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https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/original/22/26539/BCU_De_l_usage_des_eaux_minerales_358507.pdf
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DE L'US AGE
DES
,
EA UX MIN ERA LES
NATUR ELLES ET ARTIF ICIELL ES
DE CARLSBAD, EMBS, MARIENBAD, EGER,
PYRMONT ET SPA,
l'AR LB
DR. FRÉDÉ RIC LOUIS IŒEYSIG,
Médecin du Roi .le Saxe Conseille r Auliquo ct Médiclna ),
Chevalier du l'Qrdro. Civil' du lloyaullIc .Ie Saxo pour le merite ct la tldélité, l'rofesseu r li l'A,,,,délllie Médico-C
cale de nrcode, ct Directeur dc la (J]inique Médicale}hirurgi.l\1cmbre du l'Acudém ie Roy"lc tics Scienccs en
Membre
Honoraire dc la Société Médico-C hirurgicalSuède,
e tic LOllllres,
Membre adioint de la Sociéll; Impériale LéollOldil tics Naturalistes , Membre tics Société. Economiq ue ctlc d'Histoire
Nuturelle tic Uresde ct de Mosoou, tic 1" Société PhysicoMD éd!cal" d'Erlange n, de la Société Médico-C hirurgical
tlo
e~ho,
tic 1" Société l'hYP.Îelllc de W'lrzbour g, de celleso des
aDH~
de9 S("lcnCCtI tlo Warsowic ct de Cracowic
,
Membre
Correspon dant de rAccadcm ia Pontania na de Naples, etc.
OUVRAG E TRADU IT DE L'ALLEl \'lAND, SUR LA
SECOND E ÉDITIO N REVUE ET CORRIG ÉE.
À LEIPZ
.r'
BIBL10 THEQU E;
dit $ciett,., ",éd,cQ/ U
DB
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��DE L ' USAGE
DES
EAUX MINÉRALES.
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NATUR ELLES ET ARTIF ICIELL ES
DE CARLSBAD, EMBS, MARIENBAD, EGER,
PYRMONT ET SPA,
l'AR LB
DR. FRÉDÉ RIC LOUIS IŒEYSIG,
Médecin du Roi .le Saxe Conseille r Auliquo ct Médiclna ),
Chevalier du l'Qrdro. Civil' du lloyaullIc .Ie Saxo pour le merite ct la tldélité, l'rofesseu r li l'A,,,,délllie Médico-C
cale de nrcode, ct Directeur dc la (J]inique Médicale}hirurgi.l\1cmbre du l'Acudém ie Roy"lc tics Scienccs en
Membre
Honoraire dc la Société Médico-C hirurgicalSuède,
e tic LOllllres,
Membre adioint de la Sociéll; Impériale LéollOldil tics Naturalistes , Membre tics Société. Economiq ue ctlc d'Histoire
Nuturelle tic Uresde ct de Mosoou, tic 1" Société PhysicoMD éd!cal" d'Erlange n, de la Société Médico-C hirurgical
tlo
e~ho,
tic 1" Société l'hYP.Îelllc de W'lrzbour g, de celleso des
aDH~
de9 S("lcnCCtI tlo Warsowic ct de Cracowic
,
Membre
Correspon dant de rAccadcm ia Pontania na de Naples, etc.
OUVRAG E TRADU IT DE L'ALLEl \'lAND, SUR LA
SECOND E ÉDITIO N REVUE ET CORRIG ÉE.
À LEIPZ
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BIBL10 THEQU E;
dit $ciett,., ",éd,cQ/ U
DB
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�,
PRE FA C E.
approfondie de la nature, et
la recherche d'une méthode thérapeutique
assurée contre les maladies chroniques a été,
et n'a point cessé d'être, dès le début de ma
longue cardère dans la pl'atique médicale et
dans l'enseignement clini.que, le but principal de. mes efforts, Avec ces efforts co-incidaient les occasions si fréquentes à Dresde
(l'un des principaux rendez-vous des malades allant aux eaux minérales de la Bohême)
pour observer les maladies clll'oniques avanl
et apl'ès l'usage des eaux minérales; ains1
que pour les traiter dUl'ant les intel'Valles et
jusqu' à la saison prochaine; o'est pOUl' cela
l/EXPLOUATION
�VI
PRÉFACE.
que l'auteur de cet ouvrage n'a pas cru faire
une chose tout-à-fait inutile, en se décidant à
, publier su manièl'e de voir sur ces sortes de
cures.
Lu méthode nouvelle et nullement comparable à l'ancienne de M. le Dl'. Struve, de
cette ville, pour imiter artificiellement les
eaux minérales, fomnit une nouvelle occasion pour observei' aussi le mode d'action
de ces eaux médicinales artificielles, tant
en lui-même que comparativement avec celui
des eaux minérales naturelles. Ensuite comme les eaux minérales ne sont à regarder que
comme des modifications graduelles d'agens
thél'apelltiques d'un même genre, ilme se présentait maintenant l'occasion, d'essayer chez
le même malade, simultanément ou successivement, pendantlamême saisondes eaux, des
eaux différentes sous le rapport du lieu des
sources, mais homogènes ou du moins analogues par leur nature, comme les caux
(l'Embs et de Cal'lsbad; et d'obsel'Ver aussi
�PRÉFACE.
VII
les effets consécutüs de ceS eaux SUl' un trèsgrand nombre d'individus dont la constitution
m'était déjà aupal'avant bien connue, et en
général d'observer simultanément sur une
foule de malades le mode d'action de toute
une série d'eaux minérales.
Je ne puis, à cette occasion, qu'assurer de
nouveau, que je me trouve porté à reconmlitre dans les eaux minérales préparées par
M. le Dl'. Struve des mé(licamens extrêmement actüs, des imitations très-heureuses de
la nature, et ses découvertes dans cette impOI·tante branche de la matière médicale,
comme de grands bienfaits pour l'humanité
souffrante. À cet égard je l'envoie le lecteur à la pl'éface que j 'ai mise il la tête de la
première livraison de l'ouvrage duDr. Struve
(Ueoer bie mad)bilbung ber naturrid)cn ,pei!:
queUcn. - Sur l'imitation artificielle des eau
minérales naturelles, Dresde, 1824), Je ne
répéterai ici qu'un seul fait, connu de tous
les médecins de cette ville: c' est que l'inven-
�VIlJ
PIl~FACE
teur de cette nouvelle méthode d'imiter fidèlement III nature dans la pI'éparation des
eauX: minérales, ne doit les hemeux résultats
de ses recherches, uniquement qu'au zèle
ardent avec lequel il a poursuivi cet objet
durant nombre d'années, zèle qui s'était
éveillé en lui par la guérison non moins
prompte et heUl'cuse, que remarquable <le sa
propre et opiniâtre maladie (voyez l'ouvrage
du Dr. I1eidler sur les ea1tX de lJlarienhad,
dans les observations). Que ce noble sentiment de reconnaissance et non pas un misérable amour du gain était le mobile de ses
efforts, c'est ce que prom1 e le fait suivant, généralement connu à Dresdc. M. le Dr. Struve
n'avait d'abol'd donné ses eaux: que pal' bouteilles isolées à quelques malades qui les employaient, et plus tal·d il avait permis à un
petit nombre de pOl'sonnes de sa connaissance, de suivre ensemble, dans son jardin,
une cure par les eaux, afin de pouvoir videl'
à chaque fois une bouteille entière, et de
prévenir ainsi la décomposition ùe l'oau, qui
�PRÉFACE.
IX
est inévitable si l'eau (l'une bouteille n' est
bue que successivement. Mais l'afRllence
augmenta peu-à-peu et s'accrut tenement
vers la fin de l'été, que pal' l'appl'obation du
public M. Struve se vit obligé de fOUlIer un
établissement propre à l'emploi de ces eaux
et d'y sacrifier, contre son voeu, son jardin
qui devait être conSaCl'é à sa santé et à celle
de sa famille, La grande utilité de ces eaux
minérales al'tificielles est maintenant assez
généralement reconnue, et après un intervalle
de quatre années qui se sont écoulées depuis
la première édition de cet ouvrage, je pui!!
renouveler l'assurance, que jusque-là cette
institution n'a pas cessé de maintenir son
crédit auprès des médecins et du public, que
sa réputation s'est même accrue, et que tous
les ans j'ai observé d'éminens effets à la suite
des cures par ces eaux.
J'ai encore à communiquer à meS lecteurs
quelques l'emarques sur l'esprit de cet ouVrage et sur ce qui est essentiel en lui.
�x
PRÉFACE,
Je trouvais que je ne pourrais donner aucune consistance à mes vues SUl' l'emploi
convenable des eaux minérales, si je ne les
l'attachais à des principes fixes de l'art médical, qui ont trouvé confirmation dans l'expérience (Le tous les temps, 01', plus les idées
ordinairement en vog\le SUl' les maladies
chroniques, sont tantôt imparfaites et seulement vi'aies sous un seul point de vue, et tantôt en contradiction avec elles-mêmes, plus
je me vis obligé d'incOl'porel' à la première
pal'tie de mon ouvrage, mes propres vues sur
les maladies chroniques, Je devais en agir
ainsi d'autant plus que mes recherches sur
la nature des corps animaux m'avaient de}>uis long-temps donné la conviction, que nos
principes actuels sur les vrais agens de la
circulation, et sur l'hritabilité musculaire
sont absolument erronés et que la nature ne
les confirme pas, C'est surtout l'observation
de la démarche et des symptômes des maladies du coeur qui me fit découvrir ces erreurs; et des recherches ultérieures dans la
�l'REFACE.
XI
nature, me conduisirent peu-à-IJCu à des vues
plus certaines SUl' ces importantes doch'ines
de la physiologie, à des vues qui, pour moi,
expl'iment des l'ègles souveraines et des lois
de la nature. Elles commencent par la l'econnaissance de la vitalité du sung, et finissent pal' reconnaître dans ce liquide le second pôle ou le pôle inférieur de la force vitale qui est une seule et qui se prononce
flans l'oeuf couvé dès le commencement dn
procès d'incubation, conformément à la loi de
la polarité, par la production du sang et de la
substance nerveuse. Or, l'observation confil'me pleinement, que le sang et la substance nerveuse sont à con si dé l'el' comme les
fleux pôles de la force vitale, et COJmne les
deux leviers d'une seule et même force, qui
agissent nécessairement toujours de concert
et qui contiennent la cause immédiate d~
toutes les fonctions vitales; tandis que les
organes solides, par conséquent aussi le
coeur, les vaisseaux, les muscles et tous les
Viscères sont il regarder et ft traiter comme
�XII
PRÉFACE.
des conditions de fonctions déjà subordonnées aux premières qui leur donnent naissance et les entretiennent; et la vitalité de
ces parties solides occupe déjà un degré secondaire. Ces nouvelles doctrines ne pouvaient naturellement pas être all'p1'ofondies
dans cet écri t, mais je me suis réservé ce sujet pour une autre occasion. Mais comme
elles sont le l'ésultat d'une appréciation,
exempte de pI'éjugés, de la nature animale,
et de l'observation la plus scrupuleuse de la
marche et du (léveloppement des maladies,
elles embrassent du moins une quantité de
faits reconnus par la voie de l'expérience,
sm: la mal'che normale de la nature dans la
pl'oduction et la guérison des maladies, et
déjà pal' cette raison elles pourraient ne pas
paraîb:e tout-à-fait imlignes de l'attention de
mes lectems; mais il est une raison pour laquelle peut-être elles mériteront d'être un peu
mieux accueillies, c'est l'avantage qu'elles
pl'ocurel'ont de r6unh sous une l'ègle plus
élevée les préceptes pratiques et les pdnci-
�PRÉFACE,
XIJJ
pes des médecins de tout âge, sur le traitement des maladies chroniques, de mettre de
l'accord entre ces règles, qui d'après l'aveu
général ne contienncnt que des vérités partiellement et sous condition admissibles;
mais qui se contl'edisent souvent; cnfin (le
mettre de l'accord entr'elles-mêmes, comme
aussi entre clles et la nature, teile que l'expérience nous l'a fait connaître, Si donc les
principes physiologiques que j'énonce, mais
que je n'ai pu que peu approfondir dans cet
ouvrage, n'ofhaient pas tout aussitôt de l'intérêt à tous les lectems, je les prierais du
moins de ne pas considére!' avcc une sorte de
défiance les propositions expérimentales,
SUl' lesquclles je fonde mes règles thérapeutiques, et d'accueillir cet essai incomplet,
qui ne doit ofti'il' que des coups-d'oeil SUl' les
Inaladies chroniques, avec la bienveillance,
que l'amour de la vérité, qui a conduit ma
plume, pOUl'ra bien un peuse flatter d'obtenir,
Je dois seulement ajouter le gmnd voeu trèsnécessaire, que ceux qui voudront tirer quel-
�XIV
l>RÉFACE,
que utilité de cet éCI'it, s'en imposent l'étude
exacte dans toutes ses pal,ties, car les préceptes spéciaux pOUl' l'usage des difl'lll'entes
eaux minérales sont dans une connexion
trop intime avec les prémisses génémux de
la première partie pOUl' que les pl'emiel's
puissent convaincre indépendamment de ces
derniers, ou même donnel' des notions approfondies,
A Dresde, en Février,
1828,
L'AUTEUR,
�TABLE DES MATIERES.
l'age
PnÉFACB •
y
PREMIÈRE PARTIE,
Considérations lJéné1'ales.
L
U.
In.
IV.
V.
VI.
VU.
Sur l'importance des eaux minérales comme médicamcns
1
Aperçus et principes généraux sur la manière d'apprécier les effets thérapeu5
tiques des eaux minérales
Principes gé néraux sur l'emploi des caux
mlnél'llies
16
Aperçus et principes généraux SUI' la nature des maladies chroniques
B8
Principes et préceptes généraux concernant l'emploi des eaux minérales
dans le traitcment des maladies cluoniques • . • . . . . •
100
Instruction pratique SUl' la mani ~l'e
d'employcr 1 s caux minéralcs dans le traitement des milladies . . . • .
107
De l'emploi des médicamens et des bains
durant les cures par les ellux minéraies.
121
�XVI
:l'ABLE DES MATIÈRES.
l'age
DEUXIÈME PARTIE.
De l'emploi des eaux naturelles et artificielles de
Carlsbad, Embs, Marienbad, Eger,
Pyrmont et Spa. . . . .
r.
De l'emploi des caux ùe Carlsbad .
II.
De l'emploi des eaux d'Embs. .
m. De l'emploi des eaux de Marienbad
IV. De l'emploi des eaux de Franzensbrlll1nen
près d'Eger . . . . . . . .
V.
De l'emploi des caux de Pyrmontet de Spa.
135
138
251
269
286
324
�PRE MIÈ RE PAR TIE
Considérations générales.
J. Sur l'importance de.! eaux minérale s comlIIe
médicamells.
S'IL est vrai que la grande réputati on dont
jouissen t les eaux minéral es d'ulle efficacité rcconnue, tient pOUl' unc grande partie li ce que
Les malaùes , enlevés à Jeurs affaires et à leurs
l'apport s habitue ls, trouven t à ces sources de
nombre ux moyens de distract ion, qu'ils peuvent ,
pOUl' s'exprim el' ainsi, s'y abandon ner comlllètement li l'effet ùes eaux, ct n'y vivrc que pour
leur santé: il est constaté aussi, d'nu autre
côté, ct l'expéri cncc nous l'allllren ù, que ces
eaux transpo rtées même il de grandes distanccs, pro(luis cnt encore des ehangcm ens salutaires et guérisse nt de graves maladie s, Iol'SqU'clics sont employées dans des cÏl'constances
favol'ables, et pour des cures d'été.
1
�2
PREMIÈRE PARTIE .
11 faut donc sans aucun doute les l"egarder
comme des médicamcns très-importans, et s'il
est nai, comme un léger examen le fait déjà
l:econna1tre, que les eaux minérales transportées au loin laissent échapper et déposer unc
partie lllus ou moins gramle de lcul's principes
consti,tuans, principalement du fer, qu'clics sc
modifient ct sc décomposent encorc autrement:
il est certain, que la matière médicale tirera
de ces agens médicamenteux un avantage imIlOl'tant, si leur imitation artillcielle parvient à
nn haut tlegré dc perfection; car dans les eaux
artificiellcs on peut prévenir toute (lécomposition; Ilour cela il suffi t par exelllllic de chasser
(l'abord des bouteilles qu'on veut remplir d'eau,
l'air atmosphérique qui agirait sur elle comme
décomposant, On cOl~men
donc par charger
les bouteilles (le gaz (l'aciùe carbonique et en
suite seulement on les l'emplit d'eau minérale,
I"a préparation d'caux artificiclles aussi pal'faites (lue possible, IH'end un nouveau degré
d'importance pal' la considél'ation que 1)(\1'I11i les
eaux naturelles, celles précisément qui jouissent
de la plus graU(le efl-icacité, comme, pal' exemple, celles de Carls11ad, ne sont nullement susceptibles d'être transpol,tées au loin.
Dans les lieux qui possCdent des sources
�PREl\lIÈI 1E PARTIE .
3
minéral es dont les eaux sont de préféren ce employées :\ l'intérie ur, on trouve le plus communéme nt aussi des établissemens consacr és à
adlllÏnÎstrer ces eaux ù l'cxtt:ri eur sous forme
de bains, ct l'on ne saurait nier que ce mode
d'emploi ne se montre souvent fort salutair e.
Cepend ant l'usage intérieu r doit toujours marcher en premicr e ligne, et les caux minéral es
artificielles qu'on n'emplo ie qu'à l'intérie ur, n'en
sont pas moins d'une utilité essentielle, quoiqu'on ne les adminis tre pas égaleme nt sous
forme d~
bains.
Rien n'cmpêclle d'ailleu rs d'imiter les eaux
minéral es naturell es d'une manière égaleme nt
parfaite pour l'usage extérieu r (mais il ne faudrait pas sc borner :l ne les imiter que nominalemen t, ainsi que cela sc IJratiquait jusqu'a
présent habitue llement à Paris et ailleurs ); la
seule difficulté qu'on trouver ait serait leur prix
un peu trop élevé. Mais à côté des eaux artificielles employées ;\ l'inté~eur,
on peut, si on
le trouve utile, prescrir e des haios naturels ou
artificiels chargés «le substan ces médicam enteuses. L'époqu e où l'on pourra prépare r des
bains d'eaux minérales artificielles, par des procédés simples et avec des frais très-mo dérés,
n'est cel"tainement pas très-élo ignée. Mais le
1*
�4
!'REMIl:RE PARTIE,
fait est que les bains mlministrés concurremment avec les eaux minérales à l'intéricur ne
sont pas également bicn sUPPol,tés par tous lcs
malacles, et dans la plupart dcs cas où l'usage
inthieUl" des caux cst l'objct principal, on pcut se
passcl' tlcs bains minéraux, Lcs cas 011 les l)ains
constituent le moycn curatif lll'incipal, nc sc l'cncontrent pas fréqucmmcnt aux s,ourccs dont lcs caux
nc sont en général cmployées qu'oI, l'intérieur,
Dans cet ounage il sera traité principalement dc l'usage intel'ne de plusiem's ell!l.'I: miné,'ales, qui jouissent sous ce rappol't d'une grande
l'enommée, 11 ne sera qucstion de l'cmplui des
bains Clue ù'une manière seconùaire, Cet ol)jet est
<l'une llaute importance, mais il a besoin d'un nouvel et scrupuleux examen , L'eJlicacité des bains
(l'eau en général, et surtout la théOl'ie du mode
d'actions des bains minéraux SUl' le COl'PS vi\'ant, ne me semblcnt pas encore ayoit, été
mises dans tout leur JOUl", Le Dr, Diel, dans
son ouvrage récent sur les eaux d'Embs, a ex[losé beaucoup de vues neuves et utiles principalement sur l'importance qu'il y a de déterminer exactement les degrés de chaleul' thermométrique, ct sur la manière lIe les l'églcl"
pour chaque bain, Le Dl', Paganini, qui a
fonelé, il y a llix-huit ans, à Oleggio, près Tu-
�PREMIÈRE PARTIE,
[)
rin une gramle maison de santé, dans laquelle
lcs eaux artificiclles forment le principal lIIoyen
curatif, a prouvé par l'expérience, et pl'ouve
encore par le grand nombre de personnes affcct "es de maladies chroniques, qui afllucnt chez
lui tous lcs étés: que le séjour prolongé dans
un bain souvent jusqu'à quatre heurcs consécutivcs, et la répétition des bains clans la même
journée (surtout dc ccux prépm'és avec des cxtraits de plantes narcotiqucs) sont d'une trèsgrande efficacité, Lc mêmc fait cst prouvé depuis long-tcmps par la manièrc dont on pI'cnd
Ics bains dans plusieurs sourccs tllcrmnles dc
la Suisse, pcu Tiches en principcs pondérables ,
Jc pcnse que les idécs qu'on a de l'nction médicamcnteuse dcs bains cn génénll, ont besoin
d'unc réformc totale, mais une pareille elltrepI'ise nous entrainerait ici trop loin, ct J10U~
nous bOl'nerons à quelques indications SUI' l'emploi extérieur des eaux minél'nles dont il seru
question dans la suite de l'ouvrage,
II,
Aperçus et PrincilJcS génému:l.' SUI' la manùh'c
d'app,'écier lcs effets médicallleJ!teux des calU"
minérales.
Commençons paf donner quelques vues générales sur l'efftcueité des eaux minérales, en
�6
PREl\llimE PARTJE,
prenant pour base les principes auxquelR nOlis
a conduits l'expérience,
J~es
médecins ont l'habitudc cl'cstimer l'cf'lieacité (les caux minérales d'après une t~chel
ùont on a également trouvé l)on de sc sen'il'
pour classer les médicamens; on 1eR divise
pal' exeml1}e en purgatifs, altérans, toniqueN,
stimulans, cahl1ans, sudol"ifiques, diurétiques, etc,
li y a long-tcmps qu'on a reconnu (lue cette
classification est vicicusc, mais il n'était pa!!
facile d'eu tJ'ouvel' unc meilleul'e, tant (lue lc
molle d'action des médicamens n'était désigué
que sous le nom d'un de leurs effets principaux,
de celui qui frappait le plus lcs sens. Des cf1'cts
de nature tl'ès-diil'érente étaient ainsi confondus
clans le lllilme mng de division, COIlUlle pal'
exemple les cffet!; tonique, Ftimulant, laxatif, etc,
On oubliait que tout mé(lieal1\cnt est une production complexe de la nature, production (lui
doit nécessairement avoir cles l'apports différens
avec les différentes manièrcs ù' être du corps
vivant; cc qui veut dire quc tout médicament
doit avoir plus d'une efficàciU: réellement clitl'él'ente dont chacune doit être étUlliée Cil particulicl', C' est ainsi quc nous ,listinguons avec
l'aison les purgatifs l'afl'aÎchissans ües ùcllauffans, e'est de même que nOUR connaissons le~
�PREMIÈRE PARTIE,
7
modifications très-variées de la manière d'agir
des lt~dicamens
narcotiques, par exemple du
jusquiame, (lu stramoine, de l'acide hydro-cyanique, de l'opium, Pmu' m'river à un principe
qu'on puisse généralement appliquer dans l'appréciation de tous les médicamens, il faut donc
prendl'e pour base leur propriété la plus essentielle, celle que tous ont en commun entr'eux,
Les autres moc1es d'action, qui tombent sous
nos sens, seront à considérer eOJllmc d'un l'ang
subordonné; il. chacun d'cux il faudra assigner
sa v{)ritable valeur,
Dans l'action de tous les médicamens nous
distinguons deux llériodes, pendant lesquelles
cette action sc prononce d'une manière ùifférente, Dans la première nous observons des
modifications plus ou moins éviùentes de l'état
vital, elles sont le résultat ùu conflit élevé cntre l'agent médicamenteux et l'organis~e
vivant; la période suivante, ou période secondaire, se caractérise par l'état dans lequel l'organisme a été laissé par le médicament, après
en avoir été . Ilénétré,
Selon nous, tous les médicamens doivcnt affecter l'action fondamentale de l'organisme, c'està-dire la force assimilatrice ou plastique; ils
doivent l'exciter à réagir, de manièl'e qu'cil clé-
�8
PRElIIIÈRE l'ART1E.
finitive il en 1'ésuHe un changement sp "cifillU
du e01118 vivant. Le médicament ct le corps
vivant sc trouvent modifIés réciproquement par
le l'ésultat de cc conflit. C'est la qualité spécifique cles méclicamens (lui modifie la manière
ti' être de l'aeti"ité plasti(lue, ct nous reconnaissons en eux de vrais moyells curatifs contre
une llHllaclie donnée, lorsqu'en d "finitive leur
action a pour résultat d'anéantir, de faire cessel' l'altération tic la vie, qui constituait la maladie, soit que celle-ci ait ét', constituée par
lIne altération spécifique cles solilLes ct des liquides (qui ne forment (l'ailleUl's qu'un seul
tout), soit qu'elle ait consisté en un état anormal qui s'est introduit pCll-à-pcu dans leur
composition, ou en l'absence de certains prillcipes nécessaires tl. l'intégrité de la maticrc
animale et à t'exercice plcin et entier Iles
fonctions vitales, que cette absence ait licu dans
le systèmc nerveux, ou (lans la masse des
humeurs (comme dans le scorbut, la chlorose),
ou (lalls la déhilité ncrveuse proprcmcnt dite,
ou qu'enfin cet état ticnne à lIne inl'gale distrihution des forces vitales SUl' dilféreng organes,
Cc tiOl'nier lloint qui vcut ~tre
bien compris,
s'il <loit devenir dune utiliti' [lmtique, sera
plus bas l'o]Jjet de quelrples autres 1'em;ufJues.
�PRlDIlÈ RE PARTIE
(~uant
aux moyens cvaeuans, il y en li qUI
ne sont que de simples actcs mécaniques qm'
nous ex "cutons ; tellcs sont lcs émissions sanguines; (l'autrcs sont des substan ces médicamenteus es, mais qui répugne nt proprem ent a
l'urgani sme vivant, au moins sous un l'allllort ;
ces sulJstances cllll1loyées à l'intérie ur, l\ certaines doses, comme des agens étrange1's t't la
vie, l'ésistellt aux forces assimila trices, {lui Il!'
peuvcnt les maÎtrisel', Elles détermi nent donc,
COIlU Ile tout cc qui menace la vic, uu plus
haut degl'é d'intens ité dans les actions vitale~
conse1'vatrices (le la vie, une réaction plus vive,
suivant le langage de l'école, Cettc réaction
leur donne le caractt\l'e d'agens il'l'itans, [11'OVOquant ulle secl'étioll plus abondan te d liquides
SUI' les points primitiv ement affectés, ct Iles
lUOUVClllcns 111u8 énc1'giqucs du canal intcstin al
ou dc l'cstoma c, d où 1'ésultc cn définitivc l'expulsion dll lllé(licamcn t ingé1'é,
Les évacuat ions abondan tcs pal' lc vomi scmelTt ou la défécation devienn ent salutair cs,
soit cn cnlevan t des produit s morbides aCCUnllllés, soit cn provoqu ant dcs secl'étions c1'itiqucH
Sur la surfacc intcstin alc, Ri l'état des humcur s
les réclama it, Ccla n'cmpêc hc pas que lcs émétiques ct Ics catharti ques ne jouissen t en corI'
1
~"
�10
pnr.~tJÈE
PARTIE,
ll'autres llIodes d'action souvent même beaueoup
[llus importa ns, et qui fourniss ent fréquemment
un motif pOUT mettre ces médieamens en usage,
n s'agissa it seulement de montrer ici SUl' cLuoi
repose leur [lro[ll'iété évacuan te, l\lais c'est
[lréeisément parcc que l'action (1eR méclicamens,
surtout deR plus énergiq ues, n'est point silllple,
mais eOllllllexe; que 110lHi croyons bon de désigner pal' le nom d'altérallte, ccllc qui est la
plus essentielle ct qui produit un ehangcm ent
intérielll' dans la manière (l'être dc l'organi sme,
Ce nlode d'action est évillent pOUL' le mercurc ,
l'antimo ine, l'aeidc hy(lro-e yanique , (Iont une
goutte semble imprégnel' toute la masse du sang,
ou plutôt s'assimi ler toutc cette masse, Mais
eette même proprié té, commune à tous les médicamcns, nc saurait non plus être méconnue
dans l'action des substan ces salines et des extraits des végétaux:, lOl'S(lll'On les emploie pendant long-tem ps ;t titre Ile }'ésolutifs ou même
(le laxatifs ; il l'ésulte (Iclà que ce mode <l'action devient égaleme nt sensible dans les effets
dcs eaux minéralcR,
En prenant ce point de vue pour base, on pourra
considé rer et analyse r les mél!ieamcns sous ditl'él'ens points de vuc, sans eepcmLant vouloir en
faire la basc d'une classification de~
médicamclls.
�PRE~lÈ
l'ARTlE,
11
On pourra done les envisager
a) Sous le mpport de leur mode d'action
primitif et immédiat, ou sous le rallport
du résultat de leur action, c'est-à-dire de
l'état dans lequel le corps est laissé pal' eux,
b) Sous le point de vue des parties du corps
qu'ils affectent de préférence,
Sous le premier l'nppol't les médical1lens
peuvent être, (l'tlne part, plus ou moins stimu!ans, toniques, relàcbans, rafralcllissans ou
échaufrans; ils favoriseront les évacuations ou s'y
opposeront; d'autrc Il art ils pcuvent laisser le corps
dans un état d'énergie augmentéc ou diminuée.
Quant au sccond point dc vue, il est vrai
qu'ils affcctent constamment la vie prise cn général, dans la fouction organisatrice, ct pal'
conséquent toutes les parties simultanément,
c'est-à-(lire le système nerveux, le sang ct lcs partics qui en sont formées, Toutcfois lcur action sc
porte de préférencc sur l'activité vitale du sang, ou
Sur cclle du système nervcux, ou cufin sur celle de
certains orglUlcN dont l'inilépcndance relative ùans
l'économic vivante sc manifcste en parcille occasion,
Ce n'est qu'en considérant dans lcurs rappUtts avec Je corps vivant, l'ensemble des différentes propriétés des médicamens, que nous pouVOIlS arrivel· à une connaissance approfondie de
�12
J>REi\uimr: PARTIE.
lcurs divers modes ll'efflcacité, ct nous assurer
leUI· application conyenalJlc dans la prati(lue.
J.. es eaux minéral cs qui sont des substances
extrêmement disposées :'t se dée.omposer, sont
sans aucun doutc ;\ cons idél-er comllle des médiCllllleus (tléran.~
par cxcellencc. Elles se
mêlcnt à la lUasse des humeurs, y proYO(luent
des actions intérieures spéciftques ct laissent le
corps dans une condition moditiée. Souvent
elles déterminent ceR clfets indépendamment
d'aucune augmentation des seCl·étions; telles
sont Les eaux fenugineuses. Mais en général
une augmentation dalls les sccrétions intestinales, urinaire ou outanée, accompagne leurs
effets. On serait cependant dans une grandc
erreur, si dans tous les cas, on regardait ces
aeerétions comme critillucs, et COllUlle lcs clrcts
uni'lues et principaux des eaux; car som"ent
elles SOllt d'une importance très-suborllonnée,
elles ne forment que l'efl"ct Le plus sUllel·ficiel,
qnoique le plus prompt et le plus apparent.
Les eaux ferrugineuses pal· exemple exercent
en général une action purgative, mais sans
guérir le mal, qui U'Cll devient que pllls opiniàtre après la cure, si ces eaux ont été employées mal-;I-propos. l,cs caux (le Carlshad
au contraire guérissent assez ' fré(luelUlI1ent les
�l'RlDllÈ RE l'.\RTIE.
13
"llgoJ'gcmclls lcs plus opinit\tr cs tIcs glandes ct ùcs
\'iSCèrcs sans occasio nncr de notablc s évacuations. Lcs gUl'l'isons (lc ecs cngorgClllcns profonds
des ' viscèrcs nc d:'pcllllcnt certainc mcnt pas dcs
purgatio ns fortes et r ' p{·tées auxquel les lcs eaux
donncn t lieu, cal' e Il guériso ns ne s'obticn draient
point par un usage long-tcm ps continu é ,le purgatifs proprcm ent dits.
Lcs aux minéral cs am "ncnt fré (lUCllllllcnt la
gUI'I'lSOU surtout si les é\'acuatiolls IlC sc déclaroicn t que pcu-iL-peu pcnùant la curc; la
guériso n est soU\'cnt Pl'écédée li'un état de malaise ct <l' un l'etanl dans les évacuat ions; c'est
un signe auquel 011 rcconna it la saturati on des
humeur s pal' l'cnu minéral c. En c 'alllinan t
avec soin Ics lIIodillcatiolls (lue le corps subit
pendant lcs cures par les eaux minéral es altérantes, on peut sc eonvain crc que toute la masse
fIes humeur s sc charge des principe s de l'cau ct
que e' cst par cet état qu'cst pl'OVOqUl'C la ten,lance Il des "vacuati ons vraimcn t critiqucs. Voici
tic qucllc manièrc ccs é,'acuat ions sont pl' '·parées.
Le sallg ofl're lcs signes lcs plus manifes tes d' unc expansi on activc ct d unc tcnsion yitalc augmcn téc; la facc de\'icnt rougc ct bouflie, le llOuls est tendu, le sommcil agité et
intcnom pu; solivent il y a pares~
c et pesan-
�14
rIlEmÈRÉ PARTIE.
tem· des membres, le ventre est gontlé si les
selles sont rares, il y a de l'oppression (le poitrine, un léger degré <t'affection de la tète,
avee pesanteur et céphalalgie; les évacuations
alvines sOnt fréquemment supprimées mêlllc chez
dcs llersonnes alfeetées de maladies des organes
digestf.~,
sallS disposition à la constipation.
Souvent le malaise atteint un tel point que
les mala(les n'osent presque plus continuel· l'usage des eaux; apres quinze jOUl"S ou trois semaines, (luelquefois aussi plus tarcI, une cl"Îse
I)'opèl"e tout-ù.-coup par les selles; elle est suivie d'un soulagement prompt et général; l'eau
minérale continue des-lors Il provoquel· des
évacuations modérées et iL exercer une influence
salutaire, tant sur la maladie locale que sur
l'état général ùu mala(le.
En pareil cas la maladie llisparait le plus souvent ou du moins elle diminue notablement, et le
malade, sorti de la lutte, béllit la CUl"e et les eaux.
D'autres ne parviennent pas jusqu'à ce point
durant la cure; ils sc trouvent au eontraire
plus mal, et quinze jours ou un mois après
cela il vient une révolution qui sc tel"llline 1Jaf
<l'al)omlantes évaeuations alvines et auxquelles
succède la guérison ou un graml soulagement.
Chez <l'autres eneore la nature provoque
�PREMIÈRE PARTIE.
15
une fièvre vraiment critique, et le malade guérit
encore après ee conflit tardif, si le médecin a
su reeonnaitJ:e le besoin LLe la nature et s'il a
proyoq1l ' prudemment les erises qui n"avaient
pas cu lieu.
Enfin d'autres malades n'éprouvent aueull
changement dans leurs souffrances, ni avant ni
nprès la cure. Les eaux sembleut avoir été sans
aucune action sur eux. Il faut les soumettre
pendant l'hiver à un traitement par des médicamens analogues aux eaux. Souvent on ohtient ainsi la guérison, ou du moins on la prépare pour la saison Pl'oehaine; en reprenant
alors l'usage des mêmes eaux, on les voit produire un pl'ompt effet ct guérir comme paT enchantemell t.
Celui qui obsenre avec soin les changeJ1lells
que Le eOTp" subit (lurant Le traitement LIes
maladies abdominale" opiniàtres, par des moyens
l' é~ olutif.~,
lle peut méeonnaitre l'analogie qui
existe entre le mode d'action ct les clfets de
ces moyens cl'une part, et le mOlle d'action et
les effets des caux minérales de t'antre. N OILS
IIvons seulement pris I:'habitucle vicieuse (l'attribucl' aux moyens laxatifs une action essentiellement diIJérente (le celle des altérans, ct de
regarder celle deR purgatj.~
conl\ue superficielle
�16
PRr.:~lIÈE
PARTIE,
ct comme s'épuisant lll'omptemellt dans son
produit, Il est vrai (lue, donnés à forte dose
et tians la vue de llroduire une purgation, ees
médiemllens sont bientôt J'ejetés du corps, sans
avoir produit en lui aucun changement profond; mais il est plus que probable qu'ils peuvent aussi péuétl'el' assez loin pOlir ètre soumis
,'1 l'acte de L'assimilation, lorsqu'on les emploie
pendant long-temps ct ,\ aoses moilérées, Alors,
sans purger, ils Ile font que maintenir la régul,lI'ité des évaeuations alvines, suivant les be~oins
Ile la nature, tant que celle-ci n'est pas
en état d'entretenil' pal' cUe-lIIême cette fonction nécessaire, Iléchaulfement du sang que
l'usage prolongé de l'Aloës produit si facilemcnt cn est unc pl'euve, Il en cst de mêmc des
elfets du calomel donné ,\ petites doses non
pm'gatil'cs. L'cmploi long-telllps continué de
moycns altérans combinés avcc des laxtif.~
proprement dits, mais dont lcs doses scront
très-moclérées, nous a fait guérir un trop grand
nombrc (['aifections abdominales chroniqucs, et
obtenir en même temps une amélioration ùe
l'état général des forces et de celui ùes organes 111 a La{Les, pOUl" que nous puissions douter
que les purgatifs n'entrent dans l'acte de l'assimilation, et qu'ils n'exercent alors une ac-
�rRF.~IÈE
PARTIE,
l7
tion fondante, ou dissoh'ante, comme on s'exprime, ce <lui veut (lire qu'ils préparent les humeurs il la dé\Hlration <lU' elles, ,"ont bientôt
subir, soit l'al' les organes sceréteul's onlinaircs,
tels quc le foic, la membranc ItlllflllCll se intestinale ou pulmonairc, la peau, ou par dcs organes secrétoirs extraordinaircs, quc la nature établit souvcnt pal' cxemple sous la formc des abscès,
des plaies, dcs él'uptions; soit enfin pal' des métastascs vers l'intérieul', lorsque les TI10UVCmens critiques ne sont pas dirigés avec soin,
En résumé les moyens fondans ou altérans
ne diffèrent (les purgatifs quc par le degré
d'intensité dc leur action; ils sont de naturc
hétérogènes au corps vivant, l1Iais ils peuvent y
~trc
admis, et alors î1s détermincnt une espèco
dc fermentation vi talc dans les humeurs vimntes, fermentation qui a pour résultat une dépul'ation des humcms, Or s'il est eonforme :\
l'exllérlcnce de rangel' les caux minérales llanni
les médicamens les plus actifs; s'il est certain
qu' a lel\l' aide on guérit souvcnt dcs maladics
qui ont résisté nux médications orùinaires, il
faut nécessairement reconnaltrc, non-seulcment
que les caux pénètrent dans la lUassc des hullleurs, mais qu clles forlllent dcs ngcns trèsÎtl1portans pour provoquer un graml changemcnt
�18
PRE311ÈRE PARTIE,
dans L'actc vital de l'assimilation, Cela est
(l'autant plus vrai quc nous devons reconnaître
ces caux cOllune des substances d'une naturc
toutc particulière, dans lesquelles les principes
chimiftues les plus hétérogcneR sont combinés
ensemhle au moycn d'ullc grande quantité d' eau
ct de gaz; la faciLité avec laquelle elles sc décomposent pal' cette même l'aison, les rapproclle
en quelque sorte des corps organiques, Mais
l'expérience nous app1'cn(1 aussi que les caux
minérales sont des moyens énergiques et héroïques, dont l'cmploi intempestif peut a,'oir des
~;uites
au moins aussi dangereuses que celui
des médicamens énergiques ordiQaires, Avant
de les prescl"irc, le médecin doit ùone scrupuleusement examiner la malaclie qu'il veut
traitCl', et de la part llu malade il faut une
obéissance non moins scrupuleusc aux règlcs
pl"cserites pour leur emploi, ct pOUl" le l"Ilgime
qui doit être observé, Ces ùeux conditions
sont très-essentielles si on veut quc lcs eaux
produisent des effets salutaires,
ur.
Pril/cipcs génb'aux .mr l'C1II1Jloi des e(L/lX
minérales.
La meilleure malli cl'c pour precIser daYantage le mo(lc d'action dCR eaux minéralcs sera
�PRE~IlÈ
PAllTJE,
19
peut-être de les envisager sous un (louble point
de vue,f'lelon le bnt (le leur eJTIl,loi, ct ùe les
distinguer en fOl'titinntes ou toniques ct en altél'antes ou concctives, Les eanx de Spa ct
de Pyl'mont sc distinguent principalement sou~
le premier rapport, Cclles de Carlsbad, cIc IIlal'ienbad et ù'EmlJs sont quant au pl'incipal dc
la secollcle espèce, Celles d'Eger tiennent le
milieu enh'e les unes et les autres,
De cette considération découle ,Iéjà l'inllication la plus gén érale (le leUl' emploi, Les
caux de la seconde espèce sont indiquées dans
les malu(iies fond ées Slll' un viec de la Illassc
des humeurs, ct dont la guérison exige quc
cette masse soit renouvelée et amélioréc par
l'e.x:crétioll critique Iles matières vie":cs et pnr
le rétablissement de la libre circulation des
humeurs qui sont lc plus souvent mal élaborées,
vicieuses clans leur propre composition, et par
cette raison stagnantes dans certaines parties
ou épanchées dans lc parcnchyme, pour prépnrer
une llutJ'itioll plus parfaite qui nc peut nvoir
licu qu'à la suitc de l'am{,lioration de l'état
vital du sang ct du système nelTCUX (pôles ct
Véhicules COl1ununs ri une vic unique) et par
SUitc dc celui de~
organes solitles, qui tirent
des prcmicrs l'existencc et la ,'ie,
�20
PREmÈIm PARTIE.
J~es
eaux de la première espèce seront indicluées cIans les malatlies eonsistant principalement en un véritable affaiblissement de la vitalité, sans disposition vicieuse ou altération
mOI·bide dans les humeurs ou tians les organes;
on observe ces états 100·sque des peines morales, et tles chagrins ont affecté l~ vitalité du
système nerveux, ou lorsque la filasse du sang
est fOl·tement diminuée par des pertes excessives ou de gravcs maladies; lorsque sa composition normale sc trouve altérée parce que la réparation des pertes est insuffisante ou parce que
le sang est appauYl"i par une perte troll grande
de ses principes les plus essentiels.
Un fait que l'expérience générale a conJirmé, est que les mé(licamens directement toniques et aYee eux les caux minérules de cette
nature, ne sont pas sUPllortés sans inconvénient,
dans les cas Oll la répanttion des forces · serait
le plus à (lésirer parce qu'elle est devenue le
besoin le plus urgent. SoU\'ent les nerfs sont
d'une telle susceptibilité pOUl" toute impression
quelconque, que l'estomac spusmod iquelllent affecté ne peut digérer les caux. l\lais souvent
aussi, ct ceci a lieu plus ou moins duns la
plupart (les cas de vraie débilité nerveuse, cette
déhilité se complique avec des altérations rluns
�r:>HEMIÈflE PAHTIE.
21
la composition dcs humcurs ou des organes, ct
ces altérations s'opposent à l'action bienfaisante
des eaux, ou bien elles ne permettent pas de
les employer autrement, qu'en petite dose, ou
elles obligent <le faire choix tIçs caux les moins
aetiyes, ou tout au plus de celles d'une aetiYité moyenne, telles que les caux d'EgeI'; ou
enfin on ne peut prendre ces caux qu'en les
combinant avec d'autres moyens dirigés contre
les obstacles grossiers ct matériels. C'est en
partie la propriété excitante des eaux minérales toniques qui empêche <le les employeI', du
moins isolément, dans un grand nombre de cas
oll l'on vomIrait en faire usage, Comme le
procès de la yie sc fuit dans la matière organique, ct que les résultats de la yie altérée
sc manifestent pal' <les productions vicieuses
de cette matière, il arriye très-fréquemment
que les fonctions des organes, ct particulièl'ement celles du système sanguine, sont gènées
ct entrayées pur des ulterations (lans le sang
et pal' des dépots lUorbides sur les organes; la
circulation en ùe\'ient irrégulière, la repartition
du sang sc fait inégalement, et tout ce (l'li
agit comIlle e ' citant ne fait qu'augmenteI' la
tension des leviers matériels de la yie, et peut
la portel' facilement à l'excès, si la matière à
�22
PREMIÈ RE l'AHTIE.
mol)iliser est inerte par elle-même et si une altération de sa cOJnposition l'a renùue encore
plus impropre l'~ être mise cn circulat ion. Les
tonique s ont pour effets dans ces cas: l'expan sion du sang, <\e8 congest ions, la céphala lgie,
des spasmes, la ùistensi on de l'abdom en, l'oppression tie poitrine , l'indige stioll, la eonstipa ti.on, l'anxiét é, l'agitati on, url selltime nt de plénitude, de pcsante ur, et mêmc des 'r uptures des
'l'aisseaux sanguiu s tlans l'intérie ur, tl'autan t
plus facilem cnt que la susccptilJilité nerveus e
est plus vive comme à l'ordina ire dans ces circonstan ces, ct à mcsure que les obstacle s sout
très-gra nds.
Je dcvrais passer sur les cas où la délJilité
nerveus e fait seuleme nt en apparen ce le fond de
ln maladie , sans le coustitu er en r '·alité; le
système IUll'veux y est seulem.ent le tlléàtre où
le mal sc prononc e le plus fortcme nt, Cil prenant la forme d'une affection nerveus e, sans
cepen(lant llortel' une atteinte profonde ù. ce
système, Celui-ci ne fait alors que gémir sous
le fardeau d'une maladie dont une altératio n
llUlUorale ou organiq ue fait proprem cut la Lase.
Je ne puis cepcnuaJlt passcr sur ce point sans
ajouter quelques remarqu es ; car la partie la plus
essentie lle et la plus diOicile de l'art est celle
�PREMIÈRB PARTlEo
23
qui consiste à détermiuer dans chaque cas indivi<luel quels sont le véritable siége et la nature du mal, et à savoir si le système nerveux
est el\ réaLité profondément affccté, ou s'il n'est
inté!Ocssé que d'unc manière secondaire ct superficielle 1
Or je trouve que dans tous les temps et de
nos jours llius que jamais on a été porté à
déterminer le siége des maladies plutôt d'allrès
leur fOlome extérieure la plus saillante {Lue <l'après lcur nature intérieure; et c'est par cette
raison qu'on a vu des maladies nerveuses dans
beaucoup de cas où elles n'existent pointo I.. a
pathologie nerveuse <le F o Hoffmann, de Cullen
ct de 1Vhytt et ensuite la doctrine de Brown
out laissé dans l'esJlloit des médecins, ees traces de leur existence et d'autres encoreo L'état
des humeurs, auquel nos ancêtres donnaient
une attention si sérieuse, quoiqu'à la vérité
trop exclusive, fut (le plus en plus négligé;
mais la vérité se tromoe entre les deux exho~mcs
Considérons sans pr{ojugé la natuTe animale
rlans son aeti\'ité organique et llrenoTis pour
guide les expériences physiologiques aussi bien
qu'une ohse1"\'ation ft<lèle de la marche et du
développelllent des maladies, et nous ne tux-de-
�24
l'ltEMI ÈRI: l' .\It'l'IL .
l'ons pas à l'cconna îtrc que les maladie s, aussi
bien celles (lui jouent leur rôlc sur le tll éàtrc
du systèmc nerveux , que celles qui se prononcent dan s les fonctiolls de la vic végétati" c
peuvent être dépcnclantes essentie llcment 011 (les
modifications primair cs dans les actes assimila tifs ou végétatif.':! et dan s leurs produits, ou
bicn d' uue lésion primitiv e et profonù e du système ncrveux , Mais COlUlIIe le s dcux formc s €l e
la vic s' unisscn t dans un principe commun ,
toutcs les maltl!lie s sont a considérel' comme
Ilcs lésions dc la vic en général ; ùans toutes
il existe plus ou moins une lésion simultan ée
ct commune de la vitalité des agens org aniclues {le la vie végétat ivc aussi bicn quc tlc la
vic animalc ; il suit dclà qu' il n' existe point d'affections purcme nt n cn reuses, ni lIe malaclies
uniquem ent humora les,
Cepen.l ant nous voyons que d' une part le
système nervcux est le r égulate ur suprême de
toutes Ics fonction s, qu' il exerce un e influcnce
marquée sur la digestion, lcs secr étions, etc,
en mêmc temps qu' il cst aussi l'instruIncut des
fonction s intellcc tuelles ; que d'un autrc côté,
le ccrveau lui-mêmc, pOUl' l'cmplir ses fo nctions,
Ile pcut sc pass er tlu sang, que c'cst du sang
que tléllendellt principalcment les actes de la
�25
PREMI],;RE PARTIE.
vie végétati\'c et que ce liquidc est à regarder
comme jouissant dc la yic (c'est-à-dire comme
doué d'une force organisatrice inhérente à luimême) aussi bien que la lymphe ct les parties
solides. Nous devons donc concevoir' que la
santé, e'est-tl-dire l'harmonie de toutes les
fonetions, ne lleut dépendre que de l'équilibre
de ces deux véhicules principaux de la vie
Commune, qui se trouve au milieu, entre l'un
et l'autre, de la même manière que dans une
balance la puissanee se trouve aussi au milieu,
également éloignée de l'ex.trémité des deux leviers, et que l'équilibre peut-ên'e soulevé par la
prépondéranee de l'extrémité cIe lie f01'ce aussi
Lien, que de celle du poids.
La vérité de ce lll'ineipe a été en partie
pressentie dans ces derniers temps, ct l'importance de la relation réciproque (ln système vasculaire ct du système nerveux a été reconnue
pal' plusieurs praticiens llllilosophcs surtout en
Angleterre (Abernethy, Armstrong, J. Johnson,
Fanc). Il ne fau qu'aller un pas plus loin,
en disant que le sang même et la substance
ncrveuse, cu eux-mêmes ct indcpcndalllmcnt de
leurs enveloppes, sont les deux polcs matéricls
de la foree vitale, ayant pour point d'union la
\'je.
Dès-lors on conçoit que les deux leviers
2
�26
PREnllimE PAR'fIE,
sont affectés l'un et l'autl'e dans toutes les maladies, quoiqu'à. des (legrés très-différens; en
d'autres termes, que des lésions de la vie de
l'un et de l'mitre levier peuvent se combiner dans
des propol'tions très-différentes pour faire naître
la forme de telle ou d'autre mala(lie, il suit delà
ce que l'expérience génél-ale conlinnc, (lue dans des
malaùies (lui se manifestent sous la forme nel'veuse,
la force nerveuse peut n'être (lue superficiellement
lésée, et le mal peut dépcndre, au foml, (l'une
cause Ile nature inféricUl'e, ct même mécani(lUC ;
ainsi des convulsions ct dcs spaslnes tiennent
assez souvent à des (léplaeemens (l'organes intérieurs, (le la matrice par exemple, ou à des
tumeurs dans la région épigastriquc, En revanche, le trouble des fonctions végétativcs pcut
avoir pour cause première la débilité nel'veuse,
comme on le voit à la suite de chagrins; la
débilité (le l'estomac peut dépenùre d'une torsion considérablc de la eolonnc VCl'tébralc, et
(lc ses nerf.~
atrophiés, J"es ncrfs, com~
organes destinés à lll'Opagcr, avcc rapidit{:, les
imprcssions lcs plus délicates, et étant (lans unc
liaison si étroitc avec le , sentiment, ne tardcnt
pas long-temps à être sensiblement et forteluent alt'cctés, dès que les fonctions organiques
sont gênées pm' unc anomalie qllcleon(lUe qui
�PREMIÈRE PARTJE,
27
se développe dans le corps, Aussi lcs anciens
les gardiens de la
voyaient-ils dans les nerf.~
Ranté; tout changement qui a lieu dans le corps
cst annoncé par eux au moyen de sensations
désagréables; et nous voyons que la distension
mécanique d'une ncrf par une cause interne
suffit déja pour produire de très-fortes affections nerveuses; il en résulte que, plus le système nerveux d'un individu est irritable, plus
cet individu est sujet aux affections nerveuses,
et qu'en général le système nerveux peut bien
dans la lllupart des cas contenir la condition
PllJNCIPAJ, E de la fm'me pl'opl'e qui rcvêt une
maladie, mais qu'il est loin (l'en contenir toujours l'élément essentiel,
Il n'est pas douteux qllC les maladies n'uient
leur point de départ plus souvcnt duns la
vic infél'ieure ou organique de l'homme, (lue
dan son moral; la plupart des agens nuisibles
attaquent d'aborcl la source vitale des humeurs,
tantôt d'une manièrc directe et tantôt par le
moyen du dérangcment des forces digestivcs
(qui sont comme la racine végétative du corps
animal); et nous n'ignorons pas comment les
(Iérangemens de la vie de ces organes peuvent
porter Je désordre dans les fonctions même les
plus nobles de l'homme intellectuel, Il est
2*
�28
PREl\UÈ RE PARTIE,
donc certain que dans un grand nombre (le cas
où la mala(lle a pris la forme d'unc affection
nervcusc, l'essence (lu mal n'en réside pas
moins dans la sphère végétat ive; c'est là que
la lésion de la force nervcuse a son point de
départ, ct cette lésion est peu profonde cn pal'cil cas, L'ancie nne doctrine de la débilité
fausse, n'est fondée que sur ces données, qui
l'éclairc issent complètement ct font égaleme nt
la (liffél'ence essentielle qu'il y a entre maladie
et débilité,
To~te
maladie consiste essentie llement en
une lésion, une imperfection de la vic, lésion
qui pèut-êtr e de nature très-dif férente, Communém ent elle réside de préférence ou dans les
humeurs ou dans les nerfs; mais elle n'a pas
toujours pOUl' base une diminution de la force
vitale; le plus souvent cette force est oU'usquéc
par des altératio ns des humeurs, ou par des
produits mOI·bides des secrétio ns et de la nutrition. Il est rare que l'élémen t primitif et le
plus importa nt de la malaclie, (ou le premiel'
anneau de la chaîne des symptômes qui constituent unc maladie ) soit unc diminution dc la
forec vitale d'un nel'f quelconque ou de tout le
système nerveux , . ou seulement d'un de ses
foyers. Dans les cas les l)lus eonununs les
�PRElIllÈRE PARTIE.
29
maladies nerveuses sont plutÔt essentiellement
déterminées d'une manière in(lirecte par des vices primtf~
des actes végétatifs et de leurs
llroduits, tels que des suppurations, des inflammations chroniques (lans le voisinage des
foyers nerveux, (les procès anormaux de la nutrition, des vices organiques dans (les parties
internes; assez souvent une altération des hulUeurs, par exemple la cachexie syphilitique, est
la cause première des états morbides qui viennent d'ètre nommés. Les accidens morbides
son t a101's la suite de la rupture de l'équilibre
entrc les forces des différens organes, ou entre
celles du sang et de la substance nerveuse.
La débilité vraie se caractél'Ïse par l'infirmité générale de la vie, bornée à un organe
seulement ou bien commune à tout le corils.
Elle est une suite nécessaire des progrès ùe
l'âge, mais aucune maladie ne trouve en elle
sa cause primitive et essentielle.
Guérir n'est autre chose que ùe rétablir
l'accord de la vie du corps entier avec ellemème, ou avec celle de quelques Ol'ganes en
pal'ticulier. Cet accord s'obtient par les efforts
spontanés de la nature seule, ou avec le seCours de l'art. Un état de débilité peut en
être la suite, mais en général il se l'épare fa-
�30
PREMIÈRE PARTIE.
cilement, si les conditions internes pour le rétablissement des forces existent encore.
L'art de guérir les maladies consiste a diriger l'activité de la nature vers le point prLlllltif de départ de la maladie. C'est ainsi par
exemple qu'on soutient avec un bandage des
parties expulsées de 1CUI' situation naturelle,
lorsqu'elles occasionnent des spasmes.
Le plan thérapeutique du médecin est donc
le résultat d'un calcul de combinaison, dans lequel la part de chacune des causes internes (lui
ont produit pour l'ésultat définitif une forme
morbide, est appréciée avec soin et justesse
selon sa véritable valeur ct son impOltance.
Ces considérations tendent (léjà a réduire
l'emploi trop étendu qu'on fait des eaux minérales purement ' toniques à des limites plus
restreintes, que celui des caux altél'Untes. Mais
elles se trouveront de nouveau confirmées
après l'examen que nous nUons fairc dcs caux
minérales sous le rapport de leur activité excitante. Nous nOlnmons excitans les médicamens
qui provoquent une activité sensihlement exaltée dans le sang ou le système nerveux; et
nous l'apportons l'action des objets extéricurs
sur le corps à la propriété fondamentale dc
l'incitabilité,
�31
PREMÜ:RE PART1E.
Brown n'avait fondé son système que sur
cette seule propriété; la maladie était pour lui
Ulle exaltation ou une diminution de l'incitabilité et toute la thérapeutique devait se borner
à allgmcnter ou à dim inuer les moyens inci- 1
tans. Toutes les maladies (à l'exc~ption
des
vices de conformation et des vices locaux)
étaient générales pour lui, pm'ce que l'incitabilité était une propriété générale et répandue
tians tout le corps.
Il y a long-temps qu'on a reconnu ce qu'~l
y a de faible et d'erroné dans ces p1 incipeso
L'on a appris à sc convaincre que la thérapeutique ne consiste l'as à affaiblir et à fortilier,
mais à mettre le corps en b armonie avec luimêmco On a seulement attacbé une tl·op
gramlc impolotancc ;. la doctrine de l'incitabilité des corps organiques, et selon ma conviction, ou s'en est servi. mal-à-ploOpOS pour en faire
la base d'une autre théorie pathologique, suivant
laquelle l'essence de la plupart des maladies,
SUrtout des fièvres, consiste dans un excitement ou une activité inégale des différens
systèmes et organes du corps o En disant que
Cette activité cst exaltée dans les uns et diminuée dans les autres, on est arrivé à cette
règle pratique, que dans ces cas il faut cher0
�32
PREMIÈ RE PARTIE.
chcr IL diminucr l'activit é dans les organes où
clle sc montre exaltée, afin (le ramenel' l'équilibre dans le système entier,
Le prétend u système de M. Broussais repose
entièrem ent sur ce l)ril1eipe, et Parry avec sa
doctrine de l'ove1'- excitem ent (surexc itation) y
conduit directement. L'utilité de la règle pratique, dont il s'agit, c'est bien Vl'ai, se confirme dans des cas nombreux, mais il s'en faut
de beaucoul1 qu'elle soit toujours applicable et
qu'elle 11e puisse facilement devenir nuisible.
M. J. Johnson *) a déjà fait remarqu er avec
grande raison contre M. Broussais que l'affaiblisselUent de l'influx nerveux lleut aussi entraîner des congestions sanguin es dans cel'tains
organes , et qn'il serait dangere ux dans ces
cas de vouloir ol)tenir par des émissions sanguines le rétablis scmcnt (le l'équilib re ùans le
corps, lors(lue des moyens apéritifs et rarraîchissans seraient de beaucoup préféraMes. Mais
si la maxime pratique dont nous parlons est
souvent convenable, elle est néanmoins trèsmal assurée ; et il faut que le médecin l'ce on*) On derallgement of the l'iv el', tlte internal
ol'gans, and the ncl'VOUS system. LOlldres, 1822.
pag, 122.
�PRElIlIÈRE PARTIE.
.33
naisse la sourcc cachée de cctte doctrine équiVoque, s'il ne veut pas commettre des fautes et
des el"l'eurs (lans son application pratique,
La dootrine de l'inoitation mOl'bidc est fonclée
SUI' une foroe hypothétique, l'ineitabilité, de laquelle nous ne savons rien; c'est une force idéale,
e'est-a-dire dont 'nous avons formé l'iclée pal'l'alJstraetion de la manière dont ]e corps Ol'ganisé sous
l'influence (les objets extérieurs, est porté à )'éagir, à agir selon sa manière spécifique, Les théories mérlicales fondées SUI' ce seul apel'çu, sont donc
insuffisantes pour vous faire apPl'écier lcs maladies et les effets des médicamens; car un médicament excitant possède outre cette propriété,
d'autres encore, llour la plupart très-(liff'érentes,
et qui néanmoins constituent ses propriétés les
plus essentielles, et c'est (le leur ensemble que
résulte SOIl effet principal. Des poisons ct des
nlédieamens <listingués pal' leur action fortifiante
ct salutaÙ'e SUl' les forces, peuvent être également
doués de la propriété excitante, tandis que d'autres poisons tics plus violens, ct certains mé(lieamens (les plus énergiques, sont les uns et les
autres dépotn'vus de llfopriétés excitantes, COlluue
pal' exemple le lUel'eUl'e, En jugeant de l'eJli.eacité des médicamens on ne peut donc regarder
leu1' proill'iété excitante que conune une propriété
2 **
�34
PREMIÈ RE PARTIE,
d'un rang subordonné, Voilà pourquo i je ne puis
regarde r l'ensemble de la doctrine Ile l'incitat ion
morbide que comme un expédie nt imparfa it POUl"
l'art, EUe ne suffira jamais pour servir de base
à des règles pl'atiques généxalement applicab les,
tant qu'elle ne sera pas corrigée d'un côté pal'la
connais sance (les lois de l'activit é l'éeipl'oque du
sang et du système nerveux , et tant que d'un autre côté, l'incitab'ilité, ou si l'on veut la force
vitale sera enYisagée incomplètement, comme une
f01'ce isolée dans le corps, et non comme une
f01'Ce e.1Jerçant son action dans la mati(we ani'male, pal' conséquent, tant que la part de la substance r.nimale, (qui constitue le véritabl e matérial vivant pOUl' les actes organiq ues) ne sera
pas Cil même telllps reconnu e comme une des
conditions essentielles de la maladie, Car le Clt1'actè1'e fondft'm ental de l' o1'glmisme est la tendancc à s'assimi ler et à s'appropl'iel' ce (lui vient
en contact avec lui. Il Cil résulte néccssa irement
que l'incitat ion morbide se fonde sur des vices Ile
l'activit é assimilatrice, force primitive (le tout ee
qui est ol'ganisé. On ne saurait refuser cette activité à la substance nerveuse, qui n'offre qu'un
dcgl'é plus élevé (l'organ isation. Les signes de
l'althat ion dcs forccs dans les lllaladicR s'nccOlnpagncnt donc toujours d'autres signes qui
�PREMIÈRE PARTIE.
