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SCÈNES
1
1
DE LA VIE THERMALE
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A VICHY
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SCÈNES
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DE LA VIE THERMALE
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A VICHY
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��--
Voici un roman qui pourrait s'intituler:
UNE HISTOIRE VRAIE.
Je le dedie aux demi-malades, aux gens qui
ont des loisirs entre le bain, la douche et le
verre J'eau. Ces loisirs le sache -
il fam bien qu'on
certains industriels chercheront
peut-être à les utiliser à leur profit. Telle
est l'éventualité contre laquelle j'ai voulu
�mettre en garde le lecteur; tel est le but de
cet ouvrage.
Vichy est la ville de la sante; c'est aUSSl
un sejour charmant. Malheureusement, les
plus belles plantes ne sont pas à l'abri des
champignons parasites. Et j'ai voulu montrer
quelques
cchantillons
de ceux qu'on
expose il rencontrer à Vichy.
est
�VINGT ET UN JOURS
A VICI--IY
1
Cc ~o
il' -I;
I,
un donnait Fédor(/, au Casino
ne
Vj (jily, el le nom de Sarah Bernhardt était snI'
l'af'fiche.
On venait d'achevel' 1) premier acte; le
rideau tombait au milieu Lles aclm:.~o
l s
du
public. Sarah, habituée aux triomphes dramal.ifJlIC'S, s fai sait priel' pour l'e]XlraUr-e sur la
sc(\ ne, malgr ' les rappels. De toutes pUI"t:'\ des
voix, clan' la s: ille, cl'i:li enL: Sarah! Sarah!
1 1~ lIrin
,
ell<, écla ':lUX
in~lacrf:j
ri e la fou ir, cl.
s'avança yers la rampe, avec une nonchalance
�6
VINGT ET UN J OUH S A VICHV
de reine et cc sourire étmnge qui donne une
expression si particuli ère à sa phys ionomi e. Les
bravos redoublèrent ; des bouquets tomb èrent
SUI.'
la scène; et , tandis que Berton se
p" écipitait pour les ramasser , la salle e nti ère
retenti ssait d 'ac
la m
a ~i o n s
telle. que la grande
nrtiste, r entrée dans les co ulisses, dut r eparaitre une seconde fois.
Au deuxième ran g des fauteuils d'orchestre,
un Monsieur sc faisaiL remarquer pal' le débordement d'un enthousiasme qui touchait il la
frénésie. Plus l'ort que tous les autre. , il avai.!'
crié : Sarah! Sarah! Il lui avait ;jeté le plus
beau des bouqu ets lancés
SUI'
la scène, cl.
maintenant qu'ell e avait disparu , que le ridea ll
était tombé, il applaudissait eJl core. Pal' j,nstall Ls,
comme un feu mal éteint qui sc ranim e, les
bravos recommençaient, et un nouveau frémissement agitait la salle.
Cela duta près de dix minutes; mais déjà la
g mnde masse cl s spec tateurs avaient quiLLé
.l eurs fauteuils ct s'éco ul ai nt prtr les issues,
trop étroites pour la poussé' d'un e pal'<? ill c·
foule.
�7
VINGT ET UN ,JOUIIS A VICllY
La foule é lait énorme, en crfe L. Mulg ré le prix
relalive mc nl élev é dei; places , (lui avait é lé '
porlé, p our celle rC[.lrés nla lion, it vin g LfJ'unc,.:,
l'admini slralion n'avait pu s u l'fi )' 0 au x de ma nd es,
On avait .in s l:.ül é des sièges suppléme nta irc,;
dorri èr e les loges, da ns le::; passages, à 1'01'cheslre des musici ns ; L LouL avail éLé lou é,
Bon nombl 'e de s pecLateu es éLaie nl l'CS Lés il
le ul',' places p endan t l'en Lr'acLe, Il y avaiLenco re
là ulle salle; e L un e sall e Ll'è:-élégn nL , Lrèss urexciLée, pl' s lue IJruyanle , Des conve n;aLi ons a nimées s'étaic nt e ngll gées da Il ::; le,;
groupes les loges e t c ntre voisin s clè ft l L~t e uil
s ,
NaLurelle ment, Sa rah faisait les frai s fi c la
l 1upal'L de ces conversalions; mai s le pub! ic du
lhéù lre y élait a u 'si
p OUl'
un
pa rt, à en juge r
par le je u Lrès-actif des lorg n Ltes dont l'o bj ecLif
pa rcourait les loges , les gal eri es ell'ol'ch estre.
-
Qu l est donc ce Monsieur qui , tout il
l'il e ure, applaud issait avec La nt de fe u '! dema nda
Ü
Bon vois in une je une Wl e qui s
a v c de ux autres pe rso nnes ,
50 11
Lrouvait ,
p è ro e t sa
m è re, da ns un e loge de droito.
-
Ce Monsie ur, Made moiBelle, r épondit le
�R
V IXCT ET l IN .I 0U HS A V ICIIY
\'o isill , c'est l'hom me l'épandu clans ln soci été;
c'est le foncLi onn aire illflu ent ; c'es t Je p e r ~o
l1 -
nage co nsidérable. JI Il 'est perso nne ici (pli
Il e'
cO l1naisse le docteu l' 1\ sparagml, conser vaLeu l'
cl 's Poucll'es cL Parch min s de l 'E tat à Vi 'h y.
II est enco re df'bout à sn place : voyez de qu 1
ail' il salu e les gens, av c qnelle in sistancc
so n œil fo uill e Lous Jes coin s (l e la sa ll e po u l'
y découvrir ([uelcIUe personnage en vue avec
Jequel il pui sse échanger un Higne amical. fI oul'
usernent sa Lai Ile lui perm et d'al el'ce voi l' dr
l oin et ci e haut. CO lln aiss z-vous, Mademoiselle,
l e nombre exact cl es cheveu:\: qui co uvraient l e
cher de Moli èr e, le j onl' de sa mort '!
-
Qu ell e pl aisanteri e !
-
Ill e co nn aiL, lui ; il sa it la Laill e de l'ong le
du petit doigL de Racine. C'est, du r ôs l,e, un
coll cLi onn etll'in['atigable, un érudit et
enLil ousia. 'Le ri
.
"
S
obj ,ts d'art. Pas égoïsL
Uil
p Oli l'
nll so u , il a Ll':1Ilsfonné so n calJi nel d ' Lrav, liI
C il
lin lIlu séc ... publi c.
-
Vou !'; pOUiTi cz, il (~l'
-:'II Cl nHi
lli'
qu'il
\Nilliill1l, ITvnlldiC[lll' I'
rjllitli[j ('.illil' qu e " ous nppliqui ez
III C
5eJl1bl ',
p OUl'
vo u!'; 1('
10 111 il
1'11 (' 111'1 '
�VJNGT ET UN JOUaS A VJ CJlY
9
:\ votre docte ul' Asparag us . Quiconque ve ut des
dé tails
la socié té qu'on l'en contre ici n'a
S UI'
qu 'il s'adresser à vous.
M~li
s
c'est un avantag , COllve ll ez- n. A
cà té du docte ul' Asparag us est M. G"', le Préfe t
de l'A lIi Cl', un aimabl e h omm e qui a la r éputation cl'è ll'c un admini s trate ur co nciliant e t
Il;l lJil e . J'ai e u occasion de 10 l'Cnco ntl' l' au
Cercle J n te rn a ti onal. Près de M. le Préfe t, un
]1 (,l'S O11 nage
considérablc du parti légiLimiste,
un orig in al qui n e po rte fJu
d s cosLumes
hIe n-cla ir, li serés de blan c . Ic i, la Hépllblique
coudoie suns h o rTe ul' la Mon<tl'c hi e .... Un p e u
pl us près , a n cinquiè me rang des fauLe uil s,
ce g rand vieillard encore vert. .. 1;'l, le vo yezVOll S '?
-
Oui.
-
C'esl. l'aute ur dn R oman d'un Jeune
lLomm.e paUV1'e j c'es L Octave F e uille t. Il e t
ass is :'t cOl ' d'un L'eporLer du Figa)'o qui pre nd
ri ' S noLes. Ce t autre vi eillard e::; L noLre minis tl'e
cl s affairc::; étran gères, aGLu c li e m nt il Vi chy.
8gal em e nt flanqu é cI ' un r pOI'Le r. Mai s celui- ci
apparLi enL à un joul'l1<ll a nglais, e t a Lout l'air
�'10
VINGT ET UN JOURS A VICHY
ll''Ï1ûe1'viewet' notre homme d'État. Ici, un per-
sonnage russe que vous connaissez de nom,
sans doute, le comte Gu •. Tenez, il Cl uiLle sa
place ... Oui, ce lllOllsieLll' il, longs favoris bla ncs,
au type slave fortement accentué. Le voilà qui
s'arrète
il,
causer avec un e a llesse impériale, le
prince A.. • ... Voici la fi"" jadis g rande arti ste
el jolie femme ; devenu .... ce que vous voyez.
MainLenant, voul ez-vons diri ger votre JOJ'g neLLc
de ce COlé, Mademoi selle '? Troisième Joge il
gauch e, presque en face de nous. C'est cela.
n é bien?
-
Oh! la ravissante femme !
-
On l'appelle la « BelJ e Anglaise ». Ell e est
célèbre à Vichy. Des yeux d' un bJ e u profond
qui l'appelle la m er; une chev Jure d'or bruni ;
des lèvres rieuses e l spiriLuelles ; des orcill es
1 s plus peLites qnej 'aie jamais vues. Ccpem!ant
cHe a la bouche un peu g randc , ne Ll'ouvczvous pas ?
-
Je Lrouve clu'elle o,c; l admirai Jem C)IL .i olie .
Ti ns, papa, dit Clair
Il
pa '::;ant sa lorg nelte il
un Monsieur entre deux âges qui SC Lrouvait
dans le fond de la loge, il co Lé cie
.'OH
inLerlo-
�VINGT ET UN JOUR S A VI CHY
1'1
c uteur, r egarde clone celle dame. Troisième
loge il gauche . En face.
-
Là-bas, continua le jeune h omme , un e
}\ nglaise encor e. Oh! celle-là n'est pas m oins
fameuse qu e la premièL'e , maiH d' une autm
fcu::,on et élans lln auLre monde. Sa chevcllll'e
Hcmble teinte de sang . La voyez-vo us '? Ce la ül it
comllle une fl amme au Lour de sa tète .
Et, à voix basse, se penchant vers le papa:
-
Une fl amm e en effet. On l'appelle la
« Femme de F eu ».
Maintenant, continua 'William , voici lln e
inco nnu e q u'on
ft
baptisée « Beauté et Mystèr e ».
HeauL', vous pouvez e n juger . E ll e est brune
co mm e la
Il Uit;
mais cLI c a
Lill
nez g rec d' une
pU l'eté anLiqu e et d'admirable;; yell x plei11R
d'éclairs. Touj ouJ"::; vêtu e de noir, comme vous
la voyez, et d' une ÜH}O n si simp le que sa toilette pal'aitrait négligée si ell e n'était portée
uvec ce LLe sUJJl'ème élégance. 11 y a, a utour de
S' t
pel'so lJne eLde so n nom, Ulle légende, mais pas
d' hi stoire. M. Asparagus lui-m èmc Ile sait ri en
ci e pl'él,;is
SUl'
cette perso llll'll. ité étralJ ge, que la
l'ume ur üüt venir de Naples, L qui serait née
�'12
VINGT ET UN .'ouns A VICtrv
sur Ic!:.; bol'c
~
du Nil. Touj ours so us toules
réserves.
li pm'ail, ajouta l e je ulle ll omme en se Loul'n anl, v ers M. R ::.tbolleau, Clu'elle
Cl
appurlenu
;\ l'ex-khédive , cl (lu'ell e est l out
bonne-
menl en ruplure de h ::.tL"em. Ce j eune Eg ypti en
<lue vous voy ez clans l a l oge, près d'ell e, seruil
son ljbérateut'.
L il
j eun e flil e dirigea lcs " CITes lIe sa lorgllelLe
v ers le coupl e désig n" pill' Willi 'ul1, cL les Linl
fixé's flu elques in slulii s
l ' I ~g
Y[lLi
e n
e;
SUI '
le vi ."<l ge brulli
ci D
mais cli c Il e fil aucune rén x i on .
Cependanl la ch;t1 cur de la ~ al
m onLaiL,
1I0)'<1I1L Jes loges cl les f'auleuils de bal ·on .
0" (; LOlllfe iei, obse rva HaboLleu u en " épongealll Il'
fl'onl. MOll si ' LlI '
oll'rir un J' a l'ai
iVl esdamcs '!
YOll S
e lJi ~sl'
Willi am " rui s-j e
lI e I1L
'?
Vcncz-vOII S,
Chèl C; Llll cléc;lill il c;c lLc in vilali oll ' l J\.aiJolleau
~Ol'Li
se ul.
Après
Un
sil 'n e ' :
- Tu li ' S p:1 S l'a Lig Ul\o, m;llll ë1l1 '1 demanda
la j eune fill e ü sa In(' I'('.
�13
YI N GT ln UN ,Ioun s A VICHY
- M; li::; non, m Oll enfanl, répondiL l' exce lleille femm avec un so ul'ire pâle de malad
cr ia Ill e l'ail plaisir de voir qu e Lu L'amuses,
Déjà, il l'appel de la son Il Lte qui annonçait
le lever du rideau, la foule sc hflLait de l'entrer
clans la sall e, Il se produisa it un bl'uissement
(l' l'Obes froissées par le co ntact cl es hanquettes,
de mnnLen ux jetés
S UI'
le clos cl s fauteuil s,
(l'('vclllaiis agités el rleco nvcl'saLi on,
~ tmi-
vo
i x.
11 Y ava iL, so us la lumi èl'e des lu, tl'es, un
l'II isse ll cl1leut de feux 1<lIl CI'S pal' les parure,'
de ces dam s, el. CO lutne
1'(INiCIue,
Uil
ondoie menL
- Je m'éLc)]ll1ais de Il e 1';II'o il' pas npcrç:,ue,
dit [ouL- il-CO UP vViIl iam , en désignant une
bl onde, il 1:1 taille élull cée ct aux cheve ux cl
ca nich
ébomifl'é, qui s'asseyaiL chns un fau-
teuil de po urLour. On J'appell e ici F roufrou ; à
TI'ouville, olt on ne la co nn aiL pas moins qu'à
Vi chy, on la dés ig ne 'o us le nom de Madame
Pi l'o ueLLe , Un 'obl'iquet pOUl' spocLueux. C'es t
(:e llelld,lnt la femme d' un dipI OIn aLe, E: lle fait,
quant il ell e , le la diplomati e tt rebours; ce
n'est pas touj ours la plus mauvaise. ·Un feu
�'14
VINGT ET UN JOUHS A VICHY
d'artifice que ceLLe t'cm me-là ! Des saillies, des
reparti e:, des fusées, des étincelles ; puis
tourÎ1e
SUI'
Il e
ses talons, et disparait comme un
météo ee. On ne sail jamais oÎt ell e est que
quand on l'entend parl er. Mais, dès qu'ell e se
trouve quelque part, un tourbillonnement
révèle sa présence. Ell e sait toute: les nouveJl es ; mais on se demande comment elle fait
pour avoir li! patience de les apprend1'8. Ell e
les devine, probablement.
-
Es t-ce son mari, ce personnage grave
g uillotiné par son [aux- col ?
- L'antithèse de sa femme. Elle parle toujours, il ne parl e jamais. Elle toul'J1e sur e11emême comm e une tuupie , il ne fait pas un
.
mouvement en dix minutes. Il a l'immobilité
de la statue du ~ il c n ce
. On fait il Madame le
l'ep1'O he de se déco ll eter b auco up. Monsieul',
] ni, est touj ours bouton né j usq u'au mentOIl. Il
p'lsse pour un homln
profond , comm e de
juste . Je crois qu'il a la profond
occupés tout
le ui' vie
Ü
LU'
cl es bonzes
conteJl1pler leut'
nombril. La p reuve, c'est qu'il y a cu, dans sa
vi e de diplomate, deux ou trois diffi cultés, ct
�VINGT J!:T UN JOUnS A VICHY
'15
(IU C cc n'c::;t pa ' lui qui les a dénouée:;. Vous
devin z qlli, n'es t-cc pas '? Sa f l'n me.
-
VOll S
êtes drôle.
- Mai::; non, je fais un pOI'tl'uit que je ne
nattc pas, voilà tout. Et tenez. Voil à l'intime
ami e de Maùume Froufrou, la comtesse
Flavie, un c femme qu 'o n es t touj oul's Sell' ùc
troLlVCI' aux: eaux ou SUl' la llago. Le, méchantes
langues di sent qu' cHe y cherche un mari. Le
diplomaLe y a employé to ute sa fin e sc, cL la
diplomate , touLe son étoul'Cl ' ri e. Peines ct
dipl omati e pOJ'elLl CS ! La comL s, e Flavie erre
(lc piscin c cn g rève comm c ces ftmcs cn peine
d '8 réci ts mythologiel ues , fI u i cssayaient cn
vain de passcl' le flcuve infcrn al.
- Oh ! maman, s'écria tout-il-co up hl jeun c
fill , vo is clone ccltc l'ivière do diamanLti-, .. au
co u de celte grosso dam ... Lil , au premier
ran g du pourtoul' .. , C'cst
-
ll ii
ï)loui ssemeJ1l.
Ah ! dit William , .ie gnge qu e vo us
voul.ez pari
' 1'
de Millo Potence,
-
Si c'cs t Ull n 0 1l1 de fantaisio, obsc rva
Nllli o Habotteau, il n'est pm; fll1LLCllr,
-
Mai:; cc n'est pas
U1l
ll om de fa ntaisie,
�tG
VINGT ET UN J OUHS A Vi CHY
Madame, repartit le jeune hom me. 11 ttllpar tient
hien ct dùment à c lui qui le porte, ct c'est
peut-6tre la seule chose au monùe qu'il n'ait
p a~
volée.
- Mauvaise langue ! s'écri a Clnirl' .
- Mon Dieu! non . ,le n'a i pas de mo tifs
d'anim osité personn elle co ntre ee Mon. icur.
C'pst à pein e si je le co nnais. En revanche, un
ri e' mes amis J'a !J auco ull co nnu , tf·op connu.
:'est il cette circo nstance qu e je dois cl'è tl'c
initi ' ~ l cer tai nes particu larÏlés de la vie cl
M. Potence . Des particularités historiqu es; ct
l'histoil'e, Madame , est qu elquefois obligée
d'avo ir mauvaise langue. D puis le k mch, il
il
renoncé aux tripo t:lges de Bou l'se , après un
.
gigalltesqu co up de fi let opéré, <'t la clem ii' l' ,
heure, SUL' l' Union Géném l e, et maintenant il
COUI't 1 s villes d'eall x . 1', 11 été, on ]e vo it il
Vichy, il Hoyat, il Trouvill e', il Bi alTitz; en
hi ver, il es t h Niee ... à
Monaco.
-
111
ins qu e ce ne soit à
Ellfin, cet abomin nJ le homm e est le mo-
c l( ~ l e cl
s mari s.
- Oui, Ma d.1me ... , si la fid t' Iité conju gale sC
�VINGT ET UN ,IOUHS A V[foUY
lll e>i Ul'e il ln g rosseur de>i di a nl<L
~
n
dont un
1l1;II'i 1 Co uv r e sa fem me, Mad am e PoLence est
1;1 iJoul'geo i>ie de Fl'all ce qui a Je plu.' de
lmglles, <l e bracelets, de
oll iel's ct de J'ivi èl'es
de touLe cau , 1 ~ l e l C's éLa le de la l'aco n qu e vo us
voycz : elle a touLe la superfi ci e n üccssai l'e p OUl'
(':1 .
Dl'ave femm e, du resLe, aussi fon ci "r em nL
hOIl
nNe
so n mari est fo Il ci \ l'cm ent. .. le
C[U
(;0 n Leai 1'8.
- li est là, vo Lre Mon sieuL' PoLc nce? dem and a
1:1 .i cun e (]lI e.
-
Lui! Jamais, Il n e par aiL jamais avec sa
femme, C'e 't so n absence qu 'il lui paie en
di amanLs i.t tanL l e carat.
A cc m om ent, n.abotLeau r eparut.
-
M , Willi am , dit Claire, es L en veine de
lI1 é di ~a l ce,
Gr onde-l e cl onc, pèr e, d'exer ccr sa
v l' ve aux dépens du pr ochaill .
-
Je proteste, Madem oise lle, riposta " ive-
Ill enL le .i eun e hom me; j 'a i cu l' honn eur de
YO US dil' que m es appl'éciati oll s éLaienL hasécs
>i llL' l' hi sLoire,
ll >i l'm cnt ill LCI' l'Oll1jlllS pnl' lC's Ll'ois co ups
l'(\glclIl cnLn i l'CS , frapp és il illtel' va ll es éga ux,
�18
VINGT ET UN JOU I1S A VIC UY
Le rid eau sc r eleva. Le plus g ra nd silence
s'élablit dan la salle.
C'était plaisil' de voir c t d'é tu li cr la joli e
ph ysionomie cl e Claire pendant ce tte l'e présenla ti on.
« Joli e
»
n 'e.' t pe uL- \1.l'e ras le mot; cal'
Claire R abo LLeau n 'avait pa. complè Lem ent ce
ft ui fai t donne l' il un vü;age de fe mme ceLLe
cI,pi I.h è Le . ·Ses tJ'aits n'étaient pas J'ég uli - l'S, c t
ses a mi s déclarai nt qu'ell e avait unc g ra nd e
bou che . Le n ez à ]a l'oxelan é tait to ut ce qu' il
y a de plus indépendanl au point cl v ue de la
pure té cl es li g ne.' ; mais il y ~w
ait
,
cl ans Ie's
ailes m obi les de cc nez, l' illdice d' un e sensibililé
s i vive; les yeux, g ri s rOllcés, pélill aie nL d'une
.
Illalice s i spiriluelle ; les cl nl ' brillaient s i
beJi es cl si bl a nch es da ns le pourpl'e humid e
des lùv res; le di a bl e avait niché da n.' les joues
U1le si adoJ'able p e ti te l'osseLLe, c t llIi s ta nt cl '
g râce ri use <lan s les co i il S cl ' la b ouc he ; bref,
la physionomi e Lout e nti ère r é vélaiL ta nl ci e
III uti lI e l'i r ,
de gai ' L(" de naïve lé à la l'ois c u ri e use
<' L moquell se, Ci ne l'ex prcssion « joli e » v liait
d'ellc-mè me', e n dépiL ri e l'allalys ,sur la la ng uc
�VINGT ET UN JOUnS A VICHY
19
de ceux qui la r egardaient, co mm e elle v ient
!';O us la plume de celui qui lu dépeint.
Ell e s uivait avec une atteHtion passionnée le
jeu c1.e Sarah, ct ses impressions éc1at:ü ent daos
se' regards, duns ses aLtitudes, dans ses gestes,
dan s la frénésie de ses bravos . Elle l' prochait
il William de ne pas applaudir assez ; elle
grondai t son père c[u 'elle trouvait froid , e t, ci l'
temps en temps, sa main cher cha it c n e de la
pauv re Macl::l.IUc Rabotteau , pOLU' la sen cr
furtivement. Ell e aspirait, pOUl' ain si dire, l'ùme
du drame vi olent dOJlt elle vivait toutes les
péripéties . Sa ng ur
si CXpl' ssive r efl était,
avec un e vél'iLé e t un e force qui frappèrent
"YVi Uiam , les ,'entim ents lumultllelv dont eJle
recevait l'impress ion.
CeLLe impression était d'auta nt plus vive que
Claire RalJo ttcuu n'avait jamais e u, jusque-là,
occas ion d'en tendre une g rande arti ste. Vivant
ass z retirée dans la mai,'on de so n 1 èr e, l u 'e ll e
diri rrea iL dep uis la maladie de Milio R.aboLteau,
e ll e n'allait pas deux fuis par an a u Lh é;î tm de
~ c mul'
,
sa v ill e naLa le, o it c li o nV!l it passé les
di x-n ouf années de sa vie. Ut , de temps it
�20
VINGT ET UN .TOU HS fi VrC1TY
antL'e, une troupe ci e passag
donnait une
l' -
prése ntati on ; mais le ton déclama loil'c de ces
cabotins L[ui r oulai e nt cl v ill e e n vill e, traîn aJi t
l'art
SUI'
des tl'é t a ux dig nes de Thespis, la [aisail.
l'll'C a ux lal'mes , Elle avai t ass isté a u théft tre (le
Dijon il qu elques opéras : elle ava it vu jou er I ,~
Dame Blanche, Mignon, le Domino Noil', le
B Ct1'b'iel' de S éville; mais, p OUl' la p l' 'miè re
fois, le gr and ait se r év "laiL il elle , Ch aque
p ar ole, chaque inf1 xion de voix de la tragédi enne tl'ouvait en elle un éch o n on en cor e
év ill é , Ell e é tait al solument « empoig née »
j1<U'
la pui ssan ce de ce je u ard ent ; ell e J'1'isson-
nait de la tê te aux pieds ü chacun de ces cl'i s
d'amour, de hain e ou de vengean ce, où
.
SUI'iÜI
semblait [nire p a, sel' touLe so n ftm e , Sans s'en
ap er cevoir , ell e ' Lait tout ('n - Iarm es, qua nd
:;o n p è re, lui Louchant l' é pDul e, lui dit à vo ix
bass :
-
ClaiL'e, ne p le ure cl onc pas co mme cel" ,
Sim on H.aiJoUeau avait ve nd" des cér éales
pe ndanL I.oul.e sa v il' , C'est assez dire que les
( ~ h ose
cl, l'a rL t du Lh NlLr n'avaie nt c u
ili en pel i te pl ace da ns s('s 1 ens6 s de
qU'tlll ('
CO in rn 1'-
�VINGT ET UN .TOURS A VICHY
2'1
I;anl en gros, unilIuemcnl pl'éoccup" du so in
de fairc une rapide ct honnête fortune. La
furtulle, au r este, lui avait so uri, comme elle
so u ri ttoujours aux hommes d'iniLiali ve, d'ordre
et de 'lmvail. Depui. · une année, il vivait retiré
dcs aU'a ires, en attendant l'occasion de marier
sa fllle il un brave négociant co mme lui.
l\fais l'adivilé de son existence ne l'avait pas
Illis à l'abri des attaqu es d'une goulle précoce,
enCO re anodine, qui, de temps i.t autre, comme
Uil avertissement, lui cbatou ill ait l'orteil du
pied gauche. C'es t un peu pour lui cl beaucuup
pu ur sa r mme que M. H.abolleau sc trouvait,
il ccltc époque, il Vichy.
A u ph ysique, Sa fille lui I·essemblail... elt
mie ux. L'abondance de ses cheveux, poivr e el
se l, témoignait de la sobriété d'une vie exemp laire . Marié jeune il une femme qu'il aimait,
il Il'avait conn u ni les écarts ni les épuisemen ts
. de ce qu'on est convenu d'appeler « la vie de
gn l'çon
)l.
Aux fougues
d'UII
tempérament san-
g uin , il avait opposé les occupati ollS joul'11alièr cs
d' un e vi e laborieuse; ùe telle sorte qu'i l était
al'riYé
Ù
l';Îg ' Lle cillCJuant -deux
a ll S
avec Uil
�22
VING'r ET UN JOURS A VICHY
cœur, pour ainsi dire, vier ge, un e parfaite
in expérience des orages des pa, sions, des pudeurs, c t presque des curioRÎtés juvénil es,
Malh eureusement, depuis quelques unnées
déjà, sa femme souffrait d'un e maladie nel'v eu;;e
compliquée de difficultés gasteiques e t de
troubles uu cœur. Celle circons tance aidait il
l'e;;pèce de crise physiologique dont M. Rabotteau éprouvait inconsciemment les aUeintes. Il
avait s ur les joues ùes coule urs violentes; pm'
intervalles, le sang lui montait brusqu ement li
la tête, bomdonnait dans ses oreilles, troublait
sa vue . La r évolte de sa nature s'mg uine, le
désœuvrement aidant, s'annonçait pm' des pré;;ages dont il ne se r endait pas co mpte, et qui
l'eus 'enL ;;ingulièl'em e nt tl'oubl é, s' il n~'a
eH
it
pu
deviner le caractèr ' .
Co n'était pas un esprit élevé IIi un cœu l '
I,;apubl e de certain s dé li catesses, q ue M. HaboUcau. Il avait sa bonn e g rosse honnNeLé de
eomln rl)ant, qui a ll'a (j cJué pendant LI 'o nL(' ans
de sa vi e sa ns tromper
SUl'
la qua liLé
ClL1
la
quantité de la ma l'chandise. C'était un bl'aye
hOlllme Ll all s le sell s v ul gaiJ'c du m oL. Sa
�VINC'!' ET UN JO UHS A VI CHY
2:3
t.:onnai sance des chifTl'es c t du l'oulement d ' un
fond::; ùc comme rce lui avaient ùonn é une certaine ha bile té pOUl' traitel' les afTaires d'intérêt ;
mais so n intelligence ne s'é Lendait pas plus
loin, n o ::;'élevait p as plus h a uL. TJ'ès-inférie ur ü
~ a
fill e dont il uppl'ét.:iait la nature droite c t
é ltcl'giq uc, il ontoumit Claire .d' ull e tond rosse
ü laquelle so m èlait un sentim ont qu'il n 'a vouait
pa::;, ot y'ui l'e::;sombl ait s inguli i> rom en t il de
l'admiration .
Madamo Habotteau, ainsi y'ue nous vonOl! ::;
de 10 dire, é tait sél'iouscmont m alade . La pa uvre
fc mme n'avait jamais c u b oaucoup de volonté;
c'était un e sen sitivo. La moindro impression
pénible se traduisait ch ez. ello par une contraction llor veuse qui lui causaiL u ne véritable
doule uL' ph ysique. Ab::;olumont incapable de
dirc ( .1 0 \"( ~ u x»,
ello cl evait le b onh e ul' J'cla lit'
dOllt oll e il vait joui dans sun mé nage il l'affecti on
(lu e
SOli
mal'i lui tém oig nait, c t il cet c nchaÎll e-
l11 Cll Ld'occupati ons qui nvnil Itl it il M. Ii DboLLeau
un e vic ~ l part.
Elle sem!Jlait avoir é té mlsc a u m onù e pOUl'
aim el', pOUl' s(' dé r ou c r . I ~ " e
v iv,iit a il ~ i dl'
�:l-1,
VING 1' E'I' UN J OU n S A VIGll
l'ex.istellce ues autres,
de la sienne pr op re;
n 0 11
l[U e lui impo rtait , à elle, toujours mal ade?
L 'all'ecLi oll dont elle so urrrait avait un peu
assombri son cal'actère, ct sa clo uceql' naturelle
avaiL 6té l égèr em ent a1l:61'ée. Ell e avait
C il
mailltenant des accès ùe d6couragement ; mais,
l' Il
même te!np', sa se nsibilité malad ive avai t
redoublé d' illtellsil <) . Uiso n:,; tout de suite qu '
ni son mal'i ni sa fil! . Il e co nn aissaient la gl'av iLé
ue son éLat; auLrement l' un eût éLé moiLl S
insouciant; l'auLre, moill s gaie. Il s avaipnt seulement remarqu é avec pein e
ce
l' t~l il
es
impn-
ti ences nerveuses, qu'ils attrilJU aiellL il l'u 'uge
des caux de Vich y. L e docteur, po ur n'alarm er
per sonne, avait empl oyé, à
SO Il
suj L, II uel LIu ':,;-
unes de ces phrases vag ues, destinées' 't fl aLter
l'espoir des mal ades ct il tranquillisel' CC' ux (lui
les entouœn L.
~e
ul
emn
t
il HI':lit l'ccolnmal1l1 ('
la prudence, ull e v ic calm e, el l'éloi gnem li t
ue Loute émoLi on violoIILC', do queJqll
Lju e ce
mL
CD n'éLait p ~s
<.;C
natul'('
(m CO r e p OUl'
UX
un intim , que
Willi am Davis, LIUi v nait de raire b. Clnil"
lu g:t1 l' ri '
le pOI'lr:l ils l'elll '()( lui ll' l'lus Il:IU t,
�VINGT ET UN JOIJH S A VICHY
25
Illais un e connaissan ce de tabl e d'hùte. 'William
Davi s s'était tl'Ollvé assis, aux l"e [.las, il côté de
Milo H.abolleau, ct la fréquence ùe leurs r apports journalier s avait ceéé enLre eux une
e!,pèce da familiarité amicale qui convenait au
caractère de l'un eL de l'autre. Ils avaient de
l'esprit Lous deux , et se plaisaient il causer
e nse llJbl e. Voilà poul'quoi nous les trouvons, le
so ir de la r eprésentation de Sarah Bernh aetlt,
6ch..'1ngeunt
SUl'
un certain nombre ùe person-
nages dei> r éflexions qui n'étaient pas touj ours
chariLables , il f ~ ut
moins , r eposaient
précis .
l'avouer; mais lui, du
SUI'
des
l'
nseig nem ents
Ces r nseignements, d'où William Davis les
tenait-il '?
Mon Dieu! c'eCt t été diffi cil e il dire : Willi:uu
Davi s é tait un g~u'ço
n Llui n'ava it abso lum ent
ri en il faire en ce mond e, et qui occ upait ses
loi sil's
Ü
fré<'l1.l entel' los cercles mondain s dcs
ce nLrcs é légants comme Vi chy, Il passait presque
tous ses hi vers il Ni ce; au printemps e t
C il
automne, ou le trouva it ü Paris , .L'é Lé, il éLaiL
il Vi ell y, 'l Dieppe, il TI'o u\·ill e. Il cO lln aissa il
�~6
VfNGT ET UN J OURS A Vi e Ul
donc SUI' l e bout du doig t ce qu 'on o. t co nvenu
d'appeler 1 « Monde des Eaux. ». Il avait cntcndu, dans l es cCl'cl es qu' il fréquentait, ull e
J'oulc J'histoire'
S Lll '
1 s pcrso nn alités les plu s
en vue de cc mond c ü 1 art, et si. la cOi lversation
avait eu li eu entrc homm s, il aurait pu dOllll el'
bien d'autres détail s pl m; pi quonl s quc lcs
pl' mi cl's.
TCI'min ons ccLLe co urtc IJ oti ce SUI' Willimn
Davi s en di sant tIU ' il 'tait .né ell Am ériqu e,
d'un père A nglo-, '<1:-;o n ct d'Ull ' Française ; ({u e,
tout j cun , il avait été <.tlll eué
li
li'rallce; llU' il
y avait été él cvé; flue, !:iCs parcnt::> étant morts,
il sc tl'Ouvait, ~l
J'ùge de ving t-ncuf ans, il la
tète d'une j olie fortun e, 'lb!:io lument maitre d '
s'::> acti on ', Ull [leu cnnuyé de n'woil' l'iell il
fair , un peu bla:é, Uil peu dévoyé pur ceLLe
vi , :ans but , t fortil ' en Illauvaises co nnaissallcos; mais sail) d C<:D lII·. L 'o isi veté ne l'avait
point p J'verti ; se ul elll ont
SOIl ::>ell S nlUral
end l'mi ne l e mett'lit pas toujOUl':::i
n gaJ'd e
<:a ntre la l'réqu ' Ilt<.tti oll des [JCI'SO llll es av'c
Jesqu lies il .'c tro uvait
' 11
contac t. 11 sc liuit
;l\'ec n'importo qui p<l l' in so uciancc, pal' f;l i-
�VINGT 1, '1' l
j';
,J
27
UR ' A "rClIY
IJl c::;se, pOUl' oc(,upCI' so n Lemps d' une
f[lI eIGOnqll l'. Bravc cral'ç:on,
r a~o
n
n fiOmn1l', cœu!'
faeil e , main ouvel'Le ; e<l pabl
d'cnLll ousinsl11c
cl. ])H\me dc' dévouement ; un li e 'os oisifs
('I t"ganLfi
CO IllrT1'
on
C il
tl'OUV
LallL clnllfi les
vil les d'enux, olt il s appol'LollL l es hal.JiLuc1
leul' yi
'S
cl '
dé Oll SU , illlllile cl vide; un cxc Il enl
Cillllal'ad plnLclL qu' un ami Sltl'.
A l'cllLl"acLe ti uimnL, il demanda
l1 abo Llo:lLl pa l'don de la llui LLC l'
allol'
SO IT ' I'
Ull
~l
la
l'amill
inslanL, pOUl'
ln main il un pel'sonn ag de scs
:un is qu'il venaiL d'apel' evoir , cL sa luel' sa
l'emm,
-
Vous ici! diL- il san s ptus de ]l l'énmbulo n
'nL1':I1l1. dans .la loge cL c n s' inclinanL CI 'vanL la
rhun e flui s'y Lrou vaiL. Vous m'aviez diL que
vo us ne yi ('ndriez pa .
-
C'éLaiL,
cITet , nO\.l'e Înl nLion , il
' Il
Mille Seyghill cL
~l
moi, r épondiL J'ami d'une
vo ix Ll'aLn :1nLo, avec un l éger acconL éLl'ang 1';
puis, nous avons chnngé d'avj ... On n'a pas
Lous l ('s j oul's ccasi on de vo il' cL d'CllL ncll' la
gl'and e Sal'ah .
-
fl osL inulil , Monsioul', de vous demander
�28
VIN GT ET UN JO U HS A VICHY
si le sp clacl c
VOU S
intéresse, ajouta Mme Sey-
ghine en agitant so n éventail. Vous êtes en
.i
ull e ct charm ante compag ni e,
:1 cc que j'oi
pu voir. M s complim ents ! 'l'l'ès joli e, la petite;
et I.rès aimable aussi, sa ns cloute.
-
'l'l'ès aim abl , oui , Madam e, dit Willi:un
I"roidement (l es expl'ession s et le ton de persiflage affecté pal' Madame Seyghin e l'avai ent
froissé). I ~ t ll'ès j ol i
dire que l e charm e ct
auss i. ,1 e puis cependan 1.
sa fi gul' e. t 1 moindL'
de ses attraits; car ellc a inrinim enL d'espriL et
de bon sens. Elle en a il l'evelldre ; ct j e connai s
plu, d' ull e belle clam e qui,;', c marché, ne ferait
pas un e mauvaise acqui sition.
-
Ah! fit Milio S yghin c, sècll emenL. I ~ L,
sans ajouter un mot, ell e braqûa les verres de
sa 10rg netLe
' lll'i a
I"amillo HahoLL an avec ull e
in sisLance si impel'l.În e'J1te que Clair, s'npr.r'evanL de l 'aLLenLi on donL ell e étaiL l'objel,
<l étoul'Ila ies ye ux.
'W illi alll se retil'D , I.ri's-vex. \, Micll el .1' suivit
clan s le coul oir pour l'acco mpagner jus ]u'à sa
Inge' .
-
(;OIl1Il1C' VOLl S
pn' nez
f"CIl!
elil.-il,
(' Il
passa nt
�VI NGT ET UN JO UHS A VICHY
29
so n bras sous celui du jeune Améri cain. Est-cc
que Mad·lIue Seyghine aurait touché la corde
se nsible ?
-
Que voulez-vous dire?
- Que vous faites la cour à ceLLe petite provinciale, parbl u 1 ct q ue vous êtes assez pincé pour
ne pas voul oir qu'on vous pl aisante il so n suj et.
-
Hé bien! r épondit tranquillement Dav is,
vo us vo u · trompez, mon cher .. . Je ne fais pas
la co ur à celte petite pr ovinciale, co mme vous
l'appelez, et je ne suis pas pincé. J'ai r elevé,
lin peu vi veme nt peut-être, un e intention impertin e nte ci e votre femme, par c <lue je n'admets
pa;; qu' on tourno en ridicul e les gens sans les
cO lin aiLl·C, ct qu'on sc perll10LL ~l leur égard
dcs ins inuations purement gratuites.
-
Mais cet intér èt. ...
-
Mon Di eu! laisso ns - lil cet in térêt , je
vous prie. P OUL"quoi voul ez - you;;, ajollta- t-il
en s'écliau[ant, qu e je fasse la CO ur il cette
jeun e fil 1 ? Je n'ai pas l'inte ntion d '
ll1 e
Inari r. Je me I·enùs trop justice il m oi-lI1 ême
p OUl"
li e pas l'econn aitre qu
je ne po 'sècle
ab ·o lulI1ent aucune des g râces d'état l'eq uises
�30
VINGT ET UN JOUH S A VICHY
pOUl' faire un mari sérieux. J' ..ü toujours eu
peut" du mariage, et ce que je vois autour de
m oi ne m 'engage pas trop à tenter l'aventure .
Alors quoi'! Une séduction'! I-Ié bien! je vous
avouer ai sans fausse humilité que j'en suis
r adicalement incapable . D'ab ord je n 'admets
pas qu'on profiLe de l'in expérience, de la
confiante naïveté d'un e jeun e fill e pOUl' lui
voler son honneur. Cela, voyez-vous '? c'es t pis
Ci u' un e serrure forcée ou
llli
co ITl'e-forl fracturé.
On vole un h omme, c'est bi en ; il peuL se
l"ebil'e une fortun e. Mais le dé 'honn eut" d' une
jeune fille ne se r épar e pas . De la part de celu i
qui le cause, è'es t un e déloyauté, c'est une
hlcheté ! C 'est pi:' qu' un crime, c'est une
infami !
Et puis, à quoi bon '1 Vous ê tes un homm e
mari é, vou ', un homme sérieux, un homme
r angé ; mais vous avez été garçon , e t vo us
sayez IJien qu' une .. édu cLi oll es t un lu xe inutil e .
Est-cc que nous ne tl'ouvo ns pas assez de bl'as
ouvel'Ls '? d'honneurs co mpromi s'? de plac s
c.o nqui ses, sans nous donll er la peine el l'embanus (( 'un siège '1 Moi! fair
la cout" à ceLLe
�VIN GT ET UN JOURS A VICHY
3'1
jeune fille, aHon: donc ! EL pourqu oi ? pOUl' la
torLurer , la pauvre enfanL '1 Non pas . J'aime
mieux. la voil' insoucianLe ct gaie, comme elle
l'esL aujourd'hui. Elle a de l'espl'it ; ell e n'en
aUl'aÎl plus le jour où ell e ser ait am oureuse,
POUl' me cl'éer tl moi-même mille ennuis, mille
diffi culLés '? Pour m 'engagel' peuL-êLre clans une
voie san issue? Serviteur! J'aime mieux mon
repos et le cœur d'Angelina.
Enfin , r.ien ne me prouve qu' 11e finirait par
m 'aim er, moi, ceLLe pe tiLe , Ell e a beauco up
d'espl'iL, je vous le r ép ' le , Elle a aussi de la
tèLe, de la vololllé eL du cara cLèl'e . Une femme
année comme ç-a n'esL pas déjà si facile il.
enfl amm e l'. En adme LLant qu e j'y réussisse, je
Ille verrais fort emharrassé de la victoire. El si
je n'y réussissais pas, j'en serais pOUl' m es frais
de déclal'alions, de disco ul's c l de so upirs . Je
s uerais sang eL eau pour ne r ecueillir que le
ridicule ! Pas si bêLe !
- y a-L-il long Lemps que vo us co nna issez
ceLLe famill e?
-
Huit JOUl'S ù, peine . .. Une connaissance de
�32
VINGT ET UN JOURS A VI CHY
hasard , de LabIe d'bôLe .. . Ce sont de bravef;
gens ...
Riches 'l
-
- Je l e cr ois; je n'en suis rien. Le p ' re a
-auLrefois fait des alfai L"es clans le comm erce des
g rain s . .l'a i enLendu dire qu'i! ·:tvaiL des propri ' lés en Bourgog ne; mais, quan L a u chiffre
exact de sa fortune, m on bon ... .
- Voulez-vous m
faire le plaisir de me
jlrésenLCI' '1
Wi ll iam sc r etourna brusC[uement e t, l'egardnnL son ami hien en face:
-
Pourquoi faire '1 d manda-L-il.
-
All ons ! dit l'auLre avec un so urire équi-
voque. Avo uez que vous
è L e~
jaloux.
William haussa les épaules.
- Voilü les homrn s
m
a ri é~,
murmura-t-il.
Et, élevant la voix :
-
Vow; me cr oiri ez jal oux; soit! Je vais
vous présenLer.
jI~
. Laient al'l'iv6s près de la loge de la
famill e HnboLLeau.
-
Mesdam eR , Monsi ur , dit "Villiam en
�Yll'<UT ET
oU\ï'anl la pOl'lr, j c " OU';
SP
ghin c,
~
3:1
i\ .Iouns A VI CII y
pl'
é~r
1\[. le d ocll' tll'
nl'
dr mes amis.
1111
Pui,;, s'adl'c,;,;anL il t.l ic hr l :
-
i\l on::;i ur, Madamr
t t.Jadem isr ll c I\a-
h Ueau.
-
Comm enL trou\'
Z- YO US
Sarah Ik l'1ll lal'(1t ,
t.1 adr ll1 0isc ll c '} demand a t.{i(;hl'I rn'cc (' Il l'
,1isal1 l'<', cc LI
cspèce cie g l'ÙC
l'l' Illillin c qll' il
npplll'Lait clans .. .s par oles t cl all s s''; gcstp,;.
-
Admirabl , Monsieur, r épondit Clair ' d' lin
Ion grayr.
Mais il y aurait cl s l' 'ser ves il l'airc
jPll
rl
13 l'Lon. L
Il'alll
SUI'
k
lui- ll1 èmc a qll Iqlle
chosl' d'aigu, <l' Il'lILal, lIr violclIt, (l'exc 'ssif.
C qu l'on
l'
s~e
nL
est ü
l'émoti on il Il l' UI' de
pen u. Tout t' ela esL plu,; près des ll el'fs qu e
du cœul' .
L l'id au sc l'va.
Al or s, av
C Ull
saluL g l'acicux, Mi '1 1l'1 [Jl'it
'ong(' dc la ramille HahoU all
l'apicl (' ll) cnL ,a l oge .
M11l 0
L l'l'gag l1; l
S yg hin ' co ntilluait
so n impl'l'liJw nt j eu de l Ol'gn LI e.
�VIN(;T 1, '1'
:1'~
-
N
,lüuns ,\
\'1\.11 Y
Nt' les regarde dOll c pas
ommc ce.ln,
diL-il brièv ment, il mi-voix,
-
Pourquoi '1
- On n peuL pas savoi r, Ce so nL d'excell enl s
!1l'ovinc.iaux., .l e l1I e sui s rail présc lllcJ'
p~lI'
William,
-
Bi
'Il,
Le quaLri i\lll' a 'I.e de Fédu1'Ct produisit. sUI'
Claire ItalJoLleau lIn e impressioll , j 'nllai s dil'l'
ull e ,'c llsaLioll , pres(lllc ll oulolll'l' Us(', 1 ~ l ~ Il e sC
.ioi gllit pas il l' 'xlJlosioll d'c ll!lI ousiaslllc causél'
dans la sa i IL' par l'a Il1lil'nbiL' j'u dl' ~arh;
cile Jl e lJal.LiL pas LI '5 main s, CO Lnm Ü l::t fin du
pl' ' Ill icI' aCLe; eUe le' pas,'l n ljlid ' lI1 enl. SUI' sa
fi gure, l'cj ct't 'n ilrrièJ"
iil ondai ' ilL
SO Il
les ['oll
m èch
S
l'l'on l., eL su ivit
' 11
'S
qui
sil cncc HeH
pal'CnlH dans l es esca li ers (lui cOl1l1uis ' IÜ au
large co uloir dall é du Casino,
La l'umi llp I\aho!.lpau pl'il
Sl' S
manteaux au
Sl'S
l\piwl es un
vestiairp,
Commc Clair ' .i elaiL SUI'
élégi 111 1. i'iol'ti c de Lh éft LI' ':
-
Qll'avcz-vous'? III i demanda vVill iam,
- J\h !.irn'l'Ili'iaii'il'i Il , rl;polldil-'lleLlv c un e
�3G
Vl CT 8T UN .JOUHS A V i e il \'
nu allce d'impnti 'ncc. Cela h it mnl, cc ;;pectaclelà! Je n' irai plus vo ir j ouer des dml1l es .
On so rtit cl, co mm e la nuit ôtait ti ède, on
prit Jent
ln
' Ill l e chemin de l' hôle\.
Il y avait, derri èr p- k\ Casin o,
Il
l'acc de
l'Clltrée des <ll'Listei::\, Ull e voiture (ll)cOU\'('I'le
attelée d cleux chevaux, qui attendait.
U11 0 [oule s' ' tait assombléo au tour d c 'Llo
yoiture, ct formait la haie SUl' J passage que
devait suiv r e ~'lUh
BOJ'lll1ardt, nu l:lOl'tir du
tllNltrc . La porte, toutp lurge ouvort , laissai t
yoir l'l'scali el' des co uli sses
'c1ail'é pal' unc
v~lci
lamJlc rUIn euse qu e l es COUI'ttl II.S d'air l'a isail'IIL
l
r.
De L'mps
' 11
l Clnps, l es march s 'L':lquai ' nl
so us dos pas, et l'on voyai L apI amiLr e la tètc
llél'issé d'un machinisl.o ou le
d'uil pompi el'. Un
~L
' U 'que
lui sant
un, 10 pen;onn 1 des
ouvri el's quittait l es cou li sses; puis, c
rut le
tour cl s arti stes, des com parscs, dcv ri on::;-nou s
dire; al' l'é toi]
n
peul sOLln'ril' la pensée, Ic
SO UPGOI I d' uilc éclipse . Samll sC l'ai s<l itall,C' IHlrc;
mais l 'i::\ group ei::\ étaient patienl.·.
'cul,
Ull
hOlTIlIl(" luutl)l'('S Ll e la porl e, slliv,l it nnxicLlsc-
�30
lNGT ET UN Jo u n S A VICIlY
lll ellt les allées et venues
ÙU
l Cl'sonnel dall s le
co ulai\'. Sa haute silhoueLLe agitée le fit remarquer de William Davis.
- Eh! mais, s'écria-t-il, c'est j'jllustri , sime
docteur Asparagus. Que peut - il faire ici '?
Approchons.
Un in tant après, dans l'escalier, un e dam,
fOl't élégant, 1 visage ombragé par un chapeau il J arch; très-avancés, le cOJ'ps fril eusement
' l1"eloppé d'un e peli -'sc , s'avança ù'un pas
l'apiLle. M. Asparagu' se précipita , Il ouvrit la
porti ère de la voÏlul'e ct, présentallt la main il
S11rah Bernhardt pou\' lui aidOl' LI monter:
-
Madame, dit-il avec un profond sai ut,
maintenant que j'ai en tendu la plus gntnde
aJ'tiste clu mond e, et qu e j'ai u l'hon n ur ùe
lui adr ssel' la p;:trole, je pui s mourir; Lous
JO s vœux sont com bl
- Espél'OIlS lue v us n'en mOUl'rez pas,
MOllsieul', l'épa ndit la tragéd ienn e, Cil sautant
lesLt'ln nt clans la cal 'che. Je vous L'emm' 'ie;
VOLIS
"Les vrailllcilt trop aimable.
!'cm[ant cc Letll jls, la foule 'l'iait: Vi ve Sal·..t111
C l'ut un pClil.e (1 \'ali'(1 11 apr "s la gl'and '.
�VIN GT ET UX J U HS A VIC II y
El
~a
l' a h
UCl'Ilhal'dL sùul'i anLc :
- No us ne so mmes plus
-
:31
ch c
~
le.' Cosaqucs.
Mais dans le pays des féLich es, murmura
W illiam Davis . J'6Lais . ûr que M. Aspar agus
femit parler de lui en ceHe circo nstance.
Le cocher fouetLa les ch evaux, cLla v\)iLUl'e,
prenant pal' la ru e Cu nin- Gridaine, disparut
l'apidel1l nt dans la direction du Nouvel HôLel.
La célèbre artiste, arri v6e cc même jour pal'
le train de cillq heures ùe l'ap rès-midi, devait
r epartir 1 lendemain mati n pal' c lui de hui t
heurcs cillc!uttnLc.
�II
Ce n'est point par caprice que vVilIiam Davis
avait hé, ilé il pl'éscnLel' Mi chel Seyghine il la
J'nrnille Rabotteau,
l ~ n so mme, il conn ai.. ail peu le jeune Busse,
11 l'av'lit renco nlr'é il
ice, ùans les cercles de
celte société co 'moI olile qui ft'équenle les
villes d'caux ct les slati oJls d'!1ivel', Mi chel lui
lémoigna lout de suite un e ami lié empre. sée
<lll l'Amél'icain, av C SOli fl egme, avec celle
lJonchalall ce qu 'il l ' lJ ait d son éelucatioll el
cl SO li gC' llI'C de vic, Ij ' l'l'poussa point, san:>
ln )1nyC I' pl'rc is(\Jn (' nl If 1'(' l n UI ', l1i cIII[)L m(\ m >
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
30
il sc laissa entrainer, vi s-il-vis de Michel et à
sa il exempl e, i.l une certain e familiariLé de
langage et de manièr es ; mais on peut dire que
daus cette liaison il ne mit rien de son cœur,
ri n de son estime. Il ne voyait guèr e Michel
qu'au théâtre et dans deux ou trois salons
co nnus pour leur facilité il s'ouvri r devant
n'importe qui ; il ne connaissait rien de sa vie
passée, pas gl'and'chose de sa situation présen te;
il savait seulem ent que Mi chel affichai t le titre
d d.octeul', mais il ne lui voyait pas de clientèle, et ne le trouvai t guère occupé à s'en créer
un e. Il Gair::tit dans ceLLe existen ce elTante
qu elque chose d'irrég ulier, d'anorm al , de
louch même ; mais il était tl'Op insouciant
pOUl' cherch er à en approfondir le mystèl' e.
Mi ch 1 Seyghin e - ou p1ulàt Ni colas NasinoJ1,
car Michel Seyghine n'était qu'un nom d'emp runt - était un jeune homme d'une trentaine
(l 'ann ée.,
d'ori gine. Jiils d'un pope, il
l'Univer sité de IGew, dans le but
l'USS
avait étudi é
il,
d' exercer plus lard la médecin e; mais, d'un e
nature inconstante ct incapabl e cl' [ orts perséVé l':lIll s, il avait bi ' ntôt abancl Olll1l' l'étud e pOUl'
�40
Vl NG'r ET UN ,JOURS AV!CI1Y
so joter ü corps pel'du dans 10 nihilisme, II ::;e
fit romarq uer des autres co nspirateurs , sin on
pour so n ardeur, du moins pal' la so upl o::;se
d'un esprit délié (fui n'était jamais à co urt de
moyens , Brave au besoin, il était l'âme d' un
groupe d'étudi ants qui, pendan t longtem ps, so
joua de lous les fil ets tendus par la poli ce de
Kiew, Ce groupe prit une pal't active aux
complo ts qui am nèl'ent enfin la mort du tzaL'
Alexan dre ,
Nicolas Nasino{f, dénoncé, fut su L'pris avec
ses compag nons et n'échappa que par mil'aclu
aux mains de la police l'usse, Traqué com me
une bête fauve, il s'échappa au travers lIu
step'p c, passa en Galicie à la faveur d'un dég uisem nt, apr ès mille obstacl s et mille dange rs,
ct sc tl'ouva jeté sur une tel'L'e étrangè re, ::;alls
urgent, sans cr édit, sam; r essources,
Il gagna péniblem nt, li pied, la ville du
Pe::;th, où une Lroupe dmmaLique fmn çaise
donnait alors cles J'cprése ntuti ons, Nicolas pa l'lait. frunçuis comme saveJlt l faire les l'tusses
de di sti nction , c'ost-ü-cli l'e LL'ès-cor rectem Il t,
avec un l "ger acce]lt qui JI 'estl)as sa ns ell nl'mt',
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
11
41
prés nta au directe ur de la troupe qui,
tout de suite, reconn ut en lui de réelles qualité s
de comédi en, et l'engag ea. C'est en artiste
dl"amaLif[ue que Michel parcou rut les grande "
~o
v ill ps do la Hongl'ie, de l'Autric he, du Tyrol et
(le la Dalmatie. II eut même, comme tel, des
succrs dont les journau x autrich iens se sont
raits J'écho; mais il avait soin de cacher son
vél".il'lble nom et ses antéc6d ents, par crainte
de la police russe dont la main s'élend si facilemen t au-delà des frontièr es.
Jl passa ensuite en Italie, toujour s avec la
mhlle troupe. Il joua success ivemen t à Milan, ù
'l'min, il Florenc e, à Rome. Ce fut dans cette
dO l'n ière ville qu'il fit la connais sance d'une
j une artiste d'un théftlre italien, fille d'une
calltatrice qui avait eu son heure de réputat ion
n Frnnce , comédi enne par naissance, comme
il était, lui, coméd ien paT nécessité. Une liaison
étroite ne larda pa, à s'ék'l.blir entre les deux
jeunes gens, el Nina abando nna ses succès de
beauté et sa répulat ion naissan te pOUl' s'aLLach r ft Nicolas Nas.ino(T.
Nous avons dit que le fond du caractè re cl
�42
VINGT ET UN JOUaS A VICHY
Nicolas était l'incons tance. Il sc dégoùta vite du
th éâtre : il lui semblait que ses talents fle
co médi en devaien t , SUI' une autre ::;cène,
donn er des résulta ts b ien autrem ent nppréciabl es au point de vue pécuni aire ; il sc croyait
appelé il jouee d'autre s r ôle' que ceux olt il
s'incarn ait pour le plaisir de la galeri ~. POUl'
tout c1il'e en un mot, il voul ait être un histri on
sérieux . L'impresario fit de vains e[ orts pOUl' le
r etenir, Nicolas maintin t sa démi ssion. A vrai
dire , il était convain cu d'avo ir trouvé en
Nin a la femme qu'il lui fallait pOUL" ass urer 10
succès de ses projets .
Nina. avait ving t-deux ans luand. ell e fil 1:1.
rencon tre de l'é tudi ant russe. C'é tait llll e . de
c s I eautés itali enn es devant lesquelles hbiiten t
1 pinceau du peintre ou la plulTle cl l'éc;ri vain ,
parce qu'il sembl e que la paleLLe manqu e ci e
couleur s, comm
les langue s humain es, d'expressions pour en r ndl'e la spI "deut'. . 'a
peau brune ava it des tons chaud s d'un in cO Il1parabl
éclat. Ses ch eveux, lorsqu' e ll e J s
dénouait le so ir avant de pa raître e n sc;\ nc,
tombaient n ondes frémi ssantes , superb s
�VINGT ET UN JOUHS A VICHY
43
dans leur déploiement comme un manteau de
J'cine, jusqu'à ses genoux !
Le nez était fin, droit , merveilleusement
dessiné . Les yeux, noirs, avaient ordinairement
quelque chose de dur ; mais le regard prenait ,
il vo lonté, un e express ion caressante, voluptueuse, pleine de langue ur et de passion. Cc
qu'elle avait d'irrésistibl e , c'était la bouche ,
grande , avec des lèvres rouges comme du
sang . Ces lèvres-là communiquaient, à les voir,
llne impression charnell e violent e et SOlldaine. On croyait sentir la morsur e de leun;
baisers . Ce (!u'on éprouvait était une ardeur sensuelle allumée instantanément dum; les
veines, et que la rai son n'avait pas le temps de
mailriser. Il se dégageait positive mellt de cp.tLe '
femme des effluves assez puissante-' pour occasionner un e folie momen tanée.
Elle formait un contl'as le frappan t avec
NasinoIT, blond, élancé, I.l la moustache nne et
soignée , aux élégant e ' mèches fl'isées sur le
front, 11 la g r~lce
un peu mi èvre. La nature
plantur euse et forte de l'actri ce italienn e s'était
attaché e 11 la nature lympha tique et malliér ée
�44
VINGT ET UN ,lOUaS A YJ CHY
de l'éludi ant l'u sse pal' la puissance
uo la loi
des co ntras les. Dep.uis le pl'emier jour, elle
l'aima follement. Nasinofl' , lui , aima Nin a
co mme il savait aimer, avec plus de ra ffinem ent
que d'ardeur, ct sans e laisser g riser par celte
beauté capiteuse. Mais il sut lout de suite
apprécier la fascin alion des beaux yeux el des
lèvres l'ouges de l'Italienne. Il e ut bienlôt fail
de savoir égalemen t qu'il n'avait à craindrc d
sa part ni un e trahison, ni un oubli, ni unc
défaillance. Dès lors, son 11an fut vile arrêté.
Il jeta aux défroqu es son nom de ll1 éftlr ,
comme il avait fail de celui de son père; il
résolul de repl'endre sa nationalité, et de parcourir les vill es d'caux sou. le nom de ejoclelll'
Mi chel S yghine; il donna celui de Madame
Seyghin à Nina.
C' s t nin si qu e nous les lrouVons in.' ta ll és
:l
Vi chy dans une confortable villa de la Promenade du Par c. Hi en de chaerna nt comme la
siLuaLi on de ceLLe l'ésidenc , d' où la v u
hraRse cl s h ori zo ns de v
l'
lure d' un
111-
douceur
infinie; ri en de coquet , de luxuellx cl ' de
l'affin é ,comm e l'in 'lallation.
�VINGT ET UN
.lquns
A VICHY
45
Le lendemain de la soirée olt nous avons
rc ncontr' au thé<1tre Michel Seyghin e, e t malg ré
l'h eure m a tin
~ le,
Madame avait au
:110n, avec
un c d0 Res amies, nommée France 'ca, un e
CO I1\'
rS;l lion très-animée .
- Ç'n üté une scèn e, répétait Francesca, une
R~è
n e
CJui a m e nacé de finir laI' d S voi s de
faiL. J'
Il
sui
encore toute tremblante, ma
chèrc. 11 a je té à la face de la compag ni e les
injures les plus sanglantes ; il nous a Ll.'a il.és de
fil ou s, rl' escl'o cs, de chevaliers d'indu stri e;
cru e sais-j e '?
-
C'est un homme bien mul é levé, obs
l'V a
Nina, d{' nli.-railleuse.
-
lI'ul'e u.'ement il n'y avait plu. pel'sP llne
dan s le gran l salon; ces dames nous avaient
quitll:'.';
IlOS
invités également. II ne l'estait
qu e de ux habitués. C'est égal! Ç'a é té un
sca ndnle ! Ah! ma ch ère, je ne .'u is pa rassul'ée
du tout.
-
P o ul'quoi '?
-
Mais pa rce qu'il est sorti furi eux n n o us
m('naeililt. d' un e dénonciation. Et Lu co mpre nd s,
jlla pauvre Nina, une descente de police .. .
�J,.G
ViNGT ET UN .JOURS A VICHY
- Une violation de domicil e'? C'est gravc,
0<1 , mon enfant.
- Oui, mais s'il y a des plaintes'?
- Il n'yen aura pas .
-
Cepend ant le général ...
-
Oh ! le généra l fera comm e les autres.
C'est toujour s la m \me histoire , ma pauvre
Fl'nnce sca. On crie, on tempête, on menace,
on s'en va furieux ... et on r evient le lendem ain ...
