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b69190212756503c68b6affc577bf79f
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MÉMOI RE
POUR
M. D U R A N D DE V A L L E Y ,
IN T IM É ,
S u r l ’A p p e l d e la S e n te n c e q u i re je tte la D e m a n d e en
S é p a ra tio n in ten tée a u n o m
DE LA DAME DURAND DE V A L L E Y ,
SON ÉPOUSE.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�COUR
IM PÉRIALE
de PARIS.
MÉMOIRE
Audience
Solennelle d u
lundi 8-bmht
'
POUR
M. D U R A N D
DE V A L L E Y
U n arrêt de séparation est demandé à la première Cour souve
raine de l’Empire, au nom de la dame de Valley, contre M. de Valley.
Une sentence très-sagement m otivée des premiers juges a déjà
proscrit cette demande.
Comment était-elle appuyée devant e u x , et comment l’est-elle
encore devant la C ou r? sur une plainte qu’on abandonne presque
entièrement, et sur une circonstance postérieure à la plainte et que
les premiers juges ont également écartée. Quels sont les principes
de cette matière, où l’on peut dire que le pouvoir toujours si res
pectable des magistrats suprêmes prend un caractère plus saint en
core puisqu’ils voient soumis à leur sagesse, ce contrat, le premier,
le plus important de tous les actes civils, ce contrat déjà formé sous
les auspices de la loi et de la religion, qui avaient voulu qu’il fut
irrévocable, et qu’un arrêt souverain va cependant déclarer nul} ou
de nouveau et a jamais indissoluble?
l
Note BCU
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On sent assez qu’aux ye u x de ces ministres impassibles de la lo i,
pour qui les personnes sont indifférentes et les principes seuls invo
qués de part et d’autre peuvent paraître plus ou moins favorables,
ce qui semble d’abord et désirable et juste, ce n’est pas sans doute
de rencontrer ces circonstances si rares qui arrachent une excep
tion à leur conscience, mais c’est de pouvoir confirmer la règle : tel
est leur premier v œ u , le premier vœ u de la loi ; comme tel est aussi •
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le premier intérêt de la société; oui, tout défend au premier aspect
de séparer deux destinées qu’un arrêt fatal va laisser à jamais isolées,
inachevées, incomplètes; surtout quand les habitudes, les princi
pes sévères des familles entre lesquelles s’agitent ces tristes débats,
garantissent que ceux qu’on va désunir renferm eront eux-mêmes
la funeste et inutile liberté qui leur sera rendue dans des bornes
Volontaires mais inviolables.
N e faut-il pas pour qu’un arrêt de séparation soit prononcé con
tre l’avis des premiers ju g e s, que l’erreur de ceux-ci soit bien manifestement dém ontrée? JN’est-ce pas dans cette circonstance-qu’il
est d’un grand poids ce suffrage des premiers interprètes de la lo i,
lorsqu’il se trouve placé du même côté de la balance avec le
vœ u de la législation elle - même ? P our infirmer une telle sen
tence , pour prononcer une telle exception, une telle infraction
du droit com m un, ne faut-il pas que l’évidence incontestable d’une
grande infortune particulière puisse en quelque sorte consoler la
douleur de la société et de la lo i, qui voient briser ces nœuds que
le premier devoir des magistrats est de resserrer et de m aintenir?
Est-elle p ro u v é e , est-elle seulement vraisem blable, peut-elle pa
raître possible aux magistrats, cette infortune qui doitètre si grande,
si irrem ediable, si incontestablement établie, quand de la cause
toute entière, des faits d’une plainte abandonnée et non pas cou
v e rte , mais selon l’expression des premiers juges, détruite, par la
correspondance desdeiix ép o u x, quand-enfin de tout ce qui est
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allégué clans le procès, il ne reste rien, absolument rie n , si ce n’est
le souvenir, gravé en caractères ineffaçables dans l’esprit des juges,
de ces témoignages touchans, continuels, irrécusables de la ten
dresse, de l’estime, de l’attachement des deux é p o u x , témoignages
sans cesse et partoijt déposés dans les lettres mêmes d’une jeune
fem m e, qui y traçait en les écrivant l’histoire véritable de ses sentimens et de sa vie toute entière; comme pour réfuter un jour l’ab
surde et calom nieux roman qu’on lui ferait signer à son insu, ou
certes du moins sans son a veu , puisqu’il n’est pas possible qu’une
conscience si pure se démente ainsi et se contredise elle-même ?
Quel est donc le secret de cet étrange procès? qui donc plaide ici
en séparation? qui donc a dicté cette plainte, détruite par la cor
respondance de celle au nom de qui elle est form ée, de celle qui
ne parlait que de son bonheur dans les années, dans les m ois, aux
jours pièmes où le rédacteur téméraire du libelle a placé les mau
vais procédés, les sévices, les injures et les outrages?
Ce triste secret ne sera que trop tôt révélé par tous les faits de
Ja cause , et M. de Y alley , fidèle à tous ses devoirs, fidèle surtout
à ceux qui sont si étroitement unis avec l’intérêt de son bonheur
futur, ne dira contre la dam edeSessevalle, contre la belle-m ère, qui
seule a séparé ceux qu’elle avait unis et dont l’union était si douce ,
que ce qu’il ne pourra pas taire : encore prendra-t-il d’avance l’en
gagement de l’oublier dès qu’il aura retrouvé l’épouse que les magis
trats ne peuvent refuser de lui fendre : oui, il aimera à croire qu’il
la doit une seconde'fois à sa mère et il reprendra les sentimens d’un
fils, comme ceux d’un épou^ ont toujours été dans son cœ ur et
n’ont jamais cessé de se m ontrer dans sa vie.
Certes il serait beau, mais il est difficile dans tous les temps et sur
tout au milieu des mœurs actuelles, qu’un mariage réunisse, non
¿seulement deux individus^ mais doux familles tout entièresj qu elles
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sQienl pour ainsi dire mêlées, confondues comme les deux destinées
de ceux qui contractent cet engagement sacré. C ’est là ce qu’on
peut plutôt souhaiter qu’esp é re r, et nous savons trop combien
il est difficile et rare que tant d’hum eurs, de passions diverses se
trouvent assorties et d’accord ; mais aussi tant de soins ne sont pas
confiés aux magistrats ; il n’y a que deux destinées qui soient sou
mises à leur autorité et à leur paternité ; leur conscience est sans
scrupules quand ils imposent de nouveau un joug qui a toujours
paru d o u x , cher et léger à ceux-là seuls qui doivent le porter.
FAITS.
M. Durand de Y a lle y , fils d’un ancien magistrat, descend d’une
famille estimée et honorée en Champagne. Il a co n n u , en 1806 , la
demoiselle de Sessevalle, et bientôt après il désira l’épouaer : la
fortune de M. de Y alley est sans doute plus considérable; mais le
g o û t, l’estim e, l’attrait, l’inclination la plus v iv e e t, comme 011
le v e r r a , la plus tendrement partagée, les autres rapports de
toute espèce , la position sociale, l’éducation, tout était parfaite
ment convenable ; tout promettait l’union la plus heureuse et elle
n ’a jamais en effet cessé de l’être tant qu’il fut permis à la dame
de Yalley de vivre avec son mari.
Ce mariage de convenance et tout ensemble d’inclination ne fut
cependant pas conclu précipitamment. Madame de Sessevalle est une
m cre de famille respectable, sage, prudente ; personne, et son
gendre moins que tout autre , ne lui refuse l’hommage qu’elle mé
rite : il est certain que l’esprit d’o rd re, de conduite est comme la
base de son caractère : au reste , on l’a souv.ent remarqué ; les
femmes surtout distinguées par cette espèce de mérite qui tient à la
force ne prennent presque jamais les avantages d’une qualité qui n’est
'pas précisément celle de leur sexe, sans l’exagérer par quelques-uns
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de ses inconvéniens; et il n’est pas rare que l’habitude de n ’être pas
faibles ne les rende absolues, et que leurs vertus ne s’arrêtant pas
sur celte ligne précise où se trouve la v o lo n té , la suite, la déter
mination , enfin tout ce qu’on appelle le caractère, ne les conduisent
Jusqu’à quelque chose de tranchant, d’im périeux et d’exclusif!
Telle est peut-être madame de Sessevalle.
Sa fille est, de l’aveu gén éral, un modèle de grâces, de vertus ,
d’esprit ; ses sentimens religieux ne servent qu’à rendre sacrés pour
elle tous ses devoirs que la nature laplu sheureuseluirend d éjà doux
et faciles: son mari s’interdirait le plaisir de la louer s’il avait cessé
un seul jour de rendre hommage à l’ensemble de ces qualités rares
et charmantes qui sont aujourd’h u i, qui ont toujours été l’objet
de son estim e, de ses regrets, de son culte ; qui étaient et qui sont
encore destinées à faire le bonheur de sa vie.
M. de Valley se présente à ses juges sous d’honorables auspices j
il ose croire qu’il se montre cligne d’une famille considérée el d’un
père particulièrement estimé. Des personnes aussi distinguées clans
J’État que dans l’arm ée, ont donné à ses juges des preuves de l’in
térêt dont elles l’honorent : sa conduite , ses m œ urs...... Mais son
propre éloge convient moins dans sa bouche que celui de sa femme ;
la plume qui le tracerait pourrait être accusée de le flatter ; il est
juste de laisser à une autre main le soin de le peindre.
« Je voulais connaître M. de V alley d’une manière plus parti« culière. J’en fus extrêmement satisfaite , et reconnus en lui les
« qualités du cœ ur et de l’esprit, une bonne judiciaire, des prin« oipes honnêtes et délicats,infinitn eut d’ordre , de conduite et
«
«
«
<c
d’économ ie, point celte frivolité qui caractérise la plupart des
jeunes gens , de bonnes m œ urs, auxquelles j’attache le plus
grand prix. Après avoir reconnu à M. votre neveü des qualités
aussi précieuses , je fis venir ma fille, pour que les jeunes gena
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a se connussent d’une manière plus particulière : ils ont conçu
« l’un pour Tautre infiniment d’estime et d’inclination, par des
« rapprochemens(de caractère et de goût. »
Q ui e st- c e qui parle ainsi d e M . de V alley? C ’est sa,belle-m ère,
c’est madame de Sessevalle, c’est la personne qui n ’est vraisembla
blement pas étrangère à la plainte où il est peint sous des couleurs
un peu différentes : au reste, il ne sera loué dans cette cause que par
sa belle-m ère. Dans le tableau des faits que cette lettre commence
si bien , on verra une antre lettre de madame de Sessevalle, lettre
postérieure à la plupart des faits de la plainte , de manière que les
juges de M. de Valley ne le trouveront jamais absous que par celle
qui l’accuse • et cette vengeance se ra , avec le bonheur de sa fille ,
la seule que M. de Y alley puisse et veuille tirer de rriadame de
Sessevalle.
«
Cette connaissance p ré cise , approfondie du caractère de M. de
V a lle y , madame de Sessevalle ne l’avait point prise légèrem ent, ni
rapidement : observant bien tous les devoirs d’une mère , elle avait
long-temps étudié celui qu’elle destinait à sa fille; pendant six mois
entiers avant le m ariage, elle fit à M. de Valley l’honneur de le re
cevoir chez elle à Clerm ont, de voyager même avec l u i , sans sa
fille ; de loger chez lu i, à N a n c y , avec deux autres parens.
