qb< Cenes.
tsar, ils s'en lomtiront pLus tro.nqu.i1Jœ, bénl.ssnn.L
le bl'nve commnndant, qui, sans qu'ils l'eussent imploré,
8vall Cil pitil' cI'cux.
I\llchel dit :
_ Qui suit? Pcul-être même doule-L-il que nous
lOyoru; coupables '/
E cetle pensée lui fit beaqcoup de bien.
l.our vic s'écou1a. aInsi avec la plus parfaüe ~
rit... TOlJ.9 les mntill , on appelaIt les matricules -lOS1
et ~(J:I2
Us se r 'ncl lent au travail qui leur avait ~W
assilJ'!{> el ne renLralent que vers Cjlllltrc heures daœ
3eul' .'!;te, où on comm('nçJlit Il 8C Mf~r
d'mrx.
Mleh '1 s'il~re
ait au mocAlIlisrne spécIal de la . machine ù ,-upellr qU'II n'u.vall étudié que sUIlerflcleUc·
menl lU qU'.1.tà ;' et même son e prit Inventif clwrchnlt
dcs mt':Jiol"Ulions; Il rêmiL déJIl un système par leq~,
uns augmentation d dépense de cJlarbon, on obtlendr,dl urUl "ilesse plus grondo d'un nœud à l'heure.
IUllm PélissIer IlPllrCTIIlU aussi à oonnal.lre plus
ex .tomenl les in lrumenls p6clnux qui servaient à i!'
dir cLion des nuvll'cs ; toul ~l
les nettoyant, Il sc fnisu.it
expliquer leur de llllllllon.
1-1, qunnd on lui (1 mUlIdnil pourquoi JI voulait savoir
\Qin ooln, li rl!ponchLit av"
nhomle:
( r l'ir 1'"
,vOllil tvut 1 Il nc [nut jamu.ls perdre
5J,nO oCt:IU!!vn Ù
'1r tl'lI Lro,
RHcn ne fut clmnué U 116 1 ur exJs\.CnCA
Q1lAI 1&
1Iul'
•
fort que rAmour
~
Mugissante fut en pleine mer; mais, un matin, ils fu-
n!nt très désagréablement 6"Urpris, ainsi d'ailleurs que
tous leurs compagnons de misère. Dix heures sonnèrent
sans qu'une seule CIl['e fùt ouverte, puis onze heures
et mt)me midi. Les forçats ne demanduient rien, pensant.
que peut-être il pleuvait t.rop fort, ou que la mer étni~
grosse. Cependant, Marlin Pëli"s'er remarqua que des
rayons de soleil passaient pnr les hublots; et il se
hasarda:
- Pardon, monsieur le surveillant, est<e que nous
avons commis quelque méfait, qu'on nOUs pl'ive de notre
petite sortie?
Le surveillant, qui, malgré sa rudesse, avait un certain respect pour les gratifications que lui oc'royaiem
libéra!ement Martin et Michel, répondit:
- Il n'y aura pas de sorlie aujourd'hui. La Muaissante va mouiller pendant deux jours à Ténériffe.
- Ah 1 ah 1 je comprends, dit Mal·tin, avec un gesto
exlJ>ressiI, pendant qu'on est près de la terre, on nous
met sous olef?
- C'est ceLa.
- Voiilà qui est fllcheux 1 Moi qui avais toujours rêvé
de voir le pic de Tén6riffe 1
Lo1'Sque la lrégoaie entra dans le port, on fit le tour
des cages pour s'assuTer qu'aucun barreau n'avait été
scié.
On resl{l lA êeu.."'( jours, le temps de prendre de l'cau
et de penmettre à quelques mitlelots d'aner tirer une
bOrdoo, ce qu'on .nppril dans .1.0. baUe.rie de- forrols et
qui excita leur g·rosse gnieté.
•
Martin et Michel furenl tre~
trIslps ct, pour la première fois depuis leur départ, ils pllrlèrent de ces d ux
injustes accusations qw le;: .avaient fait condomncl'
aux travaux forc6a. Jusqu'alors le voyage, la mer, la
br.nté de M. de ?alouët uvaient 6carlé l'horrible vision;
et, .par mamenlB, lu gaif'té in6.1lémble cie Marlln leur
Clai6ait ,tout <lublie.r. Mais ceLte mesur" rigoul'euse, qui
les tenait enfe-rmés pour deux joW'S, dans cet o.Jr empesté, réveilla toute l'indlgnation de Michel. Et, la seconde nuit, au milieu -des rudes re.'1p.rutions de CeG
bandits, il dit :
- Ecoute, Marlin, Ll faut que je to wr.onte tous les
déLaLls <le cette infamie 1
VIII
LA LOGIQUF. DE .IA 111'111
Martin 00 red~
un pe'J 511r son hamac ct dIt :
- Je t'a.voue que j o.J voulu Le Je ct nander yin"t rois.
Bi je n'al pas osé, craignant de révcJÏl 'rues fOUI' 'n rs
trop péntbles.
- Voici exactement tout ce qui s' st passé eOmmCllNl
Michel.
'
•
Et U a'aconta &. son Ilml 100 moIndres détails de son
voyage en Ru.sste, son letour à Pilris, son flnlretlCll
avec M. de Salnt-Ermond, 60n arr"slnlian, enfin son
prcœs. MarUn rooutnlt rivec la plu.' grande attention.
18T1QB.Ilt de temps cm ~ mps un cri éltmné .
Tiens, tiens, Liens 1 Mals voilà c!l's' eho
quo
J'Ignorais 1 Notro sacré a\'ocat m'a Vil il fOl't rnnl xpos6
\.out cela.
Quand Michel eut terminé, li dit il lortln:
- A l{ll, maIntenant?
- Oh 1 mol, c' t bœucoup fiwlns compllllU(:. Tu QS
lu mon histoire dn.ns ]e3 jO\l,muu. ?
- Oui, puu;que J'al dm1l1ndé à mn rn/ml s'n ~t.al
pc. ;.1)1" que celu. rOt V1'1l1. Tu pcnS(:!I luen quo Je n'y
croyais ()ils. Il a fallu une dl-pê hl' de BernIer m at/h'man~
que tout 6t.a1t e aet, pour me faire dout~r
cl lof,
1 e po.rlons pM !\
r,cln, mon cher Michel. Tu
mOre n depuls étll si haune pour JulIette ainsi quo n
olcr, (jllO je veux ouùller quo, pcndan't qu Iqu
tu us lu mon hlsIJl.{llnœ, !Ls m'on\ cru Coupable. l~rcf,
&.oire dans les jow1'lnu ; e J n'IÙ pM un mot IJ. y
chlUl"er, - s! cc n' t que le vol n'n pas ét(: commis
l)Gl' moi. Matntell4IU, do~
, ct dors bien : U e6\ n6ces-
�~
Moins fort que rAmour
= ===== ======== =--=--====
saire de dormir solidement, pour que le cerveau: tasse
son petit travill
-- Quel travail?
.
- Un petiL t,rovahl. dont je le ferai CO\Dl!lJ8.Î;t.re demam
les résultats.
- Que veux-tu dire?
- Une idée à moL .. Mais dors, sacrebleu 1
Et Martin -s'étendit dans son h!lm~c
oil il. r~ta
immobile. Seu!lement, tandis que Michel se lrussrut aI!er
IlU soromehl, Martin, les yeux. ouverts, regardant lorn,
lûip, bien loin, réfléchissait, frusalt des rapprochements,
et de Lemps en tem-r.s, prononçait :
~ CanoaiHe, va, CL..,quin, bandit 1
.
.
•
('..e fut Micbel qui le réveilla le lendemam ; car I~ avrut
fini par s'endormir, en répétant : D Bapdlt, COqUlll, canaille! "
.
Et il dormaü si bien qu'il n'entendrut pai3 le roulement
d..l tJIlmboUl'.
.
_ Eh ))ien, vas-tu me communique: le petit trava.i.l
qu'a fait ton cervedU T lui demanda MIchel.
_ Tout à l'heure, ami, qoond nous ser?ns SUl' le pon.t.
Il me manque enco re le coup de lumière que donne
le sole~1.
.
.
On avait quitté Ténériffe vers le matm. AUSSI, dès
dix heures le surveillânt OUVl1,t la porle de aa cage
o~
éLaien.t 'enfermés les deux amis. Mic~eI
fut C?nduit
dans la machine et Martin aux magasms des lnstru-
m~tse
se retrouvèrent ensemble qu'à l'heure du déjeuner.
.
1
U ait
Ils contemplllnmt le spect.acle féerIque que .,eur 0 r
l'l1e qui avait la forme d'une énorme pyra!ll1de baignée
P:l1.' le soleil. L'air éLai t très pur, . très transp~
t : on
voyait les moindres arêLes du ptC, qui ~mblat
léger
comme un chltLeau de cartes, De grands o~ux
bln;ncs
Lournalent autour de la Irégate, e~ leurs rul~
prenaIent
des coweul's rosées sous les rayons du soleil,
.
_ Je crois que tu ne peux rien désirer de mieux
comme lumière, dH Michel.
.
_ Aussi je m'en déclare satisfrut; et une ~pre.
nante limpidité traversé mon esprit. Je ;egretLe jolimen~
qu'on ne nous ail pas jugés ici; car, blen sar, on nous
Ilt:ruit ur-quit tés ,
- Crois-lu 7
,
_ J'en suis absolument certain, CC3 ImbéCiles de lur6S
y auraienl vu clair, comme jo vois claiI' en ce moment.
_ 81 quo vois-tu? inteI1l'ogea Micbel avec auumt
d'anx~Lé
que de scepticismé.
-- Oh 1 ne nous emporLons pas 1 Procédons logique.
de ne
rnent. .k> Le diroi d'abord que je &WS fart é~
Pas volr dans une de nos quatre cages, certaines pcrSc.nnes qui devrnicnl s'y trouver pour avoir comanis le
cI'lmo de faux t6rnoignage,
M.ichel t..re 'saum.
- De qui veux-lu Dn.t'ler? Ols vile 7
- En pl' 'micr lic\!, de ton ancien patron, le sieur d~
SUint-Ermond, père d''WlO (l<Wro.blo jeune fille, ce qUI
e3t <l nil\eul'S son seul LlLro li no!..."'\) a,slmirotlon; car lu 1trlÔtno tlO vaut pM grnnd'chose ...
Michol pDussn un soupir, t.andJs que MarUn conUrlllo.LL :
_ Qllund jo dis qu'il ne vaut pas gr<LIld'ooœe, c'est
Nlrce que jo lui al vendu Sou.vent de m~ques
biI·,ux, gui <:LoienL tous desLinés à la comtesse NlIla ~e
nll<lll, uno do oos aventurièl'CS quo les salo~
parJsle.n s
0nl lu na!veLé d'accueillir, qUJJlld on devl'mt les prIer
irnlJlcmenl de rop<JS5Cf la !rontlllre.
. . Qu vcux~Lw
7 C'est UIle li4ioon blô.'ll1a.ble; maiB
M, de S in El'mond est veu!.,.
- LIaison coupa,bl mon ami; ('!l'1' &i J.edi1 SlJ.lil1t,ErrnoluL 61aiL vell! u' n'en avait pas moln~
un Illle.
Et, l>Our [nir d ~ oodoo.uX rid1cuie.mt>nt 1'Wne8 il. SIl.
nlQ.t~,o
il pl'6Ilo.iL quol argent r L'argent do M1Ue
SUzanno ...
MAChol ne r6pond1t pn.q.
LUL-mêIru! ava.H toujours Jugé sévèrement lu coru1uito
de M. de &1int.Ermond.
- Sals-tu bion. poursui.vrut l'dOl'Lin. .1;[110. OOl'w.inœ
années, il lui achel..alt pour des cinquant.e, des soiXJante
mille francs de bijoux? Crois-lu qu'elle les POI'.tait longtemps 7... Elle les gard.ait six mois, lm an; et puis... '
elle les l'evend.ait à d'autres hi,joutiel's. Dans noire commerce on se renseigne enLre confrères. Celle femme
s'est lait donner ainsi p1us de cinq cent mille [l'anes,
51l.llS compler le reste. Et tu sais mielLx que moi que
tom. patron n'avait aucune fortune personnnelle.
- C'est W'ai, murmura Milchel. Mais où veux-tu en
venir 7
- A ceci, c'est que ton patron avait peur de toi, que
le moment arrive oil il sera forcé de rendre ses comptes
à sa fille, que tu l'au11ais gêné.. et, finalement, qum Il
été ravi de te voir condamné.
- Cepend1l.llt, il n'a. pas cessé de déclarer qu'il
croyait à mon innocence.
- Paroleu, pour se donner des g-ants aux yeux de 58
fllle 1 Mais il a bien dit tout ce qu'il [a1\ait pO'UT tf
fa.i.re condamner. Il t'a accUSé d'avoir un oaractère vi()
lent, ce qui expliquaLt de I..a part un désir soudain de
folle vengeance; et il savait bien que bu es l'homme
le plus doux qu'on pui5se voir. Donc, .hl a menti ; donc,
il 8. porté contre toi 't;n faux témoignage; donc, il méritait d'a"oH- son petit hamac dans notre cage, car la
loi ,p unit des travaux forcés les f.alLX témoins. El d'un 1
JI'fichel ôtait a.I>asourdi pm' le raisonnement de son
ami. Avec son esprat entier, tout d'une pièce, il n'avait
jama.is songé il ces sul>tilités,
- Tu vois bien, dit Martin, qu'on voulait se débarrasser' de toi. Il faut, à M. de Sair1t·El'mond, un gendre
qui ne Je gêne p&,!, un gend·re peu sarupuleux, qui Sf
conwntero de la fortune actuelle de Mlle Suzanne ... Toi,
je sais bien, ~u l'aureis prise sans fortUll1.e; mais ton
pnl.l'on li dù s'imaginer que Lu lui demanderais des
ccmptes ...
- Pardon ; M. de So.infrErmon.d li dépensé tous les
revenus de sa fille; mais il n'u pas pu. toucher au C3:
pil.u.l, puisque j'avais acheté en Roussie, pour plus de
trois millio.ns de botS, c'es1-à-ilire une valeur équivalente
ail la fortune de Suzanne ...
- Ça, décma Martin, en fronçant les sourcils. c'es'
un poinl à examiner plus tard, Tu les as achelés en
Russ.ie, tes bois; mais lu ne les as pas vus il ParlS.
Laissons ce cOté de la. question, nous l'exa.minerons .\
loisir, sous le ciel bleu de la Nouvelle-calédonie. J'UI
Ul<lS idées là-dessus; mais j'ai besoiJl de les approfon·
dir. Revanons au me.ri peu scrupuleux que rêve M. de
Saint-Ermond, Je pense que tu l'us déjà deviné?.,
- Le prince! prononça Micbel d'une voix sourde,
- Là, ne nous mettons pas en colère contre le seigneur Gérald Vérônine, ce n'est pas enoore le moment;
mals occuponS..IlOUS de lw, C'est donc le mali tout
indiqué de Mlle Suzanne ... tout indiqué pour M. de
SuinfrErmond, bien en Lendu. Donc, cc. prince avait intérêL 0. porter conLre toi un faux té:m01gnage, Et lu Inl
as (l'a~eurs
Lrès cr!lomen~
répondu qu'il menLait. C.ctle
nuit lu élrus superhe d'i.ndigrblltion qUAnd lu me réptLais 't.u scène : • Vous mentez, monsieur 1 n Tu aurais
pu lla,ppe.\er " prince 1 • cela lui aUl'lIiL faiL pLaisir :
on aime Lttnt s'cntend!l'e donner les tHrcs uuxqucls on
n'a pas droit...
usurpe le
_ Quoi clone 1 Tu crois que ce Vt(~nle
Ulre de prince?
_ C' t mon nvls; mais serail-il prince pour de bon,
que cela n'aurait pas heaucoup ci'impol'tance : tout le
monde st prince en Russie 1 C' sl comme d'NI' décor~
cbez noU5, ..
Poonc.\l; garrlr. 1 dit Michel. Tu l'Ccommenc s à plul·
~i'e
Lu n'es plus 5(;l'i ~x .
son lOT ; je vah (
_
'j si. Ecoute-mol, car j'UITlve uu POUlt 1 plus
mon l'alsOlillcnHlI1t. - Ce prince prOlcn~
~'o.vQil
délicat
vu· lAI tu p!'éL\'nds le contraire, el. tu te SOUVIens quo
lu 'te ~uV1'ais
\0 visage de tes cIeux mains, Cela n'8
p<lÛllfL d'irnpol'Lanoo. puis9U'U
t, nc.:~ujS
~ue
tu ~
ll'Ouv.o.is il 00 moment pl'l'.cls dans 1 n.leh r : c est tout oe
que désu'l.l.lt savoIr 10 justice, - cclw Justice qu l'Eu
rope ne nous envie plus ; 01 la que,Cition de s ' llr si le
p1'incc 8. vu ou non ton vL'Illige lnl ressaiL [orL pau lp-,!
ll.ons iL robe dt tJ. waue. Aussi Lon déme.nU n 'n DrodUl'
de
'lire
�Moins fort que l' Amour
tes accents indignés. Mais ce qui
icn msle pas moin- acquis, ce que le beau soleil de
J'Cft ri,~
a éclail'é soudain pour rnoJ dun jour impcévu, ce qui éLablit purement eL simplement ton inru:>:'2nc\!, c'es t que je pI'ince Gérald Vérénine, il l'a dit
Il!i-m
ê.m
· ~, s'esl pcnc h6 et a regardé le rona de l'atelier _..
Je sai. t.ien que Je prjnce a ajouté un adverbe, à sa
dt'r'lslliv n, l'adverbe « machinalement D_ S'il s'est pencl,~
, ,,'Ll il l'cgardé, c'était machinalement t.,. Can.oilllC,
cO'Jwn, bandit! Ce qu'il aurait dû fuire maohinalement,
c'i"t,Hit de s'empresser de s'enfuir aussitôt, de quitter
c('t,~e
salle VOisine de l'incenrue. Et, au lieu de cela,
nW!1-.>;ell r reg<Ll'dait vers le rond ...
- En ûfCet 1 murmw-a :VJichel.
-- Et pourquoi re,surdait-il vers le rond T... n ne pouva it sal'o ir que Michel Thomerain s 'y trouvd; el cependan t, il cherchait avec attention; c'est dOM qu 'il savai.'
que qU<?I'lu' un devait se trouver par là, I.e quelqu'un qU4
a mis 'l~ [eu .. .
~ ,I tlr,j
n
s'arrêta et rega.rda longuement son am1 pour
voir Idfet- de wn raisonnement,
Il dit encore :
- Toi qui es un malhématicien, trouves-~
un St!ul
déCaut dans ma logique 7
JI{ a1mple et si clair que je me
- Xnn Tout. l'.P.IJII ~I
derna lac com ment je n'y ai pas déjà songé.
- r.e prince Géra.ld Vérénine regardrut donc simplemen t pour VQir Bi l'autre a''l!Ùt eu le temps de s'échapper.
_h! OUi, l'aul.re, l'inœnnu 1 s'écria Michel, avec U!Il
ge.>te de colere , cet homme à l'existence duquel perwnn.:: Il'U voulu croire.
- J'drus il. l'existence duquel je crois parfaitement,
mol. El j'y crOIS d'auLant rrûeux, que je le connais mamtenant!
- E ,{-ce possible 7... Son nom, a.l<>rs vite 1
- ,\It! voilà, prononça philosophiquement r."Iru-tin,
son nom? .. Je ne le connais ))B.S, son nom. Mais lui,
je le r('~on
l a!lr
lS
entre mille. Un gros homme, n'cst-ce
des. cheveux filasse T...
pas, 'lV~C
- J.' rai vu qui CuyaH, vollà tout ... Et j'al ram~
ccII r Jnl"use boite qu'il avaa laIssé tomber.
- t;'" llOite russe. Donc cet homme étall , russe .. ,
Com:lle ip. [)l'lnce Vérénine.
- 'lns dOIl te J dit Michel qui voyait encore plus
clalJ'
I~t
ee porleJeu ille l'lISSe, trouvé alpr~s
du tien, en
!leh ,,'.5 Ilc la bari~e,
était aussi à lUI ... Un portefeuille
~v
P'-,
l,111 inHiule, mon initiale, son initialc ; voilà un
.indIC" !
( " t vra i, mUl1nura Michel,
l'U
l~.
;tprbs un silence, il demanda d'un lon inquiet :
- \{;llS, mon pauvre ami, comment peux-tu croire
que tu oonn ais cct homme? Sur quoi bnsœ-Lu tes soupçons 1 Tu étais en prison, à ceHe époque ...
C'est que t.on inconnu, c'est le mien; c'est que le
1:.1'''<li'1 q/li a mis le feu aux chantiers de M. de SaintE,·ltt. ,n ·J, 1>t le mOrne qul a vol6 la rivière de diamants 1
J li' J Jrorai.s_ Et je jurerais aussi que cc gredm est
un /J'Hli me aux gages du prince VUl'6nine 1 N'est-ce pas
l. ~ lIlJ[f)lg nage du prince qui m'a Calt cOMmnner? N'a1:1 ptS a.ffirmé que la purure étalL toujotlI's 10. b. une
h l'\lI'" .)lI p,llt'l n'y était cer~ainlTt
plus 7 Ah 1 filou 1
Ah 1 iJ.l ndlt 1 Si jamais je le liens, celui-là 1
, l 'rrnru garde 1 tlit tllichel en l'iant, 1.01 aussI tu vas
et tu sais bien que ce n'est pas le
II' 11;' 1re en col~re,
01 '1I~l
L
1
Tu as raison, nous aVons besOin de tout notre
cnlm", dit Ma r'l.in en sol/l'ianL.
~i
1I0U5 communiquions nos observatJons au comm nd
n~ de Po.loullL, qui se monl.l'c SI blenvelllanl. pour
Dua.,? pt'Oposa Michel.
.
_ ,\ h 1 que voill1 bien une Idée d'ingénlcw' 1 répliqua
M:\rlm. Non, mon ami, non, lIOUS gardl'J'ons nos OUSC!'l'lIlian. poil l' nous. Pas un homme n'a songé il cela
wul nos Ju g s, fins m~l1e
notre a.yocnt. Il a. fallu le
, ,1 '11 de Téll('l'W,! püUl' l'clairer lou~
cLia 1 SI nous ra,,,nlforl!'l h 1Il0lntll' chose ail conIJla
ln~,
II J)(:nse,:l
Ile n011_ nrJU" mo Ilions da lui ; ct, si nous inslsL, :1>, Il /Ilh '.,-;SCI'IlJt Ull l'aPI l'l b. l'arIS, les journuux 10
lUcun effet, malgré
•
.~
publieraient, notre coquin de Vérén ine seroit prévenu, 1
il prendrait ses précautions .. . C'est qu'il m'a tout l'air
d'aI.re un gaillard redoutable ; et j'ai bewin de, me
retrouver en liberté pour me mesurer avec lui.
- En liberté? mu.r.mura ,"liche!. Alors, selon loi, Il
faut commencer par reconqu.éri.r noLt'e liberté, s·i noUIS
voudons reconquérir notre répuLalion d 'hOlmêtes gens 7
- Oui.
- Si l'on prend partout le mëme luxe de précautions
que StLI' cette frégate, une évaSIon ne sera guère fa cile.
- Ball 1 on verra, fiL Martin avec insouciance. En ce
moment, il n'y a rien il. tenter. Si nous avions la fanLaisie de passer par-d,CSSUS bONi, nous n'arriverions
qu'à servir de nourriture aux po4ô\Sons. Imaginoru;-MU!I
que nous. faisons Uill long voyage SUl' un navire d~
l'BIlat, toI comme mécanicien, moi comme hOI'I'Ûgel';
nous sommes aussi bien tralL6s quc des male
o ~s,
et les
mateJ.ots ;ne se plaignent pas. Je sais bien qu'il y a cette
cohabitation forcée avec les autres pa.."-..oagers ; mais il
sumt de les cOThSldércl' comme de malheureux égarés,
poUll' - 'habituer fa cilement il leur sociéLé ...
- Pourvu que ma mère ait pu accomplir wn projet 1
(m Michel fébrilement.
- Atte.It.<:llJns notre arrivée pOUl' songer à cola. Moi,
je vais dévi.sser les divers in~lrumets
du bOld, pou.!.'
bien voir comment cela est fait. Et Je crois que, bientôt,
je serai capable de diriger un navire 1
- As-tu donc lïnLention de te faire marin? lui demanda Michel en riant.
- Dame 1 On ne sait pas ce qui peut arriver. Toi,
étudie bien toute la machinerie; car. le jour où j'aurai
un navire il diriger, je te r>rencLs comme mécanicien en '
ch eL
Michel travaHI.a di&Lrailement tout le jour : il 6La.i'
bouleversé par les concllliSlons si logiques de i\Jarl.i n.
Il avait bien toujours songé à s'évader; mais , a,pl'~
sa condamnat,ion, il avait désespéI'é de jamais se jnsulier; tandis que, maintenant, il cn entrevoraiL la uoss1bilité. Cependant, la nuit, il diL il son ami :
- J'a.i une objection b. te faire. Commen l, sans auLretl
preuves, pourrons-nous jamais établir la culpn.bllité da
cc Vérénine? Son~
qu'il est étran,ger, qu'i! appartienl
à une grande famille, qu'il es t riche ...
- Etrange!', il l'est, 1'6pliqua tranquillement .Murtin ;
c'est ce qu'il y a de plus ('p.!~in
dn ns les trOIS quallf!cnLions que tu " ims de lui donner. Qu'il appurl.icnne $
une grande ramille ... je l'ai déjà dit que j'eu doula ls , el
vlVement. Quant à ètI'e riche 1
- Puisq ue SIl sœur est riche 1
- Riche de l'argent de Mlle de Saint-Ermont, oui ;
mais je parierais qu'elle n'avaIt pas le sou qURnd elle
est nrl'ivée il Paris. Ah 1 tu ne t'imagines pas la ql[anti~
do filous que t'étranger dével'5C à 1 m'is 1 Ge que j'en al
vu !)a.ssel' dans mon magasin!
- Et Lu les recoMtnissols tout de suiLe '1 fit MIchel
avec un soul1l'e moqu eur.
- Oui, et il un signe inCaillible.
- Lequel?
- Lorsqu'un étra ngeI', quelle CJue soit sa ntloa1iL~,
appartenant au g nre ... 110nnète, vient à Paris, il u.c11btl
eL. il paye,
1
- EL ceux qui a.ppartlcnnent au genre... pas hono /
nôte '1
- Ils acMtont aussi, ct mé.l11 beaucoup plus quc lei
autl'<!s. Seulement, ils Ile puy nl ]lus. On n a lTète coC)'
tl.ltlellcmenl, qUI, dl)fl\1IS dus OIIlIêes, vivo lenl d 'e~
r()'
f[ucr ies , ons que jmnulo personne eùt 'ncorc os' porLer
plain le c.onll'e eux.
- III.ais COmD1cnL leur llvre-t·on des marchandiseS,
sans arg en ~ '1
~
- Ah 1 mon ami, comme OH vo: t lJllm fjlle lu vil'u
dans lU fn lJl'lfju;, occupe il dL'COUP"I' des h(,lo ct ,\ [ail"
la cour II 11.1110 Suzann 1 Tu t, UII Illv('1I1cur, un ,. f.\~
ur;
Lu ne con~,ls
pus ces pclil.s côt,'s de Ja vie palis~nc,
~dls
que J [L! Nê JO.I'cé de les NUllier pOUl' llH.' d ~f<'nd
r'
Cvlltre n 1f; plus 1 l'llbh:s cnncm.s El cornhlptl de Il,''gO'
ctanls so Illisseul pI'l'lHllè, av li cIte bûntJolII!>' 110nn.;(1
dl! comIllel',;,unt purlsien 1 Ou voit UI'I'IVCI tll'<; tJO!IJlIICI
(H des IClTUlles il figure étl'unG~re,
pu/JUIll mf,l' 'lclllcol
�~
"
i.
~
o
8
i-
l-
~I
,
l-
a
(1'
Moins fort que l'Amour -::
' ==================== 53
~
le fran çais, vêtus de la manière la pLus é l é ~
te,
oouverts d{l fourrures : 1& fourrure est un si.gne caractérisIX
ti que ; gén
I'a le men
~ mêrne , eLle a été volé e. Ces gens·lii
choisissent ce qu'il y a de plus beau , ne m arch and ent
lA NOUVELLB
p~hS;
ils vous parlent même de lew-s bijoux de fami lle,
qu'ils vous don neront il. remonter. Puls ils filent, empor tant la marchandise ; o u bien, on les s uit, parce qu'ils
La NOllvelle!
doivent payer il. l'hôtel ; on se frotte les mains, persuadé
qU'on Il fait ,une affaire swperbe, et l'employé, char gé
Ce nom excitai t prodigieusement la c1l!!'iasité de tous
les transportés.
de lri.vrer, revient les maiThs vides : le client n 'avait pas
d~
monnaie, ou ... il n'a vait pas eru:ore eu le t.em,PS de
Que de fois, dans leur vie aven tur.cuse , ils l'avaient
prononcé 1
toucher un chèque de cent mille franes aux Cnmptes
cOUl'unLs, mais il n'y a quiA passer' le lendemain, eL on
Jadis , les criminels par laien t sans cesse de la
tr.lUchel'u sans dtffioulté ; même Je client doit revenir
• Veuve» ou de l'abbaye de a Monte-à-Regret ». Aujourpour choisir enoore quel1ques objets ...
d 'hui, leur pensée se tourne continuellement vers Ce
- Et le lende.rru:lÏll?
groupe d 'Tles perdues dans une inlmense mer, au bout
- Bonsoir 1 Plus de olient. .. ni de rmarcnandise. Le
du ' monde. El ce qu'ils savent le mieux sur elles c'est
Lou! a lilé. On est furieux, on oourt à l'1l1l1ba.s.sade du
qu'il est difJlcile de s'en éc.happer, puree q u'el~
son1
pays auquel semble rupp-arLen ir le nlou. Quelquefois, oD
entourées de requins.
ne l'y oonnaît pas; c'est tout simplement un naturel de
La Mugissallte était depuis deux jours dans la baie
Mo.n.t.martre ou quelque échappé de maison oenlJ'ale.
de Nouméa. Pendant ce Lemps , on avai t laissé les forD'autres fois, on peut VIOUS renseigner: cc Un tel ?... Ah 1 çats dans le urs ca·ges. Le commandant du bord avai&
oui, il a éLé condamné en Hl1SSie ou en Au t.riche pour
passé ofIicicllement toules les pièces qui les concervol, <s'est échappé , a passé en Allemagne, où il a comnaient au gouverneur de la colonie, et te gouverneur Ica
mis de nombreuses escroqueries, pu~
en ll.alie où i,l Il
avait lui-même remises au directeur du service pénitent.rafiqué des d-écorations et des t.ifires de nüblesse ... etc ... ~
tiaire, qui était venu s'entendre avec le comman<lant de
Et voilà le clienL merveilJeux , auquel on a conlié sa marla frégate pour les mesures de débarquement.
chandise... tandis qu'on ne ferait pas crédit de. cent
Le moment fixé pOUl" ce débarquement était arrivé.
SOlliS il un bon et honnête Français! Telle est, mon ami
On amenait les forçats sur le pont pur groupes de cinl'espèce à laquelle appartient, n'en doute pas, ton pr~
quanle.
Vérén ine! Je t'aooordc même qu'il soit prince; cela ne
Seulement ces groupes n'étaient plus for:més un peu
ch01J ge r ien à ma théorie. Tiens, iJ. y a un an, on a ar- au hasard comme il Saint-i\>larlin·de-Ré. Pendant la t.rarêté , rue LaHitte, un prince russe d on t le nom se lerversée, plusieurs hommes s'étaient révoltés, quelquesuns a\'aient été mis au cacho t. C~
fut ceux qu'on appela
minait, en ine, comme le sien. Il protesta avec indignaU(ln, il assomma même quelques agon,ts, pour bien leur
les premiers, pal' Icur num éro maLricu,le. Le surveillant
prouver sa supérÎlOrité;. mais on l'UX'I'êta sons héSiter.
en chef du pénitencier les passa. en l'evue. leur fit ('Illever tous les objets qui n'étaienL pa.s réglementaires, et
Et on apprit que, quoique prince, il o/lvoit comm is une
on ks conduisit à l'ile Nou, où ifs devaient être robje\
foule d'escroqueries en Russie ; et, aujourd'hui, il confeotionne des chaussons de lisière de scs nobles mains. ' d'un e surveillnnee spéciale.
On fit ensuite monter les malades, qui furent conduits
Moi, je ne m'y 'sllÎs jamais laissé pinœr; et il a fallu
ft l'hôpital. Enfin, los cent malheureux qU1i restaient luque ce gl'oo in me volât... pendant (jue je m'étais baissé;
rent umenés sur le pont. C'était ceux dont la conduite
ffi8is, pnrbiQU 1 je le retrouvel\cli hien !
avuit élé bonne pendant la Ll'aver.st'e et qui allaient être
Et Martin s'endormit en prono'l1çant les mots de co' employés so:t !lUX Lra\'!lux du pénilcllcier, soit au., traquin, canol11e, bandit ...
vaux cie colonisntion.
Michel et ~1(lJ
' lin
avaient été placés les pre.rniel'B. Le
Ce rut désormais J'unique sujet de con.veI'SaLion des
surveillant en chef les dévisagea, après avoir examiné
deux amis; et pl'US ils Il.jJprofondissaient la question,
leurs notes donn,'es par le commandant de Pa.louël, el
plus ils acquéraient la oonviolion que le cou'pablo était
qui étaient celles-ci :
GéTald Véréniine, fu.i6D.nt marcher q!Jclqlltl oomplice de
;'(131 eL 1,032. Conduite exemplaire pendant
• ~u.r6os
bas étage. Tant que la fréb"llLe tenait la mer, ils partouLe lu trnvel·séc. Grande douceur. Ont même l'cnuu
laient de tout œla avec bon·ne hWDcur, s'imaginant
de sérieux services à bord, l'un comme ingénieur-mécaqu'ils Il.vaioent pu s'échaspper de ln Nouvelle-Ülléd·onie et
nicien . l'autre comme horloger,
qu'ils rentl'aient triomphants à Pal'iI:; pOUl' punir le ml• TrèS dignes d 'intérêt. »
s61able ; mais, dès qu'o.n u,tTivait dons un porl ct qu'on
Le suryeillant en chct mUl'murn :
les laiBsll.lt impitoyablement enf'l!rmés dans leu!' œgc, ihs
- Un ingénieur et un horloger, dIg nes d'intérêt, voilà
s'ossoml rissaient eL se laissaient aller il de lourds accès
qui va rudement faim l'alfaire de la colonie.
da colèro.
Puis il continua l'examen des autres forçats.
On cl.ait anLré maintenant dans l'oc6an Pacifique.
amis . contemplaient l'n$pecl êie ,'!le, qui
Les ùeu~
EnC<lre quelques semaines, et on aITiver'.ait à Nouméa.
offre un blen cuneux coup d'œil avec sa. bordure contiIl faisait cha.ud ; les vêlements de toile avaient remplacé
nue de récifs de corail blanc.
les vé!lements de laine.
La ville de NOUiffiéa s'étendait devant eux, au centre
Malgré la faço.n bienveillante donl ils étalent traitoo, iI1
d'une immense rade bornée au nord par la. presqu'île
tardait prodigieusement aux deux amis d 'nrtlver.
Ducos et do-minée par le fort Constantine, composée en
Co voyage, saGS nouvell€5 de Paris, leur semblait alg~nérl
de maisons de bois , au milieu desquelles se
ll'cusemen.t long.
dressant quelq1.lCS centaines de oollstructions en maçonOn nt encore 1-eJA.che aux tles Ganlbicl' ; puis.Ja frénerie.
gale contlnu,a r8lpidemcnt son chomin vers lu. Nouvelle- Charmnnl séjour, dH Martin.
Calé<.1o.ruie . Un maLiJl, comme le surveihlant n'ouvrait
- Nous taehel'ons de ne pas y vivre Lrop longtemps,
aucune cage 0'Il 1ui demanda :
répondlt Michel.
'/
_ Où va-L-on mouiller , aujord'h~
Une heure apl'ès, JeB cenls forçats él.<lient débal'qués et
Le surveillant eut un gros rirQ et cm :
mon és à I€Ul"S cu.sos pal' un sW'veillant de deuxième
_ Ah 1 ah 1 nous sommes al'l'iv6s au bon, au vrel
classe.
moulllage.
- Alors OD n.e nous fera pas monLer sur le pont
COllune d 'babituc.Le '{
,
Les cas.~
dans 1 sQuolles l\abiLenL les condamnés son'
_ On vous y fcra mon 1er Lout à j'heure". ou demain_
fel'ln6es pal' uno grille en 1er. Les condamnés sont /lU
El ceLte fois vous de.'léendl'ez il terre.
nombre de cinquante pat' ease; deux cases, c'est-à-dire
.:.. Nous o~un()s
donc il la Nouvelle '/ s'écrièrent tous
cent hommes, forment un peloton, quI est commandé
les forçats avoo bonheur,
pal' Un sUl·velllant.
�Moins fort Clue rAmour
Michel et Martin marchaient en wte du peloton; ils
iournèrenL la ville et arrivèrp.nt bientôt à la case qUl
ceuII' avait été assignée.
Sur leur chemu1, ils virent des hommes, vêtus comme
eux, qUJi travaillaient à la construction d'une maison.
Martin demanda au surveillant :
- Ol sont aussi des força ts?
- Des forçats? répliqua le surveillant, il n'yen pas
Ici.
- Ah bah 1 fit Martin, abasourdi. Alors, qu'est-ce que
nous sommes, nous? Des renliers?
- Les condamnés que l'on débarque ici ne sont plus
des forçats : ce sont des ouvriers de la transportation.
- Ah ! très bien, dit Marlin . L'euphémisme est charmant. Donc, ces ouvriers de la transportation... car ce
sont bien des ouvriers de la transportation?
- Oui, comme vous.
Travaillent à la construction des maisons?
- Oui. Ce 50nt ceux qui ont eu une bonne conduite
et qui ont Lait preuve de repentir; on leur permet de
~vaiLl
er
chez les paT'ticu:1iers.
- Merci, mOTLc;ieur le surveillant.
PUi5, se tournant vers Michel, Martin mUTmura trèS
doucement :
- Je crois que nOU5 ferions bien de nous repentir.
Michel était retombé dan5 la plu5 noire tristesse. Cette
marche en rang , sous les yeux d'un surveillant, en plein
soleil, l'humiliait plus cruellement gue l'emprisonnement dan5 la batterie de la Mugissante.
- Ah 1 mLU1Dm'a-l-il, je ne comprends pas corn·
ment tu peux encore plaisanwl', Ma.rtin 1
Ils étaient enfin arrivé5 au camp de Montravel, qui
est situé à trois lülomèll'es de Nouméa, en face de la
presqu'île 1)ucos.
Le surveillant les fit ranger devant leurs cases ct procéda à l'appel; puis, ils pénétrèrent dans les cases et
le surveillant ferma les grilles.
'
Comme on n'avait p"l.S encore fixé les travaux aux
quels seraient employés les nouveaux débarqués, on les
laIssa enferméS le lendemain.
~Jiché.l
passa celle journée assis il. terre, la tête entre
se? mains. songp.ant il. sa mère et il. Suzanne. ~lartin
,
hl!, ,lit plu ieurs [ois le tour de la case, pour voir s'il n'y
avaIt aucun moyen de s'en Qchapper. Et lorsqu'il eu t
oonstaté que tout était solide, les murs, la grille il Pl'ooonça philosophiquement :
'
- Rien il. faire ici !
Il communiqua il. ~1iehl
le trisle résultat de ses recberch s.
Michel r6ponclit :
- Ce n'cst pus la peine de le casser la tOte. A nous
seuls nous ne pUl'vicndl'ions jamais il nous évader. Fais
oonune moi, Nudio ct attends 1
- ELudier ... quoi? Attendre ... quoi?
- Qllel rJlle sl1iL le tl'avilil nuquel on nous emploiera
examine bien les 1:('ux, le riva ge surtout. n faut ê1.r~
prûLs ... pOUl' le Jow' où le secours nous viendrn du
dehors.
:- Po W', que ce sec,ouJ's nous arrive, ne penses-tu pas
qu I! serail von de 1appoler? N'as·lu rien li. écrire li.
ParIs?
- Tu sais vien que nos leLLl'OO seront lues par les
Bu!'veillE.UJls pli!' 10 directeur ...
- J'y compte hien. Et tu vas voir quelle lctlrc J'ui
prépnrf.e I.a.I' Juil Lw.
Marlin nlln demandel' au surv illnnl s'il pouvait
écrl~'e
; ct le surveillunt lui CiL passel' immédillLomcllt du
'(>aplCr, des plumes L de l'cnel'c, n lui (lisnnt :
- Ayez vien soin de m1'Lw'Cn hout, il. gauche, vol.re
nom eL roLr'e numéro mu,ll'Icule,
- C'est comprIs. Ave:t·vous des timill'es 1
- Pas hesoin.
- Pa.q 00 nin de Limvl'Cs?
- Non. Le gouv,rneur envoie les )1'111'00 en Frunce ;
lcs ouvl'if\r. de la Lranspol'Lo.tion Ile payent pas le port.
du gouvc.meJl1cnL alors T
- Comm.! de.s crnploy(~s
C'œt charmnnt.
'
11 l'{'vint vers Iwbol en dloo.nt ;
~
- C'effi adorable 1 on se ferait mett.l'e au bagne rien
que pollI' ne pas payer ses t.imbrcs-postc 1 Et, avec ça ,
<;>n est logé, notrITi, blanchi, écl.o.iré 1 Et, S'Ur ses vieux
JO'U'I'S, on peut coloniser 1
- Prends bien garde ,il ce que tu v.as écrire dit Mlchel
'
- Sois tranquille.
Et il éorivit la lettre suivante
<t
Ma chère JUJl.iette,
« Si je n'étais sépal'é de (,oi, et si on ne m'avait p~
in justement condi8.lIlné, je t'avoue que je n'aurui.s pô
il. me pJojndre de mon sort. Grflcc à ma bonne con
duite, j'ru él..é LraÏJI..é très doucement pendnnt (,oute ma
traversée ; et je suis runrivé il Nouméa en pa.rfaite santé,
« Nous sommes logés dans une lIn:bitation spacieUBl
et bien aérée. Nol.re surveillant est trèS doux. La. noUl'
ri ture est suItisante.
" Demain, on doit nQUs employer à des w'awlux ~l·
conques, ce qUi nous fera sorttr et nous pel'l11ctl.ra cle
prendre un DeU d'exercice.
« Somme toute, ou peut être hemcux, ici; et, comme
j'espère bien voir diminuer ma peine, tu pourraB venir
m'y rejomdre dans quelques années. On m'assure rrue
~e
pays est charmant, qu'il y e. de magnifiques for ~ts ,
d~
rivières poétiques, des arbres gigrullesques ; je nI!
pUIS rien te dire à cet égard, 001' je n'ai contemplé que
des murs de ma cuse ; mais ça doit êl.re vrai, puis.
qu'on le fut. Donne-moi bien vite de tes nouvelles el des
n01lJvelles de notre enrant, quJi n'est sans doul.c pas loin
de faire son entrée dans le mùnde,
u Je t'embnaase de tout cœur.
• MAI\T~
~
PÉI, ISSIEIl,
Ouvl'ier de la transpor lation, mal1i·
cule 4.032, Camp de MonLravel, case
N' 28.
- Là, est-ce assez gentil 1 diL Mal'Un, quand il eut
terminé. J\1aintene.n.l, to.i, éc.ris une leLtre &emb1able il ta
mère.
- ·Mais poW'quoi '1
- Fa.ts donc. Je vais dicl.er.
Et Michel écrivit sous la dic~
oe son ami
« Ma bonne mère,
" Après une heureuse travc~é,
pendant laquelle la
counma.ndant de ta Muqissanl.c s'?St mon~ré
plein de
bontés pour mol, je &1 11S arJ'lvé a Nownœ en bo:nruJ
santé. On nous trail.c de .la Laçon lu plus paternelle, ce
9u.1 pru' moe~ts
me . frut presqu ollblier l'horrible et
InJ,lIsl.e accusal,lon qlld pèse sm' moi. Il est probable
qll on me donnera une occupation en rapport a ec mes
1L1)L1tudcs. Je .supporterai courngeuscn1C'nL mon infor.
tune en trovalll.ant, ~n
me rendnnt uLile, ce qui, rona
douLe, me fera obLenll1' une commuhtion do peine ... »
- Je n'éCrirai pas cela, dit viv.cment Michel.
- Eel'is donc, éCl'is tlollC 1
- D'aoonl c' st il ulil1' : car, !\ N'III' heure, ma m()re a
pcu4rôtre dOjà quiLlé la Frariœ. Alnsi. ..
- Pnrdon, mnu wnJ, pnl'don ; mu.liS CO n'est piLS li. ta
mère que tu Ocrls ...
- Hem 1
-- CotLe lettre SC!'U !lien adr SS(!O il Mme veuvo Thome1'llin; lllt1is clIc ne lui ost rUIS rlcsl inéû,
- A.lors, il qui la destinas-Lu?
- Tou>!. simpl ment ail dll'ocLeur du pérlJl.cnckl,J' ainsi
QUf1 la . mienne. Le direclRur l'oC{'vra ces deux ICLLres ce
SOir'.; 11 SOl'a.nnLt . 011 n bonu \;Lre dircoteur d' un pénl.
l neICI', on aune touJOI1~'s
lu. llnlt.el'ie; c:ola le dispOSC'l'u
bien ('11 notre (·/lveul'. Dans quolques Jou.rs, demain poutC:tre, n noU'S foru appeler, n nous donn l'U des con:;c.!!s .
il déploiera Lous ses cffol't.s ... ufln df) nous l'an1CnOl' n~
hlen. Quelle gloJ.re, ~OUl'
UiIl directeul' de pOnJl.cnc.icr,
que de l'nmenl'r au bloo des ouvriers de la l,rn..nsllOJ'ta,
tion 1 JI en sera t.ranSl){)J'lé Ile joie. ConUllUC donn d'l'"
Cl'Îl'C, Duns un mo1B nous sel'OIIS I;PS ouvriers pl'\Hûrl",
�,~
Moin s f ort que "Amour
on nous citera oomme exemple, on r édigera des rappO.l"l.s sur nous... On nous la.issera. Ull peu de Liberté,
puL., un peu plus, puis beauooup plus .. . Enfin, on MUS
en Laissera tellement que... tu comprends?
- Oui , dicle.
lv!.ru·t..in rej1l'it gouailleusement
« •.• une oommuLaiion de peine. Et, mnlnlenânt que
la \'ie est impossible pour moi en Fl1!lJlce, je me demande si je ne ferai pas bIen de chercher à m'établir
ici. II y a, m'>a.s.sure-t-<ln, de très riches mines de nickel
puis de vasl.cs exploitaiions agricoles. Il me semble'
qu'à llJIl moment donné, si ce long voyage nc Le faisali
pas peur, Lu pQIlll'ral.S venir viVl'C auprès de moi.
"Je Le par II' l'Il 1 de Lont cela dans une procllaine
lelll'C : et, dïci là, je ~ 'e l1bruse
bien lend,rement.
« TON MICl1IlI,.
- C'est bien , déclara MarI..in; maintenant ajoute le
numéro maLricule. 8L tu vas voir l'eUet.
<lU surveilJiant flui l<,oS
Il alla remetLre les deux 1{~UJ'es
lut attentlvcmenl el .soun!. à divenses reprises : MurtUl,'
qllii l 'observait, pensa :
- li en est él'idcmmenl. au passage de la douceur
patemeJJe du sUl'VellJJant. ForL bien, attendons tranquil·
lement.
Le LendemaIn, on vinL chercher le peLoLon dont les
deux n,mis fai."''l ient parLle ; on le conduisit à Ime cerLa.ir.e -atstance de lellr case où la roule S'éLalt effon·
drée : et on les occupa 11 des travaux de terra.s.sement qllii dUl'lll'f'l1l. un' semame.
- Tu VOIS que te.; lelLros C1'onL guère pl'odu~t
ù'cfIèt,
di.t Mir.hol à Mal'LIll . 011 nous emplOie il des travaux
de l1laILCCuvre.
.
t.lllrtUl houssa les épau,les én répondant :
- Puuence 1
Ln seconde semome, on les employa il por1er des ma
tél'iJUX pour OOJ1sl.l'ui.re de nou velles cases. Lcs deux
omls LJ'<tvaiLIalent Couru "<'II. " menL, parlanL [>eu aux au·
Lres OUVI'ÎCl\S, nhélssunt passivement ou sUJ'Veillunl f'{UI,
de tJomps en Lemps, venall causer avec cux. Murlin
o.cheva de [[l1l'e sa conquête en luà raccommoll " nt !;.],
montro qui éliltit MIJ'OflUéc J'eu fi. peu, iLs le [aisaienb
bavardc.r et op!)r nUlcllL il connnltre l'ile.
Mm'Un eut même l 'uudace de IUJ demander :
' !.-ce que lamai ' U!D !le \'(IS prlsonme:rs n'o !.en (l
de s'échapper?
- Si, 1'6])on<.lll-11. CZl"avcment A qmn7.c JOUl'S de distance, j'en ai cu rieux qlll nL Ide : le p!'cntiel' aVIlit
voulu rejoindre .IUI buLeau nJUJ'chund qui lln.I·lait; Il a
ôté n 'mgé par un I·('qum. l.'aul!'e O.Vlllt gagné les Il!)I,,
11 Y resLa un mois, 00 nOUl'ri f;dlln L do ft'UiLs suuvages ;
lm Can(J.(jue le vil cL le d é ln
~·n.
; Il voulul. l'.\<.islcr <Ill .
6Q]d.a~
qu'on envoya 11 !'Al [)Ou l'sn.itc , 11 les [ruppu, flli
611l'êlé, cOl1l1omné il mort. eL guilloLiné, Ce n' 6 l~.I enL
ni
l''IlJ1 Ibi l'aut.llC de mnllvais gnrr;ons : Hf; avaient Noé
envoyés ici pour des frUlI.c.s rolnUvcm III légèr s... Seumm<lIlt , Jas uvaient 1./1 t o c!l1"ad~
rIe lu LiberLé.
"'~ltn
ne repoIuIU rIen: mats li PCTlSa : " Voilà UJI1e
&oquo.oo que je com~ds
1•
Pwmj tous ~
conda.mnés, e'6t.n.it d'aUleul'S l'éternel
BUjeL de OOTlversaLion : ceux Q'H M;OOpLaicn\ lcur 50)'1
aveo résignation étai<,.n blllO l'm'CS. Le soir. clans la
boee, Micllel cl ~lo.rJn
n 'oyl1icnt qU'à écou \.{'r pr'lll'
~1.endr
m.ldJ.o p;rojets de tUlle plus rous les lIns CJue
les Mitres.
IltUraJL le plus ces mathCul'Cux, e'éLalt. le /!l'tl.I1d
ven qu'on voyult sur la colline, nVt'C .-,('.'i tl.J'hre.,
6nol1rlics : il~ sovalenL (1\1(' la plll,pnl't de ces r ()rl
t.~ 61.1.1 'IÜ
Vlergos, qU'6.1l('Un<, l'oule nc Ir A~ LI'avO!,5(tl,L; cl ils l;'UTlU
gino.lcnL qu'üs polu'Iwenl vlVTO là à Lulm de Loules
CÀ! qul
bois
rooheJ'ohes, sous les immenses kaoris, sous les fougères
arboresr..entes, les choux paLmis!.es et les grands acacias, jusqu'·au i:nomen1 où ils trouvera.ient un m o)'<,n rie
quitA.er l'ile.
Des légendes coura.ient sm' les transporl.és qui avaient
eu l'audace de s'évader.
les yeux se wUJ'naient vers cette
Peru:lant le jouc, ~ous
admirable forêt
On éLait il. 16 fin de noveJl)bre, e esHf-dtre à la fin du
printemps POUT la NouvelJe-Clllédonre. Sous ce ciel
Wlliiormément bleu, les lian es el les arbres fleunssalfmt;
on voyait de beau..x papillQIls travel'Sel' J'ail' en ballde ;
on enicndait lies oris d'oiscaux. PU1S, c'éLaJcnt de longs
vols de pigeons au roucoulement sauvage, des Lourterelies vertes il. la LoQ'le armwante, des merlf',s, des permches Gt dea grives qui volaient en chantant des gummes ch r omatiques. Tout cela rapPlllalt aux condumnos
leurs l ecLllIl'CS de jeunesse, l es réCits Lie voynge, 1[\ vie
[lour des cow'Curs d'a ventulreS. fis se dISaient qu ' iL~
raient s'échapper et vivre ainsi,
Quand Ma.rti!D entendait leurs projets, Il haussalt l€a
épaules, eL, même , un jour, impatienté par leur naïveté,
il leurr' dit :
- Vous ne savez donc pas que les Canaques ont cmquant.e f.ranos de p.!irœ s'l1s dùCouvl'en L un força.t
évud6 ?
Ce [ut COIDJUle une douche d'eau Il'OIde SUi!' la têle
de Lous ces bandits, qUl, jadis 0. Paris, pour une
somme mOUlc1re, aUJlaient Lué un tlOmme.
Et., pendant cpuelques jours, on cessa de pa.rler d'éva·
Mortm .
sion : c'étrut ce que voulai~
Au commencement de la troH;.ibme semame, un SUTveiJûl8Jlt m.i.Li Lai r e vint. cheroher les numéros -1.031 et 4032
de la IXllM du directeur du pérutencier. M.arLm lança un
regard tniomp
h ~t
à Michel.
•
- 'I1u vois que ça a pns, d11r11 il. voix b/l.Sse
Leur surveilla.nl habituel lelIT fit u,n petit sIgne d'in..tell1igcnc.e. Il dit même, à l'OreJl1e de Martin :
, - J'al dormé de si bonnes noLes SUl!' vous 1
Deux heures a,près, ils éta.ient mtrodwts dans le nllbinet du dire<,wrur, qui éCl'ivatt il. sa table ct Q'll, suns
lever la tête, dit :
- AUendez un peu 1
Michel oot un huussemël\t d'épuules; ma.is son 1l11lÎ
lui tança un regard furieux et se rlaça en ava.nt, pour
répondre OJU nom cie Mlc!lel el au Slcn
EnfIn, Le clirectcur levn La lêLe, les examina long1Jemeru.t el ooman€la :
- Vous êlas bicn le.s nommés MaJ'Lm 1>6111"Slel' et
M.il:hol Th ornerllJ n, c>:>nda.mné.s l'IUl POUl' vol, l 'oul.ù-e
pOI1T incendie?..
- MOn&leUr 1 prononça Mic;hcl ...
II allait enOOTC protester de .son mnocence, il ne pou·
vait se fall'e il ('dt' ldl't' que !.out le monùc ne voymt
en lUI qu'un crim'nel. /lIais /lla.rlin l'alTôLa, ct, IIxnut
humblem ent ses ycux sur le a'irocleur, r êpondll :
oui, monslcur!
- 16n~,
- Vos ftnl.(~{es,
.1.Von t volre condalnno.Lion, éta.ient
nxœllcnts, ct les TlOle5 'lue le commnndant ùe 1 III )lJ(~t
m'n remises SUI' VOliS so n!. rort bonnC'_. VOLIS Slt l'I'Z que
r.otre bul. cQ( lion pit'; de vous rend 1'(' malllelJl'clIx, maiS
de vous J'lllllCner pf'U il peu au hien.
1\1i('Jtel fnilliL f'JlCOI'e ce lnter ; mais ~Jarlin
Gl 1'D11n. vivem nL en dlSlUl t :
- EXI'.USC'l- nIOl , HlOnSleu r le dir 'leur, on s'enrhume
111 facIlement le SOlI' dans 1 s C;\5C.s .
Le directeur eut 1111 g. si,' qui sigrllfill l : " C,. n '("t
r.J:l.S mil fRuLe, " cl il r{:fjt'il :
1\ 1 'oullIén, \'( \ [rl!
- D .puis voLro uri\'~c
ôti, cXl'mplaire, f.l.' s\lrvl'lll n 1L l'J('! I " l, If li r
de vol n' g/ll'(!', m'Il nu ~i l'l'rnJ: (fl.(1 ('llr'lIle r,l\
vous. El je \'015 al rOlt npp ,I, l' l ,Hlr 1 r)1I 1'1111'
quo, (Il'. InllinL<'nnnl NlO',' u 1'011" (OlldlJll .. /'l
v
rupLILud('s I;~'iltp
, ju pli ; '11 prJiI l' [jlll'Iiji
cl.sseml;nl.<; ù voLI'c P 'hll'. ,lc. ,111('1111' '1 1J t: \ 11
Il.
OOôOy6 de d6LoIIJ'lWl' du l'évu 1011 VOS C/)lp:~n
ms d,'
�~
56===================================
case : c'est une idée qui traver se toujours la tête des
10rçats au début de leur captivité. laée folle; CIlI' nos
pl'écautions sont si bie!l-prises que Ioule évasion esi irnpœsible.
Ccci dit d'un Lon suffisan t, l e directeur r evint·à son
6uj et avec un air bien.'Veillant.
- Ce qui doit vous être le plus pénible, c'est d'être
eniermés ohaque soi.r dans les cases : là-<iessus , rien à
Caire encore ; ce n'est qu'au bout d'un an que je pourrai
vous donner l '·autorisation de vivre à part , bien entend a
si votre conduite le mérite tou j ours . Voici 6:onc ce que
j'ai àècidé pour vous . Vous. continuerez de coucher dans
votre case; et, le maLin, lorsque votre surveillant aura
mené les ouvriers il leur chantier, il vous conduira vers
la ville ; à l 'entrée . un autre surveillant viendra vous
(prendre et vous mènera ici. Vous, TJlomerain, YOUS
. aurez à vous occuper des rcparaLions qu'on faiL en oe
moment dans le port : une partie du quai s'est effondrée;
rentrepreneur qui le répare a, sous ses ordres, des ouvriers {le la Lransporlalion; vous serez leur contJremaIire. Suivant les règlemenls de la transportation, vous
ga.gnerez vingt-cinq œntimes par jour. Vous, Pélissier ,
vous ferez ici ce que vous faisiez à bord de la MugissanIe : vous aurez, momentanément, l'entretien des diverses horloges de la ville l'horloge du pénitencier,
celle du palais du gouverneur, ceUe de l'hôpital, eLe ..
Votre salaire, comme ouvrier d'art, sera de vingl centimes par jour. El, pendant toule votre prenlli'rc ruinée
de transportation, je vous conflcral des travaux analogues, si vous continuez d'en être dignes. Plus tal·d. je
vous releverai. entièrement à vos yeux en vou~
lais5ant
votre liberté. Noire colonie Il besoin de travailleUltS.
Nous avons d'importantes mines de nickel, ù Kanala,
è. Tftio, il Bel-Air, à Boa-Kainé. Il y a même une mine
d'or i1 Fern-nit!. Le gouverneul' de la colonie, à qui
M. de Palouël vous a vlvoment recommandés, ne a'ésire
que vous donner une concession ... Rniln, l'al'eIlil' est à
je ne vous demande qu'une chose, c'est dc
vous. ~Ioi,
vous montrcl' dignc5 de bienveillance, et de vous repenLir. Allez 1
Il sonna. Le sun'eila~
qui les avait anlenés paruL ;
el Martm poussa Michel qw grommelait encore :
- Nous repenUr !. .. L'imbécile !... J'avais envie de
l'étrangler.
- Oh 1 fil Mal'tin. Un homme aussi charmant 1
Quelques insla~
aprt!s, 1I1ichel NaiL conduit SUI' le
pOIt, où une dizaine d'ouvriers gü hlucnt du plùtre et
propuI·aient au ciment devanL un las de pien ; tandis
que MarLin étaiL conduit il l'horloge du péniI.cncler
Michel euL l'apidement examiné les dégîLls et donné
les ordres n6ce5saircs; puis, pendant qu'on les exécullllt, il examina cc porl, entouré de ball 111'5, ct plus
lOin l'immense m r bleue, d'un bleu de tnplS, sous un
ciel lInifo rmément bleu el pu~·,
que traversaient de longs
OISf'IlUX, aux BlIes minces. Il drmanda le Ilom d'un a'e
ces oiseaux qui passait seul, \.J'èS haut. On lui dit que
c'était une frégal . Alors, il regarda la Muaf,~snlc
qui
houchait l'enLrée du port, et 11 pensa vivemen t à la
France.
I! n'avaiL pns de nouvelles de sa mère, Il se (\cmandnit si rllc nl'ail qUILld Paris. Lit-bas. dans ln noire pn&011 de ,\!uzns ils avalent fol'TT1(\ un proj L, duns de rares
moments où 'on ne les observait pas. Su mèl'( ocvnit
rrunil' fi!'S cent dix miUe francs, venLr à Sydney, ct
offrir c It~
foIiune 0. un capitaInc de bateau f1ui vienctrnll
croiser en vue de la Nouvalle-CnI6donlo. Comm nl gngn 11l1t-il oe bateau 7 JI n'y nvalL pas songé; ct, mainLennnt, il osait il pelre y réOéohlr, depuis qu'il savnrt que
les rt'Gulns fornH>.nt à l'Ile la plus redoulablo des murnllls,
Pllls, il regnrdnit celle frégaLe qui srmblalt prêLe ().
donnel' lu cha5SC à ceux CJul oscI'nienL fuir.
n r!rs oUl'riers coupa ses ren('x.lons en disant:
TIl'ns 1 rhOl'loge ou pénitencier qui sonne le ca.rllIon 1
r.'N~l
Martin Pélissier qui commença.lt il. !alra des
Alp'nrH~
Moins fo rt que rAmou r
~
x
LE « CUNl<1NG •
Pendant de longs jours , aucun incident ne troubla la
monotonie de l 'existence des deux amis.
Régulièrement, Pichonel, après avoir laissé ses quatrevingt-<iix-huit hommes sur le chan Lier où ils travaillaient,
se dirigeait vers Nouméa, avec MaI'tin et Michel. Le surveillant SeysslLC venait au-clevant de lui ; il lui confiait
alor s les deux amis, que Seyssac menait il leur ~ r avil.
Cela se passait tranquillement, sans que jamais les deux
gardes plissent supposer que leurs pris'olllliers étuaïaient
n.vec le p.:us grand soin tous les moyens de leur échapper. Après de longues rénexions, les deux amis avaient
trOuvé ce moyen; et ils en examinaient chaque jour
toules les chances.
- F uir dans l'ne, avait dit Michel , il ne faut pas y songel'; on nous reprendrait sû.rement. Nous devons nous
considérer comme des gens assiégés, auxquels un secOlll'S
viendr a du dehors. Cc secours, il faua'ra pouvoir en profiter à l'heure même où il se préseniera. Aussi devonsnous calcnler d'avance, ne rien l aisser à l'impré<vu.
M'aintenant , ils étaient prêts. Le concours du dehors
pouvait venir.
Personne, d'ailleul's, ne sc défiait d'eux. Ils commen.
çaient mème à avoir une certaine répuLation dans la
colonie.
pondules pa:' Hm tin.
, r:·ë[;lÏt 11 qui fe' siL cX.Il>11;ner ~cs
fous I<.'s JOu'·s, quand Il alTlvult au pénifenrtier il Lrou.
ya't du 11\11·0.11 q,ron llli UVtlit po!'1 ~ (t,V'~:
raut~L<;i'Jn
du Ùil'OCtCUI'; il u'h'ib r(:p:lré 10us les bijoux des femmes
du dII'ecl eur, dù gc'uvèrneur, des officiers en l'és!den~c,
de.s fonctionna fre.5 .
Quant à M ichel, il continuai[ soigneusement les lraVl'.UX du port; il Ilv:lli décollvt!rt cie nO·JveUes fissures;
Ul! besoin, il ks al.:!'nit lIwen.tées, pour rester plus long·
temps SUl' le pOI'L, d'oit iL pouvait examiner l'llorizon.
Il avait l'n.pidelllcllt r.olllpté tout ce qu'il y aVillL dans
le port : (jeu.: canonnières et ln frégate. quelques em·
barcations de plu.isance, cles buI.caux de pOche, puis de
petits nuvir il qui faisaicllL les échunges dans l'.o\uslralie et la Nouv lle-CuIMollie.
C"éta.Jt sllr[.out ql:uncl un cle ces baleaux rnaI'Chands
arrivait qu'il examinaÎL MigneusemenL les hommes qui
en descendaient,
Il avait le prùssentimenL quo c'était de là que vten.
drail 10 secours.
Un mabin, au moinent où il faisllH des calcu ls sous ln
pe~ito.
t~no
de l'enlrepreneul' , Il entendit les 'ouvriers
(lUI dlsalcnt :
- Tums 1 lc Cunning!
I l demanda ce que c'él~\iL
qlle 10 Cunning' on lui ré.
pondit CIlie c'étaÎL un bnl'au de Sydney q~l
approvl slon~IL
les j.H'ineip'lux magaslns de la colonie d'objets
uropccns ct qui s'cn revenait chul'gé do sucre, de riz
et de café. Il l'<'gnrdu ' IJ~cu
commO 11 regardn.lL tous
remil a ll'avail
los autres, puis ~,()
Le CU1mlo{/ entI'a dans le port, et on commc:nr;J aussitôt son déchargemen t.
tlfJchel n'y fit pius nllenLion.
TrOIS jOllrs apl'(:s, comme 11 examlJlait un travail terminé 11 nt.cndit clos volx nvi(>.c~
(lui hurialenL une
chanson anglulse il quelqlles pus d<l lui. 11 se retourna
et VTt UIlO bande d maLetots débrtull6s qul pasn.fe~
SlLr le port. Ils so tenaient tous pUI' le bl'US, bousculant
U.1 peu les genl!l, ll. III mode des maLelors qui t1rcnL une
bordée.
--../
:- I!.n vollà .qui sont heureux 1 pl'ononçn un des cuVI'lers on soupirant.
~Ilche
!cs regardait toujours, se demnndanL s'Il était
",ooln de se lOI
'd! r,
le Jouet
une hallucinatIOn.
' uds
. Et il ouL t'"-,,
pOUl ne p
pousse!' un cri de joie l':nlln qunnd les ma.
telolB furont PI'l!S do IU.i, il ne douta plus. Le mo.l<1lot
qUI ()ta.it au hout,. il drOJlo, crlanL plus for t que lous les
autres, étatt f3ernlel'.
Il l'avait IJlen rooonnu , malc,,'l'é Ica groo lo.vorls roulros
�or Moins fort que rAmour
=====================
57
~
J
nous pourrions avoir, et que nous serions sûrem
e n.~
qu'il s'était appliqués de chaque côté de la figure, malgré son col ùe matelot el son chapea u flanqu é en ar· _ pincés ... ou coulés. 11 fauL donc b:en pren{lre nos precautions.
rière, malgré cette démarche chancelante d'homme ivre .
" En montant hier sur le mil.!, j'ai vu , avec une bonneLe brave conlremaHre el sçm filleul se reg'ardèrent en
Itme tle , la route que vous suive7- tous les jours. A pel1
[uce, Sans bronch er, sans que personne Düt soupçonnr
près en faœ de rénd roit où un 5urveillant vous remet à.
qu'Hs br(]Jaient d'envie de se jeter dans l es bras l'un de
l'autre.
'
l'a utre , la mer est couverte (Je rochers qui surplonibent.
La bande des matelots s'arrêta un peu devant les ouLe soir même d'u jour où lU c'evr~
cetle leLLre. je
rriers .
mènerai là un eanot eL je 1'.1' lai sserai avec des avlrons.
Michel et Bernier furent 'si près qu'Us auraient pu se
Pui,;;, toutes les nuits je &crai prf>l, je tiendrai la clù.luPooner une poignée de m ain.
dière allumée . On pourra parlir tlu;;Silôt (juon lû vouCependant Bernier l aisSa dans sa poche celle de ses
dra. EL, comme lous Ics matelots et le capitaine du
mains qui était libre.
Gunni/lg sonL ft lerre, personne nc songera à lui. qu'au
Puis la bande rcprit sa coul'se en chanta'nl; Jes oum oment où on le vùrra fil er. Et, comme ce sera ·! a nuit,
rriers se remirent au tra vail en riant, et le surveillRn l
j 'espère blen qu'on ne s'apercevru qu 'il a filé que le
lendemain ma.ûn.
continua dc r egar d"r la bande qui s'engouffI'ait dans
une guinguette.
'.. Je crois qt;e demain serait un jour exccllent; car
Pendant ce temp<?, M lchel ramassait un petit rouleau
j'ai entendu dire que !,(lUS les o[ficiem de la Mugissante
de papier que Bernier avait fait glisser intérieu.remenl
sont invités à u.n grand dîner chez le gouYel'neur.
de sa poche , et le cachait bien vile.
" Ta m~l'e
et moi t'embl'assons blCn en le disant : à../
Quelques instants après, le surveillan.l s' étant éloi gné,
b ~ n tô t 1
Michel s'inslalla sous sa lenle, dans la pOSition d'un
«Ton vieux Bernier. "
homme qui écrit; il· déroula le papier et lut :
« Mon cher enfant,
« Je n e sais pas il quel moment j e pOifi'fai arriver
j-..Jsqu'à toi; aussi j'écris celle lell'l'e pour le la faire
passer à la première occasion. Il y a qUlllZ€ jours que
la mère et moi sommes arrivés il Sydney, en bonne santé. Comme tu peux bien le penser, nOU5 avons che rché
nnmédiatement le moyen de te fai re évader, ainsi que
Martin Pélissir. Voici ce que nous avons Lro\lvé de plus
si·m.pl·e.
, 1.Al Cunning est il ' Nouméa pour quelques j otir's. Le
ca)!1 laine , qui est un ancien mécanicien de l'usine de
Saint-Denis, cl. pa" suite un vieux camara<fe il moi, ne
oonsen:t cependunt il. nous pr(!ler qu'un concoul's n6galil.
le l ui av3.Îs proposé de fu.ire son chargement. puis de
qlllLter Nouméa et de cro!.Sel' en pl-cJnê mer; je serais
venu vous chercher dans Ulle chaloupe
" 11 a l'efusé, dlsanL que c'élall !':'op dangereux, que
la frégale qui garel!,) le port neus poursuivl'rut, qu'on
n.ous enverrait d s boulets: ct ma.lgl'é tout cc que je luj
III oHert, li ne veut l'IS(luer ni sa peau ni celle de ses
matelots_ Tout ce qU'II consent il. risquer, c'est la carcasse de son navire. J'al déposr deux cent trenle mille
Il'f nos il. Sydney, chin SOn banquier. Si nous perdons
SOn ne.vu'C, la somme est il lui; si nous le lui r endons
fin bon état. je l'UI n,bondonne c nquant.e mille fran cs.
" Mailllcr1ont , voIci la sllualJon exacle. Le capitaine
dll Gunni/Ig est il terre el ne l'cntrel'n il bord que dans
une dirome de jours; les matelots tirent des bol'd(oes
toul 10 jour et d emeu r en t à terre, le buteau 6tant d6chargé. Mul Geul) rentre il. hal'd, où j e r etrouve ta
mère , qui est cah~o
dan!! lu cubfne du cup!\lIlne ... J)
_ Ma mOre 1 balbutia MlçllCl. Elle est si prcs do moi,
e.t je ne puis la voir 1 Oh 1 mwnal1 ... ma mamun ..
11 pleura un peu.
.
Puis surmonta.nt son émotIOn, il continua la lec ture
de la 'letu'C de Bernier :
-
" Naturell(!Jl1ent, ta mère rostera cach6e po ur n o pas
!veIller les soupçons.
" Moi, je suis censé être le mécanicien du bord ;
"autre
t resté cn congé li Sydney.
" En.rin , j'ru ll1I1ené un matelot de SYdney, qui est le
'SOu 1 dans le secret, qui connait bien la mer, les passes,
'le.; 6cueiliS. Jo suis sl1r de son devouemen t et de sn dis'orélion: enr 11 touchera .quelques billets de mille Si le
teup r éUSSI t.
.. Le cn.plbaine du Cunnlnl1 ne veut pas pnrailre en
tout
0010..
•
« Il faut que nous ayons l'air de lU! voler son na-
Vire; il n'y 0. donc pas de dang<Jl' qu!1 d iso un sou.1
mot, pareo qu'on l'IlCCuscrait de compl!clL6.
"11 m'a d'ailleurs répé Lé, Il d lvcnses r prises, que
lI\ous étIons perdus d'avan()C que l a Mugissante ne nous
lalsseraH pas f{lll"ll dix lieu~,
malgré touto l'avance que
l\lichel fui encore moins (:mu pal' la gravité de la sit1lüt.ion que pal' la simplicité a ver Illquelle se dévouait
Gernier.
Oes larmes j a:Jlirent encore de ses yC'Ux ; mais il pro·
n onça :
- Allons! plus de larmes! nOlis aurons le temps dQ
pleurer apl'ès ...
III relut la leUre, en gral'a ble.n !nus les termes dans sa
mémoire; puis JI la mflCh0nna rHU' petits morceaux el
l 'avala.
Vers la fin de la journée, il 0.[11" (;IJ I l3ernrer qm rentrai!
seu l à bord du Cunning.
Le soir, pendant r]u'on le rnmennl! IIvec Marlin vers ~
case, il parla cl'avenir, des mll1<>S rll' Illcl,el, des r ic h~
du pays : ri demanda mèmr. C]llelql l
renselgnemenls au
sur'velilant Plchonel sm' lu ml"lfIlCI'1' dont s'obl.lennent le:
concessIOns de tCIT8IllS.
Ce fut seulement au T'1il'cli (Ir la nlNt qu'il raconta a
Morlin ce qUI S'NUlt pa .......;è.
tdarlin écoulu religlclIscll1f'!llL, san - raire la moindrE
plaisanterie.
- En effet, dll-il, qlland ill Ic h 1 l'tll Il'C'Tl1IIlI' : il y a un
grand gu!a demain chez le gou\'crneut'. NoIre él'u.<Jnn
va servI!' d'inlel'rllè<le.
- Alors, lu cs bICn décidé 7
- Demam, nOlis seron!'. libre~.
I ts pas~relL
le resl,() dc...la nlUl à combinel' les dernien
détaiis.
Le lenclemrun . !.flnd:s que le survcllIl\nt Pichonctles me
nllit li la villo. M.nrlin Illi d~'r.lan
:
- Et votre montl' , Vfl-l-cl!c loujnllrs bien 1
- Pas mal. Voulez-vous !'eX-illTllnC I' 7
M artin prit la montl'e, s'u Si t au bord de la roule, et
pendant quelques minutes, Il cul l'aIl' ùe passer tous les
rouages en revue.
EnsUIte, II rendit la m on lre au surveillnnt :
- MainLenant. dit-il, pIle ne hrnnr:lwru plus.
Dans cette même malin6e, t-llLrtin passa aussi en revue toules 1 s horloges tic ln ville.
Lorsque midi sonna, la pll!parl <les !!ei1.' qui pOssédaien l
des montres constaterent qu'il., 6tUlPni en relard de cinq
minules, et beaucOUP sc dIrent:
- Décidément, II fallùl'(l fHlm l'(oglrr nos monlres p/l.I
le nouvel horloger du pén ilenclcl' .
Le soir, MartÎJ1 dit il VOIX basse à Mi hel :
- Çn y est.
Ccux des habl~n.I\s
Cj1I1, il rp mnmcnt, comparèrcn l
l'he u!' de leurs fl{'nùulos li l'h''II1'(' r)" l'ht1l'logc du péni.
tencler, const.at.èl' nt avec dépit fJ1I'11. 61ulent en relnNl
ùo dix minutes.
11 ne vint à l' Idt:'O de personlle rie se dire que c'étai'
l 'horloge du péniLenCLer qui aV!Ulçait.
�C>il-
58
Et celLe H.l0e T!C vmL pas surtout au surveillant qui ramenait ,les deux amis à Piohonet.
QuaIld on aniva Il l'endroit hnbiLuel du rendez-vous, le
sUl'veillant Sey ae dit :
- Tiens, Pichonet qUI esL en retard!
- Avançons un peu, répliquu. Martin.
Ils firent encore un bouL de chemin eL atteignirent un
déLour où se trouvait une bordure d'arbres.
On ne voyaiL pas encore PichoneL.
Soudain, Seyssac sentIt qu'on le saisissait. Il n'eut pas
le Lemps de crier.
Martin le bàillonnait, Landis que Michel l'attachait [orlenent avec une corde qu'il avait prise sur le port.
- i\lain 1cnant, mon ami, déclara Martin, n'essayez pas
je crier , parce Ijue vous nous meLtl'lez dans la cruelle
nécessité <le \'ous brùler la ceJ'vel!\l Il.Y,?<: \'olre propre re\'olver, ce qui nous Gt;soleraiL ; car vous Nes un très (umable homme.
Ils le prirent cL le déposèrent dans un fossé, en lui
falS8Jlt un !iL d'llerbes.
- Vous ne Sèrez vraiment pas trop mal pour: passer
deux ou trOIS heures, dit Michel.
Le surveillant poussa quelques soupirs, leva les yeux
au ciel, maIS ne fit plus d'efforts, s'estimant bien heurelL,{
de n'ëLre pas tué.
Les deux MllS remontèrent ensuile vers la roule, et
l\llchel dit :
- Je ne vois pas apparaItre Pichonet : cependant ceci
a bien duré dix minutes.
- Pardon, mon arm, répliqua Martin avec calme; Plchonet doit Nre en rcLa!'d de vingL m.inutes : dix minutes. de reluI'd pour sa montre, eL dix minutes d'avance
pour les horloges de :'louméa ...
Ils continuèlcnL !enl.ement leur chelllin et se LrouYèrenL enfin en [ace de PH:honet.
'
- Seuls! s'éCl'ia le garde, stupéfait.
~t;ez
en !'elard, r6pliqua Martin; volre
- Dame ! vou~
collègue est reï\~nu
sur ses pas.
- Qu Ile i Iprudpnce 1 mUI'mura le surveillant. Enl1n,
venez!
li leva le hI'US droit pour pousser un peu les deux
nmi'. i\lirhel Illi appliqua les deux mains sur lu hou ch ,
landis que ;,\llu'lll1 lui al'ruchui t son revolver:
- Là, mon n monsieur Plcho'net, luissez.-vous fair\) ;
pa<; (je l'''\'olle 1
pus de tri~.
En un clin (l'o'll II lut gal'rotlé et solidement bl1illonné.
Puis ils le Ira porlt:rcnL ct lllS un bosquet de cilronmcrê,
et ~!l'Lin
hh dl:
- Excusez·nul:5; muis nous sommes bien forcés de
vous trnili'!' nin"i. ,\ II plnisiJ;, de ne pus vl!lus l'evoir!
\'ien~,
lloll"I, 1 ou t\urons le Lemps de gngner lc rond
Iles bOis, m'unt '1I1'on ait dOllné l'alarme.
Et ils en' r TLf't plus a \'lm 1 don,. le bOIS.
!\lais paJ'vwlIs Il Uile I('gère distun 'c, ils cllnngèrent de
'!ir!'()t' 11 pl l'' Vllll'i'nt vers ln nH'I'. l'Mlpant il terre c!lls
>lue le" url,l'( ne l'!' cJlI,l!aicnl plus.
II (!lait huiL hcun. du soir qualld ils arl'ivèrenL près
de r au.
Ils il'eul'f!l11 p
1 soi n de chercher 10llplemps pOllr
lroui(:1' le call t que Icur nvi~
amené fi l'nier, Dnns le
(ond élai nt él~u
li's vllteme,nlo do matelut, nupl'ès des
nvirons. Ils sc cl~n[,"i'
'lit l'Oplul'llllJnl, M(loslll'cnL leurs
vaLPJDents cl' furçnl. dans IIne Ilnlrn.ctuosilé do J'ocll '1'.
(l'tL. [lld t ,1'{'[}lrndl'c quelque sIgnal d'I.I.lis ~col.niet
IRI'IlIp. : mul ;KI'!>Olllle encure ne s'éloiL aperçu ua leur
(lIU ie,n,
l..e ùlller c111 gou\'1 meur occup,ul bien lrop vivement la
ville dl' 'ollm,"1l pOUl' qtl'on s'in(juiéli'lL de no PIl;S vofr
si
J fi Il lIX f;UrH IInnl". Et les clcux malheureux étalen~
hnhllelllenL Iftllllcmnés 'L ['1('['oltés Cltle, malgrô ICllI's etlori , ils ·'talelll ('neor<l (1.1115 la mOrne siluation, 10 premfûl' au fOIlt! il son fossé, Jo second dans le bois de 01tronnler',
Quanti ln Tlult tut loul il fnlL tombt"e, lcs deux amis S'I1\:nnç{>reul I( ul<'mcIIL, pl'ud flL1l1Cnt, !l'o.ppant doucemcnL
l
Il li 1 Il', mironJ, évlLnnL les !'UI'CS c.m.b!U'CaLlOIlB qui
"\. Il [ 1 1 orl,
Moins fotr que l" Amour
~
Us passèrent sous les batteries, donL pas un fonctionnaire ne les aperçut.
Et, unc heure après , en arrivnnt près du Cunnino,
Martin prononça :
- On ne dil'a plus que le canotage ne mène il rien.
Pas une seule parole ne fut dite cllLre eux et Bernier,
qui attendait sur le pont avec une terrible anxiété. Il jeta
une corde il nœuds à la rn.er . eL bienLôL les deux anlis
étaient SUI' le ponL du Cunni:ng, Bernier les entraîna alliSsitôt vers la cabine, où la veuve attendait, ne pouvant
croire qu'elle allait embrasser son fils. Ils tombèrent dans
les brus l'Ull de l'autre, en pletirant.
EL Martin dit :
- Embrassons-nous, Bernier 1
- Ah 1 on a bien le temps de s'embra.s&er 1
- C'est vrai, dit la veuve. Assez d' émotion 1 Au tra·
vai.l, mou fils! VOIS, je suis prêle à travailler cemme un
matelot; c'est moi (jui entretiens l~ feu .-je la machine.
- Bonne mllre 1 murmura Michel.
PUIS, d'un Lon décidé. se lournant vers Bern'ier :
- Or ça, où en sommes-nous ?
- Voici, dit tranquillement Bernier. Je ne vous de·
mande pas comen~
vous VOUS êtes évaclp.5; (li les.. m01
seulement dans combien de temos on s'a.percevra d~ volfe
évasion , mes amis?
- A moins d'imprévu, pe.5 8.v.ont une heure ou deux.
- Bon. J'ai déjà levé l'nncre; il n'y a plus qU't'l J'a,
mener. En une. doml-heure, la vapeur marchera cn plein,
Dans uner-heure, nous pouvons filer. i\Ion malelot con·
naH bwn la r~de;
il tiendra le gouvcfI1all, Il ne S'ag11
plus que de passel' entre la frégate et les batteries.
- Oh 1 dit Michel, ce n'est pas les batteries qu'il [aul
cramdre : les faclionnaiI'es endormis sur leurs fusils
ne nous verrons peut-être ~ême
pus pu&Scr. La seule
chose il cruind['(), c'esL que la [l'ég:üo ne MUS pOlrf'Hiv~
dans une heure ou deux; eL volre capitaine aVilit .l'aison
si la f1 '(~gate
nous poursuivait, nous serions pentus.
- Diable! prononça Bernier.
- OUI, reprit Michel. Elle file uvec une l'opÎtllt6 insensec. eulement, elle ne fùera pas cett.c nuit; )0 me charge
blCn de l'en empêcher.
- Commen t celu ?
,
... Tu
- Donne-mo i Simplement une ceinture de lig~
dolS llvoir celn iCI?
- EVidemment.
- Plus Wle boutciJl.o d'huile, un tournevis et uno ciel
anglalsc ..
- Autrement dit, l'aLtiraU de l'hélice?
- Oui. Vite 1
Dix minutes après le canot quittait encore le Cunninl7
mportanL Michel et Bernier. Ils nagOrenL en se meLlanl
dans l'ombre de la rl'égate, avec une Lelle prudence qllc
personne ne 1 s enlend,it.
130rnier di~
gaiement :
- On dirait que nous allons lui poser une torpille
sous le flanc.
I\llcllel" en~lop6
du rond tie liège, se mit il l'eou auPl'{)s de 1Il élice , romontant de temps en temps il ln sw'fll.Co; et, pendant une ueml-hclfl'e. Il vissa dévissa
tOUlna j u qu'à co qu'il eOt obtenu cc qu'il d(:si;'aiL
- C' ~ (ait, dilrJ.l en l'egfi{,lnant le canot
.
Et Ils nagèrent vers le CUlming dont la veuve et
Murtin avalent vlv ment pOllSSÔ III (J'haudièro.
- Parlan . dit fllichel. MtlintennnL je défie bl fi 10
MILOissa.nte uo nous poursu.lvro 1
•
On releva l'nncre complllf.e.menL. Micbel descendit dans
la machine; le rnatol~
élulL d6jà à la balTe; Bernior
l'aldniL de son mloux.
~la'in,
qui 6l~
SUJ' le pont, à la place du capitaine
Cvnunnnoll :
'
- A tou Lo vapeur 1
Pu\. il Cl'ia Il IICI'nl(\1' d'6leinc1re les lanternes.
- Pourvu que les atüres tiennenl les lours allumées
ce qu'il nous fnuL.
'
ajouln-l·Il, c'est tou~
En cinq minute:;, ila d6pnssèr nL 10. MUl7iss 1
de l'olficll':r (le flllllrt l'lui n~:aiL
p~
pl'und ~i,)Dn'Ilt(
été pr6venu qu'un bateau dtü sQrLl.r rette HuiL. On lour
oria do s'lInOl r; ot, comme ils ne rùpondirent rien
l'olficlol' ordonna aU matoloL qui Nna il l'avant de leul:
�~
Moins f ort -que rAmoul' ====================
Quel charmant garçon 1 Si vous vous aimiez Lous deux
je n'a,u.nais plus riEm à désirer 1
SuzanuAl répondait simplement :
- Vous êtes heureux, mon père, Pour le moment
c'est ma seUJle ambition.
Et le viveur s'en aUait enchanté, réellernent rajcu:ni,
maintenllnt qu'il al'avait plus le souci de ce rendement
de comptes qui l'avait tant effrayé. Quand Suzunne
aurait atleint sa majorilé, il lui remettrait ses trois
milon~
inlacls, plus la fabrique reconstruite,
Sans doute, on trouverait qu'il aurait pu éconoUllSer
su~
le revenu; mais qu'était-cc que cela, puisque la fortune étilit intacte?
Et comme c'était au pl'in<:e russe qu'il devait l'Bllmi,
l'able con}.binaison qui lui avait permis d'obtenir ce beau
résullat, de regagner, d'un seul coup de filet, les deux
millions gaspillés, il fJ'ouvait de plus en plus n<l.lurel
qui:! le prince devint son gendre.
- Je connais ma mie, -avait-il dit à Gérald. Il y a
des filles q,ui veuJ.ent un oIncler, d'au!.re3 qui veulent
un m~decin,
ou un notaire, ou un avocat. A Suzanne,
11 faut un ingénie-ur. Elle a la manie de lu rabricatlOn,
cetLe peLiLe : il lui faut son usine. elle aooze ça; que
voulez-vous, tous les goûts sonL dans la nature 1 Rendez,
lui sa fabriquo avec son .ac t.i.vi Lé , les arrivages de marchandises, les expéditions, le tapage, le mouvement..,
et elle vous aimera .
Gl'rald .souriait; et, comme M , de So.int-ErUlond, il
faisait semblam\ de travailler.
Na~urelmnt,
il n'étuit plus question, pour Suzanne,
de quilter La comlC5se. 11 avait été convenu qu'elle a.cceptel'tl.iL son hospitalité jusqu'au mOlllent où l'usine et 1.0
maison d'habitution l'enuitJ-aienl do leUl's cendres i el
alors o n reprendruH la vie d'autrefois,
l!\.cher son coup de feu ; la balle se perdit dans les bastingages; seulement l'éveil ét<'lit donné.
Quand ils arrivèrent devant les batteries qui déIendent l'ent.rée du port, Lous les factionnaires mirent en
loue; mals, maJgré la pureté de la nuit, qu'éclairait une
lune admirable, ils n'aperçurent rien ... qu'un bateau qui
mail :J. toute vapeur, S!lJlS un seul matelot sur le pont.
!\.[artin avait la il rent.rel' Bel'llim' suus le pont, tandi5
que lui et le matelot anglais se
ucbaienl deTTièl'e des
rouleaux de filin.
Les évBllés avaient déjà. gagné la pleine mer, lors·
qu'un facUonnaire, envoyé par le se.rgent du posle de
Constantine, entra, tout essouIllé, dans la salle où le
gouverneur donnait .son grand. Jiner.
Tout :J. l'heure on avait enlendu les coups de feu, eL
on avait supposé que c'était un forçat qui cherchait il
S'échapper d'une case.
Le direcLeur du pénitencier était assez inquiet; et,
pOur sc rassurer, il expliquait, au gouverneur et il ses
convives, qu'avec le système actuel, to ule évasion était
imposs·ble .
On donna l'ordre au soldat de parler.
- J'ai vu U1l bateau qui passait sans ses feux, dit-il ;
et comme, de la Irég<lte, on tü'ait sur lui, j'ai tiré aussi.
Voilà 1...
- Et c'est Lout ce que vous savez?
- Oui, tout. Ah ! si : j'ai pu voir le nom du bateau,
Je Cunning ,
- Impossible, dit le gouverneur, le Cunning e. Lout
son équipage il terre.
- Oh ! j'a i bien dislingué : le Cunning, Et pe.rsonne
Sur le pont.
Au môme instant une patrouille arriva, ramenant les
deux surveillants, qU'OD avait trouvés ligotés ct qui
racontèrent piteusement leur pitoyable aventure.
- Ils auront lllé dans les bois, <.lit Pichonet,
Le gouvcmoul' haussa les épaules :
- Allons donc 1 Ils n'onl parI(; cles bois que pour se
moquer de vous. Ce que l'on va vous flanquer aux arrêts!
Puis, s'adressant il M. de Palouël :
- !\lon cher co rnmund:mt, ce Cunning est un mauvais Luleau, que vous rattraperez aisémenl en quelques
heures, avec la Mugissante:. J'aime iL croire que ces cieux
mIsérables seront. demain internés à l'île Nou, Voilà où
nùJne ln bienveillance dont on laU preuve en faveur de
IPareils gl'cùins 1
Une demi-heure après, le commandant de Pal01,
~ t faiGail levor ranCl'e pour donn l' la chasse au CUlf/ling.
Quand li était arrivé sur la {l'f'gaLe, il l'uv ait lrouvée
déjà sous vapeur. L'officier cfe quart avait prévenu ses
or<lres .
Seulement, 101 qu'on vou lu t l'm'tir, au prcmiel' mouvetnent donné par lc vapeur à l'a..xe de l'hélice, l'hélice
tomba dans la mer ...
Xl
UNE DtSAGRÉADLE 6unPIllSE
Jamais M, de SninlrErmond n'nvult été plus heureux,
fi sa IllJe.
- Je ne puis le diJ'C, ma chère nrant, combien cotLe
\'ie de kavnU me plalt. Jo n'auruis jan:ais cru [ju'on
POt S'intél . 'cr nus.<;i vlvemenL il UJ10 arran' IndlJskicIJe.
Et, è. Le pnrler fl'-nch(\mcnL, je n'ail~s
pas l'ancienne
r.tb.rique comm je VIl.IS ulmer colle-cl, so.n.s doule pnrœ
~
j' n dirigo ln oonôtruction, parce que je ru' ceupe
lJea moindres d6lul15, los ,p ierl'œ, les fers, les (,hul'pentes ... -':::1'11. mu ruJ unit, Il fnul dJ1'O que G(,ro.Ld m'nide
beaucoup, il prend toujours la moitie de la besogno...
ingénieurs qui l>attent le par6 de Paris ,
Le nombre d
à la r~h
.1'clJ~
d'une situation, eSL, Mias r si grand, que
M. de Sumt-I:'I'mond n'avait cu qu'à 'hOisir. Son choix
<lIait Lomb6 .sUl' un nommé Jean )'Ialais, ancien élève de
l:Ecole ccnt.rule, qui, clepuis deux ans, malgré son inlclllgenco et sa valeur, n 'arrivait que bien péniblement à
gagner sa vie. Garçon modeste, II uvuit J'llpidcment (.;ompris qu'on lui laisserait faire touL co qu'il voudrait et
qu'on 10 payeraa hi >11, pourvu qu'il nLandonnâl aux au·
lres la gloire du tI'ltvail accompli.
l;él'U.ld jouait d'nlUeurs son J'ô!' uvee le plus grnnd
wrieux. En sa qualité d'anci n oflic'cl' des gardes de
l'empereur do Russie, il avnit (juelqui's teintes de mathématiques. Aussi , di!s le matin, il Ilrrivait aux chaniiet's
de Salot-Denis et p('nétraiL dans Ifl cuhnne de planches
qu'on avait élevée pOUJ' la direclioll dcs travaux.
Joan Malais lui exposait ce qu'il voulait laire dans la
joumoo; et Gérald approuvfiÏl toujour;;, en prononçutlL
q uelques expressions tec.lrniqu
d'un ail' entendu.
M. de SainL-Ermond arrivait un peu lard ... el se promenait dan.s les ch un tiers en fumant son claru'e.
Puis les deux amis déjeunaient ensl1tb~
faisaient en.
core lUl tour duns les chantiers et l'e.ntl'a.ient il Paris persuadés qu'ils aV/lient bou.ucoup truvaillé.
'
Suzanne d mantlu.iL souvent des nou\elle.s des travo.ux
ct son pèro lui proposa un JOUI' :
'
- Veux-tu venir 1 s examiner?
- Mais très volontiors , mon pbl'e, r6poodH la joune
1111e {l.\ c un mou" ment de joie.
Lu comlcsso qui t'lait louj urs {lUX nguels , remarqua.
que la j une fllle a\alL t/'l'.'>SU illi : c'étûll lu pJcrnièro fois
quo Smmllnu manilcl;taiL un sczllimullt un peu vit depuis
bien des mois.
el il le d \olJQ.l'aH Lous les jours
VolJ'O IWe m'inquiNe, disait sUI/vent Nina à M. de
,and. Je n'nt'J'ive plus li ù,"mch:r "cs sentiments,
Au début, de lisais sur son visage w'lL co qui se pasi~
en 80n cœur : maintenant, je ne sai:; plus. raie accepte
touL avoo le m&me sourir tl'jndiffér 'Hec halJlame.. Je n'y
comprnd~
plus J'len ... Esl Ilo IJ(J'lIreu '1 ... Sf)UcrJ -tQUO '1 ... A-t-ollo oubli6 le pasw'l Je vous .uSSUl'C que cclw
enfant vit n d hors do lIOUS ...
- On.h r répondaIt SuinL-El'l1lond avec un gcst" d'LnSaint-I~
�~60=
souciance, je vous dis que ma fille est très heureuse.
Elle me le répète tous les jours.
La comw.sse avrut bien deviné.
Suzanne acoeptWt froidement la vie qui lui étaiL faite,
bien décidée Il ne jamais se marier, et ne songeant que
très vaguement à l'avenir.
Elle n'avilit qu'une préoccupation : lire, chaque jour,
les nouvelles de l'étranger, au momcnt où personne ne
l'observait; elle le faisait avec une patience tenace, car
Pal'is avec
elle avait compris que si Bernier avait quit~
la ycuve Thomerain, c'était pour quelque tentative désespérée. Elle avait lu, dans divers récits de voyage,
l'existence que menaient les transportés Il la NouvelleCalédonie; et l'idée que l\üchel vivait au milieu de ces
misérables lui était hoI'l'ib1e ...
EJle a\ ait dcviné sûrement, que Bernier était allé a.rl'acller l\!ichel Il cette existimce : et elle en attendait la
nouvelle avec une confiance inaltérable.
Moins lort que
rAmour
-i:I!)
faire aimer d'une lemme; et je ne suis pas plus avanœ '
qu'au premier jour ...
Une lois dans Paris, il tourna sur le boulevard à
gauche et attendJt.
Bientôt, Suzanne passa en voiture à une vingtaine de
mètres de lui : il la vil froide eL hautaine comme toujOlU's.
Et son dépit devint encore plus violent
Œl murmura:
- Si l'autre m'aimai , au moins 1
L'autre, la jeu ne femme si douce et si poétique, dont il
avait voulu faire sa maîtresse, autant par désœuvrement
que pal' amour, et dont il avait Il peine obtenu quelques
sourires!
Il prononça lenLe.ment :
- JulieUe !... Suzanne 1... Les deux seules femmes qui
m'aient fait éprouver de si étranges impressions 1... Et
toutes deux m'ont repoussé, comme si elles savaient ...
Il s'arrêta, eUrayé, et regarda autour de lui, craign~
peut-être que quelqu'un n'eat entendu ses parotes ou deviné sn pensée.
Il eut lin mouvement de rage.
- Oh 1 ce.lle-Ià, je l'aurai 1
Et il se souvenait de ce premier jour où il avait rencontré Juliette Morand, en reve.nunt de l'usine incendiée.
M. de Saint-Ermond et la comtesse crurent qu'elle étaU
heureuse de revoir l'usine, elle était SImplement heureuse
parce qu'clle irait pas&er quelques instants là où Michel
l'avait aimée.
Le lendQmain, elle s'habilla coquettement, et fut prête
la première.
- Tu es donc bien contente? lui demanda son père.
- Oh! oui, bien contente 1
Le viveur dit à la comtesse, a\"ec un sourire guo- .
C'était un jour où il rentrait en voiture avec Saintg .Jcnard :
Ermond : il avait YU passer une jeune femme adorable- Voyez comme ça prend 1
ment belle, que suivait une nourrice portant un enfant;
Et on IXlrlit pour Saml-Denis, dans le landau de Nina. et il avait 6té si vivement fraf)pé par sa beauté que, le
Pendant le voyage ~t pendant toute la visite, Suzanne lendemain, il (Hait revenu, espérant la renconlrer encore.
Il était revenu ainsi, bien souvent, chnrrl1<: par cette
rut gaie.
douce figure, ignorant son n om, sa situation. mais telA SaillI-Denis, M. de Saint-Ermond s'eUaça pour
lnlss.:r Gér-a.ld faire les honneurs de l'usine. Le pl'inee
lement séduit que la journée ne lui semblait pas comconduisait part.out la jeune m:e, indiquant les endroits
plète lorsqu'il n'avaiL pas vu la jeune femme. Il comprécis où &:!rruenL replacées les nouyelles machines, monprenait bien, il. son allure triste, l'(u'i'lle était abandont"Jl1L .je petit pilier d'ncier sur lequel s'appuierait la ban6e, muis pas veuve puisl')u'elle ne portait pas de deuil.
lustrade, et d'où l'on pourroit sun'eiller le grand alelier.
Enfin, il s'était informé et al'ail nppris qu'dIe f'apEt, comme Suznnne souriait toujours, il perdaa un peu
pelait JUJUeLle t.lorand. EL il s'était bIen rapP'l16 l'avod'l'
d~
son sang-froid, il croyall avoir enfin conquis une
entrevue duns IlY sn Ile des témoins. le jour du prOCès
lace un peu plus grande dans son cœur; et peul·êtr(l de I\larlin Pélissier; mais c j"u r-là , elle était défigurée
l.Ùirlit-il risquer une pn1'0le affectueuse lorsqu'une simple
par la douleur clIcs larmes. Et Il ne l'uvait pas reconphrase de la jeune Jille 10 bouleversa.
nue.
- Olli, dlt-€Jlc il haute voix, je reconnajs bien ... on a
Il eut presque peur, alors.
exact.'rne nt suivi toutes les di.~posln
de M. Thome- Quelle impl'udence 1 Aimer la maHresse de Marrain ... C'était, d'ailleurs, ce qu'U y avait de mieux il
tin P<:lissier 1
faire.
Il voulut l'oublier; mais comme ie hasard lu lui nt
Tout déconcerté, (j6rald balbutia, qu'en eUet, on avait
rencontrer encore, il se laissa ul1er, avec une insouciance de Slave, Il la pasSion qu'il re s~en
tai
pour elle .
...·oulu profiter des pjlfers de maçonnerie qui n'avuien\
Puis, c'était un nouv au rafflo"lTIenL pou r son Ame de
pas <:té délruits par Je feu.
bandit. D'ailleurs, est-ce quo ~Ial'in
PClissier reviendrait
'uzannc ne J'~coutai
plus.
Il Paris? Il n'avait rien il craindre de lui pos plus que
EIJ!: regardait cetLe immense 6Lendue où deux cenls
de Michel Thomel'llin.
'
oU'l.. riers ll'avnilluienl ; eL clio "evoyait la belle usino toile
que Michel la dirigeait autrefois ...
Et il continua d'épier la jeune femme, de lu suivre pendant ses promenades.
Gémld devjnu aisulllent ce qui sc passait dans l'esprit
de lu jeuno fllle; JI se glls.s auprès de sa sœur et lui
dit d'un ton furieux:
Juliette, qui avaiL accouché d'un garçon, peu de temps
- Voilll 10 résultat nuqu 1 n us Hhour sons 1 C'est
après le départ de scs nmis, attendait impali mment des
joli 1 Et mol qui allais prœque lui avovcl' mon amour.
nouvelles de Marlin P ,li. 1er. 1 nr la première Jenre
Puis il s'él()lgtla tout dépité t cuL l'air de causer s{:qu'Ile avait reçue de lui, cil avait appl'ls qu'Il ne soufri U6<'ment avec Jean Mcllais; mu.lS il profita du preh'ult pas trop cruC\llcment. C'étuIt tout ce qu'elle pouvait
mier moment Où an ne pouvait le voir pour regagner
désirer en oc mom nt.
la. rout.o eL rentrer il. Pal'is.
Et, songeant toujours Il lui, e11 n'uvalt pas remorqué
Quand on voulut partir, JI n'avait pas roparu ; ot an
qu'un inconnu s'attachait sans CC!<."C Il ses pus. Il fu.llut
l'Ovint li. Paris sans l'attendre.
que ln Ilourrlcc do son enfant lu pr6vlnt. Elle changea
alors le but do ses promenudcs; muis le prince la retrouva )0 jour suivant
Jumuls, d'ailleurs, elle n'avait 6lé si belle avec S8
Les hommes les plus adroiLs, les plus froids, ceux
pAleur trn1lsparente ct cette légèreto s6rnphlq~e
des JourtI0m~
dont ln vio n' st guid6e que pur 1'1nL6rôl, ou dont
nes accouchées.
l'Am
·t dénu
de L<>ul St~ns
mOI'al, ne peuvent suprLer une blet ure d'umour-propre faile par uno femme.
Le prince e~t
l'h~neé
de ~e
rien br~sque.
Il commença par regardor l enfant, dIsant qu'il 10 LrouvalL beau.
Q.llwd 'uzunn avait prononcé devant Gérald )0 nom
Juliette y fut prise.
d :\1ichl'l Thomcru.ill, Il lui avait semblé qu'clle ~
Et, peu il peu, 11 permit il G rald de la saiuer de
GOUCII l.I.lIl. Et, en COlhrJlnt VCJ-S Paris, dJsaiL :
'
t llU bu{!no J... TanL mieIL'C 1 causer quelql!es minutes uvee elle.
- Lui, au moins. il
Elle ignor-lut son nom; elle ne voyait en lu) qu'un proMill
Ue 1 Oh 1 J'ol'gue(lJcuse nllo J Jamuis je n'al cJé<.
meneur quelconque qui aimait les enfants. Justement.
ployé un lolle hlÙll1cW, de telles séductions, pour me
�~
Moins fort Que l'Amour
==================== 61
l'hiver était doux ; le soleil se montrait presque chaque
jour,
Un jour, cependant, où il avait neigé légèrement, JuUette ne sortit pas : le prince se rendit audciesmn~
chez elle c'esf.-à-d ire dans l'appartement de Bernier, pour
deman~r
des nouvelles de l'enfant.
'
Ce fut Juliette qUi le reçut; elle lui demanda, un peu
indignée ;
- Mais, qui donc êtes-vous, pour oser vous présenter
ainsi chez moi?
Il rép ondit tém6rairement :
- Le prince Gérald Vérénine 1
- Vous l... Vous dont le témoignage a faH condamner
celui que j'aime 1 oh 1 Dieu 1
- Oui moi, qui ne demande qu'à réparer le mal que
j'ai pu ~user
involontairement. N'ai-je pas déclaré, du
reste que je croyais à l'innocence de Martin Pélissier?
lIll pénétra chez Juliette, malgré elle, et joua une scène
de comédie, pour expliquer sa conduite, déclarant qu'U
regarderait l'en!a~
de -M.art~n
comme le si~,
qtl'~_
éprouveraH pour elle la plus respectueuse ami lié ... qu II
aurait un éternel remords d'avoir [ait condamner un
innocent. et que, cependant, il avait bien ~it
la ~érit.
11 éwurdit la jeune femm e en lui répétant vrngl fOlS q~e
c'était une erreUr jud iciaire, que l' innocence de Marlm
sereit un jour reconnue.
.
Et les préventions qu'elle avait contre cet homme diminuèrent un peu,
Le mis6rable avait réUSSI à s'inlroduire dans sa vie.
n vint, désormais, la voir quelquefois; el-le pelTIlcttait
ces visiles parce qu'ainsi elle entendait parler de t.lartin.
Et Géra.ld espérait bien qu'un jour elle l'aimerait.
Cependant, ce!a avait duré de longues semaines, sans
qu'il eot obtenu autre chose que des paroles indifférent.es, ou un sow'ire attrislé quand il caressait l'cnfant
de Martin Pélissicr 1
C'était ce sourire qui le ravissait; ct, cn ce moment,
autant par dépit que par amour, il épl'ouvait un violent
désir de voir Juliette, pour effacel' le souvenir de l'orgueilleux dédain de Suzanne de Sainf.-brmond ; il s'était
rendu sur le boulevard tranqullie el isole, où Juliette venait promener son enfant.
Machinalement, il prit dans sn poche un petit écrin
et prononça avec un sourire ironique :
- Puisque Mll.c de SnlnL-Ermond me repousse, elle
n'aura pas les bœux bl'illanls Que je lui destinais ...
Et, d'une voix gouailleuse , il ajouta :
- Un bijou ... de famiLLe 1
JwIiette arrivait. JI lui sembla qu'clle élait encOre plus
triste que de coutume.
- Allons, dil-il, je crois Que mon cadeau tombel'8
bien. Il ne s'agit que de le daMer d'unc manière odl'oiLc.
1uUette ôtait toute soucicusc pOl'CC qu'clle avait calculé, m malin, que olnq mols s'ôtaient écouJés depUis
le d6pnrt de Bernier, et e ll n'uvall rIen l'CÇU quo la
première lettre de IUl'tin, puis une dépCche en\'oy6e
de Sydney par BOJ.'nlor et contenant ces seuls mols :
• Tou,t va bien. Attendez .•
G6rnld la salua gracieusement e~,
wut de suite, leva
Je vaile qui couvrait l'enfant.
_ Cœnme ù est beau 1 dlf.-lI.
Juliette souriL, avec cct orgueil naT! de toulcs les
rnères. Presque aussitôt, le prInce ajouta :
_ Vous me permettrez de lui donner ceci... Oh 1 ce
n'est rien ... Un simple hochet ... Un souvenir .. .
_ Mals non, monsl Uf, non...
DOjil, GéMld avaIt posé un [JeUt paquet sur ln. bavette
de }'cnfQIllt.
- Adlou 1 diL-U, il demain 1
EL \1 s'éloigna vivru,ncnt. Ju-l!cLlc ~lit
I~ petIt paquot
el le garda Quelques InstanIB sons 1 ouvl'lr. Quand elle
l'Oll'Vl'It, elle poUISSU un CJ'i d 'Indignution.
- Oh 1 le mIsOI'a.\)! 1
Le paquet renfermait un écrin de ~elo'
contenant
'lU!.e pa.l1'O de dOl'mell _", deux rnagOlllqucs diamunls.
El~
relCl'ffiLL vIte 1 PllfjUCt, rlisont
- Oh 1 Je rendnnl oolu dOfnuln il. cet homme. Oh 1 le
-,Jrùs~l'{be
1 M'Ifl8ull l'ainsi 1... Et mol qui nvn.is 1
lalbl
de l'ocoutcr 1 Hélru 1 Il'P.st qu'Il étn iL le 5()lÙ
~
avec qui je pwsse parler de MwrLin.. . Voilà pourquoi
je me laissais aller ...
Ellie avait assez d'expérience de la vie pour comprendTe toute la pensée de cet homme. Il s'était imaginé que, seule, abandonnée et mê:me pauvre, elle ne
demanderait qu'à se laisser consoler.
C'est l'l\iswi.re de tant de malheureuses filles ...
Elle revint bien triste chez elle; et, toute la soirée,
elle songea à cette bizarre coïncidence :
- Cct homme ose m'oUrir dcs diamants. El mon
pauvre ami est accusé d'en avoir volé ...
EUe n'eut mèmc pas la curiosiL6 de les regarder U'lle
seconne . fois. Elie enveloppa le paquct et le mit dans lin
tiro-ir. Puis elle s'endormit en contemplant le portroit
de Ma.rtin.
Le prince était revenu A Paris, enchanté de la manière adroite dont il avaU oUert ses OiamaJ ts à la
jeune IUle.
- Je croilS qu'iJIs amont été les bIEnvenus, se disa~t-l.
li jiUlg'ea. prudent de œ pas reparaiLre cl,1€'l sa sœur, et
dtna. au cercle, pensant bien Que Sainl-Ermond viendrait
l'y ll'etrouver.
L'rinduslriel arriva, en effet, V61'S dix heures, a\'cc UM
m.iJne 1u gu.\.)re.
- Vohre sœur est fu.rdalse conllro vous 1 CJ'in-Iril à.
Gérald.
Bt hl al.1aLt lui exphquer qUlC «mt maTChait mnl, que
prus &l ~
parole, qu'on a\a.it dù r -Ir
Suz.annc n'avi~
te.I1id:re près. de Yin-gL mi'nruile.s QV8.n t du se mettre à La.lJle;
rn.ais un des membres du œrcle l'in terpeLla :
- A ?T'OpOS, Sain f.-Ermond, avez-vaus lu la 1'eill:lle dol
Havas ?
- Non". A qu.eJ propoo. 7
- Parce qu'elle donne tous les détails de l'évasion de
Michel Thomerai:n, votre ancien in génLellr ...
- Ilein 1 Vous dit.es 7... balbutIèrent ensemble Gérald
et Soint-Ermond.
- Je dis: les délalls de l'évosion de Michel ThomeraiD
et de Martin Pélissier,
- C'est impossible 1
- Il y a même quelque chose comme t'rois mois qu'il3
se so.nt évadés; seulement, on avait sans doute jugé inu·
tile d'ébruiler l'arraire. Et le gouv rnement, qui !lVfl lt r'lé
avisé par d~pêche,
a tenu la chose secrète, jusqu'flu 1110,
ment où il a reçu le courrier de la 'ou\'clle-Cnlérloni
donnant wus les détails. C'est Cons la feUIlle Ilavas cla
ce soir, et ce sera demain dans [O\lS les journoll '.
- C'est bien curieux, dit Sainf.-Ermond, recou\Tnnt
son caIrns.
Et, malgré la violente émotion qu'il éprouvait, il d
manda celLe feuille Havas et La lut, il demi-voix, à GôraId, qui écoutait, péll'lflé,
Evasion
• 'Le courrier
ete deux
forçats
de la Nouvelle-Calédonie vient d'apPM-
ter, au ministère de la Marine, les délaLls circonstancl ('.'!
do l'évasion de deux força.t.s, évnslon dont on avait d ~jà
éllJ ovis6 par dép~che,
mais qu'on avait cru d voir le.
nir secrète jusqu'à ce jour, parce que l'on conservait l'espoir de rattraper les évadés.
" Âujourd hui que cet espoir est perdu, on peut l'acon.
ter comment les choses se sont passécs. »
Suivait le réciL de l'évasion qui se terminait ninsi ,
« Le Icndernnln, 10 Mugissante, ayn.nt rem pIncé son
hélicc, partall pour Sydney, omm nant le cnpil in!' ~
J'équipage du Cunning, sans grunJ e."polr d,' 1 tNu'
\cr les 6vadés; on pcnsuil mOmc qu'ils avaient dO se
peJ'dJ'e en pleine mer,
I!
C:.c.[J"ndant, lorsque ilL Mug/
~ ~ante
est oJ'rlvp' ~
' ydn ey, Je Cllllllirl{1 ét.ait dans 10 port, timnl sm " CS
uncres, t g!Lni~
pOl' 1 s &quipnf.(es ci d \'nl ~ ;C II ' I, voi 1 ';,
qui l'I\\'nient trouve IIbondonll il l'entr~
e de JI Jln s!.',
ft Quant Illl mécanicien
t au ma tel ot, ils avu icnt rli
paru; personne ne les avaIt vus dans lu ville pa:; phu
que les fugitlfs.
�62
~
Moins fort que l'Amou r «l
" Rien ne saurait dépeindre la joie du capitaine du
bat.eau, qu'il cro)"ajit perdu
et qui constitue sa seule fortune.
« La Mugissante est revenue alors à Nouméa, en
même temps que le courrier de Sydney, QIIi 'appÇll'tait les
deux let tres suivantes :
Cunning r etrouvant son
A Monsieur de Palou(jt,
« Commandant de la Mugissante,
« Nous nous sommes rendus coupables d'un acte blâmable envers VOllS, qui aviez éLé bon et indulgent pour
1eux malheureux; mais nous ne l'avons fait que parce
que nous n'avions pas d'autre moyen de recouvrer notre liberlé.
« Nous vous' demandons de voulo ir bien nous pardonoer, en vous adressant l'expression de notre plus vive reconnaissance. »
«
1
A Monsieur le Directeur du pénitencier de Nouméa.
« Malgré les charmes de ).a Nouvell€-'Caléa'onie et la
douceur paternelle de votre adm..in.istration, vous ne SEr
rez pas étonné que nous ayons préféré noLre liberté.
« N'accuscz personne d'être de complicité avec nous,
pas même le mécanicien et le matelot restés à bord du
Cunning : c'est le revolver au poing que nous les avons
contrnints à nous obéir.
« Nous avons seuls combiné not.re plan d'évasion et
l'avons exécuté seuls avec la plus grande raciné .
« Nous ajouterons simplement que, s i nous n'avons
pas voulu suppOl'Lcr plus long~
mps cette humiliant,c
captivité, c 'es~
que nous sommes innocents des c!'imes
dont on nous a accLL'5és et que, maintenant Ciue nous
sommes en liberté, nOus espérons bien prouver notre
Innocence et déoouvril' les vrais coupables. •
u
TUOMERAIN
MICH EL,
o
" MARTIN PÉLISSIER,
Ex-matricule 4032, ex-ouvrier de ],a
.LI'an. porlatlOn détaché spécialement il
l'horlogerie. "
p..amt·El'mond acheva la lecture d'u.n ton assez calme
;! dit :
- J'espl!re bien qu'on repincera ces deux drOles 1
Il cau,sa encore un peu a.vec beaucoup de Lranquil·
l',~.
Puis il s'en alla CIl souriant, nu bJ'O.s de Gérald.
Ain!\';, dans lu l'lie, ils marchèrent en chancelant, sans
prononcer u.ne .!lar'ole, oonl.l1l.e des hommes accablés par'
IUlI,! catasLropbe imPrévue ...
TR01SlÈME
PARTIE
N PABSt!! M!'IAN't
~la!tre
Mtl.thleu P us.chkorr nchevaH de dlner, avec la
sntlsludion d'un sylJ,lI Ile, dans &Il p toile Billio à nlUIl~ l', 111' que ~lart,
son uniqUil /)f'.J·vnnl.c, vint clll'rchCl'
blS ol'drcs.
l'ouxhltOfr demand a gl'u",;menl, comme un homme
qu. alLache la plus ''l'und(! importan.co à 00 d6taU, 61
.,Oll m avuiL N.6 buss:n(',
Oui, muiLl'e.
- Illen Il poinL '/
Oui, malLl'e.
r.'(~t
que, hl['l', c'dait tl' Il chaud : je me suih
1 .1 1.' ,'n me COII,'hrlIll. pui j. 1I1(' bUIS un P(!U d6cou
\ ,l, (lI, j'ol (niUI m', r l'hull1O', 13011. El le feu?
('IlI11nC VOllS l'HUll z, je n'Ul rUll llu'un tout IJCl.it
f('u ...
Oui, quand le teu l'st lroll 101 L, çu change l'Ulr,
e'p.sl mUU\';l pour la. SU Ille. Tou\.!Ja les porLes sonL bien
1 rm(; ,. !rw'fn 7
- Oui, maître. Voici vos cigarettes et votre courrier,
vous n'avez plus besoin de rien?
- Non, Marfa. Allez VOlJJS coucher; rouis, avant, priC2
pour notre bon père le czar!
Marfa eut un ge,ste de protestation qui signifiait qu'el~
airn.eooiL mieux ne pas dormir que de manquer à Uùl sI
saint usage, eL elle se reUro..
Une [ois seul, Pouschko(f se versa un verre d'eau·
de·vi.e, qu'il fit un peu réchauffer près du feu, et qu'il
but len.tement avec de petits claquements de langue.
Puas il promena un regard heUll'eux sur cette salle il
manger, où se passa iL toute son existence ; CUI' sa
situaLion de dépositaire-expéditeur était une vérilable
sinécure, qui excitait la jalousie de la plupart des habitants de Riga.
Et cetle jalousie ét.a.it d'uutant plus vive que personne
n'éLait ndntis dans J'intimité de Pouse hkoff et que, par
liUite, personne ne connaissait exactement ses secrets,
Or, on supposait qu'il devait y avoir beaucoup de secrets au fond de cetle èxistence de paresseux.
Tout ce qu'on savait de certain sur lui était ceci: il y
avait un an environ, Pouschlcort était arrivé è. Riga el
avait loué de vastes terrains, près du port, avec une maisonnette silu'e à l'entrée de ces lerrains. Et, SUl' lu.
oorle, il avaiL placé un écriteau :
MATIDE U POUSCHKOFF
. Dépositaire-Expéditeur
Peu de temps après, il y avait eu, dans ses chantiers
un grand arl'ivage de bois, puis \me grande expédition. '
Et depuis, r ien.
La moitié seutement des bois qu'il avait reçus avaiL été
expédi(>e ; l'autre moitié éLaH resMe da.ns les chantiers.
Pouschlwff avait tout aulour fait établir Wle barrière el
le chantier était ret.ombé ùans la plus noire monoLunle.
Les quelques négociants du port qui avaient ss!\yé
d'entrer en relations avec ce nouveau venu n'a\'aient
jamais oblenu de lui qu un salut grave et important. Il
était évidon'l qu'il vouIaH vivre Lsolé .
A diverses reprises, il avai t quitté Riga, sans que jamais on conntît le Imt de ses voy~es.
Enfin, il s'était confortabtement installé dans sa maisonnette el n'en avait plus bougé.
Il uv nit, pour le servi l', Martu, solide femme de quaran~
nns, qui cuisinait admlrablemen\ el le mari de
Marfn qui gardait te chantier.
Les voisins avaient fait bavarder Marla; muis tout ce
qu' 11e avait pu dire, C'(!st que son ma!Lre Obscrvult CXo.ct '!TIent sn religion et ne parlnlt jamais du czar que d!UlS
l~s
t,crmes les plus !'espc tueux.
De Lemps en t,cmps , il l'ecevait des leUres de Frunce
le Ures qu'elle avait vainement cherchées dans le blrea~
de son maILl'e .
Il sc levai! 1J.ll'd, déjeunrdt copieusement tulSlli t un Lour'
dans le chantier, \In tOllr sUr le port, renL~al
pOUl' diner,
et sc couchail apr~.s
avoh' vidé un curufon do cognac et
lumé un nombre incalculable de cJgaI'ctLcs.
Ce soir·là, il luma dOU7.o cigo.retles et vida enLièrernenl
son carafon avanL d'ouvrir son courrier.
-
Des nouv Iles de Paris, dit--il ; Il faut que mon
tell igence soit bien noUe.
in-
Son nourrie!' se 'OInposuit d'ailleurs c1'une unlquc 1 ttre,qu'll lut, Ilprè.~
s'être commodément instullO, les pieds
titi reu, et sa lumpe den'ière luI pour que 10. IUlllit'l'<' ne
lui fit pas JIlul uux yeux.
'
Il se snignuit avec nrllO\lI' .
- Voyons 1 quo l'uconl,o L'non prlnoe, aujourd'hui?
v Muitre PouschkoU,
« Je pense quo cette l"ttro va vous combler do '010 .
nous avons décidé de VOLIS laisser encoro voL J. ,,' c~
pendant quelques semaines... •
re sm"CU16
!'fui
m'humilf"v, tnnl's d on." J appr é
.
" - Voilil1 11ne
ê phrase
1 1.
cie quanc DI mo a JJf!Oule. ConLlnuons cLl~
douco IcLllo.
II; Vous Jl'lgrlOrl!Z pus qu'il y Aura blentM un an que
nous avons nch~
cos bois. payables à six mois, el q 0:\,
�~?-è
63
Moins fort Clue l'Amour
par suite d'un incendie que vous connaissez, nous avons
facilement obtenu le renouvellement de nos traites.
"C'est dans trois semaines que nous aurons ù payer
définiti vement trois millions deu.· cent mille francs.
ulement, comme il y a une hausse importante sur les
bOis, nOus les conserverons au lieu de les \'endre; nous
ferons fnce à notre écJ1éance avec nos l'essources actuelles; et clans un ou deux mois, non s rcvendrons nos bois
en gagnunt un million. »
- Il est certain que ce n'est pns mal combiné , prononça POilschkoff, en allumant une cigarette au dessus
de sa lampe. Ce n est certainement pas cel imbécile de
Saint-Ermond qui Rw'ait eu \me par-eillé idée; c'est enCore snrli do la cervelle de mon petit Gérald 1 Ce gaminlà, dans dix uns, sera le plus grand seigneur de l'uris ...
Et, nprès un instant de silence :
- (jllrlle viUe que ce Paris, pour les élrfu'1gers 1 Ah ! c'est ndmirable .. . d'autant pl us admirable que M . de
Saint-Ermond pnyera ses traites vec les quatre millions
que vient de lui remettre naïvement lu Compagnie c1'asSUllances La Gauloise, qu'il a dépensé quelques centaines
de mille francs pour relever son usine, et que, l,ur ~uite,
il n'aura plus le soU. Et ce qui rep_~ntl'a
désornlais
sa fortune, c'est-à-dire les bois achetés par <:et idiot de
Micbel Thotnerain, sera entre mes mains; dans ~ chanlier, que je garde si soigneusement. Toul élant enlre nos
mains, il falldm bien que lediL chevalier c1e SaintErmond en passe par où nous voudrons ... Tl" s .bien
imaginé, Gérald. Reprenons cette adorable leclu:'e .
« VOliS pou 'ez donc, dès maintenanl, mallre Pouschkoff, chercher des acheteurs, de petits acheteurs; cal' il
vaudra mieux n'offrir que de p€:tit.s lots, pow' vendre
plus. cher.
cc J" pense que la hausse atteindra son maximum dans
six semaines; vous avez llone un bon mois devant vous
POUl' négocier. Enfin, quand tout sera réalisé, vous viendrez me rejoindre il Paris, où tout march e ù mer'veille.
M. de SaJJlL-EJ'lDon<l me laisse l'entière diroct,ion des travaux; et je lui iero.i signer lei brailé <.l'association qui me
plaira. 1\la S'.x~ul
m'obéit toujours !m:;ugl(·ment.
cc Co qui est plus dur ù déCroche!', c'est l'amour de
Mill' Suzanne; mais cela viendra plus larc1, car nous
SomrrlC's cléjo. d'excellents arnls.
u Maintenant, mon vieux précepteur, commo il no fuuL
plus ritlll laisser à 1 imprévu, je vais te ('harger' d'une
mission délicale ... qui te permeHra de revoir' SaintPétershourg, ..•
- C'est que je n'y tiens pas plus que cela, il revoir
Saint-Pétersbourg 1
" Dans les débuts de ton séjour à Riga, tll us ur:compli
PlusIeurs voyages pour r6parcr' les nccidel ls d(; ces c1el'nièr sonnéeS; mnis il en rsl \ln quo nOliS flvions négligé
ct qui vient de m'être dés:lgréablelncut l'appelé pnr une
'ettro de L1SetLo Randon, ex-duo :' l1SÇ ([~
l'Opéra de
Vienne IllfJUclk ruH en ce moment l{!s d(,lices des abonnés de 'rOp6ra de Saint-Pétersbourg. "
visago de rouschk~!I
se l'embnrnit.
- lIein 1 Je ne connuls pas cela ... Oueli]ue coup maladi:oft qu'il ouro. tait sans me préveml' J
~
" .To t'enverrais bien la letll'e de la coquine; mais je
l'al brOI6c, cinq mInutes a.près l'avoir reçue. - Tu dols
le souvenir d'un des moments do nolre pù.ssugo il
Vienne, où no\.re sil.unlion étoit plutôl cI'!LiqllC. Un soir,
en rentrant de l'Oprl'll, je te donnni un beHu collier de
PerIM, l'assurant que jo l'avais 1r0llv6 rlans un eouIlll r .. , •
- Je mo so\J.viens dit Pouschlwft, goguenord. 'est
grl\ce ù ces perles que' nous avons fait noire entr~
triomPhale il Pol'is.
Or, le n'avais pas du tout \.rouv6 ces peries, J'avais
COmmis l'Imprudence... •
.
«
-l~
- Ah 1 oui, une fameuse imprudence, alors ? .. s'écl'La
l'ancien précepteur...
« ... l'imprudence de les demander à LiseLle Randon,
prélextant qu€o j'attendais de l'a rgent , f1ue ce collier me
perm?ttrait d'en empl'Unt€J", el qn'uu5.5itôl mùn chèque
arrlVC, JC ViendraIS lU! r'apporl;er son collier. Lisette nandon, en bonne Française qu'elle est. crut mon histoire;
elle me dil même ces paroles mémorables :
.. -. J'ai toujburs aimé les Russes, je suis ravie de
pouv01r vous rendre service. rDepuis, je ne savais pus ce qu'elle était c1evenue'
'
elle avait quitté Vienne.
" Le ciel m'est lémoID que, si j'uvais su où elle h abitait, il y a ]oIlg\.{)mps que je lui aurais remboursé son
malheureux collier.
.
" Elle m'a écril biel' lIne leUre fort sOLle, pour me le
réclamer , en employapt les mots les plus vulgaires. Va
lu lrouver; elle habtle la perspeclive Newsl<j' tu lui
donneras deux ou \.rois fois ce que vaut son collier en
lui luisant soigneusement signer un re,::u.
'
,." C'est tout ce qui reste de gênnnt de cette époque,
Elrllce-Ie. Une accusation d'escroquerie ferait en ca moment le. plus déplorable effel SUI' illlle de Saint-Ermond.
« A bren tôt, mon vieux précepteur. Je crois que main(en ant nous tenons la fortun e, ct que !lOUS ne la lùcl1el'ons plus. Je l'embrnsse.
I(
« GÉR.\RD
VÉRÉllrxll.
»
laineJ~L,
déclara P01lschl\Off, l'élève a dépassé
- ~er
le mUllre , maIs pas sur le rh.a pilre iI~
11 P'"ulknee. Et
quand je songe qu'une p reille le lire se lrouhlil Il . a
un instant, entre les mains da la posle ... Broum '1. ..•
Deux minutes après, la lellre du prince aEd:t rej·.indre,
dans les cendr~
du foyer, toutes celtes qui l' .yaienl pré,cédée , - ce qUI expltque pourquoi Marra eS.-;ayuil vainement de découvrir la eorrespondllnce cie son patron.
Le .s\l"end,:ma~
martre l\1aUlieu POllschkoff ~e
présenlall, ù SamlrP(!tersbourg, chez Mlle Lisette Randon
qui occupait le premier étage d'une belle TD.:!Îson de I~
perspective Newski.
s'il vous plaît? del'ant~
l·il au do- .Mlle Ran~o,
mesllque qUI vlllt le recevoir',
- I\larlemoiselle déjeune. Et qu \Ud rna:Lmoiselle E'.3t
Ô. tuble, je ne reçois persorll1e.
- C'est un sen,timent que je comprcn Is, mon ami'
aussi j'attendrai.
•
Et l'ouschko!1 s'assa philosophi(ju IIl"lIt Jans l'anti.
chambre, si luxueusement meublée, qll'il murnJura :
- CCInmc si elle avu..it bcsoJU de rl:d:llllCI' un malheureux collier de per1a.s 1
Le durneslique ft'vint, pOUl' lui demondcr son nOIll.
- i\lon nom n'apprendrait ri Il 1\ Yutre mailresS'.
DilC's·lui Simplement qUA je viens pOli!' l'nfCuire ... POUl'
un e nffa:re de bijouterie ... Il s'agil d'un collier ... V(,I.!-e
mUltre$$(' comprendra. Allez.
Pl" 'sque aussitôt, le domestique l'cpar'ut d fil enlre!'
POll",cli.I,o fl dans un boudoir, OÙ un{l J 'une femme, en
déshulJlllé du matin, pénétrait d'un uul!"') côté.
- ,laite femme j pensa Pouschl(off, nIais raJr' peu commode .
.11 salna respectueusement la danseuSl), qui lui répon dIt par cette aposLrophe :
- C'est de la part do cet escroc quo vous v~nez?
Lisetle l1andon éLait une Il~ien{
dan , cuse de l'Opéra
de Paris, que son humeur rnntasqn e pouss.ail à courir
le mondo et à glaner des succl!s cxotHjll\! . Au fond, un r
bonne Olle, assez naïve, qui soutenait to rte une Camill,',
avec une lib~I'H"
heaucoup moins l'U~
qU'OIl ne le cl'oiruil cheï. ces I.l'régulil'l'es de ln vit',
En cc moment, elle éLuit très rèl~e
il Sln-r~e'sbou"
ou tl'Di ou qunt.re g,l'un.<ls sclgnOlll'S la courtisaIent SI
.glllrnnrnent qu'clic était en truin de r '\"'lIir sur la mau
vaise opmion quo Gérald lui avait donnoo de 10. Russie.
PUl'(!on, mademoiselle, dit pouschkorr, Je n'ai pat
bien entendu ... Vous avez dit de J/l purt ùe ceL.
- J'al dit ; escroc 1
�1
===================== Moins
fort que l'Amour
~
- Alors, je dois me Lromper , mademo iselle, car je
Caçon étonnante, un individu ... Mais non, c'est impossible ...
riens de 1<1. part du prince Gérald Vérénine.
- C'esL bien pOllr cela ljue j'ai dit : escroc 1 Lui, un
- Attends, je vais te dire : je parie que le tien avail
prince? Allons donc 1 Je m'étais laissé prendre à ses
de la borbe?
\
·manières 1 Il n'est pas plus prmce que vous, il n'esL
. - OUI, une grande barbé rousse, et tu vois que celuique chevilLer ... EL encure est-ce d·indu s trie .. . Oh 1 je me
Cl est r asé.
<suis rcr..seignée depuis que je suis Ilrl'Îvée ici. .. Et comme
- Le mien aussi avaiL une grande barbe r ousse ; mais
'un de mes amis, qUI arrive de POI·is. m'u oppris que ce
une barbe, cela s 'enlève si facilfmenL quand on veut se
,gredin éLait lii-uas, en !J'uin de menel' la grande vie, je
déflgurel' 1 Ne perdons pas de temps ... Toi, me-le ...
n'ai plus hésité ... Et ::;i vous ne me rapportez pus m<ln
- EL toi?
collier, bonsoir 1 Je fais dc.powr une plainte à Paris par
- Moi, je monte chez Liselle.
ma mère ... Ah 1 jt1 suis bonne fllle; mais, quand on se
Ne pourrais.-tu aller plus lard chez elle ?
moque de moi, je n'y vais pas par quatre chemins 1. .•
- Non. Remarque que ce gredin, car ce doit être noLre
~redin,
se relourne pour regarder le premier éloge ...
Ce monsieur m'emprunte un collier ... pour deLl..x ou trois
- Et tu supposerais ... qu'il vient de chez Liselle?
jours; et, au bout d'un an eL demi, je n'en ai plus de
- Ça m'en a tout l'air. En lout cas , je vais m'en assunouvelles ... Encore, je lui aum:s pardonné, s'il avait été
rer, et tout de suite ...
un grand seigncul' pOOl' de bon 1 lllu is G ~l'a ld Vérénine,
- Ce serait trop fort 1
compromis dans un tas de vilaines uflail'C's ! Qlussé de
- Notre bonne veine, mon ami 1 Allons, ne lâche plus,
,pa rlout 1...
le bonhomme Il .. Tiens, i) s'arrête devanL la OOulique d'un
Tandis qu'elle sc répandait. en longues diatribes, rabijoutier ... Plus de doule, c'est lui 1
-conlanl la vie de Gérald Vél'énine, que Pouschko(f con- Où Le re trouverai-je?
naissait b:en mieux qu 'elle , celu.i-ci souriaiL I1nement.
- Chez Lisctte.
- J'en serai quille u\"ec un compliment et une bonne
- Es-tu cerlain qu'elle le recevra.?
~om,
pensaiL-hl.
- Lisetle? Ne pas me recevoi r ?., Par exemple !... A
Quand Lis~le
s'arrêla, il secoua la lête d'un air enbienLôt, mon ami.
tendu et prononça :
Les delL'C jeunes gens se séparèrent; et l'u n d'eux sui- Mademoiselle, nous sommes viclimes des apparenvit PouschkoU, tandis que l'autre pénéLraH dans la maices. Vous avez cru tout cc que l'on vous u dil ici contre
son de Lise lie.
le pr:nce, mon maHre : c'est qu'il fi conspiré con lre le
-czar; el je ne pensais pas ,que ce serait YOUS, ur.e FranLe domestique de lu danseuse accueillit très mal ce
-çaisc, qui repl'lJ:;hcricz n un hOlllme d'avoir trempé dans
dernier.
une conspilalion l ,{.aIS lu 11 esl qu'un c0lé de la ques- Non, monsieur, madame ne reçoit pas.
tion : traqué par les H!,<ents secl'eLs de la police l'usse, .
- Elle me recevra, moi.
mon maUre a dO quiLler Vienne précipItamment, em- Elle vient encore de me dire qu'elle n'y étaiL pOUl
portllnL ce collier que vous lu.; aviez si généreusement
personne.
confié; il ignorait l'eTlflroil où VOliS vous trouviez; dès
- Elle r;.cra pour moi 1
qu'il l'a su, il m'a dent. en wc donnant l'ordre de von:r
Et , malgré ce grand diable de domestique qui voulail
secrèlement vous rem)JOUrsel· ...
lui balTer le passage, le jeune homme pénétra dnns l'an- l'lIais je veux 111011 coll ier I.C'est un souvenir 1...
tichambre. Au bruit de la rliscusSÎon, LiseUe ouvrit elle- Combien valait-il?
mÉ'me la p<Jl'le de la salle Il manger, en cl'ioot :
- S:x mille Il'(lncs 1
- On ne me luissera donc pas tranquille, aujourd'hui?
- En voici dix mille, mademoiselle 1 dit Pouschkoff en
Mais clle cuL li peine regardé le nouveau venu , qu'elle
ounant son pol"ldeuille,
éclnl.ail ùe I·ire.
_ Alors, qu'avez-vous [ail du collier?
- Tiens 1 i\/arLin Pélissier 1
_ Jo pellse, dit b,,'alemenl PouschoU, que mon mailre
Le domestique se relira respectueusemen l; et Marlin
le garde en SQuveniJ' de vous.
Pélissier entm dans la. salle li manger avec Lisette.
_ Je l'eux mOlL collier 1 .le ne veux pas de voLre al'- Tu viens déjeUner avec moi? demandait tout de suite
gent 1 Esl-ce que je suis d 'o ù il vient, votre argen t?
la danseuse.
- ~daeloisc
1
- Non, c'est rai~
; je me contenlcrai d'un OOn verre de
- Ah 1 c'est que je suis bien cc que vous valez, vous
ct votre maHre 1 T~lég'ph
:e 1.-I\li
que, si mon collier n'est
cognac.
pas en lre mes mains avant huiL jours, ma mère dépo- Jo vais le le servir moi-~e
...
se.ra une plainte en escroquol'Ie b. l'a ris.
Puis, s'inlerrompant, Lisetle dit avec un umnd séElle sc leya. furieuse, eL frappa sur un timbre. Le
rieux ;
domestique pal'u t.
- Ah 1 mais, tu snis, ici il ne faut plus me tutoyer 1
- Reconduisez mOl1sieur.
- 13ah ! Ça me hangcraitl
Pouschl<ofI lu salua, SIU1S poruitre troublé le moins du
- Ce n'esL pns pour nous deux .
monde: et il sorLIL avec lu gravité d'un diplomale qui
- C'est priur les domesliques ?
vient d'accomplir une lmporlante Imssion.
- Et pOUl' le général.
- Ah 1 il Y a un générnl7
_ Diallle, murmui'u-Iril, une (ols dans la rue, voilà
- Dame 1 en Hussie, cc so nt les uénérnux qui dll'igent
.1.In passl: diantrement g\l.l1.l.lnt l
les lhl:O.lres.
- Eh ltlen, si ce1n lui déplalL, b. ton gén(!ml, je luI dirai
que jo L'al connue quand Lu n'()lais pas plus haute que ça,
II
eL Que nous n'avons jamais (:16 qu'uno pairtl de bons CII.mlll·odes ... lIein 1 le rI.lppclles-lu, quand lu suu lais à III
corùo '1
VISITE IIIhTENTue
- Ah 1 quo c'élnIL (.tentil 1 Et puis, Lu me laisais sa uter
SUI' les 6pa\lles, ct je t'embr·assuis.
Cc pl1S5é gènllnt preoccupllil pousc l,lkO f! b. tel p~lnt,
- Si lu veux recommenr:cr?
que l'ancien precepteur d.! G~I'/ld
~ 'r,l llIne se rnl~
à
La danseuse sc mit il. rire aux l:claLs' mals dovena.nl
mal'cher SOIl'; s'a(lCrcevoir 'Ille dClI x Jeunes gens 10 dt. vi:
sérieuse lout à coup, eUe dit gravement :
rul
sag nlellt avec btu~frinl,
- deux jcun~s
~ens
.c
- Ah çà 1 mnis ... Jo croyais que ... que tu éLnls ... Ù•.. lI, ..
remonlaienl Il' pl'lspcclv{\ • "('wsl'! 'L qui s élulCnt JUs- Ols, va : au bagne, le mol le brOIe la langue.
tement urrèt.é3 <.l vonl 1/1 1Il llison de lu rlanseusc.
- Mol, l1 ue. veux-tu, .. j'ai vu çn dans les Joul'naux ...
Après Ulle S<.'C<ltlllc d'Il'" Itu lion, l'Ull cl s jeunes gens
Martin. P6hss\ilr prH une alllll'e rnysLl: ricuro ct de
diL :
manda ,
- F,:;l-œ I(U':>. ' par' hasnrd. , lu connulfrnis cd homme?
- As-tu Jamals lu des romans Judiciaires 7
- OUI ... cL noo ... C'esl-à-cltre au'U me raooelle. d'une
-=-
�;'If-
Moins fort que rAmour
====== ==== ===========
- Si j'ai lu des romans judiciaires 7 Ce son~
les seuls
que je n'aie jamais lus jusqu'au bout 1
_ Eh ' bien, Lisett.e, je suis en train d'en faire un.
Seulement, le mien, - c'est arrivé 1
- Je ne comprends pas.
l\'I~rin
Pélissier prit la pose d'un professeur de littéralure qui explique sa leçon.
_ Qu'esl-ce qui se passait dans les romans judiciaires
que tu as lus? Au commencement, un crime, n'est-ce pas?
Des innocents soupçonnés, arrêtés, tandis · que les cou·
pables ...
.
_ Reslaient en liberté, jusqu'au moment final où ...
_ Où les coupables élaient justement punis, la police
confondue, les innocents rendus au bonheur et il la
liberlé 1
_ El où l'on s'épousait. Moi, vois-lu, je tiens au mariage il la fin du volume.
_ Moi aussi, et j'espère bien que mon roman se terminera ainsi.
" En attendant, con lente-toi de savoir que je suis
innocent comme une colombe, ainsi que mon ami Michel
111Orne.rain que j'aurai l'honneur de te p!'ésent.er dans
quelques i~slan
.. . Car il est venu avec moi il Sainl-Pé·
tersbou I·g .
- L'incendiaire 7
_ Qui n'esl pas le véritable incendiaire.
- Alors, quel serait le vrai ?
_ Je te le dirai, si lu me jures de me garder le secret.
- Je te lc jure 1
- Sur quoi 7
_ Sur mon honneur 1
_ Très b'cn , déclara Marlin en s'inclinant - Le coupable sort d'ici.
- Tu dis?
_ Un homme t bien venu Ici, tout à l'heure?
_ CUi, un gredin envoyé par Géral<l Vérénine.
Mllrtin tressaillit et prononça ':
_ J'avais bien deviné. Ma peLitc L\sette causons sérieusement el rapidement. Je n'ai pas le temps de te racunter comment nous avons pu nous échapper de Nouméa ...
?
e
al
n,
n·
lB
.
_ Ça doit êlre bien intéressll:l1t, cependant 1
_ Oui' mais je t'llpprendral cela une autre fOlS. Aujourd'hui: nous n'avons pas un instanl il perdre.
_ Comment n'en a-l·on pas parI dans les journaux?
_ Sans doute parce que le gouvernement français a
prMéré garder la nouve:ie pour lui. El puis, les déptiches
de la Nouvelle il Paris coütent un peu plus cher que de la
Chapelle li Pussy ...
je ne L'en demande
_ C'est vrai. Cnnn, vous avez m~,
pas dnvllnl(\ge. Mais pourquoi €:tes-vous en Russie, à
Saint·L étersbourg?
- l'our te voir, d'abord.
- Ne dis donc pas de bêtises 1
_ El en sec:ond lieu, purco que l'homme que noua
lloupÇQnDOns est Busse ...
_ Et Il habile ici?
_ Non, tl h!lbile Pllris : sou.lC\lTlcnt, ce ~'esl
qu':icl qthl
nous pouvons avoir <.le bous ... je v ux dll'C do mauvais
renselgnt}Jï!Cnts sur lui. Commenccs-tu à comprendre ?
_ PIll'failoemen t Et ceL homme ~
_ C'est le prince GQruld Vér{:nlOe.
_ Ah 1 le gneux 1
- Que t'a-t-il fait?
,
_ Je le dll'ai ()()Ia apl'ès; contmue.
l'Asio, ,pour éviter toutes les
_ Nous avons trnve~
voles fl'llncu ises ou anglaIses où Ion aurait pu nous dé·
('ouvrir. 11lcr, nous som~
arrivés il Pétel'sbourg, MU3
avons laiss6 les vieux il 1 hôtel...
.
_ Ah 1 il Y a des vieux 7
_ Mals oui Ill. mère de Michel ThomeralO ct son viel!
ami Bernier;' d C1'C\OCS vi UX, jo t'en réponds 1 Quand
j'y pense, j'en ai les larmes aUX yeu:<...
\
u 'l'Jens, l'ien qu'un détail: pendant ~o . ke
travcrsoo de
la Nouvelle à Sydney, comme nous n étIOns quo quat.re
hommes croirals-lu QUo la mère de Michel Inistul le métier de cÎlIluUeUI" Sllns compler CJu'cllc nous préparait nOl!
t pus ... Ah 1 la 'tJruvl: femme 1 J.mo n'a pas dormi une
Uwll
WOIUS FOllT QUE L'A140UlI, -
5
65
~
Il essuya deux larmes, qui perlaient aux coins de ses
yeux, et reprit :
- Bref, ?lJichel et l11Oi, nous sommes aJlés hier au
Grand·Théâtre où tu da.n.sais les El(e~,
de Léa l\·lassies.
Ce que nous t'.avons a.pplaudie 1... Scudement, tu ne nous
a pas vus : il y avait trop de généraux dans la salle.
Mais ce mat.i.u, j'ai eu ton adresse, et je me suis di~
q~
bu allais nous aider il manœuvrer dans cetle grande
VIlle, où nous ne co.nnaissons pcrso.nne. Nous alTivons
donc à ta porte, nous voyons ce gr'os homme qui SOI"t;
SUT ma prIère, l\.Jichel le file, el moi, je monte chez l.oi.
« Voilà le ré..:,-urné de nos aventures. Maintenant, dismoi ce que Lu sais, absolwnenL tout cc que tu sais sur
ce fameux pMnce Vérénine.
Lisette ruuglt un peu, baissa les yeux puis avec un
haussement d'épaules, prononça gaiem~\
: '
- J'aime mieux le dire la chose comme elle s'est
passée. - J'étais à Vienne, où tous les élégants me
faisaient la cour ...
- C'était leur devoir.
- Paroli les pLus élégMlts se trouvait un Russe, qui
se d.i.sait prinœ, avec des yeux vagues, un SOUl"lre dou·
cereux, de CC6 lo.ngues moustaches blondes alLxquelles
nous avons la bètise de OO\J1S prendre.
- Tu en étais umoureuse 7
- Non, ce n'est pas cela tout à fait; malS j'CLais
Iltlttée d'avoitr fait la conquêle d'un prince russe. Les
femmes, tu sois, c'est si... naïf, ma'l"l'é toute leur
finesse ... lJ;I:l soir, il l'0l?éra de Vienne ..'" ce coquin mtJ
raconrte qu II dOIt recevoIr un chèque, le lendemain ou
le sw-len.demain ; il me demande, comme un service, de
lm prêter, pour deux ou lrois jours, mon joli collier
de perles ... qui allaH lm servir de garantie chez un prêleur ...
- Et tu coupes Ill·dedans 7
- Que veux-tu? La bonté est quelquefois parente de
16 bêt.ise. Et puis, il dire vraI, mon amour·propre était
ravi... Songe donc 1 Re.ndre scrvice il un prince 1. •. J' ai
donné le collier ...
- Et tu ne l'es plus revu?
- Pas plus que le prince : ils avnienL quitté Vienne,
le 16!ldema'ÏIl... ensemble.
- Tu les as fait poursuivre?
- Non, répliqua noble.ment Lisetlc. Je m'imaginai que
le prince avait été pow-suivi par <les ag6!lts secrets
de la police russc ... Ça m'aurait Lrop bumiliée <.le songer il une escroquerie ... Les mois se pllssuienl; pas de
nouvel1œ de mon prince 1 Enfin, on m'engnge au
Grand·Théâtre de SainL·POtersbow·g; cL je ne suis pas
plutÔt. arrivée ici que je parle de mon prine '" Je
croyais, moi, que c'6t.ui~
réellement une victime de ln
tennible politique des czars... EL qu'esl-ce que je découvre 7...
_ Que c'6t.uit toi qui avals élAl la vIctime d'un habile
escroc ?
- Tout juste, Npondlt Liselte d'un ton lamentable.
D'un auLre cOlé, j'apprends que mon escroc mena1\
gre.n.d train il. Paris. Jo lui 6cris une leLke ... mais un»
de CC6 lettres ...
- Quelque chose de salé, hein 7
- Ah 1 je t'en réponds 1 Et, ce malin il a le toupet
aperçu poUl'
de m'envoyer ce gl'08 homme que Lu ~
m'ofIrir de l'argent en 6change de mon collier.:. Ah 1
mais ...
- Tu n'ns pas ococpté, j'espère 7
- Ah 1 mais non 1 Je veux mon collier, ou je faia
du sound ale 1 C'était mon jOli collier, <.lont tu aveJs
choisi .avec t.u.nt de soin toutes les perles... Ûl drOle
doit Lre encore en t.ru.in de faire des dupes à l'ans 1
- C'est probable 1
_ Je l'en empOcoorol bien; et je l'a.! àéclllré A SOQ
messager ...
_ Comment s'a ppelle-L-i1 , ce messager 7
_ Je n'en sais rien 1 SI lu crois que Je le lui al
doman<lé 1...
_ Je serais curieux de savoir ce quo mon ami Michel
cn n fait.
_ U doit venir Û! retrouver Ici, Mlohel T
�Cll-
66
- Oui. Si tu veux, nous l'attendrons en fum ant des
cigareUes.
- C'est ça, et nQUS parlerons de Paris.
- Mes nouvelles ne seront pas {ralches.
- Ah i ça ne {ait rien . C'est si bon de parler de
Paris 1
Thndis que Martin Pélissier recueillait avec joie les
d4(>lombles renseignements que LiseLte Randon p<!uvait
lui fournir sur le prince Vérénine, renseignements qui
oonlmmai.ent pleinement tous ses soupçons, Michel Thomerain était arrivé devant la boutigue de bijouterie où
avait pénélré maître Po uschlmff.
C'était un beau magasin, dont un comploir en form e
dé fer il. cheval ftl·fsait le lour.
- Voilà une mIssion dont Martin s'acquitterait sans
doute mieux que moi, pensa Michel; mais tant pis!
Et avec une audace dont il ne se serait pas cru
capable, il entra aussi dans le magasin et aUa s'ru;seoir au comptoir de gauche, tandis que PouschkoU
s'asseyait à celui de droite.
Il demanda des médaillons et eut l'air de les examiner avec beaucoup de soin ; mais il examinait surtout, dans la glace, le visage de PouschkoU et écoulait
tout ce qu'il di5a.lt.
- Martin a r.aison, murmw·a·t-i1, ce doit être lui .
Il l'a.vait reconnu, d'a.l>ocd il. son regal'd faux, à sa
tournure commune; et maintenant, il reconnaissait sa
:voix.
C'était bien l'individu auquel M. de Sainl-Ermond lui
avait oroonné de livrer les quant.H.és considérables de
bois, qu'il avait achetées. .
Cependant, Pouschko[f avait demandé à voir des colllers de perles; et il les exruninait beaucoup plu.s atten~ivemnt
que ~Iichel
n'exami~t
ses médailLons.
- Allons, fiL-il soudam avec un mouvemenl d'hwneur,
ce n'est pas ce que je Yeux. Je vais être forcé de 'chercher
6.u~re
pari.
- Vous sav!';: bien, luI dll l'enlployé, que vous ne
trouverez nulle part un aussI grand ussorUment de
perles que chez nous...
ous pouvons vous arrunaer
tout ce que vou - désirez.
0
Pouschk oU secoua la. t~e.
- C'est qu'il me faut cela aujourd'hui ou demain au
plus tard.
- C'cst une chose très possible ; nous avons des
gClIUlitures toutes protes ...
- Eh biell 1 alors, monLrez·moi les pc rIes que vous
avez, non monLées ; et je choisi l'IIi moi-m!!me.
Pendanl qu'on allai t ch~l'Cber
ces peliI.es pochet~
de
pa.pler b16.nc, ou les bijou Liers cnl l'ment 1 lIrs pierres
Don monlées, PouschkoU prit son portefeuille et passa
en revue taules les pages du carn L qui é laient au
milieu. Michel, malgré sos eUorts, distingua simpleD~
que oe carnet ressemblOJit il un liVl'o de compl.œ.
Pouschkoll 6taIt 11 train de rechercher les !.races du
oollier de Llootlc nandoll, grâce aux ventes séparéos
qu'~
avait raites d loules ses perles' car c'él.6it un
bamme d'ordre qui gardalL lmce de to~L,
mOrne de ses
vilenies.
Cela luI permit de retrouver le nombl'C de perlc.'i
dont se oomposall le 00 Llle r.
Et, pn.r le prIx, Il put en ~t.nblr
npproximaLivcmcnt
la beauté el la grossew·.
Il passa un(' honn deml-hcure il choLsIr un parcll
fK)mbrc de perl '.
Pud8 il cholsil ln monLure, en dJsanL .
- Cc sem prêt demain malln, sans faute?
- Oui, monsieur.
- Avec 1(..; initlllles?
- Ce sera d llllclle ; mals on trava.lllera toute la nuiL,
l'il Je faut. On m!'ltra ~
[ruunles sur le re17110ir?
- OU1, un L cl un R.
- A lru 1 nom lnul-il in.9Criro la commande ? in IerIlljoutlCr.
l'Ogou ~
d nom; Je l'eviendJ·1I.1 mol -même oher- PM tK!.~oin
aber le oolhcI'. D'a.111eurs. Je vais le payer lmmédiate
ment, dll Pouschkotf
Moins fort Que rAmour
~
1
Pendant que Pouschkoff payait le coUier, Michel mU!!'mUJI'ait elI lui-mé.rne :
- Après tout, il n'y a là-dedans rien que de très
naturel. Ce gros bonJ1Omme est amoureux de Lilsette
R-andon, et il veut lui o[{rir un collier.
Lui-même choisit lm méd'll.illon ; mais il ne le paya
que lor.sque Pouschko[f rut sorti.
Cl.nq minu~
après, Pousc.b.koU continuait sa promenade, le long de la perspective Newski, sans se.. douter
qu '()n le IDa! t.
Il se promena sinsi longtemps, comme un hoanme
qU·i cherche à tuer une jou:rnée ennuyeuse, entrant dans
I~s
cafés, s'arre lant devant les devantures, fuma.rJi1.
OlgaretI.e ~ ..tlI' CIgarette.
Michel é tait même sur le point de l'abandonner.
Il se disait:
.- Bah 1 je le retrouverai toujours demain quand il
VIendra chercher son collier; et alors, je ne le lâcherai
plus d'une seconde ...
Mais .il le vit .soudain s'arrêter devant un magasin ,
qUl éveIlla .en lUI. de sinistres souvenirs. C'était le grand
bazar, où il avaIt aobelé, lors de son passage il. Sainf:
Pélersbourg, ce portefeuille marqué d'un M dont la justice s 'était fait une arme contre lui.
'
Il lui ser,nbla alors que son homme hésitait; il passail
et repassait devant le bazar, et se décida enfin il. y pénétrer.
La coïncidence était trop étrange, pour ne pas frapper
Michel.
Il recommença donc le manège qu'il avait suivi lout 11
l'heure dans la bijouterie; et il se trouva il. quelques
pas de PouschkofI, lui tournant wujours le dos, au moment même où le gros Russe demandait :
- Un portefeuille en cuir jaune.
~
quelques mots bouleversèrent Michel à tel poinl
qu il resta quelques secondes ,comme pélriflé. Le portefeuille qu'on avait trouvé jadis auprès du sien était en
cuir jaune t r enfermait diverses car1.e6 tarifées des
marChands do bois de Riga et de Saint-Pétersbourg.
Or, Pouschkorr élant un entrepositaire de bois, JI éLait
lout naturel qu'il eQI, dans son portefeuIlle, des car~
de mar'Chands de bois .. .
Quelle cofncidence insensée 1
Cet h omme, qu'il pouvait presque touche r de la main,
éLait peulrêtre le misé l'a ble qui avait incendié les chuuLlers de M. de Saint-Ermond 1...
Ma is non ...
Quelle Iolie 1
De quel droit osailril supposer cela?
Allaitrll soupçonner cet homme , parce qu'il achetait
un VUlgaire portefeuille de cuir jaune 7...
U sourit l1'isteme nt.
- 1I ~las
1 murI'~-li,
tous ces espoirs, toutes ces
sUPoItin~
folies, c est bon pour Mar Lin , qui prend
lou t au sérIeux ...
Et cependant, li écoutait a.videment 1/1. convorsalion
de PouschkoU et du vendeur.
Le vendeur demanduit :
- Quel genre de porI.eIeuille 7
- Un mod 'le que vous a.Viez en monLro, il y Il quelques mois, avec de pollles ferrures aux cotns, un carnet
~u
. milieu, des poches InLéri ur~
assez grandes ... Et
1 InItIale, au milIeu, grnvée Il Il'otd ... Vous cn aviez to t
un assol'tlment, nvec les InItiales prépllrées d'ayan u
L'employé l'6flOOhit un Instant; puis :
ce ...
- Ah 1 oui, je me souviens; nous en. avons he
vendu, en crIe t, et nous n'en avons plus Il
aucoup
mais il y n a peut-être encore il la rose rvu m~gUSlTI;
e
voulC't me dire l'inlt inle que vous d~sirez
nlo . ,.SI v?ous
,.ranquillemant
.
, n s lcur
- L '.lnil'lU1e ""f , \'''t
U
Pouschkoii
demande pardon de vous déranger' mais ' . Je vous
sc~labe,
et je l'ai perelur; ct j'y 6lllis 1j~n
avais un
que Je voudrais. bien ,retrouver le pareil. S
on habitué
Micbel Iut prIS de lenvie de sauler il l
ruble cl de lui cl mu.nder où il
il
0. gorge du mlséIl cuL cependant Ill. fOI'CO de Iln~:r
perdu oe portefeuille.
dès co moment, Lous ses doules se son .~n ng.frold
; mals,
On apporta le porlefe nI
disslpèrcnt.
de sulle ~
u e à PouschkoU, ('fui dit, tou~
1
b
\'
�~
Moins forl que l'Amour
======================
-
~ond
C'est bien cela; v~uilez
aller m'en chercher un se·
avec un G.
- 6érald, murmura tout bas Michel.
'Pouschkofi paya et sortit, toujours épié par Michel.
Quelques instants aprèS, le gredin entra chez un mal"
chand de tabac où il fit une provision de cigarelles e~
acheta deux paquets de boîtes d'aJlumettes.
Cette fois, malgré la gravit.é de ses préoccupations ,
Michel éclata de l'i re; car les paquets d'allumettes, que
Pouschlwff venait d'acheter, étaient exactement sembla·
bles Il ceux que le procureur de la République avait saisis
dans sa valise.
Pouschkofi se rendait alors dans un restaurant, où il
oommanda un copieux dîner.
- Je crois que j'en sais assez sur mon homme, se dit
Michel. Allons rejoindre Martin cbez son amie Lisette.
Il prit une troil,a, qui le ramena promptement il 18,
perspective Newski, devant la maison de la danseuse.
Martin était il la fenêtre, explorant avec anxiété cetle
immense promena,de.
.
Il poussa un cri de joie en apercevant Michel. .
.
L'ingéniew' se précipita dans la maison; 1I1artlO aVaIt
couru il l'entrée.
Et il interrogeait flévl'eusemcl t :
- Eh bien, Michel?
- Ah 1 mon ami, dit Michel. en l'embrassant, je viens
de découvrir des choses inoures, insensées ... C'est il. n'y
pas cr.()ire.
- Moi j'en ai découvert de bien plus insensées , de
in ouïes encore ... Mais, d'abord, que je te pré·
bien plu~
senle à Mlle Lisette Randon, qUI vient de me révéler
toul le mystère, dit·il, en l'inlrodu isant.
Liselfe lendit la main en 50Ul'iant il l'ingéniem·. Ils
passèrenl dans son boudoir; et MarLih commença le
récIt de cc qu' ll a \'ai t app ris.
De Lemps en temps, Il prononçait
_ Hein 1 quelle inspiration j'ai eue de venir il Saint·
,.
.
Pélel'sbourg l
PUIS, l'I lichel ra conta il son tour, lout ce qu Il uvall
vu. Il termina en dlSanl :
_ Maclemoiselle nous permettra de la. quiller, après
l'avou' c:haudement remerciée; car U [aut aller dire lOlltes
ces bonnes nouvelles il ma mère et il Bernier.
- Que non, s'ecria Llselte, j'aLtends le général 1\laruschkine il. dîll 1'. Restez 1... C'est le général qui VOllS en
apprendra de l>clJes sur le compte de vot.re ... prince Vé!'énine 1
III
L'bT ,\T
GIV)[,
D'UN PIWicg
= Mllrllschl<i ne 1... s'écrtèrent il la rois Michel et ~Iul"
Un, abusoul'ùls.
_ Dili. l\laJ'uschkine 1 Le célèbl'C Marusoh ldne 1 il
adore leti Frunçais el sera ravi de diner avec vous .
El, malgré toutes les proteslatlons des deux amis, la
<lansouse dédura :
- Je vou- &1, je vous ga.rde 1 D'8.J.Ileurs, c'es\. le mell·
leul' moyen de terminer votre enquête en une SOIrée
V'01l'S W1rI~Z.
le gc'nél1frl est chn.nmnnt : je pane qu Il
VOliS dira qu'II Il appris il aimer les Français en les
COmbatl.unt en Crimée.
- Alors. flOIIS arr€ptons .
- Seulellwnt, IJ est Inutlle de lui parler de ... de voLI'Il
(letlt voyage (lU \.ou l' dll monde ... Tl aurult pculrêLl'e quel·
ques vieux [li' 'jugés ... ct puis, il n'a sans doule 1I11naLS
lu de l'omans Jud,clalres ... 1\ tout il l'heure, Je vals m·ha.
bill 1· ... Toi, 1\llll'tin, ne l'uvise plus de me tutoyer ... Je
vous lai'so ensemble, messlcul'ti
A JlC'lne ks deux amis turent·ils seuls Qu'ils se Jelèren~
duns les bro.s l'un de l'auLre, si émus qu'ILs roslèreut un grand moment sans parler.
- Je me demanda si c'est possible 1 dit enfin . Mtchel.
l>uis !la figure s'ns.sombrit.
- Je me domande aussJ quel rOle le aère de Suzanne
, lOUé dons lout cccl ...
- Cela, mon ami, répondit tranquillement Martin,
nous le verrons plus tard. Gonlentons·nous de savoi r
qU€ <le fameux prince 'Yérénine est un escroo, un voleur
de bijoux ... L'homme qui vole des bijOUX li une fem me
est parfaitement capable d'en voler il une devanture 1
- Soit 1 dit Michel, après un instant de réfiexion. J'ad·
mets que cet homme soit ton voleur. Mais rien de cel'tain ne nous prouve que ce soit notre incendiaire ...
Martin répondit Lranquillement :
- Un peu de patience, Michel 1 Je parierais ma tête.
qU'lI.vant deux jours, nous aurons plus de preuves qu'il
ne nous en faudra.
Ils envoyèrenl le domestique de Liselte prévenir Mme
Thomerain et Bernier qu'ils ne l'entreraient qu'après leU!'
dîner, ajoutant simplement qu'ils croyaient êt.re dans
une bonne voie.
•
Lisette vint les retrouver, aprèS avoir fait sa toilette;
et ils altendirent ensemble le général Maruschkine, qui
arriva exactement à six heures moins cinq minutes
C'était un homme superbe, malgré ses soixante ans,
sans un clieveu blanc, ne perdant pas un pouce de sa
taiLle, et toujours de bonne humeur.
Il s'inclina galammenl devanl la danseuse, lUI baisa
la maIn, pULS sallla les deux amis que Lisetle lui pré·
sen ta en ces termes :
- Général, deux de mes meilleurs amis, M. Michel.
ingénieur, et M. Martin, le plus artiste des bijoutiel's
parisiens. Ces messieurs sont venus me porler des nOIlvelles de Paris, el Ils ont 1& gracieuseté de me resler .. .
de nous rp..stea' il diner.
- Enchanté, messieurs, d'avoir l'bonneur de fai!'1'
votre oonnaissance... Enchanté 1 répéta plusieurs fois le
général d'un ton solennel. Enchallt.é 1 J'aime les Français 1 C'est en les combatLant en Crimée que j ai appris
il les aimer .. . El je les alme Joliment 1
Et, quand il eut terminé celle déclaration, il lendit cor·
<llalp.ment la main il MIChel et à Martin,
une des personnalités les
Le général Maruschkine es~
plus sympaLhi\lues de la RussIe.
Après s'être promené sur une Ioule de champs de ba·
ta.llle où LI a reçu près d'une ooUZ8!Ïne de blessUiI'eS, il 0
quLLté l'armée, pOlir prendre un l'ellOS dont il prétendait
aVOIr 10 plus grand besoin.
Ce l'apos conSiste, pour lul, à se lever il cinq heu\'
~s
du malin, il faIre de longu~8
promenades il cltentl, puis il
travailler Lout le jour il une histoire militaire de III
Russie.
Et, le soir, il apparaît dans les coulisses du gmnrl
théâtre de Pétel'sbow'g, plus aImable el plus jeune que
LoUs les jeunes habItués.
Il aime surlout la danse.
Ou plutôt. .. les ûanseuses,
Enfin, chaque année, il va passer deux mois il. Paris,
sous prétexte qu'U a besotrl de consulter des doc\lJITlenls,
qu'on tl'ouve seulement il la bibliothèque de la rue Ri·
chelIeu cl il. celle de l'Arsenal,
JusCju"il celte époque. on l'a.vait vU protéger indtstlnc·
tement toutes les joltes filles du corps de ballet de Saint.
Pélorsbourg; maIB, depuis l'arrivée de Lisetle Rand on
dans la cll.pi Lale cie la Hussie, toutes ses amabilités étaient
exclUSIvement consacrOOs il celle oharmante femme, dOlÜ
les houtades parHHenlles le raVISSaient.
On prGLendaH ni me, tout bas, il la cour, qu'li y avait
là dessous un marlUge morganatique.
Les deux alIlÎll 'excusèrent d 'être restés an oostUlllC Je
voyage.
PuIS le domestique Villt annoncer que le dlner élait
servi, l on passa duns la salle" manger,
On pllt'ln nntill'eliement de ParIS. - Michel dit fort
peu de choses ; maIS Mn.rlin, qui avait lu lEts derniers
Journn \IX ÙU mlltlll, CIlUSll de tout c.o qui se passait sur le
bolllevlll'Ù, comme S'II l'aVilit qUltlA! la veUle.
U 1'llcont" Ijutllques Ilncdo~s
drOles, qui lLmusèr nl le
géMl'aJ , et, au dOSS$rl, ils ët.a.lenl les meilleurs amis da
1& terre.
1
�~
68
Moins fort que rAmour
~
- Ah 1 j'adore Paris 1 J'adore Paris 1 répétait le généest certain, c'est que, dès son arrivée à Paris , elie a
raI; seulement...
mené grand train . Elle avait donc de l'argent .. .
Il se mit à rire en clignant des yeux.
- Oui... Mais savez-vous d'où lui venait cet argent T
Car elle-même était entièrement ru inée ...
- &>ulement, général? nt Martin.
- Non, répliqua le général, comme un hom~
qui veut
Et, de nouveau, avec bonne humeur :
- Cet argent était la caisse des conspirateurs . La comse faire prier, non, je préfère ne pas vous dire ce que
signliüe mon seulement. Je craindr3.ÏS de vous blesser..
tesse , en partant, avait mangé la ... la ... Comment ditesC'est que les vcrHés ne sont pas loujours bonnes à dire.
VOliS cela, en France? •
Il interrogeait Lisetle, d'un regard malicieüx.
Martin déclara :
- DiLes par vous, général, elles doivent être excellen- La grenouille, mon g~néra
l, hasarda Martin, au mites à enlendre.
lieu des éclats de rire de Lise tle.
Alors, le général avoua :
Et l'expression enchanla le général .
- Eh bien... j'adore Paris, j adore les Parisiens, les
Il reprit :
Parisiennes; mais, entre nous, je les trouve ... comment
- Elle avuit donc mangé la grenouille; el c'est B-Yec
dirai-je 7... un peu naïfs .
de l'argent volé qu'elle a débuté à Paris.
Et, tout blageur :
- EL pow-quoi, aénél'al7 prononça Martin, comme
IiLupélait.
- Lorsque je vais chez vous et que je la vois passer
- Voyez; vous vous redressez déjlll
au Bois, avec cet imbècile qui doit se ruiner pour eHe,
- Non, non; car je serais enchanté de connaître les
j'ai envie de lui crier : Il Coquine 1 Voleuse 1» Mais ce
M. de Saint-Ermond se ifLcr.erait; et, pour lui prouver
motiIs de votre a.pprécia tion.
- Voici. - C'est que voIre Faris est le paradis des
que je dis la vérité, je serais forcé de lui donner un coup
coquins dont ne veulent plus les autres pays, et qui
d'épée, ce qui n'ennuierait beaucoup. Et encore ne me
s'abattent chez vous avec un désinvolture 1... Ce que j'en crOlrailoii pllJS ... Et puis, c'ffiL une femme l
'
ai ri, quelq'uefois 1
Le. général but alors un verre de cognac; puis cessant
de rJre :
« De Lemps en tem ps, quand Je vais à Paris, j'ai envie
- Mais, continua-loil, il yen a un que je ne manquerai
de crier à vos compolrioles :
"Mais flanquez-moi donc toute cette canaille à la
pas, lors de mon prOchain voyage à Paris : c'est le fr ère
porLe 1
de la comtesse, ce petit drôle de Gérald ...
u Vous vous faites escroquer par un tas de gredins
Le visage du général se rembrunit.
- Oh 1 non, je ne le manquemi pas, parce que lui il Il
qui vous racontent des balivernes. vous ()tonnent avec
le urs cols de fourrures, avec les diamants qu'ils V<lUS
porté l'uniforme' russe et qu'il n'a pas le dr~it
d'é le
volent...
. déshonorer!
" Et je ne le leur dis pas, parce q\'l'i1S ne me cl'oiraient
« S'i! se conLenl·ai t de faire là-bas son métier d 'escroc
pas, parce qu'ils sont un peu ... naïfs, comme je vous le
je le laisserais tranquille, je me dirais simplemen t ~
disais' 1... El voilà 1
encore un dans ce bon fromage parisien 1 Muis Gdrald
Vérénine raconle partout qu'i! a quitté la Hussie à la
Martin lanç/l à I\lichel un regard qui signifiait:
« Avais-je asse?: ra ison T •
suite d'une conspirai ion contre le Tsar; il se donne des
Le général continuail :
allures de martyr qui ne me conviennen t pas, et je le
corrigerai. .. Ah, oui, je le corrigerai, le gredin!
- On leur a même donné un nom, 11 ces drôles, un
nom ... je ne Ine souviens plus...
- C'est qu'en effet, dit Martin, j'ai loujours entendu
- Les rastaquouères, général 1 inLerrogea Murlin tout
affirmer, par tou t le monde, qu'il avait voulu renverser
rieur.
l'ordre de choses établi...
- Si c'éLait cela, dit mélancoliquement le généro.l, je
- C'esl celu. Ah 1 leur métier est facile. Us n'ont qu'à
se montrer, et tou t s'ouvre devant eux: le crédit, les
lui pardonnerais, purce que toutes les (olies sont excumaisons, les fam illes...
subles : mais ce qu'i! a renversé , c'est lout simplement
la caisse de sc_li régiment...
Et, avec lm accent très sérieux à présent, un accent
où grandissaii une réelle IndignaLion :
" Ah 1c'éLait bien le digne frère de sa sœur 1 Les deux
- Tenez 1 il y en a dCIlX, en C' momenL, que j'ai une ' m.iserubles 1
folle enyie de dénlfiS(juer ; et j'hésitc, parce que les gens
qll'ils sont en train d'escroquer seraierit les premiers a
Le général b.u t encore un verre de cognac.
prendre leur défense.
- Ce souve.nlr me bouleverse toujow's car leur plrt"e
était mon amI.
'
Les deux amis tressaillirent.
Et Michel dem onrla :
« Moi, J'êLais,on AsIe quand la sœur ddsporut : je n'cu!>
_ Démll..9qucz-les pour nous, général... Qui salt! peutdonc pas il. m on occuper.
êLrc nous rentlrez-vous Jervlce ... SI, par hasard, nous les
" Mais c'es t gr!lce il moi que Gérald êtait entrC dons les
connaissio ns 1
gardos de l'Empereur. Il vivait toujours lrop grandemenl
- OuI, mals si vous élfcz de leurs amis 1 Voilà le danet, quand il ?'avaiL plus d'argent, vcno.it chez moi;
(;'3r, avec des Parisi ns ... Jo crois qu'il n'y 0. pas un seul
mals ça ne lUI su1fl~ait
pos : j] avait lait tout I,In trafic
PariSien qui ne soiL un peu explolt.<! pwr un res!.n.quouèl\'.,
chez les biJouLlers d'Ici, il achetaIt des bijoux il crMil el
Vos journaux en parlent contlnuoJ.lament.
les Crusait revendre par un misérable, son ancien pre• On ne raconte pas une fOLe sans donner loute une cepteur , un nOmmé PouscharoU , qui vivruL avec lui de~rje
de noms, où nous, les étrangers, nous voyons Ugupuis son enIance.
rel' avec dépH des drôles qui seralen LcoU rés, s Ils osaient
~ Brel, il un moment donné, sa position est devenue
revenir chez nous ...
lmposslble il Pétershourg ... EL, une nuiL, 11 a mil, avec la
• Tenez .. . œ moLin encore, on parle, dans un écho sur
calsse de son régiment , que PowlCharoU l'avalL aid<: /1 enle bols do Doulogne. du mngnHlqlle .aLtelage de la comlever.
tesse Carenllch ... Ah 1 vous voyez bien, voliS pCUlssez ...
" Ah 1 Le gredin 1
Je parle que vous allez être de &CS amis 1..
" Ses dispositions étalent bien prises : car lorsqu'on
- Oh 1 non, g6nél'al 1 déclara viemn~
Michol.
voulut 10 poursuivre, il é-talt déjà en Allemagne On
- Alors, flt le géMral en souriant, je ne vous choqueauralL pu demander son extro.dllion; muls le scu;ldale
eat 6té trop grand .
ml point T
" Et, on l'a laissé aller, en vertu de ceL abominable
Martin nlflrmo. énerglquoment :
prIncIpe :
- Pour mon compte, je serais enchant.6 d'apprendre
~ - Va le faire pendre ' nilleurs 1
quo c'es t uno coquine.
te Il ~
s'esL fait pendre nI prendr: nu:lJe part, le drOlc,
- El une fameuse 1 reprit le général.
- Vous savez peu!.-(Me qu'elle n quitté la Russie, à 111
quoiqu il ait seme! les escroqueries sur sa routo com roc le
petit 1 ouœt semait des miettes de prun .. .
'
Inlt.e d'une consplrntlon nihiliste où son mari avait
trouv~
11\ mort T...
« Et mainlenanL il est éLn.blJ il ral'is on voil SOn nom
li. cllaqllC Instant, du.ns les Journaux':
'
- Nous 811vona œla ... vo.gue.ment. dn Michel. Ce qui
�c;if-
M oins fo rt q ue l'A mour
_ « Le prince Géra ld Vérén ine , un des membres les plus
sympathiques de l a colonie él.ran.gèn;! .. . »
«Allend un peu, gredin 1 Si je le l'encontre d ans
l'allée des Acacius, je le cravache comme un chien 1
En disan t ëes derniers mols, le g6néral (rapp a un
grand coup de poing sllr la LabIe.
hlal'lin prononça Lranquillemen t :
- A mo ins que la police ne lui ail Mjà mis la main
au collet!
- La police! s'écria le général en recommençan t à
rire à pleines d ents. La. policE', mon bon monsieur 1 Mais
VOliS ne savez donc pas qu'on pa5se son temps en Europe 11 sc moquer de votre police 1
" L'année derni ère, il y a cu om,c cri mes , fi Paris , don t
les 0111 urs sont r estés incon nus : et celle année est il
peine com mencée, qu 'on en est dé jà 11 la demi-douzuine ...
\lais "OS policiers pussent leur lemps à se dispule\' entre
eux, nu lieu' de surveiller Paris 1
'( Ali, a h! je VO liS demande purflon de me m oquer
ainSI cie voi re sainle police: muis. cntre nous, avouez
que \.. ', en sa ·e'l. bien pilis long que moi!
M idlCl, ubaSOlll'd L.
ou Lai L le généml , tandis que Martin le poussait il bavurder, eL que LiselJ,e riait de son
\·ieil ami, Qui, parLi sur s on sujet -favori , ne s'urrêtait
plus .
Et il pariait, ac<'umulant les anecdotes sur les anecdotes, racontant ses souvenirs personnels et ce qu'il savait par ses amis.
li ne s'arrêta que lorsque m in uil sonna. et apr~s
avoir
bien prollvé aux deux omis que Paris uvaiL élé mis en
coupe r{·glre pal' IIne I.aorle ù'assussins et ùe rastaq uoi.:I'c~
: mais il ajoula, pOU l' 1'··SU'l1er la 'lueslion :
- Cc qui ne m'empêche pas d'y passer deux Illois tous
les ail;; avec bonheur.
~
c!f>UX amis r(>nLrèrenL auss;lô li. leu r hôtel, où la
veuve Tilomeruin ct Bernier les altendaient uvcc une impatience [ébrile.
'i l'un ni l'autre ne se ressentaient ma intenan t des
longues fatigues de ce voyag , de (:elle exp6ù;lioll audacieuse oil ils aW'ai en L pu tl'ouver lu 11l0rt.
LOI srJlI" li/me 1'11l>ll1c:rai n avait pu mbl·a.<;sel' so n oh..,r
entant. bien fi son ai. e, su r le p'mt du Ctlnllino, loin de
ceLte terre maudite où il aVlliL sou[lert, elle nussi avuit
oublié t,)lItes ses douleurs passées, avait retrouvé des
forces nouvelles; et, ainsi que le di sait t\lll rlin il LiseLle,
elle IlvaiL trnvaillé, pendant la tru vel'.>éo , eonllue un
véritable ,maLclot
Cette traversée nvait d'aille urs été rapide , grLlce il l'expérience que Michel eL son ami avnien t acquise il bord
de la JIIllaissante.
En nl'rivllnL à Sydney, ils avaient confié le Cunnina
Il. un pilol.e, qui. connalssuJt son capiLa.ine el. qu'lis a.vaienl
largemen t payé.
Puis IlB avaient débarqué il la nujt et s'éLa.ient logOs
dans un hOtel ISolé de la ville .
Mic h l, I3crnjer eL Marlin, parlant fort bien l'anglaIs,
personne ne les avait soupçonnés d'être les (orçats que
l'on l·ccherchait.
Et, d M que l3ernler avait pu reLirer les cent cinquante
mille francs de la cuiss du bnnqui l' d6signé pur le capitaine du Cunniny, Ils s'étaient empressés de gagner
Melbolll'llC.
De Ill, ils aval nL pris 10 paquebot d 'Aden, qu'ils avalent
quitté uvanL Suez.
El, Lmversant ln Palestine et ln. Turquie d'Asie, 11
élaiont url'ivés l\ TIflis, d'où Ils s'étaieut dirigés SUl'
Saint-Péte rsbourg, persuudés qu'ils y trouveraIent les premiers Indices de 11\ vérité.
Bernier et la veuve avaient acc plé avec trans port de
faire cett..e nouvelle tentative : CUl' il leur sembluJL qu'en
rendant II.UX deux enfunts leur Ilborlé, lis n'avaient
accompli qu~
la molLié de leur l.àche.
Ils devaient aUSSi leur rendre leur honneur.
Il n'y avait eu qu'un moment d'hésitation , c'est lorsque
Michel avaH a.pprls colluJ'lenl sa mère avait été dépouillée de l'argent qu'Il IlvaU cru lu! laisser, et corumenL
69
.iJ!)
c'était Bernier qu t couvrait LOules les d épenses de celt..e
expédition . Il avait essayé de refuser :
- Nous n'avons pas le droit de dépenser Ion argent,
mon vieux Bernier .. .
- Ah 1 Par exemple 1
~ r Michel n'avilit pas eu le lemps d'en dire plus long.
Bernier avait déclaré, d'un ton colère, qu'il entendait dépenser ses OCOnomies comme bon lui semblail. Et qu'on
n'all!lt p as le contrarier lit-dess us, hein 1
Puis il avait diL avec lütendrissement :
N'es-tu pas mon fille ul. .. presque mon fils 7... Ah 1
Mon brave t-lichel 1
- Ma is c'était l'argent amassé p our tes vieux jours,
mon bon Bernier ...
bien tranqllille.
Là-<iessus , Bernier ~tAi
- Est-<:e qlle lu me laisserAS manq uer de quelque
chose dans mes vie ux jours 1.. . D'ailleu rs, en voilù assez
su r ce sujet 1 Embrasse-moi, et qu'il n'en soit plus ques.tion!... En route 1
Pendant ce voyage, ils s'étaient mutuellement racontA,
duns les moindres délails, tout ce !lui lèur élait arrivé
depuis leul' séparation.
Et Bernier s'attendrissait quand il répétait les dernières paroles de Suzanne ~
« Dites-lui Clue je l'atLends touj ours 1 D
Mais, par une entente tacite, ils evitaienl de parler de
M. de Sainl-Ermond.
Quant il Martin , il se faisuit répéter toutes les pa.roles
d~
J ulielte .
Et 1'1(1('e qu à ce mowenL il d \'aiL étrc père le l'endUit
tou de joie.
Et il demandai t sans cesse :
- Vous êtes bien certain qu'elle n'aura manqué de
rien. monsieur Bernier 1
- De l'ien, mon u.mi. Je lui ai Inissé IouLes les clefs de
mon app.:lI·ternenL, uvee daux bons r ouleaux de IIl1lte
fruncs ...
- Je \'o us rendrai ('..ela plus tard, monsieur Bernier,
hasard ait limidement larLin.
- Ah 1 non alors, non : mon garçon , ce sera mon
caùeuu de n oces.
En urrivunt il ydney, il A.vai~
voutu 6cl'Ïre fi Juliette;
mais n miel' l'en uvuit emp(;<:hé :
- Nùn, pus un mot, pas une ligne 1 Il faut que nous
ucompli~sn
notre pln.n , sans que personne sache où
nous SOIlIlIlCS , pas plus la Julielte ljue la Suzunne de
Michel; il s uffirait que lI/. Juliette perdlL sa lettre , pour
démolir tous nos projels ...
« Qlli sai t m!!mc si œL!.e leUre lui par\'iend l'ait '1
ct Qu,i Slüt s; la police ne la surveille pus 1.. .
« Non , pas de leLtre... Une simple dépêche pour la
rassurel'. EL puis, e lle n'aura de 1I0S lIouvelles que
lorsquo nous reviendrons à ParIS, av'c les preuves d~
ton Iruloœnce f
GelS prouves, i.I5 allaient enfin les tenir 1 Ils n'avaient
pas encol'~
de preuves matérielles sufllsanles' m is il'i
ava.ienL assez de prcuves morales pour avoir' confiance
dans l'averur.
Michel raconta â sa m()re et à Bernier ce qui s'éla.1t
p!l.'lSé dans la journoo eL dans 10. sou·Oe.
Bernier exultalt.
- Oh 1 ce guoux de Vérénine, dfsailrll de Lemps en
temps, avec qllel plaisir Je l'assommemls 1
E1 Mu['tJn ajoutait :
- En votlb. un dont l'aUa.ire me semble clnire 1
• Vous, vous voulez l'assommer; le glilléral, lui, veut
le cravachol· ... &n.IlS compt..er le pe\.i~
!.eux de ma fnçoa
que Je lu! réserve ...
Le londcrna.1n, ils étalen' \ous levés de bonne heure.
- Je crois que nous n'avons plus grand'chœe à c.p_
p'œndre à Sn.ln1-POt.ersbourg, diL Mlc.lJel, Il tauL doao
nous lenlr prêta il pa.rt.ir 1mm6dialemcn' ; oe PoU8Cbkotl
ne doU J)QS habi1.er PéLersbourR, il es\ dODO probable
�G"rè
70
==================== Moins
CJu'hl s'en ira dès qu'il aura rapporté le collier il. Lisette ;
!lOUS le suivrons.
Mme TIlomerain et Bernier prépn."èrenrt les bagages.
"uldis que las deux amis se (aisaient conduire il la PersIlCCtlve.
~lia.rtn
monta chez la danseuse, et Michel sc mit en
, !.>scrvat.ion à une ving taine de pllS du magasin de bi,Jul 'lie.
l'ouschlw{f arriva à l'heure qu'il avait Indiquée, dans
.nt) troUm, aveç une valise et une couverture de voyage.
Il prit le collier, qui étaiL prêt, et se lit conduire dennt la maison de la danseuse.
Le domestique, prévenu, l'introduisit aussitôt dans le
rian~
3oudoir €le LiseLLe, 011 PouschkoU s'assit en sou
'iéatemen t A la pensée de sa jolie ruse.
LiseLte arriva aussitôt et sembla très étonnée de revoir
l'envoyé de Gérald.
- Vous' ne m'attendiez pas, mademoiselle 1 lui dU
Pouschlw{f, avec un gros rire.
LiseUe répliqua ironiquement :
que vous auriez déjà reçu la réponse de votre
- Es~
maître '1
PouschkoU 6!llrma, sans le moindre ernbarrllS :
- Eh oui, mademoiselle. Mon maître m'a télégraphié
qu'il m 'autorisait il. vous dire la vérité.
- Je serais cuMeuse de la connallre.
- La. voici. Le pMnce Vérénine vous a beaucoup aImée; et il au.raiL désiré, en souvenir de vous, ne pas se
s6pœrer de ce collier. (.epeno'mt, quand Il & reçu votre
lctt.re, il n'a pas hésit.é, LI m'a l' t()Urllé le collier en me
disant : u TAche de voir mademoiselle LiselLe : si elle
eXlge absolument son collier, tu le lui rendras; mais je
rlésirerais bien vivement le consel-ver, en lui en remboursant la valeur.
« Je lui ai télégJ'aphié votre r éponse d'hier; et alors Il
m'a donné l'ordre déflnil.il de vous rendre votre collier,
en vous adressant ses remerciements le" plus sincères.
En même temps, Pousehkoff ouvrait l'écrin et monLrait
à Lisette, abasourdie, un collier absolument semblable
au sien.
PuiB il dit :
- Mademoiselle, j'ai l'honneur de vous saluer ... Ah!
un peLit reçu me semblerait nécessaire ...
- Je l'enverrai à votre maIlre, dH sèchement Lisette.
- Bien, mademoiseo!le, comme vous voudrez.
Pousohimii se retiru riant en dessous.
Martin pénétra alors dans le boudoIr.
Lisette lui dit :
- Begal'de 1 Je jurerais que c'est bien mon collier .. .
- En eITet, murmura M-!lrtin, un peu embarrassé ... Je
n'y comprends plus ri n ...
I;;L il eut un geste de dépit.
IV
PIUS AU ru~.cB
1,,/\ danseuse et Mar Lin 6l.aie.nt encore dans 10 boudoir ~
contempl '1' plteusemenL le colliel' de perles et Il. compLer
t,)ulCs 1 plcrr'es, lorsque le dom tique Introduisit ~U
che1.
- Tu n'as donc pas suivl CC gredin 1 lui demanda son
am!.
Mlchol repondlt :
<.;0 n'élaU pas la peln . Il quHte Saint-l étcrsbourg ;
"'luis nous ne serons pas long à le rejoindre.
- Où veA-il?
'cr pareo qu'iol aVait
- II Il crié li son Cache,· d S~ P
:\'lOIn cl p mire le train d Riga ... cc qui l de plus
f'l\ pl.~
rll\ir pour mol.
HIJ(n... OIIS y serons en m!!m Lemps que lui 1
s'écrIn fOUJIlIcuS(>/IlenL Mu.rUn
-
fort Qué rAmour
~
- En même temps, non; mais nous y arriverons par
le train suivant.
Puis Michel salua gracieusement Lisètte et lui dit : .
pas de
- Pourquoi cet air si désappointé? ne vient~
vous rapporter votre beau collier 1...
1 nt Martin aveç humeur.
- Jus~ent
- Notre bandit avait l'air ravi lui ' il se (rottait les
mains ... d it rvlichel.
"
- Il Y a de quoi 1 répliqua Martin; et je suis (urieux 1
- Et pour quoi 1
- Tu vois ce collier 1
- Oui. C'est celui que le nommé PouschkoU ... ou Pous.
charoU ... a COIDlmMdé hier dans le magasin de bijouterie
de la Perspective.
Martin grogna :
- Evidamment, mon ami , c'~t
bien le collier dont tu
paI'les. Seulement, quand Lisette a vu ce collier, elle a
été toute troublée, E)lle a cru reconnaître le sien ... Et moimême, qui l'avais préparé autrefois, je m'y tromperais
comme elle ... C'est ça ... nbsolumcnt çn ...
Michel se pencha SUl' le joyuu ; et, après un simple
coup d'œil, il s'écriai'·, :
- Voyons, voyons, puisque j'ai assisté, hier, il. l'achat
de ce collier ...
Et Martin répliquait aussitôt :
- Oui, mon ami, -ici, c'est-A·dire à Sain~Pétersboug,
en Russie, tandis que c'est A Paris qu'il f,aut prouver
nol.l'e innocence.
- Nous NlConterons, nous prouverons ce que nous
savcms, ce que nous avons vu ... Mlle Lisetle déposera sa
plainte ... Et si le génér.al lui-mêlm ...
- .Pardon J... Suis mon raisonnement, Michel, dit
Martm.
cc Que voulons-nous 1 Prouver gue ce PouschkQU et surtout son maître Gérald Vérénine sont d'habiles escrocs '
q~'ils
l'ont toujours ,été, t que, par suite, ils sonL pa,r~
frulcment capables cl avoir volé mes diamanls il moi et
incrndié tes chantiers à toi...
" AuLl'Cmenl dit, nous voulons leur constituer ce qu'on
appelle en justice de déplorables antéc6dcnls.
" El c'était là le pelit toU!' de ma façon que jc réservais
nu prm'e Vérénine, avant llI()me de lui lancer notre
grande a.ccusu.lion dans les jUlllbcs.
" Monsi 111' Vél'énine, VOlIS otes un filou, yous avez volé
un collier à Mlle [AseLLe ... Il
" Grand .scandai ! i\rr(',I.u.'lOn du pl'ince! EL, au momenL où il llul'ait (!lI" SO\l~
lc.s V l'I'OUS, où, pur suite, il
lui aurait été imposs;blc de sc défendre, nous serions
arrivés; el, alors, pris au piège, il aurait été foret:
d'avouer.,.
u Au Heu de celu, le prince répondra :
<;:' 'L vrllJ, i'~
gnl:M C collier, qui m'avaiL ét.6
u volon\.u.ircmcnt prêté, el JI' l'ai renvoyé nussitOL qu'on
mo l'a domandé. »
;\lich l hllllSSU les épaul('s eL dit :
1
- Puisqu cc n' st pllS 1) lI~ntO
- .le ~ dis que si je l'avais là, auprès de celuI-Ci, je
LLsetle.
ne saunus reconnaHr> cellli d~
" ll!me nombl' de perl s, mame gros; cul', mWle monLure en or...
1
« Alli ce Pouschkoff ('st un flUTlcux bandit 1
" Et voilà pow'qlloi j suIs llll·ioux ... c' L une preuve
maLél'iell qui m'é<:huppc ...
" Tif"ml 1 jl~(]I'1
cnrnclur des initiales qui oot le
rn!!m ...
" Ah 1 cnnuillo 1
Michl prit ulfll's l' Cùllirr cL l'exumina avec soin' puis
Il dlL joyrll' Il1cnt :
'
- ~Iuis
non! ILt' lIl'CIlI'C ne nOl~
t'chnppe nullement 1
enr il y a un' dilIérl'ncc Ilhsoluc 11111'1.' IIlS de\u colliers
'
enll 1 collier russe rI le cl)lIIer parisien...
El lu(]uclle ?
- Je ~ r10mnnd pcm]rm, r6pondiL Michel en riant
d'avoi!' dlfiuJJl.cé ta, pcrspicacil.(' ; mais cc cOllier
qu~
voIci. .. a 6Lé lull ICI ... il 1'6tersbollrg'
...
ô16 exécut6 s'il
u EL celui de mad rnolsello 7... Où '~Il
te plnH 1
- A Parls, parbleu 1
Et Michel s'écria, triOTT\PhanL :
�~
Moins Tort Que
rAmou1'=====================:=
- Donc il devait porter sur le fermoir la marque française de 1'01', marque officielle que celui-ci ne port.e pas.
Voudrais-tu t'en assurer?
- Sapristi 1 je n'avais pas songé il. ~ Ia 1
Et l'vlarlin partit d'un grand éclat de m'e, en se mettant
il. danser autour de la pièce, tandis que Lisette constatait
avec joie l'absence de tout.e estampille sur le ferm oir du
collier qu'on venait de lui appol1.e.r.
- Maintenant, dit l'ingénieur, nous sommes certains
do la victoire 1
- Je vais télégraphier il ma mère de déposer ma
plain le, dit la danseuse.
.
.
- Non mademoiselle, repnt Mlclle!.
" Vous' nous permettrez de nous en charger. Soyez
tranquille d'ailleurs : nous n'épargnerons pas ces gredins !
~
Martin riait toUjours; mais Michel était devenu très
grave: Ulle sourde colère grondaH en lu] il la pensée
maison que
que Gérald Vérénine habitait la m~e
Suzanne, et que ce misérable était l'ami intime, le futur
u.ssuciô de tvfl.le de Saint-El'monù.
Il ne songeait plus qu'à partir bien vite, à regagner
Paris, pom c.hâtie!' cc bandit. Une jllilowie féroce le bro.lalt a1lssi : il se disait que, peut-être, Suzanne était [orcée de serrer la maul de Gérald ...•
Quand ils quilLèrellt la danseuse, celle-ci leur avait
donné une attestation soigneusement di ctée par Michel et
raconLan t la vérité.
Ils emport.nient aussi le colli l'.
Ils remercicrenL LiseUe, qui était ravie d'avoir rend 1
llervice ù son vieil ami Murlin f'élisGier.
Ce d ' l'nier l'embrassa en disant. :
- J 10 charge de nos remer'ciements pour le général
Marusch kine.
« 'lu lui affirmeras, de ma part, que t01lS les Parisiens
ne sonL pas aussi naUs qu'ils 10 pl'ôl<lnd .. .
« El mainlenanL, en route pOUl' Paris, avec cinq minules d'nrrCl il Riga 1
Ùl lendemain , les deux amIS, Mme Thomerain et. Bernier arTivnient il. la nuit dans lu ville cl,e Higa., dont ln
p1us grande partie semble encore une ville du moyen
âge.
Les trois hommes attendirent qlHl la veuve se fûL couchée; puis ils sorti r'cnt doucement do leur hôlel et, pal'
des ruolles étroites, se dirigèrent vers l'anse de ln
Dwinn occidenLale, qui forme 10 pOI'1 do Riga.
- SI nous d mandions nol,l'o chemin 7 dit Bernier.
- Non, répondit Michel.
- Tu cs sûr de ne pas te perdre?
- Absolument sOr. D'ailleurs, demander notre chemin
fi un pas1lunL qUelconque, ce serait presque meHre ce
passn nl dans notre confidence, et il faut agir dans le
pius grand secret.
Oh 1 il me semble que Je vois encor cc chan lier, un
immense chlllltier, avec l'enseigno de Malhieu Pou~ch
Iwlf, ct le drOIo qui était sur la porte, fumant des Clgal' tIcs, ..
" ,J'eus une défiance.
« Je 1110 dcnlandai pourquoi M. de Snint-Ermond m'ordonnnll cio livrer uno quantité aussi eonsicJ(:rablo do
rlll11't'hnndiscs Ù un homme dont nOliS n'rwiol1s jUlllllis
nt!.en(/u [lar'lcr ... puis, cet ordre quo jo reçus de quiLlel'
Iliga, I\u~silô
la livl'Ilison fail..o .. , ?n1ln, 1 soin (IV c lequel 1\1 do Sainl-Ermoncl Il !;u('v ILlO l'arrivago t l' mlllugnsinllge à alnt-Denis, suns Le pol'meUre d'y rien
\oir ...
rl
Bernier, qu'il s'csL alTangé
- JI est cer:lnln, d ~cla
pOUl' ne me laisser entNl' dans lcs chanLlers I]uo lorsquo
les hols ooL olé bien en pn,s .. ,
u Mais q\!C soupçonnes-tu, Mich l?
_ Jo vous dirai oolu, apT' s, d it l'ingénieur, lorsque
j'(llIl'ai vu ce quo contlenL le chanU i' de Po~schl\O(r.
Au !JouI d\rne d mt-heu!'e de mUl'che, Mlchel Il'art"CLa
dOVllnL ulle balustrade,
1
- Cc doiL être ici, dit-il, aWll1dcz mol.
1(
71
~
II marcha encore une centaine de mètres et reconnut
l'enscignt' et, ln l>eLile maison de Math.i.eu Pouschkoff.
Il revint auprès de ses amis et dit:
- Toi, Martin, tu feras le guet, tandis que Bernier et
moi nous visiterons le chantier,
Il s'on leva à la force des poignets, par-dessus la baltlStrade, et Dernier le suivit.
,
Ils allèrent d'abord jusqu'à la mai\SOn, pour s'assurer
que personne ne pouvait les observer .
Puis ils s'enfoncèrent dans les rangées de bois. Michel
en examina un tas, au hasard, et dit aussit.ôL :
- Je m'en élais toujours douté 1
- Vas-lu elliln m'expliquer 7 faisait Bernier impatient.
Après avoir examiné encore quelques tas, Michel répondit:
- Oui, mon vieil ami, parce que j'ai désormais la
titude que mes suppositions étaient fondées. Je n'avaIs
voulu en parler à aucun de voUs ... Il m'etlL été trop pénible d'accuser, sans preuves absolues, le père de
Suzanne ... le père de celle qui était presque toute ma
vie ...
u J'espère du moins pour lui, que ce sont les autres
qUi onL eu l"idée de celle épouvantable combinaison .. •
- Quelle combinaison 7...
- Tu sais que j'avais acheté pour plus de trois mil~.ns
de bois 7
.
- Oui. .. ceux qui ont été brl11és.
- Eh bien, pas du tout 1 Car œux que j'ai achetés Sl)nl
là, devant nous 1
Bernier murmura, abasourdi :
- Est-ce possible 7
- Hegarde. Dans chaqUe rangée, tu tl'ouv{)rns , SUl' Ulle
Cl! dr!llX " billes li, l'inüu.le que j'y ava.is 1nscriLe, pour
les bien l'econnaHre : un S ...
- Tu pcnsais à Suzanne 7
- N'était-ce pas pour eUe que je travailla;s?
"A mesure quc jo choisissais des 10l::. de bois, j6
traçais c Ile inHiale, rapidement, nu momenb où on ne
me voyait pns, SUl' Je premie!' arbre venu .. , 1
Bernier chercha dans la rangée suivante, une all11.metl ù la main, eL, de t.emps en temps, il disait:
- Encore une .. , deux ... trois.,.
Au bout ù'Lln~
demi-heure; ils avaient retrouvé l'Jnitiale
de Suzanne plus do cent fois.
- ~ n'est plus la peine de chercher, dit Michel.
" D'ailleurs, je reconnais t,o us ces bois, tels que je les
avais faiL runger moi~e.
- Mais alors ... ccl énorme approvisionnement de bois
qui a bl'ùlé, d'où venait-il?