Mai!';, ma chère enfant, po ur dénonc er les
<l utl'es,i l faudrait commencer pal' se dé noll CC I'
so i-même ; e t c'est cc qu'on ne vout pas 1'iliro.
Ah! tu cr ois, commo ça, bonn emont, que le
gé néral, en so rtant de ch oz toi, es t all é fr;app l'
;\ 1;:1 porte du hUl'cau de poli ce '] [1 aurait fallu
déclin er scs nom.. , qu alités, di gnités, e tc. Un
g 'néml! Y pons. -tu '? fi aumit fallu dire 1('
pourquoi e t 10 comm Ilt de tonte l'av nlul·e ...
] 1 a Ul'ait été obli gé d'expli qu r sa prés ncc ell ez
toi, il tell o h eure de la nuil ; or , tu sais mieux
que [1el'SO llll e ce qu'il viellt y faire . Ell e général
a sa fe mm e il Vi chy, Francesca ! Il Y a sa fille ! ...
Jlrestora en l'Op os, je te 10 garanti s. ~es
mc-
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
47
naces sont l'effet de l'exaspél'aLÎ on. Il avait
donc perdu beaucoup d'argent ?
-
- Il paraît. Je ne sais pas au juste. On a
parlé d'une dizaine de mille francs.
- Qui jouait contre lui ?
- Flavio.
- Le maladroit! On lui avait po urtant bien
recommandé la prudence. Ceois - tu que le
général ait surpris ? ..
- Non, je ne crois pas.
- Qu'est-cc qui te le fai.t supposer ?
- L'aplomb de M. Potence.
- Ah ! il était là '1 .. • Et qu'a-t-il dit, Monsieur
Potence '?
- Oh! il a été superbe. Quand 10 général
s'est levé, jetant les cartes et frappant du poing
s ur la table, M. Potence a pris un ail' de dig nité
outrag 'e qui m'aurait bien amu:ée dans
autr
II n
moment : « Monsieur 1 p OUl' qui nous
prenez-volis? Appren z, Monsie ur, qu'il n'y a
ici que d'honn êtes g ns ... Des l l'eu v 's ! voyo ns,
cles pl'euves ! Si vo us ètes malh eureux au jeu,
p l'sonne n'est obligé de supp orter 1 s accès de
votre mauvaise humeur. )) lI é ) in! ü c LLe
�18
e~
VINGT ET UN
p èce
Jouns
A VICHY
de mise en dem eure, le général a
riposté par un r edoublemen t do violon ce, mais
sans préciser aucu n grief.
- Bon!. .. Qui é tait l'autre habitué?
-
Monsiem Ménégo t, l'ancien chocolatier .
-
Le bègue?
-
Oui.
-
Il ne pouna pa' Lli œ g l'and'chose aloI'. ,
fiL ob Cl'ver Mm o Seyghine, go uaill eu. e ! Et
qu li e a éLé son altitude pend ant la d iscussion '!
-
Il no
~'e
n
est pas
lU \1é.
11 a
pri
~
son
chapeau et a sui vi le gé néral.
-
Se sont-ils parlé, dehor s?
-
Je n'en sais ri en . J'ai fait l'e rme l' la po rt
ct me s uis r eti l'é clans ma, chambre . J'en ava is
assez, tu penses, d' un
scèn pal' ill e ... Di u !
j ' n a i étc malade tout la nuit.. . Et tu ne Cl'üinl'
pas un e dénonciati on anony me?
-
D'abol'd une c1c l1oncia ti on a nony me ne
r enco ntrerait au but' au de poli c' ni aLLe nli on
ni créall
' 0. I ;~ n s uit
, c'est touj ours une làcheté,
cela, ct l général cn s t incapahl e.
-
Mais l'au krc '!
�VINGT ET UN JOUR S J\ VIC IlY
-
40
L'autre ... Je n'en :nis ri en. A-t-il joué,
hier so ir '?
-
Oui, mais il a gagné.
-
Il é bien! alors, de quoi sc plaincJ l'aiL-il '?
-
C' st qu'on n'est jamais tout-tl-Lilit rassllI'é.
EL je compte sur toi, mn, cl1è're Nina, je
co mpte s ur tes heaux yeux,
S lu'
ton sourire .. .
tu so nri s s i délicieusemellt quanél tu veux .. .
pour r accommodel' ce tte vi la in e a ITa il'e.
-
Soit! je ferai de mon mieux .. . Mais, un e
autre foi.', au nom du ciel, soyez un peu mo in s
malac1l'oi ts !
- Dame ! (Je n'est pa::; ma ülllte, déclara la
petite
l ~ r ances
en p renant les main s de so n
ami e. Enfin, tu me rass ur s . .. Et [luis, ajoutaI,- cll c e n baissant la voix comme dans un
co nl'c.'sionnal , j'ai acheté c
matin deux g ros
cierges qu e je rais b riLler' cl vant l'autel de la
Muclon , pour qu'il ne nous a rrive pas malh eur.
Nina so urit et se leva rOUi' reconduire son
amie:
HU nt,
-
Sois trallCjuille, lui dit-elle en l'embJ'as-
.i e
te ramènerai le gépé ral.
Quand'?
�50
VINGT ET UN JOURS A VICHY
- Ce soir, j'espère.
En ce moment , Michel r entrait. Ce jeune
sybarit e aimait à se lever de bonne heure . Les
fatigues des plus longues soirées le laissaient
al erte de co rps et d'esprit . Depuis son séjour Ü
Vichy, il avait l'h abitude d'aller , dans la fraÎcheul' du matin, faire une promen ade à tr-avers
le Par c. Le' reproches de sa conscience ne lui
pe.'aien t g uère, il ce qu'il paraît; car nul ne
joui ssait plus que lui de la beaul é de ces
matiné e., empou rprées par le so leillevanl, qui
emprun tenL à l'h eureus e s ituation de Vi chy
t él nt de charme eL de poésie. Il pl'enait ordinai rement par les quais de la rivière , Lou Le
g l'ise de hl'umes, qu' il suivaiL jusqu'a u pOliL.
Là, il s'accou dait .' l11' le parape t et jouissa it en
'ilence d'un spectac le spleudi d .
ons les al' hcs du pOIlL, la 1'ivi ' re fu yait, en
dégageant un long ue traîn ée de va p e ul' ~
blanche s qui bai gnaient ses l'ives et so répandaient en napp . de mi - transpa rentes. C s
nappes s'étend aien t à perte d vue dans la
die cti on de l'All i r . 11 en so rLait omm des
îl ots de verdur e qui s' 'tugea i Ilt s ur les cô tes
�VINGT ET UN JOUn S A VICHY
5'1
et prenai ent une forme plus nette ü mesure
qu'ils se dégageaient de ces fumées matinales.
Au loin, vers le Sud, s'élevait la masse confu se
des collines du Forez, dont le pied baignait
dans le brouillard: Ici, le village de Vesse,
éveillé à la première lueur de l'aube, ·s'agitait.
Là, la masse sombre du Nouveau Parc formait
comm e un abri au sein duquel Vichy r eposait
encore. Bi entôt les collines de Vesse, le bouquet
de bois qui les couronne, la ro ute de Gannat
q ui monte, droite et blanche, comme un traiL
il la craie, les maisons de campagne qui
s'étagent sur les hauteurs , au milieu des
pelouses, ü droite et ü gauche de ceLLe route :
tout cela s'empourprait des rayons qui arrivaient de l'astœ radieux, en li gne directe, lXlI'dessu. 1 .. cimes du parc. La lumière, r épa ndue
il fl ots, meLLait en fuite les ombres flottantes
du maLin, et jetait sur le paysage la magie de
ses co ul onl's . Des éclairs traversaient l'espace :
c'é tait le scintillement du clocher de Vesse ,
r nvoynn t ü la nature le saIut qui lui venait
du ciel , jetant de loin sa note joyeuse et
vibrante. En m "me temps que les horizons
�52
VINGT ET UN J OU HS A VICH Y
s'éclairaient, que les collines s'allum aient, qu e
le paysage r esplendis ait, des bruits se fai aien t
en tendre, d'abord confus, presque timid es, puis
ci e plus en plus di stincts: la voix lointa in e du
chi en qui aboiCl en faisant sortir les troupenu x
des étables; le roulem ent d' un e char ette ébranlant le pont ; le piétinem nt des cheva ux
co nduits il l'abreuvo il' pal' l s chemin
de
hallage; des cris d'hommes , des c ha nts <l e
.i
ulJ es gar çons, des gazouillements d fillettes
descendan t, 10 piecl leste, l'mil éveill é, des
co ll iIles avoisin ante' pour apporter leurs pan Ï. et's il la vin , Des laitièr es , en
chapea u
boul'honn ais il larges rubans ci e velout'"
aJ'J'i -
va ie nt, po l'tant SUl' la tè te 1 ut' cl'u che plein "
])'uutre,
assis
l'CI'
co ndui saient cles voilures h â ne,
S SUL'
Je devant, leurs gra nds pots d
blanc l'ilngés derrièr
Il s , Des
bruit:-;
l'ct ' nti ssants rI ) sabots campag na t'd s envahi ssaient Je pont."
Ce spectacle all ait il l'tl me de Seyg hinc,
imprég née du parfum e t de la poésie cl es
steppes de l'Ukraine, olt il ava it passé S0S
nnnécs (\'cnfan e, li 1\va it touj OUl'S aimé la
�53
VINGT ET UN JOUHS A VI CHY
J1 ature ct ses spectacles gralldi oses. Ch ez lui,
la perversion du cœUt' avait r esp cté Ics
ri chesscs d' une imaginati on presque pasLoral e.
Etrnnge co n Lrastc, q ui prouve ju 'qu 'à qu el
point l'h omme est un êLre compl exe, et com])i n
il est difficile de le sond er!
Seyg hin e, en tra ver sanL le par c pour
1"
ntœ r
cll ez lui, avaiL cueilli cl ans un mass if de r osiers
deux. belles r oses r ouges, tout humid es, q u'il
apportait Lt Nina.
-
Qu
Le voul ait Francesca, do si bonn e
heure? demancla-t-il il l'lLali enno en l'emb rassant.
-
Mon Dieu! rien ... pas g rand'chose ... Tu
la connais, n'est-co pas ? L'omhr d'un m oin eau
lui donne la fièvr e.
-
Mais q u'est-ce que Lu as Loi-m ême?
-
Moi ?
Et NiJJ tt voul ut so urire , sc donl1 r un air
dégagé, seco uer toute apparence d'inqui étud e;
mais cli c n'y r éussis:ait pas. Les appréh ensions
dc l' l'a ncosca l'avaient gagnôc, ct, malg l'é tout,
Il e était p lus troub lée qn 'c ll e
J'1 is8er paraiLre.
IH'
vo ul ait le
�54
VINGT ET UN JOURS A VICHY
- Hé bien 1 écoute, et dis-moi si cela vaut
la peine de s'en préoccuper. Le général s'est
fàché hier soir ... Il est parti en proférant des
menaces ... Et voilà ce qui a empêché cell
pauvre Francesca de dormir.
- Hein '1 s'écria Michel en se levant d'un
bond d'une bergère OÜ voluptueusement il
s' . tait étendu au retour de sa promenade.
Est-ce qu'il aurai t surpris '1 ...
- Rien; des soupçons, voi là tout.
Et Nina raconta au Slave ce qu' 11
d'apprendre de la bouche cl
frayeurs d
venait
France ca, les
la jeunc f mm , et cnfin la pro-
messe qu' lIe avait faile d'apaiser 1 général.
Michel, un moment très ému, avait repris
r
u à p u Hon ail' de nonchalance insouciante
l gouaill lise. Il somit aux d. 'rnières pa roi
fi
de Nina, et lui dit de sa voix traînaille:
-
Ça, ma p liLe challe, c' sl tO it aITair , 'L
suis sans inquiélud sur le résultat.
-
Tu Il'es pas un p u jaloux, dis'l lui
cl manda l'Hali
ln
11 11
cn venant, par un
nt fé lin pl in d'un
p lolonn
l'
sur
S
mOllV -
adol'ubl câlineri , s'
s g noux.
�VINGT ET UN JOUR S A VICHY
-
55
Oh ! j'ai confiance en toi, déclara séri eu-
sement Michel. Et ses doig ts effil és car essaient
l'admi l'able ch evelure brun e de Nin a.
- Tu as raison, r épondit sur le même ton
l'JUIli nne. Pas un de ces homm es qui m'ont
fait tant de décla rati ons bl'ûlant s, pas un seul,
ente nds- tu, excepté toi, mon Mi cael0, ne peut
se vanter d'avoir eflleuré de ses lèvres les
mi e nn es.
- Et c'est parce qu e j'ai confiance en toi que
je v ux te pr 'sente!' un nouvel adoraLeur ... un
h01l11lJ mûr qu je cr ois très je une, et qui se
pl' \ l (' 1'<1 merveilleuseme nt il. nos pe tites combinni so ll s.
- 1\ h ! nt Nina intrig uée . Son nom, s'il vous
phU, Monsieur le diplomate'?
-
Rabotteau.
-
.Rabotleau ... Lout simplement'? tout court '?
Ell e faisait un
moue adorabl em nt d6dai-
gn use.
- Ma ch ère enfant, depuis ql.l j'ai mi s enLm
Les petiL s g riffes
l'OS
s-
t il lui J aisa l'ex Lré-
miLé cl s doig ts -'- qu Iqu s perso nnages titrés
et blaso nn és, tu fais fi d la roLure . Par 1 Lemps
�5H
VI N GT ET UN J OUHS A VI CIlY
de dém ocrati e qui court, tu as tort. H;I Jlpell etoi le mot de Si Y<" R, un gr and h omm e l
la
Ilévoluli on : Qu'est-c qu e le Ti er s-État '? nien.
-
Que' doit-il ètr '? Tout. Et il e. t cl ev nu
tout. L s ti tre , les bla 'ons, les a rmu iri es!
Clinqu:mt, que tout c la. Que tu
s bi en
Italienn e! Tu cr ois que c'est dans les [l oches
d s gentil s lJ omm s qu' il faut ch l'cher
p OUl'
ll'ouvel.' 1 s gros portc -m onnai '? Les g r
~
porte-monnaie, voi ·-tu '? m on enfant, sont dans
ln poche d
ces braves gens qui ont ve ndu
lJ aucou p de savon ou fabl'iqué beaucoup cl n
houtons dans leur v ic. Il s ont de gro!>ses main s,
de g roRsc!> cou! ur ', un gro
port fcuill
bi en garni.. .
li ez, mais un
t une
i g n o r a l ~c
précieuse. Que cl vi ' ndrions- nous sans la bonn e
t candid e r oture'? Elle y va , comm e cil
con clut un traité s ur les cl net'cs co loniales,
cal'l'éme' nt. La Lral p
n'a qu'à l'eLomlJ
soul'i s esL touj oul's dans la
SCII'
la
SOU l'ici \ 1' . T andi S
(lU'avCc tes g ntiJ siJ ommes mu (Ju 6s,
jamais
' 1' ;
Oll
n'cst
de l'ie n. De!> ['oués qu'o n cmil l'ouI r
ct qui vo us r oul pnt, dont on pipe la bo urse ct
qui n'ont pas le . ou ! Tie lls, il y
Cil
a un (/ e' ),-
�INGT ET U
JOU HS A Vll: lI\'
57
lIil'l'emont qui m'a empl'unté cinq
cellts louis
pOli l' pay er une dett e
de jeu, ct qui est part i
aH'C l'al'gent, laissant la delle,
- Depuis qua nd connais-tu ce mon
sieu r .. ,
comment l'appelles-tu, déjà ?
-
Rauotteau, Depuis hier , C'est l'ho
mm e à
la loge d'en face, tu sais bie n; ce
respectable
chef de famille auquel je me suis
fait pl'ésc nler pal' Davis,
- Celte e pèce de sanglier à la hur
e gris e".
il la face l'ouge .. , a'.l nez (lui fait
ça '?
Et, pal' un mou vem ent comi(lUe, Nin
a tordait
l'extl'émité de !:ion joli nez, de faço
ll à lui imprim er la dil'ection du ciel.
- Oh ! tlit en 1'Îant Michel, je sais
qu'il n'es t
pm; beau, C'es t tant pi::; pOUl' toi,
ma pauvl'c
Nina; mais je sais aussi qu'i l est
calé, et c' cst
tant mieux pOU l' nous. Quant ~l sa
.. , naïvelé, je
te la garantis.
- Pou rqu oi '1
- Par ce que ça se voit. Habotteau
::l'entend
lll'ut-èlt'c il merveille II foudl'e du
::luif ; mais il
Ile sait l'ien des choses du monde
... de notl'e
monde SUl'tOUt. Un peu d'cxpél'iclIc
e lui fera
�58
VINGT ET UN JOURS A VICHY
du bien; c'est un service que nous lui rendron s,
il cel excellent homme. Ou je me trompe fort,
ou il es t à nous. Rappelle-toi, ma chère Nina,
que l'occasion est chauve , il l' encontre de
M. RaboLleau. Il faut serrer les doi gts pendant
qu'on l'a so us la main. AuLrement, se['viLel1l' !
elle glisse. Or, ce serait Jommage.
- Et quand te proposes-Lu de me prése nter
Lon Uabotteau '1
- Mais, à la première circonstance favorabl e.
Et les circonstances, tu sais ... Sa femme est
malade, eLje suis médecin.
- Oh 1 si peu 1
- Personn e n'a encore cher ché il prouver le
con Lraire. En tout cas, mon enfanL, Je hasa·cl
est g r-and , nous pouvons essaye r d'être .'0 11
prophèLe.
�In
C
m êm
JOUI',
}JI'oposa aux baig n
à déj uner, William Davis
Ul"
cl l'hôlel Mazarin un c
pal'lic d'âncs à la Monlag ne-V ' l'le.
Il nl, à. cc propos, un disco ul's dl'ùlalique,
qui nl cva 1 vol.
D
p OUl'
pl aisanls el'i èr nl : lIip! hip 1 hUl'I'uh 1
Willi am Davis !
A quoi Dav is riposta pal' l'adagc rran 'ais:
Qui m'alm me s uive !
01', il faul cl'oil'c tlu beau co up cl p ' l'sonn 's
l'aimaient, cal' Il ' HUCOUp se
ll' s u i V 1'(' ,
p\'l'S ' litt' \'
nl pou\'
�Gu
VINGT J ~' r
UN J OU RS A VICh Y
Toute la parLi e valide de l'h ùl 1 se Ht inscrire
SUl' les tabl elles o lt Willi am, en qualité de
leader, r ecue illait les noms .
Il se fit autour de lui un cel'cle emp ressé,
joyeux , br uyant, q ui offrait un peu le coup
d'œil d' un g l'o upe de voyageurs montant, Ull
jour de fète, il l'assaut d' un omnibus .
William distribuait les numér os:
-
Qui veut le nu méro onze '1
-
Moi, r ppomlit une voix flûté '.
-
Qui, vo us?
-
Zéphyri n Nuageux .
- Le poète! Très bien. Au Ilum ero douz',
maintenant. No us Il'en somm es
Cil co l'
q u'ü la
douzaine . A qui le num éro douze '!
-
A moi. Gahriel Autrcjacquc, célLbalail'e.
-
Inutile de déçlinel' J s q mdités. Qui v" uL
J , treiz
~
Sil ence profond
S Ul'
to ute la ligne, s ui vi d'ull
grand éclat de l'ire.
-
Vous avez
sui s le
l'
p OUl'
dl' muuril' dalls J'ann ée '1
prése llU.lIlt d' ull e C Jmpagnie d'As-
surance (l ui garantit les g
il S
con ti " leH risCJue:;
�VI CT ET
><
01
JO U HS A V Le Il y
!les nombr s ,t des signes cubalis ti (lUes , Moyennant un prim
de rien, on r embourse la vie ,
Voyons, il qui le treize'!
A moi, dit un petit ho s u <lui s'était
-
faufil é clans 1 grou! , et qui agita son chapeau
I Oul' ' lm aper u, Eti nne Lov lace, le
III al
llommé ,
Ce bossu, com me tou les bossus d u m onde,
avait de l'es pl'it.
De cette façon, William Davis, touj ours crianl,
ins ri vant toujours, arriva jusqu'au chi 0'1'
\-ing t-trois, Cela devait fOl 'IIleL' un e cum valle
mons tl'e cl, si le provel'bc c l vrai, on é ta it
a:s
7.
tl
fous pOUl' pouvoir Sl' pl' meLLr
!l e
l'il'c él1 0rm ' ment. La l auvre Matlall1 H.aboLLen u
:t\'nit
II I
vainement so llicilée pal' ::;:\ fil 1, Cl pal'
son mal'i Li :e faire in 'crire SUl' la li 'l' joye u e;
l'II ' j" polldit, avcc :on 'oUL'il'C doux, q u' ' Ile
l
r 'l'ail
'
trop tl'Î::;te fig ul"
senlai t trop fatig u 'e
p OUL'
dalls la bande et "
l nte l' un '
'X
Lll'siu ll
U '(' , g nl'e, EH ' allégua la n 'ccssilé de boil"
'xactClll ' 11l
~l
laisse l' ([éc iù
CJu 'ell '
11 ('
sa so ur ' , El l ' Il ' "o ui ul [las 'e
' 1'.
Et , CO llllll C Claire
s' nnu yClt (] l' sa so lilude :
l'aig nait
�02
VINGT ET UN J OURS A VICHY
.T ' prend mi Madame Jal'l'eton, dit-elle; nous
il'ons en 'emble il la sourc ' Va, ma chèl'
petite, ct amuse-loi bien,
'William fut député par la société
p OUL'
la
location des ânes qu'on craignait de ne pas
tL'ouver assez nombreux SUl' la llace publique.
11 s'adj oignit M. Rabotteau, dont Claire prit lc
bras, ct Zéphyl'in Nuage ux, le poète. Tou ', de
compagnie,
Mairie
Cil
'C
dil'i gèl'ont vers la place de la
cri ant il la soci "lé, groupéc devnnt la
porte tle l' hùtcl : A tout Lt l' \) ure !
C'est, en eJJ'ut, !:iUl' la I lace de la Mairie que
stationn ent, pendant la SUi!:iOll , dans l'aLL nl
tic excun;ionni L s, Lous les ,Am s de la localiLé.
11 y nva iL autrefois deux écul'i 'S rivales, do nt
les hostilités SO llll'C'stées célèhl'rs; mais depuis
peu, un e fu sion s'est opéré ; la ConCUITenc a
li spal'u au I ront d' uil mOll opol '. ll ùtons-l1 ous
d'aj ouLeI' qu
la notl vc ll r Compag ni e li ellt il
hOllll eul ([e n'offrir au public que des âll es
Slip
J'IJ 's; cil a rail (l 's a lJui 'ili ons de bêLes ct
dl' rtla téri cl, qLli melt ' nL Il ol's cl ' ]lail' la oll ecLi on \'C I'S laqu 11 (' '\V illi a lll {' I Sl'S (,olllpag il ons
�VI NGT ET
,JO HS A VIC Il)'
s'avall<;ai enl, COlllll1 e des gens (lui mal'chenl
un
~l
1' (( zzia,
~I
Ju 'l e, com me ils déballai t' nl l cs prix, M , et
Sc:ghin , cl 'houchanl du pal' , pal'ul ' III
IO
Ü
co in de la pl ac .
Ull
Ils s'avunc\r enL en sO lil'iunL.
APl'l'H un salul aim ahl ü J'adl'cssc de Hahot-
au et tIc sa fill e:
-
Vou' ètcs dc\'ollu IllU(luignon '? dil , en
plil isull lnnl, Michel il William Davi .
- Pa pl' ;cisémen t, l' 'pondillej cuJ1e homm e.
,l'ai élé 'h al'g;, av c ces Messi urs, l aI' Ja
société cl l'hôtel, non d'acheler , mais cl l ouel'
cl s
;1 11 S .
'j
YOUs -' l es connaiss L1r, mon bon,
co nse il de voll'e part .'cm 1 lJi nv IlU,
UII
-
Comlll ent donc ! l' parLÎ t S yghine, tou-
j ou!'s so ul'ia nt ct sun pl' Iltlr gal'd ~l l a poin t
mali 'icuse dirigée
ontl'
lui . •'j j 'avais il
choisil' deux bêl s, une pOIlI' ~r a d
ct llll
ame
pOUl' moi, vo ilà c lI cs qu j
Seygllin '
pl' uc1rai s.
I ~ t il s'avan(:a pOUl' cal'CSse l' de la l11[Jin cl cux
gl'isons qui Mai lit, n (l'cl, la OClll' de l'é 1Il'ie,
-
PI' 'l1 cz-Ies, Mn nsiclll', ~ '(>cl'ia Hnhollca u.
Si YOns PO\lYl'Z dispose l' dc vol)"
apl'i's-lllidi,
�64
V1NGT ET UN JOURS A VIGHY
l'h onn eur de votre socié té nous sera on ne peut
plus agréable, Les amis de nos amis sont nos
amis,
-
J'accep te ayec empressement, Monsieul',
pour Madame Seyghin e Dt pour moi, dit Mich l,
vo tre oIrre gracieuse ; nous sommes absolum ent
libres de notre journée, e t c'est avec un grand
nous nous j indrons
llaisil' que
~
votre
caravane,
William ne dit l'iell, mais se demand a s'il
u tort de présenter le Russe 1\ la
n'avait pas
famill RaboLteau,
Du l'es Le, il n'c ut pas J temps de "arrêter il
cette réfi xion : la soci ' té de l'Mt 1 a ttendait ;
il se h:1ta de con lUI'
co mpng n
il S
à s rYlBLLr
le march , inviLa ses
n sell , eLen r u l'cha
lui-m ' me un P égase ü lOllgu
S OI'
illes , li on
sans avo ir loué, avec les bêLes , du,'
drôles, fi ni
l ' urs 011'1'
S
1'5
.i unes
le leur éLal., lui lui avaient fait
cie sOI'vic "
C'es t dans ceL "quipag , tous montos, et le
l' 'sI des l'oussins Im ll :lllt il Icul' s uite, qu'ils
l'r pnl'ul' ut dcvant Icurs c:lIl1 arad s d'eXClll'sioll,
�VINGT ET UN JO RS A VIClIY
(j;)
On les accueillit par des applaudit:!semelllt:! cL
des cris de joie.
Chacun fut invité à choisir a J te. Mai s il
est d'usage, quand une mission se m t en r oute',
de rédi ger un état du personnel, en y Djoutant
une note sur les animaux ct les bagages. Pal'
mesure d'ordre et de clarté, nous allons suivI'
la même marche, en donnant à chaque 'xplol'atem, comme l'avait fait William Davi ', son
numéro d'inscription:
1° William Davis, Américain , san s profession,
l cadej', montant Rococo, g ri son de sept ans,
pl oin de vices ct borgne de l' mil gau clte ,
2°
imon RabotLeau, J'entier, personnage
co nnu, montant Foudre-etc-Guerre,
l,l"
pUl'
sang
s vif.
:3° Claire HaboLteau, fille du précédent, -
S Ul'
Hu céph::lle, vainqueur du Grand Pri x ct Vichy
aux dernières courses.
4° Eli se Paranquin, amie de la préc "dente,
filleLle de di x-sept ans, blonde, é v illée comme
un pinson, turf.
s ur Miss Jenny, autre favorite du
�66
VINGT ET UN J OUHS .\. Vl e ll y
50 Mm'gucriL -Sophie Parallquin , très res-
pectable dame, exagérant les pl'oporLi on. de la
plastique 11antul'euse, - SUI' Oiseau-Mouche.
Pauvre Oiseau-Mouche 1
Jean - Jos ph BouLeillel', négociant n
rlenrées coloniales, œil vif, teint coloré, Lr '
hi n avec n abotLeau, ' lU Iuel il donne des leço ns
de billard, - sur Aquilon.
(:io
70 Margu rite-H. in Barillou,j ' llil e veuve d
vingt-quaLre ans, brun , avec II jolies cl ' nLs el
un plus joli s uril'e, - . ur n Ollsselle.
8" Louise r OLlI'll CI'On , vi iIl nll e, sè 'he,
pinc 'e, l' nn mie sO llede, mais intim e d 1<1
pl'écédenLe, -
SUI'
La GI'ise .
noChari '::;
P i l' 'l< idis, roum ain, lllousLache au
ve nL, œ il bleu, car1'l1r solide, - SUI' M<1l'guillel'.
'10" H niL
de la l'l'aga, cspagnol, grand ,
grave, Ll\le . ul i, ' Il bronze, - snI' Pieh n Lte.
~
-.11 0 Z,iph Yl'in Nuage ux, po' L : min
, bl ond ,
un voix <l ' P tiL ' flÎlLC', - ." Ul' La 1<lrisi nn .
120 Cabriel AuLrcja (lU ',
·6Iibataire. Un
original. DiscuLeur , ' l'go L' lI l', paracloxal. A II
ph ysique, IOIl "" co mm ' une g'wle (l'li
sC
L l'lni-
�VINGT ET U
J
.JOURS A VICUY
(i7
n l'ait pal' une tète en buis. ,'c donne le genre
de lllépriseL' les r mmes, - SUL' Pluton.
'J3° Elienn Lovelace, laid, hossu, spirituel
ct gai, - SUl' Flandl'in.
H o Chl'istin e-hug6 nie Babet, p tit ,boul oUe,
rama 'sée : un e p loUe, - . ur Pro erpin e.
'150 Euphrasie Gazetteau, l' alte?' ego cl ' la
pl'6c6d nt .Dan ssasou s-pI'6fectul·e,o nl 'a ppell
Madam e «( Porte-en-Ville », - " UI' La :::ichlag u .
'16° Félicie n Cazelteau, renLiel' , mal'i l' 1':1lphl'L\sie, - SUI' Estafette.
17° Th ;oelOl' Piplin, manul'actlll'.iel' , Uil
boul'ru han enfant, qui .iUI' co mm e un bl"lconni cl' el qui Il l'cl'rtil pas (le mal il un
vel'misseau , - ,' ur L:l Boiteuse.
'180 Marceline liplin , sa l'emm ', gl'asse ,
fL'ai che, r pos ' e ; aime les caü aux, les l onlJons ,
les oiseaux et.l s cl ntell cs, - S Ul' Dur-tl-Cuil'e.
'10" BCl'the Piplin, leur fill e, une gamin e de
il' ize ans (lui rêvasse d
SUI'
Ô j ~l
au clair ri e la lune, -
13il'iIJi.
20" Angè le Gl apollal'cI , ami e de la j)l'éCl;(\ nlc,
(' nf! ;e ll UX bOlls soins 1 hl l'a mille Piplin pal'
lin
p 'o r rhumatisanL Lune m \ [' dysp pliclue.
�68
VIN GT ET UN J OURS A VICHY
Figure anguleuse, gestes cassés ; quinze ans, sur La Gueuse.
2'1 0 Aristide-Néponucème Cal'didiel', dit Don.
Quichotte. Tète d'ancien maréchal-de -logis de
gendarmerie, bras immenses, jambes interminables. Sentiment chevaleresques tt l'égard du
beau sexe, - sur la Dasso Lte .
22 0 Adrien ardis, l'h omm rond en affaires,
1 Cau par'leur, co ntent de lui - même, -
SUl'
Hosine.
23" Numa Cardaillac , co mmi .. - voyng ur,
tombeut' d
c Ul'
é~
ct d go uv m ements, élec-
teur inllu )It à Labourde- I s- Mu ids, -
. Ut'
l1agno[et.
21,,° Mich
yghi n , Ru sse., docL ur ,i n
TJI]1'Li ùus, - , ur Javo tle.
25" Jina Seygiline, LLaliel1l1 ', x - nctl'ic
l' 'lé' co médienn e, - SUL' Piaflhl' l.
Pal' fil
à gauch , cria vVill iall1 , en avt\lIL,
mat:ehe 1
El la c..'ll'avan d ;fila.
C'esL louj ollr!:l (Ill 'l(lU chos' d ' tilli amal' S{IU qu 'un défil ; cl
('., gn lr ', il Ll"l V 1'8 les
ru S pl eines cle mont! , 'L . us la pluie de
�GU
VlNGT ET UN ,10tJRS A \ ' I CUY
qllolibeti:i (lUi ne manque j amnii:i de le tialuel' au
passage,
Willi am, l ' I ~s p ag
n o l et
10
HUl/muin
chaient pas ; Christine Dabet
Il
brOIJ-
t Euphl'<1si('
GazetLe<l l1 riaient co mme de petites full s;
Autl' jacq lie l'iloslail aux l Jaisalllel'iei:i d e~
passanU;, et ce fut. dan, l es co nditions de gai tô
les plus salis['ai tiUlllei:i que l'expéd itioll so tl'ouva
hor s de la ville,
Vertl' ,
SUl'
la route do la Montagne-
Mes ami s, cl'ia H.abotLeau, qui se se ntai t
-
bi en m onté, un temps de gal ol '
Quel lues voix. prùte!'> lèrent; mais ces r éclamation is lées ~e
do h co Ul't:ie ,
perdirent dan.' 1 tourbill on
L rs pur-sang pril'ent <lllssitàt la U\ t<', sui vis,
il cl s int l'valles in ég'll1 x, ci e leurs cam(ll'ad cs,
([u l eur exemple enl evait.
Ce fut une galopael efTr6néo,
L os gamin
bèt
fi
piquaient do l eul's IJùtom; les
par 'sseu.'o!'> ou fourbu
s qui
0
l n i ~a
i ' lit
(li 'tan 'or, Toute.' cc' montul'OS !'>eco lliÜl' nt d
JOUI' t['ol. inégal r t sac ,I<l é l('s amazoncs
dl
o ~ ) rl ont qn
I!jU CS- tlIH'fi
j l'lai
111
(" Ill' I'-
d('s ('J'il'
(10
�70
VING T ET UN JOUa S A VICHY
dé tresse, tandi s q ue d'au tres l'i aie llt a ux écl als.
Loui se Fo umeron criait que c'éta it u ne infam ie.
Christin e Babet ca. sa le man ch e de son ombrelle
s ur le dos de l'ùnie r qui s'obs tinait, malgré a d ' rense, il ro uee de co u ps P r ose r p ill e a ttardée. Mai s
la plus malheureus é ta it ce tte pa u vre Mada me
J'aran Iui n. Oiseau-Mo uc lJ , piqué d' une noble
ému lalio n , avait carrément
m bolLé le pas ü
Bucéph ale, (lui Je précédait. Madame P aranq uin ,
e mpor tée dans un galop furie ux e t p e u habiluée
ü ces exercices üe vo ltige, eSi:iaya d'abord d
l110dé r
l'
l'arde ur de sa m onture. Kll e s'y p r it ü
oups de M ton . Oiseau-Mouch e
l'
do ubla de
vit sse, e t la pa uvre grosso da me, dont les
chairs déb ordantes tl"Cssautai nt co mm e un e
gei',c qu'o n Dgite, aussi r o u ~c
tlu' un h oma rd ,
s uant sang ot ean , se m it il po us,' or des cris i:i i
pe rc.:allt · <lU' Oi 'e:lU- Mo ucll e prit pe ul' . JI s'
P OUL'
1 coup, Mada me Pa l'i\IlCJui n se c rut
lI é;;u l'(\O nl1 \
,t s'aba lld Olln il jus to ü temps p our
ca bra.
Lomile l' clan:.> les Im ls ci e Cal'dicii c r (lui acco u rait.
J\ Il m (lme in s ta nt , la mo n tl1l'C <ln Wi ll iam ,
vira nt dl' ('l'o nt , ba rra it ln l'Dl/I n; ci o sMle que
IhH'-;I-C uil'C', i, tOll t ' hl'id(', ln 1(\ 1(' bniss Ir, Ic
�71
V1NGT ET UN JOUH ::; A VTCIlY
l:O U t nelu, se précipita SUl' lui. Madame Piplill
jela un cri d'eITroi; mais William étail ferm e
::;ur ses étriers: il so utin!. le choc, el fut assez
heureux. pour relenir en selle Mal'celine, qui
en ful quiLte pOUl' la peur.
On s'arrèta, nOll sans peine. Madame GazetLeau avait perdu sa loque qui roulail
elle-
S Ul'
mème dans la poussière. C ful Cardailhc qui
la lu i l'UppOl'la , en acéompagnanl .. a galanlerie
d'un complim nt. Ce pelit accident, dit-il, lui
avail pCl' mis d'admirer « la plus zolie chev lure
qu'il eût. zamni::; vue ) . En e[l'e l , les nalles
bl'unes d'F.uphrasie, dénoLl ;es dans la cour.'e,
Lonlbaienl n déso rdre ::;UI' ses épaul es. Elle les
l'amena Cl, n un Laur de main , lonl en r emercianl Cal'llaillac, ell r lrs rnl.l[lcha.
On avait ai n i franchi au galop les ponls du
celui du ch min ci e f l', ll 'o n éLait Il
vue du cim li ère d Vi chy. Cc ful SIlI ' la l'oule
~ i c h o n,
plale, avanl de comm
II CC!'
l'assaut Li
la hau-
l ' lIl ', qu e la co lonn e se r eforma.
l\aiJoLL au
['u l
v 't'lem n LLan 'é pUI'
L o ul
lhlloes, (lui 1 lrailèr nl cal'I 'ém nt ùe
CO li .
c 'S
l~s
'<1
'sc-
Mn'" Pnl'ancruin , smlnul , Nail CUI'i use;
�7'2
VINGT ET U:-: J OU
I\ ~ A VIC IlY
clle le bom ba l'lIa d" pig l'ummes pend ant un'
parli e de la promenade.
Cl aire car ssait sa b ' te:
-
J'aime lcs ânes, moi, dit-elle ü Etienne
Lo,'e1:lce, dont la monture trottinait près de la
si 11l1e. N'e t-ce pas, Mons ie Ul', qu ce ont de
bonn es ct doue s bètes'l QuanJ. je les vois
hallr pal' un e main le femm , cela m e fait
de la p in ; et ü vous '1
-
Oh! moi, Mad moii:!ell e, il est tout naturel
(lue je l 's aime. La natul'e n'a pas ét ; plus
Lendl'
pOUl' les ünes qu e p OUl' les bossus . C'
so nt des dé 'h Il'ité:o., ' ux a ussi,
t cIe n otl' ,
cO l1llllunauté de malh ur vi ' lit II1U sY ll11 athie.
-
l\l ais il y a 'Olllpell sa tioJl, Ell e v vus a
t! ol1n é de l' '~ l) 'it;
cil ' leur a donn é la patiell ce
et I,l l'I'ugalit ", Ailil ez-vo li s l 'i:! cll evaux,
i\1 uli sicUl'
YU U S,
LO\' ' Ia<.: ' '1
-
I.es Che \'aLlX'1 11011, Mad 'Ill oise ll "
-
Ti ell s, c'es t
' 0 111111 0
qll 'oll dl'vl'ait dil'p: Il(\Il'
m oi, alon; , ,l ' tl'Olll'e
CO JJlIIi •
lIll 'h eva l. UII
1'0 1Il IJI'(.!
d'uli oiscau,
) 1 fuirait de\'a1lt lIlI li l' \ 1'0, Ellco l"
UlIC l' "pu la-
cheyal s' ea l ll'(' de\';llli
li oll usurpé' ,
�\ I~
-
G T
E T U?'>
JOU Hs
7:~
A YI C IIY
Ail! prenez gtmle, M ., d p u lO i ~e
l l',
s'(\c /'i a
'Wi Il ium, vo us. all ez co ntl'e lluITon ; vo us all ez
contre 1 spo!'t ; vo us all ez contI' toute l 'Angl e1l'I'I'e. L
cheval e. t plU R sacl'é [JOUl' l' EtH'ope
r-ivili sée qu e 1 bœuf Api s, Ics oig nons pI Ips
'1'0
-
odilos pOUl' la supc/'sLiLi euR f ~gy
pL c .
,Ju sLcm nl. C'est c t ' ngO Llcrn enL
je
(rU
pari c cIU ' il y a enco /'
Il'Oll\'l' in.iuRLe. .1
ici
deux Mes, iem s au mo in s qui parLagent mO Il
avis: Mons icul' Au tl'ej acqu8 ct Mons ieu l' Nuage ux . .T
nc pa I'l
pas de,' fcm ln es: leLl I' cœur
Icul' f';l it l ouj ou l's pl' IIdl'r pill'Ii p 0 1l1' le pauvr e
M sltél'ilé.
-
Voul 'Z-yous qu e' .i ' l'fl(', lI pill e fps !'\ llll'I'ngrs?
-
,Je v ux biell .
En c moment, un
vio lentr disc li ss ion poli -
liqup é 'I atai l. enLI'P Canli dipl' ct Cardaill ac.
L e f1I'em icl' affi 'hait cl s opini on,' l'éso luill 'nt
cO l1 sCI'vaLl'i ces; 1
s cond
('II
tenait POlll' le
l'tlclicali sll1p il ouLl'<1 nc . C(1l'( lidi l' rt C:,mlaill ac
Im\s l 'ult do l'a utre, c'él ait lin ' allllll lCLLe il cô Lé
d'uil I<lS dt' pailll' : le feu IJl'l'ltll iL LOll t
v(' n,lit de Pl' 11(/l'r, Cl av c Cf llPII
s Urn Stli l , p OUl' S'l'Il l'c ncll't'
Sl' lil .
Il
viult'nce, il
('(J ll1pl p, c!'l'coulPI' :'1
;1
�7-1-
V ING'!' ET Ul'\ JOOHS A V ICHY
quel diapason était monté l'organe de Numa
Cardaillac.
De toutes parts s'élev J'ent ùes protcstations
énergiques contre la politique. La jol ie l etite
Bal'illou se mit ntre les deux ennemis, tandis
qu Louise Fourneron, toute scandalisée d'une
pareille crfronterie, faisait part ü Mmo j aranCJuin
tl e sa vertueuse imligllation.
Benitez de la 1 raga, toujour grave comlllo
il convient
Ü Ull
hidalgo,
5'
'Illl'etcnait avec
Pérékiùis d'un comm IlC mOllt ù' hypcr tr'op hie
uu foie, qu'il oignait tt Vi hy.
Zéphyrin Nuageux, i.t la poursuite d'un son n t
ou
d'Ull
maul'igal, ou!>1iait de dit'jg ' l' sa Ip tc
(lui fOl11'J'ag ait parmi les chanions du chçm in .
Madal11 'Scygl) iI1C s't'tait J'approchée de
Habolleau.
- Quelle délici 'us prol11onad jo vous dois 1
IllOIl ch .1' MOllsi 'ur, lui dit-ollc d sa voix la
plus Illusi 'ail' et avec SOIl plus chm:mnnt
soul'i l'c.
I!:Jlc l ' l'('g:u'dait, d'Ull U'il clial'gé d
'~tince
l o',
n"boll au se s 'llLil touL r 'mu'" [out émotiOllllé,
Le pauYl'
hOllllne
UUI';üt
bion voulu
�VIN GT ET UN JOU RS A VICH
Y
75
trou ver un compliment pou r \'('p
ondm, avec
esp rit, il son inte rloc utri ce; mai s
il étall twp
novice en pareille matière, et trop
sUl'pri·. Il
balbutia que lque s par ole' , non san
s épro uve r,
inté rieu rem ent, une violente ifeit
ation con tre
lui-même pOUL' sa stupidité.
Sans avoir l'air de s'ap erce voir de son
tl'ouble,
Mmo Seyghine mit la conversation sur
le cha pitr e
du pan oram a qui commençait ~l sc
déro uler aux.
yeu x des excursionnistes.
- C'est très hea u !... très bea u!
... répé tait
de temps en temps le brave hom
me. S'il eût
vou lu être ft'ane, il eût avoué que
la bea uté uo
Milio Seyghine lui causait une impress
ion autr emen t vive que celle uu paysage.
Tout-tt-coup Nuageux, aCCOUl'Ul1t
au trot de
son àne, présenta à Claire un peti
t mor cea u de
pap ier plié en qua tre. Claire l'ou
vrit ct lut, à
!taute voix, cc (lui suit :
MO N SU FFR AG E
Lorsquo, de tes lèvres vormllillos,
Tombe l'éloge d'un srisoll,
Vrai 1 l'on voudrait voir sos oroilles
Grandir, et sentir lu bâton.
�70
VINGT ET UN .JOURS A YICHY
On donnerait son âme au diaulo
Pour mériter un peu du ui en
Qu e tu dis, beauté charitaule,
Des bêtes à man ger du foin.
Quand tu recevras ce poème,
Oh 1 puisse ton bon pelil cœur
Crier: " l:'llsl un âne, je l"aime l "
En parlant de l'heureux auteur 1
- 13rayo! le poèle, hl'flVO 1 cri a toul' la
·aravane.
La roule, pm que clmil , rtJtil' par le
'l"oi .. e cell' de
Cu~sel
~o
l e il,
Sni nt-Germ aill, au coin
d' une maiso n orné d'un
plaque (lui indi(lllC
1 nom du village, un nom ridicul e: Pinassoll.
Pui
~
d'un
ell e s'engage sous CI
nu pied
S 1 0ycr~,
'ollil1e, ct alTi v, Il biaiH:l.nt., jusclu'Ll UII
hameau cl ont. la siluat.iol1 rsl (ralche
pit\o-
l'esqu e, ma.lgré l'asp 'L mis \l'able
chau-
d '~
1l1iÔl' 's. Scule, SU L' la place publi(l ue, une
maiso n hlan chi e il la chaux mOI1Ll' SO li buisson
d' g ' ni ('v rc aux pnysans asoi
[r é~,
C' 'sLlil fill'il
yale dilllanch', Il L mps d' \leGLions, ti c larges
liIJaon
~ cL des li ·CUSS iUllS polit.i (lll 'S il. P ' l'le
d ' vue; 'ur Lous l e~
1roi..
hameaux 'l les li 'ux o U
villages donL .. ' cO ln[losl' la
('()1l11111111
CI'Cll7.i Cl'-lp- Vi eux )1 S('P lld P IlI ,d()r,;
"li \
de
(; lIi-
�VINGT 1':'1' UN JOUH S A VI c n y
77
na1'ds. Ce l'ourmillem nt de blou es neuves
groupées cl V:-tllt la porte ou sur les tl'oi
mal'ch s d'escali er qui donnent accès cl ans l a
sa ll e est un signe cel'lain d'agitaLion électorale.
Lü se discute, sc l'ail, se défait ct se r efait le
Conseil muni cipal de l'endroit.
An coin d ce lle maison, l e' ânes tOUI'I1 "rent
brusquement .\ droite, pour suivre u11ll1Lluvai s
ch mi n qui r cj oint, plus haut, lu l'oute l es
,'o itures , L ur allure m ontrait asséz qu'
11
approchait du but. A u r e te, le voi si nage de la
Montagn -Verte se manifestait pat' la multiplicit ' LIes indi cn Li ons manuscrites que l'on r encontrait ü chn cluc pas. 011 suivit un e esp 'ce
d'avenu e
l'ustirJllC
bOl'dé
qu elques minutes après,
de noyers ,
t,
un hùtilll ent bas,
bl anchi Ü 1,1 cl1ilu x, apparut il travcr s 1'8 troncs
gri sùtrcs dcs arbres. On était l~ la MontagneV(
~ rt e.
Cp IJttlillH'1I1 (l iait l'ôcLll'i ' oil , penrl all t lu
vi sit , de l'établ issemellt ,
0 11
abrite Irs équi-
pag s, :L lll'S ou
'hevaux cl 's touri st s' Les
IIIUI'S portc' Il t LIll
in scriptioll pOll1 p ' use Dl! se
Il'ollvelli ("lIum ;IÙ'S, 8n style SHi a CI1(' )'is, tout 's
�78
VI · GT ET UN JOUH S ;\ VI CIIY
le~ merveilles qui « composent l e panorama de
la MonLagne-VerLe »,
La barrièr c en bois qui donn e accès au pal'c
étaiL ouverte ; mais il y u,
la dl'oil e, un e
SUL'
g uéri Le, om ée d' un g uich t , (lui porLe cet
aVCl'[i ssern enL: P?'i.,c cl'e nl)'ée ,' 1 (?'an e pa?'
pel'sonne, Un e j eun
IW e, aCcolll'ue, attendait
en siten e Clue chacun s'exécuLüt.
P nclanL qu les p LiL,' "mi
III 'S
l'S
l'ai ~ ai
nL cntrer
hNe, i.t l' écuri e, l uLe la COtnllagnif' se
miL à gl'imper l'ail \e l'aille
(' 1,
éLl'oiLe, bordée cl
maigr s arbustes, qui co nduit il lu pal'Li ' f; UP'l'i ure de l'éLabli f;sem LlL,
Lit , la propri été
s' \Jal'git un peu, On y Ll'ouv cles charmill cs,
fi ' ombl'Uges, des bail cs, d 'S Labi es, des j ux
1'u: Liqu s ; pui s la lJuvclL ' cl, l , heh'édèl'e, Un
homm'
11[I'C
deux 'Ig s , ü la peau lUllll t"e pal'
l'ail' CI. l e so lr i l, csprce d l' pa Y:-;HIl madré
vPston fl p veloul's,
il
'11
'COUl'ul, so n l'flflpe'HI il ln
main, pOUl' li liL'e sps am'Uf; ci e s(' I'\'i ec:
- Si C l):,; M 'SS i" lll'S 'L
monL (' nu belv \([èl'P, ..
ous SOllJlll PS VL' ll1! f;
Willi ,II11 ; seulern III
.il'
(' ( ~ S J)amcs V'UIOll/'
pOIl!'
<:n, l'l'pol1dit
('l'oi s qu e nous Sel'Oll s
�VJ
79
GT ET UN .1 0UH.' A VJ CUY
obligés de procéder par fourn ées. Votre plateforme n'e 't pas a '::;ez large p OUl' now; contenir
tau ' à la, fois?
-
Oh! non, M'::;ie u, J'épundill ü pa ysan .
- lIé bien, Mesdames, dit galnrnment vVil Jiilln, à V OLI S l'honne ul' , Suivez Mon 'ioul' qui ya
vous faire vo ir des mm've illes,
Ccs dames 'engagèrent ùang l' sca li e r étl'oi t
du belvédère, il la ~ ;u ite
En arri vant
S Ul'
li '
lUI '
g uid e ,
la plate-forme, elles euren t
comme un ébl ouis, ement. Le soleil
d'ao ùl
in cendiait la campagne, ct la vibra tion des
"evürbéruUons tll'l'ivaiL h (je poi nt 'levé pal'
ond s ardentes qui blessaien t la l' 'Une, ViveIII
nl, c
'S
cl'uue' s'abri Lèr ' Ilt so us IOltrs
Offi-
br Ile.', ct sc mil' nt il détaill el' le' co u [l d'œil
qui sc déroul ait au-de'. ous d'ell es,
Le panorama cl
cl
CO ux
la Montagne-Verte e 't un
qui lais 'ent da ns l'tune un o im]),' ssion
douce , N'y ch rcbez pas 1 s g ra nrtes lig nes des
paysag s a lp stros: jl
mbrasse un horizon
assez vast , mai ' sans lJrusllLles accideills du
s l,
S(1 I1>;
cl "ohi"ur s, sa ns rj n ri , tourln ' 111é ni
�80
VI. GT 1, 1' Ui'> JO HS ,\ VIC UY
de g randi ose , T out y es t harmonie de lignes
g rùcc ri ante, L e::. plans fui ent 1 s un s del'l'i èJ'e
l e,; autres, sc dégradant dans la brum e du
l ointain , jusqu'aux m onLag n s b l 'ues qui sr
cl "l'oupent sur le 'ici pùJ de J'h ori zo n, avec
tin
d OLI C
L1I ' de to ns Cj ui chante l e ll o\ lll e cl ln
nalur riche el heur us', H.ien de Il ' urt6, ri t' Il
dl' saill ant, ri en LI
puis,;amm enl irrég ulier
dans cc' tabl eau ; mai ' de,; co uleur,; Cjui ,;\
tond 'nt, des li gnes qui on dul ent, des buis qui
s'étngenl doucement, li 'S v illag s que la l'anlai si
d'ull p itl tre s mul e avo il' scm 's dans
cl
l e pnysag\' pour lui cI oon
l'
1'ivièl'e fjui élincc ll ', co mm
un r uban d'al'g'llt,
dam; la fauve bo rdul"
d
SO li
la v ie; un
lit ci l' sa bl (' ; au
]li ed ri ' h hauteur, la viii ' t h l'IM l e, Vic
h )~ ,
au: co nsLl'ucti ons él \gantes l' I au x lu xUI'ianles
frond aiso lls; UI l(' autrl', Cll ss('l, cl ans un cr eu x,
Illr ' LI'u is coll i nes, pins l'alll ass;
elllre' 'ps deux villes,
\Jil l'
'1. plu s lI ( ir ';
l'r: litll c vu ll
;l'
0 (1
co ul l' UII l'ui ssl'n ll , ln ,'iell rill : p:J l'l nut des 1l0tl'H
ga i( 's, qu clqu e 'hose dl' dou x il l'H' il , de l'i allt
il la Il ' 11.' l'C, lie l'alm ' l'l du l'l' j!osé,
ep l'a r.ll:[i'I'l'
('si
(hl 1'\,S [ l' lli i P l'U
l'l'l ui de
�8'1
VINGT I!:T UN JOUH S A VICHY
tom; l '. environ ' de Vichy. De quelque coté
qu'on sc place pOUL' regarde t' le tableau, il
se montl'e touj ours so us ce mèm aspect: on y
trouve
nole' de plu ' ou des IlOt
d e~
de
moins j dl's détail:; appurais ent ou di sparajsse llt
sui vant qu'o n examine le tabl eau dans un sens
ou clan s
\11\
:1 utl'e ; miJ.is les co ul elll's Il e cbangent
pas ct se pI'6se ntent touj ou rs au regard avec
leur même gr,lce etleUl' même Yuri été,
Du haut de so n belvédère, l' homme au vcsto n
cl v ' Iours d 'taillait [a vLle, Ü ['aide d' uil t \[es-
cape qu 'il
juste
SUl'
f a i s~ 1it
tOUl'llel'
SUI'
pivot, l'al'n' tall t
le {Joint ffU' il voulait désigner, sa ns
avoir besoin ([ Ill ettre l'œ il il la lun etle.
- Voi ci, disait-il, Vichy avcc ses parcs, s('s
églises, so n Établisse m lit , so n Casin o, sa
vieille
t Olll',
Vo us pouvez
YO US
y pl'omenel'
con11u e si vo us y éti ez) l'ecoll nai LI 'c votre hôtel)
vo tl'l'
l
1'0 11 <'1 1'0
'S Cil S
t vos mn is SUI ' [(':; Imlco ll:;, Li 'cz
ig llCs, l'cgardez la devanLure des
11l ilga-
sins .. , Voy z, Mpsdames, voy 'z ,
Les d'l1llCS, l' un t' alll'ès l'n uLI'l', l't'ga rd l' I' Il t
Vi<'11 y dall s Iii 11111 e l.tl',
�R2
V1XGT ET UN
-
JOuns A VICHY
Maintenant, ajouta l'homme en fai ant
obliquer l e télescope un peu vers la gauche,
nous sommes ~l
Cus,'eL. On apel'çoit l'h ure il
l' horloge de la chape lle de l'fIàpitnl. Vous
voyez cc qui l' stc cles grands plalane.s de la
promenad l'envel"l:iés pal" le ycl àne - il enflait
sa voix su l' cc mot-lit - du 21 fév!'icI"187!J. VOIlS
décou\ï'cZ l 'églis , l'Étahli ss'll1enl thermal cl
hydl'olhél'npiqu , la hall e, ln bl'ilSS rie, ct UI1'
vieille Loul' l'onde (illi se!'t dp prison.
Tout'l1C'z I1COI" un [leu ô\ gauche. Nous voici
nll Côlsino dps Justices, Ol! jadis on pClldait les
('J'imin Is. De <,('LLe haut ur, nOlis dominons Icf';
g"o l'gcs de l'A\'doisit're ct d 'S Mali1vilLlx. Plu s
loin, lil-bas, clans l a Illonlagn', voy Z-VOllS cc
,
\"ocllcl' (lui sc dl'CSS', dalls la ll\"ull1e, COllllllC
1111
ral('I\~!
C'psl i
ltoC' ,'ninl-Vi lwl'1l1, oil 1('5
SO \' 'if'\"cs c "I('bl"ili 'nI. lell\" snhhill. .. Plll s loin
(' l\eo\"("
c'est Ic Monloncell" Il' pllint II' pills
élevé de la Mnnlilgn l!OIll'IlOlllltlisD.
Il \"('ci lnillouL 'pb lanl <'rt d'lIl1L' voix
lanD cl Ipnte, t.an[ôt.
!l'IIII
1110110-
1(111 {'mphali( I'\(',
('on1l11(, t"ll' Ip(:ol1 1·(lpl"I,·'p lo"s 11'l-i jlltll'S.
n HI11 nanl alnrl-i l'inl-itl'ulIICIiI \'('\'l-i ];1 d\'oite:
�3
VINGT ET U:-; ,TQUnS A VICIlY
Ici, dil-iJ, VOUS apercevez la cùte SaintAmalld; puis, près de celle montagne noire,
couronnée de sapins, le fameux. c!1ùteau de
Bourbon-Busset, avec ses jardins ct ses dép nclances .. , Nous voici uans la vallée de l'Allier;
voyez Abrest, Saint-YOLTe, Hys, poin L de
jonction de l'Allier ct de la Dore,
Franchissons le pont de Hys, derrière leq uel
ondule la Limagne, et nous alTi Yons il l\1aulmont, ([ont 1 s tourelles cnnée
dominent la
cime des bois. Voici 1 chûteau de Randan,
propriété princière appaete ll ant ;'\ la liunille
l'Oyal ü'Ol"léans; puis, toujours il rll"OiLc, une
Jl1nRS
de villages sous bois, Saint-HélllY, ~aint
Didier, l';scuroll s, Saint-Bonnet. Lü-bas
Cannat.. Et, dans son voisi nng ,le
Chantelle,
hftteau de
'lui d'Effiat, qui nppm'LinL au
/'amcllx Cinq-Mul's, ct celui de Veauce. fi eLt
plac Clue vou ' npercevez,
sc dl'
SSIlÎL
jadis la
!:lomplueuRe l'ésitlence de Nades, Pl'opl'iété du
cluc <Ir Morny, détruite, jJ y
il quelqucs
anlll'eR,
pal' Lill incendie. Ut s' \lc'·ye ln viII, de Clel'-
mOllt -
la C:erg vin cl· Jules Ct\Sill' -
ct.
�8'~
VINGT ET UN J OU HS .\. VIe u y
majestueux Pu y-dc-D omc. Enfin , ü J'horizon ,
v oyez cc pic ncigeux pcrdu clans l es nuages.
C'est Je üuneux Sancy, au pied duquel se tro uvc
l e village th ermal du Mont-Dor e.
Je poul'l'ai ::; vous in<li lIuer bien d'autl' ::;
points r emarquables, ct vous ci tel' cncor e., .
-
Votrc in scription, fit obser ver M mo Par an-
CJuin., mcntionne la cath édralc dc Dourges.
-
Malhcureuscmcnt, Mrul am , l'hori zon est
trot brum cux, ct la cathédral dc Bourge. n'CfiL
pas visible auj ourd'hui , Mail;, si vo us désircz .. ,
-
M l'ci ; c' st LI'i's !Jeau, Nous allons céder
la pI ac li cc' Mel;Sicul's,
L cs damcs desccn dirent. Comme cli cs al'ri"ai nt
Cil
has cie J'escaIi
discm;sion é latait ti ans
la vo ix irril é
SO ll S
jardin :
0 11
v j o l c lt ~
entendait
,t l'acccnt gascon d ' Card aillac
qni avait l'ccommr ll cé
dicli l' ,
poli Lil[ Il
1
un
' l' ,
<I\,('C
(; Il
nu 'èmc Car-
Un e chnl'luill , ull e discussioll
:
- z; \'OU s rli s, Ill on bon, cri nil le \'oyaA'
'Ill e
vou::; {'lcs
t(' ri ez hi pn ln
1111
l'
rossii!', ,\ 1I!
([ ué VO li S
III' ,
méri-
'I oul' d'uil rézi l1H' nit j'on
�85
VINGT E T UN J OUHS .\ VI C IlY
fouettait l es zens S Ul' la plac" publiqu e ... 11 . nl'
veulent pas avancer , v o:> m énistres; hé bé!
qu'il s :>auten t!
Autl't j acque se précipita dans le bosq uet
oi l l es d ux adver saires, l'œil allum é, se ll1blai r nt Pl'('S de sc prendre aux cheveu x . T oul e
la compagnie, /tommes ct daill e , le sui vit:
-
On a mi s un impu t
SUI'
s'écria Alltr j acq ue, on en il
I Jl'O
l èfi allum ettes,
p o~é
u n sut' l es
ch:lpeau x hau ts de forIne, 11 11 ilLltre SU I' I(,fi .
sori ll fi. Si j 'éta is l ég islateLl
1" il
Y a IH'au L<'111 ps
quo j 'en aUl 'ai s G'\ it vo Lcr u.n SlIl ' Irs di:>e u.'sion:>
p oliliqu cs , NO LI S SO Jnlllrs iei l'0Llr n OLIS a mu!;C I' .
Si
II OU!; II OUS
OCcupons des
lTlilli s tl'C'S ct
cl e cc
qu 'ils font, tout es t pPl'du. ,Il' pl'opose donc de
1'1'<1 111><' 1' d' un
amend e de il1 11 loui s le ]ll 'cmie l'
d'l' nl rc IlO US qui pr0l1 0l1 CPI'[l soUll'Il1(,lll le mot
de go u \'C' rll em
mi C' lI x
p OLlI'
Ill.
Til Il 1 pis pO lir lui!
l all l
l es aUll'C'S; Cil l', nYl'(' les il ll1 Clld 's,
n Oli S :1I 'I'OfiOr Ol1 s
do C1Wlllprlg n c
li OII'
(lin
' 1' .
Dlï1.VO! aclop l é il l'unn il illlill\ ('l'ih'clll ces
Ml'ssjC lIl 's,
~n
l s dinons
r! OIJ C jr i
'! I/l' 11 1<1 n" a !lipl in.
�86
ViNGT ET UN ,Touns A VICHY
-
Parbleu! r épondit William ... à moins que
ces dam es ...
Mais ces dames furent unanimes LL décl ar er
qu 'elles adol'ai ent l es dine!'::; hampètl'es.
Vous entendez, brave homme, lit \lVilli am
Il
se tournant vel'S le r estaul'utem. Des 'cl'e-
vi ss s et votre m illeul'e l iqueLL , n'est-ce
pas '? ... Maintenant, Messieurs, il notl'
rairc comm '
tour de
madame Marlborough, V nez-
vous, monsieur RabotLeau '? A quoi song z-vous
donc '?
Pendant qu'ü lcul' tour, WiUi am Davis L ses
co mpagnon,' faisai ent Loul'll ' 1' 1:1 ILlneUe, sou '
la dil' cLion de l 'hommc nu ves Lon, qui avait
rcco ln mon' ; sa litanie, c s dam
5
se 1'6pan- •
dirent dans le j al'dill .
