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30 centimes
LE ROMAN COMPLET
JULES DE GASTYNE
LA -NUIT - ROUGE
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LES MAITRES
DU
ROMAN POPULAIRE
ARTHÈME FAYARD et (lc
Editeur ..
1B-20, Rue du SaJllL- G othard, PA R IS
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�JULES DE GASTYNE
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ARTHtME FAYARD ct Cie
f • 0, Ruo du Snl.n.t-Gothard. PA. IS
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Le 15 l'-i ai paraitra :
5 D'ELISA
.
par
A. MATTHEY
Le roma . complet : 30 oentlmes
C'
Vol Jmes déjà parus:
GAI.4ETTE
P R J ULES MA~Y
/1.0 Ron:Jan
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com~_
llx exo.ptionne/,
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eell!tlmoQ
L'E 'FA T D'U 'VIERGE
1
LA DA E AUX V.OLETTES
PAR PIERRE SALES
1
PAR MICHEL MORPHY
I.e Roman oomplet: 30 c~Jr.ltmo!
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lAI Roman ooml110t:
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contlme.
ELLE
CHAI E
PI\R GEORGES MALO GUE
PAR CHARLES MÉROUVEL
Le
0 oentlme.
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Roman
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�·NUI T
' ROUG~
§
PR,OLOOUB
ll'Enigme
V lE: dos nuits les plue ainilltres de l'1ID1lée ter,:l,!c ()anB les Vosges", Les bois ~lonéa
d'ermemi~
ou rie fI'(!llW-lireurs retentissaient de coupe <le
'Ij;' 1•• 13.11tl'olllbrc d'éclaire, réveillant les éçhos
u< lI,S lun::; un silence pee an t et lourd... L'eau
•oml, .t <'MIS lnl, rruplion ... Les troncs des arbres,
CH l'f) 'lJel'B et le' cl.eminll étaient vernis par lu
pltlie ... et f\OUS h bise qui ~uflait
par ~tervo,l
J('f,j J'cui l1p.s sèche,; d~
chênes ou les feUilles pom·
Lw'':; dpo;: • apiolS Cr61nillsaient longuement.... DllnB
e l/'Ij ,!'e,; qui vl"nuicllt de tomber, plemes de
1 '1,' . pt .ct'l" 'l'CUI', tltr à cette époque le dan!l[lI'lOtnCIJIIHIS(IUé, del'l'ière c.haque ironr
, : • JJ,.,
,II!
oins de choque rocher, un homme
: . lout ,enl, unr pi'pe courte à la b0110he
, nt)" 'que, pre:-;I[ ue [aro11OOe ... Des guêtres ail
l
l, t t' 11I"HV:Ù<;t' C(Ls<jlJctle fourrée sur la (Ne.
H! I( "li L' deux ~;\lJ<
en bandoulière ... Cet homme
"l. it (~nlrt,
trapu, lIver dee êpnulelS large.» et des
JHI'J'I.;!.s wlld '5, jlD..rui::;,.,uil. cloué d'une force et d'une
œ,;i '1- LtI"llliè.I'C"'. II n'avait certainernenL pas ct,,.)~r"
, III
tI 1'(1.11 ln ine.
"
Un cé>lJit'l' de Il/lrlJl' rOllrt ornaIt son vL.',nge T'ml,
bl'ùl(, pnr le grand ail'. 11 ITlonluit la c?lline d'llll
pHS "H'pidi". Au-(! SSOIiS de lUI, ,I!l vallées c!,lIlu1'T" L t
SOUS Illl ('icI lin (''l'TII('lllent gris, toui pleIn ,j'(I1I1,
o' pointilillit çà el là. la cime d'un sapin ou le cl!)oh.1l' d'un 1l11/-!'· ... Cd lIOIllrne ~lai,t
l~un
Schr.,lltl.
le bl'.\COImil'T', AVlllllln I(uel're, Il ~Ival
de clin NC, ..
DC[llLi:; La gUPf'l' • il vÏ\ll.il de ro..plnc!:l ... EmlJt~i
"
au fon.d dl' ln r()J'~t
dtlnll une crubnne où i:1 g t,'l
0Illme une bNc r(tl1~
, il de 'Cffidait. r{llflOc! il lL"ltif,
01 ~l:,
il l'en nlla.ii à lrl\vere les b(')ls, ~lIe,'
le
'Pu!Y~o\le
de rrUClt]lIf' uhlan qu'il allalt'lil l'tIn (',('11)1
d,' f':II, ,Le eul gihirl' (ju'il 1rn,q uI'!.1 il 0rt!p. hl'I "(',
C ('!'IIL 1 C'11nemi. I\lnllJl"ur ilU 811J/"l du 1'01. (JIl~m,e
,Till p(j-;~t\.il
à. porl{>(' d~ ~ a. r:urnhine. clm-Ià pOLL\'I'l!t
t l~'I"
:"UI'Il à 1111 GI'('Lc!t :1 ... lIi1nR S(:ltmlltL n:a 'Vlt
)n'IW11>\ VOIll u !'l'/'l1l'ôl('/, rJ~1:\
Il'<'1 t"OUO('1I ffl'TUlLèl'I''l,
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j()inrll'(' I\IIX COlpt~es
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VOIi-g"-... Il (1Ii1a.iL la
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l' ,\1'111, ('Olllllle' il vivait. ..
1) \ lA I~
fOlll'I"" 1,- pl'"
('plli, fi" 1/\ f()rrlt, Jl~ms
• tllll l av,,\Il .-lIlJll! oum ournielic. rnit de IJ'ut1eA1
d'ILl'D"!":' RlJlOncpl{, 1{'1I IlOlI 11111' Ics alltres dont lOI
i.aLeniLa'ltll 6t.l\i~u
sU1llo .. us8melll .boucl"'; pax dal
r'1
li;1
,
Pour 'IH, 6. l'Intérieur de la hutte, ma
Ma.nclhg~s
amas de reui~:1\
",/JChes, ..
Cest là que Han" ':::r.hmutt se dirigeait. Rarement..
avanl la guerre, .m m{J;:~l.it
dans ces parages, et.
depuis la guerre lef500ne n'y avaLt n,is ie::l pIeds.,
Donc, Hans chmult ne oraignait pas d'eLre déran.g6
dans SI'J solitude,
En entrant diULi . . ~Hlte,
H4D.s Scbmutt jeta ...
carabine .. ,
- Chien dé t.t1mps ! murmura-t-il. '
Et il se mit fi sc baltl'e les bras contre ses fIanOii
pour réchaufie ' ses mains engourdies,
Puis il alluma une chandelle, qU'il plaça dans un
coin de la cabane, pour la protéger contre le ven'
qui s'infiltrait à Lrl.v~a
les branches pourtant soigneusement tressées .
Il d6holJ'J'a ."u pipe, la rebourra, l'alluma et se
mil à rllmer, 'I1"Sü, .IW· un e6cubeau de bois.
Il ocnutait les bruits de la nuit... L'ouragan sautJ1ll.nl Oo{\.fI1:; les branehes, les cris des hiboux et des
orfl'aies, puis ce grondement sourd qui emplit au
loill le!'i fOI,()t~
quand la. tempête secoue les arbres,
Les brl iLs étaient doux à son Ame contemplAtive.
Tl ~. uvaü si ]ùl1gtamp" qu'il les écoulait... qu'il Jts
nolait!
1."n5 Schm uLt aimait la solHude et i6. nuit.
Jt!pui~
qu'il vivait ainsi, séparé du reste des
hur'lùins, il n'avait pas d'autre plai 'ir <pIe d'écouter seul, la nuit, en fumant, les hurlement. des
gl'tLllds hois que la tourmente agituit.
Toul à coup, dans ces bruits ramiliers, des bruit.!
in'15.t.6s s'élevèrent des coupE! de reu .. , d~
n hois de
l'h L'ns. Un grand cri, nn cri sinistre, inoubliable,
1!Tl cl'i d'}! ppel et d'Ilgonie.
[' ns Sel! litt sadi t.
1 .) 1;.; Schmull , 'était redre!lsé .. , avnit laissé
tondler &a pipe et aVlI.il d'Wle main empuigné lion
tl1si!.
Qll'élllii
cela'
L ·pnnp.mi.
JnmnÎAI l'ennemi De "'taU basardé encore jasIfu'à crs hauLeurI,
1\ r\rollta.
l'lUI' ri n ...
- Jo;c;i-ce que
rhé , ... murmura-t-il,
Pnurlllnl, Il ne rentra pas,
TI li l qu elq ues pa. dan la forl>t,
l'endJ'Oit
t'où 11'. ('ris avaient semblait partir:
11 mnl'chnil l'ol'I"ille tl'nel ll!!. la main sUT' 111. ~A
chl'Lll' cil' ~on
fllSil. Jr)llfllanl le sr!! yeu. hnhit\'lcs
aux tr>llt'brell lu roU!'é~
,oll1hrps de la rorN.
All-dl" s.n, dl' Ini, II' ciel él.4iL d'un iris sombre,
prl'qqul': 11111/' par pLarel,
(In rmir! rll' pill" en plui VIt qui piquait le!l nanne, 1"1 rl ~1l
pll'urer le .. yt IllC" ,
In~
SchmllU releva II' "ûl de lIlt ve!'lte et rabat.\it sur les oreilles lee OI'4ilo~e.
épaisses de s& (1(),&.
r-i
'·'re
�~4=
=
queUe de Î!lUllol'ures, Puis il se remit à écouter, à
ronder lel3 brllits de la nuit.
An lwut d'nu instant, un e plainte a J'riva jusqu'à
.lui, Ulle plainfe faible comme une plainte de mou:; nt,
Quclf!\l'tm avait été blessé, sans dou~e,
par les
coll.!'S tie R-~u
.entendus, quelqu'un se mourrait,
\oUa èan.s quelquc fourré .. ,
~c
l.oI.tt se dirigea sans hésiter du côté
d'où paJais&l!dont venir les plaintes,
P!l!oS il 61k.i.t, plus les plamtes se ra.pprochaient.
lA av,eH UNS la bonne direction ,
!8c.fin, •au plcd d'un 8lI'bre, dans l'omm-e, a~p
l'ut Utw lJiIQ '.je pius noire que l'ombre,
C'~!.eAl
de là que la plainte 'Partait.
Y'1tIl'S 3al1 lrtt ge baissa, Ses mains Vouch8rent
une (,!,"11De hUIT Hine,
En mOITI!.' t:clnps quelque chose de chaud el de
glUél!!t
:.i!·'l i:. travers ses doig~,
Du sang, SIUl!!
dout.c. T :'r ~mrue
était I>lessé,
Tl " ~linut
avait son briquet, Il Dt. de la lumière.. . Ico>"". un spectacle inoubliable l1"tlppa. lieS
yeux.
He. h" UJ;lp. ians toute la force d~
~ age, Qnveloppé t10e ioo"rwes de prix, gisa~
dur l'herbe trem• pée. S!l'TJ (j.l~
U A quel~
mèlres de lui, les
jambes rop.;i~es
et tenan t enl.l-J ses br8!S une petiie
flUe de quatre ans environ, d'une beaulé éblouissante, voêt le très richement et qui semblait morte,
oar' e'lll-e ne ~
,as un mouvement et était blanche comme une pou~e
d e cire. En voyant la lu~ase
avait o..Jvert les yeux et
miè're, l'IOT~e
Hu.tS .~,
.nU avait 'remarqué dans son regard
une e . 11" :ilffi'l' Ile ~reu
et d'ar,goisses indicililes,
et il ',....'1 . ~
i' . main "'~re
plus fnl'tement la pe,
de
'.~n
t &t
jay~
r de rapprocher l'entite r
lant ùc 1 i. ( " . pour la protéger.
Ilans q"',blT.
était tort intrigué ... Quel Hait cet
bol '7 t< ?
ent Be trouva,l-il là ? .. Qui 1''l \'ait
Îf'a.lr~
'1...
l'examinant attentivcmcnt, il \ui
se.rnl1l. 'i le T&OOflnllltra... En effrt, il \'. Id \'u un
jour li ohe ,~Iégant
t bau. -"1 di lIr' lion et su
gr~«e
l'av(!'fi't fro.p~
... Il avail '{e: l1:\ 'ulé il. nn
pa9aa
ri é.b.iit ca cavalier et le passant avait
aa.as
ré~Q'tl
-
~
COJ:nm
t, vous ne le connai ssez
'1Kl.
p1S
?
- (}' • le IHI.Î'i1ce d'Mgy!.
l:le pri~e
l'tc!lé d'Ar~l,
l'homme le pIns rIche
du JNlYs, p. ' eur du plus beau cMteLiu de loute
1& vQ. l~
à('~
,
Gf>ges. Le prince René d'Argyl, {Ine
I.()U'\ le mon.e Cilvinit, marié à une des femmes let!
)\1 j.etmes ·t Ii'S j,Il' -(]lies de r \ 1 lr.c-Lorraine.
~Ii';
princE'
(J d'.\!'gyl, prc "q ue
'1
n:n rI: ns 1/\
.onkée, Il 1. le nom éklil le pl\l8 glorieux pcutJke d· 10 T e r "gifln ct rappelait de , faits d'ar'l() ,dœ
I-l"its devonu hislol'ir111cs.
!:fil
. 'lt
tt, après avoir entf'ndu ee nom,
..... a·t r
ri rtttmlivemr.nt cl'Iui qlli 1(' porlait,
et mn.:m 6
loi <toUIl'opie, il g' .... hil j'H'liné el
l'a It fW'·J'.
nrl il Ilvll.ll pll!'is6 d Vlln 1 lui.
Ln 1111.'1')1 ' ''nll ci' l'gyl! ",l,lit-co dOJ]I' lui fini
éfait th. "J} .... , ab )(\01\11(', mOlll'lllll?
l'lIU) ,: ·h*mtL II' 1 roy dl, et Ja Il Iq IWe llllolion
ai , 101 lite J '(:v~il
~
'( 1'1' uefll · l))l ~1\().
Il ~o jM.t~
à v-rrc,
1\ BOll bl'l1
SUlI lu tNe du
pl'lIlC .
Le
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Q.$)srJ
'
j'
_ 1) ' '':9' . t ~,l
-1' •
1"1 a
Puis il ajouta :
,
- Lais.sez-111oi, ne vous eQI...."1'eZ pus de m ni. Emporbez mon enf/Ult...
n poMa. à sa bouche la Ile': ',~ <I.e la petite ct m urmura:
- Mon enfan t! Men e.Ilbmt ohérie !
Et cela, avec une telle
,
ion d'amour paternel que Hans Sdlmutt SIe
K tout remué.
Hans Schmutt ava.it eu IJD." fine aussi, une fille
qu'i" avait perdue à l'é.ge tIii
~ it l'enfant du prince, 11 B.Vfli t eu une fiUe
1oru.it, une femme
qu'il idoltl.Lrait... Et C'CMit
"1"
avoir ]1enll1
clJtte femme et cette fille
~
t,ait retiré dans ln
tor1';l, J3:!in de t>? ~It
mou: ~ ',
humain, l'csprit
constamment plem du sCYllt
~ { .. N:'cs disparus.
car c'est à sa fcanme et l
, le qu'il
pensait
quand il l'es lait de. heuN
"s SUl' son escabcau de bois, S/Ul8 mou 'l
'e'! yeux fL-es, le
;sant s'éleindre enregut' 1 perdu dau.si le va,
tre ses d,'nLs sa pefite Ji '" ~
'.:orot... c'M.ail leur
imH!!C qll'\1 ~oyait
q~iser
~.
18s arbre' q'l:l"rj je
csc!,.t1 édalT\ut au IOID cru
nière lendr" i carrerours ~(\mb
res
de la. fOS'
C'6t..a.it en l'l:c'' qu'il
el~s
.qu · '~_lr:üt
toUjOlll'S", Il
vI \"ail. . Ç~étai
com enmt donc, lm, 1
i a Lcrnel et Mitl IOll le
sa sympnlhie élait allée UI. ! 1'1! <!>e, sans :\'oiJ' ce
qui s'l'lait passé, li la sUliC, M quel rlrn nlf" mysl.é,ieux et terrible le pl'inee 6.'/ [(yi se trouvail là,
~gcxnisa
en pleina nuit, Q);n. U/I) fond de forêt
pn'lsque impénétrable, teeaot lA. mlûn une enfant
d'ulle grtlCo divine, 1J11e! fNid cl la lerrellr,
, lns dou'te. nvnient engm .
t qui 6tnjt glacée et
h!I!r.r'he r.omme une morte-...
Or."i~·1
aux ])f'jl'" s
''''inrc, llo,ns Scl1mult
o.vait pois l'enfnnt dans -f, l.~'ru=:
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a.ra.
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Elle l'esl p.~;
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.... !~
1 Pl"
,
Non, mon 'lC" Il''IH'. .. b:, ' ()l1ic RenIement. ..
'!l 1 lTl[lnrtpz-'·l..
. 1'- Z ln.. S; \'OU-; $a-
viC"1. !...
On f>n[Pllfhjl Jrll' 1" ., ... , 1 'li / t n, 'lt r!~
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rTu r.r CIlI, !le bra 1 <'. ( !$ Il Ji" dl' 1
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SUl' la 1 Il '''' l' 'J .. '" d" """
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sauycz,h" (-m,Ior:, !--:a, vite 1 \:de ! l'al' ils , 'ont reve.
nir ...
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. vait fui' 1:" iêlO'UVcm"n: .
Hor'reur 1... Le pr:nr'" (PJ ''''yl ? OUf' '\'ou lait-il
dire "
<"Un aboi de ('1hien, à c ...... ~i1:,
: :":u dans la
nui~
tout près.
- Le chien, fit le bles,,",. 1~
ien qui nous sent. ..
qui va les amener.. nous tlSllflrer.. ,
Il n'avait pas achevé 1{'Il' ·L. coup de feu tonna
dans Id fo , r~t.
Une S'Or!e de hurlement r )' .pondit, puis tont se
tut.. . Le Silence sembla ùevf<"!h' plus JOUI'I.l.
- Le dhioo ne !l0\J.S déa~
rn. pas, dit Hans
5obmutt.
C'éltiit lui qui avait tiré et fué le ohien,
- Maintenant, tit-iU, par"'1H> ... Pouvez-vous vous
lêver ? ..
- Hélas 1 soupira le bl~
é.
1
l'ut!
on
81
~
J
�.l,a N u it
-C~è
P.~
Le prince, cha.ne~,
tl1ne pour arrêter II'
sur ses LrIlCO,'\.
-,
s.a main presséln l sa poi-
de su blessure, marcha
~.g
II
\
ITaThS 8'·11mlltt b"mt, d'un coup de pied vio~cnt
,
POlb,,6 la porle de sa cachette Le vent qui s'y p.ngourr;·u uvec lui fit vnoiller la lumière uni brilhit
au fond. Il aUa dép060f SUT un ~M
de f uilles sè'dh e;; le lwocieux fal'dc:tl.101 qu'il porlaiL, puis il revint
nu (evan t du prince, Ùi!llt il vit la Si1l1{lUCtlC VH(;j] Lant e se d6ta-cher au loin sur la blnnchcl:r du ~o1.
Le ma,lheureux ne mnrcJJ.ait plus; il se tl'alnait. TI
CCYUl' Ut Ù 1ui, le pn1t (!>alllS ses bras et l'emporta
comme iI availt luiL do l'enfant, puis il ferma ~a
porte, examina sa car-..wine, la ooalfgea, installa la
1l1I?1ière de façon. q ,~ 'o n lle plit du d ehors en aperce"iOlr la lu eur, pUlS 11 s' ccu'pa de la jeune fille éva11oui.e ct du père bJes.:;é. Pour l'enfant, :iJl frotta SéS
tempes 0 'ec du vinaigce, lui en fit respirer, versa
antre ses lèvrE's quelques gouttes d'une eau-de-vie
t'ès forte qu'il av<ut, et il constata qu'elle r emuait
les paupihes et revenait à elle. Elle n'avait aucnn
mua, au' -e b1essure. BAIe ouvrit les yeux &t regarda aut'. .:.r d'elle av~
une sorte d'elTnrement.
11 f aisait sombre el Goir ... la maig're lu euf de la
cila'lldelle à demi cachée ne servait qu'à rendre les
tén èb.res plus sai siss aMoo. L'enfant eut un petit
~uvemnL
CiYffime' pour se '1el"rer contre quàqu un et sas lèvre.s ~èrent
U'Il mm :
- P.a:pa !...
Le prLnce ne l'entendit p61B. Il s'ébaH évanoui à
son tow. En VI )yant l'M'Itlnt, ses yeux s'ouvrir, de
gramds yeux profonds et dou x, sous llIle COUTQDn8
d~.
ohe\'eux Ulonds et bouclés, fi.Tw; comme de la
oflle ei dont les ex!.rémii6.s avaient des reflets dorée
n'nn 6f'lat cXIl'Uordinn1re, HaI:\IS Schmqtt eut un
.
tlllrsou l, éhloui, rltnm~
Malp:ré lui nne [l';:1.de sol"l.it de see lèvres. 1
_ . Comme elle esl jolie !
l' Les yeu,' de l'enfant ..'{)taient nX€8 sur lui, d'ins,1IlC't., et. lln Iressamcroen t avait n'THé IOllt le corps
;]t' ln [11'1 il 13. Elle avnit peur. Ellf' TlP C'onno iS5uiL pa.s
"et homme. Sn face rude, son cooLlJme misél'able la
SU.l·~rcnD:iCt
Elle fit 011 mO'llVeme-n!. C;omme pOUT
fUll et [,11. de nouveau, a vec un a.ocent de vive terl'eul' r:el.te foi.s :
- Pfl'Pn .. . pap , .. moi je veux voir papa.l
EL elle voulut se le-(l'r.
HallS SdhmutL la retînt,si doucement, avec une
SI gl".flnrle expression de bonlé drons les yeux que
l'enfant. se srnliL '011 aln l'lliSsurée.
'
Le hl''1 ('onnier dit :
- Pn.pn esl. lil. Il (î>f't. TI ne fnut pas 1& rnefl1er. Rrslc z (lone Ir!1nf]"sl~
1
L'cnflll1t rrgnrda r.onrnme snns rien dire. It..
bOut d 1ln in81.Inl, ('J].o Plurmurn :
dhe7. toi. .. Tu n'M pa~
- .T'ni Cr'01d ... 11 r· ~t ~l)id
• e tell '1
raJ.J'nl'u'me.r.1i du r 11 Wut à l'heure, quand v&tre
~Hr
e
Sf't'Il réveflDé.
Ilt')eZ-VOUlS.
.
(l,n,s SC'hmllll s'6t }II. 1 é.
Il 6:'ol1~aiL
avoo at_lWn pris rI'rune angoi~
OOlllne.
'
~lUi
avnit semblé
1eIndr du rnit autour de la
) ~
ne 1..0. ra.bane 610ft bien 0 (1hée, /l11 milieu
. un fourré Pl'OfQlIld'
• ~lr1boe.
Ips nT'l1l"CS et
lès b~n('h
dout .n~
tait fllitp. "1' ronfor1(lnil'ut
hr 'l1ol1rs '1\li
wec es ,ulltres M1br et IRl'l al1~r·q
otan!' lC.~n1
~1 18 . cr. iWI.1lit crn', n n'r.nl( nlllt 1('
~\1it.
de .. VOIX et ~1i
Ùt l'en rl\llf
II ('luirTonit
ql1 un ctlll!1J1 IllT\<œ. à la
HrOSllÎle dll PP,'c ct de l'C'ntont, romrnC' 1'1'1111 'Ill' Clvllit ~.lA
drj~,
nIe!'! flnirât e.t n~
~rl\ht
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HI. 'l pOl1!" rien nu
nond r~>lune
l11 'e t livl' l 'dl'Il .. fllrers qll'i\
prot.ég t, ceLle p -tlt
lp, he,lre 'nmmc un des
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(l,.
plus b eaux chérubins qu'i'! y eiH au mal, ce p~nce
qui avait. sté si envi€ et qui pa.l'aiooeit œa:iBW1ftn~
si n;talh~ITeux.!
Sans qu'il ~evinà.t
~e
qu.el. drmn~
tern.ble il avmt pu être victime, ii ~1U't&esai
ft
SOlI1 sort &1 vivement, qu'ill eût sans hés·~tl:r
i>M['ifiè
Stl vif' pour lSlluver le père et la fil~e.
2uis un" ('1[riasHé intense le t enait. mvoulait sav " le clQI"Rier
rr.ot de ce mys:tère étrange qui s'étaH st in~pl,.
ment dI'ess6 rJeViant lui, au mHieu des li ~2.
et
des épOll\1élnles d'une guerre Le ITil.lle, v _M!-'~
le
trouver jlJ!Sque dans 1a nuit et dans 1..1 50n~'4e
où
il se tenait terré.
Cependont des voix' sonl~ret
dan" ,U ;,'<ien~
ct'
la nuit, non loi,n rte 10 r1bnne : les btLl.'.?/:<rICl'3 et les
fecilles sèahE:i3 dont le sol était j oncJ.~,
craquail t
SOlllS des p<lS d'lwmmes.
-- Ce eonl. eux ! fit Huns Schm'lU, devenu plu!.
pé.le que le blessé. Ce sont eux!
Il 's ouffla la lumière, et le sile'1~
et l'emlK'e &nplirent la ca.bane, La peLite prlncE's e ~aniée
ét.a.it v enue se jeter SUT le se;o de Han ~h.mut
et celui-ci, à demi levé, prêt à réj)on.ctl'e à UIl'e at~
que venue du dehors, la seITaH conn-e lui cL il
sentrut son petit cœur battre sur.sm p01trine,
comme le cœur d'un oiseau qu'on vient de prendre.
Queilques minutes se passèrent dans c.ett'e angoisse, puis le bruit des voix et des Pas s'éJt)~a.
On n'avait pas découvert... on n'avâi.!. na·s soupçonné la cachette. Au dehors, le groJl&1 Mt sec
de la forêt s'entendait. Han's Schmutt rail ma sa
chandaIle et ,revint au blessé. Il pe....·vini à l~
:lfl1aoJ:ter un gémissement, puis il VJi bat.tre ses pall:plèroo.
- Nous le sauverons! s'écria-t-il p-lo& d'~ir.
Le prince ouvrit les yeux, regarda, vtt ~rès
de
hJ.~,
peœhée sur lui, la face 'sOITTlbre
~ bracon nier.... puis .le vi5ag
~ pttle, écl airé par S~
grands
ye)lx, l'IJummé par.! or de ses .cheveux de la p3tiLe
prmcesse, un éolatr, un sourire dans ,a nci~
de.
la CH ban e.
Il jeln un cri et tendit les bras.
- Ma fille 1
L'eufan!. se pr6cipHa,
-.Moi, j'aime bIen, (;"-elJe,
chén ...
n'on l.ef;!; père
Le ;père la saisit a;vcc des tran 'lp orl3 épardua ;
sanglotait bruyamment, ei al. milieu de ses
lannes et de ses sanglots des nhl'ases entrecoupées, incohérentes sortaient de sês lèvr s, s'écha.:ppaient de son cœllr ()Ip'pressé li la lois par la jOle
et touLes les angoisGe6.
- Ma fiUe 1 Je t'ai 1 On ne noue a p6,l1 séparés.
Où 'sommoo-nOllS ici '1 &luvés'l Loin .!la msudits ?
- Vous Mes, dit Hane Schmutt, quI. avait peine
Il cacher son omotion, VOU6 ê~eB
chez des
, chez
\Ul hOllTIme qui ne vous trahira pas, et qui donnera. sa vie, s'il le fnut., pour vous S6UVet..
De nouveau, le pl'ince 1 va les Y0IlII:, vilt fh::és
SUT lui les regol'(ls do rAl~aen
, dea J'68<ll"d de
bon ehi n, drvoués eL cares.snnls.
que voua
- 011 1 dU-il, un .ami. Un ami, l~
ne s.avez [las. Demam, qU(l~d
vou.s s8urn, je VOU15
ferlil horreur. Vou me lmsserez moL Voua m~
laisserez il. ma malMicli.on cL à 'ma. b<-nte. 1a.t6
T~UIO
la ~uverz,
eUe, mon enfant, qUI n'a rion
faü. Je VOlB il vo~
yeux, à. voir visseC) que vous
!tes bon. ,Vous lUI donnerez un nom, un patrie ...
n li. plus de nom, plus de pll.Lrio. . Le nom
our e~
de prIncesse (j'Argyl sera <.lemuin synmlyma de
honte. L' monde en lier le rooil'a aVeQ b
•
Le mQ.ll eUrelL' sc ('licha le vIs
N nIIlU ..
sunglokr bruyamm nt, amèrcm t.
11'111 ::; SchmllU f> ou.LQj·l, effaré.
QlIe 'olüa.il <liro ce maih8urwx ' QlI'&y. .a
donc [aiL ?
L'ontanL ool1vrnit &0 }l;6re
~tanl:
-iMoi, j'a.ime bi n mon
~l
e"
�~li=
La Nuit Rouge
=
El, en entendant coo rnots, la. dm:i1eur du ma.l.beureux père redoublait.
- Tu m'aimes ... un jour peut-être, comme lei
B.utre'J, tl!! me maudiras. Et pourLnllt je suis innocent. Par Dieu qui me voit, je n'aj rien fait da
mat J'auraia donné ma vie, mon .tIang jusqu'à la
derniè~
goutte pour mon pays, pour mon pays
mathellf)ux sur lequel sou1fle le vent de la défa}.t.e,
fait ce que j'ai pu. Je me suis battu
oom!!f.e un lion. Et demain ... demain 1
8eII
De nouveau, il laissa tomber M. tète dan~
malns et ne parla plu!>.
Hans Schmutt n'osait pu l'interroger, . . .
qu'une curiosité ardente se fllt emparée de lui..
Qu.e! crime, quellP honk\ quel dre.me ,
- Vous voulez bien, dit le prince, qui s'étati
calmé un peu, sa.uver mon enfant, l'emporter au
loin, l'élever sans qu'aile sache jamu. ... qui elle
att fille ... lui donner votre nom, jusqu'au jour.. ,
- Mon nom '1 fit Hans Schmut4, le nom d'u.M
malheureux, le nom d'un braconnier.
- Mieux vaudrait pour elle parler le JtOm d'ul'l
valeur, d'un assassi.n, que de pon..r maintenant
~
nom des princes d'Argy!.
Hans Scbmult treasaillil de DOUY_" •• et cU oouveau il se demanda:
- Mals que s'est-il pa6sé 1 qu'a fait ce malheu-
rai
reu.x?
- Le nom d'Argyl déshonoré, R6tri 1 chargé de
l'exéeration et de:3 malédidions de tous ... le nom
g1on.ux que l'on entendait autrefois sonner dans
les Vlctoires que du siècles avaienL apprt., à célébrer et li vénérer, moi, le dernier à porter ce nom,
o bon te J "l honte 1
L'infortuné se laissa tomber, aœablé. On eût
dit que le poids du ciel pesait tlur lui, tant il y avait
dans ses yeux de lerreur et d'bon'eur.
Hll.l'l.s St!1muLl ne comprenait pu, 11 cherchait à
comprendre et il o.'osait pas interroger,
Il murmura:
- CuJmez-vous, monseigneur, Vous êtes bl~té.
- Oh ! plût à Dieu que je fusse mort, s'écria le
prince. Mais il .se reprit aussitôL :
_ Non, non; je ne veux pas mourir. Je ne doia
pM mourir... pOl1l' réhabiliter mon enfnnl.., pou.r
me venger!
Il sc tourna vers Hans Schmutt :
_
~:
VOUB avez un cœur, oIii voue avez une Ame,
voue rain-lere-l, celle cnfant chérie, Vous la ferez
votrc, ct moi le rentrerai dans la lutte, oublié, anonyme, jusqu'au jour... 0 Dieu du ciel, ce jour si
jam l 'S II .'c lève, ('c jour de victoire et de vcng88.l1ce 1 .J'ai dr J'm's Ill, pl'cnc% !
l ,t' princI' n vuit sorti Oe sa p<x:l\e une liasso QPbi.IJ {il dt.: !)[\IH1\1(',
...
fllni ,II 1 (i~lcur
- Pl n , W(>11 z, r.'esL pour ("I~,
mnis qu'el~
ne ~/l hl' j Il i" jJ\mai~,
vous m'cntendez?
(lU!, 1 Ill) 1'1 'npur.
<.: u' l' nf' :;/1' Ill' jtlnJu/ q t'lm '11 t'sl, jusqu' u
jf)"r où j" lui nppn'nrlrul /l,oi·lll( ,tH' .. i jf' ne nWllrs
!' : 1 1, dl,'. ,'i jl' IlIPlll., qu t 1:. ~l' ",/tr'he jumôis
Il" III n 4tU slIng ch'S pl'illl.'(!S d'Arl-:yJ <Ill/Iii 10. veiIl
1
•
l' l
IIi,
j.j
- .Te les s~l'rnoteai
.•vla cause est ju.sle. Dieu
sera avec mol.
De .nouveau des voix rauques s'entendaient dans
la nUlt...
'
- Vous voyez ... ils vous cl1el'chem (;e sont les
. DenlUin
emplir
~nt
ennemis, les Aleman~i:,
toute la fon~'t.
Partez, je vous en cOlJiure partez
penda~
qu'il en est temps encore. .
\
,
" , 1OJ, J.e m'~nfulI·ai.
de JUan. cO té. Je uis plm
heureux, je SUlS plulS libre, mmntenant que je sais;
ma fille à l'abri de mes aventures, de n~il
danger~
et de mes hontes.
.Il s'adressa à l'enfant, ai lui Illontra.nt M braeon
Iller:
- C'est luj qui sera tOD père, aime-le bien.
- Et !.ci, papa?
- Moi ~us
i j~
t'ai:m81!.i bi811, ~uiors,
1 par~t:
.. m~ul
de lom. J.e ne t'oublierai jnmailS ; ]mis
un JOW' je te reverraJ, Je vui lout fa.ire potrr te
l"evuir )8 phlB tôt possiblfJ. 0 mon enfant, meJ;! enfant chéne, ~on
en1~t
adol'ée, pour qui j'aurais
donné c.ent fOLS. ma Vq~,
pour f.aire ta vic h eu.reu'èe,
pour fw.re ta '0e lumID6use... et voilà que je t'en\ralne avec m~1
da!ls la honte et dans la nuit. Ma.is
tu n~ sauras jIlJTW.lS. Tu ne te rawellera>5 rien. Tu
oublieras le nom du malheureux qui L'aimait tant
Va, ma flUe, va, vis heur'euse, !Sous la ga.rde d~
cet hon:me, Tu seras la fille du bI'aconnier. Cela
vaut ~leu;r
que d'être la fille du prince d'Argy!.
Il n avalt pM a.abevé que la forêt loUit enLière
s'emplit de bruit et M tu.multe, ~e
jo.ur allait parallre, et 'Bur tol18 les polnts de 1 horIzon la fusillade pétila~.
Une gr"lUlde bataille. Dans le ciel
aux teintes grisAtree monloient, au loin, au-dessus
d~
arbree, de s.randes ~ames
roull1"q Des incenLe pr!nce jrta un gl'nnd cri.
dies. Tout b~QluJt.
- Mon DIeu 1 mon Dieu 1 Et c'est moi. la cause
la cause involontaire de Loulp5 CP!! llOrrCJr5 !
'
Puis, ~ retournnnt Y~r.
Hans Sch,mutt héJ>Mé .
- Fuyez, cria-t·i!; fuyf'z &uns V(Jus l'~,L(jurne:
fuyez avec elle ... et oubliez-moi. Pûurlant si o~
prononce mon nom devant v us, mon nom !.out
em.p-li d'une Od<.'UT de traJ, ison et cie JElTIg ne me
maudissez pae, vous, vous qui ulleol!: êt.re' la pèL'e
adopti f de mon enfa nt; ne lui ap[u' nez pa.i Il me
maudire, rar j'ai été malhelirCiU ,x et non coupable.
La fusillude se mpp:l'(!cllllit On f'nlt'nda.it dan.s
la (orêt de gran<16 pétillr'ffif'nt . Des arbres tOlllbruent comme trapr é pal' ID f )lId,rf'.· Pni" le C8Zl0il.
tonna... Sa grl\ndp voix domina bientôt toue )œ
autres brui~,
nn fr'r et dll kil partout. Tou'e la
forêt crml[uaiL, prêle à s'abl rn ct'.
- Pt'rle7. partez! fit Je princ' en pres"ant H'IIllS
ils
Scl>muLt.
Celui-ci hébélt!, "/I n 'Voix, ~nit
J'e-nf: Il! il demi
évanouie d'épnnvnnle et !le mil ft f!lit' du rJôté où
la forêL élaiL encore/ silencieus
laissnnt derrière
lui le c~T18gr
(>[ l'hrwrcuJ',
'
Le prlDcp Ir.s &uiviL dn )'("l!wrd jUl'lllu'à oe q.u'ii8
eusst"nt di~pl\ru,
puis, (.nn ,h'\nl fi g>110llX, il eui
a.ux J"'TPS cr CI; d'nnJ.{nis!'p Rupr~ne
:
- 'Mnn Dil'll 1 mon Dip\! ! !-1Il\lvr'z mon t'ntant 1
Kt li le dir'igea, lui, ne sentunl plud !ta bl~ure.
voynnt que )'e.nflinl 'ou tait, il ajouta:
IlC eOT/lllI'enù Pli!! f'/lC:OIe. ~;Il,.
nI' Ile rap-
h Jr
~l.rc
, ct si ell
ne suil l'iton,
f'lll'
PREMIÈRE PARTIE
prut enCOre
'II Re ...
_ l'lk .. 'rll 1118 fnmill', ùiL ll1ms Scnmutt,
J'IV 1 \lne ('lIrunt de c t a~e
«(III' j'adu/'nis, je la
rl'll v mi (In Ile 'l j l'11Îrn!'1'Il1 l'OJlJ1T11 ell ,
f; n, Inl 'nnnt, dit If· princl', lai. sez·rnoi.
'.Ollt! lai, l'"
(jU!, HU I1CJITI
III
J
i 1, p•.'l('tfl1.!. .. Pr 11('7. mes
11/'1 lin' , je- pl'end!': i VI, habits,
du
j
Il ln'!
du
*'tl ' <lu Il d"lI,
Maid Id Will 1811 dangers vous 61'lvlrolment
. . pel1
-
r
~
Onelrru
l'IlI:rHltl'/',
!
,('
d'llpoLhù
annél's avnni ce qll non venQns ct..
Il ln vr/lll' rie: l't'IL' O/I1{'1' 1,11ii. di~
]'Qn-
l'l,: pli Il')J)
J'
l,
l'
r'l
/l/PU"
({\Ii
<1 Tl'
que IlOua avolUl yue envahi
ILL
~
(', li
A.llan.,.
,lime l'ûltllne
IIlt' 1
plU' le!.
forCt
�G<r.-
1'"
La Nuit Rouge =====
smonnée par l'éclair des hallali, 1e6 p'Finces de Bré-mo.[);L-Latmu;, à: qui tolite cette pa;rlie des Vosges
BJp1JaJ'tenait oaJ..grs, avaient organisé une gr,and<l
chasse à conrre. 'L'oule la nobles-se, 4Ieil envirou&', y
avait é-Lé conviée.
Le prillc.e Léa d'Argyll, qlli vivai,t encore, élIvait
été inscrit un des pr&miers, sur 14 liste des Ïl1Vités,
écrit li SCllIll fils, aloI'& à. Pallis,
et il avait au~sil()t
et q'U'iJl snv.ait f\['ie.teur de ces grandes fêtes cynégétiques. R~né
lait accouru.
Il étan dans "'sa. vin~-<:
, quième
a.runée. Il avait
terminé 9011. drflit, mais il resUrit à Paris au lieu
(!c revenir près .te SOl1 père, CM' les plaisirs de
P apis l'atki.P(~
GTan.d, de haute mine, hrèIJ blé,~UH
I., il avait <Îas succèa dan>s les s.alons qu'il fpéqUC!:m!.ait, et. l!J ~ait
surluut fê~
dans des milieux
moins COd'recbs, @U il avaÏJIt une rép tation de joli
gur cratl. ~e.0
1IJ'em.. &.busait pas,
1) u,ns ce li'aris s' bril.lIw t, tou b iJl:1!IlI'l'lin épar 1111
Ill(?ndeur des fH.J98, où las jeunes g€'IlS se ruaient
,lLlX- plüiŒa, pT0s.que saons réfl e-xio1'l., R ené, a.vec
:, ~es
idOOl> -p-lus élavées, s'était a.réé u.o.e SNUtl.tioo à
part. Om le d1.sait sentimental et J"êvenr. Ses yeux
HITa;i.as;tt plus de prof<!mdeul' que ceux de ses c·oonpa gnons. Peut-être y élait-il r~é
un pau d~
W.
gl'anal.e.,l1 .3lO1unge tlta ?ays où il éta.it né,
Il s'amusait comme les autres, pOUT ne pas s,e
di.stingu er ete ~8
amœ, riches comme lui, mais les
amusem ents aa:Jaiue}s. il prena.it part n'étaient pas
pOl.'!'d' lui comme pOUl' les autres toute la vie, n&
bomaien:t pas oon horiwl!. 11 ~né>ditaJ
de quitter
bi.entôt Paœis, d'aller s'enfermer ISIv,ec ulle f.emme
Gf\l'il aimjwait, dlU'lB un endroit où il pourrait penSe!' à autre chose cru'à faire la fête. .. Or, ces idéee
hUlnlaient s lrtout le prince d€lpui-s un.e- repcontre.
qu'il avait !ai~.
Bn soir, a.u B<>is, passant eo voiturC' 9NŒi!' deux: autres de ses s,l1'ljQ, il avait oroÏl8é
une' vieloria flÙ. Sie tenait une femme 5e\l!lie, un bouqurt $oUï ~es
genomc:.:. Cette fem:ne, ru, Jl\eI,lé, ni 1GB
j Ptlnf's "t>l1lî qui éL2uent avec lU1 . ne .1 avalent vue
encore il Pn.l is. Bile leur apparaIssaIt toute pMe,
cornme gr1
1\.~,
la tête altière" dans l'a.u'réolat 1'011geùhrc d'ntL ooloil couchant d automl'te .. , SJ_ Jj)rllie
' avec des yeux et de6 oheveux si ét'I'ltnge.s qu'il .,
eut parmi OUl: comme un cri de stU!peur et d'Il!O:Tl1Irali011. Se&' yenx, tout filles oomme mor\.s, aVaJen4.
des reflets verdU~
... S9\I'l' chevaux étaient fin:! et
lég!l'r.i comme d~
cocons de soie. Qu~nt
8U teint,
d ? III neige, de m nei~
légèrement d(wée pel' lŒ6
rc.fleLs d'un i/Jleil m01JjJ"ant. LM jeunes I{f'ns avaient
l~ peine en le temps de l'entrvo~,
sdll uelte da
r'Iflr1é et d'ar, sur J!" [Qu(] ronge de l'hori1l.011, que
(!{'j~
" l(~
avait. di~pl'u,
f'ftinp r1ée pnr le ~l\,Qp
de
~efl
chevaux. René avait sr.nti, à celte vL<!ion, Bon
co'nr bll,t u-e avec unt' émnfioll exw:aOl'ùinaœe. Il ne
put. s'emp her de murmurer :
L'ét.j~U
lge
OJ:éul,Ill'Cl 1
- Elle l'si 3upeT'be, dit lin atltre d-e-s jeunoo gt'Ils.
- Oui flt 1(> trois~me,
qui a,ffichnlt pOUll1 t.ou~es
choses U~)
sCllpotici&we de comma.nda, elle Re rrlJOO,que pas c]'Ulfl COli,ailn chic.
d ~ troitt bouchea
Le même cri ~orti
- La connai.sse7,-voua ,
g\ Lrois t'éponsC6 se tirent ootend.re presque en.
llIÔllle Lem pFl :
- Je no l'ai jarnru& vu.e,
que OO\l8 ne
- Quai c]ommag(), fit \ R~é,
l'ayuo. Jl'6s suivie 1
l'uno :
- nlÙl ! fit Ir ..8C ptiqne de drux ah~1S
ou eno esL tlQurJ'j:es.t r à 'Pa.riS 0t nous IlL reVf'rronA; iiJU oll'!! est pour s'en al i er l.. et à quoi 0 la.
nous II,vanCQro-t-il de l'avoir vue '{
. Du !'ogard, lou t en C&U3/Ult, Rl'Dé avait uivi la
vlC!,o.l1a qui se fondait au loin dans l'ombre l.ombanLe, Tout à C()\jP, un tressaillement la eCOUA.
- Ah 1 m&8 eal• .M.& 1
- Quol'
- Nous allons la revoir. lA voiture liant de
tourner, Elle con11nuil le tOUl' du l6c.
J
:..,_
- Eh bien! fit UJI5I. des jeunes gens, il fa.ut a.lJl.œ'
au-devant d'el!le.
Et il donna des ordres au cocher.
Le jeune homme ne s'était pas kompé. meRt6~
o~
aperçut /lU !Dm, dana le poudroIement du soleil couchant, le piaffemenlt hau.LaLn des chevau.:r.:
de l'im<:onnue. La jeune femme sembhit n'avei.
pas bowgé. La tète MoHe dans sa pose alliere elle
avait uo air d'e souveraineté et de gNlndeul Cfai
fra;ppa les jeuneos gens, même celui qui affectait Ml ne croire à rien, de n'être Gurpris par rien, et qù
ne put s'empêc:her de dire entre ses denls :
- C!!I n'est pas une grue !
- H fau.t la 8U1Yl'e, dit René, et aa.-mir qu.i.. ,
est'.
.
Et se penchmt ven le' cocher :
- Voua aVfl w. oette viotc!ria qui Wet.lt
pa.s1S~r
7
- Oui, monsh'JUr,
- I.l fau1 la rettI'8pft' et la; suivre,
AUl>sitot un coup de fouet envelo.ppa tee ctl6:vaWE
et 100 enleva il la poursuite de la virl:orif'IlM étri&g~e.
~ cette heure, et à cette sail5On, la nuit t\Mlll.o
bait, et l'automne jauni8!ait les feuiJles ... il n'y a~
plus de voituree autour du lac, sur leqne1 s'Meu.àait lentement- une brume fine et léj!ère semblallS.
à une gaz~
bleue. Quelques rarC!\ voilures semée1t
, SUlr la large avenue de l'Impéral'T'ice, chemjn!llieoC
lootement, au trot' de cbev8iUx poussifs ... et pail"lXlf
CElfJ voitures on suivait ~a
trBlCe rapide et coIIl.RM!
éclaira.nte de la victoria emportant l'inconnue.
Derrière &e hMcit la voiture emportant les tr'Oêlr
jeunes gens, plue &mus, surtout René, qu'Ua DIi
VO'Ulaient le laisser p6.l'attre.
0.0 était arrivé au bout de l'avenne. On -nt li:
vidona tourner l'Arc de Triomphe à droit.e, pllk.
!'enp;o.ger dans l'avenue des C1u"mfls-Ey~
qu'elle CMnnnw.ç a à descen_nre avec nne rapidiU
extrlodin~.
L'a.~DWl
ébait il> cette beure pl'.
que désert'!!.
- Di8Jble! m1: Utll des compagnolns èe Renié, €J~
u nous é~a
l'I.ené se penona. vers \e cooher,
- Allez donc 1 ellM donc 1 Nous all<Joo peron
la Voi,~'1.
re t\e vue- 1
L1'tomme rouotta violemment ses c'hevflux, qui 's e
cabr~l
'en.
t 01 descerlr1irenb l'Avenue lt fond de trrein,
A une alluJ'e de Mles emb8tllées, et au bas de&
Chamll'9- my5'ée-s, on rottrapa presqu~
la vi~tora_
n fni.sllit M e7. de jour enrore pour qne les Jeunea
gen.:; pussent apercevoir la nuque hnutnine de l'iQoonnue d'noe bl ,n ohenr de lf\it, d'où pnrl:tient :ta
ohevu~
hlc>nds dressés en diaoème. Cc;ttc nuqut.
seule ét it a.<Jorable, semhlait. ne pOllVnI!' IlIppl\rteni!f qu'à llne reine ou à une dérsse. ?tri s, le cocherl1\'on1 ralenhi l'allure de ses ChV~lI1X
pour ne } 8.i.
cltf
~ 'er la victoria, la vi,sion di i"p n 1'11 t dans 16
brH
il ~lf1
!'d
qui ("{)lvr~it
la J'ln.~e
0\ la Con ('o rde-. On
ne di ~l ingla
plus rIen. Tfi Vlctonn ne forma plll
qu'unp. mn!,Ij~
Inrlét1ni? qu'on. vit s'engager d~n8
1_
l'ne d€' RivQII, dont 5 allumalt la rn.ngée unUo~
des beos de ga.z.
- J(! par'ie, dit un des jeunes ~ens,
que \a vol·
dan. la rue de. Rivoli, devant ca
turl! vn ~8;rl'êe
des hOtels.
f'Il
l'I n'avait. pal! aolle'Vé que la vir\.orie. stopai~
erfel, à la porte d'un hôtel élt\~n,
l'MIM des Am·
b8~eldJrs,
anjourd'htù dispflMl et qui se trouvai
dens le pê.té de mai.eone envahi par l'hOt!'!1 Con"
n ~l1't.n]
Ln voilure con t.enllnt René et ses &J'l'lÎI
en même !.emPli, .. qu8llquar.
s'él (rit Q(l'rMéc vredqu~
mèLras de distBllCa.
A la lueur des lumières de la "-le, loutre allumées maint~l1,
on vit la jeune fpmme dt."Scendr
de viotoria, m~tlre
au jour un pioel d'nnl' flnNJ
et d'lm IZrtJ.ce ext.r6mes, ainai q11C l'ert~01ié
d'un
j~\mbe
nerveuse &'l minre, chnll .. !\~e
dl'! l)ll!! sombn.'6. ll'm mt\me tempos, on prut admir&c les mo(>lleuses ondulations d'une taille &Guple, et si m~Jl
�.• œ- 8
La lVuit Rouge
=r~.-
illp.>el1e {;vait l'air d'un roseau. qui se plie sous une
' .. trop lourde et que le mOlndre souiLle de vent
,Ji, onduler. Elle était grande.
- C'(;st une reine! s'écria un des jeu.nes gens
':r..aporté pM' l'en tJ10usiasme.
- Une reine de féerie, di11e sceptique en riant.
René n'avait pas parlé. Il regardait. La jeune
~nme
avait déj.i disparu, ondulante et légère,
:.mlS lin frollfrou de dentel·les et de soie, sous le
r.talique éclairé de l'hôtel, qui avait mis en lumière
:r~lat
de ses ~1hevux
et de som teint, qu'i~
élait cne là, béant, sans un mol.
IDn de ses amis le touc-ha à l'~paue.
- Eh bien?
- 1ill1 bien 1 quoi? fit René en sursaut.
~
Nous n'allons pas moisir ici 1 Je meU:fs de
~,
moi, d'oabcxrd, et il est bien l'heure de cllner.
- Je ne partirai pas, dit le descendant des prin~
d>AI\:,ryil'l, san~
savoiT qui est cette femme.
- Oh 1 oh! déjà amoureux!
- Je ne sais pas, mailS elle a fait sur moi une
ression que je n'oublierai plus ...
- Le COIUIP de foudre, alors? fiJt l'autre.
Sené ne réponiit pas. TI avait dit au cocher de
~a1,w-ndre
et il avait sauté vivement à bas de la
. ure. Ses amis se mirent à rire.
Le jeune homme franchit le porche de l'bOtel, endans le bureau où on le vit, à travers les vil
5, s'clllreie.nir un instant avec un employé ..
Wis ill reparut, le visagc préoccupé, et remonta
'jtm;s la voiture où il s'assit près de ses amis.
-- Café Anglais, dit un des jeunes gens au cor.
"'uis, quand les chevaux se. furent mis en route,
. , interrogea René.
- Eh bien! qu'as-Iu appris ?
- C'est une '~lrangè(;,
répondit le jeUlle homme.
- Nous nou~
en doutions.
- On ln croiL PlJlonni<se ... mais on n'en est pas
SÛt'. mlle est peut-être Rllsse ...
- Il n'y a pas longtemps qu'elle est à Paris 'l
- D'hier seuQement. Elle se nomme SwargL
- 1iens 1 un dl'éle de nom.
- Elle n'e6lt pas m8.ri~e:
EUe est a.ccompagnée
viei'l homme qui se dit son tuLe-ur.
- Son ent.reteneUlf, mns doul\.e, fit le acerptique.
- Oh 1 non, IJi, René, avec une indignatioll
, il paralt qu'eNe est lrt\q riche, qu'elle ap.par." t à une grande famille. L'homme est très respeclU avec elle. Voilà. tout ce qu'on a pu me dire.
- C'est déjà. suffisanl. Tu sais qu'clle est libre,
alle se nomme Swarge. Avec ça tu peux IDar. Elle est pour lonrrternps à Paris?
- On ne sail pas. Ils occupent dans l'hôte1 un
:rlemenL assez vaste. Ils n'éLaic.nt jamais ve\l''' ft. Paris. L'homme ne sait pDS un mol de {rnnparu.H-i1; il fait SC\S commandcl.! e«î nUe. 16..
~.nd
... {,Ile pli l'le le russe, t un peu le {mnçais.
- Enfin, /'6,;uma le sceptiql1e, c'esl un cœur l
ndre. Si lu v U,' le maril'!', n~a
...
- Oh 1 Lout le suite, s'écria le jeune homme,
lie veulait cie moi.
/1ruj lillvoir qui eUe csl?
- A condition qu'eU uPPul'Unt lA. une fnmLlle
norable, que on pn.ss6 fût eans souillure Pour
fortune, Je m'en moque.
'- ~fùht'\lr(u
ment, dit un des joul1es gens, une
, llllg\l'C tOlll j('unc, voyo{(,1 nnl S Ill, avec un
n !l"1I1' IluI ,'r dil sun tlllclll', al~n
~aire
Je tour
Luc,
lu uuil, ,t'ulc, dllns unI' VIOLona, Q.ver d(\s
!~
6\]1' 1
nOll " (,l Rt 11n pell !l11jOt li. raulion
- ,'i {'II \ IÙL );JJ ri t inlill e, fil Re!lG.
- ,Til tpm. Il
\01 t lIr", l
a' IIT(!!1 rll'l cl v:tn t le! troLf,olr
ro !~
Ar. III r.oupa f'{Ilirl 1111 .' 1 ('OrxiOlls d
.C1S gf'11 .
lrOl Jm
g ns qlliW'1 Int ln vr,ill1re doot
. ,. hel li Hllllld s'il r oI1llit " cnil' 1r,-; ! c prcnù,p.
- Non, pas co Boir. Demain, ù ln mf'!wc heure.
~
- Tu veux retourner au Bois? demanda-t-on à
René? T.u espères la revoir?
- Je n'espère rien, dit le jeune homme, mais je
serai'S très heureux de le. remir. On ne se Jasse
jamais de regalJ'del!' ŒIl objet d'1ut.
-- A11 ! si c'·est comme Objet d'arl seulement 1 fit
un des jeunes gens en riant, ce n'eat p.a.s mortel 1
El il poussa ;a porte du restaurant.
René et son autre ami erutrèren.t derrière lui.
En desocendant de voiture, SWoM'ga., ses fleUiI\S
entre le.'l bl'as, était montée rapidement à. son a'P'
parLemeni, situé au deuxième étage, et dont toutes
les fenêtres donnaient sur la. rue de Rivoli. L'animalion de la montée avait coloré sœ joues ordinairement pêl.les, el elle était p'1U'B jolie encore
qu'eBe Ile l'avait paru aux trois jeun-eB goos. Au
bruit que fil la porte en s'ouvr-ant, un homme, assis au coin du feu, dans le petit salon de l'hotel,
se leva vivement.. Il éf..ail de haute taille, portant
toute sa banbe, qui tombait sn bTanches cascades
sur sa poitrine, ce qui lui donnait un !l'.5lpecl par>ti,
culièrement vénérable. Vêtu d'une redingote austère, avec une rosette multicolore à. !.a bouLonnière
hl avait vraiment fort grand air, vu de loin, mais
le visage ~t.ai
ignoble, UJ1 tein oo)..)ré, coupe.rosé
par les aJ.c.ools, des yeux bridés, éteints et faux.
C'était le tuteur, ou plutôt l'homme ~!ui
se don,
nait pour le tuteur de Swarga. Il s'oappclait le chevalier Karl Strenner. Il était Pru&gien. Il se précilpita au-devant de Ja jeune femme) et d'un geate
obséguie1,lx saâsit la main gu'Otlle lUl tendit un peu
dédalgneusronent et la balSa. Swargl8 jeta sur le
ca.napé, à la volée, les fleurs qU'('lUe tenait à la
main, son mantel~
sa coiffure, iluis elle courut
à une des fenêtres donnant sur la rue de Rivoli.
- C'est bien cela, dit-elle, ils m'ont suivie..
& sont là.
- Qui 'l
- Trois jeunes gens.
Le chevalier oulev~
le ride&u pOOl' a,pe.rcev0Ù'
Re.l~
et ses amis.
- 1ls sent très bien, dit-il.
A ce momenl même, René descen<lait de la VOlture pour prem.dre 165 realsignm~
que nous
8avon~.
- Ils viennellt demander ~
nous srunmes.
- Voua croyez ?
.sans
- J'en suis 41Üro. J'ai .remarqué 6UTlto~
en avoir l'air, la. physionomie de celui qui e.'3l des·
cendu.
- Un beau garçon.
- PM mal
- Grand ai:r.
- To t à tait grond a.ir t
1( Jo pa.rte qu'if rêv-e.ra de moil
- S'id éltl.!t $ lII1OO1cmt, muI"niru1'8 le ohfMllier,
plUdieu1'1l {oia mil[o:nar~
1
- Et plinc&, dit Swarga.
- Oh, lee tiJa-e&... dit K61'1 Strenner avec uno
moue de roélJ)1'js.
- Ce n'est rien pour vous peut·être .. , Pour mol
c'est brnucoup. Je ti OiS jl'lus 'Pen~tr
AUX honneurs qu'il. l'arg 'nl.
- Caprice de fçmme 1 murmu L Je an",alicr.
Il antiL un horl'lble accent, dont non épargIlf..
l'on " II' supplice li nos locl uns.
Swur~'1L
11(' l'opoudit pif!.
~ qui! aortl (' J'h<~tl,.
vtmo.i.
Ellc' l'I'gnnl iL Rm~
8'U. seoir clnllR J.a. voll.UJ·t! 0 co.:.. d Bea n.IYUS.
ElIr rcma"1 ua sa phYllion lie un peu aouci 1186
ot sc dil :
Qu'a-t-il pu • !)p1"( ndrc ?
Ln voiture s·é.!oigll iL.
Swargn se lourna vera le ohevo.li r
�C'?i!-
-
Lr: Nr!Ït Rouge = =
V Ollil
allcz descendre tout
Dic.n ...
llO
su ite, dit-:)lJe.
- Vous irez au bnmau suvoir ce qnc cc jeune
homme a d(-rnnlldé ot ce qu'on lu i il j'u;lOndu ,
- Tout de suite.
Le rli':\:liit'I' iuissa retomber le r ideau et di;":Parut. S\, :1!'gi, l'~st(:e
seille, sc lai"Hl 1<J!îlb.~r
sur le
run'lr {, "1 ,'t'f,llI plo1},'.):,·' cl "Ic, I;n' l'. \' 'ri, p r(d',,: Ide,
A côté d'elle, une petite tallle couver(c d'une nappe
b bllChc et ou J.:. couvert était CiJ" :; ',', l'dl' i: t.!ldi~
l',heure du d1ner, et on aJJi.l.illelJr 1rl'.!dcr leur rcp<.ls,
Mais la j eune ferprne n 'Ilv~t
i .t pa;; rni~J,
nt' pensait
pas à manger. Elle son~palt.