M . de V alley épousa mademoiselle de Sessevalle , à C lerm on t,
Je 24 septembre 1806.
Les six premières semaines se passèrent, tant à Clermont chez
madame de Sessevalle, qu’à Reims chez la mère de madame de
Sessevalle.
M. de V alley reconnut, dès cette première époque de son ma
riage et de son bonheur qui paraissait sincèrement partagé par les
deux familles ré u n ie s, que pour lu i, pour sa fem m e, pour sa.
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belle-m ère e lle -môme , pour l’intérêt commun et le bien-être de
leur a v e n ir, il devait entretenir de fréquens rapports sans doute
avec madame de Sessevalle, lui faire des visites, ramener sa fille
chez elle tous les a n s, plusieurs fois par an , mais non pas y de
m eurer habituellement.
Il fut trop facile de vo ir bientôt que ftiadame de Sessevalle ne
permettrait ni à ce gendre qu’elle avait tant aimé , tant estim é,
si bien étudié , si favorablement ju g é , d’être plus à sa femme qu’à
sa belle mère , ni à sa fille elle-m êm e d’être moins à sa mère qu’à
son mari.
O n verra sans cesse dans celte cause les reproches plus ou moins
graves adressés à M. de Y a lley, tourner à son honneur et en sortir
ou la preuve de sa tendresse pour sa fem m e, ou l’éloge de sa
prévoyance et de sa sagesse. M. de V alley crut donc prudent
d’einmener bientôt sa femme chez lu i, et même, d ’arranger en
général sa vie pour que plusieurë séjours qu’il devait habiter suc
cessivement , rendissent plus simple ce plan de conduite, selon
lequel les nouveaux époux ne devaient pas habiter trop fréquem
ment avec leur mère.
C ’est là , ainsi que la circonstance de ses biens situés en diverses
p ro vin ces, ainsi que l’acquisition postérieure de la terre du Buis
son , près Montargis 5 c’est là ce qui explique ce qu’on a jugé à
propos d’appeler son hum eur ambulante. A u reste , ce n ’est jamais
sa femme qui remarque , qui critique , qui se p la in t, qui censure.
Ces v o y a g e s, elle les faisait avec lui ; ces divers séjours , elle les
partageait et paraissait les aimer également : sa correspondance en
fait foi. Elle ne se plaignait de l’absence de son mari, quand sa santé
( sut dix-huit mois qu’on a permis à sa femme de passer avec l u i ,
M . de Valley a été malade près d’un an) l’obligeait de voyager sans
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e lle , que pour exprim er encore son bonheur par son regret de ne
plus le v o ir, par le plus v i f désir de son retour.
Il serait possible que ceux qui font parler la dame de V alley
eussent un autre m otif de blâmer et ces changemens de dem eure,
et ces v o y a g e s, et ces absences: ils auraient dû. l’avouer avec fran
chise , et dire que sans toutes ces courses , cette fatale correspon
dance entre la m cre, la fille , le mari , les on cles, les tantes, n’aurait
pu avoir lie u , et qu’alors le libelle de la plainte n ’aurait pu être
aussi victorieusem ent réfuté; on sent en effet que ce reproche ne
laisse pas d’être fondé : car c’est de là , c’est de ces lettres expres
sives que v ie n n e n t, pour les adversaires , presque tous les em
barras de la cause. Par exem ple, peuvent-ils dire avec raison à
M. de Valley , s i , peu de jours après votre m ariage, époque où
nous aurons déjà l’étourderie et la témérité de supposer une que
relle entre vous et votre femme , vous n’aviez pas eu besoin
d’aller à P a r is , votre femme n ’aurait pas eu l’occasion de voua
' écrire cette lettre si tendre (2 9 septembre 1806) qui commence
ainsi : E n t’ écrivant, mon bien aimé ¡ je calme un instant Vennui
que j ’éprouve..... quand j e pense que deux grands jo u rs........
Par exem ple encore, sans ce voyage de N a n cy , qui nous con
trarie bien davantage, votre femme n’aurait pas été à même d’écrire
lorsque vous avez été forcé de la quitter. — Qu’ il f a u t de raison,
ma chère tante, depuis cinq mois que nous sommes m ariés, nous
ne nous sommes quittés encore que très-peu, et j e ju g e p a r les ab
sences qu’ il a déjà fa ite s combien celle-ci va me coûter....
C ’est aussi pendantce séjour à Nancy qu’on voit dans les lettres de
madame de Sessevalle et de cette même tante de madame de Valley,
les premières tentatives pour l’éloigner de son époux; on lui insi
nue qu’il est sans doute bien d’aimer son m ari, mais qu’il y a des
lie n s, des engageniens antérieurs : on lui dit une autre fois : que ce
mari aurait bien dû lui faire, avant le mariage, les presens d’usage
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qu’il n’a faits qu’après; on lui dit qu’il est intéressé; qu’il a eu tort
dans une misérable discussion où il s’agissait de 10 louis.
Mais cette jeune femme si aim able, si estimable, pleine de me
sure , dès qu’elle est seule avec sa conscience et sa délicatesse, con
cilie parfaitement, dans sa réponse, ce qu’elle doit à celui qu’elle
défend et à celle qui l’accuse. N a ncy, s 4 décembre ( et cette lettre,
que les adversaires jugent sans doute la plus incommode de toutes,
reparaîtra souvent dans la cause). Je suis ici parfaitem ent heu
reuse, ayant une habitation agréable. V ous me dites que mon
'mari est bien intéressé : j e trouve qu’ il ne Va p a s été comme il de
vait l’être le soir veille de notre départ de Reim s ; il devait au
moins mettre p lu s de ferm eté à soutenir nos intérêts.
M a résolution est d ’habiter N ancy quoique mon m ari aime
P aris....
RI. de Y alley vient rejoindre sa femme à Nancy, dans le mois
d’avril, et bientôt la mène dans sa propre famille en Bassigny,
chez ses pareils paternels et maternels ; partout elle reçoit le
même accueil; partout elle inspire le même g o û t, le même attrait,
la même estime ; partout on félicite les nouveaux époux de leur
bonheur mutuel. C ’est dans le cours de ces visites de mariage qu’ils
furent surtout paternellement reçus par M. Durand de V a lle y ,
oncle de i\l. de V a lley ; ce parent qui lui tient lieu de père, avait
contribué et assisté à son mariage : on verra que demeurant loin
de Paris, ayant perdu de vue son neveu et sa nièce depuis cette
même visite, dont il avait gardé de si doux souvenirs, et tant de
sécurité sur leur bonheur, n’étant en correspondance suivie qu’avec
madame de Sessevalle, il partagea un instant ses injustices ; mais 011
verra aussi avec quel éclat et quelle énergie il répara cette erreur
paternelle.
M. de V alley qui ne voulait ni que sa femme (et on a v u que tel
était aussi le voeu do celle-ci) vécût toujours avec sa m e rc , ni qu’elle
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manquât à scs devoirs .envers elle, la mena à Clermont chez ma
dame de Sessevalle, passer cinq ou six jours dès le commencement
de juin 1807.
Il lui fut bien pénible, mais bien facile de voir pendant ce court
séjo u r, qu’il devait plus que jamais tenir à son plan : c’-est ce qui le
détermina surtout à acheter la terre du Buisson près Montargis.
M. de Yalley va habiter cette terre avec sa fem m e; il y tombe
malade au commencement d’août : l’officier de santé (M . V iallet,
chirurgien de l’hospice et maire de Château-Renard) appelé pour
lui donner des soins, déclare même que M. de Y alley était assez
dangereusement m aLde, pour qu’il ait été obligé de passer plusieurs
nuits auprès de lui.
Pendant toute sa m aladie, madame de V alley prodigue à son
mari les soins les plus tendres et les plus affectueux ; on voit par
tout des témoignages et de ses inquiétudes pendant qu’il était en
d;;nger, et de ses sollicitudes , de ses prévoyances pendant sa con
valescence : lorsqu’on lui conseilla de venir à Paris pour changer
d ’air et pour consulter , madame de V alley lui écrivait r
( Du Buisson, le 1 9 octobre 1808. ) Je suis dans l ’attente, mon
a m i, d’avoir une lettre de toi, qui m’ annonce ton arrivée à P a r is ,
et comment tu te trouves d’ un aussi long trajet p o u r un conva
lescent..... Je te prie , mon am i , de me donner de tes nouvelles le
p lu s souvent que tu p ou rra s; j e ne p u is trop te recommander
de bien prendre garde au j'roid.
C ’est au surplus à cette même époque (postérieure à 21 , des 28
faits de sa plainte ) , que madame de Sessevalle écrivit à sa fille :
37 novem bre 1807- K Te voila à présent, ma chère a m ie, une
x fem m e de mèncigc qui s’y livre entièrement...... C ’est p ou r toi>
Note BCU
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�( «t )
« ma f ille , une vraie jouissance y continue. ma fille , tes soins p ou r
(C Zot2 m a r i, qui les mérite p a r son attachement p our toi. y»
Et c’est dans ce même tem ps, c’est pendant la première ab
sence qui suivit la maladie de M. de V a lle y , c’est pendant son
voyage à P a ris, conseillé pour sa convalescence , que madame
de Sessevalle commence des tentatives directes pour brouiller sa
fille avec son mari! — Ce qui ne peut échapper au x ye u x les moins
attentifs, c’est que si le moment n’était .pas choisi avec beaucoup de
délicatesse, il l’était avec assez d’adresse, ou du moins c’était le pre
mier moment où cette intrigue pût avoir quelqu’espoir de succès
( quel espoir et quel succès ! ). Mais enfin c’était la première fois
depuis six m ois, que madame de V alley n’était pas avec son m a ri,et
sa mère eu profite pour l’engager à ouvrir une correspondance se
crète avec elle. Elle- lui apprend , pour la première fois, à faire un
mystère à celui pour qui elle n’avait encore eu et croyait n’avoir ja
mais rien de caché ; et ce mystère devait couvrir des accusations
d’une belle-mère contre son gendre, adressées à l’épouse, jusque-là
la plus confiante , la plus tendre et aussi la plus heureuse ! Quels
conseils , quelle leçon dans la bouche d’une mère ! ruais cettem ère
s’expose ainsi à en recevoir une d’un autre genre de sa fille, de
celle qui semble ne pouvoir paraître dans ce procès que pour dire
et pour faire ce qu’il y a de m ieux.
v.
V oici ce qu’écrivait madame de V a lle y , pendant celte intri
gue: voilà sa seule faute. On en a vu l’excuse; le piège était tendu
par sa mère • mais on en verra la n o b le , éclatante et touchante
réparation.
Madame de V alley avait écrit à sa m ère:
« J ’ai reçu , il y aura demain h uit jo u rs ( 20 octobre, quel
ques jours iivant le départ de M. de Valley pour Paris), votre
lettre qui était restée à la poste p a r la négligence des fe r
miers , ce q u i, m'ayant causé beaucoup d ’inquiétudes, me dé-i
«I
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�termina à écrire à M . de Trèm ém ont, dont f a i reçu la réponse
m ardi dernier : j e ne p u is aujourd’hui vous répondre ni vous
mettre au courant ; il n ’est p a s sorti ( O n voit que madame
de V alley dut à sa mère la premiere pensée de désirer les absences
de son mari ). D a n s quelques jo u rs j e me dédommagerai , il
doit a ller aux environs. J e vous prie seulem ent, si vous m’ é
criviez avant ce tem p s, de ne p lu s adresser vos lettres à B e r
nardine, qui les a laissées.d la p o ste, ou les a remises à mon
m a r i} qui n’ a p u se douter de rien.........