- D'ici sans dout.e : et je dovine bien que ce deva.it
~tre
des bois de quali té inférieure, p 'ut-€Jlre des bois
pourris ... Tu comprends la jolie spéculaLion 7
- Oh 1 prononça B l'nicj' avec un sen LI men t d'borreur ... Je comprends.
• On aW'nit donc assuré les bois qu'on avaH reçus,
avec les Ca.ct111'CS que tu avais envoy6es ...
u Les canailles 1
millions ct' nSSll1'llnces pour des mw.'" Plus ùe troi~
chamlises qui ne valllient peut-être pas quinze cent mille
francs 1. .. peut-ôLl'e pus mCIlIe le million ..
• Une lelle ln farn 'c pow' gnguC'l' deux m1hliooB .. ,
« M!sérnh lK.' 1 Ah 1 si ce n'(:tait flIIls lG pèl'c de SUZtllThll6,
J'lr'ais j'éll'llngl r de mes clelL'{ mains 1... Et quand je
songe que c
toi qlli 'RS puy6, qui o,s [tLiUi payer toute ta
vic, pOUJ' uno sornbLnlJlc gredinerie 1
00:-
Michel <lut c(\Jl,rner Bernier' qlli monlllait 1.0 poing au
czicl eL qU'lln long f'l'Isson de colbl'e s 'coullit aUreuoomc.n.l
Enl!.n l vieux conLl'€IInaitre enLoull'a M:cheJ dQ sel
bras ot plella'n.
,
- Ah 1 mon [\Uuvl'e enfant 1 mon pa"4vro en!8Jl~
CûmlnO tu as dO sourlrll' .. ,
- lIélM 1 S80rI1i-je jnmais de souffr'ir 1.. ,
EL Michul ut uoo m~nuLe
de Cai,blu;so.
- Oh 1 II1n hbJ'c Suzanne 1 baJ.bulia L-JL Noua aurions
{Yu êLre '1 ht!lLl'OU.x 1
- All 1 mais, prono:nça. lBonruor, n'oublie PlIS QU'G
SU.7;a,rmo Il'Il LoujOu!'S a.i.mé, quiewne L'aime toujoUJ'e. ...
Qu'oltle L'a touJours déCoo.a'u. .-
�=====================Moins fort que rAmour
-
Pour me d éfendre , je vais être forcé d'accuser son
père 1...
- Son père 1... son père 1.... fit Bernier avec un h,a:usserœ nt d'é pa.uJœ... C'esL v r'ai; c'est I50n père ,. l'viais
moi , je ne l'ai jamais considé:rée comme la fi lle de œ t
Jromme-tà ...
« POUl' mo i, SUMnne , c'est la fUie d e mon ancien
patron , d u vieux. Roncharxl , qui m'avait a ppris à travaihler... Et Suzanne, Lu le sais, v<mait voir la mè re
en cachette ...
cc Tiens, aàJons-nous-en, p.arcé que, 51 je me mets à
parler de Suzanne, j'en ai j'USQu'ù demain.
ns repassèrent par.dessus la baJ1U6trade et trouvèr ent MartJi.n. en train a'examjner la maisonnette de
Pouschkoft.
- Si on mettait le feu chez lui? proposa faroucherne·n t
Bernier.
- Non, di\, Michel. Ce qu 'il faut, c'est l'emmener à
Paris.
• Celle nuit, laissons-Ie dormir .. .
~
Il les avala lentement, et lut de nouveau la dépêche, en
s'arrêtant sur chaque m ot.
« Réa lise stock coûLe que coûte et arrive sans tarder.
Complications.
"
G ÉRALD • •
- Hein ! prononça PouschkoU. Réaliser stock , coûte
que coûte , quand, dans sa dernière lettre, il me disait
d'attendre encore quelques semaines, pour profiter de la
ha'\.l.SSe 1.. . une hausse abSolument certaine 1
« Que se passe-t-il donc?
• Quelles com plications ?
" EL il a besoin de moi 1. .. Arrive sans tarder .. . Aveo
l'argent, évidemment. Il compte que je vais lUI rn.pporter de l'a rgen t 1
Il Déci démeIÛ , ce négocia.nt ang,lais tomberait bien .. . ·
Pourvu que je puisse lraiter avec lui.
Il Ils aW'ont fai t quelques bêtises à Paris ... Tout était si
bien ar rangé ...
« Enfin, déjeunons : cela ramènera un peu de calme
dans mes idées.
n. s'habilla et déjeuna, réfléchissant toujours à cette
dépêche mystérieuse· qui était venue le troubler au milieu
de sa quiétude; et. malgré un déjeuner plantureux, suivi
d'une respectable absorption de cognac, il élaiL encore
très troublé, lorsque sa servante lui remit la carte de
Il arry' Corlening, de la maison « Corl.en.ing and Com·
pany li.rnited » de Glasgow .
_
PouschlwU se leva eL vinL au-devant de Harry Cortening, gros garçon joufOu aux cheveux et aux {avoris
rouges, babillé d'un complBt gris et d'un chapeau melon.
- Do you spea!{ english? prononça gravement Harry
Cortening.
Très aimable, Pouskcho U répondit :
- Non , monsieur, mais je parle le français; et si
vous .. .?
- Parfaitement. Nous parlerons donc [rançais.
- Si vous voulez bien.
PouschkoU montra un siège à l'Anglais eL s'assiL en
[ace de lui.
E ~ il s'excusait :
_ Je regrette beaucoup, monsieuJ', de n'avoir pu vous
recevoir ce malin. J'avais travaillé si tard, hier, pour me
rendre compLc des probn.biliLés de la hausse ... Et j'arrivais en outre , de voyage ... On est sans cesse lorcé de
Y oy~ger
dnns noL1'e m(:licr .. .
- Oh' 1 vous êLes tout excusé, monsieur. Je sais que
vous ar'rivez de Pélersboul'g. Après un tel voyage on a
le droit de se reposer, surtout si vous avez encore traIl 5e réveilla lrès tard If' len.demain, ct appela, d'une
vaillé à votre retour chez vous,
voix tonilruunte, sa servante Marfa.
Pous]whof! lressaillit, car il n'avait dit à personne qu'Il
- Quelle heu re est-il ~
arrivait de [ étersbourg ; et il euL bien, alors , une vell6iLé
- Une heur, monsieur . Il n'y a pas moyen de vous
de défiance.
faire sorlil' de votre m.
- Je vois, dit l'Anglllls, avec un gros rire, que vous
- Si ça mC' plnll de dOl'mlt· ,
vous demandez comment je sais que vous arrivez de Pévenu
- C'est ml'il y 0. un nligociant nngla.ls qui es~
tersbourg . mals c'est très simple; moi , j'.arrivo do Pari.':!
deux fois pOllr vous voir. Mon mari lui Il (uit vlsiLel' tout
où j'ai vJ le prince V6rénlne Qui m'a l?arlé de vous ...
le chllnlic".
di! grand stocl{ que vous avez accumulé Ici ...
_ Un commerçanl. .. anglnls" m POIlf;Chl\Orr nbasourdi.
Cela rassura Pousohl<oU.
Car il ne s'aJ,t<,.ndalt guOre 0. des nUalres sérieuses en
_ Commen t aI!l.aLlril T
ce moment.
- For t bien, ainsi que M. de Saint-Ermond, dit II art y
_ Oui, qui dit qu'il veut o.chctel' des bois . 11 reviendra
COl·Lenlng.
filans deux heures .
Pouschl(QU ne puL s'emp~chr
de tressaillir encore;
_ Bon, bon. On le rCCl!vra 1 nt PouschJwU en grognant,
i! sc miL n dévisager cet Angl.a.is, qui souriait bonneA ln pcn.~(oe
d'Nr!.' cJ{)r/l.ng~
po.r quelque mru'chandeur.
ment, en lui monLrant toutes ses denis.
EsLce lout',
- El, inlerrogea-1ril, c'est le prince Véré.n.lne qui vous
_ Non , monsieur ill y a une dép che, là, sur votre taa
dil ... ?
ble de nuil...
d
- Que vous étiez à Pétersbourg? Mais oui. D'6illeurs
_ Une clt'-piJehc 1... El tu ne me le di sais pas ~ou
e
voici 00 quoi il s'.agit : mes nssooiéB et mo1 nous a.von~
6uï'te 1... Slins d oute une dép!' he de mon bon pelit ...
décidé do faire de grands achllls de bois, ei je suis allé
Et Pousrhlwrr l'ouvJ'lliL.
à Paris pOW' enJever tou t ce que je Lrouverais.
Mo.is [] l'cul il pein(\ luC', qu'il {nlJ1iL s'évanouir. Il n'eu'
« Vous savez comme on lait les choses en grand, en
que la {orce dl' dire:
Angleterre,
- Marra, mon r.arnlon d'eau -de-vle 1
" PensanL que M. de Saint-Ermond devait avolr quelEL il replia la C\6pllche, aL\.('nt~
d'avoir recouvré son
que slock qui lui devenait momen.Laném6ll.t inutile, puis()nerRie aVllnL de lirf> de nouvoau.
qUI) son usJne n'est PlIS encore enUèromen\ réédiDée, 'l'l'OIS vorrCll d'eall-dl'-vle [ur nt n6ceSSaires DOur le ro.le me suis présenté chez lu:!.
moU,·" d'avlomb.
PouschkoU dormait avec .ceble tTanquilliLé qui; malgré le vieux !woverbe, appa.l'Wcnt aut,a,n,t aux bandila
qu' InIX honnêtes gens.
Il dOrIDaii d'autant mieu."{ qu'il avait absorbé une
énonné quunLJLé d'cau-de-vle, pour célébrer l'habilieLé
avec iaquelle il croyait avoir mis dedans la danseuse Lisetle; et, a'Vunt de s'endol'mi.r, LI avait entrevu, da.n.s un
demi.,sommeil, le boulevard des ILalil'!llS où hl espèl'ait
bien se pl'Ciffien<'.T avant fTuelques sema.ines, et se reporer
œ sa vie 6venitN'Cuse.
- Je vivrai à Paris comme un négociant retiré des
affaLres, se disait-il. Et je ne retournerai jama.is à Sa;.nlPétersboW'g.
« BrJ' 1. .. J'aVilis peW', hier, de me Lrom/€<l', à chaque
ooi.n de rue, 6\'{'C·1.e gén6ral Mllrusrhkine ou a\'6C quelque officiar du :rcgimcnt de GéMld ...
c Il esl \11U.Ï que j'ai rasP mu brurbe el que tous mes pap~
pOl'knl le nom de P uschlwrf ...
• Mais je crois que je perdrais man sang-froid si Quelqu'un Ille j!.'ttUI il la tête le nom de POl hal'oII 1. ..
" Oh 1 nel!f' l.i~re
1 comme je l'ai rouuro 1 Quand je
lui ai m;s son r.ollil'r sous le nez, clle ne pouvail Cl'Oire
qoo ce fût du \'l'tIl...
• Ah 1 la bonne farce 1
e'
�~
73
Moins fort que rAmuor
1 « C'est là que j'ai e u l'honneur de rencontrer le prince
Vérénine, son futur 8SS(){)ié ... peut-être même son futur
gendre, n'est-ce pas 7... Enfrn, ce s ont des choses intimes
qui ne me regardent pas ...
• Bref, ces mçssieurs m'ont appris qu'ils avaient un
, stock assez important à Riga, et que ce stock se trouvait
dans vos chBILtiers .. .
« Seu.lament, m'a dit le prince, vous devrez peut-~r.
attendre M . Pouschkoff quelques jours, parce qu'il vient
de paltir poU!' Pétersbourg où il va accomplir une mission dont je J'ai chargé .. .
« EL voilà, cher moILSlieur Po u.schlco U, comment je
suis que vous arrivez de Pétersbourg .
L'dxplicution était si simple, si naturelle, si conforme
à la n'ri lé, que Pouschkoff ne douta pas un instant ql.\e
Harry Cortening ne lui IOt biel1 réellement envoyé par le
prince Vérénine.
Et il sc dit:
« Il ne s'agit plus ql.!e de lui ,rendre mon stock un p~u
Cher. Il
11 proposa à l'Anglais:
_ Voulez-vous que nous visitions le chantier 7
Tout rond, l'An glais répondit :
- Non . Ce n'est pas la peine. Je l'ai visité ce matin en
!létail ; j'ai yu tous les bois dont se compose le stoc1{,
et si nous nous enten.t!ons sur le prix, je suis acheteur.
- Vous savez qu'il y en a pour un million de roubles,
c'est-à-dire plusieurs millions de francs? .. .
- Je sais: trois millions de francs environ. Le prince
Vérénine m'a prévenu.
"#" Vous vous trompez d'un; car ln valeur de notre
stock s'élève à qualre millions. Le chj[fre rond de nos
milllons ne pouvait s'en tendre que pOUl' le stock calculé
sur les anciens prix, mais vous êtes au courant de la
hnusse qui se dessine, puisque vous voulez faire vousmOme de grands achnts ... Et, comme notre approvisionnement se compose de qualiLés excellentes ...
~
pourriez-vous m'en d onner l'élat exact? interrogea
l'An''I3.is. toujours avec le plus importubable sérleux.
_°C'csl facile.
.
Pouschkoli se leva et alln prendre un registre dans un
placard.
- Voici, dilril, de quoi se compose notre approvisionnement.
- Voudriez-vous m'en donner une copie?
- C'est trop naturel.
- El pendant que vous ferez cette copie, je terminerai
mes cn.lculs.
Pouschl(oli prit une grande [euille de papier, où son
nom se trouyait en haut, il gauche.
n éCrivil : 'Vendu au nom de M, de Sainl-Ermond.
Puis il commença la copie, lnndis que l'Anglnis couvrait une grande feuille d'opérations plus compliquées les
unes que les autres.
Lorsque cela (ut terminé, Harry Cortenlng déclara :
_ Je suis prêt à acheter le slocl( entier pOUl' trois millions deux cent mille [rnncs.
_ Oh 1 impossible 1 s'écria POllSChlw[[, qui avait rêvé
un énorme bénéf!ce.
« Jamais M. 00 Sninl-EI'mond ne consentira il l'a isser
a.I.ler son sLook pour cotte somme. Jnmnis , mons ieur 1
Songez qu'il y a dé jà un.e hD;usse do huil il d'ix pOUIl'
œot, qu'elle vu peut-êbre altelndre trente ou quarante
poUl' cenl.-.
.
Mals, tou' en dIsant cela., ['o~s
C hkoU
pensa.it il. la.
dépêch<l arrivée le maLin. Il fallaIt vendre à toul prix.
Il discuta long\.efmps poUll' gaWlor cinquante mJJ.'Ie
~an.cs,
mals l'Anglals d6clara qu'U ne mettrait pa.s un
oen l.lme de plJu.s.
Malgre ].a. dépêche de Bon maUre, PauschkoU hés!baH toujours. IJ trouvait absurde de perdre près d'un
nilllicm, qui lu! semblait süremen·L gagné .. Il songeait
bien à envoyer une dépêche il Gérald /lUI.lS, en alt.endant ln l'époose, l'An@la.i5 pouvail 8JPpren{lre que toua
Iles cbanLtera de bols de ruga éto.l< .asmplement gornis; puiS, dans 60. dépôch.e, Géra.Jd ne "p?ul'I'ait pas
lu.i donne!' les rai600.s qui le poussoJont il vendre ausa!
raoJ.de1llenL.
~
AUssi fulril te:nch&nté, lorsque ~'Angla.i5,
vraimen\
BlITangeant, lui proposa oecl :
- Si ceJ~
vous convient, nous iTons ensemble il
Paris ... et nous nous entendrons ,a vec M. de Sa in tErmond ; on foj.t souvent plus de besogne en une heure
c1e convel'saLion qu'en ?1'usieUTs jours de oorrespondo.n.ce
et de télégrammes .. .
Pouschko[(,
- Ah 1 c'est une excellente idée 1 d~clar
ça, oui, c'est la meilleure façon d'arriver il. un prompt
résultat
.
- D'ailleurs, dit l'Anglais, en ouvrant son pO"I'1-efeuille,
je n'ai SUl' moi qu'un chèque d'une centaine de mille
tranes ... Mes fonds sont déposés il Paris.
Cette dernière phrase mit le comble à la joie de Pouschkoli.
Les (onds étnient déposés il Paris.
Quel rêve 1 Renl,rer ù Puris, et y touchar des millions 1
- EL , une (ois le contrat de vente si gné , continua
l'Anglais , nous reviendrons ici pour embarquer les marchand ises. C'est !'aUllil'e de q;.:r.lques jours.
Pouschkoff sourit en dessous et se dit: '. Je te laisserai bien revenir ici, mon bonhomme;. mais lu y reviendras bien tout seul. »
- Faites vos préparali!s, dit l'Anglais; moi je vals
chercher mes bagages il J'hôtel, et je viens vous reprendre. Il (aut être de bonne heure au chemin de fer, si
nous voulons retenir lin sleeping-car.
PouschokU envoya aussltOL à Gérald la dépêche sulvante :
« Affaire excellente en \.raln. Je pnrs pour Paris avec
acheteur.
Œ POUSCHKOFF. »
Quelques heures après, muni d'une honorable provision de co !;;I1 oc, Pou.schlwf( se rendait il la gare avec
l'Anglais Harry Cortenlng.
Il rem arq ua alors que cet Ang!a:s n'avait guère le
flegme spécial à tous ses compntl'iotes, qu'il était gni et
léger comm un vrai Parisien; mais il altribun cela il
ln joie que devait éprouver l'Anglais de trn.iter une excellen te affaire.
Et ils partirent, semblant aussi enchantés l'un Que
l'autre, l'un de l'autre.
v
LA NA1VlITÉ D'OR
COQUI"
Depuis le )our où ils avaient appris l'évasion des deux
amis , le prince Vérénlne et M. de Sainl-Ermond vivalenl
dans une perpéLuelle agitlllion.
Grâce il cette habilude, qu'ont les viveurs, de se composer un visllge indifIérent, ils Ilvllienl pu quiLter leur
cercle , snns qu'un seul de leurs collègues soupçonnât
leur trouble.
Et, mOme nprès leur dépnrt, on Ilvait parlé du prochnin marillge de Gérald el de Suzanne, comme d'une
chose certaine.
Cependant les deux hommes avaient regagné lent.&ment leur logis.
- Il faudrall prOvenir votre sœur, avait dil Sain~
Ermond.
- Non, o.vnlt répliqué le prince. Tùchons, nu conLrnire, de dormir tranquillement; demain nous seroru!
plus ca.Jmes pour aviser.
Le princo dormit, en eUet, très tranquillement, au
grand OLonnement de l'industriel, qui ne pouvait savoir
que son fulUl' gendre. en IlvaiL vu bien d'autres ".
Le lendemnin, au lieu de partir pour Sainl-Denis,
comme ils le !alsaient tous les malins, ils montèrent de
bonne heure chez la comtesse, parlant une liasse de
journaux, qui tous reproduisaient ln dépêche do l'agence
llava.s.
Lu comtesse les reçu\ dans sa chlUIlbre en leur demandant:
�~.-:=
... -.•
~
-".bJ~
•.
==================== Moins
- Mais que se passe-t-il donc T
- Lis, ma sœur.
Nina Carenitch commença de parcourir le récit de
l'évasion; mais elle s'interrQmpit bientôt, pour dire d'une
voix fiévreuse :
- Voyons .. . voyons ... Je n'y comprends rien ... C'est
impossible 1
- Ma sœur, U ne s'agit pas de nous affoler, mais
d 'envisager bravement le pérU.
La comtesse haussa les épaules en répliquant:
- Comment pourrais-je admettre que ces deux drôle.s
se soient échappés depuis trois mois , et que nous n'en
ayons rien su 7...
• C'est quelque invention de journaliste aux abois, qui
yeut faire une niche il. la police .. .
- Causons sérieusement, dit le prince avec un mouvement d 'impatience.
• La dépêche explique parfaitement pourquoi la nouvelle de cette invasion a été tenue secrète. On s'imagina it qu'on retrouverait les deux ... torçals, dans un endroit quelconque, d'où on obtiendrait !acilement leur
extradition; et, comme on n'a rien trouvé du tout, comme, au bout de trois mois, on n'a pas de leurs nouvelles, on est bien torcé de parler ... On ne peut pas cacher éternellement la cl10se au public ...
La comtesse haussa encore les épaules, et :
- Si OH ne sait pu:s C€ qu'Hs sont devenus" c'est qu iJs
on t fait nauIrage ...
« Ah 1 que je serais contente si j'apprenais qu'ils ont
été dévorés par les requins 1 Et c'-est sürement la nouvelle que nous apportera un prochain courrier.
Gérald lui jeta, avec mauvaise humeur:
- Ne dis pas d'absurdités 1
- Ou bien ... je te dis qu'on les repmcera 1
- Sans doute; mUi!s ils aW'ont eu te temps de réfléchir... peut-être la possibilité de découvrir quelque indiœ a1J,Q'OOl nous n'avoos pas songé.
t! Tiens, suppose siunplemant ceci:
que Michel Thole domaine
mel1ain se ronDe il. Bliga. ce qui est d~ns
des choses ]Xl&Siblos, qu'~l
se I.r<mve en face de PouscharoU ... ()iU plutôt de Pousch]co!l, puisque c'est sous
ce nom-là qu'll le connait... qu'il ait la cu.riosité de
v.is itcl' ce ch./lJnlOOr, où les bois, qu'il a achel.6s, sont
exacLement tels ljU'U J.œ y a Lait ÎllSl.alLei' lui-même...
« Il sulftt de oeLa pour éveiller ses soupçons ...
" N'.ann ollc&L-il pas, dans la lettre qu'U adr'CSSC au
directeur du pénitencier de Nouméa,
n intention do
rechercher les vrais cowpables 7...
- Ah çb., mais tu m'épouvanLœ, Gémld 1 murmwra
la oomJess,c, S>e meltunt soud.ain il. ~re.mbl
Il r6pJiqua :
- Oh 1 pas do terreurs in utiLes 1 Quand on murche
li. une baLu.iLle, il fau t s'atll'nw'() li la déf/1Ji'le uut.aIl1L
qu'à la v.Icloil'o
ous nvons remporté tous Jœ premiers avanta.gœ; .iJl faut lii(;'Tl savoir .SlITlJXll'l.cir les revers.
a La situatlou peuL maintenant t.o>u11l1CJ' de dClIx mac
mères: ou bien, M1chnt Tl10merai n et Mllr&in Pél! icI'
ne rev.iendront poo en F'I'anco, ils a.UJ·o.nt peUl' d'!!tl'Q
arJ'Hés de nouveau, et Ils s'éta blir'on t dtuls quelq\Je
oo1oni ébroogère, OL Y vivrl()nt i.gnol'és ; dans co cas,
rien n'est Cha~lgé
dans nos oolflbinu oons.
« Ou bien œs doux jeunes g ns ~'()n
Lroron t il. Paris;
et, s',iJs cnt cetLe audaco, c' 'L qu'ills aUijl()nt découvcl't
de leur innocc.nœ.
.
quelqu c.s ind
_ Dllns 00 CM;, nous devons être prOts à quLLter Paris
li la prem l' aln.rroo.
Le prin rlpos ta :
- Qull,ter PlUr.l.s 1 buJJbu.LLa Satnt-F;rrnond ...
- A moins que vous ne préI6r'jez les débats toujours dangereux de ln OO'U!' d'ossises ...
- Vous f'1lI1 )\ do cœ choses-Ill. avec un sang-fI'old
qui m bouJ or&e, dit Sn.lnl-E.rmond.
coolimra le prJnœ ave Je oy- J'II.JoILl.Nai Jl1(~rno,
ni me 10 plus compJd, que cela n us J>CJ'I11cLt.r'uIL 00
wnll'r Wl 'll l.W {LU coup, qut nous rel'alL gll,l:lIlCI' ll'ols
m ~ions.
-
lJlI>4J
fort que rAmouï'
~
- Eh oui, les Irro.is millions que vous devez payer,
c1alnB quinrz..e jou<l'S, pOlUIr vos achat.s de bois.
« Si vous quiWez Paris, cela vous imporleraiL peu.
je pense, d 'être d.éalaré en Iaillli!.e 7
- En ... en... e rfet... mW'mura l'industriel, que cetle
perspecliiive l'assurait fort peu.
- NQUS aurions donc, cm1!tinua le prince, œs 11'0:S.
millions, lJa. fortune de ma sœur, P'lus nolire stocl{ de
Riga ...
" Seu:lem.mt, hl f!!Jut que tout ceLa soit r éalisé en
valeurs a.u porleur.
" Vous, vous avez vobre argent 11. la' banque de·
FlT'fiIl1ce; retill'€!Z-le .
« Toi, ma .sœur, r6aJlises toules res valeu:rs nomina1jves : moi j je vrüs télégraphie'!' à. PouschlŒl'off do pl'encITe le s(ook de Ri~a,
coûte que coûLe, et de ven ir nous
trouve.!' iai.
« De cette iaçon en cas de danger, nQUS pourrons
filer, sans men perdre, que le Ler>l'ain de SainL-Denis
et les premières canslrucliUI1s ; et nous irons lo:n de la
vieille Europe, où il n'y a pl'US de place pOUT de beaux
wenturiers lels que nous, vivre princièrement...
« Si, aux conLrai.r'e, nos deux drôles ne reparaissent
pas, noUlS oOOltinlJJ€JllOns de vivre ici , tranqui'llement,
avec l'estime ct la considéraI ion de la sociéL-é par.lr
sienne, cc qui n'a rien non plus de désagréable ...
" Et sW'tout, ne vous troubl.ez nj l'un ni l'auLl'e devant 1vLlle Suzalille.
- Soit 1 partons doru: pour la fabrique.
_ Alors, dit la comtesse, c'est moi qui parlerai tI
Suzanne.
L'avenLuriêro m sa Loilette.
Puis elle se rendit dans la clJ.a.mbre de la jeune fille
et lui porta un journal.
- Voyez 1 lui cl'ia-~e.
Quello heureuse nom'olle 1
Suzanne eut un premier mouvemanL de joie, en lisan"
la dépêche; mais elle !'edvnai~
aussitôt lI'ès froiue ct
parla d'aut.re CllOse.
Ce fut seulement 100'SC]ue la comtesse l'eût quiLLée
qu'Ile se jeta b'l.lr ce jOUrHu.J qui lui apportait enOn (Je3
nouvelles de Miohel.
.
Elle pleurait, elle riait tour à t~ur.
_ Oh 1 Michel 1 l'l'liche 1 1... Mon 1vl1chell murmuTait--elle.
EL, quand eUe eut lu Sil. lettre II.U ~ireclu'
du. Pél?tcnieJ'~
il lui semhLa LlIK' MIClrol allait IJ.I'f./YCl' hlen[ot,
eL qu'on proclarne.!'(llt solennellement son innocence.
MachinalemenL, elle courut il. sa IenCtre et regarda
tous les hommes qui passuient SUI' le boulevard, com·
me si elle avaIt al,tendlt celui qu'elle aimait.
Elle n'cuL qu'un moment d'inquiétudc.
pouI'C)uoi, dopuis Lrois mois qu'il ét.ait libre, Michel
ne lui avaiL-iI pas 6crlL 7...
Puj.c; elle deVina quo c'était autant pa.r prudence que
par respect.
Et eLle Iu.t eL relut encore le l'éci~
de l'évasion, battant des mains avec une joie enIunWnc.
Le soir il. !.able, on cnusa 10n guemenL do cette nouvcllo
qui était l'événemcnt (J'ont tous les Paris.lcns s'occupaient.
.Les deux hommes ct Nina en parlaicnt. BllIlS le moindr'c l.rouble.
Et Snint_El'mond IJ.vu.it fini pal' &\ll'TllQnl/?-r lion 6mo·
tion, en voyant la pal'ruil.o trJl.nquilliLé dc G(!rald ... el
surtout c.n l'OLiranL lœ mLlllons d6posés b. ln Banque.
Suzo..nno, elle, ne disait rien, elle Se1IÙ)lalt écouter;
mals sa ponsée élalL bien loin; ene no ll1'OnOnça quelques pG.l'Oles quo 101'5q11e son pOrc parln d'un gr'and
voyage, (j'u'on ferail peut·être pl·ochaLnemcnt ..
- Vous VOILIez voyugOl', mon père? into11'ogea t-{!Uo,
tou t éto.nn60.
qucslJ n.
Car, jamais encore, il n'cn a.vall é~
- Ce n'est pas enoore tout b. l.a.U d6c1.d6· mais (lll
aLtendant quo l'usine soiL en.Lièroml'nt J"bo.Lie, ~ow!
]l'J ur'r'iOIlD al~I'
Vll' I'WI' l'Alli ·[·illllc ... NOIl .. venions 1011
gl'andoo. scic.n6S .m<:caniCjucs ü·c.q Et.o.t.s-UnJs ...
(1111 f;!l.1J. 1 dIl en l'I,J.nl. le 111'Jnec, l 'uL-t:ll'e rctroulICJ'PZ-vous là voLre ancien In.:6nielll' 7
�~
Mo~n
.s
Tort que rAmour
= = ====================
- J' n serais enohanté, déClara l'iDrlustricl en rogardant Suzanne.
- Moi au.ssi, di t branqu.iJlemcnt la jeune fille.
Les trois bandiis se remetLaient de leur alarme, maintena.nt qu'ils se croyaient sûrs d'éclw.ppel' à loul. danger.
Les Ol'rlres étaient, donnés pour réalisel' lu fOl'Luno
(ïe la comtesse ;. et Gérald avait télégraph!6 ~ Po uschkoH .
Au..".si, .quand la dépêche de ce dernier ':1rl'iv,'l., juslement le lendemain, anonçant c; 'l'il accourait a.vec un
acheteur, le n:-jnce eut un cri de triomphe :
- Voy,:-z êomme tout nous réllssH ! Plus que quelques jours d'a.tLente! Et nous oommes mailres de la
situali::m, avec un véritable trésor à notee disposition 1
L'ancien précepteur tél~ap1L,
enfin, de BCl'liJl, le
jour et J'heure de son arrivée;
" Serons Paris mardi malin et irons immécùatement
à. Saint-Denis.
"Anglais toujours bien disposé.
• D'ailleurs, je ne le quitte pas d'un inSLant.
»
'. ' Quand Pouscllkoff télégraphiait qu'il ne quittait pas
son Anglais un instant, il awrait dO ~jouter
: " .,. lorsque
je suis éveillé. " Cal', grâce aux bons clinel's que Tlarry
Cortening, de la grande maison Cortening and Company limiled de Glasgow, lui avait offerts depuis le1.\r
départ de ruga. maîtro PouscbkoI! avait passé presque
tout son voyage dBJlS un doux état de somnolence, que
le balancement du t.rain enLretenait douillettement, ainsi
que son ca 'afrm de cogn..a.c.
Parfois meme, quand on arriv8H ù une station, Pous~.hkof1
étalt si bien endormi CJue Harry Cortening a.lluiL
se promener seul sur le quai.
EL ..'llo.rs, il s'approchait , en fumant une cign.rclt.e, du
wagon sUlvonL où ék'l.ienL in.slrullés la veuve Thomerllin"
Michel et B~rniel·.
Il }eur faisaiL un petib s1gne de !.ête, auquel les autres
répOll (J,aient en souriant.
Et If Il'ry Cortening prononçaH gra.verœnt :
- Ali righ! 1
On nrdva ainsi à la gme du Nord.
Quand 1I1l.rry Cortening entendit cnCl': (( PurLs 1 TouL
I.e Ulûn,k <1('. œ nd 1 » il eul un long treS$oiLlement que
Pou..;chJ.off remUI'<llHI.
- Je p[lric que vcus aimez Paris? lui derunnda-t-i!.
- l\loi ! nt l'Anglais. Vous me croir z si vous voulez;
mais j'aime Paris comme si j'-éLais un vrai Par~icn.
Dix mlnul<.\.<; apl'ès, il:> mon1.u:\flInl· lous les cleux en vO.lL\u'c • eL PouschkofI ordonnait au ocl1e:r de les conduiro
tl l'm.. llle de Saint-Denis.
Mo is l'AnglllÎ>s dit:
- Non, l'as ce m<!Llin 1
_ Pourquoi donc? C'e.st vous-ma me que m'uvez prLé
il Berlin de l61égraph.iJ6r è. ces messieu rs ... VOIlS ne voude Lemps ... Vous vouliez Lraitel' l'affa.l.re
Ilez pLIS prl'd>~e
en une matinée .. _ C'est vrai; J'ai cha.ngé d'idée. r lllli encore quelqUoOO oa.lculs !l. taire ... ~L puis , fi. vo~s
pa~
' l~r
fl'anchemenL,
le vous avouerai, quoique cel'a m hUlUllie un peu, que
j suis tri,,, fil ligué ... J'a.i besoIn d'un peu de' sommei!. ..
(-:Ochel". !LU (j ru.nd-IIOld 1
1'(H
~ ;hlcol! out envie de desccndl'e pour envoyel' une
dl:jJl·cll" l'réV"llllllt 1 prlnCi'.
Mals li nr connaissa.!t pas le nllJl1('ro de l'usine SUI'
La rOlll.c de Paris.
Tl f ' di,oiL -n ouLm qlle !'oorsqu'on Lienl lin hOlllll1e
qui va vou/'! uchel.cl' tro~
ou quaLl'c millions de bols,
on ne 10 It\che pas.
H l'esta donc ÙAns lu voILure eL accabla l'Anglais de
.
; s pré. aners.
En arrivanl au Grnnd-IJôl.cl, Harry Corl•.mmg GC plai,,"mit d'une doulour dan~
~
Jalllhe ...
Allon 1 r ~ L III JlI l'IllIIJllllislTI.' [l.l'lIO'ûaire, fit.-. 1
(.l'lUl Lun bOUl'I'u. Quand çu me prond, le suis forcé de
me cou<,.hel' (l'OUX ou tl"ois loura.
75
~
E t, effectivement, il fut à peine dans sa chambre qu'il
se déshabill-u et se co ucha.
PouschJcoH, désolé, avait, pns Illle chambre communiquanL avec ceUe cle sor( compagnon; et il se promenait
de long en large, furieux, se demandanL s'il devait C;u1tLer l'Anglais, 0\1 bie!} aller- pl'évelllr le. prince.
1,1 était environ onze beures du m a tin.
Le Russe pénNra alol's duns la chambre de s on comp.agnon de t'oute el· vit qu'il dormai t. Il l'appela ; l'autre ne r6ponaït pas.
- Voilà un homme, pensa l'0I<schlcoff, qui en a pour
deux ou trois bonnes heures avan l. de se ré veiller .
Il referma doucement toutes le.:; portes .
Puis il appela le domesUque q UJ fa isait les chambres
du couloir:
- Mon ami, lui dit-il, mon compagnon de voyage
vient de s'endofPlir' ; ill ~t
fatigrué , malade ... TtflCh ez que
personne ne le r6veille ...
Et il lui mit 1I1l!' piècE' d'or dans la main..
- Oh 1 soyf'Z tl'anquille, répondit le garçon. Quand
\'ous reviendl\'7i. s'il ne s'cs 1 pa' réveillé de l ui-même .
vous le Lrouver<:z rncore endormi.
- C'est cc que je veux ... l~t s.i, par hasard , "1 se réveiJ.lo.it, s'tl me demandaiL, vous lui difl'ez que je suis
dans l'hÔlel, quc je vais remonter ...
Et .Pouschlm ff s'en alla, blen pers uadé qu'il retrou·
y"I-,üt SC'lI J\ngl.1is ct dormi.
Il prit une voiture et se fit cond uire Bouleva rd Malesherbes.
Il Q'emanda le prince; on lui r épondU que celui-ci
était parti pour Su.int-Denis, le matin, a vec M. de SaintErmond.
Tl montu alors au premer étage et se fit apnonoer
.
chez la comle.~s
L'uvent.u,rirl'C' le reç1lt dans sn chambre, dont elle reIermn soigneusclTlcmi les porles.
Elle demllnd'o., tout étonnée:
- Tu es clone s~uJ,
PoJX,ch n T'O f[ ?
- Chut 1 fit le Russe. N'allpz pas prononcer ce nom.
là ... (,:0. me fail [riSSOMer.
- Mon frt'l' l'at.l.en.d à Saint-Denis
- Je sais bien; mais mon Anglais ét.ail !.l'op fa tigué.
il s'est Cl/liché.
- 11 est toujours disposé Il acheler?
- Oul. Et ii 0. ses millions clépos s li la Banque de
France. Si on s'ent.end a,'ee lui, on Louchera l' argent
tout de suil.c.
- Ah 1 lanl mieux.
- Je l' tourne auprès de lui; et j'aLtends le prince ...
Nous sommes UII (;l'und-IIôtel.
- - Bien. J'y enyerrai mDn !J'ère, dès qu'il r entrera. de
Sa Ln t-Denis.
poulTiez-vous me dire ce
- Adieu, rr.ad.ame ... Mais n~
qui se passe ici 7 Dar je ne sais encore rjen, moi, de
toutes ces fâcheuses compliootions ...
- T u n'us donc [tns lu les journaux ?
- Moi i je n'ai pas lu Ull seul journ.al depuis que j'al
quilf..é nlgll. J'éJ.ais bien trop occupé 11. sUd'Veiller mon
Angluls ...
• Si.Je l'avais perdlJ 1 Un homme qui va VOUB compter
des mlllions, ça ~le sr kouve pns si Cacllome.nt, m.adame 1
-:- Eh bien, Mlch e.! Thomel'ain el Martin Pélissier on L
qwLlé Nouméa .. ,
- DillÙJle 1
- Bn annonçant flu'ijs se me lLa ient il la recherche des
vrais coupublcs.
- [Is sc sont 6cllUppés l, s'écr ia le drôle avec indI gna·
tion. niais 111 p()li~
cst donc aussl mul laite à Nouméa
Cjll'Ù Paris "
- Suns d.ouLl', répliqua Nina; et tu dols penser que si
.
ces gens-là rcnll"nL ft Par is...
- Oh, oh 1 m rou."chkoff avec un grognement; voilll
quI dovlcnùl"\it évid \lTI mploL dlUlgareux . Eh bien, m .
dume. .
\
Il prCOlt1l son air le plus impol'l.unt,
- Quoi donc?
- 11 .• l hfllUI IL' que j'aie si joliment a.rrangé l'aUain!
du colU<.J I' 1 C<1I' nOll'S no us défendrons bien oont.re cea
II1.<.'5S· Ul'S qui sont SIlDS argcnt, sa ns ro laLion , n'ont pu
d'auLr 'prüUv,; ct Je ur In.n.occnce oue leurs belles .Dra.
�~
76
===================== Moins
fo rt que r Amour
~
lestalions , a uxquelles la justice aUira quelque mal à a jou- Allons 1 Pas de discussion !.. . Et répond-s-mo i plutôt
ter la moindre Coi. .. D'eux, je m'en charge, allez 1... Mais,
sur ceci : cette demoiselle seraiL. l'runie du généml
Mal'uschkine ?
sapristi, que l'hisloll'C d u co llier serait mal venue au milieu de ceLte colnplication 1 Voyez-vous une plainte en
- Il s 'affiche môme a vec elle, à Pélersbourg, au poin t
escroquerit} d épos(>e par Mlle Lisette Randon, contre le
qu'on parle d'une façon de mariage morg.analique entre
prince Vérérune 1. ..
eux 1
- E.n1ln, tu l'as mise à la raison, celJle demoiselle 1 ré- Ce serait du propr e 1 fit la comtesse avec le plus
pliqua la cœntessc. ennuyée de l'impo.rtance que se dondésolanl mépris . Où allons-nous, si un général Mal'Uschkine !... Enrrn ...
Daille drOle. Ces cl'()8Lures-là, avec un peu d'argent. ..
Elle se plongea un i'l1sla.nt la têle dans les mains.
- De l'argent? . Ah bi.en 1 Elle se moque joliment
de tout celui que vous pounri.ez lui offrir. Et, d'ailleurs,
Tout, d écidément, grondait contre eux en ce moment.
quand on Il un IJI1lloe Maruschkine dans ses petils pa
Pensonùe ne pouvait mieux que le vieux général les
démasquer aux yeux des Parisi ens .
piers 1
Et sn, par-<lessus le marché, il était excité par cette
La comLesse Il.(' Im.t dorn.in.er 00 tressaillement.
doanseuse, qu'on avait réussi à tromper un moment,
- Bref ... qu' as lu Cait?
mais qui délenait ce oollier, preuve absolue de l'indé- Je lui ai r a PT" >rLé ron collier 1 prononça POUlSchkoU ,
licalesse de son frère, que Pouschlwff était allé, si imen.chant.é de se grandU'.
prudemment, lui livrer ... quel désastre pourrait tomber
- AllOtl5 1 Pas de ploaisanleri.es 1 Nous n'avons pas de
sur eux.
temps à perdre. Qu'as-Lu tail avec celle coquine?
- Grand maladroit 1 murmura-t-€lle entre ses dents.
- Je vous dis mit- je lui ai rapporlé son collier, maEt, à haule voix :
dame, puisqu'elle r 'fusait qu 'on lui en remboursât l<a va' - Paris peut deven il' décidément fort dangereux pour
leur .. . eL avec une l'lIge ... Elle éLa il, je crois même qu'elle
nous 1 Aussi avuns·nous lout I·éulise.. Moi, j'Ili toule
est encore lurieu. contre votre f.rère ... Avec sa bonne
ma fortune da.ns mon sac de voyage.
peLile âme de gri~
l l.e
parisrenne, elle le lui avait si genPouschlwti s'inclilna.
timenL prêM ce ClIlJier. 8lJe était si fière de rendre ser- Compris, alors! Je vais retrouver mon Anglais, et
vice à un prinoe 1. El quand elle a compris, car ça finit
je ne le quitte plus d'une seconde... Mais avec quel
touj ours par compr('.nd.re, ces naïves petites grisetl.es de
plaisir j'apprendrais que ces deux Français ont été
Paris , elle .ne d .olèrult pas ... Elle voulait faire déposer
mangés par des anthropophages 1
une pLainle à PIlII .. I-Îein, vous voyez Le tapage 1... Et,
Et, sw' ce souhaiL égoïste, Pouschl{OU prit congé de la
si je 'Ile lui rapportaIS pas un collior, le collier identique
comtesse et l'Cvint ou Grand-IlOte!.
qu'elle avait prêt . /l 1J prince, ça y était 1.. . Et, comme je
lui avais conlé t;,tte Jolie blngue que le prince entendalt
Quand il anriva devant la ch ambJ'e de l'Anglais, la
le conserver en Sl>\l vemr d'elle, n n'y avait pas moyen
porLe en .élait ouverle.
de ne pas s'exécuter ,le suis heureusement un homme
Il eut une souJeur, mais le domestique lui remiL une
d'ordre .. ,
lettre, en disant :
- Que tu es désugréahle de te perdre en détails 1 Dis- Voire ami s'est réveillé de lui même, il a demandé
mol donc touL slmplellll!nt en deux mols, comment
une voi.tw'e .el est parli en l·a issant ce peLit mol pour
tu t'en es Liré?
vous.
Mais, encore sous l'innuen.ce des planlureux dîners
:
Le gr'edin lu~
de lIarry Cortenlng et de son carafon de cognac ,
Pouscl1koU avail, plus que jamais, la parlotte.
• Cher monsieur PouschlwU,
- Eh, mao·rune. Il raut bien que vous sachiez comment vous n'avez plus rien à craindre, de ce cOt.é . I\10n
u Je me trouve un pou mieux et veux en profiler pOUT
petit carnet, IOUJour'S soigneusement lenu, m 'a permis
allor immédiutemoot il la J3unqlle, d'où Je vais relJ.rer
de reconsULuer, Immédiatement" La quanlit.é et le poid.>
mes fonds.
de chacune des ppl'l,'s dont se oomposait ce collier, puis" Veuillez prévenir ces mœs lellrs que jo lœ allends
que je l'avals revl'nl\u en délail..
vers une heure pou.\' tel'miner notro a([aire.
La comtesse eul lin tressaillement fort d6sagréa.ble.
" Cordi.aLe poignée de main.
- Quo VOUle'l-\'OIlS, mudame 1 J'ai toujours eu ceLte
« llAnnY COnTENING.
manie, ou cetle qUfllit.é, d'appeler les choses pal' leur
u do la maison Cort cning and C' limilcd, dc Glasgow •.
nom ... En quillant la jolie Li se tLe , je suis allé chez un
d(' nos meill,'ur,' • J ,UIII'n; ; cL il m'u bien rallu deux
CeLte leltre l'Isur~\
complèLemcnl Pousohlw!1, qui reheures de lravail : mnls, ap.rès cela, la quantité de perdescendit d.wns la cour de l'hOl.el pour guetter l'arrtvée
les était réllJlit
1 IIllllrl6e. Le 1 ndemuin, le monlage
du pl'inoo Vérénine.
~tail
Calt, aU~1
"It'I1, mon Die u 1 que relul de Paris.
Le Pl 'nce (l.l'riva'lJJl peu avant une heW'C, Curieux conEt, dllns la mutIlH"' j~ rapportais son collier il Mlle LIselle l~o.nd,
JI IIlI dJslln\, quo, pUÏSGu'ella y tenai~
il
11'0 luI.
- Eslrce que tu I.e moques de mol 1... Me faire atlenco, pOID~,
10 prtll/'f', rllalgré 10 prix qu'il y Ilttachalt,
m aVilIt enfin Ol·ctoll"" dl' le lui rendre. Si vous aviez vu
dre touLe u.ne matinée 1
la Ulle de la d 111" .,..,IlJ., 1. .. J{, no me suis pos utlarc.t.é,
- Pardon 'lTIonsioul' dit tranquillement l'Mcien prédu reste, à la COI1t1·IllplC'I' ... Le mal étail réparé, t je
cepteur. SI ~ous
voul ~ me dire des soWscs, montons
n'avais plus qu'n ""lItf'er li. Hlr,n, où a.llait m'arriver
duns ma chamb.rc.
Je 1 ndemain la Mp 'he du pl'inco Gerald.
'
Le prll100 le sulvLL on maugrôant, et LIs sc re.ndLl'ent
(\0116 la chnmbre d~
Ln om~
(ronça 1 sourcils.
Pouschtw rC, que 00 dernier ferma
solgnousement, (ID dlsu nt :
Toule cetLe hlsl" if'e. ma.lgl'é l'admiraüon que l'ousch- JI parait donc qU>6 çn se go.te?
ko[f (-prouvail pOUl Ili·T~me,
ne lul inspll'uit quo la
- Oui et non, fit Glr~d
avoc hurneur, car nolIS ne
plus médjocre COllfinncA': cc collier rocQflstHué pouvalL,
savons dan do précis ...
au pl' mlor aspod l' ~'.mbler
Il l'o.utre; mais un bl- Mais, en att<mJant, VOIlB veillez -au grain Très
)outier, qui l'cXJUTlIIII'l'Illt avec soin, y lrouverait bien
bien, mon prinoc 1 Je vois avec plaisir que le d~et,
n.
des dlfférenc06. 0(' r!lwe (Jlle la t.ratcheur :fe la monvous effrayo pnB.
ture ... E~
puis, C(>~
1t1l1,(>M1e qui étail ullé 00 raire voir
- El ton Anglais, où œlril?
do.ns un maga.'1l.1l 01' 1'1·1 l'sbourg, dont le palron et les
- 11 va arriver. Voici le petit mot qu'II m'a la~.
employés pouTrIllI'nt It l'rconnnlLre 1. ..
- 13on, <lil Géra.lt!, après avoir lu la biUe~.
On prend"
nUlIIvalR{' humeur :
Elle dIt, av
OB qu'li voudra dOnn.er.
- Tu o.urn.ls bl n III1t'1IX full d'oblenir, en y melLt.n~
- C'est que .nous gugnerlons un mUll-on, en allcndas
le prlx, 10 d éslsM'lIu'nl de ilL <l('.moisoL!e ... Et Il n'y aul1ll.iil
quelques semames.
ploo trace de '1f'n du lou t 1. .. Ton prodigo d'ha.bilet.6
- J'aimo m.lO'lIX un pou moins d'lliJ'gent qUA) des Mn.
4)eUl, il. un monu·nl donné, sc r -loul1Il8r cont.ro nous .. floes problémaLlqu.œ. E~ en Attendant o~
o.nima.L ÀlI
-- Male. lXUlda.me
�~
Moins fort que l'Amour
moi
don
-
?
ce que Lu
====================
as faJt aveç cette drôlesse de Lhselte Ran-
Oh 1 un coup superbe : je lui ai ·r endu le collier ...
Ne plai.&ante donc pas 1
~
Ou, si vo~
pl'léférez, un coJ.lter si semblable au sien
qu'elle en a été stupéfaite ... D'ai1leurs, c'est il s'y tromper 1 Je savais le nombre et la grosseur des perles .. .
" Moi-même je me suis iJIJaginé que je revoyais le collier tel que vous me l'aviez remis il. Vi~e
.
Et il allait encore .reconWlencer touLe son histoire.
Le prince l'interl'Ompit.
- Sais-Lu que la w·ôle.sse me me.naçait d'une plainte
en €lSCroq~
erie ?
" Ce sont Loujours ces pelites choses qui vous gênent,
au moment où l'on tente quelque gmnde en lrep rise.
- Moi, j'ai envie de voir l'Amérique 1 déclllTa pous'chkoff : puisqu'(ill peut nous ennuyer ici, c'est le seul pays
-qui convienne il. des gens tels que nous.
- Nous serons peut-êLre forcés d'y aller, prononça mélancoliquement le .pr.in.œ.
_ Vous pourriez devenir là-bas le che f d'un peUt Elat,
je serais voire premi.er ministre 1... Noua lèveri ons des
impôls ...
- Farceur 1
- Dame! C'est que ça comrn.ence il devenir fatigant de
toujours lever le pied.
Gérald MtJ.9Sa les épau.les; eL il y euL un assez fo.ng
nés; Os approuvèrenL, puis se rendirenl dans la peUte
cabane qui serva;,t de bureau provisoire.
Lorsque <Lx heures sonlllèrent, Saint.-Ermond prononça :
- 11 va arriver ... Je me souviens que c'est ~ ce moment que Michel Thomerain arriva le ùunaDchc .. ,
Gérald eut U!!l mouvement d'impalience.
Quel besOtÎln de parler de ce Thomernin?
Et cepe1).da.nL, Sainl-Ermond, les yeux fixés dans le
vague; s'imagiJn.aiL qu'il revoyait Michel, à son retour da
Russie
Que de choses s'étaient passées depuis ceLle journée
maudiLe 1
Les minutes s'écoulaient
Garald était allé jusqu'aù bord de la route, examinant
de l oill toutes les vOtitures ('lui sortaient de Paris.
Il ne comprenait r ien il. ce retnrrl.
.
Vers onze hel1res, il dit :
- Il est bien pos.;ible que nos deux individus soi en'
Catigués, après un aussi long voyage, et Que nous ne les
v oyons que l'a.près-midi.
Cependant, il reve.n.ait v ers la roule, espérant quand
m ême les voiT aI'river.
Puis il perdit patience.
11 proposa :
silenœ.
- Ton An glais ne vJ.cnt pas.
- Si vous voulez bien, vous resterez ici ; moi, je r enLl'e
- Un pou de pat:(!oce, mo.n prince; les formalilés soot
il Paris. De celle faç.on, qu'ils vienn ent à Sainl-Denis, ou
qu'ils ~
présentent boulevard Malesi1erbes , nous ne les
si longues en France 1
- C'es t vrai. Pour toucher l'a'l'gcnt de la compagnie
manque'I'ons pas.
d'assurances , oola n duré des mois et des mois... Ces
- Oui ... oui ... partez ... Je reste, répo nd i t SuinL-Ergens-là ont des défiances 1·idicules ... _
mond. touj olllfs Lr ~s nerveux.
- Ils ne comprennoot pas les grAn<les afIaires.
Gérald parli , l':<ndusLriel causa un peu des Ira vaux
- A propos, quelle espèce d'homme c'est-il, Lon Anavec Jeun Ma.lais. Puis il j'etomba dons su rêverie.
glais 7
Il songolllt mamlena.n.t il su ieunesse eL voyait lout fS
- Un homme charmant, jeune ... Mais vous le ccn-, coup comb:~
sa vie avait été inutile, vie d'oisif.
na issez 7...
d·égoïste.
-Mo.i7
- Je n'ai den fait... que du mal.
- Oui vous eL M. de SainL-Ermond. Tiens 1 Où est.-ll
A midi, les ouvriers passèrent en b nde devanL le budonc, oc bon M. de Sainl-El'mond?
reau. SuinlrErmond tre.ssalllit.
- 11 est resté il SainL-Denis, pour IlLen~
œt An- Qu'es L-œ donc?
glais t.andis que Je rentl'llÎS il Pa nis.
- On va déjeuJ1C1l', r épondit Jean t--Inlais.
" Mais, quI' me raconLes-lu là, que nous connaissons
- B:en. Je n'y pensais plus. Et vous, mon ami 7 vous
ce ... Ilarry Corlenirlg?
ne pOJ'le:c donc pas, vous?
- NaLurel'lP.ffiooL, puisque c'est de volJre part il Lous lœ
- Oh 1 j'ui le Lemps.
deux qu'il est venu me trouver à Higa.
- Allez donc. C'est il ca.use de mQi que vous l' tez.•.
- De ... notre pM'L?
Il Caul cependant que vous l'cvcn !cz cn même Lemps que
- Mais, oui 1 Il vous avait vus on pllSsant à Paris. Il
les ouvriers pour les surveil ler. Allez (lonc déjeuner.
sllvait même, c'est vous qui le lui aviœ ruL, quo j'étais n
s'inclina eL pw1.iL.
Jean ~!nlu.is
Sain!rP~lesbou'g,
où je rernpl:&Suls Ulle mission dont
Sainl-i;rmond n'avait jamais aimé la solilude ; el cevous m'avicz chtl.l'gIL .
pendanL, oola lui laisa.il beaucoup d(l bien, aujourù'hui ,
- Ah çà 1 es tu lou ? Je n'u.! j amais vu ce Hm'ry Cord'êlre seul : aucun visage indifféren t ne troublall ses
tening.
souvenirs.
_ Vous ... ne l'uv Z •. , jom(1is ... vu?
En ce momenl, par suiLe des émol'oJls Cébr Uc.s qui le
Et Pouschlwll balbutia, en se fl'llppo:nl la. poiLr.inc .
secouaient depuis quelqu.es JOUl'S , un grand boulel'c.rse_ ImbéciJe 1 je me suis laissé jouer 1."
ment se l alsait en lui.
Jusqu'alors, dl avait trouvé, dans son égoïsme inconscient, d'cxcellentes raisons j){)uJ' excuser ses plus mauvaises acLions.
VI
Aujoul'<l'hui il so jugeait lui-I11 \J 1110 avec sévérlLé •
.comme s'U s'élai·t sen li près de lu morl.
Il murmura lenLement :
1311 "'ALHEUflEUll
- Hélas J pour êLre houreux, sll11plomenl, Loule une
longue vie, je n'avn.is qu'/I me luisser aimer pal' ma.
fllle, au lieu de tombe]' cnLre les m aLns de ces misêraLorsque, oc maLin·là, M. de So.inL Er~ond
et Gérald
bles 1...
tllll<!nt aJ'.l'lvés il l'us!l!le, l'lndusLnel avalL dit, d'un Lon
" Oh 1 mon Dieu 1
tl6vreux :
Il comprenait même avec une lucidlLé pnrlai Le , il quel
- Il me Larùe vraLmcnL de voil' ooL Anglads 1
- Il seJ'a Ici duna une heure, a.vait répliqué Gél'a1d, . point il avait éUl Ll'ompé par l'avenLlu'iùre J·U&S().
- POIII' re(gagncl' l'UJ1'ge.nL que j'ands pr'ls à ma fille,
qwI hausSoa. les épaules.
« Mals je VOllS en prie, un peu de calme ... Vous trI,,·
Ils m'onL fail oommeLlre une abominable inlamie .
• EL cet a.rgenL, ces deux millions, je me les éLa.U!
sonnez ... Vous èLes pllJe ..
- J'avoue que J'admiJ-é votre sang-froId.
llLl&sé prendre pal' œtt.c coquine ...
- Vous Ierlez ml~ux
de \'imlwr.
CetLe r mme, UITIV(: jnclis /1 l'nris avec quelques bl
llB parC01.l\on~
le chanUer, ainsi que les autros jOUll'S.
joux, et il peine rjuclqui.!s Il1 iUi('rs Ùl: francs, il l'avall
L'lng6nlm:r Jewl Malais vint leur rendre compte de 111
vue, ln vell le, compler les titres de sa COI'Lune : il y eJl
l.açon dont U avait cxoculé les ordres qu'Us avaient don- ava.ll1?<lur plus de Ùi::UX millious,
�~
78
- Quand ma fil le appl'elldrn tout cela , olle me maudira 1 murmura-L-il dOllkmreuseme.nt.
Il ne se disa.i:t plus qlle cett.e horrible spéculation resterai t toujour s secrèt.e; Il lui semblait au contraire impoosible que Lou~
cela l1f' fùt pas dévoilé un joUa'.,. bientôt peu t-être.. .
. .
Il n'éprouvait pOUl' Ilzunne aucun senLIDlenL qlll rùL
d'un père : il La respeclalt plutôt, il la craignait,
- Que dira, que feru 'uzH.nne, quand ellsl sau.ra qU<l
Michel Thomerain était innocent?.. Ciel L •. SUIS-Je bHl.!l.
éveillé 7... LuJ 1. ..
li se Tedi"essa en prm, snnt un cri d'elil'oi. Puis il resta.
debou t comme péLTHié. Ile ll'cJUvanL plus une parole.
Un homme avait ouve.rt Lr'an quillement la porte de. 10.
cabane, était ent.ré eL avait poussé le verrou : c'était MIchel Thomeram .
- Je vous demande pardon , ditr.il Lra.nquillement, de
ne pas me faire anJHmcer ; mais j'ai dù profiter de ~a
première OOOBSion qui se présen tait à moi de vous VOir
en têLe-à-têle.
Sai.n.L·Ermood
'
balbu tia:
- Esl-œ bien vous 7
Michel répond:t, méprisant :
- Ouai ne tremblez donc pas 1
<1 Quarid on fait ce que vous avez fait, il faul monu'er
un peu plus de courage ...
~ Asseyez-vous donc ct causons.
Le co.lme de tllichel était eUrayanL.
Le jeune homme, très froldement, m ontrait un escabeau de bOis à son ancien pa tr on , qui s'assit, toujours
trepililanL.
Michel comme.nça ;
_ Il Y a près d'une heure que je suis caché , de l 'auu'e
cOLé dg la r oule, derril!re un v:eux mur.
« J'ai vu pusser volre ami et llSsocié, le prince Gérnld
V6rénine , et j'ai eu la fOl'ce de ne pas me jeler sur lui.
ft C'est que je voulais "ous voir, vous ù'abord et en
secret
<1 J'ai attendu que vos ouvriers fussent pa.rtiS, que vous
fussiez seuL . Et me voici 1
- Que voulez·vous de mui, M ichel 7 demanda So.intErmond humblement.
- Oh 1 de vous 7... Rien, l'épliqua simplement Michel.
Vous illes le père d'une adlll'able fille, 'que j'aune et l'es·
pecte autant que je vous méprise. Car je ne vous ha iS
point. Vous êtes un malheureux ... El, si vous n'étiez pas
la cause de mes malheurs, peuL-être même vous plall1drais-je 7...
« Je le crépèt.e, je n'al rien il vous demander, ni l'len à
exiger : cal' aujourcl'hul j'o.urals le d r oit d'exiger !...
" Après nolre c.ntrelien, vous ferez ce que vo lre conscience vous Indiquer'a ...
" 'l jo SUIS venu, c'est simplement pour vous di re que
je connais 6uj-oul'd'hui Lous vos secret.s , et que . dans
quelques heu.res, ('CS secrets seron.t dévoilM par mol il la
.
j 1JlS lice tI.e mon pa ys.
« Si VO\.hS n ' lLez pas te pOre de Suzanne , Je me fera.is
justice mOI-J'Mme...
.
, ainl-El'Illcmù rul secoué pal' un l ong (rlsson,
U voulul po,de.!'; mais OUClLl1 son ne sorti t de sa bouche.
Michel 'rhorn 'Ml con Iii ualt :
_ Quand je suis revenu ici, après le Long eL 51 InlJti1~
v oyalre que VOliS m oVJez ordonné _de ( aJr(~
'. vous avez
lolIlSClté une dlscu,;si on ellll'o nOlis. Esl-ce Vrlll ?
- OUI , lllurmura l'indll.slriol, c'est vrai.
,
. - All 1 vous avou'z? dit Michel un peu ét.onne.
- Out, parlez Dites bi n lout ce flue ~Ol
IIVOZ il mo
dlre' 1 Je vous offil'me que Je l' onnoll.ltl'UI cc qui est
vr6.l,' déclu.ra. l'mGusw'lol uvee Wle œrw.ine {{l'flnd lit'.
MIChel, de nJus en plus éLonné, r p.nt en ilésllCtnl
- Celle disousslon nvait pOlir but de OI'(,nli11'rh l' cl
môl.t.re les pieds 11111' c.~
chnnticls ... où vous éliez en:'p.
avoir enunag.a.siné les bols qu.e j'avals o.ch~l
. en HIISSIC.
- C' L vraL
- Or', les bois que j'avaJs achet.é5 n'on! jamols IluiLIt
la RU66C; ils sonl toujours à Riga, dnns l' cnll'cpô[s
d'un mis6rul.>le, nommé Pou. hkoU, qUI n'c:;t qlle
l'homme M palUo du prince Véréninc.
Moins fo rt q ue rAmour ~
- C'e.s.t vl'Qi, répéLa SainL-Er mond, baissant les yeux.
Michel, qui s'attendo.it à une d iscuss.ion violenle hésita avant de oontinuer.
'
- Ma:s parlez donc, monsieur 1 di t froide.ment l'indus.
tl'i.el.
L'ingénieur reprit, d'une voix grave :
- Les bois <lui ont brûlé étaient sans doute des bois
de CJualité j·nférieu!'e, p<JuL-êlr'e même déLériol'éS ...
- Pourris en grande partie.
- Achelés secrèlement 1...
- Oui, en Norvège , par Pouschkoff, et expédiés il
Paris au lieu de ceux que vous aviez achetés ...
fi Je YOUS apprends probablemeJlJL là des ch oses qu{'
'"ous ignol'iez, moru.ieur 1...
- r-.lais que je soupçonnais ...
« C'éLalL donc une spécuJaLion faite en vue de tr omper
la compagnie d'assuranoes, pour gagner deux mUlions ...
- C'est bien cela, monsieur.
- Et le feu a élé mis par ce Pouschkoff,
« Et vous m'I/lYeZ laissé co ndamner .. . qu..and vous me
saviez innooe.nt... Il est vra i qu<l, pour me faire acquitler, il aurait fallu vous accuser vous-même ...
fi Bl'er, j'ai 110rriblerhent sou(fer t , et ma mère a fafllt
mourir.
" Qllant il moi, je serais mor L, si j'avais dl1 passer
une année avec Lous los rniséro.bles que vous m'.aviez
fait don ner pour compagnons.
" Enl1n, mon ami i\lûl'lin Pélissier et m oi , n ous avons
réussi il nOlis évader .. .
" Il plll'aiL qu'on a jugé pruden t de lenir la chose secrèle ; et 011 a bien fnit, puisque cela nous a. permis de
l'entl'!'r trunquil!ement en Fr ance ...
allparavant, nous sommes pasSés en Russie,
« ~Inis.
à
ü1nt-Pél.r·I'!<OOllra, où nous avons recueilli les renseigncl1Ienls le,; plUe pl'<:>cis SU L' l'homme qu.e vous vouliez
Cail'c époascr il voll'e f] Ile ...
" J'aime ft cro ire que VOUS avie7. mal pris les vOtres
ayant de S'1I1:.;el' il. ceLle monsLl'ueuse alliance 1
M. de Suinl-El'mond cuL un gcsle de désespoir, el dit :
- J'ign or'c lO\lt de, vie passée. Je sais seulement
qu'il u clù rJlIlLtN son pnys il la suite d'ulle cons!)l.
l'alion ...
- Il a qUlllP. son pays à la su ite d'un vol, mon iour ...
<1
Gel h. }(June, H \]fr II e.! vous éLlez prêl à confier le
bonheul' ri l' votl' enfant, cet homme élliit un vol 'Ul'
un voleur vulgtl1l'e, fJui, depuis qu' il Il quitté la RUSSie'
n'a vécu que cl' IJlisérabl
escroquel'ies eL qui, o.On <I~
vou éhlilllil', 1.1. son Ut'l'IVOO à P.arIS, a commis un vol. ..
pOUl' lerllr. 1 Illon ptlllVI ami Mru'li,n. Péltssicr a (!lé en.
voyé flllX tnlvaux ['1['('('5 ...
Ci el 1 f11Ul'l11l1l 1 ~1.
cJe SainL-EI'mond , en 50 co.chunt
le vbug" ùllns se deux muins.
- Qllllnt 1\ sn sanl!' , ceLle fem.me à qu i vous avez
(11's mols, ello a quilt.é son pays
confié v .. ll'{, flil d~PlS
con mp-orLn nt ùe 1al'gf'nL volé ... l'argen t do malheureux
conSpirateurs, qtll nVUlenl cru en clio ...
- As:;('z 1... usez 1.... s'6cl'ill 1'lJ1dustrieJ. Ne pUrlez pus
de cette (enl111 .
- Oh 1 j'al tout dit. J'ai voulu vous prévenir' ClUO tout
OCCI étult c!ccouvcrL ct I]u r'iM désormuis ne salu'ull
ontravcr l'action de 1 Justi e...
- Cc n' st PI\.') 11101 qui l'ontrav l'ai, pl'ononr'a SOUI"
ùemenl le mulheul' UX.
'
~nt
pl'! ' S pOUl' quo, ùnlls rplcl
- Nos disl osl~
ques 1H'I~,
le pl'Ince VCl'énll1e, Sil sœu.r ct ce l 'Ol~hk()[f
50lelll urr!!l 'S.
IC
Nous avons ou pllill de vous, il ca u.'
de votl'e fille.
dc
Cuir,
FuIr? pr' ono11 91l M. do Salnl-El'mond aveo ~ .. sou'
1'11'6 étl'tUlgc; (ulr '1 ... Oui, Je fuira!. ..
n
El, II VOIX balise, JI uJouLa
- .. , le dé<honl1eur 1
- Adlru, Illonsll'ur 1
- Ad cu , Michel 1
« Nous avons voulu vous clonn r' le Lemps
.-
L'lngjl.nleul' se Jeva, el il allait po.rllr quand
d
M. 0,
SnlnL-Eimond l'arrêta llévl'euscmon L.
�~
\
Moins fort que l'Amour
========== ==========
~ l\'onsie~r,
dit l'industriel, je vais quitter ... Paris ...
C'esL bien ce que vous exigez de moj 1
- Je VOlIS ai dit que je n 'exigeais rien de vous. FaHes
ce que votre conscience voua indiquera.
'
.
_ Oui, je vais partir ... Je n'essaierai pas de lutter,
mo.lgré la facilité avec laquelle je pourrais le laire, éLal1t
..iohe ct puissrunt... Je m'humjLie devant vous, qui valez
œnt (ois mieux que moL. Je ne VOlIS reverrai jamais ...
et je ne reverrai jam.a.is ma fille ...
- Hélas! pro.nonQa tristement Michel, je connais
assez votre fille pour savoir qu'elle fel'a son devoir et
n'abandonnera pas son père malheureux.
_ Je saurai t,rou'Ver un endroit où ma fille ne vIendra
pas me rejoindre.
u Mlle de Sain.frEl'mond restera donc seule Il Paris ..
" Voulez-vous me promettre, monsieur, que vous ne
cesserez pas de J'estimer e1 de l'aimer?
_ Rien ne saura't changer, monaieur, les sentiments
que j'ai toujours éprouvés pour Mlle Suzanne.
_ Je vous remercie, monsieur, dit gravement SaintErmond.
a Maintenant, avant de quitter Paris, permettez-mol
de vous demander une dernière faveùr ... comme si vous
étiez mon amL.
{( Ce mQt vous blesse: mais, que voulez-vous, je ne
rentrerai pas chez moi je ne reverrai pas Mfle de SaintErmond; je ne puis donc demander cette faveur qu'à '
vous ...
- Parlez, monsieur 1
_ Vous direz donc à ma fille \ que je lui dem!lnde
pardon du mal que fe lui ai (.ait.. . Je le veux 1 Je veux
que ce soit vous qui lui disiez cela ...
« Adieu, monsieUT 1 Je vous demande pardon, Il vous
aussi 1
Michel senlil des larmes coul€r de ses yeux.
Il m 1.Ll1 pas vers le mlllheureux.
EL, brusquelllenL, il lui tendit la main.
_ Ah 1 merci. merci 1 s'écria M. de SainL-Ermond.
Il se baissa et embI'ossa la main de Michel.
_ C'est pour ma fille 1 dit-il. Adieu 1 adieu . } Dans une
heure faUTai quitté Paris.
Michel se retira lenlement, très ému, tandis que SuintErmond retombrut accablé sur son siège.
CelLe prosllr-aLi<lJ1 dura peu.
D'uillèurs, les ouvriers reV'eDaient. e' bIentôt Jean
Malais entra dans le bureau.
- Qu'uvez-vous dOnc? demanda le nouvel ingénieur
en. voyant les Lratts bou1ev{)I'sés de son patrtm.
L'indusLriel répondit ussez I.ranquiJlerrumt :
_ Je suis un peu souffrant oc matin, mals cela va
passer.
_ Vous n'-avez pas déjeuné 7
_ Ce sera pour Lout à l'heure. Je veux auparavant
krJl'O quelques leLLres.
El il se tourna vers le bUTell.u.
_ Je voUS laÏS9C, dit Jean Malais.
_ Non nQn, l'BSLcz. Vous ne me gênez nullement.
répondit 'M. de Saint-Ermond d'un ton aimable ..
Puis 11 mit son porl.e-<::Igares sur la LabIe cl dIt :
_ Prenez donc un cigare, man ami.
Lui-même se mit à fumer et commença d'écrire,
l'eüt agi té.
comme 51 aucune préOCCupation ~e
Sa première le.l.Lre ét6.U pour Michel Thomerain.
« Je vous prie cie conserver auprès de . vous, quand
",ous reprendrez la di.l'ccLion de celte uSlDe, M. Jean
Malals qui a commc.noo de relever la labrique en smvant ~vcuglément
lollS vOB plans et qut, d'ailleurs,
malgré les aocu
sa l~ o l1S
qui ont pesé sm' vous, a toujours
CTu b. votre innocence.
« Lui-même mo l'a rép6té Il dtv l'ses rQprlses.
« Jo n'al rien Il aJouLcl' ,au x prltl'eg que je VOlIS al
fldrcss600 De maLin.
• Adieu pour jama.lB 1
• GOS"rAVB DB SAINT-EnAloND .•
~
La seconde était destinée au procureur de la République :
'c
MOIlBi.eur,
« Vous recevrez sans doute aujourd'hm ou demain, ta
visite de M. Michel Thomerain, qui revient de la Nouvelle-Calédorue, où il avait été injustement envoyé.
" il vous apporte. les preuves de son innocence.
" Je n'ai pas le temps d'enLrer dans de longs détails
au sujet de cette triste atfaiTe; mais, à cette heure suprême, je tiens Il déclarer solennellement que ce que
Michel Thomerain vous racontera est l'exacte vérité.
u J'ai l'honneur de v.ous saluer :
« SAlNT-EuMoND. •
Il héSita. un peu, rega.rda.nrt. devant lm, les yeux vagues. Enfin, il commença. sa leLLTe à Suzanne .
'c
Ma chère enf·ant,
<1 Tu vas apprendre que l'innocence de Michel Th<lmerain est reconnue, et Lu apprendras en même temps que
c'est ... tan père qu'on aur'aiL dO condamner, au lieu de
l'homme si noble, si loyal, que tu rumais et que tu aimes
encore, comme tu es aimée de lui.
" C'èst lui qui Le dem.a.ndera pardon, en man nom, de
Lout le mal que je t'ai l'ait et de celui que Je vaia te
faire.
« Je n'ai qu'un moyen de t01,1t réparer, c'est de mourir.
" Mais je suis heureu.x de mourir; c.a.r c'est la. première fois que j'accomplirai quelque chose d'utile et de
bon.
« Tu vas savoir bien·tôt que ton père n'était digne ni
de ton estime. ni de Lon affection.
• J'ai été un mauvais époux, un mauvais père; j'ai
vécu stupidement. ne sachant pas voir où éLai! mon
vrai bonheUT.
_" Et maintenant, j'.a.rrive à la catastrophe qui devait
inévitablement terminer UIHl vie aussi mal employée.
" Adieu, je t'6lII.brasse en te demandant encore de me
pardonner, et de plier pour moi.
. ~ Ton père 8.US@ malheureux que coupable,
« GUSTAV8 • •
Jean Malais le vit cacheter ces lettret3 avec le plus
grand calme; cl, quand cela fut termmé, l'industriel se
leva en souriant.
- Adieu, mon ami, dtt-tl Il l'ingénieur en lui tendant
ln main.
- Adieu, monsieur ... Mais vous oubliez voLre porLecigares.
- Permel.\.ez-mol de vous l'oUrir. mon amj, ainsi que
cette caisse de cigares qui est sur mon bureau ... Je ne
reVlendral pas ici do quelques jours.
11 avaiL enl.ièrcmc.nt dominé son émotion et redevenait
l'homme du monde correct. qui tient avant Loul è. sa,
Lc..o.uc.
Sil voltul'e aLtenduil loujoul'S SUT la l'OU te.
1\ y rn<m.ta en ordonnant de renLl'C.l' li. Paris.
El son coch.er se dit :
- Tiens 1 Le 1 at.ron semble plus gai que ces derniers
jOUTS.
• Mlchel
79
A peine .tllITivé dans Paris, H nt Im'ôLer sa voilure prèS
d'une marc.harule de fleurs qm poussait sa charrette devant elle.
U descendit et demanda b. la marchande combien elle
vouLaiL de tou.tes sœ fleurs.
- Trente fr.aJlJCS, monsieur.
- En VOici soixante, ma boIllle IerrlIrul.
El il fiL jeter d.œ il urs en l.a3 dans sa voituro ; puIs 11
dlt au cocber :
- Vous ilire'l à madcmolselLc quo le lui envoie oœ
fiow·s.
- Monsieur ne l'eIlt.re donc pas 7
- Non, j'al enco.re deS DOW'seS fi fuire dans le quai'-
�C?r-
su = = = =================
tier ; ma.is je les feTai à pied : j'ai beso~n
de me promener
« Tenez, voici q\.llllJ'ante franes, allez vile.
En même temps, vous remettrez cette lettre à ma<1emoiselle.
- Oh 1 merci, monsieur.
Il poursuivi t son chemin, ravi d'avoir donné un peu de
il son coc.her, à Jean !\Inlais.
joie il cette m-1rchand~,
- Un brave garçon, ce Jean Malais 1 Celui-là du mojns
gardera un bon souvenir de moi. .. C'est moi qui l'ai tiré
<.le la misère.
Dernière petile satisfac tion d'orgueil.
Il descendit lenlement le flÎ.u.bourg Sai·n t-Den.is et arriva il la gare du Nard. Il se promena quelques instanls
dnns cet énorme couloir où se pressent tant de voyagew-s, r egardant les guichets.
Il se d~cla
pour un train de banlieue, aüo de ne pos
aUendre. EL un peu après une heure. il prenait place sur
IIlle impl!l"IaJe, après avoir jeté ses deux auLres lelt-res à
la poste.
- Allons. dit.-ll avec un Lr.isle sourire, voilà un suicide
qui fera du tapage.
(C
VII
LE
TRIOl~HE
DB LA
POLiCB
La nouvelle de l'évasion des deux amis avait n aturellement produit une grande sensation d ans Lout Paris, et
principalement dans le quartier de la Chapelle, où l'on
avait alors remarqu é que celLe évasion coïncidait avec
l'absence de Bernier et.de la veuve Thomera in.
L'exfsLence de la douce créature eot été au'cce si eJle
n'avait élé soutenue par son amour maternel, et surtout
par l'espoir que l'hùnnêteté de son ami serait enfin rec J1JJ1ue un jour. Car elle devait viVl'e au milieu de cœ
anUpalllles de quartier, d~
ces petites méehllnC<ltés" de
ces blessures d'anlùur-propre, de oos petils couns de poignard qu'on vous lance à travers le cœur rl~n
ql~'nve.c
un mot, et qui avl~nt
éclaLé dès que Bernier n avrul
plus été là pow' la défendre.
Au début, on lu plaIgnait assez généralement; et
quelques-WlS Mmiraicnt même sn touchante fid él ité ; et
pllis , on pouvait encore crOire Il l'innocence de :\larl:n.
~lais
' le rovÎl'ement fut lrès brusque, quand on eul
constaté « qu'elle ne manquait vraimenL de rien, la
chère petite 1 »
.
De rares porsonnos firent bien obS01"Ver que cela
n'avait rien de SU1'jll'en.a.nt, puisque Bernier l'avait pr:se
sous sn protection et quo le VlelL'( oonll'cmailI'O él.oiL bIen
libre de dIsposer do ses éCOllolllJes, marne de 50. peULo
fOl'lune, comme il l'cnle.ndalt.
Milio; JUL:Clle Morand avaiL le défuut commun b. tant de
mllres d'êt.re coquetLo pour soo entant, ce qui provoqua
\ Ite l'eavle, )u j,l:ousie.
Quelques volsinooo dirent:
_ Avcz-vOUS vu celLe capeline, ma chère? SI le pllre
I3crnier voyaiL t'emploi qu'on fait do son argent 1
_ Eh 1 ma honne, l'épandit-on, croyez_vous donc que
ce soil sewieffic.rÜ le s:c.n qui danse?
_ Et que croyez-vous, vous T
_ Qu'elle n mon lé ... qu'Ils onl tous deux m<>nlé 10
coup au père Bernlel', qu'elle II. sa, bonne poULo r(\servo,
60n bon peUL bas de laine ... Mnl5 c esl évident, ~Ia
ch .~ re,
que c' t eUe qUI M!tlollt le magol 1 El sJ Lu. poil fUJ&).lt
Wle bonne perquisition 1.. ,
())lte oplnll)n s'élend 1 a.vec WlC telle rapidllé que Julietle 00 pouvail bientOl plus oorUr, ru sudouL Iléné.Lrer
d/lns un magasin, sans sc CI lser il. des l'egards hosWas,
[Jl'OOque haineux .
El elle n'osalL pins ri
marchander - queJ1e est l.a
femme qui 00 rnurchande Pas toujours un peu? - depUIS
qu'trn charculiet' b. quI Ile se pl.oJgn.an de ne pas avokr
son poids, lui avnlt rèpllqué :
- Allons, allons ... Pou.r ce Q.ue Qa vou. coOI.o. l'Il'Izenl,
/1 vous 1
Moins fort que l'Amour
~
Et, hier, el:le avait eu l 'h umiliali-on , nette, cruelTë , pres.que en lace.
Comme le fils de sa concierge admirait son enfant,
dans l'allée et voulaH lui baiser les menottes, la mère
l'avait rellié brusquement, en crianL :
- Rentre done dans la loge, Loi 1 Perds donc pas ton
temps 1
El, avant que Juliette eOt aUeint l'escalier, elle avait
qui continuait ln gronderie.
entendu la conier~
- Que je t'y repince, à jouer avec t'enfant de celle
voleuse 1
Ju.ljetle ava.it mis près d' un quart d'heure il l't'gagner
l'appartement de Berniet', tellemenL le mol odieux l'al'a.it
accabl6e.
Et elle avaiL eu UIle grande crise de larmes.
Et, Lo lendemain , elle !On était encore Loute bouleversée.
Elle eut pa'csque envie de ne pas sortir; mais , si le
courage lui manqU!1il un peu, nujourd'hui, pour elle
même, elle devn.i.t se redresser et ne rjen chUJlger à ses
habitudes, m'onLrer toujours à Lous pnr son altitude que
la confiaooe ne l'abandonnait pos. Son v isage, ses manières devaienl toujours dire il Lous :
• Vous pouvez l'accuser ... Vous pouvez même m'aœu~r
d'Nl'e compliœ ... Mais lisez donc en mon reg1rJ
qu'il est innocent et que j'ai toujours le tèl'me cspou' que
sùn innooenœ sera enfln reconn·ue 1 •
Poul'lnnt," elle n'éLa:t pas bien brave quand elle traversa la rue; et 00 regard, qu'elle voulait si flcr, e le le
b:tissniL, dès que qui que ce soit la dévisageait.
Et elle était enlorée da.ns la boutique d'une fl'ui tière ,
son panier il la main, b.ie.n tinü:!e comme toujours, eL
nttendait bien patiemmont qu'on 'l a servit, osnnt il JX!lne
parler, Lrembla'nt qu'on ne lui jelâl ces allusions blessanLes, qui la faisaien.t si cruellement souUril'.
- Eh 1 mademoiselle, lui cria sou.cLain la fruil.wre,
vous n'avez pas bœoin de baisser les yeux, ce ilia Lin...
La chose ~st
(onnUCl, maintena.nt 1
Ju lietJ.e ne broncha pas.
Elle posa sa mui,n en tremblant sur un pan lCI' de
pommes; mais la fru i tière continuait :
- C'est à vous que je parte, madClnoisello J~I l'u1d,
vous poulTicz b'en me répondre 1
- Quoi donc?
- Oh 1 Si VùllS Ca.il.cs des manières , tant 11 :5 pour
vous 1 Je vous <lis qu'on saLt Lout ...
- Quoi 1... Que sail-on 7.. . mUl'lflUra Juliette avec
amdélé.
~
Vous 'Ile le snvC'~
peut-êLrc ~
VOLIS, hein?
« Jo parie qu'olle va dlre qu'elle ne sail pas que son
Marl,;,n Pélis~er
s'est 6chappé 1
Julietle s'a.ppUylL contre le comptoir el POl'ta les deux
mains il son cœUT.
- Oui, oui, jouez l'émotIOn 1 conlInun ln f" lIlme.
Cofll'Tl e sL VO~IS
n le . silvi ' Z pas depuis 10ngwIlIps 1
Jul~e
sortIt sans rien Ilche!.er; elle revinl vile chez
elle, s ula~n(t
qu'clic aHull Lrouver une lettre ou uno
dépêche. Le concierge lui dit d'un ton bOUITU :
- Mals non , il n'y a r :etl pOur vous. Avec ça que
voJ.re Mnrlln Pélissier serait assez nuIt poul' envoyCl' sos
lctla'CS ici 1
Julietlo ne répondit pus: cL elle ressortit, réll6clü sun t
il ce que lui avait dit le concierge.
Evk1emmcnt, Marlin Pélissier ne devnlt. pas commeUre
l'imprudence de lui éorlro il. oon domlcUc, que la poUce
faisait san.s doule surveiller; mnis pcuL-êll'C lui avalt.-il
écrll pesle rcst.u.n.Lo 1 EUe o,uralt dO doviller celn.
Elle 00 Tend!l au premior bwoeau de posLe eL d~lIan
al l'on n'uvall l'lell b. son nom; eL, SUl' la réponse n gaUve qu'elle l'CÇUt, oIte partit pow- le bu.roou conlral.
Ce lut on chemIn, dnns 10 trumway, qu'elle Ouvrit Wl
JOUJ'Illl1 où Ile luL le récit qui avait si prorondl'llIenL
OOuUlvel'Sé. M, de SuInt.-Ermond et le princo V r 'ninc.
~n
sourlll'e heureux se répand u.it sur son visage.
E."e cornp~al
mnlnl.crWlJ1t : c'élltl!. pour cela que la
Cl'U1LiO.re l'avll.ll nposLrophéo le lOa!.lJ1.
On s'in.I:.Lf:,'nlit (Iu'alle. était pl'évCJ1JUC depuis longtel\lJ\'l
do l'évasion de son 1ll)1\.
EUe compn1'll la (tale de l'év.nskln à la dal.o d ta d~
pêche qlle Ber.nk:I' lui avruL n.dIrœs.ée de Sidney : celle
de la dépêche était DOSl.&ieuro.
�~
Moins fort que r Amour
====================
Donc, Miche'l et Martin étaient Il. oette époque en bonne
sanLé, puisque Bernier disait : « Tout va bien. Atlendez. n El si , depuis , on ne lui avai.t oonné aucune nouvelle, c'est qu'on ava.i t j ugé imprudent de le faire.
central, où naturehlement elle ne
Elle rurri'va a.u bu~'ea.
trouva rien.
Et elle revint chez elle, il pied, ayant des envJes de
rire, de crier son bonheur.
Martin s'était échappé; elle le verrait bientôt ... PeutNre étaiiriJ déjà bien près de la France 1...
Les jours suivan!.s, elle vécut dans une cruelle 'dillxiété ,
qu.i avait bientôt succédé il. sa joie. Chaque matin, il lui
semblait imposs:'ble que la journée s'écoulât sans qu'elle
reçut secrètement un message. EU ava:il tout préparé
pour parLir promptement et aller rejoind re son ami.
Une seuJ.e chœe l'inquiétait, l:'est qu'elle avait touj.ours chez elle ces deux cLiam:anls que lui avait remis si bizarrement le pa"ince Véré:nine; elle ne savait où les lui
renvoyer, et eUe ne le voyait pltls.
Enfin, UJl matin, tandis qu'elle faisait La toilette de son
enfant, elle entendIt, souduin d.ans l'escalier la grosse
voix de Bernier.
Elle resLa immobile, devint taule pâle; et , lorsqu'on
'f rappa, elle ne put rien l'épondre.
On frappa encore; la noul'rice alla ouvrir et Bernier
parut, uvec la veuve Thomerai.n.
Inconsciemment, Juliette demanda :
- Et Martin 1
_ Ah 1 voilà bien les femmes 1 s'éoria Bernier en
riant Embrasse-nous d'abord ; el, après cela , on l'e n
donn.era des nQuvelles de LQn M. Pélissier.
Déjà e1le él~t
tombée dans les bras de Mme Thome"a ~ n,
et les deux femmes sanglolai.enl...
La veuve disaj,l :
- Nous sorruncs venus en avant, pour que vous n'ay~z
pas une trop forle 6mQlion; mais i\Iorlin eL mon fils
arriveront loul il. l'heuxe.
_ Ils sont donc ù Pa.ris 1
_ Oui, el VQUS Les verrez aujourd'hui.
- Mais quand 1
.
_ Dès qu'ils auront termin é ceI'ln,ines aUaires .. . lmparlJanleS ... Ils doJven'L nous l'€jondre.
_ Oul, je comprends, dil la jeune lemme: il fout que
cc soit des cl1-o.scs gra.ves en 'fret pour avoir empêché
Morlin de venir embrasser touL de suite son enfant..,
- Et la mère de cet enfant 1 cria Bernier, quJ avoiL
pris le mioclie et le faisait souler, pour cacher son émotion.
C! Ah 1 an voiJ.à encore un il qui j'allR
'ni le droit de donner des taLoches, sacrebleu.
,Le vieux conl.J~"<!'e
se mit ù rire, en songea.n t Lout
d un OOllp à Des lmhéclles quJ prélendaien t aul~
e fois
qu'il
n'oUl'ail personne pOli l' 10 s~ignel'
dans Sil v1cillesse .
Le reslc de la maL~née
ful vile pn ssé.
Bernier se promenolt de lon~
en lat'ge dans son IIppartement, heureux do se t'cLrouv r chez lui.
LII veuv(' s'oocupaiL de l'en[an,t j eL, à haque inst.unl,
JulieLte ollaiL à la porte, écoulnnt les moiru:Lres brulls,
Vers midi et demi. III. Jeune lemme, qLÙ était penchée
pa.l'..desSU8 la bB.lustr8~e,
pOu....\SIl un grand cri. Martin
Pélissier arrivuit, bondIssant sur les escaliers.
- Ma Juliette 1
- MQn ami 1
Il la priL dans ses bl'~
et la Llnl longLemps, la couvrrunL de car 'ssos , bo,UJuLI<J.nt nu milieu de ses lUJ1mo.s :
_ Ma chérie ... ma Juliette 1
EnsulLo, eUe le fiL en.LI'Elr; . ~ il su mlt 0. genoux devant l'enfanl que tenalL Bel'J)H'r Il luI embrassait 1es
jOli cs , le!> main.s, Irs pied,q; ... 1, cnmnLlI l'c.nro~
souriait
bonnetnc:nt il lui dlt grnv(lm(!J1L
_ }jQlO~,
monsJeur Pélissier,
11 rul Interrompu dnns ses elrulons Jmternelles par
l'ariv~c
do Michel, qlll revenait, lr'" trISte, de SM en
lrevuo avec M. de Sniot.-ErIJIond.
L'in~MlQUt
embrassa. (end t'Omen 1 1/1 Jeune femme et
'lit :
_ C'cst ù MnrUn que noUS devons notre évasion: le
'44)1J'S FORT 01 Il 1.'<lMOun. -
6
l'aune corrune un frère e\ je vous aimerai oomme une
sœur.
- Très bien dit, déclara Marlin. Et mai.ntenant aux
affaires sérieuses. - Tu as vu ce... malheureux 1 '
- Oui. Il m'a fait pitié 1 Plus tard, je vous raconterai
cela., . Que je vous dise simplement qu'U quitte Par'.5 ...
- Alors, nous n'avons plus il. nous occuper que de ce
gredi.n de Vérénine.
.
- Vérénine 1 s'écria Juliette avec autant de mépris
que d'indi gnation : le misérable 1 Il a osé m'insulter ... li
a osé m'envoyer ceci, mes bons amis.
Mais, au moment où Martin allait ouvm l'écrin, que
lui Lendait Juliette, on fnappa violemment à la. porte·
et une voil( rude prononça:
'
- Ouvrez, au nom de la 1011
Martin dit gwement :
-:- Ça, je m:y attendais; car j'ai bien vu qu'on me
filait, lor.sque Je ~UlS
venu ici. Ne nous troublons pas,
mes auus, el laissez-moi répondre... Et surtout, sois
calme, mon bon 1vlichel.
Juliette s'était mise à trembler.
- flassl1'I'&toi, ma chérie, lui dH son ami. NQUS allCID$
nous amuser.
.
Puis il alla à La po me , où l'on frappailt encore.
Une dizaine d'hommes étaient sur le palier, et en tète
l~
chef de la Sûrelé el le commissaire de police du quartIer.
Martin les saJua très pol1ment, et il al1ait leur p(lrler
quand son enlant se mit à plEml'er.
n se retourna et l'embrassa.
- Tu pleures,}Don pauvre pewt et lu riais si bien
tOlll à l'heUl'e.. C'est que tu n'~es
pas à voir tlei
gens laids.
« Allons, on va te coucher dans ton berceau' et ce
BQil', je le rappo rlera1 un gendarme en carton, ~l
t~ le
mettras en pJèccs pour venger Lon papa de LQus les vilams LQurs QU'on lui a joués.
Il embra.ss'l encore l'enJanl, pu is il dH séMe-userrnent, :
- Excusez-le, messieurs. Son éducation n'est pas en·
oore oom plcte , et N n'est pas habi,lué à voir des figlLl'OO
aussi rébarbatives que les vôLres.
Le chel de la SQreté haussa les épaules eL dit brW'lquement
- Aurez-vous bienlôl fini de vous I1ch' de nous?
- Non, monsieur j car, il. mon grand reg ret, je sernl
forcé de me [ioh' enoo.re de VOLIS pendant ljUetIqU'!s
heures, puisque c'est la seule vengeance que je puisse
exercer contre vous.
- Vous reconnnissoz être le nommé fl.Lul'lin Pélissier 7
- ParfwlRmenl, monsieur, e.x-matl"icuJe ~O2,
ex-O,!vrler de ln lransPQrLaLion, spéci.a.lement détaché à l'hOl'logene, Lle même que vous êtes le cher habile d la
grande police fran çaise, l'homme qui écril de si jolies
letLres el manque si bien les assassins ...
- En vertu du ma;ru]at d'amener que j'ai conl,re vous,
je vous arrête, dit sèchemonL le magistl'nt.
Puis se réLQurnant vers Micheù :
- Vous reoonnaissez êl.re le n<>mthé Michel TI10II»
rwn?
- Oui, monsieur, rut Martin,
- Ce n'est pus à vous qu'on parle 1
- En eUet; mais il vauL mieux PQur vous que je répon~e
'au nom d~ mon a.m.i Thomerain ; car moi, je suis
grnOleux, je OOUIrlS en, vous parlant. El lui, sel'nit capable de se mettre en colère, ..
- En erre t, dit sourdement Michel. J'namJl'() la pa
tience avec laquelle mon ami vous l'épand. Cal', lorsque
je vois la justice eL la police de mon pays oonfiOOs il. des
mains aussi .. . maladroites, je sul honteux, et je ne sais
pas oucher mon Indigna.Llon.
- Michel Th.omea'l!ln le vous a:rrêl.c, au nom de la loi.
Vous répondrez, devant la ju stice, d s Insultes que VOU"
venez d'adl'essor il WL ma.gistral dans l'exercice de sa 1
toncLtons ...
« El, PQur prouver quo la police n'esl pas si mata,.
droite que vous voulez bien le di.re, j'ajoutero.l que nos
agents on t si·gnalé volre passage il SW n I.-Pétersbourg,
votre d6parL pour Riga t de Ilign pour Berlin et PurIs,
• Ce InaLin, pour mi ux nous dépister, vous uvOt
qulLté vetre mOre on sortant de la I!J).l'e du Nord. VOUi
�~
82 =
=
10 IIlllgiblnÜ.
Moins fort que l' Amour
~r=
avez sUÎ\'i le faubourg Saint-Denis , et vous êtes venu
Lout na Ili'ellernent sur le lieu où vous aviez accompli
votre forl:J.it. On vous fi vu . caché derrière une muraille,
( ~ piant
les 6.li6l".s ct venuas des o~wl'ierS
qui reJèyl~
l'usine de 1. de Saint-Ermond . 'Est-ce exact 1
- ParIo.ilemenL e,'acL dit Michl.!l avec un sourire ironique. El après, qu'ai-je fait, monsieur?
- Vou.s vous êtes introduit dans le bureau <le l'ingénieur, au moment où il n'y avait plus pe.rsonne.
- Ah' 1 très bien. fil Michel. en souriant Et ensuite 1
- L'inspecteur qui vous surveillait a couru au Lé16phone pour me prévenir de vos ~giS0l1ents.
Enfin, on
1'0 us a r(joint nu momen\ où vous pén~triez
dans octMl
maison.
- J'admire l'habileté de vos agents, monsieur. J'ajouterai, seulernen t, que celte habiJeté est souvent mise en
ucIaut; car, lorsque je suis entriJ dans le bureau dont
vous parlez, il Y avait en~
une personne que je fuirais voir ... el que j'ai vue,
" El, si voire agent avaü, ce q1lÏ est élémentaire,
écouté à la porbe, au lieu de courir au téléphOne, il aurait appris bien des choses que vous ignorez.
- Et lJ. moi, monsieur, dit Martin, d'un air innocent,
eslrce que vous ne me direz pas al.LSSi ce que j'ai fait depuis que je suis arriré à Paris?
- Vous 1... Vous avez voulu être encore plus malin .. .
Je crois d'a.:lJeuJ'S que c'es t un peu votre pl'ét.ention 1. ..
- Je l'avoue IlUm.ble:menL.
VOllS vous étiez ùonc déguisé en An.glais. Jo pourl'ais mêmo vous dire v{)Lre nom d'c~prunt,
car j'ai une
des cartes que vous avjez fait impriml!r chez un papeLier
de Rig.a, aiin .<le 'l us présenler chel un des gros né.gociants de cetle ville ...
M8a'tin prononça gOUl~n
t :
- Ah bah 1
Puis, el1 s'incljnant polimen
~ :
\
- Pardonnez-moi, monsieur, de v ous aVal, interrompu ; mais c'est tellement drôle, vous savez!.,. Enfin, je
"ous écouLerui sans vous inLerrompre de nouveau.
Avec un air triOlIphan~,
le che! de la SllrcLé continua:
- VOlIS n'avez pns voyagé avec vos Ilmis. Vous avez
voyagé avec ce négocia~,
que vous ne quittiez que ral'cment.:.
•
" Yous prepnricz évicjl'mment quelque nouvcllQ escroqu<)ric.
1( Enfin,
VDUS êt.cs descendu ,"U Gra.nd-Hôtel, osee ce
n 6goc.i!lll t. ..
• m "OtIS ll.vœ: profilé du premier mornc.nt 01) il vous
0. qwllé, poUT vous échllpper ... Vous tliV~Z
snu~
d<l.~
une
vo.iLlU'C. qlli vru'! a mené ici. ~nt
, en l'IOule, VOUI:!
U\'t'z "Iù~vé
vos pel.Jls favoris l'Ouges ...
- \ culez-vOU! que ~ les remette 7 Je les al dans lJlA
jX>f:he.
Et MarLin enleT!l de sa poche d eux peUls favoris, qU'il
appliquQ. iJnmédjl~e
t &ur J'leS joues; 11 dit ;
- J'ai rhon~u
r de vous présent.cr n;:\I"ry COl'tenlng,
de 111 grande mnJson Corlnltng and C' de mil (OW.
Il y eut un Jou l'.ire CfUi g ngna tous les a<;"'li$t,oJlt.s,
except.6 le ch.e [ de la SIlNlt.6, CJ1.1i h8l\l.l5K les ~o.ules,
S(;ln
geste favori, ct qui d it a W\llitOt :
. EsL-ce que vous n'au rlez p M auLro chooe dans la
poche dc votre veston 1
_ Si, :;1, un pelit écrin, <lit tranquillerrwnt .Martin.
Cola nr> saurait Ilvoir rien d'6tonn/l.nt, puisque je sul.'!
bIjou Lir>r,
Vouw.r,-vat1s me .Ji:) d01l1W 1
/lVfX' plnislr. Le vole!.
Ju\il'lle J;'IIVIU1ÇI)., en disant
'II i.<;, (':('sl. Il mol,
bijoux; ou, du nlOms, c'
à mol qu'on Il n'fllie ...
Mlu'Lin l'arr 1..'\.
- Tais-loi. Jultl:'tolo.
- \'ous pl·~e1c.'7
que c~
hl.rln ('St Il vous, Interrogea
)e dler (Ir'! ln Sli·rl'lé 00 tounwnl V(.'!'S el 10.
tll' 'Lin IIIL viii 1 Illt :
Jull!'l[l" nI' n'ponds Men. M. 10 rhl! do l<~ snr /.()
\1\
rlIl' Il 'ail vi .nnenl Cffl hlJmllC, pul qu'il nil ll'u.
lI! le Mf'me!.; de prrmonrf"l' lU! SC\Ù mot
_ n~p
nc\l'z-moi, mndemoiselle 1 OrdOl1.Jlll 1I6vèreml!n~
~
Elle secOUa la Lête et montra Ma.rtin.
- J'obéis il mon épeu. , murm uca lrelIe avec un sou·
rire moqueur.
- EL c'est nu nom de la loi, monsieur, reprit Je ùijouLiel'; car bientôt, celle jeune femme sera légaIemc.n~
ma femme. Et la femme doit obéissnnce ù son mari.
- Eh bien! dit froidement le magislt'at, puisque mademoiselle refuse de nous répondre, nOlis la prierons
de nous suivre aussi; et elle ~fI!.
bi'm forcéc dl) nous
dire alors comment CC3 diumanL<; sa l l'ouv-ent enlre es
mains; car ... ce s0nL... oui ... des diamants.
11 avait ouvert l' écrin.
Il s'.adressa ensuite à Martin.
- Vous les connaissez peut-êt.re?
- Si VOU.'5 voulez me permettre de les voir une se·
conde fois 1
Le chef de la S!lreté plaça l'écrin Il une légère distanœ de Martin, qui réJléclüt un peu, puis d il :
- Je parie, ID<>nsi-eur, qlle VOllS allez avoir deviné,
vous, d'où viennent ces diamnt
~ ?
- En effet, ils doivent provenic. d'une rivière de diama.n15 qui é[,ajf. exposée, il y a plus d'un an, il. la dev3JJ,ture d'un magasin de III. rue de la Paix . N'est-ce po,';
cela, monsieur 1
- C'46t tout à fait cela, répliqua Martin, avec 10 plus
grend calme; pour une fois, nous voilà absolument d'accord : c'él'aient ces deux diamants qUi ' fonmaienl le ccntre de I.a. rivière.
- Est-ce p06Sfule! balbutia ,Tuliette. abasourdie.
- Oui, ma chérie, déclara Marlin. Je les reconnais.
La jeLLne lemme poussa un cri de rage; et, levant IEeS
brus au ciel :
- Ah ! je comprends Lout·, mainl.enant. Oh 1 le misé,re.hle 1 le mi96rable ! Et il osait! Oh 1 c'€St affreux .. .
- Tais-toi, Juliette. N'ajoute pas un mot. Tu ne parleras que lorsque je te le dirai.
Ln voix ,I.e Martin éto.it d~venl
très fI'ave. Le Jeune
homme dit alors :
- Vous nous arrêooz, monsieur; nous J;)omrne5 prêt.s
1\ vous suivre.
- tl1.lWame et moJ1sieul', di.t le mualstrllt à la veuve
et il. I3ernil'l', veuil~
ne PIl.S ):)t)ug()r d'jci ; le jugl.! d'i11struction vous fen Ilppelel' aujourd'hui.
- Oh 1 Nous vous suivons ousoi, d~clo.r
la rol\l'e (le
Michol n so levllilt.
Marlin .se plaça de luj-même IJnlJ'e d~tlx
agenIiS, ~n
faisant sjg!l~
il. Michel d'at;(,.A!p~l
' tout ~vec
p.o.lient;o
- Et TnllinL«lant, où. l'lous mène+on 7
- Au Orand-ll(Jle l, mal ieur 10 bol e.<'.prH,
_ J'l).llo.is Just.emenL VOlIS en pl'ier,
VIII
Une 6no1'00. foule s'tlait f.ormée d4.nll ln rue>' le.
bruit s'étaiL viloe 1'6pl,n~u
(lue
puücc avoH !lOÙlement clp.ur~
les deux tTO.tlé5 do N um~.
Le concier,. anJl clG fermer .!Ill pl'~,
pour ne pM
voIr ,~n.
!YI iaOIl eI1v&À~.
Le chel de ln SQI'4Ité ..:lvoya che.rclle.L' ùc.s vollw'cs;
Ml\rL!n ùll:
- J'ni la mienne b. la por\(!. J'csp~re,
mnn<ieul', que
you:s me p<ll'lflcttl'l'\1 1111'11 d.> \'OU' y 1 ffI'il' l1.l\C plu<!('.
Ju!.l.t·mont j'al url wn clwh!'J' 1:'1 un heJ/l l'h 'v nI.
11 v liS Lard cloue ul 1\ il Il rrl\ r au Gl'unù Ilûtol T
nt le mli~'nt
avre lin OUril'" l1unl'llo.
Il, .,\1 coup , mOllsieur, !nais blmpl 'Jlllmt dU11.S W
bul do VOUII Ob Clgl" bic.
- Ah 1 Vl'ulmen' 1
- Vnu.s me meFlC1. évlcl Ulin ut nll (JI ll.lJ.ù-IJÔI.cI elU.Il':
l'~poj
de trouv{>..l', deas IUn chelllLro dCJI j::npl l'
COlllj,o rllf'1 Ilnla 1
1
- Pell ~tl'p.1
'1,
M mllmo 11'flllLI''lS trl1
Ù· ô) Il' { mouflo rivièro
dinmant.s 7... Eh blell, voyez CI mlllC 10~
SOn1IIl .'
OCOl d'Ilcoord. eL (la 110 r: J 111"
' : rnoL Il
.J
�~c
Moins fort Que
rAmour
83
je désire relourner au Grand-Hô Lel, pour retrouver
déŒnilivement les traces de celle belle rivière. Nous
ayons déjà deux diamants, les plus b œllJ(, Si nous
a11ions retrouver lies uu t.res , hien?.. Quelle vicloire 1. ••
Seulement, j'ai bie.n peur que nous n'en trouvions !-'lus
que de bien fai bles iraces.
Au bout de quelquE'.s iiDsta.nls, 1a parte s'ouvrit; et on
vit 1Jone demi-douzaine de vOitUTes r!l!Ilg-ées le Lan g du
. trotLoiu'.
.
Chaclm des prisonniers fut p1aoé avec Lrais agents.
1~.'Ilie·
cl Mme Thœneram m<lnlè;rent dans la derruèm
voitUJre.
tln aI'r1va assez <rapidement deyrunL le Gr<1nd-Hôtel.
Lorsqu'on dcsc.mdit, Maxt.in Pélis.siel', ruprès avoir con·
solidé scs peUts ravo.ris, s'inclina et dit :
_ Monsieur le chef cJ.e la SOreté, je ne vous demande
qu'une chose, c'est de ne pas me démasquer t.rap brusquement. EL, en. éch-ange, je vous a.pr~ndi
des cho&es ... mnis 00s choses qui vous cmpêcheroot de dmmir.
Le magislll'at ne l'écoutait pas; il s'ét.a1t précipité dans
le bureau de
LeI , en demanda.nt :
~
_ La cLef de la ch'l1mbre de M. I-I&"I'y Cor Leni.ng.
Il monta rapidement les escalif'...·s , suivi par leS agents
qui C'onduisari.ent MarUn , Michel et JuJjetLe, tandis que lia
y(;!UYC et Bernier jugea.ienL pruœnt de demeurer c1uns
la cour.
Le ch-ef de la SOIreté avait beau m8!l'cher viLe, Mar Lin ,
malgré l's [[arts des agents, qui vouJJaient le :retenir un
peu, arriva en mfune temps que lui dams le couloi.!' où
étai.L siLu{.'(: sa. IlanWl'e.
- Monsieur, dil-U, je vous en prie, éOoule:trmoi; ma
almmln'4! a deux issues; ma parte, dev6Jlt J.aqudle v.aus
~te
s,
aL celle-ci qui apparLlent il u.n logement communiqu ant aW'C le mlsn.. PBII' gl'Û~,
faites ga,rder cetLa seconde porto; car c'esL par là que mes tra.ce5 de dia-
rhô
m ants pouil'I'a.ient s'échapper.
Et, en même temps, il monLrait La porle de la. cbambre
do f>.ousch kofl; comme les agents :remplisso;.ent le couloir, cet~
porLe se Lrouva natl1relJemenCgàa"CIée.
DOjil le chef de la Sûreté éLaiL cntré dans la cbo.mbre
d.: Martin.
.
Le jelme homme, d'un coup sec, se dé@goo.
deux
d~s
agenl.s q':i 1 · lenUlenL et se prOOipiLa. vers la perLe (le
COlIhlTlU nico.Lion.
Il J'ouvriL brusquement ct (lit
- Pimœs, me3 bans omis 1
C'était jusLe le !D0ment où l'ancion préceplem' ù:oo.iL il
ron mOJlre, le pn.noe Gérald Vé.l'éniu<l : '( ImbéCile 1... .Jo
IDe Sil'''; :Lu.issé Jouer 1 »
.
MacllinaJement, sans dire u.n scuù mot, le prince 00
Lova eL courut à la parte de la. charnbl'6 : il aUuJL se précipll.el' au d hol'l, ; mals MrurLin ilit :
_ l11ULile, prince, nos IW(x;uuLioIlS 60nl. prises
toules les iS~UCl
sonL gQ.1'~
MJa.lgré Of'ia, le pr.tnce voulut oorlir.
EL quünd 11 -&p0l'çuL les RIl'e.rut.s, il dovinL blêmo et..resLa
oornrne p6trJllé.
, PouschkoU n'&vaiL fX'S bougé <.le Sil chaj,se. Il reg/IlI'da.H Mnl'L~
avec e:fl~mcnL,
supposunt quo ce devuiL èt:re
Il uelque Agent do 1.0. police seorèle.
Q-uu.rliL au cOOl de la Sll.relé, il n'Il.vail <nt qu'à ooœta..
t.f!l· le wl(JlJble des deux bommes pour 5e dire : • V<>Uà
dœ gens qui n'onL pas la CO~1.5le(,o
.t.l'anQuJUo. »
M,u.in IlInnn 1., Mi.choJ el JtlJl:i.OltR. 6talflQl a.lll;si cllLro..;·
"~ WI. J u.n.> fiLl!' s'{!c /' i!üL e.n monLJ'anL lu plince :
'
- C'cst. 00 mlsérnble 1
A ocLt,e al>ilclkophc, Gérald devint. en or4! pLu;! blllmQ.
Quanl i~ l'wschko[l, i~ ,ue oolflprCntllt, plu.s ; il rllLcn<.luU
lvœ ln pll.l<ISO[llüe du sage, que 1,'1;; lus Ut.. ol1lloCG cuLu,g.Ll'opllllS TI(! ~l1'icnt
émouvoir.
MUI'Un ru 1)(X\re sinn il. JulicLL.e tic ·c tolre; [lUlS Il
<;0 10Irnl~
Vt~/l
l.c chetlLe Ln. SOret,é ct dit j!ruv TT!< nt :
_ Mnn ieu)', je (',('Mie rnal~'
lt
d nkli:luJ.t...·, OU,(' Ll
([llli C]ll ' je I.wc mon honnou !', d c'~L
lIne ch~<;Q
o.YCC
l.nuu.lib j u ph,l.lsanle jUllHlla.
~
" Je vous demande donc d vouloir b-:en m'êcout.el' ... et
vous aussi, monsieur le prince Tusse et vola'e romplice
Pouscb.aroil.
A ce nom, le l§I'oo bomme euL une secousse. Il prononça doucement :
- Ça y est.
Puis . essaYf\nt de se délendre :
- Vous vous trompez, monsieur Cor Lening , je m'appelle Pouschl<oil.
- Vous ne vous appelez pas plus Pouschkof1 que je ne
m'appelle CoTtening 1 cria Martin d'une voix. tAmnanle,
en a.rl'ach<lJnL ses !avoris ...
" Je m'appelle ...
" Mais on vous üi!ra- cela Lout à l'heull'e.
me cannait; c'es~
vous qu'hl
u M. Le che! de la SCr~·et.é
ne conn_ait pas. I~l je V<Lis vous pr~sent
fi. lui, nve.c tous
vos cenificals de bonne conduit.e ...
- Vous êl{'.5 Jo c.lteC de la Sûreté? dit vivement ~c
prince. En ce cas, monsieur, permettez-moi d.e vous de:
ma.nd~
oomment vous êtes rriêlé à de telles pl·a isanw.
l'les ... Je ne comprends rien il taules ces insultes ... Saallez mOn&>elUJr, que je suis le prince Gérald Verém.me e~
je YOUS ferai J'epe.nUr.. .
'
- Vous êtes un esoroc 1 dit tranquillement MarLi1- ..
Ah 1 pas de mouvement de cOlèl'il, s11 vous plaît 1 Vous
voyez que nous sommes en nombre.
. " J'ai pris lu précaulion de me fa~l'e
al'·~t.er
pour arl'lver ici a.vec lm nombre d'. genls qui rendît toute tentalive ue Cu.ite impœsible.
u Sans oompl€'l' que je vous étouflcl'uis de mes deux
maÎlllS, si vous osiez bouger.
TouL œla était dit avec LunL de calme eL de mépris ql.e
personne ne ;reconnai.ss.ait le joyeux Mart.in PélissioJ'.
Le chef c1e le. Sûreté observait tout, se demand'8Jlb
enfin s'il n'y avait pas sous tout ceci une erreur jUlE-
cLaire.
- Monsieur, dit Martin, s'adressunt de nouve.au 'il luJ '
je vous dé'nonce d'abord ces deux hommes comme cou:
pnbles d'une escroquerie commise vis-à-vis de Mlle LisetLa Rand.aIL.
" Voic:l la déclaration de Mlle Ran<l<m, il. l'appui d.,
ce (TUe ]'a.voooo,
Et il t mil!. lm papier au magistrl1t. Juli. Ut Jlri JUll.;a
UII1 coup ct œ:ù pOUl' lui demunLlcr !·r..'plic ".{JO de (~
nouvel incidwL; il lu.I fil signe d PI'C\1(]I' patienoo. puL,>-
il oonlinua :
- Vous voyez, monsieur, que ceL hllJIIlne le prince
Gérnld V6rénine, s'éto.il fait confiet' un c:olj;~·
de perles
par Lioot,te Rrund.on eL qu'il l'avlliL empO.l té ...
Le prince et Pouschal'ofI échangèr ilL u.n rrgard d'iIDt.clligenœ.
Gt, l'a.ncien précepLeur intervint.
- r a.l'don, mansi.eLLl'; rnai.s ceci est une e.rrcw·. Je vois
qu'fi ny Il. qu'un ma lerlLcndu, SUI' lccjud on voudrait
SIl.lL'> doute éLablir df:s uucusnLions cIÜ\}mn~l1$es.
~o
Yll S
vous expLiquer ooJ.a, si vous le v(.lutez bien.
- P84'!eQ:, mOJIsieur, dH !1·(AÏ.trom.ent le chef de la Sûl'eté, en dévisageant, le misémblc.
- LI est P~l'[u.!i,(mnL
.'act qUe • III Rondon UV'l!\
conM ce colilar u mon cher lIItlît.rc, l' }Jl'inœ Vér6n:116,
et que . .kIl'CI..'.? tou;; dcux, POUL' de., ru; "l'S ... pom:!]UC.~,
de qUltl.e.t· VIenne, nous n'avions pa: eu le ~emps
de
ron~yet'
ce collier à Mlle nfU\ù~).
DCpW5 Je l'avais
touJours gal'dé, utt.eudl1nl Wle occasion dc le rlJllllQl'trr
fi sn pl'opl'JéLalr . Cette a 'casion s'f'I:\'}t prés ntée, jo
suis u1lé mol-même remetw'o ;;011 C')l!i l' de parles ~
MLle Randoo ... Il Pét.cIlSbolfl'g.
- Vous avoz ro.ppûrté Il. • flle Hlllldo \ ce colli....r de
peI lcs-ci, .n' sl·c(, pns, rnonsi'Cud'? dlL t.lunquil1ement Mul'lin, en prellunt un petit, paquet ct.w., ;a. pocltQ, cl cn 114l·
l'OUJlo.nt le coll iel'.
- Ou.!.,. c'csL bi n celui-ci. .. bu.lbulill POllscharo[f.
j,Jl'I:'LMd ' Z que Cl.! coll. l'
t celui de Mlla
'1
Sans doul-c .. :
VOllS m 'nl.<'7.. V01l8 1 vez tlU~
ex(\;nLo!' ro collJel' daru
lin mo.gr.sÎll dl! bijoULef i-e do la l ,''''1> cli\'c l 'wsl<y, ft
Suint-l LeI bOIlI'F(. Ah JILI!! VOU1> ""Il, Ll'ub~.1
nnn ...
VOl~
r liS illtflgLIIÏ<!z quo MIL., HMI·I' n . 'rait vlctime
(1(: vol.l'C .nw.) 1... Et :;l\'IlS douLo, o11Q l'uw'ait éLé. e1 no1.f'
-
Et
lÜlll<!OO
VOU'
�Moins rort que l'Amour
aussi si vous n'aviez oublié un petit détail. TI est vrai
qu'on' ne peul pas penser à tout. J~ ~ecna,
lfU'au
premier moment, mOi-même, qui avait JadIS pr~[)I\é.ce
ooLlier, je m'y SUIS trompé. Seul~nt,
le. vrnt collier
por\.a.it la marque up l'or. l 'estampille irançmse ... Ce~u1-I
ne 1a porte pas. Vous pouv~z
vous en ~ureI',
m()nsle~r
.
Il remit le .:ol!ier uu muglsl,ral, et oonlulUa., ta.'ldis q:M
Gérald et PouscharoCi le regardaient avec hébtem~
:
- !::>i nous avons reconstitué, Michel Thomernm et
mol Laule œ~le
affaire de collier, qui n'a, évidemment,
qU'tIDe !J'ès vague connex.ité avec la nôtre, c'est d'abord
p&'OO que le hasa,I'd oous en a C<?Uorni les élémen ts et,
en second l ieu, pal'ce que nous avIOns déCidé de ne p~
rentrer à Paris &ans avo.ir pris les plus a.mples renseiNous ne
gnements su.r 1.es tllll6céde.nts de <leS m~ieU1l's.
pouvions pas supposer que nous trouverIOns, il notre arrivée ici, la preuve la. plll5 ooncluante, la plus cafégorique de votre !nlamIP. monsieur le prince (
« Nous pal'leroThS de cela Lout il l'heure.
.
« En ce moment, Je continue l'expœé de votre éLat CIvil, lei que n ous le {,(!J1{)ns de la. b:JUclte du généra.! Mo...
rusch k.ine ...
Pousch aroff ne pul retenir un grognem.e-nt SOUl'd, tandIis que Gérald lalSS<Jlt él: hnpper un cri de l'age.
- Cet homme. declul'a sé\ èl'elllcnt :'Iartm, cct homme,
qui se C-ruL passer iCI l'''ur lIne VJC,Ulle de l a polttique, a
été forcé de qUi Ller' s.}fl pays il la SU ite de v ols et de
Mmbreuses est'r, 'lUIU·des.
« L'autre éWl t ':;0.11 a.gen t, son exécu teur des œuvres
basses eL dang<:rcUS<'s.
" PaMJ)ul 011 '1' ,.Hll, v&.u 115 n L volé, lis ont troml)é
les malheureux qu i on t eu r onfl llllco on eux.
" Il yOUS su ffl ra, monsieur l' ('Ild de ln. Sûreté, de
vous rendre 1l. l" llTlbassnct<, de HIS:: , el vous y apprendrez qu'e.nl.l'e autres COq U .l1d·ICS, t'c mISérable a volé la
oa~
de son r égllnent, comm" JadiS sa s:.cllr ava: l volé
le l.résol' des p~UYres
consp'!lI~JS
qu'olle-même avai t
poussés il, la r évolte ... Ah 1 ln j'Ille lilllllLle 1...
Marlin eul un ges[.e Je ln prIS :
- Et c'esL Cf' gr' ,lm dont le lémoign:l.ge m'a laiL condamner aux Lravaux lorœs 1. ..
« Monsi.eur I.e magbLrat, mon in~L!O
n
éta: t, en rentol'an~
il Paris , d·n.!;.·r de\'oiler toul cela il la JUsl.iCI', !e
demander l'al'l'e.tû l i<1r l rle ce drûl.', de bien pr oIlY"l' lO'lt
ce que je v ie ns de VOUfi <Iir" plIJS ùe décll1rcl' ha.utement
que c'ét.aiL lu i le coupnbl du vol de h r ivière de d.a-
1l18Il1s ...
" De co dcrn; r vol, je n'av i,5.
p~s
de Pl'euv s ; et
c'était pou.r l n que je voulnlS IIl'enlour r d' un Lei luxe
d'e.nlécédents 1;"l:'IlS c'csL cc llll.. ('rnble 11I1·mèm 'lui nous
Il fO\lTni cette d n"'r\! preuyc qui n I~
m.1n(j lHlJl.
c Ah 1 grcd in : ï Lll Il'I'\:tis pns un voleur, comme jo
te provoquera is Qvec joie 1 Et cornme je te l ~ ro.ts
bien 1...
MarLln fil U11 ge !c mcnuçall L vel G('l'lIld, quI recula
en Lremblant
- Il ne ~'av
i l p n~
suin de ruo Caire coml umner 1 Par
un ratllnom ni. I lI h u'e, Lu ournis voulu m'enlever 1
l'emme que j'lIi llllll!, ... M is6rll l 'le 1.. Ah 1 la oolèro
m'éwufle, il Iii lin L,.
• T iens , parle J11:1 nll'Ilant, Jullr Ut.. J l' ne sais plus
œ qui s'cs L pns.<,é ; 1II1lt<; j 'ni cl cvim:... [ 'n.de 1
JuI l tw s'ava.nr,n , l ' IlI'Il1; tendu \' .1 , C<'l l'llld, et dIt :
- Depu is que f'·I.~
St'II c, l'd homme s'nLLnchaLt à
mes pas ... Il CS!;1Y IiL ri' .!.!e\' 'Illr' rnnn Il/nl. .. Et mol,
" valB la [ilil>lrs.<, dc 1"~oul(,
pnrel' !JIII I me parlruL
~
CCSMl de l'inn.. rA nec dl. 1\l l1rlln l'{>J S.N ... et pnrce
qu'U lrouva.i1 mon cuf:lllL brnu.,.
• Entln, JI y a qUI'lquNI JfJIlrS, j'al cornp
l ~ ...
• Cel homme a 0 é jfl'inslll lel' ...
• Il a o ,s. ~ nt' nvoyci' CI'.q dlamunts, que vous avez
trouvé.!! ce malin, chlz mol ...
- El mnl, l '11l'iL larUn, J Jure que C('s diamants
flllMicnl parUe dl' III mi. l, qui a 61 volée dnns le
m&g/l.'ltrl de la l 'UI! Il Ùl ['61. 1...
Gërald ren lls Ir., yl'lIX; touL snn r.orp se mfdlt dan.<!
tIm' ~
.ou~
rrl hlt\.
c16fcndJ,
J\l.'qlJo-I1I, i l llvnit cs!X'r(: qU'II pounutt ~
malgrt' 1 s acc u nIIons rJ
l ur Un.
~
Mais, oomment se détendre con~e
cetle preuve si
nette, si Ilcca.blante?
Dans son anxiété des derniers fours, il avait oublié
ces diaman ts ...
El maintenant, il se disait qu'on. rel4'ouveTait Ca('ilem~nt
le magasin de bijouterie, où I I les avait fait
monter en dormeuses, et où il avait donné lm Caux
nom, ce qui serait une charge da plus.
Pouscharof( n'écoulait plus rian; il proCéralt des grognements furieux. Il enrageaiL d'avoir été si bien joué
depuis huit JOUl's.
Parfois, il regadi~
son mail.re, comme pour lui demander un conseil.
- Messieurs, dit tout à coup Gérald, d'un air hautain, je ne répondrai qu'une chose, c'est qu'il esL bIZ6.ITe de vo:ir un homme de mon rang et son fidèle ser~
viLeur insultés par un drôle échappé du bagne san3
que personne lui impose s.i1ence, Quant il moi, je n'aJouterai pas un mot. Je vous prie sùnplemenl de me
mener devant le procurellr de ln Ropuhl4qU.e 1
Michel, qui avait froidement nssL,>té il Loute la scène,
sans prononcer un mot, s'avança el dit:
•
- Je crois, en eCCeL, que c'est seulement de\'anL le
procw'ellr ùe la République que ceLle triste afCuire doit
avoir son dénouement.
.
Le cheC da la SOrcté réfléchit quelques instants, puis
déclara:
- Monsieur, quelque étranges que soient toules les
accllSèlUons de Marlin Pélissier, je suis forcé do reconnaUre qu'elles sen.blent jusLcs. En conséquence, vouS
allez me suivre au Palais avec votre ami.
Il fit signe il quatre agents qui vinrent se placer aux
côlés de Gél\lld et de PouscharoCr.
A ce moment, le prince adressa quelques mots en
langue russe à son ancien précepteur.
00 ouvrit la porle de la chambre, et tou le ln bande
sortit peu à peu . Le prince ct PouscharoU avaieoL été
emmenés les pl'crni cl's.
Comme il l'avait Crut pOUl' l'appartement de Bernier,
le chef de la SI'.'Cté lt.L~sa
deux agonts dans la chambre de pouschru'orr et de MarUn. 1ais, au moment où
il lew' donnait res dernières instl'Uctions, il enLendit
le bruit d'uno auerello dans le couloir.
Il y courut et apel'çuL qual.ra hommes il Ler re tand!.,>
que, dans le fonr!, Gérald eL Pouschar ofl enj ambaient
la l'hmpe de l'esco.lier.
Les deux misérables, qui semblaient soumis. s'étnil:nL
révollé.s tout il coup, cL, renversant leurs gardien.<!,
avalent pu s'éChappE'r .
En vain Michel et Mru'Un csso.ynient-lls de se dégllgel'. Eux, on les tenuit solidem ent.
Et, d'a.illeurs, il causo de Juliotte, Ils étaient [orcés
de se monll'er doux.
- MalS, tonnerre 1 criait MarLin, pour" ul\·ez-Ic.o;
donc 1
- PoursuIvez-les donc 1 l'épéLa le chef de la Sal'(t~.
en s'élançant lul-m (!me vers l'cscalICl'.
Gérald avait diL Il POllscharolf, nu mOllient où Irs
agents se plaçnienL auprlls d'cux :
- Tout il l'hcul-.J, 6chnppons nous, a.u l'Isque d'Otre
tu6s 1 Pll&C cl Il)7. ma SCX!W' pour Ml Pl'ÔV!'J1lr; .!lIe à "a
f()rLU11 wute prOte. l'rous nous
Joln(/ ns en AngleLcrre.
Et dès qu'on s'était mis en marche, G\!rnlcJ , se bnfs..
sant souduin, avai t mordu au bras un (}(1.q a ents,
LandJs qu'li envoyuit un coup cl pi d dans le "rnll'C d
l'auLre ; machinal mont, le IIcux agl'll!6 do l'ollschllro(( n.vlI('~
V·,) .:III ,ccroul'lr lou l'S Cl lnJ'fid
c~ ; r t Il nn'! t'r
trouble, les drux handl!... aval nt pu fn.ctllllTlCnL ~ ' k hnp
.
pero Gérrdd comphtit nI r alR6ntent !lOtiS ln (!olonnll.d c cio
l'hOLel, Slluter dans unc des nOl1b['(u
s ~
vollu)'('s qui
staUonne.nt sur le boulevard, et quH{,(!r prompLcmen\
Paris.
EL co plan, si simple 1 si aUdoncteux, scmblaH devoIr
réu.ssil'; cnr les deux rnlSéralll
6l.a.fenl urrlvés sou~
ln
�~
Moins fort que
rAmour
colonnade avant que les policiers stupéfaits se fussenL
mis à leur poursuite.
Déjà. ils touchaient au bouJevard, quand un homme
· et une femme se dressèrent devant eux.
C'était Bernier et la veuve Thamerain.
Les del1.,{ vieux amis comprPre'!lt ce qui avait dU se
passer
D'ailleurs, à ce moment, éClata le cri :
« AITêtez-Ies 1 •
Gérald diL sourdement :
- Livrez-moi passage, ou je vous tue 1
- Non, vous ne passerez pas 1 dit énergiquement la
veuve.
GéraJd S>e jeta S1l1' ' elle, tandis que POUSCho8JTOff essay.ait
de bQusculer l3erIller.
Le conlremaHre, malgré sa petite taille, ne plia pas
sous J"atLaque. et, se baissan t, prit une des jambes de
Pouschnroff; l'énorme Russe s'étendit sur le sol en jurant. En même temps, la veuve, rep oussant Gérald oontre le mur, l'y tenait écI'asé, avec une indomptable énergie.
Les policiers arrivaienL.
Gérald, dans un dernier eUort, parvint à se dé<1ug~r;
mais, comme il essayait encore de fuir, Michel,
d'un seul soufflet. l'étendit à terre auprès de son complice.
IX
SPÉCULATION MANQUÉE
Ce malin-là, ainsi qu'elle le ~aist
tous les jours,
Suzanne, en se levant, avait lu aLtenliveme.nt les nouvelles de l'étranger; elle espérait qu'on signalerait bienlM la pl'éscnce de t\lichel dans quelque pays voisin de
la Fran<,,c ...
_ Encore rien 1 murmura-t-elle.
Elle demanda à sa femme de chambre si aucune lettre n'élai,t arrivée pour el~.
- Non, mudemoiselle.
_ Savc7.-VOUS si mon père est chez le prince 7
. - Nan, mademoiselle : ils sont purlis tous les deux,
de bonne h(l\1re, pour l'usine.
Depuis ceLLe dernière visite, qu'ils avl.l ient faile en
bande à l'usine, le prinlie ne lui avait plus adressé la
parole, et la comLesse semblait moins aUectueuse ; M. de
Saint-Ermond, au contraire, n'avait jamais été aussi
doux, aussi l<lndre pow' elle.
EL cela l'avait enhardie à tel point qu'elle lui avaH
de.ma.n.dé :
_ Mon bon père, quand Michel Thomeraln rentrera
en France, vous l'accueillerez com.me un mnl, n'œ!,.oe
pas 1
Il avait répondu « oul • ; puis jJ avait vlol<lmment embrassé sa /lllc, pow' cacher son trouble.
Tout un ch6l1.geffienL se !aisa.it en lui; et La dœisiOl1
finale, A laqueYc il s'étaU arrêté ce malin, sc présentait
déjà à son espr1t.
, S'il avilit eu l'énergio de commettre un crime, c'est
que ce crime avo.il été si blon combiné, que tous les
soupçons étaient t.o.m.b6s sur un innocent L'idée que,
maintenant on pourrait l'accuser, boulevel'sail. t,oul.cs
&eS habitud~
de tenue, d'indiUérenoc él6gante.
EL 11 trou\'lait beaucoup plus simple de d isparattre
poUl' écl1uppcl' à oolte honte.
Avoc. cela, 11 s'nbBmlOnnllit à une ponsée /lM : c ' ~t
Cf\I'I!I étaiL hOCrl'iblemen.t ilnJusLe de raire souffrir SuzlliDOO
plus longl.cmps.
Aussi élai!"i1 résolu à SC Luer, dès que sa situaLion de:viendrail désespérée.
Et comme, chaquo jour, il se d~lt
q'!e l'heure de &a.
moo1 avalt peu,lrêtro sonné, il mall1feslwt à sa nUe une
iendJ'CS!IO à. laqu Ile elle n'étalL pas accoutum6e , li lul
monLro.! t m~e
plU6 de confiance,
Sens en rien dire b. Gérold ni à la oomtesee, il avo.i\
NJUis tous lés UIrres de sa fortune entre les mains de
Qaznnno.
n lui
aval\ àJ.1 ,
85
~
-:- Je suis absent u.ne pa,die de la journée, O!!l pourrait me voler : Je te confie lu garde de notre argent...
de Ion arC:f!nt. Et lu n'en diras l'ien.
1
Suzanne avait oaché tout cela dans son sec.réta.ire tout
he.Ul'euse de voi'r le cllangement de M. de Salnt-Er~Od,
et pensant;
« POlU'quoi n'a-tril pas été loujours ainsi 7 Que d'anné?s de bonJleur vrai nous avons perdues! »
Enfm, Choque jour, cn rentrant de Suint-Denis, il lui
rapportaH dCG fleurs, ce qui faisait r.itre la comtesse.
L'aventu.rière disait:
.
- Je vous admire 1 On oroirait que vous faites la cour.
à votre fille 1
Il souriait L11stement el ne répond·nit pas.
-Quand Suzanne se rendit, ce maUn-Ià au salon elle
entendit le bruit d'une conversation da~
l'anûch~bre
C'était N'ma qui reconduiSll.it Pouscharoil. Un irnslani
après, l'aventurière entrait dans le salon et PI:lTUt très
contrariée d'y "air Suzan.nc.
paCependarùt elle l'embrassa , en "lui prodiguant d~.s
mIes de tendresse.
.
Puis, elle se colla contre la fenêtre, ·rega.rdant le boulevard.
Souda.i.n, elle pml10nça avec joie:
- Ah 1 le voici 1
- Mon père 7 dit Suzanne.
- Eh 1 non, le prince 1 répliqua brusquement la comtesse.
Suzanne se rassit, désappointée, tandis que Nin.(\. oourait à La por~
de SQll1 apparLement, pour recevoir son
frère.
Elle enLi'ainu Géralù dans sa chambre, où elle lui exy:liqUR pourquoi POlhSchal'oil l1!e s'éluLl pas rendu à. SalnLDenis.
- Bon. dit Gérald avec humeur. je vuis au Gt'Und-HOtel. Ah 1 ce qu 'hl me Larde de quill€u' ton Puris. Ton
Sain!"El'ihond JlJ1jra par nous perdre ... Quel tr isle lu!"
teur 1
,.- II .esl prob lble, dit cynjquŒJ(~t
la omLes5~,
que
511 avaIt eu un peu pl'u s d'énergie, nous ne l'aurions p/l.S
mené où il es t.
- C est possible; m:.l.is je t'assure que si l'AnglaLs de
Pouscharorr !I1)w, apporte vraiment de l'argent complant, j'aurai I]'uillé Paris ce soir ... Il y a du ,danger
dans l'ail', jo le srns ...
EL il élait purtl, Lout inquiet, pour aller se prcndre
au piège que luJ avait Lendu MarLin Pélis6ic.r.
Lu comtesse l'entra dans le salon et dit gracieu.sement
à Suzanne:
- Il faullre vous conLenler de déjeune!' encore uvee
moi seule, won enfant. VOtl'C père est retenu à. l'usine.
Le rcpas lut s ilt!ncJcux; ra cornL=c attendait avec
une impa tionce félJrile I() leLow' de ,;0.11 frwe.
l:)UZ(lfUl" éllllL très l11'(,occup6e.
Lorsqu'elles quil:èront la salle il l11ailger, le5 delL"{
femmes, i11slincLlvement, ullèJ"cnt se pluc 'f Ù une fcnêtre du s.a.lon. Presque .aussitôt allœ virent arriver la
voilw'e de M . de Suint-Enllond, l 'Illplie de fJ llJ'f;.
Suzanne appela sa lemme de chumbre , et eUtl descendi~
avec un e joie enfantine,
Elle devinait que, ne pouvant renlrer de la journée,
SOIl père lui e nvoyait des fleurs.
_ Il ùe vient fou 1 mW'mura la comlessc avec uuto..n.t
de dépil que de dMuin.
La Jount' mIt! éllÙt arl'ivée dans la <'0111', OL plongeait
déjà ses bl'M au milieu des gerbes de tleurs.
_ C'est pour moi, n'est-œ pas '1
_ OuI, mademoiselle, dil 10 cocho,l'.
EL il lul 11lconta comment son maître avait acheté
tout l'upprovl.5ionnemellt d'une mal'CIlUlllle d:os l'ues. En
même l<lmps, U l'aid~
à pl'endre les lIeurs. On porta
le Lou t dans le salon .
Suzanne disalL :
_ Je vais en mettre dUfls tous les vasee.
Alors, ooutelTlen t, le cochet· s'écria:
_ Ah 1 il propos... monl>Îcw' m'a auS5i donné UJ)fJ
~tlre
l>Ollr mademoiSelle,
�Moins
- Donnez vil'l 1
Elle l'ou\f'it, ,·it seulement le moL: mourÜ', poussa un
cri lenii.Jl" et lomba évanouie.
Ln corlll{'ssc, n~
songer ù la secourtr, ,'oulul prend.r\) la leLlre; mais, comme le cocher eL la femme de
chambr" l!taienL là, elle n'osa pas l'enlever Jcs mnil1l5
de Suzanne.
Elle puL seulement lire les pran.t.iers mots, comprit
que M. de Samt-Enuont s'él.a.it lul! pal'cc que l'innoccnoe
de Michel était reconnue ...
Elie eut la fOl'!;e de dire :
- Jo va ' chercher mon flaC'..Qn de sels.
EL ~ i) quiLla le snlon.
u-.s deux dOnlt'sliquel:> avaienL l!lendu Suzanne sur le
canape! cL .:;'ef[ul'çuien l de ln faire rrcye"':!il' à elle.
Pendanl oc 1 mpl:> , la romlessc n, ci tait rn T' ld"rnenl son
(hapeau eL son wanleau. Puis, 50n s nc de 'oyogc à la
main elle quiltail dtuccmenL l'apparlemenl.
- QU'lIS s'08.n'angcnt comme i1s~
youdron li Moi, je
décampe ... Mais Gél'ald 1...
Elle monta dan s la première voiture qui pa.ssait.
-- Ou [nul-Î! men
e ~ madame 7 demanda le cocher.
- A ... au ... . \t!endez 1
Elle réOéchiss.'lü. Devailrelle courir au Granu-HOLel,
[.our prévenlT Gérald 7
- Bah! sc dH-elle. De deux choselS l'lme : ou hien
fi n'y a pa.c; de danger avant d 'mam: et, comme Gérald va renlrer ('hez moi, il apprenw-a la mort de cet
jmbécile et, saura hien quitter P!lris sans être inquiélé ..
Ou bien, [ou (,0' cel.le histoire de r..Qmmerçunl anglais
esL une farce,Ile ruse de ~ p lice pOUl' pincer GérnJd.
Dans ce cas mon fl'èro est déjà pris: je n'y changerais
rien 1 Je "ie~dTn
bien mieux il. son aiù<! en re.~lnIt
libre ... ct riche 1 - Cocher, il la gare SainL-Lazru·e ... Ce
soir, songeait Ile. j'aurai gagné le havre eL demanl'Angleterre. Coal~',
"ile, VIle 1
Elle Naïl l,'ès ('.nlme quand elle de.scen.diL il la gn.re
&!inl-La7.ru'C.
Ell pril le train rIe une heure cinquante, en faisant
teltc remarqu E' jllCliriCU5C :
l un train olIlnibus; ct, si on a ln llloJencon- C'~
trt'use idée de m'~
suivre, on s'imagmera cel'laÎl ement
qu" j'ai pris un train express. Donc, je puis dormir
lranquillo.
El elle s'il) Inlla, Sl!fl.') la moindre Inqujéld~,
dnns le
coup6 qu'clie aVilit pris.
E[ landis qu'olle !;'éloignail d Paris, elle p.o 'sa en
l'evue J'existence i biz!m'e qu'eL! y o.vall menée, pour
arrivcr il. cel {' cnnclus;on :
- Quel imbécile qu ce Snlnl-Ermond 1
Co fuL la scllll! p.1rolo de regrel lJll'C'II' lWCOI'ÙIL il. ce
malheureux; puis, bCtrc6e par le t.I'ain, ell!! ,;'~ml(r1L
Suzanne flult • l!ln revenue il. die; ct, !pnanL 1
leLtre de 60n llèl dnns 6'0. main r.rispt-c, cil,. n'o~lt
pM la lire. EII,. Int"rl'ojXf'8i1 le cOl'hl'l' SUI' Inut
qu'avall dit .1. de . 'ulnl-El'flloIld: I!I. ~Il('
murmul'aH:
- Mals non non, ce n'e.c;~
pas po. 'Ihle 1
la conl~p\i
'nt avec stup6Les dl!ux drllll': Ll'1ur~
fnclion ne CfIIl1pl "nn1\l. pllR.
Ello 'cuL pendanL le courage.de lire ln leLLre en ntier.
.
- Oh l '(·cri · l-ollo, j'a.n'lvel'al j)r'ul.-<1!re il I1:Illlps ...
Je l'cmp. ch 1 Il II"
.. ,' Ion pI\U\TE' pel' 1
Elk} delnnndn. nu cocher:
- La vuHIII't. lù'il pas encore dét.clée?
- Non, Ild"rno~
Ile.
- AlOI s, pltrtons \ iLe 1 J veux ail ,r relrouvél' mon
pèr ... tout (Ir. suite ... louL de sulle .. ,
DéJII cil h Il,cllS nH c1l1n j'c.;colil'r; le oorhcr la sul'\Iall cn criant :
Mal non TiC le LI'Pllv(>rons Pli.';, 1O/IIIClITloiooll
1\
faudrait voir c,il Il (>.~l
~ljé
... Il vl\lt l'nir Fol ~aJ ...
- A Su.ln·f) nL ~ !.
Vil 1.. IM)I ,z le pav6 1.. , Jo le
veux 1
On pnrlil.
1 1 IllpS l t rnr . III JeU1le fillo /lC levait pOUl' Ol'donner ( 01'1' '1' l " chevau.v
fOI,
que l'Amour
~
Vers trois heuros et demie, elle revint au boulevard
MaJe!'herbes.
Elle n'avaiL rien nppris à Saint-Denis; Jean Malais
lui avait dit seuLement que jamMs son père n'avait
paru plus heureux.
Au moment 'Jù elle rentrait dans le so.lon" elle se
trouva en face d'un hommo, qui la salua gravement.
- \ ous ~Les
bicn mademoiselle de Saint-Errnond 'l
- Oui, monsieur.
- POUITiez-vous me dire, mademoiselle, où est monsiew' votre père 7
- t\lais, monsieur, je le cherche de tous cotés .. . Je
SUis affolée ...
- II faudrail cependant le trouver, diL l'hnmme. Je
viens de Ion part de M. le procw'C'Ur de la Hépubl\que,
au PaP ,lUl' 'ju.i demandel' de se rendre ilmédw.ten~
lais.
- Pourquoi donc, monsieur 1 intert'ogea Suzanne, tandis qu'unE' impl'eSs[on doulow-euse se répandait sur
son viSage.
Son pète ne s'était donc tué que pour échapper il. la
honle qui l'allendaiL?
•
- Je ne 58.UTais vous l'éPOndre, rnadornoi:sr;l1c, ~'é
pondiL l'homme: je puis vous dire simpleI1t>n~
ql.l:il
s'agit d'une chose très grave, eL que Ja présence de ~l.
votl'e père esL incLisponsable. Aussi, j'alll.'ndrai ici
qu'il revienne, 5Î vous ne pouvez me dire où il SI' I.rouve
en co moment.
Comme l'homme achevait ces paroles, on sonna à la
parLe de l'npparlemenL, et le domest.ique imroduiSit,
dru'5 Jf' salon, un employé de chemin de leI', qui enlra
d'un ail' e"l.rao'din~t
embarrassé.
- Que vouloE'z-vous, monsieur 1 lui demanda Suznnne
en lremblant.
- Madame ... mademoiselle, balbutia l'employé, c'esL
bien ici qu'habitait M. de Sainl-Ermond?
- Oui. .. Eh bien 7
- On pen6e ... on peTlSC ... que... ça doit êtl'o lui,
parce qu'on a Ir0uvé... dans ln poche do son pol()tnt..._
des cal'Ics l\ sem nom ...
..
- AchevC7. ... des eurles ... 50n paI~'toL.
- Oui. Ce mo.lheureux es~
tombé do l'impt\rinle d'ur,
train, au moment où un express nrrivait ('Il SOIlS inVOl'se ...
- Oh 1 mon Dieu 1 mW'mura SU2lanne, écIalanL en
sanglot-.
- Et il <,,,L morL 1 acheVa l'employé, n'ayo,nt pus l'énergio ,li- donne!' de plua longs détails.
SU7.nnnc ro redl'~is"
en demundanL :
- Où esl·ll?
- 11 est encorc Il II). ga.re ... On m'a envoyé pllur 1)1'6venil'..
.'r. L bi 11, j'y vai. , dit 111. jeul10 fille sans lrmble}'
VOlt oljooz m'y menCl', mon ami.
Pui;, sc L011l'nrllll v l'S J' mploy6 cIu proeurew' de lu
rtépUtJlrf'Ul', ('( Illl implernlmt:
- Si, Il rl6fllul fin lTlOp pèl'O, III jusLice a l)('.~oin
de
mai, on mc Lr01H'{'ra Hllpr
d luI.
EL, avr un~
(011 'lI~i
rru'()\l(:he, Coll" qulLta l'nppa}'t •
m~nt,
l',mlollt.n dan sa vOi!UlV', pr nJlnL avec clltl l'Elm.
ployé qui Clu.lL venu ID. prév nlr, L ordonna:
1\ '1 z Il Ill. gil"è du Nord.
L'<'l1lpluy(! du pl'oCIl1'CUr ilL un "ClSle in ci Iflél li ,
commo un hom01f1 quI a vu trop de calasLl'ophCl> puur
I,e Illlssrr (:lIlouvoir rJfl.r Ill! !;\I1cid(); t lui (lUS 1 l'GnIonLa
dans SD. voiLure, cn prononçanL:
-.. Voilà qui va EJngultcI'emlmL impllfier l
cha. "> ...
Mais IJ\,~
Iltpll.ge ça fera rllins Palois 1 Cochœ' 1 au Po.lllis,
et rondemont' M. le procureur n'nuran qu'à s'lInpaUenLor 1
Arrlv6 au Palais, l'bomm !.Tu.\ ~
n COUI'ML la
salle des la,s-l'c"lus ct pénéll'Il dons le oablneL du pro.
Clll'C Ur dG lu l&Pu~hCfr,
011 CUllr nt l'{'lInis 1 /rd de III
SI'II'et6 et le JI~{,
(1lnsIJ'ucüon qui aVilit ('.()fl,luU l'nruI~
du vol dG dlomants et ccJ.Ie c.ln L'u.. .ndic do l'usine do
Samt-Ermono.
�Or Moins fort
l'Amour
qu~
========= =============
- Vous n'avez donc pas trouvé M. de Sain~·Ermod
7
ll1Lerl'ogea le procul"cur avec impatience.
- Pour une exc.elk:,l'i.e raison : c'e-.,\ qu.'il s'est tué!
Au meme insto.nt, on apporta. une le~r
au nlugbt.rnt ;
11 la lut et dit:
- En · ~et,
voici u.ne leltre où ce mallleul'cux m'annonce sa l1ésalu>lion. Et vous l'avez; vu ... fU>lrL?
- Non; ma..\s on venait, de l~ gare du Nord, pour PI.&venir qu.'il s'éla.i\ jeté sous les l'VUes d'un ex.pres.s.
Les lrois magistrats se regadèn~
quelque;; instants,
d'un aiT rUJ·i.eux.
Au fond, chacun d'eux .renda.it le:: deu.x llUtres respon·
sables de ces de.li: er:reurs judiciaires.
Le procureur résuma l~u!'
opinion'!
- Voilà un,e a[lalfe bien desagréa.ble, dit-il.
Le j ge dl1st'ucL~)
el le chef de la Sùreté approu-
vèrent n:!spccLu usement.
- Toul œl bien c.lair, main tenan L, l~prit
la procureur; ct si nous conservions le moindre doute, la façon
dont ces deux ntlSôe onl'essayé (].(: nous échappilr élubliratt qu'hl.s sant coup3.bJes .. . Enfin, qu'on tasse venir
tous ces gens-Iii.; je n'aurai pas le tomps de les voir
chacun en p.a.rticulier, et je veux que l'Lffa.ire ooiL enliè-
l'cmenl éotnircie en
Ufle
lois 1
Que1lllH.'S instants [ipl'ès, on in t.rodu i.<;ai t, d8.IlS le cabinel du procureur, Géralfj, POUSCh1l1'O[f, Michel, Ma.rtin et
Juliotte. tous lES cinq sous La carde {j'agents.
La mère de Michel ThOlMl'am et Bernier venaient en
arrière, libres.
Le prooureur prononça :
- Asseyez-vous, tQUS. Avant d'arriver fl cette explicaLian lllUÙé, je désU"o.lS m '~iretm.
avec 1\1. de Sa1n.t.ETnwnd cLont le te.nl0ll:fn".ge me semblait indispcnsllble ...
J'apprend!> il. l'm.sla.nl (FU! M. de Sairlt·Ermond s'es! Lué ...
-
0 mOIl! Dioo 1 s'écria. Michel.
El, très douloureusement :
- Je oomprooùs, à pn!senL, Je sens de ses dernières
j)a.ro~es
,
Vous aviez d.onc J'evu M. de So~IrEmcd
?
- Oui. TnonsIeW', 00 Inllt.m. Poussé po.r un sentiment,
que VOUB oomp.rcndJ'ez sa.ns peine, j'a,i ten'll fi IJl'évenitr
mon al1cien po tron 'lll'il Ililail être nccllsé : je voul is lui
jof.Li.ss.€J' le Lemps di) fuir, Co'J.1' ce n'est pM lui nui me semblrul le piUS hranu UJu.jlwle... lUllétS 1 ôa llKlr!. me cause
une bien cruell douleur 1
de moru·lI'.
" Voici III IclJr-e qu'il m'u u<!ress(.'O avn~
Le procIVNlU.t lui III lettre et l'Cprll :
- MninLenunt, mon.sioUJ:' Thume.l'Ilin, je ,"DUS écouLe,
1\Iichel mo.ttl.r;t Mur!m cL dll :
- La mOl't do ii! de Sotnt-F:l'flIOl1<l me bollliel'crse ().
tet point, l1l{msicur, que je VoQus domnndorai la permlssion de laisser' mon ami fJW'IOI' pour mol. J6 ne pourra.is
pas", Je n'cn aura.is pas la forCe ...
Gérnld out une l:ieCOOde ù't. ·pou'.
- Comment 1 s'éonu-t-ll, vous hésite/, r Vous ~lfcz
si
tromphnnt, oe tna.i~
1
- Taisez-VOUS, dit le prOCUl'Nll' sévèrement. - Vous
\enez ab901ume.nl il 00 plus ~'icn
c1h'e, Illarls!cur ThoIru>-
min?
- Ou.i monsieur. l'l>p/.iqUII :IÎ{:h 1. Sïlne s'ogfssniL (l.ue
de ce 1I~,!;rnJle
j';:pr U\'{\1'tl6 uu>!! luie bien nalurelIé il
le d6rnru.quOI'; wois il me Sèl'lül L op 1éJ'Jblil d'accuser,
en m6m' >tomps, {lJl lLOmnJC que j'auruis vO'Ulu nl:mCII' el
esLinl('r, loule ma vle ...
- Alors, !}u'l'kz, monsieur
·'·'I('r.
Mll1rt.hn, CIl.cIJ,ullLé, aHu..Lt comm.encer on r~ciL
par 1'00
eX"Pliquer ce qui est relalif Il. volre arni, pUi~ql'
vous
demande de pllll'ier 00 son nom.
- Soit, monsiel.l.r . Jo vais donc VOliS prouvc.r· que mon
ami est n.ussl innooont que vous Vf'.nez ùe l'oconnaîlrc
que je le suis, moi-même.
~ L'indjvidu qui a mis le feu à l'usrne de . aint-Denis
est ce gI'oo homme, qui se fait appeler l'ouscnl<of! ct qui
S'a.ppelle en réaliLé PouscharoU. II n 'a d'i\ iUeur" été,
dans toul celu, que lï.ru.t.rument du prinœ Vérélli.nc ...
Je ne veux j)3.S ajoui.e'r : et de ,M. !,le SamL-El'rnonù ; Ca.I·
i e Croi5 q.u.e, dams cet.le t.r:sl,e affo.i.lX!, iJ a é-té ta dupe plutôt que -le oo.mpLice de ces deux gredins.
Alors, Martin commença l'exposé des faits qui établissaient surabonda.nunent l'innoccnce de Michel.
Gérald tréopignait de rage.
Quaud flliche:l eut bien expliqué la spéculat:on des
bofs p.omTis, rempLaçœ"lt le stock ache~é
par ; lichel,
Martin ajouta :
- Vous vous souyen.ez sans t;loute de cc portefeuille
marqué d'un Il eL de celLe boil.o d'a.llumel.tes, dont on
s'était servi conLre mon ami. Fouillez ce misérable, et
vous trouverez, sur lui, un partefeuille et une boîte sem-
blantes.
PouschaJ1oU fut leUemenl slupélail, qu'il n'opposa pas
la moindre. .résisla.nGe. Et, une tois que la boité et le
portefeuille eu.rent éLé remis au J)I'ocureux, Martin con-
tinu.a :
- Comme vous ne semblez pl us comprendre, mons;eur
le coqu.in, je vous dirai que l'on vous fùalt à Saint,.
PéteJ'sbOlU'g, t.an.dls que vous acbeti()Z tout cela.
Gérald prononça en russe :
- Triple crétin 1 T r iple idiot 1
Mar Lin devina. le sens de ces paroles, aux regards fu.rieux du prince .
- Ne l'insultez d.onc pas 1 lui <Lit-il. Vous ne valez pa~
rrll-eux que LUti. 1 Avec vo Lre sœur, vous · f ai.s:Jerl V1'aimen1
un joli Lrix> 1
G61'Il.ld sOl'cit d(!daigneusement ; puis, s'adrCS6llllt aVe!
insolence aux macisl.1'llts :
- Esl-ce que ceLle plaisnnt.œie va. durer longtem.ps
messieurs? E.sL·ce que vous ajoutez loi il. lous les men
songes accumulés pM' ces deux ochltppés de Nouméa ?
Micl1el eut un mouvement d'indignaUD'll, et jl alla.iL san.
doute se j ter SUl!' le drôle, qul.lJ1d le pl'OCureUJI' cle la Ré
publiqu l'arrèla. par ces mols :
- Ne frappez pas cet homme, monsieur Thomerain:
ce SC.!'Uit indigne de vous 1
Puis, d'une voLt solennelle, Il aJou ta :
- Mess i CUi'S , vous avez été victimes, l'un et l'auLre,
d'une en'eur cruelle, que la justice l'~purea
avec œlat.
Alle'?:, Telllt'€Z tranquilles chez VOlL'!. Je me charge cI'apo
pr-endre Il tous vos concitoy n.s que vous n'avez in.·
mals cessé de mérller leur estime. Au revoir,
- Toules ces be lles phrasœ viefi.!wnL un peu ' tard
pl'Onnnça l'incol'r igible MarUn.
LI' procureur ~ut
l'air de ne pas enlendre, cL, se Lou!'
'/lo!lnt vers Géml.e! eL Pouscharofr :
- Je vous mwnLiens tolLS les deux en élul d'ru'l'eslulion.
- Et mol, CI'la gaiement Mru'Lin, je vous offre no!
malricules de Nouméa ... avec un mol
deux. IlUm~rO:'
de NcomlTIrmda\Jon 'pour la dirccLeur,
x
nm
cs,
pt6lim i:n.ahres.
- Je doiB VO'US dire, mo nsi.e-u.r , q\lO ce m(ll1J'inu,l'·ll\
tout simplement un vulgaire cscroc eL qu'à Vienne ...
- POs.:JC'l, PO&Sez, cUL ! IIOidCI1lClll le rn.a.gistmL; rwua
Sllvons tOllL oe.Ia. Le clWf do la SOI'el.é nous a raœnl~
!.oua
1(18 inrlclc.nls de la journ
. Nous :V(1I,~
que VOIlS u.v~
pu réuni-!' 1ER pl lfV • d'une esoroquel'ie oommll:lO il. VLenoe
par Je prinoo VélténÎn.e, C]lKl vous ave'/. hLi! touL reIn dans
le but d'6La.bllc vol.iJ~
i:n.nooonoe, eL qu'I'nfin lUI hU."IU'd .. ,
r6t'.AIOITlI'n.t vol.n! innl.l.
Il UI'CtlX YOUS fi pel'lTll!l d'N~lbtJT
œnœ dœ v k~ IIJ'rivée à Pll.l·is NouS exa.mJoerons ~
ma.Ln Lous cœ P,OIn16 00 d6Lail. Veuiil!.'2 sim,plt>ment llOllB
roUT S'OUBLI!
Quand las !.rois m~s"J'al,g
(w'Cnt seuls, Ils se rcg8.l'
dèrent:. d'Me fllr;on lugu.hre. Et le procureur l'épéla
oo.oore les mol qui lI'aduisaient sa pensée:
- Une bIen dcsagr~lÙJe
n.ttn.Ire 1
et P"l~
('hlll'Otr avnlrnt ët~
monés nu n~pôl
prince effec\anL toujours le plus grand d~rJo.in
el
Pouschl\rotl groguonL que Lam cela allait causer w
iDcJdeDI. dclJ,o.lll6l.w lie.
G~1d
�Ql-
88
- Maintenant, dit le procureur, nous n 'avons plus
qu'ù nous rendre à la gare du Nord, pour constater la
mort de M. de Saint-Ermond.
Moins l'ort que r Amou,.
~
- Ah 1mademoiselle, lui ilit-il , DOmme vous devez souf·
frir t
- Hélas 1 murmW'a-k!lle, je souffrirai bien davntg~
qu and je coIllll'aHrai la vérité. Et je veux la savoir tout
entière. Je compte sur vouos, monsieur, pour m'expliquer
dans tous leurs déta.Js les cau'Ses de cet abamlnable malLorsque les magistrats pénétrèrent dans la salle où
heur ...
.avait élé déposé le cadavre de M. de Salnt-Ermand, ils
Une heure après, le corps était étendu sur une petite
virenl Suz!Ulne qui pleurait, agenouillée; et, malgré leur
estrade que Jean Malais avait promptement élevée ; et
indifférence de magistra.ts. ils éprouvèrent un grand sendes cierges él.aient allumés touL au tour.
t:ment de pitié pour celte maûheureU5e jeume fiUe qui,
Le j uge d'mstruclion eL l e chef de la SÛl'eté étaient
dans une même jou.rnée, perdait son père et alLait appartis : seul , le procwoeur était reslé auprès de la jeu.na
prendre que cette mort était causée par le déshonneur.
Ulle, avec l'ingénieua' Jean J\.1.alais.
Le procul'eUŒ' s'approcha doucement de Mlle de Sa.1nt- M onsieur, dit Suzanne il l'ingénieur, veLLillez aller
Ermond et d it :
vous reposer. Vous reviendrez celte nuit.
- VouIez-vous me pe:rmeltre de vous conduire hors
Le jeune homme s'in-clina respectueusemen t et sortit.
d'ici, mn<lemo.iseIJe? · Il est néoessaire que nous Jll'océ- Montenanl, monsieur, dit Suza'Tlne au procureur, radions à certames consbalaliQD.5 auxquelles fi vous serait
conll3z-moi la vérité, Loube la vérité : j'ourai le cou.raga
certainemen.t trop piJrüble d' ass ister.
de l'entendre.
Suzan.ne se leva lentement el répondit d'une voix
- MaiB , mademoiselle, vous apP:'endrez cela plu!!
ferme :
laa'd .. . En ce moment...
- Faites votre devoiT, monsi
~u!I'
; mais permettez-moi
- Non. Je veux savoir la vérité touL de suil.e. J'p.n
de ne pas m'élo:gner. J'ai si peu de Lemps désonnais à
conn al<; une partie, d 'uilleurs ; car v oici la JeUre qoo
passer près de lu.i 1
mon pè!I'e m 'a écrite.
Elle se retira Ulll peu et s'assit dans un coin de la pièce,
Le magistrat lut la lettre et dit :
tundis que les magistrats s'appr ochaient du éadavre_._
- C'est vrai: Michel Thomerain était innocent. Et ceI.e mécanicien du train , qui avait éorasé le malheureux ,
pendant, aujourd'hui, dans mon cabinet, il a refusé. defil sa déposlt.ion :
proooncer une seule parole contre voLre père ; el Il 0.
- Nous arrivions en grande vitesse, quand j'ai vu un
sa.ngloLé cm apprenant sa mort. Il espérait que voire
homme sauter de l'innp6riaIe d'un train qui venait en
père a.vaIl fui...
,.
'.
sens inverse ... Je n'avais plus le temps de renverser l a
Ensuite, 1e magistraL, comprenant qu il vala.l TIlleux
vapeur ... Le malheu.reux est tombé SUl' notre voie ... Le
lout raoont.er à ceUe 11JObie jeune fille, lui raconta de
cha5re-pic1'1'e5 dl! le. mnchine l'a [r8jppé si brusquement
quelle manière Micllel avait pu ét.abl.i:l' son i:runoœncc.
qu'il a été rejeté en dehors des rails ... Je me suis penché
Lorsqu'il eut torminé ce réc: t, Suza.nlle dit :
et je l'ai vu ... Il était mort SW' le ooll'P ... Au moins, il n'a
- Vous voyez Wen que le corps de mon père ne
pus souffert.
oevait pas rll'e ram<:n.é chez cette misérable femme 1. ..
Grllce à cela , le corps de M. de Saint-El'mond n'avait
Je vous remercie, monsieur ... Jo vous demanderai muinpns été broyé.
tenant de me l-e.ru1re un gl'und service: c'est d'annoncer
11 avun seulement une effroyable blessure au haut de la.
que mon p.remier soin sera de rembourser c.es sommes
poitrine.
JndQment tou chées pru' mon père ... Je no SlllS pas ql1'~
Et, dans la mort, son v..sage avait conservé celte exl'st J'état de mn [orlune; mais je sacrifierai lout pour lapression de [roideur qu'il avaIt jadis .
ver la mémoil'e de mon père.. Adieu, monsiewr, cb
- Cel homnJe esl mort bie:n courageusement, dit Je pro.
Le procureur se retira.
.
(,.Ul'ClU·
blentôl, lui
L Il femme de cholllbl'c de Suzanne !l.'V~
Suzllnne J'ega'r dai t toujours, plew-anl lentement, avec
e.pporLaIlit quelques dfcts. EL lu j eu,ne nUe s'mst.uIJa. cl~:ns
de peUts su.nglots qui l'agiluient lout il. coup.
un fauLeuil, 1'eg!lruunL flxcmont le corps de M. de SamtLes mflgislr'uts contJnuaie.nt teurs constat-nUons rapideErmond.
.
ment; la lettre de M. de Salnt-Ermond rendait toute en:De temps en l.()mps, elle pl'OOll lt la lettre qu'elle aVilit
quêLc inutile.
reçue eL lin lisait.
Ccp ndnnl on pn.rln de porter le cadavre il la Morgue;
Elle relisait Sl11' tout cette phrase : :
mnis nlors Suzrulne se redressa.
" C'est l ui qui l.() dcnl8J1de.rn pllrdon, en mon n.om, de
tout le mal que je L'ai fail ct de coJu.i que vnJ.s te Iniro. ~
- Oh 1 pas cela 1 s'écria-t-eUe avec éoorgie. Mon pilre
est mort... Il !" st t'Jé ... Il vous l'Il. écrit, comme ~I mo
- J'ai le droit de songer il. Michel, puisque c'ét.uil la
l'a ~it
il. mœ-mOme en donna.nt suns doule les ruisons
del'nibre volonté de mOll pOl·c.
Qui le poussaient il. , sc suicidCT ... Ma.lnLc:na:nt, il est il
Et oopendant des dou.tcs la lorturn.iorut : sn.ns Mute,
mol. .. On n'a pus le droit de ma l'enlever t
Michal avait blen pl.curé cn Ilpprenant la mort du malLe procli rew' réfi6chlt <l1J.(}lqucs instants, et finit par
heuJ'eux. Mais pouvallrll lLLi pardonnQj' ceLle injuste a.caocédc.r à la demande de SUZI\;nne.
cusaUon ?
On nvail amené un rou·111 on .
Pouvo.it-ll airn.Gr loujours la jeune fille dont le père
Le C(}.(!o.vre y ful placé, et on oorUt de lu glLN: . Le prol'avait laissé CandnmJler, d6shonOrcl' ?
cureur mal'Ch'llit auprès de Suzanne. Comme on tpw'.M.i.t
Et, 51 Michel l'airnH.l encore, eslrC<l que la veuve Thoà drofle, 'uzanne domanda :
meraJn, a.vec son égoïsme rnulA3rnel, ne sc motlralL pas en
-l ron?
- Ol! le m~J1('
UIUVQl'S de ceL run.our 7...
_ Mo.ls ... (L son domicile, comme VOUlS vcn.cz d'en mllEL Bernier, qui aimllit Michel comme son fits 7.. ...
VCI'S dix helllJ'Cs, quand Jean MIllufs revint, clic lui
nUestcr le désir, mademoJselJe : boulevllrd flID..\esbe.l'bes.
dit:
_ Non, d.it bl ùSquement la. jeune !llle i cc n .t Jl8s là
- Vous IIlle7. me rondl'o un ~rv]Jce,
mon amI. Vous
qu'li faut le conduire. Tournez ù go.ucllc, nIes amis i n~us
oonnai56e'l Mlellel Thollicrain ? Il doit IlLre en ce morenLl'ons b. t'llhil1(). C'est là qoe mon p~l'e
attendrI!. qu on
ment chez son vieil aIl1i B l'nler ...
le porl.() il. sn dernière dCIDew'e.
Jean Malats l'lnI.c.ITompl t.
- Ml-chel Thomel'uln et sa mère, dit il, sont il la pocla
de celle ca]1onr depuL<; 11110 heure, depu:ls qu'ils onl
appris qu'on y avnil Lr-ansporlé voLr-e père ... EL !.l.s n'osenr
On aI'rlvll il Sa.i.n.L-Denis, Il la fin de III journée i d6jil les
pas y péné!JI'{;ll· ...
ouvriers cpu-iL!.o ient le chan 11er i t brLLil do la moa1t dJu
- Comme 11s S'ont bons 1 mll1'murll ln jeune nu . Di.
pnlron n 'éLoi t pas e.n.co:re arl'ivé jthSquc·lil. SUZUllilO fit ap~ICU1'
que ]0 sOl'flis bien, blen heur lIS0 , s'il voupl!I l' Joan r,lulll l , !lut lravaillalt encore.
lalMt v niJ' pl IU'cr avec moi.
- Mon père ('",t mort 1 dtklile. Veuillez Lrulllsformer le
Jean M!lluit; ulla 1 s c!1c.rch r.
bureau ('0 chapt 1\e l1I·dcnl.c. C'e;;t là !lu'on le veillora.
Suzanne sc J ta 1 Sunglolnnt dans lt'$ hrllB de III
1" Ill'OCu.reIU· ét.nlt tl'i.-s louché du DOurugi) cl la Jeune
veu ve Thome.raln.
tillA
�~
· Moin.s
fort que rAmour
===================== 89
-
Oh J ma b onne m ère, dil-elle. V ous pardonnez ...
s'él>a.it agenouillé près du mort, l a t êLe baissée,
n ' oS!l.n
~ pas reg8Jrder Su zanne. 11 tallu t que l a jeune
fille allât à l ui et -le relevâi.
Bern ier, UIfi peu en arri ère, I aisa)t Ulne horrible grimace pour cacher ses larmes.
_ Tenez, M ichel, diL Suw.nne , l isez l a dernièr e let,.
tre de mon paulVre p èl ·e.
_ Ah! ma!lleJrreux que j e suis! murmu1'U Michel
avec un nouveau sangloL. C'est mo i qui ai presque causé
sn. mM ! Ah 1 je ne me le pardonnerai j ama is !
_ Il vous a bien pardonné, lui 1 d i t Suzanne lenLemenl.
_ Mais VOU6, Suzanne 1 vous ?. .
La jeu.ne flIle l ui ,tendit les m aill1s el pronO'll ç.a :
_ J'obéis de grand cœur à ses dernières v olontés 1
Bel'n ier toussa bruyamment el s'cn nlla sur la roule ,
en ffiau,gl'éamt oonLre toules ces émoti'ÛlThs qui lui f a;saic.n.L
m :J.I !lU cœur et fini'r uient par provoquer un a oèvrisme.
Et plusieurs fois il m cm Lra le poing au ciel en d isant :
_ Ah! Cel le -petite 1 Celte petile! quel cœur, tout de
même 1
M~hel
Tandis que, malgré leur douleur, Miell e! eL Suzannl'
r eti'ouv aien t '\ID bonheur qu'ils avaien t cru 11 j am.ais
perdu Martin PÛl i.ssi.er availL con.d uit sa ch ère Juli€l le
Il Sa~l
-O u en.
devanl la maiwn de ses J)(\ù'enls , afin
de prom er de la premièr e ém·o Uon , pour arr.ttche.r leur
on
s cn~
m e;n,t
à M. P61issier père et à ~J me
Pélissier
m ère,
l.es parenLs de Murlin hubi taien t une ma'sonnclte au
~ n.
fo:!ù d'un i &rd
Le brave ~ar
ç o n
av ail lruversé le jardin, sans f aire
de bruit, ·!.rain<,lnt Julie tte qLLi hési tai t, et il s'était Ul'l'Olé devant l a fenêtre de l·a sall e à manger , où les deux
VN!UX dînaient Il'ist.emenL.
,
A lo rs, il [}r it son Glll anl ot ft'uppa un f)<!l:t coup il
la Icnêl:re ,
Sa mère vhnt ouvrir et ne vil d'o,bord que celLe lOte
beureuse de bébé.
Le P " 1'(' éll:ùÎJL arrlv6 il son tour ct regn.rclait Marlln
avec hébOlemen,t,
~ I urli
l l,
pl 'ès avoir pa.ss() le [lelit il sa mère , sauta par
l a fonO tl'c , c t, enrleva.n't J ulieL~
, l a plaça dons les bras de
roll pL":t'e , Gll d isant:
_ Tu ne comprends pas ? Ça ne fait Il':en. Embrassela , commo si c'élai t La fllJe 1
Et, n même Lemps , l ui aussi embras.sai t son pllre ct
sa mère, crian t, b avwcLanl , ne leur l al$!lùl t p as le tem ps
de phlCC1' une pa.role.
_ M'cxp liquor.as-tu '/ .. , bal'bu Lia S<l'l1 pOre .
_ T oul. il l ' h e ul' ~ , papa., dinons d'abord.
Et Julielte reg.arc1a.vL les deux vieux avec une tello tendresse, qu'ils s'i<m,a @l.n èrc:nl l'avoj·r touj ou rs aim6c.
l IB avalent été sl mOllheUl'Gux , s[ i solés oopu is un an 1
La m ère de M arlin /l.blan cherchel' taules ies frlnndises
Wes
de v [mrx vhn , do bonqu 'rum iL son fils : des bou~
n as l :<]lJcurs ra.ltes il l a maIson ... Enfin, il cn.ll'epl'it le
l'éciL de ses e.v en L Ui ' C.~ , cc qui dura une partie de la
n uit, landls que sa mère lJn provisai L un berceau pour
l'entt\n,L.
Le bonheuT étai L rentré dans l a maison POU.!' n e plus
en sortir,
D(:s I.e lenoom.mn , Mm'tin Péliss!.er l'Cout La v isita de
t lw deman dor des
l ous les l'eport.cr s de Pa.ds , qui ven.a~
explicnLio ns SUl!' sa mi r aculeUSo évaSIon. Lu pl upar t s'éLalenL dt\jà p:r6sanlés cl J.e7. Ml cllel T hoIOOI'u.Jrn , qu,i avai t
l'OIus6 de les rreoovo i.r, MarUn Pélissier, a.~
con traire , fut
enchant.é d'exe."NXlr 00 verve wnl.re 1.0. polico ; c L, conun.e
on 6l al l CIl tra in , il. celle 6poquc , de mener une crump o.·
gne conlre Le che! de la s arot.é, tous los j ourn~List.e
Iul"6'lL rovis d'avoù' de ofIouveUes armcs contre 1~ .
PlUsietl!'& m(lrne o.mplillèt' nt les récits de Marl..i.n" ce qui
Le .rondH trèS pop ulaire.
Dwns LOut ce qu' il avaiL ra.cont.é il avuiL d'al11eurs' cu
soin de nc parlar de M . do Salnt.E~
o ld que d' IUlC façon
u'1.'s Vfl.l!OO. J,lÎssant enlcnc1rc (lue 10 J)O!"C de Suw.n.no
~
avait él'é 1'8. dupe de Gérald e ~ de Pouscha.roU, eL qu'i!
s'était tué dès qu'il ava: L apprÏ!S La vérit.é.
Aussi res Flarisiens considérerQI1L-ils toujOUTS M. de
Salnl-E r mond comme u ne vict.ime,
L' industriel fut en terré le sUTlendemaîn , très sim plement.
Suzamte n 'avait pas voulu 6tw<Jyer de le!.bres (le faire!Jo.
.i,
v,"
., jJur Lous les amis de 58.
•
fallll ll") cl pUI" les am:,.. ;!> ,}uv'!"Iers de J'usine.
En revenant du c1rrliet.ière, la jeume rule prit le 'mIs de
M'Ille Thomer ain el lui did. s:mpJ.emeTlit :
- M ain tenan t, m a bonne milre, nous ne nous qui tlel'ons ptus.
Peu de tem ps ruprrès, ayl1Illt atteint sa m ajorit.é, eille s"oocupa elle-même de régler touLes les affaires de M, de
Saint-El1nœul .
Le slock de Riga l u.! pelmLt de rembourser "6 la comp agnie d"assurances les S· 'CHlnes que san pè.r e Iltvai t louchées ; el , a\"ec l' argen t 4ue l'indusLr;.el lui avait confié,
elle fIL fa.oe ù to u Les les éch6&nœs.
!il ne Lui 1'es l-a. que l'e.cll'p.laœrn.ent de l'usine et deux
cent mille f r ancs,
- Me kouvereZ-VOLl.Il assez r iche T dernanda- t,.elle mél ancoliquement à ~Ii c hel.
- Je VOLLS aime peulrêlr€ mieux ainsi, lui d it l'ingé-nieUJ' , car c'est moi qui vous reIerai volJre fortune,
Dès lors , Il liche 1, auquel la GauLoi se , a.vaiL immédi ate·
ment rest:!ué les cent di x rn Llie francs donL erJe l'ayait
In j usl.emenL dépou'llc', repnt ln (HI'C'clion des travau x , en
conservant à Jean 1I1,t1H. 10 silu alion qu'il occupait. ·Et,
en quelquœ TIl is, l'l'S Ine fll t enLi" l'ornent relevée.
Dernier avn it u r noncl' ql l' i,! pn:m.ait ses inv.a.LXles ; ma.is
il plJ.SSait ses joull'n6c.s il 1.1 /lv lI. lIer c,omme au trefois a.drrùr ant ~lich,
a<1ol"il 11 1 S Ull UlllC.
Au bou l, de six illOis, ils sc marièrent très simplemen t.
n'nyant plYUr Lous ill vités que M al' tin Pélissier eL Julictte.
On npj)riL 11 celle ép!l(j llé' que I.e p!'inœ Vérénilne et
BouscharofI, con(J nmn/", (l l~ l tl'll nsporLation, allaien't êlre
expooiLls à Nouméa p~W'
l.1I l/llffi8 santc ; el MartiJn Pélissier Uilil1.O'nça gr'uvern c.n l qu'i! Itlla..'t les recomm..a.nder 6JU~
bons soins de M . ùe l'It I·ulI /' L.
MarUn eL Ju,lictte S',"'Wtl'()lI'1 mari '" !.rois semai:nes après
10 l'clou!' du bijou l iel' t\ l'l.ris. El , grâce aux capil.nux
a vancés pal' Suzannc, Ils IJll t (lmdé , rue de la Pa ix , à
c ôL~
de l 'an.cÎlell ll1agns irc d., Marlin , une magnifique
maison de bij.ou ler.l.e, il r\C ll e f1n seignc :
A LA R1
Vl~H
,
DE DIAMANTS
Et, dès La prem iOrc SI! I1Hl lnp dc leur installation, ilS'
onl l uit ù 'exce1lenl.cs Urrllll 'S.
'l'oules ks Plu'islClU , ~ " C!DllleJ\l acheter leurs bi joux
chC'.l cc M:, l'i in Pr.li ·.ï(' I'. 'I ll t' les Journall.stes avLLienL
ll'nnslorrné on béros de r o III fi Il .
Il acceple d'Ullleu I's '; 0 l"I'lIll1llRnée avec la wail
o.s
ph i~
d'un snge, am assant fi, là des économies , profitant
ad r oitement de la vogue cL consnCl'lln t ses dimanches.
p al' mo i li6 à ses p !lrc1.~
(' L li MIchel 'fhomerrun,
Un soir qu 'JJ faisail sus COlPtcs~
tn.n.dit! que JulfeU.e
j Ollnit avec l'ellfanl, un hol utll'Inge " arrêta. d evan t lp.
m agasin , l a p or Le s"lll vriL ll VI'IC frncas , ct un<l jolie
fem me se précipl,La do.ns II' mn1(asi n, suiV'ie d'un homme
si gr an d qu'il dut se l'm i. sm' pow' passer sous II!.
por te.
M ach inalomen t, Mal'Lln 't'crin:
- TLens, LisotLe 1
Puis, avec respec t:
Que ùésire mnllrurlf)?" Eh mnls ... 5 1 j e ne m e trom.
pe , c'cst le célèhrc g"'11 1 11 Id:lr~c
hlt
i ne
qui me l ai 1
l'honneur d'cn trer ('h l '7, en Il ; ?
'Oui , In Ilsi W" ù,ôclul'll s'\\'êrccnont le généml, c' s
mo!.
�90
~
Moi ns Tort Clue l'Amour
-
- Général. asseyez-vous. A quo i dois-je j'!Ionneu.t" ... ?
- Je suis furieu x contre vous , m onsi<lur l'artislc en
joaillel"Ïe, furieux !...
- Con tre moi ? E ~ p01.ll!'quoi donc ? conLi.nua ~l at · li n,
très respectueusement.
Parce que vous vous êtes moqué de moi, monsieur
~ er.
Et je n'aime plIS qu'Ql1 se m<>que de moi 1
Ma.is, comme LiIset.te souriait, Marlin ~ tai
tr~s
trn.njUille.
- Oui, DWDSieur, continua le généraJ, j e oois furieux contre vous ; V<JUil m 'avez f /lit p oser. Vou? m'av z
tiré les ver.; du nez 1 EL, ensuite, vous n 'av("<1 profil!>
qu'à moitié de toUB Jes f60SC lgIl m ents que je v ous
t
avals si sotfemonl ooTUl és.
- Ce pendant, mon gén<1ml. je crois vous é!\·oir évn,"
la peine de démasquer ce gred n de \'êl fnSnc ct SOli fidèle POU6Chll«"oIT 1...
-
C'est vrai, momieur ; mais vous
UVC7. 0'
hIlé ln.
sœur de ce g:-cdin de Gérald ...
- J'nvoue , rép liqua ~I arlin
, qu'eUe n ous a si;)~ulCre
ment brillé da politesse ; m ais j'ni jugé inuLile de la
poursuiv:ro., .. Lu~lcr
cont.Nl une femme .
Une coqlune 1
Et Jliils. jt) n'.nlwc p!l.S bcnuexnp les An gl ais
ie
ne sllis p; srI ,le cie leu r avoi r f ait ce cadeau.
q ui es t b ien
- A h ! Ll<.!n dlL ! s·érri,'l le g~nd(J1.
connu p ar s~ haine des Angh1ls.
E l il tendIt les deux m ains ù Mal'Lin Pélissiar en &Ou -
-
P é lis
~/ .!)
rlan t.
Puis , fi prononça :
Ccl.\.lS()!lS sér ieusement. Je viens tra.iler
- Ma.in~Jlt,
une gro.<;S!) arrairo avec vous ...
- I\Irul général , de quoi s·agilril ?
- Il me faut vos plus beaux b ij oux, vos plus beaux
diamants ... pour une corbe;'l.le de murlage 1
EL il l"cgJ.!ù:J. am~)loreusfn
L L;setle 1':],n<lo)ll. L'an'·Ît'!l'le d·1.l 5":'SC jugea CO!lVenabtc cie b l is~f!1"
l.!s yeux
(1 r '11 :
- 1 ')lO1" ma cor beille de m ariage 1 Le générnl el moi
11')\lS n:TIon- YO lb fair·a part...
Et, ~O!n:T."
Mw Un se COfIfondai t en co mp ime'1iS , Li~etLc
. "ï~
(j "cl a l ..t
:
VOLIS sa'l<:z, mol , j' a ime bien que l a l'je r édIe SC
cown e ([<lns les romans ... l'ar un bon mun;we 1
EUR D'U E ERE ,
Le 15 Mars e.araitra :
OU
L' 0
•
par
Ju]es de GASTYNE
Le roman complet : 3
11 paraîtra d4sormais, et jusqu'il noutJel ordre. un tJolum.
le 15 de chaque mois.
aU_MOD, CI. lm,. WIlt.LRO" et Rocs....... nie Notre-Dilmo-dee-Vlctolru.
Paru.
TéL: LOJlnlll111-33. - AIlcII AlLdlrect•• r
�1 1
•
9 ·5
CENTlMES
LE
_
OLU
... ;;
û
=
CATALOGUE DES VOLUMES ACTUELLEMENT EN VENTE
Barbey d'A UnEVILL y Les DiJlHI~Re.
\ Epo(Y.u Air~aules.
Colonel nAlu.TIER"' Au Congo.
1Le Jardia de Bérènlce.
Maurice BAl'Ul.l1S,
On Saug, Ile la Vglllpté et de
de l' Académie nançaHe.
III Mort.
lIéll!lei.res d'en JeRRe Homme
Tristan BERNARD.... ) œfl,gé.
La Da.aseue de Pempél.
Jean B~RTHEltOY
•... 1Le DOllbla Amo.r.
Louis BERTRAND .... Pépète le bien.a.imé.
BINET· VALMER...... Les Métèques.
Paul BOURGET,
) Cruelle I:Jligme.
de l 'Aoa.démi. fra.n"aiae. Aallré Cornélls.
~
L'AIllour qlÙ passe.
Le
Pays Natal.
.
L'AlIIour
eu fuite.
RDEAUX
BO
~
•• ' Le Llic Noir.
HeDry
La
Petite Ma4elllolseUe.
La Peur de viTre.
~ Péints par C!H"a&JDC5.
.
Les Yeux verts et lei reu
Paul 8EaVIEU,
bleus.
de l'Académie irançaise. L' Alpe Homicide.
L2 Petit Duc.
Deux Plaisa nterie • •
) Sire.
L~
Neuusu JeR.
8eurl LAVEDAN,
Lellrs Sœurs.
de l' Académie fra.n
ç ~i s e.
Les Jeunes.
Le l.it.
Les J\(arieuoet
J 1 LEMAITRE
Il es
. .
' .
Ua Mutyr laas la Pol.
de l'A.cademle fra.nçalSe.
Aphrodite.
Les
Al'entures du roi PaasoJe.
PI erre LOUYS ...•.•••• Ln Femmo et 1e P an ti D.
Contes Choisis.
Les Cbaosolls do BilItia.
Maurice MAINDRON .. Blancador l'AT.oUgeu-.
..
mémir BOURGES ...... SOIlli III Bacbe.
La leçon d'Amour dalls UD Paro.
René BOyLESVE ...•. ) Mademoiselle Cloque.
Adolphe BRISSON .. . .. Florise Boubour.
Vénus ou les deux Rislll\es.
Michel CORDA y ...... Les Embraséll.
Leu Demi· FolIl.
Al h
E T ) L'EVll8fé listc.
l' OIISO DA UD
.... Les noiJ ea exil.
1Let Detlx Htrein tes.
Léon DAUDET .. ······ILe Partage de fEDfant.
Paul œnOUL1!DE ..... Cha.ts du Soldat,
Lucien DESCA VES .... Sons-Ofls.
Henri DUVER NOIS ... ,)CNrOIlP!ettttCc·.
,
.. ., \ La Légende de l'Aigle.
Georges d ESPARS ...... / La Gurra eu deatelles.
Ferdinand FABRB ..... L'Altbé Tigrane.
1.' Anno Amour.
Vie de ChAteall.
Claude FERV AL ...... , lIb Figare.
Ciol !longe.
Léou fRAPI:C . ...•••.• VllUlitatrlce de Province.
• é bile GAUTIER
Le Cllpit.:llD:e Pnu:..se (1 er vol.).
fh op
... Le Capit.ùae Fracu.e (2. vol.).
ReJtée Maapel'ia.
Il. ct J. de GONCOUllT Gw'lLinle Laurteux.
Seear PIHJOIIIèae.
Gustave ü UICHES ..... Célœte Prlldbomat.
Le C_r do Pierrette.
t:t Benac Galette.
Tolote .
GyP .... , ...... • ...... • 1.:1 PCI:.
Ma Il.
D O ldo~.
l.a Meilleuro A1111 a.
Myriam DAnaY ... , •.• r.'I Divine Chaillon.
Le~
'fr ttaa Uau tiques.
Sonvft1Lll's da Vicomte do Cour.
pUre.
Mou t d C
lè
. ~
011
0
ourp re min...
La Carrière.
e Sceptre
Abel H ER MANT....... JJ' C
Il'
.e nu cr Misorey
C~ronlqe
dll Cadet de Contras
Les CoIIOdences d'une Aleule'
Le CIlaf de l'Etlt.
•
Coatru, loldat.
~ Flirt.
P 1 UERVIBU
~i'Âeadém:
~.
L'lnconna.
(
çawe. L'ArlDliture.
L'AvrU.
Aman ts.
La l'ounneRte.
L'E~50r.
Paul MARGUERITTE. Pascal Ge10S80.
Mn Grande.
Le Ciliral5icr blanc.
La Force des Choie•• '
L'Abbé Jales.
Octave Ml BEAU ..... Sébastien Rocb.
~
\
l
~
~
1
En VfHlte ~.
l
l
R)
Engène MONTPORT ... La Tarque.
Lucien MUHLPELD ... La CarrIère d'AdN 'louctte.
L'Automne d'oJle Pemme.
COUSiDO Laura.
Ckonchette.
Lettres de Femmes.
Le Jllrdiu seuc1.
Mademobelle Jaulre.
Les DemJ. Vierges.
La CoaJclajon d'un Ama.t.
L'Oeureux Ménage.
NOllveUes Lettres de Pe _ _ •
Marfel J.>~lvOST,
Le Mariage de JuReuDe.
de 1 AC&domlO U'a.noa.lse . Lettres à Prançoise.
Le DollÙuo Jauoe.
Deraluea Lettres de PellÙllei.
1..1 Prlncetle d'Ermitlge.
{. ! Scorpion.
Ill. et Mme MoloatJ.
LI! POD9!IC BOlU'geelle.
Pierre et Tbérèse.
Pemmes.
tellres à Françolu 1Hd6e.
IDiltlogues d' mour.
Mlellel PROVINS ... .. . Comment elles nous prOllDeDt.
L ~ Professenr d'Amour.
Henri de R~GNIE,
Le Bon Plaisir.
de l'Académ ie fr o.nçaUïo. I.e Mnriage de MIaD\t.
J 1 REN ~ nD
) L'Ecoro/llour.
u cs
, .., . . . . . . . . Hi t i N t
Il
sores
a ure CI.
~ J Il Glu
Jenn RICH EP I N
'
.'
dfi l" .n.C&<
--- '1".. nllo
. r' .
tes Debuts de Cétlr Borgll.
l'a.nçalso . Ln Ch.noa dei Goe81l
•
Ch. ROBEnT-DUMAS. moar S.I:I·6.
~ La Vie Prlvh Ile Micllel T_
2do.l[d ROD, .........
lier.
tes Roches blaDeliOlI.
Aodré TftEURJEl',
1J.n J\ltIlsoa des deux B.ubcaux.
d~ l'Aca.démie Irança.ise. Péché mortel.
Pierre V EBEn . ... . .... L' vonture.
toutoB IDa IIb".''''08 et le
l
bibliothèque. de. fla,.e.
�A. FAYARD & 0-, Éditeurs, Rue du Saint-Gothard, 18-20, PARIS (14°)
LE
LIVRE
POPULAIRE
65
65
CENT·
LE VOLUME de 400 à 650 pa1{e.
sous couverture illustrée en couleurs
CENT·
lIettre 1 Il Fortée de Ins, 1 aq ,rlJ modl4ue
nos meilleurs lcrlnlQS popalllru, tel est le but de cette ~el
coliecUaq, Urt des plu5 JrAqds succù de Il
les limes ~e
lI~re
mo4ernt
CATALOGUE 'DES VOLUMES actuellement en Vente:
JULES BEAUJOINT
L'Auberge Sanglante de Pei rebeilhe.
ADOLPHE BELOT
.
GEORGES DE
f'
BOISFORET
L'Anneau d'Argent.
,1
EUGÈNE CHAVETTE
Aimé de son Concierge.
PIERRE DECOURCELLE
Le Crime dune Sain le.
La Chambre d'Amour.
La. MOme aux Beaux Yeux.
Le. Ouvrières dl' Paris.
La Buveuse de Larmes .
La Sièl'e Coupe-l'oujoul'l.
Let! Deux Gosses.
Faufun et Claudinet.
La Voleuse d'Honneur.
Gigoletle.
Amour de Fille.
Le Million de la Bonne.
La Mendiante d'Amour.
Fille d'Alsace.
Le Mort qui tue.
PAUL
FÉVAL
Le Bossu.
Le Cbenlier de Lagardëre.
Le Capitaine Fantôme.
Les Mystères de Londres.
LOI Uahils Noirs.
Mam'zelle Flamberge.
EMILE GABORIAU
i La. Cord.a au oCou.
~
Le D~s
M.~n81ur
1
~:
j
n Ha.
Lecoq.
lef
L Affaire Lerou~.
Le Crime d'OrCival.
MICHEL MORPHY
KÉROUL
Le Petit Muet.
Mignon.
.
Les Noces de Mignon.
Mademoiselle Cent-Millions.
La MIe aux Baisers.
Le Gosse de Paris.
Mirette .
Fiancée ~laudite.
Ln Fille de Mignon .
Mignon Vengée.
LABRUV-ÈIfE
GEORGES DE
Chantereine.
Les Possédées de Paris.
EDMOND LADOUCETTE
Le M asq ue de l?er.
La Guerre des Camisards.
Le Roi des Dalles.
La Revanche de Mazarin.
L'Orpheline de Bazeilles.
PONSON
RENÉ DE
lOUIS lAUraV
Aveugle.
PAUL
LE FAU RE
LEROUX
Le Roi l\1ystère.
Un Homme dans la Nuit.
La Reine du Sabbat.
Chél"Ï-Bibi .
GEORGES
EUGÈNE SUE
MALDAGUE
Les Mystères de Paris.
Le Juif-Enant.
MICHEL
MARY
MÉROUVEL
Chaste et Flétrie.
Le Péché de la Générale.
Mort( 1Amour.
La Fille sans Nom.
Mortes el Vi!snlea.
Dl'anc de Brlolles.
LUCIEN-VICTOR MEUNIER
. l
Le CapolR .
ROUGET
PIERRE SALES
La Fée du Pdntemps.
Guet·Apens.
Deux Innocents.
Le Wagon 303.
La Dolle Ténébreuse.
CHARLES
PONT-JEST
Fille de Solùat.
La Boscolte.
Mam'zelle Trottin.
La PUl'i~oe.
Deux Batards.
JULES
TERRAIL
La Faute de Jeannine.
Fille d'Eve.
La Femme de l'Autre.
Belle Amie.
La Dame aux Ouistitis.
GASTON
DU
Cadet r,'ri pouille.
Le Don Roi lIem'iot.
La Reine des Cambrioleurs.
GEORGES
XAVIER DE MONTEplN
.
es Filles du Saltimbanque.
La Porteuse de Pain.
Sa Majest~
' l l'gent.
PAUL JUNKA
HENRI
BERTNAY
Le Péché de Marthe.
Le Louveteau.
L'Espionne du Bourget.
Enfant de l'Amour.
Orphelins d'Alsace .
Les Millions de l'Oncle Fritz.
Le Passeur de la Moselle.
Le Secret de Thérèse.
La Pécheresse.
Arlelte-Saphir.
)
L
Larrons d'Amour.
La Femme de Feu.
PAUL
HENRI GERMAIN
Vengée 1
•
zEVACO
Dorgia.
L Il Pardaillan.
L'Epopée d'Amour.
Le ClIpitan.
Ln Fausta.
Fausta vaincue.
Nostradamus .
Le Pont des Soupira.
Les Amants de Venise .
L'Uéroïne.
Tribo1llet.
La Cour des Miracles.
L'UMel Saint-Paul.
Jean Sant! Peur.
La Marquiso de Pompadour.
Le Rival du Roi.
Pardnillan et ~1au8tl.
Los Amours du Chico.
Chaque volume: 65 centlmes.
EN VENTE DANS LES LIERAIRIES ET GARES. - Envoi franco contre 80 centime•.
�10
CENTIMES
. 10 CENTIMES
le Volu:r.n.e
(Format 17XIO.5)
LES MEILLEURS LIVRES
Nouvelle Collection Littl1ra/re
Publiant tous les chefs-d'œuvre Français et Étranger,s , Anciens et Moderne.
•
Catalogue des Volumes actuellement en vente dans les Librairies ef; les Gares
NOl dei volumes
ARISTOPHANE
171
lysiatrata • • • • • • . • • • . • •• • •
H. DE BALZAO
Eug6nie Grandet ..••... 5 et
Le Père Goriot •.•.. .. 59 et
Le Colonel Chabert •... •...
Le Curé de Tours .... .... ..
la Cous.i ne Bette .•.•. 133 à
6
BO
8B
91
136
BEAUMAROHAIS
le Barbier de Séville. . . • ...
Le Mariage de Figaro......
20
54
BENJAMIN-CONSTANT
Adolphe......... ... •. •...
BÉRANGER
Chansons (II' • .... ....... .
Chanson. (1)..............
18
83
138
BERNARDIN DESAINT-PIERRE
Paul et Virginie. .... ......
58
BOILEAU
Epltres. - Lo Lulrin . .•. . • • 169
Satires. - Art poètiquo . '"
110
BOSSUET
Oraisons funèbre .... 145 ot 14'
NOl des volumes
OH. DIOKENS
Aventurel de M. Pickwick.
21 il.
David Copperfteld. . . .. 125 à
DIDEROT
Lo Noveu de Aameau . . . . • . .
Paradoxe sur le Comédien. .
24
128
43
103
TH. DOSTOI EWSKY
Les nuits blanchcs ........
ESCHYLE
Prométhée encharné . ••.• , .
EURIPIDe:
Alceste..... .. .. .... .. ...
GŒTHE
Faust............. .......
Hcrmann et Dorothée.. .....
HOIY\.ÈRE
llliade ..... ......... 47 à
L·OdJsséo ........... , 64 li
131
172
175
5·,
79
50
67
HORAOE
Poésies ........ .... , 84 et · 85
L.ACLOS
les Liaisons dangereuses 16 à.
18
M"" DE LA FAYETTE:
BRANTOME
La Princesse do Cleves . .• .. 202
OAZOTTE
Fables (1)..... ... .........
19
Fables (Ill . ... . .. . • . . • • . ..
81
Conte ot Nouvellos (1) .. ,. . 105
Conlos ot Nouvelles (T. Il et
III) .............. 1230t 124
Vies do. Dames Galantes.
179 et 180
Lo Diable Amoureux.......
81
OERVANTÈS
Don Quichotte ........ 29 à
32
OHATEAUBRIAN D
Atala. - nenè .. .. .... .. ..
14
ANDRE OHÉNIER
Idylles. - Odos. - lambel. 97
Elègies ... ...... " .•. . '" • 130
OORNEILLE
Le Cid. - Polyeucle '" . •••
2
Cinna. - Horace.. .. . ..... 28
Le Menleur. - Pompéo.... 121
Nicoméde. - ~odune
• ••
162
ALPHONSE DAUDET
Tartarin d. Tarasoon. 62 et
Contos du lundi ...... 60 à
Lettrel de mon moulin. 75 et
Sapho
..... 98 à
le petit' ëilôs; ........ 108 à
Fromont Jeune et nl,ler l~'r
TartArin .u r lei Alpo •. 183 à
R080 et "iR'tt••.. ••• 196 et
Huma Roume,tan ..... 197 à
6'
71
76
100
109
157
tas
198
200
L/\ FONTAINE
1·' dOl volumu
Tartuffe. - Sgnanarelle.... 104
l 'Etourdi. Le MMecln
malgré lui.............. 149
L'Ecole dOl Femmes. - Critique dol'Ecole des Femmes. 163
La Comtesse d·Escarbagnas.
- le MarIage forcé. Le SicIlien...... ....... . 164
le Bourgeois Gentilhomme . . 18.
MONTESQUIEU
Lettres Persanes . ...•. 34 il 36
H. MURGER
Sclines de la Vio de Boheme.
14 et
A. D E MUSSET
lorenzacclo. .. .. . • •.. • .. ..
Poosies nouvelles ..........
Contes d'Espagne et d'Italie ..
ConfeSSion d'un Enfant du
SiDclo ...... ...... 71 et
lamouna. - Rolla. - Une
Bonne Fortune..........
Croisillos. - La louche. .••
le Chandelier. - Il no faut
Jurer de rien.. . .. .. .. .. .
l a Coupe et les lovres. - A
quoi r~vent
les Jeunes fliles
Un Caprico. - OA ne saurait
penser a tout.. . .... • ...
la Nuit V6nitienne. - Le.
Caprlcel do lIulanne.....
15
143
160
117
GERARD DE NERVAL
137
Le Memorial de Sainte-Hèlello
205 il 210
Th 6reso Aubert. - Adillo... 116
Tril~y.
- lydia . • '" • •• ••• • 190
Turcarot. .. .............. .
le Diable Boiteux .. .. 191 ot
9
102
Contes de ma Mére l'Dye.. ..
Daph nis et Chlaè ........ ..
3
Parolos d'un Croyant... .• .
LAS OA SE S
LE SAGE
LONGUe
MARIVAUX
l e Jeu do l'Amour et du
Hasard . - .L. legs ......
Les Faussol Confidences. L'Eprouvo •••• . , . .•...• ••
20
12
MOLIÈRE
Lo lIIolndo Imnglnaire. Lei Pr6clcuses Rldicu los ..
le Mls,lnthrope. les
Fommos Savllntes . • .. •••.
L'A~
a ro . - lOi Fourber/u
do Scapin ............ ..
Don Juan. GeorgOI Dandin.
26
27
S8
80
OliARLE8 NODIER
OH. PERRAULT
1
RAqlNE
Est 1er . - Athalie ........ .
1
Phedro. - Andromaque •••• 42
BrItannicus. - les Plaideurs. 82
BereOlce. - BaJazet •.•. .. • 92
IphigeOle en Aulide. - MIthridate.... .. .......... 161
REGNARD
Le Joueur . - Le Bal .. ..... 122
le Lègataire Universel lOI Folies Amoureuses. .. 140
J .-J. ROUSSEAU
Confessions .......... 37 à 41
SCHILLER
Marie Stuart. . • . .. . .. .. .. •
Guillaume Telr. .. '" .. .. . ..
83
160
7
00-' DE SÉVIGNÉ
53 Lettres choisies...... 147 et 148
73
SHAKESPEARE
et Julietto...... . ... 110
78 Romeo
Le Songo d'une Nuit d'été. .• 144
81 Macbeth.................. 16.
129 Jules César............. .. 18S
H . SIENK'I E WIOZ
132 Quo Vailis ....... ... .. H à 46
Les FIlial du Feu, Sylvie.
Jommy................ . 171
la Main enchant6e. - le.
Nuile d'Octobre. - Paria,
Pantin, Meaux........... 17'
LAME NNAIS
N°' des volumel
173
174
De l'Amoul· ......... .. 12 et
La Charll'cuse de Parme. 93 à
15
96
STENDHAL
aWIFT
VoyagM de Gullivor .,. 141 et 142
A · THIERRY
Réci!& des temp; m6rovlntienl
203 et 204
OL. TILLIER
Mon onole Bonjamln.. 191.t 19%
TOL8TOI
La Sonate à Kreutzer..... ..