P,'ul-L' , l''' !r j0 1HW
homme qu'elle 3lvait l'l''!I1lif'q ué ùt,:i t-il l'!lamllle
qui allai Lla Lirer de l'hoJ'I'ibil: e;:;.-jl"ilc,' 1'1II'I'.:r IIlL!r: -: ]lI'Onuif sous la domination (le ,;, -vi"Il~,
rncnnit à travers le mond{! puur lu l11n!'i"r ridlem ent, comme on otIre à la vente une bête de prix.
Il n'él<J.it ni son parent, ni son luteur, li éi,,,J1 llll< liX
que c(.~la
, Il a\'ai; été .,>on H1Nlnf. JI 1',1\'uil jH'js,'
à l'âge où SW8J1'g6 n'était encore qn'ullf' 'nfant. A
ce moment, le chevalier éLait l'lell!', :-;\\:tl't:\.'1 ~ ',',lit
chez lui. Elle n'avait pu se dér,~I\l'
'. ll[]'(' i't)fI
mattr-e, Pendant deux ailS, elle avait séluJ'ierl " liS
les caprices du vieillard, puis, Illt bi'''\ll jour. la
ruine était. venue pour le d1P\'<l Iil'I'. .... ·:us ."('f; hi".JJs
avaif.'nt été vendus à l'en céS II. II h:w:illit alors la
Silésie. Il avaü quitlé le pays. éllliL venu à BerUiI,
emmenanL l,a jeune Polonnisc avec lui .. . mais, oraignant tTue SwuJ'ga n e lui échuppù:t, li avaiL cess é
de la t,o,urmenler de son amour, qui lUi: élait odieux.
r~ , !v.I'
avee moi,
- Si tu v eux, lui avait-il ~il
près de moi, je ferai ta fortun e ci, ::'n bonheur ...
!e te tro~ve['ai
un mari , CLue tu aimL ms, qui sera
Jeune, qUl 's era rlooe ... qm sera grand ... Tu seras
traitée, respectée comme ma fille, et nul ne connaltra jar4P is tem passé, ne saura jamais La faute ...
Je te créerai un état civil. Tu seras fillp de gr<ln.cJ
seigneur, Si tu me résistes, au con traire, 5i lu me
quittoo, parlout où tu iras, je le poursuivrai de ma
haine. Chacun saura qw tu es, d' où tu viens . Tu
vivras rampante et h~le,
et jamais tu ne pourras te relever .
Swan.g18. écoutait, frissonnante, un peu terrifiée,
mais heureuse cependant, car elle était ambitieuse.
Ce qu'elle voyait de plus clair dans III hareJ.1lgue,
c'est qu'elle ne serait plus la mattresae, l'rselave,
la chose du ch ovali el', que son cœur pourrait b attre, palp:i,ter, s'ouvrir à q?elque amooc sincère et
pur, ELeomme elle ga.rdait le silence, l'e$prit plein
de <les pensées, l'homme poursuivit :
- Tn te d.cmandes peut-être pourquQi je te lail
ces proposillOn.s, ce que j'ai b. gagner il. te faire
UJ1 sor!. envinhcl entre toUtS, il. toi qui n'étais qu'une
pl"I ill' ~crvanLe
: c'<rsl que je vois ta beauté 8<':l dévclolj1;per, ("est qUE' je penRe qu cotte b!'lluté te
Tr\f'ncl'll loin, peul-Nre sur les mnrrht'/! d'un irOne,
qll'tll" Ic ,1 linCra (!II'} tout C8S ln forLnne, et que
j'NI'; l'C {Ji cr ma fortuTic il. l'omhrf' (le la tirnnc.
Til
,'"r,. 'ir(1c' 1)J'Jllr rli~enR
pa'ojrtfl l11le je t'e~·
plirpll"':li plllR 1llrl'l. , Et nous monLrroTl'.! haut, tl'6d
hall\. Til Ic> vrux bIen '1
-- JI" sni!! dAns votre main, r~pontli
Swarga,
VOliS THlIIVrZ ruire de moi cr qu'il vous plaira.
1\ jl!'\rli r dl" ce jonr, C'C":'lt VOIIR q11i sel' 7, la
lTtullr .' 'c, la rrine ... J nr vous donHlPr]C'J'.1j que
vnl.·p lT\ lÎu il bn il1('1' de Lem!"" cn trIllI ~. J e IIr s('!'Ili
'1 11 1" If' plllR lidr\lf' ('l le plus tJ{ov{tu{' de vo::; sprvi1{'lIr,. .0 111111 1' on [1/)1\rr Il sc d'II (lTi 11'1' qll !:. lwn;;
a!"l Il '111. VOIV' s('lr~
f)flkil'lIl'JIICIII I11Jl pU1 ~dl
PIIJ", j' srl'ni 'f)t"
flltour ... e! jr l'(lllrai !1 fl nr
VOl],' IJII" If' t!"\'fll' .1 "1Il !'l le 1'(' , l" Il;c pin,' pr\)ro d· 1,,\ rr , r l'Il 'IIHi j IHfll'l l' j~JlI'
où nuit .. 0111l'OP" l 'f,ll\{' II· Illnri 11(' 'lOS n'vI's ... rictlr' .. {l1lis-
'i'
MilL.,
Y','
IUlnl-,
rlil Rworg[l.
-: El lIiIM., si VOllti ÜrH'7, Ù l 'U!TJOIII',
J\lIf~,
'Itit {'té l"OIlc!U l pli ,11' ('Ill HI 'Il' if
POJOlllWlC h. lu mel'ci du vieil: 1 Ir ,1 1
vivaient-ils tous les deux? Swarga ne l'avait ja·
m.ws su. IMais à parLir du jour où elle quitta Bedill
avec Karl Sl.renner, les toileUes ne lui 11léUlquèrell l
pas . Le chevalier l'avait 0mmenée à Vienne, où ~
b ea uté avaiL .p romptement fait sensaLion. r:;~ e aValt
des bijoux, des voitures . Le chevalier, :rui était
l'uiJlé, faisait plus de dépeooe.g que jam
3~s
Où prenaiL-il son argent? Proplèm6. On ~I • _ j yait dans
les salons les IYlus fermés, où la bclt'Ulé dc ~warg3
llli donnnit accès . Swarsa était adulée, fêlé e... Plusieurs adorat.eUJ'S s'étaI ent !pis sur l es I-a,ngs et
avni cn t demandé SI/l. main, mais un coup de foudre
écl1~'
qui 11l écrouler ! ('mt l'édifie<! si patiemmen,t
édiIlé, Un m~l
tin, le cl1P\ fiE -'r, qn i ne s'éLaiL jamais
pe1; .üs œla, è!1lIJ'él dan la chnmb.re de Swa.rg.a qui
don 11 0 il r:nr'qre, I1 élait. si f!gi lé, Bi pâle, cpue la
,ieull" lill" llr songea pas à. lui l'€<pr OOhCT cette inj:mc l i,'n aux hi- en~ûfl
lcfi.
'Eue vit bien que qu elque
évé,n"lliC'll 1 grn ve Re pMsait, Avant qu'el[e ellt pu
ouvrir La bnllc he, le chewlliar luj dit:
- L~\"
' ,:-\'ons
, ma. fille, levez-vous.
- El. r,l)lll'quoi ?
- 11 f"lll 1 arlil'!
),'llli;: L(l~'
,n lz ?
- r.Mrnlz '? Ah ! oui, le jeune liœnme. Il ne faut
plus ;;nngPI' à lui, not,ls trouverons ailleurs mieux
que llii.
- n m 'aime.
Et. vous?
l\loi ans.;;[ je sent.ais que je potllTSÏl.."I l'a:i:rner.
- IJ n'y faut plus penser.
- Pourquoi?
- P a.rce qu'il Im.lt, fuir, au ploo vit.e. Qui sart
où s.era. Lo rentz demain?
Swarga ne comprenait. pas, ne bougea.it pas.
Ellr regaron it son tuleU:I' d'un air .\bahi.
- Celui-ci se décida alors à donner qurlques explication.s.
Pt.
Ln g'llerre aJll>L (> rI'! <lOclarf-r p, Y;'P )'1 Prl~e
l'Autrirhr Le chevllllc r et Sw r!$a courmen t les
~Iu:'
g.:1I1rls dnllgc'n' i"ils 1111\")), l~
I,n,<.: quitlk
yienn, .tvont la lléc::1J'H.tjon de gllf'l'T", 'Pol1 rquoi ?
SWli l ri':l !le le e,Hllfl rJl ]laf;, 11;lle cl'uL que c'était la
l".lalilR ·'c PrllR,-it'n. un e1H'vf1iie'l' qlli lui f!li.'><1il cou"lr tir;: péril", ~lw;
T<. arl S1rl'n 1(>1' avail d'autres
1Tl9lifs <lt' ,c l·uil.lr, Ir_~
motif.", sp.rrr:l,q qu'il ne voulait pos fl'.tl'c cnnnaltre à Ra pnpillr. JI avait servi
d'wpi?1l à ln. I )ru,~s
et, avait.. eommis pJ1L'3 d'UllC
perfIclie depu]R qU'II ét.alt il VlCnnp. Or, e s pm'fi dies ruilaient être cJ.r.voiléef\, et malh t Ilr fin chevalier el à Swarga s'ih, n'avai<ffit pas quitté "Autriche avant la révélation 1
Le danger éltlit si pres Ilnt ponr le ooevRlier qu'il
en était LouL tremblant .. C'élall une question d'heurB\!. La nouvelle de la dt'cl{\.T'(lLioo allait bientM
conTIr Lous les t1ls télégrnphi r]l16S de l'empr ~
alltrichien. Il fallait, avant qu'elle arrivât à Vienne.
être partis, Il t.out prix.
- Je vous en pne, SW(1rga, dit le cru vaJ~r,
le·
V6Z-VOUS 1... 1 vez~ous
ail pl\~
vi : il f nt qu·'ltvnnt lIne hf"ure, nOlis ayons qnif,té Vi nne. 1a ta I(
Vit être e "nSp6I'l'Cl on tl'e 100 Pr\l M\4tn6. On ve.
nOUIIl jeLer <les picrre.1, nou" mlH"'ltC.rer
sI,
-
1"Uf)8.
Km StrpnDP.r
Ln u-rreur peinte lur I~ v1 age d~
commençll à faire imprt'>IIRioo ur SWflr~_
Gélat
donl' "MIeux? R.lle se du 611 !lUI' son lit
JI' vuis m'ha,biller, it-elle.
1.1' chf'vnlier ROJ't'! rlp 18 etlRmlYrr P >ln r"-nte dl
ren.uer d s maU,
!-I
ralisu, euvrir d~
tiro'r ,
pl' l'Ire] l.I'II11 fllllll' la fuit '. P.' t'I/ln l" tf\Jtll
S.WU rgi\ , pM'. a!l~,.i
polir 111 p,.,ur, 'JlIllll lloit prk::
pl tif I! nt, Il n <lt 11 que t rnpPl. r.J>n ln '\. arr'.
VII i r 1 11 \11 glll'I·, th
I!J~)1lp"t'
fMtJ\ l M hl.: \
ru;;. On s'll.rrtlchaU lM 10llrn IIX.
- C'.~
III gl~n'6
1 dit K&1'1 Str nl'or. J-o nfl
m'l\tJIÎ<; pn trompé.
JI IllI ntn prt'>dpit llllment 11 \ 'li on, antm n nt
S\\HI' 'll [orL impn'ssioI1LlOe . .Jll'fIqll
~(lo
1
�Ql
10
chevalier rœt1a. à Eerlin avec sa P\ifli1.le, puis, il
1'emwena vCJYagi>.r e1l Halie et àdS le Midi de 1.
France. Ji se promenait so.nIJ mission oflci~
ni
l:Iflcrèts ilttcmdamt s os d'Out.e Ii~
oo-dree ; puifl, un
Jour, comme fI se trouvait il Monaco, un& dépêche
l'avaii appelé à Parie.
Er. f".~ilC!
~usi
dèt; Ih'énements gruvea se pl"éparien~.
Le chevalier, mis ·lans la confidence par
son mattre, M. de BÎilmal'ci:., avait été chargé d.e
BU rveLllpr les a.rmementê f[·VJ<:dl~,
de fail·e I!lDn
rapport dét.a.itllé sur ~ f.o rce réelle de l'ar!llée, sur
"e::l l'es -ou rœs., eL c utailt. pour s-e lIvrer a ce tea.vai! d'eS'pionl'lage qu 'il nuait. Q. Pari. La p'ré~l:()e
de Swarga près de lui P4Vlt'ls.lt BU lâche plus fa.cile,
oo.r eUe déLournait les oWUpÇilllB. On re~dait
et
on admirait. Swarat\. et on ne faiubt j)"':1 aL~r1io.
li. son. tuteur, un banbomme ÏJIsigni1lant, à la phy~
sionom.ie ~ielnt
et cpl'on Be ~ogeaiL
q~'.
belë~r.
Swarga avait été \,oute ~elH·us
de v.enn:. à Pan•.
Deopui.s longtemps Pans llil 8.P'li:,
· ~ ...~iI
eom:rnt<
lm éblouissant mirage. C'~t
.ait
là qu'éw.lent tou.te
gloire et toute fortune .. A Paris ~aut-Mre
Iro,?vctait-elle ce qu'elle révrut, lm g~ntilum.e
qu eUe
'!timerait el qui J'aimerait IlliS& ]'lour lm d0.nn&f'
jon nom et l'a.rracher à. Gette c~r:
de sfJII'V1:tude
qu'elle subissait.
Son e~
.;~
en mettant les piedll dans Parie, éboit
plein de ,,,' songeries. Elle avait f.aiL part de ces
rêves al Ll6valier, et celui-ci l'avait écoutée en souriant.
- Peut-être, avait-il dit, peul-être. ~
.PariJtiens,
~i
&e croienl trè-s forts., sont as~
narra.
J:J Bcmnaissait Paris. lui, l'ayant habité autrefois,
Ilot ('f)mme il 'lvaii b<a..som , d'ètre '\lB peu lainé à luimeme, Il avait loué, dès &On a.rrivée, une voiture
:de remise, une victoria tri8 élégante pour pcom.
.!ler Swarga.
- Vous pouvez Illler BenIe au 80is, dans Totnt
voilure lui avait-H dit, vous raire promef1er à travers P~ris
mais vous ng pourriez pas sortir seule
li piN. Vo~
êtes U'{)P j<ilie, et TOUll serier. trop r~
marquée.
Et c'est ainsi que, q\lelqlle.c; jours après eon arrivée à Paris, le premier étourdissement du voya.'!f'
passé le temps de se raire raire quplqlle toilc t'
&éga~
te, nous avo.ru; vu Swargo. faitlant le klul' du
lac dan SB. victol'in, belle comme une reine, fly>llnt
déjà dans sa tenue ~L dans 6~
milre la wà.ce ~t
l'élégance d'une vén~.ble
Panslcnne. Elle av,lIb
Mé !(}rt remru·q1\éc qunnd le to J" du la-c étai.t en.coro
sm nné d'équipages, mais personne n'avaiL été
frappé corrlOle René de sa beauté, de l'éclat bLra.n~
de ses cheveux, de son teint et de ses yeux.
SWRl'grt, de ~on
rt.lé, avait b"8UCOUP r mlifqu.
le jpune homm qui Illi aVRit plu l)ftr le charme qlJl
&ernlJlllit 5(' dégl ger ct toute sa per. onne, par la.
gl"à
~:H'b1p
0" M phy ionomie qui d~notA1
1
g('ntllhomrnC' oe race. Aussi aU ndnil-elle aver uue
exir·ème impalience, ~vc
une fMlriliLé pre6<)u' maIoaùivf' fJut' le ch valll'f remon lAt pour lUi ptl.rler
du jpl1nf' homme, Ini npr~dl'e
queHoe qlltl-shona
il avnil pos{>('s HU gf"rant et voir ainsi (Ju lie émotion ln vue de SW8.rgli. avait produite en lui. Ma~
Karl Slre1n~
ne pl\ralMlCllt pas, et SW.(II'go., qui le
aavn.it hl vlml. p TJso.it qu'il s'attarda.it à. dei! rien..,
avpr l'il1ll'rpl'l Le.
Karl ~tl'enDr,
en etrot, , (,tait f.it l'user" l'h6·
tel COllllIl{' TIf' t!>tJ.chrmt ]laS Ul mot de franço.l., bi ft
qu'lJ le pRrllÜ t\ !lez COlll'alYlm nl, m~ré
son t4N'rible Qc('('nL Ml\i!IJ pour le personnel de l'hOlal\ Il
De savait ql~
J'ail mand et on 6tait oblig6 d'avol.!'
rer.OI.lJ'8 ft l'inlr'1)11"èl.e p01ur oonVCTBer aveo lut
Donc Swarg fré.mie it d'implltience. Son œil
clair &vafl cie" renl'
verte qui d notaient une vo-10nl.6 crurll!1. in n'lIl hlf'. On flenlait qne F>wnrga
~ra.lt
tE.'rri I~.e
qr no la p8&tlioft ohl'1. Ur Ile·
r.att et'l jeu. EI~
/'Wilt do M'! fOOlmt'fl en Ll/!ree, ~101111':\, qui ((>1"11 ent A8.lI1h.'r 1. Illon
pOUl' salIs
I&ire UlI. C&pri~,
qui n'a.dmei\..ent pas qu'on leur
La Nuit Rouge
~
résiste et qui voudraient soumoottre môme la destinée. L" chevalier la cmnais:mit bien, aussi n.e
fut-il }!litS élollné de ['éLut l'~giu
tion danlS lef.{lJel
il la l.l'ouva quand il remon t.a prè,; d'elLe..
- Jo croytt.i.5, fit-ell e les df'nl.<~
serrées, ne f'luoS
vous revoir. Vous savez pou.rtant que je suis
anxi euse, quel inlér~.
11 eul uu rican';lI,cnL
, - Ah ! ne riez pM ainsi, vous m'ex:ùSpé rez.
« Vous vous cruyez spiritl cl, pent-être, avec
votre fa ce d'Allemand, bonn e à giLlel', VDS yeux de
}&()i.soon. m 0 ri.
- Swarga! tU le' chevalier v~é.
- 1>.1on.is parlez donc! fit la jem.ne femme e1l frappant du pied avec fureur.
ft Cest bien moi CfU'il a demand.oo, l1'8at~e
pap or
Il s'est infdrmé de ma POs.itioLl, de lifta fortune?
- Parfaitement.
- lil qu'a-t-on répondu '1'
- J 'allais vous le dire, mais. sapristi! Vous allez" vous allez 1 Si ce ger:tilhom.me., que vpus av~z
vu ce wi.r pour 1& prelmère MUS, v:ous \.i.ent déjà
taJat au cœur...
-
moi ,
Il ne
s'agit pas
de OfNa. Qu'a-t.-oli
ébt. de
Ce qu'on savait.. , que vous. êtes charmante.
Imbé cile r
« Je ne vous demande pas de complimenta, mais
dei renseignementl!l.
- E·h bien, voilà, dit le cheva.lier, un peu 6toocd1.
On a ré[}Ondu ce qu'on 5!lVait, que voU#' Hes. !1lrIl.J:?gère, que VOIl.s vous nommez Swarga, que Je SUlS
votre t.uteur.
- Et après ... apr~
T
.
- Après... V{)ilà tout. On Re poUVlUt p3.8 dire
&lll.re chose, pllisqu'Oll ne .ait pas autre chose de .
-
liOUS.
-
Et lui ?
- n (l'est
retiré.
Il n'a pas fait connattre san. nom '1' IL n'a pas
d~t.
T
•
- Rien ... mais le géra.nt l'a recotlllu.
(( C'est le prince d'Argyll !
- Le princo? un pl'ince?
- Oui grande [ami11e. J'on ai cn~à\l
parler.
Sap~rbe
'cl1:'lll>:1U en T,0ITuine; gr nll' forlmlC'.
,
SWi.lrga l'épét.a., toute rêveuse, les yelix ~{'dus
dlll1s une é.bfouissnnl l'êvel'Îe:
- L [}Tin<.:c d'Ar-;Io,'Yll !
C'6,J.aieat see songea ambitieux qui p>-rell1l.Ïeot
corps. i-)'il pouwlib l'aimer !
S'il pO\lvnil l'aimer 1
EIIJ.e munnlJI'H :
- }ùt if n'';1 pU.J dit fJu'il revicnd.~t
.,
- 11 ne pouvait dire c la... mrus Vfl;US le reV'orrez.
.
SWl1rSll1 eut un tr~5
..iJIement de jOie lm.l..sque.
- J 1e r v l,'ai T
..
- SOrrmNlIl.
.
- Et f)ui voue [e 1ai4 croIrO'
- Ron émotion.
- Il était ému?
- Si 6mu que le g~rant
l'a rem.qt1~
1 ré-péls. Swarga, ~'il
p uvait m'~\&
1
_ Oui dit le cht'lvulier, 08 n Sl"..rn.it peuil.-Mre
-
_ Ah
pu un 'malvni~e
-
Et b au 1
a.rfll.iro. U eet Jeune.
Le prinC6 Charmant l' At l'AllemaAd nec ua
.
ne rbponcüt pa.
JW.e l'èV4it.
-
sroe
rir!'!.
SWCl.!'gn
III
Ple'l1é s'éff1i1 inAII.nllé avec 6ne nmls A une po ne
du côll'lJro restaurant dl) la rue de Ma;ri.vaux... n Hait pOue grave, plu p~
....
tnbl ~
�~
n'e~t
La lVuit .Rouge =~
~
voulu te lt!.Ï5sm- v{')lr. Le souvenir de 1'8. belle
le poursuivaü. Je.mais 102. vue d'une
femme :u'avruit Officore fait SUl' lui une telle impress1J()R. Elait-oe l'el'fel du deoor au milieu duquel
Swarga lui Mail a.pparue ?
EtaiIt-ce à cause de la bea.uté vraime11lt remar q1.1,a ble, vra.iment oci.ginaJe de 18 jeune fe·rnrrut?
On avail mis le couverl devant eux, servi le horsd(œuvre! le potage. Il ne 50ngefüt pas à manger.
Soo amis étaient obligé-s de le lü'er en riant de
l'espèce de somnambulisme dans lequel il sembJ.a~t
plongé. Ils ne se privaient pM de le pwsant.er,
mais René re~wt
in-IH'Jnsible à loutl.es l~
rni1leriM.
Il était pris, bien pris. Et pourtant que p oU'n Lit-il
mcoill1ue
=
a'll.b'a ~jtm
vint se présenter il seil yeux, celle du
piI'lUCe d A,rgyn, son meilleur ami. Son plus fi~
compagnon d'armes, car le prince avait ' été soldait
au~si
et Mariu.5 da Kerhapsen lu~
av,a it un jour,
dans um.e e501.l'rmou.ch€, sauvé la VH..... Il ne reVOirNut pÙ1UIS l~ prince. Mai s peul-éLI'e le pl'incc é1.nit-il
mort tHIS:;1. Il ne l'avait p~
vu pendan' le comoot
ei. cetLe 19M~a.nce
du sort de snn ami 1;l ait p011l"
lw ':IR 81i1 ppJj.ce de ~lus.
Le prince ,'tail mruri.é
aU!!6J... Le prince 8JH1.J.l un fils ... S'il ~
iL '':'1.1'0 s.é·
paré d'eux comme lu;. Cru0lle hose fi"'" ''1 ",:li'l:,rl' f
Tou l à cOlllp, pendOJllt qu'il son ~cail
!lin, i, se
croyant p.e1"(}u, il lui sembla en Lend/'e dans l'herbe
sèche, .al'ide, &Ur mqu Ile il était tombé un [rélllÏssemenr., cooorme um. bruit de quelqu'un qui s'avanespérer?
Si c'était qu~e
femme galante tratnMlt son cerElit avec pr6cRut.ion.
Il dre.s.ea la ~be.
li vi t sU,r 1a brousse gl'islÎ.tI'!:'·
ennui b. trllvers le mOlldB, !!IIlJe ne m-éritait pu
qu'il pensât ainai à eJJe. Si c'éLa.it une ho.nnète qu'&lainl.i.err.t 100 étoiles und omhl'c sc mouvoir,
une ombre !fui allait et venait, se bnissan t, se ['efemme, qu'il ne pou r r ait obtenir qu'en l'époul aai,
lev.à.ll, r'Ol1lnw si elle chercnait parmi les cH(k1l'res·
il se cr@ait une série d'ennuis, c&r jarna.ie son pè~,
le ru,rj,av.re d'un ami, ou peul-iHre L'nCMe était-ce
"fui avajl sur lui des projets, ne donnerait soo
un de ces chiens pillardu Il li suicoos-entement il une union avec cette étran~èe
in- q.ue-lque l~deur,
venl les ch>omps de butaille po m' dépon:ll.cl' les
suffisamment connue, v-enue on ne I!ava:tt d'où.
peut-être liée à un aventurier, qni était peu,t-être morts. Il fit yn effwt et dit:
- A moi! A mœ! Je meurs!
elle-même une aventurière chenhant fortune.
L'ombre l'entendii, S'uppil'ochn, eut un ~i!fsaut;.
René, nous l'avoDi"J dit, venait d'atteindre sa
vmgl.-c.inquième année. Elevé jusqu'À l'~ge
de seize brus-fjuc en le voyant et mu rm ura :
1 c'e~t
toi, tu n'es pas mon 1
- l~nf
ans près de son père, au chll.teau d'ArgyJl, duos
- D'Argyll!
les Vosges, il était venu à Paris, sortant des leçons
- Eh o'lLi. ! c'est m{)~
moi qui te cherche J-epuit:)
do son preceptf'ur, pour terminer ses études clans
un cûl1ège de jésuites. Il en était sorti il. près de I~l. fin de ln I>ataille ! Dieu soit loué! Tu cs vivant l
" Til cs bl esso ? Gravement?
vingt-deux ans, I\f-rè! avoir remporté de brillants
- Je crois bien que j'ai mon a/Taire. Dis-ffiQi.
succès, puis il a vfl.it véou e.u qua rCier Latill près
avant t,out, &Gmmes--nous va.inqul'ul'S .
de Irai. ans, faisant son droit .. Il 6laj~
p8.&sé cie- , ur totlte la ligne. Les Arabes ont abandonné '
puis un an seulement l'nU' 1.1'. t'Ive drOite, n'/l.yant
toutes Jœurs positions.
plus d'inscriptions à pr!'nc1re, ~ menant la vie de
cria le blrR~é.
- Vive la P'rMc~!
tO[llS les jeunes gens élégante et riches. Aucune
Le prince s'était p&nché vers lui.
pf-lS5ion 5ériE'us~
ne l'avait troublé encore. A peine
- VovnD.S. dit-il, qll'e5t-<;e que tu as?
l]ue1ques amour~t.le6
ébauchées aux euvi.ron,s de
Tu
peux pas te lever?
la rue aint-Jacques et de la rue Cuja,[l el depuis
~
J'ai la jarnbiJ arîsée !
loncrtemp.s oubliéeR. D'ail e'urs la vie de René som- Dia.ble!
biaJ.1. toule tracée déjà. Son père av,ail des vues sur
- Et j'ai une flOil 1
lui, av.ait déjà projeté pour lni ~Il
mariage auquel.
à t.ou~
- Tien!', boÎ1S. J'ai a.pporLé une ~()urde
il Len.an bpl\ucou.p. Il lui tlvait dit
- VI\. ·b. Paris, a.Tnnse-loi un peu, puit; tu nO'US has.nrd, c'est un soldal qui y a pen!'é ... i h ! no
te croyions bien fichu l Mon . p lHlV !'P Vi"I)" 1 Ct'llllllti
reviendras pour épo !!'Ifr ta cousine.
je s~i!
l1eurp;ux de t'avoir t!'ouvé le pr'('!riÏC'r! ::: ·.'L
Cetle cous ine, nommée Jeanne de lCf'lrhauSleO,
qu@ je ne Suts pas s€ul à te cher'cher. Je VI i' "1)01'René l'I1V'li\. V11l" qn::mcl ('Ile Ottlil .tnnl!" }Y'titr. ~Jle
••
promettait d'êlre jolie, mais avaIt-elle tenu cette 1er los nn Lres.
Le prince donna un viol ent C()l]r h' if' '. .:
promesse? 11 l'i gnorait. Son pèl'P n,<"lpTld::d qn'elle
1'1l1'l ré\eiller les écJ:ios de la nuit, t"l bil il'"t npi'l!'
élait ravissnnte r<:ll", hehil11it l'! ]:.;;[1'" )j'ès cie son
vieoux ,nèrr. Mar'il1!'l-A ndl'l' 01' J l'rI, 'lI 'n l, fil~,
d'un on entrnclit duns plusieurs direcLions dill:it1IÜe5
des pa. prél'ipilés.
gén6ra.l du. rrN'Dier empire, qui ~ 't~!nil
f'n~tgé
luir.e prinrt· d'Argyll, plus jeun<> (lue Rn!l nnlÎ,
mêmr II. ~!z'
an!'. :1.11 III Im!,))1 (1 l n Ill!';i"f, avnil
n'('ltl:' (qr nI' aIl(· li ulpnanl-collllwl. Il t·1 l, lu,
fni! (l~!
prnd'i'''!-I d{' VI\II'III' '111i Iii aV",üent valu
• hé u ]'(1.lt·n1HJor du général ,'unITlrln(' nl J.
après la campagne ses prr.mièrs gn.lllns.
iOlI dlllli rcl.::imt pHl'lÎe le colonel de
-h 1
11 !-j'Nail bntlll ('Tl. 1111.' PIlr[UIlI ir Ir! fo'l.In·~
il Ipri.. l'ahl\ndon <il' l' cIIJi-d i l)j'.,s
s'~tl.iL
lJ~ ttue, en /\f,'(III' ~'Il
où il aVAit Hf' du\ .\iL
il l'Lait ]l1I'li El :;,t redwf'( he /IV 'l' fi 'rl<, •
fail colnnt'l, ct il ~'üLit
l'~se
\lll }lHI,. ,0 Ir mort SIII'
d~J
" lm:' lui po!'tr!' s\,>('OIII': ,,'il',
111
,
.Le champ do b;J!allle, I:l'Ihl \ cl hlf"s Il'f'H, ln jumbo
ou poal' r:l.po~c'
30n corps ct r Ilst've.\lr .,'il
brisoo po,r la ('h~ltf
dl" f"()f1 dllr ",1. il ~·il'.
r'I'VI'i.!I('
1'1111 t
du long évan.ol1S$)~t
rlulHl lrqll 1 il t'll·ai t r ''' 1t"
Le
,1 hl" 1'; }i'IJI"li lit nppml hl~';.
Tml' IL\': ipn
plong6 cn plem nUll, s!lU'l liT! ('ipl l"ll hl· 11. ITilllf'
'. Il, ,n \If' SlU'T)CIII' et de joie, voyant le 1:010d'éloil"s. Autour d l1ll, tflll 'flNllhll1t IIIO!'!. <'III"
{l
V!lIlX
e.t
(.lI'ns ...
rn;c;
llD. bl'lIit HP H'I'IJI, 1l11!1it. pllli
tlhHJldl .. ntll',
n., '11111.1('.
mOllv('menl. On lnvatl
un
Ir
c/'oyunl Illort.
li'
,IlUrr l Rit hr rrihlpl!lOlll. .{ 1 '~:,.
ôlyu'l t' l'!.
8 '!01 pl1til'B. Unl' soiF Etl'dC'l1l<:' bn)tllÎ[ t-la gOl'lt r .
Il ~n.I
Cl fi. B
{rmnw. II ('l'1it ni";" rlrrui!" 11/'l1X
n~
il jll'i,rtl" ... A !lI '111(',,, .1. ' 'le \
il t.w, If~lL".
Pub il [rrn il 1" yC'11 , s'ab!' 'Ionnn
ion\. JYlllr
~Ut'
ll11of'
incaphl~
ln /lll1rt v1n~
dl'
le
rlttre un
pr'f'l)!
J'l'au pit ,\
1I1111!VI'm<l>Ill. ..
'II
rér!'!' nnr pl'lin ll' ... Il nllnil pé/'ir là.
Il Il Illnii. pT't_lI dl' IlJi Ir C()T1~
déjà
ch" 'Il l. !l1111 1Il1r hl'l1l'l', 11111-"11'1' !Iv
aU"lsi froid que lui. TI ut ' ~Il.
chili!' ~ Ir
revernl.it llus
Sil f'rl~,
:-<1.
nu,.,
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11 éLr-t.il
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�La Nuit Rouge
colonel., ln jl"ie
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L e: f't'incp el!! ,;.::, .';' ,,,:! r.~l,gois!;t
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Le . najol' :lt! ~.c
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pUe:; .
Il sc p:.'nl'ilil. i1IL'··, '0 1',1:';, dl'l'Li, à la h àie ses
v~tenJc:;
pCl1i.ku:t '-1'
~.
l.rtnc:c, de pin . en plq;.
8n.~ieux,
suiyanJ. .p .' '·~.(!iL
~$,
I>Lb
( ~.) ait. J'U:II'
voix il pCll1e pd'Cf':- j~' .
"
.u ne va p~s.
Le ,.;llit'ut"':en re'", (' ' .., ::';-.(;.
- Ah ! 110j[1 rte ,:(,!'1: ,i ~-il
Cunlme ils l'ont arTung~,
les brutes! r/-; >·1 po~sible
de taillnder un
hOl!:me comflle ça. ,~ .. \ m'a Jlchu des Chinois parei .; :
- Mais vous n'eJ\J:*rez pas le sauver? h asarda
le lieulenantrcolonel.
- On ne s al t PfiA, riposta brus quement le major , On ne sai t j~,
a vec des carca sses comme
ça... car il a une carcasse solide m ent bAiie, le CQlonel, mais ce .,era un m iracle.
Il se Lourna ye ns les soldats EIui le r egarda ient
faire, attentifs, bou c.h" bée, très émus , presque
a ussi ému s que le prince.
- ,\11011:; vite, elit-il, de l'eau, des linges, des
épunge::i, ma trous se .
Pu[.s s'aùressan t au prince :
- C'est surtout la jambe qui m'inquiète, dit-il.
C( Il va falloir l.a couper.
L e prince devint pl us blanc que son ami.
- La couper ?
- I mpossible d'éviter ça. Elle est salement casree. L a gangrène s'y m ettrait.
- Ah ! le m a lheu reux! fi t M. d'Argy lL
" Si encore on était s Ûr de le sauver !
- C'est la seule chance!
Les soldats accouraient avec les objets de ma ndés
MlOlHlllt un auke chirurgien, des aides. En .un
clin ct·œil tout fut préparé pour l'opération . Le
prince. livide, hébété, senlait son cœur dfrfaillir,
Le colonel était t9ujou rs 5:1nS connaissance. Des
~
Mn i" il ::;'en aper cevra bien, fit M. d'Argyll.
'o n, pus touL de suite.
L C·pl"iUL;C avn,L soisi la main du blessé,
- Eh bien! fit-il en la pressant, no us vOlei hors
d'affaire.
Le colonel sembla s or tir de s on h ébétement.
- Où suis-je 't dem~tna
-til
?
- E n s ûreté , r épondit le prince .
- El ::;auvé, nous J'espérons , a jouta te major,
Que s'esL-il passé ?
- On le racontera ça, n e te fatigue pa:::
- 1\Iais pmu'qu oi s uis-j e CO tlch é ?
. - On s'est baltu... t u as été blessé.
- Ab 1 oui, je m e rappelie... ma fenml'.d... ma
fille.
- Je vais leur écrire que tu es hors de danger.
- C'est vrai 1 com me elles doivent êtr e inquiètes !
- Elles ne savent rien, heureu semt::nt ! .mais ne
pal
~le
plus. N'est-ce pas, major, qu'il ne faut pa s
qU'lI pa rle?
- L e moins possible, dit le chirur gien ,
- C'es t sing ulier, murmura le COIOll F.l, je sens
dans la jambe un engourdissem ent.
- Ce n'est rien ... n e bouge' p al> .. . il ne faut pas
Bouger.
- Pas du tout, fit le major de sa voix s évère , si
vous voul ez guérir, 'revoir votre femme ,
Puis s'adressant au pr ince :
- Vous feriez m ieux de le laisser reposer. Ça
Wl. bien, mainteùlMlt. Vous le r everrez quand il. se>ra plus solide, et vous pou rrez causer,
L e prince saisit la main du blessé, la s erra affeclueusem en t.
- Tu vois, mon uJltÏ, on me r envoie.
- Oui, oui, dit l e colon eL, il faut obéir, je veux
guérir, moi.
- Alors, dit le major brutalement, s i vons v oulez guérir, plus de gestes, pus un mot 1
Le blessé , docile, se rc'nfonça S011S ses draps ,
pendant q ue le prince s'éloigllUit rnn;ri,mlCnt.
-
odeurs de chlof'o,f01'11le montaient.
- S'il pouvail, dit le major, no pas .s e r éveiller.
Il aVilit coup': les jambes du pantalon , mi:; la
jambe du hlc".J' .... nu,
CeLLe. jambe ! ~ ';I
hideuse, déjà tuméfiée, presque l1OJrc.
- Il est grurLu .emps, tU le major.
- Combien y a-t-il de tem ps q u'il es t blessé ?
demanda l'au tre chirurgien,
- On ne sait pa..:;. Peut
- ~tre
dix ou douze h eures.
- Oui, dit l'homme, il est grand temps.
Et 101l!; les d Il ' SI'! mirent à ln be~ognc,
Enfin le rnembl'e détaché tomba.
AlOY's 'lO p·l.ssn nu pansement c]('s au ircs p illies,
011 de baTon6rn!lll!'e, dt' balles, coups de ~'Ibr(
endroits (Iéchiré lc
Drllp, qui dvtdent I"n pluf'icr~
cor'[lS du p'lllvr'e roIr'lleJ. Cr.s blt.· lJr~
étaienL grn
ves, l.('~
chil'Irgpn~
ne a'cn InqlÏ>~tuic
l [lus.
.1. d'I\r:svll, à l'aV8'1C , suhis ni! tonles les an
goJ.o rs <]111 n.ll.1i nL Mrhirrr l'o.mc de son Ami. Cepondf Ill, c'I ni· 'i ne donnaii pus signe de vie.
TOlll à coup, un des ch irurgiells, prnrl16 su r le
m du colo nel , tlL \ln rnouvement bI'USCl\lC eL releva
la télr d'li n air' (mpru nl de sn ~ i! l actiOl~
.
- Entln 1 dit·il.
pIince.
- Il vit , dl'm nd ~!
- ,l'ai vu bntlr' ANI pnn it>r s .
Il e t .SII.lJ\'i!. (Ih If' f)J jor.
Un uU1l 1r pr 1 l' Il'''tait écllllppé de ln poitrine
1 Ijl ill P, 'llli 8' ~
l'Or/III. dll lit et fU" tl'Ouva tou L
pl ù dl'. (HI allll, (!
tIC! ro!tlj,('i ouvrit II"EI yN1X.
Le J IlJf)~
tG P' 11ft l'orelll du Jll'inc('.
- 1 (' (Ill Jlt
1 tuut cie 6uite qu'oll hli a fai L
'c mpllttllilln de
jambe, c 1 llli dOllw' l'ait un
-:oup.
IV
On a vu quel1e amitié, faite cle servi(;l!s rendus,
de périls courus en commun, nnissa i ' le prin ce
d'Argyll ci Ma!'i us de Kerhausen, pè!' dl") J eann e ...
L e colonel , pnvé de sa jamhe) avait 616 m is il la
r elraite après avoir reçu la cr oix c1'orode l' cie la
L égion d'honneur et était rontr(' e n France près de
s.u fer:nmc et de sa fille, penda1lt quI'. ]e prince conLl Il\lO.lt à guerroyer en Afric]1 1 . PlJl S , des ulInées
étnil mors'éLaient écoulées:.. 1m de f('rh\l1~en
te .. , Le colonel étuit n'slé SPLIl IIvrr ,a fille, comme
le jl.rinc~
uvee son fils, CCII' 10 pT'illCC:-l.,e d'Argyll
aVHlt sUlvi de p' G duns la tombe la mère de
Jeanne.
. L pnn " pO/'VCllll au gJ'~cl
de gént"rnl de divi·
SIOn, avnit r]('mIlTlcJé S/1 .ltl1se fi ln t'l'Imite pour
Cause ùe sunt..., '01' il (-lml drvrnd t('(\cl raihle el la
cheval le fnligllait !lI'U,lI"fllt]1 .... 11.{ott,il Vellll sc fixcr
au châteflu d'i\/'Fryll, tl 1I11e c1lzullle rie lieues env i·
l'on du chàt onu d' ''l'/'llflllSCIl, en Alsu.e(" O~l
vivail
so n vieil o IIlL .. ].('8111'11: I1nr'If'IIR r.(lI11!lognons d'nr·
me..'1 se vOylie~[.
le pltlil SOtlv"lllqu'ils ], pouvaient,
m is p fnlI/ul l'C)JlIpLf'J" Ilvrr' IP'UI', ,·llli de sun l.6, très
p/'/"CUlI'(' il. tOllti J.ns (ICII', l't (JIll l()s ('P ·l p~cl1nit
de
supporter If':; full"IICS d'llll vOyll"c dilfJcilc III il
n'y nvuil l\u(,I~e
lig' l! dl' (Ill Il ip 'l' frr r,,1Inl11. les
dellx 1,IlY,"" eL il rlJ(~1
rUIl'!' 1(' LIll) L d l1\S li FJ voilure.:! de loungr, Il prlllC' llP "(lulllni 'IHIl fair' fuir0
ses ch YOUX ulle lUi 1 si longuc rout .
Jel nne gr(lnùi :Hit, Il' cnail tl'è jolie ... Son p('}ro
ne voulant pas lu quillnl', tlvuit Plis e\llprès do lui
�La Nuit Rouge
~
une. gouvernante pour l'élever, mais I~ véritable
éducation de la jeune fil1e était faite par lui, qui
m ettait dans l'Ilme de l'enfant l'amour dc son pay>;,
de la patrie française, à qui il a vait donné le meilleur de son sang. Il lui parlait souven t des guerres
de .l'invasion au x([u ellesil avait assisté et où il
avait con;
~ mencé
à se distinguer, et il lui disa it :
- Tout vi€l>J.x et tout innrme que je suis, si l'ennemi revenait eo Francè, je reprendrais les armes
et mettrais en état de défense notre maison qui
commande un défilé presque impraticable...
En effet, le châ1.eau de K erhaus en, situé sur un
rocher élevé, commandait un passage élroit, enserré entre deux blOCS .je 1'0CIlers form a nt deux collin es assez él ev ées où poidaient . qu elques pins
maigres. C'ét a it une Ilncicl. lI e con s truction. :::.;,,,ez
solidement hùtie , ct, cIui , la: s de la dem ièt'e invasion, avait ét é so1ideu",n t ù6;e nùue et n'avait pu
être prise par l'enne mi qu'a u Jl rix de gran ds sucrifices.
Jeanne gr andissait an m i!i':'11 de cc>; rl\' ils patriotiques et e n v{)yan t son pè:'e gloriell sem ent mutilé
et qui l1 ti , fa isait .laH'~1;
Cillèl1(:l L 'I,Jr.,IDC pla lt~,
très fi er a aVOJ r so ullert pour s' Ji l'u/ s, elle se f~lsait 'une haute idée de c e qu' était lu patrie et des sacrifices qu'on ·devoit faire pour ell e. Le p rince cl'Argyll ad{)r.ait J eanne et, se I,JiSS,lll t cntrnlner p'lI' ses
ardeurs patrioliqlJ es, il IC 'IC::lait en(housiaslilé de
chez son ûmi et d i.;nit à sl)n fU s :
- Voilà, René, 1:1 femme qu'il te faut. De la
beaut é, de l'in s trncLi'j n, de l'intelligrnr e.
Et le jeune hom m e, d0(·jJ e. n'ayant en tête 8ücun e autre prussIon., répondùH:
l1 emcn
t, mon père, sI
- J e n'y vois pas d "~ lJ )pèc
nous nous aimoill3 et si tel c~ t "o tre plaisir.
L es d~lx
jeunes gen s , l'h aclm j e son côté. avaient
véou et grandi dans celte idé<?- qu'ils seraient u n
jour mari et femme, ct j lSQll'à la mort du colonel
de Kerh au sen, surv enu e a u milieu d'un ,hive:r tres
rude, où l'Alsace a vait vu ses arbres brisés par
les frimrus, ses v aJ16e s déva..stées par les dégels, JUi&qu'à celLe époque , disons-nous, les deux ancieill3
compagnons d'armes n'avaient pas eu (l'autre sujet
de conversaLion que l'établissement tutur de leurs
eBfants.
René, nous l'avons vu, était venu à Paris avec
l'idée arrêtée de rentrer bientôt dans son pays pour
épouser sa cousine, car les deux enfants avaient
pris .1'habitude, étant tout peti l,s, de se traiter de
oousm et de cousine, bien qu'iL ne fnssent pas
parents. S'aimaient-ils ? Ils n e le sava ient pas
eux-rnêmrs.
La derniè~
fois qu'ils s'étai ent vus , ils étaient
en~or
e trop Je unes , Jeanne s urtout, pour pen s er à
s'mmcr el. .à se le dire. Mais J ea nne avait paru à
René devOJ,r devonir Lrés joli e, et n <:nl~
avai t lai s- /
sé, à s.on JIIS lI., ùuns l'esprit de .J ennn e, unc très
bonne un press IOn .
d ellx jeunes
Voilà où e n éLait l'élut d'ê,m e d c~
g r n s qnand n~l
: était pnrli pour P ur'iS afin d'y
tc nrni ncl' ses éLtlLOS .
Il n'avait pli!> lo ut Il. (uil ouhlié , h ~l n c e t les
proj('(.s <Ir w-:î père, ~l1 n i s il y ft' l ' il IH'\I. Le (WUv oni r ]1L' Ini co rcvl rll fl ll"lIl1:,"" Ilvnir nrll'f/:ll Uli
noi. de Bnlllog'lC la P olulIru ' ( t, ,'l'Il 1,\ he/luté
étl'Ufl ,,, l'a\',lit ~i filt'le rn f' ll L ·!tlpi' ..';Ior t!t'.
A l~bi
,'. alll !', qui le pl i'! '1il\l II I Ill' sen nif'
l'Ovrlll' l't llf'ilIlJ'JlI" tIt liNll l' o' d " t! 1:"1' Ill'
ce fI lÎ P 1
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13
et il p CIl;" li t, tout en mangeant machinalement, A
ql1 il1.cr PUl'is o.u plus vite et à aller se réfugier près
da s on pè re.
Maih el1l'cu sement, Hené n'eut pas ce courage.
Le len.uemain, au lieu de partir, il ne pensa plus,
au
~si
t Ol
après son réveil, qu'à rencontrer de no uveau S\varga, qu'à tenLer de se faire r emarquer
d 'elle, de lui parler.
J
René d'Argyll occupait, rue Boissy-d'Anglas, tout
prè
~' de la Madeleine, un élégant appartement dont
les fenêLres donnaient sur le boulevard Maleshenbes. Dè-s qu'il fut sauté à bas de son lit, il sonna.
son v alet de chambre. TI élait plus de dix heilles.
- Ouvrez, Honoré, dit le jeune homme.
Honoré obéit, et 1a lumière entra à flots d.allil
la cham 1:>re.
- Il fait bien beau, dit René
- Oui, monsieur, très beau.
- Vous irez me louer pour ce sa:: ème victlllria
il deux chevaux, très élégante, avec un bouquet il
la tête des cheva ux.
'
- Bian, monsieur ...
- EUe devra être ici il: cinq heures ou plutôt elle
viendr,a me prendre à cinq heures a u café de la
~&i:x.
Bien, monsiew'.
- Il n'est rien venu pour moi ce matin ?...
- Pa rd cm , mon~ieur
.. . deux lettres ... J e vais les
apporter à monsieur.
A la vue d'une des lettres, René avait tress ni11i ...
avait rec.onnu l'écriture de son père. Cet le leHN
11.11 ra.ppedfHt. le pays, Jeanne ... les pr om es 'es fûite~ ... Sn ffialU trembla en la déca d IC!.ant. Rien de
partiçulier. Le prince allait toujours 1l1:ssi bien qllG
son Age 101' son état de santé le perm ettaient. Il
.g'ennuyrut de ne pas voir son fils. Il avait reçu
u~e
19 ttre cie Mlle. de ~erhau.gn
.. . Jeanne se port.."lt bHUl. et pensait toujours ft eux ... En li SA nt ces
cl6tails, les trait!! de R ené s'étaient contract.és . Le
je une homme é~ait
devenu. un peu Nilc, un peu
fiévrtlux ... Il Ô!,alt sur le pomt de cr icr t'l. HOllnré :
- Ne s-orlell pas 1 ne louez pas de voiture !... Fai.tes ma v.aJ.ise 1 Je pars ce soir pour la Lorraine!
qn ne 8~it
<Il~e
ro~,.
quel m auvais génie le
retint... une Vl'SlOn, la VlSlOn de Swar<1a.
p voul.a.i.l revoir la jeune femme, ne fÛt-ce qu'une
fOlS, qUItte à ne. plu'S la revoir; il laissa partir
Honoré... et il cmq heures, les ch eveux ondulés
aux Lempes, la moustache dressée en CFOC, une fleur
fr alche à la boulonnii' l'e il se fit conduire dans
sa victoria vcrs le b ois de BOlll ogne.
l.e lcmJllS 5 '~t u iL maintenu superb e toute la journ~e,
Ilu-ssi l' ~\'enuf
drs Cham ps-EI:.·l-; "cs était-elle
SIllonnée QIl {iles d'.éqI Jipag!'s sc r c,ndant au bois
La survelllance de Hc né ·umml' nça ... Pas une V O l~
lurc .110 pas fi IJr" s de luj ~(.L !ls
qu'il y p lon ,rfci.\ t
a tLSellôl les l'cJfi I'(k Toni!, nnc ,. " ue de LOe s
ch 'tl'm ll'i/'. cl. (nille ft '''''i '.', ('m'!
'i t des C:lIl Qles, fL'ulnwS llu m onde ct demi-mowhines. nené' cn
(' (l. lll'tl·· .. ;t P iI-jl'lI'
r1 11 " ' , '1:1: . \ '<.;111 n 'l'l'I fa
lies ('(\g nrnô. Tt ch erc ha it Swal'ga . 8:1 voilm'c avait
lr,lven'l l, i,l:lel' dl. l'Elolic, ".1; lL (1
.~
(
S
-
P.
l' ~ \V
e n le
n e,!.!
li:
."I\':~l
e ,'11l,1 qll'!i [' LI rop' ,
m \lnd'nliTiI l" l'lU:' un lac, . ~
\:Illlf"'I:ldl'i(
L: -
'l'h t
[Ill ! .L-,.!I'(.1, VAUX s',i!J!'f"lIÎfl1 lit ,1 pirJlf.. t'nt, la
!tll' ul!l ère, ks ltil<;rlllJ. oll\o l'I s d' i mp ! CIl.'r
lor lll !lnl 11.011' d,'.,
l',
1Ill'
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'II 1 Il
cf
l'
AI'
ül:il
t·ry enl pt, .. '.,. 0'1
d, '111, {'Jui!,,,1
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Jllé pO'lI'I'ln" ft la
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Il' U;'1, ll ni n'l'hicn t pn' en \(Wu' à
l' fOl!)' l
IllljOI.L'd'hui, 011 ponr ]JO ( r
1 l'
o! lirf " Ir':\vPJ' 1 J, >i (
'1'1.
li. Ill., 11
\ lit h
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t'uel f: 10 "JO 'Ii li, III JlID t r, dl '
blondo, ù'. i l 'P 1 IIl'!' ri' l, In
moye.ll s do lu rUil', ÙL! • '( 1 l"lIL r d
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PI't" qu.} c lU\ tr i ", Il r 10
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~
La Nuit Rouge
=~
rlœt ~
feuilloo avaient &&jà les tcintes d'Ql'ange
de l'automne.
Puis 1ft voiLure débO'Ucha tont à coup, hors de
l'alJIée assombrie -sur la pente nll8 qui mène au
ohamp de cour:,cs.
- He oumc1, rut René au cocher.
- p ..!1" le j..,c 1
- Oui.
J
La 'Ioilul'e reprit Le ctlemiD q'U'e:1re avait déjà
-suivi. Le soleil s'en allait, J.a.i,ssant derrière lui dans
les nuages an renet 5ang1.a.nt. René sembla sortir
t:eut il OOlUp de sa. torpeur. C'ét.a.it à. cette place que
la veille cl avait vu la jeun.e femme, à cette heure
~'I:1e
la vision dorée B'ét~lÎ
dresoée àeva.o.t lui sur le
fond pOl1rpre du couohant.
D'un coup d'œil René embru~a
la rangée des
"\boilures et ne reconnut po..e .la vict.oria. lumi.n.euao
de Swarga.
Il cr:.a au coober :
- i'lentrez !
Et le cocher quitta le 144 pcrar 88
ravenue de nmpérat.rice.
c1i:r1Ser
nl'l
A l'.\rc <le Triomphe, Le coche" demanda à flâné
:il '': f' llai t le oonGllire.
-- Au café Ant;lais.
Dans le r e !~l1rnt
le jeb1ll.'\e homme xet.rouva Sef!
al".lis de la "el de ...
- Tiens. René 1 D'où viena-tu donc '1 On ne t'a
pas vu d'/lujourd'hui 1 Comm e tu dlnes tard.
- Tl 1'1 passé sa journée à La pouns-uHe de la belle
inoonnu , dit ruo des jeu.nes gens.
_ Pas pos-silJ1e : f>' l'autre.
R ené avait rou.Ji.
- Du Loul, du tout, bégllyà-t-il ..
- D'où viens-tu dOM à cet~
heure, boutonnière
fleurie? On ne t'a pas Vil tl.U cercle.
- D'où il vient 1... fit un des camarades. Vous
ne l'U\ï'Z dOllC r
vu des-cendre de voilure? Une
vicloria ~pjf'ndic
, deux chevaux et un coclJ.er je ne
vous dis que ça !
- Ces t vrai?
- Oui, je yiens du bnis, dit E\ené, gené.
- . la poul"::,uite <!.c 1::1. belle incon.nue ?..
1'0;11' 1tif. fi 001\ ner.
Et POUJ(lUUl n's-lu pa' ypnu
Pur('"l' qlir> n,li ~ t'uuri"ns g\né. El,
-
_
vue, ton inconnue y
nous prerl<l.re?
111 ne 1'8J! pas
-
J e n'(ti \ u Jwrsonne.
En en et, pl~q
l'clle n'y élKLil {>aS... J'4Î été
,.,1115 IICu n· IlX fI e loi. HI <R en{' cul lin dursnut. violont.
, - Tu l'as vue?
- Oui, rIJ Il (1 •
Pl~.
TrHllIl' l' " l'
1111 le jf'11TIC homme qui
~l;Q.it
rI' 'nll t.(J'
'/lI, toul 'r! " ltP!lnt.
- Tu VOi,l l'drf'1 qu [;1\ lUI !uil.
~l'
fi 'l,
Il i
Tl,IIl.,. VOU
t s. raus. Et où
one l'ovcz-\ 1 v J '?
_
TOIII. à Il ('Ul~
j"IC 11(' l:L ]>: ix ... glle florlaH
'110 Il ',1,'11 d Il;',, 'ii .. l 1
L lrè.5 grand
lus (/' II1d' q j ' nwi, 1 f III 1 l ila,' !
_ j'.l1!' H UlIt' j li, 1~ 'l,' '9 il! ",.ot'!.
_
l'II' tlllP' lTui lil'H ';iÏl dr\111; mw I>ftf'lj p, '"
<fUll!.'
tl. li
Il'.ïbililé...
d'l/Ih' 1 1"'.
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Hl' Ill' {'CLlIJI.t ., I"t'Jvi, (Il ffil
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&mlTll' loi.
1 c di
l'>'1
' ,QI'
r<leu,r'
ai,
-
~
Tu al1rois donné eber, hei.a, po.ur être à mil
pmce 1
-: Je ne sais pas, rép()ndit le prince. Peut-être
est-Il plus heuro\U IPOUl' m~i
ql.!l.e je fie raie }il-U::l
r.eyue.
v
�La
~
N'IUt ROi1.ge
sion si vive, qu'il cr ut (i[u'il aJJrait mourir , EUe ne
leva pns h.:..s ye ux. gUe ne parut pas le voLr, et
quand elle eu'!. d ispam, illSJtlmbla à René qu e toute
aumière :::' ,~li ignai t.
Mais il !, ',So, ÇI1vs b()ugel' de s a place ... Il n'09a
pas
sr,JlVl'e,..
) a,
Le
dl€' Vlll lt'l',
IOOrta!'J t
(]e.rrlèn
avait j,s.00 Lomber sm' 11e jeun" homme
dnn r egnr.<J qui ~ iG:lb'at
mo rt , mais qui fiL croire ~
'R-ené que son s ocret ét.uit p6nétré, devin t:. par cct.
.tomm e ... Il s'en trouva cc>rnfl1e ,gêne, mal il. l'aiS€.
9~d
le ch eval ier, a u s~ l' ti r d u r.-8s taurafl t, eut
,<eJOtln t Swa l'gn, rru 1 ll'llOJ1Chm L d elvan t lui, il 11alÎ dit
d '00 air lIriolllphan't :
'
- Eh bien '!
- C'es>i lui?
- VOIlS n e l'av f''l pa,s reconnu!
- Si, tou t d e !lil", ..
-- Vous voyez hi en q u'll vous aime.
- .le le c rois, mais quand 11 841ura.."
- Quoi. ?
~ w
al
:ga
,
- Ce qu e j e suis,
- Qu.i Je l ui a.ppl'endra 'L . Vous ètes off\cie.Re'1l.en:t ma pu pme. nia. r'iIèr,e, ('\i j.e ~ ' ui s, m oi, 16 aMVali.e.r ~ar
l Slren 11 er
IHI :>er ~ Qnuage.
.
On 1)600;
eJJer à l arnba.3-,'IlI lp lit! , ' :'\1";,;0 prendre des r~
gIleJ'!l-ents sur J1)(I i , . ,~ U " .nous, r.l r tont es mes pré~l
lion~
sont pl' _l',. . 11ft 't :Ü Hill! v~,u:
~tes
dit,
rn e
d un prmce... Il JI \' l ' " , , ' Id mOOallWleEl.
~
Ge!1t. q\l e j l' 'd'W,
,' l', dit Swargu. J.e
:Yeu.x ê tl'e sa le n r "' , .. l , '1 '.1 ' ,1,11 nom.
d~
n. ri" . .' .
'V OU6 OS!,;I'!'Z ,,' L
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ou trois joli!';; :1 IJ,U: ',t
j"moe f-en" e, les
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cetlle
, k,~n-
,"
le vuil, Swarga étai t oomplèd'Argyll, .sur 'U fOr
Iq up.s j ours pendant
enferm ée oh ez eHe
cheva lier, qui a'étal t
,'PI I "
,1 Il l! Il'1' Vosges
avait vi.silé le cM.leau.
j' \l'gyll ct étni l /·("Venu. &8.('hs.nt sur René lout
~e
(pil avait in t.~ ré~
à. connalll'e. La fortune 6tait
r.Gn,jl(:'H){~
[J I ,1(' prince d ' Argyll jou issll.Îl d ~ 1&
(OI I.,; t, du'<llJOIl gl' npl'a le. Haute situation, gra.ndet
1 ..1 lIOns.
