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À UN ARTICLE INSÉRÉ DANS LE N° DE l ’AMI d e la c h a r t e
DU 23 AOUT.
J e devais lire avec plaisir le dernier numéro de voire journal, dès qu’il contenait l’œuvre d’un magis
trat que j’admire ot comme orateur et comme écrivain. Pourquoi faut-il que sa belle apologie de la révo
lution de juillet ait été suivie d'une condamnation en matière de presse?........Fermcltez-moi de vous le
dire , monsieur : À vous la responsabilité de cette condamnation , q u i , toute juste qu’elle puisse paraître
à certains esprits , n’en est pas moins affligeante pour tous les vrais amis de la liberté. S i , comme chargé
par votre position de défendre la révolution de juillet, vous eussiez, écrivain, repoussé les attaques
dont elle était l’objet, il est à supposer que M. le procureur général , comme magistrat, n’aurait pas cru
devoir sévir contre un article qui ne contenait que des faits que vous deviez sentir le besoin de rectifier.
Au lieu de consacrer votre plume ii cette œuvre patriotique, œuvre dont l'accomplissement était pour
vous un d e v o i r , ca r je ne saurais vous concéder le droit de vous taire lorsque la révolution de juillet est atlaquée , qu'avez-yoïis fait ?......Suivant M. le procureur général, « chaque anniversaire de juillet est pour les
» organes de fa dynastie déchue une époque de recrudescence de colère et de haine, » pour les amis de notre
grande révolu lion sociale, cet anniversaire devrait être consacré à de pieux et touchants souvenirs, à des
sentiments de générosité et d’amour sincères pour le pays. Eb bien! que vous a inspiré le souvenir de ces
grandes journées? Relisez , si vous le pouvez, votre article du 2 août, qui devait être consacré a répondre
à l’article, de la Gazette, qui est du 29 juillet; qu'y trouvez-vous 1 La (ouïe parée, la pluie, les toilettes, des
fci,uv d’artifice dont le dragon, les fusées et le soleil faisaient des efforts désespérés pour briller de tout leur éclat
en dépit de l'humidité gui leur déclarait la guerre ; et chacun des spectateurs de ce brillant conduit qui se retire
paisiblement, mouillé et satisfait......Voilà tout........Dites-moi, monsieur le rédacteur, sont-ce là des inspi
�rations dignes de l’anniversaire do juillet*? Ne sentez-vous pas que la haine et la colère sont encore un
hommage qui atteste la puissance et la vie de l’ennemi que l ’on attaque, que le ridicule , au contraire ,
avilie et tue ?......Ah! monsieur , au 2 aoû t, Y Am i cle la Charte aurait bien pu user du droit de se taire.
Dès que nous sommes sur le chapitre des explications , voulez-vous que nous nous entretenions de votre
article si philantropique, si rempli de générosité sur les tortures à ajouter à la peine de mort lorsqu’il
s’agit d’attenlat contre la personne du lloi? Ce jour-là , il faut en convenir , votre verve doctrinaire vou 3
avait merveilleusement inspiré : vous revisiez sans doute le dernier article du code d’intimidation que le
ministère préparait à la France. Toutefois, vous aviez oublié les leçous de votre maître , de M. Guizot,
q u i , s’il ne se recommande pas au pays par ses actes de ministre, n’en est pas moins un des écrivains qui
ont répandu le plus de lumière sur notre histoire et sur la civilisation progressive de notre belle patrie.
Les doctrines de M. G uizot, sous la restauration , combattent ses doctrines comme ministre de la royauté
de juillet; c’est là sa gloire......... La France patriote n ’oubliera jamais son beau livre sur la peine de mort
en matière politique ; ce livre était alors une bonne action ; il est aujourd’hui devenu un principe ; le pays
doit lui en tenir compte. Mais que penser de la secte qui se pare de son n o m , et qui ne se recommande à
nos populations qu ’en évoquant l’ombre de Ravaillac et les horreurs de son supplice? La restauration
lit-elle mourir l’infàme Louvel dans les tortures? Et c’est vous, bomme de juillet, qui voudriez nous
ramener au luxe des supplices 1 N’y aurait-il pour vous de roi juste et populaire que celui qui aurait beau
coup et rudement puni?