Voilà le p re m ie r, voilà le seul tort de madame de V alley
( e t encore e s t - c e le sien? ). V oyons comme elle le
répare ,
ou plutôt comme elle l’efface.............. . . Son mari revient : elle
l’attendait avec ce papier écrit et signé de sa m ain , ce papier
qu’il 11’avait pas gardé pour le produire dans une cause en sé
paration, mais qu’il devait conserver toujours comme le gage le
plus aimable et le plus touchant d’un de ces repentirs qui font
bénir les fautes..
« Je me repens , mon m a r i, d’avoir été fausse à ton égard , j e
«t te jure que je ne le serai plus , et je t’en exprim e mon regret
« le plus sincère. »
Quelque
chose manquait encore au repos de cette cons
cience si aimable et si pure : madame de V alley écrit à sa mère :
« M on m a r i, à son retour, rn^a f a i t p a r t , m a chère m a
m an , d ’une infinité d ’expressions d’amitié qu 'il éprouve p ou r vous
( Quel langage conciliateur , et quel soin de conjurer l’orage qui
menaçait sa v ie !)- L es sentïmens d ’attachement qu’ il vous con
serve et qu’ il éprouve bien sincerernent,
me fo n t infiniment
de p la isir; en l’em brassant, j e lüai p u résister d lui fa ir e p a r t
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( i3 )
des lettres
que
j e vous ai écrites et que f a i reçues de vous à son
insu : il est si difficile à une épouse de rester muette en p a
reil cas !
On sent que c’était un brouillon de lettre : il était tout entier
de la inain de madame de V alley ; et si l’on demande com
ment M. de V alley a conservé ces deux chiffons de pap ier, il
répondra que s’il avait pu les perdre il serait moins digne de
celle qui les avait écrits.
M. et madame de V alley font encore différensvoyages ensemble;
on les voit à N a n c y , de nouveau à L am arche, chez leur o n cle, M.
Durand-de V alley ; quand le mari quitte sa femme pour quelques
jours , les lettres conservent le même ton d’estime , d’attachement,
de tendresse.
M. de V alley était toujours malade : il alla prendre les eaux de
Bourbon-l’Archam baud. Madame de Sessevalle mul tipliait les instan
ces, les invitations de venir à Clermont : M. de V alley ne croit pas
qu’après ce qui s’est passé depuis, madame de Sesse valle puisse dire
que ses défiances, ses répugnances, sessoupçons, étaient injurieux
et injustement offensans; mais il lui avait promis que sa fille pas
serait quelque temps chez elle chaque année. M. et madame de
V alley arrivèrent donc à Clermont en mai 180 8; il laissa pen
dant quelques jours sa femme seule chez sa mère , et il dut à cette
courte absence la dernière de ces lettres si amicales , si tendres
qu’il recevait avec tant de bonheur , et dont il ne croyait pas faire
un jour un si triste , mais si utile et si victorieux usage :
(Clerm ont, 16 mai 1808.) Je te remercie 3 mon mari , des em
plettes que tu as fa ites p our moi... Comme tu ne me parles p as de ta
santé, cela me f a it présum er que tu en es content... T u auras
eu bien chaud p ou r fa ir e ton voyage > mais ce temps-la est bien
Note BCU
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'
�c 14 )
p lu s favorable pour un convalescent..... A d ieu > j e t’embrasse ; tu
nous annonceras sans doute ton arrivée ici ,
B u isson .....
d ton retour du
,
dame de V allay ne se doutait sûrement guère , en écrivant
cette le ttre , qu’elle n’écrirait plus à son m a r i, et qu’elle ne signe
rait désormais rien qui le concernât, si ce n’est une plainte , tissu
épouvantable des accusations les plus invraisemblables , assemblage
La
de 28 faits calomnieux , et dont 26 se trouvent placés par leur date
antérieurement à toutes les lettres qu’on vient de lire , et notam
ment à cette dernière du îfi mai-1808.
M. de Y a lley revint peu de jours après à Clertnont, où il resta
jusqu’au 23 ju in , jour bien funeste et toujours présent à sa m é
moire et à ses regrets , jour où il partit seul et malade pour Plom
bières , laissant à sa belle - mère sa femme , pour lui épargner les
fatigues de ce voyage; sa femme qu’il lui confiait, qu’il n’a cessé
depuis de lui redemander au nom de l’honneur r au nom de ses
droits, et qu’il était destiné à ne recevoir, quatre ans après, que de la
main des magistrats qui maintiennent les contrats, et ne les brisent
pas au gré du caprice , de l’injustice, de l’hum eur et de la ca
lomnie.
O n a v u , depuis le 24 septembre 18 0 6 , jour de son m ariage,
jusqu’au 16 mai 1808 , la dame de V alley ne jamais changera l’é
gard de son m a ri, ni de conduite , ni de to n , et ce ton était tou jours celui de l’estim e, de l’attachem ent, du bonheur : ce n’est
pas e lle , c’était trop impossible , qui quitte de son gré cette maison
c o n j u g a l e , où elle n’a cessé de dire qu’elle se plaisait, qu’elle était
'
heureuse. C ’est son mari qui l’a remise à sa m ère, et c’est sa mère
q u i, pour l’cloigner davantage de son m ari, l’emmène à R eim s,
au moment même où M. de V alley allait revenir à C lcn n o n t.—
Madame de Sessevalle, pour continuer l’illusion où il vivait, et pour
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( «5 )
eriipêcher ses soupçons de n aître, lui avait écrit qu’elle allait au
contraire se rendre avec sa femme à Paris. Il apprend ce départ
im prévu
pour Reims ; il quitte aussitôt les e au x, il part de Plom
bières, il se hâte d’arriver à Clerm ont; il trouve que la dame de
Sessevalle est partie pour Reims depuis quelques jours avec sa
femme ; il court à Reims ; on savait trop que s’il voyait sa femme,
toutes les intrigues seraient déjouées, et qu’elle reviendrait avec
son mari. On place ici dans la plainte la plus invraisemblable et la
plus absurde des calomnies : mais dans la vérité , la famille toute
entière de madame de Sessevalle, liguée contre son gendre par ses
in trigu es, empêche sa femme de rester dans la chambre de son
m a r i, l’en fait sortir à onze heures du soir , sans qu’elle - même
s’exprim e autrement que par son tro u b le , son émotion et ses
larm es.....
Il est des à mes heureuses de qui le vice , le m a l, les erreurs, les
to rts, les fautes mêtne légères ne peuvent approcher ; elles sem
blent destinées par l'excellence de leur nature à ne pouvoir faillir
qu’en s’égarant entre les d evoirs: Madame de V a lle y , qui avait
été la plus respectueuse des filles, avant d’être la plus heureuse des
épouses, avait mêtne, comme on l’a v u , quand elle était seule ou
quand elle était avec son m ari, su concilier sa justice pour lui et sa
vénération pour sa mère ; mais après plusieurs mois de séparation
en présence de celle à qui seule pendant vingt-deux ans elle avait
dû être soumise, elle ne crut pouvoir résister à cette v o ix toujours
chère et long-temps toute puissante....Elle se trompoit sans doute ;
elle ignorait ses nouveaux devoirs; elle oubliait que selon l’honneur,
la nature, la m orale, selon toutes les lois hum aines, selon ce Code
plus saint encore , dont elle s’honore de suivre les préceptes et de
reconnaître l’empire , elle devait respectueusement résister à sa
mère qui la séparait, par l’abus de son influence, d’un mari qu’elle
aimait et dont elle savait qu’elle n’avait jamais eu a se plaindre.
M. de Valley part de Reims des le lendemain m atin, bien résolu
Note BCU
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�( 1« )
de tout tenter pour obtenir sa femme de sa belle-mère avant de la
redemander aux tribunaux. Il fait en moins d’un mois trois voyages
à Reims ; jamais on ne daigna seulement le recevoir dans cette
maison où l’on séquestrait pon épouse au mépris de ses droits et
par suite du plus coupable abus de confiance.
Enfin madame de Sessevalle amène secrètement sa fille à Paris ,
fait rédiger la plainte ou plutôt l’incroyable libelle que nous avons
déjà indiqué, plainte au nom et d’après le contenu de laquelle seul
on est co n ven u , même en l’abandonnant, qu’on avait prim itive
ment osé former une demande en séparation.Madame de Sessevalle
fait signer à sa fille cette plainte qu’il sera bien aisé de prouver
qu’elle n’a pas lue.
Rien ne rebute M. de V alley ; en vain on l’attaque devant les
tribunaux; c’est toujours par d’autres voies qu’il essaie de se dé
fendre et de reconquérir sa femme. Il multiplie les lettres, les dé
marches, les efforts et les tentatives de tout genre : on met sous les
y e u x de la co u r, à la date du 8 et du 11 mai 1809, deux lettres de
M. Rojare,interm édiaire connu, estimé de madame de Sessevalle et
choisi par M. de V alley pour des démarches conciliatoires : celle
du 8 mai dit : ...... Je n’ai p u p arler qu’à madame votre épouse
qui était seule : j ’ ai vu en elle toute la douceur et la bonté de ca
ractère dont vous m’ avez p arlé si souvent : elle m’ a rappelé toutes
les démarches fa ites tant p a r vous que p a r plusieurs de vos amis ;
mais j ’ai bien vu ou qu’ elle ne pouvait p a s , ou qu’ elle n’osait
p a s contrarier les sentimens de haine violente que sa mère vous
conserve.
Mais cette haine qui comprimait la tendresse dè madame de
V a lle y , l’ien ne pouvait en eilet l’apaiser. On ne répond jamais à
M. de V a lle y , ou on lui répond d u n e manière insultante et déri
soire j on l’inquiète, 011 le fatigue, on le tourmente de toutes ma-
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 17 )
m ères; on refuse toute entrevue même devant la famille de su
fem m e, même devant sa m ère; il conçoit alors*un projet bizarre
en apparence , et expliqué seulement par le trouble et le malheur
d’une situation si fatigante et si déplorable ; il sent qu’il ne pourra
plus voir sa femme que devant le juge ; il sait que ces démarches
préparatoires , prescrites par une législation paternelle comme de
vant précéder l’action en séparation ou en divorce , l’action,la plus
odieuse à la lo i, sont uniquement et exclusivem ent conciliatoires ;
il pense que le magistrat, qui n’est dans ce cas qu’un arbitre légal,
qu’un conciliateur judiciaire , pourra peut-être inspirer à sa femme
le courage dont il est évident que manque sa volonté d’ailleurs bien
présum ée, bien connue et pas du tout douteuse....