Il0lli glt, /,IC tl X : tout ce qu'avait rèvé
.:;v-:<lI'g 'l.
lu!III'IJrp u , (' ment, id. y avait un point
IlOII'. [ ,'né ri \ l'~y!
MILlt comme fUl.n cé li. u.ne amie
d'(1'lfflIlCC, J ealillf' de l crhansen, gu 'il app -luit s&.
COl~S1>
",' lé pr. r r d ~ ,J,eanne comme l e pèr
di
Acné " étlllCIlI, l''l lir a tn:n dire, enga gés au nom de
kl1~':>
mir· Ill, .. , l lll'r(\ le jJl1nce av uJl juré à. son
mn1, iL fiOIl lit. de II wrl, Cdr l
père de Jeanne êt.a.it
\
"
l 11 1' ,
00
t e;l ' ,: 1'1 Il ' iglt(>,;, aur H,ené
,Il, " '.:IU' "Il JI lssé. Les q u
" '1 !(~L
t-',\ ur'nu éluit l'estée
,_',' [11, III l'k llliH il pro fit pur le
mo r l, (Ille "nn
qn r·
rutS
n'aurait jamaia d'lLutre lemme
,ICtl l1 l1('.
En \ppre/lIln l ce détail, Swarga/ enthousin.smée
par c qll'('Ill' vl'I1ni L d' ntendre oire de l'homme
qll'olle eOl1sirJ(. Y'll iL Mjll. comme son ~
ga é nit. dt" nul.' d' un e ptt! ur livide.
f!!ll p lÀ. Ii l!lltdll au c b e v alIe
~':
-
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,1 ('1\ 1\ ne, VOli S l'avez vue'
pas reve nu snns cela.
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iolif' ?
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T l'è"
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.. J e np il fJllll1rl c p
sa av ec ill qlulil' nre.
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cependant.
dit
de ()ldnpUm'~te,
do nt p
dM ~mlr'ptiJe.na,
je,
Vous m 'ugacez.
CP
UIIJ
VUUliz..VOUS q\W
S'war-
C'. ~
!lI'
nlé, f!,hl:rc
-
il
JI.1'!l.ii
remarquée "
pas çl.it
'V~HlIS-m
ètl\I.
.
~
vous J'avÏ,cl/: vu , -penàa.nt mon abse.Q\3e, rôder .!!O'l:JS
vos f ~ n êtres ' "j
- Sa ns dout.... mai.! il Ille pT'end .sens dOU'lle
pour un e fem me lé.gàre avec laquelle :il lui sel'a
fMile de pll.sser sou fola priee.
- J e 10 d ~t rompea
j,
moi.
- Jamais il ne songera à m'épouser.
- C'est ca que nous ve rrons, Ltüssez-ltwi faire 1
Et cl li le lendem ain, le chev aJ.i.er s'etait mIil al.
ce.mpa.ne.
A pemt: 16'Va, il était aùll.é fraIJ1P~
à !e. parle Ù
la chambre de SwarliflL
1.1 entra.
- Alt 1 c'œt VO'l.l.A 1
- C' 8IIt moi ... VOUIi avez pasj!é une b GlUle nuU 2'
- Je n'ai pM fermé l'œll.
!( J'ai pensé à ce que vous m 'a vez dit,
- Et. le r ooultat de ces pensées ?
- C'~
qlUi nous onl m ~s fous; 'flle. je s uis folle.
CI Jamais je ne sElY'ni prin<l08Se d' Argyi.
V OtIS Cf'oyel;?
-
te
role donnée.
Eh bien! ce n 'es L j amai s eet bomme qui laiason fils épollst'r l'aven l-urière qu'il verr a CD
nlOi, mo.l~I'é
ka meilleurs ren seign enH'ntil qu 'on
l'0urra llll uolltneJ'. J e n'ai pU'S de pareilts, pu
d'origine, pas de nom, Je ne sais même pu da.as
quel 'PL\'j>"<; jl> ~tli
née ...
- VOliS ele' ma pu'[)ille .. . la p1Jipille du l' h e ..... ·
lier 1<..11'1 Strell neJ', décuré de plusieurs ordr_
0ltre.n gers .. , fil le lt ~ ur en se ren~
() /' g(> e.nl
- Du. cheval ier Karl Strenm.er, aven tunee fi4\ll&
petrie, MniS fortune, espion A la solde de 1&
(~
yoUI
cHIe J
Pru~se
.
Lit ohen.lier devint pA.l& 00t't1l:Il6 la mor\..
_ E"pion, moi 'f bégaya-til, qui VOUI 1'4 dit'
_ Parwnn.e ... MaÎfJ Jl'~ke
pe.8 facüe à dniner
pour mot?
_ N'allez pas le dire 5~rto!l
, t 1... n'all ez pas ,le
laJ t1 ~r
devin t'l' b. ârne qOl VIVe, fit le chevali i'
aveo une sorw d'é-pouvan\.e.
_ CIlI n'dt pu Jl)()Jl in!.6rlJ\, dit Croidem
harga..
_ Mai qui I!- pu Y0Il3 .fah penMT? demanda
1. chevalier, qU I Ile revenaIt P Il do sa tu pell r ,
_ "fout, rr;pondil Swarga... vos oc.cupntJona
.yMmeU-'e6I, le. letLI'M g,ue voua rec t'VI'Z,
Ment flui TOUll orrive rtguhf)rement, - Bons que
VOUS ayez lies revenus, .. netre ruite pl'Ocipltl.-e de
Vi.nne 1. m()menL do Je. décla.raticn de 1 g~r
l' f ....
h n. vous en ai pu par~
encore, parce qUI c e l~
.'lnté.rNse pf'lu.. ,mals, 4epu:i18 1< ngtcmpi, jb
•• luis plus voLre dupe.
- POMiL>~,
déclara. le .eyalier, ~ &ers man
"U'-
"'1',
- VoLr'e
une l,lond e. ..
« f\ [ttll ili 'J dll:l /I ll e V'J\J!
.-
SWIW'-
lel c l'I te
J I nI' "el'ti~
dit q1!l 'n
l'ofI.VBZ - VOUS
f!.OC:L
"p:' hfl"ssa \es é.pau:e6.
111 11 1111" I. e Ù '.j}flfllll(1f!!
Il
VO\i S
- )le me
- J 'en snis convaincue maintenant... Même aL
de lui 1...
, le SùI Mait a ffolé d'amour, il y a l ~ père.
lB cD eIwrge... A vant
- Le père 1
;'> 0 VOU5 dire q u'il vou.s
- E h oui, .le prinf'e d ' ArgyH l'homme que VOUII
&~
vu, l'ancien militaire, rigide, fidèle à. Ill. pa-
ne serui tJ". · I.J\ l'li Jj!lt!,
- Pc i "I.jU li '1
- Il Y U "l L amour.. cette
"le 'lui l'n~
p ld,
!l a
m arquée.
- Qui
l' ' !)p : lw h f' l'
- Dieu 'ou::; \ 'lI!.rnclt'! I~·1t
y eu T ébl.IU ls.. .. El /1 1 ne, ml
L I'
fois encore, f1l Swarga avec
- J e trois que {l ~ te
un e 'Sorll! de dést'&poi.r, nos proj ets s{)nt bien pr.
de tOll ttc;{' à l'eau ,
- Non , si vous êtes babile.
" Si vous savez VOllS faire aim er.
-' :5 i l Illme ,!~j.{t
j 'nu IJ·' · 1
- D'it aimait l'aUtre, il ne vous auNlit ptYIS r&-
Tt-
par '1 'Toua
'~t"
m~'
1
., pas k'm.ei....
- Je suis Ail l'fil I.nd, et bl f) T1t~
• .-J'A lI (\J1\ glll! ne
tonnerl., ,s01l1 III pr o te~lOD
de la Pt'US e, qu'uae
Hui et m ~m
M Uon, 1& plue! grand t
- 011 VOil a • •nvoy~
el'l l"rance pour '1 exercer
ntr. mHirr?
n Dl 'a f'Tlvoy6
France ~
que d. . .
• ..a.JlU gTOTe. ,'y J)rhpareM,
.n
-
La ,u.erl'8 1 Ollcerl ,,"
�==============
16
~
(( Et vous voulez que c.Lans ces concliticms, moi,
votre protégée, moi, votre pupille, j6pouSie un
Fran çal.S, un patriotc?
- Qu'avez-vou" ü voir da ns Lout cela, vous ?...
Lme iemme, une jolie femme. On vous
Vous ê ~ es
aim e.
- Mab quand on 's aura qui vous êtes ...
- P ersonne ne le sau ra jamais... L e premier
Qevoir d'un espion est ct, ne pas se lai&ser soupçooner, de ne pas se brûle!', cornnne on dit en terme de métier.
e craignez donc rien à ce sujet.
VGulez-v~s
vous laiss er guider par moi, devenir
pinc
e~
d'Argyll ?
- Oh ! si je pouvais avoir c~t
espoir!
- F aites ce que je VallS dirai. Habillez-vous 1
- Nous allons sortir?
,,- Oui.
u Il va être dix heures. Un temps superBe. VOU"
ne voyaz pas le soleil qui inonde les TuileriC$" IJ
fait même ChSll<1. Ce sera déliei6ux,
- Et où allons-noWl?
- Le voir!
- Le prince?
- Oui.
- Vous .savez dOM'
- Habill ez-vo us, fit le oh~
MM vooloir àanner d'autre explication.
Il sortit de la chumb{'e et 8warp SBlUta à bas
de son lit. EUe COUrllt à le. f~tre.,
ouvrit les rideaUIX, pouSôU les pers~Il.u,
et W'I. flot de lumi ère et de 3elej] monda la cllsm,htoe, faisant étinceler la .'3plendeur de ses épaules mlGS, sortant des
alc:lciClmes de sa cbem!se ... t3ien que Cart mince
<je t<lille, Swarga étaiL Wns.&e, a~c
des bras r onds
d pleins eL des jambes e xqu'Î~.
La poitrine avait
des J'on<1eurs fermes de si&tue. C'étaiÏ.L vraiment
une ad l).'able créature.
Swul'",a s'habillait a vec une sorte Ele fièvre, bien
qu 'elle sc coiff' t '!.Vec un som t0l!lt rpurLicuIier. Elle
ne devinaiL ,)US ce que son tuteur voulait fnire, où
il vf')ulaH la mener, mais il lui ava.ü dit qu'elle le
verrait, et cela lui suffisait. 1!lHe YOldai~
~tre
Lrès
belle et comme si te sort e'àt été décidérnant pour
elle, Ile remarquait erue ce m&l.in-là son teint avait
un éclat tout particulier. Ses chGveux étaient souples et sc lai ssaien t manier comme elle le désirait. Il y avait ùans ses yeux une fl amme qui lo&Ull'
donnait une irradiation extraordin aire,
Quand elle fuL à peu près p~te,
elle appela le
r.:hevalier, et, se campant devant lui:
- Sui -je bien ain8i ?
- Vous êle6 divine, eh je donnerais mon Ome
pour être pour vous ee que j'ai ét.é ant refois.
-, \1on umlln i?
- Ou VOiT!' (Qari, CU je vous épouserais maintenbont.
Swurga fronça. les s~urcil
ct rou~it.
Une hont.e
l'avai t envahi
pensant il 1'1lbjl'rtlOn pn, c;{>c,
- VOlta m'avie~
juré, dit-ellc sèch cmclll, de ne
)amlUS lM rep 1'1&1' do ces cho
~os
.
- AUMi, dit 16 cIJevali .r, de 'nu humble, je n'cn
pari q
pour C 1 M, ,HUI ~pilr.
hl il b liS" les r IIpih fi d'lin wir /,( ignt\ pou/'
vit pas l éclair 'l'li e'étaiL allumé dans ses
qu'OIl
yet}.',
En dte~,
malgr~
80n air JétJ.ché, Je che 'Illier
n' v . 1 ~ tl".fJ é cr, irl\l'I' S III' ,(lU !Ill moin"' cl
• cl i c r, ('~
III ut! il 1
Y t, C I ' l ' ,
<16~il
hl , klnt Il, il se l',IPP 'ld!L 1(\ J '('
• }~.
ri Gl.lt{'er , t II et) Vt'IIr!ll qon l\nll' ponr pOli rl r
'eniVrer 0 cel! joi
qui 11li st:'tn·
b ' l C'lD
t
j r i Il 1 rdl "
- Ain il JH
(lI' 1\, 1111 P li cnlm61'
Ludo u
•
t nrl
TI on i i1
01
ouv 7. q l ' !llIi; j IIC co m tin"
- Tout p!u'llruli l'cnlClIl jolie,
l 0 Il l'ons '1
-
-
NOIl prOI
Où cl.\lu?
uer,
La Nuit
Rou~
~
- Un peu uu hasard. Vous ne connaissez pa.s e&<
core Paris, e t Paris esL superbe ce maLin .. ,
- En voilure?
- A pied,
- J'e vais mettre des bollines.
- Vous ferez bien.
Swarga allongea sur une chaise un petit J.)ied
d'une grâce extrême.
- J e vais vous 100 attache r s i vous le désirez
dit le chevalier <lont les yeux s'étaient l'omis à Ilam~
ber en voyant le bas de jambe radieux de la jeune
femm e.
- Ce n' est p.a.s de refus, j'ai mon corset je ne
puis pas me bai sser .
'
Le cheval.ier pr.it enLre ses gro.3ses mains qui tremblaient le pIed 1TlJgnon ùe la Pc!low.lise ct il la chaussa. Puis ils descendiTent t.0I;" l s rj"llX ct se diri.
~èrent
du cOté <le la Madeleine où René, comme nous
1 UW)l],S vu, les aperçut en ."ort,~
n: "cl1ez lui les
,suivit, le~
perdi t. d!e vuc, les relrouvn dU restaur ant et laissa voU' par ].e tl'nulll!' rIe son visage et
d,e ~ute
~a
personne la gr andeur de la passion qui
s était déjà em~aré
de lui. Swarga étai t sû.re mamte!lant d'.êke almée, mais le serail-eUe assez pour
trI~m
p' Mr
de.J~-6,
la rivaie dont l'imagr la poursUlvalt, emplfJJ8att o5.G:D é.m , ùe jalo usie et d€ crainte
dl' C&~te
Jearm~
~'ei
.le
1
ssait sans lu. comla1
tr~
~:,
peut-tttr. lui Q~p
it' . a il un jour le r-1"I'!1'·r de
VI
quel~
jcyur~
san~
r~vf')i
Swarga.
mat1J:l<;, mamtenun t, Il ~!l a lt dcjenner RU 1'esesp6rnnt vC?ir .<;C J'~flouvce
la bonne
taurftl/1t L~s,
C~rlune
qu II avaIt eue d éjà, mms la jPune femme
n y r~!
plll8. Toutes les (l'f~rès7Jüi,
il passait
et Tepa".stJ.lt dans la. rue de Rlvoll, obsel'YllnL la
PQMe et los fen610res de l'hOtel des Amlbllssacleurs
Le .soir, il se rend·ait au R0is. La b- ..I!' élr'1J<"
r~
sem~laf:t
red~vnu
invisible. Rn effet, caèhée
derrlère. ses ndoaux, eUe observait uvec' bOlJI,ellr
Re:né IaJ&t\Jlt )es .cent p&s sur 1 Lrnl.!oir long<>,.1nl la
eL se re}1aisuit délicieuscment
!J'ille 0:N Tuiler~
de, ses IffifpaL.LCncc;9 et de 6 . angoiss(" d'<1 monreux.
qU'('Illc ,voyaJl p~ntœ
ur 80n Vi8UgC, elle ne
~onl'I.L
p'!s, su!vant en vain If'. ceri 'rils chI ohevnIw l', !Jill. 1111 flV~L
pron1iR, Ri f'lile vr nJ.1il l'éronfrT'
dc' lUI llVl"Cl' plOcts et poi.ng5 liM :-Io n jeune adora:
ThU81e~
Ren~
re~
se
LeUI'.
de R :é s'e~
!':pk':'Üi de ('et e ri is'[>o. ~ ,a ~.sion
sil.!on ... pl le jeune homme ('n ('lnil d('ilt ù nt' I>!US
Wlit!' lell obstn'lloo qui sc de
,:II('nl Cnif'( lui et
c l!r qu'il aimait., il ne pllls ,B') "'r n ,1 'lJlllp à
son pPl'C, illll: en"II"!'1 Il'nk1 Jl'Î~.
Plus l'iUl' HU
r~m}
Il'rxÎf~ü
PO\l?- lui qllr ,'WIll'/.,n, t il "Ot.
toul fHII, ~cm
t rlonno, toul 11'lIlfi P 1'11' ~r
1"'lfTl1'I)(lller
cl!' la j!'llrt(') f~ml.
01', un sllil" r,o III Tl , il éluit
d. n . fi di po ilion' d'<,. prit. \In il ni 'UI' ~ 1l arrI\' . Lu 'IHIl\CC rl\!lJt 1111 v IlIr rn ( d'
Il él<li t h s-o n 0 cl ., 6tl"lIt11l ~1l'
\Ill c1ivl1n les
yI Il' II' 1111 jOllrnnJ 'lll'il CI 1 III il rI' nlkr;livûmr>nl, mlÎ' l'C!1pl'i ,1l~r'
l'
/,'1
.. ' <if> II
11"rulQ 6L J 1 rI' Il Il r J'
• (' 1
fl Il qlll Il' , lib dl
Il
dô, in l', 1) Irtrlll tout. \ r. 'Ill'
J
r, 111'
n [Hl 1
1 r CI III Il 1 1111 , t
11 , 1
1', li l
�l ..a Nuit Rou[r
~
- Je .t'amène, cht'r, le chevalier
qui a désiré l'être présenté.
René s'inclina el bégaya:
l'~
rI Strenner,
- rvlonsieur .. .
Le chcv.a.lier s'était avancé et avec son horrible
baragouill c.pliquail au jl'une homme qu'étant allé
en LorraÎlae, il avait eu l'occasion d'entrer au chAteau d'Argyll, d'êlI'e présenté au prince d'Argyll
U:J. homme si digne, couvert de cicatrices, g!orieu5es mar'flues de,; bl"s<;ures reçues au serVlCe du
pays; étan.t nu cercle ct ayant entl'ndu dire qlle le
fils du prince s'y trouvait, il n'avait pas 51\1 résister
au désir de faire sa conmtÏssance.
qnell1ues remerCiements va!1IIE'S René Pég1\~'o.
chercha qnetques phrases aimables, lrès étonné de
celle préselllnlion qui lui semblait trop pl"ovidclltiell.e pour n'nvoir pas éte prè-po.rée.. voulue .. .
mais il ne s'arrêta pas aux réflexions qui lui venaient à J'eq.pril à ce prOpOê. - JI n _ p(,M~
fIn'nu
moyen qui s'offrait Il. lui de se rapproche!" de SWafga - de quelque nsture que fûl ce moyen - ct i.1
tendit la main ru chevalier. - On callsa ... Karl
Strenner parla longuemp.nl de ~on
pny&, de ses
propriétés ... de sa famille ... des hautes relativl1s
qu'il avait. - U voya~(,Hit
depuis pl'lsü'urR années
pour di~rae
sa pnpille. Elle ét.ail seul au mo.nde ... EUe !'l'ennuynit ... D'une nature nlUladive, inquiète, elle était comme une Illnnlc langllissftntr,
cherchant pm·tout un peu de soleil. - Paris avait
paru lu i l.laire ... LoC Bois lui avait paru ravi..'5sant
le soir qu'c-Ile S'y était promen?e, mais depuis elle
ne sortait pllls .. ~ Le monde l'ennuyait.. . Il y avait
trop d' monde dans l es rues, pariaut... EUe aimait
êtl'e seule, - livrée à ses pensées. - La nature
la plus dl'oitr, la p.l"us honnête. - Le cheval~r
avait pu CO\1~cr
ainsi tonle la 50irée. - Tant qu'il
pnrhit de S .. a ''''1, ~
voix rauque, mtLchant les
s~ Ji; bf'~,
1'01 ~w;uit
clélicil'Ilsl' à René. - Il prit
c.)n!:!{' du j'lin' homme r.1I diSflnt qu'il espénut
b;l'n Ir. rl'vllir b:l'lItl)f. - TI nllait sc pr{'senter au
Cl" l' et il. auni"nl s1Îrcn' rnl l'occasinn d€ faire
pJlI<: 111 1.1 connni c "-11H'r. l /otnit ll'èll flatté.
- CCl': ,in Ilif' ,1. rU I1c11'" qu i plit la main qu'il
lui 1('111', il.. Certt l,'mt'nt... jc serai moi-~e
trè~
hC1'<II.'.
Puis, ('1) 'I! il dipllarut, Ir. jrllne homme se tou·T'na vrr!3 :'lIn omi - le comte de Chamùère, resté
prü::; Il,, !Il:.
'
- 'ru 1" conllnis donc?
Vn<{ll 'HIf nt. Il lll'n 61J~
présenté il y a deux
ou trois jOlII"S.
- Cc, t 11n AllcnHllId?
- Il l 'u·/]II.
- Il vient Ii/lbil l ' Pnris?
- 11 ft 11'11' siln';on h '/lm! ".,C'nrlr. or PI'U . se.
C'est un homme 111'/'." hien, ~I'unrl
famille.
- C'l~t
Illi qlli 1":' ri, IT'f"î.{o i; L'l'NI'(' pr('Rrn4{>?
Ill, ()~
p~rl:L
rlP. IC'l; qlll'I'lll'nn, le prtit
Franck, !l '1) dJl II
t Il ïni' In. Il :'nnpl"l1rllil rie
moi ct m" dll : Ah ! Illon, ic' l'. ':ou· r.llnnni1'. C7. le
fils du pr~n('c
d'Arw:I~?
- J':IT'hi!l'monl. C'l'sL mon
Bm . - J'ai rll li' PW! '11', tlllii r! 'l'nil'l"f IIIPnt. d'M,rc
pl'{'Qcnt(· II ~n
pi'r , 1\11. chMI'1li) ri' rgvH, (Of. je RCl'ai., tr"~
hellreux dl rnlre ln cllnnnis 1l1H"1l <111 fUs.
Le nrinr.( P. t 1111 hOI1 1)11 t' rhnl"1n lit, il m'n fo.i~
lin t(l1 :H"I',\ il !
- Ft t 1 m~'
n I l , litt Ilcn6.
1111 •• / [I](nl '1
1'011', lÎ -JI' r ir
'111, jl' 1'1'11 l'P'l l'rr'le
.
« J\1i ! IlInn ("lier. i 111 "11111\'01 Ruppo<;er cc que
cHt, Il. nt Il''11 /1 1 !,>j'!lIÏ[j,: lilll1 p01l1' moi 1
1.1' (' nif. r lU'! f. Il'I' pn \'(I:lInl la ph sjlllloll1ie
l'l
Il Il 1 l' f I l , '1 1 d· ,
,]1 1 1 Il Il
1 a,,'lé
une
- o
- Non.
- Voilà J'occasion qui s'offre df' faire sa connais-sance.
- En effet. lliais c'est bicn bingnlier que cet
homme m'ait lui-même rechercbé. Comment peutil savoir que j'ai vu sa pu.p ille ... que je l'aune '!
- Tu l'aimes?
- Je le crois; mais je n'en ru j·'.me.is par é à.
personne.
-
Et tes yom:?
Mes yeux?
- Tes yeux n'o~
filles 5ave.nt si b~
gens 1
pos été indi!"crets ? Lrs jl'I' ,!,\
lire dans les yenx des Jeu!lt's
- Alors tu crois ~"'ple
se doulerait de mon
amour ... que ce SNnit elle. . ?
- Dame! Qui sail? Tu es un porl.i qui t1'(~
:>
à dédn.igner, même pour une hénlière p'I,,;1l'1U e.
- Tu es fou!
-- Pourquoi cel homme aurait-il oherc If· a se
r&pp.rocher de toi ?
- Je ne sais même pas si Sa pupille m, 'Il,
- Les jeunos ûlles ont des yeux do 1)'11 .
René rt'stn. rêveur.
Après tout, c'étai~
possible; c'Mnil 1114'
pellt;ail lui-même, bien qu'il n'oso.l pn " LI'
Alns.i, Swarga l'Ell1rnit l'rm .
celle pen~é.
serail eUe qui aurait envoyé SOli tll'CIlI'·.
donc le dési.r de le voir? Elle J'uimail d III ' ?
avoir été un moment tout joyeux tout ('. ,
mé de cette idée, le jeune homme. ;\ Ir
vit se modifier ceite impression, L'espl' ( pcchcrche dont il avail élé ain, i J'ohjet h 1,.
.5a
méfiance. Pour venir se jeter ain~
clans,
"IS,
il talta.it donc que ces gen.s nourris'cnt !'lIr lu :r5
projcl.s intéressés. Peut-êlre S\Varna ou Ùll' ins
son tuteur spéculait-il ur cet "monr (111
é.
avait sans doute laissé voir? Enfin, on v
nit
bien. Le principal, pom' nmt:, élaU (["être· .. · té
ù Swarga, de pouvoir lui p'l.I'!CI', Anrr.!'\, il \ 'f" ·L.
i} obser.'e.ruil. Il ék'1.it assez grund pour sc r J'cr
s'il voyait qu'il avait fait fall"se roule.
Le jeune homme fut arra.cllt'> 0. S{~s
réflexioll' nar
son ami qui Illi fra.ppa amicolemcnt sur I"époille.
- Eh bien! fit-il, est-ce que lu do!'!;?
- ! 111 ton t, répondU Ren6 en sur,"dUt.
- Mais lu r(:ves ?
-- l'cul-être.
Til perls"s ft la pnpi1lp. ?
11! mon ('11 el', diL le prinr.fl, qui se lova hrl~fIll 'nenl je dOlllJernis la moï.ié Il'' ee quc jl'
)<;sèrJI' (1 l ' • (lv/)i 1" qui l'si retLr femme, rI' qu' lie
veut, si 'le pense il moi. Tl y n ln une énigrnf' 'lui
me 10 'll're.
- V c]onr, VR. donc. Tu e sllu.ros birnlOt.
(( Le tuteur so ch~l'grn
dr. l'en dire le mot,
mais nn wn!leil, si ln veux m le permetLre !
- pnJ'le 1
- Sois cir·con ..pC'<'!.
- 'fin Hois f[ucluue chose?
- n'I'T1, .il' te le jure. M.nia le luteur ne me dit
ri f'n qui vnille, aveC' son llIr doucereux, SCf; mineR
-
paL Jin(\<;.
. . Til ml' di.,n·!" qu'il étnit hien -:) $lé li. l'MTlhfJ.':>-
saof' de P1"II: .(', rl'no 'fr lidO' !)ri~e
(:'1''51 Ct' qU'on m'<1 nit qllnnrl on m J' P~
sonl /.
!lis, ln rOloprlllll , je n'y \Ii!! pll
Il \"011',
~
11 'l'rH lJ)uj')11rS radIe cie p ndre oc reno.el-
gnrml'nt .
" irlemnH'Tl , mais ne prend' 1 na 1 ren.seign , n
II" p Inrrl.
- T~op
Inrrl?
( n ri III 1'1'.'1 prie:: fo··mt-m ,
r]( 1)1" l'llllqll mr . .J l' Il ' Sil'· pas nn rnrant.
It ,ouh'ti c, ri il Ili utM. Comptr l()u~
Il' n' li. 'lllfti fIU'il llITi\'f'.
f
l 'n.
'
rl','rcnt la main, èi
n 'J Il le r. rPfc,
\) '1 JOU: s apI b, 10 jl'lme homme 6(' Irou\'ru'
LA
IT HOUCI:.
2
�L'3 N uit RO!l..8e
une p,r.em ièl'e du P Il1i s-n
o~'
chI', ti e, ,[u.mù '1 , iL :lJut à
v oi<J;ns c di ri ' '!PI" lin '
depu iti le
N.lH\lIJ nr'cnwlI t
l,
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l' Ile,
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Y ,Ul "II" ~n'Ir,p
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Huné Ill' 1(' t ' itt HJI pus Ge:; ',dl , il Y ava it
dan::! slJn , ,l' C !n I,IC un e j f:l( U" .· ' que c1 'autres
q ue lu.i h \ Ül!!Plll. Il .au. ail ." JI u la consen el' p n II! 111L ~ t!u l, êtr e seu l dall!" P,\!'!.s à ln connaHre. 11 él1i f fllal à J' M'e : il :,uu.Jl,<,: l presque d r
~' ain si il to us le~
l'C[:!ill Il·; sn lll ervellla voir él<1p
leuse beUl1k. il r~ i ~ ail
d,'~
'-!lo r" ,; p.ill1' se montrer,
m ais il ne pu t pu I5&voir si on l'avait vu, Le viSil ~
de l:iwargn lu t l'Mté u n:Jé(R'l:lJle, a n ~ UA
frémissemen. t, 1_ yeux ti-,: ~
Sil; la ec:'èna, A l'enl,r'iUlte, des gr oupes u pr6eipitèrent dan, le ~ eou loIrs, v;nre nL s la'ioo nt r dl'VfI,Jlt ln pl)r!.,. (Lf' ra'i'llo t8cènf', da.n' j'~ poi r dt' voÏJ' M , l"r lu " le , r , gèl'e, Re.llé se JU~la
.. ,; ("6 ~ {'I}U)
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"t.1<l 1·
SUl::; Le, plu arnoureUI c.ptf' Jiurl11lR, If' 1 . ' 1
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Avant ùe l'entrer dan la log", il . i a los y C\U e l
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aperçu". R eflé, i mmobile, l, long du
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pou,' " un 6l'i et vio.t au jeune houlln e, 1..
de"tlx m ai ns t.endu ..,
- Ab ! pri nce, vou. id ,
p ~ rn.i
B ,uère voua r
- Oui, di1 Rad, .t }e .'"
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I.Hest SW8/'1. qni • voul u v.n ir, - Kil t' •••• : {' ~ Ul '" l!'~
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don!
lr~te
n.clJevail l'ouv (;rt u re .. . Le r ideau se
\ no f a s a I" y e ll x SIIl" la sc M.
~
lJ 'lIl 'l ISE',
cette pièce, dit-clle,
-
O Ui, eUf' es L ns"e7. drôle ... P uls . il y
-
1
G 'l'rT'1\'?
a. G<Klftroy.
..r· ~
:~ '1 ~ t; ~i,
qu'il est amlllimt arv$(: IICJD .air
bonhomme !
p.tl.S '!
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e,
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MUT/1 ,e, moi. C'eet la première fois GIue je vans
'lU théâtre à Pari::;.
- J e bénis le c i(·I, dit l\ené, qui m'a çQu dnil ici
r,récjsém enl cc soù'· Ib.,
- N nus allions &ou v ent ~u
ihM-tre à Vioone, tit
-
Je chevalier.
ha bité Vienn ?
- Vuus a ~ez
- Oui ... qlll'tique s n
é~,
" v f.m t la. guerr e.
Sw a r ga s'étaH lierrtie rou gi r. Ell e n 'aimait pas
q11 'nn l'&p'pellt.l ce passé, qll'elle s entait f.aü lie
ho nLe et de b oue,
- Taisez-vo us, dit·elle bl1J$.qur..ment au Clh ev.a
~
lier, l.a.i.ese:&-moi épou l!}l'.
Hill . Jf&l, à ce marnant. 1 . :~iLua.t
o n deven.aH a mUr
nnte, Geoffro:t &e fJouv /lit tn scène pris dil'n ! un
imbrog lio a S! ~ z ooca..ee. !l Ivoil. dE'!' m ines wu,ries,
6 pOir
b on t l1.PlI.f\t, Impayable, Swa.r ... se
un d~
\.onl.ni t. E.He l'iail en
'njn" , avec une in~u;t.6
d'é ' 'é' ~ , ,1 nf·n' n l'l ryuitt l.l H pM des y oux. P ~ n·
13..,L qu"·Ue r! 1 r d&it 611. scpne, il admirait &~
nu IW' , rj11lJV 1 '1\ncllc lt " lltit t' ufH' de marbre qne
'1- "! r r , (l' SNI ('j)",'p llX' éclatank" unI' nuq' oC
hn'" "n , dp (1 .. " fie ou c1'ünpé.J'.I\.•ri ( e
1 ; it h CI1 !'o U ·e.
'lt, nu!v r menl, et RI né
l' f'' '
l
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. g"Ji f'. l 'al' con i l' , le
\'"Iif''' pi," ! ~ In l ' ,~.
P ' l ' .. t :·e ùt~ .. --!: e 1<,. i, ' ( d e
'I\'I1,!!,u q1ti .l'II!!
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!'Ill!' Jl' jl'l1n h n !11 1 C' ,,! unt' l ,cul' "y 'l' m nH) une
]upur méch all t , unt' Il/e l1r fnllvI', CJLli ftUI'IUt je.1
({ uiMé l e jf\lmr h ommt' s'il l'I'J. '.u il vu!', r AI' n y
pO\lu -Î I lire la jlllr.msi p el le. I r \h ison. Un fe1.l s eer'el min.a if. ~ on
t ille, il ! ou ffrait surtout qua.nc1 il la
vo yait joli!!, com me ~
lo i1'-là, m 111 p.t'éool'Jl1cl' d~
Rffié, "u'iI NV'alt dé.air-., pt'/'lIq ue airr1é, e.ui'1l8lltai t eflCCfl'8 ~
souffrancu , 11 1' t' lI A aj f\u LlLil il "I on
mal lu llJll" lul'l's d' ulle Ap l' je.lO~i,
q u':: Il ' I.1 r ~t
pu l ouop, onnac si l.loul"1lIN'u &e. II eliViAit • J'l.lIé
III. bl'ltut"., 00 jE'llKl\>WI" 166 Jtllll r ir.-/. rie SWtl,r «. eL
leh r: a.r &&aan !.t; efllu\' 'f) d_ 1 n l' 'W\I'd dont par
111' Il l[ nt.
al~
l 'NI ~l C\p
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r:'i' L.\ 11 II I (lui nvt\iL
(' t,~ n · ,r et)\~il
IIHn \ il Il' n J'e' IW 'II · .. 10 j~lI
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(le fuirr votrc ellnu il\·
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teuils une t r a1née de chucho tements, si l ü)' pl'u l
bdJc, (' t porsoll!J.'
parlei ;UllSl. .l.!.lJe était i d é ~ I {,l!1ent
n e la canna' :li Une nigrl'Itc dt' tJi 'l'l ll1l o1'O :ut
son front alti l', me~t.an
dan~
1'01' (.il' ', cl1 eVl'\lX
('OU, du
d es goutt s cl,' I lJlmèl'e. ,CI) épa ll lrs, ~ on
IDDdèle le ph.. s pur, sortaient d'u ne ro be klHln'Tée
6v ec grâce, bll\.!lcli el la Le ux C( WITt(, du Cal' rure.
Ses mains ga n l&~
qll'elle vewtil li' poser ~ l1 r 1,
.. lcnt (lt v ,n es
velours rouge de 1'll.vnnL·scèn-l', r ~,ï:';c
Le cheva li er éloit r ' li" ( 1 ~ Jf1 g j'o; ' .)J'I' . On n( voy ait
q u'elle en pl ' ,e ~rad
ia ti u n,
en pleine lum ière. .
01,
L'!)reh,
le '(J i;. ~';W(i1
qui enl r, ' t 'n ]'/lHl.lll-Sc ène , .,11'
t eur, Aus:i\M loutes les lOJ'gnelles sc t rncJ1.lèl'c'u l
SUI'
p:Ii.s5e Il ulivu' en vo us cet (.:fl n ui, - b&lle
\',)lJ,j l'Ùld ... o.du:/·c
00 !Io ule.
S\, _,1'[;'\ seC'-' U.l J~ Lé~ e d 'u n nir de dédA.i n.
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. genoux, il lui crier
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pil.-- :
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'1:'.
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C'était son
l',Gué.
-
Il' cheniller.
Y!liis (loi,.
D'Il' 1.(,\ "
limandé clef' glAce:! '1
\ III les appor'icra à J'entr'acte,
a L, fl\lmt}oi"e pr;.ur m oi, n'~
,i 1 :' 1: .
1 ..~pédfi
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1 ide:m sPl'a bai.",s~
v ons
,Il "i "e !U!S r:\lnre à la frnmboi.ee.
j'
B'en ,
'-me,
,
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ire z àir.
V(,tl's rD COmffh1.'Aodertl"I une pour mo n si6ur.
- Puur moi? fi l l. ("tl ~ , j e "f ~U!o
rernerc.ie-. J.
vais \'O!.I" ~ui:tE'l,
je suis vr imenl ('onfu: ..
:;C., .1 gu "'tnve-'oppa d '\lil:l ra,gunl t (m<l
r~ , pr.. q""\ n. qurt";)x.
'.' ,]S Ille
tienrlrf':r; bien com pagAie pstldant
q l.1L '( 'I1rv'1];(·r ·sera abSCIl t.
- 0!, ! a· 'ir'men t.
Le ,'1':1ll [om uai L. Le ch evalier se leya., OoUvrit
$';\'1$ l'n 01'"
' l por te de la loge ~
s(wtil ';pr u
n'" il j LI- à Hené u n coup d' œ il noir,
.:;. : ~ . 1
.f' lOIJT'l1a
tout à fait vert! le jeun.
hOOllll1è res ~ E' tim idem ent il J'éoart ~t a.giklnt. son
é\',·. noil ,lcvun t ell e pour 8a ch er lOIl étnoti<m, sa.
n mr; .. u.r :
- n3pproollez-V()Us dH-e'lIe,
.Rwl' '1V:.Inçn nn pe u 801l. fautMlA.
- Rt parlcz-moi.
.
HI' '~l1"i,
fit le jeune nomma, you!ez-v1mll ~.
J(' "GlII .. l urie'
- ),!' i: d [D"ris. J e n e . Q's rien dr PoM:l', 'Inn!,
el ',' j" 'l1'i )'''l'''sse tm1l ! Vous èles P ari.!! ien
VOIj"
1,,\
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1';' III 11
1)' ,\.
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·',n1mcr, pr~fJl
VOHB I~ ('s
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• na,$ ni'';, m \i' TllUn lulr·nr ...
\ . ~ U pn\q ri, ' II)' 1"['. ,\llc"YlIl"nw.
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Il fall if. It\l'U '-cr un moyen, lm prL tcxt.o
pOlU' ne pas ren trt'f t.out de ::;uite - llouis vou ne
serez jamais in lell:gell l, mon che.!' !
-
M
a i ~ ,
ma chère amie .. , bégaya lE'
&nW{1.hCù'
abasou !'dA,
- Vous êtes i diot! c'esq à pein e s;i nous DVN!<
eu le t em
p ~ de <li r a d l:'tlx mo ts.
- Vo u s 1ui parler ez dema in, puisqu't1 dojt veRJr
vou» .air .. ,
- Ce n'est pas ' d ~mft
in,
c 'est ce soir ~e
j'mm::ti!:
voulu qu 'il m e parlât, q u 'il se déclm!lt ; q1û 'mi!
~'i. 1 viendra , mam lcn-l\nt "
- M aü!!, ma ch ère :\lnie, j e n e sDvait; ra!';, moi ..
Vous me demandez des glacl's.
- n falla it blen lrouver un prt;texte Dour ml ..
éloig r\Je r.
•
- Ah t c'éta it pour m'éloigner?
- Par ble u t Vous ne l' avez pns même comp.nis ?
- N on . Il fa ucJ.ra , u ne a utr e fois, vous eX1lfq l""
plus clairement.
Et une lueur méc han te s'alluma rlane les prund ..
1.. du chevalier.
SlVaria vit cette lueur, ses lèYl'e8 bl anrhiJ'e:Hl.
Oh ! si, dit-elle, vous m'a'V'l"l compl'ise m li.1'
avez fait cela pour me co nk ri- r, 1 arec q:tlC'
Y01U ~epérz
toujours on ne sait quoi.
- Moi?
- Oui, VO\l8 .. , Croy "z:vou s qUfl je n e lis pac: d. TI"
Y08 yeux ... sur votre rronl ? 1\l[1 i je '00"- ,éyieru, un-e fois p OU l' toules - ai VOliS 1'101' 1 1""'; I.Ji
Ile!'; ~a. n ~ ce que je 'feux "'o:ns tir 'j('r"- 'Or',,',
1
t oute la pl1is~Ince
"crulte
tou·tl"S VOl forces, ~
('0'11 vous di~pocz
- je VOliS ~I alii.
jl' V·) 1:3..
["'j"< " je dis haulrm"nt il !{) II R ro f['w V(11IS êl"'>
-el IIi \iOu.
~ n.vez pn sn liT de Vie;llle sœlS ûtrl'! l,~i
<I~,
\>IJU. np. Ir n chirez pliS j'encein te dol! P llds g:1l>~
t1 l'oil' "té III is 1'11 pières.
LI' l'h r'! \'~lif.
j.ln flutouf (le lui r.Jes reft'rt.r,j, :nr~t1il
'.
1\ 1"·'IÎ.I'U('!e lil!i"Stut et le!; Ilg . 'l' r( rn
l,li ::;n:<" 1.
.
- Plus hn s, d i t-il, pluJS baB, jl YOtœ en conj~
Fe
!' ~ z , v ()IlS
CP. fJUf' jf' VOUI' rji" ? \1':11" l'Z".U5 'f
- M i$ uni. Ma is il fa tldl'84t ,j'aborrl savok oe
-
'fOUS
VOI I!! vou le7.,
- Je vellX, di t wnr ga., 1e8 finI s scrrfo('i', ~ O~
jone' l'r'I.Ii,,,, l~t0<>
, nvl"l' ONl ér.lllirl! dl\T\fl les YP lIX,
jl" V~l.·
~1J')W"
J'hl,l\1WH' qlli tlprl ù' ic'i !
- Bien, dit 1,. rh"vn lier , si eela ne dépend q lll<
~ Il e
ra,i \ou i VS
.1 livr,lop l'nn t.rll JM
T " ' :r . i Illn l"'l'!' rh il l' nlm 1 ni,,, le f" mtf\ ...
19 t.~
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lin Il(tm . m l i. ~ l'Il e n'eut p
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(l p l" r1u'e. (or ln porte s 'o\1v1i t, et Ir rhev!!}tfM' pnrll t !!'I ....·rli III un gClI'çon pOl r'tllur d'un pla' - n ,lin l'''''' If' ,.'I,lI'C"';.
har~
!'p OM.Ollf'Tl'1l 1 (Io ~i'r
c mpnt
pOllr nl'l " . ,
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• VIIi l' s(ln 1rouble 11\1 ebc vulier, tt 01'1 llI.a.m.&I
;., r,"1
h'll
camp;"
Moi.? EL l es glaces '
Vous cL Ics ,5'i'l; ;. -
1Ïl!1Ce3 -
-'~,
Il
j'hi!t ; l'
Quand il eul dispaTlI, wn j-frn. se toU,:r:.tL vcrn M
chevalier, les yeux flamboyants,
- Vous êtes un imbécile, dit"elle,
- Hein ? fit Karl Stl'Cnnei, slJrSautfint, 3.huri,
- Vous ne P<luvicz pus ne plus revcnil !
e ~,
:\" m(111 "il 'lit !\P!l(-, J'f·nll" n 1 N l~ ",
..l'lait
lM"enà.rp ('(1, • dl' .. , '1\!"fI pl d l! f'1.lO V:'lIi " I·, III je lln e
femm l' 111
1"" If "Itri' r]" ln vl'rnr voi r. I1:l ,. {-Ili t
à l'b()[ (,1 Il li i(l ;'111,',· Il l 's (Ik f;('rnil hrureulle
n'n1"n1',j'"
• I" n ('l' "il', cl" ]lO I1Vn il' ooll'C}' l1ve,~
(\lt Iqu'tlfl
",)1 l'nif! dl l'"ri' ln nwllrs IIU
(·." l'lI. nl,
1/11 r( "11111 irnp{'rieux 0& S nrgn.
1
d ltl"'''' 111'1
lOte in-
Il., mO l , VOll l'; l'éno ll scl'l'l, " ,
Et il If' mi t, nin:>oj 1(1\(' J 'Varga, il. écou te,]' le lrl)Ï.
si. & acLe qui commençait.
vn
�20
~
(fd'elle n'éLait pas insens ible à ses soupirs, à son
runour.
Et il hésitait! Il obéissait à il ne savait quels
scrupul es. fon, 'Iwn, il irnü. Il la reverrait. Et, en
effet, le lend emain mêmE:, dè~
qne ful arrivée l'heure où il poavait décemm ent se présenter chez Swarga, il sonnait à la porte de l'appartement de la
jeune fomme. mis avec la plus grande recherche,
en re à in ~,)le
. ga nté de clai r, n n perl e à la cravate,
ml a'illel blanc il la boulonn ière. Un.e servan,le vint
ouvrir, et aVRnt mê me q ue Hnn é eùt pu lui dJI'e
e
au jeune homme de ·la
un e narole, elle fit Sl~:1
suiv'l~e.
-- Verre:, monsdeur, ,m-ell e, venez.
vi " il ~:ul'
la port e d'un petit saron. René en ira. Le s 1,)0 H ai l y id c. Un salon d'Mel banal ave<: des meubles en c r np rouge, nu e pendule eL de;:; na 1heau. · dor es. QlIe~
qu
e s
vases eu
imitation <.1c biscuil. i\l l1is il y ,, \ ';iÏ t des fleurs fraiches, dans ces vases, c L une co z·beille de roses magnifiques s'étalait sur le miFeu c1 r ln LabI e, ombaumant toute la pièce. Le jeune hnmme s'assit très
·ému . Il lui s emb lait qu e dans cd ~c r ~ : èc c déjà il Y
avait qu eolgue chose de Swarga, un parfum SUhtlÎl,
qui tralnalL. ,
Quelques minutes s'écoulèrent. Deux ou trois
minutes au rlus. Puis une por Le s'ouvnit, et Swa.rga parut. Elle était tont en blanc, v&t ue d'un e r ob l)
\.rès simple, sons ùfllCtments. tomha n t à plis droibs
oomme un peplum. Sons le:.; nlunch es, ses bras
a.p.p&raissaient, nus, splendides, dans leur grà.oe
sculpturale.
René s'était levé précipitamment. Il s'inclina très
:bas, le sang au]' pommettes, avec un éblouisseIDent dans les yeul" car Swarga lui apparaiS&flit
ainsi plus bene encore .:ru'itl ne l'avait vue.
- Oh 1 que c'est gentil, s'écrift-t-e1Le, d'êt.re venl1
"s vite 1 Asseyez-vous ... Nous allons causer longlemps, longtemps ... voulez-vous?
Elle se jeta. sur un canapé eL indiqua un siège à
René, tout l'·rès d'elle. Ellp sc fnis.nit a.micale et familière potIr meUre le jeune homme il l'aise, ma.i.6·
celui-ô restait interdit eL gauche, se contentant de
la manger des YtcUX, ~ans
un mot.
- Vous allez', conlinua-t-elle, me raconter beaucoup de chns s.
- Et &111' quoi?
fais sur tout. D'a.bord, vous êt s-vous amusé
hier soir?
- Ilier soir, dit nené d'nn lon pénétré, j'ai eu
la plw, gra.n de émotion, lu plus grande joie de ma
Et c}le ouvrit au
vie .
- Cnmment c('la ?
- G011 e de v Qus ,"oir et de vous NrelJrésenté,
- Vrairnrnt ?
- .le vnu s le jure.
mLe s ~ay
de pla isanter, mais son COOI1I' bau.at\
avec force.
- Rn voL il unI' icl6c, dit-clIc. Vous ne me OOQnaisse? même )l
- Si.
- Vous m~
eonnn'!, ('7. Y
Ren~
inc1inrt IR 1t'!lr.
- Et d'ott 't Tl v ft A p,.inr huit. jOlll'S que je suif;
Il Pnri!'l 1'1 jp nI' n '" '11·
"
1
m ln f>r n llilc pn,rt.
Je ne ~nr s p~s.
11 Il fn lll ' qU'lin caprice me prIt,
(
Il nHl !'ln tl IJC!e ,l'llVllis
h ·' J' !>Ol ', p Ollr 1n '']' 1
II Il.r lin jr.\l mnl q l'Il v Iv ·,iI 11 rH ' ]>l'P lniè'J'(' n\l
1'.'1 1: 1 ni, fln 'i l r I lil t
rl ifn l·i l0 (l'nvoi, rI s
1 (l'
\ 1 l' ir ~ n"
'li
fi: ' If"
i'''n nllril i: .. <'i
J'n i 1 \ - y (, 1 rJ 'l'\,!, Ji f'l Ill' IIl!! 1 J' 11 1I ln' . Il a
('Il :t Il r ,1'
'" 1 1'1)\', Z Vil, 1I1 1iF;
'1 l' 1. ) q 1
]l 'IIi Pt' Cf If' Ir
dirti
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!lll'
st l ,
'II fi ' l' l'I I II IIlI!
II' p i1l1 nr.Cl illic.
1\ é, 1l l\ Illld vuus
rl u df'l'Ili i l ' " ,tlllnt. CIO
\Vi Z COl lltrl c je lul
donne ~
mal quelqu efois J Mais p m'lo'lS de vous,
VOUtS diSiez que vous me connaissl z. ' ous m'avez donc vue?
Elle feignit lln e grande surprise.
- Oui, deux fois.
- Deux fois! El où donc cela? /
- La première fois c'était au bois de Boulogne,
le soir.
'
- En effet, je suis sortie un soir.
- Et je n'oublierai jama is l'impression que
votre vue a faile sur moi. Vous I n' l· l·e~
u.pparue
si éclalante, si radieuse, dans la lumière r ouge du
soleil couchan L.
ELle se mit à rire aux éclats.
- Savez-vous que vous m'amusez beau coup?
- Je vous amuse ?
- Dame! vous êtes tr ès d rt:le èl \'CC vos compliments. Vous me trouvez don c jolie ?
- Plus que jolie, idéale, divi ne, aya-n t quelqne
chose ...
- Ne cher chez pas, VOllS n'en sortiri ez pa s.
- Que vous êtes rnéc!Hmte !
- El où donc m'avez-vous vue encore?
- Dan s un r es ta nrant, un matin, pr ~ ~ de la
Madeleinl'. j" él Elis installé et je YOUS ai vue descendre l'cscalie r avec votre tuteur ... une taUle,
une m a r (·he ...
Elle rit de nouv~a.
René prit un air vexé.
- Que vous êtes mauvaise 1
- Dame 1 vous me bombardez à brille-pourpoint. Il faut bien que je me défende.
Et avec une moue pleine de coquetterie, un sourire adorable, elle aJouL:1 :
- Ainsi je vous pluis?
- Si vous me plaisez J s'écria le jeune homme.
C'est--à-dire '{ne SI j'osais dire ce qne je ressens .. .
Il étaiL pl'lS maintenant, tout à fail pris. Il ne
son~euit
plus à rien, ni fi son pèrc, ni à Jeanne.
Il allait brùler s es vaisseaux.
BUe était si tenlante 1
Ses yeux pétillai ellt d'cspl'it et de malice. Son
sourire semblait venir du ci el.
- EL pourquoi, fil-elle, n 'os e-riez-vous pas?
- Parce que... bégaya le j eune homme, vous
ne voudriez pu m'entendre ... vous me fenri~
votre porte.. . et je ne vous reveuuis plus peutêtre ...
- Vous avez donc des choses bien désagréables
l me dire?
- Oh 1 n<ln. Mais je ne sais pas corrunent vous
prendriez, ..
- Dites toujours.
René hésita.
Le mol qu'il avait sur les 1. vrps. ne sortit pas.
Il re.stn qnelqlles mrnulœ si.JeJ1CH"ux.
- Eh bien 7 fit-elle.
- Non, je n'o!lcrai jamais. Vous ne me voyez
que pour la second e fois . .Je ri sqn eJ'nis de VOus déplaire. Je ne p.uis pus aller V~lU
s
di rr, moi que
vous ne connatssez pas, qu Je VOLI S aime que
je voudrais passer mu vie il. VOR piNI s. VOI;S rnr
fenneriez votre porte et vous Ull 1'1 l'Ir. l'flison. Plu<s
tard, quand je CToirai qll9 j ne vous Mplais pa...c;
tro,l, je vous ferai connnllre .mes sen lim r ntt;.
- Mttis, dit-clle en rianl, le les connais maintonant.
- C0rnm nl cela?
- N I' ven eZ·VOIl S po s de ni !' 10 dir ? Ne m'svc? vo us lHl 6 dit ()lIC' VUU S nl'll imÎL' z? que vous
[lu s~r
iclr.
vol!'! vic il 1111' p if'dH ?
- Oui, Ili a ft j l' l' rd dl l SUlIS 11 rlir(' et vou s ne
r ou \' 'l( pur" VOII <>11 fl\ ·l,e J'.
·1
Elle h· r I' "Il l' ln /" 1 111 1 fi 1 Il' "
. r l' !ifS
ye ll · nvr l , ) 1 1 j f'lIll1' Il, l 'II '.
- .' h il' , rlrl- I IIp, ' \ 1) I II '
Ill cnt , C'I'(I\' C'7, V"II cl"" JI' 111'1' l 1i J'I r
Il , 11 ' Ir 1'" Il,] Il c.I , l, If l,· Il l! pir,] , Il 1 va lr.e.
y011 . !;IJ I' l' !l f' , l ~l V II L'lull' l'tilt' . lUII!' friss llrHtllte.
'1 pou '
'1
lin cr'!.
�21
- C'est vrai? ùil-il. Vous m'aimeriez?
Elle l'arrêla dOL1t:cmcnL.
- Oh! fit-eUc, vous nllez trop loin, Je n'ai ricn
dit de S(-llhl' hie, j'ai dit que votre amOl'l' ne suurail m'olIenser,
que vous ne le po.tlagicz pas?
- ~Iais
- ~ Io.is
dume, pas encore ~ Pen:,ez done ! C'e-st
la sceon 'e fois qUe 'nous nous padons, Je rlC ::;,.is
Illtme lias CJ.li vous èt 'l:', .Je con Juis Lou 1. ju..,le
votre nom, vous pouni<:z êLre murié que je ne le
saurais pas ,
1 Ton , dit René, je ne suis v.as n,ul'ié, :>'Ion
camr cst libre_
E t il rougit soudain, n pensan t à J eanne, en
pensan t. au mensonge qu'il faisait.
Swarga réprima un tl'pssn.illf'J!lcnt de joie, Libre! il était libre 1 Il n'aim"'it donc p:I}~
,Il'anne ?
Un espoir iwmen!'\e envahit son ùlfle, EI'(' rh' [\ 111vait pas se méprendro, elle, sur la naluJ c: ùes
sentimenl.s qui erY'pli~"a(nt.
r:\m,' du j,une
homme'. Son amour sc lis' il dan, ~
,\"11\',,, L '
snn fl'ont, dan. l'attitude éml'e de t, lIl(> 1'« pçrson~p,
,lais clip pOl]vûil rrai dr 'Ilt CI': fllI"'ur
ne fût fpl UT) f'apri( e, 'lui Iltl.S.:'('.ait 'll:,1 Ifl Il' III Îlr.c:
ne s"l.. lil plus aup!'ès d\:!1e, Elle fi dOIlI:.il 1 \ 'rivalité dl~
.~cl(!
:lmie renl~It:',
de ':1 lll' (OU··d:'· flni
avail ,~'\:"
,joui,' f!.. ~l:é
',,,PC l\.!'lll.- dl'~
pl (Jill. ,_
sc s , des sennenls. Et vvih, qu'aux 1 TCIIIÏe-!'!:> lf)ül!l
dits entre eU , le jeune hOlllllW la ren;all, le kune
hornrllf' dénoua!! le;:; liens, s'i: y er. nVQÏl qui flou vaie nt lE' ruttaC'h€t' il elle, son cœur étaiL libre!
Il Y eut 1111 silenct" ~w'trga
~"
f"i "'nI il "'!JemOrne Loules les réftHions que nons venons d'indiquer., René priS d'UB regl'l.'l ct l'lilI 1 le url\: hunte
des paroles qull ven"it de prononcer,
Puis, S\,ar~
toute l'adieuse, ne pouvant cacher sa juie, di1:
- Si je pouvais vous croire!
- Et pourquoi ne me croiriez-vous pas '1 .
- C' c~l
sI peu vrai.s"lIIblublc qu'n Vll!l'(' fige,
dans voire situation, vous n'aimiez pus el lJC 50yez
pas aimé,
,
- EL qui poul'I'Uit m'aim er? Depuis que je suis
il Paria, je ne vais guère dans le luonde, J c ne
fréquente que des amis qui ne songent guère plus
que moi à. aimcr.
- El au puys?
- Au .pays ? fit René qui devint écal'lall',
- \lUI. 1,\-b0.9, ùa.ns les Vosges, vous n ':wl'z
pa:; J UI:-;sé lJf~
P"lile amie, Il,ne fianœe !lcul·êll'" '/
Lc' prulC' ne l'épondit pus.
Il 1',~IJ(a
S\\ 111'g", chùI'l:hanl il lire daJlS ses
y et'.· a Pl'll;:;',:, Savait-elle quelqllc ('hnst:?
S\ Il 1gu. se nul à. l'i re,
'JI1S VOYl'Z bit'TI, fit-elle,
que j'ai tuuché
ju:,Le !
- Comm nt cela?
- Pubqul' vous no répondpl', pns.
- .I l' Ill' répon ds PU,'l, dit r l tll" loul. Lrullhl,.....
je n p n~pods
pas pn!·ce f{lle je ne ~(\i
pas ql10i
r é.pondr', .J ~ ne ('onow,j pl'l' !inne dnw; Il f VO~'!r.s
V. Ihl ne pou Vi 'II 1H:\ s dire l.:c\u >Il li. louglr, ulL
~wurg
~e
.
- Dans Lous les cas, poursuivil le jClIn r l1nmmr,
si jo coullnis, His f[UEllqu'un, 011 [tllIl'iL 11111'1qll'I'Oe,
je
e
a
1.
ne C()IH{ltL'~is
plus n. r::>onllù 11IûiJlI"llulH IJUC
vou s cunnn l ,
Swurgn lr.~snji
e nouveau.
- roirn Il t? fit-l'ile.
.'
111'("11"1
1
Elle AC Il'ya. l':lle uvnil pour C<'ltl' 'ois uSS ('z ob·
tenu d'u\'t'<IX, de CUnPI' ioos dl' r~ , o~,
Elle voyait
l'(lme (\11 J~'lIrH
1l1ll1i/l IU r.llIlm' IIIlHe 1,)U ,Imlllll'.
F]llû cuL pl.i~
de son Irouhlc c t jugclI qu il cLall habile d (~ n> pu!> trÜ)l} insü;Lcr.
.Ie vail\! [f)'II!.biU"I', dit- le, j'ni ft ortir,
. VOt1 <; m<l renvoyez, fil H nr, qui l'estait tout
interdit.
-if:)
Le
- 111e faut.
chüvu'icl' va venir me prend~,
Il ·scm très con[,rur:.') de voir que je ne suis pas
prê te.
- Et quand me permfltte;,-vous, bégaya. ie j eu.n~
bomme, de l'c\'Emir vous voir?
- ?,l ... is L1l'main si vous le voulez.
- A la mJme heure?
- Oui, à 1.\ m':me htlure,
E,h; lui LE'ndit la ffi"in,
R.!n(~
s'en l'naj~1
\ ivell1ëllt et y ùéposa un bUiser Ll" nilJI,wL
- A d":nû;n, dit-il.