35
trahissent un changement dans la matière organisée.
Dans les cas des maladies donc, qui consit~
dans des congestions des humeurs vers un organe et dans une irritation de cet organe, il n'anive
que trop souvent qu'elles dépendent d'un princille
spécifique dominant toute la maladie, ou d'un besoin de la nature (le produire des eXCl,étions critiques pour l'éintégrer la composition nOl'filllle des
humeurs; pour ramener l'équilibre dans l'état vital des différens organes nos efforts doivent fréquemment se borner à favoriser la na ture dans
l'élimination des matières morbides, Souvent pour
mettre la vie en harmonie avec elle-même nous
(levons oommenom' pal' agir sU?' les produits de
l'état pd ~ alM6
if, la maladie ou SUl' la disposition morbide primitive.
Ainsi quoique la connaissance de la propriété
plus ou moins excitante des médicamens nous
soit utile sous quelque rapport, indispensable
même, llUisquc nous ne pouvons nous appercevoir
ni de la maladie ni de l'effet des médicamens que
moyennant les changemens qui se font dans les
actions des organes il n'en est pas moins vrai, que
'Cette connaissance est à ranger beaucoup au-desSous de celle qui a pOUl' objet leur effet (léfinitü ;
c'est-à-dire un changement du matél'ial du corps.
�36
PREmÈR .E PARTIE.
Par la même raison, si dans une maladie nous
voyons les etfets (l'une incitatio n exaltée, il faut
éviter les moyens qui tendent il augmen ter cette
incitatio n, ou ne les employer qu'avec mesure ct
lorsqu'o p pourra prévoir que le l'ésultat définitif
sera l'e:x;pulsion des pl'illcip'es d'initat ion, C'est
cc qu'on fait llar exenlple en donnan t un vonùtif
LI l'occaSIon des amas île la bile dans l'estom ac;
ou on pcut s'en servir 100'squ'on peut prévoir qu'ils
eOl'l'igeront l'action vitale en corrige ant le princille qui fut le point de départ {le la maladie. Nous
donnon s par èxemJile, l'opium contre les vomissemens ou les {lial'l'hées, lorsque nous sommes
certains qu'une atfeetib n nerveus e constitu e la
llase du mal. Nous devons en agir {le même avec
les moyens calmans dont, par malheur , on n'abuse
que trop aisément, pour calmer quelque symptôme,
lorsque l'incitat ion lUol'bi{le, (augme ntée au point
tle devenir pénible au malade) n'est que le signe
d'une tendanc e vers une crise salutaIr e. Cc n'est
point par le narcotis me, mais pal' une modéra tion
des mouvemens excessifs qu'on parvien t il ame11er la cl'i~e
ct li guél'i:l' radicale ment le mal, ou
du moins il le faire diminuer préalabl ement.
Avant {l'aller plus loin je vais encore ajoutel'
quelques remarqu es général es sur les eaux minérales. ,
�PREMIÈRE PARTIE.
37
Quoique l'on puisse envisager toutes les caux
ll1inérales sous le douhle point de vue (le leur effet
principal ou (Iéfinitif, consistant ou en un échange
ct une amélioration des parties soli(les et liquides,
ou dans le rétablissement des forces du porps, on
voit cependant que (Ians la plupart des eaux, les
deux extrêmes sc confondent ensemble (Ians des
proportions très-diverses . Les propriétés désignées
elles-mêmes ne sc fonllent pas sur des difl"éreTlCes essentielles des eaux; mais ne sont ;\ considérer que cohlme les deux extrêmes (le leurs effets si variés, Toutes exercent leur action sur
la v'ie dont elles excitent les fonctions; toutes
sont assimilées au corps ct s'assimilent les matériaux de celui-ci; elles vivificnt d'un côté, ct
.Ie l'autre elles favorisent les excrétions, mais
dans des proportions tres-variées, C'est pourquoi leur usage doit être convenablement approprié aux différens besoins de la nature, sous lc
rapport des excrétions ([u'on doit favol'iser ct
sous celui (les forces qu'il faut l,établir. Ccs vues
expliqueront aussi pourquoi les mé(leeins préposés aux caux minérales les plus différentes par la
llature, n'en préconisent pas moins, chacun ln
sienne, dan~
les mèmes maladies, sans (lu'on ait
le droit de feur imputer des Mts ignobles ou
intél'cssés.
�38
1V.
PREMIÈ RE PARTIE.
Aperçus et p1'incipes générau x sur la nature
des maladies cMoniques.
Les mala(lies c111'oniques sont celles où les
caux minéral es sont pl'incipalelllent mises en
usuge; il est donc nécessa ire de connalt rc exactement les forllles principa les si variées et la nature de ces maladies,
Avant tout il faut avoir bien reeonnu en quoi
elles se distingu ent des maladies fébriles.
Les médecins, en effet, sc sont encore trop
peu occupés à approfomlir ces importa ns objets
et l'on se plaint général ement de l'ollseUl'ité complète (lans laquelle sont cneore plongées une partie des maladies chroniq ues. Aux remarqu es déjà
faites j'ajoute rai donc quelques autres considérations, ct en exposan t mes idées général es sur
ces maladies, je m'effore erai du moins de contrilIuer quelque peu l~ les faire apprécier (l'une manière plus juste, surtout sous le rapport lIe l'emploi des eaux minérales.
On n'a jamais su s'accord er sur ce qu'ou devait euten(lre pal' maladies chroniques. En les opposant aux. fièvres on tombe SUI' les fièvres lentes, ct en les rangean t vis-a-vi s des affections,
dont la m:ll'che est aigue on trouvc de nouvell es
difficultés pal'ce qu'une seule et même mala(lie
�PREMIÈRE PARTIE.
39
peut suivre une marche tantôt aigue et tantôt
chronique, comme l'urticaire, l'apoplexie, les ma.
la(Hes spasmodiques; les affections périodiques ne
cadrent pas mieux avec cet arrangement. Mais la
difli cuIté disparaît lorsqu'on se l'appelle que la
marche des maladies ne forme qu'une seule de
leurs propriétés les l'lus impol'tantes ct communes à toutes, propriété qu'il faut toujours prendre en considération ct dont il faut connaître les
conditions intérieures, On peut donc consiclérer
les maladies en général sous le point de vue de
leur marche, mais sans faire de celle-ci la base
d'une division, La marche des maladies fait partie de leur forme extérieure et sous ce rapport
il importe de savoir sous quelles conditions la
marehc que suit une maladie est aigue ou chronique,
J"es maladies qui suivent une marche rapi<!e
Sont celles, en général, qui arrêtent facilement
les fonctions et les organes les plus importans,
soit par des causes externes ou internes, telles
que des déllots sur le cerveau ou (les lésions
mécaniques de cet organe, soit par des agens qui
empoisonnent les sources de la vic, surtout le
sang ct la suustancc nerveuse, 011 l'un ct l'autre
a la fois, cc qui arrive le plus souvent; les principes contagieux et les miasmes sont au nombre
�40
PRE~nÈ
PA.RTIE,
de ces agens; cnfin lc même effet pcut avoir lieu
lorsque l'énergi e (le l'un des dcux levicrs de la
vie est misc dans une dispropOl,tion execssivc relativcm ent à cellc de l'autre; cc qui arrive après
les grandes pel'tes de sang ou une violente COlUmotion du système nerveux , Toutes les mala(lies ont une marche IJlus ou moins pério(li que;
la vic organiq ue, ne formant qu'une partie de la
vic général e, est liéc il (les alternat ives d'activi té
plus ou moins forte, Toutefo is l'on peut dirc
cluC les maladie s les plus graves et les l,lus aigues d'une part, et les IJlus lentes de l'autre, forlIlent lcs deux points extrême s entre lesquels la
périodicité de la marchc se montre avec (les gradations sensibles, dans lcs fièvres aussi bien que
dans les maladies apyrétiques, Il lJarait que les
malatlies qui se manifes tent de IJ1"éférence sous
la forme (l'aeeès périodiques sont toutes celles
qui n'ont flu·' unc source localc ou partiellc , commc
pal' excmple ccllcs flui nc dépcndc nt quc du dél'angem cnt vital tl'uu organc importa nt ou dc l'un
(les systèmc s principa ux du c011JS, Lcs fièvres
intcl'mi tlcntes ellcs-mêmcs sont dc ce nombrc ,
car c'est la yitalité ùes organes abdomi naux qui
est l'l'Inci palcmcn t affcctée (lans ces mala(lies,
tandis que le systèmc général ne l'est que supcrficiellemcnt, en règlc nu moins; telles sont
�41
encore les fièvres lentes, ensuite celles qui ont
leur Source primitive et principale dans le système nerveux, soit quant à leur essence, soit
Reulement quant il leur forme . La l'l'incipale con(!ition de la périodicité existe donc souvent dans
l'il1clividu mème, ct dans son irritabilité nerveuse,
Des spasmes pal' exemple, sont exeités par des
eauses légères chez les personnes délicates, mais
ils peuvent aussi avoir leur origine dans un dérangement intérieur de l'organisation de la substituee nerveuse, ou de certaines parties de cette
substance, ou enfin dans une gran(le débilité iuté,l'Ïeure du système nerveux,
Mais ln vérité est qu'il n'existe point de mataclie cluonique qui ne suive un certain type,
c'est-à-clil'e une marche régléc dans ses moùifications, son ùéveloppemcnt ct scs progrès , Toutes sont sujettes t\ la loi ùe l'augmentation et da
la diminution périodique des uceidens. C'est ca
que Sydenham savait déjà parfaitement. II était
tellement lléllétré (le l'irnportance qu'il y a il connaltre la marche du développement des maladies,
ClUe cette connaissancc lui paraissait suflisante
pour aplll'emIre à guérir toute maladie quelconqUe, Dans beaueoup de maladies chroniques,
SI.l\tout dans celles qui ont une source intel'lle
plus générale, les l'évolutions pél'iodiclues ne sc
�42
PREMIÈ RE PARTIE.
dessine nt pas moins netteme nt que dans les fièvres. Les intermit tences y sont seuleme nt beaucoup plus longues,
La nature n'est jamais en repos, mais elle
est assujett ie à la loi d'agir alternat ivemen t avee
un plus ou avec un moins (l'énerg ie; ses actions
flottent entre ees deux extrême s II. la manière
des batteme ns ùu coeur, Elle ne peut suivre
qu'une seule et même loi général e dans le développement des maladies.
C'est ee que l'expéri ence confirme pleinem ent;
pour s'en convain cre on n'a qu'à obscrver les maladies chroniq ues dans tout leur cours. EUes ont
fies périodes (t'évolution, tIans lesquell es les efforts (le la nature sont plus saillans ; et (les pério(les tIe rémissio n, dans lesquelles la vie malade semble comme abanùon née à une puissance
étrangè re; on (listingue des élloQlJeS d'activi té et
d'état passif.
Il serait de la plus grande importa nce pOUl'
l'art mé(lical ùe suiVl'e cette marche nOl'male des
maladies et d'approfonllh' ainsi les conditio ns
intel'lles de leurs révoluti ons périodiques, Jusqu'ici on s'est trop peu appliqué à l'ecollnaitre
les lois selon lesquelles les lnalu(lies adopten t
telle ou telle forme, On a donné une trop haute
valclll' ;\ la forllle (le la maladie ct l'on est pres-
�PRF.i\lJÈRE PARTIE.
43
que nllé jusqu'à croire que la reconnaissance de
la forme suffisait à elle seule, pour nous faire
connaître la nature du mal. Les systèmes nosologiques connus le prouvent; mais il est celtain
que eette doctrine si importante nc pourra faire
des progrès que peu-.\.-peu ct par les efforts réunis d'un grand nomhre d'observateurs exacts et
infatigables, dont chacun ne pourra fournir des
lUatériaux utiles qu'après de longues années de
travail. NOh'e époque ne parait llas faite pour
€l.lltreprendre· cette tàche. Elle est plutôt féconde
en débutans qui s'imaginent (le pouvoir réformer
l'ensemble de la médecine.
Une expérience longue et Stll'e, exempte de
préjugés théorétiques et jointe a une juste défianee
de soi-même peut seule porter quelque lumière
~lans
eette obscurité, qui jette une si grancle ombre sur notre art.
Notre connaissance de la nature des maladies est donc très-imparfaite; cependant en nous
laissant guider parce que nous savons de leur
marche et de leur développement, et par de saincs notions (le physiologie nous pouvons arriver
il dcs pl'ineipes généraux fort utiles et srtrs, pour
nous gui(ler dans le traitement.
Je lUe permettrai de développer ici, SUI' la nature et le molle de production des maladies clno-
�44
PREMIÈ RE PARTIE,
niques, quelques aperçus qui ne seront pas sans
importa,?-ce sous lc rapport de l'cmplo i des eaux
minéralcs (lans ces malatHes,
Quant aux fièvres jc ferai sculemc nt l'cmarquel' que les véritabl es fièvres actives ou cardinales des anciens, dont la marche très-déc idée
tend vers la guériso n, la mort, ou <les maladies
consécutives, annonce nt un gran(l désaccord entre la vie organiq ue et la vie animale, et pal'
conséqu ent entre les organes de l'une et de l'autre vic, ou en d'autres tenues, entre les deux
systèmes nerveux de la vie organiq ue et de la
vie animale, La vie ol'ganique a pris nne activité
prépond érante, elle soutien t une lutte et les fonctions de l'ortlre supérieu r rcstent comme négligées, Voila sous quel rappol't la fièvre est une
lutte de la nature organis atrice avcc une puissanee étrangè re, avec la maladie ou l'état anorlUal intérieu r, quelle que soit sa condition, Tout
état morbide intérieu r ne se manifeste sous la
fOl'me d'une flèvre que lorsque la vie organiq ue
s'est trouvée atfectée à un haut degré et que l'activité organis atrice et réparato ire est llrovoquée
par le bcsoin des répal'l1tions, de manière que
l'aetivit é nel'vcuse se coneent re dans le système
vasculaire,
l>our Be rendre raison de la forlLle chronic!ue
�PREMIÈRE PARTIE.
45
des maladies il faut d'abord remonter il ses élemens internes les plus essentiels ou aux affeetions primitives, et ensuite aux conditions intel'ieures de cllaque forme spéciale; car toute maladie est lc produit de plusieurs élémens intérieurs souvcnt (l'une nature très-différente, qui
COl'l'espondent aux natures ou principes différens
qui sont réunies tlans l'homme, (esprit, matière,
organisme), et au nombre des organes ou des
organismes spéciaux et relativement inclépen(Ians, dont les rapports réciproques sont très-multipliés.
Je vais entrer dans quelques explications sur
ee point. Les maladies chroniques tiennent aussi
bien que les fièvres iL une SOUI'ce tantôt générale
et tantôt partielle ou locale, J,eUl' première origine se trouve de préférence ou relativement tantôt dans les humeurs et tantôt dans le système
nerveux; mais comme le corps organisé est une
unité et les diffërentes natures qui I.e constituent,
s'embrassent mutuellement, outre cela chaque
état anormal est aussi constamment accompagné
1
(rune lllOclification de la matière animale, et dans
toute :mala(lie il se forme des pro (luits anorIIlnux qui deviennent le germe de nouveauX accidens ou de nouvelles formes morbidcs: (tels sout
les concrétions calculeuses, les dégénérescences;)
�46
l'IIEMÜ: RE l'AllTIE.
il faut donc bien distingu er les élémens pl'imitifs
des maladie s <le leurs élémens secondaires.
Le coup-<l'oeil du médecin doit pénétre r la
série des cltangemens inté7'iew's, à . laquelle se
l'attache la maladie , pour ainsi dire, comme à
une chaîne, composée ùc nombre ux chaînon s, do ut
l'hupol'tance ct la valeur ne sont pas les mèmes;
car il faut qu'il sc saisisse du 111'emier anneau
de la chaîne pour la détache r ou ôter dans sa totalité.
Les élélliens IHimitifs ou les chaîllons Supél'ieurs
Ront eonstitu és par les états morbides du sang et
de la lymphe (la lymphe n'est qu' une gradatio n
inférieu re de la matiere animale) ou pal' ceux du
systeme nerveux ; il y a cependa nt cette différence que les IIUllleUl'S ne donncro nt lieu en généraI, qu'à ùes maladies général es, tandis que
des états mOl'bides loeaux peuvent somrent <lépendre de vices partiels <lu système nerveux , chaque nerf étant indépen dant jusqu'à un certain point,
et isolé à tlemi de l'cnsem ble du système, Les
humeurs aussi bien que le système nCl'I'eux peutêtre influencé p7'i1nitivement lmr fies causes occasionelles, ct ainsi éprouve r une IIlodi'lication de
leur vic; illais les unes et l'autre peuyent aussi
être affectés seconda ircment ou eOl1sécuti\"ell1ent
à un changem ent préalab le de la vitalit'· dans
�PIU:~liŒ
PAR'f m.
4'7
quelques parties, et surtout à la suite (le maladies locales.
On ne saurait se formel' une idée complète
(les affcctions consécutives si l'on n'a pas appris
en. mêmc temps a bien appréciér les maladies locales, dont les premières peuvent êtl;e les suites.
Cet objet auquel on n'a pas encore donné
toute l'attention nécessaire, Ille parait, sera peutêtre le mieux envisagé de la manière suivante.
Nous savons que la maladie nc consiste qu'cn
Une lésion de la vie, pal' conséquent en une dé"iation dc J'état normal. Chaquc partie du corps,
ct même chaque particule du sang ct dc la lymphe
jouit de la vic, ct forme cn quelquc sorte un organe vivant, possédant le pouvoir de s'assimiler
Cc qui lui est 11étérogène et d'exerccr sa force
assimilatricc sur les objets du dehors. On peut
(Ionc se figurer chaquc point ùu corps comme
susceptible de dcvenir malatle en lui-même, quoi(lue, en général, la lésion ùont il est le siègc nc
tal'(lera pas ;\ sc propager plus loin. Or, il cst
1101'8 de doutc qu'il existe des multedies essentiellement locfûes, telles que Jes plaics; il l'este a
snvOil' SOllS quelles conditions un organe doit
ètre considél'é COlllUle contenant une Iilalatlie esselltielle et appartenant à lui seul, inclépcnùaml:llellt de toute affection généJ'ale ~
�48
l'REMIÈ ltE l'AR'fŒ.
Voici la ré!lOnSe que nous pouvons faire .
Les maladies primitiv ement locales sont:
ft) Toutes les lésions des parties solides, produites par des causes mécaniques, comme
les plaies, les contusio ns, les hrülul'es, et
tous les vices de conform ation congéni taux.
1J) Toutes les infection s par dcs pI'incipes contagieux , lorsqu'elles ne sont qu'à leur début; e' est ce que prouven t les inocula tion s
et pal' conséqu ent toutes les mala(lies engendrée s localem ent par des causes appelées ,lynamÎ (lueS ou vitales; de cette cs l'ècc
est la mort d'une partie occasionnée pur
l'action (lu froid .
On regarde ra comme secont1aÎrcs:
(~)
Toutes les transfor mations organiflues quelle
que soit leur naturc ou leur degré.
6) Tous lcs dépôts dc produits lIlorbilles des
humcurs sous forme solidc ou liquide.
Dans la plupart des cas les maladies qui sc
pl'ésentent comme des affection s locales ne seront
que [es effets et les symptôm es concomitans d' un
état morbide général , primitif ou seconda ire qui
en forme [Il base. Ccci sera toujours le cas si le
principe du mal {L son siége dans les humeur s
qui forment l'un Iles deux [cviers sans cessc ac-
�PREMIERE PARTIE.
49
tifs des fonctions organiques. Il en est autrement du système nerveux. Ses actions sc propngent à la vérité très-l'apidement, mais ses lésions intérieures deviennent d'autant plus superficielles qu'elles se sont IH'opagées plus loin, Voilà
Pourquoi nous donnons à ces affections le nom
de sympathiques. Les épilepsies sympathiques,
la folie consécutive à une mala(lie (lu foie, les
céphalalgies sympathiqucs ù'une affection abdonlÏnalc peuvent servir (l'exemples.
Les engelures ont lelU' cause immédiate dans
une grande lésion de la vitalité nerveuse d'une
partie '; et cette lésion est proùuite par la soustraction de la cllaleur extérieure, Aussi exigentelles principalement un traitement fortifiant. 11
parait donc que les organes sont Slll'tout isolés
llarties moyennant la réunion de leurs
des a~tl'es
nerfs ' ct leurs propres tissus.
L'organisation soliele a certainement aussi une
part dans l'isolément des organes par rapport à
l'ensemble du système ct par conséquent dans
p'
,
lsolélllent rclatif de leurs maladies, Les médee,ins Ont même pris l'habitude de regarder les parttes solit[es comme les pJ'emiers agens de la vie
aUXquels les humeurs seraient suborclonnécs; ce
sel'a peut-être pOUl' beaucoup (l' ent.-' eux un Plltadol(C si je viens soutenir précisément l'opinion
3
�50
PREMIÈ RE PARTIE,
contrair e, et dire que le sang et la substan ce
nerveus e sont les instrum ens primitifs et esn~
ticls de toutes les fonetions organiq ues, tandis
que l'organisation solide n'occupe qu'un "ang in~
jél'ieUl', et n'a qu'une importance secondaù'e dans
les 1JUûadies. Mais d'après l' histoire (lu ùéYe~
loppem cnt (lu foetus (lans l'oeuf, il est d'aborcl
très-pro bable que le sang et la substan ce ner~
veuse sont les deux premiers élémens (lans les~
quels l'humeu r du germe fécondé, sc sépare et que
le coeur ct les auo'cs organes se forment plus
tant par une sorte (le cristall isation; ensuite il
est certain que les fonctions Ol'ganiq ucs <lépen~
dent immécliatement et principa lement (lu sang
et de la substan ce nerveuse, Les conditio ns des
fonetions existent déja, sans nul doute, dans le
germe encore -fluide (le l'anima l, et c'est par une
nécessit é intérieUl'e (lu'ellcs cn jaillisse nt clans
son développement. Elles cxistent vù'tuellement
daus l'ocu'f; mais elles sc manifcs tent actuellement
des que la substan cc (le l'ovule a commcncé à sc
séparcr en sang et en substan cc nerveus e, Lc
sang circule d'abord autour de lui-mêm e sur les
points périphériques de l'humeu r dc l'o,'ulc où il
s'est engeOllré; bientôt après .il se dirige vers le
centre, c'est-à-( lire vers le premier l'udiment cIe
la lUoëlle vertéhr ale; delà il revient vers la cil'~
�PREMIÈRE PARTIE.
51
confércnce; ce n'est que plus tard que parait le
punctU7n scûiens.
Les fonctions existent donc avant les organes, Ceux ci nc paraissent quc lorsque lcs fonctions ont déjà commencé, Les organes eux-mêUles sont aussi (lcs produits nécessaires de la
vic, destinés à faire les intermédiaires entre les
fonctions ct la force vitale; mais c'est par cette
raison même qu'ils ne pl'ennent une signification
que dans l'organisme déjà formé. La part que
les organcs prennent aux ~olctins,
pal' exemple
aux secrétiolls ct à la circulation, me parait donc
être (l'un rang subordonné ct seeon(laire (ct un
agent mécanique ne saurait guère occuper d'autre l'ang). En raisonnant ainsi on voit !lisparaître toutes les objections que l'eXpérience avait
à opposer à toutes les théories connues en métlecine, ct surtout à celles qui ont leur hase dans
L'irritabilité Hallérienne considérée comme force
fondamentale des muscles. Au contraire, les vues
que nous venons de développer s'allpuient sur
Ulle appI'éciation impartiale ct pllysiologique de
L'organisme animal.
Le grand Hunter a déjà très-bien enseigné
qUe le sang est !loué de la vic; mais il compal'ait l'activité vitale (lu sang à celle des muscles,
à la contraction déterminée par (les stimulus; il
1
·~I
SCIENCES ':êDICALES l'
f
<. ,DB
~v
�52
PREIIUÈRE PARTIE,
voulait démontrer la vitalité du sang par les phé~
nomènes vitaux des muscles, Mais il se pourrait fort bien que la question dùt être rem'ersée,
car les muscles et le cocur lui-même ne sont que
le produit de l'action vitale combinée du sang et
de la substance nerveuse, dont ils reçoivent aussi
toute leur fOI'ce, ct qui sont ct l'estent l)our tou~
jOUl'S les mobiles de l'action des muscles ainsi
que de leur continuelle régénération, L'action vitale dn sang vient sc briser en quelque sorte, dans
les muscles, contre celle dn système nerveux, ct
la contraction en est le résultat, Le muscle en
lui-même est un instrument, mais un instrument
vivant, car autrement il ne saunlÏt exereer une
action vitale.
Après Hunter la doctrine de la vitalité du
sang en est restée au point où ce grand homme
L'avait portée; il en fnt comme de plusieurs autres de ses gl'an<les découvertes, par exemple de
l'inflammation des veines, ;\ laquelle on osait à
peine croire à son époque, Il m'est bien agréable de yoÏl' que M, Wilson Philip (on the lr~!I)S
of vit(û functions, pag, 130) a de noul'eau l'c~
pris la doctrine de Hunter SUl' la vitalité du sang ,
En partant du point de vue que la simple vie organique se caractérise par le pouvoir d'organiser,
c'est-i1-dirc par une activité formatrice s'exl
~
,
---
�PREM1ÈRE PARTIE.
53
liant d' après des lois organiques, ct en considérant
que cette activité commence par l'assimilation de cc
qui vient en contact avec elle, et finit par l'acte
végétatif ou de la végétation, auquel correspond
une décomposition continuelle des parties organisées, on voit qu' il devient impossible de donner
le nom de matière mortc il la substance qui fournit
les matériaux de tous ces pl"Oduits doués dc la vie.
Si de grandes autorités vienncnt à l'appui de
cette doetrinc, je vois aussi, avec non moins de
plaisir, que plusicurs praticiens distingués sc rapprochent beaueou p du second principe pllysiologique
que j'ai rattaché au premier, savoÎl': que la vic organique de l'animal est représentée à nos sens pal' le
sung ct lu substance nerveuse dont l'action combinée, réfractée sur l'organisation' solide, produit
pal' une sorte d'explosion toutes les fonctions du
corps de l' animal quclles que ce soient, par exelll11le les seOl'étions, les mouvemens des mucles, etc.
Ce que M. Armstrong a dit avec tant de vé- ,
rité et d'après les résultats de l'expérience des
congestions veineuses, est parfaitement conforme
li nos observations; seulcmen t je ne vois dans ces
Ilhénomènes que les signes d'une évolution inté.
l'ieure et vitale du sang lui-même, évolutions qui
se ll\Ullifcstellt tle préférence dans le sang, qui se
trouve dan s les veines, et qui SOll t accompagnées d'é-
�PREMIÈRE PARTIE.
volutions analogues dans l'action de la substance
nerveuse. II s'en suit delà que nos idées sont
les mêmes quant à l'essentiel, je remonte seulement un pas plus en haut dans l'explication. Ce
que d'autres ont dit comme moi sur l'action l"éciproque du système nerveux et du système vasculaire sanguin, s'accorde également avec ma
manière de voir. Seulement ces principes ne
deviendront véritablement utiles dans leur application pratique que lorsque, au lieu de llire les
vaisseaux (qui ne sont que des enveloppes) et les
nerfs, on traite le sang même et la substance
les deux leviers de la vie aninerveuse cO~le
male, cn considérant les vaisseaux, comme vivans à la Vél·ité, mais comme placés sur un rang
inférieur de la vie. J'espère traiter cc sujct avcc lin
plus granll détail dans un on ,'rage plus étcndu, aH n
(lc faire encore mieux voir la grande utilité de ccs
vues pour la pratique, et de confirmer leur vérité.
Je regarde done les parties solides comme
vivantes et l.1omme confluantes avec lc sang et la
substance nerveuse; mais leur vie est (l' un rang
inférieur à celle du sallg et de la substance neryeusc, ct ces parties elles-inêmes ne Sont qu'urIe
production secondaire de la nature organisatrice, sortant de l'action combinée du sang ct de
la substance nerVeuse i dOllc l'initabiHté UlUSCU-
�PRE~IJF.
PARTIE .
55
laire, l'activité secrétoirc, et la force (lu cocur,
(avec la circulation artérielle qui en dépend) sont
au rang des facultés secondaires, subordonnées :'t
la faculté organisatrice (lu sang et de la substance nerveuse; clIcs doivent leur origine à cette
faculté, qui est indispensable a leur cxistence, cornIllc SOlU"Cc de lcur cntretien et alimentation. Les
"iccs organiques, lcs transformations de tissus ct
les tissus morbidcs de nouvelle formation (lorsqu'ils ne sont pas dcs viccs de conformation congénitale, mais ùes altérations eonsécutivcs) sont
presque toujours l'eft'et d'une altération humorale
notamment d'inflammations, dont la source et le
fo ycr est le sang. La part que la lésion du systènte nerveux prend:dans ces affections est loin d'avoir étÎ: parfaitemcllt appl'ofondie, Cellcndant la
débilitation du nerf qui se l'end il une partie, devient une entrave à la nutrition; on peut doue
cn conclurc que la lésion dc la vitalité des nerfs
peut aussi favoriser les transformations morbides;
voila llOurquoi nous voyons si souvent des squirl'Iles se former à la suite de longs chagrins. Je
donlle maintenant le nom de maladies looales secondaù'es à toutes les espèces ct à tous les (legrés {l'altération de tissu ct de texturc dans les
organes solides, et j'en distingue deux deg1'6s
principClU.r:, Le premie1' est cel'ui du début, tant
�56
PREMIÈ rm PARTIE.
que l'altérat ion est eneore susceptihle d'être l'amenée à l'état normal pal' les moyens de l'art ou
les efforts de la nature; les engorge mens des glandes, des viscères parench ymateu x en fourniss ent
des exemples. Au second degl'6 l' ttlt6ration est
devenue perman ente; ce sont des métamo rphoses
amenées par des actes anorma ux de la nutrition; tel est le eas des squinhe s.
Toutes les parties peuvent (levenir le siège
d'altéra tions locales, ct par conséqu ent aussi les
enveloppes de lce substance nerveuse, et les eanaux dans lesquels coule lc sang et la lymphe.
Les altératio ns de cette espèce et (lans ces parties sont précisém ent eellcs dont le diagnos tic
offre le plus de diflleultés; mais elles n'en occasionnen t pas moins les maladie s les plus graves;
il suffira de citer pour exemple les Aneury smes,
les altératio ns dans les mcmbranes du ecrveau
et de la moëlle épinière ou {l'un ncrf (ganglion). Ces altét-ations forment les élémens morbillcs qui opposent à l'art le plus de ùillieultés. Il est certain que des maladies locales peuvellt s'engen drer pal' des causes uniquem ent locales, quelquefois simplem ent mécaniq ues; telles
sont les contusi ons; ces maladies Bout alors pUl'eIllcnt locales et indépcmlantes d aucune affcction
g{mérale; mais clans la plupart des cas elles ne
�PRE~UÈ
PARTIE,
57
Sont que l'effet et la manifestation d'altérations
générales qui ont leur siège dans le sang ct dans
la lymphe, Dans les individus où ces altérations
générales existent, elles viennent aussi se compliquer avec les affections locales qui n'étaient
primitivcment que le 1'ésultat d'une lésion méoanique; lcs scrofules, la syphilis sont au nombre
de ccs vices généraux dont il s'agit,
On nomme ordinairement débilités loottles, lcs
luala<lies locales où il n'y a point d'altération
lUatérielle ct visible de la texture organique,
Mais ce tcrme est vague et peut occasionner les
plus grandes erreurs dans la pratique. Une maladie locale peut-être la suite d'une lésion mécanique et alors la partie malade jouit naturcllemcnt (l'une vitalité plus faible que le l'este <lu
système; cette dl\hilité relative en formc le caractère principal, comme dans les engelures ou les
lésions intel'lles produites par des contusions; mais
abstraction faite tle l'inflammation, c'est-a-dire
de l'exaltation tle l'activité plastique, <lui teml IL
réparer le mal ct qui est la première conséquence
de la contusion, une partie ainsi lésée conSCl've
une ecrtainc scnsibilité mOl'bitle, sl lc mal n'cst
IHls complètcmcnt cnlcvé; la nutrition y rcstc imparfaitc, ou prcntl un caractère anormal; lcs agcns
stimulans ne sont point supportés, à moins quc
3
·~
�58
PREJ\llÈ RE PARTIE.
leur inlluence ne soit faible. La llremière condition pour rendre Il cette partie sa force llaturell e
est de ménage r son activité, et de (liminuer en
même temps l'actiyit é du procès organiq ue du
sang en elle, souvent même celui des autres fone ·.
tions organiq ues, de lllauièl'e que l'équilib re puisse
sc l'établir ; c'est alol's seuleme nt et après avoir
l'epl'ocluit l'harmo nie qu'on peut arriver Il rétablir
ù'une manière directe les forces lIe la partie lé-,
sée , Celle-ci cst il cOILsillérer comme toute partie, (Ialls laquelle l'inflam mation ne s'est pas termin ' e par résoluti on, ct sur laquelle pcscnt encore les produits de la maladie, par exemple un
épanchemcnt lymphatique. Le besoin de réparation llar le moyen de l'acte végétat if ne cesse
d'y entreten ir une activité exaltéc de la nutrition, et souvcnt cette exaltati on prédomine long-'
tell1llS, C'est llonc avec raison qu'on a donné Il ces
états morbhles le nom d inlhllTllnations chronir[ues,
Ces inflammations, après une durée de plu.,
sieurs mois, obligen t eÏ1core de commencer le
traiteme nt par eles émissions sanguin es locales et
de les l'l'péter quelquefois en les combinant avec
les Jlloyens l'elàchans, Ces considé rations nous
conduis ent ùone aussi a la llIéthode antiphlo gisti{l'le, tant préconisée de nos j ours, ct en clret
très-fréquclmncnt avantageuse dans les maladics
�PREM1ÈRE PARTIE ,
59
locales, qu' elles soient accompagnées d'une fi èVre ou non, M!1is quoique cette méthode soit souVent convenable dans de tels cas, néanmoins les
principes, SUl' lesquels on a voulu la fonder, sont
précaires et insuffisalls.
L'état des forces vitales (l'un individu malade,
ne doit être perdu de vue dans aucune malaclie ;
il faut donc bien calculer le rappol't qui a lieu
entre lies vices humol'aux ou un état morbiùe de
l' ensemble du système nerveux, ct une maladie
locale. Ce n'est que trop souvent que des , l és ion ~
locales sont détel'minées par une ([yserasie génel'ale; elles s'engendrent selon la loi des métastases, (l'après laquelle les produits mOl'bides rIes
humeUl's se séparent du sang pal' une sorte ([e
despulllation, se dirigent vers les organes secrctoil's où tlépuratoirs naturels, tels que le foie
et les membranes muqueuses, ou bien SUl' toute
autre partie qui devient alors un organe seel'étoir extraordinaire, 01' les parties qu'une lésion
extéricure a mises dans un état d'inUanuuation
Sont celles (lui deviennent de préférence le point
où aboutissent les produits morbitles, et alors ln
Illnladie se compliflue. Mais dans les (lyscl'asies
Où il n' existe pas (le pOInt d'il'l'itatioll locale, et
Où le sang épl'ouve seulement un grand besoin
de sc débarrasser des humeurs morbides, ces hu ~
�60
PREMIÈ RE PARTIE,
)\leurs prennen t en cluelque sorte spontan ément le
ehcmill (les émonctoÏl'cs natul'els , SUl'tOUt llu foie;
cet organe se surchar gc <le sang; il ne sutllt pas
alors all traYail qui lui est imposé, il sc gonfle et
devient <louloureux; les symptômes <l'un <lés ordre
dans la <ligestion sc ùévcloppcnt avcc ceux de
l'irritat ion du foic ct de l'atrection des nerfs, Ces
symptômes prennen t les fOl'mes les plus vm'iées,
et la guériso n ne peut s'obtenil! que si le médeein
comprell(l la voix de la nature, et s'il satisfait à
son beso'in, en favorisa nt les crises par les voies
biliaires , en rendant ce surplus de travail plus facilc à l'organe souffi'ant,
Telle est la marche de la nature dans la
grande majorité des cas où les maladies bilieuses
ou muqueuses s'engen llrent pm' des causes mOl'bifi(iues intérieu res, et jmlépellliamment d'aueun e
cause locale, J'ai vu gu "rit" parfaite ment un bien
granll noml)1'e llc llIalalles ainsi aff'ectés, cn favorisant l' expulsion (les principes morbides ùu sang
par la voie du foie ou des membranes muqueu ses,
lorsque ces organes '·taient sous le poids d'une
grande sUl'elHlI'ge d'humeu rs, et danll des cas où
des engorgclllens opiniâtr es ct volumin eux du
foie ct de la ratc, incllrablcs en apparen ce, ou des
\'aricosit ',s llalls le systèmc dc la veine porte formaicnt lc principa l objet dc la eure,
�PREMIÈRE P ARTlE,
Si dans ces cas l'on s'en rapporte aux symptômes, le système nel'veux parait toujours souffrir considérablement, et souvent ùe préférence ;\
tous les autres, d'autant plus que le malade est
d'une constitution plus (lélicate; mais rarement
Ce système a(lmet une réparation salutaire par la
Voie 'd'une influence immédiate sur lui. C'est en
eh el'cllant avec circonspection, mais aussi avec
énergie et constance a l'etablir l'intégrité du sang
par des moyens altérans, qui favorisent la seerétion biliaire, et en ménageant les nerfs ct les organes malades pal' une diète sévère, qu'on obtient en général la guérison , Mais il est certain
qu'une lésion pl'ofonde de la vitalité nerveuse peut
également donner lieu il des maladies locales, ou
les entretenir 10rsqu'clIes existent, L'inflammation du fuie qui sUl"vient
la suite de lésions céréhrales en offi'c une preuve; souvent une disposition morbide du sang vient s'y joindre; mais si
d'après le témoignage de l'expérienee, il est l'are
que la débilité du système nel'veux suit la cause
lll"incipale et pl'imitive d'une maladie locale, et
qu'elle en forme Je fond, il est vrai du moins,
IJ,\\e les lIIalaùies loeales sont souvent entretenUes et (lIl'elles se traînent par la débilité du nerf
Ùe hl partie malade, ou du système entier; voilà
POurquoi eertains catarrhes, certaines diarrhées,
a
�PRE~I1:
.PARTIE
o
ct tluel<jlles autres flux morlJitles, par exemple
les flueurs blanche s, cèdent souvent ploomptement
à des moyens calmans, après avoir long-tem ps
résisté il d' autres médieationso Cela tient peutètre il la lenteur avec 1Ufluelle sc rétablit l'intégrité tic la substan ce nerveus e (l'une llartie malat le, en compar aison du sang et tIes tissus solitles o C' est au lU "deein à loecOllllaltre si cet état
cx i~te;
pOlllo cela il doit suivre attentiv ement la
marche cle la malnf!ie ct observe r l'elret (les médieamenso Les causes préalabl es de la maladie ,
la constitu tion du maladé ct de ses parens, la
connais sance de ses maladies antéloieures, ct de
leur marche, enfm l'absenc e de tout signe dune
nltératio n humora le, sont autant de moyens pl'OprCR à donncr de l'éclairc isscmen t dans ces cas.
Les malallics localcs nc sont donc fort souvent ct même dans la plupart des cas que des
llarties, ou des éclats partielle s d'une maladie ou
d'une disposition général e; mais d'un autre côté
il ne faut pas oublier que oes pl'oduits eXe7'Oellt
ft leur tOltl' une réaction sur l'ensemble de l' 01'ganisme el p1 od/û8ent ldnsi les él6mens internes
de nouvelles Dlaladies seconda ires ct génél"llicso
Jc pOllnais citelo pour exel\lple la sanic cancel'cuse; mais les obstacles à la sccrétio n ct à l'cxcrétion dc la bile, de l'urine ct du mucus détero
�PREMIÈRE PARTIE.
63
minent également une altération du sang ct une
dyscrasie générale qui peut se terminer pal' la
consomption. Les humeurs épanchées ct concrétées pl'O (luisent des cffcts semblables, ct (Ieviennent (les causes morbides internes dont l'actioll
locale et mécanique produit des fm'mes de lIUtladies g6n6mles. La même c1lOse a lieu avec les
tl'ansfonuations du tissu des organes; clIcs sont
lc proùuit d'une nutrition ou d'unc végétation
morbide ct formcnt avec les produits sccrétoirs
morhides flcux genrcs de maladies seconùaires,
difficiles ;\, guérir, ct souvent non moins diHicilcs
à reconnaître. Lcur guérison exige, même quand
1
on peut lcs cxtirper avec l'instrument tmnchant,
qu'on détruise C11 même temps leurs causes éloignées, c'est-à-dire les dispositions morbi(les internes, comme par exemple les acrimonics qui
les ont engendrées, ou les engOl'gcmells des organes.
Les 6l6meuIJ des maladies g6n6mles et intel'nes, ou, si J'on veut, les prédispositions morbides qui forment l'objet le plus important du
tfuitclllclIt, l'cuvent donc toutcs être réduites :1
tics dyscrasics du sang ct (le la lymp!1C ou il des
infirmités du systèmc ncrveux. Notre cOlllluissance pcu avancéc dc la naturc orgalligllc ne nous
perll\et pas de reconnaître les dyscrasics autrc-
�64
PRE:\IlÈRE PARTIE,
ment que 11ar des caractères que l'expériencc a
donnés comme exaets, Nous n'avons qu'à les con~
sidérer comme des faits importans, ou }'ésultats
de l'observation générale, et :\ conserver pOUl'
elles les noms des anciens, et comme ceux-ci,
nous guérirons sans -doute, beaucoup de maladies
avec plus de bonheul' qu'on ne l'a lleut-êtI'e ' fait
depuis trente ans, épO(lue <lepuis laquelle des au~
teUl'S de nou\'elles hypothèses ont trouvé bon de
jeter llu ridicule sur ces faits; mais au lieu de
11erfecLÏonner la lUétho<lc <le traitement, l'art de
les guérir a manqu{: ll'être perdu,
Nous poul'ons envisager d'abord les dyscrasies
dans le sang ou la lymphe comme des affections
de la vitalité de ees humeurs et ensuite sous le
rapport <le leur origine qui tient, tantôt à des
influences e.r:léJ'ieul'es et tantôt ù, des produits
de 1Italadies locales ,lont elles sont un elfet 8é~
condaù'e, Les dyscrasies produites pal' des influences extérieures sont de nature spéciliflue;
elles consistent en une altération IIpécifique des
humeurs, L'histoire des principes eontagieux, des
maladies endémiques ct él1idémiques, ayant pOUl'
cause dcs miasmes, nous fait connaltre sufliam~
meut ces dyscrasics, du moins cmpiriquement, pour
les traiter avce succès, ou bien ces altérations
humorales tiennent Il une dispropol'tion enrre l'a-
�rRE~lÈ
PARTIE,
65
limentation et les forccs digestives et assimilatriccs; tantôt le sang est trop richc cn matériaux
nutritifs (disposition inflammatoire), tantôt il reste
dans un état d'impcrfection (état llituiteux), tantôt il cst surchargé !le matièrcs cxcrémcntiticlles
(\lisposition atrah ilaire) tantôt cnfin il oJfre unc
disposition lymphatique ou serofuleusc,
Lcs dyscrasies secondaires sont il cxaminer
dans leur mode d'origine, J~e
cycle de l'organismc se prononcc tl'une manière très-éclatante
dans ccs maladics, cal' leur germe primitif n'cst
quc trop souvent une affcction générale, C'cst cc
qui arrive, Qal' exp,mp]e, lorsqu'unc rougeole ou
unc scarlatine, qui sc sont ineomplètcmcnt jugécs, ont donné lieu à une inflammation et à la
production de tulJCl'culcs dans les glanlles lymphatiqucs et dans le tissu du poumon,
Quant aux infirmités dle système ne/'veux,
considérées comme vases de maladies locales,
j'ai choisi cctte dénomination, sans vouloir ex{ll'imcr par-là quc la débilité soit par clle-même
l'élément lc plus cssentiel dcs afTections intcrncs
dc la substance ncrveuse; cal' on ne saurait nicr
(11.\c la ,"italité de la substancc nCl'VCUSC nc puissc
~trc
altérée cn clle-mêmc pal' (les pl'inciJJcs 11101'cs
biel spécificplcs, Le système ncrveux n'est ali1Ilcnté (lue par le sang, source commune cIe la
�66
PREMIÈRE PARTIE,
nutrition; il n'est lui-même que la puissanee supérieure qui s'isole dans le liquide de l'ovule (et
les deux puissances ne diffèrent enh"elles que
graduellement, comme les deux pôles d'une même
force), L'expérience nous appreml aussi que certains
poisons ont autant et en proportion plus de ra(lllort avec la substancc nervcuse qu'avcc le sang,
Les virus de la ragc, de la peste et tIu typhus
s'emparcnt principalcment de la vitalité de la substance nerVeuse dont ils pcrvel,tisscnt l'activité,
Mais nous eonnaissons trop pcu ces ehangemens,
pour pouvoir en faire la base de nos théories,
comme ccla est arrivé de nos jours, C'est agir
arbitraircment et jetel' de la confusion et de l'incertitude, que de ne vouloir considél'er les effets dc
ces lll'inci!leS mortifirlues que comme des inflammations de la substance nerveuse, Le sang et cette
substance sont afrectés simultanément, et c'est de
l'un et de l'autre que nous (levons éeartel' la
mort. Ainsi sans nier qu'il n'y aH tIes influences
morbillcs qui attaflllCnt spécifiquement la vitalité
(lu système nerveux, et qui empoisonnent !'Ol'gaIlisation de la substance neryeuse cOlllme celle du
sang, ct sans youlou' détourner notre attention
de la nature spécitique des influences morbides:
je donne le nom d'infirmités aux viccs élémentau'cs du système ncn'cux, vices que riell n'clll-
�PllEMJÈnE PARTIE.
67
pêche de regarder également comme spécifique
et généraux. Mais dans lcs maladies du système
uerYeux, il faut bien tenir compte de l'isolément
"elalif oie se trouve cTtaque nelf en pm·ticulier,
si {'on veut appl'écier il, lem' Juste valeur les
accidens, 'lui en sont le l·ésultat. A la vérité
toutes les parties (lu système nerveux sont entr'elles dans un rapport réciproque et ne sc C0111U1Ulliq uent que trop facilement leurs atfections;
lIlais c'est un fait d'expérience que les maux nerveux généraux ne sont pour la plupart que (les irradiations, (lui n'ont pour point de départ qu'un
foyer p{l7'tiel, et (lue l'affection essentielle et véritable de ce système est très souvent bornée dans
Ul1 très petit coin de cc système où elle lleut rester cachée pendant très Jong-temps sans sc trahir
par des SyUlptolUcS d'une malaclie. C'est cc que
(lémontrent les cxemples connus d'épilellsics dépendant d' une tumeur dans laquelle un nerf se
trouvait compl'is; ct ceux de convulsions provoquées par un épanchement sanguin ou pmulent
dans la substance céréhrale ' ou par une tumeur
près ùe la colonne ycrtébralc, qui pén ètre entre
les vertèbres et la moëlle; il est ùe mème des effets des tumeurs nerveuses (ganglions). Souvent
Ces malaùies ue tardent pas ù disparaitre' <lès que
l'ait cratlOlI
"
.
1oca l e li etc
" en l eyee
' ou (le'
orgamque
�68
PREl\I1È RE PARTIr..
truite. M. Swan s est acquis un vrai mérite en
appuyan t cette importa nte proposi tion de nouvelles ct intéress antes obsel'vations (on local lIerVOltS diso1"de1"s.). l>our bien calculer la part
que
Je système nerveux prenù (lans la production
d'une maladie (qu'eUe que soit la forme extérieu re
de celle-ci ) il faut sc rendre compte de la nature de
ces affections, en recherc hant les influences extérieures qui les ont prolluites ; il faut (le plus sayoir
jusqu'à fluel llOint la vitalité du système nel'veu .
est lésée; enfin il est nécessa ire rie eonnait re aveC
llrécisiou le siège propl'e du mal, de savoir si
c'est le système entier qui est lésé ou si cc n'cil est
qu'une partie, ct si l'alfeeti ou (le la substan ce nerveuse cst primitiv e, ou consécu til'e il des acteS
morbides de la nutritio n, ou enlin à des vices dans
ln plastici té ùu sang. La difllculté d'un côté, ct
l'impor tance cle l'autre, llu ùiagnos tie lIes mala(lies
locales ùu système nerveux , lloit appeler cles efforts d'autan t plus grantls pour perfecti onner cettc
partie dc l'art métlical. Si nous n'avion s pas cl'autrc raison pour parler dc noh'c art avce la plus
grande mOflestic, notre faiblesse dans lc diagnos tic
des aJ1"eelions du een'eau ct de la moëllc vertébra le
sullirait il elle seule pOUl' nous rendre lIIodestes,
En clfet l'art llc rceonllaitl'e le foyer d'ulle malatlie Ile pellt clevenil' familie)' au jeulle médecin
�PREnuÈRE PARTIE .
69
(!u'avee le temps ct pal' une étude scrupuleuse de la
nature elle-même, Si l'on s'est peu occupé jusqu'a
nos telUs à établir SUl' ce point des règles générales et fixes, le médecin n'en (loit être que plus attentif à la part que le système nerveux a pu prendl'C dans la production d'une maladie, surtout si elle
cst chronique. S'il est déjà exercé dans l'art de décOUvrir lefoycr des maladies en général, les moyens
heuristiques du diagnostic déjà indiqués, avec le
concours d'une atten tion sévère et soutenue dirigée SUr toutes les circonstances qui entourent la
lnaladie, lui donneront tôt ou tard de la lumière.
Je ne puis suivre ici cet important objet dans
tous ses détails, mais je Ile puis m'empêcher de
faire au moins quelques observations qui pourront
concourrir à donncr plus ÙC llréeision au diagnostic
des atI'cctions ncrvcuscs, Jc l'attacherai ccs obse1''·ations aux principes (PIC m'a fournis l'expérience
SUr la nature ct la signification de ees aft'eetions,
Le système nerveux, théâtre SUI' lequel se manifeste la p1'ésenoe de ln.. plupart des maluelies, ne
tl'ahit ses p)'opres lésions, 101'squ'elles ont leur
siègo dans les parties eenn'ales, (le cerveau et 1a
I\\Oi'lle épinière) que d'Ulle manière obscure et confUse Incme
•
' Soupour 1'0bservateul' exact ct exercc.
Vent leurs signes ne sont pas assez sensibles pOUl'
fllire dcyiner ayec quelque cCl'titudl: l'cxistence
�70
PRElmkR E PARTI!: .
d' un état morbiùe. Et qui ne convien drait pas yoIon tiers que les notions que nous avons SUl' 1eR affections de ce système ne soient encore très-obSCUl'CS ct incomplètes. Or commen t llel'feetionne r
nos connais sances sur la part que le système 11erveux prend clanR la IH'oduetion de toutes les maladies, si nous ne savons pas même distingu er toujours le cas olt la maladie a SOIl siège dans ce système, 11 est très-ais é cIe mettre toutes les maladies sur son compte, comme les métleeins l'ont fait
à. toutes les épO!llles; mais un pareil pl'ocηdé n'a
pour base que l'ignora nce ct n'est d'aucun e valeur;
il trouve tout au plus une excuse dan s l'idée fau sse
ct bornée que le système 1lcrveux, comme occupant
le rang le plus éminent (lans l'organi sme, est aussi
le seul doué d la vic, M ais cette iclée est refutee
d'a,-anee cl'abord par \'ayeu \le tous les médecins,
que dans beaucoup de llIala(!ies la vitalité nerveuse n'est afl'eetée que par des actes morbides de
la sphère illférieu1'C ou végétat i,'e ùe la vic' ct ensuite par les vues plus étendues sur la vic organique, d'après lesquclles on s'est presclue généralcment convaincu, qu'aucu ne partie de J'organisme n'est à regarde r comme pl'i"ée de la vie;
qu'nu contrair e la vic, c'est-il- dire la faculté (l'organiscr , appartie nt au -humcurs animales aussi biell
qu'à toutes les pal'tieules (les organes solides.
�PIlEl'tUÈUE PARTIE.
71
A ces remarques j'ajouterai quelques considérations SUI' la manière dont lc médecin praticien
pouna le mieux envisager les affections du systèule nerveux, afin de parvcnir il leur diagnostic.
Le système nervcux en lui-même doit être consilléré comme un organisme ou un ensemble organiqUe. Sa propriété essentielle consistera donc aussi
dans une fOl'ce formatricc orgtmique; mais comme
Un organisme d'un rang supérieur, il faut aussi
que son actidté créatricc se manifeste dans un
ordre de la nature plus rclcvé, et dans un degré
supérieur, C'est ce que fait le système nerveux,
par rapport aux fonctions ùe la force la plus indépelulantc en nous l'ume douée de la connaissance de sa pr01l1'C existencc; il est .lans la rclatio n la plus étroitc avee eette force, qui exerce sur
lui son influence clétennil1ée par la volonté. Quant
Uu l'este, le système nerveux se développe absolulIIent COm)lle l'organisme Inferieur et parallèleInent Il celui-ci. Sa vie consiste également dans
une rcproduction de sa substance. Scs fonctions
~Olt
(lirigées d'un côté l'crs Les fonctions de l'âmc,
Il\ai~
ùe l'autrc côté eLLcs se réfléchissent sur la
~[lhère
végétativc du corps animal, et impriment à
Celle_ci le caractère propre il l'animal; c'est là
qu'est la source de la force musculaire. Le 6yStèll1c nerveux ne cesse ùonc d'avoir la nature
�72
rHEl'lIÈR E P.\RTII: .
d'un 1tt'c organiq uc; au contrair e, il sc confond
dans l'anima l avec un organis me Il'un rang inférieur pOUl' confluer avec lui ct en formel' un seul
corps uni.
N'ayan t que des notions assez superfic icllcs
sur les procé(lés intcrnes de la vic nerveus e, nouS
ne saurion s aller bien loin dans la connais sance de
la nature de scs affectio ns; mais ecla ne nous elnpêehc pas de les pénétre r jUS(IU'à un dcgré dc certitude, que nous avons atteint en égard de celles
de la sph "re végétl\t i\'e; ct nous sommes suffisamment autorisé s à nous servir des principe s reconnus comme les plus sûrs pal' rapport à cette
sphèrc, pour donner (le l'éelairc issemcn t aux maladies (le l'autre.
Suivant cette analogi e, le système nen'euX
pourrait , aussi bien que la masse des humeur s
plastiques deycuir le siège d'an'eelions diverscs
fluant à leur natul'e ct à leur \'aleur interne. Tantôt ccs affections consiste ront en un état d'imper fection, d'affaib lisscme nt de sa vic organiq ue; ct
tantôt dans un vice de la nutritio n, c'est-il- dire
une altératio n de la vic par des principe s morbides parasite s. Ce secon(l état pounai t aussi êtrc
nommé altératio n spéeifi.que, ou empoiso nnemen t
du systèmc nerveux . J'en distingu e l'état d'obnuMlati on de la vic nel'Yeus e, qui consiste non
�PREilUÈRE PARTIE.
'73
pas dans une lésion intérieure de sa vie, mais en
lIne oppression qui vient principalement de la part
de la sphère végétative; comme par cxemple d'un
état lllOrbide du sang, qui pèse cn quelque sorte du
dcllors SUl' le système nerveux.
Toute affcction morbide consiste en une altération, une lésion de la vie; la vie est liée à la matiere animale et celle-ci doit se moclifier sans cesse
dans le cours des maladies et se métamorpllOser
progressivement par une suite de gradations régulières. Delà résulte (lue nous avons aussi à distingUer différens degrés d'affection morbide, ou plusïeul'S s~l'ie
de maladies ~lbnet(ù's,
plusieu1's
comme on les nomme de pré8tades ou ~pnques,
férence aujourd'hui, pour chacune des parties et
chacun des systèmes du corps; nOlis devons faire
autant de distinctions en cet égard que l'expérience confirmc, pOUl' nous guider avec sûreté dans
la pratique.
Selon moi, on peut distinguer trois degrés dans
toutes lcs manièrcs (l'être malade, que le siege
111'Înlitif soit dans les humeurs, dans les solides ou
dans le systeme nervcux. l,a premiere embrasse
l'affection dans son principe, où la yie saine, jus~UC-Ià,
est saisie d'un état de désordre d'une malIihe directe ou indireçte prompte ou lente, telletUent que les pro ces de la vic en sont troublés.
4:
�74
PRE~l1È
PARTIE ,
Elle consiste en une altération des actions vitales
susceptible de s'effacer. Soit par les seuls efforts
de la nature, soit avec lc sccours de l'art. La se~
conde époque compl'ends les maladies sccondaires;
elle sc caractérise par des produits morhides per~
manens d'une végétation anOI'male; la troisième est
celle des degrés intcl"1uédiaires, ce sont des alfc~
tions de la maticrc animale, qui se trouvent entre
les deux extrêmes et font le passage de la pre~
mièl'c à la troisicmc. Ces alfections peuvent cncore
disparaître soit spontanément soit par les moycns
de l'art.
Dans les humcul's le prcmier degré existe lors~
qu'elles conm'.encent;\ s'altércr par 1 in(.lueuce de
miasmes ou de principes contagieux; le troisième a
liou dans leur concrétion, leur coagulation; entre
ces deux extrêmes il y a un grand nombre de de~
grés de transition, connus sous les noms d'elgor~
geDlens, d'exsUllations, de vices de composition
ou de tendance à la décomposition, comme (lans la
chloroso, le scorbut, les hydropsies, etc. Dans
les parties solides nous reconnaissons le premicl'
degré aux changemens que subissent les fonctions;
ct souvent aussi le volume ct la formc de 1 organe,
conmle par exemple au gonflement de la peau, des
artcres, des vcines, lies glands lymphatiques, des
organes glanduleux, ou bien il un état opposé , Le
�PREMŒltE PARTIE .
75
troisième ou dernier degré se reconnaît aux signes
d'une altération permanente de la forme ct de la
texture, comme par exemple dans les squirrhes,
les tubercules, les exostoses, les productions solides de nouvelle formation. Entre ces deux extrêules sc trouvent également bien des degrés interlllédiaires, que nous appelons pour la plupart du
noru d'obstructions, afin de les distinguer des altérations permanentes, puisque nous savons par l'expérience qu'il est encore possible de les guérir.
Selon mon avis la cause principale des obstructions réside dans un affaiblissement de la vitalité nerveuse de certaines parties; c'est ce qui a
lieu dans les maladies produites par l'excès dll
froid; plus Souvent cependant cette cause est un
vice dans la composition (les humeurs, qui amène un état malade dans les vaisseaux qui les
contiennent, en manière que nos sens sont souvent ·
plus frappé par ces altérations des vaisseaux, par
exemple des varices hémonhoîdales, que de ee
qui se passe dans le sang renfermé dans ces vaisseaux.
Car on voit quelquefois disparaître subitement
des varices, ct les veines revenir il leur état norlitaI, de la même manière que l'utérus revient sur
lUi-même après l'accouchement. Le sang contient
Cllilli-même une des conditions essentielles de la
4*
�76
PREMIÈ RE PARTIE,
ci1'ctdation; c'est ce que prouven t pal' exemple les
cas Otl la vie et la circulat ion pcrsiste nt encorc
durant des annécs entièrcs , malgré l'ossiflcation
presque complète du coeur, Dans les cas dcs in~
duration s et des transfor mations complètes !es par~
ties solides d'un OJ'gane sont dégénér ées en même
temps que leur nerfs,
Appliquons tout cela au système nerveux ct
nous tl'ouverons qu'il offre (leux modalites dltnS la
premièr e époque de ses affectiolls, savoÏl' : la pre~
mière, dans les affections nommées sympath iques,
ct (lue j'appell e obnubilations de ll' vitalité nel'~
veuse, vît (lue cette ,'italité n'y est lésée que su~
perfieiellelUent; la seconde dans celles oü le sy~
tème nerveux est influencé par une lésion des par~
ties voisines , dans ccs cas l'afl'ection est déjlL plus
profond e; comme par exemple dans le début des
maladies du nen'üèm e un tlegré même plus grave
f01'l11ent les affections primiti\'es, et itliopathiques
de la vitalité nen'eus e, sans qu'ils se sont formé
encore des prOlluits morbides matérie ls, COlluue
llar cxcmplc dans les spasmes (léterminés par une
cause moralc ct en général dans les cas où l'atrec~
tion nerveus e est à conside rcr comme pureme nt
vitale ou dynami que; on guérit ces cas direct~
ment ell calmant et en fortifiant l'action ,'itRle lleH
nerfs. La troisième époflue sc camctér ise pal' l'n) ~
�PREMIÈRE PARTIE.
