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Cet
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.Ibum. Qui PA rait Quatre
par on, chnq ut' lois lur 32 pagCI.
donne pour dames, Inellieura et e nfautl. de. modèles ,impies,
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5. La Conquête d'un Cœur, par René STAR.
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La Datne aux Genêts, par L. de KERANY.
Cyranette, par Norbert SEVESTRE.
Un Mariage" in extremis ", par Cllire GENIAUX.
Intruse, por Claude NISSON.
La Maison des Troubadours, pu Andrée VERTIOL.
15. Le Mariage de Lord Loveland, par Loui. d'ARVERS
16. Le Sentier du Bonheur. par L. de KERANY.
17. A Travers les Seigles, par Hélène MATHERS.
18. Trop Petite, par SALVA du BEAL.
19. Mirage d'Alnour, par CHAMPOL.
20. Mon Mariage, par Juli. BORIUS
21. Rêv. d'Alnour. par T. TRII-BY.
22. AÏJné pour Lui-même, par Marc HEL YS.
!3. Bonsoir Madame la Lune, par Marie THI E~Y.
24. Veuvage Blanc, par Marie Anne de BOVET.
25. Illusion Masculine. par Je.n de la BRETE.
26. L'Impossible Lien, par Jean"" de COULOMB.
27. Chemin Secret, par Lionel de MOVET.
28. Le Devoir du Fils, par Matbilde A\.ANIC.
29. Printemps Perdu. pu T. TRILBY.
30. Le Rêve d'Antoinette, par Eveline LE MAIR E.
"- Le Médecin de Lochrist, par SALVA du BEAL.
32. Lequel l'ailnait ? par Mory FLORAN.
33. Comme une plume... por Antoine ALHIX.
34. Un Réveil, por Jeln de 1. BRETE.
35. Trop Jolie, p.r Loui. d·ARVERS.
36. La Petiote. pu T. TRILBY.
37. Derniers Rameaux, par M. d. HARCOET.
38. Au delà des Monte, par Mori. THIERY.
39. L'Idole, par Andrée VERTIOL.
40. Chelnin Montant, por Antoine ALHIX.
41. Deux Alnours, pu Ilenri ARDEL.
42. Odette de Lyrnaille, F.m",. d. Lellr... par T. TRILBY.
43. La Rocbe-aux.AI"ues, par L de KERANY.
44. La Tartane amarrée, PIt A. /ERTIOL
4S. Intègre, par Pierte LE ROHU.
41>. Vlctllnea. p.t J •• ~ THIERY.
-+7. Pardonner, Pat
GRANDCHAMP.
ft! J..e ChevaU.r c alrvoyant, pat Junne d. l.OULOMB
41/ MarylA, pat 1.,,1>.11. ::iANDY.
JO. Le ~auvls
Amour, p.t T. TRILHY.
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10.
11.
12.
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�Volumes parus dans la Collection
(Suit.).
51. Mirage d'Or, par Antoina ALHIX.
~2 . Les deux Amours d'Agnès, par Claude NISSON.
53. La Filleule de la Mer, par H. de COPPEL.
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54. Romanesque, par Mary FLORAN.
55. Le Roman de la violrtième année. par JacQue& d., GACHONS,
56. Monette, par Mathilda ALANIC.
'7, Rêve et Réalité, par Mario THIERY.
'8. Le Cœur n'oublie pas, par JocQue, GRANDCHAMP.
'9. Le roman d'un Vieux Garçon, par Jcon THIERY.
60. L'Algue d'Or, par Jeanne d. COULOMB.
61. L'Inutile Sacrifice, par T. TRILBY,
hl. Le Chaperon, par Loui, d'ARVERS,
6J. Carmen cita. par Mary FLORAN.
64. La Colline ensoleillée, par M.ria ALBANESI.
M. Phyllis, par Alica PUJO.
66. Choc en retour, par Jean THIERY,
67. Noëlle, par CHAMPOL.
68. Kitty Aubrey, par TYNAN.
69. Le Mari de Viviane, pur Y.onne SCHULTZ.
70. Le VoUe déchiré. par Edmond COZ.
71. MariaoSylva, par LUGUET-FRICHET.
72. L'Etoile du Lac. par Andrée VERTIOL.
73. Les Sources claires, par Marauerite d'ESCOLA,
74. L'Abbaye, pif S.I.. du BEAL.
75. Le Tournant, par Pierre VILLETARD.
76. Tante Babiole, par Mathilde ALANIC.
n. Mon Ami le Cho.uffeur, adapté da rangl.i, par I.oui.d'ARVERS.
78. De l'Arnour et de la Pitié, p.r JacQu •• GRAN DCHAMP,
79. L... BeUo H~loire
do MaltUelonoc, par J.lono d. COULOMB.
80. La Transtuge, par T. TRILBY.
81. Monsieur et Madarne Fernel, par Loui. ULBACH,
82. Le Mariage de Gratienne, par M. d•• ARNEAUX.
83. Meurtrie par la Vie, par Mar)' FLORAN.
84. Un Serment. par la Baroon. ORCZY.
85. L'Autre Routq, par Claud. NISSON.
86. La Lettre rose, par H.-S. MERRIMAN.
87. L'Amour attend._ par René STAR88. Sous leurs pas, par J.an THIERY.
89. Airnez Nicole, par Pierre GOURDON.
90. Le Secret de Marau..i., par Il C'ltllll d. mnLlH! !cQrHm.
91. La Branche de romarin, pat BRADA.
92. Une Bclleo.nlère, p~r
Raoul MALTRAVERS.
93. Cœur de Princesse, par Airnh el Ev.rton CASTLF..
94. La Fleur d'Amour, par André. VERTIOL.
95. Mariages d'Aujourd'hui, par Mm. LESCOT.
96, Danel'Ornbre de mes Jours,J,ar JOCQu •• dc.GACHONS,
97. Arlette, jeune fille moderne par T. TRILBY
98. L'Obstacle, par RHODA BROUGHTON.
~ . La Forêt d'ArBent._ par A. du PRADEIX.
100. Dernier Atout, por Mary FLORAN.
101. Le Double J u, par G. de WAILLY.
102. Le coup de volo.nt, par M.rie THIERY.
103. Idylle Nuptiale, par M.d m.m E. CARO.
101. Contre le Flot. par LE ROI ru.
105. L'Arnour le plUH fort, par R.n~
LABRUYÈRE.
I(J(>. Cœur tendre et fier, par Mme la Boronn. de S. BOIJARD.
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�MARY FLORAN
(
DER'NIER
ATOUT
COLLECTION STELLA
Édition du .. Petit Écho de la Mode"
J, Rue Guao, Pui, (XIV')
�Cc livre ft l':lru antérieurement SOU'> le titre cie
ntr"i~
CarIol/che.
�Dernier Atout
1
Après quinze ans d'une vie à outrance qui avait
dévoré son patrimoine, sa jeunesse, ses croyances,
tout ce que la naissance, la nature, l'éducation, lui
avaient donné de bien, de beau, de bon, lorsque
Patrice d'Asquit se trouva sans ressources et à bout
d'expédients, un sien ami lui conseilla de se marier.
- Je ne sais que ce moyen de te refaire, lui dit-il.
- Moyen suprême 1 répondit l'autre.
- Moyen u11lque 1 riposta le premier, ne te berce
pas d'un espoir menteur, tu n'as plus le choix. Si tu
payais tes dernières dettes, il ne te resterait pas un
sou en poche; tes trent e-huit ans ont sonné et il ya
longtemps que la neige Je tes tempes et les rides de
ton front les ont devancés. Tu n'cs plus ri..:he, ni
jeune, ni beau. Moralement, c'est pis encore : tu es
corrompu jusqu'aux moelles, aveuli, incapable d'un
mouvement généreux, d'une rçsolution sincère, d'un
etlort quelconque ...
- Va toujours 1 interrompit Patrice de mauvaise
humeur.
- Il est évident que je ne te natte l'as, mais dans
une crise comme celle que tu traverse, c'est un
s; r~ice
à te rendre que de te parler le langage; de la
vcnté.
- Eh bien 1 puisque c'est fait, conclus .
. -. Attends un peu, je n'en suis point encore là. Je
uisais d.onc que tu es, à mon sens, inapte à tout
travail; or,. maint.cnant que te voilà ruiné, - car il
n'y a pa.s a t~rglves,
nous venons d'entendre
Me Blagolre, rumé, tu l'es absolument, - te sens-tu
tle force à gagner ta vie?
- A la sueur dc mon front") .Jamais 1
�6
DERNIER ATOUT
-
Il Y a d'autres ressources; les emplois
publics~
les administrations sont fermés a un homme de ton
age ...
- Et quand même? Me vois-tu rond-de-cuir? Ah!
mais non, par exemple 1
- Soit, passons. Dans l'industrie, le commerce,
pas d'issue possible san capitaux. Les assurances,
c'est fort bien porté, mais si encombré 1Les finances,
tu pourrais avoir une position subalterne dans une
ùes grandes banques parisiennes ou leurs succur'ales de province, mais jamais, sachant de quelle
façon tu as tenu les tiens, on ne te confiera un
compte à régler, ni, devant le soin que tu as eu de ta
fortune, une caisse à garder.
- Sur ce chapitre, en effet, j'ai fait mes preuves.
- Il Y a encore les chemins de fer, les transatlantiques et les tramways, mais, outre que rien de
tout cela n'est très abordable, il faut, pour s'y créer
une situation, trois choses qui te manquent totalement: du courage, du sérieux, de la persévérance .
- A quoi peut-on arriver sans cela? interrogea
Patrice d'Asquit, renversé sur son fauteuil et sui\'ant de l'œil, vers le plafond, les enroulements
bleuâtres de la fumée de sa cigarette.
- A quoi l C'est ce que je ne trouve pas. Je ne
vois pas en toi d'aptitudes particulières facilement
utilisables pour le cas qUI nous occupe, pas de
talents spéCiaux ... Sinon que tu montes parfaitement
à cheval et que tu mènes encore mieux.
- Alors cocher ùe fiacre ou d'omnibus, - car
jockey, je suis trop lourd, - voilà le seul emploi
que tu me juges capable de remplir ? ...
- Damel
- Et c'est que tu as raison 1 fit soudainement
Patrice, changeant de ton et se levant pour venir
:l'adosser à la cheminée; j'ai beau railler, tout ce
que tu viens de dire est tres juste. Je suis rebelle
au travail, au devoir, aux choses sérieuses, incapable d.'acti?f!. I~ n'y a rien de tel que la fête I?our en
avoir vIte flm cl un homme. Une longue oISiveté,
cette flânerie qui, sans en avoir l'air, a mangé vingt
ans de ma vie, m'ont pris en même temps toute
énergie, toute vaillance; je n'ai plus de volonté, plus
je me laisse Vivre, je ne saurais pas lutter
de r~sot,
pour vivre,
~
- Il le faudra bien, te voilà acculé aujourd'hui'
, ans les t rois mois de ùélai que t'accordent les créan-
�DERNIER ATOUT
7
ciers,
et Dieu sail à quel prix 1 - tu n'aurais
pas de quoi payer ton dlner ce soir.
- Bah 1 fit d'As quit, revenant à son insouciance
\·oulue et un peu affectée, tu me l'offrirais 1
- Pour une fois, oui, mais demain?
- Demain, ce serait un autre.
- Ne te calomnie pas, tu n'en es pas encore arrivé
a accepter à vivre aux crochets de tes amis.
- Ah! diantre non, pas d'aumône! Mais la
chance, qul m'a abandonné ces temps derniers,
peut me revenir. ..
- Ta chance 1 parlons-en 1 parlons, pour vivre, de
ces ressources qu'offrent le baccara et les courses.
Je sais bien que c'est avec cela que tu t'es soutenu
depuis six mois, mais pour ce que cela a duré ...
- Cela peut reprendre.
- Allons donc! iras-tu louer aujourd'hui sachant
bien que, si tu perds, tu ne pourras jamais payer,
Jamais?
- C'est vrai, fit Patrice morose, je ne puis plus
jouer gros jeu.
- Alor<;?
- Alors, que sais-je, moi 1 dIt le jeune homme
impatienté, tu m'ennuies, à la fin 1Je vois bien que je
SUIS au bout de mon rouleau. Depuis longtemps
j'avais prévu ce jour, mais je croyais qu'il n'arriverait jamais ct je marchais ... marchais ...
- Lorsque Mc Blagoire, s'assurant de mon con:
cours pour te forcer à l'écouter, - ce que tu as SI
souvent refusé de faire, - est venu t'avertir que, bon
gré mal gré, il fallait t'arrêter dans ce beau chemin,
que, dan· trois mois, si tu n'as pas liquidé la situatIOn, la justice s'en chargera.
- Et alors ce sera la curée, fit Patrice redevenu
railleur, le peu qui me reste sera vendu, disputé,
par toute la meute avide de mes créanciers, on
mettra ma garJe-robe aux enchl:res, el mes meilleu!"s amis, comme toi, aChl!leront, en souvenir dc
mO.I, une vieille culotte ou une veste hors d'usage,
relIque d'ull fêtard à l'cau 1
- .Patrice, mon ami, sois sérieux, je t'en prie; il
est .Impossible que tu te résiAnes à en venir à
pareille cxtr~mi6.
Depuis LInt.: heure, je parle
comme un moulin, mais toi, tu n'as encore rien dit.
As-tu un projet, VOiS-Ill un mo)'t'l1 de te tirer dt: là?
- Peut-être? je po~sl!de
cncorc environ cent
lOUIS, c'est tout mon avoir; cc soir, je vai l!:s jouer;
�8
DERNIER ATOUT
si je gagne, je continue; SI je perds, rien ne va plus 1
- Ef alors, le revolver ?
.
- Non, c'est une sale besogne de retirer la vie à
un ~tre
humain, je ne m'e!l ~hargei
pas plus 'pour
mOI que pour un autre. J'IraIs plutôt m'engager dans
quelque rtgiment des colonies.
- Mieux, cela, mais pas pratique encore, et toute
notre conversation me ramène, comme conclusion,
au mot par lequel je l'ai commencée: marie-toi.
- Et tu me trouyes, 6t Patrice blaguant, plus
d'aptitudes pour cette position sociale que pour
toutes celles que tu as énumérées, puis éliminées '?
- Ah r grand Dieû'non 1 et je plains la malheureuse 1 A moins que l'expérience ne te corrige, que
la quarantaine ne t'assagisse, auquel cas, avec le
caractère faible et au demeurant facile que je te
connais. tu pourrais étre un ~xcelnt
mari.
- Et tu crois, reprille vicomte d'Asquit avec son
ironie agressive, que cette situation est aussi, pour
moi, plus accessible que toutes les autres, exception
faile de la place de cocher de fiacre?
- Je crois que ce ne sera pas commode d'y
atteindre, d'autant qu'il te faut un « fort sac ». A
Paris, avec ta réputation bien établie, c'est impossible.
- Tu vois bien r
- Mais en province, dans la sainte et ignorante
province 1...
- Avec les chemins de fer et le tt:!légraphe, les
réputations, comme les nou\'elles, vont vite et loin.
- Il Y a des coins i reculés r Tu ne posséderais
pas, dans un de ceux-là, quelque yieille parente, un
oncle à héritage, une tante sept uagénaire ?
- A héritage, personne; il Y a lonAtemps .que je
les ai escompltS et réalisés cClix-là 1 D'autres, le m'en
suis si peu soucié, depuis des années, que je .ne le
sais plus. J'ai perdu tout ce monùe-Ià de vue, Ji faut
que Je rélléchisse ...
- Eh bien 1 rélléchis, car il n'y a pas de temps à
perdre, et son.8': bien à ce que j~ t'ai dit: le mariage,
c'est ton dernIer atout. A ce sOIr.
Et Marcel de Simesque, ayant repris son chapeau,
serra la main de Patricl! d'Asquit, un vieil ami de
cul:~e
.Joe, malgré les vuic<: ditTérentes qu'ils
avaient suivies, jJ n'aval! jamais Cl'SSt: Je fr(;quentcl'
lU d'aImer, t:t il sortit de la chall1ure que celtll-<.:I
hal.J1tllit au cercle d.l! la rue. Bli~.
y-d' Anglas.
L'ayant recondUit, PatrIce, plus soudeux que,
�DERNIER ATOUT
9
par un reste d'orgueil, il n'avait "oulu le paraHn',
r'!vint près de sa fenêtre, l'ouvnt et s'y accouda un
moment.
On était ail printemps; les )ourncl"S chaudes commençaient ct, dans l'atmosphère ::.alurée des odeurs
de la rue, passaient, amenées par un vent vif, des
rafales d'air frais qui venaient de bien loin, embaumées de senteurs floréales, et laissaient, de leur
passage, une rapide et éphémère impression de parfums sains et vivifiants.
Patrice en subit l'influence physique: quelque
chose se fondit en lui après la tensIOn nerveuse qui,
tout à l'heure, l'avait soutenu, son ironie tomba et
aussi son insouciance; une mélancolie telle, subitement, l'assombrit, que, femme, il eût pleuré.
Cet état d'esprit était absolument anormal au
joyeux viveur qui, à force de railler tous les sentiments délicats et naturels du cœur, semblait en
avoir tari la source en lui. La " blague. avait remplacé tout cela, et une indifférence malsaine pour ce
qui n'atteignait pas ses jouissances, ou ne mettait
pas obstacle à ses plaiSIrs, était la seule tristesse
que, depuis des mois et des années, il se fût connue.
Sans doute, la certitude qu'il avait, indéniable à
présent, de la fin inévitable de l'existence qu'il
menait et aimait, malgré tout, était la cause primordiale de l'invincible mélancolie qui le serrait à la
gorge; mais voici que les haleines printanières,
perçues dans cet état d'esprit qui l'y prédisposait,
venaient y ajouter tout un essaim de souvenirs lointains, mystérieux, poignants et doux. Depuis longtemps oubliés, perdus dans le tumulte d'une vie de
désordres, où ils n'eussent pu faire entendre leur
timide chanson d'autrefois, ils s'étaient tus, pour
revenir à la première heure de solitude et de tristesse, à la première accalmie de cette existence
d'orages et de tempêtes, murmurer tous leurs propos désappris.
« Un parfum éveille la pen ée, " a dit le poète.
Les senteurs des verdures lointaines, des lilas et
des ~ose,
que la brise lui apportait, rappelaient à
Patnce un autre printemps, celui de sa VIC •••
Il sc revoyait petit enfant dans la terre de Noirbled que,. fi~s
ul11que, il habitait avec son père et sa
mère; pUIS Il se sOU'f'enait, vers ses douze ans, d'un
jour de deuil, où, vètu de noir, il avait suivi en sanglotant, près du lourd drap mortuaire, la mt:re de
qui il avait apri~
le charme des vraies tenJrs~.
�Tb
DERNIER ATOUT
Peu à peu ses souvenir!f, au fur et à mesure qU'ils
se déroulaient, se précisaient dans sa pens ée. Il
datait justement de la mort de la vicomte sse
• d'Asquit tous les chagrins, toutes les difficultés de
sa vie. Son entrée au collège, derriGre les murs
duquel, peu d'années aprè , lui parvenait la nouvelle du remariage de so.n père. Et la maison paternelle, si changée depuIs cet événement, que ses
vacances n'étaient plus, pour lui, une joie ni une
récompense. Ct::tte sen sation s'accentuait à la naissance d'une sœur, puis d'une seconde qui, loin de
le ramener, par reur attrait enfantin, au foyer qu'elles
peuplaient, l'en éloignaient, plutôt, par une sorte de
rancœur, d'inconsciente jalousie, à laquelle il obéissait sans la raisonner: La mort de son père, enfin,
au moment où, ses études terminées, et sa période
de service militaire accomplie, il allait, quand méme,
se rapprocher de lui. Ses vingt ans, alors, son émancipatIOn, la fortune, la grosse fortune de sa mère
remise entre ses mains inexpérimentées. Sa rupture,
dont les questions d'intérêt furent le prétexte, ave..:
sa belle-mère et, dans un isolement entier, sans
ramille, sans amis dévoués, son installation à Paris
ct le commencement de cette existence déraisonnable et emballée, de cette fête qu'il faisait depuis
dix-huit ans!
A ce moment, Patrice s'arréta; il ne voulait plus
penser, plus se rappeler. Il lui parut que les souyenirs de cette seconde période de sa vie allaient
profaner les premier ~voqués,
ceux de son enfance,
de sa jeunesse. II interdit à sa mémoire de s'arrêter
aux détail, embra ·sa «l'un rapide cuup d'œil rétrospectif cette existence vaine qui, comme un kaléidoscope, offrait à ses yeux d'àme un ensemble varié et
puurtant toujours pareil, où se dessinaient successivement des profils de femmes, des silhouettes de
chevaux, des cartes ct Jes tapis verts, alternant avec
les tables succulemment servies, les flacons décoiffés
des orgies nocturnes. Nettement, à travers ce brouillard, il vil ·es premièrt::s difficultés d'argent, ses
l'remi''res .det~,
qUI! la mort de sa belle-mère, lui
le reste de sa forttll1c venait
rc ndant ~lIspombe
résoudre ct payer, Pui le train c()nti~a,
il
rcw\'i!it k mêmes <.lif(jcult.::s surf-(ir de IlfJU\'cau
de solution certaine, celle foi ; 10;:
an e ~ p()jr
malll t)reU ' c s ai de sp\:culation qu'il avait J'ail
l',)ur u\w,:nir à .des he nins tI'ar~cn
chaque jour
1'111<; IlI1p< n c u .. Et, l'al' c.: ·s de\l . porte · 1)1I\'l:rtc5, le
�DERNIER ATOUT
II
désordre et le jeu, sa fortune sans aller vite, bribt>
par bribe, si vite que, ces derniers mOlS, il devait
quitter son appartement, renvoyer ses domestiques,
vendre secrètement son mobilier, ses bibelots d'art
et de prédilection, pour venir prendre une chambre
aU cercle, - comme un passant dans la vie, qui n'a
ni teu ni lieu, - et y vivre au jour le jour.
Et à présent, cela aussi était fini, son homme
d'affaires, qui lui était dévoué en mémoire de sa
famille dont il avait longtemps géré les biens, était
venu l'avertir: trois mois étaient le délai suprême
qu'il avait pu obtenir de ses créanciers.
Il n'y avait pas à dire, il fallait sortir de là et ce
diable de Simesque, si ennuyeux, malS si bon
camarade et si dévoué, l'avait dit, il n'était plus
qu'un moyen: un mariage riche.
Cela ramena Patrice vers le passé. C'était en
province qu'il lui fallait chercher sa planche de salut
et bien loin.
Quelles attaches de famille ou d'amitié oubliée
pouvait-il bien avoir encore en dehors de Paris?
Et comme M. de Simesque Je lui avait recommandé, Patrice d'Asquit, son bref attendrissement
disparu sans laisser de traces, se mit à ré!1échir.
II
Ce fut le lendemain seulement que Patrice
d'Asquit trouva dans sa pensée la vieille parente
requise; e't encore par une intuition subite. 11
n'entretenait aucune relation avec ses demi-sœur~,
toutes deux mariées. Elles venaient parfois à Paris;
!nrsqu'illes rencontrait, par hasarJ, dans le monde,
tI.les traitai! en étranw:res e! elles le lui rendaient
n'en .. Sa vie désordonnée avait achevé de les éloigner
de luI. lWe cn avait aussi détaché la famille de son
1'1Ore qui, le renian ,en quelque sorte, reporlait sur
Mlles d'Asquit tous les sentiments d'afTection et de
cordialité gui peuvent unir entre el1es deux branche'! d'un même tronc.
Du côté de sa mère, Patriçe ne connais nit plus
personne. on uniqul: oncle était mort ans ..:olant,
�12
DERNIER ATOUT
il ignorait si, oui ou non, il a\ait des cousins eloià se le rappeler qu'un nom
gnf:s. C'est en cher~ant
surgit dans sa mémoire:
- Tante Paule 1
Comment n'y avait-il pas songé plus tôt 1 C'était, à
proprement parler, une cousine germaine ~e
;\{me d'Asquit, que, dans son, enfance, Il nommait,
pour lui faire plaisir, ma tallte, a la mode de Bretagne.
Mlle d'Ausson, car elle n'avait jamais été mariée,
aimait qu'on l'honorât de ce titre qui !ui conférait,
disait-elle un semblant de materlllté; et bien
qu'il lui 'fût légitimement acquis, - son frère,
le baron d'Ausson, lui ayant donné une nièce, - il
lui plaisait ~'en
étendre. le privilège, et pour ses
petits 1 cousms et cousmes, comme pour leurs
parents, d'être: tante Paule.
Il y avait dans cette appellation un je ne sais quoi
d'intime et tendr~,
repoussant toute suppo ition de
l'égolsme du célibat, qui souriait à sa nature très
alTectueuse et très bonne. Quelque chose aussi qui
pr?m~tai
des indulgences, des. gâteries, et ,Dieu
salt SI l'excellente personne tenait parole 1 PatrIce se
rappelait tous les plaisir cl'enfance qu'il lui avait
dus, toutes les punitions qu'elle lui avait évitées; et
lt!s friandises apportées en cachette les jours de
pain sec où elle n'avait pu obtenir grâce, les parties
)oyeu:ses organisées, aux Jates des congés, par son
cntralO t!t sa belle humeur. Brd, tante Paule évoquait pour lui une chose très bonne, très douce,
tri:s gaie, comme, depuis, il n'en avait jamais plus eu
dans sa vie. Comment se faisait-il que, depuis si
longtemps, il l'eût totalement oubliée "? .• Vivait-elle
encore, seulement?..
,
La dernii:re fois qu'il l'avait vue, dix-huit ans auparavant peut-être, c'était dans un domaine du département de la Somme. Elle habitait là, seule, un VICUX
manoir berceau cie sa famille, et y vivait fort retirée,
pauvrer'nent,.mê,m.c, car sa fortù.n~
était très minime,
mais avec dlglllte et avec chante, trouvant moyen,
malgré scs petites ressources, d'être la providence
de son \·illage. Quel âge accusait-elle alors? Patrice
e aya vainement cI~ s~ le r~pcle.;
pour lui elle n'en
avait pas, n'en. ava!t Jamais. eu, Il ne l'avait point
connue jeune, Il 1':1 1 sCJ!lblalt qu'elle ne devait pas
vieillir, que sa petite taille frêle, so!'\ visage couleur
cie circ cl ses grands yeux brun , SI clou.\, où seule
parlait sun ame, dataient de l'éternité d ne devaient
pas changer. Pourtant, un calC1.l1 menlal, rappro-
�DERNIER ATOUT
chant approximativement l'époque de sa jeunesse de
celle de sa propre mère, démontra à Patrice qu'elle
devait compter soixante-dix hivers.
Et il l'avait connue si délicate 1 Sans doute, elle
n'était plu ... Mais n'en aurait-il pas été prévenu? Il
lui revint tout à coup à la mémoire qu'il avait des
intérêts mêlés aux siens ct que son dernier voyage
en Picardie avait justement eu un mobile d'intérât.
A la mort de ses parents, le baron d'Ausson
n'ayant pas voulu du manoir paternel, sa sœur avait
désiré le reprendre, pour ne pas le voir passer en
des mains étrangères. La part était lourde, pour son
mince capital, qui, tout entier, y avait passé, et à un
moment même, lorsqu'il s'était agi de payer, la
pauvre fille s'était trouvée si gênée que la mère de
Patrice avait voulu aider son amie d'enfance. Pour le
faire sans humilier sa légitime fLerté, elle avait eu
l'ingénieuse et délicate pensée de lui acheter une
orte de pavillon, situé dans son parc même, et
qu'on décorait un peu pompeusement du nom de
petit chàteau.
- Cc sera un pied-à-terre pour lorsque je pourrai et
voudrai me rap~oche
de toi, avait dit Mme d'Asquit.
De la sorte, Mlle d'Ausson n'avait pu refuser. Son
amie lui avait payé les yeux de la tête, dix mille
francs, celte gentille bicoque, qui en valait à peine
quatre ou cinq mille; elle l'avait fait arranger,
meubler et, pour donner raison au prétexte qu'elle
avait invoqué afin de secourir tante Paule, elle était
venue, un été, y passer deux ou troi semaines.
Puis la mort l'avait prise et lorsque Patrice, on pi:!re
disparu, était retourné à Boi jean, c'était un Jour,
entre deux trains, pour rassurer Mlle d'Ausson, un
peu inquiète ~ur
le sort de son pavillon et qui parlail de le racheter, dut-elle, pour cela, ~e mettre sur
la paille, ce qu'elle eût ~ien
été obligée de faire le
cas échéant.
Patrice, se rendant compte de la non-valeur
qu'était celle petite habitation, et re~pctan
assez la
mémoire ct les intentions de sa mère pour ne pas
spéculer sur la bonne œuvre qu'eHe avait accomplie
!1agu~re,
avait affirmé à la tante Paule qu'elle n''{urait
lamaiS, de son chef, aucun souci au sujet du petit
chateau; qu'il ne le vendrait à personne qu'à elle si
un jour, il s'en délaisait; mais, qu'en attendant, il l~
priait de le lui conserver et le lUI soigner pour lorsqu'il voudrait venir un peu, sous son aile, e
retremper dans le commerce de sa bonne amitié.
�DERNIER ATOUT
Puis, cette promesse faite, à la hâte il était repart!
à Paris où le tourbillon l'avait pris et où il avait
oublié totalement tante Paule et son pavillon.
Le souvenir lui en revenait dans cette heure de
détresse comme un encouragement. Ce petit château, c'était tout ce qui lui restait désormais. En
riant lorsqu'il était allé "vir Mlle d'Ausson, et pour
la tr~nquilse.
pleinement? il. lui avait lai~sé.
entre
les maInS le titre de propnéte. p n~e
avait Jamais
parlé â ses homme.s d:affalres, qUI. en Ign.oralC~t'exis
tence, et c'est a111S1 que ce bien, SI petit, avait
échappé aux désastres des réalisations et à l'engrenage des hypothèques.
Sans doute tante Paule en payait les impôts à son
nom, puisgu'il n'en avait jamais ent~u'parl,
Cela lUI apporta une douceur qU'II lI~norait
de
penser qu'il avait encore quelque chose à lui, d~ si
minime Importanc; que! la vel~,
ce n'.eût été pour
lui qu'une bouchce, aUJourd'hUi c'était le dernier
abri un toit où reposer sa tête. Il bénit la mémoire
de ;a ml!re qui, sans le savoir, lui avait, par une
bonne action, ménagé ce refuge inespéré .
Mais, était-il encore debout, le petit château de
Boisje~n
? Tanle Paule vivant ne l'aurait assurément
pas. laissé tomber en rulOes, seulement, était-elle
touJ<lr~
de cc monde.?
. . ..
Le SlIlr m.ême, Palnce lUI ecr.lvlt. Il avait comme
lé pres~nl1mt
que, de. ce. cote, lui viendrait le
salut. SI laf.1t~
Paule. eXistait encore, et le petit
chateau aUSSI, Il p~rtal
de sUite s'y installer: c'dait
là le coin Je pro:,mce. reculé et. perdu à sIIuhail la
vieille parenle devouee que lUi désirait Marcel' de
Simesq ue. Peut-être, par surcrolt, trouverait-il là-bas
le sac indispensable?
Deux jours pl,us tard ?n r~mit'à
Patrice une enveloppe de form~
surannee ou une main évidemment
tremblante avait tracé son adresse.
« Enfin, mon c!lcr enfant, disait,la leUre.. je désespérais Je .te re,volr avant ~e m:Jl1l'Jr, depUIS dix-.huit
ans quc )e dl.!",re en vaIn ta v.~nuc/:
,vlerel Je
penser à me d.onner celte Jernll.:re IOI.C. L~
petit
chaleau l.!st .toU)ou'rs d.l.:!bout, comm!! mOl, maiS plus
solide que)e ne le SUIS, el tous deu: nous l'attendon . Seulement, cr~jsm'e,n
ne tarde pas 9avanlage,
plus. permiS de flen
je suis à un age ou li n ~st
remettre, méme au lendemalJ1. A bientôt donc 1
• Tante
PAULt:, »
�DERNI ER ATOUT
Cette nalve et touchan te missive n'émut pas
Patrice , li avait, desséch ée en lui, la !;ource des
attendr issemen ts, mais une satisfac tion réelle lui
vint de l'espoir récemm ent né et dont comme nçait
la réalisat ion.
- Cette bonne petite tante Paule! dit-il seulement, comme s'il lui eût été reconna issant de vivre
encore pour second er ses projets.
Puis, sans tarder il s'occup a de ses bagages ,
recomp ta les cent louis, tout son avoir, qu'il avait
vraimen t, par une sagesse tardive, très peu écornés
ces dernier s jours. Renonç ant à tout adieu qui l'eût
entraln é trop loin et peut-êt re où il ne voulait plus
aller, il écrivit .seulem ent quelque s mots à Me Blagoire pour lui dire que, compta nt sur le délai que
ses créanci er avaient bien voulu apporte r à sa liquidation, il allait pa ser quelque temps loin de Paris
et y reviend rait pour la date fixée. Au seul M. de Simesque il envoya une carte avec ces mots:
« Je me suis découv ert la parente de provinc e
que tu me souhait ai ,je pars la retrouv er et essayer
de la combin aison que tu m'as conseil lée, que tes
vœux m'accom pagnen t 1»
Toutes ses affaires ainsi réglées , sans vouloir dire
à qui que ce fût un mot de son départ, à l'anglai se,
Patrice d'Asqu it quitta Paris.
Il était seul en wagon et, fief] ne venant distrair e
son attentio n, sa pensée s'attach a sur lui-mêm e, sur
son voyage, c;t lui sUfjgéra une recrude scence de la
persista nte mélanc olie dont il était la proie depuis
quelque temps.
S'éloign ait-il de Paris pour touJour s? S'il Y rentrait jamais, dans quel état d'esprit serait-c e, dans
l[ueHes disposi tions, dans quelle situatio n? Et
aujourd 'hui, qu'cmp ortait-i l avec lui de cette vie qui
l'avait absorbé vingt ans ct qui avait englout i sa jeunesse et sa fortune ? .. rien, pas un amour, pas une
amitié, pas un avantag e, pas un regret 1 Qui, Jemain
parmi ses cOOlpa!-(I1(Jn ' d~
-:e s.ouvien urait. de l~i
[Clte? • D'Asqu lt? disparu , à l'eau 1 » - Ce serait
toute l'oraiso n. funèbre de son départ. Un noyé de
plus ou de mO\DS dans le goutTre pari ien, est-cc que
cela c?mpte ? .. Tous les jours il y a <.les disparit ions
50udalf lc de personn alité bien autrCOll!nt importantes que la stenne, dont nul ne songe à s'étonn er
ct sur lesquel les le fiot humain sc r -ferme, san~
nu ci du naufrag e accomp li,
�DERNIER ;\TOUT
Il avait fait ainsi pour les autres, il n'avait pas Ip.
rlroit de déplorer que l'on agit de même envers luI.
mais Il 1111 vint une amertume de songer qll'i1 étatt s!
peu pour c~ mnndc auquel li avail sacrifie le meilleur de sa nc.
C'était justice, toul cela, il n'avait été attiré dans
le milieu qui l'avait perdu par nulle sympathie personnelle ou spéciale, il s'était associé à des jouisseurs, pour jouir comme eux et avec eux; il ne leur
avait rien donné, ni rien demandé de plus. A.ujourd'hui, l'impossibilité matérie.lle le forc;ai~
à se retirer
Je leurs rangs, aucune affectiOn ne le sUivait dans sa
retraite; ces associés du plaisir ne vivent que pour
eux-mêmes.
_ Et pourtant, se d~sait
Patrice, cette vie que
j'accuse justemen.t, p~lsqu'e
m'~
amen~
à la
déchéance et la rume, je la r~nl
aUjOur!i'hUl que je
ne puis la mener. Que .d~ma
Il m'a:r~ve
une fortune, ne la reprendrais-le pas ?.. SI j'avais mon
existence entière à refaire, je ne la recommencerais
point, sans 9o~te,
mais maintenant que j'en ai
m'en. passer? ... Il. est des- plaisirs
goût!:!, poura~s-le
comme des Ylns frelates dont l'habitude déprave si
bien le goût qu'après eu.x tout s~mble
fade et insipide et qu'on leur reVIent tOillours ... En suis-je
arrivé là ? ..
m
1\ était tard lorsque le vicomte d'A.squit arriva à
A.miens; il '1 passa la nuit et le lendemain dès
l'aube, se mIt en route pour Boisjean. 11 avaÎt' con:->ultc:: l'indicateur et s'étall assuré que la voie ferrée
qlll, pou~·tan,
pénètre pa.rtout ~ wésent, n'av~it
paS:
d\:puis y\l)~
ans, traverse le paiSible pays où Il allait
~herc
le repos el le calme, à défaut de l'aurore
d'ull recom~f!lnt.
Il descendit donc à la petite
garc de D": DIX 1<llomèlres lUI restaient à faire pour
~agner
BoiSJean, il n'hésita pas ~ les entreprendre à
pied. li était bon marcheur, la VIC de débauche q\1I
avait SI f"rtement entamé !Ion êtn moral n'avait 1 \1
�DERNIER ATOUT
avoir raison de sa vigoureuse constitution et, maIgre
tous ses exces. Patnce était robuste el bIen portant.
On étalt en )UIt1, aux plus belles ~t plus -longup. s
journées de l'anuée et, à cette heure cncore matinale, la course solitaire dans la campagne, sous les
gran AS peupliers de la route qui courait entre les
praines très vertes d'une étroite vallée, avait un
charme reposant, exquis et doux . Patrice était trop
peu sentimental pour le reconnaltre sciemment,
mais il s'y abandonnait, comme à toutes ses impressions, bonnes ou mauvaises, sans les raisonner, ce
qui l'avait mené loin en toutes choses.
Cette fois, pareil péril n'était à craindre, et la
puissance extérieure des choses lui fit seulement
trouver plus agréable et moins long le trajet qu'il
acc0l!lplissait. Dans sa marche régulIère et cadencée,
les Villages défilaient l'un après l'autre devant lui
sans éveiller le plus va~ue
de ses souvenirs: Tant
de choses avaient passe dans son esprit et sa vie
depuis qu'il n'était venu là! Il n'était pas étonnant
qu'il ne se souvint plus, ne se reconnût pas. Et il
s'efforçait de se rappeler Boisjean, la vieille demeure
austère et quasi ruinée, la tanle Paule et le petit
chàteau. Sa mémoire répondait mal à sa volonté,
sauf les doux yeux bruns de Mlle d'Ausson et son
visage d'ivoire, qu'il retrounit dans un coin rie son
cœur, rien ne venait lui remémorer le passé.
Parvenu au village de Boisjean, dont il lut le nom
sur une plaque indicatrice, il eut une légère émotion.
Il lui en coûtait de demander son chemin pour aller
au château. Cédant à cct enfantin souci,qu'il raillait
pourtant intérieurement, il s'orienta tant bien que
mal dans les rues bordées de haies vertes si épais ses qu'eJles semblaient, à certains endroits, les
allées d'un bosquet. Après quelques circuits, il parvint à un long mur de plCrres blanches et de cailloux,
bordé intéri.eurement de vieux tilleuls un peu rabou~
a,ris, mais que la verdure rajeunissait. Là, il eut une
sensation de déjà ,.~ qui le '!lena plus vite à la grille
au chateau. Celte ImpressJOn s'accentua lorsqu'il
J'cut franchie. Ah 1 il avait bien oublié cette cour
étroite, mesquine, au haut bout de laquelle ' e dres. ait le c~a.teu
un peu délabrC:, tout gris et sombre,
trop petIt, trop bas surtout, avec ses ailc!> au toit
pointu, é.crasé qU'il était par le magnifique parc qui
l'entourait et dont les arhres wandios<!s Ic dépass:lIenl, mÎ!me à l'hori1.On. OUt, il avait bien oublié
tont cela; mais . le r voyant, la peint\1re s'enrelrouva
�DERNIER ATOUT
nette dans sa pensée. C'était comme un voile enlevé
sur un coin de ses souvenirs, lui permettant de
mettre un nom sur des images confuses qui flottaient
en lui, et qu'il ne savait à quel lieu attrihuer.
Il passa près du massif .de rosiers qui égayait
l'exiguè pelouse et monta vIvement le perron pavé
dont une bordure de grès terminait chaque largt!
marche. Au vestibule, où venait finir la super5e
rampe en fer for~é
du grand escalier à repos, il
trouva un domestique en cheveux blancs. Il faillit lui
demander: « Et tante PaUle? » mais II:! sentiment
des convenances lui revint assez à temps pour l'en
empêcher.
_ Mlle d'Ausson? fit-il.
_ Mademoiselle est au salon, répondit simplement le vieux serviteur.
Il y conduisit Patrice, dont le cœur battait un peu
en traversant la grande salle à manger sombre et
qui, de lui-méme, s'y dirigeant, s'arrêta à la port~
du
petit salon bleu. Le domestique l'ouvrit et, s'effaçant
découvrit le jeune homme. A sa vue, un cri joyeu~
partit du fond d'une bergère à coussins dont
émergea aussitôt une adorable petite vieille que
Patrice n'eut pas de peine à reconnaltre.
_ Tante Paule! dit-il avec son accent d'autrefois.
C't.:tait bien elle, si pe~
changée, qu'il s'étonnait
de la trouver toute parellie. Les années n'a\'aient
rien ôté à la grâce mignonne de .sa taille fluette, à
peine étai~-el
un p~u'enché,
SI petite qU'il ne lui
était besom, semblall-ll, de nul effort pour se soutenir droil~.
Le~
rides !,'avaient g~èr,e
cntamé plus
aujourd'hUI nu'il ya vmgt. ans ~'Ivolr.e
de la p,eau
lisse; les yeJx, pour y vOIr mOID~
bIen, n'avalent
ricn perdu de leur tendre expreSSIOn, et la neige,
abondamment tombée sur la cendre blonde des
cheveux n'en avait altéré la nuance que pour l'adoucir cn(l~e,
Tant~
~a!-le
était de ces femmes qui ne
snnt ni jeunes nI VIeIlles, la nature voulant les con~(Jler
de la parcimonie avec laqudlc elfe leur a mesuré
'es dons en ne les leur reprenant pas,
Mais, 'au premier mouvement de joie sincère qui
avait porté Mlle d'. usson au-dev~t
de son !,eveu,
succéda un court f!10m~nt,e
surP:lse ct de silence,
S'al'ançanJ vers lUI S':lUS 1 Imp;ess,wn ~e
siln st:ntiment de cccur, ~oudaln,
el!e s étal,t artJ~c,
car elle
nc reconnaissaIt pas Patnce, 11 s en aperçut ct en
cut une amertume secri.:~,
Il la Vil, ~e défiant de ses
, u, aO'aiblis, comme S'Ils Clissent "Ié rc pon able
\
�DERNŒR ATOUT
ùu changement qu'elle constatait en son cher enfant,
chercher d'une main fébrile, sur la table à ouvrage
près de laquelle elle était retournée, ses lunettes
d'argent et, vivement, tout ébranlée plutôt par
l'émotion que par l'âge, les mettre, puis le regarder
encore fixement, sans que la déception imprimée
sur son mobile visage s'atténuât.
- Tante Paule! reprit enfin Patrice qui, lui aussi,
s'était d'abord arrêté un instant sur Je seuil, et faisait maintenant un pas vers elle, tante Paule, c'est
bien moi, Patrice d'Asquit, un vrai revenant, n'estcc pas, que vous ne reconnaissez pas?
Mlle d'Ausson avait surmonté sa primordiale
impression.
- Pardonne-moi, mon cher enfant, réponditelle d'une petite voix douce, un peu cassée, musicale, qui faisait penser aux sons d'un vieux clavecin,
pardonne-moi, il y a si longtemps que je ne t'ai
embrassé, et je suis si vieille:j'y vois si mai l
- Et je SUIS, moi, si changé! reprit Patrice avec
une tristesse involontaire. Ce n'est pas comme
vous, tante Paule, les années passent sans vous
toucher: entre cent, vous savez, je vous eusse
reconnue.
- Oh! oh! fit la petite vieille avec un mystérieux
sourire tout fin, tnut spirituel, aux lèvres refermées,
qu i avait un charme sans pareil.
« Cc que tu aurais pu reconnaltre, mon petit,
aJouta-t-elle après un temps, c'est mon cœur qui,
malgré tant d'années d'absence et d'oubli, n'a pas
yarié pour toi.
« Ah 1 reprit-eHe à un mnuvement du jeune
homme, je ne t'accuse pas! Je sais que la vie, à
tnn age ct dans ta situatIOn, a des devoirs, des exigences qui absorbent et retiennent. Je te remercie
\ lutàt d'avoir pensé à donner à mes dernières
années, mcs derniers jours peut-être, la ioie de
t'cmbra. ser. Or, viens ici que je le rasse, mon petit,
baisse-toi, tu es trop grand pour tante Paule qui si
so.uvent, pourtant, ,'a naguère port tE, bercé, endormI. .. Olli, viens ici que je t'embrasse, deux fois,
une pour.moi et u~e
pour ta sainte mi.:re, dont je
fus la meIlleure amie et de laquelle le souvenir te
rendra toujours cher à mes yeux.
~t
l'aimable f~me.
ayn~
retiré ses luneltes et
pns les ueu. mams de Patnce, se haussait sur la
pointe ue seS petit!> souliers du temps jadi;, pour
poser, sur le male visEll?,c, ses li.:vres piüics ...
1
�20
DERNIER ATOUT
Alors lui, le viveur, le perverti, le fêtard, soudain
remué jusqu'aux fibres intérieures et depuis longtemps muettes de tout son être, sans honte, sans
respect humain, sans ironie et sans pose, mit un
genou en terre devant la chère créature d'indulgence
et de tendresse qui rayait vingt années de sa VIe, les
vingt mauvaises, et lui ressuscitait le passé, puis,
s'inclinant pour baiser ses petites mains ridées, il
lui tendit son front...
La première effusion et la première émotion passées, Mlle d'Ausson et Patrice s'assirent l'un près de
l'autre sur l'étroit canapé de soierie fanée et causè'
rent comme de vieux amis qu'ils étaient.
Patrice ne se reconnaissait plus lui-même, il lui
semblait voir agir, parler, senllr un être nouveau qui
n'était plus lui, mais qui ressemblait un peu à ce
qu'il avait été naguère.
L'évocation des jours d'antan était si spontanée,
si complète qu'elle ne lui laissait plus la notion du
temps. Il se retrouvait enfant, puis jeune homme, suy
le même canapé bleu, aux côtés de tante Paule, et Il
paraissait à son esprit subitement et vi?lemment
ramené en arrière, que les ans écoulés n'étalent qu'un
rêve dont il était éveillé.
Tout contribuait à entretenir et affermir son
erreur, jusqu'à cette appellation familière et tendre
que Mlle d'Ausson, ainsi que naguère, lui prodiguait : c Mon petit 1 »
Personn e, depuis, ne l'avait nommé ainsi. Comme
il eût ri, la veille seulement, si on l'eut averti qu'il
allait répondre à cette enfantine dénomination , avec
ses trente-huit ans, ses tempes grisonnantes, son
teint flétri et ses yeux cerclés de bIstre l. . A ce moment, il ne songe·ait même pas à s'en étonner.
- Dis-moi tout de suite, - interrogeait tante Paule,
pour que plus tard une déception ne vienne pas
!.!àter ma joie, - combien de temps tu vas me donner, afin que je n'espère pas plus ni mieux que tu
ne m'accorderas?
- Oh 1 je ne suis pa pressé, fit Patrice, je n'ai
aucun projet pour cet été. Vou s m'avez dit que le
petit château était encore debout, s'il est en état de
m'abriter, j'y pa serai volontiers un certain temps.
- Comment en état de t'abriterl Mais je crois
bien 1 Les maisons ne vieillissent pas si vite que les
gens, puis, à S"11 défaut, ma demeure n'est-elle pas
fa tienne 1. ..
- Je vous remercie, tante Paule i bien souvent je
�DERNIER ATOUT
21
viendrai \OUS voir, mais, enfin, si je pouvais m installer là-bas ...
- C,h ez toi, je comprends cela, les jeunes gens
aiment leur liberté. Eh bien! mon petit, tu peux
l'avoir entière, je te l'ai écrit, le petit château est prêt
à te recevoir. Nous irons tout à l'heure, mais, de
loin, viens lui dire un bonjour.
Elle entralna Patrice vers la rotonde vitrée qui fermait une des extrémités du petit salon bleu et, de là,
au bout de la pelouse, bordée, à droite, par une
admirable avenue de marronniers centenaires et, à
gauche, par des massifs boisés. Le vicomte d'Asquit
vit, entourée de grands arbres, se détacher, toute
blanche, dans l'encadrement sombre des sapins, la
façade du château qui riait au regard par ses fenêl.res Ouvertes, entre lesquelles grimpaient des rosiers,
a cette heure couverts de fleurs.
Patrice ne put retenir une exclamation:
- Que c'est gentil! dit-il, mais naguère il n'l:n
était pas de même, comment se fait-il?
-11 se fait que j'ai entretenu de mon mieux cette
maison, mon cher enfant; j'ai voulu te la conserver
intacte en souvenir de ta mère et la rendre assez agréable pour que, si tu y venais un jour ou l'autre, elle te
plaise et te retienne, Je pensais souvent que tous mes
soins seraient in utiles, et je m'attristais, songeant
que peut-être tu n'y rentrerais jamais 1 Dieu ne l'a
pas permis ainsi. .. qu'Il soit béni 1
IV
Deux heures plus tard, Patrice ayant déjeuné avec
Mlle d'Ausson, celle-ci remplaça sa fanchon de dentelle par une capeline laitonnée en nansouk à Oeurettes, ~embla
à celles que Katc-Grenaway a
res~uclté
des vieilles gravures pour en coiffer ses
raVissants bébés. Elle demanda la houlette de bois
tordu et verni sur laquelle elle s'appuyait, entrant
dans le gazon vert l'acier tranchant et poli de la
petite bêche qui la termine, et trottinant, alerte encore, à cOté de son grand neveu, à l'épaule duquel
�22
DERNIER ATOUT
elle n'arrivait pas, elle prit avec lui, sous les marronniers, la direction du petit château.
Chemin faisant, elle lui expliqua pourquoi il allait
le trouver ouvert et habité.
- Une bonne œuvre, lui dit-elle, que j'ai faite en
ton nom. Te rappelles-tu de Manette, ta nourrice?
Non, c'est permis. Eh bien 1 elle est revenue dans ce
pays-ci, il ya douze ans. veuve et pas bien riche.
Elle avait perdu des enfants, fait des maladies, eu
des malheurs, enfin; eUe était lasse et triste. Après
avoir servi toute sa vie, elle cherchait un coin pour
se retirer et vivre de ses modiques ressources. Je lui
ai offert d'habiter le petit château, à la charge de
l'entretenir, elle a accepté avec enthousiasme et,
depuis qu'elle est là, elle a vraiment pris bien soin
de tout, de la maison, du mobilier, du jardin. Bref,
c'est ta concierge; tant que tu resteras à Boisjean,
elle fera ton service. Le repos et le bon air ont remis
sa santé, elle est très capable d'y suffire.
- Comme vous avez bien arrangé toutes choses,
tante Paule; je ne m'attendais gUt:re à trouver ici
une maison montée, et à peu de frais, ajouta-t-il,
ramené à d'antérieures préoccupations; car je me
figure que Manette n'aura pas les exigences de gages
d~une
cuisinière de Paris?
- II n'est pas question de gages, interrompit tante
Paule; cette brave femme sera trop heureuse de te
servir en échange de l'asile que, de ta part, je lui
ai donné. Tu vas faire des économies avec nous, bien
que, sans doute, tu n'en aies pas besoin, ajouta
Mlle d'Ausson, restée vingt ans en arrière, au temps
où Patrice possédait deux millions.
Il eut un soupir vite étouffé et tout embarras de
répondre lui fut épargné, car on était arrivé à la
porte du petit château.
Patrice en tira la rustique sonnette: chaIne où
pendait une patte de chevreuil, et presque aussitôt
une bonne vieille vint ouvrir. Elle était coiffée d'un
de ces bonnets à fond sern~,
auréolés d'un volant
tuyauté, qui sc font rares dans la province picarde,
mais que portent encore certaines femmes trt:s âgées,
{idèle~
aux coutum s anciennes; ur sa poitrine était
croisé un fichu d'indienne, dont les bouts se perdaient sous le tablier de toile bleue qui protégeait la
jupe de futaine et retenait le caraco d'étoffe sombre.
Patrice ne se rappela en rien le visage de la brave
~'mc,
mais il lui parut qu'il avait déjà vu quelque
1 art ce bonnet et ce ficllll.
�DERNIER ATOUT
La nourrice, non plus, ne le reconnut pas, mais
n'en eut pas moins un élan de tenùresse :
- Ah! monsieur Patrice, mon p'tiot 1 s'écria-t-elle.
Lui, souriant, l'embrassa et pén~tra
dans la maisonnette derrière Mlle d'Ausson qui, toute fière:,
lui en faisait les honneurs.
A drOlte du ve tibule, c'était une petite salle à
manger et un salon de .même taille. qui y com~uni
quait. A gauche, la CUISine, doublee par l'e:scaht::r et
l'uffice.
Patrice croyait de plus en plus rêver en parcourant
ces appartements, aussi soignés que s'ils étaient
habités, et qu'un ameublement vieillot, mais tr~s
bien conservé, garnissait. Nulle tache, nul trou aux
fauteuils anciens; seule, la tapisserie aux nuances
éteintes en dévoilait l'àge et il y avait dans l'atténuation 'des cploris, d'accord avec la forme surannée des
bois, un charme du passé semblable à celui d'une
neur séchée, dont on devine l'antique splendeur et
le partum évanoui.
Mlle d'Ausson ouvrit devant Patrice les armoires
de la salle à manger où vaisselle, cristaux, argenterie, attendaien le maître. Au premier dage, dans
l'antichambre, elle fit de même pour un grand placard que garnissaient, retenues par des cordon
roses, les piles de draps, de nappes et de serviettes
fleurant l'iris. Puis elle l'introduisît dans une pièce
assez spacieuse, tendue en cette perse à bouquets
que l'on faisait il ya quelque trente ans.
- C'était la chambre de ta mère, lui dit-elle avec
une sorte de respect mêlé d'attendrissement, tout y
est resté comme elle l'a laissé il y a vingt-six ans ...
Lorsqu'après son départ je suis montée ici, y pleurer son absence, je ne me doutais pas qu'eUe serait
éternelle et que nous ne nous reverrions plus.
Une larme perla aux yeux de tante Paule à ce
souvenir et Patrice la respecta, ému lui-mêmt:' d'une
émotion poignante et douce qu'il ne connaissait pas.
La vue de ce qui l'entourait la légitimait: la
eharyb~
de Mme d'Asquit était bien, ainsi que
l'a>:alt dl.t ~lIe
d'Ausson, telle ()u'dle l'avait quittée
et 11 avaIt [allu tous les soins p1eux, toutes les délicatesses raffinée:; d'une amitié qui confinait à la
vénération, pour l'avoir consen-ée ainsi. Elle semblait habit~e
encore: les fauteuils, IJrès de la cheminée, avalent une disposition familière, comme. 'ils
venaient d'être occupés . A proximité de l'un d'eux,
une table :\ ouvrage restait ouverte, où Sc voyait l~
�2.~
DERNIER ATOUT
nécessaire ue nacre garni d'arcenl, la hr'lderjP l'nm
menccp. p.n laquelle, seul Slgnp des tp.mps, l'aigudl"
s'etlj" rfJuillép . PlllS un flarnn qu P. Patrice se rar
l'da avoir vu aux matns de sa mère el qleu~
Journau:\. du département de l'année 18h2. Sur la
tablette de la cheminée deux photographies où
Patrice reconnut son père ct lui-ml:mc à dix ans'
devant chacune un petit vase, rempli de fleur~
fra1ches, embaumait l'appartement. Entre les deux
fenêtres était la table à écrire: ur le buvard dépli~
une lettre commencée et eulememdatée: « Boisjean.
10 mai" sans doute Mme d'Asquit n'avait pas eu
le temps de l'achever; - et près de l'encrier e
rangeaient le coupe-papier, le cachet, le canif, la
boîte à timbre et celle des pains à cacheter, dans
un ordre méticuleux particulier à sa mère et 'dont
Patrice avait souvenance.
Ses yeux s'arrêtèrent ensuite sur le crucifix
d'ivoire de l'alcôve devant lequel, si souvent, elle
s'Hait a~enouilé
sur le prie-Dieu de velours !!fenat,
lui aussI toujours là.
Il vit sur la commode ancienne, aux poignêes de
cuivre ciselé, le verre d'eau de cristal, le pied de
bois où Mme d'Asqllit déposait son chapeau, la
pelote de velours où restaient piquées les épingles à
tête de couleur dont elle se servait d'ordinaire. La
porte du cabinet de toilette étant entre-bàillée, il
aperçut encore sur le lavabo les flacons entamés, les
peignes, les brosses soigneusement disposés.
fi contemplait tout cela sans mot dire.
- Viens ici, lui dit tante Paule l'entraînant dan s
une chambre plus petite communiquant avec la première.
Là était un lit de fer à rideaux de perse bleue, un
lit d'enfant.
_ Te souviens-tu, dit Mlle d'Ausson, qui couchait là?
S'il s'en sou\'enait! Au même moment la pendule
de l'appariement voisin sonna deux heures. Patrice
1ressaillil en entendant ce timbre fêlé qu'il sc rappelait si bien et qui compltta pour lui l'évocation
prestigieuse du pa ssé,
ans aupara.vant, à l'age ~u
Et il. Se revit vin~-hut
portraIt de I~ chemInée, beau ba~m
blond, frals~
rose, tout gal, tout heureux, auprcs d'une mère qUI
l'adorait et dont il lui ':tait resté les r1uo; dnux, les
l'Ill'; chers c;ouvenirs.
�DERNIER ATOUT
25
Ab 1 si elle avait vécu 1. .. aurait-il SUIVI la même
vuie mauvaise, reviendrait-il aujourd'hui ICI sous
l'empire des sentiments qui l'y accompagnaient? ..
n y songea, mais peu, très peu, il s'oubliait lui-même
pour revivre dans l'autrefois.
- Je vois, dit tante Paule, que tu es satisfait, mon
petit, de retrouver ici tous les vestiges de ton
enfance, et je suis si heureuse, moi, de te les avoir
pu conserver! Quand je pense que lorsque tu es
venu, la dernière fois, il y a quelque vingt ans, tu
n'as même pas voulu visiter le petit château l. ..
- J'étais pressé, je crois, tante Paule, puis je
n'aurais pas vsé espérer une telle résurrection de
tous les souvenirs de ma chère mère, et la crainte tle
vnir abandonnée cette petite maison qu'eHe aimait
m'aura sans doute effrayé ...
- Abandonnée 1 elle ne l'a pas été une heure! Le
départ de ma si chère amie avait été imprévu, précipit é, ton père l'avait rappelée subitement. gJJc
s'était mise en route en me disant: « Tu rangeras
tout. >l Et depuis ce jour, mon enfant, ces vases n'ont
jamais été VIdes de fleurs; la poussière de l'oubli
n'a jamais envahi ce sanctuaire que j'entretenais
ù'abord dans l'espoir d'un prochain retour, puis
ensuite comme un reliquaire. J'ai soigné le petit
château ainsi qu'on soigne une tombe; j'y venais
penser à celle qui n'est plus et retrouver, dans les
souvenirs d'une amitié qui fut une des plus grandes
douceurs de ma vie, une dernière jouissance ...
Il yeut un silence, et tante Paule, se reprochant
sa mélancolie, reprit:
- Mais je t'attriste avec mes histoires ... Ne m'en
veux p.as et ne pense point à me fuir trop vite pour
cela; Je t'assure que je sais encore rire, comme
au"lrefois. Pour à présent, soyons pratiques: je l'ai '
envoyer à D ... chercher teS bagages, puisque tu veux
t'installer ici, donne tes ordres à Manette afin qU'elle
profile de l'occasion pour se procurer les provisions
nécessaires à ton petit ménage. Seulement, d'avance,
posons .en principe que tous les soirs tu dlneras
avec mOI?
- Oh tante Paule r fit Patrice se rappelant la
modeste fortune de sa vieille amie, ce serait abuser
. SUIS
'"
pensez que Je
ICI pour deux ou troIS mois peut-'
etre - ...
- Truis moi 31 quelle joie 1 Je puunai mourir
aprcS, je m'ennuierais trop, sllns cda . Et tu parlee;
d'abuser? Mon petit, accorJc-moi ce que Je te
�DERNIER ATOUT
demande et ne crains pas qu~
je t'accapare; c?mmençons ainsi, puis, si tu te fatigues de ce régime, eh
bien nous en changerons ...
v
Lorsque, l~ l~nemai
matin è ve:s sep.t heures?
Patrice fut eveille pa~
u~
t.:ndlablc rossignol qUI
chantait sans reros ni treve, perché Sur un grand
marronnier devant sa fenêtre, Il eut, avec l'inconsCience du demi-~oJl,
une telle surpri ' e du
cadre dans lequel LI ouvrait les yeux, qu'un violent
effort de volonté lui fut nécessaire pl}ur être persuadé
qu'il n'était pas bercé par l'illusion d'un rêve. Un
beau rêve, en tout cas, de repos, de paix, dont il
ressentait plus intense le charme, cette accalmie suc
cédant au,x orages c!e tou~
~.orte
qui, sans désemparer, avalent rempli la mOllie délà parcourue de sa
vic. Il s'abandonna avec délices à ce farniente
physique et ~oral,
heureux d'oublier, pour une
heure,.le pas~c
et les tro.ublantes Inquiétudes qu'il
lui avait' léguce~,
de se laiS. el' revivre dans l'atmo~phèrc
dt!sapn~
de son enfance . Il lui plaisait. de
s'abuser de ce mlrag~
que vmgt-sn: années étalent
retranchées dl' son ex tcnce, qu'il était jeune, libre,
confiant, Joye~x,
comlne lorsque, nac!Uère, il était
venu dans ce heu ave,c sa m(:rc, ct qucOI'a\'enir s ouvrait encore devant lUI doré d'espérances ct parfumé
de promes~.
1
A cc moment, on frappa à la porte, c'était Manette.
La bonne femme, re.mlse de l'émotion de la \'eille
en revoyant son no~rs,
S'était promis de mettre
un frein à ses effUSions envers l'enfant prodigue, ùe
peur de lui déplaire, et aussi d'éviter toute familiarité dl!placée apr(:s tant d'années de séparation avec
béb'é devenu un Il.ommc d'âge éricux. Aussi, au lieu
du cordiul bonjour que Patrice attendait, lui
dcmanda-t-ellc cérémonieusement:
- .Monsieur le vicomte veut-il que je l\li apporte
son chocolat?
pui un cc du vieux pas é, et dc, souvenirs
o
�DERNIER ATOUT
d'enfance 1 La vue de la honne femme, <.le son visage
ridé comme un gaufrier, de celle cornelle tuyautée
que, si souvent, ses mains d'enrant avaient chiffonnée <.lans ses joies ou ses colères juvéniles; au son
de celle voix qui l'avait bercé et endormi par de
nalves paroles el de somnolentes chansons, un sense réveilla subitement au fond du cœur
timent i~noré
de Patnce ct ce fut avec son ton de jadis qu'il dit à
la vieille bonne:
- Je te fais grâce de toute ta cérémonie, nounou,
et de tes monsieur le vicomte par-ci, par-là. Nommemoi M. Patrice comme autrefois, cela me rappellera
le bon temps et ma jeunesse.
- Oh 1 monsieur, monsieurl fit Manette confuse
et charmée; je n'ose ...
- Comment tu n'oses? Je ne suis plus ton fieu,
donc, ainsi que tu disais naguère?.. Je sais bien
que j'ai beaucoup changé, mais cela n'ôte rien aux
sentiments.
- Oh 1 non, vous n'étes pas changé, monsieur
Patrice, fit Manette joignant les mains dans un mouvement d'àdmiration, pour vous montrer si bon pour
votre vieille nounou 1 Ah 1 vous êtes toujours le
même, au contraire, je le vois bien, toujours le bon
petit chéri que notre pauvre Madame aimait tant.
Qu'elle serait heureuse pourtant, si elle avait vécu,
de vous voir comme vous voilà aujourd'hui 1
- Allons, fit Patrice péniblement impressionné
par cette fin de phrase, ouvre ma fenêtre et va me
chercher mon chocolat j t'es-tu souvenue que j'aimais
le pain grillé?
- Si Je m'en suis souvenue 1fit Manette s'en allant.
Et lorsqu'elle eut refermi! la porte:
- Pauvre femme 1 murmura Patrice, si elle savait
pourtant?
Et il y eut dans sa pensée un regret, presque un
remords de la tromper aingi, plutôt que cette joie
détestable de certains dépravés en con tatant combien o~ se mép'rend sur eux à leur avantage.
Los ,oure; SUIvants ramenèrent à Patrice un état
d'esprit absolument pareil à celui qui avait suivi son
premier réveil à Boisjean. D'abord, il sc laissa vivre
avec une passivité a~solu, ru~s
son esprit fut parta~é
entre deux sentiments qUI se combattaient en
lm et représentaient J'un, It.: passé, l'autre le présent.
S'abandonnant aux influences de personnes, de lieux
et do souvenirs qui l'entouraient, tantôt il redevenait
semblable à ce qu'il avait (:té dans sa prime jeunesse,
�DERNIER ATOUT
à ce que sa mère ayail ,'oulu faire de lui, - et pour
,pla Il n'avait qu'à obéir a 1111 bOIl naturel que les
annéps de ~ a vie d'orphelll1 3vau:nt notoirement et
prof~dément
faus,st!, mai,s n'aviel~t
pu ent.ièr~ml
détrUire, - tantôt Il restait le ce.pt~qu,
le JOUI seur
é~oJste,
le débauché dont Il habIlalt la peau depuIS
dix-huit ans,
Alors il raillait l'homme nOUveau qui renaissait en
lui Jans l'atmosphère,spéciale de ~e milieu d'alleclion et Je paix, et JI .le regardait penser et agir
comme il eût fait d'un Inconnu, pour le blaguer el
en rire,
,
Toute sa vie actuelle se pa~sIt
dans la dualité et
la lutte de ces êtres gui" dlstll1Cts, étaient en lui et,
tour â tour le domll1alenl. Pourlant, au fur et à
mesure qud le te!TIps marchai,t, l'h0'!l'!le nouveau,
plus souvent, avait le dessus, Il oubliait parfois de
le ridiculi er, et <;le s'en moguer., Se livrant toujours
sans discuSlon a ses premieres ~mpreslOn,
il était
pris peu a peu par le calme amblant et Souverain de
cette paisible vie des c!:-art.Jps: Puis la, tendresse
dévout.!e de tante Paule SI slnccre, SI délicate dans
son expression, et si peu exigeante, lui causait
aussi une douceur abs~lument
inconnue depuis
l'enlance, et, to~
cela 1':1 1 composait une quiétude
en la~ue
Il s endorf!laJt, oubhant le présent avec
ses difficultés, l'avenir avec es menaces et les
projets, les désirs qui l:avien~,éog
de P;ris,
Chose s,urprenante a pren;llere, vue, le temps ne
lui semblait pas long, On se 1 exphque en constatant
combie~
sont -:ides'et vaines le~
journées, en apparence SI remplies, des gens qUI s'amusent. Patrice
se levait v~rs
sep.~
heures i IO~squ'il
avait fait sa toilette et pns l,e deJeuner ~I sOigneusement, si amoureusement meme, prépare par Manette il s'en allait
dire bonjour ~ taryte, Paule, et comme, 'quotidiennement elle asslstail a la messe, il marchait à sa rencontr~.
Il passait pa~
le château pour s'assurer
qu'ellt! était bie~
sortie, puis illa devançait dans la
longue allée de tilleuls qUI, suivant le mur du parc
con'duisait à l'église, Quelquefois, il l'y trouvait;
revenant; I,e plus s?uvent,. COffi'!le elle s'attardait làbas, il allait Jusqu'a la petlt,e gnlle s'ouvrant dans le
mur juste en face le sanctuaire, si bien qu'il n'y avait
plus que la rou~e
àyavers,er POll,r s'y rendre. Là, il
l'attendait, ou bien Il entrait au Cimetière et y re~a.
dait, l'une après l:autr7, l,es tombes de gazon, les
croix de bois aux loccnphons nnïvE'!>, el les fleurs
�DERNIER ATOUT
rustiques qui, atl milieu des granue herbe, rOU5~· alent
çà et la l> ur la cellrlre Je 'lu l'lu" Inort parti culièrement regr('tté et chén. Son attenll' n'é tait
jamais longue, il percevait bientôt, dan~
le silence
qui l'entou'rait, le bruit sec, sur les dalles de pierre
de l'église, des petites mules à semelles de bois que,
d'ordinaire, tante Paule mc:ttait le matin pour se
préserver de la rosée, el le martl!en~
r<:gulier de
ta houlette sur laquelle elk s'appuyait et qu'elle
emportait partout. Et presque aussitôt il la "oyait
sortir du petit porche, sa silhouette mince gén6ralement drapée dans une large mante, et son bon et
clair visage entouré de la dentelle noire d'un chapeau, suranné, certainement, mais qui seyait si bien
à sa physionomie qu'on ne s'imaginait pas, le
voyant, qu'elle pût jamais en avoir un autre.
- Ah 1 mon petit! lui disait-elle, l'apercevant, que
tu es bon pour moi 1
Elle lui tendait sa toute petite main gantée d'une
mitaine de filet, puis, à sa prière, elle la posait sur
son bras, se haussant légèrement pour y parvenir et
l'appuyait si peu, si peu, avec sa grâce discrète, que
c'est à peine si Patnce en percevait la pression. 11
lui portait le sac de soie noire - réticule d'autrefois,
ramené par la roue de la mode, - dans lequel elle
enfermait ses livres de prières et au tond duquel on
entendait le tintement d'un chapelet de métal.
Et ils revenaient ainsi, lentement, par l'allée de
tilleuls.
Parfois, Mlle d'Aus on repassait par le village où
elle avait afTaire et son neveu l'y accompagnait. Ses
aflaires étaient ouve nt des visites de charité. Elles
avaient le don d'émouvoir Patrice. Il n'avait jamais
pu voir la soufTrance physique et la misère sans un
sentiment complexe de répulsion, d'horreur et de
pitié, qui lui en faisait scrupuleusement fuir le spectacle. Ici, où il lui était imposé, le contemplant de
plus près, les deux premières impressions s'efTaçaient
en lui devant la troisii:me. Il plaiJ,lnait sincl!rement
ces malades, ces orphelins, ces miséreux de toute
sorte, et lorsqu'il voyait le rayon de soleil qu'était
dans la chaumière tnste et pauvre, l'arrivée de tan~
Paule, le sourire qui éclairait les fi~lIres
haves ou
désolées à la vue des secours qu'ell apportait· et la
confiance, l'espoir, qui renaissaient sur les fronts
les plus découragés au bruit de la menue monnaie
qui viendrait en aide à leur détresse, très sincèrement il regrettait de n'être plus riche et de ne POll-
�DERNIER ATOUT
voir joindre une pièce d'or à ces gros sous. NatureTlement, il était g0nére~x
.. Cette qualité lui .avait
coùté cher, parce qu'li 1 aV~lt
mal ml e en 1 ratlgue,
aujourd'hui elle lui sugg0,ralt un regret. JI se rappelait
tant de louis fnllement Jeté;, au vent avec lesquels
tant d'infortunes eussent pu être soulagées.
Lorsque, ses cou!'ses charitables ~chevés,
Mlle d'Ausson rentrait au chateau, Patnce, après
l'y avoir reconduite, regagnait sort pavillon. Dans ses
bag~es,
il avait apporté une bicyclette. 11 I.'enfour_
chalt, a!ors, et par ~es
belles mallnees de pnntemps
allait faire a~x.
envlron.s quel~
longue course de
vitesse. OrdJOalrement Il rentrait vers midi, déjeuner
de deux œufs et ~'une
c?telette ou de quelque autre
repas léger, au desespolr de Manette qui eüt voulu
utIliser en faveur de son fieu ses talents culinaires.
Mais, pour bien des raisons, il ne l'avait pas permis.
Ses ressources, pour d~He.r
quelque temps, n'autori~
saient qu'.un frugal ordl.nalrej pUI ces mets simples
le reP?Sal,ent des ~agouts
da,ngereux, des cuisines
complJquces et étalent salutaires à sa santé.
Bien qu'elle n.'ait. I?oint été atteinte, le éjour de
Boisjean Il!i était vI~lbemnt
favorable. Le teint de
Patrice était p!us cla,lr; s~
yeux, reposés de longues
veilles en avalent depoUllIé le cerne bleuâtre et les.
paui~res,.à
la .saine fraicheur d~ l'air, perd;ient la:
teinte rougie qUI en acu~lt
les plts et les flétrissures.
Quoique M.a~cel
de S!mesqu~
en ait dit dans son
portrait à plaiSir po~se
a~
n?lr, Patrice d'Asquit,
malgré ses tren~huJ\
a~s,
,etait encore un très beau
garçon, Grand, mmce, dlSttngué et élégant, les trait
réguliers, la bouche fine ct moqueuse sous la longue
muustache fauve, ses yeux d'un bleu très intense
particulièrement séd.uisants et charmeurs ne lais:
saient guère l'attentIOn s'arrêter aux fils' d'argent
d'une chevelure brune, très épaisse et abnndantc
qu'il portait rase,. au mérris de la mode, car cel~
allait bien au dessm parfal!cment correct de sa tétt.:.
Il avait encore tout. ce qu'il fallait pour plaire,
pour être aimé, ct c'é~alt
là, s'i.l avait su ivi les projet
suguérés par ~on
ami, un PUI sant atout dans son
jeu . .Mais, pour .Ie mome,nt, 1.1 n'y pensait gUt.:re 1
Après son déJeuner, d ordlO,lIre il prenait un livre,
il y en avait quelques-urys ~u petit chùteau et, chez
Mlle d'Ausson, une bl~hot,èq!.:
ancienne, tr\:s
omplète, dans laquelle JI pUisait largement. Il se
lecture <lU contact de Ces
ouvrait un goût ~c,
( uvres d'autrefois, SI d1l1érentcs du mouvement lit-
�DERNIER ATOUT
31
léraire actuel, et qui l'intéressaient par la note précise qU'elles lui fournissaient des coutumes, des
goûts, des tendances des siècles passés.
Il avait apporté à Boisjean, - car il s'était d'avance
assuré contre l'ennui, - un appareil photographique.
Tl s'amusait à prendre des vues, à les retoucher. Puis
il se promenait encore à pied, à bicyclette; quelquefOis il pédalait jusqu'à la petite ville voisine pour
renouveler sa provision de cigares ou acheter un
journal. Tout cela suffisait à remplir .es après-midi.
Chaque jour, il dînait avec tante Paule et, la soirée
l'as~ée
près d'elle, il rentrait à son pavillon, par les
belles nuits d'été, sous la voûte des marronOJers Oll
chantaient les rogsignols, ne <.Iemandant qu'une
chose, c'est que la journée du lendemain ressemblat
à celle écoulée.
Avec Mlle d'Àuss0n, il n'était jamais à court d'intéressants sujf'fS de conversation. Elle le Cjuestionnait très peu sur lui-même, sur la vie qu'il menait;
elle lui parlait de son père, de sa mère, de son
('nfance à lui, de sa 1 ropre jeunesse, de leure; habitudes d'autrefois, de leurs souvenirs de familles, el
elle avait le talent de le captive!;.
Il sut ainsi que, quelques années auparavant, elle
avait per<.lu
belle-sœur, puis son frère. Ils avaient
une fIlle, mariée au comte de Chalant, qui était
morte aussi. Comme il ne les connaissait pas, il
n'avait pas apprnfonJi ces événements. II avait
trouvé dans un album la photographie d'une enfant,
dont Mlle d'Ausson lui avait dit: « c'est la petite de
Chalant, .. puis celui d'une belle jeune femme, la
comtesse de Chalant.
- Votre nièce était jolie, tante Paule, avait-il Jit,
c'est triste de mourir si jeune 1
- Trisle, oui ct non, avait répondu tIle d'Ausson, certes sa perte a été un grand chagrin pour mon
frère, qui lui a survécu, mais elle n'était pas heur~use
en ménage et Dieu, la reprenant, lui a épargné
bIen des larmes.
- Ah 1 elle n'était pas heureuse, avait répété
Pa~rice.
pour dire quelque chose, ct son mari,
qu est-Il devenu?
./ .T~
ne saie; au juste, je n'ai cu aucune relation
avec lUI dl'puis la mort d'Adl:le.,Te ne l'ai du reste
presque jamai vu, il habile le Midi. Il' a accom:
pagnC: une fois, ici, sa femme ct sa tille; c'est à cc
moment qu'elles m'ont laissé leurs photogra(lhies;
il n'est plus revenu. Je l'ai rencontré au service de
sa
�DERNIER ATOUT
mon frère et c'est tout, car, moi non plus, je ne suis
pas retournée à Toulouse.
Cela ne surprit point Patrice: Mlle d'Ausson lui
avait laissé entendre gue les rapports entre elle et sa
belle-sœur n'avaient lamais été bien cordiaux, et que
cela avait même, pour un temps, éloigné d'elle son
frère qui avait, dès son mariage, quitté la Picardie
pour la Haute-Garonne, pays de sa fem!1le. Patrice
ne s'étonnait pas, lUI, aux yeux de qUI la famille
comptait si p~u,
que tante Paule n'entretlnt pas de
relations SUIVies avec un beau-neveu et une enfant
qu'elle ne conI?ais~t
guère. et qui vivaient loin
d'elle. Elle. ~valt
bl.en des raisons 'pour ne point
aller l.es re)omdre DI les atJre~,
Pat:lce s~ r~pelait
combien ses ressources devaient etre limitées. Il
était même intrigué, les s?chant telles, de ce qu'elles
pussent suffire à son tram de maison qui, bien que
modeste, lui s.emblait plus correct que par le passé.
Deux domestiques,. h.omme el femme, la servaient,
et un jardinier hablt~
la ferme .. Elle avait, dans sa
remise, un bor: coup~,
e~
un vigoureux percheron
dans son écune. Le JardlO, le parc, étaient parfaitement tenus et sa table fort bien servie. Si bien
même, que. Patrice .pensant que c'était pour luI
qu'elle faisait ces fraiS, en eut quelque scrupule et
le lui dit:
- Vous me gatez trop, tante Paule, je suis sûr
qu'à mon occa Ion vous augmentez votre ordinaire
de moitié?
Elle s'en défendit; mais comme, peu après, il
revint à la charge, elle le rassura plus compli;tement:
- Ne t'inq~rèe
pas, lui dit-elle, je comprends la,
déJicat~s.e
qUI tef~l
parler. TL! p~uxêtre
tranquille.
ma pOSitIOn est meilleure que Jadl , l'ai fait un petit
hénlage.. . .
A.lors Il n'mslsta plus et ne questionna pas.
�DERNIER ATOUT
33
VI
A quelque temps de là, Patri.:e déjeunait lorsque
Manette, qui le servait à table, lui signala un événement qui ne 'était point encore produit depUis son
séjour â Boisjean: le facteur entrait au petit château.
Patrice en eut une impression désagréable. Cherchant à oublier le monde entier, il eût voulu que le
monde lui rendlt la pareille.
Puis, quelle nouvelle pouvait lui venir? pas une
bonne, il n'était en droit d'en attendre aucune de ce
genre. Et, en fin de compte, qui pouvait lui écrire,
sauf son homme d'affaires? Personne d'autre n'avait
son adresse.
Sur l'enveloppe il reconnut l'écriture de Marcel de
Simesque et dans la verdeur familière de son langage
d'homme pris de mauvaise humeur:
- Il m'embête celui-là 1 fit-il, que peut-il bien
encore me vouloir?
• Mon cher Patrice, lui t:crivait son ami, ne sois
pas surpris de ce que j'aie découvert ta retraite. Tu
n'avai s pas eu la confiance de me la révéler, mais
ma1t!"~
B1agoir~,
avec qui tu as dû forcément être plus
eXp'l!clte, m'a Jugé cligne d'en partager le secret. Et
vollà pourquoi ma prose vient te trouver dans les
bois ou le vaUées, le ne sais plus au juste, de l'antiq ue Picardie.
« Quant au sujet de cette lettre, en deux motli, le
voici: Comme, depuis ton départ, tu ne donne
pLus ~igne
de vie, je suis hant\! par la crainte que le
fan!len te ùe la province, les ùou~ers
de la vic ùe
famille ne commencent à te momJller et que tu ne
perdes de vue le but de ton \'Oyage, aussi Je viens te
t'en~lors
pas da~s
h::s délices de
le rappeler. }'~c
Capoue, et J aJouterai, pour épUIser mes citations
classiq,ues: n'oublie pas que la roche Tarpéienne
est VOisine du Capitole et que le 20 septembre
approche, approche ...
• J'espère q Ut! tu as déjà décou \'ert la .çac néces_
100·11.
�DERNIER ATOUT
saire et que tu l'assièges en règle; il n'y a plus de
tcmp ,; à Ilerdre.
« Nous avons causé l'autre jour, maUre Blagoirc et
moi, de tes affaire s . Pour que tu arrives sain et sauf
jusCju'au port d'un riche, très riche mariage, il y a
quelques précautions à prendre.
« Si tu n'avais rien à pré~ent
au contrat, tu
deviendrais vite suspect; tu peux compter sur moi
pour te prêter au moins la somme de trois cent mille
francs de titres au porteur; à condition que tu me
le. rendes le soir de la cérémonie. Mais resteront te~
hypothèques r te s malheureuses hypothèques 1 C'est
facilement connu, ces machines-là f Blagolre, qui est
le dévou e ment fait homme, consentirait p.:ut-Ure, en
présence de. publications, à rembourser les prêts
t:t à faire lever l'inscription quelques jours avant le
contrat. Cela, en échange de ta promesse écrite de
le laisser, dès la célébration du mariage, vendre tes
proi~tés,
ou bien de le payer S\Ir la dot de ta
femme.
« S'il s'y refu ait, au contraire, il faudrait que tu
liquidasses toi-même, d'avance, ta situation, mais ce
serait dommage, car le peu qui te reste était le plus
beau fleuron de ta couronne ct un mari sans un coin
de bien au soleil, surtout en province, ne commande
pas la confiance.
Il ' << Je te dis toutes 'ces choses à présent, pour que
tu y pen.ses et ne compromettes pas l'avenir par des
paroles Imprudentes. Il ne s'agirait pas de parler dc
ta tcrrc de Bressen ni de ta ferme de Normandie si
tu lois les r~alise
avant le mariage .
• Je te vois d'ici, - à la lecture de ces mots
Patrice SOUI it - m'envoyer à t()U~
les diables comme
un père ~atjoie
que je. te parais ... Et pou~tan,
tu
ne d . e~ral
. J~sten
vOIr dans ma démarche que
l'amll1é qUll'll1splre el que, malgr~
les houtades, je te
aarde, grand fou, qui as si mal géré ta fortune et la
vie et qui, cependant, au fond, valais peut-être encore
mi eu.' que nous tous.
e Ton vieux camarade:
Marcel OF. SIMFsQm:.
Patrice relut deu~
fois cette ~pitre,
pui 1 comme
il avait achev": de d~leunr.
et qu'on avait pos~
devant
lui son café et ses cigares, il Erit une allumette, mit
le feu à la lettre qU'il avait pr~a
ablement chiffonnée ot
la jeta dan s la cheminée ou il la surveilla, pour ttre
certain qu'clle ~tai
entièrement C('D"um~e.
�DERNIER ATOUT
35
- C'est vraiment un bon ami que Marcel de
Simesque, murmura-t-il, mais avec son acharnement
à me sauver, comme il dit, il est diantrement
ennuyeux.
Car M. de Simesque avait été clairvoyn~,
l'idée
du mariage riche, du .. dernier atout », était
presque entièrement sortie de la tête de Patrice. Il
se laissait vivre et marchait vers l'inévitable précipice en fermant les yeux.
Le rappel qui les lui ouvrait de force le mit franchement de mauvaise humeur.
- Me marier, dans ce pays perdu, je voudrais
bien l'y voir, lui, Sime que 1Y a-t-il des Jeunes fillçs
seulement? Pendant mes promenades, j'aperçois
bien, de-ci de-là, quelques châteaux, je ne sais
même pas qui les habite. Irai-je sonner à la grille et
demander: " Perche-t-il ici une héritière?.. li Et
puis, suis-je vraiment décidé à me marier'? Simesquc
répondrait que néce!'.sité fait loL .• Ahl si je pouvais
liquider ma situation, en c;auver seulement de quoi
vivre ici comme je le [ais depuis quinze jours!. .. Je
ne demanderais et ne chercherais plus rien d'autre.
Voilà où Patrice, dan
a lassitude e:tr(:me, en
était arrivL: en ces deux semaines de solitude. Tel
un voyageur surmené qui marche ne sent pas
trop sa fatigue, mais qui, s'arrête-t-il un instant pour
prendre du repos, se trouve si las qu'il ne peut plus
continuer sa route, ainsi il en était de Patrice. 11
n'aspirait plus qu'au calme qu'il avait rencontré.
Sans doute, ses forces morales ct physique, réparées, il ne lui umrait plus, ct il voudrait retrouver
l'agitation et les plaisirs qui lui avaient été si chers;
m?is, au ~omenl
actuel, il ne prévoyait pas Je ~i
lOin l'a\en.J~,
la ~ontiua
du présent était .sa
qu'elle fut,
·eule ambitiOn. Helas 1 quch.lue moJe~t
la réalisation ne lui en était pas moins Jéfendue.
�A'fOUT
DJ:14"fl~
VII
Le lendemain de la réception de cette lettre,
Manette vint éveiller Patrice avec un nouveau mes· '
sage, de Mlle d'Ausson, cette fois. Poulet d'autrefoÎs, plié en angle, entouré d'un fil de soie que rete- ,
nait un cachet de cire rose fanée au sujet allégorique,
répandant un parfum vieillot d'iris et de viofette.
Curieux, Patrice l'ouvrit un peu brutalement:
« 1\1on petit, écrivait tan te Paule, ne va pas mc
chercher à la messe, je n'y assisterai point aujourd'hui, mais viens déjeuner à onze heures, j'aurai du
monde. »
Du monde? Patrice fut intrigué. Du monde? Il
croyait que tante Paule ne voya it personne et vivait
dans une retraite absolue. Que pouvait être K ce
monde» dont elle ne lui avait pas parlé la veille ? ...
Au bout d'un moment il éclata de rire:
_ Suis-je sot! se dit-il, le • monde. c'est, sans
doute aucun, M. le curé et peut-être un de sc>,
confr(:res 1...
Néanmoins, comme il avait été invité en règle, et
qu'il savait vivre, il abrégea sa promenade matinale
et vers dix heures, vint s'habiller.
'Que les in:-ités. de ta!lte .Pa.lIle fussent le pagteuJ;
ou d'autres, Il lUI devait, aIDSI qu'à lui-marne, de sc
présenter chez elle parfaitement correct.
Quelques minutes avant onze heures il entrait
donc au château. Il remarqua qu'Antonin, le vieux
domestique, avait un habit neuf.
Dans l'antichambre, nul vêtement accroché, il
était donc Je premier des convives. Au lieu de lui
faire traver cr, comme de coutume, ln grande salle à
manger on l'introduisit par une pii:ce continuant le
vestibuie, que !'nll dé'lomrnait la salle de marbre, Ù
ct que Mlle d'Au.,son n'habitait
I.'lIuse de son pa\'~e
jamnJ .
.
Dans le alull bleu, la \icille demoi'ldlt était
encore cule!. Il parut à P trice qu'elle avait fait
rl~ietc
j sa l'pb', IHlirc COmm\! tuujllur s , lUI st'mbl,1
�3',
DER 1ER ATOUT
en taffetas; un reflet de moire courait sur la courte
pèlerine qu'en soie, l'été, en velours, l'hiver, elle ne
quittait jamais; et les dentelles de so n bonnet
s'égayaient de rubans mauves absolument jnédits.
Le petit salon, gentiment arrangé d'ordinaire, était
plu orné de neurs; comme la maltresse du logis, il
s'était paré pour la circonstance.
- Tante Paule, dit Patrice en entrant, je vous
annonce le premier de vos invités.
- Sois le bienvenu, mon petit, les autres ne yont
pas tarder, je pen e.
- Les autre. ? tante Paule, vous m'intriguez, c'est
donc à un nombreux festin que vous m'aviez convié?
- Oh t le curieux, fit Mlle d' t\.u son en rian t, tu
mériterais que je te fis e languir, comme on di ait
de mon temps, mais, vraiment, la chose est si
simple qu'elle n'en vaut pas la peine. Je vais te
faire déjeuner avec une de mes voisines de campagne, mon excellente amie, la baronne de Dombast,
ct sa fille Edith, ma eht!re petite filleule. Elles
habitent à deux pas d'ici, à Quervaux, où tu as du
passer cent foi '.
- Comment, ce magnifique château? je le croyais
fermé '?
- Justement, l\Ime de Dumbast yi\.!llt de faire une
cure à Vichy, c'e t pourquoi tu ne l'a:; pas encore
rencontrée, car elle e·t fort aimable pour moi et je
la. vois .au moins ~haque
sem~in.
ElI~
est rentree
hier sOir et, ce matlO, JL r"ceValS un petit mot m'annnpc;ant qu'ell\.! viendrait me demander à déjeuner;
YOllà tout le mvsti.:fI::.
- Il n'y a i as de M. de Dombast, interrogea
Patrie\.! qui aimait ù connaltre son terrain.
.
-- Il n'yen a plus, voilà cinq ans qu'il est mort,
la baronne vit seule ù Quen'aux, fort retirée, ell\.!
s'e"t consacrée cntii.:rement ù l'éducation de sa fill .
~Iflique
... Tiens, fit i\Ule .d'Ausson s'interrompant,
)'entends une voiture ... nUI, ce sont elle', tant mieu . ,
entre nous, je tremblais pour mon rôti.
Pre que aussitôt le domestique annonça solennellement l\1me lu baronne de Dombasl.
Patric.e vit entr~
une grande femme mince, pale,
S()l~'cr?
tne~
~!stlOfU
'e,
~u
maintl\;11 un
pe~1
allah ;e, à 1 filr delleat ct ·uuflrallt. De. mèche' 'fIvnnantcs lais saient dcviner une dlcvdure brulle t:I
le fier Je in de trait, llOc beaUI': di ' parUt: l'hoU
le ridc~
·t le n~c
.
Pourtant , 1111 cllarmr.: CIlCllrl: émanai t d'elle, du oU-
�DERNIER ATOUT
rire bienvei llant et triste de ses lèvres décolor ées,
de ses grands yeux bleus si clairs, si doux, mais
qu'on devinai t avoir beau~op
pleuré, rien qu'à cette
express ion touchan te, pOIgnante même, plutôt que
mélanc olique, que ne donnen t point les la ies , mais
les douleur s. La sensibi l ité étant plus sûreme nt
dévelop pée par I,e malh~ur
que par le. bonheu r . .
Derrièr e elle, IDstll1ctlvement, Patnce chercha it la
petite filleule de l\111e d'Ausso n et il en eut un mouvement de surpris e éblouie d'autan t plus vif, devant
la ravissan te jeune fille qui parut à ses regards .
C'était, comme sa mère, une brune aux yeux
bleus, mais des yeux ingénus , tendres , confian ts,
qui ignorai ent les larmes. Elle avait hérité du beau
profil materne l, du nez droit et court, de la bouche
au bon sourire , mais tout cela habillé de jeuness e,
de fralcheu r, de santé, ce qui remplis sait le joues,
les rosait, le5 velouta it, et lais ait aux contour s ce
délicieu x impréci s des visages de vingt ans .
Vingt ans, ce deva it être à peu près l'age de
i\1I1e de Domba st, Sa taille élancée et bien prise, ses
épaules rondes et larges, on buste déjà formé
avaient perdu cet~
gracilit é extrême , souven t disgracieu se de la pnme adolesc ence.
Mlle d'Ausso n présent a Patrice à la baronn e.
- Chère amie, lui dit-elle, mon neveu, le vicomte
Patrice d'Asqu it, dont, souvent , je vous ai p'arlt:!.
C'est lui le proprié taire et, pour le momen t, 1 habitant du pellt chateau qui, désert si longtem ps, si
longtem ps a attendu son hôte 1. ..
,;. l\Ionsie ur, (it Mme de Domba st avec un très
fin sourire , vous êtes un revenan t qui vous êtes fait
bien désirer, mais je suis sûre que vous n'en êtes
pas moins le biel1\',enu.
_ Vous avez raison, madam e, r~pondil
Patrice ,
tante Paule, qUI a loutes les qualités , ne connalt ni
l'oubli, ni la rancune , et j'al ~t
reçu ici comme
l'enfant prodig ue..
.
_ Parfaite ment, dIt en l'Iant Mlle d'Aus on, j'ai
tu~
le veau gras e,t n0:.t s l'allons !Uan~er
ensemb le,
ma bannI! Valen\t ne, le vous en al Aardé votre part,
car votre retour m'a nus i rendue bien content e.
\' uU IlC saurier- crvire cumbie n cc moi, sans vvu
s
10'[\ emblé Jun" 1 A \ o!J.-I'Oll été sati filite dc Vllt re
·oyage ••Ie \'ll re cure' ..:
•
Ce dame, 'étant li ~le,
cuntmèr,~
di! \;au el'.
tIIc de Domba st. comme Patrice , re tuil muctte et
jll'ob t;f\'ait.
�DERNIER ATOUT
39
Il voulait ëtre aimahle et n'hésita pas à entamer la.
conversation avcc cctte aisance mondaine qu'il possédait au suprême degré. Il eut d'abord recours aux
inévitables et banales ressources que fournissent, à
des gen qui ne se sont jamais rien dit, la saison ct
la température.
- Vous avez eu une bien jolie matinée, mademoi..
selle, pour venir jusqu'ici.
La jeune fille parut un instant surprise de cette
interpellation, mai ni embarras. ée 111 intmd~e,
et
elle répondit, avec un sourire qui crt.!u ait deux
~dorables
fossettes dans ses joues fralches ct lUI
donnait un charme exquis d'ingénuité ct d'innocence:
- Bien jolie, oui, mon ieur, et la route est SI
agréable 1 une v~ritable
allée de apins qui court au
fond de la vallée. On croirait traverser une propriétt.!.
- En efTet, fit Patrice, j'ai eu la même impres ion.
Pui , comme la jeune fille marquait un peu
d'étonnement:
- \' oilà pr2s de CJ.uinze jours que je suis ici, et, à
pied et à bicyclette, J'ai déjà parcouru tout lé pays.
- Tante Paule doit être bien ht.!ureuse, reprit
l\iIle de Dombast, eUl: désirait tant et depuis :"i
longtemps votre vi ite t
Patrkc sourit:
- Vous l'al peler. aussi tante Paule?
- Oui, elle l'a clé iré ain i et je crois vraiment que
c'était en souvenir de vuus. Quand j'étai tiJute pt!h~,
ie la nommais • marraine •. Un jour elle m'a dit:
• Appelle-moi tante Paule, tu me feras plai. ir, il me
sera doux que (!uelqu'un encore Ille dunne Ct; llom.»
- Chi:re et (ligne femme 1 fit Patrice que ce témoignage d'affection de a 'ieiJle parente, traduit ave
1ant ùe charme par ette jolie enfant, tnu\,;hait particulierement, - on ne fait llus de cœur Cl)mme le !\ien.
A ?a .grande urpri e, la jeune fille rt!p ndit avc..:
convictIOn:
- Ah si, monsieur, ma mère en a un pareil.
. Et cela,lui cmbla i inate~dl,
cette réplique, i
Inc re, SI en dehor des banalité et de c lllV IHi n
mon~aies,
que cela lui fit concevoir, pour cel1e qui
la lUI avait adressée, un sentiment ubit de ympathique curiosité. Cette enfant qui, au bout de quelques paroles échanaées avec un inconnu, trouvaIt
moyen, sans aflectatlOn et sans pose, de glisser un
~\o
e de sa mère aussi chaleureux dans sa brè.. e
simp\ct~,
cette enfant ne ressemblait assurément
pas à loutes le autres.
�DERNI ER ATOUT
1°
Bien qu'il ne fût point .du tout .psycho logue, qu'.il
n'analy sai aucune de ,;ùs ImpresSlOlls et ne ~hp.rcbt
gui.-.re il p~létr
celles de" ~u'res,
~atnce
avaIt
touJours ~tù
l:uneux Jes carac:h:res <;le lem~.
Leur
multipl icité et leurs aspects dIvers l'mtéres salent. Il
se plaisait à suivre leurs chan~emts,
si imprév us
suivant l'âge, le temps, les circons tances; à rapprocher , par la réflexion, telle personn e de telle
autre, et il en était arrivé à cette conclus ion que,
bien qu'on prétend e que toutes les femmes se
ressem blent, il n'yen a point deux, {'eut-êt re, qui,
dans le fin fond du fond, soient Identiq uement
pareille s. Son observa tion avait ainsi collecti onné
dans sa mémoir e de nombre ux types féminins. Au
milieu de sa vie de fêtes, Patrice avait beaucoup'
fréquen té tous les mondes , même le meilleu r, et Il
ne retrouv ait pas, dans ses souveni rs, une seule
jeune fille se rapproc hant, même un peu, de ce
qu'Edit h de Domba st lui sembla it être.