4
Anna Karenine ...... . 150 à lU
A. DE VIGNY
Pocmes antiques et modern.. 111
Clnq·P,1grs ........... 112 à 114
Chattorto n................ 115
la M6tromanle ............ 2en Stollo .............. 116 et 117
Servitude et Grandeur mlliPLUTARQUE
D6mosthbne. - Clc6ron.... 168
tsim ............ 118 ot 11.
lariul. - 'ylla........... 159 Qu ltto pour la pour. - Sur
Antoine....... ........... 165
la ~6r i té dans l'Art. - Sur
Aleundr. ........ ....... '. 168
un 3ystome dramatique... 20
César.. ... .. ............. 189
VIRGILE
pomp6e .................. 193
l 'En6lde ... , ......... 65 a 67
EDGARD POE
Les Oucollques . - LOI Gliorla Scarab6e d'Or. .. . ...... 139
Olques .................
SI
PIRON
11
SOPHOOLE
Œdipe ROI ......... ' .. .. ..
Œdipe ii Colono.. .. ... .. ...
PRÉVOST (ABBÉ)
Manon Le'caut .... ...... ..
RABELAIS
Gargantua ... ... ..... 89 et
•
90
VOLTAIRE
Candide ........ ....... '" 52
l' ln oellu-Mlcro0l6gu .• . •. • , 194
MylholoJle Greco-latine. 181 et 182
Envoi (l'anco d 'un volume contre 15 centimes.
10 volumes (ranco poste: 1 fI'. 30. - 25 volumes franco gare en France 1 3 fI'. 10
A partir de 40 volumes, envol franco gare en France snns augmenLaLion de prix
Artbème FAYARD et CiO, éditeurs, 18-20, rue du Saint-Gothard PARIS
�G
EGTIONSV~
le ,"0
•
cen ames
_. . . . w, sous belle COUy
rture illns rée en couleurs
A.
Q .......
'V'_
ar Pierre SOUVESTRE et. Marcel ALL
1. Fant6ma.t
2. luve contre FantOmaa
3. Le mort qui RIO
•. L'Agent secret
5. Un roi p 'soauier de Fant6m••
6. Le Policier apache
7. Le Pentlu de Londres
8. La fille de Fant6mas
9. Le fiilcre de Nuit
W. La am cou,te
11. L'Arrestation de Fantômas
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
19.
20.
Le Magistrat cambrioleur
La lIVl'ee du Crime
La mOl't de Juve
L'Ev:ldée de Saint-Lazare
La di!!parition de Fandor
Le Mariage de Fant()mas
L'A..&:lssin de L:ldy Beltham
La Gutpe Rouge
Le. Souliers du !/Lort
2t. L!: Train per u
22. Les Amours d'un Prince
N
23. Le Bouquet tragique
24. i.e Jockey masqllé
21. Le (;()rcueil vide
26. Le Faiseur de Roines
27. Le Cadavre Géant
23. Le Voleur d'Or
~9.
La serie R uge
30. L'Béltel du Crime
31. La Cr vate Ile chanvre
32. La fin 4Ie Fant'mas
CAROT COUPE-T~
Par MaurIce LANDAY
3. La
t.
~.
COllltlSU
_'eU.
Noire
ltr: iIIll
L'Orgi .ou.
6. La
7. La
8. Le
i. La
Poupée do ciro
M- Baagl.wle
GrelladiN' ~,
LOld au mas'1ue vert
Œuvres de
PJE RE S LES
.e
1. L'!lo.neur 4Iu Ibrl
. ,
2. Le :RQCllat
l' l'omm.
3.
4.
5.
6.
Le eDr•• :neugo
L'I: Y •
Miracle !l'Amour
lA PMè. d. la Marquiso
'7. La FiIIl! l' Don J I1211
8. Sa
e
;. L.U LIU .., col' Amour
10 Les Fill. e la Mort.
11. Les Ibbits l'ougn
12. Le C ur do Gt s. r Ue
13. Les Millions d'Outr e14. Pour le
ch B de!! Aulr
lf" LG S cret du onheur
Il
.e
L'Ouragan do fer
L'Anne:lU d'Or
Le Mystère du Donjon ROUie
B:ltame de F.a.m..
Le GlIJ1t ~hid
Une Mort lII1 lGriN.e
1G. L'HOUlme Ec late
17. Le Fil. du Cardillal
18. Caluire d'lmp'ratrlc.
19. Le Bculion
l'Empereur
20. L'Agomll de l'AiIJJe
21. La lIIaTcbe Tri pJaale
1,l2. Sailli
Amour
23. r- Am au
IW .eUe-Alliallce
s.. Le aocta .. lia_tUt
NAZ-EN-L'AIR
TITI LE OBLOT
10.
11.
12.
1\1
14.
J5.
1. Carot Ceupe-T6te
2. Le Chnalier ,el-Amour
Piarre BlUYESHE el
'II
La lutrtiee th! Dieu
2~.
tceJ AUJfH
1. Na."D-l'Air.
i. Le BeeNt d. Nal..n-l'AJr.
S. L'oavle ca....
4. r- TueUHII d'Be_ _
5. 'l'l'akre et lIiDIÂl'e
G. L'Aulolre Ile 1er.
7. Lo MyaUrieux CluliI. . .
8. Le Rai .se. nie.
9. Evade. du Baglle
10.
plo ni de l'Air
iL. en es d'Emperour
12. Epoule do for :lt
1:\. IIa ine de bail it
1'.. L'Echéllnce Fatale
1:" La Victoire de N:lz·lln·l'Air
- el Marcii IlLA~
1. 'ntl 1. llaOl'"
2. w _nien .e TUf
3. 'fol.,.. 1
4. na. Il' Allu..i" 1
li. P:llClole 1
1.
2.
3.
4.
5.
Le VllutOUl' de la Sierra
Le V:lutour est rovenu
La nUe lIu VaotGur
Le Cœur do Lolita
Ln Secl'~t
du Vllutour
En vente dans toutes les Librairies et les Bibliothèques des Gares
EnVOl fl':,noo aontl'(J 80 0 ntimes on tirnbrls-posta
1\. f Y1H~D
' Cie. Éditeurs. 18 el 20. rue du Saint ... Gothard, P1\RJS. (XIV")
�'!§JDL- _
,.
*
OEUVRES EP
65 cenU nes Je V~lume,
1. I.a Jcunesse du Roi HCilri.
2 . Les Galanteries de ' aney.lOl·
Belle.
3. Le:; f1s,ours du VOllet de 'irèHe.
4. La l{eillc des Barricaùe:i.
5 Hcclllfltlolc.
6. Le Clnu des Valets de C<.Cur.
7. Les Exploits de Ror.Olmbolc.
8 La 'OlB IeSlie ArtClfi.
9. La Rcsl1rrectioll de Rocam.
IIoIe.
10. L'AMlterge maudite.
11. La M;;jsen de F&ul.
12. Les Etr&sq!!cul's.
13. Les Milli&BS Ile la DoM·
ml.etule.
14. Un Drame dalls l'Inde.
UTE R IL
scus belle eeuvert.upe illustpée en couleurs
15.
16.
17.
18.
19
20.
Le deraier mot de n.ocamboie.
VEDfant perdu.
Tri~l1atns
de Siloklnji.
HGGa!lÙlole en prises.
},ij corde du Pen4u.
Le~
vo!enrs du grand Monde.
Cal'tallut.
Le buveur de Ra!d.
Le ParÎl myatél·ieux.
de l'amour.
Les Comp g.'lI~
La Dame ail Gant noir.
Le Forgeron de la Cour.Dleu.
Les Amours d'Aurflre.
La Jilstiee des Bl)lIémieDs.
Les Cavaliers de la Nuit.
Le Page du !loi.
La messe Noire.
~1.
Le~
22.
23.
24.
25.
26.
27.
28.
29.
30.
31.
'Mil31""
32. Le Palais mystérieux.
33. Le CapitlliRC Cl'lqullctt.
34. Les (jill!ldÎJlll.
35. l ' ""cace! M.atrimoniale.
36. l,e capitalut des Pé!litcn!li
Doirs.
37. Pas.de.CillIllce.
38 . Les Mystères des Bois.
39. La Cb.a.ue à la Muette.
40. .rt1éIlH)jrcs d'UD GellÙ.rllle.
41. LIIII Orplseli.s de la Saint.
Barthélemy.
42. Le C:lpitaille CurdJOlUse.
43. L'Arlllurier de Milan.
44. Le Filleul du Roi.
45. L'EIérilago du Roi Resé.
46. Le secret du Dr Rousselle.
F1
OEUVRES E UST VE AMARD
VOYAGeS -
E':{PI.tOl~R!1S
gVB~TUes
65 centimes le Velume. sous l!>eUe ecuverture itLustrée en couleurs
1. Les Trappcars de l'Ar. 13. CnrulIIlIla.
kaasan.
1'4. Valel1tin Guillois.
2. Lcu "êllcllrs de froR . 15. l.es B.i3·i!l'ülés.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
U.
12 .
ti~res.
J.es Francs·Tireurs .
16. lJ :lIc,FrIlDclle.
.17..' Eclai reu r.
Le Cœllr leylll.
18. I.n forêt Vie~
":.
La Delle RIvière.
10. J.rJ Outl;nrs du r.1·s·
I.~
Sonrillitet.
s(m!'!.
Le (jrlllld Cite
des 20. Les C~a5:
i elr9
Il' A eil
Aucrui.
les.
Le ChHcnenr de "i~t5.
21. Le Ca r de PIerre.
I.cs Pintes dei Prat. Q2. Le GUilruis.
des.
23. V' ~t1oJleir
.
Ln Loi de l.ynch.
24 . Uuo C~"ra1.
Ln 6ranft FUlllnte. 25. CorulIlio d'Armor.
I.a Flhre d'Or.
26. l.cs COllpeurs Ile n.utes
... '-=
;;.1. 1.11 CI~ie
d'.r.
41, Le
Commandant
grès.
42. La l'Ilain-Perme .
Del.
43. L'Eau·qu.i.Cour •
I. ~9
Nuits r....... icaillc:;,
lW .
1\5.
Le~
46. I.(j
47
V.p·ùOt-;i.
I!(,)
d~s
Placers
d'Or.
. I.e R;:Uf':o du Pont.de.
LI .. ue.i.
35. Le J'"reatler.
48
36. I.es THil". 410 la lIier. 49: Le .Rastrcarl.r.
Le Deitt rie DI...
37.
Les Rois IIc l'Ooéan.
38. Velllt·eu-P one.
39. OIll'5011 T6te·ci~
·P01'.
40. Le Cill9Geur cie ratt!.
50. Le 'l'rouveur d. Icn.
tiers.
51. Les isells blauCi.
52. Cardéoio.
œUVRES DE LOU S N
centi
6
~S
le V01ume.
1. SUl·eoal.
2. ~mpcreDl
et Corsnire.
3. I,e Conpeur de Têtes.
1\. A la recherche d'UI1 trésor.
,
6. Les C118113cllr8 du Dé~crt.
6. Le Cor6nlre RUX cheveux d or.
'7. Ln Ven~ac
du Roi de III
Gr~ve.
V'
27. Uae
Ven;1eance
de
PClluJi;·Rvulles.
28. Les Gam lIcillOS.
'29. Saerumcu ta.
30 La lI-a.~
Horea.
-,]. P8sas.
3'~.
Le~
ÂVI:ntarlers.
33. Le~
lIoué !leS de la Iller.
SI!>U3
belle eeuverture illustrée en eeuJeurs
8 Le Ret des C tmills.
9.
10 .
] 1.
12.
13.
14.
15.
Le Trau de l' baler.
Les MlJ1io s du Trappeur.
Le l'uppeur l' <tIgré llil.
Le VOyllgcllr Myutérieux.
Le TRcn de U .. s.
Un Eulèvem It /HI Hllrem.
Uae Guerrc de Géauts.
li. I.e Porh:lD Noir.
17. Je311 qui·Tuc.
la. L Serpel t du t1é~cr.
19. Ua rlr '10 nu i'o~à
Ile l',lbhnc.
20. I.e Socl'd de III Ville FantlÎme.
de In SAune.
21. Les MyHtèr~s
22. A 114 Couquête des Dieux d'or.
v~'A
En vente da.ns toutes les Librairies et Gaz'os - EnT'oi franao oontrB 80 oentimlJ~'
A. FAYARD & CIO, Éditeurs, 18-20, ua du a~nt-S
othard. Paris (XIVe)
�Vient de ParaÎtre
LÉON PARISOT
Auteur de " L'AvOCAT-CONSEIL "
Ancien Secrétaire dlArbitre-Rapporteur près Je Tribunal de Commerce de la Seine
CE
--
QUE T .UT COMMERÇA
DOIT SAVOIR
.
MANUEL PRATIQUE A L'USAGE
des Négociants, Commerçants, Industriels, Employés de Commerce
~ Voyageurs, Repr' sentants, Placiers et Comptables
CONTENANT
les formules des actt's usuels en matière commerciale avec l'indication des .
droits d'en reg istrement ; tous les renseignements commerciaux d'une
applicati on journ al ière, et de très nombreuses citations
de la jurisprudence la plus récente
SI VOUS VOU LEZ être exactement et entièrement renseignés sur les yenlcs et nantissements de fond!., su r la comptabilité, sur les rapports juridiques des patrons t employés , sur les
usages commerciaux, brevets d'inven tion, marques de fab rique, sur la concurrence déloyale, les
faillites et liquidatio ns judiciaires;
.
SI va us VOU LEZ connaître les textes relatifs aux fraudes, trompenes et fal sifications ,
aux patentes et aux poids ct mesures j savoir comment on établit son prix de revient et son
bénéfice '
endosseurs et porteurs
SI VOUS VOU LEZ connaitre les droits et deyoirs des tire~s,
d'effets de comme rce, les règles du gage commercIal, les opératIOns de banque , escompte,
comptes-courants; si vou vou lez ûtre fixés sur les chèques , warrants, warnts~hôeli,
sur
les sociétés;
S~
VOUS VO ULEZ . sav~ir
comment exeroer TOS droits contre les Oompagnies de
ohemins de fer et les VOIturIers p our retards, avaries ou manquants" conuaÎlre la procédure devant les trj bul"I\~
de com~
rce,
les conseils de prud'hommes, les j~stice
de paix,
SI va US va u Ll~Z
enfin rédige r tous vos actes et réclam3ti ons vous-mêmes et sans frais,
être exacteme nt do cument6s sur (ous les actes de votre v ic commerciale, éviter les difficultés
c t les procès;
Achetez
CE DE TOUT COM ERÇANT DOIT S VOIR
Ollvrag-e de 91 p age .• J nf l'aute ur d e « 1 ~voc
a l -Co
rappol'te ur près le 1ribuual de Comme rce de la Sellle.
nseil
1>,
ancien secrétaire d'arbitre-
Le volume broché 4 fr., relié 5 fr.
Envoi franco contre mandat-poste adressé à MM. A. FAYARD &
Éditeurs, rue du Saint-Gothard, 18-20 -- PARIS (14°)
��LES MAITRES DU ROMAN POPULAIRE
Nouvelle Collection à. 30 centimes le VOLUME
========= paraissant le '5 de chaqu~
mois =========
Le 15'Mars paraUra :
POUR 'L'HONNEUR D'UNE MÈRE
,p AR
J
U LES
0
E GAS T y N E
Le Roman CDmp/et:
30
centimes
Volumes déjlJ parus :
GRINGALETTE
1
LE FILS oDE JACQUES
PAR JULES MARY
PAR RENÉ DE PONT-JEST
L'ENFANT D'UNE VIERGE
LE COQ DU VILLAGE
PAR PIERRE SALES
PAR LÉON MALICET
UNE NUIT DE NOCES
RIVALITÉ D'AMOUR
PAR CHARLES MÉROUVEL
PAR HENRI GERMAIN
LA DAME AUX VIOLETTES
MARIÉE A SON PATRON
CHAINE MORTELLE
L'AMOUR ET L'ARGENT
PAR GEORGES MALDAGUE
PAR EDMOND LADOUCETTE
LA NUIT ROUGE
CALVAIRE D'AMANTE
PAR JULES DE GASTVNE
PAR JEAN ROCHON
LE CORPS D'ÉLISA
FLORAISON D'AMOURS
°
FAR MICHEL MORPHV
PAR A. MATTH EV
PAR MAXIME LA TOUR
PAR FERNAN D-LAFARGU E
AMANT ET JUGE
PAR CHARLES ESQU 1ER
Chaque Volume:
30
centlm •• '
Le yolume franco par la pOlice: 410 oenUmes. - Union Pos'ale: GO oenUm...
Altelulemellt pour DIX yolumes : Franoe : -4 franos; Union Po.'ale : G fra.oa,
A. FATARD e' 0 " .dUeurs, iH- ZO, rue du Saint- Gothard, PARIS (XIV').
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Maitres du roman populaire
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire.jpg
Description
An account of the resource
Arthème Fayard lance les Maîtres du Roman Populaire en 1914.<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/les-maitres-du-roman-populair">En savoir plus sur les Maitres du roman populaire</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Moins fort que l'amour !
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Sales, Pierre
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Fayard
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1914
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Les maîtres du roman populaire ; 16
application/pdf
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20694_1205591
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/12/39167/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20694_1205591.jpg
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/12/39164/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20689_1205292.pdf
47b75b423b405c3a58eabb6649052c2f
PDF Text
Text
LE ROMAN COMPLET
30 cenÜllltl
HENRI GERMAIN
.... _
,. . i
~
RIVALITÉ D'AMOUR
/
\
•
~
1
\
LES MAITRES
DU
ROMAN POPULAIRE
ARTHtME FAYARD
cl C~
E d iteurs
18-20, Rue du Sa i nt-Gothard, PARJ.S
10
�"
�HENRI GERlVIAIN
•
1 ••
':.,.,' .
,
., '.
VALIT D'A
.
,
'-
L
AITR.ES
DV
110 A
POPULAI B
ART t:ME fAYARD et Cli
00, R u . . . .
7
Il
]J.
l'l,
nt-Gothlu'd, PARIS
de Irllllucl/on t <l'nd(/platfQn rhcru6. po r lot" pau..
fi r.vmprl. la Russlt.
t
�i)
Le 15 Juillet paraîtra :
1
1
lE
p
A
BOMA.N INÉDIT
par
,
Maxime LA TOUR
.
Le roman complet : 30 centimes
*.
Volumes déjà parus:
GRINGALETTE
CHAINE MORTELLE
PAR JULES MARY
PAR GEORGES MALDAGUE
li Il.man complet, prix exceptionnel: t5 centimes
Lo Roman complet: ::;0 centlm_
LA NUIT ROUGE
L'ENFANT D'UNE VIERGE , Iii,
PAR JULES DE GASTVNE
PAR PIERRE SALES
Lo Roman complet,
le Roman complet, 30 OCIfI'Jm••
~O
centl",."
U E NUIT DE NOCES
LE CORPS D'ÉLISA
PAR CHARLES MÉROUVEL
PAR A. MATTH EV
I.e Ro
. n con,.;I.." :;:
A DA
AUX VIOLETT S
PAR MICHEL MORPHV
• ROr.2 n callpl t : S
C
30 centime.
Lo Roman complet
cenUmos
1
LE FILS' DE JACQUES
'
PAR RENË DE PONT-JEST
"':5••'10$
I.e . : ...Jan
GUI,./~et
TI LAGE
PAR LËON MALICET
I.e Romall, complot
1
:0
centime.
;
�IVALITÉ D'AMOUR
•
.,
•
peuL-«re que le , . .
gille.
J
- Ben quoi, mon vieux Tendron,
rêves ?
-
Ber
-
que tu
~
Non, non.. .• j'avais Cf'I.l seulement voir pB3ma mJe... AJor , je regardais, tu camprendoS T
Tu l'aimes. hein, celle gamine-là?
- Eh 1 gamine, pras tant que ç.a, mon garçon. ..
La. v'là qui marche sur ses dL"'t-8ept ans 1
- Le fail est que ça rffPrésenle un beau brin de
fille. Si j'ét.a.i.s pa'il si vieux, el déjà marié, j'en
serais tombé amoureux 1
- Farœur 1... Encore si elle n'avait que sa beauté, tu sais, ça ne sere.it pas si emballant. Ces chose~lb,
ça. pnsse vite.
(( Mais elle est IIi intelligente, ai douce, 51 aimante 1
(( Ah 1 mon gal,< n, c'e.'lt vrai que je l'adore, ma
Geneviève, comme si elle était ma. véritable fille,
mon enfant quoi!
Il Le jour où je l'ai trouvée, c'est le bonbeur que
j'ai rencontré. J'l'l.ais si sen,! avant 1...
- Ça, c'est exact, mon vieux. Un homme ne peut
pas rester solllairo dn.ns la vie. 11 lui faut quelqu'Uft il. protéger.
(( T'as faiL une bonne action, et t'es bien payll i
c'e t jusle.
- POlir '.s1'lr, je n'Ili pas à m'en repentir.
Sm' cplle conclusion, les deux onvricrl! maçons
se remirent av cardeur ù. leur !lltr ll'ClVnil.
J \J(:hé
III' un é ·h,\ffl\Jllaj.{e volant, il pins de
vingt Illt!ll'cS (lu !;nl, ils l "pumÎ 'llf en ce mOl11cnt
lA ('omkhe d'un IUXllCU.· immr.lIhlc ùu banll v:lrd
Bell Il III il l'ch il i. .
L'un d·cu., 1(' pl'l'C 'r <: Illi 1'011, dllll un hOlmll(' tIc
pros rie ::loi unte ailS, cncore robuste et, surtout,
courogcllX.
Sn hOllne flW , ~clnire
[Jar deu .. yeux blt!u~
trôs
<l'ou', s' n( <l'Ir.lit \ (' rlicv{'ux tout Il Hnes, couJ>~1)
r(J~
et drus.
Une (~paj:Si'
rnnll. f Il he gri onnanle ombrageait
811
hOllcil
de bonl~
(IJ cd
~o
7.'1'
l'
lIliX
1,\\ l"
\111
111'11
I·~li.'
('
-
,'igne
:- et toutl' fll physionol11ie exprimait la
\1'(! Imll, la 10) uulé naturelle.
1 (;0111\) ,.,11011, l "IS J Illll
pif I\li <1'UI1(' cplin'!l'UIIIICI', sCIT'hlniL don
lui nu, si, d'une nlltJ '11 ho 1
lIo1et 1". l Il l'l'li in~
J , eL d'esprit pills ::IuJJtil, plus ru Il
n se
T~
'1
nommait
~.
BOll8 camarade. tau. doux, ils travaillaient ensemble depuis cinq 00 six ans déjà, et s'ent.endnient a.3Se2: bien. Leur honnêteté foncière u.nja.;
sait leurs rufinités.
- Alors, comme ça., fit Lagille, tout en travaillant ardemment de la truelle, il y a longtemps
que tu l'as recueillie, ta fille?
- Dix ans, bientôt.
- Ça compte. Et c'est à Pa.ri5 que tu l'ru! trouvée ?
- Pas tout à fait, mais à peu près. Sur le oour8
ne Vincennes, pas loin de la barrière, presque
sur lea Cort.iis.
- Vraiment? Conte-moi donc c't'hisloire-là?
- Ob ! si tu veux. Ça. me faiL toujours p1aisir
de parler de le. petite.
Il La. première fois que je l'aperçus, c'était un soir
de novembre, vers neuf heures. Un soir où Je petit vent du nord souIflait, einglant comme une
mèche dt'! fouet.
\( Je rentrais chez moi, à Sa.int-~rdé,
où j'habitais dans ce temps-là lIne sorte de lnudi:;. J'Clk
t.ends une chambre d'homme se'll, où le ménage
est rarement fait, parce qu'on n'a pas le tt mp,".
- Je comprpndA ~a.
nlOn vieux. Qualld Olt
garçon, on ne fréquer.te pas souven t Je hulnL
- DreC, j'allais la pipe BllX dents, lel'! mains,duTls
les poches, quand, tout il eoup, je vois, affalée ",ur
un ban.c, une gosse de aLx à sopt ailS, qui gr lollaiL
le nez en l'a.ir.
pus très bien érllÎrè e~,
(1 Le cours était désert,
comme tll le sni~,
pas très ùr ..]" rlH (opnU de
voir cette gamine toute seule, en cet ('nllm!!.
fi
K
Qu'est,ce que tu fiches Iii tif'. '1~,
c't'hf'urc-ei ? que jf) lui da en m'a.pprochant, trl\, curiaux.
\( -
Hiel1, mon8leur.
fin l'air' C'c3l
pas des oiseau , je suppose, ni des baUonll ?
Il Ult 1 non, monsieur, qu'el~
me r(tpond genUmrnt. L s.oiseau. y sont ooucb.és, je les COOlUÜ8
bi n. Je regarde 1e5 étoilee,
Il Tien , c't'ifl6e. E.I!t-oe 4(Ue tu ~
comptes '1
Il Oh 1 non. Seulement, c'~t
joli, lel:! ~tlie8
1 Çn
twilll' pll/o' flue If' bec!! de gaz. Et (115, c'p:,1 le b ,n
])icu qlli If il all1lTlle, et y en 8 tell 'l11el1t, tellement,
que je voudrais le.i VQU- \outes à la fois 1
" -
Il
Et f]lt 'l'st-ce que tIl r~B.Tdf!
TouL ça. m'urou
a.a.
tu com,prends, mon
VJeux
�=====================
Lagille. Alors, je continue à interroge.r la petite, tout proprement, je la mets à ]',école, toujours avec la
.e<r- 4,
en J'examinant en dé tail.
« EUe était plutôt jolie, mais si maigre, si pAle, si
mal vêtue 1... Ça sentait la misère noire, l'abandon ...
u Bref, j'apprends qu'elle attendait sur ce banc la
r entrée d'UM femme qui l'él evait. Pas sa mère,
non; ma.is une espèce de vieille m~ndigote
qui
l'avait recueillie, disait-elle, toute petite.
« Toutes les deux habitaient une ancienne rou-lolte à moitié vermoulue, démolie, installée dans un
t err ain va gue, sur la rone des fortils.
« Seu lement, y paraU que la vieille, une ri~mée
Dugoureu., se solllait comme un ponelaiL A ce poin~
que les gens du quartier l'avaient ~urnomée
Du
Guulot !
- Ah 1 ça, c'est plutôt rigolo 1 ponctua LagiUe,
Mnusé.
~
Oui, mais ce qui ne l'était pa~,
c'est quand
la vie ille rappliqUft.it ivre à son bglS. Alors, elle
tapait sur la gOSde comme sur du plâtre, en lui
jetant pour toute nourriture, des vieilles crodtes,
des détritus ramassés n'importe où.
- Pauvre petite, elle était malheureuse, hein 1
- Plus que les pierres, mon garçon; une vrrue
martyr e 1
" M&is ,. n'ai pas su tout ça du premier jour,
comme tu pellBe8. La petite n'aurait pas osé parler
fr.a.nch.emen.t, par peur de la vieille sotllarde qu'elle
attendait d 'une minute à l'autre.
Il Plus tard se.wement, quand je l'ai eue chez moi.,
elle m'a tout raconté, avec des détails pitoyables.
Il Un soir, fin janvier, il tombait de la neige épaisse et drue depltis ~
de deuX heures ; j'aperçois la
g.amine, dont j'éta,L, devenu le grand ami, affalée
sur &On banc, le visage ruisselant de larmes, les
épaules 8ecou~
de sanglobi! convuJsiIs.
Il Elle me r8.COnte que la mère Du Goulot l'a battue avec un acharnement féroce ; puis elle l'a
flanquée à la porte, sans lUI donner aucune nour-
r ltul'(l.
Il Désespérée, mourant de faim, de froid , eU e déclare qu'eUe ne veut plus rentrer chez la vieille
m endigote. Elle parle d'QJler se jet er il l'eau, poUl'
en finir avec sa misérable existenoe.
Il Boulever sé, je me mels à pl eurer, moi aussi,
comme une vieille bête. Et je m'assois près d'eUe,
je la réchauffe, j'essaie de la cons oler. El tout à
coup, parce q ue je J'aimaia déjà, une id ée me
vient; je lui demande si elle veut venir avec moi,
être ma petite fille, maJ1ge r tous les jours, aller
li l'école, et\:.
« Ln 10
me prend par le COli , m'em brnsse ; Je
1 J'enJcve C lJ ('
v'là pnrt i, a vpc mon cnra 'lt IrOllv,*, 1
- Çn, c'est 1rC!'I bien, mon VIl'IIX Tl'ndro n, ulfirma Ln il le, d"v(;nu gra"e cl nlt,'ndT!.
- Bref, r prcncl 1-1' vit u x muçllll, m v'là d ~ vcnu
père du jour Ull Icnr!l'rllll111.
Il ~Ioi
un \'h'\lX l'l1rÇOll l'[I! Jl II"('i, égo'istc, déLestant
le.'
go: ('S pli/' Il' Iditlon, !l1I1I' 11\'''11'
fi Ben, "\'I,tll p
vrai. 1""" ~1I'(n,
pour Nr \III JI 're ... , ('''1 111111' tllill 1('
j'I~
hfLli
ITIIIII"'>'
.J e
m'en sui VII" IIrr rçll. l': 1"11 .. ILd [urrJ, c' 'st rllùument bon cl'HIIII '[' l' rlll.,nl !
- Pour !l1\1 ! J !l<'I.X. !'ùll, l' d' (;n, l'III " Il' j'I'n
ni ClI nlr . \h!, 1 C '1\1111 _. \11 1. 11111 l,. III t'lf'/')
dia j.fI ,gHlrll,.n., IJTI P") I l t' [lit-III
nd 1
lout dl
1 il
Il (1
Il pli '"
" hl cf,
J-
1Il
Ir,
1 1
1
c'l.l
Il .
ï
! "Ill, si
lI"'l!
1111101
t'Ill 1
b:J·.c, Je ln 110 Il ri ,j 1 1III bill
'p eur que la yjeille Du Goulot revienne la chercher.
Ça m'aurait fait un vrai chagrin. Mais la soo.larde
n 'y pensait même pas : le départ de la petite l'av&i.t
.ee.ns doute débarrassée.
Et v1à dix ans que ça dure, Geneviève est devenue une grande jeune fi1Je. EUe e.st ins truite, bollne
ménagère, proIandémoot honnête. Qu.and elle Il
eu douze ans, nous avons déménagé, parce qu'eUe
m'«vait habitué à aimer le oonlortable, à faire àee
économies... pour eUe, d'aille ul'S.
Il Maintenant, j'habite un petit loge ment coquet,
rue Saint-Antoine: deux pièces, une cuisine. Et
4:'est meublé, entretenu, j.e ne te dis que ça !
Faut dire que j'ai une bonne voisine qui m'a
bien a,jQé dans ma tAche paternalle.
1{ La veuve d'un ancien fonctionnaire, demeurée
très pauvre, avec un tUa. Le prçon e"t revenu du
service militaire depu.ie troia ans; il est employé
de commerce.
t( Un type remarquable, un rrn jet enfin qui fera
son chemin. D'ailleurs, la veuve Garnier et moi,
nous avons déjà fait des projet.a au sujet de'B deux
enfants, tu oompren.d& '1
- Parbleu., des fianœs, hem y
- Pas encore, maïa pre6qUe. On sort souvent ln
dimanche ensembLe; on dine l'Un chez l'aulre, on
!ait 'ila partie. Cast la famille, quoi. Et ça va ut
mieux que le marchand de vin. On s'instruit et
on ne s 'empoisanne :pu.
- Pour stlr 1
te Alors tu m'jnYiiertla à la noce prochaine '1
- Je n'y m anq uerai pa.s, mon gur çon. Tu feras
danser ma Geneviève !
Le père Tendron .s 'j n L er~
m pi t to ut à coup, (lU
1{
1{
jetant un coup d'œjJ darl R
fue.
:r.i.ens, tiens, repri t
,rïv.e.rnent, en tou cha~
ü
le bras de son com pagn
rMard e en bas cette
b.rune-là qui passe, Il'Vec 1 \:l robe mauve, ben on
dirait IDa Geneviève., en toilette !
Tout en parlant., le vi.eu:"
çon M ~'e n c [u l,
lB'appuyait de tout s oo poids '. la fragile bal us\rode de " ~ oh d. f a udage.
Sou<lsin, 1W. craquement sec re tentil, deux pièn.JE)8 de bois <létJacMaii brusquement, laiss èrent
tre eHes une Ou v6r ture béanLe.
Et le père Tend ron, rn anq\W l tout h coup de
point d'appuj, e tr ouva pr6cipill" rlnlls le vidr.
LagUle jeta un cri d' effr oi loerri bl(', al~pr
d' une
voix d ése.'i pérée. Et, les ye ux afl'rûnclis rftl' j'hnl'r eur, il vit oh oir le corps du V\('I1X mnçon llur le
pn~Hl1
n la
tro ttoir 0\1 hOll lrv8rrl., nu grand rmoi cl'~
qui se préc ipi taient ve rs le ID.Illhcll rp u x oll vli er.
1I I'tliVi' fllcn t, o n r oleva la VI·dl'lIl..' dunt Il'S Il'(''nbrcs ine rtes p endaien t larn pn la!.>W'lIll'nl, olnmc d''';
loqups.
était }évide, S8.'I ptlll riè('~
rl(',;('5 ; u:J
Son v i. lI~e
fil et ri e ~\HlIg
co ulait entre !\{~
ICHoCS el'l. IHh" ,'f,
-
sou rrr'<Jncc.
pnr la fenI\II" (JlIV"I·I,. dt' j'ojl
dl'VtUlt 1'l<j1J1'1 il Ir.'vllill,lil. dl'l1Cl'I"lil
l 'c,, Hlier, orflJI , trorllbllint (j'IJI1!' ('1'11,,1)(' {'IIl,'li":1
li plll lit llllf'I'P'i dl 8011 inlud 1:11" , 'III 1 ndp nu
m Olli II I oÙ 1('8 plJ.M,nnts, guicl (>:l plll lin 'U/'flj('fi de
lu l'ai:, ll'llllspol'WH.llI l lI' b.I'""é J.'
Il pli 1'1111
r.lllo[illl', pn~lt
p"lrt,'lIll'n t
ci'lI pl'l.x'IJe.
Il JI 1":1 111 II\lr du triste oortl'gc, l plllllJllIIt brièvellIt'1nl (' 1IIIIIICllt l'tH."{·id. n t S'éllill l'nl/luil.
U1l [II,',f. 'III VlII,'lII, mnnd' "'fi l III Il tHe, vin'
e 'ulI1incl' lu VJctlllle, pu..lpu sou COI Il IIICU1·Lri.
�~
RiValité d'Amour
=========================
- Rien à farre, rurticula-t-il gravement. Cet
homme doÏ1t avoÏlr' la colœme vertébrale hriBée en
deux endroits.
Sa mort n'e6t plus qu'une question d'heures !
A ces mots terribles, Lagille e.ssuya furtivement
ooe larme.
-..: Qu<llqu'un OOIMlatt-il le domicile de ce malheul'eux? demanda le pratici-en.
- Oui, monsieur, moi, fit le maçon.
- Eh bien, vous ~girez
sagement, dans ce cas,
en '8àlant prévenir la famille. Avec ménagements,
bien en ten du.
.
« Car il est tou.t à fait inutile de transporter ce
pauvre homme à l'hC1pital ; il vaut mieux qu'l'l soit
emtowré des sien.q à Ba dernière heure, Loute proche,
hé1&s 1
- La pauvre t\'Ile 1 murmura Lagi1le, profondément troublé.
« Enfin, je vais l'informer, a)outa+il C'eet rue
Saint-Antoine, 3~.
Et i\e maçon sortit de la phrumacie, !œ jambes
fiagedlanles, les traits contractés par. l'émotion.
La perte de son vieux camarade lui causait un
cb8Igrin réel.
- Mon vieux Tenrlron... , mon vieux copain 1 monologu,ait-i1 ma.china'lement, tout en s'eeauyant lM
yeux du revers de sa main calleuse..
Finir si bêtement, si vite, quand n !taU si helll'eUX 1... A quoi bon f ire des projets 'r La fatalité
nous atteint comme la foudre 1
EIlfi.n il arriv,a trembl6.nt, bouleversé, au logis
du vieux maçon. Et plus intimidé encore, en présenœ de la belle ot douce Geneviève, il bégaya les
choses horribles qu'elle devina, plutOt qu'elle ne le"
entendit.
Le cœur atrocemn~
déchiré, la jeune ftlle s·en
fut aussitôt chercher sa bonne voisine, la veuve
Garnier. Elle l'instruislt c1e son malheur presque
certain, en peu de mets, mais si cruellement émus.
La:gille aV<J.it, en dret, laissé enLendre la douloureuse, l'inéluctable vérité.
_
Lorsque Geneviève vit enfin apparaltre le corps
mutil
. son père adoptif, elle eut une épouvant.a-ble crise de larmes. .•
Le vieux garçon, maintenant couché sur son lit,
demeurait dans lQ coma. Et la pauvre jeune fille ne
conservait plus qu'un seul espoir : c'était qu'il pllt
Ùl. voir une dernière fois, la reconnaltre avant de
mourir, lui donner le baiser suprême.
RlIe s'l.n.Btal..\a pru du lit, en compagnie de
Mme Garnier, puis de Jacques G<J.rnier, qui rey'in\
de ;on bureau, vert aept heures du soir.
l..:t le regard ri.,. enr l~ visage livide . . mortbiond, en proie A des c.ngOlSses de phu en plu. cUobirantea, elle ~i4
le moindre signe d'exle&ace, le
l'6VJ8U de la vie, li CIQW't dO.L. . U être.
Une des maina iP&06ea du père 'I1endne ......
geait aur les drapa, inerle.
Geneviève la prit 4oucement, la ~
daDa , .
~
comme .. elle .oulalt communlquu ao
mouraaa 1Io1l peu de _ c:lIaleur, de .. jeuneue, M
8Q Tfe. Mais le m
eul'eux demeurait immobile,
1aiaaant eeuJernen\ pauer entre &el dents .. rrées
on soume COurl, l peiM perceptible.
Enftn, "era dix ~
~viàe
crut sentir tout
lOOO!p ' - ~
doigta du paU'Vl'e homme tressaillir
faibIemen\ entre lee lIicIna.
EDo appela
d'une voix brisée de sanglots ;
- Papa ... papa... c'est moi, GenevüWJ... , ta GenevièveJ
Ce nom répété parut garran1ser le moribond.
Ses paupières se soulevèrent faiblement, ses prunelles, nrasque vitreuses, se fixèrenL imprécises
sur celles de la jeune fille.
Une lueur de désespoir, de regrets in1lnis, de tendresse, y passa, fugace, désolante.
Et d'une voix faible comme celle d'un enfant, il
balbutia, en mots entrecoupés:
- Genvi~l.
Ma..• fille ... bien-aimée... adieu.~
a(l..
r.
1.
1
~
Au moment précis où elle effleurait de ses lèvres
60n front glacé, il eut un léger spasme. Un hoquet
Jt'exha.14 de sa gorge stranguJée, son regard se figea
pour toujOUN dans l'éLernité.
- Mon père, mon père t... s'écria Geneviève,
d1m! une lIoudaine explosion d'égarement et de douleur indicible!!.
Puis se dressa.n.t, livide, elle s'écria lugubre,
effrayante :
- Mort.. .. , il am mort 1...
Et, sa1!!ie d'un vertige subit, eDe chancela en
arrière, tomba tout d'une pièce au pied du lit, où
elle d~&
aan. mouvement.
o
L'AvaJ.
De tristes j<mrs lIulvirent l'enterrement dn père
Tendron. Geneviève };)arut un moment si prond~
ment découragée que Mme Garnier et son fils craignirent pour sa raison. Cependant, la jeune fille,
d'Ame vaillante et résolue, recouvra peu à peu le
vouloir et la torce de songer à sa sl.tuaUon difficile.
Tout naturellement, ce fut à ses deux .seuls amis
qu'elle conft.a le lOin de lui procurer un travail quelconque.
Jacques Garnier Il'y employa fort 8cUvement, et,
bientôt, ses d6m&rcbe8 et ses efforts turent couron·
nés de succt.s.
Gràce à la chaude recclImmandation de son patron
- M. Dutertre - il put p1aoer Geneviève chel une
vieille et riche demoiselle de cinquante an., malbe\lreusement aUetnt.e de cklté.
Cou.!ine lM loi. Du tertre, Mlle de LarTont poa6dait, en effet, 11M ~)e
fortune, fort sagem~!Jlt
...
min.s~
c!'ameun. Elle d~pensait
une p&1tle
eetJ re.enlY œuTres charitables, mais en\.re.nalt en sa maillon un véritabl e COll fort.
ElWI prit GeMviève en qualit6 (\p femme de cb&Ja- 1
bre et de lectrice, tout il ln f'li . l't i'insl.n.lla c
eu., MM d61al.
- Ma chère petiLe, lui dil-ellt" Ri vous ét. c.Irleu&e, honnête et soigneuse comme mon c:008ia
Dulerlre me l'alfftnne, ThOltS nQU8 entendrol:l.a
nemenl
- Je l'espère, 'llsdemoiselle; je ferai poar cela
tout mon possible. Cepen.dnnt je ItOlic~
tooU
indulgence pour mes débu~,
n'~
pu fNW~teQ
ail service.
- Celle indulgen.oe VOIlll ~t
acqul!le, mon enkn
D'al1leurs, je puis bien VOWl dire, .!Ians....fausse DlO-t:
�======================= Rir:;alt~
destie, que si vous mettez à part les soins spéciaux
exigés par ma douloureuse infirmité, vous ne ser€z
pas inutilement tourmentée.
,
(( Mon caractère, dépourvu de tristesse, me permet une humeur assez égale, ex€mpt.e de toute
aigr€ur. Je '0(; ~mis
pas encore a1/ligée de ces ma- n ies insupportables dont Les célibataires de mon
à.ge semblent avoir le monopole.
« J'ose dire que je suis instruite, par suite
exempte de préjugés étroits, et plut6t tolérante pour
toutes les idées ou les opinions; pourvu, toute/ois,
qU'elles soient honnêtes et morales.
Enfin, je suis suIflsarnment riche et assez désintéressée pOUl' que ma maison soit largement con
fOI'table et le service agréable.
Ce que je désire de vous, avant tout, c'est de
l'ordre un peu de dévoueTllent ; aussi peut-être une
cert.ai~
affection, si vous vous plaisez chez moi.
- Je vous sui!; profondément reconnaissante de
me pnrler avec la;~
de fran chise el de bienveil
lance, mademoiselfe, répartit Geneviève, toucbée
du procédé de sa maHresse.
.
En effel, la déclara Lion d.c principes de Mlle de
Laffont devait mettre la jeune fille, encore bien tI
mide beaucoup plus à l'aise que tOl!te énumération. froide et sècbe des obligations de sa nouvelle
profession.
Elle s'habitua vite à cette nouvelle existence, s'attacha facilement à la maison. Ell<\ demanda seuJement à Mlle de Laffont l'autorisation d'aller pas cel'
un après-midi, tous les quinze jours, avec ses ami.
Garrtier.
,
Ce désir de la. pauvre fine fut exaucé sans diffloultés par l'excellenle aveugle; bien qu'ellè dOt
se précautionner pour n'être point seule,. lorsque se
produiraient les absences de sa caménste,
Elle /lvaiL d'ailleurs enten.du dire le plus grand
bien des Garnier, pa.r son cousin Dulertre. Et,
confiante en la scrupuleuse moralité de ces braves
gens, elle se réjo Jis~at
de savoir que Geneviève
continuerait à les VOIr.
L'influence quasi maternelle de Mme Garnier
SUf l'esprit dt' la jeune mie ne pouvait qu'être ré·
co nd~
cn excell<.'IlLs r{''lllllab.
'
Aussi, le jonr de la. première sorLie de Geneviève
étant arrivé, laissa-t-elle celle-ci partir dès le déjeu ner terminé.
C'était un dImanche de mai, tiède et lumineux.
LoI' que la. jeu rte nlle arriva I:\le Saint-Antoine,
eJle r ssentlt pOUl tant un serrement de cœur dO\lInur \lX,
'otaJl là, dnn!1 c('ttc maison, sur le pnlier m~c
Ilallilé par les GCU'nicT qu s'folnit é<:o1Jlée la plue
grnr ( p rlie de son cnfnnr'e. si heureusement uruch6' il la InU:rc pur le J, r T n<lron,
C'( Lait Iii. qu'. Ile uvait connu i'nCYccUOA, )e
bonheur, la tranquillité; là, que misérable. 19n.l'lU t , dônu(:c dl tOtlS principcH. de taule moralité,
Ile 'ta t si él<>noummenl rnH. rorrnoo. Là, antln,
qu' 11 Il 'a.il connu ceux qu'oIle v n '~volr
ujpur<!'hul. Lu mère, si ilouce, ai g~nl'rcu1!,
s! provo ' bIIl(', et le fil , si rl6vouil, ! COli 1H~rl
". Hl 1 rv raol donl le
rnclèrc d()jrfl 'ing6nlldl en·
ver!! cIl en dCI! nUcntÎ(lnB charmunte!:l, toul<lS tr~.
è'Amour-it:}
pIe et excellent homme à qui elle devait tout! Quels
souvenirs pénibles, quels regrets. 1...
Elle dut s'arracher à ces réflexions cruel es, au
moment de péné!.rer chez les Garnier.
- Comment, vous alliez l';Ort1r? - ~crÎa
-tel
étonnée, en voyant la mère et le fi1s hubillés et
prêts Il. un départ.
- Certainement, répartit Mm e Garnier, en souriant avec une douce malice. Nous tenons à profiler des premiers beaux jours du printemps.
- Je vous avais pourtant écrit que je viendrais 1
- Et nous avons bien reçu la lettre, fit Jacques.
souriant, lui aussi, d'un air entendu.
- Alors, je ne comprends pas '1
- Eh bien, c'est très simple, ma chère Geneviève, nous sorlolU et nous t'emmenons.
- Où ça'
- Où tu vou~ras
; à la campagne de préférence,
reprit Mme Garnier.
Décide toi-même, mon enfant.
Mais avanl tout, embrasse-moi, ma belle mignonne, car tu l'as oublié.
- Ah ! c'est vrai, pardon, pardon 1 Mon étonnement me faisait négliger ce devoir, pourtant si
doux.
- Et moi? réclama gentiment Jacques ~s
que la jeune fille, redevenue plus gaie, éLreignalt
doucement l'excanente veuve.
- Toi ?... Je ne sais si... Enfln tiens, voilà moa
front, grand malicieux !
1
Et tout en offrant son front pur an baiser qu.ut
fraternel du jeune homme, la jeune, mle égrena. 1_
penIes sonores de son rire adoralJ1e de jeunesse.
Ils partirent enfm tous trois vers le boi.s de Viacannes!
Durant le trajet en tramway Illli les obligeai. tune discrète réserve, Genevihe eul le loisir de r6fléchir et de comprendre Il. qurl sentiment délicat
avaient obéi les Garnier, en i'''loignllnl, ponr" te
première sortie, de la maison où elle avait si récemment soufIert.
Arrivés dans le bois, ils s'engllgrrent tous W'Oi8
dans une longue allée peu fréquentée.
- 1Ies enfants, dèclara bien{1'l1 i\lme Garnier, 6D.
s'arrêtant près d'un banc rus ique, je vain m'Mseoir un inslant, je suis fa liguée.
- Déjà! fit Jacques, d'un ton de regret sincère.
- Mon enfant, ~ ne suis pros jeune et j'ni peu
l'1tabitude de la marche. Mais st cette halte voua.
oontrar\.e )e voua au\orilHl à COTllinuC'r voire promenade <Lana l'allie. V ... sne r pr'endrez toU1 ..
l'beuro.
ch~e
mm, MUS n1Ions profitel Ot
- Trù i~,
permisllon, 11 fait ai bon dr;nR les hois,
- Veux-tu rn.n liras, G nl'Vl ve 'f
Sa.n1! ~ticen
coquetLe, la jeune fille s'eppuya..
• nUment lur le bras O[f(!I't,
Et douoement, il pas leoUl, ils !l'éloignèrent .Den·
x d'AborGl,
ignl's do ln cJnir,' lurnil'I'o du ..,.
101l priatanier qui jouait à tra Vl:.rll k. jcun08 t.U~
lM.
- O~
ost )0 templi où je venais jou " Ici nu oeI'~u
, fIOupira Gen 'vl v<', hnnl
(le HOllV nlr .
- Le regrelte -lu? fit .1acqn .
- Oui et., non; c'ell lrèli (lIfli 'Ile li expllljuor. Je
it connu la. ilnnll:'UT .\li· ni!!' de n'être plu un ul lOt cl •.pOIII'l .nt, je
vourlr"i Cri ore vivre c Il
l' l {lI' d ln oUClance..,
- C'i~
t bien ccl/l : culunl il tes h"III' Il, jeune
011 ft d'fUll! , sUlvnntl !i (~\I'ri
du 1ll0l0ont, l~
inlpulsions de lu nature senSltive.
�RiValité d'Âmour
~
.
=======================
Il est évident que tu deviens un peu trop grande
pour jouer au cerceau. Tu es ulle femme, à présent.
- Une jeune fille, rectifia Geneviève.
- Oui, si tu veux. Mais une jeune fille charmante, qui fa:it songer à la femme ravissante que
tu serRS bientôt.
- Comme tu me dis aela t
- Parce que je pense à tant de choses nouvelles.
- Vraiment ? .. Tu prends U!.I air solennel pour
émettre ces ri!tlexions.
Solennel est exagéré. Grave serait plus juste.
Ceci d'ailleurs eat presque indépendant de ma volonté. Ce sont les événerr.e..1lts, l'heure, la saison
peut-être, aussi de te sentir là, si près de moi et si
1
~
-
changée.
1(
Dm, ,kMltes ces cireons1.ances réunies m'inspi.
rent des réflexions très suggestives.
- BOD, de la psychologie maintenant.
- Ecoute, Geneviève, et lie raille point. J'ai besoin de t'ouvrir mon esprit et mon cœur; une force
invincible m'y vousse.
cc Nous nous connaissons depuis dix ans- bientôt.
Tu -étais toute gamine, lorsque j'étais déjà un jeune
, adolescent.
- Je sais cela.
- Tom de suite, dès nos relation!! de voisinage
commencées, j'ai ressenti pour toi une vive affeclion, presque fraternelle. Ton caractère tendre, enjoué, docile, dépourvu de toute bypocrisie, m'avait
COIHIUis du premier cOll.p.
Geneviève sourit, reg8l!'da francbement son ami
Jacques.
-. Moi aussi, dit-elle gentiment, j'ai tout de .11i\e
6prouvé pour toi. une grande sympathie.
- Je m'en Buis aperçu.
cc Tu sais, Geneviève, les enfants n'on·t ~
lIeeoln
cie réfléchir longuf''IY1ent, comme des psychologues,
pour donner leur oSfection.
cc L'instinct guide sûrement leurs sentiments,
!!Ians qu'i' ai.ent besoin d'anrulyses très subtile&.
- Dili.
sont les impulsions du cœur.
- Les Il C'Uleurcs ct Ips pllls vraies.
Il D'nillooum,
lm grnnd philosophe l'a dit: Le
OOJur a dœ raisons CJ11e Ja raiS<ln ignore.
on, dee citai ions, tH Geneviève, riant de
tontes ses denis. Alors ça devient grave .,
- Peut-être.
Sur celte luconiquc réponse, réticente et et pleine
de sous-entendus, Jacques s'arrêta soudain, dégagen lenwl)lf'nt le bras sur l«luel s'appuyait doucement Geneviève.
Un peu étonnée, la jcrune RUe ne résista cependant point, atwnda.nt ce qu'allait dire .!IOn tIlIl1.
li dellleura muet lin Instant, immobile, gêné,
connne hê-"itan t il continuer l'entretien.
vers elle, il la regardait dans
Tou rné mllJ nt~a
les ye11x t ( pr11nelles llvai nt une lelle ar.uit6
d'CXWC>SSlOlI profond qu'olle tl"cBsaillit impc.rccptiblcJIJ l'nt.
Cependant le sUenee devenait embarrassant.
- k:h 1,i n, fit ll-e, ln lic.ie1l.ltC, en
r~aisMDt vite, il quoi rev -lu t
- A Loi, Gen viève.
1
,
-
..--
Conl/lIcnt ,
C'est ll'è8 difficile l nr6eItW!t'.
Alors, t Illon \our de Ile faïre une cflaUon.
J'écollle ,
Ce que . l'on conçoit bien s'énonce clairement.
,..... PIlS toU]OUl'l.. Il y a dca resLridions néces.sai-
7
l>'S'
res ; des resbrictions qui s'imposent à certa.inel:
heures difficiles.
- Es-tu devenu si timide Cf
- Oui, je le deviens maintenant en ta {U'ésenœ.
- Pourquoi 1... Ne suis-je pas toujours la m~
aVe<! toi ?
- Certes. Et c'est justement ce qui me gêne l(
plus.
,
- Oh 1 fit Geneviève, surprise, où veux-tu elt
venir ?
- Je voudrais te confier un secret eL je n'ose pas..
Je voudrais en un mot t'ouvrir mon cœur et f~
peur que tu me railles.
- Amour-propre d'homme 1
- Ou amour, tout simplemem..
- Tq aimes quelqu'un 1
f
En posant cette question, si simple en apren~
et cependant si grosse d'imprévu troublant Ge
viève détourna son regard, cOlnme désireu~
d't!lI
dissimuler 1 expression soudaine d'anxiété.
- Tiens, marchons, replit bmsquclncnt Jacques.:
Et, d'un geste nerveux, il passa de nouveau
bras à celui de la jeune fille, l'entrainant doUOJlo
ment dans l'allée déserte.
Ils firent quelques pas en silence, s'ingéniant ."
ne point se regmxier. Ils considéraient avec u~
affectation distraite l~
jeunes feuillages frérni.&..
sants à la brise printanière, où les fièches d'or 7?
soleil semblaient se livrer aux jeux légers et fugs,.·
ces des lumièree et des ombres.
A leur gauche s'étendait un large tapis de gazœJ
eu Ten tendre, dont les brindilles fines et trem.
blantee ae ~
dans lee eaux claires dll If»
Daumeenil.
TouLe cet~
nature, rajeunie par l'éternel pr~
~,
.'irradiait, chantait la joie de vilvre, r.
gloire de la renaissante jeunesse.
Et tous deux, ils sentaicnt confusément se dilata:
leurs Ames juvéniles, s'exalter leurs impressi
et en meme temps la. robustesse de leur être phys
que, la richesse de leur sang généreux. Les sèvs
montlIDte.s les troU!blaient pa.r action réflexe.
- C'cst très beau, par ici, n'est-ce pas 1 fit J~
quee d'un accent empreint d'enthousiasme un /'li!
exagéré.
- Oui, très joli, rectifia Geneviève. Je voudra;être poète pour OO1é.brer, corn m e il oonvi nt.,
grèœ du lite, la douoeur et. le charme qui s'en
gagent.
f( MoCti6, a,oIwva-t-eHe avec un B(}Uplr de curkl&lU'
lémin.ine non salislait.e, nous voici loin du ch
de !.cs confidences ,
- C'est vrai. Tu voudrais que j'y re'_
,
i:.1c.1IIi::
- Je n'y vois personnellement. &1.1(;
aicllt.
.. Ced'a m'amuserait peut-être.
..- Oh r oe mol, Geneviève 1
- Eh bien?
- 11 ne s'agit pas de plaisnter~.
- Alors, riposta la charmurtle nUe,
soudain plus grave, c'est donc sén \lX 't
- Très.
- TlI parais en Mr€' affrcté ?
- PM encore, mais j'ai p~1r.
- Eh Imm, mon bon Jacque , n'ns-tu pmi
flanc Cil moi, fi suis-je plllS ton amie ,me
pl ' flue ta 80'ur, comme III III \' (lIt. i SOli ven
- 1\10n amie, oui, cc rtnincm 'ni, ma rnpilleu
amie. Ma sœur non. A moins que j m 1101& t.ron.
pé?
�Ri~alt6
d'A mou"
~
De nouveau, Jacques Garnier s'interrompit, em- t8Jlement des choses que tu n'étaie pas préparée à
entendre.
Mrrél.Ssé.
- Décidément, je ne comprends rien il. ton atticc Mais j'obéis il. une sbrte d'impu:lis-ion irrési.stible, 1
/Jude, fit Geneviève sans dissimuler son étonnement.
plus puissante que ma volonté, que mon dés1r de
Il releva brusquement la tête, d'un mouvement ne point te froisser.
f-Molu, comme s'il prenait waiment en soi une déIt Et j'ose t'avouer mon amour, Generiève, parce
que je considère cet aveu comme un devoir.
cIsion hérolque.
- Ecoute-moi bien, dit-il d'un accent dont la fercc Aus.si parce qu'il est nécessaire, indispensable
Wleté subite surprit sa compagne.
même, pour mon repos, de savoir ai ce eenl.imenl
nouveau t'offense ?
Il Tout à l'heure, nous parlions de notre e.n.fance,
t19US évoquions des souvenirs de gamins. Mais tout
- Certainement non.
teci est loin. Les années vont vite et, en nous trans- Reçoit-il au contraire ton approbation ,
ttrmant, elle6 modifient nos conceptions de la vie
- Tu me prends au dépourvu, fit-elle, s'eforçant
~
.t nos sentiments.
de dominer son émotion et de rester a1tresm
se~
d'elle-même.
i.
- J'espère, fit Geneviève un peu interloquée,
pe les tiens ne se sont pas modifiés il. mon égard ?
cc Restons-en là, veux-tu T ajouta-t-elle avec une \
Cette jolie naiveté fit sourire Jacques Garnier sorte de supplication dans ses prunelles brunes.
i
malgré lui, et parut l'enoourager à parler de façoo
Puis instinctivement elle abaissa ses longues \
Jllua précise.
paupières, comme pour .v oiler l'éclat de ses yeux.
- Si, affirma-toi!, mes sentim~
pour toi se sont Son visage rosé pAJit un peu, une sorte de tremblehnsformés. L'affection fraternelle dont tu me rap- ment nerveux 8lgita ses lèvres serrées.
~lais
la douceur et la solidité tout à. la fois n'existe
Jacques la considérait, silencieux à. présent, riJ}IltL! en mon cœur.
vant sur elle un regard à la fois ardent et inquiet.
\1 Elle a revêtu, sans que j'y prisse garde, une
Il vit sa jeune poitrine se soulever en balè1.&lDrme nouvelle. Oh 1 c'est venu tout naturellement ments rapides et comprit aUBsitOt l'intensité de son
Jl\ parce que, sans doute, ce devait être.
émoi.
- Tu es fataliste ?
- Pardon, dit-il d'un accent pénétré, pardon, Ge- Peut-être ? Je suis de ceux qui croient que neviève, de ma brutalité.
»Qua subissons les événements.
cc Mais promets-moi de penser aux choses graIl Et je comprends mieux à cette heure, a;p.rès ces
ves que je viens de te révéler.
~e
premiers jours de s éparation., pourquoi,
cc Tu t'interrogeras dans le oalme de l~
solitude
ans motifs spéciaux, loin de ta présence pourlant,
et, plus tard, quand nous nous reverrons, tu me
f&i pensé si souvent à toi.
diras sincèrement ce que tu penses.
- Crais-tu que je t'aie oublié un seul instant or
- Je te le promets, Jacques.
- Le sais-je Y
- Bien, je te connais, tu ne mentiras point
- Méchant 1
cc Res tons-en là. puisque tu le veux. Allons retrou·
- Non, je dis hardiment et sincèrement tout ce ver ma mère.
~e
je pense. Je ne saurais rien te dissimuler en ce
- Lui as-tu parlé de tout ceci or interrogea-t-elle
cnomenl, puisque je t'ai promis de te confier mon avec une nuance d'inquiétude.
MCI'et.
- Non, pas encore. Et je , ne crois pas utile de
• Ou~
j'ai beaucoup peIl.9é il. toi, je t'ai revue
lui en parler avant de connaHre ton sentiment.
aque jour avec les yeux de mo.n esprit. J'ai pen- Tu as raison, Jacques. Il vaut mieux attendre.
'N ~ l'avenir qui pourrait nous séparer un jour.
Sur celte conclusion, Geneviève, comme pressée
- Ce sont les hasards de la vie, les événementB
d'échapper à ce tête-à-tête si troublant, revint ea
p nous devons subir.
bAte sur ses pas.
- Hasards douloureux parfois. Car, en songeant
Une émotion intérieure, indicibloe, l'emp6cbaU
Q'!&stement à. ces possibilités, peut-être inévitables,
~
rai senti que, jamais, je ne pourrais t'oublier, ma maintenant de parler, l'absorbait toute.
Elle n'avait pas repris le bras de son am1, oomme
.chère Genevièvc.
- On
souvient toujours de son enfance eL de si, tout il. coup, des pudeurs nouvelles et délicate. r:'J
s premières affections, affirma la jeune fille d'un s'étaient éveillées en elle, l'incitant à fuir un contact peut-être dangereux pour son repos.
1
n pénétré.
Lui, plus matt.re de Boi, maintenant que l'a.veu
llrlouL lorsque l'affec lion dont tu parles est
c1ev nue un sen liment plus puissanL, plus ardent, redoutable était sorU de ses lèvres, s'iJngéniait à .
lln 'entil1lrnt dominaI eur de ont lequel s'efCaccn t fai.r e des remarques ba.nales sur le paysage, atln
de rompre l'espèce de paralYSie morale dont il la
toutes 1 s antres Im press ions.
sentait atteinte.
Il Tu m
IlILlI' nds n'csl-ee pas ?
Pal' in s tants, elle levnit sur lui un regflrd furtif,
- .Je lc cro', , tlt Ile, soudainemen t ~rave
et un
un peu égaré, qui décelait, mieux que toute parole,
(Itlu confu8C.
l'élat désordonné CIe son cerveau et de son cœur.
- Alors tu afl d viné mon socr et T
EnOn ils rejoignirent Mme Garnier.
- Toul au moins, je 1 pres.sens.
Et la vue, la présence de J'cxcoUante femme pn-, ,
- Tu vois qu'il ne s'agi t plus aujourd'hui d'aJTecon frat.crnrlle, mnis rie quelqu cho.cw. dc plus fort, duis iren t presqne instantanément, sur t'esprit ml- . 1
fiév ré de Geneviève, la détente n6ces6a.ll'e et MIu- •
c plus profond et cl plus Lendre tout à la rois.
.
.\
1t .J t'aimc, Genrvitove, mais non plus comme un t.nire.
1 ch min de la
Ils reprIrent tous lrois ens~bl
rèr ; jr L'l1irn ('Il homme, j'aime en toi la femme
Porte-Doré.c, causant maintenant ll!lS aucun émoi
Ilii', exquis qll lu P.'! devenue.
. ,' vcqu 8 1 s'écfla seul IlIon t Geneviève trou- npparent de.'! extériorités .
Lorsqu'ils sc séparèrent, un qlll.lrL d'heure plus
ée jl1squ'au fond de l'ame.
- Oui, j sais, je suis trop hardL Je te dis bru- tard , poUl' rcloul'lI<'r ver 1(\1)1"8 logi!' rcspedüs,
1
1;'
�Qè-
Rif:)alt~
d'Âmour
=======================
Jacques serra seulement plus longuement que de
coutume la main de Geneviève.
Et pour ne l"oint la troubler davantage, i:l se
retira, dès qu'elle fuit montée dans le tramway qui
allait la ramener dans P'w.
Elle devait se rend;-It à PasRY, .rue de la Pompe,
où IVIlle de Larront -..ccupail ',:1 appartement dans
un luxueux immeuble de cOD:.; ;ruction moderne.
En desc endan t de voilure dans la grande rue de
Passy, a,près une heure de trajet, elle éLait encore,
malgré ce long temps écoulé, sous j'influence de
son émouvante oonversatioll avec Jacques Garnier.
aux choses qui l'enElle marchait vite, ~trangèe
touraient, au spectacle animé de la rue, ab~ée
pliU' ';'6 troublantes pensées.
Elle venait de s'engager sur la chaussée, sillonnée de véhicules de toules sortes, lorsque des sons
de trompe répétés attirèrent tout il coup son aUep.o
tion.
ELle détourna vivement la tête, un tramway arrivait sur eUe, diptanl de deux ou trois pas au plua.
Pour l'éviter, elle recula d'un bond vers le trottoir qu'elle venait de quitter. .
Elle n'eut pas le temps de l'atteindre. Une voiture
automobile venant en sens inverse la frOla de très
près, malgré les efforts du chauffeur.
Happée au passage par le garde-boue, elle tomba
en arrière, en jetant un cri éperdu de terreur,
Le dangereux véhicule s'arrêta presque tout de
suite, le chauffeur et le voyageur qui se trouvait li.
l'intérieur se précipitèrent ensemble vers elle.
Les passants épouvantés se groupaient, nombreux déjà, sur le lieu de l'accident, le commentant
différemment, sans que la plupart, cependant, eussent vu bien exaclement comment il s'était produit.
La jeune fille inanimée fut aussitOt relevée par
le chauffeur eL son voyageur, avee les pLus grandes
p,récaulions. Puis elle fut transportée dans une
pharmacie toule proche.
On l'étendit sur des chaises vite préparées à cet
effet, où le praticien l'examina minutieusement.
EUe ne portait aucr.~
blessure a.pparente, aucun
indice de graves contusions.
Cependant elle denJeurait inerte, privée de sentiment, pàle comme une morte.
Un réactif puissant la ranima.
1 Elle se dressa lenlement, regarda autour d'elle
~ul'pris
d'abord, puis recouJ. d'un air profndéme~
q vra peu à peu la lucHlité de son espriL et .La m6moire de J'accident.
Le pharmacien, atte.nlif à cette renaissance, l'in.
terrogea doucement, pitoyable :
:1 - Eh bien, m demoiselle, vous sentez-voWl a\teinto quelque part 'l... Souffrez-vous '/
- Non, monsieur, je ne ressens rien jusqu'à présent, dit-elle, d'une voix blanche.
Il Mais je voudrais être assise, et non pas couchée
sur ces chaises.
- Très facile, et fort légitime.
En ~ême
Lemps, le praticien retira lell 11èIlM d.
venus llluLlles.
Geneviève, tout en se remettant par degr61 examinait d'un regard scrutateur ceux qui l'~nto
••
raient.
Elle rom arqua de suite celui 00. asal.tant. plad
le plus près d'elle.
Assez grand, Joune. encore, da physique relatlY!trnenL agréable, de mwe très soignée et mame 6.1.6ganLe, il semblait être un homme du monde.
9.
Il la consi'Clérait avec un intérêt si évident, si eJi.
pressif qu'il retint aussitOl son attention.
Et cette attention provoqua de suite cette déclaration :
- MademoiseU,e, VOllil me voyez ahsolumeni coatllil.
I( Je suis l'occupant de la voiture qui 'vous a al
malencontreusement renversée. Je seJ'ais d680Jj
qu'il en résultAt quelque chose de fAcheux ~
vous.
- Fort heureus-ement, monsieur, je ne I.e crofaJ
pas, répartit Geneviève, dont les joues se rosaiena
un peu.
H D'ai.Jleurs, je me sens assez forte maintenant
pour me relever, et si je puis faire quelques pas, je
vais me rendre un compte immédiat de mon étaJ.
En achevant, la belle jeune fille fit un effort. AU&sitôt secondée avec le plus vif empressement pa.!:
lion interlocuteur, elle put se mettre debout.
Le pharmacien, pendant ce temps, faisait évacuer
ean magasin par les curieux obstinés qui l'encom·
braient, tout en leur aIfirmant que l'accident n'6llrait aucune sui·te grave.
TI revint vers la jeune fille, l'examinant avec
une attention soutenue, tandis qu'elle s'essayait ~
marcher lentement.
- Sentez-vollil une gêne dans les articulations ,
demanda-t-H. Ou bien ube douleur en un point qualoconque?
- Non rien, fit Geneviève. Simplement un légel'
tremblement dans les j~,
comme une trépidation.
c'Ml ~ .résultai DI8il'Veu::ll
- Très compréhensib~,
du choc et de l'émotion.
Il Allons, vous vou.a en serez tirée à. bOIn camp&&.
fort heureusement, mon en1ant.
l'interlocuteur élégant, c'est uDlf
- Oui, ~puya
sorte de mrracle dont on ne saUTait trop se réjouir.
H Il eOt été véritablement désolant qu'une &UBii
charmante personne fOL hlessée.
H Habitez-vous le quartier, mademoiselle'
- Oui, monsieur, tout près Œ'iaiJ, rue de ..
Pompe.
- En ce cas, vous voudrez bien me permettre
de vous reconduire jusqu'à votre porte, dans le v6hicu.le même qu.i failolit vous être si funeste ?
- C'eo.t été ma faute, avoua Geneviève, I81VOO
toute la sincérité de son caractèl'e.
- Un peu, car mon chauffeur tenait S6 droite e*
n'allait pas trop vile.
• N'importe, un accident grave eett éU, je la
pète, infiniment regrettable. Personnellement j'~
aurais été très vivement afIeclé.
Tout en parlant, le personnage élégant et lfUl!IIoo
que peu prétentieux en ses gestes étu<Üé8, tl.rai& dl
sa poche un porte-cartes en maroquin, GI'IIII4II .....
tiales en or, placées en coin.
U en so~ti
un bristol annorW, le ....,.. ~
ment à la Jeune fille, en la regardant baNtmeaai.
Celle-ci prit machlnalement la carie, .. Cf DI""
distraitement d'un coup d'œil .& JlUt :
"*"
1"
PuH d'un geste neturel, Tl'Iliment almple., ... Il
rendit Il aon interlocuteur, un peu surpn..
- Ne vOulet:-voUB pu oouervcr mon DQGl
manda-l-ü avec un 80uriTe inainu.aDL
- A quo6 bol!., moD&Îew' ,
Il Je :YOUIII ram~
.lÙncàrement,
m-. ...
�;.r ,10
(' J"!ain que nous n'aurons pas l'occasion de nous
lui pal'venan u . : , ' , '}
sui\ <l a l - 'ontf'ibuo. tout
naLur lLen;lent ù l\;!J lrdl n de cette inlpaLience.
Le jeune homme écri 'ait ceci:
l"eVOlr.
-- Ce serait dommage, je le regretterais prolon-
t:éCllenl. J'aurais sollicité très instamment l'hon.-
n'ur d'aller prendre d vo nouvelles,
- Encore Ille l'Ci, monsieur, Et soyez rassuré de
sUite; je o'épl'Ouve rien de fAcheux, ni de doulourcux.
C(
J'en serai quitte pour la peur, voilA tout.
- Cependant, souffrez que je vous offre ma voiture potlr vous ramener chez vous,
Cel te. ins~tlce
et les regards kop audacieux
dout l'envelonpait son in Cerlocuteur, déplurem
instinclive!IJelf. à Geneviève,
bile répliqua d'uu ton sec, deeti
'Nprimer
toute manifestation DOuvelle :
1
- C'est inutile, monsieur, ~
Un peu intcrloqué, M. de Montclair nhta., pub
sorlil rapideml'fol. de la pharmacie, non sana laisS61' échupper utl gf'.sle de dépit.
Gencviève, comme si elle etH redouté quelqne
lClllut.ivc galante, se tourna vers le pharmacien
dont le regard fin trahissait une arrière-pensée,
- ille permettez-vous, monsieur, d'attendre
mstant ici, encore'
- Très volontiere, mademoiselle.
Il J'ose ajouter que je vous approuve pleinement.
u Ce monsieur paratt trop facile~t
inflammable, reprit-il avec un sourirc entendu.
Asseyez-vous dooe et demeurez le tempe qu'il
VOla
Ma chère Geneviève,
,
Puisque tu doi,' ,.!
libre, de nouveau, le trotsième dimanche du 11 ;$ r;t que, nalHrellem ent, tu
nous COTLsacre
u ,~
la j Ulo'nél?, 'n{)IIS C017l}1{ons en
profiter pour t'oi{lir une Il{l IIVl'lle promenade
agréable,
Dans le but de t'évile)' 'UT ' 01lg /raiet, nous i1'Ons
ma chère mère el moi, t'CIl. encire à la l1f)rle de la
Muette, vers cLeux heures. Les bois sont encore
plus jolis que la semaine dernièl'c, nous les verrons
ensemble, et nous causerons.
Tu me diras ce que tu as pensé de notre cLer-
Ai« 4JntretieA.
Ton
JACQUES.
nr
DON lUAN BAFFout
• «at etl'V1ron huit heures du soir.
~ ce
OIme la rue de la Pompe, peu pasnt~_
marnent où la pluwart des habitants de
quartier très bourgeois sont à table, un homme Ge mise
élégante se promenait de long en large SUl' le trottoir opposé , l'irr.meuhle occupé par Mlle de Lai-
polaira.
- Merci, monsieur, ' Vous dois-je qu.elque chose
pour vos soj ns?
- Oh 1 rien du tout. Trop heureux d'avoÎT pu
vous serourir, ou plutOt vous ranimer, car mon
rôle s'est ulJrné il ccla.
Ifont.
pe tempt , autre, i .'arrêtait, ~ev&it
les yeux
vers les feMtre. éclairées, esquissait un mouvement d'lmp&1ie.ooe, pu.i8 reprenait Ion étrange tacrtion,
Attendait-D lm habitant de l'immeuble n'
Il.U
oontraire, une personne qui, peu~tr,
y é,_ entrée deq>We peu et devait en ressortir'
C'était lA son secret.
li portait de la main droite un gros bouquet de
vidlet~
de Parme, et de t mps à autre J'élevait il
la ba.uteur de son visage pOUl' en respirer le par!um dclicat,
Déjà quelques boutiquiers du voisinngc l'avllicnt
f'efrul.l'qué et l'ob.;ervnicnt curieusement, derrière
~es
v1tr1nœ d leurs étalngcs,
TI 5' n ap l'Çut, sans doute, car il prit ùi nt6t le
sous U11 pol'rhe, où il demeura
1)8rtl d s'ar~t(
elLftn mn 'qué pllr l'omhre pl'otr-clrice,
s·6r.otJl~1i
nt, cL le perCepcmlllnl, 1(', in~tu:s
sonnAge sern Ilnll rleVéTIlr plus iTllpati 'nt à m~ ' l;ure.
Sou<luin, il Ll' , ,lÙllit, 1" dl' ,fi le tome d'un mou.
",('Jnrnt orgll IJCUl,
diltncha 1 nI n, nt de l'ombr ot se mit en murçh.e, !rav
nt l.4 ch ussée
en biais,
l'autre c \ de 1 ru, une silhollf'tte féminine
wennii d 80rUr de l'imm u le liN il! .
d
. boucHe gracieu8C, à
mmly!'tn
II
Il
Silholl Ur. d'
lIU ,
l'~t
ue , G ru 1
11IJ() (Ij.'1\
8 lill/l'Ct!
(1 lu}
casquée ct ur
sn nt v li ct
Il
11
rch
Doltple, dur
,
aocorUl et joli, ln IN
nte r.~ v lUI 1/11 ne ; coril' nt pûrtunl l'm , 'Il rie D
IproCf ., ion : un tllhli r blnnc, À hl' tell ' Ir s CO
qu U .ll nt II! nllt
,
c, 'tlllS cJ(olllHfll'r la LOU!,
I: UC' 1\.1I1lit li V/lllt
',ni
Il do l.e, ( sc
rrt1Ïr l' IOOTlal fLUX r{l n :s p(l.l ~ I 1 la
lIlmc nux
�Gié
RiValité d'Amour
=========================
Le personnage élégan t ayant atteinL le trottoir
suivi par elle, lui emboUa le pns et parvint bienLot
è sa hauteur.
- Mademoiselle ? ap.pela-t-il, d'une voix douce
à dessein, et l'accent engageant..
comme si elle n'eo.t
Elle ne tourna point la ~tc,
rien enLendu.
Le personnage répéta son appel, insistant.
- Mademoiselle, un I['.ot, je vous en prie?
El comme elle marchait toujours, impassible, il
ajouta :
- Voyone, mademoiselle, je suis le comte de
Monl.clair 1
- Que me 1voulez-voue, monsieur? demanda
froidement la camén.te, en se tourna:o.t un peu
vers l'obstiné suiveur.
Ce mouvement plaça le joli vjsage de Geneviève
en lumière.
Du premier coup d'œil eUe reconml t, ~n
effet,
celui dont l'automobile l'avait renversée, dix jours
plus 16t, au retour de son émouvante promenade
avec Jacqu es Garnier.
Gaston de Montclair, profitant de sa réponse
brève, et sans paraltre trop s'étonner du ton glacial dont elile était prononcée, s'élait approché.
1il rr.arcllait maintenant au côté de Geneviève
et, tout en hvant sur elle le regard trop hardi de
ses yeux bleus , il parlait.
- Je suis heureux que voua m'ayez! enfin 1"&·connu.
u Je tenais belJUcowp I!. vous revoir. J'attendais
votre sortie, dans La rue, depuis une heure au
moins.
\( Avouez que c'est de la constance; bien digne
cl'un moment d'attention el d'enlretien.
- Conslance inulile, monsicur, croyez-'ITioi.
- Non pa" j'élais très désireux d'avoir de V06
nouvelles, après le fàcheux accident do~t
vous faillites être la victime, et dont ma vOiture fut la
cause involontaire.
- J e n 'y pense 1plus.
- Mais moi je pensais à vous.
- Voue avez eu lort, monsieur. Vous voyez bien
que je ne suis pas de votre monde, repartit Geneviève.
Dans son hon~teLé
absolue, et, par suite, tout
à fait ir\8énue, la j<,une fl1le ne se doutait paR que,
pour une femme, l'épondre à. un hOlllrnr qUi vous
suit, c'csll't1. u toI'ÎJ:!cr Lacit0mcnt à vous parler.
Et qu l que soiL le too QI;S réponses faites, si
déconfnwnnles embh'nL·eUl'S. c' ~ Hourtant pl'I)T<><I U r l'h ll,nU' qui a la manie. de oourir let; rUel!
en qllêle d'avculurcs glllantes.
Or M. de Monldair N.nit ;rop habitué aux conqUêl~s
(uriles de la 1'11(' l ur ne poiJlt tirer avnn·
t~
de cl'Ile iIllprucll'llC'; ave1lg1é, comme tous
eea pareils, par sn fatuité masculine.
- Eh 1 qu'iffilfXlrtc votre professIon, madenwl·
,elle, fil.il av.: Ufl4' sort.1! ct 'éh ·m,·nce contenue.
Vous Np!! r 'rnme d chtunbrl' proltnulùmrnt. Ceci
enlèv -I-U qUd<Jue chose h v~tre
glAce, li.l 1)€!l.u~t6
cl votr visage ue {MUS dune rnondallle envJ.6rait ,
- Monsl ur, lai zofl101 l ,'écria Genoyl~
conlrnri&e.
CI Je IniB
ne COurse pl eMoo pour ma mnltr sse,
et i n'ui pro 1 ll'lIIp de vous e/l~n(\ro
davnnln.ge.
-' POllrquoi ? l:;j VOliS me rH'nn ltC'l. de VOllS necorn P'lf'/l' 'l', nous pUllvons CIl.U~/',
suns VOliS retardl' 1 n.ain du monde.
CI Tenez, ajouta le comle en s'obsLinant, laissez·
moi vous offrir quelques flcul1S IlIPportées à votn
~nLel
ion
.
En achevant, II plaça devant le visage sévère dE')
Genevièvc le bouquet de violettes de ?,,'me dont.
sa main gauche s'(lmbarra.<!sait.
Elle ne sut pas ratemr un gesle d'impatienœ
énervée. De sa main leste elle refXlu.s.sa le bouque.t.
- Oh 1 vous n'êtes pas gentille, s'exc.Jama-l-il
à mi-voix.
enfant, aniu Je suis pourtant., croyez-le, ma ~en
mé des plus aimables sentiments il votre égard.
u Je n'ai pas été surpris par la révélation d()
votre condition, je la connaissais.
\( Depuis dix jours, je me suis renseigné, je savais
parfaitement à qui j'ai affaire. Je n'ignore pas que
vous êles une jeune fille rangée, sérieuse. Et cee
déLa~s
importants n'ont fail qu'sccrottre mon désir
de vous revoir et de vous cOllnattre mieux.
~lagI'é
ce flot de parole" fIalleuses qui auraient
pu in léresser une jeune fille moins foncièrenJent
honnêle; Geneviève ne réfXlndu.it .lus.
Elle btl.lait le pas maintenant ver la rue où elle
aIIlaü porter un pli à une amie de Mlle de Laffont.
Mais Gaston de Mont,cluir, en son o/'guell de 1aux
don Juan, semblant prendre ce silence pour un encourageusement tacite. li conLinuait :
- A mon hurnhle avis, La profession que VOUl!
exercez n'est pa.<! I!. la hauteur de votre charmante
personne.
li Vous n'êtes pas faite pour servir, mais blen
plutôt pour être servie.
Il Si vous vouliez m'entendre, je pourrais VOUg
faire en ce sens des propositiûns intéressantes.
\( Sans posséder une grund< fortllné, je puis cependant mettre à votre '. o~iln
d'agréables
moyens d'e-xistcnr.e.
- ?lonsieur' ! s'écria Gent!viève rév<i1Lée par cette
impudence, vous m'insultez 1
- l'd ais nOIl, ma taule belle. Je vous prouve au
COU Ll'Uil'
Illon admirution, mon aroenL désir de
vous plaire et de fair{; un peu votr'e bunheur.
ans répondre, Geneviève accéléra davantage
sbn allure et tourna bif'ntôt le coio de la rue.
L'asped de rette voie plus déserte que la rue de
la Pompe, aussi moins bien éclairée, la Lroubla
d'une [lcur instinctive.
f:cpendunt, comme eHe Il[Iprochail du ~ ,~ de sa
c ,1'. e, Ile se rassura d'un effort de ·(olnnlé.
A cc Iht-llIC instanl, Gas n d t-.lonldail, un peu
dépilé par son altitude ré. i lnnle, et d~crù6
il brusquer les choses, se' pendl vers elle.
Et d'Ull accent eInprclIlt d'une sorte d'autorité ga
Jaille, il lui glissa (hn 1"lI'c Ile.
~1\lVn.(e,
pns Innl dc' fa
- Allun;, 11111 belle p('l~
çons, écoulez-moi, 1aissez-moi \'OU& convairlCHJ. Je
VOliS aime déjà.
.En m6cu temps, il p SSI\ rapi<lement &On bras
all\.our de. 1& t Wc de 11\ jt une fùlc cl. 116 pr-U.Cha sur
.... nlJ(lu 1 pret è. pr('n<lrt' un b.dscr.
Il n'en cn\. }las le ler~p
•
ln<hgé~,
n pro" li \111(' r-/ov le violenfe dE' tou'
&On 'LI~,
G 'ncvltNe lui 1II1l1br la JOllC (l'u souffid l' telilis nnt.
1~'l(Ié.
hont UX, il demeura une min
bn
mobil(" COTllll1\ dé CTIlpllré.
10'11(' prufiLa. df' cc court répit.
D'un buud cU, :'élauç, en Hvunl, parcourut en
COlll'lllÜ une ùi'l..uille d
III ·'trt' " puis s 'mlgoulfrG
�~
12
sous un [Jorcl1e donnant accès à un vestibule brilfl,a.mment écla.i.ré.
Trois minutes plus tard, elie sonnait à. la porte de
la baronne Jacquemin, vieille amie très mtime de
PMlle de Laffont.
Pendant ce temps, le comte de Montclair, furieux
' e~
penaud tout à la fois, ra massait le bouquet d~
vIOl eLles qu'il ,avait laissé choir, en un mouvement
~e
recul instinctif.
Puis son regard se releva..
Il vit de loin Geneviève pénlr~
dane un luxueux
'immeuble et, dé<:idé à prendre une revanche de
rarfront qu'il venait de subir, i[ traversa la chaussée en mallgr-énnt :
- Toi, ma petite, tu me paieras cette gifle-là.
Et de nouveau résolu d'attendre la jolie camé::ris te, il s'embusqua face à la maison d'où il s'attendait à la voir ressortir bientôt.
Ceci n'impliq.uait pas que Gaston de Montclair
rot un bomme de volonté ou de persévérance.
Il était si.mplement orgueilleux il. l'excès, oorome
bem nombre d'hommes de sa condiLion, entic11éB de
préjugés et de prérogatives .dues, croient-ils, &. la
prélendue supériorité de leur naissance ou de leur
fortune.
Des<:endant autbentique d'une ancienne race,
mais un descendant diminué, rapetissé, appauvrl
m oralemen t et pbysiquement, lJ ne poaeédait, d'e.Uleurs, qu'une aisance relative.
Six miHe fraw::s de revenus difflcilerr..ent ~
na après les extravagances, les folies ài8pend.ieGses d'une jeunesse inutile et des plus fTivole8.
Ces faibles moyens ne lui permettant plus l'entretien coûleux de certaines femme!! aux: mœurs faciles, mals ruineuses, il se rabattait eur des c0nquêtes moins luxueuses.
A l'instar du légendaire Trublot, il se contentait
des amours cachées de sOubl'etJ.eg, sottement fières
.d'être distinguées par (( un homme du monde )).
C'était un désœuvré peu sYlTlpat.hique, comme
~us
ceux de son espèce, et méme un pen trop dépourvu de scrupules.
Dans le but de parfaire à l'insll.!.fuJance de 8ee
revenus, il lui arrivait parfois d'av..oir r econrs à cer~s
ex;pédients dont, peut-être, ses nobles aleux
eussent rou!li. En tout cas, ces eipédienta aliraient été sévèrement qualifiés par ceux donL la
simple honnêteté ne va pas S8Jl.II une certaiM intransigeance de principes.
Mais Gaston de Montcla1.r Be souciait peu de aee
aleux et du noble !)ds!!é ùe la lignée, ft laquelle il
devait !On litre de comte, et le pn.trimoine dont Il
avait laissé la ma.jeure parLie dans des tri~s
OQ
de.s boudoirs.
U voulait jouir de la vie, san8 fatigue, aana •
f()rt.s, alleooant l'occasion toujours espérée de co.
tracter au moment propice un mariage riche, a-..o
une tille bourgeoiee n lichée de noblesse.
Il était certain de trouver un jour un aoqu6rew
eéri eux, pour son litre de comte authentique.
En attendu.nt, ;"- s'e Norçail de charmer ses loitIinI
par des Iiaisolls ''-'teiles el peu onéreuses.
Le jour où !e JI cre aulomobi'e qu4 le transporLait avait renvel'ié Geneviève, sana la blesser, (ori
heureusement, ce désœuvré coureur d'aveDturea
.II'M nit int(~r1e
urClenL
réjoui d l'accident.
La beauté de Ill. jeune tille l'avait profondément
impresslOllué. n s'étaH proml.e de la revoir, en ..
flattant de la conquérir f.6c.UemenL, comme tant
d'au-tres.
RiValité a'Amour
~
i
E.t la ~ és is.tanc~
de la camériste, exaspérant ses ~ .
déSIrs libertJ.rul, Il avait dépassé -la ~ome
habi· i!
tuelle .de ses promesses en sa faveur.
i ;~
VraunenL elle était cent fois m.ieux que toutesi;
celles à qui, jusqu'ici, il avait pu faire agréer se5t~
nobles hommages.
"
Aussi son dépit et son vouloir exacert>é de rélJ s,!
sir 8 uprès d'elle le po\lJSSdient-i1s à. des moyen:, 1
à'insistance inaccoutumés.
:
Il attendait donc sa sortie, protégé par une om- ;
bre propice, décidé, malgré la giile reçue à l'Co
nouer un entretien, .
'
l ,
De son. cOté, Geneviève, avec l''intuition innée de. ;.
son sexe, .prévoyait sans doute oette insistance POS"~:
sible, car l'idée lui vint de la déjouer.
,
Con!iante en la bienveiUance de la baronne Jac.\'
quemtn, elle ne craignit pas de lui adresser una
requ~t
un peu osée.
A;près l'avoir mise succinctement au courant de
la poursuite audacieuse dont eUe était l'objet, ene
obtint, de la bonne vieille dame, l'autorisation de
se faire reconduire, chez Mlle de Laffont, par le valet- de chambre de la maison.
Celui-ci, elle le savait, était nn homme sérieux
marié, ayant ~
la quarantaine, et père d~
deux emants.
ArpJ)elé de suite par la baronne, l'excellent serviteur se mit l la disposition de Geneviève.
Trois minutes plus tard, la jeun"e fille sortait de
l'immeuble habité pœ' la baronne, escortée par SOIl
brave garde du corps.
Ils n'aperçurent même pas Gaston de Monwlair.
Celui-ci, en constatant la présence d'un homme
au côté de la belle camériste, comprit l'inutilité d6
son attente.
li quilta le porche !ous lequel il s'était EmbUI!!qué et prit une direction opposée à celle de la rue
de la Pompe, remMbant son dépit et sa mauvo.ise
humeur.
Lorsque Geneviève eut atteint son domicile elle
remercia gentiment le brave homme dont la' protection lui avait évité de nouveaux désagrément.
et rentra, tout à fait rassurée.
Elle espérait bien que le comte de Mont.clalr perfoLs de l'inanité de ses tenl.6Uv~
ne
suadé cet~
J.e.s renouvellerait plus.
craintes, le
Aussi alitendit-elle, sans no~
Jour de sa .ortie, heUreuM .. l'avance de .revoir la
bonne Mme Garnier et son cber ami Jacques.
Enfin, ce dimanche arrid, elle se prépara. EL,
obéisse.nt, sane en avoir coœc.l.ence, &. une impul.ion d'in5tincUve oque~,
e.Ue 80igna davan\age sa coin ure, .. mae.
Elle voulait que Js.cques la tr<mvàt jolie, plus julio
que de coutume, sans pourtant raisonner à fond ce
vouloir f6.minin, si. naturel.
Elle partit légère, gracie'l.lse en ea démarche soupie. et harmonieuse, indifférente aux rego.r<ls ndmimille dee p8&i8llLs, ou GlUX QOupe d'œilenviollx dea
femm...
u cœur lui battait 'lU. daDa la poitrine, IOrtl qu'elle atteignit la porte de la Muette.
Cependant elle se roidàL à l'avance pour paraHr'c
calme en pr6sence de Jacques, et Imr1..ouL de SI l
mère, dont elle connaissait l'esprit clnirvoyant.
Ses sr'n~9
yeux bru.ns eurent vile faiL d'explorer
les alentours.
Elle déco1.l'V1rit fo.cilom811t Jooques Garnier qui
UD O cigarette aux lèvres, faisait les cent pas dan~
une allée procbe.
�"
'
C'fr
RiValité d Amou'
6
===========================
l'ni dil, lu I,'cn ROllVÎP.IlS, Cll1e mon
Ill' :'Nllit transformée, ù /llon in,tlllWll1 t01l1 uutre, eL bculIl'olip plus
existence à la mienne, afIn que nous cheminions
tous les deux dan s la vie, si pleine de promesses de
bonheur et d'espoirs, malgré les difficultés de notre époque '1
- Il Y a des di11\cultés ,; nsu:rmontables, Jacques.
- Non, ma chérie. Avoc de la volonté, de la per.
sévérance et du courage, on peut vaincre tous les
obstacles.
. « Ma4s ne faisons point d'inutile philosophie. Si
ton Ame palpite à l'unisson de la mienne, si tu v eux
faire ma joie, rien ne pourrait nous séparer.
1( Tiens, je me rés ume en deux mots: je t'adore 1
Cet aveu passionné troubla profondément Geneviève. Elle demeura un Iilslant interdite, palpitan te.
Le visage carminé par une confusion charmante,
elle abaissa ses grands yeux bruns vers le sol,
n'osant p,l us a~ fronLe
le regard brû.lant de son amL
:. :le senLait d'insti nct ce regard l'envelopper tout
entière d'effluves ardents.
- Tu ne r éponds pas ?... fit Jacques surpris et
vaguement inq uiet de ceLte attitude. Pourtant, j'ai
besoin de savoir?
- Que pourrais-je te dire? balbutia la jeune fille,
plus troublée encore par cette sorte de mise en demeure.
- Mais, tout ce que tu penses, sans détours, sana
restricti ons.
- C'est difficile. Je ne saurais trouver les mots
nécessaires à exp cimer clairement et complètement
ma pensée.
- Pourquoi cela T
- Parce que tUllt mon Mre tressaille et frémit
d'une émotion inlense, de joie ~tre,
et de
crainte aussi Lou l il la rOIs.
- Tu m'aim es don,., Gpneviè.,. T
- T'ai-je dit le contraire ,
- Ah! chère mlgnoau., wi1à dœe la réponse
que j'attendais 1
« ELle me ravit, eUe m'enchante, me grise !
u Je suis si heureux que mon cœur se gonfle
dans ma poitrine, oomme s'LI allait éclater.
« Geneviève, nlu Gc.neviève adol1ée, tu seras
donc ma Comme!
- Qui sait? 50llpi ra gravement la J~un
c fille se
ressais issa n l un r1(\".
- Comm ent Cil r 'lix-LII dnuter?
- C'esL eOnllll(' 1111 S('('!'{'t pressenlime-nt.
- Voilà d'J/1c pOllrquOI touL à l'heure lu parlais
de craintes '7
- Hélas! C!lIH]lII' fois Cf11'un bonheur nous il ppnraH, 1111 c1ung"/ 1I\lI/S fll"/lure. La vie
t fniLr- rte
conLrst~
; qlf't~s
jOies peut-être, beaucoup de
doulrurs 1
- Je nI' e n ""I!'''lId,.; Il/IS bien ces appr'hcnsiol1s.
- Sllngr 1\ 111" ",11"'111\11 , répartit simplc.rnrnL G('nevièvc, donl Il' !.!/'I1 Il, 11'1. I.e S'l1ccenLuoiL encure.
- .T' lu "flIJ~.
1'111'1>1 .. 11.
- Eh bj,'II. 1)1'
I~
J~ 'r
1(
C /e oJ'1l1t 'lill', IInl' rnfant perdu l', SAns fa-
ol1hli{',
,l, 1
! .. qlll' JP. t'nimnis très nrdI'Tllment,
lnr'lI' /11 Il, 1 1/' 11111'(' l!Or Cemme.
, " (lli , 1,'/
1(1', J" l'niTlw dr' toull'.q I,:.~
rorres
~
m,,/ ,\1
I l , 111' [' t Il pn..... !/I IIl,,1 l'lt-ÎrI de
1, tu "('('1'1
,,"1 'S files pensées pre. t'ntes et
o.u8..'!1 ,1 Il \, Il '
- Oh : r, III: '? tH Geneviève avec \Joe sorte
d'l\Jnrl'ltllllt! nLLn !t"e,
- I.e l'cùuuLc -Lu 't Ne voudrais-tu pus \ln il' ton
(( Mon rlnl civil mc dllone le nom d'lin père '1110
" '''"11 : JI' suis (jenevièvr <.Juilllll,
je n"ti jnilloi
mais COIIIIII' ni "
- I,r"g.dl'II (·It!.
SUI. Ii ,"lt. "IIi .. j'i~nor
et j'i!!norC'l'ni t 11jonrs qui /l,'11 1"(IIIt' l't fllI/11. (llldllt à (:rlle qlll r
mi~lf!
IlIJ II/II/Ill", Il ('("li' III lP., vertl qui souL nill"
t.nnt <1(' IlIt' Il''' / 1 t Il. t!','II[IlIlL, ClIc est ql.".llli t'
ù'iucflnnlll" '111' 1110/1 Ilt'Il' dl' nllissance.
- C'~L
l'X,I 'l, I!JUI'IIIUl'a Jacques devenu pellsif_
Mais un étonnement dé~ol'ienta
pour un instanl
pensées.
Elle ne voyait pa~
Mme Garnier.
Etait-il arrivé quelque chose de fà.cheux., un accldent, une maladie fi
Son affection pour l'excellente veuve s'alarma.
Elle rejoigni.t avec ampres.sement son ami Jac\ ques, et, avant loute chose, lm de.mam.d'8., l'aooent
,inquiet:
- Je ne vois pas ta mère, Jacques, pourquoi '1
- Rassure-toi, Geneviève, répartit le jeune
; bomme en souriant, maman n'a rien.
TI disait toujours cc maman )) comme lorsqu'il
œit peLit, car il professait pour cette mère in corn1~ble
un vériLable culte 11ha!.
~ - Oui, sois tranquille, reprit-il, elle va venir.
. Elle s'est trouvée reLenue, ~u
dernier moen~,
par
, nne voisine qui est venue lm demander un petIt service urgent.
- Qu'elle n'a pas su refuser? ajouta Geneviève.
- Sans douLe. Tu la connais bien. Elle est si sel'viable, si bonue 1
, ( Elle cloit donc nou.s rejoindre id même, dans
une heure environ.
« Allons, maintenant que te voilà rassurée, dismol bonjour ... nég;l.igente 1
- Oh ! peux-tu m'accuser, Jacques '1
IEn même temps, la belle jeune fille approcha son
délicieux visage.
Et Jacqlles, se découvrant, mit il ses joues roses
deux baisers souores, deux bons bais~
quasi fraternels.
li reprit aussi16t :
- A te patler rranchement., ~ me aui:s presque
félicité de c t incident.
- Pourquoi donc, méchant T
- Puree qu'il va nous permettre de causer en
toute liber Lé, durant une heure.
« Viens, nous aUans prendre deux chai~s
et ajJner
nous asseuir dans un endroit tranquille, où personne no nnu s enLendra.
En achevant, i.I prit _rrectivemenL dcox chaises
~
ter et les trains }usqu'à une pel'Ouse à peu près
déserte.
n adossa les ~Îèges
à un peLit bouquet d'arbres
portant Ime ombre su(flsanLe à les abriter.
Lorf'qu'C'lle Rn fut assise, docile, et d'uilleurs préparée Ù l'enlretien qu'ils allaient avoir, il commença :
- A~
lu rfont'chi, Geneviève, à notre conv(>rsation
d'il y Il 'III 'IZL' jours, au bois d' Vincenlles.
- SnI! dlltllc,
- El 'dflrs, CItI'ns- lu décidé?
1 ne!l, 'iI.rll IHI l'cu Intdi('j(>us .
, 1)1 ~ IlIC t'l'Il l'épi'Icr 11'<' t'l'mes.
geS
i
j
,", J"
'
SU,
l'!
tenQ" ,
- J,'
Il,
III'
l,
Il
l'fi' ,,'
mill,
�:'==========================
fi
~
j'~n
reviens l man ~
l el Guillot IDlui au88Ï..
vivait-il ,
• Qui était,il ., G~
• .si je dois en croire les aseerUorut de la m.laé'rable lemme dont les mauvaiB soins et 1& méOOancetil
ftawlt de mon enlance une existence de martyre,
cet bomme était une sorte de tralneur de route..
- Es~
possible '1
- Oui, c'était un chemineau, un vagu.bond, pa.raU...il.
...J
CI li disparut un jour, m'.a.bandonnant sans pitié,
sans aucun souci de mon extrême jeunesse pour
aJ.ler, m'a-t-on dit, se fixer au Japon. Si loin 1
a D'ailleurs, la mégère qui m'éleva m'aItlrma,
par la suite, qu'il y était mort, misérablement.
Il Tu vois, de ce cOté, nul eepoir ne m'oot permil.
- Cer1ee, je oomprends too chagrin et jnaqu'l
un certain point l'espèce d'humiliation morale ~
~
"inlligee à kIi-m~e.
• Cependant, -' oett.e Idnoire . . w&e, et CI
n'est pat prouT' - tu]le peu ttre reapoosable de
cet~
nai.e6anoe ot.ar... al . . . . akndon r.srettable.
- 1e l' dmets avec tol PeortaD& flUeUe ~t
ma
1uaLion présente?
• Je .ais une domesti4ra.1
- n 'y A pu de sot métift'.
- On le dit, mais ~rtaiD&
pn}1lt6s .'en existent
pail lnQins, et ce~
préjugés, d'ailleurs, comportent
8Q créent des nécessités morale •• _
exigences ~
claI~,
légitimes en so.l}lDle. t"
Geneviève, dont le cœur troubl~
s'apaisait en ce
momenL, sous l'inlluenc.e prépondérante de la lroide
raison, al décevante parlais, n'~tal
phu ~mue.
Elle parlaH 8IVœ œlme et conviction, toute aux
oonsi<Mrations J'Mtériellea de ... mod •• ~ oondlUoa.
Elle continua, devenant ptoa triste il mesure :
- Ta mère, ~i fière de toi, si prévoyante, el . .
.. ireuse par~es3u8
tout de te préparer un bel AT&nir, consentira-t.. elle jamais, malgré toute 8a bonté,
te laisser é,pou cr une pauvre fille, dénuée de to11l
avoir. une malheureuse dont la Camille n'exÎ$~
pour ainsi dire pas ?
- Ma mère voudra mon bonheur, avanl tout,
rflml n,'tt ment Jacques.
Il EIJ' m'nime trop 110ur d'arrêter aux considérations vulg 1 s et un peu cruelles que tu énumères.
oomme pour me décourager à plaisir.
- Oh 1 Jacques, peux-lu croire cela'
(1 Moi. te d~c;ourage,
quand je serais si heureuse,
si ju ~mrnt
11ère...
C i l i'lIOn~e
dictée par un élan du cœur r Iu.lit
lus d' ~(IJ\r
IlU jeune homme.
t'nimé !J'aucoup aussi, reprit-il. Elle
- :\111 Il~re
pprl'cle plein ment t 'S qllulllés Indisnlt,llJlns et
rnl 's, le llIérll
p rsonnels crrlains, Lon courage
el ta p rfalte hllnnNcté.
.. QUllnt Ô. nlOi lu connais d puis longtemps ma
ç Il d P"II 'l',' DOII ah cn 0 de préjugéll égolsks,
l'idlcllie cl faux,
Il J _ fil'
ui (ln un hcrcheur. d'argent lout
11\ , UI1 ~o lr'u
lh: dot!
Il POlir moi 1'II1T10Ur ct ln fortune sont deux 1l16ml'J11 ù' bOIlIll'ur trt'!s di lincls.
Il .1..
d mnnde de 1I\e donner le premll'r, le
élément!!. J't. père bien tu:quérir le
iIlelll' fic
m, n l/'Uv, Il IK'I 11J1()d.
('un l
r ~ cupable.
- J 11 l'II
- J'
It eroire. Et je n'exigerai ri n de celle
ue J (hu Il lU p ur Ir" 1 olllpagl Il' IIIU IC.
-
Et
*NlDU,
,,1/
•i t
C.::i (.
a 'fim,
si je l'aime. Je- le prou\'C, pui ' C]u" je lai chf,
d. ~jA,
en toute connaissance de cause.
(1 Donne-moi
Lon cœur lOUl enn l', accorrl,,-I
ton être charmant, lais-moi don de '11,' JII!, (
_
r Ldieuse jOOlÏesse, tu combleras ainsi IUes fi ;;.
cl lers désirs.
« Me comprend&-tu bien, ma chère GenevIève 'l
- Oui, Jacques, Et ta nolllesse de caractère, t<!
gé nérosité d'âme m'émeuvent au delà de (Pu e
ex l)ression.. Je sens toute la force de ton amour d
mes erain1es en sont d'autant plllll vives et d'ou,
lou reuses.
- - Efforce-toi de les calmer,
\'1 Tu connais mes projets, mes espérances . .J~
sui s ambitieux, je l'avoue, mais sans basscsse. Or.
l'a .mbition noble est un levier puissant.
• Je n'ai pas seulemenl le désir, mals aussi !o
olonté ferme de parvenir. Et cela pour différenk '
clair et très sage. appn:
ai80na que ton esprit, tr~
clere. comme il convient, j'en suis sllr.
• Tout d'abord, je v.eux assnrer à mon excellen:..,
et T&illante mère une vieillesse très heureuse .
exempte de tous souC;is matériels.
(1 Je lui dois cela pour les sacri.fiœs considérllbl,
qu'elle s'imposa pO'llr m'élever et me laire il oS
truire; aussi parce que j'ai pour elle, tu le sai ,
la plus profonde, la plus sainte aIfedion.
" Ensuite, je veux pouvoir ofrrir à cei.le dont J'existence voudra bien s'unir à la mienne. à celle q 1
deviendra la. reine de mon foyer, la mère des enfants espérés. une situation enviable.
(1 Ceci la dédommagera, plus tard, des dirtlcultc:;
inévitables du début. Si eUe doit être à la peini',
S sera juste qu'elle partage le bonheur aouhaité,
cônquis par mon travail.
ceci est juste, approuva Geneviève
- Oui, \ou~
d"un ton empreint d'une mélancolie douloureuse.
Jacqu~
comme enlralné par se. propre. paroles
oontWuait :
- Je doi! penser aUllsi, et sans rausse hypocrh; •
humain et non répréhcl1slh ('.
à moi-mt'lme. C'es~
n fauL avoir le courage de Mn opinion e~ de son
caractère.
Il Je sllis amoureux des belles choses, du conf r
lnblr, du luxe ruùrne. Je l't'lve d'un intérieur joli, l '
bibelof.s arlistiques, de tapis, de tentuM8, de plèl c.
va tes ...
- C'cst beau oup, remarqua Genevtêlve, avec
une simplicité rnisonnnble.
- Ce n'est pns trop. Oui, j'ose l'avouer, je
avid de Ille procurer. par mon lruvail. la plua ~
aisance.
Il ~I1B
Cl'9 aspiration, III 'rlll! ('nlochées .....
!;l'nlim'Ill IWlllNr' cxag,'r,\ D'
1
'fOJ'S()nna,..
litt" nr' ~n nt·cl9
!,n.8 cepelldanl cl '. 1'111 1 <fllimes ,
- ()h 1 SI, .si. Jacque.'\' J'. l ;e Ile \lJt Il(.
nl 1 '9
combllltrr" ru même S'Illj'll' <hl l' '/1 cl tUlllnCI
- A ln b flue hure. Gen. v.I'v, tll me ('
prenlla 01 \.011 approbation 111\' 1 pd u I.l Il 1"
toutes.
',
..
Il 1..lUSse·mOl donc pourAuivrr ml! 1,11111'
hl 1 •
1I8nllOII de lnl'S Jl,'oJ ds très cher., SIIII l' dfJ41(
d'illJ'/'unch issll blca r,bstllclcB.
~ Lu volonté S(,ut{'nue, le trnvllil . ont d
1'0 1
pUIS an 1('8. Ell 'llmour vrai, prufond, 11IIIqlll', dorHi
.w.
du
COli l'lige
Toul
1
porion!. Jncques fillrnier S'c.·all[l.l.
COlllillll l, III VIII vibrflnll' cl JIll !'Ilun :
- Or, Je Le le r{opMc, me. .t Ile\ 1. va ('h l"
t'oiIllo Uè louto mou Ci..m.e, )C ne veux, Je Ile U
'II
[
�Ql-
RIt1ai~
d'Âmour
======== =======-=======
HS
~
que toi. j'aspire ..le toutes mes forœe au jour béni
- Aucun..
11loeure &
- Bien. Je eboislrai dioDe mo1-~e
où tu seras mien..oe 1
laquelle il conviendra de I1D1ol'ffier de nos proK Promet.s-rnoi, dès ffiaintenMlt., que tu consenmesses réciproques.
tiras l devenir ma lemme, quoi qu'il advienne 't
J'ai ton a.ssentimeut, ceci me sutfit.
- Je te le promet.s, Jaoquea, fil la jeune fille d'un
Il Tiens, .j 'aperçois maman. Pressons-noUB.
~
presque snIe~
el iIiIute frémieAAnJe d'une
indicible joie.
,
En quelqul..G minutes, ils rejoignirent Mme Garn.ier, l'embrassèrenl, chacun à leur tour, avec une
- Ah 1 enfin 1 s'ecria-t..n, je suh danc stlr de
effusion enthÛ'usiaste dont l'excellente femme s'évaiftCre, puisque tu seras le but adoré de tous mes
1
tonna, sans le laisser voir pourtant.
efforts 1
Son expérience de la vie, sa finesse féminine lm
1( Donne-moi ton front, mignonne, viens recevoit
faisaient pressentir une partie de la vérité,
t
le baiser de fian çailles de ton J~
qui t'appartient pour toujours 1
Cependant, par une di~ton
délicate, elle s'shs- .
Et, palpita nt, le regard .em.hra&6 d'amour, le tint de toute remarque.
k'M 1 la taille
jeune hom me passa vivemeslt
Les deux jeunes gens, ~ne
pouvoir se douter de ~
de Geneviève e\ l'attira ven lai.
cette sorte de prescience, !le montraient plus en- .
Ses lèvres a rdentes .e poMreat
, l1H' joués, plus pa que de coutume.
On ellt dit des enfants en réoréation.
le front pur qui s 'DUrait.. n Je lI&i6a ~«lt,
Tous trois se dirigèrent vere les lacs, heureux
avec une ferveur indicible. Et, comme ,..a. l'avoir
Voulu, .sa bouche e'égara lIUl' let! loD.gu.ee paupières de respirer l'air pur tout parfumé d'éman ations
sylvestres.
dont se voilaient les grands yeux adm1r&bte. de
l'aimée.
La conversation, d'abord frivole, devint par deElle tres3aillit longuement
cett. cere_ grés plus sérieuse.
chastemenl q.moureus e, demeura un in.8tan\ pan.[eGeneviève, hantée du souvenir désagréable des
lante, penchée sur lui..
tentalives galantes du comle de Montclair, en inSon âme exq uisement sensible vibrait d'une inef- forma ses amis, la issant pereer la crainte qu'elles
fable joie.
se renouvelassent.
Un n ouveau baiser mit le comble ~ son6motl.œ.
A mesure qu'elle parlait, les traits de Jacques se
elle soupira com me en un rêve :
contractaient, ses sourcils se fronçaient.
- Oh! mon Jacques, comme je t'aime 1
contre le d4œuUne sourde colère ]'~nvahiBst
Et dou cement, avec des lenteurs de regrete, ehé qui avait osé insulter sa. Geneviève.
comme s'ils eu ssent voulu que cette griserie de
- C'est bien, dit-il, je viendrai de temps en Lemps
tendresse durât toujours, ils se dégagèrent.
me 'prom~ne
rue de la Pompe, le soir.
Dans lenrs prunelres alanguie!!! se li~aent
toutes
u Et si je pince ce vilain personnage, je lui dirai
les douceurs, toutes les Yoluptés p~5SenUl!
et dé- son fail pour lui enlever l'id~
de recommencer.
81riea.
u Quant à toi, Geneviève, avertis ta mattresse,
Pourtant Gen
ev :~"e,
d!sireuee de réagir contre efforce-toi d'éviter ~
courses, le soir. Ce sera plus
l'exquise, mais redoutable conIusion. de son être,
prudent.
se leva la
emière.
- ~1e8
enfanls, intervint doucement Mme Gard'une voix trem- n ier, ne nous appeSAnti ssons pa~
- l\IarcboTllS un peu, di~le,
t.rop su r cette
blante.
aventure, bana.le en somme.
11 acqni{'sçll., pél1f'1tré, lui aussi, de 1& nécessité
u Coci a rrive tons les jours è. P uris. Toutes les
d'une di vers ion salutaire.
jeunes fem m s et toulcs les jeunes fill es sont malGentilll 'nt, il passa so!}_bras SOUS celui de l'ai- heu l'cuscmcn t exposées à ce3 ins ultes..
mée et l'entralna plus loin.
CI Mais il ne Caul pas !J'op s'en alarmer ni le.
Ils marchaient silencieux, à pas lents, foulant
prendre au tragique, elles n'onl généralement aules gazon s verts, sans savoir où ils allaient, tant cune suite dangereuse.
il s étaient a bsorbés en eux-mêmes.
\1 Il convient &implemcm de les traiter par le mA[-<'Ill'!! ye ux crl'oie nt machinalement sur la splenpris.
·d{' écl; ;( n 1 rinlnnière de la nalnr!', leurs cœurs
Il Songeons maintenant AU retour de Geneviève,
juvéniles SI' dilataie nt, faisaient ('ha nter en leurs l'heure s'avance.
('
II '
1 1
Il '"
·u 'qll'Ull 1 Il l 'yslf,e, la l'a- 1161011 le temps va trop Yite, soupira JIl~C[e&
d'clI c, 1'('If'!"rwlle chanson d'amnur.
en lançont à la jeune fille un regard expressif.
Ln prpl WUI Ill' les frOl a , s'arrC la pour consulter
Ell e y répondit se ul ement par nn sourire riéli·
lUf ni "1'
c!~lI
X , 11Ii prouva nt qu'elle partageait entièrement
LÀ
Tri lç f IiL rappela brusquement J~.
au c e l~ opinion.
tl 'Il liml'Ili ole lu rr'- nlil6,
Et 111 1/8 trOI S s'n c h.eminèr~
sans hâte vers la rue
- E t 11111111111 1 '/ til-il.
-- 01, ! c"
vrul, nOlIS l'avons oubli6&, appuya de ln l'IJHlpe.
ITÏ\ (s ùevn nl l'immeuble habité par Mlle de
(JcnpvU' vp
LlI rrlllll , ils S~ s(pn rèrcnt
Il l'Ollr v; 1 ti nous ne soyn~
pas trop en retard.
J
hil'ntM , (I l .1 :\1·'1\1 (" .
-:- " i.'· 1l v; II" conclut Jacques:
'
.. (l ili. rlulls q lLÏoz' j \1['3, réparti1. Geneviève.
bt fU"·llI tl ILlIS' tM demi -lour, 11 entratna la Jeune
r.1O I~
IlÙ '1
Olle vers III l'orl e de ln Muette.
1 n11· Olt, ('{ml'}u t Mme Garnier, en dépoTou l l' Tl 111 111"1 1! 11.I 1l , il repML :
unL lit' le ft'oul n. Lu} une fiUe un baLSor maLer·
- E!'l . III Il'11'/111, ( j r)1Hl Vièvc, de parler à ma mère
Il 1.
(1 0 no[l'<' l' lIl l'(· tjpll '1
C Onllll1' III VOIJÙ l'I\S, Jnoques.
.. {. Ir ", Il, Il tll' ndons cnoo rc, si lu n'y vois pas
d'inconvénient.
1(
�Vite dé.bal'rassée de sa toilette de deuil, elle re-
m t prend.re son ser vice dans l'appartement.
Elle apuçut a lors daM le salon .trois personnes
dont les noms retinrent son attentian.
Et de la salle à manger, dont les portes à deux
battants ouvClrtes sur la pièce de réception permet\aient de voi1' et d'entendre, elle put suivre une
conversation fort tnteressante pour elle.
- Oui, ma COU6lDe disait en ce moment M. Du&ertre s'adressant à 'sa parente aveugle, oui, l'intelig~
oe de 00 Jacques Garnier est tout à fait raroarquable.
.
_
- Il porte d'ailleurs cela sur sa pby,slonomle,
aMrma d'un ton péremptoire une grande jeune fille
de dix-hutt ans environ, blonde et assez joUe.
- Oh ! ih 1 repartit Mlle de LaCfont, en riant ma1tc1eusement, voua êtal observatrice, ma chère
Berthe.
- Un pelll.
- Vous ,)araissez avoir acquis très vite l'exp6Nnce du n'\Onde, bien que sortie récemment de
pension.
- PardoIt. !lardon, ma coulina, n y a d'jl m
mot. que r8i quitt.é I.e oou'Yenl
- Et nous voyons beaucoup de monde, appuya
*hement M:ne Dutertre.
- Encore plus qu'autrefofa t demanda l'aT8U,1e
)o&ant le. MlveW.
- Certes. Nos relations lOol très étendues. Noue
faisons chaque jour des visites.
plus jamais cbez VOUII ,
- Alors vous n'~tes
- Ma Cemme et' ma fiUe exagèrent un peu, ma
obère cousi ne, intervint M . Dulertre, dés ireux d'ape.i8~
l'ironie ju.stifiée de Mlle de IArtoot.
L'indu striel tenait expressément à rester dans
les meilleu rs termes 'lvec sa riche parente. Deux
rai sons in téressan tes le gu idaient en cela. La première était la rée lle sy mpathie depuis long tem ps
tprouvée pour Mlle de Laffont. La seco nde reposait
8ur la situa tion de fortune de l'aveugle.
Cblibat.a.irs et 88Jl8 coll a téraux proches, celle-ci
pourrai t for: bien du.ns l'a venir, et s i l'on savait s'y
prendre, déslgner Berthe Dutertre comme sa léga'.ire universelle. C'étail à consid ér er .
Mait! dans son intE'nlion habile de ménage!' 10.
sympa thie de l'a veugle, M . Dulerlre avait compté
8I&Ilws 1'0 tination o r g l eil
l1 ~
de sa fill e,
- Ma cousine, di sait ce ll e-ci d'un peti t ton piqué,
et en même tem ps emp reint d'u ne autorité plutôt
dépl acé il son Age, vous vous êl '5 élo,nnée 10 11 ~ 0.
l'heure d l' nie découvrir dû s facultés <.1 observa tlOll.
Vout' At S !lI j Il ne, Uerthe.
- H ure~"n
l pour mol. ~Ifl
i s
il nolro ~po
Cf"le, mil (11111 S I III', 1/\ vlllrlir n'fl:lll'Ild plus 1(> 1I 0 Illbf'(l
des IU Hl("'
~
1l0\Jq IIl10lHI lrcs Vile, nos cet' veaux lrils
afflnés l'ont ClJlIll'ltlC 's.
t( Au COII\'.-" l, nOU!l r{lislons de la p:lychologi
intense el rIAl olll1éc
- Vral/lll'lll, !'l'{>lnn Ol. l' nvP\1~lf,
jOllflnl de no uveaU III Il 1\ , I.~ : \' UI I l'Il (011' p {'trip. a lors '/
OUI, Irl"!! irnl't~
'11"'1' • .l 'ai lW/l lI ('O ll(l III 11' >\ aHleur 111,,11,' 1111', l" dl , (' i(l flo <.I ll l'i llll tl'û UUlJf" 'd .
_ E.'t l" l out.,
_
111 1, 11(II U' CI vi()n s ('nr'ore
<.l 'a utt'lJs ITIlI)'P. II. ,
plus dm 1 t l,
Ll' 1'1.'1
M, Ou t!
fiU '.
ri 1/',
'10
Iy
'Il 1 (!C l
fld
l1~
1 '1 11/' I lon nn În volonlnÎ l'l'Tlll'nL
('lIr W \l X d 'I'rlit' Il tl rr! III l'''(llill l' th: riU
il Il pit 1111'/1 1, ctlPr
1 \) Ille <.l e I U~
élut
[l/l!lll, en
<.1 Ùl1l ll .
r
1
dnl l'/LU \
« Ch aqu e jour, l'une de nous avait à l'édiger un
r apport psychologique sur u ne de ses compagne3,
longuement inlerrogée préala blement.
- Exercice nouveau, fi t Mlle de Laffont, a musée
de la prétention de l'orgueilleu se je~l1
li lle.
Il Daru! mon temps, nOIlS B!j)pren ions seuJ.ernent
les m a ti ères de l'ensejgnemcnt, quelques arts d'&grément et les princi pee d'une bonne éducation.
• Nous étions aV6!Ill tout des jeunes filles, modes.les, réservées, cependa nt gaies comme on l'est généralement à cet lige. Et nous attendions de la vie
parfois éducatrice cruelle e~ trop sOre, J'enseignement de cette Jl8ycbologie qui ne peut guère, à mon
8ens, résulter que d'une expérience longuement aequise.
- Bien parlé, ma cbère cousine, approuva sincèrement M, Dutertre.
- Mais, papa, les temps ont beaucoup changé 1
I l récria l'incorri gible Berthe.
- Malbeur eusement.
- Alors tu regrettes le progrès, l'émancipaLtOtl
lOCiale,
- Oh 1 quels grands mots! s'étonna Mlle de LaI
foot.
Mme Dutertre prit la parole pour soutenir mala-
droitement sa fill e, comme to uj ours,
- Berthe est très forte, di t-e lle, très instruite en
philosophie, Beau coup plus qu'on ne J'éta.i t au trefois à 80n Age, Voilà pourquoi elle vous étonne un
peu ma cousine.
- En ellet, ma chère ; votre fille m'étonne inftnlment. Et cela ne va pas ,a ns quelques appréhensions cbagrines.
Il Le savoir dont eUe semble vou loir s'énorgueillir si vite, confine, je I.e crains, à une sorte de pè.
dantisme un peu sec.
\( Evid emm ent lia. oh BJ1lTloaJlte et parlois si 0011(.6.
senlimentalité dont nou étions Im prégnées dane
noire jeunesse, ne doi t plu s trouver pl ace da.ns dee
cerveaux si encombrés de tbéories sociales et phj.·
losophiques,
'
- Vous parl ez en sage, ma cbère cousine, e.f.r
firma M. Dutertre,
(( EL cette d.i.sc.ussi<m pourrait d'urer trop longtemps avec Bertbe, Hélas 1 elle n'est Jo.mais il. court
d'a r-gumcnts.
\1 Hev.enons-en don c à l'objet prœn(c.r' d e nota-e
con vOI'sa tion.
\1 Je s uis heureux, comme je vous le di /lis, de me
Irouver n COlllTnllnallt(' c1 ' rel ,',cs av (' vou s au SlJj.e t
de Jacques Garnier, pu isque vous voulez bien voua
intCl'e
s~ er
à ce jeu ne hOlflllle.
1< J 'ai l'intf'nl,ion dl' II' Ih)U
SSer auLan t ciMa son
intR.rl'L que dltrl S le mif'n ,
(( TI Il d6jà tolt prellv P cie qUA.litM certaines d'
I:(n nÎtlnt.(' lll' cl <.l 'u cl rlli llÎsll"il lA 11I'j 1( 11 11111 (\$ 1II IInlm
pr6ci 'u;;es. El j'os père [I. IIJ \l 1I11" lin l'u lIllIl LOUS puu.
UII pmile importanl dllll · 11\11 1Il1l1 :l0n,
\1 C' ,l nn glll'c III d '1\1' 11 l',
A c lla rmoche dp , 1 11 '11 1.11 11, r,,'nrv i, vo, ~
c1 IIll S ln sai l
Ù ITIdl' "l , LI " "sarll ll cl, ' J,la L'Ur et
d ' Ol'f.{('llil II n lt, d nl>III.1
Ains i Jac III l'il é lm l bl"
1l 1,,1 (fi Il' l, jn'
r cl ( JI' 1 l1'r'II' , l ,
J"d
(.' il lllllt! dit' '1
1 • 1 t ril
1
li t .\Im
r; lI l'1 iIL
ri c 111 Î 1...
V Il '1
l'Il
l
•
Il/ liée
"' III u
I,l
( h'
llul dl
1
J'II i Ille
uiu, r c·
�:17 -MJ
e
L'élévation prochaine, cl san,' d0l11e ron:-'Iolll:::,
de Jacques Garnier, ne sernlt-ellè pa,; Ju !':lrllwn l,
l'obstacle grandi s, èlnl qui B'oppoBera.it un jou r à
leur union, au bonhenf r6"é ?
Le jeune homme n'éprouverait-il pas, avec son as·
cens ion, et e n' dépit de ses loyales dé clar ations, le
désir et aussi le besoin socia l ù'épuu::iGr une fille
riche.
Geneviève n'eut pas le loisir de s'an'êler longuement SUT ces angoissantes réflexions, Roprise soudain par l'inlerèt de la conver::;a.tion contin lJ 'e dans
le salo,n, elle écouta, poussée par le se ntimenl de
ses inlé 'êts personnels,
- Ainsi, di sait M, Dutertre, vous nous promettez
de venir passer quelGlues jours cet été à la Fertésous-Jouarre?
cc VOlLs vous retrouverez peut-être avec plaisir
dM18 cette propriété, où vous avez h&bité loni{'
temps. Toutes choses VOU5 y oont fwmllières ; le
parc, l~s
promenades, les oiseaux dont vous a.imiez
enteruM-e les chants.
- Oui, mon exceBent cousin, je serai votre hôte
cet été, durant quelques semaines. Mais il demeure
bien entendu, n'est-ce pas, que j'emmènerai. ma camériste Geneviève.
- Ah 1 la nou\"elle domestique 1 jeta. dédaigneusement Berthe Dutertre,
- Oui, mon enfant. C'est une fille charmante,
très dévouée. J'espère pouvoir la garder assez longtemps près de moi.
- Vous pourrez amener sans inconvénients cette
fille, déclara Mme Dutertre. Nous la logerons avec
la cuisinière, rien de plus facile.
- Il faut si peu de place pour une domestique,
appuya Berthe,
M4le de Laflonl ne répondit rien, Sans cela, e1le
eut désapprouvé le ton méprisant de Mme Dutertre et de sa mIe,
Un s ilence passa subit 'Je précurseur de la fin de
l'entretien.
En erIet M. Dutertre se leva bienLôt, invita sa
femme ct fla fille ù prendre congé,
L'a.v.cugle, ignoran t encore 10. rentrée de Gene"
viùve, les nt reconduire p l' la remplaçante de cclleci. Puis elle deml'uru pensive dans son salon désert, ct, su rtout tranquille mainlenant,
~.i[ls
Geneviève, désil'euse ete s' mettre au plus
10.1 tl Sil disposHion , vint un insLant après l'informer de sn présence.
- C'œt tl'ès bien, mon enfant, d'(}tre rentrée
aussi lôt, déclara Mlle de LafCont avec un sourire
bienveidllant èt satisfait,
« ,1" suis heureuse de vous savoir là. J'ai déjà pu
(1p]lrel'inl' volTc polilessc, vos allentions' ; aussi
vn' 1'(' dôvou 'ment, dont j'ai tant besoin.
~Irl'ci
de celle fJallellse apr~ciuton,
mademai, l'\le, je ne demande vraimcnt qu'à vous N ro agl'{lahie, CIl.r moi aussi je suis hell ruse ù'Ot..l'e chez
façon prosc{Ue grave dont l'aveugle venait de parler, obéit aussitôt.
- ~omes-nu
seules? r eprit ~1le
cie LalTont.
- Oui, madcmoiselle,
- Eh bien, écoutez-moi très attentivement, mo n
enfant, el veuillez me répondre en toute sincérité.
Même si certaines de mes inlerrogp"_;'':2S vous pa,rai ssaient naïves ou un peu ridicules; croyez qU'Il
n'en sera rien ,
Il Songez que je n'y vois pas, et que je dois demander à conna1tre par la parole, ce que d'au fJ es
verraient de leurs propres yeux.
fi D'aboN, comment êtes-volJs, physiquement?
- Mais, mademoiselle, comme tout le monde, repartit Geneviève, fort embarrassée par un début
la visant si directement.
- Personne ne se rre&semJ:Jle, fit sentencieusement l'aveugk Et les quelque.s vagues renseignemel1ts qui m'ont été fournis sur vous 11e sont pas
suffisants pour que je pu1sse m'1rP
~,i.ne
r
vous
voir dans mon esprit.
cc Je sais seulement que vous êtes brune, aoSSez
grande et... plutôt agréable de physionomie,
I( Voyons ; soyez très, très franche, sans IauoStSe
et inutile modestie en l'espèce. Cette modestie serait d'ailleurs un excès d'orgueil.
Il Je tiens pour des ~aison
toutes spéciii-ies et
très personnelles, à savoir exactement comment
vous êtes.
__ Il D'aiUeuI'S, je vais vous interroger.
- Je vous répondrai sincèrement, mademoiselle.
- Nous disons brune, avec b eaucoup et de beaux.
cheveux probablement?
- Je le crois.
- Des yeux bruns aussi... et grands '7
- Assez.
- Des cils, des sourcils bien placés '1
- Je me l'imagine.
- Le nez, comment 1
- Droit, presque aquilin.
- p.as mal, ça .. . La bouche, grande? P etite 1...
Lèvres rortes ou minces?
- PJutôt Ifn peu forles ; la bonohe moyenne,
- Bon, comme dans tous les signalements. Oreilles gr'andes ou petites "
- Plutôt petites; assez bien ourlécs.
- Le teinl mat ou rosé?
- Un peu rosé, clair.
- Mai:; tout cela doit con~lituer
un cnsemiJle
vreiment ch a:rm an t, s'écria 1'[\Vell"le souriante.
Il Vous trouvez-vous jolie, mOll enfant?
- J 'ni celle trop orgueillr\1sc opillion de moi
~
mOrne, madomoi selle.
- Je m 'en doutais .. , El .. : bien faito ?
- Je 10 suppose.
Après cetle r6pliqu do GenevIève, lanrée comme
toutes les pr'écédC'nlos, d'un nt:ccnt lin peu confus,
Mlle de Lltfront d menI'H un ill 'ta lll silr ncieUl:lc. L.a
lolO baissée, ell l'éfléchl 'sail profondément
'OUd,
Elle reprit oprès un moment ;
- PaJ'r1\l( TOllt esL pOllr le mioux, si nous nous
- El commrnt lrollV('Z-vous volre ami d'on(' n,'c Il'''1 l ,'ril'lHjll m Ill.
tance Jacques Garnier?
. Il f' 1 Il, ' .. /'f' de la lecturo, repril doucement
. - Oh 1 très bien, madC'moiscll , très Dlcn, répoar(rerH'vi ù\ (~ ; , ut-il vous III fllire de suite, mademOIlil. Gcnevjèv{' avec un pou plu s d '," \leul' pOli 1-, 'e
[{cll() '!
qu ello oc l'aurait voulu,
~ nlJ, 1111, lIWill[('nnrtl.
- POl"bleu, je l'.ov.ni!'! devint> ! ,,' \'l'il1 l"t\ctl.g1e,
cc .le VI) ldl"lÏ,' 11\"1101 ('''In VOllS poser C{lIelques soul'innle de nOllvellll.
quesllOl1!:i 1>1.'1' !l111lt'1I1'!'l, : J.tif,('Z impOrtl1l1Ir. "
Il Alol'S ... VOII
l'niml;!? Et , Il \" H [111111' '/
H F(,I1:n"~
1.1 pOI'IC' lIll 'nlCln, Je '011 l'ri',
dt,(' rois, Gl'Ih \ il \
:0: '[ jUqlJ'.lll
!lI"I Iles.
r;el~vèo,
Ull pou inllllJlùéu d'Ill 'tillct, pur la.
ElJe ne put 116Rondre, I:p t ' n lrowble ét.uit gl'a.u.d..
l\lVALI1'Jl; D'AMOUR" -
2
�~
Rif:Jali.té d' Âmour
18 =~
Parfait, affirma Mlle de Laffont, votre silence
le plus complet des aveux.
« Voudriez-vous épOft:OOr M. Garnier, par halI6a'd 1
- Ca Beralt mon pros c.her dési.r, Mademoiselle.
c:epend.ant, je crains de ne le réaliser jamais.
- PoulI'quoi donc?
- A cau;;e de ma oon.dition. Si Jarquoes devient,
comme lou! l~ fait prés.ager, et comme il l'espère
lui-même, l'ua des principaux employés de M. Dutertre, il est évident que sa mère le détournera l~
git~men
de prendre pour femme un.e domestIque.
-
.,~
- Oui sait 't
u D'û ill eu l'S, VOU5 êtes très Jeune, votre condition
peut chaI,ger. Le temps arrange Lant oe choses 1
loi A p.ropos, quand êLes-volJ6 r.ée, exactement?
-.Le 6 ma.i 1890.
-
avez donc aujourd'hui vingt
VOUG
lus ?
a.ns
rév(}-
Otr.i, mademoiselle.
êtes de Paris 1
- Jè le ('1'oilS. En Lous CI ,j'ai Noé déclarée à la
mairie du quatrième arl'OnJi", 30m e11 t.
- Tjens, tiens. .. le quit tri orne, lllll,mnra Mlle de
·Laf.fûn,t d'l;Jl aooent étrulIge, et comme particulièl'ts"nent frappée p8J' ce délail, pourtant insignifiant
e& appoal'enœ.
EUe ref.rit, en avançant lll1 peu la tête, dans un
mOUl\-"elJlent invol{)ntaire d'avide curiosité:
- Vous vo'Us nommez hien Guitlot, du nom de
votre père. Mais quel'éuüt le nom de votre mère T
- Je l'ignore, mademoiselle, Mon étal civil
porLe : mère inconnue.
A O€IS mots, l'aveugle parut lres~ai
en dépit
de sa volonté. Elle fit un effort vJsiDle pour de-
V<lUS
mander encore :
- Savez-vous ce qu'est devenu votre pllre ,
- On m'a dit qu'il s'ét.a.it expatrié.
- Où oela?
- Au Jupon, où il sl'Ir&t mort dllTIOS la misère.
- N~
&e nommait-ij pae Charles, ùe son prénom?
- Oui., mademoiselle. Muis comment savezvous 1...
- On me l'a dit, mem enfant.
- Qui donc 1... Personne, pourwnt, ne connaissait ce délail ... Auriez-vous connu q\lf'!qu'un d~s
miens '
Celf,e question sembla pI'()(lIlÎl'C \lnp impl'c~on
prll[ondc et soudaine sur Ille clf' l.nlTonl.
crol.
lIl' SiJS gcElle pâlit., ses dellx T1nl~
no 1.' se cri :pèr nt, cornille si,
\JL li coup, u:w
il
ai
oIC(''!' le l'éLrE'lglI.t l !.
Elt~
d"lTlcura ;lluetlc 110 in~t.Ql,
ous le regard
BUI'Pl'ia de 14 jeune eaméri!>Le.
p,,;j.', brlJ<io1rIUtlffi()J1l, l'li l' Iii C(Jng('din.
- Allez, allez, Genovit'vc. lai t'I.-JIIoi sC'\lle pour
kl I!lUl1)IlIlt. Je vOU'J rappcllerai LOllt à 111eure, 81
c'est né
t're.
La JeILIIO 1\11' obéit r.-,. ~f'tl1(!"
('rn Il t. slins che-r{111!'1' :l (\ornp,,<'udrc à Qlll'l1(' 'nJpll 111'1 SI bill' r,'tlnit
1. ffOllt, tonjolll'li i
tlllll', 'fi Illulll'c:>se
, Il ~
d !Ie mi"lJle.
L' l 111 'le pnl'n.iI suit
1 li,
1
n clfr.t n
rHoip
bi/../u·l' , ina .outurn(·e.
(lU'cl (' cnlelaht III porle dll . Illon
III l, t' lç ri '1 l,di . ' 11111111', sc l't
r,IIIV II, (:())Ollln a cHh11·'r.. bl ri'
il
"
11 une (LgÏ.
'C
l'
·fpr-
Illlilio "', cl ~ laI ml'
[11
11 1 Il "llll'nt
c pali, jl lu'à sa bOIl Iro r.risp{Je,
~
Puis elle mUIVlllI'a des mots étranges, dépourvus
de sutte apro~
.
- Au qu.atrJ?>me arondis~emt
?...
Chartes
Guillot L. En Dl:Ü j8\)0 ';...
A.h ! p8Juvre <J'hère Margue.'ite 1... El il est
mo.rt. .. mort au, Ja.pon. .. misé" ' e L.. Quelle fataLité l...
Puis elle parut s'ensevelir dans une méditation
profonde. EUe demel1rU ainsi longtemlfs, scule, C'Ilveloppée dan::; le grand. silen<:c du. salon désert e,t
qui s'assombris'ruit.
Le dtner, ce iloir-Là, dura moins encore que ~
coutume. A la grnnde surprise de Geneviève, la
lecture quotidienne lu t I.otalem€lIlt supprimée:
peu t-être pu'!' oubli.
Lor·sque. Geneviève vint au che-vet de 56 malt.1'e:JGe, le lendemain matin, olle lui apor~
l50D
pel.i.t déjeUJler, comme chaque jour. L'uv~e
comme si c."lle attendait sa 'Venue avec impatience,
Id. retint 81llprès d'elle.
- Restez, mon enf<lnt, j'ai à • u,'> faire pari
d'une imporl.unll' déclliiOOl priqe cette ./.lltiL
t(
-
-
A quelujcl, IIlLH,kmoi:;el1e?
Il s·<.rgit de
VOU$.
ULlX
objections tPM juste. que
vo Ils m\wez pd'sentées hier, touehant volre mariuge possible, dans l'avenir, av.ec Je.cqu.es Gal'nier.
Il Evjdemmeilt, la condition de dlN!1esli(jue vaus
pIace, vis-à-vis de ce jCllme homme, dans u.n état
d'indé-rüab.lte inférioIiLé.
Il Or, je vous '-eux dru bien, Geneviève, bee.uroup
de bi~n.
,..- J'en suis COfl\'.a.incuo, mademoiselle.
- Cependant ne cheroh.ei: pas à me, dispositioll&
Il
J'ai réfl{'''hi
doo ma:' fs (,xtrool"ÙiJlJail'es,.
wus ne sailliez rien drou'\li~
.
favomLlcs pour VOliS
D'ajUCUIlS,
1( Sachez seu.lement
quc j'ai résolu lie vous éJ&.
ver à un ernptoi supérieur il celui que vous oocu,.
pez actu ellement.
" A compter d'aujOUJ'd"hui, Geneviève, V<Rle Ile
serez plUlS me r mme de chambre.
- Alors, mF.lJflrmoi sel1c, qlle (erni-je '1
- Voos devenez lectrice, demoiselle de oompa..
g,rüe et <le oonflonce.
CI VOll's dlP!'cmerez Vfi1S-m~e
\me dorncslique~
VOIlS mr la pri'senl l'(,Z. LI
olTrn~
je vieilli,' nn
peu, je VOl!.') nbnnnurlncrui sallS doute une part de
lH f ilL... t HI lit' Ilia nl", (111.
" Vos ~IPOlf'mcts
~'()nt
dOlJblés do ('C j011'l', et
vou VII l' ()1l1("Li"llll'cZ ,ml' 1(, !)u<lgel de l'int.ériQ/Ulr.
Il V< 1 ru'llvrz I~icn
c(\mpri~
'1
- 011 1 IntlJd !l1oiwLlc, mademoiselle 1 s'éOl'!illt
Gan 'vi.èvo, t'<Jnue jusqu'aux La.!mes, merci, merci
d~
Loutt mOl'l cœur l
Puis, SlU~IRt
les o.lX mal~
de l'ave\ll8le.
l'o.cIoreble jr-une fille les baisa 10nb'Ucment, M>ec
llOO gorte do ferveur respectueuse.
En.nn elle ~ NXlross8.
de
--- J'cssai rai, dH-clle d'un ncœnt p~nl"é,
vous 1 rotlver ma grali t 11.(1 l' pm mon "V [moment,
p:H' mon Ilf(('r·t.ion dc Lou les ln t.n 1 .
.. Mel'I'Î, mf'l'ri, m'I (1Ih'oC hirrpfllHri '1
l(,jn.oD'I1~
1'(')wH ph
~'1fI
'nt ;\Jlle d~
-
fonl, leu,lez-moi votrf' rc~nt
pl,ur
()lIe
il'
vou.
Larem~
me fera plnÏ!,lr.
I.~
j '1lllC fillc S [)l'II ·h~I,
ct l'ovrlt+:1 l'étreignit
il\,(,
IIlH' joil Illill rli.o,~I(t·
rrlcLlllll 0. son fl'ool
jllll\C PI , i put!" 1If/ OdÏ!it'l' lPllrll'l"
VOliS pouJ'rpz, l'I.pd. 1!~
'nsuiLe, me pré Il.-
IJl'IlSllC, ÇEl
�Rif:Ja litd dJAmour
G'<'Z-
= === ===================
ter Mme e t M. Jacques Garrner à la première occasion favarël hle.
« J'ai le vif désir de les connattTe. ·
- Us serant eux-mè
~
trps hon orés, mademoiseMe. J.e vais le~
informer aujourd'hui même de
10l\lJt le bon.hwr que je vous dois,
- Ma i nle'l1ant., h8lhillez-moi, mon enfant. Après
cela, vous vous occuperez du nouveau service.
Puis nous sortirons pour quelques a ch ats indispensa,Nes.
Geneviève s'empressa, le8 mains encore un peu
, tremblantes de l'émotion qui venait de la troubler
si heureusement.
La. journée pa.~
pou.r elle rapide. Après le déjf:oWler, elle sortit aVIeC l'aveugle, EL ce fut p61lI'
e.I.le-wme que tureJl:t effectués les aoha!Js,
A:h 1 oomme tontes choses lui paraisS{lient plus
belles eL m eilleures q le de roulume! Sa jœe intérieure r avnnnnit, s'épan<.lait, di.spensatr.lœ de
beauté; le ' hDr 1,heur illumine tonl
Le soir s{'ulement, lorsqu'elle se retrouva dans le
silence de ,u d'tiJJTlbre, elle se posa cette qu,estion,
in olubJe d'1llllell rs :
à queUes raisons secrè- A quels ~e nt.imes,
tes MIJe de fAlffonl a-t-€'lle obéi, en modifiant si
générevlSeme.n.l, d'un jOlla" à l'amre, ma st obscure
ooTl<Iition '1
cc Qu.el myslère, ancien peu.~tr,
peut relier
mon eXlstence, ma na.iJss.ance même.à ce qW. m'a
6eJTÙ)Jé sub.sisler en elle de souvenirs doulou'
reux 1..,
L'én:i:bm-e s.e posait, ét.rangement LroubJ.ame.
IV
CRUELU sÉP,\lUnOK
A~p
, ~t'7.-VOUS
mon cber Garnie r, C'Ommença
M. Dulel'Ll'c, d'un acc cnt plus am ène encore que de
cUIiLlI m p , 'n il d IJII 'Ili l à. (in jr. un e omployé l'un
d,(',g l arg('~
r Il1ilt.C l lil:s d e son w lJinl't.
.]ur·(JI]l'
"
11 0 p' u in lril!ué par l'espèce de
solen ni té LI 111 (: 11](' de son patron,
?Il 'II l.lll. l' !J1 ' t IIII UM celni-ci, j'ai résolu
d(: VO ll 1111, " l' r illijOllf'd ' hlll la mi se en ex6cution
fIl 'un ,"OJI 1 111'1' S(' [1<.\.1' mon oopriL, dopuj.') plud{'jl! .
llil',
J e ii i "1I~
f I rai pns de banaux compliments,
to u.!. il [lit 1 1 l " l I I c' Tl( Il .' . \inti s m 'êles un coJ.
lubM.\ l '
11'11 " (Il j.c tU 'il'c VOIl
aLlo.cher tri:::;
élroitl'I III tll, a JO ,li. ·un.
- J'ell ,'l' l ui fUl"l, heill'eux, monsieur. Je n 'ai
1'l\9 Mn 1'111 , je le (;l'oi<s, bcooin d protes-ter 00'
prœ de \"I II R dc mon dévou emen l il VOl! in lér 1.8. 11
vous e, l, \ , \1<; le bll VUZ, touL acquis, depuis mon
er.lré . (l,ill \ ul!'l! Il 1u,ils on ,
- .J'r.n 1 is 1) 1, El (" CIAL pour V01lS tm JTécomppnle
en tl
~I',
Uo.n, ro
q\ri pOll l!'
' IJU lLe1 !
1
1\
te
vous (.
d'lIt}'I " ,
(( V Ol
de
son
(1~)
1l
' 'IIP
III
\1
Il \'p ll
1
_
1
'1 \'0 : 01 11' vou
d',','
'lU' , c!'.I1"·
évLter la 1 nl.n·
p lel" dE'
of[ror,
~tl'
e Iniles qlle je veux éta.111ir
l'intI'!' \'"
IlIl'J{> ls 1'1 Il' g 111 ieTlil' ,
d'; .t(>.(jp l1ll in , pl'I'nt'C l' juin, Je
Il'' ," ill t 'l" ~t , 0 CiDI! mil! rn.~
,Il J1l1dA
Ofl TlB 1
Il
ma..-ul'o
t.s de la mai-
19
~
A ces del'll14eœ mots, Jacques Garnier pâlit
d'lunotiaJ., Un tremblement nerveux involont.airlè
agi ta ses 1l1Il.iJJ.S eroisées sur ses genou.'{,
li rega.Nla son patron, l'ϔl agrandi, mu et d('l
sl1TlJrilse heureU&e.
- Deux pour cent, tlt-iB, enfln, la voix blanche"
monsieur 1
- Non, non, mon c.ber, vous valez cela: je m ' ~
connais,
\
- !\lais si je ne me Lrompe dans mes calru1e
cela: représente quatre mHle francs, puisqu e la maison réalise à peu près deux cent mille Iranes de
bénéfi ces neli3 actuellement.
- EJ.l bien, oui, Et noulS espérons faire mieux
encore, fit M. Dl1terlre en souriant.
- De !'!Orle que je gagnerais nelli mille franœ
par a n ; à mon Age 7.• .
(( V raim cn t, m onsieur, je ne m'attendais PB4-A
tant de bonh eur en un seul jour,
te L es mo ts me manquenl. pow' vous pxprimer,
dès mai'O ten nrut, ma gratitude, comm e il conviendrai t. J e v eux résumer pou'rtant m e sen
tim
e n~
en une se'Ule parole :
(C Vous êtes mon bienfaiteur,
et toute ma recQlln a i ' !OaI1 CC vous est acqu.ise, ru.nsi que l.:e11e 'Ut;
ma cJlère mère.
- Merci, merci, mon cher Garnier, je sais
d'avsnœ,
En arhevanl, l'industriel se leva et, tendant s~
dffllK maüw OUlVEl1'le5 à son em.ployé, il ajouta
fBi cmeTI t :
c' es t vraiment trop,
VOUI:; ettl, h€:'UretlX ' je suis con~et
de vallil et
4e moi ; lout est parfait.
If Aù.Lcns-, m.ainle~t
aux aITaires ; je vois an-
noncer au personnel de l'usine votre prom otion .
c'est iIlo i, pensable,
Jacqu8.'1 avait saisi les deux mains nffl"l't lS par
son p~ , ~ro.l
~ il les presooi.t ohaleur
~'1
III 'nI,
tou1
en répél<lnt :
•
- Oh ! quelle joie, quelle joie pOli r m'lm: n !
- A propos, j'alJais oublier, repril :-'1. Uill ertre.
le suis cha.rgé par ma femme et mA n:lc, 0 11 couNLflt de ma décision, de vous reLenir il. déJeùn~
aujourd'hui même,
- Ça vO'Us va-LoU 't
- ~rLcs,
monsieur. C'est l'honneur apr'
bonhe ur! QucUe joumée 1.. .•
101'-, entendu, A présent, aux Dureml. <t'nbord, flllX all'Iif'rs ensuite.
Et lïullu" ll'ÎlI. prl'!l/lnt les devants , enlra nn J'a·
SOIl ('1 ployé V('l S le Iota.! I) Ù. ~olt
rbOt:
pid l l~ nl
Slll' 11'.'3 rC -5 i s 1n:l, {l'ü.vaillaient une v~tnil"
<W
corn plable<; ou do scrjbe .
Tou s npprirt'nl avec plaisir l'avancement donnl!
au jt~lI
e ,nllt"g ue , don t il, n ~ 'précia
i.e l
Il e lll' }~IF
veJeur Je zèle et la comppLcnl't'.ex 'pliol'lfll'Ilc.
Puis M. DnLcrlJ' fit crmtll\ltre 8U !;!!' ; l n no )'V11l
dans les lIl.clir r's. El cc fuL avec la m~
n 11l1'HlÏlI'lill
qu le}l conlrcrnal Ires ci les nu, l" cl ucc ll ei ll i.1' ' n
]a décisiM de leu!' patron. M. Du Le rll'p., t"a i Ile\l'N..
étll.ÎL aimé de toot Ron rl"rsonnel pOlir !'lB tien i j..
tlJme \l I son spl'il de justice,
J, IlP ltre rllI rhljlUIH'.r vénue, Jacqll l's Garnier ~
[lla r (' <mIl' lme Du\.crtre el Ba fill ,
Il ,e nlOnlJ'1\ l'œpectu61l6emenL intllb\c our 1
dou ' r liJrnes, égnLement préoccupé " J'nn ' l l'au
ln, pHr vBnil6 féminine, d'accaparer Bon Lu'nUQ
E l Rn r{':-lpl've d'iBcrèlt'
Il ' 4U~'lnMLa
m l' II
,
n
son d,' \' ulLillld(' coquette de BerLlw. Du l J'
L'
HU l!IU liS j\.'une flUe eembl&iL en elIet uukl
�R- 20
t
~
,,'
-.oquer, par ses rega rds, ses grâces étudiées et ses
{)S
éru<lits, un peu pédants même, l'admi:raLion
du nouvel inléres5é.
Jaoques Garnier s'étonna seulement, mais sans
fatuité, bien qu'il appréciàt., comme elle méritait de
I;'ttre, la joliesse agréable de la fille de son patron.
La conversation évolua bient.6t, d'ahl'leurs, sur
tID suj-et sollicitant particulièrement son attention.
- Nous avons appris, disait Mme Duterlre, de
ta voix un peu aigre, que vous étiez l'ami d'el.knce de la domestique de notre cousine de Laf-
RifJalité d'A mour
~
- i\lademoisèlle, ceci est de l'inquisition galanl.e,
répartit le jeune intéressé.
Il s'efforçait de sourire, en dépit de la douloureliSe amertume ressentie.
- Certainement., ap.puya doucement M. Du ter-
tre.
r
Les femmes sont vraiment ét.onnarr\es, con Linua-t-il, en souriant, lui aus~
d'un souri:re vonlu.
Leur curiosité sans bornes ne oonnatt pas d,'obsta
cles.
« Voyons, Berlhe, mon enfant, Garnier l'a-t-il tl~
font
mandé le secret de ton cœur?
Il Que pensez-vous de cette fine'
- Je n'en ai pas encore, cher père.
- De qui parlez-vous, madame '1 demanda Jac- Tant mieux, tu es si jeune 1
ques Garnier, jouant à dessein l'étonnement et la
- N'importe 1 il ne s'e.git pas de moi, mais 4e
eaIveté, tout en affectant un ton très respectueux.
cette demoiseLle Geneviève, puisqu'il nous faut l'ap- Ma mère veut par~
de œtte petite Geneviève,
peler ainsi, pour ne point déplaire à M. Garn;er.
œla s'entend assez 1 lança Berthe Dutertre.
« Avoue, mon oher père, que maman et moi nous,
- Ah 1 vraiment, c'est de Geneviève '1
aurions bÏJen le droit de nous étonner que notre
Et Jacques reprit, après une courte pause réfléh6Le, dont l'avenir paraIt devoir être plulôt bril·
.me :
Iant, se fût amouraché d'une enfant trouvée 1
- Tout d'abord, je crois mettre les choses au
L'incorrigible jeune fille continua, sans remar- \
point exact, en vous aIfinnant, mesdames, que
quer l'expression de gêne et de sou!'france emeette jeune fille n'est plus domestique.
preinte sur les traits de Jacques:
- Comment cela 1 s'exclama Mme Dutert.re.
- En réalité, cette personne, s'il taut en croire
N'est-elle plus au service de notre cousine '1
la légende, aurait été recueillie jadis, preEquc dt:4'1S
I.e ruisseau, par un pauvre brave homme de maçon.
- Si, mais non plus dane les conditions premières.
- C'est exact, ma.demoiselle, fit sèchement Jacques.
1( Mlle de LarCont a su très vite apprécier les quate Mais il ne faut jamais inférer du hasard, parBlés excepLionnel.1es de Geneviève, son éducation
foi5 mystérieux de la naissance, POUl" juger les
!ela.ti~
et aussi son instruction suffisante.
êtres .
te Elle a élevé mon amie au rang de demoiselle de
« Tel qui nalt dans l'opulence peut .1voir une na·
ocmtlance et de lectrice.
ture, un caractère détestables, ètre affligé des plus
- Que m'apprenez-vous là '1 jeta Bei"tbe Dutermauvais instincLs.
)re, 8t~faie
et un peu dépitée.
te Te-! autre, né dans la chaumière d'un paysan ou
- L'heur
e u~
vérité, mademoiselle.
le pauvre logis d'un ou vrier, peut se trouver doué
- Je souhaite que Mlle de Larront n'ait pas à se
des plus belles, des plus brillantes et des plus sollepentir de cette idée bizarre, pour ne pas dire
ridicule.
•
lides quali tés.
- Poorqu.,i donc '1
Cf Combien de sujets d'élite,
combien de grands
- Je ne sais si je me trompe, cependant le peu
-homm.es sont sortis du peuple; oserai·je dire même
de temps que j'ai vu la personne dont nous parlons
du bas peu'Ple 1
m'a suIfi pOUJ' l'anlllysr r psychologiquemen t.
- D'ailleurs, ajouta M. Du tertre, toujours sou- EL le résultat de votre analyse?
riant, pa rce que c'6tait sa manière, vous savez bi('n
- Cest que je crois cette Geneviève une très haque, par principe et trndi t.iOfl, les cn Can Ls trou vJs
Ne <:omédienne, hypocrite et fausse.
sont tous des enfants de grands seigneurs 1...
- Oh 1 m emoiselle, quelle e.rreur 1 répartit Jac,« A ce propos, je vals VOllS narrer une hislc.iI'r3
ques avec feu.
fort amlL'5ante, apprise dOllS mon enlwlCe, et qui
- VOU8 verrez, monsieur Garnier, vous verrez
me reviont en mémoire.
dans l'avenir. J'ai découvert, sous les apparences
Après cet exode lancé dans le but avinent d
4e dévouero nt et de zèle dont s parc c LLe cr6o.délourner la conversaûon devenue gC!na.1JIc:, l'ex.
ture, la caractérilltique d'instincts mll\1vllis et cu- cellent i.ndustriel se mit il parler d'abondnnce, in·
'VenLant è. plll.isir une histoire invraisemblahl .
~.
.
A oe8 lnAlnuations pe rtl des, Jacq1e
~ dut se conIl la term.ina 8 ulem eJlt au morn nt de pass ) ,
u-tùndre pour répondre avec un culme rOl'cé :
avec son in lére.<.!.8é, dans le ru moir, où il s'Ingénia
- moi,
mlld('moiselle, de ne point par- 'Par de bonn
- Perm~tl
paroles, il. cr c r l'impression fât8€er votre opmion Càch l~e.
cheuse ressenlie par le jeune homme.
Il Je conai~
Gl'ncvii'vr depnis son enfilncc, j'ai
La journ oo s'achevll. n~ite
dfUls les bur aU3
lI6cu ~ son conlad d,.rnnl plus de dix ItOn cs; ct où r6gnnit une activit6 remarqul\.ble.
;6i je n'al p.lU! fa it l 'Inoly~(
de son caractère cn psyJacques, repris pal' le souci des aCrair s, put ourh<>logue de J'lrnf ssion, j'ni crll, pOl' mon simple bli r Il partie Il's incidcnl'l moruux du eMjeuner i
ug<'ffient d'h{)nlITl(', d~('Il\T
n elle, toul nu conincidents si pénibles pour SOIl CO'U!'.
!'l, ct' i l1('~imbrB
fj\lllliil'a.
Lre.ire, de pr6ciel.~
Néanmoins, d ~tX
011 lr'ois des J11lJ'n...~os
porfidee, '
1< .10 la crOlt1 gl' 11(:1'('11 e, 1l'nell e, sincère, d'Ame
lancées par Berthe Du 1 rtre ou sa mère, s'étaient
.-aillan le et loy6.lp.
comm grav6œ cn son esprit:
- Sapri!lti 1 n'\oORi(,\1r Gnrniel, fJl1rlle ardeur 1
u Gcoewièvc hypocriLe ... a.rfrctée <le maUvW8 insOlJteru-e avf'<: un rir'l! rorc6.
a'écria ~ÙJle
t.l.nc ltl l "
SeriM VO,.. lUTIOl! "PllX (Je Of'lle fllie '1 ajoul.n.
u G.rn vill'Ve cnlaut \rouv6e... presque dana ~
Deribe cS'lUl .œent irolliqu .
roi. aU!)I
te
f.
r'
�~
Rif:Jalité d'Amour
=========== ===========
Ces mots l'avaient frapp é douloureusement.
Il5 revenailen t en son cerveau, obsédants, cruels,
y creusant une trace trop profonde.
Il se promit de confier il. sa mère le sens de l'entretien échangé, car le doute, le terrible doute, empoisonneur de toute illusion, entrait en lui. Il voulait 'l.voir sur Geneviève, SUI' la douce et belle jeune
mk si ardemment aimée, le jugement impartial de
sa mère.
Mats dès son arrivée chez lui, un souci plus impérieux, el tout à fait imprévu, capla. son a.ttention.
Mme Garnier, atteinte dans la journée, d'un malaise grave, encore indéfinissable, avait da. s'aliter.
Une fièvre intense la bnllait, il était urgent de
pr~mde
des mesures immédiates.
Jacques envoya sa concierge quérir en toute
'tIate un médecin du quartier.
Le praticien diagnostiqua SOOS peine toutes les
~arctéi.sque
d'une pleurésie. Il ordonna de
,<lite des potions énerg..iques, d,es ventouses.
Dès lors, J acques n'eut plus qu'une seule préoccUlpation : la santé de sa mère.
Il informa M. Dutertre et Geneviève par des télégrammes, et dut instaJJer au chevet doe la malade une garde expérimentée, très chaudem~t
recommandée d'ailfleurs par le médecin.
Et les jours tristes suivirent leurs cours, en dé'p it de l'heureux chnngemeIlt cil' sttuation du jeune
homme.
Geneviève, grâce à la bienveiùlance e Mlle ~
Laffon.!" venait ll<Ssez souvent voir Mme Garnier.
Mais elle ne pm.1vait rester, comme elle l'aurait
désiré, aup-rès de la malade. Son assistance était
devenue indispensab<le à l'existence de la riche
aveugl e dont elle avait toute la confiance.
Pourtant la situa tion empirait. La mère de Jacqu es semblait main tenan t en danger mort.el. Et
,le jeu n€ homme, cer..c ndant si énergique, se laissait
abattre par cette menace ù'un malheur prochain,
absolument irréparable.
11 fallut qu'à ('hacune de ses visiles, Geneviève
le ronsolD.t, r eTllonlât son couracte, l'assuràt de
tOIlL sa Lendre. sc pour qu'il parvint il. se ressaisir
UD peu.
Il Il'épar~
ri en pour procurer à sa mère malad l! les SOinS les pl115 coûteux, les consulto.tiollil
Ir::\ plus savantes.
~Ialgré
cela, Mme ~nrie
demeurait en danger;
pl.
~ , d'autres complicatIOns survinrent aggravant
\'ncoro son état.
La pnuvre lemme, dont la lucidité subsistait malgl'6 toules ses souffrances, senlit la mort venir rôder il. son 1 :hevet.
Elle voulut encore profiter de la présence de Geneviève pour dévoiler ses plus intimes pensées, el
dicter li son
ses suprêmes volon Lés.
- MeJ3 chers enfants, commeoçu-t-e.\le d'une volx
hlll€lante, en s'I\ctr~an
à la fois li Jacques et A
l'orpheline, j'ai le devoir de vous Caire conon.ltre, à
cetle htlUl'e difl1cile, et peut-être dernière, mon pltœ
ill'dent, nJon impérieux désir ...
j il J e vous ai pour ainsi dire, élevés tous les deux,
l Je. vous ai longuement, profondément étudiés; je
. Hill'! C;onvo.inctle que vous suivrez loujours le droit
cJlerruo da.ns If). vie.
« Vou
êf.e8 h nnêLes, instruits clignes et gênél' lIX. V<ma vous vclez tous de~.
telle es' ma
con vic lion.
ms
2i
~
« Certes, si vous pensiez exactement comme m je pourrais vous résumer ma pensée par quelquer.
mols très simples:
f( Res tez ensemble
et soyez heureux.
- Nous le pensons, fit Jacques avec chaleUl'.
- Ne m'interromps PM, mon enlant, j'ai trop
peu de temps à moi.
« Avant tout., l'expérience de l'âge me commandt
de respecter vos sentiments inl.m~
les plus Mcreis, aussi votre liberlé indJ,viduel1e. Je dois l.aiJlsel' à vos cœurs, à vos espIi.t.s, le soin de décidN
plus tard de vos destinées.
« Le bonheur est ohose rare! Nul ne saH où il Sil
trouve; il drut s'acquérir parfois au prix des pl\ui
grands sacrif~
1... Peut-être aussi chacun œ
nous est-il l'auleUd" responsable de la bonne ElU œ
la mauvaise fortune 'de son existence.
« Je vous adresse donc tout simplelpent ane pri"'re ; une prière de mourante, hélas !
(( Quels que soient les liens qui vou.s uniTollt
p100 tard, affection Craternelle ou sentiment plill.
étroit, ne vous perdez jamais de vue, appuyez:.
vous toujours l'un sur l'autre.
« En réalité, l'affection est un sentiment plu.
d.urable que l'amour proprement dit. Ei1le el. /'.;4
souvent, d'aiLleurs, la résultante beu.reu.se.
« Or, je sais, j'ai compris que vous vous ûimie.
beaucoup ... d'a[(ection au moins, aCheva].a. n .uiade.
plaçalllt volont.airement un temps d'arrêt avant la
fin de sa phrase.
- C'est vrai, artlnna JtrCques.
Sans rien ajouter d'abord, Mme Garnier prit dtml
ses mains brùlantes les doigts effilés de Genevièw.
EUe les plaça, comme d'aulorité, dans la main 4.f
son fils.
Puis, d'une voix hachée par une émotion in te ne
elle reprit :
- Geneviève ... , voici ton protecteur.... ton 800tien ... , ton... Crère !
(( Jacques, souviens-toi que tu ~
en Gen.vd~
une amie sincère ... un cœur dévoué ... , une con»
lall'ioe il. les soufCrances ... , une sœur 1
- Oh 1 chère mère, s'écria Jacques, da.oo
élan de tendresse, tu sais bien que je l'aime pl
et mieux que cela 1
En achevan t, ü avant que l'orpbelilne pût s'opposer li. son geste, i·l la saLsH à la taille, l'attira. co~
sa poitrine palpitante eL la baisa longuement
front.
- Geneviève, dit-il. solennellement, je Le jure divont ma mère de t'aImer toujours 1
Il Geneviève, ma Genevièl'e adorée, je suis à t.oi;
à toi, entends-lu'
- Oh! Ja.cques, Jacques... , murmura la ~una
tllW frém.\$sante et troublée.
. Et sur son be8lu vÎlSage empourpré de canfulSiœ.
des larmes coulèrent lentement
Larmes d'amour, de joIe; Inl'IllOO de douleur
de regrets tout li. la loid.
Elle éluil aimée ardemment, profonMJ.Oe1)
comme elle souhaitait de l'être. Et son bonheur,
ce [ait étail immense, indicible,
Mais, d'nutr!' pnrt, Ile recloutait de perdre l'e1ce1lente femme, l'éducatrice si s(\re, et si tendra
qu'elle vÔnél'l1.it, qu'el11' aimait il l'égal d'une mèA.
La reverrait-elle encore, 81près ceLle douloureu
entrevue ? ..
Aiprès s'être dégagéE' de l'étreinte de Jacquee, ei&
se pencha vers le lit de la malade et oUrit aux If.
�'tJc:it:! d'Amour
exsangues de celle-ci son front si pur, pAli par
algoisse.
- Embl'a'5Sez-moi, maman, ma chère maman 1
-t-elle seulement d'une voix tremblante.
- ~reci,
Geneviève ... , merci, ma fille ... , tu m'u
,ien comprise répartit la mourante d'une voU:: eIù
recoupée.
Et son regard Lerne, s'illumina, pour un insta.Dl,
'une lueur d'inr!icili!e joie; La dernière, peut-être ' .. ,
Ce fut tout, ~lme
Garnier, terrassée par l'effort e\
· ~molin,
laissa tomber lourdement s.es p6.UJ>ières
~ur
ses yeux déjà fixés vers l'au-delà.
Un silence lourd s'a.ppesantit sur les trois êtres
:œnércux dont l'impitoyable mort allait sans doute
épare!' IC!-l destinées.
Gcnrviève, rappelée par l'heure, dut retourIlêl'
ez Mlle de Lnffont
Celle-ci lui ayant dem6l1dé dès son retour des
uvelles de ~Ime
Garnier, ]a jeune fille, en un he'!'Jm d'cxpo:nsion bien humain, lui conta la scène
~nt
elle venait d'être J'un des acteurs émus.
Elle 0 a dire sa chMte \endresse, ses espoirs !i
)UX, au 'si le cruel chagrin qui étreignait wn cœur
al.
L'a\'eu!!le, secrètement touchée par cette preUive
.... CO'JI1, nce, autant que par la sincérité de sentint· rIe J'orpheline, assura' celle-ci de toute sa 501~citl1e
pour l'ovenir.
Pui, l 'S jOUl' pas5crent, longs et tri tes, dane
<lW'nte rlouloureu;:;C' du malheureux dénouement
• tulem nt attendu.
Jacq!les Garnier, malgré son chagrin sans ce:sse
renou elé, ne pouvait négliger le affaires. Il Sfiltis. isait avec une aclivilé dévorante, et ans doute
· ns le but de s'étourdir, à toult:il les exigences de
n nouvenu poste.
Et , 1. Dutertre émerveillé de tant de zèle entendu,
n vl"'nailn cUI'esser en SC(,'l'et certl1ini:! prokts d'OVE\'1' qui d vai6l't lui alSSlIrer à iamuis ln précieuse
lIdb"ralion d'un leI employé.
Fil'!' d .1 rxlll
,n a. S/)cié, il. part égale, en lui
nn,lOt ln mnin dl' a IW/:' : VOIlà quels des oins
llveuux nourrissait 1'indus!.rieJ.
~rUJe.
S n nul doute, il $"mugillo.il ain6i réaliser pour
c Olme pour Jacques,
Il
Onlme de
Il ur fort appl éci ble, ayant ooU{ bas' l)J'emiè: la fortune el lu l'I~n.
Tl (;Omrl il s ny le ca.mr, don t 1 raison!> PMtiClIl'
L délicates &On t ignoréœ d la. rai. on meme.
D'llill'
,en horurn prudent el a iN,
ne dé·
oillllt ri n ne 1 de se l'roj t . Il prél l'ait s 111 nl, pur une réri d
âeLé ca.J,cul ,la poMlIi)l·
té de 1 ur 1 uli atiOlI.
PI 1 l
r 1.8, ù jl!., il w.it r6ll1l
faire ~néLre
cI] lies li UlIS son in t.6ri nr ot l e m tlre ph en
ntacl avec lin fille, A celle-ct, et dans l'in\mH~,
Il
vuiL pl' ch<: 16 bonl'Wl parole, car BerLhe ee mooLndt
llIoius péd Il te, pllUl simplemenl affn.bl.e pour l'Î1I.
~CS.
nt inlér
... - 61nai dénammnH-ello le jeune
leC d
T'Vic.
.TU<'f!U ,cl' snD rô , flott P1lr polit.ee
j:!I\lanta,
wH l'al' u
'le d'afhbihlé, !ui l de mOUI! Ile 'èn
pr
nee d III trow)lfiOte cor [1 1 lt , par' ut
~ point
déplnir A CI! courL 5
tr I~.
D' 1 1 ur, Il
ntait l'âme un {)f'U mu
oppr fr
e d plli quelq1lOS jOlll .
l'.H eHPl, 5U rn l' , grâce a lItl robu!!ie consLltu j l,
ra
dt vuir UI'mon ~
le si t l'riljlè momen t
·Vll.
EnJln
lIlI rnlllin, il péllélrll
délibér('m'Ill
dll!I1S le
~:.
cabinet de 7If. Dutel'tl'e. Son air', à la fois grave et
plus l'&Sséréné, intrigua Iïndustriel.
~
Mo.nsip.ur, commença Jacqu.oo, j'ai une bonne
nouvelle à VOThS apprendre,
- Laquelle, mon cher ami .,
- Ma mère est sauvée.
- Ah ! tMlt mieux, je m'en félicite sincèrameBt..
- Mais à une condition pourtan t.
- Sans doute très facile à rénJiser?
- Je l'espère, fit Jacques. Surtout si vous voult
bien m'y aider,
- De grand cœur, mon cher ami. Que faut-il pour
cela T
- Permettez-moi de vous fuire connaltre, tout
d'abord. les prescriptions expresses du médecin.
II: Au dire de celui-ci, il faudrnit que ma chère mère, pou.!' achever de se rét.a.blir, pùt faire un ~
d'une Mnée au mnins, dans un pay~
chaud.
- Parfait. Ln Cùte d'Azur est tout indiquée.
- Certes, ce se?'ail il j séjour proni e et agréllllll.
Cepen<iant une ab'l'l'Lion grave sI! présente.
- Une objection '1 s·étonna. l'indll;-;tl'i 1. Je ne v.-.
pu.. . Ce n'est pas la. question d'urgent, qui l"CIIIIII
embarJ'ajlse mainLenant, je suppo 'e '1
- Non, certatnpmpnt. Cetlf' ql e tion est d'avance
résolue, gri\.ce à toute la bo.nté que vous avez bie.n
!Voulu me témoigner, en m'élevant à un emploi 8ll}>é-
rieur,
« L'objC'C"
_.,;~
pl1llI humaine, plus di:î6aWe li
résoudre;
1.
- Si je fails partir ma mère pour OarJ.IlM!II8 00
aOOlulieu, elle ira forcément seule, puisque lee affaires m{~
retiennent ici prè.s de VOU1il,
- NalureHement.
- Or, oonLtnoo Jacques, e'nhardts~u
à ffieS'\ll't;
qu'U lIpprochait. d'li but ecret de l'entretien, c' t
tllst.cnwnt ce qu'elle déplore, et moi. allS$;!.
« Ma chère merC' ne s' l' oudH\ [J,I il ~'étogner
de moi pour nn \.entpa Msez long, Et le ne voll3
cache pllS, Olonsieur, que de mon ('()l6 je ne la la.is:renü!\ pO-'l partir san bcaucoUip d'inquiéLu<WB el de
rcgret'3,
- Cependa.nt, le moyen d'en raire autrement'
-
J \en conn is un,
-
11 QsL !.out trouvé,
- DilO.li·Ie, mon ~mi,
nou l'e.:n.min rons.
- Le dircclclH' <L J1otl'C suceul' ah.. du Chili ne
vient-il p0l8 d monne, lai IInt un P(...~t.c
vaca.nt'
- En dfet, Q,IXllIi sçn 1. Dut l' re. 8n ce moment
mm, je ch rche qUl'1 homme de con1l8l'lu et
d't!n6 'Hic jf' p<lll'rsi cnvoy('J' 111. ha!:!.
i VOII, 1 vO\11 1
biGD.
Il Jo eollicil.e d vull i1d~p\l
'Ilblo iOllV i.I.I.a:Iœ
cet emploi d' dir'ecl\;lu r /tu Chili.
l'indusWi6J
A caLl.l' d land/', Il 'lwlrl{!nt formu]
ItUTsautf\ de l:\urpnse. li demeura. mud Wl m.~
e~ya.nt
<k réQé<:hir .
VOlft; m' Lrouvaz audacIeux' c1cmn:n<1a ÜJIlI<J..
-
me l Jtlloqu
g6.noul
-
'on, Don
on vrrum nt,
T.O • ~l)1I
t mon
Il 1
-
, afin de rompre ~
vo~
.ilenee àewIIIIIr
leur. touklll
AloI?
l
Ir
nr. c lnil1'
~hi
Lu.::
ICI U
l
�C"<'é
RiValité d'Amour ========================;; 23.w
cependant il m'en ool1te de 1~
ajourner, sinon
d'y ,l't' LOncer peut-être.
(( Enlin... je ne puis m'expliq",er davantage. ..
Mais voire dcman.:le me oontrarie un peu. ..• elle
dèmolit des cornbinaÎ.6e:>os llOuveilea. ..
- Je vous en prie, monsieur L.. Je demande Pempl&i pour une année seulement. Le Lemps d'llISSW'er
tout il. fail 101 santé de ola mère. l. n'ai qu'elle au
monde et j@ l'aime tant 1
L'industriel ne répondit rien. Et Jacques, remal'quant l'expression soudeuae de 88. physionomie,
sentit son anxiélé 61"andir.
Allait-il litre obli!.(é de oo.crÏfter sa sitootion à sa
mère ,ou celle-ci,
contraire, aux soins de son av&!
nir 'Z CruclJ.o alternative 1
Il voulilt tell tel' un dernier erTorl
- Je VOllS en <:onjure, ardemment, 1IlODeieur, accordez-moi le poste que je sollicite?
- Sh bien ... oui. .. , c'est dit, jeta l'indusb-ieJ d'un
ton bourru. M'ez au Olili, allez, laissez-moi seul ici.,
pui qu'lI le Cnut 1... Nows verron. phs tard .. Et.esvoU.s con LenL ? ..
- Ravi, monsieur, et très profondément reoon! l.i1Ï.st3an t, sfly"z-eo convaincu.
t( J'essaierai de compenser lei! ennuis moment an-éls donl je snis la l'alise, plr un redoublement de
zèd.e, pal' lUI' (1: le .on de vos a.r!air.es.
- Je ll ..n dou e pa-s ... Quand p.artez-vous ,
- Le rI n' Vit pcssihle; le temps ju::;te de taire
1l0S prér': r t'~5
ns"c7. importants.
- C'<~t
t'll'l\, .l!Taflgrz-vous pour le mieux. Je
\ nis es. ,Iy r di'! vous rcmp~ae
ici, au moins mo-
au
moi qui t'aime comme si tu étais ma véritable fille,
de veiller \Sur le cœur de notre Jacques.
(c Sois courageuse, ma mignonne; comme oou.s le
sommes nous-mêmes pour te quitter.
ct Ne croÎS-tu pas que cette sépara.tion nous est
cruelle au-ssi 'l
- Oh 1 maman Garnier, j'en 6uis 811re. Mais 00oore. vous êtes deux, tandis que je vais rester seule,
toute selllle.
\
- Comptes-tu pour rien l'atrection de Mlle de LaIfont Ydema.nda J8ICques.
- Non. certainement. Si, d'a.1.l1eurs, je ne la comptais pas, je vous auraios Sldressé à tous deux ~
prière .
- Une prière? répéta Mme Gamier inb-iguée.
- Oui; celle de m'emmener là-bas avec vous.
t( 1fais je n'in.siste pas. J'estime qu'il y aurait de
ma part ingratitude à abandonner &ussi brusquement Ml~e
de Larront dont la bonté pour moi ne
s'est jamais démentie, depuil le jour de m{)n entrée
chez elle.
- A la bonne heure, ma fille, ta nature 1~8]e
et
gé.néreuse ne pouvait l'inspirer d'autres sentim ·,lts.
« Resoo avec l'excellente aV~l:(e
à fJlIi tu .lois
tant déjà. Elle te sera certainement reconnaissante
de cc sacl'ifice.
« Et dan' un n, nOIl" nous retrouverons ons.
Moi. plus [orlC'. p.IlS \':l'lJ Ille; J ques plus e~nri
m ·lllé. plus St 'j,II' {'(IC' re et phI- aimant. Lt loi,
plus icmme, !J'us !l 'He; ,-,,\1.:3si I1IlC:.IX préparée à ton
rôle futur d'épouse. Va, mon el.r.... nt. aie CI)nfion('e.
« Et maintenunl, emlml..5l::ic-moi bien, ma bOlme
Genc,·l)ve. eInbl"f1s,-,'-moi, mu chère en.ClWÛ, comme
mentan "llJpn t.
tu embrasserais ta mère l
,
Et toujours bourru, mécontent, en dépit de son
En ucl1evœit, Mme Garn_ terulft . . 4Ieux bru
à l'orpheline.
••
gc:;;tf' énérenx et birnveiliunt, l'industriel sortit vi·
La belle jeune mit' ét.rei~l1Î
floncer~t
la c;)riva\'ement de son cabinet. suivi de son employé, fon
je yeux mais qlPu~
peu contraint.
lescen te . Et dun. "e l' c mrnullion inttme et tendre
larDix jour' plu:'l tu rd, Geneviève prévenue du dé- de ces den,' tunes fémiJl'll'" si délicates. ]eUl~T.
/- l'~
trrs pmchain des deux êtres qu'clIp aimnit rnoo se firt 0 l jour, t' mêlèrent ('onunc pour, eHer
nl, se l'ttlldiL ruc Saint-Antoine, aIln de Ih1o&ser l'ul' inalLêl rÙJle el puis::.ulIll:' nrrt:dlon.
- A m,)!, m irllenallt. nt .JUC'lU€s, di:ssrm' lunt,
1 ec ~IlX
une dernière !';oirée.
par OI'gl1ci) mn.·('uain, la d6fai.Unnce momen\.a.np. ~
L·CffitrcVllI.! fut allri:-;Il'C par la perspective de ln
épnrutioll qlli cl 'li! pr"lVcr l'orpheline pour long- son cœlll' pourtlLnt viril.
Il
Mon arnour, murmura-t-il à l'oreiJle de la
temps 1 ul·IHrc. 1
deux affections les plus chères
jenne fille, ma cJlérie, ~ SUIS il toi, toujours... fi
à c;on cœur.
1:l(!r1l,s ma fpmme !...
,/,
- Tu m'écrims souvent, Jacquee? dit.-<.He les
Geneviève partit lm peu rlS&~née
par ces ·jeu
y \U' li nhlrJ' de Iplï/lP' diCficilcmenL contcnues.
buisel'5
si
ol'Iincèrel!
et
si
ferventa,
par
ce
serm 'qui
(( Songe q1le tes leUt'es el celles de ma chère
IlltlOl Il (Jurllit'r I:lI!ronL ]10111" mloU les seuJes joies lui cot'lrslitllait le plus sacré, le pll!:i G i l l vi.&tiques.
'1, I!I(\ 1 Q 'iiJu:ncC' $olilai!"e.
Dru-:\: jOllM plu:! taro, ,JIl.(Xple3 Garnier et sa aère
,,l'nl;: nnn'c c'c 1 Licnlong. et qunnd on eslsi
montulcnt dan. r p . d BonJcnu.·, d où ) alo'n •
II..: tl,~
ullln: , il peul u;niver bien dcs cholaient g'cmbarqllf!' pOUl"
l"i llain. cClnlrée
t • im!ll 0\ li R.
Désormais la belle orphelUle ét.ai~Bcule
P
13-1 t ,Ip ["Pt .1: ('qIJe~.
nrrcclnnt une aérénitt
loill (le (Il fiprll, doui.e mois sont bien iU!
m~
dl"'re UA ('lièv~.
tI Et puhquc (' us ne nous oublieroJUl Di Ji- ..
v
l'.uutrc. qU'lvo~-nua
è. rcdouLer'
I.'~b!jCnc
l.llnèni! pa.rtois le détacbemeaL
_ N·I.\..y.l palS. confiance en mon sanour. ma . . .
!"ie '1
- Oh 1 si, il, ;e ne veux pas douter do tot, lMq\l~8
; lion, j n'cn ve'l!-X pail douter.
!>]i<-..u.bles pr-e." p )IlltUllt, Je S1JÏg assaillie d',~n
Une année déjà s'était écoulé-e, d~l!is
18 ( ...li
scnllUl lit ; Juffrc, comille d ln! l't, SaruI poud JUl'qllf'S GUl'\li"r et tie ~ mère poUr 1 ChI
vou' lIIiflflllll 'r c'Il souf(rUl1ce ...
Un long hiver pluviclI. avait succ.éae nu b IUIt&
été, puis le radil'ux printemps éw.ü l'eVLnll, .œeft L'l1vcnir rn 'apparut! /lolllllbre, douJoUIOOX.
nnnt SOli corlège de lumière, de fleww
IlOÏftI
Anon , ruLlons. Gcncyillv{" fit ma Lcrncllmle!lt
fioujouI'8 reoouve1M.
• fml' G Irni,,!', !"~l
<1i , mOl 1 l'orant t Je Lc promels,
pu"
""t
�!;Iè
24
J, s Dulertre devançant un peu l'habituelle sai-son
v.acan ces , venaient de s'insialler en leur
lux lIeu e villa proche de la Ferlé-sons-Jouarre.
Et, cc clair matin de mai, la blonde et provocan e Berlhe semblait plus agitée que de coutume.
- Allons, allons, ma petite, pressez-vous, ordonna-t-elle, d'un ton sec, à la femme de chambre
qui achevait de l'babiller.
Celle-ci, tout en s'ingénianl à agrafer le corsage
de d.entelles d'Irlande, un peu trop ajusté dissimula
son lSOurire ironique, dans re dos de sa Jeune maltresse.
- :Vlademoiselle, répliqua-t-elle, si je veux me
hâter, j'irai moins vite 1 La taille de ce corsage est
tellement serrée.
- &:rrée, serrée 1... Vous ne savez pas ce que
vous dites l... Je ne me serre Jamais; je n'ai pas
besoin de ce subterfuge; j'ai la taille naturellement
fine el ronde.
de na- Sans doute, mademoiselle est él~ante
ture. Pourtant il est dangereux de forcer ...
- Allons, assez, taisez-vous, vos réflexions m'agacen t ! Es t-ce fini ?
- Oui, mademoUlelie.
Et, sans attendre, la camériste se retira, toujours
souriante en dedans.
- Eh bien, eh bien, cria Berthe Dutertl'e, vous
me lâchez comme ça 1
Et mon ch(1)eau, mon onibrelle 'l... Et puis, le
ehauff.eur est.-il prêt?
- Mademoisene, la limousine vous attend depuis
vingt minutes.
'
- C'est bien, vite, mon chapeau?
Un instant plus tard, Berthe Duterlre, vêtue d'une
claire. toilette luxueuse, un peu extravagante, descendait, d'une allure qu'cHe voulait majestueuse,
les larges degrés du perron d'honneur.
Elle s'installa posément dons une automobile de
luxe dont le chauffeur respectueux tenait la portière
uverte.
~
1 la gare; en vitesse 1 jeta-t-elle, impérieuse.
L'automobile démarra, franchit la grjJle, s'engal' pide sur la belle route bÙlnche, filant vers la
re, au !'isque d'écraser bêles et gens au pasde~
sn~e.
)i.- minutes après elle stoppaiL devant l'embarcudère, au m ment même où J'express de Paris ennit en gare.
- Mon cher comte, soyez 1. bienvenu 1 s'écria
Berthe, en tendant sa main gantée de blanc à un
grand jun~
homme blond, de mlse élégante, un
pou prat.entlCuse m~e.
L'interpellé sourit de toutes lieS den~,
lrèls sol~os,
se découvrU avec affectation, balsa galamméfll la peau de ganl offerte, puIs s'installa dans
"équipage.
.- Vous svey-. une toilette ravi8AAnte 1 commença\.-il, avec un clignement d'œU conn.aisscur.
- - Plus que ma personne? fil mlllicieusemenl
B Mh DutcrtM.
- Oh 1 non, non, cela n'est pas possible. 1ais la
per onne, comme VOHI! ditl'S, est toujour!l délicieuse,
el oe qui VOU!! concerne; tandis qUf' les toileltes
8 nt
ttT'foi" plus ou moin.s réussies. Celle-ci est
'un goOt ncheyé.
débitlle non Mns un pe.rb! ces complien~,
t rrort, Gtlston de Mont.clair demoura silencietu:
ml !n tant
D'III urs, la rapidité de ln course ne permettait
Il' 11 facilement une conversation suivie.
Il dit seulement, pour rompre le sllcnce embarrassant :
- Nous allons vite 1
- Pour arriver plus tôt, répliqua Berthe.
t! Etes-vous
satisfait de venir passer quelques
jours dans nolre propriélé ?
ce moL" propriété )), avec uIJe accenElle d~sai.t
tuailOn mdlquant bien loute l'imporlapce allachée
à la possession de biens fonciers
.- Si je suis snii.ifaiL? répartit Guslon Gourinot.
Diles heureux plutôt... El non pas eulement de
viv:e quelques jours da.ns ce délicieux paysage,
mais surtout parce que je vais êles près de vous.
\( N?u.s reprendrons les enlretiens psychologiques SI mtéressant de cel hiver .
cc VOliS vous ra.ppelez ces soirées où, dédaignant
la .cohue des colillolllleurs, nous nous isolions cn
philosophes, daThs un coin de salon, pour clisserler
de lout.
u C'était charmant, n'est-ce pas?
- Oui, très agréable, approuva Berthe.
cc
ous pourrons recommcncer à l'ombre de
frondaisons parfumées du p.arc.
- Cette f.ois ce sera délicieux, affirma le jeune
comte, ~ouhgnat
sa phrase d'un sourire entendu.
La P?ésle sera de la partie; ce qui ne gAte rien.
~IS
comme l'auto stoppait devanl le perron, il
?ffnt galamment son bras pour aiJer l'élégante
jeUDe fille à descendre .
les sal.amalece et compliments d'usage, dé. Apr~
bILés d une VOlX sucrée à l'imposante Mme Dutertre, il s'enferma dana la chambre somptueuse qui
lui était aUribuée.
Sa valise ouverle, il déballa son néces 'aire de toileLte, rectifia l'impeccable raie de sa chevcJure plutot rare, li&sa de brillantine sa petite moustache et
changea de cravate.
. I?nsuile il jeta un coup d'œil circulaire sUr le mohiller, comme s'il l'inven toriait.
- Décidément, monologua-l-B, c'est lrès chic 1
Pas de camelote, tout esl cossu, solide; il Y a vraiment de la galette dans la maison.
(1 Ah ! j'ai eu
le flair, le soir où l'hiver dernier
j'ai posé le grappin sur cette oisehe raisonneu'e :
mais plutôt jolie, ~, surtout riche, ce qui ~st
portant.
(1 Elle ferait une comtesse tr~s
sorLnblp. Elle pourrait surtout redorer d'une couche éVtu::. ~ filon noble
btason terni 1
cc L'acier venda par le papa se t.ransforme rons'
tamment en bon or sonnanl et trébuchanL ; c'esl alléchant en véri~
1
(1 Avec ça, la pellte proresge ccrtnin('!'; id 'eR assez
largœ pour excuser les frasques obligées de la vie
mondaine.
(1
Ail righll... G'7'ton, mon chc-r ami, il fant 10.
conquérir tout ~ tlUt, ou lu n'cs qu'un s rin 1...
cc Une seuJe difficulté, c'ool la nuson pl'atirJllc du
pupa Dulerlre ,
pas ,,:venglé pal' l'orgueil, ct j'ai
(1 Celui-là n'oot
peUl' que ~?n
bl~son
1'lTIdirfèr . Il rhli! Il\'oiy' pOlll'tan.t son pOlOt rUlole 7... Je ll'llt'I'oi, jf' ,'ml!.
10\1t cn 1II0nologllunt ain.i r.nsloll dl' ~l()ndir
fIC omplai~
ùcvunt la glllf": qlll IHi 1'1'11\ o)'niton
imHgc. Image LU scz ngr{>ubtl' d', llM'IIll>le, c< pendant quelque peu prot.clllieuse, infulucc du morgue
l'lm.:
dOplaisan ~.
- N.e dc~enos
pns trop vile, !lOTI~(·a-i
enoore; il faut se raire d6slrer pOUl' valoil' pltllS.
Puill, s'asseyant dans un conf(l/'!lIble fuut ui.! U
snivlt en soi le COUI'S de see ré/lcxions pl' mlè;es.
d
�~
RiValité d'Amou7
n 's 'était
=========== ============
enquis assez adroitement sur le compte
des Du tertre. Et le chiffre de la dot promise. il
, BertJ1e par son ~re,
sans lui parallre colossal, convenait cependant il ses appétits.
- Cinq cent mhlle francs 1 mu.rmurait-il, œ n'e st
pas le Pérou, sans doute. Cest tont de môme quin ze
mhlle francs de rente; plus six, ça fait vingt et un.
" Si, avec cela, je trouva1s le moyen de m'~
per d€lS affaires du papa, un peu en amateur, ]e
pourrais encore augmenLer ces re.venus d'une part
tIe bénéfices.
« AlloThS, allons, mon petit Ga.stan, du courage,
de l'adresse. Il rau~
vaincre rapidement ou passer
i4 d'autres exercice!!.
Sur cette dernière réflexion, le noble comte descendit au salon.
Cir.q minutes de causerie banale et flatteuse, à
l' adre.soSe de Mme Dutertre, précédèrent un déjeuner fin, auquel Gaston fit honneur, ayant fort mal
dîn6 la v eille.
Puis une lente promenade dans le parc suivit,
au cours de laquell e Mme Dutertre et Berthe exposèrent com plaisa mment à leur hOLe tauLe la valeur
d,e leur propriété.
En somme, cette première journée fut assez
agréable.
Gaston de Montclair sut se montrer galant et
empressé pour Berthe, sans cependant se départir
d'l1lle ~rtaine
réserve prudente.
Il étalt • .\bile, en effet, de se ménag-er une ligne
de retraite en cas d'échec, toujours possible.
L'orgueilleuse jeune fille, de son coté, parut fon
sensibJ - à la cour mondaine du genlilhomme.
Elle affecta de laisser croire à un chaste entra!nement progressif, un peu timide.
En réalité ene n'é tait pas plius sérieusemen.t
éprise que G.a.ston lui-même. Comme ~ui,
elle poUl'suivait un but marchait il. la conquête sav8.llte
d'un nom, odor'né d'une particule alléohante.
Elle voulu.it être comtesse, afin <Ùl pouvoir M
(JUsser dans un monde choisi, dont le1I portes s'ou'1Il'ent rarement aux roturières.
TlJ:le jouissait sœrèlement il. l'a'Vl8lDCe de la }ole
VllmileU5e qu'elle re8sentirait à éblouir ees anciennes compa-gnes de couvent de son IUre autlulnUque, de S6 noble et haute situation.
Et ce manège des deux égolsteB se trompant mu..
tuel1e1nent devint de jour en jour un peu plu.'!! compliqué, à mesure que les mensonges s'accumu-IftlenL
Quelqu'un troubla 18 fête 1
Ge lut Geneviè'ViC, arrivant un beau matin, escortant Mlle de LaC!on,t.. amen6e elle-mOrne par
Dntertre.
En reCONnaissant la jeune fllile, Gaston oe Mont.QWr demeura un instant interdit et surtout très
gêné.
Le souvenir de ses importunités galantes, el
énergiquement repoussées, troubla sa quiétude.
Sans snvolr exactement qudle situ.o.tion occupait maintenant la jeune fille auprès de M~e
de
iLanont, il remarqua pourtant qu'e~l
,ne p~J'alst
pas être une domestique, comme il lavall cru.
'IDIle était c rtalnement au-desaU6 de ceLte condition.
Dès lOfS, n'Ilvail-II pas à crolndre qu'eUe parlê.t
de lui, en 14ll'mes peu (latteurs T
Ceci lui eui. certainement nul darul l'esprit des
Dutertre, et pouvait même compromettre gravement ses projols matrimoniaux.
Il se tint, dura nt les aeux premiers jours qui
suivil'ent l'arrivée de Geneviève, sur une réserve
très prud ente.
Cependant l'~tiude
parfaitement in différ ente
de la belle jeune fl a ~e à son égard, le r w<;u ra pal'
degrés.
BUe semblnit bien ne l'avoir [oint reconnu.
D'autre part, il se sentit ressRisir, en détl!t. de
sa judicieuse circonspeclion, par le cha.J'm·> étran ge
et puissa nt qui se dégageait tout n atnrvJlcm ent
de la beauté, de la grâce de Geneviève.
A ce point que, pour ainsi dire inconsciemment, il négligea un peu la C'oquette Berthe dont
le front ailtier se plissa.
Geneviève s'aperçut vite dcs attenLions dont
elle était l'objet. Elle ne s'eil émut pas d'ailleurs.
Son a.ro.ent et profond amolli' 'pour ' Jacqu es Garnier la cuLrassait contre toule attaque.
Pourtant, en présence de cerlain es altitudes
agressives de Berthe Dlllertrc, P}l~
dut r6fléchi r
et même s'ouvrir, un soir, à me de L8~ru
nt,
des
enn uis qu'ell e comlll ençuit 1:1. retluulc!'
- Il fau lrait, dit-elŒ e qu'une peruu.hlû li u t ~ri s~J
détoul'nê,t de moi l'attention de i\l. d e ;-'!ont clulr.
« Je ne voudrais pas devenir la (,duse, bien inna-.
cente en vérité, oe connits familiaux dont vous
auriez p'eut-être à souffrir indirectement, mademoiselle.
- Pensée très loyale, ma chère enfanl, répartit
l'aveugle, mais nalve en l'espèce.
" D'a.iJIleurs, il notre époque, la fnmd:l\8e conflne
IIoUjours il la nalveté. D faut aujouro'a.ul 'aire 4e
la politique en tout et partout.
- Je ne saisis pfU3 trè8 bien.
- Parce que votre rune trèa droite Il'est pM
complexe il 8ouhait.
Il Ecoulez-moi bien :
j
Il Parler Il M. de Montclair de ses attitudes e~
~
V()U8, c'est d'abord lui Q.v()Uerquevou5 les avel
remarquées . Or, étant donnée la fatuité inhére~
au caractère de l'homme en général, en ,particulier
aux mtelligenoos moyennes, ce serait faire croire
bnmédialement il. cet inutile vaniteux que sa personne ne voua laitee pas inditlérente.
- Oh 1 si 1
- r Sans doute, vous protestez avec .sin~ért
El,
mol qui VOUB connais bien, je vous croLS.
"Mals d'aulre!! supposeront que, ll'edouLant votre
propre r~ibJes
féminine, vous voulez vous ~a.
ranlir vous-même, à l'avance, contre une défait.e
possible.
te En outre, agiter cette question délicate, c'est
lui donner plus d'ampleur, plus d'importun ce.
C'e!t attirer davantage l'attention sur vous; c'es.
l'OUS faire prêter, peul-être, un rOle de coquet:t.e
trbs savante, très rouée, poursuivant habilement
des vis~e
ambitieuses.
•
" C'est provqu~
enfin la j&l~ie
de mon orgueiiltleuse cousine Berthe, l'animosité de sa mère;
et 8(l.llL!I doute, par aclion réfiexe, le mécontenLement de Dulerlre lui-même.
" li faut craindre des represaille8 dans l'avenir.
- S\J.r qui pouITaient-eù.les s'exercer T
- Oh 1 non pœ sur nOl.L.')-rnèmes, mais indirectement p'Cut-étre Slli' celui qui l'OUI est cher, sur
M. Jacques Garnier, dont l'nvenif' dépend entièrement de Duterlre.
- Serait-cc possible, s'écria Geneviève, troublée
par cet expœé de conséquences.
- Tout est possible, ma chère enfant. Mon
�======================================= RiValité
~26
excellent oou8m Ont!'rtre esl un homme foncière-
ment bon, poUf VU d'Ime sail!( et solide rnü;on,
Mais il /l s(m po:nt IùiLle : c'est son amour lmmolléré pour
S'il
Il HIle.
po.., ton jours sa manière de
"Voir, i~ Cl c p!'c':! !l' cé( é dun,,> toutes les c(l'cons'
à sa pene volonté tenace.
tancE's g~"vcs,
1( DOIlC,
cc'nY"I:·llIV;. ne pru 1 ilS de rien. LlliG<Sez
faire, r. de .Ionlclail" fNmez les yeux, toot qu'U
ne d . pas!' ra pH:; Ir.' horne." d'uo flirt discreL
« r y Il Ill, au contmire, de quoi vous a.muser
inttCl ure'ment.
- Je ne le crois pas.
-- DusL! Si jc n'y vois pas, j'entends très finera nt. (lI', ju!"(pJ'ici, je o'ni pns jugé que ce va ni.. ,
tf'lJ. f!f'n f 'Ihol "ne "oit bIen dan~erux
Com umeur, rll!'sérén{'e par Cé réflexions juillci!'1 1'('5, r. nr\iève
'éloigna, délivrée de toutes
'rainles de complications.
Lr lendpmnin, à l'Ilenre Hu couri~,
un léger
incident
produisit, trouhlant de nouveau la
quiétnde rer'onqllise par l'orpheline.
E 'e venait d'unnonc r à \ll'e de Laftont l's.r~
d'une lellre /lU timbre étranger, attendant l'ordre
d décacheter celle missive et de la lire, lorsque,
li son profond &!onnemPlü, l'aveugle dit d'une VGÎl.
bÏ?:arrc, 'i")udu in chunt.!ée :
- Lui, ('7. cette lèlLr, Geneviève, et priez
M. D Iter!!' il venir me trouver le plus t6t possible,
j une lie, intriguée, obéit anssitôt, se dcmal fi IIIt am ment fi nrquoi l'aveugle, pour la
premil!re fois, ne lui c nnail r as la lecture de cette
missive.
Apl ès avoir inlr()d~
:·hdustri~1
dans la cham're '1(' • fil tiI' Lnrront, Ile Se r tira di crèlemenl,
non sun. con.l t r combien sa protectrice semblait og
1(
U'[I()PIOl"C
'''e.
Le
d6cacli lait
qu,
\ us
B
J'OOrit
ul ave1. qunlité
de
I.e
'olln i nne
pOllr
H/(,
1)'lIhon1, d'où vi<1l\: 1 Ile ,
Du .lapon.
-.J J'ovni d 'vin~
!
If 1.i PI:, fil 11\
mi, pu tmp haut, eunout.
L'mdll III l ," il, ~)lIis
r.OInrne.nça ~'Wl.
olt, un 1)('\1 élA:Iufféc ù dessein ;
CI
-
l'av('l1g1e, d'un accent fébrile
- F.h birn ! S'~rl";R
eOmprell>l-VOU , Dulerfre?
'
- Pa.s !ln ton t, ma (l-r~c
COll ine, Je ne cannai,)
a~n
Am(oricnin <l
nom d~
Teddy. uon plu
d aIlleurs qne r]ps JapoIlui5.
"I)US souve'l.'Z-Vùus de tllarguel'ile ,
- \'oLre srr>\Jr?
- Oui, ma pauvre sœur, morte si prématlriment.
- En efI~
je me rap'pclle de tristes cir-oonatancf'~
.. ,
- ni hi. n, la !l('rsonnc vi~re
dans cette lettre
est cell' qui flll l:l ca '( in 'l'. ete de celte mort.
- r.omnlt'nl. cr sem.it lui !, ..
L'ind lriel s'intrrrol'llpit neL, au moment où se.
lèvrr.s nJln'pnt mon Ineer UI nom, depuis lon.ltemps banni de Lont entr('tien ramilial.
préCipitamment l'av~
- ,Non, non, "'(CI;~
ne dlles pas cc nom-là, ir'i 1...
1( Ou moins pn:;; nncore,
fi Avant de pnrl~1'
fra.nchpmcnt de c pnA9é...
ut Ir pour le pl
avant. de le rrcnn 'I~(,
el ut! . pOUl' mn joie,
granfl profit d ef'l·t.In~,
s'il doit y avoir r~p
rulion, il e n .tdnl d'altcn4re,
& S'll83UI' 1'.. _'
- S'assurer de quoi Y npmnn(t r l,du tri 1 1 ~erdil
par CP. flol d paroi
énigrnaliqnes,
- De l'identité (le ln IlI'rSDn . Et, 1 œ.
~chpant,
de s
diepœitions.