- Oui, iJ. l!,'main,
Et il. ~oljt,
peuÙ:lDt, qu'clle passait dans Ufl.6'
ontrc plèc(', non sans IUt 8yoil' jel6 UIt dcrnièr rêgord , un dpr'lJier souri r e, un r gord et un souri 'e
qui (l oyaicnt (\('h,'\'U' de lui Oll'ltre le fc~
ùans 10
..:ûIlg.
da~C0nit,
le C(l'11l' ,~p[.resé
hl:ureux
'-'01 a'IJnll/' birn per'l'" i,
f!1'"
"I1
lnèm~
lWtljl5 IIl/'('(JIIL '~Jt
de JIlI-lll"n'p, TlJl·r.· nlcot. ùes
l'OIes (") 'il il V'l t d:trt', 1.]1'"
'lui a v .. il a, ru/·h.:c~,
dll c' 1 III Cil t:1' III 1 nt dl! Ir: l," JII ('n, 1. il \" 'li l:f
de
~cné
vOIr
p _
d
se rClIrfre coupable de trahi 'on envers J e' un
r:Jl! i aif-! j 1Î1":'! Qu [lIl il'Ildr-,I;[,ii Ill. t,Hl!.
r
Il ! s'il 11\ nit. le COI !'J.gP d( :;'1' : , " 1 Pr
(-l'llt-JI ICI1.IJs cnco!'l'! Ch;"IU' IIl:l'i'I', clla
nille P'I,'>'i.!e dans le pd,l . alGil de n'ût,
.~
r ue dl: Rh'Ü'li rhï'I'all dl,v'mt1.~c
lu (h:.!
'lUi.
l'Hltn('llniL à <:eHc' femme, II élait toul plein ,ll ce;;
P 'th-tt':), ne sochtml à quoi se ré -·)uLlre, sentUlItt
:;Oil :lVI'lIi !' df>v('nir grnR d'ul':l' ,"- 1 1 d.-· I.elllpèl,!!.,
quan.d, en l'en l'Il,lIt chez lui, il trouva sur sa t •
h,~
la 1 tt l'(; (JI.' SOli 1'':1 ,,, Je PH;:;s:wl ins1aml!1C',t
de {'JI 'T' p;Io<'Sl'r qlle;lfll s jour' chcz lui il l'OCC8',-ion (lt·~
gr, n,Ir::: el'1SSf'!" (j "',.~
pnr l e pri'·'I:
de Brt\monl-L.:Jti)Ur, auxquelles LIs ét~ien'
inviUs
Lons l,'s den:\., 1\, r." lul ,; ll·it.. 1.1. 1 Il l'e. ~l fallU i
pllT'1il' JI' SOIT' rnr-mr>, Pelit.-l'lrc était·ce
le salut
qU 'il clrTlIIllHJ!lit, '!u'il irn<pJorait.
.
Il 80'lna YlOlblIIIlWI l Sull lh,mestlqlle,
- Pn'\)nre;" lout. dit-il. pou r mon départ. Je vaiD
m'ah.o;·l1trl' 'luf'lqlles jours.
- Bien, mon. i( Ill',
rola is aus:-;i'ol il pcn~tl
:
_. El U"fJII lln'l Ile va m'atl,endre.
Il fit lin geste comme pOUl' retenir le dome~
ti' llI C, pui,,, llUs::;ilOI, red(,ven nnl mettre de lu',
l11CIlll' :
- Fuiles! commanda-t-il.
11 eLlll t dbt'idé. ,II e JiurusMüL ainsi d'n.voir ren
Jeann e el il :, nlJllt dflflS ~on
tU!Ul' Uli s(Jul'~
~
T!lCllt, une sa tisflldlOU,
VlJI
HfIl'~
prit le troin, nOIl ~Dn
!ullp, pt pendaIt'
10It! II' rOll!'S du YIl,V:lgC, U lH'I" el' ftl[ uv!'e Swargu, glli l'e·to ll 1~ -b.ls,
'l, Ji nlIn}l l'Hllr;lIdr P, 41' i~
,
1 ail.
Il
"11
elull
rrwil f' ·111· ... tie III
lfI~.\1,
SUl'
l!lltln[, 1111ld,
11' 't! Ilf'
e'
fIlli
I\~·elr
l'niai
sans !Iolile plu,', pl'].' jlll 111l.i'· t\ cl'ilo iùée,
lHle "l1vir foll e Ir Pf'('I!:I11 (11' ~':I!"l
(' on l'oute. dè
(Ic~
l'nd r f' b lu prl'II';{': si i'f ,1 Ih
\·,'nil' ,l Pa..
i' Il ln \oynil le ]1'1\(/ IIldil 1 tif Z t Il " l'nll 'Il" ;]1
bpll!' (., Inme il l'aVil it \'111' d.lll.; ln jonr"ll'(' nvc
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~C
dl/>' IIX fI'oT', ;;ps \:!rllrJ,l
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IIlpllllulf'
.', 'IWI dn
(fl'~
11 '111 , 01) t'
['U'o,(t': tif'
~l
ni'
III i,' Il', Il r
i
vnvl\lt snll H.>llrin', Jïlllll!li'w
J I:lI l' dt' ~<ln
1'1" \rd 1\11111111 ell- lui l"'" li'
J ,1·' )(J~
'il> t' de
lu I:II!' '1' alrUli? de s'{!o g-nl'I' d', Ill! Il j/llll.lη,
jnrnd,i;? [L'n se dit qu'il r'cvirondrni l, ([1I' il all/u
lUI él'ril'c qll'une leLtre urgl\~
l'avult (ltblig6 d~
pari il, (L LI ô' cnhna. un peu , Rlle lui po.rdonnc!'&
sa !ugu . Une voitur attendait Il n6 à la. ga.re. 1
y monla. Le jour
pointa~,
Un joor emb&rr&&ié,
�La Nuit Roulle
peu
tris te avec ,les b n mrs t r alnu.n t sur les a r ru-es .• lalgl'é J'heu"'! m a tinale, la premièr e fi g ur e
ue R &l é a perçut, s ur le sc lil du ch1\tellLl, 1ut
ses
,l'He de J eanne, radi eus e, rOm'1le 61.'o";e; ~vec
iÙley r UX blonds, B'{'v npoflllt GUll !' Ut' 60n . v lSilge
1'\)5e 'lue fai sl1i r nt saig'1 r de·m· !è\fes "l'y ,~ ,c t
qu'é;'luiraienL deux yeu x (l'ozu.r . Cc 1 il és 0t l':enrs.
Jea nne hors d'elle, b. "1' r
mils"
;'j~nt
:
- Lui '! lui! c'est lui! ~
A S{ln cri René viL s n pl'> 'r> p:1rttl..l'e, la d(j;:l
~r
dJe chancelante,
Je corps en veloppé ChlOll un e
-va,s te rob e de chambre.
SOli vis age aussi sembl ait illuminé.
Il COl1lé t avec quelle impatience, qll el b o,nhe,!r
"f étaIt uP " n<lu !... combien son r elurd aUla' 1 ffilS
fie d:'cc,}tiul1, de <loul eu\, da os. ces deux ~ ' urs,
qui
!:' \'Ïvni('n t que pour lUI ... et II eut une JOIe d être
veIl Il , d ' avoir eu ce courage.
.
Il saul a Il'stement à bas de la vmiure, et se
jew.nt dans les bras du prince :
- M<ln père 1
Le vi eillaT'd le tint l<lngtem p 5 embrBssé, Bi longt ~m,ps
que Jeanne impatientée s'avança.
- El moi, on ne me dit vas boujour à moi!
René lui tendit la mai• .
- BOnjour, coueine!
.
- Elle est ici depuis quelques Jours avec 8'a
tj6UyernBnte, dit le prince, et ~le
ne parle qu~
de toi. Elle a voulu êt.re la premIère pe.r&onne qUI
'flI[l ercevralt.
René la regal'<Ù\..
dix-s!!pt
os, ét~i
JOflnne, qui venait d'~voi
èevenue forl belle. Elle ava tt SUI Lout un lemt
~Ioui
sant et dans III rhys iollnmie un e lum ière
qui attiraient la sympaLhi r et la joie. C' &tai t u.n
... ulre genre de b eauté qu e celle d e' S w a rga, m a lS
pleine peut-être de plus de charme, )llu s na~ur
e Lle,
i1lus franche, moins factice, ne donnunt pas COllIlme la Slave une sorte de frissoll d'urt.
Néanmoins, René ne put se défell dre de l'admi-
rer.
- Comme vous éte;:; devenue bolle, ma cou-sine !
VOllS trouvez, mon cousin 1
Je vou.s trouve superbe lout bonn e-ment.
- J croyais pourLant que les Paris i nn es él.!l.ient
Ji Jolies 1
- llyenai
- Je croyais que vous m'avi z complètement
oubEt'oc lluprès d'eUes.
- Du to ut. Pou rquoi cela '7
- On vous voit si rarement. C'ellt à IJe'ine sl
,'Ous noua failc$ de tempe cn temps l'aumOne de
quelqu ('s jours.
- ,\ h 1 c{'~le
rois, dit le prince, il va nou~
resor long lcll1ps, n'est-ce fH\s, René?
- .I c l'espère, mon pèr" 1
- n ien ne Le rruppeJle il Paris?
'on, ri~n,
- Qu('\ bonh .\lr 1 s'écria Jeanne! comm e 110\1 8
lions IIOll K UlllU ." 1' 1 Il Y tl les chass cs d'ahord.
lV
(!i~VOIi
R
qll
Jt'n sliis '1
VOl s snvrz douc TlIonler li C!l('vnl '/
-
-
-
fi TI n ll d ~ 1.
II priIlC('.
( ') li m e 1111 r:pntUlII'{',
dit M. d' rgylJ.
• 1- '!;, iii. n 'né, nous all01l8 ru.ll·e ct fnrj u~ s
gr lopa rJf'!\.
li. j e j'(', pèr bien 1
l ' p l in '(' pri l :'Ion nlll il l'écart
- l',ll(' rnclore, lui dit-il tout hM. Bt oUe est si
t/II'rJ lilll l ' ! jlllie, ~pirLuc.
. Ue 1 Ne vu-lu pne E'nfIn
01
1 tc'r?
H, 1'1' lrl R tilli l.
{ e "PI dl III1C sI grt\n(j~
joie, insista le pl>re,
ur JI(' 1 pOlll' Illoi ~ La demièr~
sans doute,
11 ull -t il c1'U n l' i l' nllristé.
FA
Ill' li n 1110tJV f Illent de Rrné, LI poursurvit. :
_' Oh ! j Il ml: Ll'ornpc anère... Je lIeJJ,' que je
, JJ 1 i '
lU
lp.s iour.. quo je w'en va.i.ot. m
-
~
je serais ~i heureux avant de pnl'lir 'd e . tQ l~er
en t re les bl'as cie la lillo de mon plus vleil am!.
- Nous ven ons, mon père, d it R ené, n<.1US ver-
rons.
.
- Ce Il'es t pas tou f cela, nt J ean ne, qui s'était
'tl1/prorhée COl l l1l C j u lol1se quc l'Oll causM saas
eUe, ,"ous dev ez a voi r fail J1, m on cousin.
- UnL faim horrible, fit R eué en r iant. J'ai dtlié
hier s o ir b. la htI te.
- P nsseE dans la salle , à mang er, le déieuner
es t prN.
- C'e&L elle, dit l~ prince il l'oreille de R~né
qu i s'oc cupe d e toot ici depuis qu'elle y est, 1111
QI'ri r e, un co up d'œ i; un e vraie m énagère!
Da ns la saJle il. mn nger, un déjew1er fruga.! de.s
'Pl u;; appéli sants élai t g o!'v). l1 l'né y fit gmoo
h onneur. Il se scnlait comme r éco nfor-lé et ~ou
t
réjoui de s e r etrouve r dans ln m tliSOll pa t erne lJe,
au mtli eu des meubles famil ie rs, cn Lre 100 deux
aflo rnti
o l~
de son père e t ri e .I r'l nn e, q ui !lujvaÎ!ent
de leurs prunelles humides de bo nheur tom soo
InDU V lTlC'nts. Quellc
di lfér ence a V('I' l e
rùt~eu
étran ge, han a l, où s e trouvait Swar gn 1 Là était le
b onLeur lrnnq nill e, asslll'é. AuJ.our dl:' l'étrangère,
il .Y avait d es attiran ces d'ab'me. Par moments, le
p if'd m a nquait. R ené sentait pas.'3er en lui de~
frissrms de terreur comme dervant UJl danger "'lil
l'aurait menacé.
POUT' hli, Swargu, c'était l'inconnu Ileil tén~bres
!
J ettnne c'était le rayonnement, la lumière, s~n
un
.coin sdmbre. Il savait de Jeanne les origines gloJ'ir uses (·t toute la ·vie. De Swarga, il ignorait tout.
E lle était pellt-être immaculée comme les neiges
dont eUe venait.
M ais qni pouvait assnrer René qu'elle n'avai1 po.s
lralné dnns tOllles les flln ges ? Son ento
l ra~(',
sa
manière cie vivre, les obscufoilés dan lesquelles
elle s'enveloppait sur !!la famIlle el sur son pays
no lal , Lou t en eUe él8 it louche, !!IenlaÎt l'a venture.
Ces pensée ' ha.IlLèrent !,ené pendant tout l~ lelnp.s
du déjeu ner t quand 11 sc leva de Labie, Il était
r.resque gagné, Il sc ·e nl.ttit r éch a uffé, heunmx, et
11 s'eppilwclissait d'/'lre' venu. C'est il. p~ine
s'il aV~lt
du l' 'grct d'a voir quilt6 Swnrga.
Cette pJ'omièr e jo u rn é e de villégiature passu
co mme un ench a nlcllh'n l, COllll1le Ull l'fdVC, da ll ,,; la
compû gni e de .I (~ln'
ni. du pt'ill ce. 11 y avail prè»
d'un an qlle 1 ell ê l 'éta it ven u au chliteau. Il Hait
ItclI r eu). de l'cv(lir tou. c s lieux., uù ::.'{:Lail écuulél'
;:.0\ premi èrc enfntlc , de r Cllo uer conn ai, lnc!: H\ '('
le .. chitn::., 1/:; c li cvaux qu' il aVilir. la i:,."ùs. El
Jeal1ll e éla it unc comp <fIl C de pl'Ornrll.ld l' ~i ga ie!
Son rire duir sonnuit il. lout es les c1airièr", ù lOUh
l '!> n r!JI' ':; du par'c, cl lioCS yeux bleus ::;"I)Jbllli 'nt
r6(] ' ter ln pl'ofun d UT' d es cieu r.l ~ . r s p:ï'y s.'J " ~ l' S.
I,e lenrlp llIl.\iu avait liou la prcml U'e J(J Ul'l1rl' de
C h o!l:;~>
. .. Dès Il' llWlill, le [>T11)('0, à qui la V{' lIliP d
i t n vui r d o nnt- unf' vi g u lIr nUllvelle
s on !ils ~ p mlJ!(
\luit ins lull,; rlnlls l n "'Jil 'd " Cju'i l Con dll l, n it lui
lll c-mr , ('n
(' 1)
11I 1l l(' d
'h l ;'HP, n llCIH1111 1
n ' l lf.
cl
J cnnne, Cj1Ji n'{' lnienl pos n core d ,'iCNldl.IS. Un
tClllpS . u J!!' r lll', 1 Il I",'ll rI'CJ]{ !. .. a V,!'I' II ll ' pOi nt!' Ù'
gi T C b l'(Xt
l~ lT1i'"
1' 1' \ hrml l Il !'il <1 m 'l lIl fi ... Il,n ,, lI'
Hull'i1, fJ u i Hl' If' \' nil 1I'lIl('!lI( Il t tl1l f OIl (j cl l·h o l 'I :t. CIT~ ,
Ilel'I' '''n ' 11 /1 /IITWI I CI 11 - nU 'lIl de I l \ (~'"
J'l\sl'rfl, ullalt
[a irC' foncl re' t l JlIl ('l'Il l. ]tr'llf; pnrll l, dl',' ('ClId l!J1l '1 I1UIl'e il <[Ill\tn' 1(' IW/TOII <I ('\'onl Il'fJuel lBS C!J(>VLlILX
pi.nl'fnifOltl mninlenlls laIT' fl r,n pèr,..,
-.J I' 011 . {Ii hlil nllc n rll'e, rnnn pM~.
_
'( Il ,lcllnnl' fi' ::ô 1 IHle; pl' I.e.
A1l m(!;nl" mO!1l('nl la jeune !'lI~
ouvrit la pOl't.e
i'n /lJIU17,(mf', J'nit' (,..J'tl.ne, plUA jolir nNlr!' fJuP. la
veill('
- ,lt. llui H en rl'Iuro ?
- nu LOI1t. .. je Vil'llR de rlNWl.'nflro Jri nÎ- Il(>mo.
- A!J OliS 1 Cil voitura, dil le pl'iucp, IHJll R fi rems
('n J't'tard.
R lié ct J cann
princ(' lève
~on
(l'élancent dnns le euhl iol L. Le
[oue! el le~
chevaux ponl'klnt
�1
Il Y avall près de quatre ki1omè'res b fair 'l\ ri '
d'arriver il. la pl'oprié'lé des princes d,' i3rérnunl-Latour où la C)Wf'SI' avait li/u, Quatre k!1r/ Y1èlres dnns
ce puys rayis.':1nl, ~r'Cidelté,
(lvec des poin\~
réf' 'iques, que flcT'lIil)lll les rayons juuncs du so!"!l !eva.nt. HCIl" a -ail oublié Swarga, Jeaune était 1'0.di",use,:lI 1 1l,Ie ct un bOllheur inllni,
Pend, l' " c!lHsse, c'esl à peilw si René quitta
Jeanne. Il s'élar/<;a avec elle sur les LraOt!s d u cerf.
On les vil LouL le temps toos les d eux ên lête des
chasseurs, el chacun .admira leur en train et leur
élégance.
Le soir, on disait a u pri nce :
- Le joli. couple que Gela va [airs 1 VOU! aile?:
les marier 'C
- Je voud rais les m arier demain.
- Qni vons arrêle?
- Je ne sni:; pas si mon fils se .d écidera. J e
cr ains qu'il ne vcuille retou r ne r à Pan s.
- Il a l\...i! rru :orer sa cOIl~ine.
- (lui. je sais bien, pendant qu'il est ici .
Le p r'~ n'cn dit pas (luvtwtage. René ne s'étnit
pas prr,l!(lncé nellement et il avait peur. Penrlant
qu' il é~.a:t
il P·tris, I1en/5 srnnbJrül bien bdiffél'ent
}lou.r J annl'. 11 esl vrni qu'il ne J'avait ]'ltlS vu e
comme il la voyait ma'ntRlillnt. Il .ne l'm'ait jam a is
admi r ée comme il semblait ] ';'1 ctllll rer, c: rHl n, il en
aurait le ('amr net. Le soir mêm e, il pa.rler ait à. son
fils.
En er~,
quand ils fu r ellt r enlrés 6.U chàteau tous
les trois, terr8.,.;sés de faligue, t ",lIf'. .Jcalllh' eu l
g!1.~né
sa chamlJrc. le prince, san~
aVOIr 4uillé son
costume 'CIe ChU5S!", vin l fl'apper à III por le dt':' la
I!hnmbr e de son fi ls q ui était en <train de se déshabiller.
- Vous, mon ppre ! fit le jeu ne homme surpris.
Vous êtes dOllC i nfnlignble ?
Il &e lm;c;pila pour offri r li n fa u teu il lLU vi 'iIlllrd.
- J 'ai bt>50in, dit le p rince, de ca.1Jser avec toi.
•le ne dU!1Tlirnis 1lt18 si jt"l ne t'avai s pas pa r lé.
- J e vous écou to, mail père, fit le jeune llomme.
no ,peu éton n é.
n avait cessé sa t.oiletie el S8 tenait d Bbou l près
de IR ch~rni
llre
Le père s'ét~{i
1 laissé aller dans le fauteuiL que
son ms l,ni nvuit l'Ivo.ncé.
U dil brul',qlJt'menl, les yeux dans ceux de son
fils :
'
- Que p<'ClHI' '-1II ùe J pan n e?
- ,lonC~
! !';'t"'Tia le jeune hom me a'1'oe,c haleur,
elle est adornhlc 1
-
-
N'cgt-C'I' l'ilS '1
Une /(l\irlé ... un en b-ain 1
(1 El jolie Ilvec 1eln !
1 .1 (' ln. l'ompo r~lig
.a \lX nn-tl'el> jeu ne e
. - '1'1"'. Jli~
1 l,
ile~;,
ü\ll()l1I'CI
le Il ('[1 fI Irouv'" fllleUIl!'.
- 11,' '1' Li, 11 1H'1In f' ne peu t lu i lotI' com.par ée.
C'f'sl ~Ilr
(l11 i '1 "~'i
la l'l'in/> dco ln ChaSRf".
_ 1 \l
.1
l' "
('1 '
1 l ''1
/'1'(:'1'
! lout Ir momie l'admi r ai t.
IctfJ {l'llrCR, peu l -être.
k"is 1.11 l'I1irncH'us '! lu sellS q uI' t u puurras
1'IlfmC'l' ?
PC'111 êlre.
- Enfin, uHe fl& 1& dépll p.tS ?
])11 l ,\11.
Tu 1111' J ['llIls hicll
V\lIl , 111'11 pè!'C' '/
?
de 1I1111e mn "ie,
Ùl r Cl'ha l,on.
OUI, jl' ,Ill. : qtH' l" !lJ'VI.'IlIll' If' Il.an de
JeannC'. 1 li r: ,) lJ(JUJ'ra veni r .
VI'/llfncnt : Il le princ', dont la voix trem -
le ]'~vc
- Tu
ht'UI'l!UX
~l",
niH <j1J/'Î ft lé le r~ve
mor. l'l.\ Il vr • lun! l\.ri~s
11" is 1 as t'imposer lIh)f:1 el.LOt~
,
<;i Illn r'lwix il toi r.ol1corc1uil il no",
." ....
tu rr,tJ rClldl'ui" It· pluo' h,~u
1.\ ,I t )$
. 1':1 JlOlT dIe, '}u1'1 ho uelH'! ,:al' tllle
t'alllle, J( l' n'le.
'"'1 n,-'
1"
'1'111'1'
f
,i v
vell1
rll >,Î.
-
Elle vOUS J'a dit?
E::;t-ce que cela nc ,e voit pa~,
fle.e
' t pas?
D eJ'ui~
(iu'clle e:sL l'i uu j" • il '"1,, rhl \t;' ',-' 1" ur
t' aLlendre, clic n'u l'II (lI-! , ' . , ( lIf' pour l ',J
tu
savais quelle joie f'[uanr! je t'ai {r"o't, ~ iis fj'l 'HI' inquiéltFle qu-and nOlis uvons eu 1~'lI
(JI]'! lil .ue
vi,enne::; ]10.::; .. . El d puis qllc lu es là.. [JL v 1:; 1 J'us
,:, :~ ,
e ".~ !lOnhcur infini q"l .Y beille '1
-;:)1.
mon {,èrl! ,
- (. e, l de l'amour, cela, mon fil", de l'armll1.r
,ohl.i!stp.
UIl' ombre pus,.n SUI' le front du prince, car il
vo.) a., :;u, [lIs gurùer le silt:I1 ,(' cornIlle pris llar
un sou n: '.
- Tu 1\ l''; III il.-; p&.:, ?
je T1f' puis pas ,"oUS
_ Si. Hl 11 f,e .., :<1. ~\his
dOflllt'r' 'Il l,Ile /.(' \ lH't rénLHI,i(' déflnili \ e ••Teanne
e::;, Ü ) I . • '
"
1: d
r
l'<tltll r, maÎ,S l'a:nour, \'1)'1." le. ~a liez, ne se commande p,,,;. C'est uue i nqJrt:!,,; >li en.
l .e prince ,0 1>'\ 1. "ni, l'l!'',ud .,1: !L'a ,nu' "l'lui
de SOIl ms.
_ Je ne te demande qu'une chose, dit-il. Ju:-e-.noi
que ton cœur esl libre, qu'il n'e61 pas prü: pu!' quelque ltl IUva, e pas::;ion. El je erai ;:~i.
Ï ", l je
donnirui Lra.nquille, car je suis sûr (lue lU 'IL 11'raS
Jeanne.
l ené gflr cla le s ilen ce.
L'illlnge de Swargu ven ait de sc ':. ',d~v.\fi
t
lui. lin lr('lnl.' l!, " l 'e u" 'l' ' 11"
dit-il, me fair e ce sehn~t
?
_ Til n'oses pl~,
- I\ lon pè r e bt:gUyl ,en .
_ Tu aimes, malheureux! Qui ?
R ené n e r éJlondi L pas .
__ Oh ! je n'au r ais lias dù, ~'Br.ia
le princ" lJuI
av;d II'S larmes /lUX yeux, je n 'al1r is P.'t3 dl1 te
lais' ~l' si I,) Il" em p~
lù-b:J~,
'(Jd! ,l' :r:-10,. JOlll de
nons. EL In Ile me tilf,.Ü!'\ rien! III me 1'" .. " b. mes
illuf'olls, à mpn l'ève. '1"1J 1~ issl'is oct 'e n"a hPll1 ('lJSe
enfu:lt ! ... Oh! cnllllIll'ni lui (Lre cela! ret IJlJndnn!
cetle lt'nbif'f)11 ! Car r'p:-t Iml' 1 nltisCJn ! c'\eIJIL-tu ?
Ren,"~'
lonlail les l,'.\ns.
TI intI lTflmpil. le vi,'iHnr 1.
- E 'onl z-moi, mOI! pè',(1
cc Vr)IjS vnlJ~
rlt'flC-I'('I'!:'?: r (' It.'lf
_ Tu n'àrlf~
]l :;; ulle unlre fr."
C '/
- ,k nc 5n;s pns ... .'r luth!,
El !1'"r.fnuÜ,-" III la 111lf' rl- liS \('& . 'ains, JI! Ijp\.lta:
-.1(' \11'S hil'Il m 'JI 'Ir 1::; ,
,
LI' ')l'inr.e fl.l'llI!nta i l, lu. c.:h"mb,' lA' , , ' , " h 're,
tr"lI l1('vrl'llx.
's "IIi e!': .1'1' ? It' <",rlnil·il. n'· II kt l'mI f ' " ~
! r 1I1nni • III <;
:> ' " . ,
.... JI fn"l n Il 'nl~
r 'nI" IjUC' le v '11 ' 1
fil \l.
,ft
noi. -l"
n ui cj',,-IllI1' InU.
1 l ' cl"'l P: i\ du ( ,1 ~ " p' ' 1 v
( " i r II' Oilli '11 ;l'IlÎ, rnr,; . ,l'
t1l fi Ilf'-.;oi n il'/l11'I SOIl ,".
n :1," Il' 1. 1""'11 Li,' l alTI') 1'1; 1'\
r:jI ql/(' no', 1",'km'8 ,'\ n~ i 'Ill. .
y, I;~
"
Inil : Il 'n iVPrlll'I1l, cH!',[\," lI'.. {,
!1llnJll1l' ]lnr~i
(le l'iml;l"'P$) 'jrl]l 1 ,
rll. III
l'II(' éll'lIllg,\n, J ui" J't: 1/:'(:
;\ [WH 'Ill f\l
d . ! . '\' q
1(' ,Iltnil rll'<; pal'lir.:\ l1r~t"'s
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or- 24
L'" Ndt
- Quelque aventarièJ'e :-;ans doute qui Il tralné
"toutes lé' alcôvcs cie L':u:·ùpe. Avec qui voyage-L-
.-elle? Avec SOIl père?
- Aycc son Luteur.
-
Son o.mant
5:111:;
-
A moi?
-
OUÏ.
A Pa~is,
S\\<u'gn n\ ait [1 :tendu nené toute 1 upfé:;midi, le lU, ur llu'IlL'u d'ap],r611c(,sli J,:; ct Je , ,<llllles, el qu,lnd, vcrs six heures, le CJlevuJ.el' l'ClI l'Il.
il l a. Lrouva dans un étal de fl"l'eUI' el lIe mg\.! Il.ui-
don te.
- Non, mOIl pèl"l:, ,,; .. I.a, j'en suis s1lr.
- Qui Le le prouve?
- Vous :c conoaiss(;z ...
- Qui ? le cllevclicr ?
- Il u eu, m'a-L-il dit, le grand honneur de
êlre prés" Lé.
cibl s.
- Eh biell.. s'écria-t-elie, il n'esL 1~s
VOu.s
Ici, au <..in\! (;:1 d.
•
- PUI' ex rnple ! cIlmmcnt se nomme-t-ll?
- Le ,l1evuller l":arl ,-créTIlIer.
- 1\ Ml StJ'ClIncr '1 Karl Strenner ?
Ln Ill'mcc chercha. dflllS sa mémoire.
- 'Ji . l'II (If t.!. ill·IIl,II"'-'-.:,.Iu vu cet homme.
Il s'é,OIt gi:.3St: clans e chùleau je ne sais sous quel
pr 'l.!e.'J ,,1\<.1 il
,1"tlÙ,,'
Il .. ,e 'Clp1)(:. [lus !){;U"llluL ['ne l " " :,-"!U,,"I e il gifler.
1\1..., ,; (1'. : .. Ie lit! III "ü li! l..; III , r erSOlllIe. Il s'est
Il! é:>L'TJ,~
IlJi-:l1Pr..
) ;-tl1 It: oruil qui a
b:
coul'i.' ici fiur sr JI ' ÙJII. te ?
li
-
• :Oll, mOIl ' . l'c:.
-
Un
On a. I,l'pl .. ,.uu lll,e
-
lSp
c',t~d
un?
un e. pion .
- La Pru::;se en E:mploie beaucoup dcpuis quelquc tcmps.
- C'c,,-[ une calomn:c.
- C'est possiblc. Je ne l'accuse pas, Je répète les
br. ils. On a. pr,~l('ndu
ql"n1'\ l'uvait ,1'pri~
(Iéguisl'. aux environs justement l'U châte·au de
Krr!lBu-en qui est, COllllllC tu le sais, un ùes points
import,ants de ID ri "fen<:e rl" l' l:'(lce.
- On a la manie, fit f'ené, de voir des espions
partou t main tenant.
- Oui, depuis SU.t10\h1, car les espions ont fait
à l'Aulri''' le bealJ~op
dl" Ir,J!. :\!ais qlle ccl, hOjl
'
soit un ef':pion ou n'en oit pa un, je ne saurais
me pronollccr à ceL ég rd. C'est, en toul cas, un
pel'-onna"e douteux, <lUX allnrc." cauteleuses et
loul'lles, t SUI' qui 111 uPI rendrais sans doute d'é1ralJges l'f'nseign<ments pour peu que tu veuilles
t'en \I( IlHer la peme.
- C'c.,t l,ossiblc, cm René, mais ce n'est pas lui
que fl'p ue.
- C' !>t vrai. ~Jai
s quolle:; ga: an lies de moralité
peut l't Hrir une jeun e fille qui a vOeu sous la tu!,elle, s us ln surveilla. {;c de cet homrnQ ?
René ne répondit pus.
n :icntait toule la juslf sse du raisonnement de
50n pèrl'. J.ui-mCrne aVilit t~ln
de rois déjà, depuis
qu'il fOtlll 'i "lit SWnl'~i,
Il n é aillsi.
L'II 11111'111', pOUl. uiviL·il, le r'pos, l'honneur
sont id )1 ,. rie /lOUS, pr ',s de Jcannl',
lc
.I
-
: ",
mOll
p,\rr.
Il f.1lI1 ollhlil' Cl'lli' f(lllrne tout à fait et nous
revPllir, • i l'l'si, l' HUpl'l!. ,It' nOIlK.
- ,l'e Il ' il' plu.' gl'tllld M, ir, dit tc jeune homme,
_ () 1 ,'1) ('pIte fClIllTIt' Chas'c rie Luut cœur son
IOlI ,Cil l'.
~
,1'
_ 1U
-
ùirrni.
Ir proI1lr>ts '1 Tu me le jures?
IllI'
OUJ, 111011 pèl C
-l'.
'IH' lIu19 quit' ~ pInn?
_ " '1 ! dit l'l'nl! 1.'('lIl Hcné ..
_ A 1 l'.;, III l''! S'lll\· ..., fil le prlllce a.vec bonheUl".
lu
Il
Ilill (., /'.'1
H né
ll's
h"
IiI
l
,lr/1lw'.
pUl'èl l'lit.
!.
Il! Iltlil IP' pa" d~
III )IS
son pi'r résonner dan
.;onllll·S, jlUIS di:'I)(~lre
pelL Ù peu et
fll d' n,; hl dl/ÎtPl Il.
q j ne JlI';, 'l jam IÎ , il :;e jt'ta sur ::;on
))1(
• iii d
1! • 1
III
Imurl :
IX
Jill! Il lin ;-:·rn!li ln force
-
1\1. d'Argyll ?
veuu)
- Oui.
Ella avait. les . lèvres pille.;, les ·cu.- fLilgu'adt~.
taule sa chllir fremlS '1;1.
- Diable 1 murmura le chevalier
Puis il dit ê1.ussÎlOl :
- 11 aUla été reLenu, sans doute.
Elle eut un ge~L
de hanleu/' 11l{):q11'imélble.
- S'il m'alm.UJt, qui pounait le relenir.'
- C'est juste, diL le cheval 'el'.
Il y eu l un silence.
La jeune femme allait et VI nait il travers la piè e
d'un 1 a:; :;acl:udé, déchir-unt nlil C sc., lients un fi'
moucJlOir de baLi:;Lc orné Ûll ûenLc.tl s Ilu'eUe temUL
à la main.
,,1 ! s'il 1Jl'Mllnd. 'n. H', fit-elle, s'il me lr'ahit,
comille je me vengrTUl !
'
,
- Et, l'OU l'quoi, tH le chevalier, von!l lUlhiraü-i:?
- Eh ! ~[lÎ-on
?
- 11 jJ!:1l alt fou de vous. Il esb peut-ê-tre malade.
Swargu haussait lelS épaules.
_. •
•. dù ••:llL prévenue.
Lt rien. Pus un moi.
COnlprl!llCZ-VOUs ?
Le chevalier eut un geste de dénégation.
- Mn. foi, ml:rrnul'a-t-il, pas tHI>.
- Vous lie comprenez pas, n'est-cc pas?
- Je ouïs s-tu:péfult, ap.rès avoir vu comment
il était près de VOUll, avec IJlIclle rage il vous recltC:l'c-huit, il vous poursuivail. ..
- Je comprends, moi, dit Swarg.1, dont tes yeux
lanço:elli dt s ~ame6,
iJ. aura Lout appris.
TOIl t quoI?
- Qui nOLIs sommes ... qui je suis... qui vous
otes ...
Quelle idée, munmura Karl Strp.nner.
- Et il m'aura fui 1 Il m'aura fui comme on
fuit un danger, une hon.te.
- Voulez-vous, dit le Chf"vnlier, pOUl' cou'Per
court aux récriminations Cfu'JI prf'.ssC'ntait., VOIJ'lczvous que je sache pourquoi il n'esL pus venu?
- Et, comment le saurez-vous?
- En ull,'lnl m'en informer.
- Où cria?
- Chrz lili. Je saurai ainsi ,,'il est malade, s'U
s'est nhRC'nté.
- Oui, ~lIcz
1 car je ne via pins.
- Vous l'niml'z tant f1lle cela? .
- Il ne s'ugiL pO~J.
d'Olllnll/'. MaiS ccL hOlffime
mpr6:iCola,iL pOlir .rnol la Ill!er\l"., .lu fortune, les
honnell/'s el lit glolfl\ tOIl t pC. f1ue Je 1'0 Vl', tau t ce
<ru,~
j'l1mJ!iU,mne, et ce que le n'atteindrai peut·
ôlr'l' lamald,
r':.t eeltt' df'rnibre phr8$) s'ucheva. dans une
sorte de Rllnf{lot.
,
LA' f'llpvHlwr cut un sourire... un sourire narquois, plein d'ironie.
.
- C'..c n'est pns posslblc, murmura-t-il, belle
co-mme vou,,! l'Mai!,
" . .To me v.o~l\ig
avec lui, au snmm l, cn pleine
lTIi~re,
ct SI Je le perd., Il me fa:1 Ir',1 1'0desccn(JI"f! hi"n plus hl.'! qllO jflIl10....
J i
lIld.lIwllI' 1
tJ'llil'l fnis lllulhrlll' il llli, !:Ii l'l'Iii [lrtl" !
._' Vous VUIIS fnitr' dt' iM
d.t l'I\Il( rnnnd:
V()IIS VOliS cXl1Hc;-:, Et P!'llt NI'" v/(i~·Jc
l'cvr'nir
O.VPC l'e:l1liealion 10. plus !:iil/lplr>. Il plUH nl~
'
-
rellc.
- AU,"z vil, alo!'s ... el pel1 sC'z Il'VI ' fJu Ile
palicn('p, r[uelle f'èvl'I' je VIIi. V lWI nllt'udre 1
1.(' rhtv tl'Cl' SC' ]ll'(rlplill 1111"'1'3,
Vingt minull ~ apI'l! , il ', tait Ù' l'etour.
/
~
�02'-
La Nuit Ro2tge
=======================
- Eh bl'<'n? interrogea Swarga, dès qu'elle le
vit poindre au sommet de l'escalier.
- Jl n'est pns il. Pa.ris.
- ConU11ent '/
- Il pst p'lrti hier sQir pour l'Alsace.
- Ilier suir?
- Oui.... une leltre de son père ... Voua voyez
qu'il n'y a pas là. ùe cilloi se morfondre.
Sw.arbll eut un 'ricanl'ment amer.
mu l"lllura-t-eUe.
- In;·,"(~le!
QULJI 'i nt le chevalier froissé .
- Vou::; lIC comprenez donc rien ? .. S'i} est parti
aussi précipitalll1l\enl, c'est qu'il aVait peur de
moi, peur de m'uinœr ... et qu'il est allé se réfugier auprès de J'autre.
- Quelle ault·e,
- La jeune 1llL dont vous m'avez p.arté. .. la
jeune fille qu"il doit épouser.
- :"'iüj,s nun, pail du tout. Son père lui a écrit
hier soir. 11 va a~ister
il des chassoo.
- Bt c'est pour tLSsi Ler à une cllasse ((u 'il m'auTait quitLée s'il Il'tl\'nil .Qus voulu s'éloigner de
moi exprbl, m'oubliér?
Swaq,n secoua la tète dans une aWlude de d(;fl
Supe; te.
m'avoue pas
- Oh! mais, s'écria-t-elle, je n~
vaincue. Je ne vais pas céder sottement la place
à l'antre. Je vais parlir.
- Et où celu .!
- Là-bbs ... chez lui. Ne m'avez-Yous pas dit que
le chùleau?
vous saviez où e~t
- Si ... pw·laikment ... 1Iluis je ne vois pas ...
- Qu'cst...cc que vouS ne voyez [lUS '1
- Cc qlle vous pouvez fair~
là-bas ...
f( Il doit y rE}.ster qUCltIllOO Jours sculement.
- Qui vous a dit cela?
- Son valet de chambre. Vous fer~
peut-être
mieux d'atlcnùr~.
" Que va-t-il penser en vous vOlant là-bas '1
- Il pensera cc qui est~
que j'ai cherché il. le
revoir.
. - Il faudrait au moins laisser pas.ser ,quclques
lours, trouver un prét..exle.
- Et s'il est trop tard?
- Trop lard! Il ne va pas se marier cœmain.
~lais
si je le ret.rouve raprls par ceLte femme 1... ,I.lJ'ry~nt
oubliée déjà [
- . SIl lUI suffit de quelques jours pour vous
OU?lICII'1 c'est. qu'il ne vous aime guère el oaors
.'IU Il fi Y. a rl~n
il .fain>. Dans tous 1(>8 cas, moi,
JC ne ptllS pus purhr flvo.>ll deux ou trois jours.
" .~'ai
dos arfni~s
très graves. TI faut même
qllC JO {u,;.c un p 'lit vOy;lg '. Mais 1l.11rès, je sèrru
tout à VallS. Un rcsle, le prince SCJ·(l. peut-être
l'Cvenu il. cc DlOITIC'nl.
lais, s'il n' 't;l P(ll.S revenu, ~
me promri?
lez de m :1\~Cfmp;Jgl('r
- Tout cC' (1 110 Vl)I~
voudrez. Je vous œOO'uiro.i
mOrne ail chftlcall. Je connais le princo.
- Son pèl' '1
- Oui. l'OUS n011S préflenterons en voyagours.
Comme celo il né pol1 r ra mo.nCJuer de nOlis voir.
Oui. Il' rUllt que je le v,OIe, que j'aie uvec
lui une xplir·ation. Je ne pUIS pas vivre ain.si,
dl3.ns ceU Inc{·rli~.do
J'eo mou'I'raÏ3,
._ p("lt-Nr!? d lIIain aurez vous une leLt"Ûj 7
,- Une l 'LLrc '1 Tl ne se permettrait pas de m'é-
crire.
- C'r.:.t j 1!'.lo.
_
rnn. Il fnl](lr-n 'Ille je vive sans nOllveUps
avec ln Il,'rl (. qu'il f' L In-llns 0. . C l'au ln" qu'il
rorm! P,I l,l'Ire (t.. [JmJf'[.s dont J n('., h\113 I);~S'
POl1l'lo.nl c'(·tait bien 1 homme (lue l utlcnc mSl,
flue j â{>· it·uis. LI fi tont ce que j'ni en lé! [n
beauté, 10 jf'lIll' "e, la fortune, le twm. Ah [ 51 on
me le prl'nd [
r~
rhf'vnliC'r pflrliL Le l~nd('mai
malin (}t fut
L1"oj
~ j(JU1"3 (J ·r 1 t. QI!.11111 il renlra, fi ~'nJg
fnisait pPÎIlt' il voir. PLUe comlne la mort dl -m~"
25
~
avec ses grands yeux ardents qui semblaient
s'ê!.re agrandis encore, elle avaiL maigri elTlfoyablement. Son tuteur en parut effrayé.
- Vous êtes souffrante? demn.nda-t-jJ.
- Je ne sais pas, répondit-elle avec une sorte
de fièvre, je ne sais pus ce que je suis. Je n'ai
reçu aUCUlle nOU\'ellc, voilà ce que.je sais. Je n'ai
ni durmi, ni manrrll.
- ~lais
vous aftez Lomber malade t
- .Eh ! que mïmpurte !
- Vous ne savez ras s'il est de relour?
- e',!l1 111 en 1 1.. c'''' .; ~.i ?
- Vous n'êtes i~as
sorUe?
- ~OIl.
El J'; ";lHt..s ~Jl"t;
<lue ce n'est pas chez
lu~
que je serais allce.
- Nuu, mais vous auriez pll envoyer, vous iniOlIDe!'.
Je ne sais rien, rien . .le n'ai pa,.; entenùu
de lai. ,le me consnm0 d'impûti nce, derilge, cie jalousie.
- S'il n '!?til pas' revenu, dit le cllevalÎu, nu i.
oJJons partir.
- nes ce gQir, n'cst-ce pas?
- Si VOUi:\ Il: voulPoz. Je vais courir chez lui.
Le r'bcvnJier revint sallS nOIlVI..j}cS. Le. vald de
cl'wmlJt'C était très surpris ... i\lunsleur n'uvait P,IS
écril. .. _Iomlitur devait rester seulement deUX ou
trois jou~'.
Il n'ava.it pas reçu de lettre annonçant son relour.
- Vous voyez bian, s'éoria Swarga, vous voyez
bien que j'avais raison, celte femme l'a repris ...
l'accapare ... 11 n'pst que temps, si du moins il oot
tem;p,s encore .. .
- Pal"l.ons, ùit le chevalier, je suis à vre ordres.
-
pa~'lor
x
Par une de ces matinées brumcuses et grises
comme il en [ait souvent en aulomne dans les
Vosges, René suivaJt à cheval, accompugné de
Jeanne, un chemin a.ssez étroit el très' défoncé,
encaissé entre deux h.aies vi ves, épais~c.
et hautes, CIni nngmentni<"nt M1core l'obscurité hllmirl".
Les deux promeneurs allaient au pas, sans parler,
paraissant jouir de cc:>!lr tranqnillité et de ce silence. Pas un sou.me d'air n'o<1lln.it les ramnres. A
cc mo~L,
le mUl'iuge de nené et de Jean.ne paraisRail corn t)lètemant déciclé.
René s'élait rendu aux raisons de son père
eLs'M'lit lai:: 6 prendre p. '1 il. pr'u au ch,mne qui
sc'dég,ll'eait de ln pP''.,;C)\111C dl' '.1l1e de Kel'htlu: 1"1:
11 n'aimait peut-être pil~
.C'ncore Jeanne, mais Il
sc pini aiL rn sa compngnlC.
JI l'l'venait lout joyeux des proml'.l1D-ùes qu'il faisui t uvec elle. Ce ma li n-Ih, partiel! 1ièrcment, il 88
SCllwiL comma fugnillnrdi ct tout gui. 1 e pnr,~
,
ce na.....sé Ilüb de Puris, de Swn.rga, selllblait Mjà
si 10in de lui, estom{lé, comme à l'éLul de rl1vl! 1
Il était convaincu que Swnrgll., lancée tians le
tourbillon pUl'isien,I'avait d6jà oublié, et il fuisnit
tous ::;C'S efforts pour l'oublier au~si,
pour lI'C re
plu s poursuIvi et torturé pOl' son souv ni\'. gn ne
retournant pille à P<lJris, l'fi ne la revoyant plu,
'lt'n sni t-il, 8a p'llssion s' t('indrait peu à. pell, ct
'iJllflgo de la jp.une [eml~
'plftH'crait cntil,nm, nt
de lSon (?f;prit. Il sc pr!'suncl,dl c(l~
sllrlout par~e
qu'il Muit, près dl' .If 1l11l\('. ,'OIiS l'inllllllu', dc ,011
rej.{llru ct d' son :ourin'. !Jan::; CC cllcmin, :'!Jlitaire, P"t.'lf[ue t ~nl\b('x,
I)Ù les piC'tlil d~
chev:.tl1X enfonçnicnl do.ns !l's ornières, Hené
t
Jco.nne SI': cl'o\aicnt bi"fl 'l'u l, IIllli8 il. Ull moImml crJ!entlunl leur al.I,',nti, n fut ulLiré rUT" un
,~"\i
;'" •bmnchl
remu&cg (lU' s'ét.aH t,ut der<1
•
~
J:lle.
,~
~ '~
J rit Rt'né, on ('roL/ut qu'il' y 8. qu •
e If/. (Il . ' , ' ..Po côté. A VCiI-VùtJ ~ fmOOntlu?
"ll' l', /, ",Il"
!
{JI]
I,'I},<>
Of' l' -
fi!.;},
�... 26
================ ======
- Sans dont u n paysan qui t ravaille dans les
I!btlI11JJ>Il, di l J ea n ne.
E t i ~ C'oI1llTJuer l'IÜ leur ch emin sans plus se
FOOccu per ùe J"incide nt.
la hllie, sans pou voir être
Pou r tlln l, dl~r'è(e
1Al& d 'eu x, un hOlllIne el un e femme les suivaien t
pa.::! è. 1) i:!. p'Jlt r ,insi dire, le chevalier K ru'} Slri'nner et , warga, d c'esl en tI"aversnnt u ne haie 00pa.rant de u x L h ~\mps
qu'! ls avaient fr oissé les
bran<;hes et prod uit le bru it qui a vait été oolendu
par Relié et ,J ean n e.
Arrivée 1'/\ veille à lllpin al, Swnrga Il 'était f-a il
()()Ilu ui r e, dès 11:' m alin au chc..leau d'Algyll, et,
postée , a mc le r:hcvnliel' ?rè de la porte du chA\eau, dt'ITière une ton ffe de feuil lages, elle en avart
TU so r U" Tennn' ,
li:;' !\ené...
PlLle com m e la.
mort k : y <ux lança nt des flamm es méchantes,
elle s'(>t:dt accrod ll:e au b ras du chevalier pour
.se cOlllenir, pour U" pas se précipiter, el elle lui
dtvail dit .
- \'uus
ye z 1 vous royez ... C'est là la j eune
lie dont vous m 'avez pa lé ... qu 'il doit épo us er...
Oui. c'est (·eH.e 'l' 1'O'\ m 'a m ontrée.
R nt -cl Jioannl' étlllf'ni déjà p o S (-3.
R ené a vait r ej oint a fi.nnoée, et marchant. cMe
.cOle lIU pa<. j~c;
('.nu~il
L et ria.ient.
Swal'gn se scutit mourir.
- il faut tes u:":'!?, dit-elle au chevalier.
Et Jle 'élança dCl r ièrc eux en se cachant dcrrière ; ~ ~ hrues le buis, ons, les 1ILl1Iraclu{)siLés du
'errain.
Le che val ier cou ra i t
près eUe en disant ;
foll e ! Swa rga l , warga !
M ais vous ~tes
Ln je ufle fem m n' entendait rien. E ll e m /,f'!1ni t,
dGchirunt s a robe a ux ron ces, m eUa,n l BCf' pif'(l s
dan!:! l es fl (III UeS {j' enu, et le ch eval ier , qui n'I)~a
i t
pas la q uiller, de peu r qu'eIJ n e f1l un nlalhf'ur,
18 su i\"Hi l tant bien ql1 ~ mal en gromll1rlant ei
-
en jurant.
Enf1n, qu.and René et Jeanne fure nt 8ITivés dall s
ch emin ('['eux que n0US avons décrit, il y eut
troe acca.lmie. Swargn el le chevalier pouvaient ne
pM les !> rdre de vue 5MS courir et sans se cacher, la haie élait liSsez épaisse et assez haute
pour l e, dérober 6UX yeux des promeneurs.
- Mais, enfin, dit I.e chevnlier qui soufflait
te
oomme un 'Phoqu e, dont le pardessus, orné de
fourrures, ~luit
[schè d flaques de boue, - mail
euftn., que prél.e nd 'Z- VOUII faire?
- Le voir el qU 'Il me voie, dit Swarga ~
don"
MT~
~ s de Jal
o t~e
e1. de rage.
-
A q:lOl c
Il
vous avancera.-t-I.l ,
Swargll n'écoutait pas.
Elle mardlait sans plan, aeflS i.<.Mo arr6t4§e, comme hvpno1.i~e
par la vue de en rivale.
- Il va l'é.pouser murrnura-l-clle, et mof, mCJtji
• m 'e. lai • • . n m la plantée là, 86Jl.1 un m\)t.
talme.
.
Qui VOUII dit cela' fil le chevalier.
Ne le vois,jl' pne li. 1-10n (lttiLllde .. . li. !lC~
yeux ...
• ~a couve du rl' glu·d ... V ous ne voyez donc pLI.! ,
Vou s n voyez donro ri n ?
A ce m nrn('nt, pllr uni' ('clair-cie falle dan. la
haie, on vo~nit
n('
~ q1li souriait il ,Jeann('.
- L I'. ml!; ' rabl BI lt's HlourlIt!! 1
EU~
voulut s'('lanccn' de nouveau.
Le ch Vllli&l' la retint.
1 aix 1 paix 1 mUmlura,.WI. Pa de nerfe.
Vous ail t gAler tout.
SwoI'ga se contint encore.
-
A C InOInrnl, ct 'aill urs, Ren' et Jeanne fl<H' taient du ch emin crl'ux . Ils apparurent !lur une
J'oule M /'ollvl'rtc, mirr:nl leUl'1 chevaux au Lml, e1.
il n ~ fulilli i pi lls !longe r Il Ic~
Ru ivre. Swurgn d
' il " Illi er l'('!'I t"'r f'nl Mlhu S'Iué. cI ;rrion' 1 II ie
.t vi l'f'nl
hientôt les 8Ilhoul' t(,('!I cJl'S c, licr~'
0
perdre rl a/l I~
bl 'I ltlles du malin.
~Vl
O h 1 dit la jeWlO femme, je 1, _ ..' je hl
Merw.
.. V_ ....
Le Nuit Rouge ~
A quelq ues jour s de l à. RI'né, complètement
décidé m aintenant il épouser ,Jt:RllI e. et 'l1Ii ne song eait pl us è. S\val'go qu e j ftl' iIlLcrn Htf'nl'eS de
plus en plus él oignées , Hcné se } lUlllenait s eu'!
dans la. campagne. un fusil sur ]'~ " pn ul e,
une
oourte pi pe à la bouche . Il ah::lssait, ou plul<'lt il
fa lsuit s ewbla.n t d ~
cba:;,!<cr, Cill' f.llll c:;:prit avait
d'a utres p I·éocCUI.)uliuns qu~
le gil i. r. U so ngea.it
li. la nouvelle eXl lf'n{'c qlll s'ouvraIt po ur lui, la
oalme d e la p.I'ovince. suce '<lan t à. la fi èvre pa·
rlSlenne. Il pensaIt il sa j('UIlPSSc 'l u 'III aHa it enter!"er, aux de voirs qui déso rmais lui in comWaient.
Son 'pèr e él.ilit devcn.l plu: f;(J tl.fl'Uill uvec l' hiver, sur t.out av ec Ir·s l)('ouillul'll::l qui as om brissai ent les V osgc~,
René aV8il p:lII" de Ir. p eI'd r e.
. Il s c t mu vcrait alor s chef de 1: fa.millf', lf" drrn~ er
r~]1l'és(a.t
d<,s )H'j • s ,d'Ar/-( 'H. Son pèrt
n am:hltlOltnalt pIns cl Hutr, JOie que dr- 11· v oir
maflé, marié à .1 CDnnl. El il était dericlé à ce
m ariage, mais i l Ile pou vait. cha 5('1' enLiü!(,!llent
d.e son O'UI' que-Iqlles rlgr 'ls \"1;,(11 .- pour la vie
lib r~,
il1d~]enr.a,
qu' il flJlait q Ji: l 'l', et peut~ t r e ~e
s<?uyénir, pourlant b: _'1 r:tfUI'l\ de Swargo
contr ibu ait-il un peu à rendre lL'S i"t!gl't'16 plus cuisa~L
. Quoi qu 'i! cn S0it, à c(1iLr IH'ure, sa résoIU~0
é ta U l'l'is e. Il l'avail d0nnér Ù JM lln e. C'était fini. Adieu Paris! AdielJ la v i e de gar(;()n 1
RemS .eut u11: gesle co rm.:e .lOlJr sC{'ouel' le 'penv~e.
I ~"a
l t'n t son .' j):'lt ct. unièm e mo·
sées qUi cmpI
m ent, un cri. de sl,up,l'ur, pi'CSql c d 'efl,roi lui
éch appa.. UrlC' femme
~u,l
d vClnl llli ct ecote
f ~me
. 1l J'uv:,:! r("n~f'
_nl"~;ô
,·'!!l.,h Sv.,u·ga.
Comment éLa't- He 1:1. '! I.]llf vuuluil-elle ? ]) ne
se 1'?XpJi!111fl . 11:-: lplll d'alJurrl, tant sa surprioge,
son CIl'oLI ln f lll'f'n. grande . .
\ Il~ ici d, ns c e pa . 1
V ou. S·~IH-til,
- :\1 i~nJ
me, ,dit S','mr ~a ' (lev :nlle complètement H1alLr es.·. d cil ~-IJ èrn{'. J'y", iÏ.,s depuis queiq l~s
.J ou~
M] , ct J. n' ('l;; I.lérab glIere avoir Je
plal'!'jJ1" de vous y VOLI". J e vous c 'oyaÏJ:: l'CflLé à
Paris.
René, j'ai é l.r J'
lU. D8I aJTai- Non, ~ g ay
res de CamlU e.
- Votre famiJle habite don c 1 Cl w i '1
- Je suis n.é là., dans ce chl'l.leau, q UI;! vou. voybZ
sur cetLe émlUe nce.
- Voilà un singuJier hM!Lr-d [ di!. Swaüga. ('on
luteur vi ent SOll ven t ici. !J' or din ai re, j e 11(' l'n ccompagne pa !'!, nl ~ i s c -tte fois il Ill'a P("Ol'o<:& de
m'CIllUIl DI'T. Com m e ri en ne m rel '1I1lit il !',Mis
quo je pq-évoya ls au contraire que ]1) m'y LIlIIl:i:
NI..Î3 à pérIr, j 'ai 4œcpU:.
.
- Alnai, dit Rp.né, presque COllV iucu par' l 'aÏtr
na.turel do la jelln!' fern){~
, c' c;,! II' hll6a rfl 8/tul
comme on {lit dan s les l'onI3,o ', qui lIOU ij. m E:t l' ~
présence?
- Le hosard seul, répol1di
~ . wnrga . V ous peu .
scz bien flu JI' ne COIJ,r:;. pu..') (rri:..'i v o n ~.
Rrn~
cut tIn gi'fl i mdn; tll1 r;t. JI nt' rr,wmdit p!l.S .
Il é[all drvclI ll, l' I I yo~nl
rl , '.\ .II'SU, d ' llIlI' p;'il Ut
r : . Il ne , I ~V!
' r]u P CI'OIl'I', q lle I )('I~,
l'.,.
En Ir po:; '.1\1 ryl' , 11'o ll hlr, l'Il b. ro~
. q.é , Sw Wi
eut un S Ollnr(' 1fil Tl 11 111 f'.
. - qn c1ir/li l., fil - 'II', q 'I~
('l,1t "W' IIl tro, !'Ii IM'Q.
vld ent ll'lJe p 01l1 LuI!, n
(III
r,'t fi' plaisi l'.
Hcné /l cmh ln .. ' ,. ~ 'f. leI' Irl1I q 1 r ,"nl.
Au contm ill' , .d ll-I1, JI' SIl I ' t .w lIanlé.
- Pr·ollvrr.-k fil /JI , II IIl I'f,.
Et commf 'n l ?
P;tl n if'. f,t1'onrrl l C'fI 1 III 1 . (j.(. ne pRy S, que
vous conl
~.
1. il 1111'1'.'( Illr, Pli-fl!() r'('f; I l ' vO
lr, t qlll: JI' ne ( l n l \! !' l ~, 11\1 tout. :-'I Ofl h'llf!Ur
l'St fi SC' II rruirr . .J ' li 111 '01'11' r lIl ·
!\rn(> l' CS I~l il g ~ nf\
("01 1:-1, n" Ml 'llIln l
quoi /If'
f!X.r~m
il
.
Com m ent, /H Swn l' Cl 110 'q uo i: • vous ne rot!..
1('7 po pl"!! d' f Il1 pr r ll (' II I/'r 1. '/ 1)11 r1i rn il v,r llüTlffit
quI' m a p ré l'n r.t' VO l! c lIll){lrJ' 8 ' ,
If V on
\VPZ P('U I' Il Il l' J" V f)I1~
oomprom J.te !
l'~
O l d I' I!
�La Nuit Rouge
~
======================== 27
- Moi, pourquoi?
- On le croirail. Pourtant, à Paris, vous paraift.
iez plus em]xcssé, et si celte bonne fortunc vous
&Lnit échue de me renconLr l' seu1e quelque part,
vous en auriez TJrorllé plus vivement. La carllipagne vous Il. changé, il paratt.
René l'estait comme étourdi par cette douche de
paroles m queuse.s, ironiques. Il ne trouvait ~
u.n mot. IJ avail peur qu'on ne s'aperçtll de la pl'éaenc.e de Swa.rga, qu'on ne le vU a~ec
elle, et il
ne doulall plus maintenant que la Jeune ferrune
lle fl1t venuc ici pour Je rejoindre. 11 ne croY'8it
pus au hasard. Ail al'S, que voulait-elle 'l
- Je vois, dit Swarga avec UII sourire de plus
fil. plus narquois, que jtl vous dérange. VOWl chas-
..
demunde pardon. J'aurais d6
des engagements.