Et, de ce chef, elle l'intére ssa plus encore.
Quand on passa dans la salle à man~er,
leur connaissan ce était entièrem ent faite, préparé e par ce
trait d'union qu'était entre eux tante Paule, ayn~
tant parlé à sa filleule de son neveu.
A table, forcéme nt, la convers ation fut général e.
Edith y mêla la gaieté de sa jeuness e sous laquelle
Patrice devina un je ne sais quoi exquis de sérieux
et de tendre.
L'aprl:s -midi passa vite: on causa un peu au petit
salon, on fi~ un tour dans le parc, et Patrice fut
désa!-(réablemcnt surpris lorsque , vers quatre hoores,
la baronn e demand a sa voiture .
•- Monsie ur, lui dit-elle avant de partir, je vis tri!s
à l'écart et très isolée, mais si VOU5 voulez bien venir
jusqu'à Querva ux, je serai très heureus e de recevoi r
le neveu de ma si chère amie.
_ Eh bien, je vous le conduir ai un de ces jours,
fit content e, Mlle d'Ausso n, répond ant pour Patrice
q~i
ne la contred it pas. A bientôt !
Lorsqu e ces dames furent muntée s en voiture,
tante Paule revint avec M. d' Asquit dans le salon bleu.
_ Eh bien, lui Jit-ellc, s'aey~n.t
et prenant son
tricot comme nt trouves -tu mes \'OISll1eS ?
_ èharma ntes, distingu ées, aimable s, intelligentes. La jeune fîlle e.st très jolie.
. _ Oui, pauvre petite, clle est jolie comme . a
mi.: re l'a été ...
_ On voit, en ejllet, que Ml'lle de Dnmbl! \t a dù
�DERNIER ATOUT
~'tre
fort belle, mais quel fonds Je mélancolie il y a
en elle L .. C'est une femme qui a soufrert?
- Oui, beaucoup, héroIquement, même, avec un
courage, une résignation 1
Et comme l'attitude de Patrice était nettement
interrogatrice, Mlle d'Ausson pas a cette fin de jour
à lui narrer, de sa douce voix fatiguée, à la parole
lente, au timbre pénétrant, le roman, le drame plutôt,
qu'avait été la vIe de Mme de Dombast.
VIII
Cette vie avait commencé par des jours de joie. A
vingt ans, Valentine de Tourxan, miraculeusement
belle, et aussi intelligente que bonne, voyait tout lui
sourire. EUe était l'ainée de huit enfants, et le seul
défaut qu'on ait jamais pu lui trouver Hait l'exigultë
de sa do't. Malgré cela, elle était si charmante que,
de bonne heure, des partis trl:S convenables se présentèrent pour elle, En raison de sa jeunes e, on
avait voulu rén~chi,
gagner du temps, lor "qu'une
occasion de mariage SI orillante lui fut offerte, que
se~
parents, éblOUIS par la position pécuniaire du
pretendant, le patronnèrent de tous leurs vœux et
1
de toute leur influence.
Le baron de Domba t possédait une fortune de
1us . d'un million.. et Cf!cor~
n'étai~-e1\
~ue
la n:oitié
à peille de ce qUi devait !lll revenir apres sa mL!"e ct
\ln vieil oncle. Il avait vingt-cinq ans, n'était ni beau
01 spirituel, mais jouissait d'une excellente rt:l)utation de conduite cl de raison. Toute sa jeune se
y;'était passée uans les jupons d'une mère st!v ~ 're
~igde,
autoritaire, qui l'avait CUl1 , lammcnt tenu e~
lisières, comme s'il n'avait jamais dépassé ~cilC
al~.
Cc despotisme étroit, auquel il était habitué depuis
l'enfance, avait conservé sur lui, par la force de
l'accoutumance, un empire auquel Il n'avait jamais
tenté de se soustraire.
Ouan? était venue, pour lui! l'hl.!ure du maria!'e,
la Joualflère de Dombast s'était hittée un p~u
Je lui
chercher une femme. Elle entendait III choisir, afin
r
�DERNIER ATOUT
que cette circonstance capitale ne fût pas prétexte
d'une limanci pation qu'elle redoutait plus que tout,
Il s'agis:;ait donc de trnuver une jeune fille qui pût
être, dans la main de sa bel-m~r,
une pate molle
dont elle userait à sa guise,
Le sentiment qui dictait ce désir à la douairière
n'était pa' blàmable en soi, Elle adorait on fils
d'une afTection inquiète et jaluuse, et elle avait en
- elle-même une confiance indémontable, La certitude
qu'elle dirigerait toujours mieux son fils qu'il ne
saurait le faire personnellement, et que, par son
autorité, elle le retienc.lrait sûrement loin des voies
mauvaises, dictait et encourageait tous ses actes,
Ses desiderata posés c.l'une femme douce, bien
élevée, très jeune, de suite elle avait jeté les yeux
autour d'elle et n'avait rien trouvé de préférable à
Valentine de Tourxan, Son peu de fortune ne
l'arrt.:ta pas: plus la femme de Julien de Dombast lui
devrait, plus aisément on la dominerait, La baronne
entretint donc son !Ils de ses projets, qui lui sourirent,
La beauté de Valentine l'y rendait favorable et aus i
le secret espoir d'échapper, par le mariage, à cette
incessante et étroite tutelle qui commençait à peser
lourc.l à ses "ingt-cinq ans, La demande fut donc
faite: M, et Mme de Tourxan, émerveillés d'une
~ arcille aubaine pour l'al née de leur nombreuse
famille, se tinrent à quatre pour ne pa dire oui tout
de suite, Pourtant il con. ultèrent la Jeune fille qui,
elle, fut c.l'abord efTrayée; la douairière de Dombast
pas ait pour si austère, si absolue! Quelle vie allaite~l
!'aire à sa bru r,' On n'épou, e pa sa bel-mè~',»
rl'pltqua A,T. de 1 ourxan 1 et 11 fit comprendre a sa
fille que, _ ,1 el,le ref ul!ssalt cette occasion inespérée
de s'établIr, Il y aVait beaucoup de chances pour
qu'elle ne se r~pésenta
plus, On pel' uada donc à
cette ume d'entant que le bonheur, pour elle, était là,
ct elle consentit sans peine ù épouser Julien de
Dombast.
Le mariaAe se fit ct, le soir même, la jeune
~I'()l
ée entrait à Quervau,', qui t1e\'ail être pour
clic la plu dure ,des pnsons, ,
Connut-ellc me me les suunrc d'une br"ve lune
d, miel ?.. , Bien vite, elle 'aper'ut de l'in suffi aoce
in cllectuell de son mari ct, dt:cClu\'crtc plu rave,
Ile deVlnOl dl lUI 1I1H; fl'Uh: d'instincts pros 1er et
d.lIl reu ' que le i, ) u~ de 1.1 dUllGlri re avait CUIlII)limé en lUI, mai n'a,'ait pas détruit, Ils étail!ot
d'autant plus impérieux que, dCI uis plusieurs
�DERNIER ATOUT
43
années, refoulés et dissimulés, mais non combattus,
ils s'étaient accrus de tout ce que le mysti:re et la
contrainte ajoutent à des sentiments de ce genre,
quand rien ne vient, dans l'hypocrisie qui les cache,
s'opposer à leur développement. Valentine eut assez
conscience de cette situation pour essayer, par son
influence de jeune épouse, de raisonner ces tendances vicieuses, de les atténuer. Mais là, elle se
heurta à sa belle-mère, - pr~s
de laquelle elle
vivait, - car Mme de Dombast ne lui permettait de
prendre aucun ascendant sur son mari, et, de même
qu'elle agit assez énergiquement p'our emp~chr
son
fils de s'accorder aucune des libertés qu'il avait
espéré obtenir du mariage, de même elle entrava
délibérément toute action de sa belle-fille sur Julien.
Elle entendait rester absolument maltresse de leur
ménage, sans qu'ils s'unissent pour lui résister; et,
de fait, avec sa volonté de fer, elle y parvint.
Valenlinepassa six années d'un esclavage aupr<:s
duquel les fers des travaux. forcés doivent sembler
doux. Elle eut trois enfants, deux fils et une fille,
que la douairière fit élever à sa guise, sans que leur
mère eClt la permission de dire un mot à ce sujet. Ce
fut cette sorte d'abdication de ses droits maternels
qui lui coClta le plus. Parfois, elle demanda à son
mari de l'aider à les revendiquer. Mais celui-ci,
quoique de plus en plus révolté int~reum
contre le despotisme de Mme de Dombast, lui
refusa son concours, tant il tremblait devant sa
terrible mère.
Et Valentine souffrit d'autant plus qu'elle sentait
parfaitement, sous cette frayeur puérile d'une autorité abs~lue,
~ouver,
e~
fermenter des appétits pervers qUI, le Jour ou Ils en seraient atTranchi , se
déchalneraient in~vtablem
en une tempête
affreuse.
Au bout de six ans, subitement, la douairi1!re
mourut. Ce pouvait être, pour Valentine, la d~li
vrance, mais ce qu'elle avait tristement prévu arriva:
aUcun frein n'arrêtant plus les passions de M. de
Dombast, il s'y abandonna avec une frénésie qui
touchait à la folie .
connut alors tous les déchirements, les humi. ~lc
hatl?ns, les nml.:rtume de l'q OUSe dt.!dai 'née,
trahie, abandonnée, dont le mori, ùe cendu aux
derniers échelons cie l'avilis crnent mOI'al, ne re l ccte même plu le toit. Elle vit, au foyer mûmc li
~
t!lifant 1 li 1 ivnlc '·hullt ' • 1. rUlI1cUI' PUl \-
�DERNIER ATOUT
laire, qui désignait le baron au mépris public. monta
Jusqu'à elle. Après tant d'années d'bY2ocrisie, il se
reurait dans la fange a ee une volupté bestiale qu'il
ne prenait même plus la peine de cacher, et aucune
débauche n'avait plus de secrets pour lui.
Valentine supporta l'épreuve avec une résignation,
un courage, une dignité, qui lui assurèrent l'estime,
le respect, la pitié de tous. Elle aimait pas ionnément ses enfants, qui, au moins, lui appartenaient
entièrement désormais, et, pour eux, se taisant,
soufrrant en silence, elle acceptait tout.
De ce côté aussi elle fut bien cruellement frappée.
Son fils ainé avait douze ans. Un jour, son pt:re
désira l'emmener dans une partie de chasse aux
environs. Valentine ne s'y opposa pas. Bien qu'elle
n'espéràt plus guère la rédemption de son mari,
elle avait bien compris que, si elle y venait un jour,
ce ne serait que par les enfants, auxquels il semblait parfois attaché. Du reste, depuis qu'il était son
ma1tre, Julien de Dombast avait une volonté qui
ra{'pelait celle de la douairière et que rien ne pouvait fléchir. L'enfant accompa(lna donc son père.
La chasse fut suivie d'un dmer d'hommes où les
libations de M. de Dombast furent si répétées que,
le soir, lorsqu'il remonta dans la voilure qu'il
menait lui-même, il n'y voyait plus guère pour la
diriger ... Il avait un cheval ardent, peureux, qui
s'efTraya. Le baron, dans l'inconscience de son
ébriété, au lieu de le maintenir, l'excita de coups Je
fouet: il s'emballa. La route t':tait accidentée, la voiture alla tomber dans une fondrière, et, au milieu
de la nuit, on ramena à Valentine son mari, toujours
ivre, et le cadavre de son fils, tué dans sa chute ...
Rien ne saurait peindre sa douleur ni son horreur
pour le meurtrier de son enfant. Elle en avait peur,
maintenant, peur pour ceux qui lui re taient. Néanmoins, elle nt! le quitta pas; cette cata trophe semblait avoir assagi le baron; hérolque, elte ne voulut
pas, par son départ, ruiner tout espoir de la régént':ration de ce malheureux. Seulement, elle élOigna de
lui son autre fils.
arJant toujours sa fille avec elle, elle pouvait la
protéger; les garçons sui.vent plus aisément le
père ... Cc fut un gra.nd ~acn(j
pour elle, mais elle
mit le sien en pensIOn. Hélas 1 Il n'y était pas de
dix-huit mois qu'une épidémie de scarlatine ·t d'an'ine se déclara dans le co1l"gc et l'l'mporta en
qu ·lqul.! . jour<: .. .
�DERNI ER A TOUT
45
Mme de Domba st souffrit plus encore qu'à son
premie r malheu r, car, de celui-là , elle s'accusa
presque , SI, pourtan t, elle n'avait pas éloij5oé ce
malheu reux enfant! Dureme nt, oublian t les CIrconstances de la mort de l'ainé, soo mari le lui reproch a.
Devant cette injustic e, suprêm e, dans sa bouche ,
un jour que, à bout d'elle-m éme et de sa force de
volonté , eHe répond it à ses récrimi nations que, si elle
avait fait partir son second ftls, c'était pour lui éparBner le sort de son frère, brutale ment, le baron lui
jeta à la face cette infamie :
- Eh bien 1 nous avons tu é chacun le nôtre 1
La vie de Valenti ne, après ces douleur s, ne pouvait plus être qu'un calvaire . M. de Domba st en
aggrava l'amertu me en retourn ant aux débord ements ,
qu'un instant, l'accide nt horrible avait suspen dus.
La résigoa tion pieuse de la jeune femme ne
l'aband onna pas; elle se renferm a de plus en plus
dans le silence et la retraite , avec sa fille, pour
laquelle elle vivait uniquem ent. Elle ne voulut
plus voir âme qui vive, jamais, de ses lèvres, ne
so rtait une plainte, ni une allusion à ses deuils. On
13: voyait point pleurer , et, pourtan t, elle personn~
mllalt la Douleu r.
Au bout de quelque s années enco re, un soir
d'orsie, on lui rapport a son mari frappé d'une congestion cérébra le. Il mourut le lendem ain matin.
Dès lors, elle a eu la paix, sinon le bonheu r; de
plus en plus dévoué e à sa fille, à laquelle elle s'est
à ~s
entièrem ent consacr ée, elle a imposé it~nce
tnstcss es, pour ne pas assomb rIr cette Jeune \'IC.
Elle a depuis lpngtcm ps perdu son père ct sa mère,
'cs frères et ses sœurs se soot disper t:!s elle
enfant qui, el-~m,
n'existe plus, que pou.r c.et~
t'adore, et c est une Intimité charma nte de mère à
fille qui console un peu Mme de Domba st de tant
d'6preu ves.
Cette longue et tr,iste histoi re, Mlle d'Ausso n,
tout en avançan t la Jupe de pauvre qu'elle tricntai t
activcm ent, la conta à Patrice ù'Asqu it avec cellt:
pyofusi on dc dctails particu lièrc aux gen qui,
Vivant seuls, et surtout par le souveni r, retienn ent
de minutie uscs circons tance, lesquel les à force
'd'autre s
d'être ramen ées à leur esprit inocup~
choses, s'y gravent scrupu leuseme nt.
avec un vif intérèt cl lor5Son neveu l'~couta
'
(IU'elle cut fini:
�DERNIER ATOUT
Quelle vie 1 s'écria-t-il, quelle vie 1 c'est à ne pas
croire que le malheur puisse s'acharner ainsi sur
une pauvre femme!
- N'est-ce pas? Depuis son mariage, Valentine,
sauf sa fille, n'a pas eu une jouissance qui n'ait été
bientôt empoisonnée, et qui sait ce que lui réserve
l'avenir? Lorsqu'il lui faudra marier Edith, s'en
séparer, quelle épreùve nouvelled1our elle 1 Et aussi,
après l'expérience qu'elle a faite u mariage, quelles
angoisses 1 Elle n'aura pourtant qu'à choiSIr 1 Malgré
sa débauche, M. de Dombast n'a pas dissipé son
immense fortune, et cette jolie petite Edith est peutêtre la plus riche héritière de toute la Picardie.
Héritière 1ce mot sonna aux oreilles de Patrice avec
un tintement de cloche d'appel. Héritière 1. .. Et
aussitôt, faisant un retour sur ses projets, sur luimême, attendri par ce qu'il venait d'apprendre du
malheur de Mme de Dombast et sachant ce que, lui,
apporteraitàl'héritière qu'il épouserait, mentalement
il s'écria, dans un sursaut d e son bon cceur et de
son honnêteté native, subitement réveillés:
- Oh 1 non, non, cent fois non, pas celle-là'
IX
Deux jour!; plus tard, Patrice reçut encore un billet
matinal de Mlle d'Au son.
e !\lon cher e~ran!,
lui écrivait-elle, je n'irai pas li
la mes se ce matIn afm de ménager toutes mes forces
pour te c()nduire celtr après-midi
i cela t'agrée
chez mon amie de Dombasl. ':)US partirons à
lieu: heures, "
Patrke ne 'c.le fit pas dire plusieurs fois, il était
re té, la r.;nexI~
ayant confir~é
son impre ssion
premi~,
touch.e ( ~e la douce tn I.e :; e réSIgnée de
1.1 barnlHlc.c,t Inl c r ~ . s é ~ypalhquemcn
par la
nature ti c a fIlle, 'lu Il deVInaIt loute Spéciale.
Lor lJu'il arriva au .châte~1,
~pri.:s
al'oir donné à
a loilcll C tou le
(lIn !111OUIICUX que ~')rnp(>ftai
I,t cirllll1 tllnc , Il! coupt::, Hltel\! du gr,tnd dle\'al
l-ui, .tlt 11<1 lit léjù ail pc rrv ll. Il y l'l'it l'llIce Ilupri.:
�DERNI ER ATOUT
47
de Mlle d'Ausso n, dont le cocher, suivant l'Go<dre
qu'elle lui en avait donné, enfila la route de Qoervaux.
Domba st
C'était ce chemin pittores que dont ~l1e
dans U1~e
et Patrice avaient parlé: une route étrol~e,
de grands pms au feUIlvallée, étrange ment bortl~e
lage sombre qui lui donnaie nt plutôt l'aspect de
l'avenue d'un parc que d'une voie ~e commu nicahon. Au bout d'une demi-h eure, la voIture s'arrêta à
une grille massive et l'on vit poindre , sur la hauteur ,
dépassa nt les grands arbres, les clochet ons du toit
de Querva ux.
Une maison de concier ge cachait sous la feuillée
ses allures discrète s de cflalet. Une femme en sortit.
Le cocher s'inform a si l\lme de Domba st recevai 1.
Après une réponse affirmative, la lourde porte de
fer s'ouvrit en grinçan t sur ses gonds, et le cou pé
gravit, à travers les sinuosi tés des allées, la pente
raide qui conduis ait au château , tandis que Jacloch e
d'en bas, à toute volée, annonç ait les visiteur s.
Patrice vitalors , de près, celle seigneu riale demeur e
qu'il avait seulem ent aperçue , jusqu'à présent . de
la route lointain e.
C'était une belle habitati on, sans style d2fini, mais
bien bâtie. qui prenait toute 'a valeur
vaste, r~gulièe.
de a situatio n et du joli parc qui l'entour ait. La
cour d'honne ur, renferm ée dans une enceint e de
muraill es, étalt relative ment exiguë. Y entrant , on
avait devant soi les dépend ances, f.:enre chalet; à
sa droite, le chàteau , et, à sa gauche, faisant fuce
par conséq uent au corps de logis, une terrasse ~leyé,
bordée d'une balustr ade en pierres qui n'atteig nait
pas un mètre de haut. On y parvena it par deux
escalier s étroits à chacun de ses bouts, ct elle surplomba it la cour et le grand mas if fleuri qui l'ornait .
L'espac e occupC: par ce terre-pl ein était dégagé des
arbres qUI, exténeu rement , encadra ient la circonférence des murs, ct ainsi, faisant une lar c baie
dans le bleu du ciel, ouvrait à perte tle vue, sur les
chaml s, une longue perspec tive .
.C'est inat tendu et original, par conséq uent bien
.
falt pOllr plaire à Patrice , 1 rassasié de banlit~
Un domest ique se tenait dans l'antich ambre pavée
de marbre , ornée d'un beau bahut de chêne où
sc
avait tI~ployé
du l110yen ~gc
l'art patient ct nal~
.
rr:
s\,;ulptu
uses
lubone
et
s
:
~
t
1
de
en,
ou,:ce
re
ouvrait le grand salon vi 1e quand
A II fond
1\1l1e d'Ausso n et ion neveu y cntR:r; nt. 11 "éclai-
�DERNI ER ATOUT
rait par deux croisée s et une porte-fe nêtre. L'une
étant reslêe ouverte, Patrice s'y' pencha . C'était
l'autre façade du château , celle qU'li avait vue de loin ..
On y de!cend ait par un p~ron
de huit marche s sur
une terrasse bornée aussI par une balustr ade blanche, comme celle du côté opposé ; mais, en raison
de la déclivité du terrain, celle-ci était plus basse
que le château , tandis que la premièr e en domina it
le seuil. Elle était plus large aussi. Une plate-b ande
s'appuy ait aux pilastre s de pierre et y attacha it les
branch es alourdi es de fleurs de ses rosiers, et les
enroule ments gracieux de ses liserons . A droite et
à gauche du perron et en tenant la place, sans nuire
à la largeur de l'allée, deux autres plates-b andes
couraie nt encore tout le lohg du château , immédi atement sous les fenêtres , qui recevaient ainsi le parfum
du réséda, faisant un tapis odoran t aux œillets multicolore s, aux balsmine~
variées.
La vue s'étend ait de là sur une pelouse , coupêe
de massifs arbores cents, qui descend ait rapidem ent,
traversé e par des déroule ments d'allées blanche s,
sembla bles à des rubans, jusqu'à la grand'r oute.
Cette éclairci e sur le parc était réservée au seul
château . Sa terrasse , qui en occupa it strictem ent la
place, interrom pait une immens e et éculaire avenue
de tilleuls dont les rameau x entrelac és formaient
unevoû te compac tedever dure ctqui, à droite comme
a gauche , 'enfonç ait jusqu'a ux limites extrême s
du parc.
Patrice contem plait volontie rs ce coup d'œil qui
ne ressemb lait à rien de ce qu'il avait vu jusqu'à
présent , lorsqu'u n pas très léger le fit retourn er
C'était Mme de Domba st.
Elle n'avait point l'hypoc risie de porter le deuil
éternel de qui l'avait fait lant ou/frir, mais elle était
tnujours vêtue de cuuh.:urs sombre s, qui cadraie nt
bien avec sa. m~lacoi,
ct de form~s
amp'lcs el
l1ottantes, qUI, diS Imulant son excessi ve maigreu r,
étaient les seules que lui permit sa santé délicate ,
réfracta ire à la fatig~e
du corset.
Elle serra avec effusion la main ùe sa vieille amie
ct lendit sympat hiquem ent la sienne à Patrice .
- Merci, monsie ur, lUi dit-elle, d' vous être Sou·
ycnll de vos promes ses.
Et à Mlle d'Aus on, avec un !lourire très doux,
quoiqu e voilé de tristess e, comme tous ses sourire ' :
- Vous savez que je vous garde à dlner :
Tante Paule se d6fendit. Une autre foi • oui. volon-
�DERNIER ATOUT
49
tiers, elle viendrait déjeuner, mais les retou~,
le
soir, l'effrayaient.
- Même avec le cavalier que vous avez maintenant, insista la baronne quelque peu égayée.
- Même avec lui. Il peut me protéger contre les
voleurs de grand chemin et les accidents de voiture,
mais il ne peut me protéger contre mon grand âge,
et c'est lui qui I~'oblige
à la prud.ence.
.
Peu apri!s, EdIth entra et Patrice, à qUi le beau
salon luxueusement meublé laissait une impression
de froide austérité, le trouva subitement illuminé.
La jeune fille avait vraiment ce rayonnement de jeunesse et de beauté qui dore tout autour de soi. Elle
était vêtue de blanc, une robe très simple qui tombait droite du cou aux pieds, serrée seulement à la
taille par un ruban, mais les proportions parfaite ·
de son jeune corps donnaient à l'étofTe toute la grâce
de leurs contours.
Elle embrassa tante Paule et le salua avec un
sourire, comme un vieil ami.
Rentré chez lui quelques heures plus tard et
cherchant il se rappeler ce qu'elle lui avait dit,
Patrice ne le retrouvait plus dans sa pensée, mai!:i
~I notait, persistante, la ensation qu'il avait touJours connu cette enfant, qu'elle faisait partie des
~ouvenirs
de jeunesse qu'il avait retrouvés à Bois,ean, et qui, bons, délicats et purs, par leur douce
mfiuence, le pénétraient jusqu'au cœur.
~our
qui ignorait le passé de Patrice, et le fond
sali de son cœur et de son àme il était lorsqu'il
' s , en donner la peine, absolument
"
séduisant
vou lait
~t charm~u.
Encore beau garçon, intelligent, bien
elt:~é,
gal, Pe 'prit prime-sautier, avec une note bon
enfant, bon diable - cumme on dit entre hommes
- qui riait toujour· aux femmes à lou ceux qui
ne pénétraient pas on scepticism'e, son insouciance
ct cette dépravation morale, fille de ses désordres,
il était toulours sympathique.
Il le devint vite à Mme et à Mlle de Dombast
I;'étant mis en frais pour leur plaire, et pourtant'
"(Julant arriver à ce bul, il jouait véritablement
moins la comédie qu'on ne l'eùt pen é. Depuis qu'il
était a~ri,:é
~ ~oisjean,
il fais~t
te bon apôtre, mtli~
il le faisait SI bien que, chaque lour, II entrait davantage d~ns
l~ pea~
de son per onnage. Il arrivait peu
~ peu ~ s'y Identifier tellement que celui-ci prenuit,
ln. enslblement, I.u place de. su réelle personnalité.
Par prudence, il ne parlait pas dea vic de Pari,
�50
DERNIER ATOUT
de ses habitudes, ni de ses liaisons, si bien qu'il
en arrivait à les oublier. Il pensait à lui-méme comme
à un ami trt!s intime avec lequel on a rompu subitement. Et au chàteau de Quervaux, se promenant
sur la terra se entre Mme et Mlle de Dombast, si,
soudainement, on lui eût rappelé où il était et ce
qu'il était seulement trois se~ain
plus tôt, il est à
croire qu'il eût sursauté et t:né au mensonge ou à
l'erreur.
Presque au commencement de l'avenue d'un cOté,
un filet tendu barrait le passage.
- Edith, dit tante Paule, te voici trouvé un partenaire pour le tennis.
- Quoi, monsieur, répondit-elle toute rose de
plai sir, vous y jouez ? . .
- Comment, s'il y joue! reprit tante Paule je n'en
aie; rien, mais je n'en doute pas. C'est un gar<;on
qui aime le mouvement et la mode.
Patrice convint volontiers que sa tante avait toujours raison.
- Oh 1 monsieur, fit Edith avec un (>Iaisir d'enfant, nous jouerons, voulez-vous'? J'aIme tant le
tennis, et dans ce pays-ci, je n'ai jamais occasion
d'en raire une partie, sauf avec Jeanne de Barly, et
encore ...
- Et encore faut-il qu'elle soit bien disposée, n'estce 1 as, tillette? fit tante Paule malicieuse, qu'elle
n'ait pas un cor age trop ajusté, car elle repous e
toutes tes avances? Il ya de Jours où elle est tellement anglée qu'un mouvement un peu viL .. et tuut
cra lucrail.
- Elle e. t assez forte, fit généreusement Edith.
excusapt . on a~ie,
de sorte que .. .
Patnl:e s()unt.
- Moi, mademoiselle, si vous voulez m" faire
l'honneur de jouer avec moi, je serai toujours prèt,
car Je n'ai jamais dc corsa~e
trop ajust6.
- Si nou s ess ayions tout de uite'? dit la jeune
fille 'tour liment.
- Nnn, fi~ doucement sa m~re,
nou all ons (cnIrcl' car voilà longtemps que tanle Paule est sur
pied, je veux Ja faire as~o.ir
ht pOUl: cNrj~e
I~
événtu de on rcfus, se toun.lant
vers Patrice, Ile aJouta av c (11\ touchant sounre :
d' squit, j'e pt:rc, ct 1
- Nol! rt:vcrrlln ~1.
OCCU 101l Ile manqueront pa .de taire des parlî.e~
...
- A urément, madame, SI vous m'y au tort ez,
répondit Patnce.
�DERNIER ATOUT
51
On J'entra, Edith quand même souriante.
- Va voir, lui dit sa mère, si le goûter est préparé.
Il l'était, et .Mme de Dombast conduisit sa vieille
amie dans un petit salon, attenant au grand, et s'ouvrant sur la même façade. Il avait, de plus, une
fenêtre de pi~no
qui a\'ait la perspective charmante
de l'avenue oe tilleuls: le milieu du corps de logis
du châtcau dc Quervaux avançant un peu, du côté du
parc, sur les ailes en retrait.
Sur la table on avait posé le plateau du « Ihe
o'clock ». Edith en fit gracieusement les honneurs,
et, pendant qu'elle s'occupait de tante Paul~,
Patrice
faisait le tour de l'appartement. On sentait à mille
détails que c'était la pièce familière, celle où se
tenaient les deux femmes lorsqu'elles étaient seules.
Et rien qu'à son aspect, aux objets divers qui la
meublaient et la garnissaient, il essayait d.e deviner
leurs goûts, leurs habitudes, leurs occupatIOns. Une
étroite mai très belle tapis erie ancienne ornait la
moitié d'un panneau. Sur les autres, Patrice remarqua
de jOlies pe1I1tures, des études de fleurs,_ d:oiseau~.
Dans un coin, un paravent le frappa. Il etait à trulS
feuilles, peu élevé, d'une toile de couleur grisâtre
comme les vieux murs. Au bas, à gauche, s'élevait
une toulTe de chrysanthèmes d'une chaude nuance
rou,ille, point trop fuurnie, absolument nature et
vraie. Elle n'arrivait guère qu'à mi-hauteur de la première feuille, et €lu sàmmct de la troisième retombait
SUT ~Ile
et la seconde, jusqu'au milieu, venant presque
rejOindre les fleur~,
une branche de vigne vlergc de
ce beau. ton rouge qu'elle prend à l'automne. La
perspCClJve heureuse donnait la réelle illusion d'une
muraille au. pie~
de l~que
poussait un chrysanthèI?e, ta~dls
qu une vIB.ne \'ierge, plantée de l'autre
côte et dt:bordant, vcnalt y farre courir le vagabondage gracieux d'une tige a\'cntureuse.
C'était ~i bien composé si bien exécuté, si peu
ordinaire, que Patrice c':da à sa sincère admiratIOn.
- QllC voilà un jnli ouvragc 1 dit-il.
- C'est Edith qui l'a fait, répnndit sa m'ore implemenl.
Patrice se tut, un coml liment lui était venu au.
("vJ'~s,
si ~anl
pOUT une d~ose
ct une personne qui
l'étalcnt SI peu, qu'tl le rt:tlI1t.
" t 'ncore E~lith
l'a\ltelll' de tout cela, reprit
MlI~
d'Au Sn!l, déslgllant le tal"leaux et la wande
l'0llche - pClllte de pamts multicolores Oll s'enta _
ai 'lit lu bl"lncha e, vert mu lé :1 dl.! llulllet-,
�DERNIER ATOUT
argentés Je gynérium, - c t les écrans de s bougies de
la table à éCrire. Et puis, CI'S neurs, continua-t-elle,
montrant une svelte guirlande de rose~
thé imitéoo en
perfection, qui montait autour de la glace du trumeau.
- Vous avez tous les talent · , mademoi elle, dit
Patrice.
- Il faut bien, répondit sa m~re,
que la pauvre
petite occupe sa retraite et sa solItude.
Et elle de riposter de suite, dans un véritable élan
de cœur :.
- Oh 1 mère, avec vous, elles ne me pè se nt pas,
vous le savez bien 1
Tante Paule pours uivit, s'adre sant à son neveu:
- Si tu l'entendais, mon petit, jouer du piano el
chanter avec sa voix d'ange!. ..
- Mais j'espère bien que j'aurai un jour cette
bonne fortune, reprit Patrice, regardant Edith.
- Oh 1 répondit-elle très simplement, si cela vous
est agréable, je ne demanderai pas mieux. Si j'ai
quelque talent, c'est à ma mère, à ses conseils que
je le dois, il est bien juste que je lui en fasse honneur.
Et la jeune fille regarda Mme de Dombast avec
cette expression de tendresse, tl'adoration, qui témoignait h: culte qu'elle avait voué à la digne femme et
qui, sans doute aujourd'hui, venait adoucir l'amertume de ses souvenirs.
Il était cinq heures quand tante Paule demanda sa
voiture.
- A bientôt, monsieur? fit Mme de Dombast a
Patrice qui prenait respectueusement congé d'elle.
- Oui, madame, répondit-il, et avec autan't de plaisir que de reconnaissance.
Il dlna et passa la ~oirée
avec Mlle d'Ausson, et
tous deux ne parlèrent -que de Mme et Mlle cie
Dombast.
x
Le lendemain, en s'éveillant, Patrice fuI pris du
violent ùésir de retourner à Quervaux. Il comprit que
c'était absurde, et l afin d'y. r~site,
partit dès le
matin pour une longue équlp~e
à bicycl>tte, prévt!-
�DERNIER ATOUT
53
oant Mallette qu'il n déjeunerait pas t se contenterait d'une t)melettt, mangée dans tll)e des a1jberw~
s
de la route.
I .. e jour suivant, la méme tentation lui revint,
obstinée, et lui qui, depuis des années, cédait, sans
les discuter, à tous ses penchants, obéissait pa sivement à toutes ses fantaisies, fut désarmé pour renoncer à celle-ci.
Il ne se rendait pas bien compte du genre d'attrait
qui l'appelait à Quervaux. Etait-ce la beauté d'Edith,
la sorte de curiosité qu'elle lui inspirait, le charme
de cet intérieur si calme qui répondait bien à son
besoin actuel de repos moral? Ou bien sa pitié,
intéressée par ce roman de larmes que lui al'ait
conté tante Paule, l'attirait-elle vers sa triste hérolne?
Ou bien encore, était-ce cette tendance inexpliquée
qu'ont certaines natures à s'apj5rocher de la douleur,
à sonder les plaies, à voir couler les larmes, sensation
étrange, âpre et poignante, qui trouve, pour la rechercher, des blasés ou des dépravés? Il ne raisonnait
jamais et ne sut démêler le motif du désir qui l'entralnait à Quervaux, mais il le constata impéneux en
lui et, comme toujours, lui céda.
Seulement, il fit aux convenances une conces. ion
de vingt-quatre heures et décida de remettre sa vi ite
au jour suivant.
L'après-midi lui parut longue, et le lendemain il
e~t
une telle impatience de voir arriver l'heure pllSslble d'une visite, qu'elle l'énerva et le laissa incapable de tout effort d'esprit, de toute action, de
toute réflexion.
Vers. deux heures, il monta à bicyclette et, quelques mlOutes ~prks,
pénétrait dans le parc <.le Q~er
vaux. Une fOIS la grille franchie, il ne prit point
l'avenue .que suivaient d'ordinaire les voitures, mai~
~n
chemlO plus étroit, courant sous bois, qui passait
Juste au b<?ut de la grande allée Je tilleuls J~ la lerrasse, et fort en contre-bas, une pente bOISée de
cytises et de lilas l'en séparant.
Lor!iqu'il fut là, instinctil'cmenl il leva les yeux ...
Sous l'épais c et sombre tente dc verdure, po ée là
pour le plaisir des yeux dans le plus avantageuÀ
èncadrement de feuillage, Edith, têle nue et VeIlle
de blanc, 'e tenait d~n
une in\olontaire pose ue
statue, chaste et gracieuse, un d ses bras repliés ct
l'autre tomban.t le long de, sa jupe dans les plis de
laquelle la m~ln
se perdaIt. Son t'l'ont pur un peu
Il'\'é \ers le clcl dan lin élan de ~inl'érk,
~t:
b 'aul.
�54
DERNIER ATOUT
yeux fixés au loin, et ses lèvres entr'ouvertes par un
candide sourire, elle était telle, que, si on eût voulu
personnifier idéalement l'innocence avec tout son
charme et toute sa sérénité, on n'eût pu rêver un
plus exact ni plus séduisant modèle.
Elle fit à Patrice, p~u
poétique pourtant, l'effet
d'une apparition, comme si la fée bienfaisante de
ces lieux, cédant à une évocation humaine, était
revenue les habiter ...
Mais il n'était point homme à s'attarder dans cette
sensation éthérée et fusitive.
- Mademoiselle, j'al l'honneur de vous saluer,
lui cria-toi! joyeux, lorsque, juste au-dessous d'eHe,
il mit pied à terre et s'arrêta, voilà votre partenaire
de tennis qui vous arrive ...
Elle fit un mouvement de surprise, elle ne l'avait
pas plus vu qu'enten'du venir, le sable fin des allées
étouffant le oruit des roues de sa bicyclette, mais,
vite remise:
- Comme c'est aimable à vous, monsieur, répondit-elle simplement. Je cours yous annoncer à ma
mère et.v?us recevoir, puisque, ici, nous ne pouvons
nouS reJomdre. .
En effet, Patnce devait faire un détour pour
arriver au château.
Il trouva Edith qui l'attendait dans le vestibule.
- Deux fois bonjour, lui dit-elle de sa voix gai~,
entrez, mère est là.
Patrice vit de la porte du salon restée ouverte
Mme de Dombast qUI venait au-devant de lui.
Elle eut le même mol accueillant et gracieux que
sa fille.
_ Comme c'est aimable 1...
Puis elle s'informa de tante Paule.
_ Une si parfaite amie, dit-elle.
Au bout d'un mstant très court, on s'en fut sous la
charmille où Edith avait déjà apporté les balles ct
les raquettes.
_ Jouons-nous? dit-elle à Patrice.
Il sourit de sa juvénile impatience que sa mèle
crut devoir excuser.
_ Elle aime à la folie ce jeu, et le mouvement, et
l'action. C'est assez naturel à son age. Elle a en
réserve une exubérance de jeunesse et de santé qu'il
lui faut bien dépenser, car elle n'a guère son emploi
dans la vic forcément Isolée que lui font ma tristesse
et me::; deUils, et forcément casanièrc aussi, que lui
lmpose ma mauyaisc anté.
�DERNIER ATOUT
f;s.
Patrice ne répondit
Déjà, de l'autre côté du
filet, Edith s'exerçait seule à lancer des balles que
le petit chasseur, en livrée correcte, ramassait
consciencieusement. Sans la faire attendre plus,
Patrice se plaça en face d'elle et la partie commença.
I! était fort, souple, habile, mais n'approchait pas de
son adresse. Elle ne manquait pas un coup. Toute à
son jeu, le visage coloré, l'œil attentif, l'esprit tendu
à suivre le mouvements des balles, elle bondissait
comme un jeune faon au-devant d';lles! les atteignant
de toute la hauteur de son bras leve drOit, lorsqu'elles
passaient au-des us d'elle i d'autres fois se penchant
avec une élasticité d'acrobate afin de les relever
lorsqu'elles rasaient le sol, pour se redresser vite
en ulte, dans un mouvement d'autorité fier et charmant, et les renvoyer.
i la jeune fille était passionnément attentive,
Patrice, lui, jouait de moins en moins bien, tant il
était distrait par le spectacle charmant de sa jolie
pal'!enaire. Il y avait en elle, dans ce jeu auquel elle
se donnait toute, une telle révélatilJn de vie, d'ardeur
et de beauté que Patrice en était profondément
troublé. Il était trop maltre de lui, avec l'expérience
que donne l'àge, et encore plus la vie du monde,
pour le lais5er deviner. ParfOIS, d'un mot plai ant, il
e)(~usait
ses maladresses et les rachetait, à peine
p:dlth. en ~iat-el
j elle ne parlait pas et Patrice
Jugeait, à l'Intensité d'attention apportée à ce ùélassemcnt ct u'el.le aimait, ce que cette jeune ct riche
natu.re couvait dc passion et de volonté. Le nombre
m?x~u
I.!es pOll1ts vite atteint, et la partie term1l1ec, PatJ'Jce, qui demandait ~ràce,
retourna près
dl.! l'lIme de Dombast.
- Quelle excellente joueuse 1 rit-il en lui montrant
sa fille.
Elle aussi s'était rapprochée, il la regarda. Un peu
p.lus vite, SOIl corsage se soulevait, et lapcau de son
vIsage avait pris uniformément une teinte rosée
mai pas une goulte de sueur ne perlait il son front:
Patrice admira la splendeur ~ainc
de cette jeune et
robuste santé, la comparan.t, pal' le ou\'cnir, il tant
,i'autres femmes que le mOindre mouvement le plus
kger ef1'ort abattent vite, languissantes et pa'mées' il
ne put s'empêcher de lui dire:
'
vou .êtes fo:te 1 VOU!! nc rémoignez
- C(lm~
a~c.une
l.assltude; Il Y Il: SI peu. de per!>onnes qui
l'CSlsteralent à. ulle pll,rtle ~nragce
comme celle-là 1
Devant votre VIgueur, Je SUIS absolument honteu.\,
�56
DERNIER ATOUT
pour ma part, de fair~
si triste figure et d'âtre là à
m'éponger, suant et souf1~nt,
l~)fsque
vous restez
fraîche et reposée comme Sl de nen n'étalt.
Elle sourit.
- Oui, répliqua sa mère avec un peu d'orgueil,
elle est très forte. Cela est un des bienfaits de sa
jeunesse passée toute ici, près de moi, au grand air;
elle a acquis une santé de paysanne, toute médaille'
Q. son beau côté ...
- Mais, reprit Patrice, s'adressant encore à
Edith, où avez-vous pu vous perfectionner ainsi au
tennis?
- En Bretagne, chez mon oncle de Tourxon où je
vais quelquefois, dit-elle, ou bien quand mes cousins
yiennent ici. A Vichy, cette année, j'ai joué aussi, à
quatre c'est plus amusant.
- C'est le vrai jeu, d'ailleurs. Et vous ne trouyeriez·pas, dans tout ce pay , quelques personnes
pour nous compléter?
- Nous voyons si peu de mondet répondit Edith.
- Trop peu, reprit sa mère, je me repoch~
même
de sacrifier la jeunesse de cette enfant, dit-cHe,
~ 'adressant à Patrice, à la religion triste de mes
souvenirs.
Et sans remarquer le geste par lequel Edith protestait, elle continua en nésitant :
- Après les malheurs que j'ai eus et que vous
a vez, peut-être?, ..
- Oui, madame, interrompit Patrice, je les ai
appris pour YOUS plaindre rrofondémcnt.
- Dans cette dlspo~ihn
d'ame, continua la
baronne, on n'a guère le courage de' sortir Je ::;a
solitude. Je le ferai pourtant, peu à peu. Edith est à
l'age olt l'on doit sourire et non pleurer et, quoiqu'il
m'en coûte, j'essaie de temps en temps de me
secouer pour la distraire. Nos environs sont bief!
habités, Il y a <.lu monde awéablc à voir, mai::; 10rsliU'on a pcrdu le goût et 1 habitude de sortir, on a
peine à s'y remettrc. Sauf la chère et si bonne tante
Paule et les Barly, nos plu.s proches voisins, ,·c Ile
fréquente personne ... 1\1als, à propos, fit-cl c sc
reprenant, ,'y pcnse, Edith, tu pourra::; demander à
ton amie Jeanne de sc retrouver un jour ici avec
J\1. d'Asquit, je crois que son frère est pre d'clIo en
ce moment, ce serait votre partie organisée.
- Oui, fit Edith,i Jeanne consent.
- Vous la préviendrel, ma emoiselIe, dit Patrice,
pour 4u'elle ne mette point de robe trop collante.
J.
�DERNIER ATOUT
57
- Ahl répondit la jeune fille, liaot de ~O!J
mi
JuYé'nile, si franc; vous vous ou\enez Jes milices
de tante Paule ;\ son propos. Figurez-mu. que
Mlle d'Ausson, si excellente pourtant, ne peut l'as
souffrir Jeanne 1 C'est une véritable antipathie que
je ne m'expliqu~
pas, car, enfin, Mlle de Barly illt
une belle et gracieuse personne.
- Pas assez simple pour tante Paule, reprit
Mme de Dombast, qui recherche en tout le monJc:
le reflet de sa droiture et de sa nalveté de cœur; et
même prêtant aux autres ses propres vertus, croit
les trduver en eux, bien à tort, souvent 1
A ces mots, une secrète et invincible gêne envahit
Patrice car ils résumaient sa situation en face de
tante P~ule.
On ne pouvait dire précisément qu'il la
trompait, mais comme elle se trompait sur lui 1
II Y avait dans leur vie commune des moments où,
la voyant si persuadée de ses mérites et de ses
qualités, il finissait par se les croire réellement, et
d'autres, comme en celui-ci, où il avait scrupule dl:
ne pas détruiïe sQn erreur.
Il eut un silence inyolontaire qui passa inaperçu,
c~r
Edith, toute joyeuse du projet formé, reprit
bientôt:
. --:- Alors, c'est convenu, dites, chère mère, nO\ls
tnvlterons les Barly pour une <.le ees après-midi.
- C'est convenu et nous feron s signeàM. d'A qt:il.
~'après-mid
s'acheva dans une intimité qui devenait de plus en plus familière ct cor<.liale. C'était
surtout Edith qUI Jan son ingénuité en Jonnait
la note. Tante P~ule
lui avait tant I;arlé de son
neveu, qu'il n'~tai
vraiment pas un étran!o(cr pour
elle. IP!e le traltait en vieil ami, car elle ignorait les
~altes
du mon~le,
les réserves <.le convention, et
etait, avant t<?~
Simple et \'l'aie. Vivant ;t l'écart,
sevree d'amltlés et de relations, avec une nature
très affectueuse el disposée à l'expansion, elle
accueillait avec joie cet te camaraderie qui vena it à
elle. Sa mère, plus expérimentée, ne la retenait pa.'
dans le courant de sympathie qui la portait vers
.M. d'A~quit.
N'en sachant que ce que Mlle d'Ausson
lui a vail dit de bien ct dc bon de son pl:re, de sa mère
<.le ,es traditions de famille, <.le son éducation d~
ses qualités d'enfant, et le trouvant di~ne
de 'son
passé. elle était en confiance avec lui. Elle lui croyait
les meilleurs dons du cœur, admirait ceux .le son
esprit, lui savait gré de leur en prodiguer les témoiRnae~,
à sa fille et • elle, et lui en montrait s~
�58
..)ERNIER ATOUT
satisfaction par une amabilit é qui encourageait
Patrice.Sùr,donc, et maitre de on terrain, ses facultés éranouies rar l'appro.batinn qu'il rencontrait, il
n'en était que plus séduI sant. A coté de ces deUl
charmantes femmes, il ne restait rien du sceptigu\.
inconscient et blagueur qu'avaient connu ses compa~nos
ùe fête 1 Avec une naturelle sou plesse d'espnt que lui per~tai.
cette \!volution, sans cess er
d'être sincère, Il avaIt retrouvé en lui, près de
Mme de Dombast, toute cette délicatesse de cœur
ct de sentiments qu'il foulait d'ordinaire aux pieds
de son dédain.
11 s'apitoyait sur les souffrances, s'enthousiasmait
au récit des belleR et nobles choses, avec une bonne
foi incompréhensible pour qui ne connaissait pas
son naturel prime-sautier, son caractère faible devant
les intluences, subi sant à un point excessif celles
des milieux où il vivait. Il ne s'ennuyait pas, des
heures et des heures, avec tante Paule qui lui racon.
tait, tout en tncotant, des histoires du temps jadis,
tandia qu'il déroulait machinalement, peu à peu, son
peloton de laine beige. A Quervaux, ce jour-là,
l'attrait de la beauté d'"]i;dith rayonnant sur toutes ses
sensations pour les. ensoleiller, il put, en prenant
congé d'elle, convenIr en lui-même qu'il venait de
passer une des plus agréables journées tle sa vie.
XI
Peu de jours après, Patrice fumait, dans le parc de
Bnisjl!an, une de ses éternelles cigarettes, lorsqu'il
entendit une voiture entrer au chàteau.
- Ce S(lnt ell es, se dit-il.
le prit tl'y courir. Il se rcndait compte
Le d~sil'
que cet emw'csscmcnt était peut-être indiscret,
III ai
Jan s 1 impérieuse impatience qui le tenait de
rcv,)i'r Edith, il passa outre,' permettant eulcment de la dissimuler et d'entret' comme par hasard .
Lorsqu'il pén~tra
dan s le petit salon où tante
Paule recevait tme de Domba!!t, elle l'accueillit
• \'eC un sourire:
�. DERNIER ATOUT
59
- J'allais t'envoyer chercher, mon petit, dit-elle,
ces dames désiraient te voir, t'inviter ...
- ... A veniy j?u.er au. ten~s
lundi, interrompit
Edith dans sa juventle satIsfactIOn, tout est arrangé,
vous savez, les Barly viennent. Le frère de Jeanne
ne possède pas ce jeu, mais il nous amènera un de
ses amis, M. de Trémeran, qui, paralt-il, y est de
première force.
- Et voilà Edith enchantée 1 reprit Mme de
Dombast avec son mélarlcolique sourire, monsieur
d'A quit, nous comptons sur vous.
Mlle d'Ausson garda ses visiteuses tout l'aprèsmiùi.
- Il fait un si joli temps, leur dit-elle, que je
vous propose un tour de parc. Je ne suis pas encore
sortie depuis le déjeuner et je me sens tout à fait de
force à vous accompagner.
.
..
.
Ces dames acceptèrent. Patnce avall pns l'habitude de donner le bras à tante Paule, chaque fois
qu'il sortait avec elle. Il savait qu'il était très doux à
la chère femme d'être soutenue par lui et elle lui
pesait si peu, de toutes façons r
Ce jour-là, cela lui coûtait, devant l'éloigner forcément d'Edith; néanmoins, fidUe à son devoir accoutumé, il s'approcha de Mlle ct' Ausson. Mais, tri:!s
doucement, avec son fin sourire, elle le repoussa:
- Merci, mon petit, pas aujourd'hui; quand tu
n'cs pas là, et que Valent1l1e s'y trouve, c'est elle qui
me donne le bras. Je ne veux pas lui laisser perdre
cette bonne coutume, sinon que ferais-je quand tu
seras parti? ..
, Et . ~vec
un hochement de tête entendu, plein
d arnert:-pensét:s, elle s'en fut appuyer ses doigts
menus, gantés de filet, sùr la manche de satin de la
baronne.
Tout naturellement, Patrice se trouva ainsi rapproché d'Edith qui marchait en avant. Il l'accompressant le pas ~ous
l:.emp!lsna ct, in~esblmct
pire de leur Jeunesse, tandiS que, sous celUI de 1 age,
ct pe\lt-êt,rc d'un autre sentiment, Mlle d'Aussun
ralentlssall le sien, ils sc trouvèrent isulés, devançant tante Pallie ct Mme dc Dombast.
Ils callsai(;l1l.
VUliS ëtt.:s COI1t.:ntc, diSAit Patrice, de l'arran"emt;nt ùt.: \.:l:ttt.: partit.: ue Ic:llllis (
. :- Oui, trèh cuntt.:nte, r~l'"nuit
Editll; pUllllant
l'al dC5 ~crl1p
...
- Lesquels '?..
-
�60
DERNIER ATOUT
Je sens teUement bien que, tout en le faisant
pour moi, cela coûte à ma chère mère de fréquentar
du monde, de voir de nouveaux visages, de rouvrir,
même entre-bàillte, la porte de Quervaux, après tant
d'années de solitude et de deuill Je comprends si
nettement combien tout cela, et le sourire qu'elle
impose à ses lèvres, les paroles banales qui sortent
de sa bouche, est douloureux aux plaies de son
cœur!
- Je suis persuadé, en effet, que ces choses sont
un peu pénibles à madame votre mère, mais je ne
le suis pas moins que cet elTort, tout sacrifice
qu'il est, lui devient doux, puisqu'elle le fait pour
vous.
- Oh 1 assurément 1 Seulement, moi, je me
reproche de le lui iml?ose r tacitement, et même d'y
p.rendre plaisir. Je SUIS tout pOUl: cHe. Je r~s.ume
sa
\'le, ses espéral1c~,
ses aSpJTatlOns, ses JOIes; ne
devrait-elle pas être tout pour moi, et avec bien plu'
ue raison encore, car elle ne me doit rien et moi je
lui dois tout \ Elle ne goûte pas un plaisir, une satisfaction qui ne lui viennent de moi. !Iors moi, tout lui
est indifférent. Ne JeHais-je pas sentir de même
et n~
prel~d
aucun plaisir, sinon avec elle? Ce
serait Justice.
- Oui, !'fiais ]?as .de votre âge. :Vous êtes à celui
où, en faIt d'alfectlOn, on reçoit plus qu'on ne
donne; plus tard, ce sera tout le contraire. Il est
naturel que madame votre mère concentre en vous
seule sa vie fini s ante, non pas que lui con sacriez
la votr.::, commençante. Vous lui donnez sa grande
ct I~ ~itme
part. Votre devoir de tendresse cl de
fl:conais~e
est l't:mpli et si , en dehors d'elle,
\'Ous connai;st:z qt~el<
plai sir, quelqu.e dés ir,
quelque esperance, Il faut en accuser votre Jeunesse,
dont l'horizon ne peul se borner dè l'aurore, non
votre cœur.
- Et pourtant, in sista Eùith, ce n'est pas juste.
L'alrection devrait être toujours en ti<:rement rtciproque, cc devrait, être u~t.:
ol?ligation, une loi, de
rendre autant que Ion reçoIt. Sillon, c'est l'égolsme:
jouir d'un bien sans la r~c()nais
.. ance qui en paie,
d'un s.::ntlment sans \tn nccorder le retour qui le
l'écornptnst:.
- J\laJcllloi-;elfc, Jit Pulri.:t (Juriant, si , .Jan g
cc llwnJe. cha.:un était aimé ':O ll1l11e JI aiull' , il n')'
a\lrnil plus de l1ah~ure.
- Eh bien, (it Edith llui ne ~l: dè\'ul'lnuil l,a l'li Il l'
�DERNIER ATOUT
si peu, il n'yen aurait plus, il n'y auraIt plus d'amitiés trahies, de cœurs brisés, de parents désolés
de mauvais ménages.
'
- Ce serait l'âge d'or, et nous en sommes bie1l
loin 1
- Hélas 1 mais vraiment je pense quelquefois que
c'est à faire trembler de s'attacher, quand on songe
de quelle réciprocité on peut être payé 1
- Lorsgue cette réciprocité n'est pas ce qu'on
est en droit d'attendre, on se détache.
- Oh 1 ne dites pas cela 1 Comment peut-on
cesser d'aimer de sa seule volont":? Voilà encore
une chose que je ne comprends pas. Quand on
donne son cœur, je trouve, moi, que c'est pour la
vie.
- A moins que des circonstances ne viennent
c1Jangcr la nal ure des sentiments.
- De l'inconstaJ)cc, alors ? ..
- Pa même, mais l'objet.1e votre affection peut
par son indifférence, son iOlldélité, par des torts
Iluelconques ...
- Oui, fit Edith subitement attristée, - ct Patrice
comprit qu'elle pen ait à son père et aux larmes
qu'elle avait vu répandre à sa mère, - oui, assurément, mais supposez-vous que l'affection pour cela
Sorte du cœur ? Je pense que l'on doit souffrir
c!,ucllement de ne plus pouvoir, de ne plus devoir
aImer, mais qu'on aIme tout de même et que la tendresse se fond en un sentiment de douloureuse
pitié, de mystérieuse indulgence. Tenez, ajoutat-elle, - comme pour donner le change sur sa pensée
présente, - lToyez-volls que si je déméritais de
l'.amour cie ma mère par mon Insensibilité, mon inw a tllude, que sais-je, moi, elle cser~it
dc me c1~éfJr?
- Oh J une mère 1 fit Patrice qUl ne songeaIt pas
du tout à l'affection maternellc.
- C'cst donc que les mères aiment mieux que
personne au monde?
- .le le crois, mademoiselle, fit Patrice, sérieusement.
- Alors, j'en reviens à mon id'::e première, nous
ù.;:vrio\1<; les aimer uniquemenl, nous au-;si, cl l'lus
que qui que cc suit.
- ElI~s
en seraient bien IJdlétS, reprit Pairie!:,
çar, destJl1é~
à nous pr[céder Jans lu tombe, avec
biles flniraienl nns j"il's du Cl!'Ur. Elles p\.:lIVent en
elfe secrètement un l'CU jalouses, mais tuutes nous
�DERNIER ATOUT
souhaitent une affection d'épouse ou d'époux, pour
continuer la leur el la remplaccr.
- Pas toutes, protesta Edith, je suis sCtre que ma
mère soufTrirait horriblement si ... si. .. - et elle hésita
- si j'aimais quelqu'un ...
- Pourtant, fit Patrice un peu ému, vous vous
marierez un jour ou l'autre?
- Non, dit Edith gravement, je ne quitterai jamais
ma mère.
- Mais vous pouvez vous marier sans la quitter.
- Et lui imposer le partage de ma tendresse, Je
mon dévouement, de ma vie avec un inconnu ?.,
Oh! non, ce erait trop cruel!
- Et que de bonheurs, de ces bonheurs d'automne de l'existence, vous la priverez J La sécurité
de ne pas vous laisser, après elle, isolée, le charme
de cette seconde et double maternité que donnent
les pet i ts-enfants ...
- Cela ne compenserait pas .
.- Et vous, vous sacr:fier à ce point, ignorer volontaIrement toutes ces douceurs, auxquelles nulle nc
peUl·cnt être comparées, J'un amour partagé 1 Vous,
sl~rtou,
fait~
comme vous l'êtes pour être passionnement almee et pour vous attacher si fortement. ..
Patricc s'arrêta un peu effrayé car entralné par
lcs doux yeux bleus et Je char:ne J~ur
d'Edith, il
avait été plus loin qu'il ne le voulait ; mais très
paisible, ayant seulement un peu rougi, elle lui
répondIt:
- J'ai bien pens\! à tout cela, et cela ne m'a pas
fait changer d'avis, je ne mc marierai pas.
Patrice ne répliqua point, cette réponse lui avait
cau é une satisfaction intime et profonde . Puisque
lui n'épou erail ras cet~
~nral,
honteux de prof l1 ~r
de es mensonges et dt: ses perversités la
candeur immaculée de 'a confiante jeune e, il
éprouvait une douceur extrême à la pens6c qu'elle
ne serait à personne et, dans sa virginité inviolée,
rc terait l'image de cette blanche statue de la ~ainte
innocence qu'clic avait un jour personnifi6e à ses
yeux, sous la voùle des grands tilleul ' de Queryau . .
Il s étaient ariv~s
au potager, dont une grille
verdie fl:rllluit l'entr6e, au pied J'un munticule que
cournflnait une ber 'ère 1.18IJlllée au' i, I~ar
le te':lP ,
de mou ~ e verle. J lachll1alclIlcllt, Palnce UUVrlt la
purte du jardin, Edith y pén(:lra ct, jetant les yeu ..
'ur unI.! plate-bnd~
:
.
~
Tiens, des fraises 1 g'l!crw-t-clle .
�DERNIER ATOUT
Et, avec la mobilité de sa jeune nature, oubliant
les grave s qu es tions qui venaient d'être agitées ell e
se pencha pour en cueillir et en manger.
'
XII
Le jour dl. la partie de tennis, Pa~rice
arriva le
premier à bicyclette. Il trouva Edith seule au salon.
Elle vint à lui avec cette charmante familiarité
qu'elle devait à sa vie isolée. NJ voyant abs(jlument
que des parents ou des amis très intimes, elle avait
tellement l'accoutumance de la confiance et de l'intimité, qu'elle ne savait pas être autre envers les gens
qui l'approchaient, surtout lorsque, comme avec
Patrice, la sympathie j'attirait encore vers eux.
- Bonjour, lui dit-elle, vou s me voyez un peu
agitée, m ère l'est encore plus . Cela va vous sembler
pUéril, mais, depuis des années et des années, c'est
la première fois que nous recevons.
. -:- Pourtant, dit Patrice, vos invitations sont
1Imitées?
- Je crois bien 1 Seulement M. et Mme de Barly,
aye.c Ft!lix et Jeanne, et nous les vuyons souv.;nt 1::11
VISite .. Il Y a aussi ce M. de Trémeran que nous n~
connaissons pas: cinq pel'sonnes, vous, six, et rien
que pour un après-midi 1 C'est enfantin, mais je vous
assure gue cela m'impreSSIonne.
- Parce qUe vous voyez que ce léger eflort, fait
pour rentrer dans le mouvement de
vie, coCite à
madame votre mère .
. -. Vous l'avez deviné. Avant que vous me l'eussiez
dit, le ne m'en rendais pas compte con:me à pr.ésent
Vuus êtes perspicace ct observateur, ajouta la Jeune
fille avec Un sourin: .
. - Oh 1 répondit-il il n'est pas besoin de l'être
bien f)r~
p,our péné'trer une .sincérité cOf!1me la
vOtre, qUi laIsse lire vos impreSSions, vos sentiments,
dans vos yeux, sur votre front, sur vos lèvres, en
tout votre être délicat et sensitif, comme sur votre
.
vl9sge mobile.
vrlllà un Indiscret, mon visage, à VOUS
- I~n
la
�DERNIER ATOUT
,nlpndr,' 1 lfellrl!u!'emcnl, tnut le monue n'est pas
au loi d.inll\'8nt.
- Et quand t"ut le monde le ~crdit
! Qu'avez-vous
à cacher?
- A cacher formellement, rien, jl! croi~,
mais j'ai
dans la tête et dans le cœur bien des choses que jl;)'
ne vouùrais pas voir révélées au premier venu.
- As!>urément, ça c'est le trésor mis en réserve
pour l'élu auquel on en c?nfiera ~n jour les r!chesses.
- Ne riez pas, fit EdIth subItement séneuse, ce
ne sont pas toutes ri~hes,
allez, et l'élu, comme
vous dites, n'existera lamms.
.
- Si dit Patrice avec un SOUrIre.
répondit-elle avec fermeté.
- N~n
Mais et'Ie eut un imperceptible soupir de regret.
Mme de Dombast vint à ce moment et les de Barly
peu après.
M. et Mme de Barly et leur fils étaient quelconques, et, à première vue, n'attirèrent pas l'attention de Patrice, tandis qu'clle fut appelée par Jeanne
de Barly. Il est vrai qu'elle la sollicitait.
C'était une grande et belle personne, de formes
sculpturales, dont elle tirait avantage. Ses traits
réguliers étaient un peu forts, mais beaux. Elle avait
un teint coloré qu'atténuait savamment la poudre de
riz; des dents éclatantes et des cheveux dorés,
suivant la mode, mais qui, à leur naissance, accusaient de origines châtaIn clair.
Le regard de ses yeux bleus, légèrement aillants,
était terne et f~oid,
il ~e
revélait ni intelligence, ni
bonté, et ses levres mll1ces, â la courbe correcte,
avaient, en se rele vant, un pli de dédain.
Telle, Jeanne de Barly passait pour une très belle
persont:e, et n'avait pas peu contribué à ét~bli'
celte
réputatIOn par I~ con~le.
llu'eHe avait de s~
charmes. Elle avaIt une certaIne Jaçon d'btre et d'agu'
qui disait si clairement et avec tant d'autorité:
• Regardez-moi et admirez-moi, • que,sans se rai onner, bien de gens cédaient à l'influence de celle volonté cachée.
Patrice la regarda, mais il ne l'admira pas, Il
constata qu'clic faisait de l'effet. Dans sa vie, il
avait coudoyé cent femmes lui ressemblant, et dont
beaucoup étaient mieux qu'elle, ses traits étaient
compli!temen.t éclips~,
~our
,lui! par ~e
cbarme
juvénile, ~éhcat,
printanIer d E~ht,
qUI, elle, ne
rt semblaIt à porsonne.
Mlle de Barly. d'un coup d'( 'il, toi a Patrice et,
�DERNIER ATOUT
sans doute, uans son assurance hautaine, jugea qu'il
valait la peine d'être remarqué, car, durant toute la
journée, elle fit des frais pour lui.
On commença par la partie de tennis qui était le
prétexte de cette réunion.
Jeanne ue Barly, d'abord, critiqua l'emplacement,
il manquait deux mètres r Et puis,le terrain était en
pente, c'était fort gênant. Enfin, les raq uettes étaient
d'un lourd 1
en
- Ma chère, y pensez-vous, d.it-elle à Edit~,
voici une qui pi::se presque un kll.o 1. .. ~o
C).111 SUIS
acCoutum0e à mes raquettes anglaises, SI legeres! Il
est vrai que je les fais venir de Londres.
J)ès le::. premiers mots, elle déplut souveraineOlent à Patrice.
- Quelque IOlrc~
que pui!>sent . être ,'es
raquettes, dit-il, Mlle de Dnmba t les manie avec une
dextérité sans égale.
.
- .Je crois bien, répliqua Jeanne, elle en a l'habItude. Mais voyez un peu, monsieur de Trémeran,
CO~tinua-el,
s'adre'sant au jeune homme qu'elle
aVaJt amené, quel battoir 1...
.
~1. de Tr0meran était un jeune snob de provlllce.
C.o~fTé
de longs cheveux plats qu'une raie de côté
dlvl.sait, cravaté cl la mode de 1830, une longue
redingote lui battant les jarrets, il avait plutôt l'air
d'une caricature que d'une gravure de modes.
Ne voulant ni mécontenter Mlle de Barly, ni
froisser Mlle de Dombast, il répondit évasivement:
- Un peu lourde. celte machine-là, c'est vrai,
mais tout d~pen
.dc la main qui la tient.
On se mit au jeu, Jeanne v [ut si sen iblement
inféreu~
à Edit.h q,ue .Patriëe comprit, du coup,
pourquoI le tennis n avaIt pas ses préférences. Elle
cherchait à rachl!ler ses maladresses par la grace
de es ait itudes, mais sans y parvenir, au moins
aux yeux de Patrice. Quant à Edith, exclusivement
à sa partie, avec celte concentration de ses facultés
qui la donnait toute à chaque chose qu'elle faisait
ct l'y rendait, par là même, supérieure, elle ne s'oc:
cu[?ait guère de par.1t~
élga~te
ou gracieuse,
maIs seulement de bH~n.
Jouer. Elle n'en était que
plus charmante et PéllnCe remarqua ù plusieurs
reprisos que M. ue Tr~mean
en semblait ':blolli .
.. :::;crait-cc un prétendant? ~ pensa-t-i1 aVt:t.: un cert~ir
déplaisir.
La réIlexion le rasséréna:
« Non, Lar Mlle Il' Barly 1't'Ï1I ~ardé
pour 'Il,' ,.
ion·Ill.
�66
DERNIER ATOUT
Un goûter joliment servi sur la terrasse termin'l
la journGe. Avant d~ se sépa~er,
~me
de ~arJy',
ave~
mille graces affectees et prl!tentteuses, temolgna a
Mme de Dombast. son désir de voir se renouveler
chez elle, à Ternàtre, cette .. charmante apré -midi ».
La baronne, qui avait secoué un peu sa mélancolie pour recevoir ses hôtes, redevlOt subitement
triste et, dans l'opposition involontaire de son moi
intime, ouvrait dGjà la bouche pour refuser ... Mais
elle regarda ~a.
fille, -yit sur son visage animé et
joyeux: son deslr passIOnné d'une réponse affirmative ... Alors elle hésita, son cœur saigna un peu,
elle comprit clairement que, malgré son dl:vouement,
tnug 'cs efforts, elle ne pouvait suffire entièrement
à son enfant! Elle refnula l'amertume qui lui venait
de cette cruelle impuissance. Mme de Barly renouvelait ses instanc<!s, as urant que ce ne serait même
pas une réunion, qu'à peine elle aurait quelques
amiS. Et la baronne, faisant sur elle-même un violent efT"rt, lui promit qu'elle lui conduirait sa fille.
Mme Je Barly s'approcha alors de Patrice el l'invita a~si.
Il accepta, pour retrouver Edith, ce
qui lUI valut de la belle Jeanne - qui ignorait
son motif et n'admettait pas, du reste, qu'elle pr0sente, on pût songer à une autre - un serrement de
main très chaud avec un « au revoir Il qu'il ne
demandait pas.
XIII
Lorsque le soir, revenu prt:s de MI le d'Ausson,
Patricc lui raconta sa journée, elle lui demanda:
- Cl,mment trlluvcs-tu les Barly?
sont
_ Il ne Ille plaiscnt guère, rérondit-il, jl~
prét~lieux:
et l'Il eurs ct lu IiIle pfus que tOllS les
uln:s un emhk. Est-clic lit: a~rL:blc
aVl:C !\es airs
olltenùus et sati faits d'elle-même, st: jug ·ml.:nts
a Itllritnire , ah ,>Ill". sans uppel sur toute chll 1:,
~es
u&uaills ct cs mélH'is 1 A la croire, c'cst l'illfatllibilité fatte I"CIllI11L.
_ Elle c~t
Ir ' ~ ~l1chanti:e
de sa persoune, 1.1It
�DERNIER ATOUT
•
tante Paule, évidemment contente de l'i mpression
de son neveu.
Puis, voulant compléter son information • elle
reprit :
'
- Mais c'est une jolie fille.
- Une belle fille, oui, fit Patrice, sans charme et
sans grace.
Tout à fait édifiée à présent, Mlle d'Ausson crut
pouvoir ajouter sans imprudence:
- C'est aus i une héritière très riche, autant,
sinon plus, que ma petite Edith. Mme de Barly
appartenait à la finance ou au commerce, je ne sais
plus bien. M. de Barly a fait un mariage d'argent,
mais je ne pense pas qu'il ait eu tou)ours la vie
facile avec cette maîtresse femme qu'est la sienne.
Elle continua, mais Patrice ne l'écoutait plus.
Héritii!re! ce mot sonnant à son oreille pour la
seconde fois avait encore réveillé ses souvenirs.
Une héritière, n'était-ce pas ce que, - il l'oubliait
sans cesse ... - il était venu chercher dan ce pays 1
L~
première rencontrée lui plaiait trop, il lui avait
fa~t
grace du malheur de l'épouser. Celle-ci lui
dcplaisait assez pour qu'il ait eu à le lui inOiger un
certain mauvais plaisir. Il aurait eu des scrupules
~e
t~omper
la première, la seconde ne lui en eût
Inspiré aucun. Et dans cet ordre d'idées, poursuiV~nt
sa penée, tanJis que tante Paule parlai, il sc
repondait à lui-même:
' - S'lI faut absolument que j'en passe par là, cellela, peut-être?
~e
souvenir Je celle cond usi on l'accompa '113 au
chateau de Ternatre à la datt.: indiquée. Ainsi lue
le voulaient les cnl1v<.:'nances, il s'\' était présent.:
~u.elqt!s
jours aUI~r\':lt,
mais lÏ'avi~
poin.t .été
1 e~tl
En revanche, Il était retnurn·· plu leurs fOI à
Qucrvaux; il a\ ait au 'si revu, clH!Z tante Paul~,
Mmes de Dombas!. Son intimill: alcc elles allait
croissant ct il était tlé~ormais,
surtout avec EJith,
- le respect l' retenant un l'cu plus env~r
la
baronne - sur le pied tI'une \'t!ritahlc camaraderie.
Il s'ab~donit
à son charm~
suns remarqu r,
loI' quc, marchant en avant, il ~'enr"çait
,\ C la
Jt.!une fille dans Ics allées du parc ut! BOl Il.'an, le
Sourire satisfait tle tante Pa\ll ; ni, I()rsque, à <)ut!rvall , il allait jOllt.:1' avec elle uu tennis OU:tll cruli Il t.:t dans la grande avenue, l' f'e~ard
approbateur,
mais mouillo::, dont j\tlllê tle Domba t les ac ompa-
I?11i!it.
�68
DERNIER ATOUT
Dans leur confiance, Edith lui avait très naturellement adressé la même question que 11le d'usson.
- Comment trouvez-vOUS mon amie de Barly?
Bien que sachant toutes les femmes, dans leur
mutuelle jalousie, indulgentes p6ur qui rabaisse
devant elles même leur meilleure amie, Edith était
si peu pareille aux autres qu'il craignit de lui
déplaire par une trop grande sévérité à l'endroit de
Mlle de Barly.
- C'est une belle personne, répondit-il.
- N'est-ce pas? tout le monde est d'accord sur
ce point, on l'admire beaucoup, mais, en dehors de
cela, comment la jugez-vous?
- Un peu banale... avec beaucoup d'amourprop\e, pour ne pas dire d'orgueil, et une suffisance
parfaite.
Il s'arrêta, craignant d'avoir été un peu sévère,
mais, à sa grande surprise, Edith lui répondit tranquillement :
- C'es~
bien. cela, vous l'avez pénétrée à mervil~.
Lorsqu'Il arnva à Ternàtre, une nombreuse assIstance y était déjà réunie. De loin, il.vit, pa~
les fenêtres, des groupes formés et de clalres toIlettes de
femmes.
Le chàteau était essentiellement moderne, mais
sans cachet alc~n.
Patrice trouvait que c'était une
graI?de cons~ru.tlO
bête, longue, large, gui aurait
pu etre aussI bien une caserne ou un hôpital.
Par exemple, elle était posée au milieu d'un parc
peu étendu, mais admirablement dessiné. II manquait seulement d'imprévu et de pittoresque étant
établi dans un terrain abso.lument plat, sans q'ue les
quelques mouvements factices, amenés par les terrassements, eus ent apporté un remède suffisant à
cette uniformité.
A ~'inté!·eur,.
c'étai~
un luxe brutal ct criard qui
fut lOin d'ebloUir Patrice, d'avance dMavorablement
disposé. Devant I~s
murs du vestibule, tendus de
verdures de SauvaiS, les bronzes dorés des appliques
ct de la lanterne, devant, ensuite, les ors, les glaces,
l'ameublement de velours Je Gênes du salon, lee;
tapis Je hau~e
laine Oll .l'on 'nfonçait jusqu'aux chevilles, les bIbelots c()ukux répandus à pr(lfu Ion,
les fleurs rareS qui se fanaient dans des corbeilk
cnrubannt!es, ct les vitrines pleines tl'objets de
prix, il eut un mot cruel.:.
_ ,ela ~ue
l'Jr~cnt,
ICI!
l'ri's de la cht:!11in," c se l 'nait Mme cie Barly,
�DERNIER ATOUT
Brune, forle, sans beauté, mais d'une élégance qui
rouvait ell tenir lieu, elle accueillit Patrice avec
cette amabilité exubérante qu'elle témOIgnait à tout
le monde, ce .:J.ui en ôtait le prix. Son mari, pctit
homme chauve, pâle, qu'elle écrasait et domlOait
entii::rement de son encombrante personnalité, occupait bien peu de place dans son propre salon.
Ayant vu entrer M. d'Asquit, il vint à sa rencontre.
Quant à la belle Jeanne, elle l'attendit de pied
ferme, l'encourageant, par son regard et son attitude, à s'approcher d'elle. Ce qu'il fit.
- Que de monde! lui dit-il, songeant à sa petite
amie de Quervaux qui n'était point encore arrivée
et que sa mère amenait sur la promesse d'une
réunion intime et limitée.
Jeanne y songea aussi.
- Oui, fit-elle, nous avons été entraînés plus loin
que nous ne l'aurions voulu à cause des Dombast,
mais, lorsqu'on a de très nombreuses relations, c'est
inévitable! Enfin, comme ce n'est qu'une réunion
d'après-midi, j'espère que la chère baronne ne s'effarouchera pas. Du reste, c'est un service à rendre à
la pauvre Edith que de forcer sa mère à sortir un
peu de sa retraite, car elle n'a pas la vie gaie.
- Elle ne parait pas malheureuse, pourtant.
- Oh 1 c'est une enfant. Elle n'a jamais connu
d.'autre existence, ce qui l'aide à se contenter de la
Sienne, mais ce tête-A-tête perpétuel avec sa mère
n'est pas drôle, et voici venir l'âge où il ne lui suffira
plus.
- Mme de Dombast est cependant une charmante
femme, pleine de ressources, et doit être, pour sa
fille, une bien agréable compagne.
- Oh! agréable ... elle n'est pas de son âge, naturellement, el puis, elle n'est plus de ce monde.
A ce moment la baronne entrait, suivie d'Edith.
A la vue de la nombreuse affluence, clic eut un mouvoila
vement de recul, et une surprise doulr~se
ses traits. Mais elle les domina, son beau front resta
seulement un peu contracttl par l'effort, et .Ie sou.ri~e
qU'ellc imposa à ses lèvres eul une expressIOn brtsee
absolument navrante. Faisant bonne contenance,
clic s'avança vers Mme de Barly, qui se précipitait
à sa rencontre.
- Chère madame, combien je vous suis reconnaissante d'avoir tcl'lu votre promesse en m'amenant
votre charmante fille 1 Comme c'est aimable à vous
de rompre, cn notre faveur, votre austère retraite!
�7°
DERNIER ATOUT
Devant toutes ces démonstrations, un air lassé,
qui demandait grâce, se répandit sur les traits de
.Mme de Dombast, mais Mme de Barly, n'y prenant
point garde, les co~linut,
ame~it
sa ,c ch1.:re voi:
sine. à un fauteuil preS du 1,len, pUIS, sans LU!
laisser repos ni trêve, commençait les présentations:
- Chère amie, M. de Blacie!. Que je vous fasse
faire connaissance avec la marquise d'Aurtoy,
M, de Laparelle, le colonel de Brisaux, Mme de Leporis .. ,
A chaque nom, la baronne saluait d'un mouvement de téte lent, un peu automatique, indifférent,
poli, ma,i' fatigt,lé"
.
De lOin Patnce lobservalt, devinant toutes ses
impres 'ions: sa surprise pénible de cette nombreuse réunion, sa tristesse au rappel maladroit des
peines qui eu sent dû l'en tenir éloignée, et son
ahuris ement à tous ces noms, Ces visanes nouveaux
ou à peu près, qui lui importaient si p%u.
Patrice la regardait, la trouvant belle encore, aveC
toyt blan~s,
s~
gra.nds yeux, clairs, sa
seS chey~x
peau d'IVOire, a peme Jaunie ... Il Se rondalt compte
à quel pointell? avi~
dlt l'être à vingt ans, Pour en
être assuré, d,n y avait d~
reste qu'à regarder Edith,
qui était son Image parfaite.
Ah 1 ces deux femmes étaient bien semblables. La
baronne avait été, au.s~i
ch,armante que ,a fille et,
pourtant, ellc avait etc mcconnue, dédaignée délaissée trahie, ct elle avait outTert cruellement',
Com~e
Edith, pensait Patrice, aurait raison de nc
pas tenter l'avent ure du mariage, clic réserve si rarcrement dCSJ'oies aux femmes 1
Et, sans oute, ~i clle faisait il sa m~re
le saaifi<.:e
de <.:ette vaine ,espt!ranc " elle cn "erait payt!e par la
de sa vie clltii:re.
écuritG la paiX, le bonheur m~e
Mai le ferait-elle ) ...
C~pendat
la je~n
f1~,
t!parée. de la. ba~one
fJar la série des preSl1ta)n~,
restait un pell mte\'dite, I;herchunt auto.ur d'el.le, al'l!C u~e
puérile détresse un nsagc al111 parml tous ces Inconnus. Elle
rec()n~ut
l'ntrke, il vit un mot li joyclISl.: confiance
entr'ouvrir seS li:\'f S d, dans la sp()ntal1éi~
de son
impre H9i(ll1, aussi b.ien que (.hns son ignorance de
conventions ",!ondal1e~
,elle travcrsa le sulon pllur
venir à lui. t1l1 de lu! epa~gncr
cette ~ompr(lct
unte délllor.:b , dont tl avaIt ~lIr)f1s
l'Intention, Il
'!Ivanç 1 \ lit: vcr'! Ile et la qalll:l p li c6r~moniel·
ment qU'Il n'avait (;(,utumt .
�DERNIER ATOUT
71
Elle le regarda, un peu surprise.
- Bonjour, lui dit·elle de son ton habituel en lui
tendant la main.
Et elle ajouta très bas:
- Que de monde 1 que va penser ma pauvre mère?
- Rien de triste, allez, si vous vous amusez.
- Mais c'est que je suis moi-même tout intimidée
perdue. Je ne me suis jamais vue à pareille fête'
continua-t-elle avec un sourire; puis je ne conai~
personne.
- Bonjour, Edith, interrompit Mlle de Barly qui,
retenue jusqu'alors dans un autre groupe, s'approchait enfin de son amie, comment allez-vous?
Et elle lui secoua la main très haut, à la mode.
Quelque s invité s arrivèrent encore, puis on descendit dans le parc, où les jeux en plein air étaient
organisés. Edith se dirigea vers le tennis et Patrice
l'v suivit. Ce n'était pas l'alTaire de Jeanne de Barly,
et, pendant que les parties s'arrangeaient:
- Monsieur d'Asquit, appela-t-elle, voulez-vous
venir prendre un maillet de croquet dans mon camp,
n<lUS avons be ai n de vous.
- Pardonnez-moi, mademoiselle, répondit-il délibérément, je me suis déjà engagé à être le partenaire de Mlle de Dombast au tennis.
Edith sourit de ce petit mensonge avec une évidente satic;faction, tandis que Jeanne qui y crut,
pourtant, plutôt qu'à un échec de sa PU! sance
attractive, pinçait sa lèvre de dépit.
Au bout de quelque temps, les joueurs, lassés, se
réunirent dans la grande salle à manger, où un
goûter, beaucoup trop somptueux pour ce genre de
repas, était servi. Chacun se plaçant à sa guise,
?atrice ne quitta point Edith, puis, la collation (iflie,
IlIa reconduisit au salon près de sa m~re.
La baronne était toujours coura~elLs,
elle souriait
mêmt; un peu, d'un bon sourire content, en voyant
l'admiration et la sympathie q~'insprat
sa ch\.>r.e
enfant, qui, elle, en sa sincère slmphclté, n'.y prenait
point Rurde.
TOllt à coup, les notes du piano r~s()ni.'ct
- On va faire lie la musique, tlit Mme de Dombast à Edith.
C'éllut le l'r~ude
d'ulle l'ul<;e, on allait danser.
Cela fut Ull. peu pénible à la harunne; clle n'cn
lals-;a rien VOir, mais sa (ille le de\'lna, ct lorsque.
aux premiers accord, Patrice, tout Cllll'fCS é, vi nI
la chercher, ellc le refusa vite et d'un geste bref lui
�DERNIER ATOUT
montra sa mère. Si rapide qu'il fût, Mme de Dombast le surprit au passage.
_ Chère enfant, lui dit-elle, ne refuse point à
cause de moi, je t'assure que le spectacle de ton
plaisir étoutTe en moi tout autre sentiment, mais
- elle se pencha intimemen t vers M. d'Asquit pour
une confidence - Edith n'a jamais dansé, c'est un
peu étrange à son ~g,
je crai~s
que son inexpérience ne la rende ndlcule, et Je préfère qu'elle ne
se risque point. ~r:!e
mettra sur mon compte, sur
celui de ma sensibilité exagérée, j'aime mieux cela
que de l'exposer à quelque moquerie.
- C'est le seul motif de votre refus? insista
Patrice.
- Le seul.
- Eh bien, alors, venez, mademoi elle ~dith,
je
.
rérJOnds de tout...
Elle hésita encore et regarda ~a mè re, mais toutes
deux furent vaincues par l'assurance de Patrice, qui
entralna la jeune fille.
Il valsait .à ravir; robuste et vigoureux autant
qu'Edith étaIt souple e.t légère, il la soutint d'abord
si for.tement, pour éVite.r les défaillances, qu'il la
la pOlt~
d~
ses p'etits pied '
port!lit pre~qu,
rasait à pelUe le ,sol. MaiS bientôt Il sentit, au
mouvement de son Jeune corps svelte qui s'abandonnait à la cadence, qu'elle en avait pris la mesure. Il
desserra peu à peu son étreinte et la laissa libre de
ses pas. Musicienne consommée, elle eut vite fait de
saiSir le rythme de la valse et, tout de suite, elle
dansa à merveille. Patrice silencieusement' l'admirait, si gr~ce.us,
si n~tureJl,
.si bien préparée à
toutes les mltlatlOns qu elles lUI devenaient immédiatement famil,ières. JI n'~
disait rien, plus remué
asur~ment
qU'il ne voulait le paraltre, et lorsque,
pour laisser r.eposer sa valseuse, il s'arrêta, el qu'elle
lui demanda lOgénument:
_ Eh bien, ~a va-t-il un peu?
Il lui répondit, charmé de cette moJestie :
_ Comment, si cela va '? .. mais vous valse!. à
miracle 1
Il le répéta à sa mère, la reconduisant aupres
d'elle. Pourtant, lors que celle-ci, le consultant, lui
demanda avc, cvnfiancl' :
.
_ Crvyel-vûUS qu'die plU ,c "taU s péfil Jao ':i er
aveC un autre?
Voyant M.. Jo! Tr {: !I~[J.n
qui, <1 (:1;\. ·"ppr(\l.;hait, il
hn répondit pérernplvirerncnt :
�DERNIER ATOUT
73
- Non, pas aujourd'hui, ce oc serait ras prudent.
Suivant ce conseil, la baronne, l'ayant pri p de
demander sa voJture, fila. li l'ang~ie,
et lUI -même,
peu après, repnt le éhemm de BoISjean.
XlV
A dater de ce jour, la vie de Patrice d'Asquit fut
modifiée. Mme de Barly l'avait présenté à tous ses
~ôtes
qui, voisins de Ternâtre et de Boisjean, avaient
Invité le jeune homme à venir les voir. Il l'avait fait
pOur tromper l'impatience qui lui faisait trouver le
temps long, les jours où il ne pouvait aller chez
Edith. Et, justement, ces démarches eurent pour
résultat de l'en rapprocher davantage. Toutes les
personnes qui avaient fail la connaissance de
Mme et de Mlle de Dombast désirèrent la continuer.
A)a campagne, où les relations sont rares, on n'en
laIsse volontiers échapper aucune, et celle-là était
assez agréable pour expliquer qu'on la recherchaI.
On vint donc à Quervaux el les châtelaines furent
conviées à plusieurs réunions d'après-midi dont
celle de Ternatre fut le type et le modèle. Mme de
p0!1lbast, rassemblant tout son courage, rendit les
V!slIes, accepta les invitations, si bien que les occaSions !t'ajoutant aux prétextes qui conduisaient !touVent Patrice à Quervaux, et aux visites fréquentes de
la baronne chez tante Paule, il en arriva à voir Edllh
pre que chaque jour.
Cela devint pour lui un besoin du cœur, une
nécessité in~luctabe,
sans laquelle il ne comprenai t
plus la vie.
n aimait éperdument cette enfant.
11 s'en rendait compte, maintenant, et cet amour
auquel, dans son imprévoyance, il n'a signait ni
terme ni but, lui donnait tant de joies qu'il l'acceptait comme un bienfait.
•
4 Moi qui croyais connallre l'existence, s\.. di aitIl, toutes ses jouissances et être désabusé, Jt~oû,
revenu Je tnUI f Pallvrt fou f qui ne connai ~al
pu
l'amour 1 •
�74
DERNIER ATOUT
Et c:e se.ntin:tent jeune, qu.'il n.'av~t
jal!lais éprouvé,
lui rajeunissait le cœur, lUI rajeunissait la vie et l'y
rattachait. Puisqu'elle Jui avait donné une telle surprise, n'en tenait-elle pOInt d'autre encore en réserve
qu'il ne soupçonnait pas? Elles ne pouvaient être
meilleures, mais, même .n'y en eut-il plus, celle-là ne
valait-elle pas la peine de vivre ? .. Patrice réfléchissait, se tâtait, Jescn~ait
en lui-même, chose qu'il
n'avait pas encore faite et concluait qu'il n'avait
que
jamai.s ét.é si doucen:tent, si pleinement heu~x
certams Jours, certaills sOirs passés avec Edith, dans
une intimité que sa mi!re et tante Paule semblaient
mieux. que tolérer, encourager.
Le. vieil homr:t e ,. aux passions violentes, qui était
en lUI, se remuait bIen quelquefois un peu au contact
de l'enivrante beau~é
de .la jeune fille, mais il était
honteux de ~es
manifestatIOns et sa volonté lui imposait vite le sllence. Devant cette innocence, il rougissait de tout sentim~
qui ~'étai
'pas à sa hauteur, el
son amour pour. Edl.th était. aussI pur qu'ellt-même.
On ne pouvait dire qu'li cherchait à s'en faire
aimer, tout calcul. était a~sent
de sa pensée et, du
reste, par nature, Ji en était Illcapable; mais il cherchait à lui plaire, sans préméditation, par la logiqu~
des choses.
Il sentait qu'il y parveni~,
sans se douter à quel
point, sans se demander S'I\ était aimé, sans, peutétre, désirer l'être. Car qu'eût-il attendu d'un retour
de son afTection? Plus il aimait Edith, plus il était
d~
l'épous~r.
Le mariage que, seul,
éloigné d.e l'i~ée
!UI emblalt un outrage, qu'il n'eût
il pouvait f~le,
pas voulu lUI .Illfl!g.er.
.
..
JI ne ren~alt
P?lnt ~ l'a.ve~r,
ébloUI qu'Ji était pal·
cet amour Ignore ~lUI,
!-unSI qu'un lever de soleil,
mC:meà l'automne, JilumlJ1ct0ut, autour de lui, d'unI.)
étincelante et vive lumière, !1ambait Jans son cœur
vieilli pour le rajeunir ·t le régéni:rer. 11 jouis~at
seulement de on charme et de sa puissance, jusqu'alors inconnus.
Nulle amertume ne venait s'y mûler: il avait fait
une croix sur le passé, cumme sur l'avenir; Je présent restait seul qui n'eùt pu être assombri que par
le seul f,lÏt ù'EJith ct cela Il'était pas à craindre.
Elle ignorait leS coqucttcl:ies qui engendrent le
jalousies mortelles, les capnces ut les inRratitLldcs
qui torturent le C(CUJ".
Si III pit.: dnlite, douce ct b')nne, elle était invariablement 'la mi-me pour Patrice, que l'lll\lfllrrnÎIl: d·
�DERNIER ATOUT
cette sympathie et de cette confiance endormait
dans. un sentiment de quiétude reconnaissante,
eX9uls. à son esprit fatigué de tempêtes.. et q.ui le retenaIt mIeux et plus sùrement que les dIversItés d'une
amitié plus compliquée.
Non eulement il jouait au tennis avec Edith, mais
il faisait de la musique avec e1Je ct, les réunions se
multipliant, il lui donna des leçons de valse .
.Mme de Dombast se mettait alors au piano, et il
emportait Edith dans ses bras en un tourbillon
magique qui lui faisait un peu perdre la raison, ce
qu'il se gardait bien de laisser voir. Et, depui longtemps, la jeune fille pouvait sc passer de ses leçons
que, maitre indiscret, il n'avait pas parlé de les
cesser sans que, de son côté, l'élève, complice peutêtre, l'en elIt prié.
Devant leur intimité chaque jour plus affirmée,
tante Paule avait un mystérieJlx petit sourîre et la
baronne un regard attendri.
Dans leurs promenades, leurs causeries en aparté,
souvent, PatrIce et Edith parlaient mariage, amour.
La jeune fille n'en était point troublée, la véritable
Innocence s'effarouche moins GU':': la demi, celle qui
en devine plus qu'on ne lui en dit, ct voit ais~ment
pa:tout le mal qu'elle n'ignore plus. Patrice recoonal sait dans sa jeune amie l'éducation intel~c
tl'une mère supérieurement douée, ct dont le malheur
a. doublé l'expérience ct la science de la vic. Sans
retlcence, Edith estimait une affection parl~ée,
le
premier des biens de ce monde, le plus enviable,
celui auquel on doit tout sacrifil!r, sauf les devllirs.
Elle parlait sans embarras de l'amour, ignorant du
sens de ce mot tout cc qui n'était pas l'afTection profonde cl (Jure qu'elle en concevait, et dont elle
pouvait justement prononcer le nom sans rougir.
Mais chaque foi>; que ces sujets s'abordaient eptrp
eux, Edith' mêlait une note de regret mélancolIque
qui 'accentuait tous les jours davantage, disant:
. - Tout cela n'est pas pour moi, je ne le connailrai
lamni. .
Car, fidèle à sa résolution, elle restait décidée à
ne ras sc marier.
.
Patrice n'v voulait point crOIre, ou plutUt, l'assurait 'lue 1eR ciron~taes,
ct pcut-êtr ml!me la
v"lonte Je ·0 Jl1l.-I"C, la rorccruient d'y manquer.
-. Si Mme de Dombast V(~u
prj~it
\J..: ~·C10"
au
acnlJce 'lUI.! vous vOUlel.llIl Leu·e t lUI dit-II un JOUr.
- Mais elle ne saura jamais que c'est pour elle
�DERNI ER ATOUT
que 1'e renonce au mariage , lui répondi t-elle effrayée ;
si el e pensait m'impo ser un sacrific e, assurém ent
elle ne l'accept erait pas. C'est moi qui dois et veux
le lui faire sans qu'elle s'en doute.
Ce soir-là, causant avec Mlle d'Ausso n, Patrice
lui dit:
.
- Tante Paule, pourqu oi ne vous êtes-vo us jamais
mariée ?
- poyrqu oi, mon,pe tit! parce que je ne le pouvais
faire SUivant mes gouts, sinon suivant mon cœur. Je
n'étais riche ni belle; pour me marier j'aurais dû me
résigne r. à de grandes con.ces sions· ; or, je l'avoue,
j'étais eXJgeante sur ~es
qualltés morales des homme s
et même, - à mon age on peut en conven ir, - sur
leurs avantag es physiqu es. Je ne voulais épouse r ni
un sot, ni un magot, ni un viveur, ni un vieillard , ni
même un homme vulgaire et mal élevé ou un être
qui n'eùt point partagé entièrem ent mes convict ions
et mes sentime nts. Je désirais que mon mari réalisât
mon idéal, afi!l de l'aimer de toutes mes forces,
pour toute la Vie, et qu'ains i. le dévoue ment l'ab néBation, inévitab le dans le mariage , ne me coÜtass ent
lamais. quand on es~
jeune, on ne se doute pas de
la témént é de ses eXigences. Les mienne s étaient si
ambitie uses que je n'eus point occasio n de les satisfaire et, plutot que d'en démord re, plutôt que de
faire un mariage. que.lco nque, oui ne m'eût pas
rempli le cœur ... le SUIS restée fille.
- Que vous avez bien fait 1
- Euh 1 la vie isolée est bien triste, mon petit:
comme toutes les autres elle a ses difficul tés dont
aucune joie n~ ~ient
c<?nsoler.
- Aucune IOle? mais le calme, la sécurité , l'indépendan ce?
- Mon petit, c'est quelque fois bien peu que tout
cela pour un cœur de femme, et c'est le payer cher
que de la privatio n ~c toute afTection étroite.
_ Mais c'est aussI. s'expos er à être trompé e, délaissée m(:conn ue, trahlC.
~ As::;urément, seulem ent c'est la négatio n du
bonheu r acceptL:e dans la crainte du malheu r.
_ R~'retiz-vou
s cc que vous avez fait, tante
Paule?
.
_ Parfoi s , oui, mon petit, Je l'ai regrettL:, surtout
autrefo is, lorsque le me lllS "ue seule ici, mes
parent s mor.t s, mon frèe
. ,par~i
au loin pour touj~rs.
Je me suis dIt, alors, que J avais demandC: au manaF:c,
à la vic, au ponheu r. plus qu'ils ne peuven t donner ,
�DERNIER ATOUT
77
que j'aurais dù suivre la voie commune el me contenler d'un à peu près.
- Comme il était plus noble, plus droit, plUS digne
d'agir ainsi que vous l'avez faill Voyez Mme d~
Dombast, qui a pris l'autre chemin, combien elle a
plus soulTert que vous 1
- Bien plus, c'est certain, mais elle a en sa fille
une joie que je n'ai jam.ais connue..
.
_ Croyez-vous que sion lUI donnait sa Vie à recommencer, elle ne choisirait pas plutôt votre lot que le
sien r
_ Je ne sais, car ce serait renoncer à son enfant
et c'est tout, pour elle, cette chère petite.
- Il est problable qu'elle ne l'encouragera pas au
mariage?
.
.
- Je suis persuadée du contraire: SI sa destinée
a étt! exceptionnellement dure, ce n'est pas une rai'on pour que celle de sa fille y r~sefibl
.. Le cœur
dc Valentine saignera lorsque Edith se manera, mais
clIc connalt trop bien son deV?ll' matern,el pour s'y
dérober, et ne voudr.a pas laisser, apres elle, son
enfant seule dan s la vie .
. ' - Mais je crois que, de son cOté, e~Trayé
peut~
cIrc par ce qu'elle a pu savaiI' du m~nage
de ses
parents Mlle Edith ne l'eut pas se ma(ler.
se marier! fit tante Paule sursautant sur sail
_ P~s
fauteuil et défaisant ses lunettes, - ce qui était, chez
elle, la manifestlo~
d'une ~iolen.t
émotion, - pas se
marier! qui a pu dire une 10 . anlte pareille 1
saunant malgré lui
_ l\lai" die-même, fi.t .Patnc~,
liL l'indignation de sa vlcllie amie.