CI <.l il'e et r ~ li 5c
Parnllrluin , d'ull e pal't ; n ' l'LI!
Piplin r i Âllg{' lt' ClapoLl anl , d(' 1'''lttre, 5'{' 111pa 1'01'{' Il t dos balnn(:.oi l'(.'S.
Clnil'(', les chcve ux
l'oug
co mlllC
1111 '
d é Il OLl()S,
CC l'i!-\p,
SPS
HO Il j oli min oi!;
YPII X gl'i H pélil -
IHIlLs d plai sir, "Lail dil ns loul 1'(,l1ll'ail1 (lP ln
1:II'li e, quand e .
M l'ss i l' lIl'S l' P ll:l rlll'PllI
,
�87
VI ;>;"GT ET U;-< JOUH S A VICIlY
-
Allons ! allon::; 1plus vile que ça, criait-clle
à celle pauvr Elise qui, alleléc à l'escarpol elle,
l'ai:ait de vain ::; efTorts pOUl' la salisüüre.
Michel ~ eyg
hil1
e
pril la <.:orùc, landi::; quc
William , l'imiLant, s'approchait dc la balançoirE'
cl .. dcux autrcs j eun cs filles.
1\ fi ri en S·u·di.. "en fOI1 ç'.a dans une allée cn
co mpagni e cl Reinc Dal'illou, plu s j oli
souriantc ([u
t plus
j amai ... N uagr ux, voyant Claire
plus occupée dc sa balanço il'c que dc lui , disparut dans un hosquet pOUl' pou voit', it ['ais"
« Lnquin cr lu
mUHC))
co rnille disait Autrcjacqu .
Milo Foul'J1 eron s'cmpara de ~ o p l li c Pal'Unqllin,
<{Il'e ll e l''mil SLlI ' Je clwpilr de c LLe em'ollLé
dc Harillou .
l'lusi ' UI ':> de 'cs Messi m s sc fircnl apport
d
' l'
la hi (' I'(' sous l es omhl'ag s, cl un grand e
partic d ' to nneau, r appelal1t l ' match inLcl'I1nLinllal dc Vignaux
l d ' Slosso l1 , s'engag
entl'C nll ulc ill l' el l·'éli ci
-
1l
(1
Gllzcll 'au.
fi Y('Z-vO u.. v u c ' L au tl'C <.:c'I L\ d ln m OIl-
Illgnc, MOl!sicul' li alJo li (l u ?
d 0 I1I :1 11I1 "
NilJ a elt
s'n jl[ll'O('h:l nl de l'aneicli 1ll:lr(' !1 and dl' cé réa les.
-
No n, Jl adnmc .
�88
VINGT ET UN .JO URS .\ VI Gil Y
-
Hé bien, c'e· t charmant. Veuez vo ir.
Elle lui prit le bras, et l en temen t sr dirigea
avcc lui vcr s une charmill e [orm al] t terrasse
d'Oll l 'on avait un e vue moin s l' len du , mais
tout aussi riantc quo de l'au tr e cà t' de la
c lline.
Mi cllcl 'cyghin e avait cu du flair
'n j ('l nnt
so n dé\'olu SUl' Hahollcau. En Il' li vrant il
ina,
il S<l\'.lÏ t quell es :l l'dcllt's l es il 'ml " ycu,'
t la
bou 'h ' sensucllc cl l'LUlli ' Il Ile allaiellt allull1
l'
dans son sa ng. EL tell e l'lait l'œuvre de séducti()n que Mill" St'yghine ncc 1l1lpl issail. ('Il cc
1110 111
lit SO LI ,.;
[,1
cbal'mi Il
de ln Monl agne-
Vel'te,
Ils ('laicllt près l' un cl , l'n ulrc, Il's )' ' ux dans
Ir',.; ye ux, causant Jll'esqu l' il voi x I,a,.;s(, lui ,
illll' I'dil el ll'()uIJI l'; cil " lui ve n·mnl l' ivl'(>ssc,
ll1i SOufflanl le "crLÎg , Ils
IlIlI lI'l ,lIll
(lU ('
d l'
/1 ('
s'cnll'('[Plwi l'lIl
choses ballalcs; d (' JOll gs
sil 'n ces Succt" dail'lIl il dl' co urt s pllrils 's , Mais
~cs fl ill'Ilccs
Je J'Cs te'"
1}If' l1 ler-;
ülait' Ill plu s Il'ouhl 1l 1l1s que
Ils dl'll1 'lll'èl'cnt aill si PCJJd ant
[lj'("";
cl ' villgt
ITJÎllul 's, neco ucl t',s au [lil l'il Jld dl' 1:1 [(,(,l'ilSSe,
�\ ' I~GT
RD
ET L' :'{ .JOUIl S .\ VICIlY
r egal'dal1t la vall ée, écoulantlllucltinalel1 lOllL les
Ill'uils du j ardin ... Avait-c lic b c~o
il
de' paroles,
la chal'meuse, pour fail'c monlel' it ce CCI'\' ,lIl
LlII fl ot de foli e'! . . . . , . . . . . . . .
Nin a l'am
()U UJlcJ
l1a
Ir lltl' lI1 ellt Habottea u
vel's 1'8 lJalnn ço ire,; Ol! ces (/ e' Jnoise ll es co ntillll ai ' nt :( I))'CIHII" l eul',; 'bats, l c pauvr c Il omlll e
tomhait li tté ral ement dc la lun e. ,'on ahuri s::> _
/lI Cllt était complet. Un lI10in s nov icc cCII pri s
Ics 'ho 'cs
d'UIl C
autrc C a~ ' o LJ ' mai: la ~:;(l
lL c ti o n
l ' trouvait, lui , sall s arm os et sa ns cx p ' l'i ell " .
l ,c sall g lui aCflu ait aux t ' 11IPCs; il lui s llllll ait
quc la t
ITC
toul'J1 ait.
L'étrange'
ex pr 'ss ioJl
dl' sa
ph ys ionollli e
t'l'apll<1 Willi am, qui Il ':wait pas l' té sa l1 s l' ' Illar'111 l' 1'
le
tn :II1 (;gc
Ail! r:a, s(~
li ' NiIlH.
dit-il , qu e lui \'cut-c ll e '?
Il S'iI [l l'I'CUt aussi hi ' I1 V) t dl' 1'l' lnpl'eSSe lll Pll t
de Mi 'hr l pr('s de CLlin', (lue la cO lllp:lgni(' !Ill
SI:1\'p st' mblait a111 LI S(' l' br (1u co llp . " Cil
UII
sC'lItil1i( '1I1. CJll' il
Il l'
VO l1 ll1l
é pro l1\'<l
pas d'ahol'cl
�90
VINGT ET UN.10 HS A VICfIY
Eh! que m'importe! dit-il, avec un mou-
-
vement d'humeur. Puis, réfléchissant:
Tout cela n'est pus natUl' 1. Madame fait
-
la coquette près du père, et Monsieur, l'aimable
prè .. de la fille. Ils ont leur plan.
Certainefl histoires auxquelles le nom de
:::ieyghin
s'était trouvé mèlé lui
l'vinrent
alors en mémoire.
i c'était vrai, l OUl"tant ! murmura-t-il.
-
Mais fi 'j~l
-
ina était près de lui:
Voyons, Mon 'ieur William, elit-clic de sa
voix. musicale, vous qui av z la l'espon , abilité
de .1' x.péclition, aIl z-vous hissel' mourir de
üli ln [ s voyag urs '1
-
C'est moi qui ai faim! s'écria Claire
flulllanl cl sa llaIUlloil'('. Ah! Di LI! ce
donne d'appétit, c t excl'cic
il
cru
('n
ça
"rien! Et ['ail' vif
cl la montagne, donc!
.r u 'le on
pOUL'
moment, 1(' refltauratoll L' pal'llt
dClrtandcl' oit il rallait mUre 1
Tnut
011
c
10 1I10lid
l'ilppl'O
ria:. 'OUf.; Ics
'ha dos !.ahl·s,
al'llr
Olt
ouvert.
'fl,
npporta d('1'
sièg s: C' full'nll'ail'c d'lIli LOltl' de lIwin,
�91
VINGT ET UN JOURS A VICHV
Seul, Zéphyrin Nuageux rêvait encore dans
on bocage. Il accourut à l'appel CI la sonnette,
eL eut la satisfaction d'êLre reçu par une bordée
cl plaisanLeries. Mais, bien qu'il appartînt au
genus il'l'itabile, les quolibeLs glü.;, aienL sur on
épiderm . Il s'assit tranquillemenL entre Claire
LMachme GazeLLeau.
Le diner CIlL toute la liberté, touL l'entrain
d'un r pas campagnard.
Autrejacquc taquinait Je restaUl'at
LU':
- Vou. nous avez promis des écrevisses cl
la Meu, e ; il nous en faut.
- lliell, M'l:iicu !
Quand les 6cr visseR parut' nL:
- Mais 'C sonL des écreviss s du ichon,
que vous nous apport z lit! s' \ 'l'in utrej'1cqu.
- ,Il' VOl1l:i a, sur', M'sieu, affirma Ic pauvre
diilblc, qu' 'Iles ont été pc\rhé '. il M 'U 'e mèllle.
TouL' la compagnie éclata cie l'il', t l'homme
nu v stOI1 s' Ill'uit dans sa cuisin '.
L'nir vil'd la mOIlLagn' aVilit aiguis l'app 'tiL
cl cs
onvi ves, 'L 1'011 était 'Ileon, au cl
'S5
rt
qlland Il' soleil, l'nveloppé des vapcurs rouges
<lu soir, disparul loul-ll-COll» del'J'i('rl'
lIll
cI's
�Vl:'<GT ET UN .JOUHS A VICHY
!)~
pics du massif auvel'gnat. Mai s Autrc.i acquc
s'écl'ia qu'il m'ait des bougies. En efret, avanL
so n clt\pnl'L et par me 'm e de pl'écaution, il ayait
dévalisé l'Épi ccri e Purisinne.
-
Nous fer ons dans Vi chy, s'écl'ia-L-il, un e
l'cnt l'ée solcnn elle aux fl ambea ux!
-
Pourvu q Lle ma mèl'c Ile soiL pas j 11(1 uièLe,
pensa la.i un e fill c.
Dt' llX
(lU'lln
cO II\'i ves
'cpt:.ndaIlL
pal' L J'elaLiv
n'wai nL
pris
il la gaieLé du l'epHs:
l1aboLteau, qu e l es morceall X éLourrai nL, cL
Willi am, qU'llgaç'.niL visiblemenL J' ClUI l'esse ment
rI Michel prrs de Clail' .
L' irl'iLation de l'A méri cain augm 'nLa 'n'or
pr ndanL l e
l'
Loul'. Seyghin
n
(luiLtii pas
Clail'
d'une selfiellt' ; il co nLinu a pl'ès d'cil
s
monLI' l' pt'évenant, ai 111 ab 1" pleill d'un
il
nj ou Jnpnt qu'ell e pal'Lng 'ait ;wc' LouL ' I,t
fl'all chise ci e sa naLlll'
x pnn sivc. Ces pl'éoccu-
paLions li' William lui fil' )lll pel'elre so n entrain,
si hi)11 qu e Madame Babel lui diL:
-
Ail! ç:1, mai s, qll 'av z-vous dOII', Mùn-
SiNl!' Davi .? Vous avez l'n i l' (l'un co nspirateul', ,
�f):~
YINGT ET UN JOU rt ' A Vle H\
C fut A utl'ej acque qui prit la lI' te de lignl:'
p OUl'
la rentrée en vill e,
Nous avon dit plu, hau t qu'il ava it l'a il un e
pro\'i si on cIe bougi es ct d lanterne, vénitiel1l1Ps,
Il y avait mème aj outé un
douza ille de nlil'Ii -
tons qu 'i 1di tl'ibull il sc. camarad . d' xcul'sioll ,
pour j oindre la mu sique ;'t ln par ad , pendilll L
le dém ;,
A \'an t de s'engager dan, la ru de lJallore, il
l'allia [c o attard s, parmi l es(!uels se lrouva it
natul'el! ' ment Zéph yrill N uageux ct susp ndiL
, s lalll el'l1 'S aux cann 'S d ' crs Ill l'ssi Ul'S, aux
ombl'ell es de c s dam s,
Pui s il sc miL ('n lèt
' nto llllHI1L
.' lU'
d ' la col onne,
Cil
son Inirliton un ail' de j\{nda m e
 I1(Jo t ,
Le
J'
[rain fui l'r [ll'i s Cil
bO' uJ'
[)[I I'
la bande
j oy(' us
C'est ai ll si qu 'on l' ntl'a dan" Vi cll Y,
La Iluit ;tait Lamb '" : il y u\'aiL dall s les
' L SUl' les bancs, d 'yunt l ,.' bût 'Is,
Ull \
l'UCS
foule
cOll sid "l'abl e sorti e pOUl' l'espirer l'ail' l'l'ais du
soil' ; de so l'le (Ill ', SUl' louL son
p :u 'CO l1l'S,
l'
COI'I('gl' rl l'fil" l' l111'C \Jil l' rl ouhl l' Itaie dc c' lll'ieu \
�9;',
Vm GT E T UN J OURS A VICHY
Les mil'liton::; attiraienl, de plu fl, le::; gens aux
fenêtres , Plusieurs dames agitèrenll eurs mouchoirs, On cria: Vive l'analcade !
Elle avait quelque chose de charivarique,
cette procession qu,i s'avançait dans la nuit, il
travel'S la dan, e nes lumièr es, les éclats de ril'e
lles cavalier s et le brouhaha de la foul e, Des
gamins accourus lui eurenl bienlôt fait une
escor'le; d'autres !lambeaux s'allum èrenl el ::;e
joig n iront aux lantern es de l'excursion.
Le jeu de::; lumièr es agilées donn ait aux
visages c1es
r O I'fl
~S,
des expressions carn ava-
lesques. En lêle, Aull'ejacq ue, rayo n nant, jouis'ail de son inventi on .
On al'riva enfin au x portes de l' hôlel où les
Hl alades,
LlI]
1 cu inqui els, altendaient. Il y eul
même, à p l'OpOS de l' h ul'e avancée, q uelqnes
Le ndl'es l'eproch s qu les coupabl es firenl
cessel' en di san l : No us no n ' somme::; lalll
amusés 1 JI ful conclu, s6all c
l'
lenanl , qu'ou
'co mmenc raill 'excLlr::;ion, celle roi::; avec loul
Je monde; qu 'on l)()l'lerait,
l1L1
besoill, 1 'S ma-
lades plnlôt IJue <l e les laissel' Ü l'Il ôl '1.
�VJNGT E'T' UN JOURS A V ICHY
95
Quand Mich el e t Nina s'approchèr ent ci e
Davis pO Ul' lui serrer la main, en lui souhaitant
le bonsoir, ils le trouvèrent plus q ue froid.
Tous deux le r emarquèrent.
Qu'a donc Monsie ul' Davis? demanda
Nin a .
- Parbl eu! I"épondit Mi chel, il n'en veut pas
con ven il'. Mais il est amoureux de la petite
Cl aire.
Puis, ba issant la voix:
- lIé bien, et RabotLeau ?
-
Tu avais l'aison, c'es t un coll égion que ce
bOllh om me-là .
-
Dame ! ma petito, on so pique J 'ètl"o ph y-
sionomi ste . Il t'a [ait un o déclaratioll ?
-
Lui! il est bien trop bê te pour ça.
-
Ma is alot's? ..
-
Oh l
';1
n'em p(\che l'i oll . Au co ntrail'e!
�IV
Le Icndcnl <1 in I11 <1Lin , n alJol.l.l'UU, l'evenu dl'
i'iCS éll1 oti(lIl s' dc la vcill e, avait Ull ail' dOIJ -
juan csqu e et dc.' allul' s enLl'cpl'cn;lIl Les (lui
;tl lesLaicn L cllCz lui des inl nLi ons ti c C01)(lUèl ,
Il Il 'éLail pas beau, nous J'avo l1 s dit, ell, 'avn it
pas "l6 g,llé par les cO l11plim ' Ills les joli es
r
mm 's, L es aLt ' ntioll s cl , N in a l'a vai ' nt tl oll e
i'i ul'jJl'i i'i; mais il 61ait 110 11 li Il , et quel l'sI.
l' hol11Ill e
' II qui n e l"l'mente pus un 10\'ail1
cI 'a IIl Olll '-pi'() [ll'e? P
di sl.ÏnglH\ si ell
li l'(j lI oi
N il1 a 1'; \llrait-c ll e
n'avaiL pas dC'co uv' rt Cil sa
Il l'Sl1 nll(' IJlH'1qu C' cll os(' (1'ail11 <1 111 C'? E n , O!11!T1 e
�!:J7
VING T E'I' UN J OU RS A V IC.: Il Y
il a vait d nqu ante-deux a ns, rien de plus vl'ai ;
mais il n'était pas chauve, comme tant d'autres ;
il avait de vives co uleurs qui a ttestaient une
santé r obuste; il se sentait dans le cœur un
volcan, et il était capable d'aim er tout aussi
bien qu' un autre . La vanité avait pris le dessus
SUl' la timidité.
Pourtant, la pensée de Seyghine le gênait. 11
Cl'oyait NiJi a mal'iée. E t parfois il se demandait
s' il n'était pas le jouet d'une illusion, si 'on
amoul'-pl'opre ne le tl'ompait pas. Mais a lors
l" xpl'ession cles
l'
garcl s de l'Italienne , se r e-
traçant l~ sa m émoire, incendiait so n ccrveau.
JI no so Lijt pas qu'on a vait pu avoir un but
caché ; il n'eut pas Ja pensée de s ' tenir
S UI'
ses
ga l'd 's. 11 n 'était déjà plus 'lssez maUre de luimÙ1l1e
pO Ul'
l'a isonn el'. Ce q ui se dégageai t du
déso l'dl'e des se nlim ent,· auxquels il était en
pl'o ie, c'é tai t un dé 'il ' in s ' 1I sé de l'('voil' Nina.
Vuil ''t dans quelles di spusiti ons nous le tl'O UVUIl S,
ütÏl'()
debout devallt sa g lace, e11 truin de se
suig ll ousem ellt la barlJe. Il passa, ce j OUl'-
lit, Lill temps inusité h sa toil ette: il pe ig na
long uement sa chel'c lul'e hil'SLltp, ;'t Iaqll ell e il
�~)
V INGT E 'r UN JO URS A VIl: If Y
,,'e /l'or ça de donner un pli d' '1 égance ; il consacra un
oin tout particuli el' il son nœ ud de
cra vate qu'il négligeait, d'ordinair , beaucoup .
I! finit m ême pal' trouvel', il force de s'examin er, qu e Nina pouvait avoir c u quek{u e
rai son de l.'ema l'qu 'l' 'a pe l'sonn,
t qu'il en
\'alait bien un autre . Ce tte réflexion mentale
fut accompag nlie d'un so urire empreint d' une
certaine fatuité, qu e Cl aire s Ul'prit, e n e ntmnt
dan s sa chambre, avec un e légèr eté joyeu
d'oiseau échappé.
-
l3olJj ou!' , P\ 1'
.
Comme tu es beau, cc
malin 1 Tu as l'air radie ux. La promenade
d'hier, pas vl'Ui, di ?
H.abolleau eut un so ul r csaul. Etait-cc ull e
ullu: ioll malicieuse .. . ? Mais Cl ail'e
'ontinua
avec sa volubilité d' ' nfalJt gCi.t6 :
- Oh! di s, petit pèr ,qU'O Il ,,'amu se lit-haut!
C' s t ch aJ'mall t, tout , c 'tte v 'l'dUt'e, ct pui s
e
st g l'Undi o,'c !
COllllll e
dit M. Nuag
lIX ...
Oh !
mui s, tu as un e mine, cc malin .. . Hegal'de-toi
dOl! dan ,' la g lue ' ..Ie
Ill'
l'ai j,una isv u si beau!
Suis-tu que je s uis Hère d'avoir un jeune papu
CO IllIllO
toi? On te ùonn rait vill g t-cin cl a l1 ~.
�V.INGT I ~T
UN
.wuns
~\
YJCll y
90
nabotLeau riait :
- Est-elle enfant! Quelle gamin e!
- i\lais non, petit père, je n
Le grand ail', voi ·-tu? Moi als~i,
plai. ante pas.
I}a m'a donné
d e~
co ulelll'1;. Regarde comme je suis [miche ct
l'ose ce matin ... Embmsse-moi cl onc.
HalJ otteau prit dans ses maiJl
~ III tète blonde
cl lu cbannante enfant qui, avec une exp rcssion cM ine, ajouta:
- Seulement, la prochaine fois, nous emmènerons maman. Elle ne vcut pas le ri il' -, mais
elle a 'té inquiète. Tu sais jusqu'it qu 1 point
oUr pou sse 1<1 sensibilité ... Veux-tu, père, que
DOU r:; ülsr:;ions Uil tour au' oncel't en allant
hoir ? Il fait 'j beau ce matill !
- Mais cel'tainement, ma chérie; va dire à
la l11 ' I'e que je l'attends en bas. Va ..
.ll Lai ait, en effet, ce malin-lit, un sol il
splendid e. Sour:; les platane' du parc, ries
coulées lumineuses dessinai lit
SU I'
le sable d s
1110Baïqu es mouvalltes du plus ndmirable cG' LU II D
poussir'l'e d'ol' 'tince]ait dans es J'a yons
fUl'tifs. 1\ L1 10i11 , l'orchcslJ'(' [ll'l'ludail au eOlJcc l' t,
t
1'011
entenrlai l,
'1
ll'a \'
J'S
le \'ngu hruit rie ln
�'J00
VINGT ET UN JOUE S A VICIlY
foule, l e grincement de: violon , l es notes
isolée des instruments rru'on ssayaiL.
Tout<l- COUP un fl ot SO IlOl' , éveillant le,
el
'ho, inonda l e parc, L'orGhestrc nvait entamé
so n pmmier morceau,
AusslLàt ln fouI
se cliri g a de toutes part,.;
vces le square des co ncerts , L" tat clu ciel avai t
engagé un gl'ancl nom bre cl
baign m s et ci e
haignem;es :l quiLLer l 'hot 1 ; de so rte qu'au
moment oil la famille naboLL au entra clans l e
s qu~l1'
la plupart d s chaise::; étaient déj:t
e,
occupées,
L'orchestl'c avait aLLaq ué
(IU'il r nclait avec
UIl C
vo.l .. e dc Métra
sa maesll'ia or linail'
aimait passionnémenl la musiqu
a:s
7.
, Clail'e
lie était
bonne musici nne cll e-mêm pour appl'é-
ciel' les mérites d' une ex', 'utiull comm ocllelit,
t en JOLI il', Mmo Habotl au était heureuse
du plai sir de sa HIl', ' l Simon se déleclait du
eo up d'mil que pl'é";l'nLniL le s [UUI",
,
Un e IUlrli <'I'c dou!.:(" Lmlli s('e pal' l
l.omlJUiL
S Ul'
'S
IJJ aLu nes,
1 s lN 'S pl les épaules des audi-
LPLlI'''; qui l'orlllaipIIL :1ttl.OUI' dll ki osflU ' s plou
huit. l'an gs S(' ITelS, lai s";;1 1I1. ;'1 p
iuc :1 \lX pl'OIl1C-
�VI NGT ET
N JO U
H~
101
A \'ICII y
!leurs, derri ère les chais , un space suffisant
pOUl' circulcr librement. Il y ;wait Ut ulle gaie
ct vive échappée de toUeUes claires . Lcs pelisscs
lies - m<\mcs, ~ i en faveUl" pOLI r les so rti es
matin ales, avaient été mise. d eùté . On
~'e
m
prc sait fI profiler de ce ttc !'adi eu 'e matin ée,
après un e successioll de journ \os maussades.
Déjà le collan t étai t
Cil
plein ' déco nfiture:
les poufs s'accentuaic llt, 1 s toul'l1ures s'enflai en t
c1 émesurém nt. On signalait l'apparition de
demi-crinolin es qui , toutefois, n'osa i nt
(, IH 'OI'
s'aventure]' SUl" Je dcvant do la jupe. Mais
l'invasion pami ssnit prochain C', il1l111in t' IIte; ct
cc propos, un cill'OniqtlellJ' :wail P O ll SS('\' cl ans
il
J I(()Jillon de
Vichy , cc
l'i d'alarill e: Ln
c.rinolin e, voilit l'e nn mi !
Pal'l11Î les toilette, géuéralel1l cnt siluples,
qu oiq ue cl ' lIu allces
v i \"(~s
t ga ics, fIli 'llju es
cost um es ;clalanls jetaicnt l ' ur Ilote 'l'iilrde.
Mili O
~ il
Pott'nce était t'n rougc cardin al,
on
HaIJotteau
plusieurs d '8 pOl'SOllll
t su Hile )'('COl1llurpnt
'S
sur lesquell es vVilli uln ,
l'av:\I1t-vc ill <" an th éù tre, leul' n\'ail dOlln ; un '
couri e lI otice; '11lre autres l'illu slrissimc tloe-
�102
ViN GT ET UN JOU n.s A VI e u y
teur Asparagus q ui, au prcmicr rang, ballait la
mcsure du bout de
a canne;
MilI O
Froufro u,
Jl anluée de l'inévitabl c comtcsse Fla vie , e t
'ette admirable fillc de la blond e Albion, il
laquclle les s uffeages unanime' clécel'l1aicpt e n
ce m oment, ü Vich y, la palmc cie III beauté.
Elle était nonchalamment assise, ur une chai e,
un volume
genoux, lesycuxà demi-clos,
Ul' S
dan un r ayon de soleil qui faisait étinceler l'or
bruni de ses cheve ux ,
Ni Miche l ni
cherchait
M ilI O
Seyghine, que Sim on
les yeux, ne paruren t dans le
squ'u'c.
C:cpCl1 la nt l'o r0llCstl'c avait cxécuté, l'un
uprè' l'autre, tous le!:; more a ux du program m .
11 cnl eva, avc ' Ull ilT ' s i ~ Libl
c e ntrainemcl) t, LIli
quadl'ill e final, SOHven:i1' de NnlJlel5; c t a l ~s it ô l
cO lllmcn(:u lc mou v' mcnt dc la foui ' vcrs 1 ."O Ul'ce".
Comtne il l'ui::mi t Il 'au , ln pl LI pa rt dc" Ill'oIIlC I)
'urs, a u li
U
de Il "Il'tl '
l'
dirccteme nt <lan s
l' Ü abli sscll1clll, s' "pal'pilll' re llt parmi les étulag s en plein ail' (lui garni ssenl, pe ndan t la
,,(lison, les nhorcls cles ThcrJrl Ps.
�YJ;>;GT I~T
UN ,1 0
10:1
ilS A V ICII\'
Celle foirc quotidienne e:31 intila ll é!'
yoilul'cs it hm', dilcs balwlcHijeij. On
l'e'sllace mis il la disposiliol1 de
S Ul'
des
!TI SUI'
haque mal'-
clJal1cl, el J'induslri cl , pal'C[Ll; lit, :;'arrangc dc
ÜtÇOII Ü
lil'el' le meillcUl' parti possible' ie l'cJJ1-
placeni nl (pli lui ('sl cO llcéclé. ne lil, sur Ics
voilures il bras, ttll CJl lass('lllen t, un véritab le
fouillis li' llleJ1lŒ objets, dOllt la description
demanderait un vo luille. ["nit- il beau, la foire
éclate:
011
ClHsiste cOlllme il
lIlI
feu (l 'artifice de
bOllilllents de toute' cou l urs. Vi '.nt-il ü pleuvoir, l out c ' la pli e bagage el dispaJ'all cn uu
clin d'œil.
Les balud 'ust's sO lll ruue il l'ou t', 'oud' il
co ude: les Ulles plat
ulli' d'objets ['[lng;s
'S
cl ofl'ralll unc surùlCe
(t\' "
soin ; Icti autrcs
(' IIC;ullI!Jrées de bill ' lOis qui s'dagent en pyramidcs.
QlI
' Iques - unes s'alJritcnl
·ous cles
'sll "'cm:i li ' tCllt ' 8 (['étolres Il'gèreH aux cuu leu r '
voyaJll<.J H; ht plupart Il'Ollt d'autre abri LlUC
1'('paiH feuillage cl
'S
plataneH LI ' la place des
'l'1'('l'Il1cs. Le lIlar 'haml forain doit
l'
'ssclll blel'
il l'e,l;l lcditlil.l milc:; de 'l'it e- Li\'c : il illljlorte
qu'il la moindrc (f lette, au moilldrc grain, le
�'104
VINGT ET UN ,JOURS A VICHY
camp pui!;sc être l evé, et l es marchandises
mi ses en lieu sùr. D onc, le hagage est aussi
él émentaire que poss ible.
Chaque automne emmène et chaqu e print emps l'amèn e la plu!; gmncl e pUl'ti e de ce,
comm r çanL!; en pl ein air: esp èce!; d'hi l'lmdelle .
dOIlL l e ramage n 'a ri en de mu::;ical, j 'en aLteste
l e, or eille::; do tou::; ce ux qui ont
nt ndu l eurs
bOllim ent!; , Deux ou Lrois. p ossèdenL un fausse L
fJui (l omin e lr. tumulte f l'uin : celui -ci, cl ans un
ü'aJJ çai ' mâLin é C! ' iL:tli en, orn 'e
in 'omparabl o 'av on il déLn 'h
'lU
public un
r-
il prononce
' Il
l'ov ue LouLes
« déLasse r » ; -
c lui-là p asse
l es invenLions
L d ' CO ll V l'Les m od l'Il es pour
ahouLil' i, v enrlt'e quinze sou s un
monLl'e en
cuivre' avec sa ch aill c. En voil à un qui cri :
(c
rl cs bibeloL::; ... ti rs hibelots .. . ([ Pl; lJilw luls.: . »)
1';1. il 1'(' nLon(\I" , il l' Il vl' ild dl'S I)il)l'I ols ! C L
auLl'C' apprelld au publi ' CIU'il s' raiL vin g t. mille
livros cl
l' 'nLe 'Il donllanL pour Ull so u des
obj ets qui lui
1111
l' Il
CO llLellt doux . l) ull !,:,it. SO III1('1'
lill1lJl'ü; l'allLl'o ag iL' il 'S g r 'lots. A
'0
ebnl'iv:ll'i sc' Il](\Il' IlL I('s nis des ('bil' Ils Jll' l'dus
dall s Il's g l'oupes
t dflld
fli1 ('('l':\ Sl'
IIIl C
[lil ILl';
�VlNGT ET UN
.JO uns
'105
A V I.C ILY
le pin illemenL ùes oiseaux exo Liques qui occupent
un co in de la place, les noLes . Lricl enLes des
H1'<lS cL des peJToqueLs v l'Ls. C'esL la
cO
Il[u
~ i on
de ' Inngues; c'es L 1:1. Toul' cl ' Bahel !
L es promeneul's sc ['au ri lent entl" les l'il ngs
";C'l'l'és cl es bnladells -s. CeLL ex llilJiLi oli publiqu C'
ct g l'HtuiLo (lui ne m;:mqu j amais de cUl'i eux.
L es étal ages
l'
ssemhlent it ces chapeau x mu-
giques cl es pl'es tic1igitateul's,
d'o lt l'on fait
sortir tout cc q U'O I1 veut: luneLlel'ie, papeterie,
imagerie , co utellerie , bonn eteri e , lingcl'i c,
broderi e, rubannerie, ganLcl'i C', quin caill el'i e,
orfèvrerie, bijouteri e, ven el'i e, vannerie. On y
v end des boulon s de manch tles ci e Lous l es
sysl "mes, il bascu.1 , il h61i ce,
;'l
vi l'ole. On y
vend cl 5 co uteaux suédois donl la lame s'enl èv e, cL cl s raso i['.' magiques qui co upenl l es
COl'5 sans doul ur. On y vend de la ma. aïque
qui vient d'Itali e, des chapel et
qui v iennent
du Liban, cl es obj ets de pi été en bois d'olivi r
qui vi enn ent de Jérusalcill. Ou y vend des
ilnng s qui vi enn ent d'f:pin al ct des oléograpllie's qui vi enn ent d'All emagne. On y tl'OUVO
ri es nppill'cil s
pOUl '
improv is l'un e juli eJ1I1 ',
�106
VINGT ET UN JOUHS A VICll\'
pOUl' enfiler l es aiguilles sans y voir clair, pour
faire d'un cr ayon une plume, li y a l à des
colles
xtL'<lOrdinail'es
pour l es porcel aines
cas 'ées , Il y a des m édailles antiques pOUl' l es
llumismates , Il y a des cl'ayon qui ll essinellL
tout se uls, ,Un bonh omme, av c un canif,
sculpLe des marrons durcis donL il l'aiL cl es LèLes
hUIll'lines : t ètes de moines,
1- soldaLs, de
bédouins; votre LêLe, si vous 1 désirez, Là, on
apprend à faire de la dentelle, il dire la bonn
avenLure,
'1
appl'ivoi el' les, el'ins, Ü pel'l'odi on-
nel' J'éd ucation des ch iens
L des oui 'Uli s, 11
n'est pas d'inv nLion bizat' re qui ne trouve
dan s celte foire sa vulgari alion, Et le boni men L
qui
il
pour but cl ' la l a n ce)' éclaL co mm e un
so n de LrompeLL ,dominant les l'UlneUl" l'ivalcs
dan s c LLe Lumultu eus
voix , se l'eperculan L
mu l'S de l' ItLablissem
111
\1'
de pas .cL ri
n ;chos sonores aux
Il t,
cL fai san t peu ü peu
J'orm el' le cer'cl ' "
fi l'angle de.' Tll ol'lll ' 5, d'UIIO hauLe pOI'L ' ;\
(' intI'
Loujoun; ouvert, so rt, ;\ droite ' L ;\
g:tu 'h ri e la galNi c, Ulle l'LIIH ' ur qlli l'esseJl1bl e
au mligissem enL de ln grand
ln
l', L,;'!, cl an,
�ViNGT ET UN .tOlJHS A
vrctrv
107
ce tte galel'i, jaillissent trüi ::; ùe!? sources thermal . qui font l'honneur et la fortune de Vichy.
Là ::;'engoufl're, ü l'heure du verre d'eau, une
fouI
affairée, impatiente, qui a helte de se
meUre en règle avec les prescriptions ùu
médecin. Le Puitl5 Chomel groupe devant lui
les gens dont la go/'ge ulcérée a besoin de
gargarismes. Autrefois, les pauv!' s diabl s
opémienl en public, ce qui montre l'hum anité
so ulImnte dans de singulières attitudes; enfin,
l'administration a pris pitié d'eux, e t "il s se
gal'garisen t
mai ntenan t derrière
un ?'eti1'o
métallique qui les dérobe aux yeux cles passants.
La so urc
de
~ Me
8darnes
verse dan s sa vasque
l'ouge de fer un fil et d'cau d'oi.! sc dégagent
des bu lles cl e gaz: c'est la fontaine favorite cl es
jeun es buveuscs. On y boit pal' geme. On y
boit aussi un peu quand le docteur, embarrassé
pal' la fantaisie d'un cliellt bien 1 ol' tant, ne sait
trop il quelle
SO UI' C
sc vouel'.
Mai s c' st pl'ès de la Gmnde-G?'ille que e
pl'cssen t SUl'tout ct s'acc umul ent en ran gs
sel'l'és les malades. La Gl'ande-G rill e est la
so ul'ce ::;él'j cuse. On peut juger du nombre des
�1m
~
gt' Il S
~
VI NG T ET
J UU H ' .\ V rC II Y
qui s'adressen t il ell e
p a l'
la quantité cl es
vcrres accr och é dans son voisinage: verres
bl ancs, verres de coule ur, unis, g ravés, craqu elés, minu cul es, lillipuliens , énorme ,
fl uels ou r ebondis, g ra lués ou n on g radués,
suspendus 1 m'tout
Oil
un clou p ut lrouvel'
plae à porlée Lle la main de la donne u e d'cau,
Là, devant la lable de mm'bre qui prolèg la
:-;ource conll'
la pouss 'e
l l'envahi ssemenl
de,' bu ve urs, cO IllI araÎ:selll pèle-mêle, confondu s (lans une mêm
foule, 1 rhuma tisant, le
d YSlJCpti lue , le dial éti q ue, le go utte ux , ' te.
L ' yoc;abul uire médical fourmill e de noms de
IJ1'lladi es qui, directement ou nOJl , de près ou
dc loin , rel \vent cles caux de Vichy.
Quamntc JllilJ ' paticnt:, d'ap !'ès les li ste' des
Ùl'tlllgcns, Yienn '11L allnu ' 1lelllent demandu!' la
santé il ces
'o U!"
's h meu ' 's. Il
tous les pays du mond e. JI
' JI
les dé:cl'ts, du pal' d ' là les
Il'S
d' 's p é n'I ', ve llU s
a li X SU UI'
l'
:.ll'l'i vc d'
vi 'lit de pur d 'Itt
0
'éan:; 1 'S lIllS
a utl'cs ayu lJt d \jf.t cessé
pkills d' 'spuil' ,
pour donn
'Il
'S pal' obéissa ll
'l!,
sati sfacti un il l 'urs [<U11ilJ es. Oll
l'oit :'appl'oc;!J Cl' d . la
c: 1',1I1d
- l'ill e dcs Jjg ur s
�'IO!)
VING'!' ET UN JU U H ' .\ VICHY
qu 'oll ne r cco lll1ail plus fluillze juurs après,
t,-lllt le c hall geme nt, pUUl' ainsi dire, à vue, qui
s'est pl'Uduit est extraon]inail'l'. D 's masques
jaunes, Lil'és, fl é tris, d'une m nig l' ur effraya nte,
r eprennent les coule urs de ln santé avec un e
l'apidité qui tient du pl'odi g , De pauvr
dys-
peptiques dont le visage pOl'tnÎt la marque d'ull
déco urageme nt profond c t d'un
langue ul'
apparence incurabl e s'é tonn nt de voir
Cil
.1 ' Ill '
estomac r epr endre ses foncti ons, de se ntir ri '
n ouveau lc sang circul er dan ' Je urs vein e' , Il-'
l'cnaUm, en un mo t, ü la vic. Cc que
Vi c
h~
',
chaque année, guérit ou tio ulage de cr éatul'es
so ufTantes n' est pa
croyable, Ceux-lil se uls
apprécie nt leti euux à le UL' valeur, qui Cil Uilt
é prouvé les bi ellfaits : on p ut dire que Vi chy
J
ses visiteurs pal' u/l'ection, par l' co nn<li s-
san ce, comm e il a ses vdteul's pa l' ge nre, e t
au 'si ses malade, in corri g ibl ps .
Parmi ces li 1'I11erS s c classe nt, uu ]J,'c mi e r
l'ang, les gens qui abusent des e:lUx saml croire
aux danger s d'uli tel excès, Au mome nt uil
HalJollcuu
t sa fa mille s'a pPI'ochai e nt des
SU LlI ' es,
l'clevait LIn homlll e qui vellait de
011
�110
VINGT E T UN JOUR S A VICHY
s'afl'ai sel' tout-à-coup dans la galeri e. Ce malheureux était venu d'Egypte pour boire à
Vi chy, san
frei n et sans me ure . L'abus des
aux avait occasionné une congestion, et
0 11
l'emportait évanoui} cl ans un état très alarmant.
Près de lui , un Monsieur décoré , il long
l'avoris grisonn ants, gesticulait, avec les signe
de la plu violente irritation :
- Je l lui avais prédit, s'écriait-il ; vin gt fois
.i ' l'avais m nacé de cc qui lui anive. Il bu vait
à toute' les sources, sans règle, en insen 6. ..
J,e malh eureux !...
C'était son médecin q ui just ment sc trouvait aloJ's dans l'Établissement, et qu'o n était
all é chercher en toute hitte.
.
Une foui ) "nor me et houleuse, g rou pée
autour du malade, s'écal'lait avec p ine devant
les pOl'teurs
t le méd cin qui , agitant fébril e-
Ilt 1 . bras,
ln
.i 'lait des cl'is d co l l'C'
à
l'aclresse des importun s.
-
Mais recul z donc, répétait-il ; vous voye'/.
bi ' n qu 'il va moul'il', Laifisez
diabl \ ! Jais z oiroul l',
il'cul ül' , lJu '
�VINa'l'
[,;'1' U;\ JO ilS A nr:lI \'
111
On s recul ait ; pui . in stantanément, le cer cle
sc r eformait.
EnOn on empol'ta le mOI'ibond .
HaboLLeau t sa Oll e aurai ent voulu épal'gn 'l'
il la pauvre malade l a VLl e de ce LL scène; mai s
il était trop tard, L e cortége passa devant leul's
yeux, Madame RaboLteau, tl'è ' pâl e, regarda le
malade qu'on emportait lentement , touj ours
entour \ d'une foule compacte, dans la dil' cLioll
li, la so urce M'esd amel;,
-
Vn impeudent, mLll'll1UI'a Simon en hu-
dlant la tête, Un malad e qui aul'n voulu faire
mi 'ux (lue SOli méLlecin. Qu ,1 exempl e poul'tallt
tlue ces accid ents-là!
-
Av ' c de la peudence, au cOlltl'ail' ,
0 11
gu l'il, ma chèl'C mère, aj outa la j un e till e.
Madame Habotteau, de so n ail' r ésign ', cl
tri ste, S c ua la têle, Claire l'cntl':lÎna v l'S la
so urce:
-
Allons, bois, elit-elle; tu vois flue les
ducteur,' n v ul ent pas qu'un leur désuIJéi ssl'
et qu'oll a tOl't de le lhil'e, S'ul cm Ill, toi, C'
Il 'es l pas l' Il bUY:lllt ll'Op qnc lu tr l'Clldra s
malau ,
".
�1
~
VINGT E T UN J OURS A VTCHY
a d a m
M
~
RaboLteau soul'it, et tendit son vere '
ü la donneuse d'eau.
Ell e but une gorgée; mais l'émoLion qu'elle
ven::tit d'éprouver avait réveillé sa sensibilité
lI el'yeUSe; elle fuL obli gée de s'arrêter ,
-
Qu'as-tu'l Cela Le fait mal 'l demand a la
je une fill e d' un ton de v ive anxiété.
- Non , ma fill e chérie, ce n'e t ri en . Un peu
ù'émotion. Cela passel'a, S ulemenL je désirerais . .. ne pas boi re maintenanL. L'ail' de ceLL '
gale ri e
me suffoque. SOI'lons un instant ,
veu x-Lu '1
Elle quiLta la so urce en s'appuyant au bl'w;
de n.abotLeau. Claire, 1 s yeux fi xés s ur le
pille vÜ:iage de sa mère, épiait avec engoisse la
trace ùe ses
so
ufl'n:m
ce~.
Deux larmes lui
piquaient la paupièl'e, pr 'tes ü s'échapper . Kll e
jJrCflsait avec tendresse la main q ue sa mère
lui abandonnait, Landis q u Madame Habotteau,
voyallt so n inquiétud " clt el'clt ail à la l'ass ure r
' Il
lui i-lo ul'.Îant ll Lravers sa pâleur.
1 e pure et la fill e ' tai nt si p1'6occul' ',s J e
l'éta t d ' la malad
que ni l' un ni l'auLre
IlC
s'aperçuL J 'alJOl'd J e la [J rés'II C' d ' Will iam
�VINGT ET UN .JOUH S A V[CIfY
'113
Davis. L'Américain venait, commo tou ' les
matin s, boil'e son verTO d'eau, quand il vit
MiliORabotteau, toute défait , au bras do son
mari, el l'ompl'ossome nt de Clail'e, dont 10
vi sage tmhissait les anxiétés .
11 s'approcha.
-- Qu'y a-t-il donc? domancla-t-il vivement,
mai s presque à voix basse, pOUl' no pas imprcssionn er la malade.
-
Rien, Monsieur William, vous ôtes vrai-
ment tL'Op bon! L'épondit Madam Rabotteuu en
s'e/l'orçant encore de souL'ire. Ma flll e es t si
pl'Ompte ft s'alarmer! U no scène m'a un peu
émotionn ée. Mai s le grand air' me fait du bie n.
Je me sens mi ux . Merci .
Elle se l' ra la main de l'Am 'l'i.cain e n s ig ne
d 'a.ffi ctueuse l'Gconnaissance.
Comm e cil
r eprenait ses :-iens, Itabottca Ll
raco nta au jeune homme, en que lqu s mots, la
scène dont ils avaient été témoins . William,
tout e n éco utant, r egardait Cl aire . Il é tait fmpp é
de ['
Xpl'
ss ion douloureuse fi ui avait
visage ordinairement si
fi va h i
10
nj oué ci e la jeun e
Iill.e. Il 'f avait tanl rIe tencll'e.'sc inqui \ Lc dans
�1'1.1,
VINGT ET UN J OUR S A ViCHY
l es regard ' qu'cil
attachait
S UI'
a m ère que
l'A méricain ne put ::;'empêcher d'en être ému,
Flrave petit cœul'! murmura-t-il. Pui s, iJ. mivoix, à Rabotleau qui avait achevé son récit:
-
Vous avez une Illl e aussi bonne quc j oli ,
Mon::;icur, dit-il gravcmcnt. Son cœ ur est tl 1il
hauteur ci e so n csprit. Mes félicitations,
-
.l e l'eço is avcc orgueil
cel 1 s
qu 'o n
m'adresse au sujet de ma (jll c, MonsieUl' ,
l'\pondit Simon ,
11 fallait r cco nduiJ'c la pauv re femme à
l' hètel, tWilliam s'o ffrit avcc cmp re scmcnl.
pOUl' l'y accompagnel' ; mais Madamc RahoLLeau,
le l'emerciant, l'ép 't'l qu'clic était tout-il-fait
!Ji n, ct 1 supl.lia d'ail [' boi l'e son veiT d'cau,
I! prit cl one co ng ci e scs ami ,
r OUl'quoi Willi am Davis oublia-t-il d ' boi l'c
son VOJ'I'C cl' au, ce mati n-lil '1
Pourquoi , au li ' u dc ,e diriger ver::; la
source, s'engagen-t-ill entcment
RUI'
le chemin
du Nouveau Pal'c?
POUl'fJuoi, arri vé lil, l' ch r 'h a-t-i1 1 s allées
les plus so li taires, fuyant ,I('s pas ct les l' gn l'cls
des lromc n urs?
�VJNGT ET UN JOURS A VIClJ y
tifi
P ourquoi s'ass it-il seul Ut' un banc, dans un
co in écarté de la promenade;
t là, 1 li'ont
appuyé dans sos deux mains, tomba-t-il dam;
u ne rêverie profonde?
Pourquoi! C'es t parce que William éprouvait
Je besoin de voir clair en lui-même. 11 s'interrogeait donc ; il regardait dans son âme.
EL savez-vous ce qu'il y voyait , dans son
ùme ? ou plutôt c qu'il voyait dans son cœul' ?
Un e ravissante image de jeun e fille, CJui lu i
aPP:lt'aissaiL tantôt "ieuse, ta ntôt é mu e, maii'
touj out:'s délicieuse, avec un tlUl'éo le de grâce,
de beauté, de bonté . Cette têt chal'ma nte a vait
les tt'aiLs d' une p
l'.
onn e qu' il venait de quiller .
I ~ l e le r egardait avec de g rands yeux tt· s doux..
Elle entt"o uvrait les l' vres pOUt ' lui so uri l'e ...
l':t tout-ù-co up so n cœur , à lui , se gon (J ait.
Quelque cbose le
errait à la go rge. Un g ros
so upi t' , s'échappant de sa poitrine, venait
ex piror S Ul' . es lèvres ...
Ab 1 ça, se demanda William, es t-ce que ça
serait sérieux?
II sc levll, se s CO ll a. li [las. a ses mains sur
son front comme un homm e qui fait cl 's IToJ'ts
�11fi
VINGT I ~ T
UN JO UII S A V1CllY
pour sc li l'al' d'un r èv e. II sc mit à march er
rapid ement, l'egu rùant autour ci e lui le promeneurs, cs ayant de se di straire. Mais il. n'avait
pas fait cent pa.' qu'il s'arr ' tait de nouveau, 1<1
tpte penchée. C tte fois il était devant un
I1wss il' cl
gér aniums lJui étendait sou s ses
y ' ux so n manteau l e pour])]' ; mnis il ne Ir
\'oyait pas. Cc l[u'il
voya it , c'était enco re
l'im age ci e tout il l'heul' . C'était la 111 (\ m
fi g llt'
mutine, le.
1ll(\ mes bOll cles l'oll es rie
l'il veux dor é., 10R IllPllles ye ux, los mèlllOs
li'vrcs , les mèmes grrtces. C'é tait enco l'o Clairo
qui lui so uriait il tr;lvers ces fl eurs.
Oui , peusa William, c' ·t sérieux: cl écicl ' 111
'nI..
L'Am our va "it . (; 'pst pOLIr cela qu e les
:lIIciC' ns 1l1i donnai ' nt des ail es. li s en fai sai nt
;llIss i un tout potit dieu,
p OUl'
cxprim l' r qu' il sc
ni cllC partout, ct qu 'oll peut fort !Ji 'n[ , trouvel'
sous la l'cuille de chou d 's enfants. vVilliam
Davis, lui, J'avail rOll 'ontr 1, sans S'O II clouter,
sous sa
Trc's
S
s il
l'viel t , cl ' Lahl C' r\ ' Ilr'lle.
d~
r (, 1I
(, lt
il avait M'lar ', l'a\'ant-
"pill e ;\ Seyg hin p qu' il n';lÎmail pns Cl air('; mais
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
'1'17
de la « sympaLhio » il l'tUnOUl', il n'y a que
l'épaisseur d'un ~ h o v e u. C ux qui jadis colol'i.ai enL lef; cmtes du Tondre dovaienL prendre
g l'and soin de bien fondre les co ul oul's desLinées
il ll1al'quCl' la limiLe des canLons ; cal' l'ien n'osL
moins préci,; que ces bornes-là. William venaiL
de passel' cI 'un canton il. l'auLl'e sans s'e n
apel'cevoir, le pauvre garçon.
P ' ut-èLee , sans los incidents de la veill e,
l'amour eùL -il sommeill é quelclue temps enco r
dans son cœur sous le nom d'amitié. l ~ n
voyant les assiduités de Michel PL' \; II Claire,
.il :-:l'éLaiL senLi .ialoux.
I.i: L, dopuis co moment , il n'avait cessé cie
pOl1sor il sa voisine de table d' hôte. Son espl'iL,
n'aya nt pas as,'ez de la jOUl'Oé , s'é tait nu' me
occupé d'oll ' la nuit. Comme si le sO UVC IJil ' de
la jell'no rHlo eût vo ltig:é autour cl 8es l'idca ux,
il l'avait l'ovue en rêve ; - ct c'étaiL ellCore ce LLe
imago qui , le matin, à so n ré voil, s'étetit p1'éi'i' lltée la pl'ornière pour
hOllj our .
lui so uh aiter le
Voil it co qu e William fuL obligl\ de s'avo uer,
il la suit ri ' l'intcJ'I'ogatoÏL' fJu' il :-:;e l" ti sait
�'118
VINGT ET UN J OURS A ViCHY
subir à lui - même prè' de la corbeille de
géranium '.
Cette constatation, très sincère, de ses sentiments lui fit pur .
- Si je m'en allais, murmura-t-il.
En cc moment, la pensée de Mich 1Seyg hin e
surgit dans son esprit. S'en aller , mais c'é tait
laisser' le champ libre à cc Russe ! C'était li vl'el'
la famille
Rabotteau sans défense aux machinaI
tions d ce t aventul'i l'! Car' il n'en doutait pas
maintenant. 11 y avait so us les pas de sos amis
un pi ège.
II sen tit qu'u n fl ut do haine lui montait du
cO" u,' au cerveau co ntre cet intl'i gant q ui l'aVi lit
'hois i, lu i, 'Willi am Davis,
r ou,' .êtr
l'instl'u-
m nt d' un e infamie peut-êt,'e . Oui, ce ]u ' il
aV<l it ntenclu di re devai t 'tl'e vr:ü: cc déclassé
était un homm
danger ux. Qu ne l'avait-il
compris plus tôt '?
Alors, par un l'etour
SUl'
lui-m 'me, il déplora
amèrement le laisser-aller aV c lequel il avai!.
joué le r ôle que l'on sa iL.
S'en aller ! non certes; il l'esterait !
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
H9
Il avait été inconsidéré, il no serait pas lâcho.
11 no voulait pas que Claire eût le droit de 10
mépriser. Il avait le devoir strict de surveiller
Michel. 1110 surveillerait; et, si jamais il SUL'prenait, do sa part, contre la famille Rabotteau
quelque sourdo men' e ... Un goste menaçant fut
la conclusion de co soliloq;ue.
�v
-
Vou s savez,
ma (5!l\1'e lam e, qu' il y a bal
" soir au C~sino,
dit, il table c!' hc'lte, Madam e
r.azctLcall il Christine Babet; vous 'f se rez,
Il' pst-ce
-
pas?
C'est que, répondit la jeun C' ('1'111111 e, je
rar1'ol 0 rie la clans. 01', aujourd'hui, es messicurs so nt si p eu galants 1. ..
-ù ll !Madam ,s'écl'iaC:tnlailln',zépl'ot ste
contre une tell' accusation ; pt pour j1l'OllVCI'
zuRqu'il t[upi poinl.
VOliS
Ill'nccol'(liez,
polka . (';sL-cé dil '?
Il r es t illzustl'j %0 Vl'lIX (Ill
Cl' soir , voir!'
pré'miè'l'('
�Vlt';GT 81' ut'; JOUHS A VICIJY
12'1
- C'est dil. A uno condilion. C'ost quo vous
"ous rotiroroz pafl tout de suito après SO UR
\"[)tro tento, ct (IUO vous [oroz valsor Mil o Foul"nel"on.
11 0
- Comment dOllc! vous l11é lé domandez,
ll'Iadamc '? Zé m'ongazc
SUI'
l'honnour à né
' ILlittol" le champ lé bataillo qué quand lé
Ulli lbat finira fauté dé combaLlants.
Commo clan. le Ciel alor:. Nous velTons
You ' ètes un Rodrigue. Vous l'er c7. partie du
SI
h, d"i ll on sacré, Monsieur Davis '?
p:!.
Pcut-ètl'e, Madallle. C'est que .i e ne suis
LIll
intI' \pide valseur, moi ... Et, un peu
plll" !Jas, ü Claire:
- Vieil Ir ez - vou
~ ,
MaLlel110is Il \ '?
Oui, Monsieur, so htlta de répondro
llahotlcaLl qui avait en tenclu la qu o. Lion
}l '''
:,d'(,:s(\
''l'''
f1
;'1
sa 011 0. Clairo ac1ol'C la dans; ell
lllpagn l'a cos ll::unos .. ,
- Mais, maman, obj cta la jeune fill , il es t
JI!
Illss ihi e qu e tu viennes, toi, Tu seras cel'tai-
nCIIH'nt tl'Op Ü\liguée, t tu sais que le m('decin
1,';) l'l'{'o mmnnd ' l:tprudcncc , i\pr's cc que III
ilS "p rouvé 'e mntill .. ,
�'122
VINGT ET UN JOURS A ViCHY
- Oh! c'est fini maintenant. Tu sais bien,
ma petite Claire, que cela me guérit de te voir
heureuse. Et tu es si heureuse, quand tu danses!
Dame 1mon enfant, c'est de ton âge.
Claire fit mille objections, prétexta qu'elle
n'avait pas de robe de bal, dit qu'elle n'avait
pas le cœur à danser: Mme Habotteau, qui
savait il quoi s'en tenir sur la valeur de ces
prétextes, resta inflexible, et promit positivement à ces dames de conduire sa fille au bal
du Casino.
Même
ngagement fut pris par Madame
Pal'anquin, pour Elise; par Monsieur et Madame
Piplin, pOUl' Berthe; pal' Sardis, par BeniLez de
Ja Praga, par Zéphyrin Nuageux, et enfin pal'
EU nne Lovelace lui-m6me, qui avait, disait-il,
un secret pour dissimuler sa bosse en dansant.
Seul, Autl' jacque, en célibalaiee convaincu el
incorruptible, refusa de prendl'e
ment qui compromeUraiL
lidi
L'
LIn
engage-
es principes. Car-
sc laissa convaincre par l'éloquence
persuasive ct 1 s beaux yeux de Madame
Bal'iJlou. JJ spéL'ait, il forc de 'ourage, secouer
ses rhum,,Üismes t avoi [' J'ais n de la raideur de
�Vl I GT ET UN J OUHS A ViCHY
'123
ses articulations, Bref, presque toute l'excursion
do la Montagne-Verte se retrouva unie dan:;
uno conspiration dont le but était de galvaniser
le bal.
Ce n'est point pal' l' entrain tlue brillent, en
généml, les soirées dan santes du Casino, La
elUl'éo restrointe de la s<~ i so n
emp èche lu
form ation de liens assez intimes entl' familles
pOUl' faire fondre la glace , On no demanderait
pas mieux que do se lancer ; mais c'est ü qui
no commoncera pas, Ces messieurs jettent un
coup d'œil dans la salle, pirouellen t SUI ' leurs
talons, ct disparaissent. Ces clamo, 6co utentla
musique, dont los accords leur causent cles
inq ui6tuclos dans los jambes; mais, commo
ollcs man l uent de c<;waliors, comme ellos
l'efuscll t parfois ceux qui se présontent, parc
que 11 'l'sonne ne veut ou n'ose ouvrir le bal,
l s val ses succèd nt aux polkas, et les polkas
aux quadrilles, sur les instrumonts seul s , le
part] uot l' stant libre entr les flI os des chaises
ali g néos,
'l'cl était, précisémont, 10 spe taclo qu 'o Obit,
r soir-là, 10 salon do' fèLos du Casino,
�121
VINGT ET U ' ,JOUnS A VI G!lY
Depuis qu lqlle tem ps, l' ol'chestr , a ttaquant
des pollms c t d s valses, égrena it les mor ceaux
du programm e , Il y avait foule da n, le salon,
ouve rt s ur la vér anclah, tout é tince la nt des fe ux
(le s s énormes lus tl'es e n .bron ze loré, plein
du frémi ssem ent
des
toi.lettes, vibra nt c l
sonor e , Les ra ngs pressé ' des c haises avn ien t
pe u il peu obs trué toute
les issues c t dé bor-
daie nt da ns les salons vois in s . L'o rch estre, pa l'
in , tants, sembl ait près d'enl ever 1 ba taill on
fé minin qui sc pl' sait lü : les petits pi cl;;
s'agitaient ; de mu tin es trtes de .i eunes filles
baltaiCl t la mesure .
Qu elqu s jeunes gens s'é taient
1
vés ci e Il' urs
s i \ges c t avaien t e nta mé cl s POUI' I nr] C' rs avec
le urs vo is in es; mais il y avait ta nt ête lIl onel. lit,
tant de mond e qui r ga rd ait 1 Avec les d rni èl"l's
Ilotes de." ins trum e nts, 1'6la n tombait tout-itco up . Les
plus intr 'pid es
sc r asseyaie nt.
I)'autecs, d 'S boudinés, il cl mi-co uchés
di vam.;,
SO LI S
1
s ha utes glaces,
SUl'
l 's
ga rdaient,
l'
irnpassilll s, c . p c 'tacle.
La joli e Ma lame CazeLtcau c t
SO li
Chri s tin e Bab t, nui v 'es de puis 1
am i ',
l l'e miel'
�vrNGT ET UN J OURS A vrCIlY
125
lJu adJ'ille, étaient furieuscs contrc Cardaillac,
qui ne parai sait pas, malgl'é la parole engagée,
contl'c "\iVilliam et les Hutres. Clairc Rabotteau
non plus n'était pa cncore lü.
-
Vous vcrrez, ma chère , q Ll C tou fcront
rl c'iitut,
1"
pétait pour la dixième foi s à son ami
Madame Babet, IOI'squc Cardaillac parut cnfln ,
c~C
Ol"L
é
dc William Davis , de Sm'dis, de
ZéPh yrin Nuagcux, de Cardidi cr ct ùe Lovelace.
C r~ n\ ssieul's s'étaient mis Il frais de Loilette
rl r soirée. [ ~ s'avan cèr nt rapidement p OUl"
;;,i111 'l' I.os cl cux bel! s délais é s, Cfui pl'il'cnt
lin air pincé :
- V uillcz nou;; cxcuser, Mcsclum cs, co mmença Cardaillac ...
- A lJuoi bon, Monsieul'? interl'ompit Madame CazcU au. E ·t-ce qu la gal anteri '
fl'ançais maintenant ne co nsiste pas h Üüre
attencll'e les clames? C'cst un suj et qui peut
môme sc mett re en v l'S, n' : t-c pas, Monsieul'
NU:1geux?
Nuage ux proLes ta. Sanlis villL il la rcsco usse,
cl dc'c /;I l'a fIll C rn :;; un dl' cc;; mc, si urs n
�'l26
VINGT ET UN JOURS A VICHY
croyait le bal commencé; qu'efl'ectivement, il
ne l'était pas, d'après ce qu'il pouvait voir.
-
On vous attendait, Messieurs.
-
lIé b6! "il en est ain si, ténez votré parole
co mmé ze tiens la mienne , dit Cardaillac à
Madame Babet. On coÎnmence uné val. e ;
voul ez-vous mé faire l'honneur dé la danse r
avec moi'? Cela scellera notre réconciliation .
Sarclis, de son côté, invita Mmo Gazetteau .
Les deux couples se lancèrent, pendant quo
Nuageux s'adressait h un grand jeune nlle ,
sOl'te cl sylphide, qui devait réaliser il ses yeux
l'jd'al d'une muse.
De ux jeunes An glaises, deux sœurs, l' une
bl nde et J'autr bru ne, vell aient d' ntr'el' clans
le .. alon. Ell es é taient charmantqs avec le urs
1'01 es
bl anches
d'un
élégante sim pli ité.
Deux messieL1l" qui les. uivai nt avec de g ros
bOUCluets il la main sollicitè rent aussità t 1<1
fav eur de valser avec elles. San, sc faire priel',
les jeunes filles acccpt ' l'ent l'invitation CJui leur
était adressée. Cela donna du cmul' :l un dam
('n blru, le ul' voi sin, qui, à so n tour, sc la nça
avec un 011l ci r de spahi s.
�VINGT ET UN JOUH S A VIe Uy
127
La glace était rompue. De toutes parts, des
co uples, gagnés par l'exemple, entrèrent dans
le tourbillon auquel l'or ches tre imprimait un
mouvement de plus en plus rapide. Le rythme,
se précipitant, entraînait la valse haletante qui
voyait fuit· et danser les lambris.