" T ~ez,
Ou l.ertrp, mon ami, pout' I.e mD.IIl6iD4 ,.
ap]!rclldrt· '1t,'rllel
~eul
ont
pri~c?
Elle cst eXlllJcée d'avance_
- Tenrz--volls /l11 cour. nt Il('s rrtvées d·~u.
seN! en Fronc " v oanl du .Tapon.
CI !)(ocouvr ·z·moi r
John T",/ld
on a.dreeee'
EnslJit nou" f1vi ('l'ons !HH'1I hIc.
- C' t 'Il nclll, ma hOIlIl(' IImie
- El 111'10111 "Il lin 1I10t il. p r on~
de c
lc1tr C, ni d' n ,te
n n-Ii n.
" Po If 1'1 lU de sù r Lû, prenC1. ooll.c 1...""..........
ga.r(\ z·la pOl' (lev
VOWI.
- Volonlicrll.
Et l'Indu trif'l enfouit le po.p1cr d.llns la J)OdM
<1c son veston.
- MainteoMt, reprit l'aveugle, envoye ......
r.
Genr.vièv .
If ,\ h !
propos, quelq
IrIllcm (1/ l'/Ie,
Consul de France,
Signé : O'ALTOH.
-
a dt
la grAce de
~
On a décaut erl enfin la personne dont vou.s
VOl/lirz cortnailre /'r.l'Îslr.'lc(,.
Cette personrle habite YOlcohama, dCIWis quin:u
ans, SOll.R le nom uml'l"Îcain Ùl' John 1'1
Bile 11
a, prétend-on., alllu:sé V)lr im'/lcll.\e [,·/lne ré·
cam ment réali.sée en va/eu rs [rançai 'p.s el ru~se
el s'apr~l.e,
touiours suivant !'lmqu,Jle, ri qUiUe;
définitivement le Japon pO'ur rentrer e-n Fr(L/lCe,
Vous ne mo.nq1/.l'rf'z pa.T par les jnll/'nllU'c spécialLx, ,de connat/re son arrivée dans vOtrll paya.
Ve.u.i.lLes ug reer, etc...
'
vous s.àroo-se u
l'fUC Genvi~
it~.mol
d' Amour
mole encore'
- Dit s .
- QII 1\ DSt voIre opinion aincllr .ur
jeune hile'
Ii: (' l nte . .1 lrollv G
ntre n Il , pr 'Plque 1Ip~ricue
toutNl façons.
" Elit: e t joli , pour n paa dir plus, tr 8 Joy.,
très rlcvoI~.
Et mn fol, il faut l'"voller •
8u(fisllmrne.nt inslr uiLe ct mAIn distinguée.
�t:'qc
itJa/ité d'Amour
========================
« CeLte jeune fille, en dépit de son ongme obscure, porte tau tes les caractéristiques d'une aristocratie véritable.
Il Tenez, ma chère cousine, VOU3 parliez tout è.
l'heure de votre pauvre sœur Marguerite.
- Hél8l! 1
- Or, vous VOÙ8 ltOuvenez bien qu'elle était forl
jolie, n'est-ce pas'
- Oui, je m'en raJ:-pelle, car, dans ce temps-là.,
j'avais :e bonheur d'y voir comme tout le monde.
D'ailleurs, j'ai conservé d'elle une bonne photographie.
- Eh bien, c'est très bizarre, mais je trouve que
Geneviève rcssemble un peu li Marguerite .
- Vrai, \'ous croyez, s'écria l'aveugle, comme
en proie à une nouvelle exaltation inexplicable.
u Mors, ... alors 1...
Sllr ces df>rnières exctamation.s, M~le.
de Lairont
s'interrompit sllbitement, scellant ses lèvres d'un
puissant efror. de volonté.
- Eh bien? questionna M. Dulertre interloqué.
- Eh bien, rien... Gest éLr'ange, voilà tout;
comme, d'ailleurs, le. plupart df's COïncidences ...
Ceci dit d'un ton d'indifférence affectée, J'aveugle
reprit. très calme :
- Envoyez-filai donc ma lectrice mon cher ami 'i
Au '~it(o
l'induslrid rouvrit la porle de lo. chambre. Il ~orti,
appf'lant de su voix sonore:
- J\Jademoi lie Geneviève'
L'orplJdine accourut, et se '11it im~aten
nu .crvice de J'aveugle dont l'nc, Il l'il lui parut plus
affectueux encore q1le d coutume.
P~Iis
quelques jours ~
~ent
dans le traintrain
hnbltuel t1e~
choses.
'
Un mntin, les IlBmes Dulerlre décidèrent de !aire
u~
exclll'"ion dont le bill devait être ln visite d'tII.\e
ferme modèle appartenant il 1-.1. Dutertn-.
La fernm. (!l la fille de J'indu tricl tenaient beaucoup à cXlllber, aux yeux du comLe de MonLcluir,
cette propriété de vnleur.
Ln (.ermil,t.p, très honorée de ln venue do 800 propriétm~,
vOlllnt à touLe force leur offrir un déjeun~r,
ent.lèl'.l'ment COl1lposé de produits de la fel'me.
Et .,son III 'l:t~n(e
rul telle qu'il [nDul accepter.
. BlIc!le dl ·lmgllG., d'ailleurs, et seI"VU lt. ses hotes
lmportn~s
un 1 cnu rorl bien commna, largement
arros(: !Inn de ce,; !Jénprelllt vins blancs de la
;"larne qui nllum""t la gaieté dans les esprits lei
plus mOl'oscg.
Pel1 Il r 'U ln conver'" 1Iion Ikvlnt brllyHnt.e.
G lllI) de 1 nt,l
t nl'rllle fni:nicnl ass8ut
d'p lril pl dl' p~
'linj pic. lm" DIIIl'l'lre s' .·!münil
h \ll III Ili çl vaJlt l'à-propos dt' &U fille, ltOurlait au
cornl , '1 frouçnil pa.rfolg le!! SUUl'cils en reg,ll'danL
Genvi~(>.
Q-JJe·ci, cnuuyée de toutt>..8 cee inutilités aux prétentions profondes, t:lC relira blPntOl. Désireuse de
cnltrw, 1 Il s'éloigna j\l,;que vers un bouquet de boill,
tou1 flrnt 11(' dp. la ferme.
mIr ,(' l'entaIt ce jour-là, dnns un éLat d'esprit
ITl"lIl1iln'II1PIIl il'ilr. cnnJ/lIu sous l'improosion
d'unI' ml 1I"'~
VIli,,'UC.
1'0'11 d' honl, la c mpn '111' de ~lIe
de LafIont lui
tntlllqll/lit. L'tlvclIgle, lll!!"! fnligllée, n'avlIlt pUB
vo lu q.1l1t r la \'.1 l, l 'Il ('II Ini t nt c pendnnt
p01lI' '11
Il t1~
ur COI Ip IglI!' ne rnnnquil.l point
~elc
0 (Ilfii., Ill' llrOrnm1!lllc,
i '. J1i\{ III 1'/1.1 nt' (JI) la conversation spiJ1l ('Ile ct lUlljollr éle\' c de III vi~I\e
demoi 'elle '
d'Illlt"e part, nOn !Wulenue de son aulorit6, de ~
2ï
~
réelle influence, Geneviève s'ét.nit conrmée, deplül
le matin, dans une sorte de· réserve presaue silen-
cieuse.
Distante des autres personn(lges, de par sa condition, elle s'abstenail de vouloir combler cetle "tparation morale.
Malgré cette prudence, les c1ames Dutertre, prf'·
fitant méchamment de rabsen 'C de leur :-iche cousine, n'avaie.nt péllS man<]llé dç fllÎre !'en tir Il. la bC'l~
Jcune fll1e l'infériorité de ~a ·-,t!.!:l.lion.
ft.. diHér ntes reprLsrs elles aVUlent affecté de !:l
traiLer comme une véril Ible f!'mllle de chambre,
s'ingéniant à rhllDlilier en présence de Ga 'Ion I,e
.t\lontcJair.
Ces m~hancetés
ba~es'
et vulgaires n'nI t.'i.{!rnrenl rependant point leur hllt.
Ccneviève, . Pl'éOl'Cl1P;'C d'an1rrs con::idt'ralior.
plu,; intimes el plu; grave:, le' (l{,(frtÏ"TI'.
Les souvenirs de ~a prIme jeunes e vrU-IlUelJ
ravivés en son esprit mflinf{'IHlnl. plu!) "xercc. l.'u,
affiné, lui rappelaient des Iléto.ib négligég jusqu·a·
lors.
Elle groupait de mémoire certnins lamhe:lux Ob
phrase" échappées jadis à ln mère Du Gl)ur~.
Elle se souvenait vaguement Hu~-i
d'avoir découvert, un jour, dans le taulli:, de ri\fogn~se,
un paquet de lettres couvel'tes d'une écriture forte et
large. Elle se rappelaiL enrm un portrait, la photo·
graphie d'uu homme jeune, brun, barbu, de belle
phy:;ionomie.
- Ton imbécile de père l. .. lui auH crW un jour
la misér~ble
ferrune qui l'tI nit.
Oui, ton mufle de père, qui t'a lais. pour
compte, et qui ne m'envoie plue de pi.caillun8 1
Soi-disant, il fait réla.I~
ma.inLenanL MD. SrI
soucier de aa progéniture ; l'ingrat l...
Quelle rosse tout de m~lIu"
il D()US la!.aM Cr'e"Yer
de Mm !... et de soif 1...
. Puis la mégère fi nit j uL6, en i'.rlM 4e eoDCl.
sion:
- Aussi n'M pus p ur, va, pte te nnine ; tu le
l'ev rras jamais, ton p !.anlel 1
d'iu!'ltinot.,
Et, ce iour-là, Geneviève avait plft~
NDCOlllme pleurent les petits, sana analyser ~urs
Umen\s_
Aujourd'hui, ene M ra~I"U
tont ~1a.
Et, lI01n
l'empire d'une sorte de volonté automatiqne, inexplic:nhle, elle le rapprochlill de~
questlOlIs énigm&..
tIque>! poe6es par Mlle de Laffont, peu 8Jlrè. son
nll'é1' chez elle . .IWI! ee SOUVenait du nom é('hnppé
a;,. lèvres de la vieille dCHloellc lloublée : ClhLrles
Guillot 1. ••
Puig, elle ~sghynit
de s'upliqll r l'ill 1~rlj
nOllllain
cl tout p.Jl'tlculll), qll.e lUI 1•• 11101 mllii 1\lv 1 g.
de.
[lui::l cc juu r :surtout.
'
Ell€' pensait nlin A la ler~
arrivée, quelque.
l~urs.
plus lOt, d'un lointain pays. LeU..r qu'elle
n avult pus lu , par exlmorclin tire, et qui avait cü ..
paru, lt. la suite rl'un my~t.él'i
UI entretien entre
Mlle de LartlJnl el M. Dlltertre.
Tou!:! l'CS élémf>nt., l"cluhlnic!n! con. tituer U(, troublant myst rc, louch III dl' 1,II1lLIltn \\'.'11' menti.
E~én
mcnLs nuxqll'l:! ln 11 r OIlJlt! iglloré' d' 100
père sernblait se r L IUth"I' III rl'I t III "t,
Ah 1 si
t bOIn!
l' P l'iii
üt un j ur, hi He
pouvait got'l!.el' c lt' )0'( Il le 1'1 nnnltre, de l'aim&r,
de Iw p6roOIlTt 'l', r u t- 1l' ,Il
r III.'
commises
MV'N; l'elle qui 1'1IVIlit 111\ e ail IlIflnù., :...
f.onnntt.re 8Ol1 Père, époll'll'r Jnf'quCfl G't 'nier, (''e
~r
Jacque. A qat elle upparteltCli( tOllt!' d'e 'prit
�C?-è
28
Rif:JaW~
et de cœur, ce serait la réalisation de ses rêves secre ts les plus chers 1
toutes ce'! choses intimes, elle
En songeant
s'avançait lentement sous bois, heureuse de la sOlitude.
bloc de grès, où elle
Bientôt <!ile s'assit sur ~ln
d t'me ura , le menton appuyé dans ses deux mains,
ItlJ;:lo l'bée par se:> profondes réflexions.
Tou l à coup, elle eut l'intuition qu'un être était
près d'elle, sans q u'elle l'e Ol en len du venir.
Bile se leva bl'u sqllement.
n'vanl elle se tenni l Gas ton de Mon tclnir, en une
alt itude d'atlente r espectueuse.
EUe l'enveloppa d'un r egard scrutntew·.
- Pa r don de troubler votre rêvcr:e, commença
le com te d'u ne v oix n ûtée ; mais pui03que l'occasion
JO'es t off erte , pel'mctk z-moi de "OUS Idresser quellues m ols intére nn ls.
&tns répoudre, eile fit un mnuvemen t pour s'éloigner.
111111 pril la mai n, -"iv emen l :
- J e ous en prie, contmun- l-il s'en
h a r dü:~;1
n t à
m esu re, res~z.
1(
oyez ass urée d'abord l'flle rien de bl ~sn
nt
ne
s ortira de mes lèvres. Je vous sui.s lrop fière, à
juste titre d'ailleurs, d'une beauLé que j'admire s incère ment.
" Oui, Geneviève, vous êles belle à faire envie
au x plu s belles 1 Et c'est pour cela que je vous
IUme ; j'ose vous ~ dH-e en cet in tant propiC<}.
_ ~lonsieur,
vous m'insultez 1 s'écria la jeune
nUe frémissante, tout en se déga geant.
Puis réfléchissant aussitôt à l'infériorité de sa
cundition, aux conseils de f\1l1e de Laffont, et désireu e avant tout d'éviter un esclandre elle reprit
plu s calme :
- Je veux dire, M. de MonlcJair, que vous vous
mépren ez. Je suis une humble femme de chambre.
1 e dites pas cela. Vous êles une lectrice, c'est
lout différent.
- Ad mettons-le. Je suis en tout cas une pauvre
tille nns famille, sans forLune el sans ambition.
Vos h m mng s s'adresse raient mieux, je crois, A
Mlle Dul rL!'e qui les mérite, et les désire ...
- . on, nQn, Geneviève. Mais pardonnez.-moi de
m'N re décla ré si bnlLalem nt, r~pali
le comte. Et
tenez c penda nt poux tl'ès sincère ce que j'ai osé
vous dire.
fi D'aill eurs,
poursuivit Ga ston de Mon tolo.ir
COlll llle s'il e'exaltnit à l'évocation de certains souvenir, ne vous rappelez-volW pas mon humble per~one
?
" .\ vez-vous oublié l'accidt>nl, fort heuxeu:semen\
l5an s gravité, de la rue de Passy'
" . vous eouven z-vou pas, en outre, avec
'1l1clle Mdeur j'avale cherché à vous revoir ,
" /\. celle époque, il y a plus d'Un an déjà, j'avale
élé séduit, conquis du premier coup par votre
~ en uté,
pa r votre grll.ce exquise, par votre modestie
dlarmante.
Il Com bien dl' fois me sui s-Je rendu rue de III
P ompeo, avec l'el! 1 JI tenace de VOIl~
revoir, de p ou",ail' enfin vous fair C'omprendre et apprécier ln
pui snnce, la sincé l'it6 du senliment qu v ou s
m'a viez in pi ré.
fi ~1
dhcll r ell semenl pour mol, l'occasion propice
Il l'C pr éscn ta poi n l.
" Et les exi g ne 8 de ln vic, des circon s tnn c s
pl us (Ol' t s q lle IJIU volonté m'ohl igl! rrn t à m '610igner, l'mpnrlH lll (lU cœur la cr ucHr ),11 s Ill' cl vos
yeux udmiruules.
. -
d'Amour -.MJ
i\lonsieur,. interrompit fro idement Geneviève,
ril
évollile z en ce moment.
" Ju qu 'à ce jour, je ne vous connaissais pas.
" Vous devez certainement me confo ndre avec
une a utre. Ce qui peut et doit s'explique r, sans
d ou ~,
par le nombre et la vari élk de yùs bonne s
fortunes ou de vos tentnlives ga.lan tes
Ces mots ironiqu es, l'a ltitude hnutaine de Genede
viève fou ettèr ent J'orgueil du coml e de r.lontclair.
Il devint à la foi s plus audacieu x et plu.s te ndre,
- Je vous en conjure, s'écrin-t-il, n e raillez' pas !
Et s ur tout ne me pa r lez poin t des au tres fem mes
en ce moment. Ayez pitié pln tôt de m es tourments,
laisse z-moi e sp érer qu 'à force de cons tance,
d'amour, je toucherai voire cœur, vo tre esprit.
te Je vou s aime ardemmen l, je VOUR tlét;ir e 1
te Je s uis prêt à vous sacrifirr hien de!' a mb itions
pour devenir l'élu de votre Ame !
- C'es t de la folie ! s'écria (j encviève, à la fois
conf 'se c t indignée. Songez cl ,ne, monsienr, à ce
q ue je sni s, à ce q ue VO' 1. Cotes ! Ne troublez pas
m on exi stence pOlir un ('u pri !'e .
- Un caprÎ('e ? Ah! Geneviève, pouvez-vous
ain"i parler d'une pass ion réelle 7...
" Oui, je s ui fou, peut être, mal.6 fou d'amour
sinoè re, profond, abso-Ju!
te Je vous adore à en perdre la tête 1. ..
En ach evant, et ava nt que l'orph eline, s tupéfaite,
pûl s'opposer à son ges Le, Ga ston de Montc1air se
pencha rap idement s ur elle et mit un baise !' arden~
su ses beaux ch eveux sombres.
Gen evieve bondit en arrière, jetant un cri de r6volte, immédiute m en t souli gné par l'exclama tion de
colère d'une autre voix féminine.
Et, bru squement, Berthe Dulerlre surgit d'lm
fourré. Elle était essoufflée, haletante, comme si
elle venait de courir.
- Vraiment, lança-lrelle la voix Apre, cinglante,
voilà du joli, mademoiselle 1
te Enfin, vou s êtes découverte, surprise en flagrant délit amoureux, ... et d'ailleurs politique.
te Ah! je comprends, vou s nvi ez rêv6 d'un gen.
liIhomme 1. .. Vous êtes asse z jolie pour chercher un
amant titré 1 Vous voulez quiller le tablier pour leS
robes de soie !
cc 1 s complimente, VOU s Otes très (orle 1
_ Mad moi s elle, vou s otes inju s te et cruelle 1
Jeta Gaston de l\l onld air, cédant in cons ciemment il
une sorte d'élan génér eux invincibl e.
- Allons, allons, mon cher, pas d'inutile comédie
pour cette belle enfant 1 Encore moine pour mol Je
sais ce qu'U faut pen ser d :l hommes 1...
- Mals, c'est une plaisanterie, blllbulia Gaeton,
comprenant un peu lard combien U compromettait
ses in térêts.
- Oui, oui, vous êtes galant; c'est d~ru!
ro~,
Je vous pardonne en faveur du e xe.
1( Mais
IlSsez causé de cell.e escapade ridicule;
orfrC'z-moi votr bras et rentron s à la r l'me, mon,.
s ieur don .Juan!
Puis l' o l'J ~ lI ei l e l1 sc
fille, sc tournant ver s Genev iève, mlld l.c cl s tupéfaction, Innça. crlt dernibre
n.pos lr'oph :
- . Quan t à vous, m petile, j'ins tru irai volre trop
conllunlc protectrice de votre conduite.
El plI.4Qn nt I\llièrc, c! r vnnL l'Ol'jlh eline nllerrée d
ta nl rj' nucll\C' , t pl'OCon Mm cnt bIc !\.'i re , la coquette
n tl'nt nn l ' r.o mtc d :-'I ontcla il', 'ubjllgué pnr SC1I
aUuI'es hll\1tllines, t d 'uill urs r .p ntnnt déjà .
Je- ne me souvIens aucunement des faits que vous
�29
Ri f:Jrzlité d'Amour
~
MiaJchinalement, Geneviève les suivit à pas lents,
la tête baissée.
Comme ils aU aient sortir du bois, elle les entendit
rÎl'€ aux éclats.
Puis cette phrase mordante de Berthe lui parvint:
Mon cher J'rublot, ne faites plus les bonnes l...
toute Bon indignation, toute sa douleur éclatèrent.
Elle se sentit défaillir. Et, s'appuyant contre un
arbre, elle pleura longtemps, les épaules secouées
de sanglots convulsifs.
Alor~
VI
L'ETRANGER
1
La suocursale de la maisoo DuteJ'ltre occupait,
à Sant.iago du Chili, tout un immeuble important,
situé au numéro 5 de la (( oaJ.Je San Pablo u.
C'était là. que Jacques Garni·er, exilé volontairement, pour ainsi dire, par le souci de s()n amour
filial, résidait avec sa mère bien-aimée.
Un soir oe juin, le jeune directeur se préparait
è. sortir lorsque Mme Garnier l'inter'pella :
- Renlireras-tu bien tard, mon Jacques?
- Je ne sais, chère mère. L'entretien que je vaJa
8.VGir a.vec dO!1 Esteban CamilLo peut otre assez
long. Il exige certains développements indis,pensa-
hkls.
- Crois-tu· arriver enfin à une conclusion '1
- Je l'OOopère, et je le désire de tout mon cœur,
tu peux le croire.
Il Si nous parveJl10ns à nous enltendre définitivement, j'aura.:. cette satisfaction d'avoir évité à la
maioon Dul.erLre un procès coûteux, même si
nous devions le gagner.
(( Les procès ne profitent qu'aux avoués et aul.
,avooDls.
" Erl outre, cela pourrait avancer notre. rentrée en
1"l'an('(' cl pl us de troi f: mois.
c'c"r là une consid6ration très importante,
mon enfant.
(j Car, Jose le l'avouer, je regretle tons les jours
not.re ch!'r' pays. Maintenallt que ilia santé se trouve co mf.l
ète~n(!
t rél ab lie, je voudrllis J'evo.il' Paris,
reprcndrc 1I0 ~ chères habit ueles d'lllill'efOls,
- N'us-tu pas d'uutres moUfs pOlir (lésirer le
.telour'1 demanda Jacques COl'niet" insi dieux et
"Ouriont.
- Si, ~i , mon chil r Jacques. II y en 0. un aulre
qui me tient UII cœur, comme à toi -mOme.
- LClqucl?
.
... Ne jO!l1) pns Il. la naïveté. Tu m'os devinée
tou t de Hli iI.(',
-'Ccrtes, ma bonne maman. Et snns aucnID(\
peine en." 1 z.
Puis ln voi' sOll dniIJ I\01n d"inncxions chnleureuSNl, JO('<]11['8 C'lmie r C(H1till1lU :
- Oui, OllÎ, CVI11TIJC I.oi je vo 1I11""is la r voir:
elle, no lI' chol' cL belle Gellcviùve.
nnlcrtlmen L'1
- Tu l'nilll l'Il t.olljllUrtl au~si
- Plils quI' jr ne !-Ioul"ll is 11' ()Irr.
" Ti ens, qlland nous l'e<.: von.'! d'clJ une 1C'1.tJ·o
mê111() bun/Ile 1'11 nppo.rcncc, eb bif'lI, j ln J'clis
viTlI't fois "II cIJPhl!IIP.
?~
- Tu l'ap'p rellds par cœur ?
- Oui, par cœur, c'est le terme juste. Et ce que
mes yeux ne dJécouvrent p:J.s d'lins le texte, mon
cœur le sent, le ,devine, le lit entre les lignes.
u Elle m'aime, elle est toute à moi, j'en suis stlr.
Elle souffu'e aussi de notre longue absence; eUe
nous attend avec impatience.
- En effet, tout cela est exact, je le sens comme
toi-mClme.
u A.Llons, alllon.s, mon Jacques, espérons tous
deux le bonheur de la revoir bien16t.
u Ah 1 c()mme je serais heureuse si je pouvais vivre entre vous d.eux, réconfortée, soutenue par vos
jeunesses réunies, par vos âmes vaillantes et si
nobles.
\( Et peut-être... peut-être, acheva Mme Garnier
s'attendrissant, pounai-je ·g oûter cette joie suprême, si l()ngtemps rêvée en secret, de voir, d'aimer
et d'élever mes peli~-nfaLs
1...
- Maman, maman, tu es comme '4'11 montres
de Marseille, tu aV8JJCes ! ploaisanta ~ Jeune directeur, afin de dissimuler la pointe d'émotion qui lui
serrait un peu la gorge.
AlWns, alJoM, jela-t-il, se reeS8.Ùlissant vite;
avant de songer aux petits descend8JJts futurs, il
faut régler les difficultés qui retarderaient leur
naissance 1
Je pars chez don Estéban. Bonsoir, maman chérie 1
Puis Je.cquee Garnier emeura longuement de sa
moustache brune les deux joues si douces, et main.
tenant n:>6ées, de son exceMe.nte mère_
Un instant après, il cheminait d8JJS la cc calle
San Pablo 1l, déserte et s()ffibre à œtt.e heure un
peu tardive.
Il resumait en son esprit actif les arguments décisif", qu'il allait présenter ce soir-là à dbn Esiéban
Camillo, pour le décider à résoudre enfin, à J'o.miable, le litige qui les divisait, depuis longtemps
déjà.
Il marohait par les voies solitaires, d'un pas
pressé, régulier.
Enfin il arriva chez le banquier chilien, discuLa
lon guement avec lui, mais ne parvint cependant
pas à le oonvrunarc.
EL ce fut même sur des parol es aoerbes que les
deux hommoo se séparèrent; adversaires décidés
tous deux à soutenir, jusl]u'au bout, le procès qui
devait tranoher leur différend.
Jacques re-prit le chemin de sa demeure d'un pas
fébrjJe, nervOllx, cette fois.
n se sentai t agacé, mé<:ontent de tout.
Ce procès, maintenant inévitable, allait retarder
de plusieurs mois 80n retour en France; et, par
sui le, la réa.1isation de ses rêves de bonheur.
Un e année, longue, 8'éooulerait peut-être encore,
avn,nt qU'il revit Geneviève; La douce et belle Genoviève bien-aimée .
POIlI"lant il aspirait chaque jour plus ardemmcnt il œ lle réunion.
Il rvo'luait en so.: esprit <louloll1'c\lsemcnt affecté l'imflge Cho.rnHlllte de la )l'Ull(' Olll', SI' complfi~'1
il lw attribuor ellcore plus d. mérilcs physiqllcs.
Le temps écoulé n' avail-il p: " Il YI'lo[1pé la
beauté l"A.re de SeB tmit.:!, ut'cl'llfll" 1'(, ('1 CS ion
si (lélicieusemcllt hngoUf'CUHI' dl' SI'!! yeu.' supCI b~s.
El
ill ' ,
.'0
.1 1.
corTHl Ri
1 Ill' II.
sOllPlr,
l ,
''l'S r "'''1
,. .
�ao======================================
~
dIes prus développéell atlS$ dans une splendeur
plastique prévue, démréf' .. et si désirable!
A C~
évooalions amoureusement sensuellell,
aon sang généreux ccltll ait plus vile dans ses ve!nœ son cœur ballait è se rompre, M gonfl8Jt
d' 'pairs i.mpatients.
.
. .
Ah ! Geneviève, ma GenevIève, songerut-il dans
lOn exaltalion comme je t'aime, et comme je le
veux 1...
Et par les rues sill'nciel1SI'!l et mal' éclairées de
}Q gl'ande cilé chilienne. il allai! lentement, ressassant son amour, ses rêves, et aussi {a cruauté
de l'attente el des déceptions.
Brusquement le silence lourd de la nuit fut troublé.
Deux détonations sèches retentirent coup su
coup.
Jacques s'arrêta., surpris plutOl qu·apeuré.
E élult courageux et, d'lUI.bltude, plelO de
froid.
Mais au.~,
depuis un an, il avait appris à connaltre les mœurs sud-aml"ricaines.
Il savait que certain.s différends se vident part(}i.s le soir, dan..s les rues désertes, à. coups de
rev~l,
et qu'il est le plus souvent inuU.le et surtout dangereux d·intervenir.
II &lait donc continuer sa route, en reprenaDt
ses JllIéditaUon. amoureuses un instant interrompues.
Mais une troisième détonation l'ea détourna de
nouveau.
- On dirait que c'est tout près ,. dIIez moi ,
mwmura-t-ii, aoooain alUieux.
PuM, .H>éi!!lSant à une impnleien ~,
ft s·...
1IIDça a aftOot, courant vile vera la Il cal!e SaIl
Pa.Wo ••
.
Rn route ft fouilla l'une de ses ~
en sortit
pricipitamment 800 revolver chargé et le tint serré
dan8 8& main droi~,
prêt A tout événement
n tournait le coin de l'avenue Bel Respiro, qui
d~bouche
da.ns l ,~J1c
San-Ptlblo n, où il habitai\, lorsqu'il aperçut confusément un çoope de
Lrois bommee parai sont se boUre.
li aocéléra son allure, e ayant de 8e rendra
compte de l'événcml'nl insolite.
A ce momenl même, l'nn des lr915 nommeR aux
prises tombH, cn poussnrll un 11'1' ible ori de dOIJ
san,..
leur,
Lea <!p.ux autr~s
s prnr.hèr.("11! 1l11H!iil6t sur h:.i,
avc<: une SOr/l' d '/llild iLé fm'ouel1 '.
J \NIIl"s, nnsoi 'si', VI! hJll'e, Ù Il l'ombre, l'~dnir
m(-tal1iql1 d'un) 1/1 fIl 1 ri lin r,!lO '/ldl1l' uu oout
d'un bl'Il , pl'N li fl'll PI CT.
- Plus lin mouVf'nI cnl 1 dall a-l,il cl1JW' VI IX de
tonnerre, 011 je lirt' dans Ir In~
1
En ml!mo tl'Oip. II ur Hull n lrlJlllb 611r' le
gl lUPl', 1(> rI' ùh' '1' bmllut' . ur Il d \IX ind! Jt.lut
rlCIIH'fl rés ind('wn' .
Clx~i
se l'l'II vi'l'l'nl
bor
~I,
.i rn/lll
Il'1111
VlIl
1:ll
l'
'
t!'<\ n l, l,rr 1
OI!1
Il
1 PH
itJalité d'A mour
~
comme d s l'odeurs, des malfaiteurs professionnels ..
- Canailles! s'écria Jacques, jetez- ., ' vile vos
couteaux, ou je vous brille sans pi.tit!
En même tem}ls, dans 'Ie but d'imp !'lfiinnner
plus encore 100 deux bandits, il siWa ô'une manière p-olongée, aiguê.
Les mal...1.ndrins, croyant avoir affaire, san doute, à un pOlicier appc-Jant à son a.ioo, n'eurent pas
une seconde d·hésitation .
!lB ne jetèrent point leurs armes. mais ensemble
ils tournèrent les (,nIons, s·en1uireo.t de toute La
vitesse de leurs jambes.
Jacques Garnier, obéiss.ant à une sorte d'impllision in-ésist.ible I.e lança 8U1' leun t.raoes, le Te"V'Olver &l.1 poing,
Mais lee coquins avaient pris une certaine avance et, dans l'obscuriLé, il les distinguait mal.
Cependant U vit leurs silhouettes sinistres ~
Mr brusquement le coin d'une me.
Il a'eIT<lI"Ça d'accélérer son allure. loucha bientôt à lIOn toM l'encoignure" puis s'a.,·,.)'(.a surpris,
hésitant.
'
La. ruelle pa.rticulèem~n
étroite, où il venait
cie débou<*er, se trouvait p)on"ée dans une -ohscUI'Hé dense très redoutable P(}u.r un homme peu
lamiGe..ria6 ~ftC
Le èédale des pe~üs
VOiC6 qui
.·OUTrai~
de ù.aque côté.
D·a.imeW'S, 8.IOtn~
ombre Domaine ne semblait
.e mou?0Ïr cIo.ne cette l'neYe.
Le r.egard 8.Ïgnisé, Jacques essayait d'en expIal'8I' tfros lell r~in.s,
lorsque les deux silh{)uet!p
b. CO 'IT',
pttlrl'SUmes a.pparurent de nouveau, ~out
00tlIlfT)6 IIi eilee surgis8aient des murallJes mêm es
En deux bonds elles traversèrent la voie, puj~
cUspe.rurent une foh! de plns, sous une voü!{' bas .
Jaoquee Garn.ier, surexcité par la conr e~
par
le désir de savoir', et pal' ut~C
sorte 1 t.lépll s'élança v.ers le point où les mls6rabll'
nalenl de
Il'angou rfrer.
Il ~
jctn.. sans réflexiQn, soue la voOte, puis
s·arrt!hn. lme' s('ofl~.
pOil r e1!f1oyer de se rendre
compte de la dis.posllion des lieux, tout en reprenanL haloin .
Au Ul~Ie
inl:i!anL, Uft bl'~t
éll'ang le fil se retourner.
Une slupNadion profonde 110'111 ('n'lin\..
Le purclI - p u Inrge, qui Il'ouvr.l1il .011
te, venait d'NI' ) l' -f rmé par HH' porI<' ma:
vi Il 'mrncnt pou t'-j'.
Jucqucs é nil lu'j dnns un piège 1
Il 1 comprit 1I11 si lM.
Avec l' spriL dl' Il "(~lio
(J1H le ('l1r:lcl n El t
dans los ciron~l
R difficiles, il J'C "u'
mrnt contre I~' \'nnlJJil cl s'y rU]OHwl. fi
d6f('ndre contI" le dllngPl' PU'!!. l'lit..
Il tenait 60n 1 -volv/'r d la main cIroit • hrnl)ué
1\ avant, et les yeu . rlilat{>s
'Ill l'olJ.'c'tlllLé Uell C,
iJ attendait inslill.di menl une lmlll'CRB /ILIA·
ri
Il'lllln', il 6<:r\IIh
11 l' nv
li 1
l, 'III' lou l ' 1.10
Il n il 1 l
'l
III
ble.
im( , s, lIrs
,
�Rit/alité d'Atnour
~
= ====================
veau; fugaces, pen vrécises, ma.i6 troubLan.tes au
sUJ~me
clegre.
31
~
lu,i apportèrent l'espoir que ses appel.'l étaient entendus.
Il les renouv ela.,
Tout à coup, une porte basse, perrf:e dans le
mur de gauc he, s' en lr'ollv rit.
Un ra yon de c.urte rùugetlll'e é( luira la voüte,
l'ébJouit du rant une seconde.
Il r eganJa, braqua nt de nuuveau son revolver en
avant, par un geste machinaL
Une VOlX jeune, !ralche, une voix de femme ~
ras::;ura en partie.
- Par La Madona, seflor, qu'arnve-t-il?
El, deV1él.nt son, regard dilaté par la surprue, apparut W1~
ravissante }etme ruae, à moitié vét.ue dl!
M vit se. mère, l'attendant inquiète, le recevant
grièvement blessé pent~r
,
,
Le souveni:- d,c Geneviève aussi s'impoea brusquement à SOIl esprit.
Cette Geneviève adorée qui l'attendait là-bas,
dans cette France lointaine, dans ce grand Paris,
où .elle demeurai t, gardienne fidèle, et pour l'insIjl.nt l>ésirtnée de lIeure chers et doux senmenLs
d'l!IIYl our, '"
,
Et, par une saute brusque, sa pensée revint a11
malheureux passant attaqué. presque sous, ses
yeux, à cct homme qu'il aVaIt abandonné, glsant
eœtume nalional.
sur le pa vé de la calle Bel Respiro, ~
se r~
EUe porta~
à la mam une lampe.
dre com pte de l'wnsportance de cet acte lrréfléobi.
Mademoi.seUa, supplia J8C(jUes, ouvrez.moi
I!l n'eut pas le tem ps de so nger ooV>antage.
cette porte, si oela vous est 'jX>ssible 7
Une sil lliluette sin is tre se dressa tout à coup
cc J-c me suis, égaré daill! cette impesse où l'on m'a
deva.nt lui, menaçante et comme grandie par l'oroenfermé.
bre.
- Qui donc, senor, vous a joué ce vDain tour f
Un bras se lev El. , l'éclair m étallique d'une lame
- Deux hommes que je poursuivais, deux mi, nue raya l'(lbscu ri té,
sérables
qui vcnaient d'attaquer un passant dan~
Jacqu es 1it l.l.fl boad de côté, évita Le coup qui
la
calle
Dol
Respiro .
lui était destiné.
- Les Ribeira! la.i&sa échapper la jeune fik
Au m~e
instant sne sorte de choc inexplica- d'une voix contenuc, comme ai elle redoutait d'êtn ..
ble l'atleignit en baut de l'épaule gauche.
e llLendue de l'intélieur.
,
Evidenunent Wl deuxième agresseur l'attaquait
- Vous connaissez ces lilommes ? demanda J cde ce côté.
ques, curieux et redevenant inquiet.
Sans hésit,er, il lira devant lui, deux foilS.
- Ne parlez poe d'eux, eetlor, eIII& vauàl'a
Un cri répondit à la àétonation, la silhouett,e mieux.
pJ.acée devant l-w. disparut soudain, s'évanOUIt
« Partez, partez de mte, je -w.is voue ouvrir.
dans l'Obscllvité.
En oohevaIllt, l'étr8ollge .tl1le réintégra très 'l'iœ
Le bruit d'upe porte ra.pide menL ouverte eL rei.e logis auquel Jacques n'avalt prêté aucune attenfermée tro ubla If' &Ï.renoo.
lion.
de ses mys térieux agresEt.n.il-il seul, d~i'Vré
L'obscurité s'établit de nouveau, redoutab~
seurs 7...
•
Mai.<; un déclic significat.ll fit se reLourMr SOGCGpe.ndant, par IDOOure de précaution, il dér;fuar- dain Jacques Garnier,
gea ll'ois fois enCOl'e $on l'evolver, chaque fois
U.n rai de c1air-obsC'UT awarut.
dJane une direction différente.
La porte massive qui lermait la votlle venait cie
Rien d'anormal ne se produisit au bruit de cee ioumer sur ses gonde,
détonations successives.
laoquee tire. le vantail k hll; puis, l5aD8 .reprJacques Garnier devina que Les mo.lB.ndrins a'éder en l'lITière, il s'élança dehol"8.
tarent enfuis par une issue dont il ne pouvait soup.
En Uae seconde de rllflexion il l'J'orienta. E\ ,....
çonner l'emplaeement.
n.a.n.i 8& couree, il déboucha bienl6! dane la caJIe
interloq\lé, stupéfait pour mieux dÏ're, de 58
Bel Respiro, se dirlgeant en hâte vers l'eodroii 00
trouve!' quitte à &1 bon oompte, il se relowna 0011il avaoR la.1sa6 le my&térieu"l ble38é.
tre le van toi1 auquel il s'était adossé.
(Jo l$aV~
éionnemenlli8 e&isit, une dâceptiOll I.e
n portait sur lui des aJ.1umett.es-bougies. n en cloua sur place, perplexe.
trottv. unl', ess aya de se rendre compl.e du systèLe blessé avait disparu.
me de fCI·melnre de cette porte massive,
Des réflexions bi7.arrCJe assaWireni en \me minut.e l'ec:;prit surexcité da Jacques.
Elle ne comj1QrtaLt pas de serrure a.ppa.rente.
Cert a inement elle d vaU s'ouvriT de l'int.érieur
Ce blessé n'était-ll p48 comme les autres, un
du bO.timent, telles les porl~
des immeuble.a de
m.alandrm indigne ùe son intérêt, un misérable
Pa.ris.
tmppé par dei compli0t!3, tout au moins par &eS
Une a.nxi~t
~
le SAisiL
sOllllibiabletJ, au cour. d"tme di.&cua&ion. et d&ns
CommE!'nt lIOr~
cie Ilm-pMac dangereuse
Ull.6 ~
de duel .,
dans }n.quelle ~ s'était Jetlé si imprudemll1ent'
Résolu à ne plus l'occuper de oeil 6v~
De nouveau, il nt de la lumière, e:uun.in.a.nt rapi- exvaordinaires, Jacque. reprit en bALe le chemin
dOOlent loe8 entours.
d.e 100 lDgi.8.
Au rond, la voQ\,e .semblait h~rmétlquen.
cl~
n venait de tourner le ooin de la calle SfUl Pabùl,
se par un mur BIllIS l.. 'I s ue.
.lol'llqu'il npcrçul, appuyé contre \lB mur, le Dleesé
De ch~lqe
oot.é, a'érigea.icml 008 bâtiments dont YlÙ!emn~
ch reM.
les r iNfi' noil'des el vj.,;{lu(Is>~
attes taienl l'an.Il s'approcha d e lui, DOD MDI prendre de cercie/meté, le MJa bremenl et !:! l]u ient III rni.<;ùI'6.
taines précautions.
,Il fa11ail œ pendnnt., qu'i~
ILgtl snn rcI.ard, qu'U
Md il se l'al: nl'a de lJuite..
• & lHlppfLl d,c cdle Blllguhèl'e pl ison.
Le personnage lui di&a.it, 1& YOix encore
\)e IAl lItt Ill. forr de s es P()\lTllOn s, il /Lppela :
te d'émotion:
- Ail seC()urs, au eoours, à moi ,
- Monsieur, qui que V1:lua BOyel, merci de tou.t
D
bru it...'1 vagues il l'iu Lél'ieur des bâtiments
mon oœur 1 VOUB m'aveJI sauvé ln vie 1
�RitJalité d'Amour
En aChe vant, il ol'frit sa majn gauch e large oute
a u je une direc teur.
- Le hasard m 'a bien con duit, fort heureusem en t, répartit J acques. Il faut le remercier a ussi.
N'esi-il pas le maUre ir...connu ùe tant d'év énements ?
« Mais, 00 tinua-frit" e n voyant l'étranger pâlir,
\'OUs 6Les bh;.;:;é ?
- O ui, b ien q ue légèremen t, je le crois. Un coup
de coutt:au dans le bras d roit. C'es t ce qui m'a fait
1Ach el' mon revolv er. SûllS ccla, j'nurais tu é ces
band i ts !.. .
« L'un dl' ces cvquin . s 'rm l'!'; t emp:iré. d'a illeurs 1
De gOl'te que sans votre g"nél'CL1SC intervention,
j'au rajs été nou seulem en L (J~vé1.l
isé
, nIais peut-être
assa.ssiné 1...
L 'étranger s ' ill l.el'rompiL so udai n, comme en
proie à une nouv l' Ll{; dji clÎ l:a nc .
- Voulez-vous en!!'r' ('ht' z moi? lu,i proposa
1acques Gar ni e ' ('omp.11;!"Sélll t, e n le s ou Lenan t p a r
les ép<JuLs
« l\ ')l1~
:;(. .. . LlI.!S à qu..!l qu.l>s pus de ma demcure,
Si vo us Je pCI'll1ellez, je ; '(.1UlToi vou s pauser sommaireme nt ; cela me p,U'U it uss ez urge nt.
- .l 'oocepte volonliers, car je perds un peu de
sang 1
S ur cet. acquiescement, les deux Ilo.mm es pénéu-ère nt da ns l'immeu ble d e la caD e Sn.n P ~ bJo,
F.a.-:.sons dou cement, l'CCOl1lrJl;lI1d ü .iat.:4.ucs,
ma mère es l couchée. 01', je ne vou ùra is pns l'effrayer inutilement m ain te nant.
P uis il fit entrer le blessé dans sa ch:JJl1bl·f!.
Ensuite, très adl'<litement, il nidr\ l'?. l<.n
~c.r
à
se dé vêli.r en parli e. Et, prena nt. l1I'C'r: ! ' :'lg~S
fi ns da ns une arDloire, u n peu d'n,n, (:'11 1, l: uis
une fiole conlena nl du perchlorure de fc l', il arrê~r
ta
r hém
olT
a ' ~ie.
- Peu l-être, d i~-:
)/Jrsq u'iJ eut tm'miné, ne vou lez-vous pas retov :,ner ch ez vous à celle he ure
a vancée ?
" Ce s erail dangereux sans do ute.
Le m oyen de faire autrement, repartit le
blessé visiblemenl sou cieux et embarr assé.
- Hab ilez-vous loin d'i ci?
n pe u. Je s ui s (j p.'l ccncJu RU G m nd-IIOlel
Am er icoin pince, t-.1 nrrpH':<: de Com pos tC'Jlc .
- En clfl' l, c'('s l n.s {'z Ir:: l'Olll' N l'e inq uiltant.
« Eh b ien, i' oul
c;~'mlS VOl' \ ulIll)l 1er de pli -SeI'
une m uuvaise n uil da ns un fUlILcui J ?
- Si j e lIC cr uignaÎ!; d 'I.bu:: l' d e volre gén ' 1'0sHé, j'acccp1 1'I'(.lÎ.8 , l je vous en l:7Crais )' oounru sant.
- C' s t donc entelldu, 1'6PUI' il JfJ qllf'S, L<.: salon sel'U votre chnm hl'!' IL ('()ll c lH' l'. .Tc vai s V0US
y concllli l'c imrnédintclTll'nL.
« P Oli l'l fJ 1I 1, SI' 1'( Il i il nvC'e v i va (' iI~,
vouJc;~
- vous
me pl'l'rrH'l'\'1' olV{('\-IG cela un e qu c!" lion ; pcul-~Lre
indiscl'è:'" "!
- }l',d l ' , j,. vu u::; eu pd ?
- VOII/:. 1'''1 ' f, ln lUlI g l1C rl u.nl'lIi.e, eOlllme si
011 , (; Lié?, dE' l" pa . . '1.. .
,J' n i l() n ~ l IlS
huu llé ln 1 ~!'Iln
N ' , j ll(hs, III J'~
Lrnll gcl' !1I1 J' un ton d'tll ll('I'LIlII II' SOli( ni l1l'. "pC' nCllClyl'n 1lIll("! iCllin, f i n ive dll ,Jn poll,
<tant je 81i~
oil Je ,,(, idlwl dl (Illis rO l'l 1 III rI mp!',. h '{oke,h d lll,t,
(( Et VIHI -l11t'<m r. , VOI I:' ,l'! 1· r'l1fl(;nl" H' Lll!; uu ' lIIl
dont i j . II
le ~{' -illcr. Ù vol " ace 'lit.
_ Cr /'!.('s, c-t j 'cil ()J 'gu rl de II I CIl vcwWr , ré,
T
,1
•
1 ••
• l'III
.J l
'
[ru )1> i-
~
00 est douée de nobl es e t brill antes qua.lités dont
elle a le droit d'otr e fière .
- C' e.st m on a vis. Je me nom me don c J acques
Garnier, r e pr ése n
, La n ~ de la grande ma~son
D\lter tre, de Pa ris , le constructeur-mooruùcien b ien
connu.
- Dute rt.re! s' écria l'étran ge r, Du !.enJ'e ? répéta-t-il plus bas, paraissa nt vivement intrigué.
li r eprit, a.p r ès u n instant de silen ce pensif :
- Ce m on sieur Dnter tr e n'est-il pas apparenté
à une famille de Laffon t ?
- E n effet, dit J acques s tu péfa it à son tour.
Conn.alLl'ie z-vous par h asal'd cette fam i.JJe ?
- Je l'a i connue autrefo is. MaLs J,aissez"moi me
p ré.sen ter : Je m e nomme J Ü'hn Te.d d.v, ac\.uellemernt l'cnlier.
Je rentre jus-tcment en F ra.n.ce püm' m'y fix er
peu l-êt,re défi lülivement., ca r j'y a,i conservé des inté r é<Ls lrès ch ers. Ils m'y r eliien(}ro n t troo prob abl emen t, j'os e le désirer.
L' Am61icain dit cel a d'un a ccent soudain voilé de
triJSlesse et (l e r e~ p ' et!3,
en dépit de l'CSlI)ok ('x pr:iJné.
- Cü :nme le hu.sard es t é trnnge et pui:: san t !
pO ll rsujv;ft- iL J 'u i dû. v en,ÎIf au Cl lili p ou r l'Lg'cr éo:: l'tru ne6 <!ffui·:·Ls d' (lJ';,
~ cOll.siJ érllbles . 01·, il se
trouve q ne l' B.lI-:1L[Ue ct d r u.': cll lJ :lil !c.s me procure
l' ava n t.aoge de raire voire conn.ai,ssance, e n vou ::; (Jevant la v ie 1.. .
j ustcmen t, vou s conn.;:J.j ss cz ceux que moi1( Et,
m~e
je désire si viv emen,t r e lr ouver.
- Olli, c'est étrange.
- Malllcurc llscnlcnL, DOUJS ne nous reven ons
pas , ca r j e compte repartir p<.> Ul' l'Et1fopc d'i ci deux
.ou t.rois jouro, au polU5 .
,
- Eh bien , mon:;ieur Tf'd dy, IlOUS nous J'everr ons peu l-(-tl'e, tout de m Ô)l1e.
- Comme nt, où cela 'f
- En l' rance. Car j'es père bien y l'eh '!'Il"l'. m ni
au.ssi, dn.ns quelques molli, el y resLe r (]'f1ni ti\'em en l comme vous.
- Je vous y .retr cmverai don c ave c 11n; -:r et
r econnaissance, cr oyez-le, mon cher Il. UI , ,iL'lIl'
Garnier.
- J 'e n s u.i.s convain<: u, et je part a gerui le p)(lisir.
- Me reL.. Encore un e qucsLÎon, la de'l'ldé 1" Ri
vous le vou lez b ien, car je m e sens u n ]11' 11 J'1J,irr' lfl .
D'aulre paJ't, j'abuse do , voIre ex ll'tlfl1C O])'Jgl'·lIJCP. .
- gl1 bien, mais je vaj s vous conduin de ".u ilc
d' ons ln pièce où vous trouverez comme je vou J'ai
pr0l1ri.8, un confor table fanLpllil.
El .I n ques sc leva, 1 prem ier.
- Al Lc nilcz, fit vivement l'Amérioain. VoulezVOliS lne promelLl'e de m 'uc mps,gner à m on hOlel,
d ma in loolin ?
- Très volon Liers ; dans q uel bu t ?
- .l e désirera is euu J' avec vous aseez longueml'll L de la fnmille Du leMre. ,Je VOIlS demo.nderai
ce r llli ll.' d,' toi! • 0'1 nÙlut.orÎ-'W1 n l pour celn de J'ruSOIJS pCI' n plolt'oS que j e vous !cru.i conncl1Lre conIi dcli
f'I~lm
Ill.
- TOll t, iL votre rti l\posi \.Îfm, ch e r Inon Hienr.
1);l'n : merci (]'II \'n nI:C, ril' t01ll CO'UI', ~l u jn l ennnt, 'I! \I Îl1pz m '.lcJ !turr II' sa loll 7
,Jal'ljllC!i t;nnd l llsiL 1111, "II,'" .I l1 hll Te ndy dane
ln piè (' d6sign('e, où il l' inRl'11I n de !io n m i tmx,
~
n, 1. oÏl', il llc; 'lni li , fi l 1',\I III'rif' li n l'Il pmssant
v;~
n l/'(
rUif'I Jl Cn! l n main du Jeu n e rIil'cr./cIJI'.
I.A' IClldcmni n, v l' lIf'llf h Il' ",1 \ 1 \ S Go..r.
.. , Il 1 1\ pH 1 I.V', .1 1:1 1 TCIltl y,
�~
é-
e
er
le
~ .
!
e
e
Riüali1é d'Amour
======================
Tous dillU se rendaient a.u Grand Hôtel de SaintJaoques cle Compostelle. PréaJb
~cmnt
, le rcprél'AméaeDtant de la Illa.i.son Dulerlre a.vait pr.é~
ricain ft. S8 mère.
Les deux hommes pa.r.sèrent d'abord chez un m6400in e9pGgnol connu de JacqUe5.
Le praticie5 examina ta blessure de John Tedt!y,
et la pa.nsa. "lOigneu.!ement, afnrm8J1t qu'elle ne
présentait a'trcun cara.cLàre de gravit.é.
Ensuite, les deux compagnons g~t
l'Mtel,
Où ils s'enfermèrent durant plue d'une heUN.
Lorsque Jacques Garn.ier qui'la. enfin l'AméIicain., aprèa un très long entretien confidentiel, il
paraiS6llil 1 la fois stupéEaü et ravi de ee qu'U va-n.a.it d'apprendre.
- Quelle joie pou.r de, et pollF DOOII auMi, IDIU'murait-hl, si. tout eela e&t vrai.
Les oonJecturea de Teddy &t !.es m~nM
ne sont
pas ef,rO'1Jes. J'cn suis COOMl.incu ... Trop de détails
80nt concordanlJ9 ...
Ah ! oui, quelle jo!.e.. . quel bonheur 1 Et quel
~enir
superbe l...
Et, oomme gri3é par de secrètes pellAIéas, le
jeune directeur marchait allégrement un M. d&meure, le regard rayonna DIt de jenll.es.se et d'espotr.
Trois )oW's après l'agr~on
qui aftit faiIH lui
eol1ter }a vie, John Teddy partait pool' Rio-de-Jaoeil",
Ce rRême Jour, Jac~l
GlLrnÏer ~t
l un
senlimen,t !aWl de curiosité et d'une sorte de reeonooissanco Lou.! Il la fols, proj€laH de se rendre dan41
l'étrange Qcmcure où, entfcrmé et D!'!6ailli dans
l'omhre . par l~s
mystérieux agresseuns de John
Teddy, 11 avrut dO son sa..lut à l'awarlUon d'une
jeune t\lle.
-.
~!in
de retrouver la vo~te
qui donnait accès au
I~S
de celte be.llle Chilienne, il commença par re10:1.1'e lrès exitctement le chemin suivi à la poursuite
des ban.di!.s.
Il. décollvrit S8M [lQ'fne l'étroite MIelle dana la.quelle, 6i imprudl'mmon t, il s'él.ait engo.gé.
MaLa ici l~
diff1çuJt.és l:ommeMèrent.
· A droite, comme n g~urhe.
de celle ruelle, ~_
SIClil'S pnr hGS V(lût/·- s ouvraient, ft. peu près tous
sem bln blf> 1 s uns aux au tres.
011 ,~i
semhlaient <later d'une époque en,.
· T()tJ~
Clcnne rlo'·}il. ct les ht\limenla auxq11els ils dllnnllipnt
a.er;,',· l'cv(ot;dc lü les mêmes caractl>res mis('rnblcs
ct pll li \'lI~
sorrlirle.
Cel·tc
~, ClllX rJiIi habil.llicn.l ccs logis, prr.5lJue
to~1.l
en lpt
d('J>OIIr.,J. d'air el de InIni rc, nc deCt 1c lit One lieur ct Snntillgo.
valPI pn~
~prcl
rlf' , ru licllx lris,tf's, sr)!llbrc!'l, my~t
é
· L'u
TlCU: ('1 prr;rple Ille nnçflnls fil h{,..:;itcr lin ill "lll nl
le jCIl!IC III "'II1('Ur, en d{, il de son coumgc habi1,1Jnl.
Il l,Unit It' II/pmfln , t>xomin,1nt. 11'.'1 11 nI'. nprb!'l IN!
ulltrcr. I~ ' \"(~IH
' '11' ..• Jl"r'hl'S riait III 1) c c
}t{'llro dlill 1il) 11 ,\(. '.
l LI! ·rl"1:111 n
33.
J.acques demeura une seconde stupéfait et c"haIIt.
mé tou t il la fo;s.
Il avait devanl lui une créature de la plus gntIIt
de, de la. plus originale beauté.
Assez grande, svelte et de formes cependant &1;
cemplies déjà, elle portait avec une gl'Ace inOOlJllo
pa.rahle le coslume nationad chilien.
Jupe courte laissant voir ses chevillea fines et
n~e
d'une jambe parfaite, chemisette d'étotfI:
Légàrement éclJ.anoorée au col découvrant une pœ.
trine d'un admira.ble modelé, surmon·lëe d'un CC
plein, d'un g.aJ.be délicieux. Les bJ18;S ronds é:!.a,id
aux trois quarts DUoS.
Une lon.gu8 chevelure brune retombait en ~
cades soyeuses sur ses épaules, auréolant un ft.
sag~
d'un ovale partait.
Ses grauœ yeux noirs, veloutés et ombragés <Il
longs cill3 eXP'I"imaient to\lt iL la lois l'ardeur et
langueur paseionneHes.
Son nez droi-t, aux narines frémis.~ne,
SUi!'
montait une bOl1rhe d'un admirable dessin. Let
lèvres un peu sensuelles, ct du plus clAir incrl~
semblaient une fleur de pourpre, une fleur viv-anJt
que l'on aurait voulu respirer at bai~r
en. mérm
temp3.
La pe~u
mate, légèrement ambrée, donnait
attrait ~ plue iL cette beauté provocante, capablf
d'inspirer tes pires folies passionnelles.
Beauté da~er\Lg
pour qui eût aimé cette admtra..b«l créature.
Cetle-ci ne fut pas 5aOO remarqllf'r l'expr
c5.~j
admIrative dont le regard de Jnc(!IH.>S Gnrnj(o.r l'en.veloppait. Un sourire énigma lifj Il C, vite r-éprimi.
cha rn Il' ".
ponftlU1t, s'eBqllL<;sa snr ses lèvr(~
Et d'une voü: exquisement timbrée, elle dem.aa.
da, l'air très simple :
- Que désirez-vous, ser10r '1
- Vooo ne me reconnais.sez pas, mademoiscl1e ~
~t
l'ingéni6ur souriant.
- Voua ai-je j.amais vu ?
- Oui, mlldemoiselle, et tont rée mmenL.
- Où donc ? Je ne sors jamais.
- Id IMme, \1 y a trois jou.rs, ou plutôt troil
nuite.
- Ah 1 c'était voue, s'écria la belle Chilienne;
jouant à merveille l'étonnement.
- Sans doute.
- Eh bien, seoor, si VOI.1iS avez quelque ch
à me dire, vous pouvoz cntrer.
En I1chcvant, la belle cr'<-:nlme s' ffnça, la ~ ..
pt~nMre
son visiteur daml lin logis lrè;; sommajr
1111' 1\1 mpublé. mais d'UII
pl·op.l'I'té !'rOlurlfllllD
Elle orfrit une chai<:c de paillc bfu';olée de cœlellr" div rses el S'M il el-m~1.
Av, nt ri l'imiler, .Jacquf'..g pnrllt h<"siler un i
~nt
cncore 1\ lui po; a npl.tpment cplle quI'. tiOlL _
'.y a-t-il rien à craindre .,
- Polir vous " fit la jeu.ne fille parai sant ~I
prisl' (le pet.te dCl1 lll lllfo.
• ' O!l j>n. : '1I1f'I1IP.llt pour 111111, Illflis polir von
nl~Ir.
IlHl(I'OlOLSl'llc
'f
- Hell", lirez· Olk>, seflor, je \lI . PIlII' cn C,) lU
IH cn !.
- ,·,'Hle ?
- )'Ii, 1\I S Olldt's sonL pnl·I:.
11 y rt'. tr.rl>n.l r1II1X joJllrs /Ill III" II..
,\Il ! I.C .'i<JlJI nl/j U/lc/r'
! Ij t II/lml .hel!,1
• Il ('\ oq .1111 UII lrun Il'
\1
qll'II aVIliL ~o
-lW"
d,·II.
1
1
n1\·,ll.rr f. !l'AMoun.
3
�• Mais qu'avez-V<>1l8 il me d.iTe, setlor'
- Eh bien, mademoiselle, je venais tout liœpt.
aent rempJ.Jr un devoir de gra.titude, vou. remude lIl'avoii- 88AJvé la vie, l'autre eoir.
- ()ta 1 la vie, c'est bea1JC01lp Qire.
DI nouveau, un sourire éni.gm&tique ~N.
les Wm-ea pourpre-.
- &DAn, re()l'1t~U,
j'ai cm deYOiir preDdnI lUI'
1.tIOi 4e 9OQ8 délivrer, ou met occlM 6taieot e:u.e~
..
vou. ewJIBent-ib fort lJ)almd lUI'
Peot~r
l'IIIure.
- Je l'a.i craint un iMtant, Men que
r6so}a
défendre j~u'à
la. derniar8 8Xtrémit.6.
- Vous êtes bra ,~.
- Comme un homme doit l'êt.Te.
SllpposoeZ-vou.s, setlOl', qne oe.ux
- Peut~!r
fOOS pa.rl 'Z SOli t des bandits '1
l
dow~
- CelLe uppo.sition ne scrait-e!l'" pas pe:nIs~
IIrJ6deInoi&'lUe, en présence des fait' atranges dont
,
fus le \.dJnuin.' el presque la v1o!.iJne.
- c.e.rt.ea, cepenodont c·est une erreur d·a.pprecla'lion.
- Mais vOs oncles n'ont-ils pu aUaqu6 e&
un pA.~1lIt
d.aa16 la rue?
'1
- Peul~t.r
- Et moi-même, n'ru-je pas faim œvooir lenr
'rletimc à 1IH.1fi tour, comne je le dl.sai.s à l'instant.
-
Olli. Lout ceci est exltCt.
• Mais il y a lea motib que 'f'Ot1a ignorel et quA
:lm'tallwnleut 'lIod,flerai'nl, si vou,s !.es oonnaissiez,
roi. e f lçon de penser il leur égard.
t(
Lïlom.me avec qui mes ondes 8l1rem.t UD8 alter-
allon &aJl"lru 1te, dans la CAllAt Bel f\espiro, D·e.I!&
un Ulconnu pour wx.
.. L011·r qllm-dle réciproque résulte dr faite ~
\;icns. de cOIllJ"lromil<:fiions d'intérêt.e impm-ta.nt.s.
- Vra:ml'nt. c;'éton.na Jacques Garnier, dom
la
rpn. 't'rot.: ·lIt.
.,~
\ Il Iii dl-s la vérité, sel1or.
pormi8 de \'0118 CI.
l'IIlIHJ<JnL il ne fTI' • t pa.~
\"1"h l'
h
d:I\'/ln~
.
• Ce snnt III des affaire. tout A fait personnelles.
Il'/1)
l 'Ill
pa~
il III'CII 'IIlv"\ bi n que j'~
III l'mllocen\.e victime.
Cu.s.se indl-
Je n 'iruriate PM, m.a.de.moiseJle,
• Je va~
me relirer, en vous remerciant ll. nou·
YMU de vot.re généreuse intervention.
" G.rt.oe l VOU8, ma chare mère a conservé &On
-
'''1
Ah 1 vœa a~
eooore votre m~re
,
de bonU, de MOui, une mk'e ~le
\l'OUeITl enl
H ALlone, mademol.seUe, adieu.. cal' je ne YOUol
lleverrai je.maja sans
- Pow'quoi ?
...
- J'espère quitter ~
œ pays, p:lU,r l'etou.r-
dout.e,
uer en France.
En acheva.nt, Jarque'l Garnier ge l.eva, tendU sa
main à la jeune HUe qui l'e!flPllra du O_lIt de ses
doigts llU!elés., tout en i'envalopptwt du rcglU'd brO·
Ioa.n t die ses yeIU de vdoun..
Il m~31'Cha
vere la porte, il aUa.it en lranchi.r \e
seuia, lorsqu'erlIle l'arrêta d'un moL, d'une queeUoa
plulllt :
VOUB êtes Françab, se11ar ,
Oui, de P~.
Ah 1 PlU'is, cette ville fnbtùeuse dont 011 parle
tant, comme j'a.i/lleœÏs la voir 1
li M '1 1,s c'est bi 'fT loin, et jamais. Rflns dout~,
Je
De trouverai l'oceu."Iion, pourtant slluhnilé,c, d~
quitter le Chili poUT a.!iIer en France.
- Comment., vous voudriez abandonner votre
pays '?
- Oh 1 88llf3 re,:tl'''u, setlOl'.
« J'y 9lÙS si O\oalheureu.se 1 J'ai st J'li'lJ d'espoirs'
Ce cri de dt>t ' moraLe, involonlain"TllJCut !'-mis
peut~Lr,
sl.upë/ln Jâcque& Gnrnier.
- COn'l~t
\ID(' oréature telle qlle vous, aussi
jeune, aussI bclle, peut-clJe
'" poInt désespérer cM
t'û venir T
1
VOI~
l'expl1qlle.r tnllinknont, se!lor.
- Je n~ pui.~
Ge 9l"rait bang l'l d.a.ogeroux pour moi. pellt-être.
\! D'une minut~
f\ l'c..u.t.re, la. vieille !\ervnnte qui
me g:u'dE', 911r IO;'drc expcess de mes oncles, va
rentrer du marché. '
Il:: 1.\". \ Il
ul,.rooait ici, elle rl~ndJ',it
l'ompLe
A mf\.<; LUllew's cl ,ollo visite dè I(>I/r , IQur pt
j'Il~mif
à 'uhir, non 5eul~OI
I('/J,~
r<'rl/'oche!'l,
n1o/.l.l.S efi(' r·' 1 'lits JTl&lIVilU; trllikl1 ,'nI:.:.
- Ah 1 pauvrc en!a.nt 1 jeta Jacques Garni«
d'u ~ a', "nt :~)i fo~'r.
1
Il
C pl'ut-on ,'ll'n pour YOUIS &OlIslrail'e à et~
dOl/lollrMJ.Se condll.Ïon '1
- J.e ne sais, il fluwr.alt que j'DAl' dirp. ...
Sur c '9 molli. ln boBo Oliliennp g'in IprrompÏlA,
h"""'11 "
COli' n Il'1', "mil/Si' III 'lt(1I C l '1IIJlS d'en
(1\ oi,. d 'jd tnnl 11\
Q.
l'Iii.'. bl'l/t-Il'll''' lt nt, SOIlS l'C'! , pire d'un re~
In'II 1 olld 1111. 1'JIlt' r pit' ri! \ Ile;
- TI"/I'7., vou. ,"'/I1Spll "[. cOIl!llIlce, 51'1111('.
-
-
« El
-
.' H'S lib ... ••
olli.
i je le'
VOUI-l
y
ce
90ir T
\lX.
- l'oUVl'Z-V/II'S venir à nenf h(,lIm~
l'égli.
Saint,../u('11 ":a da Compoet.!llc T '
-
.l'y
!:l( "(OZ
SfII·,1i.
loir!', cdlr. de 1l'~
Et j
denift
T
voue dlmi ma dOI/.\.nU.I'('llRC hiBoncles. Vous compr 'nù/'cJ toit,
el VOliS Jugrn\'Z III ... UX.
" Mllillll'nalll l)!ll' 1.. ]>lU't,(!S vite, jl' VOlis lU gardA
t.rop IOliglulI1J ~ /( l, jlJ)lU' Illon rC"jlll!l.
- A CI! soi .., fil ,elliem lit Jn('quc, prof l/ul('rnonL
lm" h ' (\ Il Il ~ (Jlg" ml au. il L
T)c"'1èrc lui, ln
nll!4'
P
'~Lu.rl
lLc Ch 1 ICJU
Ut. po,ll,;
l,
Il J
III '111 .
�l'mn convaincue du sommeil de sa s~te.
l.ïn:;f1 ni ur cheminait maintenant da.ns ~ ruelle
à P'
IIt<;, la têl.e basse, réflécllissanL activement
elle se prépara sans bruit.
Il
II ce qu'hl ven
~LÏ I d'entendre,
1 lais au moment mt-me où elle a.U.e.it prendT'e ses
1 fnt liré dE' ccii,.. m{l.dil.ntion par une interpeidet'!'Ù.ères di. positions, 1& porte de 800 logis s'ou.. ~l; ..." jct6e d'uo,e voix nas.Ularde et désobligeante.
vrit brusquemenl
Deux hommes nIent irruption dans la ~i
.
- rA! ::;f'fH.'I' ne &ait pa.s où il va '1
CéLuient les deux frèr.es Ribeira, ses ondee.
il
1 ;a la tête, se lJ'ou.va face il face avec une
Elle tressailliL, se roidit poor dissimuler !lOD
.vif'lII ' _ t~hilf'n,
jau ne et maigre, do~t
les yewt
Lro uhI P..
p 'f '1l, le rJ.f>vi cr"'lil'!Tl,( d'tm regal'd aIgu,
- Eh bien, Carmen, demanda durempnt l'lJon des
L;, ,, intui.llOn suuda.ine lui révéla sa personnalité.
CI> d \ ni l ê1.r·c la scl'wLl1te de la belJe jeune fille deux hommes, en lui lançant un regard sou.pçonnetlx, rien de nouveau ici T
tj .... nt la oonver' Won venait de le> troubler si étran- Mais non, rien. mon oncle,
gement.
- Pourquoi n'es-ta pM en,-'o re couchée? remarla poli~
- Pardon, sefiora, dit-& e~t
qua l'autre arrivant d',,· .on méfiant
j'é\.8is préoocup<!,
- J'allais le fair r
Et vivement il passa, s.a.ns se -retourner.
- Et Dolorès 1 -,~til
encore, faisan' ..
Ave.nt de rcntrèr chez lui., il tU un détour, afin
l:UBiOD & la v;eiUe serYenM.
(j'ru.er oxp.lorer !.os alontoora de l'église Saint-Jac- E1J.e vient ~ se ~
l l'iru;tanl
~
de Compœleble, derrière ~
U devaH se
- C'est biefl..
trouver le SOLT même.
Puis, après &voir ~
la saUe d'un rE'gard
Une étude rapide de la topographie dee lieu,x ·!,a.s.ciroulaire, comme pour s'assurer que ri n o'y db
'~ UI\a
qu'il s'y! ,'Irouverait fa.cilelmeot, même daM
oedait q1lelque ohœ-e d'insolite, celui d-e~
oJX homl'obscuritP nocturne.
mes qui avait pSIl'lo6 le premier, reprit·
D~
tor-:" il rèlrllkgr/\ sa d.em.oo.re, .'efforçant en
- Nous sommes revenus pltk' lOt que oous ne le
l'()u~
d~
!1\ltllr;.: r l', ({crvesoence de son cerveau,
pensions, puree qu'une affaire Ilrgt!!Ik no~
oS Il rig(!;1<1l1t ponr ne I»\JS penser à La jeune mIe
réclame en viale, ce s<ir,
riont ln 1'811lar'qll lbie beaurt.é l'avait sri. fortement
1\ Conche.J\.oi, et ne sois pas él)n~
o;! nOI13 ne
Impl'OSsio!lné.
renl!'on's pas cette nuit. Peul-êLre SerOJlJ:hQOUS rel'Qur chll.s '~ r ce souve.nJ:r 0'bséd611t, et cert.c.inetenus d-ehol's.
ment excu';ilb!e uu:lant que compr6hen
~i ble,
étant
- Dien, mQn oncle, je vais me coucher.
UQ{IOée sa jellne. se cl l'ardt'ur de son tempérament,
Et l,a b(,le Chi.lienne fit mine de se rctirer vers
il v ulut r'umcn'l"r sa peu.::.ée sur Geneviève.
sa ohambre,
G~lJtvèe
qu'il aimnü si VI'I. f,J[lJ ment,
Su do'lC<~
Les Ù !lX hommes sortirent aussitôt, en referà qtù, d'a\'<lIwe, i.1 Il vait voué ~Ul.s
l'csl.ridJOIlI5 !.Dut
mant bruyamm nt la porle.
son cœur, !tHII '3 St"8 foI'Ced, !.oule sa vie 1
Cell
qll'ils a. valent nommée Carmen. attendit
TI po.n:int enlin à ~
re,lW.isir, LOI'S(flt'l1 embroBq\Jclue
~ minutes (lncore, scrutan!l le Silence de
sa 3Q.n e~(dl<t!
mère, son âme un instant person orf>llle utl./:' dive.
rt'oouvrer !.oute Il ~é J'éIlt.
wl"bée venait d~.
Enfin Ile se couvrit la INe d'une mflntille noire,
Il ne pnr ln Pli,'" de s.a my tilr~I"'e
vi iU! à la
8'en\cl()I~1
dllfl.8 une cllpe de coulcur LI ùllC foi
beHe CbiiJ"'IJ!le, • ;!l'C'IlX de ne plJint al./1,'IOp.1' inu,tisortit il. 'on !.our.
lem nl t'alft't:llClll '1I1H.1 rnaLlU'l14ll.le de L'ex HenU!
Elle prit les phrl! g!'a.rlde~
(fré 11Iti ns pOUf re'('mm,. JlI>lIr (j"II!'V] ve.
fermer son logis, ans to-lI.t (Di..; emporter lrs clés.
n l'inf 'l'ma ~;PI1,'
mt'n,
5ans parallre y ultllf.lher
En débolll'lJ.lnl prudcmmenl d/l.n~
III ru( 'I obsne gl'1~
IllJp,orllllW, qu'il aurwL è. sorlJ.r la
cure, elle "',111 lira d'lin coup d'œil Cl!'~W
\:1 que
OÎ!' :-trI P, ,,"u d li '1'.
per 'tITIlle ne s'y tJ\IUHUl.
~Im,
1;;1! rller, Iwhiluée aux libree a4luros d.e
PlldS, r ~un)c,
elle ~e hât.a vers la oa.ll Bel R~
.1 que foncière(} 1 lU , l,t II' Sl\l'ltdllt prudent (lU
I>iro.
1Il nl Il ,1·' .... il /1 ,'hère rillIlC e, ne fil auoune objccEn~uite
eUe t()l~rnL
8ur t'a ~Iluche
el fil \ln
srz
Sroo, li l'
olll'r.'I!I!l11 ri ' n d'illiclle.
long détollr pour se relldr'c à l'égli e Snint.,1'lI'qUt'S
De BOil '1\1" nIlle Illbc' ct Ril1eiro. pen.sait 1;U de ComposwUe, où devait l'al\ ulldrt' Ir j '111ll' I,'ranIClliilG li, 1I11lll ',
çni .
• 'l )! l ' 1 1" 111111,
Cl'llIi-ei g(\ Lmuvuit 6U lieu du r('ru!rz-vllll ùe[Il1i! lin mnrnpnl déjà. il se pr'o!l\ .n .. 1 iJll. ILicJl t
I:'lIr Il 1'11"C a' ez vu le qui
'élt'r,.! Ùl l , '
!'
nt nllm "Tl!,
Il 'mandallt i la ,Ï1}IlIle Ill.' tLII û t
ll"nil' . J>mme. fi .
LM 'lU'il vil appo1l'8.ttre 54 .iJhou('lt~,
i! mnrrlll.1
t:crt.ain
l('nt rllent v,'r:l ellt" bien qu'U nt fut ~
CIH!(II'I' de SIL pel' onnl! Li~.
- C' t moi, jl'tn-t-eU. d.ah un aouffle..
- Entln, rf'p:lqlla-t-.ii d'une voix ()mt.'TIIIA, j'al
du
éVll \1 T
ln
Mf1n('~
t ft l'cnvo,)! r
'
rte sn
oucher
l''nl:orr. lin ln t nI !1f1'01u!{'e . 'l!' 1
rnllngcl', p'li~,
11)!" «IU'O III fut
ell pr.llr lin in tant que vous fussi z (~1I>4'h.
- Venez par id, ~
lMUla rlI>Mdre à ooLte
901'te- d'inl rrllgnti.oo.
l' t, Û rc ql1 'il \a wfTr<, elle se dirigM Vors
r ornbrl' pl~
opn<Tlle prof't~
rar h'. l'lli''l'H mMIr. qui !;Ol! nm 'r}JI l'aooid
de J'ég!i. .
1~ln,
cil t' 'fin'ê!.a, plU'ut . c rt! '1let.l1ir dW"an'
quelqucs minulœ, puis comllll'Jlça :
�-
.~-
RitJ.alitl d'Amour
-
1
l
't:. '
OIlt
~I_·S.
d
J'ai à~
vous promeUre de vous révéler ~
de t'agression OOlllIJÙS€ Yautre S()Îr pe.r mas
" ,k: v:ris le faire, avec l'espcir qUoi mes 8xplioaii,'ns VOO6 fGJ"0llt mieux comprendl"e à qu~
JllDohi,,:,; "béiss.aient milS paJ'601.s, et aussi
ra.iSODS
d" n, (Î~ t'1.OOtI.1'et.If'<l 0000 iti on,
" Je serai brève,
lei! m.,\Qn.b me 1l0IU rompLé,:,
"
f ' " lX que je n'altsn&is palS a~nt
demain, sont
l', 1l'~êce soir, à ! ïmpl'OViste,
!~(}t'ij
, ftt Ja.oq1leli, suroris, f)()Dlmen'l avezvoU".3· pu 'relUe malgré ce r~ou
iJxlpné ')
- j\qcs OMas 9GTlIt rep&J1.lô ~U8&itol,
ils ont
ûlYaire es vifl.1e, m'on.i-Ils dit, el je ne peru;e p60ii
*
œ.r
qu' -!::; ai~
" , . a'ÎS
S
.aile
po. soupçonner mes intentions.
jlJerdOOUl p&s des lJli.nWea préctooaes,
"ltnl".
,~*-
et wrt.out velWlla croire à la
.smcé-I'Jté do mon récil
" L'homme qui tut attaqué par les Ribeirn ne se
nomme-t-il pas John Teddy'
-
-
C'est eza.ol
peeL..
Ne revienkl pas du Japon ?
Je le crois, rèpartit Jaoques davenaDJt eircoos-
- Eh bien, ~et
homme ' est l'obie;l, dJe la haine
irJ'éd4I.Gtil>le de mes oncles. Et voici pourquoi :
" Jil "! a quinr.e ans, ce JGlm Teddy vinl 5Cjau.r-
ner à SanLiago durn.nt poIuai&1M'S moLs. Se6 a.Uaires
commerciales l'y avalent appelé.
Il A eette épeque, U lU la connaissance- de ma
fo.n:riU€, il entra . . re14ti.oM d'alItire8 avec m es
()o.l~s
~ [péq-~Ia
nob'e lIIAYoe,
" N'Ons ôt1oB.a riches ÙIN'II. rw>US mlone dans le
lu . e, nous bBbiUons \1Oe lDaillOD par tl ouJi ère,
v , ~et
~ues,
aituée IQ!" la poazza dei Pooo.
Il ;\Ûl mère, veuve depuh
fUfltre nns, dirigeait
l'i~"t
() 5eI9 frères habltaicnA avec elle.
Il J'(\vaia .cinq ans, mais je me souviens des éV'éner. n.ts qu.l se dhrow."ent à colLe époque.
J o ~m
Teddy s'était 4!QJris de III b~lté
ùe ma
·e. St s • r~olJi
avec elle et avec mes oncles
r' 'v ,n~
plœ inllmes, il obtint d'épuu er celle
ljui, cie 9~n
é, l'I!ÏmaH sincèl'em nl.
" Qu lq\lr t mps o.près, J ho Trddy eng~
cni
t
mc! ~)1I(
~,'
lt 'il-'5,' cier uvee lui dllus Ilue ul'flii.rtl
comm-l'rCIa.le li
pl'lIl1 importnnte!!.
\1 TO\lB
r
lpi~IX,
kule I(t Cr'l1lune de notre
Il
ml,
de lui I1éc1a.m.er
défun te, une gtro.c;SP.
indemnité. Mon beau-père l'wse nettement d'oeIl~e
même un ponrparl.en! à ce sujet, maLgré les
lll81Stances Mtérées de ses booux-LFères.
le (Aux-ci, à bout de peasouroes et d'argumen.ts
de ce côté, pensècp.nt alet'8 à raire intervenil' ma.
person.oo et ma. beauté à l'appui de leurs reven" Alors, me.q oncles imagAè~t
pour moi, au nom de ma
-
V0111l?
nti:I~o,
~1I.'l
ln tlltc.lle
h, "Inn 1)('11 u-père Il VOII IU.IL pH"; se
( ~
d. llI"n éd lit H li 0.
Il ,I<:I
j' \ ni~
IIbl {'gl'r.
Il _fn m,\
' ~ m)Urllt uu.J pon, \f'T11' an,. 11[>11\. «()'!l
mllillg l
'1 rnol~
plu., tarti, J' \11'1/ nI(' 1((1111 .. ('ommll'I" inl~
m n A'I~
pnr ,John rH!.ly ItV,o(' 1•. ('_lptll 1!X
1 t rnœ 011 '0 , l'''rwlilllij pm
IIIIIIlI',l1l 1,,"1 " fli l l.
Il 1'11 lit, notre flJ/tllll'!, Y I)(lIlIjl1ll' III .1 .. 1 ri,' 111 11
!l'1' rI!' fi
, 1 IIlIIII(' dj\1\ (' tif' 1.11 1 11 11 1'1", 1:1 I)IIX
r(' 1 ~ I tlif),~
n"l ,~rt"
cil' ml ~ on,'I,'. rl'Iw", .John
{',JeI.!v 111 III I l ilU/lti n (,'ft 1 t'nr""l' Il l' 1. l)Jtllti)
,
(
1 11111 \
r ponr II
1 pli l' I'~ 1
1'1"
(1 I~
ClJ'll)1 , dl,nt,
~ II Y Il pm.' . ,Iohn THIII\' qlli, pli 11111-11, /tv/li l
dl1
Mill )1' c1l'ml'urni il .
ml
\l'gel'
11
l, h Ill' .l nit de ~1 1 cl't~,
1'1 donl ln Il '1 Il fui
.p )1 vml ro lUise l'n <Iolllc, gl 1 lU ce l'l'Urt '.
ne
J1t~re
diφOJl,S.
If Us essayèrent de me fai.re partager leurs idées
à cet éiard at d'!ilntrer dans leurs combinaifHJnS
immorale». Je refusai. D6s lors, je devins l'objet
de le\l118 mauvais traitements, Ils me séquesllrèr en t
~
purtie, espérant à la fut vaincre m~
scrupules
d honnétcM, en me rédu!u.nt à \llM oondition presqu.e misére.ble.
- Quelle Cfll6.1Jté J remarqua Jacques, ému par
es court réci L.
- Oui, j'ai OOa1:l00uP son1Yert par eux. Ces deux
hûDllnes onl (ail de InGÎ leU&' victime expiatoire,
Et j'ai si peoil l'espéronce le voir se mO<lifier un '
jour ~
trisle situ~on,
que j'ai conçu le projet
de qmbter ma pstne po\tt m'y soustraire,
- Où iriez-vous?
- J 'irais en France, o.J dans n'impol'!€ qu el pays
~trange,
pOUl' recouvrer le droit de vivre au grand
jour, librement, c(}mme tcJute Qrédtuc'e hum élinc.
- PauvJ'e enfant J ~
Ja~qu
es
dont J'èmo~on
erois.~t
à IÏlesure,
(( M8IÎ.3 dnn.e qoeJàes eondli.tions voucLri~-'V
o u s
aUer en Frnnce?
- Oh 1 j'aooepterab les WDS modes les fondions,
Je serais oomeslique m}me. s' U le rull ait, Je ne
puis avoir 811.cu.ne prétention. plli'que je suis maintenant totalement dopoun'llP Cl.e toute forlune pCI'
sonnell€... ::;i en<:ore je WollO k a vuilloc il quel·
que ehose?
- C'est malheure-usen- llt puis, continua la
, jusLe,
Ile Chilienne, un auh
cep8Ddt, i, l'C~OU\ft(!Ii,
d.. ns
~s poir,
bien raibl~
ceLte voie,
- Lequel 't
- Je sais, par. mes 0N:les, que J IJn Teddy d·oit
l'etourner prochumement en Frunce, à Pnris rnr'mo
et s'y lber probablement
(( Si j'avais le b onhe~
r d'Ctl'c mHlc~e
d,ms ,C
loinl.ain !><LYs, pcuL-~tre
y r r ouv('!'lIi s-j!! m o n 11 (\1\1.1
père,
- Et 0.101"3 ? tf11 es tionnll .l 11('(J1lr..'l, Ollrir llX fil' (' lInnUre 1'00 projl'ls dt' la rO.I1J holl rl'll'l1' j[ tU1C lH:r,.
- Alol'lI, je f l''li s u[)pel II . Il bOL 1'" j, lui l' IppC'LlcruL'I ~n
IlmOllr pOUl' ma pOllvre mt"l'c dNuntc
je Ini dema.nù('I'ui!\ do m'lIid.o l' il me CI" cr une l:li:
l, mille fur: lIt n~,"f\g
1l. ltJ1~
cclt l'!>(>cu nit n hurdi!'.
" E John 'foooy, poUIJ' lu men r il lu rn, out J'el,) 1 \'or nu JI\(lon. l'mmcn{llll nnhll'ollull\!lIl mu
U'Il'I!, Il,,v 11l11' sa r mmll legi lime .
Et
~
LuaLÎon.
" Je 9llis qu'i1 n pu reconsLltuer un()
vrllim 'n l con Ic\t"rnh:f',
- J e Le crllis .. n erfet,
f-,1;l.1/:!, (lllttr rI 1I1 ,-I:r mNl
-
c~lm
projr'l!'\. ï
f1l I,r. cll II-IS lAl1i1 ft 1'1"'111'1', .,' , j'J 1 _
pll'C Il. {'Z d 11l11'rt'l ft Qllf ':CJII'll n P')III' 'lu'lI
seJlllt il m{' nlf' lIrr en FI';pl(;/,
EI .vO,I,IS /I\l'Z Ctl lIlpt(O rlll1l;' rc ""ur Illnl 'f
j
VO~
0111 j Il '" Vllll<l 1'11\'()lIt'I' .l'ni NI1TlJllr\ ' IIT'
innll P IICC, si r vnll
~rl1\I
!Ir
I!
~rvJ('j\
)1'
~i
vo
1'0
votrr ml 1'1> r. 1/1 'IHlml h 1111' I,rlltrlrl' ft :;1)11
1(1/' 11l1r' VOII l'f'r l'lirrl 1't)111' \'olrr' l'lly
l'I'nlll
I;IIII\'rl ".
!Yl'onmr rio Il'''
p']
rI'lI'q ,I;lrt
, - ynllH Il' Ill,"nll'z
Lu'!''l J [1011 fi 1 1" t.'l'
vul!' Sl~
'L,
1t1r'IIIQ
RIIII
'rlllf
'I~,
(: '1111("11 '1'/11
-jc il l~
IIJ{'l1n d()III.c, el vOJOllwon Cx(;c!ll'n!,e J/l~rc
,~
�~
Rif:Jalitt! cl'Amour ============....11=======ac::II:=::!i:'C;:=IC' :JI ~
- Croyez bien, seno!', que je ne dissimule en
vou.s parLant ainsi aucune arrière-pensée malhonnête, aucune ambition illégitLTM.
- J'en suis persuadé.
- Je ne 8UlB pas une intrigante.
- C'est m&. conviction.
- Peut-Atre avez-vous en France une fiancée?
La OOlJe Chilienne s'interrompit brusquement,
Sur cette derlÙère réflniml harc1àe et qu'elle n:avaH
Su retenir.
Jacques la oons.idérait sans répon.dre.
Soudain elle tr~S6aiJ,
devint tremblante, et.,
d'un bond en arrière elle .se recula dans l'encoignure d'un pilier.
'1a.i.si de stupéfaction par ee mouvement et oette
atiud~
inexplicables, Ja.cques Garnier demeura
:immobile, hésitant .sur ~e
qu 'il devait dire.
Un 1Iot de pen&ée6 étre.nge.s J'assaillait en pré~oe
de cette bellle aréatwe ingénue.
Il allait ~ rSp:pi'ocher ('feUe cependant, 10rsqu'uU
~
l!'abattit sur sa bouche.
Rn même temps une forte oorde s'enroulait au·t our de 80n oorps, oomme Ul\ lasso lancé pa r une
main experte.
En moins cfune romute, il se trouva solidemeni
ligot~,
1.andM que ses yeux égarés voyaient ~
belle Chili en nt: s'enfuir 4i7l ceurant de loute la Vitesse de ses jall1DeS.
Puis un homme se â'e.ssa devant loui, le revolver
au poing.
- N'.essayez pas de résister, ou vous êtes mort 1
lui jeta une voix rude et fM'ouche.
n tenLa. de secouer ses lienl!.
Mais quatre brru;; villoureux l'eTIÙC'Vèrent 6uss;itDl,
le portèrent jus~'è.
une sorte de long chariot dIssimulé dans l'ombre.
On le jeta brutalement. 8\lJI' la pa.iJ.1e qui !Jarni8Bait
'~
fond de ce vé.b.icule gros.ie~
Il y demeura inerte, anéanti par la soudaineté de
l'agression et par UD4 invincible épouvanl.e.
Il v.it deux bommes monter sur le siège du charriot, attelé d'un cheval robuste.
L'un dl' CM deu-c h<Jrrunes saisit les rênes, fou etLa
vig~uresmnt
J''Ul!mal et le 1a.nça au galop d ~n.9
les rues dé.s.artea.
BionlOt les demlères maisons de la vill e cessèl'ent d'apparalLre aux y.eux égarés de Jacql1es GOJ"
nier, iTl.OEllpllble de comprend.Nl rien à celle avenlUTe ex Lraordln.aiN.
Le voéhloule dan.e .lequel on l'enJevaH tuait ma intenant sur tille Larie routa, toute bordée de buis8On.s el. de bouquet. de ara..n& arbres d'un aspect
sinistM.
III s'enlooça bientôt dftna un sombre ravin surplomb6 de 1'005 (llLnltiquee énOl7n6l!, puis il déboucha dan!!l une l'uu, pla.lne dont les l.IIn1ta te
Confondaient avec 10 ~l
lourd et sombre.
Dans l'o.bsC'U l'ilé de cette Dnit 9lU1S lune, ces siles
dirfôl'cnls p.renaient aux l'egBJ'ds effrayés de Jac<ru . d(!s i1,ppa r en ce.s fantas tiques.
Le ll-aj t dt1ra plusieurs hell r es, sans que l~ c.heval l'nl pnt.ll beaucoup SOI1 llJlIure.
L'n/l lhc co.mnlençait il poindre, JOI'!'\qnr Ir' charriot {' 1. s" (!I rlin geA condu clClIrs péntrl'~
t e~ n~
do llt'! 11n vn.slp llCtOS. Ali fond d ce dOlnllllle R l'ri·
r air n t Ip8 hl\.limrJ1ts bo.!l cl ){,)lIgs d'lin" huciendll
chil irnne. ....
Le v l'lhiol1J s 'urr(>l.1l hit'ntô l. il 1 '(lxrt\Ii~
de ces
blHLmp,nls, leI! <tou x hornme,
~ ~Ili.:'(nt
i1u!'si IM sur
,
le !!loI, puis attirant Jacques vers e~
il8 16 débAiJ..- !
lonnèrent.
.
TI respira longuement, s'etlorQa de lDtIÜIi8ei' le
malaise dont il souffrait.
Ensui·t e sels agresseUl'S l'6àcb~t
lUI. tpeu la
oorde qui lui eIlsernaÎ(, les bra.s et les )&nbeB &t le
poUBsèrent brutalement dans une gnmge """&rte.
Il OhanooLa, tomba sur le BOl garni d 'une épn~i?e
<louclJ.e de tounage, y demeura étour«i, l'M tel arlt.
Au même moment 16 porte de la gNlllge se lIe~a
violemment. Il se trouva seul dens }e e.lflir{)oocur de eaUe sorte de priaon, à peine oohilltée
par une étroite fe.n.étre s'ouvrant à lIn mèl~
cinquant-e du 901 enviroll, et garni de solides barTeEulx.
L'esprit désempare par 'llIle sorte de <léS06poir
irraisonné, mais bien ex<:USa.bfte il demaUi'a. lOllgtemps prostré.
1
Aucune pensée judicieU6e ne se faisait jOll1' dans
Je chaos de son oerveau.
Que lui vouJait-on Y
Cependant le calme, 1e silence absalu lui p6Nli- '
rent de recouvrer par drgrés un peu plus de h:oidita
Il s'etrorça de deviner les motifs du CPinùn&J. enlèvOO1ent dont il élait l'objet et d'en tiédu.i.M à
l'avan<le les oonséquences possibles.
Devai1-il ·a ttribue.r cet éWllement f4.olleIa A lIOn
entrevue avec la belle Carmen?
Etailril plus simple.me,n.t la victime de ~its,
pratiquant 16 système du chantage par 1'8J199tl ?
Ou bien ~nom,
sa captu re avait-elle p OUl' otUlse
ses l'elatiOIlB passu.gè/'les avec John Ted-db' 7.. .
EL la }elme fille si jolie, si attirente, n'étaJt-eHe
pas au comp!.QIt? Sa beauté provocalrte, son lt.istoire - fausse peut-!tre - n'avaieal.-ellcs poinl ,
servi d'appilt à sa fatu.ité masculine, à ea ~veté
?
C:-!te eréature si douce d'apparen ces n ' ébal~e
ras tout simplement la vile complice des llibeira ,
TO'U les ces interrogations nngoisoontes 00 r0flLlésen tèren t vingt fois à son e ' prit en..fiévl'é 6rI:I.D.S
qu'il parvtnt à résoudre l'une d'eUes.
'
SouG> l'empire de la f,aligue éprou'Voo pGS" ses
membres gênés dan.s la tiberLé de leulI.9 DWUVemen I.s, il s nti\. la (lèvre le gi!1gneI' peu à .~eou
Plu sieurs fois il se retourna sur sa collooe de
fou r rag , essayant de trouver la poB'iliolD. la moins
inCOJJUfiOde à lui procurer le .f'e'P06 iJ l~}e.
8nfin il S'endormiL, d'un SQl'lJ.rneiJ rour.:! de bête
h"u·assée.
Il ét.aH environ midi, lorsqu'il f.ut r éveillé b l'll&quamcnt par une aru'te de commotion.
Ses yeux s'ouvrirent, comme agrandis par l'dIroi liIe fixèrent haganl.a sur doux lIommes plao6s
près de lui eL dont l'un le se<!ouait uvee une rudesse des plus brut.aJos.
Puis on délia ses jambet; l ui pn.';-' fli it en mem.
temps aux poignets une COl'!!,'j.- j ' , /'.\1' mals tl'èa
resislan te.
Pendant ce temps, il exulIlinal sr:; ngresSeUl'l!.
Il reconnut, ou plutOt il dl" l'lit J..!, deux frèJW
l\ibeira.
- Levez-voll S ! ordonrra durcir' nL l'un d'eux.
Après qu elqn s eff(lrts pOUl' 1 P,1I<!re nn pen de
soupl esse il ses muscles ellgourdil3, il parvint il H
mett.re clebollt.
- EL lllHint li ant, fil celu i des d6\J}t Ri'lJtra 'l'1
n'avait pos encore pA rl é, jUl'l"z-nous de ré po nd~
en t01l1 fronc hise a ux questions que noul! allonli
VOliS (trl l'css('r?
.J acqueR (;HI\lÎl'r ne J'Cpondit rten.
�=========-::===============
Ri
'~ )alité
d ' Amour ~
Tl s'effoTçaiL d · rénéchir à l'étrangelé, aux danIl attendit angoissé la fin de leur enLretien,
gers de sa siluaLion et à la conduite qu'il convenait
- Voici ce que nous venons de di.JL'l duL', reprit
rainé.
d'adoptef".
- Je dois vous prévenir, poursuivit son étrange
(1 Nous n'en voillons pas à voLre vie, oUe nOUs in·
in~locte1r.
que votre liberté dépend absolument téresse peu, par conséquent vous vivrez.
(1 ~[ais
pui que nous vous tenons, et bien que vode votre sincérité.
" Vous êtes ici en notre pouvoir, loin de San- tre capture ne revêle plus à nos yen>:. l'im po·tance
à laquelle nous avions cru tout d'abord, nous alt iago comme de iOllle habitation.
lons vous faire connattre les condiLions au prix
(( Nous sommp.s SUI nos domaines, qui sont très
,vasles, et tous Cfl"J)( que vous pourriez apel'cevoir desquelles vous pourrez recouvrer votre liberté.
Il Vous devez être riche?
ou rencontr p : , si nous vous gardons à notre dis- Vous vous trompez, je· n'ai aucune fruiuue.
crétion soM à notre service.
- Cest ce que nous saurona sous peu.
" Pcr :lnne n'oserait contredire à notre vdlonU,
- Comment?
Di vous [-orter secours sans nos ordres.
C'est notre secret.
- NOliS sommes les maUres absolus J affirma
1( Donc, nous vous rendrons la liberté moyennant
i'autre l1ibeira, d'un ton dont l'autori~
ne permet.le paiement d'un~
ranÇ(JD de cinq mille piastres qui.
tait pas le moindre doute.
oous seront vel'6ées par votre mère, sur un ordre.
1(
1'0115 ,wmmes résolus à VOUS garder prisonde vous,
nier ici, si vous ne donnez pas satisla.ction l n~
" Si nous VOU! parlons de votre mère, c'est que
d mandes.
DOUS sommes renseignés déjà sur votre compte.
- Yous voilà bien prévenu, appuya le premier.
• Acep~z-vous
ce moyen de vous libérer'
Votre sort dépend de voue-même.
C'est
impossible.
- Q.u e voulez-vous SlivOir '7 demanda I~'"
- PO\lJrquoi ,
nieur redevenant peu à peu maUre de lOl
- Parce que je ne possèdè pas la. somme que
- Vous connaLsaez John Teddy'
TOUS exigez rie moi.
- Fort peu.
'
- Bast 1 Mensonges J Vous pouvez la trouv.-,
- Cepend.ant, YGOS .te.. in......." MIll AOCre
Mais restons-en là. Vous connaissez nos exigl!nces.
querelle avec )ui.
vous réfléchirez. La nuit porte conseil, nous ~
- Par devoir d'humanlt6,
, . . . Tiendrons demain.
- Vou1!'-noull 8.ves mMle ~
dans notre'(demeure'
Sur DeS derniers mots, les deux Riheira sortirent
aUBSitot de la grange, dont Us refermèrent la porte
- Je ne lè nie pas.
- Et enfin, la preuve que TOUS connal'Be!: Joba l dOUble tour de clé.
Teddy mleUX que vous ne voulez l'avouer, c'eat
Jacques, demeuré seul. céda de suite 'A un IllOnvotre visite du lendemain li. l'bOtel Sainl·Jacque. Temcnt de décQuragement el de désNlpoir.
Bien que ses deux geôliers se ru~:-;!'nt
de Comp slelle.
mon.1!rM
« Par conoSéquent, vous ~le.s
au cournnt de l'exia- relativement polis avec lUI, leur'lI aCC'f'Il!.s l'avaient
.coce comme dcs projets de cct hOlllllle, et VOIlS convaincu qll'i1S n'étaient pas hommes à revenir'
tlur des décisions pri es.
pouvez nons )('s révélcr?
Il allnit dont' demeurer en leur fJQ\lvoir, (,aute ..
- Je ne sais rien de tout cela, répliqua fermement Jacques '..rnicr. John Teddy ne m'a rien payer la rançon exigée.
Ln somme était en réalité trop II ùes~lI
de ses
confié de . ;; aHa ireil p rsunnc:lcs.
moyens pour qu'il pat III (1 fTmntlf'r à su cbOre m~
pars Cl '. , VOLIS?
- Oc rpJ(~
re. Au 1I11rplus, l'excellente rClIlInO, fort peu au
- Je suis Frunçnis.
- Franl;nis? 1'6pNn l'infcrlocl1teur (lU Jeune cauran t de ses relations d'arraires, sèralt incapable de He la procu.rer.
homme paruissnnt éft'III1f>.
Il était cependanl indiepensahle qu'il recotM'àt
Pllis il f'Nwrdll 101lr:1I l"rut !'on rri>re. comme
polir devinl'r l'imprcs. ion que lui cau salt cette M liberté, le plu THe possible;
Mals comment'
.illiple r61'1lIH:lC'.
Il rétléchi:-lMit acliYement ~ krut cela, quand ..
1.(' plli;! j IIne ct, l\i11 ira demeura impauibl.,
pon., de La gr~.e
Be rouvrlLi hvrunl I~sa.
a..
Lulli r l'nt:
plus Jeune de. deux Rlbelra.
\'0[1'1 nom'
Celui-ci déJ>05.' d6M un coin une cnlche pH> ne
JII(',!'I"
1. rni 'r.
- (lllr r/litl'.'\ 011. li !=;nnllago'
41'&I\u, une,. IJJI.cM cM pa.Ln noir, J1UIS
r Ura trie
,)1' SIII lfl,..!t:IJlCIJI· ci\ Il.
T'ile.
- l'.t COl/IlI1t'nl IlV'Z VOU li connu notre nIioI CàIrde !Ka
Jacques penu • BuUe au1' exig nc
melJ ?
6tre phy~que,
Quoi qu'il dM lui a.rnv~,
il lmpor')'0111 il fuil pur hllsnrd, le yeUX dire par . . t.alt ~ 80utenlt sei (orces.
h \; r Ill: ha. al d. Cn 1', tiuns cette 1 IIl1e flU , J'euMe
Il fUlhdt Je pain, et mal~ré
la g~ne
de !WI mat.
I>t0 JI lit Nrf' III vicllllle de vo. frIf1'lIrs rll' ùandH. 1 eIl.raY~,
li mangea., eans hâLe.
_ 011 1 voilll dC's ptroJ~
ImprurlenUl. et rn.a.la'
En~\li.f
il bul un pt'u, TIIII l't'vlnl fi'" Il olt ...
dI'< lit· rlp", tn \1' phIl! jl'Ilfll' dl'!' Hlh(~ru
d'un &c. .. oouch de fourrage conllidfornnt d'nn l' IJIL"I
cent ('r;ljll'pilll clr' colèrl' lIubitc.
dlfoltrJlit l'étroite fl'nNn 'dl a JIn 011 l'l1r 1 qtHJ6e
_ Ne l' nOllVl'lez pas dfl pareillMl Ilpprllctrttlonl, llé/16lrnlt \lll ardent rnyon rie llol,'ll.
JI"l~'rent
IIne Id,~c
,,' rnpllf''' dl' IHm C\erve
l'p~
Il J'ullft\,
lit' pOIfITUif'lit VOUl'I cOIHer cher.
Il Il'I\pprodu\ d l'ouvr.rlun', e aruh
IninuU .....
.JU('I)II('
II p.I<Mtillll, Ile l'cpr\) lia l'Ion lIIdlgnnl an
ml'ot tell hltrr /lUl 6pnle.
trop rlf'll r.ll'l'rlfl . jle<'l/!.
nI' tllpMIIClioTl Ink~c
IIU pt nnlt ~l
examea,
Il I\VlI. t ilt ' lrop loin,
,
den intf'rloCIl\.cllr, RI' /'cr.lllllnt d 1111, d'un L<e Yl'UX 'ugr'UJl(lirent, oomm ,'jj d,out.a1t 4e ..
r6nlil(' rI'UD lait C' n tlté.
accord tacitA, p/lJ'lnil'nl viiI' l't htl.'! en espagnol,
�RiValité d# Amour =========::;;..;::;;===========
~
Et tout à coup, il' se souvint d'une chose très im, portante.
Ses agresseurs ne l'avaient pas fouillé.
Aussitôt, et par dèS efIorts réitérés, il parvint l
porter sa main droite à sa poche de pantalon.
Il y glissa le bout de ses doigts et saisit enfin
Un petit couteau de luxe qu'il portait toujours sur
hli.
Ce couteau portait trois lames : une petite: servant dè canif, une lime à ongles el enfin une lame
~,
plus large, plus résistante.
Non sans difficullés, il porta l'objet à ses dente,
;
~UVrit
l'une des lames et se mit en devoir de trancher ses liens.
Après quelquee minutes 41efIorts, U se ,trouva d6-
:'1
, , iYrlé.
Un long soupir de soulagement s'exhala d&' lA
peltrine, un espoir lm précis encore l'anima.
Il se rapprocha de la fenêtre, posa la lame l. la
, '-se d'un barreau el s'efIorça de l'enlaillell,
1 Alors un cri de joi.e, ooureusement étou1lé, lu!
~cbap.
1 Il ne s'~t&l
pu trom~.
Cette Irll1e ,'appa.reaee
indeatructlble étai t en bola peint
- Ah 1 maman, Geneviève, je voue reTerral
done, murmura-t-il tranblant d'espéraneen allait immédiatement comm&Iloer IOn travafl
de délivrance, 10l'squ'i] réfléchit judicieusement
i qUe le grand jour pouvait le trahir,
Il fallaH ettendl'e la nuit pour agir.
En attendAnt, U 60ngea qu'il ne lui aeraJ1 pas
inutile d'examiner ln topogra.phie des lieuX ,!,U debOni, afin de pouv6tr s'orienter s'il réussissllit
Il .'eJl fut prendre la cruche, monta l~gremnt
dessus, en S8 soulevant des mains à l'aide des barr&a.ux. et rtlgnrda lon ~uemcn
t les alentoura.
Devant lui se voyaIent de vastes étcmluee herbous S CfH1JlOOS di) clôtures en boila, hau.les d'un m,ètJ'e , environ.
Derrière ces oMwTes paist;aie,nl quolqllCS 8ni~
maul:' : cinq ou ~ix
chevaux, une dizaine de varches,
Deux ohiana do gl'anda race vaglHüenl parmi le
bétail.
Ce!'! chicni'l sellL dev' ient constilu r un dflliger
sérieux en cns d'évotlion.
Cep.enctnnl il fnllnit ri~ue
1 t.out pour le tout.
11 de~c!lni
de Mn observatoire, a'allongea tur .a
clJt'1chc de fOllrrngc pOlir mirllx r'é{),','IÜ1',
Entrc ll'tnp3, Il av Il res!'oisi la cordelt~
COll
poign(,t!\, afin de n éveilp6e et s'èllllt cnMITé l~
~eT
8lH'IIn l'<IUf)Ç"n, en 0Il!'! de vU'Iite iDoplnhe.
.
Il atl Tldi'- rongé d'impatience, que le jOllr ~e
crOL,
Le crfopl1!'('lIlr ij' Ilchrvnil 1o~ql'
~e rA.."Olut A
corn mt'II 'cr enfl n snn œuvre de d ~livranoe,
D'unI' 11lnln ["l'm( ~1 nllOfJt111 ln bose d'un b4rreau I1Vf>l' III gTE\ncl • l.. me de son COIlW.aU,
11 s'l1rr(ol'Ii! d" Il'ml'l! Il uulr!' pOUl ranlL~
avec
80in IrH ('f 'lat .. rlr oni!'! r{> Illlanl dp.s enta.illes, et
pOlir Ir~
dl " 'iHIlII-r 011 , II' fllUJ'l'UgC.
Il lin ri lin prcmirl' bnn Hll ful 1111 ' trois quarts
e~lUIJi(',
il hl dl' !WiI rJ 'U. ruuins r~unic!
uno pesée
Vlgf'llll'liSt',
~
Il
hnl!1
en d, hn!'"
rompit
f\'
attaqua
cie
trop d crnrruement!!.
s(('onù bnrr HU, l'arracha.
vitJgl 1IlII1I1t('!j d'cCCorl::i, puis !j'arIInA
!l11I11' IJlI
de. m(lrn" IIprè
rêla l'our rf'prCnÛrl! hlllplne,
Son ' Ir l I-Ilis, lait d, BU ur son cœur battait
l rompre,
'
39 ~
Lorsqu'il eut ~uvré
quelq-ae calm&, U lne8iUI'IIt
de l'œil l'e9p8Ca devenu libre.
En se coulant de cl>té, il devait pouvoir paseapar l'ouvertUl'eD replaça éon c{)uteau dans sa poche, se hissa.:
puis allongea sa liMe au dehors, examinant les etli-tours d'un regard aiguisé.
Iù. écoutait aussi de toute la fineese de son oUk
t.endue,
Rien de 3Uspect. Tout semblail endormi dan«
l'hacienda.
La: délivrance étaU proche 1
Enfin il passa le buste toul entier par l'ouv_ture, rllomena. péniblement ses jambes, non. sans
heurter et se meurtrir un peu au passage.
Et., sans pl!us d,'héBi.tation, id. fie laisœ ou~er
SUI
Ile sol herbeux..
Des abo1ement,s !u.rleux ret.ellitirent aussitôt.
Jacques atIolé par eet éveil s'élança en avan.{,.
droit devant lu~
tout en fouillant sa poche pour J
prendre un coutea.u qu'il ouvrit à tout hasard.
Les &bodis contlnu.aieM" mailS sans p8.l'altre •
rapproch6r, oomme ai & clOOnJS eussent été a.rrêt.&
par un obI8t6cte iDka.ncb ÏA$.a.l)œ, ou retenoo à da
chatne..
la franchit d
Il &lTÎift den.ot -.e ~,
bond et ee ~
~
deva.nt un ruisseau a.sMI
_ge,
Des ~,
. . .te ~en.t
du côté ...
ll&.t.iments. SOn ....-cm ,,t.a!t découverte,
IJ n'y av~
pas \1De Il'llmlt.e à perdre, !'l B'~
dane le ruiIIIeau, ~nt
peu profond, g.nwu
un tallUl lIIIlI' l'..... ,lIœd, et ee remit à courir cIirôa
devant lui.
Il allait rna.iDtenan\
l58!l8
savoir où, comme
triBé par a'imrnineooe Ou dan,ge,r,
~
Cependant les al>ois avaient oessé, le si'ence peu
à peu reprenait son empire. Ceci le rM6UI'U un peu.
Il courut a\llSlSi longtemps que le lui !xwmcl1.a.iem
ses forces décuplées par le vaulOO d~
reCOIlVTf'6' •
tonl prix :!la Iibe.r~,
franchIt Em:;ore de.:; barrière&,
Enf~
il parvint sur une rouLe large, où il s'~
!o.issa hors d'haleine, prooque râ1arut.
Dix minutoo plllll tard, III se remit COUI1a.geue
ment en marche, mais .sans savoir où il aLlail.
pendant plusieurs heures U chemina sn.ns arrêt.
Au petit jour seulement, il 'Put s'orienter à pœ
près.
Alors UI'le imm«l6C j01e le 8Ouleva. 1\ a.peI'cv~
à moi.ns cLe six cent.s mèl~
les clochEms d ~.
tiago,
Le hasaNl l'av,aH beu.reueement eœ-vi .. P
dence le protégeoaLt.
t
En moins d'ul)P heure, li! atte-ignit BD d.emP.l1TfJ
tombn harls.~
dane les bl'M de sa mère éJ'l~
II s (:Qucha. de eui\.e, EJ\lI' tes oon,s.c.ù:l doe l'~
lente rronme, et s'«ldormH ausai.tOt VIl.l.lloCU pw.r
fatigue inllTJe[Jll!!le.
'
Lorsqll'il se ~ve1La.,
cinq h~es
pl'lllB t.e.rd>
qu'il se fut réoonforté d'e.hoM par UII replis
ft Mmp. GtLmlt'T par ql
p l<'\IX, il dur aV/)l~r
61l1itt,· d,'ùnprooùDCeS fvlJee il aV&l r&~1J
pe1xr~
liberté,
Ah 1 8'~rla
\Il paun. mèr~,
rn!lh~u't:I1Jx
fo/l.nL, dnn!l qll III
lJ'fln.'ri
nrrn 11 :"S 111'11 ' lu pl
g~e,
Et pui.!, ne pcnsu.ig.tu phLS il ta G n,'viève'
h 1 si, mère, ai, il. eJile l't il loi, PUJ'(j( nne-m
pour vou, d \IX.
\! Et surtout ne lui pnr'le jamais rie crl!.e dan
rouee et d.ouloureu&e éqlLipée. m1tLe s'imagi.n.cra.iâ.
�40
~
08CS très graves et m'en YOud..Tait t.oujours peuLl!.re,
- SI>is l.1'anquille, mon Jacques, Geneviève ne
u.ra rjen. J'espère d'ailleurs que laJ. leçon te prott'Im'.a, car elle fut rude.
- Soi&-en stlre, chère m.a.ma.n., je ne m'exposerai
jun~
plus à de I?Breilles mésaventures.
Ime Garnier n 'msista pas davantagl'!.
J:lJE' 5e rendait un compte exact de l'état d'eIr
:it de son fils, €il.Je était certaine de son repentir
lit 4ie sa grande ciroonepection dans l'avenir.
Un mois après l'accomplissement de ces événemnlil, John Teddy débarquait à Paris et s'ins.uaj.t provisoirement dans un luxueux hOtel du
rlier d~
Cbamps-Elysées.
Le Iende.rcain méme de son arrivée, un téléamme l'avertissait de la vi:sile, pour l'aprèsIlidi, de M. Dulertre.
- Voilà cependant une COlncidence bizarre, muraura John Teddy.
'
" Comment Dulertre a-t-il connu mon arrivée , .. .
'importe, l'important est qu'il vienne, Sang' tar-
....
En efTet, oomme deux heures sonnaient, l'indusk'iel pénétrait r.bez l'Américain.
- Me reconnaissez-vous? demanda celui-ci, dès
début, tout en offrant spontanément sa main
visiLeur.
- Franchement non, répartit ce dernier dont le
œgard s'attachait pourtant, scrutnteur, sur la face
née de J'étranger.
Cette face, encadrée de cheveux gris ooup6s en
c, barr6e d'une IC)TI!!Ue moustache, ~oJe.mcnt
~e,
ct comme é<:lairé(' de deux y ux noirs, lro~
, reflétail l'cnergie, la volouL6. lais il en avait
'Wblié tous les lrailfl.
- Moi, je vous reconnt.tis en d6pil des dix-huH
s lx:oul6s, aHlrwa l'Américain.
11 ajoutn, la voix ~omc
attendrie soudain pal'
souvenirs :
- El je sllis heureux de vous revoir.
Il Si j
n'avais l' çu voir dép~che,
c'est moi qui
terai allé vous tl'OUV l' dès nuj rdl1ui.
\1
laÎoS commcnt av 1,-VOllS oonnu mon arrivée 7
- Pu l' 1 s journa Il spécinux.
uppria par un 1 ttrc de Jac" f)'/litlcun;, j'av/li~
.' ~)('
!i Gnrnit'r volr
pr6.!icIIC au Chili, et volre re-ilur prochnin ('fI fo'mlH'c.
" Mni:; venez-volls ici pOli r y Triller?
- .II' le crniA, si eOlllme je' l' pble Il m' t posihll', Ilv/'r vollc pl6rICUX cm1(,01l1'S, !I(' 11011 1 1C3
4'115 bris{-!! 1111 plissé, l't de le rl'purcr n parU '.
Il Vous ('flnnllis.
1. l' drmlourclJx
'rd d'uutreI>is ; dl' cd 11IIll' fuiR ,i OU vell t rt'g r llé ?
- Olli, jl' rn llOIlVi na d'aulunl rni ux que, tout
jerllibr Tnpnl, av C nID COIIAIlH' d I.aflont, nOU8
avons l'l'mué oc. cendree mlll 6lei/~.
_ Pauvrc' fl'rom,
I.e
t aveugle, m'a-t~.
cUL
_ Hélas 1 Dcpui8 douze (1I1S 1
Pui., ClllwgCII.nt de ton, Dulcrtl'c continua:
_ Et vous av z bien ~I'1Ai,
pal'6ll-Il, el Je
cNir du
111 1 alllrmaUonl de Jacques Gllr-
do.
-*,1'.
_ J'ai réussi au delà de wutœ prOviaiOB6, de
.u t.c !ill/'rlui '.
Il .Jr rl'vic'fUl E'Jl l'rance, poo
ur de p'hu! de
lU Itnlf' lTIi1ltO/18, gagn ~ par llJ
tro.vu.ll 1
- M' r IICILuLI /18 ; c'ost un v~ril(.b
turtune.
- Qui me permettra, je le sOllhaite vivement, de
faire des heureu.x autour de moi .
1(
Mais vous-môme, n'avez-vous pas également
roussi?
- Oh 1 plus modestement.
- N'impor~
, vous èles riche'
- Cinq à si>: miJlions environ.
- Très joli 1... Mais je reviens ~ mes ar~
personnelles.
1
1( Avant
de rien révéler, et surtout avant dte
prendre certaines dispositions spécia..1e6, blllboréecs
déjà depuis longtcmps en mon esprit, je tiens à
étudier les gens, les situa Lions.
1( Et cela, sans être connu de penonne, sauf de
vous-même, mon cher Duiertre .
- Comme il vous plaira, acqu~Ç8.
)'induslt1eL :
- Très bien. Et puisque nous voici d'acœrd sut
ce point important, causonll donc en toute confiance et sincérité.
Sur cet exorde, John Teddy fit 11401'8 à sen in- ~
terlocuteur un long récit, tout aussi mystérieux
que celui qu'il avait précédemment fait à Jacques
Garnier, lors de son pas-sage à Santiago du Chili.
"ers quatre heures du soir, seulement, findustriel
prit congé du richiseime Américain.
- Je vais faire préparer dès maintenant votre
installation, conclut-il. Et je vous attendrai, dès
après-demain, selon votre désir.
- Convenu; j'arriverai à. l'heure fixée.
SUl' celle entente définitive, les doux hommes se
séparèrent, enr.!1allt6s l'un de l'autre.
John Teddy de/lleura longtemps songeur, après
le départ de Dulerlre. Il semblait revivre un pas~
loinlain, évoquer d'anci Ils év6ne/nenls ll'Oub1anl.8
ollcore, en dépit des dix-huit années coulbes.
Enfin il parut pl'Cndre un parti soucklin. Il sortit de l'Miel, MIn nn taxi-auto el se fit oonduire
à III préIecture de police.
Reçu sans dOlai par le chef du Serviœ des Recherches il oul avec c rlmclionnalI c une brève conversaLion dont le résultat ful qu'un inl'Opecteur de
police r çut l'ordre d se lcnir à Ba cI.itllpolliLjon.
Immédiatement, l'Américain emmen& reL rnspecteur dlJ10r avec lui d ns un r \.aurant du boulevard det! Italiens.
Là, ils causèrent avec anlmnUon. Le pollc:i6l' eemblaH admir r cet Nrung!?r, dOllt La netteté, la PI"clllion d'esprit 10 rrappaient.
Dès le leDd6main matin, les dcUJ( lrIoruJllea, de
nouveau réuni HUl' la pince d ta Mn.àolcln , partai nt en expôditi n 5 crMe, du cOt.6 dr .Vln n~e8_
Ils en revinront I.e !!Qlr Il rud.omeut, fatigués 4t . .
sel. peu satÎ!; (Il i t..,.
I~n,
le 8urlood mllin, John Tlxldy R' 1.rouvoH
sur ka quai:'! de dépurL (Jo ln (oI/ll'r de J'.~
t. Il
gliasQ un "illet de CC nt .francs do.u.6 la OHlin du
policier qui l'accompn[Plwt noo .
- Mon ami, lui dlL-iJ, tous m
remerd menL6
1('6 plus ohlùeur \lX. Volre 1ll1!lSioo
t Lermjn~
pour le mOJl~e1,
ct voll'e (: UR~()roti
n pl iouse,
votr zèle m Oftt donné tout suliefaoUon, bien ~
ka rosuJtal.!! eoionl plulOl dOev~,
Il SI 108 oLrn8tac~
m'ub1jllt'alent .. d4t DRvelles rocherch , j ne manQ'1I
pM de m'.
dresser" volre poroploaoHé dh'oulle.
" Euoore merol., e.t lIOuveoe .. ~
de mol
PUill, }c8~n\.,
l'Amérioain lJl'impa ct.&-. _
oompartimrnt de pr"'01i~(
clllJuw (v l'expreee de
Nancy, s'lnstulia cu.,lfTlOd6w'nL el r"lmA lea yeux
comnl s':ll voulait domlÎr
,al.
�C'Il- RitJalité
d'A mour
= =~4i
~
Trois secondes plus tard, la noire cavale l'em.
n allait maintenant llU-d"evant du mysténeux
Passé qu'U s'efIorçait, vainement peut-é-t.re, de reOGnstituer,
poriaü loin de Paris.
- Bon, alors c'est un petit homme jaune, tout
ridé plaisanta Berthe avec une nouvelle mo\1&.
~ Tu le verras, ~
nnfant; &t tu en jugeras.
- N'importe, s'il est très riche, et surtout Teut...
sans enfant..
- Bon b6Ù ne t'emballe pas, incomgilNe petchol ogue.' Tu
tout d~
suite ~ \ID pa..rti posaible, n'es l-ce pas?
- Et qu und ce;la SMalt, Bt Mme Dutert.re in....
v enant à nouveau poor goutenir sa fille.
(( Berthe n 'a·L-clle pas raison de cb~rhe1'
1 .,...
tracter un mariage riohe ?
.
<1 Elle a tout ce qu'il faut pour 54\'011 )ouir dll
grand luxe, ses prétentions aorn en ~
_
plu..; légiLimes..
amie; même avec ua
- C'est entendu, ch~re
petit homme jaune, tout ridé, elle peut faire grande
figure.
.
- Oh 1 lanoa B.!rtbe, cyniquement pre.tique.
qu'est-oe que rhomme daM le mariage, quand l '
y a la fortune 1
•
« Le mari ça se prend par-dessus le marché, et
parce qu'il est imposirible de {aire au Lrement.
<1 Car, il la vérite, c'6St pl\itOt l'objet eucombranU
- Gamine 1 répe..r1H DuLertre avec un s ourire
forcé, bi en qu'il le ~
prêt à ~ ép ]iqu
er
P'~u.
vertem ent.
Mais iJ estimait habille d'affecter, à l'égard de.théorie;; déplorables de 8& tU~e,
,u?e altitude d'i?c r Ô d1.i~
moquetlille, vo,.-mt Sigl:Wle!', l!fl.r là, qu il
11'atlochait auclJIle f~ce
k sœ Idées ultramOde rll.:ls.
,
En soi, pour~
U ~nrait
de cet ét~
d e3pria
par ticulier, sI d6p0urro de t()Ut ce qui fait le charm e de la jeune fUie, de 1& lemme. de la mère de fa·
mrJJe future.
Il rdprit, r~eNIlt
plu 1l'8ftl :
les blaguea 1la mMe,.
- Laissons de e6Ii6 \ou~
parlons s6r4auBeJnent, mes enI~ts.
,( Je tien61 à 'Y0UtII recommander la plœ grencle
arro.bili\() poUt' no1.re hôte, M. John Teddy.
Il Et ceci dane wire intbrêt qui, te le pense, eat
lié au mien, asael ~roitem.
- Natur6lJe.mat., ponctua Mme Dtlterue, lM
sommes-nous pas tes ~8ociées.
- Gc;t A.m6rieal1l, pGursujvU l'indUIStriel,. peut
!aIre b eaoooup .J.I01U' l'extension de lUes . af~e
1
l'é1.l'Unger . Je désire qu'il trouve oh e~ m ol, 1a ccueU
le l'lu s la rge, le plus aimable, I.e plus empres sé.
" Il de vra se ~rouve
lai, oomme chez !lIl, &beo/A.
Dl lm l av ec twk 'l iberté d'allures .
- Restera-loi! IGlng t.emps' intenr.a BeMhe,
- Je ne oo.i6, mon eufnnL. TM le tempe ....
Pen5leS
VI.:.
L'HOMME MASQUÉ
1
- Mes chères enfants, commença Dutertre, en
pénétrent dans le salon, je vous ai priées à oot entretien pa ~ iculer,
ce malin, afin de vous annon«ler une DQ:lveUe importante.
Aiprès C6 début, l'industriel fit une courte pause.
Il regarda malicieusement tour à tour sa femme
et sa fiije ravl de les intriguer un instant.
Dan.s hntirnité, U affecta it, non saœ -die bonnes
raisolll! peut-être, de qualifier les siens de ce Lerme
protecleur : mes enfanLs.
Pour beaucoup d'hommes, en erret, la femme d~
meure toujours un peu « l'enfant )). Ell " a beso
d'un iUide so.r, el parfois même de pa, .I elles remontranoel.
.
D'aut."e part aUS31, Dutertre aimait à taquUle~'
un peu oh 1 sane aucune méchanceté, Q6IJes don .
l'inCorrigible curiosité féminine provoquait en lu
A Gerlain62 heur66, des pet.ite.s révoltes sOONtes.
Ainsi, il ee vengeait innocemment des légères
contrariétés éprouvées.
- Rh bien 1 père, questionna impérieusement
Bertbe, vas-tu opus fRire languir Wngtemps, après
tGG 8.Qnotlce 1nsidieuse ?
est i.wti:Ie de chero~
• IlWS 8.lJBcer à~
le
mat:i.n, appuya Mme Du t.cITtre de sa ~oi :x lllgre.
Toute la journée l'en re sentirait fal.a.lemen t.
fi &u &Ilrplus., nOU1l n'avons pas de ternpl3 b. perdl-e.
- n
- L6., là, At "industrie l, int ~ r ie l'u Gmcnt
{LIllusé de
cee manllestauoDs, _ ton jour les mcmcs - tin
peu. de ca1me, je
TOUS en pne. Et ~ ur
t ou t pr~tez.
beau coup d',,-t t'è ntkHl .
- Nous écoulQnR r t'Ji ' j 11 !..... rnl'n t, affi r ma Berthe,
aff-ecLanl un a tt.iludl' r j'Iwilli r .
- TJ'è!; bien. ,fich.' z donc 'l nr. III Il 1l'l 1., lJ, deux
heures e t tI ~Jl l [lt , n OI1 '1 flur('lW !'honrH'uf de l'('('avoir il. la villa lin honllo., dt. alO.r
~ j1)t'.
. - L e P1'é.'lid ' Il l de la 1 "Pl l bli lJ lI ,' ': i n k ~ r<>J:te.
~
neu
~em
n l Mille LIu l.(·rl n '
0001
-
Non
-
U,l l
i )ri l1 t'~ ,
al()l':; °l
J"( 1 B"I' II,,:
&v"
Jr ,j ~ ~n
t; m
- N Il >,;· Lu p l~
asst'7. !l 11/1 0' ;11(" Il '! Iw n,HPl
Du LerLre.
- "in
~ i, (; '&it un !' illl [ll,' r " UJ:"ilè r '!
El l' orgul'i ll{; u:; I' nHe ('ut li:), r: 1:" ,:" ' !'.!'Io:l' ;,L
d l,. ~il l1g
l~ é.
-- O lli, un roturier 'Ulll il,"
me
111111.
un
1 1t
l ou
~
,l '
oil l" !I,. __ , l ,',1'
.
lr~
1111Ji. 1'1l 1l 1' l1 C 11) 1 :
LJu L..,- IIt:, { ~ j)/uya
il dt' li W il l ~ I1
l'I ~I 1.1"11 11.,1'" Illnt.. .
" E l lll ui dt' 1111' 11 I l' tilt (1 l'il 1<':1"\ , u n prlll.ce ,lO
-
~ !l
l lj)f1n
u lI
'
corn-
r
nt
ur,
C Iihnllur,'oo . Il;/11'1'': '/
.
Ni l'I1n, n i IUIll.!\'. P1tJIO L veu:, :li J tJU CI\k:li
mf"H 1'('11 :l l'Î g l1\! IIll' ll l)l. P Oil l' lall l k n 'co Buhl p:UJ t.r~
'1 Cil', CIlI' 111 ( 1) hou' 1I1e nIT i\' " dl' li " , 1,]\'1 .
r " lit ('hll li ' '! r i.I'11l1i . lm ' llll..rl r.; .
" q l(~ , IIl,l 1:11 r ~' . JI \' iclI l lu Jo.pon.
1:1 foi, pl'I
v Olldl'Jl .
- ~t 3j s
al')rf:l, la roalsoo va ~ ~rouTe
pI.eine ~
Pt?, ohject./l Mm /! DulerlTè d' un too cie mauva1Sa
h ll!11('ur .
" NO li S Il.on i! déjà M. lie Montolair, nob'e oouMIM
de [.'1 frtmt et Sb fum CUM f'JOetl.evtève., 4!t eoan ctiI
A ml·,:·j.':Ü;1 : I1lln l.r.' persomms 6traJ\gh
~ ...
fi . ' 0\1'. ne :;c rnn8 pl Il " chez nQU S ; plue du
- Eh bien, ce se ra p l u~
gal, VO~
tout, ~
Dnt.erLrc , ~rtniRT'l
t do n'm '-QI}.', pour M pola' ......
1I101U1C I' corn me il en Il vo.il enYilJ.
« L'im por lu.nt est que VOUd volia ICMIT-*- dG
"*"
mt!l::> re
I,; Ulm~
u :\llllilto!I
U OIlS.
datiOD.I,
unt, v aquons cbdctW • ~
ecD'l*
~
..:.l: r ~,
l'indus triel :;.e u-va.nt, tMU"Üt 1. premier "la pièce ou il venait de 's e n~"etDir
6vee . . le.....
et cm fille.
,
�,:2 ===========
_ 'l!<.! dernière s'en rut aussitOl se livre.!' aux soins
, ,r, ' loi~te
savante, destinéf:, pen '1ai l-elle, à
alper du premier coup I1maginat.ion du. nouvel
. " è attendu.
Ilne heure et demie plus tard, elle sortait de III
mure, pomponnée, maquillée, sannlée dans un
beau cor~lge,
toule fanfrelucbée de dentelles.
1. le descenoit sur 1/\ terrasse de la. villa., ot le
1 Il
de ~Jonlcair
fumail mélancoliquement des
ig<l l'elles.
ün év{mecn~
cher ami, fit-elle en l'abordant,
n sourire provocant aux lèvres.
- Quoi, votre nouvelle toilette' ~mand
!te
te loujour., affable el mondain.
" En ef~
ma chère, elle est du mdmeur IO'M.
"ae vous sied à. ravir; je voua féUcUe; TOUS ate.
/ 'ille par l'élégance, toujours;
- :'Ilerci., ce D'ait! point de moi qu'U .'qt\ en ce'
,omenl.
- Uommag.!, votre jqUe pe1'8ODDe m'occupe
TOUS le savez bien.
( JI1~,(nme
A 11 moment même 00 Gast.on de Montdalr p~
non çait cette nouveUe banU~,
Mlle de La1font app, rlll sur la terrasl!e, guidée par Genvi~,
Aus.<;itOt la physionomie tin comte changea (r~x·
Ire!:lsion, Le JIOUrire stéréotypé sur ees lèvres s'e1parut atlTistel'
fnçll. Une IOrte de gravité lIOuc1e~
ses traits, les rendre aUllsl plut! mAlta,
Il lM! porta vens l'aw~
av« WI empr.~nt
Ill arqué, tenant • ~ fois de l'intérêt et dn ruptt.L
El tandis qu'fi préi<ait à 16 vieill dcmoiaeDe
son re: ilrd n·
cs civilités en tenne:! lorl chois~,
'lie!opPIl d'l.IDe admiration contenue, presque MsodonL 111 beauté
l"p, ln belle et touchante le.ctri~
'i rrudinit A la clalrf! lumière du JYl4liA, et sem11 lit 1'6blouir.
pur 6('
dl/
d
gnu
/1
in
:'Inis cel'
~'luib
cl
l'éf~r
Jl
1'- 1]1, .nt lait
pOUl'
étllll1lcr les gen:::
. Il pou sa partuut des para-
siLes.
Un mauvrus .reg l'd, jelé sur Geneviève, accentua
l'inlellllon méchant.; de J'orgueilleuse fille.
Pruv()(ju ée, pour ainsi di!'
ror'phellne r.lparti.t,
frém issallte :
- Mademoiselle, il lu: pou >C pa ' eulement des
parasites au sein de la nalme lu \J'llIs belle. Ses
aus .. i de plantes
force:> mystérieuses produi~enl
d'orgueilleuse apparence, llwis d' s ence vénéneu se . Elles sont souvent plus dangereuses que
les parasites,
- Très exacL, ponctua naJvement Gaston de
Monlclair, dans u.n élan de généreuse indignation
qu'il ne sut pas contenir,
Et Mlle de Larfont, dont l'esprit très fin venait
de ressentir péniblement l'attaque perfidement l6.~
cée- con tre sa belle lecLrice, appuya de sa voix
srave et douce :
- Oui, ces plantes de belle apparence sont beau.
coup plus trompeuses que les parasites. EUes ~
couronnenL de neurs jOlie:!, qui Ulcll.cnt à les reepirer, mais leur parfum est parrois mortel; tout
au moins dangereux.
Cette fois, Bt!rthe Dutertre aentit la réprobat.ion.
Elle pivota rapidement sur elle-même, 4ane Je
but de dissimuler auX yeux du oomte el de ~ne.
Yi6ve l'expressiQIl de confusion, ck honte m6me,
qui enlaidi.!lsail lion Tisage de coQlIl'LI.ë.
- Eh b~n,
fit l'aveugle, surpriM de ne poial
Pentendrl' répliqu.r, ne continuez-vou::; pd-q I~ duel?
ma petite BcrUI8, C'est pourtanL inlOressant pour
1Hle combaUye comme vou»,
- Non, ma cousine, je m'I\VOU8 vninc\le), pour
cette rois. J'<!nregl~
ln lef;nll, " :cc 1\ 'poir qu'ene
proflt(,r8 égnlement aux Ullli ;1,
('.(0 CI fllt dit sèchement, en
me If'TIlps qu'un
nl1ll\,('/111 l'cgnrd h,tÏnelix foull!'oy Il G 'lH!vlève de.
Il: '1I1ée irnpll.'si hlc.
Pui., la !Ill' de l'inclll !'lricl R't'!loi(.!llIl, uivie du
COilIt de ~1()lCÙir,
un JI 'II C'1I1b,IITIl • ê ùe ce qui
alllllt ré \lIter d ::;on altitllde.
Mlle cie 1..4CCon1, sourianl flnClTl1cnt, 1J'IHI!IIit sur III
lcrrush , t!n disant à sa lcdl'lc' :
en a png t III
- Le professeur' de p~yclOoRie
à 1'11('111' pOlir lia valeur, Elle ne r vieillira pli,
toul d' 1I1Iite à la charge.
n'ose ru. pas, répnrtit l'orpheline.
_ Ce rte !! , eU~
Ali IrlnJU ('n ce qui vous con, fII(', Indl'Illoi Ile,
u L'l'st moi, &ans aucun doule, (Pll pllir'ral )el!
r/ CIl dl 1/1 jlPlite hurnilinti(1Tl qu vou lui nVCl ln
Il 'l', si jl . t'm~n
d'allleurR ,
_ 1.0 (,l'(IVrl·VO\l sérl Il m~nt,
mon entant'
_ J','n /li 'grand'peur. El! c. t rIlT.
lI/1i~'(.
- Ha~
lirez-voUs; je vous défrndrni comme U
conv l('ut,
" lni h\II'I'1ool cela, Genevièv ' c ~rl1it
Traiment IIltndH'r trop d'imporLance 'auI propol de
cette COqlll'ltl' pêdJant.e .
• u , jOllnlnllX 80n1-1I11 arrivé.s ,
- Oui, Mllclf moi Il,
- I ~ h hi!'n, li Z Illon enfnnt, c 11\ nOIl cll tmlm,
e; nl'vi~
'in sWla d riullA', r lll (' fi , 1 1 df' 1..nI
tInt l'iliA d'ulle \01% har'lIl Il lI~',
'J't'TI 'll br6,
dl
1111/1 fi çn on oUke d
Il, tnt' ,
fi 'IHlnllt '~ tl'rnl'S, \Ine cOllr'p ('~n
dau
Ir pnrc, nLr
'Mh) lull rlr
1\lllIl/I.l1i/',
• 1 Il cher comte, d;ia it 1(1 jQlic fill.c de l'in
�~
RitJai'i é d>/
.lel
r
==============-=-
::.'-= -::.::
'
dusl.riel, je liésire avoir avec vous Wle e:x:p.liœtioI1
nécessaire, Illdispcn.;;ablc même,
- Je suis à vos ordres, répartlt GaaLan en 'l'm.clinanl avec grâce.
- Veuillez me dire cp1els sont ex.actement vos
sentiments à mon égard, Et, mieux enc~r,
quels
J)fojets nOllrris:<8z-VOUS en df'meurant ici ,
la
- Je vais, si vous le- v()ulez bien. ~tn{\er
question, répondit le comte devenant prudent et
habile.
Parlons d'a.bord de mes sentiments.
- Soit.
- Ne Ips avez-vous pM devinés, VOU!! qui êtes
une psychologue avertie"
- Ma roi, non, mon cher.
Il Depuis près d'un an nous avons ensemble un
flirt fort agréable, S8.M aucun doute,
Il Vous semblez me trouver à votre goflt, ceci est
indubitable. Pourtant je ne puis m'arrêtrr Il. ces
e.pparenres, puü'que le goat dont je parle paratt
vous faire apprécier kès visiblement, d'autre p~t,
les ehl1rme-s d'une rersonne de nolre dom es lt Clté.
- De qui vouleZ-VOlis po.rler'
- Mll is de cette Geneviève, si étonnamment a~
taoMe ' la personne de ma consine.
- 01, seriez-vous jalouse, par ~
de eetl.e
pauVl'e jeune fiile sans importance'
- Je ne le suis PM, parce qUe cela aerait ~
digne de mon esprit et de ma litnaUon, répartit
orgueilleusement 13 rthe Du tertre.
1\ Mais avouez que si j'étals moinA fGr1e de carMtère, je pourrais l'être un peu_
Il Depuis volre galanw aventure , . lIG6a. t'al ..
1Iz'oi\ de supposer bien des ch06el.
- Basl 1 ;ne plaisanlerie 1 jeta. le oomte ..
Montclair, en détourn8J11 !lussitOt son rf'~ad
ToU6.
~
oomprennnt qu'il imroJ'!,I\it d'ndopler ~
athtude dest.ructive des doutes émis par celle qu il
rêvait d'~pouser
; 60uci \IT dn soin de redorer ~n
blason" Il poursuivit arr ctant nn accent conV.II.11Icu:
'
- Non, non, n a ch rr amie, ne Boyez pM 'l:'-louse. Si, durant quelqucs jours, j'ai ru Tf'SScntlI
vnguCtrtcnt un certain caprice d'homme pour la
leclr.Î<:l' Oc Mlle dl' Lnffont. il y 8 beau jour que l'al
Ollbh(: cellt' !anlais iC' 1...
-- EtCli-VOUS sincèn?
- Ab!\olum nt. Celll à vOIlS seule que Je pense.
A vous soule, j'al le dasir ct l'ambition de plaire
en tout cl pOlir tout.
1( VOIlS êles
Hez jolie, Dieu m rcl, pour hJ!!plr
à un homme d ROùl un
nUment très tendre, el
tm~:.ir
ardenl él'~ro
à VOIl.l bientôt, t1l toute 16&1-
« Vous me COlll}) el:
' •• t-ee p&15 ,
- Je le croi..
'
- Ce n'est Pila dans Of l''&J'C 00 nOUII pouTon
etres vus, qn je VOU8 adrel8cral yolontif'rs une
déclaration d'amour, 8E'lon lell règll'a antiqut'.•.
« D6clarntion un peu puérUe en l' pN:f', avoueale; sl1rt~u
noir époque, et qui d'alUeurI •
?rollVp.rtlll rIen.
- l' Ill·être T
- Non. LI R 1111 '11ll! échangbl alnll .ont presque \oujouril violé. ".n louL CM, 1111 ne Tif \IV nt
cnr,nport.er une t rnll. trop ollvrnt invo('IJ~,
cl
qUI n
no
apr rtÏ('nt l'l\! ma1h urcuscment
' Il 'n!nnw souvent
," L' alT\OUr n'a qu'un trmpII,
l arrecllon plue durrlblc, plUll sOre, aus.: i (llu con·
torme e. notre Mtllre Imr arraite.
- Vous pUl'l\!1. assez bien, a.pprouva Berthe
railleu se, en souriont, secl ètemf'n l flll.tt.ée.
- Je parle en homme pratiqlle. ,Je m'adrf'sse à
une femme trop intelligente pour êtrp un I" ~ I'nti
mentnJ.e romantiqllc, à la m.lni~re
de nos alPI~
imprégnées des tlll"ories de Larnllrtlnp,
- Fort bien jugé ; résumon
s-nl~
dnne en q.uàques mots précis ; Je n'ose :lire déflnillfs.
- Volontiers, ma chère.
- Songez-volis érïelrempnt à m''!'pnll!'Pr?
- CerI cs, je serais heureux el (llttl(> rI'y N'II.' Rix,
Vous feriez une comtesse d Monldair J)llrf/iiw.
charmante oe tous points; en un nlot f!.('.(',ornplie.
- Vous dpmnndprez donc ma main a mon père'
- Sans BUC1ln doute.
- Quand T
- Vraisemblablpment avant la ftn d~
l'été.
- Pourqlloi si tard T
rai.sonnabtes, à ce qu1r
- Pour df'uX ~niso
me semble du moms.
CI La première pst de oarac tère tOllt ppl'l'onnel;
ell,e ré~ulte
d~
n~ct'sl\ié
économiqlles, Bi le pu.i&
m expnmE'r alllSl.
14 Ma fortune, jp pllL.. bil".D l'I.Vou~r,
n'l'lOt pM "~1Ùe
à la vOtre. De plus, je luis en ~ m ompn t. pt pour
deux ou troi.9 niais encore, tenu • cl:U"laJn, eu gagementa financiers.
- Dee dettes or
- Si. vous voulez.
« Or, jo tiens à me ~'-er
l TO'tre père., homme (l'ordre s'U en I*t - .v~
aoe sitnMW.
tIrie DeUs, dé~I\R(>e
de ~UI
embarra.s pour l'avenir.
- .le om~rendl,
ftt Berthe aDIltleue; Mci ....
Nlt, usez sage.
«E~
la .• econlle raieoD ,
Voue eoncerne JMll'-.otl.neUement,
Moi T...
)
Oui, la yole! : Je dé!llre, cf'Ci fl!l.( tm Ia('T'tJfluie
de dOlirales!le apprl-r.lable, je le crnis, TOII!! ltlÎsset
le temps de bipn pefler, de bien mOrir la d(>,ctsion
que vous vOlldrez hirn prf'ndre " mon él(l\rd .
, \1 LI:' mllriage, q1loi qu'on en diRe, ~t
un arte fan
l~po'an,
dont 10R conséqllt'nc{,8 nalllrplles. physl qUl'S ou morales, devlenne'tlt souvent irrépal"8.bles, si l'on S'CI pr['çolt plus tard que l'on s'est
tromr é mil tu f'llement.
- Oh 1 lança Borlhe Inconsidérélnront, ce n'est
la chalne ni la prison. 11 J a la
pl\1s, de nos Jour~,
porle de sortie t.oujoure ouverte.
- Oui, je sais, le divorce.
,- PUl'blpul
- Ai n ennl1ycll qnand 1 enf n1.8 !lont Vf'nus
- Qu'importe, les enfanll, 10r!lqu'U 8'ngit Ur re:
conquérir une inMpend ce, OIlmpron!8~
pi' t'êlre
l ln I~gêre
1
IC D'nillcu rfl,
voulez-vou.,
Nt crpin'
sincère
lur votre scrup"le, mon cher comte T
- C::ans douta.
« Eh bien, e'f'!'It qnt yntrf!' d~lic
pourrait
bien êlre un prétC'xte eeulcnwnt.
- Je ne comp['ends pail répllq
GL~to
d
-
aiIont.clalr stnp(:(uil.
'
Je vo.is mf'llr l,es points l'llr 11'!8 1.
,c ~lr's-vof
1IIf'li !'ur quI' l' clq.rt('p nI! . Il~.'r
r~ o
&cnIL }lOur crtl Grnt'\iève q1li nl d l'lllil tu.nt,
eolt tout à r il 1"lOt'
'
," Ne cllcrcil '7.·VIlII . pn à ~nRr
du 1/'1Ilf' ' afin
d esso.ycr dll s Il, r IIr ce clll'rlce aH1Ill d' y
contl'~é
tout l'Hg I~ 'menl vi -b. 'i" ri l' moi or
Oh 1 qlJf'lI. id 'l' 1 s' ~c
a Gas Lan, saWl
ver IInlr
hose b njOll t r,
-
�S'll- 44
======================
-
Prenez garde. M. de Monlclair. Je ne suis pM
celles dont on se moque .impunément.
Berthe Dutertre élevait le lon en disant celoS.;
tu rictus mauvais crispait :;e~
lèvres trop rouges.
EllIe poursuivit, plus âpre encore, et comme sau·
levée tout ~ cou p d'un mouvement de jalousie hatne use :
- Si c'élait cela, je vous jure que je vous ferais
p·ayer cher à tous deux. à YOUS et à cette fille, la
comédie où j'aurais joué le rôle de dupe 1
(( RéD échissez-y bien. M. de Monlclair. et reston s-en là pour aujourd'huI.
En acl! evant l'irascible fille de l'industriel tourna. brusquement les talons, puis s'en relourna, d'un
pas saccadé, vers la lerrasse de la villa.
Gaston, abasourdi de celle sortie menaçante,
10ut à fait imprévue. demeura un inslant immo-'üe, cloué sur place par la brusquerie, par l'au.tooe de la jolie lllie.
- Bigre 1 murmura-t-il; se ressaisissant enfin.
il convient de jou!::r serré avec cette impétueuse
personne.
(( Elle est ja.1ouse oomme une tigresse, en dépit de toute sa philosophie de couverture.
Puis. marchant lentement dans une al~
omhreuse. dissimulé fi tous les regarda lndùlerets. Il
ajoula. songeur:
- Dom m age Ciue cette Geneviève ne
pas le nerf de la gnerre, combien elle lierait prM~
Table à tous égards l...
1( Elle est adorable, vraiment 1... Et je lOu(frirei
J1eut-être un peu par elle... ai je ne eouJIre Mjll LIl Y avait là tout un aveu, une sorte de confess ion intime de l'homme Il lui-m!me; aussi 1'8:1pression dc reg~
sincèros.
Gas ton de Mont 'air aimait Gonvlh~
au ICD.I
précis i1u mol.
Et c'était cel amour même, IIi pMldemment caohll
aux yeux de tous, qui transformait peu l peu 01
vIveur . fnt, ce mondain lég r en un homme plue
réfléchI. {:ar Bulle. plus intelligent.
C pendant le souci de 84 situation matérielle lui
imposait. p<>ur ainel dlre, la nécessité de conll'acter le mariage Melle, si longtemp. oherché.
Et il s acrifierait sans nul doute sos agpiratJons
tlentimentol t>s, peut-être Bon brmh ur aux soina
cl SC$ int6réLs imméd iaLs el mo.t. "rlols:
- Apr~6
toul, les affaires sont les affaire. 1 conclut-i~
d'un Mant las t l'as ig né.
" T uutes ~ con.
idér8t
i on B s 'c rrac l'ul devlUlL la
ce&'lilé de m e cr6er la silu/l tion rêvée 1...
CI T61lt pia poUT mon cœ ur l...
Puis, ros lument, il murcho. verll la terraue,
tout en élaborant rx>urtunl après qu Iques 1MCOIljè re-pfl~
de
d 8 de r60 xione, d c secrèt.cs ar
compenMtion.
N'cs t-il (J'l !l t.o(; j 'li ra dt":! 8ccommodomenta T...
L ' Mj un l' r'·l.ni l bi ro 111 tous le.:; acLeurs du
J>f'til rlI'ume int;l1l l' qui a:: jo ua it 8iM~
lOua dM
apl' u r('nfX'.6 de l'(wdiulilé, d bonne édu<;ation et lie
gnlant de.
,
Il a tr rmln a pou rtant plus rapidoment que de
c IIlll mr, 1\1. Dulcrir ayant annoncé ortlcioUemcnt
l'arTiv(>c' tOlll(' fll'(,('hu in ÔI:' l' méricain Johll Te1dy, w n am i d'cnlnncp, afftrmaiL-il.
L' in du tripl pr it ~n
crre't son Itutomobilc et Il tll
bil'nllH con dul rc Il 10 gur , pour y atlendre l'arrivée ù t' t;rJn hot
l'o ncl lI ,' I1"m nl, John T ddy ù(o bnrqull de l' xWess qu'il avait rcpriB à MI ux, uprès y uvoir
~e
po'"
n'-
RiValité d'Amour
.MJ
déje~n
en compagnie d'un ve~dur
de proprlétés'f
spécIalement convoqué par lm pour arfaire.
,
Ùlrsqu'il pénétra enfin da.llS 18. luxueuse vilJ( 1
des Dulartre, il app8lru.t. à la femme et à. la fllJl ! '
d~
l'indusiriel tout autre qu'elles se l'étaient iml!. ~ t
gmé.
i .
~ie
du petit homme jaune, ril1ê, dont eU {) ~
r8.J.lIalent par avance le type et les allures a.slali:
ques. Elles en furent grandement étonnées.
John Teddy, au contraire, était lissez grand, do .
tr~s
plutôt régl1l·iers, bien q'\lJ'! ne se l\eiBmb
à~
.
pourtant pas tout à fait à lui-même.
\
Du moins n'était-il plus l'homme dont Jacques
Garnier avait pu sauver la vie à Santiago du i '
Chili.
~
Il semblait, depuis cette époque récente. _ UD , ~ 1
mois et demi, à peine - avoir vieilli d'une diza inel
d'années.
'
ena
l
S es cheveux longs et bouclés étaient mai~
tout blancs, des rides pro(onde-s sillonnaient ,sDn
frant, comme des stigma tes lie souffrances ou de
vici.s6itudes. De.> lunettes. telntées de bleu. dissimulaitlllL aes yeux bruns, encore vifs, dont le regard sI profond pénétrait les êtres et les choses.
Une longue barbe. entièrflment blalldhe. encadrai t
aa fooe au ~int
&ru buw.
En somme, il présentait toutes les ap{:'arences
d'Wl bomme dont la ao\;[ant.eJne est procbe.
Bert.he Du\ertre en conçut une sorte de d6ce ptiOR Ile crète, eJl dépit de sos partioulières th éoriOI matrimoniales, où l'bomme occupait la derni~e
place, le : par-de6'Sus le msrrhé 1
Néanmoins. eUe fil bonne conV'Jlance. Ce rIt
8Yec le pllU! eIliageant des S01!ri.re6 qu'cl!
ncOIJoillit l'Am6ricain, lkmt l'abord cordia.l pré s a~ eai t
simplement un brave homme.
Après un écbMge d'affabilités premières J ohn
Telddy fut conduit à sa chambre par l'indus tri el
lui-même.
Ln porte Il r:eine refermée, il interpella Duterlre
voix basse :
- El'. bien, mon cher, comment me tvouvœYOUS T
- Parfait, très roussi.
- Ri~D
ne jure T
e'esl f.ori bien pt'6paré.
- Absolument ~n,
l' Mais j
porstste &. ne point ooGlprendr.e 'a nOeesall.é d'une tAille tran.II1ormatJcm.
- Vous compreudrez plus tarcl, BOlt 6n dcvIaanl VOUIHntme, .oiL pu' .uüe de mes taplk.atioIUl
OClrnp'f'menta.lroa.
fi Mals l.a18aons de 00&.6 oea d(Mn., sooon d.1Ï1 '
en r6a.lité. nous y reviendrona lorsque je ron nsltra.! mon mGlule. Qui TOul la fin, chercb e Ics
~
moyens.
-
C'est vraL
Qu'allonll-nous faire aujourd'hui?
Un tour de parc, ,8i vous l ,'oul cz hlen ?
- Pou!'(fUo! pas' C est le tour du pl'C'[l l l "1 Ji 1'
heln ,
IC SI n~tur
l~e
?ette COlltnmC', t s i lI umnilH'
PuU! 1 Am6rltam. modifia nt r a pirlem III . ,\ Ir:
1cUe d(' vO)"IlS , l'edCSG<'ndlt biclllOI l'II m Inll'l[' 1
.te l'lnd ustri el.
Sur la t r~
,Us r etrouvè rent les hO \,cs Il'' 110
villa.
Au mll iou ('l' Ux pl>rorui l d ~ jfl
n rllJ e fl u',' rl n, 1
i " l pr (J H ~lJ
n s p. )'clll,l .. , .L~
{'tolont 8 1'S pr e l ~r(,A
SUJ' I·éll'lu lgt' I·.. .. J'A:; !'lIlqlll' 1Illtin," du v 'lnll'(:'
J :tLp pu ril lOll du(hl 6lt'U,niL'!1 inlol'ro 11J1t sea 6Iu "
�~
Rit/alité d'A mour
cubrations pédante". E L'I! clign a des yeu<%, a:Ît,aui.se.
son regard comme pour m ieux l'examiner, I.e pénétrer d'un seul coup, en femme qui s'y oonM:tt.
Gaston de Monltlair, amusé de ce manè"e flr6tentieux, sourit imperctbln~
il Gen~èv,
dont la jolie bouche se plissait un peu en IIHUlière
Ile douce ironie. ~
- Mesdames, ME:SSleurs, fit Jobn Teddy, exa./(f.
Rnt à dessein son accent d'out~er,
je V8J.!, en
~r.ngie
du matlre de la maison, visiter la pro~riét.
Veuillez donc m'excuser de ne pas re.sl.er
wul à rait et de suite.
lVee VQ~,
- Mais noua vous accompagnons, dit 8usai:tô'
l'ertbe.
- Certainement, appuya sa mère.
, - Et n ous, n06S rcs leron.;; ici, fit grav.ement Mlle
~ Larront. N'est-ce pas, Geneviève'
- Votre dœir œt un ordre, ma~;e,
r6lAi l'lit dou cement la bene lectrice.
- Venez m o nsi e\lr de Montcleir 1 lança im~r
e u
sement.. la fille d~
l'induatriel., crs.Ignant de voir
son soupirant demeurer près de Geneviève.
- J'a.ocolTlpa.gIl crai vo1ootienl
ma6l1ar
J ohn
T eddy, riposta le comte, volontairement désireux
de ne poin t purallre céder A \"Injonction de nf-rlhe.
La promenade commença, lente, l.4{rémenUe des
explications fournies I-&r Dutertre lUI' son joli domaine.
Cha cun remarqua, non sana f t cerl8in ~ton
..
m e ut, q ue Joh TI Teddy parlait peu.
En revanrhe , ses repon~
laconiques était' nt toujours em prei ntes de préci.8ion. Elles sembl nil'lI l déceler des connaissan ces génOrale.s assez étl' Ild ucs .
Ir d is crblemr.n t q ucll tionn6, il dirrérentes r ~l r isp
,
par Oert he Du lerLre ou par Rn mère, sur son existence mêm e, il MçllL l.cs dl!"lx femmes par une réserve prt'Sque mys
l~r1
e use.
BlII r s apl'ri rl'Il t. sell lelTI f>nt qu'il était Fl'nnçaÏ'9
d'origine, depuis 1 0 1) ~tc rnçs
fixé b l'étffln t!l'r, et
so n s ulL nr he fomilia lE' connue ou a.vouée en
France.
- Cl' pe ndnnt, ajoutn- t-il, Il n'y auruil ri f' n d' ext r aordinnir e à ce qu e jo me découvr isse u ne fa-
mille.
Ce poinl d'in lerrogali on, posé il. dcssp in. Sil 'rxciln ln rlin'~
df'~
d nllles Dlllcr lrl'. l ~tle
(, nclil)'
Tent l' hnlllJllI' rll.' Ir .....s pr-ils, lou l l'iIIJr è! midi pli ...
jours !i ll ivnn l.s.
Ma i!' 111 11 1 \'11 qr mnnlmnt fo rt a ima hle, .lohn
T erld y rll'lIIl'llrai l irnp/ n," lrnhlp
AU SSI flll il, nll hUll t d'li n,. H mnirlP, ('n 1~',)(l"
é
,Ior pr' IJ IIC t PIIS 11 VI'C I n ~ sor te de I"l'l:lPl'c t HII p<'r8·, tie ux.
Si hit'n qllt' 1: '1 he Olllrrl1'C, impllissnnll' il II'
leviol'r, 1,. Il Il Il III III li , dons l'in !itnHé SI'l 1
dl's
.~[('n
, : 1.'111 IIIITI" III qqllô
P rlll t· r 111lr f 1 [ {Ii' viv Innnl OA I~r
(hn sa
"anr t" '.'" ri, i l'I~
nvnil Cil [('s mil'
l' l,
pe rcc\'o:I".1 Jill '1 Illy, Il' ~oil",
101" qll'i1 s'l'nfl'nJH 't
dan
Il rh 1 r\III'.
A cctlr h III' l'l, Ir
oomTlli' ('111/ III, \ III
~t
liW
Ol.C'lIp 1
En lin tll Il' (I!
tan go c:h('v' IIV,
1111
1)(1"1"/',/111' !l ;)
bl r. I1 I~'l"
(,t 0 If) l 'II' hlll hl' Il H·III'.
0 1.' lor ,il /'11 h 1111 m;rllllil" tOIlL à COllp d" dix
aos.
C'éta[ t hi en I"hLJlllmr snllvé par Jnl'llllCR r;lIrnler
SanllilHu LIll Ulllr, ul 1\ (JIll Ihlkl'II' u ,IlL lm .
Ulla première visite ~
l'bOtel des Chaml'8-E~L
Dans quel but seoret l'Américain se maliUillait.-il
ainsi'
Pe~tr
Mlle de Lafrom et Du\eJ1f"e avaienL-u.
pn Je dire, s'ils avart>nt voulu parler. Mais, pénétrés de l'importance du ~ret,
iLs ÙI 'fILrdaient j.a.l.usement.
Quoi qu'Il en soit, Berthe Duteme, No mère e\
Gaston' de Montclair ne '!emblèrent plus se aoucier
beaucoup de John Teddy, après quelques jOUlS de
vaine curiosité.
Seule, Geneviève parut mstinctivement aUir6e
Ters lui.
.
De son ~té,
d'ailleurs, John Teddy parea.aK ,,,.
6hercher la compagnie de l'aveugle et de sa belle
leotrice.
Il demeurait Bouvent auprès des deux femmes,
MMs sur la \erras8e, ou les aecornragnant d8.ll.l
}eurs promenades le n\.es, en ruman~
un cigare odorant.
Et sa gravité, la IObrlf1~
de son langage, sa réseTVe bienveillante, jointes à l'élévation de see
pe~s
charmaient ses d~ux
aoditr~
pr~6ées.
n contribua m~e
~ calmer l'impa.tJ.ence de Genev1~,
Il dissiper un peu la tris\eS3e res
nti
~
pu l'orpheline qui, depuLs UDf' semaine, aUendalt
vainement une lettre de J
u~
~er
et se
pla~nit
de cette a~nce
df' ~OUY1Sne8.
PGUT la p rnm ière ro~,
en erret. ~
ton em
montaire au Olill, le jPuM dl1'....~
lJ9'aK omis
d'écrire ~ son anue d'enraD~.
Or, c~le
qui voulait te consld~
«Jmme 5 8
fl an rie, lenclre m pnl aimh, c:buenai& 1IAe cause
cette omissi on volontaire .t\D.8 auCtm ooute.
Elle s'ouwit, d'u illeu.ns, dei! tristes rupprehen·
Si008 /.fUI P u il r e u ha n\.llient 80n esprit et on
cœur, l sa protcdrice ph Y1!lqucment a.veuglf'.
mais au oervr l\lI s i cl a irvoy ont.
Celte..ol, touf'h{>c dl? la contlnllcc et du h (\~ r i'
de la paune titi , d'nuire PlU"t, remuée comme lie
de prc.8ent
i menl
~ d~ ~us
lr l' lI;,(
pl'Ilt-étre pOllf l'n,,.,nlr de sa proll:géc, prit une géné reu..'le f(~"oluin
secrille.
lion cOll sln D II I I rlr!',
Elle con s ulta f1 1 ~J1. "\ r{>mf'nt
pui S John TC'ddy 1'1. 11' lIrs nv is êlltnl confor ml':-l ou
sie n, ell e éc rivit 1\ Rn n nnlnire po ur le prie r de
l n hl p~
~ l 'e
inl ell llnns.
l'encire e xéc
Cel l rxér lll inn O~I
r(>(" cil re ti n t G J1rvi~\'c
un soi r d an~
,o:;n ('hllm h r(', jll 'ClIJ'Ù c que tOIlS 1 s
h a b i[nn ts dr 10 villn f l~'It
rO ll rhés.
- l'd u ch"!"!' rnhnt. llJi di1-l'
lf ~ ul ors, 1' 1":111"1' _
sion cle votre I{>g Ill1Ir ch ngrin, lf's cr oinl oR dont
VOliS m 'nvl'z fnll 1 nll. 1'11 rf' qui conrernC' Ir!; intl'nlinns fll lllll', dl' ;\\. Gllrnic r, m'ont profonM .
men t Ill ll ch(>c.
" Si ~cs
~ruilt'
sr r('nli!lllirn t, et s i nn jonr jl
Vl'nnlH tl cil. 1 1 lll)"l'. \"1111 r Hl ' riez scule da n s la
vil', finns IOn l'II d'I' ~ 1"111''' Il Ilr(>lI.
-
Oh 1 l '!
Il'1\1]1111'1"[11
l
'lI'nlll
- .TI' If' ('roi.. l,'" j,. Il''n
nons vin~
('(1 l'II l ,,,
tt'
el pill. j'nI" r,'(' l' \(l'II'
nutllrr le dr
nln' 1'11111'
1/
En lin
11\1l1 (; Il,' 'fovl'
"
Ill',
Il '(
VO
1
IIllln
8'n(,1'1'01 dl' j, Il r 1''1 )0111 'nr, )
111'1' (Inr nv 111/1' lin rsr"IIV[' l1J l~ri'I,
libl', III! CI'II' nrrpt"! nn ' ,l de 111,1
Pui., (' 111111' 1\"1" 'JIII(' (<on.
snns la. compl"l'rJllr., mni. aVr.r. lin
.
1/1I1'H!r
nt
�~
4&=~
croissant, e'ne vit celle-ci prendre do.n.s S()n corsage
l'1i~
en que.tre et ie lui t.eondre.
- Lise2, dit l'excelJoote t'emme, 'eouriantle et
l ' . mystéricuL
Geeviève déplia len~t
le papier et 141 tut
f.ttenoon. .AJon, 1JeS yeux s'agrandirent ~
mesure qu'elle avançait, son joli visage l'à.lit, sel
~
ses mains tremblèrent SGUS l'impreulon
Mt"nU8e d'one 6motion profonde.
L'acte notarié était un~
donation <de Mlle de
LafTont, en faveur de Geneviève;
La génh'rru e aveugle dotait la jnme fUie d'une
rentae annueHe et viagère de troi mil.e lraTlCll.
.cette J'Mie sera.i t due et versée l i ' Œ"phel iDe, immédiatement après ie décès de sa bienfaitrice.
- Oh ! madE.'moi..gene, mademoiselle! s'écrie ~
neviève 8ulfoquée de joie, en tombant aux lIIfI'IIU
de Mlle de Lalfo t, q'UeUe InOnie bont6 1
Il Col'llml!la& pGWrai-je recIMUft
.~
_
lei
u.n papier Limbré
",,!Mt
~I
- En .'almalt ...... jMr _
*"*
GeDevih•.
- Oh 1 oui, oui,
.Je
,.. pIœ, ma
).t n . aime profondéme.Dt et
.,lInère comme .. vénère· les sainte. 1...
Et l'orphf!line ~ieura6
de joie, de reconnaia~
aance, le front appuy6 'QI' _
fanuate.
deux genoux
~
Embre..-.eeI«lOl, • douIC'ernent œlle-d pour
l 1'6me6 .... iIl~
qui le. P'MIrait toute. 6eu1
La belle jeune ftIle .,. jeta ~t
deDe le.
lIru tendu. de sa blentaUrioe. Et, tremblenlr ~ ..
rée par le bonheur, par la gratitude, eUe 1 .reL.
pit avee une sone de ferveur ftllale, bGN.Dt _
Iront d'l.,oire • pl\l.lWmrs reprieea.
- Mon enfa 1, moa eDlant 1 balbutiUa
-
lOUper court
1'." _.
,.,,.,
Pui.e elle.
gret.
M
sépameat doucement
COBUDe • No
1:.1 bi,mt01 le sommeü des ju!'\tcs s'appeaanUt -.r
leurs (Uncs délicates et radieu.sca.
vm
III l'tlmI
1
lat de ses soins habiles. La réoompense est p ng
qu'appréciable 1...
- J~
ne voUS ai pas deomandé vo l' a : , ma petite Berthe, riposta l'ave\lgle, sévè'c pOlir la oremière fois. Celui de votre père me suffisait.
« Les lemmes de mon âge ne prennent généralement j:B.S. conseil des jeWles filles, pour rpgler
leurs affaIres.
- Ma cousine, voua m'outragel 1... c1nma Berthe luricuse.
- Je crois que vous faitrs errenr, JTl1H)prnoi e:lle
intervint soudain John Teddy, d'une Y(l'x posée'
mais 1ranchan te.
'
« MUe de ùarront vous donne sim,,! m nl un très
ssge avis d'exTlérience.
- Dites plul.OL une leçon, Tll0n cher Teddy, appuya Dutertre, sév~re
à son ",r.
- Ainsi tout le monde esl contre moi, pour cette
fille 1 s'écria de nouveau !'orglHi\1tI~f
Iiér;tière
de l'industriel, eIl ~ignat
insolcmment Gene·
vi~e
du doi8l
L'orpheline p!lit de colère con!rnut), une larme
vint à see palièr~
.
I<..1Ie allait répondre, durement pt'l1·~re,
lorsqu'un coup d'œil expressif de l'Am érir. n la contraignit moralement à se conll'nir encur' .
Et comme, au milieu du Si!/'çH'e 101lJ d, Berihe
Dulcrlre se levait pour quitter la tat> e, son père
~bout
en même temrs qu'rlle.
- Où vas·tu , demanda·t·i1 d'un ton bref.
p01\r ne pas êlre ln- Je me retire, mon p~re,
.w.t.ée de nouveau., dans volre mwon.
- Res~
; je le l'ordonne 1
- Non, c'a;t Impos.'!ib!e.
L'lndul!triel ,'approcha vivMT1t'nl dl' . a tJlle.
Son rP.gard, hnbiluf'Jlempnt d01lx, {lIJII! pm!lpjYI\
cI'nne autorHIl absolue; SCI! mnins lrr'rnhl,lil'nt \In
peu, sous le coup d'una colère èlJfll(!l!t'lIl 'n I r TYrimée.
.
li saisit Berthe par la main, pt I~
yeux rh"'f-I
,ur les siens, il ordonno dur 'ITIr!TIt •
- Tu vo..'1 immforlinh'rncllt fILIn' rlf'
-(!l.lSI)S 1'1
tu,
MDc de La Ho Il t, nlllr!' ('fIlISIlII'. 'pli, 1 1111 pr'èl ,
voudra hi en le pnrrlonnl'r lm nt IJJtl(' lllngugl'
- .Jllrn,lis ! s'l'nlNa Bellhl'.
'l's l don moi, Ion pèrl', q1l1 I" ( 'II " il noll e
8Ol1SilTl rnr:! :CCII' li prflrOllllt':I, 1"1 Ifll ""pdm lit
en m me trmps In1lR rn s rf'gn·t Il.' 1\ 1:0l rlrri'1'
Int'ompr{'\JrnRih!c rl rnnlnrlrflltf'.
(( .J'ujOtrtc fjlJ , rlorén/lvollt. t·t
ni, Mlle
tn lI.if'!\ fnit nml'ndr hnnorl1hlr.
repu IIl1ns ta chnmbre.
1 1.... 11101 !... 1I1I1/1I1IJ/I Il.
hlllTlillf.1' par CI'ttr Rrnlrn"1' pt Il' ,
1'111' Il'f'O p1\t rli/!' lIavIIIII ,,).:
(II
f'll l'
srC"II" t()ul~.
titllhlllll.
dl' 1111'1111'8 rl'IIII\I 1
Folle sortit ri· t 1 Il
.1/11' nu rrlre allait la 8111 II'
S()1I1 ils froncoo, lor que l'in 1JI 1
rnl'nl:
1
, • UI
1) Tl
v ~\'e
p ut atre fière du ré ni-
111
'1I~
cr. "l't'
j'. IIdrM It!:l
�=======-.=================
Rit1aliM d'Amour
~
mou:vement; surtout s'il est mauvai-s. C'est une
Derveuee, trop habituée ~ faire 8e6 volontés...
Il Ne parlons donc pills de cet incident regreLtable
J!hfe de peu d'illlportn.nce. En rMlitA, son opinion
.'est tout li. fait indirterente,
- A la b(· ..)le heure, approuY8 Jdm Teddy,
causons d'autre chose.
Et dans le but de détourner immédiatement l'en·
tretien, l'Amérl('.l\ill conwllcrJ<;a <Hl conter tille anl'Cd.Ole japonaise amusante, tl'une saveur toute parllculière.
Chacun rit de bon cœur, oul>ia~
Berlhe et son
mOUvement de mauvaise humeur.
S<'uJe, Gl'n 'vlève (ll'lllcllra chllgrioo, embarrassé(! sou
les l't'gill rh; ;:Le 1\1 me o-utertre.
. Cinq ou six jours s'écoulèrent fnSulte, eaDS in·
cldent noui iJle.
Mai Dit Il til.li n, une nouv-e1Qe douloureuse émut
les habiLnols (je la villa.
~le
de La If li Il t, altclllte,
deput.8 ravan l-veille
déjà, de ml\:"I'~
inexplicables, fut contrainte de
garder la <'11.11 Die.
Un forl oe'('\.':; (le fièvre la retenait au lit, très
souffranlf'.
'aturelll'flll'III, Grnr\'it've se constitua de suite
la garde_lltu .. d,' de sa bienfaitrice
El SUI' II'!' '1I11"'l'lls dt' .10110 Teddy, qui semblait
.
IKHCd('1' 'plI'lll "~
cllnrHlis:-;oncps ~{>nérales
en l11é·
d.ecm(', elir' 110111 1l!llsl m rcrluins remèdes deslinéA
&. enrayer l't'!lr'lluge maladie naissante.
Cependanl 1,\1/11 de ln riche aveugle ne s'am6liora. point. Toul nu .contraire, il .'aggrava rapide-
ment en quelqll!'!'! Jours.
Un amnigns,,<H'rrwnl continn &fi produla.il, le visage de la Il1l1lude devlfll lerreux, .e marbra de
taches vlo!ar{>('s; dl'6 naus6ee lr6quentel la seCOuèren L dOlI!Oll reUSl'mf'n t.
Cédant alors h
'hjurgnlionll de Gencvièvr, la
moJheul'eus' f 'Illme fil u.plW!cr un m&lf'{'Î[1 <li.! la
Ferlé.
La conS1J!I/llilln cut lieu f fi présence Ù' Dillprlt'a,
ne ,John 'lf'lhly ('1 d~
GellCviève, tou.t nnlu/'l'ltem'lnt,
Aprbs un long el m' ntif'llx eJramf'n, le pl':tlicirn d{>rlnl'II Il l'n IIn1l1 qll\' l'Nol tout ar,c'r1rnf 1
rle \'Ille de ..nlfllilt ne prt'!St'ntait aucnn caradèw
d" qrnvIU'.
- Je n'ni
rédiger UM Brdonnance
, dditiOlm{'s
l'êta tout à coup pour faire face SUI deux hommes
qui l'accompagnaient.
Ceux-ci s'a.rl'Norrnt brusquement il. leor taur.
très surpri-s de l'at,i~ude
notlNelle du médecin.
- Tiens, tiens, fit John Teddy. VOUs &vez quà.
que cho5.e de parwculil'f à n{)u" dire, 00ctelH' 1
-Vous d"ez deviné juste, Monsieul',
- Est-ce grave" demanüa Dutenre.
- Passablement. Vous en jugerez bientÔt. Mais,
tout d'abord, une question, Messieurs 'f
(( La personne qui solgne Mill de Lartonl estelle de \0. famille 't
Jon, répondit l'industriel. C'es\
lectrice. ..
- Ah 1 vraiment 1.., Donc une salariée L.
Et le docteur fit UDe p&UM, réfléchissant &et1vement.
- Il faut cependant dire, ftt )ohn Ted.<ly a.veo
11n regard eX'Pressi1 ~ Dutert.re, q1le si celle jeune
fiLle n'est pas de la famille, non plUB que moi.,
d' llleurs, '!lle est ict très consirlérél'.
- Tout à fait exact, approuva l'industriel.
_ En somme, reprit le médl'cinifun air ~W
hésitant, VOllS avez toute confiance en eUe .,
- Oh l,pleine confiance. " ... <~
- Poul.ant, ml:, C ln;, Jal
lst té 00 trèa
graves symptOmes dans l'élat de la malade livrée
è. ses soins.
Puis baissant la. voix subitemrtlt, le pratJcl8.
ajouta:
- ~t.le
de LarTont est emopoiso'''''; ~ 1
- H'it·ce r{}SSible" s'écria Dult'l'll'e mUl'éfa.it.
- Empoisonnée? répéta John Teddy, non rDoÏDtl
surpris,
- J'en ru la prelqtle certitude, MessiclII'IS, reprit 10 doclenr.
« :\u!'\!'i vais-je vou. prier de m'aidez- à découvrir
ta v(.' !té.
Plb~
~e
prn 'hrmt aux oreille de ses drllx intffl'!lC'ul, ur!! nit 1'1'(:5, \1' pratir.icn ll'ur (Ion 10 filiNques in"lru, !iOTlS sef'l'ètes {j'Ille v()h ,~(o
rr '.
Ensuile, il r{'cli"en. sur 1 }e fC1lille !le calepin
lirôe rie ~n
poche, une court!' orflntTc~
:
-
.Je revirnf!t'I\i demnin, COll lul,il
E1 soudnin 'on l'cg 1<1 sc fixa "'p'" manière (,,Xpn' '~i Vp vers l'eTltrl:e (1 rult~.
..DulerLr el .John Trdlly, Domme ~!Ilestioné91
par co rcgurd aigu, se relonrllèrcnt en mCme'
tempe.
Ils aperçurent Oertho Dulertre,
1./\ jPIIIH' n'l vr;rwt k ('ux, SOU'l18.1lf./>; curicu.::lc
aus!\\ prut·elre.
C(' r arc est vrl\iment splrnrti{ , fit h hnllt.e
voi le (!.Je'!eur, dnns le but cl" tl n~1'
l change
il j'sl,'ganle prnmrnrnse.
- Ell hipn, ~t('sieur,
flue ffli!r -vous doo{' ,
telTn~,
il cl'llt'-I'i, de son air II' \1"'~
imuble
01 Iln dlr!\ t ({Ilfl ynUH ,'on:"i~
'f,..
.
\ 1 ('hètt' l'TIf lill
1\. T IJt ' nous (ni il \~
COI1I, d'nlllOl'icullllle, Ip.l'art.l
n'IIIo'I'IIC Ù'llll' VOLX
POf;l'l'.
1:1
111' Cl S 111,)1", Il' jll'alidl'U 8e rel:~u,
r"çonrlUlt
J)1JlcrLl'c 1'\ ',110 Teddy,
L 'b LmÎ. llfllllll1!'5 H,', ( 'mlircnl en!-1crnbll' les dt!·
gl'P
du i-tr Il li Il !"'l'nlfl, ('I\lIs/1I11 (II !'l" t'~
hnll;t! 'R.
Et, {'UIlIIII!! IIl1u.:hillnJ{'rtIt'1I1 It'ntl. p:\r Il'11 v(·l'dll·
pHI'
'Tl
\1
,'().I.I
JIll), 1 H
'1'1 '
,dl/:,
'1, 11 UI
Il'
'"
111\ r~nj
lul{'l'ôt, ,la-
�. . .1.8
El la journée s'éoow.a, très calme d'apparence.
Le lendemain, vara hun heurea, au moment
même où Geneviève appol'taü une taase de Liliane
• -a bieniailri.ce, CQ.I1W(1e ello J.o Inisait chaque matin.. elle se heurta w\l1 .. eau}), daas un couloir
-..ombre contre une J>M'&OIU1e baisMe.
Le chee fit k>mber 1& taN, qui I~
brisa en
fAl"oi~s
mOTceaux.
En même tempe, le peTMDDOQe ~
ge releva
.rueqm~t,
"pula se retourna.
Gelrevlè,... ln&eJ'dTte, J"eCOnDut John Teddy.
- MW. pudOWl, ma cMre l!emolselle 1... l'ex-
oœa l'AmériWn, p&r'aUsean& Yraimea.& conf\l.9.
oc
Je
lM1!e U8
maladroit 1
ran&Dt.
eelui qu. BertIM anü et plu.
MIDment IJ~:
Il L'Homme auou' • duliait sur la beUe \eoU1De ua recant JN'Ofood., Inqulliteur, au \Taven de N8 hm~t.e
bleut.6el.
- Aviez-voue perdu quelque chou' demanda
Geneviève, préoocupée S1,l11out cie l'attitude blUllTe
dans laquelle se tenait l'Am'rieaia. au moment où
elle a'étalt heurt6e .. lui.
Tout en
-
Oui, oui, en eflet, ma chin Mmotsen..
Oh 1 un ob}et ae.n.a importa.nce, un simp~
boatOI! de c.hemlM .. or. Mai. il .'est peut... u-. pu
tombé là oQ le m'obrtinaie .. le mereher.
Tout en parlan(, "l'Am'riealn mmassaU .. terre
bris...
tes d6bris de 1& t~
L'lH'! d'eux conten5Jt fjorore 4u }iqud~.
il le .,..
cha, sans quo Gennlhe l'en aperçut
Puis il .. rein&, arrectllIlt un désappolnlMnen'
1(
'=(1
Jcie1~
.
- Boh 1 fit.i1, n'en parlons plu... Peneons plutl'lt
à ln li.·une de O1a de Lattont qui dol~
attendre
ftVI'(; im plltif'nce.
Il faut on moire une Infusion, voilA tont,
. '."" . il G np.yi VP: ~ ne ilrra pas long.
A lors permeLlez·mo! da rOpo.rcr mol mOrne
mn !'l olt ise.
F,t, 1Iouriant, ar~tn
un air malicieux et empr('s.~,
John Teddy pOllrsuivit:
- ..... u 1IlIrplll_, Je ri 11018 pus (/\ hé cl,. Vol1l '
montr r mon auvoir. Je vais av c vous il l'office
·t (";'rc t moi fl11i vlIis pro, "d er fi Il\. ('on !' 11011
- Oh 1 VOIl~
donner Cl-Ile Tl 'ine 1 réplll'lit G ne·
\'J(~y
con r11.
- "'..foin ;l\'nmIl8t'!ra. tout en m'inslrllisunl.
1. TI 'IMy, rnit" ,; COIlUlIl! Il YOUS
Et lorsque le déjeuner réunit à la ta bl'c familiale
tous les hôtes de la villa, John TlAldj" fit remar-
quer {>laisamment l'étrangeté du hasard qui établissait, indiscutablement à 5e3 yeux, que Dut.erlre
était auasi ma.l.a<lroit que lui-même.
Aussit6L Berthe Duf.ert.re prit la parole d'un &oD
&oaerbe :
- Mn. Genevihve Mt ~eor
la plus maladroite
de 'foua toua, raiUa-t-eUe m~haent.
cc Ne eerait-ce pas à eMe de s'a.saurer, d'aboM,
~
personne ne peut la heurter au po,ssage T...
si lourde, si difficile
• Une t.a.sse de tisane est-l~
li porter qu'elle ne puisse la retenir, même en SIlblMan\ un léger choc T
cc Maia CI sont, sans douoo, de8 preoocupatiOMl
penonnelles très profondes qui absorbent celle d&tnOLselle, au point de la rendre si distraite 1
Il Ille fait mal son service; ceci eE.t évident.
- VOWI êtes un peu sévère 1 éma Ga.skm ct.
Montelair. Et cela pour dea laits de bien peu d'lmportance.
- Croyez-vous, mon obel"
Toul a de l'imporlaMe dans la vie 1...
te Ne savez-vous pas que les petites causes en(!Iendrent de grands orrels.
- Très jWite ponctua John Teddy, dans le bu~
MCNt d'aviver la discussion.
- Pourtant., reprit Duterlre, M. de MontcJair
oWii .. ua moo."ftlD8ot IénértUx en défendant GeneYièw,
- O' 1 ~nt,
rlpo la Bertbc, et par pure
~teri.,
I.rèe problÙ)lern . t.
- le .'-' Du.l bMoln d'('î'e d~fenu,
cIlt eràn.
'IlIeRll'«pl:ts/le, parce q~
Je Il'IU nl~D
c'!. me repro
ebcr.
- Nature Uenumt, lane;. Berthe toojuura 3gJ'eeo
a1..-e;
lai WH \.oujou ra lrt! bien.
_. Mademoi8clle, r prit digne/Tlent l'orph hIle.
ma siLUAt~n
inJ~r('u
vl~
..à·vi8 d la votre, ici.
m'oblige à voua laiss r le damier mot.
I! Jt:t,
pour Alre c rLHlIJe de n point céder •
l' nvie de VOllS r~pl)ndf'
Il nouv nu, j me rI'tire.
Pu i!l, sa.ns vouloir enl"ndre 1 prou'HI.n lions dce
qlL~
la salI à
allLrps assistants, la belle lectri
"'16
ou ., IlOt
oll sine
r
,dll Iii 1,
1 Il
d.'
II
IiUI I\ ' (l U 1
Ill/llen
r
1
0-
, u.!.
Lle
Ù
�~
Rif')a1t~
d·AmGIIr
---========== =========
En quoi l'intéressait cette fille , ... La préfér ai!"
il à elle-même? _
Gaston, mis au pred <lu mur, devint lâche par
intér!t personnel. Il décl ara nettement vouloir
abandonner dé'· oI'lnai.s l'orpheli ne à. ses seuls
moyens.
Ain si i~ se I rvrnit enli èrem ent à. celle qu'il n'aimait guère, m ais don L il convoitait la fortune.
Il refoul ait en son cœu r amoll i, et pourtan t bles
~
lié, l'amour sincère qui pouva it l e r égénér er, et
4kmt il attendai t Deu t-êt re des joies inconn ues jusqu'alors.
. Cependant, l es inciden ts des tasses b risées, si futiles en appa r en ce, av aient éveil4é l a curiosi té de
tous, par suite de certa i nes déduction s su btiles .
Des bru its fâcheux couraient maintenant, sous
le m antean, sur le comple de Gen e\·ièvc. Et ces
brui ts prir ent hien tôt un e cons ist ance plus gr ande,
lOI'!"que, troi s j<Jurs plus tard, un valct de chambre
n ,O~
\" Ct u fu t in trnd' IÎ I par Du tertre dans l a domesIl c: 1é rie la villa.
Ce, 11 01 V0a~
'e rvI:(,l1l" ;;ien qu ' affecté tont à. faH
Of1
~ ' , (:lt'
l1 c nt
au se r v iec dc John T erldy. "ppo r u t
plll ,u[ Il LOlls comme une snrtc oe !" lrv r i :lan occult c', char gé de cOll tn'\lcr la eonrluil e d Grnrvil- \'I' ,
La pauvrc j eun e fille s' n p e r~ l1 l è ~ \'i l n cl r cel tc
purlicularité, Elle s'en nllr i sl.u pro fclO !l'.'·:'11.' ll l, ~" IS
'pOuvoi r décOll y rir en son "~I ,l' i t IOy1l 1 ln I\.::ion d .';;
Sus.pir,i,on s dun t elle élait r "h i , /
P'ou vllit-on r l'flnlller
Qu e se passuit-i1 donc ; 1I:~
d'clle ?
D u ran t plu sieu rs jou rs , r.lle ~ e l, dl ;'CSIJ;it fi l a
torlure, sllns fi en lrouvr J' dl' pjal
~ i! j '.
S·n,drcS.fer à t.l lle dl' l ,(1 1. Co ' / ,,! :lli ,''' rlile r ses
angol ~ 5 ?.
Certl's. elle l'IJ.luni t Pl) fu i
:1 l.l 'l ' l' :~l
' J'I' ci rconst ance,
~lt "i s III cruin l e rie lrollhl,' !' III qu i(· /1Jt!e d ~
~q
biE'n.
fUlI.nee, grnv mcut m:d.1 (j.o, ln l'l'lin ,
n'niltf'lI l's, le lent! J1luin :loir. Ol1 ,.I: I ~ DVllit dlS" ll lé
en sni cdl a Il.r. rllll li \' e, Oul " l'lre. IIJ i-mèmt" vin t
i'in for lll cr c1 'u nl' o r gln
[,~ n l io n 1l1l 1l \'1'1t.' ,
n ,ll't" nn l Tl nL Finnlll If' v:d d <I,~
lh:l mbr(' {l e John
Tc d.fI y, R(' trOllvant ill 311 f ti ',ltlll l,, 'nl IJ( 'C llpt\ ln scconde r "i!. r\ n'I~
fi/'. "cc 1i':d, I)::'; dl' .r 'll'd,'-n llll:l oIc,
Il 'C '11111" ':' :Ji t 11 01 1111'1 nI. cie lu r ll nrl'et inl1 tll'S
Lisun u. r-t dl' la r,ii,; lri:)U lillll d!'s jmliol11; lll édici nnles,
Forl {.I on n,·' " d(' ' Il e 1. l'FU l l', cl ~rl'[
c\l r' Ii t( 'I , pcinll e cl cr 'l 'Ii 51:11I hlll :t :"II':1I1' \I' r Il ' \(' Il'~r
J\ 'II 11 11
du m nn'1 J " rj f' ('Qil /llI l1 r(' 110 ni c' :j,' ,',l'I " b!n l, 1'11'ph Iill o s'pn fut lrouv!.!I' .. 1I:e C\(' 1. ,.l ' .. L ·':l'·lc-
fi"
c h nmp,
se,
- r-. ln.d, moi '1f'lle, lu i rI\';I,:tl l !:\.: 10;: , : (' • '1'['; '''1VOli S n' !:lnvez peul 1' 1;'(: pa.:> (;:11' ! .... l '.il':lt dl'
mC' don /) 'r u Il ordre, \'ou " ,~) Il' 1 il,llll l ,d!n. ' tem CI t,
- I.r('pl el ? nt la ITltllnd " , Inrl1Tl illll l' :, de:-;,'w in.
rill i ri " nf' p 'lI 'l VOliS 'l!'1., r 'l'
,"1111'.
Ol ~; Vri ll E; I l ' JIIII)('I., Gl' llt' 'Ib' f' , Jl' ~.Jis
au 00u.
J'nnt rlr (, le lIIod.lil"l t lflll,
E l VO l- r \ "1,' III/PZ'J
EII IHIS' lllt r
'p' Il n, (: l'i<.:vi,'.·:c ('ù lit, rl l'v ill l
lrernbluflll',
- Sll ll ll d l llll' , • t illlplrm ' Il l :\l ll e ÙC 1':l ffonL
. - i\1.liH l: ". l illlll'l: ' ih ll' ! ,
Il
111'\ l's l cl ol\(' II' Ill o ti r rtc' ~.('tlr
,orl de rl lsgrll.ce '1.
1111 1 Il m JI r1 i.:/,lJ' \e e 1' 1 L r. 'n","r'\
C'pl' Il d.unt, nH: pl'iv l' de vou
1 n oig nrr ln
49
~
rcc onnaissance et mO Il afieetion r espectueuse, c'ea(
pren dre à mon éga r d une sorte de mesure coercitive qui m e pein e a r/' el~
m e nt.
- N on , non, Genev iève, ce n'est pas cela.
. - A.1or s quoi" m ademois elle? Expliquez-1e-mo&,
le vous en supplie?
- Oh 1 c'est bca ucoup plus simple; il n'y Il pas
de quoi vous émouvoir à. ce point.
Il Mon cousin Dulertre et M . John Teddy ont cru
remarquer que vous paraissiez très fatiguée.
Il Vous avez passé quelques longues soiréee ~
mon c:hevet.
- Et je .sWs prête à en passer encore.
- N'importe; ,je vous traduis les impreuiœ.!l
identiques de ces messieurs.
(( A reura prières, toutes bienveillantes, j'ai voolu
vous éviter un excès de fatigue fort compréheaBible,
(( Il ne faut pas compromettre votre santé.
- Oh 1 ceci aussi est exagéré, mademoiselle.
- Oui, je sais, vou s êtes vaildante. Mais les forces hum ai nes onl cependant des limi1es.
Il Et pu isque j'en ai décidé ainsi, vous vous repo:;€rez un pen, du rnn t quelques jours. Nous verroll8
cn \li! I',
:'rst hien, mad
e mo
:~ e l\ e,
je me r etire, conclut
Gcn" \' iè\'c d'lin Accent doulou r eux, où sou r dai t un e
sC'cI'i' le Imm il i alion,
Ell e cO ln pr'l1ui l que :-a bienfai tri ce désirai t ne
poL" C:ln
Oeux
~ tJl'
pi ll s I OIl
Oll t,l'
~ te l1ps,
,1. Juurs plu: ta rd, elle put rOT) c: lnLfl T
une o.m &!iorntill ll
Luiront.
nsible dans l'éto1 de l\J Il(! de
Et r ('ll e nm 61iOl'olion coïncidllil 6tra ngcm ent
u\"('c sun 1:luignl' lJI cnl de la mal ar! e,
" 'vir:"!ll:nl blz:m r , il1e.- pliruble, dont ln ('onstn·
l a llOli IntrlgllCl ln bellr> 1(' Irjr'(' 11 11 pl u:, houl 1 i nL.
! ,fllJ l'l s' II'Li:ègp nlll ibllr.1' cc chnn r.: 1J1I'n l '1 .. ,
o n l,lll'e p:ll't, ,, ' le : 1' scnt:lit mnill ll'Ilun t " llV l'lopl' N> c~ ·.nl' IIl HHr hl'J'r. de slll'vrilllon r r. cl isc l'èt ' d .'
l ~) "' l' J'r d l' l'hl !" " n pl LS inr'onl :JI't't1 nsihl e, Elle' de.
vnd \I1X ;t' I\'' 'l'' C: h'lglÎll(' cl irri lnblt'.
A il sll/'plll!-;, S{ ';; ullglli sti(!s s'umplifiaient enrore
e s de .J'H·ques Garni r
dll m,HU Ille nh 'olu d nOlv~I
Ou dc Sa m 6/'c.
nrpui s plus d deux mois ell e ne re<:evo.ll plus
uucune 1.lll' .
P,nUI'Lnnt, Ic j eune dirccLew' écrivait \ouj ours ré,gulIèl'clllClIl Ù son pnll'On,
Or, cl~ u i- i, nvidornent que:; l ionn é pa l' Ge n '6
n ' Ol'm ni t que, da ns ln cor re$pû ndanl'e rA" e VI ve ,
l
1l11TH'n
.1 ~<;,u
'J IUl' t f ol' l, Jlor Jacq ues, au cu ne
"'" aIl
'. 1'1 n.!
,,'
il 1 CXh[r nr-e d l'or ph line.
Udon
:\l',.,i , l'He (~lni
délai. " , oubl iée méme
111 1 '111 'I' lle ninwi t si ar d~nmlI
l' par ccl ,par,
uv, .l juré Rn f i, donné son cu:ur ?
UI q UI lUJ
nu, ·. !t· f,tlfllité pesait don c Sur ï i ?
Qu 1"
••
I l e e '"
"
OJllbl "
ce:
,
l"
1 ' \il
', l e lJ~1
8
u
Jn~la!Ii
nt?
J'., d tn qu l étud e de dou l
~'\lr
pt d'nn 'iNr
11c pr l"l .•' IIlJllllt lIall l 'ilS!; li suuv
t l
'
,•
ln Ill!'t l omhl'(' danf! l I e n C SOIr, da'!
(l'II' ,
'
CS Il ·Iéf's sil encic lI:es dn
I)" H
1':/ (II II S cr!"! pr om l1o/lrl"S ol ' ! '
• 1
1' 1
1 on',''<: cil loi ~n i l
1. r 1 )~mpn
l
dan s l'omb \ '
.. u
J' l'
(Ill : r 1 11 ('
t
r c. lrR rl
' ~ bn) 10 II I Il son Cu ur m
'1'
•
1'I" "lI' Il 'l
l'Ill rI.
{'I ils ('(0"', L( Il, ~ ~ ~n
\ pou l' 1
ilTlplol'C'r, 1
Jrun ',
q l. ~ "
UVtlll .ln/lL oim ~f ' . dllns ol8
l.lIc sl'lnb IH.l1 IIt lc llll r d'l'UcS la
1111'a' l' qUI di' ipùrai l 1
lA )'b
.In
brisée.
cJl è r L'S "" 80n Ame
(JO
l ., (,/linn:','
�:;) =
~
i f:Jalitê d'A mour
=~
cr); n.c
Je ... r nit de se la isser to m ber
le i,;;w 6l'Ïn , 'r un ban c l"ust ique, assez
l e} l'J o.b,Ldion, t'l!e c.:n l tlidit luul à COUlp,
d d r.i; e u n {'l,ais m as if, une voix étouffée pron llOIll .
E1!l' ~
p,'flCh a, prcta l'oreille avec la plUil
#t l', "Id ultt'ntlUlJ, el [Iut n \e ll dr e le dial ogue s uit
V il"
'.'
:
non ohf'r c om te. rl ü:a it B" !'l he Dutertre,
ou i. j'en SUI' (vr l : II" i\ p r é~l'nt
, c ~ t e fill e empoi601 . ,l t lell p:Jll'nl ~1(
de Lallon !.
- u h ! "i cela u· t \TU! , c'esl horrib:e 1 répartit vl'ston de . lor kluir.
,, \I a.is à Vlit/'P 'I y i,;, (Lm " qllel b ut celle jeune
flll f' ("01Tlmf' llrait-rJl ce l'rime ?
'{lUS M I'. ~ ~ i m()
l ,.
mnp ('hpr.
Cl
'c sait ... lle pn s 'lIe ma :rop confi 'l nl e cousin l' llli Il. fa.il [<JIll r:' 'elllJlI n l u ne d Ol[J~
on im -
l ' UI,
por'n 'lte.
l':n l'ff''1.
- n r , ce!:f:! dOtlntin'1 ne s era ex écufabl!' qu'aprè:, . il m o" ! de m a ("',sin' ; C\:S I-Il-dire dans pus
mlll d'ami s, peu [-Clre.
..:... Natur .lI effi f'nt.
- Eh birHl, 1 moyen prntique pour cette Gene·
viè~'
p d'en jnlllr II' !;Ill' vi l.' pos ible. c'es t L ~ hàter la' mort d "Il hif>o rni l ri('{' ; cülÙpr ene7.-vous?
- ',l'a''01)(' qU{o (' ' 1.> dédJ1ction apP<l ralt d' une rigO IIl'l Il !;e Il glqllC fil :\1. de :\lon tcllllr, dont l'accent
trulli. sail la ::i urpri e.
(l
\Iai" ' l'Ut;(:1! H1Ïf .n e .. t ~ i IJ rnvt
~ , -i é-potlvantable
qU' Il (;onviendrall, a V/trI! ri e la formuler neLLement,
de :e procurer des preuve'.
- Des preuvel5 7" ,
- Irr '(lIll\ble:;
- Eh bipn, j v ais VO\l
~ ('Tl (lonnf'r, mnn cher,
En ('nl.ell dn n t ces drlllir r: !II ol ,;, r; !' n('vi~e
61)1), U d' IhOl'd INI{' 1 H' ,Il!" P ~/lrf{\
r '.
Lt! COU) {,t~li
t
t rop l' url!' r I tro p im p r(;vu. Son
CO'UI' ha ll ad da n!l s. poill'I ('
la rOmpl'f', !'es
ma Ill" II' "l! l bll'I'l'1I1, u lle SUPIH' g ln('ée !! ' étendi t sur
'son vi a ge , un e so r! C' d,' ve rl lgp la ~a i s it.
Eli t! rul S Ul' le poi nt d (,ri r, d' n ppcler au sel'ours d'o uorù. Pui~
elle voulut cl amer hautement
soo I/ lOoccnce.
"'url hCllr'uL'H'mf'nl clle contint ce premier mounn
pt II révoll.c; car il eut été
v nlllnt d'in~t
inuti le, et plulOl nu i ihle.
1-,11' se l'oi<lit dl' loul" .'SC rerces contre l'éml) ·
tioll qui la tol'turlli t,
ElI!' vOlllut ent ndre ju qu'nu bOllt, bolr.., le ca·
lice Jusqu'à la Il 1
- Oui, contlnunlt nNthe DlItcrtro, ln volx slfflll ll il de hllinfl, nO\l !! nVll us rl'nbnrd pl'nsé l'omme
VOl! l l'tmpo !lib~
d ' lI
~ pareille làche~.
" gn dépit des av!'!'l !. !\ 'lIIr!nts pourtant précill do
m l>decln, noue aurion . voulu doulcr encore, c'étaIt
Lrop ignobl 1
;>.lai9 Il rallut se r nM!' li. .l'évldence.
oc llappelez-voll s Ics deuX acldrn~
survenue do
JOIII' ,lU 1 ndc mll in à l'oftlc e.
_ r~
accldcnLs 1•• ,
_ Oui, J 8 cl 'ux ta es brisécs, par uilo do ren.cont ree irnpévu~,
_ ,"nguller hacard, f'n e(f{! L
CI
'011, car
mon
-
-
r .illCIlIl I fi
étnient prôpo.récs
par
\ e et pnr John [ '<llly
A 1 rOl't Ili.. n, JI' cornprf'ndll.
C'
'à
La .uite de
CCI
aCCIdents yo(ontalret
~
que 1'00 p'il l'ecu 'illir un peu du liqtüd e demeuré
a u fon d drs lusscs brisées.
1( On cn
fi t a lor s l'analyse, et l'on découvrit sans
pein c des tr"pb': d'atropi ne.
'e :\lontclaiT,
- P oison morte l! )}QD c l ua. Gt>."l"
effrayé.
-.- Ju s temen t, mon cb er.
" \'0'13 C-Jml 1encz m ainfl'nant q u' il n e nous
ét1il plu po.,. hlp , 'lprôs cela, de eunscl'Ver le
moilldl'c doute sUI' la tenlative criminelle de cetbe
fille.
- En effet ceci paratt indubit able.
" 1\1:.:5, dans ce (':1", pOIJl'quui n' u-t-o'll pas fait
a rrèter ('cl:l' rnalheuI'I.'u,e?
. ' 0 ,.c; ;l\ons ,uul u lu sou me ttre à lme épreuv o .
- CGlllmcn l œlu ?
l d':t bor d qu e ses m'l ins cri- E n .ldllS u:, Ir~ln
mincilps étanl Mal'iées des soins il don ne!' à sa
b rllraitli-cf', cell r-ci s'af'1l1' m incrait !',Ipirl em ent.
"/1 . U!1r ~u{.li"on,
si vi " ·rI1~nt
SOU!l'Ii!', 1 Ir nOU5
tnus.
- (:"51 d'nilleur:$ ce qui paraIt se pr nd llire , n ' ~t.
cc pus?
- , ' ntn l' pllem ent,
" D( Jllli que le' ti sanes son! p r{~ ra
(o.~r:
Jlnr l'in.si·ft l, ", t
I r t:1 1l
p{'(' r u r Il' :1 po':c ' q ui, ~(l-I
s er v ie!.' d.' J olJn T f': t1y, il n 'y Il plu (le pOiSOll .
- Oui. oui, fort bi en, je corl1Jl rnd~
lou t l\ p/'~
sent.
(( Ai r s i CP \'11''' 1 dr ('.11111111)1 (' (' -1 bi ' 11 lin po],r.i"r'?
- P;Hhlrll, c'es t lin fail :t l' r. r f. .