_ ~le
fa dit qu'elle ne voulait pas sc marier ?
- Elle me l'a dit.
sotte qUi ne sail!
_ C'est une enfant, une peti~
pas ce qu'elle raconte. N'e~
~rols
pas ~n
mot, sais.
tu? Jusgu'à présent elle a ete deman~
en mariage
par des Inconnus, coureurs de dot, qUI ne s'adressaient qu'à sa for.tune, ~u.des
rartis qui ne rou\aient
lui convenir. Le lour ou 11 s'en rrésentera un digne
d'clic, ct que le Jeune homme lui rlaira, sa mère
l'engagera à accepter et elle acceptera.
Au cours des réunio~
d.~
voisinage qui, à dater
de ce moment, se mult.JplIl!r.ent, Patrice remarqua
que M. de Tr~mean
étaJt aSSidu ~upri.:s
d'Edith. Il
l'o~serva
et bl.entO! ,reconnu,l en lUI les indices d'une
véritable pasSIOn. ] ous les Jeunes gens prenant part
à ces fêtes s'occupaient de Mlle ùe Dombast, et
�DERNIER ATOUT
subissaient son charme, mais M. de Trémeran
l'aimait.
Cette découverte fut atrocement pénible à Patrice.
Il lui sembln qu'on lui prenait Son bien, qu'on le lui
volait, que lui seul au monde avait le droit d'aimer
Edith. Puis, la réJ1cxion venant ciclairer d'un jour
vrai st.!S sensations, il souftrit affreusement à la pensc:e que cette enfant, qU'il adorait, appartiendrait à
un autre.
'
Sans doute tante Paule voyait juste et disait vrai;
ses pr()jet~
de célibat ne rc:sisteraient pas à une
inviiation lormelle de la part de sa mère d'y renoncer, surtout si l'amour sc ffit.!ttait de la partie ... Jean
de Trt:meran n'étaIt pas, au sens de PatrÏl;e, bien
s0duisant, mais Edith pouvait le voir avec d'autres
yeux: ceux de la Jeunesse, qui cherche ct appelle la
jeunesse, comme. l'amour appt.!l1e l'amour. Or, Jean
de Trc:meran étaIt Jeune, ct il l'aimait 1. ..
Ce fu~
à ~cte
heur~
quePatrice connutle premier
regret Slnc<.:re et prolond, Jusqu'à en être pOignant,
de ' a vie passée, et cette détresse de l'irréparable
qui mêne si vite,au désespoir.
Pourq~l
sa .je,un~s
à lui, l'avait-il gaspillée,
pllurqtH)J ,avait-il Jete au :ven~
tout ce 'Ju'il y avait de
bon en lUI, cruyances, alfectlOns, sentiments? Pourquoi avait-il a\'ili son esprit, sali .son cœur par de
dépri mante~
passIOns? Pourq UOl avait-il gaspillé
follûmenl, en d'ineptes débauches, le bien de ses
[1i.:res ? Pour4uoi était-il aujourd'hui vieilli, perverti,
ruiné, indigne dt; la pure enfant qu'il adorait?
Ab 1 s'il l'eût connue (llu.s tôt! O~l
s'il pouvait réellement, comme il le rals~t
depUIS quelque temps
par la pensée, dans une InCo~c!e
complice de
son déSir, n;trancher de son eXistence les années
mauvaises 1 Il chercherait à se faire aimer d'Edith
ct avait la consie~
qu'i~
y parviendrait aisément:
Puis il demanderaIt sa matn - el ne doutait pas non
plus qu'on la lu.i accordât. Alors cc s rai~
le bonheu~,
le bonheur, enivrant, complet, auquei II ne pouvaIt
penser sans .vertlge..
'.
Mais c'était pour lUI le frUit défendu 1
Même dans sa situao~
actuelle, il ne pouvait, lui
semblait-il, épouser EdIth. Il lui serait bien aisé
d'abuser les deux femmes sans défense, sa mere et
tante Paule, qui Llc:cideraient de ~a destinée, mais
cette possibilité ciue, dt's la I?remil:~'
heure, P~trice
avait repollssee cln~me
u,n c~lme,IUJ
eût 'semble plus
coupable encore aUJourd hm.
�DER NIE R ATO UT
79
baro nne 1 Et, surTro mpe r tant e Pau le 1 trom per larend re à ces yeu x
App
1
th
Edi
per
tout , surt out, trom
peu ven t être le mend'in noc ence et de vert u ce quelicit
é la plus raffinée,
dup
songe le plus perv ers, la l'enfant verrait clai rem ent
que
lors
rer,
pleu
faire
les
et
it don né son cœu r ...
à que l être indigne elle aura ait cI\:jà tant pou r lui
C'ét
t.
mor
ôt
plut
fût
Patr ice en
sent ime nts d'ho nne u;
- sa natu re redr essé e par les illés
en lui, - que de
réve
ant
nten
et de loyauté mai
ser croi re autr e
lais
se
de
et
se taire sur lui-même
qu'i l n'ét ait 1
pas que jamais elle
- Non, se disait-il, je ne veux
sa pen sée a détr uit
que
et
été
j'ai
que
sach e l'ho mm e
un souv enir , de
vie
sa
s
dan
en moi. Je veux rest er
r aux heu res de
que
évo
à
ceux, très dou x, qu'o n aimee que j'y puis se brig uer.
plac
e
seul
la
t
c'es
,
soli tude
ici enco re un peu , puis ,
Pou r l'y gard er, je rest erai dé,
Sera proc he, je m'e n
déci
lors que son marige~
ra plus parl er de
tend
n'en
elle
et
irai pou r touj ours ,
moi.
laqu elle il che rMais, malgré cett e réso lutio n, avec
e, la han tise
pein
sa
et
ets
regr
ses
chait à end orm ir
ne put s'em Il
pas.
tait
quit
le
d'Ed ith à un autr e ne
le.
Pau
pêc her d'en parl er à tant e
idi qu'e lle avait été
C'ét ait au soir d'un e aprè s-mils
avaient renc ontr é
où
x.
rvau
Que
pass er avec lui à
étai t du nom bre
eran
Trém
de
que lque s visi teur s, M.
ress é !l.uprès
emp
t
men
ière
et s'éta it mon tré , part icul
d'Ed ith.
ôt, dit Patr ice à
- Avez-vous rem arqu é tantde
Tré mer an?
M.
de
e
Mlle d'A usso n, l'att itud
s?
- Non , répo ndit -elle , en que l sen s?
vou
veztrou
le
t
men
com
ord,
- D'ab
on, l'air dou x; un peu
- Pas mal, asse z joli garçpou
rquo i me dem and ess
Mai
...
ple
pos eur, par exem
tu cela ?
ice s'alt éra un
- Par ce que , - et la voix deouPatr
tre, vous teni r
l'au
jour
un
,
bien
t
rrai
peu , - il pou
...
r
de près au cœu
- Exp liqu e-to i.
ne sera jamais
- Le mari d'Ed ith de Dom bast
ent.
ffér
indi
un
s
pou r vou
bien qud rap- .Ass urém ent, mais je ne vois pas
port li y a ...
rrom pit Patr ice avec
- Vou s ne voyez pas, inteses
hab itud es ct où le
de
ors
deh
en
rie
que
brus
une
er, que Jean de
,nti
tout
sait
rais
repa
me
vieil hom
�~o
Tr
DERNIER 1\1'OUT
~ m t:ra
l' ~ p ousera
n
aime Edith Je DOll1hast et, sa ns ùoute.
? ...
- L'épousera ? ..
Tant e 'Panle, suffoquée par l'émotioll, se sépara
une fni :; C'IlC'lre de ses lunetles, que les gra nd s troubles lui rentlaic nt in supportables.
- L'épousera!. .. J ean de Trémeran 1 Quelle folie!
Ne répde jamai. cela, mon petit, tu sais, car c'est
ih se ll sé. J ean de Tr' ~ m e ran
1 Ah bi en oui 1 il peut
l'aimer et la J umander en mariage il perd so n lemp s !
Tu peux m' en .c roire, car j e su is bien ren seign ée, tu
~ cette unIOn-là, jamais 1
ne'v erra s )aml
Patri ce f~t
SI Sou
la g~ par ce tte affirmation passionnée qU'Il n'en demanda pas la cause. Elle eût pu
atténuer la va l.cur: de la ce rtitude qui lui était donn ée
et lui semblait SI dOuce. Il voulall savourer tout le
baume ~e cette cons~lati,
fût -e lle même trompeuse,
et y cro ll·e. 11 ne se dISSImulait pas que, quelque bien
informée que fù.l tante Paule, elle ne pouvait être
assurée ~es
se n.tlments intimes d'Edith, ni préjuger
de l'aven Il' ; mal S 11 se dérobait à cette réfiexion. Pour
un temps, so n mal é.tait Soulagé, il profitait de cette
accalmIe qUI dureraIt peut-étr0, comme illc souhaitait, autant qu e so n Sé)OUI: en Picardie.
Au bout de quelques Jours, le facteur entra de
nouveau au petit Château. Patrice le vit arriver
avec angoisse: quoi de sa vie passée venait don c
encore le troubler dans sa qui étude présente ? ..
C'était, il l'avait bien prévu, une nouvelle missive
de son ami de Simes que.
" Mon cher, lui écrivait-il, ton silence m'épouvante! Songes-tu que nous sommes au 5 août, à
moitié du d élai qui t'~
accor:dé ? Plus que six
:;emaines 1 Sera s-tu mafle dans S IX semaines? As-tu
seulement trouv~
to~
h ér.itih.e ? Blagoire â qui, sans
lui dire lequ el, J'avaI s fait lLme la perspectIve d'un
moyen de sortir d'embarras, que tu étais allé chercher en province, Blagoire commencelà s'inquiéter et
à maugréer. En tour~an
et retournant cent fois son
dos sier mi s sur la pIste par l'adresse que tu lui as
donnée' il a découvert que le lieu de ta retraite
serait b'ien un petit pavillon qui doit encore t'appartenir et, tout joyeux, il l'~ Illscrit sur la liste des
réali ;ations avec le sq uelles Il espère arriver à désintéress er tout juste tes créanciers. Tu ne m'avais
jamais parl é de cette poire pour la soif. Bie~tô,
tu
n'en disposera s plus. Y songes-tu? Mets-tOI, pour
seco uer la torpeur dans laquelle , je le crains, tu
�DERNIER ATOUT
t'endors, hien en présence de la réalité: dans six
semaines, on t'cé 'ute ct il ne le rCSL'~a
rien, pas 1In
radis, Puisses-tu me rc>por;dre que tu as .)htetlll '
<lltelque mai'n, blanche nu rouge, mais a~Se7.
l'Lei Ile
d'écus ~onats
ct tr6buchants pour conjurer Ic
périll En tout cas, ne me laissc pas sans nouvelles,
l'on vieux camarade dévoué, SIMESQUF.. »
Comme il avait fait de la précédente, Patrice
roula celte lettrc en boule, y mil le feu, ct la jeta
dans la cheminée. Mais iL ne put détruire lh~ même
La sombre et cuisante préoccupation que sa lecture
avait réveillée en lui.
n ne l'avait que lrop repoussée depuis six semaines, maintenant eJle s'imposait, irrévocable. Et, à
son intensité premii!re, venait s'ajou.ter un~
no~vel1
cause: la découverte que Mc Blagou'e avalt faIte de
la propriété du petit château. Une valeur dérisoire,
assurément l mais pour des créanciers menacés d'une
perte sans espérance, il n'est pas de petite somme.
Et cette épave, que Patrice croyait pouvoir sauver
du naufrage, ne serait méme pas respectée.
Vendre le petit château! Cela sembla à Patrice
plus dur que tout le reste, peut-être parce que
C'était nouveau et inattendu. Avec l'optimisme
enragé qui le soutenait et le trompait toujours, il
gardait le fol et vain espoir que, sa liquidation
~'étan
pas aussi désastreuse qu'on se l'imaginait,
lilui en resterait quelques milliers de fr~cs
pou~
Végéter au moins quelque temps à BOISJean. SI
Edith se mariait, assurément il s'en irait, mais si,
p,ar I?iracle, elle restait fidèle à la promes~
qu'elle
s était faite à elle-même, et gardaIt son mdépend~nce,
quelle douceur de continuer. à. vivre près
ct elle et d'avoir à soi seul, sans la cueillir, pourtant,
cette belle fleur de jeunesse et d'amour 1. ..
1.1 n'était plus questio~
de ~ela,
mais bien, au contraire de réaliser le relit chateau.
Cette imposs-ibilitè . contre !aquelle Patrice se
butait, cet obstacle qUI entravait s.es v~es!
quelque
peu ambitieuses qu'elles fussent, Impnmerent à sa
Volonté rebelle un tel choc que tout son être fut
tbranJé. L'homme nouveau qui était en lui et qui
Comme d'une couche de plâtre, avait recouvert
"homme ancien au point de le faire croire dlsparu,
en reçut un coup mortel; et par la fêlure, brisant
Son enveloppe, le Patrice d'autrefois surgit tout
entier, avec ses violences malsaines et son réalisme
brutal.
�DERNIER ATOUT
Les yeux ouverts maintenant, du r~ve
prestigu~
qui, depuis que!~
tef!1ps, les tenalt ferm~s,
sub~
tement il compnt l'mamlé des songes dont 11 s'étaIt
bercé ces dernières semaines.
Qu'étai~l
besoin de sa ruine pour le chasser du
petit chateau "?
En admettant même le cas bien improbable où
Edith ne se marierait pas, avait-il été assez fou,
vraiment, pour se figurer qu'il aurait pu passer sa
vie, dont, selon toute prévision, il n'était gu1::re qu'à
moitié, uans cette existence factice qu'il menait
depuis six semaines"?.. Son amour avait pu la lui
rendre chi!re, mais s'était-il oublié lui-même au point
de penser qu'il se serait résigné, non pOUf une
attente déterminée, mais, pour toujours, à ce platonisme presque mystique d'aimer une femme sans
même le lui laisser soupCTonner, et de se contenter
de la seule douceur de sa présence "?
Et si, ayant arrangé les choses pour demeurer flu
petit château, Edith, au contraire, venait à se marier,
quelle catastrophe pour lui 1 Il souffrirait d'autant
plus, dans ce cas, qu'elle ne serait plus seulement
son amour, mais l'axe même de son existence, la
raison d'être de sa vie, puisqu'il aurait tout subordonné à elle. Il sentait, pourtant, qu'il n'aurait pas
la force de supporter le spectacle de son bonheur
av-ec un autre; il se rendait compte que cette vue
eût réveillé davantage en lui les passions mauvaises,
que le ferment des déceptions amères, des jalousies
cachées, du désespoir secret, l'aurait vite rejeté à
l'ablme d'où une pure tendresse l'avait récemment
arraché. Il aurait bien fallu, alors, qu'il partit de
nouveau, mais pour où aller? ...
Non, il ne pouvait, dans aucune hypothèse, rester
à Boisjean, cl ses créanciers, l'en chassant, n'étaient
que les complices. irrespo.nsables de cironsta~
irrévocables. Patncc s'étaIt attardé dans une oaSIS
au milieu du désert de sa vie, le mirage du bonheur
lui avait donné l'espoir mensonger d'y demeurer,
mais, comme .tous le~
mirages, celui-ci, s'évanoui~
sant, le mettaIt sur pied avec la nécessité de cont 1nuer sa route.
Mais pal' où diriger ses pas?
Le problème qui l'avait fait quitter Paris se posait
de nouveau devant ses yeux. Il revoyait sa vie fermée
à tout espoir d'avenir, l'impossibilité, avec ses
facultés ses habitudes, sa pénurie pécuniaire, de
se faire' une position, Le chemin qui l't.:ût menb à
�DERNIER ATOUT
la ~asern
ou aux pays lointains, engagé dans un
réglment des colonies ou at!aché à une \:xpédition
d'explorateurs, n'était pas plus prati-:able. Il avait
p:u en ]?arler, naguère, un peu en l'air; il ne se dissimulait plus, maintenant, dans le <;alme qui s'était
fait en sa p<:!nsée, que ce sont là résolutions extrêmes, bonne - à prendre et surtout à exécuter vers
la vingtième année, dans la chaude exubérance
d'une Jeunesse consciente li!) sa force, mais qu'à
Son âge, voisin de la maturité, leur mise en pratique
devient particulièrement difficile, pénible, dangereuse.
l! se remémorait ensuite les jours récemment
passés avec une amertume qui l'aigrissait et empoisonnait de son fiel tous ses sentim<:!nts.
Où en était-il, ces six semaines écoulées, des difficultés de sa vie 'r
Plus las qu'auparavant pour les surmonter, car,
maintenant, il avait entrevu le bonheur, il avait
Connu l'amour, son âme s'était régénérée, son cœur
purifié et adouci, ct il n'était plus pr6t aux compromissions de conscience, aux actions douteuses,
dont l'acceptation l'avait fait venir en Picardie.
Il n'était plus prêt; puis, il n'~tai
plus libre, puisqu'il aimaitl ...
Il fallait donc. qu'il trouvât à ~a ,;ituatiol1 présente
Une .autre solutLUn que celle J'a\'ance acceptée J'un
manage avantageux.
Il chercha 1 Il chercha des heures, l'angoisse au
cœur et la sueur au front. Il cherche. et il ne trou va
pas ...
A la fin, son cerveau se révolta contre le travail
de pensée qu'il lui imposait. Qu'avait-il besoin
cie. ressasser le dilemme d0jà délini à l'heure de la
rUll1e et résolu une fois pour toutes? Chercher
encore, pourquoi? Ne l'avait-il pas fait, aiLlô par un
ami dévoué, plus clairvoyant que lui en sa propl'e
cause? A eux deux ils n'avaient trouvé qu'un moyen
pour Patrice de sUl'tir de la passe olt il s'~ljt
mis, un
moyen, un seul: un riche mariage. Tl l'avait accepté,
alors, pourquoi aujourd'hui le repoysser r...
Pourquoi? mais parce qu'il aimait.!
.
Et 11 en venait â déplorer sa passIOn pour EdIth,
oubliant l'immense service que, le sauvant de luimême, elle lui avait rendu, et n'y voyant, pour 1",
1'!'0scnt, qu'une entrave à ses projet et, pour l'avenir, qU'ulle source de Jéchirements et de douleurs ...
Que l'avait-il connue? pourquoi s'était-elle em-
�DERNIER ATOUT
parée ~i vite et si forl de tout lui-même ? .. A lIuoi
rlennent, rourtant, nos destinées? S'il était venu à
Boisjean un mois plus tôt, il n'eût pas YU Edith, alors
en voyage. N'ét~n
poin.t. distrai t par elle de. son
hut, il aurait fall des VIsites, noué des relatIOns,
rencontré Jeanne de ~arly
... Celle-là était pour lui
une héritière à souhait, ne lui inspirant ni assez
d'estime ni assez de sympathie pour lui donner des
scrupules cie la vilaine :'letion qu'il aurait commise
Il l'a~rt
donc recherchée en maen l'~pousant.
riage, et il ne mettait pas en doute qu'il ne l'eût
obt.enue. Les. de Barly ne passaient que quelques
mOIs à Ternatre, et tout le reste du temps à Bru·
xelles, patrie de -!Vlme de Barly. Ils ne connaissaient,
Patrice s'en était assuré, personne à Paris du
monde qu'il fréquentait. Ce n'étaient point gens
assez séneux pour se renseigner minutieusement sur
un gendre qUI plairait à leur fille; et les sussent-ils
peccadilles, dites de jeunesse,
même, ~lueqs
n'étaient pas pour les effrayer.
Il n'y aurait donc eu qu'à gagner le cœur de Jeanne
pour emporter la place. Patrice, sans être fat, se
rendait compte que cela lui eût été facile. Au bout
des trois mois, délai accordé, il eût pu être marié si ...
si ... s'il n'avait pas connu Edith!. ..
Il lui sacrifiait do~c.
son avenIr, mieux encore:
son sauvetage, pensait-lI. Et de quel prix en serait-il
payé, que pouvait-il espérer en retoun RIen que
des déceptions et d.es ~nst.e
ça!: il pouvait aimer
Edith jusqu'à la fohe, JamaIs II n'Irait demander à sa
mère, qui la lui ~on.erait
en c?Jlliance, la main de
cette enfant. Il n auraIt pu le faIre qu'à la condition
d'une confession complète; mais alors, inévitable.
ment, la ba~one.
~e
refus~it.
Elle ne pourrait
croire à la stnc.é~e
des sentiments que le passé
serait là pour lUI faire suspecter, il lui semblerait un
coureur de dot plus adroit et plus pervers que les
autres. Elle l'éog~era,
lui fermera.it sa porte, ct il
cette estIme, cette symaurait perdu gratUle~n
pathie qu'il leur volait en quelque sorte, à elle et à
sa fille, puisqu'il en était indigne, et qui, pourtant,
lui étaient si précieuses et si chères qu'il ne pouvait
cette
songer, sans I;lne révolte de. tout son être contr~
douleur possible, au ~édarn
et au mépris qUI, sans
doute, après la révélatIOn de la vérité, leur succéderaient.
.
Il ne pou\oc1it épouser Edith, alors pourquoi prolonger une situatIOn dont claaque jour lui rendrait le
�DERNI ER ATOUT
dénoue ment, - c'est-à- dire la séparat ion, - plu:;
doulour eux ? .. Et pourqu oi, en même temps que son
bonheu r, inévitab lement ruiné par les circons tances,
ruiner aussi toute possibi lité de se refaire une situaI ion, de se sauver de la misère, du déshon neur peutêtre? Pourqu oi, cette joie de l'amour partagé lui
élant refusée , et son cœur, contrai nt au silence,
irnivoc ableme nt fermé, ne pas s'accor der les compensati ons d'une position avantag euse, d'une vie
régulière, pleine d'aisanc e pour le présent , de sécurité pour l'avenir ? .. Mais se marie-t-on l'âme pleina
d'une autre?
Patrice n'en était point encore arrivé à la délicatesse intime qui lui eût fait répond re négativement.
Comme il se mariera it, oui, lui semblai t-il, il le pouvait faire, sans même trahir son amour. - Il ne
cherche rait pas à oublier Edith, il lui resterai t tout
entier, en secret, de cœur et d'àme. Dans sa conscience élargie d'homm e de plaisir, il jugeait que
C'était assez ...
Quant à l'autre, il la trompe rait en cela comme eA
tout le reste, sans vergogne et saris scrupul es ...
Pourtan t (et ceci était l'œuvre d'Edith ), s'il réalisai t
ses projets antérieu rs d'épous er un « fort sac », il y
apporte rait une modification. Naguèr e, il s'était
proposé de profiter de la dot de sa femme pour
continu er la tHe, mainten ant, il était décidé à y
renonce r absolum ent. Edith l'en avait dégoûté pour
toujour s et son souven ir suffirait à le préserv er de
toute rechute . Il était résolu aussi à renonc er au jeu.
S'il épousai t Jeanne de Barly, il serait désorm ais
honnête homme , autant que le lui pcrmett raient son
P!lssé et l'acte pervers par lequel il rentrera it dans la
non
VIC régulièr e. Et cette résoluti on lui était dictée,
par la pensée de l'épous e, mais par celle de l'autre,
de l'aimée , afin que jamais son front d'innoc ence
Il'eût à rougir de l'amitié dont elle l'avait honoré.
Car Patrice était persuad é que c'était une seule
que
amitié, bien nalve, bien pure comme el~-mê.,
ble!l
lui portait Edith. Sans doute, parce qu'Il s~va1t
Il n'avait
!a distanc e morale qui le séparai t d.'el~,
' .
lamais admis la posslbi lité qu'elle l 'a J1l.1 a t.
Il ne craigna it donc pas que son manage la peInat.
Tout au plus il la surpren drait .. Ayant été la confi~e
s!lr Je~n
dente de sa premiè re impr~slOn
Barly, elle s'étonn erait, peut-etr e, qu'Il en fut SI vlte
revenu, mais qu'est-c e que cela ? •• Pour tout le
,
reste, le grave, elle l'ignore rait.
�86
DERNI ER ATOUT
Il lui semblai t possibl e, une fois marié, de cacher,
même à son épouse, sa situation pécunia ire. Les
femmes, d'ordin aire, n'enten dent rien aux choses
d'argen t. Il prendra it en main la gestion de la fortune ,
par d'habile s placem ents il pourrai t peut-êt re masquer le déficit des revenus, _puis, si, plus tard, on
s'en apercev ait, arguer de pertes ultérieu res au
mariage. Rnnn, si sa femme devinait la vérité, il y
avait cent à parier contre un qu'elle ne l'irait point
crier sur les toits. Il pourrai t donc ainsi conserv er,
au moins en Picardi e, la réputati on que tante Paule
lui avait faite, et qu'il n'avait eu qu'à respect er par
son silence.
Cette réputat ion, il y attacha it un prix, excessi f
pour un homme que le respect humain n'avait
malheu reusem ent jamais retenu. Mais si elle lui était
devenue si chère, c'était, comme tous les sentime nts
de sa vic désormais, à cause d'Edith.
Forcé de renopèe r à elle, il voulait rester dans sa
pensée sous.un Jour avantageux, et qu'elle ne soupconnât jamaiS quel homme il avait été ni que, par
son mutism e, II l'avait trompé e sur lui-même. Il
n'avait point brigué son amour, ni cherché à lui
révéler le sien, - il l'aimait assez, avec une sorte ùe
pitié paterne lle inspirée par cette jeuness e et cette
iIlnocence, pour n'avoir point voulu le trouble r, ni
que cette enfant souffrit à cause de -lui, - mais il
avn.il en p~rtage
sa ~onfiace,
sa symrat hie ct son
estime, et Il ent~dal
en garder le privilège.
Une pensée VInt encore à Patrice qui, tout en
chercha nt les argume nts capable s de le décider au
mariage nécesalr~,
luttait quand même contre son
cœur régéi!ér.é qUi se rebellai t et sautait de dégoût
dans sa pOitrIne en face de la vilenie dont il allait se
rendre coupab le. Cet~
pensée était que, s'il ne se
mariait pas et s'en allaIt, Dieu sait où, inévitab lement,
le petit chateau serait vendu. 11 avait toujour s promis
a Mlle d'Ausso n qu'il ne s'en déferait que pour elle.
Il allait donc, après q~elu
temps d'un séjour qui
eût dû l'y rattache r, lUI propose r de le reprend re, et,
comme , silns doute, la pauvre vieille fille ne serait
pas en mesure de le faire, le laisser passer cruel~
ment sans attendr e sa mort, en des maInS étrangè res.
Qu~
pensera it Mlle d'Ausso n de ce procéd é?
Qu'en penserai.ent Mmes de Domba st qui, infailliblement le sauraIe nt?
De' ce seul fait, n'appre ndraien t-elles, les unes ct
les autres, en suivant la filière des événem ents, sa
�DERNIER ATOUT
ruine; et alors, son passé, son terrible passé, ne
serait-il pas connu d'Edith, dont les yeux purs se
détourneraient lorsqu'on prononcerait devant elle le
nom de son indigne ami ? ..
C'était puéril, ~enfati,
absurde 1 mais c'est là le
propre des choses J'amour; ce fut cette Jernil.!re
considération qui acheva Je décider Patrice.
La journée, puis la nuit et la matinée avaient passé
sur son indécision. Vers deux heures, il s'assit à son
bureau et, d'une muin nerveuse, traça ces quel~
lignes:
" Mon cher Simesque, j'ai trouvé mon héritii:re,
j'espère être agréé; fais prendre patience à Blagoire.
A bientôt des nouvelles.
Puis, montant à bicyclette, il alla porter celte
lettre au bureau de poste et revint par TernAire.
)l
xv
Les de Barly retinrent Patrice à dlner. Ils aimaient
énormément le monde et surtout les relations brillantes. Mme de Barly avait une revanche à prendre
de son origine plébéienne, et croyait la trouver dans
la fréquentation exclusive de personnes appartenant
à l'aristocratie. Pour être reçu chez elle, il ne suffisait pas de montrer patte blanche, un blason <.Stail
indispensable: elle entr'ouvrait sa porte à une partiCule, l'ouvrait à deux battants à un titre; et lorsque,
à cet apanage, on joignait l'élégance, l'habitude du
monde, l'entrain ou l'esprit, qu'enfin, on était un
peu décoratif, on était assuré de ses prévenances.
A tous ces points de vue, Patrice les avait acquises
e~
il. s'y ajoutait encore l'ap~int
d.'uI!e. certaine
nvaltté. Nouveau dans le pays, tl avait ete d'abord
à Quervaux et, malgré les amabilités ~e
M.me de
Barly et les sourires de la belle Jeanne, 11 était resté
opiniâtrement fidèle à ses premières préférences,
ne venant à Ternàtre que pour répondre aux invitatations qu'on lui adressait ou pour en remercier.
Quoi donc l'amenait spontanément aujourd'hui?
Avait-il enfin fait la comparaison, - selon Mme de
�DERNI ER ATOUT
Barly toute à l'avanta ge Je Ternatr e, - enl re lui ct
Quen'a ux ct, rcv('nu de l'illusion qui l'avait conduit
plutôt;\ celui-ci qu'à celui-là des deux château x,
\oulait- il !<'en d6dnmm agcr ? rr convena it alors clt.: ne
point l\li en garLier rancune , mais bien Lie l'alTermir
dans ses nouveau x sentime nts. Ordina iremen t, la
triomph ante beauté de .~ean
sembla it passer i,naperçue à ses yeux, unIquem ent occupé s d'EdIth .
S'étaien t-ils donc ouverts , qu'il se montra it, ce
jour-là, si empres sé auprès de Mlle de Barly? .. Et
le plaisir de sup?lan ter une rivale, mème obscure ,
teUe que Jean?e jugeait Edith, ajouta à son amabilité pour Patrice . Il fut donc accueill i par la mère et
par la fille avec une cordiali té empres sée, dont
M. de Barly et son fils, - habitué s à obéir au mot
d'ordre que, facilem ent, leur donnaie nt ces dames,
_ sui,'iren t l'exemp le.
Cela seconda it les projets de Patrice , et pourtan t,
lui gonflait le cœur de mépris et de dégoût. Il lui
sembla it que ces gens-là se jetaient à sa tête, et
pourqu oi ? ... parce qu'il était noble, qu'on le croyait
riche et occupa nt une haute situatio n dans le monde.
Comme on juge aisémen t sur les apparen ces 1 songeait:-il. A. çuerya ux, s'il. avait été accuei\1i avec
amillé, c'étaIt grace à son tItre de parent d'une très
chère amie, puis, quelle di/Térence entre la réceptio n
gracieu se, assurém ent, mais pleine de dignité de
Mme de Domba st, et l'engou ement subit que lui
témoign ait sans mesure Mme de Barly 1 Jeanne
montra it plus de réserve , mais 'P atrice compre nait
trop bien qu'elle ne le devait qu'à son immens e
orgueil, - lui faisant accepte r comme un juste tribut
tous les homma ges, - pour lui en savoir gré.
Et loin d'être flatté, pour sa part, du succès qu'il
obtenai t, il en était écœuré . Il voyait s'aplan ir
d'avanc e toutes les difficultés qui eussent pu
s'oppos er â son p,rojet matrim onial, et en était involontaire ment dépIté. T01;lt en le poursui vant, d'invincible s obstacl es, qUI l'auraie nt fait échoue r,
l'eussen t satisfai t, semblai t-il, tant il agissait à contrecœur.
'
.
Bien entendu 1'1 ne lalssa
rIen voir des sentime nts
qui l'agitaie nt et joua son rôle avec une conscie nce
qui n'eût pas permis de les soupço nner. Il fit de but
en blanc, à la belle Jeanne , une cour indiscr ète et
hardie qui eût froiss.é et ~epous.
to~e
i~une
fille
un peu délicate , maIs qUI sembla lUI plaIre beauboup. Elle J'accuei llait avec un petit sourire induJ-
�DERNIER ATOUT
gent el dédaigneux qui excusait les folies qu'inspirait sa beauté. Se croyant irrésistible, elle
admettait parfaitement que l'on perdIt tout à fait la
tHe auprès d'elle, et ne s'en offusquait pas. Ses
parents pas davantage; elle avait, du reste, sur eux,
un empire absolu. Même sa mère était trop pénétrée
lie sa supériorité pour ne pas, la première, s'y sou·mettre, et ce qu'elle jugeait bon et convenable
de\'ait l'être en effe!.
Pour lui plaire plus sûrement, Patrice, avec une
déférence dont la servilité lui coûtait horriblement,
se fit le plat valet de ses appréciations, de ses goûts,
de ses sentiments, par une approbation constantc.
Il brûla tout cc que, ces dernières semaines, il avait
adoré, déclara ce coin de Picardie un trou où jl n'y
avait à voir personne dans le mouvement; la province, absurde; le icu de tennis, un amusement
d'hommes ou de filles garçonnières; la musique
ancicnnc, inepte, ct le boston et la berline le lice
plus ultra de la danse.
A un moment, Mme de Barly, maladroitement, rit
entrer les Dombast en scène; elle voulait savoir à
quoi s'cn tenir sur l'opinion du vicomte à ce suie!.
Là, il se cabra, et son cœur se révolta. Mais il lui
imposa silence et, comme le restc, les sacrifia avec
Une sorte de fureur d'immolation qui dépassait le
!)ut, comme un dépit, une rancune, qui veut aller
lusqu'au fond de l'amertume des choses imposées.
Mme de Barly lui avait dit:
- Vous allez souvent à Quervaux?
- Forcément, avait-il répondu, ma tante est si
liée avec ces dames!
- Vous n'avez pas toujours dû vous y amuser,
remarqua Jeanne avec un petit rire impertinent.
- Dame, la maison n'est point gaie 1
. - Avec les malheurs qu'a eus Mme de Dombast,
I~ n'y a rien de surprenant, nt Mme de Barly, conciliante. l
. - Ce n'est pas une raison pOlir iouer à la veuve
cPlorée, riposta Jeanne, cherchant dans les yeux de
Patrice une approbation qu'elle ne manqua pas d'y
trouver.
- Ce sont les plus mauvais maris qllÎ sont les
plus regrcttbs, dit~l.
- Ah! permettez, Ilt Jeanne, ('da dépc(tJ par qui.
?ar des c saintes " comme Mme de Dumbast,
lnsiSla-t-elle avec ironie, peut-être, mais par des
�go
DERNIER ATOUT
femmes plus conscient.es de leurs droits et des
égards qui leur ap\)artiennent. ..
~ - Elle a été c 1armante, autrefois, la baronne,
reprit Mme de Barly.
- Allons donc 1 protesta Jeanne, vous ne me ferez
jamais croire cela, et il n'est pas étonnant qu'ave~
ses airs de J'\lIaler Dolorosa elle n'ait su ni fixer nt
retenir son mari. C'est ennuyeux les femmes qui
pleurent et qui geignent, n'est-ce pas, monsieur Pa~
trice?
- Il est évident, mademoiselle, que 10rsqu'el~
ont d'aussi jolies dents que les vOtres, il est plus
agréable de les voir SOuvent dans un éclat de rire.
- Vous n'êtes pas sérieux, fit J canne enchantée.
- Edith est jolie, reprit Mme de Barly.
- Oh! jolie! dit Jeanne, cette enfant insignifiante 1
Malheureusemenl p~r
elle, ma mère, il n'y a guère
que vous de votre aVIS.
-. Pourtant ? .. fit Mme ùe Barly s'adressant à
Patnce.
- Non, l1a~me,
répondit-il, :crispant de rage
secrète ses mains nerveuses, Mlle de Dombast n'est
pas jolie, elle est fine, peut-être, distinguée, m-ais elle
n'a nul éclat, nulle S~duction,
rien de ce qui plalt
aux hommes et les attire ...
- Oh! fit Jeanne de plus en plus contente, vous
êtes un peu trop sévère; enfin, si ce n'est pas un
genre qui vous plal! 1. ..
- Assurément non, celui qui me charme est tout
différent.
savoir
- Ah 1 dit Jeanne, coquette, et pourait~n
lequel?
- Si vous le voulez absolument, oui, mademoiselle.
- Ce n'est pas trop indiscret?
- Assurément non.
- Eh bien! alors?
- Eh bien! - ne vous récriez pas, rappelez-vous
que vous l'avez voulu, - le genre de femme qui a
toutes mes préférences, VOus en êtes le type incarné.
- Ohl dit Jeanne riant, satisfaite voilà ce qui
s'appelle prendre les g~ns
en traitre, car si je m'étais
doutée de la réponse, Je ne m'y serais pas exposée.
La soirée continua dans ces marivaudages. A un
moment, Jeanne, s'étant penchée à une fenêtre sous
laquelle un rosier montait, avait cueilli une de ses
fleurs. Un instant, elle la respira. Patrice s'était
approché d'elle. Avec un sourire, il lui prit la rose.
�DERNIER ATOUT
- Eh bien 1 dit-elle, marquant une surprise forl
peu cfrarlluchée.
Et lui, tout bas, accompagnant ces mots J'un
geste vainqueur de l'homme d'autrefois que, près de
Jeanne, il se retrouvait tout entier:
- Laissez-la-moi, lui dit-il, que j'aie, jusqu'à
hotre prochain revoir, quelque chose de vous pou!'
compagnie .
me t~l1ir
. Elle n'insista plus et cut un haussement d'épaules
Indulgent.
Vers onze heures, au moment de prendre congé,
Patrice, s'6lantapproché dA:: Jeanne, portaà ses lèvres
la main qu'elle lui tendait et y déposa un baiser qui
ressemblait à une morsure. Elle mit cela sur le
Compte de la passion et n'en fut point offensée.
Et en redescendant la cOte de Ternatre pour
rentrer au petit château, Patrice effeuilla àu vent, dans
sa rage contenue, ln rOSe qu'il avait emportée comme
Un souvenir d'amour. ..
XVI
Pomtant Patrice était décidé à persévérer dans la
Voie \!n laquelle il s'était engagé tête baissée, et, de
plus, il entenJait y marcher grand train. Le temps
pressait de toute façon: le 20 septembl'e approchait,
et puis il a vai t hâte cl'en fin ir avec sa mauvai se action,
hâte ùe mettre l'irréparable entre lui, SeS regrets,
Ses remords. Il aurait voulu, Lloe rois décidé le sacrifice qui le séparait dMJnitivement d'Edith, qu'il fût
~compli,
afin d'en esquiver l'attente Hngoisst!e, les
Incertitudes qui remettent tout en question, .et les
dt!sespoirs anticipés qui d~coU!'ilgent
et amollissent.
Il avait peur de lui-même, de sa faiblesse contre ccl
amour, si fort en lui. Il souffrait aussi à la pensée de
la surprise, même légère, que sa résolution causerait
à Edith. Il eClt voulu qu'elle la connût tout d~
suite,
qu'il prit ne pas reparaître devant elle avec ce menSonge mystérieux qui l'éloignait encore plus d~el
et le forçaIt à lui cacher ses sentIments et ses prOJets.
Il ne pouvait, pourtant, lui annoncer un mariage
�DERNIER ATOUT
seulement dans ses propres intentiun s, et qui n'était
;l moitié fall qu'à la manii:re de celui de PoUchinelle
avec la reine d'Angleterre, parce que lui avait consenti. Et c'est encore pourquoi, de tous ses vœux, il
pressait l'époque d'une solution, comme aussi de
tous ses efforts.
Il avail vite compris que la famille de Barly, par
ses habitudes el ses .sentiments, sa manière d'être <.:1
de voir, lui permeltall un flirt audacieux et pressant
que n'eût pas autorisé un milieu plus raffiné et plus
délicat; et il était résolu à profiter sans scrupule de
cet avantage, pour gagner du temps. Il n'hésita donc
pas, le lendemain, .à retourner à Ternàtre dans la
le projet de passer et de repasser, de
matinée, ave~
v~ . Hr
et, san~
doute, appeler. .
façon à se f~lre
Il en avaIt prts le chemtn lorsque, de lOin, un
nuage de poussière et le son de la trompe lui
annonça le grand break, attelé à quatre, des Barly.
Le voyant, ifs firent arrêter.
- Bonjour, lui cria familièrement la belle Jeanne,
et où allez-vous comme cela? à Ternàtre ?
- Presque, fit Patrice hypocritement, j'allais,
dans une promenade matinale, saluer de loin vos
murs.
- Faites mieux, nous allons tous déjeuner à la
forêt de Branche, où nous retrouverons et d'où nous
ramènerons nos cousins van Bret; soyez des nôtres.
pas mieux., répondit Patrice,
- .Je ne d~maneris
se faisant pner pour. la .forme, mais ...
- Si, SI, venez, tnSlsta Mme de Barly, montez
avec nous.
Patrice n'attendait que cela.
- Alors, dit-il, remerciant, je pédale à la première maison du village, j'y laisse ma bicyclette, et
vous m'y cueillez en passant?
- Comme une fl~ur,
c'est convenu, fit Jeanne.
Il passa donc la Journée avec elle et trouva aisément un prétexte pour .revenir le .lendemain, puis le
jour suivant. On ne lUI ménageait pas les encouraPresqu~
quotigements, et il en pr.ofita,it la.rge~:t
diennement, le mattn, 1 apres-mldl ou le sOir, on le
voyait à Ternâtre. La présence des hôtes que
Mme de Barly avait ramenés de l'excursion en forêt,
.ultérieurement, f<?rmaient
celle d'autres qui, ~rivé.s
au chàteau la premIère sene d'automne, étalent l'occasion de réunions et de parties incessantes j prétextes, ~ leur tour, pou\ 1l1viter Patrice, qui n'en
manquaIt pas une.
�DERNIER ATOUT
93
11 en revenait chaque fois plus dégoûté de cette
famille banaJe el vaine; plus 1 eb\lté par l'or~ei,
Ir
dédain, l'assurance bête de Jeanllc, plus écœuré,
aussi, de l'empressemcnt avec lequel on la lui jetait
à la tête, malgré sa beauté et ses millions, parce
qu'on lui croyait une position supérieure à la
sienne.
Pourtant il ne dGmordait pas de son projet; il s'y
ancrait, au contraire. Il lui semblait que l'excuse de
sa tromperie était la natur\; même de la femme qui
en eralt la dupe, et ne méritait pas mieux; cela
l'innocentait à ses propres yeux. El plus il était
éloigné de toute estime et de toute sympathie pour
Jeanne et sa famille, plus il était décidé à l'épouser.
Ce n'était pas là que l'incertitude naissaIt pour
lui, c'était quand il retournait à Quervaux 1... Autant
il avait aimé s'y rendre, autant cela lui coûtait, maintenant. Il faut dire le vrai mot, cela lui déchirait le
cœur. Il y allait cependant, les stl;ctes convenances
l'exigeant ains,.~ulemt
il commençait d'espacer
peu à peu ses VISItes.
L'accueil qu'il trouvait, toujours le même, le torturait. La première fois, lorsque Edith, venant audevant de lui, lui dit avec la gràce de son enfantine
confiance:
- Qu'il y a donc de jours que nous ne vous avons
vu 1 Nous étions presque inquiètes et je voulais aller
demander à tante Paule s'il ne vous était rien arrivé
de fàcheux; mais, justement, maman était souflTante,
et nous n'avon pu sortir.
Entendant cela, il [aillit, les nerfs excités au
superlatif, pleurer comme un enfant. Il s'excusa le
mieux qu'il put, mais n'eut pas le triste courage,
lorsque la chère petite lui demanda ce qu'il avait
fait, de lui avouer qu'il était allé à Ternâtre. Il lui
promit même de revenir jouer une partie de tennis
avec elle, et il lui tint parole. Puis il resta toute une
semaine sans reparaltre.
.
Il fut sur ces entrefaites invité à une matinée chez
les Blaciel. Il savait qu'Edith devait y être et que
Jeanne, retenue par un déjeuner chez ses parents,
n'irait pas. II balança quelque peu: revoIr Edith
toute une journée dans le monde, la faire valser une
fois encore, jouir de sa jeun'esse, de son succè , de
son plaisir ... Mais, d'un autre cOté, comment Mlle de
Barly prendrait-elle la chose'? Ne lui devait-il pas,
ne devait-il pas à ses projets de s'abstenir d'une
réunion où clle ne paraltrait pas '?
�94
DERNIER ATOUT
Elle fit cesser son hésitation en lui exprimant
péremptoirement sa volonté.
- Vous savez que je ne vais pas chez les Blaciel?
- Vous me l'avez dit.
- Vous non plus.
Et le ton de ces mots n'était pas celui d'une ques.
tion mais d'un ordre.
In'térieuremcnt, Patrice se révolta contre cdte
domination, au moins prématurée, mais impo sant
silence ù cette rébellIOn, il riposta avec un mauvais
rire:
- Vous me le défendez?
Et Jeanne, impérieuse, ne doutant pas de son
ascendant:
- Absolument.
- CO~1mc
déom~gent
je viendrai ici toute la
journée, Je vous en previens?
- C'est accordé.
Cc fut le premier sacrifLce que Patrice d'Asquit,
bien à son corps défendant, fit à Jca-nne de Barly.
Un autre, plus pénIble, allait bientôt lui être imposé.
Jusqu'alors, les oc.casions lui avaient été épargnées
de sc trouver à la COIS en présence de Mlle de Dombast et de Mlle de Barly. Il avait pu, grace à cela,
tout en faisant une cour très vive à celle-ci, rester
auprès de .sa chère petite amie de Quervaux le mêmp
qu'autrefoIs, affectueusement intime et prévenant.
Il était seulement plus triste. Edith l'avait remarqué
sans qu'il s'en dout~,
e~,
avec sa douce pitié pour
toute souffrance, meme Ignorée et seulement pressentie, elle redoublait avec lui de genti liesse amicale,
comme si elle eût voulu h: consoler d'une aCOiction
qu'elle ne con~aist
pas, et qu'elle etait trop délicatement cllscrete pour chercher à pén0trer.
Devant cette attitude qui lui brisait le cœur de
regrets, Patrice ne se st:ntait pas le courage de
mettre à exécution sa résolution lie modifier peu à
peu sa façon J'être, en méme temps qU'il espacerait
ses visites, afin de desserrer insensIblement, sans
secousses, cette c~ère
intimité, trop étroite maintenant pour ses proJets ..Edith le voyait donc moins
souvent, mais, comme Il t:!tait toujours pareil avec
elle elle gardait, envers lui, sa confiance aflectueuse
et s~n
abàndon familier.
Lui s'il souffrait d'avance à la pensée du jour où
elle ~onaitr
ses prétendus sentiments pour
Mlle de Barly, e ' pérait qu'il ne lui serait jumai. imposé de les témoigner devant ellt:. En ef~t,
à l'1\eSUr~
�DERNIER ATOUT
95
qu'il se rapprochait ùes Barly, eux semblaient s'éloigner des Dombast; on ne les invitait plus et on
n'allait guère les voir.
Si Jeanne était trop orgueilleuse pour craindre
une rivale en Edith, sa mère, plus il"isée, la redoutait peut-être davantage. Et Patrice s'expliquait
ainsi l'ostracisme dont, à Temâtre, on Irappait
Mme ct M\1e de Dombast.
Un jour, M. ùe Barly, qui n'était pas dans le
secret des dieux, - ct n'y entendût pas malice, le
pauvre homme 1 - voyant rédiger une liste d'invitations pour une garden-party, suggéra le nom de la
baronne.
_ Celte éternelle inconsolée! !It Jeanne. Ah bien
non, elle a, dans une réunion, l'air d'un crêpe à un
chapeau, elle la met en deuil!
El Patrice crut devoir rire de cc Irait d'c~prit.
Il ne rencontraIt pas non plus Mmes de Dnmbasl
dans les réunions où il accompagnait Jeanne. Le
sel11 :voisin.age p,ro.che de Querva~,
que la haronne
s'étall déCIdée a lréquenter, avaIt donné coup sur
CI)UP toutes ses fêles. Celles d'à présent avaient
lieu dans un rayon beaucoup plus éloigné, qui
n'était fréquenté, üe tout le petit groupe des environs, que par les Barly. Leur atlelap.e à quatre, leurs
nombreux chevaux et plusieurs cochers leur permettant d'organiser des relais et de faire de très longues
courses.
Un jour, cependant, Jeanne dit à Patrice:
_ Il Y a une matinée lundi chez Mme de Massot,
vous y viendrez?
_ Je ne ~uis
pas engagé.
_
VrlllS le serez; n'assistiez-vous pas à leur première réception?
_ Si, répondit Patrice troublé, car il se rappelait
y avoir rencontré Edith et pensa tout de suite qu'elle
y retournerait.
_ Eh bien! certainement, vous aurez ee soir ou
demain une invitation, sinon, j'en réclamerai une
pour vous.
_ Ne faites pas cela, je ne voudrais pas m'imposer chez des gens qui, une fois d'::jà, m'unt aimablement reçu.
.
_ \,ous préférez passer toute une J"urnée sans
me vOIr?
Patrice ne pouvait répondre par une tin de non
:ecev.oir à cette coquetterie directe, !uais il en .grinça
lfiténeurement. Une des choses qUi le bleSSaIent le
�DERNI ER ATOUT
plu s en la belle Jeanne était l'outrec uidance avec
laquelle clic le traitait en pays conqui s.
Et ce soir-là, il rentra au petit chateau , plus irrité
que jamais contre elle, et plus satisfai t de la revanch e
qu'il prendra it en lui jouant le mauvai s tour de
l'épous er.
XVII
Le lendem ain, ver::; 2 bl" ures , Patrice entendi t une
\oiture dans la cour du château . Il ne mit ras en
doute quelles visiteu ses avait tante Paule et, peu
après, il vit le vieil Antonin se diriger vers sa demeur e
pour l'avertil , de ''\ part de Mlle d'Ausso n (ainsi
qu'il le faisait chaque fois), que Mmes de Domba st
étaient chez sa maîtres se.
Mais ce jour-là, Patrice n'eut pas le courage de Jes
voir. A la hâte il alla préveni r Manett e, stupéfa ite
de ce procédé , aûn qu'elle dise qu'il était sorti, et,
en effet, s'échap pant par la porte du jardin, il s'enfonça dans le parc, puis au plus profond du boill.
I! y passa la Journée dans une réverie où il entrait
plus de coH!re et de dépit que de vraie mélanc olie,
et qU'ahm entait plutôt un chagrin voisin du désespoir. Ah 1 quel sort maudit que le sien, que celui
qu'il s'était fait et qu'il allait achever par son
mariag e?
... Mais comme nt y échapp er, comme nt refaire sa
destiné e, remont er le rapide courant qui l'avait conduit si vite et si bas ? ... Trop tard 1.. . il était trop
tard 1... Il avait bien, de son enfer, entrevu le paradis ,
mais il était perdu pour lui, qui n'était plus bon que
pour une Jeanne de Barly 1...
Il n'alla pas la voir ce sorr-Ià, ses nerfs excités lui
firent peur, il craignit de ne pouvoir les iurmon ter
et, si elle l'insulta it encore de sa despoti que et
dédaign euse domina tion, de nt: point parveni r à
conteni r la rébellio n de tout son être ni l'expres sion
lie son haineux mé'pnll.
Il s'en fut donc d'lner ch~7.
tante Paule, ch/;r~
habitude à laquelle il dait ù pré sent bien souven t intI-
�DERNIER ATOUT
97
"~ · I I' . C ' JOI.lt la bon.n e ùern o Ît> clll' n\) sait ~c l'laillùre.
Elle l'accucllléllt touJours avec la lIlCIll C tendre amiti é .
- J 'ai eu une visite cetle apr\: s-midi, lui dit-clic .
.le le sais.
- Oui, je t'avais envoyé chercher.
- J'étais parti au bois, j'y ai pa ssé la journée.
- Ces dames O,l1t reg~'té
de ne pas te voir, clles
trouvent que tu les négllges un peu.
- Que voulez-vous, tante Paul!:!, j'ai tant d'invita ..
!ions 1Je n'y peux plus suffire ... Les premiers temps,
JC ne connaissais que Quervaux ...
- Et tu avais commencé par ce qu'il y a de mieux
dans le pays, crois-en ma vieille expérience.
- Je n'en doute pas, mais il me faut bien
répondre aux politesses qu'on me fait, et puis un
peu de diversité n'est pas pour m'effrayer.
- Je m'en aperçois, fit tante Paule avec son très
fin Sourire.
Elle ajouta ensuite, un peu assombrie:
- Puis, Quervaux n'est pas tort gal.... .
- Non mais on y est très bien accueillI.
Mlle d:Ausson, poursui- Il n'y a pas, contiu~
Vant son idéc, Je réunIOns b:llI.antes? (oyeuses
comme ... comme .... - et elle hésJ\alt - a Ternâtre.
- Assurément. A Ternâtre, on s'amuse beaucoup.
- Ah 1 tu t'y amuses ... beaucoup?
-. Oui, fit Patrice,' gêné par le clair rega.rd qui,
d.ernère les lunettes, semblait guetter son ImpresSIOn intime; puis, il y a .des ~ome
, le fils est à
peu près de mon âge, ct Ii y Vient souvent des vi s iteurs 'lui en sont plus rapqché~
encore.
- Oui, je comprends qu'on all!1e causer un peu
entre hommes, cela te manque ICI et à Qucrvaux ...
POurtant mon petit, tiens, permets-moi un conseil
ne te lie pas trop avec les Barly...
'
- Pburquoi?
.
.
. - Eh bien, - oh 1 Je ne vo~drals
pas médire! mais
Il me semble bon que tu SOIS prévenu, - il y a du
lOUche dans cette famille.
- Quoi donc?
- Le père, tu le connais, un imbécile, mais qui
n'a pas d'ant~cêes
fort honorables. On disait que
sa !fière étaIt. une serva.nte de ferme épousée in
artlcl/lo morlls par le VIeux M. de Barly pour le
légitimer, alors qu'il.avait déjà vingt ans. '
- Il n'en peut mais.
- Assurément, mais il a aussi mal choisi sa
femme, fille d'un bras seur d'affaires véreux. On dit
tOO-IV.
�98
DERNIER ATOUT
que celte immense fortune a des origines peu
propres.
1"
'1 '
- Bah 1 l'argent ne pc ut se sa Ir, 1 n a pas de
couleur.
- Qu'importe ... Le fils ne YBut .pas .gra~l!'chose,
que je sache, et la fille est, paralt-il, lrl!s legere. On
raconte qu'à Bruxe.lIes el~
s'est tin peu compromise
avec un jeune ofCtcler qUi, sachant la vénlé Sur ses
ancêtres, ne l'a pas~ou6e.
- Compromise, Jean~
tle Barly? ~e ne croirai.
jamais cela. Elle ~st
bien trop orguelileuse pour
descendre de son plédestal,. en faveur de qUI que ce
soit au monde. Compromise, ,allon.s donc 1 Elle
n'aime qu'elle, cette fille-là, Il adml.re. qu'elle, ne
pense qu'à elle. Elle est sa propre ~Ivln.té
et il n'y a
pas à craindre qu'elle. manque Jamais au culte
qu'elle s'est voué.
.
,
- Ah 1 fit tante Paule éVidemment satisfaite, elle
est ainsi?
Patrice comprit qu'il était allé trop loin .
nombre de ses pareilles,
- Oui, reprit-il, ~ome
du reste. C'est une Jeune personne fin de si1!cle, et
une des meilleures, encore, car elle a beaucoup de
tenue et une grande beauté.
.
.
- Je croyais que tu ne la trouvaIs pas Jolie?
- Au premier abord, non, mais j'ai changé d'avis
sur 'eIle, en la voyaJ!t .lIe plu,s p~1!s
. Elle n'est peutêtre pas ,finement Jolle, mais c est une femme superbl!.
,
. ,
Tante Paule soupira et, sans inSister, laissa tomber
la conversation. Au bout d'un momcnt, elle reprit:
- Mmes de Dombast comptent se trouver lundi
chez M me de Massot. Elles m'ont chargée de te le
dire. Edith se faitune fête d'assister à cette réuniun.
- Je ne sais si je m'y rendrai.
- Pourquoi? fit tante Paule, tu as d'autres
projets?
.
- Pas préCIsément, malS ...
- Tes nouveaux amis de Barly n'y vont donc pas?
insinua perfidement Mlle d'Ausson.
-: 1\u contr~ie,
ils veu!~t
même m'y entralner,
mais Je ne sais POU:qUOI, Je ne m'en soucie pas.
J'avais pensé aller ce Jour-là à D .. . où j'ai des courses
à faire.
Encore une fois, tante Paule n'insista pas.
Patrice, rt:Jalg ré sa volonté de se dominer, resta
toute la sOirée préoccupé et Sombre et quitta le
château plus tOt que d'ordinaire, se disant fatigué.
�DERNI ER ATOUT
99
La vérité est qu'il avait soi r d'être seul avec cette
réalité poigna nte: dans quelqu es jours, il allait se
trouver mis en demeur e de témoign er à Jeanne de
Barly, devantE dit!1 de Domba st, que c'était elle qu'il
préféra it.
Rilln que cette perspec tive le troubla it telleme nt
qu'il eut tout de suite la pensée d'une défectio n. Ne
pouvait -il être souffran t, avoi r la migrain e? Ses nerfs,
horribl ement excités, Je mettaie nt aussi près du rire
que des larm e, et il éclata d'une mauvai se gaieté à
J'image de ce malaise l'atteign ant, lui, le robuste , le
fort, qui n'en connais sait p(\inl. Il se rendit compte
que personn e n'y croirait . Si, par malheu r, Jeanne
de Barly ou sa mère devinai ent le motif de son
abstent ion? Si même, sans le pénétre r entièrem ent,
ellcs trouvaie nt étrange qu'il refusât d'arfirm er,
devant les relation s habitu ell es de sa tante, une assIduité dont il ne se faisait pas faute en toute autre
circons tance? Ne serait-c e pas là un obstacl e à ces
projets qu'il exécrçlÎt et dont, cepend ant, il poursui vai t fiévreus ement la réalisat ion ? .. Il ajourna sa
décisio n à sa prochai ne visite à Ternâtr e, qui ne
devait pas tarder.
1
Un des premie rs mots de Jeanne fut pour lui
demand er s'il avait reçu une invitati on des Massot .
Il nSpol1ùil affirma tivemen t.
- Tant mieux, fit-elle, je me figure que je ne
m'amus erai pas heauco up là-bas, et je ~erai
bien
aise de vous y retrouv er.
- Petile compen sation t
- ,Tc n'ai point dit cela .
...:. Enfin, si j'ai l'honne ur d'empê cher un instant
l'ennui de vous a1f.cindre 1. ..
- Mais, vous en êtes bien capable .
- Cela me décider a peut-êt re à y aller. Pourtan t,
j'avai s, pour ce jour-là, un.autr e projet.
- Un autre projet! En voilà une idée 1 Un autre
projet que celui qui doit nous réunir, vous ètes
aimable f
•
- Oui, si je vous le sacrifie .
- Quel sacrific e 1 Mais on saura vous en dédotnmager.
- Avec cette promes se 1...
- Eh bien?
- Eh bien, vous me mènerie z 'plus loin qu'à
Brisbcl , jusqu'a u bout du monde.
- Voyez-m oi cette humeu r voyageu se 1. ..
Monsie ur d'Asqu it, interroi nÎ)it Mme de BarJ~
~,oNr
1,)
or·'u
.~
:lJ
~J
�100
s'a
i
I~or'
DERNIER ATOUT
des jeunes gens, si vous .le voulez,
IX rochant
nous vous prendrons pour aller à BrIsbel. C'est
chemin et nous serons très heureux de vous
offrir une place.
- Madame vous me confoodoz.
- C'est dit:repritMme de Barly, seulement, comme
nous irons dans le brea~
à quatre, ct Ciu'on ne po~r
rait tourner dans la petite Cour du chateau de BOISjean, venez nous atendr~
sur la l'Olite, vers deux
heures à l'anole des chemins:
- S~us
l'o~me,
ajouta FélIX de Barly riant bêtement, il yen a justem~
deux .ou trois.
- Non, monsieur, rIposta aigrement Sa sœur, ce
sont des peuplIers, vous ne faites pas honneur à vo~
connaissances 1. ..
XVIU
Ce fut donc en .compagnie de? Barly que Patrice
Ils aimaient tous, et
avant tout, à {alre.de .l'effet, Ils n'arrivaient de bonne
beure à aucune rcunt.on. Jeanne, du reste, déclarait
hautement qu'elle avait horreur d'allumer les lustres.
Les invités de Mme de Massot étaient déjà au complet lorsque le break, s'annonçant à Son de trompe,
entra dans la cour. Et, par les fenêtres restées
ouvertes du grand salon, Patrice reconnut, au milieu
d'une nombreuse assemblée, la robe blanche et le
d'Eit~
~e Domb!lst..
. .
fin pro~l
Il étalt trouble a un p.olnt II1tradulslble lorsque,
derrière Jeanne de ~arly,
Il entra dans l'appartement,
qu'elle traversa la tete haute, avec ce Sounre à la fois
altier et condescendant d'une reine qui visite ses
sujets.
.
.
Ayant ?alué !a maltresse de maison, et cherchant
à s'asseoir, la )cune fille Se retourna vers Patrice et
lui dit impéreus~nt
:
- Trou\~z-mi
Jvne une chaise, je ne vois pas un
cuin où me ca se r . .
.
11 obéit. Elle attendait debout, rect!vant les th)mmages de quelques jeunes gèllS. Lorsqu'il lui Cl1t
fit son entrée à. Bnsbel. Co~me
�DERNIER ATOUT
lOT
apporté un fauteuil, elle s'y installa, et lui, pressé
d'aller près de Mme de Dombast, près d'Edith, dont
il sentait peser sur lui le beau regard étonné, s'éloignait. .. Jeanne le rappela.
Où courez-vous de la sorte '?
- Saluer quelques-unes de ces dames.
- A merveil1e, mais attendez un peu, j'ai une mission de confiance à vous accorder: je vais vous donner mon éventail à garder. Chaque fois que je prends
celui-ci, jouant avec, par distraction, je le brise, et
c'est dommage, car il est fort beau et délicat à réparer. Aujourd'hui, je l'ai emporté avec l'arrière-pensée
de vous l~ confier tant que je n'aurai pas besoin de
m'en servir.
Enragé de dépit, Patrice dut bien accepter le précieux dépôt et reçut des mains de la belle Jeanne le
délicieux éventail d'écaille blonde, finement découpée, qu'il eût bien mis lui-même en pièces, dans
sa fureur.
Cependant Jeanne, avec son plus séduisant sourire, ajoutait:
- Pour votre récompense, je vous conserve là,
dans ce coin, dissimulée derrière ma jupe et mon fauteuil, une petite chaise, que vous aurez le droit de
venir occuper tout à l'heure.
Patrice s'éloigna donc, tenant le bel éventail dont
il était honteux comme d'une marque d'esclavage
ridicule. Heureusement, il était petit et son chapeau,
qu'il avait encore à la main, lui permettait de le dissimuler. Après avoir salué toutes les femmes qu'il
connaissait:et s'être un peu attardé près de Mme de
Domhast, il s'approcha d'Edith. Là, 11 ne sut résister
à la prière muette des doux yeux bleus, à l'accueil
affectueux, mais un peu plus timide que d'ordinaire,
qui lui fut fait, et une place se trouvant libre près de
la jeune fiUe, il s'en empara. Il causa alors avec
l'abandon, l'intimité coutumière, et la note tendre
qu~
lui permettait la grande jeunesse de cette enfant,
q~'1
traitait bien c.omme telle! pour lui t~moigner
mieux, sans se trahir, ses senhments. Et Il avait la
j~ie,
a~
fur. et à mesure qu'il parlit~
de voir l'expresSIon InqUiète et un peu mélancolique, qu'il avait
remarquée de pnme abord sur les traits d'Edith se
fondre insensiblement cn sa tranquille g,lliet": h~bi
tuclk.
Combien resta-t-il ainsi pr~s
d'elle: il ne s'en
reMit ras compte. le Lemps lui sembla court, mais
�102
DERNIER ATOUT
il n't:11 fut pas Je même, sans doute, de .Jeanne, car,
tout ù çoup, un jeune homme l'aborda:
.
.
- Mlle de Barly vous fait redemander son eventall,
" .
lui dit-il.
D'un mouvement irréfléchI, Patnce le tendit au
messaCTer mais celui-ci, le refusant:
1
ison
:
- Non', je m'acquitte mal de. ma co~m
Mlle Jeanne désire que vous le lUI rapporhcz.
Furieux, Patrice se leva.
- Pardon cid-il à Edith, la quittant.
Et, par ran'cu.ne, pOlir puni~
.Jean
~ de ~0':l
despotisme il alla lUI rendre son blCn, PlllS s'clolgnait Je
nou v~au
mais elle, audacieusement:
-Eh'hien, vous me fuyez? c'est gentil! Et ce
n'était pas la reine d'avoir, v.ous alte.ndant, défen-du
contre les as saiJlants la chaIse qL1~
Je vo~s
Bardais.
Patriçe, se ral~pe.1nt
le role lJ u'lI devait Jouer et
ses exignc~s,
dl~S!ma
sa colere et sa haIne Sous
l'ironie à peme voLlee d'un langage doucercyx.
- ... Et quand .;'e5t par ~él.catse,
par discrétion,
par respect q u.e J e!l reste elolgne 1.. ..
- Quel m6ntel Je ne vous en croyaiS pas capable
aussi je vous en récompense. .
'.
'
Et, .se reculant un peu, elle (kcouvnt le Siège Où il
dut bien prendre plal:e.
Quelq ues instants après, u.n mouvement génciral
se produisit. U~e
représentatIOn avait été organisée
ct l'on se rendaIt dans l'autre salon, Où était monté
le théâtre improvisé.
A \'ant qu.'il ~e lui eût o\[ert, .Jean~
pritle hras de
Patri<.:e et a111S1 se f ro li va a côte de 1ut Sur les chaises
5ymétriqllement rangées.
•
La pièce commença, saynl:~e
spiritue lle et gaie
enlevée avec beaucoup d'eptraln par <;tllelqlles rima:
leurs. Mlle cie Barly ne daigna pas lut accorder son
attention. Tout le temps, elle affecta de parler bas à
Patrice, que ce manque de convenances anaçait. Un
rang.en ~vaJ1t
d'eux était Edi~h;.
le. vico~te
fie la
voyait guere que de profil, la JolIe lIgne fuyante de
son fin. visage se .perd~n:
un peu dans l'0:n bre ; mais,
à plUSieurs repnses, Illemarqua - car Il ne la quittait pas des yeux - qu'~l1e
se retournait vers lui
av~c
cette lT!ême expr~s)n
~'in
l!~i6tu<.1e,
de surpnse, de tnstesse qUI 1 avait delà frap~
tout à
l'heure.
1
r
La pièce finie, ~Il
goûter très élégant fut servi par
petites fables et JI ne fut pas permis à Patrice de
déserter celle où Jeanne, seule avec lui, prit place.
�DERNIER ATOUT
1°3
Puis, la succulente collation finie, Mme de Massot
exprima son désir. J\. tour de rôle, chaque jeune fille,
choisissant un partenaire, devait improviser avec lui
une charade en action où le mot entier, exprimé en
une seule scène, serait deviné par l'assistance.
Mme de Massot proposait ce divertissement inédit
pour remplacer le tour de valse qu'un deuil lui interdisait.
\
L'idée originale en fut très volontiers accueillie.
Les jeunes filles, enchantées, mirent bien en avant
leur timidité, mais comme, si la réunion était nombreuse, elle était intime, - tout le monde se connaissant parfaitement, - on passa outre.
Les aînées de ces demoiselles d~butren
avec des
partenaires de leur choix, et se tirèrent à merveille
de leurs rôles. Elles élaient jeunes, gaies, pour la
plupart intelligentes, avec cet esprit ouvert et prime-saulier que donne l'habitude du monùe et une
certaine éducalion, ce qui a surait leur succès. La
maltresse de maison désignait l'une après l'autre les
g~ntiles
~.trices
Elle n'avait pas encore parlé à
Mlle de Barly, - qui, un peu à l'écart, retenait toujours despotiquement Patnce auprès d'elle, - qu'elle
s'avança vers Edith pour lui dire que c'était à son
tour.
La chère enfant, sincèremonttimide en sa modestie
exagérée, méfiante d'olle-même, s'en défendait. Sa
mère, voyant son embarras, s'approcha. Sûre
d'avance des succès de sa chère fille si elle consentait à se mettre en avant, elle chercha doucement à
l'y décider.
- Voyons, dit-elle à Mme de Massot qui insistait
beaucoup, peut-être avec quelqu'un qui la seconderait et qu'elle connaltrait parfaitement pourrait-elle
se riSÇJuer ? .. Avec M. d'Asquit, par exemple ...
To de suite, Mme de Massot le fit appeler.
Tl vint rejoindre le petit groupe, prêt à acquiescer'
bien volontiers à cette combinaison, mais Mlle de
Barly, qui l'avait suivi, ayant tout entendu, protesta
d'un ton autoritaire et déplacé:
- M. cl'Asquit? mais c'est moi qui le retiens. Il
est convenu que nous jouons ensemble, sans lui je
ne le ferai certainement pas.
Mme de Dombast, froissée, mais très digne, dit
seulement à Mme de Massot:
- Chère madame, n'insistez plus, vous voyez que
tout concourt à fa.voriser le désir d'Edith de ne pas
jouer.
1
�DERNIER ATOUT
- Oh oui! fit la douce enfant, les larmes aux ~eux,
je vous ell prie, l1ade,ispc.~CZ-n
l'our aUJourd'hui, d'ulle c.:hnse que Je ferais lrc~
mal, J'en SUIS
cerlai Ile.
' .
- II Y a un autre moyen, repnt . maladroitement
Jeanne, qu'Edith joue,donc.avec mOI el M. d'Asquil,
ce sera une sayn~le
a IrOls person~g.
Nous lui
réserverons un boul de rôle, un emplOI de Soubrette
quelconque, t.Ine lett:'e à apporter ou un verre d'eau ...
c.:da peut touJours s an·an!:?er.
.
.
Patrice à ce moment" eut soumt.:te Jeanne, S'Il ne
se fût ret~nu.
Ii vit.Edith. pâlir t~ès
fort,ma~s
répon_
dre avec une énergIe qu'Il ne lUI connalssall pas et
une ironie cinglante:
.
'
- Apporter un verre. d'eau 1. malS c'est encore audessus de mes talents, Je serais capable de le renverser! ... Merci donc, Jeanne, d~
votre aimable
proposition, mais, encore une fois, Je préfère ne pas
Jouer.
- Alors, c'est à votre tour, mademoiselle fit
Mme.de M<l;ssot, visiblement cor~taiée
de ce l€ger
contlll, - SI vOUS voulez VOUS preparer ...
Et elle s'éloigna ~vec
Mf!1e de Dombast, laissant
Edith entourée de Jeunes hiles et Jeanne et Patrice
au milieu d'clfes.
- Venez-vous, lui dit celui-ci avec une évidente
mauvaise humeur, il est temps de choisir notre mot
et d'entrer en scène.
- Je vous suis, répondit-eHe.
Et comme il s'éloignait, se retournant vers les
jeun~s
filles, elle reprit un peu plus bas:
- Je vais vous le dlr~,
ce mot, afin que vous ne
manquiez pas tle le dev1l1er. S~ns
le connaître j'en
suis sûre d'avance, ce sera celuI qu'il me rép\)t~
à la
journée: amour. . C'e~t
une trop belle occasion de
continuer sa conJugaJson du verbe aimer pour qu'il
n'en profite pas!...
.
Quoique, distant ~e
quefques pas déjà, Patrice
entendit IflOtempesllve et moqueuse confidence de
Jeanne à s.es am.les, une ~uer.
~e rage lui monta au
front, car Il avait yu EdIth pàhr et chanceler sous
l'inattendue révélatIOn.
Il en eut. le. cœur d~cniré.
Oh 1 ne Pouvoir courir
à elle et lUI dIre : « N écoutez pas cette folle celle
que j'aime, c'est vous 1... • Il connut à ce m~ent
une des plus pénibles, sensations de détresse et de
désepoi~
de 'oute sa vIe. Pou:tant, il attribuait l'émotinn d'EdJlh a la seule surpnse, et peut-être aussi à
�DERNI ER ATOUT
lOS
la décepti on de le voir, lui à qui elle avait donné sa
juvénile amitié, prl;s d'épous er une lemme qui, elle commen ((ait déjà \ - serait un obstacl e sérieux
il leurs cordiale s relation s. Car Iy111e de Barly affichait telleme nt Patrice , que le bruit de leur mariage ,
après cette réunion , circuler ait inévitab lement, ans
que personn e dût s'élever contre sa véracité . Et, à
l'heure présent e, Edith, selon toute probab ilité, ne
le mettait plus en doute ...
Accapa ré par ses pensées , Patrice ne songeai t
guère à la cllarade .
- Eh bien 1 lui dit Jeanne, ce mot est-il trouvé?
II sursaut a ... Il se rendit compte que l'état de son
esprit s'oppos ait à sa liberté et qu'il était incapab le
d'une improv isation quelcon que. Il ne fondait aucun
espoir SUI' le concou rs de .Jeanne, qu'il savait assez
bornée ... II eut alors une intuitio n subite,
- Le mol? dit-il, di.l'crét ion. La SCl;ne? la plus
simple du monde, je vais vous récitt:r la jolie poésie
de Manuel . Voici dans quelles circons tances.
En deux mots, il les lui expliqu a. Elle consen tit à
tout.
Elle entra donc en sci:ne avant Patrice et en profita pour [aire quelque s effets de jupe, de busle, de
pose savante .
- Dieu 1 dit-elle seulem ent, que le temps me semble long, et maussa de cette soirée solitair e ... AllI
voici M. de Trois-E toiles 1 Bienven u soit-il, s'il sait
me désenn uyer un l'cu 1
- Bonjou r, madam e, lui dit Patrice la saluant ,
comme nt allez-vous ce soir? je ne sais qui me le fait
penser, mais il me semble que vous avez vos bIlle
delli/s.
- Vous le dites et ce serait une bonne action de
m'en distntir e.
- Essayo ns, mais aidez-m oi à en trouver le moyen.
Voulez- vous que je vous raconte les nouvell es qu'on
narrait au cercle ce tantôt?
- Des potins? j'ai cela en horreur .
- Voulez- vous que je vout; parle politiqu e?
- Ah bien, merci J
- Littérat ure, musiqu e, peintur e?..
- Non, cela ne m'intér esse pas.
- J'ai trouvé! Je vais vous raconte r la dernièr e
pièce du Vaudev ille.
- J'y suis allée.
- Rien de nouveau pour vous sous le soleil.
alors?. . c'est décQ.uraQ,eantl Q~e
diriez-v ous de
�106
DERNIER ATOUT
quelques renseignements sur les c()ur~
de la Bourse?
- Cela regarde mon homme d'a ITa 1l'es.
- Sur les Courses ? ..
- Je n'y entends rien.
Patrice fit mine de ré/1échir et sc prit la tête dans
les clains. Au bout d'un court instant:
- Nous n'avons plus qu'une ressource, pas neuve
mais faute de mieux ... je vais vous dire des vers. '
Et' Jeanne s'étendant sur un fauteuil avec une
gràce alanguie ct étudiée, Patrice commença:
Ne le dis pas à ton ami,
Le doux nom de ta bien-aimée,
S'il allait sourire il demi
Ta pudeur serail al'Irmée.
Ne le ·dis pas il ton papier,
Quand tout bas 11:1 muse t'invite,
L'œil {;urieux peut crier
La confldence il peine cc rite.
Ne le trace pn5 au soleil,
Sur le sable, le long des grèves,
Ne le dis pas à ton sommeil
Qui pourrait le dire à tes rCves.
Ne le clis pas il celle fleur,
Qui de ses cheveux glisse et tombe
Et s'il faut mourir cie douleu r.
Ne le clis pas même a la tUlnbe.
'
Car l'ami n'est pas assez pur
Nl la fleur assez discrète,
Ni le papier n'est assez sùr,
Pour ne pas trahir le poète.
Ni le not qui monte ns~ez
prompt,
Pour couvnr la tr~ICc
lmprimee
Ni le sommeil assez profund, '
Nj la tombe assez bien fermée.
Ne le dis pas 1. .. Nc le di s pas ... (1)
Patrice a~it
trop fréquent~
le monde artiste pOur
ne pas ~avolr
dé~lamer
e.t, grace à son goût naturel,
au sentlme!1t qUi je.domln~t
et ajoutait à sa diction
tout l'attrait de l~. sln~éte;
regardant Edith tout le
temps, comm.e s il eut. voul~
la dédommager de ce
qui. se pa~slt.,
e.t pU.ls~r
.a cette source pure sa
meJllcure lllsplratlOn, ill.éclta la douce poésie sans
une défail~ce
de méI?Olr~,
avec un tcl L'harme que
les applaudissements eclakrent au dernier mot.
(1) Eugène Manuel.
�DERNI ER ATOUT
1°7
Cepend ant Jeanne, ainsi qu'il était conven u,
demand ait dédaign euse:
- C'est joli ... et, le tit re de celle machin e-là?
- Le titre? repartit Patrice excité, le titre? vous
me le demand ez ? ...
Et, fixant sur Edith un regard passion né dans
lequel brùlait son âme:
- Qu'est- ce donc que de ne confier ni fi l'ami, ni
à la Oeur, ni au papier, ni au sable, ni même à la
tombe, un cher, doux et poignan t secret, de le
garder mystéri eux en son cœur, d'en vivre et peutêtre d'en mourir, sans le révéler jamais ... qu'est-c e?
sinon de la ...
- Discrét ion 1 cria une voix du mil ieu des chaises ,
celle de Mme de Massot .
Et l'on applaud it à tout rompre .
Jeanne , satisfai te d'un SUCCllS qui lui avait si peu
coûté, et surtout de la publiqu e déclara tion d'amou r
de Patrice , qu'elle n'avait pas douté lui être adressé e,
Jeanne reçut, avec une condes cendan ce sourian te
de bonne princes se, \cs complim ents d'usage .
Tandis que Patrice , n'osant plus regarde r Edith, que
son dernier coup d'œil luj avait montré e plus pale
encore et plus visiblem ent émue, sortit de l'appart ement pour aller rafraîch ir au jardin sa tête en feu.
On vint bientôt l'y cherche r, la derni1:re charade
jouée, les Barly partu!e nt. Patrice prit congé ge la
seule maîtres se de maIson ct, sans un mot d'adIeu à
Mme ni à Mlle de Domba st, remont a précipi tammen t
près de Jeanne dans le grand break qUi devait le
ramene r à Ternâtr e.
XIX
Et mainten ant, le sort en était jeté, 11 fallait qlle
Patrice ~\'Asquil
epo\.Jsât Je<l:011; de Barly. La jour.nC:e
de la veille eo avaIt d<:Cldé ainSI, ses pro)t:!ts n'C:talcnt
plus, ne pouvaie nt plus être uo secret pour personn e,
même pour Edith, et c'était un ,pas plu , déci if gue
tOl~
les précéde nts fait dans la voie de leur accomnliHsem ent. Il n'y avait plus qu'à le orcsser m$lÎntl.:-
�108
DERNIER ATOUT
nant, qu'atendi~l
encore? Tl avait longtemps
redoujé la révélatlOn à Mlle de Dombast de ses
intentions. Elle étai f accomplie, rien don..: ne le
retenait plus.
Quoi qu'il advienne. Eùith ne pourrait plus jamais
douter qu'il avai,t ,préféré l'amour ~e la belle ~ean
à sa douce amitié, et celte certitude acquise les
séparait irévo~ablemnt.
Il avait craint ,l'instant Où
elle s'imposerait à l'èntendement de sa Jeune amie
il en avait ressenti àprement la douleur. Le plu~
cruel étant fait, il n'avait plus q':l'à marcher en avant.
Il ne doutait ras, devant l'attitude de la famille de
Barly tout ~nhère,
du s~cè
,d'une d~mane
en
mariage, I1IUl paraIssait meme qu on devaltJ'attendre
que le moment psychologique en était arrivé,
'
La poire était mûre ct venu le temps de la cueillir,
il n'avait, pour cela, qu'à ét~ndre
le bras ...
Et il hésitait encore à le faire 1... Tout se réunissait
pourtant, pour le pous,ser à !a définitiv,e démarche,
Après les scènes de Bnsbe,l, tI ne voulait plus revoir
Mmes de Dombast qu'offiCIellement fiancé à Mlle de
Barly. 11 ne voulait pas, non plus, reparaltre tlevant
la belle Jeanne sans avoir profité, par une demande
en règle, de t0ll:s les en~ouragm.ts
qU'el,le lui avait
prodigués, Il lUt semblaIt que le fait d'y aVOIr répondu
l'enoageait envers elle, et que tardh à solliciter sa
mai~
serait pre~qu
une ,offense, qui, pourrait l'indisposer contre lUi. Cela, Il ne le fallaIt pas· puisque
l'irrémédiable et l'irrévocable étaient ac~mplis
du
côté d'Edith, Patrice entendait que l'amertume du
sacrifice ne l'ait pas éprouv.é en pure perte, et voulait
réaliser sot: projet .de I!lanage. Il était grandement
l'heure qu'li y tachat directement. Il en prit la résolution.
" Demain, dit-il, demain, • s'accordant encore un
jour, sinon de réflexion, du moins de liberté d'esprit
et de cœur.
Puis il pensa: </ Qui ~:rai,(
la deI!lande officielle? .. lt
Ce sont là besognes qu Il n est pOint d'usage d'accomplir soi-.même. Une personne ét~i
tout indiquée,
celle qUI, dar: s ce pax s , re.mplaçalt sa mère morte,
tante Paule 1
et représentaIt sa famille ~Iparue:
lUI vmt de l'entremettre, elle,
De suite, un scrupl.~
si loyale, en c~te
a~lre
,louche.
Malgré l'a,nhpathle ~u e,\\e professait pour les de
Barly, Patnce con~lsat
assez Son dévouement
pour étre ~ûr
que, s ,l1.IUI, dema~it
de faire, pri: '
d'eux, la Jêmal'<.:l1e d ou dependaJt un avenir choi~
�DERr TER ATOUT
à son gré, l'Ile ne lui refuserait pas de s'en charger.
;'vrais la mêler à ce mensonge! Car il yen aurait un
double, un tnple méme.
11 allait tromper les de Barly sur sa fortune, sur
sa conduit e, sur ses !>entiments à l'égard de leur fille.
Et qu'un jour tante Paule, la douce tante Paule,
ayant, plr hasard, appris la vérité, vienne lui
r~poche
sa mauvaise action, lui dire, une larme
dans ses beaux yeux sincères: « Mon petit, tu m'as
fail mentir 1. .. ~
,
Non, il ne pourrait supporter cela!
Puis, avec une tierce personne, la question argent
pourrait être abordée plus difficilement avec lui.
Et même, se décidant à faire ses affaires tout seul, il
pènsait, au mépris des convenances, s'adresser à la
Jeune fille plutôt qu'à ses parents. Ainsi, l'interrogation directe sur sa fortune serait peut-ètre éludée.
JI en coûtait moins - quoique bea4coup encore à la conscience accommodante et pourtant déjà
changée de Patrice, de mentir, plus tard, par l'organe
d'un homme de loi, que face à face.
La réOexion le confirma dans cette invention. Le
lendemain, il s'en irait à Ternàtre, trouverait sans
peine une occasion d'être seul avec Jeanne, pendant
quelques instants, il se déclarerait, alors. Et il lui
semblait, préjugeant du caractère de la jeune fille et
cie ses façons indépendantes, qu'elle n'attendrait pas
un conseil de ses parents pour lui donner une
réponse définitive etfavorable, qu'ils ne manqueraient
pas de ratifier.
D'avance, il ne dirait rien à tante Paulel il craignait
ses objections, et encore plus sa tristesse de cette
union qu'elle désapprouverait.
Devant un fait accompli, pour ne pas lùi faire de
peine, elle lui cac)1erait ses regrets et son chagrin.
II viendrait donc seulement lui annoncer son mariage
lorsqu'il serait officiellement fiancé.
Ce fut avec tous ces projets formellement arrêtés
que Patrice d'Asquit, le mardi à deux heures, se
mit en route pour Ternâtre.
Il n'avait guère quitlé que depuis quelques minutes
J'enceinte du parc dç Boisjean, lorsque la voiture de
Mme de Dombast y entra, l'amenant, avec sa fille,
faire une visite à tante Paule.
Celle-ci les accueillit avec son amitié accoutumée.
- Comment allez-vous? leur dit-elle. Que je suis
<.Ionc aise de vous voir, il me semble 'lue vous vous
faites rares, ces temps-ci.
�1 IO
DERNIER ATOUT
No~s
nous réservons, chère amie, répondit
Mme de Dombast, vous avez votre neveu en ce
moment, et je ne voudra}s pas lro~be
votre intimité; tandis que, lorsqu'IL sera parti, ce sera à nous
de vous en consoler.
- Il me tienl petite con:pagn.ie, I~prit
MUe d'Ausson; It:s premières sen:alnes, il ID elaLt plus fidèle,
mais, maintenant, le voICI sans cesse en route; des
déjeuners ici, des goûters là, des parties plus loin.
- Il voit beaucoup les Barly?
- Oui, beaucoup, répondit tante Paule d'un ton
attristé, beaucoup trop à mon gré, ajouta-t-elle
encore avec un soupir, mais les jeunes gens se
plaisent dans ces milieux bruyants et frivol es.
\- Le verrons-nous auj()r~'Ji?
fit Mme de
Dombast regardant sa fille, et deslreuse de détourner
l'entretien.
- Non, il est venu me prévenir tout à l'heure qu'il
partait pour Ternâtre où, comme d'oruinaire, on le
retiendra probablement à dîner; aussi, il m'a priée
de ne pas l'attendre.
- Ah 1 fit Mme de Dombast.
La convers.a tion tomba sur un silenc~
gêné. Edith,
les yeux tnstes, regardait mélancoliquement au
dehors.
- La réunion d'avant-hier était-elle jolie mignonne? reprit Mlle d'Ausson, s'adressant' à la
Jeune fille, t'es-tu amusée?
- C'était gai, tante Paule, nombreux, répondit
Edith, mais je ne puis vraiment dire que j'y aie eu
grand plai sir.
.
- Non, reprit sa mère, EdIth ne trouve plus à ces
fêtes le même altrait qu'aux premières, qui avaient
pour elle toute la saveur de la nouveauté. Puis elle
est un peu fatiguée, en ce moment, mal en train. Ne
vous sembJe-t-elle pas 1 lus pâle que de coutume?
Tante Paule prit ses lunettes t et, les ajustant sur
son nez court et drOit, vint à la )I.ame fiUe, la fît leVer
et tourner du côté du jour pour mieux la voir. Cet
examen inquiet .et min~lte.1x
sourire Edith, mais
d'un suurire attn s té quI fmsalt songer à une fralche
rose éclose, surprise par un vent d'automne el, par
lui, décolorée.
- Oui, elle est pâle, répondit enfin tante Paule,
lui lâchant [es maws et venant Se rasseoir elle est
pâle. Valentine, il faut la s,oigner.
'
,
- C'est <.:e quel'e comr: te faire, ilme semble qu'un
changement d'air ui serait salutaire. J'ai écrit à mon
�DERNIER ATOUT
tll
frère Benoît, et s'il peut nous recevoir, comme Je
l'espère, nous partirons la semaine prochaine pour
la Br~tagne.
_ Vous partirez! fit Mlle d'Ausson consternée,
et pour longtemps?
_ Je ne sais, cela dépendra d'Edith; si elle se
trouve bien et agréablement là-bas. Enfin, si elle
voulait faire un petit voyage avant de revenir, il me
semble que ma santé, aSSl!Z bonne en ce moment,
me permettrait de lui accorder cette distraction.
_ Mais c'est une absence d'un mois, peut-être
six semaines, cela?
_ Oui, répondit tranquillement Mme de Dombast.
_ Ah mon Dieu 1 dit seulement tante Paule.
Mais il y avait dans ces simples mots une déception et une inquiétude profondes. ,
Il se fit encore un silence.
_ Je ne vous propose pas de vous promener, dit
Mlle d'Ausson le rompant,. ma~s
si Edit'? yeut sortl~
comme naguère, lorsque J'étaiS seule lCI, cela lUI
sera meilleur, par ce beau temps, que de rester
enfermée avec nous. Et, pas plus qU'autrefois, elle
ne risque de rencontrer personne, puisque Patrice
est parti pour la journée.
La jeune fille accepta et s'en fut.
Elle n'avait pas refermé la porte, qu'à brûlepourpoint tante Paule dit à Mme de Dombast:
_ Au lieu de chercher à distraire Edith, chère
amie, pourquoi ne la mariez-vous pas?
_ Parce que, - je le confie à votre amitié, M. Je Trémoran, qui l'a demandée la semaine dernière, ne lui plalt ras.
_ Je suis bien de son ayis.. à moi non plus, il ne
plaH pas, ce monsleu\; ma~s
tl y. en a d'autres, bien
plus charmants, et qUi seraient SI beureux ...
Brusquement, Mme de Dombast interrompit sa
vieille amie.
_ Edith ne veut pas entendre parler de mariage.
J'espère que ce n'est que pour un moment. Elle m'a
déclaré dernièrement qu'elle ne se marierait jamais.
Je n'ai pas insisté, je compte sur le temps et sur les
circonstances pour la faire revenir de cette résolution.
Puis, sans lai sser à Mlle d'A;usson le temps de
réponJre, Mme de Dombast contlOua avec un sourire
forcé:
_ Mais vous, vous allez marier votre neveu?
_ Mon neveu 1 fit tante Paule quittant, du coup
�112
DERNlE'R ATOUT
ses lunelles, mon neveu ? .. El avec qui, je vous prie?
- Avec Mlle de Barly.
'
- Oh 1 je ne croirai' jamais qu'il :ooit aveugle et
fou à ce point 1
- Quoi, vou s n'en sal'ez rien ?
- En voici pour moi le pre.mit,;!' mot, et vous
pensez bien que, si ce mariage était décidé, j'en
serais avertie.
- 11 passe pourtant p~ur,
l'être.; lundi, à Brisbel,
M. d'Asquit n'a pas' quJtte ~n
Instant Jeanne de
Barly, lui faisant une cour aSSIdue. Elle-même avait
avec lui des manières de fiancée, qui ne permettaient
aucune équivoque. Et lorsque, des premiers, ils
sont partis, la nouvelle qe leur très prochain mariage
a couru le s.alon sans que personne ait même songé
à la démentI r.
- Vous me renversez, Valentine, et non, vraiment
nOIl! je ne pyis croi~
cela. I?emain matin, j'en parlerai à Patnce, li dOIt Y avoIr là quelque méprise,
quelque malentendu... épouser Mlle de Barly ...
quand ... Non, ce n'est pas possiblü 1 J'éclairCIrai
cela sans tarder.
Et, craignant de laisser, crans son trouble évident,
deviner le fond de sa pensée, tante Paule, toute
tremblante encore, parla d'autre chose.
xx
Pendant ce temps, Edith, se promenant solitairement, avait pris machinalement l'avenue des marronniers qu i, à droite, menait au petit château, il gauche
au potager. Lorsqu'elle fut arrivée à son terme, qud
marqua'if l'é~inec.
cour~né
de la ~c!'gi:revd,
sac hant Patnce lotn de la, elle se dmgca vers sa
demeure ainsi qu'elle l'avait fait si Souvent en son
absence,' pour dire bonjour à la vieille Manette qui
l'aimait beauCoUp et, dan SO:1 enfance, l'avait quelquefois amusée, pendant les longues après-midi que
sa mi:re passait aupri:s ~e Mlle d~Auson.
La porte du petit chatealf était OUverte. Edith y
p~létra.
jda un coup d'cet! dan s la cuisine. Per-
�DERNIER ATOUT
1
sonne. Sans doute, Manette était en haut, à faire 1<1
chambre, ou au jardin. Le salon était entr'ouvert
une curiosité vague y fit pénétrer la jeune fille. Elle'
qui y ~enait
.fréquemmen.t naguè.re, n'y avait pa~
pénétre depuIs que la maison était habItée par son
propriétaire. Elle fut at! irée par son désir cie voir
comment était l'intérieur de Patrice et comment il
l'arrangeait. Elle repoussa donc doucement la porte
entr~bàiJlé
et, avec attention .et intérêt, regarda
minutieusement autour d'elle.
Les cho.ses. étaient disP?sées,avec un goût particulier, qUI lUI prut, et qUI, sans que l'ameublement
fût changé, pourtant, difTérenciait, de celui d'avant,
l'aspect de l'appartement.
De pittoresques affiches de Chéret étaient épinglées au mur. La table du milieu était encombrée de
livres et de journaux, et, sur celte à écrire, rapprochée de la fenêtre, toutes les pit'ces d'un élégant
nécessaire de bureau se trouvaient en compagnie de
cailloux de forme bizarre, de graines fraiches de
sapins, d'oursins, de fleurs desséchées, souvenirs
éVidents des récentes promenades. Au milieu, en.
face du buvard, une photographie entièrement
cachée par un gros bouquet de roses, dont les queues
trempaient dans l'eau pure d'un petit vase craquelé
e~
forme de boule. Intriguée par ce portrait, à la
fOIs caché et honoré, fleuri comme une icone, Edith
recula u.n peu les f1eur~
et resta surprise devant sa
propre Image, reconnaIssant une mauvaise photographie que Patrice avait faite d'elle au début de son
séjour dans le pays! mais qui avait dû être retouchée p~r
un profess!onnel, ~ar,
san,s être parfaite,
elle éllut pourtant bien supeneure a l'épreuve première qu'elle en aVaIt vue.
- Ce porl~i,
.là, pourq~](?i
se dit-elle, déjà
frissonnante d'emo! et de plaiSIr. Est-cc que ? .. Oh 1
ce 'n'est pas possi ble ... d'espérer cela: ne va-t-il pas
érouser Jeanne de Barly?
Et, avec un soupir qUI lui mouillait les yeux:
Quand il est arnvé, il m'aimait bien, j'étais sa
pet ite amie, et maintenant, hélas \. ,.
Elle n'acheva pas sa pensée.
En remettant ~ sa pl~ce
l~ cadre d'ivoire, elle avait
dép lacé un r~ple,
et il lUI apparut alors, en grand
format, la rad ieuse photographie de J canne de Barly
vêtue d'une toilette de bal. Le cliché, excellent;
reproduisait fidèlement sa réelle beaut~
et l'avantageait mème. Ce qui y nuisait d'ordinaire en était
�DERNIER ATOUT
l'expression, intraduisible en photographie, et ses
traits réguliers impeccablement, mais trop forts,
avaient perdu, relativement, ce défaut devant l'objectif, qui grossit, les lignes déhcates, ct, sous ce
rapport, égalise toutes les femmes. La pose était
gracieuse, bien qu'un peu afTectée: Jeanne, debout,
le buste légèr..::ment renversé, tenait dans sa main
gauche une fleur qu'elle rapprochait de ses cheveux
en un souple et joli mouvement, qui mettait en
valeur les proportions harl!0nieus~
de sa taille.
L'air d'évidente satIsfactIOn, de tflomphe presque,
qu'avait sur son portrait Mlle de Barly, frappa douloureusement Edith.
Oui, elle triomphait, en effet, puisque Patrice
l'aimait 1
Et, à cette pensée, Edith, perdant son courage ct
laissant échapper son mystérieux seéret, s'en fut
tomber sur le canap é, et là, cachant dans les coussins son blanc visage bouleversé, elle se mit à sangloter.
~ Elle avait gardé dans une de ses mains tremblantes
la belle 1 hotographie, - que Jeanne, sans doute
pour en rendre le don plus précieux, avait signée en
l'offrant à Patrice, - et, de l'autre, elle appuyait, sur
ses jolis yeux noyés, son mouchoir de fine batiste.
Elle restait ainsi, immobile, la figure retournée
contre la soierie du coussin, sans rien voir, sans
rien entendre autour d'elle, tout au clésesroir de
son premier chagrin d'amoul". .. Elle ne perçut donc
pas les pas Je Patrice.
N'ayant trouvé personne à Ternâtre, il revenait de
forl méchante hUl~eur
~l,
rentré par le jardin, avait
pénétré sans brUit, grace aux semelles de caoutchouc de ses cha~sure
de cycliste, jusqu'à la porte
du salon, restée legerement entre-bâillée.
L'ouvrant davantage, il demeura un instant sur
le seuil, éperdu du spectacle qu'il avait sous les
yeux.
.
.
- Edith 1 s'écne-t-il enfin, la surprise lui arrachanlla familiarité de cette exclamation.
Ell e, réveillée en sursaut de son douloureux rêve,
se relève et laisse voir s?n visage encore baigné de
pleurs. De nouveau, Patnce s'arrête â la vue de ces
larmes qui l'émeuvent ct le surprennent.
- Edith 1 Mademoiselle Edith! qu'avez-vous ? ..
Confuse, elle essaie de sounre et, dans son inaccoutumancc du mensonge,. ne trouve rien à répondre.
�DERNIER ATOUT
Patrice va insister, mais, s'étant approché il voit
dans sa main !c rot~i
de ,fcélnnc de Barly, 'qu'elle
n'a pas qUitte. Machll1alement, Il Veut le lui reprendre.
- Laissez, fait-elle, résistant, la voix encore entrecoupée, cherchant à faire sourire St:s lèvres tandis
que ses yeux p~eltn
toujours; je regardais, ajoute- ,
t-ell e, le portral t de votre fiancée.