Presque tout le monde était maintenant
debo ut, r egardant ; les hommes formant un
cercle so mbre derrière la jigne claire des
toil ettes de ces dames. C'était pendan t un
eotr'acte: le public du théâtre, chassé de la
sall e pal' la chaleut', avait envahi le co ul oir,
poussait ses fl ots dans le salon. 11 y avait tt
toutes les portes un
ntassement de ge ll .
hi ssés s ur la pointe des pied
[l OUI'
r garder,
pal' dessus la tête ou les épaules de leurs
voisins, le tourbil [onnement de la valse dont
les derni ères notes, lancées iL toute vitesse,
éclatait avec une fW'ia splendi de.
Tout-iL-coup, ['o rchestre se tut ; un immense
hrouhaha emplit la salle.
Les dames, reco nduites pal' leurs cavali ers,
se jetaient sur les divans en s'épongeant J front
avoc leurs moucl1 oi)'s.
�'128
VINGT E T UN J OURS A VICHY
C'est en ce moment que Madame ct Mademoisell e Habolteau, Madame et Mademoiso ll e
Par anq uin , Ber the Piplin, précédées de M. ci e
la Praga qui ,
n galant hidaln-o, Jeu!' ouvrait
le pa sage il travers la foule, pénétrèr ent dans
le salon.
Les deux danseuses e levèr ent pour all ol' il
ur l'encontre . Il y eut des serrements de
main s mêlé ' de petits
-
r e pr ~c h
es.
Nous comm encions il déses pér er de vo u,;
vo ir.
Que c'eût été mal il vous ! Mais vous
voiUl ; tout e t oublié. Ma chèr e petite Cla ire,
vo us Ncs ravissante, cc so ir.
Ravis. nnte, oui , c il ]" tait, en e rret, avec un e
l'a bc cl'ème très simpl e, cl un g9ranium roug ,
pour toute parul'e, cl ans le.' cheveux. Willi am
l'c mal'qu a l' ml r cssem nt de
'cs messieul's
aupl'ès de la j un' nUe: chacun solli citait la
l'nve Lll' de dans l'av c eHu la prochaine po lka.
-
Ag réez tous mes
J'
g l.'e ts, Me sieur,;, dit
Cl aire; .i 'ai promi s ;\ MOIl Sic lIl' Davi,;.
J,' i\m t" ri cain s' in clina, !'ougissa llt cl
plaisir.
- Me l' ' i, Macl emois Il , fiL-il ;1 mi -vo ix.
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
-
1'29
Monsieur Rabotteau ne vo us accompagne
pas, Madame ? demanda-t-il ensuile en e lournanl vers Madam e Rabottea u.
-
Monsieur- Rabotteau nou s accompagne
loujours, dit la malad e. Mai s il lrou ve qu'.il fail
bien chaud ici, e l il a ùû prendre M. Bouleill e l'
p OUl'
se promen er un inslaJil av c lui, à l'air
frai s, en fumant un cigar e .
Puis, en souriant:
'-
Je crois qu 'il a envie de danser aussi. 11
s'est fait s uperbe, ce soir.
Ccp endanl un bataillon d'habits noin; 'L ue
l'cdi ngo les volLigeait aulou!" ùes clames. 011
l' marquail, parmi les plus empi'ossés, M, A,'_
[)a rag us, qui v nait d'invüe l' la pl'é.c' le; puis
un gontilhomme espagnol, très déc ré, lui
eausail avec la comtesse li'i avie, P ' Ildanl
([U '
1 mari de Madam Froufl'o u, louj oUl's grave cl
Il aul sur son faux-col, res Lait attaché a u ri vage
pa l' sa g l'Ulille ul', sa jeun e femme, ll'ÙS enloul'ée,
savouraiLd'avance le plaisir d'ell'e emporlée pal'
le lIol <l' la valse loin des pfl l'Uges conjugaux
que g luea il, e n pl ein é lé, ull e bise Il ' l'pélu 'Ile,
�'130
VI NGT ET \.lN' .TO \.lHS A VICTlY
La comtes se So phi e de N'" montrait les plus
blanches épaul es d toute la Hongri e, et la
bell e Mmo GH *, le plus petit pi ed de tout Paris.
On se désigna it, avec de rires étouffés derrièl' e
l'éventail, Mmo Potence qui, toujour s e n l'ouge
cardinal, en plein so us la lumièr e des lustres,
éclatait comme une pièce d'artil1c e, faisant feu
d tous ses diamants .
L'o['che stl'e comme nça une polka de Mé tl'a.
Claire, avec sa vivacit é, sa g t'ûce, dansait bien.
Willi am épeouv ait un vél'itabl
nivl'em ent à
respire r le parfum ci e sa chevelul'e e t à senti\'
sur son bras les ondula tions cl sa taiJl fl exible
comme un t'oseau.
-
Vous n'ètes pas fatig uée de vo tl' promenade d'hi l' , Mad moi Ile'? dema nda -t - il il.
Cl a il'e .
-
Cc so nt les 1auvre: tmes qui ùoivent 6tl"
fatig ué', Mais nous'? .. , Qu'avo ns-n om; ('a il p OUl'
cela '!
-
Vou, vous 6tes amu sée '!
-
I1:nol'm éme nl. Et vous'? Pa: beau oUt), .i •
CI'o is. On a dil que vo us av iez l'ail' d'un co nspi /';.tleUl'.
�VING T ET UN J OUR S A VI CIIY
'131
Wil liam sou rit.
- Et c'était vra i, insista Clai re. Qu'
avie
z-vo us
ùonc hier oii· '? Et auj ourd 'hui enc
ore, qu'avezvo us'? Vou ne parl ez que par mon
o ·yll abes.
Ce n'es t pas cc soir que vou s feri
ez le port rait
ùe l'ho mm e l'épandu dans la soci
été.
- En effe t.
11 y eut un sile nce.
-
Tien s 1 repr it Clai re, M. Cal'didi
el' qui
vien t de se lancer .. . Reg ardez-le
don c tourn er
avec Madame Par anq uin.
- n est
auss i à plai ndr e qu'Oisea u-M ouc he,
mur mur a William .
- Vos préoccu pati ons - elle app
u ya S Ul' cc
mot d'un e faço n drôl e - ne vo us
rnpê che nt
pas d'êt re cau stiq ue, à ce qu'il pal'<
lÎl, Mon sieur.
c' 'st une très aimable femm e
que Madam >
Paranquin.
- Pourqu oi dan se-t -ell e'? Voy ons
, Mademoiselle, quand on a qua tre-ving t-ci
nq de tour
ùe taill e, on ne dan se plus.
- Vous lui av z donc m suré
la taiIJ , il
Maùame Par anq uin '?
- Oh 1 c'es t visible ... il l'œil nu.
o
�1:32
VINGT ET UN .J OU HS A VtCHY
L es j unes gens tournèrent encor e quelques
in. 'lants en silence. Pui s Claire l'eprit :
_ Savez-vous
i nous aurons le plaisir de
voir ce soir Monsieur et Madam ::leyn'hin e'?
A ce nom, il cette question, Willi am ressenLiL
comme LIll e morsure ·au cœur.
-.J
l'i gnoee, r épondit-il froid em nt. Pui s,
après un instant d'hésitation :
_ CommenL trouvez-vous M. Seyghine '?
-
Charmant.
_ N'esL - ce pas'? TauLes l eH Liames SOIIL
d'accord SUL' cc point.
_ Ah'?.. En effet. 11 est plei Il de prévenance
eL de galanterie. EL c'es L 1ui qui ::;'entelld il
toUl'l1CI' les compliments 1... I,e madrigal l'aiL
.
homme, Monsieur ; le madrigal l'aiL homme.
_ L c::; damcs aill1cnL Ics mad rigaux.
- Oui '1... n é bien, pas moi .
_ Ne v'nez-voUS pas de' me' dirc que Vu us
LI'(luvi
'Z
M. ' yglJine cll;lt'manL '?
_ Olt 1 sans douL '. Pou\'
S:l
cO ll1plai s:m ce il
Lir ' 1' la cu rde des balan çu it'es dl' la MUlllag ll e-
V l'tl' ; mai s pas pour ses madl'i gaux, allez!
J'aim' enco re mi 'ux 'cux dc M.
uagcux.
�VINGT ET UN J OU HS A VICHY
133
Le visage de William s'éclaira :
-
Si vous saviez, s'écria-l-il, comme je s uis
heureux de vous entendre dire cela !
-
Vous ! Comment'? Je croyais M, Seyghin e
votre meilleur ami!
-
Ami! Mademoiselle, non , Camarade, touL
au plus ,
-
Mais enfin pourquoi elites-vo us que vous
é tes heureux de , , ,?
-
P ourquoi ? P arce que l'opini on que vou s
expl'iJn z es t une nouv Ile preuve e n faveur de
\(o l"e jugement e t de voLre ca l'acLè"e,
Ah! ,J e vous y pl'end s, s'écria Claire gaie-
ment.
- A q uoi donc '1
-
Mais il l'a ire des ,nad,'igaux, vous autisi,
La Jlolka ' LaiL te rm inée. Les de ux
.i un es
g'P ll ti, apl'ès un Loul' dans la sall e, s'aperçu l'e n L
qu e MiliO n.abotLeau ava iL quitLé Je 'alon des
f' tes
p OUl'
celui des lhm s, I ls SO l'ti l'ent
SUI.'
la
vé randall , alin de l'espirer l'a i,' frai s dLl sui" qui
univaiL, embaumé par les senteUl's dcs ol':lllge l's
eL les parfuills des pé tuni as ,
•
�134
VTNG'l' ET UN .JO URS A VTCTT'\'
Dans le jardin qui s'étend devant la façade du
Casino, et plus loin, derrièr e la g rille, dans le
parc, une foule énorme , sorte de serpent
g igantesque aux noirs l'epli s, ondulait comme
si elle eût voulu enserr r l'édifice de ses mouvants ann eaux .
- Vou s prenez cela pour un madrigal, reprit
Wil]i am, en . 'al puyant il une des colonn es
d
la vérandah ; vous avez tort. Si j'ai un e
qualité, c' st la franchise, ct s'il est une chose
qu e j'estim e au monde, c'est la droitul'e de
caractèr e. Je voudrais pouvo ir vous persuader
cela; car j serai s désolé d'êtl'e confondu dans
ce ta. de faiseurs de compliments qui n'ollt
jamais à oITrir à uno f mme que des fleurs de
l'l létorit[uo ot des J analités s ucr ées . .r voudr'ais
I OuvO il' vous pOl' uader cela, Mad ' moise ll e, ù
vous SUltOUt, Ll vous seul e, pal'ce que, si je ne
me pl'éoccup , gUÈll'e du jugoment des autl'
R,
je ne suis pas insensib le 11 l'opinion qu e vo us
POUY z avoir d moi ; pal'ce que, pour r i n au
monel ' , je no vo udl'uis ' ti' SOUPÇOll1l6 cl ' SOl1 LiffienLs pal' ils si jamais j .. . si j'o. ais vo us
dil'e qu j .. .
�VINGT ET UN .TOUHS A VICHY
135
Sa voix tremblait. Il s'anêta , comprimant les
battements de son cœur. Claire, étonnée, les
yeux dilatés, le regardait sans comprendre.
- lIé bien, oui, que je vou aime... Je
n'avais pas j'intention, je vous le jure, Mademoiselle, de vous faire cette ... déclaration. Je
voulais garder pour moi ce secret. Il m'a
échappé. Que voulez-vous"! Quand le cœur est
plein, il déborde, c'esl forcé. Oh ! je n'ai pas la
prétention d'être aimé de vous. Vous avez trop
de jugeme nt et de bon sens pour ne pas apprécier à sa valeur un jeune fou comme moi; je Je
sais; je me le suis dit. Aussi n'est-ce pas ma
faule si je n'ai pu résisler à tant de charme, de
simplicité vl'aie, de naturel et de sincérité. Je
me suis aperçu que je vous aimais, Mademoiselle, quand il n'était déjà plus temps de réagir.
Plaignez-moi. Aussi vrai que je vous le dis,
j'aurais voulu ne pas vous aimer. Nous éLions
si bons amis 1 Cela ne pouvait pas l'eslol' comme
ça ... né bien, n'en parlons plus. Je suis un
in. ensé; mais j tâcherai du moins, si je Il
puis pas retrouver ma gaieté d'autl' fois, de n
pas être prÎ's de vous un compagnon trop
�J~6
VIl\'GT ET UN J OURS A VICHY
maussade . Ou, quand j'aurai le cœur trop g ros,
l'fune tl"Op triste, je courrai me cacher . Après
la aison, vous vous en ire7- d' un cô té, moi,
d'un :tutl'C ; et de t emps en temp , quand vous
vous rappellerez cette scène, vous ne pourrez
pas vous
mpôcher d'en rire en di sant : J'ai
èonn u il Vi chy un 'cervq)é (lui m'a fa it un
déclar:LLion à un bal du Casino. Mai. l'écervelé
en qu estion garc101':J. long temps au cœur 'a
blessure ...
Claire, pendant ce discours, était r stée Jn
tôt penchée, très aUentive et très grave.
- Monsieur Dav i " dit- elle, je ne crois pas
qu'il y ni t jamais lieu de rire d'un jeun q h omm e
(lui vient à une jeune fill e pOUl" lui dire qu'il
l'aim .. .fl'anchement, loyalement, simpl ment. ..
comme vo u. v nez le le fail"e. Vou s m'avez
pad é en honnête homme, je vo us r pond rai avec
la franchi se dont vo us vo ul ez bien m'attribu rIe
mél"ite . Je ne sais poufqU i vo us vo u ' -xprimez
SUI"
vo tre pl"Opt' compte nt l'm es aussi amer s.
Cl'Oy z qu e, si jamais Ci. lI elq u'un vous a c nfonc1u
avec les débit
UI"S
cl fadais s,
je co nnais Ja loyaut é de vo tre
n'est pas moi :
aract<' I', et
.i
�VINGT ET UN JOURS A
vreny
137
vous estime, Monsieur Davis. Cela ne veut pa.
dire que je vous aime ... Il e t possible Clue,
plus Lard, mes senLiments h voLre éga['d
changent de naLure. Alors ... je ne suis pas un e
co queLLe, vous le savez ... vous pouvez attend l'e
de moi ceLte même sincériL' dont vous ven z
de faire preuve. Soyez persuadé que, de LouLe
manière, je vous serai éLernellemenL reconnaissante des sentiments que vous avez pOUl' moi,
ct de la façon si cordiale dont vous venez de
me les exprimer ... N'allez pas vous cacher,
Monsieur Davis, je vous en prie, ajouLa en
soul'iant la jeune fille; toutes cos dam s m
saul'aient trop mauvais gré de Jo privol' d'un
si gai convive, d'un si agréable chof do Côll'[tvane. Nous étion. bons amis; r ston s bon s
ami .. , voulez-vous?
Avec un geste plein <l'une amical fl'anchise,
elle tendit la main il William qui la serra dans
les deux siennes.
On avait dansé p ndant ce temps-là, et quancl
Clail' , accompngnée de Davi ', renLI'a dan s l '
salon, tous ces messieurs rappelèl'ent la j ull e
�138
VINGT ET UN JOUHS A VICHY
fille à l'exécution de ses engagements. Madame
Rabottec"1u causait tout bas avec Bouteiller.
ELonnée de l'absence de son mari, elle s'informait des causes qui pouvaient avoir empêché
Rabotteau de rejoindre sa famille, au salon des
fêtes, comme il l'avait promis.
Bouteiller répondit qu'il n'avait pas vu Simon
de la soirée.
Il est peut-être au théâtre, pensa Madame
HaboLLeau; pùurtant il aurait paru pen lantles
entr'actes.
Déjà, elle s'inquiétait. Elle ne voulut rien
diro à Claire, tant qu'elle vit la jeune fille
occupée ù danser; seul ment, lorsque, après
deux ou trois qua lt·ill s, celle-ci lui exprima te
.
désir de regagner l'hôtel:
- Nous allons jeter un coup d'œil clam; le
thé:itre, Claire, dit-elle, pour voir si ton père
n'y
t pas. Il avait promis de venir nous
r joindre; il est peut-êtr
acte.
allé entendre un
Elles gagnèrent leur logo; personn
Elles cherchèr nt d s youx c Ile de M. ot de
Mmo • eyghine. Vide également.
�VLNGT ET UN JOUHl:; A ViCHY
'139
De le urs lorgnettes, elles fouillèrent 1'01'ch est1'e, le pourtour, les "'ale ries ; il coup
ùr,
llabotteau n 'était pas dans la aUe.
- Il aura trouv6 quelqu'un de ses ami s,
ut
observer ClaÏI'e. Voyons, m \re, ne te tracasse
pas comme cela pour l'j eü. Tu cs fatigu6e ,
nou's allons rentrer; veux-tu '1 Nous le trouverons peut-ê tr à l'h ôtel. En tout eus, il n'est pus
tard, Vollà di x h eures ct demi e qui sonnent.
Viens, maman, viens ...
MonsieUl' llühotteau n 'était pas rentré a u
mOlllent olt ces clames a L'l'i v \ re nt il l'hôtel.
- Il doit 6LL'e
Ü
la ~ es taurLioJ1,
dit Claire ;
cou che-toi, je t'en prie .
i\ d ' ux h eur s du matin , Madame lb botteau,
très malade, ve nnit d'avoir Ull e cri se violento,
ct sa fill e, demi - nue, étnit;\
Sim on pa rut.
SO Il
c he vet, quand
�VI
Miclt 1Scyghin c n'avait pas p l'du :on t mps.
[1
"é tait m'rangé av c lc ha ard , dé iranL nc
pas s'adrcsscr il ['bâ t l,
p OUl'
rcnco ntrcr ' imon
Rab LL au seul, cl \s le lend main d ]' xcursion
dc la M ntagnc- V rL .
Apl'ès Ics
pl'
micrs complimcnts, cL l'o m·c
graci use (['un cigarc , il avai t li manù é Ll
l'all ci n marchand cl c grains s'.i l n'avait aucun
[lroj t
p OLl r
la soirée.
Ilabott ail r6p ndit qu sa [' mmc avait promi s d' ffill1 Cncr Glaire au bal clu Casino.
-
I ~ L vo us "?
�-].1.1
VfNGT ET UN .JOURS A VICHY
Mon Dieu! moi, j'accompagn mi cc,
cl ames.
-
Ah! hi n. Si vous n'aviez pas cu de
projets, je vous aurais proposé cIe nous ac ompagnel', Madame Seyghine ct moi, villa de
Chypre, chez MmD Francesca Ramazzi.
r:n enten lant prononcel' le nom de Mille 8eyghine, H.aboLLeau sai!::iiL avec empressement
j'occasion qui lui était on'erte de revoir
-
ina.
Oh! dit-il, c'est par pur désœuvl'ement
que j'avais formé ce projet. Ma présence au bal
n'est nu11 ment nécessail'e, eL 1 plai il' cl voL!'
soci . té, mon cher Monsieur 8 yghine ...
-
Vous pouvez ajouLer le pl::tisil' de la
soci 'té de ces dames. Elles sont charmanLe>;,
vou' verrez. Nous allons f1'équemment, MiliO
Seygltine et moi, passel' la soirée chez ]< l'ancesca, qui est une de nos m illeures ami s, et
qui sera
nchanLée d
vous recevoir. Vous
lI'ouv l'eZ dan' son sa lon une société tl'\s gaio,
très avenante, j'ose le dir . Madame
!TI'
parùonn l'a en considél'aLion cl
J~ aboLi.
au
l'ngr "able
so il'ée qu vous passel' z ave nous. Ainsi, c'est
entendu ... Cc soir, il neul heu l'es ... Vous savez:
,
�'142
VING T ET UN J OUHS A VICHY
inutile de se mettre en frais de toiletLe. C'est
une
oirée inLi me, entre amis ... Voulez-vo us
que je passe vous prendre à l'hôtel '1
- InuLile . Vous êtes vraiment trop aim1:l ble;
j'irai moi-même vous rejoindre .. . A p ropos,
voLre adresse '1
-
Vill a Fleurie, à deux pas d'ici.
n p rit cl ans son por tefeuille une carLe de visiLe
lU'il LendiL à Rabotteau.
- Oh ! très bien . A neuf heures donc, cLmerci!
Quand
Mon ieur
t Madame S yghine,
s uivis de Rab otLeau, se présenLèl'ent chez
Mmo n amazzi, il y avait déjà dans le salon une
société très gaie, co mme l'av"it annoncé Michel,
s inon Ll' s nombr euse. Dès que ces visite urs lui
fu ren Lann oncés, Francesca sc leva précipiLammenL eL, les mains Lendu es, s'aNan ça au-devant
d'
UX .
Elle embras a il d ux r eprises, avec
cJTu 'ion, Madame Seyghine.
- Ah ! ma chère Nina, q ue je suis heure use
de Le voir 1 Et vo us, Mi chel, c'es l comm e cela
qu
vous Len z vos prome ·se. '1 T ute la
co mpagni e a pOl'l6 vo lr de ui l, hier . ..
- Ma chère cl:-t m ) répond iL . eyghin c, nous
�VINGT ET UN JOURS A VICHV
143
étions en geande excursion il. la MontagneVerte, avec Monsieur qui a bien voulu m'accompagner ici, et que je vous présente ...
Monsieur Rabotteau, un bomme charmant, un
de mes meilleurs amis.
Rabotteau s'inclina, un peu confus du qualiOcatif trop flatteur, à son avis, que Seyghine
lui appliquait ainsi, à brelle-pourpoint.
- Ah! Monsieur, dit Francesca, avec son
plus gracieux sourire, présenté de cette façon
par M. Seyghine, nous ne pouvons qu'être
charmés de vous avoir quelquefois à nos petites
soirées. Nous vous considérons dès maintenant
comme un des nôtres.
En disant ces mots, la jeun femme tendit la
main ü Rabotteau, qui crut fail'e acte de talon
rouge en lui baisant l'extrémité des doigts.
Seyghine ne lui avait-il pas dit qu'il allait sc
trouver dans un monde trè distingué '1
Il n'y pal'aissait cependant pas.
Les m ubIes, sans style, afHchaient un luxe
criard beaucoup plus fait pour éblouir les yeux
que pour flatter le goût. Il y avait dans cette
pièce, grande, éclnirée par un énOl'mc lustl'e
�144
VING T ET UN J OUHS ~ \ VICll Y
ell bronze , une profusion <le canapés, de
di vans c t de faute uils : le tout dépar eillé,
désordonné , pêle-mêle,
d ~c
h i l' a nL
les tapis.
Les lourds rideaux étaient soigneusement tirés,
comme po ur me ttre les invités de Madame
Ramazzi à l'abri de toute indiscrétion du
dehors; et cela, malgré la situation r e tirée de
l::t villa, dans un jardin, entre des massifs. Une
si.nguli ère atmosphèr e régnait dans celte sall e,
et qu elque chose y trahissait le débraillé, la
bohême, la licence à peine voil ée pal' l'a ttiluLl
c L le langage hypocrites des initi és, q uand il
s'agissait de recevoir un nouveau personn age .
Francesca Ramazzi avait vin gt-cinq ans. Ell e
c disait veuve d' un offi ciel' itali ell .
C'était une de ce
femmes dont touLe la
!Je'lUté réside dans le r egard .
T l'O[J
brune de
peau, petite, grasso uille tte, oH avait des yeux
admi rables, caressants, qui offraient un singulier co ntraste avec ceux de Nina, donL l'expresi:iioJl Il e s'aùoucissait que pal' un e/l'orl de
volonté .. 'o uple, câlin , féline, elle avait daus
la voix des inflexions enfantines ct se donnait
l ' genl'e de zézaye l', un pou par m ignal'dis '
�'1;',5
V INGT ET UN .lù UHS A V rCHY
nalure ll e, un pe u pOUl' se re nd re inl ' l'e8s:.II1le,
On di sait d'elle que c'é la it ull e aimable 1 elile
femme , Ell e m e ltait loul ci e s uile le mond ü
l'aise, e n fa isant passel' da n.:; ses yeux. une
expl'ession cie naïve té co nflallte . C'élait un e
coquine de bonne foi, S'il
CLl pu lui venir
qu elques sCl'upul es de conscien ce s ur le mé tier
(lU'e li e fa isait, elle les a Ul'ail apai: "s, e n v l'aie
Ilalie nll e, avec un chapel l o u un e prière il Irl
Madone.
Nin a l'ava it r enco ntrée il Mila n, e t avail
co mpri s le p arli qu'ell e po ul'l'a il. lil'e l' de c II
na ture fa ibl e, crédul e, s u peL's liti e use , sans
a ucun sen s moral, perver se pa l' in s tin c t ; m ais
do ucc , facil e , assez inte lli g ntc pOUl' bi
l'omplir un r ôle, pas assez pour le Cl' "e l'
joue l' à son profil.
Il
ul e
E:ll e e n fil a iséme nl sa
c l'6a lul' ,Tro p ha bil e po ur :'exposer ellc-même
:\ Ull je u qui po uva it la
ompl'om e ttl'e, ell e
l' s la da ns la co uli .'sc, prê le
~l
Ill oindrc nlerle, pe nd a nl
Fi'a ncescn j ounit
qU fl
s'échappe r il lil
la com édie .
Chaque soir, une !:iociélé
f ~ l1iJ
e ,
plu s o u
Illüin s nomlll' ' USl', i1lais loujo Ul 's ln)s a ill1 a bl ',
�11(j
Y IN"GT ET Ul': JOU RS A VTCTl y
sc' r éuni. sa it l a n ~
l es
!';a
de la villa de
lo n ~
Ch ypr , Quatre des vi siteuses l es plus assidues
s'y
tr ou vai ent préci sém ent au m oment oi.l
HabotLeau s pl'ésen ta:
Hachel Reynach, v ingt-deux an ', veuve ct
jui ve, Une .Jui ve bl onde avec des ch veux ci e
Cé rès et des y ux ardents co mm e un
brais ,
Ln plu ,' j oli cl s habitu ée' de l a villa d Chypl'e
,t la plu s séri use cn afl'aires,
Irma Vivan l, vin gHroi s ans; veuve, toujours,
Ce
(1U '011
ap pell e un e b lle femm : bien pl an[(\(',
Gal'd 'e d'épaules, une gO)'g
UI1('
lou)' Is,
ct un
l'av m nl. Une mnngeu.'e, plutôt
appéLiL <'l
lIu
superb
soupeuse, De,
S:111 S
l' n it ~
r éguli
l'S,
car actp)'(' ct sans li 'lin cti on, Des
.
y(' ux oï'and s, mai, ,'an!'; exp)'e sion ct
Jl ('
mais
sa
n ~
U ne chail' tri omphnnte, débol'dall[e,
n sé('~,
l'm,('
,t na l' "e, afTl'i olanLe, spl cnllid , 80nll e
fill e, d'nillellr,', aya nt le l'ire au ss i fa il e qu C' ln
digN,Li on , clin Na il on )) ' 1eut plL
q II rll Hl ('Ile vo ul nil. jou(' 1'
~IVl'C
l e~
S('S
ge~
t
il
~
dl'tl l
la dam du mo nt! p,
s masc \llin s dont elle so ulignait
mill :llld l'i(,5 clC' pr Litc
m
n 7il
'(~s"
�VTNGT ET UN .TOURS 1\ VTCHY
147
Unclin0 Fl eur LLJ, vingt-huit an ,Avons-non '
besoin d'ajouter: ve uve'? Cel! -lit aimait mi eux
sonpel' Clu e din er, L 'antith è, e d'JrmJ Vivant:
grnnll s yeux, il fibres d'al', changeants comm e
1;1 \TI l' ; main fin e, pi cl P tit. EI1
soupl e ct . velle, de ln gr âce, d
avait l a taill e
J'él égan ce,
r llfil1 des quenottes blanch s, fin es comm e
c(' ll es d' un e souris, qu'on lI ccusalt loul bas
tl 'ayoi l' dévoré la for lune du
-
« pauvr e r egl' llé »
c'est ain .. i qu'elle appel ail son mari défunt -
ct d'autl'cs neor e,
.1 ann e Ch ago t, dix- !=; pt an s, Ccll r -l it n e sc
t1UIIIl::tit pas pour veuve,
":11 0 ava it il un d gr é l'omnl'qunhl la h ,aut6
rlii
<klhl o: l es cheveux louj oul's en l'air r t dps
jalllb s également. Auss i Francesca lui l'ppro('Ilait-c' Ile s uvent cl
man [Lle l' de t nuc, Ell e
011 a\'nit pendant nn e il urr ou deux, dans l e..
(' il'co nstance .. gl'aves; IIlHis Ir ehampngne, un
tn O\D
ni
mprim é, n'
Il
faisait que plu ' vi\'(:> -
111('111. sautel' 1 boucll Ol1 dl' ln houteill e, Jeann
filli ssa it touj ours pal' 111 tl.l'
l"·ll.
Irs pi ùs ùans le
�148
VI NGT 8'1' UN JOURS A VICH Y
C'était un e enfant de la ba ll e, chanteuse,
~l
quinze ans, dans un café-concert de barrièr e,
lancée, il seize, pal' un bo udiné, 1 oursuivant, à
dix-sept, la r evendication de J'émancipation des
femmes. Un vr ai gamin de Pari s en jupon s : cl u
chi e n, de la blague, de la reparti e; un bon net
touj our ' pal' des 'us les moulin , un cer v au
touj our en ébullition. Souvent compromellull t ;
ma is si ùl'ole ! i pl'éci ' use quand il falla it jete r
la Ilote gaie, semer l'enlrain , faire ri re ces
mess ieurs il venlre
Ù
\boutonJl6. Alors Jca nn C',
la bride sur 1 co u, y all ait d LouL son« bago u L»,
Lrainant s ur les mots avec cel accent fau bo uei eli llui leur donne je ne sais quelle allul'e
cana ill e, so uli g nant les LnL nlions grivoi:es pal'
des m ouvem enLs de hanch es eLdes ges les plus
([U 'O
és . F'l'ancesca, plus d' un
fois, a\'a it
déclaré q ue celle pelite fill e comprom tlail la
di g nilé de ses salons; mais les habitll és li '
lrou vQ.ienl pas grand In al il c la. Les vie ux
s urtout le nai nl
~l
la p Lite Jeann e, el so n
(' Ioig n me nl eCll é lé le sa -rifi ce d' un
nol<1 I>I '
pal'ti e de la cli nl :'Ie .
La \' ill a d
Cll yprC' cO I11Jllnil (\ga 1n ll1 l' Il L Uil
�'140
VINGT ET UN JOUHS A VICIW
C
' l'tain nombre de visiteurs assidus, en tête
(lcs<[u Is -
à tout seig neur tout honne ur _ il
l'nut nomme r Jacques P ote nce.
C'éta it, ainsi que nous l' avons vu , un ancien
cu urLler malT011 , espèce de champig non de
!1olll·.·e, co mm e il en pou sse tant à Paris a ux
m Olllo n t:;
olt il y
(l
des l'tin s ü raire
SUl'
des
val eurs enflées pal' la s péculatio n. Après le
1(["lch, Potence, ne trouvant p lus rien à faÏl'e
cl all s la capitale, s'é tait mis à co urir les villes
d'eaux. Il opém i t maintenant e n pr ovince.
~o
m
Lou Le, il n'avait pas changé de métier ;
jadi s il avait fait des dupes, il continuait iJ. en
rai l'e . JI jouait la comédie s ur un autre théâtr ,
\'oilit tout.
P oLclI'e a urait fait un pres tidig ita te ur hor s
li g ne. Il possédait des secr e ts admirables pOUl'
lilil'(, trou ver le J'oi entl'e les mains du pri vilégié
[l LHlue] il portait de l'inté rêt. 11 co nnai ssait
a uss i
'l
fond certain s sign es caba li s tique., grâce
a ux(lu Is un joueur peut lire cl ans le jeu dc
S UIl
ad ve rsair , 'O mm s'il l'avait so us les yeux.
,\ part c ' la, .Jacqu cs Po tence était ce qu'on
appell l' LIll bon vi vant : épa isse b urhe noir e,
�150
vrNGT ET UN JOUH S A VIC lIY
lèvr'es jippues, ventre J donnant ,
tnalI gC'llIJ1.
bien, bU"C1l1t sec, sablant l e champagne CO lllill e
pas un, adorant l es j olies femmes; br f ,
bra ssallt ct confondant dans
CJll-
IIlèlll C culte
LLII
troi s di villités antique::;: Hacchu::;,
l ' Atl lO UI '
l'l
Mc['cul'e,
L'an ci en boursicoti er était l'tune du petit
tripulag
qui s' opér ait cltaqu e nuit , de di x
heures
trois, clan s l es salons de Mmo RalrJ azzi ,
il
Dall::; l es cas embarr<l!::isanls, s' il arrivait (IU 'UIl l'
victimc cùt cle, SOUpÇO llS ct l es l ai ss:lt parailrc,
c' st lui qui prcnait la parol e, 11 faisait alon,i
so n Iler Jc' mots de probité, dc loyauté, d'hulJ avec
n ClH'
presqu
Lill
apl omb si impel'turbabl ' qLle,
touj ours, Ic mulh eur ux j oueur, dé-
'oncc l'té, fi ni 'sait pal' se taire,
11 opér 'lÏt lui - rn ~
s'agissait d'enferrcl'
avuit
il
ses ordrcs d
rn
e
toutes l 'S foi s qu'i 1
Ull
n ouveml vo nu ; mai ' il
lI X
li utenants S UI' lesqu els
il sc l' [Josait du so ill cl es airai l'es CO UJ'allt 's:
Uil
'crlain L"b vi o, cal abrais, csp "cc dc bru va cl LI
tapi s v' rt, , t
Pi duLlx,
1II1
<.l utr
flibusti
' 1'
du nO!ll de
�VINGT ET UN ,)OU H S ., Vl e LlY
'131
EHIlII, on trouvait 1ü Ull P l'so nn age imporo p o ul o,'
tant, qui :.:;e l'ai:.:;ait appeler le comle l~ufT
Nou:.:; Il e di rons pu:.:; :.:;a nati onalité; il Il 'en
avo uait aucune, bieJl lU'jJ eùt le:.:; déco rations
de tau:.:; les pays du mancie, C' ':.:; l mème cc'
léco l'alions qu'il appol'tait pOUl' :.:;n part dans
l'a:;sociatiOIl Seyghine, Potence et Cio, Il y
;tPPoJ'tait, de plus, so n ti tre; et la raison oCialo,
satisfaite, ne réclamait de lui aucun e autl'e
Coo pération , Ce n'était pa, un membre acti f
dans l'alfaire, mais un membl'e honoraire, dont
le In ut patronage était co nsidéré co mme précieux, Non-seulement il co uvrait 1" société de
:-io n blaso n) de :;a 1'especlabilü y, mai il partageait avec Mi chel Scyghin ' l' util ' emploi cl ,
l'abaLLeu l',
C s messieurs sc trouva iell t ta u:; réunis dans
1\ salon, avec trois ou quatre étr-<tngel's, qualld
~ im o n se présenta,
Si pou habiLué qu' il 1't'iL aux fJ ')':;0 1111 'S c' t
aux choses le cc momi e int ,'la pe, j[ tl'ouva,
au pl'CllIi er coup d'œil , que Seyghine avait
dépassé 1 s }imiLes cl
g nant la
so~
ié té
1'11 Y11 l'bole
C il
lui ]Jei-
de la villa de Ch ypr ,et s u l'tout
�lG2
VI~liT
N JO lU; A VI CHY
I~ T
en h qualifiant. Inexpérim enté, oui , CI'le ' , il
l'Nait ; mai .. stupide, non! Mi ellel,
la notc ü c point, ~'é
n for çant
mépri s S Ul' 'o n compt .
t a it
C débraill n1('lIt qui r égnait dans l
pl' 'S nec cl
ce j eun es
r mm
5,
"lIon , la
toutes v lIV 'fi,
toutesaill1ablmi, l'ur nt pOUl' lui autant de trai! s
rI
lumi èl"
SUl' la
om[ ositi on de ln société
parmi laqu ell e on l'avait entmlné. Il ' lait l oi Il
!oul ' [oi s ri ' s doul r cl
la vérit ', tout nti èl'l'.
On sc rapp el! ' qu'il v nait de sortir cl
sn
loge 10I'sq\l e' , le soir cl ' la l'prés ntatioll dl'
Sarah B l'ilhar H, 1 hasard de la con v
avait am né
S Ul'
J' ~a
ti o l
1 S lèvl' s de 'W illiam 1 nom
de Potene ' .
Du l'est , tlui l'ùt pu lire dUllS sa P 'lI sée y
aurai t peut- , tl'C trouvé autrc
l'indi g nati on .
D'W H '
'hos
mili u, il tui s mblu que
Nina étnit plu s Jll'rs cl
lui , qll ' la liberté
li e ' II 'i li Se' qui y r égnait lui
<jll l(lU
co nPrail. e' 1I
SO l't(' d S droits, ct pouvait alltOl'i sl'I'
d u:! tentati v 's. Cd! ' P ns 'c dOllna e
CO lijl
que d '
d, l'ou ,t
il
111111 '
LIli
la pass ion tout sP li suell' (lui
faisait 1!ouillol\llt' 1' sun sang. <lu 'l'Ill ' chosl'
('0 111 III
, ull e fhlllln ' lui m Ollta
il
la ligure.
�VINGT ET UN JOUnS A VICUY
'153
Le comle s'appro cha.
avait l'habitude , à l'arrivée de chaque
nou vcau cli enl, de rail 'e so nner son lilr et se:
tt
croix. L ' [l'e t de celle parade élait toujours
considél'ab.lo.
- Oui , Mon siour le comte, avait dit Potenc;o,
répondant ::;ans cloute ü une question do cc
pOI'so nmge cl fa i ant vibl'or chaque sylhbe,
pendant qu H.ull'opoul os, h poitrin couvorle
de chamarrures, s'avanç.ait vers Habo tteau, que
::leyghine ne quittait pas.
- P l'mettez-moi de vou::; rom rcior) 1I1 0n
eh
l'
::;eyghin , dit 10 noble personn age; ct
puil:;se votro ami tl'ouver parmi nous un peu de
distracti on! No u::; faiso ns ci e notre mieux,
Mon 'ioul' , pour l' mpre la monolonie d' uno
ox i::;lonce oi.! 1 soin do la sanlé entee tout
natul'olloment pour la plus largo [lal'L. Ici, los
1'0::;::; Ul'ces sont restrointes, vous le sav z, et. ..
- Comm ent don c 1 mon chel' comle,i.nterrompil Seyghin o , Monsiour ost
Ull
IlO mmo
rI 'o:i[ll'it, l il n'y a que 1 ~ so ls qui l:;' llnui ollL.
Habotteau s'inclina.
�l54
-
VINGT ET UN JOUHS
ViCHY
Enchunté, Monsieur, enchanté ! s'écria l e
comte en tendant la main ü Itabotteau [lar un
geste empreint d'une amicale condescendance .
,1'esp' re CJue
H O us
aurOlls so uvent le plaisir de
vous voi r . Nous !"ai son s un peu de lIlusi lue, de
littérature , üe th éâtre, de politique ... Tcnez,
1Il0 11
cit er Seyghine, j e so utenais tout ù l'I! ur
quc la po li tique de Limidit ', Ll'cfl"ucell1ent, suivi e
par la [i'run c
n'
depui s 1 ::; év ènem nts cl '1870,
t pas rond ée
SUl"
ull e ju ste appréciati on des
cll oses cn 8ul'Opc . .l 'ai "' té dans l a diplumati ;
j e co nnu i.· les difficultés a ll mi lieu ùesqu el1e.
se débaLLont les autr s naLi oll s. Ne pad ons, si
VOLI S 10 vou lez lJi cn, IIi de l 'Espagne, ni de
l' [tuli e : le' intrigues qu'o ll essaie dc nouC' l'
clan s ces cl ux pays retomberont sur leurs
aut urs. Vou s ven'
'Z
si tôt ou tar'cl 1 s évéllc-
IIl ents ni e dOIlJlCllt rui so n. L 'AU mag ll e, san:
"I"ge nt , craint plus un c nouvelle gu IT C cIU' ' II '
nc l a dési I"C. La
-
Lu '
nussi
nu::;sic
(' t
.. .
lu F'1"<1I11.;e , i.ntclTompit
Seygltin , dont un Il '('(lt !:; uèl'0 SOUpÇO llll' le
pa 's" lIillili stc, Ollt
Lill
illl él"(' t dl' pl"PllIi cl' ordre
il s' unir étroit 'mont dam;
Uil
but dc défellso
�-155
VJN UT E T UN J OU H ' A VI CH Y
mutuell e co ntre l'ambition germani que. L
jour oü cette union sera scellée marquera e n
Europe une évol ution considérable de l'axe
poliliq ue international. L'Allemagne,
comm
prise
dans un étau cl gardée i.t vue , ne
bronchera plus, je vous le garanti::;. Aux alliances
pOUl' luoi n 'opposeriez-vo us pas des alliances ' 1
La Russie, Monsieur Rabotteau, ne demande qu'il
vo us tendl' la mai n, et cette en tente cordiale
vo us rendrait le r61e qu'il est dans les de t inées,
da ns la situ ation géographique de la F l"lnc ,
de jouer en Europe. La Fmnce ct la 11uss ic,
d' ulle part; l'Allemagne cl l'Aull'iche,
<.1
l'autre: croyez-vo us que ce la pèse d' Ull [loids
moin.' lourd que ccci '? Vou ' préfér z rega rd e r
du co té de l'Angle te1'l'e. Vous avez LOl' t. L'A ItgletelTe ne songe qu 'à elle. Vous devriez songe r
'1
vous.
-
Mais je
Il
demande pas mieu x, mo i,
H'écl'i.a RaboLteau. Si j'étais min istl' ,ou eul ement e n passe de Je devenir, je vous ar:;sure (Ille
m'occuperais très sériell sement !.le
choser:;-là.
CC "
�'1 56
VINGT ET UN JO UHS A VICHY
- Ah! ça, dit la pelite Jean ne i.t Irma Viva nt,
st-ce qu'il va nous r aser longtemps, le vieux,
avec sa politiq ue'? C'est moi q ue ç.a n'amuse
pas du tout, la quesli on des alliance'. Je suis
de l'avis de Monsieu!', ajouta-L-e ll e en désig nanL
Rabotteau, c'esll'afI'airedes ministres . J'aimerais
mieux prendre le th é .. . Ol! donc est Francesca '!
Fran cesca, dan ' l'emb rasure d' une fenêLre,
cau ait à voix basse avec Nina.
-
As-lu vu le général '?
-
Oui.
-
Hé bi en ?
-
011 ! tout-à-fait furi e ux, ma chèr . 11 faut
q ue Flav io ait ' té bien maladroiL.
-
Alors, Lu crois tlue c'esLfini '1
-
Je le crains'.
-
Tu sais que nom; n'avons Ijas r ev u Na nin e.
-
CommenL! Nanine auraiL '1.. . Ali! dame,
ma p Lit , il fauL s'aLL ndre de Lemps en Lemps ü
quelques (lé1'e 'Lions . Le g néral fa isaiL grancleIllenL les choses; ell e tenaiL probablement plus
it lui qu'ü nous ... Je t r eco mmand e le no uvea u
venu , 1,'rancesca . .1
tu m 'entends bien.
le le recommand , Li toi,
�VlNG T E T UN J OU
-
R ~
.\ Vl CHY
157
Soi ' tra nquille, Nin a.
On é tait con venu , cc soir-Jü, de r empl acer
bourgeoisemen t le champag ll - pal' le th é, pO Ul'
le décorum ; Mmo Harnazzi sO llna Juli ette .
-
Le th é , mon e nfa n t , a ve ' des hi 'cu its
a nglais.
La maitre 'se de Ja maiso ll fiL elle-rnème Jes
honneurs du ser vice. Lorsq u'e ll e présenta sa
tasse à M. R abo tteau, ell e lui lança un l'egard
h umide tout chargé de promesses; mais Simon
ne r egardait, ne voyait que Nina.
Aussi F rancesca déploya -t- e lle, en pure
pe rt , los ::;éducti olls de so n so urire ct de ses
y 'ux. Ell e s'ass it ü co té de Habott au, mi nauda,
zézaya, avec de' infl exions de vo ix car essantes:
Sim on, in en. ibl e à tout, dévorait du regard
Nill,\ qui , assise de l'au tre cô té de la tab l ,
causait avec le com t et M. P otence . Il répondait d' une faço n d i trait
a u 1 avarclage cie la
maitr sse de maiso n qui lillit par sc lever,
piquée .
Ell e rejoig nit Nina (lui , so us prétexte de
prendre l'ail', ' tait r etournée h un ' fenètrc; cl,
il voix bass :
�'158
VING T
wr
UN JO HS.\ VIGIl"
Oh! celui-là, tu ais, .. c'est toi qu'il veut.
-
- Mais, comme il ne m'aura pas et COOlme
c'e~
t un client précieux qu'il faut garder, coCtt
(lue coûte, ne perds pa. courage, mon enfant,
je t'aiderai,
,J eann e Chagot se lançait déjà, Elle avait dévor '
un e demi-dolLzain e de biscuit s an glai' ct, tout
Cil
prenant son th é, Ile était en train de raconter
un e bonn e furce l u'elle avait jouée ù ce gât ux
de Gontran, dont elle imitait h voix d'eUlluCju
avec une clrôl l'ie ndiablé , L gros Potence
riait, le mains croisées sur son velltr
- Qu ' st-ce lue cette gamin e '1demand a tout
bas Habotteêlu Ù
"
yghi ne,
Une fill LLo que MiliORumazzi a
-
l'CC LI
illic
de so n C pl gleri et de :on esprit. Ell e
abuse un peLl, cO lTlme vo us vo ez, de l'inclul-
il ca
u ~
g I1ce de sa m"re adoItive; mais elle st si
([rÔI Cl u'on lui pardonll tout.
1)
'cid 'ment, p nsa IlaboLLeau, cc gaillard-Iü
me prend pOUl' un so t. "
ous ven'on: bi en,
irma Vivant "bit en COIlV rsaLi olJ extnorcli lI aiL'elll elll ami cal
homme à crùlLe
lui
avec
~a nt
,
Uil
d e~
invités,
UII
dont 1 ' yeux, fauv e:
�VlXv}' ET UN JOUHS A VICUY
-158
ct inqui e t:; comJt1e ceux d'un vieux renard, se
portaie nt fréquemment
S Ul'
H.abo tteau avec une
exp ression de contrai Il te . Ondine FloreLLa,
demi-cO llcll ée
S UI'
i.1.
un di van, clqnt un épais
Jluag' de dentell es, Ilon chahnte co mme un e
cr éo le, jo uai" de J'év nLaiL Dans un coin , la
Juive,
Ull ri
'!Ju espagnol s ur'
hl
tè te, s'cntre te-
nait avec un vie ux Monsieur, très a u co ura nt
ri es chose:; cl
la Bourse, d'un arbitrage qu'il
lui consei ll ait comme particulièrement ava ntageux.
Le comte ct Seyghine avaicnt de l1 l1lldé à ce'
clames lu permis ion d'aU r fumer un 'i gar c
dans le jardi n. Jeanne, qui avait Uni son histoir e, s'étuiL assisc a u 1 iano.
'!üonna,
i.1.
~ouain
ell e
toute volée, un refrain Lrès leste de
caf ' -co Ilcerl.
Ii'rancesl.:a se prél.:ipita.
-
lI é bien, J a nn ! fiL-ell e d'uue voix sév \1'8.
Nina, de so n cot', s'était approch ée de la
.i e Ulle fill e:
-
Chantez
d011 . Ü
MOll s ie ur, elit-cil' un ri '-
sigll'lnL naJJotLcau, votre .i oliu comp lai llte de
l' llirondelle.
�'1GO
VINGT ET UN JOURS A VlCHY
Sans se faire prier, avec une voix douce eL
un sentimenL qu'on n'eût pa' aLLcnclu de celte
écervelé, Jeunne .commenç:a:
An·ôte, rapide Hirondelle,
Arrête ; et suspends de ton aile
Le vol pressé .
Par delà la mer écumante,
Dis, n'as-tu pas vu, sous sa (enl o,
~lo1
fiancé?
A ta plaiutivo voix, ma belle,
Oui, je suspendrai de mon aile
Lo vol lassé.
Par delà la mor écumante,
Oui, certos, j'ai vu sous sa lonto
Ton /lanc6.
Tu l'as vu 1 Va, suspends, ma chèro,
Susponds do ton aile légèro
Le vol pressé .
Par delà la mer écumante,
Oh t dis: quo faisait, sous sa tonte,
!lIon fiancé?
Ne m'interroge paa, ma belto .
Ah 1 laisse reprendro il mod aile
SOIl vol lassé.
Par delà la mer éc umanto,
Tout seul, il dormait, sous sa tonto,
Tou fiancé.
Non, non t .•• QuoI est dOliC co m ystèro ?
cœur d'une tristesse amère
Est oppresso ...
Par dulà la mor écumante,
Oh t (Ils: quo faisait, sous sa tonte,
Mon !lancé?
MOIl
�VIi'\GT I ~T
:-;: .JO
1(j 1
H!' A VICII y
Pourquoi m'in terrogur encore '!
Bél as 1 une fille du nlaure
Au toint brOllzé,
Pal' delà la mer écumanto,
Tonait embrassé, sous sa len le,
Ton fiancé.
Ah 1 roprends lOIl vol, inhum aille!
11 6Ins! hélasl une Africaino
Au leinlbrollzé,
Par del à la mer écum ante,
SorI'o dans ses bras, sous Sil tOlllo,
Mon fiancé.
Adieu, mes douces rôverios 1
Plaure sur les amours flolries,
o cœ ur brisé 1
El loi, reste avec ton aman te,
Par del à la mer écumante,
Beau fiancé t...
-
Bravo! chuL'm ant! cri a tout, la
-
Yom; tL' uvez? ... C' ,,·t drôle. Je tl' uve ça
hél \t',
!TI
\té.
i.
Etl'Ungejeull' fill '! El!' avait pl' ~que
'Il
~oci
plouL"
chant'lilt c Llo complainto; il pl' 's nt, 11
la déclat'aiL b 'bèt . Il Y avail on
mobilil \ surpr nnnlr cio
~
Ile lino
nlill1 nl s cl l'id 'os,
ou un palti pris t!'il1souciallcP, li s 'cplicislIlo
IIlOqU Plir qu i Il'élailIH'ut- \lL'c pas dans II' l'ond
de
SO Il
Ci\ruclrr '.
�J62
V ING T E T UN J OU
R ~
~\
VIC II Y
Seyghine et le co mte, entendant chanter
,J aone, étaient rentrés.
- A propos, Monsieur Pido ux, lit Potence,
VO Ui;; m'avez gagné hier vingt-cinq Jouii;; . Vous
me devez une revanche,
-
A vos ordres, Mon::;i ur , réJ..l oudit le
eo mpère:
- Venez-vo us, Mon ieul'
co mte'? Vous
j
m'aider ez de vos co nseils. Et vous, Seyghine '?
-
Oh 1 moi, je ne joue jamais, vo us 'avez
biell .
Des Labies étaie nt l l'êtes dans l ' salou vo ii;;in .
'l'OUi;;
C S
nies 'ieurs, excep té Mi hel S yg hin e
et Habott au , quiLtèrent , les un s 'l]Jl'ès les
autr 's, la compagni des damei;;
.
p OUl'
as::;istel'
il la partie 1.' 'cal'L é qui s'engageait.
L s porL ::;, entr baill ées pal' ill Lcr vall efi,
laii;;sai nt arriver ùan.s Je grand s' Ion l s éclaL'
li voix joy ux de Potence, qui ava it r egag né
s YingL- 'il1C[ loui s Il un Lotll' cl cal'Les, t la
musiC[u cie 1' 0 1' S UI' 1 t:1[Jis.
S
- .l e Il e sais pas cc qu'jJ
il
c' Potencc, cliL 'cyghi n', e11 s
clan Je ve llLr "
toul'lJallt
y
l':
�16:3
Y1NGT ET UN JO UR S A VICHY
nahotteau ; mais il ne
0/ noUa it,
-
dormirait pa
s'il
un soir, sa parti e de whis t ou d'écarté.
.·u partie ? .. . Vous êtes bien modeste,
1\1. Seyghin e ,
'écriu l.i'l'ancesca. C'est-à-dire
qu' il fl OUS quitte régulièrement chaque soir, ü
heul'es, pOUl' JOUCl', et CIu'il fauL que je le
di~
cll <!sse
Ü
deux he ures du maLin. Jc sui s furi euse
cO ll tl'e lui : il r end tous nos ami s joue urs
comm le. curte..
-
. 'uppl'imez les tuble de jeu .
-- 11 J'e mit beau bl'uit .. . C'est, p rait-il , un e
dis tracti on forL appréciée de ces m essie urs.
1'1 ,
-
Il
mi naudant :
,l ouez - vous quelquefois, MOJlsie ul' 1\a-
botLeu u ?
-
Ita retnent , Madame, C'est à p ine si je
sH is te llil' des 'urtes.
-
Et vous avcz rai::;oll , mon cher umi ,
appl'ouva Seyg hin e . Le jeu, voy z-vous, c'est
LIli
enCer. Si vous me tt z J doig t dans l'el1g1'e-
lJHg', vu us èt s perdu ; le b ras tout enU
]lasse. Tique vo us me voyez, Momii
li!',
l'
y
ma lg r6
l' 'xellljll c, mulg ré les so llicit'ttion::; et le::; plai-
�1(H
\' Ii'\GT ln
UN .JOUH S A V I CH Y
santeri c', j e ne to uche j amais à unc l'Ll l'tc;
jamai s! ... J'ai hOJ'l 'eu l' dc ' cal'tes ...
-
T vo
il ~ t bi cn, 100 Il ami, avcc tc:,; exagé-
rati ons, interrompit Milio Seyghill e. Quel IIliil
y a- t-il i1 faire, clltrc umi s, qu plqu cs parti e;;
sa li s conséquence? , i l 'o n j ouait gl'o.' j eu, il
bonnc II CUl' ! Mais il n'y
il
1;1
iüi quc M. Potelicc
I]ui s'cmballe. Tallt pi,' pO Ul' lui 1... Il bi cn, moi,
si j ' ' tais à la place fi e M . lh botteau, j e tenter ai"
ln f'ortune.
-
Pourquoi ?
-
l arce lue l a fortuJl e e::; t touj oul's favorabl e
aux per so nn es qui n'ont pas ['habitude cl
j ou l'... Oui ,
to uj ours...
Télll oin
M , Abel .
'l'"moi n M. Brillant ... LJn ami, Monsi ur, uj outat-e ll e n se toul'llant vcr s l'ancicn mal' 'halld d
eéréal e , qui , pOUl' ses lébuts"
il
Il
un
so il'ée,
gagné ccnt cinqu ante l ouis h M. Potence .
- Mai s
Sim on.
-
' st j ou
l'
gl'os j eu,
cl a, o.bj ct.: la
Touj oul's la faute de M. Potence. NO LI S
vo uli ons l ' Ul'
~ L c l' : ah 1 lJ icll oui! Il ' L<tit
(' 111 -
1J'l1l' . Il nll ai t! il allilit! .'i so n ac/ YC I'sail't'
lI 'avait pas ' té plu ' l'ai.o nn abl e fJu
lui, j n
Il'
�VINGT E'l' UN
.T OU HS A
165
V IClI Y
,;a is vraiment pas ce qu'il n'aumit point perdu,
cc soir-là... J'en suis pour ce que j'ai dit.
M. Rabotteau devrait e 'sayer. J :omi s sûre qu'il
gag nerai t. .. Monsie ur Rabo tteau , vo ulez -vous
CJue nous tentions la [ortun ensemble? Je sui s
p OUl' moitié dans vo tre jeu.
n était difficile ci e décliner une propositioll
:llI,;si directe.
-
Avec gmnd plaisir, Madamc, r épondit
Simon, mai, je uis un a
z pauv!' JOUCUI', et .. ,
- Bah! Je vo us aiderai. J'ai co nfi ancc en
votl'C étoil e. Vous allez voi r.
,1 u 'te en ce moment, Pidoux l'entrait dans J
sul ol1, d'u ssez mauvais hum ut'. Pot nce, ainsi
lU ' nou ' l'avo ns di t, ava it regagné ses vingtcin cl louis ; ct l'autre, après cn avo it' pel'du, il
SO li tOUI', quinze, venait de quitter la place.
Il l'aco n ta Sa mésaven ture.
11
ID '
scmbl , pensa Habott au, lU '
gu illal'ds-Jà vont vit
j OlH ' I';Ü
n bcsogn .. .
I ~ nfj
C
s
je nc
qu cc qu e j vo ucll'ni.
i\ ill;t lui .wait pri,' lc hms.
- Voilà notrc aITail'e, M. HaIJotL au, dit-ell e
U\'
l
'
SU II cJl in an t HU Ul'il' .1\1. Pitl oux, no us cl'de
�16f:i
VINGT ET UN .TOURS A VICHV
la pl ace. Qu ant à M . Polenc(>, il n' e. t pas pl'(\ l
à quilter l a parUe, j 'en r'ponds.
Potence, en efr t, comm e vi ssé il. sa chaise,
so n gr os ventre seco ué par un l'il'(> inlel'millenl,
s yeux b1'i IJ an ts, rayonnait.
- Vous sav ez, lui .dil Nina, que j e m e oali sp
eonll'e v ous avec Mon sieul'. Ain si , vous n';l\'oz
qu 'à 1 ien vous t nil'.
-
Vous avez 1.01'l, Madame, j e m e sc.ns
vin e c
~o
ir,
el j e
Il
n
s::.i s vl'aiment pas Ge dOllt
j e suis capabl e.
-
Nous verrons bi en.
Nina s'assit à cô l é de Rabolleau.
Pol enc gagna la r rcmi ère partie.
-
Qu e vous nvni s-j e dil '! s'écri a-l-il.
-
Conlinu ons, l'épondil sitppl emenl Nin a.
La chanée l ourna bi enlôt. Polence fl l'dil
snn s so urcill el' vin g t- cinq, l m nl , cinC]u anl ('
loui '. Mrtis, ]uancl il
;' 1
donn el' dos
~ i g li Cs
n ful ;\ ce nl, il comnWI1 (;a
rnani['csl es dl' mauv;ti s
Ilumeur . rt :O Llfnail omme
d' un
1111
UII
gorill e' à l'as p!' 'l
mi qui Ll'o uhl e' sn l'ol,l'ni[(' . L es v ein s
de son rl'onl. sr gonnniLl1l . Srs gl'OS 'cux vr l' ls
�'1Iii
Y(NGT ET U:\' JOUR S A Vlcny
l'olilai en L dans leUI' orl iLe, S s doigL crispés
1.01'Clai nL l es franges du Lapi"
IJ é bien '1 deman da Mmo Seyghinc,
-
R abo LLeau voulait ces el' l e j eu :
-
êLes en pleine dévein , Monsi eul',
Vou
dil-il ;\ son advel'sail'8; vou>; fe1'irz peul-êlrr
mi eux de quiller la IXll' liC' ,
PoL nce, Lout boum d'émotion pL de colère,
lui l'épondit brut<llemenL:
-
yrn
Avez-vous peul' de r)('rdl'e c
7.
qu
vous
cl gagner '1
-
Moi, Mon>;ieur'l null ement.
-
Alol's,
Soil!
VOLIS
HabolLea u
tenez cl .ux cents Inui s '1
' tail joueul'
médio cre, mais il
;waiL \ln bonh eur in.'olcl1l , Aulr menL, il aurait
dtl
1)('1'(11 '
('r lll rllis [JOUI' un , Nin a, p
II' Ih')lallt d' sa ch \'l'hm', 1
"; 111 ' SO li t" ]J;11I1 <"
11I't'11;1I11. dl'
SOIl
Il h (~'
hal('jllP, lui l'ais;Jil 1ill.(\I';I 1 11)
p<'I'Lll'e la !.Ne, lli capaiJ le cl
III
ombill cl' son j<,u,
il aUl'ai!. j eLü au hasard sos ca l'I.rs SUl' la LabIe,
:;i
MIIII'
SC'yghin <,
Il '
III éLé lil
ou 1l1ir ux, pOUl' j ouel'
;'l
pOlll'
S'l
Ir co nsei l! r,
plac ,
r:
sp èce
cl ' h;lllil cinali oll fIni Ir üel'ç:1il. fais:1it clansrl'
�108
VINGT ET Ul'< .T OU R.' A Vleln'
devant ses ye ux les pil es d'o l' déposées sur
l e tapis.
Potence perdit es deux cents loui s.
SUI' ce co up, il s
l eva bru squement d('
table :
- J'y r enon ce, rl écl anl- t-il avec un gl'ogn ern nL.
Habolleau l'egarda sa montre; il était deux
heures du malin . Seyghine, qui était survenu
p ndant la del'l1i èl' partie, l e félicitait :
-
Mes co mplim ents, m on chel' Mon si 'u r.
Vous êtes un j ou ' ur ém érite, et
M"l O
Seygh i 11 ('
a eu du flair de s'associer avec vo us.
- II faut que j e m e l'eLÎr , dit H.abottcau,
tl'(\S agité; on poul'eait ôte
in Iuiet à l'hôtel.
T enez, Madame, ajouta- t-il,
n désig nant, d'un
geste,
il
Nina, l'ul' empilé'
S UI'
tout c la : C'('5t il vous;
la tabl e,
" O ll S
pl'
se ul
nez
av z
gagné,
-
Ah 1 qu e c'esL lI1al, Mon sieur, c qu '
"UlI S
Llites-liJ! s' cria la j un e r{' mm . ,le n'ai cu
d'autre
111
fortun e. E~
\l'it que de v us ngager ü Lent
l'
la
j e m'en l"> li ciLe, pui squ 'ell e vous a
Gt', I"<t\'orabl e.
�lNGT ET UN JO Il s A VICllY
Elle rama sa sur ln. table cleux
\()!)
bil
e l~
de
mille fl'ancs, qu'ayec un ge 'te gracieux, elle
lui mit dans la main,
- ,l'espèl' , mon chet' Mon sieUl', que nous
aurons bientôt le plaisir de vous revoir, dit
Francesca, en s'avançant vers lui comm
tl'aversait le
aloll. Je su is heUl'eus
il
de la
chan ce que vo us avez eue, Permettez-mo i d
vous en félicitor ,
Potence s'avança égalemont, avec le comte et
Seyghin e,
-
lui SOl'rel' la main,
pOUl'
Vous me dev z une l'evrrnche, Mon 'ieu l',
dit l'anci n boul'sico tiel',
-
Quand il vous plaira, répo ndit
~ilOI,
Et, saluant c.es dames, il sortit.