%
A u x termes de la lo i, la requête est remise écrite et signée de
la main de M. de V alley, sans l’intermédiaire de l’avo u é, tant on
a voulu que tout fût secret, confidentiel entre le juge et les par
ties : le magistrat rend une ordonnance qui porte, que selon le vœ u
de l’arlicle 876, les sieur et dame de Valley comparaîtront devant
lui. Ils y comparaissent en effet ; le procès-verbal indique suffi
samment et l’on verra toul-à-l’heure ce qui se dit devant le ju g ej
il rend (article 878) l’ordonnance qui permet de se pourvoir. M. de
V alley, au lieu de profiter de celle permission, relire la requête
du greffe, non pas comme on l’a plaidé, sur un reçu et une pro
messe de la représenter qu’aurait signés son avoué ; mais il la re
tire sans l’intervention du ministère d’un officier de justice qui ne
pouvait et ne devait pas y paraître officiellement; il la retire parce
que cette requête n’appartenait qu’à lui; parce qu’il 11e voulait et
11’avait jamais voulu y donner aucune suite; toute trace judiciaire
en disparaît et tout souvenir encore s’en efl’ ice, puisque t e sou
venir n’a jamais pu se placer, ou plutôt n’a jamais pu que se per
dre , disparaître et s’anéantir dans le secret religieusement impé
nétrable de la conscience du magistrat. Mais veut-on savoir ce
que ce JVL- de V alley a dit à sa femme devant le juge ? Oii le sait j
5
Note BCU
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�( i8 )
on en a la preuve acquise, écrite, incontestable; si les questions
ont disparu et ontrdû disparaître, les réponses les reproduisent et
]es réponses restent. M. de Valley a suivi devant le président du
tribunal de première instance, ce système de rapprochem ent, de
réunion avec son épouse, qui, depuis la perte de son bonheur,
était devenu le soin et l’unique travail de sa vie. M. de V alley a
pressé jnadam e de \ a lle y de revenir a^ec lui, puisque le procèsverbal extrait des minutes du greffe du tribunal c iv il, en date
du i j ja n v ier i 8n , porte : la dame de V a lley dit qu’ elle a été
autorisée p a r notre prédécesseur à résider provisoirement avec
la dame sa mère dans les lieux où elle est actuellem ent, suivant
.Vordonnance p a r lui rendue il y a environ deux ans, au p ied de
la demande en séparation de corps contre ledit sieur son mari.
A in si, M. de \ a lle y avait demande a sa femme de revenir de
m eurer avec lu i, et celle qui l’avait toujours remercié de l’avoir
rendue heureuse, ne veut pas y consentir parce qu’en sc rendant
chez le magistrat, elle venait de promettre à sa mère de ne pas
céder à son m ari, et parce que, sous celte funeste influence, elle
persiste dans la seule erreur où puisse tomber une conscience si
p u re , erreur non moins contraire à son bonheur qu’à son devoir.
F orcé de vaincre sa belle-m ère, puisque tant de respects, d e
soumissions et d’hommages n’avaient pu la désarm er, M. de Valley
se présenta devant les premiers juges avec autant de regret que de
confiance.
L a sente/ice pouvait-elle être douteuse? Et les seuls faits qu’il a
fallu énoncer avant de les reproduire dans la discussion , n’ont-ils
pas déjà prouvé que les premiers juges n’ont pu ajouter foi à une
plainte qui ne peut pas être l’ouvrage de madame de Valley, qu’ifo
n ’ont pas pu la fuire prévaloir contre son propre témoignage, c’està-dire contre la correspondance qui est l histoire entière de sa vie
terite avec des intentions et a des époques non suspectes-
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( >9 )
L e tribunal a dit conformément aux conclusions du miuistèrc
p u blic:
oc A tte n d u ,'à l’égard des v in g t-six premiers faits articulés par
a la demanderesse, qu’ils sont détruits par la correspondance, dç
cc l’épouse, voisine de ces faits ;
;0[r, , , : , j .
^
•
-.il
« En ce qui touche les vingt-septièm e et vin gt-h u itièm e faits
<c de la cause, attendu qu’il résulte de la manière dont ils sont ex.« posés, que la preuve ne pouvait en être faite, et que d eux faits
« isolés et de cette nature nç suffisent pas pour faire re vivre les
ci vingt-six premiers faits ;
« En ce qui touche la diffamation dont se plaint la dame Durand
cc de V alley, résultante de la demande en divorce formée contre
cc elle par le sieur Durand de V alley, pour cause détenninée, atcc tendu qu’il n’existe aucune trace ju d icia ire de cette prétendue
<c diffamation j
« Le tribunal déclare la clame Durand de V alley non recevable
cc dans sa dem ande, et attendu la qualité des parties compense les
cc dépens. »
•
Dès le lendemain M. de Valley écrit à sa femme.
c
E xtra it de la lettre du 5 ju ille t /8t/, écrite p a r le sieur de V a lley
à son épouse.
•
« M a c iiin E
fem m e
Paris, cc 5 juillet x 8 n .
•i;
, d’après le jugem ent qui vien t d’ètre rendu,
j’écris du fond de mon cœ ur à yotre niainan pour lui renouvelçr
l’assurance dp mes sentimens qui ne peuvent ch^üHcr*
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 20 )
J’oublie le passé de tout mon cœ u r, et je ne conserve aucune
rancune contre personne.
Si votre màinan répond à nia sincérité, etc., e tc ., etc.; si elle
veu t être juste pour m o i, en consentant à ce qu’exigent les lois
civiles et religieuses, et l’honneur de nos familles, je serai bien at
ten tif et bien soigneux d’éviter tout ce qui pourrait lui déplaire,
etc* j etc.
Les liens qui m’unissent à vous sont tels, que je ne puis être heu
reu x que de votre bonheur, et en voyant votre maman heureuse
elle-même.
Depuis trois ans j’en ai le désir, depuis trois ans je n’ai cessé de
ïe témoigner par toutes.mes lettres, comme par toutes mes dé’marches ».
L e même jour il écrivait à madame de Sessevalle r
E xtra it de la lettre du sieur de V a lley , adressée en même temps
à madame de Sessevalle.
P a r i s , 5 juillet i 3 i r .
« Mad a m
e
1
;
J’étais encore allé à Clermont il y a deux m ois, vous le sa v ez,
désirant n’obtenir que de vous-même la justice que le tribunal vient
de me rendre : ce n’est pas de ce jugem ent, Madame , que je vou
drais me faire un titre ; mais mon cœ ur saisit cette occasion de vo u s
riioimnage des seritimens qu’il vous a toujours conser
• r e n
o u
v e l e r
vés. Je vous supplie d’oublier avec bonté toutes nos brouilleries,
et je ferai, je yous assure, tout ce qui sera en m o i, pour vous for-
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 21 )
cer, j’ose le d ire, d’avoir regret à ce qui s’est passé : vous retrou
verez dans nos rapports à venir des respects, des soins et des égards.
Je vais porter ma lettre moi - môme à M. B illecoq, et je le prierai
de vous rendre de v ive v o ix tous les senlimens que j’exprime trop
mal moi-même.
Je joins ici une lettre pour ma fem m e; je vous.supplie de la lui
remettre.
Je suis j avec un profond resp ect,
’
M adam e,
V otre dévoué et obéissant
serviteur ».
M. de V alley ne pouvait se lasser de multiplier ses efforts et ses
tentatives. Il écrivait, le 11 ju illet, à M.® Gicquel :
« M o n s i e u r , vous verrez aujourd’hui mon épouse : vous lui e x « primerez sans doute mon dévouem ent pour elle; mais vous lui
« direz aussi qu’après l’avoir toujours aimée , trois années d’une
« séparation malheureuse me la rendent aujourd’hui plus chère
« encore.
« Combien je dois l’apprécier, puisque partout où elle s’est trou« v é e , elle a laissé des souvenirs si flatteurs ! re sp e c t, admiration
« et attachem ent, tels sont les senlimens qu’elle a inspirés à toute
« ma famille , comme à tous ceux qui l’ont connue.
« T ous mes parens me la redemandent sans cesse ; et puisque ce
« sera pour eu x un jour de fête lorsqu’ils la re v e rro n t, quel doit
« donc être pour moi-même le bonheur de ma réunion avec elle ! ^
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
‘
�( 22 )
« O u i, M onsieur, vous lui direz que c’est elle-même qui a gagné
« son procès par le jugement qui l’ordonne : elle sera pour toujours
« une épouse chérie, et je me soumettrai de bon coeur à tout ce
« qu’elle désirera pour sa mère !
« M on bon h eu r, mon am our-propre même , seront intéressés
« à détromper ceux qui voulaient si ardemment notre séparation.
« Cette lettre, M onsieur, est une conversation franche sur tous
« les sentimens que je vous ai déjà si souvent exprimés ; je vous
<c abandonne , et à M. Billecoq, le soin d’exprim er à mon épouse
« tout ce que je sens pour elle, et je suis heureux de penser que
i< je dois de tels interprètes à votre commune bienveillance.
« J’ai l’honneur de vous saluer. »
L e surlendemain du ju g em en t, un ancien m agistrat, l’un des
hommes le plus considérés de la famille même de madame de
Sessevalle , M. de C astou l, écrivait à M. de V alley :
Clcrmont ( O i s e ) , 6 juillet 1 8 1 1 .
............., je désire bien sincèrement qne le gain de
votre procès contribue à votre bonheur ; j’apprendrai avec bien
de la joie, que la réunion se fasse de bonne grâce et de bon cœ ur;
M
o n sie u r
mais je ne vous dissimule pas que je crains le contraire : Quel
peut donc ê tr e , je ne dis pas l’a m i, mais l’honnête homme qui
puisse désirer la séparation de ce que le sacrement a u n i, et que la
loi a maintenu ? 11 peut y avoir des contrariétés en ménage , mais
chacun doit faire ce qui est en lui pour les éviter ou les adoucir;
l’à«c l’cxpcriencc et les circonstances doivent tout faire oublier :
c’Jst une nouvelle v ie , une nouvelle union que les liens de la pa
ternité rendent pour l’avenir indissolubles.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 20 )
S i , m on-cher p aren t, ce que je souhaite pouvait avoir lie u ,
vous ne pouvez croire combien je serai reconnaissant d en être
prom plem ent instruit. Je regrette bien de ne pas avoir assez la
confiance
et l’amitié de la famille pour être médiateur ; le succès
serait le plus beau jou r de ma vie.
J’ai l’honneur d’être. Signé C astou jo .
Enfin , dès que l’oncle de M. de V alley, ce parent vraim ent paterntl pour lu i, un moment égaré sur son com pte, eut appris ce
même ju g em en t, il écrivit à son neveu :
L a Mar che, 28 juillet 1 8 1 1 .
Mon cher n e v e u , j’ai appris avec une grande joie que le tribunal
de première instance de Paris venait d’ordonner, par son juge
ment , la rentrée «le v o ire épouse a\cc vous. Cet événement
comble tous vos v œ u x et les nôtres 5 il rend à votre cœ ur loute
]a justice qui lui est due , puisque vous avez toujours aimé si
tendrement votre femme, et que je vous ai toujours v u vous mon
trer l’un l’autre près de moi tant d’affection.
Ce jugement m ’a rempli de joie et toute notre fam ille, car nous
voyons tous avec regret et avec la plus grande affliction , depuis
trois a n s, que madame de Sessevalle , votre b e lle -m è re , a fait tout
v ce qu’elle a pu pour vous ravir vo ire chèré femme ; cro yez-m o i,
mon n e v e u , et p re n e z -y g a rd e, tant que votre b elle-m ère ne
sera pas forcée à vous rendre votre ép o u se, elle continuera de
vous la soustraire et de vous la tenir cachée, puisque depuis trois
a n s, malgré les nombreuses démarches que vous avez faites près
d’elle , ainsi que vos arnis j malgré toutes les lettres de vos parons,
rien n a pu la decider à vous représenter votre l’e innie un seul
instant.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�0 24 )
'
C royez-m oi, mou n evô u , ne vous cîccouvagez pas ; continuez vos
démarches pour fléchir votre belle-mère et obtenir la p aix; vous
savez toute l’influence qu’elle a sur votre bonne et tendre épouse,
qu’elle fait m ouvoir à son gré : c’est une raison de plus pour redou
bler de zèle, et votre belle-mère se rendra sans doute, puisqu’elle
sait que si l’uffaire se continue sur l’appel, la Cour rejettera la de
mande en séparation, qui n’a été formée que par son animosité
contre vous.