Une je '.'; fille que je
viL-n, vous voua
liez?
- Vaguement. Je n'ai rien tué cncore.
- Je vo'~
demande pardon de vous avoi.r interr4llmpu.
Elle nt mine de s'éloigner.
René s'élança.
Le regard qu'dIe lui avait jeté lui était ll.llé au
tœUf', l'avait boulevC'r é jnsrju'au fond de l'tIJoo.
- Vous partez? s'écria-t-U.
_ Q,le voulcz-vous que je ta'3so? ma pr~u.ce
e. l'ail' de vous gt'ne.r.
me trouble. Elle
- !',Jc gêner? Ob l non! ~Jle
m'émeut. Voyons, parIez-mol franchem~t.
Pourquoi Mes-vous venue ici?
- ,le vous l'ail dit, mon tuteuT: ..
- _ . (- vou, moquef: pas de mOI.
- Je ne Ille m{){!ue pM. Que croyez-vous dODC ?
- Je nc suis pas. C'esl tlbsurde!
Il l~vjderunt,
vous ne m'aimez pas... vous ne
'lOuvez pns m'aiI~1er.
Elle lui ilnisit la bras, et les yeux dans lei yeux,
plie lui dit :
.
- Eh bien! Iri, vous ~e.z
d~vmé
juste. C'est
pour vous retrouver que J ru. qUltlé Paris, que je
suis ici.
René eut un cri.
- Vous m'nimez?
- Vous nc le snviez donc pn.$ ? Vous ne l'&Ye~
donc pus vu là-bas, li Paris?
Le jeune homme euL un "este d'érpouva:nte.
- Non, dit-il.
-. Jp n.e POU\8Ü'S p, s, pOllr:-lllivil Swa.rg~
mws
C .dlre nlnn, ù ln pl' Ilièl'C l'I"ncnnll'o. SI Je VOU!i
1:111 avoué, il Il f 1IIu df'll l'Ïn'onsLanccs, la s{Jparntion, la peur que j'ni CU! J' ne plus v~us
revoir,
de vou? pel'dre pour loujollrm. Ma.13 du Jour ail Je
vous m vu plJl1 r ln prCl.ni&r [lIis, ma petUlée 8e
vous a plu!< qllitté.
« El qUJI,nrl VOliS ln 'n v el'. fail votre IIVO\l, dans
celle' heuro illOl1blil\bie qllf' nous a.vons p~S6
en. oll1blC', . mon 111(' (l été inolldé d'une JOlI! &l
pUcc 1 .l·HI été /:Ii tran pOl·t 'C' si h lre\~O
1 Le
lendfai,.vos~I'Tr;
Dir.u wlt avCJC quelle
fièvl'e" qlll·.he l,,!pollclH'C l "OllR n'Nes pM venu.
- J llVUl.-; ét~
olJligé de parlir. Ul~
lcL~
de
mon p('~re
...
- El pHS un mot!
- J( n'alr.i~
pa,' osé vous écrire.
. puurquoi? ( 6Liolls-nous pas d6Jà oom.m-e
1iunœa?
- Fiancés?
VOlIS m 'aviez oLlve~
votre !me.
- Je ne snvai!l plU! III mcs sooliment. ét.ei~
pIlJ·LagM.
- V011 ne l'aVIez pns deviné l mon 6moUon, l
me. rego' r}q
?
(lit I1f'né, il r~t1loi
tin noua noui I>éparions. li \'ulnil mi ux rOll[J()1' clIurL.
cpl(1 '1
- OJlmr~nt
- NuuR ne pllllvlonR pn!! MI' l'un à l'autn!.
L'cJ..'Îl Ù la JI lllii fUll lin l' "icl!:l<llllbrit.
- C'tIlil main t01H1ll t, Ut-elle, que vuu.. me 4ü..
-
Cf'la ,
Et
[JliÏ ,
·'rI"C. la pl'pnom. Sa force l'aban.
i) t .:1 I:Oll!J, li" Il)(,) 1 lit d'éJ\l'rgie
�, ",
.....
~urc,
que. je m'abaisse
~
,.~
humL!,atlOn. Regardez-mOl j.,
rez pIns, maia ma main '
t' I
'-.'- "l':"'. \["j" r0.Z ('. r J' 11:1 juu:, ,,:,(t.0.
ne
'. )'"5
,
'.<;01"
rl'''','r'nos ~Ir
Ille
vous, Je vous frappr!'ai l n '
'J L c; LOllt (;C 'lue
vous avez de chef, votre Î .1 .. le" ';Jtl'f' fOT';I,~"
vûll'e bonhf'ur! Vous pleur'·.;~
or" Inrm<:'s de
an.g, et à votre IO~lr
yous i' l},}j,,' .'l'rz Sw{tlga,
p
mms S\\':lrga scra ImpIloyabl . AdJ( U 1. ..
mIe dis-pul1lt. René la S'Jjvit nn moment des
Vl'l1X , puis il haussa les ép~lUç>.:;
Ses menacrs ne
" ffrayn;ent pas. Poro,(\S <l femme en colère J
. était tlcu.r"ux ct ner de Ill!. Il a.v~it
r6siRt,é ...
1 sortfl~
vi-ctor!cux 'Ie la p'u. J'u<le épreuve qu'il
pùt a,'o!r jal1'31S à ubir. [)~'fI1ain
Swar;n serait
parti.p, et d:"!DS deux Jours il n'y prnsr!'ait plu. Il
s'ét:aJ.t 0l?crçu même dan.') cptte entrevue qu'il alma:l moms la je me femme qu'il ne l':lVait cru. Elle
,,'étail mon1ré/> à lui t~le
qU'plie devait être, hailouse ct yjndirA'ltivc, et il éprouvait l'omJne un
-"!](l~,I'men
(]é'l.a T:1.S, Ô
rl'~e
d ·clle.
S;vurgn rt\'Hit. pris h tnr\'e~
c1nmp~,
et. elle était.
311 ée l'ejo:ndr p le cl1cv:llicr qui l' n !tf'T1f!a i t. Elle ne
marc wi!.
'1'1 •.
!n'T")'P
plJe volai!, SOI!~Vl"'
fitlr
la ccMl.rc la
qu'dIe e,),t (.oI'rllllY{p Of' Sil vip. Oh!
le misérable, comme il s'étnit }oué d'eUe. EUe S~
s,nIait (. 'I1nw hllmih,r, ' lllTUO pië!.hl~e
.
Elle
(: ai~.
si ~ùre
de son charmè, de on }lom'oir, On
.avait tallt bravé. C'{>I'lit à. peine Ri Renf> avait eu
un moment d'hésil!üion et de lutte. Vaincue, renire. Ira,hie, rejr,tép rl.~
bl)" qlle '-1m.ru., q'land
elle cr yait déj4t f,onchrr a Il snmlllt't.' En la vO\'.'lr>t
paru!Lrc, le .. heva r el' devinn Lout ce qui s'~lait
plllS
paSlSé. 11 eut. un ma'l.lvais sourire.
- Eh hien ! vous l'avez vu ?
- Oui. jf' l'ni vu. oui. Et mirllx pl)t valu pour
luI. le plus gra'1d malheur que' le malheur de m'a,.
vOIr vue ce rnn!m.
- P01lrqu()i donc?
- Parce que je me v('ngerai.. parce que...
Ellr ne pouv.l\it plus ph riel' tant la fureur la secousit.
- Tiens! fit le ehrvruier narquois, vous avez
donc échoué?
- Il s'eRf. m01J1lé de moi 1 Il m'a humiliée l...
- C'est fini alors?
- Oh! non r lout n'est pas fini 1 H me rebt.e
ffioAlnl ('nant 1\ me venger r
- Il se mnri ?
- .lI' ne !>l1is pas,
.- ~IAi
il np V011S i'pollc;e r'Hl. Son ornon!' n'était Pfls u. sez fort. Je VOliS avnl!j c nsci1lé de no
pf.1.9 Yroil' id. J>l'uf_f'l.rr, )li VOliS uvil'i: attendu ...
-:- Tl. ne }'('\'Îc-Ildra pli' l\ PariA. Tl nr 111"1 jaml\!.'3 alm{>~.
11 me ('Olll'ti ',il puur ;jr lliRll'ilirp
pO~lr
pl'lSS r \111 rnonll'nt. POUl' fIni clone rll'n·l-il
pr-ICle?
E! ~WI1'.<
njolllll, Ir~
y Ul{ ('liocclnnLB, Ioule Jo.
:
ChOll' fI'(~risl"1n
- .r p
-
itl hil'o, moi, qui j't-pol1!'eroi main tenant.
()1ll donc?
I.'trllmill f' CJlli ollra I ~ pouvoir de mo venger.
-
~n
Qu('1 qu'il ~(J't?
(,)111'1 (tU ' il ,:oil.
-
L C'lj(,vil1if'1' rllt. un f,l'rssaillement.
- ,llime ... bég:!yn·t-il?
-
_
.\I~nlc
Illmr ... qll l J!?
,i
CI [
- ,,
.,
de::;»'l!,') !1',1tions ... car
Je vous al presque SUpnllf\
tenez .biqn ccci, vous HW P'l:
homme {>[nit JOol ,
_ Oni, rnêllJ(' von 'l, VOll.'> \'oyrz si ma haine me
rif'nl 11\1 ('(J'ur l ,llds (lue pourriez-vous faire,
'1uUI!! ?
JI' V(lll l'cxpl;"lIrral. Et !Ii vous CQnsC'Dtf'Zl
jroflaii" n~1TI
n'lIurn Hô mis plus bas que ccIu
dr jl/iilt< d'/\l'gyll.
_ VI'Il z... nnUfI n re!)al'il'roos, dit Swarga,
cnr je I1r wu:\: [1I1:i fpflt r dlln. Cil pays une ml·
nul' (, pluf!. Tl me 13 mole IfU" J sol m'y brl11e
If" pi d'l.
!il' son!, éconlérR. H.ené a.
... el Jen'1nc n cu li!>\} JlJil' que 1.0l1S
le::; ~lr IX ~d()r"nL.
Le pr'incl' (l'ÂIc~."
(~t
nrol'l une
annec, lU. te après le m:1!"uge cl, -;; 'n li:
fi cst
Ql1r1'11:".
é'p nl1S(; Jel.1n~
ané('~
C]llilté le [. l'ci, U UÙ
TI n'a pl.: " ;"ndu
parler d '. ~wo.['gl
(l~:mt
](. ~'Jli\,
S .. ,i. • 1 d,' de
son esprit 1}}llR,. rnolC!0rrJpnt qu'il lH' .]'::0,1'1 it ('['U
étant ,d onnée 1 Impl'I'3S:0r' qu'rn'ni' f,li~c
:-;ll!' lul
tOllt ù a.bord la vue dc la. jelll1.! f('111lnc. P'ln n'pl"l
v~nu
trouhler son bO,nlWlll'. Il Il~'1e
J'f'xi..t'!hC J,aisl.ble et calme du chl1te~Jn.
Cl :J'lut' [lné~,
il 0: ["aU'lX'lli tll?s ~on
inv;'t6s
nIse de, grnnde:! CIHS:"'~;
ses ;ancwns on11S d~',
Paris. C'r:'i[ lu SCLlle c'lloque
de } n.é~
où le ~h;lL(')1
d'Arg,') JI s)jl un rH?'1 ,lrlÎmé. Ensl11te If' s11I:'n,'c. ;:.r'f.,. qu" la f' ,Ut! Jo. 11 (lis
ent,·c i';~
f :rnrne d _~i1
P'je (11)'11
R;cné est heur~
nune toules les ,~eux
pass UI 1':,,1 nI. ,;an
,'"
I/-;e éclate sOlldmn un vlolr'nl ,'0\11'1 de [fI':~(·.
C est la nouvoDe de .lu dédv]'[I[j JO d(· gl": ITf'.
L' :\ls~re,
ln f'Ofl'D.In c., ~a l,'rancù rntj"~
m;üs
r:~hcul!èT'.CI
l"s (aD,: p,. rp.l' [<J;j' j, nt ln ft'ontlcrr son~
ml ·C. pn {-m"
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.'r nnallles Idé.es c"t pr!'e d'Ilne S(l}'to d, (.!,'rl? '-').
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(,l' "111 rm êI. p le tiCu]r' le, V()S'~R
!'lIe en IWIHL 1" r nl 1\'nl1'. E~!f'
l''' PI,'!(y·pnpc HIlI'tout d~
col de l\.C'I13J;jp~,
SlLné tians la !Jro 'J" ' "
que lUl a. laIssée ~n
pere et. rlu'plle n'u. j:;"',:JS
voulu venùrl', (:a1' c est une des cl Î;: df' L\l::(I/'e.
11 fauL flJl·!jncr ce .e[J.o.;S~"l,
le mr tLt't.' eli t'l l de
résister. aux Ailernad~,
SI pur ha sn d lu front'cl'e
Slirlt VIOlé!' - .ce qu on ne Cl dt
,tS -- t: 1\ l" la
conf1a~
est. vIve partont., En Ir; laine et en
Alsace on est pcr .,,11 ,li] ( e'ln TIle' il. P 1 Ulle 10. cam-
:i()r~
Il
I1CUi'ellX, Th'né n'a. ~);us
Vit cn .'~(>nl"!,m-frIHT
r,-
pagne sC; ~o"nl'.
h.lmé pl'lllTI( rad,' p ,'1 l ,i,· . ;'\'. ' s,
les hostllllés u. PPll1C rn,Té) "', lout d',lllT '. Un
sent v.a:;SCl' S11I' Ih l' l'1111'[' .' ; .:r.f' 1Il! VOl: ., 1,1!l1h~lr.
l"OS trol;P' S u,~L
. 1 (, pi"r/, la fI' 'Ill'! ru e!il
Violée .•l\or~
1.['11(: d ~ rgy:t sc j',[lIG' llill1:;' lu Illê1éc. A la !Jule. tl (:(illIf'e il s S 'l' ;~ lin l 'iat!1on
do Ir'wlC$-LIrCUlS, les l'l'è,nr'sL(,lJIS d".
-'S
composé de sC', fCl'llJÎl'l'.-\ .~ de '-. <1udlt:~iqî,/
el ~Ic. tous 10R /;lcns (~e bOn!1 ' "nl llllé qui unI ';, n1t~
se jowdre à lm. 11 s rsl Ùllllllé )ll!: J,Ii sion t1 déd J, - J uré qlle il;!.; un
fendre .10 coJ de, l{e):I~(J1,
onneml ne lc Irnl1c!lIt'ml lllnl qn'Il iirl'nit vivant.
"f'
Le départ ùe lu p LiLe [roUjle, (I.lrnpo~'e
d'cnviron
!.rois . .cenls hOI!lmt's, l ' nUl!Jbrù dt.:; su daLs de
T..éol1ldn.s au.' fhcrmopylrs, fi <'It Ile 1 .,', C une
C 'rLninc sulennité cl'lus lu grandI' COUI du ('h Afeau d'Argyll.
. Il Y \ avuiL pltHliplJl's jou!'s ù('jô fIl! Hrl"\ Mdlt
In stnlle an <,:,)1 do 1 ef'llliudul UV(I' 'C h"lldlll'S
gnrrlllnt Je IJlt~;
:'Hlgc
.. : Les flouvdlps 61nil'lll Il'
plus t·n plus m,lUVUI."CS.
Un IlC lJ(L!·!.IÏL qllC (k IHU::; ~('Ie:-.,
ylJe cl Jn"u.Jliiui:'
rL h (!tflflll!' ."Cllre /Ill 1'(Jynlt 'I,il' ,r Il' ";,1 il '!~
rrJ\lgl:IJI' , ,llll!:!I!'!!s,
luc:.1 l". rie fell 011
",',01 de
fWIlg.
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pnl!' fnill's, rl"lIX francs.liUn mn.lln sur ('P~I
rell!'!'!'. ? .Jf,I.é,' "n (·('lm!'l'lIr., li'ir IJlI 1li1Jll[j 'lIl",
aml'n el ri f • .Ill po,,11
\lll' !pI/JllH' d 'lIi, ,',p
hO!.Tlll1e (Illl dl Cl'l: t1111 1 II gag'l"l' ln '''01111\1''
~1l.';
~,(IP.r:0Tlnit
rI·M.11' \lll"
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III 'f"
wl, 1'lhc~
1 t'!ILr;.pL jlul'l;o! .Ll",''; ,'11111. Il' III I~ r 111':11:; QIH
0.0 11IlLI'l Trl q a}1
I.! .. Tlvrltt Hill' 1'''; II\v;'c:'1 'un .o~
"ll'e (l(' rl.'rlllill 11Ir!{'lllli ",bl, .
l'n
l't
Il
l~
lllÙ
11
- AJlrz cherI he!' volre dll't ....c hornuilrello à
dire ... je lui r~ponl'i
.. ,
'
Le JlI iner, Naïl jUH!{,lnl'n[ Ilhl)rnt. r.n cu mornpnt.
On COll rut 1\ 5. r' n 'onlr'!" rt fJUHnrl iJ pnrut dons
le ,posLI', il lit/llt pàJle comm{) la mort.
�29
La J'tI uit Rouge
~
Au premier coup d'œil, dans la prétendue espionne, il avait rec.onnu Swarga.
CcHe-.ci feignit une extrême surprise.
- Le prin,ce 'cf Argyll 1 s'écria-t...elle. C'est vous
qui commandez à cette bande? Je ne vous fais
pa s cOlllpliment sur la sagacité et Ja politesse
de vos h ommes. Nf.' VLent-on flas de m'ar,rêter
comme (:::; pionne? J'espère qUI;) vous allez me faire
relànhel', n'est-cc pSJS? et me (IJermettre de contin ae r I II a l'oule.
- Où allez-vous?
E,]le eut un sourire hautain.
- Sui s-je fo rcée d.. le dire '1
- J e u is ol)ligé de vous interroger.
- Eh hlenl je vous réponarai quand nous sero ns se ul s. Je n'ai pas b psoin que tout le monde
s ache cc flu e j e suis venlle faire. Vous ne me
prpnez Il,'a po ur un e e l'.ionn e, vous, n'es l-ee pas?
,\Sii-U'él l lC'n t li on, d.tlil pnnce, s ans eLr e cnt!è!' ' m l'IlL cnn \' étÎllcu.
II !il u n 15("; Le, el les fran cs-tireur? s'éloignè!" t!l t.
1
Il Y fJ\'nil
le po,,Te un fell qui s'éteignait,
(',!J' h [III !:,', . '1;[ d,', f rn"h p ,
, ,' l'I)I'hn, P!'(',.;.'nla S~s
petits pieds
1: 1 " OVlJ jt l'uir tl'ès à l'ai~e,
chez
'1" l" i1jl!Jllrel l"c (l e g~ne
~t
cl' émoprill " doit tout fr emhlmil. Ea
, il 1J 'u ,' bangé, l '~ I!p
avait. wuIl :, in! 11,>.1., c t. mat qui ava.it été au, l' l "
,!p ïknè. Ses yeux avaient la
1. ' . :_"f) s ourire la même grAce bau,'1 [ ' 1\' nq ' ('Jle avait pr is lui allait à
li ['!'I,,'i,11 " r LÏS'II.! r-œsol'br J S ron.deurs admira1 . ( !'-a Il 1:' il1(~
ct de ses hanches. Le p.rince
,:, ::0: 1 Il 'II ! o;d1l "(ll!g s'alillme!'. toul son amour
, 1""11 hn 1'( ' \ ' ClIi l' >l U ('m ur. Il n'osait faire un
P. llli" (1'1In [,<' 1 ~l'o1be
qu'il
, la' : ,: h:ano uir, Pourquoi élait" '1 1" f:lire? Dnné 8e r[JT)H~la
i ili ('\l"ol ion l'0rl<' e a ut l'efni f: par
Son
l'e l" tllLt-U I', IL' chevnli el' ' "orl SI l'en(l,US
IJ': I',
11 y ov ni"
I!" " Je ch ose' de' lon ch e nu lnll r dl.' ces
, ct il lt '(-t HiL pas n u lurel qu'une
Jeun e fellllll l comm.' SWHrgu sc pl'Ol tl f' [Jl',t pa l' les
l'Ol:llt's l'II puy' d,' gll l'l'!'l', d ég ui:é,' "II 1H'l1l1 TllP, "i
ellc lJ'élu;t ln" cliw ~l (, dl' lju l' ll lUl' IIl i:,"' 1011 Jfl 'y. ,
fAmeuse cl. iliuvouohle, Telle éluit J'idée qui avait
!rappé Rellé tunt de suite, Ma\s :Swurgu, était si
)I,L;(,' , nVui! ,Il ,\,IIX s i <':':111 r1i d-r.'i, la IJ )Pt!I P si pure
(lU ,il l'u,vult rCIJollssée aussitôt, Si Je chevalier
éI.nil lin ''''l';ü tl, il éloil irnpos ible que SWlU'ga
trempfil.dlln;:; EI!.'s trahi, ons. SWl:ll'gn ëlnit pure,
olle ,,]Tntl 1111 donner In 'lLes Ic!'1 l'xplicnlions,
C pondulll ln jeune femme, oprès s'Nre réchaclfée qUrl,(jllffi S('('()ndes, SC retourna à demi dans
une altlLude n~Hl(
: halntr
t .alnnguie,
- Les ohrmlils soul pxérrables pal' [ri, dil-ene.
J'ai mm'rhé ù peille une heure, ~t j'ai les chaussur
t.<>utC's hOlJClIsl"F;' El que dit-on de la gnerr ?
AveZ-VOlis drs nOllvell('s?
Comme ]\('n{' nC' répondait 'p.8.S oIle se tourna
wut à. fnil rL IC' rrgnJ'da,
"
- Mil~
fjll'nv('z-vOIIS? s'6rria·L-clle, On vous
croil'lIil . Ch 'll1 g(' r!1 .'I !>lur 'oot ma ré~l'nce
qui
vou s pélrin " 11111,11, Ul(, "",L un p.!'lI lnutlt'lHlli e, iJ
est vrai. V( )II!'! III Ù\,l(' Z {J'lblll'p, lÙ' 1 cc pHS ? Vous
ne pl·n sir 7. pl ~ il flIo i, ,vnu s vivi('z ll'(Il1qnill" prf's
de VI ll'e pnl u fr ll conjugal. Car vous êtes marié,
n 'csl-cr 1'~ , ?
Hen{ in l Iinn 111 tete.
VOl1 Il VC'Z des cnfnnts T
- Un,. HIll.
- Coml lll' I·' f', l rllrie llx, hein 1... Voilil TlI
~ irns
nnn ' " . 1 1/1 1. ('f' n'( , 1 r os mil vile qui vous ll'uu h! ' . n' l'R f I l 1" ? {';I r JI Y a longl emps que te
n [ : IS I.(' \1 Ils 1'01 1/' vfln s.
lt;!1 .. eill lin rH' lil 1Il0l1vl'm r nl c oq1l et
Vnu " 111(' ll llll \ z ('hnn gée, h eill? Vous me
~ e lx
[l 'I:; O'
'.Lg,~
~
•
regardez avec une fixité ... Est-ce .en bien ou est-
ce en mal?
- Je voùs w'Ouve plus belle que jamais, dit sourdement Ilené_
- Oh 1 oh 1 s'ocria-t-elle en éclatant de rire, Uille
décla rution ? Je vous préviens qu' il ~bt
trop tard,
Je suis mariée, moi aussi.
- Vous êtes mariée '1
- i\lais oui .. . Qu'y a-t-il là de si étonno.nt ?
1( Vous croyiez donc
que personne Tle voudrnit
de moi parce que vous m'avez dédaignée?
- Ah ! dédaignée 1
- Ce n'est pas vrai?
- Si j'tl.vais été libre 1
- Vous dites cEIa aUJourd'hui, parce que vous
savez que cela ne p eut avoir aucune suite.
- Je vous jure...
.
- Ne vous donnez donc pas cette 'Peine. Vous
vouc1riez me faire croire que vous m'avez aimée?
- Oh ! oui, beaucoup. Et j'aurais é~ é heureux ...
- Vous me failes rire. Savez-vous ce qu'a ~ait,
pour me prou ver son amour, celui qui llIl'a épousée '1
{/ 11 a abandonné sa carrière, son pays, sa
famille,
- M'es compliments, murmura René.
- C'est de l'am0ur cela,
1( Vous ne m'e.imiez pa~;
ain:: ;, vous ?
- Dieu m'est té.moüJ que je vous aimais de
toute mon â.me, mais il est .des cbosoo qu'un
h omme d'honneur .. .
Elle éclaf.il de rire.
- Vous me faites riTe avec votre honneur... et
dès dronuin, si je veux...
Elle s'arrêta brusquement, craignant d'en avOIï'
trop dit, mais Hené ne l'écoutait pa::;, En quoi son
honneur pouvait-il courir des risques du fait de
celLe femme qui lui était comlplètement étrangère,
qui serail parlil' da ns un ' heu rt' l' l qu' il Il l'.:VC' ;'rait son doule jnmn is ? Il ne l'écoul.ait pas Il la.
regardait, 6rn er'\' cill é!, Jam ai s elle nt' lu i 8\'ait
paru si belle, s i ten tante.
Il y a 'wl plu
~
d' lJn e semaine que René éta':'t
séparé de J ea nne. 11 t':tait dans toule la force de
l't,f.(c, li ùo. pd :~e nce
de ceLLe fenHllC qnïl avait
aimée, si nl'd ernnHmt désirée autrelois, l'affolait,
le g risa it. LI:' parfum léger qui sc dégageait d'elle,
de ses chevo,l1x, ae toute sa cha.ir, Jui llIlontait au
cerveau, meUait le feu <Jans son sang.
Swargn S'UrNC vait de son trouble ct son sourire i!'oniqlle ne le quit lait pas.
Elle avoll cpssé de présenter il la flamme ses petits piods chau ssés de fines botLes vernies. Elle
s'étoil levée. mIe paraissait dispo. ée il s'en aller.
- lIIais le te>mps se pnsse, dlt-clle.
René sursaula violemment.
- Vous nIiez punir?
- ])nnil' 1 je ne puis pas rceter toute la journé
lei, il looins toutefois que vous nc me reteniez
pl'isionnièl'e ...
- Pri,sonnièr-o?
- Si vous me prenez pour une espionne comm,'
vos kliols de soltluLi:l,
'
- Je bénis le ciel, fit René, de l'erreur commi-se
puisquc cctte erreur m'a (permis de vous l' voir.
. Ta, ln, tn, je ,c nnnllis l'an~io
... Il n'en est
pas moin s vrai qu e j'ui perdu un tem,ps procieül'.. ,
qu'on m'u fort Tl\H l m c n (o ~,
- On vous Il m , lm
e n~e
?
-:- Sun Je voulnit', peut-être, mais ils ont la
mflln Il n p eu l'\I<lr, vos .soldats. C'ast vou.!! qui
command ez c fI n. le ?
- C'os t mni. El je vous fnis Ide eXCUSes en
leur nom, H. s ont nn P('ll ar()IO~
cn ce mO:!lent.
L' nn emi 4". l, pnrnlt' Il, tOlll ' jJl~
" ,
- Uui, j'ai 1 \1 d, s r1fJU e11( 's, Vous ponrriez bi~n
lrr 1n(~
ri 'Il 1) Il Olll Pnl ft l'lln!,I'r., il moins <lue .
l 's Illl va!'!)1 [11 f i
ttf 'Ill rnnll\'unpnt t\llll'n nt.
l\h 1 vuu, Sa\{ z quce sont dcs Buvllrois 1
�w
30
ç:;rr~
_
TI paro.tt ... ee :wnt
i~
Jour nanx qui de di1.l »t.
huit jours que Je n'('}1 ai pas lu un..
- En voulez-vous?
- A vec plaisir.
Ble tira deu~
ou trois journaux da ..sa poche,
lM lui donna, puis de nouveau se dirigea >Iei'& la
,-
Il Y
il
-
VOU! 'Partez '1
Mais oui ... on m'attend..
Votre ma.rl?
-
Les chemins sont si peu sllrs. .. Me peI'flllet-
pwt.e·A insi, dit René,
-
PJ·é<:isément.
,,·VOlL'3 de vous faire aOC<lmpagner -pal' quelqueeÙB de mes hommei ?
- Non, merci. Je ne 8Ui. pM poitroIIIM, .. je
m'~
tirerai toujours.
R.ené restait rêveur, la tontemphlnt.
- Ainsi, mu r'murll-t-il, vous alloz parlir ,
- !lIais oui, fil-elle en riant, qu'avez-voua'
- Et nous ne nous reverrons plus?
- Prohal}jement, r&pondil-.:ll e d'un too déga~6.
- Celn. ne me semble plus possible ma.intenanl
qae je vou s ai revue, que nous n e nolJ.l revoyiou
~u.a
- En voilà une idée!
- Il me emble que je l'l'/Ù jamais cesU de vou.
aimer, sArieusoment aimé, et que raim-eraw 8~
core, si mon amour pOtlvait étl"e .P81' •• retour.
- Et vot.re femme '1
- J'ai pour elle une estime ... ~
uaiUé...
-
Mais ~
Jl'est p'IlS de .J'(l.JQOUT,
in~l'r"1t
Swarga. D'ailleurs, li y a déjà. pluaieul"8 an~
que VOU! êtes marié... Et votre- palaiz cenunalce
fi a.voir :.1 sez du plat de famille et Il .sentir le
besoin d'un rllgOlH nouvcmJ. Ce n'est pas moi
qui serai ce ragoût, mon cher. Je ne suis pM la
remme d' un cllprice.
- Et Î je devais .vous aimer toujoure ,
Toujours? Oh! je les connais va. a!!loura
éternelle •.
. - Oui, je snill bien, dit René décC1u:nl~i,
que
je Tl'G parviendrai pa.3 il. VOliS convaincre. VOU 5
a,v, z à fT) e rl'procl'ler dc vous avoir nbandclll n él!.
- lJlll"s trahie, car vous m'a. z lrahie, 1K'.allÎe
p<mr ulle autre, moi qlle vous llllnun lanL.
- Il Y aVilît d&'J obsl/lcle-s. d , r a iso1'l
d e f"l-
~
.., iJll', dt engagements antl!rLCUI'H.
011 ', c· Rt ce que l'• •it kmjtaUl'.8 ... YI\UI ae
l'av li ras invent.,
Oh ! j'ni e\ourrert 1
P une mo.rtyrt
'. 0 1l~
VOU! moquez de mei 1
El pnu rqufl VOU)t'z-\'ou' q 'je nt M" lIl<WJue
P ,l' '! .1 (' VOI~
Irollve superbp. nvfIC votre "oui·
rn 1 l'' f' . 1': 1 mlli, rù\i-je pail . ol/ fI'r. d? ,10 n
VQ IS
dl 'm'lI1r! ' i!l ri r n, nIai, q uand j suis mTi ét li 1> 1·
.J' i·llis cnlmf', trallquill e. iJ 't' 1l hl' url' l
Un
ri
f10 i r jf' HIC' [>loll1 ens '::; au BoJè ùr Bmllo
,v lU!
m'av/'!7. njll·rç llp. .. .
1 IIOl1p:1'1\ R nt
C 1... 11' \ 'i~ l)n
V()
I1 ~
m 'I1 YI'7
(lP~'
l,' lI',
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• m'n.,.v. ,nivi(',
" Ili l'Cil , vu 1.
p, •• /111'11 Il' jnu m.I , .
H
VQOU
rOrfnl' ,. ( 'Jl I~ rrl('S f( n~trC!'
... .
lu
de veu' .
- C'l'st HilL JI' ne viv 1. plA~
VO UI! cl'oyit '1. peul-! I~
Il 'oH' j, DI' .",...11. vClyaÎIiI
, Il Je ,(111'1 ' / '1lÏ S fol'l b l \, 1". l ' ! lo i 1111 . ,fi j~
/)('11 '
is t \ Il'l, ~{) 1 i1ll Î1 .~ i ol'
(1 1', /l leil'! ,j VOU.
Q I' V
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onfer. Et vous m e puIez d e V {35 sou ffrance;:; 1
Songez quelles ont dû Nre les miol'lne:-,.
René eut un fr&mi ssem pn t.
- Oui, s'écria-l-il, j'ai été cruel, s tupide 1 J'aurais dll tout quiller pour vous, tou t :ouler aux
piedB. Je ne VOU!! 'd emande plus qu'une chose,
- Quoi donc?
VOU" revoir queIqueIoi:s pour me jeter è. vos
,en.oux et obtenir mon pardon.
- Et oomm ent voulu-vous n €J1.iS re-vo:r ? Je
puse. Vous pouvez être tué aemain..
- Je mourrais heureux, IIi j'étaLs pai'donn.é. Ah !
4itN ~e
noWi n'allons pas ~tre
séparés pour temjMIra.. Vous m 'avez aimé, vous aussi; vous venez
4. l'avouer. Vous ne serez pas impitoyable. Que
f&uL-11 que j. fuse, que je jUl'e pour méri~
votre
piti61
Ren6 a'Valt pri.s la main de la jeooe femme. Il la
P'triasait entre le" sienne!!, lout fr é mis
~an
l d'un e
paasioo qu'il avai.t peine à con tenir.
Swar!& sembJlIlt réfléchir. Elle le couva un
..tant d'un rrgard qui lIuJ'ait effl'<.Iyé HEmé s'il
l'avait vu, ca.r il étllit devenu soud a in luenaçè' It
" cruel, I?uis elle dit :
- Eh bIen 1 Ili VOliS voulez me revoir, nous POIl,... noue revoir cett. nuit.
- Cette nuit '1
- VOla conliai»sez la !e1'llle des Ro 0111> ?
tU'flis. és
- Oui, cette ferme doat lei mars f>.~l
.. f.uillage. Elle est ùandGPlnée.
- Oui ieB habilanls l'ont q-uillée . AIIQ;/; Ifl'y IIt tendra e~Uft
nuit. Je vous y rC'joindroi. JI. Il s n s
pal à quelle he.ure. J~
t6 cl1e rai dc m 'éch npper
quand mon maf! dorn>l ra .
R6Ilé eut un cJ"Î de triolIl phe et de joie.
VOU! m'ai mez d ORC ?s 'éeria-t-il.
- Eh! VOli S ne J'avez donc pa8 vu depuis le
eommencement de cet entretien 1... Est-{;41 tu'un
premier amour !'l'effa ce?
•
- Oh! je vous adorerai, nt le prince 01\ poort'lllt
à SM lèvres la Il u i ll de IR ji une lemme, q-It'jif convrit de bni aer$ éperdus.
8w" rga Ile s r' cil' fcIlda.it 'fIIlS. le J a i ~8i
t , fair . AI L
bout d'nn in stanl, Jl ~ lrL
Hl, 1:I 1Ie se d ('!~
'\
- Mllintenllnl, dll-e lle, 1 itls 87.-mni pm L r.
- A ce soir' 1I1or s !
- A ce .:loir! '
René ouvrit la portQ, il.,P 111 douX' j ,. f I' hullnIO'S, et leur dil d Ile 'om nUu cl' III VI;>yi'.~"
l l:,( ' .
.
•• Il'éloignant, SWllrga out
~
Je le tiene 1 tit-ell., en eUe
ma vlftceance 1
-
li "·
11
Iva l; ,'))l nr.'.
n.ll l: l ,Ir li r: 1
7-
j'tli
"
1
ltn qu '
!' \
. . Il li t'
lrl',
�La Nuit Rouge
~
=
=
=~
Puis une angoisse l'avait ptis. Le souvenir d&!
bruits entendue lui r ev ellcLi t.
Sl on avait a ttaq ué ,~s
hom mes! Bie" • mèoJ.e
cette crainic fu t Gi vive e ,: lui, domina si eom pfè-te.ment ses autres scnr 'nen k , qu' il s ouffl a /sa bou.gie et se précipila. deho rs.
A p l'(';; IlLl uu'n Col' regd rd jeté il 1tl mas 11 re où il
<li\'ait espéré go ûter de s i v ive s j o i e ~, qui r nppelaiit
la cruel le dé'Geption peut-être de loule ::l U v ie. René
s 'élança darls l" >nlJ)['e, m a r oha nl li l}a8 r a. pid<!s,
De temp5 eli te-mps , il s'a rrêlllit, écoula il. .. Aucun mOl1vement inu
~i Lé
autour de lu i. .. Pourta.m,.
oom mr il approchait du pO$ te con fié à .a garde,
il lui sem bla qu'il y avai t bien d e la lum ière... Il
percevmt, paT' in s tan ts, des cliquetis d'armes ... Il
eut la sensa lion d'un gra nd rimue-ménage d'homJll')tt.'3 , de soldats autour du camp. On ne dormali.t
don c pa s ? ... Il Y ava it eu Ull e nlel'te peut-être ...
P en l- ll'e cl es coup!> de fusil, plll lOt pre'.', entie
qu'enlrr cl lL'5, étaient partis d e là... Il preg!:ill le pas,
V e~'ltrn
inq 1 liel, a yant hâte de · saVOir s'il ne
s'était rien pas sé.
B nlSCf'I"Hlt·nt, il fut ar~té
par un cri qui nt puSe.!' dans ton les ses moelles un frisson de g1a~.
- V erdtl. ~ .. .
Un Allemand!
Il s 'était donc trompé de chemin? - n tomb&it
dans une embus-cade ?.,
René ess.1'& de ae jeter en arrière.
il était tro, tard.
Le 501dat ."tait pr'cipité Bur lui, l...,.it mll el!
et le SQir nnli, au moment de qui tter ses hommes,
René fut prls d'u ne i nql1ié
l l~e
. Si l'ennemi at~
quait le p oste pen dant son a bsence 1
Mais il ch assa oe lte i nquiétude; l' en n emi devnit
être loin enco re. Il fil néu llmoin.!l à ses lieu tenants
les plu.> millutieuses r ecomman dations, p uis, la
n.u it veDUO, .:;an" bruit, il se glissa h ors du camll>.
L:l . ':it IL iL ~ bs c ure,
sans éloiles. Sur le aiel
CITUl'b.i ,t rJC' gro s n uages gris, et le ve nt s-ilflait
da"!:l les haic-.;.
Gu o;i:ellce profond planait 3ur !il eamp.2IfOe ;
flInr:, ce si lence, qu'on senlait (l'os di> melUi C61i,
l v !tj~
quelque r.hose d'impru8ionoant ~ '8 8ÙlhIfr p..
Re né marchait. à grands pu, taisant ll.NluneiA.s
le mo;ns d(' bruit p Odsible, la main sur ~ poiZOé9
je ~ no
.sa.bre, Il suivait un pttil ch9llliJa toru~
rt, ,'!troi t, en caissé entre deux .tuues TÏ,ve$
é[, i:::.:es.
J)~
temps en temps, René s'arrêtait, M ~u tM
,
rfJ ais /lUC U!) b rUI t ne , 'éle\ a it de la CRL'"JI.p4iIle q donn io ; aucun a utre bru it que le b r uit d~ v~nt
altdépouillé!:J. AIt bout
niml il. tra\l'rs les brult he~
d'Ilne d,'mi-hf'ure d. n,ül'(; he . l\ené aperç ll1 1.&
m usse somb re IO l'rllée pa!' la mn.Sll re a.bl! ndOIlUM,
et .son cœt.:f' se m it à balt.re av e~ un ~ e:lltrtm vi.<>le.f) Ge. Peu!.ùtre é w ~ l -e U e là d&jo. r l lendnnt. Tl
pres.s a le f s, fran chit un e ba is en tOUJ'alJAt ll'.Il tarrain tram; urmé a utrefois INl ja.nlw, ~
flfiri: ••
Virs l'a perle, frappa.
Pas do r P1JOmlll, il n'y avait persQnne IAOOf'e. 11
peli5611. IR porte, qui s'ouvrit presque ~U.$
r6.li.\a.noe, ilt pour se guide,r à l'inl.étrienr, il tt 11.....b~r
une allumette.
Il avait e n la précaution même d'emporter 1I11e
!lOugie. Il J'alillma. A la lueur, li vit tJ.oe pik. 6a.u
13Joubles, UI1 X m urs délllV r BI . Le vent paualt à
tra vers les lézEll'l!es, hurlait lugu.l>rfmlenl, dans 'chemin 6e cl so us la toil ut'e, un air de solitl.lde 8&
d e a csu lation . R né avait aperçu d ~ \n
l1Il eoln 8,Q
esenbellu de pierre, Il ôta son cemturoll) eaÙl.a
s a houg ie derri ère uné plllDclle pDUl' que 1& l~UI'
l'le l ùl pas alJe rçue du de hors, Il (l'a.ssU lur l'HOab ftllU el nt endit, patiemment d'abot(\, puh& AVN
une anxiélé qlli s'acrrut dl' minllcc> t) 'Q m.\n.wt.,
Swarga ne vint pas, Une heure .s e pa~s,
pUMI d.6U~
Depws longLelll!>S Hen s'i! Il Ipvc, Il I,!Jenw.1L ~
pièoo d'un pas saccadé et tlévJ'cux. I.':1ie ~
n.m.dr.< pas, Elle s 'était moqné de lui. Ou enccn:'. i
pensall : Peu \..-être a-t-elle été retenue, EUe .. ~ m.&r.l.éte, Elle l'd dit. EUe n'est ."IIoS libre, 'On ua tti " !th
v~
prévenu. EUe ne pouvait lui l'1x , ~r
ù'l:w:mn. n
.N\iarda s n montre: onze heures, Il a~lt)U(
e~,
Il lui semble mBinl nllnt eat-ce un effet cie $$l
lmtlJginati()n ./ qu'il y a d&. bruit~
clalls 111. GliJ'..'I.".~l t. , comme rl (> !l eoups rJe reu loi n lnin s, 1'1 se p l'éetP.Itt. ,b. l ~ porte, écouLe. 11 Il'e nlf'n rj pl us ND.
PUl
~,
11 lUI ~ ('rn ble
que cela. r ccolTlmenec, que 16
von l a pporte du large de~
bl'Ji~
s (otO U J'fé:i de hUiH-
"ri.
}Q(lp.
. 'v! ; ~
qu on d il vrul sc rrwll'e ('Ol n p !f', lout s'Mein.l
el, '.l LS'PIU nl l, <!lIn s le lt'e nJlI ! m elJt cll ul.l nu du vent.
MinU Î\. I l n ll ond e,nco l'e-, blCIl q u'il lui po.l'Ilia'e . vr.,i 'cm hl tt bl ~ n(J.Iltci
qu'elle, vienne.
!)'où v i f> ldrU1L
- el ~ , s{~I1(',
par IÜk (;b~s,
..
cott!:' hCllIe '1 11 oe III VerTF.I p'HI. Tputo l~ joil q"ij,
sr. prom Unit !l'est 6vlUlouie. Sa Ü.~/;epOl
Nt ~
k'lll ,
1 conçoit cOlllre Swar/la, contr' 10 86rt l'JW la
re\.ionl llli/i ilf' lui, une !-l W ' \.«> de lll rc lir 6l de rage.
JI s'é l aiL IL l 'int III Lenil' (' l'ttl' rIl ut (hms e. bl' S.
C n l r "ill'Il\'ill { (lo: ~{>drc
en i rl ,~i
l taU
()Tl
t Loufe
tu.
l 1011 1,' ln ~ l /lr (' [', !-I(l B l'u ne uvnU n funbé
cl
bcaulés q\ll {JlJ n ic n l, \lcrll;.a.it.U, Ivi
/)1.[" cl Ollt'· a.
Il r li. Il di re ,!lm deuil dl' lnu cel 1 de tous ce.
j . III r (
HI ! ~Il
Il V t fIlT'
(j(iol /O l'.,
11 (.
IOI I!; CP :' fl{>Hi " . ,
Il ln I/uymt bien
'Pas,
EII c> [l e vl enrlrait
pl\~
,
maintenanl qu ell e n e ylr)ooralt
e~t
J'jtue.
L'orGelet" TwIut
~re
Bon eabre, mais aV811 t qu'II
pu m~e
f&ire le mouvement, il était ~ntouri
par un gr@upe d'auLres soldat. qui anni.hilèrenl sa
résistance.
U était pn. 1...
n r~t.ai
interdit, 'Mt.é. Be comprenait pa ....
6ce.rqulllant les yeux pour ee rendre compLe de l'endroit où il ae trouvait, Il ne 8' étai t pus lromw.
Kerhaueen .tail tout près. Il voyait duns l'ombre
.0 pl'onler .... masse sombre. El J~
Allemands
étaient 1;" Le poste était donc pris? On s'était
liIattu et il n'étaIt pas là pour iuider a~
hommes,
orAaniser la réeilltance.
Il avait pourtan t juré qu'on ne prendrait pu
ICM'hllusen lui vivant. Et JI ne s'était m ême pu
k'ouvé Il\! moment du danller pour le défendre.
Qu'a.Uait tire sn rcafoo'l 01J'~a
i l - elt
pepSCI' '1 ri .Ile pOllTra.u pas lui expliquer qll'il avait de
nail ab>€l.ml.o12..' ItOD p~te
pOll!' • .Ilsl' attendre une
matI..rNSc ... Il De pourl'flit l'expliquar .. p(>l'~one
•
.tI é t.:lil perdu, "r.hQI.Htrlll - i l 1. Llu.lhe-llT'eux ne
S<,lvl.it pIJ.S t.nt ne ~mvaif
, pu c~
~ui
i'a.Ltends.i>&
qllalld 11 ~I'(Ü
âœené au milieu 11&6 "iens .. ,
l'erilau sen él,ait pl in de n.J!lnde.. . de. lumlère"l
8,llnil'. 11 e t venaient daM les p lècl.'e" . 11 y nV&l it pfl rboul t;omme lln gronill e rnenL d e vil" ÙI'I:l refle ts
d'arm N> eL de cuques IUJMl l'nt flan s J'omhre qUHll.d
un s oldtÜ ~Slait
.. porlée d' unI' lumiare... TI y
avnit lb plusi0urs m.lJJlel'!! d'llnmm0s.
Tout l'lait e~vi.
- n~
crit3 rflH<]lIP!\ de templ!.
en Lf'ntpS d6chlralent le SIlence, Le IlflSte llvait Elù
être écraB6 - qu'étaient devenWl lea hommes de
f\ené1... Bi.ntOl le mnlheureuJ: ortkier en aperç\!lt à 'erra, bai«na.nt dans le san~,
Mennlll1 aU!
pied de yarbre où U~
avruent 6t6 IIlR111és. Kerho.u.Hn &Valt &t~
prie par !lurpriu, pr~sqt1e
III\n5 rés\&.
\.an".... " R~6
pleura. e aoldats morls ... S !\ poinge
Ile cnlpruent dans une rage Indicible... Quand il
nl'rivli duns la grandt' ,...Ile du ImA, ocru:pér qualqu(>
~ het1rt.>e auparavanl par 1,..8 Françai s f·t rno.i~
tennnt envl\hie par les Allemands." il s senlit dé-
WIHr.
Cette salle 6cla.irée> pl\r lee Jllcurs rOl1g~fI
d'un
tell d' nrel') otfrnil l'image de la (ll>solnlioll et de
ln !l1nr!. Le!\ vilreq brl~e
l 1('''1 meuhlf's hrnv(>s, dei
!\0<1111'8 cl(> sang pl\rlollt et rleR 601tn.
~ pnriollt, ù1a.n1. et venMt avec des oliquetis œ (usile eL de ...
�n; cs, prc!lantli la 11iCUf' du foyer, des ~specl
fanlO!ut
l< i U( ' ~ . lJr"",, du tt-Il, " Uf des cllUISes resLées
il
n.rt
c~
"'h; rr(' f' l" S (0[ 1 ; n t nssis. René voyait
fl a mber l',~r
Ù' " ,]"
un iforme :,. C'est vers eux
qU 'l,n le mena it. .. ,. avant qu'il y fût amen6, une
imprh'<'1tion Î(' <'loua su:' place.:. Un mot flagella ses
ol'f'llles :
- "l'l'aUre 1
Il SP. rl't nlll'f:a et vit couché à terre, empaqueté
de corde!> derrière les gronpes allemandS!. un de
ses frè!.u(;;:< -!Il'eurs qui lui monl.mit le poing,
Il sur /:lula violemment.... Traitre !... PourquOl
cet hOI1~ne
l'ap peklil-i1 Imitre?
Il allait r0 pr'i1 ol'l" m:··. à ce moment d'alltree
fl'<.l i.',,-lil'cm·. '; t:; tra lllt' nmt sur le sol près du premicl" cL mon : nlllt leurs pu:ngs comme celui-ci, lui
cl'lèl enl le I I/ l ,H Ie !Ilot:
- Trallr e 1 IrailI"e!
11 dl a lln: la.
. 'I d :r l' ! JI [,(' Ini !. C'était une trahison d'av@ir
n })'l! do n llé ses hulJllDeS au momen!. du danger.
!). f, 'Tont le. de f ue ur froide s'amassèrent à see
te ,] \. • l ' .'{,!l l: \' mourir. Tralire, 1u1.,.
l'
.: ," :loc ". couch é s : .
.
,II,IS, (: 7. pas! Je viens mounr avfllC
y(
d 1111" 'oix forte :
. , Pl'lk.C! 'ive la Frnnce 1
, n , '!l~
r ;("' nl'l'enL
~
ll(,-ti l'C'ur i Jle ;~ ;:.,
au visage ruisselant de
. •, ' n av, dl ld> ~li gé
à'ait8cner parce q~:Ol)
. , L 1'I" in.1D I, se drl'ssa tout L. coup au milleu
.JI' j ..., üdüi ré s par lœ roug~'1S
du foyer.
1
l si pl'è ' dr René, que Ce1l1H'1 ful oL tlgé de
';" II" 'I,' r puu r n 'être pas inondé de son
ang.
e
le Llntil...
_ ,ui . ,:r'(1-[-il. nou' avons été ll'uhis 1... Et. c'esl
t. ' l · .: H OU ü t r' (1 h i5 !.. ,
- ;. lli ? bégaya Renl'l, qui sc scntiL devcnir
ru 1 : VO\1: o:;C7. 'm 'necu ' l'l', moi \'01 rc ('hef !
- Til nOlis as amcnés ici pour nou~
livrcr ... pour
rll l,II (' ler, :m prix de notre sang, t.fl vie et celle des
,c
tlCll S ...
,
_ , fr i
s'écria " malheureux officier... vous
êlr'-' fou ... ' la doul€' - vous égare .. ,
El sC' tOlll'nant vers les autres, il ajouta :
_ Von: ne le croyez pas, n'est-ce pas, mes
Amis?
1
\ ' jr nn voix ne lui rnpondit. .. les regaros rœl" \"' I1 \ m"n nr'unt.s et ~évores,
_ ( lit ! ~ 'p ~ rifl
JI' nwJh urcux en sc cachont la
fi'''' " r' ,1 n q S f' S TIlHins, c'est infll.mr 1
1.' h',,: é l'rollf'il .
où élais-In [lC'nonnt qu'on
_
I l ' 011 vi('n~-I?
n n 1 Il f taq Il ait of Dans J rung: du nOf; enn emis
ql:" (.; r 'Jlid~.
.
.
_ :>'1 ,i l 'l ','v'I 'Ul Hcné, mal, VOliS osez cllt'e 1
l ,a mOiti' rI ' nMrcs sont H1ol'l" (ri te mnudi' ·I II'!. pOllJ':;uivit l'hol1lme. On Vil fu s ill '1' les
(ii Ifr ,.If'Ç'H.' ho suluin' r!P!3 Judns <,1. ck" lrallr '1
Il hl) .' nvoyn nu vi~1
gr lin rrndllli llll\lé ri
cu '::' l , • •mg (l'li soria il III ne su lJO\l chc fl'uc:uaoOlldil 1
M' . l ' • /1 )' 11' i. n ' f'I1~
mi ,''f' hlp 1
,,', 011 1,. 1"linl.
n& toul mon sang pour nlon p a:s !. .. J'ai eu tOTIt
de vous abandonner 11 m clu 'ü lJ.u d qu es heures,
mais je ne savais pas, moi, qu'on s E'rait attaqué ...
et je ne vous ai pas trahi s !'" Comment l'idée
a-t-elle pu vous venir qlli' i "' . is capable d'une pareille infamie, (l'un parei ,
!
rLes Allemands étaient J \.oS é tl'uugcl'S il ootte
scène ... Ils l'avaient écoulée.: avec indiff6rence,
sans se mêler au débat, qui ne les intéressait pas.
René se tourna vers eux et tendant les mains:
- Liez-moi comme mes homm es... et fusiLlezmoi avec eux... Je veux mourir avec eux, pour
mon -pays, pour la France!
El il cria de nouveau:
- Vive la France! A bas la Pru-sse 1
Un de ofti ciC:J's qui se chauffaient s'approcha
et dit en françals à René:
- Qui êtes-vous?
- Je suis, dit René, le prince René d'Argyll, le
chef de ces Tlonunes que vous avez làchement massa(,J'és et faits prisonniers ...
- Que demandez-volls ?...
- Je demande de mourir avee eux ... Je sms
leur chef, c'oot moi qui les ai équi,pés, qui ai mis
Kerhausen en état de défense.
- l\Ialheureusement, dit J'officier, je ne puis
,p as vous obéir.
. - Et puurquoi don.c? Ne suis-je pM fume-ti·
reur, comme eux., faisant partie d'un corps irré·
gulier?
- J'ai ordre dit l'officier, nGn seul ement de ne
pas vous faire' de mal, mais de vou s protéger,
vous ct ks vôtres partout où VOllS serez, Ainsi,
vous pouvez partir, vou,s êtes libre 1
des grogn ements s'-éDes cris de répobal1~n,
taienl él f Voé , parmi les Français; de nouveau, lef
poill gs sc dres saient contre René.
Lc 111flll!eureux eut comme un éblouissement
Il sentil ie sol se dérober SOUg lui.
- 1\ioi libre, nt-il., moi, épargné ainsi! Pour.
quoi? Qu'ai-je fail '1
- Tu nous as trahis, dit une voix, et tu reçois le prix de ta Lrahison 1
RelJé voulnL prol ter encore:
l\lais l'officier avait fail un signe aux sdldals et
donné ccL ordre:
- Qu'on l'emmène!
Alors Hen{J se roidit. .. II était effaré el fou,
- ,Jf' ne suis pas tIn traill'e ! rl"p'-·I nil-il. Je veux
mourir!
El il criait aux soldats qui l'em ll1l n/lienl de
[orcp, aux oflkiers (!lI 1 , lr l'l'g ard ait'II /. avec un
air d(~clajgneu
x cl niu'quols :
[DUS dos ll) cl! pc ! r1 ( ' ~ Jùl'! )('s !
- '"uu :; MI'~
1\1'uis ùr>s ofOders me r('pllnrliJ' nl ~Jn s
ct les
soldats 1 t.ralnèr ni hors de ln sall(' ... fi Il L'l, quand
il fllt dehors, ils le lÔlchèrclIl seul
11 11 1(', dans
la nuit 1
'
. fT 1
f;o l<lnlf;.
tlutJ'<'s, q\!(' cc n'est
11'11111'1; ('l' / hom0011' l'l'Ifcl rk ln clllukuJ'.
!~
r l' nt
Ir il! lI..:e, un si1
, t '!'l' J. '!
\' lIl,.
l'
II I
11
n
l'
f;,
n
iill }! 1 • llil ' CJ\l'nn
qui voplnis don-
a
fi
n
�Clt'-
La Nuit Rouge
======================_ 33
~
tres. Les journ aux n'enregi straient 11 11e (les désas- . fon Dieu 1 s·é-cl'iJ.-l-clJe, (,s1-ce vrni '! Est-œ
tres. On s'aLlendait à tout, à toutes lc" épreuves, à possibl e '!
Pu is, se J'edressnllÏ bn18qUf'J1 1en! :
tous les malheurs... Jeanne souffrait des tortures
- Non, non, fit-eU r, cc Jl'c!'l !l,~
sanls nom. Ce n 'était pa:; sel.1lement le sort de son
vrai! René n'CE.t
mari qui l'inquiétai t. .. C'était le sort du pays tout pas un traltre ! René uilnc s ,n l ays.
- Aucun de nous, n1\':: ',,'1ll'<1 lïwnwl1e, nt> voulait
enlier... l'humiliallon infligée à la France, à la patrie. Qu'allait-on d-cvenil' '1 ... EI·le était lleureus-e 1" ('Jroire, mèlis il a !Jü'lJ f'" :h1 se 1'1':1J.:." :'1 révid~nce,
Vous vou., y j'cndI'cz comm-e 110U·. - \ Ll U~
le mauqnr son père rût mort, fùt parti sans voir toutes
direz oomme nOLl-.
ces ruines.
Un éclail' brilla dans les yeux etC' jNtlIlle.
. on cœu r de patriote eût été trop déchiré. Le soir
- Jamais, dit-elle, car jamais je n o croirai à 16.
ou deuxième jour passé sans nouvelles, comme La
trahison cie mon mari!
~rin;c.
_se
. à une lc.nèLre dn chAleau, regardait
.,-i'SINTIent l'hori7.0n qui semb~aiL
se 1aoher de tl'a1- Où étai l-il, fil l'homme, quant. nn a ,a tlnrrut
nées de sang, J'Ame mew'trie par toutes les angois- Kel'hausen ? Kerhausen dont il avait la gaI , 1
ses, croyant entendre toutes sortes de bruits smisNuJ de n{)us ne l'u vu partir. Il s'est glis é hors. du
tre:s sortir dr ln rampa!!"" Ql1'" J'nml,re (>p'.-"lli."-" 1;+. camp' comme un voleur quand la nuit était tombée_
"-e:; pa.s précipités se firent entendre dans le cou- El ceL deux ou trois heures après ... Oh l madame:,
loir du château, près de sa porte. EllIe courut ou- jl' n'oublierai jamais ce moment.
ous do,rmi·)ne
,vr.ir 10 lIortc. prise d'lin Il lrriblc p:'r~"{·nljmct.
tous, LranqtliHes, pl'ot(-gés par nos sentiT1Clles. Tout
C'était le jardinier qui était là, accompagné d'un
tt coup des grands cris, des coups de fusil, des
hOlO n' I",-ttle, hm nu:" ~ n~l
qn'rllp reconnut vilres et des portes volant en éclats, un carnaga
aux la mbeaux d'uniforme qui le couvraient encore,
inOUï, une fournaise, el nous voyons grouiJler aupour t,,1 fi">; fl,()!lus-LircUI's (1(' SOli !n.nI' .
lour de nous un fourmillement d'ombres. C élaien
La pr;'H': ',( (,Oll:';;! :~ l'l!on'.nlf', tDule blanche les cnnemis ! Ils étaient JOille, deux mille peut-être..
Tout était envahi. C'est à peine si nOLlS avons Pl)
de teITelll' et 'd'epouvhnte.
.
tirer qucJques coups dc feu. En un clin d'œil no\lS
-- Qu'y a-t-ill '. s'écria-l-elle, Mon mal'l ?
a vons été saisis, gal'rollés, Le sang ruisselait. Et k'!
- Ah ! madame! soupira l'homme.
même cri sorta.i.l de touLes les bouches des priso.n..- Ali'h CjU01 ? dil la princesse Mfolée, hors d'elle,
parlez! VOl'<; mr fAites mourir. Mon mail est bles· niors meurlri,s, des bl essés rAlant :
- ~ous
avons élé trahis... nous avons é
sé, mort peut-être?
tra.his 1
- l'dieux \'audrait, fit l'homme d'un ton sombre,
qu'il rùt morl 1
Alors un officier s'est avancé,
Jer" Ir l,' l'f'gnrrla. EUe ne comprenait JXLS,
- Quel est celui de vous qui se nomme le p.rinœ
d' Arh'Yll ?
- ExpP.iql.lezJVûu.s !. ..