[.es autres
invt
Illl'il n'y avuit
l'avaient précédé, de sorte
é~
plu
~
d an~
le salon, a u mom e llt
d' so n LI 'purt, que des l'l'ères t
ami~,
L':n voyant s'éloig ner Rabotteau, le g l'os
Potence s
li vra il un ace s prolongé d'épaisse
gaieté, e l, dit en S' frottant les main :
lI OUS
A toi la pl'omièl'
les autl'es,
pas '0, mon gai ll ard ;
;'1
�'170
VTN GT ET UN JOUR S A
vrcrn'
Pui , , SE' tournant vel's eyghin e, il aj outa:
-
ilien am or cé, n' 't-ce pas'l Si celui-là en
l'échappe l" ,
-
ft
st dans la nasse, r'él ondi t Seyghin e,
séri eux; il est fou de Nin a,
La vill a (l e Chypl'e Il 'él:üt pas fl'équ entée pal'
les j oueul'
de pr oe ssion. ,'eyghin e et ses
co mpli ces s'étaient donn é pOUl' mis 'ion d'y
atLir l' les in ex[ él'im ontôs, 1 s naïl's, l os bl'avos
gens qu'e Clt on't'nyés 10 se ul mot de baccara,
I1m'emonL
0 11
y taill ait un bac; on n'y
l'e l1 -
contrait ni pont s ni banqui ers. Le j eu , sou s
l'orm e de whi st ou d'écal'té , y afTectait J s
allures inn ocentes cl
p. l' ti CS de ramill e. Mais
.
Puten e, en accord allt à ses acl vel'sail' s la pl'emi èl'C pass , avaitul1 doubl e bu!. : loul' :o um c!'
la
[\11 '
ut' du
.i
LI
ct l1l:J squ el' 'es baLL ri s. Mi s
en gUll!. pal' ce pl'(' lIli ()l' sneci's, il s s l:l Ii ç:ai t' nl
bit ntàL avoc toute lu fougue cl . l'in ex péri cn ' P.
Les enj PlI x aLl.(' ign;ti nl1!. des cllifTl' s co nsitl
l'abl s; de so rte (lU ' il y avait cl
t.:o ups à f'rt il'p, Cil Loul. sé 'ul'itc'.
L
tr \" 1c. ux
�'17'1
VINGT ET UN JOUH S A VI 'HY
Michel ,"était adressé d'abord il un e autre
cli entèl e, ct avait jou é un rôl e di stin gué pal'mi
œs grecs de lIaute volée dunt l es exploits firent
l'ermcr, pendant qUtJlque temps, tous l es c'lfés
de Nice; mai s ce métier n' 's t pas 'n ns dan gel'.
11 lui avait occasionné pas lnal l'avanies; si
bi ell qu'abandonnant dérinitiv mcnt los cercles
dorés, Seyghillc s'é tait rabaLlu
S UI'
ce qu'il
ilflpehit « la bonlle et candide rotUl'e »,
A cet efret, il avait gr oupé les pléments d'Ull
bon petit tripot fermé aux joueul's de professioll,
olt 1'011 ne p rodLl'i sait de temps Pli temps cl es p ersOlll1<1ges d' importallce que pour j eter ci e la
poudl'q aux yeux les honn s g '1115, Seyghillr,
ain15i que nou s v non s de le voir, aIl'eetaiL de
ne jou er jamai s, Cette habil e co médie écartai t
Ir ' so up<::,ons, L es l'am us .
(1
soirées d'amis »
couvraient l a villa de Chypre d'un
ombre
jlrotectri cc et discl'ète, tl' \s favorable ü sa pl'015péri té ; tand is quc d'autros tripot15, traqués pal'
la poli",
5'
' Lai nt vus obligés de tran sport l'
l eurs péllates el'l'unLsjuf:ique so u15 1 :-; uharmill
d'ulJ e pl'OI11 'n:trle des ellvirolls,
'5
�VII
M1JlO n aboLLeau n'adressa aucun r proch ,
aucune qucstion à so n mari. Elle lui fil seul ement obser ver qu'il rentl'ait bi en lard , et
.
qu'clle avait été trè' inquièl .
C'e t - il - dir
-
très mahde,
compléta
Cl aire.
Habollcau r épondit avec tnbarl'as qu 'il avail.
pa sé un parti e cl la soirée il la R estauralion,
ct qu'cnsuite un ami l'avait
LI
il. wa il
l'h ure.
l'
mmené au Cer cl e
gard é j ouer . Lit i.1 avai t oubli '
�VINGT ET
N JOUI\S A VICllY
L7:1
Mais, ajouta-t-il, pourquoi ces inquiétud es,
à propos de rien? Vichy n'est pas une forèt cl '
Bondy. On n'y assassin e per sonne. e peut-oll
rentrer , pas é minuit , .'ans ètre exposé il
trouver tout l'hètel sens dess us dessou s ?
Claire répond it un peu viveme nt que l'hè tel
n'était pas sens dessus desso us, sa mèr n'ayant
voulu fuire appeler per onne.
RaboLLe au essuyait, par de mauvai es raiso ns,
de donn er le change il sa conscie nce. 11 promena quelqu es instant s son agitati on cl ans la
chamb re; mais, les soufli:a nces de loia r mrn r
opéran t une di version, il finit par "associN
aux soins que Clairc J1I'odig uait il .Ia malade.
Cell e-ci affirma it qu'ell e se s ntait mieux, cl,
supplia it la jeune fill e l'aller sc l'cposer . 1 ~ 1I
vain, Chire voulait pass r la nuit près d' 11 ('.
C'est alO1's que Simon intervi nt : il déclara
qu' il prenait sur lui ce so in et donn a 'l sa fili n
J'ordre positif de regag ner su chambl' . En
l'embrassant avanl de sc relirer, GlaiL'C lui d il
tout bas:
- 'Ill sais jusqu'à quel poinl li e esl impres~ ionabl
e .
Ménage -lui donc ces émotio llS qui la
�-174
VI)l OT ET UN ,JOURS A VI CHY
tuent. Voil à de ux cri ses auj ourd'hui
c'es t
tro p .
L
lendemaiu m atin, ù table d' hote, il fut
question de la santé de Mille Rabotteau. Ell e
était \ aimée de tout le monde, il cause de sa
bi enveillance douce cL tri ste . Christine Babet
raco ntait que, la veille au
::;0 il',
au ba l du
Casino, e lle paraissait hien portante et était
vi sibl ement heureus
de l'egarder danser sa
fill e. MIIlo Gaze tLeuu parla du docteur Précope.
-
Vous dev riez a il l' Je voir , dit -ell e il
HabotL au CJui ,.' ul de sa famill e, était descendu
cl alt ' la sa li ù mang
e C] u' Iles
Mili O
1".
D mand ez il ces dam
~
ponSO Ii L.
(') 11
GazetLeau avait, en c il' ·t, rcco llllnulldé
J . cl oct ut' Pl'
ope il ::;es yo i 'in es cl ' ta bl e
d'Il ole, qui toutes, il tout' de l'ole, ét'lÎellt a llées
J> co ltsulte r. Ell s approuvèrent un anilll ement
' O ItS
-
il cl' l ~
uJlht'
as
i e.
C'est que, ohj cta !:iimoll ,
1l0 LlS LlVOllH
lléj:' 1
le docteut' Ch abrillac, 'L. . .
-
Qu'est- 'e Cf Ll' cela l'ail '! illsii:ita
zetteau,
Mill e
Ga-
�L75
Vll'GT I::T UN JOUH S .\ VJ CUY
Autrejacque hochait la tè te:
-
Vou s vou Iriez donn e r de ux luédecins
Ü
Mille R abotteau 1. .. Tenez, moi
cette pau VI'
qui vou s pa rl e, je Il'en cons ul le ja illais un seul.
Au débuL d ' ma premi è re sai soll, je :,m is allé il
la Gra nde-Grille ; j'y ai bu ;l ma soif; j'ai pris
\'ing t cl un bains; j e me s ui s ltlil admini s Lre r
Lr 'iz' douc hes . Et voilà ! .. . De r uis do uze a ns
j " r comm ence ce ma nège . .l e n e m 'en pOlte
pas plu s mul, comme vo us voycz.
11011
Ma is VOLl S ne vous e n p o rtez pas mie ux
plus, intclTompit M,no L: :1ze lteau. ' i vo lr '
rhum a li s me
un
l' II
'sL;\ sa
XCI npl' a sC'
~
dO
l~i
m sai so n, "os t
mu 1 c hois i CI II
vou s no us
c iLez- I'l il l'appui do votre cansei l, ·Olwc nez-e n.
AutrcjacCjlle alla it
l'
' pliquc r, lor: qll e , 'im o n
cl éclara qu 'il parI l'ail cl
m alade,
M. Pl'écope
;' ~
hl
t qu 'ell e agirait il sa g ui se.
Cl ail'e, mi se a u co ul'llnl de la ch o '0, in s isla
'1Vec tant de l'o l'ce, pl'ès d
([ eid e r il s l/i vi'
M"' o Habo tleau s
sa Ill èl'e,
le co ns ' il de c
laissa
S
p OUl'
la
da mes, qu
nfln pe rs uade l'. On
'OIl Villl d',i1lcr \'oiL'le doctc ul' Précop c m ènH'
jour, clan s l'après-midi .
�'l76
VI NG T li:T UN J OUH S A VICHY
Ce n'est pas une vie de sybarit e qu e celle de
médeci n con ultant il Vichy pendan t la saison
therma le . Un médeci n qui a de la clientèle est
cl bout dès l'aube . A six heures du matin, il
comme nce ses visites ; à dix heures il ne les a
pas enco re terminé es.
La pre mièr e voit ur
qui,
'haq ue matin,
sillonn e les rues de Vichy, c'est le coupé d' un
docte ur. 11 passe a u g rand trot d' un cheval i.t
l'allure nt] .ide;
pour
[las a."
z vile c p ndant
ml ' cheJ' c1'en trevo il' , assi
co ussin ',
Ull
SUl'
les
homme en 11 0iJ' qui écrit s ur le
genou ou co ns ulte des no te'. Suiv z des yeux
la vo iture, vo u.' ne tarde)'oz pas 'l la voil'
s'ar)' \t l' il la porte d' un hôtel, d' un e villa ou
d' un e m aiso n meubl ée. En tout hftte l'homm e
.
110il', descelldunl, se précipit l'a dan 10
corrid or ; quelqu es minut S apl' s, ilr paraltr u,
0 11
j ' U ra un ord l'
l'ejll'oll dn
Sa
a u COCll )', ot la voiLur
OUI'SC un instant int ITompu
l'; t VOlt. pOUI'J'c z, p ndant la matin ée, trouv l'
'e III m e équipag ' Uli X quatl'C points cardina ux.
Le doct ur, le co upé et le cheval ne s'arrôte llt
�-177
VINGT ET U:" ,JOUHS. VI CHY
flUC 10l'::;(IUC les clochcs dc' hùt
c l~
'al'illonncll t
déj cuncl' .
L ' l'epas n' ':-it [Ja::; fini que déj ü Iu~
cli cltl :"
amucnt dans Ic salon d'attcnte. La pla(lUe de
cuivrc, al! es t inscrit le nom du médecin , pOI·te
cclte indication : Constûtation!; de 1 hew'e à "' .
~Iai
. ce:-i h urcs l'églcrn nlail'cs Il ' sont j amais
l'cspccLécs. L cs cli cll ts, détiil' ' ll X <le p OISe )' le
Inoills possibl c, arl'ivent avant midi . Des 101':;
commence le défi! ' des maladcs. Or, les mal adcs sont l'al'cmeuL laconiqu ::; dans l'cx.po 'ilioll
dc leurs « mis "> rcs ». ll eureusemcnt que le cl ot ICLi!' :;t au courallt LI
ccLLe petit ['aibl
m;~e
dn
l'humaniLé sourrranLc . Qu ' IClll 'S flu estiumi biell
Ilett", bi en pl'écis s, lc meLt nt au co uranL dl'
la mal:uli e (lU 'il s'agit clc soigncr ou d('s pl'ogr
i'~
l'éali::; \:; dan:; la cure. De c LL üwo n, le:; visites
nc 's' \tel'ni 'cnt pas; mais t ' Ile ('st SOUV(' lIt
l'arrlucnce d e~
c li e nl ~ flu (', seul f', la cloche dit
c1ill 'l'intI rrompL l 'S co nslllLal.iolls dl' l'apri'smidi, comme cellc du déj un ' 1' a inLJITolllpu
l 's ·ou!'::; ::; clu matin .
1':1 ·'esL il l' comm 'I1C(' 1' l ' lel1d emain. Le
doclplIl'
l'II
vogue
li'
'onnnil
IIi
l'<'lcs III
�'178
t1iman
VINGT ET UN JOUH S A VLCIIY
c h e~
.
On ne comprend pa
comment
l'acti vité d'un homme peut 'ul1ire à une pareille
Lâche, comment il
IlC
se produiL jJas dans
SO li
cc rveau une confu 'ion, un chaos de personnes,
cie maladies et de r emèdes .
L e cabinet du docteur PrécojJ0
Illellt lln cl e~
plu
c~
L
a ~
u1'
6 -
fréqu enLés de Vichy; aussi
~
la fanliJ le HalJotleau tl'ouva-t-elJ e, en se pl'é:;cnLanL, Je salon pl in de gens qui atLendaicnt
1 ur tour, immobile:; clans la
d e mi-ob
~c
urit
é
de
la pièce .
Ce sal ou, vasLe, mai s meublé avec Ull goùL
sévèrl',
([' ull e ~n
Cl
(lUelqu
chos
du silence m y ·tique
·t'Ï.·Lie. L es lourd s L
e nLul'
c~
n' y l:ti
~se
Jlt
p 'n ' lrer qu' uil j our discreL, il peine sul'fisanL
pOllr permeLtl'
j ournaux.
e nt
cl ' lirc les volulll es ou le::;
as~é
1i nL 1 milieu cl
J Il UI'S
sur un large guéridolt qui
la pièce. ,f out Je Jong d 's
, nL disposés
cl s si g s il c10ssi l'S
sculpt ' s, recouvel't s cl ' \Lofre sombl'c. Qu lqu cs
porLrniLs, .. aillunLs
~ UI '
le roncl de la Loilr ,
sC lllbl clil jln\Ls ft s' déta 'her du cacll'e. Ces
li gul'e:;
t ce ll es de::; vi siLeur ' as:;is Iii ont la
nl èmc ünmohiliLé, lu. rn ' me gravité, l
m \m'
�,179
f ll'':GT ET U;-< .tOUR S A VrCHY
asp ct pensif Cl l'ecueilli ; on le co nfond l es
un es avec l e.. autres dans 1ft so mnolence qui
s'empare des e prits, IOI'sq u'on
l'
ste quelque
temps dans cette atmosphèr e imprégn 'e comm e
d'un e vague odeur de co nfessionn al.
D'épais Lapis amorLis. ent le brui t d s pas sur
l e parqu t. Et l'on c]'oirait voir gli ss
l'
des
ombr 8 quand il se produit un mouv ment
par'mi l e, vi iteurs. Si, par hasard, cl eux malade' échang nt en tre eux quelques parole, , ce
l1 'e8t jamai s qu'il mi-voix, et su]'
UI1
ton que
l'on trouve encor e trop bruyant pOUl' Je silenc
de la pi èce; Cal' ils devienn nt imm édiaLemenL
le po int de mir de tou s 1 s J'ega rd s,
Hal' menL on ouvre les .iour naux cL les livres
déposés
S Ul'
la Labi e; rUl'pmellL même, on
s'assi ed près du guéridon. Cha lU
ramas.'é
S Ul'
malad ,
so n siège pt l' l li é, ur lui -m -'me
Jans le demi-joul' cl,
in .', att nd pnti emm cnL
so n tOUI', p nsanL il lui , al sorb pal' sa maladie,
ct partagé fl lltl'e la crainte ct l'eRpoir dll j)ronosti' qui vu tomb
l'
tle lu boucll e d ' l 'o l'a 'le,
• Lu fami ll e rhbolteau était Iii depui s LIU Ique"
i IlSI:1I1ls, CjU:1I1r1 la pOl'l
dl' CO llllllllllil':l lillll qui
�18u
VINGT ET UN
.T ouns
A VICHY
do nne accès au cabinet du docteur s'ouvrit
a l'ec un bruit di scr e t , comme étouITé. Dans
l' ntrebaillem ent parut une tête pâle, encadrée
d' une barbe courte et de cheveux r as . C'était
le docteur Précope.
Aussitôt une personn e se le va e t, traver sant
l'apid ement le salon, se dir'igea vers le cabinet.
La por te . e r' ferma avec le m êm e bruit
" morti .
La consulta tion ûUl'a di x minutes environ . A
illte l' vall es pl' sque rég ulic l's, la porte s'ouvr ait,
c t de nouveaux malades disparaissaient dans l e
cabin et du docte ur ; mais d'autl'e!; personn es
ntraiellt sans cesse , introduites pal' un doln ·tiqu e, e t peenaient, il le ul' tour, pl ace SUl'
k s sieg s l'estés libres .
Cc n'est q u'après plus d' une h eure d'altente
'1U l'
la ramill e Rabotteau obtint el}fi Il a uùience.
- Monsi UI', commença Sim on, nous somm es
l'CIIUS SUL' la foi de vo lre g rand e l'éputali on ...
De quoi so urrl'e Madamc'? C'est eJl
qui
estlfl illadc, Il 'cst-c ' pas'? int l'I'ompitlc docte ul'
lJui , évidemm ent, n'avait pas le tell1[ls d'éco ute l'
li
'S
co mplimcnts.
�IRI
YINC:T ET LI:\' ,Io u m; A VICTI\'
-
De ll'oubl e, gnstl' ique ,
-
Bien, Vous vcnez d'arriver il Vichy '!
-
Non, Mon sieur, Depuis quelques JOUl'S
Lléjà nou s somm e, i ci ; ma femme a co mm encé
un e Rai son ,
l'avi , d'ull m édecill 7
-
, ' UIl S
-
Pal'don ;
Il e n co nslllLé le do 'l UI' Ch a-
hl'ill;1c,
-
Ah ! .. , l':l il s'esl pl'ollui l cl s co mpli ca-
ti ons 7
-
,1 ust menl. Elle a éprouvé hiel' dC' ux. cri se, ,
-
li faul avanlloul que jp mc r elld e comple
de l '(>Ln l général de la mal ad, , Meslin Ill!'R,
Mon sieul', v uillez vous asscoil',
1': 11
pal'lanl ninsi, le docl cLll' élail ,'1 11; pl'endl'c
RUI' un meuill ' Ull appareil en fol' bl anc, de
ll'cnt - 'il1Cj it quaranle ccntim "ll' s d
hanl.pul ',
nyanl ln fOl'lll e d'une lalllCI'Jl , Il1uni RUI' le'
'ci l és de vel'I'rs mol îles LInn, un l':1illUI" , f'I,,:l U
œ llll'r, de deux. IIIOI'C aux. li' moë ll ' dl' Slll'eaU
l' ;uni s
11
l'()ix , su.' p nelii s ;'1 la vO I'ilr pal' lIli
Jil dl' 'ulon,
Il
cadl'iln g'l'adu; O(' CIII)(' Il' Il;)S
li' ,'in slL'um cnl. Des mUllch lles di spos \
cll'oil c' d
;'[ g'<ll lC:hc pr l'nw ll l'ni
'Ü
c1 ' illll'Oduil'l'
o
�1 H2
Vll\'CT ET U:-\ J OURS A Vl e m "
l'avant-bras dans l'a ppar eil par un e ouvertul'C
Cl ue serre un cao utchouc, aD n d' mpêclr cl'
l'pnlpor ation cl e,' dégag m nt;.; qu' il
'agit ri !'
con ta.tel'.
L e do teur, ayant ü,it ,1 seoir MiliORab oU au
il un e tabl , l' invita ü place l' clan s le man ch t1.rs
ses main s bi
S UI'
li
t',
Il
t'L nclu es. A ussitàt Ics m oëlJ s ll e
au comm nc:')' 'nt un mou vem ent il'régutantôt l ent, tnnLM l'api le, et mal'qu é pHI'
l! ' intel'mittenc s, de gal! he ~ l dl'oite, M.
]11'(; -
co pe, immobil e, so n chl'onom ètr e à la main ,
sui vait attentivem ent Ja m ar ch e de l'in, trum ni.
1.1 onsig na SUI ' un l' g istl'c le l'é, ul!.at d
srs
obs l'vnti ons,ssuyn. ay rc 1 pins g l':llld so in les
v('!'I'rs légèJ' m ent tr l'ni s pal' l'humidiLc' c! rs
""lin s, ['ecomm r ll ça l' xpéJ'i r ll c, et nll fllelll enl ,
l'II possp, sioll ri
'Ilin'l'es qui lui pel'm Uni
•
'III,
d'é tablir un l'nppol'I III:IIh 'm atiqu p, il nt s s
flpÔl'aLi olls.
Voi ei C0111m cni.
d in gllosti : l ~ v a p
o l'(1
il
fOl'lOul a
SO li
iOIl cul,ll11 éc consicl él'ahl n .. .
Constitulion li tihl ' ... 1·(' nl:lI'CJu:rbl cmen!. fnibJ ' .. .
'yst ,m
nel'Veux tl'i's
xciLtI ... Pas de sang .. .
Yoilil pOlir 1'(\lnl g(\IH\I':\ I,
�VI;\!GT
.TOUIlS .\
P.T U:\'
Ylcm'
1 R:1
- .J e sui s arri vé, Mon: ieur, co ntill ua-t-i1 el1 se
tournant vcr~
Habotteau, à détel'miner, il l'aide
de ceL in strum ent que vou ' voyez, l'éta t constitutionn el d'ull malaùe d'un e façon absolument
rigoureuse. L'ob:el'vation lI1 'ei; t fourni e pal '
Lill e fOl'mul e math ématiqu ..I e puis analysel'
1 s forces phy iqu es d'une p
l'
onne comm e on
allal yse la composition d'une liqu ut'} d'unr
substan r. TI m'est dès loI': facilE', une fois fixé
;;,"' la nature ùu suj et
c lr o i ~ il'
cru
j'ai:l so ignel', dl'
le: l' mèdes qui convi nnrnt:'t sa con '_
Li/LlLi on .t d'en déL l'minel' 1:1 dose,
d' 'l'l'OUI'.
/) 0
S(1 Il S
minLe
là vienL l'impol'l:rn cC' que j':rtLacllt'
:IUX VCITC';; g raèln é. eL il l'oh, rl'vaLion E'xa LE'
drs quantités d'eau J l'e. cl'ites ... Une fois ln
cllr
co mm nCéE', je l a , Llis dans routes. rs
pilaS S .
grès;.i
j 'en co nstat ri goureusement l e. pl'Otftche cl
l'établil' cr t éq uilibre cl r .
fOI'ce: qui :t l e but de tout tl'aitcm( lit sé l'i us .
,1 'augl1l nt(' ou j(' dimit1llC' les doses, d'u pl' \s
I('s r és ult,rt;; co nsta/.p,' . L' ill stl'ulTI nt CJu
rllll'
1 s luaill s, pal'
j'ai
da Ill ênle qu 'il f oumi!
dl's indi ':rl ioJl s d'ull ' )ll'l'('i si oll p:1 l'fai/ ) ;; \lp-
�'1~H
VINGT ET UN .TOU HS ,\ , ' IG\TY
pl'ime les tùtonn em nts, Voyons maintenant,
Madame, l es
ymptùmes parti culi er . du mal
don t vous >'ous plaign
7..
Il ausculta Madame TIabotteau l onguem ent,
minuli eu. ement. Il la questi onn a sur . cs hal itudes, . llI'
on genre de \'ie, sur le r égim e
qu ' Il suivait, etc,
interrog ait anXi fl l1 s('ment cln r ega rd
Clair
le rl octeur flui co mpl'it :
-
I ~a
s
nr
e z - v o u .',
Mael moi s Ile, dit-i l enfin ;
s malacl i s d' es tomac sc g uél'Ï. sent très bi (\11
il Vi chy , I ci, nous so mm s en prés nce d'un e
cl)" pepsie compliqu " cl ' un affecti on ner ve use
La
pt de tl'oub le. :w
C 'U I' .
.'oin s parti cul i
n vous ('au t, Madame, ajoula-
l'S .
CU I'
dernand
de
t-i l n ."acll'cs ant il 1:1 malade, un e vic calme,
Ir:1I1IUill e,
xempt
d'émoU ns comm e de
1;lti g'llflS . Pas cl' émotion s .' lI l'LOU!.. .., V u v nez
dt'
IlH '
dir
cri ses.
JI
qu e
'lai L-c(' Il:1;;
(;ol1 l.l'al'ic\I('
-
MOIl
VOLI S
'lI'e7. c\pl'ou vé, hier, d
;1
ln
ri
(lu e]
IU('
~
Diell , Mo n" i('III ' 1(' do 'teul',
dl' l'('pondr , 'j mon, nll (' s
SO Ii S
S il i le
lIX
tl'O ll vai t av
"II'
hüla
'lIOU S
Irs gnl r ri rs r\ r l' I;:lnl1li s. r lnr nL qll alld on
�'185
VINGT ET UN JOUH S A VJeU y
mporta cet homme... vou
savez, ce malade,
qui est tombé évanoui. Et j e cr ois, en !Tet, que
l 'émotion ...
-
Oui, ce doit êtl'
cela. MOIl. ieur, l e l'éta-
l li,'::;em nt cl ' h , 'cullé d
Madame dépend
b :lU coup de vous. Soignez-la. VeiJlez sur ell ' .
Épar gnez-lui jusqu'à la plu ' petite contrariété.
Ce qui Ile seJ'ait rien pOUl' un e autre p uL lui
occasi onn ol' une cri 'e g ray . Elle es t dan un
état <.l'impr essi onnabilité ner ve use qui exige de.
Illénag m ent · io uuïs. Je ne saurais trop insi .'lel'
h-dessu::; ... . 'uy 'z prudenL daus l'usage de l'euu
min él'ale..Ie vais, du J'es Le, libell el' un e ol'dul1lIanc .
L e cloct Ul' pl'it une feuill e de papi
ct n'['iffOllllll (IUel lU . ligones tlu' il
J'
bl anc,
r emit il
HaboLLcau .
-
'u ubli e:.: pa' Ille,' l'eculllllland ati olJ s, elit-il
' \l Co l'e, en accompagllunt se' 'Iients ju squ':llu
p l't , du 'abin et (lui s' UVI' sur le coul oil' . Je
Il e saurais tl'Op in 'i 'lei' lü-de 'su::;. R ven z ID '
V
Jil' Jall s quelqu es j ours. S' il sc jll'udui,'uiL Lill e
l:ol1lpli ca li ull , Ile IlIil llqU z pas d ' III '
Jllel'. 1\1 Il is il Il ' s' Cil
prOI] ui l'a
[lilS,
' II
infor-
si Illes
�18(i
YlNGT ET lJ~
,IOlll\S A vI e u \'
il1 5Lrl1clioilS sonL suivies ü la leLlr',
\ yez
'ournge, 'Mad ame, pl co nfiance!
Ce j our-là, M, l\aboLLcH U ~
promiL biell de
n plus remettre l es pieds il la vi lIa de Chl' prL',
�vur
Les el'i 'cs é pL'
o uv
pal'
éc~
Jl 'waiclll; pas eu de suiLe, L
Mm o
HaboLleall
docLr ul' Pl'éco pe
les avait très jusLe111 nt appelées
Lill
accident.
'Tut, IllHintcnant, avaiL l'cpri s l'allurc calme dl'
la vi e de l'ami Il
que
SO I1
mari
;l vaicllL lll'l'angée Ü l'h ôl 1. ~ itl
IH' '~CJ
u e
t sa fille lui
Il
ne la quiLlai t
plus: il avait redoublé pour ell e de'
prévenunc s cl de soi ns,
Claire, heur us de c ' r etour de tendresse,
ill':lit r tl'ouvé toule sa vivacité, Ell e ch l'chail ,
il force cl '
CO ll fian ce,
il rallul1l l' un
fi ' 'SPUil' cl:,uJ. ' l ' cœ ur d '
Ill
lueur
Jllill ade, ' L y
�'188
VI NGT I ~ T
UN J OUH S A VI CIlY
l'éu,' 'i ssail. L e docteur, tout en ,' ignul unt l es
danger s de l a situation, avait été enco m ag anl.
LI attend ait tout des Eaux de Vi chy, et l es CUl'e,'
obtenu es pal' lui, il di ve rses J'l'p l'i::;es, dans d 's
co nditions plus défavo l'abl cs encol'C, ' lai en t lit
pOUl' pl'ouver qu' il Il e rall ait j amai s clé, espél'er ,
Peu il peu, M'"OHabotteau se s ntit gagnée pal'
C t espoil', Comm e tous l es malades, elle 11 0
J'enonça it pa facilem nt à la vi e, Bi en qu 'ell e
eùtl ' habitude d J'époJldre aux enco uragements
pal' un ,'ouril'e tl'i::;tc acco mpagn', d'un hochemeJlt dc tète, il y avait au plus pr ofoml d'eJi 'Illè ll l(; Ull
r ayon qui IlC s'6t ignai t pas, qui 110
demnndait qu'\ se l'avi ver clans l a ti ède atmusph èl'e d'amour, cie so ill s ,t li
telHll'csscs cl ouL
cIl dait cltve loppé .
lI aIJoLleall n'é tait plu s l'e tuul'JI 6 chcz
cCS('(l,
Toutcfois, en pensa llt ;',
MIIl Ii
VI'
~I
, 'eyghi lJ e,
il l't's::;c ntait enco l'e au C(f',\II ' co mme la RC ll sa[ioll cl 'un e lJrÎllul'e. 11 lui ava it fallu UII v iol ' lit
efl'ort de vol onté p UI' l'ésisL L'il l't nlraineJJl cilL
qui J'aLtil'nit ver s
(',/H' I' -11
' 1' ;' ,
' Lto felllmc, pOUl'
Il '
poinL
h l'evoil' . Il ;lva iL npp cll' ;1SO LI aid e
l'n tl nc ll(' Jl](,lti
sill Cc' l'c
qu 'il
(; lll'!lUI';tÏl
pOl Il'
�\' INGT ~ : T
18fJ
UN JOUHS A Vlell y
Mmo RaboLteau ; et la scène dont il avai t é t'
témoin, ü 'o n r e tour de la villa de Chypre,
n'avait pas pe u contribué il l'afI'ermil' dans sa
r ésolution d'éparg ner tlla malade toute émotion
pénibl e , Enfin, les recommandations du docteur
é tai ent prése ntes il son esprit. Il se se rait
r eproché comme un crim e le r enouvelle mellt,
pur sa fa ute, d' une de ces crises douloureuses
dont il co nnai::lsait le danger ,
UIJ e cho 'e J'étonn ait: c,'est de n'avoir apel'l}lI ,
dLlpuis la soirée passée ch ez Francesca, IIi.
Mich J Seyg hin
ni sa temme , Il a vait SUl' la
cOl1sci ncc l'arge nt gagné au jeu et la promesse
de l'eva nciJ e l'a ile il son advcr sairc, Ce l a rgent,
qu'il n'a vait pas avoué il
MilI O
Habotteau, lui
brûl ait la poche; il ne savait qu'en faire, Bien
l'
>so l u
Ü !J C
pas remettre les pi ed ' ü la villa de
Cllypl'e, il a ura it voulu pouvo ir le l'e ,tituer, so u.'
ulle form e q uelco nque, Ll lui
S
lUblait qu'il
l'ava it vo lé ,
Ll sp "rait tOlljOUl 'S qu ' un e circoll 'La nce favorabl e lui lJ rll1 ettrait ci e
l'
il l' 'gtll 'd dLl la socié té o lt
'g le r
~ oyg
s ituation
hil
' Cl
e
l'avait
introduit. OH cultljJronclra . sO lltilllcllt, si l'un
�'j 90
VI:-<G T E T UN JOU RS A V ICIlY
ré fl échi t q ue Rabotteuu avai t d l'ri ' r c 1ni LouLe
une v ie de pr obité .xuctc ct
ct scrupnl UtiE'
honor abilité,
Will iam Dav!ti, del1ui ti la scènc du bal du
Casin o, m ontrait ~ I Clairc un
j cune DU
rése ry c dOllt Jn
lui say ait gr é. C> tte cO lldui te attes-
tait che,.; l'Améri caill un tact, UII O délica tes,;
dont
e1l '
appréciait le m érite,
La nalul'c
de leurs rappo rtti avait chang' : il J'espe' 'C ci l'
l'amiliuriLé ami cal c des pt'cJIli cl,ti j oul's a\(li l
succédé un c di s 'l'éti oll qui,
nieuse, Léll lOig ll ait cll cz
(' li"
S illl S
l' un
cét'é IlHJ-
el l 'autrc d,'
s "lim enls plus g raves,
Cl ail'c n'al'ai t pas jU gl' il propos
il S
S
ct \ 1';lil'O [lil rL
pal'cnls de la déclul'aLi on de Willi am , 1:1'
Il 't''l ait poinl , de sa part, l1I anqu e d con fi an 'l':
(' II ' étu it in ca pabl e J ' un e <tcbott ri \ l'is-ü- l'i"
de sa m ' l'e; m'li s la \"\!lOIlHC qu ' 'Il e ava i t l',,ill'
;1 1'1\ l1l éri cain "lail l' xpl'cssioll ('xa 'l " dl' Sl'S
,,(' IItim cnts, 01', 'es s Iitilil lits IH:' lui parai s,,<Ii 'nI. pas de l1 al,lIl'
il sP l' vi .. cl' base ;\ d,'"
proj ls qu r l 'onqu es, Willi all1 , dr SO li cô l,\
,, '<Ivil it pas -- té Cil lllll 'il g'(\
p HI'
la l'{\pons
ci l'
Clain' ;l l {' IJL 'l', pr \s li e Sil f;\llIill c, des dt'11\:ll'cll
'S
�YJ K GT J ~ T
U~
Hil
JOUH S A ViCHY
qui a uraient eu, pour le moilJ , le tort d'ètre
préma turées. L'attitude qu' il avait prise vis-àvb de la jeune fille était donc la seul e correcte.
Il vivait assez près de la famille R abotteau
pour ne pas être compl ètem ent étranger à ce
qui se passait dans ·on ·ein. La conduite de
J'ancien mar chand de cér éale
end ormit les
so upç,ons
au
qu'il avait co nçus
suj e t d '
yg lline; la façon ouverte dont le Ru · e
~
l'a bord a un
oir au Cas in o acheva de lé truire
('n lui loute al'l'ièr -p nsé , et de le récon cilie r
:1\'0 0
lui-même .
Tout fois, William n'avait pas retl'OUV ; sa
tranquillité d'autr fois . "Wi lliam n'était plu · gai.
Willi am ava it maintenant de allures de bea u
t IlIébrcux . 11 recll rchait la so litude; il -'011 -
fllll<::il it r ·v ur ·o us les omb rages. Il n parai,sa il. plu s au cercle . 11 déclin ait 1 s parties cl
plilisi l' fJui lui étai nt proposées. « C' s t ::;éri eux ,
il 0cid 011l nt », ava it-il dit
il
LIll
jouI' en p nsaill.
Cl air ' nabotteau. Oui , 1 ie n plus séri
Ill ô m e'
qu' il
lI O
s
L1 X
l'imaginait nlor . La prcuv(',
\'\'st qu 'iln perda it l'app Itit ,tI c SO llllll eil.
�·j92
VIKGT ET UN ,lO Un S ,\ ViGIlY
Pauvre gal'ç:o n ! Long temps il avait traité
] 'gèl'em ent l'am ollI"
l 'amolli ', il la fin ,
s
vengea it.
Depui s CJLI llLlC telllp", 011 parl ait b eaucoup
des Ll C ès obtenus ü l' Ed en-T héâtre pal' deux
j eunes gymn asiar ques américaine , l s '(D UI'S
Ful gence, c1 0nt la g l'<lce et la .'o ujJlcsse, di saiton , étai ' nt m er veiJ Icuses, Tout l' hôtel était
<l ll é l e
vo il' , ,t chacun était l'evcnu enth ou-
siasmé, Zéph yri n N Uilg ux wait 'omposé Cil
Je ur
ILO nneLlJ'
un
nombre
co nsidérabl e dl'
stropll cs olt il les co mparai t aux oiseaux, au x
p<1pill
,à tol1t "f1u' iJ ya dc 1Ius l' gcJ'
II
Lel
plus brill ant clans la nnLur , M, Autl'oj acq uo
lui - l1l ôm
était l'cV I1n d
la r epl" sen taLi oll ,
l'Ô\'OLll', C mm si c s x ' 1' 'i ces [1 6 ri
l'l' haussé la f mm
l ail'(,
(l IH[Ul'
lJ1il'ati oll ;
[l1'llfi t
' 1'
l' Iilgl' 1l
ava ient
clan s so n cs ti III 0 de r ï i bll-
i , \3l'ef, Loul
d' hôte, 0clatait
il S
la co mpaglli e, il lalJl l
n ex pl' ssiom; 111lanim s d'ad-
L la ramille Hnhotteap l'éso lut ([('
dl' la el l l'Ili l' J' l'l'pl'ése lltati on des SŒ urs
'C,
flui cl ' \'nit 'IVo i l' li 11 le 10I1d 0111ai11 ,
�'193
VI I'W T K r UN JOUHS A VICIlY
M"10 Rabotteau elle-mèm e, gagnée pal' la
cUl'i osït " ne se llt pus pr ier pOUl' y accompagne!'
son mari et sa fille.
11 ' al'l'ivènmt au l110m ellL oi.! s'achevait une
étuul'di ssante confér ence sur l e divorce, pal'
MiliOBonnair'e . Préci sém ent, une pancarte, hissée
sur un des câ tés de la scène, ann on çait les
sœurs Ful gence. El! erret, apl'ès cinq minutes
d'enLl" aCLe, le' j eUiJ es gym llasiarqu es parurent,
l a main dans la main , brun s toutes ci eux,
moul ées co mme l e. V nu s, l'gbr s CO llll1le cl es
hirondell es . ,lamai s Z ' pli yrin Nuageux. n 'ava it
Jllultiplié plu s ;"t propos, dans ses
'olflparai sons et 1 s h)'J1 crl oI es (lU '
J'agilit " de ces cllal'll1anLes
1'0 111111
v ('I'S,
Il
les
exaltant
s.
Au mili ' u d'un tOllnCITe de ) I"aVOS, ell e "
s'c'Iancèrent ;\ l'n, :aut cl s trapèzes su. 1 nelu s
aux fri ses. En un clil1
d'œil , cil '
UI'ellt
g rimpé, 1 l ong d . cOI'leR, ju 'qu'aux bart' s
HUL'
Jesqu Il es d vai elit avoir li cul eul", périlleux
llien de g ruci ' ux COlllm ' " ,' d ' u.'\. co rps de
r
I1I1I1 CS, ::l U
'P ndus, cilla ' \s, gli ssant
1" LUIJ'e, s'el1l'oulant l'Lili il l'autre
l'Ull S UI'
ll \ '
c d 'S
�194
VI GT ET
1\ J OU HS .\ VJCllY
mou vem ents de co ul uvres. L es bravo:; semblai ent animer le:; arli sl es el doubler l eur:;
moyen '. Elles étai ent merveill euses d'él asti cité,
d'élégance, d'agilité et de for ce, L 'enthousi asme
ri e la sall e montait, de p lus en plus g l'i sa nt.
Dans cotto l'eprésentation, qui devait clô turo!'
la sél'ie, les j eunes femm es avai ent à cœur de
se surpa 'sor.
T out- ü- oup la plus j eune, se suspendant
;'( la ban "
so n
de
tl'npèzo,
poign tfi
l l~f;
Ipndu s, l es museles :;aillanls, le CO l'pS dl'oil ,
5'
'la llce cl ans l'e:;p<lcc, cn im[l l' imant û l'appar cil
lUt
élan qui l'en tl'uin e, pal' dess us l a tête dos
l'ri sr,s de
sIH'Clal.eul" , ju squ 'aux
ln parti!'
opposée !Le l a sa ll e. HUlIlcnée aus:itôl pur Ir
1J1 0l! ve ment de balilJ1 ci
l ',
ell ' sr' l',l i(jit, un ins-
.
Innl," cf élache, conllT! un l'esso rl d'acier, cl III
I1arl"
l, l'I'aIl IlÎssant lIll ('spa
d'appui ,
deux mètl'cs,
Vil
lO lilb
l'
entrc l
l 'a lllrü jl' IIl Ie l'l'm m ' qui , su
p Oil
'S
'C
dl'
lIl aill s dc'
lu' la l ' te
Cil
has, lui saisit l 'S jloig llPls pal' Ull lI1 ouv'IlIL' 1l 1
l'apide, 1':t 1'!'I\l<1lI L daJ1 s
Un
1.1) 11 11 1'1"
Sil
'1 III 1 "
de hra vos 'c lal;'
cla lls
la sa lit: ,
�.l!)i)
\ï :'\GT ET U;'I JUUH S .\. VJ CJJ y
L es applaudissements cl u l'ai en t ell co re,(l u'ay ec
une auclaœ CI'Oi Ssullte, les deux sœurs J'ecom meJlçai ent cet exer cit;e, l e compliqu ant de
li ifricultés HOUvelles. LJ ne t l'oi ième épreuve
lttillit ètl' funest e.
La chaleu!' était étoullhnte: l ' co rps des
deux g ~ r mn
as
i a l'qu
es
ruis l ait de sueu!'. A la
:-; uite du bond périll eux décrit plus haut, leu!'s
lIlaili s moites sc r enco ntr' J'ent Silns r éussit, à
s' saisir , Une cri spati on d'un e suprême énel'g ie
JI U
put empêcher Ja chute do J'intl'épide j eun c
['(' l11m e qui , tout-à-l'heure, s
baJan ç:aiL si légè-
l'l' ment (hn s l'e, pace. Un cri se HI. entendru :
l'ar'li, te était tombée dan s le fil t ...
Quelclues pel'sonn 's funnèl'ollt l es
" 'ul e, Mi ss l ~ ul ge
s'f tl'e ag ité'
Ull
n c
ye ux,
n'eut poillt peul'. ApJ'ès
instant dam; 1 filet avec des
IOl'till ell l Ills ci e 'oul eu YI" , Il ' l'cco mm elJ ça,
Il1illg l'é
UIIC'
légi' l'C' bl essul'e il la mailJ , l'a 'Cl' I1 -
sion ri 'S GO l'cl os du tl'ilpèz au haut cluqu >1 Sil
sœ ul'
Il
1'<lUelld:lÎL Lu
NO Ii !
11 0 11
sa ll e hal tant
'l'i ait :
! Asse" r .. , » (!;Jl e s IIlbl ail n
f'JI/ encll'l', Pili s ag il e
'll/ ('
j allHli s,
il VO '
l'ion
llIle
hardj( ,ssu 'lui t 'lIii it LI ' la t 'méJ'ité, '1/e sc' lall '.'iI
�196
V INGT ET UN JO UHS A VICHY
de n ouveau dans l 'espace et, celle foi s, exécuta
avec autant de bonheur que d'éclat l e dangereux exercice . L es cris de « assez! assez! ») se
changèr ent en un hounah frénétique.
Un instant après, l es deux sœ urs étaient près
de l a ramp e, so urianLes, la blessée ayan L un
m ouchoir enroulé auLour de sa m ain ... Oll les
rapp l a cillCJ ou six. foi s. On leur j ta c1 '~
bouqueLs. On Jeut· fit un e ovati on donL ell es
par ai ssai Ilt très t o u c
h6
trlDlg ré l eur habiLude
e~,
cl es ém oLions de la scèll '.'
U Il C grand e agitation
t un ' longue l"LlI m:ur
sui vit· Ilt cc L :1ccid cJlL.
Uil speetael ci e ce g IIr ne pouvait manquer
d' ' moti onn er ([oul ourew:lcH) 'nL Mma fl.aboLl.ca ll,
qui quiLla la saJi " Cil cOlllpaglli
de sa fill e
de so n maL'i, pour r cgagn r l'!t ot ' I. Lil , dans 1
V
stibul e, il s l'cnco nLr \ rcJlt M. de, la Pragll,
1'1':".1agnol , qui -"e pl' [Jumit il aile!' ;', J'Ed n
vo ir la trOll]
Z Dg . M. dc la Praga ram II U
:tu th M tr SililOn (jui,
l'aR Lll'6
l"cl1l1n e, désirait :1ssist ' r aux.
sur]' 'laI. dc .. a
x l'clee" d s
\' "lu ip ' dii:iLcs. Cl nil'C' vo ulut ahsu lullleilt r 's t l'
pl"' S
de .. a m èl'c.
�VJ:'\GT ET U ~
.Jü UH::; ,\ VI CIIV
HJ7
E ll l'entrant dans la salle, l'anci en mar chand
ci e g r a in ~ se trOUY<1 face
;: l
face avec Seyghin e,
Nin a t ['ex-bout'si cotie1' Pot ence .
lire. ,'entit CO lUme un co up au 'cœur et
s'arrêta net, p end ant que Seyglline, Jes main s
ét 'nclues, s'avançait vi vetn ell t vel's lui, en
li isa nt :
-
AIl!
m OIl
cher Monsieur, (IUel h ' LU'eux
hasard! . ..
Il lu i ser rait la lu ain, co ml ne Il un v ieil ami ,
avec efl'u sion, tandi s que l1abotteau s' in clinait
devant Nina.
-
Nous v ous croyions disparu, perelu, e11 -
10 1'(', évall oui ... Ali! ç;', que diable dev
Y()
IJ CZ-
U ~ d Oli C, pO Ul' f!U 'O Il l'O US por de de v ue ainsi
pondant quatr grand ' j ours '!
-
Mais, ([ ue deven
z- VO li S
vo u,' - 1I1 èm e '!
Il 'Illalllh !labo tt au, [) ' llL/;lll t !lU
1\1. do la
Pl'iiga :'él oignait pal' di scréli on. Oll Il e vo us
apel'ço it ni aux so urces, ni au x C011 Cel'ts, ni au
th é:1tl'e ...
- C'est (lu e
VO Us
ùtes lall eé dam; toutes J
s
di stl'acti olls ri ' la vi ' LII ' 1'IlIal(', talHli s qu e
M"IU S 'yghillc ct moi, nOLIs IIl on ons ull e px Îs-
�JDR
V INGT ET U:\' JO UHS A VICIIY
Lence un peu cl oiLl'ée dam; noLre villa ... Vous
(' l e. i ci avec vo tre fami Il e, »aD' douLe '!
Elle "ient de mc (JuiLLer . LJ chute de
-
ceLLe pauvre artisLe
ël
vivement impl'etisionn e
ma fernme. Nous J'avO IJ l:> r conduite il J'h ôLel,
cL Claire a voulu l'ester pOLir l a tioig ner , a u
besoin.
-
cl ' manda M·llo S 'ygltine, lIu 'est-il
Ah! ~a,
dOll c arrivé'? Noul:> He so m Ille . ici que depuis
un in.t ant. Nouti ne savons ri n. La salle a l'ail'
vivement émotionné. Une arLisLe esL Lomb 'r,
cl i tes-vo ul:>?
RabolL au
.-
t .. tconta
la l:>c\nc,
Oh! dit Potence, l'ica nant, cc
Il '
Cel:> saltimbanques, voyez - " OUl:> ,
co mm
les 'hats, toujours
S UI'
sera ri en ,
I}a
tombe
l es pattes.
L m ol de safLimbilllqu (' so nnait si hi
si il propos clan '
'eLLo eil'co llstanc ,
MOII,' ielll', assi dcvilltt Ip gl'OUp', ~e
Il
et
qU ' lIli
l'cLourn a
hru srju m enL.
A sa vuo, Pot nec tr 'ssaillit; lilai s, l' Clll'CJltlllt
SO li
illl[Jl'ltul'babl C' aplol11b, il allait acll'csi'er la
parol e il " IK'l'so llllagc IJui,
Jl<l S
IHHU' lui Lill
S;IIl S
ÎlJ CO IIIIU , IJlI il lld
duul r, n' "lait
il rut '[ou', it
�VINGT ~T
::;a pla 'e pal'
U ~
. JO
U H ~
H.)Çj
A VICHY
mot. ·, qu' un bégaiem e llt pl'Oce~
nOll cé n 'ompècha it pas d'êt re signiJi califs :
Tou.' les sft-à-altimbunC[ ues ne so nt pas
-
s u-u-ut' le' planches.
Tlabotteau ne compl'it [Jas pl eincment la
portée le ce tte aposLI'01 he; mais les perso nnag .' avec lcsqueh; il s'entretenait en fure nt
visihl em ent troublés. Ils échangèr ent un co up
d'œil. Nina ' lle-mém , touj OUl'S si maitressc
de s!'ls impl'c 's ions, pâlit légèr eme nt .
Voilà, e me semb le, une imp ertinencc,
-
nt observer Rabotteau ; vous connaissez ce
Monsie ur '?
L'é trangc l', yui
J'anci
Il
eJltelldu la question de
av~L
marchand de g l'ains, le rcgardait ave .
cette ex prcss ion parti culièr c de' ge ns qui Ollt
LIll
il dire, san savoir comm ent s'y
lquc chos
pl'endl' \ pOUl' engage!' la cU ll vcrsati on.
Soyghin s' n iJ po/'(;ut, et, prcnant Habottelili
pal' le IJm.', 'nLt'al na ses int l'I ocutc urs.
- .Jamais jc
(~x
a gé
SO li
l'i
11('
l'ai v u, dit-il il Simon,
t e ll co l' . 1• lleg111 0 d
gos l . C't's t P ' ul-è tl'c
bles::; \ "
pt
1
lllOt
UII
sa pu 1'01
cie
admirateur ci e
dc ."tllilllb'lIlqu ....
II
1;1
V U LI S
�'200
Vl:"lGT E T UN JO UH ti A VICHY
<Juriez pu mi ux choisir votre express ion ,
Potenc e, ajouta-t-il d'un ton moitié badin,
moitié sérieux.
- Le fait es t, Monsie ur, ajoula Habotl eau,
qu e c'es t ull e chal'ma nle eL intrépitl (' ["em m
ùonL il ne conv ient pas de parlel" avec mép ri s.
La sall e enti ère lui a fai t un e ovation.
PoL nco, quo ce .. délicatosse.. ne Louchai en t
point, lova impel'cep tibl ern enL l 's épaul es .
Nilla, préo 'cupéo, les so urcils rron 6s, I l '
di sa it moL. HabotLoa u fuL frapp é li' l' xpressioll
ri ure, pre 'qu farouch e do son visage .
La so nllCll ' an nonça Je levcr du ride·lU .
U "0 fil dans la sall 1I11 g rand ln uvom J11.
d ' perSO lJ11 s r pl" nallt leurs places.
Habo Lloau chercha cl s y ux: M. li ' la Praga
qu 'il vit (' II co nv'rsali Il , dall s J, rU/lfl dll
Lli ",llr " ,wc' doux 'Olllp'ltriot 's.l
l.iu
~ '<1 inutile
d'a ll cr l ' l'L'j oinlir ', ' L s'assit, avec, 'oygl1in c,
Nin a 'L Pot Il '0, il l'o r 'h strc, en racc d ' la
S
'èll '.
L 's ZCllgU avaicllL raiL leul' appariLioll S UI'
I l~ ur s
\'6Jocipi'li 's, loum:.lII l, dall s l' space
r 'slroilll dOllL ils dii;posaicnt, av" un' Hurpre-
�"1:\(;'1' ET U;-\ J OU RS A \' I CHY
~01
nante adl'esse . CeU
troupe se co mposa it de
quatre jeunes femm es en maillot noir , en
tunique paill etée serrée aux cuisses ; et d' un
r obus te gaillard brun, il On e mous tach e, en
co turne de jockey, casqu ette à grande v isi ~ r c,
pantal on collant, hau Le boUrs el. casaqu e e n
soie galonn ée ù'or.
Tous ces \'élocip édi stes lI1aniaientl eur, véhi cul es avec un e SÜl'8té c10nt l'écu yer le plus
~ co
ne saurait
mpli
~pro
c h e r
av c le cheval .Ie
mieux d l'ess . Les vélocip ède, r ale ntissaie nt
J UI' co urse, l' doubl"i ent de vitc, se, .' nt1'eGroi stlient, l'essi u l'a 'a llt l' :sicu, [écriva ient
une foul e de Ogures pJus hardi es les un es CJU
1 .s autres, s'arrêLnient ne t ; puis l'CI l' naient
leul' all ure a ussi capl'i cieusc qu e savante , SLlI 'lI1 0ntnnt toutes les diffi cultés, d fi ant tous le,;
ohs ta '1 s, élourdi s:ant. , prodigieLl x.
Tout-it-co up il s di spal'a is. enL les un :J pl'è,
les autr 'S dan s Jes ou lisse:;, et un bébé dc
[l'o is il quatl' a ns, hl ond , les ch -v Ll X 1 ouclé"
:-;a ],Jetiie ri g ul' pM e 11'(\5 attentiv e, p nrail :'t SO Il
lour S UI' Ull vé locipèd a ppropri é il sa taill e. JI
;l\·:,il.
II11 C
J'OlJe hlnn ehe :1 \'(' r. des
IJ(f't1f1 s
hl ell s,
�202
VINCi" ET U?-I JOUR S A YI CITY
·un r ceintul'e bleue égal em ent, l es .i ambes ct le,;
bra s nus. "
co mmen ça. auss itùt h
tourn el'
autour de bouqu ts artifi ciel s que l e chef des
Zengo avait plantés de di stnl1 c
en di stancp,
:;Ul' l a , cr ne. Ses petites jambes impl'imai ent
un mouvem ent tanl at rapide, tantôt ralenti r t
ctl dencé au v éloci[ ède qui obéis 'ait, (l ocilr,
;'1
ses m oindres C<lll'ices . Pui s, le p tit homm r
pal'co ul'ut 1 nt \1l r nt le [l'on 1. dr
I~I
s ènr,
envoyant ri es haisCl's au pltI)li ' qui sO lll'i ait ell
b:1tlant drs main s On fil. 1.0mb('\' pl'ès de lui
Illle plui e de dl'ugc'es t d'o l'ang s, A ce lle \fu r,
l'rn[allt sn uta d ,'on vé locip ' d , l'nmassa v ivrI11 r llt Irs l'I'iandi s s, l'C1uer in
Cil
pOl'tant la
maill ù sa bouch , t di sptl l'llt r n co urant dan s
Irs co uli ssps,
-
Qu 1g IItil gamin! s'écri a N in a Cil appfnll -
(li ssa llt c! r ses main s ganl "cs.
\'(' I1U
011 cl'o il'ail , nj oul:J Hub tLeal1 , Clu ' il pst
au ln Iid e il elt rvn l ';UI'
SO I1 \ ' (~ l oc
iJl
'd c .
1)(',j;'1 1:1 I.I'OUp r nti l;l'(' :I\'ail. J'(' pal'u : 1(' c;ll pl'
Il ,,s Zl'ngo LO U!'II:lIlt sp ul , les l'l' mm .s deboul ,
1" l aill
cL J '5 j ,l1l1bcs ;u[ll1il'ilblL's, au l'olld du
1hl":î t l'!', l)' lIn boncl, I('s lln rs npl'(\s Ics :Iutl'!'!,;)
�203
VTNGT ET Vi\" .TOURS A VTe JlY
ell es s'élancèr ent , ur son dos, se groupant,
formant un t:1bleau vivant du plu s gracieux
(,(fcl ; tancli que III i,
f CI'ITI
UI'
son vélocipèrlc)
continuail su coursc r al cntie, mai s non ul'J'êt éc
pal' lc poids. Toul le mondc applmlclit, L a toil e
tomba.
Un gmncl nombl'c de spC'claleur,.; s':1ssirenL
au x tabl cs du café Cil
aLL ncl:1nt l c hall el.
f) 'aull'C's sorti rent d:1 lls 1 j ardin ou sc prolTI C'nt dan: le vas te
11 (' 1'
M ichcl nfTl'i t un
s'ex
U S<I ;
Potflnc
YC,
tibul e du th \àtre.
co nsomm ati ol1 . Rabotteau
accepl;l, POlence :1cCcptail
louj oul's,
Du l'este, il s ïVaipnl fll'obahl l'1I1eltl. I)('soill
d'échangcr quelclu es impl' SSiOIlS, car ;'t pill e
flll'Cllt - il s assi s que Scyghil1 c, allulTI;:m l Ull
cigare, (/ cmn"da rl'un ton d' indifl'(' l'cI1 C ll'op
pOUl' ne pas ' tl' j ouC:' :
III HI'flu \
Qu 'a Jonc M \négo t '?
-
Sali s cloute, Potenc avait, pl't'sonl l' ;'tl 'rs fll'il ,
~I'yg
1;1 m ('Ill ' p nsé!c' cal' ill"'prJllClil :
-
.l 'allai:
-
.1 (' ne sa is pas, 1I1 0i, dit l1 0ncltaJarnlll cnt
hil
("
l ' U LI S
0"
le dCnlandCi'.
m ':1
dil qu 'il ) ;n':til
l' LI
111 1('
�VI
;l(H.
~G
T
ET
~
JOU R.' Il V I Cfl\ '
Ilistoirc, un e algat'adr ... L r gén61'al
YOIl S !I
quittés '?
Oui.
Et Ménégot était avec lui quand 1::t chose
t'st arl'iv6e '1
-
Ju ste.
-
Qui ; Nina m'n dit. ce la. M6négoL n'a plu s
l'cmi s l es pi eds el!r z
l' I"lllc. ca tleillis cp l.
cscl andre '1
-
.Tc n l'ai plus l'evu.
- 01', la mani l'l' dont il vi nl1l ci e l'CIl Oll l'l'
cOlln aissnn cc avec nous, ne pl'OII\'C pas chez lui
dcs inLcntion:; exLru l'dinair'l11 'nL amica l s. LI
y a (lUelqlle chos ... Vous 1'C I' l' 7. bi n cl ' vcill r r,
Potell' . Ouv rez 1'<J'il
, ut'
vos agr nls, 111011
ami . Cc l''la vio rs t d'un o fougue ! ... " dcv l'aiL
pourtanL savoir , cc g:UTOII - I;"t, Il' pro\rcl'iJe
iL:lli Il: Chi va piano .. ,
"~nfi,
Vn
sa nD . ,I l' Il' Illi :Ii dit . .I e le lui ni rl" pl 'I l·' .
m ainl en<lllt, cl ' nwi da P LCll ec,
Cil
S'; lC-
co udant Slll' la laill l' plllll ' rapprochel' sa li gur '
cl
c il ' de Mi chcl, ' L
l'nlll -il ['nirc '1
C il
haissa llli a \'oix, CJu e
�203
VI;\(;T ET U;\ .TO UnS A VTCITY
l lien. Veill el'. Du cô t \ ùe ces messieurs,
-
la cOl'ùe est usée, évidemmenL. Inutile d'essayel'
LI
les l'amener. Jouez serré, voilà tout. Pa:
d'imprudence .
VOULl un brav e homme, ajouta- t-il après un
si lence, en dési gnant RaboLLeau d'un gesLe
disc!' L, que Nina est en Lmin de nous l'abattre.
Piquez l e poisson, de peul' qu'il rréchappe ;
Je précipitez ri n. Vous
mai s so yez adroit.
m'enLendez : Ne précipitez rien.
-
Compris.
Nina , l' sLée s uIe av c RaboLLeau, avait
1' ( 1) 1' i:
'cL ai l' nil1lalJl e , t cc sou l'i l" qui avaienL
si pl'ofond ément Ll'oubll; l 'an cien ItHll'cllUnd dp
'ér éales .
- P ndanl que ces Mes 'i eul' ne :onL pa là,
dit-ell e, j
vais vit m'ac quitter d'un
'ommis-
siun dOllt M"10 Halliazzi lII 'a cltal'g 'e pOUl' VO LlS.
." ai ~ l
YOUS
ülire, de sa pal'l, le::; l'epl'o(jhe::; 1(';;
pl LI S g ril vcs pOUl' ...
-
Olt 1 illtcl'l'ompit n.aboLLeau, veuiJlez pl'é-
;;cIIL ' 1' mes ('xcuse'
'1
vOll' ami e, j
M:ulam HaiJott 'au a él ;
pli 1l\':lhs III
l'.
SO UJlhlIJl >,
v UU '
])1'i c.
el j e n'ai
M:1 is, un dc c s : uil';;,j'cspi'1'0.. .
�'lOG
YI1\(;T ET trK .101'RS .\ Ylcm'
QU l1 nd ? rl r m:mcln;l hl'Îil c-pou rpoinl l'Il l1 Ji enne.
LI y aynit,
d n n ~
sa voix., co tllmc un frémi ssr-
m ent. Rabottenu lev:1
se croi sèrent.
1
s yeux. L eurs r ega
Le l)I'nv
l'd
~
homm e crut sentil'
l, choc d'un e étin ce ll e él ectriqu e. ,'a passion
lui r evenait co mm e un
fl ot, chaufT'n nt sa il
('('ITeau, hrùlilili ,'o n sang, lais:1 nt CO UI' il' sue S;t
peau un long
1
l'iol(' nt ['l'i.sson. Ses idées, cil'
nu, tourtlll yi' l'pn l.. T Olit es srs n\"olutiom;
!lOUV
;;'(wa nollil'ellt.
-
Quand'? 1'('p "t:1 Nilw.
I~ t
I·uix., il cP t.! c
~H
sccollù e intermga l.i oll, avait pri s
lin .
inlol1:1liOII
Il1usica lc, '1l,l'n,vn nl e. 11:l!Jol.l rôlu ne put r ésisL l'
d:wnnL:lge.
-
Demain , l'épolicliL- il .
I~ I ,
:Ijoul;"
OlTlllle
c s m ssi urs
!;;'UI
prochllicnL, il
.
n sc tourn ant v l'S Pol. ncr:
- J)'llillcul's,jr L!oi s UII !' 1'(]vi1 l1C'h il M ons ie\1l' .
- Oh 1 MOI
~ i 'III',
pmlt';;liI Potrll cr,
CP
Il '(o[.;lil
pa, pl' ssé . .I r. vous n aurais rail. (w(\dit Loul Ir.
1 (' III
ilS
qu e vou;; :1lll'icz voulu.
1.' l'id ea u \' nait dl' se
J
y
S(' I))(' nl rl Hn!tz(')' , 11 '! :l 1': lil
l'
SUI ' LIli divr l'Ii;;-
S IlI '
ln srr nr lInr
�"2ü7
YI NG T ET UN JOU HS A V I CII y
Lrentain ' de danse uses, ~L
l a Lèt
de 'quell es
Ij l'illai enL deux ou tr oi s pl'clili ers suj eLs, Po-
tCll(:,
,' 1
'eLLc "1 p ~ LI 'it i o n ,
avait oubli é le::.:
pl' 'oc 'upul.i nlJ S évcillées en lui
p il L'
la vuc eL les
par oles de MélJ égoL. A IJl'ès s'l'LI 'c voluptu uscmenL enfoncé
dans
SO li
fautcuil ,
avec
Ic
III OIl ve mcnL d' ull h OlllllLC qui dési l'Cse r ccueillir,
il éLai L L01l1 bé
Cil
arrèL rlrvH lll les maill ot::.:, D es
Il1 aill oLs chair ! Le paradi s cl' Mahomet S'CJl [r'o u vraiL 1 .. , l,cs houris Il 'étaicll L pas Loutes
l'gulcl1l nL afl'riolanLcf:i; mais ce qu .i intél'eSf:ia il
l'an cl 11 b oursi co Lier ,
J)c vallt
l,ollliJait
LIll e
CIl
jandJ
(j'é taien L l ' s j ambe::; ,
de
dan se u:-;c,
PoLence
cx ta:-;' , Il était Iii , s ' S g l'Osscs lI1aiu s
l' I'oisées SUI' SO li " (' litre, l 'S ye ux. lui sant ' ,t
hl'id és, les narin es gCillfl ées cl baLLa Il tes, OP
L '1llPS ü autre, il jlw:isail la lall g' u
S UI'
ses
li'v l" s lippu cs, avec un claquelll cllt li ' ct ;1
l'-
la l ioll , Il m g'cn iL n Il ein r féli iL',
Mi clt l 'ausa iL <I ve' MOII SiclI1' l1aboLtctlu,
-
Un ' exccllent ' id ée, diL
~il1
o n ,
qu e la
l 'I'éaLi(l1i dc cc lh \ùLrc, L es l'('PI' 'sc ll LaLions du
Casin o pcu v ' li t deve lli l' J'aLigH lI tl'S,
'L
1" long uc,
t'I 011 ps t 'hanné cl ' \' 'IIi l' ici, dc Lemps
C il
�~08
VIN GT ET Ui\ ,JOU HS ,\ VI C IIY
temps, pas el' une soirée; d'autant plu s qu e cc
pectacl e co upé plait pal' sa variété sall l'i
abso rb er l 'allen tion.