J’espère que bientôt le ciel couronnera tous nos v œ u x en vous
rendant votre bonne épouse, que nous chérissons tous.
Je vous souhaite, mon cher n e v e u , une bonne et parfaite santé.
Signé D U R A N D . »
T o u s ces nobles et touchans efforts de M. de V a lley , tous ces
v œ u x des deux familles, toutes ces tentatives de tant d’honorables
amis communs, tout a échoué contre la volouté opiniâtre de ma
dame de Sessevalle , et celui qui s’élait présenté au premier combat
en gémissant, celui qui n’aurait pas même voulu remporter une
première victo ire, est forcé d’en demander une seconde à la Cour
souveraine, qui ne peut pas la lui refuser.
La discussion courte et facile d’une cause qui, toutes les parties
le savent bien , ne peut pas être perdue par M. de V a lley, se divisera
jialurellem ent en deux paragraphes.
D IS C U S S IO N .
i.° Discussion des moyens de séparation, tirés de la plainte, pa
ragraphe premier.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�a.° Discussion dès m oyens de séparation tirés des autres pièces
produites au procès , et des circonstances étrangères à la plainte.
’ 1,1
P A R A G R A P H E
i >■
v.
-il 'i; ’ !: ! •
P R E M I E R .
^
>■
!"
■
!; D iscussion des moyens de séparation tirés de la plainte.
Est-il possible qu’après avoir lu , d’une part cette plainte en sé
paration , qui contient vingt-huit articles de faits tous graves, d’in
jures , de sévices, de to u t ce qui scandalise enfin d’ordinaire les
oreilles des magistrats dans les procès de ce g en re, et qu’après
avoir lu de l’autre la correspondance que M. de V alley a eu l’hon
neur de mettre sous leurs ye u x , cette pensée ne s’olfre avant tout
à leurs esprits ?
'
En lisant la p lain te, ils diront :
ü
_( >
Voilà un de ces mariages contractés sous de funestes auspices, où
la vie de deux ép o u x, qui ne s’aiment ni ne s’estiment, est un long
enchaînement de querelles, de débats, de malheurs; où les pas
sions, toujours iûgriçs èt exaltées ramènent sans cesse les injures,
les mauvais procédés , et même les mauvais traitemens j où l’on ne
retrouve que les actio n s, la con d uite, les propos indéçens qui
trahissent même les moeurs de la classe la plus vile de la société ;
enfin , voilà un tyran , et voila une victim e.
!
On lit ensuite la correspondance, et on se dit d’abord : Il n’est
pas possible qu’il soit ici question des mêmes ép o u x; c’est d’une
autre cause qu’il s’agit; les mêmes noms se retrouvent sans doute
par erreur: quelle difiérence de ton, de langage! quelle suite de sentim e n sd o u x , d e so in s, d’égards, de procédés aimables ou touchans! Comme celte victime paraîl heureuse ! comme ce (y/*/« mérite
ci obtient son estime , sa tendresse ! Comme cette jeune femme
peint sans doute toujours avec décence et avec m odestie, mais
4
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( '«6 )
tfussi avec chaleur, avec charm e, avec fo rc e , le bonheur dont son
mari la fait jo u ir! Quels regrets , à. la suite (le la plus courte ab
sence ! Quel désir de son retour ! Comme ce retour est attendu !
Com m e il paraîtra un jour de fête ! S’il y a quelques nuages dans
cette famille , ils ne s’élèvent jamais entre les deux époux ; si une
m e r e , si rtne'tante paraissent jalouses de cet excès de bonheur qui
accompagne les premiers jours d’une union ch érie, et dont il semble
que la d urée, d’ordinaire si courte et si rapide , devrait ^consoler
l’envie ; si elles veulent cruellement troubler ce qu’elles appellent
l’illusion et l’erreur d’une jeune femme qui trouve son mari trop
parfait, c’est cette jeune femme elle-même qui le défend, avec me
sure pour celles qui l’attaquent, mais avec la vivacité du g o û t, de
l’estime et de la reconnaissance. Est-il malade ? elle est toute entière
à ses soins, à ses inquiétudes. Est-il absent? elle le presse, le re
mercie de lui écrire toutes les semaines , et ne s’étonne pas de rece
vo ir deux lettres datées du même jo u r; et ses sentim ens, ainsi que
les lettres qui les exprim ent, n ’éprouvent ni lacune, ni interrup
tion , ne Lussent aucun intervalle où la calomnie puisse supposer ni
des malheurs ni des torts. Ces lettres sont l’histoire de d ix -h u it
m ois, et ces époux n’ont vécu ensemble que dix-huit m ois! L ’on
est donc forcé de s’écrier, après avoir lu cette touchante corres
pondance : « Quel heureux ménage ! Comme cette union a été ce
qu’elle devait être , ayant élé formée sous de si favorables auspices !
Comme ces deux époux , si bien assortis pour l’à g e, l’éducation, la
naissance, les rapports et les convenances de tout g e n re, ont
justifié l’espérance et les sojns de ceux qui les avaient unis! »
Mais tout s’explique quand on se dit que la correspondance est
une histoire cl M plainte un roman ; aussi retentissent-elles encore
à lW i l l e des magistrats, ces paroles échappées inévitablement à
l’éloquent défenseur de la daine de Sessevalle ( nous ne dirons ja
mais de la dame de V a lley ) : « H faut convenir que les faits de ht
a plainte sont à peu près couverts par une correspondance con-
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 27 )
a temporaine ».i... N o n , ils ne sontipas couverts, ils sont détruits
selon l’énergique expression des premiers juges; ils ne sont pas c o u - 1
verts, ils sont effacés, anéantis, déclarés calom nieuxà toutes les épo- !
ques où on les place ; ils disparaissent enfin , eomme'la plus absurde
cliimère inventée par la haine en délire ; ils disparaissent au pointde ne rendre ni invraisemblable , ni tém éraire, l’hypotlièse que.
nous venons de tracer ; au point de laisser demander à tout lecteur
impartial s’il est possible qu’il soit question des mômes personnes
dans les lettres et dans la plaiate? Comment s’est-elle donc faite»
celte plainte ? 11 sera bientôt prouvé qu’ici tout cesse d’être hypo
thétique , et qu’il est iixipossible qu’on explique autrement un li
belle tissu tout ensemble avec tant dè m échanceté, tant d’invrai
semblance et de légèreté : oui, ceux qui voulaient absolument séparer
les deux époux ont chargé un rédacteur hannal de ces sortes d’é
crits, décom poser une plainte en séparation : les instructions, du,
rédacteur ont dû être à-peu-près celles-ci :
^
r ; ,|
■
i .
!••••; . !i»
Il nous faut une plainte d’après laquelle il soit impossible de ne
pas obtenir une séparation : vous savez ce qui est de l’essence de
ces compositions scandaleuses; il faut des injures, des outrages y
.
et quoique( cela tpût suffire entre, personnes honorables et biea
nées , il n’y a pas de mal à faire une dp ces. plaintes qui ne convien
nent en général qu’aux gens du peuple : ainsi, mettez en fait d’in
jures ce qu’il y a de plus g ra ve, dé plus v il, de plus dégoûtant, ces
mots qui ne souillent même pas toujours l’enceinte des tribunaux,
en pareille matière. Allez plus loin •: supposez-desiSévices , des
coups, des violences de tout genre. 11 faut bien voiis dire quelque
chose sur los datés et sur les lieux : quant au tempis que les deux
époux ont passé ensemble, c’est du a4 septembre 1806 au an juin
1808. Quant aux lie u x, Clerm ont,’ Nancy, Paris, la terré du Biiisson , R eim s, voilà*tout ce q u b !'nous pouvons vous dire. Q uant
aux dates, encore un cotip'j^vous^aurcz soin de les resserrer entre
ces d ix - h u it m ois, et nous vous dirons bien aussi à peu près
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 28 )
quand a com m ence et quand a fini chaque séjour dans chacun des
lieux désignés. P o u r la vraisem blance, pour l’ensem ble, pour é v i
ter l’alibi, c’est votre afl’a ire ; et si on pouvait vous rendre tout
cela facile , on n’aurait pas besoin de vous. Quant aux lettres, nous
en avons beaucoup, huit ou n eu f cents, peut-êlre du m ari, mais
aucune ne peut elre montrée : pour lu i, il a dû bien en re ce v o ir
aussi et de sa fem m e, et de sa belle-mère et de ses tantes ; elles
poui’roient nous gêner. Mais pourquoi ne les aurait-il pas perdues?
on ne garde pas toujours ses lettres.
On sent ce qu’un pareil mandat laissait de difficile et de hasar
d eux à l’écrivain qui se chargeait de l’exécuter.
Les pièges se rencontraient partout, il n’en a guère é vité; toutes
les erreurs étaient possibles , il les a toutes commises. Aussi faut-il
convenir que ce rédacteur était très-imprudent et Irès-inaladroit ;
par exem ple, pourquoi se presser ta n t, pourquoi celte supposition
si invraisemblable des in jures, des mauvais Iraitemens placés en
tête de la plainte clans le premier article, à la date vraim ent témé
raire de dix ou douze jours après le mariage? Il pouvait attendre
un peu plus tard, et il n’aurait pas rencontré les deux lettres si pré
cises: l’une du 29 septembre ( trois jours après le m ariage), où
madame de Valley dit à son mari :
■
cc
t’écrivant, mon bien aim é, je calme un instant l’ennni que
j ’éprouve de ton absence, quand je pense que deux grands jo u rs,
et peut-être trois«, doivent s’écouler encore jusqu’au moment de
ton retour: c’est en l’exprimant toute ma tendresse et mon attache
ment pour loi que je puis le faire paroître moins lo n g , etc. etc.
Adieu , cher bon am i, je t’embrasse mille et mille ibis, j ’attends
ton retour avec, l’nnpaticncc la plus vive ; adieu , je l’embrasse 5
bien bon ami de ta tendre et fidèle amie, j>.
(
Sigrlc rie- V A L L E Y , née de SE SSE V A L L E .
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�C a9 )
Et cetfe autre lettré du 1 " . octobre 1806 suivant (trente-cinq
jours après le mariage:)
cc Dans l’incertitude où je su is, mon bon am i, de ton re to u r, je
t’écris un mot ; j’esp ère, mon bien bon a m i, avoir demain la lettre
que tu m’as prom ise, et peut-être t’embrasser le soir ; que je désire
ce moment! qu’il me paraît long d’être éloigné de toi!
A d ie u , cher bon a m i, ta bonne amie t’embrasse et répète avec
un nouveau plaisir qu’elle t’aimera toute sa vie.
Signé de V A L L E Y , née de SE SSE V A L L E . »
L ’écrivain de la plainte est moins repréhensible , obligé , comme
il était, de changer le lieu de ses scènes, d’en supposer une atroce
chez madame de Trém ém ont en octobre 1806, parce qu’il ne pou
vait pas savoir que la dame de V alley choisirait, le i 4 fé v rie r, cette
même dame de Trém étnont pour lui écrire et pour la rendre
précisément confidente, non pas d ’un mouvement passager de ten
dresse pour son m a ri, mais des vifs sentiruens qu’il lui inspire con
tinuellement depuis leur mariage.