Mais le Roi vous a répondu (méditez sa réponse , elle date du i5 avril) : Amnistie en faveur de tous les
condamnés politiques; pardon accordé à son dernier assassin 1 Cette inspiration est généreuse et toute
française. On ne demande pas à celui qui fait un si noble usage de sa prérogative s’il est roi en vertu du
principe de la légitimité , ou s’il tient son pouvoir du vœu de la nalion ; il est digne de régner le prince
q u i , échappant à l ’inlluence funeste de ses ministres, se présente au pays avec l’amnistie et le pardon ; il
est digne de régner celui dont le ministère a pu crier à toutes les opinions qui se partagent la France : C’est
assez de division.... C o n c i l i a t i o n ! Dans celte pensée, qui est vraie parce qu’elle n’est que l’expression d’un
sentiment de patriotisme pur et désintéressé , est tout un système do bon gouvernement ; système le plus
grand , le plus fécond de tous ; système le seul sûr, parce qu’il se manifeste par des faits , et se fortifie de
ses heureux résultats. Ainsi progrès matériels, progrès moraux, progrès d’intelligence , tels sont les ef
fets nécessaires de la conciliation ; et son fruit plus ou moins prochain sera la réforme, ce grand besoin de
Ja révolution do juillet qui est si loin d’être satisfait ; ce point autour duquel toutes les opinions doivent
se réunir et se confondre, pour marcher de concert avec la royauté vers le grand but de toute société h u
maine , la liberté pour tous, et l'égalité politique pour tous ceux qui présenteront des garanties calculées
sur une autre échelle que celle toute féodale do la propriété. La conciliation fera enfin comprendre que
l’industrie et l’intelligence, développées par l’étude et moralismes par le savoir, sont aussi des puissances ;
que ces puissances sont les appuis les plus sûrs du pays et de la royauté elle-même.
Le journal dont vous ôtes le rédacteur, monsieur, a-t-il compris tout cela ? Pardon si j’accuse son in
telligence ; mais j ’aime mieux lui adresser le reproche d’irréllexion, irréflexion un peu prolongée, il est
v r a i , que de lui faire l’injure de croire que s’il méconnaît les vrais intérêts du pays, c’est par esprit de
s y s t è m e , ou encore mieux, qu’il les sacrifie à un froid égoïsme. Vous aussi et vos amis politiques, qui
f u r e n t autrefois les miens, je voudrais vous trouver dans les voies de la conciliation ; personne ne conçoit
mieux que vous ; et si vous mettiez uue bonno fois la main sur le cœur , nous serions bien près, j’en suis
sûr , de nous rapprocher.
Mais pourquoi votre colère contre le ministère du i5 avril ? Que signifie votre acharnement à le signaler
sa n s cesse au pays comme frappé d’incapacité? C’est bien de s’intituler l’A m i de la Charte, d’avoir feint
de l’être lorsqu’elle était octroyée; mais aujourd’hui il faut être son ami sincère, et sc rappeler que le
pacte d’alliance entre la nation et son lloi constitutionnel est désormais et à toujours une vérité. C’est la
�parole du Roi que je vous rappelle, parole q u i , sous un gouvernement lib re , est la seule qui soit exempte
de mensonge et de déception. La raison en est q u e , dans la haute sphère où elle est placée, l ’intelligence
royale plane sur la société comme sa providence ; que, comme elle, elle prévoit ses besoins, et se bâte de
les satisfaire , et qu’elle remplit son devoir envers la nation sans acception de personnes et de partis. Ac
tuellement répondez : les ministres que vous défendez n’ont-ils jamais oublié la charte? Cette loi des lois
ne réclame-t-elle pas sans cesse contre bon nombre de leurs actes ? Le ministère actuel s’est-il fourvoyé
dans une voie aussi peu sûre ? Ses actes n’ont-ils pas réveillé l’espoir des amis d’un gouvernement consti
tutionnel sincère ? Que signifient les acclamations qui accompagnent le Roi comme aux premiers jours de
la révolution de juillet? Entourée du ministère doctrinaire, sa personne n’était pas en sûreté : à chaque
instant il était menacé de succomber sous les coups d’un assassin ; sous le ministère actuel, au contraire ,
non-seulement les dangers se sont éloignés de l u i , mais encore la France s’associe avec enthousiasme à
ses joies les plus intimes : à la ville, au théâtre , dans ses voyages , partout les populations, unies par un
môme sentiment, se pressent sur ses pas ; nos enfants eux-mêmes voient avec orgueil et bonheur briller
sur le front des enfants du Roi des couronnes qu’ils ont pu leur disputer ! Que signifie tout cela , dites-le
m o i , si ce n’est que la France a bien compris la révolution de juillet, quoi que vous en puissiez dire , et
qu’elle a confiance en son Roi pour la conduire avec sûreté , et par la voie du progrès , au but qu’elle est
pourtant si impatiente d’atteindre? Et vous , monsieur, comment répondrez-vous à la voix si puissante du
pays? Lisez votre article d’hier 3 août : le gouvernement constitutionnel est menacé en Espagne et en Por
tugal ; le pouvoir absolu peut y obtenir un triomphe passager; le drapeau de la légitimité peut se trouver
en face de celui de la révolution de juillet ; et dans ces graves événements, dans celte situation lamentable,
pour me servir de vos expressions , vous trouvez un sujet d’éloges pour les hommes qui pendant sept ans
ont gouverné la FranceI Déplorable aveuglement d’un parti qui n’a plus rien de national, qui, heureu
sement pour le pays, se réduit chaque jour aux proportions d’une coterie sans avenir a u c u n , d’autant plus
agressive qu’elle devient plus faible !