-Aj ute/. il c la, co mpl éta Seygliin c , l ol'i
agI' ' ments du j ardin , ([IIi fait, pOUl' ain si dil'e,
pal'ti ' du t!l éùtl'e
lui-I)(
~ I1l
(, .
PCI)(lallt les bell cl'i
soiréel'i, on peut, du dehor s, raI' l es PUI'l 'S
ou \' l'te ', entendr l a voix
t sui vm l e j ' u del'i
UI'Lisl l's, Du re 'l , voye/. CO IIlII1 ' l out ce la l's i
habil elllllL eL lurgem nt am ' nug' . Un pro mell oil' circul aire perllH'l aux spectateurs cl !'
changer cl pl ace, san, 1 moindre dérang'menL
pour leurs voi in s, Qu'ml aux suj el s engagés
pal' l'admini stration , vuas av z; pu jug r d
l('ut' force.
1.
ballet finissait, ::tu g rand d ' plaisir li
Pot'II"
qui ava iL l'cm'u'fIu " dall s l e tas, UII
muillot [llus rebondi, plu s f'rlll (, d' fOl'I))'S t
plus fin c] 'attac]ws qlle l 's UlIll'(,s. 1': 11 l evant
les Yl'LlX, il l'i' ' Lait ap l'ÇU quP (' IIl,lÎllot étaiL
surlllolll; d' unl' tètl' hl'uIl!' fri sottée, qui sou l'iuit Il '<lU 'oup parce qu 'ell e iI\'ail il montrer dl'
joli lS tl l' Id i'i. Le pplit ôlir j1)'()\'ofju :mL d l' ('c l! '
1 \1' brUJle lui plil L loul dl ' l'illitt ' ôlulô1ld
fjlll'
Il'
�209
VI;>;(:iT ET UN JOUHS A VIC HY
r s te et, comme c'était un pl' mi el' s uj e t, il
c he rc ha le nom
' lU'
le prog t'amm c ,
La toilc tomba 'Ul' une r e traite de F errand,
Comme on sortait, un homme, près ci e la
port du
V
s tibule, avait l'ail' de ch er ch er des
ye ux quelqu' un .
Qua nd Seyghine J'ap er ç ut, il impl'iu1't un e
\'ive poussée ü la roul e qui se pl'es 'ait pOUl'
l'o l'til', t la p l'so nne en question fut emportée
pal' le fl ot.
(:' Nait Mé négot, le bèg ue .
l' c' ul.- l'LI'C
voulait-il a Ires' ' 1' la paroI '
((
Il allll ti. au. Te lle fut, du moin s, la pell éc qui
l''u m'it
Ü
J' e::;pl'it du ' lave.
Quoi qu'il
11 0 111111 S SC
C il ~o
it,
UIJ
ilt
~ t a nt
après, les trois
trou vai nt. da n ' la rue Lu 'a',
cI ('\':lllt lc th 'âtre, pr "s d \ la
ag vitré
cl h
SO UI'C( '.
II H écltallgèr ellt <.les poi g né 's d \ main ; puis
PotCIl 'e di spa rut üans la dil'c 'ti a n d s c ouli
sc~
.
A son tour, Nim jJl'és nla il ItaboLleau sa
Illaill galtt; , Le ) otill ommc la prit ,t crut
Hl'ttlil'
tilt
!JI' ssion .
�210
-
VU\(; 'I' ET U:\.lU Jl S A VICUY
.c\ de main ) Monsie ur) dit l' Ltalic nne) p en -
dallt que Mich el lui prés ntait un c ricll e :ortie
de théi:'ttre e n p eluch e cr ônl c . Chcz Fra ncesca .
Je vous annon ce rai.
A demain, Madatn ) r épé ta HabottC<lll ,
ivre) la tète en [e u.
�IX
011 se l'Ul'l)(: II(' 'ILl O .1. 1>01·II <.:C, il la suite
Iii so irée Il;ISS(\-
de
·he!'. l''r<lll 'cscn pal' Simon
[{a!JoLt 'ilU, s'l' Lait l'roLL('
1<,'3
IllnillS
C il
s' ' crianl
qll' le POiSSOl1 était amor<.:é.
1;l'anrl ' l'uL d OIl G sa sLupNn <.:L ioli qUOJIHI il
l'()
I ~ la
,
II' lelld 'l1will, (fue le puisHon, loul
;tlll()I'CÜ (Ju'il 1(' ,' uppusail , Il e 1'('llitrai ssa il pas.
Cc fllt pi s l' li COl'
l ' ,' ul'l en(\ f' 1I1ain. Nilla se ul -
('1 Sl'yghille 11 0 pCl'clil"llt pas ·oldinll<.: ; seul III 'Ill 011 l' \soluL fl'èLl'c prud 'I ll, de JJ O l'i '11
bru squ er, do Il e pas l' '1,111<':01' l ' g ibi er u\' <.:
UllO IlüLe qui poul'rait lui S ' lIlbl
'1'
susp ect, pl
�212
VlNGT ET UN JOUHS .\ VI CIlY
d'attendre touL bonllcment une occasion ofI'el'Le
par l e hasard pOUL' remettre ln main dessus.
Une fois ou ci eux, llabotteau fuL apel'('u, aux
sources ou dans l c parc, pal' Michel
L Nina;
mai s il était alor s en compagnie de sa fami lle,
ct 1 s deux co mplices se gal'dèrenL bien dc
l'aborder. L a r ellco nl l'e dc l'Ed
Il
l cur foul'IliL
l'ol.:casi on qu'ils guettaient : on a vu comm enl
un
L è t e-
~l - L
Len u pt
\Le habilemcnL ménagé 'nLrc H.abotina,
par
Seyghin c · eL Pot nce,
H\"aiL l'emi s l'ail ci n négociant, [li ds 'L mai ns
liés,
Le
ntl' l es g L'ifI'cs cl ]'ltali cnn e.
1
Iid main, vor s neuf h e Ul'
~s,
se lJI'é enta cil z F m l1 ce 'ca , Ell
pl'é\'Cll llC,
HnbOLL nu
' lé
avait
L r '(;ut 'o n vi si teur avec l 'ell1lll' s-
scm Ilt d.ull e maiLI.s5 clmaison chal.lllée Il '
l'cvoir Ull hùt ' qui lui e· t pUl'ti culi i' I'Clll
' 11L
sympathiqu c. C s dailles fUl'ellt ('ga l ' menL on
Il
JI ut plus ailllabi cs
p Ulll'
ItabuLteu Ll . La
Jui vc, ayulIL SUIIS doute appri s qu ' Iquos pUl'ti culurités SUl' lu situation cl c l'orLun
du bon-
homlll e, s ' mOll tl'a Lr "s jalouse dc lui pl ail'e,
Ollllil1l' Il'101' ' Ua nliL
' li
' \'id ' II :C
50 11
Il ' lit
pi ' d, dunt llii /Jas Il ' su j ' gris IlllHtl ai l ln
�'213
Vi:\'GT ET UN JOURS r\ Vieil y
cambl'Ul", et joua de l'éveillai 1 av c ulle
adorable cocIlleLLe ri e. Quan t it la petile J ea1lI1E',
elle 1ui fit une rêvér nce ([u'elle avait la prétenlion LI' l' ndre tl'\s cérémoni u:S', puis
OUl'ut sc remettre au pi.allo. Mill" R,unazzi
l'ava i!. fuil ass oi r il càté d'c l! , et lui aclressait
cl ' doux
proche:s cru H.abotteuu
l'
l'
cevaiL
Cil
:s'excusant.
-
(;'e:st égal, conclut Fntllce:sca, [1ui:sq u '
YOUS \'oi là, je vou:s pardonne. Mais un e autre
foi:s,
Il )
avol1s
LIll
IJ OUS rai te
plus d'i Il fiùélités...
ous
nouvel ami à v us pré 'entor: M.
L'lIId au, Lll1ci Il industriel , un homme charmant. I ~t gai l, .. I<: h! mais, Ol! donc ,-t-il? ,le
ne J'aperçoi pas.
-
Pm'dine! di.t J ann
Chagut, c'est l\f.
Pot nce qui J'accapare.
-
1';ncol' 1 s cart :s! M. ,'eyghille a raison;
il fallt! l'a qu
je condamne l' poli t salon, si
1I0usvoul nsgul'd l'pl' \'clellou ' "sM ssic ur,',
,l'espère Cl LI' VOLlS n'ail z pas jouer cc so if',
Mon:si ur I"\abott au.
Jlot
C'est (ill l' jf' dois 111 1(' l' 'VHII Chp it M.
'Ile' ,t qUl' j'ai Il ,U
(il' p "~ ' ('r 111 (':"; dptll's .
�211
VI :-<Ul' l<:T U ~
.I OU HS ,\ VICUY
l3ali ! <lit !::ieygliine, l ai ssez donc. Vou,,;
al'ez gagll é deux cellts louis il Pot ence, il en
Ll
gagné lmi ,; cenls avant-hier ::tu comte. Si vo us
l'o ulez m'en croire, m on cher Nlonsi ur Habotteau , vous en rester ez Iii.
Défi ez-vo u:
de!'
so uri res de la Fortune; ne j ouez plu:;.
- Oh 1 j e n Li ell s pas auso luJ1lCnl à gagn 'l',
r eprit HaboLL au, Je l> ui s un paul'I'e j oueur ,
J)) oi. L"u'gent qu e j e gagll e
III 'emba rrasse
, ct
celui que j e perd :; m'enlluie. C'es t égal, j e tiens
il lll 'acquitl l' ell ve rs M . Pol 'Iwc. Et quand il
sera libre...
-
\.II ! bOJlj oul' , MO/lfiieur , bOlJj ou\". l':n-
'1lalllé de v ou s vo ir!
C'étai 1. 1<'
CO III te
n.ull'opoul os q LI i
l dl'
\'( ~ nai
surlir du [p til fial oll el. qui , s'étanl aV<lI)(.: ; ve )',;
Habollc'Cl U, lui
serrait
vigoul'eu, em nI.
deux nl"ills... Pas de ' liull " ,
•
<';'
soir,
C'
I p,;
pauv]'!'
Pol.
Il 'C'.
1r('s
hrill<lllls dé'bu ll> . Oil ! Pol ' Ile' Cl JiI, 'II lNr,
I1rilklills dpilul.,;
l\/ onsiCllr Landnu ,
1111 rud ' j ot'll.eur. 11 n ' ferai l pas 11H11 d'ahall d OIUl 'l'
la parti ' .
�~10
V I;,\GT F:T (J ' J()l ' HS ,\ VICIIY
Mai" qu oiqu e chose commr r,inqunnl f'
loui , en Ll'oi" LoUl's de cartos,
Préci sément, la porte du petit sa l on, Pllll"o uVOlte, l aissait a1'1'i\'el' l es éclats de voix j oye ux
d'un homm o ontre deux flge,' , chauve, r Olld ,
l'emuant, (lui ètaiL aLtahlé' en [n ce de Potence,
Il m-aiL ln vein e l oquacp eL le honh eul' exubél'IlIIL.
Chaque nouveau co up de cil l'les heu-
reux détermi mlit chez lui Lin acc('
dont (ollte la mai
'0 11
de gai eté
retentissa it. l':n face,
Potence, 1 s j oues go nfl ées, j ouait la com édir
dl' la Inauvaise humeur ; mais il jubilaiL intérieul'emt' nl d'avoir mi s la main
Lill otl au ssi p a d ~ li
SUI' UII
é Iran-
duj oueul' naïf. Avre c' Iui-]ü,
au m oins, 1 as lJesoin de cal culs, dr comhin aisons; tout mal'ehel'n il tou!.
-
S
li\.
fi:t ùe : ix, s'pcri a le potit Iroml\1 r, !Ir su
\'oix ci e cui vl' , A co mbi ell 1:1. mi se '1
-
.le ne mi se plus, l'épondil. PoLenee ; j 'cil
:Ii assez,
-
A votre aise, MOll sieu!', çn Il'('st pas
CIi -
t;O ul':lgcatlt, j e le c Ileois.. , I+: t il sr l'l'ollait l es
mnin s en nfonc:ant sa l êt
r nmll1 (' P( ""
Si'
dans ses (;paul s,
,'r,mn ss(' 1' dnn s ln pl r nillld l' ri e
�,:Hü
V I :\( ;'I' PoT 1' :\ ,IOl ' Il S .\ \' IC flY
Sil ~a
Li s [ 'a
'lion, I!:nfi n, IU :lnd
\'oudl'Pz
YOUS
1'ecommence r, ne vo us gênez pas, .i e sui s vu lr('
homme,
J'y co mpte, Monsieur.
-
Potence se l eva de LabJ et , suivi de 'on
au-
v l' aire, r entr a dans l e sal on,
Francesca, en aper cevant ce derni er, s'approcha eL lui présenLa l'ancien mar chand de
cér éal es :
-
Mon 'i eur RalJoLL au, un de n os meill eu1's
amis,
Puis, se t oul'I1an t v ers R abotteau :
-
Monsieur L and au , dont j'ava is 1' il on nc ul'
de vo us ntr tenil' lout-à-J'h
' UI 'C.
Les deux ll omlll s s'in clill \J' >lIl.
l''rallccsca contillua, s'adl'css;1I1L ü, L andau:
-
haLL!'
Il paraît, Monsieur, LIu ' vo us
VOll Z
dl'
M, PoL nel', M ps 1'61i 'i[:l lions, Gela lui
nJ prcndra
~l
nous Cill enT nos ;, mi s pOUl' l 'S
in sLall er il un e LabIe de j u , Si 'cla pouva iL If'
C()l'rig l' du moin s 1.. , Mn is il
j O lll'
-
a d é fl'
c~:
U
1';UI!.I"
un e J 'ÇO II ct M, ItaboLLcau ...
Qui lui doit unc r evanchc, co mpl éla l'al1 -
il' llll ('gocialll , cL qu i (' laiL VC IIU
;l\' CC
l'iIJL nlioll
�"1:-1(;'1'
~'I
UK .JlHJH S A \ ' ICII y
':.1'1'1
de la lui ofl'ril· . Jfais j e crain::;, Monsieul', aj üu t.;lt-il en e l ourn anl v er s PotC' l1 ce , qnc cc Il e so it
pas l e moment. ..
-
Au co nll'ail'e, M
n ~ i e ul'
,
inle.l'l'oll1pit. 1':ln-
eien ll'ipot.nul'll'a flhil'cs; ('('l a l'oJnpra Ip elt:u·IlH' .
.1 f' n'étLlis [las en v ein e avec MonsioUl , j e se rai
pr ul-Nl'C' pIn s heu l'eux <lvrc vo us. .1 'ac opte,
j '3c('ept p vo tre pr oposition ' pl si v us " oul pz
hi pl1 .. .
D' un geste, il invila son inlerl oculeUl'
passer dans le p lit sal on . L
:1
comtp, Michel et
ina suivit' nll s cleux advel'. aire...
M . Lnnclau, radi eux de sa v ein e in espér ée ,
rai sant
SO I1I1 f'
l 'or dans ses poches, expansif,
toul en ù hor s, lutinait ces dam s.
JI s'é tait j l'
.I ranll
-
SUI '
un ca nap ' cl vo ulail attirer
ur ses genoux.
Vous all ez me lais 'P l' ll't1l1C)nill e, hein '?
clil la j olie nI lr Cil se lourn ant. VCl''' lui , la
fi gure tout l'oug ci e '0 1. rI?
Lilndau partit
-
d'UI1
g rand ('clat de l'in'.
Tudi eu 1 m a peLit. , vo u. êt s ador abl e
<.:onll1l e <';<1 .. . Qu b y lIx ! .1 0 cl onn l'ais la m oiti
7
�':.H 8
VTNGT ET UN JO U RS A VTCIlY
de ce que j e vi ens de gagner pOUl' l es contempl e]' d'un peu plu pr s.
-
Et moi, j e vous prie de vous tenir un peu
plus l oin. Vous m 'entendez? ..
Comm e L andall r.ontin\1r1Ïl
;'t
vouloir
lui
pl' ndre Ja taill e.
-
A11! m ais, il manqll e complètem ent de
( , IlUl',
ce Monsieur-là ! 8st-ce qu e vous VOll S
('J'oyez i ci dan s
UII
fi eher l a paix, vous
cabal' t ?... Vou ' all ez
.' rl V Z ;
])1('
ou j e gin .
-
Comment 1 m a petit!', si cruelle CfU
-
Dam e ! Monsieur, faul. m 1lai l' , rl'ahord.
Et vous
ça?
ne me pl aisez pas du tout, vous,
(lVPC
l'ns manié l' s. J'aim l es m ssi eul's I.imid es.
La gai t' d ~ ,a nd
a u
l'PC10llhlti .
.I eanne était fUl'i eus '.
Oui, timides .. . Tell ez, comm ce Mon 'ieul'
• qui .i oue là-d dans avc ' M. Pot nce. En vo ilà
IIIl
qui sait sc (pllil', nu moins. JI
(' nlui -lil ! .l e ne vous cOllll o.is pas, vous;
st poli,
t vo us
\'(' l1 r z m pin c l' ln taill' l ,T r léLcstc qU 'Ol! me
11l'lIHJU P. d l' l'CS p ' ' 1,. TCll rz- vous le pour dit.
Lalldau n savait trop s' il d vait
l'il"
ou sc
melH' I', r I. fi'1':11lcrscn ('o ll1nl ('W::1 il i\ 5':11:11'111 (']'
�219
VINGT ET UN JOUR S A VICTlY
de la Lournure CJue prenait .l'affaire, quand les
yeux du petiL homme r encontrèr enL l es chairs
débordantes,
lar gem ent
ép:moui es
d'Irma
Vi,'ant. Cel a changea l e cours de ses i dées;
cal', lni ss:mL de cô té la gamine qui accu illait
d'un e si éLrang
façon ses galanteri es, il sp
r abaLtit sur 1 s ui erbes épaul es de la gr osse
bl omlp qui ne m ontrait pa. l a même 'uscepti bilité, Ell e ri ait de son l ar ge l' ire niai s à
cl lllcune
ct s t 'ti e CJu e L andau lui débitait à
l'or eille,
t elu [ai aiL sautel' sa gorge que l e
petit
hOll1mc co ntempl ait E'11
louchanl.
fi
d mnnd a du champagne,
-
A la bonlle
hUI'
! s'éCl'ia Jcann e, ell
l'I1Lendallt J 1'ononce1' ce moi., vo ilà qu o vo us
comm encez ;l NI' genLil ,
Dans l e prlit sal on, n abo Ltea u perd ait. Nom;
avons vu (lu e PoLel1 ce était r ésolu
tn 'li lU et qu
~l
changer dE'
Scyghin e lui ava it l' co mmandé
d'accl'Ocbcl', l'appâL n 'éUUlt pas sfll' . Il venait
de
l'P IT
l' Habott au l al' un co up habil ement.
c() llilJill \ d(' so rte (Ju e, sans savo il' co mmcnt,
. im an se Lrouvait nvo i!' perdu non-seul ement
la .'omm
iIU' il ava it gagnée quelqu es
j Ol1l'S
�220
V! )/GT ET UN J OU HS A V ICfJY
auparavant, m ais encore une cinquantaine de
louis en plus . Un vrai tour de p asse -passe .
Maintenan t son adver saire le te nait. P ote nce
savait qu'un e fois en p erte, B.abo tteau joue rait
pOUl' se ra ttraper, e t il était bien décidé :'t ne
pas lui laisser r prendre le dessus. Il l'a musa
en lui abandonnant quelques parties, puis e nfin
l'écr asa pal' cinq o u six co ups décisifs qui
mirent, ce soir-là , le pa uv r'e Rabotteau en
J éficit de cinq bill e ts de mill e .
Ce n 'était pas plu s un beau joue ur qu ' un
bon joueur que M. R abotteau. Dans sa so uspréfecture, il n 'avait jamais je té plus de cinq
francs à la fois sur une table de je u. L'écart
e ntre cen t so us e t deux cent cinquante lo uis
é tait as, z co nsidé rabl e pout' lui donn el' des
é motions. L a pl' "sen ce de Nina. achevait de If'
troubl er . A la fin , il . 'emball a e t, 'i P oten ce avait
voulu 1 suivr e, nu) ne sait oil il s se l'a il
a l'
ü lf ~.
Mi ch el, lui s ui vait son je u, lui dit :
-
Vous n'NOR pas h e ul'e ux ce 'Oil ',
ell e r Monsieur ; ne
VO li S
HI OII
obs l il1 ez pas con ll' li,
dévein . Croyez-m oi, laissez c( la.
drf'z vo tre revancll f' c1 0main .
VO liS
prcn-
�VINGT ET UN JOURS A VICHY
22'1
Rabotte au pamt 'ortir d'un r êve . Il r esta un
instant sans répondl'e, puis jeta ses cartes:
-
Vous avez l'uison, dit-il.
li . e leva, regardant sa montre : il était une
IIf'Llrc du matin. Il prit son pardess us pour so rtir.
-
Comm ent! sitôt! s'écria Mma Ramazzi .
Serez-v ous des nôtres demain '? demand a
Nin" .
-
Oui, Madam e.
-
Monsie ur, ajo uta P otence, vous avez eu
la galanterie de m 'offrir une r evanch e, quand
vo us m 'avez battu ; je ne puis moins faire,
nuj oUt'd ' hui que la fOl'tun m 'a été favorable,
que de me mettre [l votre di spositi on, quand il
vous plai ra ...
-
Muis demailJ , Monsie ur ,
l'épond it Rabo ll au.
~' i1
vo us plait,
salon vo isill, on avait improv isé un
so upe r, dont Landau, naturell em ent, payait les
1):1I1 S 1 \
rl'
a i ~.
1<:11 c lltn.lll L d
c m ~ celle pièce, Sim on aperçu t
l'ail 'ion man ufa LUl'ier qui, une coupe de cham-
pagll e ~l la main , 1 pi ed tr ébucha nt t la langur
" p:!Ï !->!->P, s';)vançait \'el's lui :
�V[N GT ET Ui\: JUUHs A VICIW
2~
-
lJermettez, Mon sie ur ... Vous avez perdu ,
il ce qu 'on m'a dit. .. Moi, j 'ai gagné ... L 'un
gagne, l'a utre perd ; c'est la vie .. . Auj ourd'hui ,
m o i ; d emain, vo us.
L' ivJ'esse lui donna it d' la philoso phie. 11
~ ontiu
a
:
Vo ul ez-vo us
;I\'C('
Ill ' ÜÜJ"
l'allliLi é cie trinquer
Ill oi '?
-
Mel' 'i , Mo nsie ur ,
rép oudit Rabotteau
pre. que bl'uta lem nl, c n seco ua nt la tè te.
La nda u, debout ùevanllui , sa co upe to uj ours
il la I1I ::\in , titul a iL. Les oscill a tions ci e
SO Il
co rps
son bras iJnprima ient au champaglJ e cl
t cl
vio le nte' seco us 'cs: la liqu ' ui' arl'osait le
tapis .
Il bredouillait, lutta llt vaill e ment co ntr
pa ral ysie e nvahi sante
-
Vous Jl e vo ul ez
1
(X IS'! (: '
avez p l'du ... J'ouI li ais ...
HU :
l.t
sa la ng ue :
, 'j
s t jus t ; v us
j'avais l erdu , Illoi
'i , j serai s pro babl em enL ...
Il ne pul ac ll ev' l' . LJII (loque t lui 'o upa lIcl.
la purole . Elltin , 1'vn nt les bras:
Vive la joi ! é l'u cl'l- L- il. Vi"e l'a mour !
[lui s il "aba ttiL S Ul'
llii
ülut ' uil.
�223
VI NGT ET UN J O UH S A VLCHY
Ah! se dit Ra botteau e n fu yant 'omnH' s' il
mt sorti d' une fourn aise, si je pui::; r entl'f' l' da ns
mes cinq mille francs ! .. .
Mai il co mplait sans la 1 :1.nde de filous lIlll
avait
l'
solu de le pl' 'SUl'e r sans piLié , Le le ll -
demain, le s urlendem ain il pel'dit e ncor e cl
'ents louis . Ce LLe p ersi tante d Iv in -
II X
il avai L
la naïveté de croire à un e dévei ne _ . l'exas{ . j '.I.
11 Y m e LLait l'entè tement qui s ig nale les inexp érimentés.
D'aille ul'::;, il ::;o n ins u, i l d v nuit joue ur. Ce
n' s l
p 'l H
impun ém ent qu'o n touc he aux cal'les ,
LI cornrn cl1i;ait
~l
tl'ouve l'
UII
l' i VI' sse cl LI j u. Ges é moU
flcl'
p lai::;ir da m;
il S,
c Lte fi èvr
seml laie nt ouv rir e n lui de nouvelles so urce.'
cl' vi e . Lcs alterna tiv s d
pertes c t de gains
lui ca usaicnt cl . sensa ti oll s viole lltes, ju::;C[ue-lb
in co nnu es. Il
H
voula it pas sc l'av ue r ; mais
il attendait a vec impa ti e nc l'he urc dl' prendre
p lac
il c LLe Labie, e n race de so n advcl'sail'ü
attitré, P ot ncc . , n àm
ùpl'e 1ulte
Il'uhir.
'on l["
se g ri sait d ' cett'
la li'Ol'tun
obs lin 'e il lu
�:l2~
V I i'\GT JST lJ ;-,' J OU HS .\ VI CHY
LJ n nHtlin , aprè: un e gr oss perle, il pril un'
fo rte So nlnl aux burea ux ci e la Sociélé Génér aIt',
SUI' l,l qu ell e il ,wait un
lellre dc cr édil el , le
soir ycnu, 'e présenla chez Mm" Hamazz i ave
l' in lf' nti on de do ubl er ses enj eux jusqu 'il la,:se l'
la déyeill , Polen<;c, ;\ qui M ichel avail
l'
'conl-
malld é l a prud enc , cr ut qu'il ser ail de bonne
g ueJ'rc d
lui r endl'e un p u d'cspoir , Il ma -
ll œuvr a avec un e habil cl' co nsomm éc, j ouanl
<ll'CC n a h o l ~ca
u
com me un chal avec une so uri s,
avant de l'élrangl Cl', A plu sieun;
l'
pri ses, l e
pau vrc homme rut touchcr au but. La gui gll e
semb lait déci dément conjurée, pui.s un coup de
cartes r enveesai t touLes
es esp 'ranc s, D' un
bonll , so n advel'sail' r gngnait l e Lerrain pCl'du ,
Cet tc nuit- lit, la lutte ful acha1'l1' e, el il était
qu all'\'. " eul'es du malin
quand
Sim on , la
d lCmi 'e froi sséc co mm c il la ,' uile d'un c or g ie,
la su
lU'
SUI' l ' l'ronl, I('s j amhe:cnssét's
('Ill Oti OIl S du
j Oli , SI'
l'ctira
avl'C ull e
[X li '
le,:
perLp l\J l;Li e
!I (' pr "s d ' villgllllili c l'r;1II CS , Sc)'gllin o 1li1I'His"a il CO ll st ' l'n é. Pid oux, toul. mi
1
(' t SlH:J'l', ' l,Iii
acco uru il 1;1 1'('':('OIISS(' [JOUI' 1'(\ pHnt1l'(, sllr II'':
pl ilif's du pigC(l 11 plum é l'Illtil 'd, S('o nr1 nl ", IJ1 (;I'S,
�22;:;
VINGT ET UK JOURS A VICHY
Ce que Rabotteau éprouvait était plutôt de
l'humiliati on et de la fureur Lille le regr et
d'avo ir perdu une si forte so mnl ~ ,
C'é tait au ssi, à l'égard de Nina, un sentiment
exa::;pél'é ri e colère ct de pas i on, II était
désormai::; fix é S Ul' l a comp ositi on de la soci été
au mili eu de l aquelle on l'avait entl'alné, CeF:
dames ne se gènai ent plus: il était consiùé1'é
co mme un hal i tué, ct on ne j ouait la co médie
rIe la décence que 'p our ne point elTar oucher
1 s nouveaux venu , l es co nsidér ations qui
(lUrni ent lU
lui in spirer enver s
la j eune
r 'Ililn e (lu l'osl oct, ou simpl ement de la l'etenu c,
n' xisl.aiellt plu s, [[ cn était venu ~ l la l ésil'er
violel1l111 ellt , [uri usemen t. Qu e lui imp ortait
Scyghinc'! Etait-elle seulcm nt sa femme'! E t
[lui , qu'es t-cc que cet h omme qui ne craignait
pas de comprom ettre unc j eune ct charmant
'l''atm dall s un tel milieu '!
[1
lui rallait Nina, ri la vo ulaiL. Il l'auraiL.
Maintenant , il
fJ ' 'asion cl
l'ech l'chait ard ellllOent un e
tèLe-il- tète, Mnis c tt
occas ion,
l' Ita li C' llIl C' mettai t autant de soin il 1; fuil' qu e
lui , il ln fnir ' IHlitl" , ,\Pl' \s ;woir jou " III
L'ü-
�220
VIN GT E T UN JuUHS A VICHY
queLLe av ec tanL de succès, l a sirène opér aiL
un e suvanLe retraite. Ell e se dérobaiL , décidém ent.
uvaiL vain emenL e 'sayé un e diver si on
à J'aide de Franc's ca: r. abotL au s'ohsLinai t
à sa poursuiLe avec un acharn emenL que ri ell
~Jl
e
rebutaiL ni ne lu.. saiL.Le . ul abri (lui lui
r esL,U CO IILre l'impétu os ité cl ' 'elte passion
fouguc use el lL1ennça ntc, c'était la prése ll ce dr
Il
sun au lLl Il t.
1~ l e
ne quittait plu s
lin
c . C 'LLe lirlélitl',
pseudo-co njugale meLLait l\aboLteau hOl's de lui.
EL ce j eu, de la part ct ' Nin a, étaiL d'autan t plus
~eyg
cru el qu'il éLaiL plu. dissimu lé : un.. avoir l'ail'
de s'a p rcevoir des fureurs de sa vicLim e, elle
cO IILinuaiL à lui adresser (le c 's so urir s meurtri l'S qui lui avaient déj à raiL LanL de mal.
Mais qu'esL - "
dOllc qu \ 'oLLe f nllll C '1
r ' pélaiL HaboLLcau en grill ({'lI1l cl es d nts et Cil
son anL l es poill gs. EsL- cc LIll ange '1 esL- c'
till e co mLi san '1
Co mme il
l'
IItraiL il l'ltùl.el , sur 111 poillte du
pied, J'esprit tOli L plein d'appr ' 1H' l1sioWo; il 'au se
�'2'27
vrNGT ET UN ,JOURS A VJ e uy
de l:iô.l femme, i l vit avec un vif sentime nt de
soulageme nt qu'il n'y avait pas de 1umièr e dans
la ch ambre de MmoR ab oUeau. To ut était obscur
e t sil e ncie ux . Déba rrassé d'un p oids énor me, il
lIt1ta de se g lisser dan s la s ienne . ~a
:;~
fiUe l' y
atte nda it.
-
Qu ' s t- t;e
lue Lu rai s I ~ ~ '1 ct lI1a ncta-t-i]
bru '(Iuem ent, avec un ges te de co lè rc .
-
Tu vois, je L'a ttend '.
-
P o uequ oi n'es- tu pas co uch ée '!
-
Pa l'ce CJue j e n 'aurais pu dormit',
-
l';n d'autre" termes, tu m' espionnes.
-
Si pe u, que j e t'a ttends ici, da ll ;; lil
l' ha lld)1' , sa ns c he rch er il savoir 011 tu vas ni
rI'OII tu vie ns. Seul e m nt , ne t
voyant pas
1·('nl.r6 il celle h e ure, j'éta is inqui è t ; tu doi"
cornpre nd m cela.
-
l'; t ta 111èr e '!
- IW c s'est e nrl Ol'l1li e de bonn e he ure , 1 ~ l c
po uva it s'év ille r c t apercevoir de la lumi è re
dan s ma cha mbrc. AJor ' j'ai pl'is le pa rti LI '
v(' nir veill e t' dan s la ti enne ,
-
C'el:it hi 'II ; m ainte nant, va le couch e r .
�2~8
\1;\(.:'1'
ET U~
,JOUHS A \'I CII \'
f!:ll e pri t so n boug oi l', fil deux pas; puis, se
r ctourn unt, avrc
U1l<' g l' OS~C
lal'llI c
la pointr
il
dcs il
- P r ! lit-elle d' un ton Huppliunl.
-
Hé bien ?
-
Et-ce qu tu as oubl i ; 1 S I' cO lluTI 'lnd atlolls
du médecin, cli s? Songe au mal que I.u ferais à
ma pauvre mèl 'c, si ell e ve nait il s'ap l'cevo il' " ,
-
F:h ! lai sse-moi tranquille ! s'écria brulale-
ment le malh
U!'
ux j oueur, au paroxysme cl'
la slll'excitati on.
Cl nire co mprit que c 11 ' "l ai L paH l e mOlll enl.
d'un e x pli cn l.i on av c lui ,
Ell e quiLla h chambre dc
,'j ouler lin mot ; mai s, quand.
SO Il
pèrc H(l nH
Il ' l'ul. danH la
14if' nn e, 'Il e rondit n lal'm 's.
-
QII 'y a- t.- il don ? 111 Il llipu ! III Il l'IIlU' '" ..
I-c ll e, Qu 'y a- t-il 10llc '?
�D'illlll1 ns!:'s al'fi 'Il H lIIulLico lol'l" , aux amI 'S
df' la vill e, 'ollt',f's Slll' Lou s 1'5 Illlll'S, il1l11 01l(.':ti l'IlL p01l1' If' lellc] clJI:til!
L1I1 Q
urga ni sée' p:tl' UII(' (,O lllllli s;.: i
Le l'Ill 'S du jlrog rit l Il li 1(',
l I!
O llll l'
(' (\ I(
~ villag oise,
11l1i1li cip.df', Ail ,'
d 'v,lit dall s('1'
([U ! '
« 1.1 lloLll'bollnaisc }) (' L « l'A uvc rg llat · ), deux
i 'ariétés de la boul'l'é , /.('
ilJ ~ l a l (\ l' ,
'omit \ ava it iiliL
SUl' la pl a e qui s' \ll' nd clel'ri c" l'ü
l' rrôtel-cl -Vill e, deux V,lStps IHlI'(lU eL::i PIlLoUI ';S
fi ' si ~g
s, Tou ' 1(':; ab 1'(( " .tv'l iellt Ité barri (:il-
dés, D es oll vl'i ' I's ' taiont en train
:'t d(' longs lil s cl
l'CI'
d 'UIT I'
ch('r
Ics lalllpi ol1 s ( li s laIlLcl'I1(':-'
'lUI d vai nI éclai l'CI' la J'rte,
�:!30
VING T 1" 1' UN ,JO HS A Vi e il y
On venait de déj euner, L a plupart des buveurs
de l'hôt 1 Mazarin étaient devant l a porle, formant des gr oupe ,Madame RabotLeau ct sa fi li e
avaient accompagné au sal on, avec plusi eurs
de
CCS
dames, une j eune fill e, arri vée de 1<1
veill e, qui, au dire de MiliOGaz tteau, a compatriote, po 'sédait un e voix de co ntl'al to up J'be
ct un merveilleux tal ent ri
l a fail'e chant
l' ,
pi ani ste, On voulail.
L a j eun e till e,
Uil
peu in t i-
Illidée pal' l e mili u nouvea u olt Ile se trouvai t,
sc ['ai sait priel', Wil liam el
des chaise, ' ct, to ut
CIL
~ im
o l
avai nt pri s
saVO Ul'ê\lll l eul' 'al' . ,
causai nl, ass i, ü une tabl , un peu ~l
l'écaJ'l ,
SO Ll , le ombr ages du pal'c.
/) vanl l a port
dr l'h ôl l, clall s l a l'u !', un
peli t hotnm , accu, un l pal' sa taill une douzain '
d ',lIIn 6 s au plu , vl; lu d'un pantalon co urt ,
d'un
veste galonn
cL d'un 'Iw])
HU
haut rl
['ol'nH', la vo ix haut!' 'l P l'ç:anlc, faisa it danse \'
ri es chiell s, I l chanl.ai t d 'S cOll pl ' l s r l branc1i ssnil tlll(' hOllHSillC Jui , siffl ant (:om m
tllHl
lanièr' aux 01' illes ri K puuvJ'('s animHlI x,
<'''l'ill ai t It' ul' illlclli grllC'(', Nontl ll'() de passilll tK
s'ülai n l HJ'r' lé ' l fo rlllai '1l l lill
' (' 1'
'l e L;uri Cli x
�~1I.
VINGT ET UN JOUHS A VICHY
autolll' de
J'alti
~ tc
ct de ses élèves, Slll' lu
<.: hau ':6c .
Tout-
~l-CO
UI )
Uil humme se détacha du g roupe
ct, avallt qu' Rabotteau eCiI. pu trouver le temps
de s'esqui VOl', lui ar'l'ivu en pl 'in dan s los
jambes, comme un projecti le. C'était Lundau .
li roulait s ur lui-mème, jovial, épanoui, rayon-
nal1 t, faisa nt son ner sa voix de cuivl' . Il eurou-
sem nt que l'homme aux chiens tapait dûr sur
son tamboul'in; autrement Lout l'h6tel,ju qu'a u
plufl rfofond de se' couloir et de s
S
cO l'ridors,
' tH été mis au cou rullt cl os conlld ncos CI
Landau .
l'; n l'apercevant, Rabol.Leau eut un gcsl
d'em'o i ct
nt
un mouv ment, comme pOllt'
haLL)'
n rcl.l'aiLe; mais déjà le fâcheu x: étai 1
SUl'
dos:
SO Il
- Tiens! c'es L!ü llue vo us demeurez, vou: '1
COJllment vu'? Moi, je va is très bien, merci.
Toujours ga i! Toujours cl' bonne humeul'!
Touj
o L1l'
('HIIX
~
hi
Il
porta nt!
Il ! ce lJ 'c:L pas Ics
quo jc viells chel"h " ü Vichy. Au
tmÎl'e. Eh! eh 1 ell ! au çontl'uil'c.
<':0 11 -
�232
VINGT E T UN J OURS A VICHY
Il appuyai t su [' celle déclarati oll avec un
illtenti on égrill ard e , clig nant c! p l'œil. Rabotteau était au suppli ce . L 'homm e continua,
impitoyablc :
-
Tel qu e vo us Ill e vo yez, m011 cher MOll -
,;ieUl', j e n'ai j amais r e",senti clan s ma \'ie un e
cr ampe d'estom ac. Bon pour 1 "' f mOl es,
I pR
Eau x de Vichy. Moi, je dis il la mi enn e qu e j e
vi n.
me trait r. 1<; lI e gO bl'
'11 .
Vou. savl"z
co mm ' nt j e me traitl', vo us 1 C'es t la l11 eill eul'!'
muni ' r e, mon bon nmi , la meill eure.. .
Williiull Dav is co nsidérait
00 111111<' 0 11
regard c
UII
d'adrcsse . Mais dé 'iü 1III
lI aissn it, pui, qu 'il
Il '
'c p
l'
onllagï'
il1tnu; qui ,'c tromp\'
' III.
Rabollcau le con-
ln pri ait pas de passer
SO Il
l'Iw l11in . Landau r eprit :
-
A propos, vo us ' t 'S ail
1
vill a dl' Ch ypre,
parai!., hier soir '!
c:
LLf' rois, RahottcôLu I;lissa llChôlppN un g st ,
d'ililpati Ilce trc':.; éloqll 111. ; cal' l ' peLit homn lü,
s'n pcrcevanl.
dl' so n indi scr ' li Il 11 , . sc.
h.Ua
d'ajou tel' :
(,:a
\ ' OUS
cO lllrill'il'
COnlp l' mb, Ce ln l'(-\,('ill '
tj U'1l 1i
Cil
l' Il
\ ' UIi S
pHrl ., Je
ri es so uv('-
�\"IKGT ~T
2:33
K JO HS A "I CII y
lIin; .. . Il eml hem! C:'e: t éga l, j o li e~
,
l " petites
df' cl1PZ France. ca . Tri's j olie, Ln\' avc nant s.
,\ pl'è's le champagne, stirtouL. A Il! mon cher ,
je vous l' 'omlnnnd e' 1 'Ii:'lmpng ne. lrré istibl e,
J
1(' champagne. !<:s,·ay ez-l'Il ... Nou s
rcy r-
110ll S
ron s, hcin '! Pa ' ce so il' ; . .i c fc r:1i co mm e tout
1(' m nd ; j'imi il cc lt
dem ain...
li
fèt \ Yillag oi e. Mais
l'e\'oir, mon c h(' I' Mon. i eul' ... 011
m 'aLl ne! pOUl' un e xcul'sioll j
ne' sai Oll. .. au
cML au de ... enO n il un CllùtC(l ll qu elco n lU '.
C'e· t tl'è
piLlor sqLle, il cc qu il paraît. M oi ,
111; n moqu , du pitto-
vous savcz, au fond , .i
Ics appas d' Irma VivanL. EL
r csqu e. .l e préfè' r
YOu ::; ?
Vou s Ile dites pas vos pl" f\ t'en es ,
so u1'll ois; m ais
CO llnait .. . Oh !
si vo lr
0 11
les cOllnaiL. .. Oui , on Ics
0 11 JI' 111
lang u
Il
di t
la t'aiL pas, ~ l m oi ;
ri
' II ,
YOS
Y' ux
t,
Jl t>
I1HlIlqUl'llt pas t! 'é loqu C' 1l '(' ... 1'; 111 ph ! ' Il !
llahoLlcall était p Olll'lll' : il
aura it
\ uulu
pouvoir ' tl';Ul g lPI' 'ct illlhél'il l' . ,,\ illial1l, tl'rs
g(\n \ dl' SO li
ail nli on
Ull
ùl (', (' ut 1',lir tI (, f(> llill el l' r
album qu i sC' 1.J'(l uv;1Î1
S lll'
;(\"('C
la labl e.
fi CI'IlI dl'\"(J il' Ill" pas pl'nl ongl' r, par sa Jll' se ll C' ,
If' suppl i n ' du pall\ r p fini 10 Il C', 11 1 pI,
omm \
�234
VINGT ET UN JOUHS A VI CHY
Landau ~'é
loi
en fredonnant j e ne
g nait
aiR
quoi, il se 1 va de sa chaise, murmUl'ant d'un
ai t' détaché :
-' En VOmi, un butor 1
Mais le nOIl1 de l a villa de Chypre, l ancé pur
L andau au co urs de la co nver ation, ou plutot
du monologue qu'il venait d'entendl'e, ce nomlà r envel' ait toute: ses idées au sujet d
J'excellent mar chand de gl·ain s. JI cOllnais ait
la villa de ChYPl'e de nom, de réputati on, pour
J'avoir entendu citer qu 'Iluei'oi s dan s le monde
olt j'on "arnu R . El ce qu'il
Il
Hait pas précisémellt 'ur le
Bourguigl1on. CeLLe
connu
vill a
savait ne ['édiompte du brave
ci e Chypre'
t'lait
pOllr ofl'rir ulle hospitalité empress ' ,
aux gens en quNe ri e bOllnes fortull es. vVillinnl
U'lVi: ne l'ignorait pas . Mais comm onl, pal' qui
Hahot!. au avait - il
\t \ introcluit clans c tt
s d él 7 I ci , l' AIlI(\ri cain
Il
compl'enait plus.
Scyghill s'é tait hi Il gard ' cl' parl! 'r devant
lui cl
l u villa LI
Chy pre, il plus forte rai son
de le m ' ttl'e lans I;t co nfiùcll
(l 's
r
tiles
péruti oll s qui s'y pl'alifJllui ' nl. Willi<lln ignorait
donc que l e HUi:ii:i ' « l'lit dl' la JIlaison ». Il le
�\' I:-.IGT ET
~3
N J OURS A VI CHY
5
so upço nnait d' tre affili é à une as oci ation d'
gr cs; mai>; jamai ' la villa de Chypre n'avait
été rI vallt lui citée 'omm un tripot. L j eu y
' tait ento ur ', ain i LJu
voil
discl' ts
S
sail
LIll
Yrnn
'8
p
U
nous l 'avon
vu, d o
t, Lundi ' que l e baccar a /l orisparLout ,
'ca Hamazz i s'
' eul ', l a mai so ll de
' II
t nait 'l U paisible
i nofr ' nsif cart '. U n j u bénin , en co mparai son
des autre ' .
Davi
ri
conclu t silnplem nt d S indi cl'éti on,
Lan dau Ci II
im Oll allait ch l'cher, dan
la
so 'iété i' la vill a cl Ch YPI", d's, .. di tractions
qu ' iln tJ'()uvaitpas dan ' so n inl'ri ur, Qu Iqu p
m a u vaise co nnai ssall
l'avait 'a il ' douL '
élail-cc " bulor qu
traîné là. P lIl- Ll'
, Vi llinlll, n'avait j amais v u
c:o l1nnitn' ' i bi n l ~a u o
Enfin, "qu ' il
Lt
11 -
lui )
t qui avait l'ail' 1<'
au.
avait cl
SÙI', c'est (ju
0
Il'
vie ux f'lisa it la P t . A 'in(lUant - d ux an:, l a
Il' l ' toul ' gri se, il
UII
'olU'ail 1 s br lans comm
'011 'g il'Il ' Jllall(' ipé 1 C'é tait dOliC pour ('a
'1U 'U II Il '
djJ J(' I'
!...
1(' \ uyail Pl'l'sllu ' plu s, 1os soirs, après
�236
VINGT E T UN JOURS A VICHY
C tte r éflexion amena
ur les
sourire
1lI1
Ih l'Cs de l 'Am éri cain, mais prcsque aussitôt il
pensa il Cl aire. L'émoti on l e gag na.
[1
sc dit
4u e Clail'e n'appl'cndrait pa :an doul eur, sans
JlUmili alion, la conduite de : on pèr c, ct qu'il
rallait es,;ayel' dc lui éparg n r c chagrin. Il sc
dit uLl s 'i que la connai ' ance de ces écart:-;
porterait à Mme Rabotteau un co up douloureux,
danger eux peut-être. Mai ' comm nt l e parer'!
li ne pou vait ccpendant pas emp "chel' Sim on
d'all er passcr ses soirées oi.! bon lui sembl ait.
C' 'taient là de ch oses d'une nature trop intim <,
pour qu'il fût pOBs ibl
ct
s' n môJ l' sa ns êtr e
horribl em ent indi sCI'et. N
l'avait-il p as ére"
déjà, indiscre t, hi n m algl' \ lui,
:-;cènr
Cil
assistant ü la
li L andau s'était épan ché '1 Un
('()Ilstan cc impl'évu
cil'-
avait fOl'cé HabolteH u il
roug i!' dev ant lui . C'e ll 61,Iil
<li5,
z; C· >11 ('ta it
lrop p ut-Nl'e.
Le :-;uil ' d '
sCJum"
"lt ' avullture, [' 'llecililc du
d ' l'HôL ' l - dc- Vill e respl endi ssait ri e
lumi {' l'cs. Ors bnl'I.'i r l' ,; mobil cs, in Rtall ées sur
1" pl ac ,ct engl obalii.
C
Lle palti
du nouv au
Parr qui l ouchr il 1" Mail'il', pl' tégeaien 1
�VI G'I' ET LJ:-i
,JOUHi:i
A VICII\'
2:37
l' mplacement réi:iel'vé à la rél , La foul e se
poussait à l' l1ll'ée, devant un e étroit guérite
n bois, munie d'un guichet, p OUl' s procurer
dcs lid<els, moyennant la modesle somm e dt>
cinquant c ntim ('s pal' pel'sonn ,On prés nlait
(' s bill C' ls à de pompier de plallton ill 'lullés
aux portes, landi que )('s m mbrC', de )a commi ssion , 1 Ul' décol'ation à la boulonnière,
surveillai nt le
ervi ce, Les anivants, par
groupes, allai nt 'asseoil' sur le banc' dispo é
aulOlll' d , parquet , ou s'é tager ur une
strad r e>1l boi blanc , orn é de feuillage ,
(l'oil 1'011 cl minait l' nc inte>, D'aull' s estrad es
:tYai! III (I l ' "lev ' 5, UI' l 's ôlés c1es pal'qu ts,
pOlll' les ll1usici ns,
011
n\'ail choisi tout expl'èi:i d 's Hl'tii:ites aya nt
un parfum cl
terroir très pl' noncé: de vieux
joucurs cl mu elle> t cl corn mus c{ui, depuis
C]UHI'<1 llt ' ans, fai ai
III
saut l' lPH ga l', ct les
fill l/ps tltOU,' les bals cles environs, le jour de la
f te' ]1<1 ll'ol1 nl , Quand nous di son, « 1 s envi -
rons », C
Il '
'st pa: toul-ü-ülil 'xact. Les ' Il vil'o ns
pl'Opl' m nt dit dédaig n nt la bOlll'l'éc pOUl' la
polka, cl la corn mu e pour la clarin tt , Dans
�238
YI 'G T ET UN JOURS A VTCHY
ces v ill ages, l es prétention
élégance font professer un
à la modern e
ouver ain mépri s
pOUl' le J'ustique biniou, On désapprend la
« Bourbonnai se», On pose pour l a val. e, L es
vi eux usages se sont r etirés dan ' l a m ontagne,
défendu e par ses r ocher s co ntI' l'in vasion des
l'idicul es de l a mode : e'e t 1;\ soulement, " er s
1"f' l'l'i èr os, l a Ch apelle, Ch atel-Montagn
Maye t, ou sur 1 s cO llfin s
1 s traditi ons ont été
el le
ct l'i\lI\'ol'gnc, qu e
'on n ée,
dans 1 ur
]llll' té antiqu , C'est là qu 'il y a cil cor e cl cs
(~O
l'I
e mu
se
u x
ct d s vi ux qui dans lIt la
Iloul 'I'ée comme on la clnl1 sn il. au t mps de
Mmo do Sévigné,
II avait fallu l es pay l' fort ch
pOUl'
d(\ci.à
1
ü am'ont
l',
l'
il (juill
l' 1
l',
ces sali vages,
urs 1'0 her -, el.
avec l oun; l'u sti lU s instwl11cnts,
la ci vili aLi on de la plain , li s étai nt " nllS,
av c l eurs grandI> cllapcaux 1I 0irl> l'ahattu s Sl1l'
l os ye ux, l eur petit· v 'st(' gl'il>c il bOIlLons ti r
1fl
6 t ~ !I
et ;'J lIlanchol> étroil.es, co ll ée I>llr l es
1'(' iIl S, il s étai ent
\'0 Il LI S, LIll
pu
SO UP \.I HII I(' U X,
ne snchnnl. Il'op s' il n'é lait j)n s qu es ti on d
moqtl PI'
d'e ux ct
de lelll'
se
lIlu siqu e, Mai,
�2::19
VINGT ET 1 1\.J0 RS A VTClIY
lqu
fJU
S
ra a ù s, y l'f)''es à 1
(le m embres du
co
mil
é ~
UI'
ava i nl
a l'rivé
U
pal'
rai on de
altilud e m é fi a nte , Et , bravem e nt , à la
c II
l' qu t
fail'
de
('s m e s i ur ,il
s' laie nt mis il
le Lo ur de la vill e, précédés clu gard e
c ha mp tl' , jouant cl e 1 urs muselles il tOUl' d
bras, o u de le ul's corn mu 'e', à pite d' hal in ,
r l1 'h a ntés de l'effe t qu ' il ' l)l'odui 'ai nt, r adi e ux
de
comm
:1Vail
UII
ha nt' -
tl'iompha te urs r om ain , Il Y n
e nll'
a utres -
(lui ha llait cl '
un v i u x to ul enruIlll'c b a ls c l mimait
ses a irs ay c un e nll'ain r cm a l'(jlwbl e, II sc
fo rma autour ci e lui un e band e cie gal' ons
d ' hôte'ho; e t ci<' li Il 's dl' se rvi ce qui, mi s e n g ,'II
par ce ll Illu s iqu ' enra gée, s ui vin'lItl 'oJ'ch estl'e,
d'enlh usias l11C', da ns la dil' cli o n du s qua r e.
POlir Pli X, (1:1 l1 s( urs f'l dil nsPtl s('s av(' )'(\s, l' ni rée
{' I" il g ra lll ill' (' l,
l' II
lin
lin rI 'œ il , il s C' ul'l' lIl
Jlri s po::;scssioll d ps pa rqu e ts.
Cc ful un viPll.' ( m Olltag n l' », comme
dil d nns la la llg ue du pays,
t sa f mm
0 11
qui
u lI y ri)'(' lIt Il' ba l. [,t's lllll Sil'i pll S, Jl pr il ;s SUI'
IpllI 'S pslmel!'s n i! l' n ayuit in s ta ll ; un p lil f,H
dt'
hi i' r p, :11111 d'r'rll :lIdl'f' I' ]PlIr z(\lf' , 10111
t' Il
�~/()
\' 1:\G '(' 1·:'1' U:\ JO lJ HS .\ V IC II\
!'al'I'aîchi ssant leur gosier , j el èr ent, av ec un e
véritalJl e ftwia J Jes prelllièr es Ilot s de leurs
instrum ents. ])(':; co upl es allai ent s
1all(':('I',
quand un gr and gaill ard ::;'avança en sc lan li n;1 nt 'ur le paJ'qu r t pt cri a, d'un e y oix dl'
, tentol' : «( T out-à-l'li eLll'r
J
ln !'!';
gal'!';! Lai ss
7.
omm(' l1 C('I' l es yieux, »)
L ('s vieux élaicnt déjà pl' \ts.
On se l'al j)r ll r l'a long lemp: à Vichy ce déhut
de bal.
L'homm nais -
lIll vrai 1lI0ntag nard houl'holl -
avait la face épan oui e dall s :;on larg('
co lli l' d t bal'h
l'ousse. Il p l'taiL un o p tit('
vrs Le grise cL un imm use feuLI'
mou qu ,
l , halancem nL d la hOlll'J'é lui f[l isa it rcLom-
1!C'l'
:; Ul'
la nuqup. La f tnme, plal c, spcll(',
1 li ez droit, la 1(\ tr co ilf e ü' un de ces cl Hl [J 'a ll x
df' paiJJ
so nt tuut
01'11("" li ' nœud s cl
, >
qui l' ste
ut'
"l'lUlll':-I noir qui
l'ail ' i
houl'bonll ai::;, si g l':1 C' i(,lI x !'l :; i
marquait 1 pas cn rac
\Il le
de
11
CO::;tUIlW
pill ol'l'sqllP J
SO JI 11 0 111111 ,
avec
v iv:\cil (' de j (' III\(' fill l',
Ell e avait
li
autl' foi s son Il u!' de
l'
pula-
Li on pa rm i 1 .' meill 'ur 'fi dan: u es du pay, ;
�~41
VINGT ET 1):\ ,IUt H ' A VICHY
t aetucllem e nt cllcorl', quand il s'agit d'illaugul'
r 1 bal d « la 1 ué
la m '> r e Mi LLc qu'
11
l'
vi il!
e fait jamais
« EL
l'ol'eill e ,
mes
nfanls, dit-cil
vou
donc'? -
ne
luaod jc
donne]'
cni morte,
n riant, eomm nl fel'ez-
Bah! mèI'
moul'!' z jamai , »
aint-J an, e' 't
pOUl'
le branl e , La b nn
lir
» à lu
ya chcr h er
l'
Mi LLe ,
ne
YOUS
pond nt les gars , IW
hoch e la tê te e t, droite an ' raid ' ur, 1 s bras
arrondi t na ntIe coin d
HP
campel' d vanl
SOli
SOIl
labliel', elle va
danse ur qui, g;n ll'ale-
menl, 'sll plu jeun d la band ', CI' oir-Ià,
puu]'lanl, elll' a\'ait voulu inaugul'(' l' Il' bal avp
« son homlDe ».
La bOUI'J'" Boul'bonnai..
complN m f' llt il c
~
la Monlag na rd
a qu JICJlI
"ose
Il
d l'
ou
Il
l' 55
mol ' pas
l'Auvel'g nall'
1),
l'lu: doux , d plus l'a d
La lJoul'rée a uy rgll aLl',
lau e
ne
qu 'o ll appelle dan s le pays
llU HIHl
Elit'
Il
,JlI' ' IHI vol ontie rs le ' allul' " tapag u
d' ulIC' charg
cavaI ri , 1': 11
cl
'é.
'l'Il e e ·t hi ' lI
~
s'accompag llf'
de fOl'lllidablt·s ('Ol/pS de pi"d, :Ippliqu '.:-; il pluL
s ur)
plan c h
l',
pal' e '5 lal'g s souli n; al/-
vC'l'g l1i1t s qui sC' pnsC'nt r] 'nplnmhlll' CC' fln 'ils
�:21,2
VTNO T ET UN .1 0U HS A
vrcm'
roulent, et de yous énergiques, poussés co mm l'
un rugi s 'CIuent deguel'l'e. L a « Bourbonnaisc »
n'a ni cette fougue, ni c s impétuosités bl'l1yantes. Quand elle s'anime, c'est p OUl' accentuel'
le bal ancement gl'aci eux du corps et accél él'el'
le mouvement des j ambes, L e cavalier et sa
danseuse, l'un chassan t J'autl'e, avancent eL
J'
culellt i.t t OUI' de l'ùle, face :'t face, en sc
trémoussant, .'ans se toucher ; pui , battant
(l es mains,
sc
cl'oi sent
en t ournant ,
el.
soudain e co mm encent, après avoir pri R la
place J'un de J'nu Ll'e ,
le m · m
exel' 'ie ,
que Je rythme de l'o rchestre 1 r écipite ou
allanguit ü vo lonLé, A mesure que l a danse
s'all ime, l es br as s'élèvent ct s'abaissent
n
cadenc ; Je balnncem nt cl s hanclJ es s'a 'ce ntu e; la « Bou d ollilai s » se r appl'o 'he d:1 \'a llLa ge de la « MUl1tagnal'de»; 1eR battements dl'
main s devi '1111(' I1L plu s ('IH' l'giques, jusqu ':lu
mOITl Cllt Oll un
COUII ('
Ill ellts, ::tn êl.nlli.
sc prod uiL su l' I('s i I1 sLI'U -
le tout. AJol's, en galunL
cava li er, ehaqu danse ul' mbl'a 'sc sa danse use,
c qui ne manque j amais, lor.'qu
vi ux (lui c1 0nn nt le si gnal cl
e Ro nl. d s
c s tend l'esses
�V I~GT
ET
21:3
N ,JO C I\.' A \'I C IlY
publiques, d'excit ' 1' les l'ires ct les bravos dcs
spec tateur,;,
LOI"qu ' la Ill èl"
Mi 'lle s'al'I' \til, touL 'ssouf-
Ih'e, mai s prèLe, disait-ellc,
que «
SO Il
il omm
»
~l
recommencer , ' L
lui CClt app li(lU" Sll l' Iii
j Oli e, dcva llt tout Je monde,
plus bruyall t
li 's bai 'C l" conjugaux, la galcl'i
'cla\.a
de {( bi!';! bi,' ! » répété',
a\'(~e
ri !';
C il
deR <lvpl audi se-
J1l cnl:::; f rén \tiqu ,', pal' les I·:trallg ' l'S, que celle
s
,"tiC
amusait au p lu!'; haut poi nt. M'lis al
l'
1'5
grall d gal'>; qui , tout-il-l'h lire, antit fai t. fair '
pl ae' aux vi eux, ,"avança de
11O UVP(l U :t u
mi li u
du pal'quet ' t, de sa vo ix l'ct ' nti 'sante: « Maill l ell ant , ,tlkz-y, YO US ault' s ! » s'écl'ia- t-i l
C il
,;'adl' s,;a ll t aux co uplcs Il li sc t naiellt tout
JlI' \ts, chaqu 'cavali er
S UI'
Il facp de sa dalls u,
>
,
1 s cô tés du planch l', L s ol'nemuscux
atlaquè l' il Lv igou l'
Ll ,
cm nt une nouv II
b 1;11'-
ré', « Il , 'ngi t dc ne pas vo u,' m \nag l' », 1 UI '
,l\'ait crié 1 j un
Ill olitagll()I'(l, Et di stinguant,
parmi toutes l 's aute ', UII ' fi ll tl
n b illl et
bOUI'!Jonn ais om ' li ' lal'gps l'uhans l'OS
H,
il
s'l' tai \. pi' ;c ipit é \' 'l'S ellc pOlir l'in viter , Il était
cOllnais!';elll' : ec U
pelit '-lit dilli sa il la hOUl'l'ét'
�244
VINGT ET UN J OUR S A VICHY
à la perfection, et avait obtenu le premier prix,
à l'unanimité, au dernier bal villageois .
Alors, co mmença la m êlée. Une mêlée tourbillonnante, bruyante, foll e. Ceux qui savaienl.
danser la bourrée, la dansaient. Ceux qui ne le
savaient pas, dan aient la · valse, la polka,
n'importe quoi, tour.nant, s mêlant, se confondant, coupant e ll deux les bounées commencées , pou.'sés , chassés ver
l 's bords des
parqu et.', e t trébuchant ellfin s ur les groupes
de spectateurs qui envahi ssaie nt de plus
Cil
plus l'espace réser vé .
En
va ill
l's
l'eprésenLa nLs de
la for ce
armée co mmunale , le gard e champ être , les
pompiers, 1
du comité
ag nLs de police, les membres
ux- mèln es, faisaient-il.' tous leurs
(forts pour "lssurel' la libe rté Ll u parque t. La
foul e cu ri use , de plu s
1\
plu s compacte , ne
recul ait rl 'un pas qu e pour ava ncer de deux. Il
Ile sc produisait un m ouvem lit de r etraite, que
10rsqu' uD co upl e v li ait' (!chouer en Lournant
ur les p'" 'lI1i rs
l'an gs
ci e la
Il1 HSS
e nvahi s-
sallte, o il il s' lI[' o l c~a il. pnr ln foree de la "ill'ss!'