-: ;\tli
~ jp ne vois pas , rlll ns loul ~ c(' i , l'épl'rllVe
A InrJlI f' I1c vnu ,", vOlllt'z fl nlllll Pltrc ln ('ou pn ble présumée.
n rc
le I1(>no11 e- Void : c'es t aux fin " tic r~p
rnl'n l pr" d l[' pt ni'crssni rc.
u D'i d (ll' u ' ou ll'ois j OIll'f: , Filillin !'r di ra fu llgll é ; il ohlil mira Ill. pCI'mi ssion !lr Ct' , 'l' on !ol CI'vi t'l .
u On r cnrl r u pl ein p con fia nce, p.n nppll rence, à
cette ignnhl(' G n c v i~ v e .
Cf EIIr cOllfrc lionn era ùe nOllv('nu Il'. li o nes, ad..
mini:; ll'cra Ic<; po tion s .
(( l':t Firmin Ill i en demnnrl crn 111 (0111 /' pour son
\.I6llgl' per ·onnr!.
- Lr 1lH\lhr urctllc veul r!flTJ(' ""ir po "'Il nner ?
- Oh 1 tout HII pins l'i !!lju C' t Il 1111 P Iii 111 Il Iniso,
en admrlulnt qll'il hoive Il' coul. '1l1! rI ,' III la s~ e.
' CHl pou 'ser le z~le
\ln )11'11. 111111 .
- Jr croi s pllltM qu'il vl'lIl ~ 1I Il' le liq lli de ~O'Rl
me pit'cr il conviction,
- Trè~
hnbile, pl'IH~rf.
u C'( : l 6~1\,
jn Il ' our ni!1 jl rnl1
i ~ pu cro ire fille
cette bl'Ile flUc rCll \Ine l1I i {' l'.I'I h' 1..
ee rurent les d6rnlères plJl'u. r~ qll (;(' n viève
entendi t.
Elle d('meurn atterrée, comm" Jl ~lI'f"V
(\e, '.capable de tenter le moindrf' m lll l\ /'1 11' Il l.
er~t.
Los rte\lx prorn nf'ur
~ n Or lll r llt'
1Rllrs volx drVenlli III Il ' Jt 1
jeune fllle.
Il ion ,
Il s ~e d îr igrn ient lent,>mr.n l \
'011
Tle
- ,)'('!l pi' l'I" di 'ail Bcrl h,' P
pf'n "r.r '!. pl l~
à cf' ll c l '111 l, ,
il 10 1 (~
b t' I(l~
\'011 a voit cn OI'! 'I',(- !
li n, 1(', j 'ln Gu \(111 d~
l,
, IOll dé.
!.I\ (' h é, i l Y Il (j{'Jù Jun g l.. llI/,
pt'
i.
plll !!.
- Oh 1 III Jo pOllvnl 1l VOI I .' rll ll' rlllli , "t1n DerLb , en Illnçanl un rcgu.rd bn1!allt fi 11 11 uuplrŒlt,
�Mais sOlilhin elle ::;'arrl'tll, sni,it l~ brus de ,€on
Il ,t Illi dit tre·s v,le à vui.· b,,-';;:;l' :
- Voici qllt'lqll'lIn ! Je ne vouùrais pitS l'tre COOl!M'omise; ,'urhor,S-1l0U5 v I l e ! ,
"
En ml\me tCIflpS elle ,.;e jela derrière un mM::>lf
d'al'b['e::<, où le comle la SUlvlt,
,
Au rn {>Ill L' nl(l!Tl"lIt, deux Ilom'ne, cau::;;llü à VOlX
étouriée dl\bolh hairnt à J'entrée de: l'allée,
I,~s p~,èrent
devHllt les deux jeunes ~ens
embusqU';3 (h.n: Je massi f, sans se douler de leur
prés ence.
Ils semblaient ~ntièrem
aDsorbés par un
mystéri eux entretlcn,
- Non, décid émen t, Langlois, je ne puis me résOudre à croire que cette jeune fille soit coupable,
disait l'un cl'eux,
L'autre pèrsonna.qe, c'e -!.-à-dire Firmin, le Jlo~i
cier val el de chambre, répliqu a :
~
Pourt;lnt tOlites les présompLione les plus
graves pèsent sur elle.
u Ce sont presque des preuves.
- Pour VOIlS, Langlois, non poUl' moi.
le Mon espril logique Ire r~use
absolument aux
hyPothèses, Il n'admet que d~
faila vérifiés., indubitables,
- Mais, Monsieur, il ne peut y avoir de fait palpable en l'espèce; sauf les tisanee saisies.
- Pardon, mon ami, prenez la coupable la JIl4in
dans le snc, c'est-à-dire dans la théière, et munie
d'un Hn('on de poison, Alors je m'incline·rai devant
comrxlgm
l'indéni able,
« .11hfj IlC-!à, le doute doit profiter l l'acus~,
- I!]n adlTle!ln.nt votre théorie, Monsieur, qui
donc '6è l'ait le vrai coupable?., car enfin il en
faut un, il existe; ceci C:3~
intlisculable,
,
("cst j u strIT1rnt là cpl!> '81t p"ur
- Cert" " ~IHi<;
moi le vél'It.uhl" mv~lr,\
]'{>Iligm r , nOlllourell,qe;
l'erre\lr gl'O", ih'r, épollvnntahle IWlIl-Otr('",
Toul cn discutant ains i, le5 cleu: hommes s'éloigojr~lt.
el 11eI'I11l" Dn tc rlre sortirent
al(,n' OC lellr c<lrhclle,
jl'ullr nll,' fiprt'> , s'(o/I'e ng:lIl'é' d'un coup d'~il
prud en t IJlI'i1
{'Iaitont b;('n se llls, posn ùe sUite
('rit" 'Ill tion ù con l'ollpirn lll
- p, "(l-VOUS hien remarqué ces aeux personn ngl's?
- Oui, !-wfnf>Olmmcn t,
pn
, :n. ton de ~If')ntlr!
lft.!1JI,~
1.0.
-
L<.'~
ilrr Z ,'[liS l't'I'ollnll:>
J'l'II ai l'rl'OllllfJ 1111 ~!I'l
1.
COIIIIII
mlll,
'{>l'l'ia III' 'Ih~,
El 1"1(111'1 Il \,l'Z-' 1111:-; 1I11'Iillnp 1,
-
1<'lll lIin,
de la
HI)I'I'10,
Plld III.
-
filJll'l'IIH'1l1
c1lt
LangloIs, l'inspccteur
,
_.
avant
-
l':t Vlnl
n 'lvif''!, j/tmais vu 1aull'c
('~l
inslanl, n CSI- l'I' pll ll ?
1II'lII'!l\I'nt le comtc d~
MontJUlnul::" è~dul'U
clair,
- A v e7"vol! !'I pli c/'IH'ndIl111 l'xnminer .~s
I~mp
-
s,
AlItnllt qll'II
III' l'11l11
pl~sib,
en
trni
Si
~ ?
peu de
A Iflli Irl/II\'I'Z-VIIII 'III il l'l'":" mbl!) 1
1" '1111'111' Il l, lill 'l,' dv '1
,
te Ail 1111l1l1. d, Il
1
),' Cllr il !lI Ils~rz
rllffkil C' tI " '1'111111' 1('1' l
,1 I,dll
uuln'l1I 'lit qu o
burbu, 1'11111'1'11 dl' 111111'11"
lJil'lItl:t'I'I, et porleur de
longs ' III'\I'IIX ,
_. EII hl"ll, lTlilll il " "01111, nOlis Hvons eu
}lOl1''l 11l1 1 l 1111\' (' 1 1 l'
Il ~.Jlr',
It flJoi UliS l, l'HI (III J l
Il
IJlI l' Jul n T clllv,
-
lf MllÎs, ,,: POilS ne nous trc-mpons rfiS, quel matif pui ant pournl;t avoir cet ~mi
de m(\ll p,'r~
~
se Illtllplillol' con<:tê1n1ment pour vivI'C cliez nOl1:! ",
- Ceci n'e,st ras radIe à deviner dl' but .'n hhnc.
I( TI I}st cel'lnin que John Teddy, si c'e;:t lui, ~oit
obé-ir Il des raison s irnpéeu~s,
inéll1dnb l es,
- Cet hflmme cache un secret, tl'ès }Jl'Uu:lblement, fll Berthe, songeuse,
Et ce doit étre un secret terrible,
- P eut-êl re? fit GAston désorienté par tant
d'événem en ts successiJs,
- Ainsi, rcmuJ'quez une !ois de plus, mon cher
ami combien j'ai le sens de la di\'inalion,
Il 'N'ai-je pa~,
dès l'abord, qu.alifié C:l Jonn Ted
dy : l'Homme m<llSqué ?
- Eh erre L; vou s aviez eu ln. prescirnce <l e son
déguisemen t.
- C0Hllllrni :)'a~SlJ,rc
de re qu e nous SllppOf'Ons ?
repril 131' rlllt.' è.'U '1 lun1~:6
; JC \'ollc!r!1is N~e
sùrE'
- Nous y rdlLThirons ens"~
bl~,
n01H '1I,'rl'herons un ''lJ.;\'en habil~,
nous 1eSt]}lOnnerOns,
- C'est C~If\,
nous essaierons de voir le "'ûw
dans !';Il, dlUrnbre,
- Pour 1 rnom(>nt, tenons notre rlérol1vl'I'le raohée ce SL'nl plus l'rnelent. ronrlnl G'l IIHl de ~lfnt.
clair: lrè: vi\'~mcnt
imnr{":·sionné,
Pui s, comme le d"ux t;Omp:l,~rns
1I1hipnt trlUcher à I.n villn, ils sc sép rè 'unt plll 1t·.liJ"~
;l
l'avance,
Berthe, légère romm e une- syLphidc, _p ~Ii '''n ta
première dnns l'hll.b i l 'l,lir) ,
1.01'(1, le cornt.e rlp IIlJlI,'I:dr
Trois minutos plu,~
réinlé{< r nit Sil cJltlld>l'i " ~o 1 IOIl ", r i 'C' r Il' hll t.,
i~esprl
1ltJ.1I1(> de réf! x:/J Id IlIL'il 11- ",
Ppnc!tint et' lemps, Gf'rlt'vif'.vp, ,h,:;llf'llr{p d' ~ nÔ
an~t:e
sm l':on hl1'lC, s'é oil l'f':,i\i.,;if' 111'11 h 1"11,
",,'
"m·
Som; l'rn,, rt rIe son crrv"nu, "li I~d['
ores pl rll11ltiplns prnfires, dos pli' SI' rI ,''1
'1 fI
Rnn fr01lt HI (1111', Tous 8~,
traitl': l'ri;; t\~
'1 11'
,'X'
pr'essiün rIe rolèl'c el de noble rovoll l' dlll 'i' 'l'nt
sn phn;jnltor'riÎe d'ordinnire si belle ni si Il "" 1
F.llc l'flvil1l Il pas lents vera la villn, Il '11' Il'mt
d'mie o.lll1l'e d'automate, sans ricn voir, 111\11f' h ~ 8
angil'oS"~,
ft sa doul€UT e' à des proj l'ts CJII: v.t'n'flif>nt d'N-Iore en elle,
ElIc (1t\lI~r
sans bruit dlUl8 ln c;ompllif'lI"" <temeure, où Lous les habitants rOptlsni l' llt l1luinwnant"
Elle entm nans sn chambre, roniIla I1n ft lin If' ~
1il'oirs rll' sn!'! menbles, y prit Q11cJI}1les rtllldl'SICn
bijrnlx, - Irs sC'uls qu' elle poosédI\L, puis 1111 virux
porlrll1 ll llnnie contrll,unl ses écoDomif>s, l'II IIIotul
le tOlit tl:lns Sft poche,
":n!iu:lp, ('1I('.s mit à sa lable, nlll'irlnit lll\e
feu illl' d, ' Jlllpicr ft leltl'e et,~'lIn(
IlHlin r~l)1'ie,
commença d'cc l'Ire lu leUl'e sUIvante:
A MeuLcmoiselle de Lntlrml,
LnrS/fllr t'miS lirez ces li!JlIps, Maft"lr!lilsl'/f1J 6'
chrlre /l lf' rl!lIi/1'ice, l'aurai qui/II! pour /0111 "I.f'~
ok
vil/a dl' )'1),' rnrpnts el vnlre St'l'UÎre TTI(1711/'
Ol/i d dl' ,'ou/lç llns in/d.m/',', qllP l'Il/ls-lIIhne
scml1l," I,nr/(/!l er , il nr m,' SCI'(J.i/ rl,~ fJ"'~I(!
dtr
ri!'/'(' tf /l' 11111" maisMI où il' me sen: /'ntlllll'l'I' ll't'lnnemis, , '"/ nu moin s (/'(fcr.Il..~lIr/_,
Ma tlt/l/ll'lII es t hll1l1l'IISI', mes rcnrcts (Je vous
'1 '1 '1/1'1' ,\1 III inJl1~',
('(II' il! rC_(.\,Tloi~
lit)"!' t.n us l'qI/ t'('lillli
,1
,
'II
Idll
/1 (1
tli~I/U
l'm/"nrlf', ln J)lu~
1)t;I',0"~.:lk
/,rsf/I'/'//II'II 'e.
l' .-wlllÏ/fu·l&l rie ,...
�R iValité d' li mour
innocence abSf)luf' , me créent le devoir cruel de reflo ncer à toutes l' OS bontés ; à toutes sans exception J•••
Je ne saurais rien accepter de celle qui, un seul
instant, Il pu me c,f)i re CfwprrVlf .
;1 dieu, mademoiselle; croyez, quoi qu'il m'arrive, à ma r econ nais sance indes tmctible et à toute
ma r espectueuse af/ection.
u GENEVItVE. Il
Cette OOur«! épitre terminée, l'infort~e
jeune
Me la mit sous une enveloppt! qu'elle plaça bien
en évidence sur sa table.
Puis se oouvrent la tête d'une écharpe noire,
elle sortit de sa chambre à pas de loup, laissant
la porte graiWe ouv
e rt ~ .
.
Elie descendit par l'esca lie r de servlce sur la
pointe des pieds, quitLa la maison, et marcha résoJument vers une porte bass e, située à l'entrée
GU potage~
Cetbe porte, fermée s eulement par un verrou
intérieur, lui permettait de s 'enfuir,
,
Quelques minu1e6 plus lard, elle se trouv~
dehoril, dans un chemin creux qui bordait tout un
côté de le. propriété.
Alors un peu apeurée par le grand silence de
la campagne, par Les ombres mystérieuses des
&J'bres dans la nuit, elle se mit il courir comme
une folle ver<s J,a vilJe Pl'ochnin e,
En Ull quart d'heure de coume ra.p)de, elle atteignit la gar-e et se lai ssa tomber haletante, Iivi elle, le cœur battant, sur ulle ba nquette,
Enfin, vers onze heur s et demie, elle s'embarqua. dans IID express qui flJait directement sur
Varis,
En quedquœ min trl.es , :!J1 venait de briser son
cX\<i teoce,
EUe partait p<>u.r l'lneo l11111 re doutable, co~e
pouss ée pur une roree 1I1\'IO I 'lble, sa ns sa~OIr
comment ellr pourrait viVI'!' d/l ns J'immense ville,
où III' ne con nn issait plI!, ;/I!JUlln C,
Tous
s rt- vE't! d'n \ "'1 " ri b nh p.\lr étaien t
n b oli~
; lnlJ !\ C'{! UX qu '" " ;1.I IIIIÎl l'oubliaient ou la
rrpo l1 !\!'nif'I ,t Rt , à ~"I
1" . l' Ile VOll lui t 1 s ou,
blier, dÛI-t'lI" t' fi Stl llrrr ll , ' l , 1'II,.JIf'm nt.
O éSO
lm
l~,
'lIc é l/l ll ", ',,,. ,III monde,
LI: f.RUoII! DI
En débnr'lll/HI I Il l ' ,..
ti n, G" nr \ll' " ('Pl'l'lI'
jl l'()(llJi lI' ptt r ',\ Il "l"
: on~\l
" lJ r dll 11"11 J'"
•
l.;!l l'
l'II
n
Htl l 'Il
:1'
L (' '.,1 , pl" 1 Il
mcn t t01l111 l' r
)' '( ITIl'nl ."" IIt!, '1
Ù 'll nil
1'111 111
l'
dalls
11
1 ILl!"
Son rN'll j
lr.tc
Ik II I'
..
P
,'z
' 11('
h4'11 re <W mu-
r c"u!'li on len tr ,
1IIII1 t
,
qU ('
Il' r ,
"Hg" r
par ln
sn péni bl
lIon lcnls,
totr,11'-
• nnll 1 à un d 6coIJ '1 ,. h('u re
t, n r di
Vf
~,
oI ll mn!.
Il wal t Il choi·
1110
,
1
sir 7, ..
~ tr
r
1l
'1111\
1111 pl~
il la 1,1U8
.,l~
Elle devai t pr évoir <les jOlJ r s i: an s t r.'lv~i1
immé·
diat ; des jours tri stes, durant lesqllels hl Iaudre~t
vivre su r son petit avoir .
CCI'le' , l''s hô lels ne lIl anquaient pas a u"" a le n·
tour's de la gar e de l'Est. Mais r:es étahlissemell ls
cons ta mmen t achalandés par le va-et-vient des
voya geurn, devaient être trop chero / pou r s es i
!
moyens,
Il convena it de cher<:her plus loin, en remonLant
vers les qua rliers excentriques,
Bravem ent, la pauvre fille remonta. le faubourg
Sain t·Martin, se dirigeant vers le rond point de
la Villette,
EUe atteignit bientOt le canal, marchant très
vite, un peu effrayée maintenant par la l'e ncontre de rares pa.s.s:J.Ilts, dont les mines patibulaires
ne présagea ient rien de bon,
E lle trav rf sa la place du ComJ:)at, s'engagea
presque hardiment dans la rue Secrétan, à la rooherche d'un e enseigne lumineillle lui ind igl1ant
I.e refuge che r ché,
Comme elle a rrivait à la haulAu·r de le ru e aea
Pyrénées, elle s 'urrêta brusquement, clouée 'Ill'
pJace par u ne terreur soudaine, Lout inslinctive.
Deux individus, d'allures louches, v enaiont à
ell<l directem ent, en couira.nt ·p resque, et sans faire
le moindre bruit.
Elle fit un effort pour fuir,
Ses jam bes, paralysées par un effroi insurmontable, se dérobèr nt sous elle,
Elle ouvrît lu boudl pour appeleI' au s ecou rs,
angoissée Jlar Ull press<:n timent affreux,
Au même in:;lull t, 1 s deux s Îni::itros individus
la rejoigniIxmt. Un foul urd s 'uba ttit br ulalcme nt
sur sa têl , la bàill onn n. ('Tl un e s coud e,
Sa voix râla, s'éte ignit dans sa go rge stran gulée,
En mêm temps un choc violen t da ns la r oi
trine - un co up de lête sans doute - l' envoya
l'oule!' (Xtnt '1:111 le :mr ln r ha l1 ss ,
Elle ct rn eum il1 11e, anéanti pa r ce tte bru ,;qu6
allnq l1C' cl'IflliIl r l! r, pO'Url a nt pl' sse nlie,
Mais pu !' 1111
sorle d ha rd phy::liologiqutl
U.'l!l['Z é ll'l1 11 ;.( ·, plJ 1 lit' p" l'c1it /)l}.S un seul iTl'S lllnt la
not ion ri s C'h O!;C'H ; s()n . r v 0 11 demeura it lur'J<I ,
El r ,'('Ill l dr'; lTH ins ignobles Couiller uvec
Dvirli ti' ~ H \ (" 11'11'1'11 1 , rrtourner ses poch , lui
'''l'vcr S()! ! pnJ'll' 111fHl l1oic, lui a.rra("her les deux:
hug l ' H (J, pl'lI ciro v lllC'111' qu' cU portail aux doig L.'i,
1,:1:" pll t i nle ll ur môme cet étrenge et rapirle
'OlJflql lP ;
- Eh , dk! donc, III PClnthl!re, ello a du pèse (de
l 'lJ~(
n t. ),
III , ' ClI 11. "li > 1
. .J te (' r oi ~ , rnon vieux FOll innrd, et des pe li ta
b ijou x, fl '"
fi ( 1)1'
1 ~ 'l lh
!. ,. ,:'c,.,! la noo ' pour d main, avec la
ml' lIl C Ch ;..] li
1l 1~;!
IJ r , ~ I' Il , Fouinlu-d d e mon c ur ' lu tl'll..
vni tl l' r:Oll ll ll r: un lin g e 1
'
Le I.HlfJfl it il qui S'Udl'C'ssait ce compllrn ent cyni,
1"'p'ldll , l ' 'l"r tli d'. IT6p.'i ;
Mui.ntûlIun t II l'rangN>· lu nu 1' urin 1 Comm e ça
cil nC' dlil n tr'l'Il pu.;; da ns J'or eill du qual'l-d 'œ il
(l e c nllrai:-l!w jrc de puliet'),
Ali, î lOt II' " ini ' tn' m a lfnltenr, dénommé ~a P U ll "
Lh il1~'
, Il'VU !l C Il br S orm ' d ' un long
u! I II il
CI'!lIl r1 'U I'r','t.
uyo. de 8 C r e,
'neoro
phru..sc }.nn('é,)
.' , l' l hlll1fhh '
q llf!
�Qf-
RiValité d'Amour
======================
53
~
Un long tressaillement NJeG·u a la blessée..
- PJlenez patience, madernoi'èeUe, lu.!. cti& \IL\.
agent compatissant. Nous venons de dl!UUlNhe;
peu au h~
une voiture d'ambulance, on ". voue '»1
La. pauvre fille sentit un choc violent dans le
flanc droit, une douleur aiguê, soudaine, la p6n6- immédiatement il. l'hôpital.
- A l'hôpital, moi' Ab, mon ~
....
lira; em.e s'évanouit.
..
Cependant les deu:x agreeseurs s'enfuyaient 8&DIIII maliheur l,..
}JIe!'ICÙ'e une seconde.
- Ohl ça ne ~
rien, GD ~
~
~
Ys couraient de toute 1a vitesse de lieurs Jambee 00 vous guérira.
~Ies
vers la rue de Mea x.
Il Mais, tenez, en attendant la voiture. CIra a lit
1tL9 se jetèren.t bientot, haletants comme des bétea nOU6 donc quelques petits zoen~
,.,..'
lIraquœs, d8Jl.3 une sorte de ruelle 6troite, pula minaires, ça pourrait servir tout do 8l1i~
Il't!ng6ulfrèrent dans un OOIiridor de ténèbres et
Il Comment vous nommeZ-l'OUI t
~nt
presque instantanément.
- Geneviève.
Or, ceux qu'ils venaient de qualMler CI les hl- Nom de fami1J.e"
l'Imdel1es Il, c'est-à-<l.ire lei! agents cyclistes, e,.r- Je n'en ai pas, monsie'lll'.
1
IivaDient, à la même minute devant le corps ina·
- Tiens, tiens, c'est biurre, ça;. ~.
nmre de Geneviève.
l'agent qui crut il un meIl*)llg'e.
i
Lestement j,ts sautèrent ft bM de Jeure machlcc Enfin, n'importe. Quelle prolellloa I,
1 ll'II8 roulantes, se penchèrent curieux avides de sa- Domestique.
1 Voir.
.- Chez qui?
;
- PrtsU, U1II8 belle tlJle 1 ~clar
l'un d'eux en
- Sans place.
Ile redressant.
- Bon, r B:iI do chance alors., ma pIl1rft'e . . , 1
- Du quar.lier' , questionna. l1!l autre agenl
" Et le nom de votre dernier patron ,
- Une habituée dœ bars, tr~
probablement,
- M. Darrois, A Meaux, dit Ge.nemw il tou.[
ajouta le troiBibme. C'est un règlement da om~
baea.r.d_
~I
ELle voulait 8e r6seI'Ter dl rMéchir .-..nt de . .
- Non, non, mes em1e, je œnnw.W toulel _
Wiler
la vérité.
aliente.s par id. .
60ngeait l MXe de LeJrGDt. . . ~
Elle
(( Cel1e--là est une 6~
lIDe laoIm.tto femme
odieux
qui pesaient wr elle..
~nt.
- Vous habitet: Pa.rl&
- I!)s.t-elle bleeeée .,
- Non, mOM 1eu.r. Je naaiI dT In'hw CI . . . .
- Je ne sa.i.II pas, l10UII UJane ftIIo..
- AlOJ'8 TOU' connal'l8l ..ne dI.te p
le Eon
tout cas dévaliaée .~:
1oaI6I . .
dans le quartier' .•.
podl€lS ',g{)nl retournéee,
- PeJ"8onne 1
- Ah! bigre, repiJ'it le troisième agent qui .'6- Encore plU8 Mrenge 1
ta.it baissé de nouveau, c'est un crime 1
« Enfin que feilries-vou :par lei 1 . . . . . .
(( Je viens de sentir là, sur le cOté droit, de a.wm avancée'
l1lUmidil,é cha,ude; du san.g probublcment.
- Je ohel"Chais un hôtel pM trop œ., JIGGI'
- Alors vite, II hl pharmacie, Iles COJiain.d L .•
passer la nuit.
AnssiLôt deux dei! agen1.s relevèrent la malheuA cette phrase de l·' interrogatoire, le pbanDIIr eulSe vicl.i.me inerte ~ an dis
que le troisième s'é- clen Intervint aV'eC une certaine autorité.
J'ançait vers la bouti'que d'un phannacien proche,
- Je vous en prie, messieurs, ne la raite.! pu
el sonnait lon guement à plusieurs reprises.
trop ,p arler, Teoommanda-t-il. On la QUestionn.e.w
Un quart d'heure plus taro, le~
paupière.s clo:le6 plus taro, dans quelques jours.
de Geneviève se soulevèrent faIblement.
- D'ailleu1rs, voici l'a.mbulance, aJ<>ut.a l'un eSt.
La. pauvre tille jeta autour d'elle un regard. en· agents, en entendant ronfler devant la porte le m0oore empr'Cint de terreur et d'égaremen.t.
teur d'une voiture uulomobiJe qui venait de 8t()per
~
- Où suLs-je ., demanda-t-elle A demi lnoonsAu même instant, trois coups de trompe, art.
mente.
dents, troublèrent 14' silence de le. nuit.
- En sûreté, mon enfant, lui répondit avec ~ou
- Voilà, on Y 19'4, cria l'un des agent.. au obaut"
oeut' un homme d'un certain âge, le pharmacIen, ·feu1'.
- N'ayez plus peur, mad Pm ois elle, ajouta l'UD
Et comme une In.fl.nnière ~Mit
d~
r
dQS ngan La, on velUe sur vous.
cadrement de la porte, il ajouta :
Et la malheureuse fille, s'apercevant tout &. coup
- Par ilCi, ma petite diaane.
qu'elle élnit il. moitié dévêtue, demanda è. ceux quJ
Il S'agit d'une jeune partiC'Ul~e
qui ~
te ,.
l'~tou.raicn
:
cevolr un mauv3.ie coUlp de eurln 1
- Qu'ai-je donc'
- Une rixe' questionna 1'nftrmi~.
- Une petite ble99'Ure dans le CÔté droi~
4'Z·
- Crois pas. Une atJtaque noctnrne plutbl
opliqul{). le phn.rma.cien ; ça n'eat pM grave.
• Enfin on ne sait pas ; le c()mmiasaIre . . . . .
Il Au eurrplua, je viens de vous paneer provtsol·
brouUlera.
l'Cmool.
- Ah 1 pauvre fille 1 murtnllnl l'inJJnnll!rire lB
- Blessée... bles* T... balbutia Genevlhe, H- examinant la blessée.
vide d'angoisse., el se 8Ouvef,lanl \oul A coup de
Il Apportez-la vite.
l'horrtbl e scène.
En quelques secondes, Geneviève fut tra.nsp«>l'UJe
ui mais heureusement vous aviez un ~
'd ant iI.a voiture, étendue sur le matelas t\la.etlq8
set 9ur l' qu 1 s'est amorti le OQup ..Sans oela.. ..
0\'1 elle eut une courte syncope.
Le 'Pharmacien n'acheva. pM; mal'!) la suite de
Puls l'auto démarra, parti1t eD vitesee.
sa. phrase devait se deviner aans peine.
Dix minutoo plus tard 1 véhicule pén6tr< . . .
Elle sig nifiait: Sa.n. 001. TOUB awiez 6Ul tuée.
1& COUT de l'hôpital Lariboisière.
- Acre 1 acré 1 v'là les hirondeUea
RaJpide, le couleau s'ablt.i~
sur Genevillve. un
$
f
....
5, ..
J
.
...
�Gcncyil!ve, rl~jà
en pr il' il ulle fi; vrc crois~anle,
!\'rl wlrl.ée san l'('tard 1..lI1. la salle • '(:la ton, couée dans le lit n° ~.{,
et blC,l1ûl l'iuk ne c gill'lh)
son apparition.
Or, le" jonr même. oÎX, a.près tant d'épreuves mocs et physiques, peut-être immérilées, rorphemie écllouait sur un lit de suuffmncell, Jacque.s
Ga 'nier recevait il. Santiago du Ollii une longue
, ru Je D1jt~rl.e
LeU't-e- émou, ante et d{JlI 101 1 lise "il en fùt,
r' ('Ile UIJportait au jPllne diredeur la cunflrmation
5UUPttOn. infamWlts COl\ru.~
dl>ji\ dentS lIDe
ipf'rTllil!r missive relalive il. lu conduite de Geneviève.
C:c pn'mier B"crff s.ml1('nt, sournoisement mér nt, avait été adre é, S'lU forme oe letlre à
tournure nimable, pay" BerU'Ie Dutertre.
La l''oqu fi ne cr 'gnait pns en outre d'accuser
'I)r Jhrlinl' d'une intrigue 'galante avec le comte
de . lonlclair.
, la le lure dœ pénibles Mt",Us donnés cette
lectrice de
{ni p r rirlllll,<;trit-ù, l'ur la mi~érahlc
mE' 11' LIlHlmt, ./I\Nl'Je!l Garnicr ne put retenir
Tm
df!
!H'. poil'.
r.r .1 ulC' d"'neul'i' dans soo esprit n'était plus
rhl ,
1
dè son ,rr",dio , n'en p'ut dire ù v .nlagc. Elle
lai. sa cuuler, elle aussi, sur son visage pâli. dea
larmes amères.
- A quui bun v"lllioir rentrer en France, à préecnt? émit Jncqucs d'un accenl d,!clliré.
IL Ici, loin d'cllc, je ]'oub~lai
p 'ut-êlre 1. ..
(( Ail ~ Dl S c1wrs 1 roje::;, mOll amour' 'uel hurcible cJt~;'ir,
1.. C'r., t lou~
ma v:e brisu\!!
El profond ~rH'l
rc'nué. 1 il. e atrocemenL nécLirt:c p, r L souffl <lJlCC HIllr "II', le jl~uce
dire lpur
1 .'
il
l, lltl..ler u\ eC
acelhlle IClll sur un si ge
procIIC.'
.
-" . Ion Jncq 1I!1, mon fil ('110ri, CI 111,<; lie-toi! balbuti' la veuv . (\Il! OU: nnt de ~e.s
deux bru.' le malLeun u. d,' -) ·péré.
Ta more tu re:ïfe ... Til es jeune, lu (1'<; encon!!
(1
d('vllnt loi de lungucs anné .... Ull ltrill ~ 1 avenir
t'esl promis; ne d8 '!Or l'I pas, je t'l'li !il'~Je
?
. tu 0.K Le temps effnce bi fi Ù 'sùurrratJA:
Nieras celte malhcll1'eus 1...
E:, la lI1èrl' rt ICi' fil . "g:1ll'm ni \,','hir.' pnr l'1ft.
comm'cnsurahle dOlllrtlr qui lrs poiunoit, d{'ma.
rèrenl tendremenl cnlnc{os, ntûlanL leurs Inrmoo ea
une 100li{UC élrcinte muelle.
Ainsi les manO:I1 '('s d lu cOl1llPUe nerlhe Du-tertre alteignni>nl !'(Jrl>ment le Lut poursuivi par
sa jlliollsie, pal' sa haine.
Grnpviève, coupnhle ou non. devait être il'J'ém6..
dillll une! t M:hnTIoré priv~e
de loutes ses sereetioll.'!, rejctf>(' hors de la société.
L'O'uvre terribl!' de la vengac~
s'aocomplisMit! La rivale abhorrée n'existait plus, moralement au moine.
Or, Ir IpIHlemain ffill.tin de ceUe nuit lrllgicple o~
l'orpb !ine p.n luile I\vnit. él' victime d'lIne 1 nlntive
d'llHsllm'innl, Ip polkif'r Ll1.ng:/i~\
dit Fil'min, 'ar·
rlJll 1I1'pris d!'VJlnt la porle gl'nndc ouverte
la
cltnmhrl' OI'Ctlp"C par ln jr.llnc ,h', tric",
-- Tien, li ns. nlllrCIlUrll L·il, l'oi Ilf' s'cst dl!nlc1~
cil' honnI' hrll1'C 1
" .. P, seruit·C'llc, par hnslLrd, glil>séc dan.s 1'01-
"C
flCll?.,
Toul cn monologuoflnt, il jl'tnil, par h/lhi ude profOllsinnncJlc, un long coup c1'l il fi rutulcul' dans
la
dit If'lllls c
flo ln fnmme Ile
1" n \'1'(' R S d~r.cption8
rf,<llJut/lblu.
Il r. lIP\'II>\' .. 1'1\11 \TI'
urlllt l:gnrée 1. .. Gen~
Tf' ,II ,t1IIt'ur Il (> Ci n ·vi \'C 1...
La veuve, doulour 'U CUlent touchée nu plua pur
,
~lJIpr"
h! ln
\'1(' t
lIl''!, ~"S
1 ll!1'n ~nl
slIrprl ('
pi~('c,
- Qll'e l-(:(1 cpl cci;a.' reprit.i1 surpris, en s'avan.
çant pm!lcmmrnl
Puis d'une main preste, \1 snillit la lettre pla.cée
bien Cil évillf'lICI' 8111' ln ln hlr /Illt'>rtr!nn.
clic de Lnrront? ..
_ Unc 1 ttre ,_, A ~Inf!"l()i
Cr.ql M.Sr.z bizarre 1. .. ~I'l\it-(
li l(! confl'sslnn,
hl tOllt r.n r,xaminnnt 1't>~lI
ft'rellt el déciMJe
de ln jl'llne nn , Il RI' !1rmnmln p"lplf'X :
_ 1 1111-1 ln rl'JOdlr" oir Lement, ou biC'fl Infor.
mer M, Tccllly d'nbord 'f ...
" Apr&! tout, jl' suis b. Ron rrvlce de toute!! raÇ(>rut. JI 'cnllvil'nt donc de le rl'n. elgller 1 premier,
Et, son ine .rl~Id
ayant pris fin, U s'en tut
trouvl'r l'Am&II'n1n,
Coilli-ci, ln t/tllf! dnn III snlle II m!\ngl'r devMl
11111' Ill. f' df' tll{' garnlo do rOLiœ bcur~(;"
mnn.
{; nit lr./lDlLuUl en nt.
'
Il 'troll nit Reul drtns la plèc et r(>n(>chI8fl4l1
(Ill prohl lIlC qll'II venuil 0
ny r de r6souL1re eD
Ji' ~nc
,
1 .~
llJlllll1 , 10 JI cUllo.Flrmln r f.,u alll l'indla~tiOIl
d
v~rit:nhlc
dom tifJl~1.'S
qUI, (j'lIll0 mi.
lIl1lf' fi l'nlltr .. plluvu.lent cutr 1', ~lIiL
celLe phra.<te
re.sgecLueuM :
d' munsieur,
- Je \oll,lrni prendro lœ ord~
�•
QC-
=======================
RitJaIité d'Am~ur
relativemrnt au chûngcment à opérer dans sa
cha.rnhrc?
EL COJllln,' "\, 1 ~rj"1m,
très surpris, le rc,~lait
tlllen'-Jer l, il Olt 11, 'OII[J d'œil ex.pr s;;û en monlrant
discrt LClliellL 'n lettre,
- Con nel 'nlÎe!. mU!"llllL"U-t-iI
en T1'l:me temps
d'une vuix ét uITloe.
- !Jellx sccnnrJcs, réparU JD:ln Teddy sur le
ml>..Dle ton, en pr}'l'\·o.nl à li.! htlle son pel iL déjeuner.
Un in slallt après, il rejoignait Firmin dans sa
chambre, r'f'TlIll:t snign usemctI1t la pl.de el 'lpprenait avec SIIIfH'ur la décuuverte du policier.
- Je nI' rlli , d:L-II, oecarhcter celle leltn' av.unt
1lJ]p de LulTo IL Ce serail UIL procédé trup indél1cat
pour t!trc exr.us.lulc.
Il 11nis TlilllS ne srron
pas longtemps Cf'prnrlant
à en cllnnnlll'e le ColIltèllU ; m~e
si ce n'esl pas
moi qui suis ('hoï::;é de la lir ..
.. D'une fnçol1 ou dl' l'01l1I'e, c melut-il, avec un
regard signilknU. nnllS SJ'rrns r ·nsei'~
nés.
- Î.nmpris, répartit Firmin laconique, On la
subtilisel'a.
- Allons, ojoula seulement l'Américain, en ma-
nière d'o.pprc,bILtinn.
Les dl'ux h'lmm,...s se dirigèrent ensemble vers
la chamhre (If! ~1It'
de' earrant.
Le Jl>,"!Hlo Firlllin, qu! la servait. frappa d'une
Tf1 }n l'Hl'li{'ulit'lT·P..
_ Eulrr'z 1 l:rlU l'a·vellgle.
l'It comJnP ellé enlf'TH:lit dIstinctement df'l1% pas'
diffél'ell rosr nuer dans la. l)ièce, elle demanda de
'Sllite :
- Qni donc est ovre v.l\lS, Firmin?
- C',..sl 1. ,ll)hn Tl'drlv, mndemoif'rlle.
- Ah ! 11'1\'1 1 irm, QIl'Y 'n-tril rie nouv nu ,
communication loute 'Personnelle, fit
- Un
l'AI éricoir.
Il Ulle INI rI' tWUY/>
d.lI!; ln cl ,1m b' df' votre.
lccLriee, el , p," 'iull'lIH'lIt ér'rile il votre inLLntion.
nr Irlll f' ('[Ll'hl'téc ?
demoiselle.
- Olti, rnn. ('Ilt>r~
Il Voul/'z-volls (Ille jl' fosse appeler mon ami Du'tertre [lour VOII>! la lire?
~
'on, Tl JIl, li. <,z \'ous-mt\me, si vous le voulez
bien. olt nI' plJi~
rirn avoir de caellé pour vous,
_ ficti,'C'z,v IJ UI5, Firmin, ordonna John Teddy au
llflPuùo-vull't do clwllIbrc, pour affecter III discrélion.
Cf'llli<l ob " TI n JI 1 l'l' lC(' rln. moins. Cllr, bien
cer1.uin 1]11 IOLV Il~,.
III. jlOll:!1lt ~()npC;'JI1r
sa
pré, l'II .~,
il fIL
JlI III nt lin sJ[lu~Lc'e
d' (lépnrt,
n l'Cf!'rlllflnt lit p"de.
AII';siIM , 1 Anlt'Ilt lill ftt fi. 1\1111c d' Lnr~
la lecture dl' 111 II" lrf' d'ud!1 \1 Iii ,,{oc l',lr Genc\'Ièv .
Un cri de stupeur, angoissé, jaillit des lèvre. dl
la Tnnlnrll1.
Pari il 1 5'6cri/l.• t,....clle, pnrtic pour: toujOllr'8 1: .•
1 liFl 1I[ll'èFl un :f1~tun
Ile Rilf'nc lourd, employé
è. p l',
' 1111 111'11 el1 rC!lI'il :
() 1'(' t Ur M l'P nI
,1 plLlI"l'P. mIe T...
'! ., Il
dl' [' ,II· fllill', .Ir hll '[ "llrl . ,
r ,nllrr 1 e, j' n sn; [J 1 ~i si IIi'Prnit ot
!LIT l'· q , nI '1"1 C. ("1' tcll 1ll1'1It iunll nrlu 1...
1\ ,l'al b
nill (' ,. Il chir pour (01 :ycr cl, rit viner
t'JI! 1 Ilil/IJ 1 \' 'lït~h
(;cn' i\1 'l U 1)\1 u1.;oll', en
pI'" 11\11t (.-tl rt;~Ii
TI l'Illlie Ile,
It
1'~(\
u.rnr/llf'l d U1S Cl'lll' Ie1Lro son lnnocence
~ nIlle, I1u'l'n rnut-il croir'c Il ...
l
n
- Ah 1 ce doute est ,affreux 1 répartit l'aveulTle,
" Il Y il, dans celle tenlative criminelle dOIll je
suis la vicLillle, un my~tère
qui m'ép<lUvaute L.
It
i\1,iÎ;;, ditrs-m,li, TcÙdy, rcthertl1e.rez-vous cette
malheu reuse fille'
- C'est très probable; c'cst même' indispensable.
Il Car, mainlena.nt., il faut il tau,! prix savoir 1.&
vérilé, déehilfmr· crUe doulr'lnreuse énigme.
Il D'uilleurs, je vais confrrer de cet événement
avec lJu~ert'c,
.avant SOIl départ 'puur Paris.
Il Je reviendrai vous en parler tout à l'heUl'e..
- i\ liez, nlOn OJ\li, ruUez !. ..
AUtisilM L\ll eriluin l'oll t de la pièce, fu.isant
pD.·S(;r SUltS IJI tilt dc\ nnt lui le policier Langlllls.
_ .\ Hez pnl'T' Du cI1re de nous rejoinrlre dans
le pn.l'C, ,'rt;~
dc la grille, lui dit-il ensuite,
l n ip~f(
Il
lus w.l'd, l'iJldustriel rcjo ,gnaill
.fui Il TcJJ·. '..olui<i, 'dans Ulle courle promenade
cil' 'ulnif'l. ',,'Nuil li ·,.,uré que cette parLie du [lare
""tnit al s.\lumcn l déscrte.
\ li,'
\
il informa l'arrivant du fait étrange
qui \', "ail de se produire,
1JIHcr~e,
stllpdié lui aussi, demeura silenClcux
d'(...hord, s'effurçant de se re$aisir, de comprendre,
ElIlln, il dema.nda :
- Qllelle est voir!" Op111l0n, Teddy?
- tlJon ch l', je SUI' Il,;~'Z
rli~p()é
à tenir l'e!finIlation d'innocence de Gellevlève pour très sin-
cère.
-
meI.
EL
'n)IIY
Langlois? questionna encore l'indUS- .
tout le. contraire, répondit le poli-,
- Je pen~
cler (('une voJ.x a"surée.
Il A lTI0n avis,
h fnilr dl! cctte ~
semllernit
pl Il tt'il nflll'mer 00. clllp:ùlililé. C'est, il mOIl sens,
11/
ILVf'U.
Si "U!e a di pMU, c'e~<;t
trl's probl~me
t par
CI illl' d'un chttlil\1l;lIt prllchnin, COll 1<161'6 par
el'Ie C(l!I!D1 il1~v
bIc,
-. üui, fit Uut.cr.trc, œci par'ntt assez judic ln\1L
Il Du llIoins ce 6ero.il OOllforllle a.ux lostUI ·lir.
mouvements des cr.iUl.ÏllelJ:l découverts, ou sur le
pojnt de l'étre.
- CeLte fuite ne prouve. rien du tout. r' péta
John Teddy, &inon \lIl!Q légitime révol\.e de hcrt.6.
d 'ind ignllLion.
- l\lon ami, VOU6 eLc& égare par uu ~ ntiloent
pcm<;{mnel, répliqua l'indu tn
Il •
IllimpTlt qui e Jlliql1r' t excuse
trèd suffi IUllllJ nt vot.re lI11ilu{!e:
- Erreur, mon cl.! U' lJulcdre, 0fU' le S lU ne~
61lqUl'J vou..'! fnil"H nlln ion nf' rt po 'j
luI-li ~1D4I
que sur dt.'6 hypolhèse '.
ptIS- ~z
pl1i H ilsnt, ct s'est étnb s\JI!
" Il n'es~
Gee 00ae!l, trop Incertain i t'II re p lUI' ob! 'IMlII
mon jugement, jU6~\l'à
pr~ent
du moins.
OO PfO~,
1(
dtlilleul's, la fuile de Gene , ~
~b')ro!mLne
}'cx6culion de. pro~t.s
r6coo lea&
Cl
t.t
Il ,le m
rj'ndl'u.i 'Iè dprnnln il PI.U'l~
<It, ,au
aucun dUI.ll , je
l'ni forcé de sâjour~
d _
quoh[ilcs Juurs,
Il
1., l.anglois m'n~orp
nera;
~
\ oluutiers, 1l.t'qUIeS~,
le policier souri"n
- ,l'ai l'in te n lion, POursuivit l'A.tllMioaaa
l'epr<n~N!
ffiOS ~romlèe6
recb~
OOOUD6IlC'"
~
Vlnoennetl,
�C'?"è
======== RiValité d' Amour
56
résultat atten r
Il Elles n'avaient pas donné }oe
e.spél'é, mais je ne lea avais pas
poussées
fond.
- Ainsi donc,
VOllS abandonnez i<)i toute 'ourveillance? demanda Dutertre irud41eUL
-
Pel'60nnellememt, oui
Il Mais si vous le croyes utile, cher 6.lDi, voos
po\I.rrez continuer discrètement le. tAohe poumuivie jusqu'ici par M. La.nglois et moi.~e
(( C'est peut-être nécessaire 1...
- Vous persislez donc à supposer . d'a.u\.reri.
culpabilités? questionna le policier surpris de rinsis\.aoce dégui~
de l'Américain..
- Je ne sais, je cherche toujoll.t'8.
Il Je vous le rélpè1.e, Langlo.is,
aucune preuWl
formelle ind.i3cul.a..b1e n'est acquise contre Geneviève.
- Mais qUli donc alors pou.rra.1t être lnaiminé'
- Eh 1 sailo{)n Jamais'
W
(( Il Y a p1u.;;ieUJ'8 serviteun à la villa. Etœvous plus BW" que mol-mème de ~ur
hormêteté
parfaite '1
- Certainement non, aVOl14 Dutertre..
peu.t être sOr de personne.
-
On ne
Alors'
- Eh bien, voua avel raison, je continuerai la
surveillance; au moine pour notre eati6leclion
morale.
Il Dois-je fnfCl1"'lIler tom le moode de le. fuite de
Geneviève ,
- Certainement
Il
Il seralt même bablJ<e de pré.:,""'enter oeUe
fuite oomme une 8Ort.e d'aveu. Ce serait endormir toutes les déftanœe poS6iblee et, par suüe,
provoquer peu.L-être des .Imprudencee.
Il De même j'annoncera! mon départ d61'l.nitll,
oor je vous l'ai di.t, j'ai fonné des projeta nou·
veaux et j'ai hâte de les mettre à exécution.
- Fort bien, 8ipprouva l'iDdU8trlel, voUA qui
est entendu.
Il Maintenant je ~,
MlUI cela je rna.nqtIfll'8ÜI
mon train. Or, il ne faut pe.I oublier l-eII aftaIrs.
Dutilrtre parti., John Teddy e& ~
.FirmIn
peen""
J'habitation.
•
re.mooLèrent ~
11. commencèrent à pre~
~
pour ~ départ du JMdemain.
Ce ~
lmp~vu.
otncleltenMl!lt ~
..
déJ Oner, ne tut pu MJl8 aurpreodre . . habltanllr
~
la villa.
D'autant. phuJ qu'A ~
OOInOIder ~
ment avec la fuite de Genev1bve, ~
Mlnlith
• dessein.
L' A.m6ricab:l p~xta
pourtant .se. ral80ne
fa1ree preseantea, ~
oombina.l.eon.s d'l.D\6r6\a tout
6 lait pereo.nnetles qu.l l'obligoo.lsat • aD Jooe
a.w.
.af.-
!voyage da s le MidI.
li ne parut pas, d'a.I11eu.re, que les damea 0..tertre, non plus que Gaston de MODtoIair re;re\-
1eMent bœucoup e n éloignement.
Toue trois le t.ro uval ent un peu bizarre. prtuW
âligroatique, et parfois gênant en dirt"'re.nUe ciro
0fl~·
homme uq~m
,. comme le • dônomma.1\
rtlte Dutar1re, D'éioIJ pM uLrêmement aympaque.
Ceci à Cll.UIIie de 800 franc parler, de eea ~.
Cet
Il
tudœ un peu a.a.ns-g n , et de l'indis
lM dont. U avl~
:n n d
ImuléCfl
rète co.rio-
mnintœ fois rournl dœ preuw
~
&mle, Mlle de Laffont fut mise secrète.meat au
oourant du véritable motif qui déterminait le départ de John Teddy.
La malbeureuse aveugle, ainsi délaissée &Ubi-
tement, d'abord par l'orpheline qu'elle affectionnait encore, en dépit de très graves prèsomptiWllS crimineIJes, ensuite par l'étranger ' déplora
:t.raoohemen,t l'éloignement de celui-ci.
Dee liens mystérieux semblaient la relier étroitement aux affaires de l'Américain, en qui sa oonfiance était ext.rême.'
D~sormai,
elle aJ:Iait demeurer senl.!, Ume
.soa.ns appui, aux '.;;.oin,s intéres-sés, mais peu smcères des dames Dutertre.
E11e souhaita de se rétablir très vite, afin de
pouvoir quitter à son tour la sompiueu.se vi!1l.a,
où, moralement, elle aJlaLt vivre si Lrk;Lement.
Le lendemain matin, John Teddy et son JYseudovalet de obambre prirent congé de la famille Du~re.
- Oui 1 le -roi"là parti 1 eoupira Berthe eIl
voyant rusperaltre l'automobile . . oondu.lee.it
r Américain vere le. gare.
Elle ajOU'la, se tolIm&D:t WIW o.toD de Mom.fI)air qui l'écoutait:
- Il me Mm.ble qwe le . . . . . . CIaU(;bemu ~
1ÛbIIe.
- J'awue, approna le oomte,
Ml erllal&.nt n
commençait t devenir ici
beaucoup moine agr~
qu'auparavan1.
cc Cet CI homme JDUqIM » DOU8 a 6JfSD.6a plu
d'une fois.
partoull
- Dites touljoun,
- Nous alJolUI donc, ma chère, pcnJnUr repnn_
cire nos dou.x en1.re1.i.eDI, DOl kmgue& fi 4.éi:icieu-
8Otrpir, que
remt.enoe
«
8eII prune.od~
-
Avec quel pJaisir 1 amplifia Berthe, en lanau oomte un regard provocan.1.
Voyez-vous, mon ami, j'a! soif de V006 en ten-
~
14
dre m'expnrner des mots galants, des chœs
ohannenl.es OOIllme VUUIS savez 100 dJ.re, lOoll)Q'OO
V0U8 vou.lez en 'p rendre le. peine.
- Ma chère, VOIl8 êtes ador.bJ~
1 ré'partit gamnent Gaston. Et c'est pou.r mol tout ~
voue dire oe que voua mMitez ai bien.
- A quand la noce' Jeta en riant l'orfPJeiU-.,
aoquet1.e, am~e
el nat~.
- Maie bIentôt, je l'e8~r.
• Enoore d IlX petite mois de Nllicnce, et j'au. . d6fuùUvcme.r.t rég}6 les queJquee diltlcuillés
~
le
TOIM el. par16 dlljà.
AIora ~
D'aures plu. qu', m'a.lmer.
A YOIl.I adorer, oomtee.e 1 répliqua GMton,
.-.eo aD eou.rire entend u.
Et d'un gœt.e dont W &tfec\.a la epontonéité, il
&alal1 .. maJo fine de Belrtbe, la porLa J\Ulqu'à &eil
lm. .. y d6po8a Wl long bal6er.
1.Jne joie "Y6ri~,
one lumière de lriomm orpilleux brllk œu. 1ea yeux blcu& de la joli ml
de l'indu.triet.
DI~
oonçu6 r&fJ8lU1'anœ d'avoir enfin oonquja
détlnitiYsnent ane COUT'OOne comt.al .,. C'6\.ait uM
belle VlCtcVe, bllblJ.emcnt r m porleo
L'4~n.ir
lui apparal.d.sait rMI .lI , tont illuminé
des satistactlooe brillan\('.'1 ct IH v{lllil,6 HuLl ~1lt.(J
-
~
de MonLc'lalr; .... qU(·] honn(,\Il' 1 .
�RiValité d'Amour
~
======================
X
LANGLOIS TIKNT LA PISTE
1
Ainsi qu'on l'a deviné, John Teddy devait avoir
un puissant intérùt à retrouver les traces de Geneviève, puis ensuite à. éclaircir le mystère de sa. véritable p ~ r so nalité.
La fuite de la malheureuse jeune fille l'avait plongé dans ùn ablme de perplexités.
Le crime odieux dont elle était a.ocusée trouvait
difficilement créance en son esprit avisé, a.ocoutumé
au.x longues et judicieuses réflexions.
il se souvenait encore de l'entretien qu'il avait eu
à SantIago du Chili, avec Jacques Gar!1i{'l', ce matin
~ù
le jellne ingénieur français était venu le voir li.
) hôtel Saint-Jacques de Compoltelle.
s les phases de cetle longue conversation re, TO~Le
ven8.lent à sa mémoire.
AUcun des détail s relatifs à Geneviève, il son cal'~cère,
à sa droitJUre coutumière, il sa va.illanœ
d Cune, à l'amour même dont elle était alors l'objet
~ la part de Jacques Garnier ne lui échappan.
eommenl une telle créature pouvail-eUe s'etre
rendue coupable d'un crime ignoble'
Ceci lui paraissait invr.a1semblable, in8Alrnissible.
Mais alors, pourquoi sa fujte ,
Incapable de trouver une solution satisfaisante
à .ses réflexions, John Teddy s'etIOl'Ç4 d'en interrompre le cours.
Dès son arrivée à Paris et pour se confonner li.
certains projets secrètement conçus, il vint se loger
dana un Mtel très modesLe de la rue Amelot, aux
environs de la f}lace de la Bastille.
Après un court entretien avec le pseudo Firmin,
redevenu l'ins pecteur Langlois, il laissa partir ee
dernier, lui aO<XJrdant toute liberté pour œ jour-IL
Le policier n'était pas fàché de pouvoir se rendre
chez lui , pour y embra~
sa femme et sa petite
fille, dont il était séparé depuis un mois.
Quant à l'A.méricain il employa son après-midi à
difr6ren ts a chats dans' des maga.sins de confection.
Il se m unit notamment d'un c()mplet bon marché.
La coul rur du drap bl u-verdàtre, la ooupc défectueuse du vêt ment lui don~ret
toutes les 61ppal'cnce.s d'un étranger plutOt pauvre, et assez mal
ha.billé.
Déjà, dès son entrée dans Parie, il a'était mélo.mOl'ph~
physiquement.
Dans le fiacre qui l'amenait, en compagnie de
Langlois, de la gare de l'Est li. l'bOtel de la rue
Amelot, il s'était débarrassé de sa perruque, de sa.
bar1le blanche et de ses lunettes bleutées.
Il éLait ainsi redevenu le vériLable Joh.n Teddy
connu de Jacques Garnier à Santiago, et de ~uter
tre, lors de lIOn arrivée à Peis. Le lendemam, Il
quJUa de boon.e heure 11iOlei ot'l. l.l logealt, et, li.
pied, remonta le faubourg SaiDt-AnLo~
jusqu'à la
plaœ de la Nation.
n .'en~afl
sur le OOUY'8 de V\noen1lJe&, marchant
tr~
lentement, e'~rlant
de temp.s à autre pour
~nétre
ch z certaine boutbquiel'tl, plu!! ~.
lemenL des buulungers des frultienl, des 6pl<:iers.
A chn(."\ln de ces ~meJVO.nfl,
adroitement et
poliment préparéJ! pM une ph,rlUle préliminaire, U
poaaU enftn la même question :
- N'aUJi.ea-vol18 pas connu autrefoie, daDa votre
57 "=*-t:l
quartier, une brave femme qui faisait des ménages.
et qui se nommait Mme Dugoureau ?
La p.lupaI't du temps, la répon.se étai,t négative.
Cepen.dant deux ou trois des boutiquiers interrogé", et dont l'é tabLis.'3001ent datait de lrès longtemps, parurent se souvenir du nom évoqué.
Mais au<:un d'eux ne put dire ce qu'était 4evenue
III femme dont John Teddy parlait.
On ne J'avuit pas revue depuis des aunées.
- D'aill eurs, fit le dernier de ces commerçants un épicier qui touchait à la soixantaine - elle est
peut-être morte, la mère Dugoureau
(( C' éta.iL une malhe1!reus e qui se li saoo1&it )J
comme un portefaix, sauf votre respect, monsieur.
Elle a. dO. finir un jour dans le ruisseau, et peutêtre a-t-on transporté son cadavre è. la Morgue. d'où
elle a dO. être transférée au Il champ de navels li
sans que personne le sache.
- N'avait-elle point de famille .,
- Je ne le crois pas.
_ Cependant, insista John Teddy, elle devait
avoir avec elle une petite fille '1
_ Je ne me souvi~
pas. Je l'ai toujours vue
seule.
1( MalIS je parleen ce moment de choses anciennes
qui datent de dix ans au moins.
- Savez-vous où elle demeureit '1
- Pas au juste. Ou du moins, si je l'ai su, je l'ai
complètement oublié.
- Dommage 1 Je recherche cette femnJ.f> pour de
pUissantes raisons d'intérêts, à son avantage
d'ailleurs.
1( Enfin, monsieur, conclut John Teddy, ~i,
par ha.sard, en questionnant vos clients, vous pouviez recueillir quelqu es renseignl'm ents, je vous en serais
très reconna issant
Il Je revi endrai I/l,p rès-demain vous voir.
- A votre djgposition, monsieur, fit le vieil épi cier en reconduis(lnt polim ent son visiteur déçu.
John Toddy s'en r tourna découragé par J'in s uccès de cette première enquête.
Retrouverait-il jamais la pauvre femme dont il
cherchait la trace ?
Parviendrait-il à. éClaircir les doutes troublants
qui hantaient son esprit'
Pour atteindre le but mystérieux qu'il se prnposait. il fallait de toute nécessité qu'il décOuvrit la
femme DIIgourcau, ou qu'il ff.cueilllt !lur son exi stence, durant les dix dernières années éooulée.s des
renseignements certains.
'
Tâche difficile que, sans doute, il ne parviendrait
'PM il accomplir sans le conoours précieux et emCftœ de l'inspecteur Langlois.
.11 . reprit, pensir, le c hemi~
de 80n domicile proVISOIre, rue Amelot, désormaIS convaincu qu e le ha.&ard - ce mallre Lnconte.sté - pOUITIÙt, seul peulêtre, l'a.lder à. décou.w ir le mystère dont U voulait
soulever le VOIle épals.
Le lendemain Inatin, suivant une convention srrêt~
pré
c ~emHlnt,
il vit alTi ver, vera neul heures, le IpollcIer costumé en ouvrier OOuvreur.
Bourgeron ~Ieu,
large pantalon de v 1\1 0 urs il. co.tea, gros. so~her,
casquette grise.
!l le mIt unmé~i8te
au courant de sa première enquête, faIte la veille sans résultats appréciables d'ailleurs.
'
Pourtant Langlois reme.rqu,o. judicieusement que
lM souvenirs de l'épicier n'étaient point à négliger.
C'était un premier jB.lon sur la piste A suivre, un
�========================================
~8
point de départ, bien fragile, en réalité, cependant
tangible.
Aucun indice ne luf paraissait négligeable pour
des recherches .aussi ob~cures.
Il ftt en 'uite purt à John Teddy de sa façon personnelle de pr01éctcr, et après une courte discussion fIni les mit eufin d'accord, les deux hommes se
rerlllirpn! à la place de la Dastille.
li!; prir'nt, la, k tramway Louvra-Vincennes,
èl.'. (~I'l
(['(t'ul à La pluce de la ,'ulion et :ô-'engl1gèrent
"rrs ln porte d'~
lt'nt"flIt'n!, par le larg'3 cour~,
Virl cPllmiS.
Langlois à
- Atlt'Illion, monsieur, reco~nmla
son (,}lIj~nO
ii frut l'n!rer dl';:; lIw.Î.ntcnant dun.>
la pra l ,1(" rüle~
adoplés.
(( Lu pIn: grande circ >n!"-pection s'impose sous les
app r 11('1';< .j·une familiarité ct d'un laisser-aller
m<l" ·pf'IlSnIJIC3.
- C 'lJlpris et entendu,
répliqlll\ John Teddy,
voUs u\ez la dirrclion oe' l'expéditivn.
Puis il rnllT'l'hrrrnt 'lflert'nt def! hllures tranquil1 fi de promcnelJrs dé:o uvrés, cependant très attentIfs Luus deux il dé\'isnger les passants rencoptrés.
Les fi mmes, jeunes ou ,ieillc!I, attiraient surtout
leurs I~g(lr'fs
inqui8itcurs.
- Je t'ruj~,
n! bif'llfOt l'iTl8"pocleur Langl lis en
s'nr~1l
t, (rlle nOlls perdons notre "'mrs, monsieur?
- J' uf-t-fre, Il!'fJlIic'1çn John Te-..Jy. Muis commenl 1 mnider flulrcllll'nt ?
pIn" . implP, reprit le poli 'ier, f;ernit, à mon
- T~
hum bIc U\US, (j'I'nlrer "llcz Irs mn!'chand" de vin.s,
~t
de nous y rl't). rigl!rr mlrnil pmCIlt.
- J;f'lllllli, " pJ'rllln r mérica.ill, avec une mOlle
mgnifi 'a!iv " ("f' 1 fJue c mOyl'1l pmli'lue va nO\ls
obligflr l~ l'absOI'ptwn de mixtufCs plu ou moins
fal ill (. 'il.
PliS dn !(lllL, mQIl"if'ur. On est ohli(1~
-
!es
-
de payer
mnlw!l_, mn;s lion de 1 boire.
C'.~l
jll t ; L HUÜl1
t 'li <:iJlJpltJ que je n'y
8oll"cui p'I.B.
1 i UVllllt tout, \:ne peti~
rtX.'Offimandation.
un..!1rd'l.
_. l.uf/111'lIe T...
- •. (' m' l[~p('e7.
pas rc monsfel1 r Il A tont instant
- rl'l'r l'Jllnl, III (lc]:I(' c; jl' n'05f'ro!9 ...
Cl.ll! Ol!
- Eh hif'll clltl'l1 " plltron ", c'~t
aussi poli et
10111 cl, m(omc piliS film iIi er, C t mieux dnOA 1&
noll'.
fi le tri,' j l"lf' ,,1 1111 1 simple qllc dll ne
p "
1 (Ir
Illrool CrplfJ!{>'1.
Il 1 1 h'( n,
1 7 {I,ltrnn, \. ,id j'If:lprnl'nl lin petit
1,1 Il', "1 11{'s !'h:c; l'ntrl'Il!l-Y 101\1 dl! suite.
'1
1
1 •
h 111t1IINI ,/·1if'lr.\I'{'llt /1'Plsltfl (1111111 nne
fll]"" IITllhn' Mr"·t,,, Il !I '1. mnl Irnll(', ct Il
1I1l11t'1 pnl (lpVIl/lt If' rompt,)ir rie ZiIlC, en cel IDs1anl r1/opnm'vlI (Ir CIlI'JltR.
_ /l(' IX 1I('~-cl
<; l..
rommllnd& le policlC'r
f"
dpi!
1
~rl'
rll' fllllhollrif'n.
orrnl{o" ri! 1 r','",,, k complo'T,
l'l' ir l '!-I c,n olfllllotion li IIItlJ1·
"
(' f
11/1111',
Rif:JaliM d'A mour
~
- Dugoureau ? répéta la grosse femme surprise,
connais pas du Lout.
4( Qu'est-ce qu'clle fait?
- Femme de ménage, aIfirma John Teddy.
- Non, j'ai pas ça dans mes clientes.
Langlois, l'air désa:ppointé, jeta six sous sur Je
comptoir.
- Au revoir 1 cria-t-iil., en sortant aussitôt .uni
de l'Américain.
Vingt mètres plus lom, nouvelle entrée dane \1Jl
vins el liqueurs, aussi peu luxueux et aldébit d~
léchant que le premier.
La seule dilIérence c'est que ce- débit n'était pas
désert.
Dans le fond ne la salqe, <1cux individus et une
femme, tOIlS tr lis jeunes, se tenaient assis a.uLQur
d'une table dl' bf}is blanc.
Sur cette table, un litre de vin billne, des rontM
de saucisson duns une assirlfe, flt du pnin.
Les Irois consommateurs mangC'llicnt avec un appétit rema.rquable, 10nt en s'entretenant &. ?Ok
bas e.
- !Jeux vins bloncs ! communrla l'im~p{cteu.r
..
police, eXl1g~ran,
la grossièreté rie son accent.
Il aj'll1tn, ~ t.rmrnllnt \'r~
,Jnli 1 T drly :
_
- lJit :- ri me, patron, si q'J"un s·n~oirat.
brin, pllisqll'on n'est pns pT'!' (' '1
- C'N t jlU4 (h~
l'dllS, Il]')prOllva l'Am~rican,
altectAl1l Illi aussi III vlgnrit~.
Les dru~
con'lornrnatc1JT'6 prirent place de cmaq.
coté d'lIIlf' ,,"Iitl' taille ronde.
Le pnlic:rr se [llnrR de fllçon à VQir les O~
mntf'IIJ'8 plllr.{>s nu fonrl dc ln snllf'.
Et (J'lJn re:;t(\r(l fi 1 (lc prof" c:jrlO n 1'1, coulé aOGe
ses pallpirr'C' mi-<'.]oHeg, Il rxnrnillll 1l1li!"tf1CllS metll
qués dl>A :;;on entrée daDA! 'iii
les troi!! clienls rm~
débit.
Jnhn Te!ltly, s livant prohnh ment tin plan COD"
ccrl(- Il'II\'OIlCl', lui pllrllli pf'ndnnt cc ternI». . .
travaux de couv('rlllre h. xé('lIr~:
Toit li reCOI!Vrlr, ZlIIC, S{IIHlul'cs, gouttièrcs, etc...
il 'fie mallqualt rien.
De tcmp pn l, mp-s, J..Ilnglloi s hnrhnit ln tête, pt.
pondnit JI r ljllnlquœ ex;prt"!\Hlons tcr·hnl'lla',s.
_. nirn, pntrlm ... ; oui, pnlr ln. Seulement faUdN
vérifier Ir~
chevron •.
El il continuait h&bilMl nt t'examen de., ~
mlllcurH.
LI
(!{'\IX 1lom~
éltl!f'llf. jPlnr~,
vi Igl nna l
pril1f'. Il sl'llIhlnif"'l'lt n.ppnl- pnlr Il ln dfJ JI dl~
rrll, (, dl' rt'td.'lIrll cl h'lrrill ' 1 n (('mm " trl\~
leullII
nll fli, rII' 111\ P , 1r!iclIlièrc, f't /1". C7. jOlie, (j'lliUflUN,
n "Hln t gu"r" mll!lIx,
QIIt·I'lIIf' bl III • de rh~
Hr , soi i
~Il
v{)1 ..-:.
rbrrnt pllll! !lJI~dn('m>t
l'nl.lpn!io/1 du polc1~.
Il rnt"lldit Ilotnmment ccci:
- Mlln vi/'lIx Fon ln II.l'd, t'eg 1(1 plu. baUI do. ,...
t('ll111X l "ver. toi, ça mArche toujours ...
gl ('TlCMe :
- CI' qll'Im Il'8 a. roruJéCll, 1
smr, fi III Yi1J1I11I{'h 1...
hirnndrllcs, 1.......
(( C'r t ,tllchi qU'II ligol , 1 ~ 14 fi 1('lnuin 1
"I)r qlle (:11 nl'a fnit pltli. Ir, n.ppl"n1/vn ln ~
tcmlllll.
1 1',[1 IIlflll1e If'lnJ)!I, LnnglloiR rt'!rTl/lI"f(II/l1t qno la
il peino pn.l{lIf' dl' IOIlC"tII'/! illtll\ldll!l porl.aJt il. la !lUtin
CJI rll'll hl!~.
d'/lSSl'Z hon l{oOt.
on verre contre
u.vcz vu la mère
lr.~
~
BM-
On dmdt vrulm nt de l'or, !longen·t·il, t'J1.orm4t,
dUII sn mém()ire cx.celll'nte, .il nola lm A tU!
t'r
ri
e
a
g
li
P
1
l'
n
d
�mêJalité d'Amour
========================
- Vroiment, L!linl que ça; !
- Qu'cst,..ce qne vous voulez-, le propriétaire ne
drunt inlérc.ssan t.s pour un policier.
Puis comme le patrcm du débii s'était approcbé peut pas c(mslruire, c'est sur la zone des forlüld~
ses singuliers chenLs, il l'entendit recommander catiDus.
- Stlrement, le gouvernement lui permtai~
à l'un d'eux:
. - Dis donc, la Panthère, tu ferais paiS mal de pas,
1( Allona, nu revoir, mon vieux.
dire à. la mère de me payer les troi9 litres qu'elle
(( Venez-vous, patron?
IDe doit?
-.
El bru.squerTIC'nl LtLng10is sortit c1u (1t~IiL.
Jo' ..
- En v'là tou,t de même une licheuse, cette sa- Teddy le suivil o.u,;s:t,)( siJenci,..ux: ct pell. if.
t:ée mère dll Goulot 1 s'écria la jeune femme en
Les deux homme!; fil'enllllJelques pu sur 11" cours.
l'mnt aux éclats.
sans prunoncer une parole.
- SOr, appuya celui qu'on appelait Fouinard;
_ Eh bien, nt l'nnn le pl)~i('cr,
arl>~<;
s'r'>tl'e aselle. a 11' gosier en pente 1 C'est une vraie pompe
suré que nul paJ'isanl ne pou""\\t "'1111 Bd l'l', ça y
as.Pll'ante !
1:1 tellons !
est, cette fois, nOIl~
~u
nom de t( du Goulot Il, John Teddy et Lan_ Pa~
encnre, élllÎt Teddy d'un air Of' 0 Hlte.
glOiS 8,:,ai01l t drcssé les or illeR, tout en échangeant
_ BUHt! rlll11 4 1111 quart ù'heure, nuus l'uIJrODS
un rapIde regard de surprise réciproque.
déniché", SAns rr·l'llf.
- On Il lllTail tout de même se rCJloser ici hein,
cr Une l'OllIe li l' "lIf ln ZlJne des torlir!! : c'est p...
jatron, ér:n it le policier d'un ton suggestil, puisque
ùifficile à tl'ouvpr.
es ma!érlflUx ne s{)nt pa~
arrivés?
\'11\18 le voule7. h'l'n. en lIVltT't l'reU
H l'\tul'chons, ~i
l' - Si on veut, alpprouva John TPddy. D'ailleurs,
Effectivement, 11'5 d ux compn"I101lS cOlltlllll/>ren
oèuvrage ne pre_se pas, on a le temps et j'ai la leur roule, sans se pre 'cr, eXnmil.D~
les aJenfl me!
tours.
'" - Un piquet? commanda aussitôt Langl(}is,
_ Ten 7., patrlm, je parie. q110tre RO'Il!!. ryue voill
,,'une voix trnlnnnte.
nolre urrnire, jeta Innt h. coup l'in."f'.rlf'ur
~
dl'hi lant o,ppoMa de snite un Ltllpis maculé de
El, du doigt, il dé 'Îrtna unI' rOll!nllp hHnentRhle.,
taohl'!;, un J('u de (':n1es cr eux.
vermoulue,
dcvrrnie par les inlt.: IJwr'(':! et lt-s aDLI' fl{'llX cornpngnnns entamèrent au~,
HM une
Ir rOlé droU. du cours, du.ns une
partie, ü:Jifrén~l.s
en appurb.1.Ce, aux clie.nl.8 in&- néc>s, inslall6c ~1'
SOTte
d'enclos
lrl'i
11llgé.
t.aJl"'~
dl1ns :1' rnnfl de la sa.lle.
Pas de pm1e, À cet cncloe ; un trou c1.anl'l le treilPonr!nnl. Long:lois écoulait to'iours.
Un fluort d'heure pIns tard, Ip, consomm8teu:r8 lage conslitllail l'oUVf'rtnre : ('ntn"e et gorti.e.
- Allons 1 lIt l'Américain, la phylliow mie d.....
se levl\rc-nL, rA 'l~rp\t
!t'ur d:'prmle et sortirent du
M-bit n f'f' (1 ,ndînan1. n. paroi!1snient l'l'PlIS el ga.is. nu suudain son,ciellsc et. rave.
Ils péllétrèrf'llt f\ us J'r'nd l ) , ll.rp r }Jrl'i1t !lne
_ (1Ilill!l' Pl. quo,vll'ze ! oluma: Langlois, en abatvieille r~me
{'n(lmle et d'a.s[lf
q,'rrllrlf>, oc u~
tant RPS cnr!I".
sur les m:u-ches de la roulntte, il. aplllch r IlI1 hou..
" .T'ni f.!a,'1l~
pnt,ron. C'esU vous qui régalez L.
- C'1':l birn 1\ madame 1)nf(1l11l'n'I'1 Clllf!' nOll'
n ojnut~l
t'lIl! 1) 1 :
.
_ CP.' "ni1lllr<l!i-là ont dC fn:re un mOUVOIR C(}\l'P. avons l11onnI'11I' 't... commenl;a LaI' lois, eIl 1 Urant sa cl\5quette.
_
AV('f! pllli1'lr, mnn vieux, riTln'ltAit Tetlrly.
-.Hein, clp ql/lll, d~
phrrtSI'!11 nt ln grosM remEn t1~IC
ll'mps, il jl'ln un. r~nc
s~Jr
ln table.
me mtcl'pcllée, I.nlll"rfl con..<;;M·rI\l1t Il V1'(' IIne e:z:Le morr.hnllù de vins rrndrl lll,ppOInl.
_ A pr'opos, fit Lunghis t()nt li. ('mrp, eftle se prrssion de surprjse, plutM résis\.Lwtro, ses deux lBsaoùlr clonc I01li Illr , cr!te sntanée mi'rp du G01l1ot.t tenlocul.eura.
- Non, pas de pht'al!lee, I1~rvint
.Tmm Te&tJ
_ Ah . ln, 1;'1, m'r.n pnr!l'z pas, monsieur, répartlt
De la politesse 111"11 ment; o'est llléomentrure
'
6
le àéhitnnt d'Iln ton nrn'g :
'
ft 1
" Mnis nous nvun.'1 nrf(\ire IL VOIl", 101l'!
1\ Si f- (Il! :ll1Wn t
té' JI yllll ce <Tn plie ho e' cl&- Et danll volrt' Int\r~,
pll'1ça LangJQia, en',...
_ E t~c
qlI'l'lI l'nic Renlemont son wnn
g3.l"'daot
fhe'lDf'nt 1/\ gJ'(!4
r~m.
mantll l'Il riun! .I,hn 1'1'011y.
t
- Vou]n-v() 1::1 nnus n('coroBI' dix minuu.. If'ea.
_ .lI' ,rni qu(' oui. A[lr~
<:.n, vous savez, ça lu
trcUet:? rel'rit l' 1 ~17i('nr
d'l1n I\ffrnt 11I}!lnll
cm)!' 1 1 J:I J ,.. HI',
0 \,'r'1Il' ro1l1qt!p ...
- 1 1) lit dl' m m~,
'V'lII!\
VP7. un lItron 1
Til 11'1 l 'Il If nl fit Lnnrrjo!SI, l'sFlnvnnl. vfllne- Je V/)1I1'! dOflllt'r 1 de
ldns dé'!
0IIl
1 lllJl li'> '(ll !1l'r'ncl;" dl? qllP.lIl' rlmlot\); r! fI'I\.gÎl:\sait..
l.roi.!
Il
notre
~tln
lé
(( CI!;t {, 'ni, ('III' n \ln nom bi~n
appropTJé il 8011
- Alors, alxlUJpz tout dA!
.A.p
rupliLlldl , c'\C vielf·~h.
.
_ [,il li. 1\on nom vél'ilable aU881, l'I6pari1l le débi. grimperez !lans ma turne.
- Saturne, aoulfla Langlota, lOWi
tonl
c1e
Vénus 1
- c:'('i'lL vraI.
Tl'ddy 8OuJit, l1Ii a'U 1
,John
- Î.n n'était pas dlfficUe de fa1re 4u Goulol .Tf.IC
cUn, en
de JIN P~')(.cu
LI
'
d
Dugol . ·~LI.
t.lIX1MI
· dépit
JI
Ira
t> oon gOl!
L
c
gilet
\ln
1
- r ollr l'\r; J'y pensais p'MfranC1\, 1& Isse. dan. J.a
1 pl '~d
~ d
l... t 1" pll!lr.1 r l!U~'1
u,r John Teddy un regard
gourea.u.
d la mUe n.
Idnrnph nt.
'
- Bon, At
. - Al'II'S, r pt il 11 cn m~c
templl, 211. rouJoUe
Montet: 1
twnl \oujo\l ,
It ! JI {'r i J
;" l :-;olide, voua !lI!VI"1., or.
Kt. rnisant JlClOO<II'.
vl.ti:te '1l 1 1 p~mÎe
rnnchir\ g-l:1 Ft pHi'. f'rl Ile bouge pu de p~
1~8sa
d'an IlOl\ mi.sét-able lof.,rie rou.lant~
alnf ça [l'a l'n'; de fo.tiguc.
1
pr~t,
tH-eUe, l le a811a.lIl lIur une
" y H l'hUi de vingt uns quo c'est instaUil d.aIMt . . bo teUM, d6~1
M, débeg lu.! r.-rno[ Vlltn! IltrlUre, ".
W/'(\Jl}B·là. ..
.oua oub, cOlwne cüt mon iIIU'ÇO.ll qU'alt CMlé.
tous ces Mtails, banals en a;pparence, mais oepen-
�,
60 = - - - - -
t;tr
Ri'c)a:itJ û'Amour
- M~dame,
commença John Teddy, je viens, par
procuration, vous demander des nouvelles d'une
enfant; une petite tille qui vous a été confiée, il y
a seize ans, 'Par un nommé Charles Guillot.
- Oh 1 là, là! C'te vieille histoire 1 fit la gr086e
femme, stupéfaite de ce début.
Ben. si vous voulez retrouver la petite, VOUlS pouwez eourir après.
"
- Vous ne &avez donc pas où elle est?
- Ah 1 sO r que non. Y a pus de douze ans qu'elle
• Lichu le camp, un soir d·hiver.
- Toule seule?
- Ça, j'en sais rien, vous lui demanderez quand
vous la verrez.
- Mais n'étiez-vous pas payée 1P0ur l'élever, pou.r
in garder? remarqua John Teddy sévèrement.
- Ben, ou~
c'est possible. Seulement quoi, j'allais tout de même pa.s rattacher à mes jupons pour
éviter de l'égarer, c'te mOrne l
,
- Vous deviez ve.iller sur el1e, pourlant. Vous
6tiez payée pour cela.
en ee
- Hein, de quoi , s'6eria ripoble mbg~re
leve.nt brusquement.
Il Qui donc !j'UJ6 YOWI ête., TOU, pour venir vous
mêler de mee a1Jairea., aprM ce Lempa-là '1
- Je vous l'ai dit, je auia le représentant de
Cbarlœ Guillot
- Donnez-moi des pretlTe\l de ce que vous ditœ '1
- Je ferai mMmx, ai TOUl consentez à me révéler
la .~té,
t. me d1re eutln ol'! ae trouve la fille de
mon ami , H -.vu p&ierai "Ut m6laUon un boo
- CtaIII_'
pm.
-
ça'
Cent fr~.
Hein, cent ff'flDCl, foot le 8tllte ~me
.'adama la groeee femme, soudai" calmée.
- Oui, bnmédialement.
,
- Ben, zut. aJo.ra, VO\l! Mee donc un pricloo'
Et vtrilablement etupMaite, la m~re
Dugoureau
.'tDclln6 aft<: IUle aorte de respeet.
- Vous êt.es un richard., voua, poursuivit-e11e.
• Quel dommage, tout de même, que je pui&se
f6S 8~
le fallot bleu J. •.
J'en aura" bu des litres il votre Mntll 1...
• Ma1Js vrai de vrai, mon bon monsieur, je mta
rien, rien du tout 1 Et je le regrette. aUez.
_ Vous n'avez jamaia .reV\l C»Ue eolant' ina1ata
Langlois.
- J(l.ffisl6, je vous ~ jure 1
Et la mère Dugoureau ln. la main. ocmune pour
aUeswr de 53 sincérité.
- SeulemenL, je YU YOId doDDer le Mnl nrllaelgnement quo je me rappelle. Ça peut dee fola l'oua
aider &. la retrouver, cet~
plU~
mignonne.
1\ Quand elle a été partie, j'ai appris par ml ma.
lI'oquet de mes amie, qu'clic s'était fait la paire avec
UD vieIU qu'habitait Vincennee dans oe tempHà.
- Ou.'! 'ge aV6it~J]e.
il cetLe époque ?
- Six 8lllI, li peu près. .1
- Pourquoi ne l'av l,-VOUS pas rocherch6e'
- Ben, je V4S VOIls dire. On m'a.wl..it collé dans ]e
tuyau de l'oreille que lion père était claqu(1 'lU Japon.
La prC'Uvo, c' st qu'ü m'écrivait plu.s.
..
Il Alors, comm
le pauvre homme, dans ces condilIonli-là, n pouvait pas m'envoyer do gnl Lt.e, et
cornm j'étôls dans la puroo noire, j'ni préféré JaiAtBer ln pctit.e il 10. bonn poire qui m'en avait débarr8.B~e
Il
~r
Et puis, tj'abor.s!, comme 04. la gosee étalt plue
d manger 60n contenl
~
1( C'élait pour son bien,
c'le pauvre enfant 1...
- C'est tout ce que vous savez? oel1auda John
Teddy d'un accent sévère.
- Oui, tout, mon prince, malheure usement, Je
vous le jure 1
- Dans ce cas ail ms-nous en! fil l'Amélicain
tristement.
.
En même Lemps il s e leva, descen dit! degr és de
bois vermoulu de la roulotte, ct, &uiYÏ l'Hr Langloi ,
il quitta l'enclos, sans dire un m oL de p' us .
En se retrouvant sur le cours de Vi ne ' :lnes .uvec
le policier, il remarqua d'un accent ame r:
- Il n'y a rien à tirer de oeLLe misérable femme,
Nous allons procéder autrement.
- Comment ça, patron?
- En faisant recheroher G€neviève par votre
adminis LraLion.
- Vous alliez donc voir le chef?
- Oui, aujourd'hui même. Je veux savoir à tous
prix.
Puis, c.hern.in faisant, l'Américain reprit tout ~
coup:
- Vous cherche,," de ~tre
côu, ~8.
BI
tout à fait pour IDOB compte perlonr • "t'Ou. DIIII
comprenez?
- Om, trlll 1rieIl.
- Si TOu. r«rouw. GMWhtt>'8 ?CIIUo . . . . . . . r.
a W'oUI cent. franc. cie gratiftcaUon.
'
- Ça colle, patron 1 Vous êtea vraiDwlld la
mslté même. C'..t œ pla1alr de tra"MDJer pour
vous.
cc Et., danl ce cu, permettel que Je ...... qw.tUe
J.mmédiatemenL J'ai besoin de oommen(let' IllClll ...
quête par le premier point, et lana tarder.
- Allez mon braWl. Mail ~I
ce . . &. l'tiOIII
mo rendre compte, n'est~
pa~
,
_ Entendu, patron. A ce lOir 1
Et La.nglois sauta preetement daM un tramwar
tlu Louvre qui va'JISalt 8lUr le cours.
A la station du Chatelet, il. descendit, pénétra d.uM
·un reswurant proche, y déjeuna sommrure.menL eIl
dix minut.e.9, pui.s reprit un autro tramway il &t.stinaUon de la gare de l'EsL.
'
Vingt minute.. plus tard, il salltait dans le tralll
de Chàlons-sur-Marne. EnOn v rs Ll'ois hcuress de
Ferté-sou8-JOU8n'e.
l'après-midi, 1\ débarqu.a.it à
Là., il int.errog fi suc ('ssivemenl, .nvoo une mInutie in teUi gen te, toue les employée de la gare.
JI oppl'it ainsi q11e, trois jours pl'\.l9 tot, vere onze
heures du soir, celle qu'il recherchalt ~Lait
monL6e
dans l'exprcea de Parla.
Ce point a.cquis, Il reprit un trnln " " cinq heul'el,
toucha 1& capitale &. s,ix heurea quarante, et contien interrogeant 1ee employN
nUa 1&. eon eoq~Ia,
de J'octrGt.
Grâce &. UI1 a1gnalement détaillé, il acquit 88MZ
vite la conYictlon.."que Geneviève ôtait pas8ée dans
la nuit indiqu6e.
Il aut même qu'elle l'était engagée dans le faubourg Saint· Martin, en le rcmonlunt.
l!n des emplo~t'Js,
qui hubilo.jt I"Uç d s Ecluee.a ~
qUlttait 80n service nu moment de I"arrivé du train
de nuit, ~vail
cheminé pros de 10. j IUle tiLle, durant
ulle partie de 600 trujet.
- EUe /te dirigeait v ra la Viii He dit-il.
C'08t un peUl tuyau, aiflrma 'Langlois
- M ~i,
reCOnDllI58ant.
El prenanL o.uII81tOt un voiture, il so nt conduire
ru Amelot, il l'hOt.e1 où John Teddy j'ut ndailllv c
une impaLi ncc aOllci lISC .
«....
La
..
�~
RiValité d'Amour
En quelques mots, il mit l'Américain au courant
de ses premières opMations
.
- Je suis sar la piste, affirma-t-U, :te la retrou-
..
verai
- Espérons-le, mon brave.
(( D'ailleurs, J'ai vu tantot Je chef de la Sllreté. Et
de ce cOt~
les recherches officielles vont commencer, dèa ~main.
' - Blen, très bien, patron, c'est donc à 0:01 ~
dégoter le~
collègues et d'arriver bon premier, SI
je veux bénéfider de la gratification.
au
« Par conséquent, ce soir même, je retou~
travail. Justement, je suis camouflé en ouvfler, ça
me servira.
1( Au revoir, patron; li demain, à mi~.
, .
Et, de nouveau, l'infatigable LanglOIs dlSparut,
prestement.
Vers neuf heures du soir, il pénétrait '<ians un bar
eitué à l'entrée de la r'ue d'Allemagne.
Il titubait légèrement, comme un homme étourdi.
L'établissement, particulièrement fréquenté par
des femm es de bas étage et par leurs compagnons
habituels, regorgeait de clients.
Langloi8 se glissa tant bien que mal à traven
les groupes. 11 parvint à se hisse r sur un tabouret
..libre, au fond de la salle, d'où il pouvait tout voir.
Puis, la voix pâteuse, hoquetante, il commanda :
- Eh 1 sar... garçon, un caf... ca!~
... , bieD
chaud 1...
Autour de lui, des tilles sourirent, le regardèrent
longuement, audacieusement provocantes.
Il sourit, 'Iui 81llSSi... ; il interpella même l'une
~'els
:
- Je paie ... un Yerre, la gosse 1... T'es tout.
tait gen ... gentille 1
- Garçon, une flM 1 cria aus sitOt la jeune
lemme.
Puis la oonventatlon s'engagea de suite.
Langloie tenait des propos bêLement galana-. La
AUe, amuElée, bavardait de sa voix grasse.
A un certain moment, ell() glissa, insinuante :
- nans, tu ne sais pas, mon vieux Dupoivrot 1
Si que t'étais t.m type chic, et que tu tiennes à faire
ma coon ais.s ance, tu m'offrirais un souvenir de toi.
- Ti n ', tiens; tu veux voir un sou.. . venir ...
de moi 1
El Ln nglol s, r66di/,anl une vieille rscOlie populaire tira grllvement de, sa poche un sou ...
ven ir 'f ... lIL ~ il 00 riant
_ '{Al VO is- tH ... ; 1 vois-~u
d'un rire épais.
_ Je comprends pas, ajouta IngénQment 80D in.
terlocutrice, un moment déroutée.
_ Comment, comment; tu 'Ile VOla pas... le
sou .. • venir 7
<c Allon s, prends-le, là mOrne; tu ne l'as pas volé,
rour co qu e L'os bêl.e 1.. .
La nll c l'il a ux -éd nts, fl'lln chement, sans la moindre idée d ~ sr vexer.
-- T' s rigolo 1 afflrm n-t-e lle, tout n empochant
la pitlc) de bronze. m, d'n bo rd, y n [los de petits
profils 1
Comme elle achevait, ses ye ux fllrelc u rs avisère nt
un n OUVf'lI li cli nt qui venA it de pénétrer don s le
haro Il florl r.il l'lO U S le brus 1!n e petile holle carrée,
cn fau x OlMI/quin, ornée de coins de cuivre.
_ T if' ns, v'là F ontana 1 crièrent em rioot quelques
voix érn illéf'!I.
_
P ili/ T VO li S sel'v ir les aminches et les b !la. 1...
Il MI ons , qu 'est-ce qui veut des beaux hijoux en
f f,. 1 ( l, ,'('f"t 1 ('f ' , Ili , , t/ l ~ r· .... T' :'" (." t:r'I ' , • .,
- Moi 1 moi 1 cria ],a compagne de La.nglois, ra.p .
plique par icI.
'
Le camelat s'approcha, ouvrit son écrin, le présenta galamment, en oommerçant avi6é.
Il y avait là des bracelets, des chaLnes de cou, des
bagues, des pendentifs; le tout en cuivre ou en
argent.
•
L'habile camelot fit Dmoiter sa marenandise étin~
celante aux yeux éblouis de la filk
- Oh ! vrai, c'est rien bath! s'exclama œlle-ci.
Puis eUe enveloppa Langlois d'un regard langoureux, quémandeur :
- Dis, chéri, paie-moi une bague ,
- Pourquoi faire ... , ma belle ? deme.nda le poli·
ciel'.
- C'eal paur épater la mOrne Chichi 1
A {le nom qui lui rappelait brusquement les dngaliers clients du pel;it débit dn cours de Vincennes,
Langlui8 eut Wlléger tressaillement, vite <lissimulé.
- Qui ça ... , bégaya-t-il, la mO... la mOrne Chicbi T...
- Une de la N&üoa., qai rient eouvent le 60ir par
k!l.
- li
- Oui; penH q1I'eIJe gobe le quartier. Seul&maL, ... copain Fouinard l'accompagne.
- Vrairnen' L. Et poW'qUGL .. -.eu-tu... l'épaW, la mOme. .. ClIichi 1...
- Paree que, depuis deus joara. eUe DOW! la fait
à la pose, avec ses ~ijo\U.
- Des bague. , ... demanda Langlois, atfectant
un air naIt.
'f
D se souvenait d'avoir remarqué des bijoux am:
doigts de celle dont lui parlait sa compagne de ['cn·
oontre.
- Ou.i, mon vieux, des bagues ... , et pas du loc,
loIa'
tu sais.
C'est Fo.... Fouinard qui lu.i a payé ça 1.. .
Du moilllS, eUe J'a dit.
Il Mais pour moi, ça ne prend pM, mon vieux Dupoivrot ! Ça doit venir pl.utOt d'un bon coup,
- Un bon coup" Je ne comprenn'9 pas ?
- Parce que ça, c'est des bijaux de femme du
monde! Saisis-t" 7...
A cee mota, te policier déssimula l'acuité d.c Son
regard .
- Eh bec, choisis, dit-il Irlmplement, en se penchant curieux, VenJ l'écrin.
Puis il mit d8llB ta main d.u camelot une pièce de
un fNlllo.
- Gardee lB monnaie, ft1...U d'un air <ljgne et généreux.
Ensuite, il lite rwnU debout, pén.ibJement, et dit Il
Sa cam pagne :
- Faut que je m'en aille; j'habite la ... bu .. . h1 tlt
Mont..ma.l'tre. Et je ~ou.drais
pas rentrer trop la f'(I..
Ma fenune me teralt une scène!
« S e ulem~t.,
. j.e te roQvel"rai, la belle si Lu viens
Lous l-es SOI rs 1<:1. • l
'
- Pour sOr, mon vieux; c'e::>t mes galeries.
- Gomment que tu t'app elles 7
- Cannen.
- Un jt>li nom d' s pagno.le 1
ma chêne 1 \
« AlOTS Il .l a ~voyure,
Et LangloIS , LILuha nt plus 4ue jamais , sorti t IIu
bar, so.ns se pre'&SCr.
Il r eprit bientôt le fau bou rg Sum t-Mru'tin drscandit jll<'3 qu'à IfI ~n l '( ri".. 1'T"~d
'
l'n i. d'\l; II'('1 1\ d, . I ! ,
,.
Il
'
'1
-
�~
62=========================================
tab1er à la t.eJTaS5e d'un grand café, commanda UID
petit verre de rhu.m, et songea.
En son espril subtil, il récapiludail d'abord tous
Ms détaiL,>, en apparence décousus, appris dès M
débul de ses rech erches.
Et, peu à peu, il ],es coordonnail
D'une part, il paris~t
certain que GEnM"iève
'lart.ie le soir de la Ferl~-souJ()OaIT,
é.tait aITÎ'
',00 à Pnris, avec l'interu!.ioll arrêtée de ~e ren<.lire à
"" Villette.
Son d rart étaIt donc prémédité. Et, de phlS, elle
ODJ1a.is,snil quelqu'un dans ce quartier exc trique
}lais qui?.. Vc.s honnêtes gens ou des ma.l!e.i·
)mrs '! ...
PuiRqu'elle s'était rendue conpnble d'une tenJta.~ve
d'empoisonnement, quoi d'étonnant il lui s1.1pl>05er de fâcheuses relations '!
Duns ce cas, se voyant sur le point d'être 1UTétée,
eUe pouvru! avoir pm la résolution de Ile soustraire
4llX recherches, en changellilt de personnalité et
de genre d'exis-tence ?
Point capital à édaiTcir.
D'aulre part, divers détails d'un ordre dnfIérent
se reliaient facilement entre eux.
La Panthère, le Fouinard et la mOrne Chicru.,
aperçus au COUTS de \Tincennt'li, étaient des OObi\.ués de la Villotte. C'ètait établi.
Ils y étaient èonnus d'un monde ~périal.
Ceci suf·
fisait à dét.erminCT leure louche.!! proff' ssi Oll6.
Or, le mOrne Chichi poSlSédalt depuis trois jours
dee bijoux vrais: dés bagu~
qui lui avaienL étj
don~
soi-d.i Mt par 90n am! le Fouinard?
Mais, dans Je monde de J,a pègre, on 8Oppœa.it
que cee bijouiX provena.i«lt d'un bon coup, al~re
mat dit d'un vol
En outre, ... Pntb~
devait ~tre,
sedon les propoe entrndtUl à VinC'f'nnœ, Ir fll)i de la mère DuFU~u,
la r~m
qui, justl>mcnt, avait élevé l'EIlrOllt Tl hrrch ~c 1 r John Tpdoy.
&111 n, <kncviève pos.<;.(:c}ait ausai, lA! poJ.icle'r Il'en
60uvrnnil fort hi n, deux hngll'Cs 1\.SSP.7. j.üÎl.'s.
QueLk'lS corr6'Lnlions pouvu 'enl exiBtr.r p.nt.re 1cuotee cœ colnCld llCffi 'l
L'individu surnommé Il la Panth~re
" pnraissnit,
en ré61ln~,
devoir con~ti\lr
Il' lien vra~
lIh'Jlhle
cie rt',S rlift
'e!\
L~
MLnils. Lien tél~U,
à ~ v~rit.é,
et
donl J'cxi I('n(' gemblait neoN" dl(fjci~
à 6t.nblir.
pourtllnl c'6lait.Là /'fu'll rnlluil rhl'rclH'r. J ,a.nglOl.
le prt'. Sl!.'nlait, por habilud,· profl!iltli'mnl'Ilc ct par
dédllclinn.
I.:l! dl! l'NI~chir,
el l'r! \1"1 frd!' 1 flnr l' ('''n"
( lH11l " d' divrr 'cs hypolh \~Ctl
g dr-"nanr!n rnnn
lin jO\ll'llol du .'1oir.
II ('(JlI11l1rl\f'llll de le
m nl, \nr qll:, (' ,"IL j
1)(
oelle rubnqu', . olliciluul \l'I~"L
1\
t\1ys ~.fIEU'X
ASSA
Tout de uite trà8
unI! nlknltull
C
1!'(\Il~"
iTlt~r
~I
C
,\ l " t \
.
nu.
VIt.! F.TTE ..
Ir
Ji1 :
~
E.1l€ prélend eLre une dom estique "ans place,
le jour même, el ne connattre
Il personne il. Paris.
« A la sùrclé, \)Il hésite à la croire. ~l.
Aymaro se
1( demande si J'on se trouve vraill!pnl rn
r{ol\en~
". d'un crime commis pour le VOl, ou si la blessée
" ne serait pus pLutôt une femme c1'un ql tire spé1( cial, victime d'u.ne vengeance particu,lièl'Ü.
par dCl1x ine.
1( L'enquête est menée, d'aillL'ul'/'l,
u pecteurs réputés pour ],eur finesse, et les oou.l,)6ft bLcs ne la.rdJCon~
pas il tomber enll'e les mains de
ft m justice. "
Il
« 8.I'rivée cJ.e ~reaux
- Tiens, tiens, tiens 1 murmura
trois tons différents_
Langl~
'IUI'
• Un crime, rue S~tan
; donc A la ViHette f ,.. _
« Une jeune femme jolie, arrivant soi-disant de
Meaux; domestique sans r»noe ... , n'ayant pas de
nom de f.a.miLle '1...
• Et le coup du Fouinard, les bagnes de la môme
Chichi, les biJOUX de femme dl 't1o!ule L.
• Nom d'une pipe, ça se corse 1...
• Et ça parait s'éclairer singulièrement ;er~
•
81lÏvre de près.
L'in.spf:.'C'l.our de police interrom)i brl1~qneBt
ItIOn monologue, sous le coup d'lIM r6.wluLion 115U-
bite.
Puis appella.nt 1e ~a.rçon
d'une volx brève, llilJI.o..
cn~01lJtio
et
'p8.rtil d'un pas pressé vers le bOlll('vard ,II <TOl1la.
Un quaM d'heure plu... faro, il "onn il ;\ Ln 'POrLe
de l'hOpit.al Lariboisière et p/mé\;rait rlwz le COll'
cierge.
Le fonctionnai.r9 eneornrnei.l\é denllmda d~
d'un ton bourru :
- Qu'esl-oc que vous vOtl~z
..,
S/lKlS répondre à la qu(\: lion, lAlnrr ni!i fiT'11 11
1(Jdiqucf11.e.nt cl ,' foU po"he ,une 0'11'1(, sp{'rifl 1 " Ir. plaça
SO'UlS llC'S yrux ct son mlpl·lor.III"1!J'.
bien, nt Ir ('fin,,; 1g.. NI {xwtalll,
- Ah! hirll, I.n·~s
la rnfLill il ln 1 kt'pi, pnr rnlrtf'1l.<:\ •
'
• Allors, quoi pou.r vol r scrvicl' T
- l In loul IX'lil l'Cn "lIgnru
l :"lllcmcnt. Ali
mOlll H pour CI' IJÏr.
- LN]u l?
- On VOliS n Hm nt\ id il y n ,1 1~
jours, 1>11
pL11ffll (PliX 1111it " lIlll' ftl.m;llC' ,1
,f,' ù la '1\_
l L1P, n"" .. I·(lI' 1 li 'l
Oli, j(' /,'( n F.~JI\':(nR,
il (-l'tif 1"'\ \11' ~ 'II"
ritai.re, il régla ropicJ..e.m.f\nl w
d') Jll l' ,(1,
1 li. 1)'1 'Il
.LIt'UI'I·
-
Ir s;ùle l'n·l (11 l' '." '/
t 'oi ",
f.C l'our t'Ir(' . l"', falldl'lIiL vnil' l'{'('''
- ,/, If· \, 1'1 li dt'I l , Il.
1
sous 1I11el nom NIt inscrite cl'llc
- L Il pl',i'\' III S ull'Jrll'nt?
- l"''lll' 1 '1
Allf'lHj,'Z un fW'11 ql~
jl' Inr l'n",', l'('p
)0 condcrgC', [JlÎsnnt dl~
vis hies tif, 1 t ' (1
l
rf •
RitJalité d"Amour
moi l~'.
"
(( \'0 'on
•
1\ 1
'1,"
1'.1
l'"
lllt
�~
===============:======== (jJ
RitJalité d~Amou,.
1
de sa s.a.nlé. lorsqut\ la
_ Rien, rien, d>écLard. Langlois, se calmant in&-
poUJ']i>oin l :
lall'tanément, d'un effort de voOOnté.
1(
Allons, reprit-il, merci mon brave; grand
ranrté si lcu'd !
~is,P
sponlanément, le 1JOlicier offrit s.a main an
concierge nhuri, nlDis qui la pr~
cepenœnt.
_ ALI revoir, cri n-I-iJ. encnre, Joyem.
Et, rapidement, U disparut. .
. .
_ Oui, ça y œ t, ça y est bIen, répétalt-R tout
b.tuut, druf1S la rue di'serie ct sombre.
1( Cette rQis j'ai gagné les troill! fafiots hleus promla
l'a.!' ,1e palron 1
St:ras-
Pll is, COllune i~ u.rrivait au l?<>u~ev
de
bOUl""' il s aula da ns un tramway et 8 en fu~
d.irec>
l:),
~ ('
.1
blen gacitez LUI,, ",-,ID
Ule
Pr""l""l"
..... '" A; un re1'Vllll
~
Ipmcu:ll
gné,
app.rendre"
-
V ous con ccmunt ?
-
VraLmEmt 1 De qn ne façon 't
Je vais vous expliql1er cela, mon ch!'r II.mi.
- NM, ,pas moi; mn.is ce1!e qUI vous avait iDlOpiré un si joli capl'ioe.
- De qui parlez-vous? fit Gaston JOIJ iht tart
bien La. naïve'Lé,
- Eh! parbLeu, de cette misérable Grn vièver
que }e diablJe a emportée 1...
- Ah! c'est d'eJ1e't Et qu'avez-volls appl'is '1 ...
EEt-eJle retrouvée 1...
- Oh! non, je ne Je orols pas. Ce s.erait là o'allleuZ'.s, le mOÎJ1dre de mes soucis; j'avollc ne pas
m'en être J.n.formée.
Autrement intéressantes sont les nOI1Vpnr$ qu,i,
Kmt en ln ooncernant, noU5 touchent trl ~ s d,j '{lCtemenl mon père ou moi.
-
XI
jolie fille lui dit à hrùke-
Mon ch er, j'ai dei:! nouvrllm:i.nlére:snnt.es il.
VOUS
merci 1
Il A demain., et pardonnez-moi de vous avoir dé-
~
.. Vous sa.vez que ma cousine de Laffulll avait en
()e faire il. cette mit érn.ble fille ulle duo!&tion importante,
- Obi, trois m.~
frallcs de rente \ ' Ül.g"~,
à t0u-
ta sotlisp
A ta Ferté--'lCl)S-.TOtlli r:re, les p~:leTS
m~nfB
de 108. stupellir clIllsée PO,l' la fmte, de Gen~èv
, l'te
f'll't plllre" à. 11ll1e aocalmle, bir,nJms'anle
VI.
'
.
_.
a n\J/'n
1
n. moins l'aurait-on pu crotre , car ',.Un;
t aiment.res
ponr .ou.s, !.Ill
buLertre, ni MdlI.e de Lnffont n "ucuen VT
-
sér.{>nés.
~.,r1Il
'
éliorll.t
Bien ne la sanlé de ln riche aV""'-'tS,e e am.
de 'OUI' q n jf),\] r, l'r.xrrt.llCnte femme d~mCt1rel,
doulot~rSf'mCn
fl'u.rri'c par La pcr~
51 s:oudû:moe, et
si fTlll'l!e, d'une arrection qni hll bcnall déjà IJant
é
J'inollst.ricl, de oon côté, se sen~.alt,
s,oulag.
l' (1 d'unr wrte do c81lchrmnr f\ngOissant, IiI
I),,\r (1 [1
d'
'L'on de l'Of'1PhedlploruiL pourtant allssi W. 1~a.rL
1
ll\1 CO'lIr,
Et ~i
,<
rd t de 'u.stil'e
lino,
,
J
.
Cil-d, pftr œprit !Le bonté d abo ,e
re'J l-êl1'
Â".'ifli
tooh
l'
.
,
bl' t l'a~
pl1rce qur dr seO/'ele motil:s sem nlClI1: ra
(\ 1 pIlIIV!'!' RIJ~,
si étonnamm nt et ru g -
VC1lrh'rl t C()IIu,pI'orllisr,
31'1I,11"'&;, r-,1n1() Dut('rtre
et sa
.
'
'
fille se N:)OuI&.'l./lJen
t
Oll,v('rl.nJ1lrnl.
,
QI Mnl nll cflrnle <IP Mon Lelair, iJ ~
montraIt parCllil IlIcnl clll'I'()!;! ('1 libre d'otIRri~,
en la compa).{,n;:
d III 1'(HIIIl'llt' Jont il oonvOlt81t \.a fortune ~
IImin 10111 1 ln (OIA,
ft.llli!'! illlh'irlll·Plllf'r.t il soutfJ'alt, en dêpit de soes
dCort~
r6aclJon,
O{>l'iMrn('nt CQTlfr:ls par le. grâce n~tuHe,
la
ae
beaul!'!
r\('
Grnrvièv(>, il "" ~l
nll dlUiCllemen.,
el nlll,II-,'I"\ tollt..'<!\ 11',<; presoUlptlO!l1.s accumuJ.ée6, •
...œrc lu JMlfle !lU,' "IJupable.
El. ('0111111(' édJlJr" pal' SOIl n.mQUll' cro~n
11
81'mh1lt1i1, kli, l' rll(Jnllain légl'r, d vonir P.hlR grl1VB,
'pluF l'{· rl{','hi. Fn ""'li, il ch!'rchait obstinément la
dl'>! d'un ..rrroyn.blf· mystère pressenti.
El c'I'I , Il \ l'alH l/ 'lit IDO lu,~
ptruble et COI1~f
nU l t\l' , f' Ilr.' 111 l'l't' rvot.ion de ~
int.é.rèlos ~
r ~L I )/oi
l'II t' III d(' ~ hl
1'(I.'ur 1:)1 tlOO.
(~
[)J oll n-Ill, il VI ' I Il1l de rencontrer Berthe ~
t.ewl
/ r ~' <\n 1 Il 1 l'C \ 11UJUIJl'S gu,hnn l, !lar n , !lé,
11 s'llIf' 11 1 /lit cl 'ln. nnn un.s une (,cnd('(l aoJI.cl~ude
cher dès le déocès Ile la donatrice.
- C' ~t
bien rXlloCt.
" C'est du rpqtr Cf! qui d',t rm1n.a. S/l.n" aucun
doute, cette malhelU"euae à e!'~Lyf"r
de hâler Ill. mOO't
d-e ea bfen!e.lt.ricp., t.fJ.n df'
~te
poesilble,
-
d r v~nir
le pWe
~nLire
C'est 00 moine l'bypothè8e 8dmi!'le pannf
rectilla M. de Monklair ; ma.ig ce ... ·(?lit <fIl 'une
ItOUS,
hypothèse ,
-
IlndÏf;ctJ~a:1e
1
" Ct'pendant p6l'!eona t'Ul" ce df.tail d'anaIre,
maintf'nont supprimé; fort hrureusement.
IJprim~?",
Que "olilez-voli dire?",
- Î,rci : Ma oollsine de Larronl, ob{lu''''nnl ntln ~
des conseils dr sagosse, il. d 5 cnnsiMrnllllns jllilicieuoos ct logiquc;>, Il. prié son notaire d'\IllOlLk'r la
donation l'éCemment fai,te,
- C'était. il. prévoiT, Cependant je ne vois pM 'Mo,
t.ont 011 mOIDS poU.!' vous, uo motlr d,.. Vous réjomr
si grandement.
- Comment, voue ne dt·vin{'z f'HS cnmhif'n ceci
me tanche, et VOlLS aussI pout-elre, par action N-
flexe?
- Non, j'avolle mon 1'> u dQ porSipu>aciloé, fit Gaeton d Monl.clair, parai&.'lnnl ronfus t phl\f\t tM&il'ellX au fond de miC'ux pén6t['('r la m nl..:tllté de
l'étrrunge flIae,
-
Voyons, mon cher, J'oisnnnons un p
'II.
Ce sera f~ile,
grâce ~ votre elatr jugement.
Ma cousine do LuCfl)nt est très riche, plie n'fi.
pe.s d'enf861t, pas de mari, ci même de cc>Hatér&WI:
-
plue proches que mM père l moi-même.
- Ah ! biern, je vous vois venir, maintenant.
- N'est-oe PM, c'est simple et clair,
" N'eet-il point naturel que j'al songé A )'héYi-
age de cette parente' au moins ,comme une IOUd&
espérance.
- SrulS doubc. Et )e m'expliqlle IX"Ill-è .e m.ie\l~
a
prés nL votl'e l'C.' pcol., volr ti( ~lI ir.l1d
por[('lS l f
tecUl " à l'égnl'd d MIJe dl! I.Mrw11
le AU8!1i bien, d'aill un, que votre onim0'4ité oontre la pauvre fillo po1Jr qui, vraillr.rnblablement,
votro COlLSine éprouvait une réNJe afiecti n.
- Mais, mon cher, mOll a.niJuo~Lé
n'é.Iai~
pas
j"o8 t:ifi.ée ?
�Rii:)a Uté d'.d. mour
64
~
-
Peut-être.
Cette fille, en réussissant à oopter la con ti a n ce
de ma. cou.sine m'avilit porté un préjud,ice énor me,
puisqu'ekle cl>evait me priver, dans ['avenir, d'oo
revenu cre trois mille franes.
- Revenu seulement espéré, remaT<jUlll Gaston
de Monk.J.air, et non point acquis de droit.
- S a ns doute. N éarun oins, j'ai beaucoup de
cb8nœs je 1e répète, d e posséder un JOUir la fo r tune
de fll lle de Laffont; ce n'est TIOi-nt à d<-drugner.
• Or, cela doit vn ll S intéresser au w o t que m.i, si,
oomme .r.ous le dé~il'Oru;
tous les .d c'JX , nos d€fStiBées dOi ve n t de \' enlr CO!J!lllll.: es blcntOI.
- Vous êteG décidéolPnl un e fc-mme de tête,
lança le comle d.e Montcl.a.ir a ffcctnn t unû sorte
d'adm irali m Loujollrs nal'it' .
?
- N 'est-ce pra.~
Et l a jolie coq l1f'tte puurs uivi,t, avec une ùueUir de
triom ph e da n s s~
yeu x bieu s : '
- Mainte"!an t. (! tel'rnLn !*it compJètement débarrassé.
Pu is elle entl'u(na dO\l<Jemcnt son sou,pu-:m t "ers
une allée très QJl1breuse, s·errorç{'hrll. p1l 1' tle.<; minaude ries exngéa'ép..s , à p l'O\'Of)1l l?r Ir'f' t: n; rl p i' l1 ll'1lt$
gaLants, dont sa va nité d(> ' npur;lJ1 1n llJ ' 11 11';; S1
friande.
EJlIle av ai t Orr1.JL A dessl'in d'infor J1l (, J" Îo n s t(> ll d',m e
action pers<loo el le , très r ~ c' n( (', 3G('" ,,:,J,: pa :' t li e.
la veille au soir.
Ceci dans le but d' acheve r 18 (j!'r !I"II11 ';., "l",,:' :"
de GCtIwvièvl', deve nue Sil l'iVlll11 d/' Il'.-;t.{>" ,'!' Il)11 C ~\
chosœ.
Elle av aH él' J"H !\('r rl't"m Lln l fi. ,1 :11" 1" 1'., (~ ;l :, n;l' r,
l'informnn l a vec lin 11111 11 1,' (, dl' (1.11;)1'. . ," l'ment iml Lilcs mais cJ"u els, tic lu fll: t dc r. I I' v: <.ve,
enfin con vaincue tin cr wne d ','mpoi so nIH'1 f " 1.
La ja lousie réJn ininc, la h ni ne, la (,'lJpl d it ·, Il'IlrŒform ilient l 'orglei~(
us
fil IL' dl' !l u,11 ')rl) Il 1Il ~ I lll&érable CI nl·uc'e d l' délntilHl l di' Yf'rl ![.'lln l'''.
Or, à l'he'IJ.l'e mêrn e oil elle !'I{' l'(>j)1Ji
!<~ nlt
(j' nvol r
enfin achevé l'onphelinc, c IIp-<! i vorni! a rl'i ve r,
prèEI de s n lit d.e SOuffI UI1G', t l'nis I! O IJll fll'S CO I I ~ ' C
tancnt vêtus, il La mill t, g rave.
L'un d'cux lui déclin a Imm édiot cml' nL Ir ll l'R quo·
litée respect'1Ves.
C'éwi t !p sous ·.;!, ·r je la :::. Orelé, uccolll l'l.:tgné d '
in.s pec l UTl;l prin ci p/lUx ,
Il comme.nç.a. d'inlel'I'og r la b,I t"; 'C SUI' son Id ,11tité, sur SIl pro t'<"lolSi on, son dom ICl l c.
.
Genevièvc uv/li t C'Il l e l rmps (l c rM lt'dl l , d u/'< nl
deu x Jon"s j ou r s et deux Duits d'i nsomnie.
Et, pour obéi r il d ' iIJ 1porL~
l es
cl scer"t, S COlU,.Idéra ti( M IllOro.les, olle avait l' l.u ~ n ~;o i 1 ne
r i n r {1 v{' \i'1' d'CI -ITI me, ni cl ' . ~ deLa lL<; we la 1 ~ 1 g lque avelltu /'c donL e11/' était vict11n.C'.
fA JIl III' ! il l' ogmlL de la r u
Sc<;.réwn , elle nvoua
&1'1l1e.t1l n t ( H)J\ pr énom :
- .J ~ en nom me Geneviève,
P 1in pU ' fi' '· dit 1 S mrnsongeas
EU é ' il li l1 ~ liquc
!ltIlll S pt(1,(.'c, un vrllll de
A-!('!l m: : lor:·qu't." lc avai t éli! utw.q uéc, l' l , l'C I'tICl'c haH 1111 hOld 1.1 bon fIllLrch ,
_ Ain. i. demnnoo le 6Ol.Itrcl\e1 de ltl BùJ'C't.(', v o,~
nI' connltÎ, ' 1. Jl \li~1'rI
n l volre 01 / VOEl ogre ")(,U1 1
- Non, mo
n BI~
lr,
pM du to ut,
delU
n
V(>lI
1" cM \, t;(ms
(} d {}:J('
qll
'/Oil S
urJ7I'Ï:' pur oorriè r'c ou SUl'
pu!
' l'Z
le p , oir, n1 ,~ p pc
-
~
« J'ai aperçu vaguem en t, com m e dans un e vision
d'éclai r, de ux h omm e:; s 'élunç r vel ':; mui.
- Les r econn.aHriez-v{)u s au b esoin ? P ourriezvous noUE en. donner un signalem ent su ccinct?
- Non., monsieur, oola me serail Lou t à fait impos.sib1e .
« D'a,bord, il faisait nuit noire. Et pu is, j'ai été ass ait1J ie si viLe et Mi1lonnée si rapid ement que la
fray eur m'a fait perd(['e l'es prit et l'u sa ~
de mes
seru;.
- Ils VOUiS ont Lrl1ppée umt de suiLe ?
- Non, ils m'ont dév
u ]j ~ é e
d 'oa bor d, après m'avo(""
jetée sur I.e s ol, où j e restai étouroi e.
- N'ont-ils échangé aucune remarque, aUCUD
I~rop
o s Sll.S pect tou t e n vous frapsp8il1t?
- P eut -êLr e, mai s j e n 'ai rien compris à loo'l'fl
mot.s 6lr.9.nges et sur tout je n'ni l'i5n rete nu.
- Que VO'l1S a-t-on pr is en rôn.lilé ?
- D es bijoux : deux b ag u es en or d'1l'Ile valeUl
moyenne.
Et de l'arge nt a Lu:;·i '?
Oui. Soixan te fran c." e n,,-i'J'on ; tou les m es é.œ.
norni es !
- AiThSi V ()l\ l~ n e p n ll \:c 'l l 'C!)" r!nr,:I.' !· :\'!('11:1 !"~
sMgneml?lnt Ilt i!,) à l. CtllS [:':1·" , .. ,U',l'I' 1;., pJ':'-o de
vos rt.t;t":Jl ... c:i r lS ~
-
-
A UCIJ II 3u l.l' C, rn (l~
-
-
lLO
C e,;.! I,ien ,
~ l( '"
l' .'1\i(~lhL!I
· ~
!l u U.':i
, .{)l' ....
i('
l ..~
lI r .
I l.J·dl CI<lflfl ,
O',1ilkllnl,
\ 1 ;! ',
" [> (, J' rn,'t[ f'z -rnt)j ('t'[l(' ndr lit t i lt S H.lllf :J ':'(' ·l · f' rli"
rn-r , t. \I\': l n ' ci'
,;' ' ''/ 111 1';'
"Si,
~' e·
1':1 ,,1 il '1llrk 'nql,H', l'n(', t'l' i"ncl 'èe
\'(lll S v(llIli cz k pm pe J' ln j Uf'tire, en ne lui
r·t .. ,litn~
1'0'1'; l'C' ' lU
vo ut:; su Ve Z ['l'Ill N I'" , VO IiI->
po , U ,(' 'l, l , ., g l'1\ \ enlc nt cornpJ'om:1l,', ~CJ ; l':;(Z
y.
. fll 1'1 " ' 111 ç l n?
_ Pal'l:e que n ous u.uriuJ.ts le droit ct pe JI"oC l' 'lu 1\
mGII ',i et im e, vous nw'7. Illté r(> à nl.l'ltvf' r l(l·q l' CIl r l:tH's , a fin de permelt.rc il vQG ngm.% <'Ur s ;.I.c Ile
I nu l' lin ,
;'''11.',
de
m(,lIc'l! en ~ ,lr
e Lé.
"n60éc hiseez
t prenez ga rde
1
Sil,/, 'cs objurgation s m naçant rs l so ls-r h r de
la Sù/''' l.t, qui~
ia la salle N 6l: Lon ~I ' lÏ vj de S fle llx
'
in <;p, I'I Cl1 l\<;.
OI.IS ha reve nrons, dit-il, en trnv ' I ~
de l 'hOpltlll.
-
ilL ln 0011 /'
' r Laincmen1, a.pprouva J'un des pOllci €\T"8;
clip r'.; L iri po ur troi se rnainCIS au 111 illS ; donc
,nOli S avons LouL le \(!,m.p s.
J 'c JJ ni r z-vous p~
UM sorte ft mys tère? in.
1I1agistrat.
t nog fi
- l '~ n erCet, roporlit ccJui des deux inspecteurs
demeuré jusque-là silencieux. Cette petite fcmmelà Pil !;;;til plue long qu'elJe n'en <!dt; {;a. s d ~ vin
f
il.. Im'n t,
11 s'a gira simpl mefl,t de la oc cltisiner en dou.
ur n.
Il
Qns noos en chargeons, ch el.
J'ou t Cil CUo\! ' l u.inBi, les pol.ici rs r ~ J oig
l1J
III
l'CllllolllOh ili' qui les avait am
c n ~ . T~
s 'y in !f lJu l l~
n ' nl . lnol! Ml.e, avec la métboQe ~nhé
ct.e à L~r
pr orl'ssion,
l'ilL Itfl voi \l1rr dl'marra. eL dis P<U"Ul bienlôt MI
COin du hOlllev-lltrd M ug oia.
Un rJllfl l' l d 'heIN' pl utS Lal'd, deux Il ltree P{'l n.
n O!'I. pl" IH' tl'nic nl onns ln saUr Nfo lntOn et S'flop'
p r ocllfl ic:1 l du li t où gi sai t Gen eV iève.
'
\1. ,10 h11 T(,t1d y 1 1) ' ('(' J'lf\ l'ol'phl'Iin ' fj""pMoHI',
n 1'('-Nllll1 nis!\lI11 t l'A mpr irni n.
Il
l-i /'Ill ili 1. .. njouta "1 c, IlI'ltCJl1ant UR rCJ.lu rd
l(
1
�65 w
profond et i<1lterr@gate1lJ", tau!' à tour sur chacun
des deux hommes.
En cJr~t.,
l'Amérkaial se tenait devant elle. Mais
c'était l'Améric.a.i.n masqué, c'est-à-dire tel qu'elle
l'avf,üt ~oujrs
vu fions '1a villa Du Lertl'e.
_ Ainsi, c'était bien elle, fil-il en se tournant
souCÀeux: yers son compagnon.
Il Ah ! vous ne vous étiez pas trompé, Langlois.
- P.arbleu 1
_ 01li VOU6 avez bien travaillé, je vous félict~.
_ M~
dl.l compliment, patron. D'ailleurs,
j'avam la presque certilude d'avoir ~is
dans le
mille, du premier coup. QuestIon de flmr ...
_ En effet vous êtes très habile.
Il Mais p~
de Oatteries inutiles. .. Maintenant,
nous allons causer a.vec celle malheureuse enfa.nt.
~;,s
s.e r~launt
vers Geneviève, John Ted<ly
poUl'91l1 v ~ t
:
retrouvée facile_ Gen eyiève, noua vous .avon~
ment vans l!e constatez. Et Je dOlS vous avouer, d.e
Mie' q U<l j'étais revenu à Paris, dès le lenc\.emaÙl
de v~tr
e fui le, ucniquement pour vou s rechercher.
_ f-)an.s quel .&Ht, monsieur Teddy:
.
_ Paree que j'8ocais voulu pouvoJr me ~nsti.
Luer Yow'e d' Senseur; si vra~lent
vous êtes ill,nQoente omme vous l'avez éCrIt à votre protectnce,
du cr'i~e
dont on vous accusait chez M. Dutertre.
.
_ 011 1 cella, je J'affirme.
_ Dlbns ce cas, pourquoi vous être enfUle ?
_ J"élais lrOp malh'CurcuSle, m()I·al~n:ct.
_ Si vous aviez h'anchement SO.LlJClté mon apoonné tou.t entIer.
.
pui, je VOLLS J'o\lr~is
ct D'~jelrs,
qU'allie7.-vouS f/Ure il. La .vIllette. e1
comme 11 xp~iqU(
' Z - VOl.s
que, dès le SŒr de ~otre
aPl'ivél:> , vou.s 1~7.
été victime de deux b~nàit.s
?
_ Dont VOl1~
connais-'1ez les ~oms
ooJ:tam.eunent,
intervint T..angl()i-q, !.l'ès aft1:môtJ! il. deS6eln.
_ Non monsicl1.r Fi11TlllO, vous TOUS trompez,
liqua 'Geneviève, en rougissant malgré i& vo-
lonlé.
_
J~l'eZ-TOuS,
A l1on.~
donc. Je suis ;; rtain de ce qu~
.,
1 avance.
si vous d'osez, que 'VOWl J.glloroz la
el Le Fouinard?
t'
d
. ~ (ln
[i'.Al pro(l1
('el \ c n011 veu
... e aft1rma Ion an Aciet! ~ l'i n rw'(' le u r de pc lice à 'l rdu !lur lu blr\.~
Un 1 n ' f"{g:~l'
d l1 igu, pénéLr nnt tomme une lwuc,
troubla vi !."i blcm cnt.
1 . , ~ fr a 'K-n n_l,
_ QlIl donc Il pll VOUS appwnd1'6 ce<:11... bfù.
buiÜ'l f-rM l', f:g n.r .
"
Panthèr
1(
-
l
';os
1'l'r1 wrr hI'3 J'I'(' r 'onneU.e9.
l ''n ol'( Z-V Ol ~' m on étot?
IlII(1f 1 jl' 1 l in à pr~
A.tol
,
VOl
11\ IlIICr.
?
cnt.
E h hi"n. 111 11, c'c" L vrai, j'ni !'11'rpriL"l par un
M rmrd
Il'(f)lrl lrll1ir' I l '~ nOrTI !'! rli' ln ". (11'11. ' /1 o;R a ~ ~in
. M r(I lell !' , lo ~1
d le ho.illon, je n'aveu!
pas J .111 "( mw i. ' aD ...
u ht 1 J 1III Il , l' 1 l'I, r lJ, " do li"!'''J' tOl1l 0 1'111'111'0
11 Ill. (1
'Il
1 ' tI 1
Ù l clé
(lUJ est veIlU
- Ah! JI.' r e~ pir e , lança invohmtai remcnt Langlois , COInI\.Û s oulél gé d'un poids immense . .Qt,
sMtcèrement, je vous rem&'cie 1
.
.
Ol 1\ '~ J' t }r pot an
« Puisqu.13 c'esL moi qui a.j déc
.rGses, je tiens au mérite de ma dtcuu verte.
- Et surlout à la prime, soufflu lout bas John
Teddy.
- Dame. quoi de plus juste, patron.
- Vous avez raison, mon ami. Celle récumpenl!'e
vous csl bien due.
1( Ma.'Ls puÏJSqua n~us
rommes sOrs, dès mainte.-aaJIt, des points importants de l'affu.ire, revenons à
la gituaLiOll de Geneviève.
Puis se Lournant de nouveau vers l'orphelill0o
l'Américain reprit, d'Wl accenl cO/ltrarié :
&ais pour quelles raisolls personnelles,
- J e n~
peut-être puissantes, vous dissimulez ainsi la vé·
ri1lé à la j us lice.
1( Je ne vous demande point de me confier ces raLsons sur l'heure, car vous avez le droil indélÙ~
de vous taire.
Ell tout cas, il vous est loisible de réfl~chi.
Mais je viens vous dire ceci en m ull nom personnel:
Vous avaz certainement d'Il vous aperce \oir dul'611t nQ{,l"e séjour commun à La Ferté S ' lu 6 -Ju~rljg
de la sympathie que vous m'aviez inspirée ?
- Oui, p<luL-Cire. Et même j'en éta is heureuse.
- Eh bieu ! je m'autorise d' celle synljlaLhit!
pour vous adresser une propo:itilln à laquelle .i:
serais très heureux à mon tu ur de vous cnt.cndJlf
souscl'Ïre.
Je. sui.\l très riche, vous le savcz. Je n'ai pa"
fall'llJle ; par conséquent, je suis parktill'1ncnt lih
de Lou les mes a.ctions. 1 ersonne nc pourr" il song
à les blà.mer ou à les contr C ~ lrI' ' r.
Je vous oUre donc de vous raire sortir immédia
ment de ccL MpHal. où la prorniscuiLé d'autres nu.Mes peut vous Olre désagréable
-
CerLes, ce n'cst ni gai, ni agréablo.
Je vous installerai, si vons le voulez dans
oomicilo parliculicr; je vous ferai soig[,~r
por '
médecin à mes gages.
Vous serez cntourée de tout le conforL possible.
,- InllLile ù'alle!' plus loin, ~l.
'J ,'<ld.l', 11111' 1111111)) '
Vlve.mt:>:nt la bl,e::isée, dans u~p
!'Inrle de révolte < ~.
-
tout son es pri t.
- Puurquoi donc?
- ,Je !le :;uu!'üls accepter
trop peu dégui sées.
offres séduisante
Si bus (Ille Je parois. c tombée, nprè.l l'O llie'
a.ocusuLion formulée contre III 01, j'Ill ('et l'udulit c) •
servé LuuLe ma dignité, LouLe mu fiprlé.
La pl'OpO ibm que VOliS vOlll('z blt,Tt 1111' hl.lre r
pln('el'uit tJnll s \lI\C i'ilnIlUIl[l spl 'C lI1 lc qu il IlU
couvi nt pns de qllul1lier.
Cs In
- Mo sOllpçonn f'z-VOUS d'Il!"I';" '-"l~n
vni:c '1.. . bl. l OI ria l' \ll •. ri cnin
,rlll\.
- J e n e sai s au ju le. ,) e Ile V('Il': 1', llpp l'orlJnd ~
d llVlIll ng , je'oul; II' l't'pt' li .... ,lu 1 1 1 •
vut! \ t Oll t.
e ,~
Il 'l'IIil'r mol ', pl o non q d' 1
!c
JI1 "
IIIp"QI1( Jl
.luit l '1 (
pr 1 Il Il
,
vo~
lit
Ilne J"
III {.) 1
. Il'
collt 1 III 'lcJ,l 11'
1 II il
rll
' J' dl' l'
Il
11 )11', :D1lL'lo d ln 1 t r, nu n
- J
. l' p'
ÙI,
i
qu'il
Il
r
U l '!lOI' ' 1. le vtt j Lnhl
de mu 'll' ure n<luIl .
Il!\',II,m\ Il A~I'):
!\.
-
5
�~6=
.Je ne vous
d e man~eri
plus qU'\iDe chose, en inflnt a u nom da n elre ancieane symp athie.
- Laq uelle, m ons ieur?
_ L' a utorisa tion dt! venir VOUS voir, de veDir
endre d e v o;; DQuvelles chaque jour 't
- A quoi hOll ?
- Je vo us e n conj,lE:re, ne me jugez )lat! 81ll' les
~Jra
e nc e s.
Laissell-mm revellir.
- Si vous le voulez.
Ceneviève d!t cela d'lia ton parfaitement indiffé·
Bien, mon enfant, merci de tout mon CQI\ll'..
us r éconn aHrez mieu.I, plu.s tard, la pureté de
Dl intenti ons .
rAil revoir, à bientôt 1
J ohn T eddy s'éloigtla, crave et peD8if la tète
-
llIÎ65ée.
'
}:.anglois, demeuré silencieUJ durant touLe la tin
la scène, tH cette remarque, en s e retrouvant
MAlors .
- DrOle de nature, cette fille-lA 1
Ce n'est pas tout le moade. Elle a ft la fi e r~é,
~loné
à en revendre.
_ En effet, approu", l'Américain; C'e.tit un (JuraGlrempé.
_ Dom m age qu'elle ait commis cette gaffe sur la
nn de M biC luaill'ice, repl'il le poli .... ,';.
_ . Garre. A laquelle je m'obstine à ae pus CJ'oire,
ph qua vlvem ent Jona Teddy.
- P ourtant 1. _
e nous prelSOD.S plLS cM! oonclure, mon brave
rjois. U tcmpt! ROUt! a~C>I'ter
p.eut-êLt,'e d.u
'Jni rcb semenm io.&ttl>OOl)f.
ur le moment, je croil qu'il fall1 limiter netre
iM!'lnn nux recherches qui me tie.nneat tant au eœur.
l..crsque noua aurons grol!p~
toui les élément.
llë< essa i ree, j'ees&N:"w do reœnslilu..l' la vérité
• '·l·ù·d ire le pnBB" ntln de pOl1voir révéler haut;
eut le présent.
Allon s eJ'abnl'd ~ )6 mairie dlJ .." &rTOI1diNCmenL
m ut. 11 ne lui ôPPIlJ'a ng lois approuva d'un ~I
il l'as (!e (tisculcr las inlentioll1l 118 rhQmme
lléreu x qui remployalL.
Au mom enl où Ica c1eu.l: cmnpa(fTu>ns ' t b IUchaient
W' le boule vard MUgClltll, l'Am ü icain hél ~ un lia·
au tomobi l e, Il y prit place les tement, en com-
.e
~ lIi e du /I dèl e polic:er.
Au 'KI IOllJprès le dép/lrt de , es étrangaa visiteurs,
IGmcviève ,'était ~oée
cluns dee ~le1ioU
pre>
mle:; l urdu t's.
Un e a nxié lé croissante s'emp·a rait peu à peu de
n e, prit.
Les vi !tes fl UrCf':'lSivl."
Il . 0 11 , ·('he! de ln S ùret6,
p i de J ohn Teudy l'in qu t laient au plua haut
mL.
CH n l"J u' il o'r. 1H P/\ ét ~ q llC!i tion , ~1I cour, d~ l'InlTo"lI loire ri<' l'CI li ci r Ile l' ul'fmJ'r de la l'ITt6-
sou
.JOlJ/I J're, III [mu VI c t'tllo prcssentclt l"Ju 'olle. se·
mit tlllml{j ( /lIlS duu le i Il ell 1pée de len lull VI' crJmt·
die, l'u r SU ite, r ete uue do ee chef à III di»po.s1UoD
l' I II j U' ll('l'.
Le Il '\Ici/) Firmm, ('tlmp ng ll on de l'Amfricnin, lui
p ra:l fll iS i, d ' 1l lJ ~Ur
J , le piu ll Grand IlWUa.nce
4:t,t 1 " rd.
hll cl \'lll uil p.n lui un policl\!f' df:. plUIi habil • .,
ft\lloyllll l, t'TlytlÎ l ('11 (', dl" • aVlU1Ls u é lolltl S po li r
11
Il' le
t
ri
!lIt",IIC
!JI '
d ln
IJut r dv l.l !
'Ill 1\11
III. 1J Il
n 1
r.
r
r Il'a
'!I,ln l \I ll e
lut lIun J'
01 lIt
f.:e s
=
fW:J ûUê
=
er/d m01~p-!.:I
de} a persécuti91l la pénétrai t rJetit il.
EUe r edq)utait, dnns un a ven ir kès
proch:un, Ge. dégrllda nt.e.s, de cruelles cons équences
~'ef
pJ'ès ~
v! tabl
cs . E t ,le ~
pl,il' )i;'empul""il
peht,
e;n~
l .elIr
i mel'~
~ y Ol
t.
,.Ah ~ comment J>O.tu·.ro.it·elle ~l!
a per
ù eette aorte
d lffip.1w ya.ble Jatahté 'acharnant snr elle ? ..
Où pou:rr ait-elle .'enfu ir, oomment réussirait·elle
à cüsparaltre, à faiJ'e perdre sa trace 1...
ElI
~ s o n~ea
longtemps, écha1audant mille preje ts
'
tous lrrOOlI;: ables.
~es
angoisses .gral\Ctissantcs l'affolaient, lui faisaIent perdre la Juste appréciat:cn des événemcDt.s.
EII<l songeait ail s.icide, à la mort ; déli\ rance
supl'ême !...
. Elle se v oyaH &rt'ètée, jet.ée en pr ilSon p1'hent.ive, tralnée devant la cour d'as.swœ., conda ;'~ l \;C
peut.-ê tre ?, ..
A celte hor rible pensée, " es frissdl\s d'e-flroi de
dég, ù L, de hon te, ln seeou.aient tGutc.
'
Ah ! si elle avait pu Ilwtter sur r hollre., l'h(, " ,1]
1'.vaie
Q ~ pour :AIDsi
(l Ù le D1U'h, ur c t la 3O uf f.r a nc~
d'l'e enclwlnée 1.. ,
Mn.i::; c 'étui. im poslible. r; fall ait frWlmt ' nallt
I!u:elle g-l'U 'lt ~ () n c al vai r ~ S q U'a11 hout.
s~
rlouJou reu""
!'{ f
i;n tU!"·I.· " II,. , 1 •
par l' nivée d u médecin, cOlll memçlm l sa. .,.i He quotillicnnc, SUI vic de son CO I t ~ g .e d " l è\'t!s.
Le pra ti cien visita soigneusement 10. ble ~ uJ'c
de
Puis U refit le p.a.n.scrnent et se roùressil
l'au SUL1:;lai l.
- Ça va. tout à raiL bielA, d4olua-t.-il à NHU'e
l' o ~helic.
voi x. Duns huit j4'1r8 , ('eU,-' h: •• JIHl pOl rra <f<Â bif'f" ,
m&Î son, 11 ne }'>tlut SlN"\1cn:r ~
CIOU1lI'" cution
mai ntenant. Pa8!Wne à d'autres,
Et, souria.nt, il s'en lut au lit voisin, où ft
'. it
l'Ino vieille temme.
~n
he.ure, plus Lnrd, Gf'~e
è v
inl r pe lta n"tir'
ml rt! qUI lUI apparIAIt la f.isnl1Q r gl .l1lcnlu.il'c.
C'était ulle pt'lite lem· e b.runlJ, maigre
'Clpp'
rence soul rret ' us e at p6 \1VI' ,
'
- ScriCI.-v()\!S contoll U: de gagner .n billet de
cenl francs, ilu demanda-l-eHe à yoi, basse.
. ( ~'nl
rl :nrH;; ! "')0,("),1/.\11 ÎIO'l1"l1dt'1 1 ·11 l' l' •
uère 8 ~rpt"l!e
, ct corn :.le el elle avait mn) entendll,.
OUI, ce/ll trallc! répéla Gcmeviève
,Maia, je v.OtlS en p~ie.
l,&rwn.a tout ba~
; j'iii un'
'p10po" ltlon li ,"OIIS ImJ:
~.
- Une propo:lilion '7... De quelle nature'
~t l ' il1~ I' mièrc
se poocba, fcignant d'a.rIli~
av~
. om e Il ul lc!! ortillen de lu ble!I~.
- J e \ oll drni s (Jll l ttl"r l'hOllitaJ. nu plus lOt, ftl
celle-Ci d 'une vllix étouffée,
-
Q I! and dOli C
'r
- Cc soi , rnùll1e, ni je J'
-
UVllis.
Irn po ,s lhl o, le ducLcur n' 110 si rn , ~
Colt 1 e
reu ille, V o u~ l'uvel en~
\ d u, il vou l:lI'df' l "j ,.
/III
lUI"
e ncor e.
- C' sI trop long. Je voudrais i1artir ' l
De ~rls
~l'I v e i/ltérêts m'Ill>,' 'llont lI U dC!Jo<: tl ~ c
Il f{uu'e cl 6 1gelll ,de mnrlllge.
' I II
Si .\ O llS /lO ldlV iClI: m~
(ouru ' . le !Tlf)Y ilS d
tui r, Je VOII!! 0 1111 'rlU8 1..:, nL tnw
L 'olt" (>11111 Il,1 1'('1111 nI ' JO l',
'1 i l'II,l'/'P I\ ,/I1II IIL
vre en errd, el c111l1' 1 d f ' m il]
,
C '1' 'mL 1 l 111\1 II.l1'ul d.ouL 1 (
1011 11\11 "
-
Ou
lr'l,
i
~
�======================
le trouver fo,l'l!"ment puisque ron
,cl core porté mes effets li l'économat.
- .c e_ t ~I:).'!te,
tH l':nfirmière, je les ai oubliés.
Ft. _c j)ais.sdnt IHlssitôt, elle prit S'Ous la table de
W'l ballot de vêle ments soigneusenuit de );, bles.'3~i
l\
men t pli ("S,
Eüe y trùuve tout de suite- un e0r.owtge de ,lainage
noir, le (.endit à Geneviè-ve. en clisant seulement,
l'aif Îfotcrl'édule :
:\'ût.:l" allons
n'a
F~l,
-
VOyOllS?
-
Vos ciseaux? demanda l'onpheJ:ine.
Puis, rap:denleot, elle décou::-iL un côté de la dOl!-
l>luro, eL en sorlit deu.' billets de banque.
ElI<l a \ait eu l'idée rie \ elle précauti{)n, lorsqu'elle
':1'ét.ait résolue il. s'enfuir de ta villa Dul.ertre,
à la
De sorte que ce petit trésor avait éch~p
raptlCité crilllinelle de la Panthère et.(lu Fouinard.
- Comment faire '/ murmura l'infirmière encore
indooi..,e, et pourtant vivement tenlée,
- Qui e,;t ùe garde ce soir? quesUoona la hl. .
S4e.
-
C'e
moi, justement.
~t
Eh bien,
.
esl-il impœ<;ibte de ~
lainer
par Li 1', quand tou.l le monde dormira?
.
il
- Ce n'pst plU! le ploo ditf~le,
maiS!: en-swte
-
VOILS
rnu<lrtl. franchir les porloo de l'hôpital.
Fau t· il forc&rnen l pa...",gor par la. gJ"'&Ilda porte,
et p:l.,t' la loge d.u concierg.e Y
-- Sall3 dou.te... à .r.OÎ.tlIS de ~o:&nalt.re
les autres
VOIlS
-
hs.sUClS,. .
.
L'infiJ1nière s'interrompit, perl4x~,
a:nxJoeuse.
Je l'l' ue de perdre ma place, dit-elk enR~
On m'accusera. cerl.ainement d'lm manque d
:;u.l'V illaru:c, ..
-
CI
_ Ne
pOIlV Z-VOUB
lltre appe1ée au dehors du-
run L votre Vl'ill()e, ou tout au illO.llllS obligéo de
Vou.\! ,b.sen l.er ?
_ Ni, l'cla nOIl.:5 l'Irrive pArfois.
IC Le tJ'~ir.-menl
d'un maJ.a.de peut DOUB roce~
à
IOU.~
Cl'lIJr' uu Illboru Inir!.', ctun.s la 80lrée, pOUl 1
aJ.lL"· 'II rehél' un nlét!i.o.unenL.
bll't1, VOUS VOliS uITllnger ~ pour jusliller
_ I ~h
une de c
rOll ri r.s n.l~r('IS,
"
u ,l'pn prontcrni si vous t.rouvez le moyen de m Jn-
WJfj-U '
t\
.
il Il ,
~
t
Ül'tlt" poSSible,
D:lLillcurs rien ne vous em~h
ra, en ren ran
.
'
'ù ù COII'W.I r tout haut Illon
mm
iJ les (}I uS \.aI 1
e
, '
,
ct cri l' d'uppf'l '1' il. 1 cude.
CIU'I
S\)n~C'l
~
_ r~ ui, :ui, nt 'l'inllrluière en h.ochant la. t.ê~,
'c,
~n,
je verrai, je réfléchirai. ,
je VOlloi l'cdra~
répo,~c:
Sur (,(.lt·, pl'llITII',s,sc, Vllgllt), l' 1/1 tll1fHlèn'' i;i ll!tngnll ,
I.r~!t
W'fllllllôc, l.J ~$ anL
Gt::ncvièv {uni" e~ an,X!c use,
"(] [\
1 étl il"til· U 1,..
VI'[
troU; tWllros dA l'aprè..'l·midi, l ,ID rrn cre
H
(( TunLfll P~'I.(-lH
ra
_
boll
_
s'tl,ppr/lCIHl du Ill, l'Lllr W1Y flI 0rll 'II:t ..
11 , Il uo ml yen, dil,elle d'tU)e VOIX rapIde et
fU111.
"
1
1I~
'1 nit~
vite.
-Vod:
u ,1' i l'Il lIl'cm!'
' d'une clé qui oa-vre vn petile
port bll,'Hl" llll:r rJ('l'rlèn! 1.' a.U d~,
11I 1!'I,,!.
'1) ," porln donu du-cclemenl ur
loul v rd de
1l \:h Il 'Ill'.
_ 1 r 'l bi('n, c'e l mon rr l' ~.
_ ~i WIll. pr:'I~1
z ch n
011'
Il uv '1. ,1 tnl Il Il l'r (\nl' là, Vnu!! n'
r.1I1 1"
1 u
Cil
p'ol!
Ot(
- Je comprends, Mois où. ee trouve la sn.lle des
ro<lrts, et comment pourrai-je m'y rendre 7
- CeLte sa.lIe se trouve derrière lu derniers püvidJons., En sortant de eel,ui-ci, vous tourncre" à
gauabe par les jaNlins, vous il'eoZ jusqu'au fond des
~tiJ:neks
et vous t8UIllereZ encore à !(au~he.
Il V01HJ a.percevrez alOi'S une petite cour pavée
bordéa par Wl mu.r assez hauL qui sépare l'hôpital ,
du boulevard, Quant à la por~e,
vou'! n'aurez aucune peine à la déoouvrir.
-.,.- Bi~,
merci, vous B.e savez pas quel Îffipru-lant ,sernce vous allez me T'end!'e.
Il PeuL-être, plus tard, pourxai-je vou:.'! prouver à
n(l;Uveat1 ma recon naissanœ ,
1( Où est la clé 't
- Le billet promi41? rC!>drtit l'infirmièro encor~
dâfi,tmte, en tendant ' disell &enlent la main,
Elle La reCc;"na 'j'}rest.emffnt sur le précieux pu
p.10r, ruiroilement glislDé par aonc~iève.
Puis d'un nouveau geste menu, pre~'l
imper.
ceptible, elle cacha sous le traversin dt" \ flle.
nlle lourde clé, l!:nsuile eUe Uip~La.
un pell les md/lers, puis s'~loib"a.
Geneviève ferma les ye1IX, OOlYlme pour dormir.
E~
réalJÏté, ella songeait à la d{:livrance pr charne, à des projets myatéricu.sclllcnt conça1)
qu'elle rêvait de lIIeUre è. exé<tlltion sans dùlui.
Elle altendit la nuit avec une impatience fiévreu se, écoutant sonner les heul'eli lrop lenLc.s à son
gré.
Dès huit heures du !fJir, l'in'ftrmière vint s'mstaller à son poste de glUde, tout au fond €le la
salle, faiblement éclairée ~r
de:! veiUeuses.
La plupGJ'l df"S grands rldel'l.\I'x blancs, enoadrant
les lits des mn.llldes, étai~lI
tir'és.
Dans le silence impra.ssionnant de cette maison
do 6uUrrI'Or\f"''', on en kn.ùai t seul{~mcnt
I.e brui.t lôoppre&ié s.
gel' de quolr(lletl r '~p.iralonS
Geneviève se leva s~mi
faire aucun bruit, s'habilla tunl hil'n que I1IlÙ derrière sœ l'ideaux [ermés. l'uis ("Ile alpn~i,
frémissllnte, sanoS se sou- '
ciel' de la légêr'e douleur fes-selltie d.a.lk'I son l1a.nc
<l l'Cl"
gllOn, comme ~ dornler COlJp de neuf Il 'Ur~,
v HUll ùe ,'Hfllll'r à 1 grnnrlu horloge, l'intinlllèr
se leva, SI/l'lit de la ~lIe
eu'r 1 poinle dl' I,ie .
Elle devHlt il CC·lt.t' houre mt'me ndlis~/'c
un '
polion ~I1JUnte
il un Illalade n li nger fil' m()J L,
Elle VCllniL il reine ~
di,s.paratt.l'o quand G '._
viry " CQlI')~(
en d,·ux.. se gli/o11\Q avee d'iIlJinüo"
pré 'nu lions le hJlJg ,les li t.s ih'I1ciru ..
)':lIe ultl'ignil l,Il porte, 1 U '6c rllr'ollverle
Il,.
~ in, dt's('('nrtIL 'II ht\.le dl:ux ~lng
t ~'
trollV
bi pnlôt df'liul's, dun!'! 1 jnrdin dc l'hl\!I itnl.
dllll:> sa mOIll Il' mblanlt' lu Illur(ffi
Elle ~'Ildi
clé, in 11'11111\'111 IlIdl:iIWTl 'uh)c dl' !In déli ·l'.lnl ,.
EU ~.'
rhl'ill ,ln II'':; il1d("~tj
Ils Ùf' l ïllti /'lI1 Î r'
l'MIll, l'IIpirl, ' l'l (f'gr n' . L('..., hnllLe.s mUI'Olc~
tJ 'S PJ.:
villons, ollplgnll ln cour p1,,,OO.
Un i Il'n('(' 1011 rd, poigoa Il 1. régl\6it dn.~
cetk-
~H:
I inl' ('II 1('lIi'!>!'I'1 Oil, Loul pr, S fIe là, tlaps utl
IOllg (>I\\'illoll ,~tl'(JI1
t'l briS d
morts p01l1' Jtl p..Iw .
pill'l 'l\Jq,1I~
n'p().o(lûrllt Ùllll.CJ l'éll'l11ilô
Gerll'virve (ri. '/l' lIlfl IODguemenl cn songf>nnt •
d,lf.lIl.' 1rI:~lhn'.
ELI,' -'al r,ll.1 IIll ill..qlnnl., hnll'!tnnte, conlln
lit
dé l'le il. nf: '1)111 pli)' jusqu 'Il lwul son nclJ lém.flr Ir '.
\lIait lie r 'hro
r chemin 1...
c'
ou~n
1 C III
67 ~
�68
~
itla!ité d'Amo:'1r ~
=~
Bnfin eRe se l'oosnlsH d'un effort de vo!onLp,
puis cher.~
rapidement dans l'obscurité la por\.e
iIiOiquée.
ElIle la trouva sans trop de difficultés, mit la clé
dans 16 ..~rue
fil Laumer le pène deme. fois sans
bl1llÜ, p i~ ~rit
le vantrui. Ensuite, eUe referma
I«,per:.e en ~ors,
comme il avait été conv&lU, et
~t
la clé d ns sa mailà.
Devant ~
le 90ulevard de la Chapelle, eBCOTe
8li&!i!Z anim~
lui permettait la fuite certaine.
Elle allait a'élancer, courir éperdumen t au deh~J\S,
lorsque les silhou-eltes de deux gard,jens de
paix, arr t.OO non loill. la g1acèrent <J'effroi.
Pnis la réflexion pru.dente lui vin.t presque inst_tanément, suggérant à son esprit trou])lé la
mliillalll'6 ~!l
d'agir.
Bl,le sc détaooa de fombre, mGrcha résolument
et Lranqume ea apparence, mais secrètement angdÎ3sée j 9Ju'aux moelles,
la direction du
faultour.g
·nt-Denis.
kn psse.61 sor le pOllt du cbemin de fer du
Nor~,
clle kulqa la clé SUl' les voies.
4 t:'0Up il lui sambla qu'elle entendait courir l12Si 'S rcrsonnes derrière elle
}il{) " avec la convi.ction angoissante qu'elle étall
<té~ouv
rte. pvursutvie, Dl1e courut se j ler dans
uil!1ac. siQ inné de l'autre coté du boulevard.
I?,t. ohn
Grtc que vi~,
haletante, le cœur battan!, ène \l'OU va lc COOl. ge supl'Cme de crier a.
la
dans
'rorJt
~ê.her
:
- Gare Sei.'1t-I...azru·c ... vile ... très prE' sée 1
P " lan<llil que le cheval, fOllellé il tour dl'
brol:l, preDQJ~
1 glùOp dr> chnrge, elle s'affala SIl!lS
c~ais.:;nro
et d'éllerile,
sur le
cous ms, li bout de forces
XII
l'JUSONNŒRE
I" Mp 1141 L
1
iboillière, (ks rumt'llr
la perte ùe son emploI, jurait ses grands dwux
qu'elJe était innocente, tO'llt cn affirmant, en vantan t Slf v:igitMce.
Elle justifiait, d'.aillo'llps, sa courte absence, pa
les prescriptions fonnelles du l'nédecÎ-n en chef.
pre.scrlpliOIl5 qui l'evaia.ni obligée ù se rendre
la pha:rmacie, Il neni heures.
Enfin, 8jprès UJl. laps de tampa lUlBez long, passé
-en vaines ÎRvestigations, to~
remtra dans l'ordre
et le
s.ileo~
Le directeur de J'b6pitaA, informé dès la premicre hetJl'e, le lenden'laID matin, manda l'infir
lUiore à son cabiDetl.
li l'interrogea minutieusement, sévèrement, pl.li
la renvoya dans son. service, après un" br"",'!' nri
monest.ation ; saule .sanooon possible en cette 0<:-
ID
re
CŒl're.nee.
TI avait dO. 8e rendre à 1'évifienœ, consl-a tC!'. san.~
pouvoir en dSI.1I.er, 1'l.nJ.l0Genee abooluc de ln p:lUwe femllle, allt.errée.
Ensuite, i\ p<évifl( par L~0phonc
le ùhcl de la
So.reté ; enb, il dut recovoir, une heure plus tard,
la. visite de Jo1ln TeDdf.
L'Américain venaH d'a.p:prenllJ"e, il son !.oUI" la
IuiLe de sa protégée. H sollicitait c1œ rrnaeigne
ll'leG1ts.
Les 8xplica.tÜ>nB, foroém.ent pc précises du haut
fon<:lionn ire, le lai&sèront anxieux et p-erplexe.
L'act.c léméca.ire eL imp.l'év\I, :;;1 lludacicl1:em nt
&0Comp.ii par Gen'{ièv~,
le dhroutail COI pIète
llIenl, renveIMü \.ouloo SCiI idéœ génércl1 ti sur
l'orpheliRe.
- Serait-etle vranne.nt 6ou poetble? mur
rait-l1
runorC'ffient
je
n quHt.ant /'I1<"JpiLu .
Il ét.uit désolé Ùl' celle fuile incxplimbl('
Il pénétrn bi IIIM dalls Illl oo.fé \'oisrn, Ot'IJ1'UHl!
la cll.bine téléphonique el 86 mIt aussitôt cn corn
municulioll av ' l'iHl:I/H' { Ill' Lllllgluil:l.
ER moins d'ua heure., les d~
x homm , Iurtnt
r61ln.is rI(UlS lu ChaltlDJ'C o<.'cu/>ée 1 ur l'AmüÎenil
il j'hOt ~ de ln rue AmeLot, où 11.1\ 'UI"CIIl un n lJ'Po
ti
fort D.l1uué,
? rli nft John J ('(ln)' (l_'f)
. - QI! [Jli! à J1r6s~.nt
rlell té.
'
Il QiI ch(>r~e
ce-Lt.e mnJheul use tul ., Nons n'a
von' 0 \lOlO lI1dICC ...
. J,nl1 !IOIR qui, r\üplJis lin rllonll'nl, 1'(:11 "l!hll4f- Ht ne.
p.r!l'I~,
rel VI ).1 l te (IVCC IIIIC 1 Il
Leur ClLicnlée.
- J'eu 1!Cil. Lonjolll"ll JYlllr ITII!(! Idt,I'., dl, 101':1
loi\. A JIlon HVH, Il lIl'lIlt> 1'1 1(> Il Il' 11('11 l'II ! iOl
lllv.re TIllllntf'lUlnt esl cdle dl' J l f>.tlllL!J"1! 'l d
l' ou ln/1rr!.
)IlCllle oOJ'r~lti()n
1.. ,
1'1>111' ""I, (' '!lp '1 111 ~nl!f1
rt'(\~IfW
h i ju 1
litr!' ÙOII 00nn Il'f' plI! IIII\'JI /1' 1'11\"11 ',(~
dl'II
tIVl'IIWT!f, G<U1S
cl
cl
�~
RiValité d'Amour
forcerai à nous rév61t>r, s'lis le savent, toutefois, le
refuge choisi I,lar Geneviève. Ce.1le-d est une autre .
cou,raj~e
dont il faut 6'a~\lre,
ooû.te que coùte.
Ct III [nul qu'c1le aus5'i soit re<len le, ifl'Lerr()gée sM
l'affaire de La Ferl.(,>-sous-JO"11>B.il're.
_ Ab pnu;-qnoi n'a-t-on pas o.gi autrement envers celle pau vre fille?
_ I\I.ll.lIleu reusement, reprit Langlois pOursuiVllJJ.t
SDn idée, dClpui..s l'article paru t!ÏBns les journaux,
l'elaUvement au crime !Je J,a rue Secrélan, la Pantl~ère,
le Fouinard, et m~e
la m6me Chichi, Iie, meurent introuvables.
(( Oopen<lant, je ne g.ésespère pas en<)ore de l'es
retrouver; j'ai mes idées poUl' 1;\&... El je les garde 1
1
tl 011 pourrai-je VOUt3 ~é'phoner
en cas rie besojn ?
_ Eh bien, ici m~e
, au bu.reau de rMlel ; en
me p-réviendra faciloment.
_ Entendu, patron , et à vous lleveir bieJlt~.
Je
VIa.is me mehtre à l'ouvnge, sans 1aIrflier.
Sur cette assurance, ~e
poJi.aier prit congé de
fAmt\rieaitl.
Ce1ni-ci demeuré s"f!\1I, éb>rivit nne IOng\le lettre à.
DuLertre ' aftn de J'informer de la suec~ion
dea
évnrm~ts
extraordinaires ~l
se dérQnloient. Puis
il partit !NUI' se rendre FCI~
fle LtlnÙl'is,. ~hez
un
nnLnire COllnu, chargé d~
pei!. du SOU1\. de sos
1
atfaires.
i
Or, ce matin m6me où le P'llrci.er al l'~:fi.éran
se rencontraient a·insi rue Amel{)t, Genevü;"e, dœcendue ln veiUe dans un h6tel' de Hl. rue d Amslerdrun, quittait cc domicUe p~avisol'e.
.
Etle atlla.it essayer de rénliSer ~es
mys,t6r1~u.l(
projets conçus dUfél.nt son eourt séJO'lIT à 1. MPlt.ol. .
Elle descendil de tra.ffiWa.y à ln ha.rnèl'e de Vmcennes et, un 1"l&1 ptLIie par la ~our8.tlc,
par hl
sur le e~urs,
marchant lenfaligue, Ile s'enp:l1~ra
temt>nt donf! lu direction de a.tnL-Mandé. . .
di,vers boutlqUleJ's,
Elle p{'nl'lJ'u u. Ill' b tour oh~
drmond lnl :1 chnclln (rOUX 8 il n uvait pas connu
j dis 'l lmr Oligolll"rnu ?
Cmnmr Jolm TrcJdy et V~
glois, elle eut enfin 1~
ehl1l1('l' li tl'Dt vrr les renseignoments sl avidernen
·'l1el'l'lIr.8.
.
I,n l't'II de tl lll]1S, Ile déc Ilvrn }'euCI06 où s'bri~rnitle
pit()I'r~]1
domici[ de Jo: mère l'>t\ O\.ll1'eOll.
Hardiment, rlle y pénétra.
laIs elle eul beau frHlflpel' à ]IQ p9rte Ma ln. r{)Ulotlr, appeler ln propriNaire, rien al' bougea. .
Gel1(>vif"v , rlépiLl'!(', Jf!uis l'l'!flolu il ~QUI'S1Ve
l'e. éClILion d 81'S drsseins, vinL g'I\:Rf;COIr su~
u~
hanc' du f~Olrs,
foc 1\ l' I\IlIns qll'ülle S\1rv~lU(L
av c nlLt'ntion.
Apri'!; 1111' ht'lJrC' d'aU ntl', cne vil cl'Itln p\l.l'uUre
lInO vieille remme, tr'èA f,{roll!le.
Co!lle-ci gJ'llvlt !t1l1f'(1"ml'nl les cJ P l4l'é!'! du logis r n lant, puis y ntm comme COl'!\ clll'.
.
Genovi 'oVE' III roconnais"8aH à l'rifle; «laI' depuls
longtcmp11 S . ll'illfes l't VI n S ElrJ"VCnil'H d'cJ1fCl~O
'étaient cstompi'.Jl. 1ais lie
L I"'il\lrtition el'OYoJlr
rC'>LroH vé sLl m nrl\tre.
l',\le ,r. l'va, vinl frapper l\ 10. po!'1 rcfcl'lllt!c tic
ln roulotte.
1.1l mèrc Du nllrelUl - ou du Gonlnl
(ntrchrtiLln pru(\cmnll'nl rhl~,
JI(~rl1
ld' surpl"if-i(' dû
'lir 11Il jeunf' r
e l't lUI " Illondu d'un Lon
fO" Il!
'
();Jnl 'Ille'
V()lI
III Vlhve.
B voull'.z,
pnrkr en pI\Jl1i~uh('f,
C'I'!it hi
yI.
lll1!le '! .
J;('plll'lil d(JIIC H"!c>.nL
il moi? ùrllll\lHl u ln "l'nq, (' femHle,
en examinant son interlocutrioe d.'rut ~ng
rega.rd
méfiant.
-- Oui, vous êtes Mme Dugolil'eaU, a'es.t-ce pas ?
- 011 ! madame!. .. Enfin, entrez ()n, va w>Ïl' un
l'eu de quoi qu'y retoume.
'
L'o:rheline pi'l1.étra duns le taudis et, tlorame la
propriétaire venall de refermer soigneiUsemant la
port.e, elle se plaça. hard.iInent devant olle bÏ.ei\ e)I.
lumIère.
'
- ~ous
souvenez-vous de Geneviève? demanda~el
a brOle-pourpoinl.
- Geneviève? C'te petite POiMO qu-i m'n donné
~nt
de mal aul.refois . Ah! Glui, 'lue je m'en semVlcns de c'lo vermille là 1.._ ,
di:) mal; c'esi. moi.
- N'en dites pas ~'op
- Vous, voua; pas pDosible!...
La foudre tombant aux pieds ùe la vi~lJ.e
mégèi\e
ne l'eùt pas autrement sLup&fl6e.
'
-lYoUS , l.réPéta-t-elle encore, a'burie, OB. fix,a~
sur OI'jYIle me des yCi.1 x égarés.
Il 11 Y a donc si IvRgiem1s qlle ça ?.,
- Il Y a quatorze ans.
- Et vous vous Nes souvenur de moi '/
- Vous le voyez, j'ai bonne mémoire.
. - Comment dune !J11re vous m'avez retnllvée'
l.1lt.errogea la grosse femme d'une yoix mal assurée
-:- En chcre:hanl, tout simplement; e-n me renseIgnant adrollement.
- El qu'esl-ce que vous me voulez?
~
Je viens vous prier de me remeUre cel'tai.n~
pnplCrs que vous possédiez auLreIois.
- Des papiers 1...
La défiance de 10. mère du Gou10l reparut 50 daill.
Eile hés ita, puis demanda, J'air naïf :
- D'abord, qu'est-cc que vous cnlenrlez par là?
- Je \'CII.- parler de qlll'lql1cS leUres, pr'Ovcnan f
tr~
p.roboblemcnt de mon père; puis !l'une photo·
grapille, Ùl' lui onssi. C'es~
tL e(!tlc demi \J'{! piè (j
que jl' lien s surtout.
- Possible, mais je ne P"t1X po" VOIlS rrn(k oa
plutôt voua donner ces cb·lses-Iü 1'0111' riel!.
K C'est ù moi eL je peux o.voil' Ull inlh'êl 1\ les
garder.
- Qnel inLérèl? fit Gcncvièvl" ne compreno.ut
pas.
.- ~
c'e:-;t mon nffaire, ma 1 t'lil . I~t
me" llf
!Blres, le ne les dis pas à. Lout le monde.
Sur ces derniers mots, la mèl'e Dugollreo.u s'in.terrompit subilement.
. Une idé )~iznre,.
une idée ellnnillc, mois ingl'!DIClIse, VeDl\lL de lm traverser l'esprit.
Ell.e se souNcnait de lu rëcenlc vi!'!lte de 1'(;l;ffmgFlr
se. (lisant enVQ~
pl~
Chnrle..'1 Guillol., cl de' ('e llselgnements qu il lUI a.vait dem~.n<lés
co lIcC'l'nnn l
la petilo flJlc d'nutl'DfoiB, deven If' la. fcuno r~nl
dont ln pl'ésencc illoplO60 la stllpMinit.
Entre ceLLe visite ct l'nppal'ilion innUpndn de
Grne~ièv,
[J devait y avoir une corrl:la.lion d'ill!.v. ·
rC!ts Importants.
L'homme P?s~é(lait
peut- Il' oC l'[trHent ; et pni •
qllP eell!' qu'lI l'I:chcrclvlil venait, pour ain!'li dir
s'offrir ri' tI -mOrne a\lx grirres de SOli ancienne ma:
l'o.lrp, il G nvcnni t !'Urt<,; dou le d pro\llt'1· ùr [' ,cn~i(l.
,. 1".I'oul z, clit-eJ\.r,. 1'11ne voix mirtl 1I~
c-stin6e
Il II1Sj1ll'nr coulloue,,) lie rl'fus pns, en pril1cipe.
lIn vou l'pmpllrc' Cf' quC' von s me ri 'mond 7..
H Snll cmenl, fallt n\'nnl ça que jl' oous\lllc 'ielIflt'un.
1( Â!1scycz.vous lin instant, je VM r v nit' bi nt&
�70
_::I:r===. .-:litJ
Ell achevant, la [ir ,:e femme sortit de la rouo!le, ÏtSsa1'lt la porle (mk'ouverle_
s·assit, deme ra pensive,
(TE'neviève, confkmt(~
J'(~gnlat
distraitement le misérable 10gb dans le,
quel elle re-"enait û-pl'ès quatorze. ennées d'allscnce.
Une ~de
demi-heure s'écoo.la, sans qu'elle y
rH. g'1I de. Lle s.>uiinlJt Ull peu de sa blessure et
..'eJa préoccupait maintenant.
Enfin la m~e
Dug()!lIeaU revinl
Elle pénétra tr fi vite dans la roulotte, sans paraltre penser à lern'J.6r la porLe qu'elle poussa seulement un peu.
Puis elle a:lkl. fOlliller dllIlB. le tiroir d'une vieille
commodo, en tira quelques papiers jaunis et les
éicla su.r une
bo:teuse.
~aMe
- C'est-y ça que f vous VO'WM' demanda-t-elle
(1i11-1l kln pat.erne.
Geneviève s'opprocha, tol1rnant le d'>S à la porte.
P.nis elle Sie peon ha, erut recQQlialt.re sur une vjeille
1 Ittre l'écriture j.ul-is ap~çue.
- Oh ! rc-gn.d~7
bien, prenez votre t.empa, in:Jinua la grosse femme.
L'o11'holine oommença de liTe quelques ligne. un
peu i~cées.
!>.U mème mom nt, par]a porte entre-bAillée dou.e l n.t, deux hommes jeune,c" assez bien vé.tua, se
w;.s.s.ère t sans bruit è ns la rouloUe.
'i I. . "ère que i t leur marche cautf'leuse, elle
uHirfl brusquement. l'u\le-D.tiun de GeneViève. Elle
l'C rotour1l8 d'un moov men! ra.pide.
Sa :>urprise fut si intense qll'eU De trouva p~
(j'~
un !:Ieul mot il dire.
-- Bonjour, madome, tirent le d nx hommea
avec \In enlieml;le parfait et d'uJl même l&CCe.M
raInant
f.'orfYheHne tressaillit à l'audition de ces voix
'~J8.ilP
'. Son r~ad
l 'physionomie
r, ','ltl' .
aigu cXIlmina d'un coup d'œil
lIournol cs et astucieuscs des M-
n'étai nt pas tri!
NI.5surnntc8.
lle un ecret ,,(fl'lj . {' p"nd' rll elll' 'cfT rç' t1
di. ~l]m\J
r (;rUe
, impreision pénIble, attendant que lee al'accusns6 nI plus frullchell' Ill.
- 1 IU~
venons pOlir C<I\HICr, n'prit ClLuleleuse·
!JIcnt ln plll ~eé
de d llX lwrnmes. S'agit dl' truit(lI '1 1 ml bie.
'r t Qll, prie, FOIlfll'lrd, hppl'Oll Il 10. mère
l>ugoll ru\! ; l'as la l:\n~uc
hl('l'l pendue,
,U
,\U!I;; lIt
"ollvre fill
~p-rouv·t
duIlc, l)lll petlL(, 8JuU tn-t-pll , en
t 1 'Ie Il i. c ho t'Il
Il (iCIl('Vl V ,
t i \llil, 'P 1"11 ('cil ·ci, cl mt J'effroi ~.v
Ilalt l
r 'JIOUV
r Iltr : le Pouilia
1r
Ù l'éUOBClI.1L1QO
n m mf> lemp, 1
vi
LI !lenl il dé 1 po
(' ft cl dana (la I~
.
r
de
c
11.Unl 81·
1 •
l'le fcrrull
do 1 rO\lllltt
f(',:n 'r
nl glwcr
POllrauoi f rmez·VQ 18' denumda-1-elle,
IIwM,
,..
d mn~
1 r()pltqll8 la m680llr1 (' d' rnnllvllllI uugure,
ouvr 7, ; je dl!slre m'rn u.Iler.
; Il na rl>gler no p lit
nrfalrl'II '!
Je r nonc il. e qlH! jf' vou
t
l'he\JrI',
n'ont pu d ... l 'UI' Il ur
l'our ne p.
'\of
-
av e lin
Lh hien,
C mm ç
ut, j'ai r~né.hi
1d
t
mé-
AIr
III
d'Amoru'
it~
" Et, puisqu e vou~
~es
1~,
la poEle da! . eô lIIl va
trai ter ense.mble,
- Qlle vOilIez-vous dire f
- Oh 1 c'est tout simple, Les affaires cte:;t les lÛlaires, n'(,5t-oo pas 7... Et comme elles sost (}t1res
en ce moment, faut pas }es lai-s:>I!'· . !:loPP!,!r. Cesl-y
VI a;
H Panlhère "
.1', affirma l'interpellé, n~·
... _ ~ inut de 1"" giar
]P\.l l' ... , Et de I~
vraie, guguée ll0lluêtèlnent, çn va
san dire ...
Geneviève ne répondit rien à cette auda.cieuse
déc la ral ion .
.Elle exnminait tour il. tour ~ei
deux hommes, d'un
regard profond. Et (l,on épo,nv.a nie croissait de »nin~te
e.o lJlinuLe; épQuvante jusftifiée par oe qu'elle
s&vait déjà de ces miséreble$.
Ainsi le haGard matlr:e aveugle et tou~pis8Ql,
venait de la re.placer, comme [n.laI.ement, en Mee
des deux sÏ!;lr~
bandil..s qui avaient tenté de
l'assaasiner, quell]ue.s j-ou.rs pllls tOl, en le. vol~nt.
Et c'était elle-mtrne qui, 50lleml'nt, pour 111 posSMsion de quelques papierfl slins impoj'LrulCC
réelle, avait provoq é ce hB$tlrd danger,eux. ., .
v'l. la clWl;e, rt:jlrJt le l'om_ En cJ.eux mot.~,
nard, Loujours doucereux:
.
« Nous sommes des pauvres ouvriers sa.n~
tra.vail. Alors, ~oJl.;e
vous avez besoin de t,afiols intéressants, qui spnt entre los mains de ~.le
bonne
mamu.n Dugl)OreaU, faul les ~yer
ce qu iJ.s valent
pour 000 aider à vivoler.
_ A combien estimez-vous GeIl,.pa.r1e,rs ? .
d'une
!tUe 00111 pl'Qn&M. nw in tenan l q u li s Ubl.S~It
19Ot'1e 00 ... te 00 peu f\K~.
à la vénté, mnJ.~
en
d'UM' V6t\W ·c4lemool.
_ Ça vn.uL OOI!l); C ~,j francs, émit tranquillemE'n.l le Fouinard, fla un
li ,dc ID n.-;.
_ E~
c'oot pour ien, Il pbf1a i.
an lhère, au
prix qu'{'sL \e bcm:r !
.
SM 1\11t' c'oot. ons dl~r,
-
Un u,mi ,
l' ~ mfl'
MI\\ polir noWl, c'est pllil la m(!me clJ
le Foumo.rd d'un aJr entendu.
o. élI~
la
' u':
mfor.
Dugoureau. y a Ih-<lNlans des lettres et une phoL9
(lu p,llet'iiOI dé rn
UI~1
qll'olmi 1m3 W\!l 1
moud,. 1."
« C'est duo é, <Ill i 1
, .. Jl' rll.' lip "bu' 1111.' C t~
.f.()ITlmc, répnrlit sim
pl('meJIL Goneviève. Je SUI
lt.1.UV rc, moi au .i, et
sa. ,) pw.co.
- 1'0 sibl rnll.is vous o.V8Z u.n lUlli l'jc.he, a.ftir'l.llJl
le Fouinard.
ug01U'eAU
nous a ml. au cou·
ben, c'eRI liimpLe, vou
nllez. écrire I.m moL
- Oui; maman
J"4uL
Il
I<~h
à Il'wlr . e du copnlll en que. 1i
(/ \'OU!! Illi c\ir z d' l' Clwtke les li ux cenis !.Juil
au III)rll'ul'; c' t Illlplr el dl' oon ' ut.
te l·
ru. loi, 1(1 l' 1 n 1hèn', lit-II Cil lie tOllrJ14nJ
'Vu
It
, ~ Il '1:111 !JI' r;nInI' 'r lin,
[10111" \lIVIL, 'fi dlu'd/llLL HIIC' (;PfI
an',/ " 1'1"
méa :
-
tYJ)l.',
[>f'ndnnt <Ine ClIOll Jlo~\u.
!lI/~
l1tlllr.r, VOl).,
ll\' C nQII'
moi, 1 sui
Il
-
1 Il
IIICnllç/lnl, ~n
'~que
Ça
I~t,
VOI~
~/J.Y
lin rigokll
'()U
vièv<, un rc Ilrù
dépll de IIlpl l' I>ri-
renrlru ch
Ille/ldr''/.
''l.,
ou n
1/\ 1"(1
'l'
"l
dl ~
7
votre
1(',
JLl'
s' 'InIJ JtCI:.L
pl
VII-l-II '/
vou
Je Il' •
\1
{;,
l'
-
~
/11'11
"V1l1l1<'1'
rI' Ihl
f Lul P
11 HI'
IIIUI"I'C,
ci
l'
�71
c'est mpi qni t'a élevée. T'étHis
t'étais gosse. A pl~ésc.nt,
tu
l'es da v~'Yi)ta.ge,
s.a.hll'aU..meat.
cc SeU!tirllerlt, (dVec noua ça ne prend pas, ces
1I'ue
8-l~
1 ;-QOU6 ne .-.ronmes pas des poi~
k ..
.... J ~ C>O'Tllftrcnds de moilk'l en moins.
_ Fa rreuse. "iL ! Tu D,'OUS pren<ls pour deR i<lio'bs,
quoi 1. ..
~ ~'jp.
J(; te' ~l'I.aMi,
Il
lijqn l"tlsée fIuo.m.à
Et DeR, '.~ ·es~
e~
c'est ak>rs que le type
venu, y II. deux jours, me parler dl' io>'1 pu~.erncl
défunt et cie tes aifaires sous préLex.Le de ne
j'J"s ~,r H.-4r ousque tu Dicl~
7•..
te
"[n'o~t
ven.... ici '1
_ On e~t
_ Mn.i-s eu:i,.. Et tliIul ça, tu c()nçois, ·mG. petite,
avec des malioo
c'esL des ma.t\i.gance5 manq~s
c,)mme
c(
cho
QUS.
Ton Ly-pe e\ ~oi,
f) ;
}'Otll'
VlW!S
les p
êtes n,»u.s pour la même
p<:;rall6es, G[lJ.OJ
1
_ Sûr poncttlo la Pall,thère, c'est· cH\Ïl' comme
l'eau cre '1& forr\.uine \Val" ce 1
_ ... PM VX-' i, mou flen Cf Til vois comme tu mère,
toi.
" Ell ben, jmlsqu'tls Y ~i-el"U\cnt
t~l
à ces sale~r
rs_ f(lUI qu'ils y mellent le prix 1
Bif'l1 pSI'lé, ai/l)f-G1!"'~
I.e r~Ulfad.
}'i.l.Tlj(
r:t
(1
dtl
~ra
J1la.if~(;H
nt
qu:Oll
plI)' l coo.c1uH1
$
les t"nt, on ~e
les J.t..
se !evQ.!lt $OUdiUU, pl'OVO-
con'.
1.;.1. P,œ. :lore l'lmi\:)' a~i
tôt
,
_
"Jo.;, hl dUIIZC u, Np!'it encore le Foumnrd,
ct'hê
~7,
14~
cn Ijue,t;oll, vite, c.l. pas longne.
':!IIn.
" llfl:1uc7.-lui d
1'0J1.Ct'e (lt du
papier, maman
DUr
gOtJJ\: U
("
c'
Lu merl')'!) s'cmJlressa '<lbéir, plaçant lc.i obj~ta
' '1 "'.i 1 v '.l (Jert ,VI "o.
ks
:'Ilui-! l'nrph"linc :!e i Vil wutlllin, e~
k'
'LI' Il' calMe con lltJ1UC, peul-ètre
trUi~:
{lU$S!\
fi 'Il fI vr.\lr, die Qil :
,,' IHmteu C llo/.l1édic. eflL inutile, je ne
_ CI'~
l" il'C':I p r oune; j' SI'ai llUC\ln nm...
, li 1 lu 1 r,I!'iC ? d[lu 'lu 1,1 nwgf..J'c, ~gl'C:JS1{f.
Oui OUVl tOz-mOI ln }Iorl'J, Ir \Il tic. .,wft'.
,\ 1\1;11 \ allulUi, ... 110 chicltiH, jota gl'Os.
fil 'ilL If l'IJltÎlHl.nL Vile Il Icltn~,
0\1 S:I!l; çn ...
Il n'II '11 \'n JI , le l'lu'ItlO l,ur ln 'ollrag' tl,~
vnill n!.6
j~
1 (, •
(Ifl"l i\ ô'un
vi& 'f'
1,.60 Jc 11 1 11.I.lh', d v Il; Iq
"
c'L
1ll
1
n
r,l, h Pt\llll
~'Il:.
ordonnH-l De, én
Pui,; hl ;ll'el\3.nt S!#US les ilt.SslJJ.lcs, il la releva,
fiL asS001r su,r' une cha'ÏSoe J!'lCc~.
- V~I
cc ~no
c'esL :Iue de flll.re lIi maligne 1 r,c:ma-t-ll. cymque et illdeux. Au lieu d' 'Lre genWl
avec les amis 1...
« A. présent, la ~le,
ou l'Ii l.i8 faire la paire llôCl."
te laIsser le temps de réUécJlir fi hO propositioru
honnêtes.
r
ton a!l-eienne m (\re nom-.
camme qllflnd té\.a i , petite.
" On re\Twod!':l te veÎ.r ce soir en douce.
cc Si t'u.s réfl00hi, tu marr..here.' dans la combina.i.
. '( La mal1l.an
va t.e .1sa~r
(;(!,
nug()WI~U.
sen,
«. Atrkcrnent, 011 te laissera j~6neJ'
un peu· ça tlt
déeldç.ra peut-être à teaitel'.
. ,
Alloas, il rev.ir ; à ce sOIr!
--;- Ol1vre-n~us,
la mère? ot:'doJtnll la Pan tll è're.
La grosse lemme O;békt ~tls6iô,
presqu,c défé-
renLe.
Le.s deux igoobks bandits se glissèrent tranql.·lemenl hONl de lu. rouJo,He, af~ctl:L.J
t des allure
dignes.
Geneviève, livide ie terI'(l.\.Il', S<lNrrrante de _
b!C'ssure, dont le po.Asemel1t s'étuit d,'ran r '(; dans 1"
1~lte.
demeura affalée sur la chllif:e, la tête rell'-C!t'-
see en arnère, pu.ntalarue, terrorisée.
La mère Dugoureau ulIait et venait sotirnoist....
ment dans la rouloUe. sana pa.rallre prêter ,l a moi' dre attention à sa priarumière.
Cependant., su MOlIlellt où k! Fouinurd et la Pan
thère ~rlaient
prudemlI)e.n.t de l'enclos où s'érigeuit le milJerable domicile de la gl'o:;,;e femme UIfI:
viell ouvrier, très pauvNfilenl vêlu les hCUl'~
l'épaulo comme par inadvertanoc.
- Fai\es donc attention! émit le Fouinaro
un a.ir de dignité blèSilée.
.
puis
.
I,!)
'
&VllC,
EL comme l'llOlIltne balbutiait des excuses v •
VOIX pâleuse, la P u !.hère diL à
gues, d'une
Lour :
-
Ne raites pas aUentüm, mon cher, c'est
1
L'Ollvr'icr t.llubant eut un gr-oa rire II is :
jvrol~ne
- C'esL.,: tout ,de ml?mc ... Vl':,!"., lU-il, hoqnetant. Je 1-Hl1S ... pOlvre 1...
u Ell 1 djles (Jonc, les frèl'(,s ... payez pllS lll1 ••• llJ3.
,
l,~re-
la
vel'I'I) ?
m~c
,t ~ps,
il f;Ot ehait d'une main hésil:UJ e
bru::; du F oUlllnrù, loLligcarh à se l'tllAJurncl' ~
le rcgarocl' en face,
1 1,1 ! non, z,ul L .. reprit-il, t'es trop rupin ... ;
voU,J!"'l!.
pus trinquer avec moi.
ea"
Il A l'evoir ... prince 1
Puis il dCcl'ivil un zig zng rormidnbl , qui f/l',
le jete\' il Lcrre,. Lrébucha, sc l' II'!'!;' 1 pénilllt'Tr!i'nl
Quclle CUlte 1 gl'omm1'L 1 1<'011111111<1 UIllI1
. \.ont en l\'éloignunt d'un pus )lI' '&!\é, p01l1' ['i\lHWr
, Il compugnon pnrli en I1v'lIll,
TOllR deux remolllnien 1 m,tin I('nnn 1 lé courVinC(>lI~8,
dlUl6 lu diredlon de la grunde ru
I~n
I~
~:1
nl-~Iu.\d6,
1 ri VC"
Illl
croÎ$( ml'nl des acux H/i('s
llC)'Nlt il: rlloile, fl'anchu'enL une
Il!!
L1"01llllll;0 cl
1.0 J
1
pént"l/'cl'ont bientôl dWLi le coulon' !iolllb.
d'III! .. i,lit iUlIncuble, 1 mL s ulClmt'nl dl' deux tag " ('l di· p'u1Jrenl.
L'jv!"oqll\' qu'ils vaie-nL ron ontré tin in. tl nt
Irl' ,
p:\/"IVI
nl, ,{' Lcnllil /loculé, dan,. l,lit {ltJslul' COI
hl. bO\llique qui fllit If' COin Ùt' lit l'W'
l]1I" CIHtll'
'ui t-. t ndé_
L l' ql. l' dCl1:'C bllnùils furent devenus inv'
ble, , Il c retire '~
d'un ::;eul jel.
�Et. j,ml cn rajustn.nt à la hAt.e ses pauvres v6te.•. .1L. dont !p. ucsoldl'P semblail voulu, il mUrcl1!:l
i'lIjliJCl!l2nt \"('\': ln }\1T1 ;cre.
~,
ii mont rl.:n1 le tramway du Louvre, d'un
~.:'
~ùr
et le-sle .. .
fix heurcs du ~oir
alLaient sonner, lorsque John
~,'Üdy
. demeuré dehors toute la journée, réintégra
olia'mbre d'hOtel, rue Amelot li semblait de plus
. plus SOUClt3IlX.
Décidé à explorf'.r, le soir, Ul'I quartier excentri.c tt lu rc'chelche de Geneviève, il venait modiHer
trop élégante à son gré.
- ~1ise.
Comme il achevait, s'apprêtant à repll.rtir, trois
. ps r~gulièemnt
espacés retentirent à sa porte.
11 ouvrit aussitôt, sans la moindre hésitation.
Le policier Langlois, correctement vêtu, pénétra
tl/ms la pièce.
- Vous avez du nouveau 1 lui demanda aussit.ôi
Mméricain d'une voix anxieuse.
- Oui.
-- Ah 1 Vous l'avez retrouvée ,
- Qui?
- Geneviève , ...
- Vous ne pensez qu'à elle.
- Sans dou te.
- Je Je rcgretlc, patron. Mai-s la vérité m'oblige
'Vous déclarer que je n.e me suis pas occu,pé d'cIJe
l1X: seul ins Lan t.
- Alors, de q1lel nouveau parlez-vo~?
- Eh bien. voilà. J'ai Mcouvert, j'en suis pressllr, le Fouinard et la Panthère les deux asMSs de la pe.rsonne en queslion.
- Où çà ? fit vivement John Teddy.
- A Vincennes. Ils sortaient de La roulotte de
g mère du Goulot! Du moins, je préswne que ce
l bien les deu.· gre<lius.
Les lnndits sont vêtus proprement, sans doute
l' dOllller le cl~
lige, Comme ils doh'cnL craindre
ur leur,' mi:éI.l les pel'wnnes d puiil l'affaire de
r1,le SccréwlQ ct 1(' nolco! dt journaux, ils se sont
rés li Snit-~fadé,
en changeant d·allu.res.
- Comment avez-vous su tout cela '1
- En montant Ll'oi' heures li' 'cUon sur le
s, d4ms la peau d'un "icil ivro"ne.
- El que C Inplc?-vou· f re maintenant?
_ Aujourd'hui, rwn peut-Olr ; il est un peu tard.
, A moin quo \ .. grand cbef en décide nulreJZKUL.
.- Vous ul1ez J'informer?
_ Oui. Après mon dlner, j'ipai à la wandc J Ile.
Je rerai !lion rapport ct je prendl".!l 1 ~ orde~,
Ill' lTorçanl de provoquer ceux que ~
Juge Ileair !!.
- Voudrez-voll!! me pOl'mdtl'e de VOliS o.ccompar?
rd sel', patron. VOliS etes
Ils nrrl"Hlrn li ln
1nI'
•
U'l "1' '
rll '
l'ri nci p<1.1 de 'a Sareté. ils enrent avec ce fonctionnaire UI'I rapide entl'etien. Ensuilc, un 6ch"n~!
da
communications téléphoniques eut lieu enlre Lan~ois
et le domicile p3.l1.icuJier du che! de la Sùreté.
A huit heures du soir, enfin, John Teduy eL
l'iThspecteu,r sOl'taient ensemble et ~utaien
imm6diatement dana un fiacre automobile.
Langloü; glissa mystérieus ment une adresse
dans J'oreille du chauffcur.
Et la voilure p~rti
à grande \itess:.>, emportant les àeux homm€5 vers un but mystérieux.
xm
t'ARRESTATlQIf
Ce même soir, Dutert.re, a.près avoil' achevé
son dlne.r en compagnie de sa 1emme, de sa fille
et du comte de i\lontclair, avait invité ce dernier à
passer dans son c-l1binet.
Le prét.exte: une conversaüon politique, en fumant un fin havane,
Ù}s deux bomm es entrés, l'i-ndustriel ferme.
soigneusement la porte, ofrrit J'excellent oovnne
promis à son hOte, et commença:
.
ans
- Mon cher comte, vous ave-z devmé
doute que la politique n'a rien à voir entre nous.
désire simp-lernen.t vous p<:lser certaine:>
(1 Je
ques1ioDs, des plus :nlén'BsanlC'S poUT vous
t
pOUl' moi; et je VaUd prie instamment de ~oulir
bien y répondre avec la plus grn.(~e
fran('h~s.
- Je suis à vos ordres, cher a~
fit Ga:'\,on de
Monlclair surpris du début.
_ Vous devez vous douler un peu du sujet de
notre entretien '1
- Ma fo,i, r.on , j'avoue mon peu de perspica.
cilé.
- Il s'agit de ma fille Berthe.
- Ah 1 très bien.
(1 Cette dt-clarulion me met tout de suite à 1'0 se
vis-il-vis de vous.
f
- A la bonne heure, ponctua l'industriel; j'y
complais d'ailleurs.
. .
" l ~l,
]laI' suiLe, mon cher d Mtmlclrur, Je pr'u c
<{u 'il /.'.St inutile de faire de très longues phl'atl ~ .
- Oh! certainernent.
- Il ne m'u pus été dirtlcl!le de reml1rq\l.e vOll'6
galrlllt M1pr'S(~lwnt
auprl::i dc I3cJ·Lhc. IJ,llllr
purt, j'ni con~lH
'lu 'cil -mOIlle pHrnH gOI)l( r,
comme il convient, votre très agrt)uble ('umpa
gnic.
- Ccci !rH' flatte inflnimrnt.
- Oh 1 je vous en prie, pa d'Jnu1il('s 11111:\)
lilés mondaines cntre nous. Parlons simplcUl"nt
CD hOll1mc!! séri u '.
Il l.'cxpéricnre <Illt:' vous .aviez
dl il'é fair.
lIprl-s no~
POuI'p'lrl '1'8 pr 1l~!<'Irti
ct secrets 61,· cet
hiver, VOllH par IL-ello su !lis l\C1 Le 1.., Et • url4l1lL
concluflnte !...
- Allsolurnrnl.
- VOliS complez donc donner il DOS projel~
la
suile (Spéll'c?
- CI]!'tr ,
]) 1 -j' ('(lllsidt\rel', {'Jl !'f' CllR, vru.ro n()(jll Hm'Ill c()InIll
\Ille c!clIIHrl(l
H<lri IlSO, pl'Cl«IUe
o!!ldd l' '!
1"11 prncip , !lll1,
�[.?'C Rf.
~) aU
r~
d'Amour
============================
- - Ah! ces mots impliquent une restriction,
n'es l-ce pa!> ?
- P l'ul-étrc, mon cher Dulertre ; uce restricLion nécessaire.
- D:ciéc par c'p.lel motif '1
- J e vais vous J'avoue.. "d.ns déroUTe.
(( T Olit d'abord, je tiens il. établir ceci :
« rdllc 13crlbe me pl aH en t-JUS points; je serai" heureux et Datté d'obtenir sa main et d'M
faire une t.rès jolie comtesse de Montclair.
« Mais .. .
,- 11 Y a un Il mais Il, mterrompit '1Îvoement
Du
t~
Ire. C'es t-à-dire un obstacle.
- Ou;, ou plutôl une petite difficulté ... venant
de rr.ül se ul, je m'empresse de le di·r e.
Dû quel genre, cette difficu1ié '1
- Ques tion d'argent.
_ Don, vous ne trouvez pas la doL suffisante '1
- ,\ la rigueur, si, émit Gaston de Montclair,
r épl'lll a n!. une lueur d 'orgueil.
" :,; ni..-:, je vous le r&pète, la difficult.é Yient de
m on CÛ'.~
uniquement.
" .JI' s uis aux prises en ce moment avec une
s ilu ali0n un peu difficile à régler.
iJ l:S dettes?
H élas!
, - Combien?
- Trente mille francs, avoua Gasu,n de M'Elmclair , en prenant un air piteux ..
_ DigrB 1 s'exclama l'industnel devenent sou·
cieux. A t~'ois
pour cent, ça représente nelli cents
b'8ncs de revenus au moins; c'est quelque chose.
- Oui exactement neuf cents franœ.
- A ;eLirer de six mille, restent cinq mille lm
chilires ronds.
- Vous trouvez cela un peu maigre 7
- Je l'avoue, dit crê.nement Duler1.l'c.
(( Enfin, si Berthe le désire très vivement, je
passerai là-dessus.
(( Il fau t bien faire quelque chose pour le bonheur d'une enfant unique.
- 1\ (;l'ci d'uv8.D<:c, vous êles généreux comme
touj.ours, mon cher Dulerlre.
(( Pourtant, de mon cOté, je n'ai n6S abdiqué
touLe délicalesse, ni toute fierté.
- J'en suis sl1r. •
- Aussi ne voudraia-je pas vous adresser .une
demand e ofnci oLle, avant d'avoit· réglé aU mIeux
cc l :.ll'l'iéré regr e ttable et d'avoir couvert mon dé!lei !.
En nCheVllJl t, Ga.slon de MonLclo.tr prit un ail'
!lfft'IM, t.rè noble en même temps.
- Vos sCI'upules 50n,t des plus honorables, re·
pr it l'j1du
~ J.f'Îel
C<,pendlUlt &i cela devait reLarder
p. }l \r un o.s 'cz long temps l'exécution de nos pro·
jeL.'i communs, il faudrait p'eul-Olre passer outre.
- No n, je ne 1 voudrais p/1.S.
" J'ai à. cœur d'a.pporter à ma femTJl.6 une siluo.·
tion IIdtl', ulle couronne qui n'ail pas il s'incliner
dPVli III des r6clumalions de créanciers,
pIlrIvis
ins olr·nI4<;.
Il'I'1is si VOUH persistez dans celte aLtitude,
cela }Jeut nous mener loio 'l
_ .\u !oisi suis je résolu à l'entrer ~ Paris, d'ici
rlux 0 11 lI' i:; j urs.
C OJjI 1II C1 i1 , vüus allez partir 1... s'écriu Du·
tpJ'll'C' i\u1'pl'is .
JOII JOII !'!' p .1' dfolicatesse, par discrétion et
aUl ~il i pOl' néc('ssité.
Il ,J'n i Il.hllHé Mjll de votre hO!lpitl11ité,
t pellt1'1 rI' aussi cl la po.Lienc des dI1111 e..'\ ])utcrtr'ü.
il Je tiens à leur laisser, à 1vUle Berthe surtout,
ainsi qu'à vous-mrurte, le temps et le loisir <Les
libres réflexions, sa.ns pouvoir être accusé de
vaus avoir circonvenus.
- Vous êles décidé, vraiment, à ce départ?
- Toui à fait. J'aurai le regret très sincère de
VlO'l1s quitter 8Pl'ès--demain. Car si j'ai le désir et
l'espoir de pouvoir combleT mon déficit, comme je
'\<Ous l~
disais, il me faut faire certaines démal'Ohes.
- C'est bien, !IWO ch~
comle, je n'insiste plus.
L'ind'lLst:ri.cl p1'Gnonça ces mots de conclusiO!J.l
d'une voix brève, pre.sque fâchée .
Gus~on
de Montcla1r s'éta.it levé, très dign~,
un
peu froid.
Il sortit ~u
cabinet d'une allure légèrement oéremonieuse.
- Il se passe quelque chose que j'ignore, mur·
mura Du tertre, songeur.
De son c6lé le comte de Montclair, rentrant
dans l·a chamnre qu'il occupait dans la 6O~
meusc villa, depuis deux mois déjà, commen\,u de
meLtre en ordre cert.ains objets pp..J'Sûnnels.
Il ne pa..rais.sail nullement aUeclé du dépari qu'il
préparait.
En réait té, son atLitude de tout il l'MUl'e,
ain,si que l'annoIllce de son éJoignement pr.()~bain,
rés ultaient de rénexions mOries depuis plusie1ll'lJ
jou!'lS.
A vanL tie s'engager définitivemen\ da côté des
D11lel'it'e, U vou lai t se sousk'aÏre ~u
contact ineeSSll1Ü de le. ooquette Be.rtbe.
Il rompait avec l'influence du mi~eu,
afin de
voir plus dair en son esprit, en son cœur même.
Le souvenir de Geneviè .... e le hanla1l, le dominait il certaines heures amères, et l'incitait parfois à des résolutions viriles, plus nobles que tou~
ses précédents calculs a mbitieux.
S'il pouvait r&usslr à retrouvùr la belle l-ectricc,
Ù toucher 60n tune un peu ban Ln.ine, peul-ê.tre eu
fellait-il une comtesse de Monlclair.
de toules les présomplion6 accuCar, en d t ~pit
mulées, une sort.e de st'Cl'et inst!nct lui criait que
la malheureuse jeune fille n'élail pas coupable.
Or, il l'aimait très sincèrement, très profondém.ent aussi, puisqu'il souffrait de sa disparition.
El, ùt"ruis p!u~iel's
jOll!'S, analy ....1l les pénibloo événements récenl.5, aussi bien que Les atti·
tudes de !'orph line, cn touLcs circonstance::;, il
ava.it mieux compris el apprécié son caractère.
D'autre pal-t, il soupçonnait d'étl'unges choocs,
très d6.1icutes, et SUl' lesquelles son e.s'prit redoutail de s'arrater.
Donc, cn admeltant que Geneviève fût un jour
wu Mc par Sil persévérance el par son am Ill'
devenu respectueux, eUe ne oonscntirait b. luI appnrtonir que légalement. ~i
ne faiiluH aucun
doute.
après, monologuoit-U en suspendant
-- Eh b!en~
son travail de ra.ngement, je sel'ni pnuYre, voilà
lout.
• Cl
~ncore,
ne puis-je travailler, employer mon
IDt C' llig nee il. quelque emploi pussnblel.lc1lt lueI'aLif ?...
" ~l () n nom, mes reluLions mc l\crvil'uient ccr·
to in .n enl.
(~ m j'tl lH'ni tJ'()lIvl! 1 bon hrul', goù16 n ll , joies
sa m es de ceux que le\l('$ cœurs asscllIbl nt. ROur,
la. vi ! ..
(( (l'\tl'qnoi pns 7...
�~
.
=-_.-.:..-,:
74
--- ==== = ===== Rif:Jcü M d "A mour . .
,
ft
_h,'. j\)inis à
celfe h.Vl-oth ns : i·Q·u t etl
darlre fl bsd. )U", bnt ffiI:l \ ~·i-c.l(
peule aiToul c
c]rJü' 11: '
- Oh', m 'lis je I \'y 'lois p&>; je suis un (Jell
ef1comt" 'n~e,
eXIgell.nte.
- r-;on, :::i v UOl avez. VQtre eervice p:tri,~nJ(.
- - ''i mporte, 11 y 1~ une qle~tion
-e (:;u"lct
èr' ~: ,
de r :-mr a U,:es au d'o.ntipaUties rp i m ~ l'ite.Y)
COll..ldémUc,n, je VOYS 8.St<u/'e.
- Peut-~r',
fit l'industriel; !l oà.16nt ra tête
'
c nm". sïl approuvait en wi.
O:l
- Je Vf)US de/1lande donc quelques jours en~
pour l'énéch.ir, poufôuivit l'aveugle. Une décislQ'l
p t-mnt.tJfée confinerait à de la légèreté. Ce ser.'\il
imparoonnable de ma part.
u Pur OŒlséquent, je vons prie de vous ouvrir
francl~et
a votre femme et il. votre fille de votre
gêné,eux projet; comme €le mo/1 façon de l'enwsa-
GI\<:.t o
de fontressassées; il s ea était péllèlré
réfi 'xiOll::. SAge.;;,
('~s
~ ! \"ajt
peu ' P/!l1,
<..:apcndani, ses loogue hobi: des de d"'sœ uvre{w,l, d'e.:ü:;'cnee mondaine, éMgun\e, mut ile et
Cû 1::1 • C - c l~\s
l'u.rnlJ l. u, l' u p d, ~ l'e,iJrenuicnt le dC5SUS à eertainos heurefl mauvaises.
': \'Cl . 1,
L'Îlabilude est une seconde nature 1
Or, ~IJ(';
l'l':npire momentallé
ces fUD f:stes
:reyjr('mcLlIs, le IUondoin devenait un peù l' a.chiaélique.
c msidérait 8Jefs son éloignement de la demeura ~ . ' Dulerlre Gomme une habile manœuvre,
èe~L
ll/l Ü :,urexcit r
les désirs Ql'gueil!nli..'Y de
&1"
. '-'43 ~
:!:I nt a voe !ahu1' qut! l j@Jlic tille
· vlor.n il bi'lltOt 5 n ub: :l.ce,
!le l' industriel
La
ia \e de ne point reussir ' 1 )-., 6-UI" sa
~1
l:llooo<J toison l'iRe aOIL!'unne de corn t 'Ii
espérée,
t'~r
,'" stlroT
l à pouT'6uivre c, le co ronne
av c tou~e
ro.p
fiont elle Mail capul>!e,
- De t() ,\,
..on, murllllHait-iL mon depart
%t adroit: je
s te ma1tre d.c la si.lii:\iion elt me
lais nt r(>gl'I:~.