- Ma fiancée ...
Patrice la regarde, regarde le portrait, il croit
comprendre, ne l'ose, tremble et tressaille à la fois.
Puis tout dispara1t pour lui, le passé, le présent
l'avenir, devant un mirage unique, une joie contr~
laqu~Ie
i,1 ?e sent sans forces, tant elle est profonde.
Edith 1 aime 1. ..
- Ma fiancée 1 s'écrie-t-il, ma fiancée 1 comment
pouvez-volis dire cela, comment pouvez-vous le
penser ? .. Ne savez-voùs donc pas que celle que
j'aime, c'est vo~s
1. ..
Edith a frémi; la source de ses pleurs est subitement tarie, une larme achi:ve de rouler sur Sa joue
le bonheur
fraI che que déjà, ramené par l'espéra~c,
rit dans ses prunelles bleues. Patnce s'est mis à
genoux devant el~
coml!le dcv~nt
une sainte, il lui
a repris le portrait, qu'Il '.l rejyté au hasard, bien
loin, et, l'une après l'autre, Il baise ses petites mains.
appuyant à ses
Mais elle les lui reprend, et le~
épaules le relève d'u.n geste, pUIS, fixant sur les
siens ses beaux yeux 1l1nocen.ls et fiers:
- Bien vrai? dit-elle.
- Bien vrai, répète-t-il, soutenant ce ,clair regard
dans la sincérité absolue de son sentiment, Dien
vrai 1 Je vous aime phlS que tout au monde et pour
toujours.
.
.
- Alors? dit Edith, retirant ses malOS que Patrice lui reprend, pourquoi ?: ..
Patrice comprend sa pen~
et y .répond: .
et que je cher- Pourquoi? parce que je d~utals
chais.à me distraire, parce que .le s?ufT~al
et. que ie
voulaiS m'étourdir, parce que je n osais crOIre ... je
n'osais espérer ... que... .
"
.
.
Il s'arrête, gêné de continuer, lUI gUi croyait avoir
dépouillé toute timidité, mais elle l'encourage, de
son regard seulement. Le langage en est si clair qU'il
ajoute avec confiance:
. .
- ... que vous aussi, vous m'aimiez 1
Elle sourit, et ne le dément pas; il Y a sur son
visage tant de tendresse qu'il en est ébloui el enivré,
�,,6
DERNIER ATOUT
11 entoure sa taille de 50n bras, appro che de ses
li'vres son beau front pu r; elle ne résiste ras, et il
l'embrasse avec rassion.
A ce moment, la porte s'nunc de nouveau: c'est
.\I.lle d'A.usson et Mme de Dnmbast. La première
sourit, l'autre pleure, mais doucement.
S'étonnant de la longue absence d'Edith et la cherchant, elles sont venues jusqu'au pavillon. En passant sous la fenêtre restée ouverte, elles ont entendu
le début de la touchante scène au dénouement de
laquelle elles assistent, et qu'elles vont même parfaire.
A leur vue, les amoureux se sont levés. Patrice est
un peu confus, mais EJith, sereine et heureuse,
dont l'innocence n'a rien à cacher, s'est mise à ses
cbtés et a gardé sa main unie à la sienne.
Tante Paule est rajeunie de vingt ans, elle fait une
vieille el charmante révérence d'autrefois en se tournant vers Mme de Dombast, et, tout épanouie, heureuse, au comble de ses vcoux:
- Madame la baronne, lui dit-elle avec une solennité enjouée, j'ai l'honneur de vous demander la
main de Mlle Edith de Dombast, votre fille, pour
mon neveu, le vicomte Patrice d'Asquit.
Mme de Dombast sourit:
- Ce n'est ras tout à fait à moi de répondre, ditclic, regardant Edith.
D'un bond, la jeune fille est près d'elle et, appuyant
calinement sa tèl e sur son épaule:
- Oh! mère, vous la savez bien, pourtant la
réponse qu'il faut faire l
'
Et c'est là, dans les bras maternels qui la lui
tendent avec confiance, que Patrice vient chercher
u fiancée, pour le baiser des accordailles.
Tandis que, à la porte restée ouverte, Manet tl:
'es~i
les yeux avec son tablier, devant le rêve
accompli de ces nobles et dignes femmes.
�j)J.o:.KNIER ATOUT
XXI
Edith et Patrice sont fiancés: c'est, pour le malheureux, un paradis doublé d'un enfer.
..
.
Le paradis, c'est la tendresse de sa JolIe flanct:.:,
c'est l'amour que lui-même lui a voué, c'est celle:
.nI
affection idt!ale si pure, si profonde, sans ~n
mesure qui les unit, et qui est pour lUI un~
Initiation, la révélation d'un bonheur Jusqu'alors Insoupçonné.
C'est encore cette entente mystérieuse qui règne
entre eux, les fait voir, juger, aimer de même t<,Jutes
gens ou toutes choses. Car il en est arrivé là, II n'a.
plus une idée, plus un sentiment, qui ne soient
pareils à ceux de son Edith. Cette chaste et délicieuse enfant l'a inconsciemment repéche: des basfonds où il s'enl!sait pour l'élever jusqu'à la hauteur
morale de son mnocence et de sa pureté. Elle l'a,
d'abord par l'attachement qu'elle lui a inspiré, puis,
par celUI qu'elle lui a témoigné, totalement changé et
régénéré. Ignorant.e des enn.ef!1is qui le lui disputaient, elle les a vamcus. Le VIeil homme est mort en
lui, tué par ses s.ourires, et, en même temps, tous le~
instincts mauvaIs développés par sa vie désordonnée. Au début de sa jeunesse, peut-être les
germes n'en avient~s
pas été bien. vivaces, mais,
dans la culture du mlheu pervers où Il avait vécu, ils
s'étaient développés et avaient grandi hati\'l'mcnt,
démesurément, comme les jets jaunis de ce plantes
étiolées par l'ombre malsaine, le manque d'air pur.
Si grands qu'ils aIent été, elle en avait vite eu
raison, et s'occupant seulement des petites graines
étouffées au fond de son cœur par cette dangereuse
végétation, et qu.i étaient la bonne semence: cUe en
avait hâté l'éclOSIOn, autant par la douce chaleur de
sa confiance que par l'exemple de pue:\s sentiments, qui régissaient sa vie.
Et, maintenant qu'elle l'aimait, Patrice lui '"Vlit
une si passionnée reconnai5 ance de la joiè qu'elle
lui donnait qu,co plus fiddc:me.nt Hcore, il .. ao~
�•
118
DERNIER ATOUT
mettait à son influence, la recherchant, pour s'y
plier dans les plus petites choses comme dans les
grandes, et se modelant tant qu'il le pouvait sur elle.
Elle, au contraire, sans bien voir l'empire qu'elle
exerçait, cherchait en lui un appui, un conseil, une
expérience, en même temps qu'une tendresse. Elle
le traitait en supérieur, en doux maltre adoré, prête
à subir sa loi, et ne doutait pas que le fond de son
cœur ne ressemblât au sien, mais avec davantage de
raison, de sagesse, avec cette science que donnent,
encore plus que l'àge, l'habitude du monde et la
pratique de la vie.
p ne la ~étrompi
pas, et la ..responabilt~
qui
lUI incombait de dtnger dans l'eXistence cette Jeune
âme blanche, dont la pureté lui était si chère, afTermissait la transformation de ses sentiments.
Il voulait se purifier à sa candeur pour être digne
d'elle et de sa tache d'époux de cette chaste et charmante créature.
Il était né bon, tendre, droit et honnête, mais
faible, et les circonstances, complices d'une vie sans
frein, avaient peu à peu effacé ce son cœur l'empreinte trop rapide des sentiments indiqués à son
enfance. Il avait déraillé, au sens propre du mot,
même des voies de s.on être moral; ~usi
que de
catastrophes successives pour aboutir ensuite â
l'ablme ( Il ne serait pas juste de dire qu'il n'avait
jamais souffert de c~t
état . d'âme, mais faible il
avait été contre (es mquences, et faible pour les
rejeter. 11 s'était étourdi alors, grisé d'une longue
ivresse qui s'était prolongée vingt ans, pour ne pas
ressentir le malaise de sa conscience.
Le jour où il.s'en était réveillé, la métamorp.hose
secrète avait commencé par le murmure de la voix
de la honte et du remords. 11 lui avait imposé
silence, car elle gâtait pour lui la première et saine
(satisfaction du début de la régénération. Puis, après
quelques combats, - où elle s'était pourtant élevée
et falt entendre, - quelques jours de détresse.
quelques heures poignantes, était venu le bon heu
qui, de son grand coup d'aile joyeux, avait, au
premier moment, tout ,balay6, tout jet6 au vent, pour,
seul, occuper souveramement son cœur ...
Mais cette trêve .n.e pouvait durcI' ( Quelque
absolue que fût sa rélct~,
Patrice n'en jouissait pas
complètement. Toute actIOn, en ce monde, porte sa
peine ou sa récompense, toute chose est donc une
peine ou une récompense ... Avait-il mérit6 celle qui
�DERNIER ATOUT
lui était échue en partage? Non, cent fois non 1 Alors
qu'adviendrait-il? qu'un jour ou l'aut:e elle se changerait en un châtIment, peut-être ternble.
Il songeait à tout ce qui pouvait le lui attirer, à
tout et surtout à cette trompene, ce mensonge dont
il abusait celle qu'il aimait et sa digne mère et qui,
vraiment, était un crime.
Le remords en empoisonnait des joies dont il était
d'autant plus avide qu'un pressentiment semblait
l'avertir qu'elles lui seraient bientôt ravies. Lui,
l'être froid, positif, railleL;lr p.ar .ex,c~ln
était
devenu nerveux, senslllle, lmagll1aUf a 1 excès, sous
l'influence du sentiment qui avait fail vibrer loutes
les cordes, jusque-là muettes cl Ignorées, de son
cœur et de son esprit.
Il sourrrait horriblement à la pensée qu'il était
indigne d'Edith, surtout par son mensonge. Près
d'elle, il oubliait le passé et le sombre.envers d'ull
présent si rose, mais aux heures de soltlude quelle
revanche prenaient sur lui les regrets et les jusles
scrupules 1
« Aux premiers jours, se 'disait-il, j'avais reculé
devant l'infamie que je vais commettre; dans ma
hberté d'esprit, alors, j'en avais mesuré la portée;
quel homme suiS-Je donc que j'acel~t
Je la COffi~etr
aUJourd'hui.? Et pourquoi? parce que je suis
aime, parce qu'EdIth a mis en moi plus que sa confiance, S?~
amour? C'e.st donc deux fois la tromper!
Et Je le f~lS,
pourtant, Je le faIS parce que je l'aime, à
en mourir, SI Je la perdais ... »
Parfois, lor~que
Patrice est près de sa fiancée, à
quel~
témolgn~e
de sa tendresse si sincère et
dé:jà SI dévouée, a quelque marque de sa foi entière,
absolue, presque sainte, en !U1, tout à coup, sa voix
se trouble, ses yeux se mOUIllent.
Edith s'en aperçoIt.
_ Qu'avez-vous? lui dit-elle.
_ Rien, balbutie-t-il se détournant, rien, sinon
que je suis trop heureux.
Et ce qu'il a, l'infortuné, c'est que sa loyauté se
révolte, qu'une voix impérieuse lui crie: « Cet amour,
tu le dérobes; cette confiance, tu la yoles. Si Edith
savait ce que tu es, elle ne te les accorderait pas.
Peux-tu jouir ainsi d'un larcin ? .. Ne sais-tu pas que
bien yolé ne profile jamais el que celui-là te sera
repris ? .. »
Dans ces mOme!1ts-Ià, il a la tentation loyale el
folle de se jeter aux pieds d'Edith, de cacher ses
�120
DERNI ER ATOUT
larmes et sa tête sur ses genoux et de lui dire tout
tout, en implora nt sa pitié 1
Elle le harcèle aussi au petit château , dans l'insomnie de ses nuits fiévreus es. Puisqu' il redevie nt
honnête homme , peut-il entrer dans sa vie nouvell e
par une action comme celle qu'il va comme ttre, par
cette trompe rie du plus roué des pervert is, qui le
fait laisser croire à un passé irrépro chable, alors
qu'il n'a plus que des dettes?
Lorsqu 'il est avec tante Paule, qu'il voit sa joie de
cette union, sa confian ce en lUI pour assurer le
bonheu r de sa chi.;re petite filleule, lorsqu'i l lui
entend dire des phras(;s comme celle-ci :
« Ah 1 mon petit, tu es le dédomm agemen t
que
Dieu devait à la pauvre Valenti ne, de marier sa fille
en toute joie, en toute sécurité et sans la séparer
d'elle 1 »
Alors il lui prend un besoin irrésist ible de se
confess er, d'ouvri r son cœur pour le d(jcharg er du
poids, qui, rocher de Sisyphe , l'écrase à tout
momen t.
Mais une crainte, toujour s la même, lui ferme la
bouche ... si l'on savai!. .. on lui reprend rait Edith 1. ..
Pour apaiser son trouble , il essaie de raisonn er.
En quoi trompe- t-il Edith? Sur ses antécéd ents.
IIélas J le passé est le i:assé ,et ne ~ui
ap~·tien
plus,
il ne peut donc le lUI ofTnr. Mats le present , mais
l'a\'el1lr? Oh 1 avec quelle sincérit é illes lui consacr e
enlii.:re mentl Comme il se donne à elle absolum ent
corps et âme, pour toujour s? Son amour, qui a été
son bonheu r, :;era sa sauv~grde
: avec lui, il ne
redoute plus nen ~e IU~me.
Les entrain ements
de passion s ~auvls,
Illes a c?,nnus , il ne craint
plus leur empIre ; ma1l1tenant qu 11 y a échapp é, il
sait trop bien l'amertu me du !ond de la coupe, pour
être tenté d'y remettr e les I~vres.
Il a goûté désormais à une source pure apres laquelle nulle autre
ne pourrai t plus le désal térer. .
.
Il voue donc à EdIt!' tout ce qUI es~
aUlourd 'hui,
tout cc qui sera dema1l1 en sa possess IOn, que peuton lui demand er de plus ~t. en quoi la frustre- t-il ? ...
Sous le rapport p0cuJ1laJre? Là, point d'excus es,
illa trompe .
.
Mais cette questio n lUI paraIt seconda ire, il sait
qu'~dith
n.'y attache nulle imporla~ce.
Elle l'appren draIt que, Il en e~t
SCll', - car Il a rOI en son amour ,elle l'époUSl:rait quand même ... Alors ?...
Oui, mais sacha.nt qu'il l'a tr/)rnpée sur ce pas~
et
�DERNIER ATOUT
121
celte fortune, passerait-elle ontre, et ,oa mère lui
pprmeftrail-eJ!e de le faire ?.. ,
.
Il craint (lue nOll; c'est pourqunl, malgré sa torturc, il se tait.
Au remords s'ajoute l'~nquiétde
.. Toute souriante, Mme de Dombast lUI Llit un maltn :
- Tl est temps de prévenir nos parents, nos amis,
puisque vous voulez tout prochain ce cher mariage;
dès aujourd'hui, je fais part, agissez de même de votre
côté.
Patrice a eu la chair de poule. Leurs projets con' nus, quelque révélation ne va-t-elle pas venir les
entraver? Mme de Dombast a cu la géntEreuse et
aveugle confiance de ne prendre aucuns renseignements Sur le neveu de sa vieille amie; quelque zèle
d'amitié, quelque empressement jaloux ne viendrontils pas lui en fournir d'inattendus?
Maintenant le bonheur de Patrice est aux mains
d'un hasard, Le front moite d'inquiétude poignante,
il interrompt souvent leurs doux propos d'amour
pour interroger Edith sur ses relations de parenté ou
d'amitié, ~remblant
d'en découvrir une qui leur soit
commune,
Elle, rieuse, le plaisante:
-:- Quel intérêt vous po l'lez à ma Camille et à mes
amis 1 plus qU'à moi-même, il me semble, puisque
vous m'en parlez sans cesse.
Et le malheureux, qui chaque jour aime davantage
craint et souf1r~
aussi d~vntage.
'
Lorsqu'II arnve quotidiennement à Quervaux il
frémit de l'accueil qu'il va y trouyer. Une visite ~ne
lettre, depuis la veille, et sa vie peut être brisé;?
L'anxiété d'une révélation lui suggère aussi la
pensée do:: l'aveu loyal, de l'a~e
suprên:e de la
vérité, mais la peur de perdre Edith le retient toujours sur ses li:vres ct ~e t~mps,
marchant, Je rend
plus périlleux et plus cilfficilc.
Mme de Dombast, comme elle le lui a dit, annonce
le mariage de sa fille à ses parents; lui n'a encore
écrit â personne.
\
Sur ces entrefaites, il reçoit une lettre de 50n ami
Simesque, rien que deux mots:
" Et l'héritière ?... ,.
Très brièvement et très sérieusement, navré de la
profanation, de son cher amour qui va être si mal
Interprété, Il rép?nd:
,
c Je viens te faire part de mon manage a"ec Mademoiselle Edith de Dombast, il ~ura
lieu d'ici un moi~,
�122
DERNIER ATOUT
Arrange, je t'en prie, avec BJagoire, mes tristes
afraires pour le mieux. Je n'en veux rien savoir. Dislui qu'il m'envoie une procuration notariée. que je
lui signerai pour qu'il se chaq~e
de tout. Ce que tous
Jeux vous Jerez sera bien fait, malS tâchez ùe me
conserver intact le petit château, et, surtout, ùe
mentir le moins possible. »
Quelques jours se passèrent, puis M" Blagoire, à
son tour, écrivit à Patrice. Une procuration ne lui
suffit pas, il lui faut des ordl'cs exacts. Il a pris ses
informations sur la future, sait sa dot considérable
ct, en présence de cette garantie, prqpose à son
<.:lient de prendre à sa charge les créances hypothécaires qui grèvent ses biens ct, les remboursant
intégralement, de les faire lever. TI ne demande, en
échange, à Patrice, qu'un seul billet par lequel il
s'engagera à lui payer cette grosse dette dans
l'année, sur la fortune Je sa Jemme. Et au cas où
l'apport de cés domaines ne ferait pas encore suffisante figure, M. de Simesque maintient loujours son
offre de prêter, à son ami, des titres au porteur.
L'impression que cette lettre, obligeante pourtant
en soi, causa à Patrice {ut un écœurement profond.
du doigt l'affreux mensonge,
G.ette fois, il touch~i(
l'Ignoble superchene, et tout son être " se rebella
pas jusque-là, il ne
contre elle. Non. il ne ~es"cndr.a
tombera pas ~ ce degre d'l1fam~e.
Il oublie qu'il y a
quelques mOLS, quelques semailles, ce compromis
qui lui répugne aujourd'hui, lui semblait tout autr~
et qu'il l'avait tacj~men
accepté. Mais ses yeux
étaient fermés alors, ds sont ouverts maintenant, et
il ne roulera pas sciemment au fond de ce précipice.
Accepter la proposition de Blagoire et 'dès le lendemain des noces employer la fortune d'Edith,
fortune respectée, même par la débauche de son
père, pour P?yer ses dettes à lui et 9ue~ls
dettes 1
des dettes fattes comment et pour qUI ?
,
Il lui en monte au front une rougeur de honte qui
donne naissance à une résolution 'hérolque et salutaire. Il va tout à l'heure à Quervaux; eh bien, il
avouera à Mme de Dombast, â Edith, sa détresse
pécuniaire.
De sa conduite passée, il ne parlera, puisque,
hélas, elle lui échappe, mais il ne grèvera pas son
avenir de ce mensonge flagrant. Il inventera, poursa
ruine, quelque prétexte: spéculations malheureuses,
catastrophes financières, Il n'en a pas manqué, ces
dernières années et, surtout, ces derniers mois, N'a-
�DERNIER ATOUT
12 3
t-il pu, comme un autre, s'engager à fond et imprudemment dans les mines d'or, ce pactole qui a ruiné
plus de gen~
qu'il n'en a enrich~
? Enfin, ~l ne sait ce
qu'il dira Il! ce qu'Il fera,. malS ce qU'Il salt c'est
qu'il voudrait ne plus menur, ne plus tromper, et se
rendre digne de celle qu'il aime.
XXII
Patrice partit pour Quervaux, quelques heures
plus tard, toujours animé de la même géné reuse ~t
loyale résolullon. Chemin faisant, il s'encouragealt
par de favorables réOexions.
Mme de Dombast et sa fille, la droiture et l'honneur même, ne prendraient pas en mauvais gré sa
confession, elle leur serait, au contrai re, une garantie
Je ses sentiments, et, bien qu'un peu tardive, affermirait leur confiance en lui. Sans doute, la baronne,
en mère av~sée,
regretterait un peu la diminution de
fortune qUI, de ce chef, serait imposée à sa fille,
mais, en face du bonheur de celle-ci ct de son amour
pour s'on fiancé, pourrait-elle hésiter? Et puis ne
fallait-il pas compter sur la Providence en qui
Patrice, ramené à la foi de son enfance par sa tendresse pour Edith, re~omnçait
à croire. Et, pour
la première bo~ne
achol} que, deI 1l~ tant d'années,
il essayait de falre, devall-el.le mal lUI tourner?
Enfin si quelque révélatIOn de son passé venait
intemp~sv
m~nacr
sa félicité, ne s.erait-il
pas heureux de l'avol.r prevnu~
par un aveu slDcère,
au moins de sa pOSItIon pécuniaIre?
Il se redisait tout cela pour se donner du courage,
car, malgré sa volonté, l'émotion et la crainte le serraient à la gorge à la pensée de la partie qu'il allait
jouer.
Il trouva Mme' et Mlle de Dombast assises dans
l'avenue où, par les belles après-midi, elles travaillaient tout le jour. Edith, l'apercevant, vint à sa
rencontre.
- Cher 1 lui dit-elle seulement, en lui tendant ses
mains qu'il baisa l'une après l'autre <\vec une tendresse infinie.
�12 4
DERNIER ATOUT
Elle prit son bras pour revenir près de sa mère.
Là, il se plaça près d'Edith qui reprit son ouvrage,
et ils causèrent tous trois de ceci, de cela, des
menus événements survenus depuis la veille, des
lettres de félicitations reçues ... Patrice était distrait :
il se de.mandait comment aborder le brûlant sujet et
sentait son courage le fuir, au fur et à mesure que
l'instant de l'aveu approchait. Tout à coup, Edith
lui dit:
- J'oubiiais 1 un mariage dans nos environs, un
mariage qui sera peut-être avant le nôtre 1
- Et qui donc?
- Mlle de Blaiselle avec M. de Cherti], vous
savez, ce jeune homme à l'air si intelligent et si
distingué qui a joué une charade avec elle, chez les
Massot.
- Ah bah 1 et d'où est-il ce monsieur?
- De Bretagne, je crois, c'est son cousin. Ils
s'aiment depUis longtemps, ce sera un mariage
d'amour, comme le nôtre, Patrice, ajouta la charmante fille avec son si doux sourire.
- Oui, répondit Mme de Dombasr, mais qui
n'offre pas les mêmes garanties de bonheur. Ce
jeune homme n'a absolument aucune fortune et, ce
de position. Sous préqui est plus surprenant, ~as
texte qu'en Bretagne on VIt de peu, il n'a rien fait, et
le voilà aujourd'hui alné de huit ou dix enfants sans
dot ni espérance d'avenir. Ses parents ont peut-être
vingt mille francs de rente, vous voyez d'ici la
situation 1
- Bah 1 Alice est riche pour deux, dit Edith.
- Heureusement, répliqua sa mère, mais cela
n'empêche pas ce mariage d'être une grave imprudence et je m'étonne qu<! ~me
de Blaiselle y ait consenti. Une mèn: ne devrait pas marier sa fiUe à un
rien, fût-ellc même,
homme qui n'a ~bsolment
comme le dit Edith, fiche pour deux. Il est humiliant de nourrir son mari, c'est contraire à l'ordre
des choses et peut c.ompromettre l'équilibre d'un
ménage. La femme dO.lt resp~ct
son époux. Si elle
l'a à sa charge, c'est Impossible. Et, pour l'homme
lui-même, une dépena~c
tellement complète est
un avilissement dont, s:tl a l'àmt.: haute, il ne peut
manquer de sou/Trir un Jour ou J'autre.
- Bah 1 fif Edith, qu'est-ce que cela? S'il aime
véritablement sa femme, ne sera-t-il pas heureux dt!
lui del'oir tout, même la fortune, même· l'existence,
ct clle, plus heureuse encore de la. lui do.nner? Ne
�/
DERNIER ATOUT
voullrail-on pas, ajoula-t-el1,e, - se tournant alTeclueusernenl vers Patrice qui, glacé d'effroi jusqu'aux
moelles, écoutait silencieux, - ne voudrait-on pas
que celui que l'on aime ne tienne que de vous tout
ce qui lui est nécessaire ou agréabre?
Patrice la bénit en secret pour cette parole passionnée. Oh 1 comme elle savait aimer, cette enfant
chaste et ardente, comme c'était bien là l'amour pur,
fidi.:le, dévoué, plus fort que la mort!
Pourt,a nt la baronne ripostait:
- Ça, ma chérie, c'est du sentiment, et tu ne
veux pas me croire lorsque je te dis que, dans toute
l'existence, il n'est guère qu'une heure, un moment
qui lui soit exclusivm~nt
consacr.é, ~lus
tard"inévitablement, les nécessItés de la VIe vIennent, smon
le restreindre, du moins se placer à côté de lui, et
c'est à cet instant que, lorsque toutes précautions
n'ont pas été. prises pour ~e gara,ntir de l'~tein
brutale des difficultés possibles, Il peut VOJl' comrromettre sa ùurée et sa nature. VOIS l'exemple de
Mlle de Blaiselle, dans trois mois, six mois, un an,
lorsqu'elle el son mari arrangeront définitivement.
leur existence, ne prévois-tu pas à combien d'obstacles ils se heurteront? Que Monsieur fasse
~t.:s
dépenses q u: ne soient pas au goût de sa
temme, elle reut Je trouver mauvais et, sans aller
jusqu'à les lui reprocher, le lui laisser sentir. Qu'il
:;oil un peu susceptible et fier, voilà un élément de
lliscorde, Si, au c,ontraire, lui garde la plus discrète
réserve sur ce pomt, et qu'elle profite largement de
ses resouc~
sans le consulter, ne se froissera-t-il
pas de cette indél?endance opposée aux coutumes,
et qu'elle devra a ~on
seul argent? Enfin, il peut
entrer dans l'espnt de la ' femme, le mauvais
soupç~n,
que réveilleront les heures de dépit ou de
contrariété, que son man ne l'a épousée que pour
sa dot, et cela, c'est U,n poison sans remède pour le
bonheur.
- Bah! fit encore Eùith, riant, il n'arrivera rien
de tout cela, puisqu'ils s'aiment, c'est pour toujours,
et ils seront toujours d'accord, Mais vraiment, mère
vous m'inquiétez et je ne vous connaissais pas encor~
sous ce jour redoutable 1 Ainsi, si Patrice n'avail
aucune fort une, VOtiS ne me laisseriez pas l'épouser?
- Non, matlemoisellc, fit la baronne avec un ùoux
el fern1e: sourire, les parents ont des devoirs envers
leurs enfants '-Iu'il ne leur est pas permis de transgresser, même pour leur faire plaisir.
�DERNIER ATOUT
- Vous êtes efTrayantel continua Edith toujours
gaiement; heureusement que mon cher fiancé n'est
pas dans la pénurie de celui d'Alice de Blaiselle.
Patrice trouva la force de lui sourire malgré le
trouble profond d'une émotion que le souci de la
cacher augmentait encore. Ne venait-il pas d'entendre SOI1 arrêt? S'il avouait sa ruine, Mme de
Dombast, fidèle à ses principes, le séparerait
d'Edith. Car, quelque douce qu'elle (ût ct quelque
faible qu'elle parût, c'était une !"umme qui, en présence de ce 4u'elle jugeait une obligation de conscience, ne transigeait jamais.
Parler, c'était donc perdre Edith ...
Nop, il ~alit
se tair~,
se t~i re jusqu'au bout,
c'était là une condamnalLon tern ble, sans apt>el, un
chatiment peut-être, auquel Patrice nc pouvait se
soustraire. L'engrenage du passé l'enserrait comme
un étau, il lui était impossible d'y échapper. Mais
il y étouffait, le malheureux, de rage impuissante,
de désespoir ef d'inquiétude folle.
La déception de renoncer à cet av~u,
qui l'eût un
peu réhahilité à ses propres yeux, lU! fit passer une
lournée ct une soirée pénibles, sans que la douce
affection cie sa chère fiancée parvint à les lui rendre
meilleures. Au contrair?, elle ex~sl:érait!
souffrance.
- Elle croit en mOI, pensatt-Il, el le lui mens.
Elle m'aime, el je la trompe. Demain, peul-être, une
révélation viendra me chasser de son cœur et de sa
présence 1
Rentrant chez lui, Patrice, exacerbé de douleur
et ne pouvant trouver le sommei.l, se mit à écrire à
M. de Simesque ct à M- B1agolre. A tous deux, il
disait à peu près la même chose .
• Réalisez tout, j'accepteraI. le prêt de Simesque,
puisq ue, hélas 1 je ne puis falr~
autrement, mais je
n'accepterai pas de ven~lr
le bJ(~n
de ma femme au
lendemain de mon manage pour payer mes dettes
de jeune homme . Si, pourtant, il était nécessaire
d'emprunter quelques milliers de francs pour sauver
le petit chateau, je prierais Blagoire de me les prêter,
car je pourrais ensuite le vendre pour les lui rembourser. Faites vite, surtout, car on parle du contrat
et, lorsquu le notaire de Mme de Domhast s'adressera à vous' pour; cela, n'accusez que les titres de
Slmesque .•
�DERNIER ATOUT
12 7
'l(II!
Une quinzaine de jours se passèrent .encore pour
Patrice dans les mêmes alternances d'Ivresse et. de
désespoir. La nouvelle du mariage s'était répandue
dans le voisinage, tous les jours c'ét~ien
des visites
de félicitations qui trouvaient Patnce près de sa
fiancée. Il épiait le visage des complimenteurs, pour
voir si quelque amertume ne sc cachait pas dans
leurs sourires, quelque réticence dans leurs paroles,
et si la vér'ité sur lui n'était pas soupçonnée. Les
Barly manquèrent seuls au cortège des visiteurs.
Patrice n'était plus retourné à Ternâtre et se rendait bien compte qu'il devait s'être fait de la belle
Jeanne une ennemie mortelle; mais elle ne le connaissait pas, et ne savait rien de son passé, puisqu.'e!le avait été prête à l'épouser. .. Alors, que pouvmt-Il crallldre d'elle?
Il apprit! dy reste, que les Barly avaient temporairement qUitte le pays pour la Belgique, où de tr1:s
belles chasses attiraient ces messieurs.
La date du mariage était fixée maintenant aJ
10 octobre et l'on s'occupait des invitations. Mme de
Dombast avait souhaité que, en raison de ses malheurs
elles fussent fort restreintes et, si tous ses désir~
étaient des or~es
pour Pa.trice, celu~-Ià
répondait
trop bien au sien pour qU'Il ne s'y conformât pas
avec empressement. Qui aurait-il pu, lui, inviter à
ses noces? Quelques compa~ns
de plaisir qu'il
eÎlt rougi d'amener sous le tOit sacré de sa fiancée?
Et queUes femmes de ses relations d'autrefois
cClt-il osé y attirer? Les unes ét~ien
indignes d'y
pénétrer, .et les aut:-es ne se seraient pa~
dérangées
pour. vemr !'lu ~ang
de l'homme qU'Il avait été.
AUSSI souplra-t-tl d'aise lorsque, la baronne lui
disant: « Je n'inviterai absolument que mes frères
et sœurs et un cousin germain de M. de Dombast JO
il put lui répondre: '
,
- Moi de même, madame,: rien que mes deux
sœurs et peut-être un ami, M. de Simesque.
�DERNIER ATOUT
n craignait en co re 4ue ses sœ urs, si é l,)i ~ n écs de
lui deplii s si longtemp s, ne refu sasse nt d'assister
à son uni .. n, mai s il s ut, dan s ses lettres, la leur
prés enter so us un jour à la fois sincère et avantageux.
« Je romps, leur dit-il, avec un passé qui n'a que
trop longtemps duré, j'épou se une pure et charmante jeune fille. J'espère que vous ne me refuserez
pa s de m'entourer en ce tte circons tance, qui resse!"rera des liens de famille que je me reproche amèrement d'avoir, par ma seul e faute, relàchés ... JO
Mmes de Fréard et de Peltez répondirent aimablement et promirent de venir avec leurs maris à
Quervaux. Pafrice en tut content: arrivant la veille,
elles ne le trahirai ent pas, puis, s'il le fallait, il les
préviendrait. Simesque viendrait aussi, et ce serait
tante Paule qui le conduirait à l'autel,
Tout s'arrangeait; pourtant Patri ce souffrait toujours de son mensonge et craignait sans ces se.
Mme de Dombast ne lui di sait pas un mot d'intérêt, cela l'inquiétait; allait-ell e trouver que le s trois
cent mille fran cs d e Simesque étaient une fortune
suffisante; tante Paule ne l'avait-elle pas annoncé
plus riche ~ ... Et si elle l'avait fait, qu e p enserait la
baronne du déficit qui se r évl: lerait entre le chiffre
que, peut-être, elle su p posait et celui qu'on accuserait ?
Il reçut u'ne lettre d e Mc Blagoire.
« C'est fini, lui disait-il, tout est réali sé , bénissez
votre étoil e, nous sommes tombés, pour votre ferme
de Tomance, sur un amateur exceptionnel qui a payé
la convenance aussi cher que la terre.
« Bref, tous vos créanciers sont payés sans exception, vous ne devez plu s un sou à per sonne, le petit
château vous re ste et environ vingt-cinq mille franc s.
« Maintenant, comme nou s avons, M. de Simesque
et moi, pen sé que, en raison de votre fortune passé e
et du chiffre co nsidérable de celle d e la future
épouse, trois cent mill e franc s feraient pil:tre fi gure,
nous nous arrangeons r our vou s fournir environ
six cent mill e franc s de titres au porteur. En voici la
liste, les numéros et un reçu tout préparé que vous
voudrez bi en signer et me retourner. »
Patrice respira: il ne .devait plus rien à personne,
puisque ce prêt ne seraIt que fictif, et il lui re stait
vin gt-cinq mille francs.
- Ce sera pour la corbeille, se dit·il.
La corbeill e, d ont, dan s sa pénuri e, il n'avait
�DERNIER ATOUT
129
encore osé parler, la corheille et le voyage de noces.
Le jour même il aborda la question ... Oh 1 Edith
était peu exigeante 1 Comme bijoux, elle au rait ceux
de sa mère, qui étaient fort beaux, puis, elle ne les
aimait guère. Plus tard, ils auraient bien le temps
d'en acheter ensemble, si elle en désirait.
Le voyage de Paris, traditionnel en province, pour
les acquisitions, le trousseau, les présents, n'était
pas possible en ce moment. La santé de Mme de
Dombast, si délicate, ct que l'inévitable émotion de
ces circonstances éprouvait encore,. ne lui permettait
pas la fatigue d'un déplacement qUI eût pu l'altérer
plus gravement pour le grand jour. Ces dames avaient
do,"?c fait leurs ~mplets
par cor~end.a;
on
étaIt venu de Pans les leur faIre choIsIr, pUIS essayer
les affaires de la jeune fille.
Patrice, trop heureux de ne pas s'exposer, en se
montrant avec Edith dans la capitale, à de compro-.
mettantes rencontres, qui eussen t pu amener des
révélations désastreuses, Patrice ne voulut point
quit~r
sa fiancée, même un jour, pour aller à Paris.
Il lUI semblait, en sa superstitIOn épeurée, que
s'~loigner
~'el,
fût-ce le plus brièvement du monde,
lut porterait malheur.
Comme à Mmes de Dombast, on lui apporta ses
cadeaux à choisir et son tailleur vint le trouver. Et
encore, il avait si peur des indiscrétions irréparables'
qu'il donna rendez-vous à ses fournisseurs à D ... I~
petite ville voisine:
'
Il en revmt un Jour rapportant à Edith dans un
délicat coffret d'émail cloisonné, un délic~ux
collier
de perles.
- Vous ne voulez point de présents, lui dit-il,
mais vous ne refuserez pas un souvenir de votre
ami.
Et la jeune fiPe l'accepta sans. se d0!lter ?es larmes que la craInte de ne pOUVOlli le lUI offnr avait
coûtées au malheureux 1
Le moment olt les termes du contrat seraienl
connus de Mme cie Dombast était encore une
échéance que Patrice redoutait affreusement. Il lui
avait, depUIS quelque temps déjà, indiqué l'adresse
de Me Blagoire, lorsqu'elle lui dit:
- Mon .notair.e m'~
remis Je projet de contrat, j'ai
achevé, hlef SOIf, d en prendre connaissance, le
voici pour que vous ~n
fassiez aut.ant, et puissiez
me dire, sans tarder, SI, comme mOI, vous l'approuvez ...
�DERNIER ATOÜT
Soulagé d'une incertitude poignante, PatriO'è ré·
pondit vivement:
- je vous remercie, madame, mais je vous en
prie, ne m'obligez pas â le lire, je n'en veux rien
savoir. Tout ce que vous souhaitez, je l'accepte
d'avance, les yeux ferlnés, et votre approbation
décide de la mienne, sans autre examen nécessaire.
- Est-ce bien sérieux, appuya Mme de Dombast,
souriante, cette aveugle conftahce ?
- Toul ce qu'il y à de plus sérieux et de plus
motivé, et je vous ~uplie,
madame, de ne pas insister.
- Soit, rtl-elle, du reste tout est bien réglé dans
votre intérêt à tous deux. Je vals donc rendre cêt
acte au notaire et on le signera la veille du mariage.
Edith était présente au débat et, dès qu'il eut pris
fin :
- Ah r cher r dit-eIle, se rapprochant de son fiancé,
je ne vous dis rien de votre désintéressement, mais
le suis si heureuse que vous m'aimiez comme je
vous aime, en dehors de tout et par-dessus lout!
XXIV
Encore huit jours, et Patrice et Edith seront
mariés, huit jours 1 Patrice y songe en cheminant
sous la voûte des sapins sombres de la route de
Quel'vaux, où tI va déjeuner.
Huit jours! Aucune difficulté n'a surgi, aucune
complication. Edith l'aime mieux et plus que jamais.
Quant à lui, Ce n'est. plus de l'amour, plus de l'adoration c'est un sentiment d~pasnt
tous ceux dont
il se c;oyait susceptible, qui l'unit à elle.
Il souffre toujours de son indignité et cle son mensonge, mais un peu moins cruellement; il s'est
tésignê, ct la joie J'aimer et d'être aimé le berce
J'un enchantement qui, hors son amour, ne lui laisse
ressentir les choses qu'à, travers Pinconscichce J'un
demi-rêve, qui les atténue. Il craint encore, mais
moins aussi: le temps passant sans mettre la main
�DE.RNIER ATOUT
13 1
sur le fr~gile
édiuce de ;ion bonheu r le lui fÇ\it çrnire
Ilus sol.ide.
. .
.
Huit l''U rs, plus li lie hUIt 1(IU rs 1 pourqU()1 n'arri\'cat~l
pas au port?
Si, U y pa\"l'i~1dr,
- il veut· ,en impI)se r la certitude à sa pensée pour calmer ses nerfs !iurmen és par
uQe perp6tll elle .tension , - el au prochll,in ma.rdl,
celui-ci écoulé, Edith sera à lui.
Que fera-t-il Ç\!prs à cc momen t même, dix heures?
li sera il QuerVaul\, da.ns le grand salon, elle viendra le retrouv er vêtue ~Ie sa. belle robe d'épo~lse,
Il
imagine. SOn entrée, le satin de s.a jupe \1\\ 1 eu
retenu, derrière elle, par la haute lan~
du t~pis
qui
en fera déploye r la tralne. Sur son raQIOl.\X "VIsage, le
nuage de s.Ç)n voile blanc ct, clans ses cheveux noirs,
les bouton s de la lleur yrnboli que.
Elle entrera et viendra droit <\ lui, h.\i tendra Sa
main, vierf1e encore cie l'annea u qui, tout à, l'heure ,
sera le gage de leur union, et il la haiseré.\. Le
parents , les amis seront réuni " on silluera la jolie
i1ançéc~
et, 1\lÏ, on le (élici\erél ... Puis le mélÎre du
village arrivera., c6int de S.On écbélrp e; on s.e rangera
autour d'une ~rande
lé1ble, préparé e à c t effet, on
hra l'acte officIel et, sur un mot sorti dl! leqfs lèvr~s,
~e
oremie! ' lien les unira.
i
L'églis~,
ensuite , les chants sacl'és, le Nrfum de
l'enCens, et des, fleurs, çt, qU pied des autelS. le serment inviolab le, 1'1.1I1iol1 indisso luble. Puis
sllcristie, le défilé de la fqmillc, des amitiés , des reliltiOI1S
le retour <Ill châtealj , Je lunch ... Vers ql\\ltre hC1,lres;
le landau au perron emmen ant les nouvea ux épQu;"\
& D"., cI'où ils prcndro nt le train pour \ll côte
d'Azur.
Et Patrice fenne.lç s yeux â III scnsatio .n de vertigc
qui s'empar e de lUI à la pen9~
de ce qu~
Se!'.a aprùl\,
lorsq\.\'il aura, ~eul
avec. lUI, celle qUI lUI appilrtiendra désorm ais devant Dlcu et devantl€ ls homme s.
pu reste, il est arrivé; an l'introd\ .lit a\1. petit :lalon
où il trouve seule Mme de Dom basl. Elle est assise
devant cctte table à écrire qui s'appui e ;\ la fenêtre
d'angle donnan t sur l'avenu e des tilleuls.
A son entrée, ello sc détourn e. Elle l\li semble
grave et plus mélanc olique que de coutum e. Cela
l'inquiè te déjà, mais l'affectu euse cordiali té de son
acu~i\,
tOlljour s le même, vient le rassure r.
- Et Mlle Edith? deman-t~!l,
surpris de ne
point la trouver , c~m!U-e
chaque Jour, guettan t son
<"Irrivée, et ~mpres&c"
le devance r.
1;
�DERNIER ATOUT
Edith est au village, elle est allée porter aux
bonnes sœUfS ses cadeaux de noce pour lt::urs
6lèves, et, comme ell e veut les leur distribuer ellemême, je ne pense pa::; qu'elle revienne avant midi.
Notre déjeu ner en sera uni peu retardé; votre estomac s'accommodera-toi! de ce délai?
- Comment donc, madame! c'est moi que l'impatience fait toujours arriver trop tôt ... . Mais vous
étiez occupée à écrire, je ne voudrais pas vous
déranger, continuez donc, je vous en prie, je vais
feuilleter ce livre et, si vous me le permettez, lorsqu!:
le moment sera venu de son retaur, j'irai au-devant
de Mlle Edith ...
- Bien volontiers, mais vous avez encore presque
une heure d'ici-là et, en attendant, je ne suis pas
fâchée de cette occasion de me trouver seule avec
vous pour vous parler un peu.
Par un geste Patrice témoigna qu'il était prêt à
l'écouter, elle continua donc:
- Vous savez, dit-elle, combien votre bonheur de
fiancés me réjouit, en me faisant si bien augurer de
celui de votre ménage. Mais il n'est pas de joie sans
jalousie excitée, je viens d'en recevoir à l'instant,
par la poste, une nouvelle preuve. Je cacherai à
Edith cette ignominie,- je n'ai jamais voulu lui laiss.er connaltre les bassesses ni les vilains côtés de la
vie, - mais, peut-être est-il bon que vous soyez prévenu de la haine envieuse qu'on vous porte, afin de
préserver votre chère femme de ses atteintes si,
lorsqu'elle m'aura quittée, on s'attaquait directement
à elle.
Et Mme de Dombast tendit à Patrice, qui chancelait, une lettre anonyme ...
" Madame la baronne, des amis dévoués, épouvantés du nouveau malheur qui vous menace, et
n'osant élever la voix pour vous en prévenir, se
décident à le faire par écrit.
'" Avez-vous pris des renseignements sur le vicomte d'Asquit à qui vous allez donner votre fille?
Il nous faut croire que non, ou que l'on vous a trompée, car pas une mère, sachant la vérité, ne lui con-.
fierait le bonheur de son enfant.
e< M. q'Asquit est le dernier des hommes: la débauche ..b plus vile a rempli sa vie, le vice n'a plus
de secret pour lui, il a abusé jusqu'au dévergondage
des femmes, du jeu et du Vill. Sa famille s'est détournée ùe lui, et sa réputation est telle que les
maisons respectées ne s'ouvrent plus pour lui. II a
�DERNIER :ATOUT
133
dernièrement encore,
mangé tout son patr!moin~;
on a vendu ses derniers biens, et s'Il est venu en
Pic:ardie, c'est avec l'espoir de se refaire ~par
un
bon mariage, une situation. Il doit vivre de'prêts ou
d'aumônes et, s'il a accusé quelque fortune, ce doit
être grâce à une supercherie, car il ne possède plus
rien. Il avait d'abord pensé trouver en Mlle de Barly
l'héritière qu'il cherchait; peut-être a-t-il vu de ce
côté son passt! découvert ou sur le point de l'être
car il s'est ensuite retourné vers Quervau'x, ne crai:
gnant pas d'abuser ignoblement de la confianc:e
d'une bien noble femme ... Informez-vous et vous
verrez ... »
- une sueur d'agonie perlait au front
- Lisant cela~
de Patrice, il se rendait bien compte que c'était la
sentence de sa mort morale. Quand il eut fjni, il
rendit la lettre à Mme de Dombast qui, remarguant
sa pâleur et l'interprétant celle d'une juste indignation, lui dit:
-- - Vous pensez-bien que je ne crois point un
mot de tout ceci, et voici le cas que j'en fais, ajoutaI-eUe jetant la lettre dans l'âtre où brûlait un premier feu d'automne qui la consuma rapidement,
mais j'ai cru bon que vous fussiez prévenu.
Aux paroles de Mme de Dombast, Patrice s'était
senti revi~.
Elle ne croyait pas 1 Donc c'était un
danger terrIble frôlé de près, un précipice alTreux
un instant côtoyé, et à présent il était sauvé 11
Mais à 'quel prix 1 Un combat se livra en lui, horrible, entre sa loyauté révoltée du flagrant mensonge
et sa crainte de perdre Edith.
Jamais mieux qu'à cette minute précise, où un
organe inconnu en révélait l'infamie, il n'avait
compris son odieuse conduite, et la valeur du silence qui, à ce moment décisif, allait faire de lui
un criminel...
Son indécision fut courte, mais mortellement
angoissante... Le sentiment de l'honneur, rentré
depuis quelques semaines dans son àme, triompha:
- Si tout ce que contenait cette lettre était exact
madame, demanda-t-il d'une voix que martelait l'é:
motion la plus poignante, que feriez-vous 1
- Ce n'est pas à demander, monsieur, fit la
baronne choguée, mais ne comprenant pas ençore.
Même SI le malheureux, captif d'un passé coupable mais entièrement renié, aimait passionnément votrç fille e~ n'avait ~ardé
le silence que pour
�l34
DERNIER ATOUT
ne pas la perdre, m~e
si elle l'aimait, vous l'en
sépareriez pour toujours?
- Je l'en séparorais l'nul' !(\ujol\rs, répondit. très
ferme, Mme de Dombast, inquiète maintenant, mais
se refusant à croire.
- Eh bien, madame, fit Patrice, c'est vrai Il!
La baronne ferma les yeux s us la douloureuse
révélation et, blanche cnIT\me tlne circ, s'appuya la
t bte au dossier haut de son fauteuil.
pendant ce temps, Palrioe, mû par une force
reprefactice que lui donnait sa yolontê,:se leva~t)
nait son chapeau, et s'avançant vers Mme de
Dombast:
- Madame, dit_il avec une tristes!:;e navrante, vos
• Pilroles dictent ma condLlite; je pars, je disparais
pour toujour!:;. Jamais plus Mlle de Dornbqst n'entl!ndra parler de moi. Je n'essaye pas de me défel,dre, je le pourrais pourtant., e{l certains points,
mais vous pourriez ne pas me croire. Oui, j'ai été
tO\1t ce qu'on vous a dit, mais je ne l'étais plus. J'ai
aimé Mlle votre fille au de1à de tOute expression, et,
malg.ré la douleur inFinie et é\:,!rnelle que j'ai aujor~
d'hU! de la perdre, le la bç)n1s pour les Ipstants de
Joie délicieuse que je lui ai dtls et, surtout, pour
avoir, par sa douce influence, refait de mOI un
honnête homme . ..
Et, saluant très bas Mme de Dombast, muette ct
anéantie, Patrice, courant presque, redescendit la
côte de Qùervaux et s'en revint au petit châteal
cacher, dans l'isolement ct le silence, sa souffranc
<.l'agonie.
xxv
Patrice n'était pas parti de dix minutes qu'Edith
rentra joyeuse, un refrain aux lèvres. Elle trouva sa
mère tO~ljoLrs
immobile nù Patrice l'avait laissée.
- Eh bien, lui dit-elle gaiement, M. d'Asquit
n'est pas arrivé? Voilà uq retardataire 1. ..
1\<1me <.le Dnmbast GI uo.iolent effort.
- Il est \'t:llU, mon CI)rant eL .. il est repilrtj.
�DERNIER ATOUT
135
Reparti, pourquoi? sans m'attendre? il devait
déjeuner?
- Viens, dit la baronne prenant les mains de sa
fille etl'atliranl. Viens ici, près de moi, là, sUr cette
petite chaise.
Edith, tout interdite, s'étant assise, elle conti.
nua:
- Un nouveau malheur nous frappe, mon enfant,
pour toi le plus grand, et je maudis mon imprévoyance qui n'a 'pas su t'en préserver. Dans ce
monde, on se trompe souvent sur les gens et les
choses que les apparences nous dissimulent ... Nous
nous sommes trompées sur M. d'Asquit, il n'est ras
digne de toi.
- Patrice 1 exclama la jeune fille devenant d'une
pâleur mortelle. Patrice 1 Oh! mère, qui a pu vous
dire cela?
- Une circonstance exceptionnelle est venue
m'éclairer sur lui; cc matin, J'ai reçu lIne lettre ...
je l'ai brûlée, je le regrette, il m'cvt été moins pénible de te la donner à lire que de t'en répéter le contenu, dont je rougis devant toi, chère innoccnte 1
On m'y prévenait que M. d'Asquit était un débauché
de la pire espèce, livré à tous les excès: conduite,
jeu, boisson; qu'il avait mangé tOLlle sa fortune, que
dernièrement encore, on avait vendu de ses biens,
les derniers, et que, s'il accusait un certain avoir, ce
devait être à la faveur de quelque fabuleuse supercherie. On ajoutait qu'il n'avait quitté Paris, - où
les maisons respectées lui étaient fermées, - que
dans l'espoir de faire, en province, un mariage avantageux; qu'il avait pensé, d'abord, à Mlle de Barly,
màis que, sans doute, son passé l'avait fait éconduire à Ternàtre, puisqu'il s'était retourné ensuite
vers Quervaux.
- Quel mensonge J fit Edith, indignée.
- Hélas! non, ma pauvre enfant, cc n'est point là
qu'est le mensonge, mais bien dans les paroles, la
conduite envers nous de M. d'Asquit.
- Et qui vous a écrit cela? demanda la jeune fille
frûmissante.
- La lettre n'était point signée.
- Et vous croyez une lettre anonyme plutôt que
mon fiancé?
- Attends, paU1're chère, attends 1 Cette lettre
anonxme, comme. toi, au premier abord, je n'y
croyais pas. Je ['(11 montrée à M. d'Asquit; la lecture l'en a fort ému; il m'a demandé ce que je
�DERNIER ATOUT
ferais si tout ce qu'on m'écrivait était réel; je lui ai
répondu que je separerais pour toujours ma fille de
l'imposteur ... et saIs-tu ce qu'il m'a dit alors? un
mot, un seul: « C'est vrai 1 »
- C'est vrai 1 c'est vrai 1 reprit Edith comme
égarée, il a dit cela 1 Il a dit: c'est vrai que je suis
un débauché, c'est vrai que je suis ruiné, c'est vrai
que je vous trompais, c'est vrai que l'intérêt seul
me faisait épouser Edith, c'est vrai que je ne l'aime
pas?
.
- Il a dit tout cela, sauf les derniers mots, répondit loyalement Mme de Dombast. Tl a, au contraire, cherché à me faire croire qu'il t'aimait passionnément et que c'est pour cela qu'il m'avait trompée par son silence, afin de t'épouser.
- Eh bien, repartit Edith avec un calme effrayant
après son agitation précédente, il a dit la vérité.
- La vénté 1 chère enfant, ne le crois pas 1 ne
t'abuse pas ainsi ... Cet amour, ce prétendu amour
est le prétexte qu'il prend aujourd'hui pour excuser
l'infamie de sa conduite, comme il l'a pris auparavant pour nous fermer les yeux. Et la preuve, c'est
qu'il s'est rendu justice, n'a point cherché à se défendre et, avant même que je le lui aie demandé, m'a
promis que, demain, il quitterait le pays pour touJours et que jamais plus nous n'entendrions parler
de lui.
- Il vous a promis cela? fit Edith, appuyant la
main sur son cœur et devenue plus pàle encore,
les pupilles dilatées sous l'impression d'une angoissante émotion, il vous a affirmé qu'il partirait?
- Il me l'a affirmé.
- Et il le fera!. ..
- Sans doute, il va ailleurs chercher à faire de
nouvelles dupes.
Mais Edith n'écoutait plus; livide, elle s'affaissait
ct laissait tomber sa tête sur les genoux de sa mère,
murmurant les yeux clos:
- Oh 1 mère! mère 1 ne plus le revoir!. ..
Ce n'était pas une syncope, mais une défaillance
de la force physique de cette enfant, sous l'épouvantal?le doule.ur morale qui ~'ateign.
Courageuse et
vaillante, bientôt elle réagit et, se relevant:
- Mère, dit-elle avec force, malgré tout, Patrice
m'aimel
Sane; répondre autrement, Mme de Dombast
secoua négativement la tète. Edith continua:
. - Il m'aime, je le sais, je le sens, j'en suis sure 1
�DERNIER ATOUT
137
Qu'il ait été Jébauché, puisque lui-méme vous l'a dit,
je dois bien le croire; qu'il sc soit ruiné, aussi; mais
cela, c'est le passé, qui ne lui appartient plus et
dontjc n'~i
pas le. droit ge lui d~maner
compte. Ce
que Je dOIS ct pUIS savoir de lUI, c'est le présent, ct
ce présent c'est qu'il m'est attaché comme je le lui suis
moi-même, avec la même ardeur, la même sincérité,
le même Jévouement et pour la vie.
.
- Ma pauvre enfant, reprit la baronne, qu'il m'en
coûte de t'ôter même cette dernière illusion 1 Mais il
vaut mieux que tu souffres ton mal d'un coup, tu t'en
guériras ensuite plus aisément. Si M. d'As quit t'avait
aimée comme tu le crois, nous eût-il caché ses antécédents? n'eût-il pas été simplement honnête de
nous les confesser et, si vraiment il était repentant
et corrigé, de nous en assurer?
- Vous ne l'eussiez pas cru, fit tristement Edith,
il en a eu la notion, c'est pourquoi il s'est tu.
- S'il avait été loyal, ne nous eût-il pas avoué sa
ruine? Que dis-tu de ce fait de nous annoncer, dans
le contrat, une fortune qu'il ne possède pas ? ..
- C'est une faute, répondit la jeune fille de plus
en l'lus triste, une faute grave, mais je la lui pardonne, car c'est pour moi qu'il l'a commise: sanS
fortune, vous le lui avez dit un jour, vous l'eussiez
refusé.
- Enfin, dit Mme de Dombast, t,ès calme, tiécidée
à user de tous les arguments et à vaincre sa fille par
le raisonnement, pourquoi s'être tant occupé de
Jeanne de .Barly! pui~
l'avoir quittée brusquement
pour reveOlr à tOI? V0I1.à un pOlOt que, bien imprudemment, hélas 1 le n'al pas suffIsamment éclairci ...
- Oh 1 pour cela, je Le sais, fit Edith, ranimée,
Patrice me l'a confié: du premier jour, il m'a aimée,
puis, devant ma je~ns,
il a cru, m'a-t-il dit,.gue
lamais je ne pourrais 1 almer,.ct, devant u.ne p.osltton
de fortune supéfl.eur.e à la SIenne, que J<,:ma~s
vous
ne me donnenez a lUI. « Je me sentaIs SI lOdlgne de
vous, » a-t-i l ajouté - et que de fois il g)'a répété ce
mot! - Alors le désespoir l'a pris, son sentiment
pour moi s'affirmant ne pouvait que le faire souffrir
Il a voulu s'en affranchir, s'en guérir, essayer d~
m'oublier ... Pour cela, il a fail la cour à Jeanne de
at~ri,
pour s'étourdi~,
se distraire,
Barly, m.ais ~als
et il se hvralt a ce Jeu sans scrupule, ctant donné la
nature vaniteuse et légère de Jeanne, qui,la première,
venait au-devant de ses hommages. Un jour, dans le
pavillon. il a urpri mes larmes, il Il deviné que,
�DERNIER ATOUT
moi aussi, je l'aimais ... Alors, il a osé s'abanùonner
à son amour, me l'avouer; et son désir de m'épouser
est devenu une espérance presque en même temps
qu'une certitude.
- Et tu ajoutes foi à cette version, pauvre petite!
Hélas 1 je ne t'ai jamais enseigné le mal, tu n'y peux
croire ...
- Si, mère, j'y puis croire, j'y crois, mais, dans
tout ce que vous m'avez dit, il est une pensée qui à
mes yeux domine toutes les autres et m'en console.
C'est que, si Patrice nous a trompées sur son passé
et sur sa fortune, il est un point sur leq uel il ne l'a
pas fait: c'est sur cet amour si exclusif et si fort
qu:il m'a voué, et qui m'a définitivement et éternl~
lement attachée à mon cher fiancé.
- Ton fiancé ? .. Edith, ne dis point ce mot, ton
fiancé, M. d'Asquit ne l'est plus.
- Mère, fit la jeune fille qui, un instant rassérénée, était reprise subitement de la pl us violente
émotion, mGre, vous qui m'aimez tant, vous à qui ie
dois tout aussi, vous ne voudrez pas briser ma vie
en me séparant de Patrice?
- C'est fait, ma fille, répondit la baronne, Itrès
ferme .
- Oh! non! ce n'est pas fait, repartit Edith
exalt~,
Patrice est parti, emn~
par un sentiment
de dellcatesse et d'honneur, malS vous pouvez lui
faire signe, lui permettre de revenir, ùe s'::!xpliquer,
de s'excuser ... Puis vous lui imposerez quel châtiment, quelle épreuve, quel d01ai vous voudrez, j'en
suis d'avance certaine, il acceptera tout, se soumettra
à tout, et vous bénira, encore, de ne pas l'éloigner
de moi sans espérance ... Mon pauvre Patrice 1 il
souITre tant, j'en suis sûre, il est si malheureux!
Et, à la pensée de la douleur qui déchirait son ami,
Edith, pour elle-même plus insensible, fondit enfin
en pleurs ...
Devant ces larmes, qui lui noyaient l'âme d'amertume, Mme de Dombast se sentit faiblir ... Mais
c't:tait une femme de résolution et de devoir, une
l'cmme qui n'aurait pas hésité à marcher sur son
propre cœur pour assurer le bonheur de ceux qu'elle
aimait, et qui aimait-elle a~tn
que sa fille? Sa fille,
le rés'-rné de toutes ses JOies, de toutes ses espérance5, JI:: but unique et la raison d'être de sa vie 1. ..
Pourtant, elle avait été coupable envers elle, coupable d'imprévoyance et de faiblesse. Amèrement,
elle sc l~ reprochait: Elle aurait dei, avant de laisser
�DERNlER ATOUT
139
l'vL d'Asquit pénétrer dans ~()n
intimité, s informer
de lui; sa confiance en Mlle d'Aus on, qui le lui présentait, l'en. avait d'abord empêchée, puis l'enchalncment rapide des circonstances ne lUI en avait pas,
au moment décisif, laissé le temps; et, plus tard, la
vue de l'afTection réciproque des jeunes gens, Je
doux spectacle de leur bonheur, endormant en une
trompeuse quiétude sa vigilance maternelle, elle
avait encore négligé de le faire ...
Quelle faute elle avait commise 1
Mais il ne s'agissait pas d'en déplorer les conséquences et de s'attarder en de vains regrets, il
fallait la réparer. Un danger menaçait son enfant,
un danger grave : un misérable l'avait abusée,
trompée, endoctrinée, elle croyait en lui contre
l'évidence t, malgré tout, l'aimait. Son devoir était
de préserver la pauvre fille du malheur inévitable
qui guettait sa confiance ingénue et ses sentiments
naïfs, de lui ouvrir les yeux, de la détacher du fourbe
qui s'en était joué ... Si elle ne pouvait y réussir de
suite, au m'Oins elle pouvait, elle devait, même, l'en
s~pare
définitivement et sans retour. Le temps ferait
le reste, mais, aujourd'hui, cette tàche s'imposait à
elle; quelque pénible qU'elle lui fût, - car son
accomplissement risquait de lui aliéner le cœur de
son enfant, - elle l'l'eût pas la pensée de s'y dérober.
Sentant que les I?leurs d'Edith ct son désespoir
l'amollissaient ct lUi ôteraient la force de la remplir,
eUe résolut de couper court à cette scène cruelle.
- Edith, lui dit-elle aveC autorité, n'insiste pas,
lU sais qu'avec moi il est inutile de le faire et que,
devant mon devoir, je n'ai jamais failli. Aujourd'hui
il m'ordonne d'éloigner de loi l'homme indigne qui
s'est empare de ton affec1Ïon .el t'a trompée. QuoiqU'il m'en coûte, mon enfant, Je le remplirai, malgré
tes larmes ... Epargne-les-moi donc, elles me feront
souffrir sans rien changer à ma résolution. Aussi je
te supplie, moi, ta mère, qUI t'aime tant et te suis si
dévo'Uée, de me faire grâce du spectacle de ta douleur ... Quittons donc ce sujet si pénible pour nous
deux; plus tard, bien plus tard, si tu le veux absoIwnent, nouS en reparlerons, Je temps aura passé
sur ta bJes.u~,
et l'aura guérie; sur tOll aveuglement,
ell'aura dissipé ... Alors lu me remercieras sans
doute, de t'avoir résisté. D'ici là, taison-~,
car
ce qui est fail est fait, et comprends-moi bien, Edith,
~ùta
la baronne en appu'yant sut les mots, il n'y a
plus à y revenir.
�DERNlER ATOUT
Et, s'imposant une contrainte qui la déchirait,
Mme de Dombast, stolque, sentant son courage la
trahir, repoussa doucement les bras d'Edith, qui
cherchaient à se lier à son cou, et quitta l'appartement.
XXVI
A.près les paroles qui avaient clos leur entretien,
Edith, effrayée de la sévérité soudaine de sa mère,
n'avait plus osé plaider la cause qui lui était si chère;
elle s'était retirée un instant dans sa chambre, y
avait beaucoup pleuré, puis, à la cloche du déjeuner,
elle était redescendue, plus calme, soutenue par
cette étonnante et invincible force en son fiancé qui,
malgré tout, la fortifiait et la consolait.
NI Mme de Dombast ni sa fille ne touchèrent au
repas qui leur fut servi, mais auquel l'une comme
l'autre avaient voulu assister par ce respect des
convenances, devant la domesticité, auquel les avait
accoutumées la dignité de leur vie. Sitôt après, la
baronne demanda sa voiture et monta s'habiller.
Edith la suivit dans sa chambre.
- Où allez-vous, mère? dit-elle d'un ton humble
ct doux qui acheva de désarmer Mme de Dombast,
ngide seulement en apparence.'
- Chez tante Paule, mon enfant chérie.
- Lui parler de ...
- Lui annoncer la rupture de ton mariage.
- Oh 1 mère 1 fit seulement Edith navrée.
Des larmes bien douloureuses vinrent aux yeux de
Mme de Dombast qui sut les retenir.
- Ma pauvre chérie, dit-eJle, résigne-loi, je t'en
prie, si tu savais le mal que me fait ta soufrrance r
Edith secoua la tête ct un sanglollui monla aux
lèvres, puis, avec la confiance de sa tendresse, elle
passa son bras au cou de sa mère en un geste gracieux qui lui était familier, et cacha sa tête contre
sa poitrine.
- Mère, dit-elle tout bas, je ne me consolerai
jamais ...
�DtRNIER ATOUT
14.1
- Si, reprit Mme de Dombast avec énergie, tu es
jeune, et ces plaies-là se ferment. Mon affectIOn n'estelle pas là pour les panser ou ne compte-t-elle donc
plus pour toi? ajouta-t-elle avec une immense
amertume.
Edith devina cette impression et, oubliant sa
souffrance propre, s'écria dans un généreux élan de
son cœur~
- Oh 1 mère, ne le croyez pas, pardonnez-moi
plutôt, de vous l'avoir laissé supposer à tort. .. mais,
sans la perdre, j'en avais espéré une autre, une de
plus ...
- Elle te sera donnée un jour, mon enfant, plus
saine et plus forte que celle à laquelle tu croyais en
vain. Allons, courage 1 laisse-moi partir. ..
El cette mèr~
si tendre, prenant, par u~
hérolqu~
effort, une attitude de volonté et de vaillance qUI
achevait de' briser son cœur, mais qu'elle jugeait
nécessaire pour guérir et consoler sa pauvre enfant,
la baisa au front el monta en voiture.
Là, sans témoin, elle s'abandonna à sa double et
si cruelle douleur.
D'abord elle souffrait de la peine d'Edith, de la
désillusion terrible qui atteignait ce jeune cœur si
pur el si confiant. Elle souffrait de la blessure profonde faite à cette enfant passionnément tendre,
fidèle, droite, dévouée, qui avait en même temps
l'intensité et l'exclusivisme des grands et nobles sentiments, Elle sentait la vie de sa fille brisée d'un coup
terrible dont, malgré l'espoir qu'elle en montrait,
celle-ci ne se relèverait peut-être jamais. Ces natures
d'élite ne se reprennent pas, quand elles se sont
données; l'oubli et le recommencement sont trop audessous d'elles pour en espérer un concours effectif.
La jeunesse d:Edith, ~o,:r
longtemps, pour toujours,·
peut-être étall endeu!llee ...
Mme d~ Dombast souffrait aussi de n'avoir pas su
prévenir, éviter cette catastrophe. Elle se reprochait
son imprévoyance, et la torture du remords s'ajoutait à sa peine. Si elle s'était éclairée, pourtant, sur
Patrice, comme toutes les mères le font quP'\d il
s'agit du bonheur: de leurs enfan!s.
Quelle aberratIOn funeste avait donc endormi sa
prudence.? Et ~)u'n
~oment
~e
confiance illimitée
et téméraire lUi coutalt cher aUlourd'hui 1Avoir compromis le bonheur de celle pour qui elle fût morte
avec joie, si la perte de sa Vie eût dû lui assurer un
avenir heureux.
�DERNI ER ATOUT
Et mainten ant que le mal, le mal it'répar able était
fait, ne pouvoir console r la ch~l'e
et1fant adorée!
Quel déchire ment lui causait cette imptJÏs sance cl
qU'elle était peu, hélas 1 pour éelle qtli lui était toull
Elle avait consacr é sa vie à sa fille; pour clic,
durant de longues anl\ées, elle avait suppor té en
silence les plus odieux outrage s qui pUissen t être
imposé s à l'épous e; elle s'était résigné e ct elle
s'était tue. Pour clic, ensuite , elle avait essuyé Ses
larmes, rappris le sourire , clle s'était raite l'éduca trice de ce jeune e ' prit, de ce jeune cœur. Il Il'y
avait point, dans les vingt ans de la vie de sa fllle,
une heure, une minùte, Une seconde , qu'ellc n'ait
vécue avec elle et pour elle, dans un dévoue ment
muet el hérolqu e, une adorati on pre que coupab le,
tant die etait gl'ande. Devant Edith, elle avait anéanti
sa personn alité, son être propre, elle n'avait plus
voulu, elle n'avait plus été que la 111ère, celle qui,
par sol1 secours , son aITection, ses soins ses leçons
l
et ses exempl es, est utile à Penrant , à son
dévelop "
pement physiqu e et intellec tuel, à son existen ce de
tous les Jours, à la sécurité de son avenlt, à la douceur du présent .
Morale ment, elle s'était tralnée à genoux pour
écarter du chemin de la bien-arh~,
au risque d'ensanglan ter ses mains
6licates , les piCITCS t\l.Ji
auraien t pu heurter son pied, les ron~es
perfiJe s
qui eussent pu s'enlace l" à ses pas. Et tii elle lui avaIt
caché la folie d'abnég ation suprêm e qui l'immnl alt,
victime volonta ire de son amour tnatetïle l, c'était
encore à son profit, pour garder envers elle cette
autorité dont la puissan ce pOUvait êtte Un jour
nécessa ire. Et elle s'était pI'lvée de la reconna issance
qu'aura it pu lui attirer la tévélati on de ~01
aCl:i1lce,
pour lui inspire r un respect , blet1 moirts doux à sa
nature assoiffé e de tendres se, mai mieux fait pout
mainle nit la jeune fille dal,g le droit chemin du
devoir et de la vertu.
Après tant d'ant'lée s de ce dévoue ment poussé jusqU'aux litl'lite$ de l'extrêm e, qu'etait -elle pour celle
qui en aVait été l'objet '?
Un homme était vent! et, aprèS quelque s banales
paroles d'altJou r, le cœur d'Edith , gaglîê, était àllé
vers lui Cl lui avait apparte nu, si bien qu'ajotlrd~1Ui,
séparée de lui par l'indign ité même de cet homme , lê
Jeune fill" soUffrait, pleurai t, sans soupçon t1t!t Ir
1Ù011strueu.., égolsme qui déloul'r làit ses yiUx dl
l'affection la plus digne. d'un pareil retour, Sàr'ls
�DERNIER ATOUT
143
chercher auprl:s d'elle le secours d'une consolation
et d'une compensation.
Oh 1 que cela était dur à Mme de Dombastt
Devant le bonhe~lr
d'Edith, elle eùt fait taire sa
maternelle jalousie, mais devant Sa douleur! La voir
tllnt sou(frir parce qu'elle aimait tant!
La pauvre rnè~
arriva à 130isjean sous l'impression
oe cette tort\.jre lOtlme.
On l'introduisit dans le petit salon bleu où, comme
d'ordinaire, Mlle d'Ausson tricotait.
Du premier coup d'œil, à sa sérénité, la baronne
devina qu'elle ne savait .rien ~ncore.
. .
.
- ChèrQ amie, lui dl t l'aimable vieille, saunant,
quelle agréable su rprise que votre visite ce matin? et
quelle bonne nouvelle (
- Pas un.e bonne, tante Paule, fit Mme de Dombast tristement.
Le ton de ses paroles, pius encore qu'elles-mêmes,
et la vue de son visage évidemment désolé glacèrent le
sang~d
les veires de Mlle d'Ausson; elle pre&sentit
une catastrophe, sans prévoir laquelle, et, très émue,
se séparant de ses lunettes par un mouvement nerveux:
- Valentine, vous m'erfraye4' qu'y a-t-il?
~
Hélas! fil celle-ci.
Et, avec ménagoment, car elle savait quel cO].Jp
terrible elle aHail porter, peu à peu, Mme de Oomballt fI.l,Conta par le menu à sa respectable amie lous
les événements de cette tragiRuo matinée. PilS une
tois, III vénérable demoi/wHe ne l'interrompit 1 par
momellt, seulement, elle fermait les yeux /lOUS la
sQ\.Iffrf\nee trop vive d'une réVélAtion et la teinte de
cire vierge de son blanc visage s·acentu~i.
.
Lor que Mme de Dombast eut nnj, el~
dit un seul
mol:
_ Oh! mon pauvre Patrice 1
indignée, vous le plaigne>;?
_ Quoi, fil la ~aronc
réponqlt tante Paule avec une I?ansuétucte
_ Q~û.
infinie, je le plan6~
plus enc~r
qu'Edith, car Ilû,
11 &9uffre a ce moment même 1
cOllpable, ~omrne
Sans doute, il ellt bien à blâmer". et j'av~is
mieux
espéré de lui, mais, Valentine, il a tant CPeXcu/le,s 1. ..
Sa vie J/lolée,. une gr<l:nde fortune en mains,. à l'âge
où l'on ne salt pas bien en lJser, les manvalS amlS
qui, attirés par elle, se sont rués sur lui, et sa faiblesse naturelle, son bon cœur, complices ... Je ne
savais rien de tout ceci, je n'en sais rien encore,
Tl'1ais je devine ... je devin!.: ...
�DERNI ER ATOUT
- A sa conduit e envers vous, envers nous, tante
Paule, vous ne trouver ez ras d'excus es ?
- Si, j'ignore dans quelles intentio ns il était venu
à Boisjea n, mais, de jour en jour, je le voyais
change r, se tran former, et j'avais bien deviné, pOUf
m'en réjouir alors, qu'il aimait Edith, et que son
influenc e sur lui était heureus e et favorable. Un
instant, son engoue ment pour les Barly m'avait
inquiét ée, je ne le compre nds pas encore bIen, mais
son silence envers vous sur sa conduit e passée, sur
sa ruine, j'en pénètre la cause: le pauvre garçon
craigna it ce qui arrive aujourd 'hui ...
La baronn e tressail lit : au premie r mot, Mlle d'Ausson pensait , jugeait comme Edith l. .. Elle n'en laissa
rien voir et tante Paule continu a:
- Oh' coupab le, il l'est assurém ent, mais pas
sans circons tances atténua ntes. Sa conduit e a été
mauvai se; je répond rais pourtan t que ses intentions étaient bonnes , son amour pour votre fille
sincère et si grand qu'il lui a tout sacrifié l. .. Je sais
bien que c'est inadmis sible, incroya ble, et pourtan t,
Valenti ne, moi, qu'il n'a pas int1uencée, puisque je
ne l'ai pas vu depuis la révélati on, je crois qu'il en
est ainsi. S'il avait été celui que vous suppos ez et
pervers au point que vous soupço nnez, il ne vous
eût pas avoué la vérité 1 Vous m'avez dit lui avoir
assuré que vous n'y croyiez pas, il n'avait donc qu'à
continu er à se taire. S'il avait formé le complo t dont
vous l'accuse z, pourqu oi, si près du but, ne fût-il
pas allé jusqu'a u bout? Ce danger-là une fois traversé, il était sûr d'y atteind re. C'est un bon mouvement de son cœur, une révolte de sa loyauté , de son
honneu r, qui l'ont fait parler malgré tout, et cela,
prenez- y garde, Valenti ne, c'est quelque chose qui
n'est ni vain ni banal. ..
- Peut-êt re! fit la baronn e, pensive , peut-êt re 1. ..
mais ce bon mouvem ent, - si c'en est un'? - sans
doute involon taire, a été si tardif qu'il ne saurait me
rendre la confian ce perdue. Il me semble que ma
fille bien-aim ée vient d'~chaper
à un grand .danger
et que, malgré ma pe1l1e de sa douleur , Je dois
remerci er Dieu.
- Moi, fit tante Paule très ferme, je crois que
Patrice était perdu, mais que sa sainte mère, au
ciel, a obtenu de Dieu sa rédemp tion, et qu'Edit h
avait été le bon ange choisi pour l'opére r ...
Et, après quelque s propos sans importa nce, les
deux femmes se séparèr ent.
�DERNIER ATOUT
XXVI
En même temps que la baronne, Mlle d'Ausson
sortit du château et prit le chemin du pavillon.
- Où est monsieur? demanda-t-elle à Manette.
- Dans sa chambre, mademoiselle, je vais le
prévenir.
- Non, laissez, j'y monte.
Aidée de sa houlette et de la rampe, elle gravit le
\Jetit escalier et, sans frapper, pônétra dans l'appartement de Patrice. 11 ne l'avait pas entendue venir ct,
debout, remplissait une malle de linge et d'efrels,
Jans ce besoin d'action qui avait suivi le premier
abattement el qui est un des symptômes de la
douleur profonde que la volonté veut dominer.
Au bruit de la porte, il se retourna et, voyant
Mlle d'Ausson, pâlit.
1
Elle s'avança vers lui, les bras tendus dans un
geste d'affection.
- Mon petit r mon pauvre petit J. .. dit-ellc eulement.
Il fut tellement remué que d'involontaires larmes
échappées à son stolcis.me, r~u.lèent
sur ses yeux:
d au mouvement que fit la vletlle demoiselle puur
l'étreindre, il la repoussa:
- Pas dans vos bras, t~ne
Paule,~dittie n'en
suis pas digne, à vos pieds, plutOt, pour vous
demander pardon.
Et, l'ayant condu!te à u? fauteuil ~ù ~lIe
s.e Jaiss.a
tomber, il s'agenoul~
pres d'elle, ainSI qu't1l'avalt
dit et mettant sa tete sur ses genoux, sanglota
co~m;
un enfant...
'
faire, s~nta
que ces pleurs l'apaiElle le lais~
saient. De IUI-m€:me, bientôt, Il ,se releva et s'assit
près d'elle.
- Vous êtes venue, lui dit-il, vous save:>: donc
tout, et pourtant vous me pardonnez?
- Oui, mun petit, répondit-elle de sa voix. tou-
�DERNIER ATOUT
chante, je te pardonne et je te plains de toute mon âme.
Et vraiment elle avait mis so n ame dans ces mot
~
et dans son rega rd.
- Que vous avez raison 1 dit-il; à plaindre, je le
suis tellement, si vous saviez 1 plus encore que coupable. Cependant, tout ce qu'on vous a dit, ma vie
61issolue, mes folies, mes dettes, ma ruine, tout est
vrai. Vous-même, tante Paule, je vous avais oubliée
et si je suis venu' ici c'est sur le conseil d'un ami
qui m'engageait à faire quelque riche mariage pour
me remonter. D'abord, votre mtluence, celle de mes
souvenirs de famille et d'enfance ont agi sur moi ...
puis Edith est venue 1... Tante Paule, du premier
JOur je l'ai aimée, mais, du premier jour aussi, je
m'étais juré de ne pas l'associer à la honte de ma
vie. C'est dans ce but qu'un moment 'je l'ai fuie 1...
Au prix de quelles souffrances 1... J'étaiS harcelé par
mes créanciers; mon ami, qui me rappelait l'urgence
d'un mariage dénouant ma situation et la rétablissant. J'ai pensé alors, tout en aimant Edith passionnément, à épouser Mlle de Barly pour mettre, entre
la chère créature, que je vénérais autant que je
l'aimais, et ma passion pour elle, un invincible
obstacle. Si je l'avais fait, tante Paule, j'étais perdu.
Mais, un jour, vous vous en souvenez, au petit
château, j'ai surpris le secret des sentiments d'Edith ...
Alors je n'ai p!t;tS eu le courage de renoncer à elle.
Je n'al pas eu davantage celui d'un loyal aveu,
j'avais si peur de la perdre, si peur de l'irrémédiable
douleur qui m'écrase aujourd'hui 1
« C'est pour Edith, pour n'en être passéparé, que
j'ai comm is cette lâcheté de me taire sur mon passé
comme sur ma situation de fortune. Je l'ai récemment liquidée, mes dernières dettes ont été payées,
il me restait cette maisonnette et une obo le : vingtcinq mille francs. Un arn i, Joujours le même, rn'a
offert le prêt de titres devant figurer au contrat; j'ai
accepté dans l'unique but, immuablement parc;il, de
ne pas perdre Edi.tb 1 Tante Paule, Il y ~ des ~rim
nels par amour, Je le comprends, car J'en SUIS un.
Enfin, ce matin encore, malgré la torture de mes
inguiétudes et de mes remords, j'espérais 1 Plus que
hUit jours et Edith était à moi 1 Mmo de Dombast
m'a lu une lettre anonyme lui révélant ma conduite.
Un instant, le croiriez-vous? - à ma honte je vous
l'avoue, - j'ai encore failli me taire - jugez à quel
point j'aime Edith 1 Mili6 un sur aut de 'ma dignité
{oulbu aux pied" de ma 10YI\II! \ d puis si 10nR-
.
�:DERNIER ATO Ul'
temps muette, m'a arraché un aveu ... dont vous
savez les conséquences.
- Et maintenant, mon pauvre petit?
- Maintenant, tante Paule, je vais partir, où ? je
ne le sais pas. Le plus loin possible, au bout du
monde, dussé-je pour cela, puisque je n'ai plus de
reso~c,
m'engager d.ms quelque expédition
colonIale.
- Mon petit, fit tante Paule, tu ne parti ras pas,
je t'ai, je te garde, je ne veux pas t'abandonner au
ùésespoir oU le rendre à la débauche.
..
- La débauché, tante Paule, soyez tranqUIlle!
dans le ct.cUl' et la penSée où ont passé le souvenir
ct l'image d'Edith i n'y a plus place pour elle. La
chère enfant a involontairement brisé ma vie, nlais
elle m'a toujours sauvé de la mort morale. Le désespoir, rte le craignez pas nOn plus : je dois à cepe
dont la douce tenùresse m'a i"égénéré de. ne ,r0mt
m'abandonner à des actes coupables. Je vivrai malheureux ct sans espérance, mais je vivrai tant qU'il
plaira à DieU, ne cherchant nI à sauvegarder mon
existence, ni à y attenter. St!ulement, tante Paule, il
né faut point me retenir ici: je dols à Edith de
m'éloigner, et je l'ai promis à sa mère; c'est une
obligation saCrée, je n'y manqUerai pas. J é ne
reverrai plus én ce monde celle qui fut ma fiancée,
et je Pai~c
a.ssj'!i pour souhaiter qu'elle m'oublie et,
sans mOI, SOIt heureuse.
Sans répondre, ta Mc Paule hocha la tête d'un air
incrédule.
lb causèrent assez longuement, cite avec un-e tendresse apitoyée v~aimcnt
touchante, lui ca\me,
maintenant, mais triste, triste jusqu'au fond de l'âme,
de cetle tristesse qui, surtout lorsqu\elle nous
atteint au déclin dé la jeunesse, est inguérissable. Il
redit longuemertt ~ tante Paule tous. s'es èlo~tes,
ses
• remOrds, les déchIrements ct les cramtes.qUl, depUIS
six mois, l'avaient torturé. Avec un besom d'expansiol1 coofianté\ que l'impossibilité sans doute de la
satisfaire avait laissé inconnu en lui, il raconta par
ré t11él1l! à sa vieille amie toules les circonstances
dû draitle ,igrtoré et terrible q~i
s'était joué au plus intime de 50tl être. Elle l'écoutait, les larines aux yeUx.
Ils l'assèrenl ainsi, sahs entendre sonher les
heures, prestlue toute la journée. Enfill, 1\1:Iled'Ausson se ICYil.
-l'u yièndràs Ce soir, peUt? dH-élle.
- OUi, tante Paule, pour la dernière fuis.
�DERNIER ATOUT
XXVIII
Le lendemain, de grand matin, un courrier de
Mlle d'Ausson arrivait à Quervaux avec une lettre
pour Mme de Dombast. On la lui porta dans sa
chambre qu'elle n'avait point encore quittée.
Pâle d'une douloureuse nuit d'insomnie, elle le
devint plus encore à la réception du messaBe : qua·
tre pages d'une fine écriture serrée, qu'avidement,
cie ses yeux brûlés de larmes, elle parcourut.
« Chère amie, écrivait tante Paule, j'ai vu Patrice,
et longuement, j'ai causé avec lui; j'ai été témoin de
son désespoir, je pense à celui d'Edith, et je crois
de mon devoir de vieille amie d'ajouter quelques
mots à ce que je vous ai dit hier au sujet de la triste
révélation que vous m'avez faite.» .
Puis, continuant sur ce (on, avec une exactitude et
une fidélité rares, se rappelant même les expressions
de Patrice pour les reproduire, elle racontait à
Mme de Dombast son entrevue avec le jeune homme,
tout ce qu'il lui avait dit du passé, du présent, de
l'avenir, et, minutieusement, pour lui faire mieux
pénétrer celui qu'elle défendait, elle lui répétait mille
détails qui, selon elle, le révélaient. Elle terminait
amsl.
« J'ai fini, ma chère Valentine, toutes ces tristesses
dont j'avi~
à vous apprendre le secret, et je conclus
sur ceci: Ne doutez pas de la sincérité de Patrice,
d'elle, je réponds. J'al lu au fond de son âme et de
son cœur, J'Y ai trouvé un désespoir poignant et une
tendresse Immense. C'est pourquoi d'e viens vous
dire encore une fois: réfléchissez! Ré échissez à ce
flue vous failes en séparant ces deux pauvres enfants.
Je ne puis plaider la cause de Patrice, il a été coupable, bien coupable, mais, il me l'a dit justement,
c'est "Un criminel par amour et ceux-là, souvent
même par la justice humaine, sont pardonnés, Je
ne parle pas de la questioI? d'argent, bien second~ir
• pour vous et qUi, Patnce ne devant plus nen,
pourra s'arranger; mais je comprends la défiance
�149
DERNIER :ATOUT
que l'OUS inspire, au point de vue moral, son passé.
Seulement, l'affection qu'il a pour Edith n'est-elle
pas là pour en contre-balancer l'influence et vous
donner confiance? Il est des repentirs qui offrent,
pour l'avenir, plus de garanties contre les tentations
que des vertus non encore éprouvées 1. .... Patrice
part demain à midi, pour toujours ..Le laisserez-vous
él(Jlgner ? .. Je ne salS ce que l'aventr réserve à notre
chère Edith, mais y trouvera-t-elle jamais un attachement pareil à celui que "ous repoussez? .. ct n'estce pas là encore le seul bien de ce monde que ne
puissent atteindre ni détruire toutes les misères,
~outes
les déceptions de la vie ? ..
« Devant Dieu, réfléchissez, ma chère Valentine,
moi, je le prie qu'il vous éclaire.
« Votre vieille et dévouée amie,
«Paule d'AusSON.
l)
Mme de Dombast, violemment émue par les sentiments contraires qui l'agitaient, relisait pour la
seconde fois cette lettre lorqueEdith entra. Elle aussi,
d'une pâleur effrayante, témoignait par son abattement et ses yeux rougis des tnstes heures passées
sans sommeil. Elle "lOt à sa mère et, tendrement,
l'embrassa. La présence d'Gne femme de chambre
gênait leurs expansions; son service achevé, cette
fille s'en fut. La porte refermée, Edith, jusque-là
calme et forte, céùant à un irréslstible mouvement
de confiance qui devait soulager son pauvre cœur
meurtn, Edith noua ses bras au cou de sa mère, et,
dans sa poitrine, cacha de nouvelles larmes.
Mme de Dombast, très impressionnée, lui rendit
son affectueuse caresse. Nul ne saura ce qu'elle souffrait de cette douleur que sa volonté imposait, car si
... ?
elle avait pardonn? et rappelé ~arice
Oui mais l'avemr ne rcservall-tl pas alors à son
enfant bien-aimée d'autres peines, d'autres larmes,
bien plus cruelles gue celles de ce chagrin d'amour~
Elle sc rappelaît sa vie, à elle, et ce qu'une femme
peut souffrir avec un mari débauché. Et, débauché
la veille, Patrice l'était encore, était-il possible qu'il
fClt pour toujours corrigé?
Lemotde tantePauleluirevenaitàla pensée: «Ilest
des repentirs qui of~ent
pour l'avenir plus de garanties contre les tentattves que des vertus non éprouvées
Elle rapprochait cette réflexion des exemples
de sa propre existence; quand elle s'était mariée,
le caractère de M. de Dombast n'avait jamais été
)l •••
�DERNIER ATOUT
exposé au danger, tout le ffi'onde en augurait bien,
et pourtant quelle chute !. ..
Mais Patrice était-il repehtant? Pourquoi l'avoir
trompée ainsi? Parce qu'il aimait Edith. Etait-ce vrai,
Cela, ne la trompait-il pas encore, he trompait-il pas
tante Paule? Sa sincérité était-elle réelle, et son
désespoir, ou bien étaient-ce là jeux nouveaux, plus
perfides cl1core que les précédents? A cela, sa droiture représentait l'aveu spontané et générellx de
Patrice. Rien ne l'y obligeait, et ii pouvait contihUcl"
à feindre et à mentir.
Sa tête se perdait dans le chaos de Ces incertitudes, ct ellc implorait mentalement la lumière et la
vérité avec une détresse poignante.
Edith avait quitté ses bras et était venUe s'asseoil·
en face d'elle.
- Edith, fit la pauvre mère, considérant le ravage
d'une journée et d'une nuit de douleur sur ce jeune
vÎsage, Edith, tu soufl"rés?
- Oui, mère, répondit-elle do\.\cement.
Et après un temp elle ajouta.
- Vous aussi.
La baronne fit un signe affirmatif.
- Ma pauvre mère chérie, reprit Edith, c'est pourtant pour moi, pOUl' assürer la sécurité de mon avenir, que vous Vous condamnez ft cette rigueur qui
vous tortUre encore plus, peut-être, qu'elle ne me
désespère, et ie crois, je ens plutôt que vous faites
fausse route, que dans une intention, lotlable pourtant, voUs tendez trois personnes malheureuses 6t
qu'en cherchant tnon bonheur vous le brisez à
jamais 1. ..
Plus qUè la veille, Mme de Dombast semblait arfai'blie et aITaissée, car l'inc'ertitude maintenant s'ajoutait à sa peine.
- Edith, repril-elle cependant, tu oubHes donc nos
conventions que tu 'Y manques?
- Oh 1 pardon, mère, pardon, mais vous avez
toujours lU si cléllrement dans ma pensée, j"ai été si
heur~s
ue v.ous fàir~
partàger ma vie cl'ame, qu'il
m'est Jm~às\be
vraIment de vous céler mes sentiments 1 "Depuis hier, j'essaie, je ne puis plus, tette
Contrainte m'étouffe, laissez-mOi parler, mbre, je
vous en prie. Je ne m1o'Pposerai pàS à Vl)$ désirs, le
pas votre décision, mais je vou OLlne c(~mbàtrai
wirai, comIlie aulrefois, le fpnd de mon cccur, et,
qu~le
déChiré qu'il soit\ ifme semble que je soufli·lrai trt01ns alors que dans l'hynn.trisie de ce silence.
�DERNIER ATOUT
Mme de Dombast ne pouvait résister à cette
douce prière qu'Edith, pl~s
faible ~usi
que la veiUe,
et les larmes aux yeux, lUI adressait.
- Parle, chère eryfat?t, ,lui di~-el,
parlel .,i cela
doit te sou lager, mais, Je t en pne, ne nourns pas ta
chimère, repousse le dangereux rêve qui te coûte
tant de larmes aujourd'hui, et après lequel, lorsqu'il
sera évanoui, tu retrouveras la paix en attendant Je
bonheur.
- Ne le croyez pas, fit Edith tristement, ne
croyez pas que je me consolerai ni que j'oublierai ...
Mère, ne vous souvenez-vous plus que J'ai le même
cœur que vous, celui que vous avez mis dans ma
poitrine et développé, formé par vos le~ons
et vos
exemples? Vous, mère, si vous aviez aimé comme
j'aime Patrice et que l'on vous eût séparée de votre
fiancé, vous seriez-vous consolée? Oh! ne dites pas
oui, car je sais , moi, que non, je connais votre tendresse et votre fidélité â vos attachements. Regardez
donc en vous-même pour juger de mes sentiments
futurs. Puis vous qui, jouI' par jour, avez reçu mes
confldences, rappelez-vous-les et à quel point Patrice
et moi étions UniS, ne formant plus vraiment qu'un
cœur et qu'une âme. Je m'étais attachée ainsi à lui
sans crainte, sans défense, devant l'épouser. On ne
se reprend pius quand on s'est , à ce point, donnée,
et il me se mble qu'un second amour comme celui-là,
dans une vie, serait sacrilège ...
Mme de Dombast la lais sait parler sans J'interrompre et, tout à sa mélancolie, Edith contin'ua:
_ Voyez-vous, mère chérie, je ne vous l'avais
jamais dit, mais, il y a longtemps déjà, je m'étais fait
Ift .secrete promesse de ne me marter jamais, ct de
vous consacrer ma l'le. Pàtnce est venu, et le vent a
emporté mes résol~tin!
Car vous~mêe,
remarquant qu'il me plaisait, m'encouragiez: Je sentais
c1airen en t, dans vos conseils, la perspective, d'avance
acceptée, de me voil: u~
jour épouse et mère,.et le
désir, même le déSir slOcère que mon avenir se
, fixât. Si bien que j'ai fait taire mes scrupules et me
suis lai ssée aller au penchant de mon cœur ...
Peut-être Dieu me punit-il aujourd'hui de n'avoir
pas su rester fidèle à mes premiers desseins ...
_ Non, mon enfant, non assurément, reprit Mme
de Dombast, car ni Dieu ni moi n'attendions de toi
un pareil sacrifice. Tu étais, pourtant, me dis-tu,
presque Jécidée à me le faire, et aujourd'hui que je
l'OH IInpllse un moins ~raJ1d,
cerlainemont. car il
�DERNI ER ATOUT
réserve l'avenir , tu en ouffres, vois, tu t plains, tu
pleures , tu te désoles .
- Oh 1 ce n'est pas la même chose, repartit vivemenf la jeune fille, si vous v~njez.
me dj~e
à
présen t: « Ne te mane pas, Edith, Je sOllffnrals
trop de te perdre, vi.s pOlir moi comme j'ai vécu
pou l' toi; li Je sais si bien ce gue je vous dois, et je
VOLIS aime tant que, je vous le Jure, mi:!re, sans hésitation, sinon sans regret, j'aurais rompu avec Patrice .
Avec joie, même, une joie qui aurait dépassé ma
sou/l'ra nce, je me serais sacrifié e à vous. Mais il n'en
va point ainsi, ce n'est pas pour vous que vous me
séparez de Patrice , c'est pour moi, pour moi seule
et pour me préserv er d'un grand malheu r improbable à mon sens, tandis que celui qui m'accab le
est immédi at et certain. Ah 1 pardonn ez-moi de vous
le dire une fois encore, mère, malheu r pour malheu r,
ne vaudrai t-il pas, mieux que celui-ci l l'autre sur le
quel est encore suspen du un point d'mterr ogation 'r
- Non, mon enfant, car ce point d'interr ogation ,
comme tu dis, est trop terrible . Tu ne peux te douter
des tortures imposé es par la déchéan ce de l'être
auquel votre vie est liée, ses outrage s, ses fautes, ses
vices.
- Je vous ai trop souven t vue pleurer , mère,
répond it Edith, pour ne pas Je soupço nner un peu.
Mais, avec les sentime nts que je lui sais, je n'aurais
rien craint de pareil de Patrice ; je crois, au contraire, que, soutenu par ma tendres se, protégé par
son attache ment pour moi, il serait resté dans le
bon chemin où il a comme ncé de marche r di.:s qu'il
m'a connue . « Pauvre ami! il m'aima it tant 1 Car il
m'aima it 1. .. Voyez-v ous, mère, si vous voulez qus je
me résigne , que je me console , il ne faut plus jamais
me dire que Patrice ne m'aima it pas. Je ne l'ai pas
cru et, pourtan t, c'est ce qui ma fait le plus de mal.
J'aurais voulu au mq,ins, perdan t toute espéran ce,
garder intact, sans soupço ns el sans flétrissu res, Je
souven ir de notre amour. Ah! si l'amertu me de ce
doute cruel que vous m'avez mis au cœur pouvait
m'être enlevé 1 Il me semble que ma douleur en
serait tout apaisée ...
Mme de Domba st hésita: la lettre de Mlle d'Ausson était sous sa main; elle contena it la certitud e
que la pauvre enfant réclama it comme baume adoucissant, sinon comme panacée de sa blessur e, la lui
refusera it-elle'? Mai!\ la lui faire lire, n'était-c e pas
�DERNIER ATOUT
aussi l'affermir davantage encore dans sa foi, ses
regrets, son ami)u~
? .. Mme de Dombast passa outre
cette dernière crawte; dans sa loyauté impeccable,
elle crut de son devoir de montrer cette missive il
J~dith.
/
Elle la lui tendit donc.
- Edith, lui dit-elle, tu sais que je n'ai point de
secrets pour toi; je pourrais te cacher cette lettre
que je viens de re cevo ir de tante Paule, je préfère te
la faire connaltre. J'ai confiance en toi, en ta sagesse,
en ta discrétion, en ta soumission à mes désirs, pour
n'en point abuser par une résistance, inutile, tu le
sais bien.
D'un trait, la jeune fille lut les pages serrées; elle
avait encore pâli et la fièvre qui agrandissait ses
prunelles témoignait de son agitation intérieure,
tandis que la contraction de ses lèvres accusait sa
volonté de la dominer.
Enfin elle rendit la lettre à la baronne.