7'7
tération organique de la substance nerveuse, son
épaississement, son ramollissement, son atropMe,
sa destruction par suppuration. L'époque intel'lllédiaire est earlletérisée par une disposition malUlle partielle ou générale qui est devenue habituelle, et tres-opiniâtre. La vitalité nerveuse dans
Ces cas est profondément lésée. Sans que l'anatolllie puisse y jeter aucune lumière. Ces maladies sont lentes et di.tl'tciles à guérir. La guérison
nous réussit cepemlant quoique lentement et avec
peine, par lm traitement composé, en favorisant l'acte nutl"itifde la substauce nerveuse, en procurant la
calme à l'esprit, en ol"<lonnant un exercice modél"é
des forces physiques et un grand ménagement des
forces digestivcs, {les bains tiècles, ctc.; li ces
llloyeus il faut itSSez souvent ajouter des médicalllens propres à détruire un pl"Ïneipe morbifique
qui parait s'être empare de l'organisation de la
substance nerveuse; e'est ce qui a lieu dans les
lI\.alu(lies nerveuses venues à la suite de la rougeule,
de la scadatine, d'une goutte supprimée ou non
développée, ou dans la maladie scrofuleuse parYenUe à un tres-haut degré, ete. On ne se passera
Pas en même temps des remedes, l'econnus conune
salutaires pour rétablir l'intégrité des forces deR
nel"fs; mais il arrivera rarement, que ees l'emMes
Seuls sulIil'ont pour exterminer une ail"ection fiCl'-
�78
PREMIÈRE J'ARTJE,
veUse qui est devenue 11ubituelle; quelquefois nous
obtenons aussi du succès en les traitant l)[n' dcs
moyens que nous qualifions de spécifiqztes nerveux;
mais ce nom même fait entrevoir quc nOllS nc
connaissons <Peux que leur propriété de produirc
de grandes altérations dans le système nerveux,
sans en connaître la nature,
J'cn viens aux principes qui doivent nuus guider dans le diagnostic dcs états morbides du systeme nerveux, Les obstacles qùi s'opposent à ces
recherches sont nombreux, Cc n'est en général, que
dans ces derniers temps que l'on s'est sérieusement
occupé a démontrcr pal' l'anatomie pathologique,
non-seulement l'existence de nombreuses altérations morbides de La substance nerveuse, mais aussi
à faire voir lerapport, qui existe entre les différentes dispositions ou maladies Hémentaires de la substance nen'euse et certaines formes des maladies,
Cependant quclque ùnportantc que puisse être
cette nouvelle voie ouverte aux recllerchcs pratiques, il est clair que l'anatomie ne peut IH'esque
faire connaltre de ccs affections que cclles qui
sont d'une ol'igine seeonclaire, et qui consistent
dans nne altération de texture; clle ne donnc aucun renseignement SUI' le prem.ier et le Recond degré des affections de la substance nerveuse, à l'exception de l'inflamlUation de lcUl's envcloppes ; cal'
�l'REl\I!l,:RE l'ARTIE.
79
ces degrés n'y laissent guère ou a. peine des tl'aees
visibles. 01' les altérations visibles de la substance
nerveuse sont le produit d'actes morhides qui se
passent dans la sphère végétutilJe Ile la vie; elles
appartiennent donc plutôt aux maladies de cette
sphèl'e, et il faut y avoir recours pour le diagnostic
et pOUl'ie traitement de ces altérations.
Le diagnostic des affections du système nerVeux n'est donc éclairé que (le loin par l'anatomie
pathologique; encore faut-il absolument que celleci marche de pair avec l'observation très-exacte et
bien entemlue des phénomènes morbides dont on
veut reconnaître la cause apres la mort; or cette
condition ne peut-être que bien rarement remplie.
Malgré les recherches estimables publiées récemment par des médecins allemands, français,
italiens et anglais mil' les maladies du cerveau ct
de la moëlle épinicl'e, je suis olJligé d'avouer qU('
les signes indiqués par eux, pOUl' prouver que certaines maladies ont leur siège dans le système nerveux, sont en partie incertains et en partie insuffisans, pour faire reconnaître uvee (luelque sûreté
les premiers degrés surtout des affections essentielles de ce systeme.
Quant nu premiel' point, j'avoue qu'une douleur
par exemple que le tâ.tonnement du doigt examinant ou la friction d'une éponge trempée de l'cau
�80
PREMIÈ RE PARTIE,
chaude, provoque dans un certain point (le la tète
ou de la colonne vertébra le, puisse indique r qu'une
affection tle la substance nerveus e la-dessous située est la source de toutes les souffrances d'un
malade, Mais ce symptôme seul ne peut donne!" Ile
certitud e; cal' la douleur peut-êt re sympathique
et venir de différentes autres lésions (lont le siege
n'est pas dans la substan ce nerveuse, mais pltltôt
dans des parties fort éloignées, et dans des organes
d'un onh'e inférieur, C'est ainsi que j'ai fort souvent remarqu é qu'un état inflammatoire chronique
dans la eavité ahllominale, au voisinage (le la colonne vertébra le et des prineipaux ganglio ns peut
donner lieu à tous les maux nerveux possibles, et
entr'aut rcs une douleur à côté de la colonne vertébrale ordinair ement en est aussi un des résultat s,
(luoique la 1Il0ëlle vertébra le ne soit point affectée,
Des eonyulsions peuvent alOl'S sc (léclarel' à la
11loimlre pression qu'on exel'ce SUI' l'endroi t douloureux; on ollserTe aussi, dans ces cas, le tremble lllent des mllscles abdominaux, qlle Coopel' fa it valoir eonune un signe très-im portant des affections
de la moëlle vertébra le, J'ai troll souvent guéri
des maladies de cette espece, en m'attac hant à détruire leur cause, siégean t dan~
la sphere végétatiye, pour pouvoir attribue l' lIne gnmde valollr aux
signes mentionnés, considérés en eux souls, Les
�PREMIÈRE PARTIE.
81
douleurs qui se manifestent dans quelque point
circonscrit de la tête sont des signes encore bien
plus incertains, pour reconnaître, l)ar elles seules,
l'existence d'une affection cérébrale. Ces douleurs
ont ordinairement pOUl' cause une tension morbide de l'enveloppe fibreuse du crane, tension produite pal' une influence sympathique, ayant son
foyer ou point de départ plus ou moins éloigné.
Quoiqu'il soit donc très-important d'examiner
soigneusement l'état de ces parties dans toutes les
Ilffections chroniques, cet examen seul est cependant insuffisant pour nous dévoiler les premiers
degrés des affections llu système nerveux.
Ce système est d'une part très-peu disposé ù
trahir aux sens ses lésions intérieures; et d'autre
part il est toujours prêt ù annoncer les lésions de
la sphère végétative, en excitant les plus violentes
contractions morbides dans les muscles; nous devons donc procéder avec pl'écaution pour juger si
une maladie est essentiellement Ilttachée à une altération de la vitalité nerveuse. Selon mon avis,
appuyé sur l'expérience, l'examen des symptômes est même moins éclaircissant que celui de
plusieul's autres objets dont nous ne tarderons pas
de nous occuper pour juger SUl' les maux qui ont
leur siège dans la lUoëlle nerveuse.
Les Ilffections de la sphère végétative s'accom-
4*41
�82
l>RE~È
Pt\RTJE .
pagnent de symptÎlllles ou <l'indolence du système
nerveux , on des symptômes d'un excès de sensibilité de ce système, pour le moins aussi souvent que
les lésions dont il est le siege primitif. L'activi té
morbide du système nerveux passe d'un de seR extrêmes à l'autre, lllufl ou moins brusque ment, dans
le cours d'unc scule et mème maladie, quoique
ccllc-ci ait son principc dans la sphère inférieu re,
comllle dans les fiè\'res et dans les maladies de l'abdomen, et ces passages subites ou lents ne changent rien <lans la naturc de la maludie.
11 existe des sources bien plus importa ntes
pour le diagnos tic des lUaladies de la substance
nerveuse, ruuis llour en user uvee fruit il faut <léjà
posséder des connaissances approfondies, et il faut
aussi savoir les appliquer dans la pratique, Voici
quelles sont ces sources,
Pour juger sur L'existence d'un dérange ment
de la ,'ie nerveuse, eOllUlle cause première d'une
maladie, il faut 1 0 , avoir constaté l'absence de
cette oause dans la spllèl'e végétative.
Si le médecin n'est pas familiarisé avec le
diagnostic des maladies, ayant leur siège soit
dans un système entier, soit dans un organe quelconque; /j'il n'a paR appris par l'exerci ce a approfondir exactem ent le foyer de ces maladie s, il est
incapable d'éclaircir le diagnostic des affeotions
�PREMIÈRE PARTIE.
83
du système nerveux, et de eontrilJUerà ses progrès.
Il ne fera qu'embrouiller davantage ee diagnostic
par ses fausses observations; il en sera comme de
ces innombrables cas d'hydrothornx et de fièvres
nerveuses expos{:s dans les archives de la mé<lecine, qui n'étaient au fond que (les affections organiques du eoeur ou des inflanunations decet organe.
La première condition indispensable, quoique
négative, l>our jugel';si le foyer d'un mal est daus le
système nerveux est donc une connaissance trèsexacte du diagnostic de toutes les malallies ayant
leur siège dans les humeurs, ou dans les parties
solides, et surtout des altérations organiques de
ces dernières.
2 0 • La constitution indivitluelle du malade est
un second point dont ]a connaissance exacte est
très-importante. Le système nerveux est souvent
d'une constitution si délicate, que ee seul fait explique déjà pourquoi (les aecirlens nerveux trèsviolens et graves en apl>arence aecompagnent
tout de suite les moindres affections de la vie végétative. Ces accidens troublent et obscurcissent
considérablement le tableau de toute autre maladie, et le médecin en est facilement conduit à de
fausses conclusions.
3 0 • L'examen scrupuleux du mode de génération et de développement de la maladie, sous l'in-
�84
PRF.lIUÈRE PAR TIE,
fluence de causes exté rieu res et
inté rieu res, est
d'un e haut e imll ol'ta nce; mais il
exig e non moi ns
d'ha bilit é dans la rech erch e de
ces causes, que
de juge men t mûr i par la réflexion
et busé sur des
conn aiss ance s réel les; en même
temps il faut soigneu sem ent observer la mar che que
suit la maladie
(lans son dévcLoJ;lpement,
4°, Dan s les cas dou teux l'ad
min istra tion
bien enteu(lue d'ag ens méd icam
ente ux peut deveni r un moyen pou r reco nnaî tre
la natu re (les maladies,
Je suis bien loin de vouloir cons
eille r (les expériences avcc des mé(licamens,
surt out lors qu'i ls
sont éner giqu es, sans avoir (l'ab
01'd bien tenu
compte de toutes les circ onst ance
s; mais je pens e
que par des moyens choisis avec
préc auti on et
apl'ès mûr e réflexion, on peu t et
l'on doit s'ad resser ala natu re pou r l'int erro ger s'ils
répo nden t ases
besoins et c'es t avec beaucoup (le soin
, que la répo nse
de la natu re doit êtrc étudiée, Dan
s tout e mal adie, la première fois qu'o n adminish
'e des médieamens, on fait un essai thér apeu tiqu
e, basé sur la
conn aiss ance de l' orig ine du mal
, sur le calc ul de
l'inf luen ce rIe ses causes exte rnes
ct inte rnes ; et
les essais de cette natu re sont le plus
fréquemment
nécessaires lors qu' il est (louteux
, si le véri tabl e
foyer, le sièg e imm édia t de la mala
die est dans le
\
'\
�PREMIÈRE PARTIE.
85
système nerveux. Il est vrai qu'on n'y a recours
que trOll souvent dans la pratique ordinaire, on
donne sans balanecr des médicamens nervi.ns ùans
les affcctions rcputécs nerveuses, mais ces essais
trop grossièrement empiriques ne peuvcnt conduire il. aucun résultat; car lcs' médecins qui agissent d'une semblable manière sont incapables de
faire û" ùonnes observations. Il ne s'agit ici que
des essais comme ça, exécutés avee circonspection, ct alHès avoir rempli préalablement toutes les
conditions d'un bon diagnostic.
Il résulte de ces considérations que le système
nerveux peut fort bien contenir le prineipe cssentiel
d'une maladie chronique; mais cc cas est plus rare
que ceux où les humeurs ou bien un état morbide des
organes solides, ou enfin les l'ro{luits d'une sccrétion ou d'une nutrition morbidcs, Cil contiennent la
cause. n en résultc également, (l'un autre côté,
que le plus souvcnt le système ncrveux fournit l'élément p1'incipal de la fOl'me spéciale, sous laquelle sc manifestent lcs maladies. Les organes
cOlluuuniquent entr'eux par le système nerveux
d'une manière plus intime que par le liquide
circulatoire ou par les apparcils membraneux, et
les imprcssions reçues sont propagées de préférence par le système nerveux; c'est lui qui occupe le prcmier rang dans l'organismc, ct par lui
�86
l'REMIÈ nE PARTIE.
toute mo(liflcation dans l'intérie ur du corps est
portéc à la conscience du moi.
La forme Sllécifiquc clcs maladies se rattache
donc ades reglcs de la nature fixes; mais les maladies peuvent tenir et tiennen t en effet, le plus souvent, IL plusieu rs 6lémens intérieu1·s. Ainsi des
malallies ayant la même forme, peuvent chez différells inllh-idus, dépendre de dispositions intérieures différen tes; et réciproq ueluent des maladies dc forme dilfércntc peuvent dépendre d'un seul
et mèmc principe morbifique, Une appréci ation
exacte des conditions intérieu res sous lesquelles
pcuvent naître (les fièvres intermi ttentes, fcra sentir a chaque mécleein li~ vérité (le cettc proposition,
ct lui montrer a cn même temps, ,combien peut var icI' le fond interne d'une même forme morbide,
selon les dilfél'ens élémcns intéricu rs dont clIc est
lc produit,
Ce n'cst pas l'emprc inte cxtél'icul'e d'une monnaie, quelque nettc qu'elle soit, qui en fixc la Yaleur intrinsè que, mais bien la connais sance dos
Uémcns dont la monnaie se compose,
Ne pouvan t poursuivre davanta ge cet objet j'ajoute seuleme nt la remarqu e que si nOLIs ne pouvons rel1!lre compte avee précision de la part que
llrennent à la production de chaque forme de maladie les différens systèmes, organes et hu-
�rRE~lÈ
l'ARTIE,
87
meurs, nous devons cependant, guidés pal' l'expérience, savoir d "tm'minel' dans tous les cas, le
pdncipal siege du mal, la natme de son principc,
la maniere dout oc prinoipe ost entré dans le corps,
et le degré d'affection de la vitalité du systeme
nerveux. Ce calcul est difficile, sans doutc, cal' il
suppose une grande oonnaissance expérimentale
de la seméiotique, et (le plus 10 génie et le talent
(lu médecin (ayant pour élémens une attention
soutenue ct une grande sagacité), mais sans lui il
est impossible de reconnaître avec sûreté une ma. Iadie, et (le suine une méthode de traitement vraimeut utile; lui seul caractérise le médecin rationel.
L'art de guérir les maladies chroniques repose
en général sur les mêmes principes que cclui de
traiter les fiè\'1"es; le point essentiel est que le
mMecin attaque le mal par sa base, et flue celleci ne cesse (l' ètre pour lui l'objet principal qu'il
doit poursuivre. Pour cn agir ainsi il aura en
même temps égard. 1 0 , à 1 époque de la Jl1aladie
et a ces circJes périodiques. 2°. Ii la nature et
à la fonction des Ol'ganes principalcment affectés.
3°. à l'état du systemc nervcux en générul, ou !le
quelqu' une (le ses divisions,
Attaquer et poursuivre le germe llrimitif du
mal, voilà la partie essentielle de l'action (lu méde-
�90
rREnnkl ll;; l'ARTIE,
faire arriver à des résultat s heureux ; eOlUme par
exemple, dans les affections calculeu ses ou autres, lorsque nous chercho ns avec constan ce à
l'eO(lI'e plus parfait l'acte de l'assimi lation (le la
nutritio n, en raison des circonst ances particul ières
(le la mala(lie,
Ce n'est que lorsqu'i l n'y a rien à gagner quc
lIOUS devons nous borner à une médicat ion imlirecte, propre tL reculer le terme de la vie, et à diminuer les souffrances , Les malallies organiq ues
nous offrent de ccs cas, Toutes les autrcs maximes thérape utiques sont subordo nnées au point de
vue principa l, et quelle quc soit d'aillem's l'impor ' t s de vue d"cJ<I,t ance des au t l'es pOIn
, nnes,
,
,mentio
clles ne peuvent ni ne doi\'ent influencer le traitement, que pour le modifier à mesure lie leur valcur,
Sous le l'apport de la pl:1'iodioité de la marohe,
les maladies chroniq ues, du moins cellcs llont 1'0}'igine est l'clative ment général e, ont leurs épo{lues d'évolut ion aussi bien que les fièvres; et ces
élloques alternen t avec des époques d'inacti vité relative, où le corps semble être plus passif, ct
comme livré ala maladie, C'cst au médeci n" conduire la lu tte à l'avanta ge du malade, IL (loit exciter et apaiscr la lutte dans les Jualadics c111'oniques, cal' la tcndanc e Il se pcrfccti onner ct à s'améliorer est inlléren te à la nature du corps vi-
�91
vant; et toute guérison est le }'ésultat de la faculté
(IU'il possè<le de sc rcnou l'cIel' sans cesse; la nature seule guérit les maladies, ct le médecin doit
eonnaître les moyens et les voies par lesquels
elle y pan'ient, ct les influences par lesquelles son
activité médicatrice cst spécialement provocluée.
l\'lais il doit aussi connaitrc les limites auxquelles
il doit s'arrilter en excitant l'activité de la nature,
Souvent il n'a qtù't la laisser faire seule, durant
quelque temps, lOI'sque son degré d'intensité est
arrivé à un terme moyen; mais souvent aussi il
doit la diminuer et calmer pendant les époctues d' évolution, lors.qu'elle menace de dçvenir excessive,
Il est difficile de bien saisir ce point. Il est
certain que sur les doux extrêmes on commet souvent des fautes , Vouloir étouffer l'activité de la
natUl'e, commc on le , fait SOUl"ent, lorsqu'elle est
incommode, c'est une erreur non moins grande
que de vouloir apaiser d'abord le conflit par des
évacuations sanguines; de peur que l'excitation
ne puisse devenir trop intense, Car derrière les
(louleurs se cache l'ncte réparateur de la nature
partout où cles parties lésées sont ;\ réparer, comme
par exemple dans le procès, qui fait guérir les
plaies souples; c' cst dans le même esprit que 1I0US
(levons agir, lorsqu'il existe des douleurs üépen!lant des altérations intérieures.
�92
PRE)lIER E PARTIE.
J/ aetion du médecin dans les malatlies elll'oni(jues doit être altel'nat ivement plus ou moins énergique, tantôt repressi ve ct tantôt négative .
La 1wtul'e et la fonctio n des parties affectées deviennent la b(~se
d'une seconde considé"ation (~ceso'Ï1,
Dans les maladies accOlllllagnées de constip ation opiniàtr e il est sans (loute h'ès-imp ol'tant de
tenir le ventre libre llar les moyens de l'art, tant
que la fonction de la lléféeation n'est point l'étaMie
dans son état naturel. Je suis conyain eu qu'à. ect
égard on commet des fautes nOluhreuses; comme
lorsque le méùecin veut guérir la ma!adie uniquement par des pl'gatif.~,
011 101'Squ'il e1l fait du
moins ses moyons principa ux; lorsqu'i l part de
l'idée grossièr e que la lllupart ùes maladie s chroniques provien nent (le la constipa tion. Celle-ci
n'est (lu'un symptôme pal' ellc-mêlUe, elle ne peut
constitu er une maladie, ct 011 ne la guérit qu'en
faisant cesser les conditio ns intérieu res qui la
font exister; or ces conditions Il cuvent être des
affections de naturc très-div erse, ayant leur siège
dans différens organes (le l'abdom en, ou même
dans des parties plus éloigné es, pal' exemple, le
cerveau.
Abstrac tion fnite des soins (lue le mé(lecin doit
constammellt ùonner en prcmière ligne t\ l'affection
�PltRMIEItF. PARTIE .
93
principale; il doit aussi veiller à ce que, dans lc
cas de constipation, celle-ci ne se prolonge pas
trop; mais pour favoriser les évacuations alvines
il se servira des moyens les plus doux; il prescl'Ïl'a
par exemple, un régime très-sobre ct une diète légère, aH n (l'ép argn el' aux organes digestifs tout
effol't pénihle, ellSuite des lavemens et parmi les ,
I110ycns laxatifs ceux dont l'action cst la moins
énergique. Le l,lus orùinairement on peut fort bien
les comhiner avec les moyens princillaux de la
cure, Si l'essence de la maladie consiste en une
exsudation et
, une accumulation d'humeurs altérées, dans le parencllyme du mésentère ou des viscères, ou en des obstructions de la veine porte, ces
mêmes moyens sont tl'ès nécessaires pour augmenter la secrétion intestinale; seule voic pal' laf!uelIc
la nature guédt les maladies de cette espèce; ils
sont aussi (l'une grande utilité lorsque la composition des humeurs a besoin d'être corrigée par le
renouvellement de leurs parties constituantes.
Une pratique étemlue m'a donné la' conviction
que beaucoup de maladies chroniques, qui ont leur
siège dans l'abdomell, ct flui se manifestent sous
la forme d'obstructions et de stases sanguines,
Ont leur origine dans une altération générale des
humeurs, que dans des lésions primitives des orga, nes alJdominaux, et dans ces CilS la nature ne tend
�94
PREnnÈR E PAHTIE.
qu'a faire usage des émonctoires naturels de ces
OI·ganes pour satisfair e au besoin de se renouve ler.
Ces Ol·ganes semblent èn·e les plus malades parce
qu'ils gémisse nt sous le fardeau excessif qui leur
cst alors imposé. Cette opinion est confirmée par
l'exemp le de tant (l'alTections c1noniques où il ne
se montre aucun dérange ment ùans les organes abdominaux, où les évacuat ions alvines sont naturel les, et cependa nt la guériso n a lieu à la suite d'une
augmen tation des secl·étions intestin ales provoquée soit par la nature, soit par l'art, comme par
exemple, par l'usage des eaux de Carlsba d.
J~a
guériso n (lans ces cas ne peut-êtr e (lue le
résultat d'un renouve llement général de la masse
des humeur s, et les organes abdomi naux ne sont
que la voie et l'écluse par lesquels la naturc arrive
n ce résultat .
Cette manière de voir explique pourquoi la
méthode appelée gastriqu e cst parvenu e de toute
antiquit é et a toutes les époques de l'histoir e de
l'art, à triompl ler de toutes les autres méthodes
tllérapcutiqucs et il conserv er sur elles sa prépondérance ; e'est qu'elle est applicahle daus une infinité de maladies et indispen sable jusqu'à un CCI'tain point, dans beaucoup de cas .
C'est ce que Hamilto n, le premier après
Stoll, a prouvé récemment pour beaucoup de
�PREMIÈRE PARTIE.
95
maladies où l'on était habitué à rejeter eetJe méthode.
Je suis persuadé néanmoins, qu'on en a aussi
abusé dans tous les temps, en traitant la purgation
en elle-même conlll\O l'objet principal de la guériSon; de l'autre côté on s'est trompé en s'imaginant, quo l'action des pUl'gatifs était épuisé totalement pal' les haeuations alvines; on oubliait qu'en
prolongeant leur emplo i, on les fait entrer llius
profondément dans l'organisation et qu'ils y déterminent alors des altérations plus profondes. On a
donc négl igé les effets définitifs propres à chaque
médicament laxatif ;').
*) Les aITections abdominales, et principalement
celles de l'appareil d.i gestif mériteraient en oITet, Ù
notre époque, un nouvel examen complet et approfondi.
Les doctrines de IIOS prédécesseurs étaient tantot trop
exclusives et tantôt elles avaient pOUl' base des idées
physiologiques trop grossières . L'apparition du syst éme de llrowl1, et sa domination presque générale
fIrent oublier totalement combien l'appareil digestif contribue à pruùuire et à entretenir un granù nombre de
nlaladics j le précepte de ne point perdre de vue l'état du bas ventre dans lll1CUlle maladie, surtout si elle
est générale, fut négligé tellement que malgré sa haute
importance il était presque 011blié lorsqu'on s'est abandonne aux rêveries browniennes. Mais il me sembla
que le bon chemin du milieu (c'est-à-dire la méthode
�96
l'REiltlÈRE PARTIE ,
De même qu'on n'est que trop souvent obligé
de s'adresser aux fonctions de l'abdomen ùans le
traitement des maladies chronirlues, lors même que
ces fonctions ne sont pas les plus troublées, de
la plus cOllyenable par agir arec des médicamens SUI'
les organes abdominaux secréteurs et excréteurs) Il'a
plus été généralement retrouvé depuis , On a trop appris II craindre ces moyens durant le r ègne du brownisme; et c'e t ainsi qu'on est venu à oublier leur
usage convenable. C'est le j ugement que je crois pouvoir porter, apl'ès avoir consacré une longue , 'ie pratique, exempte de préjugés . scolastiques, à l'obsCL'I'ation de la nature dans l' état de maladi e, et à la t'echerche des lois fJui président à l'action de la nature
animale,
Je suis donc convaincu que la doctrine de la nature des malaJies abdominales, ainsi Cjue celle du but
de l'étendue et des conditions de la méthode appelé '
gastrique ont besoin d'une réforme. Une tentati"e
pour l'opérer nous conduirait lci trop loin, d'autant
p lus que je suis peut-être déjà entré dans trop de
détail sur mes vues générales de pathologie et de thérapèutique, J 'ajoute d'ailleurs que je vi ne de fait'e 1I11
essai de cette nature, qui SCl't d'introduction tl un ouvrage qui vient ùe paraître et dont le titre est le
suivant: Ueuet bie SCrclI1NJeiten bie tlon ll3erfd)leimung
~enü!)r,
(sur les mal adies ayant pour cause dyscrasie
pituitieuse) par le Dr. IIimmcl', Dresde, 18 28, chez
Hilschcr.
�PREMIÈRE p,ul'fIE.
97
mûme il faut aussi avoir égard à l'état de la tête,
et à celui des organes du thorax, lorsque ces par~
ties sont gravement affectées; car elles occupent
un rang tI'ès-éleyé ùans le corps organique, ct
leurs fonctions 'doivent être entravées iL un haut
degré, sans danger llour la vie.
Dans leurs affections qui ont atteint un certain degré de hauteur, il faut donc recourir li des
lI\Oyens énergiques, et surtout il une dérivation de
l'activité organique qui s'y est coneentrée; d'autant plus que les llIou\'emens critiques qui se dirigent vers ces parties sont contraires il la guérison,
et deyiennent fttcilement dangereux. Il faut seuleruent choisir des moyens appropriés à la nature du
prineille de la maÎadie, pour soulager les affections
de ces organes,
Enfin l'état (lu système nerveux exige surtout
une attention toute spéciale dans le traitement
des maladies chroniques.
Je suis obligé de passer sur le fait important
que dans les maladies chroniques les malades
Souffrent orclinail'elllent beaucoup ROUS le l'apport
lUoral; la longue durée ùe leurs soufli'ances les
rend pusillanimes et leur ôte l'esllOir de guérir; il
s'en suit que le médecin, s'il veut les rétablir, doit
$ IW oil' ranilllel' le courage ct l'espoir des mala(les.
Le chemin Je !lJus sûr, quoique dift'tcile, pOUl' y
5
�98
PREMltRE PARTIE.
parvenir, est de les traiter avec ménagement, ct
d'une manière affectueuse. Il faut leur prouver
par tous les moyens qu'on a la volonté de les guérir, qu'on a embrassé d'un coup-d'oeil leur mala·
die et qu'on la connaît dans tout son ensemble.
En même tem.ps le mé(leein devra aussi apprécier avcc justesse le véritable état du système ner·
veux tIans chaque maladie. Si ce système contient
la principale racine du mal; le traitement aura
pour objet de la déh'uire; si le contraire a lieu, il
n'en faut pas moins tâchcl' dc déterminer aussi
exactement que possible le degré d'altération mOI'bide qu'a subie le système ncrvcu . Abstraction
faite (les cas nomlJrcux où l'alTection cIc cc sys·
tème ne d.,épencI que d'une lésion très-snperfieielle
de la vitalité, le médecin apprendra à t:econnaître
son véritable état dans les cas, (lui sont restés douteux après un examen scrupuleux cIe tous les faits;
quantI il commence à donner avec circonspection
les médicamens appropriés à la nature de la mal~
llie principale,
Plus il se confirme par ces essais thérapeutiques la vérité, que la vitalité du système
nerveux est profondément affectée, mais en
même temps que Jes humeurs organiques Je sont
aussi, plus il faut devenir circonspect dans remploi des moyens propres à corriger l'état des hu-
�99
PREMIÈRE PARTIE .
meurs; on les combinera donc avec des moyens
lll'opres ;l améliorer l'état du système nel'veux, et
l'on mettra en usage tout ce qui ménage les forces
nerveuses. Si on trouve, au eontrai.re que les moyens
qui sont di.rigés contre un état malade (le la sphère
végétative, sont bien supportés, quoiqu'ils ne soient
pas propres il fortifier direetement les nerfs, il faut
y insister autant que le malade les sUPllOrtc bien,
et se borner à agir négativement sur les forces
nerveuses en les ménageant,
En suivant la méthode indiquée, j ai vu guérir
heureusement un trop grallfl nombre de maladies
nerveuses opiniâtres et en apparences très-graves,
pour ne pas me déclarer en faveur du traitement
le plus simple des maladies e1n'oniques, celui qui a
pour but Ûe les combattre tIans leur cause principale. Depuis trente ans je fus témoin des révolutions de la médecine; mais j'ai toujours observé
sans préjugé les voies que suit la nature pour guérir, et en comparant: les résultats de tant: de principes ct de méthodes contraires, qui ont été en vogue dumnt cette pério(le, et dont l'objet principal
était d'agir sur les nerfs, je suis parvenu à la
conviction la 11[US intime, que l'art de guérir les
lllalndies chroniques fi fait des pas rétrogrades
plutôt que des progrès; nos pré(lécesseuJ's savaient
traiter ces maladies d'unc manière plus naturclle,
{}
~ ,
�100
PREMIÈRE PARTIE.
plus ùouce et plus simple, quoique leurs princip cs
eussent pour base des yues pllysiologiques plus
grossières que les nôtres.
V.
Principes ct préceptes généraux concernant
l'emlJloi des eaux minb'ales dans le tr(tilement des
maladies chroniques.
Ce n'cst qu'après ayoir établi sur la nature des
maladics chroniqucs lcs principes qui précèdcnt,
(IUC jc puis cntrcl' les détails sur les curcs (lU'OIl
peut opérer dans ces maladies à l'aiclc cles caux
minél'alcs.
La diffLculté de tlétel'lulncr exactcment les élcmens dont se compose unc maladie chronique,
quclle quc soit sa forme, ct l'impol'tance dcs eaux
minéralcs comme méclicamens énergiques, dcyiennent pOUl' lc méclccill des motifs de bien étudicr
son maladc ayant Ile lui prcscrire une CUl'C par ccs
caux, Autrcment ccttc médication rcstcra souvcnt
sans effet, et bicll plus ft'éclueillment elle llevieullra
nuisible et pourra mêmc hàter la mort, que la maladic aurait plus tard entraînée naturellement, ou
qui pcut-être eÎlt été écartéc pal' le retour il la
santé, Prcscrire lcs cures avcc légèl'eté, c'est dc
la part du méclecin un véritable crime,
Si, par contre, la cure a été ordonnée bicn àpropos, c'est au malade Il lIC point oublier qu'il fait
�PREMIÈRE PARTIE,
101
usage û'un médicament énergique, dont il ne recueillera d' avantage qu'en mettant sa diète et SOIl
régime en un strict l'apport avec le grand but de la
guérison, ct en l'abandonnant tout-ii-fait il l'influence du traitement.
Je vais indiquer ici les principes les plus génél'aux, d'après lesqucls on ûoit se guider Cil employant ccs eaux minérales.
Les eazu: alté7'(mtes, (pli favorisent les évacuations alvines et urinaires, comme celles de Carlsball, de Marienbad, et jusqu'à un certain point celles d'Embs, sont indiquées lorsque les fonctious
circulatoires, secrétoü'es et digestives ~'exécuti1
avec lenteur, parce que la lUasse des humeurs l,êehe
pal' un défaut tIe perfection dans sa composition iutime, défaut qui cnll'ldne tIes stases, des épanche, ~ 1c l'''l'l'uQJ.ymo ùe8 Yiscorea, des glandes,
mens dln
du mésentèl'e, et le gonflement des veines de l'abdoIllen; le dérangement de la nutrition qui, s'en suit, Sc
~ignale
pal' une teinte griseâtre et blême de la peau,
pal' une houflissure, des désordl'es dans la djgcstioll,
des syllllltùmes nerveux de toute espèce, surtout un
~entim
d'oPllression, etc. l'lus la fonction digestive et surtout l'évacuation des matières alvines sont irrégulicres, lllus il y a licu d'employer
les caux évacuantes ùe Carlsball ou ùe Maricnbad .
Les eaux ù'Embs, il leur tOUl', sont d'autant mieu:l'
�102
PREMIÈRE PARTIE.
indiquées, que la constitution est plus délicate. Si
(luelques organes, tels que le foie, la rate, les glandes mésentériques, sont tuméfLés et augmentés de
volume, ces mêmes eaux conviennent fort. bien;
mais ces maladies exigent un traitement préparatoire par des médicamens convenables, et l'on ne
doit jamais perdre de vue le degré d'évolution
qu'elles ont atteint. Si l'état morbide offre le caractère des inflammations chroniques, il faut avant
tout écarter la complication inflammatoire. Si
cette complication se manifeste durant la cure,
on diminuera la dose des eaux, ou même on en suspendra l'usage pour quelque temps, afin de recourir
à des moyens adoucissans. S'il existe (les produits
de secrétions morbides, tels que des calculs rénaux
ou biliaü'cs, les mêmes eaux sont encore indiquées;
celles de Carlsbad so Gont cli~ : ingl:'R
dans ces
cas, comme un moyen des plus salutaires. Dans
les états que j'ai nommés cmpoisonnemcns morbides, parce que la vic en général, et surtout (lans
les organes abdominaux, y a reçu une atteinte profonde, les eaux de Carlsbad ct (l'Embs se montrent
souvent très-salutaires; e'est ce qu'on voit dans
les états morbides qui viennent à la suite de malallies spécifiques, surtout do la rougeole, de la
scadatine, de la syphilis dégénérée ou de la
maladie mercurielle; cIans les erupoisonneJllenf:
�PREl\nÈRE PARTIE,
103
lents pal' le cuivre, l'arsenic, le plomb; mais dans
ccs cas il faut avoir bien soin dc préparer les malades pOUl' la cure, et de n'employer les caux qu'aVec circonspcction,
Lorsqu'il s'est déjà formé des dégénérescences, pal' exemple, des squirrhes, des tubercules
dans les poumons ou dans lcs glandes lympllatiques, ou des transformations dans les ovaires, dans
l'utérus, l'estomac, les intestins, le coeur et les
gros Yaisscaux m-tériels, ou même dans les ycincs,
l'utilité (le ccs eaux devient fort incertaine, et leur
lisage peut facilement entrainer des dangers, Il
n'y a plus que les eaux calmantes d'Embs qui méritent encore d'êh'e essayées dans ces cas douteux.
Mais la plus grande difficulté pOUl' le médecin
est lll-écisément de Ilien déterminer, dans chaque
cas, si le mal consiste en effet dans une dégénérescence permanente d'un organe, qU' l1 n' est plus
possible de ramener à l'état normal, POUl' décider
cc point il faut non-seulement des connaissances
approfondies, ct du talent, mais aussi un examen
scrupuleux de toutes les circonstances. La yie de
lu nahlre organique consiste en un renouvellement
COntinuel des humeurs ct des organes, et nous ne
Connaissons pas exactement les bornes de sa puissalice médicatrice, IOl'squ'il s'agit de faire disparaitre les produits viciés de son activité plastique.
�104
PREMIÈRE PARTIE.
Mais le fait est que les eaux altérantes tendent iL
exereer une influenee destruetive sur les organes
dégénérés; nous lleYons donc nous en abstenir,
s'il existe une dégénérescence; en exceptant toutefois quelques cas qui permettent de les employer
avec certaines restrictions.
Cependant il ne faut pas se presser de juger sur
l'1l1lparence. Les viscères spongieux, comme la
rate et le foie, sont souvent susceptibles de revenir
i\ l'état normal, quoique leur volume soit énormément augmenté; des imlurations apparentes (les
glandes externes et intel'nes peuvent disparaître
pal' )'esolution; et ces organes reprendront leurs
fonctions, Assez 80lH'ent la nature en flétruit de
gramles portions par la suppuration, et sauve ainsi
la vie et la santé, Pour juger de l'importance et
(lu degré du mal local, il faut tenir comllte ùu degré ll' altératIon de la nutrition, et de la diminution
(les forces, des causes qui ont pl'oduit les indurations des dispositions !lu corps et de la marche de
la maladie, enfin du caraetère externe et sensible
de ces maux locales,
Les eaux ferrugineuses et toniques, sont indiquées lorsque la "italité des humeurs et du système nerveux est à regarder plutôt eOlllme réellement all'aiblie, que eOllune opprilll "e par la présence de principes étrangers, ou lorsque du moins
�PREMIÈ RE PARTIE.
105
la diminution de la vitalité constitue la principale
cause de la maladie ; ct que le second état (celui
d'oppression) n'est que consécutif et moins pro~
noncé.
Si les deux états coexistent à un égal degré ou
à-peu-près, les eaux ferrugineuses ne conviennent
plus ou du moins très~peu.
EUes feront mal lorsqu'il existe des produit s morbides de l'assimilation, des secrétions ou de la végétat ion; on ne peut
du moins les essayer dans ces cas, qu'avec précaution, en petite dose, et seulement pour remédier
quelque peu il l'abatte ment des forces; mais en général elles sont directement nuisibles.
Elles ne produir ont enr.ore qu'un avantage par~
tiel (lans les cas où elles ne nuisent pas; elles rcm
~
plil'ont l'indica tion vitale la plus urgente et lwépareront la eure proprement dite. Les eaux. d'Eger
en petite dose, seules ou coupées avee du lait, con~
viennent dans ces cas encore le mieux pour l'uliage extérieu r aussi bien que pour l'intérie ur.
Les eaux ferrugineuses sont parfaitement à
leur place dans les cas où. le sang cst appauvri pal'
la perte de ses principes eonstituans les plus essentiels, après des hérnorrhagies ou d'auo'cs évacuations excessives d'humeurs vitales, à la suite Ile
dianhée s ou de longues maladie s; lorsque l'activité du système nerveux C$t véritablement atfail"lie
5*
�106
PREMIÈRE PARTIE.
à la suite de ees malallies, ou pal' des chagrins, sans
que les organes solides en aient souffert dans leur
texture.
Ces caux sont pal' conséquent souvent bien
convenables, lorsqu'on les emploie après une cure
pal' les caux altérantes . Cependant clans ecs cas il
cst très nécessairc clc procéder avec circonspection,
ct il faut que le médecin soit bien persuadé que
l'état du malade non-seulement a besoin cl être réparé par ,les moyens toniques en gént~ral,
et spécialement par les caux fCl"l'ugineuses, mais (le plus
que son état permct lcul' usage. Il faut que l'état morbide des urgancs dc la vic végétative, et
surtout les stases dans lcs viscères n'cxistent plus,
du moins quant nu principal; cal' un fait généralcmcnt constaté par l'expérience, c'est que non-seulemcnt lc bien produit par lcs caux altérantes, est
détruit pal' lcs fCl"l'lIgincuses, mais encore que la
maladie s'aggmve, si on cmploie ces dCl'nièl'es à
contre-temps, ct sans tcnir compte dcs conditions
indiquées, surtout lmmédiatcment ou peu cIc semaines après ln cure par les caux altérantcs.
Dans la plupart dc ces cas d'alltl'es mécIical1)cns tOllique.l sont préférables au fcr; et souvcnt
on pcut s'en passcr tout-à-fait. Qu'on sc l'appelle
que lcs caux altérantes se mêlent il ln masse cIes
humeurs, que lcur aetion se prolonge, et qu'elles
�PREMIÈRE PARTIE.
107
déterminent souvent encore des crises après des
mois, et 1'011 sentira tout de suite, combien il peutêtre dangereux d'employel' promptement t\ la suite
d'caux minérales fondantes des eaux ferrugineuses; car les crises, qui pouvaient se préparer, seront supprimés ct prévenues par les dernières, qui
suffoquent plutôt les secrétions, en imprimant un
tout autre mode d'activité à la nature organique.
Dans la seconde section nous reviendrons avec
plus rle détail sur ce point important.
VI. Instruction pratique 3ur la manière d'employer les eau.:!: minérales dans le traitement de,
maladies.
Les cures par les caux minérales exigent souvent que le malade soit soumis à une médication
préparatoire, surtout lorsque son mal est opiniâtre. La préparation est moins nécessaire, si
les malades n'ont à suivre qu'une simple cure préServative ct dépurative, ou lorsque les eaux ne
Sont employées ' que pour rétablir les forces (ler<lues.
Cependant les caux minérales étantl'eganlées et
pal' les malades et par les médecins comme des mérliCUlnens dont les effcts souvent merveilleux font espérer encore du salut lorsque tout autre traitement
a échoué, il est d'autant plus nécessaire d'insistel'
�108
PRE~nk
PARTIE,
les soins préparatoires qu'exigent ccs cures,
Abstraction faite dc la faute que les médecins com~
mettent assez souvent dans les maladies chroniques, de laisser passel' l'hiver sans prescrire aucun
médicament, en ajournant le tcrme de la patience
des malades jusqu'à la saison des eaux; c'est-àdire en laissant faire des pl'ogres au mal pour attendre ensuite des merveilles de l'effet des eaux,
abstraction faite de cettc faute, il en est une autre
que commettent souvent les mala(les, c'est de commeneel' l'usage des eaux immédiatement après un
voyage fatigant, seulement afin de ne pas perdre
du temps,
A la vérité le voyage est le l)lus souvent déjà
salutaire par lui-même, mais il produit une r évolution (lans le système entier et une agitation qui
) contl'e indique l'usage immédiat des eaux douées
de pl'opl'iétés excitantes, Chez des personnes affectées <le maladies abdominales j' ai vu souvenu'
assez souvent, durant le voyage, des diarrhées violentes, mais salutaires, avec évacuation <l'épaisses
masses <le mucosités, ct soulagement du vomissement cl1l'0nique, Lorsque le corps est (lans un pareil état de sur-excitation, les eaux ne sauraient
être {lue nuisibles,
Mais la maxime est très simple qu'on eherche ù
prépm'cr d' avance, pal' des médicamens appropriés,
SUl'
�PREl\UÈRE PARTIE.
109
l'effet qu'on attenel eles caux, et de poursuivre avec
constance le traitement des maladies chroniques,
par la nison que ces maladies sont profondément
enracinées, et que leur guérison exige le renouvellement complet de la masse du corps. Le printemps est la saison la plus convenable pour une
CUre préparatoire.
Dans les obstructions opiniûtres des organes
abdominaux l'usage des sucs d'herbes jeunes ct
fraîclles, telles que la grande Chélidoine, le cerfeuil, le dent-de-lion, est très-avantageux. Au lieu
Ile ces sucs j'emploie souvent les extraits (lIlellagi'les) des mêmes plantes, préparés avec soin; je
les prescris à la dose de deux à trois cuillél'ées a
l)ouche, a prendre le matin, en sc donnant beaucoup de mouvement elurant cc temps. On peut
prescrire dans la même vue d'autres méllieamens
altéralls, qui sont en même teml's légèrement laxatifs: on les fait prendre régulièrement durant trois
Il six semaines.
Chez les personnes plus délicates le lletit lait
ù la dose d'une livre à une livre et dcmie, pris Il
jeûn ct en se (lonnant dc l'exercice, produit des
etfets avantageux. Il en est de même des bains.
Chez les personnc!: dont les forces ont uesoin d'être
l'épurées, il convient d'y préparer doucement les
Vo ies digestives, en les débarrassant de tout cc flui
�110
PREMll::RE PAI\Tn~.
peut les surcharger, aV!lnt de commencer la cure
par les eaux.
Les eaux altérantes sont douées en même
temps, il un assez haut degré, d'une propriété excitante, J,es personnes disposées à la pléthore,
011 (lont la malaelle consiste au fOllll en une gêne
,le la eireulatioll, sont par-là tl'es-exposées aux
congestions sanguines vers la tête où la poitrine.
U ne saignée de précaution est souvent indiquée
r1unR ces cas, où on }'isque que les caux. ne soient
supportées, Cc précepte est surtout applicable aux
caux de CarlslJat!,
La durée d'une véritalJIe cure par les caux minérales est d'un mois pOUl' le moins. En Allemagne cc temps est généralement regardé cOlUme né·
I)essnire pOlir une cure complete,
Il est vrai (JlIe la natm'e ne laisse !IUR prescrire
un terllle lixe pour la guérison ll'une maladie. Cependant le temps (LUC nous venons d'indiquer peutêtre regal'llé, d'une part, comme suOisant pour
permettre aux caux d'exercer une action profonde
SUl' l'organisme animal, et d'autre part comme
n'excédant pas la durée pendant laquelle l'estomac est capable de dig "rel' les caux. Mais cc point
'st sujet il de nomlJreuses exceptions. Le temps
fixé peut suffire cu général, pour les ellux toniques
et ferrugineuses. Les caux altél'llntes IIU contraire
�pnE~IlÈR
PARTJE,
111
sont souvent employées dans la vue d'obten ir un
changem ent intégra l dans la masse des humeur s,
un ramollis sement de glandes et de viscères qui
sont dans un état (l'indur ation, la résorpti on d'huJIIeurs morbides épanchées, la résoluti on (l'anciennes stases sanguin es; or ces eaux, ct surtout
eelles de Carlsba(l, dont 011 attend le plus ordinairCluent ces effets, ont souvent besoin d'être employées pendan t six semaines ou deux Illois (le
suite; ou bien apl'cs une suspens ion de quinze jours
il faut recomm encer avce clles une seconde cure
d'un mois, II n'est pas rare de voil' le soulage ment
ne se déclare r q Ile vers la fin de ht quatrièm e semaine, au momen t où le malade est obligé de quitter les eaux, Rien ne cOlwient (lone moins que de
se ftxer lin tenue invariab le de quatre scmaines
pour une cure,
La meilleu re méthod e pOUl' prendre les eaux
minéral es est peut-êtr e la sui\'ant e: on ne soupe
ou point du tout, et l'on sc
d'abord que tri~s-eu
pOUl' se lever cIe grand
heure,
coucho de bonne
chaleur s .Iu jouI' ne
gralldes
les
'lue
matin; avant
pendan t une heure
ensuite,
prend
on
cOl11mencent
s, la (luantité
modérée
ou cleux, dans des doses
d'eau millél'ale prescrit e par le médecin, Il faut
prencLrc les caux au grand air aux sources mêmes,
pour la rcgle nu moins ct se livrer en même
�112
PREMlim E PARTII::.
tCll111S il UII excrcice modéré, c'est-a- dire à la promenade. Cette règle ne souffre que de rares exceptions. Les doses que le malade prend chaque
fois, ct la quantité totale de la journée seront proportionnées au pouvoir de l'estoma c pour digérer
les caux, ct aux évacuat ions qu'on a l'intenti on de
provoquer.
On commencera par de petites (Ioses de deux. Il
trois o11ees, qu'on pourra porter jusqu'a six onces,
(mesure ordinair e (les venes d'Eger, de Pyrmon t
ct de Carlsba d). On les prendra salls précipit ation
ct en se promen ant au grand air durant les intervalles; 1'011 revient a la source pour prendre un
nouveau verre lorsqu'o n seut que l'estoma c y est
disposé; il est bon de laisser un interval le de
(luinze minutes au moins entre (Ieux velTes.
Aux eaux ferrugin euses et toniques il su!1i.t en
géncrai lle quatre, six et huit yerres ct quelquefois
d'un plus petit nOlb~e
l1ar jour; il est de même (les
eaux altérant es, comme de celles d'Embs ; quant à
celles qui sont laxatives on en preml une quantité
sutlisante pour produire quelques selles, si toutefois
l'estomac supporte bien ces caux. Celles (le Mo.l"iellhad purgent ordinair ement IL ]a dosc de six ;\
lluit verres; il en est de même de celles de Carls. b1\11, mais il existe, sous ce l'apport , de granlle[l
différences entre les individus, ct selon le tlegré ct.
1
\
\
�PREMIÈRE P.\RTIE.
113
la nature de la maladie. En général les eaux de
Carlsbad sont supportées par les malades, en quantités beaucoup plus fortes que les eaux minérales
froides, sans que l'estomac en souffre. A Carlsbad
la mode voulait mème autrefois qu'on avalait jusqu'à vingt verres (l'cau par jour; beaueoup de
malades vont jusqu'à quinze, et souvent ils
sont obligés de le faire; dix verres fout la (luantité moyenne pour les a(lultes. Si la eonstillation
est très-opiniâtre, il vaut mieux a(llllinistrer le
soir une dose (l'un léger laxatif, ou ajouter un ou
deux gros de sel de Carlsbad au premier verre du
matiJ'J, que de ~urchage
l'estomac et le corps entier d'une trop grandc (lUantité d'eau.
Un exercice léger et continué à l'ail' libre est
néeessnire 110 ur fncilitel' la digestion complète des
eaux; il faut s'y livrer non-seulclllent pendant l'intervalle qUl s' écoule entre deux vern;~,
muis aussi
le continu cr unc heure apres avoir pris le dernier
Ycrre, Ce n'cst qu'alors qu'il y li de l'appétit pour
le déjeùner et que celui-ci est bien supporté. Ce
repas peut cOllsistcr Cil café ail lait avce (lu pain
blanc, COlllllle on fait le plus cOlLullunément cn Allemagne; ou bicn cc sera une infusion de th '. qui
Ile soit pas trop concentrée, ct qu'on coupera a,'ec
tlu lait, ou enfin lIne tasse de chocolat ou t1~
houilloll.
�114
PIlE~1:R
PARTlE,
Si du reste la médication pal' les eaux minél'ales doit bien réussir, il faut que le malade ne se
livre, pemlant sa durée, clu'au soin lie sa santé;
que son l'égime et tout son gcme de vie soit approprié au but important de ses désirs; que toutes les
hahitudes ct tous les plaisirs qui dc\'ienrlraient
nuisibles soient saCl'iJiés, Un point ùes IJlus cssentiels est, que le maiacie s'abstienne ùe tout tra'l'ail cl'il1lpol'tanee et fatigant, qu'il éloigne toute
inquiétude moralc, qu'il ne l'CS te pas assis durant
plusieurs heUl'cR consécutives pour écrire, surtout
le matin; qu'il eherehe à se distraire agréablement, en recherchant de IJréférenee les jouissances
que lui offre la nature, en se donnant du mouvement au grami air, li pied, à cheval, ou en voiture,
qu'enfin il se \ivre autant que possible à l'influence
salutaire d'ulle atmosphère libre ct saine,
l>1alslrs de société que les malades
U y il d,~
peuvent sc pel'mettre; mais ils manquent totalement leur Lut, s'ils compl'ennent dans cc nombre
ceux d'une table richement garnie, ou la danse, Cil
été, surtout si elle a lieu rIe nuit, et les sociétés
1l0etlll'LleS cu général. Tout échauffement consirlél'able peut avoir des suites f,leheuses chez le malade qui emploie les caux minérales, surtout aux.
eaux de Carlshall. La (lanse dans (les salles eneomhl'ées de mOIl(le, ct l'emplies d'une atmosphère SUl'-
�PREMIÈRE PARTIE,
115
chargée (le gaz non respirablcs, est sans nul llonte,
un des principaux obstaclcs à la l'éussitc des cures;
eUe devient souvent la eause de muladies consécutives ineurablcs, telles que la phthisie, lIes affections organiques dll coeur, ctc, T.. a police des lieux
qui possèllent des eaux minérales devrait exercer
une sUITeillancc sévère sur les bals, et chercher à
les restreiullre, parce que sous lIivers rallport il en
résulte beaucoup de malheU\',
Le soin pour des vêtclllens convenablcs est un
autre point important du régime des caux minérales, Un refroitlisselllent durant la cure devient plus
nuisible qu'à toute autre époque, et le malade y est
plus exposé, soit parce que la température chaude
des eaux favorise la transpiration, soit parce que
les eaux fi'oicles, qu'on est SOlll'ent obligé (le l1ren(Ire l1al' une teflll1ératllre fraîche de l'atmosphère,
portent facilement le trouble dans les fonctions de
la peau, Les vêtemens ne seront donc pas trop
légers pour protéger contre le froi!l; cette condition est surtout de rigueur pendant la promenade
du soir,
Un régime alimentaire d'un choix convenable
est naturellement d'une grandc importance dans
les curcs pal' les caux minél'alcs, aussi bien (Ille
dans toutc maladie en général; il forme une tles
conditions les plus essentielles de ln réussite de
�116
PREMIÈ RE PARTIE.
ces cures. Je suis obligé ll'entrer à ce sujet dans
quelques tlétaiIs, car dans les temps mOllernes "OU
ne lui il pas prêté toute l'attenti on ùont il est
digne, et que lui accorda ient lcs anciens , qui en tiraicnt de si grands avantag cs.
La doctrine de Brown a fait grandcm ent négliger lcs soins dont le régime aliment aire était
auh:efois l'objet; et il est très-néc essaire que les
méilecins et les malades y revienn ent avec toute
leur attentio n; cal' certaine mcnt ees soins nc sont
pas d'une importance moindrc quc l'cmplo i des mé,Ueamens, puisqu'i ls forment unc conditio n essellticlLe dc la réussite dcs cures,
Je commence par fairc remarqu cr que le besoin
absolu de nourritu re est très-mo déré pour le corps
humain ; et que Pl'esque tous les homllles même les
,plus sobres, prennen t en général beaucoup plus
,l'alimcns qu' il n' en taut pour l'enh'ct ien dcs forces
(lu corps,
L'histoi re du médecin Cornaro , qui, ne prenant
llu'une très-pet ite quantité de noul'l'itUl'c, atteigni t
l'<\ge Je plus avancé, quoique Ilans sa jeuness e il
eût ruiné sa santé par lIe nombre ux excès, suJ11t ;\
elle seulc pOUl' le prou ver; il en est ùe même ùe
l'exemple de beaueoup de pel'sonnes qui prennen t
ùc l'embon point et dc la force avee unc fort petite
'luulltité d'atilllens, J'ai vu bien souvent dans Illon
�PRElHJÈRE PARTIE ,
117
institut clinique dcs malades cachcctiqucs ct bouffis, commencer par maigrir, avec un bon régime de
facilc digestion et très-sobre; mais LIs prenaient
en même temps un air de santé et l'embonpoint ne
tarclait pas ;\ l'evenir à mesure que la maladie di1l1inuait, Quelquefois j'ai l'cmarqué que des individus amaigris pnr suite de gravcs maladics, reprenaient lIe l'cmbonllOint sous l'usage mêmc clcs caux
de Carlsbad, La croyance qu'unc nourritm'c eopieusc et substantielle est néccssaire pour l,établir
lcs fOl'CCS des malades, n'cst donc selon moi qu'un
préjugé, et c'cst lc principe contraire q\l'il faut
établir, savoir: que dcs alimens en petite quantité, mais de bonne qualité, substantiels, mais de
facilc digcstion, conviennent le micux dans les maladies chroniques et dans les eurcs par lcs eaux
minémles, La nature doit pl'Ïnoipalcment appliquer ses forces formatrices à détruire les altérations intéricures, en suivant la direction que lui
impriment lcs moycns thérapcuticlues, Il faut autant quc llossiblc favoriser cettc tcnclance, en évitant toutc dépcnse superflue de forces, On ménagera d'abonl les forces digestives dans toutes les
maladies, ct cc précepte ae(luiert une nouvelle importanec, lorsque le foyer du mal est dans le système digestif, En le suivant, on obtient que les
caux minérales passent bicn, et le malade gagne
�118
PREMIÈ RE PARTIE.
Î1nmétliatement beaucoup plus de forces parce que
les substances aliment aires sont plus complètement
élaborées.
Une grande sobriété dans les repas sera donc
le mot d'ordre (lans les cures pal' les caux minérales; mais la quantité des alimens n'est pas le seul
point il l'égler dans ces cures; il faut en outre
faire un bon choix sous le l'apport de la qualité.
La nourritul'C la plus simple mérite la préféren ce;
ee sera par exemple du bouillon et la viande du
veau, du boeuf, du mouton , tic la volaille, du gibier
tendre, bouillies ou rôties, mais sans graisses , sans
sauees composées et éllicées; on peut y joindre les
légumes frais, doux et tendres , tels que les carottes, les jcunes pois verts, les artichau ts, lcs épinard s
et peut-êtr c la ea1'viole, les choux-f leurs; ensuite
dcs compotcs de fruits sces, de prunes, de pommcs,
ou de cérises fraîches ; enfin un pain blanc ct léger. On s'interd ira toutes les graisses , les tartines, les'patissc1'ies, tout ce qui est lourd et difficile digércr, commc la plupart des mets farincux ,
mêmc le pou(ling ; il ne faut du moins sc pCI·.
mcttrc ccs mets que trés-sob rcmcnt, lorsqu'i ls
sont légcrs ct bien cuits. Quant au poisson, il
ne faut se pm'mettre que celui qui est léger ct
sans graissc, COlllllle la truite, le ])l'ochet. Le
lait nc sera employé que pal' les malades dont
a
�l'IŒ :VlJlmE PARTIE .
119
l'estomac le supporte bien, et qui en général le
trouvent avantageux; mais il leur sera compté
comme aliment et non comme une simple boisson.
Depuis long-temps il est constaté suflisamment
que les eaux minérales s'accordent mal avec les
aUmens acides et fermentescibles, avec les fruits
crus, les salades; il faut donc en général s'abstenir de ces choses.
Sous le rUllport de la diète il convient encorc
de sc rappeler que le soir il vaut mieu::, s'abstenir
(le tout aliment, ou de n'en IJl'endre que de légers,
en petite quantité et de bonne heure, afin que l'estomae soit tout-a.-fait libre le leo(lemain. On se
eouchcra de bonne heure, pour se lever de même et
commencer l'usage des eaux dès le grand matin.
Les boissons spil'Îtueuses ne peuvent convenir
dans les malaclies chroniques, que prises avec
grande précaution, et les liqueurs doivent être absollllllent interdites.
Un pr()jugé qui règne n'ès-généralement à l'égard du vin, c'est que cette boisson facilite la di.
gestion; il est \Tai qu'elle exalte l'activité nerveuse, ct qu'elle est à considérer comme restaurant
le plus souvent les forces; mais de-là il ne s'ensuit pas qu'elle soit toujours propre à faciliter la
digestion; elle y devient au contraire faeilement
Un ollstaele, en favorisant la prolluetion des aci-
�120
PIlEMJ1:RE PARTIE.
llités dans l'estoma c, toutes les fois que les humeurs digestives malHluent, ou sont altérées dans
leur composition.
J'ai vu plusieurs fois des symptômes de gastricité et d'hypoc!tolldrie dispara ître presqu'e ntièrement par la seule suppres sion du yin, si bien que
plus tal'd les malades ne voulaie nt jamais revenir à
l'usage de cette boisson. Le vin n'est en tout cas,
qu'un accessoire du repas, dont tous les mala(les
n'ont pas besoin, surtout s'ils n'y sout pas halJitués; il faut le retranc her dès qu'on remarqu e
qu'il échauffe, qu'il trouble la digestion. On peut
l'accord er aux malades qui y sont habitué s, si
toutefois des circonst ances particul ières n'en défendent pas l'usage; mais on ne le permett ra qu' en
dose tres-mo dérée et' assez peu forte pour que Ic
maladc n'en soit point échaufTé. Une activiti'
exaltée \Ians le sang est déjà le résultat de l' action
Iles eaux, et j'ai vu, il Carlsbad, que l'usage aùondant du vin peut donner lieu ;'1 des suites fàcheuses .
Les vins éellau{fans sont à craindre plus que les
autres; toutefois un lletit Verre d' un vin doux et
sec, par exemple, de Malaga , ou de Madi-re peutêtre accordé ; autreme nt un vin de table ordinair e
sans acidité est :\ préférer.
Une petite bièrc légere, bien houblonnée peut~tre
accordée, mais il faut qu elle ne soit pas trop
�121
PREMIÈRE PARTIE.
trop près du moment de la fermentation. Les
bièrcs fortes ou doubles bièrcs ne sont point Il conseiller.
Vu.