Pérultr' de la jus te-se de 6letle èern:ère appré, Linn, il se ooucha, suuri.ant, resvrii Lout' à: fait
1 n quille:
"
()f,
f\ :lrJi qu'il s'end rmQ,it à'1H1 sommeil de
'li' ,c, • ~
• n l p<l . pl'rdu t'a. 'mu'D ,d'aulr·g veilL
1· t (',
~d
â (·
~t!"c,
lIO'l
loin rl
l~,
au Ires s'occupaient nUfisi de Genvi~,
Duter·tr , nyant solliciiC de 1 Ir de LûHünl un
tl'd .cn conildcnllel, se t~nil
n ce ln
nt as'" n up re~
du lit d l'a l'llgle,
1::
t .ena' ll, disait-il cnüe hnut e bas, que
1 \.é s'améliore de jour en jour, ma. l'hère
(l1l 'j nc.
\ ('d égard, 1l0000S sommes done plcinCl11ent
H':b: maintrllont.
" J {l W le 1'lO\lei de VI Ll'e el::I't.mce tout, par'llCl! 'è , d" som
o ..... ldutl ot 3illCèl cs quc rée ' m~
trC' ùt h l
rn
je r~èi1
-- Olli, fit ~1l
' n lt~u,
OU ,
nùtfllig
.
~er.
CI Vous l\le direz ce ([!l'elles en p<,nSl'nt.
...... C'e5l enteoou, !TI.« d"lère .000 ,; i '. j" les coos'.!l_
terai l'finS r-eLe.rd.
- i\lpn.", .. Mllinte-nant, tiite::-mol , ~ ', ous aVe2
~priR
ql1êlt{u.e (h05e, tou<:.hant ,','1 n, ,, 'U l'cn ' p <1 .....
yoyëe- dClflt nous parlions tout li. l'h CiJ r,·,
- Uh biell, oui, j'ai t\ppri'3 de,,; ( ho C (lf;SC7, {ûdHluses, ')O.11t je ne VOUd ,: rv.ù~
pRs pMlé plu.- tôt,
de peur d~
vou affliger plus enCOl'e,
'- Qu'est-ce donc? tH M.lle de LaITont devel\6nt
azui.eu"e,
- Geneviève II. été vidims. d'une tentative cl'i.
jusmine.Ue, dans des circonslances mal d fin~
qu'ici,
- Oh ! [)!\llvre MfaJ'lt l... jeta l'aveugle, dans Il1t
m&!gré foot.
&lan de son affeclion, l'lo(}x\ é\ein~,
- Attuquée dans Ulle rue d0scrw, le soir m~{J1e
<le son arnvée à PariAi, .Ile a été frtt p'pée de
Ifls
lie éllutt'au, puh; dév lis~
par des rOtl
uni v.~e
par d.~
. allente, elle ~
dans un MplLul ; à Larl.bolsiMe.
-
tr
tranche,
QIle.! m,dhL!UI" l
U.!'ij ~
"!lUi
J léc
,
- En effet. V'autant plus que lia m~leur(1\t
!)j .
t'il.'lIiOIl s'ost éOlllpliquée d'une m UIlJ ère us, · I . h~
étrange,
" A la 6uiLe d'u. intero~.&
de ju.c;liœ, r JaUr
Il ""'s ugr . eurs, G eviève ",'eit év<U.Jée dt~
l'h"pi.
tILI.
-- Evad6e 1,.
de Larron( "~
t pl
solld:l mt tOllr·
(IIll.! jf' Ile :;~l
"[\;S
le
votro iftd.épen~
que molt\lè.
M i Slllnant
-
~roe"
-
Oui, h' soir, Et perl'OllDe )t'a pu retrouve/' ,
j\l~qu'a
celte h u.re,
De qui l n(':t.-\ou~
Lous ees ct lJ\ila p"-nibl
He John Tp<!dy lU1-mê~
Il \OU6 li. é TH 't
UIJ lon::ul' lettre, trèa mate, vous dcvcr.
1.; '.
j
mlln
, (1'1111 '
'·r,!.
('l ul11 rn"lIt
�l?i'fJarUté d'Amour
G<'f-
==========--=============
cc lJ;~.}
S tr, ~c
Vi)~
. 5vu!~ile
de n~
jamais c:onnntlire ces c.f'lmatés du Mrt, 'lui fra,ppent en a1VIeugias
les
j'IWtes et les nle~]I!C':rs.
- Bel\wJr, man ey.cellente arme . .
Et Dut-eru'e, pr·a'Wl., pensif, s'en Iut V6J'S sa cham-
"lIS
bre à ro-ucl'll}r. ..".,
.A.ms, ce soir-lil., 'l'indu>striel essayoarlt -de l'éparM'
le., CM1.5t'ÇUenœs, pltUl 0llI moins fllJJ1estes, des év6:aemenlss diver's dOl~t
il se troovait at'td:nt lui-même
inGireck-menL MlbiiS il 6prouvait déc.;.eptiQDS 9U.r ü.e';e:ptions.
Enooro ne poul~\-H
même soirée,
ré<pe~iQn
Oemes."
se d<mt-er q<ne, dans cette
événl'menl:s produisaient d'all'lres
phlS gra.ves enoore que les préoé-
(}6tS
.
RB eft~,
il était ~vi:U6-n
neuf henr~$,
lorsque ]a
Palltfu.ère et le FEluinard sortiront df;l l'immeu.ble de
la rne de. Srünt..Mandé, où le policier La.ngloi6 le.
avait Vlli'i dispa.mtilreJao,ns l'ti:pr$-mldi,
Us e'achminèrl~,
sans paraltre se pres<Sl"r,
vers Je COUf\\! de Vm<lenn<lS, el'l OOIit>aIlt bas, in<lifférentJs a.ux ~,
assez nombreux, qui les croisateBt. ,
,& celtte fin de jOU<l"Rhé d'un 1"8d:ie'\lX été oornmellÇ'SJil, la phllpa.rt des habi\.8.nts de Saint-Mandé
se ren.f.!.aient au bois proche, après leur diner.
Ils tlai9lllient UBe cow··Le promenade de sa.nté, puis
rentnaJent à kIoc lcgios.
Les deux bandi-La, usez bien vêtus, paISsaient
«<>D<: inaperçus paFJRi les promeneurs,
.
ayant pres-A qu.elquea ]lQ.3 derrière eux, et
que rej{>iJ.lts, dEl\1x passants parlaient à volx haute,
*
avec des accents
et nmante,
- MOJ1 vieUK, je 't'ons affirme, (taa.it l'un" .que
c't'animoal-Ib. e.st ane panlllère L...
,- Poo<.®le ! & l'alljh'e, j-e l'aurais pris pour lm
~ga:il'
Ligre; un petit, },)i611 entendu.
A<u mot If panthère h, le~s
de 141 mère Dugoul'eau. s'était "üe retoun~,
~nvoltairem,
vers
les deux paSMllts bavArds.
Ceu~'-oi
n'o.vaien! s.a.IJd doute pas remarqué ce
HlGU"ro.rJenl, CIlJ' ils oonwnl!èrent 00 oaueer bruyllJnment ode aha es
bi.~res
....., Sllr, poul'>fOuivait l'un d'eux, qu'il lui arrivera
des onoses fàclla.use.s avec sa méD.n{iea-ie, à c'i'oi.
soo,.u-là 1
- Dame, vous Oômprenez, Ioutes ces histoiru
lie rouloUe, ça rouJe 1.. ,
- Surlout qu'il n'eat pas très fouinard 1 .reprit
le pt' mier, en appuyant sur les moLs.
Ce nouveau terme vint trapper d6sagréablement.,
li son lour, les W'~les
dia .bandit qut s'uUublait
de ~e ~urnom,
l..AJi ~Hl,
s;, 6e rtltoortJ.o/.l brusquement, sane !Onse!'
Ù. ret~i
son mouvement.
G0mme son oompi'lsnoll, LI eXAmina lee deux pro-
qui lTh.'1rohüient dernllJ'e lui, d'un long
aigu, fouilleur.
Suns doute ccl examen ne lui r{wéle. rien d'insoliL , car il haU05!!a les épauloo à pluaieuxli Teprisea,
to'l~
en murmurant:
_ _ ornmes-no\l.s gourdu Iout de m6rne, de DOU'
éroilt.cr 1
_ C' s\ III fro\lSSo 1 uj<lu ta toU>l bu. ' tlt vite la
l'onlhèl'I'. Depuis q, lei ces 6ales joun : . \lX ont po.rlé
<}(O l'urrllirc Sccl'cU\n ...
Il I·cp. it plll); balll :
r: ~w
tn Il til~
vite, mon cJ ' Mienne;
JnNH"IJ1'!,l
(~I\rd
nOI .
_
ücst
["II "
Il urLw f pas
lU kl, U.PiilOU.U 1(;
prc'tS!:\-éI.<!,
Fo~ln
a rd.
Pour"
'fue je sois l'entré à dix heures, ma. femt'llC l'..ecriera pas trop.
Et comme si, en prononçant ces l'hrases }}aM"
les, les malandrins s'élaient cxrmpri.e secl'èlemegt..
ils ralenli.re-nt le pas tous deux en même temp$·.
<=eu qua les suivaient passèrent devant eux,
sans prèt.er la moindre aLtentIDn è- leurs pereo ..
nes, ni à leurs allures.
Ils continuaient leur bruyant e4'1tret1en, où del
noms d'animaux revenaient il chaque insl<mt.
Le FOUinard et la 'PantMI'e, devenus lY',nintena'l)'
les sLlÎveurs, examinèreLIt, étudièrent les aLl!itudeS.
les ~émarehs,
le langage' de ces perSQnnages,
C'étaient t'lellx indlvidus de quuranle ans enViron, très brnns de cbcvenx, portant rouLe là OOI'be;
un peu hiroB u te, vêtus simplement.
- Ça, mon poteau, c'est des fÔrams, k>ut. bêtement! gti'558 le Fouinard d'une voix ékruff'ée.
- Je le pensais aussi, approuva la Panthère. Doo.
lyr-es de ménngerie, quoi,
" Seulement, ,tout de même, y a des b8lS:aNs
étranges, et parioig rigolos !
cc Ainsi C$ types-là ont en moins de brOH! aiDU tes, prononcé des l;ermes qui nous touchent IfirectemenL.
- Ou, dl1 moins, qUi en avaient l'air.
- Je te cr()Îs : la PanLhère, le Fouinard,
la reu,·
loUe.. , !Jc ..lle la lyre, quoi !
" Y avait <ta quoi' tendre les esgtlu,rçes séïWù.Bernent.
- C'est béte, le trac 1 conclut le Fouinard, Ça.
VO'Il8 abrutit en cinq sec!
" Tiens, v'là les deux tJ1les entroo chez lé bI.&t.ro des ·itaJ.ianos!... Ils ne S'OccLLpent pas p.lufl ·fol.e,
nous que de leur première savate.
Les rOdctlofS venaient de désigner une éiroite
bouLique donl! renseIgne portait :
• AUX ENFANTS DE L'ITALIE
n
• Spécialité de Chianti et d'Asti »
La clientèle de cetLe mai<'Ol1 se composait, en ef·
fet, poUtr la majeure partie, d'ltuliunlS t.ruvn.iLLD.dH
dans une usine des ell viruns. Chcnlèle bruyante,
ncrvetlse, où souvent éclalaient de:-; bagarn: , dee
rb'es.
Les deux pro-meneurs ven-aienl de pénéker da:ns
le débit; ils s'él&ient ~id
à une lubIe rouùe, }lrè3
de l'en w'é'e.
L'un (j'eux commanda de s'u ite :
- Une bouteille d'Asti, Il'ujlIJée 1
Et le joli viII rnOllSSC'UX pétilla bientôt da.ne dl!rolJ'
coupas d'épals crisL l, presque lnCLlbsul.lle,
Les consofllma\.elufs le dégulSlèl"cut en gens qus'y connaisscllt.
PuÎ6 l'un se pellcha vers l'uutre et lua dlL à voi
basse, avec un regcll'd tl'ÎoOOl,lll1l1t :
:- Eh hien, :r~yez-vou'J
muullen.unt lj\Je je me·
SWII lromp~
? N Ill-je pas bien éventé les allinl \IX '/
- Si, ei, je m'incline, répartit 1".lIl{!rJvcul.( Itr.
.. La double expérience Cul Ù('I> plus clHlcluUlltes
Maia pourquoi les avoir verdut! Je vue?
- Soyez t,rsnquille; je 8Ilurai dam. !.rOts mlnu,
Les où ile sont b..llt$s,
Comme il al'lH'vniL, IJn homm,' vt!tu en m<lçolJ.
pénélru dans le ril'l.Jil. 11 pus"u r,n~
' dc-3 \J('ux cœl
olullJUleurs et s'éalO. toul A coup, d'un wn ~'1l
,
pris:
- Tiens, v là cc bon monsieur Jules ' quel. h
SlU"c1 ! i'.l COl ClH'ul que ça va T
�= = = === Rif:Jalité d'Amour
76 = = = = = = = = =
~
Puis, rapidement, il glissa, dal16 un soufflc :
sont au llid !
- Ça y est, les oi.~aux
- Prenez donc un velTe, mon vicux Charlot, nf'OSla hautement celui il. qui plus purliculièrem'mt
a venait de s'adresse!.
- C'est pas de re{us... A voLre santé, messeum 1
Et le nouveau venu vida d'un seul trait la coupe
l'6Dlplie de joli vin Ùuré.
- Nous y allons, dans cinq minutes, lui dit
alors celui des èellX cOD:,;ommateurs qui, seul jusqu'ici avait parlé.
Le maçon souleva poliment sa casquette et sortit aussitôt do débJt, en criant :
- A voua revoir, monsieur Jules, et merci 1
Cependant le Fouinard et la Panthère étaient arrivés près de la roulotte de la mère Dugoureau.
Avant de pénétrer dans l'enclos, ils jetèrent de
longs regards scrutateurs aux alentoul's.
n ien de su pect ; le cours de Vincennes sem.l1iait
il ~u
près dé ert maintenant.
-- Marchons, dit tout bas le Fouinard.
Ils grimpèrent sans bruit les degrés de bois 'erllIoulus et frappèrent trois coups espacés à la parle
4iu logis roulant.
L'huis, ent.re-bD.i1lé prudemment, montre. l'intérieur éclairé par une lampe à pétrole.
Lef' devx malandrins s'introdui irent, rekrmbcent la porte à clé derrièrc eux.
Gcne\'iève, débAillo nnée, mais les chevilles et tes
poignets enoore ligotés, lomnolait, affaissée de fatigue e-t de soulTro.n.œ, sur une chaise bas::;.c dmls Le
f<1Ild du ta.udis.
En voyanl en!.re.r 800 peJ\Slécu teurs , e1Je redl'œsa
vivement la tét.e anxieuse.
- Eh bien, lui demenJa le Fouinard en flcnn'tlnl
grossièrement, as-tu réfléchi, la mOme 1 En us-t\l
assez des ficelles 1...
L'orplK'line nc rc" pondit " . Mal son l' ~!1rd
profond el ardent sUI've!Jlail avc(: une exlrOme atten.tion les moindret> mouvements des deux ban.dits.
- B 11 quoi, r6pw t<w'ihS-\u? jt'ta ln mèl'e ll.,goll:reau, agocée d.c (:>e mllt ne dOcDII i'rlmtl
- Tu n'y 115 donc pas CIHII:l6, l' ntl:I'~?
d IlwJlda
MI. Fnnth re, surp~.
le T'aurais dO lui faire entendre raison à c'le belle
C 1111' ...
- BILst! c'est un" mijnurue ; eH (nit l:lU Hèr , 011
De r 'lit
. lu,i nrrach rUile peu'olr du v'l1l['('.
- Alors, madame veut nOlis fâcher tout à frut ?
81'( l'! Ir· FOlll Il,'1 l'fI d'llll Ion !Tl n.ll'dn t.
Il Va don
f.1,lIni r rmploj'('r 1 s gralld' mn) cn
pour t~ déro JiUI'!" ln langulJ 1
- l'l1rh'lI! Ill! lilitln 1 1 nntl" 1 , IUlir tir.
r mil , n'y n qu'un )'lltèUIl d Il JI. C
t 1 ~ llIillTlln 1
l ~. Slt1r~
- Pourtnnl, r prit l,' l' ouin'ml s· 1IH1 l'i lIul
ao " c' t r){11 gr Hl 1l"dH> ( Cju' ri lui d Il Hl ••••
fieu Il/'nl un tll"l/It d'l' ril pOlir Clvoir cl Il\" r IHot';
rie c('1l1 ln 1 ; pn nn C'(lrlls cl fi ilS,
• Voyons, la mt'lme, lu !crais miel) de t clécid r,
Tlfi r[lÎl
d chic h '?
.. nl! Ilu'on nuru Pllll)é III 'yonn ' galette, on te ren ·
d L kt !.J I 11,\ 1
~.!l
piero La seule chose que je veuine de vous, c'es,t I.e
ru'oit de m'en .aJ.ler, sans [~ire
d'et;c:l ndre.
ben, non, cria le F()uinarù, elld i~ré
de la
- I~h
résist.rulce de sa. prisonnière.. Non, Lit nt< 1 L11 Iras
PM avant d'avoir oa.<;qué 1
(( Et, comme dit mon poLeau, je y 9 eillpl()yel' les
grand nlOyc.ns ; pui.squé tu ne veux jJUS c: 'dt! !" utl 'ment.
En achtlvant, il s'avança ~1r
Geneviève. l'air m&ooçanl, le bras levé, prêt à II"UW"l·.
La paOVTC fil1c ptLlit d'effroi. Uu cri ppl:rdu jaillit
involonLaircment de ses lèvres, ellt' ha .>'&1 ~fl t6te
instincliven ont, peureuse, U'OlIWan~,
allt:nùanl ~
coup.
instant préciB, lia porte te la r{)ul(}I~
ful
A c~
àeurtée rua meÏll
- Hei:n 1 qu'€ISIt-ce <)'Qe c'est '1... glafJit lia. mère
Dugon.reau, soucloa,i.n intePloq-uée.
La Panthère, lui aussi, parut vivement impressionné. Il lOUITUl la L~te
\"fll
la pur te, ],cs SOUI"Cl!S
1rcm.coo, le regrurd trouble, sour.iI O' .
Quant au Fouin:fU~,
son bras 1 v~,
prêt il frHJlpLr
3d. prisonnière, élaiL reloj.(
~ nwL..·OlC'nt dans le
vide. En même W!JTI 1'5, n se rcctLillt IIJuchiw.ù.L.WNJ l,
comme ap ré.
On frappa èe nouveau, plus rud 'nrnl cr1l~
rois.
Les dC'Ux bandits et Lu. nu:~èI
'e
d evIn lent 1!l~IO
biles iœtant.an6rne-nt; ils de.no l'èf'ellt intI :-(~l.
4'OITlme figés sur p!Jac p<U"' une t.errtJlur i J>stl!c
" t~ .
Un silence Lou.rd plalla, troublé scult: ne lit p, r
leurs souffles oppressés.
. .
l:Jlle voix reLenlit du dehOl • forbe, au(ontml'O;
- Au nom lie la loi, OUVl'ev. 1
.
- Ça y esl, nous SOlllllles [dit.! 1 gém~t
la PW1t~
!1evcnQl1t blêmé.
- Pas ncore, gl.is$a le FOlYn, .
.,
Et, le plus doucement po. s:l>lc, il OU"Tll Inn e d'~s
petites fenêtres de lu roulotte.
:
Ell même tCll.'P , il orJoIlllult tout bM il la 1 he
Du "OlU'l'au :
- S urne 1 lampe 1
La vici.lk fClTllll obéit, sans mM1e
:nj'rI de
C()I'l1 pr ndr" .
~luX
de la
.\'1ais au même in tanl, les deuX \:ant
pnrtc sllulèr'Cnt bru qu llent SOUti une jNlI ('t! vio·
lente.
~.Je
qu'il
ITI'
nnnd/'
.. J nI' ronnals per onTle qui
l'nT grnt.
" J,' rüll llN, l' n
vou
III
'rn
1 lu.
d
1111 f'
1 U !fi
1
1
00
~ .l
i~t\lI
0
t' fil
r or-
�=
=Tl~
-
Allons, !Je Fouloan l et la P anthère, descandez.
p ZlS de résistance, hein, sans ça les rlg61&s von l parler.
Pfficw,:, lj yjdes de peur, les daux maJandrm-s franchirent aba.cun à leur tou r la petite porte. CueiUi'S
aussitôt par des bras v igoureux, ils sentirent les
~
riolct.s
poJiet<.>rs serr er leur poignet.s.
- EIl1lI11(mez ftU.ss.i la vieille! com.man<l6 le cbef
4l.e l' e1rpédil~n
. J
Et } ~r'.>q1
e 1a ïOl)WJUe fu,t débarrassée de ~
dan·
g e ~' eux
hnbiLo.n!:s, .Las deux hommes s'approcbOO-eJlt
Ele G ~ I H~ ' ·:i è \ ,:! .
- Gem m ent, s'ex.a.lama l'un d'e'lIX< très &UJ1lrÏS,
elle est Hg tée 1...
- Qu 'eske que cela signifi e, murmurlll J'autre,
d~v
enut
t0u t Ù oou'p porplexi'.
AussiL6t il débarrassa l 'or:pheline de ses liens,
tout en !ID clisa&t :
- Je ne vans arrête pas, mademois elle, comme
j'aurais le drroi! de 1e faire si cela me plflit'oail.
(( Cependant vous r eslerez à la disposilio. de la
jnstiœ.
~
(( Ava10ll d'E:mploy~
vis-à-vis d e vous des mesures
de rigueur, nOlis avons beso in, monsieur et mot il désigna w n compagn<l.!j - d'avoir u n en i ro ~ ~ l
tout pa.rtic'UIiJer a-..ec VOllS.
(( V ~ u il ez ro ter ici un instant, tandis qa.e je ",a;is
doniO (>l' quP.lllf'le!3 ClK'Qd'ICI
ind
j f'jIJC
n sa b l~
.
répartit si.mplemen1. Gellil- Bien , m onsieur,
.
viève, j' a.t lieru:J.rm.
_ Venez-""oU6, j>ntr0n? re;prit le ohef de eeUe
, c'est-à-dire l'inssingulière expédition ~ oc tu rne
p ec~(':nr
princIpal 1.-a , /lgJ.o
~ .
En Ull!l1'le kmp8, il en tralna son compagnon nu
Et StlJrtou t
dehol's.
En has, dm -.; l'endos, si~
n,gents en bouIrgeoia
~ n~i{J[lt
les é "": bandlts et la grosse fem me
maint
\J'fI' (~c:,.
m~
les homo
_ C -ux-k'!, fl t Langlois , en d é8'Ï~nt
, 11'111' araire ('st clai re !
Il
Lc crime dl' la ru c
seerotB.n,
le vol, le vaga.bnn-
oogo npeclal. Tout ça, c'est mllr pour
vell "
Il
«
La Nou·
1
LeJs mnlnndnns tressaillirent, devinreni tre.mbli/lnl.s f.t livd(~.
- Il lf .oC TTlII l ,u ... La mOme Chir.hi, pour suivit Lflln·
glo's, T'al"" lll', IIllli.', on Ln fera .s l) r~mc
n~
è. La bn.rrièr <l'u Cor " h·ll. Ce 1 lb. sa galt'ne, n os l-ce pM
FoutU/LNl, llHlTl bl' l ami 1...
_
1 Imr.e qll'il ~
tIn. igné, le flic, gromme-Ja lu
PWln tltt:>r n 1 1l' 1' r~ .
- 0111 nlo n 'm'Yon, jl) nis tout 1
f>lli J' IT l'l'dl'ur pr'În('ipn.1 sC lourna vers la mllre
])111-( Il r HU :
_ D \l X mol.'!, li vi 111t, a v. nt dr l' r nvoyl'I' Il
dépO fi" !'" II Il li ('1 . li aimnhle pou'nu .
ft (lu !
. 1 ln JI'III1
11('/'51 11111{' nllnc hl:c I,à.hau t '
_ ,1
fUit. "J"ptl\, l'Cpd.lllt La IIIl"'i'rc ll.V Il
8.p1cunh.
-
(1 1 11('\ 1 \' f' ï.1I i 11(1' ,
'1
\ Ç/
,
1\
,1 Il"'' 1 1.\ t '
r 1 1 Ir 1(0 III r
1\ l il Il
, ,tt
l~
Il 1
1
Il
r.onfilUlcc.
" l'l'lit NIf' nI" m'a\' Z·
-
1'('/1 t.
!
1 1.
III
.J, l"P7. \mll
011 11/\ 'II gl ( 1
1
nJorn?
- De ' fois, oni, on se conn<J.issait ... , répartit la
vieil le d' un a ir vi siblement embarrassé.
- AllOll S, la vérité? ordonna l"i nS}pecteur. Sans
ça, ton cas s 'a .gbTI'
~1Ve.
Ln. m6gère baissa d' abord la tête, sans r épondre.
- Ben q uoi, fit la Panthère , tu peux ja spiner, la
~e
. Ce qu'on te demande, c'est pas si compro·
~
aaettoant.
La rr,ère Dugoureau redressa un peu la téte, regarda longuement son miséooble fils, om~
pour
~\Iger
de sa sincérité.
Enfin, elle avoua:
- Non, tout ça c'est de La blague, du blufCage,
~me
on dit dans le mond e.
J'ai pas revu la gosse de puis quatorze ans qu'elle
s'éta it sauvée un soir.
Et le Fouina rd ni la Panthère ne l'avaient jama is
V\le, avant le jour d'aujourd'hui; v'là la vrai e
vérité !
- Sauf rue Seorétoan, rectifia Langlois.
- Ah ! ça, je sais pas, c'es t autre ch<lse, c'est
pas mes affaires!
- Bon, assez causé. Of' éclair
ci !'~
..
Puù;; après quelq ues secondes de silence réfléchi.
Langlois ordonna aux agents :
- Allez, en 1'O\\te pour le DépOt, les enfants.
J'y arriverai probabl ement en même temps que
vous .
Les policiers enlratnèren t au ssitOt leurs prisonnier s vers des fiacres sta lionn('S à peu ùe di stance.
L'inspecteur et son com pagnon remontèrent alors,
SOJJs hâte, dan s la r ou Jotl e.
Genevièv e, pille et grave, les attendait, impatien te de savoir quel sort lui éla: t réservé.
- Ma in tenant, cau sans, cammcnça Lang1lois.
Puis il offrit un siège à son mys térieux compagnO:ft e t en pri t un pour lui-nième.
- Heureusement nous ne sommes que trois, dilil en r iant, sans cela le quatrième resleroit debout
Quel taudis L..
Pu is se retournant vers son compagnon, il reprit
plus sérieux :
.- Voulez-vou8 interroger vous-même .,
on, non; d\l moins pas maintenant, répondit
rTnconnu .
ct COllll tl rnc('z, vo ns en n vez J'h ab itud e, ~ t , d'ail·
le urs , c'esl votre droit, surtout en ce moment.
- Alerci , fit l'inspecteur, nvec une légè re inCH'
n a i o n de tHe.
Il sc tou rna ven Geneviève, la fixan t d' un regard
p,·'né lrunt.
- 'nY0'Il6, N'prit-il, sun. lrop de r udesse , jn
",('IL ' llgir loyale.Ill nt avec VOliS, ttfin de vous in(~
ter ft en !turc nulunt, et pour pr\.lvoquer toute votre
rnrlrm('nt long,
'011.'1
" r .eot 111 •
En effet, répllqutL l'orph Ime, nns
~moi
n(!)J1fi
- Eh bwn, j r . nis Firn,Jn, l'e:l'-p" lido va!(!1 rle
II IllI h rr rll' mil 1"1' .I .. lln II dlly .le ni. en l'tn it('1
l"d .gl lllS , III
SI" ,
IH'cl 'ur
pOli 'l
" 1 du
crvice rlc lu
�- 1) Il'
' Ll\r~tùe
t
';1"1;,
!J ( !lL-~t
d ' 0 ~H:
l ~o UJ
prol~i:;e
dÛ.lirut,ve'ml nt,
r e,
-- f'ou l.(i. < t!ll t'.1;; ~,' " : lineUe de La Ferlé-sous~
Jou arre '?
- Oui, mOIJ:>ieur; ~ uisqn
e l'on s'ob.::tine à. me
:.roj!'e cOtipcl>le,
~ . M.als laissons de cOt.ë.,
- On :~ cl'Oim't fi ITl.(}in
[\OHr le mom en, ce p<>:nt' cependant impo.rtant.
El uc;dop c:
m
{:i
hod
i qu
~ m
t.
Dit es-nous peurqlWi, le soir de v~tre
arrivée à
l):l r i.s., u p l'ès volre I.o.iLe de la viRa Du1erlre, VOUIS
\ us t! t: 'Z r endue dans les dangereux p{lTagee fré@cnti· pa.r le Fouinard, , la Poanlbère eL autres rOH
~ '?
Sans dout.e, vous connaissie?; us deux hommes,
t"uL au moin.' la Pant.hèra, pUiiqu'iJ est le (jJ.s de
1•• ll e ;emme qui prétend vous avoir élevée jadis,
- . 'on , Inonsieur" je n.e oonoo.i.s.sai,., ni l'un ni
l'a ntre de ces miSoéntblea,
du der- Vous ne p IiV!ez ignorer l'~x:i.stefc
:l~
ur:
Il
- ' r c''Pc wb nt.
. :' u"ez-voli ' pas véeu près de lui durant votre
lorsque V&IlS babitiu le COtll"S de Vin-
Jll !' sse,
.. 1
?
- , 'on, monsieu;r. A cette époque, la Iflère Du!;,()url.'liu n'avwt pas son fils avee elle, J'ignoralii
/orn e qu'elle eo eOt un.
1
- D<1 n, a<lmeltons-Ie, provisoirement.
« :~IlU
alors que veniez-vous (/lire ehez cè'f , ~
élffi m e.. , Comment l'avez-vollS retrouvée, après
. d d'armées écoldée8?
- Je l'ai ch erchée, en me reMeignant dan. le
l, Jar(ier, chez des comer~n18,
(1 Et j'étais venue pou r obtooJr d'elle qu4ell e TOUlM bien me r endre des lettres et une pootographie.
Je $ava.i.s que ce. obje~
proveoaienl d Illon père,
ï.avais eu l'ocoasion de 'les V' ir nul rc-I4Ii.s,
(1 Je fus II.lom vic.U~
de cette femme et de 5 li
eux &colyt.es, l~
voudaient obtenir de moi, mOrne
pDr la vi lence, 'Ille j' p.I;riv ~ , li t'ThI' 1) 1', ol m ,
j'~ilICr8
iIU'Onnue, m:us <rI " pO'l'lllt-il, était vrnll
y a trois jours., s'enquérir dp. mon paSi:lé el yé1Ï1l"r, pour amai dir" mon
11Iltné,
- Tout ceci paralt 6ssez
1I.et et IOJ't plaudble,
rerrl'lr(IU6 Lan~
o'5
, h ' Ilpé
r l' ccenL de Impie
' n l~ l' l l é
de Geo VI ' C,
- Gc. tau. 1 mon ov L'i, uppnya l'in('()nnu.
.. Ûln('ours de cir~os
anCf'S u1.r&ordinaires, aol L,
m... i UI l,h~
' adt ws
CS.
L'in.: Il :tcur dé police t't'ln'il; en dtrdnnt sur
;,orpli(,) int> lin Ion N", rd al 11 :
VI11I1I savez exa.ctteuenl quelle ac.cusation pèse
Il' V ()I I ~ l
- Il,\I II!I 1 0111, M(m ur, je 1e S1118 W'o'p,
- Oeil char~tes
accablAntes ont été reLv~
vérf{:C8,
Il
,\
tll villll 11111 rt \
Il tl onn ~ il
( Il l !;
,r
" t)1l n, l, ,:
~
!l'le von pr(. pn ri r ? (01 • r!'vil'z
Wll o' /11(' 1111' tl III mruad , on a tI"collveM d(l l'olro-
iJl('; Il'' ;
. -
ln vlnll'f1t., y ua 1 ;&JAVeL
J'III "l'pr18 lA.7Ul cela, , Ina grand
Lu (l' faction.
- 01. l'our 1 u\
:ri.rrlf' ~)U
\ 1l.1l
" t . d ., 1. IIv •
Jus fi! Il ,ml
U
don ol!ol\
-"1
IUt
1
et doulou-
1 :Im~
cr.t,~
don.ation ne> det'.:alt aro
~r
d'c"ct
q u'après la rr.ort de votre b ienfaif.l'icc,
(I])~
!ors., q,lo i d'eoxtraolodi:Iw':l'ç b. œ \, " trl:il
pll.\!Vre, sans fami.lle, sans espérara.Cf\·S quekonq'ue",
vous eus!!i.ez été éblouie par ce~t
perspect ivü de
devenir presque riel<te, ell IIAlQBt la mort fie la
généreuse dona~ri-ce?
- Tout ceci l!eNliL i'n1âmQ 1 articule. '!lieUe lent
GellevièYe, rnalgI'é 6ClR trouble a,ppllI'en1., si e
n 'était 'nsensé,
Langlois }Xlursu,ivit, impassi ble:
- D'autre part, vous av iez rêvé de W-ll S f,l!l'e
épouser par v()Lre ami ù't>uf nG? 11. Ju-rques Cl l'nier, un garçon cha.m lruat, daat l'avenir parli\lt
devoÎ.r Qtre superbe,
(( Sa situation eJOt déjà t.l'às brillan te d' aillClH'8 ,
li Et vous aviez plusieurs loi s expr im é! è ÀL: J ut;?
Laffont, vos craintes de ne pouvoir parven ir à VQf;
§n.s, jus~emnt
à cause de V$tr pauvreté ,
- J'avais le sentiment de mon inféri Orit é,
- Par suite, il a'RJ)aralt évident que v i VjlW~
.n t
cMs ireu e (je }Xluv'Oir apporter à roh'oC !lancé lHlB
8ii.ll' lc de ..101, vous a}'ez conçu l'idôe fl llh!bte ,rvo us a. ,poroprier nu plus Lôt la donation q ll J dov t
vous clll'khir?
- Tout cec', Monsieur, SoCmsle logiqllem6!ot ~é
d ' l, il. pr ~ lI i(}) 'e . . . ue, ,'épl'iq ua OrH:t "(;V\;'
Il Poul'lan t tont (<I;5 l Ca ux, arum-faux 1 a.c.uQ.vu-l,
elkl d'un acœnt i:ru'ligné,
- Alors a:ourquoi V()U! êtes-vous e'I1Iuie, CO/Jlllle
ue v~ritàble
crin.ineUe, de la villa Oule/Ire?
- Ah ! pourquoi, IJOurquoi1... répéta l'o rplllÙine,
émue, plUIe de révolte eL de colère contenue.
« PôU'c.' q ue j'avUL,; :surprlll le sec!' t Jet; ' uul'ftlltS
&lr moi, de la su.rvei!lanC'e uont j'éhi:qui p~ienL
l'objet Parce que je me sootais entourée d'c.nn •.
mis, d'accus.a(eurs. ..
« ,\111. Dlcn(rulrlcc eUe-même, circon vellile pl r
toU A, &'llI bllùt couvaiJlcu de ma cuJpulJLlllû.
- Certes.
- AJ()!" , j'ru perde la tête, j'~i
eu peur d'être
arrêtée, ct' êtro oondall JlI('e il la prLSon.
- Evidcmment, le chAlllnent est inéVItable,
Ail ..., 1. d É:Jtl. r '!' !lIrp l! ~()10.'I
...H.ll ll' lil I> l'
l'nbscn 'c de nOUve ~('s
de c lUI que J aUllc s i ard
m'Id, (lir _i que sun excell clIlc mèrc, j' 111
uis
&enlie luut à c up abomJollnée de tous, n ' poli }' ,
p rUile :r.<lIL1t roL~
da.n..q J'1~prit
~t 10
ou 'ur do tous t ux I~ur
qUI Je proIe .ul:; de l',
tilll " ÙU NI
el, de 1'~lIocLn,
ct meUle de
J' 11.111011 r 1...
CI Et j l' VOU
le rl'pl\tl', j'ai perdu la lNe.
JlI02 't!1r:1I ,Cil l,
CI
,\I flll " o dt!
dO lill-U f, dl"'i l l' I"" f'l'l',
j'ni
(' l ' "
pl'l1Ivoir
di [llIrultl , rchn.II " 'T Il III honle! b. In r lJn l! t~ dORt
j'UItIWI ~lre
influllllJloHlt'nt La Victime, J'ai mérlle
6Q1'g' Il. 1I101llïr l
,
fi .\1I ! \1 <Hl . j '\Ir,
IIll g l'l il la r/llbl ' :0; P lTloraJt
1'1111
j 1'11 Il. OUc d' villgl UIlS, pauv!'e, ~ dl . /lppui,
Bill , fill u tte, Cil lulll' UVI
' ~ des gl
~ /'Idl'H, w.
nlwnt , u~
'IÙé6 à 1 I:Ull,,'Ulll'er cornIlle UIlI' u'irniIle l c !
" ~ l lJi,
un. c.rill;un,\ll 1... Ah J c'cst Odil ' IIX, ho,r
rillll' 1. ..
I ,n voix de G Iluviôve tremblait en pronollÇIQll l
100 dP1'1 1, 1'1 fi mol •
1>1 '5 111111,(', li / l' r, nt à c. longs ci h;, r /1 1t1ilN'!1l 1
RUt
('
jOUI'! ,1 o.lll ,
t II l1 g1(1
I! (';,
!Ille
li
\ l'l'
li 111'
°
cl 'JIll um rllll rl 1111 in tn n t. l' " rlll1În-a.nt
u tt, 1 Il "llI luml,:, chll't:I1l!l1 1 111 1 lflÙicc
\
�=~IM4
C Jui t'f1li
1'Iis~ta.
très atlentif à éLudi~T
panai:sfJisit ému, lu.i a;w.ssi,
ï.I ~ ~
~t
l'~m.nei
- Snvee-V'Ous qtn éiai{ votre père et ee qll'ii ~t
(le';eJ1;j'? dem<lnda t'out à co-up l'inspecteur.
- 'J'ul, ),lQm·,i<JUl'. Je sais qu'il. se nommait OlarLes GldJo1. li l'ésidatl &JI J.D.P6J1., m'a-t-on dit et il
y est mwt 1
" Ah ! s'il ....'v~it
elloore, s'il avait po sav04r quels
l'l'éwrs de tendl'esse je h1i gard tliis, m.eJgré oon
abandon cruel d·aut.""2kJ.i8, il serait aCCfJaru sans
daube. il m'aurait déJ.enèue, soutenue 1
- Ainsi., VElUS VOtlS pr~endz
LoUj6 rs
imlo-'ente?
-Geneviève se dressa d'un bond, en d~pit
de la
'ouITrance que lui infligeJ/i..Ît ::.a bleStSure mal soignée.
- Ou,i, oui, je jure, s'écria-t-elle véhémente el
-·o'cm.cllo, je jure SU!r La mémoire sacrée de mon
r: 'l'" ·~(']&tcmenl
pl~I!-ré,
sur mon amour int'leslructib1e pour Jacques Garnier. je jure que je 4mB
Lnn'Ûcell\.e 1
1 1 l loccnle, innocente, am.!cndez-vous 1...
u : Il ! rcgaI'dcr.-moi dom:, VDU.S verrez bie1l <f1ie
je l1C m~ns
pas, que toute mol!. âme se revoltil con11'0 Ulle pareilla QœllGatÎ(JR l. .
(1 I.I11i, je \'ou~
le :tie de te'l2ies les f.~ej
de mon
èLl'c, jJ SU~
innocente 1...
U ];)!'b1.squement abatme pl1r kL vioiel1(;e de l'émoli~
, pur J'excès de s.a ~git.1rul
cOlèTe, l'orp'heline
sc lais.s.a l'etQ1'llbor lour-col'1'.rmt su r SQIl siège, lell
o[lu\/I~
secouées de !H';RgtO!-S oo1!wls:ls.
.\\{ m()mi instant, !ou JnI'-S~
rieux compa,glloon de
b,trhe, se dé.08uvrit,
La:llf;lloisunacl)D. &,. ~Hlti.C
plllis
e drossa devant la jClt:tC fllle.
- Ik.g..utlez;11<M, fit-il, kellililant lui a ~
J'l11'J.
trlioi .'( cret.
- Mons'eur Teddy 1... Il' xdn.rna Gene 'iève stupéf~\it('
.
L'.6,m(c'i{'..nin, J'1 ,Ill'-,IC mn~qué
1...
LI1 bien, non, je ne sui:i pas Te<k1y, I+ptn'm
ribf'OUTIU d'une voix treu,blan1.e. Je suis OHlrlo8
GuiJaol!...
.
Cl1nr... Charles Guillot 1.. , Vous... , vous ...•
bl'''; J 1 l'ol'phrline, livide, l'nir égaré, les mains
f'['wjli'CS el l{'n<lucti CIl avant.
- (lu i, Chu rl s Guillot, \.on père, mon en.f.t:Ilt 1
hl/papa ... pa..•
bl h pUlIvl'e fi.lle, le'I'NllllSée par l'iT~ré
11 de
('II<J ('/{'dnrulion, se renversa en arrièI , panteL
(J/'iv(o de t'onnaiI!8Iln(:e.
Lh rlf'!I (;uill{11 e pl' ci pila, l'entour' U IlfJ&
1.>/ 16, IH I·clevoD. doue '1I1"nt, bllisn son ll'out
• , (.) r hc\cux A plu. iCUlll n'pris ~.
,Il fdle .. , I/,~
111le 1 balhuliait-il &p'nJu.
L '} ~i()
éludlttiL IQujoul l'. alLtudo~
de G~neLI "
MM OŒ'Ul'.ln J crie! Gell ~vièYe
est pUl'e et digne
de Lou s les re.srJ&;ts.
- Ma Ni, je carnmence à le crf)irc trl>l-l 'mn~e
ment, nfl1l'ma 1'i!lSpcctcmr, en hoc]wni la ~tc.
Mais alt'Jrs. J~u.rsiv1-l,
p.a.rple:e el 'Olfl: 6
ahu.!'i., ~ n'y ot)lll.l'renns plus rle~,
~I
tu wut1
Où oouoher 18 e&lI.paJWe, ee.mmellt le déc-...
1'.olltes las bases llOUS ID.a.Rqaent; tout s'écrouiè !, ..
Raioonnablement, on '1'1e pent SO'U ç<Huler <'1Jc\tI;'.
.des Dute"tr-e. ils sont tl'0p lIiches. Et prul! !l(UI,
non; rien ne justifierait un p.areill acte de leur pa~',
Al{)['S qui? Le C0U1,te àt1 Monk:1air. qui jus~Bld;:
a .. Ù qui Uer la v1L~a
depui.e bier?
- Oh! p~s
da-v31~:e,
tH GbM'.los 6~ilwt.
Cc
mondai.n l~ge.r
ost pro.fo!\démwt hon~lte,
j'en suia
convninell. O'aille1.lrs. il l!' aurait auclUl m-o»we
plausible, anCtlli inlé'l'êt.
n~
doute. Restent}es domeStqu~8
? ..
- Je ne t:rois J_o.s.
- A.h ! j'y peni-s a'.on latin 1 jeta Ull'g: ?s, i'arieux (XJDtre lui-même et ~'nLr-e
}es évél'\c 0<;tS.
IGenoviève, dont les la.rm.es se s~hil.cü
p 1 &
:
peu, inlcI'vinL douc~nm
- Monsieur La:ng1.ois, dü-elle, croyez-vot15 qu'g
me scr it possible de rentrer à la nua. Outerl'~
P€ul-èlz-e, :\l].de~61
Mais quel ~erai4;
voLTe but dans ce cas ?
le coupaltJe.
- Rullel\.i.er mol-.Dj~e
u--....,
VQus'?
C611JlJllllnt v.us '1 pr.e~3
Jtl Jl.Q ~a:5
oocn-re.
PolJl t-8nt si j'Huis sm' les lieux, g.ans que ma
iperSQ.IM'l'ili!é t'oit l'OC01UlOO, j~ pJ'CS5CllI3 que j~ (XIr-
-
vie.udJ'(1ts à découvre la vw!:W.
- Dast ! VOliS i;HiC'Z d(fft( plus lwibite que f'IIlQi?
u Après tout, c'·t bien poos.i.bJ0; les fem~
sont
si lllS cs, si Meil! Ell
no~s
en remoli'f~).nt
<lu:: Jois 1
u Eh bie'O., nous trouy ro.n-s I.e\lt-être un Dleyon,
si VOliS voulez voua fl'Ji~r
aux ciraoo 'lancc!;.
ct Nous en C~1.SUOna
ce s~ir
tons les troil;, sl
M. (;lIllIol le v ul \.li.. ,),J'. ir ft. , '1 1 j,'
sorllJ pas!é à la préfcclve peur faire mon r4q)pf.t i.
el éCr<JlIcr met! jU·i.... OnDlliI' •.
En achevant, le poljcirT S ~cv
,
~us
g.ugnerons «hl
- Parl.on. de .uile, r.~,
Lern,pa.
Puis ee tClUrnant à .DO :wall ve.r:a CI 'les Gu.i..lJot,
il ~jol.ta
:
- Où VOUII relouv~a!·
lier m nsieur?
flOleJ du Chnnl}lli-}J;!j Sll05, fi' jo vai me
~n!'lr
ll'lcr' iTlll {,fJ,:l('1I} ~ a.vec 'Ma tm
1'['11, fOU., quel no.u?
- .It lm T, !Illy, j1l!i'lU'à, nouv l ilro
- Parfail, Cil l'OU Le 1
TffiC7., pl en 1. Il,on br",s, m oom iseMe G~ne
VI \'e, (~nli1a
LllIlglois flcv'n nt tl~r\I'C.
Et
vell "Ut 1. agI'!' (1' di'jà LUlIt.6 u:l'l B ex 'If
1"{,ltièr~
e' ln~
pluk1llde!\, pour 1
gl'Otl i l'C Il1~prih('.
- Ah 1 1I(ln~ic'u
r, J ~uis
trop ~e
eur.e pour Ile
1
pas "(lUS purd(JIlltt'r v
. liS...
Cio<1 Trlinlllt'$ plu 1 1'1 , r~ tla.cr"e6 ute lo.Hel!!
at1\illlll11 IOllle Vllt't;s.o I~'
'url'lil.
.n,~
.. 'nuit (1ou FI (& 1t"t ,.t s .
\1111'1111, l'IIut/; •• 1 ri t lOm i "L
el'li ln pl tif 'lulC ,le l li 'Il.
John Tt:u<lv l'II Il If tJ
1 C" 'il 'lW1I, n
1 lu ( 111' Ij 1 '~;!1/{S
in 1 J l4!
Amelot : l
d'y l'l'!,! nrli 8,!.II 11.14: f
L'un
la ru~
cÎiP Il
't pn
l 'I>sible, Il PV"yll Chart"l'IOC(lH Le, j'eu suis SÙl' 1
Une 1 Cl~'
~l'.àa
atm t61 ij,.'l
ÙI1
Il'nrIII JIII
de ViQ-.
�80
=
œnnes,
j.J
C>r
ChrulipS~ysée,
'= ========= = = = ==::-=====
g'illstttlila it u vec <-u fille li. l'llDtel <les
où il avait donné rud&z-vous à
L~i,s
XIV
L 'niPOISONNI:USE
,D uimre pénétra dans le salon de aa vma, paraissant vivement préoccupé.
Sa femme et sa fille, prévenues à l'a.vence, en tr è-
rent sur ses pas, avec des allures maU:iSSades.
- Encore une conférence, sans doute, fit Berthe,
l€!gèrement ironique pour les façons Ul\ peu solennel!es de son père.
- Non, pas abwlurn en l, répartit ce dernier. Il
s'agit d'@ enlretiea seulement. Mais il peut deveni:- Î1npor1ant, par :suiLe des OODUIlurucations q ue
je vals YOUS faire.
- :-.l'ous écouto(]s, dit Mme Dntertre, en s'asseyant d'un air laa, oomme résignée d'avance à
subir l'ennui d'avoir à trailoer d.es question.s sé·
rieuses .
L'industriel ne parut pas remarquer cette ntti·
t ude plutot désagréable. Il y était habitué dep ui s
longtem ps sans doute, et n'y pre tait ploo atten tion.
- Jc v nis com mencer , dit-i l, par vo us npprcndre
une n ouvelle, non pas triste, mais tout au moins
egretta b le.
- Bon une tu.iJe 1 ponctua Berthe.
- La mal heureuse fille qui s'esl enfuie d'ici dernlèrCl. put vlCo t de displlrallre d'une façon dé finitiv e et dans des conditions exceptionnellement
tragiqlles.
Bas t 1. .. EDc S'CM 8uicd~?
demanda Berthe.
incorrigible cL s.ans pitié.
'on pas, won enfrolt. Elle s'œt enfuie d'un
hôpital où elle avait été Ira sportée, grièvement
blCS
t ~C , li la s uite d'une 8j.!Tcssion noclurne.
\( Des r6deura ont tenté d'as sassiner cetle ,pauvre
fillc. lis l'Ollt dé va. li ~ e, Inlssée pour morte s ur ln
clwussée, d n D6 un quartier troo excrmln que de
Paris,
Ceci de vnit lui ar r iv\ r {al.a l('mcllt, éanit
MIT, Duit- rh d' un accent mép r isan t.
P O Ullj llOI donc?
- Eh 1 celle flU r (·tllurnalt sans donte au roi '·
. ea u d'où ,II ' était ()l'b.
- Qui pcut J~ S8voir? r C'cli!l4 l')ndustriel pensif
t peÏl)t~.
Il • "irnp()rli', II!
fni t {'.'I I r r tain, c' "st qu'eU
n'existe l'II! pour ('('1) qlli l' Hll con nuc.
l'ort ht'lrCtl,I'lllcIII! l'0lctua B'fUle, le. dents
G l'I ées.
_ Or, rr'pri t 1>11[1'111'(" slins. 'li Il[er tL Ct li .1 J.
mtll ques lIt 01>11 '('lIld. 5, ,. tto rii 1 nri' n,
ln te
qJ' Il,'
.1, 'It Jllrl:llIt (Ilnlll" de ill(>!1 pruJets
se J' 1 (111 Jf' \u,
(lll
fldr J Irl l
,J.
"
( 1 le, JIIhl', Il 1111 '11,
"cHor. pnr l' 1ran·
10
r {'
Il
JI, \hl(
.rd, 1 J t ullCIWll1 lit
- Je TI
Il '1 Il
1
tarti , O. \ 1 1 [
Un J I ' 1
ut 1
• /Ill
r,
ri
r '1 do le \ 1
de ,l, cl
wul" aVOII
• t clu
III
p rt, qu
P.itJalittl d 'A mou r
~<!>
- ~1.
(j,trnler, re venu? .. s' exclama BerWle, pro·
fondém ent s UJ1lri e.
En m r:me tem ps , un 110t de 'ooOllaines a.rriè:, '.
pensées l'envahissai t.
- Oui, m on enfan t. Il est depuis hier soir à l'hOe .
tel, rue de TréYÎ se , avec son excellente m~r
Il Je l'eXlpliquerai IJIl u5 lard la raison de ce reLour.
Il Demain, ils s eront ici, Lous deux.
- Bon, encore des em.barras 1 !=\p récria Mm,e Dutertre, de pl us en plus agac('e.
- Embarras nécessair es, me chère amie. D'ailleurs, je doi s bien il Garnier , mon plus précieux
col abor a tc ur mainten an t, qu elques bons jours de
repo-s. D'autan t que cela va peu t-être. comme je le
disais tout il l' h.e ure, servir mes projets particu·
liers.
1( J'arrive au fa it.
S ur "'{'-s m oLs lïndu s triel s'interrompi-t un instant,
appuyant sur sa fille un long r egard scrut ateur.
- Voyons, r eprit·il, dis-moi, ma chère Berthe,
en toute sinoér'té, comment tu. trouves Jacques
Garnier?
- Mais ... , pM trop maL., plutôt bien, même.
- Sous tous les rap:porls?
- Oui je ne vois rien de Ir : défectueux.
- De telle sorte que tu n ,' !aindrais paE> celle
que Garnier conse ntirait à ~ r'"
er?
.
- Mu foi non, pas du toL. Ce sermt un mari
tres sorLo..b:e 1...
- Voyons, v oyons, s'écria Mme Du~er
éMrvé e, [ue signifient toutcs ces qUc.\i{\ons JnSldlCuses,
ces délou rs'?
...
Il J e n'y com prenùs rien, ab~
o lum
e ~t
r~n.
- Je vais t'expli qucr, ma cl w re a n~l C .
CI J'ai pensé, deopu is quelques SeTTl a:nes, qu~
Jac~" es Garnier 1P0UITuit fa irc un c. ccllclIl man pour
Berthe, un gendre parfait ~Ilr
no us , et, en Qutre,
un associé préci e ux p \lr mOl.
_ E l-ce séri eux? demanda 1~
coquette Dertl1e.
sans trop s 'éton ne r cepend anl , car eUe avait deviné
depuis un momcTlt.
.
,
- Tout il. [nit. Si toutcIOlS voua m app r ouvez
boutes le.s d u :<.7
_ fi l. Garnier n'cs t pas n s~e
z riche pour Derthe,
obj oc 1n ?l l l1l lJ1Jtf' r tre , hautalfiC.
_ CerluiIl f'n wnt i, car s 'il rl l'V '~ aH
mon gend re,
il serait dn m (un ' C01l p mon a ssocI('.
b kl !I(,lIr
_ Con l ilinn .. lJlI II<' Jj>l.c "t l' '111-" )'(, 1J~',lI
tous , émit DCl'lIJC , cn esquissant un so urire d'fl.sscutin .CIl t.
- A:o l's, ça. r :r:ut, m OT! n r il,n~?
- Ma ia oui, el!'" père, as qPZ , Je ne 10 cuche pas.
~Inle
- l'. h bien, pt • l. d.' ,1<Illl'llll! '! se r~cl'i
DlI1 Pl'tl'C. Et tn 1 Illlne cl' ("Iil'~
f', Ilia pl.'tilc
Bert he, ton !'all • III Ild','O , tNI 1I11l1lIlrJ(' .•? ..
_
-
J e 1(' PI'lil!
N IfIS plll cl,
- ,le Ill' d S I l
Il.voir.
- . 1. do Monl
a III hlt' 1 1
Il S
It JOI 1
,dl.'re ml 1 1 IL, V Ilù IquL
1 (gH'l
Cl Il,
?
ne peut P' s tont
�==================== 8'1
-W
- Tu veux" parler de son amonr ; 'ur Geneviève? wvai t failli dèvenü' la vict.ime des frères Rilieira
hantaient son e.8:prit.
- Sans doute.
- Oh 1 il doit en être guéri. Après ..:e quc j'ai dù.
11 redoutait UIlI' vengea nce pos~ble
de la part
lui ap.prendre, en toute fronchise.
des deux hommes farouches et peu scrnpuleux,
- Nütre ousine de Larront est-elle informée de dont la malheureuse Carmen subissait la tyrannie
dangereuse et déprimante.
ces ,projets llouveaux ? <lemanda soudain Mme Dutertre.
Au surplus, il avait été prévf:!!u. par un bmet de
- Non., pas encore, chère amie. Je tenais à être
la belle Chilienne, que ses misérables oncles n'atfixé d'abor'ct sur vos opinions res']1ectives.
tendaient qu'une occasion propke de 'J'litisfail'c
leur ran.cune.
- Très Jùn, et rr,erc.i, G:'her père, fit Berthe, d'un
Enfin, Carmen Ribeira échnirlipfl nt YTl jnnr ;\ la
air grave et dign e.
- Du maillent qu'elles me sont favorables, je surveillance de sa vieille servant.e, ou pluMt de sa
geôiière, était ll.OCourue chez i\lme Garn ieT'.
vais en causer avec Ivllle de Laffont.
En J'absence de Jacqu'Ûs, elle avait révélé fran« JI' t,iens bC,lUC(lllP ~\ ménager in lçg-itime s uscepebe.ment c.e qu'ene avait pu sUl'prendre des ténétibilit.é de notre c{Jusine. Ceci dans l'intérN futur
breux projets de ses oncles.
11e Berthe.
Et Mme Garnier, dont la te.ndre&Se maternelle
- Papa, s'écria la coqlwtte, tu deviens lout à fait
s'était vivement alarmé.e, n'avait pas craint, par
dil,lûmùt ; mes complimenl.s !
.
mesure de prudence, d'avertir de celte situat.ion
" Il importe, en effet, de me préparer d'importanJllcnaçunw le consul de Frunce.
,cs compensations pécUl1iaires, pour m'indemnise!'
Cc,Jui-ci prévint irnrrnédiatement à. son tour la
de la perte d'une couronne <le comtesse dont
police de Santiago, réclamant pour son eompatriote
j'avai s si agréablement rêvé .
des meSures de sécurité spéciales.
àe notre cousine vaut »ien
- Parblell, la fOl'tun~
De sorte qlle Jacques Garnie r, sans pouvoir s'en
quelques ~gar
ds
spéciaux, émit imprudemrr.ent
douter, fut l'objet, chaque fois qu ' il sortait le soir,
Dulertrc.. l&me si on ressent pour eUe de l'antipad'une proteclion oocuHe qui, Bans doute, lui évita
thie ...
de très graves désagréments,
Car, pOUl' si honnête et si ~u
cupide qu'il!. fot,
D'autre part, les frères Rilxlira furent surveiJlés
l'jnril us triel, féru d'amour patcI'Ilc1 et trop Daible
assez étroitement.
pour sn fille, avait échafaudé des calcws intéresMais comme ils s 'étaient aperçu.s des mesurp..5
sés. C'étaH bien humain, d'ailleurs, et d'égoïsme
prévoniives prises c.ontre eux, ils eurent le bOll
élémentaire pourraÎl-<Jn dire.
esprit de s'abstenir, remettant à ploo tard la s atisJU ssmblait d0nc, par son aveu, se trouver en
faclion de leur vindicte.
éll'oi-le comm unauté c]'runibition et de cupidité un
Quant à la belle Carmen, sur qui Jac(fll es Garpell basse avec Berlhe. Ccci risquait de le diminier avait fait une profonde imprcssion, olle lenla
111 1er da.n.s J'esprit de la jeune fiHc, assez obsen.avainerrnent, à deltlx reprises diJfél'enJes, de rt.! 'oir
II'!I'''' ct uvid ' de pOS5 'deI' une grus~;(.
iOl'tun , les
moyens mployés dUoS'Sent-ils être phls ou moins
le jeune homme.
s crup~ex
ou d€lic.ats.
Ma!s dans un entretien émouvant avec M.lflC! (,o r- Puisque nous sommes cn parfait accord, reniel', elle obtint de cellc-cil sans ravoir SOll!Clté
pourtant, la SOlllITie nécessaire pour quiller le L'lIiE
prit Du tertre, je vous r ends la li berlô.
.. Une seule recommandation pour demain : faite. eL venir Cil Fl'll nrc.
le plus aimable accueH à notre nouvel Mte el il
Et ce fut le jour où elle réussit à. s'cnfnTr dl' la
Sil mère.
Ll'lste maisol1 de ses oncles, au moment mêflk de
- Certainement, fit Bcrl.he.
son départ ' qu'eUe se tr~uva
forLuilemellL [ace il
- Pui 'qu'il le faut, ajouta filme Dul~I'tre.
face avec Jacques.
- .le vai s, Il cc ,pas, chez Ilotre couswe, conclut
Il y eul. entre les deux jeunes gens un court "mIl'induslri l.
tan t d' cmban'ol1.
I,!! l nt ~meTit
il sortit du sa](o)n, laissant les deux
Pourtant hl ravissante Chilienne osa rOMlul r
!emm s s'entretenir avec 1111 volubilHé un peu
son vU désir de l' voir en France, où, sans doute
nerve use des événcrnCllLs nouveaux qui se pr6pllkt rentrerait bient6t. celui dont la mère fawrJ sall
d{·Jjv r'uur t'.
rni lit.
HuteMr' n'avait po a QUt'! qlle riepl)i.s longtemps
Mais J'expressi<>.D ruan/,1'Uie de ses grRnds yeux
il CA,lressnit le pr j t don! l'exécution lui apparaisaoirs lHl.blt si visibl ment les sentiments aec.ret-s
dont elle était agitée que J~ques
ae déroba, par.
'uit réL Iisnble maintellunt.
n avuil fnlh.J la fuit d Goneviève, le départ des r&}lon li évasives.
- Je Ile sais e1ll6Ore quel quar~ie
de Paris D0U6
1JrII!1I'(; Vll, et plutôt cmlHlITfiSSt\ du COnlte d.c Mon~
\J.abi te l'ons à li lI' l'entrée, matlemoisclJe, clil-;!,
l'lU! 1', (!!lfl n la solution ~:()\ ,dni
e de la situ.atlon déhd'un acunL (:onvpassé.
po 1'1 r qll' il d~ 'i<ll'l.t de
eu!!' {~ :; nffnir s du Ch i l~
bl'IIf1'lIH'1' \In peu les CllOBCS, on fa' ant revenir Ja«.. El sans vous dissj'l'nuler qu'il me serail po~
(IlJeH Glu'ni l'.
tant .élgn"nbl ' de "QUi revoir, el surtout de votrS
I~,\
{.![l'l, ('omme Dlilockc vcnail de l'apprend l'\.'
I!o.volr plus h UI'eu.&e qu'ici, je n (Iuie VOIlS U009cr
1'('I111I"'lIPti
dliX ~jC
Il ; ,
J(I .(: ~\1
s Gurnler el son
UlI CHI1C indicnl.oll. pr ciE! .
, '1' 11 rd!' I pj'/,!, {'laieut rOYCnuB ÙU Chili, Lout réJe le regrelte profon<lément, BrJÏor.
,'('11 IIlr·nl.
u J'aul'aiJO va. 1 pouvoir Irml\i,(!J!l' r Il vlltrr lxYny,e
' ,r jrl1Tlfl 1.: fi' l!I'U r nv~it
t()ut mis en O"tlvro, d'ailmère toule Il\a gratitude, et VOliS prouver à VO\l3IpJ~
'
p01l1' il lPr, pur une habil . diplomalie, la
rr.ème la ndél1t~
de mon sOllv{'lIir.
'C nl'\~1
j(lfI
:I11illhlr cl ' n rruir'es tl i 01ciJe
~
qui
- 11erci pour oc exct'U(,llll'R pcnllres. Au sUI'1'( \(\ 1 lit rt'lt'lIll 1\ 'untio,glJ.
plus, 10 hasard ClOt puisf{onl, 1 ll i<,n que Pari s sol1.
:11 ' l' ,'(, ou COIJl'lIgl d SOli dédnill des craintes
lIllC ill im m n e, pcnl-Nl'c aurai-je l'uvanll,\go
Il' Il 'I!i{ J. Ir.
(,\./ llll\lIll. 1'\ traol dînait l'!i' Il 1 Il
« V<lUH y l' n 'on ll'CI' uu JOIlI'.
mv.u.vrII U'AW.lIJU. -
�~82=
=
~fAdiüu,
~a<lemoI,
fait
e~
bon voyage et soyez
neureuse, Je vous le souha~te
!rès sincèremenL
En achevant, Jucques Garnier Icnoit la main à
la belle jeune fi!lle.
Celle-ci pressa de ses doigts tremblants cetta
main oüerte si froi{jement. Et comme deux larme!!
de regret perlaien t au coin de ses beaux yeux elle
s'éloigna brusquemen t..
'
EIIl'!!portait-e-l1e en son cœur juvénile et ardent le
secret d'une blessure d'amour 1...
\
Jacques ne devait jamais le savoir.
En effet, la maLheureuse jeune fille, atteinte
d'une grave maladie sur le p8Jquebot qui l'amenait
en .FranGe, suœomba, malgré des soins vigilants,
trOIS heures avant que le navire toucM.t SaintNazaire.
Peu de tesr~
après, Mme Garnier et 80n fils
parlaient à leur tour pour la France, rappelés par
Du tertre.
Et ce der:nier songeait en soi que l'horizon s'était
ainsj éclairci de lU " II I{\1I e, r aI' C'ui te d toule s ces
coïnddence.c; fn.vorabJet> à ses projets nouveaux.
Une aurore de lranquffilité se levait conforme à
ses secrets désirs paternels et à ses combinaisons
praliques d'ordre économique.
II pénétra bientôt après chez l'aveugle, prévenue
de sa visite.
Son entretieD avec l'excellente femme 'dura pr~
d'une heure. Quand il sortit de cbez elle, son front
était barré d ' un Iii soucieux.
C'e t qu' en effet il " en ait de rencontrer chez
Mlle de Lallont une résistance dl-plomatique trM
ferme, et une réserve complète. Or, il ne s'attenliai l pas à cette atti tude inexplicable, au moina
pour lui.
La rime a.,~e
mal on,~ue
jUosqu'a.lors de
la culpabilité de Geneviève, apprécia sévèrement
d'abord le ,prOcédé qui consistait à enlever, pour
ta uj<JUrs, li l'orpheline un ~\re
t.endrement nimé.
Rdl se déclara nctle men t con traire a u projet nouveuu, affinnant qu'il convenait d'aIL nùre encore.
Et, m.nlgré ses réticences voulues et ,prudentes,
Dulerl:e crut trop bIen corn rendre que sa fùle
n'ouIllIl pas à compter, dans ['avenir SUl' la re. ~
pcctuble 1011une de III vieille den,oisJ~.
II Ifflporlait d'infonner Mme DuLertr
t Berthe
de ceS pr6visiol'lS o~ œvan
lE\8,
afin ùe ne poillt les
lai . '1' se lourrer 4 ' illu s ions devenu es à peu PI'6s
lrréal isu.bdes.
tic façon d'e nvi s ger les choses est inconoevuble, s 'écria MllIe Ou lcrtre d'un accent l1Il1 r.
f< Alllfli (:ell.c riel,.. PII" Il /' If Il.' 1\ ) ù ,i 1> 0:1
i 111
r~e
d'égards, d . soins jlllrtirulier s, de Bollicilud ,
déshéril raü notre tille ? I~l c Cl pour le seul souV~·,"
d 1111(' Illlil/fUIl l' ! C ' ( ·l plu, 'l'II' rJe lu. Ii la;.1
tellS , c'est Ile la bêtisa 1
.. El 1 l, l 1 C·tl ,'lUI 1ft- rlti ' lJ\'oir ' l' l'(,'iprit dl
cl'ILe vi iU tuJe une inflllf'oce pr{>pondérrulle, ~u
ne protost.rais pu, lu luil! crais fuir '1
- U I.e fAut bien. J(' n 'ui ,pas le droit, ma. chère
amie, d'~
«na v/ 'un l6.
L
"
. 011'
J~nP.
JII'III
pal·IHil.fltnf'lll di~po'
l' t1e
\.oille Sil forL ll n en [liv ru r dl' qui Illi plalt.
_. IWr ne j'empollc/ll pOll,lunl l'ilS Cil pllradis,
. aj(lull1 lIcrLh d'un Lon III Ji! utl!. ;C Bef/lit hon·
t~u
x,
r1<.hc\ll L..
Luut n'{''ll Pli" d,l cnror" j' J'c,qp 'f' !
1/ 1)'lulIl'Ill
Puis fixant ora pèrr tian lI~s
yp.u. , la jeune tlUc
dr.lllanda d 111 ;\ C '/I l cllp ,dl' :
,Poli" viel e écel'wkl' u-l-cll faiL un tc5tament 1
RitJaliU d'A mou,"
~
Pas que je sache, mon enfant
- Bien, s es paroles ne sont d~nc
que 'prOPOS
en l'air, rudomontades et gr imaces pOU l' flOUS
vexer.
- Pas tout è. fait, j'en ai la cerF:;.d e.
- . Pourlant si eUe n'a Ilas ,pris de di spositi&ns
pal'l1cullèl·. nou s den, Il,,, .. , ju·o
. {J.'vp l
ordre, ses plus proches héri lier ?
- Sans aucun doute. Mais l\llJe de Laffonl p eut
d'un jOllr il. j'autre prell<l ,l' ho:; UI"I >I
,
:' .,._
cia~es
dont tu parles. Elle a, je ll1i souhaite, 'dU
ffiOillS , du temps <levant elle, des années 1."
- Sait-on jamais! répliqua DertIJe d'un accent
étrange, én igltlla tirr ue.
escompter )'IlVpn:l' .? .•
1( Qui donc pel1
- Oh 1 certes, pel1SOnne, ap-prouva l'indus. ...riel,
sans remarquer lu IPhyaionomie bouleversée de sa
fille.
comme tu l e di:'la i , jUdic:;cl";emc:ll
•
1( D'a.i.!lpurs,
tout à J'heure, rien D'est définitif. Nous v er~ns,
nous causeTOll6 encore,
1
la )';'C 'l '' ;,., '.
1( Occu pons-nous If.ainten.ant de
Garnier, sans nons appesantir 15ur ces considérations pénibles.
S ur cette CO'OOl u3i on, les trois Du'el'tre se 'épurèrent, chacun (j'eu remué par des sentimen t.s
différents.
Dutertre regrettait, pour sa fi:lle su rtout, les fùebeuscs dispositions de l'caveu<1le. 1\1ais il en reeQnnaissait la légitimité. li s'inolinerai l donc sa.ns ~rop
de ranoœur.a deTant l'exercice dos drOits lUlp:rescripl.i.bles de sa parente.
Mme Du tertre, hautaine et a~erb,
traitait en
de vieille lolle. EIle lui en voulait
soi l'aveu~
maintenant d'avoÙ' ét.é si longll 'Illph la r'/ l', f' l ,.
sale respectée et ehoy~
de la villa, de la famille
mème.
Berthe concentrait son ressentiment dans une
rancune confinant à aa haine. Elle souhaitai b tout
bas fi l'aveu gl , considérée CorrUlle un" iugnw., 1
pires calamiLés,
.'
Ce [u l au rnilieu de ces dI SPositions diverses
naturellemenl dissi mul ées sous les dehors seJU~
riants de l'éducation, que se prOdui si t, le ~eDd
main, ['arrivée de Ja.cques et de Su !ll ère.
Le jeune inléres: é de lu . m ~i s ol1
Duterlre 'ut
accuoilli d'une façon pnrlleuhèr-ement aimabl e
dont il sc s nt.it f1alté.
'
Mme Garni 'l', Lou le heu reu e dl pénétrer <.IflIlS
le riche int érieu r du patron ùe Run fils, ful 1~ 6e
dan s IR pillS somptueuse c hflrnbr-I' dl' la vH lu.
l ~t,
dèll [ d"J,'ulle.l', la COq lll' tl 1' IIl'rtl1e CO ll1mença
son m'ln .gc d'utlr(),~es
pl'ovnr ùliull s à J'u.dresse cie
cclIIi qu lui <ll' stlll IL son pèro.
f)'ujilelll's .lclr'lu s GUI'lllcr, bil'l1 qu'il conservA'
dons Je 101111 dl' j{ n ('(('ur le el'lll'i pl Impérlsa~
sOllvenir' de (; 0 amour Ollr (; ('f1c v it>ve, ne po.rat
pu' êl re OI>P/).,t, u~
[)l'oJots éllUllcllés pur l'induatri 1.
La prem
j~re
~t
'Ù ~o\J)urel
l\c . désil11lsion qui
vcnait de 1 utcmdr~
,flVI1II 1111)1'1, e'l le rcnd&llt
pllls scoptique, aussI iVllll\ l>go lhle.
"il n pouvait pdl18 esp roI' tro1l Vl'r dan8 le lft&riugt, l,Il ("'lIllIlllI lO rl d·tl"I '. II' . . 1"1" 111 ~ Pl' )lfJl'lu.
gêcs, 1 amou: profon d . cL IU'den 1 81 101lg'terl1 ps rêvés,
1 ) 11'(111\'( '.1 1111 ,dl' Il.(JI.I1!ol, lu 111 '111111 ', Il g'üIIU lu
la hllllle stluClllOll floclalt'.
.I\lor t d~
cet:"!', ('. ·ll.llnLion d l' J.!O!!l/lie et () l'a1
~
bllHlIl sutl sCu l te, blcn Ml' 111" " Ii/, (h"rl' li ifo re averIl/' cCl'turn c L hl'iVllnll... 11 y avult lUll-:c CQ~pen
ahon 1...
-
r
�,~
,
De serte flue, trl')i~
~s
après jeur arrivée, la
moère et le ms '::taieIJt entièrement convertis aux
projets de Dutertre.
L lltll"lRonie la pIIus parCaite, ln plus aimable,
!'{mhla régner dès l~"s
entre i us les rIOtes de la
villa..
Seule, . t:le de Laffont {)bi'''rvait une réserve
inM{,~ltmée
prétextant SOD état de santé, assez
précalÏre encore,
Pourtant, b deux reprises différentes, elle s'entretint longuelllent avec Mme Garnier, sans que
l'leon u'an"'JHrê.I, au dehors, de ces eausl:'ries inUn.Os,
San. rien omettre, elle lui tU ~art
des regrettaBles événf'lI lents dont la Tilla avait été le théAtre,
et Genevi""e la triste héroTne.
Jaoqlle.C; Gnmier, informé par sa rr,ère de toutes
ces eOlcJoure\J5iE's <:irconslancea, s'en montra très
péniblement affecté.
D ne craignit pa.s d'p'pancher daIUI le sein maternel son prl\fond chi! grin, ses indicibles regrets,
toachant la perte de celle qu'il avait t.ant ~imée
...
_ Mère, dit-il les larmes aux yeux, Je ValS souffrir longu(>IIIE'n1 : jamais je n'oublierai celle malhetareuse GC'neviève. Elle me lIent au cœur par
lr9p cie 8ollypnirs!.. S~n
image demeurera ,irnpél'issable en mon Orne fil cruellement meurtne par
e)~
! C'est tonte nia ~ie
morale brisée, !l.néantie 1. •.
- Mon pauvre Jacques ! 8'écri~
~e
G~rnie,
en étreignant son fils contre sa pol~ne
palpitante.
ES$8.ie de te consoler, je t'en supphe 1
r( Et ,,111'I'flUI Ill' II1;SRC' vl,ir i, 1 ('l',''1(1nllf' rc dé<:hin.'ment. On te railler8il peut-être, si même l'on ne
t'en voulait pu:!! d'aimer eJlcore la malheureuse
dj~arue.
-
Oh 1 ra.ssnre-toi,
je serai fort
::lOurf"an('t': intimes;
nnl ne p~nf!tra
jamais ee douloureux secret.
,Tni SPI!'!' 1" ., ;,;11,::;. \ ,'1. H'llir, ;'f)Sfl:1i nnr1er encnrl' dl' e('lle qlle je veux considérer ,désormai l'omlne une morle ... ; hélas 1. .. comme une
('hi~re
morte!. .. 1\!'III'va Jacques dans un sanglot
dilJlciA<m\t'nl r'llTllNIU
(J'Pl quart d'heure pins lard, la mère et le tlIs,
J'écOl1fort('s pur leur orrcclion mutoclle monlrAient
i\ Mme DlJlcrtre et à 8& flUe dei visages presque
souriant!!.
OImbien d'entre nous porteRt .es masques né,
l',("flSairefl 1..,
La jolil' Olle /11' t'indllf\lriel, trorr pée par ces nttlludM, pllt /1(' l!\'II'I' à toules lee Li\Vantes rouerie,
de un Iltrl 1111t>1I'''/lt>.
rul~
('l'ilf hll'lrll'Il (Ivnir copié, lIinon le cœur, tout
nll moin,. ,Ir"" t'I~pri
l cil' .Ior''11Ie$.
Tan(l~
'1 II' "(' pr/'pnl'uit oinAI, dans la somrtIlNh'/" villn dl' ln l,'rrlfo·!'l()!IS-.IClllorre, un avenIr
bl'monl, dflnl '''II, ll's nt'I[,1~
drvnÎ nt li,.c~
dCI!
HI~t!l{
,'tJom' !l'Iti/ri/'II!',', ),in~'JIdeur
LanglOIS ne
./" Ait JlH~
ill/If'1 r :) l'uri!!,
ri R~t'I1,
. III Il ln role l.II\ tflrhe offlciellc de
que llli aVilit conprllit:ipr toI ln IW>l";.!l1p onki(,l~e
fié!' Jol n l'rrlll\', /111 nlÎl'llX : Charles Guillot.
tl pour, IIi 'iiit 10 ,.tI"nh litulioll morale dr. Geneviève (JI 1 Y"11 ~ ,l" /ln l"lre.
Le FOllinlll'l1 \'1 Il l'III th(m" !'In vnllllnl'n1 Il cui·
Il (1111
Illi. 0111 Innl!'llt nl'tll'rnrnt Il'l\voir jnOIHlll ('cllf/ /111'ils Ilvuient lcnl{:c d'us' IIsinel'
(,,l'i'! [Ill,
ou plus pittorcl'qu ment
i(
fi
,
m~re,
Nul nI' '."'II'r;nnnern
J
Il
(IL;
.. ,.
douze nns, elle avait totalem0-ü perdu de Vlle ,i/k
fillettp, jadis confiée à ses soins mercenaires.
Enfin, la môme Chich i, a rrêt-ée comme C( III plÏM
des den:\. apaches et recéleuse des bijo'JX volh&.
ignorait absolument l'existence de la vidime,
Les dernières préventions de Langll)!s contre la
fille de ("'harles Guillot tombaien t ainsi o'cllcl'-mémes, une à une . Aucune relalioD .su:;pr.r'lr nc pouvait lui être imputée.
l\-Iais il !'estait à éclairdr )a tr - f'JU'e llfr.1i1'e
d'emvoisonnement de la villa Dutert. i où, cependant, tout paraissait oublié, depuis le dél.urt de !a
coupable pl'ésunlée,
A cet égard, Charles Guillot, sa. filje et le tpolirier
avaient él aboré un plan mystérieux, <lont l'exécll+
tion deva.it être proche.
Dans la somptueuse propriété, l'existenr'e semblait prendre, peu à peu, des proportion!' p' liS gl'Hndioses, à mesure que les projets de J II' 'l" Il'<:
naient plus de consistallce.
Mme Garnier, sur les conseils de "lll 1
'f tl,
Dutertre lui-m Cme, cherchait maintl'~"
11 1 l m·
me de chambre qui la sOlllagelU de "cs De:ong: .('.,
particulières.
1il. convenait, en effet, qua la mère (Ill IIlI11l' H!lr".o
cié de J'industriel oocupM un peu phls Jl(lull'lllCn!
son rang futur.
De son côté, Dutertre, que son chuu[fcnr d'aullomobile avait abandonné brusquemenL, réclamait,
par la voie des j0ul'llaux spéciaux Ill' J:OllVea\!
titulaire 'Pour cet emploi.
Un matin, deux personnes se présentèren l an..
semble à. la viila, EUes furent i.ntrouuit fi, d·ubord.
dans le cabinet de l'industriel.
C'étaient un homme eL un. femme (le mi, cs s'im·
pies, correctes, comme il convieat à des ~('!I\,jklJs
de bonne eL riche maison_
Deux Anglais, le frère et 18. sœur, i'!!lIlemeJJt
blonds eL froids, respectueux eans obs{·quiosit4.
Porteurs des plus élogieux certiftcats, ils se mo.
ll'èrent ~epndaDL
(j'exigence. très raisonnablet
quant aux gages,
Après de courts interrogatoires pratiqués ensui"
et simulLanêment par Dulerke, sa femme et M
GSfl!Ie.J, las Anglal6 furent f)Dgtigés toue deux.
En geN pratiques, et daus la prévision d'accèp
lutions possibles, u.s avaient ameDé leur~
modestG
bagages à la Ferté-soui-Jouane, les lrussant à
consigne de la gnre.
o ux ,heures après avoir signé 1eurs enga.mente re!lpeeWs, ils se trouvèrent instnll{:s à JI,
villll. et prll'ent 'possess ion de leurs ~ervics,
l'robeR, sill'IICiCIJX, actifs, il:!! conquirent les sulrrages de lous, en (III ~(lies
jours,
L'homme, pr{:nomm John, touL simplement, ..
rt'lvrla comJlle un conducteur et un méclUlicià
émél'ite et ,prudent.
La femme de chambre, Mary, Ip roUva &an. pelJll
tout le sl'yJ(· ri ,1111 ~w rvi{'
ùil4ret et onio/lllt\
Si bi n qlle ~l1e
de Larron!, entendant chaq..
jour drccrncr des éloges il oee serviLcul's modèle,
vouJùt Il'lI connnllre de plus pr~,
Elle (omil., Ull 1Ilnlin, C' He singuUère id~
de raiN
unI' longlH' Ill'n ll l nllde n automobile, Pli la sew.
c()n.p~gl1iu
de Mury. la femme de chambre de l\LIll
Gnnller,
'n!
ur~Jlcm('nt,
ce serail John qui conduirait If:
dnIl!'~X
v(·hiclIlc.
llutcl'lre ne pouvait 80nger il retuser cette llltl.'-
�,
laisie à la riche cousine dont il espérait toujours
modifier les sen limenls en faveur de ;;a fille.
L'aveugle, ,doucement guidée par Mary, s'installa dam; la voilure. JOrul démarra., lenLem ent
(}'al'ol'd, puis accéléra peu à peu 'on all ure.
lis al1a.ient maintenant sur la belle route, ferme
~t
blancht, qui conduit vers Château·Thierry.
L'auto, guidée d'une main s11re, roulait à la
grande vitesse, apportant è. la vieïne demoiselle,
!ln lpeU grisée, l'Ïln1Pression toute spéciale du
voyage rapide, de l'air fm is ct pu,r qui foul:!l1e le
vi.sU€e, revil.;~
}es poumons, accélère la circulation sanguine.
C'était délicieux 1
Lt>l' promeneurs silencieux avaient dépassé Charly, petit bourg situé sur la rive droite de la Marne.
11s se dirigeaIent vers Azy Bonn eil, pays de vigno
hies assez pittoresque.
Comme il<; arrivaient à l'orée d'un bois trè' ombrM.LX, traversé par la route, l'aveu.gle eut tout il
eoup la sensation d 'une frai cheur particulière.
- Sommes-nous dans les bois? demandu-l-elle.
- Yes, ~üs,
fit laconiquement Mary.
- Ne pourrions-nous arrêLer un peu sous oei
ORibrages, ce serait reposant?
- A vos ordres, Miss,
- Alors, prévenez John, mOD elliant. - Yes, tout de suite.
Et la femme da chambre ordonna d'une voix
:uette, incisive :
- John, mon Irère, ar,rêlez, if you please !
Sans répondre un seu:! mot, le chauffeur se rangea sur le cOté droit de la route et fit stopper son
"Véhicule, dont ln trépidatio n s'éLeignit par degrés.
Un instant de silence absolu s'établit ensuite.
- Il n'y a donc personne dans ces parages?
.lJUeslionna Mlle de 'l..affont d'uo accent étrange.
- Personne, Mi.ss, répartit la camériste anglaise.
- John est-il toujours sur son siège?
- Yes, J'y suis, .fll le chauff Ilr.
- Alors, causons un peu, je vous prie?
- A vos ordres, liss.
- Eh bien, mon boo John, et vous {ary, ne VOUI!
~ronez
pas trop des queslions bizurres peuL--étre
que je vals vous poser.
(( El s-vons vl'aiment Angla.is tooo les deux, ainsi
que frère el sCl!ur?
A celte interrogation lout à fait imprévue, le
chnufIeur el III Cllmérisle lres nillirent, toul en
échangeant de rapides regard exprs~if.
- Ye>l, rlQUS &OtnOlCS Anglui', a fIl 1 mu Jo/m, très
lerme.
- C'est bizarre, je ne l'aurais pllS cru, reprit
M1Ie de LaJlont d'un lon vl"lliml"nt inrr 'dule.
Vous avez tous les deux des limbr S de voix qui
me rappel1en t étrllngeallenL crtuincs personnes
connUCi, el r~cem1T
,cn
t di s puru 8. Lellr souven ir,
je l'avoue, m'est doulour ux, puree qu '" parce
q e je les regrette 1 aeheva l'avru gl d'uOG voi~
&!lfl()mJ)rie par un sccret chugrio, difll Ucmcnt COD-
tanu.
-)u
<li trs·vous, MIHI moi~l'(
, s'écrin (lUSHOt i\Iary d'un :ioi. toute chnngl! .
_ lmpnld ou te 1 fil John en ll'O lIOS orn!.s.
Ali Il , allonli,. lon ça Mill' d L nflnn l, s'c a.l1 nt Lout il
11p, Jouons caltes 1I11f tllbl i voua
vell"?' ÙC VOU8 trahir 1...
III prom nnde (nnl ni, i!'llt' ~'uvai
l) 'uJUeur,
'o"tr(> bul que de IHlUvoir call.I'/" vve VOliS en
toute sécurité, loin de toutes les oreilles ou de tous
les yeux inLét'essés eL juJoux.
- Parlez donc, Miss; déclara John, nous répondrons peut-être de façon satisfaisante.
Mais, je vous en prie, n'élevez pas la voix quoi
qu'il advienne. Les bois cornn l!' I f'.; m \1r :> llf' U \'I':lt
avoir des oreilles i il faut se méfier partout 1
Sur ce .sage conseil, un long entretien mys térieux
s'engagea vite e~r
les trois 'personnages , groupés
et se rrés au milleu du vé·hlcu,le. Entretien dont
l'importance devait être extrême, à en juger par le
jeu des pllysionomies.
Une heure plus tard, l'automobile reprenait il
tau le vitesse le chemin de la Ferlé-soas-Jouarre.
- Eh bien,' ma cousine, avez vous été assez
secouée, rairalch ie e L poussil!rée dans votre longue
promenade? interrogea 1\1m8 Duler lre avec une
po inte d'ironie méchnnte.
- Oui, ma chère, nssez, mais pas trop, r éparlit
l'aveugle en souriant.
Elle senIDiuit d'excellente humeur, et ne parut
pas deviner l'inlenlion mauvaise de sa cousine
Dutertre.
- J e suis vrl\ imen t ravie de cette course, continua-t-elle. Au point que je dema nderai l'autorisation de recommencer bi entôt; c'est affolant, grisant; on roule, on roule 1...
- Vous irez seule encore?
- Pourquoi pas ? .. Du moins avec Mary dont le
silence respectueux n'es t pas le moindre mérite.
- A votre aise, ma cousine, grisez-vous de grtlDd
air.
Et la femme de l'industriel, Utl peu dépilée lourna les la lons, affeclant toujours ln hau.laine dignité.
- C Lte vieille fille est foll e 1 pensaIt-elle.
Le lendem ain de ce jour, Duterlre dut faire à sa
femme et à sa fille une communication 110uveIJe
qui le consLernait, disait-il, au plus haut point.
- Ma cousine de Larront ,va nous quilter da os
quelques jours, cnmmença-t-Il.
Et je crois bien qu'il f~ut
a.bandonner, à pl'I.JSent,
sa fortune. Bile Dl'a
touL espoi r de recueillir Jaml~
lon~ucmet
parlé de son. notaire; elle m'a fait ('.0111prendre qu' elle éLait malO.tenant lout il lait résolue
ù doter largement certrunes œuvres de bienfaisance.
- Nous rlc la retc\1oo<s pas, fit sèwemenl ;VIIIl O
lJuterll'e. El n ous n'uvons au<:un besoin Dicu
lUer .', de son nrgenll
'
l3erthe ne dit pas un seul mot.
Elle pOIiL oSeulCJ~t
~n
peu ct se/'ra les lèvre5,
comme pOIl!" conLenlr 1 explosion d'une colère se-
crète.
ua,1Ù li .la qllcs G{u'?ier ct li sa mère, i)
décl:l'
reroo1, ea louta rranehlse, regretter le d6part pro-
chaiD <le 'avelg~,
dont le commerce leur étai t
vraiJ.cl~
sympathlquo,
c,c,pendanL il no rallnit PIlS Ronger b. cOIll)m!lro
la <.lécision d~
J' x('ell nle vieille demoiselle .• 'on
dépn rt élait Irrévocableme nt fix é il la lIoluaine
s \1iv unt.c.
Or, JI advint une chose étrang : deux jours plu
retomba lIlalade 511bitclYl! nl.
Lard, 1I1e de Lnfor~t
EUe duL garder 1 lIt.
pourl l)l les 51.J1lplOm Il do celle sorte <le l'oclnl!c
.uo Iuren.! pUB ublololumeot les nlèllles que ln promlère l{)ls.
L médecin, qlJ John dur nllnl' quérir (!JI toute
hi\le, cat. '\ 1 npHI( III 'lit en rouIt' , \ '(' 1(' (II lI1ffl ' Il'.
gt, lorsqu'il fut en prés(lnco de lu muld~
li dé-
�Ol-
=========================
RiVafUê â~Amoul'
clara ue J'l en ('omprendre à son malais/'. ~rémf',
chose fort singulière, il avoua, devant les DuLertre
réunis, devoir revenir sur ses précédentes opinions.
Peut-être s'était-il grossièrement trompé, lorsqu'il avait diagnostiqué qn empoisonnement par
l'atropine.
Il croyait plu,tôt à présent à une affection du fole.
- Vraiment, conclut-il, je n'oserais plus rien
affirmer, en préosen ce de ceR nouveaux prodromes.
Cette pauvre Mlle {je Laffont est peuHlre atteinte d'une grave maladie que ma science modeste
d6finit mal.
Attendons quelques jours, si vous le voulez bien?
Ensui>lf', je ferai ap!l"I'ller i·j l'un d·' n'{"ô (' ~F 0' .>5
confrères 'parisiens, d-ont je serais désireux de recueillir l'avis éclairé.
tLendons, acquiesça Dutertre, très frapp é de
celte attitude embarrassée du praticien.
Continuez seulement les tisanes chaudes,
acheva le docteur en se relirant ; il faut que la ma·
ladie se d6clare.
Après le d6part àu médecin, aucune r6flexion ne
se produisit, ct ceUe journée s'acheva tristement.
Les h~:tes
de la villa, ,p éniblement affectés de la
maladie de l'aveugle, se retirèrent d'assez bonne
heure dans la soirée.
Bientôl le lourd silence d\,l re-pos plana sur la
Bomptueuse demeure endormie.
Cependant, vers dix heures, la porte de l'une des
ahambre.s du :;.eoond étage, spécialement nl'fee(,ées à
la domesticité, s'ouvrit sans produire le mOln.:!re
grinœment.
.
Une silhouette féminine en sortit avec précaution, se glissa silencieusemCflt le long du couloir,
à 'PeLits pas menus et calculés.
Cette étrange silhouette, en lièrement v~lue
de
noir, se confundait avec les ténèbres ambiantes ,
d'où elle semblail éclose.
Après avoir franchi cinq à six mèlres, elle heurta
du doigt une (!lorte, puis écoula longuement. Ensuite, l6gère, imprécl.se, elle s'avança vers l'escalier ode service situé tout au fond du long corridor
désert.
Très doucement, {jegré par degré, elle descendi t
l'escalier, s'an'Nant choque fois que le bois gémis·
sait un peu snus son poids.
1\ quel my s t('rieux rel1z-vou~
allait-clle ?
IWr ail ignaiL Il peine 1 p!'rll,i{'J' étnffe lorsqll'un(' nouvello ~ilhO\rt
. tp.,
crlle-ci musr~d
le, et
Loule vNue de nou' aU5SJ, apparut dans le couloir
des domestiques.
;omrnc la prerl!ière, ClIc sc g1issu vers l'escalier
d Hen'ice ct s'y enga.gea, en prenant 1 s m.êmes
précautions inlinie':l.
.
101' (,ollles deux l'une Slllvnn t l'nu trc n petiLe
distance, parvinr
jU!1qu'll. l'om~e
où c.Jjes pénélràr nt, SD.ns fui le le moindre brullo
.
Br u:.qlll'nJcnt, lu lueur d'UllC I.urnpè élecll'lqllr Il
poche jaŒllit, répnndiL dans la pIèce lIne clarté blarllrdo.
LCH deux silholll'ttes, aux trois quarts vnilt'cIJ,
parurellt s'orient,.,r rnpidl'll1cnl, sans prJ11rtanl
s'afln'HHe!' III Illoilldr pli l'Ole.
Selll , l'omhre masculine !Il IID ge: Lr. mcnu, indiquant li l'uulre 1111(\ encoignurc, n parlir. nwsqllée
pnr un viru: nJt'lIhlp.
Crl1r' '1l1i {'taiL unc r D,llIe l;'occronpit ttlorl1 tlnns
celtr r lH'Oi " nllrr., s'y l'lIInll'HlI, diH]llll'ul p rcr que
COl,L)l 1" 1f'1T1l!1l 1 cl '1'rêf'·I'C II' mC' l,hlr prnkdl'\Jr.
1'11 / . 1 .:J n tO ll r , 1'11011111\(' p.,!'ul 'hcrd ll'J' une
nt
cachette, hésita un instant, et enfin se dissimula è
son mieux sous la longue labJ.e de l'ornee.
Aussitôt la lampe électrique s'éteignit. TouL rentra dans l'ombre opaque, dans le silence absolu.
particulier aux demeures endormies.
De longues minu tes s'écoulèrent, sans que le
moindr'e bruit exlédeur vlnl truubler re\t e ; m", ..
phère lourde, dans laquelle deux êtres ;l umain!:
halelaient p-ourlanL d'impatience e t d'anxiété mys:
t6rioll!\es.
Par'foi; OB entendait fu ser, !presque ÏlT.fPercepli.blemcnt, de va,g ues sou1lles, de lrès légers frv lements {j'étoffes.
Quels éTéneme.nts étrangea allaient donc s'a.e·
comlP lir ?
Tout à coup, le bruit étouffé de pa.,> menus et gll ssants marbra légèrement le silence.
Peu à peu, cc bru it sc rapprocha, s ' ampli6a...
Quelqu'un venait ...
Une nouvelle clarté de lampe électrique, plu&
faible que la pr6cédente, s'épandit bru squement
dans la ,pièce.
'.,
Une femme jeune, 6!l.IlS aucun doute, et s'
enveloppée des pieds à la t~e
d'un peignoir
bre, apparut , un peu pAle.
Elle c.hercha <les yeux, sur les meubles, r
.nt
une seconde à peine, puis vint au bahut qu i .J":CUpait l'encoignure où se tenait cachée k\ première
sil houett'e féminine.
.
Sur ce bahut, une théière d'argent proj èLait quelques éclats métalliques.
La jeune femme souleva le couvercle d'une maia
légère et prudente. Puis, fouil k:ll vivement sen
corsage, elle en tira soudain U:l f'acon minuscule.
bouclé à l'émeri.
.l!:lle enJeva le bouchon sans bruit, versa quelques gou tles d'un liquide vcrdatre dans la théière
pleine de Lisane.
Au même inslamt, deux mains s'abattirent violemment sur ses épaules, par derrière, l'i.n·mobilisant toule en stupe ur d'épouvante.
Un cri ratpide.rllent étourIé, jaillit de ses 1 VT .i
blêmes; sa larh)le éle bique lomba, s'éleignit.
Et, d'un mouvement &oud-ain e t brutnl, elle repou ssa le lllysirrieux agresseur qui l'élreignait de
toutf'S 'es furces.
,Cili\1l-ci chancela, heurtant le bahut.
Un grmisselllent de douleur, il l)('in
~
1'6!prim~
,
se lIt enl ·ndre.
L~t
la jruue femme qui venait de sc (I ~· b n !Ta f . el
ainsi d'une inexplicable 611 inte, s'é'. lIl1 ça Vé'rs le
porte, prête il s·enfuir.
Un nouvel obsl(tcle l'a rTêla net, la g'lo\;l\ d'cf CrU!
Une rnain d'hulllm venaIt de ln Stlls ir' (Ll1 pojgnl'l, la serrait comm dans un 6tau. Elle tomb
SlIr les genoux, pantelante.
En ru Ille temps, la pièco 3Lllumina d'une olarlé
viv .
sulJite a.~ez
Trois êll'DS humains apparlu','IÜ group6s élran
~
gl'Olcn l.
L'homme qui venait de terrasser la jClIn fem me, l'avait saisie d'lIne mnm au colle!. Il burr'aiL
la pOl'te de sa hllul.e 1\1.o.t\1 l'e.
Sn compn"ne tenail l s dru:\: hr:\s !le l"l grnollw,
lée, par derrière, irrunobilblUll Sl~
m 1 1l ~ lrS
III t·
vc.rnen La.
La V!Il.inCll0, le Cfll'pS afflli. t!, ln tN!: bo.is.s"c su:
10 poitrine, brulrlnit d'émotion, de terl'Cllr.
1 ourlant elle osa n'Jl'v{'r le f!'Onl.
T.eH l'l'gal'c!s li
troi - acteurs muets se crois
�';:;r
86
exprimant à. la fois la stupéfaction, la honLe,
ol1vaJlle, la colère vu le mépris.
.La. jeune femme tombée sur les genoux, murlD"ur.a. d'un accent égaré, tremblant:
- John!... Mary!.. Les domestiques !...
Elle venait de recGnnaltre le chaut1cur et la lem1l'le de chambre, récemment entré.:! au service des
uiertre et (les Garnier.
- !>rlisérable ! lui jeta l'homme dans un souffle.
- i\fnJheureuse . appuya la femme de chambre,
>.n la foudl'oyant d'un regard sévère.
'f PU.llsi c'était vous ... , vous 1...
Elit: 1.. ~n
pllt rlire davantage, sufroquée par l'hor;;eur de ce qu'elle et son coffiEagnon veualcnt d\.!
lè-~o1vri.
.
- Quelle infamie 1 ai John mépri!'-ant.
Tous deux, en effet, avaient reconnu la tille de
~nt,
t
la face livide, enfouie dans ses mains crispées d.e
désespoir, elle songeait, horriliée, au c.Ilâiimeot
prochain, au cbAti.ment inévit.&ble.
xv
GENEVlhE TR10MPHE
r
- Ainsi, mon cher ami. VIlU1\ Q,vez acquIs maintenant les preuves de cet horrible forfa:L? denulIIlda l'nveugle à Charles GuiUot.
Et sa voix tremblait d'une indicible émotiltn, ses
main se crispaient nei'VeUl';ement.
- Oui, et j'ose dire fort heureusement, pour
~tpre.
Dotre
malheureu8e Geneviève, rép8.l'ut l'Américain.
Oui, c'était Berthe qui venait ainsi, la nuit, per(1
Toul cela s'est exactement poassé oorome j~
trer rhl)i~e
crime, dont jadis on avait accusé
viens de vous le raconter.
~eviè.
- Quelle ignominie, mon Die\11
Ber\.re. 1'!lPOiwn~eus.
de M! e . de. Larfont 1 .
- Hélas! c'est épouvantable 1
Chaque nlllt, depu15 de'il~
ù;: • ,;f, Jours, la lIll
Et John Teddy, ou mieux CharlelS Guil!l8t, CQl'JUne
rnble vnrsait. dans la tisane prrpurée pour s:'
il conviendra de le nommer désormais, devillt si~ine.
qll(>lrfiles gouttes dn liCfuirie mortel.
lencieux un inslant. Il par8i sait à la fois satislA tllpéh<,li(m de John np dllra pM. Il se resLqil'vile, d'lm prrort dfo vn1rmfé'. Et, d'une voix . ftl.it et oucieu, sollicité de mille pensées divors .
Il éfajt à peine neuf heures du matm, et, d'>jà
'I!')Iltcnue, mais f"rme, il ordnnnn :
'
le richissime étranger se trouvait, avec sa tm~
le pOlt!lJn ,.
- RrmettM. ·m,'i le 11 flCO' qlli (' l!iN~t
Genevit'!ve, en conférence chez Mlle de Laffont,
T"rrl)f·s(>r· 1" t'ri ....,., ,,1 .
é.it. sans oser proJusqu'alors, la jeune fille n'avait poiDt parlé, par
ncer un seul mnt.
respect pour son père el par déférence }XIur la
- \ prp;oent, l'eplit le chauffeur, sachez qui nous vieille demoiselle.
~mt's,
en réalité,
- Geneviève, appel!!. doucement oelle-ci. WII.ea:
" .le suis John Teddy, l'ami de votre père, ou près de moi, mon enfant T
r.nen,' enf'Orp r:harles Guillot, appn 'Pon é il V01!'c
Puis, qurund son ex-lectrice fut tout près de son
mille pllr de-s lif:'n<: qllc WH)!' rn mn rrz pIns lard.
lit, elle ajouta, presque tendre :
- Et mni. ajnul.a Ja fem le dl' rh'\mbrp anE!laise,
- Penchez-vous, donol'1.-moi votre beau front
ie IIi C; ... nevit'!\'e Gu: lot. l~ il!l' du p t'udo-chauf- pur ? ... Je veux y d~po
er un long bais('r quo.si
~Ir
John,
mnt mel, afin d'obtenir de votre Ame si noble si
" r;.<>nl'v· ... vr r,ni lot, dnnt Ol~
vnnlic1. voler Je
vaillante, ct 81 odieusf"TI1l~
ro pçonnéc, 10 pardon
~cl'Ié
. .Tn rr]llrs r. rrder! Genrvit'!vp, qu vous avez
génl'rl'lIx de mon aberration 1..,
t' rir iléshnnnrer !
fi rflmment ai-je Ç".i ~c
trisl courage de oroire Il
- l!l'un'l/s rnl'nt, jt' vI'iIlAie.:. rl'pril î.hnrlps Guilvotre culpobit~
1...
, 1'1 jll.c:.1 ir.(' sera hirnlOt rrndlH' Il ma ch re fille.
Pl1i~,
tout en appuyant rlkrotif'usement &.! lèI!
: l, lnfi1nn!lf,
rclf'vp.z-vnl/s, nt'rlhe Outel'lre,
vres pt\les sur les rltevl'ux hruns de ln bell jeune
!
Jnpoi 'onn lIS(> All('1. VOl~·(>n
fille, l'aveugle flllLrmura, touf fi. fail attendrie:
1\ Dr> nAin,
lorqt'fue voIr.. Il>rp !l'rn parti pour
- Me pardonnt'll'ns-tu, mnn cn·f(Lf) .,
ri', jt' vnn. fl'rai connn1fl'f' If'}; rlr,.·"inu!; ql/'il
It
Consentiras-tu à
I1hlil'l" l'injnre de nVl l
'JIll; r.on ,'l'ud fil dl' prpwl rI Il "of r ... ('gn rrl
ca'nr 7... Je t'en supplie, Gl'neviN\'c, ne me 1(1.1'11
paR rnncune, jr sui pr(!S(/IJ' t, milrl',
" .1 Ic:rrn'h cl'lfp heum Md :Vl', "lIfre illfnmip dt'; m 1 "(ms lHe.s fi. notre merci,
ln mèrc! s'l'criu III jllllH' I1l1r, haJetante
('nrl' nn rf' ~f'iTt
d'émotion, Vous Avez bien dit : TrIa nU.re 1...
l'on hl If'Z pR~
!
- J'u! dit prc-'lqu , car UCIIIlJ sommes du mêmo
" \111'1., mi. "'rnhl , a!lp1. 1...
Er.r/l.s.N> ~1Il
II' pnirJs dl' ~n
honl,. fOt de la u-rsang.
H', Br-rltl(' f)utl'T'lr
~
r(~t'vn
pl'nihlpmrnl. Elle
If J(> ~l1s,
en effet, \4 !.nnte, te v~rilQ.he
tan~e
:
"nrllt bil'ntM, titllhnTlt , dnnR !l's ténèbres du
ln 8fT'IIr de ta si clouef' et .i e'c lioute mère, tOZlt
pleur{>!' par CCliX qui l'ont aimée.
1l101r.
-- \'OU:i, mademoiselle, voua, ma Lante 1. .. Est '
_
Ion rnfnnl, mil chère GrTlrvi ... vl', nt tonl bIIs
poc; Ihlr L,
/lrlt r.1I IIftt. rn n Ivrlln ~(>q
tlrllx lI'ns h ~n
fl11e.
If j\).lr ,mon pl-re avtLit c!nnc épOll .. t: votre sœUf?
FI ln P'
'Ion 'Il rnrlll rnnlT'C'
roilrlnl:', il
- 11loll\s 1 nnn4 mon cnfnnt. A quoi'~
irnit dp.
1 dl' 'nI cm
' n fronl plll', l'fi njllu ant :
I.e rnin' ce pü.'\1:t mc~oIl
, puisque ~u l'onl1 's ton
,l',·lill
t)r ri tlll ir/III l'nre L,
III Il' , jl 1 - jn rc 1. ..
Hat l'ivil ?
\1
Olt, mlLlhl"Ur \I!1f'nll'nt, tl n pf-rt' ri • Il Il !J0l/t 1, le I01lrtl 'II 'ncl' cl - la nnit
'r, l"fllnrnC il l'llllrait voul1l, COnf' Cfl\(' n.)s JI r Ui,
1 11\ 811 ~1Jr
1/1 .OnlpLlICllflC rif'trop iltfor)~!és,
ll1i refuf.nic'nt ohl\lir1f\ull'nt.
,,, 91' cl6roulcr un c url, mniB
\1 Voilà p01lrqlloi tu vina 8\1 lIHHlll· en 08(: bctt.e ,
'rf\('p Il ma lnlternell complicité, Ah 1... ces ~u
ycnirs 1••.
HieD cl"Uels, pcmdua Charlet! Gu.ülot.
�~
87
Rif:Jalité diA mour
" Cette nmssance fut le prélude du drame douqui. suivit, et que nul ne put empêcher, ni
prévoir.
Il C'est ce qui m'obligea, 1) 11' la suite, à m'expatrier, IrG sant ù Paris.. pre~
111e mourante, celle
qui 6toit ma femme devant Dieu.
.
Il Et. cela me força de t'abandonner, ma chère
fille, de te livrer aux ignobles mains mercenaires
auxquolles tu dus échap.per plus tard par la fuite.
" ;\1ais, je vous en conj'Ufe, continua O1.arles
Guillot d'l1u accent désolé, ne nous appesanl:sso!1S
point, à ceLte heure difficile, SUl' ce cruel et lointain
IQUl'C'llX
passé.
Il ,1 p
te di l'ni plu' tard, Geneviève, taute cette
pénible hIstoire dc ma jeunesse et de celle de ta
mèrL. ~Ial'ger:t
de LarronL Ce qui m'i',l1porte, à
présent, c'est Lon existen.ce, ton bonheur futur.
- "Vous avez l'aison, Chnr1cs, upprouYa rO\Y~'I
Bie, I\ffirguerite ost le passé; Geneviève, c'est l'avenir !
Il D'ailleurs, je m'erCol' erai de remplaeer aup.rès
de notr' ellf',nt, ceJJ", qui n'ellt pas la joie de la
eonn alLre, a.près l'lb.voir mioo I:LU monde.
Il
Jcn,' vi.ève, ma cN~rie,
je ser'Di ta seconde mère,
Le veux-tu?
_ Oh ! oni, api, ma. mère tante... 01li... maman! nr'ben\ ln jrllne rille clans un aùorable élan
d'émoi inn arC('I"tl~use.
Et ('e fullile qlli baisa 10nl/:,'1.lement de sos lèvres
cal'minées Ir front pClle de l'aveugle, dont le$ pauVIOCS puu!Jiùl'e" c1ose~
lûi Sl"aif'~1
rOllIer des ku'mes
de j oie, cl dont Ir cœur bntLmt à ooun6 pl'él'ipit{'s.
_ QlI~
tout ccci reste secret entr" nous jllSI'f1l à
nunv('l ordr'e, recommanda ChQ.rles Guillul, t.rès
grave.
Lo.! squ0 nou'! aurons qUlt~
cette maison t'lut à
rait, IlOliS pourrOJlS peul-Otre prodamcr la vélité.
:"IM<; ;JvLlnl ("In, Ih!S un mot qui puisse troltir
notre en trille et nos ::enll.
- . ous nhfiil'oOS à votre sagesse, mon 'l.mi, acquiesça l'n veuglc.
Bien. Héglol1s donc le pr~ent
au plus vite.
Préparons le honleuse liquida.tLOn. cl? l'épouvanta.hie inr,\lT1ie dOl)t mn tlllr rut la vlcltmc,
Il Apl' S ('cIo, Il us songerons è. nolre bonhO'Ur
commun.
_ 'IOIlt ù'..JJ\Jrrl, que comptez-vous fair'? demandn ,111' !lI' LI1f1"nl.
_ Fuir,. avollrr ,1 n!'rthc Dutl:'1'tre snn hllrribw
clÏ.n " ct 'HUit ceux qlli onl le plu~
grond intérêt H
1 C0111I0111'( !:I1l\!' 011 véri\:!hlc jour.
"lI'nier et de
_
'llIllt'/.-Vllu l'[lJ'tt'l' rie .Io.cqll
sa mt'-rt' 'l
1l'l'II :\-T1Iémc~
, eL aeuJCIJl.lHlt. L~
nutrC6 nous
irnporlf'nt peu,
I! Il (nul, en cff,',
<t'le Jo..cqucs puisse rendre à
Gool'viève le cu" ~
II lui appart.cJII.llL nlls conte8\.~
'.
Il Il faut qu'il répnrB ses injurieux
oupçons, n
r6ali. artl It> IW.III 1','·Vt' qu'il" RVUI('Ot rnil f'IIH·lllhl •.
_~
Oh 1 UUI, olli, Ilj)[~
Il Iii jounl' /Il 1 velll"lllcllle.
_
l,lit! Il pl'I'Ill'o( t!un~
nul dOlllL', il 1 siluucion
nUJlII clr' Dut '111'0 ? oLJ cla B.lc' de 1 nrrlllll.
(' '('1 1\( ''1l:!i1ilil'' rirll : [uj plé\ J r l'tir>, {'V('lltlll\li , 1"JI't hf'lIr1'II'l"lTIl'ut, mn f/1rlun(' (\·):t Il'1''
IIll'ltl ' "')1111) IItur
PIIC!J'O de cllOI/Ul' lrul nCCllpo1\ J, li' hl' t llVit ndrn dfM rJllliie,
" ,h (quI' , d ... nllnt Ir' IIIIll i ri {ielll'vi<'!ve, F("'a
l,
11
1 l' l'idlt! 'lUf' J)uWrlre; 11 n'n.ura l'Üm
'uv; r,
~
- A propos de Dnterlre, comment aJ.lez-voue
agir avec lui? questionna l'aveugle anxieuse.
- Jusqu'à nouvel ordr'e, il ne saUla rien.
t(
Je ne l'informerai qlle conlraint et forcé par
des événements improbables, é~.rlments
qlte je
ne veux même pas prévoir.
t(
Ah ! pauvre Duterlre, si honnMp. 1 S'il apprenait le crime de sa fille, il mourrait sOrement de
honLe ct, de chagrin 1 Or, il ne mérit.e pas cette
douleur.
- Bien parlé, Charles ... Evitcz il. oe malheureux
homme un drshnnncllr irréfX1rnble.
Il
lais, dans tout wei, tIue devrai-je raire pelo
sonnellcm0nt ?
- Partir au jourd'hui même pour Paris.
- Si vite?
_ Pal'hlen. Il st lJI'grnt de vous soustraire li.
toutes sollicitntinns embnrrnss:ante., pe\~t-êlr
.même i'I. Ms ri"pl' "nilhs posSihl<'8.
Il Au sUl'piIlS, 1
changement d'air, de milieu,
d habitudes C'l de t\'R[lemenl ne peut quo VOUS être
tr>ut i. rait Cavorable,
._ !\1aL6 je [t'aurai personne pour me servir, car
je ne veux pas emmener la jeune domestiqu.e qUli
est ici.
- Vous aurez Geneviève?
- Elle! !\la chère ellfanl?
_ Oui, Olli. moi, chère maman, je vous
rai, av cc qllelle joie 1...
.
_ Et moi nus i, ajollta vivement Ch rlcs GUlllot.
J'ljj l'in lcnlilln de vous rejoindre dans la soirée,
sem·
ch Z VOliS Il"Cm.e.
Ainsi, dès que j'aurai foreé la coupable à se
sa mère
et de Genevi, le, vous pourrez faire vos préparatifs de dépnl'l.
« V us "'(lUS en irez toutes deux en.sembte.
à l'l' COlLsino D'a_ Qur! Ilrl ",,·te donner, '-j~
tN'r . EUe esl sus('( !)lible, 1]n PPu !I1échant.e,
,{.yoooos-lc?.. Elle voudra savoir••
- l" 1 bi"Il, nOlis verron , nUII;! l'OUVCI'ons un
moti[ plau:ible. NI' VOUII • lt'tl{!Z pa.!' C"l [leino li
1'0\'nl\('c, je IlIC chnrge de tout.
t( T
nez, re'P0sez-vous d'ooord, el pnlnLlI I!O
lI!. liqueur q...e je
tonl conl1unce, de mes maiIl~\
vais vous orCrir.
Il EUe c illbullra vil!', ct très
fOcacemont, rclfel du poison dunt vous ê~e
la ~ctime,
Il
délllUsquer, eil présence de Jacques, d
".11 ilr.lw':lIIt, Chnf'II's (,111110\ III fi
d
intéri urc d !:In VCEll' de c1w ulTclll' lI"'"
plcin' d'lIll liqllllie do l't.!, 1111 ~) 'II l'l,ms..
.,
{;(lrtlez C!P lIucOII dall!; votr!'! lDe 111, dl -il,
l'tlld' Cj\IC \'OIIS 'l'Cl." 'Ille, nhs(ll'hl'i'.- 'II 1.1
,'"l'I' tOllt 'S ks dCI:.i·III'IlI't', nvil'ou.
L'uveugle lout de suito convaincue, :al it la
finit' de IlInillS d> son ueall-Cl'èr . El, tout nu sitôt, (Ille lu pOltn Il fiCS lèvl"·!;.
~
Oh 1 c'est excell nt 1 dil-clk, nprès aftil' bw.
q1ldqlll"
guull<'l:\. C' .sl ehulld; r:ula me Il!vanis(' L ..
i
1 bonne Il ure, nt Chadel; Guillut
j'Noi ,1\1' dl l'HCd.
(' VI liS vuy{'/. que lcs .1upol1ui
nu: l IImh C'llIllll Lt'q qll' 1111
1\
Il lions, nOlIS vous quit Ions,
u
il l'hl 1\ 111 l, li 'u "iT'.
Il
blt'Il 1 JI
l', Il 1011
,\ 1
1
HO) t;:Z
suns
ÎlllP
hou Chu rI:I,
·t
ti
CC.
SO'JFi11-
ci de
"111,11',
1l'~
C s <1 l'niel'Il rn(ltf:!, 1(1 riche Américllin
(t 1\ "hUI I11Il" ui 'i Ul' l HU'
l"
.1'
1 IItll
t,
oule
@rnl
�88
~
Celle-ci dut redevenir, pour quelques instanls enMary ... Aussi roucorc. la femme de chambre
ru~-éle
au deuxième étage, afin dè s'y maquiller
a ,cc soin, comme clle faisait chaque jour.
'''rois quarts d'hente plus tard, Jacques Garnier
conviait ins lamment sn mère à venir dans sa
cham bre.
- il s'agit de choses très graves, lui dit-il; des
chosps tout à fait étranges et imprévues,
u John, le chaurfeur de M. Du,tertre, m'a1flrme
que i\llle !3erthe tient à nous communiquer, à toi
el il moi, un secret de la plus haute im)Jorl~ne.
- Un secrel ? s'étonna :\Ime Garnier. Cette nerthe ' urait un secret inconnu de sa mère?
- Il paraIt.
- Oh ! que veut dire ceci?
La veuve mit tant d'arrlère-pensées dans cette
C011I'[(' interrogation que le jcune associé de l'indu striel Iressllillit légèrcmcnt en croyant deviner.
TJoilrtant il se tH un devoir de ne point C]llCS tionncr sa mèrc, de peur d'offenser son caraclère
moral.
- Allons, lui dit-il simnlement.
El commc il pénétrait enfin dans la pièce qui lui
étnit afCectée, il ne [.ut di,sitl1l1 ter S'l. vive surprise,
en y trouvant John installé sans façons dans u n
(1
fanLcuil.
. l'pntrée de .imc Gnrnier, le psendo<chaurfeur
.st' Je\:i, déférent.
- Je vous cn prie, mada ", déclara-t-il s pontanf>m ent, ne vous étonnez pns de ma préscnce.
El ~I'JtOl1
ne me qucsl: ,..."
us ? ...
Il Cc flui "n sc l"><'~SC!
iri lout à l'henre vous
ée aiJ'cra ~mrn:1l't
j'imlwinc pour répondre il
tonIes vos suppo:ilions ,.ctt ',les.
;:; "U<!!'l' '.·/lnt pUJ'ticnlièrrmenl il Jacques Garnier, l'Américain aj uUt :
Garllicr, ne rerTardez pas ainsi tn
- ~lonsier
porte ùe volro eabincl de toilettc, c'est inutilc. Si
le est ell ce rno\nC'nt herlllétiquoment fcrmée,'
e'eNt que celle fOI'Illutilé est nussi nécessaire que
ma présen~
ICu'lfl,e,
- SoH, je n(' Vl'UX m'élonne de rien; j'hll nd s
simplenienl, r~pnl'J
Jacques, s'<,fCorc;ant de ressnisir Jo sang-froid prêt iL lui échapper,
- Attcnl Hl ! lal1Gu lu'll bas John.
Un hrui t ùe pas légers retentissnit, cn effet, dnn.s
le couloir.
lJe;·t11P 1)11lcrtre parut bi{'nlOt, Et Imc Garni!!r,
CC/Ill III
JIII;qUCS, l'l'JllarquèJ' 'lIl sa. pt\lf'ltl' ina""ulIturl {~e,
gr'~
pli('!c~
rOllgcs ct gonO'· ... · pUI' d.,
JnrJl ll '; récemm nt VOl'SOOB, son altitude
mhar·
rll'is./ "
J,or 'C]u'('lIl' Cl! 1 [ni t dellx OtJ Lrois t'ns chnncplu nts
lu pitre, John nlla f rmrr la porte il cl6.
Il /llit C rl/'mi 't ohj L dOJl" sn pO"he, ~OlJt(
s'il
élIt'! 1'1 z JIli.
nI riO!; Gnrnlcr croissail Ü Il ' li! "
l'ahuris ·('men t. Il!! Il' compl'Clllli 'lit
d~lnR
ri !
lni
Ill,
"P,
caloTr,niée par vons ct par d'autres, esl toujours
ct.:gne du rcspect, de l'omol! t' d'un h<mnèt-e horn·
me,
u Parlez, nous VOl''; é 01.ltorlS.
- Je ne sais ,.. b ,lhulill Der the trou1j:l!C ; je ne
puis trom'er ... les mols lIécessaires.
- DiLeI> pourtant quelque chese.
- Im possible... , je He puis J'clicr,.. deux idées,
- Voulez-vous me forcer à park.' pour yous?
dem anda le pseudo-chauffeur,
- Oh 1 non, .. , non ... , pas cela 1
- Alors, comprenez mon geste charitable .. ,
Trouvez vous-mCme ce qu'il convient de dirc.
- Je ne pourrai jamais, jamais 1 répartit Berthe,
frissonnante d'effroi.
- Faites un effort?
- Vous me mettez li. la torture 1. .. C'est af(rcux... , atroce !. ..
Jacques Garnier intervint généreusement. Il se
leva, toisant John d'nll regard d'énergique c1di.
- Ah çà, fit-il hautain, de tfUel droit parlezVOU I> ainsi il. la nil~
d \ol':e n:1t",l;t ?
- Je parle au nom du ,à~
it et de ill jtlslice.
monsieur,
(( D'ailleurs, assez de phrasc.> iru:;~',
')l:~(Ue
~lLte
Duterlre 110 ]leul Ol! ne veut jJ ,in! .\." '-', je
vnis le faire pOllT' ellr.
(( Mais avant cela, et par égard pour \ (
.:t votre mère, j'ai le .devoir de vous <lire qui jc suis .
- Vous Ctes John, le chauffeur.
on.
Et l'Américain enlevu prestement sa perruque
rousse,
- Je ne suis, poursuivit-il, ni John le chunrreul',
ni le John Teddy que vons !1\'(;Z vu à Santiago.
" Celui que )'00 -uofnommait ici " l'homme masqué Il r{,toil, cn crret.
ft J e me nomme, en réalité, Oharles Gui11ot, le richissime Charles Guillot, J'clou!' du J apon. Je suis,
en un mot, le père de Geneviève.
(( Or, je veux j'exirTe q\l~
la. fi lle cie Dutcrlt',
rende à mon cnfant la pleme Jus tice qui lni cRl
duc,
_ Charles GuiHot 1 murmura Jacques Garnier
au comble de l'étonnement.
_ ,\Il'll1, Berthc. ~)I1C'r-tc,
re'prit froidem nt
l'.\méricain, me VOlCI délro~qu;
ù votre toW'
Ola'nlcnUllt.
hl le père de Grnevil!vc sc L\Il, (ll/enclnn , le front
, ''''''-'l'e, 1 rrgnrd dttrC'JIIl'ltt rivé SUl' ln 11.1.; de l'indlt, triel (Ill cellc-ci pfit'h\t.
./llr.qU€ fl cl sn. mère ,J .tllcnrni('nt illlmohiles,
fl1l1l'ls, ("lltnllt [j!.(~"
pnt' ln stllpdul'lion,
!,rur. CSlll' iLs hOllIPYC't'Ht-;j r.J'Îspuir-nt leurs phylliOIlOlilics rl'llngois.· !j iJ\rJPllllis Ilbr~.
Il!'! lhe Dnlert['
s'nrfnJtlslI lcnlcm 'n i sur )08 ge1tl,Il '.
- Gro.cc, gràce 1 implora-I-clle, n levant S 8
\'('18 cl'lui dont
(JI lin::! lrl'lllhlllnlrH cie d(',H~prIJ
1'1111' l'If(. JIl!-llir.ihll • !Tlbl/lt! 1't"('l'lI. 1'[.
'on, n li, pns rlr. piUt, ri po. III J',\ nth'ir'/lin
ln'" 'hlt..
• ù' lVoit
honll nr
vol rI' inru rnio 1
tilt l1l1eIJdtl en-
(;1I1
it iJl<:n[lublc de , ur-
�~
RiValité
d~Amour
========================
Affalée sur les g noux, elle pleurait maintenant,
sans pou voir se resoud re à parl er.
- 1\ !lons, il faut en finir 1 ;,eprit l'Américain
a;;«1c{; de ce silencD obstiné.
Puis se tourDant vers Jacqu es et sa. mère, il
poursuivit, la voix dure et tra.nchante :
- VOliS voyez devant VOIlS. accablée sous le
poidlS de son infamie, et peut-Nre de ses remords,
l'empoisonneuse de 11l1e de Laffont !
- Hein! l'empoisonneuse, elle? s'écria Jacques,
en sursautant de stupeur.
- C'est de la folie! murmura Mme Garnier d'un
accent égaré.
- Cest de la tra(!édie 1 rectifia Charles Guillot.
Tragédie ignoble, horrible!
Allons Bertlle, ne prolongez pas inutilement
eeHe scène, si pénible pour nous tons.
Avouez que ,vous Otes une mü;érable criminelle.
Av(lUez-Ie tout de suite, sans détours, si VOliS ne
voulez pa.s que je vous livre à la justire des hommes!
- Eh bien, ouL .. , oui. .. , j'avoue tout 1. ..
Ces mots, jetés d''Une voix entrecoupée, par la
coupable, s'achevèrent dans une sorie de rê.le
d'agonie.
Au même instant, des sonneries répétées et romme furieuses retentirent du dehors.
.
_ Relevez- vous? cOInIna.ndn C':h0 rli'f; Guillot
donl l'allenlion venait cl'ètr<, vivl'n1f>nl so11ici 1ée.
D" nOtlVCllll, 11'<; ~()npril's
r"""'ll i ren:' ;l1l1s pressées. Une voix aitWê o.ppela clans les couloirs:
_ BerLhe 1... uertbe 1. .. 11 n'y n donc per'sonne
ici l...
_ Du calme! lonça. Charl"s Guillot, d'un Recent
rapirj ct étourfé<. Sans cela. to ut est perdu!
" Lni~se7.-m
i sortir seul.
Il Vous, Bel'the Dutert.re, si VOllS voulez éviter à
votre 111131' l il votre père un dé'tihonn }llI' irrrparabl , ct qnl nécc:sitel'a it votre chlHiment immédiat,
ohé'is ez . ll'Îclement il mes recommandations.
Il J
vn.Ls nller on·devant de VOtl'e mèl'e qui vou~
cherohe, Je ln détournerai de ce couloir,
Il Quand
nous serons éloignés, vous quitterez
oclle ptl'ce furtivement,
" VOIl!'! J'cjoilVlre;: nlol's Mme DutcrLre par un autre coté. El je VOI1." autorise ù lui rncot~
telle rabIc qu'il VOllS plaira, afin d'r .· pliquer volre honLeux dé!4Ml'Oi.
Il Nc me remerciez pas ; ma pitié ne s'applique,
en 1'/~lIité,
qu'il vos nwlh
~I I 'Cl l.·
par",nl.<;. Pour
VallS, je no puis IloVoir que le mr-pl'lS le plus prorond,
En Hch vHnt,
.horles Guillol remit sn perruque
cL sor li l 1'0 picli'rnent de ln pii!r.e,
- MallH'IJJ'rll!;('! nt ,lal'f]lIps Gnrniel', en rivanl
sllr III fllir dr l'in<illslrid lIn r()~l1c
(>'rn~t.
- Lflisse, mon fils, inlor'vdnt l\tme Garnier. Lai&'e celte cl'l'l1llll'(, de III Il 1 cxpi l' ses Iautes, sans
l'nlll r nlir d(' III il~'
(,.,IM .
" I.e 1I'IIIPS cl J 't "tir'~
immnnenle nous venge-
ront
lO\1 .•
[',!le ,"irtlf'r-rompil slIl>itrTl1rnl, nn bruit d'une al·
tcrcnt'on'uJ'velHlIIl liuns le l'OU loir.
Lc- pS('IIII0 .I,)/)n vrllCul, • n c((rl, de AC heurter,
cOlllme pnr Iw, [11'11, fi J\lr'le Dllt"rll'I',
Eh bi!'ll , f1t ,'l'llr-ri h:lIlluille, {'~l-rc
que vous
n'{!1l1 'J\(lez paf, .... ,J 11 S, qllllTlfl j !,OllllC?
l'nlo HI l'ipo:.t fI' id J :lL le fUll' i\ngl(~,
IIlniH je quis' 111l\lflCUl' cl 1 1\ dorllcsliqltt'.
\ r/lUllcnt 1 \ 0115 live? \ Il Ç'l, JlllS domeslique l
89
~
s'écria la grosse femme, suffoquée de la réponse.
Il :-Jous verrons celn ce soir, en présence <J.e mon
mari. Et si vous ne voulez pas servir, eh bien ...
- .le quitLerai la maison, n'est-œ pas, Madame?
- Parfailament.
- C'esl entendu, dès maintenant. ,"OllS pourrez
me régler ce malin même, car je quitte yotre service immédiatement,
" Cepend,'1nl, permettez-moi de vous renseignez
tout de même.
- 'ur quoi, sur qui?
- Sllr votre illlc,
- Berthe ?.. Où est-elle?.. Vous le savez?
- Je la crois dans le parc,
- Eh bien, ,allez la. prévenir que M. de Montclair
vient d'arriver à la villa.
- ALiez-y vOIJ.s-mNne, r,larJame, riposto tranquilleme:nt le pseudo-chauffeur. Je ne suis plus il. volre
servIce.
- Insol"'nl, jeta J\lme Dutertre furieu se. en tournant aussitôt les talons.
1
Elle descendit en se hâtant; Chal'I( ~ Guillot la
regarda s'éloigner, un sourire triomphant aux lèvres.
Il venait de faire d'une Jlierre deux coups.
Il avait éloigné J'acerbe femme de l'industriel,
el il avait trouvé soudain J'occasion cherchée de
quilter son emp.ioi, d'une façon pl'esqnc lJaturelle.
Il revint à pas pressés v rs la 'pièce où J'alten·
daient les acteurs de la tragédie in t ime, dont il
avait btlti lui·même le scénario.
Il y pénétra, saisit rudement Berthe Du tertre
par le poil,'llet, la força de se relever, et. lui dit ces
seuls moLs :
- Parlez 1 Allez au parc: vous y trouverez votre
mère.
La misérable fille se retira, sans prononcer une
parole.
Elle allnit tLlIt.bante, comme une femme rvre,
Pourtant, dès qua >cessa le contact lni.lnédiat
entre elle et son terrible accusateur, une réaction
lenle commença de se fair cn son esprit.
Loin des regards do Charles Guillot et de Jacques Garnier, le courant ml~néirJ.
se trouvait
rompu.
illle s'efforra de s ressn.i"ir, Oppl'llllt il rltr toutes ses forres de volonté, s1lrexcitant ~OI1
nr~l
il,
son v01llnir de résistnncr, son nstuciclise nutl,H;e,
L'étage fran('hi, elle sc trouvn bientôt d"hol'~.
L'nir pur, lin peu yif du mutin ln réconforta l{l'it
il fuit, lui rendil le jeu de ses facl1ltés. Sa mUl' 'he
s'affermil, son regard 'l1ssurn, redevint Idticl'.
Elle CR \1y pl' mplc-mnl s s yeux, toul cn dé·
ambulant duns le ,parc,
Au détour d'nne all&e proche, el! sc tl'Ouvo. f;ubitement fur il face uvec s.a rnl'l'e.
- Ah 1 bien, fil cellc--CÎ, toujours courrou 'ée, te
voilà enfin, re n'ost pas domml'lg 1
Où étais-tu donc?
- Mais je me promenais, tout si.mplemenl.
- Tu as lrs yeux Lout rouges; lu as pleur\ '7
- Oui, un peu.
- p(Jlll'qlloi ?
- J nI' le sois paR m(li-n ~ le, aHll'm
rlhe.
- T'aurait-on (nit ou dit qlll'lc]1ll' I l l ' c1ésa·
gr6abl ?
, Ton, non, C'eJ:;l un 6nervC'T11cnt 111'- plll.ubh.
- 1'11 t'PlJip~
IWIII t-Il'i" ma ellt"II'? !' prit
Mm" Dlllpllr!' <[III' . P[ Il ln l'III 'fi mnLel'lH'11 6 adoucissail'TlI, inl:lt 1111 1tl1 ICTlH.:lll ,
IIi, r;'(','t "la, j - fil 'ennuie profondémeDt
�~
90
RiValité d*AmouJ' ~
même. Je voudrais changer d'air ... , voyager, aller
loin, très loin.
- Rien de plus facile. J'en parlerai ee soir rr..me
!l. ton père.
Nous irons vivre .quelques semaines SUI une
p1 age , veux·lu ?
- Oui. oui, c'est cele., chère mère.
- En al~dnt,
viens avec moi. Tu 'vas retrouver à la villa un hôte connu, un bOte dont la visite
te sera peut-être a,gréable, en tous cas, distrayante.
- Qui donc?
- Le comte de Montclair.
- Lui, lui, revenu 1...
Et tout en suivant sa mère Il pas lents. l'astu·
cieuse fille réfléchit activemenL
L'arrivée de Gaston de Montclair allait créer une
djye. "'lion puissant.e, utile.
,En 'lutre, sa visite semblait devoir relier ]a
cllalne de projet.s matrimoniaux brisés par son
~al't,
et par la venue récente rie Jacques Garnier.
Or, con1Jme il n'était plus possible de com,pter
·ur ce dernie-r, après le terriblp avatar de tout à
l'heure, la diplomatie la plus élémentaire commandait d'accueillir M de Mon tclai r d'engageante
fa.çon.
Chemin fai~nt.
la coquette répllrait tant bien
",ue mal le désordre de sa coiffure; elle séchait son
v.isa.ge marbré de traces de larmes, elle força même Res lèvres à sourire.
-~
Quelle charmante surprise! s'écria-t-eJle, en
tendant S8. main blanche à Ga, ton.
Celui-ci parut un peu surpris de tant d'aménité.
Il se serait plutôt éi' endu à une .certaine réserve,
bau laine et ftlchN'.
- Toul e plaisir 1:81 pour moi, dit-il, galant, en
sautant sur l'occasion avec un à-propos remarquable.
.J'étais impalient de vous revoir', beUe et spirituelle aJllie ; ce qui vous explique mOIl arrivée matinale.
A La bonne heure, ponctua maladroilemrnt
Mme Dutortre, vous mnni! slc7, là un joli repentir.
- Il qu 1 sUJet? demanda Gaston, sans vouloir
oolllprendr .
au sujr ri· votre brll!'CJue dt'opsrt récenl.
- ~Ini'
- Pardon, Inùnn1C, ce d6ptll"l élull prévu ct
d'aillellf".· annond'.
, I!l!l' nerl,hc ~l\'ait
fort bien quo Jallais li Parie
ponr r<"glrl" ccrlain('s dilTi ull(o;-1 PI'l''''(lJlnel!os.
- Parfûltolllrnt., mon cher cOTlIlr, ('oupa l'llabil
COlll(o<!icnno inlt'rpeltée.
e-n ce
" .IIIllUII av lit ouh!ié ce d'Iltii. El pli~,
lnom('nl e!lt un pru n rvel~(',
(~Olrne
moi!
o' Il Ic II/' , . 1.11 r1om~l.ic,(>
n(lu cr~
ùt.>... emharNoS 1... 11 Y Il cl'!< :1l/tllg iDl'llt..'i 1...
i\lanc J)u!prlrr voulut profil!'!' Iwlll:elf. nt d~ j'occa.aiflD (,f( 'l'!e iurons 'i mlflPIll.
- <. esl il cc point, Iqrpuyn·(- 11(', qlle j'ni dû Lout
• 1'I)('lIrc Icnvav< r notre nOllv/'UIJ chuuff 'UI',
- \'l'IIim, III i s'r'l m/Ja 1 contte, pnr poli!, Il. e.
- 'J '1
LIl: bl/'JI fnil, ("hl',.
Ill'/", IlJlJll'OUVIi
8('111
fil 1 f' IJII' fiU ! illlllll'Ile dQ Ho'ur le
"'PI', dlln.
fi
flnilS
Il rl'll/lIll',
!Iii! HI lIJP(/'hf~,
l'Of!'f tilJII gOIl1J1 Il,
,fI' ('l'Id ; rrov!'1 n il \!lUS,
" .\III!
U4J/lI, , C'I st bl IlIrol.p plut ml(,I'/". lin!.
rliln r{'gl,. vo: ufl lirns ?
, dl 'l"
Il i('
'II
1
• Hill
·Cull.
\'011 1 Ilble d'f <,II
Illln.
II1f'1It
avec leur
1II01l chm
_ . Fort bien. l\'ous en causerollS bientôt avec
mon père, si vous le d('!'irez ('ennme ROOi.
" Cu' vous nous l'cs'Lez, n'est-ce pws?
- l\lais, lrès volonUcrs.
- Eh bien, mon chcr, allez donc lumpr o.D cigare
dans le parc, tandis quo je vnis . ,-"'r(:der rapÏJàement à ma toilett.e.
• 'DUS nous retl'ouverons sur ln terrdSliH'l.
Et légère, onduJeuse, provornn l , la j<llia fille
l'audacieuse criminelle, disparut aux yeux cbar~
més de Gaston de ~tOT!
lair.
- Après tout, murmura celui-ci, se retrouvant
seul, j'ai peut-être bien fuit de !('\,('nil'.
1\la foi, tant pis pour /1 on co ur ! Courir encore
après celte ador'able, II ois inlrouvablo Geneviève
c'esl poursuivre une Chll1l1\re !...
'
Avec celte coquette n 'llhe. j'nurai du moins la
fortune. C'est déjà quelque c1lose, si cc B.'est t<lUt.,
à notre é(poque !
Sur cette conclusion, le noble monrlllin, vev a.
tile et toujours léger au Cond, s'éloigna &Durian\. et
satisfait de lui-mt·me.
De son côté, la misérnbl", fille de Dut l'trI' se SCl!tail ronaltre à des eRpoir~
nouveaux, Et cela lui
rai ait oublier momentHlH'!lllellt 6011 infamie, SD
bonle 1
Lp.s tcrrib'e.q menace:;; sll&p<>n(]lles sur sa tèl.'
l'effrayaient mOin5, 11 pr('sellt qu'elle pre"sentalt
le dépnrt imminent du. faux chauffeur Joh l et de
sa fiJle.
Leur discrf>!ion chevaler ,sque lUI pflraisso.lt d'ailleurs assurée, ne fùt-ce que po.r égard I>OUl' son
père.
Donc, l'avenir lui app<lrtenalt encore.
- Eh 1 qu'ils nil!ent donc lous aU diab , es bOl!,
nNes gens L.. lallc:a-l·dle tout à coup dans Je siltmcc de son cllhinct de toilf'tI.f' .
i\!oi, je serai rom te. sc ! Et je loe défie d'oscr <lir
dite quoi qu<, cc soit sur I!1011 COtllpf !
(lui, jl' l'erai romll'sse ... , riche cl Iiollort\e 1. ..
Tllnùi' que III cond'die i~lé.es6
du 1I1ondnin el
de la coqueU.! !le ren~I1Jt
I1lfliH, Cl18r!es Guillot
vellnil cle ['('nlrer p<'lls lf dans la pièce (lÙ l'attendaient illlpati 'n'ts Jacqllcs ct sa m"r-o
- .Je viens, dil-il, de l'('gler ma siltralion en pcé.
parant aUllsi le df.otpnrt de Gt'ncvlM: .
'
Je me suif.; f il,T1I<,tlr li 111 pr,rlc, en tant que
chuuffcur. PlU" ,'\1l'l1f!, nlll J,~f'Iln
snllr c1r Vl"n dé.
cIIl!' '1 à fin (jnrniPr !"fIl'pll,' 'plittf' lI.~·i
Hon 11er,
vi '. (ci devant ~l ne ))1)1 l'lm, bil'n clllc'T!<Jl1.
, insi, te l;{Jir, nous qlit'J\n~
tOlls
c,.t~
jL~'lIib
ri",,·
{'vciller le, snlp~'I
dl' Dlllc!"l,. . Et
nUlls /l'y r 1 ureillons,
lltÎlltl nanl, parlOlls dl! vous, mon cher' MOD-
mnis 111,
!;.Il1!'
Ul" Gamie r .
- ,J suiR à v !I CI'dm!', lon!'lir'lJr.
- ,Je pellse qllE' VOUs ôtl'll Ct T1Ipll'IC'TllI' 1. et. 8uffl!\nlHflll'nt édilJ(', mnintcIlllul, IIUI' h~
, l'ul' JlluraIt'
de BI'l'lllI' I1lltrl'tr .
-. C. r .'s, j(l le fi lis l'P!':!"f')
1'.
('on hp 1l'Il t, JI n"in
Ml C{' IJ lli
l
'ojr ~ Cf "llI,"S :,' ('1/1111('111 pl\l" SOIl
oone/'rll l ' 1
P
1 1'IoJlI
[Ill' VOH Il ln
ill LI~
(\1 .bit;11 11 Il
11
liql ' 1 t
si
wlr cnlj·
Ipli Cu 1 si
use?
�G<è Rif:Jalité
trA.mour
=======================
aimée, en dépit de Pborri.ble accusation qui m'aurait cependant mtcr-<iit de lui donner mon nom.
(( MQn cœur était Irop ple-in d'elle pour que je
pUISse !"oLl>blier jamais,
.
(( ~t
lI..a chère màl'e peut vous attes1etr ici de
(jud1e effroyable douleu secrète je souffrais d'être
obligé d.e la perdre.
- C'est exact, nppu a Mme Garnier.
- Ainsi vous J'é)JCluseriez avec joie? poursuivit
OIlaI1les Guillot.
- Ce serail rooa plus cher, men p-lus arde1lt
dêsir 1
-Bien.
- Mais, reprit Jacq1l().<; Garnier, baissant la ~te,
comme tl rablé, vOlldra·t-elle encore de moi?
Puis-je espérer qu'elle me qJsrdonnera l'eS'pèce de
lra.hison à laquelle ravais consenti, guidé par un
cruel dépit, par une sorle d'ambition légitime?
- Je ne puis Valls l'affirmer, répartit Charles
Guillot, très froid à dessein.
1
(( C'est d'elle-même que vous connatLrez sa déci·
sion à cet égll rd.
t( Vous
ave z é t ~ -! prompt à. Jlabandonner d&lls
le malheur ...
- Hf.!.'ls ! c'est trop exact.
lai!; 41/HIHI donc la verrai-je 7
- nil'ntl'll. 'pl'ut.être. ceci dépendra de la suite
(]{' notre c-ntretien.
" \ vAnt lOllles cho~s,
j'ai le devoir de vous dire
{Jue, retenlJ )1flr de puisant~
considérations d'intérNs personnels, ~ donneraI fort peu de chose à
lI.a fille.
" CinqllaJ)te mille Cranes de dot, pas davantage.
Ah 1 qu'il'Tljporte l'argent, s'écria Jacques
s'exaltant grnél'ellS€Tllenl.
" Ce que je veux de G neviève, c'est e1Je-même,
c'est son être adoré. Ce que j'attends, c'est son
amour, son puY'rlon d'abord.
- Comille n01ls l'avons méconnue 1 soupira tristoment ;\1111(' Garnirr.
- P(,l-~1
['e nr VI ilS en gardera-t-elle pas toujOIIl: 1'!I1l{'\1nr, 1\II1II<1Tlle.
" 5;011 (1111(' tendre et noble a conservé, j'en suis
5\11', dp::; .'Plllin t'Dls de profonde reconnaissance il
vot!'(, ,'THlmi l.
- ()llt'I ospoir 1 l't'prit vivl'llTlcnt Jacqnes.
CI Ail
t :i j~
pnllvilÎS à l'in~o
t. m jeter à ses
pil'd , m' rlï~t'ne
fll'YAnl sn I}I'Aut{·, devant sa
!.{T'ondt \11 momIe, el loucher encore son cœl1!l' ?.
I.e jt'lJrH' IIOm.tlll' s'illll'/THn"llll nd, comme
Il"Ilppé rI'II/H' sorle d'NlloUHIl3 !liCOl.
Ln porte dll cn.lJulcl de toildlc vcnnit de s'ouvrir
brll""qlll'rnf'nl.
I~
(;l'nl'vip\ l' ct{omllfplil1(or, Gen viilve rndieuse,
duns tOllt 1'(opnlllllli1'H'lrlf'nl (le sn llère beauté
ltrune, fil irllilption duns la pièce.
,JUCqlll'l-\, rlit·pllt' grovl'Tnpnt,
Il s'arrêtanl devant 1(' Jl'lIn hflillwe, je V~)US
pllrdonne 1
.- 1I1'in 1 vone v')1l1ez ... , tu veux m pardonner,
vrui/llt'IlL ? ..
-- 011 i, oui.
_. Et tll (,OIlI'lf'rlS, .. , ~I
voudrais encore agrtel'
j'bOllilllllgt' dt, tU1l1 Illon ('U Ill', dl' IOllte ma vie 1, ..
- N'l'llIil-('{' Il)[~
notre dé. ir' ('Olnillun 1...
'l'II lII'Hillll, !lOTlC, Il (kpit IIc IIllI Irahison '1
-- NI [Iurhm,' )1lm de ce Ù UKlIlI' ux passé, Jacques, ,J'Ill Mj l loul ouhlié 1
_ Ah 1 (Jul'! bOllht:llr 1 Qu 110 joii) L..
te TOI toi GUll(" i~vc,
tu serais IYlli ferTima 1
? én lt \Ji i llnr fl~
tf'nclremenl ma-_ l'~u·ic
ticj WIe.
AJors, d'un mouvement spon.laI é, le jfune horn·
me étreignit contre sa robllste poitrine la biellaimée, pnlpitunLe d'ém{)i.
- Chers enfants 1... murmura i\lime Gumicr, les
paupières humides de larnles.
- Ce sont nos enfants, Mllda.rne, a.ppuya Cllll.rœS
GuiHot, doucement ému, lui aussi, tout en pl'essa.lJt
chaleureusement les mains de la veuve.
Après un instant de silence enllPloyé à se ressaisir, il reprit :
- fI[aint.enant, je vous dois touLe la vérité, n:.o~
cher Jacques.
t4 Veuillez m'écouter attentjvclIlenL.
Le jeune homme se dég<l.gc/:l. dO;J,·cmenL. Il fit un
effort mOl'aJ pour récupérer la lucidité de son cerveau, perLl1bé pal' la joie.
- Veuillez parler, dit-il déférent.
- Eh bien, mon ami, vous serez pel-~t'
plus
heureux que vous n'osiez l'e!ipérer.
- Comment cela. 't
- .Je possède à peu près vingt-cinq mi11iofls d.e
fOI"tùne. Or, j'ai l'intention d'en octroyer une dizaine à. ma fille, en guiie de dot. Cela vous suf·
fit-il? .,.
_ Est-ce possible 1 Dix. millions il elle .. " à
nous 7.. :
_ 11ais oui. Cette dot vans constilncra oone
d'assez jolis revenoo annuels; trois ce~t
mille
fralc~
environ. Ceci vous ]'>f'l1l)etlr'u c('rl<llnelTlcru,
6i touLeroi.s vous VOu.s ent'lc~
déOnitiv{)ment a.vec
Geneviève, de quitLer la maison Du tel' Lre. et d'~
tendr'c patiemment. une n01Jvl'lle situation en l''-d.1'port avec vos moyens D(JI]VOO'IJX.
- Sans doute ... , sans doute, balbutia Jacques
ébloui, désarçonné de nouveau !par la perspective
inespérée d'une telle fortune.
cc \Iors, reprit-iJ., s'dft.rçant de recouvrer un peu
de cfllme, VOIlS me conseillez de quittér DulerlJ'e?
- C'esl indi:;wensa.ble, pous son propre repos et
pour le vôtre.
It Vous ne pourriez plus, aprè
avoi: repoussé sa
tHJe snn pouvoir fournir le véritul>le motlf de ce
d(>si~lemnt,
dCfmeurer en COll Lact IOlijOIi rs 'possible,
avec lui. Et SlJrtout avec la malhcurclIE'e qu'aucun
de nous ne pourrait revoir SAns cC)l~re,
snns haine.
It Il 1>O\lrrHil se produire trop souvent d :> heurts,
des froissements, nés de la ronCIIIH'. C<,ci, jllf;4 'an
jOllr où le conflil inhiLnbl.e vt'na.lIt ,il éd~ter,
VOlJl.!
forcerait p~\ltre
à trahir pur tntllglllltlOn le terrible st'cret qlli tuerait sûr IIlent l'excellent humme
que nous voulons épargner.
- C'cst 1rt:!; just~,
très sug '.
.. Pal' 1.'011. ,\quent, dès ce soir, 8prè~
notre départ, illv('ulpz un prétexte et l"olJlflCZ on1IPlèLement
avec Dulert!'\!.
_ Il st'rl.l fail comme vans le d(>flil' 'Z.
_ Pré)1urez- vou s d'avance b. purlir, lIinKi que
votre mère. Tout à l'heure, C Il ,-(~
di'c·Jal'ero. bien
haut RrC'~pte
la démission de sa. r men de chaJll·
bre angluisl'.
- P \l14 110i ne }'en,mèneroi-je pas? dl'manda
Mme Gllrnier, surprise.
PUI't'e que
eneviève doil )ll1l'lir avec lUe dG
Larrollt, avol1l ln. 1 n de la jour n,,,,
, COllllllcnt, s'e.·clamu la VClJV(' :;IlIpt'-rllilc cette
fOlS, Mlle df' Lurront quilte au~>i
ln viII t !
- Il le f/llit bien, chèlc ~tu,IrLlJe.
(.;JI!' nI.' peul
plus rost~I'
ici, Ilprc~
ce qu'cUI' Il dù njluI'cuore par
mes soins.
1(
D'ailleurs, n'c •• l-ellc JIn. 1/1 l'l' pro tuntt. d
Geneviève, pr Jue sa Jl1ère 1 (.Il, d
liS ,
�92
~
nôtre et aussi la vôtre ne font plus qu'unC' tJl31.~,
;
nun1.
~ (:1' 'Ùl
~
« NOl! vous ex.pliquerons tout ccci, a"c
ample:; délails, lorsque noua J.OlJS trouve!'vns ré~l
nis à Paris.
" Je YOlls <Jtlendra.i dem8Î'I1, après-Illidi, Il l'hù'ei
des Cl!amps-Elysées, où j'habite momcn(·'n'::rw'u!.
- Bien. tout est ainsi entendu et l églé, fiL J c{fues Garnier. devenu grave.
« Xous YOUS obéirons donc en t011S points. Tro,p
beureu.- d'être guidés par vous.
- :\Jerci, mon enfan!. Votre confiance m'honore.
« A l'fûsent, Geneviève et mori, nous aUons redevenir. pour queilques heures encore: 1-1ary, la femme de chnntbre, et John le chauffeur.
SUI' eeH" conclusion, Geneviève rentra dQ.l1S le
ca'binet de toilette. Charles Guillot, de son côté,
rajllsb sa (en ne de chalJffeur.
Puis il sortit le premier de la chambre.
Les 6ulr" - le sl'ivirent fUljjyerr>ent, un à un. Il
ne r S~2
ph:!) 1 ~n:Ol.e
dans Ir p:èce où leurs sorls
rel'ip-ecUs " n,.ient (t,: e délider en quelques instants.
:\[lTIe Garnier et son fils apparurent bienlôl
aT'! ès sur la lerrasse de la villa, au moment m~lJ1e
Ù Derlhe Dl1tellre disait Il. sa mère, en présence
du {' 'mie de i Tonlclair :
- Tu ::ais ce que tu Jl1'as promis, mère? Un
voyn,gr. .... l !!r plage tranquille où de rêver en paix
on trollYC le temps ct la liberté!
- C'est _nlenrlu, ma chère enfant; j'en parlerai
ce soir m(->me à ton père,
- A [lropos de voyage, intervint Jacques Garnier, après avoir salué cérémon:eul"err,,'nt les assistants, je 1ien à {Jrévenir illl,e Dulertre que ma
mèr cl IllO: d~\'ons
nous abs nter po 11' ln joumét>.
- Comment, vous ne déjeuncl <J7. pas ici? fit la
femme de l'industricl, sunprise de cette nouvelle.
- Non, Madame, pas aujourd'hui.
- D'ailleurs, ajouta l\lme Garnier, ccci permettra cerLainement à l\lIle DerlJle de jouir un peu
plus de celt liberté qu'c1le réclame si vivement.
- Je omprends répartit .,[me Duterlre, en jelant un regard qui voulait être fin vers f<a fllle.
Celle-ci s'éloignuit sans hlltc, n comp 19nie du
corr,t.e de MonLduir, comme indifférente aux propos
4les hotes d sa mère.
_ Que vI)lilez-vous, 10nsicur GMni!'r. TlIJ11rsnivil ln grosse dame, les jeunes flllp3 SOIt! positivemenl rh':ronf"crtanles avec 1 lIrs capl'(,/ .
(( VfIIlS avf'y. un P("l! le rl!'oit (j',\trl' vr.·~
Rn Hd, ;\laclnme, réparlit Sl:I'IH'II'<"lIt .111<." flll'S,
prllfilnnt. hllhiJt:ll1ent de l'ocrBsjon, jr. silis Irè!'.
'roi Hé.
_ Ali surplull, ajouta l\-1J1lc Gurnier. j'ni he,40in
de ml l' '!Hlr à Ill. F rt(>, pOUl' y dcmnnc!<>r \Ille
dOl!1 . 1{l'I .
AlIllMut, ,Inry VOU!! fIllitle clan?
,
.!tus olli. Ell m'n cil- Ilr~,
lout n 1heur '.
vouloir plll tir ulljourd'hui TIl me av (' son frère qlll
Il r~ 11111 u oll r.onlrllt.
_ l!ilt Illl n, hl JI vent ft ces A glnis inl'luppor(avII'. 1 (Jill Inl .1Jllf' Dull rIre, nfr,'clanL lin dédniJ
IIltil 1.
1:1 1 flUI' VOliS <I!'w;, bonne pl'omc.nnde.
\ 1" Hoil', n'csl·('c Pli!; '1
,\n I('\oil', 1'1",1'1' .lllfÎllTl,e, rt"pliq1lD ln WnlVC,
, ur Il'ftt 1('1'0\1
é\,llsh'", ,lfll'qllPS cl Sil Tld'!'c
OUI ini 1 L Ions cl ux 1 n c!PSf!IIIIH,
tI'('lol 'lIt'r 'III. 11
sati fI l d Il'u' fllralll l"loe.
l 11<; 11f' 1re plu lUI'il, il (luHtnilmt III villn, nyulll
Il
Il
[l"(
) [,r~
~l l'.1nmcc leurs bcgogt:s, selon les reCOIn,
Illundnlions de CIl,ldes Gu;:loJL
D,:ms l'après-midi, t\ me de Laffon t. vinL à SOI
tour infol'lt'cr l\ilHÙ Duler(re que le sonci ùe C('rLn.ines affaires urri'nles, aulant que J'étal précuil'\.'
de sa santé, l'ob:igeaiC'nt à. l'enlrer à Paris pOUl'
q 11dques jOUl'S, sans I1Jéme attendre L; 1 ".,),,1' de
son éxcellLnt cousin Dntcrlre,
.J
p.1l' unc sorte de hasard v<.!l;lu, elle l'mlit pour
la ga.re en môme ~('mps
que ?lIary, la pseudo-femme de chambre anglaise. Quant à John, il s'en iut
tranquillcmel tune deJni-heure plus tard, 1lIPl'è1;
s'être fait régler son compte, cOJ:Xi:rne un vér·itable
et modeste employé ...
Ainsi la somptueuse villa -devint ;presque déserte
en que:ques heures.
Lorsque Dulerlre revint le soir, dans sa demeu:,e,
ce fut avec une stupeur vérilabl€ el une sorte de
f.yjl'5t.esse soudaine qu'i1 Dlpprlt ees événements récents.
Le renvoi des domestiques l'inléressait peu, en
réal: l.é. Cependant il paraissait se relier de si
éLrange façon au départ souàain de Mlle de Laffont
et Il J'absence de Jacques ct de su mère, que l'industriel conçut de~
doutes sur la Véracité des motifs invoqués.
il s'en ouvrit aux siens,
- Ne l'inquiète donc pas, cher père, lili répartit
tranquillement Berthe, tout s'expliql!
de soimêJne.
(( M. Garnier est profondément vexé du • clom de
M. de MonLclair, voilà touL.
II Ce n'est qu'un ambitieux, dont les calcl!;S :n!éressés paraissent compromis. Il sc ('ond rit, en
celle circonsta.nce, comme un malappris cL un imbédle 1...
It nuant 0. n01re cousine ode Lu ffon l, son dépal'l
était ~ohse
prévue; il ne sal~'.i
nous affecter.
Il A vrai d,ire c'est une ol'lgmale, plIulot emhul'rus:5antt à cau~e
ode son infirmilé,
Il
rou~
savons au su lus, qll'H n'y 0. J'jOll il alt<,ncll'c d'elle... Àinsi, la situation s'est dégagé
fi' \1r,m(;me.
Naturellement les propos de l'nu(lacieu!'.C Berlhe
luI' nl appuyés ~usit6
~ar
r..!me Dut rI~',
! pilla
faihlcmclit au si par Gu"lon de illünlrlmr.
(>lui-ci prof1lnH hobilomcnt dec; ciT'(~nsteB,
nnn do reprendre ses avantege .. , en pall.le r l'I'11u6.
D'llillc:urs un d{>u>êchc y nllllt de l'III'1S dans la
!:loirc'!c, pa!';]t dcvoir cOlTobol'cl' l'orin1o!l dé:obli~('nt
de 13 J't,he Dulel'tl'e, sur le compLc de Gur·
vir!'.
."
Celle d~p6Cl1
disait CCCI:
Il ,'arques Garnier n. reg(~t
« son CIJ1pl{]i iL MonSieur 1~ler',
Il il. tous projets. MotIfs faelo~
" suit .. ,
~c
clonnrr Mmission !.le
en l'cm nçlLot
ù cl vin r ... LcUre
Jacqnes GAHNlIm n,
_ Tlrth('cilp-, n r.f(r.t 1 cnnellit Du l'l'Ir , fl1l'ieux
t Mpilt'<. C'rAt vieil, jr. h' J'('llill'Ut'I'J'l11 1.. ,
J>UI~
Ir' JOIlI'!' IlII5, "'1' nl. '1 Ulil il 10\11', Irl,\ hngn.
ges (jr' lOlls (,(,li' 'lili va,l'lil !jutll," la villn f11l'l'nl
r{'c 'pfodi{'g fi l'nl'Ïs, HlIl' los dlllJfIJ1f.ltHI INI inl',1' sij{'B.
l':t hi('n"~l
l'InlillRll'i '1
pn'·p/ll'illir. 1111 lliori
('nrnlr {I,.
~1(lnr'i!,
o~1l'.
l'!nlill, pl'Il
:1
~J('lI,
!W lrollvn fort OI'(UJ~
pl'IwltltÎn dl' Illl
nul'
fi
'B
1
rll'Vl'llll l'u"i'!'csH(' de sa J'llif!{]n
l' "
Il !Illhlill III biï.~re
IIVN'
, toujours
�93 ~'!J
n,al expliquée, des événements qui avaient bouleversé toutes ses combinaisons.
Cependant, l'avant-veille même du jour 'où la coquette et criminelle Berthe a llait devenir légitimement comtesse de l\Iontclair, l'industriel lut avec
une stupeur croissante cet entrefilèt mondain, publié dans un grand journal du matin:
« On nous anrmm"", ";d Tours, la prochaine célé-
braLion du mariage de Mlle Geneviève Guillot
(( avec M. Jacqllcs Garnier.
(( Mlle Guillot est la fille du richissime AmériI( cain,
d'origine française, qui vient d'acquérir Je
(( chfiteau princier et le superbe domaine de la
(( Borderaie du Plessis.
« C'est par millions que se chiffre lu <lot de la
«
«
I(
I(
I(
Il
«
Il
fiancée, dont la grà~e
et la beauté sont merveil[euses, dit-on.
Il Quant il M.
Jacques Gal'nier, c'est un i.n génieur d'une remaqubl~
intelligenœ, parfaif.
homJT.e du monde, et pbysiqlile:ment l.res agréa.
ble, ce qui ne gil te rien.
(( Nous souhaitons vivement aux nouveaux et
jeunes châtelains tout le bonheur dont ils sont
dignes li.
- Jacques, Geneviève 1... Des millions ? .. murmura Dut€rLre d'une voix étranglée.
« Oh 1 ce Chal es Guillot, cet homme masqué,
comme rusait Bertbe, était plus fort q\ole moi 1
Il Vraiment, les v<lies de la Provioence S<lJlt im;pé'nétrables l...
Le 15 J aillet paraltra :
MARIEE A SON PATRON
R.OMA.N INÉDIT
par
Maxime LA TOUR
Le roman complet : 30 centimes
�«
. FAYARD
65
~
0
8
CENT.
,
Éditeurs, iiue
~
~SG;th-d,
~':;
~
~
18-20, PARIS (146;
LE VOLUME de 400 à 650 page.
65
sous couverture illustrée en couleurs
tous, 1 un ".1. mod l4ue
lIeHl't 1 ,. ,artée ~e
16 .UII'6 ~e nas lIIeJllears écrtnlls paflllalr6, &el ut le but de cette ~el
CATALOGUE DES VOLUMES actuellement en tlente:
BEAUJOINT
JULES
L'Auberge Sanglante de Peirebeilhe.
BELOT
ADOLPHE
LI!. Femme de Feu.
BERTNAY
PAUL
Le Pé"hé oe Marlhe.
Le Lou vel euu,
L'Espion ne du IJourget.
Enfanl de l'Amour.
Orphrlins cl' Alsace.
Les ~lions
de l'Onde Fria,
Le Passeur de la Moselle,
Le S,' crel de Thérese,
La P èchel" sse,
Arlelle Sa phir,
GEORGES DE BOISFORET
L'Ann('au d'Argent
CHa VETTE
EUGÈNE
Aimé d· son Concierge,
HENRI
Vengée 1
Ln
)11
f'e ( Illlpe-TouJoUI'S.
Les U.. u x (;1)
51'S ,
Le fll ill
011
Cadel Fl'i!,ouille.
LOUIS LAUNAY
Le Don Roi i1enl'ioL
Aveugl e
GASTON LEROUX
EUGENE SUE
Les My8th ~ <I ll Puis.
Le Juif-Errunl.
La Boscolte,
Mttm 'zdlp 'froHiD .
MICHEL
ParlgoL~,
JULES
MARY
du Pdnlomp.,
~'ée
Denl Innocenls,
L W gon a03,
La B,'1I
1'i~nêhl·I8e
CHARLES
ClI
~ te
.
rt(ROUVEL
et ""éll'il',
Le Péché Il ' IH G uérlÙ6.
~lo't
,1 Amour.
Lft J't'jlle slln .. Nom,
r.lort 8 cl Vivnlllel ,
Dia"!' Il,! Briol!/' .
l
lA'
elEN-VICTOR
Ull p'H'al.
r.O U3ET
La Femme rie l'Autre.
GEORGES MALDAGUE
La
IJ ~
ielle Amie,
Un Ilomùw dllol! la Nuit.
La Reine du .'llbbaL.
,
GABORIAU
, "" Cil Il ,
L,> 110' i,·r Il '' 113 .
\1 011 i, III 1.'·" Il'I ·
).' I1 l\ i)' ~ 1 r 1', ' IJ~ e,
LI' CI b il l d'Un'ivlIJ.
f~
MEUNIER
T-JEST
La FlI.lItc de JCBJln llle,
Fille d'E ve ,
nux Ouistilis
noi bslère.
I~e
PAUL F~VAl
[MILE
RENE fi E por
GEORGES LE FAURE
La Dam
I.e RO~
~ I ,
1..1' (.I01" ,,!i " I' df' L gnl'dère.
La ~nl'tI.
PfJNSGN 011 TERRAIL
La Reine des r.llrnbl'ioleun.
Gu t ApfOns .
LI' Il,,,, I~ .'0 ' 1" ,
Mllm'l.,'lIe Fllllllb('rg ,
e lte.
Fian cée Maurlit'C.
La [,'rlle de , 1 gnon.
Mignon V'·I1 ),;,;e.
Le 1I1agque ùe Fer.
La GoelTe des Camisards.
Le Roi des " &,11 ('s.
La R,n'anche de ~Iazl,ju.
L'Orpheline de Ba7,cil1 cs.
La
Londres.
, ~il'
EDMOND LADOUCETTE
o'AlI1our.
I.e CUl'il Jll nr' I1J'f~
It RI ,')'1' 011'
Les Noc~s
de Mignon.
.\lademolsell (: Ccnl-.\lillîon8.
La ~ I i e aUI Ilai , crs.
Le Gosse de .. ads.
DE LABRUVtRE
Chantereine,
Les PClssédéeli de Paris,
1 illr d \l,JI "' ,
1.1' \l OI t ' l'II Ille .
LitS
MignoD,
Le Petit Muel.
GEO~S
MORPHY
MICHEL
HENRI KEROUL
dr 1 Onnne.
1.11 ,\1" 11 " " 11111'
JUNKA
PAUL
Fanrlll ' CI Cl.lll1iinel.
Ln \'ul "11 e d' Hunneur.
('igolt' III·.
Amllllr dl' Fille.
Les Filles du Saltimbanque.
L:1 P orlt' lIse de Pllin.
Sa Majesté J'.\l'ge nt.
LarroM d'Amour.
PIERRE DECOU fl CElLE
Le (,rime 01 ulle : ninle.
Lu Challlllr(' d'AmollI' .
La M OII,t 11111 BI' UIH Yeux.
Les' IIIVI ièrl' d Pli l'il,
La JIll Vf\l~
de LnrIlICS.
XAVIER DE MONTEPIN
GERMAIN
ZfVACD
Rorg iu .
Les P:ard(lillun.
L'Epopée d' ,\ 1,,01U'.
LI' GUpÏllllI,
LIl 1 ~ lu !; I ( L
l"allsla
No~trau
VIIi 1,·· U6,
!l I1"
~.
Le Ponl .le :-;""l' i r8 .
Les AmI/lit. Ill' Vt! lIbe.
L'IHIl·o'lne.
Triholll t ,
LH Cour ,l" \1 i l'Ilde.,
L'HM('I Sni " I-I' ,,,,,,
J"1l , nns t· , '"'.
I.n Mnr'l,l i " 1.· 1'''lII l'nrionr.
LI' El h'(\ 1 0 11 1:111.
PIIL'dnillall '" V,"l<ln ,
Les
h qn<
>l n m
~5
' nti
EN VENTE DANS LES LIBRAIRI' S ,T GARES. - Envoi lr meo
moul' tlll CIlll'o,
C0 7tt,.11
l
CENT.,
,accu 4e la librairie IIIll4erl\t
tolietUaq, un 46 plos Jr~"'s
~ J';o,
ce
I ti
m
e~
,
.\
�LÉON PARIS01
An.~J(
.~L
de "
uter
L'AvocAT-CONS5'lL"
S<::crétaire d'Arbitre-Rapporteur près le TribunaJ de Commerce de la Seine
,,
TOUT
DOIT SAY 1
MANUEL PRATIQUE A L'USAGE
des Négodants, ~1)m
1çallts, Industriels, Employés de Commerce ;
Voyageurs, Représentants, Placiers et Comptab!es
CONTENANT
tes formoles des 'actf"S usuels en matière commerciale avec l'indication des
droits d'enregistrement; tous les renseignements commerciaux d'une
application journalière, et de très nombreuses citations
de la jurisprudence la plu5 rtcente
SI VOUS VOULEZ être exaçtement et entièrement renseignés sur les ventes et nantis emenls de fond~,
,sur la comptabilité, sur les rapports juridiques des patron s et elU ,l lny e<; , ~ ur les
les
u ages comme rCIaux, b .. eV,ets d'invention, marques de fabrique, sur la concurrence d~loyae,
faiHites et liquidat ions Judlciai'tts'
SI VOUS VOU L~Z
conllaitre les textes relatifs aux frandes, tromperies et falsiflcatioDs,
aux patentes et aux pOIds et mosures; savoir comment on établit son prix de revient et son
bénéfice'
sr vous VOULEZ connaître les droits et devoirs des tireurs, endosseurs ct porteurs
d'efft:ts de commerce, les règles du gage commercial les opérations de ba ll que, escompte,
comptes-coural1ts; SI vous voulez être fixés !lur les c;h~ques,
warrants, warrant -h6teli~rs,
sur
les sodé ' és;
Sl VOUS VOll LEZ savoir 'omm nt ex rce~
..os droit''! oontre le COmp'1gnles de
chemin; rie fer et les voituriers p our retards, aV'arieli ou manqu ants; COllli<lIlI' C 11 procédure devant 1", Irdlllll,'lIX Je comm e rc e , les conseils de prud'hommes, les ju ti es J e paix'
SI VOU S VOl IEl onfin r6di gc r toJ~
Vos Icte:. et ré~lt)(n
t i ·IlS vous-rnêrn o.!s ct Sll h 'fr.ds
être exa c t ment docull1«:lJlés . lU tous les actes de w ltr vie commerciale, éviter lc:s dlficué~
et les procès j
Achetel
C ~
r.po,'~eu
CE OUE TO '
M ERÇl l DOIT S
pilgCB , par l'a uteur de '( ~voc;at.Cnseilr
près le 1ribuual de Commerce de la elOe.
Ollvr(/I!r r/r 91
:., anoien socrétaire d'arbitre-
Le volume broché 4 fr., relié 5 Ir.
Envoi franco c o tre ID ndat-pos e adressé à MM. A. FAYARD &.
liteu rs, rue du ain -Gothard, 18-20 -. PARIS (14")
1
CI.,
�. .., ~:
~i-'·"
•1
. ",i
•
i. sn t cie paraître:
Place aux Femmes /
...
Administratives et Libérales
Par A. BONNEFOY
-~
C'est une synthèse du féminisme économique dans ses aspirations
ct dan ses réalisations qui vient de paraître sous ce double titre à la
librairie Fayard.
,
Dans la pr mière partie: Place aux fFemlIBes, fauteul' ::;ignale
d' bouch
110UV aux lui peuv nt et qui doivent être ou el't Ù
l'adivit6 des r mme '. Il 'nuIllèI'e les raisons qui militent pour l'admi ,ion de l' lém nt féminin '\ divers emploi dan - le
ervice
public, notamment dansl Ministère, les Bibliothèques, l'Assi tance
Publiqu , l'ûl'gani ·(.100n Judiciair , etc.
La d uxième partie e t con -' u l'
à l'expo 'é des siLu~ton
' acLuell ment ace cs 'iblc, au, ' f mm ' . eL aux jeune fill et à l'mdication des
condition d'admL ion, d trait m nt, d 'UI'rière, d rctt'uitc, etc.
petile llcy'lop0di ll'C, ' 'mplèt t trè. docullwnLée dc
1 C' ,' t un
1 : Ille, le prof' sion' féminine' admini truLiv
t hLérülcs,
l'h ure où 1
n cc ités ct l' xi.'ten· oblig nt un nombre'
('Oll:-,icl<" !'abl d' femmc
t cIe j 'lIncs fiU 'à gagne!' lplH' yic, 'ct
OllVl'ag c 'L app.l à l' ndl' 1 . plu ignalés servicc' à tout· ~ 11 .
on ult ront av c l , ouci ct s'assurer une ind )pencluncc
qui 1
honorable dans la dignité ct la é 'Ul·ité.
'Ill:'
1
n forrt volume de 384 pages. Prrix : 3 frr. BO
....
En venfe
an
les!.. Ibra',.,.. et 63,.
Envoi franco contre mal1ct~pose
. M. A. "ayard et
j ,
Éditeurs, 1 8~2ù
S
de 3 fr. 50 éldressé à
, rue du Saint~G
tharcl,o
l-'aris
V'
1 •
;.
l
(XIV'
�.'
,
�.LES MAITRES DU ROMAN POPULAIRE
Nouvelle Collection
======
a 30
centimes le
"
paraissant le 15 de chaque mois
VOLUME
======
Le 15 Mai paraîtra:
PRINCESSE ' ET FILLE DU PEUPLE
ROMAN INÉDIT
Volumes
parus :
d~jèJ
,-
GRINGALETTE
PAR JULES MARY
LE COQ DU VILLAGE .
PAR LÉON MAUCET
L'ENFANT D'UNE VIERGE
RIVALITÉ D'AMOUR
UNE NUIT DE NOCES
MARIÉE A SON PATRON
PAR PIERRE SALES
PAR CHARLES MÉROUVEL
LA DAME AUX VIOLETTES
PAR HENRI GERMAIN
PAR MAXIME LA TOUR
L'AMOUR ET L'ARGENT.
PAR MICHEL MORPHY
PAR EDMOND LAOOUCETTE
CHAINE MORTELLE
CALVAIRE D'AMANTE
PAR GEORGES MALDAGUE
PAR JEAN ROCHON
LA NUIT ROUGE
FLORAISON D'AMOURS
LE CORPS D'ÉLISA
·AMANT ET JUGE
PAR JULES DE GASTYNE
PAR FERNAND-LAFARGUE
PAR A. MATTH EY
PAR CHARLES ESQUIER
LE FILS DE JACQUES
MOINS FORT QUE L'AMOUR!
PAR RENÉ DE PONT-JEST
PAR PIERRE SALES
POUR L'HONNEUR D'UNE MÈRE!
PA8 JULES DE GASTYNE
Chaque Volume,
30 centime.
L. Y.1um. fr_.o par la pOl'. : 4.0 .. nUUI ... - Un!o». POI'a1. : 150 . .aUm •••
"'.".UI•• ' pOllr DIX yolum.. : rr_ce : ... fr_ol; Ualoa po.tala : 15 fI'aaN.
...... r.ATARD
., 0 " 'dU.un, 11- 20 ru. clu lIall1t-Gotharcl,PAaIl (XI'Y').
..
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Les Maitres du roman populaire
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire.jpg
Description
An account of the resource
Arthème Fayard lance les Maîtres du Roman Populaire en 1914.<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/les-maitres-du-roman-populair">En savoir plus sur les Maitres du roman populaire</a>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Rivalité d'amour
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Germain, Henri
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Fayard
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1914
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Les maîtres du roman populaire ; 10
application/pdf
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20689_1205292
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/12/39164/BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20689_1205292.jpg
-
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/22/26560/BCU_Guide_de_l_etranger_a_Vichy_51619.pdf
6af45a7da12e20795b5fc17c7b3838ae
PDF Text
Text
����SOINS
BEAUTÉ
DE LA
DU
PEAU
TEINT
à ba se de Gly cérine
UNIQUE pour
ADOUCIR et BLANCHIR la PEAU
en lui donnant un velouté incomparable.
-1-
PO'U'DRE SIMON
Fleur de Riz sans bismuth.
SAVON SIMON
Chimiquement pur.
Se m éf ier des nomlue uses Imitat io ns e t b ien exiger
la tJ Jtit a ble CRÈ ME SIMON.
�"La Grande Liqueur Française"
.~-
Médication Tonique et Reconstituante
=
~
..
\
=
"G 1P
Pilules
"
à base de
FER • QUINOUINA - GENTIANE
Régénératrices du Sang et des Nerfs
Spéciflques de l'Anémie et de la Faiblesse
Le meilleur ReconstItuant dans toutes les Convalescences
DOSES
l
1
~DUL1'E
S.
-
EN I"ANT S. -
4
2
a 6 pal'jour
a3 -
après les
-
l'epas.
2 ir, 75 le flacon de 50 pilules
....
64, boulevard de Port-Royal , PARIS et toutes Pharmacies
"..
1
�•. LACTOBACILLINE--
(Voir page 118.)
�r· ...................
u
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . u
~o 1.("·················1.·
1:::1
1.~
l
0
g :
O~og
~o
g :
I!
o : !~
oo..o.o..o...oo..o..o.o...........~: ,
:
.....•...
DE
: .~
:
:,
~
0\
:
g
1
~
~
~
o
o
.
1
:
................... ]
g
36 Édition
1
':... .................................
8
;~
~J
L!'~.t:I
. .
.
.
.
Il
g :
o :
g
1
g :
~op
..
~
i
1
0
f.
1:0
.;:
~
0
1:
~
i.:.:
:
21 Juin au 1 Septembre
l
1
1~
Oo~
...............: .:
TRAIN DE LUXE QUOTIDIEN
PARIS-VICHY
en
4h.45
:
1
~o
Il.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .~. . .~.:
o
~
0
..
Tr ajet
direct
i
!
g
g
0
._...............
~
g
i:::.
o
:
g
g ~
oi1
tiP0 000000
l
g
g
~
Il
~
g
C\..v.n
g
~
:
!
WS 10 '1 5 S -g
o
~
1
6
.: : :
o ~
go:
---
ig~~
o
go:
g
g
i'
~I
g
o
o
®
oo
I
0
SAISON 1914
g
g
;,
o
:
J-
0:
~ ~
:
1L.. ._................. .......
g
g
M. . ~
n /~ I
VICH~.J
à
g
g"..
0
J
l'Etranger
g :................:
1::::::
lg
~
o
!
.:o i T *
,
Il ·
~oO
GUI DE·, ;8o:~. ~
t...............................
o :
......................
~
1
l
g
0
0
*
:
..
j
j
g:
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ..i 1 1j
0
;....................................................................................................................................................... ~
•
�Guide
de
l'Étranger
à
Vichy··························
'HOTEL DES
AMBASSADEURS
OutJertdu 15 Mars au 15 NotJembre
Situation unique en face le Casino et le Parc, à proximité
des Sources et de l'Établissement Thermal
Toutes les chambres avec cabinet de toilette à eau courante
froide et chaude.
APPARTEMENTS COMPLETS
avec Salons, Salles de Bains et W. -C .
..........................................................................
HALL et JARDIN
CHAUFFAGE
CENTRAL
pl
RESTAURANT
pl
.à la carte et à prix fixe
Table de ,.égime à volonté
..........................................................................
Garage privé avec chambres et salles de bains pour mécaniciens
AC.F. @]
AGA -
ACA -
A.AA
========= CID .= ======== @]
VILLAS DES
AMBASSADEURS
Ouf:Jertes en 1912
Les Villas des Ambassadeurs, aménagées
avec un grand luxe, se louent en totalité ou par appartements
séparés, avec faculté pour leurs occupants d'avoir leur cuisine
et leur service particuliers ou de prendre leurs repas
restaurant de l'hôtel dont les villas constituent l'annexe.
�. . .=.
·~ ~ · ~
~
· ~ · ~O
g
~ ·~
o
0
g
~
°
1
0000 0
go
g
o
. . . -l
· ~: · ~ · ~ · : ·:
i
1
1
:
1
8 ~.
0
0
®1
J
0
0
o
,
g
i!J Prospérité ~
d
V· h
e
le y
1®
0 0 0 00 0
1
0
0
i
:
g
1 Origines
g
,
000000
o
0000
!
:
0
:
0
:
0
1
1
1
!
î~J
oo
~g
â~
g
g
\ ••• u
g
'Pour la rédaction et la publicité
s'adresser à la Compagnie fermiêre de Vichy
o
.
g
S
Z
O o o~
g
g
1
0
o
i
~
Nombreuses TransformatiQns apportées
par la Compagnie Fermière
~
g
o
°g
t ~
-=-
g
o
o
®~
... ... ........... . . . ....... n
.
~o
.............. .... . . .........
:
g
0
0
24, 'Boulevard des Capucines, 'PA~IS
00000000000000
g
g
îO OOOO
00000000
. . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . _
~ ®
!.
î
...............................:
�6 ................ Guide
de
à
l'Étranger
Vichy························.
LA SAISON DE 1914 A' VICHY
A lia n/ de f aire 1I0S a C/lais :
Si 1I0US achetez par correspondance, demandez les
Catalogues illus/rés;
S i 1I0US 1I enez à Paris, vi. itez les AORANDISSJ;MENTS
comidérables des Ma gasim
JtJ ,
••
S ,TROM
JtJ
INVENTEUR
DU
pARAPLUIE
DU
CHAUFFEUR
TAILLEUR CIVIL & SPORTIF
:POU~
b.alVlHS et lVESIBU~
~
VÊTEMENTS
pour
LES SPORTS, LE YACHTING
L'AVIATION
L'AUTO, LA CHASSE
Cntnl()guel spêciaux franco
PARIS, rue de la Cbaussée.d'Antiu, 16. - Télépb. Z50. 18
NICE, avenue de la Gare, 33
... + + + .... .,..:oo;+++++ + ... + ......
* .... ,. . ++_+ __ __
+ &;&;;x; ... +
+ + ...
Laboratoire du Professeur PELLETIER, /ntlenteur de la quinine
Avec la TRIjUMINE PELLETIER
tes
MIGRAINES et les NEVRALGIES
1•• plu. rebelle. cil .. plus doulour.u.e.
SONT CALMEES EN QUELQUES MOMENTS
La Boîte de 12 cachels 3 fI'. ... Deux Cachets d'essai gratuits
LA MAIGRICINE
Scientlpque inoffensir
-:-
Un flacon globules, 8 fi' . 30. AVEO NOT/DE :
Trois fl acons, 21 Cr. -:-
l' TRAITEMENT DU DÉBUT; ENVO I
O1SC:
It
, ~' I '
- FAIT MAIGRIR
2' DÉS QU' ON MA IGRIT
l'Os-rl':
LABORATOIRE PELLETIER, 48, RUE JACOB, PARIS
Indicateur du Tourisme
Fascicule Auoergne et Bourbonnais, 2 fr.
TOUTES J,[JJII Al n l t:S ET R UE DII OUOT,
13, PARIS
�VICHY
c!J c!J c!J
0,.~
-===.:J
Vichy, Reine des Villes d'Eaux et des Stations
Thermales. - D'où vient le nom de "VICHY". Séjour des Romains à Vichy. - Fondation du
Couvent des Ursulines. - Madame de Sé-vigné. Transformations apportées par la Cie Fermière.
hier bourgade, aujourd'hui ville élégante, est
situé dans le département de l'Allier, à 365 kilomètres
de Paris et il 259l1lètres d'altit.ude; la hauteur moyenne
du baromètre y est de 735 millimètres.
De quelque côté que l'on arrive à Vichy, l'aspect
gracieux de cette charmante cité vous séduit et vous
enchante.
Par son climat, son incomparable campagne, ses
environs splendides, riches en monwnents historiques et en souvenirs, par la vertu des eaux de ses sources, par scs fêtes et ses
plaisirs, Vichy est la reine des villes d'Eaux et des sbtions thermales.
Devant la ville, s'étend l'Allier, sec, sablonneux ·et invisible
dans son lit de gravier quand le ciel a été longt.enlps sans verser
ses ondées et que le barrage est baissé; mais dès que les palettes
du barrage ont été placées, la nappe d'eau s'élargit, appelant et
attendant les barques légères qui doivent sillonner sa surface.
Du côté opposé à l'Allier, sont d'aO'l'éables coteaux, pentes
affaiblies de la chaîne de montagnes du Forez. Mais qU~1d
on a
gravi leurs crêtes, quand on est parvenu au sommet des premières montagnes, les tableaux les plus variés se déroulent sous
les yeux du spectateur.
Les divers historiens qui se sont occupés ' jusqu'à ce jour des
origillcs le Vichy, n'ont pu leur assigner une date certaine.
Le H0111 lui-même a exercé la sagacit.é des savants, sans que
la hunière se fît dans leur esprit.
Les lUlS, voyant dans « Vichy» le radical du mot latin « Vicus )1
qui signifie village ou bourg, le font remonter à un Vicus calid~ts
(bourg aux eaux chaudes) cité drulS les cartes romaines, ou même
y retrouvent le mot Vici prononcé à l'italienne.
D'autres rClllontant aux temps barbares font dériver « Vichy»
de « Wich )1 qui signifie for e et vertu et « Y ») qui se traduit par
eau. Cette étymologie nous semble la plus rationllelle, et elle
n'exclut nullement l'idée d'tUle fondation ultérieure de thermes.
Vichy scrait donc la vcrtu des eaux ou les eaux qui Ollt le
plus de vertu.
Vers l'an 380, saint Martin, évêque de Tour , Se rendant au pays
des Arverncs, fonda l'abbaye du Moutiers, à Vichy; mais, vers
l'an 845, le monastère fut pillé et détruit par les hordes normandes.
ICHY,
{
�8 ................. Guide
~
de
l'Étran ger
à
Vichy ······················ .. ··
ACADÈ MIE DE MtDEC INE DE PARIS
O RE ZZA
Propnété du dépa rtemen t de la Corse . Eau ferrugineu se
aCIdulée. La plus riche en fer ct cn acide carboniqu e.
Soueraiue coolro les 'uln1 riu, ,i6YrDI, C~ lor se,.!ntIlD
el tOIles Ju miladies , roYrDul de l' . pp'''risse.t at
'1IlIII. - CouIller •• . leslédetia •. - Ea Hale elle, 10111 les PkarmaeÎul et
lJutbaadsd'Eaullloérales .
"1
Pour ren,s6iJ:71.mettJs administr a tifs .1 DOCUlltttlJ s sû.n tijiques
S'adres ser: 21, quai de la JoUetle. 21,
w~·
~
MARSE ILLE
..~@
Constipation ~
SOUL AGEM ENT IMMÉ DIAT
=GU ÉRIS ON RAP IDE=
COMPOSITION EXCLU SIVEM ENT VÉGÉ TALE
~
a
Dose: Un grain avant ou penda nt le repas du soir
~
64 Boulevard Port-Roual PARIS -
~
......... ......... ........
••trlY~!d:'
~o!sDNTS
i;
~
~ 1!VI.) ~ 1.)~ ~ ii 1 tfij
n"...
'1
......... ......... ........
'fBonn..
~
et toutes pharmacies
~
iS:!>~
ASA VONS
[cl 1~ ;1 n:t;~
s
.,Mt/lleur AntluQtlC/u •• 3t.
lI....
Nou ..II ....IIIL Médicamen teux
Savon dOllX . 1 pur, con.orve la
main. ct le cor p'. . . . . . 1 25
beauté, la aouptcllc de t"
Savon à l'Ich.Jnyo l contre l 'ocne~
peauduvi eoRc,dela poitrine. 2 50
rougeur, boulons . . . . . . 2 5(\
Savon. à ln RJ,ord,., comme
SI1I:o n d, PmJa"tll pourlcs,o lns
anti.eptiq ue pour le, loiD'
de 10 cbevelure , dc la barbe
d·hygi~ne.
. . . . . . . . 2
et pour le raoer . . . . . . 2
Savon NajJnJul'$ ullfrJ con tre
S.u'Oti d. P .I" anld .1 G 'JUdroIJ
Pelade. Cal v !tie. . . . . . 2
contre '"cbut"" cheveux, lOI
Savon Surgras au beurre de ça·
pellicules , .éborrbéc , .Io,~tie
2
1)
,ao, pour le visaRc ct lecorp. . 2
• Savoll Stllfur.ux contre lc.
S'1\.'on à la GlycJrine pour le.
eczéma., (uTonelel, ctc..
2
(Envol franco) - - - - - PARIS 12, Boulev ard Bonne- Nouvel le. 12 - PARIS
CHA RLAR D-VIGIER, Pharm acien
�....................... Origines
et
Prospérité
de
Vichy················· 9
Vichy eut le même sort, mais il fut reconstruit dans le siècle
suivant.
Vers la fin du XIVe siècle, le duc de Bourbon, voulant éviter
toute surprise de la part des Anglais, qui tenaient la canlpagne,
avait fortifié la ville. Une enceinte de murailles, avec tours et
fossés, la protégeait contre l'ennemi. Le donjon, le passage de la
Porte-de-France et la chapelle sont encore debout.
Louis II de Bourbon fonda aussi, en 141 l , le couvent des Célestins, sur tm rocher dominant l'Allier.
Les Célestins connaissaient la vertu des eaux dont ils faisaient usage pour soulager les malades qui venaient solliciter
leurs secours, ce qui leur donna la célébrité et grandit leur influence.
De cette époque date le renom des eaux de Vichy.
Jean Banc, docteur en médecine, de « Molins, en Bourbonnais », en fait mention dans son livre intitulé: Des Merveilles des
Eaux minérales, et. apprécie la valeur des sources minérales par
l'instinct des animaux.
Des ouvrages de Nicolas de Nicolaï, de Duclos, de Claude
Fouet, médecins ordinaires de Louis XIV. commentant les effets
des eaux de Vichy à l'aide des données fort restreintes de la science
à cette époque, n'en contribuèrent pas moins à étendre leur
renol11.mée et à accroître le nombre des baigneurs.
.
Henri III fit reconstruire à ses frais le couvent des Célestins.
Louis XIV continua à protéger cet établissement et acheva
l'hospice de Vichy, fondé vers les premières années du seizième
siècle.
Mme de Sévigné, qui vint faire tille cure à Vichy, en 1676.
porta an comble la renommée de ses eaux.
En 1785 Mesdames Adélaïde et Victoire, tantes du roi
Louis XVI, vinrent à Vichy. Appréciant les qualités de ses eaux
dont elles a'\laient éprouvé les vertus salutaires, elles résolurent
d'y revenir et firent décider la création d'tm établissenlent qtÙ
fut confié à l'architecte Janson. Les travaux furent interrompus
par la Révolution de 1789.
Napoléon Jer ordorma de les continuer; mais ce fut en 1814
seulement que la duchesse cl'Angoulême posa la première pierre
de l'Établissement thennal.
Viclly était créé. et. bientôt les étrangers commencèrent à y
affiuer de toutes parts.
En 1853, l'État con éda à MM. Lebobe, CalIou et Cie, qtÙ
furent ain i les véritables fondateurs de la Compagnie fennière,
le droit d'exploitat.ion de ses sources; ce fut le poiut de départ
d'une situation florissante.
A partir de 1872, la foule des visiteurs devint de plus en plus
considérable; des hôtels, des villas de tous geIlIes sortirent de
terre comme par enchantement, et Vichy. dont les eaux minérales sont les plus riches du monde entier, est aujourd'lllù, par
ses ures me veilleuses, la plus fréquentée des stations thermale..
Nul ne peut prévoir où s'arr<ltera, dans l'avenir, la prospérit.é de Vichy, sous l'habile direct.ion de la Compagnie fennière.
J'
�VICHY
@j
(otpOSE)
BELLERIVE
N.
• • • Monuments
S,Y!1dicat 9'lnit.iative
V?I~S
f~res
..
@PostesetTélégph,!lS -Itineraire con~etl
---varlant.e
(selon leurintérét)
t
..
=
om
Byst. Déposé et Breveté en tous pays. -
100
200
300
Reproduction interdite.
�p
................. Guide
de
l ' Étranger
à
Vic hy······················ .. ···
o
O·
VICH'Y
GRAND H~nl
DES
BAIN~
~
Situation Exceptionnelle sur le Parc
EN FACE LE PALAIS DES SOURCES
Et l'Ëtnbli ... mcnt de 1" c1 ... e
Cet HlItel a été luxueusement instalM avec le dernier
confort lIlodel'ne. Rien n'a été négligé pour en rendre
le séjour très agl'6able et des plus confortable.
Appartemenu de luxe complets avec Salons, Salles de
bains, Toilettes, W.-C.
Un grand nombre de cbambrcs sont peintes avec t
décorations de l ' yle. - T ou te. ont dOl cabi nets pen.
dorie. cabinets do toilette avec lavabo ft cou cboude
el Croide. ainsi Qu'un w .-c. Beaucoup do CCI cabinet.
do toilette ont une bllignoire
RESTAURANT A PRIX FIXE ET A LA CAR TE
TARLE D'HOTE PAR' PETITES TABLES
Cuisine renommée. Facilités pour les régimes spéciaux
~
TÉLÉPHONE: 0.08
ct'
g G~B.f'lO
~
Ouvert du l or Mai au
l or Novembre
CHAUFFAGE CENTRAL
~<>
~
~
o
~
JR.~O'Ifl
Fontaines Lumineuses
~ Ascenseur, Électricl'te'
0
g
o
Garage prlvé pr Automobiles
avec Fosses de visite
g Service automobile de
8
l'Hôtel à tous les Trains
000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
DUITTOZ·JURY, 'Propr/6to/re
o
o
�·.i @î
~ .'
.. .. . .... .. .. n
... ... . . .... ..... u
.j
:
00000000000000000000000000000000000000000000 00 000000000000
. 1
~o
o
l
1
1
!
i
î@,1i
. . . . . . . . . . . . : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . • • • • • • . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . _ _ . . . . . 4 . . . . . . . . . . . . . . . . _~
:
O
O ~g
Il
La Cure à Vichy
1
g
gag
LA SAISON
g
j:
:.
: §
oooooî
j @~
LES AFFECTIONS
1
l
TRAITÉES A VICHY
g
:
i
§ "
§
roooe
1
g
i
1
1@ !
1
1
j
~
1
Ë
1
TRAITEMENT INTERNE:
Ig
@l gg
0
a
0000 0
&
g /Sil.
g
0
~
0 0000
0
g
g
g
L'Établissement Thermal - Son organis ation
Hydroth érapie Bains
g Fonctionnement du service
g gazeu x - Mécanothérapie
Nombre des Baigneurs .
g
g
g
i
g
a
g
~
~
Ig
TRAITEMENT EXTERNE:
g
g
1::::
Les Sources de l'fltat - Ellets et Propriétés
des Eaux de Vichy.
Voir, page 11, }es Heures d'OutJerture et de
Fermeture de l'Etablissement Thermal et le Rê·
glemen.t du SertJice des 'Bains et 'Douches. îo~e
~
0000000000001)0 00000000000000000000000000000000000000000000
g
g
0
g
g
~ ~
............................................................................................................................................:
�14 ................. Guide
de
l'Étranger à
Vichy··················.......•
NOUVELLEMENT RESTAURÉ
Salles de Bains privées. - Toutes les Chambres avec
Cabinets de toilette à eau courante
Pavillons indépendants situés dans l'immense Parc de
Maison - - - - - - @
~cr=vs
roT[i~PAêeMjEé1l
à VICHY
Maisons do tout premier ordre
r~
APPARTEMENTS
PRIVÉS avec
SALLES de BAINS
To utes l es chambres avec
Cabinets d e toiletta à eau
courante chaude ct froide
MAGNIFIQUE ===
=== RESTAURANT
L'UN DES PLUS B EAUX
DE l'EUROPE
Gra nd HIll - Salons de Dornes
et de Musique
Billard - Chambre lIoi re
Garage avec Boxs
Table Rlgim. par p etites tables
Directeur : J. ALETTI
oc=:s~';?
.,
tVI CHY :~,!eLRôEtl
0 0 000000000000000 0 000 0 0000 0
o
o
~
o
00000000 0 0 0000 0 00 0 0 0000000 0
0000000 0
SERar!t~:
o
~
0
APPARTEMENTS avec tout le CONFOaT MODER.NE
o
g
Vaste Jardin ombragé - Restaurant ayec Terrasse
Garage avec Boxs
&
o
o
~o
t
0
~
0
0
g0
0
0
î
0000
Dir ecteur : Frédéric HAINZL. - En Hiver : Hôtel des Pins, à Cannes
0
0000000 0 0 0 0000000 0 0 0000000 0 00000000 0 0 000 00 0 0
0 0 000000000000000 0
GOUTTE,
G;!
l~:n
RHUMATISME
GOUTTEUX
li 0UEURou DR LAVIL LE 1/: C~f:
;:!l~r
s
�~
[9J~k?'§>1ec:<@=I
La Saison à Vichy
@
[9J1~S
@
@
~
01~
A quelle époque vaQt-on à Vichy? Le
Voyage. Les Hôtels. L'Installation. Les Devoirs du Baigneur li1 li1 li1 li1 li1 li1 li1
petits et grands, riches et pauvres, tout
le monde, dans ces temps de surmenage, va, tôt ou
tard, demander à Vichy le rétablissement de la santé
ébranlée, puiser aux sources magiques la force nécessaire pour continuer sa lutte pour ta vie.
@@@
@@
P aroli les baigneurs qui s'y rencontrent, on peut
. @
distinguer deux catégories: la première comprend
ceux qui, ayant une souffrance à apaiser oU un mal à
guenr, son t envoyés par ordonnance du médecin pour suivre le
traitement qui, en moins d'un mois, les aura métamorphosés et
·leur permettra de reprendre sans défaillance la tâche quotidienne
momentanément abandonnée.
Dans la seconde catégorie se rangent les constitutions affaiblies
ou délicates de ceux que les exigences mondaines ou professionnelles ont fatigués out.re mesure, et qui profitent des vacances
ou des congé. pour se refaire et jOlùr d'un repos bien gàgné. Ces
derniers, dont un médecin n'a point eu l'occasion de dicter préalablement la ligne ae onduite, sont plus exigeants que les a..ltres.
Avant de fixer leur choix sur l'endroit le plus propice à leurs désirs,
ils tiennent à s'assurer qu'ils y trouveronl;, avec le délassement
dont ils ont besoin, tous les plaisirs dont ils ne sauraient se passer.
UJOURD'HUI,
Los Allées Couverles
�/6 •............. .. Guide
de
l'Étranger
à
Vichy _ ......................
Alimentation des Enfants, Sevrage, Dentition, Dyspepsie des Adultes
~liment
FROMENTO-LACTINE -Drp~Q:E
de choix à partir du huitième moil, et pendant Jel 2' et 3' année•. BOITE: 2 if. 50
l'oule.Pharmac iel. DEPOT GBN éRAL: BRACQUEMOND, pharmacien, 71 ,.Av. de Villie", PARIS
Le plus agréable SOUVENIR de VICHY
est un bel Objet garni d'une des Spécialités de la
GRANDE CONFISERIE HYGIÉNIQUE
'DOLLET=RAN'DIER
~
P1Slee d'JUHe .. , VICfty
A 300 mètre. du C •• ino et de J. Source de l'Hôpital
- -.,.- -
Fabrique elle-m'2me tous ses Produits tels que:
SUCRE D'ORGE - FRUITS CONFITS - PATES D'AUVERGNE
PASTIllES DIGESTIVES DE VICHY - CHOCOLATS SURFINS
«
Expéditions toute
rannée
".
,
~
,
Etc., etc.
pour Tous Pays
LA MA/SON DaLLET-RAND/ER N'A AUCUNE SUCCURSALE
y.
DANS TOUS · LES CAFÉS
LE
QUART
CÉLESTINS
Apéritif hygiénique
Digestif parfait
o
ff
,
LABORATOIRE MEDICAL
Z, Bd de
l'Hôte-d
.~
iI\e.
-
~
15, Rue du Pont, VICHY
ANAL YSES BIOLOGIQUES : Urines, fèces, suc gastrique,
sang. calculs. etc .
EXAMENS BACTÉRIOLOGIC"UES de toute nature. Prj\·
paratlons quoUdlennes de ferments lactiques (Képhir, Jougouth)
AMPOULES - SÉRUM - PRODUITS STÉRILISÉS
P V LÉGER
,
DIAB~TOUES
•
•
pa~:zle
•
Chimiste biologiste .
Pharmaolen de
1' 01 c la s se. ancien chef de laboratoire dos
HOpltnux de PurI..
Ex-élève de l'In8 èltut
Pastour.
SUCRE ~DUlCOR
LE SEUL PERMIS par les Médecins
j
�........................................ La
Saison
à
Vichy ···························· .. ·..
J
7
Après avoir consulté les nombreuses annonces estivales remplies
de belles 1 romesses, ils n'hésitent point à distinguer Vichy des
autres stations, certains d'y rencontrer la sérénité dans Ulle situation exceptiolUlelle, les distractions promises, tant par les pro·
grrumnes de son Casino que par les nombreuses attractions des
réUllions sportives et autres, enfin et surtout le soulagement de
leur estomac Ull peu trop éprOUvé. .
A quelle époque vaDt-on à VichY?
D
tout de suite qu'Ulle partie de l'Établissement thermal,
ne comprenant que les services de bains et douches, est
ouverte toute l'année. Les personnes qui recherchent le calme
absolu, et qui, pour leur cure, n'ont pas besoin des traitements annexes, ont donc la faculté de venir se soigner à Vichy en toute
saison.
Mais la saison officielle, avec toutes ses attractions mondaines
et sportives, ne commence que le 1 er mai pour finir au 30 septembre. Aussi doit-on conseiller à ceux qui désirent se soigner,
tout en participant à ces plaislrs, de venir de préférence en juin,
juillet et août.
ISONS
Ce que codte une Saison Thermale
V
est accessible à tontes les bourses. S'il est visité par
des milliers d'étrangers, qui se plaisent à propager sa réputation méritée, c'est que tous ses hôtes savent, par expérience,
que dans nulle autre station le logement et la vie ordinaire ne
peuvent être obtenus à meilleur compte.