;I cqlli sp. Le 'c rck sC' l'f'S';rWI 'H it ;l elwq\lP il1 f'. lnnt
�VINGTET
213
.' JOURS AVrCHY
dava ntage, Les dans urs, pal'llués avec leurs
danseuse
da n
un espace qui n su ffi ait plus
à lem s éba t ', pous aient de te mp
n te mp d
verilables ch a rges co ntre 1 s gè neur , tourbill on nant :l UX so ns
nragés de J'or chesll'l'
a uquel la bièr e donnait du soum , La foule ,
m ' na ée, s" ca rtait pour les lai cr pa s
l',
l,
a ussità t, sc l' formait. On flnit par n prendre
:;on parti , e t l'on dansa comme on put, par
ur cin q ou ix points à la fo is,
peU L g roupe"
::l U
tl':lvers de la cohu e, partout oü l'on trou vait
lihr e u n coin du parqu ct. Un e lll èlée!
Il
us
l'a vo ns dit ; mais une m c'lée joyc u e l/ui, sous
la lumièr e cl s la ntcrn cs vénitienne
f'IJtre-
(' J'()jsN's a u-cl es:;us des tè t :;, produi sait l 'PIre!.
d'l lJ H' r ond
pa l'q II ,ts
f'a ntastiqu, La l ous i rc
parais aiL to ut ,
ra ng
dan:;
les
l'
1':I.'OI1I1I' l1lCnt de e- m ille lum ières: de t mp;;
(' Il
te ll1ps, u lle la nt
SI';;
dél,,'is C' nll:lIl1m 's
l'I1 C
Sil il S
jI,lI' venil' il les:
(' Itli l
;' 1
1'; 11
eco ualll
la tNe cl
oupl es,
S Ul'
\ 1>:11'(' 1',
L'ivres sc du ba l
so n 'omhl ,
('C
"" ' 1'(' 111
pl'cll ait f u,
IlI onH'I1I., ri es l'pux d' Bé ng:l l' s'a llu(l'ln s
l' Cil
eilll "
�216
V 1 ~ GT
Kr UN JO UH i:i A V1CH \'
Des fl ammes L'ouges et vClte,' embrassèr ent,
dan s un r ayonnem ent intense, splendid e, l'ensembl e de la cène, On ape]'(; ut les musi ci ens
sur l eurs tréteaux, arrèté, net pal' la nouveauté
du coup d'œil, la tète tourn ée v er s l es foy er s qui
fai sai ent ruissel er
SLU'
eux ces ond es lumi -
!leuses; les spectateul's éLagés
l es cavalier s ct l eurs dau,' u
,' Lll' 1' 0
Ll'ade;
', 'ul'l1l'Îs dans
l eurs ébats cL r egardant ; Lundi ' qu e d'auLres,
des enragés,
continuaient ü
tou l'Ile L' dans
l'entru in ' m enl ü'uL1 e val sc comm encée; pui s
l a foui , déployée autoul' de' p;tl'fluel s, la l'oul ('
au x mill e tète, mouvantrs, tour il. tour l'O lJ ges
el y orLes, la foul o ém cr vcill ;' qui fOl'maiL l '
fond cil ' cc l'éé l'iqll
lahl ' HU, Un illlifien 'e cl'i
d'adll1imli on, sorti cl s [Io itl'inl'S viII .. " ooi s 's,
{;dat;1 ('o mm e un tonll l'l'C: il s pl'olongc;' l,Ill l,
Ijn ' lima l' j cu fanlasLiqll cl s lumi " l'CS; pu is
l 's illu sclles Li es 'Ol'Ilemu scs
J'
c mm nC'l'cnl ,
illlaqu:lIIl une 1 OLll'l'é',
~l
OlS
-
La hourI" u ll a bolU'1' "c! 'l'i a l a foulc,
-
T ic ll s! l;Ollllll (' n L \' OIi S
i c LlI'
'! EL l'O US,
~ l iI(
l (, l
pOl'tpz-v us, \,;h
o i se
l ('?
l'
di L touL-ü-
�U7
VINGT E T UK JOUI{:; 11 VI CHY
'O llp [ll'è'
ct Habolleau et cl e Claire, UII ' voix
qui l ef; fit tl'es:aillil' tou
[eux , C'était Mi ch '1
Seyghin "
L ' 'tucli-tnl
<t l'ec
nu
' tail ILl, regardant l' bal
s~('
illa,
D tuute la j oul'Il ée, illl 'ava il pas éL' (lUc;;liulI,
'Il ll"
Cl air'
t It abollea ll , li ' l'L' qui s' ' Lail
passé la veill e , La j culw fill e, a fill ci e n' '''cill l'
tian;; l e t'n' ur de :-:a nlèl"
;JlI
'llll so upc:o lI , ava it
ra it cl S effol'l ' h ér oïqu es pOlll' parai t\'
IIj OU 'C,
CU III Ille d'habilud ', ,'jlllon, [1'(" l le n 'C UX, g'élail
('{l'or e \
ri e SO li l'ôll\
ItI !Ju ell e' il p[;lil
Pli
d l' (';t!1l1l'l' j'ugitation ;1
(ll'Oil" ('[ (" cslilli qui andl
prOPOSl' ;'t Clain' rit' la (,olilluil !' il
la
1'(\ 1('
YillnA oi sc, Clain ', puur d('s l'il! SUIIS qlle /(,
il't 'l l' ul'
('O llllll' IHII<' sa li s PCill l',
pl'opusili ol1 de SO li pi' l'C',
sClr
!Jil l',
(jC soir-lit, il
Il l'
li
il
'(jppl a la
!1Ioi"s, 'Il e' l' Iuil
pass 'l'ail pas
11111 '
g l'Hncl C' parti, cl ' la "uil dl' IIOI'S, Mais les
flI'('uccllJlali on::; qui lC's ag ilni llili. l'ull ct l'n utl'l'
(' I;,i cllt [l'Op alJsorhHII[
'S
pOlir Ics ('lIlp \chel' <1 ('
juuil' du co uJl d'tpil de la l'pIc,
0 11
cl' "c hangcl'
l(, lIl's illlJlI' ss ion:, Et, d('pui s 1 li !' sortie de
�248
VINGT I ~ T
UN JOUHS A ViCHY
l'hôtel, c'est à peine si, deux ou trois fois, il s
s'étaien t adressé la parol e .
- Voilà bie n long temp , Mademoi selle, qu e
1101.1S n'avons eu le plaisir de vous voir, continua 'eyghin e ; vo us n'avez pas é té malade ,
j'espèr e ?
-
Non,
i\1on~
e ul';
m erci! r épondi t Claire,
d'une voix sèch e, coupan t court aux compli m ents. Elle avait comme un pressen time nt que
ce t homm
son chag rin,
était pour quelqu e chose dans
l ~ lJ e épl'ou vai t pour lui, pour sa
politess e e mpress ée )
un e av el'siolJ qu' clic.
s'expliq uait ma l , mai s dont oUe n 'était pas
maUre se .
Mich el sentit l'ho stilité secrè t , in s tincliv ' ,
dont il é tait l'obj e t de la [larl de c II nature
droit. LI vil qu' il n 'Cl'ait ni habil ni de bon
goîlf d'in s is tC'l'. Se raualln nt dOllc s u)' l'an ci Il
négoci a nt n grain s, il lui pnl'h de ln fè te, dl'
l'entrain qni y rég nait, COllllD on vari e du
iJ 'au teJn[ls Oll cl la plui e . TI ohscl'va it n m êmc
te mps la fi g ure' de la j un
S lll ' pl'o ndl '('
fill e, pour l:1clwl' de
qu olrflJI' clJos<' ri e
de ses sp ntiml' Ilts; rn ai. Cluin',
RPS
p<' ns0es ct
PLI nppUr E' I1r'C',
�VIr\GT ET UN .JOUR . A VICHY
~H!)
était calme, bien que froid e ; il ne 'u is il l'iel!
qui fCtt de natU1'e à le til'cr de son in certitud e .
-
Bah! pensa-t-il, aprè' tout ...
En ce mom e nt, il se pl'odui sit da n ' le g l'uup '
dont fa i ai nt parti e Mi c h 1 c t e, illt l'l ocule ul''',
un e viol ente
p OlI
ée. Vil
onpl
d
cla Il Sl' Ul':,
heurta ruùement ,'imoll, ta ndi s qu ' un jUl'on
' n el'g i IU O, fOl'mul é n pur gasco n, P latait sous
so n
-
ne
com me une 1 om be.
~ ,
Eh ! capé lé Di ous, on sc l'écul e, q ué
diabl e 1... Té 1 m ai" c' s t Mon. i ur HaboLlea u .
Comm e nt! vou ' i il avec Madém oisell c Cl nil'c !
8nçanté cl vo us vo ir ... En çanté ! En çanté ! ...
uma Cardaill ac, e n pel'sonn e, av
C'était
sa foug no mél'idi onale
(~
t son acc nt. Il avait
l'accolé pl' s d' un e bonn c vi ill
da me une
fillette d' un e q uinzain e d'années , dont les
pied, au son d
la mu s Lle,
'agitaient ft'éné-
tique me nt, ct il s'était lancé av c cli c dans la
tourm ntc, aLl ntif à la prot6gt r contrc les
choc , mai s l' 'ccvant 1ui - m ; mc, d droitc e t de
gauch ,
Uil
Au m rn lit
nou
0
nombrc incalcul a bl c cl
Oil
hori ons .
il s'échoua 'ontt'C 1 g roup 1 qui
cupe, la fil 1 Llc, l'ouge COlOnte un f!
�250
VI NGT ET UN ,JOU HS 1\ VI GllY
l i,'oil l ', ses cheve ux foll eLs Lous mouillés de
sueul', cri ait à SOIl cavali el' qu'eUe n'en pouvaiL
plus, Elle sC j ta SUl' 1 banc o ù :a g l'and 'm èr e,
so u l'ianLe, l'atteJid ait; eL Card ai \l LlC, après s'è Lre
in clin é devauL c's dUln es, se hâLa de l'evenir
près de Claire,
-
MadémoiselJ e, lui diL- il salls préambule,
vo ulez-vo us m 'accord l' l'honn eul' d' un é polka ~
Clail'e fiL un gesl
négalil'. Le Gascon Il e se
l'ebula poin L.
-
Poul'quoi ? Zé sa is bien qu é nous n é
SO lllJn eS pas i ci au Ca, in o; Illais voyez, LouL lé
m ond é dalli:;c,
Il di sait vr ai : les specLaLeur , buv Urs 'l
hu v' us s d'cau, gagnés pUI' l' nLl'ain général ,
s'éLai nt mi s bravemenL ct ' la par ti , On voy aiL
cl' 'léganLes Loil LL
mél 'cs aux co 'Lum cs l'US-
tiques, Et ccs dam 'S s mbl aicnt pl'cnd r c un
exLI"rn c pl ai sil' ;',
cO lluuiLe [l a I' l
'S il
' LL '
sauLcl'i('
'co rd s li '
ILl 11III S
vill agco is
LLc cL dc l a
'OI'l l Cmn S '
-
T oul l ' m oud ', dall s', l'(\ p '·I.a Card aill ac,
C'l z,'· vous ass ur qu é e'ci';L Ll'rs alnUSH IIL. Téll ez,
7. lI s l CIl1 nI. ,
0 //
V,l
('() J)Jm l'll
' C L'
UII '. polin",
�VC" CT ET U:-':
251
.J ou ns .\ " ICl/ y
fi:h ! l'U I'list(', un ' polka, s' il \"CHI S plail ...
Vénez-vous, Madémoi sc ll e?
M l'ci m ill e foi s, Monsi Ul' ; mais .if' n'a i
-
pu,' envie de dansc l' ce ·oil'.
l': h ! zé cl'oil'ai qué (;'e 'l l <lI'ce flu é vous
-
v ou! z pas dans r avcc m oi, alol'ss.· ! POllr-
Il '
qn oi nt' Yo u! C'z-vo us pas'! Zé dans
hi('11 qu 'un nut!' , ans m é f1 aLt
Il
étnit
pi quE',
l Olll aussi
l'.
vijbl ln nL
Habull ail
i nl l'vin t :
1 OUI' lU i ne dansC' rais-tu pas
-
!\1 oll si<' UI' Canlaill a
Claire?
il drs
poul'I'ail cro il '
sP lltil11 ' nts (lui n'cxist nt pas cll ez toi . Pui squp
lout J> mOlld e danse, .. Vn ,
-
III Il
nfant ...
Mai ', pèr e .. .
- .r
t'en pri e.
E!! ' ob ' it,
t prit J
111'11.
cl
Card aill ac, l n
ill sta nt apn\s, la polka cO ll1lJlr nc,:a il.
Il 1101l1I1l '
frappa SUI ' l'('pau! p dl' Sc yg liin t',
i;' inelillunt dc"a llt
(' 11
il HalJoll
m P 1l1
(1
1.
illa ct
l' Il
t ' nd anlla 11I:lill
C' "tait .J , Poll' lI ce.
Vous i ' i 1 s' "cl'ia 1i 'h l, n\'cc lIll
<I r Slll'jll'is(' ;
<'0111 Il ll' il 1
":1?
111 0 11\' (' -
�~f>:!
VI ' GT g T UN .JOU HS A
-
VI CI-l\'
Très bien , mon ami; puis , à l'oreill e,
d'une voix légèr ement altér ée : J 'ai à vous
p arler.
II lui prit le bras et, après quelques instants
d'entretien avec Rabotteau et Nina, entraîna le
Ru sse ver s une allée de l'enceinte, obscure et
compl ètement désel'te.
Madame Seyghine et Simon dem eurèr ent
seul s .
L'ancien marchand de g rains aisit cet ins tant.
-
Madame, lui dit-il à voix basse, mais avec
tlii O
intensité de passion lui
m 'aya prcsqu
l' lLa li enn e, il fauL que VOLlS m 'accordi ez
UII
IILI' Li en .
Nina joua la s urpris
-
Un entr tien, MOl1si ur '? .. P ourquoi '?
-
Mais par ce que j'ai à vous dire des choses
qu personn e qu vous ne doit nLendre .
J
-
Oh 1 mais, c' s t très
g l'UV ,
alol"s '1
- Très série ux, tout au m oins.
-
0 qu 1 Lon vou!:! dit !:! c la !
-- Du Lon d'un homme pussionn ém nL épt"i "
qui veut vous di!' jusqu'à qu el point il vous
:1im ...
�2f>:{
VINGT ET UN .JOURS A vrCflV
HabotLeau prit la main de Nina qu'il étreigni t,
't, se p nchant vees l'adorable
fi gul'e li '
l'llalienne, il lui l'épéLa d'une voix que la
passion étmnglaiL :
Je vous ai!ue! Oh ! j e vou, aime!
,1 uste en ce moment, de nouv aux feux
ct
Bengale s'allumèr ent, inond:lI1L de clartés l'encei lltc.
Claire, Loujoul's dansant, j eta l e' yeux cl U
côté de 'on père et de
ina. Elle surprit celle
t'tl'einte de leurs mains, Elle vit la pri èr e
1 S lèvr es de RuboUE'a u. L voile s
SUl '
déchim.
Ell e compl'it tout.
Un v iol nt tl'embl ement la 'ai sit, cl il lui
scmbla que ses j'1I11b S se dérobnirnl so us eil l'.
-
As ez, Monsieul', dit-cil
gOl'ge sèche,.T
;\ Cardailla', la
sui s faliguée. Il:xcus Z-lllOi, jl'
vous pl'ie. Veuillez me rnmenel' !ln\: de
lB Il
pC' l'c .
Cal'daillac S':.JI'I'(\ta, élolill \ LI ' l'ail ralion de
la \'oix li' laj Lili' fill '. Ilia l"gul'lhi; l'l'x pl 'l'ssion ci e SO IL visage l e frappa. li n'osa l'intel'l'ogel'.
])OUCC IIJ CIlL, en cl '<u'tant du bl'as les gl'oupcs li '
Il
�2!5/~
VINGT ET UN JOUR S A VICHY
danseurs et de curieux , il la reconduisit à
Simon.
I~ n
frôlant Nina pour prendre le bras de
Rab otteau, Claire fut prise de la tentati.on folle de
so uffleter cette femm e. Il lui fallut faire appel à
tout ce qui lui restait de raison p our ne pas
donner en public ce scandale . Seulement, en
pa sant devan t ell e, elle chargea le l'egar 1
qu 'elle lui lança d' une expression de mépris si
écrasante que l'Itali enne courba la tête, in tinclivement, sous 'celle muelte malédi cti on Illiale
1\ loI' , s'adressant à son pèr :
-
Je suis malade, dit Clair
b rièvement ,
vi ns.
Et, comme. im on, alarmé, lui exprimait la
"l'ainte qu 'elle n'eû lll"is froid, ell e se
CO I
tenla
de hausser 1 s épa ul s . l111e n répondit pas
au salul que ' yghin e, l' venu pl' s de Nin<J ,
lui aclr ssail cl, lourn anl brusquemenl
ell e s'éloig na uu bl'as d
1
dos,
on pèr e.
Nin a t'egul'da Mi chel.
-
Qll 'a donc c Uc m ij aurée?
-
.l e n'en sais ri
Il ,
l'épondit
Ru sse
lo u.i olll's fl cgmati fl ll . MaiS je cl'oi,; qu'il va
�VINGT ET UN JOUR
A VICHY
255
ct
père . ..
fall oir exécule r so n bonh Oll1m
D'aul a nl plus que J
M 'né""o l pounail bi en
avoil' fail d s sie nne
-
Mé négo l ?
-
Pole nce vi nl ct
me dil'e 4u 'on a vu
a uj oul'd ' hui de age nls l'àd )' aulour de d lCz
l' l'a n
'8 'U ,
�XI
C'était cl onc chez Mmo S yghine que RalJ ottl'a Li l)a' 'ait ses soil'ées,
CeLLe femme n'était qu' une courtisane!
Clail'e compr it tout cl
suite gue la !'; il'èn
il vai t avoir cl s co n pli ces ,
Ju e
LL
sé ducti on cachait gu Iqu e pi ège,
J\inHi so n p\ '" -
c t honnNe homme qui
ava it conquis pal' lI' IIlo an s d'une pl'ollité
sMupul euse l n .iu, te stim
d III il j oui!';!';nil -
son p<'l'e compl'omcLinit
cl all s un e IIlaiso ll
1011 h son nom, son hOll ol'abiliLé peut-êtl' , ft
('Lait ;', la mOl'ci d'une nVC'lILul'i èr
qui lui faisait
�257
N ,/0 R' A VICIIY
VI ' GT ET
prIm toute notion de ses devoil's,
' ouGÏ d
'U
loul
dignité p l' onnel! !
Car, il n'y avait pas il en dout r, Ital otteau
'lnit amoureux dc ceLLe f mm " A qu 1 poilll.
la pas 'i on 1 dominail, Chil' avail pu s'en l'cncll'
'oll1pte pur 'ct oubli cie tOlltC l' 'se r v
clam; un
li('u publi ', pat' cc;; nuits lI' 'qu '
ntièl'c;;
pa;;s{; s au cl hor s, pal' so n agitati on, pal' so n
hUlI1eur aigrie, pal' le r vircm nt qui "' tait
produit dam;
."0'
an'
plus chère
Lions,
Ah ! l a misérable !
Et c'était William Davi s qui avait ét ' l ''lg nt
d e coLL
011 ,
ocli['u s intrigu ! .. ,
C n' ' lait pas pos 'ibl e : ·William Il 'wail
pas tl'cmpé dan s ce LLe machinati on, LI w ait clô
Nl'c un i nstl'ullI ' nt in co ns ient, involonLail' ;
1111
compli c , non! Car alors, c'eClt ' lé 1
d ' l'ni l' des mi '('rabl es; oui , il lui .. 'll1blait -
t il lui s mbl ail -
IlU 'il n pouvnit point
(' Il
( tl'(' ainsi!
~Iai
11 \' 11
; ,
cO I11Jlli 'e
Ol!
11011
l'OlllJlli", \lVillimTl
élail [lm; moins l'a nt 'III ' dl' toul 1('
, '<'' lait - c
Il''s Illi qui avail
a\I'llLul 'i(' l's'!
" tait -
'P
IIWI.
Ill'ésp nl(\ ('(';;
P inl pal' l\li qu'ils
�258
VINGT ET UN .JOUR,' A VICHY
avaient pu captel' la confian ce de son p ' l'
ct en faire leur vi ctim e '1
Un sentim ent de co lère L cl ' hain e cOllll'C'
Davi ' envahit l e cœur de Cl air , De Loute J'aÇOIl ,
1 jug a indi gne cl
elJ
lui illspil'
l',
l'
lim e qu ' il av,liL :-;u
IWe e l'appel a la sc\ ne du lx il du
Casin o, Décidément, il s'étaiL l' ndu ju,'li c; il
Il e s'était poillt ca.lomni é !
l': L elle qui
1.. ,
/\ la pensée secl'èt qui vellaiL rl p se rl'és!'J1Lcl'
ü so n esprit, elle ,'enlitla Hamm
d
l'indi gll a-
lion lui m ontol' au vü;ag , Lu scène mu , tt
(lU 'c ll r avait sUl'pris ,R
l' tl'açant plu s vil' -
l1lellt devant ses y ux, aj outait au l'oug de la
(' lèl' c lui de la honte, Un e fi èVl' al'dente lui
1II'filait la fi gul'C' , Un bl'ui 's m nt in supportabl e
(' lllpli ssait ses ol'eill os, L e sang lui martelaiL les
I(' mpes,
:-)0 11
ag iLati on ' Lait tell e qu 'il lui éLaiL i1l1Jlos-
sibl ,malgr
il aucun
~
1111
la roI'
'C
cl
,';L
vo lon t , d s'arl' ' l e)'
idée ct ri ' l'éfl échil' ,
ul e, lin p I1 s6 sc détacll'tiL,
Il
'U
C011lm e
devoir tracé, dans la confusion tumultu euse
�2:)9
VI N(:T ET UN ,JO HS A VIClt y
cl
'on esprit: il Ile fallait pm, que sa mi' l'e slit
ri n! Ell e devait mployer tous se, soins il lui
'ucher la vé rité, à écartel' d' Il ce qui poul'J'<lit
lui ouvrir les yeux, il la lenil' dan ' la dOll l:c
ignol'un e ct 'on malheul', nge gardi en d' un e
lmnquillité qui t nait de : i PI'(>s il la vie peul \tl' , II e rappelait 1 s t J'ln e~ même' cl !'
l'
commandati ons Liu docteul' : l':vitez jusqu'aux
moindre: 'moti ons .. , Qu
emit-ce, si la pau\'l'l'
femme venait à appl'endr la vérité ?.. ,
J1adatlle Rabottcau, depuis quelques JOUI'S,
' lait ntré dan, un péri od d'a m li orati oll
IIHu'clu \ , pal' un l' pris d'appétit, pal' Ul H'
(' ' L'lain s \ 1' 'nit ' d vi ag ,pal' cl dispositioll s
au ::;ommeil. Le do'l L11' \tait venu la voil' el
1 ~ 1l
'
s' ndorma it tranquill m nt, 'haqu
fi \ bonn ' heur ; t Claire, prè cl
l:o nt mpl ait avec un
soil',
,on ch v i,
joi prof nel
calm , ,a 1 VI' so ul'iant , e pli cl
'U
fi rrul'C
bonlé qU l'
l'am rtlltn cl la maladi e n avait mom ' II tan ',III
nt banni ,
t qu e 1 bi nfait cl s aux
ram nait, n m me temps qu'il
SUl'
( ~ ti sa
it
r nalll' ,
1 S jon 's pMi s, qu lqu s co ul eul" ,
�2fiO
VI NG T E T UN ,JOURS 1\ v rC IIV
[J lui , embl a que l a Yll e de sa mèr e, ell ce
mom enL, lui fer ai L d Ll bien, Elle n'entendaiL
aucun brui t clans la chambrc de Mmo RaboUeuu ,
T ouL y étaiL ob-'cul' . A vec cl ' 'x Ll'(\ llles précanLi oIn-;, ell e cllLr'oLlvrill a p or Lc el ' COJlllllUl1ica Li oll
qui ulli ss'ü t 1 S deux pièces, eL p éll ' Lra chez la
malael (', 'ur l a pointl' du 4Jied, en m a 'quallt
de l a mai n la flamm
de sa bougi e, pour
Cil
amorLir 1" 'laL.
Mm o HaboLteilu
r cposait
dou em en L.
Sa
r cs piraLi on éLai t r égulièr e
L l'l 'aiche. 11 y avait
SUI' se, lèvr es un so u ril'e,
ans doul , un
l'
\YO
'ar c::;sanl b rçail 'o n so mmeil . Quunclla lLlll11' I'C
du houg oir vinl frupp
'lie fil UII Jn o Ll Ye
rn
l~ nL
l'
scs p'lupi èl'CS cIo ' '.",
, comllIe si
elle allaiL
S';Y ill cr , eL, cl ' sa c1 0uce vo ix de malade
l'és ignée, ell e pl'0I1 0ll CH 1(' 110 111 ai Ill e' qui, dan s
son r êve, vo l Ligeai L su l' sa /) u '11<', prèL il
S'l' 'h apll l' : Claire, Illlll'l1l11ra- L-(' lI c. Ln .i eulll'
lill <" ('ll)IH' 'ss', , s'avH II \,"tl. Mais 1<1 malacl(' Ill'
s'(' lail [Iuill!. ('veill él', .\ Ir '0 LUI t ' SI'llSa li ul1 dl'
Ilip II-r'l re ill COJlsc.;iclll , l' Ill' aVa it OllrU11 'c" sa
1(\ 1('
d,IIlS l'ur ciller el <.:U lllilluail il "'UI'"HII'ur des
�26'1
VIi"GT ET UI JOUHS A VICTlY
onfuscH el douces, co mll1 ' un ga-
sy l1ab s
7,Quill elll f' nt d'cnfant.
r.lair
' prou va un prof nde émoti on, co mmc
si 'c nom, j ct; dans la co nl'u::;ion d'un
eùt été
l'
' \' c,
app 1 à 'on adrc' c , Il lui s m\)l"
UI1
qu ' 'a l11 èl'c, l'cd 'v nuc enl;lIlt pal' l a ('"ihl 'fiSC
de la OUfl'l':1I1 C , l a suppliait d ' v ill cl'
('1 d'écarter cl
'on ch vct toutcs l
lo u, 1 s dang
l' ,
Elle
S'<:lO'
'S
S I1I'
cil!'
doul cul's,
l1 0ui lia devant If'
li l de la pauYI' femme:
Ah ! dol', e n paix,
'h "I'L' mère, dit-c ll('
il ,'oix 1JW';sc, dors, Oui, j
sui s lit, cl j (' v('ill ('
-
SUI'
tui ,
(' 0 111[>1'
Di
' li
111 (' 1'
J) OI':;;
av ete::; dou\. l'è v 's cl
' IHls mail11 ' Il 'ml
aid:1II1 ad
l"
;
j
' C qu
:.:n lllè, ,It>
j 'ai il fair' el -
n' y l'aillil'al )lns, BOl1 soi l',
tu m'as
in
'pil'é , vo is-lu , .J'<t i
(, lltenùu l'appel (lU lu m'a Il' ,'s .. , Tu cs l'aibl
c'est à moi d'è ll'c forl , V 'l, j c le S l'al.
L ' lond cmain , après din r, ve n,
nahotten ll lai ssa l out-ü-coup la
Inqll II c' il ('au sa il
S UI'
II1 UIII :I 1I;II1 S Sot t' h ot III hl'(',
la pori
8
80
pt heures,
i "té av e
do l'h61.('1, '1
�262
VINGT ET UN ,JOUH S A VICHY
Claire, qui l)e l e quittait pas du regard, vit
ce mouvement de r etrait" Elle
ntra dans l
::;alon où sa Jllor e, pal' 'J'ai lite de la rralcheuJ'
du soir 'L de l'humidité, s'é tait l'etil'ée avec
qu '1 lues dames,
-
Je cl 'sil' l'ais ::;o rtir avec mon por e, dit-ell e
penchant
Il ::;e
::; UI'
111 0i, chèr e malll<tII,
(c
l'épaul e ci e la malade, Disela
Il '
t' ' IIl1ui o pas que je
<t uiLLe'? Cc scnt ]Jcu t- ' tJ'e pour tout, la soi rée,
-
IllOIJ ' nl'arll ,
NOll,
pctite, Tu
!lOI! ;
a, IIlH chèJ'
'ais llue ,le dors admil'abl ern nt
r1.ep ui s (lU lqu os jours ; 11 0 t' iJlqu ètc d
JlilU VI'
Claü'c,
JlI'l' IlII CS
LIll O
,', 't !Ji
Il
ri CIl .
le 1Il 0ins que Lu
peu dl' di stra ,tiol1 l' soir, Je sui s
LlIl
maladc si
11I<lUSsati e pendalll
toutc 1"
.ioul'né ', ..
.il'
-
Oh ! clr i'l'l'
-
,Ir
Il
ln '
l'
IIlillllllll
! ...
' IHIs bi n 'OJllpt d c 'Iii, va, cl
t' 'II ailli c que davilIIlag', si "es t pos::;ib lc,
Ina dou ' 0
'l ch "l'
gal'c1 - lfIalade. C h te
(;O lllptel';1 [JOUI' l ' paradi s, ajouLn l'excellenLe
l'CI Il III
'
'Il
crnl;l'ii ssanL
Claire monta
'tt
lill "
ViV'IIICl1t
1 '8
march e:,; d'
1','sc:,t1i<'l'; mais, <tl'ri v'c ilU pl' miel' 'lage oil
�VIN"GT ET U
:26:1
JOUH S A VICHY
olle demeul'ait avec ses parents, ell e appu ya
se: deux mains
son cœur , comm e p lIl'
S Ul'
compl'im l' les batlements. Elle
Il
'arr "lu,
hé ·ita ... « 11 le faut » murmura-t-ell e; ' t ,
l'
cl
la
Simon v nait de g li s ' er dam; sa poche
lIll
'solument, elle alla frapper il la port
cll umbl'o ct son pèr e.
(;crin co ntenant un bl'acel t antique d' un g rand
pl'i x eLd' un travail admirabl e, qu ' il avait achr l(',
l'lans l'après-midi.
Son chap a u
a 'h evait etc
la têL', prêt il. so rtir , il
UI '
ses gants, 101' 'qu Clairl'
parut. 11 avait l'ail' xtrêm ment agité l, il la
vue cl
III
Ul'
sa fill , il
Il
put réprimer un geste
r! 'impati enc ,
-
,1e te dél'ange '? demanda Glaire, s u l'pl' na n 1
c ge 'le,
-
[ oUl'qu oi me dél'Uilg l'ais-Lu '?
-
.1 e n :ai pas. !:jOI'S- tu 'C so il' '1
-
Tul
-
Tu va. au Casin o '1
-
Pourqu oi cette quesLion '1
�264.
-
VINGT ET UN JOUHS A VICHY
Par ce que, si lu allai s au Casino, j e l 'aul'Uis
prié de m'y conduire . .l e dé ieer ai s assister il
l a r eprésentalion .
Simon r egarda sa fille comme pour SU l'prendre
sa pensée dans ses yeux.:
-
Mais, obj ecta-l-il ,
dOllne la Dame
0 11
lJlanche, ma fill e. Tu cO lln ais lu pi èce par
cœ ur.
-
J'adore lu Dame Blan che.
-
H é bi en, mon enfant, j e vai s pl'i er M. ct
MiliO Jlipli ll de l 'emm enel'
]11'
'pal'Cl1t ju sl -Ill nt
;' 1
av c ell X. I ls s
all ol'
lh '<ill'
all
avc'
lelll' fill e. .J e sui s SlIl' Cju'il s sel'ont enchantés
de t'avoir . Berth e t'aim e heauco up .
Cl ail'
C:O llllI lC
11 (' 1'
-
scs
Il l'épondit pmi;1 ett rropos ili OIJ. ..
fl alJoLL au l'ssayait
gall t
Cil
vain de IJO utoll -
'.
V ux-tu C]u 'j t'ai 1 -'1 lui cl cmullda- t- Il .
Volontiel's.
I ·~ I
le fil asscu i l', s'Lissi t su l'
5 '5
genoux;
pui s, apr \s un 'il ne
-
Tu a cl onc des IJl"oj ets, cc so il' '!
-
\ ppat' mm li t.
-
i\ Il !.,. Tu
VllS
an
'l' l'
'Il',
:-:al1 :-:
cl oute '!
�VI ' ï.T ET
:-<
,10
265
HS.\ YI (: ""
-
Ju ' tem ent.
Ayoc M. Bout illel" ]
-
P ut- êtl'e.
-
Di '-moi, pèr e, " t- 'e qu t' Il's fClnlll e' n'y
elltl'Cnt pa', au C l'cie?
-
Mon Di u, si,
P OU l'qu oi
?
- C' st qu e j e cl', il' 'rai ' y isitcl' Il' sa lon (l l'S
n 1
1'1 1. ...
dé ' 0 1"
-
dit tl'(\s b au, Il'c's l'ichelllPll t
,
li é bien, pui qu'i l est eo nVCllll q u
so il' au Cnsin o, jf' t'
C'l'
tu vas
co nduil'ni Ull allll'l'
joul' ... I)clllniJ1 , si III \' l' UX... ;-.[ '('s l.-ce pas qu ' il s
SO lit
diffi cil es ft lJoulOIlIH' I',
l'S WlIll s '! (;'<,s l
rail '! Hi ell ! mCl'ci, Cl nil·( ' .
-
Esl- (' f(U l'.i1' Ill' pOUl'l'ais Jlas l 'aceo ill pa-
g ll l' I', l'l' so il', au C l' '1(' '?
- ~l a i s pui squc lu dois ;dl l'I' ('Ill III1l' ' 1<1
{) l'!./lle B lanche,
-
Oh ! tu sai s, j ' n'y l io ll S pas (II" cisé lll C'nl.
A vcc lni , oui . Mais avcc: la rnll1ill r Piplill ...
Ma ch 1'0 enfant, dit cn so ul'iant n,n bolt au
1Ll l e dOllll es IJ 'i1 l1 CO Up Il ' Jllnl pOlll' dl' pl ay' l'
lU I(' dipl omatie
'O ll slH' rl c fil hl anc. 11 IlC l e
pl ail pHS (lUC j ' sO l'l e sP lIl , Il 'l'st-l'l' pas '! \ 'O il;'l
�26fi
VI NG T t ~ T
UN J OUH S A VICllY
le nn mot de la campague diplomatique que tu
mènes av c plus d'habil eté que de s uccès . J1 é
hi en, ma pauv re Claire, je cr ois charitabl e de
t'avertir qu
c'est pein e perdu e. Je n'adm ets
pas qu e l'o n co ntrôle, ici, mes absences. Pourquoi ne pas mè mettre, tout de uite, so us la
s u rveill ance de la haute police '?
-
Ah !
~'éc
la jeun e nU e,
ri a
pui
~ q
ue tu Il'
pl' 11(l s ain si, soit l,J 'aim e mi ux ça, C sera
plus fran c de part
t d'autl'e . Si tu avai l: i voulu
è tre complèt m nt sin cèr
: wr
tout-tt-J'h Ul'C, tu
avoué quc tu Il e vas pas au cercle, mail'
a i~
chez Monsi
Ut'
Seyg liin c.
A ce co up droit, Rahotteau
l'
s ta un moment
i nterdi t. Mai.. la co l \ 1' prenant le cl ss us s ur la
confu sio n :
-
I·;t quand cela se ra it '1 illterl'og a-t- il.
-
~ i
'ela es t,
l'
prit Clairc l'ésolum ent, jc ne
"el::iL cl
cl mancl c qu ' ull e ch '
Illettre dc t'y acco mpag n
--
m
pcr-
l'.
No n,
0 11 ,
clis-tu '/ P ourquoi
d Oli C '!
[la rce quc
C' Il'ost pas un ' mai:on où un [ rc pui s e
co nduil' sa fill ."
�267
, ' I:\l:T ET U' ,10 H ·.\. VIGil \
-Clair!
_ Par' c
y l' 'IlCO llll"
ljU 'O Il
;;o 'i \lé l !lÙlll
llii
honn èl e homm e n'a\ ouc pa;;... 011 . Il " 1'(' !
s'écria-l-ell l'
'II
joi g nanl le' main s; pèr e. ne
va plu s dans el'lle maiso l1. ,l 'ai le pl' ssc nlilllcl1l
n-
qu'il L'~ ' al'l'ivcl'ait malh
li)' .
I ~c
gal'e! -moi. (I ~ " l'
SPS
Iml." auloul' ou
'ou ci
pa sail
HaboLLeau ; ;;es
'upplianls, c u:\. cl
oul
" UX
c -Jloi.
ehcl' 'hai ' Ill ,
IU IOI1 , qui :,c détOlll'nai ' ilL.)
E;;t-ce qu e l u IlC m'aimes plus, di;;'! l':sl-el'
qu ' Lu n'aim es plus
lIl a
pauvl'c
III \ ["
qui
l'
'lwH
il l'espl\ran 'c, il ln saJlt ;' cl flui ...
1':11 ' s',u'I'f' la ; il lui semblait
qUI'
qu 'Iqu!'
ehos lui llill'I'ail la gOIW '.
Mai s ('Il '
Il l'
saura pas ... C'est
tilli . 1.('
ehal'm esll'ompu. Tu n'y l'el oul'II ' l'II.' plu s. Oh .
pl'
m l s- moi fJlI ' lu n'y
Il e s
l'a
l'
tOUl'n eras plus. Il
pas <lil fIU ' l ' mpill UI' !les pèl" s.. .
Il! int ' 1'l'1l111pil viol mlll ni Hab Ll au,
voilil
s g l'and s Illots lùeh 's ! .J e ,mi s lin p ' lil
saillli
1lC'
Il
Il lil ;;a int , (: a s
III
l
Il
lli ch' ; r;a
SOI t Jlas l oul se ul ... Mais j'il i eillf]Uilnt e-cl eu:\.
lin s, ll1il pauvl'e' Cl ain"
aRS!'!:
"'st-il-dil'!' 'Iu o .i sui s
vi l'u\ pOUl' n'a voil' plus bl'soill dl' llI ellt OI' .
�268
VINGT ET UN JOUH S A VICHY
Et puis, vois-tu? Cc r61e de tutcur ne co nvien t
pa " mais pas du tout, à un e petil fill e de ton
tige et de ton caractère. Si j'admettais un
cO lltl'01e, e ne serait a 'SUl'élllCllt pas le tien.
Occupe-toi d' ta lapi 'seri e, JO on enfant ,
clispen,se-moi de te pl'cnclre pOUl' arbitrc cie
mcs pas et cie Illes ac tes.
L1 s'était' dégagé de l' 'tJ'einte de sa fill .
Clail'e, toute frém issan te, était deboul cl vant
lui :
-
Mais lu Ile cOnllJl'e nri s don' pas, IIlnis tu
nl' 'om)) I' nds donc ri n. 11 s',lgit do ma lI1èl' .
LI s'agit ci o :a ,'a IlLé. Il s'agit d'cil', li on de loi
l'l de moi. Un 'o lllr6le!
1 ~1
! (lue m'importe, il
moi, olt lu ai l! s, pourvu quc ma mère ne soit
pitS xpo,'6c pal'toll fait à un co up qui l a tu erait.
Il ut-dl·· ... 011!
11()
rai ]laI;;
li n
g stc cl
déné-
gation. Tu la co n liai s ; tu sail;; très bi en qu'il est
des sou tl'runc s, des humiliation
qu' Ilc
Il
su))portcm it pas.
A ec dcr ni cr mol, l1ahot.teau, He 1 vê1nl
bJ'llsfluemonl,
~c
li 'llli pas saccallL;,
mil. il arpcnter la
lJal11 Il l'C
�26f.l
\ ' IXGT ET U:\" .JOUH S ,\ VI C IIY
D UX la l'mes brùl ai ' Ill les yeux dl' Clail'e ; il
lui :embl ait qu ' un lI1 ao;que embrHsl\ ' tait SUI ' sa
ri g ur ; ses or 'ill eo; tinlaient.
_ Ah ! Li ' il S, c'esl affl'eu x dl' Ill'obligcr il l e
dir ' c s (' lI o~esC ' l lU '
I ; 1.
Mais lu
S' IL ' don ' pa:
lI C
'Il es m e CO ltt nl, il lIloi allssi, d'humilia-
I iOIl cl de 'hag l'in .. , l a 111 (\ 1"
Il ' sail r ioll , III
m 'e ntends; cli c nc rl it rion sn \'o ir , Or, pOUl'
C la, il n' faut pas CI Lle tu L:o ntin u s il pa 'se l'
l's !luil: deh ors, J'a i l e de\'oir dl' v ill er
' lU '
Il , : ur sa sanl \ pui 'que l oi, ces cOll siclérllLioll s ne t , touchent plus, Il ' bi ell , cc dc\'o il',
j ' l 'ac;colllplil'ai , sacll e-I e, malg l' " l oi, cunll' toi,
:' il le ['aut. La sa lit " dl' ilia
pl"'i us' qu e l out
;11I
qu e tu la
(, lc
' 0 111 pr
o l
1lI 1' I"
m' ' t plu s
Ill ond ', pl je' n ve ux pas
~s,
Cc 111 0 1. fu t. pI'OIlOIlCl\ a\'(~c
un ' sin g uli i'l'(,
li lI('J'g ie dall s le gos te 1 c1 all s Il' l'egard ,
I\ abotleau
0;'(\ 1'1'
'l'UII l' \'
1"0 1'1.
Ili en ,
1111
Il
'UX [J lIS,
l{'
,\in si <1 0IlC, il
dcvanl
\l a
l e g' n '
'1 :
di s- lu '! .. , lJ ll onll" ;i! OI'S'!
p HS, Ail !
Il ' 111(' 1't': I!'
lu
11(' V
'ux pas'!
plti S qll 'i!m' ill 'Iill t' I'
vp lo aussi l'ol'Ill el, 1'1
qU 'il
obéil' ,
�270
VINGT ET UN J OU RS A VICHY
Alor s, éclatant:
-
Morble u! c'e t moi qui. ne ve ux pas, en-
tend -tu bie n ? qu'une p él'o nn ell e comme tOIse
méle de m e: a11'a ires.
Il wait pi'is so n c hap eau c t
$ 1
canne. Ses
Ir vres é taient c rispées; :a main tremb lait.
Cl aire le regard ait, ci e rou ge de veJlu e très pâle.
-
Ainsi , dem ancl a-t-e ll
d' ull e vo ix brève,
(j'es t décid' ; tu sor:.
-
Je sors.
-
Tu t'en repentiras.
-
Des menaces, il présent '1
-
No n. Un averli ssem nt.
Habolleau ha us, a les é pa ules; il ouvrit la
porte t sortit.
Il se dil'i gea droit ver ' la Vi ll a Fl e uri e .
1.
pau v!'
homm
y a vait e nvo yé beaucoup
de Ilouqu ts, mais il n'y é tait ntré CJu'une foi s,
Ic j ur oi lMi ch 1 l'avait e ntl'aln é ch zFranc sca.
S yg hinc, w alg ré ses pl' otesta tiolls d'amitié,
Il 'a illwiL pas il fail'e 1 s hOllll eurs cl
Ci (1'
Jr
su villa, l'es tai t fe rm é
1II 0 llel
, ;',
c hez lui ,
il pe u pl" s il tout
Itabollea u piu s qu'il perso nne.
L'ancien ma rc ha nd ci e grains n'avait pas é té-
�VINGT ET
N JOURS A VICIlV
sam; remarqu er l e soin a vc~
évitait de faire un
chant cl l'l'i èr
l' ,
lequel Michr l
inv itati on dirccte, ,c )'ctmn-
l ' .'oirée · dc Manam R amar,r,i.
Mais il savait qu
d'ail
271
l e Ru s.'e avai t l'hahituel
Cll<HlllC 'o il' , après dîncr , pa s, el'
quelqucs in stants il la 1 estauralion, ct il avait
dl oisi SOIl heure, pour tl'OUV
l'
Salis l'époll<lrc aux quc ti ons cl
Till a
se nl e,
la cam éri sLp
qui vint lui ouvril' il sc diri rTea rapin ment
vers la port du sal on ({ui étaiL entr'ouv l'te,
. ina, ~l demi-étendue sUl' un e chai se l ongue,
lisait.. /1. la vue de Itahotteau qui entmit , ans sr
l'aire annolH'c r ,
Ull
contraction pli ssa so n beau
l'mllt. S 'S l'ourcil s s
J'I'oll e('renl avec lIne
ex prcssion IIwl'qué' de mécont. nt m nt.. Mai s
cr no fut qu'un 'clair , 1':11 ('
remit. aussitôl ,
S('
l'l , m'litresse d'e ll e- mèm , la vo ix ',lime, :l" PC
II' plus aim abl
_ Tions!
sui s 'hnrmé
do ses sourires:
' st vous, M nsi
cl
qll e j 'attencl s, Il
d UIl
UI '
vo us vo ir ;
I\abotten u, ,J e
t M, ti yghill o,
le sera pas Il\oin ', V uill
'1..
vous asseoir, je vous pri e,
\l ' Ull
l'allt ni 1.
gcslC' !-\r<lcieux, cli c lui montrait un
�~7
VINGT ET UN ,lOUH S A VI CIIY
P:n la voyant si j olie, dans son peignoir hJ anc
l'el evé de dentell es, Rabotte:lu éprouva une
intell ité de passion telle que son cœ ul',
Ull
i Ilstant, ce sa de balll' , Il lui ::;ai siL l es mai il S
qu'il étrei gnit et, il troi::; l'cpl'i
s, l'épéla d'llll l'
voix pl'ofonde, basse, co mm e Oppl' 'sée:
Je vo us aim e !. ..
vou ' aime,
,j
vou ::; aime ! .. . OJl ! j <'
ina s'était dégagée doucem ent.
-
VoU!:; m 'aimez, c' sl 'onv nu, l'épondit-
ell e .1\'ec un calm
oi.! pel'çait une poillte
!l'ironie nuancée d'ennui.
Maintenant,
III Il
chol' Monsieur Hab'olleau , voul ez -vou::; flue
1I0U ' causi ons d'autl' cho, 0 '!
CeLLe r 'ponse produisit un pou SUl' l'all 'iell
négociantl'efTet d'ull e doucil fl'oid e,
-
C' st asscz
III
fail"
ont nc1re, M,tclalll(',
InUI'mul'a-t- il , av c l ' l'egal'd d'un
hi n qU 'OiI
bal, CJu ' '11 VO us disant qu<' j e vo us aim ', j o suis
a::;sez malh ul'eux pOlll' vou s déplail'c,
- MOIl !lieu!
111011
Cil l'l ' Monsieul' Itahulll'uu ,
vo us ('x:tgél'cz. S UI l' IlH'III , la
l'
"fl ex ion qui
11l l'
\'l' nail il l' s[ll'it Lout-it-I' ll(lul'l' ;tait celle-l: i :
Tout homm e qui appl'oclw
UIl O
j eun
1'CII1111 <'
�VIl\'GT ET
l\'
.lOUHS A
27:1
VICHY
,,;e 'l'oit dOli C ubli tYé cl lui faire un e décla ration .
Ce la finit pa r n'ètre plu
ùrùle, co nven ez-c n.
Ji 1':1 nc ll m e nt, M. Ha bo tteau, je vou
a u - d p~s
croyais
de ce b analités. C' s t l':üTaire des
u
loul p elits j eunes gen s, ça.
Oui ; e t c hez 1 s burbons de mon âge,
-
l'amour n '
l pas seul menl ennuye ux, il e l
ridi c ul . Vous voy z, Madame, je complè te
\'o tr p ensée. C'est bien cela, n'e t-ce pas? L
t que les pe tits je une!:! g n aime nt
malh ur
po ur l'il' ,
t lue les ba rbon aim ent p OUl' tou t
cl
hall . Aill Si, ajouta-t-il en
.it'
\ ' Uu
IJUI'
~
j<'
V(' I111
Il e Ill 'e n
~
,
quand
omm c'esl
lJui è les rc 'pon sabJ ' dl' " (lui sc pa 'sc
Il
Llue
YO US
m 'écouliez. Je
ici pUUI' c la, je vo us l ' déclare, t
imi pas que vo us
Il .'e p(' lIl Cjue je ~u
s li
a nt
di s qu' je vo u.' aim e, Mad am p, c' s t
I/lUi , il fa udra bi
s ui s
nim
jl' \'o us aime arù mnwllt. El,
YOU S
t' Il
~'a
m'ayez entendu .
Il '
ridi cule; mais, com lne j e
is
p:tsSiOllll l' IJI Plll épri s, je
1I1 ';U'l'èl
11('
l'ai
p as
all x IlI C'ss llrps d 'illll OUr - pl'opr '; jl' J"rlll l'ai
l'o re illl' aux
;.a
r ca~
lI
(,s;
je
pns I('s pl aisa llte ri es 11U' il
d('co<:! H' r . Ain s i, yo il il rlui
vo
Il '
' nlc ndrai m('IlH'
u ~
pl aira Li
me
st ' 111 IHlu . ,Il' s ui s
�274
VINGT ET UN JOU RS A VICHY
un vi eux [ou ; mais .i e vous aime de loules les
for ces de m on êlre, et c'e t en vain qu e vo us
essayer ez de me fermer la bouche.
Nin a compri t qu'il [all ait change]' ci e tacliqu c .
Jouant carles sur table:
-
En d'aulre .. term es, articula -t-elle d' une
voix n lle, vo u ête venu ici pour m e r:lire
des .. . déclar alions et des propo ition s .
Rabollea u ut un g , le qui sig nifiait : Vous
l'avez CI it.
-
n'a i
-
lIé bien , mon
fjU ' Un
hel' Monsie Ul', à cela je
m oLil l'épond re: ,l 'aime M. Scyghin .
Vous J'aim z 1 Alor s, dites-m oi, j
pri , Madam e, pourqu oi
vo us
es coqu ellel'ies , c s
sO Llril'es, ces . ..
-
Moi 1 mais je ne compre nds pas .. .
-
Vous n '
vé rité, ]Jour qui
ompren cz pas !. .. Mais ,
lU
pl' nez-vo u
' Il
donc '1 fi é
bi c)) , moi , je
CO llllll II C' ,'l co mpr ncll'e . .. Et
vo us croycz q u' il s uffil dr dil'c auj ourd' hui qu -'
le mal csL r<l iL : (( ,l e )) ' compr nd s pas! »
Pard on 1 .l e n e vous li cm; p:u,; (juille il si b 0 11
comp te . .l e n'uya is pas la prél ' nLi on d'0!l'p
ain lahl ', Madalll '. Il
Il '
fall ai t pas
111 ('
fai re
�275
VI 'G T R'I' UN J O RS A VrCHY
aimé. Vous avez
brîllé les
joué a v c 10 feu: vous vou
cr oit'
que je p ouvai è tl'
doig ts; tant pis pOUl' vous .
Ra bolleau était exa péré, décid ' m nt ; la
v i Lim devenait agtes iv ,
Un seconde fois, Nina LellLa uno di v l'sioll .
_ LIé bie n, dit-e U, SUI' un ton d' njouem onL
forc'"
VOWl
aimabl
un
11"01"
fa on orig ina l cl
,0
monle
l'
un da me.
_ En effe t. C'e L q u'il s'agit ici pe ut-être
' nco r , m oins d'am oul' qu
d' un e' lulle
ntr
vous l. m oi. Vous voudri ez vou d \l'obel' ; m oi,
je l' [u,
'ssay
70
do m e peNe r il ccll
de
ID C
jou l' ; .i
111'
lacliqu , VOLl S
abrc. P ourquoi
av z-v us rait sembla nt de m'aimel', voyons '1 s i
vous (' ti cz parfaitem ent l' 'so lu
il ne pas vous
I:l issel' aillll' I' vo u:-;-l11pm e'l JI Y a Ll onc e u de
vo lr pal'l un ca lcul. Qur l s l- il 'l Es l-cr IlCO I'('
de la coqu II l' ie, le jeu qu P vous jou z
m aint nanl '1
ft.:t brutal m nt :
-
.1
n'ai 1 as la fa tuité dl' vo ul oir é tl'e aill)(\
pOUl' m oi- Jn (' Ill '. Qu ' vo u:-; ra ut-il 'l Vo 'ons.
Parl ez.
�276
VI :>IGT ET U:>I JOURS A VICH Y
fi fit le geste de fo uiller dans sa poche . D' uil
l'egal'd, Nin a l'al'l'êLa . E t , se levant avec un
mo uvemen t d' indigna ti on adm it'abl ement joué:
-
I!;pargn ez-moi vo' ins ultes, s'écl'ia- t-ell e
toute frémiss ante .
P OUL'
q ui me prenez-vous?
E h 1 le sais-je? Vous m'a vez introdu it
dans un société dont je ne peux pou r tant pas
parler av c un e défér ence dont vous seriez la
prernièr à l'ire . Je ne sais pas qui vous êtes,
je ne veux pas Je . avo it'. Ce que je sais, c'est
que vou: Pte: adorabl e ! C'est qu e .i e ne m e'
l ossède plus 1 C'est qu ' il faut q ue vo us s yez il
mo i. Et, ajou ta-t- il so urd em ent, la go rge s l'l'ée,
les ye ux arùents , les main s trembl ant s, e n
avança n t l e~ h l'as l OUI' la saisir, CJlI e vo us S ' rez
il moi.
:-l in rt Ilt un bo nd n arri ère.
-
lJ n pas de plus, Mons ie ur, e t j ' so nn e.
Un fl ot l'ougP avn it
nnrin s fréll1i ssai ' nl. ',~
leul'
( ~ (' r c l l'
d l' "i ~l l 'c.
belle 'ü l1 si, da ns
::;011
Il\'a lti ses j OLl l's. Sps
yeu x étin ce laie llt
Ell e (\lui L
l' li CO l"
dal
plu
~
~
émoti on, dll ns son d(\-
sO l'dl'e; e L pl us llésirab lp.
�VINGT ET UN JOUH S A
VICIIY
277
Rabottcau , lui aussi , avait bondi vers la
so nn ette. Tournant 1· dos au mUI', les uras
cl'oi és:
- Oui, l'épéta-t-il, vous serez à moi .. . Ah ! vous
Cl'oyiez pouvoir allumer dan s mon sang un
incendi ; t en rire ! Vous comptiez 'ur ma
timidité. Vous' disiez : Rabotteau amour ux !
bah! cela ne tire pa à conséqu nce, Vou .
vou trompi ez. Les conséquence , le voilà! Il
fallait me laisser tranquille. Je n
ongeais pas
il vous. Vou avez sciemment, volontairement,
jeté 1 trouble t la fur UI' dan , un cœur qui,
aujoul'd'hui, vous veut... ina! - t il s'avall'uit de Ilouvra u, les !JI'ns OUVCl't s, ell pl'oie il
un e '/l'rayant ' surexcitation , ina , ayez
pi tié de moi!... Si vous saviez c que je
SO U/J'l'l' 1... ,1 ' n'ai jamais aimé qu vo us, vo y zvo us bit' Il ? .1 ,, 'ni jamais cu de Illaill'cssc,
moi! Voi là pourquoi vo us tl'ouvez Cil moi tallt
li 'vioJclle et li ' mpol't m Ill. .. Panl onll ' z, ni
.i ' vous ai
Il '
dit les chos
S
dures.. . Il "las !
'C
st plus Illoi qui pa rl e, (,'ps t CC' ttl' pa:-<sion
al'll 'Ill <lu i me jettc il \ os pi 'ds , ma
eOlllllle
li"
ina,
11Iall1 ur ux qui \ Uli S dt'll1andc
�278
vl cnv
VINGT ET UN JOUR S A
l'aumôn e d'un pcu d'amour ... ou, si c'est II'0p
exi ger, d'un 'cmblant d'amoUl' .
JI se traînait, à genoux, sur le lapis. Ses
bras s'étai nt enroulés autour de l a laille de
l'Italienn e qui sc l ord ait comm c un serpenL
pOUl' lui échapper . Ell e ne disaiL ri ell, toule
hal etanle;
appliquées
mais
SUI '
ses
mains,
furi eusemenL
la fi gure dc l1 abotleau, l e l'e-
pou ssaien L avec l'ag .
I~ t
l'les gri (l'es entraient
dan s les chairs, l'lai .. Habotteau ne, enlait l'ien :
de plus en plu s étl'oitem nL, ses
bl'::lS
éLreignaient
Nina, pendanL que sa bouche continuail
;',
mnl'murer des par 1 s entr co up6 s.
A cc mom ent, on clltclJdi.t
co uloir 1 s pas dc ' yghin qui
-
n
LenLir dan s le
l'
l'
ntrail.
Mon mari! dit l'apid ment l'Hali enn c,
meLlcz-vo us, ci e gl'âce,
IW ' poussa HaboLleau v rs
L1 nc
f nNr
Cil
lui rai sant sig ne cl e l'ol1vl'il ' pOUl' avoil' l'lIil' dl'
l' gal'ù
l'
d hol's.
Pui s, s'avançant
-
V01'fl
la pOI'le du salon :
Qll e Lu as N \ long, mon ami ! cl it-ell e
Cil
:.dlant au-devant de Michel. Voil à M. RaboLleau
qui <.1 ('si l' ' CJlle tu !'ac('ompl1gn scll czFl'anccsc :I ,
�V/ NGT ET UN , JO\
'H ~
~7!l
.\ V/CIIY
Monsi eur Hubol t au e 't lil '? :,j'écri a le
Il s'a
n .US "
v a n (~a
,l e sui: au l'egrel, m on
l.
ch l' Monsieul', ci e " ous avoir fait attendre.
\' uill
Z 111'
'xcusel'.
'j
j'avai ' ~ u ...
UII l'cgal'd rapid e j ot ;
le lJOllholfllll O lui
HUI'
lit comprend!' qu'il v Ilail de
HO
pas 'e l' quelqull
chose d'ex traol'din aire.
::iim oll , 011 r fl'el, tl'è' l'o uge, 011 Il
~
Il 'ut plu!'
1l'ouhlr, répo ndait aux pl'ol eslal iOll s cl ~cyg
hin
('
pal' d .. I1l oll osy llabes,
I~ n
.. ' J'l'tmt sa maill, Mi 'Il ' 1 lil
[l'Oll ViI
l'roide
(' t moite.
I! l'cgal'da Nina .
COllilor Hnbolte<lu PI '('llilit SUI' le c,ulapl\ oil
il les ava itj l ' s, sa 'anl1 ' (' (
-
SOIl
l'Iwpeau ,
Mi h l, dit. la j ellll r ('(' 111111 (' il \'oix hass("
il faut me drbôl l'l'aSSer ri' c lui - Iii .. , Auj ourd' hui
Ifl ème, tu l'Illelld s'! :1uj olll'd 'hui , ,1 '
vrailll li t pas cc qui S l'nit ~ u ' l' i\'ô
11(' sa is
[out-IL- l'II 'Ul'("
si tu Il '(;lais pas l'en(l' ",
-
Bah ! .. , (; '(\'l hi r ll , fil si Il1plt' I1H' 11 1 Mi chel.
fi 1:l1)(.:a ;\ S:l vidil11 e
Pui s,
(OIlj OIlI'S
p:l l'fnil :
ilV('I'
Lill
illdt'ril1i ss;thle l'rg; 1I'(1.
UI IP a PI';) 1'(' 1)('('
dl'
ea lllH'
�280
VIN GT ET UN
Je 'ui
~l
.JOURS A
VICHY
vo us, cher Monsieur , elit-il.
Viens-tu, Nina '?
- ,Tc ne YO Us accompagnerai pas ce soir,
l' 'pondit la jeune femm e, sans avoir l'air de
l' marqu er le regard suppli ant de Haboltea u .
.1
suis un peu fatiguée; Monsieur .R abotteau
vourll'a bien m'excuser. Di .. il I ~ l' a n cesa
sel'a pour d main . Monsieur, vo t(
Ronn e chance!
qu e ce
J'vante.
'imon s'in clinet. Les deux homm es so rtirent.
Co mme la porte se l' fel'mait cl l'J'i èrc cux,
Nina haussa les épaules.
- En voilà un <"fui dev nait'm. antl Jnurmurat-elle, en r levant devan t sa gluc
boucles el
quelques
ses, plendid s chev ux noirs qui ,
s'ptnnt détachés p nrlant c ll ' 5 (' ne, avaient
iIlond (> s s épaules. C s bOll 'les l'ris 'onnai nt
au ontnct de sa (' hail' iJl ancl1 ' ,[ 5C'mhl aient SI'
l'oulcl' amOlll'cnsem nI. S III' SO ll con . L'image
qu'cil ap l'cuL lui ct lllla5ans cloul > ['ex pli cati Il
des m]) l'lem nls c1 e .R ahottcau ;cn l' Il ajonl.a,
rêvc use' : Pauvre' hOmlll f' ! il m'a [)l'esque rail.
r/ C' ln pei ll c,
lll i 111 0 In l' Il 1.
! ...
�VI. GT I!:T
" ,JOUH~
avec un gest
Pui~,
t't)i, tHlll pis! ...
'j
d'in 'ouciancc: Ah ! ma
on voulait le écouter, Lous! ...
Elle sourit il on image
I1Hl1t
COli III lU
t, il pas lenls, tnti -
anclales de brocart
.
2R 1
A \'ICII \'
0 1'
et urgelll,
bt'isé' pal' la 'cène qui venait de sc
pass 'l', 'Ile s'as. it dans un fauteuil olt '11r sI'
Il 'talonna av c cc mouve ment de chatte qui lui
('Util familier.
1';11' fermait le;; yeux, jlrN
il :'a::;SOUpil',
quand un brusque coup de onnett
SUl'
la remit
pi 'ds.
Oui peut v nil' il celte hcure'! murmura-
I-l'III'. FI'HnCeSCa, peut-Nt' '. Esl-ce que les
(Tninlps clp PoL nc' '1 ...
1,;11(' n'ilcllt'va
pas. Co mm
sa carn "t'istl',
Il'Hy:Utl sans doute pas l'lit ndu Il' coup de
!4011 Il l'li e ,
des cltambl"s du prernier oil l'I I
('lail occupée, lardait il desccndre,
I1I1\n)(',
inn,
('I~
alla 0 uv ri l'.
l':IIL' sc trouva face il facc avc' Clairc
1\ allotll'ill 1.
�XII
La scènc qu' II OUi; avoni; l'at:o lltéc plus Imut
avait laissé Claire f l'émi ssallt ·, mais r éso lu c.
EJl e "tait parfailcJ1lcnL décid ée:"1sui vre so n père
'h z Mi chcl S'yghill c. Ell c n'ava iL pas l'aclrCi;se
flu Il us." '; m'lis ell ' :-;c rupreJai t avoir
V ll
sur
la chemill ëe d ' la chambre de Il aboll
'HU
UD e
'urle d v isitc -
ec U cH rlc (lu e Sr yghin c lui
ilvail l'cmi s' le .i our
1:1 premir.r
li il J'ava it elitraÎn é,
p OUl'
fois, chez Franccsca lI alllilzzi .