Nancy, i
4 février
1807.
« Mon mari part demain pour P aris, chère tante , je ne veu x
pas le laisser partir sans un mot pour to i, etc. etc.
Q u’il faut de raison, ma chère taillé ! depuis cinq mois que nous
sommes m ariés, nous ne nous sommes quittqs encore .q u etrèsp çu ,
et je songe par les absentes qu’il a déjà faites combien cgile-ci va
me coûter. Ma chère tante, quand on est parfaitement-heureuse,
pourquoi donc être séparée quelquefois? etc..... Que je voudrais
que tu puisses être témoin de mon bonheur! mon cher de V alley est
tout pour m o i, etc. Je ne suis pas encore ^grosse, ce qui nie con
trarie beaucoup; je ne perds cependant pas encore espoirj mon
mari désire une petite fille et moi un petit garçon.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
-
�(5o)
A d ie u , ma chère tante; je ne puis trop te répéter combien je
suis h eu reu se, et combien il me coûte do me séparer de mon m ari;
je le charge de t’embrasser pour moi.
,
T a nièce bien affectionnée , ' ' l r
>•
•
'
;
. . .
Signé de V A L L E Y de SE SSE V A L L E .
L e rédacteur place au 24 décem bre, à N a n c y , ce qu’on peut ap
peler le morceau d’effet de la plainte , celui dont il s’est sûrement
le plus applaudi :
.
« L e 24 d é ce m b re (article 7 de la p la in te), vers les trois
<c heures après m id i, le sieur de V alley frappa la dame de V alley et
« menaça de lui brûler la cervelle. »
. , r'
Quel sentiment l’emporte ici dans l’â m e , entre le mépris et l’in
dignation , quand après avoir lu cet article épouvantable, on lit
cette lettre datée de N a n cy , du même jo u r,
d u
a4
d é c e m b r e
180 6, et qu’il est cependant impossible de ne pas transcrire en
entier.
■
*
N a n c y , iæ
r>
M
a
,
c i i è r e
M
a m a k
a
4
f
f’k
d é c e m b r e 18 0 6.
,
a Je profite d’un moment de loisir que j’ai dans mon m énage,
pour vous écrire et vous souhaiter une bonne fête ; mon mari est
absent pour ses,affaires depuis quelques jours, je l’attends samedi
prochain. I l vous a écrit à Sedan depuis plus de quinze jours, çt
m o i'à Eugénie ; je viens d ’écrire à R ëim s, à ma tante Alexan«
d rin e , e t c ., etc.
>>>« ...
(c Je suis fi présent h la tète de mon ménage , extrêmement con
tente, satisfaite,, e t c ., etc.
Je ne puis vous dissimuler, maman,
que mon intention a toujours été de tout temps d’avoir mon
ménage à m oi; il rn’eùl été agréable d’habiter dans la même maison
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 3 0
que v o u s , mal1» cela n’élait pas possible , cela vous aurait fort dé
ran gée, e tc ., e tc .— J’aime beaucoup N an cy, c ’est une ville fort
jolie : je suis ici parfaitement h eu reu se, ayant une habitation
agréable. Je trouve’ dans madame de Lorency toutes les qualités
d’une bonne m ère, qui aime mon mari et moi comme ses dèujc
cnfans, e tc ., etc. '
«
« J ’ai maintenant un caraclère bien d écid é, ma résolution est
d’habiter N ancy ; quoique mon mari aime P a ris, j ’espère qu’il ne
me contrariera pas là-dessus. V ous m’avez dit que mon mari était
bien intéressé, je trouve qu’il ne l’a pas été comme il devait l’être:
le so ir, veille de notre départ de Reims , pour se raccomm oder
avec vous , il vous a offert d ix louis ; en vous les voyant com pter,
je croyais sincèrement que vous nous les rem ettriez après les avoir
reçus, e t c ., etc.
•
;
« M. de V a lle y , en ce c a s, devait au moins avoir plus dé
fermeté à soutenir n o s intérêts, e tc ., etc.
« Je vous prie de dire bien des choses à mon oncle et à ma tante
R o llin , et je suis,
I
V o tre affectionnée fille ,
V A L L E Y DE S E S S E V A L L E .
Est-ce parce qu’ils sont fa u x , que nous devons transcrire et ré
futer ces faits d’une si révoltante et d’une si calomnieuse absur
dité ? Non , sans doute , puisque les adversaires eu x - mêmes les
abandonnent ; mais c’est pour prouver aux magistrats que la dame
¿ e Valley est incontestablement étrangère à la plainte form ée.en:
soif nom ; c’est pour prouver encore une fo is, et jusqu’à l’évulence,
que ce n’est pas elle qui plaide en séparation , el que ce qu’elle
pourrait dire sousl’inilueuee fatale qui l’égaie , ne devrait pas être
cjru plus que ce qu’elle.a signe contre les dépositions irrécusables
de sa conscience , poutre les témoignages de sa vie toute en licie.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 33 )
Et certes, les magistrats ne l’ignorent pas : Ces sages et involon
taires confidens de toutes les passions savent trop bien jusqu’où,
vo n t leurs erreu rs, leurs e x cè s, leurs inconséquences ; mais ils
.savent aussi où elles s’arrêtent ; ils savent par exem ple que quand
-lep femmes se trom pent, ce n’est pas si grossièrement; que quand
elles se plaignent, c’est avec plus d’art; que quand elles accusent,
c’est avec plus de vraisemblance : non jamais cette mémoire si
exacte, si sûre, si fidèle, cette mémoire toute intérieure, que ne trou
blent ni les événem ens, ni les a ctio n s, ni les affaires ; où se g ra v e ,
où v it toute seule et toute entière l’histoire de ces sentimens qui
fon t leur vie , ne se rend coupable de pareilles erreurs.
Jamais les femmes ne se trompent sur les époques, sur les dates
précises, sur les moindres circonstances de ces torts dont l’empreinte
est toujours si récente et si v ive ; jamais elles ne s’égarent sur ces
injures dont elles demandent vengeance; jamais la main d’une
femme n’a écrit dans sa plainte que son mari avait osé la maltraiter
le jou r où elle avait écrit qu’il était absent ; jamais la main qui
signe, après l’avoir lue, une accusation g ra v e , portant sur ces pre
miers joUraide son mariage , si présens à son souvenir, ne la place
par erreur à.un jour où cette même main avait écrit-àson époux...
« Q u’il était tout pour elle; qu’elle le regrettait vivem ent et qu’elle
« s’efforçait de remplir en lui écrivant l’intervalle insupportable
de deux grands jours. »
•' " V
'
.1
!)
Faut-il pousser plus loin cette démonstration , et fatiguer encore'
les y e u x des magistrats par quelques citations de p e dégoûtant li*-
O n a vu que le septième fait est détruit par Yalibi le plus victo
rieusement prouvé : le huitième l’est de la même manière.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�(35)
On y dit que dans le mois de mars 1807, il avait m altraité sa
fem m e derrière une m asure, en se promenant avec elle.
Eli bien ! il est prouvé que M. de V alley n’a rejoint sa femme que
dans le mois d’avril. L a lettre de celle-ci, du 18 m ars, reçue à Paris
le 22 (le timbre l'indique ) , prouve que, quand même il se serait
mis en route le lendem ain, il ne pouvait être être moins de huit
à dix jours, puisqu’il est dit qu’ il venait très-lentement avec ses
chevaux et une voiture très-lourde.
t
Ainsi les huitièm e, neuvièm e et dixième faits parlent des mêmes
injures, des mêmes sévices, dans les mois de mars et de mai.
.
Et les trois lettres les plus tendres de la correspondance sont
peut-être celles que madame de Valley écrit à son m ari, le 1 . " , le
12 et le 18 de ce même mois de mars 1807. .
{N a n cy, dimanche prem ier mars') , elle lui écrit :
cc J’ai reçu , bien bon am i, tes deux dernières lettres : par celle
<c du 26, tu ne me parles pas du tout du moment où tu partiras de
« Paris, ce qui me Fait bien craindre qu’il ne soit différé; je t’adresse
« doijc encore celle-ci à Paris. Quelle satisfaction pour m o i, cher
cc bon am i, que cet espoir de devenir bientôt m ère! toi mou bien
cc aim é, qui connois le coeur de ta femme! etc. Mon am i, le désir
« que tu en as augmente encore le mien ! quelle sera donc la jouiscc sauce de ton amie? remettre entre tes bras cet objet de nos désirs,
cc qui apprendra de bonne heure à t’aim er, à te chérir toute la vie.
cc T o u t ce que ton cœ ur me d it, mon bien aim é, je le reçois
« avec toute la sensibilité et la v ive tendresse que le mien ressent
cc pour toi! O u i, mou cher H enri! je 11e puis l’exprim er combien
ce ce cœ ur t’aime ! O mon ami! qu’il y a long - temps qu’il n’a pu te le
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�(
34)
« dire ! Viens donc jouir du bonheur d’être aim é, toi qui remplis si
« bien mon cœ ur ! etc. »
L e m mars elle lu i écrivait :
« O h ! o u i, mon bon a m i, dorénavant aucunes circonstances ne
« m’empêcheront de voyager avec toi ! il est trop pénible d’être séa parés l’un de l’autre, e tc ... Cher bon ami! quelle fête pour m o i,
u. de te revo ir, après un mois d’absence et plus! etc. e tc .. . Que je
«. serai contente de t’embrasser et de t’exprim er toute ma tendresse!
« Adieu mon bon ami! adieu mon H enri! je t’embrasse mille et
a mille fois ! etc---- »
Si le rédacteur de la plainte, promenant pour ainsi dire la haine
qu’il est chargé d’exprim er sur des sujets divers; et, changeant de
calom nies, en restant toujours fidèle.au besoin de nuire, accuse
M. de V a ll e y d’èlre intéressé, avare, de tout refuser à sa fem m e, il
se trouve qu’elle-même dans plusieurs de ses lettres le remercie de
ses présens, de ses em plettes, et de ses attentions en ce g e n re , tou
jours aimables et multipliées.
Si le rédacteur l’accuse d’être mal pour ses domestiques, de dis
puter le salaire de ses o u vriers, il se trouve encore que sa femme
se vante d’avoir pu répéter à des ferm iers, à des habitans diwBuisson qui lui adressaient quelques demandes, combien ils avaient de
motifs de Complaire à un homme qui était continuellement pour
eu x si généreux et si bon.
y
Si le rédacteur a la méchanceté absurde de supposer que les ha•
bitans du B uisson (qu i n’ont vu AI. de Valley que trois semaines,
et m alade) attendaient son retour p our l’accabler d'injures et dem alédictions, il fournit seulement l’occasion de produire, émanant
de ce même p a y s, les témoignages les plus unanimes d’estime cl de
considération.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�(55)
Si le rédacteur place au 28 juillet 1807, au 28 ou 2g août, de
nouvelles scènes d’injures et de violences, il se trouve prouvé par
des certificats authentiques, par des lettres, par mille circonstances
diverses, que pendant tout ce môme temps M. de V alley était ma
lade et même en danger pendant plusieurs des jours indiqués.