- Quel bien vous venez de me faire, dit-elle,
combien il m'est doux, au milieu de ma tristesse, de
savoir que je ne m'étais pas méprise sur l'affection de
Patrice pour moi. Non, mère, il ne m'a pas menti en ,
~e
disant qu'il m'appartenait tout entier désnrmais,
11 n'a que le passé contre lui, un passé qui l'a entralné
au mensonge et que, j'en suis sûre, il voudrait racheter au prix de son sang aujourd'hui. Ah r il est aussi
bien malheureux r. ..
Et de nouveau la jeune fille fondit en pleurs.
Navrée et hésitante, Mme de Dombast la considérait.
_ Comme elle l'aime r murmura-t-elle plutôt
qu'elle ne le dit.
Et elle pensa, elle, la déshéritée, qu'elle n'avait
jamais connu, dans sa sombre vie, ce sentiment
profond et fort qui fait tnut surmonter.. difficultés,
peines, douleurs, et qU.I,. s'il n'ep triomphe pas
toujours, a la réserve des 10les passees pour consoler
des tristesses présentes, et les faire supporter. Elle
n'avait jamais aimé, aimé comme Edith aimait, combien elle avait souffert pourtant 1 Si, à cet amour, sa
fille chérie devait quelques années de joie, viennent
après chagrins et désenchantements, sa part n'en
serait-elle pas moins, quand même, meilleure que
n'avait été la sienne? Edith aurait au moins des gO Uven ifS heureux, elle, n'en comptait pas un 1 Puis peuton devenir absolument sans pouvoir sur le cœur
d'un homme qui vous a aimée comme, - elle ne le
�DERNIER ATOUT
réserve l'avenir, tu en souffre!';, vois, tu te plains, tu
pleure , tu te désoles.
- Oh 1 CP. n'est pas la même chose, repartit vivement la jeune fille, !Ii vous veniez me dire à
présent : • Ne te marie pas, Edith, je souffrirais
trop de te perdre, vis pour moi comme j'ai vécu
pour toi; • Je sais si bien ce que je vous dois, et je
vous aime tant que, je vous le Jure, mère, sans hésitation, sinon sans regret, j'aurais rompu avec Patrice.
Avec joie, même, une joie qui aurait dépassé ma
souffrance, je me serais sacrifiée à vous. Mais il n'en
va point ainsi, ce n'est pas pour vous que vous me
séparez de Patrice, c'est pour moi, pour moi seule
et pour me préserver d'un grand malheur improbable à mon sens, tandis que celui qui m'accable
est immédiat et certain. Ah 1 pardonnez-moi de vous
le dire une fois encore, mère, malheur pour malheur,
ne vaudrait-il pas, mieux que celui-ci, l'autre sur le
quel est encore suspendu un point d'mterrogation ?
- Nqn, mon enfant, car ce point d'interrogation,
comme tu dis, est trop terrible. Tu ne peux te douter
des tortures imposées par la déchéance de l'être
auquel votre vie est liée, ses outrages, ses fautes, ses
�����DERNIER ATOUT
-
'5ï
Mon petit, l~i
d!t-elle, avant t on départ, nous
a\'Olls lIne I:oun;e a faIre.
TI la regarda, surpris.
Elle I~i
lendit Ja lettre, guettant sur Stltl visage
l'exro~in
de joie ... Elle eut la Ji.!ception de ne
point l'y voir naltre.
II lui rendit le message sans que bougeat un pli
de :;on visage immobilisé par sa volonté.
- Merci, tante Paule, dit-il, mai:; Je n'irai pas à
Quervaux.
- Pourquoi? demanda-t-elle, stupéfaite.
- A quoi bon?
- Comment, à quoi bon? Hier, on te ferme la porte
dl:! Quervaux, et tu en es au désespoir. Aujourd'hui,
on te la rouvre, et tu ne veux plus t'y rendre? ..
- Non, je ne le veux plus, répondit Patrice, à quoi
peut mener cette entrevue? Sans doute, on va me
demander de m'expliquer, de m'excuser, de me défendre ... Et, pour cela, je n'ai ril:!n à dire.
- Rien, pas même ce que tu m'as Jit, à moi, que
tu aimes Edith plus que tout au monde, et que c'est
cet amour qui t'a fait muet sur ta vie passée et ta
situation présente.
- Cela moins que tout le reste, je n'ai plus le
droit de le dire, tante Paule, ne le comprenez-vous
pas? Plus l~ droit de parler d'un atche~n
auquel
on a les meilleures raisons de ne pas crOire. Non, je
ne veux pas avilir ce cher sentiment dans des protestations gu'on jugera vaines, dans des excuses qui
seront dl'Scutées et peut-être .trouvées mensongères,
n'insistez pas, tante Paule, Je ne retournerai pas à
Quervaux ...
_ Et tu perdras Edith, fit Mlle d'Ausson, s'animant ne comprends-tu donc pas que si l'on te rappelle: c'est, après te l'avoir reprise, pour te la
rendre ? ..
_ Ne faites pas ~uire
cet espoir à mes yeux, fit
Patrice il est irréalisable, Mme de Dombas! ne peUl
plus m~
donner sa fille. Je devine le motif de sa
lettre: Edith, sans doute, ma chère Edith, a plaidé
ma cause, a voulu savoir de moi la vérité et a obtenu
de sa m1:re de me revoir, ne fût-ce qu'une fois ... Eh
bien la vi.!rité, je rougirai de la lui avouer, j'ai honte,
hont'e vous m'entendez bien, tante Paule, honte de
repa~l1.
deva~t
elle, et je me dérobe à cette souffrance qUI serait .une. des plus cruelles de toutes
~els
de ces derniers Jours ...
��DER·NIER ATOUT
159
Un éclair de joie triomphante s'alluma dans les
yeux d'Edith.
_ Je vous crois, fit·elle.
Et l'amenant à la baronne:
_' Mère, dit·elle, je réponds de lui, maintenant,
pardonnez·le.
_ C'est fait, répondit Mme de Dombast.
Et elle lui tendit la main .
Lui, fou de b\)Uheur, n'osait la prendre, ni croire
à la réalité des choses et à tant de générosité.
- Quoi, murmura-t-il, est-il possible ... Madame,
après tout ce que vous savez ...
_ Ne parlons plus du passé, fit Mme de Dombast
d'une VOIX grave, tout est oublié; quant à l'avenir ...
Les larmes un instant coupèrent sa voix.
- Monsieur d'Asquit, dit-elle noblement, en lui
montrant Edith, je vous la donne quand même,
puisqu'elle le veut ainsi, mais j'ai peur : ...
- Madame, fit Patrice ému jusqu'aux larmes, lui
aussi, par tant de loyauté, de grandeur, de générosité, cette crainte est mon châtiment. Je l'accepte,
car il est mérité, mais je sais qu'un jour viendra où
j'aurai le droit d'en être affranchi.
- C'est tout, fit Edith revenant près de son fiancé,
rayons vingt-quatre heures de notre vie et la reprenons où nous étions restés hier.
- Permettez, observa tante Paule malicieuse, il y
a quelque chose à changer.
_ Quoi donc'? interrogea Edith.
_ Le contrat à recommencer.
Patrice pâlit et une gêne su~pendit
les paroles et
les sourires.
_ Oui, reprit très vite tante Paule, on a négliaé
de me consulter pour sa rédaction, c'était cependa'nt
nécessaire. Mon petit, fit-elle en se tournant vers
Patrice, dllns la douceur de sentir ton atTection
désintéressée, je te l'ai caché ... je suis riche maintenant: mon frère est mort sans héritier, sa tille
Agnès, qui l'a précédé dans la tombe, n'avait point
eu d'enfant. La fillette dont tu as vu le portrait était
née des premières noces de son mari. Toute la fortune des d'Ausson, augmentée de celle de ma bellèsœur, m'est donc revenue; elle est pour toi, mon
petit, e~ tu me permettras de te l'assurer par contrat
de manage.
'.
Patrice pen aIt rever.
Tantt: Paule 1 lit-il sculement. ..
_ Allons, reprit Edith ~aiemnt,
il était écrit que
•
��~
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donne. lur 108 pace;; 2r'lmd format. 1..: COntenu de plusieurs
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Cet album, de 100 pal/el grand format. contient 19 modèle.
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Collection Stella
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La collection Stella est lancée en 1919 par les éditions du Petit Echo de la Mode. Ses fascicules sont des suppléments mensuels...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/collection_stella">En savoir plus sur la collection Stella</a>
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Dernier atout
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Floran, Mary (1856-1934)
Date
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[1924]
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160 p.
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Collection Stella ; 100
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The nature or genre of the resource
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Language
A language of the resource
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PRIX;
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Puollcltlons périodiques de Il Société Anonyme
du " Petit Écbo de Il Mode ",
f, rue Gaun, PARIS (XIVe).
i
~
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Le PETIT ÉCHO de la MODE
para it toua les
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mer cred is .
32 pages, 16 grand format (dont 4 en couleurs)
par numéro
Deus ,nad . roman .
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par.i..... nt en même
:: Chro. iqu•• variées. Contu et Douve temps. ArtâcJel de mode.
Cauterita et r«ett H pratique.. Courrlle •• MODOlo(uel. poé.ies ::
iers très biea of,an
bés.
1
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RU ST IC A
Revu e uniue rselle illua trée de
la camp agne
para it tous les .ame
32 pag es illu stré es en noi dis.
r et en cou leu rs.
Questions rlae~,
COllr, d!". d nré ..s, Elevase, Ba~5e-cour,
Cui.m.. ,
Art vétérinaire, Jardioose, Cha .. !",
P~ch
t>, Bricolage, T . S. F., etc.
LA MO DE FR AN ÇA IS E
para it tous les merc redi •.
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16 page ., dont 6 en coul eurs
, plus 4 page .
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papi er de lux. ,
Un roman, d(·~
nouvelle., de. chronique., des
rccell!"s.
LISETTE, Journal des Petites Filles
para it toua le. merc
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redi •.
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PI ER RO T, Journal des Garçons
para it toua le. jeud
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en coul eurs .
GU I GN 0 L, Cinéma de la Jeunesse
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1'" elle 15 de cbaque mois.
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(XlV-)
������). ~LET,
JEUNE FILLE MODERNE
~
'!le font « recaler "'; les jeunes filles réussissent
presque toujours.
•
- Je me sauve, reprit le jeune homme qu'Arlette
wait appelé M. d'Arcours, car je n'oserais jamaii
vous avouer qu'à plusieurs examens j'ai échoué. Au
rcyoir, mesdemoiselles, et à bientôt.
Les deux amies continuèrent leur promenade.
Habitant toutes deux boulevard Flandrin, chaqut'
joùr elles allaient ensemble au cours.
Devant un grand immeuble qui faisait face au Bois.
elles s'arrêtèrent; sachant, par expérience, qu'au
moment de se séparer les deux amies avaient toujours beaucoup de choses à se dire, l'Anglaise
'appuya contre le mur de la maison.
- Alors, faisait Arlette, vraiment, tu ne sortiras
l,as de la journée: des versions, des thèmes, un tas
de choses à piocher?
- Oui, et comme je n'ai pas ta facilité, il me faut
tout mon après-midi.
- C'est dommage, il fait si beau 1
- Les examens approchent; si j'étais refusée, tu
ne m'aimerai plus, dil Germaine tri 'tement.
- Folle 1 protesta Arlette, crois-tu qu'un diplôme
ruisse augmenter ou diminuer notre amitié?
.... J'en ai peur. Tout à l'heure, tu disais à M. d'Ar\;lJurs .. .
- ... Des bêtises, pour le taquiner.
- Tu n'as pas été très aimable.
- C'est vrai 1 Mais il a une manière de vous
regarder qui m'agace. Il a l'air de vous trouver amusante ou Insignifiante; on ne sait jamais ce qu'il
pense, et moi j'aime les veux qui vous I;acontent
tout de suite l'état d'âme de leur propriétaire.
- Oh 1 l'état d'ame de Roger d'Arcours doit rentret
dans la catégorie des choses qui nc sont pas pour
jeunes filles.
- Peut-être bien 1 fit Arlette en riant. Au revoir.
Téléphone-moi ce soir, et à demain .•
Un baiser, une étreinte et les deux amies se séparèrent. Germaine pénétra sous la voûte sombre et
Arlette continua son chemin. Cinq minutes après,
elle sonnait à la grille d'un petit ,ardin au milieu
duquel s'élevait un joli hôtel moderne.
Au valet de chambre, qui vint ouvrir, elle
demanda si son père était rentré et comme on lui
donnait une réponse affirmative, vite, elle grimpa
les marches du perron, jeta sa serviette sur une
banquette de l'antichambre et, joyeuse, {'énétra dans
le cabinet de travail du maltre de la maison.
A sis devant un bureau encombré de l'api ers, UA
��������'l.RLE.fTE, JEUNE FILLl!: MODERNE
1(
au plus haut pomt le don de l'éloquence, il parlaI
sans une note, sans que quelque livre vInt aider ~
mémoire.
Arlette ne put s'empêcher de l'admirer.
Lc conférencier interrompit sa br(:ve anaJ}'se rOI "
tire des vers; c'était son triomphe. Autrefois, l)iclt
avant que l'Académie lui eût ouvert ses portes, If
avait été un bel acteur, déclamant avec fougut;.
jouant lui-même ses pi1:ces; aujouro'!lui, il se souv'~
nait de ce temps-là.
Devant un public sympathique, qui ne demandait
qu'à l'acclamer, il se retrouvait ct, oubliant tous e3
grades universitaires, il n'était plus qu'un com<!dien
tr~s
fier des apludi~semnt
qui éclataient.
Cette fois, Arlette fut conquise, ses mains longue'
t:t fines imitèrent celles de ses amies et elle se joignit à l'ovation qu'on faisait au célèbre conférenclec
Etonnée, Germaine se pencha vers elle et lui dit
en ouriant:
- Il est superbe, tu es enfin de cet avis 1
- Oui, certes, répondit-clle, mais je crois que j.
l'aimerais surtout au théàtre. Quel admirable acte')('
nous auriong là 1
- Mais c'est un poète 1
-- Qu'importe 1 Molière l'était aussi.
Comme elles échangeaient ces paroh..s à voiJ(
basse, derrière elles plusieurs personnes s'agitèrent.
Très intéressée, Arlette ne bougea pas; Germaine se
retourna et aperçut miss qUI venait vers elles.
En passant, elle dérangeait tout un rang d'auiter~,
d'ou ce brUit.
- Ar!e~t,
fit Germaine, qu'y a-til'~
miss vient
nous rCjolndre.
Brusqucment la jeune fille se retourna. L'Anglaise contin.uait à faire lever toutes les pers0!1ne;
(les strapontins et, sans même s'excuser, passait.
Furieuse de ce sans-gêne, Arlette se dressa; el~
eut un geste impérieux qui l'immobilisa.
- Elie est folle et mal élevée, murmura-t-elle en
se rasseyant; et, sans plus s'en occuper, elle êcouta
la fin de la conférence.
Le maltre termina d'une manière charmante, Il
'jl.ppela ce qu'avait étê la chevalerie française et que
seule elle avait .. apothéosé ,. la femm p • comme elh:
devait l'être.
Naturellement le public fut de l'avis du oonféren.
cier'.. ~endat
qu~le8
minutes, il ne cessa d'applau.dir. t:~
poète, dIseur merveilleux, dut revemr plu.
~leJrs
fois de suite sur la scène, et, debout, toute
UUe salle l'acclama.
Arlette et ses amies firent comme tout le monde
������������ARLETTE, JEU1'E FILLE VfODEHNE
ch~:nars.
he~
29
Elle pleura longtemps ... Puis le sommeil Icrma
raupi~es
: un sommeil bantt.! par d'am·eu. 1:3\1'
IV
Il faisait grand jour quand Arlette se réveilla et,
'le se souvenant plus, se demanda quel rêve elle
continuait; elle se dressa sur ~on
lit, regardant ~elt
pièce qu'elle ne connaissait pati. Tout à coup, elle se
rappela la journée de la veille; alon;, vivement elle ~e
leva. Elle fit sa toilette avec Ulle extrême rapidité et
~'cn
alla, le cœur baletant, se dt:mandanl çomment
la malade avait passé la nuit.
Elle monta l'escalier et tra\e~
les couluir::; en
courant, puis elle s'arrêta devant la chambre de
Mme Davesnes. Comme elle 'al l'l'était à entrer, la
religieuse sortait.
- Ma sœur? fit Arlette.
. - Tout va bien, la nuit n'a pas été trop mau\ ai::.e,
elle vient de se réveiller. Ne restez que quelques
minutes; il ne faut pas la fati(.\uel'.
Arlette punutra dans la pièce et s'approcha du lit.
Mm~
Davt:snes la regardait venir; elle essaya de lui
sounre :
~
Il parait que je vais mi<!ux;tit-elle d'une voiK si
faIble que c'est à pe;ne i sa fille l'entendit.
- l\lais oui, maman, reprit Arlette doucement, la
sœur est très I:ontente. SoulTres-tu beaucoup?
- C'est supportable.
La malade ferma le~
yeux j une sueur inonJa
on visage. Arlette regarda autour d'elle, mais
elle était seule dans la chambre. .\lor~,
d'une
~ain
qui tremblait un peu, avec son lin mouchoir de
hnon, elle essuya le visage de l'opurée. Cela fait,
tendrement, eHe embrassa sa mère à plusieurs
reprises; elle l't'mbrassa comme elle ne l'avait peut.
ètre jamais embras~t.!
Hier, elle jugcélil ces démon~·
trations afTel:lueuses ridcule~
ct ilutj!~;
aujour.
d'hui, clle en eprouvait le grand besoin.
~on
malaise passé, Mme Davesnes rouvrit les
Veux et aperçut le visage anxieux d'Arlt:\te.
- Ma chérie, fit-clic, tu aimes donc beaucour ta
l'auvre maman?
Arlette ne put prononl:er que qucle~
mots:
- Maman 1 oh 1 maman 1
l~a
religieuse rentrait. L'émotion de la mère ct de
la ~J!lc
ne lui échappa pas; elle la l:om!1renait; mais,
Ja jugeant nuisible l'our sa malade, el e gronda
Mademoi,ellc .\ rlette. allcz-\'ouc;-cn; vou· avez
����ARL'b-A'E, JEUNE FILLE M.ODERNE
33
sou\int que c'était l'heure du déjeuner et qU'li fa1~it
aller s'asseoir autour d'une table, dans la grande
salle à manger. Elle quitta le jardin à regret,' là, OD
80ufTrait moins.
Le repas fut lugubre, personne ne parlait, personne
ne se connaissait, et aucun convive ne cherchait à
engager une conversation; quelques mots de poli.
tesse s'échangeaient à voix basse. Arlette put 6
peine manger, cette atmosphère de tris'~e,
de
deuil l'impressionnait.
Au milieu du déjeuner, une infirmière parut à
l'entrée de la salle: anxieux, tous les yeux se tournèrent vers cette forme blanche. Qui venait-on cherCher? Quelle mauvaise nouvelle allait-on apprendre"
L'infirmière se dirigea vers une jeune femme
assise en face d'Arlette. Elle lui parla très ba , perSonne ne put entendre les mots qu'elle prononçait,
rnais une telle douleur ravagea le visage de celle qui
écoutait qu'on devina bien que l'infirmièr venait
de transmettre un terrible message.
Vaillante, la jeune femme 'e leva, et, sou les
regards qui la suivaient pleins de pitié, elle alla retrouve: \e malade qui allait partir pour un grand voyage.
- C'est son mari? demandèrent quelques curieuses.
- Non 1 répondit une vieille dam!.:; son enfant,
lin petit garçon de cinq ans, opéré d'hier .
... • Opéré d'hier. • Cc furent les t'culs mot>.
qU'Arlette entendit. Opéré d'hier, ct aUJourd'hui tout
Berait fi ni.
. - Madame, balbutia-t-elle, en s'adressant à la
vI.eille dame qui venait de parler, pourriez-vous me
dire quelle opération on a faite, hier, à cet enfant ...
qui va mourir?
"7 L'appendicite, mademoiselle! On lia opéré en
p1ClOc crise j il est bien rare qu'on s'en tire.
Arlette se mordit le~
lèvres Jusqu'au sang pour ne
pas crier, et ses doigts se cnsrèrent autour de la
tourchette qu'elle tenait. La personne qui venait de
parler ainsi s'aperçut de l'émotion dc la jeune fille
et, compatissante, s'empressa d'ajouter:
- M~is,
pourtant ... j'ai vu des gué~i
ons: un.e de
~e
~mJes
a été opé.rée l'année derOlère et aUJour·
d hUI elle est trè vall1ante .
• rlette fut reconnai sante de ses paroles; ses
l'eu~
?rillanls, plcins de larmes, se tournèrent veu
'" Vieille dame el elle murmura:
- Mercil
Puis, n'en p/)lJvant plus. bien que le déjeuner ne
ftJl pas fini, elle quitta la salle et se dirige#' vers la
chambre de Mme Dave nell.
0'1-11
��������ARLETTE, JEUNE l'ILLE MODEIŒE
~J
Moqueur, le Jeune homme s'inclina.
- Votre intelligence e.st trts supérte~.J
à I~ nOtre,
mauemoiselle Arlette : Je lE" "avaIs déjà, et Je vous
remercie de me le rarpeler.
- Ne croyez pas que j'aie 'Voulu 'Vous ~ire
que~
ue chose de désagréable; non, ce sOIr, le ne saIs
pourquoi, je suis SI contente que je ne vous taquinerai pas.
Elle ~'asSlt
dans un vieux fauteuil Louis XIII et.
l'osant ses mains sur les bras sculptés, avoua:
- 1\ Y a des moments où l'on est vraiment heu'euse de vivre.
Souriante, elle regarda son père,. puis ~oger
à'Arc:Jurs, et comme elle leur trouvalt des vlsage~
Sérieux elle ajouta:
- Je vous en prie, tachez d'être gais; ce soir, j'ai
besoin de rire j Il faut que nous riions.
Le domestiquv annonçait le dlner; aucun dei!
deux hommes ne répondit.
Dans la salle à manger, Arlette prit la place de sa
mè~e,
rcgetan~
que cette vilajne migraine .la retinl
au ht; mais, pUlsqu'elle dormait, le mal allait passer.
La présence du domestique, ses devoirs d~
ttlaltresse de maison rendlfent la jeune fille sérieuse;
elle parla peu.
Jr1. Davesnes et son ami discutaient ulle afTair':l
dUlis laquelle tous deux avaient des intérêts; elle les
~couta,
son esprit s'intt:ressait à tout.
I.e rC{:as terminé, café et liqueurs furent aporté~
dans le hall. Après avoir servi svn père et Roger
d'Arcours qui continuaient la discussion commencée
à table, Arlette, gentIment, leur demanda de vouloir
un peu penser à elle et de cesser cette conversatiolt
.qui durait depuis bientôt une heure.
La réclamation était JUs.~,
M. Davesnes répondit ~
- Tu as raison, ma chérie. Du reste, nous avons
4 causer ensemble.
- De choses amusantes? fit Arlette galment.
M: Davesncs hésita. regarda son ami, pUIS
exphqua:
- Non ... ce ne sont pas des choses amu!\antes.
- A lors, p "'re, ne les dis pas; aujnurd:nul, Je ne
lC}Jx plus travailler et je te préviens que Je Ile sau·
'al~
entendre rien d'ennuyeux. J'ai une ame de touto
pell!e tille, et cette petite fille veut !'ire et s'al1~uef.
Il f!lll \~eau,
trl'S beau, il y n un cOIn dal:s le jardut
qUI dOIt ëtre délicieux, vllitlez-vous y ventr?
ous somme bien ici, Arletle, reprit M. Vao Je ne~,
c'est la pièce que tu préfères d'habitude,
pourquoi veux-tu ta quitter"? QII'en pensez-vû·-s.,
" 'Arl:ours 1
������������������������.. AI<LE'l
!
E, JEUNE fILLE ;\IODEfC'E
6S
l,in de ~<i
barque et du petit ruisseau. gt voiU
qu'une voix jeune, trl:S douce, parlait d'une douleur
l e le tcmp~
ne guérissait pas.
- Oui, répondit-il lentement, elle e, t mont! il y.1
bientôt Jix ans.
,J
Arlette n'étail pa~
une sen::.ilive, cl... .:royail
qu'aucun sentiment ne la dominûrait jamais; pourtant, ce matin-là, clle était si peu maltresse de se
nerfs qu'elle s'imaf:1n~
n'avoir jamais entendu
quelque chose d'au SI tnste que celte phrase: • Elle
e'l morte il y a bientôt dix ans .•
Aflèctucusemenl fraternelle, elfe se pencha ver,
no~er
et lui dit:
- Mon pauvre ami 1
Il accepta celte pitié tendre, ce" trois petih mot"
le consol(:rent, et comme son cccur étaIt plein J
, uycnirs, Roaer parla:
- Je ui' resté longtemps, fit-il, sans re\cnlr ici;
:' ~st
seulement l'année derni1:re que j'ai u le courage de le faire; cela m'a été tr'·s pénible ... el. ..
croyez-vous que, l'an passé, je n'ai pas osé me promener sur cette rivi(·re qu'elle aimaIt tant t ... J'avai"
peur que cette promenade [ùt très douloureuse ... Les
hommes manquent parfois d'':nergie ... Mais il y a
ct ~ chagrins ùont on ne se con ole l'a , des \Ide,
qU'aucun' affection humaine ne peut combler.
peine guiJl'c par Roger, la barque quitw la
VOllte sombre et déhoucha en plein oleil. dan~
Ulle
pnl1rie tleurie.
Cette grande Illmii:rl' urprit le~
Jeu). cau leur.
rompit le l'h rme qui le avait rendu si diflërcnts.
R "cr repl .... 51 rame, A rleUe sc redr ssa; mais
c' yeu re tèrcl1t brillants comme i quelque goutte
tI'enu, claire et limpide, était montée ;usqu',i cu, .
parI< rent l'lu, mai kur l'cnscûs u;·
II ne
Valent le mêm' chemin. Lui s()ng~ail
à lu ch/>re
di parUe, clic s répétait celte phra c: • Il Y a ue",
chn"rins dont on ne sc clin (l)" l'a • des vides
qU'aucune atl't;ction humaine Ile 1 cul combler.•
enide le manoir, il abor l''rent, t <;ou le "rand
s 1 il cell ' vieille d meure 1 arut à rlette ncorc
Ilu i ,li'. Elle t.lÎt con truitt; ell bri(lUC que 1·
ton
av lit rcn 1Ic~
l'II C • ct,
ur le clcI hleu. a
Silholl tte e détuchait légantc ct l'reciell
\
haler
.. 'loci E. nnonçant le d.jeun r 1 fit
l n t.lI· dan la~u
. m.lngcr,M.ct \me Dave ne
~
.1It ndni nI. Bi Il <lu',II' filt encore tr" pal.
1 me Da e 11
l ar.1i ,Iit mieu ; aH:C un purinendr· elle accueillit l' 1 romencur .
Cett prom nade ,Ill J.1rand uiravait rél~
i;\ ,\rIClle;
1» 7 ••
�ARLE1TE. JEUNE F1LLl!: MODERNE
eUe étai\ ébouriffée, charmante. ;:,a mère ne p
S'empêcher de le lui dire.
- Ma chérie, que tu es donc mal coiffée, mals
tomme cela te va bien 1
M, Davcsnes regarda sa filie et, moqueur, S'é\.113:
- Oui, tu a déjà unc allure campaloSnarJe; av~f
'cntrer, tu n'as même pas interrogé une glace. 1~
oilà tnut à fail au ton Je la maison; mes compliment 1
Arlette s'a~it
prt:s de la grande table de chêne.
Les fenêtres Je la :;alle à manger étaient ouvertes et
donnaient ur un lar e étan' entour' d'arbuste et
de roseaux.; au milieu ùe l'cau, de cygne évoluaien.
La jcune fille aima cette vue ct la contempla:
Pendant le repas. M, Da~esnc
ct 01 ami causèrent afl'aircs; ni J rlette, ni a m re nc sc mél rent
à la conversation. L'une regardait le 'r nù oiseaux.
blancs, maie tueux. et tran uilles, l'cau claire, les
ro caux que la moin Ire bri e agitait; l'autre regardait on mari rouriait quand il olll'iait, ct semblait
heureuse,
Le déjeuner It.:rmin • il:; allèrent dans le salon d'(:té,
dont les troi- pnrte -fenètretl dûnnah;nl ur le jardin
à la françaic;c,
Dan'> de vieux fauteuils, Inrl-les et confortables,
s'assirent. SilencÎl!uX el nonchal nI , les hommes
aHum'Tent ùe~
cigarette::; el :;'amu 'rent li <', oyer
de la fum':c dan de rayons tic olei!. rlette re ,ta
dehout, près d'une porte, pui clic Se rappr.) ha de
sa m' re ct 'inqui6ta de 'a ant '. Mme Dave nes la
elle C. !\cnlail bien; 'c oir, lor'iquc 1
ras ~lfa,
soleIl serai mOlfiS ardent, clic e pr' po ait d'alJcr
III jeunc fille, un tour dan le p rc
faire, a~ec
En enten lant cette répltO e, M. )), VCsnes c't
brl~qucmn
ver a femme:
- Cc oir. .. c., nir, dit.il... n' hoisi P uM
/leure tn ,) tardive, car nou
1 vone; pr ndr
tapide.
ne li voix' douce, qU'aucune Inqui
lait, Mm,! Dave!\ne demanda:
- V nu dev '7. 1 rendr '" d'A rco Ir vou
tlone? Je vou crova; pOil l' <}lIclqu • ' jv Ir
llandlC j>
I~og
r prote ta
,- Non, ch re ma ln,me, je ne r l'l,Ir p
il ait 'ndent à DcauvllI', 1 omm aucun affi 1re
"nI ne me r~p
11
Il ri ,j rc 1 mi ici 1 plu'
.onglcmps pOS Inle,
e tournant ver On mari, ouriant ,
Iranql IIl.l! 'Ille tout J'heure, cil, "int rJ"0g .1:
QUI ompl lHu donc 1 mm ncr av e tc.i ~
�ARLETTE, JEUNE FILLE MODERNE
6?
M. Davesnes allait répoodre, mais Arlette Je pr~·
vint. Fébrile, ,iant nerveusement, elle s'~cria
- Voyons, maman, ce c DOU • ne veut ricn dIre,
n t'inquitte donc pas pour un pronom ... Tu sortiras
vers cinq heures, avec .moi,. et ton chcr mari pourra
constater que tu vas déJà mICU)':' .. Ce t l'heure de ta
sieste et tu ais que la religieuse tient beaucoup l
ce repos pris après tes repas ... C'est écrit sur l'or~
Idonnance, en gros caractère!;; il ne faul pas désobéir
tl ton médecin.
Faiblement, Mme Davesnes protesta ~
- Mai aujourd'hui, je pensais ...
- Tu pensaismal, c'est moi qui maintenant pense
pour toi. Tien , voici la Sa:ur qUi vient te chercher.
La religieuse ouvrait la porle; se senlant fatiguée,
Mme Davesne ne discuta plus. Elle quitta on fau·
teuil, sourit à d'A.rcour , à son mari, qui coutait
femme el sa fille, ne comprenant gu rc 1 paroles
qu'cl les échangeaient.
Jusqu'au seuil du >ialon, Arlette accompagna sa
111ère; puis, après l'avoir embras ée, elle revint ver
les deu h')mmec;, qui attendaient d'elle une explication.
)).ru qucment, M. Dave nes l'intel . ca:
- Quelle e t celte comédie? Ta mère ne sait donc
pas que tu repars ce Roir?
Ion bref, en ref!'drd"n' on père bien en
])u m~rne
face, rlette r pondit:
- Je ne repar pa .. ce nir
- Pourquoi'? quel e 1 ~e c pnce"( Je ne veu pa
~u
tu voyage s 'ule, ct c' t ridicule de faire venir
/t}is~.
El pui ,ce oir 011 ernain, je ne oi pa
lanéc sitéde reculer ton voya 'c dequcl ue heure.
- Je ne partirai pa d ·main. Et sourdement,
presque n col rc,1 Ile ajou a: ni après ... je re te ici...
hec m man ... j,a œur ne m'a pas cachê qu'elle
était VI aiment malade.
Surpri , M. Dave ne demanda:
- M i
lor ... ton elamen... C baclur~t
POur h:quel tu S lant travaillé"(
.Apr·s un court Hen e, avec ellort, Arlett r pondit :
- J n Ir... pa crai pas, voilà lout.
L'orgu Il paternel
révCllla. 'J'Aul le mond . suvait
qu· Mil 1> V' nc c pré ntail; ne ~()yant
1 a son
lIom parmi le'! laur~ns,
on croir il à un éch c. C .. ttc
per pc liv ~t il dé n'r aille.
- Voy n ,nI M. Dave n,Ill exa ~re,
lue!qu
f!' aine de olitud n' feron. pa dc mal
ln re
-cat de la entimcntalilé peu rai onnée. Arlette, j
n
r connai pas et nc t'approuve lZuère. Et TOU
����������ARLETTE, JEUNE FILLE MODERNE
77
n Uliler. Pour être près du Dieu tout-pu issahl, point
n est besoin d'une église: vers un ciel rose, comme
ous une voûte som6re ,les mot bénis peuvent mon·
ter et Arlette, levant les yeux vers l'infini, pria.
Elle demand a le bonheu r, non pour elle, maIs
pour celle qui était là, immobile ur sa chai e longue,
et qui 1ui était si chère; elle parla d'amour! dit des
1I\0ts tendres et dou , des mots qU'elle n'avait jamaitt
encore pronon cé .
Une prière, sur la plase de Deauville, à quelqu es
Illinutes du casino oil l sur la terras e tleurie, un
orchest re de tziganes ,oue des valses à la mode,
c'était folie 1 Et brusqu ement, voulant rompre le
charme qui la faisait 1 diftérente d'elle-même, Arlette se leva... .
- Maman, fit-elle, je crois qu'il faut rentrer...
Mme Davesnes posa le livre qu'elle avait repris,
mai dont elle ne tournai t pas les pages, et répond it:
- Mais, ma ehérie, nous attendOn l'auto, et je
trou e qu'elle ne vient pas vite. an doute. le courner n'êtait pa arrivé .
...e courne rl Arlette avait complètement oublié
mari.
que Mme Davesnes espérai t une lettre de ~"n
qui conduia ait lia plage,
e tournan t vers !'~enu
la je\lne fille reprda et justeme nt aperçu t le
enait vers elles.
chauffeur ~ui
plus
- Voilà Jean, je vai au-devant de lui; tu a~rs
tôt la lettre que tu attenda si impatie mment.
rlette partit en couratit. Des main du dome
tique, elle prit le courrie r, a ez importa nt, et revint
er a mère.
Ile ux
- U, ftt-eUe en po ant le paquet sur l~s
de Mme Dave nes, le o'ai pa regardé ; chede 1Ihae.
vec des main qui tremblai nt, me Da e
éparpilla les lettre ; au bout de quelqu es teCon
cl'une yoi faible 7 eUe dit:
- Tu avai rai on, il n'a pa 6crit J j De sais •
"irrive tt.main .
n Iaift
. ,fit rlette, il v ut probab l mtD
•
pa
îent
pli
ne
il
ouvent
e...
urpri
te nerv u , Mme Dave n. rama a
ft
m r.
Il n -nou -en, At-elle; dans l'auto tu u
a
le lettr•. .rai cru reconDaltte l'écritUff
rcours; lui noul donner a peut-6tre
d
oger
d
uVene .
au bras de fille, me
nt a~puyû
oue
en 8il&. Indift6rente tout eUe ne repr
ft
empou
la r leu., ni le ciel que J.
• an Je. olr. 9r d. III ur du Cif
·CI)ett'M'IIIr.
*iI
��������������LZ MODD HE
���ARLETTE, JEUNE FILLE MODERNE
l . re, jUbqu'à pré. em, c l'avait jamai chllquée. Le
'"oree, c'est une institution mocler e â laquelle eU
pour le:; aulre " peut-être un peu p ur e!lem~c,
Jans un BVe ir tr::s lointain, et i son man la
; mais pour son p' re,. p~)ur
.a
rel1Jait malheur~
mère, c'est Une chose à laquelle elle n'av"lt )amcu.
en é et '-lui lui parai ail m n Irlleuse. A-t-nn le
ôroit de Jlvoreer !orblju'on a un foyer, une enfant?
PeUL-on allt;r olTrir Son CQ::ur à une autre femme,
fonder uoe autre famille, avoir d'autres enfants ?...
ce
pas PossibJ.e, sOll p' re ne
3T\lIr ces Idées-là ... Ces VOIX: inconnues mentaIent,
el es parlaient légèrement de cho~es
graves...
.
fi emble. les ro1e~
li
loge
'ouvrirent, mIS
S"m"on et M. Davesne rentrai nt. San dire un
mOI à son père, saI) même Je regarder _ elle .n'autait pu - Arlette reprit sa place ct se yeux: fi '::rent,
lans les voir, danseurs ct dan eu e .
n"rrière elle, a, ez bas pour nc 'ëner personne,
n } s Sym on et M. Dave n caus rent pendant une
p.u:ti de J'acte ..Arlelte n'écoUlait pa , mais pourtant 'Ile entendait de bouts de phra e des mots
qUI lui fai 'aient comprendre que le lcntie'main miss
:ym 'on et ~n
p1.r~
pa ~eral[)t
ensemble toute la
lournée. (TOit le. malin, de)CUfler à la C le de (rrace,
Ilofltcr à Trouville, et le Roir ca in/).
fis parJ renl de départ. Oc Je prcnuers 1 ur de
scptcr:nhrc, mis ~ymson
partirait: pui il -cali brenl 1 ba
ue la Jeune fille n'cntendlt plu rien.
Comme le cconJ acte t1ni ail, Hoger d'Arcoul'li
~nlra.
~ongcait
Nc~,
r~'e"t
po~vait
- Bonsoir, lUon ~ieux
1 /) noir, made mOI elle 1
Je UIS h urcu de ~'ou
voir.
CC!! mol
Illbl '['cnl d lUX
Arlet! . Bru qu _
mIt, elle e retourna:
- Moi au i, je sui bi
- Qlle âite -Vou <.1 ce lan 'ur ?
t Arlette
Iles S'Ciln'CUI.
aI/ail.pa le lelOp de r'pondre, AL 1)/1
- Je vou lai e avec lU hll , ~hl-i
ut à l'heur 1
{1
aOll, A
Pr d'i\ rlette, Hog cr S'Ill talla.
l! 1 regarda ntlectucu cm nt t, d
te <Ire qu'JI ~ ail cul nt nI p IlIr
manda:
- J~h III fi (
Alor,
Ounr
naVrilll!, hl 1 un fille 1
ré lil{u
,.
- Vou
lout . Cc
y~
•
QII
�������ARLETTE, JEUNE FILLE .MODJo R ElOI
Elle se leva en chantant, ce qui n'étal! gu\:re dans
es babitudes. Lor qu'elle fut prête, elle traversa
rapidement le parc ou tous les oIseaux piaillaient et
pgna, à travers champ , un villa8e proche du
manoir qui pos édait une toute petite chap Ile
• ~ouvert
de lierre.
\r1ette y entra comme l'office commen<;\"'tt. Elle
n\. possédait aucun livre religieux, n'aimant que les
beaux missel superbement enluminés et peu pratique à emporter; elle suivait la mes e à sa façon,
et n'aimait pas lire dan un livre le prières faite
par un auteur religieu pour des milliers de mortels.
Dan la p-etite chapelle, très simple, presque
pauvre, i différente de égli e pari ieone ,Arlette
prouvait un sentiment nouveau, elle n'assi tait J?lus
à la messe pour faire plai ir al sa m re. Elle pnait,
ans aucune di traclion, avec une foi qui l'étonnait.
utopr d'elle, peu nombreu e ,quelque paysanne
~ naient,« rapport à M. le curé _, un brave homme,
toujours prêt à rendre service. prt: la me .se. eUu
liaient serrer la main du vieux prêtre pour patlerun
eu de leur affaires et surtout pour bien lui faIre
oir qu'elles étaient là.
L'office terminé, la dernière, Arlette qUitta la
petite chapelle et lentement reprit le chemin du
r tour.
Ce matin-là, elle trouvait tout joli: les champ lui
emblaienl plus beaux que d'habitude,' ciel plu
leu, le manoir plu rose.
En rentrant dans le parc, tout de suit eUe aper ut,
u bout de ta grande allée, M. Dave ne ; Il venait
u-devant d'elle.
it
Depui la oirée d Deauville, rlette 1&
a trouvée eule a\
on père; il emblait lu'
rder rancune, l'embr ait peine et ne lui riaIt
u'en pré ence dam re. ette re contr , iné ibl ,fit battre le
ur de la ,eune fille et, tout en
regardant enlr eUe con tata, une foi de plu ,
qUe son p re re tait étonnamment jeune.
Le ourire aux 1 vre , M. Dave nes ab rda
it de bonne humeur t ré
• l'égli e pour m'a mu
• la mod , ce 80nt d
r; ,'al
fOir
��������������ARl
r: 1 l'E, JEU E FILLE MODE N
.. M ch re fill ,
• Pour des raison que le ne te dIrai pa , c r
age ne les comprendrait gul:re, j'al ré olu de TÎ~e
seul et de me parer de ta m re. Un divorce 'impose: ,'aurai, bien entendu, lous le 10rts.J'al,.u mOIl
"Ol~,
ce ra cho e vite faite, et
p re v u ~Ylter
r
toute ennuyeuse démarche .
.. Je te charge d'appren.:tre Il ta m r m n d Ir. Tu
es née dan Ull i cie q\li admet le divorce, tu ur
mieux ql1e per onlle, lui faire comprendre qu'on doit
Je séparer lorsqu'on ne s'entend plu . Et puis, t a
~tudlé
le code, tu connais la loi presque au i bien.
que moi, tu pourras donc lui être utile. J' sp re ue
vou n'aurez pu trop de peine de la décision 'lue je
suis obligé de prendre, et je compte que t 1, ' "
petite fille,
ton c ur.
lu
me garderas toujours une olac
• JACQUB
ft!
DA.
Après avoir lu cette courte missive, Arlet e eut
BCste de colère; elle ieta la lettre par terre, quitta le
"'uteuil sur lequel elle était assise et fit quelque. pat
ans la pièce. Son visage était rouge, ses mai.,. ser.rent nef'Vcuc:ement "étofTe de a robe, elle eilt aitn6
trier.
�����l2t
ARLETTE, JEUNE FILLE MODERNE
- S'il reH1:ett;ut, il erait là.
C'était logique indiscu table; rlette le compri t.
- Mai ,fit-elle he: itante, tu n'accep tera pas ... ce
J nt il parle dan a lettre ... tu r si tera ... c'e t ton
droit, et, pour ce qu'il veul faire ... 11 faut Ion con·
"eotem nt.
Mme Dave ne regarda a fill ; le joli \ u ble
avaient une expres Ion de Jouleu r infinie. .
- Je ne r i terai pa , dit-elle, mal~n:
me con·
i tions religi u e .. , je ne re: i terai pa ... par e
lue, pour moi, rien ne era change:.
Arlette Ire saillit, el, avec énergie , l' pril :
- Voyon , maman , et-ce po ibl '? Tu
lt
accepte r ce 9ue père dé ire ... tu veux lui rendr
liberté ... et te-tu demand é ce qu'il ferait de cette
liberté'? .. .
Les main de Mme Dave ne quittère nt celles
d'Arlet te; elle eurent un ge te d'indifl érence.
- Peu m'impo rte 1
Dê ... oncertê e, la jeu
fille
leva el, debo ,
vibrant e, elle dit avec force:
- Voyon ,mama n, je ne te reconna is plu , roi,
••ergique , tu renonce s à lutter, et cela d"'s le pr~
er jour Mais tu dois défendr e ton foyer, t ft
' . nheui
San un geste, de cette voix qui emblait si 10 •
laJoe Mme Davesnes répond it:
- Mon bonheu rl Arlette , ne pronon ce plu ja
e mot·là ... Oui, je me doute qu tu ne me co ..•
prend pa; tu app Iles faible e mon apparen te
résignation ... Plus tard ... b aucoup plus tard, lor Il tu aura aimé et ... souITert, tu admettrll "C Cl ~
condam ne aujourd 'hui.
La jeune fille eut un peu honte de sa violen ... e, ......
e rapproc ha et se mit à genoux devant a m re.
- Maman , fit-clle tendrem ent, i tu m'expli quai
te compr ndrai l'CUI-être tout de uite; depui ,
elques moi , j'ai eu bien de chagri n.
Mme Davesne regarda longuem ent Arle te, PUI
eMe parla.
- Voi -tu, ma petite fille, quand
aime com ...
taï aimé, comme j'aime encore, malon'réatout,
·
lu, malgré tout ce que l'être che:ri peut vou entend
faire, 00
Ile dé ire, on ne souhait e jamais qu'une seule chose:
on bonheu r. Ton l" re ne veut plus vivre avec nOU8\
l e ~ yer que tu me reproch es de ne pa d(:fendre. ce
qui restera toujour s le sien, emble ne plus lui
.u>tl",,"-,-- ,,,
�ARLETfE. JEUNE I.<'ILLE r.IODER E
(:.!I
.') lIt ront lamai. Il reprend on C(l'ur que j'aurai
1 ulll ~urdc
toujollr ; il le rcprend, je ne !;ais
c\, t on Iroit, en amour, cc mot-Id n'\;Xlste pn .. '
On ne IcIÏ nt pa. 1 n cœur, ct j'ai (ltnpris, n li unI
~et
Idtr ,qu'il .... reprenait pOUl 1 ûllnn r à un
lIre.
~
- Mnm, n, fit Arlette dan, un san 'l~).
- Oui, Il ure, ma petite fille, tu suuffrira. moin
'f C bien jeune pour apprendre toule ces l'ho e~,
Il i je I~'ai
que loi, ct lUI ne era plu' jamai là.
-
Mal ...
- Non, jl: n'accepte au"une di cu iun, c'e 1 inu·
\tIc: 111,\ ré olution est l'ri e. Je ne Vl:\lX I as le faire
IOrir, je ne vcu. pa qu'après vingt un d'amour
ralg~,
il alTi\e Ù ouhaiter qu'une maladie m'cm·
1 rtc-.
'ivemenl, la III in d'ArIelle se posa ur les lu r
d
a mère.
- Tai -loi, maman, tais-toi, je l'en pdc; ne dl
de chose pareilles. Jc ~ui
qu'il e t incapnbl
!
cl' ces pen ~
-là.
Mme Dav\; nes ne parlu plu , et longteml t'lll1
(.ntr· l'aulre le. deux femmes resltrcnt. Lu pclite
p\;nùult! en marbra blanc sonna plusi urs foi " Sil
timhl e grl:lc réSO'l.la dans la pi1.-ce itencicuse, el
Arldfc pensait, cn t'entendant, gue tléja, pou
l'autrt.: ,cc liJ11"r<.l, ,ieu' de deux iède, av.ut d
.onner de h IrC'sdoul()~
's.
}':nfin Mme Da ~csne
c leva; elle s'upprtlcha li
la chemin~,
rC6urda Je cadre \ide, comprit quell
photographie le l 're avaIt emporl~.
Le cœur brisG,
rc que jalou c, elle repou (j sn fille et s'enfui(
Jans sa chambre.
rlctte rc ta dan le bureau désert, ce bureau où
il ne viendrait plus. Révoltée, trouvant injuste cette
~oufrance,
elle e promettait de n'aimer jamaia
Ii'amour celui qui partagerait sa vic.
xv
l.a séparation des Davesnes étonna tout Pan .
Pendant huit jour, au moins, dan.s les salon , allie
cercles, aux théàtres, au fh e o'clocl" on parla
cette chose incroyable 1 Ce ménage parf.!it, cc Ille'
nage d'amoureux, allait donc, tout comme le il tire.
connaltre les mauvais jOllrs.
Les amis, les intimes, il y en a toujours bea .... l:uup
dans ces cas-là, ra.:onlÏ;rcnl des potlOg, inventi;rcO
des historc~,
L~
nf>m de miss S\'mslln fut I.)rononcé.
�MODERNE
ou. !Pari était à D auville, et to t Pans
sem rqué le a Hluit seM. D v ne. D co
.(Iut qu'il r pr nail sa liberté, our l'oOr.ir· l' \10
·caine. On affirma même qU'li ét i nt flanc ,
o Jjoula que le man3.f,'C au Il 11 u d'. QU'
divorce $crnit prononcê.
.Cette fois, le oti11 et les hi oires ~t j nl or ~
M. Dave ne cl mis Sym on n e qmttaient gu' r.c.
Installée li Fontain 'bl~au
pour 1 ute~'
rn~e31!""n
'ri aine jOlI'it au golf, lU lntait che"a,!r
la belle
et attenùall avec impatience le commencement des
càa s' .
J.e baron rh re 1 avait reçu on con "', cl e étai
seute dans sa 'l'Ilia et n'y r ccvalt gu'.re que M. Dayesnes. soa fiancé. Ensemble. JI se hvraient au
sports que tous deux aimaient, en cmble Ils SCI&~a'ent
8eureult. Lw parais ait avoir IOQt ubl~,
c'était une vie nouvelle qu'II commençait et,
ml
reJolarder derrière 'ui, Il alfait ...
1.1 pendant ce temps-là, Mme Dave ne et Il fille
1,,1 'aient de tri les Visites. Elles avaient dll v!l°r un
ayoué, lire de vilaiM papiers qui chargeaient l'époux
et le père, e.lles uaient dû entendre I~er
cet hon:un e ,
que l'une aunalt encore et que !l'autre a'elro~8Jt
de
délester.
Dans une antichambre très grise, près des c1erCll
qui les regardaient curieusement, elles étaient puées, toutes droite. s'efforçant de ne a laissu
~"iner
leur pein • e flérant être des inconnues;
l1I8is le divorce Dave nes était un divorce sen
sationnel.. et pui , Arlette était SI jolie que RU!lc
part eHe ne pa ait inape~Cju
... Tout bas, on chuchotait leurs noms et les visages se tournaient vers
elle. Cette curiosité était pour Mme Davesnes une
torture, et lorsqu'eHe sortait dt" l'étude elle était â
bout de forces physique t moral s. Souvent, dan
l'auto qui la ramenait che! elle, elle avaIt des suffocations ten'ibles qui venaient de 5')0 cœur, trop
éprouvé depui!l quelque temps.
ArIelle ne ,\uittalt pas sa m~·re
.•\-lloc Davesne
aurait voulu lUI éviter ceg tristes démarches, mais la
n'oppo-- ~
jeune fille n'y avait pas consenti. L'~pouse
sant aucune ré lstance, les choses allèrent vite, ct 1
Pur arriva où les deux cOOJoints furent appelés l
le jlréstdent du tribunal.
Le matin de ce jour-là, Mme Dayesnes s leva ta. ;
'1e aVllq pas é une mauvaise nuit, cette enc nlre
prévUt., dont elle ne pouvait se dis{>enser, -était l'our
fit Irès douloureuse. EUe devinait que son mari y
inditTtrent, et que, pas une {Gia,
• a pt.lrteAit un ~8age
!es ~K
lM .. poseraient affectueusement sur elle.(
0
o
��2
\RLETTE, JEUNE FILLB MODERNe
Une rumeur c nfuse, faite d toute
cOIm'er atlons, étour li ait {me Dave ne et Arlette; elle
lirent uel lue pn, fI' liant de avocats qui 1
regardaient curieu ement. Enfin l'un d'cu x
e
téta hu d'un woup ct Vl\ement Je rejoignit. '1'0 1 Il
Jn main, II le salu:!. Il avait une fi 'ure d'honl\;.:l e
homme; une Wu e mou tache blonde ct de cl
yeu' bleu qUI regardaient bien en fa e.
- 'vic dame , lit·il d'une voi nette ct pré i e,
Vous ête en avance, p,lrdonnel.-moi de n pa \OU~
avoir cherch6e plus tôt.
Mme Dave ne r~pon
lit que l'auto a\ait mar hé
tr S vite ct qu'elle ne \.:onnai sait pa exactement la
li tanc .
- 0,., devon -nou all;.:r? demanda.t.ellc.
- Voulez vou attendre iCI l'heure de voir \.:, nocation?
- Cc ra Ion' ? (it Arlette vivement.
- Non, ma cmoi elle, à l'cine un quart d'heure.
Alor tou le troi e mirent a marcher au milieU
e la aile. L'avoul!, .\{o Nar,", etait un de ~ lu~
connu de Pari, l'allure et la' di tinctinn de de
fcmmll les cla aient; pel' nnne ne pas .1Î1 pr' le
e an l'e' aminer.
ce ~rOlI
Toute â la rencuntre qui e prép.sait, Mille D....
e ne ne remarquait rien, e yeux; fi 'aient unt:
tatue le marbre au·de • u de laq',elJe <:tai in crit
en 1 !tre d'or:. 1"01"/1111 el.lus _.
Elle pen ait que \.:e deux; m t , pnur elle, n
i nifialenf rien, et que !;e lui allait c na cr d,ln
cc 1 alai , ce di\ or~e
qu'un 1 ré ident, de juS\!
rOl1ol1ceraicnt. t!tail peut· tre la CIrCe, mai Ihln
pas la ju tice.
l<:lIe 'efTor ait de ne n!6urdcr aucun de r"ur"
u'clle croi ait, clle 'ellorçait 4.le tenir es yeux
"'é tre haut, afin de ne 1 a rencontrer là, a\l
milieu de tout cc monde, le vi age de son mari. Elle
f1'~tail
p.\ certaine ..le on cœur, elle avait peur qu'il
',e c troublat, elle craignait une dMaillance ph r ique
ct elle suppliait Dieu de la lui éviter. Et pen la nt
!Ju'elle marchait, au milillU de cette ruche enc lm.
hr~e
ct vivante, elle priait ..le tOlite
n âme, ellt
riait pour clip. et aus i rllur c lui qlli la ft i
II/Trir.
Droite, arrogante, la tête haute, rr1. de l'i;1\(,ut:
rh:lle marchait; clic regardait tou le I!r(lupe~
h\"l'C je yeu. Je lièvre, ..le yeu. qui e péralent
rencllntrer ~e pèrc qu'die ne voulait plu allner.
Aimable et bon, devinant ce que ce deux fcmmes
e entaipnt, Me NarYJ,arlait j il c. a\'aitd'intére er
Arielle Ji s'était ren u Cllll1pte qllc' \Ime Daye ne
'
�ARI:E
r n:, JEU. E HLLE r-IODEI
!
L
ne l'éc<lutalt l'a . Il nommait le. célebrite du b
rt:llU, parlait des causes sensationnelles que c'
IOmmes avaient défendues, montrait l' ntrée ct ,
elle
(lifT('rents tribunaux, Une avocate le croi~a,
~tai
Wande ct portait bien la wbe et la tllqU ;
Arlette, n\ec l'ombre d'un ourin~,
la dé\i a~e.
~:lIe
ne~olmiqUpas
~on
imprc ~.ioàl\!N
r},
qUI saluait ave-: condescendance. a Jolie confr~e,
mais cHe t.:ut Il; ~entiJl
qu'au milieu de Cette
'rande ~ule
ln jt.:unl' fille n'était pas à ,1 l'lu ·e. Une
oix I"éminint.:, si l'clic qu'dIe soit, prollonee malc~
ilain, mots du Code, ct Arlette ne s'ima ,inait guère
'etle jolie femme, si bien co'-1uméc, t 'nlanl d'arra·
cher à Ull jury la tête d'un grand coupable.
Letle constatation lui causa tlne petite décepti n,
L'an pa é, clic jugeait ,que le. femme pouvaient
lout entreprendre, ct aujourd'hui lie r <-oonai ait
qu'elle n'nyait l'a . uflisammcnt al'profondi la
question.
Un bras qui s'appuyait lourdement sur le ~icn,
le
frémiss ment de tout un être fit comprendre à
Arktt que Mme Da\e 'nes avait al crçu un man;
la jeun' fille ne chercha pas à \'oir, mai ,yin~met
elle se pencha vers l'ayoué :
- Ma mi.re est fati 'uée, l'h~ure
est \enue Je
pense?
1 Mo Nary cI.mprit le dé~il'
d'Arlèlte.
1 - J'allais pro~c
à Mme DaH! ne dl! nl u~
rendre au cabinet du l'rt!sident.
Il quit~ren
la aile des Pa -Perdu .. Ce fut
repos pour les deux femmes; cette rum~,
ce bruit
de la foule auquel clics n'daient pa~
habituées, le
"Il
(t)urdis~a.
Suivant l'avoué qui les préc"dait, elles trava •
l'en! un cou loi r dé 'ert, puis arrivèrent dans une
antichambre où il y avait deux bureaux inoccupé,
une grande fenêtre à petits carreaux donnait sur la
Seine.
Dans cette antil:hambre, il y avait deux porte",
J'une à droite, l'autre à gauche; l'avoué pous 'a cell.
de droite, un garçon parut. Devan( Me Nary il s'iJl
<:Iina et laissa entrer Mme Dayesnes et Arlette. Da
cette pièce il yayait un canapé, Mme na\'e~s
"
laissa tomber, ct comme sa fille rc. tai deboll.
devant elle, l'ob~ef\ant,
die eut un re~ad
1::
détres:e infinie.
Le ~arçon
était là, Arlette ne pOUVI\' 1"<:11 Jlr •
mais ses yeux suppli"rent; ils deman faient à
Mme Dayesnes d'avoir du coura~e,
il' Je lui demandaient avec tant de tendresse qt.:'elle essaya de soul'Ire, mais, ce fut un pauvre sourire, si dnuloure:,l:
C
����ARLETTE, JEUNE FILLE Mum':k
12 9
tUe eut un cri de joie. La présence du jeune
1 .nnme éloignait l'heure qu'elle venait de vivre.
- Monsieur d'Arcour 1 fit-elle. Oh 1 que c'e t
gentil de venir auior~hl
Absorbé par sa lecture, il ne les avait pas enten·
dues. Le cri d'Arlette le suprit. Il se leva vivement
et s'appro cha des deu femmes. Il ne les questionna
pas. Des paroles banales furent échangées, mais la
mère et la fille comprirent pourquoI il était venu.
Aprl!s quelqu es minutes d'entretien, Mme Davesne s'en alla dans sa chambre pour changer de
toilette. Arlette t t Roger restèrent euls. Alors le
Jeune homme prit le gros bouque t de violettes qUI
était re té sur la chaise et le tendit A la jeune fille.
Elle l'accepta avec un sourire triste, y enfouit tout
n visage et demand a:
- Vous saviez donc que c'était ... pour aujourd'huil
- Oui 1 Me Nary est un de mes amis et je savai
aus i que vous üliez passer une bien mauvaise
heure.
La jolie figure quitta le gros bouquet, les mams ~ui
le tenaient tremblèrent un peu et Arlette répondit :
- Oui, très mauvaise 1... Jamai je n'aurais cru
qu'un divorce était entouré de tant de pénibles
cnoses ... Et dire qu'il y a des gens pour qui c'est
plaisir. Vous comprenez cela?
- Je ne cherche jamais à comprendre la mentalité
des !{ens que je méprise, et ceu qui divorcent par
plaiSir, je les r4n~
dans cette catégorie.
- Vous avez raison 1 dit rlette avec conviction.
Le divorce, c'est une institution abominable.
- Pourtan t, dans quelqu es cas graves, répondit le
jeune homme, il peut avou' son utilité.
Il yeut un court silence. Arlette et Roger suivaient
leur ~ pensées. Les yeu fixés sur les violettes, la jeune
fille dit:
- Monsieur d'Arcours, voulez..vous être très bon? ..
- Mais, je ne demande que cela.
- Eh bien 1 restez dlner avec nous. Je sais que çt
D'est pas très gai ce que je vous propos e; mais Je
481 aussi qu'on peut vous demand er ce qu'on n'oseait jamais demand er à nul autre. Vous 6
pour
un véritable ami; vous 6t.snto n aou, et s'il faUai!
pe\'de votre amitié, ren aurais beaucouQ de.
. !mu, mais ne voulant pas le laisser voir,
d'Arcours répond it:
resterai diner avec grand plaisir, mademoiArlette, et ma très vieine amitié voue sera t01l" .
fidèle.
' 'J.~
��ARLETTE, JEUNE FfLLE MODI'-R E
131
- MOIl ami, fit-etle d'une .oix calme, c'est ane ;olle
fin je roman, mais ce roman-!à, je ne l'ai p. COIDo
.lhencc. D'abord, personne ne m'arme ... et puis, vou
ne savez donc pas que je me ui' promis de ne jamaJ
limer mon mari j> Je veux faire un mariag d'estime.'
de sympathie réciproque, mailS d'où l'amour sera
banni. Ma mt:re a trop souflert, je ne veux pas
recommencer sa vie; l'amour me fait peur, il e tune
source de larmes. Ne me parlez pas de mon avenir,
il ne m'appartient plus, if est. maman tout entier.
J ne la quitterai jamai et je ne eux pas imposer •
mon mari sa douleur. Je SUIS sll8e, croyez..moi 1
A ec une émotion bien grande, Roger d'Arcoura
reprit:
- Sage, à dix-huit an 1... Je le regret! presque,
car si ous aviez voulu, je vou aurais parlé d'une per.onne qui vous aime ... et qui est toute prête à partager votre ie avec ses tristesses actuelles... M.ais
ous ne voulez pas j>
Arlette eut le soupçon que ROB f d'Arcours alldt
prononcer des paroi s graves, paroles qu'elle craignait d'entendre. El1e e leva \'ivement, comme pour
e désager de l'atmosphère de tendre e qui l'enveloppait toute, et désirant ne pas continuer cette
convenation, elle 'écria:
- Mes violettes se fanent, il faut que je les mette
da.ns l'eau 1
,!J'une main qui tremblait un peu, eUe s.nn. te
domestique, demanda un vase deChine au couleurs
';ives, et tranquillement, &fiectant un grand calme,
arrangea le (lros bouquet.
Silencieux, Roger la regardait faire; il aimait ce
silence qui les entourait; il l'aimait, parce u'il troublait Arlette et que CI' trouble lui mettait au cœUf
un espoir fou.
Arlette n'en finissait pas d'aft'anger les violettes.
Roger avait allumé une cigarette, et le parfum du tabac
ru se se mélangeait de nouveau à l'odeur des fleurs.
La lourde tapisserie se souleva, Mme Davesn.e
revenait. Elle avait mis une robe d'intérieur noire
qui la vieillissait un peu; elle s'efforçait de porter la
t~e
haute, mais on devinait que tout on être était las.
eUe la serra contre
Vers sa m re, Arlette '~)anç;
elle, l'embras a tendrement, follement, et, entre deux
baisers, lui apprit que Roger d'Arcours re tait dlner.
Et comme Mme Davesnes protestait, disant que
~'étai
trt s é~olste
de leur part, Arlette, nettement,
.répondit: '
- Ce que tu dis est vrai, maman: mllJs Ro~er
d'Arcours est notre ami, il nous appartient, et
au;ourd'hui, je le réclame.
�132
ARLETTE, JEUNE FILLE j\JODERNE
Personne ne discuta plU', et ce sOir-là l'amitié de
Roger se fit plus tendrc, plus douce que d'habituJe,
et l'amitié, cette forme de l'amour, consola un grand
chagrin, adoucit une douleur quc ricn nc parabsait
pouvoir calme-
XVl
Après la rencontre du Palais de Justice, Mme Davesncs avait dû s'aliter, une lassitude morale, plus
que physique, lui faisait désirer le calme absolu, la
solitude complète; et pendant ces heures-là elle ne
voulut pas "oir sa fille, le moindre bruit la faisant
.~olJfri
,me n'avait qu'une seule pensée: son mari qu'elle
allait perdre, qu'elle perdait, et qui bientôt, l'avoué ne
le lui avait pas caché, épouserait une autre femme.
Cet hommc, qu'elle avait cru sien, cet homme à qui
el~
avait ù.onné ,bonheur, jeunesse, amour, lui reprenaIt tout, Jusqu à son nom, ce nom que portait leur
enfant.
Et pendant ces heures où elle réfléchit si lonAued~
n'avoir pas lutté. ~ais.
ment,. il lui vint le"rg~t
à quoI bon? Elle connaissaIt son mari, elle saValt que
lorsqu'il voulait quelque chose, rien ne lui résistait...
Si elle avait refusé de demander le divorce, lui l'aurait fait; et, méchamment, poussé par miss Sym~on.
il aurait. ch~rgé
!la fen;me ~e mille fautes imaginaires.
Pour lUI éviter cette Vilenie, conseIllée par son avoué,
homme J'une honnêteté indiscutable, Mme Dave..,nes
avait signé la demande de divorce.
'
Alors cela avait été très vite, l'abandon du domicilc conjugal était un grief puissant et facilitait les
choses. Dans quelques semames, tout serait fini, tout.
Et les jours pas aient. Avec angoisse, Mme Davesnes les vivait; encore 'luelques-uns et elle ne
serait plus qu'une femme divorcée, abandonnée ...
Elle resterait seule, longtemps peut-lHre; elle n'avait
que quarante ans 1 Et elle finissait par souhaiter
qu'une maladie l'empo1·tttt vite, trt:S vite ... là où elle
'le souffrirait plus ...
Lor que ce désir l'eff1eurait, elle en avait honte.
l\.rlettc avait be oin d'elle. Que deviendrait la jeune
fi.He si sa mère s'en allait? Elle. n'accepterait pas d.e
""'Ivre près de son père remané 1 Alors elle serait
seule à un âge où l'on peut espérer le bonheur l Pout
l a fille, 'rime Davesnes devait vivre.
Depuis qu'elle avait revu son pt:re, Arlette était
,1corc plus malheureuse. Le regard de tendresse
10nt il l'avait enveloppée ne lui avait oas échappé, et
��, .
ARLETTE, 1EUNE FILLE MUDF.RN
Quel étd superbe 1 Pas une lournée gnse. En
'ormanthe, nous avons été parhcuilèrernent favo·
li es. Le manoir que Roger d'An:ours nous avait
rlécouvert ét ut déliclCU' à habiter, ct Deauville ...
Ilro ligieux. Le ca ino, prcsq ue trop 1 eau; Il Y avait
Dn monde IclU ... Nou' yavon retrr.tJ ; beaucoup
d'ami!'! que (U connais: le Draklne , le' 1\1antte, les
Rl:nard, lous d'un élégance llnpr\.! slonnante. 'l'en·
nis, golfe, casino, nous n'avIOns pas le temps de nou'
cnnU\'er. Le Olr, il y avaIt des fête. 'plendc~
tou [cs plu grands acleurs du monde entIer son!
venu e faire applaudir.
D' 11 ton tranquille, mal un peu tri te, Germall1e
rép ndit:
- Tu SUIS, J'ai lu les lournau.· ; Let été 11 ne parlaient que de Deauville. Je SUIS dOliC renseIgnée sur
tous tes plaiSIrs.
.
savait plus
Il r eut un court silence. Arlette n/~
que dire et n'osait regarder son amIe. Elle avait
que le doux. y ux l'examInaIent tendrement j elle
devinait qde ce erait bon de se confier, de raconter
à cc cœur si tendre et qui l'aImaIt tant, toute sa
peine; mais. elle croyait Cl.ue Germaine av.~'
délà et
elle attendall llue son amIe parlàt la première.
La fenêtre le sa chambre était grande ouverte;
die apercevait le bois de Boulogne dont le arbres
étaient couvert d'or, elle voyat! les auto fit r ver
un horizon rouge, coteaux de Saint-Cloud qu'octobre
faisait merveilleux..
Oc a \oix douce et calme, Germaine demanda:
- Tu m'a écrit que ta mère était tout à fait rétablie, j'en ui' bien heureuse. POllrralS-Je la voir?
- Non 1 fit brusquement Arielle. Maman ... nous
ne recevons personne.
- C'e. t ce que le domesltque m'a dit tout â
l'heure. Je voulais t~ demanùer ju"tement la raison
de cette consigne
Arlette regarda son amIe. Ne savait-elle donc
rien?
- Depuis notre retour de Deauville, reprit-eHe
lentement, maman ... mOI ... nOlIS ne voulon" pa.
recevoir ... nous préférons attendre que ... tout SOIt
fini ...
c Tout soit finI. .. » Ces mots furent di!!; avec une
"oix pleine de sanglots. «Tout soit fini. .. " (jCl'malOr.
ne comprenait pas. De quoi donc, de qui donc
Arlette youlait-elle parler -~ Mille cho c tra\""sèren'
sù pensée.
13accalaUl L,Ir t Arlette se présentaIt à la seSS101J
d'octobre, ct elle ne voulUlt voir personne avant
d'~tre
sûre de son sucè~.
Perte d'argent? Non, la
������14
\RLETTlt, JEUNE FILLE MODERNE
Sa décIsion prise, comme elle allait se retourner
pour en faire part • son amie, devant la grille d~
Jeur hOt el, tout près de la fenêtre, passa une petite
fille de six à sept ans qui donnait la main. un homme
d'une trentaine d'années. Plein de confiance et de.
peté, le jeune visage se levait vers celui de son
compagnon; la fillette bavardait et, en souriant,
l'homme répondait.
Un mot parvint aux oreilles d'Arlette: Papa ... Et
ce petit mot éveilla en elle tant de souvenirs qu'elle
resta appuyée contre la fenêtre, écoutant son cœut
qui enfin parlait.
Papa•..
Elle aussI avait été une petite fille gâtée, choyée ..
adorée. Elle ortait. eC' 1ua, très souvent; il aimait
• 'embarra ser de cette tOute petite qui toujours
questionnait, voulant savoir le pourquoi d.. cbo es;
et av.ec une patienc" pleine de tendre se, ü réponcllit tans jamai se lasser.
Papa ..• C'est lui qui avait guidé les études de la
fillette et bien sou'gent, le soir, il é'était f rivé de
quelque sortie pour e pliquer • la jeune écolière
des. questions abstraites que sel profeàseurl négli
geaJent.
Papa ... Que de cadeaux, que d'attentioIas, que de
pr6venances 1 Il avait été le père Noêl qua emplit les
petits souliers de choses merveilleu e , 9ui se fait
une Joie des joies de son enfant. Annaversaares, fêtes,
Il n'oubliait rien, et longtemps d'avance, Il préparait
des surprises pour ces Jour8-1••
Pal>a ... Comme elle était fière, lorsqu'al venait la
cherch.r au COurs 1 Ses amies lut enviaIent ce jeune
père qui malgré une vie d'affaires très surchargée,
trouvait le moyen de s'occuper de sa fille. Ils partaient tous les deux, bras dessus, bras dessous, renyant miss, et galS, contents de s'aimer tant, ils
bavardaient riaaent, heureux d'être ensemble .
.Pépa... Pourrait-elle l'oublier. pourrait-elle n~
1)1U'S se
des di -sept ans de bonheur qu'elle
tua
�ARI.ETTE, JEUNE FILLE MUD'E:RNE
141
~i longtemps le globe d'or étaient encore pleins
je ces rayons et ils ne distinguèrent pas tout de
suite la relite forme grise qUi, immobile dans la
bergère, attendait. La chambre s'étail emplie
<i'ombre, J'une ombre propice aux confidences.
Arlette fit quelques pas; et se trouva près de son amie.
- Germli.ine, dit-elle, d'une voix claire qui annon·
~ait
une victoire; Germaine, j'irai â Fontainebleau.
Deux bn\s l'enlacèrent et, tremblante, une voil
murmura:
- Ma chérie 1
Cette appellation affectueuse, ces deux mots Je
tendresse l'foublèrent Arlette, son én~rgie
l'abandonna, et un lrmg sanglot fut sa réponse.
Elle pleura; elle pleura toules les larmes que,
ile['uis des mois, elle n'avait pas voulu verser; elle
pleura ses espoirs déçus, ses rêves amoindris, elle
pleura sur ce père, dont elle avait fait un dieu et qui
/l'CI ait qu'un homme, sur elle-même, sur ce qu'elle
Avait voulu être et qu'elle ne serait plus jamais; elle
pleura comme toule ft'mme pleure lorsqu'un grand
chagrin la déchire.
Dans les bras de Germaine elle comprit que
l'amitié est douce et que ces petits mots de lendresse, que sa jeunesse heureuse avait raillés,
étaient bons à entendre; elle comprit que son cœur,
qu'elle avait voulu masculiniser, n'était qu'un simp:.
cœur de femme accessible à toutes les douleurs, ct
longtemps, longtemps elle resta près de cette amie
Ilui l'aimait assez pour soufTrir avec elle.
~xé
XVII
Octobre ramène à Paris les écoliers; on lei
sans pitié entre des grands murs somhres.
ol' ln leur parle de choses très ennuyeuse.
J>ehors, (out les appelle, tout les tente; les dea
niers jours d'automne sont délicieux, c'est la prololll
gation de l'été; il semble que les vacances durent
wcore et dans l'air trainent des souvenirs qui dis"aient les metlleurs élèves.
\rleHe n'était plus une écolière, mais elle avait
onservé de sa vie de travail l'habitude de 'le level
je bonne heure. Et voilà qu'un matin, où le soleil
brillait plus tôt que de c01}t' ame, Arlette, toute prête,
thapeau ur la tête, errait dans sa chambre comm"
une âme cn peine, regardant à chaque instant la.
pendule, et lrcuvant que les aiguilles march~ient
bien lentement.
~nferm
���J# ARU:r T!t, JEUNE FILLE MODERNE
mots; des mots qui avaient conduit des hommell à la
mort, au martyre, des mots qui avaient soulevé def
peuples.
Dieu le v() udra, dit-elle, puis, affirmative, ouvrant
ses grands yeux clairs où brillait le rayon de la foi.
elle ajouta : « Dieu le veut • et, confiante, pleine
d'espoir, elle regarda la campagne qu'elle traversait.
A la suite, tel un cortège, les petits villages se
succédaient, rien ne les différenciait; des maisoD8
lans aucun style, qu'un bout de terrain entourait,
peu de champs et peu de bois. Mais le train longea
[a Seine, et alors tout changea. Brillant, beau comme
un souple I1!ban d'argent, le fleuve parut; il coulait
calme et clair entre deux grands prés. Tout le long,
les arbres s'échelonnaient, peupliers ou trembles,
arbres au feuillage roux quo le grand soleil faisait
briller; et dans un fond très lointain; décor somptueux et magnifique, la forêt, i nmense tache de
pourpre , merveilleuse tache d'orl Arlette regardait,
ses yeux fixaient le paysage d'automne si riche en
couleurs, et ses yeux se rappelaient un tout autre
décor: des petites maisons que juin avait couvertes
de ros~,
des grands. pâturages verts, des vergers
symétriques, des pelltes fermes normandes où les
iris fleurissaient sur les toits.
Ce voyage d'aujourd'hui1 si solitaire, lui en rapp ..
lait un autre qu'elle avait tait
avec un aimable compagnon, voyage très rapide et charmant dont elle se
souvenait souvent, et ce souvenir lui était très doux ...
Mais, à force d'y penser,elle se rappela le grand
chapeau noir, elle se rappela comme la femme qui le
portait était jolie, et ce souvenir-là lui fut désagréable.
Roger était son ami, elle tenait à son amitié comme
à un bien précieux et nécessaire, et elle ne voulait
pas qu'une autre la partageàt. Arlette Davesnes trouvait qu'une amie avait le droit d'être jalouse.
Lentement, le train marchait, s'arrêta nt à tous les
villages et ne se pressan t guère pour repartir. C'était
~e
train omnibus avec toutes ses lenteur s. Arlette ne
s'impatientait pas; plus elle approc hait de Fontainebleau, plus elle sentait son émoi grandir et son courage l'abandonner. Pourtan t, lorsqu'elle arriva el
gare •.'r~s
calme, maUresse de ses nerfs, elle descenliit et! sans aucune émotion apparen te, demand a ..
chemm le plus court pour le Savoy HOtel. Un
tramway y conduisait, mais en suivant la grande
al~ée
bor.-lée d':lrhres il fallait à peine auelq,J~
mmutes.
.
Arlette suiVit la grande allée. Elle marchait, s'etlor.
çant de ne pas penser, mais, maJarê elle, elle chef'&bait let mots Qu'i \ raUait dire. EIT,! craignait la pre-
�AIU.E'rrE, JEUNE l"ILLE MODERNE
J'hrase, le premier geste le premier regard . .
Devant une grande grille blanclie, elle s'arrêta
puis, sans réfléchir, vivement, elle traversa le jardin
monta les quelques marches et pénétra dans le halo
irande pièce bien installée et luxueusement fleurie:
fauteuils de cuir, petites tables pour le bridge et Je
thé: tout le confort moderne s'étalait là. A gauche,
un bureau derrière lequel une employée écrivait
Vers elle, Arlette 8edir~a.D'un
VOIX qu'ellevould
:alme, mais qui était vOl16e, elle demanda:
est-il là ?
- M. Davesn~
L'employée relt va la tête, dévisa~e
la ,eune fme,
mais l'air comme il faut d'Arlette JUI imposa, et, très
poliment, elle répondit:
- Je ne crois pas, mademoiselle, M. Davesnes va
au g~lf
tous les matins, et je pense qu'il .est déjl
parti.
Un domesti9.ue traversait le hall, elle l'appela.
- N<?n,. il vient. de sortir, il all81t au parc, d'aprè.
ce que ,'al compns.
- Merci, madame, dit rlette, je vais essayer de
le rejoindre, mais, s'il revient avant mon retour,
voulez-vous le prier de m'attendre?
Un peu curieuse, l'employée demanda:
. - Qui faudra-t-il lui annoncer, mademoiselle?
Arlette hésita un court instant, puis, d'une voix
claire_ qUI ne tremblait plus, eUe r6pondit 1
•
- MUe DavesO'es.
Elle sortit, ilÙivle par les ~.
du personnel.
Dehors, un tramway passait; Arlette y monta et
descendit devant le château. Elle entra dans le parc,
se demandant de quel côté il fallait chercher son
père. Une rencontre !ui semblait impossible, l'
hasard ne fait pas si bien le.i choses, et dans ce
wand parc aux allées nombreuses on pouvait ma ....
Cher des heure, lIans se joindre.
Découragée, elle suivit un chemin que de hautes
futaies cachaient: elle y était seule, nul promeneur
ne s'y montrait.
Elle marchait sur les feuille mortes déjà tQmWe ,
on pied 14 fOulevait; c'6talt autour d'eile un bruisdoux qui montait de la terre. Et, dans sa
sem nt tr~s
toilette de serge bfeue, sou son chapeau de même
teinte, les yeux tristes et las, maJsi"é ses dix-huM
ans, Arlette semblait personnifier l'automne, la sa..
..on où les rêves s'achèvent et où les cœurs 81
lIentent vieillir.
tournait brusquement et condui ait
Le ~emin
ce d'eau. Li, marchant au soleil, plu leurs
, la
pllOlDeneurs... Aratte starreta et regarda; euminant
chaque silhouette. chaQue aroup- Ton.' C01\p. eUt
mi~re
J
�146
!\ LET1}:;. JElJNE FILLE MODERNE
tressaillit Une femme Je haute tature, prodigieu'
emen! blonde sous le grand jour, venait vers elle i
deux hommes l'accompagnaient. L'un était 11.L Da'eene : l'autre, Arlette ne le .onnai ait pas.
Un mouvement brusque la fit se cacher dan le
chemin sombre, derri' re les haute futaies: elle
loulait voir sans être vue, et, tout
cs d' lie, de
Pautre côté du buis on, les promeneurs p 5S' renl.
Arlette les suivit de loin, ne sachant que faire,
n'osant aborder son p "re tant qu'il serait avec cette
femme. A l'entrée du parc, le trio s'arrêta; bativement, miss Symson prit congé de M. Davesnes et,
avec son autre compagnon, eUe partit.
M. Dave ne les regarda s'en aller, . eJ.lbla hésiter
ur ce qu'il aUait faire; quelques pas le condui irent
du côté de la sortie, puis il retourna et ft'vint vers le
parc. Le petit chemin que sa fille avait parcouru
tout" l'heure le tenta, il s'y engagea; Arlette le suivit, et, le cœur battant d'une manière désordonnée,
elle se rapprocha de son père.
EUe marchait vite; sous ses pas légers, le, feuilles
raquaient .. peine. Tremblante, sa main se posa sur
le bras de M. Davesoes. Il s'arrêta, se retourna brusquement et eut un cri de surprise.
- Arlette 1 fit-il. Puis il se recula, gêné.
Entre eux passaient des souvenirs ... Mais Arlette
se rapprocha. ses yeux clairs étaient pleins de larme ; M. Davesnes eut un élan et ouvrit les bras.
- Père 1 murmura Arlette, et, se blottissant contre
lui, elle ajouta: Papa, oh 1 papa 1
Ces mots tendres, ces mots si dou étaient pre&que des reproches, M. Davesnes le comprit, son
~trein
se desserra et il s'éloigna de sa fiUe. Silencieux, ils firent quelques pas l'un à cbté de l'autre,
puis, correct, presque banal, il demanda:
- Que fais-tu à Fontainebleau, Arlette? Tu es
v~nue
avec aes amies?
- Non, p1!re, je suis seule ... Je voulais te voir.
Cette réponse si nette embarrassa M. Davesnes
et. silencieux, ils continuèrent à marcher.
toute tremhlante, Arlette désira se
l'rès ~mue.
poser; un banc était devant eux.
- Père, dit~e,
il faut que nous causions. Veuxlu que nous nous asseyions là ? Le chemin est soli.re. les prQmeneurs ne BOUS gêneront pas.
R.ssigné, le visage fermé, M. Davesnes c('flsentit;
rèS' de sa fille, il s'assit et attendit.
• A :Oté d'elle, Arlette pesa son gn.s manênon de
ftunkS, puis elle croisa ses mains 8'lDtées e4 sam
rder so p@re, les yeu fiIés Bur la fa~e
6lénte chl château qu'nfl U)Ucevait derrière rideau
'e
��;48
ARLET TE, JEUNE FILLE MODER NE
grand palais, au milieu de toutes ces robes noires.
nous nous somme s revus ... tu m'as regardé e comme
quelqu'u,n qui m'aimait. encore ... Ce regard m'a tO';1t
fait oublier , mon chagrIn ... mes rancune s ... al or Je
suis venue pour te dire qu'il ne faut pas que tu nous
quittes, car nous ne pouvons vivre sans toi. Père,
écoute-moi, ne détourn e pas ainsi la tête, tu es mon
papa, Je uis encore une toute petite fille, j'ai besoin
de ta tendres se, de ton affection, de ta présenc e
Pèr~,
reviens avec nous, renonce à ce divorce, qu.
est une chose abomin able.
Brusqu ement, M. Davesn es se leva. Arlette l'avait
ému et Il voulait résister à cette émotion qui s'enl>
parait de lui
Emport é par une passion violente, jusqu'à présent
il n'avait pas osé regarde r derrière lui. Une femme
divorcé e, p'ensait-il pour s'absou dre, peut toujour s,
refaire sa vie; quant à sa fille, elle était à un age olt
l'on s'occup e de son propre bonheu r et non pas de
celui de ses parents . Et voilà qu'Arle tte venait ver~
lui avec une voix dou~e,
des yeux supplia nts, et que
tout son être sembla it lui dire: • Père, sans toi, il
n'y a pas .de j?ie pos.sible .• Tout à l',"eure, quand
elle parlait, s'Il n'avait pas songé à mIS Symson,~:
eût pris dans ses bras cette I)etite fille de dix-hui t
ans qui réclama it son papa. Pour ~ési:lter
à la tentation, il s'était levé, voulant discute r... mais voilà
qu'il ne savait plus ce qu'il devait dire.
Il se mit à marche r devant le banc, de long en.
large; et, tout en marcha nt, il expliqu ait:
- Mainte nant, Arlette , c'est trop tard, il n'y a plus
rien à faire, les demand es sont signées ... On ne peut
détruire ces actes-là ... Les avoués s'en occupe nt ...
cela ne me regarde plus,.. Il faut laisser aller les
choses, ..
Arlette l'interr ompit:
- Père, fit-elle, toutes ces raisons -là sont de mau·
vaises raisons ; tu m'as écrit que je connais sais Ir
code ... alors je sais bien qu'un mot de toi, une sim
pie lettre à ton avoué peut tout faire arrêter.
Embarr assé, M. Davesn es hésita avant de répond re.
- Je ne dis pas ... mais il y a des engage ments
,pris ... des t-aroles donnée s .. , On ne peut pas revenir
là-dess us.
Arlette se eva, tout son être sembla protest er.
- Père, n'avais- tu pas déjà des engage ments? N'Y'
avait-il pas eoltre toi et maman plus que des paroles ?
1 M. Davellnes avait tort, il se fàcha; encore
une fois
ce~
deux caractè res se heurtai ent.
- Cela ne te regarde pas 1reprit-il d'une voix dure.
~
n'as pu .. iu"er tes parents ,
��m.x.a
1
E, JEU E
M. Da e Ile tressad liL
- Tu as un tram à prendr e? demancJa..t-ll. Owlo
t'atteAd ?
- Non t Je suis venue toute eule•.• A la maison.
011 me croit à Saïnt..oermain., cltez DlOD amie GerlDUDe•.. On sut que Je nt. rentren u Clue pour d :ner.
- Alors, pOUrquOI t'mqulète&otu de l'heure ?
- Mais, avoua Arlette un peu confuse , rai l'habitude de cUjeUller et j'ai très faim.
M. Davesnea ne put s'emptc her de nre.
- Ma pauvre petite fille l ,'ai complè tement eubli.
"dJ
,tait
Veux-tu venir avec moi au
J no cWJeuaerons là.
A
eII1p1'f1ument, Arlette ~cepta
Ils SOItinIn t du -pare.; Une 'VOIture passait, M. Dave&nes J!UTêta: e1e'IDe ct
Ir, la Jeune fiUe bavarda.
lA foret " 1 foli.,
utélllDDe la faiaait prestrop UDpC)saate. Les leui• • d'or et de pourpr
e
aient d'une rIchess e moule; c'eat à peine SI Poo
osait fouler celles qUI avaIent déjà quitté les arbres.
Quel meryeiJleux tapisl Quel plafond admtralSle 1
Les yeux en étaient tout éblouis J
Kt M. Davan e. l'ICOflta à Arlette que, le sou,
lorsque le soleil se coucha it, Il cmbn:s att III foret
taut end re, le ciel Pait la coul
du 8&D8t et les
bres au feuillage roux sembla!eitt ~biser:
t1ambea'ux d'or particip ant à l'apothé ose g6n.mI e 1
Devant l'hôtel moderne, la voiture les déposa.
M. Dave nes fit entrer Arlette dIlns une petate ..n.
manger 0 une table Mait prête•••
PenClaAt que son p re comma ndait le repas traDl
u1tl m nt, Arlette enlevait ganta et Te t ,pUla
eUe
pproch a d'une glace, constat a qU'elle étmt corrNrt ,
et se retourn a Ul'NIDte vers M. DlDeaa.. ,
Je SUIS PJ:6te, et J'ai très faim•••
- Mot aussi 1
mi ent à table et, avec app
~ Jéliô~t'we
Cttte pre.... painM'~
; ',tUJ;
~
..,an
pa"'.
��'!>2
o\RLETTE, JEUNE l"ILLl!! MODERNE
oublierons tout, tu verras comme not... aurons
te faire un nouveau bonheur. Père 1p te 1écoute-moit
M.
avait
son cigare, et comme s.
fumie parfois B6ne), 1
:.tait p~
urdes-p.,.
~= t.
~:VOWalt &Yaient
4isailDuletl61boo
fait naltre.
-DOUS
~Jj"
:~
�Al<.1.El rE, JEUl E FILLE ~10Dr.J{N"
153.
Le petit groom s'en alla.,. Arlette oupira, pu,"
sourit; c'était une victoire, mais elle cnmpr\!oait
que c'était une victoire dont il ne fallait pas parle/'
Elle quitta la table, s'approcha de son pi:re, l'embrassa cn passant, puis alla "cr:> la glace pour arran.
ge< une petite mèche folle qui s''::tait échappée Je
son lourd chignon. M. Da\'csnes avait repns soo
cigare, Il
mblait réfléchir; puis, tout a coup de.'
manda:
- Quel tl<l/l1 comptes-tu prendre, Arlette?
- Celui que lu voudras, père.
Les ..;()urcils froncés, grondant presque, M, Dav{:~ncs
reprit:
- Je n'aime pas à te voir voyager seule; je vais élre
inquiet toute la ,oirée,
D'un bond, Arlette fut près de son père: elle lui
mit les bras autour du cou et, charmante, murmura:
- Il Y aurait un moyen qui arrangerait tout et qui
t'empêcherait d'être inquiet.
- Lequel,(
,- Si tu m'accompagnais r
M. Davesnes se leva brusquemen t :
- Non, Arletle, non, cc n'est pas possible!
Mal', comme les grands yeux clairs s'empli~ant
de larmes, bien vite il aiouta :
- Comprends donc, ma petIte fille, qu'il ya des
choses qUI ne peuvent pas s'arranger ... tout de suite ...
Je le promets, ent.:nds-tu, que bientllt j'irai te retrouver ... que k divorce ne sera pas prononcG et que
ùan" quelques mois ... quelque" semaines, p 'ut-être,
nous r<!pendo~
tous les Iroi" la vie d'autrefoi~,
..
Je le l'l'omets, tu as confiance en moi?
Dans le:; bra de son père, pleurant presque, Ar1 He murmura:
- Oui, j'ai confiance ~n loi, mais j'ai peur, horri.
blement peur qu'on t'empêche de tenir ta promesse;
dejà, une foi , on t'a pri' a nous, alors on peut te
l'rendre encore.
- Non, sois tr<JnquiIJe, mu chérie. Autrefois, er.
m'en allant, je crllyais ne hrisa qu'lIll cœur, je
crnyai~,
pardonnl'-moi, que ma Ilile Gtait incapable
ù souITrir. Mai )e t'ai vue pkurcr, ,\rh:tte, et un
rapa ne rési te pas al': larmes de son enfant. Va,
ai . cnnliance, crois-moi, je reviendrai.
Il St;. regard"rent longuement, leurs yeux échal '
gèrent 1(;, promesses qui, alaient mieux que dcs
raroles.
- i\ lor ,murmura J\flctte d'une voix ~'ail\e.
i'
m'en irai [oute seule.
Er- l'embrassant, M. Davesnes répondit:
-- Oui, et tu ne partiras pas tard, je ne veux p.~
����ARLETTE
JEUNE FILLE MODERNE:
157'
Un silence douloureux SUIVIt
cette réponse.
Arlette rentra, et, ce soir-là, Roger s'en alla rlus tôl
que de coutume.
Le
qu{nzi'è~e
ï'ou~
a;riv~,
Àriet~
s~
I~va
'degr~nci
matin, et dès qu'elle fut p'rête, sortit avec miss.
JI était à peine huit heures, Il faisait sombre et gris;
l'Anglaise grognait, ""T\ais la jeune fille ne l'écoutait guère. Elles prirenc, à l'entrée de l'avenue du
Bois, le métropolitain; de très mauvaise humeur,
miss suivait, trouvant ridicule cette nouvelle
fantaisie de la jeune fille. L'auto était à l'hôtel, ne
servant à personne, pourquoi donc Arlette ne
l'avait-elle pas commandée? Dans la maison, depuis
le départ de M. Davesnes, décidément rien ne marlhait. Et, enfoncée dans son coin, le visage boudeur, l'Anglaise, qui aimait avant tout ses aises,
ail
\lensait que ce matin elle avait dû avaler son clf~
lait en dix minutes. Etait-ce permis?
EUes descendirent à Montmartre. Le quartier était
populeux, mi s le jugea vulgaire. Avenue du
BOIS, on dormait encore; les gens riches se lèvent
tard. Ici, tout un peuple était déjà dans la rue.
Chanso~
.... LlX lèvres, se disputant parfois, les
en:~"ls
allaient à l'école; les fournisseurs avaient
leur étalage fait, et, venant des Halles, les petites
voitures commençaient à arriver. ~
Les deux femmes croisèrent une marchande qui
portait un panier rempli de chrysanthèmes, c'étaient
des ch 1'\ • an thèmes simples et bon marché, dont la
couleur' était merveilleuse. Arlette eut un rel-\ard
pour le joli panier; accorte, la femme proposa ses
neurs, et voyant là un présage Anette se décida.
Elle acheta les grosses bottes nouées par un lien
J'osier, elle en emplit les bras de miss et ellemême s'en réserva la plus lourde part; puis elle prit
des violettes de Paris qui embaumaient, et laissant
le panier presque vide, elle s'en alla vers la grande
basilique blanche. Dans le funiculaire seulement,
l'Anglaise comprit où elles allaient et cela la ur",rit, Arlette ne l'avait pas habituée à ces vi itcs
pieuses
Elles entrèrent dans le sanctuaire presque dé en
à cette heure matinale; une messe commençait au
maitre-autel, Arlette s'en approcha, miss suivit.
Apr1.:s avoir posé leurs neurs sur des chaises à
côté d'elles, les deux femmes s'agnouiIlèrent. Miss
murmura tille rrière avec un cœur qui n'avait
rien à demander; les deux mains jointes, les yeux
clos, avec une ferveur qu'elle n'avait jamais eue,
e silencieuse '
Arlette oria. et ùans cette é~li
������ARLETTE, lEUNE f'ILL$ MbDE'R E
6J
CttH pl s, mais l'espère que u en connaltras dt
très beUe'" 'qtre, cc jouTMlà, oger sera tout pr~
(le toi.
_ 'L'ém·)t
de Mme Davesnes était SI communiea.
6"e que Roger d'ArcouT sentit sa gorne e serrer'
pal"ler lui cut étc impossihle. Alors il prit une eiga·.
rette ct l'alluma.
~rlet
aussi était un peu émue, malS elle n,..
.oulut pas le laisser voir; nerveuse, trop gaie, eIlt,ailla ~
- Je te promets, maman, que notre ami efa
IOn premier t6moÎn i je suis assez sotte pour me
maril:r; je te prumets encore de l'ennuyer toute ma
~ie.
Voilà ce que mon amitié lui donnera.
A cette houtaùe succéda un silence. loger s'occupa de a cigarette; dans son coin, l\lme Davesnes
ne bou 'calt pa' ct A'flette regardait la pendule:
sCf~t
heures allaient sonner.
bcpt heures! comme il etait déjà tard; celui
qu'Ile attendait ne sc pres<;a!t gui.re d'arriver; s'il
n'fiait pa là, m:ant le dlner, il ne ,iendrait plu . Le
prand espoir 'Arlette ~'cn
alla.
Cet e, Pllll', Cl, u'une phrase de sa mère avait fait
llailre, lui parais ait fou; rien ne le justifiait. Son
1 t:rc ne rentrerait pas ainsi, sans prévenir; ct puis
celle qui était là-ba ,celle qui lui avait fait tout qUItter
punr la suivre nc con nlirait Jamais à ce départ.
Lorsque ,~.
Dnvesne avait romi~,
il 6tait sincère;
mni depuis quinze jours miss ym on avait dû tout
!t:llter pour lui faire oublier sa 'promesse, et lui.
naturell ment, l'avait oubliée. Cetait fini, fini.
jamais 1\1. Davesnes ne reviendrait .
• eHe conclusion bouleversa tellement ArlettCl
Olle. pour dissimuler son C!motion, elle sc leva et se
mgea vers un ogro bouquet de chrysantèm~
qu'elle s'appliqua à défairc. Roger d'Arcours le
regardait, sc demandant avec anxi6té si c'était la
Cùmersatiort qu'ils a\'aicnt eue tout à l'heure QU
.rendait la jeune fille silencieu e.
rout à coup, un bruit les fit tres 'aillir, quelqu'ut
st.:couait ia porte d' ntrêe. (Le hall d onna.t directent nt sur le ve tibu:e, ce qui permettait d'cntendre.
Toue 1 troi sc rc 'ard' rent, ~\lme
Da'V~sne
et
Rogel d'Arcours quitt'! cnt leur si; ge et attendirent.
Arlette gard le chr)' anth, mes qu'elle avait à 1 ...
malO t tout nn être trembla. La porte c ~da.
et
doucement, celui qui l'a\uit ouverte la ~derma;
puis, lentement, i Icntement que ceux q~
étuient
dans le hall cnJr(.:nt qu'ilS vivaient une éte lité, li
ller onlle monta les quelques man:hes; r 'gulicrs,
on entendait sc pas. Dans le vcstibulf!. elle sc
������ARLETTl!., JEU~
FILLE MODERNE
16t
- One nouvelle, répondit-elle d'une vov sourde;
Ijuelqu'un qui vous apprend ses fiançailks.
C(;tte réponse mystérieuse étonna M. Davesnes.
- Cette nouvelle n'a pa l'air de te causer grand
rlaislr; quel est ce quelqu'un, Arlette?
Les yeux baissés, la jeune fille tendit la carte.
- \.is toi-même, père, moi, je ne connais ras ceUe
personne.
M. Davesnes railla:
- Ma petite fille, que te voilà grave 1. ..
Il n'acheva pas la phrase commencée. Sur la carte
~u'il
venait de prendre des mains d'Arlette, il
hsait:
« Miss Symson à l'honneur de vous fair.:: part de
ses l1ançailles avec le baron de Thorest. L L mdriage
sera célébré à Fontainebleau très prochain ment,
dans la plus stricte intimité. "
Les mains de M. Davesnes laissèrentstomber le
petit morceau de carton; il se leva brusquement, et,
apercevant sa fille qUI n'osait bouger,:1 lui cnu en
colère:
- Va-t'en 1 Arlette, va-t'en! j'al Le:,oin d'être
se\:ll ; tu as l'air de m'espionner el celr. '.e me pl ait
pas. Va-t'cn donc, je seraiS capable de ie ne sais
quoi, pour te fatre obéir.