Toul le mÜ'nde s'est regardé.
- Ah ! madame, dit le Cranc-tireur, nous avons
Le prince n'éta.it pas là.
eté trahis, Kerh/111Sen est pris,
- ]( erhausen pris 1...
C'est à ce moment seulement qu'on s 'est aperç
mes rompngnons ont été tues ou sont -d,e son absence.
-:- Tou~
i uSlllé , à l'hellfù Cju'il eo:t.
La première idée qui vin,t à tOLlS fut qu'il avait
- EL Hené '1
été Lué. L'officier repril :
- Personne ne répond?
- Le prince .? .. 11 n'ét.tlÎt pas là 1
Un dc nous dil :
- 11 n'éLn.it pns III ?...
- Il n'est (las ici.
- N(\~,
mad'mle. Parti depuis le matin.
Il lors l'offiCier, !';e tournant vers ses hommes:
- I~ n élllil pn.; ù son poste fInond on se battait?
- Non) madllme. El 011 clil rJlus ...
VOliS pro\l",gerez, envers et con~l'e
ious, Je.
- QUOl,? Que dit-on?
princ~
René d'Argyll et les sien •. Vous r'cspect.cr'el.
ses blcns,
- On ctil 011" r,'est lni qu,i nOllS a livrés lrahis,
>- Mon mm; 1._
'
Par'ml nouS l de violentes rumeurs s'élevèrent.
-- Oui, madame
Une voix cna :
- Mnis vous Ûl~s
COll 1... Mon mari, un traitre 1
- C'esl lui qui nous a trahis 1
- Toutes les apl>ar"n'es,
tllois aussitôL cent protestations s'('levèl'pllt._
- Les "appn re!1ces sOlll folles! Il mourrait de
- JAmais 1 le prince n'est pas U/l tru1Lre ! S'i:
douleur s ~I saVall qu'on le sOl1pr,onne,
n'est pas ici, c'est qu'il est mort.
- JI dOIt le saVOir à l'heure llu'i1 es1,
L\.>f[jcicr eut un sourire narquois, un sourirc quo
- El VOliS v-cne7. mc dil'e ('('lu il moi que Ren6 est je n 'Qubli rai j al1lillS, car il m'a pmu plus injaun trattre 1. ..
l'ieux, plus oulrageant qu'un soufflel.
- Oui. mMlame, nous avons vu la lettre,
Il s'ap'pl'Ocha de nous ,
- Ql1elle lettre?
- ()uelqu'un, demanda-t-il, connaH-il l'écrit.u
,- Ln leUrr l'cri,te fa/' volr<, mari, ]cmnndant la du prin\:e "
.
Vie sanve pOUl' lm e les siens, d munrlnnt qn'0!1
PIl~ieu's
r6pondn'ent
é1 l,rgne >.3-011 château et" ses bicns, rn (;chtng~
du
-- 011 i, oui.
~OSLl'
ri I(pr!1'1usNI, (JUIl est l'l'fol il li'l'rr, 1':1 il a
TI mOlli ra une lolLre qu'on lut à haute, oix,
livr6 1{~lhfsrn,
.. en pl~I'ne
~\1t."
nn massacre.
leilr'e,. en échange de la protcclJo
D'i ns cl:'t~e
La pnnC'essr cul un i:iesLc lnll'ndni ibl
o(le l'Olinem l, le pl'lnce indiquait aux Âllcmand
, - Jp ne crr'l'lli jamais celA., dit-elle, 'C'est une
comment Ils poul'rment s'introduire i.l J(erhnls~
.
lillflùrne ca InnH1i<' .
sll l'pl'cmLrc le pasle, nOlis égorg r pendant no\.n::
,'OUl'! J'avons tous vue. Seul
SOlllln cil, 11011S sc ~oldB
ls.
- J'ai Vl1 Ill],
li ~Lé
l'em1.., en
Il nOli S lnllS (IC'VIII,t ,,)IIS, le pl'iro"~
Joolllle seco ua la toto.
C"Tl , 1 l' '. U vi cJhL ici. Les AlLrma.ndlS
lib(')'U'. II
- Cc n'e'l pns vmi, s'écria-loc He, Je ne croi~
jamais cclil.
n,<' Illi [(,l'onL pus rie 011/1) à !~lJ:
JI est p'lo~gé.
Il arrl':'l"I'l1 ::Iain ('L al! r. Mo!, ~ B;l pu m évador, je no
- On a vu ln. 1eUre, madame, dit le IrflnC-lil'cur.
~al!
pm; l'n('orl' r mmrnt, J al rnng6 Ines liens avec
Un d s nôlr('s fi craché au visllf{f' lJ votl'C flItld".
mCI-l drnt.R, ,1 jn suis l)llI' Li , Mais j'ai vu la setno.
Et vl)ll'e Ill/tri li
'cst pas délendu,
Qualld Ir pl'inc Il 6M a.m 6, QU{'.]Q1JOO heurrs
- Si c'était Virai, III Jeanne, il ne mourrait quI'!
81pl't:S 1/l ll'Clhi' >n ail miUml d' 1l0US, tous les de mes 1IIIIIIIS 1
poil1ŒR 'C sonl
1'~R{l!
contre hu. Un de nous luj
- VOIlI:I le VOlTI!Z .. , Il niera. Devllnl nous il ft
u CflW!J6 nu vi Hngc,
essayé de nier .. , I\lais c'est un ,!J'altre : 11 a livt'4
.TCil l1!lC ,Inmpn fi genQux, Lee brus tordus, dans
ses soldtLls 1
~nc
'II) fOISlle lnol'xpnma.bl.e.
JCSI,flC
mOUI'llÎl, Son mAri avait ql]: Lé Il
('st
LA NUIT nouOll, -
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! 1 C;,lè n'est
Du l'este, il cc lliorn .. nt, le c:h'âtl'ilU .s'eIlI'[.il.i t
Par (,US 'cs cuulni!., los >u'vunLes ·<:l.lriV-il.' n l ' l '.g oh,nl'", eJTUJ'( S...
- L \; j)rustiiens ! Le Prussiens!
On r.,ni.f'ndnit dans la com des t~iqleL
{le fusils
de l'
j'.
ct de sabres.
10I1rr!,; • ',; ':1l1pr cl- n~
d',
l' !,C r
J' 'n
'Le' de1JX homT,le f.'èCnlr·;~t
la tête.
- Je vcnx bit'n me C'il'è,Luer, Illoi, munJlUJa 1e
tn..nc-!.i' 3ur, pOUf ce que je tiens mruntenant à la
"e?
- EL moi, s 'é-cl ia Je.an~,
je rJe pl'~
vivre Btl'l.rès
9'n, a Ù ~uté
de l1~
Xl' ah ... On l'a /lei m . :-'1,
"IUIL ,!ln, (., nt, 'ti 11
- il ù la l'III < !J'lité [lit! r...
IP", 'Il 'l''';, ce
.61:"lit une I;J(,~l
1 dtE:, Ù n lt'C n tlI, r ", Il' Ù 1..';
11(. .1/['\ .vl'ois pas, moi {lui tiU;S f !e ct
.
J'
F,ld Ils (jlt' l't '{hl JI (' 1 Ill" '''II' IJays
,
i u . :t ln der l:'\J'(' !! li 1
l': v~ 'Il' IÎ:lC ? dit le jardinier.
Ili 'II Id pr 11 ',"1 lU. \' \., plI ,')t fi fi tiiJ ~lJir,
l:cn1 .. 'II' le ','
.0, r ','! i '
• 1. ,", ,lil:,
"lllle
, x n '1 'it, /< 1
!I 'l!' l' !
!JI ~',
1.01''rr.
1 t,l't, l"
qllC
\'0'1::;
III ',; V{'~
n'fI~.Js
(>."
['Illlnr;
~
pleut'aient
},,:1..;;.
et
- 1\lar Jllme la '1)rinc~-:.f
? demuwla-t-il.
,Jrn Ille fil un pas etl ''''unt, Ill'i (JI'pt fp.:e les rlornpsti'luCs elIul'és, (l1l\ruient des yeux b'UIlI S
.CI·
JI,
-
,U I( .
1 '1'.'[ IlJOI,
VOII '1
1',1 elle
très calme. Que 'ionlt!7.-
OlL-elle
se dres"ait hantarn e et fière, toujours ruleIllle [al' le f ranr·-hreul'.
-.1 \' 'II,' \ l , '1' l d:r, 1111 ,1' .l', tlit J'ofli('jp,' /(\lIjfJlIfS respvclueux, l'Jue vous n'uvpz rien à
cruindre de n ous. Votre ma ri n ous a rcndu un tel
e ...
- .\JOI1 m,1l'l !
pu, sans CO!l~
- C'es\. grùce à lui q,ue nous BI\~Ons
férir, llOU5 CllqJHl'er ct un pos te tmpOl't.ant qui défend 1011 L le puys, 1-< er hausen ...
Le [rao(:-lire ur rega rda J ean n e.
La mil lt~u'eSc
ICIllme éLu.i.t d Nerue d'nne po.leu' Inn!' ' 11:' ... tou te flU charI' fru.llI '.,UI ..
l; dl' \0 1
Elle cria :
~'r
Sot fanx 1 c'est faux 1 On Il r!JJlomni' ulOn
mn"i ! tll<m [tillri n'p:t pas Ull Lrullre !...
f~'
1S P ·o!p.,ler, l'pffic:iel' sodiL un papieZ' de . a
POl Ile et le lui tendi t.
L'i p/'llli 'l'''oSe y Jeta le::! yeux... Illt q1lf'lquœ
mo!.s ... palissa un cri d'épouvante t d'Iloneur.
LUI ! lui!... tl'ultre 1
r.:i., , \ ,lnL son
UI'llW
devant l'ennemi, elle fit
fl'l1.
) :offi, 1 (r tomha .
\1,1"
l'trllp, on ne m'ar'cu'p"'l pas d'avoir
!J'alti J...
~:Ie
ru t Ull dern ier ge-ste de protl'<ltntion, puis ell e
! Olllb<.l il. III l'pnVl'l'se, tout , d l!np p,(!ce, entre leH
il,lI": (le sns ~e rv ln t e8 qUI s ? lmen l PI'('dpill"c,' l)OIl!'
la S '!llc llll'.
crkilj\JIlS,
t !
le,; l,i/cf:; (1.,
pon:;s' ielJL de_ "ris.
Lu pl'in, ·p:se, 111"iLl· nue par Ip. fI une-Lireur, mul'mur,'l! .rI '1]" pn :J.( rl'5 ,11' rage indidble :
- Les làeheB ! les 'lll.chea !
,!La porte G~
la ü]lUmbre f ut fJr.nncl1..ii. Un officier'
sc 'l'I;Rcil!a lout seli!.
li ü"ait mis on ca.sque à la moin.
L,~"
jfll'.
pouvanl.e 'lllX lè\'f"s.
-ILes 1'111:;"1":1,' !
Jeanne. le {nn. I.J':ClLL', pcgH.rdè1'l~It
Du:!s la !Juil ;11 !ombni l, nOH mr.!'"~:i
s~mr('
;i L'lluit'L'itJH SUI' J,·s UII!mÎlls.
- ha poil II du iJJwl,)au 'f>t;L Ce,I'ITl(\(' ~ dCl[l!1'lrJa
'.'lln ..e.
- Ou , maflllnJe.
.1 us <1\'l'Z des armes 'f
- D·s ,llIleS ? lJL'g )ou ,l' jo.rdin'I."I', 'l'hrh.
- J'ai jelé mon fusij puur courir. liit P. frl' ""-1
·reul'.
- Il Y fi des fusils ioi. On V!')\l<; en rll IHl"""O '1'1.
ID fa.lt ,é ..;:!'ler ; "'qu'à la mort!
- i\1a.is, Tt "rl./. e, dit le jarl inier, nml!': P pou:vons pas il r' 'IIX l'P~<;Ister
C Itre 'lIle .nrrne.e.
. .
- :\'01' scrolls \.ruis, dit JètWne, qUI üVUlt. saiSI
1lrI r evol \·er.
er.
,nl~I!P.
~
LGS .\lIomand-;; avaien t forcé III porte entr"'';JûilI<'\e et 11\ '1i"n! t01l1 eJIVll"i. ')0 er·l"nrJuit. leu"s pas
an(
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revolver é"luit l'es Lé da ilS
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8Cfi ffi tUClfi
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8 11.r le ct1 ,:m in O~ I il IlVll.ÎL 6té I,j:<\ 'é, Jkné re!:!1.R
un ms tllJlt IffilTlCl,hdc, regardan t \ n IIl'lrH'fll Kpr.
1 L1.~l'n
p. nv ll lll , O lt de'i omIJI'cs Il \lui!'!! 1 cl vl'lH]jr'l'll
dpvlln ! Irs Il , ml'-r
~l:!.
Tl , ne.f; rcntltlil pliS hit'.n
" or ~ lp l c on cor r ci e (eq
~l hJI él a iL arl'lv(', rie 1'(\1"'11snllon m o n s lru c u e q tn PO;;Hil 'ur lui. 11 /lvldl 1IJ(~
f aul,e à sc r e)lrndll'r, 111 fHUIt' d'Ilv,til' I1h(Jnrl~
SNI so1dll lIS pOlir nllN' h cr l'Plnllz vons fuol'. t,',
Mai !'; tl'u lf.rc II n'fll:lIt Ip a ~ trntt r'l' r Il ,"I:\i! r 1"1 ,
d. I,Cl." r ~ n vi e ~Ilr
so n PfJyt'!, 1'[ on )' l(:('l1s,rtit l' )11 !
c é lru r. trqp hor nble !1I rr'>ln.ll11 '1 hll' Il,\11' '"l'IH
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mHi ne.., r.hel'chun t 'il C'oordonnl.!1'
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J ('~<IJ.!t1,
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1
1)111111 1 1(, jOli!' le l 'vu, Il 'M' 1 t 1 t
SU'{ ILs, /111
�o-è
La Nuit Rouge
======================== 35
~
étnil brisé, boueux, trempé jusqu'aux os. Il ne pou- Traltre il son pays, lui! lui l Si sa femme appr&vûit plus mal'cher maintenant qu'avec les plu." nait qu'il avait élé seulement soupçonné, eUe étilit
e}.Ln.'!mes pr"'(1 ~tion
.. . car ile tous côt..és on VOy:llt capable d'en mourir de honte et de douleur 1
C'est vers sa femme, vers Jeanne, que l'inIorw.né
de: \L1E'n1:'od" dn'ulcr duns la cûmp_q..,ne. On eût
dit unc in nqlnn de :,wterell c-s s'ûbattan t tout à voulait aller tout d'abord, ..
A!uSlsi se dirigea-t-il BJUSsiLOt du côt.é du ohâteau.
("nup S111' 1., ',av-'. Rpné eut loutes les p inr,S.. du
Toutes les pièces flamboyaient dans la nuit, 00011III 111> ù . ., "'viter ; il fut souvent obligé de rester
dr' I!C11res e (:<!fb imC'hé dans le s tuil1is, el (e pées pal' l'ellllell.i.
n'r:. t 'lIl(' 101'f;que 1[.. nuit f\1t venue qu'il pu l reLe pririce dClllflnda sa femmè.
PI'('nGI C C:J, trI 1n'he, si épuisé qu'il ne marchait
Le3 hommes qlli élaient là et qui venaient d'arri_
:pl,~.
Tl FP fl'd'rlilit. EnOn, i,] aperçut dan s J'om ure
ver ne pUI'ent lui donner aucune nouvelle.
les lnuc·(.>j lr-s du dléUeau. Il ne savait pas quelle
Il conlinua. son chemin i SOIl jlleu lleurtait dee
hen!'e il 6ta i l, mais 11 devait être tard. PourlAult armes jetées à Lerre, des <1ébl'is de touLes sortes_
rlan~
le ch'ikau on voyait aller et venir· de nom·
Pas une servante, pas un domestique, pa,s une perbl'fI1S~
]lmière~.
Qu'est
~r e que cela signifiait? Le
sonne Dpparlenant au chàteau.
('hClleHlI ét.ojt-il "nvnhi déj à? Mfilgré sa fatigue il
Pourtant, en ha.ut, dans le coulOir conduisant aux
appartements de la princesse, René rencontra le
pl'r" 'J le pas. ~.lis
aussilôt il fut arrêté par un cri
guttll . :. ti 1l'lI ,,,.ul entend u c1éjà :
jaJ'dinier.
Cet homme, en le voyant, poussa un cri de ter'ernn' !
Et il , pCI'Ç'llt, à la. lueur de la nuit, un soldat qui · reur:
Ir II < "
;1 'Il'. Il '. 'nr>ra,
- Le prince 1
. L
! 1 li' r1ôi ~t1l>]re;
mots en allemand, puis
P u:" .1 \'ouiul rlli.r. René courut à lui.
1 lt i 'L: rI" i" 1111 ,·.:-lIet pl l'enlratna.
- Quoi? s'écria-t-il, qu'est-ce que cela signifie T
n,; .. :O'iPOC;[l d ur'une l'é;oistance,
Je te fais pellr ffiainlrllanl 1
0,,' m' ,1 r1 "IUleurs où 1: >tUait, vers le chê.L'homme ne répondit pas,
leCltl. ('~
Ip Iï PI'II rI' dans UIlO petite maison déI I rc;ù.l'rJail. ::>un I1lültre en écarquillant des yeux
pend \JI! 'le h proprir.té, où des officiers se ohaufeffar'és.
ffl'Pql 'J '\"Imt 11'1 fpll fnil 'lvec des échalas,
- Où est ma femme? demanda brusq uement Je
Les ,....rfil'iprs le r egardèrent
prince.
Tl ,.;)r'fll'i'i'C:'lit, linn!> la lueur rouge, pitoyable,
~
;\!nrhme la pl'jneesse? Elle est partie.
S\'rc sn~
,.1 f'VrllY
lrempée; d'PaU, son unirorme
- Plll'tlt! '/
bOlJ!"l" ,1 rI'.. hi l'' ' nn Hir n'aventurier et Ele baOOl\.
- On ra emm"née.
l n cl!'s ofnf'Îprs demanda :
.
- Emm<'nép , 'llli 'l
- Oui êlc-S"VOllS ?
- Les ,\111'111 ,"ds.
- Le 1)J'inee René d'Argyll
- Et pourr[uoi ?
. TI Y eut un ''Qomc'lt de surp1"fu parmi les Pru5Elle II 1u" un nIl1cier. On doit la fusiller.
SIe.nS,
i
- Ln fu sil: '1' ?
,Ir np '.'nll'; rlpm anrle qu'une grAc.e... me per- On l' a dit. .. et on l'a emmt'née pour cela.
m (>~ I e de voir ma femme, ma 1'lUe... Puis vous me
.
Qu and l'Ile a ap"r's la Irahison de m n~jeur
fuS1l1e l'p7 ...
- ;\Iu trllh S l '1 lit. Hcné hol's cie 1111.
L'r,m, icr dit :
El t:)[1isissnnl 1p vil'illûl'd a u colle t, il le secoua avec
.. - \'""" ,\j"" lihrp 1 ~i
voue êtes le prince René une vinlence e:-.L, en le.
ct. /"Q7'l1, vou.s êtes libre 1
.1'\);1 . ll'id!'" 'll ! l\h çà, est-ce que [u ·y crois
" III '1I'u rrnx, qui trouvait part.ollt ausSI, Inl, drô'c ?
('.ellc pIolrt'lion 'lui l'érrnsait, je ne veux pa.s être
- D lmc-, nlOn"ieur, bégsya l'homme épollvnnté.
lIhre 1... Je vellX "'lre troité comme les autres, rom·
tlor~'me
la JI 'j'l(; "e y a cru. On liri .1 mnn lI' ~ ri",!,!
m l' tOIlS 01'" ~ol rl a ls .. . Je suis franc-tireur, officier pnplcr:-; l clic ,'\ 1 évanouie, t c', '~ l pn e l'eVf'rJdc- fr~n
(\". li l'eu rH. Je connais mon sort et je suis lant ([ Ir'plle a été pri5e d'une crise. Elle élait comme
pl'f.! Il mO~IJ'ir
. .Je ne VOllS fais qu'une prii>re :, PerfoUe. Elle El ~:tjsi
,'on l'{) volver et elle il til'é sur l'ofm:ll.rr,-m01, avant de me fusiller d'embr&8aer J~s
ficier, EL l'nrlicier est tombé, Elle criait :
mlens.
'
« - Je n'ai pas trahi, mni ! Je ne veux pns prG.t1L'( )ffil'Ïer répff.n :
ter de la trnhi on de mon mari. Qll'on me lue 1
- .Vr;ll!'l .Nf's libre 1
J'aime mieux mourir que de port.el' un nom flétri! Il
H 'né ['('(Jlllait comme dans un l'êve.
El JI fit sl ,,:nr l'Ill solda.t qui avait amené le prisonnier de le 11Ilsser.
Il compr'enait. Il voynit. Il conais~lt
Jeanne. 11
!.p ,: I(~ dl. ~'(I
urt.f1,' livrRnt le pasMge au pIince.
savni l r[u'pn npprrnl-lIll sa troh isn n elll' ne semil
r lus m'llt l'e 'se rl'rlle-m<'roe, Mni~
qll'nvnit-nn pli lui
r.~1I-C
r~n.(I!l"
ht~'I!>,
sons les ref!arrls ries
of,fir1r r'" (jnl ]1' 1" '''ugeûlCnt avec une expression
mllntJ' l' pOlir ql'e!~
crOt il ~et
Il'nhi son ? QllPlles
d'U'Oil'lle et de mépris.
rJ~clsve
avait-on pli lui fOIJI'n ir '1 De
PI'I' ll".() !' n"~:t.
-:- tlt/li., ~ l'r' 1\ 1 le malheureux pourquoi me qu elle mnr hlDnll on odIeu se avalt..f>tle pu être victl1alt -t-on aInSI?
"
LIII1 I' ? \'nilh 1'1' l'fll'ill nf' sni~al
rl/~
L'ornr'irr rérondil sèchement.
Le mnlh pllrrux sonrrrllit de.s tortures SAns nom.
- J'ni des ordres l
.
EII'c innnc'rnl Pt. !le voir accusê tllI l!rirTlI' le plllS
l!:t t()U!'l ~(' tOll,rnèrent vers l reu, .. ne s'occupant
Hl t:ll e, le rl!~
orllr1lx, le plus horrilllr 1 l':lrl' (nuoplus du prlsonnler.
cen t rt nI' pl~
f',>11 voir comment Si' c!t>rrnrlre ! -se r!~
Rpn!'> r~"IEl
1111 inoA"l immobile, des gouttes dw
butt.rr sa n~ nrl'ivl'I' il laire croire il cplle innocence 1
S'tIeur {rmoe aux IN /fl'S,
car il li sn it clnns tous les yeux des ~pn"
qui {-tnient
Ce,!. -:ri o l ~; i r'l'II,\ '1II'n t h Sfl. knhi 'nn ! Sn \.rnhiJo ClIl'OIl .If' r!'(),vnil cOlpa~e,
Ille li~nt
flllr le visl\~e
on lml (Vlnnll(' cl tOllS 1 (m ,la ronnaissnit nu rhtl- dl' Bpn jU l'dlO 1er, qui le considérait Itvec une S<lr~
trl11'l. Sn frmn,!r, I('s rlnmes tlqllC-S ne l':ifloor'8ient
d'horl'eur,
pl~
... y rrnyllH nI pl'lIl -C!ln'
A cc tin" tan t de douleur P.I.. de d6sespoir inexpnFI. ('ommp 1(' mnlhenrl"\lx, (!('l'osé, oIH'li, ne oou- mablrs, rirl r'>1' 0(' ln mort l'eJflcllrtl.
g"/1 '" , r'l ;
" ('Il alleui lIlrl 1111 ')l'dr> au.
Ln mnrL .. 1111", rn ('f(Pl, pouvait le Mllvrer du mar_
6QlcllllL qui t'ovni! amené.
tyr rnnrll l l'fll'il :-;lI hi ~s ait.
.
.nÙ ,il V0 11 !'l r}rmnnrll'r6. de
Il M' IOl'dit 1 ~ bras dans un accès de désespoiJ'
le COJ ,IIIII'e, ! q1l'i1 ne lUJ SOit falt aucun malI
eItl'Ovnn 1
E'l 11'''(' ml jl, 1'1111111 rll\ pli 1 Il (l'tint JI lI' !'.It.\'nit
- ' Ili Q jp nI' ~lIis
pas coupol1l. 1 s'('rl'io-l-il. Tule
plU:i 'il nI' r~vfli
l ra~,
s'il n'{-Iull pas le jOl1pl d'lin
sni!! hi"II, Inl 'lui ml:' connais, ajotllu l'II en ~t'coI.1
ut
oauch 'mur, du plus aLrocc de lO\1s les cau('hrmars,
de nouv'uu le Jiu'Ùinier, lu le sal8 bien que je n.
�Clé
36
= ==== ==== ============= La
su.is pas un tr~1e,
q ue le prince d'Argyll, ton maltre, ne peut pas être un . tra1lre .1
,
_ Dame 1 moi, monSieur, bcgaya 1 homme, du
moment oue madame ...
_ C'est' juste ... Si ma femme a cru, tu· as dû
croire Loi aussi. Vous ave~
cru tous. J e. ne vous en
veux pas. iais je suis malheureux, bien moJheuTfhlX 1
Et il éclata en sang:c-;,s.
TOUd les assislar\ts étaient émus.
La conyicti,m du jar dinier était ébranlée et des
larmes ltli vellc\ient aux yeux.
On raconta Ul' prince cc qui s'élai~
passé. après
soll départ. CQmm ent sa femme avaIt Op~IS,
pn~
\:lU officier sn trahIson. Comm en t cet officiel lm
avait fourni dps preuves de cette Ir' hison. Elle
s'était évanoui{' et en revenan t à elle, voyant au·
tour d'elle cl"'" officier!" p;' '3siens, des soldats, elle
avait pou,~(
li' cri rapporté par le jordinier, et.,
sa.i
s~:1nt
son revolver, eIlc r.vnii fait fell dans le
tas (l'Allemands qui l'cnloUl aienL Un officiel' t?"llt
tombé. On l'avait emmenée et personne ne savait
"ù elle {>fa;l •..
:(.;1' pr;;'c!) port la main à son [l'ont. Il sentait la
folie le grtglll':' devant tant de malheurs.
- Et ma fille? demanda-t-il, qu'a-t-on fait de ma
Nuit Ro:.:!ge
-M)
II avait chang6 de vêtements avec le braconnier. Il
aJJaiL vivre obscur, sous un fa..ux nom, jusqu'au jour
olt il lui serait donné de voir clair dans l'intrigue té·
nébreuse dont il avait été victime, et de relever la
tête en criant:
- Je suis le prince d'Argyll 1 Je prince d'Argyll
n'est pos un traltre !
Puis il avait à revoir sa fl.!mm<:!, il la sauver, si
c'était po ·"ible.
TI se dirigea. <lu cOté où campaient les Alleman dJs.
ll'Iais il n'n vmt pas fait lrois pas qu'une fusillade
l'arrêta. Il lomba.
L'a~bc
pointait, ~ne
aube couleur de sang. Les
PrusslCns se préCipitèrent autour 'de lui. Et le
voyant, un d '&l)X s'écria :
- Le braconnier l... Nous le tenons donc, le miosél'able 1
Elon remporta.
----
tille?
- \Iad emoÎselie est dans sa chambre avec 58
gOtlVerPfl1"\f,r ré )l'Jndi t le jardinier.
- Ou'on rhabille, je vais l'emmener et chercher
en mÙe!
'
Vne énCJ'rrie lui était venue: l'envie de luttpI', de
rf, l l:,bilitl'l' snT) pom, de pom'oir un jour le criel' à
tOll!'
!"H fl'mmp qui UVDtL douté de lui, à tou~'
ceux
q i ru':aicnt flcCI'!-ié :
- VOliS "oyez bien que je suis innocrn t! Le
princ p d' .~, rrr'ill n'est pas un trl.l!trc 1
JI s'A.l "'~S;R
(l1J soldat qni r;"('nm:l~i.
.
libre, n'est-ce pe.J '1 .Tr pUIS partlr?
- JI" ~li!'\
- Oui. mnn"icur.
- l\.Jenez-mol à ma c1HlmiJre.
li se louma ver,: le jurdini r.
- Vu, loi. dire qu'on habille ma fille.
- 011i, Tl nn '("li', b'gu.v(~
l'homme, l1ui commen·
çait è douter d<> ln culpnbiillé> de son m ,d lrc.
René se rendil à sn cl! mbn'. II y avnit dans celte
oonmbre le portmit cie sn femme.
n sr mit ft genou .. devon t.
- Tu as d011r.t> de moi 1 s'écria-l-iJ. POUl' que lu
aies doulé il fnllait ({u'il y elH conti' moi cie gl'àn~CS
preuvos. ,lp- <1Nrllirfll ce pl' .1Ives, ct lin jnIlI'. ou lIeu
de rougir de 'e nnm que tu portes tu en serns hono·
1100. .T • n'ai je mai!; ce sé de t 'aimer , d'~tIe
digne de
t6i. Mais te rCVl l'rai-je jamais '1
A deux l'eprisœ, il frappa Je parquet de son front
et il ao.nnlola ép /'{1um nt.
Envcrs sa (cmme il était coupnble ou moins d'intention cl c' l ce comm ncement de lrnlIison qui
avait déohnlné !mr sa famille et Bur l ui tun l d'in fortIlDe et tent (](' honte.
U l'épéta ncol'e:
- l'ordan pardon 1
PUiR &e rolt"vont, comme ~'ti
avn ft pris clnns cet
acte de contrition d n0fJvelIcs rorces, il pnrlll plein
de résolution. 11 qnitta 011 nnifnrmc" 1'1'\'t-lit 110 costumc civil ot rCllmH par ln mllin ~o
fllll' q1l'on vcnaiL de lui ntnf'llCr, il quitt.u. le chàtclltl 1 disparut dans la n \li .
René avo.it (~it
déjà quefqllM kilnmi'tres dnns
l'ombre gogn nt les montngn R et 1('8 bOl!!, 110 sentant plÙ su rnli~1e,
pris de J'ardeur d se défcndre
({Mncl un (JOar de feu tiré sur lui 1 bl su et l'arINAJor
. , ~pcrdt1.
.
l pOllr sn fil!'l
crlllqnnn
P, 1 rrn ~nr
(~omrn
11011S l'avons 1'11cont.6, 1 l1/'oconnl),
C:;chrnllll qui voulut bien sc chul'/:; [' d' l'en-
JJI\ .
r mt.
Sn IIlle
l
c.tl l~1S
trouver Ali f~m'.:l,
.
l
té, le prlpcc.
no sonrrl'n pUA
'Tll 'à
à se Jusll!ler
1\ li pl' fi
de tollS ...
,, 1
Dans une des contrées le.:; plu 8 saUV8 r 'es de la
Prusse, sur Ics.onfl~
de JB Silésh, alJ
d'une
forleresse bwphsée d un n' Jm allemand signifiant
.lI:s Quolr;;-Vel!ts, b~lie
SUl' 11110 ('mlnencc abrupte,
une cillquantame cl homme., tl'l)\';,llIalenl sous un
ciel bas r't lourd, pesant d'oral'" menés comme
un lrou[J!'uu "e b.êtes de somnH.: l'rur qualre gal' leschiotll'nl es er. UnIforme, sabre cl revolver uu 'Oté
un fOllet à la main. De J'en.semble de c s hOlmc~
à la face obCtie, vêtus unIformément de '"rosse
toi!c rI. coiffés d'un bonnot cle Jaine glise C as:;cz
semblable au bonnet de nos fOI;ÇI,ÜS, lin s cinQchail se falsalt remarquer par 1 au' rJue,> distiw'ué
de l~ physionomie, la coupe plll:> martiale det:> ia
rnouslacho prc.squc blanchc, \Jne délicatrs 'c plus
gnwde des m31lllS, des éP~lUcs
ct des jlipds. _ Cclui-ci, moins dur ft la fl1tl{Hle que ses camarades
s'élait laissé tomber aocahlé au pied d'un(' rbc:he:
li cs-uyait de sC' l'ometl.I'e un. pou uVfJld rIe ht8sel' sur ses épau'los mC'nr-LfIes et cl'IlquanLcs
une nouvelle charge, quand 10 fOl1('t d'wl g r<lien
se dressa menaçant aù-dessus <le Jui.
/\,11011 s, chien J...
L'homl1 lf' ~cnliL
un frisson courir toul son corps.
L'o 'il '(('lnirD. d'une f1UJlInle SlllÎt>lr'c, mais s ,'
lèvrr , l't,,,Il:l'cnL mlll'llc .... ('t, ('Ol1rhul1l ln tl~Lc
il
Hlla. d'llll pns lI'~reh
•.1lIai IIOf'llc, plier ~(l1
échl1 lc .,;01,; la l1oc'~
cIe CUII!()UX ct Rf' nlJt Ù lJ10l!t r il nr.llv, 1111 la '·f)IIme.
dr~
Cpt IU,IU.f lI (', CJlol. n'awlÎl C('.I·t,ainrIlWl1 1 pn~J
jlllSci(o Jd ~'lIJ(!antUre,
~C"lhIJ
ViPllX de sui. '>IlLe
lUI3, tr:lIt II ,~l1!
~re\l:(",.I
f:I "ll'i {1\',ll1t l'ùg\
lnnt :',1 Il \1 h. 1. 'if'S dlc '.( Il)i 11\ Il 1l' II 1 h'Il11Clll.
ün 111]1 1t'.llllt ~lùr.n,
I1HlIS [lOI'mi 8(13 C'Ot1IJHI/::nOlla
ChDl'lll . j' Ilt "lI1!V~r.U
f]UP ,·c n'("oit ).1,', in HOI1
nOln. JI ,-il'll1hllllL cl L1nc llulr!' l' Ct JUlie Hul!'e
C5SI'I1(:I' 1[11 ('11.'. - On !~ sen.luil ; on r(l ri .inn il. _
On .,uvlIll, ,do p~us,
qu II él:uL FI'llnr;l1i,." qlj'il n nil
,t~
f.lll \)rISOlme~'
pPl1rlflnl ~) gll('lTC rie J,70 d
di'JlI llf' It\70, CIPPI!IS pl'è s Ùl' vingl 011!!.:1 I,).t' ('II
A.J J(' Illlb lIC , ':11 rie ÙI' IIlI'!rol'(\ . t' n fOI·tCI" :,. " Sil
1JI ~S lnt ln r lllP cie l'In' lClll\,! t.!'ulullvm! t!'ûv,::,;Gtl
avol'lôos et c1(' r{'volLei!,
On citni! (II' lllÎ fics l'i~
d'h{l
'or~
ml'
rl rJ'illlcll1(',.
inonY" cl Il s'6lonnL!l1 1J11'fI vér'ùt C'IlCOI'c qll'il
s'oh 'lin!\ l à vivre pour 8ouffnr, lui qui uvaÜ mon
,fied
�,or. La Nr!it Rouge
========== ==============
37
~
tous, devant ceux qui l'ont condamné, devant ceux
qui l'ont maudit, réhabilité et grandi 1 On 6Onl'Prend 80101'3 le c.ri d'ango,i ssa qui lui a été arraché
par la p.eur , de mourir au seuil de ce bonheUl'
sunhumam.
Depuis vingt ans, le malheureux a 8outIa~
des
tortUJ'es sans nom, tortures morul es el pllysi;ques,
- mais celles-ci n'éLaient r ien auprès des torfures
morales.
Surpri's par les Allemands dans la Lorêt des
Vosges après la fuite de Hans Schmutt em'porfant
sa fill e, bl essé de nouveau, il avait é~
emmen(;
mourant au bureau de l'éta~rn
ajor
, au milieu des
vociférations de haine et des cris de mori. saluant
la prise du braconnier, du braconnier redoulable
que les ennemis c-onnaissaient et qui leur ava.it
tué tant de monde sans qu'on pùt l'ûpprocher, d u
braconnier de venu, parmi le3 Allemands, une 60rte
de personnage légendaire, d'être insaisissable, qui
'Passait., semant la mort autour de lui, et qU'on ne
r.evoyait plus. Cette fois, on le tenait...
Le braconnier était là, s:mglElJlt, inan imé...
quatre hommes le portaient, s'étonnant de ba clistbn.ction de ses trails, de la blancheu,r de ses
mains... Un hurrah de triomphe el de joie salua
500 entrée dans le poste, car le bruit avi~
couru
'Parmi les soldats : Le braconnier est pris !...
Le che! d'éial..major s'approcha, examina le ffililri!bond qu'on lui apporiait, prit un papier dans son
portefeuiJJe, un papier contenant le s.ignalement
du btracannier, de Hans SohmuU, ei. prononça :
- Ce n'est pas lui 1
Il Y eut une dé<:eplion.
- Pourtant, dit une voix, il est vêtu comme lm.
- Ce sont les vél!ements, dit 1'(lfficier, ce n'est
pas lui.
Et on attendU curieusement que le prisonnie r
eo.t repris ses sens pour 1'illterroger. A,u bout d'une
demi-h eure de soins, le prince ouvrit les yeux,
L'officier le toucha du bout de son sabr e.
- Voyons, parle 1... QUli es-tu ?.. deman-t~
en français. Tu n'es pas Hans Schrnutt., le br connie.r?
Machinalement le pa'ince fit de la tête un signe
négatif.
- Alors qui es-tu?. . Que faisais-tu dans cette
forêt ? .. Tu es un es'p ion ?
Même gesto du prince.
- Comment t nommps-Lu? demanda le chef.
Le blless6 [HI.ru t réfléchir un. moment et répon.dit
d'une voix faible :
- Morin.
- Tu te nommes Morin'
Le prince inclinA ln lt:te.
- Quo fais·tu ?
- J e suis colporteul',
_ Les colpor/eurs ont lcs me.tn. ft.nee dians fXIa
pays, ricana l'Alle'!1 and .
- Tu es Français?
Le prince inclina la tête.
- Til as des papiers ,
- Non.
- C'est bien, dit 10 ch ef, qui flairait qu~re
hitttoire louche, qn'o~
le soigne et q1l'on le garde soignellsemc.nt. On IJrcra. coha au olair plus lard.
Et Rcn~
ful dirigt'l vers une o.mbulR.nc. es b!essur s étulent ~ rnv
es.
P ndnnt pl1~icrs
jaunI on
crut ~n.
éta~
d6.'lespt'lré. r"laiR il élai,l jeune, vi~ol)
renx, Il avmt la gl'nndc volonlé de V1Vor pOlir r~
voir les biens, réhubiliter son nom, (>t il échnppa à
ta mort.
QUflnd il rut sur PIed, on l'inter gea de noovea1l,
mftis n ne put ri en npp!endre de lu!. Il dem ura
Morin, cnlpol'teuJ'. Et c est 80U6 ce nom qu'lI fut
SOUf!
nom d' fIIprllnt t ~ ..((ll'rlu rw.llduilt. près de
amen6 avec IIne troll,p de prlsonnlere ~t Interné,
vin;.:! on,., dan!'! le ro:f'lS~n.
1l1Il'1l1l111r!P!-l..
le
n'uy ml en lote qu'une id6e : .'6VlldC'f, rC'nl.r"r en.
~l'iH
l' qui u rh'puis fllwlqlll:S jOllrs \'ps\IOir cil' sortir, rll' l'ovolr li! Frunce, su Il ,11111(" !:lU fi Ir: p nlJ L-ClI'e Fl'lIncf'. 11 fnt h lu INe de 1 ulos Jet tl'nt.otiv65 ff\ltce
pOlir fuir, mois ces tenlatives (iv)rt~'
nl el n~
,oj~t
Il ,n'a jamnis eu de nouvI']J1'\S depUIS su oupflirent que renùre la &u.rvpi1la.nOO auLour do Mt
tiVltt>, 1 f:'!=\pml' dr pflndi.!'f' !I1'\'l1nl r I<~R,
rI VlUlt
tré dans to.n L de cir(;on stances un pareil mérpris de
la lIlO1"t. - Mais mlil id ée le soutenait, une idée
qui seule lui dOll nait le courage et la puüence de
s.upporLer ses maux, l'idée de fuir: un jou r, d'être
1l. lr~,
et 8101"3 ' Quand il en psrJalt il. un ou deux
C81:l((rades à qui il pouvaH se Ocr, de's Français
comme lui l' .-;t6s comme de tristes épaves de la
guerre, vj~timcs
de ré, \r'e-ss ions al! LI'ées et. in1usles, tout son être j'/!!: ma.il, ses ye ux brillaient
d'II Il joie .~ilrhùnJa1e
Oh ! fu:r.' revoir la Francc! Pa!"'!l'! Quelle œuvre Hait-lI donc à accomplir? Quplle tùche? Quel devoir ?, .. Qu,i avaiL-U à
r evoir'? Quel' être aimé dOllt le seul souvenir faisait palpita son ttme? 11 ne s 'était confié à l'ersonne. :\ul ne connaissait son secret.
Or, nu moment où nous sommes, cet homme
avait un espoir ... une lueur s'était faite dans son
avenir si sombre ...
Il voynit sa prisrn s'ouvrir enfi n'
C tle tentative s·'raIt-elle plus heuDeuse que les
anlre ? Il en aVaIt la ferme conviction. Et pourtant S8. convicLion aV>lit été déçue bien souvent déjà! I\'lais cetle fois, il ne savaH pOUJ'quo.i., une
v&ix lui di5aiL (ju 'i l réussi rait.
. .
!\lais les fOl'ce:-5 humaines ont des limItes, et
quand le prétend u ~lJrin
fut arrivé en haut de la
colline, il s·alTai.s·a et les pierres, retombant sur
lui, l'écrasèrent de Jeur faràeau.
Ses amarudes se pl'écipiLèrent, les gardiens ...
Il tOUlna vers eux de3 yeux où se lisait une effroy·able an <foi se.
- Je ne ;a ls pas mourir, s'·écria-t-il, pas mourir
~n
ce mom en t 1
El joigIlant les mains, il ajoul8i:
- 0 Di eu vous ne le permettrez pas 1
QtI.elqu
es-~n
prirent pour de la. làcheté. cet
efft'ol de la mOI't mais ses compatr'JOtes q1.U savaient son espoir: qui comprenaient m~.eux
ce q~i
se passai t en lui, devi nèren t tout ce qu il soufIrrut,
et une doulellr les ,streigniL.
Un rl' e1!X , e pel "l,.!
- Non, elit-il, VOU3 pe mourr ez pas. C~urage
1
A. ce mol cl' !? 'po:r, l'(\me du faux Morm sa raffez'mit U1l peu .
TI jrtfl il son amI un r'eg~d
reconnaIssant.
er'pl nd;Jld. 1111 cl1irurgicn était aCCOUrLl. Il jeta.
lm r-oup d'rpil rnpid sur rholllme.
- Cn n'l'sI. f'irn, clil-il UII peu de fatigue ... la
chnJc'1I1:... ('1I'on cnlèYe 1:-: pet homme son fardeau.
On. ',Clnpl'C.:;,' fl ri,., elcC'hnl'((el' Je malheureux.
PIlI.') l~ mélJor gl'iltonnn 1~{)lqes
wots et a jouta:
- Qn 011 Ir ml'ne i\ J'illf il'me rie.
Un rlr!:' gnr,lif'l1: s'apT1J'(whn. rlu malade, pendant
qu~
srs cOlllpagnonR 1'8~
';Il1b~ie
nt
l 'S a utr s trOr
vtullell!'s pl ll's cmm{-IlIHiC'nt.
El, le toncl~
cl ~Ol
rouet, quand le fardeau
eut éLé nlrvl Il Sei! C'[l(1ules :
- D \)nllt, eOnH!lIlTHla-t_il, t suJs-moi 1...
Morin RI' Ipvn, lHJnr~é
rlc-a pil'd!:l il. lu lêta d'une
fH!e Ur abul
d~ nle
et fl',?,l cle. <'omIne unc sucur d'a.gon.le. Cornn1r Il avanl:fllt dlrucil man t, le gardien de
nouv (lU I~vn
son fOlle t.
- 1101:1,"(' 1 mil rll1 u rn-t-IJ ...
Morin 11(\ , (,l1g n pas. L'injure gli l~8 a sur lui.
Il était ,dlll'tlrs.
811 pC'ilS~
1-\rmblai t détaohée de ce corps qui
ilouffrait.
Il voyniL au de!à d .1:ht'1.Jrr pr.6sl:'nte, et, voilà
qu'Ile (>luit SI.'. ViSiOn, VI, I( n ébioUlS8fUl l et Rplcntl idc" que J'mi comprenrlm quuncl un salll'n quo le
Mor'in, surm n6 (' ~ut
comill' IInc b,'lc de
5Omrno Ù clcllx crllis !J('l1PI; Ù· SOli puy, n'c'HI nutre
f[U e 1(' Pl'ince J1ené d'Arrtyll, fllTI'/C, ~lJp'isoT1né
�La N1Jit Rouge
p ht;; sévèr e et n e servirent qu'à pmlonger sa cap-
tivi té, Qua nd ses earnarades reutrèrent en F r ance,
on te garda, On l'emmena l oin des fronlières, On
l mêla aux condamnés de droit commun, et l e
m~i
re qui J'e ntouJ"ait ne fut pas écJÜir:ci., On n,e
sut ;ornais son vrai n om, Quant il [UI, il Ign~rUl
t
aU1!~i
LQut ce qui se passait en dehors de &a pnson,
QQ.us laqueLle II était mlN'é comme dans une tombe,
Uip j our pourtan t, il aV!lit eu une échB;ppée sur
l e dehors, Un vaquct de Journaux françHIs v enant
d 'où il l'ignorai t était venu à I UIÏ à traver s les tén à b~ es de sa pri son,
Avec quelle avidi té il s'était emparé des bienheu,.
r el:li:.es feu iJJes, s'était mis à l es dévor er 1... H élas 1
il n 'avait r etiré de cette lectur e que de n ouvelles
douleurs 1 Pl usieurs fois l e nom d'Argyll était cité,
et toujours l'épi thète de traU.re étuit aocolée à., c ~
n om .. , L e n om étai t synooyme de han Le, C'est ruMI
qg'il était d evenu f ameu x, qu'il passerait dans l'h istoire... René r ejeta l es j ournaux avec horreur,
Mais m alg r é l ui il l es rep r i t, espérant en t ro~
ver un qui le défendr ait. R ien, L e m ême m épns
dé.bordait de tOH5, En revanche, il était question
à plusieurs r eprises du chevalit>r Kar l Slrp nner,
d omicilié à Paris, et de son épouse l a belle et
éblQuissante S\\18.rga .. " l'étoile, l a lumière, l,e
r ayonnemenl des salons parisiens, Slren.~'
, aVIl:Lt
épousé sa. pupil,Je, reçu le pri~
de quelqlle mfa.lme
cOA1mi e pour elle ... , peut-être la rançon de son
dé5ho .nfur il lui, Le misérahlcs 1.., C'élaif'nt eu.x
qui ravaient fait accusrr d'un crime imagimüre .. ,
C't:·t ient eux l e;; cOlilpables, l es eSlpions, l es traltres"
Et ils trOnl1ient l à·bas dans son jlAVS, rec ns
p8l'tout, admirés et fêtés'.. , Karl Slrenner, l'odieux
homme que René avait touj'Jllrs eoti eD\'eloppé
d'un oclCilr de crime, KJa.rJ. ,'lrenncr p.''(!',saft pou r
un Hon~r:s,
el sa Cemme ét:1it nprr'léc dans les
j ournaux l.a brlle . nrrlo ise, Qui pouva'l sc douter
qu'ils étnient
IIPTrlands, q1l'ils Avaicnt jOIJP. duns
lu rl 'rnièl'c gucrre un l'Mc ndlrllx et qlJ'lls élnipnl
COli erl!=', tous 1 s clellx dl" san!l franr.1.i, ? Le p,rince
selll Dllrail pu l es dénoncer, mnnlrrr fi IOIlF, l'Jlli
ilE { 1 nt. :-dnis CJuc pouvait Je pl'Înr.f' ? .. , Hien ...
qll
!'
C mlIImer rlf' l'ogl' impllis 'II .Ir, PUiH un
lui 1 i.,1 ri "Ull il le mnlhell l'Pli x p,risflnnil'r, COmllll'nt
,,'y r' :1iI'IJI-il!l pl'Î ? .. , QU'tlvllienL-i1s marliinl" pour
Jn h;!.' pnssr>r, m~p
aux yellx de nx qui le c nn"l ""'nl l't l''limaienl, I1U, ypux d
H frl11lT1c,
nO/lI' un mi~rl'nhc
et U/l t.r1111I'c? TI nc SI' l'cxpliQIl'1\ priS, PllS /ln dcmle nI' s\~lnit
(.! 'é dltnc; l'csprit cll. sil'ns r01111'1' sn rlllp:1I.J:hté el snn infnmie
11 r i · ï donc fllI!' la pt" Tvr [fllI 'nif' ,.' !Inn ('rime
CI) 1 1 j 'II f !l'Ir, indi r.111.1I.lr, l'II '\ i "('
,[ il jnrnn's
'il' ('dl. P" Il,,r, ft rail'(' p'll" 1 r la lumière
ri III l, (' l'l'il pr."\,[,1 il'1 ?
Jf Il III
s'r"('O/lI" l, pllls Ir nw'lIrllr'''lllC clé1 Oh! l,' jfl1JI' t
l, l " 1
(' JI IJl'lr dl'A
1 q /luits illl ri ·in Ibk. [II/ Il Il' l,' '}Il Jlf'fl
'., min F,f' t011l'nnil rI ~I'
r" "1r1l1111 .'111' Fa
"0\11'11 l" rlUl'l' (' )tlllrf' 1" pii'l"'.
III clnll 1r.1i
1 v', Il ri .. sn [ rmnr, r i
1 ri Tlff l'nm(')If' viv(1il ('lIroJ' , Il,vlll 1
1 1 if: 'ln'H m,
en nnl 1'1 Iii qur ponr 1 {JllfIÏlI' ~/I
J)l{o,noin,
'Il' ri r"pl 1lJ'('I' h' jnnr où f'll{' l'fi Idl ronnn,
1".1. d"nl 11'8 prn'·(·r.s l'Jlli con Inrnrnrnl l'm'1
1 ni J'f'Fp r'Ït rlu princr lH'nrllnt Il '> Iln('N~
~i
Ion '1
ri ai dllf4>S dl' &n rnplivi L, I.r sfl/lvf'nir
(
fl'mmc, cie !la fi Il f', l'(~rn;
rJ'lInp rrfl'lhilil'l'
psi!>Ip 11(' Ir l'Juill/lÎ('nt ]1118, (II CI'IIt s III le
"Jl;;. ~"n:1o.
pOli cplll. pnur IPvoir' IrA sirliS,
(' di ('l1llH'r l" s Vl'flr1N' rll' tOIlII', RN; tot'Il rtdllif !'lnrllr, r ft l'in 1lOI olt Will. sClm~
i, t
cl", n r.n otivil... , II' 1 J"nrp Il n(' ri r'
'il dan J'r·;f'oir d'lin 1 l'Ii 'I)I rl(.' \'l'In"f',
\ l'Ill NI. Ir m'n'II
fi IÎ 1,\ ,/p Ir nl
:11 ',...
Bell g8.1'di
';1.1
J ) J
,
le lai, MÏcnt in.s n bJ.c,
-:l~
Et su.r l e lit où il a ét(· d&po,:é, le pr-iucr> f~t
au
ciel ce II e pri re :
- Fuites, 0 mon Dieu, qne je nf> meure pas
avant.. ,
Puis, pll'Î'S de faiblesse, sa têle l'uLl la "I}I' 1 ul't':iller.
V oilà sur qaoi s~ basait l'espoir du prince, n y
e:vmt quelques fl1?I.; ,ÙL' cela, Ilf'oé, peJldrtnt une
h eure doe repo~,
,~(lt.û
us:;is sur un d:~
lulus de
~ a f ort~fes
ou 11 éLait internë, et j,1 dernrllra.it là,
lIDmol>l1e, perdu da,os ses pen,'ées, toujours les mêm es, avec, au-ct ssoU"' de }Ili, l'alfllllH'!'llf'ment sauvage des rochers, l a flu ct.uation onduleuse des ars, quand ,tout à, O?ufJ u.n cri Lel'lible, un cri
d épouvnnte mtradmslbJe, un cri d'euf,atlll glaça.
son sang dans ses v eines,
'
~ .ené
se dr essa ~
sursnnt, r egll r da aut our de
lm, et un , spectacle 1I ~0l 1 bLiabl, f J'A pra SE:b yeux.
Une petlle fiI~e
, de OInq ou SIX un,., à p";np fuvait ,
arnlé~,
poUl' ume p8.T un chien aux crocs féroc es
à l'œl'l SIfIngJa.rut,
'
Le pr isonn i er 8e pr~
c ipta
, se j rlt. Olllre l'ena.l"
et un Cri s,on courut tout son
f ant et l' ani~
COI'ps quand Il Vlt la , bêLe prè rie lui. Le chi TI
étaIt en r.a gé, On v oy al ~ cela à r éf'ume qui coulait
de sa gueule, au h én ssc:ment des pnil~
de SO'Jl
dos e l de ses flan cs, à. ffilile au tl'es indi('.e,s R ené
n 'euL CJuc lc temps d!) se j eter au-df'\'anl de lu i
l ~ petite fi Ill', el il r ouJ~
<XJllvl'ant de son corp~
b ieol,Ot à Lerre avec 1 a,m mal" qui chr r'rhai t à. le
déc hu'er, P ar bon h eur Il aVU,I I !lU, clnns la \ secono{' de l ul~e
,tumultueuse q/l,i nvn i l l'U lieu entre
III bôle pl I~ , Il aVllll pu SUlslr 1:, N')!';:!r rlu chien,
n la sf\rJ'all ncrveuselllcllt" el 1 (Ill (. 1,1 ['ûlait péniblement, cherchant en Vllln à gl l k.' cL à mol',
b:
df'e,
L a petite Till , plus ~orle
<Ille vivp, pllll' comme
un carl!1vrc, ,conlrmplmt ('e ,pl' 1 lé nvec des
yeux DéP nIH1Is plI" unr [('l'l'CIl!' !-iUI humaine pl eur'unl ,,1 fll'P lHnt sn mrre, C"I '\'-r'j "("'Olll'Ùt vit
tOI~l
~f!
! n!1~I,
I:OU['}' pOl' so nI!, pU!' l'h<>nun
qUIs Mail p!é< IpIlé d c;on SI'('011.. T,,.ll!' l' Hia saisie, 1l111l,S VOIX bJnnehc ~olrtJ
tillli
Ilfunl' et cHe
,1I1l1.' n1lglllS '1)
11I1:pJ'illllllllr' l a fin
nllplHll1 rln~
dc lu lulle, C étnll ln [emene d'un des f!C'ôl lers de
l<n
frl(,1
[" .~I',
n
. ~Jnfi;
le prjl1 r (> AC rcilrva.,
nV'lit Sllr cs hflr
bd.c;, III S CfI .n~l1tr>'i
~nr
Jes gl in
rte la Mte
du ~nlg
(t (Ir 1 (., Unit·, Su rnee élaito e 4 ft d'~
no l'III ( .. gOIJ ll('s rie SIl 11 l',
l uv r""
Qnunt al ('bien, il rl'RI/li! immnhill'
1
1.,
u n ln IIlblcnl,cllt ,dn,llfl ll'R patlps et rJHl~
t o~t BOL
c 11'1", 1 , né 1 HVfll1 '1I'nn"lé,
l.a II/torr s'opproC'hn,
Il 1 monslcu r , bégavn-l -ene d'
. t k
rd ~ O/lllllldl' Pllf'o r r cl {'II/r"lioll cL cl
~OIX
ou
av!'z sf\lIvé mon enfanll
e erreur, vous
LI' l'fi nnnil'I' 1,I'v,n Ir:,; yl'll \ Hllr rlle,
- .' Indnrne, dl!,..ll cl un ton rFlhn,' J"ai r il mon
devol/',
'
a
- ~;oml",nt
pou r rai-je, flnll SlJivi! I~J llIt:re voua
'
l én;r;lgllPr ,toulr: mn l'erIHIIIUISSIIJI("?
l'I.e fi vOiI pl'IS rlnns sr!; hl'Il Q '011 f' rnn t, qui
pl!' 1/'.111, IlW,l f('mi.'Ie rnellr· dl ·Ho'n {'I)l1;~f\
le
r~1
lui ùlt:
...
- Il 1 (,l'('if' monsieur, .l et Le-loi il. SP,> Nenoux ,
L'PIIIH111 uh{'il.
b
, ' I l l ni
l'rJpvH,
ur.r.
Je suis heureux de
1 l'
lUSIUIi '1 III l , Il, • j,,1 l
- Vous n'éLctl pll8 bl s~,
p01l1'
4 li '1 .,h,,1' nu"
'i 1 l' 1 Ill.
au fue:r
.1-
�G'If-
La Nuit
ROU8'e
====================== 39
-
Non, je ne 1e crois pas.,
- Le ahj,en ne' V.oUSI Il );las mordu?
- J e ne le pense pas, Quelquos égratignul'es
seulement
- Qu'el bonheur 1 s'écria la mère,
Pu i3 elle ajouta:
- là faut que ip \lOU>9 présente à, mOlli mari;
qu'il vous remel de,
Ren": sec ua la lèlt;,
- Je vous' enl prie, murlumr., Cela ne mérite
pas .. ,
. Sam s' \'OUSI mon eIi,:unl serait morte à
- ~,sr
f'heum. qu'il e!<t, et dit qlleUe mort.!
" :.: 'it Inari peuL b n ldlC:Oll l' palll', VOII', Il .rst'
puimJ'" L da.rlS, la forteresso, l Y.. Il bien rlCR pel.lles
dou cl.llrs" .
- Je ne demande riC'rl, dit dou comcnL le pJ'idlce.
Il G'
<à.:l IlSt9in~,
)': !) qu'on Ilu!i.s:::e nlC dorrnt!l' .. ,
Ln {t'nlme Il' reg:\rrll!t.
,
ElI, fut frappée dr la douceu r (h~
ses trnl.\.,' de
l a tl'il'tc;;se rélJandue, sur Loute!:la.. [?hy<wmoü'lc.
E1J. dit :
- Vtus Otes Fliançais?
- I}ui,
- Yous, avez é.1;é fait prisonnier penfLant. la
gll el'"( ?
- - Oui.
- H:' VOllS o.v02J été nvoyé ici pal!ce nue voua
a vi· '7. <Jh '1'1 11& 1l"~;C.'S·
rois Il V'lUS é\i'iiclPr?
-- Olli,
,
l!)al'i m'a, parlé de vous .. On,lu~
a rea 'i':1m nnl l ', de \'OU!) SUl'vei11c>r tout IHll'IH'ullèrement.
"rr,;, (Hl IL' p':inre d'un Lon omcr" je suis
- l~iI
'ln lir H,rn" b;CIl dn:' Jt'reux,
,
Tl pnl'lIlt. Il! lu. fl'D'llIC, convam 'Uf..
i"n lllilllJ1" nui cherche à, fuir pUUI' revoir
sa f'II,!O" ~ I:on 1~lfant.
\ 1 1.0 ,1 ,~
• tdl'ié '1
- , !\[Oll.
- ( 'II
-
VOI/fJ
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urt
cn fnnt?
Il' ,,,,' II' 'H l'Ill' j'ni qnilU'c li rAge prrSqu r où ,c').l ln v,"I,', d Cl.) in Ji'.Ji Inmnis revue-,
el (Jll', J" ,Il: l'PVC '1" i J,P'll (\\['1' jall1ois,
,rr;. l J., l<ll'rrl.tm !W 1\lI!' nt.. à lUire s.uus les Il auI)Jè!',
(1 Il' n, l, 1." r, n'Il' fui émul'.