En effet, l'échelle des prix varie, suivant l'époque et la situation du logement, entre 5 et 30 francs par jour (voir page z5).
ICHY
Voyage
l'indicateur pour vérifier l'heure du départ; et,
pour n'être pas exposé à changer de wagon, avoir bien soin
de monter dans les voitures portant cette inscription: « Vichy».
Un train de luxe quotidien fait le trajet direct de Paris-Vichy
en 4 heures 45 du ZI J'uin au 7 septembre.
A son entrée dans la gare de Saint-Germain, lieu de bifurcation
pour tous les trains, le voyageur n'entend plus parler que de Vichy;
tout annonce Vichy ou le rappelle.
C
ONSUl:.tER
Prenez: garde aux Pisteurs!
D
que vous arrivez à aipt-Germain-des-Fossés, des individus se présentent à vous, cherchent à lier conversation,
pour en arriver à vous dire qu'ils connaissent lUl bOll hâteloù
vous serez bien, etc... Le pisteur qui vous a indiqué l'hôtel en
question touche une indemnité de tant par jour, ce qui augmente
d'autant le prix de votre séjour.
Suivez plutôt notre BON CONSEIL : laissez vos bagages à la
gare, et faites vous-même le tour des hôtels situés dans le quartier
qui vous convient ct, lorsque vous aurez choisi, installez-vous J•••
(Voir la liste des hôtels, pàgez5 et fin du volume.)
ÈS
�18 ................. Guide
de
l'Étranger
à
Vichy·..······················ ..
SULFO-RHINOL du Dr FAYÈS
Baume nasal anlibacillaü'e an soufre naissant. Désinfectanl non toxique
Une parcelle de ce baume introduite dans les na rines produit une inhalation
constante de vapeurs sulfureuses, analogues à celles des Eaux thermales:
CAUTERETS, LUCHON, ENGIIIHN,
etc.
Supprime le CORYZA, l'ÉTERNUEMENT et la TOUX
Guérit rap idement toutes les Maladies de NEZ , GORGE, LARYNX
Préserve de la Contagion des Maladies des Voies r espiratoires
Grippes. Angines. BronchUes. Pneumonie. TUBERCULOSE
Letube stérilisé: 1 f r. 50 . Ph io Normale, 17, rue Drouot et bOliDes Phi ... Exigt!i1a UltJrq7lt!
ou contre mandat adresse nu Dépôt gé n éral : 3, rue du 4-Septembre, PARIS
VXC::EI"V
DESFARGES et NOUVEAUX-PARCS
HOTEL
attenant à l'Établissement
Thermal de première Classe
LE SEUL
HOTEL
DE
FAMILLE
Gra nd Confort mod ern e - Très g r an d s a pp a rtem e nts
Ta bles d ' h Ôt e
V ast es J a rdi n s - Rest a urant
Service par petites Tables DAN S L E JA RDIN
V euVe 'D E S F AoRGES. 'Propriétaire
TOUTE
FACILITÉ
POUR
RÉGIMES
SPÉCIAUX
~=
=
~
21 Juin au 7 Septembre
TRAIN DE LUXE QUOTIDIEN
PARIS=VICHY 4h~5
1
Traj e t
dir e ct
et VICE VERSA -, - -- - Gu éri s on
par la
GOUTTE,
RHUMATISME
LIOUEUR
DU
GOUTTEUX
DR LAVILLE
1~2c:/!I
S
�....................................... La Saison à Vichy· .. ····························· 19
Ou mieux, à l'aide du Guide de l'Etranger à Vichy, écrivez aux
hôtels indiqués, aux maisons recommandées, et arrêtez d'avance
le prix du logement, pension, etc.; de cette façon, en arrivant a
Vichy, vous avez tout ce qu'il vous faut. Mais. nous ne saurions
trop le répéter : Prenee garde aux pisteurs·:
Les Hôtels
Jo
'UNIVERSELLE renommée de Vichy, l'affluence des baigneurs
. .. attirés chaque année par les prodigieux résultats de cette
station, peuvent tout d'abord effrayer les personnes d'hmnt>ur
casanière.
C'est un préjugé qu'il convient de détruire entièrement.
Installons-nous!
voulez-vous descendre? Votre choix s'est-il arrêté sur une
villa ou un chalet? Les prix varient suivant la saison, la
situation et le nombre des chambres, entre 20 et 60 francs par
jour.
.
Préférez-vous les maisons meublées? Elles vous offriront des
latitudes de prix beaucoup plus grandes.
C'est à l' hôtel que vous descendez? Soit 1 Aussitôt votre chambre
retenue, vous déposez vos valeurs entre les mains du maître de la
maison.
Après quoi, vous ne manquerez point de réclamer, un peu avant
votre départ, votre note, doclIDlent que tout voyageur doit consulter, fût-ce au pays des auges.
O
U
LES DEVOIRS DU BAIGNEUR
Choix d'un Médecin
de personnes sont adressées directement par leur .d octeur à l'un des médecins consultants établis dans la station;
nous ne pouvons que leur conseiller de ne point se laisser détourner de leur première intention par des influences étrangères et
souvent intéressées.
Quant aux nouveaux arrivés non munis d'une recommandation
spéciale, ils trouveront aux pages 2r et 22, la liste des docteurs
ailitrés de la station.
Cette première formalité accomplie, le baigneur devra ensuite
,e rendre à l'Établissement thermal.
N
OMBRE
Rappelons à ce sujet que de nombreux établissements
privés sont établis à Vichy; mais dans les Établissements
de l'État seuls, on administre l'eau des sources de l'État
en bains et en douches - ET CE SONT SURTOUT
LES VER TUS CURATIVES DE CES SOURCES QUE
L'ON VIENT CHERCHER A VICHY.
Distractions -
L
Abonnements
E moral joual1t ml rôle des plus influents sur l'organisme, le
baigneur va, de lui-même, souscrire un abonnemeut au Casino,
centre de toutes les distractions.
(POl" les abotmements al' Casino, voi, page 24.)
�20
................
Guide
de
l'Étranger
à
Vichy
Goutte, Gravelle, Rhumatismes
SONT GUÉRIS PAR LES
Sels de Lithine
EFFERVESCENTS
LE PERDRIEL
Supérieurs à tous les autres
dissolvants de r acide urique
par leur action curative sur
la diathèse arthritique même.
o
@--®
Spécifiez et exigez le nom
LE PERDRIEL pour éviter
la substitution des similaires
i nactifs, impurs ou mal dosés .
o
-@-o
INDICATIONS
Carbonate
de Lit hine
B en z oate
de Lithine
Sal y c ilate
de Lithine
Glycérophosph ate
de L i thine
Alb. LE
PERDIUL~
!1
Goutle.
Gruvcll.
I\hllrl1alismc chronique.
1
1
1
!
des
(;oultc
ou
nhumatl srncs,
ncr'ompngnés d'ôta( nlÎ\TOpllthiquc.
Il, rue Milton, PARIS
ET TOUTES PHARMACIES
�........................................
La Cure à
Vichy···························· 21
Médecins Consultants
PRÈS L'ÉTABLISSEMENT THERMAL DE VICHY
MM.
Alquier (* ), villa Castellane,
JO . rue Callou.
.
AUdhoui, 54, rue de l'Etablissement.
Bargy (F.), chalet des Fleurs,
rue de l'Intendance.
Beaudonnet (O. U), 19, rue de
Ballore.
Bernard, 20, place de la Sourcede-l'llôpital.
Biden, hôtel du Helder, rue de
l'Etablissement.
Bienfait, villa Lorraine, 22, rue
de l'Etablissement.
Berthomier (Emile), 47, boulevard National.
Bignon, chalet des Roses, boulevard National.
Binet, villa Velasquez, 15, boulevard National.
Blancher (U), 3" boulevard de
Russie (maladies des yeux,
des oreilles et de la gorge).
80uet (MilO)," Les Arvernes",
6, rue Prunelle.
Boussion, 10, avenue de la Gare
et boulevard Carnot .
Bright (Richard), villa d'Alsace,
boulevard National.
Brunet, 126, boulevard N ational (maladies de la bouche et
des dents).
Cahen, villa Ser~,
2, place de
la Source-de-l' Hôpital.
Cara - Hermann (1. fJ), villa
Meryc.;m, 17, rue de l'Etablissement.
Castera, villa de l'Adour, 48,
rue de l'Etablissement.
Chabrol, villa Chabrol-Larbaud,
boulevard National.
Chaix, villa Alexandra, 24, rue
de l'Etablissement.
Champ~nt,
6, rue du Chalet
(boulevard National).
Charnaux fils, villa de Hombourg, rue Lucas.
ChevreuJl: (P.), 2J, rue Rambert.
Chopard (Emmanuel), 172, rue
de Nîme•.
MM.
Clerc, 53, avenue des Célestins.
Clermont, villa Joly, 6, rue de
la Compagnie.
Combet (Louis), villa Liberty,
rue Hubert-Colombier.
Cornil, villa Jeanne-Maria, rue
Masset.
Cornillon (Jean), ancienne villa
Coq uatnx, rue de la Chaume.
Cornillon (Augustin), 19, boulevard Carnot.
Corset (F-')1 6, rue Desbrest..
CotaI' (Ch.), 34, rue de l'Etablissement-Thermal.
Deléage (F.) (1. 0), villa des
Cygnes, 25, boulev. National.
Descout (Paul), villa Murillo,
15, boulevard National.
Desgeorges, 25, boulevard de
Russie.
Besmaroux,7, pl. de la Sourcede- l'Hôpital.
Dicquemare, 54, rue Ballore.
Dufourt (E.), villa Périer, 7,
rue Alquié.
Durand - Fardel (Ray .), (*),
rue du Parc, en face de la
Source du Parc.
Duranton, II, rue de Paris.
Fau ~Félix)
(fJI), maisons AnglaIses, 31, rue Alquié.
Faucher, villa des Perles, 32,
avenue des; Célestins.
Faure (Marc) (yeux, oreilles,
nez, gorge), 9, rue Strauss.
Fournier, maIsons anglaises,
29, rue Alquié.
Frémont (*), 3-, rue Prunelle.
Gandelin
villa Blavatsky,
7, rue du \Jolt.
GaXJDat (J.), '44, rue de Nîmes.
Garbon (Henri), 9, place de
l'Hôtel·de·Vilie.
alénard (Frantz) ('k), villa
Strauss, sur le Parc, près le
Casino.
alénard (Roger), chalet SaintSauveur, 3, boul. National.
Gnatwsky (Mme), 29, rue de
l'EtablIssement.
(*h
�22
Guide
de
l'Étranger à
Vichy
Médecins Consultants (Suite)
MM.
Grellety, 4, rue Prunelle, près
la Source du Parc.
Grellety fils (René), 4, rue
Prunelle, pria la lource du Parc.
Grenier, 22 , rue Callou.
Guinard, 23, boulev. N a tional.
Hoppeohendler, villa Brun,
ru e de l'Intendance.
Hadgès (Alfred ), villa Lafayette,
41, boulevard National.
Jardet, villa Portena, boulevard Na tional.
Lalaubie (de), (*), chalet Clermont - Tonnerre, boulevard
Na tional.
Lalaubie (Guy de), pavillon
Clermont - Tonnerre, boulevard National.
Lambert (O. * ), <1-9, rue de
la Chaume.
La Mouch~,
mtel Bourguig non,
96 , boulevard National.
Lcgou CE.), 8, rue de la Compagnie et rue des Thermes.
Linossier, 'k , chalet de Mosk awa , rue Alquié.
Maire (L éon) (0) , 8, rue du
Golf (Chir. excel t ).
.Margnat (Ed .), castel Francœ ur, 141 , rue Hubert - Colo mbier.
Martin (Odillo n), villa Manon,
ru e Il ubert-Colombier.
Masseret, 23, boul. de Russie.
Mauban (II .), Villa Thé"apia,
1 I , boulevard National.
Monod (Oct. ), villa Le Mesnil,
6, rue IIubert-Colombier.
Nicolas (L.), villa Van-Dick,
rLle Hubert- Col o mbi er.
Nigay, passage des Postes, sur
le l'a rc.
Nivière, villa de Flore, 17, boulevard National.
parturicr (G.), villa des Turquo ises, avenue des Cygnes.
Pclloticr, 165 , rue d,e Nîmes.
Perceau, Il , rue Desbrest.
Puisticnne, vÎ.ll a Colette, 141,
ru e de Nîmcs .
MM.
Rajat (11.),26, rue de l'Etablissement (peau, cuir chevelu,
organes génito-urinaires) .
Rambert, 7, place du Châtea ud'Eau.
Raymond (Léon), villa SainteMa rthe, rue de Ballore,
Reynes (1. \il), 106 bis, boul.
National, villa Mauresque .
Roux, 14, rue Roovère .
R(luzaud, villa La Tourelle,
IS, boulevard de Russie .
Salignat, castel du Moustier,
26, ave nue Victoria.
Santelli (0 ), 163, rue de Nîmes,
pres la Poste.
Sem en (G.), chaletA.S., 3, boulevard Na rional.
Sérégé, villad'I-Iyères, 37, boulevard National.
Siems (Ch.), passage dela Poste,
161, rue de Nîmes (Maladies
des oreilles, du nez, du larynx
et des yeux).
Sollaud (*), castel Mariè-Edm ée, 5, rue Callou.
Surrel (J . de), villa "Les
Fl'eesias ", rue Roovère.
Testé, 19, rue de Paris.
Therre ('k), maison Rég nier,
ru e du Pont.
Tissier, villa S aint- Pierre, 17,
avenu e des Cygnes.
Treille (O. ,w) , 14, quai d'Allier.
Vallerix, 17, boulev. Carnot,
"La Tunisienne" (maladics
des yeux, du nez, de la gorge
et des oreilles) .
Vlluthey, castel Fleuri, 27. bouI.
de Russie (ex houl. de l'D6tel·de·Ville).
VeiUard (1. (li), 9, pl. d'Allier.
Vidal (E.), villa Vénitienne,
7, rue Strau ss .
Watewsky (Colonna-Antoine),
villa Anne-Marie, ru e Nouvelle (boulevard Carnot).
Willemin, ancienne villa de
l'Empereur, boul. National.
LABOR.ATOIR.E SPÉCIAL AI'
D'ANALYSES BIOLOGIQUES
E. 6AUTRELET
iii
4. Rue Chomel. 4
JI
�La Cure à
23
Vichy
Tarif des Bains et Douches
Comprenant le service du linge
,.
J.
CLAS S B
CLASSR
CLAS';I(
2 . 50
4. »
1 . 50
2.25
0 . 60
1.10
4.
5.
1. •
1.60
8.
0.30
1.
.re
Bai n de baignoi re . . . .
Bain avec doucbe. . . .
Bain ~ domicile, lU zone.
2·
8.
zone ,
3- zone "
Bain de pieds. . . . . . . .
Bain de siège à cau couran te.
Bain de vape ur . . . . . . .
Bain de vapeur avec doucbe . .
Bain d'air cbaud avec doucbe . .
Ba in de piscine de Datation . .
individ ue l . . . .
. .
Bain et doucbe de gaz des eaux de Vichy .
Bain sulfureux . . . . . . . . . . . . .
Bnin avec ca taplasme de sable cbaud .
.
Bain de luxe . . . .
. "
Bain avec douche de luxe . '
Douche (grande) Il percussion . . . . . •
Douche de Vichy aVec massage sous l'eau.
4.
4.
8. •
5. •
2. •
6.
10 .
1 6.
2.
Douche coucb é sur le lit • . . . . . .
o
.
•
•
"
..
,
3.
1. »
2.6 0
4.
6.
0. 5 0
2. 50
1.
4.
1.
1.
2.
2.
8.
»
3.25
1.60
2 . 50
4.
Douche intestina le "impIe. . . . . . . .
avec cotéroclyse . . . .
Doucbe sous..marine en baignoire . . . . .
en pisci ne . . . . . .
Douche vagi nal. ponda nt la durée du bain . . .
à je t continu, en dehors du bain .
Douche nasal e.. . . . . . . . . . . . . . . . .
Douche en hamac..
. . .
Pulvérisation d'cau minérale de Vichy (!au di,erses en sus) ..
Inhnlation de gaz de. eaux do Vi chy . . . . . . . . • .
d'oxygè ne.
Lavag e de l'c5 tomac.
Mass3 g c à s ec . . . .
•
»
»
»
1. 26
2 . 75
»
0 . 75
1.60
2 . 26
"
0 . 30
1. 6 0
1.
»
0 . 60
»
0 .30
»
1 . 10
•
0 . 20
•
" •
1.
0 . 75
1.50
1.60
»
SUPPLÉMENT DE LINGE
Ser victte: 0 . 10. - Peignoir : 0 . 16 . - Fond de bain : 0 . 20
SERVICES ET TRAITEMENTS SPÉCIAUX APPLIQUÉS PAR LE DOCTEUR
ou s ous sa surveillance immédiat e
HYDROTHÉRAPIE MÉDICALE ET THERMOTHÉRAPIE
DOI.che médic.le donde par le Doetenr.
Douche méd icale donnée par l e
Docteur (par .bonnemen t de 7).
Bain d'oir cbaud . . . . . . . . .
&fee doacbe ml dleale ..
BulO de lumiè re loca l (Dow.iog)
avec JQucbc médicn le . .
•
3. »
Bain d~
lumière électrique assis,
en calSSc. . . . . . . . . . .
nain de lumière (Dow.iog) couchti
avec do ucbe médicale . . . . .
Douche é lectrique d'ait chaud
Bain carbo-gazeux.
MOlfisage t\ sec . . . . . . . .
19 . »
4.
5.
6. »
5. »
10. »
5. »
6. »
6. »
MÉCANOTHÉRAPIE
Une séane. . . . . . .
. ...
6 .»
Dix léance.. .
....
. .
50 .»
Vingt séance.. . . . . . . . . . '76 . '
MUIS.ge. manue ll ,ib r ~ t oirel
(l'rlteomm8 eI..tIllUS)
1
Bain local d'ai r chaud (S1St. Tyraam).
Aboonem ' d~ 10 balai d'air ehaud loull.
Bain d'nir ~baud
loc al, accompagnnn t uno 8,;ance mlcauutblr.pio.
4. »
85 .•
2 . 60
ÉLECTROTHÉRAPIE
Application BOUS la surveillanoe m édicale
La .éoocc (Une ouluorl8 deeourul)
Abon nement de 10 .éanccs.
de 20 aéance..
Radiolcopie. .
Ihcliogro pbio . . • . • • •
5 .'
40 . If
75 . Il
2 5. "
80 .
P l ul ieu n so rtts de courn n (. 011
applications f.IÎtcs par le mé·
dedn.. . .
La séance. 10 . •
Les JO .éllncci. .
. . . . 80 .
Lu 00 léo nce.. .
. • . . 150 .
�24 ................... Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ··························
Tarif des Abonnements
PO UR
LE
CASINO et le THÉATRE
_____
~o
CASINO
20
Abonnement de 25 jours, une personne .
. Fr.
Abonnement de 25 jo urs, un enfa nt au- dessous
de 15 ans . .
Abonnement de 8 jours, une personne.
Entrée de jour.
fO
fO
2
Il
Il
Il
Il
THÉATRE
THÉATRE
E ntrée avec place numérotée .
Abonnement de 25 jours, une personn e
Abonnement de 8 jours, une personne.
Or c h 'S lr~
Silicon
loge!
5
65
30
AmphilhlAlre
Il
3
Il
f5
Il
»
»
40
»
4
50
Il
CASINO et THÉA TRE
J O Entrée avec place numérotée ..
6
2° Abonnement de 25 jours, une personn e. 80
3° Abonnement de 8 j'ours, un e pe rsonn e . 40
4° Abonnement de famille, deux perso nn es :
le père et la mère, ou l'un d'ellx avec
un enfant, non marié . .
140
5° Une personne en plus, rentrant dans
l'indication ci-desslls.
70
)1
)1
)1
Il
25
Il
Il
90
Il
1)
45
Il
N. B. - L'IL.nemeut lU thUlre poarra 'Ire IUlpludu une roil par IImaiue.
Lu
dam., n. ,on/ P" adml'el en chapce u eux r.ul
. ul~
d'oroho,/re 01 aux doux
premIer, rang, do, rau/ou /l. do ba(oon.
•
�......................... Guide
1
de
l'Etranger à
VIchy .......... ·.... ·.. · 25
Principaux Hôtels de Vichy
Tarif MINIMUM de pension pendant la saison
PROPRI ÉTAIRES
HOTELS
comprenant
ou
*l udiquo 168 tables régime
.1
PRIX par JOUR
DIRECTEURS
ALETTl
*1'11 ajestic Hôtel.
RUIlL
Hôtel Ruh l. . . .....
ROUBEAU
"A mb assadeurs (Villa des)
SOALHAT
" As toria P alace . . .
"Therm al Palace .
ALETTI
"du Parc .
ROUBEAU
" des Amb assadeurs.
JU RY
"des Bains
COLLET
"Cas tel F lamand
SO
ALHAT
"In ternational Hôtel .
ALETTI
" Pa vill on Sévi gné. .
RONZIER
Villa du P rintemp s .
IlAINzL
"Nouve l Hôtel Carlton
MURRIS
"Gr ande· Bretagne.
COFF IGNEAU
*des Princes . . .
:
PERIN·LoRQUET
*de Ch erbourg
FL 8URY
*de la Paix • . . . . . .
FINAZZI
"d e la Grande-Bretagne.
*d'Am ériqu e. . . . .
.
M'" GERldOT
MIGNOT
*de Bade . . . . • . .
AucLAIR
*du Casi no .
M-' DESFARGES
*des No uveaux Parcs.
AUSSAYE
de l' Europ e
Mm. GI!RMArN
de Grignan
MO URLON
*Molièr e . .
BouRNAT
"Royal Hôtel.
PRALOIS
d'Orléan s . . .... .
MODANEL
*d'Aix ct de Chambéry .
BARILLET
" de l'Amira uté . . . .
BARDIAUX
du Bea u Rivage .
DE MOU RGU ES
" de la Cloc ho. . .
TIlAURAUD
* du Havre .
GRANDVAUX
"de la Granej,c·Grille
GENI);TE
P.
*des Lilas
VACH ET
*Lutetia
SERVAGNET
de Pl aisance.
VERRELLE
*du PO rtugal . .
.
DUlIAS
Velal. ~ t des An glais .
de \ eOlse . . . . . .
M-' LU STRAT
M' " GERJlOT
*Villa d u 1I1aroe.
GIRARD-P ERRIN
*du Helder .
s' ~
VA RENNS
*d'Albo et de S~j
GUYOT
des Alpes . .
T ÉREILLE
*du Beaujolais
Bellev ue . . .
MlAN ET
Mm. SAULE
*de Cann es.
BRUN·MICIIl!L
des Céles tins .
POUILLIEN (Ét.)
Central HOtel
"'des Char mill es . .
TIXIER
*dl.:s DcuJc·Mondes
COJlBRISSON
POUILLIEN
"'de Diepp e.
M-' CIIARGUERAUD
d e Gcneve .
BOURDIN
"'du Globe.
CHARGUEUUD
*do Lisbonne .
.
ULtPIIONI
Chamhre.
Déjeuner, Diner
ff.
c.
depul. 25 .
25.
- 20
.
.- 20 .
- 20 .
18.
- 16.
- 15 .
- 16 .
- 15.
16.
- 16.
- 15.
- 13.
- 13.
-
.-
-
-
-
-
--
--
-
-
-
H.
H.
"
Il
Il
Il
Il
1)
1)
Il
"
1)
n
1)
1)
1)
1)
1)
1)
iO. n
10. >1
10. 1)
10. n
10. D
10. 1)
10. •
10. Il
10. Il
10. 1)
9 . l)
9. n
9. n
9 . 1)
9. 1)
9 . 1)
9 . 1)
9. 1)
9 . 1)
9.
1)
9. 1)
9 . 1)
9 . 1)
8 .50
8 . 1)
8 . Il
8.
8.
8.
Il
•Il
8. Il
8 . 1)
8. n
8 . Il
8 . l>
8. n
8 . 1>
8. •
--0 . 60
-
0 . 57
3 .20
0 . 49
0 . 65
0 . 67
0.08
1.10
0.68
0.39
2.47
0.09
-
1.65
0 . 53
0 . 56
1 .13
2.04
0.93
-
1.72
0.34
359
-
2 . 43
0.35
1.40
0.13
1.32
2 . 88
3.80
0 . 61
1 .33
2 .09
-
2.04
1.64
0 .43
2.75
-
2.09
2 .99
1.88
1.24
-
1.35
0.73
�26 .................... Guide
de
l'Étranger
à
Vichy· ........ ··· .. ··· ...... ..
LISTE DES HOTELS (Suite)
HOTELS
PROPRIÉTAIRES
ou
DIRECTEURS
*lndlqu. 1•• table. r égimo
PRIX par JOUR
comprenant
Chambre,
Déjeuner, Dîner'
f r.
de Londres.
"'de lI1agen ta .
"'de Menton . .
"'de Milan.
"'de la Néva.
de Ni co
"'do Portuga l .
"'d es Pyrénées
"'du Régunt . . . . .
"'de la S ource Lucas.
Vi chy·Hôlel . . .
Villa de F a ubert.
Villa du Casino
Alexandra lIô!.::l.
"'de la Côte·d' Or.
"'Gallia . . . . . .
"'du Grand Condé.
"'du Louvre et Reims.
Moderne.
de Paris.
"'de Rome .
"'de Ru ssie
Villa des Eaux.
des Archers.
"'Beauparlant . .
de Bourgogne .
"'de Bres t. • . .
"'Bayard.
Bourgeon ••
"'des Consuls.
de l'El ysée . . .
des Etrangers .
"'f"énclon . . . .
"'Henri J V.
cie Madrid.
*du Palais . . .
. . ..
"'Paradis et Beau séjour .
du Pont-Neuf. . . . . .
"'de la Poste .
Sainte· Marie. . . . . .
Pa villon d'Orléansville .
"'Villa Grau.
Groll eau.
Parmentier.
de Passy .
"'Windsor Hôtel.
de l'Avenir .
"'de .Malltes-la-Jolie.
de Blois .
de la La.ure .
Villa du Parc Lardy.
Villa d'Oran . . . . .
de Norwège .
Villa d'Alli er.
Villa Cecilia .
BERT~ON
LESBRE
VIZIER
OLIVlER
ARAGOU
MARTIN
MALLERET
GRANET
MIGEON
FOREST
GUICHARD
BARRET
AUCLAIRE
MUSSI ER
MICHEL DALBON
Mm. RAND 1ER
CARTAILLER
T E ~SElR
E
WEYMER .
MORAILLON
BLANC-GAGÉ
GON DEAU BORDET
DESllAILtET
R ENAUD-BENOIST
BEAU PARLANT
GALLAND
1" AYOLET-R~lBUD
L1l:GER
BOURGEON
LF.PLAIX
lI11l:TAYER
SERVAGNET
BARDIAUX
FRADIN-QU1l:NAULT
FONTAINE
GUIGNABAUDET
MARZO
M·" PAURON
BERRET-SARRE
BONAMY
FORGE
GRAU
COURIER
CORNIL
Mil. BOIS
CARTON
MICHEL
JAM ES LAF ONJ)
L . GENÈTE
P ERONNET
F ERRML
Vve GUERRINI
DESCHAMPS
JANIN
F" VIEll
depuil
c.
8.
8.
8.
Il
J)
J)
8. »
8 . Il
8 . ))
8. p
8. ))
8. »
8 . J)
8. »
8. »
8. »
7 .60
7.60
7.50
7.50
7 .60
7.50
7 50
7 .50
7 .50
7 .5J
7
"
7. »
7. "
7 . •)
7.
7. Il
0 . 92
1.91
2.72
0.38
2.78
1 . 42
2.81
2.31
2.56
3 .81
1.44
1.68
1.31
2 . 02
2.18
)1
7.
Il
2.54
7. "
0 .61
3 . 57
4 . 08
7. "
7. li
7. "
1.36
3.72
0 . 74
7. ))
7. »
7. »
7.
~
7. •
7. »
7. »
7. »
7. "
7.
Il
7. "
7.
6 .50
6 .50
6. »
6. »
6. "
S .50
5 .50
5. "
)1
5
Voir également t'in du volume, pages
vert~9
)1
1.59
�.......................... Guide
de
l'Étranger à
Vichy ····················· 2)
Fêtes de Vichy
EN
:1.9:1.4
PROGRAMME
30 Avril
Grande
Retraite aux Flambeaux.
1 er Mai
Ouverture du Grand Casino,
Salon de lecture,. petits concerts.
3 Mai
Ouverture do l'Élysée·Palace,
Orchestre.
15 Mai
Débuts des Représentati ons
dramatiques et des Concerts
dans le Salon des F êtes
au Grand Cas ino.
j
25 Mai
Ou verture du Casino des Fleurs,
Théâtre, Concetts,
Music·Hall, Attractions .
Du 23 Juin au 8 Juillet
Concours Hippique,
II6. (16 francs de prix.
1 er J unlet et jours suitlonts
Concours de Chevaux de selle.
Z Juillet
Courses de Cross-Coun try
à l'Hippodrome.
Du 5 au 10 Juillet
Grand Tournoi d'Épée
organisé par la Société d'escrime
.. L a Vaillante" .
Ouverture Théâtre et Concerts,
Casino de l'Élysée-Palace,
le l'3 juin, la Revue.
9 Juillet
Ba taille de Fleurs
organisée par le Syndicat
d'initi ative.
29 Mai
Ouverture du Cas ino-Kursaal
du J ardin de Vichy.
Attraction s , Concerts.
19 Juillet
Régates intern ationales
s ur l'Allier, organisées par
l'Aviron Vich yssoi s.
2S Mai
,
1 er Juin
Ouverture de la Saison lyrique
et des Concerts en plein air
au Grand Casino.
�28 .................... Guide
de
l'Étranger à
FtTES DE VICHY
Les 28, 29. 31 Juillet
2, 4, 6 et 9 Ao~t
Courses de chevaux, total
des prix : 281.000 francs.
Le 29 Juillet:
Prix de Cérès, ::10.000 francs
Le 2 Aotlt :
Grand Prix de Vichy, 100.000 fr.
Le 4 AozH:
Prix des R~ves
d'Or, 25.000 fr.
fi
3 AoiU
Grand Match de Golf.
14 Ao(kt
Retraite aux Flambeaux.
15 Ao~t
Patronale,
Divertissements, Feu d'Artifice.
F~te
Les 15 et 16 Ao~t
Courses Vélocipédiques
internationales
organisées par 10 Vélo·Sport,
6.000 francs de prix.
fit JOU,.3 3ull:lant3
a
Tournoi de Billard
la .. Restauration".
23 Ao(kt
Courses nautiques sur l'Allier,
organisées par
le Club nautique.
24 Ao(\t
Tournoi de Jacquet
a' la .. Restauration".
,
6 Sept.embre
Kermesse organisée par le
Syndicat d'initiative.
En Septembre
Concours de Pêche à la ligne,
organisé par la
Société des Pêcheurs à la ligne.
Les 13 et 14 Septembre
Concours de Boules,
organisé par la Société des
Joueurs de boules do Vichy
En Juin, Juillet, Ao(kt
et Septembre.
Courses de Taureaux.
\
En Juin, Juillet et Aoat
Expériences d'aviation
à l'aérodrome.
penJant le cour~
Chaque ~emaln,
(Suite)
Le 20 Ao(kt
Du 15 Juin au 31 Ao~t
Concours international de
Tir aux Pigeons.
En Juin, Juillet"Aoat
et Septembre
Tournois de Tennis
organisés par le Comité des
Sports du Grand Casino.
Vichy······················· ..
Je la Saison,
REPRÉSENTATIONS DE GALA AUX THÉATRES
-=
~=
=
�~
~
-
Les bons effets d'une cure thermale à
VICHY, CONTREXÉVILLE, VITTEL,
AIX, CARLSBAD, etc" seront conservés
et augmentés pour les
GOUTTEUX
RHUMATISANTS
ARTHRITIQUES
ARlÉRIO-SCLEREUX
par l'emploi régulier d e la
1~ 1~ ~ iJ;tJ 1~ Il i'J III)',
Le plus gra,nd. diso~
S olub
t ~s
c omp a r èes
de l 'Acide urique dan s:
PIPERAZINE
de
va,nt
l,A CID E
-URIQUE
.-
20 cgr. de Pip6rO? ine pur mesure
joi ll te ou fluoo n .
'ltrll.
1. il 3 mes u res pU I' Jo u r
lO Jours chuque mois.
PHARMACIE
MIDY
UO, Faublr SI-Honore , PARIS
et dans les prtnclpales
Pharmacies du Monde entier.
8
�VICHY ET SES ENVIRONS
LEGENDE
~
~
.-..-. tours d'IU
Houtu princlj1olc.r (natioRal'3 ou 1f',o0rhJmentale.t)
Houtes .r.coMB/ru ( Ch "" If. ,yr/Jnde communiÇ/Jflon)
Clt6min.t V/ CInBUA' ou au/ru
Cltemins 06 Fer
- - - - Ch ' ~tI,lë;o'
VO/~
éfro~
oulramw8fJ Jur rom
===..
[chelle
ç,z
&
S/ot -1'EJ...1i
eyÎJ
\ /\60 . 000
�/tPJ01 C>ÔCJ I@] C>ÔCJ I@JIC>Ô<=J I@JI C>ÔCJ 101 $I~
[qJ
~ •
G~ANUlÉ'
~/:".
~
~AVESC.
VICHY, CONTREXÉVILLE, VITTEL,
AIX, CARLSBAD, etc., seront conservés
{('M
GOUTTEUX
pM
RHUMATISANTS
ARTHRITIQUES
ARTÉRIO· SCLEREUX
SEL VICHY=ET AT
réellen: ent extrait des eaux.
de VICHY-ET AT avec le sel de Vichy
du commerce
Lor$que VOU$ falle$
U$agevdu.
5 e 1 de
1~ 1~ ~ ;J!t41 ~ IllIfIIWIIIIII
li I.....II}...'.
601ublt~9
comparées 1
PIPERAZINE
de"
ACID E
t
Il 3 mesures par jour
et dans les pl"i/1C:;pales
Pharmacies du Monde entier.
'
~
s
'1
0
.
.
pOil
V· h E'
astI es le y - tat
.~
·1;
~
&~:4d
(Ina::>
r
r
La Cure Rationnelle
DE LA
CONSTIPATION
@]
porte d'un côté
J
'e mot
VICHY
quantiéd'-
de l'autre
1
e mo t
xlgez e paquet
~0
OFR'IO
P p~, ?UET
LE
TOUTES
LES
"
~
E# TAT
,.-....
,"'bO"
_J
gagent
,;J,
,
r~
1~
"~:i·.'
PHARMACIES
.tenue
1~
I@JIC>ÔCJ I@]I ~
.lai 3'1
I@] ~
101 $I~
~
DÔO
~1
NIO!:l V
r
.~
.
.... ,.~3;
turelles.
.~
, .
2°
G
@J
Le Scorogène Granulé
peut. être pris pour
continuer la cure et
maintenir les résultats obtenus par les Cachets de
Scorogène-Laxaiif. Doses: 2 à 4 cuillerées à café par
jour, au milieu du repas .
NOT A. Ces deux préparations, grâce à leur compo" tion
exclusivement végétale et aux substances gonRantes et émollientes
qu'elles renferment. n'exercent sur J'intestin aucune action nocive comme
certains laxalifs.
@J
I@] C>ÔCJ I@JI C>ÔCJ I@JI ~
Les Cachets de Scorogène -Laxatif
toujours pris au début de la cure, donnerit un résultat
rapide sans coliques et sans action irritante pour l'intestin. Ils sont pris à la dose de 1 à 3 cachets par jour
(au moment du repas) , suivant l'intensité de la constipation.
%
~
Scorg~ne.Gaulé
EN VENTE DANS TOUTES LES PHARMACIES
(Cachets). - La boite.
2 Er. SO
-:- L a boite .. .. .. . . ..
3 fr.
Scorg~ne.Laxtif
. DÉPOT GÉNÉRAL :
Comar et Cie,
@J
TOUTES PHARMACIES
~v.wg3;
10
)~
~
50 filt:.J Le FLACON de 100 COMPRIMES: 2 Fr.
181~
dont les deux formes permettent
un traitement méthodique et sû r,
convenable à tous les cas.
'(0
_
'.;.,
-.......
,
~
J
1
~
Il faut 12 à 15 comprimés pour 1 litre d'eau
5.»
0
dans
[" ,aux na·
:..J.....;.-"
2.»
" '\;:-~
-,~:
Scorogènes
I]J
El
.
_ '.
a ce e con-
'11
.
f
d
d
fil LA(nouvelle
POCHETTE. . . , .,. .....
Cr.
E c h anb on gratIs et ranco sur eman e t:.J
création )
24.'BouleVarddesCapuc/nes - 'PARIS
~
TOUTES PHARMACIES
....
11
une
.
~
le
ntque
ega
·7-/;:~
Le coffret de 500 grammes.
La boite ovale .. , ". ...
UN LITRE
DANS
~
~
principes
la base et,
1 d
ep us é-
d
doit être faite par les
JJ
que les sels de Vichy-État qui en sont
Chaque 'Pastille
~VH(è'Jr
20, rue des Fossés-St-Jacques.
Paris
Enf70i franco sur demande de la liste des 'Pharmaciens dépositaires.
~
18[0/
3~SnVH:l-apZ1
!:"v::>n7
••
~
miques des eaux de Vichy.
Ils renferment les m~es
.
'
Sel Vichy=État port~n
le
disque bleu Vichy·Etat
3DV~
EEi]
' "'r.'"
t§j
État, servent à composer une eau alcaline
gazeuse contenant tous les principes chi-
@JE'ISevendentenboîtesmétalliquesscellées'lI
1
UO, Faubtr SI-Honoré, PARIS
13no~
10~
les seuls fabriqués avec les sels Vichy-
sont les
neconlenantqueles
principes contenus
dans les eaux de
Vichy de l'Etat •
·'~.T-L
J ,. _· ...... <-·_··".3
POo'.'ITt,!'.
• ~
• • 1P~T_!
ffil
@]
MIDY
1
' ," ~ ~. r~', It .!
@]
tO jours cboque mois.
PHARMACIE
l
~ % OFR'IO
URIQUE
..
20 cgr. de Pipérazine por mesure
jointe ou flacon.
'Itrah
h
Sels de Vlchy~
J;.tat extraIts
•
.
des Sources de 1 Etat à VIChy
a bsolument pur et
-.;:,-'J
r~
..::.J
~
va,nt
'
le
y
.
l
1
SI vous vou ez un se
par l'emploi régulier de la
de l'Acide urique dans:
I@JI ~
. Produits VICHY=.ÉTAT •
@]
\]]
G
. ~Hy)
Le plus gra,nd diso~
grJB
I@JI ~
SELS
~ PASTILLES 8 COMPRIMÉS ~
@] VICHY-ÉTAT
VICHY-ÉTAT VICHY-ÉTAT @J
IW
Ne
conlondre.le
Les Pastilles a~x
véritables
Le, Comprimés VICHY-ÉTAT, ~
~
Les bons effets d'une cure thermale à
et augmentés pour les
$101 C>Ô<=J I@JI ~
~.vg:ï')m
3n v
S"
'd'.:J.n7
:::;" ?:i.
~I
il
x
··.11.1!0,L ·81o.01:>-J01UA\ ' ila.J!U~
.
p.Jflt~710
A
-
·SJ.lfld 'saupn4-fl:J sap ;
' h; 'Ât:(OTâ ep 9.Ili/lm
-.19' olulhldmoo flf l' al}vf apltVW
-ap .J.71S 'o:mfl.J.f iii s~If1.J;
pSS:Upfl
, sa J..lT:JIA ::ra ::raTaD n
~
·u
sa~:'IOp
~N3WSlrgV:J
'. j-_ .....,. r
•A
' uoloS - 's
"oP!OJ) OU!as!d ' - ',01 'd
:ou !:)8!d - .d
·O!pnoa-.lIu •• UIV - ' a 'IV
·.lIu··"IV - "Iv
·'!J.lI un - .'}
'oluooi ' '1 0noa - '1 'a
·.'l{O,noa - 'a
',xnl op .'U!qu:) - '" ' :)
Jn. do. 'p 9U!"U - ' /1. 'U
·ollq!. op . U!UO - ·s 'U
·. po!d op SU !OO - 'd 'U
·. U!og ' pnuqo J!V - ' :) ·v
·.lU. llU.P 0ll uS - ' V
m
~_
IlO
'.
':)-'A\
. !13AnON no Nvrrd
': ~ "
l
~
1
I
,i
..............
.__
:". .:.... .,. . . :"; '" :;... . . . . . .,. . . _.:i,
..;.~ . :, ....r".-~
, ,,!
·~' 'm
I' . . ...-..~
. -,~_
./
..,,,
.
'..........-. .
•
•
.;-,>~/
.'
i
!
. i ,// '
. '/}
,v.'
o.r'"
/ ;..,)
'
,
l'
.
:P{N/.V/':
1 , ". i.i
,
®.oqwJ
il
. ••
r
...
j
••... . .-,'
,,/ j
-
//
'. / '. /
/' /
I ~-<
"
�l8 .................... Guide
1
de
à
1·~traDge
Viohy···_····················
La Cure Rationnel e
DE LA
CONSTIPATION
doit être faite par les
Scorogènes
dont les deux formes permettent
un traitement méthodique et sû T,
convenable à tous les cas.
10
2
0
Les Cachets de Scorogène - Laxatif
toujours pris au début de la cure, donnerit un résultat
rapide sans coliques et sans action irritante pour l'intestin. Ils sont pris à la dose de 1 à 3 cachets par jour
(au moment du repas), suivant l'intensité de la constipation.
Le Scorogène Granulé peut. être lapriscurepouret
contmuer
maintenir les résultats obtenus par les Cachets de
Scorogène-Laxalif. Doses: 2 à 4 cuillerées à café par
jour, au milieu du repas.
NOT A. Ces deux préparations. grâce à leur compo·üion
exclusivement végétale et aux substances gonnantcs et émollientes
qu'clles renferment. n'cxercent sur l'intcstin aucune action nocive comme
certains laxatifs.
EN VENTE DANS TOUTES LES PHARMJ\CIES
2 fr. SO
..
3 fr .
Scorogane-Laxatlf (Cacf,el$) . - La boite .
Scorogane-Granulé. - Ln boite .. .. .. ..
DÉPOT GÉNÉRJ\L :
Comar et Cie,
20, rue cl s Fossés-St-Jacques,
Enflol franco sur demande de la 11$10 des 'Pharmaciens
d~POs/talr
Paris
...
�r
Traitement interne
Id et Traitement
Id
Id
Id
.tif
extr~
Les AFFECTIONS TRAITÉES A VICHY
ES affections les plus généralement traitées à Vichy sont:
les maladies chroniques del'estomac, ou mieux les dyspepsies (digestions difficiles, aigreurs, crampes, brûlures
ou pesanteurs d'estomac, dyspepsie flatulente, etc.) ~
les névropathies d'origine digestive; l'entéroptose (maladie du rein), mobileptoses viscérales; la dilatatioll de
l'estomac; l'hyperchlorhydrie; les affections du foie
' - - _ . / telles que : la congestion, l'ictère, les coliques hépatiques, les calculs biliaires, les cirrhoses au début; les affections
intestinales d'origine hépatique (constipation, certaines colites
mucomembraneuses), les engorgements de la rate, d'origine paludéel111e; le diabète ou glycosurie; certaines alblmlinuries, la gravelle,
les calculs urinaires; les coliques néphrétiques; le catarrhe vésical;
le rhwnatisme, la goutte; les maladies de la peau d'origine arthritique, eczémas, quelques maladies de la matrice ou engorgement
des ovaires et, enfin, la chloro-anémie d'origine hépatique .
.L'action très active des eaux de Vi hy étant parfaitement
étudiée et connue,lesmédecins recommanc1ellt de commencer avec
réserve; un seul verre le matin en l111e ou deux doses, et Wl autre
l'après-midi; puis peu à peu, suivant les cas, de 4 à 5 verres; très
rarement on dépasse Wl litre par jour.
Pour les bains, éviter de se laisser prendre aux conseils de certaines personnes qlÙ, dans un but intéressé, cherchent à vous
détourn !r df's Établissements de l'État.
Les établissements particuliers sont dans l'impossibilité de leur
adlTinstr~
l'eau de sources de l'État, tant pour les bains minéraux
que pour les eaux bues aux sources.
Du reste (c'est la condition essentielle du traitement), il ne
fant sous auclln prélexte absorber l'eau ailleurs qu'aux buveltes
de la ompagnie Vichy-Élat; et quant à J'eau en bout.eille , consommable à domicile, les mêmes précautions sont à prendre: eau
de Vichy-État, partout et toujours.
Il est en outre bien recol1ullandé aux malades de ne pas boire
d'eau, pril1cipalemenl à la sour e, sans prescription des médecins,
e.l raison de l'activit.é de ces eaux et des effets différents qu'elles:
produisent. selon les tempéraments.
�30 ................ Guide
~e.a
I.'~
de
l'Étranger
<aE
à
Vichy ,·························,
~S>
@]
tCH. HEUDEBERT l
PRODUITS ALIMENTAIRES & DE RÉGIME
f.'~
Préparés par la Société L'ALJMENT ESSENTIEL
USINES à NANTERRE (Seine)
Fournisseur de l'Assistance publique, des Hôpitaux de Paris
et de Lyon, de la ci e Cio Transatlantique
de la ci e Int lo des Wagons- Lits, du Ministère de la Cuerre
de la C io des Messageries Maritimes
~"o
ESTOMAC, INTE.STIN, OBÉSITÉ. ALBUMINURIE
PAIN
ESSENTIEL
aVec ou .san.s Chlorure de Sodium, en b/.scotte.s de 10 gr. chacune
a
ENTÉRO-COLITE. CONSTIPATION
a
PAIN COMPLET de Ch. HEUDEBERT
DIABÈTE
.
PAIN D'ALEURONE DE CH. HEUDEBERT
PAIN DE GLUTEN DE CH. HEUDEBERT
FARINE SURAZOTÉE AU GLUTEN
FARINE DE GLUTEN AU CACAO
FARINES DE LÉGUMINEUSES ET PRODUITS DIVERS
a
Petits Pois -
Lentilles -
Haricots
a
aJ/anl conserv4 leur arome el leur .saVeur grllce cl du procldé.s
nouVeaux de labr/cal,lon
CRÈME DE RIZ Ji} CRÈME D'ORGE
CRÈME D'AVOINE
ARROW-ROOT Ji} TAPIOCA EXOTIQUE
FARINE DE BANANES
,
Pâtes alimentaires extra-supérieures pour régime
Pâtes au gluten Ch. HEUDEBERT
EN VENTE PARTOUT
.!\ti
Y.fE:~aotil=@J
\t!
Pharmacies et prinoipales Maisons d'Alimentation
et 120, FAUBOURG SAINT-HONORÉ, PARIS
A
VICHY
Au KIOSQUE de la LAITERIE de l'ÉTABLISSEMENT THERMAL
DANS
LE
PARC
••e-~JX
~
i
\ti
\."
�r~=
~
~o
~
o
~=?,
TRAITEMENT
I ·N TERNE ~
~
l-~
Les Sources de l'État. " Aménagements
des Sources. " Effets et propriétés des
Eaux de Vichy. ,r;J ,r;J ,r;J ,r;J /lJ ,r;J /il
Les Sources de l'État
L'État possède à Vichy les sources ci-après:
41 °
33 0
18°
21 °
43°
28°
La GrandecGrÜle, source naturelle, chaude
L'Hôpital, source naturelle, chaude
Les Célestins, naturelle, froide
Le Parc, artésienne
Le Puits Chomel, naturelle, chaude
Lucas, naturelle, chaude.
En outre, l'État possède près de Vichy:
Mesdames. à Cusset .
Hauterive. à Hauterive .
16°
14°
Il existe aussi d'autres sources mOins importantes, appartenant
à des particuliers.
P En présence
des nombreuses
fraudes et substitutions, avoir
soin de désigner la source et
surtout exiger
sur le goulot de
la bouteille le
disque bleu qui
en garantit l'authenticité. /il /lJ
œœœœœœœœœœœœœœ
,
4*
�32 ................. Guide
l
+
(,I~lW
de
:
A la Croix Rouge
:
TÉL. 2.48
à
l'Étranger
·
Vichy _ ........................
· ·
1
·W
~
J.7 , PINGUET
B~
Rue Dejoux, VICHY
-
MAISON ~
fondée en 1875 ~
A RCaoutchouc,
T D'IÉD
XCAL
Bandages,
Chirurgie,
Orthopédie
Accessoires de Médecine, Optique, Ceintures et Bas à
varices, Microphone électrique et invisible contre surdité
Pessaire antihémorroïdal perfectionné.
.
Fournisseur des Hospices et de la Ci. Fermière de Vichy-Etat.
J;::::.
~
7.1~WMvw'lIYV,)jX
~
8 Cylindres
Les
,/
Les Voitures de l'ÉLITE
Rythme idéal
Silence absolu
Pas un bruit, pas une vibration!
PUTEAUX ~
~
••••••••~*
i ~s?r:
i
•••••••• *••
••••~.*
:.,~!
~a":
~.
....................
•••••
i
!
35, Avenue Victoria, .'lB
Recommand é par s on confort
Entièrement éclai ré:\ la)umi èrc
é, l cc t r que. - T e p one.
1
'Iéh
:
:
:
.
.;
Table d'hôte -- Table r égime •
~ cs l ,a umnt.
-- Garage • . : Grand
J3"d'll ombragé.
-- OmnIbus
l'h ôtel.
!
(IOJ'
1.......................................
............
F . GENÊTE,
"
HUNYADI JANOS
r~
PROPRIÉTAIRE
Eau minérale
naturelle purgative
�@
@
@
Source des Célestins
source des Céles#ns doit son nom à Wl couvent de
Célestins qui existait jaclis en cet endroit et dont on
voit encore quelques vestiges. E lle est située derrière
le vieux Vichy, à l'extrémité d'tul enclos qui prit le nom
du cou vent dont il dépendait.
Cette source jaillit clirectement d'Wl massif de
roches qui servent d'assises au vieux Vichy et donnent
également naissance à la source de l' Hôpital.
Dans ces derniers temps, il a été fait au pied du rocher une
reprise eu profondeur de l'eau des Célestt'ns qui a donné lieu à des
travaux souterrains intéressants.
--_., A
L es Cél estins
Le débit le la source est de plus de 14°,000 litres par 24 heures .
Elle se déverse dans tUle série de conques qu'abrite tul élégant
pavillon Louis XV. De beaux arbres, de parterres, des allées complètent le dé or.
Le site, l'enclos, l'avenue, tout offre tul oup d'œil délicieux;
aussi cet endroit est-il fréqucnté par 1.111 public nombreux.
L'eau de la source des Célestins est très fraîche et très pétillante; le gaz s'attache en bull cs légères aux parois du récipient
et crépite faci lement à la surfa e, lorsqu'on l'agite. Elle est très
agréahle à boire sur place, aus 'i bien qu'nprès avoir été transportée.
Cette source, 101lt la tempéraitrre est de T 8 degrés, est il1cliquée
dans la gravelle urique et lcs coliques néphréUques qui l'a compagnent, dans la gou1.1.c, le diabète et dans les première,> périodes
des affections chroniques des voies urinaires.
�34 ................, Guide
t·~
· i=
~
de
=
l'Étranger à
Vichy .................... ·.. ·.. ·
"
VICHV
ASTORIA PALACE
t
Hôtel de grand luxe
SUR LE PARC, EN PLEIN CENTRE THERMAL
~
Tmph.3-20
-}
cr=
j
Installation
~sOd;e
~
. ~
~
f sa:d;~le
~
Installation
.
) ~
(
:J
Chaque appartement complet renfer me les tout derni ers
conforts réunis.
Facilité est donnée d'y prendre les repas,
ou bien au Restaurant de
L'INTHRNATIONAL HOTEL
De tout premier ordre: First Class
~
I=
:;=
=;J5)
T4/éph. 0-68
© =;~
Tous les régimes
y sont
scrupuleusement
observés.
_ _-J~
~
J=
=
~=
~
) Tous les régimes
y sont
(Q) scrupuleusement
observés.
[
~
Ces deux hôiels soni groupés sous la meme direction.
L. SOALHAT,
ROYA11'" nOTE'11
Égalemen t
$OU$
Jo même directio n :
l.
~
Prop~
• GARAGE, CHAUFFAGE CENTRAL, ÈLECTRICITÈ'
à AUBRAC (Aveyron)
· 30 Ill .)
l
Station de cured'altil. (I~
GARES
ESPALION, 26k ll.
AUMONT, 26 kil.
de•• or vie. pa r des au tobus
Pour renseignemenls, s'adresser International Hôtel, Vichy
'. ~
~v=-
•
~@
�..........................
Les
Sources
de
Vichy=État
.................... 35
La Grande=Grille
la source la plus universellement connue et
C par peut-être
conséquent la plus fréquentée de Vichy. Son nom lui
'ES't
vient d'une grande grille de fer qui, autrefois, la protégeait contre
les bestiaux, très gourmands de l'eau de la source. Les travaux
modernes ont fait disparaître cette grille.
La source est située à l'angle E~t
de la Galerie des Sources.
De toutes les sources de Vichy, celle de la Grande-Gritte est celle
qui répond le mieux, dans l'esprit, à l'idée qu'on se fait d'une source
thermale jaillissante.
Au centre d'tUl bassin circulaire, l'eau jaillit et bouillonne.
Ce phénomène d'ébullition est dû à la pression souterraine et à
la grande quantité de gaz carbonique dont la source est saturée.
Afin de garanlir l'eau du contact de l'air, le bassin a été henuétiquemê,tt fermé au moyeu d'lUl vitrage qui permet de voir le bouil10nl1cment de la source.
La Grande·Grille
Le débit de la Grande- Grille est considérable; il suffit non seulement à la consommation sur place et à l'exportation, mais encore
à l'usage des bains.
Si la progression de la température était en rapport avec
la profondetu des sources naturelles, comme cela a eu lieu pour
les puits artésiens, on pourrait, par analogie, évaluer à 1,100 ou
r , 200 mètres lç trajet ascendant ,de la Grande- Grille.
Mais il est probable que cette disian e est encore plus grande,
et que l'eau, après avoir atteint tUle température très élevée
dans les profondeurs du sol, arrive refroidie par slu1.e de son
contact avec les condtuts flexueux qu'elle traverseei auxquels elle
cède de sa chaleur.
La Grande- Grille contient 7 grammes de sels de Vichy par
litre, ce qui lui donne par conséquent des propriétés très àctives.
�36 ................. Guide
~
de
l'Étranger à
Rb y AL · HOT E L
====== VIC H y
Vichy
~
Sur le Parc. Attenant à la porte
E • .90U~aT
~=I
Propriétaire
Restaurant - Tables d'hate et de régimes - Confort moderne
Ascenseur - Téléphone - Électricité - Interprètes
MALTPasteurisé
DARLEY
BIERE DE SANTE
NON ALCOOL/stE
:fhospha,tée-Dia,sta,sée
.....
BRASSERIE FANTA
~
6, Rue GUYo~:.
6 -
PARIS
TÉLÉPHONE 513-82
ETABLISSEMENT de SAINT-GALMIER (Loire)
légère
... t'o... .c.t'
public.
DIAB~TOUES
~
LE
p:r~guZle
SUCRE EDULCOR
SEUL PERMIS par les
Médecins
�..........................,
.
Les
Sources
de
Vichy=État
.................... 37
Elle ne conummique à l'estomac aucune sensation trop vive, et
la grande m~jorité
des malades la prend sans peine et la digère
sans difficulté.
Elle est, avant tout, indiquée dans les affections du foie, dans les
engorgements des viscères abdominaux, dans l'hypertrophie de
la rate, le diabète et, surtout, contre les coliques hépatiques qui
accompagnent la litlùase biliaire. La Grande- Grille réussit exceptionnelleljlent contre ces terribles souffrances. Des malades qui
avaient des crises presque quotidiennes sont partis absolume~t
guéris après une cure de trois semaines. La condition, c'est qu'ils
viennent à Vichy aussitôt que possible après la prenùère crise,
c'est-à-dire à la fin du mois de mai.
Ils parvierment à se maintenir ainsi en bonne santé, sans
revenir à Vichy, en se conformant aux prescriptions hygiéniques
de leur médecin et en buvant de t'eau transportée qui, étant chauffée
au bain-marie et bue entre les repas, conserve la plus grande partie
de son action, même après plusie~tr
années d'embouteillage.
Ils peuvent donc, car cela est indispensable, renouveler la cure
alcaline aussi souvent que le conseille leur médecin.
Aussi, est-ce avec lile entière conviction que nous nous permettons d'insister sur ces heureux effets que l'expérience démontre
journellement depuis des siècles.
Source de l'Hôpital
S
vis-à-vis du terrain qu'occupait autrefois l'ancien
hôpital civil, derrière le Casino, cette source jaillit dans un
vaste bassin exhaussé au-dessus du sol et protégé par un pavillon
en fer forgé.
I'l'UÉE
. Sa tenIpérature est de 310 centigrades; son débit de 60,000
litres par 24 heures, suffit amplement à la consommation locale
ou extérieure, ainsi qu'au service des bains et douches.
Les trouble de la digestion stomacale ou intestinale attirent
li1 grand nombre de baigneurs à Vichy; ces mêmes affections
sont l'o?jet des applications les plus usuelles de l' H6pital. La
dyspepSIe, sous presque toutes ses fomles, s'en trouve au mieux.
�l'Étranger à
38 ................ Guide de
Vichy· .. ········ .. ··...........
il'
(8rèlne
.
~
&imo"
~ \ u~'1 QU E
~eauté
....
Approuvée
liMm:JA1~,d
' ~THERMAL
l'Académie
~:pg.
Médecille, 12 Mal t 885
sur les orga n es malades.
ADMINISTRATION : ft> BT t7, RUR AUDER -
EN \'INTR PARTOUT. -
~
~
~
~
PARIS
~
\
~
~
HOTEL DES TtlERMES
~
~
R.econstruit
~
Sur le parc, en face le jardin du Casino
~
~
~
300 Chambres ~o
~
~
~
2 A scenseurs -
~
ru.ùl($IO9iX1S"
o ~o
É:LE
CTRI
ClT
€
I~
0
O,IM
0
o~
0
o~
~O,IlruMd
~
d ~
['d
CREME AU LAIT DEVIOLETTES
BEAUTÉ ET FRAICHEUR DU TEINT
Le l o t 1 f r .
PA~FUMEI
~5
; fra nco 1 f r. 55
DE LA SOCIÉTÉ HYGIÉNIQUE
PARIS - 55, rue de Rivoli - PARIS
EN VENTE
!J(tK>IlX
!lXt~
~PJ«!
;~gr,:aBtenULCOR
~
~
~
Toutes les Langues
~o
~0,I
a~ o
300 W .•C. séparés et aérés
VA"CUUl'l - Ct-IA"lWf 7-\:GE: CE:NTR7-\ L -
~
~
300 Salles de bains
TÉLÉPHONE A' A' ,41'
dans tout es l es chamhres
L:::?'
DIABET~9u
~
PALACE ~~
~
~
de
- _ .
du Vis<lgt:
de la Peau.
SOinS
~
~
~
par
.IL
~ ~
~
pou,. la
et les
t'
PARTOUT
~(t!
~
;l)
�...........................
Les
Sources
de
Vichy~Éta
................... 39'
Il faut que l'élément nerveux soit bien prédominant ou le sujet
bien affaibli pour qu'il y ait contre-indication .
.: On comprend l'importance d'tUle pareille source en songeant
au rôle prépondérant de l'appareil digestif. $'il fonctionne mal,
toutes les autres parties de l'économie s'en ressentent. N'est-il
point chargé de redonner la force aux constitutions amoindries
. ou compromises! Aussi, assistons-nous à de véritables résurrections : des jeunes femmes, des jeunes hommes, qui ne pouvaient plus rien supporter, ont à se défendre contre les fringales
de leur estomac; les couleurs de la santé revielment sur leurs traits,
et l'augmentation de poids, ce critérium de la santé, est.si rapide que
les plus inquiets ne tardent guère à être rassurés.
Comme toutes les eaux de VICHY-El'AT, l' H6pital conserve
toutes ses qualités en bouteille et donne également d'excellents résultats dans tous les cas ci-dessus, fût-elle même employée loin des sources.
Source Chome!
source est située dans la Galerie des Sources et sa buvette
CE't'tF.
fait pendant à celle de la Grande-Grille. Elle jaillit en I775.
au cours de travaux commandés par le docteur Chomel, intendant;
•
Chomel
des Eaux de Vichy. Ses eaux arrivent à l'aide d'tUle petite pom~
foulante.
\
Légèrement sulfulellse, elle est la plus chaude des eaux de
Vichy. Sa buveUe est surtout fréquentée par les persollnes afec~
tées d'wle certaine susceptibilité des organes respiratoires, d'ori~
gine al'thritiqtle, ainsi que par celles qui, atteintes d'une il1ds~
position passagère de la gorge ou des bronches, ne veulent pas
interrompre leur traitement. On l'utilise aussi en pulvérisationa
et en gargarismes.
4**
1
�40 ................ Guide
de
l'Étranger
à
Vichy···························
SOULAGEMENT IMMÉDIAT
GUÉRISON CERTAINE
SANS ACCOUTUMANCE NI COLIQUES
Constipation
ET CONSÉQUENCES
Troubles digestifs ~ Congestions
Engorgement du Foie et de la Vésicule biliaire
etc., etc., etc.
RÉÉDUCATION DE L'INTESTIN
PAR
LES
COMPOSITION EXCLUSIVEMENT VÉGÉTALE
Fabrication mécanique aseptique assurant
- - - - un dosage rigoureux - - - -
UN GRAIN
(ou 'DEUX danoS leoS eaoS rebelleoS)
Pris avant ou pendant le repas du soir,
donne un résultat le lendemain matin
REFUSER TOUT PRODUIT SIMILAIRE
Exiger: GRAINS de VALS, toutes Pharmacies
�Les Sources de Vichy-État .................... 41
Beaucoup de malades mélangent l'eau du Puits-Chomel avec du
lait, du thé ou des sirops.
Les médecins de Vichy font un usage de plus en plus fréquent
de cette belle source dont les propriétés sont intermédiaires entre
celles de la Grande-Grille et de l'Hôpital.
·.........................
Source du Parc
source a été découverte en 1844; elle est située à l'entrée
CETTE
de la rue Prunelle, sous les ombrages du vieux Parc, au
centre du beau Vichy.
Elle est moins froide et moins active que les Célestins et se
digère bien, avec son petit goût soufré.
Elle convient parfaitement au début du traitement alcalin,
et s'emploie avantageusement chaque fois qu'il s'agit de combattre les troubles gastriques de peu d'importance et de stimuler
légèrement les fonctions du tube digestif. Elle est également employée, et donne d'excellents résultats,
dans certains cas de cystite.
Température : 2 l 0 centigrades. - Débit: environ l 5,000 litr~
par 24 heures.
Source Mesdames
source Mesdames, à Cusset, ainsi appelée en . souvenir du
L séjour
que firent à Vichy Mesdames Adélaïde et Victoire de
A
France, a &a buvette dans la Galerie des Sources.
. Elle a été amenée par des tuyaux dans la Galerie des Sources,
Car elle jaillit à deux kilomètres de là, près de l'allée Mesdames,
~1
cOlltre-bas de la route de Cusset.
Le Trlnllball
�42 ................. Guide
~
=~
~
de
l'Étranger
=
à
Vichy
............ ···· .. ····· ..
=~
GllSTElt fltRlVIllnn i
pouvant se louer en totalité
par Appartements
et Chambres séparées
(l'ri's le Casùlo et les l'arcs)
GRAND CONFORT
Eau ohaude et froide dan! loulellel chamb m
SALLES DE BAINS
1
., NOURRITURE A VOLONTÉ - - CUISINE DE RÉGIME ~
~
...
Per sonnel co mp let Il la (tispos it ioll des local aires .
~
,. .
Médication Tonique et Reconstituante
=
=
~
=
Pilules " CIP "
à base de
FER - QUINQUINA· GENTIANE
Régénératrices du Sang et des Ner.fs
Spécifiques de J'Anémie et de la Faiblesse
--
--
Le meilleur Reconstituant dans toutes les Convalescences
1
DOSES
~
4 à 6 parj oUl' après les
2i~ 3
-
À IlUL'n:S. ENFAN T S. -
repa.s.
2 f r. 75 te fl acon de 50 pil utes
64, Boulevard du Port-Royal, PARIS et to~es
Pharmacies
e·'______________________________________________
-#
••
'T'uisée ft (}iesshübl, prés Oarlsbad (Bohême)
La MBILLEURE EAU MINERALE NATURElLE de Tahiti
SR TROUVR OFIKZ Tons Lf(S M'ARmaNDS D'EAUX MIN ÉRALE8.
(1111 i'l) ."JIU'
!) ~i,J.:r;
--.L
Approuvée
1
par l'Académie
1
lv-
RN VENTE PAIITOUT. -
1
1
de
MédeCine, 12 Mal 1886
~i
purgatIf, une action oW'ativ.
"ur le" organe. malade •.
AIIolUNISTUA'flON : t5 ET .7, RVI AUDHR - PARIS
�43
..- ............._..... Les Sourc es de Vichy. Êtat ...................
ffe
Bue à son émerge nce, l'eau est très . gazeuse ; elle s'échau
1.U1 peu dans son trajet, mais ses proprié tés essentielles n'en
restent pas moius intactes .
L'assoc iation du bicarbo nate de soude au fer et à l'arseni c
dans ceLte source la rend précieu se aux tem1: érau s
~onte
ments débilité s, qui ont besoin d'1.U1e médica tion fortifia nte,
non suscept ible de fatiguer l'estom ac dans les cas d'adyna mie,
de chlorose, d'appau vri. sernellt général .
E lle rend la santé aux femmes anémiées, lympha tiques ou
sujettes à des pertes immodé rées qui les minent lenteme nt.
la
nette;
trè
est
sang
du
rouges
s
globlùe
les
sur
n
L'actio
les
et
ample,
plus
ion
respirat
la
circlùat ioll devient plus active,
tissus reprerm ent tme colorati on rosée, indice certain du mieux
obtenu.
Nous savons très bien qu'il ne faut user du fer qu'avec circonn
spection et dans des cas biell détermi nés, mais ce1.te questio
cas,
tous
en
qtÙ,
t
traitan
n
médeci
d'indica tion est l'affaire du
possède, avec la source Mesdames, IDl ferrugin eux ne fatigua nt pas
l'estom ac.
Ces faits sont trop connus pour que la modéra tion ne
soit pae; observé e, et nous devons dire qu'on passe outre bien
raremen t.
Sour ce Luca s
est située en face de l'Hôpit al militair e, sous 1.U1 kiosque ;
mais sa buvette se trouve dans la Galerie des Sources en
tée
face de la buve1.1.e de Mesdam es; cette source est moins fréquen
E
LLE
Luca s
que la Grande- Grille et l'Hôpital. Elle rappelle le nom d'lm des
anciens dire 1.eurs des Eaux de Vi hy.
Sa température iutermé diaire la rend précieu se dans tous les
�44
Guide
p
l'Étranger à
de
Vichy
oooooooooooooooo o ooo ooooooooôooooo oooo ooo ooo ooooo ooooo0 000000000000 00 000°0
o
o
1
i
q
LA TISANE
0
0
1
~
AMÉRICAINE
o
o
1g DES
o
o
0
SHAKERS 1
0
0
0
g
~.
o
o
o
o
o
o
o
o
La Tisane Américaine des Shakers possède toutes ks qua~ lités requises dans un parfait remède de famille. C'est un
remède certain, puisque les extraits curatifs dont li est composé
o
o
tonifient l'estomac et régularisent l' action du foie d des intestins comme aucun autre médicament ne pourrait le faire. C'est
un remède rapide, parce qu'il agit directement sur ces organes
et les remet vlte en état de fonctionner. C'est un remède végétal
suat.le, mais efficace. Ayez-en toujours sous la main, d si vous
g ou les vôtres viennent à avoir des douleurs après les repas,
migraines, nausées, constipation, insomnies, manque d'appétit,
g
bile, palpitations ou abattement, la Tisane Américaine des
o
Shakérs se montrera un remède certain, rapide et suave.
g
Faites-en l'essai,
g
1
j
g
g
g
g
g
g
~
o
o
1
o
o
o
o
g
o
o
o
li
.g
.
o
o
LE
TONIQUE
MEILLEUR
POUR
L'ESTOMAC
LE
&
FOIE
o
o
o
o
o
o
o
o
i
,1
!g
.
1
g
.. J'ai été souffrante pendant une trentaine d'années, mais
maintenant, j'ai recouvré la santé, grâce à la Tisane Américaine
o
des Shakers. Je puls travailler toute la journée sans fatigue,
g
j'ai un excellent appétit, et je n'ai plus d'étourdissements. En
un mot, j'ai commencé une nouvelle vie. Je vou. suis n~co
g naissante. " - Mm. J. Gardel, 13 , rue de Mérignac, Bordeaux.
o
g
~
~
Guérit
:0:
o
g
g
. ..,. ..
~
~o
~
la
0
1
Dyspepsie
o
MIGRAINES
D'APptTIT
g
g
BILE-CONSTIPATION-PALPITATIONS
g
~o
Maladies de l'Estomac
~
g
g
o
g
g
g
g
go
MANQUE
0
g
0
00000000
0
En vente dam toutes les Pharmacies.
Demandez à M . F angau, pharmacien à Lille, sa broc/lUre (Jralul/e.
o
0000 00000000000 0000 0 0 0000000000 00 00 0 00000000 0 0 00 0 0 00000 0 000 0 0000000000 0 0 00 0
•. LACTOBACILLINE
U
~
~
0
(Voir page 118 .)
�..........................
Les
Sources
de
Vichy-État
................... 45
cas où J'eau chaude et l'E'.au froide sont mal supportées, lorsqu'on ne veut agir qu'avec ménagement.
Elle jouit d'une efficacité spéciale contre les affections cutanées, oculaires, nasales, d'origine arthritique ou hépatique.
Son débit, qui est d'~nviro
200,000 litres, réuni à celui des
SOurces Puits-Carré et Grande· Grille, est employé en majeure
partie pour le service des bains, soit à l'Établissement thermal
civil, soit à l'Hôpital. militaire.
Source Hauterive
H
est situé à six kilomètres de Vichy. Ce village est
Wl but de promenade, d'excursion.
La source jaillit dans un parc magnifique dont un gardien
complaisant se plaît à faire admirer les merveilles; elle est assidllment fréquentée par les amateurs de beautés naturelles.
Elle sert uniquement à l'exportation et supporte parfaitement le transport et les longs voyages.
La composition des eaux d' Hauterive se rapproche de celle
AUTERIVE
Hauterive. -
EmbouteU1aae et Pavillon du Garde
du Parc, avec des traces de fer en plus. La présence de corps en
suspensioll, de petits grumeaux noirâtres dans les bouteilles
transportée, s'explique par la précipitation de cet élément ferrugineux; il faudrait bien se garder, en pareil cas, de rejeter le flacon
dont l'intégrité n'est nullement atteilltepar ces dépôts accidentels.
Dans le parc se trouvent des jeux divers pour les enfants :
chevaux hygiéniques, balançoires, etc.
Tout y est attrayant; beaucoup de fraîcheur et d'ombrage·
Presque haque jour, des caravanes s'y rendent pour y faire un
gonter champêtre sur le gazon.
Restaurant daus le parc, prix modérés.
�46 ................. Guide
~
de
l'Étranger
O OQ
O ~
à
Vichy······················... ·
O Oo
o ~
o
o
•0
a
a
1 VIOLETTE COTTAN 1
a
a
•
g
êg
o
o
g
o
o
o
a
~o
ga
a
Seul Parfum identique à la Fleur
FLACON EN ÉCRIN
4
FR .
95 :
FRANCO
5
FR .
25
0
0
g
~g
0
a
COTT AN , P arfumeur, 55, rue d e ' R ivoli, PARIS
g
EN VENTE FARTOUT
ga
•
000 00000 000000 000 0000 0 000000 00 000000
f0 00 00 00000 000000 OOQ 000000000000000 o~
a
0
a
a
0
Grand Hôtel du Régent
'1
~ UMIER
et du Bon Lafontaine
l' TELEPHONE 1,42
ÉLECTRIOUEJ
su n
LE PARC
En /,aoe la SO/l1'ce de l' {f opi/al, la Res /attmUon, le Casino, Jirès la iVouoclll' Poste
Maison recommandée, de 8 à 10 fr. par jour
Ilostllurant do 1" orrh'o -
'l'allies do r lglmcs -
Omnibus il tous los tr,lin~
MIGEON Fils, Propriétaire
' TIFUGE
DIABE
Dose: 3 cache ts p a r jour, -
SPÉCIALIT,Ë , SYN,THËTIQUE
Antl-dlabétlque
l:S fra n cs la bolle de 8 0 cach e t •.
�·
.
a cru pendant longtemps:que les eaux de Vichy étaient
laxatives et débilitantes, tandis qu'il est bien prouvé
aujourd'hui qu'elles sont franchement reconstituantes.
Alcalines, à cause du bicarbonate de soude qui
donune leur minéralisation, elles renfennent, eu outre,
d'autres éléments, tels que : le fer, l'arsenic, l'acide
phosphorique, éléments qui, chose remarquable, sont
contenus à peu près clans les mêmes proportions relatives dans le sang normal, dont la minéralisation est ainsi à peu
près celle des eaux de Vichy. Là est le secret du rapide succès
de l'eau de Vichy, toutes les fois qu'il s'agit de rétablir l'alcalinité
du sang, dHruite par la présence dans le liqtùde nourricier de
prodtùts allormaux, gélléralement acides, réStùtallt d'tUle nutrition vicieuse ou d'tUle assimilation imparfaite.
A l'extérieur, en bains, l'eau de Vichy, par son alcalinité,
débarrasse l'épiderme de toutes les matières grasses qui empêchent
la respiration de la peau (1). A cette prenùère action, presque
mécanique, se joint l'excitation produite sur la pea.u par les éléN
( 1) C'esl ce quj explique pourquoi le lmitement doit être suivi dans l'f;lnbli, sement
de l'Élat qui emploie de l'eau minérale, el non dans Ull É lablis..emenl d'inlérê t privé.
,
Buvette des Ct!lesllns
�48 ................ Guide
iA'~ë"ï
de
l'Etranger à
Vichy·.. ··· .. ················· •
• L'Académie de Médecine désapprouvant formellement les eaux artificiellement
HATURELLElIIENT GAZEUSE - ' .APPROUvtE PAR L'ACADDaIE DE MWECIHE
D~CLARrE
D'INT~Rt
PUBLIC
EAU
.
MINÉRALE NATURELLE PURGATIVE
ALET
==SOURCE==
COMMUNALE
L'eau d'ALET, SOURCE COMMUNALE, Bicarbonatée calcique, est très utile dans le traitement des
diverses affections de l'Estomac et des Intestins, Gastrite, Gastralgie et Dyspepsie. Elle arrête les vomissements des femmes enceintes et on l'emploie avec
succès contre la Chlorose , l'Anémie et surtout à cause de sa
faible minéralisation pour le lavage de la vessie.
Cette eau, d'une très grande pureté, ne trouble pas le vin;
elle est éminemment digestive et tolérée par les estomacs les plus délicats et les plus délabrés.
Bien préciser la Source COMMUNALE , et comme
garantie exiger sur les étiquettes des bouteilles la reproduction
des Armes de la Ville d'Alet.
EN"
VEN"TE
DANS TOUTES LES PHARMACIES
ET CHEZ LES MARCHANDS D'EAUX MINtRALES
[
.
HOTEL D'AMER lOUE
BOULEVARD
NATIONAL]
Sur l e Nouveau Parc
Belle situation près des Bains, des Sources et du Casino
f:I,EC1'R1C1TÉ, ASCENSt:t:n, CIIAU(1(1AGE CE~TI\AL,
Illl TAlJlIANT
•••••••••••••••••••• "
SALLES ilE IlAINS, I NT~
Mmo GERMOT , Propriétaire
lpn
ÈTE
II EG IM Il
i Villa des Deux Parcs et du Maroc
~
5
:
•
.
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 111 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
RUE PETJT ET RUE ALQU1É
Belle situation près des Bains , des Sources et du Casino
ASCENSEUR - ÉLECTRICITÉ - RÉGIMES
Ë
:
:
•
.....................................................................................
ChaletALlNE, Indépendant pourFamiliel- M ·" OERMOT. Propriétaire ;
Guérison
par la
GOUTTE,
RHUMATISME,
LIQUEUR
DU
DR
GOUTTEUX
LAVILLE
l:C~f!;
_ ~:. _ s
_
�..........................
Les
Sources
de
Vichy-État
.................... 49
ments minéraux de l'eau et le gaz qui y est dissous. De là une
implùsion plus vive donnée à la circulation sous-cutanée et à la vie
de la peau, dont on connaît l'importance pour la santé générale.
A l'intérieur, prise en boisson, l'eau de Vichy a pour principal
résultat le nettoyage des premières voies et de tout le trajet
gastro-intestinal, analogue au décapage extérieur produit par l~
bains. Le bicarbonate de soude entraîne, en les délayant comme
un savon, toutes les impuretés glasses qui salissent la muqueuse
intérieure. La suractivité de la muqueuse se manifeste surtout
dans l'estomac par une production plus abondante de suc
gastrique, et dans l'intestin par une absorption plus considérable
des produits élaborés de la digestion et un accroissement notable de la nutrition et de l'assimilation.
Tel est le premier bénéfice de l'absorption de l'eau de Vichy:
une activité plus grande de la vie organique (de la digestion et de
la circulation, principalement), une sensation de remontement génét'al, lUI bien-être, lUle résistance à la fatigue que les malades sont les
premiers à reconnaître dès le début du traitement.
Mais, à cette première action superficielle vielUlent s'ajouter
les effets de l'eau, grâce à laquelle tous les liqlùdes et toutes les
sécrétions, sang, bile, sueur, urines, donnent, au bout de quelques
jours, lUle réaction manifestement alcaline.
Dans l'état de santé, nos hwneurs sont alcalines; le sang
nonnal est alcalin et il doit le rester. Or, dans lUl grand nombre
de maladies, tenant à un vice de nutrition, dans l'arthritisme , et dans
toutes les maladies du foie, le sang charrie lUle grande quantité de
prodlùts incomplètement élaborés, surtout de l'acide urique, et
ces déchets organiques, se déposant à l'intérieur des tissus, aux
articulations ou dans le foie, ou dans les reins et la vessie, font
perdre au sang son alcalinité. L'eau de Vichy est alors seule capable de contre-balancer et d'arrêter les désastreux effets de l'acidification de l'organisme. Sous son influence, le sang est purifié et
rendu à son alcalescence nonnale; sa circulation est plus facile, ct
il traverse plus régulièrement et plus vite les grands viscères, ce
qlÙ explique la résolution des engorgements dont ces organes
sont le siège.
Par exemple, la congestion du foie, si fréquente chez les habit.ant des ville, se dissipe rapidement sous l'influence de la cure de
Vichy. La bile, devenant alcaline ct plus fluide, esse de déposer
des calculs ct désagrège même les calculs déjà formés. En outre,
les canaux hépatiques n'étant plus engorgés se dilatent llus aisément et s'irritent moins de leur passage. A la vérité, les douleurs
hépatiques ne sont pas supprimées entièrement, mais elles sont
très atténuées et se dissipent peu à peu après la cure. Enfin la bile
redevenue al aline est plus apte à remplir son rôle dans la digestion des aliments.
Les mêmes phénomènes d'alca1inisalion se retrouvent, avec les
mêmes avantages, dans l'appareil urinaire, les reins et la vessie,
et la gravelle urique disparaît avec rapidité.
�50 ,................ Guide
GRAs~
.
, ~!,
E . NTI~REM
de
l'Étranger
~;tf
à
Vichy····,····,···,············
~in!
~!:,O
~
1
RECONSTRUIT A NEUF ET CONSIDÉRABLEMENT AGRANDI
EXCELLENT CONFORT MODERNE
or ABLE
D':H:OTE
ET
DE
RÉGX:tv.J:E
RESTAURANT - CUISINE SOIGNÉE - ASCENSEUR
Toutes les chambres avec cabinet de toilette à eau courante chaude et froide
~
LES
DE BAINS - AUTO-GARAGE ,- TÉLÉPHONE
L. THAURAUD. PROPRIÉTAIRE
~_
..........................
~
~
......................
~
SOUL~GEMNT
=GUERISON
~
·~W
1&
IMMÉDIAT
CERTAINE=
~
Constipation
ET CONSÉQUENCES:
TROUBLES DIGESTIFS, CONGESTIONS, ETC.
Réd~
E cation
l'Intestin
~
~
~
Q1~
par les
UN GRAIN avant ou pendant /e repas du soir
64, Boulevard Port-Royal,
~
•••••••• • •••••••••••••••••
~/I
p '~ ris , et toutes Pharmacies ~
• •
MALT BARLEY
'
BltRE
DE
~
SANTÉ
NON AI-OOOLISÉE
Pbosphatée .. Dlastas6e
••• ••• Pas teurise ••• •••
BRASSERIE FANTA -
I1111 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
6 , rue Guyot, 6
-
.•
J
PARIS
......................................,..............................................
3 HOTEL
:
:
:
:.
;
DU GRAND CONDÉ 3
12, ru e D esb r est, VIOHY (Pres les [Sourees el'~.bum
de ~ nClaue)
Sc recommande specia lement aux Camilles pnr son exce llent con fort,
sa bonne tenueetlamodicité de SClS prix. - Scrvicedc régirnc.-Jardin ombragê.
Eleclricilé. -l'eléphonc.- Omnibus à lous les trnins.
Matt SpricM D.tttscl,
A. CAR TAILLER. 'ProprMtolre.
:
:
:
:
:
....................................................................................
DIAB~T9Yu
:~r
l~aÇdeUCOR
��[G:::d °H~tel
52 ................. Guide
@)
!:lI1
o
@)
de
l'Étranger à
Vichy _....................... ..
iUTtTIA]
@)
Sur les 2 'Parcs cl 20 mêtres du Casino, rue Strauss
CONSTRUIT ~ MEUBLÉ à NEUF - CONFORT MODERNE
Toutes les chambres avec penderie et toilette à eau courante
chaude et froide. - Table d'hale par petites tables. - Tous les
régimes. - Restaurant. - Hall. - Ascenseur. - Salles de
.JI
.xc Bains. - Téléphone, - Chauffage Central. .lIf .xc
VACHET
l~ H ·OGDO
OGDO-------OGDO
o
CHEF
I
de
CUISINE
iii Propriétaire iii
0
011
@)
»
0
.............................................
·
•
OGDO
Eaux Minérales de
MONTMIRAIL
Près VACQUERIAS (Vaucluse), 15 kil. d'Orange
LAURÉAT de l'Exposition Universelle de 1889
PARIS, 1899-1900 : Médai lle d 'Argent
LYON, 1894 : Médaille d 'Or
1 EAU PUR6ATIVE FRANÇAISE
0
di~e!u
amère sullatée, sodomagnésienne (31 gr. 230) qualifiée Unique en
France par l'Acadëmie (O ssian Henry, rapporteur).
(( La Fran ce n'a pas à envier les caux purgal/vos allemandes, l'Eau de
M on /mlrail en a Ioules les qualités avec un god / préférable. Il Cours
d'hydrologie du professeur Gubler, Mai 1873.)
'u L'Eau de Mon/mirail purge sans colique, sans consl/pal/on; elle rend
Jervlce lou/es le. foi. qu'il esl utile de débarrasser l'in/eslln e/ d'allirer
Jur lui une révul. lon au profil d'un aulre organe. " (Dictionnaire des Sciences
médicales, Docteur ROTUREAU ).
Dose laxative : 1 verre; purgative: 2 à 3 verres (ni thé, ni eau sucrée).
Souveraine contre la Bile, la Constipation, l'Obé
sit~ , les ' Gastralgies, etc.
2" Eau Bullurée calcique. T empérature 16°. La plus riche
minéralisation connue: 3 gr. 230. Contre Dartres, Catarrhes, Rhumatismes,
Syphilis. Salle d'inhalation, pulverisation contre: Bronchite Laryngite.
3° Eau ferrugineuse. - Contre: Anémie, Chlorose, Stérilité.
;
,
,
,
•
'Pour r enseignements, .J'adresser il M. le propriétaire dir ecteur
•
..~.i,j
Dépôts ot Expéditions: Chez tous los Mal'chands d'Eaux mlnéralos 01 tOIlS los Phal'mac iens
:.ji..ij~.
• .,~i
•.,~i!
t
'
L'Académie de Médecine désapprouvant formelloment les eaux artificiellement
glZéifi6es, il est recommandé de ne boira que l'EAU MINÊRALE NATURELLE de
SAIN -IALM R
,
NATURELLEMENT GAZEUSE D~CLARtE
DIAB~TFUGE
APROUV~E
PAR L'ACO~MIE
D'INTtRtr PUBLIC
SPÉCIALITÉ
Doso : 2 cachets plU' Jour. -
DE M~DECIH
'
SYNTHÉTIQUE
Anti-dinb étique
H francs la boite de 30 cachots.
�~ . ~=
TRAITEMENT
JtJ EXTERNE JtJ
@
@ @
L'ÉTABLISSEMENT THERMAL
Son organisation. - Les bains de 1 ro classe. Installation modèle. - Bains de 2 0 et 3 e classes.
- Bains de vapeur. - Bains et douches d'acide
carbonique. - Inhalations d'oxygène. - Massage
sous l'éau. - Mécanothérapie. - Electrothérapie.
thermal est Wle propriélé de l'État qui
en a concédé l'exploitation à la Compagnie Fermüre de
l'Etablissement thermal de Vichy, dont le siège est à Paris,
24, boulevard des Capucines. Les différents services de
l'Établissement thermal sont t ous placés sous la direction de Médecins spécialistes qui veillent à la stricte
exécution des prescriptions des médecins consultants.
Le Service médical de l'Établissement thermal
est assuré par MM. les Docteurs :
PARISE'l', Directeur des services hydrothérapiques.
HAI.LER , Service de mécanothérapie.
Buv Al', Service d'électrothérapie .
L'année 1903 a vu s'achever le programme des travaux que
s'était imposé la Compagnie: programme colossal qui englobait
'ÉTABLISSEMENT
Eptr6e d e l'E tablissem e nt Thermal
�54 ................ Guide
de
l'Étranger
T~ANSFO
MÉ
à
Vichy······················ ····
ET AG~NDI
SOUS LA DIRBCTION DB
18 P al/es io·4-<>
avec gravure coloriée sur la l" page
r.
PRIX D 'ABON N EMENT
il la 1
tdition :
SEINE. SEINE-ET-OISE.
JH: PARTEM ENl'S. .
UNION PClSl'\LE. . . •
3 mois. 3 fr.
3.!iO
". 2~
LA GRANDE
ÉDITION DE LUXE
contient en plus:
l'Une grande p l anche coloriée
elHique semaine;
2' Grands Sllppléments de a ison.
Modes et ouvrages;
3' Vingt·s ix patI'ons déeo n pés;
Ij' Vinj{t-s ix dessins décalquahlfo s.
5' Chaque semaine: la Lectnl'e,
J'evue de III fam ille, littéra ire,
arlistit\u' et d'actu alité, 16 [l ag 'S
aYC'c il LlSII'!ltions, 8 ro m an s [lnr
~ln,
de s études lJis tol'i 1]11 'S,
('ompt' r ndll des grandes c011 l'é"pnees,
Il l'ollie! Iles, morceaux
{lo IIlli s it lllC.
POUll U iS I h l PAI\TEp.n~N
3 Mois : 7 f r . 25 -
J rs
:
f An : 26 fr .
Potin L'UNfON POST,\I.E :
3 Mois : 8 fr . 25 LC3
~I
i An : 30 fr .
demande., Je numéro! !piclmens gra tis
cl'abonflrmrnh J%cnl ~lrt
aJreuées à
M . /e géra,,', 56, rue Jacob, Pari•.
On l'Abonne également da ns toutes les
Librairies et dans tous lea bureaux de POlio.
~
56, rue Jacob, PARIS (VI") @
~
~=
' TÉLÉPHONE
:
SAXE
Spécimen gratis et franco
~
24 - 18
,
~
~
�....................................... 'Traitement
Externe .................................. 55
à la fois les Parcs, l'Établissement, les Bains, le Casino, etc., et
dont la réalisation a transformé complètement la physionomie de
la grande station française.
Grâce aux dispositions prises par la Compagnie, Vichy est
désormais en mesure de répondre à l'afl:luence toujours croissante
des baigneurs et aux exigences du confort le plus raffiné.
Les chiffres qui suivent donneront une idée de l'importance
des services installés dans les nouveaux établissements.
L'Établissement thermal de première classe couvre une
surface to~ale
de plus de trois hectares, 32.000 mètres exactement,
dont 10.000 mètres occupés par la construction. Il a 1; 0 mètres
de long sur 165 de large.
L'ensemble des services comprend:
136 cabines de bains, dont 6 de luxe;
13 grandes douches avec vestiaires;
24 douches massage avec vestiaires et lits de repos;
36 douches ascendantes;
2 douches a v'ec bain;
4 bains d'air chaud et 4 salles de massage;
4 bains de vapeur; 2 douches de vapeur;
1 série de salles pour lavages d'estomac et de vessie, douches nasales et auriculaires, bains d'acide carbonique, inhalations
d'oxygène et d'acide carbonique;
2 bains de lumière (chaleur radian te et 1umÏneuse de Dowsing) ;
2 bains de lumière incandescente;
2 gIandes piscines chaudes, 3 froides et 8 piscines individuelles avec douches sous-marines;
1 institut de mécanothérapie Zander;
1 service complet d'électrothérapie avec bains Schnée;
1 service de radiographie et de radioscopie;
2 bains carbo-gazeux.
L'Établissement des deuxièmes classes comprend
cabines de bains;
4 grande douches avec déshabilloirs;
.
2 douches avec bains;
4 douches-massage avec déshabilloirs;
10 douches ascendantes;
1 service complet de bains et inhalations d'acide carbonique,
inhalatiolls d'oxygène;
1 bain électrique et lavage d'estomac.
IIO
L'Établissement des troisièmes classes comprend:
64 cabines de bains;
4 grandes douches;
4 douches ascendantes.
Enfin l'Établissement mixte de l'H6pital comprend:
24 cabines de bains de 1 re classe;
•
16 cabines de 20 classe;
2 grandes douches avec ve.c,tiaires;
4 douches ascendantes.
�POUR VOS ACHATS
VISITEZ
Les plus vastes Magasins de la Région
OOOOOOOOOOOOODOOOOOOOODQOOOOOOOOOOOOOODOOOODOOOOOOOODO000000000000000000
LA MÉNAGÈRE
000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
35, Rue de Paris, VICHY
Spéeiél1ités d' ll.tttieles de Sélison
VOy AGE
PARPUMERIE -
-
MAROQUINERIE
PAPETERIE CANNES
etc.
PAR~LUIES,
RAYOl SPÉCIAL DE JOUETS ET SOUVENIRS DE VICHY
ENTRÉE LIBRE -
TABLETTES
Téléphone: 2-24 -
PRIX FIXE
OXYMENTHOL
PERRAUDIN
( OXYOENE PUR NAISSANT)
DIAB~TOUES
[
TOUX - GRIPPE - MAUX DE GORGE - ANGINES , etc.
1 fr. 7 fi
LE
la boite . ....,
SEUL
pa~:!Zle
70, Rue Legendre, PARIS, et toutes Pharmacies.
PERMIS
SUCRE ~DUlCOR
par
les
Médecins.
]
�.... 57
.............................. ......... Traite ment E x terne ..............................
Pour toutes ces installa tions, la Compag1ùe a fait appel aux
du
spéciali stes les plus éminen ts. Chacun e d'elles est un modèle
genre, et si elles diffèren t de plus ou moins de luxe, selon la clasoe,
eUes sont égales devant la loi du progrès qui leur a été indistin ctemen t appliqu ée.
LES DÉPE NDA NCE S
s de
spectac le qui intéress e au plus haut poin! les homme
U l'art,
c'est celui des dépend ances de l'Etabli ssemen t de
de cette scène maclùn ée si
N
premièr e classe. Ce sont les coulisses
puissam ment et à plans si variés. On y voit en action douze pompe" capable s de c1istritu er 640,000 litres d'eau à l'heure dans
de la
TRAITEMENT de l'ANtMIE
CHLOROSE et de la NEURASTHtNIE
DRAGEES PERNEL
extraites des célèbres Sources de la
RE INE
DU FER
Les DRAG ÉES PERNE L, prépar ées avec les sels
nature ls extrai ts de la Source de la REINE DU PER,
consti tuent le ferrug ineux le plus commo de, le plus
efficac e et le toniqu e le plus actif.
DOSE: 4
A
REPAS
6 PAR JOUR, PRISES' AUX
GROS: Chez tous les Commi ssionna ires et
Dro~uiste8
VÉTAIL : TOUTES PHARMACIES
PRIX
DU
FLACO N
DE 100
DRAGé :ES:
3
FR. 50
�GUERISON
CERTAINE
et conséquences
RÉÉDUCATION
SANTÉ ET BEAUTÉ DE LA PEAU
PAR LA
MIN~RALE
du
pg~t.a
c.
)gp?
2,RUJ!)
Poudre entJèl'ement minérale, antiseptique, Inaltérable
J~c s l'oudn:, v(·gélae~.
<juelles qu'clles soicnt, appliquées sur la peau, ne
tardent )Jas, HOUS l'influellee ùe la chaleur cl de la sueur, à subir une série
dt, trnllsl,)rmaliollS cloul les acides laclique, butyrique et autres sont Ic
dernier lenlle Ces transformations, étudiées sur l'amidon, s'observent sur
1'5 au t rc ~ poudrcs végélales: lycopode, liège, riz, fécules, elc. I l résulte de
là <[\le ces poudres solll irritantes ct produisent un effet inverse de celui
qu'on recherche, qu'on les emploie dans \In but de coquetterie ou dans un
bllt d'hygiène ou dans Ul1 but thcrapculique.
C'est donc ulle faute d'employer des poudres végétales, dans n'importe
quel cas. 11 faut les .remplacer par des poudres minérales inaltérables
qui répondcnt ~ tçlUles les indications.
Celle poudre est blancbe, fine, douce, onctueuse et adhérente
VENTE
EN
GROS : Che. lou. 1.. Commillionnaire. el DrOllui'le •.
DÉTAIL: Toul .. pharm.ci ... -
Prix: 1 Cr. 15 la boite.
" •. - - - - - - - - - - - - - - - - . - - - - - - - - - - - -______J
l
r
TABLETTES
OXYMENTHOL
PERR.AUDIN
( OXYOÊNE PUR NAISSANT)
'*' 10, Rne Legendre, PARIS, et tontes Pharmacies.
DIABETIQUES pa~:!Zle
SUCRE EDULCOR
TOUX - GRIPPE - MAUX DE GORGE - ANGINES, etc.
1 fr. 76
LE
la boite.
SEUL
PERMIS
par
les
Médecins.
�.......................................
Traitement Externe
.................................. 57
:r:'0ur toutes ces installations, la Compagnie a fait appel aux
spéCIalistes les plus éminents. Chacune d'eUes est un modèle dn
genre, et si elles diffèrent de plus ou moins de luxe, selon la classe,
elles sont égales devant la loi du progrès qui leur a été indistinctement appliquée.
U
LES DÉPENDANCES
spectacle qui intéresse au rlus haut point les hommes de
l'art, c'est celui des dépéndances de l'Établissement de
première classe. Ce sont les coulisses de cette scène machinée si
puissamment et à plans si variés. On y voit en action douze pompee: capables de distrituer 640,000 litres d'eau à l'heure dans
N
Les pompes
les différents services et qu'tm setù homme, avec Wl inùicateur
de niveau, à la hauteur de J'œil, fait manœuvrer du haut d'une
passerelle; sept chaudières à vapeur, chacune de 90 mètres de
surface de chauffe; 'me machine à vapeur à condensation de
soixante chevaux. Les pompes refotùent l'eau minérale et l'eau
douce nécessaires à J'établissement clans dix réservoirs de plus de
cent mètres cubes de contenance, étagés respectivement à 6, I2,
16 et 20 mètres de hauteur. Ceux des étages inférieurs alimentent
les bains, ceux du haut fournissent aux douches J'eau sous pression
dont elles peuvent avoir besoin. Ces réservoirs sont placés dans
deux tours, J'une exclusivement réserve à J'eau froide et l'autre à
J'eau chaude, afin d'éviter J'échange de t~péraue
par contact.
�58 .................. Guide
de
l'Étranger à
Vichy··························
CYCLES-AUTOS
VENTE
RÉPARATIONS -
LOCATION -
ENTRETIEN
MON H. BORLOZ. L. PORTIE
Place de l'Hôtel-de-Ville, VICHY
TÉLÉPHONE: 3.08
AUTO-GARAGE
Route d' Hau terj',e (il 500 mè tres de
BOXES FERMÉS amebam br6pour chauffeur. FOURNITURES·ACCL<
· ""'CI"''''''
La Phosphatine
Palières
associée au lait est l'aliment le plus
agréable et le plus recommandé aux
enfants surtout au moment du sevrage
et pendant la période de croissance.
Convient aux estomacs délicats.
PARIS, 6, Rue de la Taoherie, .t PharmacIe ••
EAU MINÉRALE NATURELLE PURGATIVE
SOUVERAINE POUR:
ramiJ~
Neurasthénie, Dyspepsie, Anémie, Oravelle.,
Colique. néphrétiques et hépatiques, Catarrhe,
Atonie et Névralgie de la vessie, Ooutte,Diabète.
ADMINISTRATION: 15 et 17, RUE AUBER, PARIS
~·viëy-:;HOTËl.(jLIR!,
5
..
::
Ë
:.tai.on recomm andée aux fa m ill es par 83 bonne te n ue cl JI U situa t ion . Complètcment re mis il ne PoL f. Confort moderne hygi ç niquc. Lumière élect rique dans
toute. Je. chamb r es. Table d'hale, se rvices pa rti culi e rs. Ta ble. dt rêgimc .
•
:
....................................................................................
:
Omnibus Il tous lu t,ainoJ.
Gu é ris on
par la
GOUTTE,
MOURLON,
RHUMATISME
LIQUEUR
DU DR
:
,.ropi~lae
GOUTTEUX
LAVILLE
l / :~
~ ;~c:
s
�r~:=7"
de
~C'IOMli
pre~iè
@
clas se
@
@
1
C'IOOIOOP.lC'P.K"I'OOP.lC'IJ
~
LE HAL L CEN TRA L
LI
premièr e impress ion qu'on reçoit en pénétra nt dans
Je nouvel Établis semellt, c'est la clarté et la gaieté prodtùtes par le hall central dont les hautes. verrière s ré pan1
dent à flots la huuière. Une autre impress ion s'en dégage
encore dès les premier s pas, c'est l'ordre et l'harmo nie
~
qui résulten t de la distribu tion de services générau x
~
~
,
-à gauche les homme s, à droite les femmes - et cette
distribu tion s'éleud à tous les services spéciau x, de
er
manière qu'aucu ne confusi on ne puisse les entrave r. Si l'étrang
des Ïtelerprètes et,
hésite, il trouve dans le hall même le burea~
des
s'il n'y pénètre que pour faire sa provi ion d'eaux, le bureau
commandes. Si, comme c'est le cas le plus fréquen t, il y est appelé
par son traitem ent, il peut se diriger sans embarr as vers la partie
du rez-de-c haussée qui lui est affectée ou monter au premier étage,
A
soit par les escaliers, soit par les ascenseurs. Si c'est à l'Etabli ssement sPécial d' hydrothéraPie du Dr Pariset qu'il a affaire, ricn de plus
.
fa îl e 110n plus, ar cet établissemellt est juste ell fa e de l'entrée
vaste9
les
par
frappé
,
s'arrête
on
loin,
plus
l'aller
Mais avant
proport ions de ce hall monum ental et l'élégan ce de ses lignes, par
disposit ion des balcons et des rampes en fer forgé du
l se
l ' il g~nie
la
plus pur xvm e siè le, par les décorat ions d'Osbcr t traitées à
Puvis de Chavan nes, et surtout par la profond eur des' galeries
qu'écla irent joyeuse ment des plafond s de verre aux colorati ons
prismat iques. Ce n'est pas sans raison que l'attent ion se porte sur
el1
ces galeries, car si le hall est le centre de l'Établissemen t, elles
sont comme le grand bouleva rd.
�60 •........~ .....- Guide
l'Étranger à
de
SAINT-L:ElGER-ALICE
Vichy ........................ -
SOUVERAINE POUR:
Neurasthénie, Dyspepsie, Anémie, Gravelles,
Coliques néphrétiques et hépatiques, Catarrhe,
Atonie et Névralgie de la vessie, Goutte,Diabète.
ADMINISTRATION: 15 el 17. RUE AUBER. PARIS
VICHY
Hôtel d e
*
INTERNATIONAL
HOTEL
'r Ouvert toute l'année. -
1 " Ordre
Lal1abos à ca u
couranle.
Apparleme nh
com plcb. Salon!.
T ables de Ré plme,. -
Table d'H&le par po/iles lables e l
Billard,. A,eenseurs. Jardins d'Elé el d'H iver.
avec F osse a l/enanl à l'H6Iel. AC F. A GA,
SOALHAT, PROPRIÉTAIRE
E~/A 220 Chambres
~S:'Cl aVec
Salles de Baim. -
Va,le Hall. Sa lle de
Chauffage Central. Garage
TC F. Villa pour Famille
Téléphon e 68
CRE'DIT LYONNAIS
(SOC l tTÉ ANONYME)
FONDÉ EN 1863
Capital ontièromen t verse: Deux cent cinquante Millions
SOCIAL A LYON
~
S I EG~;
CENTRAI. A PARIS
(SOcu':TÉ ANONYME)
IÈGlI
AGENCE DÉ VICHY
Place Victor-Hugo
EN PACE LE PAR.C
-:-
PAIEMENTS SUR LETTRES DE CRÉDIT
ET DE BILLETS CIRCULAIRES
Achat de Monnaies et de Billets étrangers
Service spécial de Localion de Compartiments de Coffres-Ports
AU
MOI S ET
A
L' ANNËE
Salon pour MM. les Étrangers et Baigneurs
avec Caisse spéciale pOlir toutes leurs opérations
SALLE DE
EAU
MINÉRALE
1ill]:] 1~ ~1
I .u IIlullll",I'
~
n 'ù :~, , ~eT
,'.'I ... 1l1! lIululUI.
· I . i'.~ :~
ël,Ubt~i;NO
UX~I\'j
6~!I.og:u
NATURELLE
, 1 ~ ~I)
Z~ !I~:
l' cLl
I ~s
c.!;'~
~Un rvO~j:l?i8
l 'JlI
lIu~\n(
""'UV"
:~
I , .~
Clll'ULI \, ~Ul'Iui
MniRon fla lout Premier """1'0. -
Nouvell mont conal,·uit. -
'l'nhloH. - Tahl ns cl
Omnibu.'i II tou" l e.'.
Au
it!3:1
PURGATIVE
UlHI U 1 U., 4;t 1"d'phU!, lIuu
l HOTEl MASSÉNA
par
DÉP~CHES
Traln
1~b8I,dïla!t;
Vl'ôaHul
; a>~iUIlC
CAs rNO
Table (l' II M
;S
ri
l\oginloR. - Elltii,..ell"," t ù,' lail'IÎ il l'<\101' l.. i1'1 10. '
f}(30
DULIGNER, Propriéta ire.
,~ ,
�1
1~*$eEi
:~
S>$o~*
•
~!;>S
~S$7-.)o*J
LES S E R VIC E S . :
*. *
~<e*o
Le rez=de-cbaussée
c'est la commodité. le onfort et la clarté
L mis caractéristique,
au service des dernières découvertes de la science.
EUR
D'abord point d'angles au plafond et au parquet des cabines;
tout ell berceau pour la sûreté du nettoyage. Dans m~e
douce
atmosphère produite par lUl radiateur à vapeur, le vestiaire précède,
séparé du bain par lUle balustrade à hauteur d'appui. Un tapis
moelleux. un fauteuil et des sièges. lUle table de toilette avec sa
glace, des pendoirs. bref tout ce qu'il faut pour se déshabiller, et
se rhabiller. Le bain. avec sa baignoire en fonte émaillée et sa desCelüe en liège, son soubassement de faïence et ses parois peintes du
plus luisant ripolin, est agréable à l'œil. et d'ailleurs le ton crème
adopté pour la décoration ne potilTait supporter la plus petite tache.
Uue pièce de robineLLerie en bronze distribue trois sortes d'eau,
froide. chaude et minérale, avec un tuyau spécial pour le vidage.
Voici tille cabine avec douche pour certains malades; les deux
pièces comll1uniquent et nous observons qu'elles sont de plain-pied.
Au surplus, nous ne trouverons d'esr::üier dans aUClUle installation.
Cabine de luxe
Au rez-d - 'haussée et au premier éLage. 011 a ménagé quatre
salons, de dimellsions superbes (9 mètres de long sur 5 de large).
avec llll mobilier en tissu de crin qui se lave rultiseptiqueluent.
De chaque côté, quatre piscines ù~divltes
à eau minérale
e urrulte avec douche sous-marine ayant l nI.4 de profondeur. avec
lUI siège dans le fond. s'il plaîL au malade de se reposer.
Égnlell1cnt, denx bains de tnxe, comIosés de trois pièces: tille
cabine de buill. le salOll et. Wle piscine à eau courante, avec un
channant rcv~Llent
de faïcllc . Ne quittons pas les galeries du
rez-de-chanssée sans signaler les chauffoirs avec trappes, par lesquelles 11 évacue le Iil1ge mouillé (syst \JIle forL Ïllgénieux qu'on
reLrouve (lalls touLes les par Lies de l 'J~:Lab
li sel1t).
Voici 11l,,jnLeuaut deux pavülons spéciaHx. ol1sacrés l'tUl à
l' hydrotllérc,pie. l'autre nu.." douches-massages de Vichy.
Le Pavillon d' hydrothérapie se divise eu trois groupes :
TO
aUc de dou he avec salle rle bain de pieds à eau courante;
2° Salle de douche avec douelle en cel'cle et bain de siège à
au ourallle;
�.f,
62 .. ................ Guide
de ' l'Étranger
. . . . . . . . _ 1;0 • • ., . . . . . . . . . _ .... II • • _10 ...... 10 . . .
oI~
. . . . . Io . . . . . . .
à
Vichy ··························
___ ................. III" . . . " . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
~.
COMPAGNIE
l
'"
l Messageries Maritimes.
:
DES
~
PAQUEBO~FRNÇIS
~
·~.' Société Anonyme au Capital de 45.000.000 de fr · .~
1 ~
Rue Vi9non, PARIS
DÉPARTS
DE
~
··~
··;
·?
MARSEILLE
Egypte, Syrie, lous les Vendredis il 11 du malin.
·
··..
Grèce, Turquie, tous les 14 jours, le Jeudi il 4 heure. du soir. .=:
Grèce, Turquie, Mer Noire, tou s les Samedis il 4 h. du soir.
Indes, Australie, Nouvelle- Calédonie, Nouvels
~
E
Hébrides, lou. les 28 jours, le Mercredi il 11 h. du matin.
Ceylan, Cochinchine, SiaIll., Tonli.in, Chine, Japon,
lous les 14 jours, le Dimanche il 11 heures du matin.
Côte Orientale d'Afrique, Madagascar, Réunion,
Maurice, lous les 14 jours, le jeudi. à 11 heures du malin.
; LIGNE COMMERCIALE
LIGNE
COM MERCIAl.E
D'INDO·CHINE
·: D'EXTRÊME.ORIENT
·· Déparls lous les mois dales fixes Déparls d'Anvers lé de
· de Dunli.erque. du Havre. chaque mois, p"is de Marseille
pour Portle
pour Port- Sa'id, Suez,
···: deSa'id,Marseille
ColoIll.bo,
Djibouti, ColoIll.bo,
· Salgon,Suez,Tourane
Japon el Shanghaï avec
et
··· Haïpbong.
relour par Saïgon .
·.. ............................................................................
l e'
il
11
,
S'ADRESSER:
A PARIS, 14, houlevard de la Madeleine (pour
passages) et l, R.ue Vignon (pour marchandises).
A MARSEJ LLE, 3, Flace Sadi-Carnot (pour passages) et Traverse des Messageries (pour marchandises).
A LYON, 7. Place des Terreaux.
A BORDEAUX, chez MM. Worms et C o, ,
7, Allées de Char/l'es.
···
·
!··
•
:~
·
Et dans tous les Ports desservis par les navirell de la Compllgnie :
.,
....._
. . . . . . . 11 Il • • ,. . . . . . .
"JIll" Il''11 . . . Il • • • Il • • • • • • • Il II II Il . . . . ~
_.~
.. Il . .. . . . . II" Il 11111" Il • • • • Il .1IIl1I • •
..
~
li
�.......................... Les Services de l'ÉtablisseIIlent ..................... 63
3° Salle de douche et piscine froide. Toutes ces salles de douche
et d'exercices hydrothérapiques sontnuU1iesd'iu.stnuuents qui permettent au doucheur de modifier à volonté et très rap:dement
la température de l'eau. Dix vestia.il;es sont à portée de chacun.
Au milieu du pavillon, grande piscine de natation. à eau courante,
dont la température se règle pour ainsi dire au coromandement.
Un Institut de massage avec lits suédois est al1l1exé à l'hydrothérapie, ainsi qu'UJle
très belle Salle d'armes
avec salle le douche.
Après avoir traversé
une cour de 40 mètres de
long sur T4 Jllètres de
large, où jouent largement la hunièreet l'air.
nous pénétrons dans le
Pavillon de douches-massages de Vichy par un
beau vestibule qui précède un salon; ce pavillon est livisé en
quatre groupes, de haCLUl trois dou hes-massages, avec vestiaires.
Chaque salle de masLe Massage sous l'eau
sage contient lUl Ji t, sur
lequel s'étend le maladc qu'on inonde de toutes parts à l'aide
d'lUl i.l1stnuuent mobile, pendant que deux hommes expérimentés
le sowncltellt au massage tel qu'on le pratique à Aix. Le même
appareil permet de donner aussitôt après le massage la douche
générale à UJle température exactement égale ou différente à
volonté. Dans tule salle spéciale pla ée au centre du service se
trouve un « bouillon» de vapeur d'eau m.inérale.
Vient en uitc le bâtil1lcut dit des Bains de vapeur et d'air chaud,
ainsi composés : ID salle de bains de vapeur et douches de vapeur
avec cabine; bains de vapeur en caisse, avec lits de repos; 2° bains
d'air chaud ou caisse avec lits de repos.
elte intéressante vi .. ite nous a ramenés insensiblement dans le
Hall central, auquel tout orrespond. En face la grande entrée,et dans
"ax du hall, voici le service d' hydrothéraPie sPéciale du Dr Pariset,
dans lequel nous pénétrons par lUl salon d'attente fort élégant,
MêJlle principe de classification: hommes à gauche, femmes à droite.
De là, nous passons dans tUie salle où le docteur, avec lUl mélangeur qui Itù permet de modifi r illstnlltal1ément la température
de l'eau, douche ses nombrcux lients qlÙ S su cèdent avec UJle
pré isioll méthodiqne et dalls UJl ordre parfait. C'est UJle fort joli
aJle à laquelle d
arreaux « modern style » dOllne.nt de joyeux
et clairs reflets. Le,> galeriec; qui y d nnent accès cOl1lportent un
graud Hall et une Salle cl'attente pouvant être chauffé,
Les veRtiaires sont d'une diRposition très él 'gante; les portes
ont remplacées par des tellture,>. Piscine, baül d'air chaud à
prendre avant la douche, dou he ascendallte assise ou couchée,
�64 ................. Guide
.~
de
l ' Étrilnger
~
à
Vichy···········.. ·············
~
~
DIABÉTIQUES
Méfiez-vous, de la Saccharine,
~
N'employez toujours, que le
SUCRE EDULCOR
R efu 3ez tout sim ilaire que l'on propose pa r intérêt
" Le seul permIs par les Autorités Médicales "
..
et se trouvant partout
[QJ
@]
[QJ
Demandez aussi à voire docteur son avis sur la
LITHARSYNE
qui g u é rit sar e menl e i qui se vend
PHARMACIE de la CROIX DE GENÈVE
142, Boulevard Saint- G e rmain
a
PARIS
~:
e t tout es pharmacies d e Vic hy e t du M o nd e entie r
~
�............................ Les Servic es de l'Établissement .................... 65
rien ne manque à ce service, dans lequel on remarque encore un
ves1.iaire de luxe 1.rès bien aménagé.
Nous devons également une mention particulière au bain carbogazeltx, aux Bains de htmière locaux et généraux, à lUl aut.re Bain
d'air chaud avec lit de repos, au Bain statique, au Bain hydroélectrique et à la Salle de massage. Cet ensemble, si complet, présente t.out le confort et toute la netteté d'un Club anglais.
L e pre mier é tage
A
de nous engager dans les galeries, admirons le coup
d'œil dont on jouit sur le Hall.
Nous passons devant l'IllsbtuL d'Etectrothérapie.
De là, rul promenoir conduit aux Douches ascendantes qu'on
prend 'assis ou couché. A l'aide d'un appareil très sensible et précis, le malade contrôle ltù-même l'exécutIon de l'ordonnance; sans
bouger, il voit. quelles sont la pression et lai t.empérature et dans
quelle proportion il a absorbé l'eau. Ce service est almlenté, commE
celui des lavages d'estomac, par quatre sorte d'eaux: froide, chaude,
eau millérale ordinnire et. eau minérale chauffée.
VANT
AUCWl homme de mélier CjlÙ n'apprécie l'if~1.aton
des
Douches nasales et auriculaires, des Salles de pulvérisation, des
q t1 atre Bains d'acl:de carbonique, inhalation d'oxygène el inhalatio.n
d'acide carbon-ique, dans lesquels le marbre el le nickel se marient
de la plus heureuse muni re ..
Dans le pavillon d'angle . dOllnant ~ur
la ru' de l'Établiss(;ment,
se trouve la lingerie. - Pour donner Wl' idée de l'importance
de ce :;ervice, il nous suffIra de dire qu'en pleùle saison il sorL de
la lillgeri,· T8.ono pièces de linge par jonr. NOll COlllpri les couvertures ct. peignoir' de laine qui passent quot'dielUKmeni à la
lmgerie pour y êLre sowllis à Wle stérilisation dans une étuve à
vapeur dll sys1.èlUe I,e Blanc.
6*
�66 ,................. Guide
~
l'Étranger à
de
• • • • • • • • • • • • • • I1111 • • • • • • • • • • • • • • •
Vichy ··························
r ••••••• a . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . n ..... c ... n ••
Le
IQJ
~
IQJ
Petit Parisien
Le plus fort Tirage du Monde entier
1.625.000 EXEMPLAIRES PAR JOUR
LE MIROIR
LE SAMEDI
50 Centimes
..~
Journal illustré d' actualité
NG-S LOISIRS
LE JEUDI
10 Centimes
~
Revue hebdomadaire illustrée
L-AGRICUl TURE
N0UVELLE
L e meilleur
journal agricole français
LE
SAMEDI
~
~.kf
10 CENTIMES
ALMANACH PRATIQUE ILLUSTRÉ
DU PETIT PARISIEN
Magnifique pubLication illustrée
::
Renseignements utiles
::
..,
~l
"
75
Centimes
BUREAUX: 16 et 18, rue d'Enghien, PARIS
SERVICES
DE
PUBLICITÉ:
OFFICE D·ANNONCES. 10. pInce de ln Bourse. PARIS
-7.f ·.n..••. · .................
/11 ... .. 11 • • • • • • • • • • • • • • " • • • ,. 11 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
~
�o
o
LA MÉCANOTHÉRAPIE
o
@@@
voir la lV1écanothérapie, il faut redescendre au rez-deP chaussée.
C'est comme la galerie des machines» de l'ÉtaOUR
«
blissement; portée sw- piliers hauts et légers, éclairée par des baies
cintrée.> qui versent partout tUle hunière généreuse, cette salle
charmante a le caractère auton me d'lm pavillon d'expo!:'ition.
Les appareils qu'elle contient ont eux-mêmes un air de « classe»
et de Il section ", tant ils sont logiquement rangés et savamment
ordonnés. Au milieu, Wle pièce d'attente pow- les parents hew-eux
d'assister au relèvement physique de lew-s enfants; tout près de là,
le Cabinet du doctew- et les salles de massage après les exercices.
Sous le nom cl' Institut de Mécanothérapie, la Compagnie Fermière a rémlÎ l'assortiment le plus complet, le plus parfait de ces
merveilleux apparl!Îls de précision, inventés par le docteur Zander, de Stockholm, dont le propre est de faire de l'exercice sans
fn 1. i Wle, qui assouplissent les articulations, exécutent pour le
Salle de Mécanothérapie
patient les mouvements dont on dose à volonté le nombre, la vitesse, J'étendue et J'intensité; qui massent, percutent, frôlent,
frictionllent, é hauffent, délassen1, salis que Je patiellt ait à intervenir autrement que pOUl' se laisser fairc. C'est la gymnastique
scientifique par excellence, mathématiquement réglée, sport sans
fatigue pour le vieillard, pour l'adulte compellsation efficace aux
travaux de l'esprit et qui, chez l'enfant, proportiOlUle l'cxercice
aux besoins de la croissan e.
Hy riène excellente pour les surmenés de la vie - ils ne :ont
pas rares à Vichy - auxquels l'exercice peut être si profitable,
à ln condition qu'il ne soit accompagné d'aucune fatigue. Or, c'est
bien la qualité propre de ette gymnastique de douceur et de
précision (Iluchard') : ellc a Live la 'irculatiol1 et soulage le œur
qui, par J'appel du saug à la périphérie, bat plus à J'aise et fonC'-
�68 .................
Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ··························
O~J
SOUS
LA DIRECTION HENRY RUHL
Il 'f~
~
~ .
~ Ili
HOTEL RUHLI
I~
~
VICHY
~
il
Î
LE PLUS LUXUEUX,
350 Chambres,
3 50
Salles de
~
bains.
Il
unique sur les Jardins de
la Place de l'Hôtel-de-Ville et les nouveaux
Parcs.
~
~
Ù Emplacement
1 ~@l
~
~
~
1
i
~
j
I I~ ~
~
11
Il
~
L'HIVER
: ~®
1
~
~
0
I
IHOTEL RUHL
I I~ p," . 7"~ d~ Lit~ .~
~
o
Le
!
Situation merveilleuse sur
1 la Promenade des A nglais et les Jardins publics .
350 Chambres et Salles de bains.
i~
Î
~ :;}4> ~0
~ ~
~ ~
~
~
TIF U G E
D 1A B ...
Co
Dose : 2 cach e ts par jour. -
0
~
!
1
~
,Î
~ @
SPÉCIALITÉ . SYNTHÉTIQUE
Antl-dlO.bét Jque
fra n cs la boUc de 30 cachets.
�......................................... La Mécanothérapie .................................. 69
t:jonue mieux. Parce qu'elle n'exige au..Clm déplacement d'énergie
cérébrale, cette gymnastique e"t le sédatif par excellence pour
ceux qtÙ, par un sunnenage intellectuel ou physique, Sont en
voie de devenir des neurasthéniques.
La Mécanothérapie ecit aussi un moyen thérapeutique de
premier ordre pour le traitement des maladies qui se clistillguent
par un ralentissement de la nutrition (l'arthritisme) et de celles
dont le caractère dominant est une faiblesse organique.
La Compagnie Fermière a appelé à la direction de son Institut
le docteur Haller, le spécialiste bien COllnu. Un personnel bien
dres,
~ é est attaché à l'Établissement. Le massage manuel, quand
il e,;t lié au traitement, est fait, par le docteur lui-même ou par
un de ses adjoints.
L
INSTITUT ÉLECTROTHÉRAPIQUE
'ELEC'tROTIIÉRAPIE est, parmi les nouvelles médications, une
de celles dont l'usage se répand .de plus en plus. D'abord
spécialisé au..'X troubles du système nerveux, son emploi s'estétendu
maintenant ame affections de l'organisme tout entier, tant au point
de vue nerveux que muscu1aire ou circulatoire.
L'Etablissement Thermal a mis à la disposition du public
un Institut Electrothé rapique
des llliemt organisés et des plus
complets. Il comprend tous les
appareils nécessaires au traitement des maladies de la nutrition dont les persOlU1es. tributaires de Vichy sont si souyen t a t.icintes.
On y trouve des cabines,
les unes pour les applications
de courantSl.11 haute fréquence,
si recherchés par les artériosclérelLX, les arthritiques, les goutteux; les autres contenant les
appareils pour courants galva .
niques, faradiques, eillployés '
cOlltr les atonies, les spasmes, les parésies, les anesthésies et les
hypéresthésies. Des salles spéciales sont consacrées aux n.achines statiques, aux bains hy·
dro-électriques en baignoires
ou en eHules (systèrue du
Dr Schnée) pour les surmenés
Il rveux, les affaiblis, les cardiaques , les anélldés; d'autres
sont réservées alLX appareils de
faradisation g'néra1isée (sysdu Dr Bergonié) pour le
t ~ 1Il'
irait. Jllcnt. de l'obésité.
A ce servi e, placé sous la
direc1..ion du Dr Buvat, est anne,'é tl11e installation du demier
!uo 1 le perm ttallt de faire toutes 1 s applications des rayons X.
�70 ................ Guide
de
Libr~2R
l
à
l'Étranger
Vichy ··························
du ~aG!.':
ABD
PARIS
===== ~o
-=====
COLLECTION DES GUIDES DENTU
Villes d'Eaux de la France . . . . . .
Les Bains du Centre . . . .
Plages de la Normandie et du Nord .
Plages de la Méditerranée . . . . . . . . . .
Plages de la Bretagne . . . . . . . . . . . . .
. . ....
Villes d'Eaux de l'Étranger: l'oille 1, Espagno, Portugal, huile
-
TOlltc f[,
5
3
3
3
3
4
4
All emagne, Angleterre, Autriche, Belgique. Suisse
ENCYCLOPÉDIE DE A. DEBA Y
il
3
l e vo ln m e
fl'ancs
•••••••••••••••••••••• 0 ••••••••••••••••••••••••••••••••••
!•
:
:
Nouvelle Collection de Volumes
à 65
centimes:
OEUVRES de Oh. MÉROUVEL,
•
Pierre DEOOUROELLE, Michel MORPHY, ZÉVACO , :
PONT-JES'I" GABORIAU, X. MONTÉPIN, etc.
:
:
.
(Demander le Catalogue des ouv1'nges parus)
:
.........................................................
Journaux Illustrés
DIABOLO-JOURNAL
Journal illustré pour Enfnnts, quat re pages en coul eurs
Pa~is
et departemen1S . . . . . . . .
Union postale. . . . . . . . . . . .
IIhoulIl1ullmIS,'!
CINQ centimes le NUDléro.
Un an..
Un :In . .
8 fr. 50
5
rr.
lt
Tous les SaDledis.
LA JEUNESSE ILLUSTRÉE
de 12 pogos. - Gr:lnd journa l hebdomadaire pOli r enfunts. I-Ji stoi reR. Concour!!. Physique nmu~te.
Consl ruct l ons .- Gruvures Urées en couleur.;;.
{ Puri! et dépnrtcmcntfl.
. . . . . . Un lin.. 6 fr.
AbollwJmt'lIls ,' (~
Union po~tnl(;.
-
.. . . . . .
. . . .
CINQ centimes le Numé .. o.
Six mois.
Un an..
S rr. 50
8
fr.
Tou s l es Dimanches .
LES BELLES IMAGES
Grnnd journul illustre
hcbdomndairc pour
cnfnnts.- Contes. - Hi ll toire •. -· Concours.
Con,tructions. - Science.
Poris el déportcment5. . . . . . . . Un an. . 6 fT.
Abol/nclIl/'ul.( .'
~Cent1s
!
-
.
Un10n po~tnlc.
•
.•
•
. . . . . . . . . ..
Six mois.
Un an..
Il
8 fr. 50
8
Ir.
•
DIX centlmes l e Numéro
LE 'BON TEMPS
lOCentimes
Jou rnal Humoris tiqu e Illu s tré, 16 p a ges
.,1bonl/tlntellt, .
!
PARAIT
1.8
';AMlIl>l
p.. ariR ct départemonts
Etrnn&,r . . . . . . .
.. LACTOBACILLINE ,.
Un an. .
Six 1Il0'S.
Un an. .
(3 fr.
8 fr. 50
8 Ir .
(Vo.lr page
118.)
�*~ru *
*7i
'*
*
BAINS
* *
* ~
SERVICE des
et DOUCHES
à l'Etablissement
Thermal de Vichy
~
(Voir le, lori!, page 23)
'!It * ~
*~
~;>t<
* ~
~
"",)
"0
*~ti3
~
*
*'
*'*
*'
*
Heures d'outJerture et de fermeture de l'Établissemen t
L
ervice des bains et douches est ouvert, à l'Établissemellt
therma l, iepuis 6 heures du matin jusqu'à 5 heures du soir.
La durée des bains est de une heure quinze minutes, y comP"is te
temps nécessaire à ta toitette; au detà de ce temps, te bain est payé
doubte.
E
Doucbes à tout e b e ure, à parUr d e l'ouv erture jus qu'à l a- fe r me ture
R~glemit
du sertlice de la Gratuité
bains on douches délivrés à titre gratuit, dans les conditions
L ESprévues
par les règlements administratifs, sont donnés aux
heures fixées par la Compagnie Fermière.
Le service de la gratuité commence le J cr mai et finit le 15 octobre_
« Dans le but de faci liter le service à une époque où la grande
affiuen e des étrangers est nuisible aux malades eux-mêmes. ceux de
ces malades qtÙ se trouvent dans les conditions réglementaires
pour jotùr de la gratLùté, s'ils habitent les départements de l'Ain,
de l'Allier, du Cantal, du Cher, de la Corrèze, de la Côte-d'Or, de
la Crense, de la Gironde, de la Haute-Loire, de la Haute-Vi nne.
de l'Isère, de la I.oire, du Loiret. de la Nièvre, du Puy-de-Dôme,
du R h 'ne, de aône-et-Loire, de la Sine, de Seine-Inférieure. de
Seine-et-Marne, de Sein -et-Oise et de l'YoIl.l1e, ne pourront être
admis à jouir de l'usage gratuit des eaux que du J er mai au T 5 juin
et du 25 août au 15 0 tobre. Toutefois, les malades des départements énumérés plus haut ponrront continuer leur cure si elle
a été cOJTlmencée avant le 15 juin ou le J 5 octobre. »
Réclamations
U
registre, de: tiné à recevoir les ré lamatiolls, est placé, dans
chaque établissem en t, ostensiblement à la portée des baigneurs.
N
Gratifications au personnel
employés des bains et douches ne doivent réclamer aucune
L USrémwléraûon.
Toutefois, à la fin du traitement, il est d'usage
de leur dOlmer une gratification.
�72 .................. Guide
de
r ~HOTGRAPIE
à
l'Étranger
Vichy ························..
ARLOING
5, Rue Sévigné .:-. Allant aux Célestins
VJ:C:H:V
DIPLÔME D'HoNNEUR LYO N-BORDEAUX, 1DOO
EXPOSITIONS. PARIS , 1000 AIEDALLLE D' ARGENT
1004, SALN'I'- LO Ul S, AMÈR IQUE - MEDAILLE n'On
(EXl'OSITION COI.I.ECTlVE).
~
POR TRAITS EN TOUS GENRES
Agrandissements en noir et en couleurs,
TraDaU:J; et {ou/'lIitures générales pout bIbl. les Jlma/ eut s. -
MAISON DE CONFIANCE
~
VICHY
~
BRAND HOTBL d'AIX & de CHAMBÉRY
6, nuil
A . MODANEL, pl'opl'zctail'c
LUCAS ET nUE ALQUlE -
En l'a ce la porle monumenlale du Nouvel Établissement thermal,
des Sources et des Parcs . - Co"rort moderne .
Vaste salle" manger. - Restaurant de premier ordre.
La Maison possède une TABLE DE RÉGIMES SPÉCIAUX POUR LES MALADES
LUMIÈRE ÉLECTRIQUE - CALORIFÈRE - TÉLÉPH.ONE 1-40
[c························ . ·························· .............................~
5 TISSAGE MÉCANIQ.UE DE TOIl:ES DE VICHY
ct ZÉPIIYRS ' /wute nouveauté.
MAISON DI: VENn::
:: DELORME _ GAUTHIER c!JQ;J Pince de lVXCH:V
a Source·dc- l'llôpltnl
,
:
:
:
:
Expédltiou ... fran co au-dessus de 25 fr an c....
:
~
\,L •••••••••• •••••••••••••••••••••••••••••••••• ••••••••• ••••••••••••••••••••••••••
GI~]:
EAU
1~] i
MINÉRALE
l.u 11H11"' .. " ,!lI''':11l1i II\lllllul. ùXt.lrIi4~1
n'l~:;IO
; ~}üt
1Hj',ul! tf
:~i;N,O
DIABETIOUES p!r~tOe
LE
d~I
NATURELLE
uUtlu
.U !~g:u
t
UIIIH 1,IJ~[l.
SEUL PERMIS
~!Ig;:
~I]
~t
i
:
11i
PURGATIVE
i!~:
UIIl' .lI'llUJJ t!Ul'aU\1" hUI' It ;~
:~f r)~.is
1~I,dila
1
uf!'lll ll u '
d!b~
SUCRE EDULCOR
par les
Médecins,
�Quelques chiffres
ces efforts ne re3tent pas inutile" : Vichy voit s'accroîlre
T ous
tous les ans le nombre des étrangers
viennent chercher
qtÙ
la santé à la célèbre et riante station thermale.
Nous croyons devoir dOl1ner ici quelque.> exemples pris de 1831 à
1912, en appelant l'attention du lecie.1r sur ce nombre vraiment
extraordinaire de plus de ceut mille visiteurs relevé pendant les
dernières années el qui tend sans cesse à augmenter. C'est là un
signe mathématiqHe de la prospérité de Vichy, et nous ne pensons
. pas qu'aucune autre station thermale puisse pré enter des chiffres
comparables aux suivants :
En 1831, Vichy reçoit 987 baigneurs; en 1841, 2,573; 6,823 en
1852, c'e:;t-à-clire au moment où la Compagnie actuelle devient
fermière de l'État.
La progression devient alors considérable :
En 1862, 17,401 baigllel1rs.
En 1872, 25,524
E tl 1892, 42,702
En 1900, 58,000
En 1902, 72,000
En 1903, 80,100
Eu 1905, 90,000
En 1907, 10r,000
En 19 12 , T 18,000
E!1 19 1 3, 121,odo
Vous voyez que nous avions raison de recommander aux baigneurs de se méfier de certains conseils intéressés et de toujours
préférer le traitement dans les Établissements de l'État; les chiffres
sont là pour s'en convaincre.
SERVIC E DE LA G RATU IT É
si considérable de visileurs, le service
M balnéaire etnombre
hydrothérapique cst largcment assuré à Vichy, et,
AI./;RÉ Uli
mtllle au plus fort de la saisoll, marche avec régularité et sans
la moindre confusion, grâce au grand nombre dc cabines el d'appareils à c1ou~es
el à l'ordre qlÙ préside à leur roulement.. Le
croirait-OH? L'Etablisselllent ihennal lrouve le moycn d'assurer
un service de bains el douches gratuits très étenc1u, plus nombreux
que dans toutc station thenuale, el dont le nombre augme.nte avec
le nombre des baigucurs paym lts .
. Le servi, 'e de la gratuité est placé, à Vichy, sous l'habile direction de M. Le Moignic, commissaire du Gouvernement.
�74 ................. Guide
t;P!...........
de
l'Étranger à
Vichy
Dan. le. CONGESTIONS
et lu Troubles ;('mctioutlelll du FOJB.
...........
~
la nYSPEPSIE A 'I.'ONIf}UE,
le. FIÈJ'IlES INTERMITTENTES,
le. Cacl,exiell d'origine paludéenne
et oon.doutive. au long sil) our dan. le, pays chaud.
On prescrit dans les bOpltaux,a Pari. et a Vlcby,
de 50 à 100 gouttes par jour de
BOLDO-VERNE
OD ,
cnillerées 1 café d'UIXIR de BOLDO·VIRIIE
Dép6t : VER NE, Pro/meur à rlccl. d. Kldecloe do
GRENOBLE
(F"ANCE)
~
Il dans les principales Pharmacies do in,nco 01 do l'itranger,
••••••• a •••
ALET
...........~
=SOURCE=
COMMUNALE
- - + --
L'eau d'ALET, SOURCE COMMUNALE, Bi.
carbonatée calcique, est très utile dans le traitement des
diverses affections de l'Estomac et des Intestins, .Gas.
trite, Gastralgie et Dyspepsie. Elle arrête les vomis.
sements des femmes enceintes et on l'emploie avec
succès contre la Chlorose, l'Anémie et surtout à cause de sa
faible minéralisation pour le lavage de la vessie.
Cette eau, d'une très grande pureté, ne trouble pas le vin;
elle est éminemment digestive et tolérée par les estomacs les plus délicats et les plus délabrés.
Bien préciser la Source COMMUNALE, et comme
garantie exiger sur les étiquettes des bouteilles la reproduction
des Armes de la Ville d'Alet.
-~
EN
VENTE
DANS TOUTES LES PHARMACIES
ET CHEZ LES MARCHANDS D'EAUX MINÉRALES
GD HOTEL
VICHY
DE LA
'Bouletlard
National
Vue splendide sur les Parcs et li 100 mètres du Casino
CONFORT MODER NE - ASCENSEUR - ALLE DE BAINS - ÉLECTRIC ITÉ
Télé phone 2-88
RESTAURANT · TABLE D'HOTE ct TABLES SÉPARÉES - TABLE RÉGIME
Pons/on depuis!) rr. pal' Jour. -
Ommbus â tous los Trallf'
�I@)
î
000000000 000000000 000000000 000000000
000000000 000000000 0000
III
o
000000
~
1
0
000000
~
L'ÉTA BLIS SEME NT
THERMAL
1
:g
g
®i
~
g~
~ ~ .~
~
1
0
Usine pour l'extra ction des sels
VICH Y.ÉT AT
o
~o
0000 0
0
o
1
i®
o
000 000
o
g
o
o
:g
go
g
!
g
g
:::i
tooo<;?
@) ~
g
o
o
Produ its aux sels VICH Y-ÉT AT
;
g
g
o
il
Sels, Pastill es et Compr imés
VICH Y.ÉT AT
~
Expor tation des Eaux Minér ales
000000000 000000000 000000000 000000000
:
1
1
1
de
000000
~o
1
An ne xe s
1
1
~
î®
p............... ............... ............... ...............
g
0
:
~
~o
000000000 000000000 oooo!
g
®
............... ............... ............... ...............
•
...............:.
�76 ................. Guide de l'Étranger à
Vichy· ........ ·..·.... ·.... ·.... ·
{g)•••••••••••••••••••.••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• [Q]
5 CENTRAL HOTEL VICHY
i
:
:
:
(En face la garo) -
•
Enti èr emen t n euf -
T a ble d'Hôte -
Ouvert tOlltr,.I'année
Restaurant - REGIMES
:
Dernier co nfort model'ne 100 chambres T 0 F et appart ements pour {amlIIes
: Ascen seur - Elcc tl'i ci té - Chauffage cen tral - Salle de bains - Garages.
:
Télép/j/)"e I -24
ea"'"
POUILLIEN, Proprié taire
•
:
:
(Q}................................................................................. [QI
SAlNT- LEGER. - ALICE
SOUVERAINE POUR:
Neurasthénie, Dyspepsie, Anémie, Gravelles,
Coliques néphrétiques et hépa ,iques, Catarrhe,
Atonie et Névralgie de la Vessie, Goulle, Diabète.
ADMINISTRATION : 15 cl 17. RUE AUBER, PARIS.
~
"AGENCE LUBIN" I ~~
~
Sooiété Anonyme au Capital. de un million de franos
M A ISON FONDEE EN 1874
SIÈGE SOCIAL: PARIS. -- 36, 'Bard Haussmann, 36
VOYAGES== EXCURSIONS
.Jtl
.Jtl
POUR TOUS PA YS .Jtl
Nombreuses Succursales et Correspondants
en France et a l'Étranger.
.Jtl
BILLETS DE CHEMINS DE FER ET PASSAGES MARITIMES
T ran
~ port
el assurances de bagages pour toutes dt!stinations.
~
==
EXCURSIONS ACCOMPAGNÉES
VOYAGES A FORFAIT
==
Programmes et projets d'itinéraires adressés franco sur
demande et par retour du courrier.
GUIDE DES ' HOTELS CORRESPONDANTS
j((
j((
MAISONS RECOMMANDÉES
j((
~
~@!
I
j((
délitlré ou adressé gratuitement à toute personne prenant ses
billets de ohemlns de fer ou passages maritimes dans un de
nos bureaux do France ou de l'étranger.
[v
III A DU CAS1N0
Ma ison ùo f" mi llo. - ëltutlLioli OXCOI)t10nn Jlù on l l'C 108 d ux pu. I'ce ut 011 faeu
10 CusirlO . - Appfl l'to tn oll ts llI oul>1 68 ut
' hnmbrl.ls avoc ou l'HU IS pe nsion. - Confo l'l In odul'nu. - Culsi no do 1er ol'dro. - Sall u u
manger Ila!" pa tHos ta blas, falstll.l l lOtiS les l'ogi Oi s proscl'its par MM. l UB Doc tours.
WocL"Îcitô.
Omnibus à lous los tr1lins.
AUCLAIR, Prorri 6talrc . OllO r do cuisino.
...
Tôl6phono 2·116.
L'Académie de MédeCine désapprouvant formell ement les eaux artificie llement
gazéifiées, il ost recommandé de ne boira que l'EAU MINtRALE NATURELLE de
SAI T-GALMI
DIAB~TFUGE
NATURELLEMENT GAZEUSE APPROUVlE PAR L'ACADtMIE DE MtOECINE
otCLARÉE D'INTÉBET PUBLIC
DOBe : 2 cachets par jour. -
SPÉCIALITÉ SYNTHÉTIQUE
Anti-diab é tiqu e
1:5 trancs la boite de 30 cachets.
�~=';r>
ANNEXES DE
L'ÉTABLISSEMENT THERMAL
© © ©
L'Établissement thermal comporte des Annexes intéressantes à visiter, à plus d'un titre;
toute une cité industrielle, à côté de la ruche
thermale et de la ville de plaisir JiJ JiJ JiJ iii iii
•
PRODUITS AUX SELS VICHY .. ÉTAT
les vastes bâtiments connus sous le nom de Pastillerie, la Compagnie Femuère a rétUu l'usine d'extraction du Sel naturel des Eaux minérales, la fabrique des Pastilles Vichy-État, la manutention
des paquets de Sel Vichy-Etat, Comprimés VichyÉtat, et enfin les magasins d'approvisionnement et de
vente au public de ces produits.
Voyons d'abord:
ANS
. Usine pour l'extraction des Sels Vichy"État
fort longtemps, sous prétexte que le bicarbonate de
:oude est le sel le plus abondant. des Eaux de Vichy, on lui a
P
attribué les propriétés thérapeutiques de cette eau minérale elleENDANT
même, et on donnait couramment à ce sel, dans le COnIDIe!" e et
même en pharmacie, le nom de Sel de Vichy. Ce n'est que plus
tard, lorsqu'tUle analyse plus complète de l'Eau de Vichy eut
démontré qu'elle renfermait, à côté du bicarbonate de soude,
tUl grand nombre d'autres sels de soude (chlomres et sulfates), de
chaux, de potasse, de magnésie, de litluurn, etc., qu'on s'avisa de'
la différence. D 'ailleurs, à la pratique, l'emploi du bicarbonate de
soude en solution ne répondait nullement au résultat qu'on en
at.t.endait et que produisait l'eau minérale. C'est. alors que, préoccupée de foun1Îr à la t.hérapeuUqne tUl sel exlrait des eaux de Vichy
et conservant le mieux possible les propriétés de ces eaux, la Compagnie Fermière chercha. à réaliser elte extraction.
Le succès ayant. suscité de nombreuses contrefaçons ou imit alions, la Compagnie Fermière, pour sauvegarder ses intérêts,
qui se ccnfondaient ici avec ceux des conSOJ11mateurs qu'on trompait en leur donnant du bicarbonate de soude pour du Sel de
Vichy, adopt.a comme marqùe de ses prodtùts, et pour rappeler leur
�78 .... .....
m~
Guide
de
l'Étranger
~ O~!orumJxlt
Hôtel
des
à
Vichy ···························
Princes
SUR LE PARC, EN PACE LE CASINO
~O?il
~=
*
*
~
~!9
ruil
O?~
ENTIÈREMENT RECONSTRUIT
E T MEU BLÉ A 'N E U F
*
*
~
GRAND CONFORT MODERNE
*
•
APPARTEMENTS avec Salles de Bains
*
*
TOUTES LES CHAMBRES
avec Cabinets de Toilette à eau courante
chaude et froide
•
TABLE O'HOTE
par petites tables et tables de régime
•
•
•
*
*
*
RESTAURANT
à la carte et à prtl( fixe
~~
~
HALL - ASCENSEUR - TÉLÉPHONE
H. COFFIGNEAU
PROPRIETAIRE
Ch el deI Cui.ines, l'Hiver, au Grand Hôtel de Cannes
~!Oi.o3l01ruIjWm9M<2îX
DIABETIQUE
pa~rle
SUCRE EDULCOR
LE SEUL PERMIS par les Médecins
1
�79
............... Annex es de l'Etabl isseme nt Therm al·········
des
extrait
hy,
Vi
le
origine, le.> mots Vichy -Etat: le Sel naturel
eaux uùnécale3 de., source.:; de Vichy, apparte nant à l'État, devint
ainsi, sans confu ion pos ible, le Sel Vichy-E tat, et les pastille.>
fabriqué es avec ce sel l rirent le nom dt! PastiUes Vichy-E tat.
Le pnhlic, ainsi prévenn , apprit bien vite à faire la difféde
rence entre les produit s de Vichy - Etat et les produit s dits
son
changer
dut
re
Fermiè
nie
Compag
la
que
fut
Vic/n', et le résultat
s
a ncienne mét.hode et son allcien outillag e d'extrac tion, devenu
s.
iu uffuant.
des sels
Apparei l évapora teur à sextuple effet peur l'extract ion
de Vichy-E tat
De là, la nouvell e et superbe usine, contena nt une installa tion
mécani que de premier ordre et les apparei ls d'évapo ratioll les plus
perfcctiOlmés, q\\i perlllet tent d'extra ire les sels minéra ux de l'eau
naturel le des sour es de l'Éta1., avec tous le:; soins exigés par ceLte
délicat opératio n.
D ans la salle d'évapo raîon, J'eau des sources de l'État e.-;t
,
(llllellée par l.Ute .pompe pu.isaut directem ent aux différen ts griffons
et cons1.an unent soumise à l'action de la vnpeuf par un système
de ylindre s analogu e à elui qui e t employ é dans les raffineries,
ave ceLte différen e qu'il y a ici six cylindr es évapora teurs, dans
lesquels l'eau minéral e se concent re de plus en plus, tandis qu'il
n'yen a que trois dalls les raffineries.
�80 ................'
Guide
de ' l'Étranger à
Vichy······ .. ·· .. ·········.. ·•
TRAITEMENT RATIONNEL
DE
LA
CONSTI PATION
ET DE SES
CONsEOUENCES
PAR
LE
CE N'EST PAS UN REMÈDE
C'EST L'ÉQUIVALENT D'UNE CURE THERMALE
Mais faites bien attention!
LE LAXATIF MIRATON
est copié, imité, contrefait.
EXIGEZ
GR A T U 1 T
&
FRANCO
TOUJOURS
LE
NOM"
MIRATON ..
.., Un e boite d'essai sur demande à l'Établisse·
-' ment MIRA TON, à CIIMe l·Guyon.
...
..
CONSTIPÉS, ENTÉRITÉS
CHATEL-GUYON
~uvez!
~:
repa:
~
MIRATON
1 Aut orisation de l 'État sur avis de l 'Académie d e m 6decino
Envoi s ur do,nande: " Con s tipation" d u D ' M ... ,
",'JI•• in. d'ox L>o./(ion :
>l~
,
0 O.
1.
9, rue Auber ct 2, rue Soudre au, PARIS
�............. - Annexes de l'Établissement Thermal······... 81
Grâce à cet appareil concel1trateur à sextuple effet, aUClUle déperdition de chaleur. L'eau minérale n'est jamais en contact avec
l'air extérieur, et la concentration elle-même marche très rapidement, à cause de la température à laquelle elle s'opère.
D'où parfaite conservation des sels minéraux, sans altération
po~
s ible.
A la sortie de cet appareil, l'eau concentrée est conduite
dans lUle chaudière d'évaporation où tous les sels contenus dans
l'eau sont précipités.
Les cristaux ainsi obt.enus sont blancs, transparents, et ont
l'aspect de prismes lamellaires pyramidaux. Ils sont séchés au
moyen d'une essoreuse mécanique. On les porte alors dans lUle
troisième salle, dite de sa ura:ion, où, sous l'action d'un courant
de gaz carbonique, ils passent à l'état de bicarbonates amorphes.
On e ~ sore
le sel satnré une seconde fois, et on le dessèche complè -
.... ,....-. .... ~_
.....
;1 ,.. ..... , ..
.........
0
;;'J .... "tTO
Lnaque rU3I1UC: punt:
d'un c61é le mol VICHY
de l'aulre, le mol É TA T
POlll' celte fabrication, on emploie lUl sucre très :finement cristalli"é eL très pur, spécialement fabriqué pcur la Cio Fernùère.
6 .
�80 ................. Guide
l'Étranger à
de
Vichy ........................•
TRAITEMENT RATIONNEL
DE LA
CONSTIPATION
ET DE
CONSÉQUENCES
SES
PAR
(
LE
~.E
Extrait de
i MA~!.'bo,gNIX
*
BIÈ~E
1
~~ ?f;·:i
~
~
!
t
nE
SA~TE
~
i*
*
Extrait de Malt cristallisé
/!fi
ALIMENT FERMENT DE PREMIER ORDRE. NOURRITURE ESSENTIELLEMENT VECtTAlE
CONTENANT SOUS UNE FORME ACRtABlE lES DIASTASES
ASSIMilABLES DU MALT, DES DEXTRINES, DES LtClTHINES ET DES
PHOSPHATES ALCALINS NATURELS
~
ONVIENT AUX DYSPEPTIQUES ET AUX ENTÉRITÉS
3 Ir. 50 le Dacon
.
DROGUISTES
ET
TOUTES
.
l'.
PHARMACIES
~&
.
F.nvoi
",Ir
dcmanda: " Con s tipation" du D r M •• • ,
(l)~ .
*, U
Il
0 1.
" ,'Auim d'cx llo./llon : 9 , rue Auber ct 2, rue Boudre au , PARIS
�· ............- Annex es
de
l'Établiss ement
Tbermal ......... 81
Grâce à cet appareil concentrateur à sextuple effet, auctme déperdition de chaleur. L'eau minérale n'est jamais en contact avec
J'air extérieur, et la concentration elle-même marche très rapidement, à cause de la température à laquelle elle s'opère.
D'où parfaite conservation des sels minéraux, sans altération
po»sible. A la sortie de cet appareil, l'eau concentrée est conduite
dans une chaudière d'évaporation où tous les sels contenus dans
l'eau sont précipités.
Les cristaux ainsi obtenus sont blancs, transparents, et ont
l'aspect de prismes lamellaires pyramidaux. Ils sont séchés au
moyen d'une essoreuse mécanique. On les porte alors dans lme
troisième salle, dite de sa ura:ion, où, sous l'action d'un courant
de gaz carbonique, ils passent à l'état de bicarbonates amorphes.
On e,sore le :;el saturé tUle seconde fois, et on le dessèche complètemcnt dans une éluve.
On obtient ainsi des sels parfaitement blancs, qui Sont pulvérisés et passés au tamis, réduits, en tul mot, en poudre impalpable. Ce sont ces sels qui constituent les Sets de Vichy-Etat et
servent à la fabrication des Sels Vichy-Etat pour boisson, des
Pastilles Vichy-Etat et des Comprimés Vichy-Etat.
Les sels produits à la reprise de la fabrication et qui sont légèrement colorés sont Qtilisés omme sels pour bains.
Sels Vichy=État
un atelier voisin s'opère le remplissage
D paquets
de SELS VICHY··E 'tA't.
ANS
•
•.N""ifT."lIoll :
.. .....,,.. . .
i
des flacons et
Un paquet de Sel Vichy-État, dissous dans
un litre de bOllne eau de source, donne une eau
alcaline dont la minéralisation se rapproche de
celle de l'eau naturelle, et est toujours supérieure, sous le rapport Illédicinal, à la solution
alcaline composée avec le bicarbonate de soude
ordinaire. On boit cette eau Il table, avec le
Vill, qui en dégage le gaz. Chaque paquet con·
tien t la dose pour un li tre d'eau et ne coûte que
dix ce ntimes .
En présence des nombreuses fraudes, imitations et . contrefaçons, exiger le paquet SEL
"ICHY-ÉTAT, portant le disque bleu Vichy-État.
~to:-.'
Pastilles Vichy- Éta t
A
nommées à cause du Sel Vichy-État qui en fait la
base.
INSI
Clraque P a3l/Jle po rie
d'u/l cillé le mot VICHY
de l'au Ire, le mot ÉTAT
PC)1lr ('eUe faùricatiOll, on emploie un sucre très fillanent cristallisé 1. très pur, spécialement fabriqué pcur la Cio Fennière.
6 .
�82 ................... Guide
de
.SAINT-UGER-ALICE
l'Ëtranger. à
Vichy ........................ ..
SOUVERAINE POUR:
Neurasthénie, Dyspepsie, Anémie, Oravelles,
Coliques néphrétiques et hépatiques, Catarrhe,
Atonie et Nevralgie de la vessie, Ooutte, Diabète.
ADMINISTRATION: 15 et rr, RUE AUBER, PARIS
Sur le Pil TC, près le Cnsino ,l ee: 8o uree.
les bRins et les pOR t es.
1 er
JJû/l:l cuits/ru i l eu matérinux
lIlCO",bl/s/iMt.'\,
Confort moderne
ASCENSEUR' ÉLECTRICITE • TÊL . 0. 61
011Om11l003. E,lU oha udo à o"aQ uo dtn~o.
OII,l mb,.o
t---------t~
~i
& ~
t
~
~t
fa "a" da",
t",t" ,.. '"a" ma'", d"p'"rl., oom"tlbI", of':
DIABETIQUES pa~:Zle
LE
SEUL
ctl 'N,.~&
PERMIS
~
SUCRE ÉDUlCOR
par
les
Médecins
�............... Annexes d e l'Établisseme nt Thermal ........ 83
On mélange, dans des proportions convenables, le sucre réduit
à l'état de poudre impalpable, le Sel Vichy-État et la gomme
adragante, et on y ajoute l'eau nécessaire, ainsi que l'arome,
le tout pétri dans un appareil spécial pour obtenir la pâte à
pastilles.
Les Pastilles Vichy-État ainsi obtenues sont très blanches
et d'un goût très agréable; pour recOlmaître leur/ supériorité, il
Fabrication d es Pastilles
suffira de les comparer avec les pastilles du commerce dites de
Vichy, qui sen1.ent leur origine phalll1aCeu1.ique. Leur vogue s'explique d'autant mieux que ces bonbons sont extrèmenlellt efficaces
con1.re les petits malai 'es de la digestion, les aigreurs et la pesanteur
d'estomac, en tUl mot, contre tous les accidents qui, négligés,
etüraÛleJÜ biell1.ôt la dyspepsie.
De vastes 111 agasins reçoiven1.la
ré,'erve de 1.ous ces
produi1.s, paquets
de sels, pastilles .
selspourbaüls, etc.
qu'on pourrait appeler « monnaicde Vichy li.
Ennn, des magasinsdedétail
pour la vente
au public, 0111pIètent cernerveilleux eHsemble. Le public e3t adrrùs à visiter la Pastillerie de 2 heures à
c; heures.
�84 _.................. Guide
.
de
l'Étranger
à
Vichy _.........................
~-
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE
DES
Eaux minérales naturelles de COUZAN
iJ
i
.
i
SOURCE BRAULT ~:[e
Digesti ve
f
DÉCLARÉE D'INTÉRÉT P_ U
_B
_L
_ I_C_(D é cret du 22 Avril 1908)
i
Se vend partout très bon marché
~-
GRANDE
BRETAGNE
QUEEN'S HOTEl
Oaas le PARC, près des BAINS, SOURCES et CASINO
'Doubles 'Portes capiton nies
Cabinets de toilette
entre les Chambres •••
cl eau chaude et froide
NoutJeau Hall
lI. l'dUnIS, Pttop.
RÉGX1\IJ:ES
BIBLIOTHÈQUE LAROUSSE
Ln plus jolio collo tion d08 chofs-d'œuvre do ln litté rature fran çalse: hellos MItIons Illustrtlo8, tr~s
nrlisltlluomont pr~sonl.
En "tilt, : Œuvre. d'Alfred de Vigny. Vlotor Hu go. Gér ard de Nerval. Bornardin
de Saint- Pierre, Voltaire. Dider ot. Regnard. La Ro ch efou oauld . M-' de SévIgné. Ol~
Dema nder le p rosp ectu s d étaillé à la L I u Il A 1 IllE L A Il 0 US ' E.
13- 17 , rue Montparnasse . Pa r is (6' ) . et chez tous les libraires.
.
,-------------------------------------,
I
Alimc<,tation des Enfants, Sevrage. Dentition, Dyspepsie des Adultes
FROME'N TO-LACTINE :~ A p~UFE
Alillent d•• boh • parli r du b uit~mo
moÏJ , ot poodaotl u 2' ot 3' l oot••. nOITE : ~
fr. 50
TOlite. Pharmadu . DA .. 6T GtlHtlKAL : BRACQUEMOND . pbarm3rien, 71, Av . de ViII i.... l'ARIS
HUNYADI JANOS
Le meilleur
des purgatifs
�Annexes
de
l'Etablissement
Thermal········ 85
Comprimés Vichy-État
P
avec les Sels Vichy-État par M. Georges Prunier, ces
Comprimés dégagent, en se dissolvant dans l'eau, tille quantité
R ÉPARÉS
Pavillon de vente des Produits de Viohy.État
de gaz équivalente à celle qui se trouve en dissolution dans l'eau
de Vichy naturelle. L'eau minérale a lcaline ainsi préparée est
donc gazeuse, ce qui la rend digestive et agréable.
.
Pour préparer son eau minérale, il suffit de faire dissoudre
4 ou 5 comprimés dans un verre
d'eatt ordinaire ou coupée de vin.
- Pour obtenir le: · eaux chaudes,
dissoudre 4 ou 5 comprimés dans
LUI verre d'eau tiède.
Leur peu de volume
penuet d'en avoir sur soi
toujours.
Leur prix modique les
met à la portée de tous.
Enfin, précieux avantage, ils se conservent
indéfiniment. (Tenir, autant que possible, les flacons bouchés et d~Uls
LUl
endroit sec.)
L
Comprimés Vichy-Etat ne se vendent pas en tubes, mais
en flacOliS de roo Comprimés marqués 2 francs.
Exiger la marque VICHY-ÉTAT.
�86 ...............
c~*.
Guide
de
l'Étranger
à
Vichy·························
LE FIGARO
DIX
c
SIX ou HUIT PAGES
CENTIMES
tous les jours
dans
DOUZE PAGES
toute la France
tous les samedis
DIRECTEUR GÊRANT :
M.
GASTON
CALMETTE
............................................................................
PARIS -
26, rue Drouot, 26 -
PARIS
RÉDACTION
L. R é d a ctio n est la plu. réputee. Parmi le. rédacteurs du FIGARO
Ogu rent les écrivains les plus éminents e t les personnalites politiques les plus
en vue en F rnnce c t :\ l 'Étronger.
INFORMATIONS
LE FIGARO est outillé de manière il fournir .ur cbaque cvenement
important, en Frnnce el ll'Etranger, l 'informat ion ln plus rnpiJc ,la plus complète,
ln plus sùre,
Toul le monde sait ;ombien de foil, seu l dans toute ln presse fran çaise,
LE FIGARO a publié des documents de 1. plus haute importance .
rcputation, à ce sujet, cRt clablie dons le monde cnller.
GRAVURES
LE FIGARO, ('riice
EN
a ses nouvelles
COULEURS
mnchine., peut reproduire des photogrAphies ct de,! cliches en une, deux ou (WtN couleurs. C'cst le seul journal de ln
prclUc quotidu:nne imprimé sur rotative qui ait pu jUlqu'a présent arriver a ce
rt.! ultat.
CHAQUE SEMAINE
DESSINS
D'ACTUALITÉ
FORAIN • ABEL PAIVRE • A. GUILLAUME • DE LOSQUES
UNE PAGE DE
MUSIQUE INÉDITE
Tous les s amedis
dJo
FIVE O'CLOCK
Pendont IR •• i.on d'hiver, LE FIGARO donne dans Ion 1I01el de.
concert. auxquels Ront invités, ~ lour
Je rôle, ICI abonncs Les nbonnC:8 de.
dt'pa rtemcnll ct de l'EtrAnger, de.:
pnllaKc A Paria, reçoivent nUlli deI!
1"'Vitationa lur leur demande.
SUPPLÉMENT
LITTÉRAIRE
Choque .emRine LE FIGARO
pu b lic un sup pl ement d. 4 puge .
entièrement conlAcré à la littcrature ;
ce lupplement elt gratui t.
dJo
PUBLICITE
1.. Pub licité du FIGARO elt,
entre I CI journaux du m onde enller,
IR p lus effiCAce et 10 p lu. recherchée.
(S·.dr .... r 26, rue Drouot).
f
�·............. A~nexs
de
l'Établissement
Thermal····· ..• 87
EXPORTATION DES EAUX MINÉRALES
L
Compagnie Fermière de Vichy, qui a tant contribué ou
. développement de cette industrie, tient encore la tête avec
ses expéditions annuelles de plus de trente-deux millions de bouteilles des sources de l'Etat.
Embouteillage aux Sources
Le remplissage des bouteilles, seul, se fait aux griffons mêmes de
chaque source, principalement à la Grande- Grille, ~ la Source de l' H ôpilat 'et aux Célestins: puis, quand elles sont remplies , les bouteilles
A
L'Embouteillage
sJnt amenées à la gare d'emballage, que 110US allons décrire, où,
après avoir été étiquetées, elles sont emballées et mises sur wagon.
- La production s'élève souvent à 125.000 dalls la même journée.
Gare d'Emballage
E bâliment, avec ses dépendance.>, est très important. On y
pénètre par la route de Cussel. ell face l'imprimerie Wallon.
A gauche, se présentent le pavillon occupé par le garde et les
bureaux de la comptabilité. Les bâtiments sont tous cOllstnùts
en fer et en briques. Les magasins d'exploitation se composent
de pavillons parallèles et solidaires.
Une ligne de rails, qui se ra 'corde avec la voie ferrée de Vichy
à Saint-Germain, forme Ull embranchement spécial destiné au
servÎ<.;e de l'exploitation. Les bouteilles vides arrivent ainsi par
wagons au centre m ême de la gare, et. aussitôt extraites du ~vagol,
elles' sont soumises au lavage.
Il a été reCOllnu, à plusieurs reprises, par l'Académie de médeine (D r Robin, Dr Hanriot), que les eaux minérales sont pures à
la som: e, surtout les so urces Célestins, Gra11de-Grille , Hôpital,
Chomel, Parc, qui sont protégées ' l al' un périlllètre de proteclion.
Pour que l'eau conserve toute sa pure1é, Il importe 'lue l'embouteillage soit fait avec le plus grand soin. Il suffit de visiter les ins-
C
, ,
�88 ................ Guide
de
à
l'Étranger
Vichy
........................-
SOCIÉTÉ ANONYME DES ANCIENS ÉTABLISSEMENTS
J ..B~ TORRILHON
Au Capital d e 6,000,000 d e Francs
Clermont-Ferrand, Chamalières et Royat
..~ .i ~ ~.$O
(PU Y-DE-DOM E)
-~
Iff'
TUY A UX
~!,
~.€E
~
~
de Ioules dimen s ion s, pour
W pompes à incendie, arrosage,
I .~
.
v,,",
. ~
brasseurs, blanchisseurs el ml- 1.&
neurs, elc.
1.1'1
TISSUS CUIR~
CAOUTCHOUC ~
\Il
lransvasement d es vins, bières,
vinaigres, acides, etc., vapeur
haule pression, battage d e pieux,
accouplement de freins, pulvérisateurs, soufreuses, etc.
pour carrossiers, selliers et bour- iIio
reliefS.
~
;)
. r1 ~
CAOUTCHOUC
et ACCESSOIRES
~y.
~
'"
~
,
pOUl joinlB en !euilles d e loutes
dimensions, avec ou sans inser~ lion ; labliers d e machines, gar'" nilures d e presses; rondellcs
"J1 pour régulateurs, niveaux d'cau,
pl eu e - étoupes, .rondelles - canett es, lampons pour norias, balais- racloirs, lapis caoutchouc,
~ ganls, !ormcspour chapelicr, etc.
*
~
COURROIES
~
pour transmissions, élévateurs etc.
1
.
~
pour hommes, d ames et militaires, volets d e pied ct cochers:
blouses Torrilhon pour chaulleurs ; orticlcs pour méginiers,
,*>
~
~
PNEUMA TIQUES
*'.
pour V élos, MOIOS et A eropl anes.
~
PLEINES SOUPLES ,Ii.
BANDES
~
i'
vulcanisées avec armatures.
BAN DES
AMÉRICAINES B. 6: A'I
pour poids lourds.
VÊTEMENTS
IMPERMÉABLES
*' ·l'~
~
~
.
Tissu pour Caoutchouc des
&
Sphériques-Dirigeables et Aéroplanes li),
~
Tissus spéciaux et
1.1)
Articles pour HOpitaux l~t
CHAUSSURES ET
.i .
BOTTES CAO
~
. UTC"~
··".,....~·
.
)
·r
1.)
..'
SUCCURSALES:
LEV ALLOIS.PERRET, LYON, MARSEILLE, NI MES, TOULOUSE,
BORDEAUX, LILLE, NANTES, SAINT. ÉTIENNE et MILAN
~
�._........... Annexes
de
l'Établissement
Tbermal ........ 89
taUacions modèles de la Compagnie Fennière pour se rendre compte
des. garanties qu'offrent au public les Eaux de Vichy-État.
Le lavage des bouteilles vides comprend trois opérations : le
trempage, le lavage et le rinçage.
TREMPAGE. eite première opération se fait à la gare d'emballage, à pro~ité
des magasius qui contiennent les bouteil1~
vides. Les roues à tremper sont de grands cylindres horizOlltaux,
portant sur toute la surface extérieure les anllatures creuses dalls
lesquelle. on enfonce les goulots des bouteilles, perpendiculairement aux génératrices. Ces cylindres plongent dans des cuves
remplies d'eau acidulée et la vitesse e·t réglée de telle sorte que les
bouteilles restellt immergées pendant vingt minutes, pnis sont
soumises à l'égouttage pendant dix autres minute..
LAVAGE. - A la sortie de ces roues, les bouteilles sont portées
aux ma hines à laver (système Portevin), installées dans le même
atelier. Dans es appareils, les bouteilles reçoivent intériemement
des jets d'eau hélicoïdaux très fias, sous l'én0l111e pression de
65 atll1osphères, qui, par un système de mouvements combinés
de rotation et de translation, balayent tous les points de la
paroi intérieure des bouteilles. Pour ce lavage sous pression, il est
fait emploi d'une eau de source d'une pureté absolue, qu'lUte
canalisation sp~cia
le
de plusieurs centaines de mètres envoie
directement dans les pompes de compression.
RINÇAGE. - Après le lavage, les bouteilles sont mises dans
des caioses, le.; gOlùOts renversés, luis transportées aux différentes
sour es, où elles doivent, avant le remplissage, être soumises à lm
dernier rinçage spécial à l'eau stérilisée qui est produite dans des
appareils Rouard, Geneste et Herscher: où de l'eau orilinaire est
portée d'abord à I20 0 , plÙS refroidie à une température voisine de
celle de l'eau minérale de la sour e. Cette ean sté ri li ée sort des
appareils à mIe pression de 2 kilos par centimèt.re carré et ,t COllduite à des jets sur lesquels toutes les bouteilles sont présentées
immédiatement avallt le r Illplissage.
BOUCHAGE. - Ces bouteilles sont, aussitôt après, bouchées par
des b uchOl1S de liège qui ont séjourné plusieurs heures dans la
vapeur d'é happement de la l11ach.iqe à stériliser, ou par des
capsules métalliques spéciales.
G*
�90 ................ Guide
de
à
l'Étranger
Vichy ··························
SOURCE
BADOIT
L'Bao da TalIla sans Rivala. La plus logèra l'Bstomac.
à
Déclarée d'Intérêt Public.
E:rig,.. le Cachot ..... et
la Slgnature 1
~
~
~
'
~
~
Hôtel de Grignan ')
Place Sévigné .. VICHY
~
A proximité des Sources, des Parcs et du Casino.
~
COMPLÈTEMENT NEUF
~
ConfotTt lVIodetTne
~
Sal1es de Sains
TÉLÉPHONE
PRIX
Pension
,
MODÉRÉS
depois
f)
<L>~'-1
EAU
pat<
joot'
\ ~I:'
~'.I:l!aT
JI ~
!I] i!!!3 :1
NATURELLE
MIN~RALE
. L~:iI
RliUlNAT LI.OHACII, Mlfl_
CRÈME
POUDRE
S AV-ON"
i b~'
JAUl'UC,
, ~,A:i
6cu.,
lJ~tj"UI;)o
~tl.1
PURGATIVE
o~I;rlç
1'; 1
~'t"X:
nouOlic . Ezpo •. unlvors., Po rie 1000,
SIMON Pro~s
DIABE· TIFUGE
,
m~tlaif\
~:f
d'ur
2~vnté
@ootre le bâle,
coups <le soleil
SPECIAL.ITE
~
(~
~
=lJ
1Lu i il] :] 1~ [1
1
franes
Mme GERMAIN
~
:l~d
9
SYNTHETIQUE
An Li-cllnb tlquo
__
____
........... _ f
-4~
n
_
��92 ................ Guide
de
à
l'Étranger
Vichy ··························
s·····················································
.............................:
.IV I L LA
DUeI!f!!!\POU:r :
: BOrEL E T
a 150 mCll'os
Rues Louis- Bla nc ct de l a Gr ande - Gr ille,
:
d u Palais des Sources ct :
meublées. - Pension de :
du nouvel Etab lbsement hydl·othél·ajlique. - Cham h ..~,
ramill o. Appli ca ti on spéciale d.. Régime Alime ta i re de Vichy :
d'après ]cs ind i<'u l ions de la 'odüté dus ~ cie n 'cs m6c1icalos . _ . Al'l'angcrn onts :.
avantageux. - Elcc tricité. - Omn iu us il tous Jo'; tra ins.
IIUB I<:: B 'l " .P l 'o p ,. i è tai~e
:
:
:
"._
....................................................................................
:
Il@J~
~
~
~
DIATHtSE -
~
~~
~
i ~ e : a s ~i1n
Deux cuillerées à café pal' jo ur
lQl
el
lu!e
N
V
de m01'lte
1
v a l~ c ~
D RÉ
Le flacon, 5 r ... Le demi- fl acon. 4 r ... 75
Dépô\ géné,'al : Pharmacie ANDRÉ, E. BADEL, Doc teur en pharmac ie, succssseur
@
Il
@)Il
STRUMEUSE - LYMPHATISME - TUBE RCULOSE - AFFECTIONS RÉNALES
Le demi-flacon, 2 rr. 50
Le flacon, 4 rrancs
G L yS~h
Vi
~
Comb inaison n o u\ el l e de l ' i o(l e
a,'e ' l'o, tl'ui t de noyel' Ilh osph até
SOUS FOl\~1E
J)'ÉLI XIII
I"c mel llc u,. succcdal/ l' dl' l'lflltlc dl'
V
~
~
JUOLANREOINE
lQl
l:j
@
2, Rue d es Alpes, VALENCE (Dra me)
@)
ç:;=§Ll~r.s
7l~
@)
,W"
~
Il
~
CARMÉINE
Elixi r e t P â te d e ntjf rie e h ygi é n iq ues
a dop tés p at' le monde élég a n t
L es d en t ifrices
CA RMÉ INE d onnent
l a p u reté e t l a f r aicheu r de l'hal e ine,
assu rent l'an t i sepsi e
d e l a b ouche.
EN V[NrE PARTOUT
*
\
O~p()t
@
110, Rue de RilJoli, PARIS
G~Mra{:
~
~
A. ____ .;r®
1j{l] :]1 ~ r!î 1~
BRU lVIN.EU~HLt
NHTU~ELtl!
PU~GR.TJVB
N'EXIGE AUCUN RÉGIME
~ M édecins conseillent: Dose purgatfve, un verre à bordeaux; dose
lœtatlUe, un verre d m adère; augmenter légèrement suivant tem pérament.
Se méfier des contrefaçons et substitutions et exiger la marque:
Rublnat Llorach. éU.quelte jaune, écusson rouge .
EXPOSITION UNIVERSELLE DE PA~IS
.
~ l~
{I] iHij: 1
Pro8crite p a r les sommités m édicales dQ Monde cDtfer
Le
)) 1
@J
, 1900 -
Médaille d'Or
�: : ·: :i ;""l
[--; i::·::::·:::::::::::::::::::::::::::::::·:::::::::
i
~ ('o
!1
~
:
oO
Oooo u O
ra~
O
de "ICHY
1
I:.~
g
TA"LE:~I
,I
"'....
~
!
:.!.1
;
1
g
i!
...1
1
CASINO'
'L.o
~g
1
IV
og
~û
0•
~
io t6\
i
~
!
•
1
l.!
g
~,:ROUPE
ggool
Description du Bâtiment et de ses Annexes
gg
Oa ooo O
®!
o
1
\
0
0
0000000000000000 000000000 0 000 00 0000000000000 0 000000000oooo!
00000
® .
.................................................................................................................................. _--.;
�94
................ Guide
l'Étranger à
de
v =
~=
Vichy
=:
~
CASINO
DE
~
~
V ·I C H y
=~ =
~
~
Il
E. RACH ET
DIRECTEUR ARTISTIQUE:
c@;==::$>
PETITS CONCERTS dans un SALON du CASI NO
Du l or au 14 Mai et du 1cr au 15 Octobre
OUVERTURE 'DE LA SAISON THÉATRALE
LE 15 MAI
o
COMÉDIES
Du 15 Mai à lin Septembre.
~
000
GRANDS OPÉRAS,
OPÉRAS - COMIQUES
DRAMES
LYRIQUES
et
GRANDS CONCERTS
SYMPHONIQUES
Du lor Juin au 30 Septembre.
000
GRANDS FESTIVALS
et
FÊ TES de NUIT
Du 15 Juin au 15 Septembre.
GRANDS BALLETS
0 00
Du 1cr Juin au 30 Septembre.
MATINÉES
THÉATRALES
000
HUIT GRANDS
CONCERTS
CLASSIQUES
Du 15 Juin
aU
15 Septembre.
Les Dimanches et Jeudis.
00 0
PETITES MATINÉES
(Dnn. le gran d H all, en .emaine)
De 1 h. I! 4 â 3 heures.
�.......................... Guide
de
l'Étranger
à
Vichy················· 95
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • 11 • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
GWDES SOffiÉES DE GALA LYRIQUES &DRAMATIQUES
du 1" Juin au 30 Septembre
~
~
ARTISTES DU CHANT
TÉNORS
Fontaine (de l'Opéra), en représentations toute la saison.
Verdier (de l'Opéra). en représentations Juillet et A oût.
Campagnola (de l'Opéra), en représentations Juillet et Août,
Beyle (de l'O péra-Comique), en représentations,
Lapelletrie (de l'Opéra-Comique), en représentations toute la Saison ,
Ce pitaine (de l'Opéra-Comique) en représentations.
BARYTONS
MM. Henri Albers (de l'Opéra), en représentations toute la saison.
Riddez (de l'O péra). en représentations toute la saison,
Rouard (du Théâtre de la Monnaie), en représentations toute la saison. '
BASSES
MM . Delmas (de l'Opéra), en représenta tion. Juillet et Août.
Journet (de l'Opéra) , en représentations loute la saison.
SOPRANI DRAMATIQUES
M 'oP> Marcelle Demougeot (de l'Opéra), en représentations toute
MM.
la ~a
i s on,
Henriquez (de l'Opéra) , en représentations,
SOPRANI
Mme> MARGUERITE CARR É. en représentations Juillet et Août,
Lambert-Vuillaume (du Théâtre de la G aité), en représentations,
Ceabron (de l'Opéra-Comique), en représentations.
Luart (du Théâtre de la Monnaie), en représentation. toute la saison,
Eyrea ms (du Théâ tre de la Monnaie), en représentations toute lasaison,
Donaldson, en représent ations toute la saison.
CONTRAL TI ET MEZZOS
M mo. Delna (de l'Opéra) , en représentations toute la saison.
Raveau (de l'Opéra-Comique). en représentations,
Bourgeois (de rOpéra), en représentations toute lasaison.
Nordi (de rOpéra-Comique), en representations toute la saison.
CADRE
DES
CHŒURS :
60
Directeur des Chœ urs :
CHORISTES
M. Petit.
BALLET
D 'Allessandri, Maitre de Ballet.
Galimberti (de la Scala de Milan), première d anseuse étoile.
Bale ncourt (de l'Opéra de Nice) , premiére danseuse demi-caractère,
Schwetz (de l'Opéra de Monte-Carlo). première danseuse travestie .
............
28
DANSEUSES
DU
CORPS
DE
BALLET
• • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • "'1 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • •
~
�96 ,·.. ···,········- Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ...................._..-
..................................................................................
ORCHESTRE DE 80 MUSICIENS
•
M. Philippe Gaubert, Directeur de ln Musique, Chef des Grands
Concerts, Sou.-Directeur de. Concert. du Comervatoire de Paris.
M. A. Amalou, Chef des représentations théâtrales, Premier Chef
d'Orche. lre du Th éâlre L)/rique (Gaîté) .
M . Petit, Chef d'Orchestre adjoint.
M . Aouat, CheE d'Orchestre adjoint.
SOLISTES
MM . Eleua, 1er Violon; Jeanaou, Violon; Brun, Alto : Chizalet,
Violoncelle; Tristan, Contrebasse ; G. Laurent, Flûte; Busson,
H autbois; Aubrespy, Clarinette; Simon, Basson, Entraigue, Epinoux,
Cors; Vignal, Piston; Jeanjean, Trompette; Vigouroux, Mivielle,
Trombones; M m.. Forestier, Brun, Harpistes ; M me. Douard et
Busson, Pianistes.
ARTISTES DE LA COMÉDIE
M . Paul Barbier, Metteur en scène
MM . Georges Colin, Montlouis, Hébert, Gauthier, Blondeau,
Duc, Ferny, Mondollot, Vierne, Rivière, Merlinck, Marty, Seam,
Mallet, Mathis.
M ,"es Jane Borgos, Vasse, Willems, Germaine Ety, Dabon,
Dudicourt, Eliane Alsoon, Cécile May, Bertin, Mathia.
Artistes en représent ations des Principaux Théâtre. de P aris.
RÉPERTOIRE LYRIQUE
Créations à Vichy : Par.ifal, Drame lyrique en 3 actes, de Richard
Wagner ; L e. No ce. de Figaro, Opéra-comique en 4 actes, de Mozart;
L e R êve, Drame lyrique en 4 actes et 7 tableaux d'Alfred Bruneau.
Reprises: Loui.e, Le Chemineau, Carmen, Sam.on el Dalila, Orphée,
M anon, M'"· But/erf/y, Fau. l, W u /her, La VlvaT/diè, e, Roma , La T03Ca,
La Walkyrie.
GRANDS BALLETS é3 DIVERTISSEMENTS:
Cré&lions à V ichy : Phi/ol/. , de Gabriel Bernard, musique de
Ph. Gaubert ; Le Fe.lln de l'Araignée, musique d'Albert Rousel.
RÉPERTOIRE DRAMATIQUE
Crèstions à V ichy : Une Affaire d'or, L'/n. /In ct, Un beau Mariage,
L'Oi.eau ble.. é, L'Occident, L e. deux Canard. , La belle Aventure,
L'EmbulCade, La Parls/enne, Le R elour de Jérusalem, Chiffon, Conie
d'Avril.
R eprises : Le. P ellt., Miquelle et .a Mère, Le. Jale. du Foyer,
L 'Ar/6 /enne, F rère. Jacque., La petlle Chocolalière, Poil de Carolle.
Momleur le Direcleur, La Souris.
En Juin, Juillet et Aoôt , 3 représentations de
GRAND GALA par
les Artistes de la COMÉDIE- FRANÇAISE,
A @55..
~......................................................
·...........................
~
~
�E Casino de Vichy a sur la plupart des Établissements
du même genre cette supériorité que, tout en étant
Wl édifice des plus luxueusement aménagés, lUl centre
mondain fort élégant, un lieu de plaisirs plein d'attraits,
il apparaît aussi comme un rendez-vous familial d'un
charme tout particulier.
Les obligations du traitement, le soin de ses affaires
persolUlelIes, les excursions à effectuer aux environs,
disséminent la foule des baigneurs pendant plusieurs heures
Le Grand Hall
chaque jour. Où se retrouve-t-on le plus volontiers ensuite? où
goûte-t-on le mieux les douces joie~
de l'intimité ? Au Casino.
Le monument possède deux entrées différentes: l'une en face
la Restauration, l'autre juste à l'extrémité opposée en face le
_ Thermal-Palace et au point terminus des galeries couvertes de
droite. C'est par la deuxième que nous entrons. Une vaSIe galerie, pavée de mosaïque, sert, en quelque sorte, de vestibule au
Théâtre. Une large ouverture donJle accès dans la galerie qtÙ
précède le Hall Central.
Ce (irand Hall, très clair d'aspect, tient à la fois le rôle de
proJJ\enoir, de salle de ga18 et. de foyer du Théâtre. Là, se dOlment
aussi, trois fois par semai ne, de petites matinées dramatiques et
lyriques, Dans les angles, quatre petits salons de causerie , ont
�!la ................ Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ......... _ .......... _.
_ . . . . . . . . . . . '• • • • • • • • \01 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • :1 • • • • • •
~ GRüD BOTEL DE MILAN ET SUVIA PALACE é'lI ~ ( ~c{
:
:
:
:
c~:t.!
O~- i t;!u~rw
Entièrement remis à neuf. - Excellent conlort moderne. - Appartements compiets pour lamilles. - R estaurant. - Tables d'hôte et de régime. - Lumiêre
électrique. - Chauffage central. - Sal/el de baim. - Grand garage. T éléphone. - Omnibus à tous les trains. c
F. OLIVIER, Propriétaire.
~
:
:
:
....................................................................................:
! Q HOTEL DE CANNES 142,
Rue de Nîmes, VICRY@
(Près ifS So"rces et les l'a" c8)
Restaurant. - Table d'Hôte. - Service des Régimes
PENSION DE FAMILLES. -
CONFORT MODERNE, -
ÉLECTRICITÉ
Lavabos. - Eau c haude et f.'oide . aIle de Ba.ins
Té/ép"one 4 -16 .
M m. SAULE, Propriétaire.
~
.....~,
~,
~
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
.....~,
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~~
~
~
~
~
~
ATTESTATIONS
~,
~
~
.....~,
§
~
.....~
Déclarée d'Intérêt Public.
,
~
~
HUNYADI JANOS
Q;;;;
;.-.-'
Eau minérale
naturelle purgative
~
~
~
LOBan do Tablo sans Rivalo. La plos legDra à l'Bstomac.
Caohet .ert"
la Signature:
~
~
ETABLISSEMENT ds SAINT-GALMIER (LolfS)
Exiger '"
~
~.
;
~~
NOMBREUSES
28, Rue Richelieu, PARIS, et toutes Pharmacies
.....~,
.....~,
.....~, .....~, .....~, .....~, .....~, .....~, .....~, .....~, .....~,
~
~
vous corinaissez un asthmatique, vous lui rendrez
service en lui indiquant le Remède d'Abyssinie
"EXIBARD", en poudre, cigarettes, feuilles à
fumer comme tabac dans la pipe, qui, prescrit
par tous les médecins et récompensé par médailles
d'or et d'argent, soulage instantanément et guérit
des milliers de malades chaque année.
01
~
~
~
~
~
~
~
~
~
~
l
.....~
~
�•...................................
Le
Casino
de
Vichy ······························
99
été aménagés. Le ' soir, le Hall central présente un coup d'œi! des
plus élégants. Il est éclairé d'une lumière diffuse, ùlfiniment agré able et favorable aux toilettes. Onze cents lampes ont été groupées
là! A la hauteur du premier étage, s'avancent dans la salle, des
balcons sur lesquels, durant les entr'actes, viendront flâner les
hôtes du Théâtre.
Au fond du Hall se trouve le Salon de lecture. traité dans. lc
style en usage à l'époque du Roi-Soleil. A gauche et à droite
du .Salon de lecture, deux Salons de correspondance décorés dans
le mêrue style.
Revenons dans le Hall central; du côté opposé au Théâtre .
s'ouvrent les somptueuses salles de Jeu où l'on ne pénètre
qu'avec la carte d'entrée obligatoire.
Eclairées le jour, par de grandes baies, et le soir, par de
grands lustres, elles sont d'un heureux effet.
Contlluant notre promenade, nous franchissons le Restnurant
Salon de Lecture
réservé, où les personnes aimant à souper auront le loi ir de composer d'exquis mcnn .
De la délicieuse terrasse de ce Restaurant-véranda, si nous
rejoignons le couloir central du Casino, nous passons dans le corps
de hâtiment qui prend jour sur le Parc
D'abord nous rencontrons la grande Salle du Restaurant, dont
lme façade dOlUIe sur l'allée de la Restauration, et l'autre sur
les terrasses du CasÎJlO. Le Restaurant fait vis-à-vis au Salon de
thé.
Tout auprès s'ouvre la grande salle des Fêtes. Le style
louis XVI triomphe encore ici par sa beauté imposante et solennelle.
C'est ici que, chaqne semaine, ont lieu ces bals si élégants qui
font la joie des jeunes filles et des mtrépides danseurs; là aussi que,
presque chaque soir, se dOIUIel1t des concerts réputés àjuste titre.
�100 ...... .......... Guide
t
de
l'Étranger
à
0°00000000000000000000000000000000000000000000000
Vichy ........................0
00000000
0
000000000000°0
Comptoir National d'Escompte de Paris )
g
Société anonyme. -
o
g
g
0
Capital 200 millions de francs, entièrement versés .
iège social : 11, Rue Bergère, Pa.-is. - Succul'salo : il , l'lace de l'Opé1'O, Pal'ls.
Agence de Vicby: 24 , Rue C""i7l·G,·idaillc. (Sur le Pa rc, en face les So urces) .
OPÉRATIONS de L' AGENCE . - Escompte c l rccoU\'I'cmcnls . - Complos do
choques. - LCll,·os do créd il circul ail'os cl Manda ls de voyage , pa ya bles dans le
monde entier. - Ordres do 110u,·sc. - Avances su,' lill·oS. - Ch èqucs.- T,ailes.
Pa iomenldecoupons.· Envoi s do fonds en province e LiII 'é tl'Ungcr. GUl'anliocont,·c
::
g.
D
o.'
o
ggg
•
0
les r isques du remboursement au pair. ·Souscriptions aux émission diversos: ct.
Location de coffres-forts. - Garde de titres .
Bons à êcheance fixe à des taux variant suivant la dorée du dépôt
o
g
g
Bureau spécial pour MM. les Étrangers
Interprètes;
En glis h Spokcn -Alan pri cht Deulsch -Si parl a Italiano· Sc l, a llia Es panol
g
••
000000 00000000000000000000000000000000000000000000
0
00000000
0
0
g
~
•
g
000000000 0 00
00
Si vous toussez!
Si vos bronches sont malades! ~
N'HÉSITEZ
.kf
PAS:
Prenez un étui de
.kf
PERLES HÉROIQUES DE BURG
qui vous guériront radicalement
~
~
~
Échan tillons gratis et franco sur demande
Le Flacon: 3 Cr. ' 50
G. H. Noguès, Ph "" de 1ro cl., 64. Bd Pori-Royal, PARIS
N. B. - Nous ne saurions trop recommander ce médicament,
conseillé par les M édecins du monde entier, m ~ m e dans les cas
les plus graves de Tuberculoge.
~
,
~
DICTIONNAIRES LAROUSSE
Les meilleurs des dictionnaires, indispensables à tous.
Editions à 3 fr. 75 , 5 franos, 6 francs, 45 francs, 275 francs.
En ven te chez tOIlS les libraires et LlDRAIRIE LAROUSSE,
13-17, rue Monlparnasse, Paris (6'). - SpécimcIl s urdernande.
Guérison
par la
GOUTTE, RHUMATISME GOUTTEUX
lIOUEUR
DU
DR
LAVILLE
l~C:f
:I~
Û rC ~
1
��102················ Guide
de
à
l'Étranger
..
Vichy
.. ..
PHë5TË·L~DuGi:O
BE~
~
·vi'ëHy~
*, MÉDAILLE
IllUE /lE l'A RIS, A rROXlmTÉ DE LA GARI: ET ilES SOUIlCllS, OUI'ERT TOU1E L'ANNÉE
:
DU
TOUf\ IN G - C LUB
DE
FRANCE.
*....
~
........ ........... ...•.........•••
Garage. -
.~
Téléph. f.35
-:-
~
1iIl] :] 1~ ~l
Salles de bains.
BOURDIN, Proprietaire.
~
EAU MINÉRALE NATURELLE PURGATIVE
Lu
*
Table d'Hôte - Restaurant. - Table régime
ASCENSEUR. - Électricité. - Chauffage central. -
1~ 1~ 1!~U ~S I: ~:iLrla';ôgtnS
RUU INAT LLOf\ACI I, oUq .
JA UNE,
L r~lôn
~ ~
'~/ J~lsvb!·
écus.
ROU GE.
;~ Jl.' oUdj~'Oufc:Xbi
1)
i I!~
~
_t
:1
,~ï ~ ~ ':~ ~l:
Expos. univul's., Paris i 900, modaill o d'o r .
w~·W
~:
~
.·.•
·
···~
····
SOULAGEMENT
IMMÉDIAT
=GUÉRISON
CERTAINE=
Constipation
ET
~
t&
CONSÉQUENCES
TROUBLES DIGESTIFS, CONGESTIONS, ETC.
! Réd~cation
.~
~
: l'Intestin par les ~
··· UN GRAIN avant ou pendant le repas du soir
64, Boulevard Port-Royal, Paris, et toutes Pharmacies
~
.... a •••••••
".III ••• a ......... ~
••••••••••••••••••••••••••
~
BELVU~
r HOTEL
VICHY
PENSION DE FAMILLE - JARDIN - ÉLECTRI~
TÉLÉPHONE 2-75
A. MIANET.
~
SUR LE PARC -
DIAB~TOUES
=~I
LE
SEUL
pa~;:zle
PERMIS
Il.
SUCRE fOULCOR
par les
MédecIns . .
�............... .....................
Le
Casino
de
Vic liy -............................ 103
La Salle des Fêtes est complétée par une spacieuse véranda
dOllnant sur le parc, de telle sorle que les concerts peuvent être
entendus des terrasses ou du jardin réservé.
Au delà de la Salle des Fêtes, nous rencontrons le S::tlon des
Pelits Jeux, conçu dans une note sobre et sérieuse.
Tout ce côté de la façade débouche directement par de larges
baies sur les belles termsf;es nu Casino, mllversellemeut COllnues,
qui donnent accès au jardin réservé et forment 1-me gracieuse
ceinture au monument du côté du Parc. Le soir, à l'heure du
concert ou pendant les fêtes de nuit, terrasses et jardin, tout illuminés, sont remplis d'mIe fou le élégante, parnll laquelle circule.
aux eatr'actes, le public du Théâtre; et le coup d'œil est vraimeut féerique.
Du jardin réservé, nous pénétrons directenlent dans la Salle de
billard, confortablement installée sous le Salon des P~tis
J eux. On
y accèdeégalemellt de l'intérieur du Casino par lUl e::walier spécial.
Salon d o Conversatio n
Maintenant, il ne nous reste plus à visiter que le Théâtre,
une de parties les plue; importantes du Casino.
Voici le vast.e escalier qui aboutit au perron monumental sur
la terrasse duquel s'élève le Théâtre.
La façade est. t.rès Lelle, très curieuse, et très riche de composit.ion .
Sign:tlom, devant les hautes portes en glaces, les grilles du
grand ferrol1uier français Robert.
Avant de gagner l'intériem du Théâtre, constatons qu'il possède
quatre entrées principales (sans parler des portes de secours). L'une
de ces entrées dOllile rue du Pnrc; ln seconde, dans le Grand
Hall ; la troisième, dans la galerie qui précède cette inune.nse
�104 ............... Guide
de
l'Étranger
à
Vichy
lA VIE PARISIENNE
est le Journal Illustré le plu s élée ant,
le plu s amu s ant.
le plus spiritu elle ment satirique
Tous les Gens chics
lisent "La Vie Parisienne"
Tous tes SOUVERAINS y sont abonnés
On la troutle
sur la table de tous les Cercles aristocratiques
PRINCIPAUX COLLABORATEURS
H en ri LA VEDAN, Mau rice DONNAY.
Abel H IIR MANT, Pierre VBueR.
Tristan BeRNARD, Romain COOLUb ,
Colette WILLY, Franc NOllAIN ,
~licbe
CORDAY, etc. =
=
FOJtA1 N, SOM, CAPlBlLO, GHRDAUl.T,
M âTI VBT, VALLET, MIen, et c.
BAC,
~o
TOUS les SAMEDIS
Un Numero
de
20
po ge! i llustré en couleurs
60 centimes
Abonnement. :
Prunce: Un an.
Ét range r :
30 fran cs
31S
Adresser Lettres et Mandats
le Directeur de "LA VIE PARISIENNE '"
29, rue Tronchet, PARIS
�................................... Le
Casino
de
Vichy ....·........................ · 105
Salle; enfin, la quatnème, dans le vestibule qui se trouve au seuil
du monument.
.
Ce vestibtùe spacieux et richement décoré reçoit son éclairage
d'une coupole lumineuse qui remplace avantageusement le lustre
habituel et comporte à mi-hauteur des arcades ajourées, où les
SaUe des Filtes
spectateurs des premières galeries viennent regarder la foule qui
s'empresse au rez-de-chaussée.
La salle de spectacle, merveille de décoration et de di.;position, contient 1420 places.
Elle est énergiquement ve.ntilée par un système tout nou-
Salle de Jeux
veau, qtÙ assure une aération parfaite, et qui épargne aux hôtes du
Casino les cmelles températures auxquelles, d'ordinaire, doivent se
résigner les anlateurs d'art lyrique ou dramatique, durant l'été.
Levant le.~
yeux autour de nouS, nous n'apercevons aucune
colonne, aUCml arceau qui gêne la vue; de tputes les places, on
j
�1
DE
R..E::Z -
1
do -
Cf-IAUS 5 E: [.
..
•
-if.
a.:Ii.
.
ICa:w.
5At~
N .~H
-,.
-nr
•
•
. l.)~
•
~: N
-'Al.OM
•
•
LL
Jeux
la
•
-
i!•
•
"'1.'''''''''''"'
+ • ..
~
.
,
• •
)0 ..
Q
0
0
0
0
, u
0
1t
r~
j
0
' ~ "1.
0
r
IU...U ;IW '
f
ëe.
Le Casino de . Vichy . vient d'être tr o n ~ form
é et agrandi.
.
degagements, ont des proportions grandIoses. La décoratIon en est luxueusl
d e ce genre.
1
Iles d~
spectacles et ~e
jeux, le.' salons d.e fêles d e,s
~vie s, par ~e vaste'
cmbell.n cment ' 0111 l aIt du Casmo de V,chy UII modcle d etabhnements
�à Vichy- -:........ :................:
108
SOCIÉTÉ · GÉNÉRAlE
pour favoriser le développement du Commerce et de l'Industrie en France
SOCIÉTÉ ANONYME
FONDÉE EN
CAPITAL : 500 MILLIONS
54
«
SIÈGE
1864
DE FRANCS
SOCIAL :
56, Rue de Provence
A
PARIS
AGENCE DE VICHY
'Place Victor-Hugo TÉLÉl?HON"E
Sur le 'Parc
0·10
Bureaux à : CUSSET, LA PlUSSE, RANDAN, VARENNES
TOUTES OPÉRATiONS DE BANUUE ET DE BOURSE
Paiement de coupons
Dép&ts de fonds à intérêts en compte
échéance fixe
ou
à
PAIEMENT ET DÉLIVRANCE DE CHÈQUES
de erédit eil'eulaires
Iu~tl'es
(FRANCE
ET
É TRANGER)
Service de Coffres-forts
GARDE
DE COLIS
Cfiaf'JGE DE 1VIOf{f{aIES
Salon
pour les Éfrangers •• Interprè tes
SALLE DE
DÉPÊCHES
La Société Générale possède 101 succursales,
agences et bureaux à ~a ri s et dans la banlieue , 983 agences
en provillce, 7 agences en Algérie et au M aroc, 3 agences
à l'étranger , Londres et Saint -Sébastien (Espagne), corres·
pondants sur toutes les places de France et de l' étranger .
�· ..................................
Le
Cas ino
de
Vichy ........ ··· .. ··· ............ ·· 109
embrasse sans peine la totalité de la scène. Ajoutons que la valeur
artistique des représentations qui s'y donnent répond en tout à
la splendeur d'llll pareil cadre.
Vastes dégagements, i ~ olem~nt
facile de la scène, "grand
secours ". tout est prévu. La salle de théâtre, on le voit, est aussi
s-are que belle et pratique.
L'Orchestre - chactm le remarque dès J'entrée - a été établi
dans tm proscénitun offrant une acoustique dont toutes les per·
sonnes qui ont fait le pèlerinage de Bayreuth connaissent les
avantages.
Sa lle de Speclacle
La sc~ne.
don~
les dessous - comprenant trois étages - ont
maclunés à . l'égal de ceux de l'Opéra, affecte des proportlO11s
l!1ètres sur quinze 1... ce qui permet à no~
glgax;tcsques.; ~lngt-deux
genttlles ballerines de se Itvrer le plus commodément du monde a
leur~
gracieux ébats, et rend possibles les figurations nombreuses.
AJoutons, enfin, qu'tme nouvelle installation permet de chauffer
l'air refoulé par les ventilatcurs dans la salle de spectacle et dans les
salons, quand la température extérieure est très basse. ou, au contraire, de refroidir cet air au moment des fortes chaleurs.
Vous reviendrez de ce petit voyage avec la persuasion que nos
éloges, loin d'atteindre la note dithyrambique, sont demeurés
presque toujours bien au-dessous de la réalité 1
e~
.
8
�110 ................ Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ··························
, - - - - - - SERVIGES MA.RITIMES - - - - - - ,
COMPAGNIE GÉNÉRALE
~ TRANSATLANTIQ.UE ~
ADMINISTRATION CENTRALE;
PARIS
<&
a. 6, rue Auber, 6
•• PARIS
~
Bureau du Fret :
6, Rue Auber, PARIS
Bureau des Passages:
6, Rue Auber, PARIS
Agences:
<&
Au HAVRE, à ROUEN, à SAINT=NAZAIRE, à BORDEAUX,
à MARSEILLE, à ALGER, à NEW.YORK
~
da", 1011' 1er par" d."e,...,i, par , .. paqllebo" de la Compagnie el dans
1.. prirlcipales villes d'E I/rope el d' .lllllùique.
SERVICE DIRECT A GRANDE VITESSE
Entre PARIS, LE HAVRE et NEW·YORK
Déporls du Havre tous 1.. .,medl. et de Neill. York lousles mercredi,
Trains spéciaux transatlantiques correspondant avec les
::
::
::
::
départs et les arrivées des paquebots
Service supplémentaire pour P assagers de 2" Classe
LIGNE
CANADA
DU
Déparl. du Havre Ioule. le. qua Ire .ema/ne.
LIGNES
..
DES
ANTILLES
~
..
Départ. Ioule. 10. qualre .emalno.
.':.::
Du HAVRE, de BORDEAUX ot do St-NAZAIRE
Pour la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Thomas. PortoRico, Haiti,la Havane, Vera-Cruz, Trinitad, le. Guyanes,
..
le Vénézuela, ln Colombie et le Pacifique
::
:: LIGNES DE LA MÉDITERRANÉE ::
DÉPARTS QUOTIDIENS
DE MARSEILLE
~
::
::
Pour Alger. Oran, Bone
..
..
Philippeville, Bougie, Djidjelli, Tuni&, Palerme. Malte
SERVICES RAPIDES SUR LE MAROC
ENVOI FRANCO DES LIVRETS
ET INDICATEURS DETAILLES
DCc:=:>;J
~
~
Adresser los demandes:
6, Rue Auber, PARIS
~ ~
· TIFUGE
DIABE
Dose: 2 cachets par jour. -
SPÉCIALITÉ .
SY~THÉIQ
I2===?J
Antl-dlObéLlq ue
t; francs la boite de BO cachets.
' UE
�f················· .. ··································· ........................................................................... ..... :
~
1
f
000000000
0000000000 0000 "00000000 000'000000 000000000
0
i
~
0
:
0
:
g
i1
o
~
~ (@)
o
0
0
0
D
0
o
o
.
!
~
1
:
!
.f
:
•
,i
~
g
g
g
f
0
0
i@
l
ôooooog
!:
•
0000 ' ;
@o
L'anci en Parc et le nouve au Parc
Le Casino des Fleurs
g
g
0
•
®
L'Oran gerie,
le Pont et le Barrag e mobile
0
';0000
;
:
;
g
~
;:
g
g
i
0
'1
.~
g
g
0
o@
1
:
;
1
.
:
0
0
0
0
•
:
•
0
0
0
L'H&p ital civil et l'H6pi tai militai- re
Le Parc des Célest ins
g
g
~
!
g
~
~
0
•
0
!
o
0
0
o
000 0 0
!