Et comme la jeune fille, bouleversée, s'ap?rêtait à
quitter le bureau, ne se contenant plus, il ajouta:
- J'en ai a sez, entends-tu, de cette vie OLt tu
veux m'entermer. Votre bonheur ... votre bonheur,
tu ne pense qu'à cela. Et .le mien, qui dune 'en
occupe? Peu t'Importe que Je m'ennUie à mou ;, r ...
J'en aias ez, j'L' n ai assez, me comprends-tu ( Ne
crois pas que tu me retiendras 1 lus longkmps . rb
d'une femme fatiguée, ct près d'une fille qui n'a
pour son pLre que des airs de juge. Te m'en irai
tout de suite si cela me plalt.
La tapisserie qui retombait, la porte C]1,'/'!1 fermail
précipitamment, la fuite d'Arl<.:tte, tout lia calma
M. Davesn~.
Les deux mains dans ses Pl" hes, tl se
mit à marcher, puis il se rapprocha de (,JI bureau,
reprit le petit carton, cause de tout le mal, ct relut à
haute \'OIX :
• .Mis Syrllson a l'honneur de vous fai re part de
ses fiançailles av,cc le. baron de T~oret.
Le. mariage
era célébrll à l'ontatnebleau, tres prodlalncment,
!;in~
la plus tricte intimité. ~
.
Ce mariage-là, il l'empêcherait... Elle avait Jure
d'attendre des mois, des années, si cela était néce~
~ajre,
il avait sa prcJmessc que tous les jours cs
Jettres lui con(\rmalent. Ce matin, {'Ile avaIt encore
écrit; elle racontait sa vie. parlait de sa solitu.le, di ait
���J7~
ARU.. !
T~,
JEUNE FILLE MODERNE
Ce mouchoir, reprit M. Davesnes, est touf
humide ... Tu as pleuré, tOUI~
à l'heure... Arlette.
sans le vouloir, je t'ai fait de la peine ... Je ne veux
pas que tu pleures à cause de moi.
A.rlette ne répondit pas, mais de ses yeux I\!~
.armes recommencèrent à tomber.
Ce désespoir silencieux était poignant, M. Davesn~
ne put le supporter. Il prit sa fille dans ses bras et,
tout en la calinant, comme une enfant, il parla:
- Ma chérie 'e t'cn prie, ne me regarde pas avec
ces yeux tristes, 'J '!:e tout ce que je t'ai dit. Je n'ai
pas voulu te faire de la peine; j'étals très en colère
et j'ai crié des choses que je ne pensais pas, tu le sais
bien. Je t'aime, ma petite fille. Je suis prêt à tout te
sacrifier, tout, tu entends ... Tu ne crois pas, tu doutes
de moi, tu pleures encore. Arlette, sèche tes larmes,
nous allons tout arranger. ècoute ... Il faut que nous
oubliions cette année que nous venons de vivre; si
nous re~ton
ici, cela me semble impossible; les mau~ai
sOJlvenirs 'accrochent à vous et on ne peut s'en
défaire, Ji énergique qu'on soit. Alors ... alors, nou '
allons quitter l'hôtel, Paris, fuir tous nos amis, et
.nous allons aller nous guérir au soleil, là-bas, près
de la Méditerranée.TuneconnaispaslaCôte d'Azur,
ma chérie, c'est le paradis des vivants; nous irons
dans un coin où les autos ne pénétreront pas, où personne ne viendra nous rappeler les mauvais jours.
A.rlette, regarde-moi, dis-moi que ce départ est sagé:
et que tu comprends que je veuille partir.
La jeune fille quitta les bras de son père, et montrant son pauvre visage tout eonflé par les larme ,
elle répondit:
- Oui, père, tu as l'al son, il faut partir: là-bas,
nous oubli erons ... Mala, ajouta-t-elle craintive, malgré ... tes aO·aires ... tu ne nous quitteras pas ... Maintenant, e'e t fini ... fini pour touJours ... Nous ne nou
séparerons plus ...
Avec un baiser, M. Davcsnes répéta:
1 _
Nous ne nous séparerons plus, c'est Ijni ... fini
Puis, tendre, très paternel, il reprit:
Ma petite fille, promets-moi que tu vas te cou'
cht:: .. ;mmédiatement; tu as un visage qui m'eO'raie ...
Je n,, ' ':11 pa qu~
II! '(li~
mal<l;Je, et r.uis nou parton
~ .
Llemain sOir; ,'aurai beSOIn de tOI, mon secre·
tairt, t,>ute la journ~c.
Repo se-toi, ma chérie; n'aie
plu' de [lenséc tristes: tout est bien arrangé ain i,
et tu nI. Joi plus le souvenir que ce soir tu a . .,u
tcn papa trl.:'3 en co\' rc. C'est :JUblié; souris-moi.
- Je ne peux: pas, dit Arlette i demain. je te le pro'
\:ts, demain, je sen,j caic.·.
��������Ido
Al •• 1-" rrE, JEUNE FILLE MODERNE
une bonne nouvelle: dans deux jours, Roger serait
là. Il avait perdu un procl~s,
gagné l'autre, ut, ainsi
1u'i1l'avait promis à Arlette, 11 accourait.
Moqueur, M. Davesnes fit remarquer à a fille
qu'elle lui avait pris son ami : Pour Roger, il ne
comptait plus. Donc, Arlette se char'!cl ,Ù d~
r~ponde.
Et Arlette, souriante, heureuse, mont Jans sa
chambre pour écrire.
Sans hate, se recueillant presque, elle s'installa
devé'.nt sa table, et un long moment fixa un bouquet
de rOSt;S cueilli le matin même; puis, vers le papier'le se pencha et écrivit·
« Le Trey...
« Mon ami,
Je viens de faire une promenade solitaire qui
m'a ravie. Au cours dE' cette promenade, les mimosas m'ont parlé de Roger d'Arcours (ne cherchez
pas à comprendre), et, en rentrant, père m'annonce
que, si nous voulons toujours de vous, vous arriverez
dans deux jours.
« Si vous étiez une Jeune fille, je vous dirais que
vous êtes afTreusement coquette. Cette phrase: « Si
nous voulons toujours de vous .. , me semble presque
ridicule, vous avez bien que nous vous attendons
avec grande impatience.
« Votre coquetterie morale est satisfaite, je pense,
et, au reçu de cette lettre, vous vous mettrez bien
vite en foute.
, Je ne sais, mon ami, si vous connaissez 1'1 5térel;
mais ju veux croire qlle vous l'ignorez, j'aurais tant
de plaisir à vous montrer cette montagne que ce
serait une grosse déception, pour moi, si j'apprenais
que vous l'avez déjà explorée. Ensemble nous irons
dans tau les coins que j'aime, ensemble nous admirerons des coins que les promeneurs ne connaissent
pas, ensemble nous regarderons les couchers d6
soleil q,~i
font de la montagne verte une montagne
de feu.
e Nou' sOl1irons, seul , tous les deux, le prendrai
our vous accompagner mon air de • dame ". ct
VOII': "errez que parfois on m'en donne h: titre, co
ql' i ftl 'amu e beaucoup.
It Ici. tout va bien, très bien, ct i
commenCl! il
troire que nous pourrons ouhlier J'allrcux c,llIcbe·
mar. Père nu IlOUS quitte pa , il ~ t tend!'!.! et bon,
le suis certaine qu'il a le n!f(rct dl!s cho~
pa 'sée,
Souvent se yeux (ixent les cheveu: de ma 1l1<.:rc, &
t.>lis chev lIX blanc. et ses )'cux deviennent \rh
e
��"" '..e.rl'E, JEG E l'ILLE. MOnEl{NE
avec le baron. Thore t avait été <!lébré a yellle à
fontainebleau.
Inquiète, Ailette s'';loigna de bon père, aLtendant
qu'il allait prononcer. Calm~,
avec. anxiété le:; parole~
M. Davesncs pha . ~ journal. Il regarda sa fille avec
n visa, e qui n'avait nas changé. et, d'une voix r's
naturelle, dit:
- Les nouvelles ,le Pari:; me lais~ent
ind~'rc
;
le me. sens. i loin de tout.. Cela m'donne qu'il y ait,
là- bas, des gens qui .:ontinuent à vil're ct je n'arrive
Us. comprendre comment ces gens-là onl pu m'in·
téresser.
Dans les yeux. clairs qui le fixaient .. M. Davesnes
lut une telle joi!; qu'il sourit, et pour bien montrer
que l'i cident était clos, il ajouta:
- C'est fini, Arlette, oublions Paris. son ciel gns
et les io.ur tn:ltes que nO'lS y avons pas'lés. Nous
. 'y retournerons qu'au printemps et l'hiver aura
emporté avec lui tous les mauvais souvenirs.
, - Q.Ul, père, répondit-elle joyeu~
regarde le ciel,
il est !:il pur, u'on ose à peine croire que l'orage l'a
traversé.
M. Dave les s'étaIt lourné ver!:i la voie ct interro&eait l'hOrizon. Au bout de quelques minute
. 'observation, il s'écna :
- Arlette, vois-tu, \.â·bas, ce. petit nuaite qUI s'en;ole? C'est le train qUI vient. lUI s'apb,roehe j bientll
ton ami sera là.
La jeune fille oc réponu t pas; ce pettt Roint bran~J
qu'cil,' ,pl.!rccvait dans lc IOlntaln,lui faisait battre
le c( ur; elle 'étonnau de cet Cmol, elle s'étonnait
It: tr mvcr d~lrci.eu
e cette attente.
mie. se j,lntait toute ditr'rente, elle devinait qu'elle
J ahorderait plus Ho 'Cf comme auTrefois. Entrt: eux,
~uel
ue chose était passé. " dette ne voulait pas
donner lie nom à c(; quelque chose, et puis sa sClcnce
ignm:ai l u.el merveilleux sentiment (<lisait d0fai(1lr
00 C ur pendant que le train enlIait en gare.
D 1 ortf' res lui s'ouvraient précipilamrn nt, ..1< '
ge..n' qui ortaicnt avee hate de ra grande bolle som'
bre ('J il a\ aient été cnferm 'S si Ion 'tcmj{ .
cc fut J'.lboru tout c!;qu'Arlettevit. Ses yeu: allatcll
lie l'un à l'autre, cf1erchant la silhouette mince ct sc,
tt.:Ux dcvl.lnaient illq',i
,parce qu'ils ne 1 Jp r 'co
'laient pa~
,
Tout à coup. CL ni rc 1'. :lnc VOIX: )OylUsae. ef
u'elh: con11;l1 nt hl en l'Cmut délicl uscmcnt; C !te
("oix n(; dl ait que des 1"lrol, l)an:11', mais l'accent
f n l'ai ait un CIl de joie.
. - BunJour, D,lyesne 1 h. 'Jour, l,dite amie 1 il ne
4.lSaJt plu • rnademol elle Arlette o.
>
��1~4
~ARLE
rTE, rEUNf<: l'ILLE :\IODERNF:
de la tab e on voyait des rochers rouges ue fa
Napoule que!&. mer entourait. Tout près des fenê.
tres, cht::rchant à pénétrer dans la maison, des g,;ra.
Jliums-Iierre, des héliotropes géants parfumaient
toute la pièce. R:Jger souriait, Roger était heureux,
et il disait, comme Arlette, gue celle montagne était
un coin de paradis que Dieu avait oublié sur 18
terre.
De l~arJs,
Ils ne parlerent pas; tOUR les quatre
firent des projets; autour d'eux, il y avait tant de
jolies choses à voir que les journées ne seraient
lamais assez longues. Cannes, Nice, Grasse, Antibes,
le Cap Martin, la montagne des Maures, il fallait
tout connaitre.
Avec une exubérance qui ne lui était pas habi·
tuelle, Arlette s'enthousiasmait; ces projets lui sou·
riaient, elle avait envie d'admirer le pays Go nt on
J'larlait.
Après le déjeuner, ils s'installèrent dans le jardin,
près d'un buisson de mimosas qui étaient en pleine'
fleurs; et là, causant à peine, jouissant de ce qui les
entourait, ils restèrent.
Roger avait l'air de suivrt:: la fumée de sa cigarette,
mais Il regardait Arlette qui brodait près de sa mère.
C'était la premii.:re fois qu'iJ voyait la jeune fille se
livrer à un travail de ce genre et, sur la petite table
d'osier qui était près d'eux, Il cherchait les p.ro
livres dont habituellement Arlette s'entourait. Dc
gros livres à couverture sombre, dans ce coin de
paraJis, c'eù: été une ironie 1
Brusquement, Roger jeta sa cigarette, quitta .0
t'auteuil ct s'éc.ria :
- Mes amis, je subis déjà l'!nfluence de ce pays,
ie n'ai nulle envie de causer de choses sérieuses. Je
voudrais courir à travers la montagne, je me sens
une ame de collégien.
M. Davesnes eut un sourire triste.
- Hélas! "ai des lettres à écrire, une affaire ù
examiner, !e' dossier est là depuis quinze luur!; et Je
!l'Y ai pas e"';ore touché ... Me voilà forcé de rcstqr
ICI.
- J'e t'aider:i) dit tendrement Mme Da'/esncs, tu
peux f ravailler dehors, cela tc semblera moins dlJl"
- l' t moi, fit A rleHe en s'adrcs ant à Ro 1cr, je
vais courir avec vous; puisque vous ête mon ami,
j'ai bien I.! droit de vous encombrer Je ma personne,
et puis la monlagne est rrande, le collégien n la
eonnalt pas, il pourrait bien 'y perdre.
lor ,en roule 1 reprit Roger gaiement; je III'e.·
combre avec plaisir, et si vous I~
permetnz.
adame. nOlis ne rentrerons qu'à la nuit.
��������ARLETTE, JEUNE FILLE MODERNE
I~
1.
a!me refrain, il ne varie jamais, mai lorsque
«leur l'entend, il défaIlle de bonheur. Aimez cette.
romance, ma chérie, aimez-la bien, n'en a}'ez pa,
IR>nte, elle est d'essence divine, l'amour vient dt
Dieu.
Arlettt> ne rcpondit pas, mais elle marcna plus
le.tement et se lai a guider par le bra qui l'enRac;ait.
Ils continuèrent Il monter le petit sentier, la ouil
vuait, le ciel était rouge, aucune brise n'agitait les
albres, tout se taisait.
Lointain, berceur, câlin, un long murmure montait de la mer qui était là, derrière les pins, et que
~
rideau d'arbres cachait complètement.
Traversant le ciel de feu à une allure vertigineuse,
des oiseaux attarJés pas aient, pous ant de cris
aigus, et les yeux de Roger et d'Arlette uivaient
yols éperdu • troublant la grande paix du .
Comme il étaient près de la petite villa, la jeune
~e
pen a tout haut et dit avec tends6se:
- Nous nous aimerons toujours?
Et lui, malgré ses trente-trois ans proches, sincère,
prononça ce mot si grand:
- Oui, toujours 1
Au détour d'un chemin, s'appuyant l'un ur
'autre, ils apersurent M. et Mme Dave ne , et leur
attitude montraIt bien qu'aucun nuage n'était plut
entre eux.
En les voyant ain i, Arlette tres aillit de joie et,
eubliant son propre bonheur, elle s'écria:
- Roger ~
pour la première foi elle l'appelait
aiDsi - Roger, regardez-les, ils 'aiment, ils sont
kureu . C'est fini, le mauvai jour.
- 115 vous doivent, répondit-II, leur nouveau Donur, mais, nou ,DOU leur devons le nôtre; votre
~œur
ne m'eût jamais compris 'il n'avait pas ouflèrt ...
Comme la nuit venait vite, ,ite, et qu'il fal ait très
sombre, RORer mit des bai er
ur le yeux clairs
qui le regardaient, plein de reconnai ance.
Et les deux couple allèrent vers la petite villa
qu'une ombre parfumée entourait et qui, cachée par
les mimosas et les eucalyptus, semblail se recueillit
pour r :cevnlr ses hOtes.
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The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
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Collection Stella
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Description
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La collection Stella est lancée en 1919 par les éditions du Petit Echo de la Mode. Ses fascicules sont des suppléments mensuels...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/collection_stella">En savoir plus sur la collection Stella</a>
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Publisher
An entity responsible for making the resource available
Editions du "Petit Echo de la Mode"
Title
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Arlette jeune fille moderne
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Trilby, T. (1875-1962)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
[1924]
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
192 p.
18 cm
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Description
An account of the resource
Collection Stella ; 97
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
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BCU_Bastaire_Stella_97_C92599_1110064
Source
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Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Relation
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Lilvrus (rue), G 1
Goll (r ue du), 0 U.
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Gl'enet (rue), U 20.
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Alger (rue d'), D 13.
Alice (rue), H 9.
Ailler (impasse d'), K 18.
Allier (place d'), ({ 18.
Allier (q uai s d'), 0 17.
Allier (rue d'). K lB.
Aillotaud (rue), G 10.
Alquié (rue), N 15.
Alsace (rue d'), H 11.
Amiens (rue d'), LlO.
Amiral Courbet (bouI. de l'), L 9.
Amirauté (passage de l'), R 14.
Angleterre (rue d'), N 17.
Antoine Jardet (rue), H 14.
Aquitaine (rue d'), E 21.
Arênes (rue des), L 9.
Arnaud (impasse), F 17_
Arras (rue d'), N 6.
Auvergne (rue d'), H 20.
Callou (l'ue), N 11.
Calvaire (l'Ile du), R lB.
Capelet (rlle), G 11.
apilaille (rue du), J 18.
<t1'l1ot (bOUlevard), 1 16.
:arnot (bOllleVard prolongé), G 16.
arnot (rue), Ji 16.
Casino (rue dU), L 16.
Casino, M 16.
Casino des Fleurs. L 14.
Célestins (avenue des), F 14.
Célestins (pa!c et sources), J 19.
Cllamp de COll'e (place du), Il 10.
hantegrelleL (lieu dit) , J 1.
Chal'ilsse (rue), II 11.
harlot (ruo), l{ 7.
Charmeil (chemin de) P 5.
Chaleau-d'Eau (impasse du ), J 18.
CMteaudun (rue de), C 14.
Mteau·Franc (rue du ), L 18.
Chevalier de la 'Barre (place), l{ 15.
hollet (rue), N B.
homel (rue), M 11.
Cité (rue de la), G 7.
Clam (rue), D 13.
Colombier (rue tlubert), K 17.
Commerce (passage du), J lit.
Compagnie (rue de la), 1. 12.
Commissariat de police, G 13.
Concours TliPPique, 1 7.
Congo (bouleVard du), G 9.
Constantine (rue de). N 8.
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Banville (rue de), L 17.
Bardiaux (rue), 1 12.
Bardin (rue), 1 B.
Bargoin (rue), F 19.
Bartins (lieu dit les), II 4.
Batillat (rue), M lB.
Beaulieu (rue de), F 10.
Beauparlant (rue), 1 13.
BeauséJour (lieu dit), 1, 2.
Bel Air (rue de), L 5.
Ba1!ort (J:Ue de) , F 18.
Belgique (rue de), N 16.
Belin (rue), H 12.
Bergère (rue), H 18.
Besse (rue) K 17.
Bintôt (rue). K 11.
Bonnamour (rue), 1 8.
Bordeaux (rue de), E 14.
Bourbonnais (rue du), G 20.
Bourins (lieu dU les), D 21.
Bretagne (rue de), F 20.
Bulot (rue), G 14.
Bunlol (rue), I{ 14.
Bureau Central des P.T.T., T{ 15.
Bureau auxiliaire des P.T.T.A., l 13.
Bureau auxiliaire des P.T.T.B., J 18.
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Desbrest (rue), J 13.
Or Charles (rue du), L 18.
D' Colas (rue dU), N 9.
Dr Fouet (rue du), K 18.
Dr Giraud (rue dU), K 15.
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Salflte·Barbe (rue), K 16.
Sainte-Cécile (rue), K 15.
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Salle (boulevard de la), G 19.
Sand l'icI' (plissage) , K 17,
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Sé.vigné (pflSSage), L 18.
Sévign6 (pla.ce), L lB.
Sévigné (rue), M 18.
Sichon (boulevard du ), 1 9.
Sidi Brnlllm (rue de ), C 19.
Soissons (rue cie), L 5.
Soleils (im,passe des), G 17.
Sornin (rue), J{ 14.
ource HOpital (place de la), L 17.
Sourcp HOpItal (rue de la), L 17.
Source HOpital (parc de la) , L 16.
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ource Prunclle, J( 13.
;o;ourccs (l'ue des) , N 10.
;:'1>01'1.9 (rue des). J 9.
::.tra.SIJOurg (rue de), F 17.
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nagoguc 1srlLêlit e, K 11.
Humbert (l'ue), N 12.
Handn.n (rue de). C 21.
Reim s (ruo de), L 4.
lIépulllique (avenue de la), B 12.
Re pUbliqu e (placo de la), II 14.
ReslauraLion, L 16.
Rochor (rue du), ({ 19.
Roovllre (rue). J 16.
Ro~aJie
(impasse), L 17.
Royale (rue), 1{ 15.
Russie (boulevard de), N 16.
Parc (le Nouveau), 0 14.
Parc (Eugène·Gilbert), G 21.
Parc (des Célestins), J . 19.
Parc (Lardy), 1 19.
Paris (rue <le), II 13.
Parmentier (rue), D 12.
Pasteur (rue), }-I 13.
Paul·Bert (rue), J' 10.
PéLillat (rue) L 12.
Petit (rue), N 14.
Petit Casino, l{ t7 .
Poncet (a.venue), M 8.
Poncet (rue), G 11.
Pont (rue du), M 18.
Pont·Tillard (rue dll), N 15.
Porte·de·France (rue de la). L 17.
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PaIx (rue de la), ({ 11.
Paradis (ruc), J 15.
Parc (rue dU), M 14.
Madrid (rue de), L 8.
Mairie en construction. G 15.
!'Ilairic proviSoire, G 13.
Marché ,Couvert (le), 1 14.
"lal'cl16 (l'ne du), J 14.
:\1!l.l'l'chal-Poch (rue dU), 1{ 16.
MaréchaHotrre (rue du), 1 17.
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Quatre·Chemins (place des). ]{ 14.
Quatre·Seplembre (rue dU), 1 11.
Qllat rc· Vonts (rue des), G 10.
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Onze·Novembre (rue dU), J 10.
Oran (rue d'), 1 14.
Orléans (rue d'), D 14.
Ouest (rue de l'), B 14.
Lafl oq ue (rue), E 20.
LanguedOC (rue clu), G 20.
Laprugne (l'ue), II 13.
Lardy (rue), J 20.
r.aU\'o (impaSse de la), ]( lB.
Laure (rue de la), le 18.
Liberté (place de la), IlL
Lorraine (rue de), G 10.
Louis·Blanc (rue), N 9.
r.ucas (Place), L 13.
Lu('as (rue), L 13.
Lyon (avenue de), G 12.
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l>l'c sbytéru (rue du), K lB.
l'fl!sident· Wllson (lue du), L 14
l 'IISU d'Eau do la Ville, A 25.
Prl so d'Eau de la Compagnie Fellnlère,
l'rovonce (rue de), 0 14.
Prunolle (rue) , N 14.
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Llshonno (l'un iIO)-K..9.
LongCI'nmps (rup de), J{
lies),
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Nantes (rue de), ({ 6.
Na.tions (square des), M 17.
euve (rue), F J4.
Imes (passage de), l{ lG.
ormandie (rlle de), F 20.
ouvelle (ruc), G 16.
Noyer (passage), M 17.
Noyons (rue de), M 4.
.Jacquet (rue), JI 18.
Jardin cie VichY, J H.
J .. B. Bulot (avenue), G 20.
Jeanne-d'Are (ruO), 16.
Jean.,laurès (rue), l{ 13.
Jcan·Joseph Givols (rue ) 1 15
Jouishomme (l'Ile), D 15'
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José· FI·a.ppa (rue), N 15 ..
G<lllio r(l (rue), L 6.
(Jull'rte' Iles s ources, i\I 13.
Gambetta (bo ulevard), G 12.
Garr (avenue de la), H 14.
Gare (place de la), F 13.
Gare (rue de la), F 11.
Garo P.·L.·M., F 13.
Gare (Viclly local), G 8.
Garr ts (lieu dit les), A 21.
Gau(lry (rue), E 9.
Gendarmerie, J 9.
(;én~ral
Galliéni (rue du), J lB.
;eorg('s·Clemenceau (rue), « 15.
Gl'rmol (rue), L 9.
Gihnin (passa.ge), K 15.
Gilhert (impasse), F 15.
Girard (rue). F 18.
l' O~LCS
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Couturier (rue), 1 15.
Creuzier (roulo de), K 3.
Cronstadt (rue de), K 8.
Cusset (roule de), E 10.
Cygnes (avenue des), 0 13.
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Il es , lieu dit les), L 22.
Imprimerie (ll1e de l'), 0 11.
lnlendan ce (rU O de l' ) L 13
Itallo (rue d'), N 17. '
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f'lIidherbe (rue), II 17.
f'lamlre (rue de), l 20.
Fleu rs (rue des), E 13.
Fleury (rue), E lB.
Fontaines (plateau des ), C 15.
Fout Fiolant (sentier de la), H 13.
FOl'cstic r (rue ), G 17.
Fours à Cilaux (rue des), G 19.
France (nvenue cie ). E 21.
Frobert (impasse).
COI)éré (rue), G 11.
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(l'ue des), J 14.
Harpet (rue), Il 9.
lI enrlette (rue), E 7.
IIOpital (boulevard), D 18.
1I0tel cI.c ville (PInce), G'15.
llotol de Villo (bOulovard), Il 15.
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Eglise SainlrBlaise, }{ lB.
Egll se Saint·Louls, K 15.
Eglise des Franciscaines, l 17.
Eglise (rue de l' ), K 18.
Elysée·palace, !{ 14.
Elys6e (passage de l'), J 14.
Emballage (rue cie l' ), E 10.
Est (l'lle de l'). C 13.
Etabli ssemellt thermal ae Ir. Cl., M. 13.
Elailli ssement thermal de 2. 01., M 14.
Etablissement thermal de 3e cl., M 14.
Etahlissement dos Bains de l'HOpital, L 17.
Etablissement Lardy, 1 19.
Elaillissem<.'nt Larbaud, L 19.
Etablissement Physiothéraplque, N 12.
Etnillissement (rue <le l'). M 9.
Etals·Unis (boulevard des). N 17.
Eugène-Gilbert (avenue), H 19.
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l'Ol'te-SL-,luli cli (1 u ~
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l'Ol'Lligul (rue du), 1 14.
Maréc hal·P étain (l' ue du) . J lB
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Mal'1le (avenue de la), 1 6.
Mal'sellle (rue do ), D 15.
Masset (l'etC), [ 17. ,
Mesdames (allée de). C 8.
l\Jetz (rue de), G 10.
Michel (rue). I-I 15.
10lnet· l'ayanl (ru e), l' ()
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MOllltJl'Ull (rue), J 16.
Montaret (rue), L 13.
Montagnac (rue). 0 22.
Morisseau (rue), F 16.
Moulins (nie des), 1 9.
Mounin (rue), L U .
Moutier (Impasse du), L 12.
]\·[Olltier (rue dU), L 12.
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la disposition des visiteurs
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�Belgique (rue de), N 16.
Belin (rue), H 12.
Bergère (rue), H 18.
Besse (rue) K 17.
BintOt (rue), K 11.
Bonnamour (rue), 1 8.
Bordeaux (rue de), E 14.
Bourbonnais (rue 00), G 20.
Bourins (lieu dit les). 0 21.
Bretagne (rue de), F 20.
Bulot (rue), G 14.
Bumoi (rue), K 14.
Bureau Central des P.T.T.,
Bureau auxiliaire des P.T.T.A
Bureau a.uxiliaire des P. T. f.
l,
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Et ses Environs
GUIDE DE POCHE
ILLUSTRÉ
Plan de la Ville
GrUIDE DE POC
~ ImE
A~TOMI@BLE
Carte eD reliel des Environs
j?ublicafio'l fondée en 1872
Entièrement l'evue et mise Il jour chaque a nnée
Pail J.-F.
G~OS
et jYl me tf.
I"OSNE~-G
Professeurs
VILT. A CLAU DIA
20, BOULEVARD O A RNOT
VICHY
Tous droits de traduction ct de l'epr oduction l'és ervés •
tr 5 t5.t tCC - 3
�68
GUIDE-POCHE
Vichy est, comme on le sait, la premlêre des villes
d'Eaux de France et l'une des principales stations
thermales du monde entier. Il doit son immense
réputation :
A l'agrément de sa situation ;
Au coilfortable de ses 110tels ;
Aux distractions qu'il offre à sa olientèle ;
A l'abondance et à l'excellence de ses Sources.
Sa situation est délicieuse. Assise aux' bords de·
l'Allier par 460 7' 21" de Latitude Nord et 1 0 5' 33" de
longitude Est, à un!,! altitude moyenne de 260 m. et
au pied de verdoyantes collines, la ville de Vichy
offre le coup d'œil le plus gr8icieux et le plus char,mant. Les étés, un peu chauds, y sont tempérés par
les ombrages de ses parcs et de ses promenades. Partout des frondaisons, des fleurs, des horizons aux
douces ondulations : la campagne avoisinante ressemble à un immense jardin.
Aux distractions champêtres s'ajoutent les attractions mondaines les plus variées. Concerts, spectacles, séances artistiques de toutes sortes se partagent les heures qui Ile sont pas consacrées aux soins
du traitement.
•
* • station thermale au
Pour le traitement, nulle
monde n'offre des ressources plus nombreuses, plus
variées, répondant mieux aux prescIiptlons de la tl1é·
rapeutique moderne. C'est qu'aucune station ne possède <les Eaux plus riches et plus généralement
appréciées 'Par la science m6dd.cale, qui en fait, dans
des cas nombreux de maladie, une large application.
On voit donc que la célébrité de Vichy n'est pas
une affaire de mode. Rien ne le prouve mieux que
le nombre toujours croissant de ses visiteurs. A cette,
prospérité il y a une base solide qui assure l'avenir
de la st8Jtion, en même temps qu'elle 'explique et
justifie sa renommée.
�VIClY-ENRO~S
69
Bquelle époque viont-on à Vicng
En tout temps, mais suivant qu'on y vient pour
se soigner, pour s'amuser ou pour les deux à la fois,
il est des époques plus propices les unes que les
autres.
La saison officielle commence le 15 avril, elle se
termine le 15 Octobre. C'est la période des fêtes et
des attractions journalières de toutes sortes, surtout
en Juin, Juillet et Aoüt. Tous les établissements sont
ouverts, tous les services fonctionnent, tous les lieux
de plaisir sont en pleine aciLivité, c'est alors que
Vichy mérite vraiment l'appellation de « Petit
Paris " qui lui e!lt si sOlUvent donnée.
Cette époque convient donc aux personnes qui,
sans souffrir précisément d'une maladie tributaire
des eaux de Vic11y, éprouvent quelques malaises précurseurs d'une de ces affections ; elles peuvent se
soumettre à un léger traitement préventif, et jOlUir
de tous les plai.sirs mondains qui leur sont offerts.
Elle convient aussi aux malades peu gravement
atteints, aux prédisposés à la mélancoli.e et à la neurasthénie ; les distractions saines, si nombreuses à
Vichy, constituant pour eux un excellent ac1juvant
au traitement thermal.
Enfin, c'est la période qui doit être choisie, de préférence à tout autre, par les touristes, par les familles en quête d'un lieu où elles puissent passel\
d'agréables vacances, par les industriels et les commerçants qui ont besoin de quelques semaines de
détente loin de leurs affaires et de leurs soucis journaliers, en un mot, par tous ceux qui voyagent pour
leur plaisir ou leur délassement.
Aux malades dont l'état nécessite un traitement
sévère, nOlUs conseillons d'éviter cette période, e~
spécialement les deux mois dits de • pleine saison »,
c'est-à-dire du 15 Juin au 15 AoOt..
�70
GUIDE-POCHE
Le trai~mn
thermal peut être suivi à toute épo·
que de l'année ; pendant la morte saison, les batns
et les douclles sont administrés, soit au Grand Etablissement Thermal, soit aux Bains de l'Hôpital ;
seuls quelques services spéciaux: mécanothérapie,
électrothéra.pie, etc ..... sont fennés.
Le climat de Vichy, pendant la période hivernale,
est relativement doux; les hivers sont plutOt humides que froids, il y tombe peu de neige, la hauteur
IJarométrique moyenne est de 760 millimètres ; les
vents du sud-ouest, ouest et nord-ouest y dominent.
La création d'une saison d'lliver, ou plûtOt d'une
saison officielle permanente, serait cl10se désirable ;
aucune autre station thermale ne présente, à ce point
de vue, autant de facilités et d'avantages que Vlcny.
Pour réaliser cette id e, il suflrai~
d'une entente
préalable entre la Compagnie Fermière et le Syn·
dicat des HOLeliers, le Corps médical ferait le l'este.
Puisse ce simple vœu s'accomplir bientôt.
Avant de partir pour Vichy
Que faut-il emporter?
Le moins possible, ne vous encombrez pas de bagages; une chambre d'hôtel n'a pas les dimensions
d'un appartement 1 Si au cours de votre saison vous
manqui!z de quelque objet, vous trouverez ce que
vous désirez sur place, et sO'Uvent à un prix plus
avantageux que partout ailleurs. 'oubliez pas, aimables leotrices, que Vichy est un luxueux bazar du
monde. Rappelez-vous aussi, que si notre station est
la Reine des ViUes d'Eaux, elle est de plus la Reine
·des Elégances ; dans nulle autre ville vous ne rencontrerez, dans un espace aussi restreint, une telle
'Profusion de luxueuses parures et de ravissantes toilettes.
Donc, Mesdames, si vous vous proposez de prendre
part aux réunions mondaines, aux solennités art!s!tiques, 6i t'l'équentes et si variées, qui auront certal-
�VICI !Y-E;-.JYlRO;'\S
71
nem ent lieu pendant votre séjour à ViChy, munissez\' u rie va plu él gants alour , de vos plus jolis
bijoU){.
En route
Avant d'arriver à Vichy
Méfiez-VallS des pisteurs 1
Qu'est-ce que les pisteurs '1
Des agents qu certains hôtels envoient sur les diverses lignes de chemins de fer, ct particulièrement
à aint-Germain-des-Fossés, où il y a en général un
arrêt assez prolongé, pour « flairer » les voyageurs
qui ne seraient pas en garde contre leur industrie.
Leur tâche consis! à dotourner les clients de 1'110tel où ils ont l'intention de descendre, pour les entraIner ailleurs.
Cet ailleurs est g néralement une malson plus OUi
moins rcommandah ll', Cl donl il st n tout oas prudent dè se métier.
Le pistage, bien que défendu par la 101, s'exerce
sur une vaste échelle. 11 est combattu par le contrepistage dont les agents, chargés de filer, de traquer
les pisteurs, peuvent verbaliser au besoin contre les
délinquants.
Le voyag ur fera bien de se tenir en garde contre
les mirifiques propositions dont il sera in!ailllblement l'objet en approchant de Vicny.
En arrivant à Vichy
i\ votre sortie de la gare, vous avez devant vous
un grande place, au milieu de laqu elle est érigé un
groupe n bronze qui symbolise la ville de Vichy
a cueill ant les étrangers ses hOtes.
Voiture particuli ères, voitures de place, omnibus,
autos, taxis, ont rangés le long des trottoirs des
�72
GUIDE·POCHE
quais. Tous ces véhicules sont à la disposition des
voyageurs A chaque arrivée de train, les 00c11ers,
conducteurs, cllau1'feurs et domestiques d'110tels, foot
la haie en face de la sortie des voyageurs . Si vous
avez fait choix d'un hOtel, annoncez-en le nom à
haute voix, immédiatement le représentant de l'hOtel
appelé viendra se mettre à votre disposition ; il vous
conduira à la voiture et se chargera de vos bagages (1).
Si vous préférez vous dégourdir les jambes, après
un séjour prolongé en vagon, vous pouvez descendre
à pied l'une des grandes et belles voies qui s'ouvrent
devant vous, et qui conduisent directement aux parcs
et aux sources, dont vous n '{!les guère éloigne que
de 800 mètres.
La pla'ce de la gare est le point de départ de quatre grandes avenues qui divergent dans la ville, en
forme d'éventail.
Au centre, la rue de Paris, plus large que les autres, entièrement asphaltèe ; à droite, le boulevarCl
Gambetta, ; à gauche, l'avenue de la Gare également
asphalt-ée, et l'avenue des Cédest,ins.
Le boulevard Gambetta aboutit à la rue Jean-Jaurès ; l'avenue de la Gare et l'avenue des Célestins
conduisent à une artère centrale, la route nationale
no 106 de Moulins à Nîmes, dont la rue de Paris est
un tronçon,
Cette routo, dans sa traversée de Vichy, prend succesS!VOmellt les noms de : Route de Cusset, rue de
Paris, rue G orges-Clemenceau, rue du MaréchalFoch, rue du Mar chal-Pétain.
La rue Georges-Clemenceau est un des grands centres du commerce vichyssois ; elle pas<;e devant le
(1) Le tal'if pOUl' le tran sport des voyageurs ct des baQ'uges
de la gal'e en un poi nt que lconque de la ville, dans le perimè:
tre d· l'octroi, est le suivant:
Voyageurs: mnnibus cL autos: 2 l','. pnr person ne,
Ba~ges:
omn Ibus, autos, comm issionnaires: 2 1'1'. pal' colis
prix a débattre Jlour pet
i t~ colis dlls il main.
'
�VICHY-E VIRON '
73
Bureau d s P. T. T. et l'Eglise aint-Louis. Elle se
relie au grand parc pal' plusieurs voie transversales : la rue orn1n, où se troove une entrée du Casino
des Fleurs ; le passage de l'Amirauté ; la rue Burnol ;
la rue Royale ; le passage des Postes ; le passage
Giboin.
La rue du Maréchal-Foch et la rue du MaréchalPéta.in sont bordées d'arbres. Cette dernière passe
devant la source Dubois, longe le parc de la source
des Célestins, le parc de la source Lardy, franchit" la
ligne du ohemin de fer de Vichy au Puy et se prolonge au sud, parallèlement à l'Allier, éparpillant
dans la liberté de cc qui jadis était la campagne, des
ms.isons heureuses de s'épanouir dans les jardins en
plein soleil.
Cette voie reprend alors sa dénomination véritable
dE' route nationale no 106.
La longueur totale des voies publiques sur le territoire de la Commune, st de 78 kilomètres.
Il y a, à. Vichy, une grande quantité d'Mtels,
N'a-t-on pas dit de notre station qu'e lle était une
vaste hôtellerie ? Il est certain que nulle autre ville
n'offre autant de ressources, à ce point de vue, aux
baigneurs et a.ux touristes. Pour vous loger vous
n'aurez que l'embarras du choix, depUIS les somptueux pala es qui bordent le parc, et ,iont les prix
varient de 50 à 100 francs par jour, jusq u'aux modestes hôtels de troisième ordre qui vous demanderont
de 15 à. 25 francs, sans omettre ceux dont les prix
moyens sont de 25 il 50 franc .
Un trouve également de luxueuses villas, des appartements richement meublés, qui se louent pour
la durée d'une saison thermale, vingt.cinq jaurs,
ou pour un la.ps de temps plus long, au gré des preneurs.
Ces location s omportent la fournitme du l lnge,
de la vaisselle, de l'argenterie, etc. Elles nécessitent
l"établissemont d'un inventaire. Pour s'éviter les ennuis d'une telle formalité, on peut traiter avec une
�74
GUIDE-POCHE
agence de location qui se chal'ge de vérifier l'état
des lieux et du matériel, au monlent de l'installation,
et a van t le départ (1).
Dans les quartiers de la périphérie, on trouve des
appartements meubl ,plus simples t d'un 1 l'ix modique. Il y a aussi des maisons m eublées où les
buveurs peuvent vivre sans changer, n quoi que ce
soit, leurs hal)itucies. Dans ces maisons, les étrangers
se procurent ux-mêmes, 0'Il font acheter par le Propriétaire, les aliments qu'ils désirent; une cuisinière,
attachée à la maison, e charg de leur préparation.
Généralement, les frais de cuisine sont compris dans
le prix de la chambre qui varie le 8 te. Ù 15 fr. pal'
jour ; parfoi , il est perçu un supp16ment (le 15 à
20 francs par mois, et par famille, pour menus frais
de préparation et de cuisine.
Un coin du vieux Vichy
Quel que soit la villa, la ponsion ou l'hôtel choisi,
les prix en sont g néralement un peu majorés du
15 juin au 15 août; l cho ix en est aussi moins grand
et plus difficile, vu l'énorm. afflnence (les buveurs
et touristes.
(1) Agence HOILEAU, l' UC de Pal' i s, fi :
Agence BO UC(JLA T , J'II/) BUI' llOl, 10 ;
Agence CUARTIER. avell ll e de la Gal'~
.
19,
�V1CHY -EKVlRONS
75
Et maintenant que vous voilà bien installé, que,
vos malles défaites, vous avez pris possession de votre chambre, après entente avec votre maUre d'hOtel.
voulez-vous que nous jetions ensemble un rapide
coup-d'œil sur Vichy?
Il Y a qu lque cinquante ans, Vichy était une toute
petite ville; c'est maintenant un clleI-lieu de canton
possédant une population cle 20.000 âmes, et une station thermale qui peut loger à la fois cinquante mille
étrangers.
Il comporte trois parties: le VielLx ViCihy, le Vichy
Moderne, la Banlieue.
Eglise Saint-Blaise
Le Vieux Vichy est généralement p u connu de la
clientèle des Eaux. C'est une antique bourgade, aux
rues étroites et tortueuses, aux pentes raides, aux
constructions irrégulièr 5, où le moyen-âge a imprimé son sceau. Aucun monument n'y est cependant
digne de fix.er l'attention.
La vieille église Saint-Blaise n'o1'lre rien de remarquable si c n'e t une Vierge noire, obj t de la véné-
�76
GUIDE-POCHE
ration des fidèles, datant probablement du XIV· siècle. De l'anci n Couvent des C lestins, il ne reste,
perchés sur le rocher dominant la source, que quelques pans de murs qui ont été utilisés pour la construction de la demeure d'un employé (le la Compagnie Fermière. Une maison, connue sous le nom de
u Maison du BaiUage ", et llabilement restaurée, n'est
pas c,omplètement dépourvue (l'intérêt. !:3a porte en
ogive, qui donne sur la rue Verrier, est ornée d'un
heurtoir en cuivre d'un beau travail. Rue d'Allier, on
peut voir également une maison de la Renaissance
ayant appartenu aux Vict de Pontgil aud. La vieille
tour a été déshonorée par l'adjonction maladroite
d'une couronne de créneaux qui lui donne un air de
décor d'opéra-comique. Quant à la maison de Madame de Sévigné, elle a été réparée, il y a quelques
L e l'n,-ili on SÜI'Ig-né
avullt sa t,·ulIsfor-malioll
années. et, tout en lui .conservant son aspect prL
mitif, son propriétaire l'a tmnsformée en hôtel. Elle
avait cLéjà. reçu autrefois par ille affectation ; en
1847, Ma lame de Lamartine l'avait habitée. Actuellement, elle est 0 cl1pée, pendant les saisons d' té, par
des familles qui y trouvent un charme délicat, et qui
�VlCIH'-ENVIRONS
77
poétisen.t en quelque sorte leur séjour à Vicl1y, par
1e souvenir de la oharmante épistolière.
Le Vichy Moderne offre avec le Vieux Vichy un
saisissant contraste. C'est la ville née d'bier, la ville
moderne avec toutes les élégances et les raffinements
du luxe, la ville des parcs, des magnifiques jardins,
des hOtels somptueux, du Grand Etablissement
Thermal, des Sources qui font sa gloire et sa fortune.
Il groupe, pour ainsi dire, tous les établissements de
santé et de plaisir, tout le commerce local ; il est le
centre de toute l'industrie vichyssoise; il possède toutes les ressources qu'on aime tant il trouver lorsqu'on
voyage, et qu'on apprécie si hautement dans une ville
où l'on séjourne plusieurs semaines.
Les établissements du Vichy Moderne auront plus
loin, cihacun leur description particUliére.
La Banlieue comprend cette agglomération d.e
constructions qui, avec les agrandissements de Vichy, se sont répandues, depuis quelques années, dans
toutes les directions :
A l'Est, où s'est formé, au-delà du chemin de fer,
un populeux quartier appelé le TonlcLn.
Au Nord-Est, où a surgi un autre quartier nommé
le Congo.
Au Nord, où s'est produit, au-delà du Sichon, un
débordement de maisons indisciplinées, et où l'on
trace actuellement tout un réseau de rues, avec un
large boulevard aboutissant au village de Beauséjour.
Au Sud, où les constructions, franchissant la voie
ferrée de la ligne de Thiers, se sont éparpillées jus,qu'à mi-chemin d'Abrest, et ont couvert le coteau
des Garets de gracieuses villas.
A l'Ouest seulement, l'Allier a opposé une digue à
-cette extension, ou plutOt cette poussée a franchi le
pont, et le joli village de Bellerive, agrand.i, embell1,
couronnant les verdoyantes collines qui forment, de
ce cOté, un si gracieux borizon, est devenu comme
un faubourg de Vichy.
�78
GUlIJE-POCHE
Du côté opposé, une mêm marche envahissante,
rapproche les dernières maisons de Vichy des premières de Cusset. La cité thermale est comme lanCée
par un flot qui porte toujours plus la-in ses barnères avec sa célébrité.
Les détails des agrandissements et des embellissements successifs de Vichy, feront l'objet de chapitres
spéciaux.
Maintenant, si l'on veut avoir un coup d'œil général de la station, on n'a qu'à gravir une des riantes
collines qui l'avoisinent.
La ville est là, aux pieds de l'excursionniste, couchée cLans la vallée, au bord ae l'Allier, ((ans un nid
de verdure. Ça et là, des taches blanches éclatent
sur ces tons fonçés : c,e sont les façades de pimpantes constructions qui mettent comme une gracieuse
coquetterie. à venir solliciter le regard.
Vichy est tout entier
dans cetttl masse fie feuillage qu'il perce à peine
de loin en loin, des dômes de ses étabJlssements, des toits de ses
grands hôtels et cles paint·cs de ses clochers. Seul
le quartier du Tonkin, se
dégage de cc massif verdoyant qu'il domine de
son cOteau, et pique de:::.
notes rouges, dans les
tons bruns du paysage.
L'Alli er anime le ta
bleau. On ne conçoit pas
plus Vichy sans sa rivière
que sans ses eaux minérale3. Cette rivière semble
embrasscr amoureusement
la ville qu'elle enserre
dans un demi-cercle étroit.
Un pêcheur il la ligne
�VICHY-ENVIRONS
79
L'Allier remplit toute la vallée de ses méandres
capricieux et brillants ; il étinceUe au loln comme
un miroir qui renvoie les feux du soleil ; il s'écarte,
il se resserre, il s'entrouve pour donner naissance Il.
tout un semis d'nots, sur lesquels surgit bientOt une
1\D~uriante
végétation.
Et tout autour un paysage qui réalise l'idéal de
l'abondance et de la fertilité: c'est la Limagne Bourbonnaise, faisant suite à la Limagne d'Auvergne. On
peut trouver ailleurs des sites plus accidentés, des
paysages plus pittoresques, nulle part la nature ne
revêt une forme plus riante, plus agréable et pll1S
heureuse. Tout cela charme le regard et berce leS
rêves dru malade qu~
« se Teprend à ~a
vie » en renaissant il l'espoir.
L'état d'esprit qui nait de ce séjour, n'est certainement pas étranger aux résultats du traitement. Ce
n'est pas seulement une cure thermale que l'on fait
à Vichy ; c'est nrorc, si l'on peut ainsi s'exprimer,
une cure morale clont lcs effets sont attestés par le
plaisir avec lequel on la recommence chaque année.
La Journée à Vichy
EUe commence ordinairement de bonne heure. Le
bain obligatoire s'impose comme
Ulle néc'essité inéluctable, dès les
premières heurres du JOUI' ; il est
plus d'une fois maudit par les sybarites qui aimeraient à dormir la
grasse maWnéc.
Le bain, la douche, le verre
cl 'cau , v ilà les t1"ois obj cHfs qu'il
ne faut pas perdre de vue, qu"'l.l1d
on prétend fairc une cure 111ermalc
séri use. C'est le triple pivot autour duquel tourne toute la journée du huveul' à Vichy.
Donc, les premières heures doiPl'emie)' verre
vent être consacrées aux soins du
�GUIDE-POCHE
80
ind'ications du méw.aitement, toujours d'après ~es
decin, le pilote expérimenté qui dirige et surveille
la cure.
De neuf heures à d'ix hewes, a lioo le concert du
matin, ·a u lüosqui8 du Parc de l'Hôpital. Entre l'absorption ete deUIX verres d'eau, on va entendre un
ffiO'.l"CeaU de mu.siqrue (1).
Ce concert est généralement composé d'airs vifs et
entraînants, supérieurement exécutés par un orchestre impeccable.
A dix heures et demie ou onze heures, au moment
de la table d'hôte, il faut être en règle avec sa cure,.
Toute la matinée est occupée, on n'a vraiment un
peu de reHl.che qu'entre le déjeûner et le concert de
l'après-midi. Celui-ci a lieu à seize heures, au kiosque du Grand Parc (1) ; il dure environ une heure,
'e t alors il faut recommencer à boire, en attendant le
diner qui a lieu généralement à dix-huit heures.
C'est entre le déjeuner et ie diner qu'on fait les
visites au docteur, les courses dans les magasins, les
excursions à la campagne, les prOmen':l.d.es en voiture, à bicyclette ou en auto. Quelques excurswnnistes mettent également à profit, pour une promenade du soir, le temps qui sépare la fin du dtner de
l'heure du spectacle ; mais c'est le petit nombre : le
te',mps manque pour une grande course. On s'asseoït
dans les jardins ou dans les parcs, on flâne, on
cause, on écrit quelques lettres. Peu de lettres ! C'e~t
une imprudence de promettre à ses amis, pendant
son séjour aux eaux, une vo'l umineuse correspondance ; les heures tuient si rapiooment, que chaque
soir venu, on est tout surpris de constater qu'on n'a
plus que le temps de se préparer pour le théâtre.
Il y a tous les jours, de mai à octobre, représentation au Grand Casino : opéra, opéra-comique ou comédie ; de plus, tous les soirs, de 20 h. 30 à 22 h .,
(1) Le prix des chais ses t de 0 fJ'. 40 P ndant les concerts et
de 0 fr.
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dans l'intorvalle.
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�VICHY-ENVIRONS
81
concert sous la véranda, soit à grand orchestre, soit.
à orchestre réduit, suivant qu'on donne au théatre
un spectacle dramatique ou lyrique.
Tous les jours également représentation au CasinÛ'
des Fleurs, à l'Elysée-Palaoe, au Jaràin de Vichy, a1;l
Petit Casino : opérettes, revues, spectacles de genre,
cinéma.
Joignez à cela des concerts classiques ou de musique de chambre, des matinées dans la salle du
théâtre ou d.ans le hall du Grand Casino, des bals,
des fêtes de nuit organisées chaque semaine dans le
parc avec le concours de l'orchestre et des artistes
de chant du théâtre du Grand Casino, des fêtes variées et presque journalières dont nous donnons plus
loin la nomenclature, et vous comprendrez jusqu'à ,
quel point la journée du buveur pst absorbée par lesdistractions multiples qui se la partagent.
Après le théâtre... on soupe quelquefois. Ceux qtLi
sou,pent ne sont pas venus à Vichy pour faire une
cure. Pour les vrais buveurs, la journée a été assez
bien employée pour rendre nécessaire le repos d'une
bonne nuit.
Dans une vie aussi remplie, 11 ne reste guère de
place pour l'ennui. Nous ne parlerons donc pas de
cet intrus, et nous passerons, si vous le voulez bien,
à quelques conseils.
Quelques conseils
Dès votre arrivée, ne manquez pas de consulter un
médecin. On est mauvais juge dans son propre cas.
Faire une cure sans VOIT un médecin, sous prétexte
que le docteur prescrira fOTcément de l'eau de Vichy,
c'est toujours une imprudence; c'est quelquefois pis.
Sait-on au juste à quelle source 11 faut boire 7 t:t'
quelle quantité d'eau 7 Et quel traitement suivre?
Et quel régime alimentaire observer 7 S'il survient
un incident, nous ne dirons pas un accident, ce qui
se pro(luit pourtant quelquefois, lorsqu'on fait usagedes eaux sans direction médicale, quel parti pren-
�- 82
GUIDE-POCHE
dre ? Pris au dépourvu, le médecin qui n'a pas été
consulté, ne peut agir à coup sûr.
N'j nsistons pas.
Un second conseil utile, à l'adresse de nos malades,
sera de les engager à ne pas trop boire aux sources.
Cela peut être dang·ereux. On cite des cas de congestion occasionnés par cette irnprud.ence. Mieux
vaut souffrir un peu de la soif naturelle à tout le
monde, pendant les chaleurs, eL particulièrement 8!UX
diabétiques qui sont portés à boire avec excès.
Une autre imprudence consiste à se surmener.
Non pas que nou,> conseillions l'inaction où se plongent quelques buveurs, sou prétexte de fatig-ue. Au
contraire, il faut réagir contre cette tendance à l'engourclissement ; il faut marcller, se promener, se
donner de l'air, (lu mouvement, de l'exercice. Mais
il y a loin de là, aux pa.rties folles qu'on se permet
quelquefois. On fera bien d'évi.'tër les èmotLOns, les
-nuits blanches, les excès de table, les entraïnements
du jeu. Toutes ces choses ne sont pas précisément
les auxiliaires d'une cure thermale. ;.a distraction est
utile, indispensable même, mais à la condition
expresse qu'on en use modérément.
Quant à la durée du séjour que l'on doit faire, elle
dépend d'une foule ne circonstances qui relèvent de
l'appréciation du médecin. Il ne faut donc pas venir
ici avec l'idée préconçue et l'intention bien arrêtée
de consacrer à sa cure tout juste le.:; 21 jours t.raditionnels, ni plus, ni moins, quoi qu'il arrive et qu 1<;
· que soient les résultats du début du traitement. Ce laps
de temps sera peut être trop, ou plus probablement
trop peu. L'âge, le sexe, le tempérament, la naturp.
de la maladie, sa gravité, les complication Possibles.
aUJtant de c,irconstances qui influent directement,
quoique diversement, sur la durée de la cure.
A ce sujet, il y a à lutter ontre une espèce de
tradition, ou mieux. de préjugé. La soi-disant règle
des vingt-et-un jours établie depuis que V1chy est Vi· chy et que la routine existe, repose sur une moyenne
• qui ne peut faire loi dans aucun cas. Une saison
�VICHY-ENVIRON
tronquée, écourtée, ne saurait donner des fruits séri eux et durables.
Une excellente coutume qui tend à se généraliser
et qui, certainement, est approuvée par tout le CorpsMédical, consiste à faire suivre la cure thermale
d'une cure de repos.
Leur traitement terminé, nombre de buveurs prolongent leur séjour à Vichy d'une durée plus ou
moins longue, suivant leurs ressources et leurs rNsi rs. Ils 'profl1ent de cette période de détente pour
faire, sans fatigue, les excursions que lec; multiples
occupations du traitement ne leur ont pas permises,
et pour assister aux différents spectacles qui se prolon gent jusqu'à une heure avancée de la nuit.
A ceux de nos hOtes qui peuvent le faire, nous recommandons vivement cet usage.
Se garder des con3ilIJs des voisins de table cl 'nOte qUI sont pavés, comme J'enfer, de bonnes
intenti ons, mais qui, le plUS
inno emment du moncle, pellvent,
induire en erreur et occasionner
de graves méprises.
Et maintenant, ami lecteur,
nous a:lJons vous donner un résumé succin t de l'histoir d
Dernicr vcrreVichy.
�GUIDE-POCHE
VICHY
dans l'Histoire
Nous n'entreprendrons
pas d'écrire ici l'histoire
ele Viclly, ce travail, trop
important, sortirait du cadre de notre modeste Guide; nous nous bornerons
a esquisser à grands traits
et le plus brièvement possible, les prmclpales transformations subles par la
station au cours des siècles.
Au lecteur désireux de
plus amples reseignements,
nous conseillerons de li.re
l'Histoire des }J'aux Minérales de Vichy (1) pal' MM.
A. Mallat et J. Cornillon.
(1) Pat·is. -
GeO"l;'es St'inh 1, éditeur. -
1900.
lIistoire contemflOl'ni1lr rie Vir'by lie 178a 11 'I88n, par A. MALLAT,
'Wallon, 'diteul', Vichy, 1921.
�VICHY-ENVIRONS
85
11 Y trouvera, jointes à une érudWon consommée,
une documentation et une abondance de détails tout
à fait remarquables sur Vichy et ses thermes, à travers les âges.
De la périod.e pré11istorique, rien ne nous est parvenu qui puisse nous donner la certitude de l'existence d'une station sur l'emplacement du Vichy
actuel. Au nord de la ville, au village de Beauséjoul',
on trouve bien les traces d'un souterrain, qUi a pu
être utilisé comme refuge par des peuplades primitives, mais rien de positif n'est venu étayer cette
hy;pothèse (1).
C'est au-delà de Cusset qu'il faut aller, pour trouver des vestiges indéniables de la présence de l'homme préhistorique.
De tout temps, à B01;t, à Feuilles-Rousses, aux Arda-illons, aux Accarins, on a. recueilli des quan,utés
d'objets des périoctes paléolithique et néolithique :
coups de poing, haches, grattoirs, lame, pointes de
flèches, en silex, en diorite, n fij)rolile, etc., etc.
Les trouvailles se font de plus en plus rares; néanmoins, les cultivateurs de cette région recueillent
encore, de temps en temps, à fleur de terre, quelques-uns de ces instruments qu'ils vendent volontiers
aux amateurs. (2)
Avant la conquête romaine, Vichy, comme tout le
Bourbonnais, faisait partie de la Gaule celtique et
appartenait aux Arvernes. Des monnaies de ce peuple, ont été trouvées à maintes reprises ~lt différents
lieux de Vichy. Des « vici » gaulois, tous innommés,
(1) Cc soulcrrain a ('lé comb l ', ail commencelllcn l tlu sièclc
dernicr.
(2) On trouvc qllclquefois clcs antiqllités loca lcs chez Mœ.
V" Al'man-Demeyer.chcz M. penot-Lamourc ux, chez M . DOlLrigatlll ; nous engageo n s nos lec lelll's il vi. iler ·cs maisons
danliquités qui offl·/l nl. l'all l'a il de vÙl'i lnbl cs mlls(·cs. Ils y
trouveronl clcs co ll ections variécs et cie loul prcmier ordre,
à des prix lrcs ['aiSOIlllublcB.
�GUIDE-POCHE
S6
existaient sur l'em,plaoement de la ville actuelle. Ils
étaient habités par des potiers et des fondeurs a.e
métaux, commerçant leurs produits et cultivant leurs
champs.
•
Sous la domination des Romains, une ville d'eaux
florissante se développa à proximité des source
chaudes qui jaillissaient près du fleuve Elaver, les
documents qui l'attestrnt abondent.
Il n'est guère possible, en effet, de remuer un peu
de terre, surtout dans les quartiers Nord de la ville,
sans faire jaillir du sol, de nombreux débris de vases, de statuettes, de poteries diverses, quelquefois
même des monnaies (1).
Dans le milieu du si cIe dernier, au cours de travaux de terrassement, on découvrait, dans le quartier du Moutier, les substructions d'un important
établissement de bains. De nombreux fragments de
frises, de corniches, de colonnes, permettent de penser que cet édifice avait été construit avec un certain lu,xe. Non loin de là s'élevait un temple dédié à
Jupiter. Dans d'autres quartiers, c'étaient des piscines, des at liers de potiers, de statuaires, de fondeurs, que la pioche des terrassiers faisait sortir ue
terre.
En 1908, un ouvrier mettait à jour, rue Callou, un
sanctuaire contenant. nz slatuett s cle divinités romaine , dont dix en bronze et un en pierre. Un
nomhre considérable d'objets dIv rs a compagnait
ces statuettes : instl'llm nls de sacrifices el autres,
plateaux en bronze, tintinnabula, amphores en verre
ou en argile encore remplies rle céréal s, nombreuses
pi ces de monnaies, elc.
Nous ne nous étendrons pas plus sur l'importance
des découvertes archéologiques faites dans le soussol de Vichy. Dües au hasard, et non à des recher(1) n'import.ants
de poLiC'I's cxistn.lent ail lien dit:
environ de Vi 'Ily ct ;',400 mÎltl'es, à ~anche,
à vol d'oi8('nll dll ch 'mill de ~I'andc
communication N' JO (l'ollte (le nnlldan). On tl'Ollve en plein champ, à
Heur de terre, dl! grandes qllnn litt"s de d ',briA de poteries diverses ct de fragments vitl'iriés pl'ovcnant des 1'0111'5,
atcli~rR
.. Terl'C Pran.che" à 3 ki l omlt'e~
�VICHY-ENVIRON
87
f:hes méthodiquement conduites, ces trouvailles sont
..allées enrichir les musées du Louvre, de St-Germaln-en-Laye, de Moulins, de Clermont et des collections
particulières.
Ces années dernières, en vue de la clI.'éation éventuelle d'un Musée local, la Municipalité a fait recueillir quelques objets qui sont d posés à la Mairie.
La Compagnie Fermière possède également quelques objets de l'époque Gallo-Romai.ne ; ils sont exposés dans deux vitrines placées dans la salle ue
repos du parc de la Source de l'HOpital.
Rappelons au lecteur que Jules César, poursuivant
Vercingétorix, traversa l' llier. D'après certains historiens, ce passage aurait eu lieu à Vichy même, soit
à l'aller, soit au retour du siège de Gergovie.
Il est aujO'urd'l1ui unanimement reconnu que les
« Aquis Cali dis n de la Table de Peuti nger, correspondent au Vichy actuel. Une vOle lomaine, rehant
Lugdunum (Lyon), à Augusto l\cmetum (Clermont),
traversait la cité. Une borne milliaire découverte en
1880 au Moutier, jalonnait cette route.
Cette borne, haut!' de 2 mètres sur 6 centimétres
de largeur et 40 d'épaisseur, porte l'inscription suivante:
(i)
IMP D N
M. JUL PHILIPPa
ET M JUL PHILIPPO
NOSI LlSSI MO
CAESARI CIVI
TAS ARVERN
LXXI
(Il A n ot l'(\ rnaîlrc l'cmpcrclI l' M arclIs ,T Il IiIlA Philip pus et li.
M al'cus .Julius P h i li pl~
le très !lobl' C('sal' lu cit!\ desAl'vcrn es
l i clles.
Celle horn e, c lass!:c comme mnnurncnt hislOl'iqllc, ('st pl acée p l'oviso i l'cment dans li n cO\l (oil' d u 1·C'z·dc-ch ausséc du
2~
Grand Etablissement th l'mal.
�GUIDE-POCHE
88
NOUS savons par ce qu'en ont dit quelq'les aut eurs
latins et notamment Pline dans son « Histoire Naturelle » que les Romains faisaient un graml usage des
eaux minérales, soit en bains, soit en boisson. De,>
étrangers venaient déjà à cette époque, de fort loin,
demander à nos sources la guérison ou du soulagement à leurs maux.
Plusieurs cippes funéra'ires, trouvés à Vichy, nous
apprennent qu'ils n'eurent pas tous la chance de rentrer chez eux (1).
La cité gallo-romaine subsista environ quatre :;l~
cles ; elle disparut à l'époque des invasions.
Les Huns mirent la ville à feu et à sang; d'autres
barbares vinrent achever l'œuvre de destruction
commencée.
A partir de ce moment, jusqu'au Xlle si cIe, 1'11lStoire de Vichy est assez obscure.
Certains hist oriens font remonter à l'an 3 0, la
fondation dru couvent du Moutier, par St-Martin, évêque de Tours, se rendant en Auvergne.
D'autres croient retrouver Vichy dans le « Pagus
Viciasensis » de la " Vie de St-MenéLée », écrite au
XIe siècle par un moine de l'abbaye de Mmat.
Quoi qu'il en soit, il est à présumer qu'à une date
indétermilnée, mais postérieure à la fO.1.dation etes
« Aquis Calidis n , un riche gaulois, ayant obtenu le
titre de citoyen romain, établit sa « vw'a » aux environs du rocher formé par les concrétions calcaire!;
des sources minérales, et qui dominait « Z'Elaver ».
Sous Id. menace incessante des invaslOns ou des
incursions des barbares, la population (les « Aquis
Calidts » dut proba.blement se grouper, et chercher
protection auprès de la demeure de ce riche citoyen.
Un pont de bois, jeté sur Je fleuve, se trouvait à
peu de distance.
Des tIavaux de défense furent-ils exécutés pour
(i) Le musce de
nos conciloyens
Moulins possùde ùetlx de ces cippr
possede Ull aulI'e.
('11
~
un <:le
�VICHY-ENVIRON
89 '
protéger la « villa », le pont et le village en formation, rien ne nous permet de le supposer.
La même incertitude plane sur le sort que subit,
dans la suite des temps, la demeure dru riche ga.ulois. De transformations en transformations devint-elle le château féodal des seigneurs de Vichy, ou futelle détruite par les hordes franques des 5uccesseurs
de Clovis '{
A c.es questions il nous est difficile de répondre.
Durant ces premiers siècles, alors que s'organisait !c:
régime de la féodalité, le territoire de la France fut
morcelé en une inllnité de seigneurIes grandes et
petites. hérissées de chatea\L"'{-forts.
Par la suite, nombre de ces châteaux disparurent
on ne sait comment, celui des seigneurs de Vichy
est-il dans ce cas ?
Actuellement, les documents authentiques que nou:;
possédons ne remontent guère au-delà liu Xllo s1ede. A cette epoque, Vichy flgurait parmi les 17 cha.ellenies du Bourbonnais.
Des premiers seigneurs de VtChy, l'Histoire a conservé peu de traces. Toutefois, quelques auteurs citent un Théodebert qui aurait vécu vers le milieu du
XI" siècle, et qui serait le seigneur de Vichy le plus
anciennement CiOnnu.
Guillaume de ViClhy, sire de Busset, petit tlls prol'héritage
bable de ce Théodobert, partage en ~UO
paternel avec son frère Bouchard.
et du 10 Décembre
Dans des actes du 10 Aoüt 1~t,
1291, il est question de personnages de cette famille,
et notamment de Rob l't, seigneur de Vichy, d'Abrest
et de Busset, sire de Gondailly.
En 1248, Dalmas de Vichy se croise, et s'embarque
avec Louis IX pour l'Egypte. :::'es trois tlls : <...hatarct,
'Guillaume et Audin, se partagent ses doma.ines en
1279.
Un de ses petits-fils, Chatard, cÛ"seigneur de Vichy
.a vec son frère Raoul, rend hommage en 1301, à
�GUIDE-POCHE
Louis 1er de Bourbon, dit le Grand, pour la partie dela seigneurie de Vichy dont il a hérité.
Jean de Vi '11Y, fil de Raoul, échange en 1341., av ol.:
Pi rre l or de Bourbon, fils de Louis l or, sa part de la
seigneurie de Vichy contre la sClgneUl'le de Jenzat.
Pierre 1er de Bourbon est t.ué à la bataille de Poitiers en 13f>6 ; il laisse un 111s, Louis 11 dit le Bon,
qui acquiert en 137/., d'Audin, autre petit-fils de DaI·
mas, la part du château et de la terre (le Vichy qUl
était échue à ce seigneur pal' droit d'héritage.
Une dernière partie de la seigneurie de Vichy, appartenait encore aux héritiers de Cl1atard, qUi rerusèrent de la vendre à Louis II (1).
Toutefois, maître de la plus gr,ande partie de cette
châtellanie, Louis II résolut (l'en faire sa cLemeure
habituelle. Il fit élever ou restaurer sur le rocher
dominant l'Allier, un château-fort qui prit le nom de
« Châfcct'u Franc
la ville, qui ne oomprenait alors
que la partie dénommée de nos jours le Vieux-Vichy
fut, par ses ordres, pavée t entourée de fossés et
d'une muraille. (2).
On y wtrait par trois portes P~),
fortitlées cllacune
de deux tours crênelées. Une autre tour, plaœe au
centre de la forteresse, servait de vigie.
Cette tour a été conservée, eHe n'a rÜ ~ Tl de remarquable, cependant nous engageons le lecteur à en
taire l'ascension, il jouira, clu ommet de ce m onument, d'un ravissant panorama sur la vallée de l'Allier. La Cloche et l'horloge qui sont à l'intérieur, datent : l'une de 1638, l'autre de 1680.
Louis II fit en outre construire le couvent des Célestins. Ce couvent, à sa fondation, comptait douze
)l
;
(1) Vers le milieu du XV- sièc lr. ce fi f fut confisqué pB!' Je'
roi Cllarlcs VII à Guillaume de Vichy-Champron. échanson
des ducs de Bourgogne, pour clluse de félonie . Ce roi en fit don
all du c Charles 1" dl Bourhon, il condition que Irs propriétés
conf1squées feraient!' 'tou.'. 200 uns pJllS torrl, Il.U:X descendants
de GllIllaumc de Vi chy. C 'lle clause ne fuL jamais observ ' '.
(2) Celle muraille fuL démolie en 1591 p'0T' ordre royal. Les
derniers vestiges d'une de ces portes dite 'Porte de France ,~
dispol'll1' nt en Février 1848.
�VICHY-El VIROl'lS
(JI
religieux el un prieur ; il était doté d'ulle rent oe
500 livres. Ses riches es s'accrurent rapiclement pat'
suite des dons et des legs de familles puissantes qui
désiraient y avoir leur sépulture .
A partir de cetLe époque, l'histoire de ViChy se confond avec celle du Bourbonnais.
Louis 11 mourut en 1410, il avait épousé la dauphine
{1'Alwergne, Anne, de laquelle il avait eu cinq enfants.
L'a.iné, Jean 1er , duc de Boorbon, sucCléda à son
père. Il épousa Marie de Berry et en eut trois fUs :
Charles lor, duc de Bourbon, Louis mort enfant. et
Louis, comte de Montpensier, d'où est sortie la branche des Bourbon-Montpensier. Jean lcr mourut à Londres en 1433, son fUs Charles 1er , lui succéda.
Penda.nt la révolte f odale connue sous le nom cie
Praguerie, Charles lcr de Bourbon, qui en était un
des principaux instigateurs, se tenait à Moulins avec
le Dauphin Louis, alors âgé de 17 ans.
Le roi de France, Charles VII, après avoir assisté
.aux états d'Auvergne à Clermont ét attendu en vam
la soumission de son fils et des seigneurs rebelles,
résolut de marClher contre les révoltés et de s'empa.·
rel' les terres du duc de Bourùon.
Antérieur ment à l'occupation romaine, Vichy possédait ,léjà sur l'Alli r un pont qui fut en grand,.
'p artie cause de ses malheurs aux différentes époques
de son histoire.
En 1440, Charles VII utilisa, ce pont pour traverser
l'Allier, et vint mettre le siège devant la ville qui se
rencUt aussitôt, à condition que le.'< habitants ne seraient ni pillés ni g l'gés.
Charles de Bourbon, effrayé par les progrès des
troupes royales, et averti par le comte d'Eu que le
roi userait de clémence à son égard, décida le Dauphin et nomhre die grands vassaux, à venir faire
amende honorable à Charles VU qui se trouvait alors
à. Cusset.
Avant de rentrer dans cette ville, les conjurés s'ar'r êtèrent au château de Chermont, près de St-Ger··
maln-des-Fossés, où ils délihérèrent une dernière fois .
�92
GUIDE-POCHE
La réconciliation eut lieu le 24 juillet 1440 ; des
lettres turent publiées, annonçant au peuple que le
roi avait pardonné ; la Praguerie avait vécu.
Charles lor mourut en 1-'156 ; il avait eu onze enfants èe sa femme Agnès de Bourgogne ; l'aIn é de
ses fils, Jean II lui succéda.
Jean rut marié trois fois ; il mourut en 1478 san s
laisser de postérité légitime. Son frère Charles, cardinal archevêque de Lyon, prit le titre de duc de
Bourbon, 11 mourut en 1487. Le duché passa alors aux
mains du 30 fils de Charl es l ot, Pierre II, marié à
Anne de Beaujeu dont il eut une fille Suzanne.
Suzanne de Bourbon épousa soo COU31Il, Cl1arles
de Bourbon, comte de Montpensier, connétable de
Fran ce qui sous le nom de Charles III pli t, à la mort
de son beau_père, en 1503, le titre de duc de Bourbon.
Suzanne mourut en 1521 sans postérité. Louise de
Savoie, petite-fille de Charles 1er de Bourbon et mère
du roi de France François 1er , fit offrir sa main au
duC qui la refusa. De dépit, la reine douairière revendiqua l'lléritage de Suzanne, et poursuivit le duc
de sa haine. Celui-ci mit son épée au service de
Charles-Quint ; il fut tué au siège de Rome en 1527.
François l or confisqua le duché, le donna à sa mère,
puis en 1531 l'annexa à la Couronne. C'est depuis cette
époque, et par suite de cette annexion, que les sources de Vichy devinrent propriété de l'Etat.
Nous n'entrerons pas dans de plus amples détailssur l'llistoire du BourbQlIUlais ; nous ne mentionneTons, de cette histoire que les faits qui se rapportent
particulièrement à Vichy.
En 1568, le 4 janvier, sous la conduite de Poncenat,
Mouvans et Bruniquet, les protestants de l'Auvergne'
et du BC'urbonna1s, auxquels s'étalent jointes quelques bandes venues du Languedoc, s'emparèrent de
Vichy ; la ville fut pillée et le couvent des Célestins
brillé.
Le lendemain, 5 janvIer, les protestants trave~
�VICHY-E VIRONS
93"
saient l'Allier; ils se dirigeaient par Gannat sur Chartres qu'assiégeait le prince Louis de Condé, petit-fils
de Charles de Bourbon, duc de VendOme.
Le 6, rencontrant fortuitement les catholiques dans
les plaines de Cognat-Lyonne, ils les battirent.
C'est vers la même époque, 1569, que Nicolas de
Nicolaï, géographe ordinaire du roi, rédigea son
ouvrage ; cc GénéraLe description du duché du Bourbonna'ts » dans lequel il consacre un chapitre à la
description des bains et des eaux minérales de Vichy.
Ce chapitre est accompagné d'un dessin représentant
les bains en 1569. Le manuscrit de cet ouvrage 5e
trouve à la Bibliothèque Mazarine.
En février 1576, le duc palatin Jean-Casimir, à la
tête d'un parti de protestants, amené d'Allemagne
pour renforcer les troupes de Condé, s'empara de Vichy et s'y retranQha. Mais bientôt, dans la crainte
de l'armée royale qui approchait, il se retira en Auvergne, non sans avoir pillé une 'fois de rlus la ville
et l e couvent.
En 1590, pendant les guerres
de la Ligue, Charles de Valois
comte d'Auvergne, Grand
Prieur de France, canonn a
Vichy défendu par le capitaine Beauregard et par Chazeron, gouverneur du Bourbonnais. La ville eut autant
à souffrir de ses défenseurs
que des assiégeants.
L'année suivante ce fut Charles-Emmanuel de Savoie, duc
de Nemours qui s'empara de
Vichy, mais il en j'ut immédiatement chasSié par Chazeron.
Ancien Château-d'Eau
Enfin la soumission de tout
le royaume à Henri IV de Navarre vint mettre un
terme à ces terribles luttes, mais il ne parait pas-
�'94
GUIDE-POCHE
que de longtemps la prospérité de Vichy s'en fût
beaucoup accrue.
Louis XIII, cependant, dota la ville d'un embryon
d'établissement thermal qui prit le nom ue • Maison
du Roy •.
Cet établissement, dont la description a été faite
en 1642 par Claude Mareschal, consistait en un petit
bâtiment bas et carré, composé de deux galeries et
de deux chambres avec deux baignoires (1). Un bain
à découvert, pour l'usa.ge des indigents, se trouvait
à l'extérieur de l'édifice ; pIns tard on v ajouta de
nouv lles constructions, des étuves et des salles de
douches.
Malgré l'orgueilleuse inscription qui ornait la fa·
çade de la« 1aison du Roy. : Leva te et porta grabulum, allusion Ft la guérison du paralytique opérée
par le Christ, la renommée des eaux de Vichy ne
s'étendait pas fort loin.
L'attention de Daquin, premier médecin de
Louis XIV, fut attirée sur nos thermes par les écrits
du docteur Claude Fouet né à Vichy le 10 septembr"l
1645. Ce dernier était fils de l'apothicAire Pierre
Fouet, directeur de la « Maison Royale des Bains •
pour le compte d'Antoine Griffet, Intendant des ~aux
minérales du Bourbonnais, de l'Auv rgne et du
Forez.
A la mort de Griffet, en 1684, Daquin présenta
Claude Fouet au roi qui le nomma Intendant des
Eaux de Vichy, charge qu'il créa pour lui.
Le 16 mars 1696, par lettres patentes, le roi transformait en hôpital thermal le modeste hospice qui
existait alors à Vichy, et accordait à tous les indigents du royaume le droit d'y être hospitalisés gra·
tuitement.
Pour subvenir aux dépenses occasionnées par cette
(l) Une baignoit' "n la"c, p,'ovpnant cl l'ancien Etabliss me n t Th~"mal,
sr trollve 1111 cimetière rie Vi~hy,à
droiLe de la
-Cl'oix centrale, elle sel·t de bac d'lll·rosage.
�\"ICHY-ENVIRONS
95
faveur, il dota l"hôpital d'une redevance de dix setiers de blé froment, à prolever sur la ferme du bac
de l'Allier.
L'intention du Grand Roi était
bonne, mais les subsides accordés
étaient insuffisants.
Dans le même temps, Mme de Sévigné vint à Vichy faire une cure.
Elle y arriva une première fois le
lundi 11 mai 1676 et en repartit le
samedi 13 juin; elle y revint en 1677.
La charmante épistolière trouva
le pays ravissant, regarda danser
les bourrées, s'amusa fort de ces
scènes champêtres, plaisanta sur
sa bicoque, s'extasia sur la fralcbeur ùes bords du Sichon, et exLa llo1ll'rée
prima tout oela avec force détails, alertes et pittoresques, dans quelques-unes de ses lettres à Mme de
Grignan.
Grâce à la spirituelle marquise, la ville d'eaux
sartit de la semi-léthargie dans laquelle Elle somnolait, c'était le commencement de la célébrité.
En 1716, l'hôpital ayant cédé à l'Intendant de~
Eaux, Chomel, diverses proprietés sises à Vichy, le
Régent, en change, par lettres patentes du 23 mars
1716, accordait à l'hôpital thermal le drlJit de percevoir 18 deniers par 3 chopines sur les eaux minérales tran&portées en dehors de la ville. Cette redevance, en accroissan t les ressources de l'hôpital,
complétait heureusement l'œuvre de Louis XIV ; elle
subsiste toujours et c,o nstitue le droit du sou par
bO'Uteille.
En même temps qu'il accordait cette fa.veur à l'hOpHal thermal, le Régent augmentait de !'ix deniers
le droit de un sol que receva.it sur chaque bouteille
l'Intendant des eaux.
�GUIDE-POCHE
Le règne de Louis XV voit disparaître Je couvent
des Célestins.
En 1771 ce couvent ne comptait plus que cinq religieux qui demandèrent sa suppression à l'évêque de
Clermont duquel ils relevaient. Cette suppression
leur fut accordée la même année, par l' évêque, elle
fut san ctionnée le 8 Janvier 1777 par un Bref du
Pape, et confirmée le 5 AvIil 1778 par le roi Louis XV
qui ordonna la démolition du monastère . Chacun des
religi eux, dont le dernier mourut en 18m, fut doté
d'une rente de 1.500 livres.
L'enclos (Lu couvent fut vendlu. en 1795 comme bien
national.
Durant l'été 1785, Mmea Victoire et Adélaïde de
France, tantes de Louis XVI, vinrent à Vichy suivre
un traitement. Elles furent scandalisées du désarroi
et de la misère qui régnaient dans la station ; elles
donnèr ent immédiatement des ordres à l'architecte
Janson, pour faire couvrir les sources d'une galerie et séparer les bains des dames de ceux des hommes.
Mme Lœtitia Bonaparte, mère du futur empereur,
et son fils LQlUis, alors âgé de 20 ans, chef d'escadron, aide de camp du général en chef de l'armée
·d'Orient, furent aussi les hôtes de Vichy en 1799, et,
flétai! curieux, servirent de témoins a l'état civil
pour la naissance d'une fillette qui reçut, en sounir, le nom de Lœtitia Madeleine.
Napoléon 1e r ne se désintéressa pas de Vichy ; par
les décrets des 5 novembre 1810 et 20 juin 1812, ce
dernier daté de Gumbinnem, obscur village sur la
route de Smolenslç à Moscou, il alloua à la ville un-e
somme assez forte, pour dégager les bains et les
sources des masures qui les environnaient, et créer
le beau parc dans lequel se trouvent actuellement le
Casino, la Restauration et le Palais des Sources.
En 1814, à ]1eine rentrée en France, Mm. la Duchesse d'Angoulême, Dauphine de France, vint se
soigner à Vichy. Grâce à elle et à son Influence. la
�VICHY-ENVIRONS
97
�98
GUIDE-POCIlE
reconstruction de l'Etablissement Thermal fut décidée.
En 1820 un concours fut ou vert, les plans de l'architecte Rose-Beauvais furent adoptés.
Cet architecte construisit un vaste quadrilatère de'
57 mètres de long sur 76 de large, dans lequel 11
conserva la galerie des sources de Mesdames Victoire
et Adélaïde. La façade principale de l'édi11ce, tournée au midi, était ouverte sur le parc par 17 arcades au rez-de-chaussée, surmontées d'un même nombre de fenêtres au premier étage. Une galerie centrale traversait du nord au sud la partie inférieure
de ce bâtiment, des couloirs s'amorçaient sur cette
galerie pour desservir les salles de bains et de douches. Cet établissement fut démoli en 1902 ; à sa place
on dîfta le Palais des Sources actuel.
L'Œuvre de Napoléon III à Vichy
Jusqu'à cette époque, Viclly étaH resté une peti(
·~
ville thermale ; sa transformation, sa ';(llébrité, datent (lu rèi!l1e de -apoléon III et du séj .mr qu'y 11t
ce monarque pendant les saisons d'eaux de 1861 à
1866.
Napoléon III témoigna à la staLion pl' s de laquelle
il cherchait la santé, un intérêt reconnaissant. Tl imprima à l'œuvre de sa prospérité une pUlssante im·
pulsion. De son séjour à Vichy datent la Gare. le Pont
sur l'Allier, le Barrage, l'Eglise Saint-Louis, l'ancienne Prise d'Eau, l'ancien Ilôtel de Ville, etc., etc.,
mais l'œuvre capitale de Napoléon III à Vichy fut la
ciTéation du Nouveau Parc.
Le Nouveau Parc fut une conquête faite sur les
sables de l'Allier qui, à cette époquc, occupait 00core toute la partie basse de Vichy et, aux jours
d'inondation, poussait jusquc près des sources ses
flots bourbeux. Napoléon III entreprit ùn gigantesque travail: refouler la rivière vers sa rive gauche,
et créer de toutes pièces, à l'aide de terres rapportées, une vaste promenade protégée par une digue
puissante. Il fonda ainsi ce magni11que parc qui
émerveille tous les nouve8!UX visiteurs de Vichy.
�VICHY-ENVIRONS
99
Napoléon III, pendant son séjour à Vichy, habita
un des chalets qu il avait fait construire et qui est
occupé aujourd'lmi par le docteur Willemin, les autres chalets étaient réservés aux personnages de sa
suite:
A cOté et en dehors de ces créations dont on peut
apprécier l'importance, il est une chose dont l'évaluation échappe au calcul ; c'est le concours moral
auqu 1 Vichy dut à cet::e époqu , ct doit enCOt'e, en
partio, sa réputation . Le séjour de l'Empereur à Vichy fit plus pour sa célébrité que les plus habiles, les
plus heureuses combinaisons financières. Ce fut le
point de départ des vastes développements pris depuis par la grande ville d'Eaux.
Plusieurs des donations que le monar'JUe fit à Vichy ont dispam, comme l'Hôtel de Ville, d'autres se
sont transfoTmées ou agrandies, comm'l l'Eglise
Saint-Louis.
VŒu vre de la Compagnie Ferm ière
du Doma ine de l'Etat à Vi ch y
Elle fut puissante et féconde.
Cette Compagnie, fondée SOLlS l'Empire, aida ér,er.giquement, dès cette époque, au dévelop/~mnt
et ~l
la prospérité de Vich~.
Elle seconda de toutes ses
forceR, par une initiative hardie, l'élan pris par la
Station, depuis le séjour de Napoléon Il l.
La grande création de la Compagnie Fermière, pendant la première période de son existence fut le
usino b1\.1 i en 1865. Jwiqu'alol's, 1 s on er1 , les soirées artistiqu s se donnaient dans une des salles de
l'ancien Etablissement. C'était insuffisant comme
local, comme i ns!aJl a ti on, L comme con [ortable. La
création du Casino cl1angea la physionomie de Vichy.
·e t le classa immédiatement parmi les grandes stations thermales de l'Europe.
L'essor imprimé à Vichy, si l'on en excepte la désastreuse période de la guerre franco- allemande en
�100
GUIDE-POCHE
�VICTIY-E -VinONS
101
1870, s'affirma et s'accrut ensuite d'année en année,
avec une régularité presque mathématique jusqu'au
début de la guerre de 1914. Parallèlement, tous les
services d~ la. Compagnie Fermière se développèrent.
en même temps qu'augmentait c11aque saison, dans
des proportions étonnantes, le nombre des vi3iteur:l.
Aussitôt après le renouvellement ae son bail avec
l'Etat, en 1898, la Compagnie commença son œuvre
récente de créations et d'embellissements.
Elle débarrassa d'abord les ancdens terrains de
l'Hospice que le transfert de l'établissement hospitalier sur son emplacement actuel, au-delà de la voie
ferrée, laissait libres, pour y établir le prolongemem
du Parc où se trouve aujourd'hui un das l{Ïosques
de la musique. Des arbres tout poussés furent transportés à grands frais sur ce terrain, 'Jui présenta
presque instantanément l'aspect d'une plantation en
pleine \Oigueur : ce fut comme un décor de féerie.
Elle édifia sur la ligne semi-circulaire qui borde
l'emplacement, toute une ~nflade
de magasins parfaitement aménagés, et un salon de repos orné d'une
statue de Carrier-Belleuse, qui représente la Nymphe
des Eaux entourée d'Amours, et portant sur l'épaule
une urne de laquelle l'eau s'épanche.
Elle ajouta à l'ancien Casino une grande et magnifique salle de théâtre ; elle transforma l'intérieur
de l'édifice, aménagea de nouveaux salons, créa un
restaurant, agrandit la véranda, prolongea le jardin
réservé, suréleva la façade par l'addition d'un dôme
plus ample et plus majestueux.
Elle déplaça la Pastillerie qui fut installée dans un
vaste looal, agrandit la Restauration, répara les
Sources, les Bains de l'Hôpital, etc.
Mais son œuvre capitale fut l'édification de ces
splendides Bains de première classe dont on ~rou
vera plus loin la description.
Toutes ces créations, tous ces embellissements
étaient prévus dans le traité passé entre la Compagnie et l'Etat. La Compagnie Fermière ne s'est pas
bornée à cette œuvre, cependant considérable ; pUe
�1.02
GUIDE-POCHE
ne s'est pas renfermée dans le cadre de~
obligations
qu lui imposai t son cahier des charges :
. Elle 0. transformé les Célestins ;
Elle a créé le Golf de Vichy ;
Elle a prolongé, sur les bords le l'Allier, les Parcs
jusqu'à l'ancienne lr1se d'eau.
Et d'autres projets encore sont à l'étude.
On peut être sûr qu'au fur et à Ilesur
~ des desiderata, la Compagmie Fermière des Eall.>I: de Vichy
prendra les mesures propres à réaliser les améliorations, les embellissements et les créations néces·
saires. Sa prospérité étant étroitement liée à celle de
la station, où elle jouit d'une situation prépondérante, t'He a, de ce fait, en dehors de tout traité, des
obligatiorns morales qu'elle comprend, qu'elle accepte, et qu'elle remplit avec une spontanéité à la·
quelle il convient de rendre justice.
Travaux d'intérêt public
exécutés pal' la Ville de Vichy
La Ville de Vichy n'a pas à sa disposition les puis'santes ressources pécuniaires dont dispùse la Compagnie Fermière; c l~e (!C'l'D 'ière cependant, en vertu
des stipulations de son contrat avec l'Etat, lui verse
une somme an;1uelle de 50.000 francs.
. Grâce à cette somme, à la cure-taxe, à la part qui
lui revient sur le produit des jeux, et aussi à l'aide
d'emprunts contractés pendant ces dernières années,
la Ville a fait exécuter d'importants tra.vaux d'hygiène et d'utilité publiques.
Citons entre autres :
La réfection et l'extension du réseau d'égouts, avec
ses services et dépendances ;
La nouvelle Prise d'Eau avec ses vast3s réservoirs
installés en bordure de la route de Vichy au Vernet:
L'Hôtel des Postes, Télégraphes et 'Téléphones,
aménagé dans un local manquant malheureusement
�VICHY-ENVIRON
103
d'air et de lumière, mais cenlral, entre la rue du
Président-Wilson et la rue Georgcs-Clemenc,eau ;
L'asphaltage des rues, commencé en 1912, ac,tivement poursuivi au cours de l'hIver 1913, interrompu
]lRl' la guerre et repris a.u début de 1923.
La reconstruciion de l'Hôlel de Ville et dcs abattoirs
<10 Ill. les Ll'aVallX, 'u5pend!!s du fait de ln guc!'!' " ont
été égal ment repris.
Enfin l'iniiiative individuelle ne resta pas en
arrièr de cc mouvement qui emportait Vichy vers
de nouvelles destinées . .En même temps qu'une vaste
publicité rai ait connaître aux r égions les plus lointaines le nom et les vertus bienfaisantes de nos sources, de ~omptuex
hôtels remplaçaient les ancienne.;
installai ions, clevenues trop rudimentaires pour une
clientèle toujours croissante et de plllS en plus
brillante.
Cet élan avait él al'1'6té par la terrible guerre de
1914-1918, ct, cule la fin des hostilités, a permis à la
station d reprendre son ssÛ'r.
Aussi, depuis cette 6poqu , chnque saison est-elle
marquée par des lransformations t des embellissemenls no!!v aux. Il est certain qu'une œuvre considérallie a déjn élé accomplie (lans ce S .ns, tant par la
Compa.gnie F rmière que pal' les différentes Municipali[(\s qui sr sont succédé à la mait-ie de Vichy, mais
il reste encor beaucoup:\ faire pour assurer définitivement la uprémat.ie de Vichy sur ses rivales étrangères.
J)e[lllis 1111lsicur's anll é s de g l'a nfis frava1lx sont à
l't'lat. dL' projets, Irul' exéclIl ion élal1f snbordonnée au
rCllollvcJ[rm nl (hl hail cie la Compagnie Fermière
rlr . l~aIX,
il est cio tout nécessilé, clans l'illtrrêt <le la
Slll;ioll, qll'Ilne ent lite intervielll1r ra)1irlellle'Jlt. entre
l'Elal ct son frl'lni r.
L stail /-quI') actuel 11 séturaiJ, se pl'Olou(cr jnsqu'à
] 'ex[li l'at ioll du hai 1 Il our sans nV()1 r Lille r 'per('lIssio11 fUll rsle S11l' l'avenir c[r notre villr.
Il rsl, donC'! lIrgent que re hail s if, ou r Ilouvelé ou
prorogé, ct. qu'il n oH pas différé plus longtemps à
�104
GUIDE-POCHE
l'exécution des travaux qui s'imposent. Il importe que
Vichy, première station thermal du monde, l'este à
jamais la Reine des Villes d'Ea1L'\:.
LA CURE-TAXE OU TAXE DE SÉJOUR
Nous venons de voir que parmi les ressources pécuniaires dont dispose la ville de Vichy pour mener à
bonne fin les importants travaux projetés ou en voie
d'exécuLion, figure le produit de la Cure-Taxe.
Qu'est-ce donc que la Cure-Taxe '1
C'est une légère redevance, imposée aux clients des
villes d'eaux, stations balnéaires estivales ou hivernales, stations de villégiature, etc ... , et destinée à.
effectuer des travaux d'embellissement, d'hygilme et
de salubrité publiques.
Ces fonds ont donc une affectation spéciale bien
déterminée par la loi : ils doivent être employés uniquement en vue de l'utilité ou de l'agrément des
étrangers qui les ont versés ; leur attributi()[J. ne peut
en aucun qas être modifiée, ils ne sauraient être confontlus avec les ressources clu budget ordinaire des
villes intéressées.
Pour donner sous ce rapport toute garantie aux
étrangers, la loi a créé des Chambres dites « d'Industrie Thermale », chargées de l'initiative des projets à
élaborer.
Ainsi compris, l'établissement de la cure-taxe en
France ne doit provoquer aucune récrimination ; au
surplus, cette mesure existe depuis fort longtemps à
'l 'étranger, et notamment en Allemagne.
A Vichy, le décret présidentiel fixant le nouveau
régime de la taxe de séjour est appliqué depuis le
!4 juin 1921.
Le taux de cette taxe, y compris la taxe additiollnello do 20 % affectée à l'Office National du Tou-
�VICHY-ENVIRONS
105
risme et prévue par l'art. 18 de la loi du 24 septembre 1919, est le suivant:
HOtels et appartements de luxe: 2 fI'. 40 par jour
et par personne ;
HOtels et appartements de premier ordre : 1 fI'. 80
par jour et par personne ; de deuxième ordre :
1 fI'. 20 ; de troisième ordre: 0 fI'. 72 ; de quatrième
ordre : 0 fr. 36 ; de cinquième ordre, auberges :
o fI'.
12.
La ta:\':e de séjour est dûe pour une durée maximum
de 28 jours. Les jours d'arrivée et de départ ne comptant chacun que pour une demi-journée ; elle est
appliquée dès le" premier jour, elle est dûe même
pour une seule nuit passée dans un hOtel à Vichy.
ont exonérés de la taxe :
Les personnes qui bénéficient des lois d'assistance
des 15 juillet 1!l03, 14 juillet 1905 et 14 juillet 1913 ;
Les ml1tilés, blessés et malades du fait de la
guerre;
Les personnes exclusivement attachées aux malades, et celles qui, par leur travai'l ou par leur profession, contribuent au fonctionnement et au développement de la station, ainsi que les membres de la
famille (femme et enfants) desdites personnes;
Les fonctionnaires et tous agents de l'Etat ou du
département appelés temporairement dans la station
pour l'exercice de leurs fonctions.
Les personnes qui sont domiciliées dans la station,
et cell s qui y possèdent une résidence en raison de
laquelle elles sont passibles d'une contribution mobilièr .
Des atténuations sont cons nUes: 1° en faveur des
enfants de moins de sept ans qui ne paient que
(lemi-taxe ; 2° en faveur de tout membre d'une
famille nombreuse porteur de la carte d'identité,
strictement personnelle, délivrée en vertu de la loi
du 14 février 1920. Ces réduc.tions sont celles prévues
par ladite loi pour les prix de transport sur les chemins de fer d'intérêt général, c'est-à-dire :
�106
GUIDE-POCHE
30 % pour les membr s des familles comptant trois
enfants; 40 % pour quatre enfants; 50 % pour cinq
enfants : 60 % pour six enfants ; 70 % pour sept
enfants et plus.
Les personnes pouvant prétendre à l'exonération
ou à un att nuation, devront produire aux hôteliers
ou aux logeurs une justificat ion qui letlr sera (l'livrée par le bureau de la taxe de séjour à la mairie.
Conformément aux termes de la loi du 24 septembre 1919 ct des d crets des 4 mai 1920 et 9 juin 1921,
la taxe de srjour l'st pCI'C: UC à \ïclly, rlu l or mai :lU
30 septembre inclus.
Grand Établissement Thermal de 1ra Classe
Il s'élève dans le vaste emplacement compris entre
la rue Lucas, la rue de l'Etablissement, l'avenue Victoria et le boulevard des Etats-Unis.
L'entrée principale fait face a\L'( Bains de seconde
classe ; les bureaux de l'Administration sont installés dans la partie Est de l'Etablissement, cOté de la
Pastille rie ; la Biblioth que des Scnences Médicales,
dans la partie Ouest, en façade sur lp. Nouveau
ParCi (1). Au nord se trouv nt : un atelier cl' mbouteillage, la salle des machines et dE'uX tours contenant : l'une lés réservoirs d'eau chaude, l'autre les réservoirs cr au froid né cssaires au service des bains
et d s (louches ; on peut fair l'ascension cie ces
tours.
Les r servoirs sont au nombre d dix; il ont une
capaeité de plus cl 100 mètres cubes et sont étages
respectivement, à 6, 12, 16 et 20 mètres de hauteur.