- p, \11-fllro, mu r'TTl Ilra,1 elle.
- Uft! jornal;, l'épéla n.clJé d'un accent plus
-
~
tri, tt' C!l(!Oro,
VltJ~·
d(.t"!\~m
ne SCI'U pns étennl'Ùlc, si vous
von .,> IJlonlr')7, l'U.I~)JWh,
(llli !ilül IllI.llld ()l.l m e délivJ" ra? .Te mourr a 1 li .. 'IL.
El "Il rliHllnl CP,4 ,mtdf-., Ir. IIlnlhl'lll·C'II.' pr'inr.e
un "nUjlU' RI p['1J [-) 11(1. Ri il, 11l11'1'1IX, que
(JOli ",
son 1I,('ilo~
cu fJll. tOllle' n IlIl'I'.
':/11111. dll.-l'II" Il , 'd.
llIl' lIl! ' li 1]' II''' 'r IlX,
$i .il' plJis rall'(' qll!'I'lHI' t' ht):'t' pOil' VPlJfl, si je
T'1lIl-: VI~
Nrr' 11111,. d:sJ!"'I'Z dl n.ni. .. \. I~
/lV'Z;
$I1UV'" Illon ('[d'lI 1 (}, III plllS Il ITlbl' mOl 1 .rI' ne
l'uul> il'!'!11 J:IIIIII '. IJ' IIl ',lIllll Z 111111: ..
- 1 1 S,'II (' ,·httSP,. ][JII'II 'II Il )11 [-{l'n(', <Il1r je
pOUl'!' i' lll'II1/lndt l, (Jllt' JI' 0,11, l~',
qUt' JI' M'sire,
IJ n't' 1 pn, 1 n 111[:1 P'lliVlll/, dl' nl( lu dunner.
_ \"lIl11i ,TIl Il 1: ? dli ln, fl'l'lI,IH'.
.
Lu 1 11'1 t{: iii 1(' pn 'OnI1IPI'.
J~l
l, IiI llli 'Pli
IlIlUI .s't'·lli ...llll'r,
Ln J, IllfI1l 1'111'1'1
pUIS, 11: l'I'g'ltrlllnt d'un aiJr
ïÜlIglIl!ll',
'III (\1,1'1
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V('I'
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1.1' ('IIl)'ltnit
vl'lI.lil!lt
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III 'l'.l't·;l, cal'
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Sllllg' 1'.
ri 'UII 1l'l"l j1I'Ïf;onnil'rli
b alll'OU[1 SUI' cclll' }lro-
(', qu'U ('llll"idr'/'uil
r.OIl1I1 1<' , ,1l!1,' p/'OI1I1'f;S
flllt_ III 11\11', dl'l'ac:lh':c u lu .' 1 III III, dl la fl'JnITll' 1111 1111 t'Ill 1 li
l" '11111/1'
, '1
l'
l':n dft-t, Il nfllll.l l\I,'!(u~
r IilÏ~
H, If! prin(:c
n "'1 1 IH.lil l'dl
li'
il 1 l 1'1 \ Il JI
l' Il'lumc' pl crllt II l' III' 1'1\\;IÏt (Jllhl ié ,
'ln~
l', ,,,.
Lui<mémc nc song [ul r 11IS Ù l'r.t incid ni, <j1l1l1l(l
~
un jour-, comme il s'e :ceurla.l!; il. son. traNaU, il vil
feilm~
arrêtée' SUT i!0n pas age..
ELle' lui adressa. un petit SOl1rù,e, et l'(li d.ib ttt.l,d;]
bas ces, seuLs mots :
la
-, Je l'le VOus, oublie pas"
Puis elle s:'éJol","71U, vivement\
René ioign<it les mains ct leva vers le Ciel dea
yeu x extasiés,
Est-ce que co serait vrai?
Libre! li deviendrait libre 1
11 n'osmt pas croire à ce bonheur. - Et< cepee..
dan!, LIll Wl! d'ps[_Jir po!na dans, son âme:,
Lu, [eaa01o du geôlier Mail une ' gl~ ose.
femJlJl
blond e, cr8fipert, nn neu C01l111lunl maüi qui aVIlit
d'E\Ssez, jlJ,Us y,eux bleus .
• lLn~
ne l 'avait jamais vue avant que l'aventuNt
dll
n
clJ.>n les
f
l'tH,
mis 00 p,résli'nt'fI.
f'ormuissait, S?J1 mari. qui. ét.ait un des glSf'-'
dlens 11'8 l 11S l'.!a'ries, du forl;, un iHogne et, 101
bru tal don l es )1' ,;Onn1(,l'l3,OVaÙi'nt fort. à. sa plais.
dl' '
Celuj-oi;, CJui avaiL, ujlJi)f'is sûr, IiH'l1f l'o('f'id nt,
qui avail r,li11' arriver ~ s'ln ~1r"nl,
ll':'\'''l'· -':l8
jll g.6 à Pl'Üi'os. 11 l:J Il Il dL "( III ]'.: 1, ,1 r. p~'
"0;(,'::
el, on ('ùt dit qu'il t'l'gnrda:! dropuis. ('0.
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dermier Il;VI'" un vi sagf" lll'!.' r.og:'Q.
service rendu,
en vouTatt du
Qu01que,\; .sellluillLs pWi è'! ,'nt "'!)(' , • !, ' , 'l(l.
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de nouvel in,cic1,en1, puis ~n
50 ' 1',
Ci "'let" 'go
Jours avant la def
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al'! 'l-l' l, ï
l~
nous <l\'ons racontée, i\[o/'gll(,l'il, s', X t 'f; ILl 'Ilfin. :.rnl'gucrile était le petit nom de kl fl'lI'Jnl!
du g,'ùliel'.
n, né, r('s[é comme (l'habitnde dam; sn cellule
ér'llis.J' clr f ntl~u'
après une jIl1ll'W;' {h;( (lh~I:1c
8'6,t'lI'l ilC"C'rllllp l sur la ~olt
l' ctr pnille qui 11li servat! de ('ou'-'he, q )1[llld 11 lui S '1 , )1[1 que 1 porte
dl" s n ea";lIll v0nnit r\r' S ' 01]·'",.
I l se drpi'\SA cn . II T'~n
nt d, ,11' ]'0 ' lu','.
Î\[nLs aVl1nL cru'li lluL pu ouvl'ir III lJ.uuche pour.
dm 11'1 Ifi ,t, t1.ne voix tit. dUllct:'llll"nt :
- Chut 1
jI ~t il. L'lltenclil près. de lni un fl'nement, l(>~er
dfI
r ob.
Il L'ut un trI', ~rtil('men
f p I}fo~
'JO
tl·c'SbailI&,.
men! cie sur[1ri 'C eL de joie',
- V0m;! Iii-il.
dit la voix, Je fnit
pa., li' I)rlli! !
- ~'IO,
Il enll'nrlil. sc l'Crl'l'm!'!' 1ft partI' rt il stl1lll que
qu'un s'as roi r' pr!", d lui.
C'étnit un ( l''llme, C·/,tait , lnrglll'ritc,
- Je virilS, dil-cJle, r C'rnJ~li
mu pruillessc
-
Ml' sauve!'?
Oui.
-
Vous le
Oh 1 je vous Mnïraj !
Je VOliS ai roit Illlcnr1re Inngll'mps, mnis je n
pnnvnis pus rClin' olltrenlrnt. ,i VOl!. VOII: étiez
(-varié tlvnn,l Illon dJ'opurt m on mari lI1'UUI'<JÎl l~
.
- Et maintenant?
- Dl1n" qUC'lqtll'5 jours ~
n'aurai plus rien
craindre de mon mari,
If Je le qll'Lk,
-
qllitlRz?
- . Oui. ~e
p~!'
le mr-rne jOllr qnp V011 S, 11Ver, u
oHirH'r .qlll nt 11I1llf' <I1'1',js lorlL'If'IIr!lS, ~Ifl
mari
esl un ,lvrflgn " ulle brut! qui 1111' 1'.. 111' tI" Ctlu.J~
ql~
nd 1) est f:(1 !f'l ... JI' nr srf'[li IHIS (1,,'I1t"e en 1.
qu il Lnnl de 1111 JOl1rr ce fOlll, \ 'IlII'\' h'i1 ion se.ra
nll1 VrJlgl'nnr.e. En VallS f/li, anl fil r, k pllil' un
clf'ile de
['('(;1)[1
n~iHA
11('
rI de 1111111', en r I11U11
man
rHL T'ClipOIlSahle, Il sorll SlIVI'>,' Il,('111 1'1I1li.
l '11(' {I('ollillii fi cl'Ilynil 1I1IinII'I1l1l,1.
II voyuit l'!Je1lre dt" lu cl" rUIJ('{' s'nrpr hcr:
Il y lllii hnit. Il d('IlH111dll :
- ro:t."~\ml
[lOIl!'I'ui-j(' , Irl,l: '/
.\ n,ICI. l .to' JOI1 r où 1101 re fllJl ' Sf'l'Il r,l" Ile, j
vlI'nrll'.lI C'Olll'rlll' 1l"j 1111 d'lllIi !o t' Ifl' Il'''111 .1(' Val
IlppOI'II'I'11Î r!('S r.rfl'L" dl Il'011 nl.ll'i. \ UII, lllt Ill'
11111' fnll sse barbe srmblnhlf> il la "!pnn.,, ql1l! jai
�======================= La
faire, qui est prête, et vous sortirez avec moi.
ne pourra sou,p çonner, en nous voyant tous
tts deux, que vous n'êtes pas mon mari. Debors,
",3;ll pied d e la forteresse, mon Ilmant nOU5 attenidra avec une voiture. Il nous faul de ux heures,
hois heures au plus, your franchir la frontière .
(~an
t que la nuit SOIt terrrùnée, nou.s serons à
-'f.abri.
René leva les bras au ciel.
- Ainsi c'est vrai 1
- Rien n'est plus vrar.
-- Et bientôt?
- Dans quel~
jours à peine... Ma fil,le est
lt&ià partie ... Je l'al envoyée chez sa grand mère .
!SOus la prendrons en passan t... Oh 1 tout est dé~é,
arrêté. Je ne puis plus vivre avec cet
m~j,t
~m
~
nl
me.
René, éperdu, aurait voulu se jeter aux genoux
Be la femme, embrasser ses pieds.
{;elle-ci ne lui en laissa pas le temp's.
Ene se r eleva vivement et dit :
- Maintenant, plus un mot! Attendez avec COll;lance et sans impatience 1 L 'heure ne taroera 'Pas
r ... A bientôt
, ~ne
Et avan t que le prisonnier eût p u faire un geste
})1>ur la r etenir, Marguei~
avait disparu.
Resté seul, René tomba Il genoux su.r son grabat.
Libre 1 Il aUait être libre r
Il reV'e1'rait sa femme, sa flIfe. Il pourrait se
kdre r endre jus lice 1
li s'eru:lorunit dans, cette !pensée.
III
En voyant tomber leur officier, le soir de la
sanglar.te, lcs soldats aJ1emunds s'étaient
J'wés sur la princci;8e d' rgyll, évanouie, pOLISSal1t
:es cris de menace et de morl. Ils voulaient sur
Je champ mas.sacrer la malhcureuse femme , mais
lIIIl chef s'élnnt montré à l'entrée de la pièc , les
.lmeurs IS'arrêtèrent aussitOt. L'officier se fil ex:'illique r ce quj s'était poassé. nn lui montra le ca.~vre
de son cIlH\.srade.
- Qui l'a tué?
On lui désigna la prin cesse toujours inanLmée,
- Qui est c ette femme?
- Ln mo.ltl'csISe du chù.teau ... la princesse René
, 'Argyl l.
Il tH un geste.
- BiC'Tl ... qu 'on nous laisse 1
Loo soldats sc reti réren t.
11 ne l'es la dans la chambre que la princesse, ~es
rvonll's ct Je virux jardinier.
L'ofncier sc fil. rflcontcr la sCbne, pujs, montrant
'prinrcssr, il di 1 :
- Son compte cst bon 1
11 UP[H'!u de!:! soldats et fit emporter la malh euuse [Ilfllln!'.
Les ,'['I"VlllltM éluienl po.les comme la mort.
Le j/ll'dmirr dit:
- On vu 10. fus iller 1
Et lin grond . Uellcr. fait de terrcur, ["(''''lia dlllill
l'ièc!' ... SlIc('t'lùnnt au lUlnulte t LlU, cris ct
~tl
à l'IIl'lIl'C.
Ln. pl'illCr,,<;t' avait 61.6 LI'fJnspopté(', S/1 id cOllllois~tn('l.
1111 po~1'
Ir pills J)I'C1Cllr', élabli dnns ,lin (les
mrnllllS dll ('!I()fNII J. L ri grand frll bn)llllt dnlls
II;: ('hl'llIinl\1' t"'~I!r:l1
III Illni 'nrllll'lI.( (~r
11I('\lrs
>!.-Ulg III Il l"
d IflL"II'I.·;' De. ;·ml!J.tlfJ ,élulrl1.t ~tf'n
tS d,\"/tl t ,~
Ccn, d:1ll:> 'III dl, ordr',· 1111';'j1T"1lllnIJII',
l'rllll'{'I' dll l'I\~p,
tnllS . (' Jpvl'l'f'nl (,lIl'il'US t 'p;cnt (lt rxnlllillMcli L ln femme rlue 1'011 apporlait.
- nlli {' [-r'p. '?
- 1.1r clllll l 'lninp,
- EiiP l'~t
JIIurte?
1 011 , ~laiJ
on va. 10. rusl11er.
~it
Nuit Rouge
-l!!)
- Pourquoi ?
- Elle a tué un officier,
Il y e'lLt une stupeur, puis des oris s'élevèrent.
- A mort! à mort 1
Mais l'officier s'avança, recula les hommes avec
son sabre,
- PLace! commanda-t -il
Et il fi t si,g ue aux porteu'rs de déposer devant lui
leur fard.eau.
- Avez-vous de J'eau?
, o.n lui pa2-sa un bidm., et il jeta lui"'lTl ême de
l eau au VJS~l<Te
de J eanlle d'Argyll.
Au bout cl un lIlstant 'celle-ci ouvri t les ye\L~.
Elle reg~I'da.
autour d'el<le d'un ail' effuré, ~ujtS
ell e cumpl'lt.
f'
-:- Qu'on. me tue vile, clit-elle à l' offiJCier d'une
VOI X ,s U.pplHlD te. Je sQ.;)JIre tmp 1
.
...
L 'offiCIer répondit:
- Jf! n'ai pas d'ordre madame J'en atten.di;.
,
J'ai fait prévenir nos chè!;s
.
L e silen ce ISe fit ,
J ~ane
resta livrée à S'Cs 'p ensées,
L fl:Spect du po~te
était ~ugLibre
.
MalS Jcanne TI y pren1l.lt 'P 'S garde. Elle n'avait
pour .elle a,!cune fmycuJ': EUe savait qll'el1e a.lIait
mo.unr, mals..la mort lU! a ppuraissajt comlTle une
déllvrance. L Idée que son mari a\"(lit trnhi son
pays, désh,onoréson nom , ne la pOursuivraH plus,
ne resteraIt plus en elle comme la plus cui~nte
,
la pius terrib le des sou,ffrances. Puis J'inlag de sa
fNJe abrulon~e
se p resenta à ses yeux . Qu'anait
devenir }a pauvre 'petite au mi.lieu tif) tous ces carn~ges,
de t,ou les ces horrc1lrs ?
ELIe se tourna vers l'officier, debout près d'elle
qui allait et venait à ses cOtés, sanglé tians son uni~
forme, tou.t raide et le sabre tralna.nt.
,
- MonSieur, fit-elle.
L'homme S'l:\.rrêLa de march er.
- Madame."
- Ne pourra is-je voir ma flUe .. . la garder avee
moi? Elle es ~ se~l
ou. c:bOI,eau Uvec <sa nourrice,
J attends ùel; orùres.
- Je ne pUlS l'Ien [ ~H!"e.
Et, de nOlVe~I,
le, sllence tomba.
J eanne l'estait assise la tèl.e dUJls ses mnins dev ant le fcu dont les al'deul's lu bl"ùlaient sans ql'I'elle
larmes COUJUllt entre ses doigts,
le sentit, de ~l'oseS
Elle pcnSaIt :
. ComlTle mon père a bien fnit ,de mourir l Tl n'a
J'tell vu de t~u
~C'Ja
... Il est partI hCII)'eux, laissnn t
la F rance vlcloneuse et granùe ... Comma il aUl'ait
souffed 1. ..
Et Ic ~de pè~'e
nené, s'il avait sUPpo'sé jamais 1...
/'1.. cJ,~o
I~ec
t,o,ut. s on corps frûm!ssait. Sa chnir de
hl..ln smt.clhorlcul. Elle se l'eIu;;uit cnCGre à croiro
à la trahlsun de Hcné.
J
,
- Non, nOll, répéLa it-elle, ce n'est pus posl>i.b!c .. .
On l'a culomnié.
Pui clic sc disait:
- Et ln l<lttl'c '1
Un faux 1
DIHI S qlt 1 but?
N'Flvuit-nn pas r connu l'écritllre I !
•
hl!'~
MOlllt la tête dons ses ' " a s gnnl1Jrc r
mu,ms en sUlIglotanll
épcl'dlllllcnl.
t.IOII nleu 1 mon Dieu 1
t un t!lffiUlte sc fi t il l' t'é d
A c mor~n
po,~tc
.. : PII! SleUrs C?flIC!Cl'S pnl'III' nt
en 1 e 11
(elUl qlll gllrùmt la prlllCefUll! 'n11
d>
1
d'eux,
" a nu- Evan.
Il y Cllt un eollo rj1IO tir. qlC'!r(~
. r
'
.
ba "
't'H' !wiq l'officiel' Villt ..
. rnlnl1,é,',; a VOIX
,.
,1'fS J 'non.
l.eVC\l-V(lIIS, mndnml',
.'
- QlJe \'II-t on fai ["0 dr moi? den"
,
hClll'!.'\! 'fl'mInI'.
l<1nd.l III 1 1.11.
- .J(> n'cn ;lIi~
riflll, dit l'h o lune' j' î 'U' d
VOus conrlui l'c ft l'fot,,1 ln/ljor
" . 1 01 le
- [.:1. mn [] f' '.'
- Je n'ni pHS tl'ordre. On VOl~
diru là-bus ce
qu'on veu t (alc' d'clip ,
d
d
s
1
1
�L a Nuit RO'!3ge
~
4,·1
Jeanne se leva , E1; e passa en tre une doubl e h0 ii3
avec une expre-ssl(lu
de sold a ts 11U! !ô. ùè vi ::;<.tgcu lellt
de curlosl l,s ni,~;
u ~e ,
Quelqw:' "'Jld"._ c~
curlaient
sonIÜ') l'C,
,
l'offlcie r ct , la pri -
Uil!! 'lG L :',;1 ~ :[ Jil l::' lu camp agn e.. , On se Lii rigeai t
VCJ'!11e vill age, ,I eunn e !'Ct;ùfJll:Ji "Slli t l e ch emin,
!)Il 1111tI'';(',( 1' .. I L,(i !Jl ' II\I lt-S il il ;,.;i , d,l OS Je silence,
; 1111 ,:, ,;Ilr u ne! lks l'LIt: :;; Lill VII'<lgu, ùOll l tO ! I WS ks
tW,1 Lc~
l:t~d.
f t: r ·~Ti ~ ·'.;:
, dt.!:"cit; re !t: ~ v l n~ti
d u quel Oll
r ! ~ \' OVal~
.tlll.:l1 Il t ' l\!Io i,\ r e, bi en qU' l i [Il d t:j u llU l t,
!'of!;;:;,;:' !' S' UI'! d.! cl I II [di l'C Î!i\ILC ù ,;.c~
h l lIn
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Î.'· ::ii,'lè [' se ti!. rc cnrl'Ir.lilre et t ' Il lu i li~'Ia
11 ,, ' 'IT;lf; a p Oll f IUl :;:;..:!' pm5s\:'1' J ÜÜDlle.
pas-.sage,
-. E: •;'pz, rna dl m e.
TI f,I:!Ji ,rl!J l t! pldlt(",... S-? ~ { I(': 'H t 1~ <.~ !. rr'oi de . .
.J ':\!lIi/ ' m,' n la 1. ,,,; 'l He!" Ut!:; II IIJ l'I ' I H '~
qUI pl'E'cédnÎ""It, la l'fi !"" IJ'enLnj,' , I~ h l' t:Ollr:;II:< ,ai t l'c He llIui~o.
(:'é ,;\1! lTllt' d'Ilu d,',.; prinL'il' /.l!l.': pr(J I, :"ét.<l ll'cs
d ll '''1vs. 1 '.Il{~
y était VI'!I l1.:! UD<3 ou d e ux fois en vi-
silr:.
'
~ O l co'mf se serra ,
, TOI!! étnit boull'verSt". Ics porles bri ~ t"e~,
Les sa.O l~
fl U~;
panneaux dorés ser v llient de ca mp c rl1 " tlt
au x sol d nls, Les !TIcuhl~,
les s t/)uel>~
, ious les
Ol'OerncnL'-' [tvnÎ",nl d isparu. Oc gmld
~ '~
'piè ces vides el r "' mhré e s rie ::: DC!'>, de fusils et de IJ fllon netLelS.
L'ollic le l' nllvl'i t. 1"'1e por Le,
En t !'C'z là, Il1fld om e,
Et il lu iss1\ Jeanne SOll S l a gaI'de de deux
1Ji"
honl
l'f' nlT'llf'
Î)(~
s ,
~
1-1 n'y OI'·lÎ t I l/1S le " 'è~!
e d11 n 5 la pièce, pas de
irn id, J ca nnl' nlla li 1/.1. [rnN!',',
r cgarrll1 !Tl 1rllin il ll' rJ) ,'nf. le" 1'\T'0 bJ'''!' dt' la cour où
-cl ,') omb r'f'S '1 ollÎ lJa ÎPll l " 1; mili"u de IU CllfS de fCIIX
en p leilJ n i,.,
Prè'::l \l' une heure se Ofl :''''11 tl nns c("lte altente,
E nlill 111 po l'tl' s 'nllvril. ' L' orn
~ i f' 1' pm·lIt.
- ,' i m nd;lm Vl'lIl ml' ~liv'e,
dit-il de son ail'
te n, TI r ni~
n il.
t l 'I'a
tO ll jr!l ll'S r(l IT PC l.
~l il m ;ll'c h n rJ, ' vDnt III pr;nl'<''' sc,
Celll:-ei "p 1/ '1111";' biell Ir)[ li nos !JII'" p irc:c dll p rrm lP l' nllp'r hl'llllltrlIIl"1I 1 N:I/llr(l{" 1111 ml il e ll de In11',1!, 11" t>l ill " ,'!llÎt'liI pilisirlll'l' lIoifnrme" rJ'?ffici c r'! .
L "',a lllllljn r {'Init Iii nu ,'n,n pl,'!. l ,l' IllrntrT''' (jC',;
' 1 1>l 1(' lil it ~IJl
' Il',; 11Î 11]1I11,,111'!', 11':' l'll i'm r rs
b Ollgit ,,'
ci e Hfl!t l'I' Ini!lif llil" :, !r' ,-l hn l lr " \'l' I'n it''', les bO I f.()n~
et
lell 'l ' 1]1)1" 1"1 t~
", Ill' Ir" ('hl1i
"' . '~,
1" '11 l ", ' 1' dC' 1;' pl'l ,l " r!:<1< I' In ll " ( ; I! ~ !t(.mmc,< "n Ir.V/'o('l' n t, l'I ""tI Il '\ 1'1'11 1
.J " 111/ Cl,' .. "1 \ !l ' jl'l,
J:-I Jro n ' (, i 1l i t. f' 11~I'; , in 1i l n i il , e,
Son f' 1 (, ' "il f." 'II1 "
"Hl rf' I"\ l'd 1 "~
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CP 'I "1., tll 11 11 tj~.
"'il'. l" ' flli n\'lIit rl'i !'\
pI Ot,C' r1i'l' I'!I\ .' 'l' l' 1.' iJ\' ('''In 'Ji <1/' 1'1'1;\1'1' lin l l' llIlJn a l, q UI \ 1111- ' 1 !! 1I t! 'z 1. 1 pllllî l" ~I' !J',\ "f!Y1I '!
'- .f r n lillf' d(O l', .·l' lJ : tl l~I 'n,
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(l11Î , t t l l', 1'1 "''' l' [10 111' ~ I1Vn
[)' jq ',11 illl"
1'1 .i 1!/ ICIIII'
In/1 ITl ri dit , "', " , .. 1 rlliL 8old, t comrnf'
Tl
qu'il
1I'n
T Oll!.
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on
"11 11" HI'
<{Ill':" ,
l' U,t ,
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lut d/l n ~
le
:-i l '" yeu ,\(
ce
·JlÔ
C'était donc Vl'D.Î 7.. , T out le m onde y croyait do nc
cette t ruJli son ? .. ,
Li]. J)Uuvre femme, qui a v a il voul u se mon trer
coul'ogeu se el ferme, ava it peine m ain te n an t à &El
soutenir 'i OllG le feu des regu rds qui la fou illaient"
ar-delll' de cur iO::;ile ou teintés d 'ironie,
L 'officie l' s '.éta it penché sur sou bureau, feuiUetant dc!:! puplers , eL un pro rond. silence s 'était répand LI a u Laur de la p l' iso n nièl-e,
Uil dc!:! gt,llonnés, voyan t celle-CI pâle, se soutena nt à peme, p rête à Lomoor, e ul plLié d'elle fut
~ m !1 de la souff rance q ui se li sai t sur ses t'ra ils
] C lllICt' , régul l cn; e t bcn ux.
Il quit ta lu chaise s ur' laquelle il était assis et
l'offrll nt ù Jeanne :
'
- Asseye z-vo us, m udam e dit-il.
La. p l'isonnière se r el.ou
rn~
eu t un sourire triste.
- ~, i e l'ci,
dit-elle .
El el le r esLa debou t,
~è r ent
encore, longues, ,i nterp es ,winuks:oc y~lt
D,llll ub, e,s ... pi l l S 1utfi cler su.péri e ur q'ui faisait l'of"
l1ee de Ju ge l eva la tête :
,- "OIJf; (I [I'S ilccusée, mlldame, dit- iJ, d 'avoiT tUé
d 'un COli il ri e r E'vo lvPr un de ThOS officiers
Jeo 11 ne in.cl ina l a tête,
.
- C't'sl v rai? d it J'homme, Vous r econnaisseJl
le foll?
- I1 lJi, !TIO!1SielU, ré'pondi t 'la jt"llD e felIlllle,
d'u n' _vo ix qn'fl~
~e
~ut
r enLlre fr r rne,
- 1', 1 COlllrnCIl L l u.sLiftez- vous ce III u rt.l'e ?
- Un av~it
envahi m on chil.lf' ft ll .. , fo su lté·.'..
- C'est la gucr.r e, inler l'Ompit l'IIrOcipl' ...
- Eh bien , di t J eann e, j'a i fuit o.: uv r e de combatt·un le... Je me s uis défendue .
~
1'\ n , madame, q;lanrl vou , avez ti ré il n'y
aVlllL pas Ju l lR. L'offic ier étuit t:cynnf. vo us désarmé, ,vous inle r rngl'nnl.
'
Jeanne ne 1'6pondil pa s,
EHr ùédaipnv i t de se défendre,
. - F uiles de moi, dit ·elle, cc 'Ir e ....()U ~ l voudrez,
Je sui ,' prelh' .. ,
- L n loi est fnnn elle, à6el:Jrn l ,,(ü t'Ie r, - VOU,'3
de>vcz CHr!' t'll s ill{' e,
l a mort sera
- Eh b:,' /l! qu 'rIO m e fl~i1'e!
pOU l' moi 1ll1 l' g rfu'f' ct une dél ivrnnr ...
, - :\on, nlélrlnnIC , dit l'All{,1tw nd, I,n nr vo us fu s llIerll pn,. Vntre m ar i a l'En~u
Il 111111'(' nrmée un
l~ , ! s Pf' virr ClIW la b ien v,ril!nnj'c du ~ , , u\'lmin
, qui
s ':I r ll d sur t011s les SIen s, couvrira ml'>mc vot r e
Ù
Clîlllr ,
Joan ne aVili t rn"llli,
Un ('!'lni/' s'f'ln,il nllumé rl n n ~ f'rs ye ux,
Ell o r "t'nll.d il 1 ÎIo'rlPrn t :
- ,l I' n'l'Il V!'l1X )lll"- d p. l'l'tir h irnvt"illanr:e, J e La
!" ' j1 0 1t i<'; I', .II' nl' l' Il l!> pos , olidn ire df' l'ael Il m on
mr r i. ()1I 1'11('r11Se Il'nvllÎr frn hi. .T p ne (' ('nis pas
i'1. ('1'11 r> 1.: tI lis fi l l.
- . l'fl ll r f,t nl, ml1rlnlllE', ~li
fi
!1I1 qll r
r: l ' il',
n OII:> nVIJT,:'!
,1 1'1II)n(' nl lJrl11 1Jl'Ù
1\"1'11/111 ':(' 11 !
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l'n rOri f' l,, c'r"<lt grl't.r.e
pt'IS K c r'l!nll s PD san s
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IITII!,"; IWJ('(' 1I11'il '1I" lI'I Il 1 ; 1-1 Pl'i f1P du
v i .. x 1'1 1.': , /)11. Illl X PI ',"[ld l 'llllÎ,; <III ~! ltv lld (11 11. ' ) ' li r
]' 1 11 .'( l'I, ' ''', ('fi 1' ,1;: >I r' !,~ l ( r,'p, j 1",1] 11',1) 1., rll>l'lIii'rt.:
gOIl I/ ,' tif' ~, 1I .,'1 11 '..
1:, '11 ' 11'1' (,1 dl "' 1'11 'IV, 1 1 l",')'lr " 1 • il l l'/lvrül pa'\
(0: -' d,: "li.1 1 J'I'l'h, Il', 1"1 n', 1,[ "l , 'ÏI r<', 1'1 III-l ' qu i '!
~ n V~l' t
)):1: ,1 h')'l 1111' .! )rd {'II' i ,,,'1 l 'l " ""111 , ' 1l'I(
a l/l'\' , qu '('ll., ti' ni l .'111' n'l' , 1';1, 1., 1'\ 1' d,' " il ii].]e,
l ,n l'InliJ, 1I('", .' [. fi., i' , :
Il l llLI' m ll l ts 1
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<1" '11" !lI 'l' tI, ':l!i!!, .T l': ll lir , 111'11/1 ln l fo f.',
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' (' s IlllllnM, plie
m ·l ll'Inlll'n :
1.11 rn /l lh '11 1' f' 1I: 1
PlI i" SI' l'rrlrr'>''tt nl tOlJ l fi Cl)t! P •
r~ t l'IIi' ,I.,,'n;::1 '11)'{
p l, T" ',
:1
�~'2
' =
-
Si mon mari a failli, dit-elle, moi je n'ai point
rempé doos sa fauiie, dans son crime... Je suie
Wle kerhausen ... Je ne v elU pas de pitié.
~
el,le regard.a l'otflcier, \,(Iute vibran~
d'émoHon pa.triotique. Antour d'elJle, les Pru.sslellil admiraient.
- Je n"tU pa!! le pouvoir, dit l'AlIIemand, de VOU8
f.aire exéouter romme je n'aurais pa.s celui de
-roue raire g.râ~e
aï vous é~jez
condamnée, ~e
dois
suivre les ordres qu'on ma. donnés. Je vaIs vous
f-aire conduire hors de nos lignes, et là vous ser.ez
libre, Vous irez où vons le voudrez. Sau[ dan!'
votre chAteau, dont rao~
vou.s demeure interdit
tuSqll'à nouvel ordre.
,
1
Jeanne. Vous aurez en mOl une en- Soit ~
nemie aCOOrnée... Et o'est une de WJS' balles qui'
me tuera.
L'Allemand eut un sourire.
- Nous le regrett.erons, madame la princesse:.
Puis, faisant si!,rne à l'officier qui avait accompagné Je8.ll.M et quJ se tenait immobile il. l'entrée
de la porte... atlendoanb...
- Vous vous chargerez, cornmanda-t-il, de faire
aocnl~1ger
madanle.
- Oui, mon commandant...
Et le com TY'andan t ne s'occurpa plus de Jeanne.
CeNe-ci l.rut immobile au milieu de la pièce .. ,
Elle était
e, mais il. quel prix-?
Puis ell pensa il. S8 fille, el au moment où elle
allail raÎl un pas pn'Ur s'élnigner, elle se ravisa.
- Et ma fille, dit-elle, puis-je, l'emmener avec
moi ?
- Vous avez une tl.14e"
IIi, monsi'eur.
- Quel fige 1
- Quatre ans.
-
-
Où ~t-eLl
T
Elle e t resl-ée au chAteau.
Vous jXluvez l'envoyer prendre.
El je ne puis pas",
Q/lni 'f
- A 11er la chercher moi-même?
- L'eo l,rée du cM [ P RU von.'1 est lnti'ïdite.
L'offirirr qui avait amené JE'nnne di1 :
- ,Je pllls, moi mndl1me Illlrr rhrrC'her votre
anfllnl ri la l'amen<'r nvpr s-a go llVoC.ID1l8n le, si mon
<XImmnnll1nl m'y olilorisp,
- Faile , dil ie commandant.
- Oh ! mn~il'r,
R'(irrin .1eanne, je vous en serai birn rC'rnllnlli,:'\ nnte.
Le corncTNlndllnl. For tnurnfl v rs la. princesse.
V(~I
,
P"UVt'''- VO/lS Il spoir, IYlflclllmp, et att! 10/'1' ici, si null'p ronupnJ.[lri nI' VOUR el'll pas trop
odiell,'p, TI n'y n pifS IIp (Pli dans lCR IlU!.I' S ri ('ca
d· III ITll1iSOll ct II fllil, Pl" !'nir, un rr id de loup.
SII/1.
n\,,,.,.lrt>, Irl prin".'. f"
Illis'-ou rllnir sur
Inl' dHIÎ P qll'on Illi lI\'lil 1l\l1lieéro cl les nflioÏPrs,
ldllllr d'III", Vfllll1t'>r nI à 11'111'8 Il '('UIHl,lions Mns
JlI~
f"fl('('II]J/'r d·rllC'. nn rf'str, III' Rl'lIIhlnit isolél' (1'('11 X, nI' l'Il,rni..l1il ni Ips vnir, ni Ir::; entendre,
p' 1 dup r1,ln~
SI'S r(.fl'xin~
, (l1l{'1 rrf"nrlr(,uH'nl rn
!li f' 11 ri/' 11'11 "1 l '1 "lit snCllhl'ilil Ilulollr rI'nlle, Tout
AI Iii 1" l'dll ]llllll' If' 111'illGI' 1'1 pPllr l'lIe, 1lIi"ITIC l'ltonn III'. r:. I-cl' qll',.111' CH' J'I Vllit pn '? F '!.-cr CJII','I,lc
éLttit hil'l1 ,.(>\·,-.jl}{·(' ? 1 ~1l('
fil' Ir !\RVllil pas CII('i}re,
Il y 1J\"Ii't cll'S liI/lIl/I'nt où l'III' rllllltn.il. 1 ~I,lr
01Ia~
pnrtlr /IV! ~ ~(Jn
'l, fIt: - Où? 1·:11 I:ignorn il.
A 1] 111 rllnlirrlill-rllt' III lH'liI(' RI ('11(' VOIIlI.llf !le uatlI' ('(lIIlIII" l'Ill') ,Ol! 'l'HII ? El
i 'lll' ('I uil lu(~
" lJue
dr\ 1,'/ldr,lI! ]',,'lIflllil? Ell" nI' vOlilnil pas la
lll i (>1 /III jlill',r.., EII • Ilr \'1~lIhi.
DI~
qu'c,llr revl~
l,e
UII ""I'/l hll' qll (.1 111'1'1'11 JIII"RI. nr qlll rlle ~(Ilit
fllll . 1 l ,ill' /Ii l' 'nflicil lte )l11/'ll'rnienl d{!sorl1lni.· ].
nOIll dt' pl'ÏI.H:P, d',\rgyll. , C'était lini ... tout bunhe'ur, 101lf .. Jr1Il', loul" II/nt fol'
Ln 1111111 11'II C'('1I (' fpl/IIlU' fil 1 II/THchée il. ses rflJJ XIIIII, pa/ III /'l 'IIII'I'C ue 1'0111(;11'1' ,
L'Allellland (tUlt li ' Il.
L a Nuit Rouge
~ean
~
,
' e.ut un sursaut brusque en même temps
qu elle aval.t scnti son sana se glacer.
EIJe s'éorIa :
0
- Et ma fille ? ..
L'officier répondit :
- L'ellfant n'e::it plus au chl dH:..
. - Plus au châLeau ! fit Jeanne, (Jui senl:lit Il:. {ohe baUre ses tempes ...
- Non, madame, dit l'Allemand' son père l'a
emmenée.
'
, - :Son ~ère
J fit la princû.ssc U CG une c.-pre:;::;ion,
d h0rreur IDtl'aduisible.
Puis ellc n~ ,dit plus rien, Elle c lai. sa emmener.
00 la condUls~
où. l'on voulul.. l1ien Ile la touchait
plus. Elle paralSStl.lt indil'férenle à tou L Quand elle
eut regagné les li~ncs
frun <;aisc" clic fit coupe'!'"
ses cheveux,. revê~lt
un COslume d'])ollllne et lit. Ic
J1ISqU à la fin de la gU0rrc dans unc
coup de ~eu
compagl1lE! de francs-tireu rs, Elle chcrchait la
n;o:--l. l'vlalheureuspmcnt la mort ne v0ulu! pas
d elle, el quand l~ paIx fut ·i gùée, sa cnn lpagnip licencIée, elle revint a?- clJ~(eau
d'AJ',r\ l], qu'cllp
trouva pillé! dévf!-sté,. a. molllé délruit, rC::ilè sous la
~arde
du ~leux
prdlnler, Tous les aulres domûstIques avalent di sparu,
~le
étai1.el~n
changée, elle avait le visflrre si
malgn et Si fJéln que le vlPillard eul rle la peine à.
re~on
u,tre
en elle sa mal~re's-,
la bl'illunle prin()e>:se ~Argyl.aux
yeux,dazur éClulunL, aux cheveux dol' lurolOeux. Il s agenouillu devant elle en
pleurant.
- Vous, mad~
la princes se, c'es t VOUs!
- .Chut.! ~t.
la Jeune femme, ne dis à p l'bonneq~
Je SUII5 ICI. Je Ile veux pas .qu'on snche que je
VIS en~ol'.
No~s
aLlon parllf, d1spura1tre à jamais.
La prmcesse d Argyll cs! m l'le.
la tête , ~1Ln'
réponcll'e, respeeLe vieilJard ~cla
~nt
la doulew pc aronde qu il vOyait (lciD Le SUl' le
vIsnge de sa mutll'es6e,
mar'i, de S{lIl enfant. On'
,Jeanne s'infol'mu de so~
~ aV~l
~ eu de n.ouvelles n.1 de l'un ni de 1\1lI Ll'e. Le
]Hr:dm.ler donna I?s détmls de ln llilte dl! prince,
peignit ~a
douleur en .pl éRence de l'ucclI:-iul!n!l inlHme q~1
pesaIt SU!'. lUI, nJ~U(;l
qu'il uv iii du doutes mamtenant, qu LI crOymt le prince i'lJlo<,:uot.
Jeanne secoua la INe.
- Innocent ou coupable, Illllintenr.nt il esl condamné l
'
'
Elle ovait lu les jOlll'nlLUX, l'ind
i'~r.ot()n
qui s'él.uit
é'1cvéc de tonIes parlR il. 10 nO\l 'Ile tic 1 L " .
··nce d'Ac'cr 11 r'·!l
."
Il
C'( .. lIson
d u P'},
. ,,-,,y, ,e uvnlt III ln Il!IIIC oltl'ibuée
au pc Ince, sl~nér
cie son nnm (II ( l' 1
.
aVIlit /' prmlllltfl ct qlli 1"1 '1 l ' 1 l' nll 1 f1 p,e"se
.
ni H Il/l'live tllI crime corn
mis. Allcun dt- "" /lli Il'nvlli( élé fi
'il.
1 1
l'pl r rlll'c,
llllCllne Il'of esLolicm ne s"'1 '1 ()n~'
d'Ar'gyll éluif m()l't ou s' ,(. Jl.1 éll'v'r, Le IlI1n ce
Irs rus, c' Illit Oni. Ln u~lI:".t,
GOl/jlllb:f.' /) 1 lou,
ruiNlt il. jllJlluilj mainten lIt "SI~1
1'1 1/1 li III,
''.'l'
d'Argyll.
un SUI le Hom des pc III ceS'
rv
10111'111
.Tennne rpsfa ~lefTP!\
mée d~LOR
1"
s "ni ('(>0
tll'Ill '1 Iln rtrhll'/lll, l'nror
..,
, l'Ill! ('rR
.
"
l"
l'
, .SUIII'!, (!ue pnr"onlln
" .,
<', ct 1111 l,., nliX plll
'l
' HI1
"S~I'"
61u[( If. Plliil, UII soir al)
, C puy, RI, .I Jll' l,
'l I l '
' . /il. 11l}('1I 1 Ol! III liull 10111
bIll,
pour louJol/rs )1' cl ()l1I1I11I1'
'
l
'
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Il
.,
((', rH'11i
ces •d 1 rgy
l' , S UI VII' d' SOli )'II/'cll'/ll ,' l' r r' l' 1l' 1, 111
allaIt
re!o\ cr Il hHndo/i!lé
arhr,,ortr' d'
l'/Jill l11'1'
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nc
ul' p(,lI
~éL
ln sou(l'llILil dall
On urrr"11 mH.IIl"lIr, III ,Il 'II ,PL' ,de ,1 l,II,·, '1 111 1"·lIll'l.'c vi !Lit
encorp, aVilit. b ',(~I
d ,'Ill' 1 ql/'plle ullnil' JHt:-i CI
le reslu ul de SC8 JOUI'S à. l'OChel·oher. Jt:Ue vÙlL sc
�~
La Nuit RC3Ugrr
==============::.-...::;,=========-
réfu.gier à. Parïs, dans un a.ppartement modeste,
qu'elle loua: sous un faux nom. he jardinier Dominique élait le seul èlr(ê vivant, avec le notu.ire
charrré de ses i'nl érêts, qui sùt qui elle éta.it et qui
pOt révéler ,;OrT identiLé. Des éU!nées se passèrent
dans celte retraite sans qu'uucun incident intéresi)auL sc procl.uislt pour la. malheureuse femme. Pas
de nouvelles (le son mari. Pas de nouvelles de sa
filla.
Un jour pourtant J lle eut une grande secousse.
Conam.e elle },lassaiL dans une rue de Paris, elle vlt
arrèLée à quelques pas d'elle une ieull fil..!o , Lout
on pOL'traiL à quinze ans, blonde et blanche comme
elle. L'inconnue élait vêtue simplement et donnait le
bras à un vieilla·rd. Une émotion violente s'empara
de la princesse. Elle ne pouvait pas voir les trait"
de l'humme" ~ui.
regardaü d'un autre cOté. Si c'é- .
tait 1... Elle s avança vivemellt Mais elle eut un
cri de désappointement en aperceva0t le visage d'e
l'homme, qui lui éLait aDsolumen~
mconnu. Qu'avuEreltLe espéré? Que ce CûL le prlOce ? Le' prince,
perdu comme elle dans quellLue quartier anonyme,
Se. cachant. Elle n'osait pas se l'avouer à. eU-mè~.
L~
prirlce n'avaiL pus d'o nné sigue de. vie dClluis
le notaire ~'avit
reçu de lui
Sa disparition. ~ami
un mot ne lm avaIt envoyé d argent. Donc le
prince élait mort. Il ne fallait pas e::;pérer' le l'evoir.
Et l.\ jeune fille? La jeune IUle étai~
un~
jeune fille
qo.a!conqne ayanl avec elle une' 10lntallle re::lscmblullce. Qu'allait-elle pen.'er lti.
Elle voulut s'éloign~r,
mais comme mal'Jré el1'e
al!.iréc. JjJa.I' elle ne savait quelle force inconnue, eUè
fllan,M SUlL' les traces du vieillard ef de la jeune
fille.
Elle 100 vit s'arrêter devant une porte d'El la' rue
H.0ch€chooart, pL'esq,ue en hall!', tout près des bou·
levards extérieurs. y entrer comme s'ils' entraient
chez eux ... C'était là, sans doute, q)l'il's habilaient'.
Un moment elle eut l'intention d'entrer aveç eux,
de les suivre ... d'e lea interroger. Elle n'osa pas.
Elle reutra chez elle singulièrement' agitée et
émue ...
OominiCJue s'en aperçut et lui demanda ce qui lui
éta.it arrivé.
_ J'ui cru voir ma fille, Dominique, dit la. princesse, Ile pouvnnt pas c.on!cni! son trouble.
El rlle raconla cc '1u1 s élll.lL passé.
Le vlc.ux scrvileuf secoua lu. lC!le.
Il ne croyait pas à une re'1coJlLre si providentiello.
D'aillour:>, il était persl;lndé; llli, que mademoisello étuil morlc. l!.lIe tlV[l.lt l'ln lll c'C Sans dllule UVI'C
son p/'re Ilf'lHlnnt lu nuit
1nI .' , la nuil rouqc' de
sang rl d'illc'(,lillies dont 11 uv,ul ellcol" le f!'l::H!Un
dans Jps mnl'il 'H.
.
11 s'pIOl\!l'\ pnurlllnt CjUl' la. pl'I [[('c. 3e ,nr sc fl~t
Po.s il1frlf'm{>p dl' celle jC'II!lC' fille, p.lIl ; I]IJ Pllro avalt
des dOlllc-I, n'cOI {IIlS chl'I' 'Ilé il ,;\1VClI(" Ipll 'll' éln,~.
El il s'oflrit à al 'r prcJlllrc l'u -m~1Il
d '::1 l'ClI. icrgnclTlrl! ts.
.
.
_ Uui, mon bon DumirticfI\'c, al!l::r., dit la prlO'
.
cesRe, j VI I~ cn scrai 111('11 r'l"!n1:~f\I.
D~s
1(' IClldl'lnUIII Ill nlirt, le VI'~X
sen lll'ur, IIUI
sorl.nil 1'/I['('IIll'lll n\'llil Inil 11111 l(llIl'.1.1e ct' ('!T't'CIIISlnIH'C', l'l, prl'rlnn'I un fln!'I'c, .... élull flllt conrlUln: ,ru,\!
Roeh,'r'III)IIIII'I, (}'l'Vi lllt Id 111/11 IlIl 'lUI.! :-III Illllllr.r ~:-;e
lui n~ ' li
iildllJIlh. I.n, il 1;· dl' dl' 11111' I,pH' J!W('I'S
da rnolillnil', II Hut l)illll!ûl c)1' la \'j)IlI'II'I:i:l C I~U,l
cc
qu'il VlliiIII! S/lVOll·. 1 lUI' Cf' qu'il IJj1l~r
1,10111":111
RHII . r~l1u('
qll'lJlI TlIl'dim'I'C' If1f1"n't
Il Il t\rl'l\1\ rort
d~"I\PJlL1rit'
1)[''':-) l, ln pl ,jI'CHS
,'Ii l'al.lenda.lt
av·c 111111 il"I'lIlli'lll'i' qUI' l',,n dt'vil
·(\per(jut.
- 1':/1 ! hi!'1 l .. Till 1 .. Ile ct "tI q
'~ é.
DlJrllÎlliqlll' S('C'I' I l Id Idr d'un ail'
- l'IlII.· 1! 'IJ1111 11/.11.
1',IjI'III'I' '1 Iii l,
Illlllfl 'Ilrl'USe rn r·
(:,,11 .. JI 11111' 1111 .. " 1 CIIIIIIII . C'
1 . fille de
,rIt
1 Il III
lier lI()f1~
'11l1' \'Ilil
lH'
\'U IlV 'C 'lie. 1 Il VU'II.' l'I'n·
H H1<i Sdullull... Il y u plilsienl's unn6cs
43 ~,
déjà qu'ils habitent là.. Ils mènent une vie réguli ère et tranquille . Il ne paralt y avoir aucun rt)-.
man dans leur pa sé. La jeune fille fail des aquarelles pour augmenter les r essoure,,),; du ménage ••
qui sont minime::;. Elle paratt avoir un certain laIent. Elle se nomme Henriette.
Jeanne courbn la tète .
- .C'est singulier 1 murmura-t-elle, je voudrais . ,
revOIr.
- Rien de pl\)s facile, dit Dominique. VallS' pouvez vous présenter chez elle pour a.cheter une aquarelle.
- Il me semble que je n'oserai . pas.
- Je vous accornptlg1terBii.
- C'es! foU', ma:Î'ntermnt, puisqu'ah' sait qui elle
est... Pourtant cette nUIt j'ai faiL un rêve.
I( Jle voy,ais celte jeune fiUe venir à moi, s'approcher, me prendre lu, main et me' djre lout bas une &endresse, un amOllI' infi·
a.vec' dans les, yeu~
nis : c'est moi qui su is ta iüle ! Pui s elle s'éloi,gnait
en me œrs&ot : ne le'dis pas'! Il' ne faul pa,,·q.ll'on 1er
saefie' ! Et, au lIome~Jt
où je voulais la. sUJi::;ir, renJbrasser, eUe dispara:s>';l1it.
- lrnêig~LfJ:;.
! N:lUrrl1ur& Domir:liCJllp..
- ' S6.<llB dŒuLe, fiL lu prineesse, rêveu::ie, et pour. ·
t8lnt cette jeune fille Ine regardai! avec un,l expression que je n:avah:! janmis vuc, com'me me l'cJarderait ma. fille, si je la n~lrJ
loVais . Et j.e sell,1 Hi::; en:
mon <\me une· douceur. Ah ! Dominirluc, qn ce serait bon de l'erabnlS::ier, dl'embT:lséier éia fille!
- Malheureusement, fit le vieux servileur, c&
n'est pa.s elle. tlolai::;. si c'est une saLisfudion pour
madame de la revoir, nous pùuvons y aller, m8.~
dame' et moi'. Jlrai un prétexte tout trouvé:. Madame
at entendu parle Il du talent de ma.demoi selle:
- Oui, mon bon Dominique, tu vas m'y conduire.
- Qua.nd ma.dame' le déffirem.
C'était l'heure du déjeuner. filme d'Arlhenay c'était le nom qu'avail pris la prince:::l'w - éie mit à
table, ::iorvie par Domlnique, mni~
ell loucha à
peine a.ux mots, et dès que le dessf'''' "] l sur la
table, elle se leva.
Elle ava.it hàte de s'habiller et de partir.
Et la prinr.·c:-;se pa:sa dans S8 cho,lllbr il c01lcher.
Un quart d 'h Ul'e ne s'était pa éCùlulé qu'clle reparai 'suit. Domimque l'ItLLeuduit.
Ils del:icendi rent vivernl'nt, prirent une voiLune eL
se firent. condu ire rue RochechouH.rL
IDominiquc ouvrit la porte de 1& Joge de la con~
cierge.
- Mlle IrIan Schmutt'
_ Au (Jualrième, la porle À glluche.
Dominique se tourn.1l vers la pnnC('sse, restée
dan s l'omhre dû coulOir.
RIl!' élai! livide cL il s'aperçut que toulson corps
tremblait.
_ Hemetl z-vous, macJlLme, dilril.
Ln r~o}(',g
('hdL ~lJr
il' de sa loge pour vemr
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1\\11 Ntlll là.
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rClirelldre \ln pru de cillme
,Il'(lnn'c .:ol crfo~!\
et l'III t'lll!\ II. WIIIIHlllllllt' d III J'c:4l:nlll'r, 110" saDS
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Ip fell de!cl r'rf:!nr'cls de IR pori ire.
Ulla,nel Il r.ICiCht'!.I" dl' lu l'urIe, dlJll1 Il' cordon
0.\ Iii! él '. Lm'! Jldl' lJolllil il)lIf', flt ollllWdf'c :'on tinIr.rnrnl \lgI"', ,1 IlllIll' flit (j1i~I\c
d' s'uppuycr au
mul', lanl 'on ('(l'ur lmUaiL vivlcllllllIWt.
Lu pl >1'1 1" S.·I' 11'(' l' . 1.1 Hll..
Une lél !' d'hmnmc parut.
Un'"
IlIhrUll. 'Ililh\c dt. borhc et d
chf!vellx gri, nnnnni ... lu. l6L' de ll'tUf SrttnlUlt, d'as·
pecl pll1tôt r(otuil'!llItH.
11 wla 111 (' '''!' d"l'il inv sli 'Rlpur SUI' Dornilliquf
et lA [lrill!'l!S. e, qu'il ne con nUl "ail !JI!" 11','il 11'a·
vait )11111111 ' vu • el ct 'mando d \ln ton pl c.'l]ui
bruH(IlH' :
\JUIl dc'irz-vous T
cr rll'll i v, III le Vi"llI Il \Tn gU ]Ile ell dé·
- ~1l!T
sig'flunt gO I1U~
l'
1 qlll ",wait 1/19 .n force
�La Nuit Rouge
parlel' et ùont les jambe:> chancelaient cl 'émoi ion,
r, [m d',\rlcnay désirerait parlûl' à. ;\11le Huns
,;chmuLL,
- Pourljuoi '(
- i\Jauall1e a apprIs que mademoiselle fais3it
des alj uo.relles .. ,
- Ah : bon, fit l'homme" , un [JtlU plus aimable .. ,
~'.t
maùame voudrait les voir ,[
- Si c'est possible, monsiour, si cela ne dérange
pas mademlJis He, ht Jeuoue d'une voix qll'elle s 'cffOl'çuiL de rendre ferme,
- , indame, dit le domestique, a entendu vanter
le LalelJt. ..
Han::> Schmutt l'intcrrompit,
- Bon .. , baIl, .. enlrt:!z 1 i\laùame verra par ellatnème,
El, s'effaçant, il ou vriL la porle tout à fait, faisant
passer devant lui la princes1:'e el Dominique,
On pénétra dans une anLichatnbre assez obscure,
dont les murs élaient égayés par quelques dessills l
puis Hans SchmuLt passa devau,t les visiteurs,
- Je vous dei ' ,ll1de pardon, dit-il, et il ouvrit
une porte,
Dans une pièce simplement meublée, mais éclairée par deux larges fenêll'es, une jeune fille était
as::;ise, têle nue, vêtue d'un peignoir clair, sans 01'lJeml)nl , La LNe penchée ,;ur une aquarelle qu'elle
terniÏnait, elle n'avait pas enLendu ouvrir la Jporte
ou du moins elle n'avait pa levg les ycux, croyant
que c'était Hans SchlllutL seulement qui enlrait.
En apercevant la jeune fille, la princc se s'étai t
ùrrêlée, les jambes coupées par une émotion dont
elle na vaiL pas été maltre:>~,
SaisissanLle bras de Dominique, elle le serra nerveu::;elllent, avec une force telle que le vieux serviteur faillit crier :
- Regarde, dit-elle tout bas, regarde 1. ..
Dominique examina la jeuJle fiUe, mais en elle
rien ne le fra1)PU, Jeanne ajou luiL :
,- N'est-ce pas mon porlrait à son âge 7, ..
Le domestique ne répoudil pas,
U Ile voulait pns cOllll'llI'ier sa moItI ss , mais 11
trollvl,iL CIu'elle sc faisait des illu::;iullS,
L'idée ne lui serail jUllll1is Venllê il lui de venir
clIel'chèr là, duns çpt! e mo.i 011 lIude~,
pl'è::; de (e
vieil homme qui somblnil COfllIJ1lln ct !:luns di s linclioll, qui avaIt des allures d'allcien ouvrier, Ulle
prillcc:;se d'Argyll 1
Cependant lI UllS SchmllLl s'élait avancé .. ,
- lIenl'ictte, liL-il à demi-volx, voici Ikr; visileul's
pOUl' vous,
La, jeune fille leva la lêle, nperçu L ln princesse,
S(111 compuguon, et une rougeur Re répulldil SUl' ses
]oueô,
- Oh 1 madame, fiL-elle, toute confu se,
EL présenlant un 5i'ge :
-- (Jui m pl'ocur' l'honneur?
Ln princl' . se n' répondiL pas,
EH/' rcg,ll'do.i l llol1/'lette, el l' mbal'nls de celle ,ci
o.u~l1Irn,
11H11!';
chmuU inlervint.
P tf'lé l1 1IladnlTlo d vos aqual'cll 's,
EI1 rl'kl, '!lIl,)I'/I1J)i,dll" pul ufin dii'c .1('anne,
qui JlIgl'!lil I(u'clle 110 pouvail pas gard 'l' le sill'IlCIl
plus 1(Jl1gt rnpli :-juns 'IU'oll Il'I)uvlH Cel(l singulicl',
on rn'Il dit combien cil '5 étui nt jolies .. , cL je s ui 3
venlJ(~
pOIli' rn urht'tcl',
_ Oh 1 rnl1dr\Jnr, (lit la jeun e fille, on Il élé trop
bi n veillan L jlIJUTtlnol.
Puis voynllt «Ile III pline sse élai~
resU:e debout,
ell! lui offril dr' nOIl v ./HI d s'll'lseüJr,
_
J Inis n'lsevrZ-vollS, madllJl1e,
P;n mÙIIIl' l iups HUIIS Schmull prés ntllit un
chllise il Dominique,
,IIJI/IIII' :;c Illb, 1\ ~hoir
Slir 1 iège qui I~Ji éln!l urcrt, 1':11 Il' pouvulI dNHch~r
se,~
yeux d" 111'1 'fIe,
litait,r, un tJrr t de !I<;HI IInHglnnllOn, CllllllII' 1
fJl'lbuil D011111liqu , mnl' CllUIIIlC g ste cl lu J'uni)
tille, 'huljue mouvement qu'elle Cuillait, chuqu [lU-
01) U,
l
.z?!)
l'ole qu'el!e ,disait, ,accentuait pour elle la ressem,
t l1~
qu clle cleva,lt avoir, selon elle, avec sa fille,
Il lUI \s,èmbla ,auSSI que Hans SchmutL l'ob~ervait.
Pe~t-!'
avaIt-lI élé frappé de son émotion,
~ l - .ou~'
~a.chr
,~Ol
tl'O,U ble, elle s'approcha de la
t<"lJle Ut l~(!e
Henl':eLte travaillait pri t un dessm, l'exal11 111 a,
'
, - Ç,'cst lrès joli, fil-elle pour dirn. quelque chose
1 espnL aIlleurs ,
'
, - Oh ! fi~ Henriette, c'est bieh 1~:jiCnfat
une
SImple esqUl se,
0 '
E~le
sc l,eva, prit un large carton posé sur une
chaise e~ l,ulJp0.t:'ta à la pl'ince:;~,
Celle-Cl 1~uvnt
et examina machinalement les
feuIllets qu Il contenait.
- C'e~t
vous qui avez fait tout cela?
- OUl, madame,
- Savez-vous que c'est ravissant et que vous
avez beaucoup de talent?
- Madame est trop bonne,
- Et cela vous rapporle bcalilcoup ?
- Cela dépend .. , En ce momellt les aquarelles se
vendent peu, Il ya tant d'artisles 1
vrai, dU Jeanne, Mais vous avez sanll
- C'~st
doute d autres res:;ources, Cc n'e,~t
pas pour vivre 1
- MO,n père a quelques petiLes J'enles,
La pl'lnc,esse se tourna Ycr~
Hans 'chmu tt,
tllonslCur est volre père?