C'est même madame de Sessevallc qui se charge encore ici de l’a
pologie de son gendre , pour les vingt-un premiers faits de la plainte,
puisqu’elle lui écrit, le 27 novembre 1807:
•»llii r
1.
1
« N e croyez pas, m on n m i,que je cherche à me justifier ; ma
cc conduite est au-dessus de tous les propos qu’on vous a tenus , etc.
« etc. ; elle est sans reproche, et ce qu’on vous a dit de moi n’est
« qu’un tissu de faussetés et de mensonges , etc. etc. ; ainsi vivons
« avec l’affection qui doit exister entre une mère et ses enfans.
« Signé DE L A M O T T E DE S E S S E V A L L E . »
Puisque, le même jo u r, madame de Sessevalle écrit à sa fille :
« T u me fais grand plaisir de me parler de la réception d’am itié,
« ma chère amie, que j’ai faite à ton mari; tu sais que je ne garde
« pas de rancune , etc. etc.
« Continue, ma chère amie , les soins qu’il mérite par son atla« chement pour loi. Q uel bonheur pour deux époux d’avoir réci« proquemenl des alternions l’un pour l’autre , et que chacun rem« plisse scs devoirs : la femme dans son ménage et le mari occupé
« des affaires du dehors ! — Voilà , mes enfans , ce dont vous êtes
« occupés journellement; c’est une justice à vous rendre , etc. etc.
« S ig n é D E L A M O T T E D E S E S S E V A L L E . »
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�V
( 56 )
Enfin quand le rédacteur dit dans l’avantdernier et vingt-septième
fait de la plainte, que , le 22 juin 1807, M. de V a lley s e livra à
toutes so rtes d 'e x c è s contre la dam e d e V a l l e y , c’est encore
m a d a m e de Sessevalle qui répond, et ainsi qu’il était dans le caractère
et dans la position de madame de Sessevalle, ce n’est pas toujours
de ses éloges , c’est plus souvent encore de ses reproches et de ses
accusations moines , que résulte une apologie bieu victorieuse et
bien involontaire.
*
A -t-il pu outrager et maltraiter sa fille, le 22 juin , celui à qui elle
se
contente de dire, le 3o ( i ) d u même mois : V o u s mettez toujours
votre fo r tu n e a u -d essu s d e c e lle d e v o tre fe m m e ; (toute la
cause prouve «.«unbien ce reproche est fondé! ) •vous avez prive’
'votre fem m e, depuis Vinstant d e votre m a ria g e, d e d isp o ser
d ’un soit ; ( comme celte accusation est lu'-.- ¡.vec 1. précédente,
et coùime '*lle est aussi bien établie d.ms le procès ! ) v ou s avez
r e fu s é d e lu i don n er d e l'a r g e n t......... Toui ocla est absurde; et
nous ne fe transcrivons ici que pour montrer combien il est vraisem-
( 1)
11paraîWencore une autre et dernière lettre de madame de Sessevalle dans
la cause, et celle-lh est d’un ton l'ort radouci ; elle a cessé d’ ccrircle ab juillet
h M. de Va l ley , qui était il Plombières depuis le
juin. Madame de Sesse
valle qui dit d’ une manière obligeante qu’elle esp ète tju 'il éprouve des ea u x
tout le bien q u 'il en a tten d a it...... Ici point de reproches,d'aucun genre.
Mais en voici la raison :
-
Madame de Sessevalle n’ écrivait ainsi a son gendre que pour lui dire , dans
.Ja meiue lettre, quW/e a lla it incessam m en t se rendre « P a r is ; elle voulait
fassurer ce mari qui lui avait confié sa femme , détourner de ses craintes l’iJce
de l’enlèvement qu’elle projetait ; elle allait emmenei sa femme h Reims , au
près el dans la maison de cette même tante.qui , dès le
4 janvier,
comme on
l ’a v u , avait cherché à refrridir madame de Valley pour son mari, et dont Je
secours devait être si utile an moment oui on prévoyait qu’il faudrait rassembler
toutes scs forces pour empêcher madame de Valley de se réunir h son mari qui
viendrait là chercher h Kèiuis.
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 37 )
L L h l e q u e m a d a m e de S e s s e v a l l e s'attachât à r e p r o c h e r d e pareil l es
m i n u t i e s au m o n s t r e q u i , le 22 juin..., M a i s c ’est ans>i t m p r é p o n d r e .
A u reste o n a va i t d it , au n o m d e la d a m e d e S e s s e v a l l e , q u e
ee3
v i n g t - s e p t et v i n g t - h u i t i è m e finis n’étaient pas dét r u i ts c o m m e les
aut res , et q u ’ils s’a p p u y a i e n t en q u e l q u e s o r te , et se faisaient v a l o i r
p a r la r e s s e m b l a n c e ...... O u i c e r t e s il y a u n e g ra nd e l e s s e m b l a n c e ,
u n e f rappante a n a l o g i e ; mais c ’est u n e a na l o g i e d e m e n s o n g e et d e
c a l o m n i e ; niais nous r e po us so ns un tel r a i s o n n e m e n t , e n d e m a n da n t
si le r é d a c t e u r d e la pl tinte e s pè r e q u ’ on le croi ra s u r d e u x m e n
s o n g e s , ( e t n ou s a vo ns v u m ê m e q u ’il ne restait q u e c e l u i d e l’a rt i cl c
28
se t ro uv a nt par hasard sans loi 1res q u i les r é f n t e r o i e n t dans c e t t e
m ê m e c o r r e s p o n d a n c e , d est i né e à e f f ac e r , à d é t r u i r e , à a néant i r
t o u s les a ut r e s ? F.ncore faut-il q u e c e v i n g t - h u i t i è m e fait puisse ê t r e
r e t o u r n é a v e c b i en pl us d ’avantages par M . d e V a l l e y c o n t r e m a d a m e
d e S e s s e v a l l e , p u i s q u ’il est r e l a t i f à c e m ê m e j o u r o ù il a c c o u r u t à
R e i m s p o u r lui r e d e m a n d e r sa f e m m e , q u ’ il lui avait c onf iée , et o ù
e l l e eut p o u r l;i p r e m i è r e fois l ’i nj us t i c e d e la lui r e f u s e r ; mais ces
v i n g t - s e p t e t v i n gt - hu i t i ème s faits , si s.igcineni é c a i t é s pa r les p r e
m i e r s j u g e s , n ’avaient b e s o i n , p o u r n’être pus c r u s }q u e d e se t r o u v e r
après les vingt-six autres.
Aussi ne les a-t-on guère soutenus avec plus de confiance, et c’est
peut-être la première fuis qu’une Cour souveraine ait puteudu ce
langage :
' V o i l à u n e plainte g r a v e , t e r r i b l e , m o n s t r u e u s e ;
n o u s l ’avons
f o r m é e il y a pr è s d e q u a tr e ans. L ' e s t on ve r t u d e c e l t e p ' a i nt e ,
q u ’une m è r e a c r u p o u v o i r e n l e v e r
mi
mar i q u i ht lui avait c o n f i é e ,
u n e f e m m e d e vi ngt - qua t re ans ; cV.st en v e r t u d e c e t t e plainte q u e
d e p u i s q u a t r e ans c et t e m è r e et t o u t e sa f a mi l l e
fatiguent, tour
m e n t e n t , c a l o m n i e n t u n h o m m e d i g u e d ’ un m e i l l e u r soi f ; c est e n
v e r t u d e c et t e pl ai nte q u ’e l le s s u s p e n d e n t p o u r ainsi d ir e et i u l e r r o m p e u t s o n e x i s t e n c e tout e e n t i è r e , q u e l l e s l ’é ca rt e nt d e i’hono<
Note BCU
Pages manquantes 41 à 48 du factum original
�( 38 )
r a b l e c a r r i è r e q u i s’o u v r a i t d e v a nt lui ; c ’est eu v e r l u d e c e l l e pl ai nte
q u ’on se m o n t r e i n e x o r a b l e à c e q u ’il y a d e p l u s p e r sé vé r an t , de
p l u s t o u c h a n t e n n o b l e s et g é n é r e u x e ff or t s sans ces se r e n o u v e l é s
p o u r r a m e n e r la paix et é t e i nd r e la h a i n e ; c ’est e u v e r t u de c e l t e
pl ai ni e q u ’o n le c o n d u i t d e v a n t les p r e m i e r s j u g e s ; o n l u i fait aussi
u n c r i m e d e v a n t e u x d e cet t e c i r c on s t a n c e r et ra cée dans les f a i t s, d e
c e l t e c o m p a r u t i o n d e v a n t l e m ag i s t r at , p r o v o q u é e par M . d e V a l l e y ,
e t d o n t , p o u r la p r e m i è r e fois , dans les annal es des T r i b u u a u x , o u
a pu a v o i r la pen sée d e faire un m o y e n d e s é par at i on et u ne a c c u
sation de d if f a ma t ion . L e s c o n c l u s i o n s d u mi ni st è r e p u b l i c f o u d r o i e n t
la pl ai nt e p r i n c i p a le et la p l a i n i e a cces so i re : la s e n t e n c e en fait é g a
l e m e n t u ne s é v è r e j us t i c e.
C e l t e s e n t e n c e à la mai n , M . d e V a l l e y
r e d e m a n d e e n c o r e sa f e m m e à u n e m è r e t o u j o u r s i n f l e x i b l e ...... E t
c” o3t a v e c cet te p l a i n t e , e t
c ’est c o n t r e c e l t e s e n t e u c e
que
l ’o n
d e m a n d e u u arrêt de sépar ati on à la p r e m i è r e C o u r s o u v e r a i n e d e
l ’E m p i r e ! V o u s l ' a b a nd o n n e z , dites - v o u s , cet te pl ai nte j et v o u s ,
c r o y e z - v o u s q u e n ou s l’a b a n d o n n e r o n s aussi ? V o u s sera-t-il per mi s
d e dir e d e v a n t la C o u r , a pr è s l ’a vo i r dit d e v a nt les p r e m i e r s j u g e s :
n o u s v o u s a vons c a l o m n i é v i n g t - h u i t fois dans u n l i b e l l e a t r o c e ;
n o u s l ’a b a n d o n n o n s ,
et n o u s n’a ur io ns m ê m e
pl us u n
prétexte
p o u r v o u s r e f u s e r v o i r e f e m m e , si n o u s ne p o u v i o n s b i en h e u r e u
s e m e n t a p p e l e r u ne c i r c o n s t a nc e n o u v e l l e à l ’a p p u i et a u s e c o u r s
d e nos c a l o m n i e s d é t r u i t e s ? ......
L e s e c o n d pa r a gr a ph e m o n t r e r a q u e ce n o u v e a u s y s t è m e d ’attaque
n ’ i nsul t erai t pas m oi n s les lois q u e la pl ai nte ue fait o u t r a g e à la m o r a l e
c l à la v é r i t é : mais u ’ e s l - i l pas déjà p e r mi s d e d i r e q u ’ e l l e s e m b l e de
t ou s c ô t és s o r t i r d e la c a u s e , c e t t e r éf l ex io n à la fois e f f ra y an t e et c o n
so l a n te ? C e t é t r a n ge p r o c è s ne paraî t-i l pas d est i né à d é m o n t r e r q u e l a
v o l o n t é d e n u i re ue suffit pas p o u r en d o n n e r le t a l e n t , c l p o u r en as
s u r e r
le s u c c è s ? Sans d o u t e M . de V a l l e y pouvai t ne les avoir pas c o n
s e r v é e s ces let tres q u i o nt fait 1 a p o l o g i e de son h o n n e u r et le so ut i e n
d e sa c a u s e ; mais j ama is 1 h o m m e i r r é p r o c h a b l e ne s u c c o m b e : p r e s q u e
t o u j o u r s à c ô t é d e ces a cc u sa t i on s m e n s o n g è r e s , d e ces tort s c l a m é -
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riques que la haine prétend découvrir, se rencontrent, toujours
prouvées par scs actions , toujours constatées , parce qu’il y a une
Providence , des venus véritables qu’ il cachait ou du moins qu’il ne
montrait pas; et c’est ainsi que la défense contre un procès injuste
se trouve d’avance toute prête dans la vie d’ un homme de bien,
I»A RA G HA r II E 1 I.