De l'e7nlJloi des médicamens ct des bains (lllrant les cures par les eaux minérales:
Lorsqu'on a l'econnu qu'une eau minérale est
proprc à guérir une malaùie, il faut s'abstenir autant que possible de tout autre médicament ncces,·
soirc. Les eaux minérales guél'issent assez fréquel1unent à eUes seules des maladies graves, pour
qu'on puissc voir, qu'un seul méclicamcnt, pourvu
qu'il soit bien choisi, suffit pour faire disparaître
unc maladie avec tout le cortège de ses symptômes
qui ne sont que des irradiations d'un centre comlllun. Cet cxemple clevrait déjà nous apPl'endro à
ellol'cher la simplicité dans le traitement. C'cst
donc à tort qu'on gorgerait encore de médicamens
un malade qui fait déja usage d'une eau minérale. Il faut écal'tcr ù'avance ce qui pourrait troubler la cure; les palliatifs que les malades emllioient si volontiers pal' une mauvaise habitude,
dans les maladies opiniâtres, ne sauraient jamais
être moins utiles qu'en cette occasion, J"es effots
des eaux aussi bien quo ceux dos meilleurs métlicamens sont souvent troublés par J'emploi de ces
pnlliatifs. Il faudrait déjà fortement restreindre
6
�122
PREMIÈ RE PARTIE,
leur usage d'après le procédé actuelle ment usité,
ou plutôt le réduire autant que possible à zéro,
Il est cependa nt des circonst ances particul ières
où il faut faire une exceptio n, tel est surtout l'état
des fonction s des organes digestif s,
Quelquefois les caux affecten t d'une manière
désagré able les nerfs gastl'Ïqu es; il s'ensuit une
altérati on (les sucs digestif s; dans ces cas remplo i
d'un élixir stomach ique une heure avant le l'epas
peut conveni r, mais c'est tout-à-f ilit contrar ier la
nature que (le vouloir fore cr l'aplllltit à l'époque où
lcs eaux commen ccnt à agir SUl' les obstacle s intérieurs de la digestio n, pOUl' les mettre en mouvement, ou lorsc!ue ces obstacle s y sont déjà, Il faut
support er cette pério(le avec patience , écouter la
voix de la nature, et prench'e très peu (l'alime ns; le
plaisir en ~evin(1ra
d'autan t plus grand lorsque
plus tarli avec la diminut ion Ile lamalad ie principa le,
l'appéti t et les fones lligestiv cs Re réveille nt. Les
médicam ens stomach iques nuiraien t en cette occasion, S'il existe un abattem ent nerveux , le meilleur moyen pour y remédie r sera une petite quantité d'un vin généreu x, Il devient plus importa nt
d/emplo yer des médicam ens s'il y a une constipa tion opiniâtr e; car alors l'abclomcn se gonfle, Les
malades éprouve nt de la pesante ur, un sentime nt
Ile pression ; la tête est affectée ; le cours naturel
�PUEMllm E PARTIE.
123
des matière s alvines a besoin d'l1tJ'e rétabli; pour
cet effet les lavemens sont les moyens les plus
simples; s'ils ne suffisent pas, l'on donne, le soir
avant le eoucher de petites doses d'un léger laxatif, teillar exemple que la magnés ie (une ou deux
cuillerées à café), des sels neutres , la crême de tartre avec la magnésie, un peu de poudre ou d'infusion de rhubarb e ou de séné, selon l'individ ualité
tIu malade.
Des bains sont souvent combinés avec l'usage
intérieu r des eaux minéral es, et dans tous les endroits posséda nt des BOUI'ces, on trouve aussi des
établissemcns pour les bains minérau x, lors même
que ces eaux ne servent principa lement qu'aux
médications intéI'ieures,
Les bains, surtout ceux d'eau tiède ou presque
ehaude sont, sans nul doute, un moyen accessoire
importa nt et souvent indispen sable dans les cures
par les eaux minérales, On eonçoit que ces eaux
portées sur la surface cutanée ne produir ont pas
dans le corps des changem ens différcns de ceux
que détermine leur usage intérieu r; il s'ensuit que
l'emilloi simulta né (le la même eau, en bains et a
l'intérie ur, sera en général fort convenable. Il arrive même assez fréquemment qu'on se trouve réduit à l'usage externe de cette eau, soit parce que
l'estoma c ne la support e pas, soit parce que prise
6-
�124
PREMIÈ RE PARTIE.
en boisson , elle provoque des congestions ou des
hémorrh agies. C'est ce qu'on voit assez fréquemment a Eger et il Pyrmon t, surtout si les malades
ont pl'éalablement employé des eaux thermal es,
comme celles de Carlsba d ou (l'Embs. A Embs la
même chose arrive aussi chez les personn es très
délicates.
Un fait constaté llar l'expéri ence dans ces clifférens endl'oits c'est qu'à l' aide des bains seuls on
peut déjà opérer dans le corps une révoluti on très
avantag euse, et l'on peut (lire que toutes les eaux
Pl'oill'es à l'usage intérieu r peuvent égaleme nt servir,
avec avantag e, à l'extérie ur, sous forme de bains.
Mais si les bains d'eau minéral e sont en général indiqués en même temps que l'usage intérieu r
{le ces caux, cela n'empèchc pas que l'emplo i des
bains dans les médications intérieu res ne soit soumis à plusieurs restrieti ons, que eommande d'un
eôté l'aetion simultanée d' un même moyen sur
deux surfaees du eorps, et d'une autre côté la nature de l'organe cutané, sur lequel les bains portent leur premicre action.
Pour bien apprécier le degré d'utilité des bains
d' cau minéral e, il faut tenir exactem ent eompte, du
mode d'action partieulier, qu'ils doivent à leUI'
température. J'entrer ai d' abor(l dans quelques détails sur cette dernière,
�PREMIÈRE PARTIE,
125
Les bains froids sont regardés comme toniques
et assez souvent ils montrent cette propriété; tels
Sont par exemple les bains de mer, Mais leur effet tonique ne devient salutaire que sous certaines
conditions fort limitées et les caux minérales froides qui ont pour la plupart une température de
10° Réaumur ne serviront guère ù former des bains
froi(ls, Ces bains ne peuvent fail'e que du mal
' toutes les fois qu'il y a de gl'an(les stases dans la
circulation de rune des trois cavités viscérales; et
dans tous les cas où , la vitalité cst trop abaissée,
I.e IH"emier effet dcs bains froids dépend probablelllent du contraste de leul' température avec lc .legré de la chaleur normale du corps, entretenu [lal'
un acte continu de la nature animale, Ils absorbent subitement une grande partie (le la chuJeur
animale libre, ct prolluisent ainsi une grande impression sur l' acte de la vie; celui-ci est choqué
immédiatement ,d'autant plus que la condition essentielle du développement ct de l'entretien de la
vic végétale et animale est un certain degré de
chaleur atmosphérique, La substance nCl'veusc,
en pal·ticuliel', ne tarde pas à s'engourdir ou à être
frappée de paralysie et privée de la vic, si la soustraction de la chaleur extél'ieure est trop grande .
Si donc le [lromiel' effet des bains froids est une diminution des actes vitaux, l'indication de leur em-
�126
PRE~lIÈ
PARTIE .
ploi suppose que les forces sont en bon état, et l'on
ne peut s'expliq uer leurs effets salutair es que par
la réaction général e et augmen tée qu'ils provoquent dans ces cas, réaction :l. laquelle succède une
nouvelle harmon ie dans l'état vital des dül"érens
organes . Il me semble plus que probable, que la
générat ion ou le développement de chaleur sensible, propre à notre corps, est commc toutes les
autres fonctions animale s, un l·ésultat dc l'action comhinée dl, Bang et de la suhstance nerveuse.
Les anomalics de la chaleur animale, soit dans
le corps entier, soit dans certaine s parties seulement, ses changemens brusques et instanta nés. et
les différenccs qu'elle of1rc dans différentes parties, ont sans doute pour cause immédiate une disproportion donnée entre ces cieux agens de la vie;
CIll" la product ion de la chaleur dans un corps
est
d'autan t plus parfaite ct plus unifol'lue, que la vie
est plus parfaite et qu'il y a plus d'harmo nie entre
la vitalité du sang et celle du systèmc ncrveux ;
nous voyons, au contrair e, des irrégula rités clans
la calorification sc manifes ter à mesure quc nous
apercevolls des traces cl'un état malacle soit clans lc
sang soit tlalls le système nel·veux. Je crois donc
que les bains froids devienn ent salutair es en provoquunt unc réaetion fOl· te, qui a pour résultat une
�PREMJÈ RE P ,\RTlE.
127
augmen tation de la chaleur sensible, et qui fiuit par
rétablir l'harmo nie et l'équilib re entre l'activit é
nerveuse et celle du sang, qui était cntreve rtie par
l'impression du froid.
Cependant il est plus importa nt de connaît re
les cffets des bains tièdes et chauds pOUl' savoir
employer convenablement les bains d'eaux minérales. Une temp éruht1'e bien app1'op1'iée est, sans
nul doute, la condition la plus essentielle des effets salutair es des bains; on ne samait donc la détermine r avec assez de soin.
On peut distingu er sous ce rapport les bains tièdes et les bains chauds. Parmi les premiel's je comprends ceux qui ne donnen t pas la sensatio n d'une
chaleur augmen tée, mais qui font plutôt une impression agréabl e et l·afraî'cllÎssante. Sous les bains
chauds je comprends ceux qui éehauffent réellement, qui aifectent la tête, occnsionnent un sentiment de défaillance et de faiblesse nerveus e, et entretienn ent une sensatio n prolong ée de malaise.
Les degrés de la tempéra ture des bains chauds ne
Se laissent pas détermi ner d'après l'échelle du
thermomètl'e, parce que la faculté de support er de
la chaleur varie déjà beaucoup chez l'homm e en
santé, et bien llius encore dans diverses maladies.
On peut seulement dire d'une manière général e,
que 24° Il 280 Réawnu r font la tempéra ture d' un
�128
PREMIÈ RE PARTIE.
bain tiède, et que les degrés plus élevés appartie nnent aux bains chauds.
L'effet de ees deux gradatio ns de la chaleur des
bains sur le corps est bien différent. Les bains
tic(les ralentis sent un peu le pouls et laissent un
sentime nt d'agilité , de fraîcheur, et d'hilari té; les
bains chauds au contrair e, accélèrent le pouls, produisent la sensatio n d'un excès de chaleur et laissent le corps dans un état d'abattement.
Les bains tièdes sont donc certaine ment trèssalutair es dans la plupart des cas de maladies
chroniq ues; soit qu'il y ait un affaiblissement, un
abattem ent (les forces nerveuses, soit que la vitalité du sang se trouve sous le poids de principes
étrange rs, et que le sang ait besoin de se raréfier ,
de s'épanouir, afin d'expul ser ces principes morbides.
Les bains chauds, au contrair e, dcvicnnent facilemcnt nuisiblcs par la sur-exc itation qu'ils produisent. Il ne faut les employer que lorsqu'u ne
forte excita tian vitale llcut avoir lieu sans danger
et lorsqu'o n en a besoin pour mobilisel" des principes morbifiques, tels que des dépôts d' humeurs
morbides sur les nerfs, dans les cas dc goutte l'entrée, d'érupti ons cutanées répcl'cutées, etc, J"es
bains tièdes favorisent le rétablis sement de l' équilibre de l'nction nerVeuse dans tout le COl"pS, ct
�PREMIÈRE l'ARTIE.
129
sans contre-dit aussi la réparf:tion plus uniforme
du sang. Bien loin d'affaiblir directement (idée
qu'on a enfin abandonnée), ils llréparent plutôt la
répamtion des forces, en régularisant l'action des
différens systèmes et organes.
Mais cela n'empêche pas que l'usage des bains,
SUrtout lorsqu'on prenel une eau minérale à l'intérieur, ne soit soumis à dc fréquentes restrietions. Les eaux minérales, dont la température
est tièdc, lorsqu'elles sont mises en contact avec
la surface du COl·pS doivent néeessah·ement exciter
l'action de l'organe cutané, et non-seulcment l'activité nerveuse, mais aussi ia faculté assimilatrice
de cet organe. Ce dernier elfct ne saurait êtl·c
sans importance, car il est de fait, (lue par l'usage
prolollgé des bains simples, on a guéri les maladies les plus opinilltres, même l'épilepsie, ct plus
souvent encore nous voyons céùer aux seuls ]Jains
d'eau minérale la goutte, lcs suites de maladies
cutanées, supprimées, ou mal jugées par des crises
incompV~tes.
La peau est l'ol·ganc dans lequel le
système nerveux a ses origines llérillhériques, et
eomme tel, elle est très-susceptible des impressions externes. Les bains provoquent, à la sm·face
du corps, une activité augmentée et toute particulièrc, ct dcla unc puissante excitation se propage
aux fonctions et aux organes intél"ieurs. S'il ex-
6 **
�130
PREMIÈ RE PARTIE .
iste alors de grands obstacles intérieu rs, il la ch'culat ion du sang, les bains sont difficileUlent supportés, ou ne le sont llOÎnt du tout, surtout si les mêmes eaux sont simulta nément prises a l'intéric ur.
L'applic ation <les eaux sur deux organes diffél'ens
produit un effet répamlu SUl' deux surfaces <lu
corps; le travail de la nature en est nécessa irement
doublé, et les malades en sont trop souvent excessivemen t affectés, s'ils doivent en même temps
boire les caux minéral es et les emilloyer sous forme
de bains.
Selon mon opinion il faut donc renonce r, dans
ces cas, à l'emploi des bains d'eau minéral e, lorsqu'ils produis ent trop de fatigue et de sur-exc itation, ou des congestions sanguines verS les organes
importa ns, ou lorsqu'i ls exciten t des aJI'eetions locales internes qui pourrai ent devenir dangere uses,
comme par exemple, des (Ioule urs de lJOitl'ine.
On ne les mettra pas en usage dès le début de
la cure, mais seulemc nt lorsquc le corps se sera déjà
habitué à l'eau minérale prise al'intérie ur, ct s'il
est possible, lorsque celle-ei aura déja protluit du
mieux, surtout (lans les cas où il y a des stases huluorales .
Les bains ne seront jamais employés que d'une
manière conforme au but de la médieat ion intérieure, et ù une température telle qu'une sensatio n
�PREMIÈRE PARTIE.
131
de bien-être et de soulagement en soit le résultat.
On les administrera donc en génél'al, à la température tiède; il n'y a que les eaux ferrugineuses, qui
Sous certaines conditions, lleuvent être employées
à une température plus fraîche.
J'ajouterai à ces préceptes généraux quelques
remarques spécialement applicables aux bains des
eaux minérales dont nous allons nous occuper.
Les eaux ferrugineuses, dans lesquelles abonde
l'acide carbonique, forment sans contredit les bains
les plus vivifians. Pris à une température tiècle ces
bains produisent la sensation du bien-être le plus
complet; ils réparent les forces sans fatiguer. Ils
sont donc souvent très-utiles pour des èures complémentaires et l'on peut s'en sel'vÎl' pour des cures
completes, si les eaux li l'intérieur ne sont l1as supportées sans inconvénient, Les eaux d'Eger, de
Pyl'lUont et de Spa méritent de grands éloges sous
ce rapport.
Les eaux de Marienbad contiennent peu de fel' ;
elles sont plutôt chal'gées d'acide carboniclue et de
quelques sels; les bains y sont moins exeitans mais
plus agréables, On emploie fréquemment à Marienball, des bains de gaz ct des bains de limon ou
de bourbe, Nous en parlerons encore a l'occasion de ces caux,
A Emba les bains forment presque le moyen
�132
PRE MIÈ RE PAR TIE.
prin cipa l de la curc ; et il est vrai
de dire qu'i ls y
sont doués d'un c etli.cacité tout e part
icul ih·e . Pris
Il une tèm péra turc tièd e, ils répa
mlc nt un calmc .
sing ulie r sur tout lc syst ème et leur
effet cons écutif n'es t pas moins bienfaisant.
A Carlsba(l les eaux qu'o n boit
scrv ent auss i
aux bain s, nota mm ent celles de la
sour ce appclée
Mültl1n'unnen; ou bien l'on écha
uffe l'ea u de la
riviè rc, en y mêl ant celle du Sp1'udel
qui est très chaude, Conune on a pou r but,
en employant les
eaux de Carlsbad, (le met tre en mou
vement des humeu rs stag nant es, de prov oqu er
l'alUolissement
ct l' épanouissement des humeurs
épai~
siées et
presque endu rcie s auxquelles on
veu t rend re leur
fluidité natu relle , les bain s y para
isse nt être très Men à leur place, mais ils ne sont
pas bien supp ortés par tous les malades.
Cela peut dépendre en part ie de ce
qu'o n oublie
les soins pou r une tem péra ture eonv
enable èt appropriée au besoin de chaque mala
de, de man ière
que le bain ne sur- exci te pus; cela
peu t auss i tenir, d'un autr e côté , au gen re de
maludies cont re
lesquelles ces eaux sont prin cipa lem
ent emp loyé es;
or ces maladies cons isten t le plus
souv ent en des
obstacles à la circulation du sang
dans l'ab dom en;
et l'exp érie nce enseigne que les
bain s tiMe s sont
d'au tant moins supportés, que ces
obstacles sont
�PREMIÈRE PARTIE.
133
grands, et qu'il y a pal' conséquent plus de disposition aux congestions vers des parties impOl;tantes
nu maintien de la vie, Enfin la nature des eaux
peut y être pOUl' quelquè chose; car les caux de
Carlsbad tendent à augmenter l'expansion du sang,
et à provoquer dans cc liquide des mouvemens intérieurs, tels que l'emploi simultané Iles bains, ct
des eaux à l'intérieul' peut aisément donner lieu Il
une trop forte réaction,
Il me semble donc qu'il est préférable de ne
pas lH'escrire ces bains dùs lc début tle la cure; ct
qu'il vaut mieux de ne les essayer que plus tard,
en observant, s'ils conviennent ou non. On n'y
insistera pas si le malade se trouve sur-excité ou
échauffé après les avoir {Iris, L'on sait aussi qu'à
Cadsbad les deux tiers au moins, des malaùes ne
font pas usage des bains, et les mécleeins de ces
eaux, en général, n'en font pas un très-grand cas .
Dans les cures llar les eaux minérales artificielles on peut sans doute aussi employer des
bains; on prescrira pal' exemple, des bains savonneux, pendant qu'on fera prendre intérieurement
les eaux (l' Embs ou de Carlsbad; des bains aromatiques ou chargés de sels ferrugineux, rlUl'ant l' elllploi intérieur des eaux artilieielles d'Eger ou dc
PYl'lnont; mais Une faut jamais négliger d'examiner avee soin si le cOl119 supporte bien cette dOll-
�134
PREMIÈUE PARTIE ,
hie médication, et dans cc cas l'c1l"et des eaux en
sel'a certainement augmenté; il n'y a qu'une règle
à observer, e'est ùe ne pas prendre le bain avant
(lue la digestion de l'eau prise il l'intérieur ct du
déjcûncr ne soit complètement opérée, et de laisser
passer s'il est possible un intervalle de tl'ois ou
quatre heures entre l'usage interne des eaux et ce~
lui du bain.
�D EUX 1 ÈME PAR T 1 E.
})e l'emploi des ea1t.'V minérales nalw'elles
et u1'Uficielles de Cadsbad, Embs, IJla1'ieltbad, Ege1', Pyrmont et Spa.
Nous avons envisagé, dans les chapitres prece11aus, les points de vue généraux <lu mode d'action,
Ùes propriétés ct du mode d'application dcs caux
\lui viennent cl' être nommées; et j'y ai rattaché les
idées qui me sont propres, sur la nature des maladies appelées chroniques. Je vais passer maintenant
liUx préceptes pratiques les plus importans, concernant les propriétés et le mode d'emploi Je plus
convenable de chacune de ces eaux, afin dc fixer
d'autant mieux lcs cas des maladies dans lesquels
on pourra en faire une juste application. Je m'ar\'èterai davantage sur les eaux dc Carlsbad ct d'Eger, parce que lcs premieres sont en quelque sorte
les l'eprésentantes des eaux thermales altérantes,
:
.
:
"
,
~
l':~
- lOW;-Béi~
~:=-
\;...-
'
-=
J ~J\
~
-=::::-==
�136
DEUXIÈ ME PARTIE.
tandis que les dernière s occupen t le premier degré
des caux tonique s ou ferrugin euses.
Dans la comparaison qu'on peut établir entre
les six eaux minérales nommées, on peut (l'abord
saisi!' le point de vue de leur tempéra ture qui est
chamle ou froide, ct ensuite celui de leur action
sur le corps humain, action qui est ou principa lement altérant e, ou principa lement tonique .
Les caux de Carlsbatl ct (l'Embs sc distingu ent
par leur tempéra ture chaude, avec la différence que
ces dernière s ne provoqu ent point l'activit é du
canal intestin al, mais favorise nt la secrétio n de
l'urine et la transpir ation cutanée . Les eaux de
Carlsl)U(l, !lU contrair e, ont une tendanc e à favoriser les évacuat ions alvines, les mines ct la sueur.
J~a
chaleur (le ccs eaux communique sans doute un
cal'acterc l'Ipéeial ;\ leur mode (l'activité, et leur
donne des propriét és qui renfore ont non-seu lement
en elles-mêmes les etl'ets de leurs autres principe s
actifs, mais qui les remlent aussi plus pénétra ntes,
cn compar aison des eaux: froides, Leurs effets
s'étende nt à une plus grande profond eur dans la
matière animale, que les effets des cauX froides,
et c'est ce qui les met au rang (les moyens altél'nns les plus énel'giques,
J~cs
cauX de Marienb ad, Eger, Pyrmon t ct Spa
sont il eonsidél'er comme autant de gradatio ns des
�DEUXIÈME PARTIE.
137
caux ferrugineuses quoiqu'elles présentent enWelles <le grandes différences. Celles de Pyrmont
representent les eaux purement ferrugineuses, l"iches en acide carbonique. Leur propriüé est fi'anchement tonique, c'est-à-dire qu'on peut les regarder comme propres à perfectionner directement la
IIInsse de l'organisme animal. Les eaux tIc Spa
Sont une copie de celles de Pyrmont. Dans lcs
eaux d'Egcl' et de Marienha{l la propriété tonique
se perd à mesure que la quantité du fer diminue,
Ilt que la proportion des sels neutres et alcalins
Va croissante pour faire prédominer plus ou moins
la propriété altérante et apéritive, ou la mettre en
é'lliilibre avec la propriété tonique. Les caux d'Eger, qui sont tres-vivifiantes, provoquent la' plupart du temps quelques évacuations alvines par
jOUl', où bien clics maintiennent la régularitc do
ces évacuations; mais dnns d'nutres cas elles constipent facilement, et elles sont mal suppol·tées
lorsqu'un etat de pléthore, ou des maladies locales
des organes abdominaux les contre-incliqucnt.
Quelquefois leur effet laxatif a 110lil' cause leur
basse tel1é~aU'
; la même chose se voit souvent
Illissi à Pyrmont, mais cette purgation n'a point
(Peffet salutaire SUI' la maladie, si des désol'dres
profonds dans les organes abdomiIlaux en font la
base. Le J(reutzbrunnen de Marienbad pro([uit en
�138
DEUX1È ME PARTlE.
général , un meilleur laxatif que les eaux d'Eger.
Le Fm'dinandsln'unnen (source Ferdina nd) lui-même, qui contien t plus de fer et moins de sels que le
!{,'eutzbl'ulInen, purge souvent aussi bien que les
eaux d'Eger. Ces dcux sources lll'oduisent sur lc
système entier un effet moins tonique que celles
d'Eger, On peut les considé rer comme des médicamens provoqu ant d'une part une dépurat ion plus
active du sang, par la voie des secrétio ns, qu'elles
augmen tent en favol'isant l'évacua tion des humeurs
viciées par les selles Oll par les urines, et d'autre
part C01l1n1e des moyens toniques ferrugin eux et
chargés d'acide carbonique, comme les eaux de
Pyrmon t.
I. De l'emploi de8
eallX
de Carlsball.
Les caux do C(wloba cl, ct nommément la source
du Sp,'udel furent découvc rtcs en 13'70 pal' l'cmperem Charles IV. Elles occupen t un des premiers rangs parmi les sources d'caux médicinales.
Elles n'ont jamais pcrclu leur grande réputati on,
même à l'époque de la médecine brownie nne où
tous les médieamens laxatifs étaient redouté s eOlnme des moyens très-dan gereux.
J"es eaux de Cadsba d sont, jusque- là, restées
'iniques dans lem' espèce, ct (lans la renommée
�DEUXIÈME PARTIE.
139
qU'elles ont acquise de guérir souvent encore les
maladics les plus opiniâtres, qui ont résisté à tout
autre traitcmcnt et à toutes les autres eaux minél'ales, Les sources dont les eaux sont employées
dc l'~féen
à Carlsbad diifèl'cnt entl"cllcs sous
le rappOl't de leur température, Le Spl'udel est la
source la plus chaude (1650 Fahl'cnh , ou 59° R.),
'frois autres sourecs <lont la chaleur est graduelle-lll.ent luoindre sont: le N eubl'lmnen, mélliocl'ement
chaud, (1450 F. 50° R.); le Mültlbntnnen, moins
chaud (128°-129° F, 43° R.) etle TM1'èsienbl'un1ten tiède (122°-23° l~. 40{-0 R.) Une autre source
appelée le Scltlossbl'unnen avait disparu depuis la
l'évolution qu'avaient subie en 1809 les eaux de
Carlsbad; mais elle reparut spontanément en
automne 1823; son cau est tiède à un :faible degré et h'ès-mousseuse ail sOl,tir tIe la teue. Cette
source est située
une hauteur assez eonsidél'able.
Les eaux de Carlsbad sont tout-a-fait limpides
et mousseuses au sortir de la source. Le Sp1'ltdel
forme une forte colunne d'cau, qui s'élève par seCOUsses et avec bruit; les autres sources sont
{Ilus faibles, non bruyantes, mais leurs eaux
Coulent aussi par intermittences et comme par pulsations.
La quantité d'eou que fournissent les sourecs
a
�140
DEUXIÈ ME PARTJE,
de Carlsba d est très-con sidérabl e, Le Spl'udel en
donne environ 330 livres par minute, ct l'cau qui
sort pal' quatre autres ouvertul"Cs, s'écoule par une
fosse de neuf aunes de long et contena nt trentc-s iJ'
quarts; de manière qu'il s'en écoule 36 godets (Eime1', dont un contien t soixante -douze pots ou quarts,
chacIUC pot de deux livres) par minute, Ces calculs
sont cependa nt trompeurs, Il y a de plus un grand
nombre de sources qui s'ouvre nt dans la rivière du
Toepel, ct enfin une source chaude considérablc, audessous du Neuln'ulInen, à qui on adonné le nom de
Bemhardsb1'unnen, et dont les eaux ne sont bues
que raremen t,
Toutes les sources de Carlsba(l sc distingu ent
par leur richesse en carbona te de soude, en sulfate
de soude ct en acide carbonique, dont la majeure
paltie appartie nt toutefois aux bicarbonates, Elles
contien nent aussi un peu de carbona te de protoxid e
de fer (ia- de grain par livre suivant M, Berzeliu s,
et les moins chaudes une moindre quantité encore) .
Mais on peut soutenir sans se tromper , que (lans
les sources chaudes la quantité llu fer s'élèvc souvent ;\ -Ar de grain, tandis qu'elle n'est souvent
que de ,?Tf de grain pal' livre dans les sources moins
chaudes.
Lasaveu r cie ces eaux cst légcl'ement saline, alcaline, mais ni astringe nte, ni désagréahle, On
�DEUXltME PARTIE,
141
lcs compare à une eau de poulet légère; on est
bientôt habitué à leur usage et l'on ne trouve ricn
(lc désagréable dans leur saveur. Les eaux du
SPl'udel sont trop chaudes pour être portées à la
bouehe autrement que par petites portions qu'on
pUis il la surface et qu'il faut extremis lab1'is
gU8t(u'e. On ne peut même se hasarder d'avaler
hardiment une gorgée des eaux de Neuln'unnen;
aussi cela n'est-il pas nécessaire.
Quoique les eaux de Carlsbad ne produisent pas
uue impression rafraîchissante, à la manière des
ferrugineuses froides, les malades les pl'ennent eepenetant volontiers; et quoiqu'elles purgent dans
la plupart des cas, elles affaiblissent ordinairement
si peu l'estomac, qu'elles augmentent l'appétit plutôt que de le faire ùiminuer, J'ai même souvent vu
les eaux ùu SjJ1'ltdel calmer des douleurs d'estomac.
POUl' micux fairc connaître l'cfficacité de ccs
caux, je vais maintenant tracer une histoirc fidèle
de leurs effets durant la cure.
Elles ont pour etfets généraux sensibles, une
légère purgation, avee des selles assez liquides,
Itlais sans la moindre colique; il est très rare deles
'Voir procluire d' abord des nausées, si ce n'est ehez
des personnes extrêmement délicates ou difficiles,
Olt dans quelques cas où les organ cs digestifs sont
�142
DEUXIÈME PARTIE.
très-malades. Elles favorisent ensuite d'une manière très marquée les sOCl·étions urinaires et cutanées; mais en même temps elles excitent dans le
sang un mouvement exalté et disposent aux congestions vors la tête. Un seul verre du SjJ7'udel
occasionne quelquefois un sentiment de pression,
de constriction dans la tête, ou des vertiges ct de
la pesanteur, Pendant la dUI'ée de la cure les malades se trouvent souvent fortement alfectés, lourds,
pesans; ils éprouvent des doulems ct (le la pression (bns l'abdomen ct celui-ci sc go·nfle. Ces acci<lcns sont proportionnés a la gravité de la maladie et au degré d'opinilitreté de la constipation.
Fréquemment les effets purgatifs manquent cheil
les malades qui ont une grande disposition aux oùstruetions, et j' ai même vu fort souvent lies malalies chez lesquels l' usage de ces caux donnait lieu
a la constipation, qui précédeflUllent n'avait pas
existé. Mais pour l'onlinaire les caux de Cadsbad
ne purgent que peu-a-peu, durant les progrès
de la cure, ct alors leur effet licvicnt de plus en
plu s sensible, a mesure que leur aet.ion altérante
rétablit plus completement les conditions internes
de l'état normal des évacuations nll'ines. Elles
lU'oduisent alOl's des diarrhées critiques, souvent
très-fortes, pour un jour ou lieux; puis le lemlemain la même quantité d'eau provoque peu ou
�DEUXIÈME PARTIE.
143
point d'évacuations. Un phénomène que j'ai observé constamment c'est que la disposition aux:
obstructions qui arrive sous l'usage de ces eaux,
lIlarchc toujours cn parallèle avec un gonflement
du ventre; et je ne puis me douter que ceci soit le
réSUltat des eaux qui, après av oir pénétré la masse
animale, commencent à ramollir et à rarifier les organes souvent rctrécis et comme racornis, et à pro\l'Oquer de leur léthargie les humeurs presque concrétées dans' leur vaisseaux ou dans le parenchyme
et il les réduire à la liquéfaction. Beaucoup de malades ont il traverser cette période; elle commence
plus tôt ou plus tard, après huit a quinzc jours, et
dure plus ou moins long-temps suivant la résistance que trouvent les eaux. Cette marche de
la natUl'e et ce procédé de son action médicatrice peuvent aussi fort bien s'observer il l'extérieur, dans les cas (l'indurations glandulaires; (lans
l'intéricur de l'abclomen on les reconnait il l'aide
d'un examcn fréquemment répété. l.es Ol'ganes
l'Italades, et en particulicr les glandes, augmentent
graduellcment de volume, devienncnt sensibles et
lttême douloureuses au toucher, pour se ramollir
Pell-à-peu, et perdre de leur volume jusqu'à ce
qU'eHes disparaissent. Les organes abdominnux
dans cette période paraissent au toucher dans Ull
état de mollesse comme laincuse. L'acte de l'évo-
�144
DEUXIÈME PARTIE.
lution et du l'amollissement avec gonflement sent*
ble s'opposer à la fonction évacuan te des intestin s;
et le médecin doit comprendre la voix de la natUl'C
et connaît re ses besoins, afin de diriger la lutte li
l'avanta ge du malade. Un graml nombre de mal a*
des s'aperço ivent à peine de cette période, d'autreS
la traverse nt en trois il sept jours, cItez (l'autreS
encore elle dure des semaines et même jusqu'à la
fin de lu cure; alors celle-ci peut même rester sanS
résultat . Beaucoup <le malades se laissent intinti*
deI' llur-là ct n'osent plus continu er les caux,
croyant qu'cLIcs ne convien nent point a leur état,
parce que leur appétit se perd ct que leur digestio n
sc fait mal. C'est ainsi qu'on prend souvent poUl'
une débilité d'estomac produit e par les eaux, l'état
qui doit nécessa irement accompagner l'évolut ion
du mal, et qui n'est qu'un degré de transitio n tIc la
maladie à la guédso n, degl'é pUI' lequel il faut que
le mala(le l,usse absolument, Cet état n'est pas un
affaiblissement de l'estoma c par l'effet des caux,
mais il consiste en une diminution momentanée de
la fonction des intestin s ct des évacuations alvines ;
et le l,établissement des conditions intel'lles de ces
fonctions se préparé ,-plutôt durant cet inter*
valle, LOl'sque l'évolut ion est parvenue à son
ma,l:imum (les évacuations abomlantes sc font sans
<liffieulté, et un soulagement général en est la
�145
DEUXIi::ME PARTIE,
Suite; le malade sent ses forces augmenter, la tête
dcvient libre, la ùonne humeur revient, l'appétit sc
reveille et avec lui la faculté digestive,
D'autres malulles ont des accidens dûs il l'état
de pléthore (ad votumen des anciens); ils sc sentent échauffés, leUl' sommeil est agité, la tête
lourde, il y a des vertiges, il se manifeste des aceidens 11émorrhoïllaux avec de fortes douleurs dans
ln région du sacrum ct dans l'aùdomen; d'autres
fois il se forme des tumeurs à l'anus, ou il y a de
l'oppression de poitrine, que soulage tantôt une hé1l10rrllagie nasale, talltôt un flux hémonhoidal.
Cct état exige les soins du médecin; souvent il faut
l'ceoul'ir aux sang-sucs ou à la saignée, pour préVenir des accidens sérieux, tels que des hémonhagies violentes pal' le rectum ou par le YOlnissement,
des hémoptisies, ou même l'apoplexie,
Si des maladies accidentelles, et principalenient des fièHes, se développent pendant la cure,
leur cametere, d'après mes observations, est, sinon f.'anchement, du moins en général inflammatoire; le pouls est large et plein, la chaleur augIllentéc; des inflammations locales, pal' exemple du
fOie, des poumons, viennent ordinairement s'y join<
dre; on oùserye en même temps les signes (rUne grande fermentation dans l'intérieur (le la masse sanguine ; tels sont, par exemple, une rougeul' intense et
7
�146
DEUXIÈME PARTIE.
plutÔt foncée de la peau, une disposition aux hémorrhagies, des urines épaisscs, des sueurs; plus tard
ces maladies tendent quclquefois vers lc caractere
typhode; celui-ci cependant nc devicnt que rarCment préclominant ; il se manifeste surtout unc tendance à augmenter les seerétions biliaire ct muqueuse, et les crises se font ordinairement par
cette voie.
Lorsque la cure de Carlsbad est achevée, le degré d'abattement que beaueoup de malades avaient
éprouvé jusque-là, cesse de lui-même et sans le secours d'aucun métlicament. Si la maladic est vain~
eue, les fonctions de l'estomac, des intestins et des
nerfs se l'établissent et l'estent en bon état; le malade n'a qu'à s'abstenir encore pour quelques semaines de tout travail fatigant du cerveau et des
organes digestf~;
en ménageant ses forces ill'établira l'harmonie tle l'organism.e avec lui-mêIlle.
Si la maladie n'a pas été vaincue, les anciennes
ineommoclités continuent ou s'aggravent même.
Le médecin doit les poursuiVl'e sans cesse, .avec
circonspection, et en connaissance de cause. Asse\!
souvent des crises spontanées et imprévues se fout
apl'cs plusieurs semaines par (les vomissemens ct
une dial'rhée, auxquels succède du soulagement;
quelquefois aussi il se développe apI' ès un traiteUlcnt cOl1l'enah lc une maladie fébrile qui se ter-
�DEUXIÈME PARTIE.
147
mine par la guérison de maux chroniques préalaLIes; ce qui prouve quc la nature avait encore besoin de cet orage pour dégager de tout obstacle son
activité vitale.
Malgré l'efficacité, pleinement confirmée par
l'expérience, des eaux de Carlsbad pour guérir des
nlaladies opiniâtres, j'ai cependant rencontré bien
des cas d'affections chroniques, où les malades, apres
IIvoir suivi une cure de six semaines il deux mois,
Sont revenus sans qu'on eût pu observer le moindrc
changement dans leur état En tirant une conclusion
précipitée d'un fait isolé, de cette nature, on aurait pu faire croire à un homme peu instruit que ees
eaux sont aussi innocentes (lue toute autre eau de
fontaine. D'autres malades reviennent dans un état
pire selon l'apparence; mais en se soumettant dans
les années suivantes iL une seconde, ou même il une
troisième cure, ils arrivent souvcnt eneore à une
guérison radicale, surtout si leur médecin connaissait l'art de suivre un traitement' convenable dans
les intcrvalles.
Ccs oas importans et très-opini,\tres sont
propres à convaincl'c les malades et les médecins, que chez beaucoup d'individus c'est la nature ct l'intensité de la maladie, et non pns
l'inefficacité des médicamens _ ou l'ignorance du
lIlédecin, qu'il faut accuser, si les maladies chl'o-
7*
�148
DEUXIÈME PARTIE,
niques font quelquefois long-temps attendre leur
guenson, En effet elles sont souvent si opiniâtres que l'on conçoit sans peine, pourquoi des
médecins, plein de connaissance et de jugement
sc découragent si fréquemment et al)andonnent
la méthode lorsqu'ils sont chargée de traiter des
cas semblables, et llourqnoi beaucoup (l'autres
médecins répugnent d'entreprendre le traitement
Iles maladies cJuoniqlles, Ce traitement exige de
l' expérience, et il faut avoir apI,ris à connaître
cette grande tenaeité (le certains maladies, pour
suivre avec calme et assurance la route qu'on s'est
tracée, et pour ne pas devenir chancelant dans le
plan thérapeutique qu'on s'est formé avec de mûres réflexions, Cette opiniâtreté de beaucoup de
maladies fait le tourment des malades, mais
aussi celui dcs mélleeins; eUe engage les premiers Il changCl' fréqucmmcnt (lc médecins; et
ces dernicl's à change,' souvcnt de méclicamens .
Or, (lans les deux cas, le résultat est presque tou~ cin
.jours très-fucheux pour le malade, Si lc métl
abandonne son point de vue, s'il prescrit des médieamens, conuue un homme tàtonnant dans les tén èbrcs; il ne peut tomber dans le bon chemin que
(l'Ir aeeirlent; La même ellose arriye quclcluefois
sont
aussi an charlatan; mais les fausses routes n~
que trop nomhreu ses, Si le .malade, (Cluoique saUR
�DEUXIÈME PARTIE,
149
s'apercevoir que son médecin chanoelle dans sa
Iné(lication) le change contre un aun'e, il en résulte SOUvent, que ce dernier, n'ayant point suivi
la ntarche (le la malr.die, en méconnaisse le fond, et
alors la guérison n'en devient que plus difficile, ou
en est retarclée, Voill'! pourquoi la guérison des
Inaladies cluoniques, ohez les personnes peu éclair~es
est souvent entourée de diffioultés infinies et
luême insurmontables, Fréquemment même des
malades sensés, dégoutés pal' la longue durée de la
maladie, sc laissent entrainer, tantôt il s'abandonUer il la nature, tantôt il employer des moyens irrationels, tels que des drastiques "antés comme
remèdes secrets; tantôt enfin à consulter un médecin après l'autre, ce qui est un moyen certain pour
ne jamais guérir, ou pOUl' payer avec la vic.
Quant aux maladies dans lesquelles, selon
l'experience généralement confirmée les eaux de
Carlsbad produisent les effets les plus salutaires,
on y compte toutes les stases humorales dans les
organes de l'abdomen, et spécialement dans le
foie, la rate, l'utérus, les glandes, le système entier de la veine porte; la dyseJ'asie llituiteuse du
sang, et celle que les anciens ont si bien désignée
Sous le nom de constitution atrabilaire, les fièvres
quartes opiniâtres, les hémol'l'hoùles sèches, les
calculs biliaires, ct Ul'inaires, l'al'thl'itis, Ccs eaux
�150
DEUXlhm PARTIE.
jouissent aussi d'une grande réputation, contre
certaines maladies dites nerveuses, pal' exemple,
l'hypoehondrie, ct la mélancolic, l'amaurosc. Par
contrc, l'cxpérienee n'a que trop bien démontré
que s'il y a une pl'édisposition à l'hydropisie ou a
la phthisie, ees maladies sont faeilement l,rovoquées par Pcmploi des eaux de Carlsbad. JJes indurations véritables des glalllies et des viscères,
au lieu d'en ètre diminuées, tendent lllutôt a passer
Il une suppuration de mauvaise qualité. Certaines
dyscrasies hwnoralcs, par cxcmple, celle du scorbut cn sont aggravées; la dyscrasie scrofuleuse en
est cOlTigée sous certaines conditions. Ces eaux
sont encore nuisibles (lans lcs suppurations internes, les fièvres (à l'exception des ticrces et des
quartes, dans des circonstances déterminées) dans
la débilité vraie et gén.éraJe, chez les personnes
ayant le système nerveux très-délicat, et par con.séquent dans la plupart des maladies nerveuses,
dans les cas de débilité considérable (les organes
digestifs, de disposition a la diarrhéc ou a cles évacuations excessives de sang ou d'autres humeurs;
dans l'état d'épuisement pro (luit par des pertes excessÏl'cs; enfin l'on sait qu'elles s'accordent mal
avec le prin cille syphilitique, qu'clics démasquent
ou dont elles aggravent les accidens.
Mais on aurait grallli tort rie sc laisser guider
�DEUXIÈME PARTIE.
151
Uniquement, ou de préférence par le nom ou la
forme de la maladie, pOUl' reconunander, ou rejeter l'emploi des eaux de Carlsbad. Il est sans
doute forte utile de connaître les formes morbides,
telles que nous les préscntent les systèmes de noSologie; mais cette connaissance ne peut nous fournil' que des aperçus généraux, d'après lesquels le
Caractère que revêt une forme morbide, ne permet
qu'avec peine ou sous de grandes précautions, d'aVoir reoours aux eaux. Mais un (levoir absolu
POur le médecin, c'est de savoir rechercher et
découvrir avec précision quels sont lcs élémens
morùidcs internes, (lont la forme d'une maladie donnée a été le produit, s'il veut donner
des cons cils bien fondés, conformes à la vérité
et au but qu'il veut atteindre. Nous renvoyons
le lecteur à ce qui 11 été dit dans le troisième
chapître SUl' la valeur qu'il faut attacl1er aux
fOl'mes des maladies, ct SUl' les différens états intérieurs que peut couvrir une seule et même
forme chez différens malades. Ici je fais encore reUlarquel' en pal'ticulier, que dans certains cas d'hy\lropisie ascite, ou de catarrhe chronique avec expectoration aùondante, épaisse et même colorée,
j'ai non-seulement permis l'usage des eaux de
Carlsbad, mais aussi j'ai vu guérir les malades.
Ceci a cu lieu plus fréquemment encore dans cer-
/
1
�152
DEUXlhtE PARTIE ,
tains cas d'asthme et de gêne de la l"Cspiration,
dont la cause immédiate consiste si. souvent (lans
un état morbide des organes dc l'abdomen, ou dans
une altération de la masse des humeurs. 11 en est
de même des maladies nerveuses, telles que la
Chorée qui cst dans la plupart des cas, le produit
d'un état morbide de l'assimilation et dont la guérison est toujours sûre en parcille circonstance,
Pour déterminer avec exactitude les cas où le8
eaux dc Carlsbad peuvent être mises en usage, le
méllecin aUl"a donc besoin d'ètI·c familier avec l'art
de bien cxaminer l'individu malade, afin de fixer
avec pl'écision le degré d'importance de son état
morbide intérieur; il faut, en second lieu, qu'il apprécie avec sûreté et précision, la relation spéciale
de ces eaux avec le corl18 vivant, et leur mode
d'action, tel qu'une expérience constante nous l'a
enseigné,
J'cntrerai ici dans quelques détails, en prenant
pour base les lll'opositions expérimentales qui précèdent, et je traiterai 1 0 du mode d'aetiOll des
eaux de Carlsbad, J'y rattacherai 2° , leur mode
d'al)plieation dans les différentes maladies, afin de
Illieux assurer le traitement de ccs maladies par le
moyen des caux, 3 0 , Enfin j'indiquerai les propriétés qui distinguent chacune des sources cn particulier, afin de faire eonnaîtrc les eireonstllnceij
�DEUXIÈME PARTJE,
153
ces où l'on peut les employer avec le plus d'avantage.
1 0 • Quant Il leur mode d'action, ces eaux ne
Sont a) ni débilitantes par elles-mêmes, ni simplelIlent laxatives, mais b) elles sont altérantes; elles
pénètrent dans le procédé de l'assimilation, pour
le modifier, ainsi que la composition des humeurs
Vivantes; elles excitent dans ces dernières une activité propre, (une espèce de fermentation vitale,
accompagnée d'une raréfaction et d'une chaleur
augmentée), activité dans laquelle on ne peut méconnaître la tendance Il se terminer par une dépuration humorale, par une séparation de matières
animales, destinées il être éliminées par différentes
voies.
Sous le point de vue de la détermination négative des propriétés de ces eaux, on voit déjà
par ce qui précède combien est incomplète et
fausse l'idée de ceux qui ne font reposer l'efficacité
(les eaux de Carlsbad que sur leur propriété purgative. Car ouh"e le fait que les médicamens purgatifs ne se bornent pas Il provoquer une évacuation, en irritant immédiatement les intestins, on
observe aussi fréquemment, que les eaux de Carlsbad guérissent des maladies graves, quoique les
nUllades soient constipés durant leur emploi, ,l'ai
réUSsi, il y a sept ans, il expulser complètement, en
7* 1';
�154
DEUXIÈl\IE PAR TIE,
trois jour s, un téni er, par les moy
ens ordi nair es,
chez une malade qui vena it (le faire
une curc d'un
mois à Carl sbad ; elle n'av ait cess
é d'êt re constipée
dura nt cet inte rval le; elle ,iLvait
le ven tre très retr acté ; et elle n'av ait été à la selle
qu'u ne seule
fois, vers le milieu de sa cure, Ces
circ onst ance s
me firen t en part ie deviner l'en nem
i caché, et je
présume que le succès si heu reux
de mes moyens
étai t déjà gran(lement prép aré
par les eaux de
Carlsbad, 11 y a des malades qui
gué risse nt pou r
ains i dire , li force de suer ; on ne
conç oit pas ce
que devi enne nt les matières qu'e xpu
lse O1'dinairemen t le callal inte stin al, à moins
que de vouloit'
adm ettre que la natu re orga niqu
e puisse chan ger
en forme de gaz des mat ière s gros
sière s et palp ables, et obte nir ains i la (lépuration
du corps, Cepen dan t les eaux ùe Carl sbad pUl'
gent en géné ral,
mais (l'une man ière bien plus douc
e que les purg atifs irrit ans, les sels et les mat
ières végé tales
acres, Les malades n'ép rouv ent
aucu n aiTaiblissem ent (le l'est oma c et du corps
enti er, à la 'uite
(le ces évacuations alvines liquides
, continuelles et
abon dant es, comme après l'usa ge
prol ong é des
eaux amères de Said schü tz, ou de
celles fort analogues de Che lten ham ; bien au
cont raire , ils se
sent ent plus disl10S et leur s dige
stions sont meilleures, Un fait imp orta nt e'cs t ce
que souv ent ces
�DEUXIÈME PARTIE.
155
eaux ne relâchent le ventre qu'au bout de quelques
semaines, et d'une manière progressive; d'autres
fois eUes provoquent à certains jours des explo. sions périodiques par le canal intestinal, explosions auxquelles succède un graml soulagement, et
qU'il faut regarder comme des effets vraiment critiques.
Les eaux de Carlsbad n'exercent pas d'avantage une action débilitante; elles ne diminuent pas
l'intensité ([e la force vitale en elle-même, car les
malades se sentent ol'ùinairement l>lus de forces
, Vers le milieu de la cure, si elle réussit, et la fatigue qui en est communément le premier l'ésultat,
est évidemment la suite de la lutte intérieure, qui
est allumée llar l'action des eaux; la fatigue qui
reste encore il la fin, est une suite du travail longtemps continué de la nature et de l'excl'cice que les
malades ne cessent de se donner; la première
eèdc immédiatement, lorsque les excrétions augmentées ont lieu, et la seconde disparaît bientôt
Ilprès la cessation de la cure. Cette marche ressemble beaucoup à celle qu'on observe dans les grandes
I11édications par le mercure, avec le concours, d'unc
diète sévcre. Les malu(Ies se sentent souvent très accablés, durant ccs médications, mais déjà lcurs for~
Ces reviennent vers la fin, lorsque le principe morbifique a été vaincu; plus tard elles se rétablissent '
�156
DEUXIÈME PARTIE .
très-promptement; et malgré le traitement énergique qu'ils ont subi, les malades revienn ent Il une
bonne santé, sans prendre le moindre médicament
tonique. L'histoire thérapeutique des eaux de Carlsbad nous apprend de la même manière, que leur
action médieatricc ne consiste ni Il fortifier, ni Il
débiliter, ni à purger, mais Il rétal>lir l'intégr ité de
la nature organique, ct dans la plupart des cas;\
renouveler la substance du corps.
Nous pouvons, ai l'aide de médicamens, produire les mêmes effets, quc par les caux de Carlsbad, si la médication que nous entreprenons est
eonçue <l'après les mêmes vues qui nous ,dirigen t
dans l'emploi de ces caux; seulement celles-ci conduiront au llUt> d'une manière plus certaine, plus
promllte, et peut-être plus douce. Mais il no faut
pas vouloir obtenir la guériso n Il force de llUrgations journalières. Malheureusement on n'a point
encore cessé de se méprendre sur cc point. L'usage
eontinuel et journal ier des purgatifs est certainement nuisible ct affaiblit sans guérir; en employant
au contraire des moyens généralement propres Il
remédier aux "ices de la vie végétative, et en tenant en même temps le ventre libre une ou deux
fois par jour, on voit les malades qui ont des affections abdominales, éprouver du soulagement, sc
sentir plus forts, et avancer progressivement vers
�DEUXIÈME PARTIE.
1517
la guérison. Ce relâchement artificiel du ventre,
qu'on obtient par des moyens laxatifs, n'affaiblit
pas le canal intestinal, quoique les évacuations alvines soient molles et même liquicles; il a plutôt
pour effet de soulager. Mais au lieu d'en faire
l'objet essentiel du traitement, on ne le regardera
que comme un but secondaire. J.a plus grande
erreur est celle des médecins qui ne voient dans
cette méthode qu'une médication purgative, et qui
la redoutent ci ce titre. Ceux qui en jugent ainsi,
n'ont jamais reconnue par l'observation pure et
simple de la marche des maladies chroniques, les
voies que la nature tend ci suiVl'e et qu'elle parvient quelquefois ci s'ouvrir, eUe-même, pour arriVer à la guérison.
Les eaux de Carlsbad ne produisent un effet
lll'oprement débilitant, (mais qui est alors bien
certain) que lorsclu'elles sont mal employées, soit
que le malade suive durant la cure un régime alihlentaire et un genre de vie vicieux, soit que les
eaux aient été prescrites mal-a-propos, dans des
circonstances qui en défendent l'usage intérieur;
telles sont pal' exemple les dégénérescences profondes des viscères abdominaux, les squirrhes de
l'estomac, tles intestins, de l'utérus, ou une tendauce prononeée du sang vers la déeoJlll}osition,
unc grande débilité nerveuse générale, un abaisse-
�158
DEUXIÈME PARTIE,
ment eonsi(lérable ou une diminution de' la vitalite,
o'est-à-dire un état trcs-avaneé de débilité vraie,
ou enfin un état d'atrophie des membranes gastrointestinales, qui n'est pas très-rare, Los eaux produisent dans ces cas un affaiblissement relatif, en
provoquant des actes organiques, dans (les ciroonstances, où ils ne pouvent conduire iL aucun resultat heurcux, et où ils no sauraient avoir lieu sans
aggraver la maladie, Mais elles fortifient aussi
d'une manière relative, si la. cause immé(liate de
l'abattement consiste en une obfuscation de la vie
pal' des altérations ol'galliques ou humorales, Leur
effet sur les qualités Ilhysiques de la fibl'e solide,
comllle SUl' les humeurs, est expansif, raréfiant, et
par conséquent relàchant jusqu'à un certain point,
et en apparence afl'uiblissant, L'estomac consel've
quelque temps aprcs leur omploi, une cel"taine susceptibilité contre les fruits crus, quoique d'ailleurs la digestion se fasse bien, Il faut également
oonvenir que l'effet immédiat (les eaux de Curlshad
sur les nerfs n'est pas aussi vivifiant que oelui des
eaux ferrugineuse s et gazcuses froides; ct les personnes faibles et nel'veuses en sont souvent désagréablement affectées ct aocablées, C'est oependant
chez de pareils sujets que j'ai observé assez fréquemment les plus beUes guérisons, lorsque je
trouvais les caux indicluées par d'autres raisons;
�DEUXIÈME PARTIE,
159
il suffisait de ne les faire boire qu'en fort petite
quantité chaque jour. Les eaux étant IJortées dans
le corps, comme la plupart des métlicamens, par la
voie du canal intestinal, il est clair que ce canal Il
besoin (l'être en état (le les élaborer, si elles doiVent devenir uWes, Souvent leur mauvais succès
n'a d'autre cause qu'un état morbide des organes
digestives, qui les contre-indique tout-à-fait, ou
qu'il faut corriger préalablement; ou enfin l'on ne
peut employer les eaux: qu'avec précaution ct en
petites doses, de manière à gagner l)al'la Ilurée l)lus
longue Ile la cure, cc que l'on n'a pu obtenir de
force pal' de grandes doses. Avant de prescrire ces
eaux, l'on examinera donc avec soilll'état particulier de la vitalité des organes Iligestifs, et l'on déconseillera plutôt leur usage, si 011 soupçonne
l'existence d'un état squirrheux de l'estomac, du
pancréas, des intestins, ou l'atrophiée de ces parties, qui se caractérise par une sensibilité excessive, et qui accompagne souvent d'autres transformations morbides et grossières (le ces organes.
Si nous soutenons que ces caux .agissent en
pénétrant dans l'acte Ile l'assimilation, dans lequel
elles provoquent une exaltation dont le résultat
définitif est un changement qui s'opere dans la
substance animale, ..'! la suite de secrétions ct d'excrétions augmentées, nous exprimons le même fait
�160
DEUXIÈME PARTIE
qu'on a désiQné jusque-hl sous le nom de vertus résolutives ou fondantes; car en effet la résolution de
parties indurées du COf!lS est souvent le résultat
final dc la cure; c'est ainsi qu'on a vu quclquefois
des tumeurs cnkystées disparaître, le cal récent
d'un OR fracturé ,guéri l'cu de temps auparavant,
se ramollir, des polypes du nez, tomber spontanémcnt durant la cure. Nous avons observé absolument les mêmes effets pl'esque miraculeux, à la
suitc dcs eaux dc Carlsbad artificiellcs qu'on prépa1'c ici (;\ Drcsde). Quoique les cas de cette esll èce soient rares, on ne peut cependant guère les
l'rendre pour des événemens accidentels, car a.
peine se rencontrent-ils ailleurs, comme d'effets
spontanés de la nature, ct cependant ils se ~présen.
tcnt aussi après l'usage des eaux minérales artifi·
cielles. Si, dans ces cas, l'acte résolutif se montre
iL son plus haut degré, il n'y a point lieu il s'éton·
ner, de ce que nous observons en général, pendant
et après l'usage des caux, des gonflcmcns du foie,
de la rate, dcs glandcs mésentériques, et (les âccu·
mulations d'humeurs concrétées, épanchées (Ians le
tissu cellulaire dc l'épiploon et dcs mesentères; ni
de ce que nous trouvons toujours, qu'alors le corps
perd considérablement de sa masse ct s'amaigrit.
Ces cffets sont les résultats d'une augmentation de
l'activité organique; c'estf ce que les plulnomènes
�DEUX1ÈME PARl'JE,
161
suivans démontrent clairement: pendant l'usage de
Ceg caux minérales il y Il 1 ° accélération de la cirCUlation, 20 la chaleur cst augmentée, 3° l'expansion du sang est !llu s grande, 4° on distingue facilement une époque de coction, caractérisée 11al'
un sentiment de pesanteur, de llaI'eSSe, de malaise,
(lur une chaleur plus inten se, pal' des congestions
etc, 5° , on observe une foi s, ou ù.plusieursrel1rises,
des évacuations critiqucs avec soulagement généraI. 60 Si paI' des erreurs de r égime, assez comInunes, les malades tombent dans une fievre, celleci a toujours le caractcre d'une fi cvre"humorale plus
ou "moins inflammatoire, il laquelle viennent facilelllent se joindre des inflammations locales du foie,
des poumons, ou même des méninges. Ces maladies offrent presque le Inême caractcre que les fièVres élljclémiques, pro (luites par un miasme, c'cs t-àdire qu'on y observe l:Ul1stanullent les signes d'une
altération de la composition des humeurs, Aussi ne
Sont eUes pas franchement inflal1unatoires, mais on
doit les considérer ct les traiter comme des illflalllll\atiol1s et des fièvres composées, et produites par
des principes étrangers, développés dans le sang;
ct le but principal de leur traitem ent est la dépuration des humeurs par les voies d' cxcrétion. '7° JJa
lnÎlme chose est aussi prouvée pal' les hémol'l'hagies qui se déclarent souvent pendant la cure, chez
"
�162
DEUXIÈ ME PARTIE .
les inclividus, qui y sont disposé s; par le gontle~
ment des vaisseau x hémorrh oïdaux; par la grande
agitatio n ct le sommeil troublé, dont se plaigne nt
beaucoup de mala<les, cc (lui nécessite même assez
souvent une évacuation sanguin e général ou locale. J;es émissions sanguin es sont lIe mêmc souvent nécessa ires avant la cure, pour que les caux
puissen t être support ées; 8° dans certaine s cil'~
constan ces on remarqu e même une <lisposition du
sang à sc décomposer. Aussi les caux de Carlsba d
ne sont elles l)as support ées dans le scorbut ; dans
le cas (le prédisp osition, elles détermi nent même
des hydropisies, qui ne peuvent cependa nt résulter
que d'une décomllosition du sang en ses parties
constitu antes; mais en général ces eaux favorisent d'une manière peu commune les évacuat ions
par les sueurs et par les veines. J'ai toujours trouvé, dans les fièvres, comme hors de cct état, que le
sang tiré de la veine est de couleur foneée et sou~
vent d'un rouge briqueté , que sa partie coloran te
rouge tend .l se coagule r en une seule massQ, avec
le sérum et la fibrine, ct que la disposition à formel' une couenne paraît lliminuée. C'est pOUl'
cela que j'appell e composées les inflammations
qui sc développent durant la cure il Carlsba d,
et <lue je les compare aux inflammations mias~
tiques. Ce serait cependa nt à granll tort qu'on nt-
�DEUXIÈl\IE PARTIE_
163
tribuerait à ces eaux la propriété <le mettre le sang
dans cet état, que nous lui connaissons dans les
lièvres putrides épidémiques, ou dans le typhus
Contagieux; car le changement de composition du
sang, d'après les faits précédemment indiqués, cst
plutôt à consiclérer, comme marchent de pair avec
l'activité intérieure, augmentée et exaltée (lu sang;
ct ce changement, dans des circonstances pat-ticuHla'es, peut sans doute aussi aUel' jusqu'à la déeoulposition véritable du sang en ses parties constituantes, (comme dans l'hydropisie), ou jusqu'à
la mort de ce liquide.
Quoique nous nc soyons pas cn droit, de vouloir déduire l'effet général des caux sur l'organisme, de leurs diféren~
principes constituans,
puisque ecs pl"Ïncipes formcnt un comllosé unique,
qui }'cprésente un produit nouveau et particulier de
la nature, cependant la grande efficacité des eaux
de Carlsbad s'explique, jusqu'à un eertain lloint,
par la sOUlIe en grande proportion, le sulfate de
soude, le fer et l'acide carbonique qui s'y trouvent
réunis; chacun de ces corps nous étant déjà sufIisamment connu comme un méclicament actif par
lui-même; la part lIu caloriquc libre n'est certainement pas il negligcr dans cettc appréciation.
Je crois pouvoir fixcl' avec lc plus Ile sùret{:
lcs indications dcs eaux Ile Carlsb;ul (lalls diffe..cns
�164
DEUXIÈ ME PARTIE,
cas morbides, en ramena nt d'abord les conditions,
où elles sout indiquées, aux maladies élément aires,
qui d'après mes principes, (chapîtr e 3,) forment
les élémens internes les plus essentie ls des mal~
(lies et par conséqu ent aussi l'objet spécial de leur
traiteme nt.