Ils sont alimentés par 12 pompes qui peuvent 1 ur
(1) La. nib l iol h èc!,lC de la. fiot'Ït't(, "l'S 5C!~1l(
: l'R
méd i ca l es est
il Ia digposi l ion de I 0 1 ~ I c~
Mt"dccins et E I11 c1iunts en Médeci ne d' passage II Vich y, 81.11' ln p,'ése llllllion de 1l'lU' cal'te.
E ll e est ouverte cl11 1" Mid 011 :10 fieplem hl'e de 0 h. il 12 h. ct
de 141\ 18 h., les dimanches et fêtes 'xcCpt('8.
�\'ICIIY -E:\\·JRON
107
fournir 640 mèt.res cnbes d'eau il l'heur ; ces pompes
sont actionnées par une machine à vape·lr il condensation, de 60 chevaux, mise elle-m me f-n mouvement par 6 chaudi ères, ayant cllacune une surfac",
de chauffe de 90 mètr s carrés.
Vu de l'extérieur, le Grand Etablissement Thermal
étonne par l'importance de ·es proporUons. Il oceupe
une superficie totale de 32.000 mètres carrés dont
10.000 sont recouvert de constructions.
Une clécoration très sobr s'harmonise avec le
caractère de son arcllitecLure unie, r égulière et un
peu austère dan son ensemble.
·a façade principale e t rehaussée de trois dômes
polychromes dont le plu élevé surmonte une entrée
monumentale d'un eff t gran liose.
Si, par cette entrée, on pén tre dans le Grand Hall,
on est frappé de l'aspect maj estu eux qu'offre l'intérieur de cet édifice t cl es h ureu es dispositions de
a cli slr ibl11ion ; tOIl S les s l'vi es ont été répartis de
la même nlanière : à droite les femm es, à gauohe les
hommes.
L s murs sont ornés cIe magnifiques peintur s dües
au pinceau du maître Osbert. An premier étage, des
balcons en rorm cle loggias, donnant sur le Hall,
permettGn t de jouir (lu coup d'œ il de l'animation que
présente ce Hall, à erlnines h eures (le la journée.
L'Etabli ssement Thermal de 1re classe est considéré
avec raison comme un mOclèl e du genr ; son agencem nt intérie ur constitue l'in stallation balnéaire la
plus complète, la. plus confortable, la plus luxueuse,
même, qu'il y ait en France.
Elle comprend notamment : 136 cabines de bains,
dont 6 de grand luxe, 14 gran les douell es avec vestiaires, 24 douches massages avec v sUaires et lUs
de repos. 32 douches ascendantes, 2 douches a.vec
bain, l, bains d'air chaud avec l, salles de massage,
4 ba.in s cle vapeur, 2 douches de va,pcur, des salles
pour lavage d'estomac et. de vessie, pour douches
nasales et aUl'iculair s, bains d'aClide carbonique,
pulvérisations, inhalations d'oxygène et d'acide car-
�108
GUIDE-POCHE
bonique, 4 bains de lumière (chaleur radiante et lumineuse de Dowsing), 2 bains de lumière incandescente, 2 grandes piscines chaudes, 3 froides, 8 individuelles avec douches sous-marines, 1 institut de mécanothérapie Zander, 1 service complet d'éleotrothérapie avec bains Schnée. 1 service de radiographie, de
radioscopie et de radiothérapie, 2 bains carbo-gazeux, etc.
Naus n'entrerons pas dans de plus amples détails
sur les nombreuses et remarquables installations qui
sont groupées dans ce vaste local, puisque chaque
visiteur trouve immédiatement, près des bureaux de
l'AdministratIon, les renseignements dont il a besoin.
Nous nous contenterons de dire que toutes les exigences du service thermal rencontrent, dans l'Etablissement de Vichy, un personnel et un outillage
qui assurent le fonctionnement parfait de la médication. Or, nous ne sommes plus à l'époque où le
traitement externe se composait seulement de bains
et de douches. Il se complique de soins que l'on considère aujourd'hui comme les alL'Ciliaires indispensables d'une cure sérieuse, et qui prennent les formes les plus variées : Bains d'air chaud, Bains de
vapeur, Bains de lumière, Massages à 5ec, Massages
sous l'eau, Bains et Douches de gaz acide carbonique, Pulvérisation d'eau de Vichy, Lavage de l'estomac, Eler:ltrothérapie, Mécanothémpie. Escrime, etc ..
Tous ces services sont placés sous la direction de
médecli ns spécialistes; ils ont chacun un local strictement aménagé en vue de leur emploi et muni
ct'appareils appropriés ft leur but. Nulle part., la'
science médicale contemporaine ne rencontre une
application plus rationnelle, plus attentive et plus
empressée. Aux soins médicaux se joignent les précautions hygiéniques les plus minutieuses. Pas de
coins ohscurs ou humides : l'air et la lumière circulent libremrnt dans cet ensemble de constructions
où tout respire l'ordre et la propreté.
Dans les cours intérieures de l'Etablissement se
trouvent des jardins fleuris et coquets ; une pro fu-
�VICHY-ENVIRONS
109
sion ,d'arbustes, de plantes et de fleurs charmem
la vue. Des jardins recouvrent également la partie
de l'emplacement dont le sous-sol est occupé par trois
immenses réservoirs de 1.000 mètres cubes, chacun,
affectés au service des bains, et qui se trouvent en
bordure du boulevard des Etats-Unis.
Le public est admis à \7isiter l'Etablissement de
1r o classe, les mardis et vendredis à partir de 15 heures ; s'adresser à l'EtabUssement où un guide est
mis les jours sus-indiqués à la disposition des visiteurs.
La mécanothérapie est visible les lundis et jeudis
à partir de 14 heures 3D, s'adresser également à l'Etablissement.
Au grand Etablissement Thermal se rattachent
l'Etablissement de 2° et 30 crasses, et les Bains de
l'Hôpital.
ETABLISSEMENT THERMAL de 2e et 3" Classes
L'Etablissement de 2· et de 30 classes occupe une
superficie de 6.300 mètres carrés. Il a été construit
par la Compagnie Fermière en 1858, sur l'emplacement d'un couvent de Capucins dont la chapelle, démolie en 1854, avait servi d'oratoire à Mesdames Victoire et Adélaïde de France. Son fronton est l'œuvre
du sculpteur Marneur.
De forme rectangulaire. oot éditLce est traversé
-dans sa profondeur par une galerie centrale qui dessert: à droite. les cabines de bains p01l!l' les hommes ; à gauche, celles pour les femmes.
L'entrée de l'Etablissement de seconde classe se
trouve en face du Palais des Sources, elle est précédée d'un petit square entouré d'une grille.
L'installation balnéaire et hydrothérapique de cet
Etablissement, sans offrir le luxe que l'on rencontre
dans l'Etablissement de 1ro classe, est très contOTtable. Elle comprend : 110 cabines de bains ; 4 grandes
�110
GUIDE-POCHE
douches avec déshabilloirs '; 2 douches avec bains ;
4 douches-massages avec déshabilloirs ; 10 douches
asoendantes ; 1 service complet de bains et inhalations d'oxygène ; inhalations d'acide carbonique ;
1 salle de lavage d'estomac; 2 bains d'air chaud.
L'Etablissement de 30 classe a son entrée rue Alquié, on installation comprend : 64 cabines de
bains, 4 grandes douches, 4 douches ascendantes.
Il est question depuis plusieurs années de déplacel'
l'établissement de 20 et de 30 classes qui est devenu
insuffisant pour l'importance des services qu'il renferme.
Sa démolition dégagerait l'entrée principale - del'Etabli'lsement de 1re classe t agrandirait la place
des Therme qui pourrait êl re transf rm ée en Jardin
(['Hiver.
Un Jarclin l'Hiver à Vi hy, ave Llne saison pendant les mois les plus rigoureux èe l'année ! C'est
pncore un .rêve, 1)i n près {l'être réali é spérons-nous,
car un es ai clans ce sens a ét· tCllt é 1 ar la Compag-n ie Fermière dont l'initiative est. toujours en veiL
Penclant j'hiver 1923-1921., 1(' salon rte r pos du
Square cl l'Hôpi;;al a été aménagé n Jardin el'I-IiVQf'. Dans c va te local, chaurrû aux l'FLc1iateurs, des
table et des clmis s étaient c!isp sées parmi d s palmiers ct cl s plantes vertes harmonieusement groupés. Un escalier commllniqllant directement avec les
Bains de l'Hôpital, p l'm ttait aux lJaign ur (le s'y
rendre en sortant du l1ain ou cl:m l(>s illicrvalles du
traitement..
BAINS DE L'HOPITAL
Les Bains de rH6pitat se trouvent près de la sou.rce
du même nom qui les alimente.
Construit en 1819, ce p tit Etablis ement a été plusieurs fo'is remanié et agrandi. Actuellement, il est
encore gêné par l é voisinage rt'immeubles privés
(lont la disparition permettrait des tl'anSfCDTlinations
nouvelles.
�VICHY-ENVIRON'
111
Tl'È's propre et Irès conrortable, muni cl'appare il s
perfectionnés de bains et d'hydrothérapie, il est surtout utilisé pendant la période de fermeture du
Grand Etablissement.
Son installa tion se compose de 24 cabines de bains
de 1re classe, 16 cabin es de 2e classe, 2 grandes douelles avec vestiaires, 4 dQlUches ascendantes.
TARIF des BA INS et DOUC H ES
En raison des modifications qui peuvent être apportées aux tarifs des bains, douches, et différentes
opérations thermales, au cours de la Saison prochaine, nous prions nos lecteurs de vouloir bien consulter, à ae sujet, les affiches apposées dans les Ser'V ices des Etablissements Thermaux .
INSTITUT PHYSIOTHÉRPcPIQUE
du Docteur BERTH O M I ER
33, B oulevard des E tats-Un is
Téléphone 23,9
Cet institut fondé en 1890, par le docteur BERTHOMIER père, est actuellement dirigé pal' le docteur
André BERTHOMIER qui l'a complètement et confortablement réorganisé, avec le concours de médecins spéCialistes.
Ouvert toute l'année pour les malades externes, 11
comprend une installation modèle des rayons X, un e
salle fle ra li os op i , une salle de racliographie, llne
•
�112
GUIDE-POCHE
d'électrosalle de radiothérapie', un service comp~et
thérapie et d'hydrothérapie où se trouvent des salles
de bains d'air chaud et de lumière, de massage à sec
et sous l'eau, et de douches couchées.
Il est tout particulièrement installé pour compléterla cure de Vichy, dans les traitements des maladies
du tube digestif, du système nerveux et de la nutrition. C'est avec grand succès que 1'00 y soigne les
rhumatismes, les arthrites, la neurasthénie. les névrites, les névralgies, la migraine, les varices, les
d.yspepsies, l'atonie et la dilatàtion de l'estomac, les
ptoses, la constipation, le diabète, l'obésité, la gO).ltte,
les affections de la peau, les maladies des organes
génitaux urinaires et tout particulièrement les métrites, les fibromes, et l'hypertrophie de la prostat,e.
Traitement spécial des varices, des ptoses et de
l'atonie du tube digestif.
ANNEXES DE L'ÉTABLISSEMENT THERMAL
A l'Etablissement Thermal se rattachent trois grandes annexes : l'usine pour l'extraction des :,el~
Vichy-Etat, la Pastillerie, l'Emballage.
L'usine pour l'extra.ction des sels Vichy-Etat et lao
Pastillerie, se trouvent situées clans le même immauble, rue de l'Etablissement, en face des bureaux de'l 'Administration .
. Ces deux installations comprennent l'ensemble del'outlllage qui sert à l'extraction des sels de Vichy, à
la fabrication des Comprimés de Vichy, à la confection des pastilles et sucres d'orge qui jouissent d'un0
renommée universelle.
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Les sels sont obtenus par évaporation des eaux
minérales, au moyen d'appareils perfectiollllIlés, quL
peuvent traiter plus de cinq mètres cubes d'eau à
l'heure. Ils sont livrés au commerce en paquets dosés, soit pour un litre de boisson, soit pour un bain.
Ils offrent une précieuse ressou;rce aux personnes
qui, ayant besoin des ealL'{ de Vichy, mais obligées
de compter avec leur porte-monnaie, ne peuvent faire
la àépense des eaux minérales naturelles recommandées à leur cO!O.sommation. Les eaux ainsi préparées.
ne sauraient Qependant, en aucun cas, remplacer
complètement les eaux minérales naturelles, surtout·
bues sur place, et à leur température de jaillissement.
Les diverses manipulations nécessitées par l'extraction des sels et par leur sursaturatLon ultérie~
(l'acide carbonique, sont très intéressantes ; nousengageons nos lecteurs à visiter l'usine qui est visible tous les jours de 14 à 17 heures.
Les pastilles blanches, (lites Pastilles Vichy-Etat,
constituent tout à la fois une friandise et un remède·
efficace contre les aigreurs, les pesanteurs d'estomac, les digestions difflciles ; aussi s'en fait-il uneconsommation énorme. Le public est admis à visiter
la Pastillerie aux mêmes heures que l'usine d'extraction des sels, et suit avec intérêt, dans leurs détails, les prO'céflés de manipulation qui fournissent
cet excellent produit. Les pastilles Vichy-Etat en·
trent, en quelque sorte, dans la cure thermale pal"
les sels de Vichy qui servent à leur fabricatlOill. C'est
ce qui explique et justifie leur succès. Chaque pastille renferme 0,06 de sel t'le Vichy, 0,01 de gomme
adragante, et 2,03 de sucre pur.
Quant aux pastilles de sucre d'orge, ou caramels,
ce sont de délicieux bonbons préparés avec du sucre
pur dissous dans de l'eau minérale qui leur communique ses propriétés digestives. Nous les recommandons vivement à nos lecteurs : on ne saurait rapporter de plus agréables souvenirs de V!Jchy à ses;.
amis.
�]1lo
GUIDE-POCHE
L'embalLage se trouve route de Cusset, près du
passage à niveau du chemin de fer, et se relie à la
v,oie ferré par une ligne de rails qui forme un embranchement spécial destiné au service de l'exploitation. Les bouteilles, rincées à l'eau stérilisée avec
un soin minutieux, sont amenées dans les vastes
hangars où s'opèrent les manipulations multiples
auxquelles elles sont soumises successivement: cap-sulage, étiquetage, emballage, etc. Là, Chaque ouvrier a sa tâche que la grande habitude lui permët
·de remplir avec une habileté, une précision et une
rapidité <1.ont on ne se fait une idée qu'en observant
l'opération. Les ateliers présentent le spectacle d'une
ruche ouvrière dans l'effervescence d'un travail intense qui ne se ralentirait jamais. Nous résumerons
tout en disant que le nombre des bouteilles d'eaux
minérales expédiées annuellement par la Compagnie
dépasse trente-trois millions.
La fabrication des caisses cl'emhallage est assurée
par une scierie mécanique, prQIPriété de la Compagnie F nnière, et située également route de Cusset,
.en face l'atelier d'emballa.ge.
Cette partie de l'exploitation, qui constitue en quel··
-que sorte une ',6 annexe de l'Etahlissement ThermaJ,
contient d'immenses dépOts de plancllcs. les bureaux
de l'Economat Général , les divers ateli l'S pour les
travaux d'entretien et de réparations, les magasins
d'approvisionnements, la salle des décors du Casino,
Iles jardins et les serres où sont cultivées les plantes
,qui, le printemps venu, iront enjoliver les différents
par s.
La visite de l'emballage et rte ses dépendances a
li u tO liS lE's jOll1'S, (/el11an(1 r l'all10l'isalion :\ ln. Oi'fectio(l. ,p, .l'Etablissement Thermal.
�VI HY-ENVIRON::i
11&
LA GALERIE DES SOURCES
Elle fut éd ifl e au cour cle l'anné 1902-1903 sur
l'emplac ment (le J'An ien Etablissem nt Thermal.
C' st une onstru tion métallique ajouré , cie forme
ob10ng'ue, (le style or ig inal, où jai Il issent quatre des
prin ipules SOUI' s cie Vicl1y : la G1'CLnclc-G1'il.le, le
Puits Chamet, la • ource Mesdamrs
t la ,'ource
Lucas,
Sa cli, po ilion permet à l'air de circuler largement
clans es c'Yaleries ouvertes, où sont di po s des chaies t ct s JJUIlC . C'est, en même temps qu'un abri
et une promenad , une sorte rIe al n cl J' po dont
usent avec plaisir nomlJre de ]mveUl>s au moment du
erre cl'eau.
EUe se l' lie: au usino, par Ja grande allée centrale r1u Par'C et la ga ler ie couverte qu'i longe cc dcrnicr à l'Ouesl ; ;\ la SOl ll'c,c de l'Hôpilal, par ull e autre gnlcri COli verte située à l'E 1. 'est 1 point terminus llllque.1 alJoulissent et se rattach nt toutes les
promenades a l)ritées cl Vichy.
LES GALERIES COUVERTES
Elles établissent une communication facile entreles principales ources de l'Etat, et permettent au
pulllio, de se promener, de vaquer aux occupations
de la cure, sans dérangement ni fatigue en cas de
mauvais temps.
Elles form ent une 11ipse presque fermée d'un kilomètre de lon gueur, qui r li e à l' ou st La GuI rie cl
�'116
GUIDE-POCHE
Sources au Casino, et se prolonge à l'est jusqu'à la
Source de l'Hôpital.
=====
LES SOURCES
Les sources de Vichy ont une réputatIOn mondiale.
'Et jamais célébrité ne fut plus méritée que celle-la,
puisqu'Il est peu d'affections gur lesquelles elles n'aient une efficacité démontrée. Malgré la diversité des élé1t'fi.;;sli9""b ) ments qui entrent dans leur minéralisation, malgré leurs différences
de composition et de tem,pérature,
elles possèdent une base commune :
le bicarbonate de soude, auquel elles
doivent leurs merveilleuses propriétés
si remarquable qu'elles exeret l'acti~n
cent sur les maladies du foie et de
l'estomac. A ce titre on peut dire que
l'Uni vers entier est, en quelque sorte,
Ull croyant
tributaire de Vichy.
D'où viennent ces sources '1 De très loin peut-être,
probablement des monts d'Auvergne, et certainement
de très grandes profondeurs, Un a
dÜ forer quelquefois jusqu'à plus de
250 mètres pour trouver celles d'entre elles, qui n'émergca.ient pas à
la surface du sol. (Source BOUSSé.l.Oge
à 254 mètres).
Il est à présumer qu'à l'époque
tertiaire, sous la poussée des éruptions volcaniques, des failles ~e produisirent dans les roches primiti ves
de la chaine des DOrnes ; les eaux,
qui ,peuvent provenir de l'inllltration
des eaux de surface, empruntent ces
lfailles et viennent sourdre dans les
<,dépressions et les vallées.
�VICHY-ENVIRON'
117
Toutes ces sources doivent avcir, à.
leur point de départ, une température
fort élevée; elles se refroridissent plus
ou moins, dans leurs parcours, suivant
la nature des terrains traversés.
A leur origine, elles sont saturées
d'aci.de carbonique qui, en se combinant
avec les minéraux rencontrés dans leur
traj et, produit la diversité de composition caractéristique des eaux oe Vichy.
La quantité des sels divers rejetés par
la totalité des sources de Vichy est considérable, elle dépasse 2.500 lcilos par
24 heures.
Un sceptique
Les sources chaudes sont surtout recommandées pour la consommation sur
place, tandis que l'exportation s'accommode mieux
des sources froides dont le transport ne change pas
la température .. C'est ce qui explique l'énorme exp&dition d'eau, des Célestins par exemple.
SOURCES DE L'ÉTAT
GRANDE-GRILLE. Température, 41°. Débit,
98.000 litres par vingt-quatre heures. Son nom lui vient
d'une grille en fer forgé qui la protégeait autrefois,
et qui a été supprimée en 1853.
La Grande-GriLLe est assurément la plus célèbrè
des sources de Viahy : c'est la gloire de notre station. On peut djre que sa réputation emplit le monde.
Elle réalise le type de la source min.érale chaude,
et jaiJllit dans la partie Est de la Galerie des Sources,
où elle est reçue par une magnifique vasque en marbre. Cette vasque est surmontée d'une cloche hexagonale, en glaces artistiques, destinée il protéger l'eau
contre toute poussière suscepW)le da la contaminer.
Le bouillonnement de l'eau de la Grande-GriLle est
�118
GUIDE-POCHE
c1û à la puissante pous ée qu' 11e subit ei; à la quantité remarquable d'acide carbonique qu'elle contient
Cette eau s'applique à peu près à toutes les maladies qu'on vient soigner à VIchy. Elle réussit particulièrement dans les affections du foie, de l'estomac,
de la rate, le diabète, la gravelle, et surtout contre
les coliques hépatiques qui accompagnent la lithiase
biliaire.
L' eau de. la Grande-Grme contient près de 5 grammes de bicarbonate de soude par litre, ce qui explique l'efflcacUé rapide et incontestée de son action.
SOURCE CHOMEL. - Température, 43°. - Cette
souroe doit son nom à une ancienne célébrité médicale de Vichy.
On disait jadis que la Providence avait placé là
le Puits ChomeL tout exprès pour guérir les légers
rlmmes, les petites affections de la gorge qui surviennent parfois dans le cours du traitement thermal, à la sUlte d'un refroiclissem nt. Mais, depuis
quelqnes année, rusage de etle source s'est gén _
ralisé dans d'étonnantes proportions. Elle lutte de
vogue avec la Grande-Grille elle-même dont la r pu·
tation, semblait n'avoir à craindre aucune concurrence.
On l'emploie beaucoup en gargarismes. En conséquence, l'administration a établi, dans le voisinaqe
de la source, une installation spéciale pour les malades qui désirent se gargariser sur place. On consomme encore l'eau de ChomeL coupée avec du lait
oU du thé. C' st une boisson à la fois saine, agréable
et bienfaisantE' au plus haut degré pour les voies
respiratoires.
Depuis 1854, la source Chomel est réunie, dans les
galeri s souterraines 1 la Gal ri d s ourees, il sa
jumell , la sour C' (111 " Pails-Can l ». L d61lit de celt
(lernièl' est cie 2/,0.000 litres par 24 11eures avec un
t mpéralure de 45 0 centigrad s. Sa forte minéralisa-
�VlCllY-ENVIRUN
H9
tian, qui est de plus de 6 grammes pal' litre, la fait
utiliser pour les bain s.
L'aci le carboniqlle qui sc dégage en grande quantité du " Puits-Carré» est recueilli sous un e cloche
et r éparti entre les div ers services de l'Etablissement
Th ermal ct dr la Pastilleri e.
SOURCE LUCAS. - Température, 28°. Débit
quotidien, environ 200.000 litres.
Ell e porte le nom d'un des }lien faileurs de Viclly,
comme ln Source ChomeL, et jaillit en face de l'Hôpital Milita ire, devant le Casino des Fl eurs ; de là,
elle' a élé am enée it la Gal rie cl s '011),(,,8 ]'JOUI' la
commodi lp clil sm'vicc
La compositlO ll sulfureuse de ses eaux les ren 'I
très Hlcares con lre certa in es affe liolls cutan ées,
Elles sont d'ailleurs légèr s et scuvent recommandées
alL'C malo.des qui supporterai.ent difficilement la température des sources, chaudes, am me la GrandeGriLle, cu franchement froides, comme les CéLestins.
SOURIJE MESDAMES. -
Température, 16°. -
bit, 20.000 litres pal' 2/, heures.
Dé-
La ource de Mesdames, a insi nommée en souvenir de Mesdames Adélaïde et Victoire de France,
jaillit route de Cusset, dans un enclos qui appartient
à ln Compagnie Fermière.
Comme la Source Lucas, it laquell o elle fa it penf1anl , ('lle a. élé amené à la Gall'rie cl s Sources pOUl'
la ommodit (les Imveurs. Très fralche et très galeu e, so n eau con st i ~ u e , pC' nclanl j'été, un e boi s on
ftgréab le q ni a, m langée au vi Il, If\. saveur de l'au
(Ir srllz.
Cet1e cau est pa.rliculièrernent r ecommandée aux
malades LJui sOl1ffrent cl'un affaiblissement général.
Elle contient, en effet, du fer et de l'arsenic en Quantité sufOsunte pour réagi r contre l' ép ni. ement. C'est
l'oxyde d,~ fer qui, on sc (Iéposant sur la vasque de
la source, form e cette espèce d\3 gangue rouge foncé
dont elle est recouverte .
�1'20
GUIDE-POCHE
SOURCE DU PARC. - Température, 21° centigrades. Débit, 15.000 litres par 24 heures.
Forée en 1844, cette source a été trouvée à une
profondeur de 47 mètres. Elle jaillit rue du Pont
Tillard dans une propriété de l'Etat. De là, elle est
amenée à une élégante buvette située dans la partie
Ouest du Parc, près de la ge.leTie promenoir, en
face de la rue Prunelle et du Châlet de la Direction.
L'eau de la Source du Parc est, comme celle de
Lucas, légèrement sulfureuse, et peut rendre à peu
près les mêmes services. Elle Iéussit 10lJ't bien, dans
la première période de la cure, aux estomacs paresseux qui ont besoin d'être excités. Moins irritante
que la Source de ~'H6pita
elle convient au traitement des affections légères de l'estomac . .bUe est également utilisée contre la goutte et la gravelle, par
certains malades pour lesquels l'eau des Cé~est'in
serait trop énergique.
SOURCE DE L'HOPITAL. - Température, 33° centigrades. Rendement quotidien, 60.000 litres environ .
La Sonrco do l'Hôpital jaillit sur la plaoe du même nom, appelée aussi Plac.e Rosalie, à une petire
distance de la façade Sud élu Casino. EIre vient sourdre à gros boUillons, comme la. Grande. Grme, dans
une large vasque entourée de plantes vertes, et surmontée d'un dôme en glaces destiné à la mettre à
l'abri de toute pollution.
Cette vasque se trouve sur une sorte de terrasse
qui forme jardio. et à laquelle donnent accès plu.sieurs a11 es en ponte doue, gamies de bancs. L'abri
métalliq'le qui la surmontait a fait place, depuis
quelques années, .\ un l avillon plus élancé, de
forme plus élégante, et la Source est reliée directement à la gal rie' couv rte du Parc de l'Hôpital ; de
sorte qu'on p ut circuler à l'abri, sans interruption,
de la Galerie des Sources à la Place Rosalie et vice·
versa. C'est une commode t conf l'table installation.
est une quasi rivale de la
La Source de ~'H6pita
Grande-Grme. C'est tout dire en un mot ; elle est
�· VICHY-ENVIRONS
1~
�122
GUIDE-POCHE
�VICHY-ENVIRONS
123
presquc aussi célèbre et aussi fréquentée. Onctueuse
et légère, son eau doit à cette particularité la vogue
toute spéciale dont elle jouit pour le traitement des
maladies de l'estomac. Elle a donc pu êtr~
appelée
la « Providence du dyspeptique D.
C'cst généralement par ell e que commence la cure
des affections de l'estomac. Plus tard, les malades
peuvent être envoyés à la Grande GTme dont les
eaux, considérées comm e plus énergiques, achèvent
et fortiflent le traitement.
LES CELESTINS. - Températnre, 18° centigrades.
Débit, 140.000 litres par 24 heures.
Ces sources fameuses suffirai nt à la célébrité
d'un "ille d'Eaux : froides, chargées de gaz carbonique, très agréables à boire et excellentes pour If'
transport, elles porlent dans le monde entier le nom
et la réputation de Vichy.
Jarlis ell s étaient prcsque cxclus i vement recommand es contre la gravell e, la goutte, le diabète ;
on les alJjlJiqu Q aujourd'hui, sous la direction du méct cin, ù. la presque lotalité des maladies qui relèvent de Vichy.
Les S01l/'ces (les Cé /rs till s (500 m trrs rnvir 11 de
l'Etabli ssement, au-delà du Vieux Vichy) sortent du
l'oeher du même nom, sur lequel s'élevait autr fois
un monastère. Toton s cn passant, la Ctlrieus dispo·
sition verticale de cc rocher, énorme masse d'aragonite déposé par 1 seaux.
On nc boit aujourd'hui· qu'à la Nouvelle ource,
dont les eaux réunissent toutes lcs qualités des anci nnes. La Compagnie Fermière a fait installer, en
l'appuyant au rocher, clJans la partie basse de l'Enclos
qui s'ouvre sur la promenade des Célestins, une
luxueuse buvette abritée par un pavillon de forme
élégante et d'une charmante décoration artisLique du
style Louis XV.
Dans le Parc des Célestins se trouve une des serr es dc la Compagnie, si abondamment pourvues des
�124
GUIDE-POCHE
superbes plantes qui servent, pendant la Saison, à
l'embellissement des promenades. On a installé dans
l'Enclos une Orangerie surmontée d'une Terrasse,
d'où le public jouit d'une vue étendue sur la vallée
de l'Alli er.
Le pa.rC! des Célestins qui mesure un hectare, llst
un des lieux de plaisance les mieux ombragés et les
pIns agréables de Vichy.
SOURCES PHIVÉES
SOURCE, PARC & ÉTABLISSEMENT LARDY
La Source Lardy se trouve rue du Maréchal Pétain, et n'est séparée que par une rue, du paro des
Célestins.
Elle a été découverte en 1844, à la suite d'un forage
qui atteignl.t 150 mètres de profondeur. Sa température est de 23 0 , et son débit d'environ 15.000 litres
p'a r 24 heures.
C'est une des meilleures s'ources de Vichy. Elle
doit à sa composition une dénomination à la fois
significative et pittoresque: on l'a appelée le « Thé
de Vichy». Aussi est-ce surtout le soir, après diner,
qu'elle reçoit la visite de sa fidèle et nombreuse'
clientèle. Ferrugineuse et arsénicale, elle est souveraine pour combattre la chlorose et l'anémie.
Le para Lardy, d'une superficie de plus cie
5.000 mètres carrés, est une charmante promenade,
très fraîche, très ombragée. Il s'y trouve un EtabZissement Thermal et Hydrothérapique qui comprend
des Bains, des dO'Uches frOIdes, chaudes, ascendantes, des bains sulfureux, des salles de massages,
etc., etc. Cet établissement offre une ressource appré-·
ciée des baigneurs qui ne logent pas à proximité du
Grand Etablissement Thermal.
�VICHY-E VIRONS
125.,
On peut égalemenL y visiter une pastillerie où se
fabriquent, sous les yeux du publio les produits
Lardy, Larbaud, pastilles aux sels naturels, sucres
d'orge, comprimés, etc_ ..
En 19.14, il avait été fait, pour l'utilisation de l'excellente Source Lardy. des projets dont la réalisation fut remise à une date ultérieure, en raison de
l'état de guerre. Ces projets seront repris dès que les
circonstances le permettront ; 11 Y a tout lieu d'.espérer que ce sera dans un avenir peu éloigné.
En attendant, l'Etablissement restera ouvert pendant la saison prochaine ; comme précédemment,
les services y seront au grand complet, la clientèle y trouvera les soins les plus attentifs, et dans
les meilleures conditions de prix.
SOURCE LARBAUD
Température, 1;'0. Débit 20.000 litres. - Encore unevieille et bonne source froide de Vichy, qui a ses habitués, bien qu'elle ne possède pas la réputation
de ses voisines.
Découverte en 1856, à 138 mètres de profondeur,
dans une propriété privée, en bordure de la route
de Nimes, elle a été amenée par une canalisation
souterraine jusqu'à l'Etablissement Larbaud, boulevard des Etats-Unis, qu'elle alimente.
SOUR CE DUBOIS
Elle jaillit rue du Maréchal-Pétain et place de la
Victoire, dans le voisinage des Célestins, au centre de Vichy. Les bâtiments qui servent à son exploitation sont précédés d'un joli jardin anglais, orné de fleurs et d'un kiosque élégant, éclairé à la lu-mlère électrique pendant la Saison.
�126
GUIDE-POCHE
Cette source, très fréquentée le so'ir par les estomacs paresseux fut découverte en 1874 à une profondeur de' 27 mètres. D'après le rapport officiel de
l'Académie de médecine, elle a ét.é captée SUl' le sol
d'une galerie, à l'aide de cloches en forite adaptées
au rocher, et revêtues de solides massifs en ciment.
Elle a un pouvoir ascensionnel considérable, un débit de 15.000 litres en 24 heures, une température
basse de toutes les sources
oonstante de 11 0 , la p~us
véritables du Périmètre de Vichy, et contient de
l'acide carbonique libre en abondance.
Par sa composition chimique et la richesse de sa
minéralisation, elle peut être comparée à la source
des Célestins, dont elle est très voisine. Elle possède
des quantités relati vemen t importantes de protoxyde
de fer, de lithine, d'arséniate de soude, etc. En outre, son extrême légèreté, son goût agréable, la font
recommander comme eau de table ; les estomacs les
plus délicats la digèrent très facilement. La grande
quantité de gaz qu'elle contient en dissolution se développe surtout au c,ontact dn vin, qu'elle rend fort
agI' abl et ne décompose que lentement (qualité très
appréciée de tous le consommateurs).
Sa température constante de 11 0 reconnue par
l'Académie de Médecine, et sa remarquable limpidité lui permettent de supporter sans aiUcune altération les voyages les plus lo,i ntains et dans les pays
les plus chauds.
On traite à la Souf'ce Duboi.s, avec surcès, toutes
les maladies de l'estomac, dJu foie, de l'intestin et de
la. vessie. Elle est aussi très efficace pour combattre
le diabète et l'albuminurie.
Le soir, la Suurce Dubois, brillamment éclairée,
devient un véritable centre d'attractions. En effet,
après le repas. aucune eau de Vichy n'est aussi légère. aussi facile à digérer et aussi agréable, grâce
à sa [raicheur ; aussi l'appelle-t-on, à juste titre, la
Reine de l'Estomac.
�VlCHY-ENVlRONS
121
SOURCE PRUNELLE. - Située en face de l'HOpital militaire; elle a été découverte en 1873, à 10 mètres de profond.eur, sa température est d'environ 21°.
SOURCE GENEREUSE. - (Propriété de la Compagnie des Grandes Sources Minérales Françaises).
Découverte en 18!:!::!, à 103 mètres de profondeur, elle
jaillit route de Nîmes, à une petite distance de la
Source Larbaud. Son débit est de 40.000 litres ,par
24 heures, sa température, 23°.
Remarquable par sa limpidité, la richesse de sa
composition, et la grande quantité d'acide carbonique qu'elle dégage.
Cet acidl1 carbonique est capté et recueilli dans un
vaste gazomètre. De là il est envoyé, par une canalisation spéciale, dans une 'Usine construite à prox1mité. De puissantes pompes, mues par l'éleciricité,
compriment le gaz et le liquéfient à une pression de
70 atmosphères ; ce liquide est logé dans des tubes
très résistants, en acier forgé qui servent à le transporter.
L'acide carbon ique liquide est utilisé par de nombreuses industries ; il sert notamment à la fabrication des boissons gazeuses et à la production industrielle du froiçl, dans les appareils frigorifiques
destinés à la cOllservation des denrées périssablps.
La production journaHère d'acide carbonique de la
Source Généreuse est d'environ 200 )<ilos.
Une grotte, similaire de la fameuse Grotte cLu
Chien :). Pouzzoles, a été aménagée dans le parc de
la Généreuse.
SOURCE DES ETOILES. - Découverte en 1893, à
102 mètres de profondeur, jaillit route de Nîmes. Sa
temp érature est d'environ 21° .
*
* * qui jaillissent à Vichy
Telle est la liste des Sources
même, sur le territoire de la r.ommune.
�128
GUIDE-POCHE
Nous avons vu qu'elles alimentent les Etablissements de 1re , de 2e et de 3° classes, les Bains de
l'Hôpital, les Bains Lardy et les Bains Larbaud,
A cette nomenclature, il convient d'a.jouter un cel'·
tain nombre de sources jaillissant dans le périmètre
.de protection des sources de l'Etat et à proximité de
Vichy:
La SOURCE BOUSSANGE. - Elle jaillit sm le territoire de la commune de Bellerive, au lieu dit
« Champ de Cornes », route de Gannat, non loin du
Golf, Elle a été d.écouverte le 18 avril 1901 à la suite
d'un forage qui atteignit une profondeur de 254 mètres. Sa température est de .wo, son débit de 200.000
litres environ par 24 11eures. D'une composition intermédiaire entre la Grande-Grille et Chomel, les
eaux de la Source Boussange sont amenées à Vichy
où elles contribuent à alimeŒ1ter les bains.
Une remarquable installation a été établie au point
de jaillissement pour recueillir le gaz carbonique
qu'elle dégage avec une extrème abondance. La
Source Boussange a.ppartient à la Compagnie Fer. mière.
La SOURCE GANNAT DE VICH.Y-LA-TOUR . - Située il. 1.500 mètres du pont de Vichy, route d'Hauterive, elle est la plus ancienne source chaude de cette
région ; elle est eXjploitée depuis 1885. Sa thermalité
est de 32°.
Captée à 110 mètres de profondeur, elle est préservée de l'infiltration des eaux des nappes supérieures,
tout le long de son trajet, par une double colonne
ascensionnelle qui lui assure, en outre, une aseptie
complète au niveau du griffon.
Cette source possède une très grande richesse de
minéralisation ; ses éléments constitutifs atteignent
8 gr. 415 par litre. Malgré cette forte minéralisation,
.elle est d'une pureté si remarquable, que sa thermalité aidant, elle ne laisse jamais aucun dépôt dans
'les récipients qui la contiennent, et se conserve
�129
VICHY -ENVIRONS
<indéfin iment sans rien perdre de sa valeur et de ses
propri étés thérapeutiques.
ID
()
s..
::l
o
Cf)
(1\
~
Conformement aux prescriptions impératives de
l'Acad énlle de Médecine formulées dans le rapport
du Dr Hanriot, en date du 4 décembre 1900, l'eau de
la Source Gannat ne subit aucune décantation;
~le
vient directement du griffon, à l'abri de l'air,
�130
GUIDE-POCHE
dans la bo uteille qui la reçoit. C'est ainsi qu'elle
conserve intacte sa radioactivité qui est très grande.
Les bouteilles sOlUInises à .une stérilisation préalàble, sont toujours expédiées fraîchement remplies,
aucun stock n'étant constitué à l'avance. Cette précaution qui peut paraître excessive, est prise dans
l'intérêt des malades qUi ont ainsi la certitude d'absorber une eau toujours nouvellement recueillie.
L'eau de la Source Gannat est r ecommandée par
toutes les sommités médicales dans le traitement des
maladies soignées à Vichy. Peu de baigneurs quittent notre station sans avoir visité Vichy la Tour.
Pour ,tous renseignements s'adresser à l'Administration, 29, rue Forestier, à Vichy.
La SOURCE DU DOME. - Située également r oute
d'Hauterive au h eu dit: • Bois Contaut D , a été découverte i?L 160 mètres de profondeur ; c'est la plue;
chaude du Bassin de Vichy, sa température est
de 61°.
Il serait à désirer que l'Etat se rendit acquéreur de
cette source remarquable par son débit considérable,
sa richesse en sels minéraux et sa haule thermalité.
Amenée à Vichy' par une can alisation appropriée,
elle pourrait être utilisée pour le service des bains et
douches, et aussi pour l'alimentation de vastes piscines de natation dont la création sera1t bien accueillie,
non seulement de nos malades, mais de la population
sédentaire de la ville.
La SOURCE D'HAUTERIVE. - Acquise en 1853 par
la Compagnie Fermière, jaillit dans le village du
même nom, au milieu d'un magnifique parc.
Sa température de 14°, son débit considérable, sa
compositIon qui se rapproche de celle de la Source
du Parc, en tont une des meilleures SO'\lrces pOUl'
l'exportation.
dans le traitement à dom!·
Ses eaux sont u~msée8
�~le
VICHY-ENVIRONS
131
de la presque totalité des male.dies tributaires
des Eaux de Vichy.
Indépendamment des bâtiments d·exploitation. on
trouve dans le parc un restaurant et de nombreux
jeux pour enfants.
C'est un des buts de promenade les plus appréciés
de la clientèle étrangère. On peut facilement s'y rendre. soit à pied. soit à bicyclette. et varier l'itinéraire en prenant. au retour. le pont d·Abrest. puis
la route de Vichy ou le chemin de l·Aérodrome.
Les SOURCES MUNICIPALES et PRIVEES DE
CU SET. - Utilisées surtout comme eau de table.
Indépendamment des sources que nous venons de
citer. il en existe une grande quantité tant à SaintYorre que dans les villages de la rive gauche de
l'Allier : Saint-Sylvestre. Saint-Priest. etc ...• toutes
se I1éclament du voisina.ge de Vichy et revendiqu ent
l'appellati.on de sources du Bassin de Vichy. Parmi
ces dernières dl? minéralisation variable. il en est
de très bonnes. d'autres qui le sont moins: certaines
d'entre elles ont besoin d'être décantées. d'autres peuvent se passer de cette précaution. Il convient de
faire parmi elles un choix éclairé et judicieux.
Au premier rang des meilleures. figurent les excellentes so urces de St-Yorre-MédicaLe. St-Yorre-RoyaLe.
et St-Yorre-Digestive qui appartiennent à la Compagnie des Grandes Sources Minérales Françaises. (Direction: 111. rue Maréchal Pétain. Vichy).
�132
GUIDE-POCHE
UN MOT DE MÉDECINE
Les maladies auxquelles s'applique le plus généralement le traitement de Vicl'ty sont: Jes Affections
de 1'Es/omac, les Coliques hépatiques, les Coliques
néphriHiques, la Goutte, la Gravelle, le Diabète su-
cré, l'Albuminurie et. l'Anémie.
1. - MALADIES DE L'ESTOMAC. - Tantôt elles
existent à l'état chronique et, en quelque sorte, la-
tent. Elles se révèlent alors par des pesanteurs surtoot après les repas, des lassitudes, des éructations,
une sensation de plénitude, un besoin de bâiller,
quelquefois une envie invincible de dormir. Cet état
peut être engendré par des causes multiples et se
relie étroitement au système nerveux ; il est dési, gné sous le nom de Dyspepsie.
Tantôt il y a. exaspération des organes. On éprouve
des cramp~s
d'estomac qui peuvent revêtir un carac ..
tère atroce. On est, dans ce cas, en présence d'un
état gastralgique bien caraQtérisé.
Les deux formes de la maladie relèvent des Eaux
de Vichy. Car l'effet le plus direct de ces eaux SUI'
l'organisme est de stimuler l'appareil de la. digestion. L'estomac tonifié produit en plus grande abondance le suc gastrique sans lt3quel aucune digesll.on
n'est possible. De là, le changilment rapide constaté
chez tant de dyspeptiques : l'appétit réveillé, le&
fonctions digesti ves rostaurées, la santé reconquise.
la belle humeur r trouvée. On a dit qUE' les Eaux de
Vichy ;;ont la « Providence des mauvais estomacs ».
Le traitement débute généralement par l'Hc1pital et
se continue à la Grande-Grille ou à ChameL
II. - COLIQUES HEPATIQUES. - Cette maladie
est caractérisée par de vives douleurs. Les concrétions biliaires qui occasionnent les coliques hépatiques sont attaquées par los Eaux de Vichy, soit
directement, par un travail de désagrégation, soil
�\"ICHY-ENVIRONS
133
indirectement, par l'entremise de la bile chargée de
principes alca.lins. Quoi qu'il en soit, l' xpulsion des
calculs qui est la conséquence du traitement, peut
occasionner d s crises fort douloureuses. Le malade
en est parIotjs effrayé au point d'interrompre spontanément sa Clue. Une grande prucLence est ici de
rigueur ; mais par delà la douleur, il fa:ut voir la
guérison. Le but, c'est l'expulsion des calculs. Or, il
n'existe contre ces concr étions auclUJ1 remède plus
efficace et plus énergique que les Eaux de Vichy.
III. - COLIQU ES NEPHRETIQUES . - Mêmes observatioos pour les Qoliques néphrétiques, aussi douloureuse;;, plus, peut-être, que les coliques hépatiques. Dans ce cas encore, des crises angoissantes,
mais sa.lutaires, peuvent être provoquées par l'usage
des eaux de Vichy.
Ces eaux, en effet, agissent puissamment sur les
urines . Elles facilitent leur sécrétion et les r endent
fortement alcalines. De fétides et boueuses, les urines deviennent inodores et limpides; les eaux diSSOlvent, entraînent les mati èr es glaireuses et puruJ.entes que produit l'irritation des muque'lls es. Les désordres occasionnés dans l'éc'onomie par la présence
des calculs disparaissent peu à peu. L'état morbide
se ca'lme, les forces et. la santé renaissent..
Cette action dissolvante des Eaux de Vichy, désagrégeant l s calculs, détruisant le « ciment » et le
fai sant r endre aux urines, est extrêmement remarquable. C'est un rinçage en r è.q ~ e qui s'opère. L'analyse ne laisse aucun doute :\ cet égard . Elle explique
les r ésultats constatés par l'expérience.
IV. - GOUTTE . - Elle a les plus grands rapports
avec la gravelle. Elle a souvent les mêmes causes:
la bonne chère, l'intempérance, la vie sédentaire.
Morbus dominOTtLm, a-t-on dit. Cette « maladie! des
riches » atteint pourtant quelquefOis l es pauvres et
les cloue, eux aussi, 's ur un lit de doüleur.
Si les Eaux de Vichy ne guérissent pas toujours
radicalement la goutte, surtout la goutte héréditaire'.
�1.34
GUIDE-POCHE
elles obtienn ent, du moins dans la cure, des résultats importants. Il est rare qu'elles n e produisent
pas une amélioration sensible ; on a même remarqué que les crisea sont moins prolongées pendant le
traiteme:lt thermal qu'à toute autre époque.
V. - DIABE:l'E SUCRE:. - Voici une maladie
étrange, où la science a longtemps marché à tAtons.
Sa présence est attestée par l'apparition du sucre
dans les urines. Elle est accompagnée des phénomènes suivants : soi! inextinguible, appétit capricieux, troubles organiques alarmants, altération des
sens, et, en particulier, de la vue et de l'QlUïe, pro tration des forces, amaigrissement. Les urines sont
décolorées, semblables à du petit lait et très denses.
Tels sont les caractères généraux de la maladi e.
Elle vient de ce fait que le sucre 'lui existe dans
l'économie à l'état normal, passe en excès dans les
urines. Il y a là une perturbation des humeurs il, laquelle il s'agit de remédier. Gr, les Eaux de Vichy
ont précisément pour effet de rétablir cet équilibre
qui peut être détruit par tant cie cau es. et avec les
phénomènes, en apparence, si différents.
Ici, plus encore peut-être que pOUl' les autres maladies traitées à Vichy, le régime doit venir en aide
à la cure. Les producteurs de sucre, de quelque nature qu'ils soient: pain, pommes de terre, féculents,
etc., sont proscrits de l'alimentation. Le principe générateur clu mal est ainsi supprimé. Mats cela ne
suffit pas, il faut que les humeurs viciées soient
corrigées pal' l'absorption des alcalins, base des
eaux de Vichy. Les al alins sont nécessaires ù la
décomposition du sucre qui, S8JJlS leur concours,
s'emmagasine dans les urines. Dans les cas de Diabète, comme dans ceux de Dyspepsie, il y a un tra·
vail de reconstitution, de remontement, à opérer.
C'est l'œuvre réparatrice du bicarbonate de ~ude.
VI. - ALRUMINURIE. - Dans les cas d'Albuminurie, nous sommes encore en présence d'humeurs
vicIées qu'il faut rendre à leur état normal. Ce n'est
�VICHY-ENVIRONS
135
plus le sucre, c'est l'albumin e qui, en passant dans
les urines, trouble profondément 1 s fonctions de
l'organisme. L'Albuminurie agit sur la constitution
un peu comme le Diabète, entraînant, comme lui,
des désordres graves et des troubl- s alarmants dans
l'état des sens. Il n'est pas rare de la voir accompagnée de cécité. Une prostration générale se manifeste rapidement; mais les Eaux de Vichy, par leur
action tonifiante et la stimulation qu'elles produisent,
enrayent les progrès du travail de d composition.
VII. - ANEMIE. - CHLOROSE. - Cet état morbide a poûr causes ordinaires un tempérament ner_ veux, une alimentation insuffisante, des fatig'ues
excessives. Il se manifeste par une décolora.tion générale de la peau, la débilité musculaire, une constipation habituelle, de la dyspepsie.
Les Eaux de Vichy agissant directement sur les
organes mêmes de la digestion, doivent, par cela
même, combattre efficacement les maladies qui proviennent du mauvais fonctionnement de l'estomac,
comme l'anémie sous ses formes d.iverses. Lorsqu'aux qualités d'excdtation qui caractérisent les alcalins, une source joint la presence du fer comme
M esdames ou Lardy, on peut dire qu'elle réunit toutes les conditions désirables pour le traitement de
l'anémie.
'"**
Grê.ce aux installations Physiothérapiques qUi sont
organisées à Vichy, les baigneurs trouveront dans
notre station, remède à tous leurs maux. Le<; agents
physiques: l'Hydrothérapie, la Mécanothérapie ont
une action rapide autant que persistante, et sont
par suite, très utiles pour compléter et localiser l'action d'une cure hydrothermale.
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MARTlN-PÉRTIllER, 17, rue de l'Etablissement.
MASSERET, 23, boulevard de Russie.
MATHIEU DE POSSEY (~),
21, rue Alquié.
MAU BAN (H.), (*), 11. boulevard des Etats-Unis.
MÉDAWAR, 9, rue de Belgique.
MONOD (Oct.l, 6, rl1.() Hubert-Colombier.
MORLET, 18, rLle de l'Etablissement.
MOURIQUAND (~),
2, rlle [loyale (chirurgie).
�138
GUIDE-POCHE
MM.
NEVREZe (de) , 15, boulevard des Etats-Unis (maladies
de la bouche et de dents).
NIGAY (~),
108, boulevard çles Etats-Unis.
NIVIÈRE ( ~ ) , 17, boulevard des Etats-Unis.
PARTURIEH (*), avenue des Cygnes, 3 bi s.
PELOT1'IER. 1, rue du Galf.
PEilLIP, 1, rue du Golf (chirurgie).,
PUISTIENNE (* ), villa Col tte, 12, rue Hubert-Colombier
RAJAT (H.), 26, rue rIe l'Etablissement (peau, voies
urinaires, maladies cles femmes).
RAMBERT, 28, avenue Victoria.
RAYMOND, villa Sainte-Marthe, 57, avenue Victoria.
REYMOND (~ ) , 41, boulevard des Etats-Unis.
REYNES (~ ) , (1. ~),
106 bis, boulevard des EtatsUnis.
ROSANOFF, 15, rue Lucas.
RouBEAu, 31, boulevard de R.ussie.
Roux, 14, rue Roovère.
Roux, 2, rue Capelet..
ROUZAUD, 18, boulevard de Russie.
SANTELLI (~),
15, rue Georges-Clemencea.u.
SIlRilGIl, 37, boolevard des Etats-Unis.
SIEMS (Ch.). 15, rue Lucas (Maladies du larynx.
des oreilles, du nez et rJ es yeux).
SUSINI, 18, rue Sornin.
TESTIl, 19, rue de Paris.
TH ERRE (O. *), 23, rue du Pont.
TOURNADE, 112, boulevard des Etats-Unis.
THOMAS, 38, rue de l'Etablissement (radiologie ).
TREILLE (O. *\, 14, quai d'Allier.
VALLERIX (*) 17, bouleval'd Carnot (maladies des
yeux, du nez, de la gorge et des oreilles .
VAUTHEY, 27, boulevard de Russie.
WALEWSKY-COLONNA, 11, rue .l.-J. Givols.
WILLEMIN, 5, boulevard des Etats-Unis.
�VICHY-ENVIROI S
RECOMMANDATION
139
IMPORTANTE
Des ouvrages médicaux sur les Sourc ~s minérales
de Vichy, leur application et leurs effets, ont été publiés par plusieurs des praticiens les plus distingués
de notre Ville d'Eaux_ Tous ces livres ont la valeur
incontest.able que clonn nt la science et l'expérience;
le malade aux Eaux de Viclly pourra donc les lire
avec fruit et s'en inspirer dans son traitement ;
mais il faudrait bien sc garder de croire que cette
lecture puisse twmir la place a'une direction médiciile et des prescriptions qu'elle comporte . Les conseils clairés, les ,oins assidus d'un médecin sont
nécessaires à tout malade venu il. Vichy pour faire
une cure sérieuse et fertile en bons résultats.
LA
PERGOLA
lnd~eamt
de ses Etab1issements thermaux,
Vichy possède une remarquable Maison de Sante,
LA PERGOLA, fondée il y a quelques années par le
regretté docteur Maire dont la mort, survenue au
oours de la saison de 1915, a laissé un grand vide
dans le corps médical de la station. Chirurgien 00.
che! de l'Hôtel-Dieu de Vichy, il avait compris la nécessité d'un Etablissement destiné à recevoir les
malades dont l'état exige des soins spéciaux, et ausRi
les personnes bien portantes qui cherchent le calme
et désirent suivre un régime plus surveillé que celui des hôtels.
Pour la réalisation de aette idée, LA PERGOLA jl.
été installée aveo un luxe de précautions hygiéniques et un confortable tels qu'aucune Maison de
anLé de France ou de l'Etranger ne peut lui être
�140
G mE-PO CHE
comparée , on aspect riant, ses winùo'ws flew'ies,
ses chambres confortable, ,cs cabinets rIe toilette
munis des appareils les plus m ail fil es, son jar-dJn
et sa magnifique t l'l'osse gazonn ée (laminant la
�VICIlY-EN\-IHON
141
vall ;e de l'Allier, le Golf du S. C. V... le Champ de
Courses, el. , en font un séjour agréable pour les
Malades, délicieux pour les Convalescents.
Les pensionnaires conservent le choix de leur médecin et de leur pharmacien. Les soins proocrits sont
exécutés fidèlement par un personnel d'infirmières diplômées.
Et ma inienant, passons si vous le voulez bien aux
plaisirs et aux distractions offerts à ses hôtes par la
Reine des Villes d'Eaux.
A tout seign ur toul, honneur, commençons par:
Il e trouve dans le Parc, faisant face à l a Galerie
des Sources, à laquelle il esi relié !Jar l'Allée centrale et par les galeries couvert s.
L'édifice primitif construit en 1865 par M. Badger,
était de for me plus élégante que celui d'aujourd'hui .
Devenu beaucoup trop petit pour les développements
énOTmes pris par Vichy depuis quelques années , il a
été l'obj et d'agrandissements qui en ont modifié profon dément le caractère architectural. L'esthétique en
a peut-être quelque peu souffert, mals, à moins de le
reconstruire en entier, il n'était guère possible d'éviter ce défaut, car à l'ancien Casino ont été success1vement ajoutés une salle de tlléâtre, plusieurs salons
et une terrasse, sans compter l'agrandissement de la
véranda et une quantité de remaniements dans la disposition des pièces qui le composent. Quant à l'aménagement intérieur, il réalise le n ec plus ultra du
luxe et du confortable ; c'est une ample compensation
*
* *i m ement une remarquaLe Casino présente extér
ble adaptation du style r na issance. a façado principale est ornée le quatre granc]C's statues figurant les
Saison de l'année, œuvre de Carri r-B leuse. Elle est
�142
GO IDE-POCHE
agrémentée d'une véranda qui recouvre une terra.sse
où se donnent généralement les concerts du soir, et
domine un jardin réservé, plusieurs fois agrandi, qui
est séparé du Parc par Ulle grille.
L'intérieur comprend une suite de salOOlll qui re·
pondent à tous les besoins de la vie élégante et artistique de la saison de Vichy. Là, on peut pa.ssel'
agréablement tous les instants qui ne sont pas consacrés à la cure.
n faudrait une longue description pour donner une
idée du luxe et de la richesse de chacun de ces salons. Nous n'en dirons que quelques mots:
La SaUe des FiJles est la plus luxueuse du Casino ; toute étincelante de glaces et d'ors, elle s'ouvre largement par de vastes baies sur une magnifique terrasse garnie d'arbustes, de plantes et de
tleurs. Richement ornée de lambris, de lustres et de
tentures de style Louis XIV vert-pâle et or, elle sert
de lieu de réunion à une société élégante et choisie.
On y donne l€s concerts du soir, les bals et les petites matinées.
La salle des jeux, aménagée dans l'ancienne salle
de spectacle, est remarquable par ses vastes dimensions et la sobriété de son ornementation.
Le salon de lecture, de style Louis XV, orné de
fresques de Girardet, et les petits salons de correspondance, offrent une charmante retraite aux abonnés désireux de silence et de tranquillité.
Sous les terrasses, se trouve une spaCieuse sane
de blllard où l'on accède par un escalier intérieur.
Nous devons mentionner également le salon de
thé, où se donnent les concerts de début et de fin
de saison ; ]a salle du restaurant, de tout premier
ordre, et sa terrasse où l'on peut, tout en savourant
les douceurs d'un menu exquis, Jouir de la fraîcheur
des belles soirées estivales ; le Hall ù lÔmp. lumineux. éhlouissant de cabochons topaze et roses, qui
sert de foyer au théâtre; la galerie des petits jeux :
entln la splendide saIJe de théâtre de 1.420 fauteuils ,
�VICHY -ENVIRONS
143
avec une scène de 22 mètres sur 15, où peuvent évoluer 200 artistes ou figurants.
Cette salle est toujours maintenue à une température très fraîche et très agréable par un système
de ventilation spécial.
C'est naturellement dans le Casino que se déroule
le programme des attractions artistiques de la saison. Ce programme est très éclectique ; il cOlffiprend
tous les genres de distractions élégantos et mondaines en faveur dans les villes d'Eaux : Conœrts de
jour ot de nui.t, représentations lyriques, représentations dramatiques, concerts classiques, soirées de
gala. avec los artistes en vedette des grands théâtres
de Paris et de l'Etranger, etc.
Les concerts ont lieu, tous les jours : le matin à
9 heures au Kiosque du Parc de la Source de l'HOpital, à 16 heures au Kiosque du Grand Parc, à
20 hem'es 30, sous la véranda dU Casino. Ce dernier
concert, les jours d'opéra, ne comprend qu'un orchestre réduit..
Ces concerts sont remarquables, et par la valeur
des artistes qui composent l'orchestre, et par la façoll
magistrale dO'Ilt ils sont conduits. Ils offrent à l'admiration des auditeurs des pages musicales de la
plus grande beauté, et constituent une des atlractians artIstiques les plus appréciées de la Saison de
Vichy. Les concerts à grand orchestre comptent environ 80 exécutants dont 16 olistes, tous artistes consommés.
Du 15 juin au 1~ septembre, le Casino organise chaque quinzaine des concerts massiques très appréciés
des dillettanti.
Les représontations tlléâtrales sont tr s variées du
15 au 31 mai, représentations de comédie; ù. partir du
1er juin jusqu'au 30 septembre. période des grands
opéras donnés trois ou quatre fois par semaine . les
autres jours, opéras-comiques ou comédies.
De plus, trois fois par semaine. des potites matin6es
ou spectacles di vprs, on t li u à 13 Il ures, soit dans
�144
GUIDE-POCHE
la salle du théâtre, soit dans le salon des fêtes où
une scène est aménagée à cet effet.
Les troupes de comédie et d'opéra sont soigneusement choisies ; elles sont composées des meilleurs
artistes que l'on puisse entendre à Paris et en Province.
Le programme des soirées, soit lyriques, soit dramatiques, est très varié. La comédie y embrasse tous
les genres, depuis la simple pochade j\usqu'aux plus
hardies productions du théâtre contemporain. On y
aborde quelquefois le classique, mais on s'y a.ttache
surtout aux pièces en vogue de nos principaux auteurs dramatiques. Quant à l'op(>ra, il s'éléve de l'opéra comique, avec l'ancien répertoire, jusqu'wx
plus splendides compositions des grands martres
français et étrangers.
La représentation de ces chefs-d..'œuvr e, com~
celle de certaines pièces de comédie, est accompagnée d'un lu..'Ce extraordinaire d'interprétation et d~
décors. Ce sont les soirées de gala, les grandes soHmnités artistiques de la saison qui, nulle part, ne
peuvent être dépassées. Pour leur donner tout l'éclat
qu'elles comportent, aux artistes des troupes du
Casino, se joignent des interprètes, en r eprésentamon extraordinaire, et appartenant aux premiers
théâtres de Paris et de l'Etranger. C'est ainsi qu'on
a eu la bonne fortun e d'entendre au Casino de Victhy, la presque totalité des célébrités mondiales de
la scène ; presque toutes les étoiles de l'Opéra, de
l'Opéra-Comique, de la Com édie Française ont tenu
à honneur de se faire applaudir du public d'élite qui
se presse aux soirées sensationn elles inscrites au livre d'or des saisons de Vichy.
Les représenta.tions de grand gala ont lieu pendant
la période qui s'étend du 1er juin aux derniers jours
de septembre.
Nous ne publierons pas ici le tarif des entrées au
thMtre, ce tarif vn,rianl suivant l'importance des œuvres présentées et la notoriété cie l urs interprètes.
�Les Derniers Modèles de Paris
Ses Robes
Ses Tailleurs
Ses Manteaux
Ses Tricots de Luxe
"Vi.si1;ez
Ü l'enll'csol, 2, Huc de l'ElnhlisscmclIl , en race
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Exposition permanente de Haute Couture
..c' hiver à
)Yice,
9, J'lace ;Yiasséna (Entresol)
S 6S
F ri:x:
son. t
sans con.cu.rren.ce
�'î <.) •
PLAN
DE
LI" l,!>.
GALERIE
Pour les représentations d'Opha. d'Opera-Comique ou de J It. les fauteuils du n' 1 !lU n' 76 sont supprimés ainsi que le s
6. 7. 8, 75, 76. 77 et 78.
strapontins n" 1. 2. J,~'
Les loges d'avant-scène sonl rése rVt 'lux autorités et à l'Administra tion,
Les Dames ne sent pas admises en cbapeaux aux faute<Jlls d'O\hes're, ni aux deux premiers rangs des fauteuils de balcon .
a
J
�CHOCOLATS
PATES DE FRUITS D ' AUVERGNE
SUCRES D ' ORGE DE VICHY
10, SQUARE
DE L'HOPITAL
VICHY
TÉLÉPH O N E
n, DU C. CUe,SF.T N'" 5076
2 , 89
�VICHY -ENVIRONS
145
Consulter à ce sujet le programme des soirées qui
donne toujours les prix des différentes places.
Des réductions identiques à c,elles prévues pour les
tarifs des chemins de fer, sont accordées à tout membre d'une famille, nombreuse, porteur d'une carted'identité personnelle délivrée par Jes Compagnies
de chemins de fer, soit:
30 % pour les membres de familles cie 3 enfants ;
40 % pour les membres de familles de 4 enfants ;
50 % pour les membres cl familles de 5 enfants ;
60 % pour l s membres d s famiU s de 6 enrants >
70 % pour les membres de familles cie 7 enfants et
plus.
Les conclitions d'abOlmement au Casino seul sont
les suivantes:
Abonnement de 30 jours, une personne 20 francs.
Abonn ement cie 30 jours, enfant au-dessous oe 1&
ans, 10 francs.
Abonnement cie 15 jour, une personne, 15 francs.
Entrée du jour, ~ francs.
(Impôts t taxes en plus).
Dans son programme de la Saison, l'Administration
du Grand asino n'a pas oubl ié les tout petits. Chaque semaine des bals d'enfants ont Ji u dans la Salle
des Fêtes. Dans le jardin réservé, c'est Guignol qui
e livre à ses exploits aux grands clats cie rire des
bambins et. .. de leurs parents.
En cas de plui , les séances ont lieu clans la Sal~
des Fêtes.
L' entrée principale clu Casino cl s Fl urs st situé~
rue Sornin. Une autre voie cI'accès, n face l'Hôpital'
militaire, a été transfo'r mée en galerie d'exposition
d'objets artistiques ; elle n'est utilisée que comme
sortie cl dégagement pendant les entr'actes, à la fin
des r eprésentations, ou en cas d'a cident.
�146
GUIDE-POCHE
Les représentations de ce spacieux et coquet établissement sont, chaque année, l'un des plus vivants
-attraits de la saison de Vichy.
Chaque après-midi, la foule envahit le Jardin, couvert en temps de pluie, où sont données, de 13 11euTes à 18 11eures, des Matinées, dont le programme
composé de grandes opérettes à spectaole, change
chaque jour.
TO'US les soirs, à 20 heures, le même Jardin s'emplit
pour les représentations de cinématographe et de
Music-Hall, sans cesse renouvelées. En même temps.
la Salle de Théâtre, extrêmement luxueuse et confortable, s'ouvre chaque soir pour des représentations de comédie où paraissent successivement tous
les artistes en vedette dans les Théâtres de Paris.
Avec ses terrasses fleuries, sa vaste tente-abri, ses
Halls décorés d'une profusion de plantes vertes, son
bar américain, sa salle de « CLancing -, son Café de
tout premier ordre, sa Salle de lecture et ses splendides salons de Jeu..-x: (Boule et Baccara), le Casino
des Fleurs offre, aux hôtes de Vichy, le confort le
,plus moderne et les spectacles les plus attrayants.
L'ÉLYSÉE PALACE
L'étincelante façade de ce joyeux Casino'-Musicl 'Iall, illumine chaque soir de sec; feux la rue Geor-ges-Clémenceau. C'est le rendez-vous du Tout-Vichy
<qui s'amuse.
Dans une salle luxueuse, coquettement décorée, on
'Y donne avec succès de Grandes Revues à spectac/.e
qui sont la joie de la Saison. Toutes les vedettes des
Music-Hall de Paris y défllent tour à tour.
La Brasserie de l'Ely sée-Palace est la plus vaste
<et la plus fréquentée de Vichy. Son immense terrasse
fleurie ne désemplit pas. On y entend trots orchestres
dont les concerts alternent et se succèdent de midi à
minuit. Jeu de la Boule.
�VICHY-ENVIRONS
~
Ci\SlNO Ji\RDJN DE VICHY
147
~
Dans ce luxueux établissement d'été sont données,
chaque sOOr des représentations de Music-Hall qUl
font les délices des amateurs de Q8 genre de spectacle.
Les vedettes les plus réputées et les attractions les·
plus variées défilent pendant la Saison sur la scène
du Casino-Jardin de Vichy. Les prix des places sont,
sans contredit les moins chers de tout Vichy.
Représentation tous les soirs, matinées : jeudis,..
dimanches et jours fériés .
Bar Américain, Salle de jeux, etc ....
SPECTACLES DIV~RS
P elit Casin o. - Théâtre Guign ol l\l ourg ueL
CINEMAS
Restaura tion - Source Lardy - Ru e de P aris
Rue ornin - . 'ulle St-Blaise.
SPORTS :.. ; fÊTES DE Li\ Si\lS0N '
Elles sont nombreuses encore, les attractions saisonni res qu'il convient de joindre aux représentations des théâtres et aux concerts ; de Mai à Octobre
elles se succèdent de semaine en semaine, et à certains moments, de jour en jour. Les unes sont orga·
nisées par la Compagnie Fermière, le Comité des
Fêtes, la Mrunicipalité. le . yn(li cat cl'Initiative, les
autres par les différentes ociétés de sport de la.
ville.
Nous donnons plus loin la nomenclature des fêtes
qui rehausseront l'éclat de la prochaine Saison Ther·
male. Au moment où nous mettons sous presse, les
dates auxquelles elles auront lieu ne sont pas tOl1tes
fixées, malS la période dite des grandes fêtes ne
comm nce habituellement qu'en juin et généralement.
avec le Concours Hippique.
�[48
GUIDE-POCHE
Concours Hippique
Fondé en 1887, par la Société Hippique Française
aujourd'hui présidée par le baron du Teil, il a son
siège rue Jean-Jaurès dans un vaste emplacement
confortablement aménagé, sur les bords du Sichon,
il. cinq minutes du Parc, en voiture.
Le terrain du concours, de forme elliptique, a 250
mètres dans son grand axe et 70 mètres dans son
petit axe.
La piste de sable a. 600 mètres de longueur sur
12 mètres de largeur ; la piste verte a 500 mètres
environ de pourtour.
Les locaux affectés au Concours Hippique comprennent des écuries qui contiennent plus de 30U
boxes ou stalles ; des magasins à fourrages, des selleries, des hangars pour voitures, etc.
Le Concours Hippique est une des premières Grandes Fêtes élégantes de la Saison ; c'est le rendezvous de toute la Société mondaine en traitement à
Vichy ou résidant dans les Environs.
Des tribunes, orientées au Nord pour abriter les
spectateurs des rayons du soleil, on jouit d'une belle
vue sur l'ensemble des pistes et leur cadre de verdure et de fleurs.
La réunion, dite du Sud-Est, qui se tient à Vichy,
comprend 42 départements; c'est après celle de Palis
la plus importante de toute la France.
Près de 500 chevaux flgurent chaque année au Con~ours
; les ventes et transactions y sont fort actives, il convient de noter à ce sujet, que nous som_
mes au centre d'une région appelée par beaucoup <1e
oonnaisseurs des plus réputés: l'Irlande de la
France.
En effet, l'ensemble des présentations : sur les pis_
t.es du Concours ; dans les épreuves d' xtérieur en
terrains variés ; sur les pistes de l'Hippodrome dans
les courses pour cheva.ux cie demi-sang, mettent en
relief les remarquables qualités des chevaux de selle
roduits dans cette région.
�VICHY-ENVIRONS
149
Le Concours Hippique de Vichy est dirigé avec la
plus haute compétence par Je baron de Neuflize,
Vice-Président de la Société Hippique Française, Président effectif du Concours.
M. le baron du Teil se fait un devoir d'honorer
chaque année de sa présence les magnifiques réunions qui ont lieu sur l'Hippodrome du Sichon.
Les épreuves aussi intéressantes que variées, durent
de dix à douze jours; elles sont dotées de nombreux
prix d'une valeur de 250.000 francs.
Tous les jours, le matin à 9 heures, présentation
<les chevaux à la Commission ; épreuves et examens
divers, classement, etc ... Le soir, à 14 heures, épreuves pour chevaux de selle et chevaux d'attelage,
épreuves militaires pour officiers et pour sous-officiers.
Chaque année, pendant la durée du Concours,
une ou deux j urnées de Courses pour chevaux de
demi-sang ont lieu sur le terrain de l'Hippodrome de
Bellerive. En outre, plusieurs matinées sont consa·
crées sur cet Hippodrome ou sur le terrain de l'Aérodrome, à des éprel1 \·es d'extérieur.
Pour chaque série tl'épreuves, le nombre des engag ments est fort levé.
Les réunions du Concours Hippique sont des plus
s le ts ; elles sont fréquentées Tlar les plus élégants
gentlemen riders, par les plus parfaits cavalier!';.
Afin de rehausser encore leur éclat et leur attrait,
la Commission QTganisatrice ajoute, chaque année,
des épr>uves pour dames qui ohtiennent un plein succès et mettent en relief le talent, l'adresse, le sangfroid de nos gracieuses amazones.
Courses de Chevaux
La plus select des solennités sportives de la Saison. Organisées par la Société des Courses de Vicay,
elles sont fréquentées par les premiers éleveurs et
les sportsmen les plus en renom de la France enti re.
Chaque année elles attirent à Vichy, pendant leur
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�VICHY -ENVIRONS
151
durée', une société aussi nombreuse que choisie.
Fondée en 1875 par le baron de Veauce, la Société
des Courses de Vichy a été réorganisée cn 1897 par
le marquis de Barbentane. Elle a comme Président
d'Honneur le vicomte ù'Harcourt, et comme Président effectif le baron M. de \"aldner assisté de
M. Nouvellet, comme Vice-Président.
Son Conseil dl' Administration se compose de :
MM. Baugnies, Desboudet, cles Champs de Verneix,
Dubost, Frey, Prestat, Thuret.
Les Commissaires sont : MM. Desboudet, Gaudet,
baron de Nexon.
Les bureaux de l'Administration, situés 27, rue de
l'Etablissement, sont dirigés par M. Kindler, secrétaire général.
L'Hippodrome se trouve sur la rive gauche ue
l'Allier clans une plaine magnifique où l'on se rend.
soit par la passerelle établie à cet effet sur la rivière
au-dessus du barrage, soit par la route de Charmeil
qui est le Cibemin des équipages. Les pistes admirablement ntretenues pendant toute l'année, sont dignes de tous les éloges.
Ces pistes sont au nombre de cinq, elles ont les
dimensions suivantes :
Piste droite : 32 mètres de largeur, 1.100 mètres de
longueur;
Piste circulaire: 27 mètres de largeur, 2.100 mètres
de longueur ;
Piste de l'Allier: 27 mètres de largeur, 2.400 mètres
(1 longueur:
Piste en huit pour steeple-chase : 18 mètres de largeur, 2.500 mètres de langueur ;
Piste circulaire pour courses de haies, courses cil'
trot ct rntraînement : 20 mèt.res de largeur, 1.920
mètres de longueur.
De plus, l'Hippodrome dispose <'l'un parcours de
Cross-Country, (1) ct, pour l'cntraînement, d'une
(1 )
Voir plan cl-contre.
�J52
GUIDE-POCHE
'piste de sable de 1.900 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur.
Les bâ.timents de l'Hippodrome comprennent plusieurs séries de tribunes, un buffet-bar, un bureau
télégraphique et téléphonique, des installations de
pari mutuel et de nombreux locaux d'affectations
diverses, parmi lesquels il convient de citer 23 cham·
bres à 3 lits, 72 box, des selleries et des magasins à
fourrages.
En 1864 il avait déjà été question de créer cet Hippodrome, l'exécution du projet fut retardée par les
exigences des propriétaires des terrains à acquérir.
Des tribunes confortablement sinon luxueusement
installées, on domine le turf et l'on peut suivre facilement, à l'abri du soleil ou de la pluie, toutes les
péripéties des Courses. Impossible d'imaginer un
coup d'œil plus brillant que celui du pesage pendant la durée des épreuves; toutes les l'!égances s'y
donnent rendez-vous ; c'est un assaut de délicieuses
toilettes, un rui.ssellement de luxueux joyaux.
Sous les yeux du spectateur charmé, se déroule un
ravissant panorama.
A ses pieds un tapis de gazon et de fleurs s'étend
à travers le Golf jusqu'au ruban argenté de l'Allier.
Plus loin, les quais et les luxuriantes frondaisons
des parcs; à droite la vallée de l'Allier dominée par
quelques sommets de la chaîne du Forez qui sc perdent il. l'horizon ; en face, les ramifications des monts
de la Madeleine dominant Cusset ; à gauche leur
dernier soubresaut qui a donné naissance il. la Montagne-Verte pour venir expirer à Saint-Germain-des·
Fossés.
Les courses sont éparpillées sur un espaoo de plusieurs semaines en juillet et en août ; elles marquent
le point culminant de la saison. Elles comportent
425.000 francs de pri'{ dont 1 'Grand Prlx de \'ichy
de 100.000 francs.
Leur succès qui va croissant d'année en année,
nous promet des réunions sensationnelles au cours
de l'été procllaln .
�VICHY-ENVIRONS
i53
ASSOCIATION SPORTIVE DE TIR DE VICHY'
Section de Tir au x
Pigeons
Le Tir aIL" Pigeons de l'A. S. r. V. possède 'un
sland de 40.000 mètres de superficie, entièrement clos
de murs, parfaitement établi et aménagé sur la rive
gauche de l'Allier, en amont du pont. Il est très
suivi par les bons tireurs, fort nombreux à Vichy
pendant la saison. Los prix des concours, qu'il offre
chaque année, en juillet et en aoüt, sont ardemment
disputés; ils 'élèvent à environ 50.000 francs.
SPORTING-CL UB D E VICHY
Vichy est incontestablement une des Sta.tions eslivales où les sports jouissent de la plus grande
faveur ; certains d'entre eIL" font, pour ainsi dire,
partie de la cure, et nulle part ailleurs nos hôtes ne
sauraient trouver autant de ressources pour s'adonner
à l urs exercices fa.voris.
Parmi Jes sports les Plus appréciés de notre client èle étrangère, il convient de citer en premier lieu le
Gol! et le Tennis.
Pour en faciliter la pratique et leur donner toute
l'extension voulue, le Sporting-Club de Vichy s'est
fondé . C'est à lui qu'incombe l'organisation et l'administration des principaux sports pratiqués à Vichy.
A cet effet, un torrain de 68 hectares, et d'un seul
tenant, a été mis, sur la rive gauche de l'Allier, à sa
disposition. C'est dans cette immense plaine qu'il a.
établi son jeu de Golf, quelques-uns de SEls courts de
Tennies, sa piscine et son stade. Il possède également
d'autres courts de Tennies à l'extrémité des Parcs de
l'Allier et dans le Parc des Célestins.
Enfln, une pê he à la truite et une chasse giboyeuse ont été organ isées par sos so ins dans l s nv irons
de la Ville.
�154
GUIDE-POCHE
Golfdu S. C. V.
Une splendirle installation, datant seulemoot d.e
quelques années, et qui déjà tient une place privilégiée parmi les attractions sportives et mondaines les.
plus en faveur à Viclly.
On peut dire du Golf du . C. V., comme des Nouveaux Parcs qu'il a été une conquête sur les sanIes
de l'Allier. Ce vaste terrain, 30 hectares, tout recouvert d'herbes dures et épineuses, semé de fondrières,
coupé d marécages, s'est tont à coup transformé, en
un magni.flque tapis de gazon agrémenté de corbeilles de fleurs et de massifs d'arbustes.
Un rideau de grands peupli ers étend sur une partie
de cette vaste pelouse son ombre bienfaisante ; un
étang est alimenté par un petit ruisseau qui serpente
au milieu de cet immense terrain.
Le Golfe du S. C. V. est c,onsidéré, il juste titre, par
les jou urs les plus réputés, comme un des mieux
organisés du continent.
Le j eu comprend. deux parcours : l'un de 18 trous.
4.895 m. ; l'autre de 9 trous, 1.500 mètres.
Un pittoresque Club House où l'on trouve avec le
vestiaires et les magasins nécessaires au Golf, u n
Hall avec Buffet et Bar Américain, a été construit à
l'entrée. qui fait face aux quais. Des garages pour
autos ont été aménagés il l' entrée opposée, cOté Bellerive; enfln, un Putting-Green e.t des jeux de croquet
ont été installés non loin du Club House.
On peut se rendre au Golf à pi ed, par la passe
l'elle, en voiture par Bellerive, ou plus r apidemen t
et plus cammodément par un canot automobile spécialement. réservé à ce service, et dont le ponton
se trouve quai d'Allier.
Aucune institution sportive de Vichy n'a eu une
fortun e plus rapide et plus briJlante. La société q ui:
fréquente le Golf est essentiellement séleot ; elle
apparti ent en grande partie à la clientèle améri
caine et anglaise qui afflue, depuis quelques années,.
dans notre Station.
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155
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GUIDE-POCHE
Le Golf est ouvert de 7 11. 1/2 du matin au coucher-du soleil, il présente pencLant toute la saison un coup'
d'œil constamment animé.
Lawn-Tennies du S. C, V.
Ainsi que nous le disons plus haut, le SpOTtingClub de Vichy dispose de plusieurs courts de tennies : au Golf, dans les Nouveaux Parcs et dans leParc des Célestins.
Ces tennies ont été installés avec tout le cônfort
moderne, ils Qomportent, indépendamment de courts,
remarquablement établis, des salons, <Les cabines, des
salles de douche, des bars et des garages pour bicyclettes.
Il s sont fréquentés par la même Soclété sélect que·
le Golf; plusieurs fois, pendant l e oours de l' été, des
matches s'y disputent, et cb aque année un tournoi
international met en présence, pour la coupe Challenge, les meilleures raquettes françaises et étrangèr es.
Les tennies sont ouverts pendant la Saison de7 h eures à 19 heures.
Des professeurs de Golf et <le Tennis se tiennent àI
la ùisposHlon des amateurs.
Jeu de Boules
Place de la Marine.
Moins sélect que les précédents, ce genre de sport
compte un plus grand nombre d'amateurs ; son en ceInte est toujours entourée d'une foule compacte de
spectateurs qui suivent attentivement les J'éripte~
des parties engagées. Un grand concours c10té de plus
de 5.000 francs de prix a lieu chaque année en Septembre.
�VICHY-ENVIRONS
157
Canotage
Le canotage qui autrefois compLait peu d'adeptes
parmi notre client le saisonnière, est, depuis quelques années, devenu très en vogue.
Nombreu.."\': sont maintenant les amateurs de l'aviron qui chaque jour se livrent pendant quelques heures à un exercice aussi salutaire qu'agréable.
Naguère oe sport était presque uniquement l'apanage des jeunes gens ; aujourd'hui, on s'y adonne a
tout âge, et avec quel entrain 1
C'est, pour le promeneur des quais, un spectacle
amusant qu la vue du lac d'Allier sillonné d'une
quantité de barques légères se livrant, au milieu des
rires et des chansons, à des évolutions souvent fantastiques lorsque les rameurs sont inexpérimentés.
On trouve à louer des canots de promenade : au
Pont. près de l'embarcadère du Galf, et au parc Gilbert.
Natation
POUl' les amateurs de bains de rivière, l'Allier est
le cours d'eau rêvé.
Peu de courant, et, par conséquent, une température assez constante, une eau limpide, un fond de
sable, voilà des raisons suffisantes pour faire apprécier de nos hOtes les plaisirs de la baignade en
pleine eau.
Plusieurs établissements, installés sur la rive gauche de l'Allier, mettent à leur disposition le linge
nécessaire, des cabines commodes, et une région de la
rivière de profondeur modérée et de sol en pente
douce. Ces régions sont jalonnées, afin que les inexpérimentés nageurs puissent se livrer à leurs ébats en
toute sécurité.
Des professeurs de natation sont attachés à tous ces établissements.
�158
GUIDE-POCHE
Pêche
Si les amateurs de èanotage et de baignade apprécient à ce pOint de vue le séjour de Vichy, li est une
.catégorie de nos hOtes qui peste contre ces sportifs ;
ce sont les pêcheurs à la ligne dont la patience est
·cependant légendaire.
Ces doux contemplatifs du bouchon deviennent féro·ces quand un ci8.notier vient évoluer d!ans le voisinage de leur cllamp d'action, ou qu'un baigneur se
livre à de bruyants ébats à proximité d'un endroit
depuis de longs jours patiemment amorcé.
Il est certain que le bruit n'attire pas le pO'isson ;
·cependant notre rivière a une population si dense,
qu.e rares sont les disciples de Saint-Pierre qui rentrent « bredouilles " au logis.
Vichy possède une Société de Pêcheurs à la ligne,
concessionnaire du droit de pêche sur plusieurs ltilamètres rtu cours de la rivière; les étrangers peuvent
faire partie (le cette Société moyennant une légère
:;-}J
redevance.
Aviation
Des vols d'avions pour amateurs ont lieu Clhaque
jour à l'aérodrome situé en amont du Parc Gilbert.
Nombreux sont les baigneurs qui profitent de leur
séjour à Vichy pour recevoir le baptême de l'air et
se procurer les émotions d'une excursion aérienne_
On se rend à l'aérodrome en remontant l'Allier le
long du parc Gilbert, ou en prenant, à un ponton
situé à quelques mètres en amont du ponton du Golf
le canot automobile qui dessert cet aérodrome.
II<
'" *
Complétons cette nomenclature par une rapidè
énumération des réunions sportives et des fêtes qui
..animeront cette année, la saison thermale de Vichy_
�VICHY-ENVIRONS
159"
26 Avril. - Fête d'ouverture de la Saison. Concert
suivi de bal donné dans les Salons du Grand Casino.
4 Mai. - Courses cyclistes. Circuits Peugeot et Dilecta sur route, 120 kilomètres.
11 Mai. teUl's.
Tournoi Régional d'Escri,me, pour ama-
11 Mai. Courses cyclistes. Championnat de l'Allier, 100 l\ilomètres sur route.
14 Mai. -
Grande Retraite aux flambeaux .
25 Mai. - Fête du Printemps , avec le concours de
la Féd éraüon des oci tés musicales du Centre.
En Juin. -
Semaine de Golf. Coupe Challenge.
En Juin. -
Tournoi Handicap de Tennis.
En Juin. -
Grand Concours de Tir aux PigeOns.
20 Juin au 2 Juillet. -
22 Juin. 22 Juin. nais.
Concours Hippique.
Bataille de Fleurs.
CourSes cyclistes. Circuit du Bourbon-
28 Juin. - Courses de chevaux de selle sur l'Hippodrome. Plat, trot, obstacles.
.
En Juin. - Passage de la Course cycliste ParisSaint-Etienne, en deux étalPes. ContrOle à Vichy, 52,
rue de Paris. Cette course r éunit chaque année l'élite
des coureurs européens. Elle traverse Vichy par la
rue de Paris, la rue Georges-Clémenceau, la rue du ,
Maréchal-Foch et la rue du Maréchal-Pétain.
13 Juillet. -
Régates Internationales.
�GUIDE-POCHE
.160
13 Juillet. -
Grande Retraite aux flambeaux.
14 JUillet. - Fête Nationale, Jeux populair es. Conc.erts, Bals, Feu d'artifice, Illuminations.
15 au 21 Juillet. - Tournoi d' Epée. ChampiOtIlnat
international d'épée ,p our amateurs. Challenge H.
Blum, 12.000 francs de prix.
00 au 27 Juillet. - Tournoi International de Tennis.
Z coupes challenge.
25 au 27 Juillet. -
Exposition Canine.
27 Juillet au 10 AoÛ.t. - Grande Quinzaine de Cour.
"!Ses. Ordre des journées et liste des prin cipaux prix:
27 JuUlet. - Prix de Province de la Société d'Encouragement : 14.000 francs .
30 Juillet. - Prix de la Société Sportive d'EncouTagement : 10.000 francs.
Prix de Cérès : 28.000 francs.
l or AoM. - 1er Prix de la Compagnie Fermière,
Handicap : 15.000 francs.
Grand Prix de la Ville de Vichy :
Gross-Country Interrégional de la
Société Sportive d'Encouragement: 10.000 francs.
3 Août. -
103.000 francs. -
5 Août. -
2° Prix do la Compagnie Fermière :
Prix cles Rêves d'Or : 26. 000 francs.
10.000 francs. -
7 t\.oût. -
Prix Jurietti : 25.000 francs.
9 Août. - Prix Ulysse, trot : 8.000 francs. d u Midi : 10.000 francs,
-
10 Aoû.t. -
Prix
Prix de l 'Hôtel du Parc : 10.500 fr ancs.
Steeple-Chase .de Vichy: 11.500 francs.
�VICHY-ENVIRONS
161
2 Août. - Fête Vénitienne.
14 AOût. -
Grande Retraite aux flambeaux .
15 A ût. - Fête Patronale de la Ville. Jeux poputaires, Concerts, Bals, Feu d'artifice, Illuminations.
15-16·17 Août. - Grandes Courses cyclistes internaElles ont lieu dans l' enceinte du Concours
Hippique où une piste de 500 mètres avec virages relevés leur est aménagée.
tionales.
24 Août. - Fête Nautique Fleurie .
En Août. - Semaine de Golf. CoÜ,pe Challenge.
31 Août. - Fête Enfantine.
En Septembre. -
Tournoi handicap de Tennis.
En Septembre. - Tournoi de Billard,
mateurs.
13 et 14 Septembre. - Grande Fête alsacienne.
"28 'epLembre. -
Grande Kermesse.
Fin Septembre. - Grand Concours de Boules .
Enfin des Courses de Taureaux, dont quelquesunes avec mise à mort seront données de temps à
autre au cours de l'été dans des arênes construites
mi-partie en planches et situées rue Paul-Bert.
Ainsi qu'on peut en juger par la liste ci-dessus,
les fêtes projetées pour la saison 1924, sont aussi
nombreuses que variées ; dotées de prix i.mportants.
tant en espèces qu'en objets d'art. elles comportent
toutes, chacune en son genre, les éléments du plus
vif succès, et ne sauraient manquer d'~tjre
les
champions les plus renommés dans toutes les branches des sports.
G
�16Z
GUIDE-POCHE
SERVICES
PUBL..ICS
Agences de Renseignements. - Sporting-Club de
Vichy. - Syndicat d'Initiative : de 8 h. à 11 beures
:e t de 13 b. à 18 h., sauf dimanche, 11, rue du Parc,
Office de la Compagnie Fermière et
1er étage. de la Compagnie P.-L.-M., 11, rue du Parc, au rezde-cbaussée ; on peut y prendre des billets de cbemins de fer. - Agence Bouculat, 10, rue Burnol. Agence Chartier, 18, avenUe de la Gare. Agence.
Nouvelle, 5, rue de Paris.
Hôtel de Ville. - Mairie provisoire, Rue de Paris,
près de la Gare. - Télépb. 1-92.
Au rez-de-chaussée sont les bureaux des services
de la Ville, de l'Architecte Voyer et du Commissariat de Police ;
Au prpmier, la Salle des délibérations du Conseil
Municipal, le Cabinet du Maire, le bureau du Secrétaire Gén.éral, etc.
Commissariat de POlice. - Rue Sarailler. Téléphone 3.31. Bureau des visas ouvert tous les jours de
9 h. à 12 h. et de 14 h. à 18 heures.
Hôpital Civil. - Hospice. - Hôpital Thermal 01.
vil_ - Téléph. 0.32. Vaste édifice construit sur les bauteurs au'-delà de la .Gare, inauguré officiellement le
23 octObr~
1887, et par les malades en mai' 1888.
Etablissement modèle tant au point de vue des.
prescriptions bygiéniques qui y sont rigoureusement ·
observées, qu'en raison de ses multiples et confortallles installations,
.
Il comprend : l'Hôpital Civil proprement dit, l'Hosaux vieillards pauvres et aux orpbepice afec~
�VICHY-ENVIRONS
163
Uns, et l'Hôpital Thermal Ci vil, ouvert seulement
du 14 mai au 30 septembre. Ce dernier, fondé en
1696 par Louis XIV, compte 160 lits ; il reçoit an-
nuellement près d'un millier d'indigents de la France et de l'Algérie.
Pour y être admis, il faut en faife la demande au
Président de la Commission administrative; joindre
à cette demande: 1° un certificat médical atteslant
que le malade a besoin des eaux de Vichy ; 2 0 un
certificat délivré par le Maire, constatant ciue le mala<;le est indigent et qu'il est inscrit sur la liste d'assistance médicale gratuite arrêtée par le Conseil
municipal conformément aux dispositions de l'art. 14
de la loi du 15 juillet 1893 ; 3° un extrait du l'Ole des
Contributions de l'année co urante, prouvant que le
malade ne paye pas plus de 15 francs de contributions de toute nature ; 4° un engagement souscrit
par le malade de payer ses frais de séjour le jour
de son admission, ou bien par la Commune ou le
Département d'acquitter les frais de séjour à la
Caisse du Receveur des Hospices. Ces frais calculés
pour une saison de 21 jours, à raison de 7 fr. 50 par
10ur, s'élèvent à la somme de 175 francs.
Des médecins de la localité sont chargés de donner leurs soins aux malades des trois services.
On visite l'Hôpital Civil les jeudis et dimanches,
de 12 11. à 14 11.
Hôpital Militaire, rue Luoas. - Construit en 1846
pour le traitement des officiers et soldats qui ont
besoin de se soigner à Vichy.
Il comprend de vastes constructions, composées
de 120 chambres d'officiers et de chambrées pour
iIO sous-officiers et soldats. Ajoutons à celo. une installation complète de bains et d'hydrothérapie, un
grand jardin de 50 ares, les a.ppartements particuliers du personnel, etc. De nouveaux bâtiments ont
été ajoutés en 1904 aux anciens corps de logis.
Le service médical est assuré, en temps ordinaire,
par ,un médecin principal, trois médecins-major'3
de l r • classe, un médecin-major de 2' classe, trols
aide·majors, un pharmacien-major de l ro classe, un
�164
GUIDE-POCHE
pharmacien.major de 20 classe, un officier d'administration prinCiipal gestionnaire, trois officiers d'Administration de 1ro et de 2° classe.
La. Saison Thermale est ouverte du l or Mai au 31
Octobre.
Commissariat du Gouvernement. - Service de ,.
Gratuité. Rue Lucas, en face de la Grande-Grille. Bureaux ouverts dE 9 h. à 11 h. et de 13 h. à 16 h .
Contributions indireotes, 12, rue Voltaire. - Bureaux ouverts de 8 h. :l 11 h. et de 13 h. à 16 h. dimanches et jours fériés exceptés.
Enregistrement. l "r Bureau (actes civils), 24, rue
du Maréchal-Joffre. - 26 Bureau (actes judiciaires).
15, rue J.-J. Givois. - Bureaux ouverts de 9 heures
à 11 heures et de 14 heures à 16 heures dimanches et
jours fériés exceptés.
Enseignement. Ecoles officielles, garçons, enseignement prima:i re : Ecole Carnot, 54, avenue de la
Gare ; école Paul-Bert, 28, rue Paul-Bert. Enseignement primaire supérieur : Ecole Jules-Ferry, place
de l'HOtel-de-Ville.
Ecoles officielles, filles, enseignement primaire :
Ecole Holland, 7, rue Paul-Bert. Enseignement primaire supérieur : Ecole Sévigné, 16, boulevard Carnot.
Ecoles maternelles: 22, rue d'Alsace; rue de Châteaudun ; rue Hubert_Colombier.
Ecole libre, garçons : Pensionnat Saint-Joseph.
ruelle des Frères.
Ecoles libres. filles : Pensionnat Jeanne-d'Arc, 12,
rue de la Cllaume ; Externat N.-D. de Lourdes (école
enfantine mixte), 54, rue Jean-Jaurès.
L'enseign em ent secondaire est donné par des pro-
fessffilrs libres.
Peroeptlon, 28, rue de Longchamps. - Bureaux buverts de 9 h. à 11 h. 1/2 et de 13h. à 16 h., jeudis.
dimanches et jours fériés .e xceptés.
�VICHY-ENVIRONS
165
Service d'incendie, pavillon de la Justice de Paix.·
place de la République. - Téléph. 4.18. Réc emment
réorganisé, comprend un poste permanent de 9 hommes.
Le matériel se compose d'une pompe automobile
dont le jet peut atteindre les plus hauts étages des
immeubles de Vichy ; de 2 éch elles aéri ennes de 16
mètres ; de 4 dévidoirs, de 2 pompes foulantes, de
1 pompe aspirante et foulante, et de nombreux
agrès.
Huit hommes prennent place sur la pompe automobile.
L'effectif de la Compagnie des Sapeurs-Pompiers
est de 1 capitaine, 1 lieutenant, 1 sous-lieutenant,
60 hommes y compris les sous-officiers, caporaux.
tambours et clairons.
Gendarmerie, rue d s Sp orts. - T léph. 0.80.
CULTES
Eglise Saint.Blaise, Vieux Vlohy. - Serait, d'apres
certains historiens, l'ancienne chapelle du châteall
de Louis II de Bourbon.
Heures des Offices : Dimanche, messes à 6 h ..
6 h. 1/2, 7 h., 7 h. 112, 8 h., 9 h. - ~rand'mes
il
10 h. - Dernière messe basse avec mu'nque et chants
à 11 h. 1/4. - A 16 h. Vêpres, Sermon, Salut. En se·
maine, messes depuIs 6 heures jusqu'à 9 h. A 20 h.
Prière, Sermon, Salut.
Eglise Saint·Louis, rue Georges-Clémenceau.Construite en 1862, mesure 53 m . 50 de longueur sur
24 mètres de largeur au transept et 17 mètres dans
sa nef et ses bas-cOtés. Les peintures du chœur,
œuvre d'Osbert, rappellent un épisode de la vie de'
Saint-Louls. Les vitraux représentent des saints et
des saintes, sous les traits de quelques membres de
la famille des Bonaparte.
Heures des Offices : Dlmanche, messes, à 6 h .•
6 h. 1/2, 7 h., 7 h. 1/2, 8 h., 8 h. 1/2, 9 h., 10 h .•
�GUIDE-POCHE
166
10 h . 3/4, 11 h. 1/2. A 17 h. : Vêpres, Sermon , ,Salut.
'A 20 h. 1/4 : Prière, Sermon , Salut. En semaine mes-,
ses ùepuis 6 h. jusqu'à 10 h. A 20 11. 1/4 : Sermon
Salut, Conférences.
Temple protesta nt, rue des Therme s. - Service
Serfrançai s : les dimanc hes à 9 h. 3/4 et à 14 h.111/4.
h. 1/4.
vice anglais : les rIimallches à 8 h . 1/2 et a
Oratoir e Israélite , rue BintOt. Service : le vendred i
à 19 h. et le samedi à 9 h.
Culte Antoini ste, rue Bargoin , près la Barrièr e
d'Abres t. Service : le dimanc he à 10 h ., en semain e,
tous les jours à 19 h. 30.
POSTES , TÉLÉGR APH ES, TÉLÉPHON ES
PASS AGE
DE
LA
POST E
-(Entre ta rue Georges-Clemenceau el la rue Présldenl-WlIson)DEUX
BUREA UX AUXILI AIRES :
A. - Rue de Paris. angle de la rue d'Oran.
B. - Rtte du lIlaréch al-Péta in, parc des Célestins.
Fon semaine , les guichet s postaux sont ouverts, pendant tout le cours de J'année, de 8 h. à 19 heures.ion
Les Dimanches, ils sont tous fermés à l'except
des guichet s de la poste restante qui Ouvrenl de
8 h. à 11 heures.