:
g
g
'r':'
o
g
g
:
0
@ ig
o
o
o
Il
:
0
000000
o
g
1
~
000000
0 0000 0
0
'. ~
De scr ipt ion ·
de Vic hy
1
@)
0
f~
V
0000 0
:
0000000
000000000 00000 000000000 000000000 000000000
_ ..... .............. ............... ............ ................ ................
000000000 00000000
0
,
~
•
,;
... .... .... . .... ....... ..... .. ............. ....... .... _1
�112 ................ Guide
1CRÈME
de
~<r\liu:ùm.!t'1-
~
~~
AU
l'Étranger
à
Vichy .............. ·.... ·......
LAIT DE VIOLETTES
BEAUTÉ ET FRAICHEUR DU TEINT
Le Pot 1 fr. 25 ; franco 1 fI'. 55
~
1
f,;\
PARFUMERIE DE LA SOCIÉTÉ HYGIÉNIQUE
PARIS - 55, rue de Rivoli - PARIS
EN VENTE PARTOUT
~
~6P.lX!0J&):tOroLm1x
œ~.sfi
!~ G'RAND H OTEL
~
o
~
CONFORT
=
1'\'IODERNE
-
'PAR 'PETITES TA'BLES ET TA'BLES 'Dt; RÉGIME
~
RESTAURANT -
~
i
Œ~
~
Table d'Hôte
~
~
i
PAl X··· .
DEL A
=
O.sctIl?-"~S,<!N
Sur le Parc
entre le Casino ~
et le
•••
PalalsdesSources
VASTE HALL
i
i
i
VILLA ANNEXE POUR FAMILLES
&
V" L. PERRIN, Propriétair•• - E. FLEURY, Successeur
&
~ TAILLERIE DE ROYAT
~
PIERRES ~7UVERGN
c
m Bijouterie -- Objets d'Art -- Articles de Bureau
~
. gj'2l
~
~
VICHY - 24, Galerie de l'Hôpital, 24 - VICHY
AUCUNE
. '2I~
IMITATION
DIABÉTIOUE
paEr~le
EN VERRE A
LA TAILLERIE
~
SUCRE EDULCOR
LE SEUL. PERMIS par les Médecins
�de Sévigné, déjà nommée, et l'abbé Fléchier, on.t parlé
de Vichy et de la campagne ellvirOlmante avec WI déborclement d'épithètes admiratives qui sont certainement
plus justifiées aujourd'hui qu'à leur époque. - Ln
bourrée y est sans doute moins en vogue que du temps
de la spirituelle marquise, qui, si elle revenait, n'aurait
qu'exceptioUllellement l'occasion de s'extasier devant la
' - - . jovialité bruyante des danseurs du BourboUllais; mais,
eu revanche, elle pourrait s'égarer tout à son aise dans les deux
parcs qtÙ avoisinent l'Allier, et abandormer la maison un peu primitive qu'elle habifait, pour l'wle de ces nombreuses villas
qui se dissimulent discrètement sous les platanes.
.
Rien de plus propre à reposer la vue que le tapis de plantes et
de fleurs qtÙ recouvre partout le sol; dès les premiers jours de mai,
lorsque le monde entier semble renaître au souffle de l'amour et de
la poésie, Vichy se réveille de son sommeil hivemal et étale avec
complaisance tous ses enchantements.
Il n'est plus jusqu'au vieux Vichy, jusqu'à l'antique monastère
démantelé des Célestins qui ne prennent.un air de fête. Les giroflées,
les mousses et les lichens eu recouvrent les murs; le ciel est en belle
humeur, on sent floUer dans l'air le parfunl léger des lilas, et on
peut aller au bois sans crainte d'y trouver les lauriers coupés.
Comme la promenade fait partie du traitement, on s'applique .
a allonger les journées et à vivre le plus longtemps possible de la
vie extérieure. La musique, qui joue deux et trois fois par jour, est
._--"'\ ME
~M
Bassin des
Cygnes au Nouveau
Parc
�114 ................ Guide
de
' [!]~I
l'Étranger à
Vichy ._....................... .
I~[!]
ISE..Ej0A3SI
Fondée en 1819
SUR L A VIE
Fondée en 1819
Entreprise prltJée assujettie au contrSle de l'État
81, Rue de Richelieu, 81 .. PARIS ~
~i ·..·C\SS·ÜRA·;iëË·s··s·üÏi··i·A..VÏË··.... i
La plus ancienne des Compagnies françaises
FONDS DE GARANTIE: 960 Millions
. '
~m
~
• A TERME FIXE - ASSU- CAPITAUX DIPFtRÉS
:::
l'origine
lQ)
de la Compagnie
11
m
W
~
@
IMMÉDIATES OU DIFFÉRÉES DE SURVIE SUR UNE
...
OU PLUSIEURS TÊTES. ETC •• ETC.
...
~enl.
consliluée.
depuis l'origine de
~
la Compagnie
Francs: 123 Millions de Rentes
Renies sen>!e. annuellement: Fr.: S SMillions
Soit à elle seule à peu pres autant que toutes les
lQ)
::
:: autres Compagnies françaises réunies
lQ)
:: ::
1
m ........................................................................ m
1
~
Rente servie pour chaque somme de 100 francs
fI'.
A 65 nns'. . .
'1 Ir. 31
A 70 ans . . .
8 Er. 4'1
A 75 ans· . .
versée:
'1 0 Ir. 12
I l 11'. 98
13 fI'. SO
6 461
A 50 am·
A 55 ans. . . "
A 6080 • .. . . .
~
Le. Rente., 1Jiag~re
. peu1Jent tre~
con.liluée. au profit de deux
per.onne. ou différée. d'un certain nombre d'année•.
~
POUR LES RENSEIGNEMENTS. S'ADRESSER:
~.
~,Uâ ~:l
~ e ~ ~:rl!ISnept'o
;'~!g
~o,:e
~
:: M. BOULLÊ. 19. avenue de ln Gare. à Vichy:;
M. SlGNOUD. place de Jaude. à Clermont-Ferrand
Envol gratuit, lur demande, du Notice. et Tarif. concernant touru les
combinaisons d' Asuranc~
's ur hl vie r.t d~
Rente. viagèrrs.
ISI
GOUTTE,
G;!I~:n
MIXTES
::: RANCES DOTALES
Capl/aux a!Suré. depuis
~ R;~'"S
~
O~I
VIE ENTltRE •
lQ)
W
Entl èreme nt réalisés
~
181
I~[!]
i
RHUMATISMfi:: GOUTTEUX
LIQUEUR
DU
DR
LAVILLE
~!f:
;:~1
~
.
�.................................... Description
de
Vichy............................. 115
un prétexte à sorties, et lorsque l'orchestre a cessé de se faire
entendre, ce sont les concerts des oiseaux qui Itù succèdent.
On a reproché à Vichy d'être un peu encaissé; il est tout dmplement abrité par plusieurs collines, du haut desquelles on peut
se convaincre, tille fois de plus, que dans la nature comme dans
le monde, le bonheur est dans la vallée et les lieux couverts d'ombre.
Il suffit de gravir à denù la Montagne-Verte pour éprouver une
impression de calme et de sérénité qui est toute à l'avantage du
spectacle qu'on a sous les yeux.
Les promenades des environs sont aussi nombreuses qu'attrayantes, si on les parcourt en touriste et non en malade, si,
surilout, on vellt bien admettre que le plus étroit. sentier a sa poésie,
la plus humble fieltr son parfum.
L'Ancien Parc
L
Parc, aim;Î dénommé par opposition au nouveau
Parc, de création plus récente, s'étend entre la Galerie des
Sources et le Casino, les rues du Parc et Cunin-Gridaine. - Créé
par Napoléon Ier,il joue à Vichy le rôle du boulevard des ltaliensà
'ANCIEN
Ancien Parc
Paris ;c'est-à-dire quc:!les promeneurs, les élégants,y affiuentde toutes
parts et, à certaines heures, sillol1l1ent l'allée centrale pour venir se
reposer à l'ombre de es magnifiques platanes, de ses tilleuls et de
'Ses marronniers.
Au fond de l'Allée, en perspective, s'élève la splendide façade
du Casino et sa Véranda. C:est dans cette enceinte, réservée aux
abOImés, que la société élégante se rétmit pour assister à l'audition
des Concerts du soir.
La première audition des Concerts du Parc a lieu à neuf heures
du matin, et c'est lorsque le Concert. est terminé que l'on songe à
prendre son second verre d'eau. puis à aller déjeuner.
A deux heures de l'après-midi, l'aspect du Parc est tout autre,
non pas que la foule des promeneurs soit plus grande, mais c'est
l'heure où se déploie tout le luxe de la vie élégante.
�116 ................ Guide
de
l'Étranger à
Vichy· .. ··········· .. ·········•
Puisée i Gi8shü~b
près Oa.rlsba.d (BQhême)
La MBILLEURE EAU mlNIRALE NATURELLE dB
SB TROUVE
omr:z
TOUS LES MAI\CFlANDS D'BAUX
1alll,
.....................................................................................
Hôtel Paradis et de Beauséjour I·É.blj5;~e:
e de s
~:"
"
Bains
s:"
Agrandi et In$tall ation moderne. - Électricité
=:.
TABLE D'HOTE -
PETITES TABLES DE
7
CUISINE DE RtGIME ET RÉGIME VÉGETARIEN
10 FR. PAf<
TéMph. 8- 72
-:A
=:.
JOUR
: Se habla Espanol. -'MARZO, propriétaire :
....................................................................................
ALET
=SOURCE=
COMMUNALE
L'eau d'ALET , SOURCE COMMUNALE, Bi ~
carbonatée calcique, est très utile dans le traitement 'des
diverses affections de l'Estomac et des Intestins. Gasa
trite, Gastralgie et Dyspepsie. Elle arrête les v~mis
~
sements des femmes enceintes et on l'emploie avec
succès contre la Chlorose, l'Anémie et surtout à cause de sa
faible mineralisation pour le lavage de la vessie.
Cette eau, d'une très grande purete, ne trouble pas le vin;
elle est eminemment digestive et toleree par les estoa
macs les plus délicats et les plus délabrés . .
Bien préciser la Source COMMUNALE, et comme
garantie exiger sur les etiquettes des bouteilles la reproduction
des Armes de la ville d'Alet.
EN'
VEN'TE
DANS TOUTES LES PHARMACIES
ET CHEZ LES MARCHANDS D'EAUX MINÉRALES
.
: Grand
.
•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• •••• rI •••••••••••••••••••••••••
:
:
:
:
HOTEL de LONDRES
Boulevard
de l'HOlel·de-Yilla :;
vxc::a:v
Entiê:J'cment remi t .0. neuf. au centre de. P orc. et dei Sources. en fnce le Co.ino :
:.
T a ble d 'h ô t e . Res t a ur a nt. Service parti ouli e r. Age n cem e nt sanlta lr e
Prix modê réa - V .. to jardin - Électricité - T élé phone
:
La Maison n'a pa~
do {lls tour.
L . BERTHON, P r oprié t a ire .
....................................................................................ë
:
L'Académie de Médecino désapprouvant formellement les eaux artificiellement
glzéifiées, il est recommandé da na boire que l'EAU MINÉRALE NATURELLE da
SAIIT-IALMIER
NATURELlllMEKT GAZEUSE -
,APPRouVtE PAR l'ACADtlilE DE MtOEClNE
DIAB~TFUGE
OtCLAREE O'INTERrT PUBLIC
1:.
DOBe : 2 oo obot. por Jour. -
SPÉCIALI"':É . SVN.THÉTIQUE
A ntl -dla b é Ll que
I:S frone. )u boi te d e 00 cache te.
�.................... _.............
le
Nouvea1~
Description 'de
,
"II'
Vichy .... ·· .. ·.·.· ............... 117
Les kiosques réservés aux Concerts sont au nombre de deux:
1(iosque et le Kiosque de la Restauration.
Le Nouveau Kiosque est plus spécialement affecté aux con-
certs du matin. On a construit tout autour d'élégants magasins
artistiques,
occupés par de:, marchands de bijouterie, faïenc~
. soieries, lainages, table lUX, etc., etc.
Le Kiosque de la Restal"'ation est situé à droite du Casino, en
face le Café de la Restauration et la rue CWlin-Gridaine; il est des
mieux ombragés.
Les journaux de Pariset le Journal de Vichy sont vendus, dès la
première heure, aux kio 'ques placés aux extrémi tés de l' allée cell traIe.
Ajoutons enfin que les chaises du Parc, gratuites pour les
abOlmés au Casino, se paient dix et vingt cent.imes pendant la
durée des COllcerts.
.
Le Nouveau Parc
Nouveau Parc, qu'on a comparé à un petit Bois de BouL Elogne,
s'étend le long de l'Allier, depuis l'ancien pré-Catelan
jusqu'au Barrage. Créé par ordre de Napoléon III, il a été tracé
à l'anglaise par J'ingénieur Radoult de Lafosse. :Oe proportions
plus vastes que l'Ancien Parc, il est surtout fréquenté par les
amateurs de la nature el par les personne.> qui se rendent aux
sources des Célestins, situées tout à côté.
L'Orangerie
O
s'arrête volontiers (levant le.; ('uri()sités nlstiques qui en
sont un des attraits: le collage recouvert n chalU11e où les
promeneurs trouv nt tm abri ontre 1 il averses, les élégants chalets
constnlÎts sous Napoléon III, les piè e.-; d'eau où, sous lU! fouillis
de beaux arbres, s'ébattent de..; oiseaux aquatique.') de races diverses et de superbe.:; cygnes qui guettent le pain gue les enfants
leur jcttent.
i, ell quittant le Nouveau Par, nous revenons vers le centre
de la ville, Cil suivant l'allée qu.i passe entre les deux pièces d'eau,
puis la rue Lu as, qui lui fait suite, nous voyons, sur noire gauche,
N
8*
�118 ................ Guide
de
l'Étranger
ESTEREL=HOTEL
à
Vichy· ....\..................-
•
GRAND HOTEL
ET
LÉ TR A y 'A S • Enlre Canne.
el Salnl-Raphaël
L'Idéal comme cure d'air. complète la Cure de Vichy
Superbes Excursions dans l'Estérel
L'Hatel est si tue dans une forêt de pins ct mimosas à 200 mètres de lA mer et à
JOO mètres d'altitudc 1
-
On ne prend pas de co nt agieux .
p ..................•...•...•..••...•...•...•...............•.....................•
: PASTILLES FA YÈS
:
(Codéine,
A
LA
SULFOCAÏNE :
Menthol, Aconit) ,
:
:
Ces pastilles, dont chacune équivaut à uns cuillerée de potion, guériseent:
:
:
TOUX. RHUMES. GRIPPE, BRONCHITES. ANGINES. ETC,
Dose: 1 pastillo toutes los 2 houres - Pri x: 1 f,'. 60 la hoite do 50 pas tilles .
DépM gin'iral: 3, rue du 4-Septembre, PAlUS, el Donnes Pharmaciu
:
~
:
•................................................................................•
:
de la Société
Il
:
LE FERMENT"
Fourni•• eur de. Hôpitaux, de l'A .. I.lance Publique
el de la Marine .
Seul Fournisseur du Professeur METCHNIKOFF
~
T~lUEVIN
GAST~O
OES .AFFECTIONS
- IN TESTINAIt ES
~
Callares de rermeals
La
lactiques
Lactobacilline excrrc uno a tion tres remarquable
les alTortions ga.stro -intestinales ot s ur los
s ur touc~
malad i s qui n son t 1" ron~équ
nco ou qui son t aggravéos
par elles: Entérites do toutes natur s, Dysenteries,
Constipation, Troubles du Foie ot d 'S Reins, Dyspepsie, Artério-
de LlclobaclUine.
SOlérose, Albuminerie, Goutte, Gravolle,
Furonoulose, Urtioaire, te., etr., e tc.
Comprimés do LACTOBACILLINE ([)ous: 9 à 9
par jour.)
Bouillon de LACTOBACILLINE: 2 Derres,
Comprimés de LACTOBACILLINE glycogène
(ferm nts lac tiquos et f l'mont nmylolitiquo ilS 0 lés),
(OIycobtJcter) .
Ollprépal'( l e lait aigri aua la Laotobaoilline en poudre.
~
LactobaolIline m pOluirf fille poorie trait/meat du IIIDU DE CERU1D (Coryll).
,
~=:r
Pour
l'absorption
en nature.
~
A.
'\
'>
~
Diabète, Eozéma.,
1
En vente dans toutes les bonnes Pharmacies.
EAU
MINÉRALE
Hôt~u(p
e ~t!,SJU
~
.~
NATURELLE PURGATIVE
1
~a!no ~ . ~ . ~iLE
TABLE o·HOTE. ItESTAURANT. SERVICE PARTICULIER. OE RtiOIME
onfort lI1odorne. - Salle do Bain s. - Tél é phone : 1.36.
e habla EBpa,r()l.
GarQ~c
GUIGNABAUDET, Pl'op ri ·Laire.
�_ ....- ........................... Description
-
de
Vichy ·····························
119
Parc des Célestins
l'Etablissement de première classe et sur notre droite cehù de
deuxième classe, et le Casino des Fleurs qui mérite Wle mention
spéciale.
T
Casino des Fleurs
que le Grand Art et le bel Canto règnent en maîtres au
Casino de Vichy, la Comédie légère et la musique à la mode.
la danse, le music-hall et le cilléma, attirent au Casino des Fleurs
Wle foule élégante et joyeuse, ravie d'y trouver, à toutes les
heures du jour, des distractions nouvelles et toujours de bon ton,
Ce nouveau casino, construit en 1913 dans le goût le plus
moderne et avec un grand luxe, s'élève sur l'emplacement de
J'ancien Eelen.
On y accède par trois entrées distinctes: 10 rue CuninGridain . n face de la Grande-Grille et à côté de l'Hôtel
Carlton ; 20 place Lucas, à la rencontre de la rue de Nîmes
et de la ru de Palis; 30 rue Sornin, la rue la plus passante et
la plus vivante de Vichy .
'est à l'entrée de la rue Sornin que se trouve le bureau de
location du Théâtre.
Théâtre tout neuf, tendu de vieil or, l'une des plus jolies
salles d
pectacle qu'il y ait en France, avec sa rampe et ses
avant- ènes fleuries , son éclairage à la fois très brillant et très
doux, ses fauteuils confortables et disposés de telle sorte que
tous les spect.ateurs sont placés face à la scène. On y joue ~es pièces
les plus gaies du répertoire parisien. Tous les succès de l'année,
tous les artistes n vedettes y défilent tour à tOUT, L'année dernière Mmo Jeanne Granier y vint jouer à plusieurs reprises. On y
applaudit aussi Mlles Armande Ca3Sive, Regina Badet, Marguerite
Deval, etc, etc.; MM. Gémier, Max Dearly, Galipaux, Signoret,
Lucien Rozenberg, André Bnllé, etc.
La troupe est exclusivelllent recrutée pamù les artist.es des
théât.res d Paris. Tous les soirs à 8 h. 1/2, changement de
spectacle.
Ull jardin spacieux, abrité contre le mauvais tel11ps et pourvu
d'un Café glacier de tout premier ordre, réunit. matin et soir, au
milieu d'une profusion de fieurs, la société élégante de Vichy.
ANDIS
�120·:··.··········.. Guide
~
l c l cIC
de
I C l C l c I C I C IClc
l'Ét ranger à
C I C IC' C'
Vi::hv ........... _.............
I C I C I C ' C I C I C I C I C I C@ëJ
I C I C 'CI C ' C I C I ~
~ A};\amnine MousselQD
~
Ig
~
1
AntinéVralgique
Guérit instantanément
C
g
g
DtpOSITAIR.ES :
~
'PARIS • • MM. Si':'on et MertJeau ~
21. Rue Mlchel.le.Comte.
LYON .• M. 'Bletrlx, 29, Rue Lon.
terne.
.
VICHY . • M. 'Patrice. 'Pharmacie
Migraines et N évralgies les plus
violentes. Se prend par Aspiration
[] nasale. N'étant pas absorbé, ce
c
.
prodUit ~st
sans acuon nocive sur
l'organisme. 00 00 00 00 00 00 _
C
c
o
.,
du Parc.
IClO'@ëîJ
I C I C l c I CI
larcQ@J
g
gc
~
1884 - Chicago, 1895 - Londres,
ME' DAILLE D'OR Nice, Grenoble,
1902 - Biarritz 1903
DIPLOME D'HONNEUR
Francfort. 1880
Paris, 1899, etc., etc.
1896
Eau Purgative Naturelle
DE BIRMENSTORF
R.econnue comme meilleur remède purgatif
naturel. L'eau purgative est recommandée par
les autorités les plus éminentes en médecine,
en Suisse et à l'ttranger. Employée avec un
succès sans pareil contre constipation habl.
tuelleaccompagnée d'hypocondrie, maladies du
{oie, la jaunisse, déllénératlon graisseuse du
coeur, hémorroïdes, maladies de la vessie, les
maladies des organes abdominaux, de la
femme. etc .• etc.
Se "Vend dans tous les dépllts d'eaux minérales,
les principales pharmacies, ainsi que chez:
PROPRltTAIRB
MAX ZEH NDER
.
a BIRMENSTORF (Argovie)
7.
q=
LOTION
DEQUÉANT
~
~=
00
0
a
0
0
0
SEUL
=~
REMÈDE
INPA,LLIBLE
contre la chute des
a
CHEVEUX, BARBE, CILS
SOU RCILS
0
0
0
0
0
a
a
a
0
0
0
0
00
HOTEL de la COTE D'OR et D'ARGENTEUIL ~
o
a
Place du Chateau.d'Eau - Il proxlmitll des Sources
Nouvellement agrandi ct meublé à neul . Excellent confort moùorne. Pension
depu is "
SO par jour. Table d'hÔte et de régime. Restaurant. Yaate jardin.
c.lectric ité. Télcphone. Omnibua À toua lcs trains . V' Mlch e l Dnlbon , proprr_ .,
00
DIAB~T
rr.
0
0
0
0
000
UES
pa~:zle
000
0
0
0
0
0
SUCRE ~DlJ
0
0
0
0
0
otl
COR
�._...............................
Description
de
Vichy .......... _ ... __ ..... _. 121
Un excellent 'orchestre, dont les solistes sont tous choisis
parnu les premiers prix du Conservatoire, accompagne les spectacles
qui s·y donnent sur la Sc~ne
en plein air, en matinée et cu soirée.
La Salle de ThéAtre
Dans la journée, de midi à 3 heures, ce sont des matinées
a u programme varié : concerts symphoniques et vocaux, at.tractionsdemusic-hall, sketches et opérettes; puis, c'est Maitre Gtugnol
qui appelle à son théâtre le public des enfants et des grandes
personnes ; enfin, de 4 à 6 heures, la danse, le thé, l'heure des
réunions mondaines sous la véranda'l où se font entendre des
L~
sc~ne
en plein air
musiques tziganes. L soir, d 8 heur s à minuit, spectacles toujours nouvpaux où les « numéros » les plus ~nsatioelf
des
lllusi-::-hall s de Lonclr s t de Paris alternent avec les pro.; ctions les plus réc nt s et constallllllent renouvelées de nos' meilleurs cinématographes.
Ail1
~ i, de midi à nunuit le nouv au Casmo des Fleurs a ttir
t
distrait les étrang rs.
'
Tout y st. disp sé pour le confort t le plaisir , salon de
lect.ure, service de dép~ch
s fonctionnant. jour et nuit ayec le
monde entier, cabin téléphonique gratuite, salons de jem.: et de ,
conv rsation. La salle de Baccara, notamment, est une pure
m ervei ll e.
Tendue de soi émeraude et or, avec ses colonu s de marbre
vert, sa haute cimaise d'acajou massif et son mobilier du plus pur
�·........ _..... Guid e
de
l'Étran ger
à
v;,.. .. ". ..........................
. Du 21 Juin au 7 Septembre
TRAIN DE LUXE QUOTIDIEN
r:~
! PARIS= VICHY 4h~5
- - - - - et VICE-VERSA - - - - o
o
SOC IÉ TÉ
"LES AFFRÉTEURS RÉUNIS"
Anonyme. Capital : 975.000 francs
Siège Social; PARIS,
n,
boulevard Haussmann
ARMATEURS:
SerVices hebdomadaires et distincts
de
ROUEN.BORDEAUX
et
BAYONNE
MAROC
sur l'ALGÉRIE, la TUNISIE et le
Ligne rcguliè re par vapeurs d. BORDEAUX jusqu'à CETTE
Pri"" Lin. Limilei . . . . . . . . . . .
Cuba .. Line ,1 Royal Mail . . . . . . . .
Pldlad.lpldn, Trn,ualla7l/ic Li".. . . . . .
Lloyd Sab,IIIdo . . . . . . . . . . . • . .
Tehua"/.p,, .. a/io"al R"ilway. . . . • . .
Shi,. Li".. . . . . . . . . . . . . . . .
MÉDITERRANÉE, e t c.
CUBA-MEXIQUE.
P HILADELPHIE.
NEW-YORK.
PACIF IQUE.
CHINE, JAPON.
Prix à forfait de et pour tous pays
SUCCURSA LES
ROUEN , LE HAVRE,
BORDEAUX,
MARSEILLE
o
SOU RCE BRA ULT ~;:i
e
DIgestIve
DÉ OLARÉE D'I N TÉRÉ T P UBLIC (D é c ret du 22 A v ril 19081
~"'-.
Se vend pa rtout très bon marché
HUNYADI JANOS
Eau minêrale
naturelle purgative
t
�.. _.................. _............ DescripHon
de
Vichy ........ _........ -
.. _. 123
style Empir~
, cette salle splendide fait l'admiration de tous ceux
qui la visitent. Buffet et soupers de minuit à 2 heures.
La Salle de Baccara
Le prix d'entrée au Casino des Fleurs est de 1 franc pour
toute la journée. Abonnements de saison à prix réduits.
Casino
Kursaal Jardin de Vichy
bien placé rue de Paris, la plus belle artère
de la VIlle, il est le seul Etablissement du genre.
Son spectacle est gai sans s'écarter d'une correction absolue. Les
attractions l s plus réputées du Monde c.nt.ier ainsi que les Etoiles
des grau~
M~
< ic-Hals
Parisiens qui paraissent sur sa scène. en
font un EtablIssement d e tout premier ordre et surtout de famIlle.
Un cadre de verdure, de lumière, de fleurs, un orchestre
parfait, une luxueuse salle de Petits Chevaux, un service de
rafraîchissem nts irréprochable, tel st le Casino Kursaal.
Adl~raemnt
Casino Élysée-Palace de Vichy
Casino Elysée-Palace de Vichy, situé rue de Nîmes, justE'
n face la rue Sonlin, doit à sa situation privilégiée au centre
de la Ville, ainsi qu'à ses nombreuses distraetions de tous ordres,
la grande vogue dont il jouit auprès des baigneurs. Son théâtre
concurrence les grands musies-halls de Paris par l'esprit de ses
revues et le luxe de sa mise en scène.
Panni lcs vedettes chargées de l'interprétation. citons : JAtm
PmRLY, DRANEM, LOUISF, BAI:l'HY, POLIN, MIS'tTNGUE't'tE, CRnVALillR, FURSY, J A QUF,S DE F ÉRAUDY, RACHF.L LAUNAY, etc. , etc.
I/après-midi, le jardin offre une suite ininterrompue d'attractions
de bon t.on ; la brasserie permet également, n écoutant unexcellent orchestre, de faire sa correspondance ou de lire les journaux.
L r st.aurant, par sa cuisine soignée et sa cave renommée,
attire Wle nombreuse clientèle, et les salons de jeux sont aménagés
avec t.out 1 luxe et le confort modernes.
L
E
La Laiterie
L était à prévoir que les nouveaux Parcs attireraient les mères,
les gouvernantes et. les enfants. Le besoin s'est donc fait sentir d '1ll1 Etablissement où l'on peut., à certaines heures de la journée,
trouver de bon lait, de bpll thé, des gâteaux, des rÔties, etc., bref
de quoi goûter agréablement au milieu dela verdure et au grand air.
La laiterie des nouveaux Parcs a donc été installée dans ce but.
I
�124 .............. . Guide
de
l'Étranger
à
Vichy
_....................... .
r·····················································
: WINIT\ "OR HOTEL ...................._"'.....•
:
AU CENTRE DES. SOURCES :
UU
Rue Sahgnat
:
Nouvellement construit. - Confort de premier ordre. - Table d'hate. - Petites tables :
:
: el de régime. - Lavabos il ea.u courante, chaude et froide. - Salle de bains . - Chauffage :
: central. -Elecll'icité. - Garage. - Vaste terrasse. - Jardin. - Omnibus à tous les trains. :
:
T él. 1, 5 9
André CARTON. Propriétaire
~
:
. . . . . . . . . . . . . . .. . . ua ••• 1.1 •• • • • • • • a ••• • •••• u •••• • •••••••••• I U • • • •' • • • • • • • • • • • • • 1 • • • •
r
·HOTEL
~
MENTON ::; c~;e!:
DE
a u centre des Établissem e nts thermaux et de s Source s
Conforlable pOlir ramilles,
LouÏ3
~
T é l. 1,91
Jardin, Reslauranl, Régime, El ecl/'icilé. -
VIZIER ,
propriétaire
. ~
HYGIÈNE de la BOUCHE
. '::10 0>
APRÈS
LES
REPAS 2 ou 3
PASTILLES
VICHY=ÉTAT
Facilitent la Digestion
La Pochette
....
(Nouvelle Création)
ofr'50
La boite ovale . .
2 fr. »
Le co (fret de - - - - 500 grammes.
• .ae.
5 fr.
»
Dan s tOlites les Ph a rmacie s
[1'1 "'1-."UM ~i';"t:r.=
Approuvée
par l'Académie de
..------..
•
1
ta
•
~:
1
purgatif, une action ourathe
sur 108 orga nos malade..
!D:UINISTItAI'ION : tu ET .7, RUR AUDBR - PARIS
-'w A
lN U NIR PARTOUT. -
Médecine, 12 Mal 1885
..---.--........
-~
-
.~
..
~
, B.audl" "\mo\\.
lf
.'\dl
'·.l...EollK
~ re n te.
DE
RIZ SANS
B H:iMUT H
Im po lpo ble e t déllcle U8em ent p orfum ée
• •______ ___.. ___ . _____ • .....c.-_____ .~
DIABETIQUES p!~e
LE
SEUL
PERMIS
_____••~.
..
~
J
,
SUCRE EDULCOR
par
les
Médecins
�.................................... Description
de
Vichy .. ·.... ······· ...... ···...... 125
La Res tauration
L
ke tauration est, si ['on peut s'exprimer ainsi, un café de
famille. Elle occupe un vaste espace, entièrement protégé
par les grands arbres du Parc et, chaque table fonnant un petit
cercle fermé aux imporhms et aux indiscrets, on peut, en quelque
sorte. s'isoler de ses voisins.
Là, on est comme chez soi; on cause entre soi, on jouit du
plaisir de savourer son moka dans l'intimité
A
L a R estau ration
Il va sans dire que les consommations y sont de premier choix.
Sous ce rapport, la réputation du grand café de la Restauration
est bien établie; c'est tul point sur lequel nous n 'avons pas à revenir.
C
H8t e l du Parc e t Majestiç Hotel
ES hôtels, groupés sous une même direction et récemment
constnùts, sont de tout premier ordre. Ils comprel:ment de
vastes installations luxueuses dans lesquelles tout le raffinement
du confort moderne a été rassemblé. - Grand Hall autOl: r duquel
sont rassemblés les salons de réception, de çonversation, de le ture,
de. musique, de jeux, etc.. etc. - Appartements avec salles de
ballls. - Cham1:)res ave cabinets de toilette et water-closets. Table d'hôte par petites tables, avec table de liégime. - Restaurant
renommé, à prix fixe et à la carte. - Chauffage central. - Ascenseurs. - E lectricité. - Téléphone. - Garage avec fosse et station
éle trique (A. . P. et A. G. A.).
, Ces hôtels sont situé sur le Parc, à proximité du Casino, des
Sources, de l'Etablissement themlal et du Golf.
Carlton- Hotel
Construit sur l'empla ement de l'ancien Hôtel Gui 11 ermin ,
est admirablement sittté sur le parc. près des buvettes des sources
et des Etablissements thennaux. Il se recommande par la richesse
�126 ................ Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ··························
L'Académie de Médecine désapprouvant formellement ',es eaux artificiellement
Siliiii:iii:iiii·
"
1
NATIlRELLEMENT GAZEUSE -
APROUV~E
DtCLARtE D'INT~Rtr
PAR L'ACD~MIE
DE I~ECN
PUBLIC
GRANDS HOTELS DU LOUVRE ET DE REIMS
tou~",:n ée
1
200 Chambres et S a lon s, Téléphone, Éle ctricité , Salle d e B ains
Au centre des affai res; Rendez-vous deMM.l es Voyageurs de commerce; Appartements
pou r familles; ChauŒage central su ns augmentation de prix; Tab le d'hdle et Restaura.nt; service spécial pour les Courses; Salle à manger de '50 couverts pour Noces
etBanquets; Omnibus à tous les trains. J .·B.TElSSEIRE, Propriétaire. Tél. 1 .44.
-
tfl~·w
œ
Constipation &
{,
SOULAGEMENT IMMÉDIAT
= GUÉRISON ' RAPIDE
=
COMPOSITION EXCLUSIVEMENT VÉOÉT ALE
Dose: Un grain avant ou pendant le repas du soir
~
~
64, Boulevard Port-Roual, PARIS -
~
et toutes pharmacies
..........................~ ..........................~
LAROUSSE MENSUEL ILLUSTRÉ
Si vous voulez
~tre
nu courant de tout, lisez le
le seul périodique véritablement encyclopédique, enl'cgistrant du". l'otd,·. alv"a.
Mliqtll! toutes les marufestations de la vie conlomporaine', littérature, 8.1·tS,
soiences. politique, etc. - Parait le premie r samedi de chaque mois, Le numéro: 75 centimes. Abonnement d'un an : Fmnce, 8 francs ; r>trangCl', 0 fr, 50,
Llbrn1rle LAROUSSE, t8-i7, ru. Montparnasse, Paris (6'). et chez tOIiS les libraire •.
......................................................................................
: CON FIS E RIE
=:.:
MOI NET
PLACE
ROSALIE
VICHY
Sucre d'orge en pa s tilles e t en b :îtons
=. Soules de Gomme à l'Eau minéra le naturelle du Puit s Chomel
Pral/nes aux fruits; fraises. mandarines. etc. - Choco/ut de Vlchll
:
•
......................................................................................
�·_............................... Descri ption
de
Vichy ............... _............ 127
et le confort de ses installa tions et par la situatio n de son restaurant dans un beau jardin. - Grand Hall. - Apparte ments avec
salles de bains. - Chambr es avec cabinet s de toilette et waterclosets. - Chauffage central. - Ascenseurs. - Electrici1.é. etc.
Grand Hôtel des Amba ssadeu rs
ordre ' et dans une admirab le situatio n, au
de pr~nie
en face le Casino, au centre des sources et
Parcs,
milieu des
des Etablis sement s Therma nx, etc. C'est le type des bons hôtels
de Vichy, confort able, élégant, avec ascenseur, télépho ne, éclairage électriq ue, installa tion hygiéni que, etc.
Malgré cela, des prix raisonn ables, ce que l'on ne trouve plus
guère qu'à Vichy.
H
0'rEL
Astori a-Pala ce
de grand luxe, sur le Parc, en plein centre thermal . Installatio n modern e sans rivale. - Apparte ments comple ts avec
ou
tout le confort modern e. - Toute facilité d'y prendre les repas
ordre:
premier
tout
de
Hôtel,
ational
l'Intern
de
ant
restaur
au
bien
nt.
First Class. - Tous les régimes y sont observé s scrupul euseme
H
0'rEL
Grand Hôtel des Bains
le Parc, situatio n exceptio nnelle, en face le nouvea u
Palais des Sources et l'Etabli ssemen t de r,e classe. - Appartements avec salle de bains, toilette avec eau chaude et eau froide,
wat.er-closets. - Cuisine renonun ée. _ Facilité s pour les régimes
spéciau x. - Entière ment éclairé à la lumière électriq ue. - Grand
jardin. - Fontain es lumineu ses. - Ascenseur. - Téléphone.
garage
Grand
trains.
les
t.ous
à
l'Hôtel
de
Service automo bile
d'autom obiles avec fosses de visite.
S
UR
Hôtel de Grigna n
confort modern e. Très
constx;ut, avec to~.le
des Sources, des Parcs
lté
proXlm
à
,
SéVIgné
place
sItue
bIen
et du Casino. Télépho ne. Electric ité. Salles de bains. Prix de pen·
sions très modéré s.
OU:VEL~N'r
N
L'Hôp ital Civil
civil compre nd deux parties distinc tes: l' HOSPice
dit l'HosPi ce pour les vieillard s et les orl?heThermal, ouvert seuleme nt pendan t la sruson
L'H~IrA
. cwû, pro~ent
hns, et 1 Hosp~ce
thermal e.
Ce vaste édifice, dont les dimens ions en ont fait lUI monum ent
presque unique en ce genre, tant par sa position excepti onnelle
eet la disposit ion des nombre ux bâtimen ts, que p'lr leur aménag
ment tout modern e, conform e aux lois de l'hygièn e et du bienêtre .de se" pensionnaire,c;, a été constru it sur les hauteur s placées
dernère la gare du chemin de fer. La chapelle est très remarq uable
la
et des me' ses y son1. dites tous les jours. Le public est admis à
visit.er. L'hôpit al civil doit sa prospér ité aux sommes conSIdérables
que la Compag nie Fermiè re lui verse chaque année.
L'Hôp ital Militai re
Lucas, près les Quat.re-CheJ1lins, face à la source Lucas,
fut construit. en 1846. Cet établissement. therma l militair e
compre nd cent vingt chambr es d'officiers et de vastes chambr ées
pour soixrult e sous-officiers et soldats.
R
UE
�128 .. ...... ........ Guide
de
DJj W"·.lUU ~'1l:;r
l
à
l'Étranger
Vichy ······ ···················
Approuvé e par l'AoadémiEi de Médeoine, 12 Mai 1885.
a
•
ail
J'w'k
~ ;i.J ~ i
p urgatif, une act lOn curat Ive
sur les org anes malades.
AO:llINISTII AT IOS:. U, ET 17, li VE AU DEII . P .\RIS.
EN VENTE PAIITOVT -
~
INTERNA TlONAl HOTEl ~
B2"VICHY •
H ôtel de 1 "
. ' ~E
"1- Ouve rt toute l 'année . -
Ordre
~EAt,:'l].
avecj
220 Chambre,
L avabo", à cau coura nte:, A ppartements comple ts, Sa lons, Sa llel dt! Bains. Table d'H8te par peille, tab/e, ,et T ables de R égime,. - V a,le Hall, S alle de
Garage
B illards. A .sccm:cur.s, Jardi"" d'E té e l d 'H iver, Chauffalle Central. aVec Fo"e al/enant à l'H 8tel. - A C F . AGA . T é F . - Villa pour Famille
SOALHAT. PROPRIETAIRE
T é l é phone 68
FEI
==:::3IBE'==:::3'EE3tEEI~3IBE
~
ru
~
PO~
m
m
W
~3i91
~I. .~ER
~
••
D~!:f.hiS
ffi
!m
DYSPEPSIE. DILATATION· ENThlTE
Néoessaire aux personnes obligées
de manger vite.
~&
ru
ru
lIbtE~B'
b
'oq
~
'
La bolle : ,2'25.
• lChelieu, P&l'is.
rnW
~\.
't\O.1!
ru
:3'~EI
:::::::::31JJ1
===:JIBEI
~§.il
VE NTE ET LOCATION D'IMMEUBLES
VENTE DE FONDS DE COMMERCE
1
J
Hô t e Is, Vi Il a s, Mai 9 0 n s, T e rra 1n s, Loc a t ion de Mag a 5 i n 9
1
ru
~
~
S p écia llt.:i do loca tion s d e Villa s e t Appari e ment s m e ublés
~
-
Adre,so Td/6Rraphlquo: Ago nce 1l 0UCUL.AT·VI CIi Y. -
~
DIABETIOUES p a ~:zl
LE
SEUL
PERMIS
~
T é l éph one 1 . 7 0
0
e parSUCRE
ÉDUlCOR
le s M é decin s.
�Description
~.
de
Vichy·.. ·.. ·· ...... ·· .... ·........ 129
Le service médical est dirigé par un médecin principal, deux
médecins-majors, trois aides-majors et un pharmacien-major.
Le service administratif est placé sous la direction d'un officier
comptable.
L'H8tel de Ville
ENDANT la reconstruction de l'Hôtel de Ville, les services de la
Mairie, ceux du Commissariat et de l'Architecte de la Ville,
.
. :.. _••_~ _L
rl __ ~ :'
;'"mpllhle de la rue de Paris.
P
de la
TRAITEMENT de l'ANÉMIE
CHLOROSE et de la NEURASTHÉNIE
. +
DRAGEES FERNEL
extraites des célèbres Sources de la
REINE
DU FER
Les DRAGÉES FERNEL, préparées avec les sels
naturels extraits de la Source de la REINE OU FER,
constituent le ferrugineux le plus commode, le plu :>
efficace et le tonique le plus actif.
DOSE : 4
A
6 PAR JOUR , PRISES AUX
REPAS
GROS: Chez tous les Commissionnaires et Droguistes
DÉTAIL : TOUTES PHARMACIES
PRIX
~=
DU
FLACON
,L,
.lJ;"~1C
DE
JOO
DRAGÈES: 3 FR. 50
=~
....::10 ........ - _ _ _ _ _ _
'Ar:'CIENNE chapelle de Château-Franc ne pr~ent
rit il de
ehe .est
L bIen remarquable au point de vue archéol~que.;
restée le paisible et respecté berceau de la populatIOn VlchyssOlse,
que n'ont mùlement détournée de sa fidélité au vieux clocher les
..
flèches élan ées de sa jewle sœur, l'église S~t-Louis
La statue de la Vier{!e Noire, très anClenne, attire, chaque
année, de nombreux fidèles à la fête du 15 août. Les ex-voto qui
ornent la chapelle attestent de la .religieuse vénération des fidèles.
A
La Digue, le Pont, le Barrage et la Passerelle
LA suite des désastres occasionnés à plusieurs reprises par
les inondations de l'Allier, une digue considérable, couvrant
toute la ville, a été construite en conquérant, sur le lit de la rivière,
les terrains marécageux qui ont été comhlés et assainis.
�128 .... ........... Guide
de
l'Étranger
[tJ"iN '.Y'1~ , '1 Eî~:'-d"r
l
Approuvée par l'AcadémiE! de Médeoine, 12 Mai 1885.
1
••
1.
__
~
EN V E NTE PAn'rouT -
r lCHY •
AD1UNISTnO~:
.
Phénix
[
~
o
l
[
FACE
LE
PARC'l}
UNIVERSEL
ET
COMPLET
VENTE EN GROS
Laboratoire CONIN, 60, Rue Saussure, PARI;
[
DtTAIL:
[
DANS TOUTES LES PHARMACIES
Prix : 2 fr. 60 le Flacon
~o=GD
f
§
~
EN
Microbicide, cicatrisant,
antiépidémique, désodorisant, non caustique,
non toxique, ne tachant pas le linge,
convient pour la toilette intime,
léJèreme.llt et agréablement parfumé
{
~
15 ET 17, IIUE A UDEII . PARIS.
ubrin~A=NTJSEPQU
1
i
:i.~
purgatif, une acbon curahve
sur les organes malades.
INTERNATIONAL HOT'"
~Sal
1
r:~§i
Vichy ·························
à
VENTE ET LOCATJON D'JMMEUBLES
H ô te Is, Villas, Moisons, Terrnins, Lo cation de Magnsins
VENTE DE FONDS DE COMMERCE
~
§
~
Mr~so
Spécialité de locations de Villas et Appartements meublé s
Td/6~raphlq
u o:
Agonco nOUCU I. AT· YI CIIY . -
DIABÉTIOUES pa~:zle
LE
SEUL
PERMIS
T él éphone 1.70
o
SUCRE ÉDULCOR
par
les
Médecins.
�• .................................. Description
de
Vichy· .... ·.. ·.... ·............... 129
Le service médical est dirigé par un médecin principal, deux
médecins-majors, trois aides-majors et un phannacien-major.
Le service administratif est placé sous la direction d'un officier
comptable.
L'Hôtel de Ville
ENnAN'r la reconstruction de l'Hôtel de Ville, les services de la
Mairie, ceux du Commissariat et de l'Architecte de la Ville,
sont installés provisoirement dans un immeuble de la rue de Paris.
Les bureaux sont ouverts de huit heures du matin à quatre
heures du soir toute la semaine, et de dix heures à midi, le dimanche.
Le Parc des Célestins
'OUVRAN'r d'un côté sur la route de Nîmes et de l'autre sur le
.
boulevard des Célestins, ce Parc a été créé sur l'emplacement
du vaste enclos dépendant du couvent dont il a conservé le nom.
La partie inférieure, où se trouvent les buvettes, est celle qui
est la plus fréquentée, surtout à l'heure du verre d'eau.
La partie supérieure du Parc, qui ocçupe le dessus du rocher,
et à laquelle on arrive par de jolis sentiers serpentant au milieu de
magnifiques bouquets d'arbres plantés sur les ruines de l'ancien
couvent, renferme des parterres, des channilles et des serres. Les
promeneurs fréquentent volontiers cet endroit.
P
S
Le Couvent des Célestins
II .de
C Bourbon, sur la partie la plus élevée du rocher qw donune
E couvent, autrefois si puissant, fut fondé par Lo~s
l'Allier, en vue d'un pays d'une vaste étendue. Il ne reste plus
aujourd'hui qu'une partie du corps principal, servant de logement
au garde du magnifique parc où sont aménagées les sources des
Célestins.
Le Pavillon Sévigné
S'r ainsi nommé pour perpétuer le souvenir du séj?ur qu'y fit
Mme de Sévigné. L'antique pavillon a J'aspect fraIS 'et coquet
de la véritable solitude où doivent aimer rêver les poètes et méditer
les penseurs; il est bâti sur pilotis. La rivière l'Allier venait caresser
naguère la base des murailles du Pavillon.
C'est dans ce charmant séjour que la spirituelle marquise
écrivait à sa fille et lui disait avec quel empressement les habitaI1ts
de Vichy étaient venus la recevoir au bord de la cc jolie rivière »,
qu'elle voyait de ses fenêtres.
L'Église Saint-Blaise
'ANcmNNE chapelle de Château-Franc ne présente rit n de
bien remarquable au point de vue archéologique; elle est
restée le paisible et respecté berceau de la population vichyssoise,
que n'ont nullement détournée de sa fidélité au vieux clocher les
flèches élancées de sa jeune sœur, l'église Saint-Louis.
La statue de la Vier(!e Noire, très ancienne, attire, chaque
année, de nombreux fidèles à la fête du I5 août. Les ex-voto qui
ornent la chapelle attestent de la .religieuse vénération des fidèles.
E
L
La Digue, le Pont, le Barrage et la Passerelle
LA stùte des désastres occasiOlmés à plusieurs reprises par
Jes inondations de l'A1Jier, une digue considérable, couvrant
touie la ville, a été construite en conquérant, sur le lit de la rivière,
les terrains marécageux qtÙ ont été comblés et assainis.
A
�Le Kiosque de la M"~ique.
à l'Ancien Parc
Les Concerts du Parc ont lieu le matin et le soir. Les prof1lell eurs, les élégants y affluent de toutes parts. pour se reposer
à l'ombre des magnifiques platal'ea, des tilleuls, aes marronniers.
�132 .............................. Description
de
Vicl\y ........... _.......................
Une route macadamisée, large et ombragée de marronniers,
suit, dans toute son étendue, le sommet de la digue, qui est le
rendez-vous des fervents de la bicyclette.
Le pont de Vichy, dont on s'était si souvent disputé la possession au moyen âge, avait été plusieurs fois emporté par l'Allier
et reconstruit. TI fut enlevé une dernière fois en septembre 1866
par une désastreuse inondation.
Le pont actuel est construit en pierre et en fonte; il se compose
de six grandes travées, sans compter les voûtes en maçonnerie
placées à ses extrémités.
L'entrée de Vichy, de ce côté, attire tout d'abord l'attention de
l'étranger par les spacieuses const:J:Uctions qui bornent le parc :
chalets, hôtels, maisons particulières, squares, etc.; et, bien en vue,
la source de l'Hôpital.
De la promenade qui longe le Parc et l'Allier, le spectateur
jouit d'un charmant coup d'œil sur le Golf de Vichy et son pittoresque « Club House lI.
Tout d'abord, l'Allier, qui borde le jeu sur près de deux kilom ètres et qui déroule ses ondes argentées aux capricieux contours;
puis, sur l'une de ses rives, les riants coteaux du Vernet et de
Saint-Amand.
Du même côté que le Golf, les plaines d'Hauterive et de Bellerive, couronnées par des mamelons boisés, et plus loin, offrant de
belles perspectives, les dernières assises des montagnes du Forez,
dont les pics élevés se perdent dans les nues.
Une œuvre importante complète ces travaux utiles: c'est le
barrage mobile construit au travers de l'Allier, sur l' extrémité
inférieure de la digue.
La longueur de la partie mobile est de cent quatre-vingts
mètres sur six de large. Elle se compose d'un radier ou dallage en
pierre, reposant sur fondation en béton.
Le barrage est levé du 1 cr juin au Io r septembre, et pernlet
d'avoir une belle nappe d'eau d'environ deux cents mètres de largeur sur trois kilomètres de longueur.
Sur ce barrage il a été établi une passerelle métallique, accessible seulement aux piétons, qtÙ dessert par tUl escalier spécial le
chemin qui conduit directement a u Golf.
Si l'Ancien Parc a les préférences de la foule, à certaines heures,
à côté de lui, les Nouveaux Parcs attirent les nombreux promeneurs. Ces jardins, dessinés à l'anglaise, sont vraiment magnifiques. Partout du gazon, des fleurs, des mosaïques, des m assifs,
des bouquets d'arbres dont le feuillage, diversement coloré, forme
un tout harmoni eux.
L a Passerelle
�î
~
000000000000000000000000000000000"0000000 000"'0000.00000
•
00000
0
..§
0
0 0 0 000
VI
o
î (il
.
..g
o
•
g
g
....... ~
g
• ~
~"'T
A
W~w_
F
-
'l1li1
.. 1
---
:1
"
llio
[:
[P
r=[Pl ..
l ..
~
~
aux iodures natifs de potassium et de sodium ~
Fondantes, Dépuratives
~t
~
:1
DOSES : DE
'l1li1
.. J
P~IJ{
'l1li1
.. J
l
l ..
4 A 6 PAR JOUR
[:
rp
Ile f1aeon d.e 100 dragées, <1: franes
'l1li1
.. 1
'1111
GROS: Chez tous le8 Commissionnaires et Droguistes
'1
O~TAIL
..1
1
,:::.1
g
1
1
g
i
!g
f:
0
.
: TO'JTE6
PHARMACIE6
g
1••
LE PUY - DE-DOME -:- CUSSET
g
LES MALAVAUX
L'ARDOISIÈRE _:_ RANDAN
g
i:
i
etc .
1
':
.
(il og
TARIF DES VOITURES =
0000000000000000000000000000 000000000000000000000000000000
l ..
rp
I~ rp
•••'.·/:
"U
g
=
oo ••• c;
t ..
rp
t.
rp
llio
••••••••••••••,.,•••••••'P.~
~- ~'."P
~
[P
DragéesdeBondonneau ~;
.. J
.. l
~
....
~
PAR LES
'l1li1
~
'lllo
. '
.. JI
~
~
Traitement de l'OBESITE
et de l'ARTERIOSCLEROSE
:1'l1li1
~
~"
. . . . . . . . . . . . . . . . . . A . . . . A . . . . . A . . . . . ............... ~
..• J
~
.. •
0
0 00 •• 0
i ~~
0
L .................................................................................................................................. ..:
lU
�132 .............................. Description
de
Vic~y
...........- ..................... ..
Une route macadamisée, large et ombragée de marronniers,
suit, dans toute son étendue, le sommet de la digue, qui est le
rendez-vous des fervents de la bicyclette.
Le pont de Vichy, dont on s'était si souvent disputé la possession au moyen âge, avait été plusieurs fois emporté par l'Allier
et reconstruit. Il fut enlevé une dernière fois en septembre 1866
par une désastreuse inondation.
CRÉMOR.JNE
hygiène de la peau
CRÈME ADOUCISSANTE
et
ANTISEPTIQUE
Cette Crème ne contient aucun sel métallique
ni aucun produit dangereux (Zinc, Plomb)
Elle rend la peau ~ Supprime boutons, feux,
du visage et des mains '1 démangeaisons, dartres,
i gerçures, engelures, etc.
fraîche et douce.
RECOMMANDÉE PAR LE CORPS MÉDICAL
neurs. Ces jardins, dessinés à l'anglaise, sont vraiment magnifiques. Partout du gawn, des fleurs, des mosaïques, des massifs,
des bouquets d'arbres dont le feuillage, diversement coloré, fonne
un tout ha mlOl1 i eux.
L a Pa sserelle
�î
~
00000000000000000000000000000000000000000 00000000000000000
o
0
~
0
00000
000000
1
1
VI
i
1
î
I. " ~RO:N
~ 1
"1.I
g
i
~
de VICHY
1
:,~
i
1
E
•
,~!
1
1
',!
,
",.'
1
1
~
0
~,:
1•
:;",:
~ . ?L
~ ~ o. o o g
.
i
I!,
LE
g
L'ARDOISIÈRE . :.
1....2-~
.:
PU: ~ : E :;V
ogol
!
T ARIF
:
1
.,
1~
0
':." !
:~
:
:g O
:~ ~US
000 0
ET
RANDAN
DE: C ~OITURES
000000000000000000000000000000000.00000000
-- ~ o oJ
oooooooooooooooo !
0
ll
ogol
,.'
:og
:
~ .~
.::
.:
!
~
i............. .... ............... ............... ... .. .. ... .. ... ... ............. .... ..................... ......... n.····· ··· ... ... .... _ ..
�134 ................. Guide
de
,~cr
P
l'Étranger
cl<=>
4'-
à
Vichy .. ························
-~
~V
CHEMINS DE PER PARIS. LVON . MÉDlTERRANÉE
SEQllIGES DI~:!
PARIS
4
ET QIlPIDES
ET
/il
/il
/il
VICHY ~
d
En été: Train de.1uxe: VICHY-EXPRESS
Composé de Wagon: - Lits et d ' u~
lIos taul'unl .
BILLETS D'ALLER & RETOUR COLLECTlFS DE
ST.H.TIOfllS
Tau l e
TfiE~lVIFS
(1 " Mai-15 Octobre)
classes pour Familles d'au moins ll'Ois personnes.
Validité: 33 jours . --'- Faculté de pl·olongalion .
Ar rêts faculllll ifs. -
Mi nimum de par 'ours simple: I W kilomèll s.
LA ROUTE
DES ALPES
Nice-Évian-Thonon- Genève-La Faucille -Besançon
GRAND SERVICE D'AUTO·CARS (1 er Juillet · 15 Septembre)
Une des plu mel'oeillettselJ etUI'actions tour istique8.
NICE - BRIANÇON (1)
Aulo - cars: Côlo <l'Azur. - Vall ée clll VUI·. - Ponl d Gtl cl'dnn. GOI'ges ci e Oolni s. - Gu illaumonl. - Col ti c III Cuyolle. - Burc e/onnette . - Col de VU I', (2.1
1 ~"').
- Vallé" clll Qu 'l'ras. - Aiguill os
Cussu UésCI·lc. - Col d'I zourcl l2.409"'). - Brian çon .
BRIANÇON -CHAMONIX , 2 variantes :
A. Aulo - cars: Le Laulal'cl (2.07iin». -
La Grave. - Vall ée de la
Gl'cnoblp. Homan<'llc. Bou l'g-cPO Îsa ns. - Vi1.i l fc. - Ul'iag-c . if tI , la Charll'O use : Cols d' l'or le (1.3!;4"'), du Ctl chcl'on (1.080"') ,
<Ill Frêne (1.104"'). - Ch amhél'y. - Ai x-Ics-Ilulns. - l'onl de l 'AbÎlll e.
- Col do I.cs ehaux.- Ann oc y (tramway) . - Thdnes (auto- c ars ) .-Col cl s AI'ud s (1.tlOO"'). - Flumel. - M6gcvc. - Sainl- Gervai s. - Lo
Fayet ( c lremin de fer) . humoni..
.
Il . Auto-cars : L ' ),Ilu lurcl (2.07B'"). - Col du Gnlihi er (2.658 m ) . , ~) .
SainirJclln-d '-M"uricnno ( c /remin de fer) . - AIl)ol·tvill ' (auto-cr
- Uginc. - GOI'g '5 tic l 'Air. - Flumel ot i linol"tii r A ou Snint- Jellnnno (c/remin de l'cr). - Chambéry ct itinom Îl'o A.
d ~ M utl";
~ I ns
CHAMONIX- THONON - ÉVIAN
C/,emin de j'cr :
ChiS' s. -
Col d
'S G
1,0
~ IS
!'nynl. -
(J . 17:2"'). -
Auto - cars : Val lée do l'Arvo. "alli ,,' de ln Ik ansu.
ÉVIAN-GENÈVE-BESANÇON
Clremin de 1er ou Baleau à vapeur: F.vian ou Thonon·Gell ve.Auto-c ars : Gonèvo.- Gex.- Col do lu Fnuc- ill o (1.323"').- t-Cluu Le.
Col tlo ln Faucill o. - Morez . - Champagnole. - An<1 olot. alins.Nnns-R.-Sto-Ann '. - S OlIl'('O du Lison. - 1l0SHn\·oll. _. , Oll lTe ct III Loue.
l'olllllriior. - La ' do I·Point - MOI·leau . - " iller s·le-Lue. - Suulo n.
dll-Doubs. - l;1 0 8 an~
~~
1.0 touT'Îsl o p Aul Cffëf' Lu or ('o m(','voi llulIX"PtU'('oul'S dans l 'un otll ':u ll n '
Hons. Il poul Itl fnÎI'ù on cnti " 0\1 011 faÎl'o tllI O Plu-ti C se ul 'mont il sa
l'on VOnan{'o. JI p out s'n lTô l OT'l on ('{)III'S CIo l'o ult.', dalls les ('C II II'/''î
: :;J 8: [;1~ 0 ~ ~ ;,~
(~o
;: ;, ~l: ';~ ; ;' ~:;I ~ '~i S ail~ ~ ( I ~ ~ f~ i\K ~ I ~ ' ! of\ '~ ~\ ~ ~I; '~ ' " 1 ~; ~ " ~ ' ~ ~
l R Snl nL·,M k ht· 1 ut d'A Il os.
NOTA. - Hn !lrtfrl/' ;011 (lc' clHw(Jrm (l " t. r/ml' III
I l'yn ortl1lllll('
fl'n rt/ lw;" ,lill t&
\,&-~
(/1'8 Il' rtll'ce, fi C' (IJ rrr " w nu au Cf' p a r aut u·(m ', P .· I •. ·fl1., co rllllltt'l' I l"
IJ ~ rI(l/.
ou rt(' " C,,.t' j rl"f'r I WJlr
,~.
lit'. {Ja rl'II.
---
"1<10
_#
~.1b-
alflcllf'.
~
<J
�r~
k~
PROMENADES ~
o
~
~-#7?=
-A)
AUX ENVIRONS DE VICHY
@
(6)
@
=-~
'!il
g
ES environs de Vichy fourmillent d'excursions déli-
cieuses.
La vallée de l'Allier et les coteaux qw l'avoisinent
sont des plus pittoresques. Vieilles églises, châteaux de
style sont un but de .promenade à pied ou en
voiture.
Plus loin, les massifs montagneux de l'Auvergne
foumissent un prétexte aux longues randonnées en automobile.
De ces multiples promenades et excursions nous ne citerons
que les principales.
PROMENADES A PIED
Promenade au Champ de courses avec retour
Bellerive et la Ferme Modèle
par
'A
SIX kilomètres. Traverser l'Allier sur la passerelle, traverser le champ de courses, en arrivant à la l'Oute de Charmeil toumer à gauche jusqu'à la source Boussanges, toumcr encore
à ga"uche et monter une côte un peu rapide à droite qui mène
à l'Eglise de Bcllerive. Prendre le chemin de la Ferme modèle,
~requ.
en face de l'Eglise, passer à gauche devant cette feone
(Joll pomt de vue) et rentrer à Vichy par le Pont.
Promenade d'Abrest
- Suivre le boulevard de la Salle en
A totalitékilomètres.
ou le nouveau parc des Bourins, passer devant l'uSIX
sine de l'ancienne prise d'eau et continuer tout droit par un
sentier, jusqu'au pied du village d'Abrest. Monter dans le village
en traversant 1 passage à niveau (curiosité, le vieux chdteau).
Rentrer à Vichy par la grande route nationale (panorama superbe
sur la gauche de cette route).
Promenade de la Montagne-Verte et retour par Cusset
kilomètres. -'- Suivre la rue de Ballore qui conduit
A directement
à la route de Crcuzier. Anlvé dans ce village,
SIX
tourn r à droite, monter à la Montagn -Vcrte (vuc splcndide),
descendre sur la routc de Cusset par un sentier uu peu abrupt.
Arrivé à Cusset prendre le tramway pour l' ntrer à Vichy.
�136
Promenade du Champ Roubeau e t retour par Belleriv e
- Traverser l'Allier sur la passerelle, traA verserkilomètres.
le champ de courses , la route de Charmeil ; là, prenSIX
dre un sentier longeant un château sur la gauche, jusqu'au
plateau de la route de Gannat d'où l'on a une superbe vue des
contours de l'Allier. Rentrer à Vichy par la route de Gannat,
Bellerive et le Pont.
Promenade par Pinasson, Cusset et retour
par la vieille route
kilomètres. - Suivre la rue de Ballore et continuer
A tout droit
ju squ'à Pinasson, tourner à droite, descendre ju,sSEPT
qu 'à Cusset. Traverser cette ville jusqu'au delà du pont de la
Mère sur le Sichon. Prendre la vieille route face au pont et rentrer
à Vichy par la passerelle édifiée au-dessus des voies ferrées de la
gare.
Promenade par le Vernet et Cusset
A
kilomètres. - Suivre la rue de Nîmes jusqu'au passage
à niveau, le traverser, tourner à gauche, monter la côte
des Garets et marcher jusqu'à la rencontre du poteau indicateur
du Vernet. De ce poteau jusqu'au Vernet, 1,500 l nètres de côte puis
3 kilomètres de descente jusqu'à Cusset. On peut revenir à pied
ou prendre le tramway de Cusset à Viclly.
HUIT
D e Vichy aux
A
Malavau x
kilomètres. - Trajet en tramway jusqu'à Cusset.
Prendre le faubourg Saint-Antoine et marcher tout droit
jusqu,'au pont sur le Jolan. Tourner à droite jusqu'aux Malava'uX,
retour par le même chenùn. A Cusset, prendre le tramway pour
rentrer à Vichy.
HUIT
De Vichy à Cusset p a r la route d'Abrest
A
NEUF kilomètres. - Suivre la rue de Nîmes jusqu'au passage
à niveau, le traverser et continuer la route jusqu'à la rencontre du poteau Îndi ateur de la route de Cusset. Retour à Vichy
par le tramway, la vieille ou la nouvelle route.
D e Vic h y à Abrest, r e tour à Haute rive
A
NF.UF
A
DIX
kilomètres. - Prendre la rue de Nîmes jusqu'au
passage à niveau, le traverser et suivre ia route jusqu'à
Abrest , tourner à droite et prendre le chemin qui longe le château jusqu'à lm passage à niveau. Là, delllauder le passeur pour
traverser l'All ier en bac, d scendre à Hauterive, voir l'Église,
le Parc et la Source et revenir à Vichy par la route et rentrer
par le Pont.
D e Vichy à Charme il avec retour par Pinass on
kilomètres. - Traverser l'Alli r sur la passerelle, puis
le ehamp de ourses. A la jon tion de la route de Charmeil,
tourner à droite et continu r jusqu'au poteau indicateur de la
roule de Cuss t ; prendre cetle rou le, traverser l'Allier sur le
Pont de Boutiron, mont r la côte jusqu'à Pillasson et tourner à
droite pour rentrer à Vi hy.
�....... 137
........................................................................................................................
Vichy, Pinass on, Creu:: ier, Rhue. Boutir on,
et retour par le hamea u des Pins
de la rue de Ballore et marche r
kilomèt res. - Part~
droit devant soi jusqu'à l'Eglise de Creuzier. Tourne r à gauche, descend re et remont er le ravili situé derrière l'église, arrivé
au point de jonctio n des deux rout.es , tourner à gauche et marcher tout droit jusqu'a u pont Boutiro n, de là, rentrer à Vichy
par le hameau des Pins.
A
DOUZE
PRO MEN ADE S EN VOIT URE
AUT O - CHE MIN DE FER
Vichy à la Cate Saint- Aman d
kilomèt res. - Rue de Nîmes, passage à niveau, tourner
à gauché, monter la côte jusqu'a u Vemet, de là, Wl chemin
aboutit au signal de la côte Saint-A mand d'où l'on jouit d'un
point de vue superbe .
A
HUIT
De Vichy à la Monta gne-Ve rte
- Départ par la rue de B.allore. Belle vue
sur la vJlle et les monts Dômes. Retour vice versa.
A
HUIT kilo~1ètres.
De Vichy à Creu:: ier-Ie- Vieux
-
Aller à la chaume Guinard par le chemin
kilomètres.
A deromane
la Montag ne-Vert e et continu er jusqu'à Creuzier-Je-Vieux.
sièclè, restes du château
, tour et bâtime nt du
DIX
XIVe
:Église
de Lauzet trausfo tlné en restaura nt. Retour vice versa.
De Vichy aux Malav aux
Par la rue de Paris et la route de
QUATORZE kilomèt res. Cusset. Sites pittores ques dans les rochers. Voir le plateau
de la Courol1l1e où des fouilles ont mi s à jour les ruines d'une
vieille chapelle.
A
De Vichy à Creuz ier-le- Vieux
res. -
Même itinérai re que le nO 3.
Charme il, Belleriv e
kilomèt
A Retour
par Rhue, le pont de Boutiro n,
pont sur l'Allier.
VINT-DE UX
et le
De Vichy à Billy
kilomèt res. - Chemin de fer jusqu'à Saint-Germain-de s-Fossé s. De là, on fait à pied la route jusqu'à Billy,
3 k. 500. Curieus es ruines d'Wl vieux château féodal. Retour
vice versa.
A
VING'l'-D EUX
De Vichy à l'Ardo isière
,
Par Cusset et le village des
VINGT- QUNtRE kilomèt res. Grivats . Curiosités: le Gourre-Saillant èt les cascade s du Sichon.
R etour vice versa.
A
l ,.
�138 ................. Guide
~o
o ()
l'Étranger à
de
00000 000000000 00000 0000000 000000 0 000 ~
Vichy··························
000 0 000000 000 000000000 00000 00000 0000 o~
o
0'-6
0
o
0
VIOLETTE COTTAN 1
1
g
o
0
êg
Seul 'Parfum identique à la Fleur
FLACON EN ÉCRIN
o
o
o
g
o
g
g
g
~0
4 FR . 95 ; FRANCO 5 FR . 25
0
g
COTT AN, P arfumeur, 55 , rue d e Riv oli, PARIS
0
o
o
0
0
o
o
o
~o
0
0
0
EN VENTE PARTOUT
go
0 0 00 0000000000 0 0 000000000000 000000
g
0
oo@) 0000 0 0 0000000000 000000 00000000000000 o~
ALET
==SOURCE==
COMMUNALE
L 'eau d'ALET, SOUR.CE COMMUNALE, Bi.
carbonatée calcique, est très utile dans le traitement des
diverses affections de l'Estomac et des Intestins, Gastrite , Gastralgie et Dyspepsie. E lle arrête les vomissements des femmes enceintes et on l'emploie avec
succès contre la Chlorose, l'A némie et surtout à cause de .~a
faible minéralisation pour le lavage de la vessie'.
Cette eau, d'une grande pureté , ne trouble pas le vin ;
elle est éminemmment digestive et tolérée par les esto.
macs les plus délicats et les plus délabrés.
Bien préciser la Source COMMUNALE et, comme
garantie,exiger sur les étiquettes des bouteilles la reproduction
des A rmes de la Ville d'Alet.
EN'
(
.
VEN'TE
DANS TOUTES LES PHARMACIES
E T CHEZ LES MAR.CHANDS D'EAUf( MINt RALE S
HOTEL
DES
DEUX=MONDES
l'LAa.; DE LA SOUIlCE- l>f;-L' UÔl'ITAL ET SQVAIlE I>ES NATIONS
R ecommù nd6 p u r son c onfort e t 11111 bonne t enue
T A BLE D 'HOTE -
R ESTAU R AN T
Jardins T6f6ph. 1.88
Kleetririt6 -
-
TOU S
LES RÉGIMES
Autobui ilioUI les trains
. O. OO MBRISS ON, Ch of cie (' "iRino, propl'i é lairo • T6f6ph . 1.88
LAROUSSE MEDICAL ILLUSTRE
jo; ncyclop6dio III dicalo i l ' u sa~o
<lu grand public, p"bli,'o SO IIS la (ti"oction du
Or GAt.Tmn
· B oIKS
lm
~ av OC la co llaboru lioll d'un g rand Ilonlhro do Hpécilll is t 08. et
donnant 1 1:1 indicatiolls los plu s co mpl 6tHS sur lo s ùiv orsus IIl alud ios, h'8 1,rnitomon LS,
rég,mos, ote. Mag nill1l uo VIII. ilH' <10 1 300 pa gos, 2 ~Q 2 gravuros, don~
un g rand
nomùro do photographios d'aprios lIaturo, 78 plan Ii c s Oll noir, 30 plnnchOR on coui.
Br., 34 Cr.; 1'01. d ",i-c liag r. , 40 fr. (Pay able U fr . ~ou s !.08 t mois; comptnl1l, 10 'l,).
Librairie LAROUSSE, l 3- l 7, rue Montpa rnasse, Paris (6' J, ot c li oz tOIl ' los Iihmi1"' •.
Gu ér i'OD
par la
GOUTTE,
RHUMATISME
LlOUEUR
DU
DR
GOUTTEUX
LAVILLE
l ~ c~ ! ;~ ~ l~:r
~S
�. /39
.............. ....... .........................................................................................................
De Vichy à Saints Yorre, Busset , l'Ardo isière
kilomèt res. - Par la rue de Nîmes, puis la route. On
passe r. Abrest -Saillt-Yorre, 9 kil. , Busset, château , 4 kil.,
l'Ardois ière, site très pittores que, vallée du Sichon, 6 kil.,
Vichy, retour, 10 kil.
A
'l'REN'l'E
De Vichy à l'Ardo isière, par Cusset
kilomètres. - Par Cusset, les Grivats , l'Ardoisière, Busset (châtea u apparte nant au comte de Bour,
bon-Busset) , on peut obtenir l'autori sation de visiter le chât.eau
Saint-Y orre et retour Vichy.
A
TRF,N'l'E-'l'ROIS
De Vichy à Randa n
res. -
Travers er le pont de l'Allier et
kilomèt
la deuxièm e route. A Randan , château de
A prendre à gauche
ns; il ne peut être visité, setÙ le parc peut l'être
'l'REN'l'E -DEUX
la fanùl1e d'Orléa
(deman der les jours). Retour à Vichy par le bois, le château de
Maulm ont et Hauter ive, suivre la route jusqu'a u pont de l'Allier
et rentrer à Vichy.
~
De Vichy à Saint_ Germa in_des aFossé s
kilomèt res. - Par la rue de Paris et la route ~e
Cusset, 13 kil., Billy, ruines d'un vieux château féodal, 4 kil.
Travers er le pont sur l'Allier, forêt de Marcen at, 3 kil., SaintRémy, 5 kil., Charmeil, 3 kil., Bellerive, 6 kil., Vichy, 1 kil.
A
'l'REN'l'E -CINQ
De Vichy à Randa n
Travers er le pont de l'Allier,
kilomèt res. 6 kil., Pont-de -Ris, 5 kil.,
ont,
Randan , 14 kil " Maullll
Saillt-Yorre, 6 kil., Vichy, 9 kil.
A
QUARAN TE
De Vichy à Lapali sse
kilomèt res. - Chemin de ier par Saint-G ermain-de s-Fossé s, ou route par Cusset et Bost. Lapalis se, jolie
petite ville sur la Besbre, château des xv C et XVIe siècles, parc,
chapelle, etc. Retour vice versa.
A
QUARAN 'l'E-SIX
De Vichy à Randa n, Aiguep erse, Effiat
kilomèt res. - Tra erser le pont de l'Allier,
la deuxièm e route à gauche. Randan , 13 kil.,
de Randan à Aigueperse, 13 kil., par Bas et Lezat, d'Aigue
nsier.
Montpe
de
forêt
la
et
perse à Vichy, 2I kil., par Effiat
A prendre
QUARAN'l'E-SEP' t
Vichy, Ganna t, Pont-d e-Rou: at
kilomèt res. - Travers er le pont de l'Allier. A
Bellerive, suivre la route jusqu'à la source Boussange, prendre
à gauche et suivre la route jusqu'à Gaunat (cette route est très
accidentée) ; Pont-de -I ouzat à 7 kil. Retour vice versa.
A
CINQUAN'l'F.
De Viohy à Saint-Y orre
kilomèt res. - Par la rue de Nîmes, 9 kil.,
kil. , Lachau x, 9 kil., Ferrière s , 9 kil., l'Ar13
on,
Châteld
doisière, I4 kil., Cusset. 7 kil., Vichy. 3 kil. Route acciden tée
et dure. Pays très pittores que.
A
SOIXAN 'l'E-CINQ
�140 ................. Guide
~
,~C(T
de
l'Étranger à
~-
~o
-~
Vichy ·························.
~\p
P CARTES D'EXCURSIONS q~
(INDI VIDUELLES &: DE PAMILLE), lro, 2°el;;0 cl amI
Dans le D1H1PlflI'iÉ, la ·SAVOIE, le JU~A
l ' lUVE~(jI'i
et les CÉVENI'iES
.
Déli\'I'ées du J e udi qui p"écède la F ê t e d es R a m eau x a u L un di
d e P â qu es inclus, t du 15 juin au 15 sel>tomb"e in(" lus, au d 'pa,·t de
toutes les gares du réseau P.-L. - M., cs cartes dOllnent droit à la libn'
circu lation, pendnnl 15 Jours ou 30 jours, clan. le DAUPHINÉ ,
la SAVOIE , le JURA, l'AUVERGNE , etc.
00 0000 0 0000 0 0 00 0 0 00000000 0 0 0 0 0 000 00000 00 00000000 000 0 000 0 000
BILLETS D'ALLBR &RETOUR COLLECTIFS DE VACANCES
A PRIX RÉDUITS. -
1 ro, 2 " et 3 " classes
Délivrés aux familles d'au moins trois personnes, de toutos ;rares P .-L.·M.
b loules gar s P.- L.-M. l'arcours simple minimum: 150 kilomOlres.
l ' Du Jeudi qui précède la féte des Rameaux au Lundi de Pâques inclus
Validilé: 88 jours ; faculté do prolongation moyennanl paiemellt
d'un supplément.
2' Du 15 Juin au 30 Septembre, Validité jusqu'au 5 Novembre
PRIX , - Les deux p,'Cmi res pe'"Son nos paiont le Tarif général, la
la 4' ot chacun des suivantes, d'une réduction do ~ 5 '/ •.
l..orsqu'un billot do vacances comprend plus do trois voyagours, trois
d'cntro eux au moins son t tenus de \'oyager ensomblo à l'allol' et au
retour, les au lres ont la faeu llé, quanti la demando du bi llet collectif en
fait mention, do voyogor i 'olémon t dans dos condllions déterminées.
a' personno b6n600io d'uno réduclion de 50' / .,
F ao ulté d 'arrê t à toutes l e a g are8 d e l' ttln é l'Qfre
Demander les billets qua l l'c jOllrs Il Cavance, Il la gare de départ
o
o o
o
oO
o
oo
o o o
~ o o oO
o
o
o o
o
Oo
o
o
0 0 00
SÉJOUR à
NICE, CANNES, mENTON, HYÈRES, GRASSE,etc.
aux
nillct d'aller ct rcto"I" co lleetils délivrés
familles d'al' moins trois prrso1ll,es voyagealtt ensemblr
l ' 15 Ootobre- 16 Mai - Vala ble s 88 jours, 1", 2'ot 3'(')86S0S
l'our Oas sis, La Ciota t, Saint-Cyr-sur-Me r-la-C a dière,
B a ndol, Ollioules- S a nary, La Seyne-Tam a ri s -sur-Mer,
Toulon, Hyè res eUoutes los gar 'R si tuées en tro S a int-Ra phall1Vales cure , Grasse, Nice ct Menton , l'n''cours sim pl o minill1um : 100 ki lomblros.
ol :1'!"!.
2 ' 1 " Octobre- 15 Nove mbre (Valab les Jusqu'au 1 ~ M l i ),2'
POUl' C assi s cl tou l s garos P.-L.-M, nu-delà, Pnreours simp lo min imUIl1 : .\00 kilom, (1.0 oupon d'allor n'os l valablo quo du 1" O"tol",o
ail Hi Novembre.)
PRIX. - Les do ux promières porsonnos paien t le ta ri f g noml, la
troisiùmo pOI'sonno bénéflcio d'uno rodl1ction do 50 '/" III quatrième ot
,'hacuno dos suivantes, d' un r 'dllctiun do 75 '/ •.
Faculté de prolongation moyon nant s upplémont.
Arrê t s facultatifs,
NOTA. - I)cmandcr ,'es billets ~ Jours Ill'nvnnco Il la !l'are do dép!Lrl.
Au l'otour do la Côte d'Azur, il ost "0('ommond6 cl visi l r 108 Monumen ts a ntiques de 10 Voilee du RhOn e ot de foh'o l'Excursion des
Boux (Sorvi'o do Cnrs nulornohiles ( l U III Q 1'8-1 " Juin H UA) ontro Avignon
ot Arlos, pu,' Saint-li ' my, les Ilnux, MontmnjOur).
l'nur rrlluiUllclllfIlts détaillés, voi r 10 I.ivl' l-Gu id Dorai ro P,- I.,-M.:
o fr. 60 dnns loutcs 1 s guros du l'ils nu,
--+
~.D:J
~
..I
�' f41
·--_......" Prome nades aux Enviro ns de Vicby .:......
Fées
des
A Châteld on, vieux château , à Ferrière s, la grotte
àfi kil., gorges et cascade du Sichon; en quittan t Ferrière s:
droite nùnes du château de Moutgi lbert.
sUr ~a
,
g ne
~ Monta
Vichy à Lapa li!ls e , Arfeui lles , Chatel
Vichy
et,
Cuss
ière,
Ardois
Mayet.. de- Monta gn e , Arron es,
De Vichy à Lapalis se,
S,O IXANTE -DIX-HU IT kilomèt res. à visiter le châBesbre,
la
sur
ville,
jolie
se,
Lapalis
23 kil.,
t eau et le parc, de Lapalis se au Mayet-d e-Mont agne par Arfeuilles, 29 kil., du Mayet-d e-Mont agne à Vichy par Arrones, l'Ardoisière et Cusset, 26 kil.
in
De Vichy à Saint- Géran d- Ie .. Puy, retour par St. Pourça
de
route
la
par
érand
QUATRE -VINGTS kilomèt res. - Saint-G
Cusset, 22 kil. , Varenn es, 13 kil., Pont de Chazeuilles, 6 kil.,
.
Saint-P ourçain, 9 kil., Vichy, 29 kil. par la forêt de Marcen at
A
A
De Vichy à Saint.. Pourça in
kilomèt res. - Saint-Gern.lain-des-Fossés,
QUAT~-VING
ermain à Varenn es, 13 kil.; de Varenn es
Samt-G
de
10 kil.,
au Pont de Chazeuilles, 6 kil.; du Pont à Saint-P ourçain , 6 kil.;
,
de Saint-P ourçain à Chante lle, 15 kil.; de Chantel le à Gannat
kil.
16 kil.; de Gannat à Vichy, 19
De Vichy à Thiers , retour par Cusset
De Vichy à Thiers par
QUA'rRE -VlNG'r- DOUZE kilomèt res. ; de Thiers à S~int-Rél1y
kil.
37
laume,
uy-Guil
P
et
Saint-Y orre
sur-Dur olle, 10 kil. ; de Saint-R él1ly-su r-Durol le à Busset, 28 kil.;
de Busset à Vichy, 17 kil.
De Vichy à Aiguep erse 'r etour par Saint- Bonne t -deR.oche fort ~ t Ganna t
d'AigueCEN'l' kilol11ètres. - De Vichy à Aigueperse, 21 kil.;
à SaintMenat
de
Pont
du
kil.;
3
Menat,
1
p rse au Pont de
à
Bonnet -de-Roc hefort, 20 kil.; de Saint-BOlUlet-de-Rochcfort
kil.
19
Vichy,
à
Gal1lIat
Garmat , 9 kil.; de
De Vichy à Châ tel- Guyon , retour par Ganna t
nsier ,
CENT kilo,tnètres. - De Vichy à Effiat, forêt de .Montpe
par le pont de Vichy, 22 kil. ; Châtel- Guyon, 38 kIl.; retour par
. Garmat , 2 l kil.; de Gannat à Vichy, 19 kil.
s
De Vichy à Thie rs , retour par la Guille rmie e t F errière
de
;
kil.
37
Thiers,
à
Vichy
De
res.
kilomèt
CEN'l' DEUX
Thiers à Saint-R ' Illy-sur-Durolle, 10 kil.; de Saint-R émy-su r
,
Durolle à Ferrière s, 28 kil.; de Ferrière s à Vichy par Arrones
l'Ardois ière, Cusset, 27 kil.
De Vichy à Ebre uil
res. - De Gannat à Vichy, 19 kil.; de
kilomèt
CINQ
CEN'r
Gannat à Ébreuil , Il kil.; d'Ebreu il au pont de'Men at. 17 kil.
(Gorges de la Sioule). Prendre à droite la route de Serv;:w,
Saint-BOIUlet-de-RochefOlt (Pont Eiffel). 26 kil.; Garmat , 1$ kil.;
.
Vichy, 19 kil.
A
A
A
A
A
A
10
'~
�l~=;:VifÛmR1
CO?~
1L
A
HENRY BORDEAUX.
DIRECTEUR;
~etJI'
*
5)
I~ID
dit royer .'adresse spécl.lement aux fam illes françai.es pour
lc..squclJcs sont pubJiir.s
ill
eX/ClllO
ct iIIustré'c s foutu les confé.n.ncr.s
donné .. à l'Hôtd du Foyer.
~
du royer public. cc, confirenccl ct donne cn anncxr. une UJ
La ~evu
chronique. sur la vic, au jour Je jour au Poyer.
~I
Par la ~t:vI4e
du royer, toutes Jes PamilJcs, c.n province, peuvent suivre
cr. gt':lnd mouvement d'éducation, d'unI. haute. vaJcur moraJe., d dirigi
f'C) par du maÎtru de 1. pclUie française. qui étudieront simultanément :
(fr
1
1
li /)'.
ri)
CO?
i: ~,:na;I
~I
ilL L"
11
t
ID
~:;/ra"çjl'
8>~
5)~
•• ABONNÉS ORDINAIRES"
'fi mols il rn oiR 1
France et Colonie...
Il:~
.
,m,,'" ,,,,,,,.... """"""".
10 Ir.
""
5.75
PRIX
DE
CONSENT I AliX AIIONNtt-l JH.~
P~N:.
1 ~ 1Il0i .
() III 18
if mollil Gmois
15 Ir.
Étranger.. ......
FAVEUR
" "
1. ,\ " 1l('VII(' Ifcbdowadair e"
1
R: : .~n ~ i.':~
I~
8 Ir.
1! 'HOi . 0 moi.
~
~
I!O.,
�.............................................................................................................................- 143
De Vichy à Sail- les- Bains
kilomètres. - De Vichy à Lapalisse, 25 kil.; de
Lapalisse à Montaignet, 15 kil.; de Montaignet à Sail-lesBains, 13 kil,; de Sail-les-Bains à Saint-Martin-d'Estréaux, 8 kil. ;
de Saint-Martin à La Palisse, 17 kil.; de Lapalisse à Vichy, 25 kil.
A
CENT CINQ
De Vichy à SaintaVic tor. par Thie rs
kilomètres. - De Vichy à Puy-Guillaume, 22 kil.,
de Puy-Guillaume à Thiers (coutellerie), 16 kil.; de Thiers
à Saint-Rémy, 9 kil.; de Saint-Rémy à Saint-Victor, 13 kil. ;
de Saint-Victor à Lachaux 1 r kil.; de Lachaux à Ferrières,
9 kil.; de Ferrières à Vichy, ' par Cusset, 25 kil.; route accidentée très pittoresque.
A
CENT CINQ
D e Vichy à Chabre loch e. p a r Thiers
kilomètres. - De Vichy à Thiers, 37 kil.; de
Thiers à Chabreloche, 15 kilomètres; route pittoresque en
corniche au-dessus de la vallée de la Durolle; de Chabreloche à
Saint-Priest, route à 1,036 mètres de hauteur, la route longe des
bois de pim; situés sur les flancs du Puy de Montoncel, 17 kil.;
de Saint-Priest à Ferrières, 16 kil. , descente rapide de Ferrières,
Vichy à 27 kil. par Cusset.
A
CEN't DOUZE
De Vichy à Moulins
kilomètres.- Prendre jusqu'à Cusset, tourner
à gauche jusqu'à Saint-Germain-des-Fossés, Billy, Créchy,
Varennes. Bessay, Moulins: belle cathédrale, le pont sur l'Allier,
l'ancien château des ducs de Bourbon, la Tour de Jacquemart, la
caserne de Villars. Retour vice-versa, par chemin de fer égalelllent .
A
CENT QUATORZE
A
(ruines)
D e Vichy au Châte au d e Tourn~H
NT~
QUINZE kilomètres. - Par Riom, 45 ~ . ; Volvic, .1 0 kil.;
lournoël, 2 kil. et retour. - Total : environ 1 1 5 kil.
De Vichy à Clermont-Ferrand
kilomètres. - Randan, 14 kil. , Maringues,
14 kil. , Pont-du-Château, 16 kil., Clermont-Ferrand, 15 kil.,
Riom, T7 kil., Gmmat, 26 kil. , Vichy, 19 kil.
A
CEN'l' VING't-UN
De Vichy à Molles
kilomètres. - Par la rue de Paris et la route
de Cusset, Roffin, Mayet-de-Montagne, 25 kil., Ferrières,
7 kil., aint-Rémy (Col de la P lmltade, P uy Sinètre, P uy du
Montoncel, 40 kiL), Thiers, 19 kil ., Vichy, 37 kil.
A
CEN't VINGT-SEPT
De Vichy à Thiers. retour par Vollore- Montagne
F.NT 'tREN'rE kilomètres. Saint-Yorre, Puy-Guillau me,
Thiers, 37 kil.; de Thiers à Vollore-Montagne, 25 kil.; route
ac identée, jolis points de vue, de Vollore-Montagne à Celles,
12 kil. , très pittoresque; de Celles à Ferrières, 28 kil.; on passe
près du Puy du Montoncel, p uis on franchit le Col de la Plantade
et l'on traverse la Guillermie, de Ferrières à Vichy, 27 kil.; retour
par CusseL.
A
�144 ................ Guide
r..~iÜl\
- ..
~
~)=
de
~-.
=
=~
l'Étranger
à
Vichy ············ ...............
..-----------.---.----...
J
élGtAND2·HÔTELs
/a ë · oN a süLS
· & H SAI:T~;rtEÉ
~
e n fac e l e s Bains et le Casi no, s ur l e P a rc
Rostanrant
propriétaire.
Prix: depuis 7 francs par jour
Omnibus à tous le. lrains, LEPLAIX
EAU
(al]~UI '" :)"' 1~ ~J
Lo lIlullI.·".
1~ !.J i!!!B: 1
1
MINÉRALE NATURELLE PURGATIVE
""'"1 01. 0"'1'\"111
'''"IC 1 01 •• , l'U"ro""I.lIlIlI "t""'" ClIl'OUVo .u,' lu. or~,"
••
nlolodo'l, 1 'OX IIl" Bunu,:, rt'>glm ~O III Mlor doit suh'll Lut. ou cou t rurUÇOfJ6 ol exiger la marque
n UIJ~AT
r.LOHACU . t'li". ""UN";. OCI~,
IIOUOK Kl:poli. univors .. Paris 1900. médniIJo d'or .
1
......................... "•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• a •••••••• ••
~ GRAND HOTEL DE LA GRANDE GRILLE ~
:.=
& RÉGINA HOTEL
;
Entre les Bnin' de I r . et de 2" clalSo, cn (nec Ica lources, lur le PJ.rc.
:
Ro.tnuré" neuf. - Service ~pécin
l pour régime'!.
Lumiàrc Jlec l rique.
: Têlèphonc n' 95.
Omnibus" tous 100 trnin •. - J. GRAN VAUD , p,.o/ll'it·lail'/'. :
1...................................................................................:
�145
·..............................................................................................................................
De Vichy à Renais on
ue par
CENT TRENTE kilomèt res. - De Vichy à Châtel- Montag
Cusset et La Bruyère , 25 kil.; de Châtel- Montag ne il. Re-
A
n
naison, 30 kil. par Saint-R irand, la Croix-d u-Sud; de Renaiso
à Arcon, 14 kil. par Saint-A ndré-d' Apchon ; d'Arcon à SaintPriest 18 kil.; 1,076 mètres altitude au Rocher de Rochefo rt. Panorama superbe et très étendu; de Saint-P riest à Vichy, 43 kil. par
.
Cusset et Ferrière s.
A
.
De Vichy au Puy de DÔIIle
kilomèt res. - Par Clermo nt, 60 kil.; Col
de Ceyssa t et retour, environ 132 kil.
CENT TRENTE -DEUX
De Vichy à Châtea uneufa lesaBa ins par Riom
44 kil.
CEN'l' 'l'RENTE -QUATR E kilomèt res. - De Vichy à Riom,
par Effiat et Aiguep erse - de Riom à Château neuf-les -Bains
au
par Châtel- Guyon - sites très beaux de Château neuf-les -Bains
falailes
sur
e
cornich
en
route
l,
Pont de Menat, 12 kil. par Hisseui
ses de la Sioule, du Pont de Menat à Vichy, 48 kil. par les gorges
de la Sioule, Ebreuil , Saint-B onnet-d e-Roch efort et Gannat .
A
il,
De Vichy à Châte auneu f-les-B ains par Ganna t, Ebreu
Pont de Menat
60 kil.,
CENT TRENTE -CINQ kilomèt res. - Château neuf-les -Bains,
Riom,
kil.,
24
on,
tel-Guy
Châ
kil.;
3
r
Manzat (viaduc des Fades),
6 kil., Aigueperse, 18 kil.; Vichy, 23 kil., (par la forêt de Montpensier) .
A
De Vichy à Saint- Alban
s par la
CEN'l' QUARANTE kilomèt res. - De Vichy à Ferrière
routede Cusset, 25 kil., Saillt-P riest-La prugne, 17 kil., Rocher s
a.
de Rochef ort (altitud e 1,076 m.). 15 kil., grandio se panoram
Saint-A lban, 17 kil., Renaiso n, 8 kil., Croix-du-Sud, 12 kil., ChâtelMontag ne (église rOll1anc), 18 kil., Vichy, 25 kil.
A
De Vichy à Royat
kilomèt res. - Châtel- Guyon, 52 kil. par
Effiat, Aigueperse, Combro nde et
nsier,
la Forêt de Montpe
Saint-BOImet. De Châtel- Guyon à Clermont, 28 kil. par Volvic,
collines boisécs, route intéress ante de Clenno nt à Royat, 3 kil.;
de Royat à Vichy, 62 kil.
A
CENT QUARAN'l'E-CINQ
De Vichy à Noirét able
kilomèt res. - De Vichy à Thiers, 37 kil.;
Noiréta ble, 26 kil. , Saint-Ju st-cn-C hevalet , 18 kil. , Laprugn e,
25 kil.
18 kil., La Chaban ne, Mayet-d e-Mont agne, 20 kil., Vichy,
A
CENT QUARAN'l'E-CINQ
De Vichy à Combr onde
kilomètre.s. - De Vichy, 32 kil. par la forêt
dc MOlltpellStCr, Effiat, Aiguepcrse; de Combro nd aux Anet
cizes, 28 kil., Charbon nièrcs-l es-Vieilles, Lac de Tazana , Manzat
Viaduc
kil.
30
weuf,
Châteal
à
Ancizes
Des
s.
de-Mon
Saint-G eorges
A
CEN'l' CINQUAN'l'E
�146 ................ Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ....................·.. ···
;===ctJl===
'-=LA
PERGOLA
est une Maison de Santé modèle
C ••••• •••••••••••••••
qui a été ouverte •••••••••• ••••••••• c
à VICHY
10, Quai de l'Allier
EN 1912
!Pl......... :............ ;
:
··
·E
·
~
~
"
"
.
. .......................@
LLE a été installée avec un luxe de précautions
hygiéniques et un confortable tels qu'on peut affirmer
qu'aucune Maison de Santé de France ni de
l'étranger ne peut lui être comparée. Son aspect riant, ses
windows 8euris, ees chambres avec leure tons pastels et
leurs frises différentes : mimosas, cytises, roses, lys, glycines.
etc., ses cabinets de toilette munis d'appareils les plus
modernes ••on jardin et sa superbe terrasse gazonnée terminée en avant par une Pergola fleurie dominant le Golf, le
Champ de Courses et la V allée de l'Allier, cn font un séjour
agréable pour les malades. délicieux pour les convalescents.
On y reçoit les personnes non malades, mais cherchant
le calme et d ésirant suivre un régime plus surveille que
d ans les hôtels. On y reçoit les personnes qui, nU cours d'une
cure thermale, font une petite complication: crise hépatique
avec lièvre, bronchite. etc. On y reçoi t enfin les malades
atteints d'une alfection chirurgicale. gynécologique, voies
urinaires, etc. Pour ceux.ci sont aménagées deux très mo·
dernes salles d'opérations avet' salle d'anesthésie et salle de
stéraisations. Les prix y varient de 20 il 50 francs par jour
suivant la chambre ou l'appartement choisi. A l'annexe de
, , La Pl!rgola" on reçoit les malades au prix de 1 0 à
15 Irones par jour. Les malades conservent le choix de leur
médecin et de leur pharmacien. Les soins prescrits par le
médecin trai tant sont exécutés fidèlement par un personnel
d'infirmières diplômées.
c l ·~!
..
~=
~ ·
=
~
:=
If.
{gJ
�147
............... Prome nades aux Enviro ns de Vichy ········
des Fades, 135 m. au-dess us de la Sioule, Saint-G ervais; de Châ.~
tealUle;U à Vichy par Gannat , 60 kil.
De Vichy à Montlu çon
kilomètres. - Saint-P ourçain , 29 kil.
par le pont de Vichy, 30 kil., Montm arault, 30 kil., Montlu çon
3 1 kil. (verreri es et hauts fourneaux) . Néris-les-Bains, 9 kil.,
Montaig u, 18 kil. , Pont de Menat, 16 kil., Saint-P ardoux, JO kil.,
Combro nde, 13 kil., Aigueperse, 12 kil. , Vichy, 32 kil.
A
CEN'l' QUA1'RE -VINGT- DIX
De Vichy au Mont-D ore
Vichy à ClemlOnt,
VINGT-D EUX kilomèt res. 57 kil.; Randan , Maring ues, Pont-du -Châtea u de ClemlOnt
au Mont-D ore par la Bourbo ule, 60 kil., La Bourbo ule, 5 kil., station
thermal e, voir le barrage e~ le lac; du Mont-D ore à Clermo nt, 48 kil.
de
par le col de la Ventou se le château · de Randan ne, le Puy
Graveno ire, Pardon, Thedde et Royat, de Clermo nt à Vichy par
·Riom, Randan , 5; kil.
A
DEUX , CENT
VOIT URE S DE PRO MEN ADE S
011 trouve, des deux côtés du
rue Cuuin-G ridail1e et rue du Parc, de charvoiture s à lm ou rleux chevaux , que l'on peut condlùr e
m~ntes
sOI-mêm e, et de confort ables landaus .
On trouve égaleme nt, chez les princip aux loueurs, des chevau x
de selle, des poneys et des ânes.
V vieux Parc,
0I'l'URES
A CHEVAL. -
De nombreu..'C garages louent à des
es automo biles qui permet tent
vélùcul
s
prix modéré s de superbe
de visiter les environ s uu peu éloignés de Vichy. L'Autom obile
Club de France (section du Centre), qui a uu bureau rue du Parc,
à l'Office de Renseig nement s, se tient à la disposit ion du public
pour lm indique r les plus belles excursio ns à faire dans uu rayon
d'tUle centaill e de kilomèt res.
VOll'U RES AU'.rOMonH<ES. -
{J?olr ci·contre le Tarif des Courses et Promena des.)
~
.
Par les chemi ns de fer, le tarif des places de Vichy
aux villes les plus rappro chées est le suivan t:
DlLLETS SIMPuts.
~
I r ..
Saill(· Germaill·d es·Possés .
Lapalisse . . . . . . . . .
R oaolle.
,aunal.
Riolll . .
Thi ers .
Pour l e~
cl.
1 . 10
3. D
8 . 50
3 . 80
6.80
5.15
2°
cl.
•. 75
2. »
5.75
2.55
4.70
3.50
villes plus éloiguées, consult er j'indica teur.
31'1 cl.
».50
1.35
3.75
1.70
3 . 05
2.25
�148 .............................................................................................................................•
TARIF DES VOITURES A CHEVAL
Extrait de l'arrêté municipal du 24 avril 1909. concernant les voitures de place à. Vichy
(Aller et retour, repos compris)
P RINCIPALES
1
Heures Voiture Voiture
de
a
à
repos 1 cheval 2 chev.
PROM E NADES
Charmeil
id.
retour p ar Cusset.
.....
Côte 'ai nt-Amand
Côte Saint-Amand, retour par Cusset
Hauterive.
Les Ma lavaux.
id.
re tour par Le Vaux
La Montagne· Verte
.
La Montagne·Verte, retour par Charme il
S~i
n t-l~é'!1Y
.... .. .... , , ...
L Ardolsle r e . . . , . . . . , , , .
P uy-Grenie r . . . . , . . . .
Cbâ teau de Bourbon-Busset, .. . . . . . .
Château de Bourbon·Busset (retou r par l'Ardoisiere).
C hâteldon . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Maulmont.
Ganoat
Randan, par Bois·R anda nez
Randan, retour par Maulmont.
R ui nes du châ teau de Bi ll y
Effiat . . . . . . . . . , ,
Ruines de 1I1ont·Gilbert
Grotte de Saint·Martin
ain t·Yorre
•
•
4
• • • • • • •
COUR.SES
--1.
----7 fr . 10 fI'.
10
" 15
10 "
10 " 15 "
:1.
:1.
7
:1.
)1
1
1
1
:1.
1
:1.
:1.
1
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
1
7
)1
10 »
10
24
10 »
:1.5
:1.5 "
18 "»
15 •
20 »
26 »
28
20 ""
28 "
20 "
25 »
24 »
24 »
40 »
40
:1.4 "
)1
8
16
»
»
7
)1
H
10 ""
10 "
12
:1.0 »
15 »
20 »
20 »
15 »
20 .
15 »
20 »
18 »
18 »
30 »
30 »
10
H
)'
H
DE VICHY
1
cheval
!l
chevnu:r:
Pou r une voiture Sc rendant aux courses, snns arrêts . . . •
6 fr..
10 Cr. •
prise pour l u durée: de. courses de la journée.
Id.
20
•
30
•
(La carte d'cnlrée sur l'Hippodrome, ,'il en est exig6 une pour le cocber, sera À
la cbarge du voyageur.)
1 cheval
2 chevaux
Concours hippique, la course . . •
1 fr. 5 0
2 fr, 5 0
Golf de Vichy, par Bellerive . . ,
4
»
~
"
Aéroplanes. . . , . . , . . . , ,
2
50
Tir nux Pigeon" (arrêt 1/' b oure)
3
4
COUR.SES A L'INTÉR.IEUR. DE LA VILLE
Le jour est comprI. entre 6 beuro. du ma tin et 8 boures du soir.
La nuit Cllt comprise entre 8 beures dll SOiT ct 6 beure. du matin.
Voitures à 1 choval Voilul'es
l ' Cour
,~el'
Ù
l'''e ure.-
Jour
-
Nuit
Jour
a 2 chov.
Nuit
- - - - - - - - 1 ' - - -11
Lei courses. l'heure s'étendent seu lement
jUlqu'aux limites ùu périmètre do l'Octroi. . 3 fr. 1 4: Cr. If 4 fr. » 6 fT . •
0' COurses d e O a r e Ou d e Ville . . . 1
50 2
50 2
50 3
50
,. 4
)) 4
,. 5
.,
Je Même course nller el rel ouf . . . . . . 3
(Pour les courses do [(ore, tes cochorA seront tenus de trunsporler grnluitcllIent
Ics petits cotis cl vali,es ùos voyngcurs. Si eeux-ci vtlw..cnt foire trlln'.Sporler lours
mu Il es, 10 prix pour ln malle se rft do 0 fr. 50.)
Le prix .de la première heure IIcro dei inlcgrnlcfu.,cnl, nlon merne que le cocher
n'Ruro' pos et6 employé pendant Pheurc enliêre .
Les heures suivnnlos se rroclionnont cl 'Ieront payée. pAr demi-heure. La dcrmèrc
fractlon sera Duui duc Int6gra,lcrocnt, bicn que la demi-beure n'ait pas été cntièremcnt
crnploy6c.
1
1
�............................................................................................................................... 149
TARIF DES VOITURES AUTOMOBILES
Extrait de l 'arl~tô
municipal du 24 aVl'ii 1909
(Aller et retour, repos compris)
DESIGNATION DES COURSES
DESIGNATION DES COURSES
et Promena d es
et Prome n ades
Charmeil
retour par Cusset.
Le s Mnlavnux.
. ....
reloorpar Le Vaux.
Promenade de }'Empereurpar
les Mnlavnuxet l'A.rdoisière
asino des Justices, retou r
par lesgorge. de l'Ardoisière.
Mo nt agne-V erte . . . . . .
Tet'parCbarmeil.
ret r parCu8scl
Châtenu de La u zel pRr L'LUd ern nrière et Charmeil
Châtenu de Lauzet pnr C r ~u":'
zier· le-Ne uf el Cusset. . .
Source du DÔme.
L'Ardoisière . • . . . .
La Tour (Sonree Gannat)
Hauterive . . . . . . .
CÔte Saint·Amand . . . .
rr pa r le Vernet el Cusset
St·Rémy .• n-Rollat . . . • .
rel r par Vendat.
Cuswet.
•. ....
retour par Abrest.
Abrest . . . . . • . . •
St-Germai n-dcs-Fossés
Source Boussange.
1/2
1/2
'1/ 2
1
10
15
10
26
))
))
))
))
1
30
))
1
1/2
1
1/ 2
20
"
1 22
1/ 2 6
1 20
1/ 2 8
1/2 10
1/ 2 10
1/ 2 16
1/ 2 15
1 20
1/2 6
1/ 2 12
1/ 2 7
1/2 20
1/2 5
1 15
1 16
1/2 7
1/ 2 6
))
1
Sain t-Yorre . • . . • . . .
hâlenu Robert.
Mo. CnmpngneroutuChnrmejJ.
Restaurant de Pinasson • • .
St·Yorre ret r par le Château
de la POivrière et Ilnut erive 1 20
1 20
Randan • . . . . . . . .
1 25
retour par Pmgoutin:
1
28
retourpl\r Mnu l mont
1
25
Molles, pm la Bruxèrc .
Cognat-Bois-de-I Enu . . . 1/2 15
r' p' l&roule d'Effiat 1 20
Hnutcdve, retour pllr les T aureaux cl Bois-Rnndnnez . .
1 20
Bourbon-Busset . • . . . . 1 25
rr par le Vernet. 1 28
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
))
"
))
"
"
»
g;
~
~
Bourbon-Busset rrpr rArdoisière
Bois-du-Roi, Ir'" pr Randan el
Bois-Randanez..
Bois.du-Roi, r t par Maulmonl
Effiat
.•...... .
_
retour par Rnndan.
_
retour par Maulmont.
puy- urcnier. • . . . . . •
_
rr cele du Bois-de-l'Eau
_
retour pa r Charmeil.
Maulmonl . . . . • . • • .
_
rr par l e pont de Ris
CbÛt.idon . . . . . . . . .
_
rr par le Pont de Ris
Ris
·Puy.Guiliaume . • . • • . .
_
rr pr Chateldon.
Source Intermittente: •
Brugbeas, ret r roule d'Effiat.
Route de Chez-Guiton, parle
bois de Celzot el le poteau
de Lapalisse
Gannat
Vnrennes . . . .
Ruines du cha t enu de Billy
r' pn r Maupas et St-Remy.
Chateau d . Chaussin . .
.
_
rr pnr le Vernet
Vendat . . . • • . . . . .
_
relour par St-Rémy .
Soin l_Pourçoin. . . • • . .
Mayet.de-Mo nla gne . . • • .
_
ret r pM Ferrières
Ferrières . . . . . . .
Cbfltcl-Montag ne . . .
Châtenu de Lapalisse.
Thie rs.
. .. . . ,
l.es viaduc8 de MontluçoD,
ponts d. Ncuviul el de Rouzal.
Mines de Lnpru~c
. . . ..
Rocber Sainl- Vincent. . .
Ruines de Mont-Gilbe rt ..
Grotte Snint- Mnrtj,t
Moriol.
27 •
10 ))
16 ))
12 ))
::38-
1
PRIX
-30
Il
1
28
1 32
1 28
1 35
1 40
1/ 2 15
1 20
1 22
1 20
1 28
1 30
1 34
1 25
1 30
1 35
1/4 5
1 20
1
1
1
25
30
40
1 25
1 30
1 /2 18
1 22
1/2 18
1 20
1 45
1 38
1 45
1 38
1 38
1 40
2 60
1
2
2
1
1
1
45
60
50
38
45
24
COURSES DE VICHY
"
•
Il
Il
Il
Il
))
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
))
Il
Il
))
Il
Il
Il
Il
))
Il
Il
))
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
Il
7 fr.
S
»
Pour une voiture se rendnnt nux
Golf de Vichy, J /'J h. d'arrêt
co urse s, sons IlfTet. . . . . . . 6 fr.
Aétoplnne. sons arrêt. . . .
Concours Htppique. . . . . . . . 2
Tir aux pjgeons , 8n~
Ilrrel . .
Golf de Vich y, sanl arrêt . . . . . 6
»
t /'J h. d'II r rrê 1
Obse rvation s. - Le present torif est comp ris pour trois voyugeurs.
Pour ln surcharge, ll'uiler de gré à gré aV'CC le chuufIeur.
4
•
6
COURSES A L'INTÉRIEUR DE LA VILLE
Le jour el't comp ri s cntre 6 heures du matin et 8 heures du soi r.
Ln nuit e8t ,,:olllprjse entre B heures du soir et 6 heures du mutin.
J'
.' Courses de Dure Ou de Ville
)0
Mêmes co urses nller el re tour , r j 'J
Nuit
Jour
Courses û l'l,cure:
Les cou rses à l'heure s'ctendent seulernen l jusqu'aux
limit es du périmètre de i' clroi
d)t~r;ê·.
•
10 fr.
»
2
4
»
.
12 fr. »
2 50
5
Le pnx de la première heure senl ull Intégr a lemen t nlors memc que le chauffeur n'aura
pas éte cl'l'Iployc .pendanll ' heure entière.
.
.
Le s heu res SUlvan tes le fractIOnnent et seront payees par deml·heure, l.n dernière
fra ction sem /lUIS) duo intég r alel'llent, bieo que la demi-heure u'nit
pas c t é cutH:rement emp loyée.
�160 ................ Guide
de
à
l'Étranger
Vichy····· ·· ·········· .......·.
<=?~,.-
~
ARSENIC ASSIMILABLE NATUREL
LA BOURBOULE
(Puy-de-Dôme)
CHOUSSY, PERRIÈRE et CROIZAT
Sour~es
Eau Minérale Hyperthermale, ARSENICALE Chlorurée,
Bicarbonatée, Sodique
Ilh~-'
~.
~
t-~I
~
CURE THERMALE 1 SAISON DU 25 MAI
CURE D'AIR (852 m. )
AU l or OCTOBRE
~
-
,
~
~.ç
m
~
lij
~
I;~-
I
-'
~o
~.
I:~o
ANÉMIE. DIABÈTE . LVMPffA TlSME • AHeé.
tions de la PEAU et des VOIES RESPIRATOIRES
• MAL AD 1E S des EN PA NT S • PAL UDIS ME
~.
ç~-\
L'eau de La Bourboule. d'une renommée·oncienne. "
ICI mêmes indications Que l'arsenlo, C'est l'eau de régime des anéml6s, des diabétiques. des
.. .. Impaludés, des neurasthéniques, des coloniaux .
.. ..
En vonle chez
10UI
le. Pharmacien. ou
n 1. Compognie. Îl LA BOURBOULE
La Bourboule e./ . ituée clans un cie. plu. beaux . lIe. cie l'Auvergne
centrale. Elle e./ un centre d'llXcu,./on., .plenclicle. clans les : Mon/Dore, Puy cie Sancy, Puy Gros, Pla/eau cie Charlannes, Gorges de la
Dordogne, RQche cie Ven cie/x, Lacs cie Guéry, Pa"/n .. Chambon, cie.
I'.~
Di. traclion. nombreu.e.: CASINO, Grand Paro, Croquet, Tennis,
Golf, Chasse au renard. Conoours hippique, Fête.s
:: :: loutes les semaines, Exourslons organisées :: ::
••~. ••~.-
:~;'C)
~.J':
~;g:%éê5
,~C).
"' •.,- .
tU
-'
Siège sociul
~.
t--~.
••~. ••~. ••~Ul
PARIS. \0 bis, ruc de Châleaudun :~.'C)
1 h e ':!.~i" ,~
T e ëp one: en lral 99-45
Îl
LACTOBACILLINE
.-I~
U
(Voir page 118.)
�~
g
•
1
o
o o
SPORTIVES
o~
1
~
@g
1
Golf
g
îO~
Tennis
~
g
g
g
®
1
Courses
o
0
j
!
o
:
:
1
i
~o
ï!.l REN~7:TS
:
8
1
1 Po.te.
ii
0
!
:
~
i·~
g
Têlégra:he
Journaux
0 0000
@&
"
i
g
g
l!!>
:.8
g
:
Téléphone
Cultes
1
:
1
j
g!
00000 0
g~
~
.:i
00 000000000000 0000000000 0000 00000000000 00 00 00 000 DO 00000 0000 ( ,
:
i
:.................................................................................................................................... _.. ,!
�152
l'Étranger
Guide . de
à
Vichy···················· ......
ÉE
PIANO 1
L~ORP
1
88 note.... MÉLODIST .. e.t le plus perfectionné
et le plus artistique des pianos pneuma tiques. Piano
de première marque amé ri cai ne muni du célèbre
appareil pneumalÎQue permettant â l ous de jouer Jes
œ uvres des plus grands Maitre, en virtuose.
Pl usieurs millien de rouleaux pe r o r ~8
en magasin
tous les appa reils et pianos pneumatiques.
VENTE ET ABONNEMENT . 0
72,
0
H. BOUILLE
de
Rue
F a.ris
VICHY
AGENT GÉNERftL DES COMPAGNIES D'ASSURftNCES
LA.
CONFIA.NCE
Incendie - Vie - Grêle
Société Suisse "LA WINTBRTHUR
Il
ACClDENTS
LE
c
c -
AUTOMOBILES
Toutes marques -
Neuves et d'occasion
ACHATaVENTE ·tCHAN6E .
Toute
voiture sortant de la maison
neuve ou d'occasion
est garantie en bon êtat de marche
nÉPAnATIOftS TOUTES l'dAnQUES - PttiX tttès modéttés
J. FIDRY,
Constructeur - Mécanicien
20, Boulevard St-Jacques - PARIS (XlJJ o arrt)
~[QI
DIABÉTIOUES pa~t:zle
LE
SEUL
PERMIS
SUCRE ÉDULCOR
par
les
MédecIns
�~
~
DIS TR AC TIO NS
1« SPO RT IVE S JJi
)
j
@FJ-~
@
@
@
~
ç
(
V=~
Le Golf
est admirab lement situé en bordure et sur
de Vichy
L laGolf
rive gauche de l'Allier, dans la ville même, pl.Ùsqu' il n'est
Parcs que par la rivière. Il s'étend sur une
E
séparé des Nouvea ux
superfic ie de 30 hectare s, dans une maglùfi que prairie qu'agré
menten t, de place en place, des rivières à eau courant e et de belles
plantat ions d'arbres . Pour se rendre au Golf, les joueurs ont trois
moyens à leur disposi tion: ou prendre un bateau au ponton spécial
du quai de l'Allier, qtù en cinq minutes les amène sur l'autre rive.
Le Club·Ho u se
du
ou faire la traversé e l édestre ment en emprun tant la passerelle
faire
se
ou
,
d'heure
quart
d'tUl
ade
promen
tUIC
alors
c'est
,
barrage
condl.Ùre en voiture par le chcmin spécial ql.Ù aboutit à la route
les
de GalUlat. Dans tous les cas, grflce à la proxillù té du Golf,
sport
leur
à
livrer
se
t
aisémen
très
t
peuven
malade s eux-mê mes
sans avoir à interrom pre en quoi que ce soit le traitem ent.
favo~ri,
Etabli par les spéciali stes les plus renomm és, sur les conseils
des llus fameux joueurs , le Golf de Vichy peut passer pour l'ml des
jeux les nùeux installé s du contine nt.
Son « Club IIouse », élégant pavillon qui se silhoue tte d'tUle si
pittores que façon dans la plaine, est tille petite merveil le du genre,
�154 ........... _- Guide
de
l'Étranger
à
Vichy··························
ta:\) 8:°00000 0 ° : : gO 0 oOCOo o 00: gO 0 00Cl00 0 OOg gO Qg gO 0 0000000°: gOo oOGOoo OOg gO 000000 0 O
~
n
o
0 0 00 0000
0
I~)(
o
-
°000000000
00 0 00 0 0 0 0 °
~
~o
n
0
~g~
ooOOGoo O o o
~o
. .
o o
: go o
0 0000 0 0 000
ç.o o
g O
o o
00 0 0000000
~
t!l>
0 ooooooooooo ooôooo o
OO OO &oo ooooooooggoo o oooooDo
~
~
a
o
o
o oO
000 00000 0 0 0 000 0 00 0 0
ODo
g
0
0
lSe1
")
. .
~
oo oo®
~ Temps printanier pendant tout l'hiver. (Moyenne 15° centi2rades)
o
go Facilité. d'existence. - Fêtes à cachet local. - Chasses.
Excuraiona. - Golf.. Club, Tennis.Club, etc.
g
o : o o o o o o o o o
0
0
0
0000000000 ~
A 22 heures de MNseilie
0
1• gg
0
(
®o
g~
0000000 0 00
REINE des STATIONS HIVERNALES
0
0
o
~
00
0
o
~
°00 0 000 0 00
11
~ §
g
~
RLGER
..
0 0 00 0 00 0 00
o o o~
0
g
•
g•
L'tILOBRIB
·'"( · · · · ~;I
·f~
· . ·~f
® ..
p o:..
Il
I~
o
0 ••••• 000.00.00....
~
~
~
0000 .0 •••••0 0 • • •
000 • • o~
10.000 kilomètres d'excellentes routes. - Régions
le. plu. diverses. - Sites les plus pittoresques.
Populations le. plus originales
~
i~
.
!1Comité d'Hiv;r"'nage Algérien !1
g
:
·1 2, Boulevard de la République, 2,
o
g
fournit gratuitement tous renseignements . Il organise des
excursions collectives et privées dans toute \' Algérie et
la Tunisie , à de parfaites conditions de confort et
d'économie; il adresse, sur demande le programme de
ses caravanes de P aques et son livret-guide illustré .
g
(Prière de Joindre timbre pour l'affranchissement)
~
g
~
(Hôtel-de-Ville)
·g
•
.1
•
g
g
i
.gg
g
0
OoooooooooooooooooooooooooooOOOOOObooooooooooooooooooo000000000000000000000000000 0
g~@)(i}
0
00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 0 000000000000 0 000 0 0 0 0 0
�................................... D istraction s
Sportives ................ ............. 155
à cause de la commoéüté de ses installations et du charme que
procurent au public les terrasses du buffet-bar, d'où l'on peut suivre
toutes les péripéties d'une partie.
Le « Club House )) du Golf de Vichy est le rendez-vous k pIns
select de la station.
Le jeu comprend neuf trous avec un parcours total de
3,298 yards (3 kilomètres).
Le trou nO l part d'un élégant chalet qui comprend, en plus
des vestiaires et magasins nécessaires au Golf, un vaste hall avec
buffet et bar américain.
A côté du Club-House, un Putting-Green et des Jeux de
Croquet.
Le terrain du Golf est ouvert de 7 h. 1/2 du matin au coucher du soleil.
Cotisations :
Pour un mois : Monsieur, 50 francs. Dame, 30 francs. Famille
de deux personnes, 60 francs.
Pour une journée : Monsieur, 3 francs. Dame, 2 francs.
Tarif des Croquets.
Un mois : 20 francs. Une journée : l fra.nc.
Le Tennis
L
Tennis du Nouveau Parc est maintenant un des coins les
plus élégants de la station thermale.
Il est installé à l'extrémité du Parc, juste eu face le jardin des
Célestins. Il comjxend six courts, groupés jeux par deux et séE
Le Tennis
parés par un jaréüll ombragé qui st devenu le lieu de reudezvous de la olouie élégant.e de Vichy. Le fond du jardin est fermé
par un pavillon mstique qui abrite deux salons, un de lecture el
11 *
�156 ................. Guide
de
l'Étranger
à
Vichy ··· .. ····················
LE
Altitude
1,050 mè.tres
<=t:>
CURE THERMALE - - CURE DE MONTAGNE
Eaux hyperthermales - Bicarbonatées
Arsenicales Ferrugineuses et Siliceuses
SAISON OFFICIELLE
Du l or Juin au l or Octobre
Le traitement du
~"o
MONTa
<=t:> . =~I
~
Les Eo.ux du MONT· DORE:
DORE est nettement indique pour
toutes les a/fectionsdes voies res'
piratoires, pour l'asthme,
l'emphysème, les bron=
chUes chroniques, les laryna
gites, les rhumatismes.
.. MADELEINE",
des "CHANTEURS"
"CÉSAR",
'
se trouvent en D épôt chez tous les
Marchands d'Eaux minérales et dans
toules les Pharmacies.
Sia /ion priv ilégiée des E llf anls, des Chanlellrs
d e 1 0 113 les Pr ofessio nn els d e la par o le
mERVI~
S U~EAN
B ~ )~
~
E ;A~!?mOBILE
D E C U ZE AU .- G RO S. - GORGES D' E N FER . - C H E MIN EES D U DIA B LE
VALLÉE D E CHAU DEFO U R
ROC H ES TU I LHIE R E E T SANADO IRE .
V E N DE I X
CASCADES NOM BRE U SES .
L ACS D E G U ER Y.
PA VI N
C HAM BO N .
SE R V I ERES
C HA TE AU X DE M U RO LS , D E RANDA N. ET C .. ETC .
CASINO = = THÉATRE
= ::::
Porc en Montagne du CAPUCIN (1,300" d'altitude)
ll\, l'IIN IC Ul ,AIIU'; V,1. KCTlII QUF, \' IJONr-t, L AGew,",
NOMBREUX HOTELS DE TOUT
f or
···
···
ORDRE (Autos.(}arages)
~,
'Pour tous Renseignements et 'Brochures, s 'adresser :
Au Siège Social de la Compagnie Fermière de
l'Établissement Thermal du MONT. DORE, 8, boulevard Poissonnière, à PARIS, ou à l'Établissement Ther.
mal du MONT. DORE ( Puy.de. D éme).
Eau min é rale
naturelle
r ative
~.
�·._ .......................... ...... Distra ctions
Sporti ves .... ..... ............... ...... 157
l'autre de bridge, et tUl bar où l'on sert les cOllsonuuations les plus
,
variées. De nombre uses cabines, ainsi qu'une salle de douches
de
garage
ml
même
a
y
Il
.
joueurs
sont mises à la disposit ion des
bicyclettes, de telle sorte que l'on peut accéder au jeu en venant de
faire tUle promen ade « à bécane)) sur les belles routes qui entoure nt
Vichy.
Bref, tout a été prévu pour la commo dité et le bien-êtr e des
adeptes de ce jeu charma nt.
En plus des six courts du Nouvea u Parc, deux autres courts
sont installés sur l'esplan ade située au-dessus de la source des
Célestins, à l'endro it le plus aéré de la promen ade, mais c'est sur
le jeu du bas que sont disputés les tournoi s de Tennis qui amènent tous les ans à Vichy les joueurs les plus réputés .
Con cour s Hipp ique
la dénomi qui avait lieu jusqu'ic i à Lyon,
CEconcourdes, Concour
s hippique du Sud-Es t, se tiendra dorénaS011S
nation
vant à Vichy.
Ce concours a lieu tous les ans , fin juin, et compor te des
épreuve s interna tionales.
La réunion du Suù-Es t compre nd vingt-si x départe ments.
Paris, c'est le Concours hippiqu e de Vichy qui est le plus
ès
~pr
Importa nt.
C'est dans tUl vaste terrain, situé rue de la Ballore prolongée,
que se trouve le magnif ique hippodr ome du Concours hippique.
ren errncllt plus de 300 box destinés à loger les chevau x
Les ~cu:ies
admIS a concourir.
. Les opérati ons du Concours hippique, pendan t sa durée, ont
heu deux fois par jour ;
Le matinIà 9 heures, exposit ion des chevau x et école de dressage.
A 2 heures de l'après-midi, courses plates et sauts d'obstac les.
Concours central de chevaux de selle français
par la Société hippiqu e fran ·
la saisou
O çaise, cedepuis
oncours, analogue au Horse Show du Dublin, a ren auprès des éleveurs.
1913
RGANIS É
coutré (iès
1
début le plus vif succès
Cou rses . de Vich y
éleles pr~es
courses sont fréquen tées ~ar
sportsm en, qUl y enVOlent lutter
les favoris de leurs écuries.
Le hamp de courses est situé sur la rive gauche de l'Allier. de
~ y arriven t par
voiture s et les cavlier
l'autre côté du barrage. L~
.
Barrage
du
le
passerel
la
par
piétons
Bellerive. et les
De vastes et conforta bles tri bUlles ont été aménagées depuis
quelque s années ; les spectat eurs y sont à l'aise, en même temps
qu'à l'a bri des ardeurs du soleil.
et août. Parmi
Les courses ont généralel11.ent lieu en juil~t
urs, CItons:
vaInque
aux
s
attribué
nts
importa
les nombre ux prix
PrIX des Rêves d'or, 25,000 francs.
Grand Prix; 100,000 francs.
magJ lifi.ques
CESveurs
et les plus illustres
�158 ................ Guide
de
l'Étranger
1jllJ:)I ~ ~l.
,
à
Vichy ·····················.. ····
{al ihlij: 1
~
par les aommités médicale. do Monde etaU.,.
N'EXIGE AUCUN RÉGIME
P~c.:rit
Les MUecins conseillent: Dose purgative, un verre d bordeaux; dose
fCl%ative, unverre d madère; augmenter légèrement suivanltempérame.nl.
Se méfier des contrefaçons et substitutions et exiger la marque:
Rublnet Llorech, étiquette jaune. écusson rouge.
EXPOSITION UNIVERSELLE DB PARIS. 1900 - Médaille d'Or
!(fD~ojEL"'BiNÏQu;
:· :~·i
f
*
..
TABLE D'HDTE ET RESTAURANT. ÉLECTRICITÉ . TÉLÉPHONE 2.80
..
*
••••• ••••••••••••••••••••••••••••• ** •••••
Faco 10$ Sources, Fttabllssemon t do 1" cla ••• ot , •• parcs
Vasto jardin ombrag6 - Excollont confort
..
..
..
Omnibus de l'TMlel à lous les Irains
~
~
J. MICHELON, Proprié ta ire
r~
CARMÉINE
~
Ëlixitt et :Pâte dentifttiee hygiéniques
adoptés pat< le monde élégant
L :es dentifrices
CARMÉINE donnent
la pureté et la fraîcheur de l'haleine,
a s surent l'antisepsie
de la bouche .
~
~I
1
~
EN VENTE PARTOUT
Dépôt Général: 110, Rue de Rivoli, PARIS
~
~
~
.2® ~
................................................................................
~
~
:
SULFO-RHINOL DU DR FAYES
CORYZAetGRIPPE
Le Tube stérilisé
et guérit le
la
1 fr. 50
~
~
DÈPOT GÉ NÉ R AL : 3, ru e d u QUATRE-SEPTEMBRE, e t toute. Pb arm a oi o s
•
00,.··· ••••••••••••••••••••••••••'•••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••• ~
n
GRAND HOTEL
DU BEAUJOLAIS ~J
4 proxlmlld d.' 80UrO.3 et de. ParoI
[
DIAB~TOUES
E
prévient
OUVOl'l tOlll l'unnéo. - .\ nnOlXO on fll'O l'hO tol. Cond itions 81100111108 pOli"
rumilles. - 'J'Clblo t1'h LU. - 'J'all io do "'l(inIO. - 1\ ·s llluJ'anl.
Man. l'''icil l 1) u lsch. Elcclri ·ilé. Chauffugo (·onll".l1. Omnibus Illous lu" trains
Télllphollo 1 -64.
tl
tl
P . TEREILLE. propr16tnlre .
L.E
SEU L.
paEr~guZl
PERMIS
par
SUCRE
laa
~DULCOR
Médeclna
�.................. ............. ..... Distractions
Sportives .... ............ ... .......... 159
Régates Internationales
CEgenre de sport, de
plus en plus en faveur, compte chaque
aImée de nouveaux adeptes que certaines aptitudes physique.~
désignent pour ces exercices aussi intéressants qu'hygiéniques : la force musculaire jointe à la souplesse des membres.
Le champ de Vichy, plus que tout autre, ré\.Uut les plus heureuses conditions pour être classé l'un des premiers. Aussi est-il
justement apprécié des sportsmen aussi bien que des simples amaleurs de ces fêtes de "itesse et d'agilité.
11 existe à Vichy deux sociétés nautiques, l'Aviron V~'chysoi
et le Club nautique, qLU contribuent pour beaucoup au développement du "rowing" et du "swimming".
C'est au moment où la saison bat son plein, que tout Vichy
mondain et thermal se donne rendez-vous au barrage pour assister
aux réjouissélllce.c; nautiques données par ces sociétés.
El! juillet l' Aviron Vichyssois organise des régates internatio-
Les Régates.
A ssa ut entre Je roi sec el Je roi mouillé
nales ct, ell août, le Clt~b
nautique, un met~'lg
de natation .
Dans 1'\.Ul on peut y voir les llomhreuses équipes de rameurs
les plus en renom, dans l'autre les plus célèùres champions français et étrangers qlU. tous, viennent se disputer les lauriers dans
les épreuves nautiques les plus variées.
D décernés
Tournois de Tennis
Es prix nombreux.
offerts par la Société d~
Casino, sont
aux vainqueurs. Ces concours, qw rétmissent il
Vi hy les meilleures raquettes, ont généralement lieu en juillet.
Ils sont an11011 és daus les journaux SI éciaux.
I
Tournoi d'Épée
e.c;t orgrulÎsé à Vichy, dans la première quinzaine de jlulIet, lm
tournoi d'épée par la Société l'Epée (Salle Mignot, 12, rue de
Milan), qui tient la tête de l'escrime à l'épée et qui a remporté des
prix dans tous les concours. - La Sàl1e Mignot se spécialise dans
l'enseignement. pratique cl l'épée au point dc vue assouplissement
1 hysique et jeu de terrain. - Ponr tous renseignements, écrire
Sa lle Mignot., 12, rue de Milan, à Paris.
L
�à
............................................................................
'160 ........ 1...... . Guide
de
l'Étranger
Vichy ....................... ..
~
LA PARISIENNE
Teinture pour Cheveux
il
lNOFFEN Sl"V E
lNOFFENSIVE
do nnan l J'une fa çon parfaile ioules lcs fein
( ~$
naturelles ':
NO I R, CH ATA IN, BLON D, etc.
LA M: E ILLEURE
LA PLUS RAPIDE
L 'ANTON IN E
LAIT HYGIÉNIQUE
Sans aUCun d é pôt,
donne. au visage in comparable / ra1c ll eur et vc./ou 'é
Enlève boutons, rougeurs, h ti le, etc .
•••
LOTION
CAPUCINES
SPÉCIALE
Degagea nt dia la 1re application le cui r cheve lu de toute pellioule .t in nalJllllation .
A rrôte immédiatement /ll c hut c dcs clwlJcu x .
MÈ DAIL l .E D' OR
•
•
BEAUTE ET HYGIENE DE LA CHEVELURE
•
A1~
; I A " .u
-t- -t- -tAntonin SALVAT &
;
Il '0 11
:: Toules ces Spe'cl·aJl·tés chez'' : : ' 4 . Boulevard des Capucines. PARI
Cie
S
............................................................................~
~
CARMÉ/NE
Élixir et Pâte Dentifrice Hygiéniques
ADOPT ÉS
PAR LE MONDE ÉLÉGANT
00000000000000 00 000000000000000 0
. L es D e ntifri ces
lE
CARMÉINE
1
lE
donnent la pureté el la
fra1ch eur de l'haleine,
assurent l'antisepsie de
la bouche.
0 000000000000000000000 0 0000 0 00 0 ()
EN
VENTE
PARTOUT
DÉPOT GÉNÉRAL:
PARIS -
110, Rue de Rivoli, 110 -
~f4'!
DIABETIQUES pa~:zle
LE
SEUL
PERMIS
PARI S
SUCRE EDULCOR
par
les
Médecins
�.................................... Distractions
Sportives ............ .................
161
Courses Vélocipédiques
'T"'Ous les ans, au mois d'août, le Vélo-Sport Vichyssois organise
vélocipédiques qui ont lieu dans le terrain du Con1 des Cour~es
cours hippique. Les ve10cemen les plus en renom prennent part
à ces courses.
Tir aux Pigeons
L
Société du Tir aux Pigeons de Vichy possède, sur la rive
gauche de l'Allier, en face du Parc des Célestins, un magnifique stand d'une superficie de près de 40,000 mètres clos de
murs. Chaque année, la Société organise, pendant les mois de
juillet et août, des concours importants qui attirent à Vichy
un nombre considérable de tireurs.
Les renseignements sont fournis par le secrétariat de la
Société : 6, rue Sornin.
A
Stand de Vichy
S
en ville même, sur la rive droite de l'Allier, faisant suite
aux parcs, le stand école de tir constitue, par sa proximité
du centre, une importante attraction.
On s'y rend soit par les quais, soit par la rue Louis-Blanc appelée
communément avenue du Stand, en traversant le Sichon, sur un
ITUÉ
magnifique pont en béton armé. A gauche du poni, ('n façade sur
la grande avenue de 40 mètres de large, se trouve l'entrée du
tand; 1 visiteur pénètre d'abord dans Wl petit parc destiné aux
spectat urs, puis Ilsuite dans l'enceinte réservée aux: ti.reurs. Ce
qui frappe, c'cst la disposition qui Ile ressemble en rien à celle
des stands de tir aux pigeons ou de ball-irapp. Le but poursuivi
a été que toute pers ll11e . même n'ayant jamais iouehé un fusil,
puisse, en quel lues l 'çons, levenir Wl tireur émérite.
Pour cela, de grandes cibles mobiles roulent sur un rail à
des vitesses variables; le tireur sachant où son coup a porté par
rapport au point central visé, peut donc rectifier son t ir. Le débu-
�162 .................. ...........
Distractions Sportive s
................................... .
tant tire ensuite sur des ballons, gonflés à l'hydrogène, qui s'envolent
doucement au caprice du vent; puis vient ensuite le Ball-Trapp.
Sur le môme terrain est installé un Stand de t ir au fusil de
guerre. Des petites cibles dc 12 à 200 mètres, un tir au pistolet
automatique, une piste pour pistolet dc combat, donnant sans
danger l'illusion du duel véritable, complètent cette 'installation
que nous pouvons qualifier d'unique en F rance.
Le Stand est ouvert tous les jours. L'entrée en est gratuite.
Toutes les armes modernes de chasse et de t ir sont à la disposition des tireurs.
Aviation
U
vaste Aérodrome, parfaitement aménagé, avec tribunes,
hangars, buffet, pavillons, etc., a été creé en 1909, sur les
grèves de l'Allier, à 2 kilomètres en amont de Vichy.
De brillants concours sont dounés chaque année. Pendant
toute la durée des mois de j1.üllet et d'août ont lieu, ch aque
jour, d'intéressantes épreuves. Cette aIU1ée et les suivantes
verront encore de nouvelles et intéressantes organisations. Garage
gratuit pour aéroplanes.
N
J eu de Boules
P
de la Marine, en allant aux Célestins.
Pendant toute la saison, les al1lateurs étrangers vieunent
lutter. Des Concours sérieux 1I1ettent aux prises les quadrettes,
lyonnaises, clennontoises, 11I0ulinoises, vichyssoises, etc ...
LACE
Les Courses de Taureaux
du Sichon, une Plaza ontenant plusieurs milliers de
B
places. En juillet et août, il y a dcs corrida dc llluerte de cinq
ou six taureaux. Mazzantini, Reverte, Li tri et autres fal1leuses
OULEVARD
épées y
ueillirent de sanglants trophées, aux acclalllations des
Espagnols et cles Méridionaux si nombreux ft Vichy.
Régates Internationales
O juillet.
sur le lac cl'Allier, par l'Aviron Vichyssois , en
Prix importants: Médailles, objets d'art.
RGANISÉES,
Courses Nautiques
Chtb Nautique de Vichy donne, chaque année, au mois
L Ecl'août.
rl'intér ssaut s épreuves: joutes, water-polo, plongeons,
ieux divers, qui sont fort gOÎltées des amateurs.
Rowing
Pont et la Passerelle, l'ALlier forllle un superbe lac'
E d'un lekilomèh
de long sur 300 mètres de large. Rien de plus.
NTRE
agréable que de louer un bateau et de s'y promener paisiblement ,
sans fatigue, car le courant est. pre que nul. On houve près du
Pont des bateaux ft louer à des prix très modérés.
�........... .... ...................... Distractions
Sportives ...... ....................... 163
Natation et Pêche
nous faut
aux amateurs de bains froids, l'établisseI ment
situé en amont du Pont, près du Tir aux Pigeons. Quoisignal~r,
I,
que assez rudimentaire, il offre des cabines, un emplacement délimi té
dans la rivière pour les médiocres nageurs.
L'Allier est très poissonneux: aussi les pêcheurs à la ligne
sont-ils légion et c'est lm curieux spectacle de voir la passerelle
et les alentours peuplés d'une multitude de chevaliers de la gaule.
Les ruisseaux voisins, le Sichon, le J olan, qui viennent des Malavaux et de l'Ardoisière, fournissent des truites excellentes.
Tournoi de Billard
année, dans la première quinzaine de septembre, a lieu .
à la Restauration, un il1téressal1t Tournoi de Billard, auquel
SOl1t cOl1voqués tous les amateurs présents à Vichy.
Des prix importants SOl1t distribués aux vail1queurs de chaque
catégorie.
C
HAQUE
Concours de Jacquet
L
A Restauration organise égalemel1t, vers la fin du mois d'août,
un Concours de Jacquet qui réunit toujours un grand nombre
d'amateurs , et auxquels des prix spéciaux sont attribués.
Tournoi d'Échecs
S
IGNAl,ONS aussi les tournois d T checs qui se donnent plusieurs
fois dans le cours de la saison, à la Restauration.
Les Fêtes de Vichy
E
N dehors des nombreus s représentations de gala organisées par
le Casino et les autres théâtres de Vichy, de grandes fêtes
sont données dans le cours de la sai son thermale. Citons: la Bataille de fieurs (en juillet) et la F ête Vénitienne ( 11 août) que le
SYNDICA'r D'INI'l'IA'l'IVll organise tous le;:; ans; les Fêtes municipales des 14 juillet et 15 aOlÎt; les F êtes de nuit, avec orchestre
et chœurs qui ont lieu lInque semaine daus le vieux parc. (Voir
le programllle p age 27 ).
�164 ................ Guide
de
l'Étranger à
Vichy ······ï ·················
Fondé en 1789
GRAND JOURNAL QUOTIDIEN
10
Centimes
-
le
Numéro
-~
PRINCIPAUX
COLLABORATEURS
~ MI
. R. BAZIN, P . BounOET,F. CUAmms; P . DESCUANEL, député;
R. DouMla, E. FAGU1l'I', E. LAYTSSre , J . LEMAlTl\E, de l'Académie française.
J . BOURI)I'.AU, p . LI!ROy-BE.~UW
A. LlEsslÎ, MASl'lmO, G. PlmIlO'r,
A . RAI.·,' ALOV l CIJ.... EUGÈNE UOS'rAND,
"VllLSCIUNOEII, de l'Institut.
[J . BIOOU , P. tll,UYSI! N H. Bo IUlI':AU,
de CAIX, II. CUAN'rAvOINE,
A. CII"U_IIUX, docteur DAllnAs, J. Om'L'L, A. F ILON, J .-II . FllANKL IN,
Il. GII I':NI1:'L; A. HAL LAY" , n. KœCHLLN, A. Jur, lItN, docteur MAn CIl!L
LAnlllÎ , A . LI'. BIIAZ, J . LHGIIAS, A . MICUEL, E . PAYKN, E. RIl'AULT,
CUII . S Cllln'KR, R Dl! TIIOMASSON, H . DIl! VAII IGNY , D. ZOLLA , dc.
lI.
~
~r;=-.v
}
~ÉD1\GTIOp',
aDfdl'UST~1\IOp
{
·~ . · · . · · · · . ·~ . ~·:
~
~-=t><L
n.
Adrcsse télégraphiquc:
n:tSATS. PARIS
PRIX
DE
~ ·;.:
1
TÉLEPHONE:
J
. · . ··1
17, r. des Prêtres=St=Oermain..1' Auxerrois
11 lignes :
GUTENBERG 03-00,03-010103-02
L'ABONNEMENT
;J
France. Colonies et Alsace-Lorraine.
Union Postale .
Moi.
10Er.
16 Cr.
6 !loli
Un nn
20 Ir.
24 Cr.
40 Er.
32 Cr.
Les Abonnements partent du lor et du 16 de chaque mois. Les
changements d'adresse doivent être accompagnés de la
dernière bande et de la somme de 0 fr. 50.
if
~
~
~
..........................
Le Journal
des
Débats '
gratuitement pendant huit jours ~
III toote pel'BOnne qo~
en feNl la demande .. JI
Bet'a adt'essé
.
HUNYADI JAN OS
~
. Eau minérale
naturelle purgative
�Renseignements
1«
Utiles
JIl
POSTES, TÉLÉGRAPHE et TÉLÉPHONE
("---"'\ ES bureaux de la Poste, du Télégraphe et du Téléphone sont situés rue Cunin-Gridaine, à proximité de
la Restauration. Ils dOl111ent également dans la rue de
Nûnes en face de l'église Saint-Louis.
/(':('
Les guichets sont ouverts de 7 heures du matin à
9 heures du soir (du 1 er juin au 30 septembre jusqu'à
, ?el ~
I I heures du soir). Les dimanches et fêtes les guichets
\._-_ ..1 sont fennés à I I heure du m atin.
Les heures de levée des boites de distribution des lettres sont,
suivant les modifications du service, affichées constamment au
bureau des Postes et sur les boîtes supplémentaires placées à proximité de la galerie des Sources, rue Lucas, au.."r Célestins, place des
Quatre-Chemins, au carrefoùr de la place Victor-Hugo, place de la
Challlue, dans les principau..'C hôtels et à la gare.
Boîte du Casino. - Une boîte spéciale pour les abowlés du
Casino est placée dans le vestibule de cet édifice, à l'entrée du
salon de lecture et de la salle d es F êtes. P ar exception, cette boîte
esf levée quelques minutes seulement avant le départ des express
pour Paris.
Service d'Été 1914. - Pour qu'une letire soit distribuée le
lendemain à Paris par le courrier du matin, elle doit être jetée
dans la boîte avant :
~L
8 h . 40 soir, Casino
9 h . 40 soir, Gare.
7 h . soir, en ville
8 h . 45 soir, grand bureau
Une cabine téléphonique, convenablement agen ée, est installée au Bureau de Poste, au Casino, à la Restauration, a u Casino
des Fleurs, aux principaux Cafés et hez les négociants, aux Bureaux de la Compagnie Fermière et au Journal de Vichy .
La taxe officielle des conversations ave P aris est de 1 franc
par 3 minutes.
~
<:>,)"0
~
Le Commissariat de police est à la llla.lIle provisoire ;
le.
~
bureaux sont situés dans la partie droite du rez-de- 'haussée et
sont ouverts de 8 heures du matin à minuit.
CULTES
SA (NT-LOUIS. - Rue de Nîmes. Me.sses basses toutes les
E'GLISE
heures, depuis 5 heures
du m atin jusqu'à 9 heures
Le
T /2
1 /2 .
dimanche, à 9 heures, gmnd'messe, et à 10 heures 1/4, JI henres 1/4
et midi , m esses spéciales pour les baigneur .
Ecl.lSE AINT-BI,AISE. - Au vieux Vichy. Messes basses toutes
lc ~
heures, de 6 heures fi 10 heures du matin, et grand'me 'se le
dimanche.
�166 ................ Guide
de
l'Étranger
à
Vichy··························
r.~=':;"F?i
~ Château de Lompnès ~
~
(Rlfi) <C> Altitude 900 mèti'es
CURE· D'AI R
@]
~
1
o
o
TOURISME 0 AFTERCURE
o 0 SPORTS D'H IVER 0 0
.......
SLS E
Château de Lompnès, ancienne propriété
des comtes de Savoie, a été transformé en hôtel
de premier ordre. Construit. sur une terrasse de
12000 mètres carrés, au mllieu d'un parc de
t(y
14 hectares, dans la région la plus pittoresque
de l'Ain, entouré par les forêts de sapins, il offre à toutes
les personnes ayant besoin de grand air le repos complet
et des forces nouvelles.
Placé dans un cadre merveilleux, avec ses arbres
séculaires d'une incomparable beauté , baigné par l'air le
plus pur de France, il assure aux familles le site unique,
le coin idéal pour la cure d'air et de repos.
L'établissement, surveillé par un docteur, ne reçoit
aucun malade contagieux.
--4>G<?-:
arl~
o
:
o
MOYENS
D'ACCÈS
0
DE PARtS .. .. .. .. .. Par D1JO~.
AMBÉRlEU. TENAY.
DE LYON ..
Par AMBERIEU. TENAY
DE VICIIY .. ..
Par LYON. AMBERIEU, TENAY.
A TENAY: Service d'auto menont il Lompnes en 25 minute..
o
~
%
SITUATION
0
0
0
d1
A 2 heurCl do LYON. 1 h. 1/2 de GENÉVE. 1 h. 1/2 d'AIX le.·BAINS
o
RENSEIGNEMENTS
S'Adre .er Direction Château de Lompnès,
0
r{~
0
A
~arti:.PDu
0
Il
0
I*~@]
.. LACTOBACILLINE
%
LOMPNES (Ain).
0
Arrangement3 aVec 1113 fam/llu pour 36jou r.
~
0
~
~
~
U
(Voir page 118.)
�................................... Renseignements
TEMPr.E
Utiles .... ... ................... 167
Rue des Thennes. Deux cultes par
semaine, dimanche matin à 9 heures 1 /2 et jeudi soir à 8 heures.
ORATOIRE ISRAÉLITE. -..:.. Hôtel des Colonies, boulevard de
l'Hôtel-de-Ville. Service le vendredi soir à 8 heures et le samedi
matIn à 8 heures.
PROTESTANT. -
JOURNAUX
'T"Ous les grands journaux de P aris, sont en vente dans les
1 kiosques du Parc et chez les libraires.
Le Journal de Vichy, quotidien, a deux éditions dans lesquelles,
grâce à son système d'infonnations télégraphiques et téléphoni~ues,
il donri.e les dernières nouvelles. Indépendamment du programme du Casino, du Casino des Fleurs, de l'Alcazar, du Jardin
de' Vichy, des théâtres et des fêtes, il publie la Liste des Etrangers
et ' des nouvelles ou variétés signées des meilleurs auteurs. Vendeurs spéciaux dans le Parc.
�168 .......... ....... Guide Ide
l'Étranger
à
Vichy
LE NOM DE LA SOURCE
EST SUA L'ÉTIQUETTE
ET
SUR
LA
CAPSULE
Les personnes qui boivent de l'eau de Vichy
doivent avoir soin de toujours indiquer la source :
~
~
VICHY .. CÉLESTINS ou
VICHY =GRANDE .. GRILLE
ou VICHY · HOPITAL
= m= é = f = ie = r= d = e= s= s = u = b = Sc.: t :. i =tU = t = i =o (~ n ~ s _.6'"-=~
�.......................... Guide
de
à
l'Étranger
Vichy·.. ················ 169
,fo~-
PRINCIPAUX HOTELS
DE VICHY
I~=O
~
0
0
<$-
0
~
000000
g GRAND HOTEL d'AIX et de CHAMBÉRY g
g
6, rue Luca. et rue Alquié, en face de lB pt1rlc monumentale du nouvel Etablilsement de. Sources et des Parcs. Conf. modo Vaite •• lle b. mang., festounat
da 1 er ordo T ab le de rég. apéc. pour mulades. Lum . él ecL Calorifère. Tél. : 1·4.0.
Prix modhés, Ouv. toute l'année. Omo. à t. les h. - A. MODANEL, prop.
g
o
~
o
:
:
0
:
0
HOTEL ET VillAS DES AMBASSADEURS
g
~
:
G. ROUBEAU, Proprié1alre. Situé au centre dOl Parei, prèo le CaslDo.
g
CIlAUPPACll CINTRAL. -
g
Ouve,.tdu
o
A.SCHNSBUR. -TsL:épnoNI. _
1.!S MAnS
AU
1.!S
:
DB lU ORORD.
:
:
NOVI~MBRE
0
HOTEL D'AME' RIQUE
BOULEVARD NATIONAL
su r l, Nouveau Par<
Belle .ituation prêt dei Bains, det Source. ct du Catino
o
~
o
g
~
g
ASCENSEUR, CUAUFFAOE CENTRAL, ÉLBC'fRIGl1'É, SALI.ES DR BAINS, INTERI'R*TBS
RESTAURANT _ Mm .
GERMOT,
RÉGIMES
g
GRAND HOTEL DES BAINS
0
:
0
:
:
""o"",_t.,,,•. -
o
:
0
g
En face le Paloia de. Source s ct l'Etabli" ement de Ir. cl. Cuisine renom .
Grand Jardin. Téleph. Alccns. Lum. élect. Font. lum . Gouge. Service automobile à tou s 1•• train •. Ouvert tau 1. J'annee. - DUITTOZ-JURY, prop.
o
g
o
o
0
g
0
0
o
0
.g HtlTEL BAY!RD ET DE BOULOGNE Rue J1 :'irT):s g
g
g
EN FACE LA SOURCE, LES BAINS LARDY ET LES PARCS
){ai.on fecomm. par 8a bonne tenue ct 80n confort. Service de régime. JardlD
ombr.ge. Electricite. Garage. Om." . h 1. les tr. Prix; de 7 fr. et 7 fr. 50 par jour.
L LEGER. propriélaire.
g
o
GD HOTEL DU BEAUJOLAIS SourCil
Apmimil6 des
g
eldel Part.!
o
:
o
g
:
0
:
g
Q
0
f.m~:roTlb'
~DTbt:
'*'
: é~'
: . Ô~
. R.I~:rn
i
.~1:
g
g
Deutach. - Electridtc. - Chauffage central. - Qmnibus l tous ICI traioll .
Téléphone 1.64
P. TÉREILLE. propriétaire.
go
GHAND HO'fEL DU BEAU -SITE ET D'OCÉANIE g
o
o
g
g
o
o
g
~
0
a
Situé lur le square de la Marine, entre les deux ParcI, l 100 m . do la source de
l'Bôpital, prh le Cuino, la P osl. et 1. Télégr.ph •. M.ison rocommaoù';o pu .on
confort ct 1. modicite d •••• pri!. Chnmbr. et gens . , 6,7 ot 8 fr. p. j. IntcrprHe.
Électricité. -
Out/ert loute l'onn66. -
0
:
g
E. DESBENOIT. pl'opr.
u
0
o
g HOTEL BELLEVUE •
g
g
o
JARDIN -
..
Sllr le Parc.
ÉLECTRICITÉ -
Peml.n de famille.
TÉLÉPHONE 2-75. -
0
i
VICHY
..
A. MIANET.
:
:
0
g HOT EL DE B LOI S
g
~
:
o
~o
17 ot 19, Ru. d'Allier
A 50 mètres do. aain., do la lource de l'H Ôpital , de. Parcs ct du Casino.
Rccommundé par 10D con!ort.- Chambre ct pen.iun depuis 5.~o
et 6 Ir. pur jour
Eloctricité.
L. GENETTE, p'·Opl'ictuirc
0
g
0
°00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000°
GUIDES
CONTY
"VICHYENPOCHE"
Il LE CENTRE"
1.50
3.»
EN VENTE
PARTOUT
l ')
�170 ................ Guide
l'ttl."aDger à
de
Vichy··················· .. ·· ..
000000000000000000000000000000000000000000000000000000oOQOOOOoo
go
g
Principaux Hôtels de Vichy (Suite)
0
o
0
g Grand HOTEL de BOURGOGNE ~
g
o
g
g
o
g
:
BD face l'Établiuement de Baia., TUC Burnol, donnant sur le Parç, li 100 m. du
CUInO, de. Sourcel et de. Postel, nouvellement traosformé au genre moderne.
Lum. étoct. - Prix: 7,8 et 9 ft. par jour. Omn. à t. 10. tr. On loue egalement CD
meublé avec liberté de prendre le. repas en debor. de l'batel. - GALLAND, pro
0
g
gg
HOTEl DES CfolESTINS
[.
o
g
o
CENTRAL HOTEL VICHY
g
o
g
~
g
!g
o
a
~
g
o
I!o face la gare -
I!otlhemeot o.uf -
Table d'hôte -
Oornler conforl modern. A.cco.eur - Electricite r'Upholle 1-24
g
g
g
Restaurant -
gg
l
g
o
g
0
I~ :a.'c d .. ~élc.tios,
prOXimite do C.t1DO
Sur
et de.
Source •• - Nouvel1ement agrandi et re.tauré l neuf. - Jh:cellent confort. Situatioo lIiDe et _greable - Blectricltô - Téléph. 8-09 -l!ngll.b .pokco.
Omoibu. l tOUt 1.. traio •. - BRUN, Michel, propriétaire.
g
g
0
g
g
OR7\ND UOTEL BRITANNIQUE, Rue Lucas
FJce les Source., l'ftabliasoment do l n clanc et le$ Patc •. - Valto jardin ombragé. Excellent confort. - Table d'h&te et real.arant. - Rlectricité. Télépb. 2 80. - Omnibu.l tous le. traiDl. - J. MIQHELON, propr.
g
g
g
g
0
g
0
g
0
g
g
Ouvert tout. l'aoDé.
RÉGIMES
100 chambre. T C F el apPilrlomonl, pour romW..
Chauffage cenlral -
+
Salle de bains -
Garages
g
POUILLIEN, propriétaire.
0
llOTEh DES GallRlVIlhhES ET flllVIlhTllh ~
i, rue du Pont -
g
0
g
g
62, 64, 66, Boulevard National
Sur lcs nOUvoaux PareI. - Nouvellement .grandi. - Confort moderne. - T.bl,
de régime - Prix modéré •. - Eleclricité. - Omnibui • toua Je. tr.inl.
T~Ipl1o"<t
2-99
.... TIXle~.
proprJUa.lre.
0
g GRAND HOTEL DE LA CLOCHE B~i:ARf
g
g
g
g
g
g
g
Vue Iplendide .ur le. p.rc., l 100 mètre. du Ca.ina. - ~lectridé.
- Confort
modorne. - Telépbone 2·88. - R .. tauront Table d'bôte. Tabl •••• paréc..
T.ble. r~gime.
Penlion depuis 9 fr. par jour. - Omoib ... loua lu trainJ.
L. d. MOURGUES. propriétaire
o
o
o
0
0
!g Grand HOlEl des CONSULS & SAINT-JAMES
g
~
o
~
ElectricHé. -
Omnibu, l tous le. train •. -
g
g
NIJuveliement .agr~ndi
cl meublé l neuf. - Erccllenl conforl moderne. - Tabla
Pen,ion depuis 7 fr. 60 par jour - R •• taurant - Vasle
d'hÔI •• t de ré~ome.jardio. Elcclr. HI"pb. Omn. A tous 1•• Ir.
V .. MrOIlEL DALBON, propr.
o
g
g
o
g
o
g
g
g
o
"0
~
g
g
g
Lep/,AIX, propriétaIre.
HOTEL de la COTE-D'OR et d'ARGENTEUIL
o
0
Place de la Source-de-I'Hôpltal, .n Cace le. Baio •• 11. Casioo,
.ur le Parc. - Prix depuis 7 fr. par jour. - RI!STAURANT, Télépb. 2-54
g
~
g
Pla.ct <lu Cl1itea.u·<.t·Ea.u. A proxl"'t~
0
g
g
g
0
g
<les Source..
0
Hôtel DESFARGES & NOUVEAUX PARCS ig
Seul attenaot A 1'1l1.bli ... ment thcrmal de ,,, cl ..... - Enli~rem.t
~duiré
A
l'olectridte. - V .. t .. jardin •. - Ttléphone. - Auto·sarage. - Grand. appartement •• - Condition •• péciale. pour familles. - Toutes facilité. pour le rcgime.
V"
1)l·;Sfi'AIHil';S,
g
0
g
propriéLnlro.
a
g
HOTEL des DEUX-f\ONDES
g
0
g
Pla.ce de la Source de l'Hôpital et Square des Nations.
Recommandé par 'on onr~lc
et lA honnc tenue. - "'.h1c d'bÔte, RCAtaurant
lou. le. r';Ki~e
•. - Jardon •. - Flectridtô. - Téléphone 1.88. - Autoh~
11 lou, 1.. Ua,n..
C. COMBRISSON, ch.r de cui.ine. propric'Iairc.
00
°000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000
GUIDES
CONTY
"VICHY EN POCHE"
Il
LE CENTRE"
1.50
3.
Il
EN VENTE
l'AHTOUT
�......................... Guide
de
à
l 'Étranger
Vichy·················· \7 1
' 0°0 0 0 000 000 00 0 0000 00 0 00 0 000000000000000000000000000000000000 0 °0
g
g
Principaux Hôtels de Vichy (Suite)
o
0
o
0
g VILLA des DEUX PARCS et du MAROC g
g
g
g
g
o
~
g
g
o
o
o
g
g
g
g
g
Rue Peti~
e~
Rue Alqui é
Belle situation près des Bains , des Sources et du Casino
:
Chalet Aline, ind épendant pou r famiJl . s. -
:
g
ASCENSEUR, ÉLECTRICITÉ, RÉGIMES, CHAUFFAGE CENTRAL
HOTEL FÉNELON
M O" GERMOT, pro)).
ET DE
ig
0
NORMANDIE
Pra. la Source et le. Bains d e l'Hôpital.
Cli ent èl e choisie. _ Prix modérés. - Table de ré g ime . - Se rvices po r ticulien.
Electricité. - Téléphone 3·57. - L BA~D1
AU
X , propriét aire.
:
0
0
CASTEL FLAMAND
0
Près le Ca.ino et lei Parc. .
A LOUER en tot.Ji té,
pnr Appartement! et Chnmbrcs seporées. - Grand confort. - Enu chaud e
ctftoide dan s toutes les Chambres . - Solles de B:lÎns.-- L . COLLET, propr.
:
:
g
g
o
0
~ Vlltltll de fhOnEnCE et llOTElt de lYlUhllOUSE ~
g
g
~
g
o
~
a
g
1
Man sprlcht De utsch . -
HOTEL de GENEVE .:~n
a
o
~
g
g
g
o
o
o
"
Cuisine renommée . - Régime
Jardin . - Garage . - Lumière électrique.
0
g
g
0
0
l ? 6 Ed ~ ' ~ I~ I ~ e •. g
0
g
g
0
HOTEL DU GLOBE - VICHY
~
MéDAILL E DU TOURINQ-CLUB DE PRA NCE
Ta ble d'hôte . • ROl tau r.nt .• Table r<sime . • Electricité. - Ch ouffage central.
Atten.e ur.• Sa li .. d. bain.' Ga rog •. - Té l. 1.35. BOURDIN. pro))r .
HOTEL do la GRAND&-BRETAGNE et OU&&1'8 HOTEL
o
o
A. MURIS. propriétaire.
0
g
g
g
RVE DE PARIS, il proximite de la Gare el dee Sources, ouverl toute l'annee
~
g
g
~
]a
g
o
0
GRAND
HOTEL GALLIA
Avenue de
Gare . - Prês le Ca.i no et les Source •. - Élcctri cite.
Garage. - Télephone. - Table régime. - Pen sion de pu is 7 fr. 50 par jour.
Omnibus à tous les trains. - V euv e RA NDIER , propri ê t ai r e.
g
g
g
~
g
MARTIN. Propriétaire .
g
o
o
g
Rue de 1& Chaume et place du Château-d Eau t au centre des Sources.
Re.tauré A ne uf. - Trè. recommande par son confort. - Lumière électrique. P ri x modérés. - Vas te jRrdin. - Omnibu s b toua les train s.
0
0
0
~
g
g
Remi. l neu f•• Situ ation unique .t incomparable da ns un vu to parc, près de.
Bai n., Sour ce. et C .. ino. · Cab inets de toile tte à eau chaude .tfrold e.· Régime.
0
0
0
D
g HOTEL' DU GRAND CONDÉ g
g
g
g
g
g
12, Ru e Des b r ets - VICHY (Pr!. lu an m •• 1 l·th bll",m.ol'. premlir. cl .... ).
excellent conrort, 58
5 0 recommand o specialemen t nux familles par ~on
bonne tenue ct 10 modicité de ~C$
ptiJ'. - Se rvice de régime. - Jardin o mbragé, E1ectrici té .• Téléphone .. Omnibus à toua lei trains.' CAR TAILLER . Prop....
~
g
g
o
0
g GRAND HOTEL DE LA GRANDE GRILLE
g
& REGINA HOTEL
o
g
0
0
En tre lcs baios de Jr. ct de 2' CI:UIIC, en face Ics .ou rces, lur le Porc.
Rc. t.u ré l neu r, - Service spécut! pou r régimes. - Lumière elec lriqui' ,
Tiléphon e n' 9~. - Omn,bu.' 10UI 1" trains. - J. GRANDVAUX , pro p ....
g
g
0
g
,,0
° 000 00 0 00 0 00 00 0 0 0 00 00 0000 00000 0 0 00 00 0 0 000000 0 00 0000000000000°
GUIDES
CONTY
Il
VICHY EN POCH E "
.. LE CENTRE"
1.50
3.
EN VENT E
1',\ Hl0UT
�172 ................. Guide
de
à
l'Étranger
Vichy··························
000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 0 °0
:o
Principaux Hôtels de Vichy (Suite)
o
: HOTEL DE GRIGNAN s~\rt8:É
Prix
partir
l proximité des Sourcee, des Parcs et du Casino. - Compl~ternc
neuf. Confort moderne.
SaUes de Bains.
modérés.- A
de JO francs
par jour.
MU" GERMAIN.
GD HOIEt
DU
HAVRE
ET
NEW-YORK
STR~
.ur les Parcl, l 40 mètrel du Casino. - Entièrement re construit • neuf ct
considérnblement a~Tndi.
- Excellent confort moderne. - Table d'b6le et
de régime. - Cui~tne
soignée. - Ascen.eur. - Toutes les' chambre. avec
cabinet de toilette à eau courante chaude ct froide. - Salles d~
bains. Auto-garage. - Télephone. - L. THAUREAUD, propriétaire.
o
••
le Parc, en face le Casino
••• HOTEL H EN RI -IV sur
et la source de l'Hôpital.
•• Entièrement re.taure et meublé à neuf. - Recommandé
par Ion confort et la
de .es prix. - Restaurant il prix fixe et à 1. cnrte. - Tables régimes.
••• -modicité
Lumière électrique - Omnibus A toua le. trains. - Téléphone 4.08.
•
C. FRADIN-QUENAULT, propriétaire.
•••
• ~TEntilIOh
aOTEh etHSTO~Il
PllhliCE
• En face le Parc elle Ca.ino. - Chambres avec Lavabo •• courante. Apparteo• ments compleh. Snlles de Bain •. - Table d'hÔte par petites table. et table. de
o
D
CIU
..
régimes. - A.censeurs. Jardin. d'Eté ct d'Hiver. Cbauffa$c central. Garage avec
fosse nttenanH l'hôtel.-ACF. AGA. TCF.- Villa pour ["mIlle. SOALIIAT, prop. TIl. G8
o
D
o
liOTEÙ et VIùuA des ùIùAS
D
•
D
o
o
o
35, AVENUE VICTORIA, prh le Palais des Sources elle lIouvel ElnbliBlsmsll1 de Bains
o
Recommandé par .on confort. - Entièrement éclairé à la lumière électrique.
Téléphone - Table d'hôle. - Table regim •. - R •• taurant. - Gaug•.
Grand jardIn ombrag., - Omnibus de l'h6tel. - p . Genête , proprietaire.
o
o
D
o
o
o
GRAND HOTEL DE LONDRES
o
o
BUllldvnrd d. l'Hdl,l·de· Vile.
VICHY
Entièrement remit à neuf. Au centre de. Parcs cl Source., en face le Cuino.
T~hle
d'h6tc. - Re.taurtut. - Service pilrticulict. - Agcocemcnt unitaire.
D
o
D
o
o
P.RIX ",IOnnR.'S- VASTO JARDIN -#LnCTR'I~
D
TI\r.RPJlONR
L. RERTHON, Propriétaire.
La Maison ft'a IMf cfl pistllllr.
"o
GRANDS HOTELS
DU LOUVRE & DE REIMS
200 Chambrss et SaloDs - Tôléph. 1.44 - Eleclrlclté
11
••
•
D
Ouverts wule l'année -
•
Au ccntrodcs a(fairc8.·Rendcz.vou. ùe MM. 10. Voyagoutl de commerce.Appartement. pour fa mi Il CIII - Chauffage central lan. augmentation de priJ:.Table d'hôto at Ro.tnutont. - Service spécial pour le. cauues. - Salle il manger
de '50couvcrt. pour Noce, et Banquets. - Omnibus ~ tau. Ica train.,
J.- B . TEISBÊ'RE, propriétaire.
•
..o••
..
GRAND UOTEL LUTÉTIA
Sur lei •. parco, ~ .0 mètres
du CUI no, ruc Strauss.
Construit et moublé .. neuf, ~ Confort moderne. Toute. 10. chambres avec pen~
tlcrie et toilette h cnu courante cbaude et froide.· Table d'hôte par petitea lablo •.
Tou :. les régime •. - Re.tilurnn1. 11 H11 Ascen~ur.·
Salle. de Baiol.· Telêpbone
ChlluH,IKe central
11. VACHET , cbeC de cuisine, propuetnirc.
g
0
0
i
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
g
g
~
0
0
~
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
o
HMelde tout '''ordre
Recemment
ESTIC
PALACE
MAJ
Toute. le. Chambrel il couch.r ont •• Uel de b.ins ou cabinet. de toilette * g
e::tu courante chnudc el froide. - Magnifique Rc.taurantbl·uD des plus heaux
..
:
•
:
~
0
con~trui.
ALETTI,
d'Europe.
0
g
irecleur.
: HOTEL MAGENTA et VILLA TZAR.INE g
•
0
g
i
8°~r·;e
Face Je nouvel Et.bli"ement et le. Sources. -
;u~.ac
J:r~iRnbl;
!:;~n
'l, train •. - Gouge. . Téléphone 0'92.
Confort moderne, lavaùoa A eau
~éngliseb'
;o~!':,rtnlip
propriétaire.
LESB~,
g
g
00
°00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 0
GUIDES
CONTY
Il
VICHY EN POCHE"
Il
LE CENTRE"
1.60
3.
»
EN VENTE
PARTOUT
�.......................... Guide
de
l'Étranger
à
Vichy···················· 173
0°0 0000 000000000000000000000000000000000000000000000000000000°0
o
Principaux Hôtels de Vichy
g
o
a
a
o
g
o
o
g
g
g
o
g
a
a
a~
g
g
0
a
HOrEL MASSE' NA
a
g
g
HOT EL DE MENTON
g
a
GRAND HOrEL DE MILAN
0
0
fac:~oiure.
g
a
HOTEL MOLIÈRE ra~lec1o
g
g
0
g
Sur le Pare (Jes Céleatins. - Au centre des Établissements thermaux e t do s
Sources. - Confortable pour familles. - Jardin. - Restaur.1nt. - RégIme. _
Louis VIZIER, propriétaire.
Ele ctricité. - Téléphone 1.91.
g
g
o
0
0
DULIGNER, propriétaire.
Omnibus à tous les trains.
eo
Entièrement remis à DeuI.- Excellent confort modcrne.-Appartcments completa
pour Eamillca.- RcstauTont.- Tables d'hÔte ot de régimc.-Lumière électrique .
Chauffage cent r al. - Sane. de bain • . - Grand garage. - T.léphone.
Omnibus à lous le. train..
P. OLI~ER.
propriétaire.
o
a
g
PlacedudParc
e laetMarine
Au centre
Jes Sources
Près le encrino
Nouvellement const ruit. - Maison de tout premie r ordre. - Table d'Hôte et
par petites tables. - Tables de régimes. - Entièrement écLliré ~ l'élt:ctricitê.
o
g
0
(Su ife)
ag
g
0
g
g
0
g
0
g
Maison recommandée aux familles par sa bonne tenu e et sa situation. Complè·
tcmcet remis:\ neuf. Confort moderne by~iênque.
Lumière êlectriquedans toutes
los chambres. Tablc d'hôte, services partlcuHera. Tables de ré~ime.
Omoibus il lou. le. trains.
MOURLON, propriétaire.
g
g
g
HOTEL DE NORVÈGE
g
g
Chambre ct pension dep. 5 fr. 50 par jour. Réduci. pour ""mille.
D ESCHAM PS, propri é taire.
g
g
o
g
g
Q
g
g
a
a
g
g
g
g
entièrement remis à neuf. -
o
g
a
NOUVEL HOTEL CARLTON
a
g
De.~'r;i!a:d,
g
g
g
g
g
Appartements aVeC tout le confo rt moderne. - Vaste jardin ombragé. - Restau rant avec terrasse. - Garage avec box.
Directeur: Frédéric IlAlNZL. - En biver: Hôtel dcs Pins, à CAr\NES.
a
Près des Sources ot du Casino. - Sc recommande spCcIl.kmenl •• ux
ramillel par son confort; so. bonne tenue.: et Iii modicité Je 8CS prix. - Service de
J ardi ns. Reduction pour L.mille.
r é~imo
très 10iRné. --
!
~
g
Ch:unbre ct pension dcpul!II b fr ç..H jour. -
0
g
JEUNET-ESSER'TEL, propriétairE".
~ Grand Hôtel de la Paix ~ ·r o~rêa
~
g
0
~ HOTEL & VILLA D'ORAN C~R;t3T
g
Q
Près des Sources et du Casino.
o
g
0
Y
Sur le Pure, ent.re le Casino et 10 palais des Sources. - Entièrement
remi •• neuf. Confort moderne. - TAbles d'hate par petite. table. et tdblos
de régime . - Restaurant. - Vaste hall. - Villa annexe pour familles.
a
a
!
~
~
g
a
!g BOTEL DU PALAIS & DE MARSEILLE !g
g
a
g
o
IJrès dos Parcs, dll Casino et de~
Sourccs. - Table d'hÔte. '- RcstJuService particuli.r ct de régime. - Téléphone i - 36. - GoHnge. Confort modorne. - Salles do bain..
S. habla "par'ol.
GUIGNABAUDET, plopriétnire.
(lOt. -
g
a
g
!g HOTEL PARADIS & DE BEAUSÉJOUR !g
o
o
g
0
En face ,'Etabllsl1emcnt de.'" Bail/S. - AgrAndi et inslallation moderne.
-Efec1 ricitcL - Table d'h6ic.- Petites tablcs.- Cuisine de regimc et regil1le
vegélarion.
D. 6.50 il 8 fr. par jour.
Se "abla "P""ol.
lIIARZO, propri éta ire.
°000000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 0
GUIDES
CONTY
Il
VICHY EN POCHE" 1.50
lA LE CENTRE"
3. Il
0
a
g
°
EN VENTE
PARTOUT
�174 .. ·················· Guide
de
à
l'Étranger
Vichy·························
0°00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000 °0
o
Principaux Hôtels de Vichy
go
0
g0
(Suife)
o
0
1-'\U PADe
T~
~.1
.LI J.J
~
§ UOTE
o
o
MaisoD de premier ordre,
§
o
~
Gunl.ia ct petits appartements avec sallr.. de bains. - Cabinets de toi lette
avec eau .:haudc et cau froide.
ALBTTI, directeur.
g
g
g
Près les Sources, sur les Parcs. - Enti~rcm
~
HOTEL DE PARIS
0
d'excellente réputation.
i HOTEL ET VILLA DU PARC LARDY
o
confort. -
g
Gl1r8~e.·-
g
o
go
Service de regimc. -
Se hab/.f l'Jpaiiol. -
0
.Rue
0
0
dl~imcs,
~
remi, ~ neuf. - Excellen t
Lumière élcctriqac . - Jardin ombrage. -
~
RUE DESBRETS
g
0
g0
au c"ntre de la ville, à proximité des Sources, Bains et Parcs.
Entihcrncnt meublé l neuf avec
toul
~
confort moderne. -
Cuisine de régime.
Lumihe electrique.- Omnibus alou. le. trains. C. MORAILLON, propr.
o
go
g
o
VillA DE PASSY et PAVillON BOIS
~ c~:leSi.AéaV;s
E~:!iSlC\Jrn;t'd
0
~
g
0
tricile. - - 'feléphone. - Table d'hôte. - Service particulier. - Cuisine bourJ nlcrp~t.
- Omnibus.
gooiac . - Grand jardin. - Prix trè. modéré •. -
o
HOTEl DU PORTUGAL S\~r:Eet
lou. le. train..
~
g
~
o
g
o
g
r e.f~i:
g
g
g
g
g
EIIglif/I spokll".
0
g
g
Mit. Marle BOIS, propriétaire.
0
~
g
}:"ce le nouvel Etabliucrncnt thermal et le. Sources. - Confort moderne. Cabinets de toiletta cau courante chaude ct froide. - Nouveau Restaurant.
~
RéKime •. - Chambre et Penlion depuis 9 fr. par jour. - English spok.n. Se habla r panaI. - Omnibus il lou. lei troinl. - VERRELLE, propriétaire.
0
g
en
0
DOTEL
DES PRINCES ~c:
~!NO
§
g
g
r econltruit et meublé . Deur.-Grand confort moderne .• Appartements
g
EDti~rcmnl
o
g
o
g
o
Ivec .. Iles de bdins. -Chamb rel avec cabinet Il de toilette li. cnu courante, chaude
et froiüc.-To1ble d'hôte par palttcl tablai ct tablel de réllimc. - RC8taurant Ala carte
et.l prilfixa . Chauffage eenlral.-HaJI.-A.ccnlcur. -lC:1éphone.
H . COFFIGNE"AU, propr.
0
g
0
g
0
g BRAND HOTEL DE PLAISANCE ET DE BELLEGoUR C~ol·I.;Sr:
I!:_, gg
g Hôtel de8 Etrangers (Annexe) Remil Aneuf. a .in. '.t 1•• POlt.~
.-1 hÔtel conltruit en matériaux incombultiblcl, - Confort moderno.-E lcc. 0
o
g tri cHé. Alccnleur. - 'félêphone O.OL - Calorifhe. Cbeminéel. - Huu g
o
cbaud •.L tau. le. étage •. -
Chambre noire. -
Auto.Garage. -
Tabl. d'h6to.
o
HOTEL DE PROVERCE ET VILLA D'AMIENS
0
g - RcJl;lurant avec vue .ur le parc. - Chnmbre cl pension de 8 lA 1 '1 franci pujaut. g
g Omnihu' 1 toullel trainl. - Se mener de. ri.t.urs. SERVAGNET, propr. g
g
g
§
o
AVENUE VICTOR.IA. -
~r7:
~n;ièPhOxl.8
d .ré
•• -
L~;:"
0
g
g
§
S. recommande par 'OD confortAbl •• 1 Il
· ~d
nR
T. ~;:6tl!'
le.
~ HOTEL DES PYRENÉES ET DE L' AIGLE-D'OR ~
ct..... .
0
g 21, Avenue dOl Oygno., .ur 10 Parc, prh 1•• Source •• t l'l!labU.. emenl de g
o pr.miho
Table d'hÔt. ct d. régi m •• - Re.tauranl. - Ble.tricile. 0
g
g - COrAM •. - Omnibu. a lou 1.. Ir.lnl.·· TélephoD. 278.
g
g
P. GR.ANET, prop ..16ta .... e.
o
0
HOTEl
DU REGENT ET DU BON LAFONTAINEla gg
gg .ur
le Parc. I!n Cace la Source de l'HÔpital , lu RCll4uration, 1. Cui DO, pr~1
o
g
~
Mai.on re commandée, do 7.10 fune. par jour. - Reltaurant
Ornnibu. l tOUI 1•• trnin •. - Téléphone. - Lumibe éleclrlque.
MIGEON Fils, proprl6talre.
Nouvelle Po.te. -
de
,er ordro. -
0
g
00
°00000000000000000000000000000000000000000000000000000000000°
GUIDES
CONTY
Il
VICHY EN POCHE" 1.60
"LE CENTRE"
3.
EN VENTE
PARTOUT
�_....................... Guide
Vichy ····················175
à
l'Étran ger
de
0000000
0°0 0 0000000 0000000 0000000 0000000 0000000
g
0000000 0000000 0 °0
g
Princ ipaux Hôtel s de Vichy (Suite)
o
0
0
o
!g " " RO YA L HO TE L gg~
o
à la Poste
Ascen.
0
g
E. BOURN AT. propriét aire
g
HOT EL RUH L
o
~
~teDa
Sur le Pare -
Restauran t. - Tables d'Hô le et de Régimes. - Confort moderne.
.eur. - Téléphone . - Eloctricité . - lntorprète s.
g
a~
1:~lec
de la place de l'Hate"c.V~
g
Pron)e" ...<le <les
L'Hiver ... l'flee. -
a
ga
LE PLUS LUXU EUX
Emplacem ent unique sur les jardins
Pires. - 350 chambre. ,
n:~ux
g
g
... ls
AJ)~I
! HOTEL DE RUSSIE ET DE LA MÉDITERRANÉE g~
o
g
ElecttÎcité . -
Excellent confort. -
PA\TILLON SE' VIGNE' ~nie
go
HOTEL et VILLA du SPORT et ~:a
o
g
0
g
0
g
g
0
0
~
L:';~lIe
ent hydrothér apique. A 150 m. du Palais.des Sources et du nouvel Etablissem
du Ré:CIMB
Pension de famille. - Applicalio n speciale
s de la SocicHé des Sciences médi..
ALIMBNTA IRB DK VICIIY d'oprh lC8 indication
x. - Electricité . - Omnibus à tous le! trains.
avantageu
ents
cales. - Arrangem
g
o
Q
g
HUBER.T, propriéta ire
g
a
THE RM AL PAL ACE ::
a
g
g
S.. I.Parc ::
oa face J. Ca.la.
g
g
a
a
HOTEL OES THERME S RECONS TRUIT
300 chambre .. , 300 salles de bains. 300 W.~C
dan. toutes lcs chambres. - Vacuum. -
o
g
TOUT ES
a
VICHY:: HOTEL
o
LES
g
g
0
Chambres meublees. -
o
0
scfparé. et aérée. - Tcléphone
Chaurrnge central. - Electricité .
LAN GUES
g
0
0
gg
0
g
0
g
de.
Au centroà deux
2)aulet/aetrdElab1i~semnt Carnot. - thermaux,
S~urcs
minute, du Ca8lno. Confort moderne. Restnurnn ts regime..
LAvabol:\ eau courante. - Ascenseur . - Le 8eul.yont des
tel ", Le Trayaa
Prix modéré •. - Omnibus Atou.I •• tuin •• L'hiver" Baterel-lIô
gg
o
~
0
de,,!cure de 1. marqU18e de Sevlgné. - Nouvel.
'foutes les chambres avec
lement re.t.uré. - Salle. de bains privées. Pavillons inde pendants situés dans
cabinet de toilette 1\ eau courante. l'immense Parc de la. maison.
o
~
0
Omnibus à toua Ica trains.
GONDA UD.BOR DET. proprIét aire
g
~
Prix modéré •. -
o
o
g
~
a
et le Parc. - Tobie
12, rue du Pont, prh la Source de l'HÔpital, le -Casino
Service. partieulia u. _
d'hÔte el par petites tables. - Tables régime.
o
o
GUiCHARD.DOYAT, Prop.
g
(entre Cannes et SainI,-Rapha61).
g
Table d'hôte. - Petites
Croide. - Salle de
fable. ct de régime. - Lavabos ~ .cau courante, chaude et
. - Yaste
baio •. - Cbauffage ccntral. - Eloctricité . - Garage. - Teléphono
e: 1.69,
Téléphoa
•.
troin
les
terr ... e. - Jardin. - Omnibul à tous
o
R HO TEL
WI NentDSO
g Nouvellem
construit. - ConCort de premIer ordre. -
o
g
o
g
~u
0
g
g
cR:~eSInur
0
g
0
g
André CARTO N. propriét aIre
0o~
~O?o,c
~O.
n
o
0
o
0
)o~.ct&
GUID ES PRAT IQUE S CONTY
gg
0000000 00
1 fr'50
00
~o
g Vich y en Poch e.
0
o
o
0
0
o
0
gg Le Cent re. . . . .
gg
~oOD.
gg
~of'Ii:JA.
~~
Il
•• ooooooooo ooooooooo ooooooooo oooo0œJ
BN
YBNTB
.
,
0
0
0
gg
0
0
0
0
0
gg
0
PARTO UT
0
0
0
3 .» g g
gg
Ir
\1
0
8g
00
0
�pri::::=:=:-:'
l::=::::::c=mandées ~
176 .................. Guide
. ~ ' ~s:-e
l'Etranger
AGENCES D'ASSURANCES
l'ue de P aris.
avenue de la Gare.
BOUI LLE, 72,
BOUII,LÉ, 19,
AGENCE DE LOCATION
B OUCULAT, 10, rue BurneJ.
AGENCES
VOYAGE
~E
BANDAGISTE
7, rue Dejotlx.
BANQUES
Paris.
CO~JP',fom
,
25, rue de
U'ESCOMYrE, 24,
Gridaine.
C~lni-
rt,e
CRÉUl'l' L YONNAIS,rue de Nt1'lles.
SOCl,(,;',fÉ GÉNÉRALE, 1'. de Nfmes.
BAZAR
A LA Mf.>NAGÈRF"
P aris.
35, rue de
CAPÉS
C AFÉ
DE
LA
RnS',fAURATION,
dans le parc, faee au Casi no.
CAI1É R Iom, rue de Ntmes.
CERCLES
Cm,Cl,E DU CASINO.
CERCT.V: DU COMMERCE ET DF,5
ÉTRANGERS, rue de Paris.
GUIDES
CONTY
fi
CONPlSEURS
DOLLET-RANDIER
(V VO ) ,
d'Allier.
,MOINE1', place Rosalie .
W ALLON
ANAL VSES MÉDICALES
clUmiste- biologiste, 4, rue Chomel .
P. V. L ÉGER, chimiste-biologiste, 2, bottl. Hôtel-de- Ville.
BANQUE nE FRANC]~
IQJ
Place
CYCLES ET AUTOS
pl. de l'Hôtel-de- Ville.
GA U'l'RELET,
PINCUET,
Vichy··························
POR1'IER,
AGENCE DucmtMI N.
AGENCE L UBIN.
E.
à
Commerçants de Vichy
Pl
Pl
IQJ
de
IMPRIMEUR
frères, route de Cussr:t.
PHARMACIENS
BARTHOULOT, 177 , rue de Ntmesi
BRETE'l ', 178, rue de Nîmes .
D r ';SBRJiS',f (F.) , 157, r' de Nfmes.
G I VOIS, 6, rue du Pont.
GRANCllÉ, 65 , l'ue de P aris.
L AURIAT, 21, rue du Marché .
L ONGE'l" 10, 1'1te de Paris.
MONNOl" 4, rue Burncl.
O LIVIER, Place de la République.
PA'fRICE, 26 , r. Cunin- Gridainc.
P ÉRISSE, 29, rue de Nîmes .
PV:YRONNE'l', r 0, rue de la SOlwce-
de-l'Hôpital.
RAPIN, 48, l'ue
ROUDIl!:R, 106,
SAGET, 32, rue
de Paris.
rue de Nfmes.
Cunin- Gridaine.
PRODUITS POUR DIABÉTIQUES
Produits Ch.
IIEODEnWn: aIl
Mosque de la laiterie, dans le
parc .
PHOTOGRAPHE
5, rue de Sévigné.
ARI,OlNG,
VÉTÉRINAIRES
Salignat.
rue Cornil.
Bo.NNY, rue
GIRAUD, 17,
VICHY EN POCHE" 1.50
Il LE CENTRE JI
3. Il
ENVENTE
PARTOUT
�Table des Matières
Courses vélocipédiques...
Crédit Lyonnais. . . . . . . . .
Crème Simon (Couverture
2) ................. 38,
Cultes ...... , . . . . . . . . . . ..
A
AFFECTIONS TRAITÉES A VICHY (LES) . • . . . . . • • • • . •
Affréteursréunis(Soc. Les)
Agence Bouculat (locat.).
AgenceBouille(assurances)
Agence Lubin (voyages.).
Akamnint: Mousselon ....
Alger (station hivernale) ..
CURE A VICHY (LA). • •. . . .
Cycles et Autos Portier...
Billets d'aller et retour
collectifs de Stations
thermales... .... . . . ...
La Route des Alpes......
Cartes d'excursions.. . . . .•
Séjour à Nice, Cannes, etc.
Autom l .. de Dion-Bouton.
Automobiles Fidry ...... _
Aviation ................ .
De Dion-Bouton ........ .
BAINS: Ire, ~o
ET 3" CLASSES,
55. - BAINS DIVERS •••••
Café Sanka..............
Carméine (dentifrice). 9~,
158... . . . . . .. . . . . .. ... .
Carte des environs de Vichy. Entre les pages 28 et
Casino et Théâtre (Tarif
des abonnemcn ts). . . . . .
61
32
56
I~
(Plan du rez-dechaussée)... . . . . .
(Tableau de la
troupe).........
Castel finmand ....... 42,
Central-Hôtel. ....... 76,
Château de Lompnès . . . .
Commerçants (Liste des).
O"d'AssurancesGcnérales
CIo ~én.
tranMtlantique..
O· Messageries Maritimes.
COMPRIMÉS VI Cil y-ETAT 46,
Comptoir d'Escompte.. . .
Concours hippique......
Confiserie Moinet.. . . . . ..
Constipation (Grains de
Val~),
8, 40, 50, 56, 102,
Courses nautiques ..... "
Courses de tau reaux . . . ..
Courses de Vichy.. . . . . ..
DESCRIPTION DE ViCHy .... .
DEVOIRS DU BAIGNEUR (LES)
32
113
19
DISTRACTIONS SPOR Tl VES .. .
......... .
Dragées Ferl~
153
[28
Diabétifuge, 46, 52, 6il, 76,
90, 110 ............... .
116
E
36
160
29
24
97
CASINO (LE)...... . • . • . . . •
-
134
134
140
140
D
B
o
go
165
25 9
8
CHEMINS DE FER P.-L.-M.:
AMÉNAGEMENT DES SOURCES.
LEURS APPLICATIONS ••
ANNEXES DE L'ÉTABLISSEMENT THERMAL ..•••••..
Bandages J. Pinguct .....
Bazar Il A la M.é~aBère
•..
Boldo-Verne (Elixir de) ..
Bourboule (La) ......... .
161
60
106
94
171
170
166
176
114
110
6~
85
100
157
126
126
162
IUl
157
Eau d'Alet (communale)
48, 74, 116............ .
Eau de table Badoit, 36,
48,52,76,90,98,102,116,
Eau de Birmenstorf..... .
Eau de la Bourboule .... .
EaudeCnrabana,38,42, 12 4
Eaux de Couzan ...... 8+,
Eau de Janos. 2, 32, 56,62,
74, 84, 98, 12?, 156 ......
Eau de Mattom .... " 42.
Eau de Montmirail. ..... .
Eau d'Orezza ........... .
Eau de Pougues, 58, 60, 76,
Eau de RublOat, 48, 52, 58,
60,72,82,90,92,100, [02,
[[8, 122, [44 ..... · ....
EFFETS ET PROPRIÉTÉS DES
EAUX DE ViCHy •.•.••••
Élixir de Boldo-Verne ... .
Esterel-HÔtel. .......... .
r.
ETABLISSEMENT THERMAL DE
1
CLASSE, 59. FONCTIONNEMENT DES SERVICES,
61. - SERVICE DES RAINS
ET OOUCHSS, 71.
SERVICE IlE LA GI\ATUI .. .;; ..••
Etablissements Torrilhon
(caoutchoucs) ......... .
138
126
120
150
128
[2l
164
II6
52
8
8l
158
�178 ................ Guide
de
EXPORTATION DES EAux DE
VICHy-ETAT ••••...••..•
l'Étranger à
87
F
Fêtes de Vichy ......... .
Fromento·lacune. "" 16,
G
GARE D'EMBALLAGE DES EAUX
DE VICHy-ETAT •••.•.•••
Glycéro·Kola André . . " ..
Golf (Le) ............... .
Grains de Vals, 8, 40, '0,
56, 102 ............... .
Grande Confiserie hygiénique ................ .
Guides Conty, 16g, 170,
17 1, 17 2, 173, 174, 17 5,
H
HÔpital civil. ........... .
HÔpital militaire ........ .
Hunyadi Janos, 2, 32, 56,
62, 74, 84, gB, 122, 156,
H~nels
127
12 7
de Vichy
Grand Hôtel d'Aix et de
Chambéry ......... 7'l,
Grand HÔtel des Bains, 12,
Grand Hôtel du Beaujolais
158 ................ . .. .
Grand Hôtel du Beau-Site
et d'Océanie ......•....
Grand Hôtel de Bourgogne .................. .
Grand HÔtel Britannique
158 .... .. .......... .. .
Grand Hôtel des Charmilles •......... , . " ...... .
Grand Hôtel de la Cloche
74··················· .
Grand Hôtel des Consuls
et Saint·James .... 144,
Grand Hôtel de la GrandeGrille et Regina Hôtel,
144· · ················ .
Grand Hôtel de Londres
• 16 ................... .
Grands Hôtels du Louvre
et de Reims ....... 126,
Grand Hôtcl Lutétia .. 52,
Grand Hôtel de MIlan. 98,
Grand HÔtel de la Paix,
112 ................... .
Grand lIôlel de Plaisance
Cl de Bellecour ..... 82,
Grand llôtel du Régent et
Bon La Fontainc ... 46 ,
HôteldesAmbassadeurs,4.
16g
16g
16g
16g
17°
17°
17°
17°
17°
17 1
173
174
174
16g
Vichy ----------______ ..........
Hôtel d 'Amérique. '" 48, 169
Astoria Palace. 34, 172
Bayard et de Boulogne ........... . 16g
Bellevue. . . . .. !O2, 169
de Blois .... ... ... .
de Cannes ..... . .. . I~
des Célestins ...... . 17°
de la Côte·d'Or, 120, 17°
Desfarges et Nouveaux-Parcs . . 18, 170
des Deux- Mondes,
138..... . . . .. . ... 170
Fénelon et de Normandie ..... . ... .
Gallia ... . .... . ... .
de Genève . ...... . .
du Globc .... . 102,
de la Gde-Brctagne
et Queen's lIôtel84, 171
du Grand Condé '0, 17 r
de Grignan ..... go, 172
du Havre .... . • 50, 172
Henri-IV .... .. .. " '72
M~zea
.~t ...:~l!
Majestic Palace 14,
Masséna ....... 60,
de Menton et du
Palais-Royal 124,
Molière .... ... . 58,
de Norvège. .. .....
du Palais et de Marseille ..... . .. 118,
Paradis et de Beauséjour . . ..... 116,
du Parc ...... . . 14,
du Parc Lardy....
de Paris. . . ........
du Portugal. .. . . . .
des Princes ... . . 78,
de Provence et villa
d'Amiens........
des Pyrénées et de
l'Aigle-d'Or.. .. ..
Ruhl. .......... 68,
de Russie et de la
Méditerrannée ...
Pavillon Sévigné '4,
Thermal Palace, 38,
et villa des Lilas, 32,
et villa d·Oran . ....
HÔtel-Villa des Deux-Parcs
et du Maroc ... . .. . . 48,
Hôtel et Villa du Sport, 9'l,
International Hôtel, 34,60,
1'l8................. . . .
N ouvel-IJôtel Carlton, 14,
Royal-lIôtel .... . . 34, 36,
Vichy-Hôtel ............ .
17 2
172
'73
173
173
173
173
173
174
174
174
174
174
174
174
175
17'
175
�_........................ Guide
de
Villa du Casin o . . . . . . . . . .
de Florence et Hôtel
de Mulhouse... ...
de Passy et Pavillon
Boi s.. ............
\Vindso r Hôte l. ... " 124,
Indicateur du Tourisme ..
l'lttranger A Vichy ................ . 179
76
Orezza ................. .
8
171
17t
17
6
'"
Jeu de bouJes .. ......... .
Journaux:
Les Débats .......•....
Le Fig aro . ........ . .. .
La Mode Illllstrée .... ..
Le Petit Parisien . .... .
La Rell/lellebdomadaire.
La Vie Parisienne .... .
Juglanrégine ... " ., ..... .
L
Laboratoire d'analyses bio·
logiques . . ....... . .... .
Laborat o ire médical .... .
Laboratoire Pdlctier .... .
Lactobacilline, 2, 44, 70,
118, 150 . ............. .
Laxatifs Miraton .. ....... .
LES SOURCES DE L'ETAT . . .
Libra iri e D e ntu-Fayard . .
Larousse , 84,100,
-
126 .. ... .. .... .... . .. ,
Lique u r B én édIctine .... .
Liqueur antigoutteu se du
Dr L av ille, [4, 18,48,58,
60, 100, 114, 11 8 . .. . .. .
L o tion Dequéa nt, l.20 ... .
:n
16
6
166
80
31
70
138
180
M
N
Nata tion et Pêche . ...... .
N o mbre des baigneurs à
V il.:hy . ..... .. . . . ..... .
o
IUG
ET PR O S P} ~ R[ T É DE
V[CHY .... . ... ... .. . . . .
r NE~
7
152
56
p
Parfumerie (Ste Hygiénique), 38 .............. .
Parfumerie des Capucines.
Parfumerie Cottan .... 46,
Pastilles Fayès . ......... .
PASTILLES VICHy-ETAT (couverture3) ....... 1,81,
Pergola (La). ' " ........ .
Perles Héroïques .•......
Pharmaciens de Vichy .. .
Phosphatine Falières .... .
Photographie Arloing ... .
Pilules "Gip" (couverture
3) .................. 1,
Piperazine Midy, entre
les pages ........... 28,
Plan du Casino ......... .
Plan du nouvel Etablissement, entre les p. 28,
PLAN DE ViCHy ....... . .. .
Pneumatiques Torrilhon.
Postes, télégraphe et téléphone .. _.... _........ .
Poudre Simon .......... .
Principaux Hôtels de Vichy.
Prod. aliment. Heudebert
PRODUITS AUX SELS VICHYETAT, 77 et entre les
pages . . .. __ ..... _ . . 28,
PROMENADES AUX ENVIRONS
DE VICHY ......... _ . ... .
138
Mai sons reco mm a ndées,
Malt Barley .. ....... 36,
Massages .... . .. . . . . . . .. .
M ÉCANOTH I!:R APIE (LA) . . . "
M ÉDECINS CONS ULTANTS A
VI CIl Y . ... . . . ......... .
21
Mén agè re ( La) . . . . ... . . . .
56
M ess ngc ri es Mar itimes .. .
62
M o n t·Dore (Le) . . .. ..... . 156
O
Orphée-Piano ... . ....... .
Oxymenthol Perraudin .. .
112
160
[38
118
29
106
29
10
88
165
12 4
16 9
30
29
135
R
Régates internationales ..
Remède contre l'asthme
(Exibard) .. - ........ 98,
RENSEIGNEMENTS UTILES .. .
Rowing ..... _ .......... .
8
SAISON A VICHY (LA) ..... .
Savon Simon ........... .
Savon dentifrice Vigier ..
S e ls de lithineLe Perd riel.
SELS VI ClIy-ETAT ........ .
Société Générale . . ...... .
Société Le Fermelli . .... .
SOURCES DE VICHY-ETAT:
CÉLESTINS, 33. -- GRANDEGRILLE, 35. - IIoPlTu,
37· CJlOMF.:L, 39· PARC, 4 [. M ESDAMES,
I. LUCAS, 4 3. IAUT ERIVE .. . ..... . ... .
t
lO
81
!O8
11 8
�180 ................. Guide de l'Étranger l Vichy ..........................
Stand de Vichy ......... . 161
Tir aux pigeons. .. .. . . . . 16.
Station hivernale (Alger). r 54 Tisane des Shakers.... . .
44
Strôm, tailleur .......... .
72
6 Toiles de Vichy. . . . . . . . .
Sucre Edulcor, 8, 16, 36,
Tournois de billard. . . . . . Iu3
Tournoi8 d'épées... . . ... 159
38, 42, 50, 56,64, 72, 78,
Tournois de tennis. . . . . . 159
82, 88, 92, J02, 112, 120,
124, 128,152, 158 ...... 160 Train de luxe quotidien,
Sulfo-Rhinol Dr Fayès, 18. .58
18............. . ....... 122
TRAITEMENT EXTERNE, 53.
T
- Bains de Ire 2 e et
3° classes, 55. - ' Bains
Tablettes à l'Oxymenthol
56
divers, 61. - ElectroPerraudin ............ .
thérapie, 6g. - Mécano·
Taillerie de Royat. .... . . t 12
thérapie ........ .... ..
67
T ARIF DES ABONNEMENTS
POUR LE CASINO ET LE
THÉATRE •.•• • . . . . . • . . •.
T ARIF DES BAINS ET DOUCHES DE L'ETABLISSEMENT
THERMAL...............
TARIF DES COURSES ET PROMENADES . . • . . . . . .. 148,
24
TRAITEMENT
INTERNE
A
VICHY... . • . • • . . . .•• . ••
Trijumine Pelletier. . . . . .
v
23
149
Tarif des principaux hô tels
de Vichy... .......... .
25
Tennis (Le ).. .. . . ..... .. 155
Thé russe Popoff.. ..... .
82
Vêtements de sports.....
VICHy-CÉLESTINS. ... .. .. .
Violette Cottan . ...... 46,
Voitures de promenades
(Tarif de~)
... 147, 148,
Seul remède infaillible
pour faire repousser, empêcher de tomber, de blanchÎl',
recolorer sans teindre, à
IflliAilllIliiMiiiil tout Age et dans tous les
cas. - l1en .. ign.ment. tratuit•. - Envoi
franco de l'Extrait des Mémoires ~
l'Aoadémie de Médeoine.
-
31
6
Ecrire ou Il'adreuer ~EQUt:ANT,Ph.
38, Rue Clignanoourt, Pari ••
En V.nte P,rtout. ri fr.\. 'Ilcon et contre mandat-poste 6fr.
6
168
138
149
�l ù tf =~
~!
••:l••
APRÈS
LES
REPAS 2 ou 3
PASTILLES
VICHY=ÉTAT
Facilite nt
~
POchet:~"
1
La
'~
La
~oit
....
e
Dans t outes
,.~-
~
. ~)
la Digestion
0'" 50
ovale . .
~9 Le coffret de - - \ - - 500 grammes .
»
.' .
les
2 fr. »
5 fr. »
Ph a rm a cies
Médication Tonique et Reconstituante
Pilules
"CIP"
à base dé
FER - OUINOUINA • GENTIANE
Régénératrices du Sang et des Nerfs
Spécifiques de l'Anémie et de la Faiblesse
Le meilleur Reconstituant danstoutes les Convalescences
E
DO S S
1
l
An UJ.TI':S . -
4 â 6 pa l' jou I' apl''''' lm; rcpas .
E N l"A N'fS . - 2 it 3
-
-
.~
2 If', 75 le flacon de 50 p ilules
64, Boulevard de Port-Royal , PARIS et toutes Pharmacies
J
J.
�Paria . -
Imp
P'VL DUPONT
ICI .). Tao UZII'/J.nm. D'
��.
,
,
.
BM DE VICHY
1111111111111111111111111111111111111111111111111111 1111 1111
051619 0044
��V 10
V
�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes
/BCU_Vichy_album_de_photographies_247365.jpg
Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Vichy
Title
A name given to the resource
Vichy : guide de l'étranger : saison 1914
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie P. Dumont
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1914
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) V 10 910.2 VIC
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Vichy (Allier) -- 20e siècle -- Guides
Vichy (Allier) -- Plans
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
180 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
36ème édition. Contient un plan de Vichy, une carte de la région et un plan de l'établissement thermal
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Guide_de_l_etranger_a_Vichy_51619
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/22/26560/BCU_Guide_de_l_etranger_a_Vichy_51619.jpg
Vichy (Allier) -- 20e siècle -- Guides
Vichy (Allier) -- Plans