En général les eaux ne sont pas indiquées si la
vie, dans sou ensemble, a perdu sa vigueur , quelle
que soit la cause de cet état, Cal' dans ces cas les
eaux ne trouven t aucun objet qu'elles puissen t
coniger , ou bien il est trop tard, de les essayer en~
core, s'il en existe un, Elles sont tout aussi peu
indiqué es lorsque les conditions intérieul'es (l'une
grande intensit é de la vie o.n t licu à un haut degré,
ce qui dispose les fonctions plastiques il dcs excès
d'activi té; les sujets robuste s ct sanguin s sont
par conséqu ent dans ce cas, Si l'emploi dc ces
eaux devient alol's nécessaire pal' (l'autl'es l'ais ons,
il faut commenccl' l,ar l'éprimel' considé rableme nt
cette disposit ion; mais elles sont absolument à l'e~
jeter dans les maladies dont l'essenc e consiJ;te eu
un excès de l'activit é plastiqu e; par conséqu ent
aussi on nc les mettra pas en usage en général , aux
époques de la vie, où le développement du corps
est très~maqué;
que ce développement soit normal
commc celui de la puberté , ou qu'il soit déterminé
par une maladie , telle, par cxemple, qu'une lièvrc
�DEUXIi:ME P.ARTIE.
165
Continue. M~me
aux époques d'évolution des muhlllies chroniques, où ces eaux sont <l'ailleurs indiquées, il faut ou les supprimer, ou ne les employer qu'en petite quantité comme je l'ai déjà dit.
Plusieurs fois j'ai vu résulter de l'usage des eaux
de Carlsbad des effets très-mauvais et funestes
Pour les mala<les, dont l'affection avait proprement
Pour base cet état que je vomIrais nommer une
intensité (turgescence) morbide et exaltée du sang;
et dans lequel j'ai reconnu le principe d'un grand
nombre de cas (le maladies chroniques. Je n'entends
pas désigner par-là un sang 'substantiel, dont la
qUantité est sur-abonclante par rapport à la capacité
des vaisseaux (car les veines relachées peuvent contenir beaucoup de sang, et dans quelques mala(lies
du coeur elles contiennent certainement jusqu'aux
{. de la masse sanguine, sans qu'il en résulte de
graves accidens; je ne puis donc accorder une
grande importance à la pléthore ad vasa). Je ne
parle pas davantage (l'un simple épaississement
du sang; mais (le la présence (l'un sang bien constitué, dans un état de concentration, et dans une
proportion qui surpasse de beaucoup le besoin du
corps. En y attachant l'idée, sans doute fort
juste, que le sang jouit de la vic, et que sa vie est
liée a sa composition matérielle, on conçoit facilelllent, qu'un état de concentration de la masse du
�166
DEUXIÈ ME PARTIE.
sang peut finir par entraînc r dans ce liquide un
excès de force, une intensit é relative ment trop
considé rable de celle-ci ; d'abord sous le rapport du
bcsoin du sang pour certains constitu tions, surtout
à certaine s époques de la vie, et ensuite sous celui
de la l'clation du sang avec la substan ce nerveus c ;
et comme ça, une disprop ortion entre les deux leviers essentiels de la vic en est le résultat . L'expéricncc confirme complètement la justesse dc la
manière d'envisa ger l'origin c de beaucoup de caS
lIes maladies sous cc point de yue (dont on ne s'est
pas saisi jusqu'à présent, mais dont les mé(lecins ont
eu déj1'l une idée obscure (lepuis bien long-tem ps).
Si dcs femmes d'un âge moyen viennen t 1'1 Carlsbad,
ayant une maladie, qui est le pl'oduit de cet état,
elles ne tardent pas il devenh' beaucoup plus souffrantes. Si les nerfs étaient déjà auparav ant sous le
poids de cet état, fai vu unc profon(lc mélancolic
en êtrc la suitc; un organc était-il (lisposé à une
dégénér esccnee ,jc voyais bientflt celle-ci se déclarer; un cancer dc l'utérus , par exemple, 'e développait, dans des cas, où les médecins ordinair es
n'avaie nt pu remarqu er auparav ant aucune tracc
de l'existen ce d'un squirrhe . Chez des hommes
adultes, qui lIprès (woir été trOll abondam ment
nourris (lans leur enfance, avaient été chargés ,
Lientût après dc soins et de travaux , par suite c1cs-
�DEUXlk~
PARTIE.
167
quels ils se trouvaient affeetés de différens aecilIens graves du système nerveux et des fonctions
digestives, de manière qu'on les prenait pour des
hypocondriaques, fai vu très-fréquemment la cure
par les eaux de Carlsbad aggravel· la maladie, et
Ces eaux n'être nullement supportées. Elles provoquent, chez d'autres, des hémorrhagies violentes,
SUrtout par l'anus; et d'autres malades encore
tOll1bent dans une fièvre aiguc, pendant la cure. Je
ne puis assez appeler l'attention sur cet état du
sang, qui se trahit moins par la pléthore, que par
les signes (l'une pression exercée sur les nerfs, et
par le dérangement de la <ligestion, sans qu'il y
ait de signe d'un autre vice de cette fonction. Il
mérite une attention toute particulière llarmi les
diverses altérations des humeurs, qui forment les
conditions intel·nes et essentielles de beaUCOU!l de
maladies cln·oniques, et sans l'appréciation exacte
desquelles on ne sera jamais heureux dans le traitement, soit par des médicamens, soit par les eaux
minérales. J'ai traité ce sujet avec un peu plus de
développemcnt dans le mémoirc cité plus haut, auqUel je suis obligé de renvoyer. Les malades de
Cette espèce ne guérissent que peu-à-peu par la dilllinution Ile la llIasse sanguine, moyennant (les
saignées modérées fréquemment répétées, par une
\liète végétale très-légere, et par des mérlicamens
�168
DEuxd~M
PARTIE .
rafraich issans et délayans, Il se lleut que la cure
de l'abstin ence, ou pal' une dicte aqueuse et trcspetite (Hunge rkur, qu'on a mise en vogue de nouveau de nos jours, et dont on abuse malheureusement trop fréquemment) devienne quelqucfois
Iltile, pal' l'abstin ence et la médication mercurielle,
dont clle se compose, contre la base morbide (lont
il s'agit, quOiqU'OR ne s'en (loute pas; mais les malades auraien t certaine ment pu recouvr er leur santé
à meilleu r compte que par une cure aussi hél'oïcLue,
Les états morbides auxquels les caux de Carlsbad sont le mieux appropriées, sont ceux où la vie
est à regarde r comme gênée, comme obscurcie par
un principe étrange r que l'organi sme s'est approprié; mais dans ces cas même, elles ne sont encore
indiquées que sous ùes conditions déterminées, dépendant de la manièl'e dont ees états se sont engendrés par Iles causes intérieu res,
POUl' me l'cuch'e plus clair je vais analyse r ces
conditio ns; j'exami nerai les états mo1'lJide8, dans
lesquels el les peuvent exister, sous le rapport de
partics fIe notre corps, qui sont 'le principal point
Ile départ; je lcs envisag erai d'ahord en général ,
Ibns lcur rapport av ce les lmmew' s vivmlles , le
systeme nerveux , et les tisSlts solides, ct ensuite
Sll()cinlell1ent, ùans leul' rapport avec les diJ~7'en8
�169
DEUXIÈME PARTIE.
organes du corps, qui se composent de ces éléIUeus.
Nos eaux trouvent sans contredit leur application llrincipale dans lcs états que je noml!le avec
les ancicns, dysc7'asies des Ttumeul's vivantes,
RUl'tout dans ceux qui se sont engend1'f!s pl'imitivement pm' l'influence d'un ail' vicié, d'alimens
de mauvaise qualité, notamment chez les _sujets
qui mèncnt unc vie sédentaire, C'est ici qu'il faut
placer les constitutions atrabilail'e et pltlegmatique, noms qui, étant hien compris, pourront trèsbien être conscrvés comme désignant dcs vérités
expérimentales collcctives, dans la détermination
desquellcs nos sages ancêtres étaient d'cxcellens
Inaitres, Dans la dyscrasie pituiteuse (phlegmatique) des humeul's la formation du sang paraît être
arrêtée dans un dcgré imparfait de son développelIlent; dans la disposition atrabilaire il semble
passer trop promptement à l'état de carbonisation
ct être surchargé de matière animale décomposée.
La première se trahit par un aspect bouffi, pâle et
décoloré de la peau, par un faux embonpoint, un
Sentiment de lassitude, lu lenteur du pouls, la pal'esse de toutes les fonctions, un enduit tenace reCOUYrant les mcmbranes muqueuses, un goût fade
ct pâteux, enfin pal' une digcstion mauvaise et par
la paresse du vcntre, La seconde à son tour se CI1-
8
�170
DEUXIÈJ\1.E PAR'l'JE.
ractérise pac une teinte jaune-verd:itre, un peu
foncée de la peau, par la suspension de la digestion
et des évacuations alvines; par des selles bruneS,
noirâtres, pal' des signes de stases sanguines ùallS
le système de la veine porte, jusqu'au gonflement
des vaisseaux hémorrhoïdaux, et principalement
aussi paT une mauvaise humeur très-marquées par
une anxiété morale, de la brusquerie, de l'irascibilité et une di.sposition aux congestions sanguines vers la tête, ou la poitrine, etc. Ces états
sont très-fréquens, et doivent ordinairement leur
origine à un défaut de rapport entre la quantité et
la qualité des alimens d'une part et le véritable besoin de la nature et les forces digestives de l'autre.
Les indivi!lus qui mènent une vie tnlllquillc ct sédentaire sont surtout disposés, tantôt à l'un, de ce~
deux états et tantôt il l'autrc, et le second sc renooll'
tre particalièrement chez ceux: qui sont liln'és à des
trnvaux d'espTit fatigans,ou iL Ilcs aff'ections lIlOl'.Illes.
D'après le peu de connnissanccs qui me sout
devenues propres sur ln nature de L'orgalll 'me silitl
et malalte, un granù nomlu'e d'affections ch l'ouiques générales, ayant une forme déterminée, ont
pOUl' base 1eR vices fondamcntcux (llLÎ l'iennCJlt
cl'êtl'e sigualés; et l'on ne peut Les guérir alLtl'Cment, qu'en favorisant un échange intégral deS
matériaux malades des procédés plastiques de l'ol"
�DEVXIÈM,E PARTIE .
171
ganisme; cc que la nature dem,ande clairement par
les symptômes de l'état surchargé des voies d'excrétion. Les parties solides prenncnt une part
trcs immédiatc à ces états; lcs accidcns ct les
SOlttfrances qui en proviennent essentiellement,
peuvent prendre des formes extrêmèment variées,
scIon la dilférence de la constitution, et sc manifester dans le trouble des organes les llius divers,
ainsi que dans celui des fonctions neneuses. Ces
sYlUlltômes sont par exemple un sentill'lent d'oppression, de l'anxiété, un état de mélancolie, des
spasmes de toute espèce, un engouement muqueux
Il la gorge, de la toux, de l'oppression de poitrine,
des douleurs de tête et dans d'autres parties, de la
constipation, !les anomalies <le la digestion. J,a
nature !le la maladie est toujours la même, et nos
eaux sont pm-faitement pl'opres a la combattre, si
bien que l'amélioration ne tarde guère il se manifester dans l'état du malade, pal' les traces d'une nutri.
tion plus parfaite, une plus grandc fermeté des chain
un teint meilleur, une plus grande vivacité des yeux
et une certaine hilarité dans les traits de la face.
On dirigera la cure, daus t.:es états, d'une ma·
nière dilférente, scion que l'état général du malade illilique un état de llaresse de l'activité organiq ue, ou bien le réveil d'uue activité augmentée;
Car dans ecs maladies la nature cst également sou-
8*
�172
DEUXiÈME PARTIE.
mise à des oseillations périodiques entre les deux.
extrêmes. Dans les périodes <l'évolutions, comparables aux fièvres actives, on prendra les eaux en
moindre quantité, et si malgré cela la sur-excitation va trop loin, on cherclle à la modérer par des
moyens l'afraichissans, ou même l)ar des émissions
sanguines; on peut aussi suspendre l'emploi des
eaux, ou ne faire prendre que celles dont la température est moins chaude. En un mot le méciecin
c11erchera ;\ donner à l'action <le l'organisme un
degré moyen d'intensité, et à l'y maintenir, comme l'on fait dans le traitement (les ficvres. Ordinairement les malades de cette espèce supportent
tres bien nos eaux, et la plupart d'entr'eux peuvent les continuer sans interruption, pourvu qu'ils
y aient été disposés et préparés d'après les règles
précédemment indiquées.
La dyscrasie des humeurs vivantes se maniteste fort souvent de préférence (lans la lymplle
animalisée et pal' suitc dans le système lymphatique et dans les gluIHles. 1)our désigner ces états
l'art a presque exclusivement a(lopté l'expression
lIe disposition scrofuleuse. Quelque vague que
soit cette dénomination, si on l'emploie toujours
pour désiguer un seul et même état fondamental tIc
la IYlllphe, elle mérite cependant il' être conservée, pourvu qu'on la comprenne bien, pour
�DEUXIÈME l'AnTJE .
173
désigner une infirmité primitive de la lymphe,
infirmité de laquelle peuvent résulter une foule
d'affections (lue nous connaissons sous le nom de
maladie scrofuleuse. Cet état consiste en une
élaboration imparfaite de la lymphe; il a souVent sa cause dans l'hérédité, et au fond il indique
un état d'infirmité de l'ensemble de l'organisme,
qui se prononee seulement de préfél'ence au preInier degré 'de l'acte végétatif. Cet état . est souVent congénial, ainsi que nous l'avons dit, mais il
est développé, ou engendré pal' un air eorrompu,
bumidc, et qui ne sc renouvelle pas, et pal' des alilTlens grossiers et trop abondans, surtout par les
farineux et par les graisses; la lymphe en est altérée dans sa composition intime.
Dans eet état nos eaux ne sont non-seulement
supportées mais deviennent souvent aussi nécessaires, comme les moyens curatifs les ,plus énergiques; cal' pOUl' obtenir la guél'ison, il faut corriger
les matériaux vivans de la nuh'ition pal' l'échange
des principes étrangers. Mais ce serait une grande
erreur que de vouloir faire employer ees eaux à
tout malalle, et surtout aux cnfans, à la première
remarque que le système lymphatique est affecté,
Ce système n'est pas isolé dans le corps, de manière qu'on puisse le supposer le seul malade, lorsque la maladie s'y manifeste de préférence ; au
�174
DEUXIÈME PARTIE.
contraire les accidens morbides de cc système marchent le plus souvent de pail" avec ceux du sang
dans les veines, et les affections qui se déclarent dans
l'un des deux systèmes se communiquent bientôt à
l'autre, et réciproquement. Nous pouvons les regarder comme deux degrés d'un seul et même système, ou plutôt la lymphe comme une gradation
infériem'e du sang. Aussi lcs dyscrasies primitives
du sang se communiquent toujours a la lymphe et
vice-verste. Sous cC point <le l'ue on peut donc
dire alors, qtle les eaux de Cadsbad sont indiquées
«lans les scrofules, sous les mêmes conditions dans
lesquelles elles sont aussi salutaires dans les dyscrasies du sang, c'est-a-dire, lorsque la malmIie
est primitive, et immédiatement produite par des
influences nuisibles cxtél·ieures.
Mais la disposition scrofuleuse entrave et retarde le procédé de la nutrition et du développement
des organes; les glandes lymphatiques s'obstruent,
se gonflent, se transfqrment enfin en tissus morbides, et passent par exemple a la dégénérescence
tuberculeuse; ou bien h une époque moins avancée
elles s'enflamment et suppurent et occasionnent
ainsi fréquemment des phthisies llUlmonaires, le
marasme, et des phlegmasies chroniques dan~
les
glandes mésentériques. La période de cet état
morbide est par conséquent bien à eonsid ' rer avant
�DEUXIÈ ME PARTIE.
175
qu'on se décide à conseiller l'usage de nos caux.
EUes n.,e sont indiquées que dans la première pél'iOlle, très-peu déjà dans la seconde, 10lfsqu'.i! ya
imminence d'inflammation et de suppuration. A la
l'érité la nature Sauve encore assez souvent le malade, dans ces ca. , en détruisa nt par la suppuration
des portions entières !le glandes mésentériques engorgées, de la même manière qu'elle suit si soul'ent aussi. avec les glandes superficielles; mai!;
tians les circonstances où l'on doit craindro cotte
issue, c'est toujours une tentativ e hasardé e, de
Soumettre le malade à l'action de ces moyens énergiques. D'ailleu rs, eomme il est de fait que ces
caux tendent puissamment à fondre les glandes
lymphatiques engorgé es; il n'est pas douteux
qu'elles ne mériten t d'être essayées· toutes les
fois qu'on n'a [laS de raison fondée pour présum er,
que le passage à la suppunttion est peu éloigné ou
très à crain cIre ; c'est-à- dire IGrsque ces indurations sont indolen tes, et lorsque la constitution
n'est pas détériorée par une diminution véritabl e
tles forces et .le la nutritio n. Elles sont, au contraire, absolum ent contr'in diquées dans ces derniers cas, ou lorsque leur influence sc signale pal'
la débilité des poumons, la disposition a. la toux,
l'oppression de la respiration, et plus encore par la
disposition à l'hémop tysie; ou lorsqu'i l y a lieu à
�176
DEUXIÈ ME PARTIE.
soupçonner, que les glandes ont déjà subi une
transfor mation complète, en une masse tuberc~
leuse, dont le développement ultérieu r aboutit à la
fonte avec production d'un poison destructeur. Il
faut remarquer de plus, que chez les enfans on ne
doit employer nos caux qu'avec grande précaution.
Elles sont trop énergiques pour les individus scro~
fuleux Il un haut degré, et il faut également S'CD
abstenir chez les enfans très-délicats ou fort susceptihles. L'état général de ln vie aussi bien que
le degl·é d'affection morbide des glandes et des différens organes, li la nutritio n desquels la lymphe
a une très-gra nde Il art, sont donc à bien prendre
en considération, avant que nous puissions recommander les eaux de Carlsbad, même dans une dyscrasie primitive de la lymphe.
Mais la lymphe aussi bien que le sang, tombent
de bien d'autres manières du .. !! des dyscrasies contre lesquelles nos eaux ne sont point à employer, ou
bien ne le sont que sous des conditions très-res treintes. Souven t elles sont ducs à des empois"onnemens spécifiques, par exemple par le mercure, l'arsenic, le cuÏ\'l'e, ou par des maladies contagieuses incomplètement jugées. JJa rougeole et la scarlati ne
en particul ier donnent assez souvent naissan ce 11
des affections ehroniques de toutc espèce, même de
nature nerveus e; ces aft·ectiolls ne cèdent que 10rs-
�DEUXlhm PARTIE,
1'77
qu'on détruit leur cause première, et leur guérisoll
s'obtient, quoique lentement, lors même qu'elles
se Sont emparées de la vie nerveuse, comme il arrive si souvent. Dans ces cas l'on peut bien faire
Usage tIe nos eaux, pourvu que ce soit avec précaution ct en (loses modérées; il faut seulement les
éviter dans la maladie mercurielle déclarée, Dans
les suites chroniques des empoisonnemcns par lc cuivreje les ai vu réussir parfaitement; il cn est tlemèmc
des suites de virus 1Il0rbifiques, pourvu que la vitalité du système entier ne soit pas tombée t1'op bas.
Les dyscrasies s'engendrent non moins souVent d'une manière secondaire, c'est-à-(lirc, à la
suite d'humeurs secrétoircs morbides, qui restent (lans l'organisme, ou ll'hulI\eurs développées
dans des organes détruits ou dégénérés, Dans ee
dernier cas nos eaux sont naturellement toujours
contr'indiquées; si, nu contraire, une dyscrasie
est produite llm' une maladie du foie ou (es reins
ct par les liquides que ces organes seerètent; l'application de nos eaux dépen!l de l'état morbide particulier de ces ol'ganes, dont il sera question plus
tard, Les formes morbides allpelées eaellectiques,
eomme la chlorose, le scorbut, l'hydropisie, sont
dans le même cas. Ces formes ont pOUl' causes deI;
élémens intérieurs (le différente espèce, ct le plus
SOUvent clles sont des maladies très-eoJllpliquées,
8* *
�178
DEUXIÈ ME PARTIE .
en sorte que pour juger si nos caux leur conviennent, il faut absolument connaît re leur pathogénie
(lans l'individu donné.
J'en viens aux cas dans lesquels les eaux de
Carlsbad trouven t leur application, sous la condition, que la vitalité tlu système nerveux soit a regarder comme obnubilée et gênée par des principes morbides étrange rs.
Nos caux ne sont point applicables lorsque
l'acte morbide se passe immédiatement dans le
système nerveux, ou lorsque celui-ci, dans son entier, ou dans certaines parties du système nerveux
de la vie végétative est à considérer comme frappé
rl'imperfection et d'une débilité réelle, que cet état
soit congénial ct originai re, ou produit par des influences postérieures. Elles ne le sont pas d'avantage lorsque la vie nerveuse, étant au moment
d'une évolution, jouit d'une grande excitabilité, et
lorsque cet état contien t la raison des accidens
morbides . Il faut, en général , user tl'autan t plus de
précaution, que le système nerveux est plus susceptible, parce qu'il cède alors facilement aux fortes impressions et tombe dans l'accablement.
Dans une maladie due a une désorganisation du
système nerveux lui-même, nos eaux ,n e lleuvent
que nuire; on ne peut guère les employer non plus,
dans les maladies (lépendant de vices organiques
�DEUXIÈME PARTJE.
179
dans les membranes et les os qui enveloppent la
llloëlIe; car ces eaux préparent, à la vérité, une meilleure végétation, mais celle-ci n'en est pas directeIUent favorisée, et leur action énergique nuirait plutôt, lorsque la substance médullaire est comprimée et
atrophiée par l'oppression exercée par les enveloppes malades, ou lorsqu'elle est débilitée ' par un
épalJ.chement sérieux, suite ordinaire des états mentionnés. Ellcs sont, par contre, applicables lorsquc
la vitalité du système nerveux peut~êr
regardée
Comme olmubilée, par les états morbides de la vie
végétativc, que les eaux de Carlsbad guérissent
aVec sftreté. Or ceci arrive dans une infinité de
formes morbides chroniques, même dc celles qui se
prononcent en grande partie, ou pl·incipalement
comme des maladies nerveuses. Elles ont fort
souvent pour base (l'un état morbide des humeurs
Vivantes, ou une affection grave et locale de l'appareil digcstif; le marasme chronique général avec
abattement du courage, l'llypocondrie, la mélanColie dans ses différens degrés, jusqu'au dérangeIllent des fonctions intellectuelles; beaucoup de
IUaladies spasmodiques, et surtout la chorée, en
foumissent des exemples. Dans ces caS nos eaux
fendent le plus ordinairement d'exeellens services.
Leur usage n'est (lonc pas contr'incliqué par les
Spasmes en eux-mêmes, et (le la même manicre Olt
�180
DEUXIÈ ME PARTIE.
ne les rejetera pns toujours, lorsqu'i l y aura un excès
de sensibilité, pourvu que cet excès ne soit qu'un
symptôme concomitant de l'évolut ion d'une mal~
die fondamentale qui peut se guérir par les eaux (le
Carlsbad. Seulement, à ces époques de la maladie, il
faut les allministrer avec précaut ion, à petites doses,
et en choisissant celles qui ont le moins <l'énergie.
Je passe aux conditions sous lesquelles nos
caux sont incliquées, dans les états morbillcs des
parties organiq ues solidcs, et par conséqu cnt aussi
des lliffércns organes en particul icr. Beaucoup de
maladies nous al>pal'aissent comme ùes abnorJlLités
du tissu des organcs, qui se trouve changé dans
son yolmue, sa consistancc, sa fOl'mc, etc., ct nous
sommcs accoutumés à regardc r ces états comme
des effets d'un rclâche mcnt, et d'un afiblse~
mcnt vital des fibrcs, qui pel'mettent au sang de
s'accumulcr ùans les vaisseaux, Ile lcs (listcndl'c, ct
mêmc Ile s'extrav aser dans le tissu celluleux (les
organes. On appelle aussi ces maladies du nom
d'obstructions des viscères, de stases du ' sang
dans les vcines, surtout ùans celles de l'abdomen,
etc. Mais l'cxpéricnce a depuis long-temps ullpris
aux mérlecins, li distingu er dc cet état des organes, un autre qui est celui de l'incluration ct de la
dégénéreseencc organique. Je l'envoie à ce que
j'ai dit précédemment Sur la natul'C spéciale de ces
�DEUXIÈME PARTIE.
181
états. Le dernier est éviclemment le produit d'une
végétation morbide; les llremiers, au contraire,.
Sont bien des états anormaux, dans lesquels on
peut démontrer une infirmité de la vie des parties
nlalacles, mais ils sont encore du nombre de ces
ltlodifications de l'acte végétatif, qu'on peut espércr de fairc rétrograder. On lleut l'egarder ces
états morbides comme des obstacles partiels li la
vie qui dérangent l'harmonie de l'ensemble, C'est
sous ce Il oint de vue qu'ils deviennent des objets,
qu'il faut bien prendre en considél'ation clans l'emploi des eaux de Carlsbad, Ces états se rencontrent
de llréférenee, et très-fréquemment dans les veines
Ile l'abdomen en général, ensuite dans les organes
abdominaux eux-mêmes, surtout dans le foie ct la
rate, mais aussi dans les parois de l'estomae et des
intestins, et clans les parties génitales des deux
sexes, Le foie et la rate y sont souvent considérablement gonflés; nu reetum ils se manifestent par
le gonflement des veines hémorrho'idales; la même
ehose arrive clans toute l'étendue du canal intestinal,
eHl n'y a aucun doute, que les anciens avaient raiSon de dériver beaucoup d'affections abdominales de
cet état val'iqueux de la veine porte, et (le le désigner
ROUS le nom cl'hémorrhoïcles internes, L'engorgement des glandes abdominales est li regarder comme un état fort analogue, et marche ordinairement
�182
DEUXIÈlIfE PARTIE.
de pair avec ces hémorrhoïdes. Malgré le vague de
cette dénomination d'hémorrhoïdes, on peut cependant la conserver, pourvu qu'on la comprenne bien.
Selon mon opinion ces états tiennen t a. une vitalité morbide (les organes abdomi naux; mais bien
loin d'avoir pour base nécessa ire une débilité générale et simple, ils ont plutôt pour cause principale, tantôt, et le plus souvent un état d'imperfection originai re du sang ou de la lymphe, ou dans
des cas plus rares, une débilité des nerfs abdominaux, qui a pour résultat un J'etour plus lent du
sang vers le coeur. Dans le premier cas la cause
éloignée cOl.siste ordinair ement dans une imperfection de la masse des humeurs, qui cherche a. sc
décharg er par le foie, ct opprime ainsi cet organe.
Cependant la vitalité du sang de la veine IJorte, ct
de la lymphe dans les glandes mésenté riques peut
certaine ment aussi être grandem ent affectée par
voie immédiate ct directe, par suite de fabsorll tion
de substanceR mal rligé.·ées dans le canal intestin al.
Enfin ces états peuvent aussi être les suites, ef les
phénomènes coneomitans de transformations organiques, soit des vaissea ux eux-mêmes, soit des
parois intestin ales, soit du tissu (le la rate et du
foie. Ce sont ces engorgemens ou ces obstruc tions,
que l'on peut combattre tout-a-f ait de préférence
à l'aide de nos eaux. Il ne s'agit que de bien dé-
�DEUXIÈME PARTIE ,
183
terminer si un état de cctte nature a sa prenuere
base dans le sang, ou s'il a déjà passé à une dégénérescence permanente des vaisseaux et des organes, Dans ces derniers cas l'effet f;\cheux de nos
eaux n'est pas moins certain, que leur effet trèssalutaire dans le cas contraire. Si les causes principales d'une maladie de cette espèce sont de graVes influences sur le système nerveux, comme par
exemple des peines, des chagrins, des évacuations
Spermatiques excessives, les eaux. de Carlsbad peuVent s'employer encore souvent, pourvu que la débilité nerveuse ne prédomine pas trop, tandis qu'il
existe des signes d'un grand embarras des fonctions par suite de l'état d'imperfection des hulUeurs accumulées, Les dérangemens de la ligestion engcmlrés à la suite du vicc de la masturbation se guérissent encore assez fréquemment par
un emploi bien entendu de ces eaux,
Je vais constater l'utilité des l)rincipes généraux jusque-là établis, en y rattachant l'emploi de
nOS eaux dans les maladies des g1'ands appa1'eils o1'ganiqltes qui remplissent la cavité de l'abdomen, du thol'ax ct du bassin, L'appareil digestif
forme un ensemble complet (lans notre corps; les
nlaladies des nombreux organes dont cet ensemble
se compose, sont déjà en elles-même tres-diverses
ct d'cspe
très-différentes, et leur diagnostic
�184
/
DEUXIÈME PARTIE.
n'est pas toujours facile à cause des relations réciproques de ces organes entr'eux; mais cette difficulté est encore douhlée, par la connexion étroite
de cet appareil avec le corps entier, dont je viens
de parler. Cependant les eaux cIe Carlsbad étant
!larfaitemellt bien appropriées a un grand nombre
des maladies de cet appareil, il est très-nécessaire
de connaître exactement ces maladies ainsi que
leur rapport avec l'ensemble du système, pour leur
opposer avec succès les eaux (le Carlsbllli.
Je commencerai par dresser uu tableau Iles
cas dans lescluels il convient de s'en absteuir.
Elles sont fort souvent très salutaires dans des
cas où les sym!ltômes nerveux qui accompagnent
une malaclie cn.font juger autrement le médecin peu
instruit. Mais les cas contraires, où elles nuisent
ne sont point rares non plus, quoique la cause
llrincipale d'une semblable maladie, qui les contr'indique, soit très-cachée. Je vais donc énumérer
les principaux cas de cettc naturc.
L'estomac, l'intestin, ct surtout lc recttUll sont
sujets ù. de grandes altérations; les llarois du premier sont souvent considérablement amincics, dans
quelques clHlroits ù. côté desquels on tl'ouve l'induration. C'est ce qui a fréqucmmcnt licu, surtout
dans la région du pylore. Pcndant long-tcmps lcs
malalles en souffrent peu, ou bien, ils n'~t
que des
�DEUXIÈllIE PARTIE.
185
douleurs et de prétendues crampes d'estomac, qui
reviennent sans cause connue et sont très-aigues.
J'ai observé le cas d'un malade, qui avait (l'abord
bu, pendant quinze jours les caux de Carlsbad; ct
comme elles ne paraissaient pas lui convenir, il
était allé, pour un temps égal, boire les eaux d'Eger. II succomba à la suite de plusieurs attaques
très-violentes de gastralgie, d'abord après sa eure
et eneore en voyage. du retour, et 11 J'autopsie
on reeonnut une rupture de l'estomae dans le
Voisinage du pylore. Une gastralgie très-violente,l'evenant sans cause connue, par des accès
périodiques, et sans signes de calculs biliaires, est
donc grandement à respecter.
Les retrécissemens des intestins, aux enclroits
où leurs Ilnrois sont devenues calleuses, sc trahissent orùinairement par des vomissemens revenant
périodiquement il des heures fixes allrès ]e repas;
par la constipation et pal' des douleurs cOlTespondant au siège du mal; plus tard il y a des douleurs
aigues et rongeantes avec un sentiment d'ardeur.
Une affection du rectum est souvent la cause de
la mort, sans que son état malade se fùt tralli
par des symptômes saillans. Cet intestin est asSez souvent retréci par une induration calleuse de
ses parois; ou bien il se forme dans sa muqueuse
fIes végétations nombreuses, et allongées, qui font
�186
DEUXIÈlIlE PARTIE .
saillic dans l'intérie ur. L'un et l'autre de ces deux
états se rcconna ît par le toucllero Quelquefois la
muqueusc du rectum et du colon est lisée comme du
parehemin, état qui a pour suite le mal'Usmc, et que
j'ai trouvé plusieurs fois sur les cadavre s cIe personnes, qui avaient souffert, pcndan t la vie, (le
constipa tions opiniâtr es, et d'un Ilux llémorr hoïdal très-abo ndant. Voilà pourquoi l'on doit user
dc grandc précaut ion cn conseill ant les caux de
Carlsba d aux sujcts hémorrh oïdaircs o Car, outrc
quc ces caux nc sont que }Oarement supportées lorsqu'il y a unc disposition aux hémorrh agies, à
moins qu'on n'en choisisse que les moins énergiques, un flux hémorrhoï(lal excessif n'est fort souvent qu'un symptôm e et un effet (l'une (légénérescence de l'intesti n. Les mala(lies de cette espèee
surtout dans le gros intestin se trahisse nt d'ailleu rs
aussi pat une constip ation ItnMtucllc, quc rien ne
(létl'Uit complètement, et qui exige l'usage journalier tIe moyens laxatifs , cnsuite par une pression
constan te et une douleur à la partie inférieure de
la colonne vertébra le, une paresse et une pesante ur
ùans lcs cuisscs, ùes accumulations scnsibles de
matières fécales dans quclques points dcs gros intestins, avec des douleurs dans ces mêmes parties;
et Souvent aussi (les vOlDissemens. Les malades de
cette espèce sont des personnes qui étaient hahi-
�DEUXJÈME PARTIE.
187
tuées à un régime extrèmement abondant, ou qui
se sont livrés a de grands exees vénériens. A la
suite de ce ,rice se produisent très souvent des inflammations clans le tissu cellulaire qui environne
le rectum; et il en résulte des altérations organi(lUes et des retréeissemens de cet intestin. Dans
Ces circonstances il est fort a conseiller, de n'usel'
qu'avec pl'éeaution des eaux de Carlsbad , Des
constipations simples, au contraire, quelle que soit
leur opiniâtreté, lorsqu'elles ne sont pas accompagnées tle ces signes, ne sam'aicnt faire redouter
l'emilloi de ces caux. Les engol:gemens et les tuméfactions des glandes du mésentère, du foie et de
la rate cèdent parfaitement bien aux: caux de Ca1'lsLad, pourvu qu'elles n'aient point encore passé ;\
lm état d'induration ou de dégénérescence proprement dites; il n'est pas très-facile de décider cc
dernier point, car couvont cos llurties sont fort
dures au toucher et pourtant la résolution s'opère
pcu-à-peu. J'ai observé des cas où de grandes tunleurs, pesant jusqu'à une livre ou deux:, ont encore disparu à la suite d'un long traitement et
(l'une cure par les caux: cIe Carlsbad; dans d'autres
cas l'abdomen était dur au toucher, comme si une'
planche s'était trouvée sous les tégulIlens, ou bien
il y aVilit une énonne intu1l1escence du foic ou de la
rate, ct les mala(les ont cepenclallt guéri. .l'ai en-
�188
DEUXIÈME PARTIE.
core vu en 1826, un cas très-remarquable de cette
espèce. Chez un jeune homme de trente-deux ans, il
s'était développé peu-à-peu et insensiblement une
dureté de l'abdomen, telle qu'en l'examinant on
trouvait cette région comme au neuvième mois
d'une grossesse; il Y avait un gonflement général
du mésentère et de ses glandes. On avait envoyé
le malade à Carlsbad; une cure de six semaines
n'avait pro (luit qu'une légère diminution de ces
engorgemens; le contenu de l'ahdomen ne paraissait former au toucher qu'une masse unique et
énorme. On avait été obligé de suspendre la cure
parce que le malade avait commencé à vomu' tout
ce qui était ingéré dans l'estomac. Les médecins
me l'adressèrent comme un cas désespéré. Mais
comme je pus me convaincre que la mal~\die
n'était
pas invétérée, et qu'en proportion, elle s'était développée en peu <le tem1'8, en six mois peut-être, et
surtout qu'il y avait au fond une disposition à la
plique, je continuai de la traiter ici, pal' l'emploi
journalier de 11ains savonneux, d'embrocations résolutives, et malgré le vomissement, pal' l'a(lmÎnistrntiou, (luatre fois par jour, de pilules, contenant
pOUl' chaque dose, un grain d'éthiops antimonial,
de souft'e doré d'antimoine, d'extrait de eigue, et
20 grains de sel ammoniac et d'extmit de chélidoine. Sous ce traitemcnt continué llCn(hmt trois
�DEUXIÈME PARTIE.
189
mois, la maladie approchait, je puis dire, d'un pas
rapide, vers sa fin ; il la fin de c]laque mois elle prenait, en allparence, un caractere plus grave, le malade éprouvait durant huit jours, environ, beaucoup
de doulems dans l'abdomen, il vomissait facilement, il avait de la fievre et perdait l'appétit; je
prescrivais des moyens plus doux durant cet intervalle , Comme il fut obligée de retourner chez lui,
je ne le revis qu'au printemps suivant, En attendant il avait été. affecté d'un ictère, à la suite de
gl'ancls rerroillissemens et d'affections morales, je
trouvai le foie très-gonflé, mais peu de traces seulement des anciennes indurations du mésentère; le
malade retourna à Carlsbad, mais je fus obligé,
non-seulement de le préparer à la cure, mais enCore de le soumettre ù un traitement consécutif
d'un mois; ce ne fut qu'alors que céda comllicte.
ment cette seconde maladie, qui venait sans contredit de la même source que la première, c'est-àdire d'une cause résidant dans la masse des humeUl'S, Je puis, du l'este, eonfirmer ce que Becher
a tléja fort bien observé, savoir, que les engorgemens glanclulaires et les maladies provenant d'un
état morbide du systeme lymphatique ne. guérissent que lentement même par les eaux cIe Carlsbad,
f"a sensation du volume augmenté et du degré
de rénitence des parties malades, ne peut pas, à
�190
DEUX..d:l\lE !'ARTIE,
elle seule, fixer notre jugement sur la nature de
l'altération; il faut de plus en connaître les circonstances concomitantes générales et 'particulières, surtout son mode de production, son développement progressif, et l'état de la nutrition du
corps, De pareilles intumcscences ne se forment,
en général, qu'avec lenteUl' et insensiblement;
tantôt à la suite d'une disposition scrofuleuse dans
l'âge de l'enfancc et d'un régime mal entendu,
tantôt ct fréfluemment, ' lorsque cette disposition
e:x-iste (léj,\, à la suite de fièvres intermittentes
c111'oniques, et de fièvres éruptives spéeifiques;
tantôt enfin après des accouchemens, cas dans Jequel on les nlet facilement sur le compte (l'une
métastase laiteuse. Nos eaux sont en général inlliquées dant tous ces cas; mais s'ils ont tIUl'é tl'èslong-temps, et si la nutl'ition tIu corps est très détériorée, !li le mal s'est promptement aggravé il
l'approche Ile l'âge .eritique dcs femmes, et si les
organes malades sont en même temps devenus tIouloUl'eux, il faut renoncer à ces eaux, En général si
les glandes abdominales ainsi affecté cs sont }lou10ureuses, ou le devienncnt plus tard, il faut bicn
exumi)lcr, si clics n'ont 1mB tléjà unc tcndance il
passel' il la suppuration 1 Dans ce cas nos eaux
tenden t Il amener plus vitc cet état, et quoique
!'insue en /loit assez souvent heureuse, l'art ne peut
�.DEUXIÈ ME PARTIE ,
191
cependa nt se permett re !le lllitcr une issue qui
peut facilem ent devenir funcste, Si le foie ou la
rate ainsi tuméfiés dcvienn cnt douloureux, il faut
avant tout écarter cette exacerb ation, ou si elle se
déclarc sous l'emploi des eaux, il faut suspend re
celui-ci , pour quelquc temps; et diminue r autant
quc possible cet état de sur-acti vité, pal' une médication antiphlo gistique ,
Il est souvent fort difficile de décider si nos
eaux seront utilcs, lorsque de semblables intumes cenees se sont formées il la suite de lésions exté.
1'ieul'es, dont Je traitem ent ayant été négligé , il
s'en est suivi unc inflamm ation consécu tive; dans
ces cas il, se développe facilem cnt des grosseu rs
près d'un organe ou bicn un organe passc à l'état
I!'indul'ation véritabl e. Cepend ant il n'en est souvent ainsi qu'en apparen ce, l'al' exemple lorsqu'une lésion cxtcrnc peu grave, chez un individu
disposé aux engorge mens, entraîne un gonflement
des glandes ou du foie, qui n'est alors que le tléve101)pement d'une disposit ion morbide cl'une anciennc date dans ees parties; en pareil cas nos caux
rendent certaine mcnt encore les meilleurcs services ,
Si le foie ou la rate sont gonflés ct doulour eux,
on a lIe plus .\ eXUluincr chaque fois, avant ,!l'employer JlOS caux commcnt ces maladies ont pris
naissan cc? si elles sont encore à la pOI·tée de l'ard
�192
DEU:tIE;ME PARTIE.
c'est-à- dire, susceptible de rétrogr aded et si les
forces du corps permettent encore d'employer nos
eaux avec avantage. Ces deux viscèrcs peuvent se
gonfler jusqu'a un degré presque incroyable, ct cependant la résolution peut encore en être obtenue
soit par des médicamens, soit à l'aide de nos eaux;
particulièrement si le mal doit son ol'igine à UII
état morbide de la masse du sang, ou à des excès
de table. C'est un plaisir, a Carlshad, de voir comment le teint de la plupart dcs malades s'éclairc it
et s'améliore peu-iL-lleu; mais I"Îen n'est plus remarquable, que la disparition complète du teint
souvent d' un jaune noirâtre de beaucoup de personnes malades du foie, qui étaient un sujet de terreur pour les autres malades . Le volume augmenté
ou la grosseur dc ces organes n'est donc pas, par
lui-même, une contr'in dication de nos eaux; mais
elles sont contr'indiquées par l'imminence d'une
désOl·ganisation. La rate parait se fondre, en général, moins facilement que le foie, et elle ne supporte pas toujours une'médication énergique par les
eaux. L'un et l'autre de ces faits peut tenir a ce que
la l'ate fournit son sang au foie; et tant que celui-ei
reste malade et exel'ce avec llal'eSSe ses fonctions,
la résolution de la rate est plus dillicile. En effet
on remarque souvent aussi, que le foie étant devenu libre, ce n' est qu'alors que des douleurs
�DEUXIÈ ME PARTIE.
193
commencent à se déclarer dans la rate et iL trahir
le début d'une évolution nécessaire qui doit encore
se manifes ter dans la rate. Dans ces cas, si la
rate souffre de préférence, on peut conseiller l'application répétée de sang-su es dans la -région de
l'hypoc ondre gauche, ce qui prépare la résoluti on
et facilite la digestion des eaux. Les deux organes
se gonflent souvent aussi par suite d'une maladie
du coeur, ce qui tient éYidemment à la difficulté
que trouve le sang de la veine cave à entrer dans le
coeur. L'affection du foie n'est alors qu'un symptôme de la maladie du coeur, et les eaux de Carlsbad ne sont plus indiquées que sous dcs conditions
fort restrein tes, dontjem 'oceupe rai encore plus bas.
L'obstru ction de la rate se rencont re fréquemment
~ans
lcs régions marécageuses, conune une suite
d'une dyscrasie du sang, analogu e mais non pas
identiqu e avee la dyscras ie scorbutique. Grottanelli a récemment trouvé que dans son pays les médicamens ferrugin eux sont contr'el le d'un cffet
très-sal utnire, et pnr conséqu ent les eaux et les
bains ferrugin eux pourrai ent être d'une grande
utilité contre cette espèce de dyscrasie.
L'on sait que dans le foie et dans la vésicule
biliaire il se forme souvent des calculs, dont la
présence se trahit principa lement par des accès périodiques de douleurs aigues dans l'épigas tre, une
~)
�194
DEUXIÈ ME PARTIE.
grande anxiété et des vomissemens, avec sensibilité exquise de la région du foie. Ordinai rement
le foie se tuméfie après un certain nombl·e de ces
accès, et assez souvent l'irritati on produit e par les
calculs le fait passer à l'inflammation. J/expé~
rience a prouvé (lue nos eaux sont d'une grandc
efficacité contre ccs prodüct ions calculeu ses, soit
soit qu'elles dégagen t indirect ement le système
entier des vaisseau x, et des canaux extérieu rs,
tlu'elles produis ent (lirectelUent la liquéfaction des
humeur s animales, et un changem ent dans leur
composition chimiqu e; il est du moins certain,
que dans les circonst ances où l'on peut présume r
l'existen ce dp, calculs, des masses d'une bile foncée,
tenace, et coagulée, et souvent aussi des calculs
biliaires plus ou moins gros, sont expulsés par les
seUes et par le' vomissement durant l'emploi des
eaux, à différentes pério(les, ct après une exaspération des accidcns. Lcs eaux .le Carlsbacl sont
donc fOl·t à recomm ander ici, pourvu toutefois que
Ic foie n'ait point subi de dégénér cscence morbide,
ou lJ.u'ilne soit pas clans un état de sur-exc itation,
Le foie et la rate ofli·cnt plusieurs esp ces de
dégénérescence, qui n'admet tent plus l'usage de
devient
1I0S eaux . La rate sc ramolli t souvent et
t comllourrai
l'on
ct
e
mortifié
cOlHme
ait
tout-Il-f
doute
de
pas
a
n'y
li
se.
l'hémato
li
état
pal'cr son
�DEUXIÈ ME PARTIE.
195
qu'elle n'occas ionne alors des vomissemens de
sang. Si ce symptôme ne s'est pas encore (léclaré
chez un malade, qui éprouve des douleurs et un
go~flemnt
dc la rate, il n'en faut pas moins regarder cet état comme très-sér ieux, si la nutritio n
du corps se détérior e considérablement, que la digestion devient incomplète, et l'aspect cachect ique. Les eaux de Carlsbad seraient ici nuisibles.
te foie est très-dis posé à la product ion dans sa
substan ce de tubercu les, contena nt une espèce de
graisse (sébacé s), et même (le se transformer entièreme nt cn une masse graisseuse. Celle-ci parait
inégale et raboteu se au toucher ; quelquefois des
productions graisseuses se forment aussi entre la
rate et le foie, et unissen t entr' eux les deux organes.
Dans ces cas nos caux sont impuissantes et ne font
que hâtcr la mort. Outre 'la tumeur inégale et indolente qui remplit la région du foie et de l'estoma c,
l'état cachectique général très-ava ncé, ct l'hydrop sie qui parait imminente nous avertiss ent qu'il n'y
a plus rien t\ espérer de l'usage fie nos caux.
Von pcnse bien que l'ictère guérit très-fré quemment par les caux ue Carlsbad, lorsque d'autres moyens avaient échoué. Ceci arrive fort soul'ent dans les obstructions opiniâtres des canaux
hépatiques, et 100'Squ'il existe des calculs biliaires.
Il faut renonce
, r aux eaux aussitôt que le foic est at9~
�196
DEUXIÈME PARTIE.
teint d'un vice d'organisation, que l'ictère y soit
joint ou non, ce qui arrive assez fréquemment.
Nous savons eneore très-peu de ehose des maladies du pancréas. Assez souvent cette glande
passe à un état d'induration et la digestion en est
fortement dérangée; il se manifeste un sentiment
de pression à travers de la région épigastrique, et
en examinant avec soin cette région, on sent (luelquefois une résistance cOllune celle (l'une planche
étroite; les malades éprou\'cl1t (luc1qucfois, mais
nullement toujours, une salivation augmentée dans
la bouche; ils ont des acidités, etc. Dans cet état
nos eaux ne seraient plus utiles. Dans la plupart
des cas, le pancréas ne souffre que conjointement
avec les organes voisins, et l'expérience n'; point
eneorc prononcé que nos caux puissent nuire dans
le cas d'un engorgement de cette glande.
Dans les maladies des reins ct de la vessie, notallullent dans les affections calculeuses de ces
parties, nos eaux ren<lent également d'éminens service, ct sous ce rapport elles surpassent, certainement, dc beaucoup lcs caux acidules froides. Des
j5lïl\-iers ct souvent des calculs sont rejetés pendallt la cure; très-fréquellllllent aussi leur expulIlion est préparée par la cure, ct a lieu plus tard.
!.el! eaux de Cal'lslHul favorisent éminemment la
8ccrétiOll urinaire, et c'est cc (lui rentl d'autant
�DEUXIÈME PARTIE.
197
plus probable, qu'au moyen de quelques-uns de
leurs principes constituans elles peuvent exercer
une influence chimique sur les calculs urinaires.
Becher, qui connaissait très-bicn ces eaux, n'osait
pas y allmettre une vertu lithontriptique ; il est certain qu'elles ne possèdent point une propriété di·.
recte pour ùissoudre les piel'l'es; mais une propriété agissant ainsi indirectement ne me parait
pas invraisemblable. On peut sans doute compter
pour beaucoup le grand changement que les eaux
de CarIsballlJrulluisent dans la masse générale des
]lUJUeUl'S, 10l'squ'on vcut s'expliquer le grand effet
de ces eaux sur les calculs; car dans la plupart des
cas la production des calculs est le n:sultat d'une
dyscrasie générale. C'est ce que prouvent les alternatives de goutte (l'all"cctions hémorrhoïdales ct calculeuse chez le lIIèllle individu, ct Je passage de l'une
de ces malaùics, il l'autre chez lemême sujet, à différentes époques de sa vie. f"eB eaux (le Carlsbad pourront réduire directement par leur propriété alcIin~
la I,rotluction morbiclc de l'acide urique; mais leur
action pénctre plus loin; elle tcntl aussi à détruire
immédiatcment la cause intérieure de cette produc"
tion morbide. Le résultat de leur action peut donc
souvent aussi être un changement de la masse des
humeurs, tel que celle-ci en devient apte ù s'approprier de nouveau des calculs déjà formés, et à
,.
�198
DEUXIÈME PARTIE.
les dissoudre en quelque sorte. Mais si on a des
raisons pour présumer qu'un rein est (létruit en
plus ou moins grande partie, il est préférable de ne
plus les employer. J'ai vu fort souvent les meilleurs effets résulter de l'emploi des caux de Carlsbad dans les maladies calculeuses. Elles ont hâté
la mOl·t dans un cas où l'autopsie fit trouver un
rein tout-a-fait dissout et changé cI.). un sac. Le
malade avait évacué dcpuis des années une grande
quantité de très-petits calculs, dont le poids s'élevait Il un gros jusqu'à un gros ct demi par jour; il
était extrêmement affaibli, et il avait voulu essayer
de son propre chef Jes caux de Carlsbad. Si les reins
sont trop volumineux en"même temps qu'il existe des
calculs vésicaux, ct siles eaux causent de grandes
incommodités, il faut également renoncer a leur
emploi. Les reins aussi bien que la vessie participent
très-fréquemment a des états hémorrhoïdaux; les
symptômes l"essemblcnt alors beaucoup IL ceux des
affections calculeuses; dans la ,ressie on s'en aperçoit aux signes généraux des llémorrhoïl1es, et spécialement à ceux qu'offre Je rectum; le dia~nostc
est plus difficile, si les reins sont sous le poids de
cet état; on peut l'admettre si les signes !le la présence de calculs rénaux manquent, si l'urine, ne
contenant point de graviers, est cependant trèsépaisse, trouble, surchargée d'un sédiment rouge,
�DEUXIÈME PARTIE,
199
et si la secrétion en devient irrégl,llière, dès qu'il y
a des signes d'engorgemens rein eux, Je suis convaincu que des calculs dans les reins se forment
très-fréquemment il la suite d'un obstacle à la circulation du sang tians ces organes, obstacle qui
entrave la accrétion de l'urine et son passage à la
vessie; mais j'ai aussi vu fort souvent des affections en apparence calculeuses des reins, guérir
par les eaux de Carlsbad, sans évacuations de
calculs, Ces eaux produisent (le même un très-bon
effet dans les affections hémorrhoïdales de la velisie,
pourvu quc la maladie ne tienue qu'à une simple
gêne de la circulation sanguine, et que la vessie
ne soit pas en état de suppuration,
Les affections appelées hémorrhoïdales cèdent,
en général, parfaitement bien à nos caux, Je suppose que le médecin sache bien apprécier cet état,
qui peut-ètrc dc naturc si diverse, et dont les malades font si souvent usage, comme d'une raison de
consolation pOUl' leurs maux, Les symptômes de
cette espèce ne font que trop souvent pal,tie de maladies fondamentales beaucoup plus graves, qui ne
supportent point l'emploi de nos eaux, On abuse
trop souvent llu nom d'hémol'l'hoïdes, et l'on s' en
sert comme d'un refuge pOUl' l'ignorance médicale,
lorsqu'une maladie est profondément cachée, Je
fais ,lonc )'cmarquel', que les symptômes hémor-
�200
DEUXIÈ ME PARTIE.
morrhoïdaux ne sauraie nt ~tre
examinés avec assez de soin, sous le rapport de leur signification,
pour savoir, s'ils ne jouent pas un rôle très-secondaire dans la série des affections qui composent une
maladie chronique. Car ici nos eaux ne sont utiles, mais alol's aussi à un haut degré, que lorsque
la source de ces accidens est un simple obstacle
à la circulation du sang; état que j'ai suffisamment décrit plus haut, et au commencement de ce
chapitre. Chez les sujets phléthoriques on fait
seulement précéder la cure de quelques émissions
sanguines; et lorsqu'il y a une disposition aux hémOl'l'hagies, il faut s'absten ir des eaux du Sp1·udel.
J'ai aussi vu nombre de fois, que chez des personnes qui s'étaien t fait exeiser des tumeurs ]lémorrhoïdales, ou opérer une fistule :\ l'anus, le flux
hémorrhoïdal a cessé, mais :\ sa place il y eut de
graves clérangemcns ùe la digestion, et des accidens d'hypocondrie. Dans ces cas un graml désordre dans l'état vital des organes abdominaux
formait, sans aucun doute, le fond de ees maladies
locales, et lorsqu'on opère ces (Iernières, sans attaquer leur eause éloignée, avant et après l' opération, les suites mentionnées se manifestent. Dans
ees eas les eaux de Carlsbad produisent également
d'excellens effets.
Une mauvaise digestion et la eonstillation du
�DEUXIÈJ\1E PARTIE.
201
bas ventre sont les états morbides <lui deviennent
le plus fréquemment le motif pour emilloyer les
eaux de Carlsbad. Mais ils sont de nature si (liverse et peuvent avoir une signification si différente,
qu'ils exigeraient il eux seuls un long traité. Sous
le premier nom on eomprencl fort souvent des cas
de maladies chroniques, dans lesquels la digestion
est affectée d'une part, et le système nerveux de
l'autre, ce que prouvent les sensations morbides,
l'anxiété, la" pusillanimité, etc" en un mot, ùes
cas d'hypochondrie. On conçoit que les deux genres de malaùies, Ilaltront souvent de germes intérieurs fort différens, puisque l'appareil digestif se
compose de tant d'organes, et puisqu'il fomle dans
l'homme, le système végéto-animal, qui est Ilans
une connexion si étroite avec l'ensemble. C'est
un fait connu, que les états morbi{les de ces organes donnent lieu à des scntimens d'une gramle anxiété, que les forces morales ct intellectuelles en
sont accablées, et que les malades en sont vivement poussés a chercher les secours du médecin.
Quoique les maladies de cette cspèce soient fréquentes, on ne les méconnaît cependant que trol'
facilement, ct le médecin a besoin {l'habileté et
d'un soiu particuliel' dans l'exploration de leur pathogénie, pourne pas voir des affections nerveuses,
là, Oll il n'y a qu'une cause matérielle qui pèse sur
9 *•
�202
DEUXlÎ::ME PARTIE,
la vie, et qui demande à ên'e éliminée pal' les évaCllations, et pour ne pas voir cc dernier état, là, où un
ou plusieurs de ces organes sont atteints de désol'ganisation ou d'une llégénérescence, Je crois avoir
donné plus haut les explications néccssaires, concel'llant ce point, et je puis ici me bOl'nel' à établir
en l'èglc générale, que nos eaux rendent ordinairement d'excellens services dans ces cas, pourvu que
les maladies dont il s'agit ne proviennent pas immédiatement d'un délabrement des forces nerveuses, ce (lui est l'arc, ou de la dégénérescence de
quelque organe. Dans les cas douteux il faut donc
commencer par bien étudier et examiner les malades. Je ne puis passer ici sous silence, que dans
plusieurs cas j'ai vu cédel' .\ l'usage réitéré des
eaux de Carlsbad, ct à une médication préalable et
consécutive, dirigée avec soin, des constipations
habituelles, qui avaient duré quatre, six, dix et
même vingt ans, et où il était très-probable qu'il sc
flit formé Iles retrécissemens dc l'intestin. On peut
présumer l'existence de ces retrécisselllcns, 101'sque,
les malades se portant d'ailleurs fort biclJ, iÏs n'en
ont pas moins été continuellement constipés, tlU\'allt
des années, et obligés d'cmploycr sans cesse des
mél\icamens pour maintenir la régularité des évacuations alvines,mais sans jamais réussir ù atteindre
lCUl' but, De pareils malades ont employé les eaux
�DEUXlbu: PARTIE.
203
de Carlsbad, un grand numbre d'années, et avec
grand avantage, quoique les conditions intérieures
de la liberté du ventre n'en aient point été rétablies.
Les eaux ne servaient alors qu'à entretenir la vie.
Notre aimable concitoyen 'Werner avait employé
quarante-neuffois les eaux de Carlsbad, et chaque
fois il en avait éprouvé de bons effets. On peut
dOllc en faire un usage l'épété, sans s'affaiblir. 1\1ais
je dois croire, d'apres l'exemple de beaucoup de
rualades guéris pal' les caux de Carlsbad et sans
elles, que ùes rctrécissemens eonsidérablcs des intestins sont susecptillies de guérir par l'action de la
nature, pourvu (lue lcs parois de l'intestin ne soient
pas devenues calleuses, et c'est ainsi qu'un usage
bien entendu des eaux de Carlsbad, peut certainement aussi contribuer ùeaucoup ù faire cesser ICI!
constipations lcs plus opiniàtrcs du bas-ventre.
J. . es diarrhées Ile llermettent l'emploi des eaux:
de Carlsbad que sous des conditions fort limitées.
Ces caux nuisent dans la regle; mais il est des
dial'1'hées chroniques, dans lesquelles les maladet;
paraissent sains, et n'ont que trois ou quatre selles liquides par jour; en examinant cependant bien
attenth' ement, on découvre des traces de désordres dans la ,ügestlon. J'ai observé que de pareilles diarrhées remplacent souvent l'arthritis, et que
la goutte se manifeste lorsqu'on cherche, d'après
�204
DEUXIÈME PARTIE.
ces vues, a faire cesser le dérangement de la digestion, en conigeant la composition du sang.
l'ai aussi vu de ces cas où les eaux de Carlsbal! ont
complètement guéri la dianhée chronique, de la
même manière qu'elles produisent, pendant la
cure, de la constipation, chez des malades qui
n'en avaient point éprouvé aupal'avant. D'autres
flux de ventre, de mauvaise nature, comme la lienterie, le flux coeliaque, nCI supportent point nos
eaux, vu qu'ils sont dcs suitcs de maladies secondaircs des organcs abdominaux; il en est de même
du diabétès, dans lequel l'acte cntier de l'ass imilation est dépravé, sans qu'aucun organe spécial soit,
dans la règle ct de nécessité, profondément atteint
dans son organisation.
Le vomissement ohronique et revenant par accès périodiquos peut sans doute dépendre (los oauses morbides susceptibles d'être guéries par les
eaux de Carlsbad, telles sont par exemple des calculs biliaires, les engorgelllens considérables de la
veine porte. En·pareil cas ces caux font des miracles; mais il n'cst pas rare qu'au fond se trouvent
des altérations profondes des viseèl'es, qui nous
échappent quelquefois, et dont nous Ile pouvons
démontrer l'existence. Aussi ne peut-on recommander ici nos caux qu'avec la IIIus grande circonspcction. Il en est de mêlll.C, lorsqu'il y a sujet
�DEUXIÈME PARTIE.
20.'>
de craindre des états variqueux dans l'estomac; les
malades sont alors fort exposés à l'hématémèse. Si
ce symptôme a déjà précédé, ou s'il faut du moins
le craindre, il est préférable do s'nbstenir do ces
eaux.
Les vers intestinaux sont des élémens mOl'bides internes, qu'il faut regarder comllle des produits d'une assimilation malatle. Ils sc rangent
donc dans la seconde série des affections JUorbides. Nos caux ne sc'sont pas acquis justement la
l'élJUtation d'être anthc1mintiques; ct Recller luimême ne leur attribue point une pareille propriété,
mais elles sont sans aucun doute exh'ômement utiles dans des cas très-nombreux d'hclminthiasis invétérée, et elles rendent des services bien plus essentiels que des purgatifs anthelminthiqucB. Dans
une semblable disposition à la prolluetion (le vers
ascarides, je les faisais prend1'e avec grand succès
ù l'intérieur et en même temps je les llreserivais
en lavemens. Le ténia ne leur cède pas, mais souvent des portions de cc ver sont évacuées il Carlsbad. J'ai cependant réussi une fois, il procurer en
trois jours l'expulsion entiè1'e d'un ténia, par le
moyen d'un purgatif, donné pendant trois jours, et
d'ailleurs souvent eRi.ence contre cc ver, Ln malade venait de suivre une cure d'un Illois aux caux
de Cadsbad; elle n'avait eu qu'uno seule évacua-
�206
DEUXIÈ ME PARTIE.
tiou alvine à la nn de la premièr e quinzaine. J'ai
dcjà fait mention plus haut, de ce llIème cas.