Du 16 Octobre au l or Mai. les guichet s télégr8iphide
ques ct télépho niques sont ouverts , tous les jours,
8 h . à 19 heures ; pendan t la même période la21dish.
tributio n des télégram mes est prolong ée jusqu'à
ainsi que le service télépho nique pour les abonné s ..
Du l or Mai au 16 Octobre les services télgr~hques
et télépho niques fonction nent sans interrlip tion nuit
et jour.
�VICHY-ENVIRONS
167
/1
MLLE
MËRY
Leçons de Dessin
Rue du Président-Wilson
(flngle du Passage des Po stes )
VICHY
L'ach .minem nt des conespondances étant subordonné à la marche des trains, il nous est imposs1ble. en raiscm des fréquenLes modifications apportées à l'horaire des chemins de fer, de donner des
renseignements précis sur oe . que sera ce service
au cours de l'été.
Nous engageons nos lecteurs à se renseigner au
bureau de poste sur les heures les plus proic~s
à
l'envoi de leurs correspondances.
A titre d'indication, nous donnons ci-dessous le.
heures de départ et d'arrivée des courriers en ce debut de saison.
DEPARTS DES COURRIERS
Départ de 4 h. 45. - Ligne de Cusset, Ferrières.
Départ de 7 h. 20. - Ligne de Moulins, Nevers, Paris et au-delà. Ligne de Lyon, Milan. - Ligne de
Limoges, Bordeaux, Irun. - Ligne de Bordeaux,
Cette. - Espagne.
Départ de 13 h. 45. - Ligne de Moulins, Nevers.
Paris ; - Ligne de Lapalisse, Roanne, St-Etlenne ;
- Ligne de Gannat, Riom, Clermont-Ferrand. Dijcm, Suisse.
Départ de 16 b. 45. - Ligne de Montluçon, Lime.-
�168
GUIDE-POCHE
ges, Bordeaux ; - Ligne de Saincaize, Nantes, Bres!.
- Ligne de Lyon, Marseille, ice.
Départ de 20 h. 50. - Toute la France et l'Etranger.
Départ de 22 h. 15. - Ligne de Moulins, Nevers,
Paris et au-delà.
Les boiles aux lettres sont levées en ville trois
fois par jour :
l ro levée de 6 h. à 7 h. ; - 20 levée de 11 h. 30 à
12 h. 30 ; 3e levée de 18 h. 30 à 19 h . 30.
Les bottes du bureau sont levées un quart d'heure
avant le départ des courriers. Les correspondances
jetées dans ces boîtes bénéficient des départs supplémentaires suivants :
Une lettre mise dans une boite du Imre au avant
7 h. 05 profite du dépa.rt de 7 h. 20 pour la direction
de Moulins, Nevers, Paris.
Une lettre mise dans une boîte du bureau avant
16 h. 30. profite du départ de 16 h. 45 pour l'Ouest,
le Sud et le Sud-Ouest.
Les objets chargés ou recommandés doivent être
déposés aux guichets une demi-heure avant le départ d'un courrier pour profiter de ce départ.
DI STRIBUTION DES COURRIERS
Les lettres sont distribuées en ville S fols par
jour:
1ro distribution, à partir de 8 h. : France et Etran·
gel'.
20 Distribution. à partir de 14 h . Centre, Sud-Est,
Ouest, Sud-Ouest.
30 DistrilYUtion à partir de 17 h. : Fra.nce et Etranger.
***
Il serait facile d'améliorer immédiatement le service du départ et de l'arrivée des correspon dances
pour Vichy. par l'ut1l1sation des avion s-postaux.
Un vaste aérodrome avec hangars pour avions. buffet, tribunes. etc.... avait été créé en 1909 sur les
grèves de l'Allier. au-delà de la Prise d'EQ.u. Une
,
�VI IlY-ENVIRONS
169
Société aéronautique s'était fondée et avait obten li ,
du Ministre de la Gllerre, le classement de cet aéradrom comme station militaire. PaT la suite, la Société s'étant dissoute, l'aérodrome fut déclassé et
aba.ndonné.
Il suffirait de rétablir cet aérodrome et d'obtentr
qu'une Compagnie de transports aériens y installât
une station pour avions postaux.
De par sa situation ~éographique,
an centre de la
France, Vichy, pourrait devenir un point d'atterrissage important. Les avions postaux de certaines lignes y feraient escale et y trouveraient tout le matériel n6cessaire à leur ra vilaillement et à leurs réparations.
Actuellement il existe des transports de correspondanc s par avions dont quelques-nns prennent
des passagers et des colis, et qui. effecturnt le tranSJ t
entre Paris el Londres en 2 h. 15 ; entre Paris el
Bruxelles en 2 heures, avec prolongement sur Rotterdam en 3 h 30, sur Amsterdam en 4 heures.
Entre Paris t trasbourg en 2 h. 30 aveê prolongE'ment sur Prague, en 5 h. 30 ; sur Vienne en 2 h.
sur Budapest en 1 h. 30 ; sur Varsovie en 5 heures.
Enfln, ,.mtre Toulouse. Barcelone. Alicant . Malaga,
Rabat et Casablanca et vice-versa ..
La création d'une ligne qui relierait celles aboutissant à Paris à la ligne Toulouse-Casablanca, et qui
ferait es ale à Vir.hy, présent rait ù nos hôtes d'inconte~abls
avantages pour l'acheminement des correspondances à destination du ord ou du ud de
la France et de CE'rtains pays rt'outre-m{'r.
Un auto postal, affecté également au transport
des voyageurs et des marchandises, assure le service
entre Riom, Randan et Vichy t vice-versa.
Il y a chaque jour à Vichy rleux départs : l'un
à 6 heures, l'autre il. 16 heures, et deux arrivées :
l'une à 9 heures, l'autre à 20 heures, de sorte qu'on
peut, dans l'espace d'une journée, faire le trajet
aller et retour dans un sens ou dans l'autre.
Ce service permet donc la. visite en un jour. de
Riom et Châtelguyon, et inversement aux hôtes de
ces deux villes, la visite de Vichy.
Les heures sus-Indiquées étant susceptibles de modifications, s'adresser pour rens ignements complémentaires soit à la gare, soit au bureau de ])oste.
�170
GUIDE ·POCHE
CONSULATS
M. le Dr Déléage (1 0), ViceConsul, 25, boulevard des Etats-Unis.
Brésil et Portugal. -
M. G. Lavergne, Pharmacien,
), Consul, 32, rue Président-Wilson.
Chili et Urugay. -
(*, 1
0. C
Costa-Rica et Mexique. -
Consul, 5, rue Callou.
M. le Dr Sollaud
(0
*),
M. le Dr Parturier, Vice-Consul, Avenue
des Cygnes.
Espagne. -
Perse .. - Dr Rajat, Vice·Consul, 26, rue
le l'Etablissement.
Guatémala et
Nicaragua et Vénézuéla. -
sul, avenue des Cygnes.
Dr Parturier, Vice·Con-
Dr Reynes. Vice-Consul,
106 bis, boulevard des Etats-Unis.
République Argentine. -
Les étrangers de langue espagnole non représentés, trouveront gracieusement et o!f1cleusement tous
renseignements qui pourraient les intéresser au
Consulat du Chili et de l'Urugay, 32, rue du Président Wilson.
SERVICES SANITAIRES
La Nouvelle Prise d'Eau, installée Sur la rive droite
de 1'Allier. en amont de la Ville, est destinée à aUmenter Vichy en ean douce.
Les eaux des couches profondes, recueillies dans
des galeries souterraines, établies au milieu des
grèves de l'ancien aérodrome, sont m;p irées paf ri"
puissantes pompes qui les élèvent, dans un réservoir d'une capacité de 12.000 mètres cubes, établi "n
�VICHY-ENVIRONS
171
bordure de la route de Vichy au Vernet. Ce réservoir est à 52 mètres au-dessus du niveall de la rivière, ct à une altitude de 304 mètres. La pression
est suffisante pour assurer dans toute la Ville le
service d'incendie par jet ùirect. La longueur du réseau de distribution d'eau douce est de 62 lülomè tres.
Au début de chaque ét.é, un écllantillon de cette
eau est soumis à l'examen du laboratoire Olt Conseil
Supérieur d'Hygiène Publique de. France, à Paris.
Jusqu'à ce jour, cette eau a été reconnue (\'excellente
qualit.é, dépourvue de tout germe pathogène ou d'origine suspecte, c.e qui met la. population à l'abri de
toute épidémie transmissible pal' les caux. L'ancienne Prise d'Eau, qu'on voit avant d'arriver à la
Prise d'Eau de la Ville, a été acquise par la Compagnie Fermière; eUe fournit l'eau destin
~e
à l'arrosage des Parcs. Son réservoir, de dimensions plus
restreintes que celui de la Vllle, est situé également
sur la route de Vichy au Vernet au lieu dit « Les
Garets •.
Usine élévaloiTe de Beauséjo1l1'. - Le tout à l'égoUt
est oblig.lloire à Vichy. Le réseau des égouts se compose de tuyaux en gré vernissé de 0.25 à 0.40 de diamètre, qu i se jettent dans des collecteurs en ma_
çonnerie de 1 m. 2.3 à 1 m. 70 de hauteur. Ceux-ci se
(léversent da.ns un grand collecteur central, de
2 m. 20 de hauteur, qui conduit les eaux à l'usine
élévatoire de Beauséjour. Cette usine située en aval
de la Ville, au-delà du confluent du Sichon, est destinée, dès que les travaux cl'aménagement seront
terminés, à refouler ces eaux dans un immense
dhamp d'épandage qui sc trouve sur 1 s bords de
l'Allier, Ù 6 ]{il. en aval de Vichy. Des déversoirs de
secours, en cas d'orage, aboutissent à l'Allier, également en aval de la Ville.
Les ordures ména.qères sont enlevées chaque jou:".
entre 4 et 7 houres du matin, au moyen de poubelles
et de tombereaux étanches, du système « Ochsner n.
�172
GUIDE-POCHE
Le Cimetière, d'une superficie de près de 5 hectares, est situé à 3 ]dl. du centre de la ville, au lieu
dit « Les Bartins ", au-delà de
ligne du chemin
de fer de Vichy à St-Germain-des-Fossés. Les deux
pavillons à gauche et à droite de la porte d'entrée,
servent, l'un de dépositoire, l'autre de logement au
concierge.
la
Ces quelques renseignements seront suffisants,
espérons-nous, pour convaincre nos lecteurs que toutes les mesures de salubrité et d'hygiène publiques,
sont rigoureusement observées dans notre Station
thermale. Aucune autre vme ne peut offrir plus de
garantie, à ce double point de vue, que la Reine des
Villes d'Eaux.
TYPOGRAPHIE - LITHOGRAPHIE
IMPRIMERIE DU PROGRÈS DE L'ALLIER
10, J?ue lJer fil]
:Lv.IC>
-.:J
x.
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Travaux de Luxe et de Commerce
R. C. Moulins ,.385
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�VICHY-ENVIRONS
173
LE PROMENADES DAN VICHY
LES PARCS
Des trois parcs principaux de Vichy, l'un fut c.t'éé
par Napoléon lor et deux pal' Napoléon III. Le premier est connu sous le nom de Grand Parc ou Parc
des Sources, les autres sont appelés Nouveaux Parcs
ou Parcs de l'Allier.
En réalité le Grand Parc est de beaucoup le moins
vaste ; son appellation rationnelle devrait être :
Parc ,Central, car il occupe le centre du Vichy thermal. Il est limité par la rue Lucas, la rue du Président-Wilson, la source de l'HOpital et la rue du
ParCi.
n contient la Galerie des Sources, la Source du
Parc, le Casino avec son jardin réservé, le café de la
Restauration, le Kiosque où se donnent les concerts
de l'après-midi, plusieurs magasins et pavillons réservés au commerce, et enfin les galeries couvertes.
Le Grand Pa.rc est traversé dans toute sa longueur
par une large allée cent.rale, bitumée, ombragée de
marron ni 1's et bordée de pelouses parsemées de
ravissantes corbeilles de fleurs. Cette allée a reçu de
nos hOtes une dénomination qui nous dispense de
tout commentaire: « La potinière '.
De son ancienne plantation, le Parc a conservé un
grand nombre de superbes platanes qui lui donnent uu aspect aussi imposant que verdovant. Des
coupes y ont ét.é cependant pratiquées pour la construction de la salle de Théâtre du Casino.
Essayerons-nous maintenant de dessiner la physionomie du Parc ? Tracer cette physionrmïe serait
donner une idée de Vichy même, c'est-à-dire du Vi·
chy mondain, élégant, brillant et pittoresque. (;'est
�174
GUIDE-POCHE
�VICHY-ENVIRONS
1711
là, en l'fret, que palpite l'âme de la grande station.
Le Grand Parc offre tant (l'attractions que nombre
de buveurs, et surtout de buveuses, y occupent la
presque totalité de .leurs journ cs.
Mais la plus attachante, peut-être, de ces distractions est le spectacle de la foule qui, du m'atin au
soir, à flots pressés, comme un flux et un reflux,
passe et repassc incessamment sur les allées de la
promenacl e. Que de mouvement 1 Que d'animation!
Que de frou-frou 1 Quelle pO'ussière dorée 1 Que de
toilettes ! Comment résister à cet enchantement ?
Comment s'ar racher à cette féer ie 7
LES PARCS DE L'ALLIER
ou Nouveaux Parcs
Tout autrc est le spectacle les Parcs de l'Allier.
Ici n us n'avons plus l'animation joyeuse, le chic
du monde légant, mais le calme cl es fraîches retraites, cles allé s ombreuses, (les l)elOUSes verdoyantes,
Nous sommes un p u loin d s concerts de l' orol1 estr e,
mais nous avons les chants des rossignols et des
~ es
sont, clairsemées, mals
fauvettes. Les riches toile
des mosaïques fleuries réjouissent les ye'.1.."X par l'éclat et la \ arJété des plantes qui les composent.
On a devant soi l'espace; on respire le parfum des
foins coupés; on trouve des berceaux de verdure où
l'on peut lire ct même rêver à l'aise, à l'ombre de
quelque groupement d'arbres ou de quelque bosquet.
Les Parcs cle l'Allier comptent leurs admirateurs
comme le Parc des Sources ; de tous se dégage un
charme qui, pour être différent, n'en est pas moins
goûlo tour fl. tour, avec un égal plaisir, par 1 eaucoup
cl'hOtes ct de visiteurs de Vi chy.
Le paroo cie l'Allier clont la SllllCl'ficl e est de 17
�176
GUIDE-POCHE
hectares, forment autour de la Ville, comme une
demi-ceint ure verdoyante qui se déploie en suivant
la ligne des quais, du Barrage alL'{ Célestins.
Ils constituent dans leur ensemble, une cllarmante
promenacl e, plantée de beaux arhres, ornée de bosquets, coupée d'allées, égayée de corbeilles de fleurs .
Un goût parfait préside à la disposition de ces cor·
beilles, r1.ont les unes s'allongent en bordure des.
allées, ct les autres s'épanouissent au milieu des pe'louses. Signalons les jeux de Tennies, établis dans
la partie ud des Parcs de l'Allier en face des Célestins, ct les deux étangs ou s'ébattent des canards.
Un de ces étangs est pre que entièrement r ecouvert
par l'oml)rage d'un énorme pellplier, la gloire et
l'orgu eil du Parc, qui jouit, parmi notre clientèle
saisonnière, d'une véritable célébrité.
Les Parcs d l'Allier sont éclair ' le soir à la
lumière éleotrique, t le mot de féérique n'a rien
d'exagéré, pour qualifier le spe lacle qu'ils présentent alors.
A cette promenade, déjà très vaste, la Compagnie
Fermière a rattaché un gran d emplacement de plu&
de 8 hectares, jadis occupé par une suite de maré
cages malodorants, qu'une cli~:ernt
malJ1 d'œuvre
a transformé en magnifil]ue jardin anglais. Dans ce
parc un monument a été élevé, en septembre 1920, à
la mémoire du célèbre lieutenant aviateur Gilbert
dont la famille est originaire de Vichy. Au sommet
d'un pylone en granit, le Génie de l'Aviation, surmontant le buste du héros de la Gran:Ie Guerre,
prend ')on essor.
Le travail d'embellissement opéré au Sud de Vichy, va également s'ac omplir au Nord. Là aussi les
Parc de l'Allier vont être prolongés ou plutôt un
autre parc va être créé ; là aussi c1es baraquements,
des mares infectes vont clisparaitre, e.t, dans un
petit nombre d'ann 5, toute celte partie cie la 1 anlieue aura changé de face. Vichy n'aura plus dans
son ent urage que des parcs ou <l s jardins.
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�VICHY-ENVIRONS
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�'178
GUIDE-POCHE
LES OUAIS DE L'ALLIER
Les Quais de l'Allier som, comme les Parcs qu!ils
bordent, un cadeau de Napoléon III à Vichy. Leur
consLruction remonte à 1862.
On peut, sans fatigue, les suivre d.u Barrage à la
Prise d'Eau en se reposant de temps à autre sous les
arbres du Parc.
Depuis la décision ministérielle qui, le 29 août
1921, a interdit ootte promenade aux voitures et aux
bicyclettes, la Compagnie Fermière a pris l'heureuse initia.tive d'y faire transporter des chaises. Les
promeneurs peuvent donc y jouir tranquillement de
la fraîcheur des soirées estivales et savourer le
calme reposant du spectacle qui s'offre à leur regard.
Ils ont devant eux l'espace, un horizon. Au premier plan, la rivière sillonnée de multiples canots de
promenade ; au-delà, le pittoresque Club-House et
le tapis gazonné du Golf du S. C. V. ; pllus loin, les
blanches maisons gracieusemen t essaimées sur les
coteaux de Be1leri.ve ; puis l'Ile des Célestins qui
semble surgir de la rivi re pour lui. donner la verdure qui lui manque ; le Tir aux Pigeons, la ligne
vert sombre qui trace la rOllte d'Al)l'est, le pont et
le village d'Abl'est, la cOte Saint-Amand qui le surplombe, la chaine les monts du Forez, fuyant vers
le Sud en ondulations qui se perc1enl à l'horizon ....
~st
t E PONT - LE BARRAGE - LA PASSERELLE
Le Pont date de 1868 ; il est construit en pierre et
fonte et mesure 250 mètres de longueur, sur 5 m. 50
de largeur, dont 4 m. 60 de chaussée.
II se compose de six grandes travées, et de deux
petites vo'Ûtes en maçonnerie aux extrémités.
Trop étroit pour le trafic intense qui l'emprunte, II
question, depuis fort longtemps, de l'élargir. Cet
�VICHY-ENVIRONS
17
~
élargissement permettrait de prolonger la voie dutramway de Cusset-ViQhy, jusqu'à Bellerive.
Le Barrage, dont la partie fiobUe mesure 180 mètres de long sur 2 mètres ùe haut a été construit
en 1862, en même temps que la digue des quais. il
'est levé du 1er Juin au 1er Octobre, et transforme la
partie de la rivière qui baigne Vichy, en une belle
nappe d'eau, de près de 300 mètres de largeur sur
plus de 2 lülomètres de longueur.
Une passereLle métallique, praticable pour les piétons seulement, a été établie en 1895 sur le Barrage.
Elle a été construite dans le but de rendre le Champ ·
de Courses d'un accès plus facile . Les frais de construction de cette pas serelle ont été supportés par la
Ville, qu i, pour se couvrir de ces frais, fait percevoir un droit de passage les jours de courses.
~il.
l.
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de
~ich.y
TOQJF OFFIGIEl DES VOITURES DE PlHCE
ET DES
VOITURES AUTOMOBILES
(~
r
ê lé
mUlIi irai du 15 juil let 1U22)
AVIS. - Avant de prendre une voiture, s'assurer
auprès du cocher ou du chauffeur qu'aucune modification n'a été apportée aux pri x et conditions cldessous.
Les cochers doivent faire march er leurs chevaux
habituell em nt au trot et à raison de 8 !dlomètres à
�"180
GUIDE-POCHE
l'heure au moins, sauf aux montées où la vitesse
sera réduite à 5 l\ilomètres à l'heure.
i le cocher, pris pour aller chercher quelqu'un à
domicile ou dans un lieu public, est renvoyé sans
êlre employé, il recevra., à ti t.re d'indemnité de déplacement, le prix ct'une course clans Vichy.
Lorsqu'un cocher aura été retenu puur aller pren'dre des voyageurs à domicile el marcher à l'heure,
le prix de l'heure lui sera clû à partir de son arrivée
à la porte de l'habiLation.
Si un cocher pris pour marc.her à la petite coursp.
de ville est obligé <t'attelldr::! le voyageur plus do
15 minutes, il sera considéré comme ayant été pris
:à l'heure.
Les droits de péage sont à la char~e
des voyageurs.
Le jour est comprIs entre li heures et 20 11eures.
La nuit est comprise entre 20 heures et 6 !Ieures.
Les courses à l'heure s'étendent seulement jusqu'aux limites du périmètre de l'octroi.
Le prix de la première heure sera dü intégralement, alors même que le cocher ou le chauffeur
n'aura pas été employé pend,mt l'heure entière. Les
heures suivantes seront fractionnées et payées par
demi-heur . La dernièrp, fraction sera clûe intégrale
ment bien que la demi-heure n'ait pas été entièrement remplie.
Pour les autos, toute heure d'arrêt supplémentaire
pendant les courses et promenad s hors de Vichy,
sera payée 10 francs. Si l'arrêt nc représente pas
l'heure entière il devra être fractionné.
Le présent tarif s'applique au transport de 3 personnes pour les voitures à un cheval et pour 4 personnes, pour les autos. En cas de surcharge, traiter
de gré li ,:tré avec le cocher ou le chauffeur.
Les réclamations sont reçues à la Mairie, bureau
~es
voitures.
�181
VICHY-ENVIRONS
COURSES dites de Ville
VOITURES
A 4 CIIBVAL
~
,Iour
Course 11 l'heure pour promenade
14
Course à l'heure pour visites, , ,
9
Course de Gare ou de Ville, . ,
4Mêmes courses aller et retour 1/2 heure
d'arrêt. .
..
.
6
Contours Hippique, , . , . , , . . , 4
Hippodrome (sans arrêt) , . , , . . . 15
Hippodrome pendant la durée des Cour·
. ...... 50
ses .......
su r l'hippodrome est à la
(L. carte d'entr~
.
..
......
------------Nuit
Nuit JOllr
15
12
5
35
20
5
40
25
8
10
12
20
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5
7
»
»
»
»
15
20
12
»
»
15
')
charge du voyageur),
Golf [aller) . . . . . , , , . , . . . . 10
Golf aller et retour) 1/2 heure d'arrêt, • 15
Tir aux Pigeons (all er) , , , . , , . , 7
Tir a, .x Pigeons, lallerel ralour) 1/ 2 h. d'arrêt . 12
Cimetière, (atler 01 retour) 1/2 h. d'arrêt , .
8
.,
Aérodrome
6
AUTOS
18
))
»
)1
»
»
»
Courses et. Promenades hors de Vichy
POlU' quelques COIl/'SeS, le l'amps da rapos est
r éd uit rie moitié pOUl' les mLiomobiles, co nsulter la
chauffelt/' .
NOTA. -
Désignation des Courses et f'romenades
Abrest. ...........
Abrest, retour par l'aérodrome ,
Ardoisière (1') •. . . , . . , ,
Billy . . . . . , , , , . . . , , , . .
Billy, retour par Saint-Rémy-en-Rollat . .
Bois du Roi, retour par Randan et le Bois
Randenez . , . . . . . . . . . . , . .
Bois du Roi, retour par Mautmont . , .
Brugheas, retour par la route d'Effiat . .
Busset. . . , • • . • . , , , . . . , ,
lIeures ~>~
de
Aulos
~
Repos >..,
--
1/2 '10
1/2 t 5
1
35
1 40
1 50
20
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1
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Il
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GUIDE-POCHE
Busset, relour par le Vernet . . . . . . .
par l'Ardoisière . . . . . .
Casino des lu, tices, relour par les Gorges
de l 'Ardoisière. . . . . . . . . . . . .
.
Charmeil . . . . . . . '
retonr par Chante-GreIl et
par Cusset.
Château de s Ch aussins . . .
retour par le Vernet
Chilteldon. . . . . . . . .
retour par le Pont de Ri s.
Châtel·Montagne . . . . . . . . .
Cognat-Bois-de-!' Eau. . . . . . .
retour par la route d'Effi at .
Côte Saint-Amand. . . . . . . .
retour par le Vernet et Cusset.
Cusset .
.
.
retour par Abrest.
Effiat . . . . . . . . . . .
retour par Randan . .
retour par Maulmont.
Ferrières.
Gannat . . . . . . . .
Grotte de Sai nt- Martin. . . . . . . . . .
Guitton par Bois de Celzat et le poteau de
Lapalisse. . . . . . . . . . . . .
Hauterive . . . (Le Parc) . . . . . . . . .
retour par l.es Tau reaux et le
Bois Randenez
La Palisse. . . . . . . . . . . . . . .
La Tour (Sou rce d ll Dôme) . . . . . . .
(Source Gannat) . . . . . . . .
Laudemarière, retonr par Creuzier-le-Neuf
et Cusset. . . . . . . . . . . . .
Le Mayet-de-Montagne
. .
. ..
retour par Ferrières_
Le Vernet, retour par Cusset
Les Malavaux. . . . . _ .
retour par Les Vaux.
Ma Campagne.
Mariol . . . .
Maultnont.
retour par le Pont de Ris
Mines de Laprugne .
•.
1
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VICHY-ENVIRONS
Molles, par Labruyère . . . . . . . . . . 1 1 1
l'etour par le Gué Chervet et
»
l'ArdoisIère . . . . .
Montagne-Vert e. . . . . . . . . . . . . 1/2
1
Montagne-Verte, retour par Charmeil . . .
1
par Cusset . . . .
par Lauoemarière
et Charmeil
.
retour pa r Creu 7 ier-Ie-Neuf
1
et Cusset. . . . . . . .
112
Pinasson.
Promenade de l'Empereur, par les Malavaux
1
et l'Ardoisière . . . . . . . . . . . . .
1
Puy-Grenier. . . . . . . . . . . . .
_
retour par la Côte du Bois de
1
l'E au . . . . . . .
1
retour par Charmeil
1
Puy-Gui ll aume. . . . . . . . . . .
1
retour par Chi'lteldon
1
Randan.
. . . ... .. .
1
retour par Pragoulin.
1
par Maulmont
1
Ris
112
Robinson . . . . . .
2
Rocher Saint-Vincent . . . . . . . . .
Route de Chez-Guilton, par le Bois de
1
~elzat
et par le. Poteau de Lapalisse.
l
Rumes de Mont-GIlbert . . . . . . . .
1/ 2
Sourct: Boussange. . . . . . . . .
»
Source Intermittente (aller ) . . . . .
1/ 2
aller et retour.
1
Saint·Germain des-Fossés
1
Saint- Pourça in-sur-Sioule. . . . . . .
1
Saint-Rémy ·en-Rollat . . . . . . . '
.
1
retour par Vendat .
1
Saint- Yorre. . . . . . . . .
1
Château-Robert.
retour par le Château de la
1
Poivrière et Hauterive
2
Thiers.
1
Varennes-sur-Allier.
112
Vendat
. ......... .
1
retour par aint-Rémy-en-Rollat.
1
Viaducs de Neuvial et de Rouzat . . . .
36
50
»
25
»)
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BOl)l)ets de Ball)S
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R. C. Cusset ' °90
�VICHY-ENVIRONS
185
PROMENADES AUX ENVIRONS
Jadis le cel'cle des promenades que l'on faisait 8IUX
Environs de Vichy était fort restreint. Il s'est singulièrement élargi depuis l'invention des autos. Les
promeneurs ont maintenant à leur disposition un
choix considérable de véhicules, depuis l'élégante et
coquette voiture de place, pour les petites courses,
jusqu'à l'auto-Qar qui leur permet de faire, sans
irOIP nuire à leur cure, de grandes randonnées à travers toute la région environnante. C'est ainsi que
nos visiteurs ont appris à connaitre la l.\1ontagne
Bourbonnaise qu'ils ignoraient totalement, malgré
les sllendeurs de sa nature sauvage ; les bords de
la B sl.Jre, les gorges de la Sioule. Quelques buveurs
intrépiLle,; poussent même leurs excursions jusqu'à
Clermont-Ferrand, au Puy-de-DOme, aux stations
thermales d'Auvergne, à la Chaise-Dieu, aux Gorges
du Tarn; on entremêle la cure de courses rapides
qui autrefois aUl'aient passé pour ete grands voyages.
Toutefois, l'automobile n'est pas encore à la portée
de tous. S'U est de très grosses bourses dans la clientèle de Vichy, il en est aussi de très modestes, et la
confortable calèche, qui tient lieu ici de voiture de
place, reste le moyen de locomotion le J,lus employé
pour les promenades que l'on fait dans 1 s environ,;
immédiatE>.
De même, si beaucoup de touristes vont plus vite
et plus loin, la majorité de nos I10tes reste fidèle au
vieux cycle des promenades officielles qui n'exigent
ni déran~emt
ni fatigue, cycle imposé par la sollicitude médicale à certains malades indisciplinés.
Pour ces derniers, nous continuerons ce que nous
faisans depuis la fondation de ce Guide : nous pa,>serons la revue des paisibles promenades de tout repos où ne sont à craindre ni courbature, ni omission d'une partie du traitement.
Les lecteurs désireux d'étendre plus loIn leurs investigations, trouveront, en 11n de cet ouvrage, la
�186
GUIDE-POCHE
nomenclature détaillée des itinéraires les plus intéressants à parcourir en automobile.
Source Intermittente de Bellerive
Une courte promenade à faire à pied. On traversele Pont sur l'Allier et on suit la route de Charmeil
jusqu'à ce qu'on trouv e, à gauche, un petit parc très
ombragé. C'est là qu'est la Source; un véritable Geyser qui jaillit à des intervalles à peu près régullers.
Les heures de jaillissement sont affichées dans lesprincipaux hôtels et établissements de Vichy.
Ce phénomène naturel est curielL'{ et vaut la peined'être observé. La Source Intermittente de Bellf'rive
se trouve à douze au quinze cents mètres du Parc.
La Montagne-Verte
A 4 l\Îlomètres environ de Vichy. Joli mamelon très
verdoyant au sommet duquel s'élèvent un établissement et nne tour <.l 'où l'on jouit d'une vue fort étendue (alt. 396 m.).
On suit la rue Jean-Jaurès, on gravit la côte ChanteGreU t, on fran chit la route allant de Cusset au PontBoutiron, et l'on trouve hientôt, à droite, le chemin
qui oonduit à la Montagne-Verte. De là, on peut
explorer toute la valléf' de l'Allier et apercevoir au
loin une quantité de villages ou de cb!lt~aux.
La
�VICHY-ENVIRONS
187
campagne s'étend mollement onduleuse, coupée de
bois, jusqu'aux géants d'Auvergne qui allongent sur
l'horizon la sombre erénelure de leurs puys. C'est
gracieux et imposant.
La Côte Saint-Amand
Le pendant de la Montagne-Verte.
Comme de la Montagne-Verte, la vue est immense
sur la vallée de l'Allier, cette admirable Limagne
que l'on a comparée à une mer légèrement agitée,
qui se serait solidifiée tout-à-coup.
On longe la rue du Maréchal-Pétain jusqu'au passage fi. niveau de la ligne de Thiers que l'on franchit ; puis, prenant à gauche, on grimpe un chemIn
où l'on trouve à droite le réservoir de la prise d'eau
de Vi chy. BientOt le chemin, devenu sentier, s'engage dans les ter"res où il forme des zigzags jusqu'à
ce qu'il atteigne l'entrée de l'Etablissement.
C'est une ascension un peu rude (alt. 1t33 m.) ;
mais lorsqu'on arr rive au sommet, quel dédommagement 1
It J<ilomètres environ de Vichy.
On peut reveni r par le Vernet et Cusset, ou par le
Vernet et le cl1âteau des Chaussins, ou encore, à
pied, par Abrest, en prenant, à 50 mètres environ à
l'Est du Belvédère, un petit sentier qui descend à
pic sur ce village.
Cusset
3 l<ilomètres. On suit la rue de Paris ; puis, un
peu avant d'arriver à la Gare, on prend, à gauche,
la route qui mène directement à Cusset. Vn tramway
à air comprimé y conduit en 2û minutes (station du
-tramway : Eglise St-Louis).
Viaill':! ville gui lorme avec Vichy un frappant contraste. Dédale de rues étroites, dont les maisons ont
un caractère archaïque qui ne manque ni de pittoresque nt d'\ntérêt. Eglise assez curieuse. Belle et
large promenade publique où jaillissent, sous de
�188
GUIJJE-POCHE
petits pavillons, les Sources minérales munlGipales
de Cusset.
Une vieille maison de r.usset avant la percée
du llOulcvard de l'II 0Iol-de-Vill e.
Cette ville possède également quelques ;:;ources
privées dont deux alimentent l'Etablissement Thermal Saint.e-Marie.
Les promenades des environs sont nombreuses,
fraiches et pittoresques.
Les Mal avaux
On traverse Cusset pour se rendre aux Malavaux,
7 kilomètres environ de Vichy.
La vallée des Malavaux, malgré ses rochers si curieusement découpés par les eaux, a beaucoup perdu
de son pittoresque depuis la création du chemin de
fer économique de Vichy à Roanne (ce chemin defer possède une halte aux Malavaux, où, sur la demande des voyageurs, les trains s'arrêtent), et surtout d'un stand qui la déshonore positivement. Toutefois, elle intéresse encore par son aspect sauvage
qui rappelle un peu celui de certaines vallées d~ la
Suisse. Un jol1 ruisseau, le J'olan, la descend en
�VICHY-E:\VIRONS
gambadant de rocller en rocher, et l'emplit de
joyeux gazouillement.
50Th
RouLe des Malavu ux
Les minéralogistes trouveront clans les collines de
la rive droite ou Jolan, notamment tl.u-dessus du
stand, cle la gal ne, de la diorite, de beaux filons de
fluarin e, de barytin e.
Après avoir dépassé le restaurant, conUnuer à sutvre la route qui s'élève progressivement, à partir de
sa jonction avec le chemin de Viermeux, jusqu'aux
Vaux ; rentrer par la route de Molles. Belle excursion, vue magnifique à partir du village de Maltière.
On peut également, en traversant à gué le Jolan,
revenir par Vierm eux (alt. 420 m.) et la. route de Lapalisse. A pied ou à bicyclett.e, traverser le Jolan sur
la petite planch e qui se trouve en face du restaurant.
suivre le sentier jusqu'à sa jonction avec le chemin
de Vlermeux, 200 mètres environ, et rentrer par ce
village.
Nombreux débris de poteries gallo-romaine dans
les champs situ6s au nord de c~ t loca.lité.
Une belle promenade à pied, pour les bons marcheurs, est de prendre le sentier qui s'amorce fi.
droite de la route à l'entrée du restaurant des Mala-
�:190
GUIDE-POCHE
;vaux et qui serpente le long du ruisseau, Le Guyon,
-sur une longueur d'environ 500 mètres . Traverser la
'Voie ferrée et le ruisseau, suivre le chemin qui gra'Vit les collines sur la droite et rentrer par le hameau
I.e Pierre, l'étang de la Dame et la route de Molles.
Au passage s'arrêter, à droite, au signal des Justices
(alt. 479 m. ). Très belle vue.
L'Ar doisière
L'Ardoisière est un peu plus éloignée : 10 kilomèires environ. Ancienne carrière d'ardoises qui dut
être abandonnée, à cause de la trop grande friabi·
produits.
lité de ~es
Cette promenade est la plus agréable des environs
de Vichy ; nous ne saurions assez la recommander
à nos lecteurs; elle peut se faire sans fatigue à bicyclette et même à pied si l'on est bon marcheur. DanA
ce dorni r cas, abréger le pal'cours en se rendant à
·Cusset par le tramway.
A 3 l<ilom ètrcs de cette ville, le premier village ren,contré est 10 village des Grivats qui a donné son nom
aux cotonnades qu'on y fabriquait jadis; l'usine,
�VICHY-ENVIRONS
191'
qui appartenait à. la famille de Bourbon-Busset, a ét~
détruite par un incendie en 1866.
La route de l'Ardoisière, plate et bien entretenue.
court au milieu d'une fraîche et pittoresque vaHée
sur la ri ve droi te du Sichon qu'elle longe jusqu'à un
pont amérioain ; franchissant ce pont, elle passe sur
la rive gauche, s'él ve par une rampe assez rapide,
longue de 200 mètres environ, et atteint son point
culminant d'où l'on domine la cascade du GourreSaillant. Simple cascatelle par un beau temps calme,
cette pittoresque chute d'eau ne manque pas de ma,
jesté après une forte pluie d'orage.
L'Ardoisière est aussi un centre d'excursion trèS.
intéressant pour le minéralogi:,te qui trouvera de
nombreux fossiles dans le schiste ardoisier ; de la.
fluorine, de la barytine, des pyrites en cristaux, arkoses, poudingues, diorite, etc ... , abondent dans toua
les environs, et notamment dans le chemin du four
à chaux, à gauche de la route, avant de franchir le
pont américain.
Enfin, n'oublions pas d'avertir les pêcheurs à la.
ligne que les truites ont fait du Sichon leur cours.
d'eau de prédilection.
De l'Ardoisière, visiter à pied, à 300 mètres audessus, les ruines du Mont-Peyroux (aIt. 499 m.).
Ancien cbâteau des Templiers, sur une colline en basalte, curieusement prismé en éventail, il Sl;lbslstll
oncore la salle des gardes qui contient une immense
cheminée de 5 mètres de long. Vue magnUlque sur l<l '
Forez et la Madeleine.
A 2 l,ilomètres de l'Ardoisière : le Gué Chervet, car-.
refour des routes de Busset, Ferrières, La Chapelle,
Molles. Ravissante promenade à faire à bicylet~
On peut revenir soit par Molles, soit par Busset.
Bourbon -Busset
On' peut prendre le chemin de fer de Thiers et descendre à Saint-Yorre; mais l'ascension de la montagne (aH. 489 m .., n'est possible que pour les très bons
�GUIDE-POCHE
,m archeurs (5 l\ilomètres de côte à partir de SaintYorre).
A sa sortie de Vichy, la route (route nationale
TI 0 106 de Moulins à Nîmes) se dirige (iroit vers le
Sud. Elle ondule à mi-côte des pentes verdoyantes
qui dominent la rive droite de l'Allier, traverse un
\'illage, Abrest, et arrive à Saint-Yorre.
Obliquant à gauche, on gravi t les pentes.
La route décrit des zigzags qui permet.tent de jouir
du panorama de la Limagne ct de la Vallée de l'Allier. Tout à coup le château apparaît à gauche ; la
route, un instant rase ses assises, puis débouche
·<Jans le village. Mais seul le manoir sollicite les regards. C'est un castel moyen âge qu'on a devant les
yeux : créneaux, machieoulis, tourelles, pont-levis,
meurtrières, tout appartient au style guerrier de cet
âge de fer.
Le pont-levis donne accl's à la Cour d'honneur. Là
on voit, à gauche, un corps de b:ltiment dont le style
très simple, un peu uni, cont l'asle avec le caractèr
du resle de l'édifice. A droite, au-dessus d'une magnifique terrasse qui domIne la vallée, s'élève la
masse principale du château, rchaussée de tours et
tourelles.
Les e.omtes de Busset sont alliés à la famille royale
de France et aux maisons les plus illustres du pays:
aux Laroc.hefoucault, aux Clermont-Tonnerre, a\l'<
Lafayette, aux Gontaut-Biron, etc.
Un fait très in léressant de notre llistolre nationale
et très peu onnu, a trai t à la Maison de BourbonBusset.
Cette Maison aurait été frustrée par le roi Louis XI,
des droits à la Couronne de France qu'elle détenait
en tant que branche ainée des Bourbons, et en vertu
de la loi Salique.
Ce monarque ayant en effet refusé son consentement au mariage rIe Louis de Bourbon, Prince Evê,que de Liège avec Catherine d'Egmont, les enfants
issus de ce mariage furent considérés comme Ulégi-
�193
VICHY-ENVIRON::;
Château de Busset
,
�GUIDE-POCHE
194
times, et dès lors privés de leurs droits à la sUQCession au TrOne.
La légitimité seule leur fut ensuite reconnue par
le roi François lor, mais non leurs droits à la succession de France.
On varie les plaisirs de la perspective en opéran~
le retour par l'Ardoisière .
Randan et Maulmont
Le château de Randan est une magnifique propriété
qui appartient aux héritiers du duc de MontpensIer.
- 14 kilomètres de Vichy.
On prend par le pont de l'Allier. On laisse, à droite,
~a
route de Charmeil et le village de Be1lerive, cellt;!
d'Hauterive, à gauche, et l'on commence à monter.
On rencontre un hameau, le Bois-Randenez où l'on
voit un gigantesque ormeau d'Henrt IV, puis on entre dans la forêt qu'on ne quitte presque plus JUSqu'à Randan.
Randan et Busset se font mutuellement ressortir
par le contraste, le château de Busset est de la haute
fantaisie féodale ; celui de Randan réalise le nec
plus ult'ra du confortable moderne. La visite de ce
dernier est une longue promenade à travers une enruade de pièces distribuées, meublées, décorées avec
goüt : toutes avec vue sur le jardin, le parc et lm
Limagne.
/~.
~ /~
~ ;,.
Rendez-Vous de Chasse de MaulmooL
�VICHY-ENVIRONS
195
Le domaine de Randan, malgré l'aspect. modernu
du château, a une vieille histoire. On trouv~
son ber-
�GUIDE-POCHE
196
ceau dans un couvent de Bénédictins, d'où il passa.
dans les familles de Polignac, de Larochefoucaul r. .
de Lorge, de Choiseul, et enfln dans celle d'Orléans.
De Randan à Maulmont, 8 kilomètres, la route est
boisée et fort agréable. L'architecture gracieuse,
mais indépendante de ce 1 ndez-vous de chasse diffère sensiblement de celle du cllâteau de Randan. On
remarque le Salon de Réception, le Cabinet du Duc
de Montpensier, la Salle à manger, la Terrasse, etc.
Le château de Maulmont avait été construit par Madame Adélaïde pour ses nevetL"{. De T\faulmont à
Vichy, 20 l<ilomètres par le pont de Ris.
Billy
Château féodal en ruines, reconstruit ou agrandi
au XlIIo siècle.
On prend par Cusset, ct là on s'engag'3, à gauche.
sur la rouie de ai nt-Ge l'main. ette route saute le
Jolan, ondule au pied ou t\ ml-c()te d riantes collivillage de Creuzier-le·
nes, laissant, il. gauche. l
Neur, à droite, la résid nre d Ch l'monl. .\ 12 ],il o-
LE
CHATEAU
DE
BILLY
�VICHY-ENvIRONS
197
mètres, elle renconlre le bourg de Saint-Germain,
et court vers le vieux manoir de Billy, dont on
découvre bientôt les murs.
L'ensemble nes Ruines comprend deux encit~
suqnontées de on~e
tours crénelées qui, jusqu'en
17!l0, ont protégé la ville, et la citadelle, armée llemême de cinq grosses tours, dont la plus haute, le
Donjon, fait J'effet d'une sentinelle postée sur le point
culminant de la c.olline.
La. châtellenie de Billy, une des 17 châtellenies du
Bourbonnais, appartint à la. famille de Bourbon jusqu'à la d fection du Connétable.
Confisquée par François 1er en 1524, et annexée à
la Couronne en 1531, ainsi que tout le duché du
Bouruonnais, elle fut par la suite engagée par les
rois à les familles nobles parmi lesquelles nous citerons les Guénégaud, les 'I ontmorency, et en dernier
lieu les d'Arfeuilles.
Dans la nUit du 4 août 1789, l'Assemblée Constituante abolit tous l 6 droits et privilèges féodaux ;
la Conv nHon, par la loi du 10 frimaire de l'an II,
prescrivit la repris par la a.ti n de tous les biens
nationaux ngagés. L
IHltau de Billy, propriété
de la Couronne, devint don propriété d l'Etat.
Le omte d'Arfeuilles, dernier engagis1.e, avait
émigré avec se~
flls dès le début cl la Révolution ;
il ne revint en France qu' n 1802 et mourut en 1807.
Ses héritiers réclamèrent Billy, lA. loi du 12 mars
1820 sur les biens engagés leur donna raison et les
déclara propriétaires du château.
Jusqu'à. la RévO'll1lion, la châtellenie d Billy était
administrée par un capitaine cbâtelain, gouverneur
militaire, un liellt.enant de robe longue, chef de justioe, assisté d'un receveur, d'un greffier, d'un avocat, et (le plu.si urs lmissiers.
!
On y condamnait à mort; le dernier arrêt de ce
genre fut rendu contre une femme qui avait assas·
siné son mari. Elle fut brûlée vive sur la place publique en 1761.
Billy renferme quelques maisons des XV. et XVIe
�1.98
GUlUE-POCHE
siècles. Sur la porte d'une de ces maisons se lit
l'inscription suivante: • Ma1l1eur 11 ceux qui délaissent Dieu pour servir aux richesses. que sert à
l'homme amasser bien et perdre l'âme. Dieu est ma
ttaute tour et forteresse ".
Une autre maison est ornée d'une tourelle soutenue
par une cariatide qui tient une banderolle portant
cette inscr iption : • L'homme plus est accablé de
pêchés que de ce faix je ne suis empêché. »
Rentrer par la rive gauche de l'Allier: forêt Oe
Marcenat, t-Rémy- n-Rollat où l'on n découvert au
lieu dit • Les Crèches " d'importants ateliers de
potiers Gallo-Romains. Charmeil, httteau du XVIII"
siècle.
Saint- Yorre
7 kilomètres de Vichy. Première station du cJ:lemin
de fer de Vichy à Thiers, remarquable par le nombre considérable des sources qui y jaillissent.
La route de Vi,c11Y à St-Yorre (route nationale
nO 106) court à mi-cOte d'une chaîne de collines qui
présentent le plus riant coup d'œil ; à droite et à
gauche, des champs, des vignes et des arbres fruitiers; clans le fond, la rivièro d'Allier et, de l'autre
coté de l'eau, une vraie mosaïque de verdures, sur
laquelle so détache, au loin, le fond sombre des forêts, c'est délicieux.
En arrivant au village, on st étonné (le la quantité
de petits établissements d'eau minérale qui se dressent de toutos parts. Des affiches, des inscriptions,
des ens'3ignes accrochent le regar(l. Co sont cl s nom"
de sources qui viennent i\ l'envi s'offrir aux yeux d.l
visiteur. C'est à qui. (le crs sources, arrivora bonne
première ct fixera l'attention.
La plupart des établissements sont encore à l'état
rudimentaire, mais ils ont bonne envie de Vivre et
de se rtéveloppor
On peut revenir par la rive gauche de l'Allier ·3t
visiter les sourcos d'Hauterive, ou par Busset et l'Ardoisière.
�VICHY-ENVIRONS
199
Châteldon
Une curieuse petite ville auvergnate.
CMteldon est à 20 l<ilomètres environ de Vicby ;
<ln peut s'y rendre en voiture par Abrest, SaintYorre, la Maison B~anche,
etc., ou par le chemin de
fer de 1'l:iers, jusqu'à Ris.
Chateldon offre aux archéologues une riche mine
d'investigations intéressantes. A beaucoup de maisons, pas de fenêtres dans le sens propre du mot .
mais des trous en ogive, avec des carreaux scellés
dans des cadres de plomb. Dans les murs, ressortant
sur la maçonnerie, des poutres assemblées au hasard, n forme de croix, de carrés, de losanges, le
tout crépi à la grâ.ce de Dieu. POUT toits, des pigeonniers pointus. Des portes d'une forme bizarre ; des
façades aux lignes tourmentées, aux poutrelles disjointes ; des balcons en bois verrrlQlulus et rongés par
les pluies. Avec cela, des ruelles en zigzag, mal pavées, mal nivelées, où un ruisseau, le Va!Jziron, court
�200
GUIDE-POCHE
à peu près en liberté, quand il n'est pas mis à see-
par les soleils d'été.
Pour ccmvléter le tableau, deux monuments où se
résume tout le moyen âge : un Manoir sombre, aux
murs cyclopéens, qui date du temps de Louis VI, et
un Beffroi avec porte à cintre et toit en pyramide,
surmonté d'un cam,panille fle bois. On viRite avec intérêt la Maison SergentaLe, o.ncienne demeure desofficiers de justice, et l'EgLise, qui fit autrefois partie d'un couvent des Cordeliers.
Il a été trouvé à Châteldon plusieurs deniers aux
arm es de Louis VI et de Philippe Auguste ; ces deniers ont été frappés, croit-on, par un seigneur de
Châteldon qui, avec quelques variantes, a.urait simplement copié les monnaies royales de l'époque.
Pièces rares et curieuses.
Châteldon possède plusieurs sources d'une eau minérale estimée comme eau de taLle.
'l'hi ers
A 35 kilomètres. - Voi e ferrée. - Les stations que
l'on rencontre sont : Saint-Yorr e, I1is-ChateLdon, Puy-
�201
VH..HY-ENVIRONS
Guillaume, NoaLhat et Court y, où l'on rejoint la ligne
de Clermont à Thiers, St-Etienne.
Thiers, ville de 20.000 habitants, a lluelques points
de ressemblance avec ChAteldon. ::;eulelOent, à la situation pittoresque de la ville. à l'étrangeté de son
..architecture, à l'intérêt ar.::héologique qui s'en dégage, il faut ajouter le mouvement d'une industrie
active. Thiers est, en effet, un centre manufacturier
Important llui comprend la tannerie, la papeterie -:lt
surtout la coutellerie.
Quant au caractère pittoresque de la ville, il défi"
toute description. La plupart des rues sont droites et
roides comme des toits : on grimpe de rune à l'autre par des escaliers de pierre. Les maisons se hissent sur le dos les unes des autres, comme pOUl
miellX regarder la vallée; elles s'étayent, s'épaulent
par un miraole d'équilibre.
Il faut visiter, outre les fabriques, quelques monuments : l'église Salnt-Ge~s
dont quelques parties li Il
XIIe siècle ont été conservées (mon. hisL). Elle ren terme nn tombeau du XII- siècl et des fragm ni s
cI'uJle mosaïque mérovingienne; l'église clu MOt/lier.
XIe siècle. en partie ruinée, en partie réparé ; 'l
cOté se voit une porte tortlnée cie l'ancien monas·
tère datant du XV· siècle; le château du Pirou, mnison en bois, construite en 1423 et qui purte les arm s
de Louis Il tle Doul'hon ; la maison tles sept péChés
r.:apilaux avec ses curieuses sculptures SUl' bois ; l;)
maison de l'homme des bois, erc ...
VIsiter aussi la pi ttoresque \'allée de la Durolle.
Saint-Gérand-le-Puy -
La Palisse
On peut se renilre à St- erand-Ie-Puy Cl ;\ Ln Paliflse, en chemin de fer par t-Germain-rles-Fossés,
mais ces deux localités étant éloignées rle G et d
2 l(ilomèlres do lours gares respectives. il est préf('
rable d'emprunter l'auto pour faire cette excursion
on même la simple calèche de promenarle.
�GUIDE-pocl~
St-Gerand-le-Puy est à 20 kilomètres de Vichy par
la r aute nationale no 106, passant par Cusset: C'est
une commune de 1.700 âmes, qui possède une église
du X· siècle et un petit château du xv· siècle où
s'arr êta en 1804 le pape Pie VII, se rendant au sacre
tie Napoléoll 1er•
Si la ville n'ortre au visiteur rien de remarquable,
pur contre les environs sont, pour le géologue, une
mine inépuisable de découvertes.
Nous nous trouvons, en l'fiet, en pleine pérIode oli·
gocène et parmi des calcaires d'une grande ricllesse,
en fossiles de mammifères, d'oiseaux et de tortues.
Ce gisement s'étend assez loin, on le retrouve à Billy.
a CréQhy, à Vendat, il est exploité comme pierre à
chaux. Dans toutes les carrières on rencontre assez
fréquemment des ossements d'animaux, mais surtout
des hélix.
En 1868, M. Laussedat présentait à l'Académi e des
Sciences, une mâchoire de rhinocéros provenant rle
Billy, et actuellement. déposée au Musée de Ivloul111S.
Sur cette mâchoire se voit une entaille qui fut attribuée par quelques paléontologistes, lors de sa dé·
couv:erte, au travail d'un homme prél1istorique.
Plus vraisemblablement cette entaille provient ete
la morsure d'un Cal'Qharodon, grand requin de la
période tertiaire.
Un crocodile tossile, découvert à St-Gerand-le-Puy,
figure aujourd'hui au muséum de paléontologie, à
Paris.
Cette pièce est accompagnée de la notice suivante:
« Crocodilus RatelH. Ce squelette a été restauré
« sous la direction de M. le Dr Fischer, avec des piè« ces de dIfférents individus, recueillies dans le mioa cène de Saint-Gerand-le-Puy et données au Muséum
«par M. le Professeur Alphonse Milne-Edwards.
« M. Pomels a considéré le Crocodilus Ratelii com« me un genre spécial et il a proposé pour lui le nom
« de otplooynodon. (Cat. 1883-18) •.
Le calcaire de St-Gerand-le·Puy est composé, en
parite, d'énormes blocs formés unJquement de tUbes
�VlCHY-ENVrnONS
%03
de larves de phryganes, et lm partie de calcaire con·
crétlonné. Ce dernier revêt quelquefois des formes
bizarres, généralement celles de cuvettes renversées,
aussi n'est-Il pas rare de voir de gros blocs de ce
caloal re ntllisés dans les fermes dcs environs commp
abreuvoirs ponr la volaille et même pour le hétall.
La Palisse est à 24 ldlomètres de Vichy et à 9 de
St-Gerand-le-Puy. C'est un chef-Jfeu rt'arrnnrttssement
du déllartement de l'Allier, compt,ant 3.000 habitants.
et qui n'a de remarquable que Ron château bâtl sur
unc éminence dominant la vfJ1e. Reconstruit au
XVIe siècle, ce château appartient ft la famille de
Chabannas dont l'histoire a é'té mêlée fréquemment
ft notre histoire nationale.
Parmi les plus célèbres membres !le cette famme
nous citerons Jacques 1er !le Chabannes. compagnon
de Jeanne d'Arc, qui oommandalt l'avnt-~rde
d.~
l'flrm6e 1rancalse devant Orléans et qui rut tué au
RI~gr
cIe Châtillon. Son corps ramené à J.a Palisse,
fut Inbumé dans la chapelle du château où sa pierre
tombale existe encore.
Jacques II, Ron pet.lt-fIls, fut tuA à Pavie ; ce serait
1111 le héros de 10. chanson populaire RI connue.
La visite du chttteau est Intéressante ; beau mobilier, belles tapisseries.
Effiat
16 Idlomètres de Vichy. Belle promenade en grande
partie sous bots, vue splendide sur les monts d'Auvergne et sur la chaIne du Forez, aller par Bellerh-e
et Serbannes, retour par Randan.
Le château d'Etnat, lldlfté à dlrférentes époques,
comprend un grand corps de bâtiment divisé en pavillons dépourvus de grâce et d'élégance.
L'une c1es façades se déploie sur un Jardin régulièr~ment
dessiné, genre LenOtre ; au centre, est un basSIO de fonne octogonale avec un jet d'eau.
Au XVI· siècle cette demeure appartenait à AntoIne
CoUfier n usé. marquis d'Ertlat, père de Cinq-Mars
�204
GUIDE-POCHE
qui périt sm l'échafaud avec son ami de Thou, pour
avoir conspiré contre le Cardinal de Richelieu.
Plus tard, le château fut acquis par le financier
Law qui <lut l'abandonner à ses créanciers.
Luxueusement meublé par ses <lirtérents propriétaires, Il contennit notammr.nt cinq magnifiques tapisseries dont les sujets avaient été puisés dans Je
l'oman Ile Don Q1Ilchotte. Une sixième tapisserie, de
haute lisse anlérieme il la Renaissance, représentait
lIne chnsse. Des épisodes du ROland Pmleux étalent
repronuits cn vin gt panneaux clans la salle des gR"!'ries.
L·Etat acheta cn 1856, pour le musée cle Cluny, il
P aris, une grande partie rlu mobllter.
Le maréchal Il'Ernat avait fonrlé, en 1627, clans les
rlépendances de son château, un collège qui recevait
rzratuiLement douze jeunes gentilshommes choisis
fJan!'! ses terres ou dans la province <l'Auvergne. Ce
collège était <llrigé par des Oratoriens_ Louis XIV Je
transrorma en une école militaire qnt subslstn lusqu'à la révolution de 1789. Desaix en fut l'élève.
Le Maréchal fonda encore un hOpltal pour servir
rl'asllo aux pnnvres et aux infirmes do ses domaine!; ;
cet hôpital existe toujours, il a conservé son aspect
primltlr.
•
Montgilbert - Ferrières
Roc St-Vincent - Snidre - Montoncel
Cefte excnrslon n'est possible qn'en Rufomoblle on
pnr Ir. chemin (le [(1r déportempntal de Vichy ft
noannr. Que) Olle soit Je moyen de locomotion employé. nous rng:u\,rons nos lectenrs Il. ne ras r[ulttrr
Vlrhy Silns fnire Cf'ttf' Intéressante nromenarle.
En AutO. la roule est colle de l' rrlnlsière, nous l'n vons déjà décrite Jusqu'au Gué-Chervet., nous n'y reviendrons donc pas, elle ~e
cont inue sur la riva
~l oite (lu Sichon.
16 kilomètres, Arronnes, petit village qni possètl
une gll'ie rln XI" siècle et où s'amorce, ft gauche, la
route (lu Mayet-do-Montagne.
�VICHY -ENVIRONS
2O!'i
5 l<ilomètres plus loin, Chevalngon, où l'on quitte
la route pour s'engager, à gauQhe, dans le chemin
qui conduit aux ruines du château de Montgilbert.
Ces imposantes ruines se trouvent à environ
1.200 mètres de la route, à une altitude (le 550 mètres,
et occupent une superficie de 2 hectares.
La formidable forteresse qu'elles comprenaient servait de repaire au célèbre Rodrigue de Villandrado,
comte de Ribacléo, chef de pillards qui, au XV- siècle, terrorisait tout le pays. Charles VII se l'attacha
en qualité de chambellan, et utilisa sa puissante compagnie a guel'l'oyer, pendant la Praguerie, contre son
fils et les seigneurs révoltés. Ce Hodrlgue avait
épousé en 1433 Marguerite, fille naturelle de Jean 1er ,
(lue de Bourbonnais.
Les murs de l'enceinte et ses tours, aimi que celles
du château, au nombre de huit, subsistent encore.
leur maçonnerie mesure trois mètres d'épaisseur.
On trouve nussi quelques vestiges de la chapelle
de style ogival, ce qui permet de rattacher au XII"
siècle la construction de cette forteresse.
En 1867, un paysan clécouvrit près du mur d'enceinte du cOté Nonl du cllâteau de Montgllb rt, un
certain nomhl'e cl superbes o])jels en bronze de
l'époque gallo-romaine. Quelques-uns de ces objets
furent acquis par le musée de Lyon.
Cetle cl cou v l'le lais c suppo el' que cc château
occupe l'emplacement d'une construction romaine,
pent-être d'un castrum.
26 le il omètres. Ferrière" clans l'église, l'el1qllaire et
bahut bois sculpté XVI" siècle ; visiter, à 1.500 mètres sur la route de la Guillermie, et sur la rive gauche du Sichon, la Grotte des Fées qui l'enferme de
belles stalactites ayant toutes reçu, des haùllants du
pays, une appellation pittoresque en rapport avl'c la
forme des objets qu'elles rappellent plus ou moins
vaguement. Prendre la clef de la portp de cette
grotte au village Forest, chez Fournier. Pierre Ancise,
muraille de rochers aux sommets bizarrement dentelés.
�206
GUIDE-POCHE
5 ldlomètres plus loin, le village de Chez Matichard,
au pied du Roc St-Vincent, énorme masse tracbitl_
que de 33 mètres d'élévation qui domine tout un
chaos de rochers . Altitude, 932 mètres, ascension facile, vue magnifique, table d'orientation du Touring·
Club, ruines d'un château.
3 kilomètres, gare de Lavoine-Laprugne, point de
départ pour l'ascension du Snidre et du Montoncel
par Lavoine et le village de chez Pion où il faut se
rendre à pied. Dans ce village prendre un guide f\
l'auberge Desvernois où l'on peut déjeuner. L'ascension du Snidre, 1.223 mètres d'altitude, et celle du
Montoncel, 1.292 mètres, demandent environ trois
heures. Voir, en passant, les sources du SiclJ.on, de la
Besbre, de la Credogne, quelques mégalHhes et de!!
vesti ges de constructions romaines. Redescendre par
des sentiers sur le Beaulouis, 1 l<ilomètre de la gare
de LaVOine-Laprugne ou l'auto devra vous attendre.
A peu près à égale distance de cette gare, soit è.
5 ldlomètres, Laprugne et Salnt-Priest-Laprugne, importants centres d'exclUrs!ons : mines de cuivr'e de
Laprugne, Bois Noirs, Forêt domaniale de l'Assise
qui atteint une altitude de 1.080 mètres et où l'on
trouve Iles mégalithes en assez grand lIombre : Pierre
du Bénitier, Plerre-TaUlé, sur la route de la. Chabanne; PIerre de la Halle; Pierre du Jour, 1.065 mètres d'altitude ; vaste table de 12 mètres de long sul'
.{. mètres de large, creusée de deux excavations dites
cuvettes de Madeleine ; près de là, deux menhirs, un
dolmen non loin de la maison des gardes forestiers.
Nous croyons élevolr mettre en garde le lecteur
contre la. profusion de mégalithes (t de monuments
druidlqui!s signalés dans toute la montagne tant
Bourbonnalse que ForézieD.l}e.
TA touriste aura certainement remarqué que la plupart des hauteurs de ces régions sont couronnées de
roches aux formes étranges. Nos bons villageois ont
fait la même remarque ; aussi, frappés de ce fait, êt
leur Imagination aidant, volent-Ils de temps Immémorial, nans ces amoncellements de rocs, dans CtlS
�VICHY -ENVIRONS
207
rochers bizarres, tantOt la main des fées ou des malins esprits, tantOt le travail des premiers hommes.
Toutes ces pierres ont reçu des noms particuliers et
plus ou moins fantastiques ; tou.tes ont une histoire
que vous contera volontiers le cicérone d'occasion
que vous rencontrerez sur votre route, histoire sanglante, cela va sans dire, et où la chronologie et
beaucoup d'autres choses reçoivent plus d'un accroc.
En auto, rentrer par Arconsat, Chabreloche, Thiers.
Cette oxcursion peut être abrégée, tout en demeural'1t
Intéressante. Il faut aloTs, après avoir fait l'ascencion du Roc Saint-Vincent, revenir à Ferrières, prendre la Toute de la Guillermie, voir au passage le roc
des Chiens, altitude 738 mètres, et la Grotte des Fées
et rentrér à Vichy par St-Rémy-sur-Durolle et Thiers.
Beau panorama sur la rive droite de la Durolle.
Elle est plus courte encore en rentrant de FeITiè.res par Lachaux et Châteldon.
Au lecteur bicycllste, nous conse1ll0ns de prendre
pour Lavoine-Laprugne le premier train du matin en
emmenant sa bicyclette. De cette station, n se rendra
au village de chez Pion où il déJeûnera et laissera
sa machine. Faire ensuite l'ascension du Snidre et
du Montoncel et rentrer à bicyclette en vIsitant le
Roc St-Vincent, la Grotte des Fées. Montgilbert Ilt
Montpeyroux. La route est bonne et descend continuellement. Belle promenade peu fatlgante.
Itinéraires pour Automobilistes
LES MONTS DE LA MADELEINE. - L'AS ISE. _
ROCHERS DE ROCHEFORT. - ST-ALBAN-LESEAUX. - LA CROIX DU SUD. - CHATELMONTAGNE (130 ldl. environ). - Cusset. - L'ArdofsUre. Gut! Chervet. - Arronnes. - Château de Montgilbert.
-
Ferrtéres . -
Pferre Ancfse. -
MaUchard. -
Roc
�208
GUIDE-POCHE
Gare de Lavoine-Laprugne, Snldre,
Montoncel, gorges de la Besbre, viaduc des Peux,
col du Beaulouis. - St-Priest-Laprugne, mines de
cuivre de Laprugne. - Forêt domaniale de l'Assise
(alt. 1.084 m.), mégalithes. - Gué de la Chaux, Rochers de Rochefort (alt. 1.076 m.) ; table d'orientation du Touring-Club, ravissant panorama sur les
plaines du Roannais, la vallée de la Loire, les monts
de la Madeleine, du Beaujolais et du Lyonnais. La Croix Trévingt, mont Groussot (838 m.). - StA~ban
-lesEaux,
eaux minérales froides et ferrugigin uses, beau panorama sur les monts de la 1\1 aRenaison, eaux
deleine. - St-Andnl-d'Apchon.
bicarbonatées, calciques (roides. - Barrage de la
Tache ,hauteur 50 m., épaisseur à sa base 47 m.). La CroIx du Sud. - Cascade de la Pisserotte. - Arfeuilles. - Signal de St-Pierre (539 m.). - Ruines du
château de Montmorlllon (XV· sIècle). - CMtelmontagne, gorges sauvages de la Besbre. - La Croix
Rou ge. - La TJruyère. - Les Accarins. - Cusset. St-Vincent. -
l'ichy.
LES MONT DU FOREZ. NOIRETABLE.
SAIL-SOUS-COUZAN. - CHALMAZELLE. - THIEHS.
(225 l<m. environ). - Vichy. - Abrest. - Château
du XIII· s., reconstruit au XV", transformé ou XVIIIe
s .. La seigneurie d'Ahrest appartenait aux XIJI· et
XIV· s. aux « de Vich1/ ". - St-Yorre. - Lachaux.
- Col de la Plantade. - Les Places. - Château de
Palladuc. - La ·MuTa/tc. - Sniclre (1.223 m.), Montoncel (1.292 m.) . - Bois-NoIrs. - Chabreloche. Mont St-Thomas (1.178 m.). - Notrétable joli site,
pittoresque vallée de l'Auzon. - Puy de l'Ermitage
(1.083 m.), sanatorium. - St-lu~ena
V Iltre. - StThurin. L'HtJpUal-sous-Rochefort, ruines a'un
prieuré fortlllé, occupé autrefois par des Bénédictins ; il subsiste cleux port.es du XV· siècle. Croix du
XIIIe t Vi rge du XV· clans l'église. - La Fabrique,
SaU-sous-Couzan : eaux minérales bicar!)onatées ferl'ugineuses froides, utilisées dans le traitement de la
gravelle, cle la dyspepsie, de la chlorose. Pittoresque
vallée du Lignon. - St-Georges-en-Couzan, signal de
Mourlère (1.148 m.). - Chalmazelle, chAteau du
XII" siècle ; belle vue sur la région, surtout de la
hauteur surmontée de la statue cle la Vierge ; puy
�VTCHY-ENVIRONS
209
Gros (1.~
m.l . - Col du Béal (1.500 m.).
Pierre
sur Haute (1.640 m .), point culminant des monts dn
Forez, snlend ide Tanorama. - J,e TJrugeron ,. "pu.v
Bien (1.030 m. l. - CMteau-de-In.-Palle. - Forêt d'Anhusson. - VoUore-Monia.flne : Cheix Ellmc (1.125 m.l .
- Roc hlanc (1 .098 m.) . - Pic rIe Chlg-nor (1.079 m . J.
- Vollore-VWe (Ians un joli site; nlArre milliAire
- Puy
"portant une Inscription : ég-lIRe ~olhque.
rl'Ogent. (8l~
m.\. S/e-A f/athe. chàlp.nn rle Montgllerlh e. - Thi ers. - Chàtean rlfl Barante. - Domf. .
- Ptl1/- Cu111rr1Jme. - Gare rle ms-CM/elrZon. - StYorre. - Abre st. - Vich1/.
THmR~
nar les GORGES rlr. ln CREnOGNE. retOnT
nar le PONT rll' ms. MA UT.MONT. nANDAN (2501<m.
envi ron\. - Vicl1.1l. - Abl'e.~t
~
S'-Yorre. - ms. anri('n prlf'nré de l'orrlre rle Clnny, (Sg-llse en pArtie tin
XT. !'I~(\lp.
- r;hII/elrion. (voir notic(' spéciale clan~
rp (inirl'1l . - COllvpnt. rle Monlpevrollx. ocrn~
anIrMolR nnr (I('s ï.l ~t('r.ln
: r('con~tui
nll XVTTTo sirl'le. EgJlRe r1n xn- ~iècle
rn mlnPR. - Gor/l"eR rIe III
Î.rrrlouor. rll!'cnde cln Sflnt Tavll!?nllt.. - Î.asrllrle rlll
Î.rp.llx-SAfl1rmt.. - SI-Vic/nr-la- Trnrm e. site pittorec:;·
'mc. - s,-npm?/-S1Ir-nllroUe. - Gor!l'PS et ravin ,1"
la D11ro11e, snlpnrHr]e p:mornmn. C11rlpllse vue S11 r
1'hlpr". Thiers (voir noliee sp~clne
nnns rr
Gnlrlc). _. PU1/-(;1l1.l1rwme. veITPrles. - Gare rIe tli~
r.hll./elriOT/. conflurnt rle la Dol'O pt rle l'" llfet". -Pont rle Ris: pont suspenrln 5\11' l'Allier. consfnllt
pat" n0\1~rl
en même tE'mps et clans 10 même stYLO
quo Ir chlU011,n rle MrJlmnnf.. - T:.c (;uérinpt, cMtc!lu.
- "ATrrll7.mon/. - ForM (lu Rois Gros. - nandrrn. TJfI1l11l'zrl. - T,e TJo18-Tlrmrienrry. - Vic~?I.
BOURBON·LANCY. - PAR Y-LE-MONIAL. - St\TLLES-nAINS (205 Id1. envIron ). - Vich?/. - C1IHef.
nO.~t
Matfon nréhlslorlrTU('. - Ta "n1f8~'
Chnmoches. - .ln/if/T/U. oh1\tra11 rlps 811'('8 rIe Jalfrny
(XTo sièCle). nassa [lUX mai sons cl'Amhoise rIe r.halillon, aux dauphIns cl'Auverg-ne, aux La Fayolle .
anx La Guiche, clans 1'6g1is". ~t.aues
en pierre
8.
St-Jpan et . te-Barhe une Pleta en pierre XV- s.
rl~ns
l e c lm ('lIèr o, buste rIe Ste-Agnès en pierre
XVo s. - Vaumas. - Snlnl-r0l1rçai11-S1Ir-TJesbre. _
n() mpterre-wr-Resbre qui ent cl'abord rles seigneurs
particuliers, appartint aux dauphins cl'Auvergne, et
xv-
�210
GUIDE-POCHE
fut réuni au Bourbonnais par le mariage de Louis II
de Bourbon avec. Anne, dauphine d'Auvergne.
Abbaye de Sept-Fons, fondée en 1132 pAr
des CIsterciens, reconstruIte au XVIIe siècle, est occupée depuIs 1663 par des relfgteux de la Trappe. DIou, joli site. - St-Aubin-sur-Loire, beau château.
- Rour1JoT/-r,ancll, eaux thermales c,hlorl1rées, sodiques, ferrugineu ses, utilisées dans le traitement dps
rhumatismes. Les Romains y possédaient un établissoment thermnl. - Perrlrmy. - St-A {1nan-sur-J,oire.
- Ln Motlp-SI·Jean. - nt{1oin, ,onctlnn du canal lRtéral Il la Loire ct dn cannl (In Centre. - para1J -Ie ·
Monial, ancien convenf des BAnérllctlm;, Pélerinnge
au couvent de la Vlsltatfon élant nn e relfg-ieuse, lvTnrie Alacoqne fancla AH xvn o slèclp fe cnlfe du S. C.
éle Jé~lS
. RemarquRhle ég-lfse dll xn n ~I?>rle
: 50 m?>tres de 10ngnellr. 27 mMrps dp hAllteur, 3 nefs, chaplt€'aux tr~s
l'llrlellx. Maison dl' la RenaIssance av ... r
SI-l'an, Mar cides inSQrfptioni> rIe 1525 et 1598. (lT/1/ . - Cham1J1111/. - TJr1Jt.ç/!. - Sa17-le.ç-Rain,ç : eaux
minérales nlcallnr.s, Ru1fnrellReS, IOdurér.R, slll catées.
utilisées (Jans le traitement dm; affections éle ln. peRn
et rIes malaélipfl in fect ipllses. Statfon ('on nue cles Ro'
mains. - SI-lIfarttn-d'Estr6au:r:. - St-Prix, cMtean .
-
[,a PaUsse . -
Cusset. -
Vich1J.
SOUVIGNY.
BOURBON·L'ARCHAMBAULT.
NERTS. - PONT DE MENAT. - GORGES DB LA
SIOULE (220 kil. environ). - Vichy. - Charmeil. St-Dfdier-en-nollat, forêt cle Marcenat. St-Pour·
çnin. - rhcttet·de-Ne1l7 Jre . - RessoT/ , forêt de MoJa·
dler. - SouvtUT/y , ancienne capitale cles sires de
Bourbon . Remarquahle allhaye des Bén6cllctlns fondée en 916 pAl' Aymar de nonrbon, piuslpurs fols rp·
maniée au cours des sl?>cleR. Jmen~
vaisseau d
R~
mètres (le longueur divi sé pn 5 nefs ; la grm.de
uet est penchée vers la gauche pOUl' rappeler l'attitude du Christ mourant. Tombeaux muttlés de
l.oufs II de Bourbon ct de sa r mme Anne d'Auvpr·
gne, (le Chari s 1er de Bourbon et de sa femme
Agnès de Bourgogne. Grande rlch pssc cIe sculptures
à l'intérieur, bell es boiseri s, curieuse colonne por_
tant les signes du zodiaque Xli" s. St-Mayeul ct
St·Oclyle moururent et lurent inh umés il. Souvigny.
Saint_Menoux. ancien monastère de femmes de-
�VICHY-ENVIRON!
211
pUis longtemps détruit. Curieuse église les XI". XIIe,
xv" siècles, restaurée en 1842 (mon. hist.) Retable du XVo siècle en albâtre et en marbre noir. Bas
!'elief provenant du tombeau de St-Menoux XlI o s.
Heliquaire de St-Guillaume, cuivre doré XllIo s.
Fragments de sculptures XII" s. - Bourbon-t'Archambault, eaux thermales ch10rur6es sodiques, utilisées dans le traitement des rhumatismes, do la
;;crofule, du lymphatisme. Les sources appartienHent à l'Etat. Château des sires de Bourbon Xl11 0
siècle. Eglise du XU" siècle (wou h,st.). :::itation con!lue des Romains qui y possédaient un établissement
de bains; M" de Montespan y fit plllsieurs Séjours et
y mourut.- Abbaye de St-Fiacre, forêt des Gros Bois.
- B uxières-tes-Mines. gisements houillers. Eglise du
XIIo siècle, château de la Condemine. Cascade des
Hocs. - Chavenon. - Murat. imposantes ruines d'un
château des sires de Bourbon (XlUO siècle), démantelé
après la trahison du Connétable de Bourbon. - ViLle{ranche-d'Allier, ancienne ville fortifiée qui obtint en
1137 une charte cles sires de bourbon. Eglise du XIllo
siècle. - Deneuille-tl's-Mines. - St-AT/geL. - Chamblet
Néri~,
station thermale où l'on traite les affections
nerveuses et rhumatismales. Il existe 6 sources dont
la tem pérature varie de 49 0 à 53 0 • Les Romains y
avaient construit des thermes et un théâtre dont 11
ne reste que des ruines. Pépin le Bret y possédait
un palaJs duquel il clata plusieurs chartes. - Durdat-LarequtUe. Montatgut-en-ComlJraiUcs, église'
gothique, lanterne des morts dans le cimetière. St-ELoy, important hassln houiller. La /JouLeMenat. - Ponts de Menat, où s'amorce la route de
Châteauneut-Ies-Balns (voir excursion suivante). Château Rocher. - Gorges de la Slollle. - Roc Armand. - Chouvigny. - St-Gat. - Ebreuil. - Viaclucs de Nenvlal et cie Rouzat. - Gannat. - CognatLyonne. -
Vichy.
CHATEAUNEUF-LES-BAINS.
VIADUC DES FAGORGES DE LA STOULE (160 )ril. environ)
- Vichy. - /Jellerive. - Effiat. - ,ltgueperse, ancienne capitale ciu duché de Montpellsler, l'une !lcs
treize honnes vllles rl'Auvergne. EgJlse Notre-Dame
(Xlno sièCle), restaurée au XVI', possède deux PrimiUt. du XV' : « Le Martyre de St-Sébastien. d'AnDES. -
�212
GUIDE-PUCIŒ
dré Mantegna, • La Nativité» de Domenico Ghirlandajo_ La Sainte-Chapelle (mon_ hist,) édiHée .an 14io
par Louis de Bourbon, possède une statue ue
Louis XlI - St-Myon, eaux minérales, la tour Vidal. - Combronde, deux belles croix, donL UllP.
du X VI. siècle, Mairie installée dans un ancien chàLeau ayant apparl.enu aux CapollY, blasons peints il
l'intérieur, Rocher du Cœur Branlant, - Charbonnie res-les - V'teiLles. - Lac de 1'azenat, superficie 34 hecll:ll'eS, occupe probablement un anciun cratère. ::la
1I1us grande profonùeur est de 66 mètres, ses berge:;
ont plus de 50 mètres de haut. Ce lac est très poissonneux, ses eaux gèlent rarement. - Manzat,' dans
l'église, belles IJoiseries provenant de la Chapelle du
Port-Sainte-Marie; deux bas r eliefs sur bois; ::il-Jean
el St-Paul (X Vne ct XVlllo siècles. Puy de Cheylarcl
(alt. 844 m.). - St-Georges-de-Muns. - L es Ancize,
Comps. - Viaduc des Fades, le plus haut d'Europ e
(132 m. 50 au-dessus de la Sioule ) ; les piles ont
!:J2 m. 30 de hauteur ; la portée entre les piles est de
H4 m., et la longueur totale du viaduc 470 m . 25. La
IJal'tie métallique du tablier mesure 11 m. de 11aut ur. St-Pries t-des-C hamps. - St-Geruais-d'Alwergne (alt. 729 m.). Bell e vue, église du XV· siècle avec
li uelques parties plus anciennes ; échauguette à l'ull
lies angles. - Chateauneuf-Les-Bains. Eaux minéral es
chaudes et froides, utilisées on bains et boisson dans
le traitement des affections rhumatismales, des n evralgies, de l'anémie, de la chlorose et de quelques
maladies de la peau ; station sur les bords de la
Sioule, site pittoresque. - Lisseuil, pélerinage. Chateau-Rocher (XlUo siècle), construit par les ducs
de Bourbon, passa aux de Chouvigny de Blot. Imposantes ruines au sommet cl'une émlnenee à pIc sur
la Sioule. Il subsiste quelques tours, lies échauguettes et une partie du fossé d'enceinte. Il y a quelques
années Oll y voyait encore une vaste cheminée en
pierre, sur le linteau de laquelle étaient sculptées
les armlls des ducs do Bourbon. - Ponts de Menat ,'
un pont antique, un pont moderne. A 3 kil. Menat,
belle ablJaye bénédictine du XII· siècle avec des parties du XIII· et du XIV·. Usine pour la fabrication
du tripoli ; nombreux fossiles dans le schiste UtiliS'l
pour cette fabrication . - Roc Armand. - Chouvign y,
ruines d'un chAteau féodal, gorges de la Sioule.
�VICHY-ENVIRONS
213:
Ebreuil, ville très ancienne, citée au V· siècle. Charlemagne y fit construire un des quatre palais ou villas qu'il assigna comme résidences à son
fils Louis eu lui donnant l'Aquitaine. Eglise mi-partie du style auvergnat, mi-partie du style gothique"
peintures murales des XII"_XV" s., châsse de SaintLéger (XV. siècle). - Rochefort. - St-Bonnet-de-Roche/ort o Château du XV" siècle en partie restauré, i1
subsiste six tours crénelées reliées par des murs de
ronde. - Viaduc de Rouzat (280 m. de longueur, 7't
mètres de hauteur). supporté seulement par deux
colonnes. - Viaduc de Neuvial, jeté au-dessus d'un,
ravin au fond duquel coule la Sioule. - Mazerier,
dans l'église, peintures murales de 1380. - Gannat,.
ruines d'un château du XV· siècle. Eglise Ste-Croix
(XlII" fiièclc), avec des par:;ies de ùifférentes poques. Eglise St-Etienne (XI" si cIe). Mannscrit du
X- siècle, couverture en cuivre émaillé et en ivor~
avec des personnages représentant des scènes de la
Passion. Beau Christ en ivoire. Ex-voto peint sur
bois (XIIIe siècle). - Co.qnat-Lyonne : le 6 Janvier1568, les Protestants du Prince de Condé, y infligerent une sanglante défaite aux troupes catholique,>.
St-Gal. -
-
Bellerive. -
Vichy.
CHATELGUYON. - ROYAT. - LE MONT-DORE
- LA BOURBOULE. - SAINT-NECTAIRE (250 Idlomètres environ). - Vichy. - BeLLerive. - Serbannes, forêt de Montpensier. Effiat. Aigueperse. Saint-Myon, eaux minérales, église romane. Gimeaux. Ysaac-la-Touretle, retable
en albâtre sculpté (XV- siècle). ChtUelguyon,
statIon thermale dont les eaux très riches en.
chlorure de magnésium sont employées pour combattre les affectlons g-astro-intestinales. - St-Hippolyte. - Enval, les gorges d'Enval, curieux amonc~l1 ment de roches au milieu desquelles coule l'Ambène, cascade du Bout-du-Monde. - Tournoël, châ_
teau (mon. hist.l, construction de date incertaine,
appart naît au XII" siècle aux comtes d'Auvergne.
Philippe Auguste s'en empara et le donna à ltuy de
Dampi erre qui avait ép usé en 1196 Mathilde de
Bourbon. Des défenses extérieures, 11 subsiste une curieuse tour à bossages hémispllérlques qui protégeait
une porte encore ornée de ses crêneaux et de ses-
�'.214
GUIDE-POCHE
machicoulis. Les constructions intérieures, qUi sont
en partie du XV- siècle, sont relativement bien conservées. Peintures sur les murs de la chapelle et ae
quelques salles. De la plate-forme du Donjon, 30 m.
de hauteur, vue très étendue sur tout le Plateau Central. - Vo~vic,
nombreuses carrières dans des coulées de lave provenant du Puy de la Nugère (alt.
98'! m.). Dans l'église, tombeau en pierre avec ornements, reliquaire de St-Pri st et gla ive du VIle siècle avec lequel ce saint fut tué. ;:,tatue de la Vierge,
- Sayat. - Blanzat, site très
en lave. - Ma~uzt.
';pittoresque, fabrique de papier. - DurtoL - ChamaUères, église rles X·, XIe, XII. siècles (mon. hist.), restaurée :.tu XVIIe. Reliquaire du '111 0 ~i cIe, émail de
Limoges. - Royat, sLation thermale dont les eaux
sont utilisées dans le trait ment cL s maladies arthritiques, des affections des voies respiratoires, de
l'anémie eL de la chlora-anémie. Les Romains y possédaient cles thermes dont il ne suhsiste que des ruJnes. Eglise du XI· siècle (mon. fiist.) fortiftiée ail
XIIIe. Croix en pierre du XV· siècle (mon. hist.) avec
des personnages représentant les apOtres. - Ceyrat.
-
St-Genès-Champanelle. -
Theix. -
Fontfreide. -
Tunel de la Cassi re (200 m. de longueur). - Puy de
Vi châtel. (1.117 m.), Puy de la Vache (1.175 m.) et
Puv Lassolas (1.193 m.), curieux crat res. - Puy de
Charama.t. (1.138 m.). Puy de Montchal (1.107 m.).
- nandanne. - Puy Boursoux (1.065 m.). - Puy
Combeyrasse (1.118 m.). - 1-'uy de l'Enfer (1.000 m)
dont le cratère a été autrefois un lac. - Puy cle Servière (1.235 m.), son cratère envalli par les eaux est
devenu un lac de 15 hectares de super11cde et oe
26 mètres de profondeur. Puy de Couperei
(1.377 m.). - Roche Tuillère. Roche Sanadoire
(1.288 m.). - Puy et Col de l'Aiguiller (1.547 m .), vue
splendide sur les Roches. - Puy Cord e (1.479 m .). Lac de Guéry, 20 hectares de superficie, 8 m 1,res de
profondeur (alt. 1.260 m.). - Cascade de Queureuilh.
30 mètres de hauteur. - Cascade du Rossignolet. Cascade du Saut-du-Loup. - Le Mont Dore, statiO\}
thermale dont les eaux siliceuses, arsénicales, ferrugin eusos sont utillsées dans le traitement des voies
respiratoires. Les Romains y possédaient un établie;sement balnéaire ; ses ruines sont classées comme
'.monument hi storique. - La Bourboule, sta1ion ther-
�VICHY-ENVIRONS
215
male. Ses caux, très riches en arséniate de soude,
sont ulitisées dans le traitement des maladies de la
peaü, du rhumatisme, des fièvres paludéennes. Les
Romains possédaient également un établissement de
bains à la Bourboule. - Le Mont DOre. - Puy de la
Tache (1.636 m.). - Col de Diane (1.360 m.), merPuy de la Croix-Moranil
veilleux panorama. Bressol1LeWe, très belle vue. (alt. 1.512 m.). Chambon (alt. 900 m.), église de la période de tranE=ition, croix du XV· siècle, chapelle sépulcrale du
XIe siècle (mon. l1ist.) dans le cimetièrc. Lac
Chambon (alt. 880 m.), 60 hectares de superficie.
5 m .. 80 de profondeur. - Vue magnifique sur la vallée de Chaudefour. Dent du Marais ou Saut de la
Pucelle, très beaux fossiles de végétaux. - Muro~s.
église et château (mon. llist.) du XV" siècle: imposantes ruines assez bien conservées ; 2 chapelles :
l'une du Xl", l'autre du XII· siècles. - Rumes 'Je
constructions romaines. - Boissières, grottes. - StNectai
. re-~Haut
sur le mont Cornadore. - St-Nec'tation
taire-le-Bas dans la vallée du Couran.,:on.
thermale dont les eaux riches en arsenic et en chlorure de sodium sont utilisées pour combattre la chloro-anémie, le lymphatisme, la scrofule, etc... Eglise
(mon. Il [st.) des XI. et XII- siècles, renferme le buste
de St-Baudime en 110is recouvert de plaques de cuivre repoussli, travail du XII· siècle ; des plats de relIure également en bois recouvert de plaques de cuivre enrichies d'émaux et de cabochons (XIII- siècle) ,
Croix (lu XV· siècle (mon. hist.) en pierre sculptée.
Autel du XV· siècle. Dolmen. - Saillant, cascade du
Saut de la Couzé. - Vallées et Gorges Imposantes de
la Gouze. - Verrières, château féodal en ruines, pont
romain, les Roches longues. - Grandeyrol. - Tour
du Rognon. - Montaigut-te-Blanc, ruines d'un cnateau f60(lal du XIUO siècle. - Champeix, site pittoresque, ruines d'un château féodal, menhir dit Peyre
Fiohade. - Neschers, station préhistor.ique. - Coudes, ruines du château de Buron (XIIIe siècle). Montpeyroux, ruinos d'un château du XIII· siècle .
il subsiste une tour de 35 mètres de hauteur du somment de laquelle on Jouit d'une belle vue sur la
vallée de l'Allier. - Les Martres-de-Veyre, tombeaux
gallo-romains, voir le mobilier d'nn de ces tombeaux au musée de Clermont. - Mez~.
- DaLlet. -
�216
GUIDE-POCHE
Pont du Chateau, sources de bitume, fabrique de pavés d'asphalte ; église Ste-Martine, ancienne collégiale des XII·, XIII. XIye siècles ; N.-D. de Paulhat
(XY· siècle). Les Martres d'Arti ères, sépultures
gallo-romaines ; une momie découverte en 1756 se
trouve au Muséum de Paris. - Joze. - Maringues,
anciennes tanneries sur la Morge, maisons du
XYlI o siècle; église des XIIO ct XYle siècles av c de
belles boiseries. - Randan. - Vichy.
VICHY. - THIERS. ~ AMBERT. - LA CHAISEDIEU. - LEZOUX. - MARI GUE. - RANDAN (265
Jülomètres nviron). - ViChlJ, a"l'nt-Yorre, Puy-GuH'aume, PasZières, Thi ers, Pont-d e- Dore, manoir de
B line et Tour du More à droite, château de la
Barge à gauche. - Néronde, égli se du XIe siècle. Co urpière, à 2 Idlomèt.res, L Salet, eaux minérales.
OHiergues , église gothique, vieux ohâteau, fabriques.
- Verlolaye, point de départ ponr l'ascension de
Pierre-sur-Haut , alto 1640 m., point culminant de la
chaîne du Forez. - Ambert, glise Saint-Jean XY'
t XVI s iècle, beau cloch r, croix du XVe siècle,
maison s (1 s XVo, XYlo. XITo siècles. - Mm'sac,
église du Xyo s., boiseries, peintures du XVII. si cIe,
Croix sculptées. .. Lr s /~ Routes. - Arlanc, église
roman , b aux Chapiteaux, (' lUX minérftles. - La
Chaise-Dieu, alto 1.100 m. (voir notice sur la carte).
Saint-A lyre. - Sain I-G ermain-I'TI erm, église en partie roma,ne, signa'l d LaIr (alt. :1 .094 m.) vue splendid s nI' tout le plat au Central. - Ai.-c-La-Fayelle.
- Cnnlhat, cM.teau, vieilles Ferrures aux portes fle
l'égli se. Tours-s?/1'-M 'ymont. ourpière.Le zoux, lPetite cllap lIe romane transform e
n
grange (m n. hi L), importantes fabriques de poteries il. l'époque gallo-romaine. - Bulhon. - Crevant,
pont sur l'Allier. - Marinrnll's. - Saint-Denis-Cornbarnaza l . -
Randan. -
Bois Randenay. -
Vichy.
De VICHY il. RANDAN et RIOM par l'autobus des
P. T. T. - Départ: gal' de Vicll1-y à 6 h. 25 ; arrivée h Riom à 9 h. 50 ; ll épar t de Riom il. 16 h. 40,
arrivée à Vichy à 20 h. (Ces heures peuvent être modifiées, se l'enseigner au bureau de poste). Prix du
trajet : pour Randan, 3 fr. ; pour Riom, 10 fr.
Brughea s.
BeLlerive. - Le Bois 17andenay. -
�VICHY-ENVIRONS
217
Beauvezet. - Randan. - Jussat. - Barnazat. - StDenis-Combarnazat. - Pagnan. - Vensat. - Maringues . - Ste-Laurc. - Entraigues. - Ennezat: églis'3
très curieuse (mon. hist. ), nef de 3 m. 50 de largeur,
bas-cOtés de 2 m., chœur gothique, jolis chapitaux
dont un représente le châtiment d'un usurier. - Le
Marœ!s. - Riom: ancienne capitale de l'Auvergne,
vieille ville 10rt curieuse à visiter; nombreuses antiquités : la maison des Consuls (XIve siècle, mon.
hist.) ; la Sainte-Chapelle (XlV· siècle, mon. hist.),
la Tour de l'Horloge (XVIe siecle, mon. 11ist.) ; églÏ1t~
St-Amable (XII- siècle), restaurée au XVIIIe ; N.-D.
du Marthurel (XV- siècle), statue de la Vierge à l'oiseau, vitrail de 1538. Dans la chambre du Conseil du
Palais de Justice, belles tapisseries du XVI- siècle
représentant les aventures d'Ulysse. Au faubourg
Mauzat. église St-Pierre (mon. hist.), abbaye de Bénédictins fondée par St- Calminius au VII- sièch
Les trois nefs sont du XII-, crypte sous le chœur,
belles boiseries gothiques. Dans le trésor, châsse de
St-Calminius (XIIe siècle), composée de 14 pannf'flllX
de cuivre émaillé; figures et ornements en or. Crucifix cn bois du XIIe siècle ; fragments d'étoffe orieutale du X- siècle ; châsse de St-Austremoine. transportée dans cette abbaye en 763 par ordre de P épin
le Brel.
MOULINS. -
IMPRIMERIE DU PROGRtS .
�218
18JhIFat
GUIDE-POCHE
tlir~
d~ In~Jsl
2J, rue Alquié -- VICHY
Téléphone 6-67
L'Hiver à Paris
8, Rue de Solférino
R. GOIFFON
Docteur cn Medecine, Chef de.laholatoire il la Clinique médico-chi rurgicale de l'hôpital de Vaugirard.
Attaché de chim ie il la Faculté de
Médecine de l'aris.
F. NEPVEUX
Docteur cn Pharmacie, Lauréat Médaille d'or de la Faculté de l'aris.
Ancicn interne des hôpitaux. Chef de
laboratoire d la IIaculté de Médecine
de l'nris. Chef de laboratoil'c à l'hôIlitai II c la PiLié (Service du professeur
Marcel IAl bM) .
Examens des urines au point de (lue chimique
et bactériologique.
Examens chimiques, bactériologiqlze et cytologique liu sang.
Examens des sucs ga ·trique et duodénal.
Examen de' selles : dige 'tions, para ite' ,
syndromes coprologiques.
lixamens bacfériologiques (exsudats , crachats, liquide pleural, liquide cephalo-·
rachidien , p1lS, etc.
Examen sérologique ("W assermann, krste
~
hydatique, etc ... )
Préparation de (laccins.
�T ABL E DE MATIÈRES
VICHY
Annexes de l'ELablissement Thermal (Pastillerie-Emballage) ................ . . . .............
A quelle époque vient-on à Vichy..............
Avant de partir pour Vichy.... ...... ..........
Casino ... .........................................
Casino des Fleurs........... .. ................ .. .
Casino Jardin de Vichy............. . ...........
Galerie des Sources (la)........................
Elysée-PalaciEl .. . .. . . .. .. .. .. .. .. .. .. . .. . . .. .. .. ..
En arrivant à Vichy.............................
En route, avant d'arriver à Vichy..............
Etablissement (l') ThermaL.....................
Etablissement Thermal de 20 et 30 classe ......
Institut Physiothérapique ......................
Les Galeries couvertes.... . ................ . .....
La cure-taxe ou taxe de séjour.... ..............
La Journée à Vichy............. .......... .......
Le Pont, le Barrage" la Passerelle...... . ... . ...
Médecins (les) ................................ ...
Œuvre de Napoléon JII à Vichy................
Œuvre cl la Compagnie Fermière du Domaine
de l'Etat ................ ...................... .
Parcs (les) ......................................
Parc (le nouveau).. . ........ .. ............. .....
Pergola (la) .......................... 1 • .. .. • .. .. •
Poste, Télégraphe, Téléphone..... . .............
Promenade (la) des Quais ........... .. .... ..... , ·
Quelques conseils ... .............. ..... .. . . .. . . .. .
Recommandation importante . . .......... ... ... .
Services publics .................................
Services sanitaires ............... . ..............
Sources (les) ............. .... ..... .. .. . ... .. .... .
112
69
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139
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178
81
139
162
170
11'6·
�Sources de l'Etat.................................
Sources pli vées .. ................................
Sporting-Club de Vichy......... . ................
sports, Fêtes de. la Saison.................... . .
Tarif des Bains et Douches......................
Travaux d'intérêt public exécutas par la ville.
Un mot de médecine............................
Vichy ........... ............................. ....
Vichy dana l'Histoire............................
Voitures d place (tarif officiel)................
LES
153
147
111
102
132
68
84
179
ENVIRONS
Ardoisière " . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Billy· . .. ·······.········ .. ·.·· ......... ·... .......
Bourbon-Busset ..•. ........ .... . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Chàteld n .. ... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
COte St-Amand ............ ........... ..... .. ... .
Cusset ........... .... .............................
Effiat ...... ................... ....................
Itinéraires pour Automobilistes..................
Malav<lux ........................................
Montagne-Verte ..................................
Montgilbert, Ferrières, Roc St-vincent, Snidre.
Prom nades aux Environs......................
Rand::m-Maulmont ............................ . ..
Saint-Gorand-le-Puy, Lapalisse .... . ...... . .....
Saint-Yorre ...................... . ...............
Source intermittente ............................
'Tlliers .......... ....... ......... ..................
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1144Z4 0044
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
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Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Vichy
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Gros, Jean-François (1846-1916)
Title
A name given to the resource
Vichy et ses environs : guide de poche illustré...
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie du Progrès
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
[1924]
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) V 10 910.2 VIC
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Vichy (Allier) -- 20e siècle -- Guides
Vichy (Allier) -- Circuits touristiques
Vichy (Allier) -- Plans
Vichy (Allier ; région) -- Cartes touristiques
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
218 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
53e édition
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
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Rights
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Domaine publique
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Vichy_et_ses_environs_114424
Relation
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