Voilà, monsieur, ma pensée sur les hommes et sur les choses qui occupent aujourd’hui la France, et
notamment sur le journal dont vous êtes le rédacteur; celle pensée est sincère cl bien désintéressée; je
n’attends pas plus du gouvernement actuel que du gouvernement passé; on ne me trouvera jamais, je
l’espère , sur le chemin des places et des honneurs ; les ambitions , quelles qu’elles soient, peuvent vivre
à l’aise avec moi ; je ne leur ferai point obstacle ; il a fallu , je vous l’affirme, que la dignité de l ’avocat
blessée en moi par vous , par vous qui ôtes étranger à ma profession , et qui n'en connaissez ni les droits ni
les devoirs, forçât le citoyen à s’expliquer. Je suis de ces hommes qui peuvent se taire, se taire bien
long-temps, mais qui ne laissent jamais leur pensée incomplète.
J e suis aujourd’hui ce que j’ai toujours été, ce que j’espère ôlre toujours , l’ami d’une sage liberté, le
soutien de ce que je crois ôlre le droit de chacun; à personne je ne céderai l’honneur de défendre une
cause qui m’a paru jusle. Les opinions, changeantes de leur nature , peuvent entraîner les hommes les
plus honorables dans des erreurs, et leur préparer des regrets; l’avocal qui défend les principes, qui essaie
de les faire prévaloir au milieu des passions qui s’agitent pour les étouffer, peut être vaincu; mais il no
saurait se repentir d’un devoir loyalement accompli. La parolo de l’avocat, plus que celle de personne,
doit ôlre libre. Honneur à celui d’entre eux qui lit graver sur son cachet, Libre défense des accusés ! et qui ,
parvenu par son talent au premier rang do la magistrature, jela dans des jours néfastes sa devise au milieu
de la société alarmée comme une leçon , peut-être môme comme un reproche 1 Qu’aurait dit cet excellent
orateur, si un jour un jeune magistrat, toutefois très-élevéen dignité, était venu lui reprocher d’avoir
abusé des droits de la défense en parlant avec peu do respect des doctrines de son journal d’affection , et
l’avait menacé delà colère du rédacteur? Je ne puis deviner les inspirations d’un aussi beau talent, en pré
sence d’une aussi singulière apostrophe; le génie a ses mystères; mais la dignité qui vient du cœurse laisso
facilement pénétrer. L’illustre avocat aurait sans doute répondu : « Quel rapport y a-t-il entre votre âge
�» et le m ie n , entre les opinions de votre journal et les miennes? Quel est surtout votre droit pour me
» donner des conseils? Votre journal appartient à la publicité : il a donc pu entrer dans ma défense
» comme élément ou comme moyen de plaidoirie ; à une autorité supérieure à la vôtre était confié le droit
» de me blâmer si je m ’élais écarté des devoirs qui m’étaient imposés par ma profession, et si j ’avais
» franchi les limites d’une légitime défense. Cette autorité s’est tue, elle a respecté mon droit : qui
» pourrait, hors l’audience, critiquer l’exercice que j’ai cru devoir en faire ? » Cependant votre attaque,
monsieur lerédacteur,a suividepresla menacedu magistral, menacequi m’avait été faite publiquement sur
Je parquet môme du prétoire de la Cour auprès de laquelle j’ai l’honneur d ’exercer ma profession. Je ne
puis avoir deux manières de répondre sur le même fait ; ce serait manquer de courtoisie ; ma réponse est
donc complète; je désire que vous la trouviez satisfaisante non-seulement pour vous, mais encore pour
tous ceux qui partagent vos bonnet doctrine*, et aux quelles j’ai eu le malheur de déplaire sans en éprouver
toutefois aucun regret.
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Veuillez agréer mes civilités.
TtyA'
J ea n -C ïia rles B A Y L E ,
Avocat.
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A name given to the resource
[Factum. Bayle, Jean-Charles. 1837]
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Jean-Charles Bayle
Subject
The topic of the resource
liberté de la presse
libelle
Description
An account of the resource
Réponse de Jean-Charles Bayle, ancien avocat à un article inséré dans le n° de l’Ami de la Charte du 23 août.
Publisher
An entity responsible for making the resource available
Emile Thibaud (Riom)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1837
1837
1830-1848 : Monarchie de Juillet
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
application/pdf
4 p.
Identifier
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BCU_Factums_DVV10
Source
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Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Cour d'Appel de Riom, Don Vendrand-Voyer
Language
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fre
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