Les maladie s des organes de la cavité thoracique sont connues comme ne support ant point les
caux de Carlsbad. Cepend ant l'on n'enten d, dans la
vie conullune, sous le nom de maladie s de poitrine
que la disposition Il la plithisie pulmon aire, et l'on
ne eommellee jamais à craindre cette dernière que
lorsquc des aceidens morbides se manifes tent dans
la poitrine. Mais quoiqu' il soit certain que la disposition tL l'hémop tysie ct la présenc e dc tubercules dans les poumons conn"in diquent absolum ent
l'emplo i de nos eaux, le médccin doit cepcnda nt
savoir bien distingu er les nombre ux cas d'affection
de poitrine , qui ont leur cause principa le dans une
lésion morbide des organes abdomi naux, ou bien
du coeur ct tics gros vai.sseaux, ou dans une dyscrasie général e dcs hwneur s; dans ces cas les poulIlons Ile soutrren t que sympathiqllement, ct ne
sont pas idiopath iquemen t ct lll'ofondélllent malades.
U est, d'un côté, souvent fort difllcile, inêmc
pour le médecin exercé, de deviner d'assez bonne
heure, les dispositions aux véritabl es malatlies des
pouUlons; cal' il n'est pas l'arc que ces disllOsitions
sc déclare nt tout-à-f ait inopiné ment, ct sans (lue
ni le malucle, ni le médecin y aient songé plutôt;
�DEUXIÈME PARTIE.
207
d'ull autre côté les affections de poitrine sont fréquemlllent un effet secondaire (le maladies pl'imitives
du coeur et des gros vaisseaux, d'engorgeRlens des
glandes lymllhatiques danS" la eavité du thorax, de
productions graisseuses dans cette oavité, d'états
morbides de la colonne \'ertébrale, ct de la moëlle
épinière, et même du cerveau, mais le plus souvent
de vices dans les organes abdominaux, et enfin de
dyscrasies générales du sang, et particulièrement
de la dyscrasie pituitcuse. Voilà pour<lllOi les affcctions de poitrine de toute espèce, et spécialement J'asthme, la toux ct les douleurs de poitrine
exigent la plus grande circonspection lorsqu'il s'agit de remploi des eaux de Carlsbad, qui pourrout
011 devenit· nuisibles, ou ètre au contraire le vrai
moyen curatif, qu'il ne faut point refuscr aux malades, lorsque l'origine et la source de ces maladies les ordonnent et les demamlent. II résulte déjà
de ce qui précède qu'on ne pcut rccommander ces
eaux, dans les maladies de cctte espèce, qu'avec
une gl'alHle eireollSllection. Mais 0/1 peut les elUployer a\'ec préealltion si on tl'ouve, après avoir
bien examine la constitution du malade, et tenu
un compte exact de ses maladies précédentes, de la
marche de l'affection de poitrine, des influences
nui sibles du dehors, ete" que d'une llal't il n'y Il
guère lieu à pensol' a l'existence d'une disposition
�208
DEUXlb lE PARTIE.
morbicle des poumon s; que, d'autre part, il y a plu~
tôt des signes d'une dyscrasie général e, qui exige
l'emplo i des eaux de Carlsbad, ou bicn que l'afec~
tion de poitrine dépend cl'un état morbide des Ol·~
ganes abdominaux, susceptible d'être guéri; et s'il
n'y a point lieu à soupçonner un autre vice organique dans la cavité thoracique, spécialement dans
le coeur. J'ai vu, assez souvent, les toux les plus
enracinées, avec expectoration épaisse, chez des
sujets d'une constitu tion atrahila ire, ainsi que des
asthmes cllroniques et périodiques se guérir parfi~
tement bien il Carlsbad, lorsque ces maladies te~
naient au fond aux causes qui viennen t d'être mentionnées. Déjà Beeher connais sait fOI·t bien les
excellens effets ùes eaux contre la toux et l'asthme
dans ees conditio ns; et il ra!lllorte même plusieurs
cas de cette espèce.
Ccpellliant les maladies proprcs aux poulllons
restent souvent latentes penelant si long-tem ps, et
le diagnos tic des affections de poitrinc , en général ,
est si diftleile (eomme ra déjà exprimé le grand BagHvi) que je ne puis que recommandel· là llius
gran,le circonspection, lorsqu'i l s'agit dc décider
la qucstion, si un malade atteint (l'une affection de
poitrinc grave, ucna faire usage dcs eaux de
Carlsbad ou non ~
Aux maladic s dc lloitrinc il faut aussi joindre.
�DEUXIÈME PARTIE.
celles du coeur et (les gros vaisseaux; leur diagnostic est difficile en lui-même, elles peuvent également affecter et imiter la forme de maladies pulmonaires, et il faut leur consacrer une grande attention lorsqu'il est question d'employcr les eaux
de Carlsbad.
En général ces eaux sont difficilement supportées, ou ne le sont point du tout dans les vices 01'ganiques du coeur ct des gros vaisseaux; et elles
paraissent peu propres à y remédier, lorsque l'altél'ation organique est avancée. Comme elles excitent et accélerent la circulation du sang, elles peuvent amener facilement une paralysie du cocur affaibli, ou même une rupture de cet organe, et je
sais que leur emploi inconsidéré a donné Heu à.
des cas de cette espèce, Il est cependant des cas,
ct j'en ai vu beaucoup d'exemples, où clIcs peuvent
devenir utiles, pourvu qu'on les emploie avec beaucoup de précaution, et en ne choisissant que les
sources moins chaudes; ainsi l'on peut y recourir lorsque aux vices organiques mentionnés se
joignent de grandes stases dans la circulation
de la veine pOl'te. De semblables complications
aggravent singulièrement les souffrances dcs malades; ces stases, et surtout les engorgemens de
la rate, occasionnent fort souvent des accidens
tellement graves, par exemplc de l'anxiété, de
�210
DEUXIÈ ME PA RTIE,
l'oppres sion, de la douleur dans le cocur, des palpitation s et des pulsatio ns irréguli ères du coeur,
qu'il devient quelquefois fOl't difficile, de décider
avec certitud c sur-lc-e hamp, et sans observe r plus
long-tem ps le malade, s'il existe réellem ent une
maladie du coeur, Des cas de cette nature ont
souvent été soumis à mon jugeme nt, et très-fré quemme nt j'ai eu la joie, de pouvoir donner aux
malades la consola tion, qu'ils n'étaien t point affectés du cocur, ct même de lcs voir délivrés de
leur prétend ue mnlaclie du coeur, par lcs caux. de
Carlsba d, Mais il n'est pas l'are, de rencont rer
aussi le cas invcrse, où des maladcs sont cnvoyés à
Carlsba d, commc affectés d'hypoc ondric, lorsquc
leurs souffrances provien nent d'une affcction du
coeur, Il n'y a pas de genre de mahulie qui dis- ,
pose plus a la mélanco lie ct à dcs scntime ns d'anxiété, qu'un obstacle opposé à la circulat ion du
sang, par un vice organiq ue (lu coeur; et cepenclant il est souvent fort difl1cile de découvrir cctte
cause, tant quc le mal n'est pas avancé, ou s'il est
de nature ;\ nc pas se manifes ter pal' des acciden s
d'une forIlle bien détermi née; cette forme ne se remarque quc dans un petit nombre de cas, cOlnme
par exemplc, (lans l'angine de poitrine , dans l'ossification des valvulcs, dans la dilatatio n ct ['hypcrtroph ie (lu coeur entier ct de Ses eayités, C'cst
�DEUXIÈME PARTIE,
211
avec un profond chagrin que j'ai vu assez souvent
de ces malheureux, qu'on traitait, en plaisantant,
de malades imaginaires, ou qu'on envoyait à tout
hasard a Carlsbad, comme atteints d'hypocondrie,
ce qui ne pouvait que leur être nuisible, ou dont
ils ne pouvaient retire}" qu'un avantage incomplet,
en faisant un usagc extrêmemcnt limité des eaux;
bien plus, j'ai ohservé, conUlle il a déjà été dit, que
la mort s'en est suivie durant la cure, inconsidérément dirigée, Que les médecins qui veulent se
charger, en général, de donner des avis sur l'emploi des eaux minérales, se familiarisent donc,
avec le plus grand soin, àvee le diagnostic de ces
maladies souvent si obscures. Dans beaucoup cIe
maladies du coeur, il existe simultanément aussi
une gêne de la circulation dans le foie et la veine
portc, Cctte gêne semblc sou\'cnt être un effet secondaire de la malallie du coeur, le foie sc gonfle
souvent parce que la veine cave ne peut décharger
complètement et régulièrement son sang, dans le
coeur malade; d'autres fois cet état pcut-être idiopatllique, Dans l'un et l'autrc cns il est nécessaire d'y )'eméllicr pOUl' soulagcr le malade, On y
parvient tant par des moyens qui Iliminuent directement la congestion du sang dans ces vaisseaux,
comme pm' exemple les sang-sucs, que par des médieamcns propres à augmenter la aecrétion biliaire,
�212
DEUXIÈME PARTIE,
Dans des cas semblables j'ai aussi vu résulter un
très-gra ml avantage de l'emploi circonspect (l~s
sources moins énergiques ùe Carlsbad, lorsque le
malade y avait été préparé ; c'est ce qui s'applique
surtout aux cas où il y a des retrécissemens (lu passage, par suite de l'ossification ou de l'hypert rophie du coeur; l'on conçoit sans doute, que lorsque
ces états morbides sont fort avancés, ou lorsqu'o n
peut présumer (lU'il existe une atrophie du coeur,
ou des aneurysmes dans les grosses artères, il n'y a
plus à penser à l'erullloi Ù"" caux ù" CU.-lSbUll.
Un état morbide qui sc l'encontre fréquemment
et qu'il faut encore mention ner ici, c'est celui qui
sc manifeste par des pulsations dans le creux de
l'estomac, phénomène qui est tantôt simple ct sans
symptômes concomitans, et tantôt accompagné de
sentimens d'anxiété, d'OPIJression, de trouble dans
la digestio n; les malades en sont souvent fort inquiétés, Ces pulsations peuvent dépendre d'un état
aneurysmatique de l'nol'te, ou de l'artère coeliaque,
ou même de la splénique, cc que j'ai vu moi-même,
dans un cas où l'aorte était également dilatée ct
dégénér éc; mais ccs cas sont bien plus l'ales que
ceux où les pulsations sont ducs Il une tumeur du
foie, du pancréa s ou du mésocolon; comme ces tumeurs se reconna issent par le toucher, e'cst alors
au médecin, II rechercllcr, si elles sont encorc il
�DEUXIÈME PARTIE.
213
considérer comme susceptibles de résolution, et si
les eaux de Carlsbad sont à recommander.
Cependant ces pulsations s'observent aussi
très-souvent quoiqu'on ne sente point l'aorte, et
qu'il n'y ait point d'aneurysme à soupçonner; on
remarque seulement une grande gêne dans la vie
de l'ensemble des viscères abdominaux; je suis
persuadé qu'alors ce phénomène ne dépend que des
pulsations plus fortes de quelques artères de la région épigastrique, et qu'à leur tour, ces pulsations
sont dues principalement à un engorgement sanguin considérable des troncs veineux parallèles,
c'est-à-dire en d'autres termes, qu'une activité
augmentée est provoquée dans ces artères, par la
grande gêne de la circulation dans les veines.
C'est ainsi que nous voyons fort souvent, selon la
même loi, se manifester une augmentation morbide
cl'activité dans certaines parties, par exemple des
pulsations dans les artères temporales, ou même
des ophthalmics, des otites, etc. à la suite d'en gorgemens sanguins dans le bas ventre. Les eaux de
Cm'lsbad sont d'une utilité remarquable dans ces
circonstances. Malgré cela je ne puis assez avertir d'avoir toujours l'attention fixée sur des aneurysmes dans l'abdomen, pour ne pas envoyer il
Carlsbad des malades qui s'en trouveraient atteints. Ces maladies restent très-latentes jusqu'à
�214
DEUXIÈ ME PARTIE.
ce qu'elles soient parvenu es à un haut degré; elles
trompen t facilement sous le masque de l'hypoc ondrie, et le médecin ne peut-êt re assez sur ses gardes pour ne pas se laisser induire en erreur.
Les maladies des O1'ganes sexuels devienn ent
moins souvent le motif de l'emploi des caux de
Carlsbad, et celles du sexe mâle Je plus raremen t.
J'ai cependa nt remarqu é que l'impuis sance est assez souvent un symptôme des maladies des organes digestifs et (lu'elle est alors due Il la grande
gêne de l'activit é vitale de ces organes , ct ;\ l'ubatteme nt moral qui en est une suite, C'est dans
de tels cas que j'ai vu plusieurs fois l'impuis sance
céder à l'emplo i de ces eaux, à mesure que la
santé se rétablis sait.
Chez les femmes il y a plusieul's états morùides des organes sexuels ,qui fourniss ent l'oecasion
d'employer avec avantag e les eaux dc Carlshad ,
Telle sont, en particul ier, la suppression de la
menstru ation, des douleurs et des spasmes qui se
déclare nt régulièr ement à chaque période menstruelle ; la stérilité et assez souvent les flueurs
blanches, Il faut être, au contrair e, extrtÎl1\ement
circoTlRpeet avec ces eaux dans la disposition aux
hémonl .agies utérines , ou lorsqu'o n IJeut soupçonnCl' l'existen ce d'un squirrhe de l'utérus . l'ai
vu un cancer de l'utérus se (lévcloppcr peu après
�DEUXlb lE PARTIE.
215
l'emploi de ces eaux, dans un cas ou le médecin
n'avait 'pas même soupçonné l'existen ce d'une prédisposition.
Les états morbides nommés en premier lieu, et
spécialement les flueurs blanches, sont produits
dans la pluralit é des cas par une dyscras ie générale ct pituiteu se, et par des stases du sang; il est
bien plus rare qu'une débilité général e ou locale,
surtout des nerfs, en soit la cause principale. C'est
en appréci ant avec justesse le mode de composition
de ces maladies par leurs causes internes , qu'on
peut décétler dans chaque cas individuel, si ces
eaux sont convenables ou non.
La stérilité est très-sou vent' guérie par les
eaux de Carlsba d; et dans beaucou Il de cas cellesci produis ent sans retard leurs effets salutair es,
les orpOUl' prcuve quc !'obfusc ation de la vie dans
gaucs génitau x, par la gêne de la circulat ion sanguine, était la cause de la stérilité, J,a leucorrh ée
est ordinair ement une maladie très-opi niâtre; paree que sa source est communément très-pro fonde,
c'est-à-d il'c, constituéc par un état d'imper fection
général e du sang, qu'il n'est possible de corriger
que par de longs efforts; mais elle cèlle comme
d'autres maladies ;\ un traitem ent convenable,
suivi avec persévérance, et les caux de Carlsba d la
guérisse nt fréquemment, ou en prépare nt une gué-
�216
DEUXIÈ ME PARTIE .
rison certaine , de la même manière qu'elles font
cesser fort souvent des coryzas chroniques. Sous
les mêmes conditions elles rendent aussi d'exeellens services, lorsque la menstru ation est supprimée ou impal"faitement établie et lorsqu'e lle est accompagnée de douleurs et de spasmes.
Les maladies des extrémités peuvent quelquefois exiger l'emploi des eaux de Carlsbad, }orsqu'elles dépendent de causes internes , ce qui a lieu
dans bien des cas. Ces eaux sont ùone utiles dans
la paresse ct la pesanteur des membres, qui a pour
cause une gêne de la circulation abdominale, et
qui finit par conduire à la paralys ie; dans beaucoup d'affections chroniques de la peau, qu'on appclait autrefois miliaires scorbutiqucs, dans les
dartres et les ulcères de même nature. Comme la
source de ces maladiès réside ordinair ement
bien [ll·ofonllément dansl'o rganisa tion;ell es ne cèdent [las toujours cn peu de tenlps aux eaux de
Carlsba d; mais a l'aide ùe cures répétées on parvient fort souvent ,\ les déracinero Becher a déjà
rapporté des cas importans de cette espèce, 011 des
paralysies des mcmbres, ducs il des dartrc's répercutées, ont été guéries Ilm· les eaux de Carlsbad.
Je ne dirai ricn des conhoacturcs arthritiq ues des
membres, parce quc je traitera i de la goutte d'une
I\lanière spéciale .
�21'7
DEUXIÈME PAltTIE.
Il me reste encore à déterminer les formes
m07·bides chroniques g{mé7'ales, dans lesquelles les
eaux de Carlsbad sont à employer. L'expérience
prouve que dans différens individus ces formes
sont un procluit de causes très-compliquées, ct que
les élémens internes dont elles sont le résultat, y
contribuent d'une manière inégale. Elles affectent tantôt la sphère végétative du corps, et se
manifestent comme des vices de la nutrition ct des
seerétions, ou comme des dérangemens des fonctions animales, ou mème de la vie intellectuelle de
l'homme, et tantôt ces afl'ectiolls sont de nature
mixte. Je ne puis ici donner mes conseils sur l'emploi de nos eaux., que pour les plus importantes de
ces maladies.
Celles du premier genre sont désignées, dans le
langage de l'art, sous le nom de cachexies; l'hydropisie, l'ictère, la chlorose, le marasme, le scorbut ct l'arthritis sont de ce nombre.
Le scorbut qui se développe sur les va~seux
ct sur les borc18 de la mer, !lar l'inlluenee (l'lm
mauvais régime ct d'un air corrompu, est une maladie (l'un caractère spécial, (lans laquelle la vitalité du sang a subi une altération grave ct spécifique. Il ne supporte nullement les caux de Carlsbad. Mais SUl' le continent il y a très-fréquemment
des maladies avec des symptômes scorbutiques, ct
10
�218
DEUXlÈlIlE PARTIE,
que les eaux de Carlsbad guérissent parfaitement
bien, Je veux parler de ces états morbides, qu'accompagne le dérangement de la digestion et du
système nerveux, et dans lesquels les gencives
sont toujours gonflées, et disposées au saignement,
et où il se manifeste même de grandes ecchymoses
aux cuisses et sur le corps, Le mm'bus ltaemor1'llugicus Werlltofii est de la même nature, Ces
maladies naissent le plus souvent d'un genre de vie
sédentaire, et d'un régime alimentaire seulement
trop hon, mais avec cIe mauvaises digestions, Je
les ai observées plus fréquemment dans les pays du
norel (!u'en Allemagne; je les ai cependant aussi
vues chez nous, chez des individus de différens âges
et surtout dans l'âge adulte, Dans les circonstances
mentionnées, on peut, sans balancer, employer
contr'elles les caux de Carlsbad, qui rendent alors
les meillems services, en l'établissant la digestion,
et en faisant disparaître en même temps les symptômes nerveux et ceux du systèJ)le sanguin, Elles
ne sont contr'in(liquées que dans le Melaena; et si
dCl! vomissemcns de sang se manifcst~
durant la
eurc, il faut bien prcndre garde si les viscères nc
sont pas affectés d'un très-grave désPl'drc, qu'on a
ordinairement à craindrc dans ces cas; on doit
alors s'abstenir des caux, Si toutefois les évacuations de sang noir n'étaient pas orageuses, et si el-
.
�DEUXIÈME PARTIE .
219
les étaient suivies de soulagement, on pourrait encore essayer les sources moins énergiques, qu'on
ne prescrirait qu'en petites doses.
La goutte est une maladie non moins polymorphe que les hémorrhoïdes; elle est souvent
congéniale ou héréditaire, et elle se .déclare alors
fréquemment, sans être précédée de signes de dérangement de la digestion. Dans un tI'cs-grand
nombre de cas, elle s'engendre a la suite d'un régime trop abondant et trop substantiel, surtout
lorsqu'on y joint l'usage trop abondant de vins
jeunes, ou de vins trop spiritueux.
Cette espèce de goutte parait surtout êtt'e fréquente en Angleterre. D'autres fois la cause éloignée de cette maladie est plutôt une lésion de la
vitalité de la peau, pnr l'effet d'un SéjOU1' continu
dans une atmosphère froide et humide. Chez les
sujets délicats, ayant une prédisposition scrofuleuse, les accidens arthritiques se manifestent déja
dans l'enfance, et ces dispositions sont transportées aussi dans l'âge adulte; les symptomes arthritiques, dans ces cas, ne sont pas tout-à-fait réguliers, et s'aeCOm!lagnent de traces visibles d' une
lésion du système lymphatique. li est enfin des
constitutions faibles ct lymphatiques, surtout parmi les femmes, où l'on voit les symptômes d'une
goutte anomale alterner constamment avec des af-
10 "
�220
DEUXIÈME PARTIE.
fections nerveuses. De ces deux espèces de goutte
je voudrais appeler la première, la goutte lymphatique, et la seconde, la goutte nerveuse. Mais souyent des maladies, accompagnées de douleurs
dans certaines parties, et dépemlantde causes trèsdiverses, principalement d'une gêne (le la circulation, ne sont mises que trop précipitamment sur le
compte de l'arthritis. Quant à moi, j'entends
sous ce nom, cette maladie des articulations, accompagnée de douleur et d'inflammation, qui se
développe peu-à-peu d'une prédisposition intérieure, et qui revient par des accès périodiques,
après lesquels les fonctions vitales s' exécutent de
nouveau en liberté, pour quelque temps. Ces accès périodiques sont évidemment des llériodes ll'évolution d'une altération intérieure des humeurs,
car ils se terminent par des hacuations critiques,
soit par les sueurs et les urines, soit pal' cles (lépots
ùe phosphate calcaire, dans les tissus fibreux des
articulations . Plus leur marche est régulière, plus
on est sûr qu'ils corrigeront l'état vital du système. La disposition arthritique est donc.\ considérer commc fondée essentiellement sur une
dyscrasie du sang et quelquefois de la lymphe, et
~es
manifestations ne sont que des clfol'ts critiques
de la nature. Cette mala(lic, ou plutôt sa prédispo, liition, est en général considérablement diminuée
�DEUXIÈ ME PARTIE.
221
par l'usage des eaux de Carlsba d; car ces eaux ne
oorrige nt pas seulement les vices des humeurs,
produits par des erreurs de régime, et les engorge mens qui en résulten t, mais elles sont aussi trèspropres ù éliminer par les sueurs et les urines, des
matières étrangè res. Elles conviennent parfaite lnent bien llour diminuer ou effaeer la disposition
arthritiq ue, qu'elle soit le produit d'une diète
vicieuse, ou un état eongénial, ou bien développée peu-;'l-l'eu, par suite d'une lésion de la
vitalité de la peau; et si j'ai souvent réussi, par
un traiteme nt prolong é, entrepri s dans cet esprit
et combiné avec un régime sévère et convenable, il
préveni r l'éruptio n de la maladie arthritiq ue, qui
était déjà très-imm inente, je dois aussi convenir,
que les eaux de Cadsba d m'ont rendu les plus
éminens services dans ces occasions. J'ai aussi vu
des malades, qui avaient cu régulièr ement chaque
année, des acces de cette maladie, et qui, après avoir
employé les eaux de Carlsbad, en restèren t exempts,a
pour un espace de cinq ou plusieurs années. Ces
eaux peuvent être employées avee assuran ce, che:.:
les individus d'une constitu tion robuste, où l'on
veut préveni r le dévelollpement de la maladie,
qui menace d'avoir lieu, ou pour remédie r;\ la disposition, lorsque la maladie a déjà pl"Ïs une marche
l·égulière; mais il faut en restrein dre l'emploi, 10rlO-
�222
DEUXIEl\IE PARTIE.
que le système entier est dans une disposition nerveuse, ou lorsqu'il est très-affaibli par de longues
souffrances; et d'autant plus, qu'on voit, que les
organes de l'assimilation sont affectés d'avantage,
et ont besoin d'être soulagés; il faut alors procéder avec plus de douceur et de précaution, Chez
les individus faibles et très-nerveux, affeetés de
goutte anomale et opiniâtre on ne doit employer
que de petites doses de ees eaux, et il faut choisir
les plus chaudes; mais les bains légèrement ferrugineux et sulfureux conviennent le mieux à ces
malades,
La chlm'ose, passe ordinairement pour une
maladie nCr\'euse de jcunes personnes du sexe féminin; et souvent cUe 0. aussi ce caractère; elle
est dans une relation étTOite avec le développement
du corps, qui semble être arrêté, Mais s'il est
vrai que ce retard du développement provient souvent des nerfs; il n'est pas rare, non plus, que sa
~ause
consiste en un état d'iIUpel'fection vitale du
sang et de la lymphe. Voilà pourquoi il y Il. aussi
do chlorotiques mâles, et de jeunes pel'soDl)es du
sexe, nou-seulement dans la classe ouvrière, mais
aussi d'une condition supérieUl'e, qui deviennent
chlorotiques à l'âge de la puberté, parce que les
humeurs Illas tiques sont tombées dans un étal\
d'imperfection, pnr suite d'une éducation physique
�DEUXIÈME PARTIE,
223
négligée, d'un mauvais régime, d'ulle tie sédentaire, etc. et parce que les glandes et les viscères
sont engorgés. Un emploi convenable des caux de
Carlsbad est salutaire à ces malades. Selon Becher
ces eaux ne nuisent en général que raI'ement dans
la chlorose.
L'ictèl'e, commun et l'ictè1'6 noir, sont des
suites d'une maladie du foie, et se guérissent dans
la règle parfaitement bien par les eaux de Carlsbad, ainsi qu'il a déjà été dit. Mais pour décider si
ces caux sont encore indiquées, le médecin doit
bien examiner si le foie n'est pas dégénéré et si
les conduits biliairés ne sont pas oblitérés et désorganisés; autrement il hâterait par l'emploi des
eaux l'issue inévitablement mortelle de ces maladies,
Les ltydl'opisies ne supportent pas, en général,
nos eaux; bien plus, elles se manifestent souvent
pendant la cure, et très-promptement même, s'il y
avait une prédisposition, La pathogénésie de ces
mnladics exige encore de profondes rècherches de
la part des médecins; cependant nous connaissons
les lois générales d'après lesquelles elles sont
produites. L'hydropisie, qu'elle soit locale ou générale, qu'elle existe dans une cavité normale ou
anormale, telle par exemple qu'un kyste, suppose
toujours la production d'une sérosité, venant des
�224
DEUXIÈME PARTIE.
humeurs plastiques, et par conséquent, la décomposition du sang en ses parties constituantes éloignées. Elle est à considérer conune le produit
d'un procédé plastique altéré, qui peut s'établir
sous deux conditions opposées; saVOIT: à la suite
d'une activité excessivc du sang, et particuliercment' d'inflammations locales, ou bien à la suite
d'une diminution trop grande de cette activité.
Ces deux conditions peuvent-être amenécs par des
conditions éloignées très-diverses; ainsi la première a souvent pour cause des principes morbides
spécifiques, tels que ceux !le la scarlatine, de la
rougeole; ct la seconde peut-être le produit d'une
grande altération de tout organe jouant un rôle
dans l'assimilation; ou bien d'un affaiblissement
génémI, qu'il provienne du systeme nerveux, immédiatement, ou du sang, comme par exemple
après les pel·tes !le sang. J:hy<lropisie Cil général
est suseelltible d'être guérie, ou non, selon ses
différeml' modes de production; et c'est ainsi que
les eaux de Carlsbad sont tantôt Il rejeter tout. àfait, et tantôt à employer sous des condition trèslimitées. II faut s'en abstenir lorsqu'il y a
des vices organiques dans l'appareil digestif ou
dans les voies circulatoires, ou lorsqu'il y Il une
cllûte généralc des forces vitales, ou dans un
état, ou le sang est nppnuni, ou lorsquc de )n
�DEUXIEME PARTIE.
225
sérosité s'est déposée dans des tissus de nouvelle formation; l'emploi des eaux est done tl'èsrare en général, mais il ne l'est pas lorsque
l'hydropisie ne menace que de loin, lorsque les or.
ganes ne sont pas encore altérés dans leur texture,
et que le sang est altéré dans sa composition au
point que les secrétions s'arrêtent et que les pieds
se tuméfient; comme dans la leucophlegmatie et
la bouffisure de la peau.
n est une classe toute particulière d'épanchemens séreux, savoir ceux qui sont le résultat d'une
maladie organique du coeur, et qui so manifestent
presque régulièrement, dans les époques avancées
des états aneurysmatiques du coeur et des gros
vaisseaux. Leur moùe d'origine n'est pas encore
tout-a-fuit éclairci. Si je pense au changement
tout particulier de la masse sanguine, qu'on ohserve sur le sang til'é de la veine dans le cours de
ces maladies, il ne me parait pas invraisemblable,
que ces llydropisies ne naissent pas directement de
ces maladies organiques, mais bien secoDclairement,
du changement de la composition du sang, que
doit IJrolluire, duos ces cas, le trouble pl'olongé de
la ch'culation sauguine, Mais une remarque que
j'ai afaire, c'est que les eaux de Carlsbad donnent
souvent lieu, dans ccs circonstanoes, et en peu de
jours, a un gonflement subit des IJieds ou de la
10 u
�226
DEUXIÈME PARTIE.
facc, et qu'alors il faut aussitôt cesser leur emploi. D'autres eaux minérales, et qui sont froides,
comme par exemple les eaux de Marienbad, produisent les mêmes effets, mais à ce qu'il me semble, il
un moindre degré.
J'ai cependant rent;)ontré quelques cas d'hydropisie ascite, où nos caux ont produit un cffet salutairc, en guérissant l'épanchement séreux ct cn
améliorant l'état général du malade, quoiquc sans
obvier radicalement aux rcehi'ites. Ces cas ne dépcndaient pas de vices des organes digestifs, mais
d'un affaiblissement antérieur des organes génitaUX internes, ct l'on ne pouvait démontrer l'existence d'aucune maladic organique. Nos eaux paraissaient ici agir en conigcant l'acte de l'assimi.lation. Mais en général, il convicnt d'être toujours extrêmement circonspect avcc nos eaux dans
cette forme morbi(le.
J'ajouterai ici quelques observations sur l'emploi de nos eaux dans les maladies où les fonctions de l(e vie intellectuelle et du système lIe1'veu.c paraissent atl'ectées de préférenoe.
Il y a un état morbide chronique accompagné
d'lm sentiment intérieur dc maladie, ct (l'une disposition morale pour la tristesse; ect état peut se
manifester sous millc modifications diverses, et
principalement, tr.ntôt sous coll os dc souffrances
�DEUXlÈME PARTIE.
227
corporelles, dont l'idée tourmente le malade, ct
tantôt sous celles de sensations ct d'imaginations
morbides, qui peuvent aller jusqu'à la démence,
soit qu'elles n'affectent que l'état de la vie intellectuelle, soit que le malade les rappol'te à des ma·
ladies de son corps, mais sans que le médeciI).
trouve des traces d'une maladie gra\'e de ce genre,
comme le mala(le voudrait le faire croire. Nous appelons cet état du nom d'hypocondrie, les anglais
l'appellent spleen ou lOlO spirits; et les auteurs
de cette nation l'ont l'apporté tantôt il la dyspepsie,
et tantôt aux affections nerveuses (Wilson, Philips, J olmson, Abernethy). Ces maladies varient
infiniment dans leur mode de manifestation, et
sans doute aussi (lans leuI" mode de composition, par
des anomalies intérieures; on se trompe donc certainement toutes les fois qu'on ne veut chercher
leur cause que dans une seule ct même espèce de
désordres intérieurs, et les dériver, pour tous les
malades, d'une seule ct môme source. IL est certain que l'.état du système nerveux contribue souvent pour la plus grande part à leur production,
mais oe n' est que dans quelques cas, assez rares,
qlle oct état fournit l'élément principal de la maladie. L'état des organes digestifs contribue trèsSouvent essentiellement à produire des maux de
cotte espece; mais encore cet état n'est pas tou-
�228
DEUXIÈME PARTIE,
jours le même, et ne provient pas toujours de la
même source, C'est dans ces maladies précisément
que le médecin a le plus souvent occasion d'exercer son talent à en calculer les élémens intérieurs,
et de faire valoir son influence morale dans le
traitement, Les malades de cette espèce se trouvent très-fréquemment fort bien de l'emploi des
eaux de Carlsbad, et s'y rendent en masse, Ils se
trouvent soulagés ou guéds, toutes les fois que la
vie intellectuelle est à regarder comme obnubilée par l'état d'imllerfeetion de la masse des humeurs, ou par un désordre local dans la vitalité
des organes abdominaux, pourvu que cc dernier
n'ait pas engendré (les Ilfoduits pel'manens, ou que
l'ensemble ne soit pas dans un trop gran(l affaiblissement, Le degré de l'affection nerveuse ne
saurait nullement empêcher ici l'emploi de nos
caux; cal' les malades se trompent facilement, non
pas sur leurs sensations morl>ides, qu'on regtu'de,
trop souvent il tort, comme imaginaires, mais du
moins dans les conclusions qu'ils en tirent sur les
Rourees intel'lles de leurs souffrances; de la même
manière, à-peu-près, que les médccius qui, en s'élevant uvee forcc contre ceux qui ne voient les maladies que sous Jo lloint de vue syJUJltomatique,
n'en regardent pas moins h'op souvent une imagination malade, ou une maladie nerveuse, comme
�DEUXIÈME PARTIE.
229
la cause principale de ces accidens, Mais la vérité
est, que, quels que soient le nombre et la nature
très-diverse des causes internes, dont ces maladies peuvent êre le produit, le systeme nerveux n'y
est cependant affeeté, dans la plupart des cas que
8ufJe1ficiellement, 011' sympathiquement; que si ces
étatB peuvent dépendre principalement d'un grave
désordre dans des ol'ganes importans, surtout dans
le coeur et les gros vaisseaux, ou dans les organes
de l'abdomen, il est cependant bien plus fréquent
qu'ils doivent leur origine à un degré de dérangement de ces derniers, ou d'altération de la lUasse
des humeurs, qui n'est pas au-dessus des moyens
de l'art et de la nature, pour obtenir le retour à l'état n01"1nal; et alors les eaux de Carlsbad sont certainement la vraie panaeée pour ces malades, 11 est
vrai que ces eaux ne font pas de miracles, et qu'elles n'obtiennent pas toujours en un mois, un renouvellement complet de la matière organique, et en
même temps la l'éparation des organes, sur lesquels
pèsent principalement les produits de la maladie,
Les malades de eette espèce ont besoin (l'être longtellllls tl'aités dans le même espI'it, si les eaux de
Carlsbad doivent les guérir; et très-souvent une
seconde cure leur devient nécessaire, allrès que le
mé(leein a bien mis Il profit, pour leur avantage,
J'intervalle flui sépare les cleux médications.
�230
DEUXIEME PARTJE.
Les a.Dèclions 8pa8modiques forment un autre groupe de mala(lies nerveuses, Nous distinguons les spasmes périodiques auxquels les fem.
mes sont particulièrement sujettes, des formes plus
nettement caractérisées de l'épilepsie, de la catalepsie, et de la chorée, Les aSllles des femmes
sont appelés spasmes hystériques, et souvent avec
fondement, car nous voyons que des affections
graves mais latentes de l'utérus occasionnent n'équemment ces maladies, ct que la grossesse les
guérit. Mais nous n'obtenons pas toujours les reuseignemens les plus exacts de nos malades, lorsque
dcs leviers moraux ou des passions sont la cause
de ces accidens; et nous devons souvent les deviner par 1eR circonstances. Mais la dénomination
de spasmes hystériques est toujours insuffLsante, ct
je la trouve sans Ilélicatesse, Les spasmes des
femmes se composent également <le causes internes
de nature extrêmement diverse, et leur Source première n'est pas à beaucoup près aussi fl'équenunent
dans le système nerveux, qu'on l'admet généralement. Les femmes sont seulement plus sujettes
aux affections nerveuses, parce que chez elles ce
sytème est beaucoup plus délicat que chez les hommes, ct l)a1'Oe qu'il cède plus faeilement ù l'innuence (le tout (lésol'dre interne, même léger, de la.
l'ie. J.a cause essentielle de ces maladies n'c~t
�DEUXIÈl\1E PARTIE.
231
que trop souvent la dyscrasie pituiteuse des humeurs, ou un dérangement des organes digestifs.
JJes organes sexue:" prennent sans doutc souvent
part à ces dérangemens, ct peuvent de leur côté
exercer une influence nuisible sur le système nerveux, mais sans que ces derniers organes ou les
nerfs constituent l'objet véritable du traitement.
Souvent la cause est une acrimonie herpétique qui
s'est jetée sur les organes génitaux et qui produit
dans les nerfs de ces partics tantôt des douleUl's ct
Iles tOUl"lllcns ct tantôt des irritations. Dans de
pareilles circonstances, ct lorsque je trouvais que
le dérangement vital llrovenait évidemment d'un
vice de l'acte végétatif ou nutritif, j'ai fait employer les eaux de Carlsbad avec le plus granll
succès, quoique la. débilité nerveuse fùt, en 'npparenee, très-grave. IL est bien entendu qu'ici l'on
ne prescrit que les sources les moins énergiques,
ct en doses assez petites pour que lcs malacles puissent les sUPllorter, En faisant prendre tl:ois Il cinq
doses pm' JOUI', et par demi vcrres en une fois, j'en
ai Vll résulter les effets les plus salutaires SUl' la
santé de eCR femmes,-L'épilepsie ct la catalepsie
sont des formes qui ne tienncl\t que rarement Il des
influences légel'es ct sympathiques SUI' lcs nerfs; il
l'e 'ceplion des cas où eUes sont passagères, che1les enfans, ou IOl'sflu'elles dépendent rie la pré-
�232
DEUXIÈME PARTIE.
scnce de vers. Ces maladies peuvent aussi tenir il
la présence d'un ténia; mais les eaux de Cadsbad
ont peu d'actiou sur coIui-cf. J<e he puis ùonc les
recommander dans les m:tladies de cette espèce, à
moins qu'on ne les trouve convenables pour prépal'el' la guérison, dans quelques cas olt la vie de
l'ensemble parait trop souffi'ir sous le poids d'altérations matérielles dans la substance organique,
J'ai, au contraire, très-fl'équclluncnt observé,
que la chorée a fort souvcnt sa cause principale
flans une altération de la lymphe animale, et qu'en
remédiant a celle-ci on est sûr de guérir l'affection
spasmodique. De même l'exllérience me l'a aussi
confirmé, que les eaux de Carlsbad, naturelles ou
artificicllcs, ont parfaitement guéri cette maladie.
VoilU pO\lrquoi je recOImnande pour des cas pareils
les sources moins énergiques de Carlsbaù,
J'ai eu à traitel' des cas assez nombreux, de
convulsions très-violentes, générales et revenant
par aceès périodiques, chez l'un et l'autre sexe, et
ressemùlant plus ou moins à l'éllilepsie; en exadans
minant ayee soin les malades, je trouy~iFJ
l'abdomen, un eSllace circonscrit, particulièrement dans l'épigastre, et par eonséquent dans la
région des grands ganglions, et près d~ l'origine
des nerfs dOl'saux; cet endroit était extrêmement
sensible et doulourcux, et la plus légère pression
�DEUXIÈME PARTIE.
233
qu'on y exerçait, excitait lcs spasmes. Ne pouvant
douter que cet endroit ne fût le foyer et le point de
départ de ces convulsions, j'ai toujours traité les
cas de cette nature de manière, à y diminuer la
sur-excitation par un léger traitcment antiphlogistique, et il obtenir la résolution de l'inflammation
latente, par des moyens qui paraissaient appropriés
Il ses causes occasionnelles. Le plus fréquemment
fai vu ces affections tenir à des obstructions ct à
des tumeurs scrofuleuses dans la région épigastrique. Le succès (lui couronna si souvent mon traitement dirigé d'après ces vues, par le rétablissement le plus cOlllplct de ces malades, affectés de
convulsions au plus haut degré, m'a convaincu de
la justesse de ma manière de voir, dans ces circonstanccs; et j'en ni été enhardi LI. employer encore lcs eaux de Carlsbad, plus tarcl, et lorsque le
désordre avait déjà considérablement diminué, en
les combinant toutefois avec les saignées locales. et
les fomentations émollientes et calmantcs; et ce
traitement m'a plusieurs fois parfaitement bien
réussi, tant à Dresde, IH11' les eaux de Carlsbad
artilicielles, qu'aux sources naturelles clIes-mêmcs. Comme les cas de cette espèce l/Ussent si
fréquemment pour des suites de maladies purement nerveuses, et comme on n'est que trop disposé ù leur donner pour Cause immédiate une nf-
�234
DEUXIÈME PARTH:,
fection de la moëlle épiniere, qui d'apres mes 01Jsel'vations n'existe certainement pas: j'ai eru bien
faire en appelant l'attention SUI' eux, sans cependant vouloir conseiller un emploi irréfléchi des
eaux de Carlsbad, Becher qui juge en effet tressainement les formes des affections nerveuses,
CCl a rapporté quelques cas tout-a-fait semblables,
Les paralysies des membres sont quelquefois
bien guéries par les eaux (lc Carlsbad; c'est lorsque la llaralysie est le pl'oduit d'une grande dyscrasie du sang et d'une gêne dc la circulation, ou
!l' une métastase arthritique ou herpétique, Beehel'
a même rapporté deux cas, où elles ont guéri des
paralysies, qui étaicnt la premiere une suite d'un
empoisonnement arsénical et l'autre une suite d'un
empoisonnement par le plomb, Cependant il faut
bien examiner, dans les cas des paralysies, s'il n'y
a pas eu d'épanchement morbide sur le cerveau,
J' ai vu, à la vérité, des malades de cette espèce,
qui avaient fait avec sucees plusieurs cures à
Carlsbad, quoiqu'on trouvùt plus tard, Il ,l'autopsie, un caillot de sang épanché dans la substance
cerébrale, et une altération marqu "c de cette partie de la moëllc; mais je ne voudrais pas conseiller les caux, dès que le malade s' enllort souvent
involontairement, ou que sa tète est eontinuelle-
�DEUXIÈME PARTIE.
235
ment affectée et faible, ou s'il y a une lésion simultanée des organes de rouie et du goût, et si la
,
.
1 ./
parole devient begayant e par mterval es; cal' dans
ces cas, il est très à craindre que le cerveau ne soit
sous le poids d'un épanchement morbide. Il faut
en général user de précaution avec nos caux, lorsqu'une apoplexie a cu lieu simultanément avec la
paralysie d'un membre, et que cette dernière persiste isolément. Si au contraire une paralysie simple a été produite, sans affection simultanée de la
tête, soit pnr les causes déjà mentionnées, soit à la
suite de maladies aigu es, du typhus, de la goutte
anomale, etc. elles méritent d'être employées nonseul ment à l'intérieur, mais aussi en bains ct
sous forme de douches.
Nos caux trouvent même une application coutre quelques maladies de la tête, des sens extérieurs
et des fonctions intellectuelles. La migraine, maladie si commune chez les deux sexes, est surtout
de ce nombre. Elle est fréquente chez les femmes
délicates, et chez des individus qu'on appelle avec
raison faibles ct nerveux; elle est très-fréquemment aussi unc suite de travaux cxcessifs, de veilles prolongées, de chagrins, etc. mais en cherchant
plus loin, on trouve que cette affection est ordinairement dans un rapllOrt étroit avec des vices des
organes digestifs, et avee la disposition arthriti-
�236
DEUXIÈME PARTIE,
que, qui en forment la principale base. Dans ces
circonstances les eaux de Carlsbad rendent les
services les plus émincns contre la migraine, Il est
vrai que très-fréquemment celle-ci est aussi entretenue par un régime et un genre de vie vicieux,
dont le chailgement doit-être la pre~tièl'
condition de la guérison, Dans les Cephalalgies qui
sont continuellement fixées dans une même partie
de la tête, et qui passent pal' intervalle aux degrés
les plus intenses, il faut être eireonspcct avec les
caux dc Carlsbad, ct bien examiner surtout si la
cause ne consiste pas en une altération locale du
celTeau 1 si llar exemple, il n'y a pas d'ossifications dans les sinus veineux, conune il arrive (uclquefois, ou quelque autre dégénél'cseence des
membranes du cerveau, ou dcs épanchcmens de
liquides, ctc, des métastases artlll'itiques, ou exanthématiques, dans lesquelles les eaux de Carlsbad
pourraient être dangereuses.
Parmi les maladies des organes des sens l'amaurose s'est montrée susceptible de guérir fluelquefois par les eaux de Carlsbad, Quelques di{~\_
•
l'enees que puisse offrir cette maladie dans ses
l'upports, puisqu'elle ne dépencl que trop SOUl'ent
cl'une affeetion du ccrvcau lui-même, il est cependant démontré [lai' l'expérience qu'assez SOln'cnt
elle u pour cause des stases sUllguines cOl1sidéra-
�DEUXIÈ ME PARTIE .
23'7
bIcs dans l'abdom en, qu'elle Il des rapport s très
étroits avee la constitu tion atrabila ire, et qu'un
traitem ent l'ésolutif énergique, long-tem ps continué, peut encore quelquefois la guérir, Quant à
vu dispara ître par l'emmoi, j'ai très f~équemnt
la faiblesse de la vue
d,
Carlsba
ùe
eaux
ploi des
disposit ion; et je
cett<;
de
nt
(amblyo pie), dépenda
complète où
presque
ose,
connais des cas d'amaur
me semble
Il
es.
salutair
ces caux ont encore été
ns morconditio
en général que la comparaison des
.bides des yeux dans l'amaur ose, avec la distribu tion toute particul ière de la substan ce nerveus e et
du sang dans l'ol'gane visuel (puisque dans l'iris et
la choroïd e d'une part ct dans la rétine de l'autre,
le sang et la substan cc ncrveus c se trouven t placés vis-à-vi s, commc dcs élémens isolés de la
mêmc force) est particul ièremen t propre a nous
convain crc, de la vérité de l'idée que j'ai établie
précéde mment; savoir: que le sang ct la substance ncrveusc sont lcs deux pôlcs tIc la force vitale, unc en eUe-même; que ces deux élémens
s'accom pagnent partout dans le e011>s, qu'ils s'entrelaccn t partout, et quc de leurs actions combinées
résulte l'exerci ce dc toutes les fonctions, C'est
ainsi qu'entre autres l'amaur ose nous enseign e
aussi dans beaucoup de cas parson mode d'origin e,
que la vitalité du ncrf optiquc n'est qu'opprimée
�238
DEUX1È~
PARTIE,
par un .état morbide primitif et profond du
sang, et qu'a mesure que le sang est débar·
rassé, la vitalité rlu nerf se manifeste de nou,.
veau en liberté, Au fond il en est de même de
beaucoup (le maladies de l'audition, des bourdon·
nemens d'ol'eille et de la dureté de rouie, et de
l'absence de l'odorat llans le Coryza chronique, etc.
L'embarras chronique de la tête avec ou sans ver·
tige, le vertige lui-même, beaucoup de cas de céphalalgie opiniâtre, syncipitale ou occipitale, sont
au nombrc des malaùies qui résultent très-sou.
vcnt d'un état d'imperfection du sang et de ln pnl'esse du mouvement circulatoire et de l'activité
vitale, qui en est la suite; et ces maladies sont
traitées avec sucees pal' les eaux de Carlsbad convenablement employées,
11 n'est pas l'are que les d61'angemens des
fonctions intellectuelles, et pal'ticulièl"ement la mélancolie soicnt soulagés ou guéris par lcs eaux de
Carlsbad, Les degrés moins avancés tie l'abattement
(les forces morales, où la raison n'a pas encore
perdu son cmpire, sont parmi les maladies, pour les·
quelles un très-grand nombre de maladcs se rendent :\ ces eaux; ct l'on voit souvcnt avee joie revenil' non-sculement la honne humeur, mais aussi
les facultés supérieures de l'esprit ct "l'attention
elle?; dcs malarles qui étoient presque tombés dans
�DEUXIÈME PARTIE.
239
un état de stupidité. L'on peut très-fréquemment
apprendre par-là d'une manière convaincante, combien de fois les fonctions intellectuelles sont opprimées par un état morbide dans la sphère organique de la vie; souvent on peut concevoir dans
de pareils cas, qu'il ne faut encore que d'un
seul pas, pour arriver à la destruction totale ou
particllc de l'organisation délicate du cerveau, de la
fleur de l'organisme animal, et luême à celle de sa
vie, de maniere que la raison humaine est gênée
dans son activité lihre, et perdue au moins pour
quelque temps, non pas en elle-même, mais dans
l'homme terrestre, enchaîné à lu pousil~'e;
pal'
l'atteinte portée;\ son instrument organique. Cc
n'est pas ici le lieu de m'arrêter long-temps à cet
objet si obscur ct si important. En me bornant à
ce qui a rapport a notre but, je ne dirai que cc qui
suit, sur l'emploi des eaux de Carlsbad dans ces
tristes états. Il y a de grandes difficultés, à introduire dans une grnnde société d'hommes et surtout
d'hommes malallcs, des personnes affectées de maladics mentales. Elles del'iennent ~ouvent
unc
cause dc dérangement pour les autres malades, ct
fréquemment elles en éprouvent elles-mêmes encOl'C
plus d'anxiété ct d'inquiétude. Les maniaques y
scraient tout-.t-fait déplacés; et leUl1état physiquc
permettrait bien ruroment l'emploi ùe ccs caux qui
�.240
DEUXIÈME PARTIE •
sont si excitantes. Fort souvent aussi il est impossible de les déterminer Il boire avec régularité
les eaux.
Cependant celles-ci sont d'une très-grande
utilité dans la mélancolie qui a son foyer dans un
état morbide du sang; dans cet état que nous nommons avec les anciens, la disposition atrabilaire, ét
dans les stases sanguines de la veine porte. Les anciens n'avaient pas seulement dérivé cette espèce
particulière de la démence, d'un état morbide des
liquides plastiques, mais la maladie a même reçu
son nom de la cause qu'on lui supposait; ct ce
même nom a non-seulement été toujours généralement conservé, mais la croyance vulgaire cherche
enCOre toujours la cause de ces maladies dans un
sang trop értais. Pour conduire des malades de
cette espèce a Carlsbad, il faut (l'abord les avoir
bien préparés; ct ne les habituer aux eaux que
peu-à- peu; on commencera par les sources moins
actives, pOUl· ne pas violemment sur-exciter ces
malades; et l'on ne passera aux SOUrces plus énergiques, qu'à mesure que l'on verra qu'ils n'en sont
llas plus péniblement affectés ou sur-excités.
Je J'appelle iei ce que j'ai dit IJlus haut sur l'état morbicle du sang, que je dérive d'une intensité
vitale trop énergique de ce liquide. Les caux de
Cadsbad sont certainement nuisibles, dans un pa-
�241
DEUXIÈME PARTIE.
l'cil cas, ct j'cn ai vu réccmment cncore un cxempIc frappant. On avait envoyé à Carlsbad unc
dame d'un àge moyen, affectée (lc constipation qui
tenait évidemment à cettc cause; la malade était
en même temps très-disposée a la tristesse ct avait
des idées chimériques. Son état s'aggrava dès lcs
deux Pl'emiers jours, et une chose singulière c'est
qu'elle entendait maintenant des voix qui parlaient
de son abdomen aux oreilles, ct qui la tourmentaient continuellemcnt. Cet état ainsi que toute la
maladie dura assez long-temps, ct la guérison ne
fut obtenue que peu-à-peu, principalement par des
émissions sanguines, un régime sobrc, de l'exercicc, des bains, et des médicamcns rafralchissans
ct résolutifs.
3) Il me reste a dire quelque chose sur le
a/tOi:!: qu'il convient de faire en.tre les di.ffél'entes
80161'CeS de Cm·lsbad. Elles diff'crcnt principalcmcnt par lcur tcmpératurc, ct non par la proportion plus ou moins grandc dcs sels qu'clIcs ticnnent en dissolution. Moins elles sont chaudes,
plus le fel' y disllamit; le TluJrèsie1lbrzmnen eu a
fort peu. Les eaux du 1Ilühlb1'lmllen ont un gOÎlt
plus salé et purgent plus que les autres sources;
mais cela ne parait dépendre que de la températurc
llius basse dn 1I1ü/tlb1'ulIlIen; lcs caux (lu Sprztdel
paraisscnt lcs moins salécs, ct purgcnt moins, en
11
�242
DEUXIÈME PARTIE,
général, mais elles sont de toutes les plus excitantes; elles échauffent facilement, et donnent lieu il
une pression douloureuse dans le front; la tête en
est affecté et il y a des vestiges, Le Neubrunnen
occupe le milieu sous ce rapport; sa chaleur est
modérée, et ses eaux produisent ordinairement une
douce purgation, C'cst aussi lui que la plupart
des malades boivent de préfél'ence, Pendant les
premiers jours on aime à faire boire la Mü/tlbrzm1len, à la close de deux à quatre "erres, pour évacuer le canal intestinal, et pour obsen'er, comment les malades supportent cn général ces eaux,
Chez les malades très-disposés ù la constipation Oll
prescrit souvent aussi pour la suite cle la curc, de
commencer journellement l)al' quelques verres du
Jllüldbrunnen; mais rarement on sc borne à cette
seuIe source, Quclcluefois, si lcs eaux nc purgent pas, l'oll ajoute aussi un ou deux gros de
sel do Carlsbad au prcmiel' verre, Le l'h61'esiellbl'ullnen est prescrit il ceux que le Mü/tltn'unnen
lui-mêmc échauffe h'op; enfin l'Oll ordonne cette
source et le Scltlossb1'unnen aux pel'Ronnes faibles; aux enfans, aux malades dont 1 S poulIlons
paraissent suspects; à coux qui southent d'une
grandc susceptibilité du système nerveux en général, ou fIcs organes de l'abùomen, particulière tuent des intestins, enlin ù ceux qui out une dis-
�DEUXIÈME PARTIE.
243
position à des flux hémorrhoïdaux ou menstruels
excessifs.
Je regarde comme un avantage très-réel, que le
Schlossln'urinen ait reparu, et qu'il puisse être mis
en usage. J'ai vu ses eaux produire de très grands
effets; leur action immédiate est douce, cependant
. Elles sont
elles sont aussi légèrement lax\tive.~
surtout à recommander chez les cnfans scrofuleux
ct cllez les femmes qui ont transporté ce gcrme
dans l'âge adulte; je pourrais presque dire qu'elles forment le passage aux eaux d'Embs. J'ai ohsené plusieurs fois, que des femmes faibles et scrofuleuses, qui avaient long-temps vécu dans un
mal'iage sans enrans, sont devenues enceintes très
peu de temps après avoir fait usage de ces eaux.
Elles sont aussi à recommander dans les cas où la
poitrine est affectée ct faible, mais où les eaux
sont cepenclant indiquées.
Le Spl'udel est avec raison regarclé comme La
Ilouree la plus énergique; mais c'cst une trèsgrande erreur que de le regarder en quelque sorte
comme la seule eflicace, comme nécessaire dans
tous les cas, de croire que les autres sources sont
beaucoup moins efficaees, et de s'illlllginer que
/laDS le .lpl·uclel on ne pounait faire une grande
cUrC, Ce préjugé, a sans aucun doute, déjà couté
la vic Il bien des malades . Mais le f,Lit cst que
11*
�244
"
DEUXIÈME PARTIE,
pour différens individus, chacune de ces sources est,
et peut devenir un grand moyen de guérison, que
toutes exercent une action énergique, que beaucoup de malades ne supportent que les eaux moins
fortes, et qu'en outre leur état n ~ exig
précisément
que ces eaux, pour faire place a la santé, Les
eaux plus énergiques ne peuvent que nuire, lorsqu'elles ne sont pas supportées, et cela d'autant
plus, que l'état morbide, qui contre-indique leur
emploi, est plus important. Ces eaux ne guérissent pas dans chaque intliviclu, tous les états morbides dans 'lesquels elles sont indiquées en géné.
raI; ou du moins souvent elles ne les guérissent que
très-lentement, et seulement par l'emploi des sources moins fortes. C'est trancher le noeud que de
vouloir mettre la natul'e à la torture, en employant
le Sp1"lldeZ dans ces cas épineux. Je ne puis donc
prier et avertir assez sérieusement les médecins ct
Les malades, de ne pas en agir légèrcment avec le
.S'prudel, ct dc ne pas le recommander sans restriction, et sans indiquer exactement toutes les circonstances auxquelles il faut avoir égard, pour sa"oir s'il peut convenir; pour lleu clu'il . soit douteux s'il pourra être supporté, Mais d'un autre
côté je ferai aussi la remarque, que dans quelques
cas les malades supportent Je S'p1'udel mieux que
toutes les autres sources, lorsqu'on n'ose pas ou à
�DEUXIÈME PARTIE,
245
peine de le supposer d'abord. C'est ce que j'ai vu assez souvent chez des femmes sensibles, affectées de
grands engorgemens glandulaires (lans l'abdomen,
D'autres sourccs leur causaient du malaise et ne
relâchaient pas le ventre; le Sp1'udel faisait du
bien à l'estomac ct entretenait les évacuations alvines. En général le Spl'udel produit une impression llius bienfaisante sur l'estomac; il calme souvent la crampe (l'estomac au moment où il est bu,
et fai souvent remarqué SUl' moi et sur d'autres,
qu'une migraine commençante cessait instantanémcnt llar une dose dc ses eaux. La règle principale souffre donc des exceptions, où le Spl'udel
convicnt à eles malades sous des circonstances où
l'on croit devoir craindrc qu'il les échaufferait
trop. Il cst donc toujours nécessaire que le médeciIl obscrvc scrupu leusemcnt Ics effcts des eaux
chez scs malades; afin dc modifier ses prescl'i p_
tions, s'il trouvc que son calcul n'a pas été tout-àfait juste chez un inelividu; ou bien, dans le cas où
il ne serait pas présent aux caux, qu'il permette au
médecin chargé de suh're la cure, de motlifier sC!!
prescrilltions sous certaines conditions, Le Sp1'1t-del cst sans aucune doute parmi les sources du
Carlsbad, cellc qui possètlc lcs propriétés les plus
pénétrantes; il cst li considércr comme une cau
prcsquc éthérée, qui pénètre l'organisme dc la ma-
�246
DEUXIÈl\lE PARTIE,
mere la plus intime, et qui exerce sur le sang et
sur les nerfs l'action la plus stimulante et la plus
vivifiante, A son aide on obtient souvent encore la
guérison de maladies opiniiltres qui avaient résisté
aux autres sources, Un ou deux verres du Sprudel,
pris après un certain nombre de verres des autres
sources, pnrviennent souvent aprovoquer (les selles
copieuses, et les malades éprouvent du calme dans
l'estomac ét se sentent comme fortifiés; mais c'est
justement parce qu'il est un médicament héroïque,
qu'il devient aussi facilement nuisible, et le médecin ne doit se décider a l'emploi qu'après y avoir
bien réfléchi; les malades ne devraient jamais se
permettre de faire de leur propre chef, des essais
sur eux-mêmes avec ces eaux, ou de les employer
même contre le conseil de leur médecin,
POUl' employer convenablement les différentes
sources de Carlsbad, le mieux a fllÎl'e est sans doute
de régIe): le choix de ces sources pOUl' chaque individu, cl'apl'es sa constitution, ses dispositions
morbides, le degré de développement de la maladie
et le danger de provoquer des àeeidens f.1cheux
pal' les sources trop fortes, de ne eomm ncer que
par les eaux moins fortes, dans les CilS cloutcux, de
monter peu-tl-peu li celles qui sont plus éncrgiques, et d'ajoutel' Il. la fin un on deux verres du
!:j'prudel, lorsqu'on en trouve l' usage désirable; on
�DEUXIÈ ME PARTIE •
247
. en augmen te la dose, ou l'on passe exclusiv ement
il lui, si on trouve qu'il est bien support é. Peu de
malades support ent le Sp1'udel dès le commencement de la curc, et les personnes qui prennen t pour
la Pl'emière fois les eaux de Carlsbad, font très-ma l
de se laisser persuad er par d'autres malades , de
commencer tout de suite par cette source. Les malades alnlent à donner des conseils à d'autres et
ne sont que trop empressés à appliqu er à ceux, ci
les observations qu'ils ont faites sur eux-mêmes,
C'est ce qui n'est nulle part plus fréquen t qu'aux
eaux minéral es, où il y a autant de consul tans médicinau x que de malades,
Aux enfans, aux sujets faibles et aux malades
qui offrent des symptÔmes (l'une disposition à la
phtllisie pulmonaire, auxhém orrhagi es, à la suppuration de glandes et de viscèrcs engorgé s,on ordonne
avee le plus de sùreté le Scltlossbrurmen ou Je
7'1t61'èsienlJ1'unnen; mais en général , lorsqu'i l n'est
pas douteux que la cure ne soit bien support ée,
1'011 peut recomm ander de préféren ce, pour les
huit premiers jours, le Jllültlbrzmnen et le Neub1'Zt1lnen;, l'on eommen ccrn par deux à quatre verres, ct l'on montcl'a (l'un ou de deux verres, chaque
jour, ponr s'arrête r à huit ou dix. On donne volontiers une quantité suffisante du Jllü/tlln'uml en,
pour obtenir une ou deux évacuations alvines ; et le
�248
DEUXIhIE PARTIE.
nombre de verres du MüMbl'unnen ou du Neu"runnen, que le malade prend journellement, se
règle sur cet elret laxatif, ct en partie sur la disposition dc l'estomac, eufin sur le degré d'augmentation de la chaleur interne, qui en résulte. Si les
malades ne sc sentent pas échauffés par le llIü/tlln'unnen, l'on passe successivement au NeubTunnen seul; si le contraire a lieu, on s'en tient au
lJlültlln'ullnen ou bien à la source encore moins
chaude du Tltél'èsienb7'unnen, Si le Neubl'unnen,
ù son tour, est bien sUllporté, l'on passse dans la
troisième semaine au Spl'udel, en commençant par
un ou deux verres le premier jour, qu'on fait prendre après le nombre fixé des verres du Neubl'unlien, mais en retranchant un ou deux verres (le la
dose de celui-ci, On ne monte avec lc nombre ùe
verres du Spl'udel que peu-à-peu ct à mesure qu'ils
sont bien supportés, en retranchant un nombre égal
sur les verres du Neubl'unnen, C'est ainsi qu'on
l,eut faire boire les caux durant quatre ou six semaines Bans intenuption, avec de petites modifications que les circonstances intliquent, Beaucoup
de mala(les diminuent gra(luellement le nombrc
des verres dans la dernière semaine, de'manière à
n'en preO(lre enfin qu'uo ou deux; mais je crois
qu'il vaut mieux finir avec un nombre de verres
qui ne soit pay tout-à-fait insignifiant, par excm-
�DEUXIÈ ME PARTIE ,
249
pIe avec quah'e il six, pour ne pas jouer avec une
médication sérieuse, Je m'en rapport e <l'ailleurs
aux préceptes que fai déjà donnés dans la sixième
section de la partie général e de cet oUl'l'age, et
dans d'autres endroits , SUl' l'emploi des caux de
Carlsbad, préceptes que je ne voudrais pas répéter
unc seconde fois,
J'ai déjà traité plus haut, d'unc manière générale dc l'emploi des bains il Carlsbad, et j'ai dit
que malgré leur efficacité, ils ne sont pas toujours
bien supportés en mêmc temps qu'une eure intéri eUl'e , Mais je voudrais de nouveau appeler l'attention sur eux, paree qu'ils sont certai}lcment par
eux-mêmes des moyens thérapeutiques très-efficaces, Selon BecllCl', cet auteur vl'aiment classique
et tl'llS à recommander encore aujourd 'hui, sur les
eaux (lc Carlsbad, (Leipzig, 1789), ces eaux n'étaient usitées durant les cent cinquante premières
années que sous forme de bains, et ees bains s'étaient acquis une si grande renommée, que ln ville
de Carlsha(l fut constru itc dans cct intervallc, Plus
tard, au seizièmc siècle, lcs caux furent employées
en même tcmps cn boisson ct en bains; dans les
premièrcs annécs du dix-septième siècle on sc baignait huit jours dc suitc, puis l'on buvait les eaux
durant huit nub'cs jours, et l'on alternai t ainsi.