D is c u s sio n d e s m oyens de séparation tires d es autres p iè c e s
produites au p r o c è s , et d es circonsta nces étra ngères à la
P a r m i ces m o y e n s p r é s e nt é s h o r s d e la p l a i n t e , il en était u n de
n a t u r e , il faut l ' a v o u e r , à faire b e a u c o u p d e p e i n e à M . d e V a l
l e y ; o u a v o u l u é r i g e r d e v a n t l es t r i b u n a u x en a cc u sa t e u r d e so n
n e v e u , u n o n c l e , M . D u r a n d d e V a l l e y , q u ’il h o n o r e , q u i l c h é r i t ,
e t qu i s’est t o u j o u r s m o n t r é p o u r lui un s e c o n d p è r e : c e n’est p:is
l à , sans d o u t e , l e c o u p le m o i n s perfi de q u i soit part i d e la m a i u
d e ses e n n e m i s ; m a i s il n ’est p a s p l u s d a i i y e r c u x ' q u e les autres.
O n p r o d u i t au p r o c è s , o n a l u d e v a nt la C o u r d e u x l et tr es de
l ' o n c l e d e M . d e V a l l e y ; c l ces l c i l r e s ne p r o u v e r o n t r ie n a u t r e
c ho se q u e des t e nt at i ve s p e r f i d e m e n t i n g é n i e u s e s , des eff ort s , u n
m o m e n t h e u r e u x p o u r l ui t r o u v e r des e u n e m i s , m ê m e au sein d e
sa p r o p r e f a m i l l e , m ê m e pa r mi des ami s q u e l e s a ng et la n a t u re d e
vaient lui c o n s e r v e r au m i l i e u d e t ou s ses m a l h e u r s . S m s d o u t e
1 o n c l e de ¡VI. de V a l l e y parai t
1a c c u s e r
dans c e s d e u x l e t t r e s ; mais'
d o i t , q u a n d , a qui s o n t - e l l e s ecrites? Est*ce
un
témoin c h e r ,
i r r é p r o c h a b l e , ne p o u v a n t m a n q u e r d ' êt re c r u q u a n d il atteste ce
m a l q u i l a v u a v e c u n e d o u l e u r q u i le
r e n d t r o p d i g n e de f o i ?
P a r l e - t - i l d e faits qu i se soi ent passés sous ses y e u x ? E s t- c e lui eu fi n
q u i att este , o u L i e n e s l - c e lui q u i j u g e s ur l e t é m o i g n a g e d e « a u t r e s ?
A h ! sans d o u t e , c ’est lui q u i j u g e , et c ’est lui q u ’on é g ar e ; sans
d o u t e l ’e r r e u r d e c e t ami pa t e r n el d e
>1 .
de
Va)l<
y , e r r e u r par l u i '
m ê m e d é p l o r é e , r e c o n n u e , et r é p a r é e d ' u n e m a n i è r e si l o u c h a n t e ,
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n’est pas le moins cruel succès des intrigues qui, depuis quatre ans,'
ne cessent de le poursuivre. Que dit en effet l’oncle de M . de V a l
ley dans ces deux lettres, malgré lui accusatrices, toutes deux d’uue
date bien importante à remarquer (elles sont du 17 septembre 1808,
quand déjà madame de Valley était enlevée à sou époux, et du 27
novembre suivant, époque de la p lain te).. . M ais eufiu que disentelles ?
J 'a i é t é outré d e la scèn e barbare qui s'est p a ssée à R e im s ,
écril l’oncle de M . de V a lley à la sœur de madame de V a lle y .. . . . . .
( C ’est-à-dire , d’ une scène racontée par les personues qui ont éclairé
le rédacteur de la plainte; d’une scène pruuvée comme tous les faits
de la plainte). Je dis à mon neveu que jé t a is bien instruit ( on sait
par qui) , q u i l rendait sa fem m e m alheureuse. O u i , continue
l'oncle de M . de V a lle y , j e sa is ( c ’est toujours vrai comme la
plainte, et partant de la même source) que vous avez m altraité
v otre f e m m e .. . . à quoi i l m'a répondu q n c c e ’t ait f a u x . . . .
(son oncle a su depuis, et a hautement reconnu de quel côté était
le mensonge, de quel côté était la vérité).
L e 3 7 novem bre ( C eux qui ont fait rédiger les plaintes le a 4 7
n’avaient pas manqué de l’instruire au fond de sa province , où rien
sur son neveune pouvaitlui parvenir par une autre v o ie ). L ’oncle
deM . de V alley écrivait encore.
J ’ai toujours cru , au contraire, qu'ayant le bonheur d ’être uni
à une fem m e telle que la sienne , il ne manquerait p a s de la ren
dre heureuse.
( O n vo it même ici que tout ce qui montre l’opinion p ro p re,
personnelle , antérieure de ce respectable parent est favorable à
M. de V alley ; et certes il était naturel que dans l'effusion de sa
douleur causée par
ce q u 0,1 lui écrivait, il s’accusât lui—
même du regret d’avoir contribué au mariage ; en dissimulant alors
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mander* l’avoué n’a pas pu le donner; il n’y a point dans celte
circonstance lieu au ministère des avoués. La loi a voulu que
tout se passât entre le juge et les parties, parce que la lo i, qui
voulait secret et confidence , ne voulait ni publicité ni diffama
tion : enfin M. de V alley a parlé ou écrit au juge (ce qui est ici la
même chose ' , a v u sa femme chez le ju ge, a reçu du juge la per
mission d’inform er, n’en a ni usé ni pu vouloir u s e r , a re
tiré sa dem ande, dont il n ’est resté , aux termes de la sentence
du tribunal de première instance, aucune trace ju d icia ir e , et ce
n ’est pas assez dire; il n’en reste aucune trace quelconque ; ca r ,
encore un coup, elle ne reste pas cette trace, elle s’efface, se perd,
s’anéantit, dans l’esprit du magistrat qui s’imposerait le devoir d’ou
blier , s’il ne trouvait pas sa conscience assez rassurée par le devoir
de se taire !
Mais voyons ce que devant ce ju g e , où l’on ne peut jamais diffa
m er, M .d e V a lle y a dit à sa femme : nous le répétons, ce n’est pas
une hypothèse ; c’est a vo u é, c’est démontré , c’est constaté par le
procès-verbal de la comparution : entendre madame de Valley qui
répond à son m ari, c’est entendre les questions mêmes de M. de
V alley, que les réponses constatent et reproduisent : eh ! bien, M. de
Valley a dit à sa femme ce qu’il lui di t, ou plutôt ee qu’il dit à sa
belle - m é rc , ce qu’il dit aux tribunaux ; ce qu’il dit encore aujour
d’hui à la C o u r, ce qu’il répète dans toutes ses actions, comme dans
ses écrits et dans ses discours ; il lui a demandé de revenir avec
lui ; car madame de Valley , toujours sous l’invincible et funeste
influence qui égare et dénature sa volonté , lui a répondu qu'elle
était autorisée à résider provisoirement avec lui chez sa mère.
E st-c e à celui qui outrage, ou n’est-ce pas plutôt à celui qui prie,
qui conjure, et à qui 011 résiste, qu’il est possible de répondre
ainsi ?
Dans les causes de ce genre , après avoir éclairé la justice de ses
juges, on a coutume de s’adresser a leur indulgence. Lors même
que les débats ne produisent pas ces torts graves , ces faits cons
ta ts ces preuves enfin irrécusables et manifestes qu’exige toujours la
rigide équité des magistrats pour accueillir des demandes si défavo
rables; on en voit ordinairement sortir au moins quelques torts plus
lé g e is, quelques erreurs coupables mais passagères, quelquctftnouvem ensd humeur ou de passio 1, qui ne peuvent pas appeler 1 arrêt
sévère, mais qui doivent être, pour ainsi dire, effacés par l’expression
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des regrets et par les promesses du repentir : tel ne peut pas être le
langage de M. de V alley; toutes les recherches de la haine et de la
calomnie n’ont pu le n o ircir, et n’ont trouvé partout que ses de
voirs constamment et fidèlement remplis. L ’arrêt de la Cour lui
rendra son existence, pour ainsi dire suspendue toute entière;
il retrouvera en même temps et ces fonctions, ces travaux qui
devaient honorer sa vie , et l’épouse si chère qui devait l’em
bellir ; il ne peut pas lui jurer de la rendre plus heureuse qu’ellçmême n ’a reconnu l’avoir toujours été auprès de lu i; mais il est
facile au bonheur d’ou b lier, et M. de V alley peut promettre à sa
femme , et à la mère de sa femme , que tout le temps qui se sera
écoulé entre le 25 juin 1808 et l’arrêt de la C o u r, disparaîtra de sa
mémoire; il sent au fond de son cœ ur qu’il peut encore promettre
à madame de Sessevalle d’aimer assez sa femme , pour parvenir ,
par la plus touchante illusion de la tendresse conjugale , à c ro ire ,
le jour où il se réunira à sa fem m e, qu’il ne la reçoit pas de la main
des magistrats souverains, mais de la main de celle à qui il l’avait
confiée.
Signé D U R A N D DE V A L L E Y .
M o n s ie u r
J O U B E R T , Avocat-général.
M.e R O UX -L A B O R IE , Avocat.
M .e B O N N E T , A v o c a t plaidant.
M .° P I C A R D , A v o u é .
De l’im prim erie d’A . É G R O N , Imprimeur du Tribunal de
Com m erce, rue des Noyers , n 1 9
Note BCU
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�
Dublin Core
The Dublin Core metadata element set is common to all Omeka records, including items, files, and collections. For more information see, http://dublincore.org/documents/dces/.
Title
A name given to the resource
Factums Marie
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Description
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Text
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
[Factum. Durand de Valley. 1811?]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Joubert
Roux-Laborie
Bonnet
Picard
Subject
The topic of the resource
divorces
Description
An account of the resource
Mémoire pour M. Durand de Valley, intimé, sur l'appel de la sentence qui rejette la demande en séparation intentée au nom de la dame Durand de Valley, son épouse.
Cour impériale de Paris. Audience solennelle du lundi 8 juin
pages 41 à 48 manquantes.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
De l'imprimerie d'A. Egron (Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
Circa 1811
1806-Circa 1811
1804-1814 : 1er Empire
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
50 p.
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Factums_M0611
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Collection Marie
Language
A language of the resource
fre
Coverage
The spatial or temporal topic of the resource, the spatial applicability of the resource, or the jurisdiction under which the resource is relevant
Clermont-Ferrand (63113)
Nancy (54395)
Reims (51454)
Rights
Information about rights held in and over the resource
Domaine public
Relation
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divorces