LOI'sqllC Claire crul lIIottru ln main cl essw;,
cllc co nstala rlll'cil c avai l disJlill'lI ; ln je un c Oll e
chercha, fi èv rcuscmcllL, ct (ill it Ilil l' J(I rl éCOU\Tir
�VI ' GT I ~ T
U;>< J OUHS .\ VICII y
28:1
dans un v iele-poche Oll son pèr e l'avait j etéc
ppl -m plc, avec d'a utl'es papi l'S. Ell e prit il 1<1
hàte SOIl cll<t[ ca u, scs gallts, un
pclissc, cl
ct scellctant dans le ;;alon, près de Milio rtH-
l'
hotteau :
-
MI' , dit- 'll c, j ' vais rej oindre IlIOIl père .
.l e te r ' pN
qu e II OUS ser Oll s absc lltH peut-l\ tl'C
l oute la soirée. Tu Ile seras pas inqui ète, n'eslce pas '1
enfant. D'a ill ou!';;, oou. ,tl IOIlS
0 /1 , 1J10 1l
avo il' notre petite 'oil' ; , nous auss i . Vous dit s,
MadulIl c Pal'an<juin , que l\!l11l Odett e va 'han te r '!
~Jlr
[>aranquill fil. Uil sig l1 (' affirm atif. .
'l'li voi s, cc Sl'I'a cil;mllllill. Aillu se-Loi
bi ' II , Ili a fi 11 ('.
1'; 11 (' <l lIil'ii
;'1
(' II l' la j oli(' l(\ [(' ci l' Cl ain', pl
l'P Ill])mssa.
t) uclCjU CS mi llu tes a[ln"s, la j cull (, lill!' W:I\'issait Ips ('s(',tli <, l's de la \ 'i ll a l<'Ic ul'i('.
Ell e ,I\'ail Ill<l l'ché tl'('S \'il l', l'U III':l 111 pl' 'sIIU l',
Il e vo ul nltl pas sc dOI1Il t' 1' II' 1(, lllps dl' l'érl (;c llil'
il CC' que cp tl(' dc' Il wr cll c a\';li t d'inso litc, Il '1':-Il'aol'dinail" pour ull e j <, ulH' fi Il l'.
~I
, iÏ ; arri vé' lit
Uil r ll'ro i la s:t isil.
•
�284
VINGT ET UX JOURS ,\ VI CU y
Ses timidités, ses pudeurs se révollèl'ent. Un
sentiment d'invincible répugnance l'e nvahit, la
paralysa, l'empêcha d 'avan cel' le bras pOUl'
saisir le cordon cie la sonn ett ' Elle se l' présentait la co n[u ion, la colère cIe so n p ' re, 1': 11
sc 'enLit défaillir, Le COJ UI' lui manquait. ~ s
dents claquaient. ' s jamb es fléchissaient 'o us
elle. IW fut obligée de s'appu yer il la balus1rade du penon.
LJne voix, au-deùam.i d'ell e-m(\me, lui criait :
e va pas I;' l ! Elle fut prise d'un e tentation
violent cl ' r brou 'SC I' chemin , de fuir "Llc
maison, de sc réfu gier dans :;a chamb re pOUl'
y pl UI'N il l'aisc, l':lle sentait que 1 :; sanglots
Illi montaient il lil go rge, et elle sc dcmandai l.
avec ango isse si, la pOtt ouve lto;'t so n 'oup de
so nn ett , olle n' \clatcmi t par;,
EII '
l'
sta I;'t
Uil
minu te, ([éCai llan t ' dans
co LLo luLLo cl'uelle cOlltr ' eli e- mOrne (' 1, co ntre
s n émotion,
0 11 , mUl'mura-t-ell c ' lIfin, sc raidis allt
plU' un violent '[orL d vo lonté; LLon, il n'y
a pas d'autl" moyell de l'al' l'acll el' ;\ ceLLe fu nesto maison , QU'O Il intcrprète' co tnm
on
�v r,nT ET U
2Rfi
.roU RS .\ vr CIIY
vo udra ma cl éma\'ch '. C' sL p 0 1l1' Lo i qu
j e la
l'ai ', ma honne eL chcl'e IlICI' . El La pen é me
donnera )(' courage d'all (' \, jusqu'au bouL.
Ell e sonna.
la
V ll P
dl' Claire,
in:1 éprouva 'omm
IIll
choc. La lumière de la lampe, !'iu 'P noue ail
plafond du vesLibul e, la montra il
a visiL
lI ';C
tO llt.e p;\l , 1 s lèvres cri spe s, les trai Ls dm. 1'1
)l \'ol'oncl('m nt co n Lmcl é , Mais ~l c LL pl'emièrc
impr cR. ion succéda immédialem enl unc pens('c
d'ironi rL cl m ;chancet' ; cal' c
o ce nL tr('s
cl
marqu é
fui ovr.c un
pe\'siflage
qu'ell \'
s'écria :
V OLI S
ici, ma ' h(
1'('
nfant! Puis-j
savo ir
qur ll ' ci\'co nslance impl'évlIe me vaul la f:
y
ur
cl vo tl" v isi te '?
Clai rl', sa ns l'épondr ', était ent\'ée, el, à la
\ ' lI
du salon vi ù ', avait
' U Ull
v if !'ientim nt
la l'auss'L; dl' sa :itualiol1 . Mais, comme
d l'
Ill'
étnit St'll" ùl's perfidi es de c W' 1'L'1I11111:, l'II ' I ' \'a
la IN', la l'l'gal'dantbiL' 1l ' n l'ace, cL, salis fairL'
:1LtClltIOIl
:111
g 'ste dl'
in a, qui lui indiqunit. lIll
l'nuleuil.
Mon pel" t'st
I CI,
dit-l' Il l' ,
�28(i
VINGT ET UN JOU HS .\ ViCH Y
L 'Hali enne so utint l e r egard de Clai re; ct,
avec une expression de so uverain e impertinence:
- V Otl" pèr e, ma chèl'e l t:t qu o vo ulez-vo us
qu 'il vi enn e chel'cher i ci '!
-
Cc sel'ai t i, Ill oi i, vo us 10 demandel',
1Iadam c '!
De IIOUveau , 1 'UI'S r ega rd s se CL'Oü;è ronl
CO lllllle l'éclair de cl oux épées. Ccl ui de Claire
était si droit et si
r r me
que Nin a senti t 1<1
nécessité de devenil' insol en t '.
-
E t c'est ü vo us, Mad m ois He, qu e Mon-
i';i 'ur vo tre pèr a co nfi é 1 so in de sa ga rd ' '?
1\1 Il pè\'e, Maclam , ne l'cmet cc so i II-Ill :'t
pl l'i';onn e.
I~ n
tout cas, il a tl'Op le s ntilIl enl dl'
la di gnité de sa fami ll e pOil\' Illi
'o nn el' cles
ell oses dOllt ' Il e pou\'l'ait avo il' :\ l'oug il' . Cl'
n'es t clu C
1
plus gmnd cl s has[ll'cls qui m ';,
Ini s , Jll oi, sa fill e, au eo ul'ant cl
cerlain s
intl'ig u s, dOl1t.i e Il e ve ux pas qu 'il so it victime;
C'l vo ili, pou\'qu oi .i e sui s ici .
A lltant di\' qu e VO li S vn us (\ Lci'; tr: lll sfol'lll ét ,
(' Il angl' g<l l'cl i 'II . \J II C Il lfHil'I'I1l' ,\lltigO II '. Mes
l'oIIlplimcJlls, ma chi'I'l'! LI' d('\,O ll Cll H' II L lili ..tI
�~87
VI1\'G1' ET UX .JOURS A VICIIY
suurait allol' plu s loin . Il esL seul emonL
Il l'
l'l'gr
Llabl e qu'il l'as
l'auss
0
cn
l'out
eLLe
'iecoll tunc, L que l 'ardeur d ' YOS S ntim enLs
généreux vous égn l'e, ma b Il e enfant. ,l 'i gnol'e
de (juell es intri gues YOUS voul ez pal'I el'. Ce que
j e sais,
" esL qu'en LouL l:a ', vous yons Nes
tl'ompr e dl" porte, l\l onsi
tll'
votr ' pPl'e n'psL
pn s ici .
-
Olt . l-il 'l
- Ah 1 pl' nez gard e ... l>
lIi scl' Iti on,
, st cl
eci;
Il '
'l plus d l'in-
l'impertinence . AIl !
('a, ma chèr e pnfant, vou s YOU, fi gurer. ùonc
qu p je sui.' le CO l'Ilac de v Lr' l' sp ctabl ' p('l'e,
puisqu ' " ' sL ü moi que vous v n z de1llander
c01llpL' de s s pas, de ses acL s, de
pcut- ' LI'
-
S01l
, olnll1 cil
L de 011 appétiL !
Oui, Madallle, il vo us; pui sque vous
1
vol er. il a l'umill !
1\ (;CU apostl'opl1',
Ull
::ioul'ir'
ffl
UI'a
les
]("vres de Nina. I~l , d'Ull g f;Le nUl'cluoi s, r pOllSsalii. loin LI ' Il
-
elle accusation in'llLelldue:
COllltn nt! .l '
1 v ol e ! ... Mai
assure, mu chèr e enfant, qu ' j
1I10illdl"
('Il\'il'
1 C' 's t
lI1I
n'
Il
.ir.
vou s
ai paf; 1'1
anciell Jl 0go ' i.ml lI'''s
�288
VINGT ET U
JOUHS A VICHY
T
)'espectable, tl'ès ùigne d'estime, que Monsieur
votre père; mais ce n'est pas un de ces hommes
que leur physique expose à un rapt. Voyons,
ma petite, soyez un peu moins romanesque.
Vous versez dans le lyrisme. Est-ce l'amour
filial qui vous fail ainsi "1 ...
- Ah ! oui, raillez. C'est un moyen. Mais il
ne réussira pas, je vous en avertis. Ah ! vous
c)'oyez qu'il suffit, en parlant de votre victime,
ùe le prendre sur un ton de persiflage pour me
ùonner le change! Mais, misérable femm , il
rallait donc mettre un peu de pudeur et de
)'elenue clans l'œuvre de votre séduction! Il ne
rallait pas, en public! ... Ah 1 Lenez, l'indignation
Ille monte à la
gOl'g
! Quelle nature êtes-vous
ùonc C! Ce n'est pas assez
pOUl'
vous de portel'
la honte, le désespoir ùans une famille 1 Il faut
encore que vous y ajoutiez J'ironie l l'outrage.
Vous n'êtes pas satisfaite d'avoir fait du père
votl'
s 'lave pour
1
clélouiller,
pOUl'
le
déshonorer; vous HCCU iJiez Cl vec c1es sarcasmes
la fille CJui vient
VOliS
Qu'en avez-vous rail'?
demanùel': « Oil cst-il '?
1)
lIé bien! Je le saurai,
Ol! il est. Je VOus ]'nl'l'uchCl'ai . .fe ne v u 101'-
�28U
,lOOnS A Vlcny
II\Cl'l' VoT U~
111eLLmi pa, df' YOUS jouer plu, longLem ps e1'e
l'honorabiliLé d'un honnête " omm
cL de la
sn nl é, de la v ic peuL-èlI'C, (l 'un e lIonnNf'
l' mmp", Allrz!
hy pocri sie Il e m'en imposo paf; , Vous n'èLos qu 'ullr CO llrli, .1110 1 la
\'0 1,1'0
pins mépri s<1 bJ e des coul'lisn ll ef;
C0U
SOli
1
rois, Nina blêmil sous la fl éLl'i ssul'e,
e monliL
so urire moqueut' s'éL ignil. Ellr
Irs lèvl'ps.iu qu'au
<:lng, Ell
youlul parlel':
Il's pal'ol s s' ;Ll'anglèl'enL dans sa gOl'ge ; il n'en
,;ol'LiL qu ' un sif'fl f' menL se mblabl e il celui d'u n
l'r plil r .
1': II l' "tait debout , la t(\l0
1' (~ lIv
e r s',
Il
fll'l'ièl'P,
1'1) go:l' [uri ux de sa l1I aill étellduc Pl lrelllIllanLe, monLrait il Clair la po)'le du salon,
La j eun
d(;daigncu'
Sl'
fille sO )'lil , mais la LN
L supel'b
lellail il quall'e
landis
pOUl' 11 0
cru
l' II ali !'ll ne
pas l'olldl'l'
avec cI !'s l'ugis,'f' ll1 enls l' I cl
'S
haute,
S II1 '
ell e
C'O Upf; li ' Al'ill'p
tI(' Li gT 'SS0,
UIl
l:
' II'
)
fois (lcho)'s, l'ail' l'l'ai s 'alnla l'I'Il'(' I'\'(,s-
d' la j ' ull
nu',
:all s inl1uel' SUl' ,a
d<" 'iSÎO lI , r,lIe )'0gagIUl )'apid
' 111
' Ill l'ltùl '1. 1 ~ lI e
!I
�280
V I;-': C;'I.' E 'I' LJ'" .JOLJHS A VI CH\'
ouvrit la porte du bureau oil il n'y ,wail, à
Cf'
moment, qu 'un gar çon de service.
-
Savez-vous, de manda- l-ell e, s i M. Davis
est ch ez lui '?
- Il vi e nl de l'e nll'er, Mademoisell e .
-
Veuillez lui dire que .i
le prie de des-
cendre un in s tanl, el de m c l'ejoindre dans le
p elit ,alon. J'ai à lui parl er.
-
Bi
0,
made mois'lI .
Que lques minules après, 'W illiam Da vi s pal'ul .
Un e vive émoti on se peig nait sur so n vi sage.
-
Vous m 'avez fait l'll onne ul' de m e dema n-
dei', Madc rn oi ell e, dit- il el1 s' in clinant. Pui, -j '
savo ir ? . .
LI n 'ach va pas, Un co up d'œ il v nail de Illi
Jo onlr ' l' Clai)'
de bout, pD.le >t fI' id e
l' Olll Il H'
un e s tatue de ma rbre.
Il Y c ul un sil
II C .
Willi ,UIl , illlC' l'dit,
a tlC IJ -
dail qu 'p il e s' lxpliqu :lL.
-
Monsic ur, d IIwncl a- l-e li e ra pid eme lll,
prcsqu il vo ix basse, co nnai ssez-vo us 1>
-
ell
appuya
SUI'
d:rl1lc Seyghil1 c?
cc Ill ot -
t
:l UCO Up
Monsi ' ur e t Ma-
�291
VI G'/, ET 1I:-\ J OU RS A VI CHY
Beaucoup, nOIl , !\Iacl ll1 0iscJ l " J'ai déj:'l eu
1'hollileur d r \'OUS dire q ue jl' 11 0 <:o mple pas
11 , Spyghill c pa rmi mes a mis,
" il
st ainsi, Monsiellr, l.:O lHmellL . ('
Il
fi tiL-il lJu e VOUR soyez s i prompL il Ic pré' nLer
co nlili P L ]
trouvcz
t'lU X
C il
pe rso nn s avpc qui vo us vo us
rappol'L'!
C
v
UR P.
t- il j amais
,lITi\'é dc VO Uf; dire qu'r /l arrj sant ain. i, vo us
pO l/ vi '7. commettre une m auvaise acti on '!
UIl C ma u vaise acti on , Mati ' 1IlUise ll l'! ( ne
-
mau vais!' a 'lion , l\1 oi !
Soil ! j l'
S
' l'ai il voIr
VO LlS
hiss(,J'a i, MOl/ sicur, j e' lai s-
('oll sc i Il cc' ]f' soill de qll l1 lifi P l' la
{'(J IUllli!!' d' lIl1 hUlIlIll ' qui S'Cl l/pal'(' d'll/) [l é l'p
dl' l'il lllilJ e pour 1 livr e l', UI/ balld l'a ll
yl' lI X,
SUI'
!e's
il d 's avcI/turi l'I'';",
1·;11 (· s'an 't" ln, cOJTIm s lI ll'oC/lI c'l', Willi am, l ,: •
F li X
tl i la!c's pa r 1'6to nIlPlll (' 1I1 pl !';lI1 go is:,\p, la
l'l'gn /'(I ait.
"il/s i , i\1a!l(!Il)ois(' lIp
ht"gaya- t- il ,
\' U U S
c m )'('7. qU(', s i CIlJJTl Pll1 pt VO IOl/Ulil'('!lI P llt , j 'H i
IIds v<J !n' pi' r (' IILn' lC's ln ain s d' II/l(' !Hllld( ' d l'
g l'(
-
(~s,
U Il I'
ha nd e' <.If' gr' cs!
�292
VINGT E'r ùN
Jotms
A VTCt·T
Claire ne savait encore que la moitié de la
vérité. Ce mot d William fut pOUl' ell e un trait
de lumière qui lui révéla le l' ste. Elle compl'it
que
ina était la complice ct la pourvoyeuse
d'une assooiation de chevaliers d'indu tri e. EU
comprit pourquoi ell e n'avait pas trouvé son
pèr e chez l'Itali enn e. Elle co mprit qu'on devaiL
le cl épouill r quelqu part dans un tripot. Ell e
comprit tout cela, in tantanrm enl. Le compl ol.
nU l' . e clessina neltement devant 'es y llX .
. 'aisie d'un app1'éli nsion t l'I'ible, ell aLL(, Il duit, imm obil e,
-
(Jll
Dav is co ntinuftl .
Ah ! j campe nd s, poursLli vit-il , le senti-
III Ilt qui vo u di cte cl . i amèr s parole' . Mais
Ille suppo l', moi, ca puble de .. . Oh 1 oh 1
ri s' Itait encor aIT ' té, hal tant , comm e SI
s jJlll'ol :; ne pouvai ent s fl 'nyc l' un paSR<lI·W
:r tl'av l's'a gorge .
- Ah ! .i Rui s tl'Op puni , l'eprit-il après
LIli
nouv au . il nec, d' un a te dOllt j e n'avaiR pas
prrv lI , croyez-le bien , Il i ln S UI' \ 1 S OIl SÛqll c' nces. Cp t
Hc l ,
a rn èl' ment .. . Mais
a
P li
je
111('
le Rui s d!ljil
l'!' pro
'1 )(\
nfin , Mademoise ll e, s'il )
(] e ma pnl't 1 gè>l'plé, incollRrqucncr, tout
�29:3
V/:-WT ET U:\' JOUHl:i A vrClIY
cc <[u
,'ous voudrez, il n'y a
dila lion , I ~ t la pen, ée qu
"ou: III
Croil'C, qu
eu pl'émé-
p 'l ::;
vous avez pu me
cwyez cOlllpli e de ces
mi 'émbl s ... Ah! c'c ' l am'euxl c'e l am'eux.!. ..
Il ' nfonr:a dan::;::;a c h velu r
::;e8
doig ts c ri::;-
pés, d6vol'alll les ang lols qui lui monlaient
~1
la gorge. Enfin , l'elevant la l t :
-
Il ', biell , oui, j 'ai ;té co upabl . C
,_
g hill e m'in ::;pil'ait de la cl ' Ii anc . ,l 'aurai: dil
l'LI'
"LU' III 'S
gardes . Quand j'a i commi . la faute
d ' vo us le pré 'enter , je cr oya is l'ail'
dc hanal
un act
compl aisanc ', et ce n'es t qu' plu '
lard, <' II y 1'6Iléchi ss<.lnl, qu e jl' 111 clis qu e
j'avai s Cli tort. D'apl' \s ce que vou ' v nez de
lIl'appl' nell" , j 'a i ;té J'ill Sll'lllll III d ' ull
Jllie .. . ,Je vous dcmand
humbl cm ' nt pal'don cl s
t.:a us' . ~' il
'xi: t
illfa -
pal'don, Mad moi::; II ,
hag rins qu j
un Illoy
Il
q u Ico nqu
vo us
dl'
l'épal'et' J mal dont j'ai élé l'auleul' invo]onlail'(' ,
pal'l cz,
.i '
VOLlS
n Pl'ie. Qm'I qu
so il
1ll0 1l
d p\' oil' v uill cz cl'oil'e ([U j e Il ' , fa illira i pas.
La sin 'él'it(o de la dOlll l' lll' ' l dl' l'acc lit. d '
Willi am d sa l'Ill a Cla il' ; c' 'sl d' lin lun l'ado uc i
'lU' 'Il ' l'épondit
n "asse ant :
�294
VINGT ET UN .fOUnS A Vl C UY
I ~x
cu
se
Monsi eur Davis, si , dan s ce
z-rnoi,
qu e j e vien s de v ou s dire , l'expressi on a
dépassé ma pensée , V ous, co mpli ce d'ull o
iJlI
! Non, j e n'ai pas cru cela, Jam ais t'oll '
~l mi
id él' n' s'esL présr nLée ü mon espl' i L.
~ C L1
0 m
e l l ,
j e m c suif-; c1 eman l é lXlI' quell e faLal e circon ,;l ancc vous aviez éL', enLmln é, vous, un hunnête
homm e, il servir les (jomplots d gens qu e vou s
vcnez
VOU S-Ill !.' Il I!'
d ' quali fi CI' , Avec un e gélll; -
r osiLé dunL j e vous ,;ais g r é, M on ::;icul',
l ' OU ';
vou ' 011'rez à réparor le mal , M o l'ci , T ouL ct'
(lue j e vous uOlll:tllde l'sL d
l'épandre avee
UII('
en Lièl'e sin cé l'itr il la q li " Li on qu e j e vais vous
adl'ûss l', Ain si, avallL (;c L clltl'r l.i n, vo us
savi z ri ' II cll'
ri
(~'
qui
,'P
11 ('
passait , 'tbsoluill ' Ill
'Il '/
-
,f' VOli S jUl" , Madcll1üi sell ' Clair', 'tUl '
.imiqu 'il 'cL insL:l.IIl. j 'ai ig nor é h' pl' mi l' mol
ri e eeLLr inülmi t',
1': 11 so rLe qU l', f-;i
.i ' VallS cl ' rnalJ\lai s lIl aill -
Ir n<1nL ai l osL trl O Il pi' I'(), il VOllH:-mmil. illlflOSHihl '
do r'ùponclr ' il Ilia qu sLiulI,
-
Pard oll , ~hd
l'HL M, HnlroLi citll,
' ln oisr ll c, .i " cmi ::; savoir oit
�293
V I:"1G'I' ET UN J O HS A VICI/Y
-
Vou l e sa\'ez '?
-
Oui . Par un e illdi::;crétio n hi
dantc dc Illa vo lonP, \'c uill
'Z
Il
ind épen-
le t:roire, j'ai
pt é mi s au co uran t d(' L;o nfid.en es f[ LI i !l e
m'(l tai ni point dcstin ·cs. Mai · .i
ne \'o is pas
(LU r i rapport. .. il moin s Cil! \ Scyghill c .. .
)';11 ! oui
il
11 \
n"ait pus il
Cil
doutcr. Le
tripot, c'étail lü ! C'était \'il1 a cl \ Chyprc! 1<; '
1)1Ieitripot ! ... Des fill es eL des grecs ! .. .
,\ Il ! l es misl'rables ! IllUl'JlllU'a-t- i 1.
Claire, illlpaLieJlJIll nL, agitaiL la muin .
e'Ue ad l'esse , !\/ onsicur Davi s,
ce ltc
ad l 'CSI:W .. .
-
Celte' adrcss , Mademois Il ' !
Il hésita; il
-
l'
garda la j ellne fi Il ' .
Puis - j e vous ri ' mallcl r cc que vo us
C'ompL z n faire '?
-
Mais ...
-- Vous rendl'e à ceLLe maison, Il 'C'sL-
pas?
LI S cO lla la têt , ct d'un tOIl profond lm Ilt
aUri s! \ :
- Np f;\it s pas ce la, Madelll oisell e Clair . ,l c
"0111'
ai dit tOllt-;'t-l'ltelu'p qUL' j e ti ens il hOIlIH'Ur
�2D6
VI;>IGl' ET UN JOUHS A VICHY
de réparel' me:; torts. Voul ez-vous vou." l'epo er
S Ul'
-
moi du so in d'all er trouver M. Rabottcau '?
Pourquoi, vous?
William, sans r épondre, llaissa la t ' te.
-
Pourqu oi laut-il, insi sta la j eun c fiJl " qu e
cc soit YOUS qui alliez trouver IlIOII pèr c'?
L e r egal'd de l'Am ' l'icain devint ·upp liant.
-
Ah ! j e co mprend s, s'écl'ia- t-ell e. Une
f lllllle Ile p ut pas déce mm en t mettl' les pied s
ùans celle maiso n. Voilà cc quc vous n voulez
pas me dire, n 'es t-cc pas? Oh! pauvl'e pèr e !
(iucUe h nte 1 quelle hontc ! mon Di eu!
1'; 1. la malb eureuse enfan t, cachan t son v isage
de ses deux mai ns, :;e mit il sangloter. 'yVilliam,
sil ncieux, se tenait debout devant la cbemill 'e.
-
Et voilà votl'
œuvre, MOllsi Ul'! Ail!
tenez ! vous avez été bi en co upabl e, 011 n' st
pa:; inco nsid ' l'é il C' point. Oll ne j ette pas
co mm
ceh, voy
II-VOU ',
"olllln c, la sa llté d'un e
l'honorabilité
l'CI1Jtr1 (',
d ' Ull
l ' l'epos, Il'
"unll(' ur d' tout llll (, l':llllill ', Cil pl'Oil' il
LIlI( '
<lveIILul'i('l'e CI. ;'1 UI IlJ lJand ' d' 'S 'l'ocs.
-
VUli S
rt '." sans piU ", i\l:t(/('Illuise lll', l'l'-
J1ulldit dOll 'Cillent I)a\'is, Mais, dl' qlll'ltlll '
�VINGT ET l'N JOUI"
façon que vous me traitiez
. \ VICII\
~D7
vous ne serez
jamais aussi sévère pour moi que je ne le suis
moi-mèm , croyez-l e bien. Veui ll ez m'attendr
ulle de mi-he ure. Je vous ramènerai ici votre
père, je
VOLIS
e n donne ma parol e d'honne ur.
(i;nsuit , vous m e jug r z e u toute libe rté
d'esprit. Et p ut-ètre qu'alors, e n y l' "1l6chis'an t, vous truuverez que je s ui ' plu s il plailldr
e ncor qu'il bl<'uncl'. A u revo ir , Madc ll1oisell '.
Quelques minutes ap rès, William Davis se
dirigcait il g l'unds pas vel's la villa !le Chypre .
. 'es préoccupatiolls l' IIlPf' 'h "re nt d'ap '1'cavoir, da ns la demi-ob 'cul'it ' cl
voitut'
Lanc ',
d' place qui 1
l"
la nuit, une
'uivait il quelque di '-
g lant 'on allure, ur la 'i nn '.
Lorsqu'il eut fl'aJlchi la g rille du jal'dilJ , hl
voi l.ul' , it
50 11
Lour, s'ap procha. l'; ll e sC' rll sa
élU
bord du troUoil', so us les plaU.lll es. Pe rso nll
Il 'c n rlcs 'c nrlit ; Inais, il l' illt6ri ur, un
t'cmlll
s'acco la vi" l1H'nt ('()lItre la pOI'li il r " le visage
t'o ll; aux vitros.
�XJTr
r.
soir-là, dan s lB pC' LiL Sil lon de FI'.1Il CeSOl
Hamazzi , ull e 11111.(' S l'I'{;p, sil ncieus ,ard en Lr,
prcsque farouche, s'é lail engtlgé enLl'e POl.(·n '('
cL Simon HaboLLeau,
LI Il 'y :lvnil pas d'a ull'c habilué de la lOuisO ll ,
Landau n'éLail [Jas lil,
Landau Il 'avail. plù s
l' ' paru , 1I'II1a VivHIlI. , laJl cér pal' 1"l,'socinLiOIl
;'t la pOUI'SUi le !le l'illfid \1c,
ILai l
l'eve nu
l)I'üùollill ', <lIIiIOII(;UlIl CJu'il devait avoit' pri t; le
train, da us le plut; stri ct in 'og llito,
j)
'cidélllcnL, lm.; actiuns d ' la !iO 'i 'V! üuis-
sniclJL. IJ 'pui ([uelqu' LClOpS, Lout n'allait que
�VI 'C T ET 1 :-; JOUH
rl 'ulle .ùl e. L e.
A VICUY
290
clients pl'elluiellt l a fuite l e~
un s après 1 s autres. On n'avait pas m vme pu
fi xer l e j oyeux l èr e L andau ; c'était il désespérer
cf la fid 'lité des gen '. Il ureuse ment on tellail
r nco I'p Hahottea u ; ct, lans ces cO llditi ons d t'
gui gl1
1;1
ct de dévein e, tous les associés sentaien t
lIécessité d ' [rappel'
llii
g r a nd coup. 11 ne
fall ait pas lui l aiss r hl moindre plume, il
celui-là.
Habolleau jouait avec uno l'age con<.;8ntl'ée,
pt chaque par tie porduo lui enl evait un peu pl us
de so n sang- froid, " esHL-dir' d
ses chance '.
Potell ce, ayant l' Ç',u daJl s Ic tu yau do l'ol'eillt,
/; 1 CO JlJlllulJicati OI1
(\tn it hit'Il dé 'id \
d Mich 1: « JI {:tut n Jinir )),
Ü
no lâclr el' sa proie quI'
('omri ' tome nt décavéc,
1. ' 1111 sc
cl 'hallait fUl'i 'u.'cmcll t
IItrc le:-,
griffes aig lliis qui ['ensCI'raient ; l'autr ' précipit;!Ïl ses 'o up:,
t ü!Ïs;tÏt vo ler les plumes du
pau V 1'(' pig on li \'1'6 à sa rapa 'i t ' ,
Il Y ,wait quelque
tl' I'riblc' dans cc du
hos
(J e sol elln el el cil'
sans mel'ci. ft co té dl'
Halloll 'H U, l'idoux, d '!Jou t, [J,\ri ait ot Il ' l'dai t
sa li s
11 10 1
dil' '. Fl avio suivait avcc la m ' m l'
�:~o
\' 1:"0'1' ET
:" JO UHS .\ VI CIIY
attenlion silen ci euse le j eu de Polence . ::i yg lJin e, le comle, tou . élaienl JLl . T oul Je persO llnd de l'établ issement attendait, so us les
armes, Je COLI p décisif qui devait acbever de
dépouill er la victime.
Potence tenail l es cartes. JI IO!:; di strilun
non chalamment , avec une g ràce de jou eur
ém érite.
Pui s, toujours avec le
Ilegrn e, il
l1I\/Il
ou vril son j eu, le pal'eoumt c1 ' un eo u]) d'œil ,
l e r ef l'ma cl , s'accoudant
LI r
la tabl e, attendit
so n adve l' ·aire.
-
Ues carles,
demanda so urdemellt I\.u-
/)otteau .
A\'ait- il des "o
,"it Pi Joux
S
lp
~\O
n s?
T ouj ours l'sL- il qu'il
[lell ch r sur 'o n j LI , ct Imw;-
m ltre un siglle il 1 ol el1 ce .
- Call aille .! s'éc ri n-I-il en
Il se leva, les r/ (m l.
.i
'UuJl sps cartes .
sCITées, les Inaills
flgilél's [Jilr UII I,remhl Ql1 lClll furi ux.
-
Callaill l's 1 hôgily;1-l-i1 Lill e Sl'l'Ollr/ (' rois .
.\ t.:' ll c <l poslr oph , [lotel] ,u IJll lldit sllr so n
sll'gr.
L
t.:O lll t'
Hllfropoul us
l'ut l'tt ir
ri e
resse ntit' ull e eOJl1tl1 oti on Ilc' 'lriqu e. ~ 'yg liillC
�YL'W'I' J':T L';-> ,10
:jOl
I\S .\ YICIJ\'
:.;':I\'aIH,:a vivemenl. Tous entourè.. ent Habolleau
dOllt les lèvres, viol lte
:aiellt
ct tl'embluntes, laÎs-
ncor c édlappel' pal' intcrvallcs cc mot
fJ u ' l 'indignation étr anfTlait il demi : Canailles!. ..
C'waill es 1. ..
1\ u bruit,
l'1'[lJHX'SCa
s' ' tai t préci1 i t \ , vc .... l '
Il lit sa lon, oubliant, dans
SO IL
tl'oubl e, (['cn
l' ' 1'Ol'lnel' la po .. te.
tumulte violent U' \'oix furieuses, d'apos-
Il
Il'oplles menu('.antes, arl'iva 'omm' un lIol.
Toutes les [emm " : ' group "rent pl'ès cl
1<1
P l'le, l' gal'uullt, Crral' cs, pal' l'c llll'elJaill Ill enl.
-
Mcs Plll'unls, dil ft d('lIli-voix ,1 '<tllll e Cha -
gol , il y a du grahugl' IiI-ci 'dan:;.
fl'l'ioll' pcut-N .. c pa,.;
III al
dl'
Il O ll S
ous
II('
Lir(l' dc,.;
pil'ds.
C'cst il
Salis
SI'
' 1 insbnL (ILlt' Williw/l [lHl'lll.
l'
faire
Hlln Oll'
' l', "o Yil lll Il' désarroi, ri
:IV, tit Jl I II \tl'é dalls 1(' sa loll. li tnll' l'sa l'il pid c-
III ,,,1 C 'Ill' pi('
d ' e 'S d,u lles ' l,
dall ";
ln sn ll
11H11 -il-CO Up ,
il
l1lili (, lI dl' l'ahuri ssc mcni
'C, ilU
' 11Il'llda lltla YUIX
'[,t.., il
(,O I11I/1 C
S
s'i l
de Itaholl 'U ll
ll'oll va d'ln ' l ' gl'oupe,
('l'il
pilli dc tel're.
�302
VINGT I ~ T
(J;\"
.JOU HS .\ V1CH Y
La présence so udain e de cet étranger produisit un pOll,
S Ul'
l es acteurs de celte scène,
]'eIT'et d'une l ète de Médu se. Simon 1le l'out pas
plu s l àt apel'çu f{u'i 1 l'etomba SUl' sa chaise, la
tête basse, les bras pelldants . La sUl'prise fut
tollo que le
mots fl 0 probité cL d'honn ur
expirèrent SUl' lu lan guo de Pot ' nec . Seyghin o
pâlit ; mais, s'efl'orçallt de domin OI' so n troubl e,
il s'avança an-d evant C! (' Willi am on grim aça nl.
HII souriJ'e :
-
MOIl dl
' 1'
Davis, quell ' ag réabl e sur-
pri so 1...
- All ons 1MOllsi ' ur, iuterrompit violemm ent
J'Am \rica in , a. S07. Ll' grima ·cs ot ci o trahi sons.
Pui s, ci e la têt(', désignant Habotteau :
-
Qu o rail i ei cot honn te homme?
-
Mais, dit l
co mte H.url'oponl os, on pOUI'-
rait vo us dcmand ' I'
'C
CJu
vo us y faites VOllS-
rn ème.
-
I ~ h!
vu u.,; Il' voye7. bi ell , ripusta impu-
(l!\lllm cllt Pot 'ne , il j oue.
-
C'eHI - il- lil'
qu 'o ll
ln
j oue,
s'éc ria
,' iil lO n, se dl' 'ssa nt df' Il ouveau cO lllme
r 'ssol'!.. 011 nlo vo le 'omm
llii
c1(t ilS LIll hois. Celte
�:10~
ym GT [i;'!' UN JOU HS .\ Vl r. II Y
mai 'on c 'l une forêt de Bond y. Tous complices,
to us! 1I1 onsieul' tIue vo ilà!
,t Monsieur ! et.
encore ?lion 'ieul' !
il b 'gayait, et d ' la main Il sig llait
Ü
tour dc
rôle Potelle, n u!fo[loul os, 1,'Javio t Pidoux.
_ V us oubli ez le plu ' infâ me d lu bande,
umpl ' ta William froidement, 1 cil f ct J'âme
ct l'a. ociali on ; vous oubli 'z Mon 'j ur.
on bras él ndu mo ntrait Michel .' yghi nc.
Le Russe ne put co nt nil' un frémisseme nt
ct ' l'age. II s'avan a vers William, blèmc,
den ts
sC I'l'è
lCH
s ct les rings f l'm ' s :
- Vous dil.es, Monsi Ill' '1
- .Ie di s que VO liS Nes 1I1l mi sé rahl e, l'<'péta
l'Américain . I ~ t voici cc !lu j'ajout il l'appui
paroles .
Ce di sant, il so uffl eta l'avelltul'ier.
ci e' III S
-
Maint nant, M n ' j PUI ', (\(\clara-t- il , 11'1>"
calme, en
Se'
roi.'an l les bras, j
sui s 11
ol'dl'es.
P III' tout , r6pollsc, la bandp PlIli èl'
s HI'
VQS
se l'ua
Illi.
So ud ain , ,le:ll1J1 Chago t l' Il ljactl'il dUlls l' nt/'ohui llemenl cl la porte sa tète ll tlX boud
'S
folles.
�:l01·
VI:>IGT ET UN .JOUH ..\ vre llY
La Rousse ! cr iG1-L-elle, en se faisanL un
Gom eL de ses deux mains; sauve qui peut!
A ce cri , ü ce mot, PoLence voulut se j eter
SUl'
le
enjeux. Davi .. viL ce mouvement eL,
s'alJ[Juyallt SUl' la Labie, les bras en avanL pOUl'
pl'oLégel' le magot, il dit, LoujOUl'S avec l e m ême
calme:
-
Eh ! un peu de patience, Monsieur, s'il
vo us plaiL. Voilù de bra ves gens lui arl'ivent
j usLe il poinL pOUl' vuus épargner la pein que
YOU voulez prendre .
Mais déj à Seyghillc avaiL \teillL h,:i lumi \ l'Cs.
de ses co mllices, il se précipita, t ; L'
~ uÎvi
J)'lissée, ver s
cli s ' Îll1ul.é
sO
lJ
\.~o
J1l
a iL
Lill
iss ue secr èto, IJabil cJlJ III
[lUI' la tapissel'i , cl. donL
~ jrn
o l
no
pas l'existel1 Gc.
-rrop tal'd ! Il ruL cueilli au passage pal' deux
ag 'IlL ', lll' lldanL qu o deux autre:;, 'o us la co ndlli L\ d'uli lJl'igadier
ct poli e" p "nétmi ellL pal'
la Ilul'le du sa lon.
On l':lIilonCl cl
fot' e les escro s dalH:; l a 'alIr
dp jou, 011 J)avi . avait railulllé des bougies.
L 's mi s \l'ablcs ItaiellL pri s. Louis M ·' 11 égo l.
Il 'uvait [Jas ménagé les détail s SUl' l a Lopog l'aphi
�:305
\'1 GT ET UN J Ou n ' A \"l C IIY
cl la maiso n et l a di 'p o~ it o l
~o
que l e~
l't e
Lle>; pi "ces, de
agenh avaient pu fort habil ement
ol'gani se r II' Lraquenarcl .
I.:tnlmsqu "s dan>; l e j ardill , depuis la Lo mbée
de la nuit, il. ' ava ient pl'ofilé du LUlllult
parle>; ouv l'te ' pOUl' envahir, ~ an
la villa de Ch ypre. I ~ Jl
lIll
cl dl'>;
~ L" tl'e sig nal és,
clin c1 'u' il, il s eurent
m j>; la llI ain sut' l es enj ' ux. A lol's l e brigadier ,
-;0 toul'I1ant \'en; ::ieyghill e, i \'l'e de r;lge, el
v l" Pot nce, qui éc umait :
(2u 'cst-ce q ue c'est '1 dit-il ; Oll S bat i 'i.
I~ t ,
tirant un papiel' cl
-
Voyo ns, voyo ns. Queb ~o
sa poclH' :
nl
le>; pal'Li culi r l's (lui l' \pond cnl
,
parmi vou>;,
<l UX
nOI11>; dl'
S yghinr, Mi chel , Pot nc(', ,lac C(l1 '>;,
l Th ;-
mi stocl H ufl'opo ulos '!
-
L >; \'oilü, dit Haholtcau,
Cil
d ' 'ig llunL
l ous, l es UIlS aprè ' 1 s autres.
- AIl ! ah ! mes gaill ard s, s'6crÎ'l 11 pùJi ci 'l'; il
pal'ait qu e, li on COIlLeIl L>; d ' tellil' UII Ll'ipot oil
II OUS (olldoll s le>; g ' II>;, nOliS l ,>; l'O>;SOI1 >;, pal'
H II '
'l'oit, quand i l::;
Il '
sOlit pas sage>;,
1<:1. t'ai 'a ll t sig ll(' il ses Sll!JOI't! OIlIlt'>; ,
,\ 'el. J'fI'il 'Ill'
t' l L\,
CO llll lltllH.Ia-t-il.
�:300
VJNGT I!;'I' UN JOU HS .\.
vIe u y
Mais P otence avait r etrouvé une parti e de
son apl omb et rugis ait :
- C'est une infam ie; noUi:; ne so mmes pas
cl es malfaite urs .
- On ne joue ici q ue l' écarté, ajouta Mi che l ;
l'écal'té est un jeu toléré, e t la police n'a pas à
intel've nir clans ceLLe maison . C'est un abus ci l'
pouvoi r ; je pl'Otes te .
,le pl'oteste il m OIl tom , s'écrin Habolte au,
in capable rl p maÎll'i" er son indigna tion, que
vous ète un e associa ti on d'esc l'Ocs. I ~ t si vous
-
aver. besoin d ' Ull nouvea u tém oig nage contl'e
c s mi sérable s, ajouLa- L-il e n sc tournan t ven;
l'agent, je s uis prêt, MOl1si ur, il sig ner li ne
décla l'ahon écrite il l'appui de mes paroles.
C'est trop fort, il la fi Il ! Ils oubliel1 t Cj u' il s
pal'l enL 1 vant un c de leurs victim es, et qu 'il s
IIl C volai e nt commc da ns Uil boi " quaud vous
ôt s ::tl'ri vés.
IJ 6 bi clI! les lionn \ tcs gcns'l intel.'l'o goa
brigau icI' , d ' lIl] ton gog u nard , vo ici llll
témoin cl vos exploits (fui n'in sis t pas pré 'i Séll1 lit "lU' la pureté ri ' ' 'os int ·nlÏ ons. Au
surplus , \' ous 1 rolest ' J'{' Z, Lnlll qu 'il vu us [llair."
�:307
VINGT ET UN ,J OU n ' 11 VI CHY
devant Je r arquet, lJ.ui vous r 'clame. Ain::;i, pas
de plu'a. cs, me beaux mes::;ieurs ; ou, m a foi!
_ c
l'ai t dommage pO lll' la fi nes 'e de
S
ma in: -
VOs
mai s j'empl oi e les mcnoLLes.
Relll al'C(llilllt al on;, il leur min
bass, l es
dc' ux co mplic s de ceux dont il venait de citer
h's noms:
Il par ait, dit-il , <ju'il y avait de' sous-
-
ol'dres ... E nfin, mes in stru cti ons
Il' ' Il
parl ent
pas, On ne vous aUl'a pa, fo it l 'honn eul' de
s'OCCUI Cl' cl ' vous, m 's dni l '5 .. , Allons, qu'on
dc"guel'pi sse, ct plu s vitc quc 'a, ou j c l'âne touL.
Pidoll X ('[ F lav io ne'
Il' fiI'cnt pas l'épét r,
_ MainLell anL, Mossit' lll's, aj outa Il' hL'iga li r ,
d' un Lon plus clou x,
{' II
s' L0111'1l<lIlL VCL'S 'Yilli alll
pt Ita boU 'au, il (auL abso lull1enl CJuo vous me
d('cli ni '1':
\ 'OS
nUl I1 S, pl'pnoll1s, pl'ofessio ns ' 1
;ull'l'::;ses. Cl'oyol': il to us nlPs
suis fOI'cé cl
pOl't \e,
1
l'
g r ets, mai
je
ve l'baliseL', Pl ai nte fo rm ' Il ' a èll\
ous aUl'ons il cnt ndl'e vos cl \posiLÎ ons,
T ous deux s' x 'cl\lüt' il L. L 'agl' nL co nLÎlllHl :
.l'ai aussi il l' ' J1l o111' un poult'l ;\ la dalll e
l'rancl'scn Halntll':l':i,
Illl f' !
\ '( 'U V'
d'un '{, l'Lai ll 1';lllllla-
Halllani , !'l locatail'() Li e cp Uc maisoll,
�308
VI TGT ET U;-< .J OUH S A VI CHY
Mais Francesca n'était pJus là. Profilant de
la confus ion, ell e s'éLait les tem ent glissée dans
le saloll d'o it ces Lia mes avaient déjfl dégue rpi ,
e t s'é ta it envolée, ü le ur s uite, comm e un e
colombe elfa rouc hée,
SUIl S
a ttendre ull e ex pli-
caLi on s ur cette so udain e invasion dc ses
l ü ~ ' e r s.
-
ComJllent ! dit Je brigadie l' , c li c nou!'
auraiL brell é la poliL sse ! Ce n 'est l. as genLil ,
(.i<1 .
Voilà ull e da me l!ui sait pas faire les honn c urs
de clI ez e ll e. Après cela,
Ile n'est pe uL-être
pas loin. Vo yons aill urs.
L'aisan t sig ne a ux agelJts cl ' veill er
pri sollni
l'S,
SUI '
les
il r e ntra dan s le grand sa lon ,
suivi le Willia m c t de l1abotleau .
Un e j une fill
' tait là, de bout, les traiLs
profolld m lit boul ever sés, les ye ux tlg randi s
par la ten e ur ,
proie il Ulie indi cible
11
a ngo isse.
l) i~s
qu e
~ il
O I
pa rut, ell e 'c je ta da m; ses
bras, cac haJ1t sa fi g ur ' SUl' su
poitril1
"
fond a nt l' II la rilles.
- Clair '! a rticul a
~ ilO
Toi ici! ... CO lllm 'nl '!
d ' uil
voix so urd l'.
�\/1, 'GT E'r U
T
.T OU HS A V ICHY
309
Sa ns achev er sa questi on, il bai ssa la lêle, l a
CO li S
'ience boul'relée, ou, le poid s de celle
hllmiliali on uprême:
Ah ! ma pauvre enfanl ! .. ,
-
Il n'en put dil'e davanlage, Cette xclamaliol1
s bl'i a dans un sang lot. Deux gr oss s l armes,
K'(>chappanl de s, yeux, coulèr nl lenl ment
1 long cl
es j oucs. . . . . . .
RaboU au n'avail pu l'&sislPl' il l'in -
Clair
1)11iN ude qui la dévomit. C' ' lail cli C' CJui, dans
vo ilure f rm é , avail suivi les pas d '
un
Willi am. C'était ell ' que nous avon .. v Ll e nl'l'Nér
))l'('s d
l'
la grill
gn l'dullt
(\ )1
ù
la v i lia ùr Ch ypre , et
l'Clflln ent il tl':wel's les vill'es d ln
porlièr e.
1':11
up l'cevant 1 S agenls qui </uillai nt lelV'
ea cll ' lle
p OUl'
maudi l ,
fail'e in'upti oll dans ce lle mai '0 11
ell e avail
(· t (~
Iwise d' un e' affreuse
cponvn nl " Ell e s'élait pl'écipit('e il IClIl' suit c,
J'ollrrn nI , désespP)'('rn r nl , sa ns sr l'cnell'c'
CO III pl'
1 ~ lI c
l'CS
de s 's ncl s.
"lait entré dans 1 sal on au momcnl oil
dall1('s fu yaienl
Il
lous sens; r i s'a)')'Pla l1l ,
�:~10
VING T I;:T UN J OURS A VIClt\'
terrifiée, au seuil de l a pi èce vo isine, elle anit
enl endu un e partie de ce qui v nai t dc se passel',
L e bri gadier r egard a un instanL celle scè ne,
cL hocha l a tête, sans mot dirc',
Wi lliam , 'appr ocha d lui:
-
Monsieur, dit-il II cl mi-voi x, voi ci ma
l;arte, Quand vou v oudrez n ous rairc appel !?]',
t moi -
Mon 'ieur
v uillez m 'écl'il'
il désignait Rtù)o Lteau -
Ull
111
L, il m oi p l'sonnelle-
mcnt, 1t moi se ul. J ' vo u:;
~a
l l.
Jp vous donn e
chacun
l' Il S
r eco
n
ptlrolc d'hollll CUI'
lll il.
de vos r équi itions,
senter ons
' l'ai
qU ':1
n O l t::;
nous pré-
vo L!"
hurea u,
il
imrn édiatem nt
a i ~
Sp ul(' ment il ya un > penwnnc il l'hôte l qui ne
duit ri
ceci , .r
Il
savoil' .. , abso lum ent ri en , ..
p uis compte r
n'('st-e' pa' '/ C' st
I I appu ya
S Ul'
Le brigadi
l'
UII '
SUI'
ct
t out
vo Lre di Cl' Iti on ,
afl'ai l'p d' Inunanit "
cc cl ' l'iIi
J'
!TluL.
s'i llclina, II 'om priL qu'il y avait
Ih quelqu c douloureux s cmt de rami ll e,
l'
[> [
I pondit, égal clllellt :'t dClIli -vo ix :
-
V(Ju s [loul'ez y cOI lIpLl' r, Mon 'icur ,
-
Mcrci, dit Duvi,',
Cil
SCI'I'!\lIt la main de
l'ag(' ll l. VO li S êtes un bravI' hOlnm "
�:11 '1
' 11\0'1' E 'I' t'l\ JO UHS ,\ VIClI y
-
NI l'ci, Monsieul' William, murmura à SOli
tour Clair qui avait compris ce qui v nait de
se pa SCl' ; merci de ce que vous avez hi n
voulu faire pour mon JI re; merci de votl'e'
bonne pensée
pardonner
70,
pOUl'
ma m re malad e, Vous me
.i'espèrc, m s amè1'
S
par oles de
ce ,oir .. .
-
Hélas 1 puis-j e cspér
l'
moi-m6m , de-
manda tl'ist m nt William, qu vous oublierez
jamais le mal que j vo us ai fait '?
Tous trois avaient hâte df' quiller c.:eLl('
mai 'on. Tl s prirent. co ngé de l'ng nt , qui
s'o bstinait il vouloil' découvrir l'introuvahl e
'''l'aIl Ct' ' 'u, et, (IUelqu es miliutes aprl:S, la voilUI' qui avait. amené Claire If's Mposa it à la
porle cl l'hôl 1 Mazarin ,
Un )lr{)!TIpnCur aLLal'd!\ qUI cùl
[lUSS(;
deva nt
la vill n dl' Chyprr un quart d'h eur!' plus laru ,
'lII l'a il
V \1
lIn e
autre \"O itllrp
~ l a tiol
]('
I'
devalll
la gl'i1l e. I.e brigadi cl' allait proc.:ul'cr iJ s('s
)lri SOl1lli(, I'S I('s ng rélileills d'un e pl'olllenad('
se ntil1l ental e
(' II
'alèchl', :tll l'l,I iI' dl' la IUll ("
jusqu 'au burea u de [loli ce.
�XIV
-
Voilh ju ste v ing t N un j oul's que nO liS
so mm es il Vi chy, dit . 'im on Habol.lcu u all
do t Ul' Pré op , tandi s qu
1
M"''' Il.ab oltea u
/, nait scs mains '·ten du s dans l 'appal'eil décr it
plu!> haut, c/ (lli r If' !>uvn n/ homme co mpt ait
Ir!> s co nd s,
Lr doc teul' PI'{\CO pf' 11(' 1'(l ponclil pas: I('s
yo ux Ox6s !>lIl' so n 'hrOI1 OIllNI' , ln I1gul'cgl'uv
pt 1'( cli ri lli "
il
'nll/illilaii Il1r nt al 'rn eili. SO li
calcul. A la fin , i l cunsigna Je l'{'sultal. de ,'es
uoel'vatiol1!>, di sposa ses <.;llÏfl'rcs,
Il
cl rgng-('il
�VI?\G 'I' r.'I'
UN .J O
ri
A VIC IIY
:~
I:{
l' in onn ue et, se fl'ottantl es mains d'un air de
honn humeur :
-
Et vinO't et un jours bi en empl oyé , mon
ch r M onsieur, déclara- t-il, j
vo u ' l e certifi ,
Mon appareil m'indique I;'t des résultat' au si
satisfai sants que 1 récis, JI 'C
tourna ver s
Mma Rabolteau :
-
Madam e, vo u
co mm
guéri e,
po uvez vo u
on pa: qu
cons idér er
to ut
mal adi e ail di paru : on n'arl'(\ch
trac
de
pas d
la
'on, ti lulion, en ving t l un j our de tl'ai t m ni ,
un mul au 'si profond ément enraciné; mai s,
av c des so in s, av c la continuati on de l a
il domi cil e, d'<l pl'('S l es indi ca ti ons qu
CU I'(,
j ' vuis
vo us donner, nous aurons l'aü;on dl' l'ennemi" ,
Oui, ajo ut a-t-i l,
(' Il
;;e fl'ollant l 'S JOuin s plu s
fort , nous ('n <l UI 'ons l'aiso l! ,
Mac!;lIne Ilabolt(,<l u sO Llrit. •'i moll l'(lyollnuil.
Il \lait pl'ofond "llH'nt Il
' U I'(' U X
d'accuei llir les
es p ' 1'all C 'S dont l' ' ntl' ' I nail l ' doct ' UI', El
"Ili s il y nvail , l()llt au l'olld <I n lui-Ill Ille,
Itl H'
autl'L' ca usl' dl' s<l l isl'adi on qu I' \vill i, 1I11 sp ul
'unllaissail. Pal' Willi am , l' II plI' 't, il avait été
II I;l ll(lc\ C' IJ w l ill -lil
111(\ 111(', a il
l'Olllllli ss:tl'iat de
�:114
V1NG'l' ET UN .iO UHS A
vfcnY
police, oil on lui avait r erni;; sa part de, enj eux
sai si s ch ez Francesca . 11 avait bien lai s.. éq uelques
cenLaines de loui s enLI' l es griffes de Seyghin e,
Potence et Ci", m ai .. il Lrouvait que l a leçoli
valaiL l e from age. 5010lnr Loute, s'il avail él p j('
co rb eau, les remml s No ient pri s.
ri
étaiL vengé ,
cela Je consol ait.
-
Vou .. éti r z l'II dp bonnes J1I ains, avail diL
le c()lTImi ssairp. 011 ! j r
jps étal s de sP l'vi ce tl e
ri eli il clesirC'. r .
paqu I.s que
.l
ge
PourLalll
YOIl S
(' l'
~ .-c
pl'i r dr croire que
\' (J U S
(',P S m
i
UI'S li f' lai ssent
e; ~ s i
: (;()s deux v ulumin eux
voyez ILi :io nL leurs dossi l's.
s0 1l1 louj onrs rl p,.; eh oses Lr<,s
déli caL 's, I['('s (\piIH'u:-;es, qu
j Pu, surLouL <[lI<l1ld il s'agil ,
ce: afral)' ;; dt'
l:O lllmp
dali s
LI'
cas,
dl' j eux 101<" 1'(\[:; ' L dl' dOlni cilp pri v \. Il a 1'n llu ,
po ur ag ir, UII ordre du p:tryu cl , ~' il
[las 'u, (~o
l
g ra ves, si
lll H'
c s ;;<;['ocs,
n'
1(':-;
<;" arg(',.; Ics plus
plninLe i'ol'm r ll p 'l s i g tl (~
l'Le" dépo:-;('c ('o I1 Lr ' <' li ', si
(~ IHlr
('
(' II
n'a v:til
ttn p Cil '('OIl:-;-
(' lIfill
lance ['o rLttil p n'ava iL Il l'mi s au x
pr
n'y;wail
agP
Il
~
d(' le"
fl agnull tI (' lil , vo us penli l'z vo Lr!:'
:tl'gc'nL ,
MOl1si pul' ,
:-;ans l' "llIi:-;:-;io11
cL sans
l'l'( 'OlU'S,
A Yi 'li y, (!Olll lll ' dans loute:; les vill e:;
�315
VIKGT ET UN JOUR S A VI CII \'
rl'caux , la 'ulToillan ce la plus aclive ne pe ul
ompècher la prése nce d'Ull cl' I'taill llombr('
d'aig r efin s , ét:ulllCurs de Lapi s \ el'! , donL le
Illéli cl' est ù(' dévalise r les hOlln èl's gens. Vu~
N e' éclairé mainle llant SUI' leurs procédés, ' 1
l'expél'i cn' que vous avcz Hcqui!'c il VO' dépPll s
!'uffil'a, sam; do ule, pour vou s ga rantir
nu
dang l' d'UII ' récidive.
Ces paroles t'c \' c n a io IlL
lea u. Il cl'oyail
~l
l' es pl'il dl'
nabol-
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(lI'nscl'ipliuIi S. 1'; ('ri vl'z-tlloi , s' il
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soin s que vo u ' avez <l onl1 \s il ma
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r mill e.
L 'espo ir que vu us eX (JrillH'z LIll' co rnhl e dl' joie.
Oui ,
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Puis, rl'un lOIl cl nl ysL(\ 1' " bai ss:1 nlla vo ix :
J
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A vanl de pl' ' lIdl'p cO llgé (!c' VOliS, d ocl ur,
IIOII!' il vo us [(lil'c p(l l'l dit 1IH1l'ia!:w ri e Ilia
�81 ()
VJ:\' GT E T UN JO ' HS A VI CITY
fill e, Claire épouse un j eune homm e de nos
amis, Monsieur William Davi "
-
Ah ! dit M, Pr6cop , ell s' inclinant ;
m
e~
l'élicitations, Mademoi sell e,
,'l
Dites donc, docteul', co ntinua llabolle'lU
mi-voix, en prenant l a boutonnièr
du sa vant
homme qui reconduisait ses cli ellts, il y a dans
vos eaux alca lines un e vertu clont vos brochul'es
no parlent pa::.;, heilJ '! Vous craignez de rai 1'('
l'ui/' l es v ieux gal' 'ons '!
L
-
cio teu]' so urit,
Ah ! dit-il, I'effet matt'imonial des caux de
Vi chy,
-
Matrim onial, soit
1
mais diab! ment exci-
tant en tous cas, pen. a l'ancien marchand dc
gr ain!'; .
L' image d
Nina v !lait do j :1illil', on trait!';
de feu, dans son 'ouvonit',
Il
[ e l'l11:\
1 s ye ux, [ll'it
SO Il
mouchoir uans sa
[loche, et s moucha hl'u yamm nt pOUl' hass l'
c: lLl' liaboli fJu vision,
Cepcncl allt, un .i eulle hOll1ll1 e qu i, pal' discréti ol1 , n'avail. pas vo ulu (' nl.t'ol', attcl1<!"it l a
�VINGT ET U.'> JO
famille Itabolleuu en
lal'g , dcva nt la m a i ~O
'C
H
A VICHY
pl'omcnant de long
:3 l7
P it
l.
Monsieur 'William Davi :;, le fi ancé cl '
-
Claire, di t
, 11110 11
au t!O{;tCUI' (lui s'était <.l. ITètl'
'cui 1 de :a pOlt ,
;lU
WilliallJ,
c vo yant cl é:;igIH\ s'appl'œha ct
sa lua l c méd cin ,
PI' ' cop '
~J.
contcmpl a pelld ant IIuelrlu c s
'e{;o nd cs ce::; vi::;ages :;oul'ianL '; pui , s'adl'e::anl à ['Américain :
- M 'S meilleul" , me' plu ::; : illct' l'cS 'ompli l1lent::;, Moll sicll l' ,
I·; t il MiliO It auolteau :
Voil à ri 's émoti ons qu e jl'
pas, 1nd:t 11 1(', 1\ LI
11 ('
vous intcl'fli s
CO li ll 'ai!'
Mad 'Ill ois Il ', ajo \lta-t-i l
l' II
se tU Ll1'll allt y 'l'S
C: 1;lÏl'p, vo us ' lTIpol'L, ' l'PZ d ' Vi 'lt y la s:llll é rl c
YO ll'l' m('l'e cl Il' 1)()IlIIClIl' de vo tl'e vil',
CO lltl lll' ils s't'Ioig llaient clall s la dil' ·{;ti o ll du
Pan' :
Jo:s l-{;( ' vl'ai, Jl adClllui::; 'JI ',
' l'
<lu ' vi J1 t
dl' !lin' le du{;tl'lIl' '! li 'mallda tout bas J'lt elll'
Willi am
'l
la jeuJI!' fill e.
li .
�3-18
\1 NGT ET Ul\ J OU RS A VI CIlY
Un r egard de la charmante enfant fut t ouLe
réponso; mais Willi am
f'a
m ellt
p OUl'
tint apparem-
S'C il
satisfait ; car i l n'insisLa pas.
L e ur
~
main s se cher chèrent cl f"é trcignil'cnl.
A l'hôtel Mazarin , la nou vell e du mariage de
Willi am Davi avec Claire Habott au ne surprit
per so nne, mai s rut accu illi e avec de v i vei'
murques de ympalhi
p01l1' l 's deux fi ancés.
Zéph yrin Nuageux. y alla d'un épith alamc dc
c nLs alexandrill s.
cl eux
hocha l a Lél ,
-
' IJ
uJ
,
A uLrej ùcqu C'
ré lihatai rp nclul'ci :
VoLro llancée est chal'manL , diL - il
Willi am ;
1H:1Î f' ...
lI WiH j'
vous il Vi ch y, dans
-
~e
V
il
us dUlln ' l'cndcz-
un a il .
Dans un ail , c'es t dit! s' 'cri a gaiement
I>avi::;. A un
lun . ri
co ndition : c'est IllW, si not.re
mi el dul" enco re, l'UllS
l'O ti S
VO llH, Cabri ,J J\uLl'Cjaclluc, il l'Ulllpru
'Ilgag ' z,
Cil
v isi '.ra
uvee vos th éo ri es dl' célilJ<lt jllsfJn 'il la mOl't, eL
il . pouser
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Fo ul'I1er otl .
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A ull'l'jacqu e fil un e l égèl'e gl'imace. , i quelqu'un
t'tt pu lil'
au fond de son ;lme, il ~ .
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Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes
/BCU_Vichy_album_de_photographies_247365.jpg
Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
Dublin Core
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Vichy
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Gros, François (18..-19.. ; romancier)
Title
A name given to the resource
Scènes de la vie thermale : vingt et un jours à Vichy
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Imprimerie J. Arloing et M. Bouchet
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
[1884]
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) V 10 848 SCE
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Cures thermales -- France -- Vichy (Allier) -- 19e siècle
Vichy (Allier) -- Dans la littérature
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
319 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
Mention de : "Gros", sur la page de faux-titre : il s'agit du nom de l'auteur, d'après le catalogue de la BNF. Datation d'après le catalogue de la BNF également.
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Scenes_de_la_vie_thermale_51608
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/22/26523/BCU_Scenes_de_la_vie_thermale_51608.jpg
Cures thermales -- France -- Vichy (Allier) -- 19e siècle
Vichy (Allier) -- Dans la littérature