Depuis l'nnnée 1750, à-peu-près, les bains ont di-
11**
�250
DEUXIÈME PARTIE.
minué, et Becher dit, qu'il ne conçoit pas pour
quelle cause? Dans la goutte et les éruptions cutanées supprimées, les acrimonies cutanées, les
contractures des membres, ces bains seront cer~
tainement, par eux-mêmes, un moyen très salu·
taire. Becher rapporte des observations extrêmement importantes sous ce rapport, ainsi que sur
l'utilité des bains de vapeurs et d'aspersion; et
ces bains ne sont pas moins importans par euxmêmes, dans la prédisposition arthritique et dans
les engorgemens du systême sanguin et lymphatique.
Je crois avec Becher que beaucoup de malades
feraient bien encore aujourcl'hui, de se baigncr
pendant huit jours, de boire seulement les caux les
huit jOU1'S sui vans et de prolonger leur cure jusqu'à
six à huit semaines; je souscris pleinement IL la
remarque de cet auteur, que le degré trop élevé de
la température des bains est souvent la cause des
mauvais effets qu'ils paraissent produire sur les
mala(les; et que 25 0 iL 28 0 Réaumur font en génét'alla meilleure température, à l'exception des cas
où une exeitation plus forte cst nécessaire ct applicable; par exemple dans lcs contractures, les éruporganisations cutanées supprinlées. La nouveU~
tion (les bains de vapeurs a Carlsbad est certainement très-digne d'éloges. Peut-être ces bains ne
�DEUXlbŒ PAR1'1E.
251
pourront-ils pas être employés sans restriction
chez les malades qui doivent en même temps boire
les eaux; mais, cmploy ~s isolément, ils en seront
d'autant plus utiles. II serait bien à désirer que
le service des bains ordinaires fùt aussi bien organisé. Il serait trcs facile de conduire les eaux du
Sp1'udel dans un grand nombre de maisons, par le
moyen de tuyaux; et .avant l'incendie de 1759,
quarante maisons étaient pourvues d'un ou de deux
bains qui recevaient l'cau de cette manière. Je suis
convaincu que les eaux: dc Carlsbad en bain, doivent sUl'passer de beaucoup l'efficacité des bains de
Teplitz; ct je termine comme Becher, en exprimant du regret de ce que l'emploi des bains à
Carlsbad cst trop négligé, et (le ce qu'on n oublié,
d'où cet endroit Il reçu son nom.
II. Sur ['emploi des eaux d'Emba. *)
Ces sources célèbres, déja 1listoriquement con*) Voyez l'ouvrage publié par le Dr. Aug. Fréd.
Adr. Diel: Ueb~
ben œebraud) ber :;r~emalb
bll
Œmbs, (sur l'emploi des eaux thermales d'Embs,)
Francforlrsur-Ie-Main, 1825. Cet ouvrage plein de remarques importantes parut, il y a trois ans, en même
temps que la première édition de mon ouvrage, ct je
pus encore le parcourir peu avant l'impression de celui-ci. Je disais de lui, que la lecture de cet opuscule
�252
DEUXIÈME PARTIE.
nues depuis l'année 1355, sont situées sur la rive
droite de la Lahn j à deux. lieues de Coblence, près
du village d'Embs. Leurs eaux: sont chaudes, très
limpides comme du cristal, d'une odeur légerement
extrèluement instructif, résultat d'une riche expérience,
et écrit avec un amour de la vérité, exempt de préjugé (qualités dont la valeur réelle et intrinsèque balancera bien celle d'une cinquantaine de gros volumes de notre littérature moderne qui ne cherche que
du pain) m'a procuré une IHl1lte jouissance, et beaucoup d'instruction. Je IlC puis que confirmer de nouveau ce témoignage, après avoir de nouveau étudié
cet opuscule pour la révision de mon travail; et je
prierai tous les médecins, qui auront été tant soit
peu satisfaits de ce dernier, d'étudier aussi avec attention et comparativement le premier; par la raison
d'abord, que les effets des bains en général y sont
appréciés de préférence et développés d'une manière
plus conforme à la nature, que dans aucun ouvrage
antérieur; ce qui est d'autant plus important que les
eaux d'Embs deviennent utiles, si non d'avantage, du
moins autant sous forme de bains, que par l'usage intérieur; et par-là sc montre dans tout son jour la vérité de l'idée que j'ai avancée, savoir: que les eaux
minérales employées à l'extérieur, produisent,· quant à
l'essentiel, les mêmes effets sur le corps, que nous
observons aussi de leur emploi intérieur. Ensuite il
serait peut-être de quelque intérêt, pOUT de pareils
lecteurs, de remarquer que les principos de pathologie
�DEuxrÈDIE PARTIE.
253
alcaline, ct d'une saveur un peu acidulée-saline.
Mise en bouteille et refroidie, cette cau prend le
goût d'une légere cau de Selters. Les sources
d'Embs sont en effet du nombre des eaux thermales alcalines acidulées, d'une température moyenne.
A en juger par la saveur de ces caux, leUl· composition paraît être fort simple, mais une analyse plus
détaillée montre qu'il n'en est pas ainsi. Mais, si
malgré le peu d'énergie de leurs effets sensibles sur
le corps de ceux qui les boivent, ces eaux ont conet de thérapeutique, établis par ce médecin qui a vieilli
dans la pratique de l'art, et qui a trouvé l'ancien et
le moderne également dignes de ses méditations et
d'un examen scrupuleux, s'accordent si parfaitement
avec les miens qu'on dirait, que nous nous sommes entendus préalablement à cet égard, si la simultanéilé de
la publication des deux écrits n'était pas la preuve
du contraire. Mais la raison de cette conformité de
principes est facile à trouver, c'est que l'un et l'autre nous avons emprunté ces l)rincipes à l'école de la
natul'e, sans nous assujettir ni 1. des hypot.hèses, ni
à des préjugés d'école, Boit anciens, soit modernes, de
j'influence desquels nous nOlis sommes préservés pal'
une observation fidèle de la nature. Comme cet ouvrage mérite d'être étudié par tous les médecins, et
surtout par lcs jeunes, je pense qu'il convient de ne
faire Il mon travail que peu d'additions SUl' les cain"
d'Embs.
�254
DEUXIÈME PARTIE.
servé durant une si longue suite d'années, leur réputation comme sources médicinales; leur exemplc
prouva aus si, combien il est faux, de ne vouloir reconnaitre comme bien efficaces et comme vraiment
salutaires, que les sources qui produisent un effet
sensible bien intense sur le corps. Les eaux
d'Emlls sont parfaitement bien supportée par l'estomac; elles favorisent ordinairement la sccrétion
urinaire et la transpiration cutanée, mais non les
évacuations alvines. Les malades qui les prennent
régulièremen t soit à la source, soit artificiellement
pI'éparées, éprouvent peu-il-peu un certain abattement, une espèce de lassitude, que j'ai déjà <lécrite,
en parlant des caux de Carlsbad; cet état peutêtre de courte durée, ou se prolonger pendant quelques semaines, selon le degré de la mala(lie; il est
remplacé pal' un état de bien-être, a mesw'e que
l'état intérieur ùu corps devient meilleur.
Les eaux d'Embs ont été regardées, de tout
temps, comme de grands moyens curatifs;
1 0 • Dans les maladies (les lloumons, et spécialement dans la phthisie imminente et commençante.
2. o. Dans la débilité nerveuse et les affections
qui en dépendent.
3 0 • Dans la stérilité.
Ilune des Sources Il même reçu, pour cette
cause, le nom de Source aux garçons (Bubell'luelle),
�DEUXIÈME PARTIE.
255
mais plutôt à cause de son mode d'application, que
pour la composition particulière de ses eaux. Une
observation plus exaete a enseigné que ces eaux
possedcnt en général la propriété d'opérer un
grand cllangement dans la composition animale;
et de devenir salutaires dans les cas où il s'agit
d'atténuer, de corriger les humeurs, de résoudre
des engorgemens; par exemple dans les scrophules, l'arthritis, la gêne de la circulation abdominale, la présence de calculs biliaires et rénaux,
par conséquent dans les mêmes états morbides où
les eaux de Carlsbad sont si éminemment salutaires .
Quelque vague que soit l'assertion avancée en
général, que ees eaux doivent guérir la phthisic
pulmonaire, et quelque contradictoire qu'il puisse
paraître, de leur attribuer (rUne part de grandes
propriétés altérantes, ct de l'autre une action propre à relever les forces nerveuses, cependant le
crédit dont elles jouissent dans les divers états
mentionnés, repose sut des faits avérés, qu'il faut
seulement bieu eomprendl'e pour employer convenablement et utilement nos eaux. Je vais chercher
il donner une instruction à cet éganl, en considérant leur nction tant en elle-même, qu'en comparaison avec celle des caux de Carlsbad.
La vérité est que beaucoup de malades qui
�256
DEUXIÈME PARTIE,
étaient affectés des maladies déja nommées, reviennent de ces eaux, extrêmement eonteus, guéris, et
les bénissant; il est certain, de plus, que ces eaux
n'attaquent pas très-fortement les forces du corps
(abstraction faite de rabattement déjà mentionné);
et qu'elles ne provoquent point d'évacuations orageuses, ou d'autres aeeidens violens. Des personnes très-faibles et très-susceptibles supportent
non-seulement l'usage simultané des eaux à l'intérieur et des bains, mais en éprouvent aussi du
calme et une certaine tranquillité; pourvu seulement que les bains ne soient pas trop chauds, mais
seulement tièdes; enfin des poitrinaires très-affaiblis sont encore en état de boire ces eaux sans désavantage.
Si donc leurs parties constituantes nous autorisent à qualifier ces eaux de résolutives, d'altérantes, lIe correctives, l'absence de sels llUrgatifs
permet de ne pas les craindre pour des effets laxatifs souvent fàc1leux. Mais la combinaison d'une
grande quantité d'acide carbonique, ct de calorique libre avec le principe si énergique de la sourie,
est sans contre-dit cc qui lem' donne ce caractère
spécial, doux, culmant et bienfaisant; a cc lequel
elles sont pourtant en état d'opérer des changemens profonds, dans la composition altérée de la
matière organique. En effet, sous ce dernier rap-
�DEUXIÈME PARTIE,
'2.5'7
port, on peut comparer ces eaux avec celles (le
Carlsbad, Ces dernières guérissent également de
gl'an<les maladies, quoique les malades n'aient pas
été fortement purgés, et même dans des cas où le
venh'e est resté pal'esseux, Les eaux (l'Embs rendent, de préférence, d'exccllcns services, dans les
maladies dont la cause principale consiste en des
dyscrasies du sang et de la lymphe, et dans lesquelles les eaux de Carlsbad sont aussi particulièl'enlent eifteaces, Les malades traversent une période (le malaise comme à Carlsbad, mais à un
moindre degré; ils éprouvent durant quelque temps
Ile l'accablement, et très-fréquemment ils ont une
éruption miliaire qui ùisparait spontanément, Les
effets (les eaux d'Embs représentent ùone l'image
de ceux des caux ùe Carlsbad, mais seulement avec
une moindre intensité,
Il n'y a donc pas de doute que l'usage généralement introduit à Embs, d'employer simultanément les bains et les eauxà l'intérieUl', ne contribue
beaucoup à augmenter l'effet de ces eaux, A Carlsbad au contraire beaucoup de malades ne supportent pas bien les bains, dont on peut en effet se
passer dans beaucoup de cas, L'eHicacité générale
des eaux d'Embs est sans contredit considérablement augmentée par cette application sur deux
sUl'faces ùu corps, quoiquo chacune de ces médica-
�258
DEUXIE 1UE PARTIE.
tions soit tout-à-fuit douce. Dans l'emploi des
caux d' Embs artificielles l'application extérieure,
sous forme de bains, ne peut pas, à la vérité, devenir bien générale, attendu que le prix de ces bains
doit naturellement être assez élevé, Je les ai ccpendant fuit employer avec un succès distingué
dans un assez grand nombre de cas, Mais un autre
avantage qu'on a avec les eaux d'Embs artificielles,
consiste dans la faculté qu'on a de faire boire, à
côté des eaux d'Embs, quelques venes d'une eau
de Carlsbad, pal' exemple du ScltZossbrunnell, du
T!tél'èsiellb7'unn6n, 011 du IIlü!t lb 1'ltnn en. Cette
combinaison convient si bien, que j'ai vu assez souvent les eaux d'Embs ne devenir salutail'cs <ju'à
son aide; il est aussi fort IL conseiller, de joinclre IL
l'usage intérieur des eaux d'Embs artificielles, des
hains tièdes, soit alcalins, soit savonneux, soit avec
une décoction de son ou de drèche, soit enfin avec
dcs herhes aromatiques, suivant les circonstances,
Les lll'éjugés qui règnent sur les propriétés
cles eaux d' Embs sont peut-être plus grands enCOl'e
que SUl' celles des eaux de Carlsbad, Ceux qui
vouùraient [cs regarder comme peu eflicaees, parce
qu'elles lie se distinguent pas par de grands effets
tombant immédiatement SOllS les yeux, sc trompent
-tout autant que ceux: (lui les comptent' parmi les
moyen s nervins, par la. raison que los pel'SOlill eS
�DEUXIhlE PARTIE.
259
faibles et nerveuses les supportent bien, et eD tirent fréquemment un grand avantage. J"a vérité se
trouve sans doute au milieu.
En effet les eaux d'Embs se rapprochent beaucoup de celles de Carlsbad tant sous le point de
vue de leur composition que sous celui de leur action
thérapeutique; ce sont ries eaux thermales, alcalines, chargées d'acide carbonique, ne contenant
qu'une trace de fer, et point de sels neutres purgatifs. Elles sont excellentes à titre d'eaux altérantes, qui peuvent eonvenir dans tous les cas,· où les
eaux de Carlsbad conviennent aussi, et la liste des
maladies, où l'on recommancle ces dernières, est en
général aussi dressée pour les eaux d'Embs. Mais
si on veut recoJlunauc)t:l' uelleli-ci CUIlUIlC [ul·tifmut
les nel'fs; il ne faut pns le faire dans l'idée qu'eUes
Ilugmentent directement l'énergie en perfectionnant la matière animale, comme les eaux fenugineuses de Spa, Pyrmont, etc.; elles entretiennent
plutôt un état d'abattement dUl'nnt la cure. Mais
elles sont en général très-utiles aux personnes délicates, pal'ce que celles-ci ne supportent auoun
moyen énergique, ct parce (lue ces euux, surtout les bains, manifestent en effet une netion
adoucissante ct calmante sur le corps. Elles deviennent surtout tl'ès salutaires il ces personnes,
lorsque leur état morbide exige en outre une mné-
�260
DEUXIÈME PARTIE,
lioration dans la composition des humeurs, un renouvellement de la matière organique; elles sont
princillalement utiles aux constitutions <lélicates
et aux corps déja affaiblis, Ilréeisément paroe
que des moyens doux et légers ont plus d'effet
<lans ces cas que dans d'autres, ct parcc que le
degré d'énergie de ces moyens convient justement a ces corps, II n'y a point, pOUl' les doses efficaces des médicamens, de mesure absolue, appli.
cable a tous les hommes, au contraire le même médicament pris de la dose la plus minime jusqu'à la
plus forte, peut devenir chez différens indiyidus le
moyen Yl'aiment efficace et salutaire, Les eaux de
Carlsbad ne sont pas réellement débilitantes parce
qu~
1~S
malades Ile "entent nho.ttulS pendant leur
emploi; de même les eaux d'Embs ne fortillent pas
directement; elles produisent le sentiment d'une
détente des forces, mais elles n'excitent pas autant
que les eaux de Carlsbad, et amiment pfutôt la
sensation d'un calme bienfaisant; elles ne manquent cependant pas, d'amener, surtout clans les
corps délicats, de grands changemens, dans les
vices matériels de l'organisation, changemens dont
le résultat est la guérison, lc bicn être ct le rétablissement indirect des forces, -A la vér~t,
si la vic
est gravcmcnt opprimée et compromise pal' des vices dans la sph ire muterielle de l'inltiYidu) les eaux
�DEUXIÈME PARTIE.
261
de Carlsball mériteront toujours la préférence, et
les pcrsonnes fortes, moins sensiblcs, et peu affaiblies auront à cherchcr des secours réels à ces eaux
dont l'action est plus intense ct plus énergique.
Les eaux d'Embs peuvent servir dans les mêmes cas où ccli es (le Carlsbad convicnnent aussi,
sUl'tout lorsqu'il est à craindre que ces dernières
pourraient produire un eITet trop intense; c'est ce
qui peut arriver: 1 0 • dans la débilité portée à un
haut degré, qu'elle soit lc résultat de la maladie,
ou d'une autre cause, 2 0 , dans la susceptibilité excessive du système nerveux, qu'elle soit propre à
la constitution, ou la suite tl'une longue maladie,
ou qu'clic vienne d'une affection locale d'une partie interne, par exemplc d'une inflammation chronique dc glandes scrofuleuses dans l'abdomen, 3 0 •
s'il est à craiollrc qu'une maladie localc ait déjà
fait trop de progrcs, pour qu'on puisse encore conseillcr les eaux de Carlsbad, par exemple dans les
indurations des glanites, dela substaneeide l'utérus;
lorsqu'on peut soupçonner l'existence d'un squirrhe dans lcs intestins, ct surtout une affection organique ùans la poitrine, ou le danger d'une hémoptysie, qui pounait se déclarer pm' J'effet d'une
eau plus éncrgiquc, - De ces faits se déduit la
juste application des eaux d'Embs dans les maladies où on les a préconisées de préférence,
�262
DEUXIÈ ME PARTIE ,
1 0 , Elles feront un bon effet dans les mala(lies
nerveuses dont une altérati on humora le fait la
base, ce qui a très-fré quemm ent lieu dans les états
de débilité nerveus e; dans la suscept ibilité trop
grande des nerfs, cas dans lequel les eaux de Carlsbad ne seraien t point support és; lorsque des causes mOl'ales ont directem ent miné les forces nerveuses, sans que les rappOl'ts matérie ls du corps
soient considé rableme nt altérés; après des pel'tes
de liquides animale s, surtout dans les maldie~
qui sont la suite d'excès vunéde ns ou de l'onanisme, lorsqu'u ne fois la susceptibilité nerveus e a
atteint son plus haut degré, ct que les moyens
les plus doux agissen t déj;' avec trop de violence,
Elles sont donc ordinair ement de la plus grande
utilité dans les spasmes ordinair es des femmes,
qu'on appelle spasmes hystériq ues; et elles conviennen t en général , de préféren ce au sexe féminin, celui-ci ne support ant suu vent aucune eau
plus énergiq ue, ct les spasmes des fCJIlmes dépendan t da us la pluralit é des cas de dyscrasies ou
41' Ull état morbide de la (ligestion ou des organes
génitau x, plutôt (lue d'une véritabl e ct grande débilité nen'cuse. Elles mériten t aussi d'êtl'e essayées dans la chlorée ct dans d'autre9 espèces Ile
gra,-es maladies nerveuses,
2 0 , Dans la pJ'érliso~t
scrofuleuse, dans
�DEUXltM E PARTIE.
263
les altératio ns de la comllOsition du sang, dans la
disposition u la chlorose, la dyscras ie pituiteuse
du sang, la gêne de la circulat ion dans l'abdomen,
dans la disposit ion à l'arthrit is, ct il la lithiase
qui en résulte, et dans les affections hémorrhoïdaIes,
les eaux d'Embs sont extrême ment utiles, ainsi
que les eaux de Carlsba d; mais il faut les choisir
de préférence pour des eufans, pouJ,' des femmes
délicates ou faibles, pour des hommes très-accablés pal' l'effet de leur maladie, Pour les enfans
scroful eu', et pour les maladies consécutives il
cette disposition, telles que les ulcères glandulaires, les torsions des pieds, les gonflemens articulaires (tumeur s blanches) ces eaux sont à conseiller d' une manière toute particul ière; et je ne
connais point d'eau minéral e qui mérite . plus que
celle d'Embs , d'ètre fréquemment employée dans
ces malallies du premier âge; attendu que les
caux minorales en général , ne sont flue raremen t
applicables dans cet âge si tendre, Si le choix de
la source minérale n'est pas libre, et si des malades sont obligés d'aller t\ Embs, 100'sque Iles eaux
tIe Carlsbad leur convien draient mieux, jc crois
qu'il est utile tIc combiner avec l'usage de nos
eaux l'emploi de médieamens bien appropriés,
3 0 , Dans les maladies des poumons ct même
dans la phthisie pulmonaire, les caux d'Embs se
�264
DEUXIÈ ME PARTIE.
sont acquis une grande réputati on. On conçoit
que dcs malacles dont les poumons sont remplis de
tubercu les, et à plus forte raison de tubercu les en
suppura tion, ne trouvcc ont pas ici plus de secours ,
que partout ailleurs ; et c'est rendre un très-ma uvais service à messieurs les mé(leeins des eaux
d'Embs , que de leur envoyer des malades avec une
phthisie déclarée, conllne cela arrive si souvent.
Les malades dc cette espècc support ent tout au
plus ces eaux p1'ise8 à l'intérie ur. Tous les bains
leur sont nuisibles, ct par conséqu ent aussi ceux
d'Embs , quoique les malades ne s'en aperçoi vent
pas tout de suite. Mais la véritabl e phthisie pulmonaire étant un produit de la maladie scrofuleuse,
dont elle nait sans doute indirect ement, par l'impos sibilité' où se trouven t les poumons, lorsque cette
disposition prédomine, de sc développer ct de se
consolider parfaite ment; les eaux d'Embs forment
un granllm oyen pour réprime r et anéanti r à temps
ceHe disposition, avant qu'elle en soit venue li la
procluction de tubercules. Elles sont, de plus, salutaires dans les catarrhe s chroniques et l'astl1me,
qui sortt le llro(luit (l'uue dyscras ie général e dcs
humeur s, que j'ai nommée llituiteusc et dans; laquelle les caux de Carlsba d sont égaleme nt trèsutiles, mèrne lorsque la maladie a déjà pris la
forme d'une phthisie pituiteuse. Les caux d'Embs
�265
DEUXIÈME PARTIE.
peuvent même servir dans la disposition à l'hémoptysie, qui conduit à la phthisie pulmonaire, que
les auteurs allpellent jJltthisis flol·ida. Cette disposition semble être identique avec la prédisposition
scrofulcuse, ct trop souvent elle se traltit déjà
chez les enfans par un teint fleuri cxtrêmement fin,
qui trompe si facilement sous le masque do la
santé. Mais les malades qui feront usage de nos
eaux avec le succès le plus certain, sont ceux qui
souffrent d'engorgemens glandulaires et de dyscl'asies lymphatiques; lorsque ces causes ont eu
pour efI'et une nutrition trop faible du corps, avec
imminence de marasme, et m'cc les symptômes les
plus variés d'une infirmité générale ou partiellc du
système nerveux, que cet état soit accompagné ou
non de disposition à la toux, et à d'autres symptômes d'une afrection de poitrine. Cct état so termine par le marasme et llar l'extinction des forces,
souvent sans toux et sans fièvre bien marquéc;
ll'autres fois le poumon est attiré, vers la fin, dans
la sphère de la maladie. Mais ce passage ne formc
(IUC la dernièr<pério<le (l'nn état généJ-al et grave,
existant déjà antél'ÏeurelUcnt, et les caux (l'Elllbs
vicnnent alors beaucoup trOll tard, 110ur portel' eneorc flu sccotu'S.
40, .Dans certains états morbides (le l'appareil
licxuel do la femme, ct en particulier dans la stérilité,
12
�266
OJi.UXIÈl\lE PAIlTI!::.
ces eaux sont extrêmement fréquentées, et leUl" réputation est si grande, à eet égard, que l'une des
sOUrces porte encore aujourd'huile nom de Bubenquelle. Il résulte de ce qui précCcle, que ces eaux
conviennent (le préférence aux femmes en général,
parce qu'elles sont très appropriées à leur constitution Ilélicate. Ajoutons qu'une disposition morbide des organes sexuels est très-fréquente ehez
les femmes, et qu'elle dépeml tantôt (l'une dyscrasie générale, et de stases du sang dans l'abdomen,
tantôt, ct asscz sou\'cnt, dc causes morales, d'appétits vénériens violemment retenus, ou satisfaits llar
la masturbation, tantôt par les dcux ordrcs de causes à la fois, et nous coneeVl'ons comment les eaux
tl'Emba guérissent très-souvent l'intempérie de la
matrice, ct conilllent elles sont cn état de l'établir
l'équilibre entre l'état vital ùe cet imllOl'tant organe et lc systèmc entier. J.Je mode d'action si doux
de ccs caux, dans leur enlploi cxt~riu
ct intérieur, ménage lcs nerfs, ct opère cependant des
ehangcmens marqués (lans les altérations des ral1ports matériels du corps; de-là leu\' titre si bien
mérité d'eaux médicinales pour les femmes chez
lesquelles il paraît exister des ol>stacles intérieurs
à la fécondation, que l'état de lCUl' santé soit (l'ailleurs satisfaisant, 011 qu'il existe ellcore dc.s signes
,j'un autre etat d'impcl'fcctioll. Ces eaux sont ici
�OEUXIÈ:VIE PARTIE .
267
d'autant plus applicables, l'arec qu'cllC$ ne nuiront
pas facilement sous un autre l'apport; et parce
qu'au contrairc le voyage, et l'agréable séjour du
lieu contribueront de leur côté à conduire au but
désiré. C'est ainsi que ces eaux seront Souvent
aussi très-salutaires contre les menstrues supprimées, irrégulières ou accompagnées de douleurs
et de spasmes, contrc les flueurs blanches, etc.,
dont elles détruiront la cause interne, ce qui relIuidie à la fois à une cause très-fréquente de la
stérilité.
Deux sources sont employées à Embs pOUl' l'usage intérieur, savoir: le I(l'ünclten et le !(e8selQl'unnen. Cette dernière a une température presque
chaude (38 0 Réaumur); la première et seulement tiède (23 0 Réaumur). C'est elle qu'on préfère orùinairement a. Embs; les llrineipes constitutifs de l'une ct de l'autre sources étant les mêmes,
on choisin celle dont la températul'e conviendra le
mieux à la constitution du malade et sera lc mieux
SUPllportée. Au reste, l'on boit également ces
eaux 0. la dose de quatre à six onces il la fois, qu'on
ré!lète à quinze ou vingt millutes d'intervalle, en
se livrant il un léger mouvement continuel, comme
je l'ai déjà dit. Von peut en prendre journellement, quatre, six et dix venes, ct beaucoup plus
dans certains cas. Dans les maladies lIes poumons
12 '"
�268
DEUXIÈME PARTIE,
on peut aussi coupel' les eaux avec le tiers ou le
quart de lait pur,
Les baios forment presque généralement à
Embs, le moyen pl'incipal de la cure, Ils sont pris
tous les jours, ct de préférence dans la matinée, Il
est très-important d'en détermincr bien exactement
la tempél'ature, afin de ne pas sur-exciter, ee qui
peut facilement arriver chez les malades qui vont à
Embs, pal' exemple chez les personnes nerveuses
ou disposées aux congestions sanguines vers les
poumons. S'il est exaot de dire, que les eaux minérales employées sous forme de bains, produisent
quant à l'essentiel les mêmes effets que nous remarquons de l'usage intérieur de ces eaux, mais
que toutefois leur allfllieation à la surface entière
du corps, ct sUl'l'organe cutané si abondamment
pourvu de nel-fs, ct la température des bains, moruflent (l'uno manière très-importante lems effets
immécliats; il s'ensuit d'abord qu'à EmlJs on peut
donner iL l'usage ùes bains une extension non
moius grande qu'à la CUfe intérieure, ct même le
faire prédominer, comme cela arrive souvent aussi;
ensuite, que pour les }"endre utiles, il faut bien
prendre gal'Cle aux effets prineipaux des bains en
général et aux conditions de leur emr.loi, fondées
sur la nature de la peau, entin au mode d'netion
tl'i,loI-ditl'érent des bains frais, tièdes ct chauds, sur
�DEUXIÈME PAJU'JE.
269
le même individu. En général on prescrira donc
les eaux d'Embs en bains, à une température de
24° à 28° Réaumur, pour les cas où la susceptibilité nerveuse pal'ait exaltée, et où le sang est disposé à des effcrvescences et à des congestions; les
Lains plus fl'ais ne seront employés que dans quelques cas particuliers, assez rares; et les chnuds
seulement lorsqu'on n'aura pas }\ l'edouter le
danger d'une sur-excitation et IOl"Squ'on aura pour
but de mettre en mouvement des produits mOl'bides
déposés pal' l'effet de principes morbifiques spécifiques, tels que ceux de la rougeole, de la scarlatine,
de l'arthl'itis, des dartres, etc.
Ill. De l'emlJloi de8 eaux de Marienbad.
Ces eaux dont J'Emllereur Rodolplle Il avait
déjt\ fait usage vers la fin du seizième siècle, étaient
tombées dans l'oubli, et qepuis seize ans seulement
on les a fait connaître de nouvcau; mais dans
cette courte période elles sont parvenues à une vogue extraordinaire et pleinement méritée, Ces
sources qui sont froides se trouvent en Bohcme, et
sont situées de manière qu'elles forment un triangle aveC cellcs de Carlsbad ct d'Eger. Un simple
praticicn, expérinlenté et exempt de Pl'éjugé, le
0 ... Nellr, médecin du couvcnt de Tepl, auquel apl'Ul'tieJlllent les sources, anÎn1é pnr la grande ré-
�270
putation dans laquelle elles se soutenaient depuis
long-temps auprès du peuple de la contrée, qui
s'en servait pour guérir les maladies les plus opiniâtres, et préconisait leur grande efficacité, a le
mérite de les avoir retirées de leur obscurité, cn les
essayant, pendant une longue suite d'années, SUl'
de pauvres malades du pays. Sur sa demande ces
sources furent alors entourées d'un enceinte, ct
l'on fit construire quelques maisons, etc. qui
étaient nécessaires. En 1813 il fit connaître ces
eaux par un écrit spécial, enrichi de ses observations. Aujourd'hui, Marienbad est un endroit
composé d'une centaine de maisons qui sont belles
en partie; il est extrêmement fréquenté, et (les
milliers de bouteilles de ses eaux sont annuellement envoyées dans toute J'Europe. On y continue aus:;Î sans interruption, à prenili'e de nouvelles
mesures pour favoriser l'utile emploi des caux, ct
IIOtu' contribuer Il en rendre 10 séjour !Ilus commode. Il est cependant iL remarquer que l'cau
conservée dans des bouteilles et transportée au loin
perIl tout-il-fait, ou pour la majeure partie, le fer
qu'elle contient; elle délJOSe fréquemment aussi
au fOllll des bouteilles, une proportioll considérable
cie ses llrineil'es terreux.
IJes sources de MaricnlJad sont fl'oicles et :11'(lRl'tiennent il la classe tics eaux alcalines salino-
�DF.UXIÈME l'ARTIE.
271
ferrugineuses acidulées. Deux sources servent de
préférence Il l'usage intérieur, savoir le I{reutfJIb1'UlInen ct le Fel'dinandsbl'u1Znen, qui jaillit à un
quart de lieue de distance du village d'Auschowitz.
Deux autres sources, appelées Carolinenquelle et
Am6l'osi2tsquelle, sont plutot des caux purement
ferrugineuses, contenant une très-riche proportion
de gaz acide carbonique. Je n'en traiterai point
en particulier, ,' u que la considération des eaux
fl'Eger, de Pyrmont et de Spa les fera connaître de
plus près. JJes caux des deux premières sources
sont tl'une limpidité cristalline, sans odeur, d'une
saveur agréable, picotante, acidule, saline et vers
la fin légèrcmcnt astringente. LeR effets sensibles
de ces eaux médicinales sur le corps sont les suivans. JJ'estomac les reçoit volontiers et les supporte bien, comme toutes les eaux acidulcs. Prises
il une certaine dose, c'est-à-dire à celle dc quatrc il
six vcrrcs (lc cinq a six onces chacun, eUes provoquent des selles liquidcs, et en continuant leur
usage, les malades évacuent ordinairement des
mORseS vertes ct foncées d'un mucus tenace, ou
dcs matières analogues à du sang décomposé, souvent aussi du mucus mêlé de sang, des vcrs, de la
bile, des masses cl'excl'émens clureis, enveloppée!
(l'lClquefois d'unc couche de mucus concrété. J,a
sccrétion tll'inairc cst considérablement nugmen-
�272
DEUXIÈME PARTIE.
tée, surtout au début, mais elle diminue à mesure
que les évacuations alvines deviennent plus abondantes et plus libres. Celles-ci ont lieu sans difficulté, ni incommodité particulière; les malades s'en
trouvent bien, et ni les forces digestives en général,
ni le corps entier ne sont véritablement affaiblis,
par ces eaux continuées pendant un mois a six semaines; au contraire, l'appétit augmente et la digestion devient ordinairement meilleure. L'action
excitante SUl' le sang ct les nerfs ne se manifeste
qu'à un degré fort modéré; la plupart des malades
se sentent plus dispos et plus gais; le pouls est un
peu accéléré; quelques-uns cependant sc sentent
la tète un peu prise et éprouvent quelque lassitude,
surtout au début de la I;:ure, ct lorsqu'ils ont commencé pal' de fortes doses. Ceux qui ont un flux
h.émonhoïdal, et Jes femmes qui sont à l'époque de
leur menstruation, sont exposos 1.\ un écoulement
sanguin plus abondant.
Un très-grand nomùre d'obsorvations a déjà
fait conna1tl'e les eaux de Marienbad comme deI!
moyens d'une efficacité distinguée, qui deviennent
très salutaires dans une foule de cas morbides. Elles se sont aC{luis, dc plein lh'oit, dans une COUrte
série d'années, une très-grande réputabion, qui sc
maintiendra aussi, sans aucun doute. L'expérience
a suffisamment constaté ce flue la théorie pOUl'l'Ilit
�OEUXIÈME PARTIE,
273
dire de ces eaux; savoir qu'elles sont fortement altérantes, ct en même temps notablement laxatives,
sans cependant pouvoir être mises à côté des sources simplement salines, comme les eaux amères do
Sedlitz et de Seydschütz, ou d'Epsom et de Che),....
tenham, tIans lesquelles prédomine la propriété
laxative, Ces caux ne tarùent pas ;\ attaquer le
canal intestinal et ne laissent guère, dans les
hu~ners
et les organes, (le ehangemcns profonds,
par lesquels seraient guéries de graves maladies;
les caux ùe Marienbad au contraire ne deviennent
nou-seulement pas débilitantes par un usage longtemps continué, mais elles produisent fort souvent
aussi la guérison radicale des maladies les plus invétérées,
La comparaison de leur composition chimique
avec celle de certaines autres caux minérales actives, ct avec les propriétés de ces dernières, éclaircit
bcaucoup ce que l'expérience a déjà appris sur leur
action, Comparées aux eaux d'Eger, celles de Mal'ienba<l sont moins riches en acide carbonique et
en fer, mais plus l'iclles en sels neutres, et de plus
assez deites en soude, J.. es unes et les autres contiennent tIu reste les mêmes parties constituantes,
et la magnésie sc tl'ouve aussi dans le Fl'ullze7ls"l'umlell d'Eger, Eu effet aussi les eaux de Mal'ienlJaù excitent Illoins le système sl\oguin, mais
12 u
�274
DEUXIÈME PARTIE,
elles purgent plus abondamment. En les comparant aux eaux de Carlsbad, l'on trouve un grand
coutraste dans la température, mais il y a une
grande analogie sous le rapport des parties constituantes; elles contiennent seulement beaucoup plus
de sels neutres, clIcs purgent plus facilement et plus
fOl'tement, mais elles cxcitent beaucoup moins le
mouvement circulatoire du sang, et ne donnent pas
lieu aux Recidens d'une expansion excessive du sang.
Ce n'est donc que jusqu'à un certain point quo
l'on a pu appeler nos eaux un Carlsbad froid , En
général, comparer n'est pas assimiler, Si je dois
exprimer mon opinion, la voici. Les unes et les autrcs de ces sources sont (l'excellens dons de la nature, appropriés à-peu-pl'ès aux mlÎmes états morbides en général; mais déj u leur températute différente produit une diflërence dans leurs effets et
sans doute aussi dans la combinaison de leurs parties coustituantes en un seul tout. Les sources de
Marienbad méritent aussi le nom !le puissans médieamens altérans, résolutifs, évacuans, qui ont
pOUl' effct un grand renouvellement des matériaux
de l'organisme animal. Elles seront applicables
dans les mêmes cas où l'on rccomman4e les caux
do Carlsbad, ct on les préférera à ces dernières
pour les individus qui en seraient péniblement affectés, échauffés, jetéR dans un état d'Ilnxiété, dis-
�DEUXJÈME PARTIE ,
275
posés aux hémorr]lagies, ou qui en éprouveraient
de la pesanteur de tête, ou un malaise dans l'estomac, cntin pour ceux chez lesquels les eaux de
Carlsbad ne relâchent pas le ventre et ne font quo
provoquer des acci(lens fâcheux, Mais je n'oserais présumel' qu'elles soient en état (l'effectuer
dans tout le matériel du corps humain un changement aussi profond que les eaux de Carlsbad,
Celles-ci favorisent sans aucun doute, une expansion beaucoup plus grande des parties solides et liquides, ct influencent par-là si profonllément ICIl
actions organiqucs; par contre, leur propriété de
provoquer la scel'étion du mucus ct (le la bile, est
l1).oins active que celle des eaux de Marienbad, du
moins au conuncncenlcnt de la cure, Je préféreraill
donc les eaux de Marienbad là où il y a à mettre en
mouvement des ruasses considérables d'humeuri
morbides déposées et concrétées, par exemple, de
mucus et de bile dans le canal intestinal; ou lorsque
la masse entière des liquides a besoin d'un grand
renouvellement, tandis qu'en même temps l'üat général des forces et celui des intestins permettent
(les purgations quelque lIeu fortes, surtout si le canal intestinal est paresseux et difficile à excitel'; cnsuite, lorsque les humeurs, tant la lymphe que le
yang, étant illlparfaites dans leur composition, restent stagnantes dans leurs vaisseaux; ou lorsque
�276
DEUXIÈME PARTIE.
des lifluh]es déjà secrétés sont accllnmlés dans
leurs conduits excréte urs ct dans leurs réservo irs,
sans que les organes soient aregarde r comme profonclément changés dans leur texture ; l)ar conséquent, dans les engorgemens siml11es du foie, ou de
la rate ct de tout le système de la veine porte,
Les eaux de Carlsbad sont au contrair e à préferel' alors qu'une forte lJUrgation n'est pas à eonseillel', vu la susceptibilité du canal intestin al, ou
une débilité général e considérable produite par la
maladie ; ensuite aussi dans les cus où des indurations sensibles des glandes et des viscères du bas
ventre, la grande Ol)iniâtreté des maladies qui en
résulten t, et quelqucfois aussi la marclle rétrograde de la nutritio n indiquc nt lc besoin d'une espèce de fomcntation moyennant un élemcnt chaud
et presque etheré, d'une fomentl}tion continuee (les
organes malades, 110U1" ramener à leur état natul'cl de mollessc ct (l'élasticité, les organes rctractés sur eux-mêmes et en quelque sorte ratatiné s,
ou pour liquéfier les humeurs qui s'y sont accumulées et coagulées en masses solides,
Quant à l'emploi des deux espèces d'caux minérales dans les malaclies des organes des différentes
cavites du corps, les caux de Maricnbâa ne sont
pas bien supportecs dans les maladies dc poitrine
~ous
les mêmes l'onditions dans lescluclleR Ics caux
�DEUXIÈmE , PARtIE.
277
de Carlsbad sont aussi nuisihlcs, c'est-tl-dire <lans
la véritable débilité des poumons, et la disposition
à la phthisie pulmonaire, dans les mala(lies organiques du coeur et des gros vaisseaux. Elles son~
également contr'indiquées dans les indurations,
les squirrIles et la désorganisation commençante
de l'estomac et du canal intestinal.
Parmi les maladies <le l'appareil digestif, les
états hémorrhoïdaux, et la suppression de ces écoulcmens sanguins sont particulièrement · appropriés
aux eaux de Marienbad, lorsque le corps est peu irritable, et la constitution sUl'e]1Urgée de matières
muqueuses; la constipation habituelle, sous le8
mêmes conditions, est aussi de ce nombl'e; si, au
contraire, l'on Ileut soupçonner l'existence d'un
retrécissement des intestins, ou s'il y a un engorgement et une induration apparente des glande8
mésentériques ou du foie, je conseillerais toujours
les eaux: de Carlsbad, pourvu qu'elles ne soient pas
contr'indiquécs pal' d'autres circonstances. Ces
eaux ont le gram] avantage de provo(!uer, vers le
milieu ou Il la fin de la euro, tIcs évacuations vraiment critiques, quelquefois assez abondantes, et
suivies d'un grand soulagement ; les eaux cIe 1\1al'ienbad au contraire tIonnent déj,\ lieu, dès le COIllmencement de Lncure, à des évacuations, qui ne sauraient nullement être critiques à cette époque. La
�278
nEUXIÈME PARTa:,
nature en apparence très-mauvaisc nes matières
évacuées par lcs scUes, est néccssaÏl'cmcnt à rapporter au fcr que conticnnent les caux, et qui
donne a ces matières une teinte foncée,
Dans les malaùies des organes génitaux on se
déciùera d'après les mêmes principes; s'il s'agit
d'hémonhoïrles arrêtés, qui gênent les fonctions
de ces organes, soit chez l'homme, soit chez la
femme, et si la maladie consiste cn unc simllic
stase sanguine, qui ne cache pas une maladie organique plus profonde; si la constitution n'est que
parcsseuse, ct si clIc supporte une forte pUl'gation,
les caux de Marienbad scront préférables, parco
qu'clIcs pourront aussi amener une crise pal' une
hémorrhagie, plus facilement que les eaux fondantes de Carlsbad, dont l'action est ici plus lcnte,
Cependant clIcs ne forccront pas ces crises avec
autant de violence, que le font ordinairement les
caux ehnudes du Sp1'udel,
Je suis dispensé d'énumérer lIe nouvcau les
maladies dans lesquelles nos caux sont spécialement à recommander, vu que je les ai examinées en
détail .\ l'occasion des eaux de Carlsbad; je m'en
rapportc donc à cc qui a déja été llit dans le cha~
pin'e précédent, pOUl' cn détluh'o l'emploi ~olvcna
bio dos eaux <10 Marienbad,
Mais j'ai encore à dire quelqucs mots SUl' la
�DEUXIÈ ME PARTIE.
2'79
différenee entre les deux sources principales de
Marienb ad, le Jllaria- IU'eutzl n'unnen , et Je Fe1'di1zandsb1'unnen, près Auschowitz. Le [{1'6utzln'll1l1Z6n est unc des sources les plus riches en sulfate ct
en carbona te de soude, il contien t de plus de la
magnés ie, et une fort petite quantité de fer, qui, à
ce qu'il parait, se sépare très-fac ilement de la comcontien t beauposition. Le Fe1'din~slu
coup moins de sels et de llrincipes terreux , mais il
est plus riche en fer, il est cependa nt inférieu r au
Franze nsbnmn en à Eger, pour la pl'oportion du
gaz aeiùc 'Carbonique. Le Kt'eutzb runuen est d011C
il préférer comme source altérant e et laxative ;
c'est lui aussi, qui est principa lement employé.
Lc Fe1'dinandsb1'unnen sc rapproc he déjà des caux
d'Eger; toutefois il est loin de provoqu er une
aussi forte excitation du système sanguin que ces
Ilernièr es; il purge doucement sous condition que
ln disposition il. la constipa tion n'est pas trop
grande. li est particul ièremen t indiqué chez les
malades déja véritabl cment affaiblis, ou <l'une constitutio n très-dél icate; ensuite chez ceux où l'estomac ct les intcstin s réagisse nt mal contrc les sels
du [{1'eutzb1'lmnen, ct où ces caux provoqu ent dcs
nausécs , un sentime nt de lllénitude ou dc fortcs
purgatio ns. Chez ces individus il arrive aussi quo
le J(l'eutzb1'ltnnen IIC purge pas, tandis qu'au COIl-
�280
DEUXIÈl\1E PARTIE,
traire le FCJ'dinallds{n'unnen ne tarde pas à répondre à cette vuc, en même temps qu'il cst encore
fort avantag eux sous d'autrcs l'apports, Il parait
que dans ccs cas les ncrfs des organes abdominaux
ont besoin de secours, pour influencer avec énergie
la fonction de la défécation; j'ai déja dit la même
chose a l'égm'd du Spl'ude l; c'est lui seul quelquefois qui provoque un effet laxatif chez certains malades, et qui soit encore bien suppol'té IOl'sque toutes les autres SOUl'ees ont échoué aUllrès d'un malaùe,
Le Fm'dinands{n'tmnen pourrai t donc souvent
être préférable chez les femmes qui ont la menstruation suppI'imée, des flueul's blanches, ou des
douleurs avant ct après la menstru ation, pourvu
qu'elles soient d'une constitu tion nerveuse, et
qu'en même temps elles aient besoin d'un renouvelleme nt matérie l, pOUl' reCOllVl'el' leur santé; cnsuite chez les pel'sonnes qui viennen t de guérir
d'une maladie grave, et dont les Dert.. ne sc sont pas
enCOl'e affermis, en même temps qu'il parait nécessairc d'opére r eUCOl'e une améliol'ation dans les
humcur s ct dans les scerétions ct les exorétiou!!
abdominales,
•
Comme le l'e/'dùwndsb/'u1I1Ietl fait le passage
nux caux minéral cs' principalement toniques, ferl'ugineuses ct llei(luJées, l'exposé (lu mode d'emploi
�DEUXIÈME PARTIE.
281
de ces dernières sera propre à réllalldre encore
plus de lumière sur lui.
L'usage des bains est assez généralement introduit A Marienbad et non-seulement celui des
bains d'eau minémle, mais aussi des bains (le gaz
ct de limon. J'ajouterai donc encore quelques mots
sur ces bains.
L'eau destinée aux bains contient principalement de l'acide carbonique, qui, de l'immense réservoir du sol qui en est imprégné, s'élève et arrive sans cesse en grande quantité al'eau contenue dans le bassin, s'y incorpore et la tr:wer8e par
masses; cette eau contient en outre les principes
des autres sources, mais en moindre proportion.
Les bains de Marienbad, pourvu qu'ils soient
pris tièdes, pourront donc être très-utilement employés eoncuremment avec les caux prises à l'intérieur. A cause de leur richesse en acide carbonique
ils sont à regarder comme vivifians e( fortifians, cL
ils trouvent leur application principale dans les
cas, Olt l'on veut (létruire les suites de principes
morbides déposés dans l'intérieur du corps, ou rétablir la tonicité (le la pcau ct donner un plus· haut
dcgré de perfection a sa fonction, pour ramener
ninai l'équilibre dérangé entr'elle ct les organe8
intérieurs. Ils suvent donc comme des nuxiliairC8
es~cntil
ct salutaireR, non-seulcment n rendre la
�282
DEUXJÈME PARTH:,
circulation sanguine plus uniforme dans les maladies de l'abdomen, mais aussi contre les maladies
(lui ont pour basc des dyscrasies du sang ou de la
lymphe; principalement aussi contre la disposition
arthl'itique; en fortifiant d'une part l'organe qui
doit sc charger de la crise, ce qui est surtout à considérer dalls la goutte atonique; et d'aùtre part en
corrigeant aussi immédiatement cette disposition
concurrenmlent avec les eaux employées à l'intérieur; enfm ces bains seront utiles dans beaucoull
{l'affections nerveuses, qu'elles aient pour cause
unc dyscrasie générale, ou que celle-ci sc soit
emparée plus profondément de la vic nerveuse, ou
que cette dernière soit affaiblie en elle-même,
J.es bains chauds nc seront encore ici applicaMes que sous les oonditions fort limitécs, qui permettent ailleurs leur emploi. Les hains frais (à
une température de '2.0 0 à 16° R('anmul'.) seruient
peut~êr
plus souvcnt à mettre en usage, que les
chauds, dans certaines ocMsions, où l'on peut d'ailleurs encore emilloyer des bains froids pour rétablil' les forces, surtout chez les personnes qui ont
J'uiné leur santé lIaI' ùes pertes excessives d'humeurs importantes et nécessahes à la vic,
I/on fait à Marienbad un usage ttès-étendu
(les bains Ile limon, qu'on prépal'e avec la terre limoneuse qui se trouve dans le voisinage de toutes
�DEUXIÈME PARTIE.
283
les sources froides et riches en acide carbonique.
Les environs de nos sources en particulier sont
pourvues d'une grande quantité de cette terre. On
préconisait singulièrement les grands effets de
cette espèce de bains, Il l'époque où les eaux de
Marienbad ont été annoncées dans le public, pour
lcur efficacité; et c'est depuis ce temps que ce sujet a été de nouveau discuté.
11 faut convenir, en effet, que les bains de limon
en général, tant Il Marienbad, qu'cp d'autres endroits, où l'on trouve ce limon en grande quantité,
sont 11 considérer conune Iles moyens très-actif.'!.
Mais je crois qu'il ne faut les employer par cette
même raison, qu'avec beaucoup de circonspection
et après avoir mûrement examiné le mal qu'on
,"eut combattre à leur aide. On emploie Je limon
tantôt pour ries bains locaux, en l'appliquant sm·
les parties malades sous la forme d'un cataplasme,
chauffé par l'addition d'cau chaude; et tantôt on le
chauffe pour l'employer sous forme d'un bain général dans lequel le malade sc plonge en entier. La
terre limoneuse, est un composé de restes de matières végétales et d'autres parties constituantes
qui s'y sont ajoutées; notamment de soufre, d'IIYdroclilornte de soude, de sulfate de magnésie, de
Rulfate do chaux, d'oxide cIe fer, de silice, (le mariere extraotive, etc.
�284
DEUXIÈME PARTIE.
Les bains limoneux exercent une action tres~
profonde sur le corps; ils ex.citent l'activité de la
peau; celle-ci devient rouge, et fréquemment elle
se couvre d'une éruption miliaire. Ils sc montrent
fort salutaires dans les ulcères cluoniques, les
dartres, les raicleurs des articulations iL la suite de
plaies, les spasmes partiels dc certaines parties,
les symptômes douloureux, qui paraissent tenir à
une métastase l·hul1latismale.
Souvent on les emploie aussi A Marienbad,
ùans la vuc d'obtcnh· la résolution d'un engorgement viscéral, par exemple lIe [a rate, du foie, ou
Iles glancles. Quant à cette llIédication, je crois
devoir rappeler, qu'il convient de ne l)as la
pl·escrire inoonsidérément. J'ai vu des cas où ces
cataplasmes ont prorluit une sur-cxcitation extrùmc dans les pal·ties maladcs. Il nc faut jamais
bmsquer les maladies (le cette eSI)()Ce, ct nc les
mettre en mouvement qu'avec circonspection.
Nous ne sommes pas toujOUl"S en état de calculer
exactement le degré de l·ésistanee, qu'elles oppolieront à nos moyens, et la grande excitation des
organes malades, qui survient après les cataplasmes de limon, n'est certainement paR iL conseiller,
clans les pl'ofolltis eugorgemens de la vei e porte et
des intestins, surtout lorsqu'on Il quelque sujet de
ou
redouter leur passage ;\ lu clégn~es,
�DEUXIÈME PARTIE.
285
101'Squ'il y a encore des doutes SUl' la nature d'une
induration.
Quant aux bains gazeux, ils ont aussi leurs
grands avantages, ct quelquefois ils ont procul'é
(les guérisous très-l'apides, ct 11ar des effets qui
tiennent en quelque sorte au miracle. Le sol des
énvirons de Marienbad est singulièrement dehe en
gaz acide carbonique, qui sort de la terre, par de
puissans torrens, dans un grand nombre d'endroits;
en sorte qu'on a ici la plus belle occasion pOUl'
éprouver dc nouveau l'efficacité médicamenteuse
des bains gazeux, et de la <léterminer (l'une manière
plus exacte qu'on nc l'a fait jusque-là. Les Docteurs Hcidler et Scheu (médccins de beaucoup de
mérite, préposés à ces eaux) ont mis bcaucoup de
soin il découvrir le mocle d'action propre Il ces
bains; ct ils ont publié leurs rccllerches dans leurs
excellens écrits sur les caux tIe Maricnbad.
ScIon eux, les bains de gaz excitent ordinairement une scnsation de chaleur à la superficie du
corps, principalement aux organes génitaux, ensuite une transpimtioTl plus abondante, ct (luelquefois en même temps une légère formication ;
Je pouls ùoit souvent devenir plus lent etplus petit.
Ces bains sont à considércr, sans contredit, commc
des agens stimulans, ct pal' conséquent il faut s'en
abstcnir s'il cxiste unc disposition inflammatoirc
�286
DEUXIÈME PARTIE.
ou hémorrhagiquc; ils méritcnt au contraire d'ètre essayés, lorsqu'on a l'intention de rétablir dcs
hémorrhagies supprimées, pal' exemple, le flux
mcnstruel, un flux hémorrhoïdal, pourvu qu'il
n'existe point de contr'indicatio11B. L'application
locale du gaz sur certaines pm'ties malades, me paraît surtout ù mettre en usage, lorsqu'un nerf isolé
parait être très-affaibli, on souffrant sous le poids
d'un dépot de matières morbides; par exemple dans
les paralysies de certaines parties, ou dans des
spasmes, et <les douleurs partiels, lorsqu'on a quelque raison pour présumer qu'ils tixent leur origine
de cette SOUI·ce.
1V. Dc l'c11l1J1oi IJarticuliel' des eau.1' de Frallze1l8brwmm IJrès d'Eger.
Les eaux d'hger, de Pyrmont et de Spa sont
préférablement li considérer conulle toniques; les
sOllrces d'Eger eu fOl'ment le premier (legré; elles
Ile rattachent immécliatement au Fe7'dinandsln'unlIen, ainsi que je viens de Je dire.
La source d'Eger (Ege7'b1'unnen, ou Fl'ml~ensb7'lm,
source de l'Empereur François) est
une source ferrugineuse, extrêmement riche en acide carhoni(lllC, et douée dc propriétés é inentcs et
(l'nne puissante action sur le corps vivant; mais ses
eaux Re distinguent de celles de Pyrmont ct de Spa
�DIWXIÈM F. I.'ARTIE.
28'7
pal' la grande llroportion de soude ct de sulfate _le
soude qu'elles contien nent. C'est pourquoi l'on a
la coutume de les rangel' encore parmi les altéran tes et toniques. Taberna emonta nus les décrit ct
les vante déjà comme très salutair es dans son
Nouveau Trésor des eaux (Neuer JYasserscltatz),
publié en 1572. Frédéri c Hoffmann les mit en
grand crédit vers le milieu du siècle passé; depuis
long-temps on les expOl·tait en bouteilles, en Allemagne ct dans les pays étrange rs, ct on les estimait général ement, lorsqu'e n 1793 une colonie entière fut fondée auprès de la source même, et end·
chie des JUeilleul's établiss ements, llour en faire un
lieu propre aux cW'es pal' les caux. C'est aussi de
cette époque que commence propnm ent la célébrité
dcs caux d'Eger, qui sont envoyées en bouteilles
dans presque toute l'Europ e, et qu'on fréquen te
benucoup aussi a la source, soit pour les boire, soit
pour les employer sous forme de bains tièdes.
Les mala(les jouissen t de l'avanta ge, au Fl'anzensb"d , d'avoir non-seu lement des sources particulières pOUl' les bains, mais aussi un choix entre
des sources plus ou moins actives, pOlir l'usage intérieur, selon leur constitution et scIon le besoin
du degré et de la comllosition de leurs maladie s;
car ils trouven t dans la source allpelée Salzquelle
(souree saline) ct dans celle appelée le Sp1'!ldel
�288
DEUXIÈME PARTIE,
f1'oid, deux gradations des caux d'Eger, Le Salzquell contient très peu de fer et moins d'acide carbonique que le Fl'anzensb1'unnen; il est pal' conséquent plus rafraîchissant ct plus laxatif que ce
dernier; le Sp1'udel f1'oid contient également peu
de fer (la moitié seulement de la quantité du
Fl'anzens{n'unnen), mais il sc rapproc11e assez du
F1'anzensbrunnen pal' sa richesse en gaz acide carbonique, en carbonate et en sulfate de soude,
Ici je ne pal'lerai de préférence que de l'usage
du Fl'anzensln'll1znen ct des caux fcnugineuses de
Pyrmont ct de Spa,
C'cst ici le lieu de dire un mot du modc <l'action propre des caux fcrrugineuses aeillules froides,
considéré en général.
l .. es sources de M.arienbad et d'Eger1 ont sous le
point de vue de leurs principes eonstituans, une
grande analogie avee les eaux thermales peu éloignées, de Carlsbad, et sc rappl'ochent sous cc rapport, comme sous celui de la lll'oportion plus grande
du fer qu'elles contiennent, des eaux de Pyrmont
ct de Spa, Les caux ferrugineuses froides sont
avec raison l'ceonn ues cn général comme des caux
toniques, qu'elles soient employées a l'extérieur ou
il l'intérieur; mais les caux d'Eger ontiennent
cncore beaucoup de carbonate ct de sulfate de
soulle, principes qui leur communiquent une action
�DEUXIÈ~1
289
PARTIE.
laxative sur le canal intestinal; cependant malgré
cet effet purgatif leur usage prolongé n'affaiblit
pas, comme font les sels neutres, et même les eaux
amères de Seydschutz etc.
J'ai fait voir plus haut que la dénomination
d'un médicament d'après sa propriété tonique, est
d'une valeur très relative, et qu'au fond tout médicament qui rétablit la santé, est à regarder comme
fortifiant, attendq qu'il donne au eorils vivant un
plus lmut (legré de perfection; ala vérité j'ai divisé
les médieamens en altérans et en fOl'tifians; et sous
ces derniers je eomprencls ceux. qui augmentent et
favorisent directement l'énergie organique; mais
les moyens qui protIuisent cet effet sont de nature
si diverse, que, pOUl' chacun d'eux, nous avons à
bien prendre garùe aux conditions spéciales, sous
lesquelles son action pourra se tIéployer. '
Le fer qui, chez les chlorotiques, produit quelquefois comme par enchantement, en peu dc semaines un teint flcuri et un nouveau sentimcnt de bienêtre ct tic force, est bien loin d'en :lgir ainsi dans
tous les cas, où il y a une vél'ital.lle ehûte tics forces vitales. Sil propriété astringente explique fort
mal son action sur l'organisme vivant; un moyen
astringent peut donc posséder en même temps
d'autres IH'opriétés, qui en font un tonique; tel est
par ex.emple, le quinquina; tel est aussi le fer. En
13
�290
DEUXIÈ ME PARTIE.
général tout moyen est obligé de passer par le procès de l'assimi lation, avant de pouvoir exercer son
action définitive; et celle-ci est le résultat des
changemens que lc médicament a subis par cette
élaboration, ou de l'état dans lequel il est devenu la
propriété <le l'organi sme, dans lequel il s'est combiné avec celui-ci ; mais encore alors il ne répare
les forces qu'à condition qu'il réponde au besoin
de la nature, e'est-à- dire qu'il forme opposition
avec le mode d'origin e Ile l'inlhm ité de la vic,
qu'il s'adress e à la sphère de l'orgimislUe, dont la
lésion a été le point de départ de l'infirmité. Les
eaux fel'fugineuses et chalybées prises par des illdividus en santé, ne manifes tent presque aucun effet consécutif sensible ; j'en ai fait plusieurs fois
l'expérience chez des hommes <l'ailleurs sains, auxquels je faisais premIre pell(lant long-tem ps du fer,
en quantité assez notable , pour augmen ter la fOl'ee
générutt·iee. BraIHlis dit la même chose à l'égard
des eaux de Dribour g que beaucoup de personnes
ciu voisinag e prennen t journell ement eornmc une
boisson habituel1e (Uebet bie ffi3irfung bec @ifen:
mittd unb bilè !>tiourget ®offet; sur les effets des
médicaOlcns fCl'fugincux, et de l'cau , minéralc de
Dribour g, Hanovr c 1803). La même chose arrive
aux eaux d'Eger et (le Pyrmon t. Dans tous ces cas
le fer, est, sans aucun doute éyacué par les selles.
�DEUXIÈME PAIlTIE.
291
Mais pour bien juger du mode d'action du fer
sur le corl1s vivant, il faut distinguer entre le premier effet local qu'il produit sur la partie qui est la
première soumise a son action, et entre le résultat
définitif de son action sur l'ensemhle du système.
De même qu'il agit comme astringent sur la peau
ct qu'il augmente la densité de la fibre, de même il
parait aussi augmenter la disposition du sang à se
condenser. L'estomac ne le supporte qu'en petite
dose, et il se dérange facilement par l'emploi de
grandes doses; les matières alvines se dessèchent
et se durcissent pendant l'emploi du fer, et se teignent en même temps en noir, preuve que Je médicament est él'acué du moins en partie; le pouls en
est d'abord peu influencé, mais à la longue il ùevient plus fort et prend llius de plénitude.
Quant aux effets mqdicamenteux du fer, l'expérience a suffisamment démontré, qu'il n'est point
supporté, et qu'il nuit, toutes les fois que la digestion est dérangée, que ce soit pal' suite d'un état
Ulm'bide dans la seerétioll biliaire, ete., ou d'engorgelllens Yiseéraux, et plus eneorc de dégénéreseenccs commenljantes; cal' Ron action Ile peut
devenir salutaire que lorsqu'il a été J'abord parfaitement digl:ré. Quelle que soit sa réputation
comme moyen d'une utilité presque absolue dallS
la chlorose, j'ai cependant vu assez fréquemment,
13~
�292
DEUXIÈME PARTIE.
que dans cette maladie il produit aussi des effets
très-fâcheux, lorsqu'un dérangement des organes
digestifs forme l'élémcnt principal de la maladie;
ce qui est fort souvent le cas dans la chlorose. Dès
que le fer cst contr'indiqué pur la nature de l'état
morbide, il provoque d'une part une augmentation
des sensations morbides, et de l'autre il arrête les
secrétions intestinales et les évacuations alvines,
effet dont les suites ne tardent pas à se manifester
par un sentiment de pression, de plénitude, de pesanteur, etc. Mais si le fer a été enlployé à propos
et convenablement, on remarque bientôt plus de
plénitude dans le pouls, des yeux plus vifs, un
teint plus vermeil de la figure, un ineamat plus
pur de la peau; le sentiment lIes forces et du bienêtre augmente, et la fonction digestive ainsi que
les évacuations nlvmes deviennent plus libres.
L'ou Ileut déduire de ces observations, que le fer a
une tendance à exalter en général la tension vitale;
il provoquel' les activités dans les parties solides et
liquides et à augmentel' la coagulabilité de la
fibrine du sang, ainsi quc l'activité dans le système
artériel. Le système nerveux prend une part analogue à ces elrets; puisque non-seulement il y a
une augmentation sensible des forces, mais aussi
Jes muscles éprouvent plus de facilité dans leur
action, et celle-ci devient plus durable, Le fer agit
�DEUXIÈIIŒ PARTIE.
293
sans contredit, comme tous les moyens toniques,
sur le sang ct le système nerveux en même temps,
en donnant plus de perfection à leur substance;
mais il serait dift1cile à décider, si son l'apport est
plus intime avec le sang ou avec la substance nerveuse. Les phénomènes visibles d'une colol'ation
plus vermeille du sang, pendant l'usage du fer, et
les effets salutaires de ce médicament, dans les maladies particulièrement, qui se manifestent de préférence dans le sang, par exemple dans la chlorose,
font presque présumer le premier, quoique cela
n'autorise pas à expliquer immédiatement la couleur vermeille du sang par la présence du fer.
Mais il résulte {le-là. pour les indications thérapeutiques du fer, que ce médicament ne saunit
convenir:
1 0 • Lorsqu'il existe une disposition à un excès d'activité, soit dans le sang lui-même, soit dans
le système artériel.
2 0 • Lorsque la maladie est d'une nature telle
que le corps ne supporte pas une augmentation de
la tension vitale; par conséquent dans les cas où
la vie organique est opprimée ct l>rofondément lésée tIans ses sources, le sang et la lymphe, par un
état (l'altération, qui a pOUl' effet {les stases humorales tIans certaines pal'ties du corps, et une distribution inégale du sang; et plus encore lorsquo
�294
DEUXIÈME P ARTlE.
certains organes sont de préférence et essentiellement malades. Dans ces cas le fer augmente les
congestions vers d'autres parties, et il est plutôt
propre à exciter une violente hémorrhagie. et pOUl"
ainsi dire, à trancher le noeud, qu'il fallait résoudre avec pl·écaution.
3°. Lorsque la fonction digestive est dérangée par suite d'une lésion de ses organes; ou tant
que la digestion en général n'est pas rétablie dans
les cas, où la maladie principale n'est accompagnée que d'un léger dérangement de cette fonction .
Je me permets de faire ces remarques sur les
médicaI\lenS ferrugineux, parce que tout en estimant fort haut leur action thérapeutique, je n'ai
vu que trop souvent, qu'ils sont dcvenus nuisibles,
parce quc dans leur emploi on ne voulait pas se
borner aux conditions que la nature a assignées au
fer considéré comme médicamcnt.
Pour développer davantage mon opinion !t ce
sujet je dirai que le fer ne ponvient pas dans les
états morbides où le sang est en lui-même doué de
beaucoup de vigueur, ni (laRS ceux où il possède
une slll'-ahonclance de fibrine ou de gélatine ou
d'albumine animale, et 100'sque ces llarties eonstitualltes s'y trouvcnt dalls un état d'üttpcl'fectioll,
comme dans les dispositions atrabilaire et phlegmatique; ni lorsqu'à la suite d'une pareille (lispo-
�DEUXIÈl\1E PARTIE.
295
sition le parenchyme des viscères parait gorgé de
liquides, ou leur nutrition elle-même plus ou moinR
altérée.*)
Lc fer est au contraire un des moyens théra•
peutiques les plus excellens 1 0 • lorsque l'infirmité
de la vic est simple, 2 0 • lorsqu'elle dépend en
même temps essentiellement d'un défaut d'énergie
du sang ou ùes nerfs.
Voilà pourquoi il produit tant de bien dans la
débilité qui succède aux hémorrhagies; a la suite
de graves maladies dans lesquelles le sang devait
l'enouveLer en grande lll'oportion ses parties constituantes, ou dans lesquelles il a été évacué JUR-
.. Le fer est sans contredit un puissant ct Ull ex,;ellent moyen thérapeutique, et là où il est indiqu(\
il produit souvent, comme par encbantement les plu ~
grandes métamorphoses dans le corps en le fai.~l\t
passer d'un profond état d'abattement vital à la sant,,;
la plus florissante. Mais il ne convient seulement pas
à beaucoup de cas où son emploi serait d'ailleurs à
désirer, et j'ai vu fréquemment J'emploi intempestif du
fet avoir pour suite des états morbides extrêmement
opiniàtres, qui ont résisté nombre d'années aux trnitemens les mieux dirigés. Je suis donc devenu de plus
en plus circonspect dans la prescription du fer, et je
trois devoi r recommander fortement cette l.1irconspec ·
Lioll aux jeunes médecius.
�296
DEUXI~
PARTIE.
qu'à l'excès ou trop dépouillé de ses meilleures
parties constituantes par des purgations trop fréquentes, ensuite chez les malades affaiblis par une
nourriture trop pcu substantielle, pal' des chagrins
ou par des pertes d'humeurs importantes, sans cependant être atteints d'une altération organique
des viscères. Dans ces cas le fer n'est pas seulement un puissant moyen pour réparer les forces en
général, mais il est aussi le meilleur, sous ces conditions, pour rétablir la digestion, et pour la favorisel' autant que pour corriger et faire ccsser la
paresse du ventre.
Le fer et son action thérapeutique suMt sans
contredit, dans l'eau minérale une grancle modification pal' sa combinaison avec J'acide carbonique;
toutefois il ne cesse pas, pour cela, d'agir commc
fer, même dans cette composition. Je voudrais
presque soutenir que son action tonique cst plutôt
augmentée par le gaz acide carbonique. En même
temps il est aussi beaucoup plus aisément suPIlorté
par l'estomac. De même les sels et les auh'es pl'incipes constitutifs des eaux minérales modifient sans
contredit aussi très-notablement le mOlle d'action
du fer sur le corps, sans cependant effacer celui
qui lui cst proprc.
Le fer, scIon ses différcntes combinaisons avec
d'autres parties constituantcs, se dissout plu s ou
�DEUXlbtE PARTIE.
297
moinslJien dans nos liquides, et l'étenùue <le son
aetivité en dépend très-notablement. Nous savol1li
par exemple que l'hydrochlorate de fer sublimé est
tléjà singulierement effICace en petite dose, et qu'il
surpasse peut-être en eela toutes les autres préparations martiales; ainsi le tartrate ùc fer a été
trouvé trcs efficace dans les temps modernes, contre un graml nombre de maladies partieulicres.
C'est ainsi, également, que la puissance thérapeutique du fer se déploie et augmente singulièrement
dans les eaux acidules; et que ce médicament (levient plus assimilable au corps; en sorte que la
grande effLeacité de ces sources métlicinales nous
parait souvent hors <le toute proportion avee la petite qunntité de fcr qui a été portée dans le eorps.
Les ettll.l: ferrugineuses acidules sont donc
à mettre en usage d'abord là, où le fer en général
peut devenir utile. Comme elles sont riches en aeilla
carbonique, elles sont généralement indiquées lorsque le sang ft besoin d'ètl'e 1'af1'(ticlti et c01'l'igé
à l'(ddo de ces 6lémens, pourvu qu'il n'cxiste pas
en mêlllC tcnips des obstacles à l'emploi du fer, Si
elIcs contiennent des sels neutres et du carbonate
dc soude, comme les eaux d'Eger, leur application
gngne encore ulle lllus grande étendue, paroe
qu'elles bomeront alors beauooup moins les excrétions que les caux purement ferrugineuses, ct
13**
,
�298
DEUXIÈ~J
PARTIE .
parce qu'elles sont a reganle l' en même temps
comme d'impor tans moyens altérans ,
L'histoi re des effets des eaux (l'Eger a parfaite ment confirmé la vérité de ces assertio ns en général. Cepend ant jc ne puis disconvenh' que les médications pour l'usage des eaux ferrugin euses, telles qu'on les trouve établies dans les ouvrage s sur
ces caux, ne me paraisse nt llas, d'une part, assez
netteme nt tracées, et d'autre part, il me semble
qu'en les recomm anùant on a d~pasé
los limites
entre lesquell es elles devienn ent réellem ent utiles;
c'est pourquo i je me sens porté à donner à cc sujet
quelques explications ultérieu res fondées sur mes
nombreuses observations.
Nous savons mainten ant avec certitud e que les
inductio ns que nous nous ~lerUtons
de tirer de
certaine s partics composantes des eaux minérales
sur les proprié tés thérape utiques lie ceHcs-ei, ne
forment 'lu'une faible base pOUl' leur application
danR la pratiqu e; et que ces in(luctions n'ont de
valeur, qu'auta nt qu'unc c 'périencc constan te
co-iucille avec ces préceptes sur leul" emploi. Or,
tout leetcur familr~é
avec la mé(lccine doit déjà
être frappé, de trouvcr , que 1eR auteurs ' no limiten t
pas l'usage des caux fOl'1'ugincuses, do préféren ce
aux maladies, pal' exemple, qui dans la règle Ilemanden t des moyens tonique s; mais l'étende nt li
�DEUXIÈME PARTIE.
299
presque toutes les maladies dans lesquolles les eaux
résolutives et altérantes sont vantées comme les
moyens souverains, par les auteurs sur ces eaux. Il
cst vrai que les premiers de ces auteurs, pour prouver la justesse de leurs indications, ajoutent que les
caux ferrugineuses ne sont applicables dans ces
dernières formes morbides, que lorsque la débilité
en fait la basc; mais comme c'est précisément un
des points les plus difficiles de l'art médical, de
prononcer avec certitude, s'il y a ou non une véritable débilité et si elle fait la base d'une maladie;
comme l'infirmité et l'imperfection de la vie dans
l'économie animale si composée, peuvent avoir des
origines très-différentes, et par conséquont être
d'espèces cssentiellement différentes, selon leur
nature ct leur mode de production; comme enfin
les fonctions vitales ne sont infiniment souvent
qu'opprimées, ou gênées, par une altération matédelle des humeurs, ou par des maladies qui n'ont
atteint que certains systèmes ou organes du corps,
saus que la vic eUe-mêmc soit abattue, état qu'on
il qualitié dc tout temps du nom de fausse débilité:
l'on voit quc ni le malade, ni le médecin n'en retireront un grand profit, si on ne fonde l'indication
d'un médicament que sur la débilité, qui est si souvent emilloyée comme asile de l'ignorance en médecine; snns indiquer l'espèce de la débilité, c'est-
�300
DEUXIÈ ME PARTIE .
à-dire, sans caracté riser plus netteme nt la nature
de l'imperfection (le la vic, contre laquelle le médicament doit être employé.
Je dois croù·eaussi, qu'on a laissé trop de prise
à des idées théoriqu es, en donnan t aux excellen tes
eaux d'Eger le titre de moyens à la fois toniques
ct résoluti fs, par la l·aison qu'elles contien nent des
sels, et en les reeomm anllant par suite comllle deI!
moyens à elllllloyer lorsqu'i l s'agit de liquéfier des
humeurs animales condensées, pour les rendre
propres à être excrété es; ct même de ramollit· ct
d'épano uir des organes déja altérés dans leur texture.
Les eaux d'Eger ont une action stimula nte;
elles augmen tent la tension vitale du système nerveux et du système sanguin , accélère nt la circulation ct amènen t la bonne humeur , lorsqu'e lles sont
bûes en quantité modérée pm· des personn es en
santé. Celles qui en prennen t plusieurs Verres à
de très-pet its interval les, en éprouvent une espèce
d'ivress e. Chez les perRonnes disposées à la constipatio n un petit nombre de verres détermine faci·
lemcnt une céphalalgie gravativ e ct (le l'étourd issement; elles 11'en sont point purgées ;. au eontmire le ventre sc gonUe, deviel1t lourd ct paresseux. On ne peut (lone méconn aître l'effet tonique
et stimula nt de ceR caux. Quoiquo chargée s de
�DEUXI EliTE PA l~'\I:.
301
sels et ne contenant en dissolution qu'une méclio··
cre quantité de fer uni à l'acide carhonique, elles
ne perdent cependant l1as leur natuI'e, comme
caux: ferrugineuses froides; c'est-à-dire qu'eHes
tendent à eondenseI'les humeurs animales, ct qu'en
vertu de cette même propriété elles agissent comme astringentes sur les parties solides, quoiqu'à
un hi en moins haut degré, qui ne le font les caux:
purement martiales, Elles ne sauraient donc être
bien indiquées, là où il existe une condensation
des humeurs et une rigidité de la fihre, quelle que
soit d'ailleurs l'idée qu'on se fasse du mode d'origine de ces états,
Mais la chose pl'ineipale, c'est que l'expérience
ne le confirme pas, que les caux d'Eger soient en
état de guél'Îl' des maladies chrolliques em'acinées,
dont le caractère prédominant est une condensation morbide des humeurs, ou une disposition n
cet état, ou dans lesquelles le sang ct la lymphe
stagnent dans leurs canaux aussi bien que dans le
tissu cellulaire, ct font gontler les organes; ct surtout dans celles où il y a un commencement d'altél'ation permanente dans les viscères.
Tel est du moins le résultat de mon observation indi"hluelle, quoique limitée, ct dont jc ne
vouclrais pas faire la base cl'une règle générale;
mais je crois devoir, d'une part, a cette puissante
�302
DEUXIÈME !'ARTJE.
et excellente source, d'exprimer nettement et avec
franchise ma conviction Il l'égard des conditions
sous lesqueÜes elle est indiquée, parce que la vérité
ne fera que relever et augmenter la réputation
de ses eaux; et d'une autre part, je croirais commettre une trahison envers l'humanité souffrante,
si je ne voulais preIHlre le courage d'exprimer ma
conviction, avec modestie sans doute, mais franchement et en toute conscience.
Je puis ajouter que mes convictions ne sont pas
le proùuit d'une théoric ou d'un préjugé pour telle
ou telle source, mais le résultat d'un grand nombre
d'observations comparatives sur le mode d'action
de différentes espcces d'eaux minérales, non-seulement dans des affections de la même eS!ICCe,
mais souvent aussi sur les mêmes individus, en différentes années; ensuite d'une longue expérience
tiur les mala(lies chroniques.
Mais si j'avanee que ni les caux d'Eger, ni
celles de Pynnont ou de Spa ne sont, sans les conditions indiquées, de vrais moyens curatifs IIOur
Jcs malaclies chroniques, je (lois ajouter deux remarques explicatives. Il n'est pas rare qu'une cau
fCJTugiueuse, employée cn pareille eioconstanee,
paraisse convenir parfaitement bien, lJUisqu'clle
maintient le veutre librc, qu'elle réveille l'appétit,
le couragc ct Ja bOllllc humeur; mais elle nc guérit
�DEUXli,
;~ 1E
l'AlITJE.
303
pas radicalcment; et souvent les anciennes souffranccs }'eparaissent avcc un surcroit d'intensité
peu de temps après la cure, ou bien l'état mOl·bide
intérieur et 0lliniàtre en est même aggravé. C'est
ce que je n'ai que trop souvent observé dans les
maladies dont la source }'ésillait dans les causes
ci-dessus mentionnées; bien plus, (luoiquc je me
sois fait un devoir, d'être extrêmement circonspect dans le choix des eaux minérales, il m'est ce··
pendant arrivé à moi-même, de voir que les eaux
d'Eger faisaient lIIal il des malades, qui me paraissaient propl'es, à la suite d'une curc altérante prolongée, il prendre encore ces eaux; et j'ai eu grande
peine à l'établir lentement leur sauté, pur un tout
autre traitement, De même j'ai été obligé d'envoycr plusieurs fois de nouveau a Carlsbad, et en
outre de traitel' long-temps dans le mêmc esprit,
un grand nombre de malades qui avaient employé
à plusieurs reprises les eaux de Pyrmont et dc Spa,
et qui s'en étaient bien trouvés aussi long-temps
qu'avait duré la cure, ou que](lue temps après, Mais
le plu!> grarlll dommage et celui que j'ai vu le plus
fréquemfllcnt, venait de la mode presque généralement adoptée, et He l'cllOsant que sur les IJl'éjugés
d'une vainc théoric, d'alnès laquelle tics maladeN,
ayant employé pendant quinze jours, trois semaiIle~,
ou nll Illois les caux thermales dc Carlsburl, sc
�304
DEUXIÈME PARTIE,
hâtaient, après une petite pause, d'aller à Eger,
pour réparer leur forces abattues, selon eux et
leurs médecins, par les eaux de Carlsbad. Je me
suis déjà exprimé plus haut (voy, la première partie, IV), sur les dangers de semblables eures consécutives, et je répète encore une fois, que les eaux
de Carlsbad, employées avec prudence, n'affaiblissent pas l'éellement; malheureusement aussi elles
ne guérissent pas les malaclies opiniâtres, comme
nous l'imaginons, en peu de semaines, en sorte que
l'usage immélliat des eaux d'Eger puisse tout de
suite convenir; c'est-la cc qui me conduit à une
seconde remarque importante,
Les maladies chroniques tiennent leur nom, non
sans grande raison, de leur longue durée, Ce sont
leurs causes intel'lles qu'il est si difficile de faire
disparattre et bien llius di11icile encore d'apprécier,
surtout par rappol't aux degrés II intensité et de
sur la vic, Cegravité, avec les(luelles elles pès~nt
lui qui n'a pas étudié pendant des années avee une
gramle assiduité ct sans lll'éjugés, des maladies rlc
cette espèce, peut s'imaginer facilement (IU'il deviendra maître d'une llareille maladie sans difficuité; il ne croit pas à la llossibilité tIes dillieuItes
qui s'y opposent, ni (ill'une métamorphose presque
complète du matériel do l'organisme puisse être
nécessaire pOUl' en amener la gué1'ÏBon; il connait
�DEUXIÈME PARTIE,
•
305
moins encore les évolutions merveilleuses, qui se
manifestent périodiquement, comme des points de
transition; et surtout les différentes excrétions
critiques, qui Ilarfois nc sc déclarent qu'après des
années, et délivrent même quelquefois encore le
malade de toutes ses souffrances, lorsqu'il désespérait déjà de tout secours, Cette nature opiniàtre, particulière des maladies chroniqucs, que
nous ne pouvons pas toujOUl'S deviner dans chaque cas, par l'examen des indivhlus malades seul,
mais qu'il faut connaître par l'expérience générale,
doit nous l'emh'e fort circonspects, à envoyer des
malades aux caux fCl'l'ugineuses, avant de les avoir
soigneusument étudiés, et nous être assurés avec
certitude qu'il n'cxistc pas aucune altération morbide profondc ni dans lcurs humenrs, ni dans leurs
organes, J'accorderai volontiers qu'il puisse être
de meilleurs méthodes curatives, pOUl' les maladies
dc cette espèce, que celle à laquelle m'ont conduit
des travaux assidus sur cet ordre de maladies;
mais jc crois du moins avoir reconnu avce assez de
certitude le pcu de valeur ct le danger (les eaux
ferrugineuses sous les conditions illlliquécs, Si
mes llrincipcs sont vrais en égard des maladies qui
ont leur base ct leur siège dans la sphère ol'ganiquc de la vie, il cn cst absolument de même dans
cellcs qu'on appelle uffections nerveuses, parce
�306
DEUXIÈME PAllTIE.
que les fonctions de ce système y sont troublées
de préférence. Je me suis déjà prononcé plus haut
sur les modes possibles de leur composition par des
élémens intérieurs: et j'y renvoie pour montrer
que l'emploi des eaux ferrugineuses doit être limité
aux conditions que prescrit leur mode d'origine.
Cependant j'ai à developper davantage les conditions elles-mêmes sous lesquelles les eaux ferl'ugineuses trouvent leur application. Elles sont
les suivantes:
1 0 • Si je les rejette lonque de profondcs entraves pesent sur la vic organique, je ne veux point
dire par-la qu'elles soient nuisibles en elles-mêmes
dans tous les degrés de ccs états, ou qu'clles ne
puissent jamais être mises en usage. Je ne veux
prévenir que l'abus qu'on en fait fort souvent, d'apres mon expérience, et qui nait seulement trop
aisément de cc qu'on a mal compris le vrai besoin
de la nature, et principalement de l'erreur (le rcgarder comme léger le fond d'une maladIe 101"8(IUe
le contraire a lieu. Comme notre coup-d'oeil dans
la nature, le plus exercé môme, ne fait jamais que
llianer à la surface, je recommande dans les ea~,
tant soit lleu douteux, de ne conseiller les eaux
ferrugineuses, qu'allrès s'être complètement convaincu, pal' des essais thérapeutiques bien dirigés,
que la maladie n'a point de racine profonde clans
•
�DEUXIÈME PARTIE,
307
une altération d?s humeurs ou des organes. Mais
ces eaux, et principalement les eaux d'Eger, trouvent sans doute lem' application, lorsqu'il n'y a
qu'un légcI' degré d'engorgement sanguin dans
l'abdomen, de dyscrasie pituiteuse ou atrabilaire,
(lui se montre ou qui commence il se développer;
sortout lorsqu'il est dû de préférence à des causes
morales, et lorsque la constitution du malade peutêtre qualifiée de faible en elle-même. Peu importe
en pareille circonstance que la maladie se manifeste sous la forme de mauvaises digestions, d'tille
disposition aux llémol'l'hoïdes, de l'hypocondrie,
rie la migraine, (le l'oppression de poitrine, d'une
cachexie, ete.
C'est pour cela que les eures par ls eaux d'Eger deviennent si singulièrement utiles aux savans et aux hommes d'affaires lorsque leur santé
commence à souffrir par suite des fatigues de l'esprit et d'une vie sédentaire; car ces eaux relèvent
les forces, et en même temps elles étouffent dès le
principe les germes de graves maladies. Les bains
aussi bien que le Franzensln'ullnen sont ici d'un
excellent effet, et si ce dernier devient trop excitant, on a recours au S'alzquell. Mais il est aussr
des cas assez nombreux dans lesquels on doit reoommander les exoellentes eaux d'Eger à ecux
(lui ont fait une curc Il Carlsbad. Beaucoup de lI1a"
�308
DEUXIÈME PARTIE.
lades sont tellement sensibles contre les eaux de
Carlsbad, que ni leur estomac ni leurs nerfs n'en
supportent l'influence. La chaleul· de ces eaux en
est sans cono·e-dit souvent la cause; les malades cIo
cette espèce peuvent alors essayer les bains tiCdes
iL Eger, en buvant en même temps le Salzln·unnen,
soit seul, soit eoupé avec du lait; on peut donner
le même conseil aux malallcs disposées aux hérnorrhagies utérines, et à ceux qui, après avoir
achevé une cure li Carlsbad, éprouvent encore un
graml abattement aprcs un intervalle de huit ù
quinze jours. Mais ces malades s'cn tiendront
spécialement aux bains qui, bien cntendu, ne scront pris que tièdes; ct après avoir pris d'abord
une tosse d'infusion de chamomille, ils boiront
plus tard les eaux rafraîchissantes du Salzquell.
2 0 • Les eaux d'Eger et les auh·cs eaux ferrugineuses sont particulieremcnt indiquées, lorsqu'on peut dire, qu'une vét"itable ct simple débilite
de la vic fait la base de la maluclie. Quoique cette
débilité intéresse la vie dans son cnsemble, nous
pouvons ct nous (levons cepcllllant en distinguer
deux eRl,èces de faiblesse bien diffél·entes, dont on
trouve les earaetères clairement tracés dans la
nature, savoir, la première qui dérive umuédiatement et principalement du sang, et la secoll(le qui
�DEUXIÈ ME PARTIE.
· 309
a son ol'igine principale dans une débilité de la
substance nerveuse.
Sous le nom de débilité simple j'entend s celle
pas une suite secondaire d'un grand dén'est
qui
d'organ es importa ns, incurab le en luient
rangem
susceptible d'être guéri pal' les eaux
non
ou
même,
ferrugin euses, qui ne lleuvent que hâtel' l'issue
mortelle en pareil cas. Ce n'est qu'aux degrés peu
graves du dérange ment des fonctions assimila trices) que peuvent convenir nos caux.
J'appell e débilité pl'ovenant du sang
1 0 • Celle qui est la suite nécessaire d'une
grande diminut ion de la lUasse du sang, soit par
de!l hémorrh agies, des saignées, soit par une nourriture insuffisante ou de mauvaise qualité) cc qui
est le cas le plus rare; soit par des maladies qui
ont nécessité ou du moins amené un grand échange
de matéria ux organiques, comme la dysente rie, les
diarrllées pemlan t ct après les fièvres dites gastriques ou plutôt humora les; soit enfin pm' l'abus
prolong é de Illécliealllens purgatif s.
2° . Une secontle modalité de lu même espèco
consiste en une décomposition spéciale du sang,
par Iurluelle la coagulabilité de cc liquide parait
diminuée, et qu'on lleut Ilommer dissolution, avec
les anciens, par opposition à celle, où il existe une
tendance ala condensation. Cet état sc nHlllifeste
�310
DEuxd:M E PARTIE .
de la manière la plus complète dans la chlorose,
mais il se rencontre dans tous les âges, et chez les
deux sexes, sous différens degrés ct avec de nombreuses modifications.
Cette (lis position a ses caraetères distincts et
n'est pas a confomlre avec la débilité pl·incipalement nerveuse, qui peut plus ou moins co-exis ter
avec elle. Elle se trahit par les signes d'une assimilation et d'une nutritio n imparfaite, par la pâleur de la peau, l'affaissement des traits de la figure, la laxité des muscles, la mollesse du pouls,
le disposition au froid des extrémi tés; la paresse
des fonctions de la peau, de la digestion, ct le plus
souvent aussi des évacuations alvines ; un sentiment d'impuissance, un sang très liquide ct séreux, état qui se manifeste aussi dans la qualité
muqueuse <les matÎcres exorétées, et (lans la disposition aux secrétions muqueuses, ainsi que par
l'aspeet boum et le gonflement oedémateuxau-<lessous des yeux. Toute perte de sang, qu'eUe soit produite artificiellement, ou l1ar la natw·e elle-même,
Il l'occasion d'une maladie, n'est supportée qu'avec
le plus grand désavantage.
La l·esllirntion est courte ct devient gênée lorsque le malade monte sur une hauteur , quoiqu'il n'y
ait point de signe d'une maladie de poth·ine; les
fonctions du système nerveux indique nt d'une part
�DEUXIÈl\lE PARTIE .
311
un manque de persévérance dans les forees en général,et de l'autre uneimpuissaneederésisterpar une
réaction normale il des stimulus et il des influences
d'ailleurs normales pour elles. L'activité intellectuelle est imparfaite; les organes des sens sont
tantôt trop fortement, et tantôt trop faiblement
affectés par leurs stimulus normaux; le sentiment
génél'al est éelui d'un manque de forces, accompagné souvent d'un haut degré de susceptibilité, et
quelquefois aussi d'indolence.
Cet état particulier de la vie végétative a son
origine clans une débilité et une imperfection de la
source vitale du sang, plus, en proportion, que dans
les nerfs, qui ù la vérité y souffrent toujours, mais
plutôt pal' le moyen de lem connexion vitale avee
le sang, qui est le point de dépal't du mal. C'est ce
que prouvent aussi les causes iléterminantes de
cette dyscrasie, telles qu'une disposition héréditaire, l' abus .les plaisirs vénériens, les pertes de
sang, les évacuations excessives de liquides importans; une nourriture aqueuse, un air corrompu
surtout humide, par exemple dans les contrées marécageuses, ct (lans les prisons. Les affections
morales tristes, les appétits non satisfaits, les rêvedes d'une imagination égarée, les méditations
SUI' des idées tristes, etc, ln produisent également,
sans doute d'une manière indirecte, pal' la voie des
�312
DEUXIÈME PARTIE.
nerfs; mais seulement lorsqu'une disposition a
déjà préexisté; sans quoi il en résulte d'autres affeetions nel'veuses , Cet état reste aussi assez souvent comme une suite des fièvres, et surtout de fièvres typhodes qui ne sont pas terminées pal' des
crises complètes,
Or, c'est dans cet état de débilité que les eaux
d'Eger, et avec elles les eaux de Pyrmont et de
Spa développent leurs eff'ets les plus distingués; ct
c'est pour lui en eff'et, que la providence semble
avoir fait ces eaux, Elles sont la vraie panacée
pour cette espèce d'affection lente et chronique,
quelles que soient les diverses formes morbides sous
lesquelles elle se manifestent 011 avec lesquelles
elle sc combine,
Mais je suppose toujours que cet état ne soit pas
accompagné, et qu'il ne provienne pas d'un état
mOl'bide illtêl'ieur, qui contr'illdique toutes les eaux
minérales ct surtout les caux ferrugineuses,
Sous ces con (litions les caux d'Egcr rendent
les plus émillens services dans la chlorose, ùans la
gouttc ct dans les affections arthritiques des personnes faibles; dans la disllosition et les affections
hémorrho"idales, (lans la dispoijition aux ménorrhagics chez les femmes, ou à la suppression des
règles, dans les 11ueurs blanches, L'asthme IDU'[ueux ct lcs catal'l'hcs habituels, dans certaincs
�DEUXIÈME PARTIE.
313
affections qui se rapprochent du scorbut, et qui SI'
caractél·jsent par des saignemens de gencives, par
le gonflement des veines même dans la bouche, par
des ecchymoses sous-cutanées, en forme de Il étéchics ct de stries; ensuite dans l'impuissance virile, dans la disposition aux avortemens; dans rétat approchant de l'ictère, et dans l'ictère déclaré
mtÎJne, qui se rencontre très-souvent à la suite de
cette disposition; dans lcs mauvaises digestions;
surtout dans les pesanteurs d'estomac, la constipation du bas ventre, les selles trop liquidcll de
nature insolite, etc.
1
Si la rate se tuméfie sous de pareilles ciréon~
stances, ce qui arrive bien fréqucmment dans les
contrées marécageuses (comme je l'ai vu infiniment souvent dans les hôpitaux de la Lombardie)
alors les caux ferrugineuses pourraiont sans contredit former le principal moyen curatif, J'ai déjà.
fait remarquer llius haut à cet égal"d, que Grottanelli vante les moyens ferrugineux dans ces cas, et
j'ajoute encore la l'emarque que Palletta a trè"
fréquemlllent employé le moxa SUl' le baR ventre
dans les énorllles intunleseellCCS Ile la rate,
Il est une seconde espèce d'infirmité générale
flue j'appelle, lu'ec d'allo'es médecins, débilil6 7lel'veus6; c'est ccttc impcrfection de la vie, dont la
base réside essenticllement dans un état vitall'eJa-
�314
DEUXIÈME PARTIE.
ti"ement trop imparfait du systême nerveux; je
prends ce dernier non-seulement comme organes
des fonctions intellectuelles, mais aussi eOllUne
agent non moins nécessaire à l'entretien de la vie
yégétative que le sang; avec lequel il préside con ··
jointement à toutes les fonctions, pour fairc de la
vie une unité. Je me suis déjà efforcé, dans la première partie de cet ouvrage, et li l'occasion des
caux de Carlsbad, de montrer, qu'il faut prendre
les expressions, irritabilité morbide ùes nerfs, susceptibilité norvcuse exaltée, dans leur sens exact,
~t
non pas tians celui qu'a introduit L'usage fies
écoles ott -du mO}Hle. Ici je vais dessiner plus en
détail t'état qu'on peut avec raison nommer infirmité des nerfs.
Cette infirmité est encore plus diHlcile :1 bien
tlécouvrir dans l.a nature que celle dont il a été
(luestion en premier lieu. Beaucoup d'ifllIivi(Ius
sont déjà HatUl'cllement tn~s-ucelibJ
pour
toute imIIl'ession, tout en jouissant d'ailleul's de la
sant{:; mais bien plus l'état nerveux sc moditie il la
Huite de dérangemens tians la sphhe inférieure de
la Yie, et beaucoup (1' (tats morbides, de toute cspece, surtout <Ians leurs périodes d' "volutions, s'accompagnent d'nlle irritabilité mOl'hidc comme (l'un
syrnptùUlc et d'une suite. J'Cil ni cléjà souvcnt
parlé. Wais il c ' [ste certainement IIUSSl un état cles
�DEUXIÈME PARTIE,
315
nerfs, dont on doit,tlire qu'il consiste en une infirmité
de la vie nerveuse, dans laquelle non-seulement
les ngens extérieurs nécessaires ala vic, par exemple, l'air, la noulTiture, le mouvement, les stimulus
des sens extm:nes ct internes, certaines idées, certaines sensations, etc, excitent avec une extrême
fac ilité des orages dans la marche des fonctions (lu
corps, quoique le degré d'énergie de ces influences
soit connu comme très-insignifiant pour la plupart
des hommes; mais où les actions organiques intérieures, quoiqu'clles ne s'exécutent nullement a\'e('
trop d'intensité, ou de petites anomalies, pal' exemple des flatuosités, suftisent déjà pour produire
de grandcs angoisses et de l'agitation. Cet état se
rcnéchit de la manière la plus variée dans l'état
;lIoral et dans les fonctions organiques; dans Il'
pl'elll iel' pal' l'inquiétude, l'anxiété, des crainte~
cOlltilluelles, la pusillanimité, un état passionné, Ulle attention soutenue sur l'état dc la santé, et unc manie de l'apporter toutes les soufl'rances ;\ fIes eauses extérieures; dans les seconclcs
pal' des nccidells de toute espùce, l)al'ticulièl'emcnt
cles douleurs spasmodiques, et le sentiment de
grantls dérnngclllcns morbides cie certaincs fonl'tions, ou des sellsations alternativcs dc dil'crfle nature, Lcs malades de cette espece sont aussi cxtl'êmement sensibles pour lcs médicamens, dont ils
14 "
�316
DEUXIÈME PARTIE,
ne supportent absolument que les adoucissans,
tandis que tous les excitans, et de même les toni- ques produisent communément sur eux une impression extrêmement fâcheuse et désagréable,
Il peut exister une (lisposition congéniale Il.
cette infirmité; mais elle est particulièrement développée par une vicieuse éducation physique et intellectuelle; par un genre (le vie efféminé, par la
cultul'e exclusive (les facultés sensitives et de l'imaginatiol1, tandis que la culture de la raison ct du
coeur reste cn arrière; pal' la funeste lecture des
l'omans iL la place d'une instruction misonnahle sur
l'homme lui-même, sur ses faiblesses moralcs, sur
la nécessité de s'accommoder aux conditions actuelles du monde ct des hommes, etc,; pal' les passions et la poursuite passionnée (lu hut des penchans naturels, surtout de l'amour ct des désir!!
vénéJ'iens; mais aussi par de grands chagrins, des
maladies doulourcuses ct épuisantes, etc,
Cel 6tftl (e }JOUI' Clt7'(tctère tm manque de
f07'ce dans les 1leljiJ pOUl' opposer la l'ésistance
nécessaire aux influences lIol'lIlales, qui les attcignent, et une disposition constante de leur activité, ;\ claanccler ct a sc laisscr ébranLcr pal' la
moindl'c cause,
Les malades cux:-mêmcs sont sans doute lc plus
à plaindre dans cet état; mail il cn cst ùe mêlllc du
�DEUXlhIE PARTIE.
317
médecin, dont la. patience est alors mise il une
éprenve bien difficile. Heureusement cet état
n'existe pas trop souvent dans toute sa simpHe
cité; il n'en est souvent ainsi qu'en apparence,
lorsque ce sont plutôt d'autres (lé\'angemens intérieurs qui maintiennent les nerfs dans cette tension
mOl·bide. Mais dans certains cas, il existe néanmoins eomme fait principal, et sans complication
importante; et les praticiens expérimentés n'apprennent que trop fréquemment iL le connaltre par
une triste expérience.
Il est certain qu'alors la vitalité intérieure (le la
substance nerveuse, ou son organisatioll est réellement lésée, et touteslcs souffrances flu'Ollt à supporter de IHueils malades en proviennent directement.
JJes mala<1cs de cette espcee SUNlol'tent en général trcs-diJfieilement tout mérlicalllen t quelque
peu énergique, et par eonséquent les moyens toni~
ques et les eaux ferrugineuses, surtout si [es organes digestifs sont très sensibles. Us ont hesoin
d'une llléaieation calmante, du côté du moral autant que pal' les mérlical)Jcns. .l'ell ai padé lL l'oeension des eaux d'Emba, et j'ai Rpéeialement reCOlllmandé ces eaux en cette oecasion, Il est rarement llel'lnis de eOlluneneer par les caux: ferrugineuses ohez les malades de cette espcce ; mais ces caux
leUl' deviennent extrêmement utiles, une fois
�318
DEUXIÈ ME PARTIE.
que la grande susceptibilité pOUl' toutes les impressions a tléja été climinuée par un traitem ent bien approprié. Mais il ne faut toujours commencer que
par de petites doses de ces eaux; l'on fait très-bie n
aussi tle les couper avec le tiers ou le quart de lait
tiède i et d'en faire prendre en même temps des
bains tiècles, ou des bains artificiels avec du lait,
ou avec des décoctions de camomille et de son.
On voit par-la sous que]Jcs conditio ns, et Cil
quelle mesure l'on peut employer avec un grand
avantag e les caux fClTuginclIscfl (lans les maladies
apl)clées nerveuses. De ce nombre sont particul ièrement bcaucoup de cas d'hypocondl'ie, produit s
principa lement par des causes qui affaiblissent
réellem eut les sources de la vie organiq ue, comme
par exemple, des pertes humom les, la soustrac tion
des alilllens nécessaires, un air humide ct corromp u,
des maladies fébriles, etc., ou par (les causes qui attaquent flirecteillent les forces nel'l'eUSes, pmotieulièreme nt uue attentio n trop prolong ée dans des
travaux , dont la Iléeheresse et l'unifor mité fatiguent l'esprit, comme par exemple ries calculs,
des minuties gramlll aticales ; surtout si des soins
dOlllesticlues, ct 1 absence de distract ions viennen t
s'y joindre ; il faut égalemellt y rallport er les affections nerveuses des femmes lorsqu'e lles ont
une origine semblable. Dans les maladieR IIcr-
�DF.UXlblE PARTIE,
319
veuses grayes, par exemple les paralysies, il faut
user Ile précaution avee les eaux, et ne les faire
employer que 101'Squ'il n'existe point de disllosition aux congestions sanguines, et qu'il n'y a point
Il présumer une altération matérielle de la substance nerveuse par des épanehemens de liquides;
et seulement lorsqu'on peut espérer (le faire llu
bien en relevant La vitalité en général. Ce n'est
absoLument que sous ces conditions que l'on peut
employer nos eaux dans l'épilepsie; dans la mélancolie et dans les autres modes de dérangement des
fonctions intellectuelles; dans le tremblement des
membres, le vertige, et les affections spasmodiques
locales, par exemple des poumons, de l'estomac,
des intestins ou des organes génitaux de la
femme,
Je vais encore dire quelques mots cn génél'al
sur les maladies de certaines parties, consistant en
des spasmes locaux, par exemple la cmmpe d'estomac, les coliques ou les vomissemens habituels,
l'Ilstllmc, les douleurs des femmes avant et pendant
la menstruation, Je rappellcmi donc) cc quc j'ai
montré plus haut avec plus d'étcndue, savoir que la
lIature et la pathogénie de ces affections locales
sont bien difllciles à appl'ofondir; (lu'elles tiennent
causes générales, surtout Il
pour la plupart à ~Ies
CCllCR qui (Iépenclcnt <l'uu état mOl'bille de la lIInSHe
�320
DEUXIÈMF. PARTIE,
des humeurs, et de stases tIans la fonction circulatoire; et que si ellcs }lroviennent immédiatemcnt
<l'une altération vitale des organes lésés, cette altération ne consiste (lans la plupart des cas quc dans
différens degrl:s de métamorphoses dans le tissu
des organes, Toutefois cela n'empêche pas que des
affections locales ne puissent aus\li dépendre immédiatement d'une débilité 1'éelle et d'un état
d'ùnpmj'ection du nerf d'une pm'tie quelconque, d'où résulte peu-à-peu l'amaigrissement (le
1'C1'gane, ct une déhilité générale, On est fondé il
admettre la llrésence d'uu pareil état, lorsque les
signes des autres causes plus ordinaiI'es de pal'cilles maladies manquent, et lorsque tous lcs
moyens donnés contre ces causes réussissent tl'CSmal, lors-même qu'ils ne sont employés que dans
les plus petites doses; tandis qu'au contraire une
!Joune dose d'opium fait llromlltement ceRscr les
IIcchlens, COll1111C pm' cnchantcmcnt, ct sanR laisscr
de suites [,\chcuscs; si bicn qucl(f'oi~,
quc les
rcciclivcs des accidcns sont coupécs pour un temps
asscz I01lg,
Cc n'cst quc sous cette condition (lu'un usage
bien mcsuré des eaux d'EgCl', dc Pyrmollt, et plus
souvent elleore de cellcs moins énergiques de
Spa, données en petites doses, réduit pcu-fi-peu
la cause de ces spasmes, et soulage le malade,
�321
DEUXIÈME PARTIE.
C'est ainsi que ces eaux guérissent très-fréqucmment la crampe d'estomac, la disposition aux coliques ct aux spasmes hystériques, lorsque cl'autres
ruédieamens n'ont produit aucun grand effet avantageux; elles réussissent aussi lorsque ces affections ont eu d'autres causes immédiates, mais que
celles-ci ont été vaincues, ct que le rétablissement
du nerf d'une partie paraît seule être en retard;
lorsque, par conséquent, après la guérison d'une
maladie locale, l'organe a encorc bcsoin d'une réllaration ct d'une amélioration de ses conclitions
vitales intérieures, pour revenir à une nutrition
énergiquc ct pour se remettre en équilibre avec les
autres organes vivans. C'est de la mêmc manière
que ces eaux cxereent aussi une action très-salutairc, comme moyens fortifians, après la guérison
des maladies générales.
L'on conçoit pal' ce qui préoède que les cauX
ferrugincuses seront dans beaucoup de cas lcmoyen
le plus salutaire pour faire cesser Ja stérilité. Si la
constitution du sujet n'est pas très-pléthoriquc, et
s'il n'existe point d'obstacle matériel aux fonctions
clans l'abdomen ou (lans les parties génitales internes de la femme, on peut sans contredit les essayer, pour obtenir la progéniture désÏl'ée, quand
même il n'y aurait point de motif spéeil11 tiré (l'un
état maladif, pour les mettre en usage; l'expé-
15
�322
DEUXIÈlIIE PARTJE.
rience s'est prononcée d'une manière fort décisive
en faveur des effets avantageux des eaux ferrugineuses daus ces cas; ct comment ces eaux si puissamment vivifiantes, et donnant cn quelque sorte
une nouvelle fraîcheur à la vie, comment ses eaux
si l'iches non-seulement en fcr, mais aussi en acide
carbonique et cn oxigène n'exciteràient-elles pas
avec éncrgie les conditions internes de la vio des
organes génitaux, pour porter leur activité vitale
au point nécessail·e li la production d'un nouvel
être de la même espèce, lorsque les conditions extérieures sont données. Mais on ost encore bien
plus cu droit de los mettre en usage lorsqu'une
inJirmité générale de la vie parait former un obstacle :i ln. fécondation, que cette infinnité dépendo
d'une imperfection des humeurs vivantes ou d' ul1e
débilité nerveuse.
Quo dans l'impuissance virile, ou dans l'état
d'imperfection du liquide séminal, les eaux férrugineuses soront également d'une grande hrlportanee,
HOUS 10 rapport de la faculté génératrice, c'cst oe
qui s'ontend de soi-même; on ne saurait assez les
rooonullander alors, pourvu sculement que le fond
du JUal ne soit point formé par d'autres conditions
internes, qui excluent l'emploi des caux ferruginouses, oe qui d'ailleurs Il lieu, d'après mes observations, dans la pluralité des cas.
�DEUXIÈ :\tE PART1E .
Par l'apport aux eaux d'Eger je ferai encore en
particulier la remarqu e que souvent elles méritent la préférence sur celles rIe Pynnon t et
de Spa; c'est lorsque des vices peu pl'ofonds
semblen t résider dans la sphère inférieure de
la vie, et lorsque des altératio ns de la vie plastique modérées sont combinées avee un état morbide plus grave de la vie nerveus e; cal' il est
certain qu'elles tendent en même tcmps puissammcnt à corrige r la masse dcs liquides et à débarrass er les organes secrétoires. Cette co-existence d'un état morbide des agens inférieu rs et supérieurs de la vie ayant lieu dans des cas trèsnombreux de maladies chroniques, les eau..'{ d'Eger
l)a1' rapport à leur action corrective pour la sphère
inférieUl'c de la vie, seront aussi à conseiller dans
nn plus graml nombre de cns, que Ics SOUrces purement ferrugincuses *).
*) A l'occasion de oes sources je l'envoie cncore
spécialement Il l'ouvrag e instructi f du Prof. Qsann:
bei ~Br:
Staifet ~ral1DenGb
lOie ID'linetalqueUen ~u
(Les sources minérales des bains de l'Empereur l~ran
eaux
les
pour
et
çois près Eger, 2de édit. Berlin 18.28);
de Pyl'mont il l'ouvrage déjà cité de Marcard. Celles
de Sra méritera ient en effet une nouvelle attention ,
ct une analyse plus exacte. Un ouv1'!lge très-approfondi st aussi celui de MM. Brandis et Krü~e:
15 *
�324
V.
DEUXIÈME PARTJE.
Sur l'emploi des eaux de Pyrmollt et de Spa.
Je n'ai que peu de chose à ajouter SUl' l'emploi
de ces deux eaux ferrugineuses, car leurs indications s'accordent avec celles des eaux ferrugineuses, et spécialement des eaux d'Eger, Je me bornerai donc à ajouter quelque chose sur leurs propriétés distinctives.
Les eaux de Pyrmont jaillissent dans une délicieuse vallée du comté de Pyrmont en Westphalie, à trois lieues <le distance de la rivière, nommée
Weser. Les différentes sources de ce lieu paraissent avoir déja été connues du temps de Charlemagne, mais il est certain que depuis le milieu du
16ème siècle clIcs avaient une grande réputation,
qui s'est invariablement conservée jusqu'à ce jour.
Je ne parle ici que de la source à boire (l'l'inlcln'zmnen), dont le8 eaux sont universellement connues depuis deux siccles SOUH le nom ,de Pyl'lnont,
et cxportées par toute l'Europe. Ces eaux sont
très-limpides, ct des llius riches en aeide carbonique; dans un verre qu'on vient de remplir, ce
~eu
p~\)fir(ld,em
untecfud)ung bec ~)1ileca!
,
queUen bU IPl)tlllont. (Nouvel examen physico- chimique
des sources minérales de Pyrmont, avec lIlIe carte
topographique et géologique. Pyrmont, 1826.)
�325
DEUXIÈi\lE PARTIE.
gaz s'élève avec force sous forme d'une écume
l
,
lIIousseuse; a. la source 1es eaux ont une tempcrature constante de
10° Réaumur, ou de
57°
Fahrenheit. Leurs pl'incipes minéralisateurs sont
le fer (+ jusqu'à i <1e grains ou 0, 792 gr. dans ulle
livre, d'a!ll'ès 'Vestrumb), une petite proportion <le
sulfate et d'hydrochlorate de soude, du sulfate de
cllaux, du sulfate et du carbonate de magnésie.
Les bouteilles dans lesquelles on met les caux
destinées à être exportées, sont remplies avec la
plus grande précaution, bouchées et lloissées hermétiquement. Ces bouteilles sont fort bOllnes, et
l'on peut en avoir de dif/ërentes grandeurs, cc qui
est un grand avantage. Il serait à désirer que dans
toutes [cs pharmacies majeures on fùt toujours
pourvu d'nne provision de ces excellentes caux,
Quelques verres d'cau de Pyrmont pI'is successivement à la hâte produisent une espèce d'ivresse
passagère, un sentiment de bien-être et d' hilaritl; :
le pouls est un peu accéléré, sans qu'on éJlI'ouve
dc l'échauffement; prises en une certaine quanti~
ces caux provoquent fréquemment aussi des évacuations alvilles plus abondantes ct favorisent l' excrétion urinaire.
L'cau de Pyrlllont est de toutes les eaux fel'l'll gincuses la !llllS riche en acide carbonique ct Cil
fer, ct c'est avec raison qu'elle est appclee la reinl'
+
+
1.5 " "
�326
DEUXIÈ ME PARTIE.
des eaux ferrugin euses. La réputati on de cette
eau sans pareille con1lue un des meilleu rs moyens
dans tous les cas de vraie débilité est donc bien
fondée.
Je n'ai pas besoin d'expos er longuem ent son
emploi convenable dans les diverses formes morbides, puisque je l'ai déjà fait dans le chapitre llrécétlent; mais je dois m'attac her à faire l'cssorti r la
différence entre son moùe d'action ct celui des eaux
d'Eger. IL est hors dc doutc qu'elle SUl'passe CCI<
(lcrnières, pOUl' le contenu de fer et d'acide carbonique, et qu'elle est à regarde r comme l'eau ferrugineuse la plus pure et en même temps la plus exquisc qui protluit en général un excellen t effet sur
l'estoma c et qui cst facilement digérée.
Cettc circonst ance en fait le moyeu lc plus
simple llour ré/larcr les forces dans les cas de débilité où les caux fel'l'ugineuscs trouven t leur application. Cette cau forme Je premiel' moyen curat if <lans toutes les maladies qui out pour base un
défaut de sang rouge, un état de dilutiol1lUol'bide
(tléfaut d'une bonne Jibrine, diminution de la coagulabilité) , une .Iyscrnsic analogu e li celle du scorbut.
Elle est égaleme nt le moyen pl'inciilal dans la
chlorose, dans III débilité généml e, l'estant à la
suite des pertes de sang ou des fUlVl'eS graves, ou
IJroduite peu-ù -pcu par des influences débilita ntes,
�DEUXIÈ iUE PART1E.
327
sans la participation (l'aucune altél'atiOll locale
profonde; dans les maladies nerveuses, l'hypocondrie ct l'hystérie, elle peut s'employer sous
les mêmes conditions que j'ai indiquées pour les
cauX d'Eger. Il n'est pas rare que l'eau de Pyrmont guérisse des paralysies qui avaient résisté à
tous les autres moyens; dans l'épilepsie par contre, elle a été très-rarement efficace, comme l,·
sage Mareard le dit lui-même avec franchise.
L'eau de Pyrmont rend aussi d'éminens services dans les différentes maladies de l'appareil digestif et des organes génitaux, toutes les fois
qu'elles llépendent soit de conditions morbides générales, où les caux ferrugineuses peuvent être
utiles, soit d'une infirmité simple et franche de e~
organes eux-mêmes. Dans ces occasions, elle est
un excellent moyen contre la paresse de la diges _
tion, la disposition i l'épigastralgie ct aux coliques, aux flux ùe ventre, aux hémonhagies hémorl'hoïdalcs cxeessÎ\'CS et irrégulicres, ou la disllosition aux hrmonllOïdcs muqueuses; coutre les ascarides et les vers lombrieilux, ensuite contre la
disposition aux laémorrhagies utérines, il l'avorteDlellt, eontl·c les flueurs blancl.cs, la suppressioll de
la menstruation, les spasmes ct les douleurs qui Cil
proviennent; enfill dans ln stérilité. J.Jcs (livcrses affections des organes génitaux cIe la femme naisse/lt
�328
DEUXIÈ l\lE PARTIE.
en effet très-fréquemment de la marche trop précipitée que suit le développement de ces organes ,
dont une éducation yicieuse est la principale cause;
ou d'un développement retardé, chez des sujets naturellem ent faibles, ou affaiblis par des maladies
qui se développent avec les années de la puberté ,
et qui ne sont pas conYenablement traitées. Voila
sans doute la raison pour laquelle les caux de
Pyrmon t surpass ent tant de fois, dans ces cas, en
eOicacité tous les autres moyens euratifs, on sorto
qu'on ne saurait assoz s'on louer; tels sont les cas
d'impuissance Yirilc, Ilfoduite par dcs débauchcs
ou par d'autrcs causcs (l'épuiscment; les aff'cctions
de la yessic ou des rcins, qui ne dépendcnt pas
d'une altératio n organique ou de calculs; la goutte
atonique, anomale et compliquée (l'accidens nerYeux, llourvu seulement qu'aucu ne cont1:'indication ne défentlc l'emploi cle ces excellen tes eaux.
Les elllu: de ~i)a
!Iui jouissen t cgalernent
tl'uDe très-anc ienne réputati on, sont à regarde r
comme une gradatio n Iles eaux (le ])yrmont. Mais
elles sont beaucoup moins riches en fer et cU acide
eal'boni(lue. Leurs autres parties constitu antes
sont: Je carbona te (le chaux et kl carbona te do
magnésie, mais peu de carbona te de soude. J,IL
source appelée le Poulton est celle (lont les caux sont
hues de pr '·r:l'cnce; on le8 choisit aussi pOlir )'cx-
�DEUXIEME !'.-\UTIE .
329
portation. Quoique les eaux de Spa soient infél'ieures a la plupart des eaux ferrugineuses, pour
Jeur contenu d'acide carbonique, il ne faut pas pour
cela les reganler comme moins efficaces ou moins
salutaires. La renommée dans laquelle elles se
sont toujours maintenues répond déjà suffisamment à une pal'eille opinion, li Ile faut point oublier encore ici que les moyens héroïques ne sont
pas faits pour tous les corps, et que beaucoup de
malades qui ne supportent llas les eaux d'Eger ou
de PYI'mont, trouvent leur salut aux eaux moins
actives de Spa. Il faut déclarer en effet que dans
les hauts degrés de sensibilité morbide des nerfs
de l'estomac et des intestins ces caux sont bien
supportées et beaucoup mieux que les autres eaux
ferrugineuses; ct qu'elles produisent en même
temps les effets les plus salutaires. Les eaux de
Spa sont encore a préférer lorsqu' il existe une
grande disposition à des excrétions trOll abondantes, pal' exemille, pal' le canal intestinal, dans
la diarrhée et le lienterie, ou pal' l'utérus et te vagin; en général, toutes les fois qu'on doit craindre
des excrétions morbidcs de toute espèce, ou qu'on
li l'intention de l'éduire des secrétions augmentées.
Dans les maladies de poitl'Îne, soit qu'on soupçonne des vices organ' gues dans lell voies cin\llatoiJ'es, soi ~ qu~il
y ait une I!oJf.sction des pOUTIl 1S ,.
�.330
OEUXIEMF. PARTIE.
et en particulier une toux chrollique, il est bon
d'user de grandes précautions clans "emploi des
caux ferrugineuses . Elles ne peuvent servir que
rlan8 des cas assez rares de cette dernière aH'eetiOIl
lorsqu'elle peut-ètre regarllée comme une blennorrhée ou une galaetorrhéc simple des· poumons.
J'ajoute ene01'0, par rapport aux caux toniques
en général, que les baillA tièdes qU'OH Cil prépare
ne denuient jamais être négligés à côté Ile l'usage
intérieur. Ces bains sont d'une très-grande efficacité; ils seconllent non-seulement l'effet des
eaux prises il, l'intérieur, mais souvent aussi ils
suffisent ;i eux seuls, pour amener une guérison
parfaite. Souvent des malades délicats ne supportent point les eaux a l'intérieur, ou seulement en
très-petite quantité; il vaut mieux alors, (le s'en
abstenir, ct de suivre le traitement par les bains,
ainsi que je l'ai déjà exposé à l'occasion des eaux
~
rl'Ego.·. 11 est donc fort à désire)' !lue les établiR
semens pour los bains li Spa, soient mis sur un
aURsi bon pied qu'a Eger et à Pyrmont.
IIOCI'TIt ,
t . DE.V~Y
0'8
.
SCIENCES MÊO'CALES
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AC
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Le Thermalisme
Relation
A related resource
https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/vignettes
/BCU_Vichy_album_de_photographies_247365.jpg
Description
An account of the resource
<p>La médiathèque Valery Larbaud de Vichy conserve plusieurs centaines d'ouvrages consacrés au thermalisme.<br />En partenariat avec l'Université Clermont Auvergne, est ici mise en ligne une sélection...<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/lethermalisme">En savoir plus sur le Thermalisme</a></p>
Text
A resource consisting primarily of words for reading. Examples include books, letters, dissertations, poems, newspapers, articles, archives of mailing lists. Note that facsimiles or images of texts are still of the genre Text.
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Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Karlovy Vary (République tchèque)
Cheb (République tchèque)
Bad Ems (Allemagne)
Mariánské Lázně (République tchèque)
Bad Pyrmont (Allemagne)
Spa (Belgique)
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Kreysig$bFrédéric Louis (1770-1839)
Title
A name given to the resource
De l'usage des eaux minérales, naturelles et artificielles de Carlsbad, Embs, Marienbad, Eger, Pyrmont et Spa
Publisher
An entity responsible for making the resource available
F. A. Brockhaus ; Schubart et Heideloff
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1829
Source
A related resource from which the described resource is derived
Médiathèque Valery Larbaud (Vichy) TH 615.853 KRE
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Subject
The topic of the resource
Crénothérapie -- République tchèque -- Karlovy Vary – 19e siècle
Crénothérapie -- Belgique -- Spa (Liège) -- 19e siècle
Crénothérapie -- Allemagne -- Bad Ems (Rhénanie-Palatinat) -- 19e siècle
Crénothérapie --Allemagne -- Bad Pyrmont (Basse-Saxe) -- 19e siècle
Crénothérapie -- République tchèque -- Mariánské Lázně – 19e siècle
Crénothérapie -- République tchèque -- Cheb (Karlovy Vary) -- 19e siècle
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
XVI-330 p.
application/pdf
Description
An account of the resource
Demi reliure
Type
The nature or genre of the resource
text
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_De_l_usage_des_eaux_minerales_358507
Relation
A related resource
vignette : https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/files/thumbnails/22/26539/BCU_De_l_usage_des_eaux_minerales_358507.jpg
Crénothérapie -- Allemagne -- Bad Ems (Rhénanie-Palatinat) -- 19e siècle
Crénothérapie -- Belgique -- Spa (Liège) -- 19e siècle
Crénothérapie -- République tchèque -- Cheb (Karlovy Vary) -- 19e siècle
Crénothérapie -- République tchèque -- Karlovy Vary – 19e siècle
Crénothérapie -- République tchèque -- Mariánské Lázně – 19e siècle
Crénothérapie --Allemagne -- Bad Pyrmont (Basse-Saxe) -- 19e siècle