- Oui, madame, Du moms .. ,
Elle allait ajouter quelque chose, Hans Schmutt
l'interrompit.
- C'est ma fille uniéjue, dit-il.
,Le mouvement de la jeune fille , l'intervention ra..
plde du prétendu père n échaPl'èrent point à Jea.nne
qui pensa:
'
- Il Y a q?elque cb0:;e .. , ,
Et son déSIr ete saVOir, d être renseignée redoubla, EIlt: poursuiviL :
'
- Et votre mère 7
- Je ne l'ai jamais ccmnue, madame,
- i\ n femme e -L mortc, dit llans Schmutt avant
qu'HenJ'iette eûL l'âge de l'tü~on,
'
EL Jeanne yit à son nir <!l!'U Ptll'lliss.uiL s'éLonner
de ces quesl!ons el se,mblUll dbposé à y couper
court. Elle dIt néanmOinS :
- VOU6 êtes PHl'iS1ennc ?
SchmutL oommc pour 'l ui
Heru,jeLle ,regardu l1,n~
demandel' 5\ elle devmt r~.J1nld
, Ct'illi-ci dit:
- Non" f0ncln f!1c" lIenlietle st née en pJ'ovince
dOJ'lfi 1 l\~d.
MaiS II y u quinze ails que nous habi~
tons Pans,
Et il se leva, pour inù~quel'
sans Cloute u'il élait
r '591u il mettJ'e fin il r;ct !ntcl'minuble inf 1'~og!l0ir
Joutes les rép~n
se~
(al~
s àJellnne semblai nt de:
vOir la déroute!, falfe S évnnOllÏl' s
'0
'
n 'é LII i nt-elfes pas fait
pr6ci!;6m nI! 1 ve, mal,s
L'homm ne lui PHI'ui,ssnÏ'L J}(ùS si~
~,Ilt
pO,ur oela ?
uv'dt l'nir mblllTUS.'é g".A
('CIC, LI! Jeune fiNe
,
' ' ' ' , "n" comlne 10l'sclu'on """t
ClIlflt'l l'(\ dons Cjunlr[ue mrnsClII";'
.
.....,.
- 011 ! je suurl1.i la vérité 1 0, hile pens u :
, Î\,lai!i ?lJe jugea qu'il sel'ait
1 d' '
111"1 Irl' u une Ill' mièl'(l enkevu mA 1\ 1011, de trop
r :It. connnissance a.vec la jeune ' QlJn~1
dUe aur/ut
\('l'fliL seule avec elle eH l" tlllo, ([II el!
tl'OUml n t . '
e I!1leI'J'ogertuL ad l'olle1:;11(' n.'lpl'it ] s d('sin~
les ex
'
en choi!o\ it une cJrni-<lOI~(te
~lan
de nouveau,
, : - P()II C;I,-VOll'1 Dl ICR P.11Vo
1,
_
JOI ncll"':'. une 11011' indiqll/tllt I/;~ix
mnIn? Vous y
- Uh 1 rrllllltllllr, III, IlPri~to
'
,
vous Ip!l florir!' moi-lUt'In' Si v
Vivem nt, J irat
n l' vr'l'I,l'(' nom, voLr'e nrln,".'
OU9 voulez me donJennnp lui ,remit ,' II ('(ute ';it se leva.
- A dpnllllll, nn .. fnuLe,
- Oui, rnucJ /l Il1f',
- .JI' POlTlpU.' <llll' VOUll,
- Jr ticl 'ui I~ . 11<.:1, ,
L'I pl'inœ ' L' lit 1111 légcl' !ligne de ......_ .. u __ _
Sc lt m Il LL,
..,..., .. .uo&IIIIIO
bl
�~
=======--============ 45
La N!Jit Rouge
- Monsieur.. .
Oelui-c.i s'était levé pour recon<lu.ire les vi's'ÏteuT's.
TI Jes <lccompagna jusqu'au seuil de la porte, puis
revenan t à. Hen l'ietLe ;
- Vous n 'irez pa-s demain chez cette dame, Henriette .
- Pourquoi donc, papa?
- Elle est Lrop curieuse.
- Mais 1es dessins q:u'el1e a achetéS.
- Je les porterai mOHnême.
La jeune lllle ne répondit pas, mais son cœur se
serr.a, et on l'entendit qui murmurai t :
- Nous avon,s donc quelque c.hose à cacher que
vous ne vouJez me laisser voir personne?
Han s Schmutt ne répondit pas.
Unie ombre passa ~mr
son fron t.
:- J'aimerais mieu~
mourir, pensa-t-il,. q u ~ de lui
l a1 ~er
apprendr-e qUl elle est. C'en serail fait à jamaIs de :;on rcpos et de son bonheur.
Il prit un livr-e et vin t s\1sseoir près d'Hemiette,
qui s'était remi e fi. travailler, toute attristée de penser qu'un nlystère planait sur sa naissance et la
condumn a it à jum uls au silence et à l'obscurité.
tIans Sch mutL l'avuit vue d'un mauvais œil sc mett~ e à frure Je la peintul'f', eraignant que son talent.,
SI elle en ava it, ne lu ml[ lin jour en lumière. Il
s'étai.~
toujours refusé à ce qu'el~
exposâ t. Elle né
SUvUlt l'len d'elle; elle se croyaIt la lIlLe de flans
Sohmu tt. j'dais pur moments des lueurs se bisaient
en e11e. ru y aV.1i t d .. !;ollvenirs du pUS6é qui lui revenai en t, et bien des déLtils l'flyoien t, frappéE' dans
les façon ù'è trl' de 1'an r.ien bl'l connier qui lui rai_
saient dOlller ùe ln l'l''11; ,; d,. 1l"IIS qui sonbIIi i~nt
J s unir. Pinsil!'lll'. fo:'" c-l!e 1',' :;:, ,'~slyé
cio ùemul1Qel'.ù H~ns
ScLmult d(~"
c:q)lications. Ce.lui-ci les
aVall tuuJours eSlJlli v{:cs
Elle sent.ait pout' lui 1111(' .I;rnnd(' reconnaissance,
une grunde amilié, ~1(\Î,
celle amiLié n'était. certainement pas cclde que doit avoir une fille pour son
P è~.
Il Y manquuit cette chaleur, ce tte tendresse
qll.! doit emplir le cœur pour l'auteur de vos jours.
Et H.ans Sohmull lui-mCme, bien qu 'il se montra.t
bon, déVOilé, uvaiL pour l'enfant plus de respect
qu e d~
v~C'it
~lI.J('
affection. Tl'ès so~vent
l~
jeune
fille s était dit ce la, et l'incident qUl vena.1l de se
produire, la vi site de cette dame, l'intenogatoire
~u'el
lui avait fuil subir, la singulière façon dont
n'Ils S('!llnUtI y avait coupC> court, ré~on{!iL
par
dea, détnl ls qu'clIc Gavait fau x aux l'fues llOns qui lui
é tUlenL f ajte~,
tOlll cela avaiL donné corps aux pensées qui lIo tili"!l: dnns l'ùo1t! (}'Ucnriette aVilit accentu é s " sO lli-'çOns, Han.' Schml1 tL s'en aperçut en
Idll voyant, n prrs :e d-éport dl' ln visiteuse, plongée
6tla ses réll ex jems. Il cl mnndn ;
- A r(lloi pensez-vou s, lI cndc l,t,e ?
- A nen, ]lopn.
- en so nt Ips paroles de cette clame qui VOllS
préOcclI!lpn L ainSI '/
- QI I('II('s plll'nlcR ?
- L '(!llt'stions 1l1l'f'lIe VOLIS Il posées ?
- 1[ /11:; IIOIl, mon flèl'c.
d EL ln jl 1111(' fill e, pOIll' éviter ri nouvCillee deman5, prll"'111 ln I(\lr !'Illr SOli I.rn,vuJl.
Han ,' Schrnlllln'inRis lfl pflS.
.
11 ('11111, rt,. ~(]n
n'It\ r(l 't préoccupé. QU I 61nit
cel.l-c d,lnl" ., (lll' villlluÎl-eJie ? Dung qnel bllt oVllil_
el~
116n('II'''' rhpz NIX '/ L'I\chnt (Irs nquar Iles n'6tniL
éVIc!emllJ("li t qll'iln }ll'éLrxlr..
rn ~.léJ
, IS
chmuLl l'cstait l'êv '111', un peu inquiet
v
Hans !':, I1mllll MniL I1n hommr ()l' pllrol ct, rlc dcol"~
. Il'n dlli '11:111 1 ni l , dr.llli-rll'Vml('lnen!,.<; ni 1('
OInI Rollf'I'IJln ' s, 1111 pell hnlhloin,', pttr la pPllsél' Il"11
;y a lllHk. sus Ile nous un e forcc sup{wicu l'c qlli
~
,
mène tOlll, conduit tout et à 1'lquelle les hommes
s~:tÎenL
\'ai.nemcnt de sc soustraire. Lui ::11l1 au
monete pi'ut,-Nre croyait encore il l'exi,s tence du
pri nce d'Argyll et il. son innocence. Le jour 0-1, le
prilic{! lui aVclÎt parlé d'un Cl'Îlne rtont on l'ar.·"usait,
de son innocellce, il (wail en l'intuien prot.e~an
tion rue le malheureux n~ ' .nentait pus. Il ]'avait
reconnu à son ac~en
t., il. re~p:-J5sion
égl rée de sa
physionomic qu and il rappelait ,'accusation infâme,
et il s'était dit qU'El ceL Il nllne ne p01i\,lit pas mour ir enseveH dans eet Le honte et dont il était injustement enve'loppé, qu'nn jouI' de Iumièrc luil'ait pour
lui, et il s'était chargé ct son carunt pour ln remettre il. .rbe ure du Ll'iomphe il. ce père douloureux.
T Ile était la pensée qui :nai t guidé tout d'abord
I-Ian s Sohmult qunnt il s'éklit enl p Œé de la petiLe
fille à laquelle 11 s'était enci'':''{' à ~cl'vir
de père jusqu'au moment où son vrai l,ère Illi serait rendu.
- Surtout qu'elle ne sache pas, avait dit le
prih c, qu'elle ne sache ]'l:; qui elle 0.st. d'où elle
vient., avant que le nom d'Argyll puisse êtJle pronon cé devanl elle sul1::; , u'plle' a.t u cn rong:r !
Rien ne pOllvait (Inpl~cher
HallS (j'Url; fillèle li
cette promess', à cc dc\·oir. LnÏ3s:mt dpl'l ière lu:
l'incendie et le carnage, il 6L,ù ! )larti emportant l'enfant tlnns scs bras, abandonnant le püre, qu'il 6.J.vuit
immaprotég6 par une jLl,s ticc sUI,érieure, !a jus~ice
nenL des choses, qui doil, seiol! luL :'t 'in mo~nt
donné, raire triompher l'innocent ct puoir le cou pable. Il avait murché le ro:;1 f:' de ln. :lUil, ['o'il au
guet, proté<:!cant 1 vi :.;,~r-e
(!e ;'cnr.!lll contre les
bmncl1es qui le ciJ1:(h'l~
UI!I1;; <lI. Hn"C1
l'apiclr.
El i1 ne 'était lr~é
qu'un so:nJ' :' ,;1 forê t, quand
il se CI'O\ ait en sOrf'Lc".
EPlli sé, l,e visag CO\l\'Cl't de s; ":1', Lien qu'il fit
trè froid et qu'une bi"c rt i ~,'è
sot,,;; H, L1 i,Got fl'émil' les haies et les arhl'f'", le Jugllir :; ' arT~tu
ponr
soumer UJ1 peu. L'cnfant. cnLrc .es br:!H enlfou rtli s.
ne faisaiL plus un mOllvcmen t et purais<;ui! "dorm ir:
Il enLr'ouvrit les fourrurcs qui la couvràien t pOIl t' la
regarder. E.Ue était toute ro,",o, ro 'e comme une
~euI'
qui vient de s'épanouir, rosc cl tiède, ct si johe! Ses mains, toul son pelit corps 6tnient chauds
SOIl nid, JI s'assit
comme Le corps d'un oi seau dan~
sur une pierre, la coucha s'u r sefl 'el1oux et la regarda dormir. Une aff('otion enll'uit cn lui poUl'
celle rAi blesse, oette inn ocr nce que lé' m:lJlIClU' venai( d'oflleurer, Il pensa à ln lIlie qll'il avait pel'<1ue,
blondc et rose comme r'clll'-ci, cl i' sr jllrn qlle Jamais père n'aurait pills de déVOilem ent, ptu s
d'Hmour pOUl' son enrnnt 'lu'JI n'en ml,nf:·P!'n.it pour
~t.e,
pe.tite que la destinée venait de lui con lier si
mapmément.
EL, se levant, avec mille précantio
~ , pour ne pas
révdll er J'enfnn t, il l'ussu jeltit de nouvoo.u sur ses
bras ct se re mit en marche.
].1 n'y avait,pas çIe temps à. perdr . D'un-e minuie
~ 1,Ilutre les ! J'IISSlens pOllv.l1Je nl ,ro montt'er sur lit
1 ~ lère
dc la fol' t. Il r.Ollflfllssait LOlls les pnys IlvlronH~',
le nom (le .chaque village. Tl sc cÏiri f.(cn
vel' l,a. Ville ln ptu VOISi ne, vers Epimll , Là scillemr~t,
Il pOllrralt sc reposer nn pell avoir ITllclr!l:I('
rll-fl l t.
'
.,
Le soir, il s'~rcta
dans lin villaoTe où il y avait
cnl'Ol'I" c1ros lunllèrcs, qu tO'lt le 1I1;nde n'av'ait !)flS
ahll l1r1onné.
.
~ 11. nvi~a
lIne auherge où il voyail des lueurs lIltl'nr
tl '~ ~ VIS lC's vol ls , ,t don t il connais ait les mnl.ne .~lIer
aubcrge sortoient c1es son de voix clcs
cl 1rJil tiR (l'Ol'l1l 's.
'
!, I~ hrll,i,t Il ll ï ! nt cn fmppnnL, !"ut se Int. Lcs 111011(01 r:'1 s 1'If'1<:IIII'('I1 I.
11 fl'l'rllfl dr n IIven u pIn ''' rLement, et cria il.
Iravl'I"
In }llll'tC :
'
1"('St 1111 nmi,
Il ('('nltln l'tI in ,Inn l [lilis Hile voix delllanda .
li i ''!l'S-VOIIS '/ '
- lIll allli. .. HallS Schlllutlo
()IIVI'(!i..
�=
=
=~-.:
il Y euL IIne exclSlilation , p uis un r emuem ent de
ffil'l lUI s. (].:'s hnds de serru re et de v er r ou . et la
pol1.e s 'cnll'('-l.lâilla.
- ;' iàtin, m urmura le bra conni er, on esL barricadé.
- Où sont le" PI' l5Sien., ? fil celui qui ouvrait.
- Ils étaiûllt la nui t del'llière au chÎLteau d'Ar0 11.
- Ah ! Il
'''n ' nus traver.sé la forê t T
•
P IlS e lJ CU! e .
y
L'homme JUv rit la porte pl us g r ande.
- E ntl'!'z .
,
Il la is" a passer l'arrivant et referma aussilôt,
amoncelant de n ouveau les meub les der r ièr e l'entrée,
Puis, il enflam m a une allum ette et alluma un e
chan delle qu'il tena it à la m ain .flour guider H ans
Sch rllu!t à t rllvers le COli lo ir n )S"' lr.
A re mome nt sl'l len'ell l. l'h omme s'aperçut. qu'il
était 'étu de fo nr rl. rcs r ich es et qu'il portan un
farr! , 1 SL T JI'S bl'l's .
- Diable ! "éc ria- l-il, vous ayez donc fail '.ln bé-
:·itnf1'f\ ?
E , JOl]c h nnt l'enfl1n t .
.\ st IHle ca;:;s, tte ça ?
- c- t LIIH' cl1fünt.
- l",.e :>nf:-n t ?
- CIl' ellrallt qn 'on m'u conflée.
- L s pnrcllis onl é té tu és ?
{JI i.
- \ 'r, l S les connaissez ?
-
,·on .
Ce' cl 'I/X ré pon ses avaient été raites d' un ton sec
'qLli inrlilJlll1 it q u , le b racon n ier n'était pa s disposé
à dnnnr l' dps explications .
L' lI Ill m e n'in s is ta ~as.
- Q 1· C'.· l-ce qu e VollS voulez .,
- Cou' her. Vous av ez bi en un lit '
",
r , 't' nrant sc'ùemenl .. . POLlI' moi, le p1a:noh ~ r su ffi ra ... La dure, ça me connalt.
't' li ez! dit l'aub<'rgi s lp. m il conduisi t H ans
Schilluit ve r s une salle silu ée au bout du cpuloi r, d'1ns le fond de l'aubel'gp,
/"l m a ison semhlail ab an dnnnre, lant le silence
el.n it p nfo nd; au sst ll ans ~ ' h ' JTl1t
ne put -il Tet{'n il' ·In cl'i de urpli s c nn V 1 ~' nLlt,
la po l'te pou s' (' e, à la lueur (Ic la IU Tll'h" qu ' fe nai t r aubergi.:;1 e, nul' la salle éf ail p leinl' de monde.
L'homrne di t a l S ilôL, dès ~ seuil de la porte.
- Ami 1
Et Ips lumièra ~ ~
rallum èrent, et 'le silence
'Cf'-H S' .
c inq uante ou Boiu..te
11 Y !lvRi t dans qo. p i ~ce
fr{lll cs-til'L' urs , arm és de fllS il s, de sa brcs , de teutt.s l " Ill'IIH '::; qu 'i ls avo Il'n1 pu trou ver, et qui
li e/! lu; II I le mil l i nl rl' fa il'f' le l'' ''P de reu.
l' IIl.! i,' urs ('onn :-;sa ir:nt lIu ns S('h m utt de flle
011 d
l'Cl lutuLion. On l'entoura pOUl' aVilir des nou'Ytl
lL~.
'" b l':Ir'oflnitr dLt t' e qu'I I s oval!..
ULl d{'s 11111111 111 :4 fit (1'l1n ni!' cll tl'ndu :
- Ce . r. ra lJUL II' (/"lnuin le chnm,bard.
Vo us \" .. tlcz ùéi<'l\ure l e village '1 demaDda
Hans S t hrnutl.
P I'Il>lC'I.- \ ' C\llll 4{'I.\
Roua a vo ns tort.
;\ Sil [' {'ltIf nf Il .... ,
t jc· regrette biea de De
pouvuir pH. I1t1'l' dCQ y6&re" .
-- P{) lLrqlloi do.c .,
j),'S cl 'vniI
~
:\ l1trrtfllir...
Et jJ 1" utra l't'8fmd _
- C'(,:; t lt vo,.s ~L ~
- Non, c'oot na 4'" <àt 1I'1'na m' a ccmfJé, Quand
elle sp ru en sllr elA, j viendrai VOUII rejoindnt
.'il en ej; ( temp. l'tH/or e,
- (Ji! Idl f' z-VOI1R ?
- A EJl i lJal.
L' uul)l'I'gi le Yl'ntd d'I.'ntrl'r dtr na 11\ 1I1111e..
_ Si vous voulcz m~
, ' vil~
.. dlt·il.
11 !lS ' hllIult CITa d. !tw ill qlli SI' tenda.l~
'
ol d ~ pul'
L avec l'boUlI e, n 6lu.U bl~,
La N uit R ouge
~
Les ~ancs-tiru
se recouc èrent sur le ca r r eau) s Installant pour dormir, et b ien tôt on n'entendit plus dans la maison d'6,
~ .r es bruits que de
son or cs l'onfl om ents.
L' a lb e l'g isL ~ était resté seul dans son établissemmt,' . Sa femme et ses e nfnnts -ét ioni partis
pour. Epmal, empor tant ce quiLs avai ent de !plus
pr é cIeux.
Il dit à TIa n s SchmuLt
-;:- ,Je ~a:.;s
c,e qu~
m:uLtend.. . la fus illa de. M'alS
qu lTf4p orLe , Juur!ll fUlL mon dcvOl'r. J e n e ve ux
pa 'Gj ue l es P r ussIens passent ici s ans avoir reçu
quel qu es pruneaux.
t v0l!-s qui .' a~ez
grol1pé ces hommes?
- C'~
- . Ou!. Voil à .trOls JOurs que je l es h éberge et
que Je Les nou rriS,
- ILs sont b ien disp osés?
- A se faire tuer j usqu 'au dernier.
Graves gens 1. murmura Il a ns Schmutt. E t
au fond du cœur jJ r egreLLa de n e pouvoir pas
Tes lcr avec eux.
~ Lais
à ce m oment un cri de la peli te princesse
l m J'a.ppl'la s on devoi r.
L' pillant venait de 8e r éveiller et appelait son
père.
- Il va v enir, dit Hans Schmu tt. Ne p.1eu re z
pas.
L' auberg is te ayait ouvert la porte d' un e netile
c . h ~'", b r~
~I an.c
h l. e à la chau x, Où il y avait ~ leux
lIts ... lfif' 1 Ldcdy • .-. 'd eux ltts de f l:l' avec un simple l~d,.
l as . .10ut Le res te a v uit élé "mporté
à V(I II!; nrri'ir.
- \OL!I1 . .d 1-11, tout Ce q uc r ~i
- L ,u; t , I? L.en p o u r v~
qile l'cnfant pni ~, d(J rmir .
vou'!>
- Je va,Ls vous rOI.ss er la hunière, ~ I ais
la SOIlI.lIe rez cl ès qu e vou
~ n 'c n aUI' '1. pJu~
],.hsoin
cnl , iJll'n que les vol et s oi ent rt /'lI,és on 1 t
a pl':e
~ IJ Ir'. la l\ ~ ur du dchors. :':011 :> \'o~l
s bi~l
n{).u;:, baUlt" mUlS nous e vou 101 I!S Il,J.:) êtr e s u rpns .
iL
Dans
- S Iyrz tranqUille, dit Il'ln "
cinq m inlltes, l'c nfant cou
(' h ~ " " :-U~'
1; . éte int.
J e VOli S de mand erai seu lem ent u ~ , ~a
donner
pOUl' t,Ile UII peu de lait, si VllU H l'n avez.
- Cel1,aLUcrnent. Et pOur Vu us ?
- Un rl~ l r '(!.l111 do pair! sen,iI' m\'nt..
- .l e vaLS vons chercher ca
L' II J! eJ~is
~ e dispa ru L et r~v'inL
au bout dmu
ins lull t uvec I ~ laLt et le pui n.
'
L u pf' lLle pl'In C'csse, qui a va it rai
m el sOlf, bul
d eu x las ses de la it e t manaca d
Ii
S
h
.,
u
(Jilin
trclll\p('
dl'
.
dans, p ULS ans c m ut! la COUC IHt uv
1
cautions de m 're et de no urrice )J alLI'<'c .c CI; l'f'('
( ~t \,lLdtJrrrlie,' pu is il s'é lcud il à' son I ~ :;~I'
Ut
li~
lou t hObL Llé, .pour Otre prêt à pu,l'lil' à l.a · 011
ml&L'I' alc,rLe, e t lf ne tarda po.s à s' , n l ' " pre!o rLtI {> lI1 cnl.
I OJ lO lI pro.
H ULl S Schrnu tt fut réveillé n Sll r'" 1
hi'ul'l's du mal in par un bJ'u't
. Â Sol\) ver " HLX
fon d de la vulloe.
1 q Ul f ,,!JO llflll. dan:i !{'~
JI ;!' dJ'cssa sur s oo séant tout p'l!'
Le cnno n l
' t e.
Ll(' !'<lie g rise de j our à pr in
t'hl
finit li Iru \ rI:! 1'1
rcn '" ues
.l '
<
Vl.ll r ts p CI'C(P 1 e, p(l.S11 :o! lllila à terre, pOUsRa 1 S vol ',i
.
'" pIL I~, nlJ.u ,k" lit
de ln princes' . L'en fanl dOl:mu~
IJ (:OIH'llt ollvrlr la ~ )or t e,
ploJOJl(!;\rnco L.
l.', ~ hom,m(' t!~ s cend
lt en C h ~Dl i sc
l' ' - 'f ...
C l't llLl J 1J(~ I .elic'
' UL.r >;1 ru e.
Il d it:
- VOila ovrz entendu'
- (lui, c'es t le cano n. L'enr • . l i r.
Et Il liS donlLer d'autre t.I ,Ii l' t 1. '"
pr i"l'iI'1 11I en h" .
1 l ,1011, l'hl'lm mc se
!J UL I '" l'I' l1l.endit qui criai t aux r '
t'
. nu'\: l'Il' l r '~ I 1Il III'H_ Ir curs ••
\ 1'1'1
~
r, rn s 8111111,
. FI dll lll! ln
Il fi 11/1 hruit cie rl ~ i! '~ rl
b
d
. r. !l1I rOll, e
bHl flli , 11(> Ilt IIknd l u,
III ' " "" v l'Il Il , le b r'uit du canon :>l' I' " t
allull gé par l'écho sonor e du lllaLiu. 1/ Il t\ (1\'1 100Xl,
�La N.u.it Rouge
~
= ====
Bans prit dans ses bras rcnIa nt
cenait j'escali er.
f!lH
~ol'mie
et des-
Aux pl'ell iè res mar ches .I.e ctl ha l'etilJ{, l'afl"ê la.
- Où allez-vouS?
- On -;:8 se battre ici ... r,[eltre lu pe tile en so.l'c lé.
- I m pü! :-:ibte L. Vous n'a vez pas tout à l'heur e
e ntendu pus.,nr les uhlans ?
-
NOIl .
- Le village eHt cerné.
- Ah '/ I ~!o n Dieu, fit Hans, '(:hmutt, une sueur
froide ail iront.
- Au prolllier pas que vous fetez dehorfl, dit
Irhomme, 'VOLIS serez arrêté.
- J 'ai eu tOit de me reposer, dit le bracotmier
{lui <:lm.
e~a
iL.
r\ çe 1,011 rnt des bruits de chevaux lancés au
g i),J 1. Jll1lllofent s llr le pavé sonore de la rue.
l'vül ,C 1 onde COl l r lJ t a ux fenêtres.
l,el-l : 111.11: " llvoy és en éclaireurI, ,se repliaient
pJll'('ÎJ .t,1l .1 .. clI l.
.
(1):1 '1 Il !ln les ·fu s lls.
Plu; jl' rr::> (j-loll" tions retentirent. Deu"X cavaliers
ÎI)!l1'W" 'I ii lwndunt 1] le les chevaux se cabraient.
Pl"
II:' !.,.I,· tic ia troupe disparut au tournant
Je lu rll<:. thl tnur:billon_ ..
L'l:. I, , I .... i '(e d ' t ;
- en \11 (' lrll 'ffp l', lOllt à l'.heure.
Cf' lt ,dl rd :C's rm llcs.ti reu r s s'équipaient è. la
l pr" . Un l' n;) 1'1ll'icle aY,dl I~t é ébaucbé. On allait
1..' net!' r ln Il Hi~nl
: e l se fo rtifier à. J'entrée du vil'l/J"l' dl'Il ibn' IIIJI' bnrri r.ade éha uchée ...
il '/lit 11 cml Tl SI' l'u pprochait, formida.ble,
l'OU llil t {"'cltrJS ('u (·<:hns.
\, , 'lit : 11 l"I l' rD 11Ième nn crépitement de
t\l sili (lP !uill ' a n.
h. Il..'0 " I,I ,.l, é '. 1 .!pollva n1é non pour lui. S'il
uvtl, i! ûll' ,('u l, il sa, a d hien c"" qll'il aurait fait. 11
aurnit ]l I iD .1 ~ 1 rl\~
l l"l "U! a it ëté avec ~e.shOlJm:t
qui S " I[JI'f',, ;111 rit à. Jllll'lIl' mOllnr au milieu deux.
~Il is
J'l'tlru tlt ! L'Cdlllrd qui s'écrasait sur son
('vII. lCl'rifi (:e pHI' les coups de feu qui l'avaient
é\ cUl ",\! b ill 'q\lernrml, lur la vue de ces hommes.
Il !li' ;.10 1I\'IJ if pilS la Ifll ss(' r S(~ule.
D'un au tl'e cù!.Çl
1-1;
1)11'1. It d fl llS fe village si le canon écrnsfllt
~i II' ft 11 brfitailles ~1niso,
si les b,1l1es
VI I"J nj('lll scn1J' C' lu li ort pllrtOllt, comment la sauver 1'(Jln rl l' lit l'aT'l'uchrr .un carn~e
?
r: ~'I\(,
/ HI) l,
les fr,~ncs-til'o\
sortaient un ,à. un
,j .. 1';1 '1,. \"'i l" cl. rasnnt l('s murs allaient s'embus'p ; ,\. , l 'f' l,roiL Iflli leur nVRit été désigné.
,:.
Il, ''' 10 te, r ,, 1(, ~('
dcrn~,
,prél à fermaI' ses
l Oi' !('>; di t nll hrnr:ol1Tl1C'r :
('11'01 ('Z' VOIIS [nit·
?
• _
JIll" li i s l'Os) l'('rnnrlit celui-ci, qui, en ertet,
r, I' '-'!l\ni t qllel portl ]lJ'prll\le.
\'1111
ne pouvoz pus courir les cbeOlins avec
i
l<- ~
Oll ; '
l' Ir~,
r;(llt t'
H
f'I'! i t. ',
f(l, il
rr:5 tl' I' ICI.
.1c~
-:-; JI?
- (J IIÎ. j(' vois fermer.
-Ti: Hi 'i .. .
.
- Si 011 [1 1'1 110 Ir
If f-;i ].> 1' "laI :; ~v(.'lItLc
foilmps.
VIlla ' !e .,
"
les .muns, .font flamber
L'hùleli l' J' bnllflS/l tell CIWl~'S
d'un air résigné.
_ C'c.-\l 1111 (; 111111<:1' il crll;nl':
~)lIi,
dit llallti SdllllU.U, Je rue ,v ols pas ouLre
cliOsc , il Cu i Il).
- - Alor ..; , vous rp.stC'.l ?
- Oui.
't.
_ Voi,'; I"S ('I('(H . Siil .y l'LVIll l!ne éclmrcie, et que
'vous tJ'()lI' i. ''l I"rwI'll l-'ion de [lal'llr ...
- ,le CI'I"I I 1'1"11 i..L.,
-- A 1\ loi h(J1l '1 '.'OIlS n puurrle, pu me remoth'c ICH r. J'fs .
C'( t i" II·...
.
'- Non, VU\I;4 Inisscdez la bnraque. Le ~o.crlfe
fItTl l'st fuit... Pourvu que VOliS vous ,échappIez 1
Hi' 1:; Sch mutL lui tendit la main.
,'dl rev oÏr.
L'hoJte1i e r le regard a , puis, lui rflndant SOb
ét rr:n fe :
- , .dieu! iit-il ; et il disp a rut.
filins Schn 'utt rpsla seul avec l'enfant dnns 1&
Jl1 UisOIl aband onn ée. Le ca non tonlla it tou jours.
Dt:' obus passa ie nt en sifflant all-r)PSSi1 3 du villil ge
1'1 ulla it!ltL écla ter avec un JJI" lIil se r à tl':1Vprs
1;1".dlP::>, é-l>Uq liUüD t le fcu el la Il lllI'nille. Il y avait
de relTt ai dans lair. Le bruconnicr aVait recouch.é
lu petite princesse, et, accoud é à la fc' nèLl'e, il épiait
les ln'uits du combat, espérant encore que ln balaille se livrerait aillenrs qUe dans Ir villag e. Il lui
semb lait, en eHet, ql'e ces bruitH, au lieu de se rapprocher, comme tout à. l'h cure, inclina ient ma inLena nt vers la droite. Les ch'l trs d'ohLs élaipnt ra res.
Pe ndant qu'il se félit.:i la it , u n pie.inciIlcnt SI' f't CIlLendre en haut du vill age, un piétin mrnt ~' olrd
qu'on s'effOlçuit de rend lc sil enCIeux. J lr;sn !)rll" ha
pOUl' regarder. Il upelçllt une troupe Ld e !"f)ltl: ts
français, des fantassins qui venaient pl endre posl tion dans la rue.
Ils arrivaient au pns de COIII!!e :n:.:: . . • . .. t 111
rue, les maisons, cOITIme lIn e ava la n che /l lli SE
répand el il les voyait ens uite ra l'û](.re aux fenêtres donL ils faisai pn l r.l a l[llC I' les volets. r Ollt ce la
vivenlOnt. en un clin d'o' iJ , d des CllllPn s de fJs ils
hérissaient nUHsitôt Irs h ll ôtJ'es, chan ,"1('C;; en lTIeurtrièl cs. r.'auberge fllt envahie coml C les a u tres
maisnns. La chambre où il était avcc l'en fn nt s'emplit de solda ts. On s'éJ,onna de le voir là. Il dit:
-.Je garde la petite.
On l'intelrogea.
Il donna les l'enseignements! qu'il wnn ai •":üt.
'Des uhlans avui ellt tr ~'
['sé le vlllnge pN/dll lt! 18
nuit ... La veille, PellllelJli avait pris le dL !P!lU
d'Argyll, incenuié Ull l' partie de la [ol'ét. Il de vait
être à quelques kilomèlres de là, SUT ln. iis ièl'c du
-
bois.
Des officiers é.tnicn1 entrés, donnant rles ordre."
rapides ...
- - Ainsi, dit Hans Si" ,l ll1tt, JI' ('œur serré d'angoisse, on va sc boltl'P 11:1 .(
-
on
Nous ne sovons
nOliS
IhIS, ,J'ûf\Qnnit
a diL d'occilper le villa Q"ê.
n~
iles soldnts,
Puis il ôta S Hl .sac e~ posa soo lu.sü.
•
Les autres l'imitèrent.
11:1 011 a! lendit. Onal,tendit fla.ns,bou~r
sans parler. Le lflollvl;nllmt env ù hissellr s'étnit, ,a.rltj.é. .
[1 n'y avait plus à eu douter, du rellte.La hn.lll11e
l.o\1J'llnit. Le bruit se dir'jgeail ,peu à peu vers la
umite .
Le !loldul jota son arl11e d'un air décom:agé., .
- Co ne SOIf! pH::! nolI'1' ,tou/' encore uUJoul'd hm,
- VOllS
croyez, dit précipiiamment lIu: s
Scltlll ul\. qu'on ne !:le hattra pns ici 'l
- .1'('(; snis st)r. VOUI:I n'cnLell':l'3z ,pas le OUllon
qui gl~ùe
pnr là-bus?
- Si.
- - [':It bien! c'csl là.-bns ftu'Clll' sefdGollera le coup
dt· lut'dlOn.
Le hrtu:ounier le (). les yeux au teiel
DIBU soit 101\6 ! 1l1lrn Il Il l'a-t.a .
pns écoulé
El! dTeL, l1n fllInr't (\ 'hf'lIl'e ne s:,~tai
,que les solduts, sur lin oommnndement donnl>, raprClUlÎcnL letlrA socs, lours 'fusils et idisparaiBStliellt
ivom .111, n silence, P.OtnmE 'le ,étaient Vtt nus.
11 ~lni!
neuf heul't's du '1II0rtn
Ulle petile pluie Ilnr l'ommcny.t!\'1 l)m~'r.
rend~ln
If!"; l'llPtrlins gJ'l\8 ~I gli~R(
.J...
HUHS Sel\rnlllt, clr 1ft fClIl'llre, vit .diSl)8.Tuttre les
hnl llllH'S , II' <lOf-! rllllrhé, le long df!8 mnisons,
Un ne distill 'IIni! plll"' \t·s ICOllpS de c~nol.
On
IÙ'l1 Il'Iai l 'uu ,l oin ~l'I\
gl'ond ment unperœp.tlbl(·. LI' IWIlt'IHlnit:r jl)lgnit les mains.
- Sallv(!s 1
l1)l il ~'nprotai
1à
repreodFe . . 'POu" '. all&nt
�La Nuit rtoulJe
4-8 = = = = = = = =
~
,
trouvait
vers la ,gaueh~
ou, S~tra
su ivi
qua.nd l auber g lsl.€ Il edl't_il' Nous
- Fausse a lel' t e
.
toott.e fois-ci,
il
du
- A-t-on des nouve es
'Hans
Schmu~t'M
- Aucune,
ais ce ne sera
fSi'ffilPle esc~ouh,
Il C'est .déJà
- Oui. Ils son ~s.{
Hans Schmu.tt
IfU8.nd J'aubergiste le
- Di.l~s
donc, vo~
des délalls, vous, S ?
fint
=8:
J~[!1,aqU
juste.ment Epinal,
des francs-tire urs.
l'écha.ppons enoo-re
combat? demanda
pas sérieux ... une
est venu des sold,ats ?
tés uno heure et repartis.
s'él;ignel' avec l'enfant
el:~p
;riez pas nous donner
la pri~e
de Kerhausen ?
B;
'disait imprenable.
-_ OUI,
TI ~st nous
pns'Le s avons, Mais il parait qu'il a été
livré.
Han s 8 c11.TI1U tt eut un sursaut violenl
_ Livré, Kerhausen 'f
- Oui.
.
_ Par un FrançaIs,
- Oui.
l ,
_ Et quel esl le mi. érab e
.
d'ArgyIJ
- Le prmc.e était devenu d'une pâleur livide,
Le
braconnIer
.-.ht 8- t-'l
_ Le
prince d .-\rgyll 1 rél'"
1 en proie à la
pl US grande stu'pf.ur,
_ Oui le prinre d'Argyll,
Il ajou'ta allssitôt :
.
abl
_ C'est faux, Le prince est mc~p
, e, .
_ Vous le connBissl'z donc? dlL 1 hôtelier,
_ De réputation, OUI. ,
Un des franr's-til'eurs s,avança.. , t passé J'ai
J'Mait là, moi. Je saIS ce qm s es
.
' acre lie J<erhausen.
- ,
échappé
au Illa
s:; que c'est
1
_ Et vous
(1I[,·s
e pr mec qui vous a
trahi?
- Oui.
- lofl ' qie ! ,
feu Le prince
- Infamic f:"{>('j u J hO!TIl?e avec
'a attaqué
était notre che!. Où étall-ll quand on
Kerbfiusen ?
1" ?
,
A
lJ 'élmt pas CL
- No~
On h fusillé tous ceux. qué'ol~b
a pm,
e
'.
fait grà.ce On l'a llllss 1 r ,
luiDc~n
~rlJ'es
d'inc~gato
s'élevèrent.
L' braconnH'r pen~o
reproche au malheureux,
_
oilà donc ce
.
t
d la J'lYpro )atlOn.. ,
la cat,lse e
la la douleur du prince, ses pro es·
Et li se r~p'e
vsit senties sincères.
talions, qut!l a vovant ~u'il
gardait le silence,
.
Le franc- Ir ur, . . h
. d' n air trlOmp an '
e'écl'la l~
t Vous ne le .(Jéfendez plus 7
l 'garda ftx ment.
- Eh )Ir.n
Han~
8r:hln~!.i
~:r.emnt,
je 1 défendrai en- 81, dé III
s car il cat innocent.
.
vers et contre tou., . n de murmures plus VIO11 y cu l une e~rl?:aob.cni('
n'avait pas de
lent.e encor ..... ma~
discussions. Il poussa la porte
temlps li pClure e
et s'éJoigna..
' I l t un sourire louche,
Le rranC·!lr UT e 'est que ce paroi. sien-là ? ~t-U,
- Qu'cst-ce qU~Int
je réponds, dit l'Il,?-b rgls~,
- Un, homm ui a tué plus de Prussiens déJà
un patrlOle
q . mais
que tu n'en. tura\l8d'fe~
le prinoe ... un traître?
- D'où v1C'l ~u
t ~tre
- Il a sel' ro.lllons, peu81~ 50 né, N'empêche que
See r/lV'OI\!I... lies 1'1
..
-,
1I10i le Pl' nee,
~1 je Le ~l:;iUt
s"élait rem~s
en marche, marflans
le plus rapide.
,
clIADt de S140~
trahison l 'penaait le braconDi r,
- AOCu d
lo .. t main!.c.nanl. Sa hon , ea.
ml'll' ClIon
Il 8
.
's ." S')'I est
J. 001'
1f~l ,.,
o.pJ)r n~e
lamai
JIMlr q:o
il doit s uffm 1...
lJUlocenL,. cornnleyaux s'humecter, et JI pressa la
JI sentit se8
,~
JI:S
-W
petite' contre sa poitrine avec une tendresse qu'il
n'avait pas sentie encore.
Peut-être restait-il le seul défenseur de l'enfant
et du père,
VI
Ayant pu sO,rtir sain et sauf detJ horreurs de la
guerre, Hans 8chmutt était venu s'installer, après
la Commune, à Paris dans un pelit appar[()ment
de la rue Lepic, persuadé qu'il ser'ail mieux eaché
à la curiosité à Pari que partout. ailleurs et que
c'est à Patis que le père de la p ti!e viendrait la
ohercher, s'il avait. échappé à la mort... l'vlaintenant qu'id sa,,:ait le crimc dont le prince d'Argyll
élait accusé, hl comprenait mieux les Lortures du
malheureux, et sa pitié pour l'enfant ct pour lui
avait grandi. Les événements tmgiques qui s 'é.
taient succédé pendant la nuit que le braconnier
avait app l€e~
Nuit rouGe, avaient laissé dans
l'esprit de la petll,e un sOllvenireonfus d'hoTTel1r et
d'épouvante, Hans ~chmut
en avait. profité pour
effacer de sa mémOire lnt ce qui avait vrérédé
ces heures d~
terreur. C' 'lit lui, son père, disuitil qui l'avait arrachée
x halles et aux iucen.
dies... Toul avait été"
pé autour d'elle, Eux
seuls avaient survécu.!
quand l'enfant parlait
d'un ch8.tellu, d'une ferr, ;, pencll ée à son chevet,
d'un IlOIlUlJe jeune dont 1 e S€ rappelail les traits,
Hans Schmntl lui disait que rieD de tout cela
n'existait plUS..
.
C'était des arrms à lUi chez lesquels il l'avait
emmenée eL qui avaient péri pendant La guerre,
La sachan t mcna.cée chez eux , il était aCCQuru et
il était arrivé à temps pOUl' l'cm pur 1er. HanoS
Schmull avi~
pla~
sur l'Et~!:genL
que le prince
lui avait reml~,
et 1I.en ~Vl1t
retiré ries l'cnles suffh;antes pour p~)uvOlr
Vlvre. avec .l'enfant et fair
donner à celle-CI une éducation bn111u,[e. Et il vécut de longues années ~ 'ub(1rd
l'ne L pic, pui!'; rue
Rochechouart, d'une, eXlstencp tranqUille, Ob~ l clre,
la jeune fille grandlssü: nt , lUI, u.llcndunt toujr~
que le père eGt. do~né
s~gne,
de. VIC; car, ainsi ([u
nons l'avons dit, 1 espoll' n était I)a~
mort n lui;
mClme il l'époq?e o~
Jeanne s'ôtait pr l'enlée ru
Hochechouart, Il étal!. encore plell1 de confian('e.
sa poix, Ilenl'i lt
Rien ,jl! sq!Jc-Ià o'avait lr~ubJé
ne lui fmsal! pdus de qu estIOns, eorllnle Ile lui cn
avait [ait autrefois, au sujet du paS!';ê, de sn mère
lI1orLe, Aucun douLe ne semblait demeurer dans son
esprJ,t sur s.on origine, s~r
le nOI)1 de Schmllif
qu' He portait.. Le brac~nme
avnit fait son devoir,
tout son devOlr en mumtenunt III j('I)1l DIlI' dan!'!
l'ignorance du nom. et du titrc qu'pllr aumit dù
porI. r, ot on pouvait. pal'Iel' drVollt 1'1)(' du pl'inr.
d'ArbrylJl s.ans am 11pr un rOU.gl ur SIII' sim vi~ , !1 re,
un tressullI<lmcn! dans Ali (>hair. l.e ph'!' j1o'lvnit
se présenter .. lIan &hnllltt J)'nvnil 1/U3 un (Jllbli,
pas ~ne
I?églLg nec il sc l '(pt{~cle.
Un comprend
comblCo il fu{ t~o,u)jlé
uu }10 111t où en (o[nil son
œuvre, IJar la .V181te d ,Jeullnr cl(· T< 'l'''ourell ou
plJ~t
de la prmccsse d Argyll. Toul IJli 'icmblnit
louche, en rfet, dans
tIr visile c1'nblll'd If' 1rI0tU invoqué, qui lui semblait n'NI' qU 'lln !1r"10xl
pOUl', se rD«lprochcr de ,la j une fille, l'ôllIc,llOli 1\lIi
s'étaIt empar~
de l!, vlsll.cuj;() ('1\ voynlll lJClllÎI' le
et qu'eUe avmL VlllTl rr. nt C'1(~I<:hé
ft dissilIluler,
1I1ainlenanl, quelle étuit cC'ltl' r"fllln"? QUl' V()UIniL-e lle ? Il ne sc l' xpliqutli! paA,
Il l'ésolut cie mnn œuvrel fiV (' la (11\18 'l'IIIHlc
se li VI'CI'. :(.,J( pmll' {'la.
prllclcnoe. el. de ne P~lS
qu'il avait dit à Ilenl1el!c qu'il imil ll1i·nI(lme J101'Ler 1 s aql1ul'cl,les, Cil l' leJ11'icltl', AOn!! r1(j i', ncl',
pouvait IflltiSer 6r111IPP( l'. Il,n Innl Îlll]ll'nù"IJt, ' lllC'tLr un doute sur 1'Ion flrl! 1111' ,
Le silence gard6 sur C sujet Jlur ln j un mIe
�~
49
La Nuit Rouge
~
des l'enseignements sur nous par son domestique,·
depuis dc longues années faisait SUpjJ ~er
à Hans
- Qui vous a dit cela ?
Schmutt qu'il y avait chez elle queh .. e arrlère_ La concierge à qui on s'est adressé, à qui olj
pensée, qU'une circonstance, un mot pLut-êlre sU,fa cl0'1 11é de l'argent pour la raire parler, VOUJS ne
tirai t il mellre C(llo!que clarté dans la nmt. qu Il
trouvez pas cela étrange?
avait à d('s";Cln ep~\IS1C
(wLom d·elle. PUIS 11 fal- Si ... un peu.
'
lail qu'li sùl q1l.elle était. cetl~
femme, qu'il démê- Que peut..elle nous vouloir f
lAt le mobile qUI la .fatSUll agH'.
.
.
- Je ne s'ais pas.
Le lendemain à dIx heures, il étmt hablllé. Hans
Hans Scllmutt se leva.
SchmuLL avail b :lUCOUp vieilli. Les ann6es qu'fi
Il se demandait si Henriette était sin cere, si elle
avait pa 'sées cnfermé dans un aPr['le~nt
de
que celles qu'el1~
Baris ap!'èti son eXJstence au grand al!', avalent Ilip- n'avait pas eu d'autres pens~
lui di·sait ou si elle ne voulait pas révéler ce qUI
pauvl\ son ~ang
.. Bi~n
qU'11 n'~ùt
p~s
encore
se passait en elle. Dans tous les cas il comprit
soixa ntc ans, Il avaIt 1 apparence d un vlclllard. Ses
qu'j.l ne saurait rien ...
aheveux pl sa burbe étaient J.jlancs, son teint ané- Vous avez préparé les aquarelles '1 demanda·
mié. Il NaiL ordinuirement vêLu d'une ample l'e-dingo le noil'e qui lui d~nait
un air de cle~gyman
.
t-il.
Il avait une cravate nOIre, un pantalon nOIr et des
- Oui, bon papa .. , le paquet est prêt.
gants noÎl's.
.
- II Y en a six ?
HenrietLe était levée depuis longtemps, m aIs elle
- Oui.
ne l'avait pas vu encore. Elle s 'était mise aussitôt
- Combien voulez-vous les vendre ?
- Vous prendrez ce qu'on vou.s offrira...
au travai!. Et il Y avait plusiems heures déjà
- Bien.
qu'Ile dessinait quand Hans Schmutt, prêt à .sor~
Il Illlai t s'éloigner.
tio.' vinl fra pper à la pOl'te du pelIt salon qUI lUI
Henriette se jeta dans ses bras.
sel~vait
ü'nLrli."'.
- Vou:; m'en voulez!
Elle cria (1 'cn Lrer et tourna la tête en souriant.
- Et pourquoi vous en voudrais-je ,
- C'est vous, papa ?
- Je ne sais pas. Vous me regardez d'un air
- uonjour', mon enfant, dit l'ancien bmconnier.
singulier.
Hcnr i<'tte se jeta dans ses bras.
- V ml. avez bien dormi ?
- t\luis non, mon enfant. VOliS vous f'1ites des..
- Et vous?
idées. Je vais voir celle dame. Peut-être m'exp1i.
_ Pourquoi me dites-vous « vous n ce matin '1
quera-t..elle .. . A tout à l'heure.
tH la j<lunc IllIe. Est-ce que vous êLeS fàché contre
EL il sortit.
Restée seule, Henrielte se d i ~ :
moi?
~
Oh ! bien SÙI', il y a quelque chose. Pourquoi
- Moi ? chère enfant... et pourquoi ?
la venue de cet.te do me l'a-t-elle troll blé ainsi '?
- Je ne sais pas. On dirait depuis hier soir que
Et ene pensa aux paroles que l'inconnue avai1
vou~
m'·en voulez ... C'est à peine -si vous m'Il.v~z
prononcées, llUX Cflle.:llions qu'elle lui avait poséet~
parlé en dlna~
ct tout de suite vous vous êtes
à l'émotion qu'elle parai.s5uit avoir, aux l'egard!.
enJermé dans votre chambre.
dont elle l'aVilit enveloppée ct sous le:squelG elle
- Oui, dit Huns SchmuLL avec un embarras
n'avait pu s'empêcher de Crémir.
qu'i1 ne put pas dissimuler, j'étais préocul~.
Et elle murmura. :
- Et mllinlenant ?
- Main tenan l, c'Oost passé.
- Oh 1 que je voudrais la revoir l
Henriette remarqua qu'il était prêt à sortir
Ene se romi t à travailler pOUl' ne plus penser,
- Mais vous êtes habillé, dit-elle, vous sortez
ayant pelliI' que son imagination ne l'entl'uinà.t
trop loin.
donc ?
- Vous le savez bien, Je vais ch z oeLte d-ame.
. La. princesse d'Argyll (Mme d'Artenay) était sor- Ah 1 oui, dit la jeune fille avec un SOUpll',
tIC COlot perplexe de la maison de la l'ue RncheceLte dame.
chouarL... ne sa.chant que peo~I'
et que crOll'e. Han.s Schmutt la regarda.
QuanL à Dominique, il Mait fixé. Sa :nnltm so
Puis, prenant un siège, il vint s'asseoir près de
s'Mail fait. d s iUusions comme tOUJOUI'S. Quanel ils
la j une fille.,
.
furen l dehors, J eanne Ini dit :
- EJcoulrr.-mOl, Ilennette, pt répondez-moi tran- Eh bien, que penses-lu ?
<:hemrnl. Vnus y avez pensé il. celle rlullle ':
- sUlIr le rr"perl que je dois à mllrlnme, répon- Mois ol1i, bon papa ... Pourquoi ?
dit le vieux se rviteul', je pense que madarn\.! a
- Et qu'uv z-vous pensé?
rêvé ...
- t\Juis ...
- CeLLe jeune fille 1
- Oh 1 je vous en ·supplie, mon enrant, ne cher- Celle j(~ln
fWc est ln fille d'nn bruv hommo
chez pn.s
m romper. ,
nommé Huns Schmutt ct n'u rien qui l'attlleh aux
« /1. ('IIHlrr m's questIons... Dites-moi tout. ..
princ 8 d'Mgyl!.
dites-mni birn lout.
- Pdncc d'J\ l'gyll 1 mllrmnra tri!1tem nt la pr.iD.que je
Jni, fit ln j une fllle" qnc vOl1ez-~s
œsse, je t'nwd~
défendl/ de pl'ononccr co nom
qui me ('appelle ta.nt de clOlllt"llrs....
vous diRe ? ;eLLe dame m a paru lr~s
ulmnl.le
- 11 nr vous fi pas semblé qu'elle vou.s regardait
- C'est v r a i, dit Dominique, que maname me
pardonne 1
d'un nil' l'linr.IIlirr ?
- Si ... pl\l' moments.
Jeann.e répéta, ,comme se pnrlanl à rllrmr'me :
- S<,' (1'11'slions ne vous ont pas surprise'
-. PrlDcesse d Argyll 1 - J'a nj~
{ol(> til hl'/r~U!Ie
ln I!I'IL
et 51 fière quand ce nom me fut dOllllé 1 J'aimais
Lant 1
- El 111'nVI'r.-voIIs pensé ?
. ()I/'plle me pnrlnit de !'inlérOl Je ne sals pas
EllIe 6S:'3n)"a de Oha..'1S r rI' JWn~(>'S,
DlalS elles
POUl'qll,IÎ
ne la qUlttoront pas jUl'lI'f,,·it rI' ql,'.'II" (1)1 l'l'ntrée
VIIII:-; ne l'avez jamais vue avant'
ch ~
II, ~t
toule la nllil elll''' l'ns,,ir\g'''1'1'1l1 Eille
,ll\rnllll' .. ,
revLL l!f'nl'.1 ttc, el rl,Hl:-; l'étut ri l' dprnH<rl/nmeil
- Elit 11'111 nit ptHI une jeune fille il la pen~ro
où el! \ lalt plong~e,
lee idi'l''; qll'ellr <;'(>lIl1t f/lites
où VOII l'til'z, fJllÎ lltlrl11t pu lui parler tle VOIlS '1
lin momrnt lui r vinl'cnt. nl' rH)II\('1I11 cl Ir retrou va
.~ .J,' 111' m'l'JI
nl/virns pua. Cr nom ùe Mme
de!l l'cs, rnhlnnc. qui S'Nllil'llt évullollies en pl' _
d'ÂI'lf'nnv nJ' ,~t
tOllt à rnit inconntl
enc do la j IIne fille.
~ 1 r: Id. )111111'1 lnl dit 111111 ~,'hrnlt
l'fll'on luI
- 0 mon ni~1l
r !l'écl'În-f-rll(', Cnilp'l qne j lai
oil JI II' ,', ri" Il III I,t ([11\ III' 'dl blt!'1 '1 Il nnl! . ('nn
rl'.tl'ollvr 1... Fllites, !li ("P l m \ lill', 'Ill' ,nI' Ju.
ilUltl'C, u/', UVllIlt ùe monter ici, elle a fUit pl' 'ndre
rruèl'e d'en haut m'éclaire 1 Je n'c8pèl'( plus d'aUlt
LA IIorr !\Oue
-
4
�=-
:10
~
La Nuit
tre oollhpUI' true. de la revoir. plli que tout m'a été
enlc\ m ;,1lclhWt !
EU
lev< le Lonne heure el atLendit la jeune
fiU e avec unf' imlntienee extr ml' ..
l\lmc d'Artenay hnbilait, rue :\1111'1110, un a.pJ:lar''i'Z IllXllPIlX dont les C
,'Jl('l,.es clonnulCnt
tem '" t
IID' le parc Monceau. Elle Y vivait simph-ment,
Oo.sCU l CIll 'nt, dlsLrilJuanl aux.malheureux I.e.pl us
cla ir de se revenus Elle aVlut, outre DomlllCjue,
re
et une femme. de
deux domestiques, une ~ui slniè
chambre. Dominique n avaIt pas de service bien
défini. 11 servait d'wLendant, d'homme de c<?nfiance.
C'était le seuJ être avec qui J eanne rou vall parler
de Se:! malheurs, car à Pa ris personne ne la conn8i
sai
~ ne savait qui elle était. F.lle n'avait nI
ami, ni connais5ance. EIJe .ne sortR it pre sque jamaÎ5 loujOUJ'S vêtue de nOIr, enveloppée dans 1ee
Toil~
d'un deuil éternel.
La princesse avait beallcoup vieilli, m ais le chaçiD Avait empreint sa ph,v ionomie de tri Lesse et
cre bonté, ce qui lui donnait un air de distinction
sup rême.
ts et mett<:lient
Ses cheveux étaient l'estés éclut~D
comme un r ayonnement dans l'ombre de ses voiles.
Son teint avait une pâleur m ate de cire vierge.
Dominique, déjà vieux à l'époque où s'étaient
passés le.s événements terribles qui avaient mar4ué les pre,miers jours de la guerre, s'était tassé,
ratatiné, mais il avait l'œi l viI encore, les jambes
et !-es bras vigoureux Ses cheveux éLaienl devenus
complètement blanœ. Mnis sa pca u était resl.ée,
malgré le séjour de Paris, \'igour u.·pment colorée,
trop brQlée sans doute pour pAlir. Il ava it voué à
Jeanne une affection, un dévouement de cnniche,
et il y avait cles mGmen Ls où resi 't en lui comme
un remords d'avoir cond a mné SOI' maUre, d'avoir
oru au crim e dOllt on J' ac(;u~1I
il
11 aurait voulu revoir le prince. Il :lIi sembla it
qu'il aurait lu dans son œil S,L C'lllp'a.Jililé ou tlon
lnnocence, t't il ll'aur,üt pa,; été II' de: nier à le
maudir s'il avait réellemen t commis l'net yu'on
lui r proah61t. l\lais, selon lui, le prince d' l'gyll
étatt mort depuis longtemps, massacré aveC' sa fille
pend ant la nuit terrible où il l'avait vu dispara1tre
• au milieu de la mitraille et des balles, et le mys\ère ne serait jamais é<:lairci.
Vere dix heures du matin, la princesse, habillée
~
longtemps, sonna Dommique. Elle avait
paine t cacher son irr,patienre, son éney·vcment.
- Eh bien 1 lui dit-elile, personne n'est venu 'l
- PerRonne, madame. Madame attend cette
jeue He ,
- Oui.
- Lee lllu.io1l8 que madame s'était ralt~
durent
eeoere ,
_ Dee .!IODt revenues. Cette nuit, rai pensé. J'al
...... la 'l'olr, Ile lui parler.
Une demI-heure environ s'écoula, puis un 00\14)
_
netLc se nt en \.endre.
~
se leva bI"l.l6quemenL
- C4W14 el~
1
IUle devint toute pê.le d'émotion.
.... porie s'ouvriL Dominique paruL
- C ..t lui, dit-iJ.
-- 0"
h.. ,
_ c.& bomme
-lofI
1
__ Out ~"
_
_
.....
..,...
_
y
'l~
•
qu~
~t
)01tA6
que Mose ,
rnadam vellt-/'lle qu'il y oit Y
hommt> ne v ut Po,s que je voia ceLte
&16, que je lui pa1'le.
(
.- :\ladome se fait des idées murmura Domimque.
'
- Où est cet homme ?
- J e J'a i . in troduit dans ]e salon.
- J'y valS
Et Jeanne sortit.
Qu~lq
es
secondes aprl!s elle était "'n pr6sence
de IL1.ns Schmutt, qUl atten<lu.iL a 'sis dans un
[auLelJll.
En \' ~yan
t entr er la princesse. en peianni, ses
il euL une émoLion
cheveux. blOill,ds ~écouve['ts,
Ce qUI ne l.ava lt pas fr(l!1 pé ellcore. l'uir de r~ssemblance eXIs~nl
ent re Henrielte eL elle lui
ta
aux yeux LouL li (·oup . 11 pCll<la .
,sau
- C'est singulier 1
.
Et c'es t tout 6nm p~r
cetLe constatation qu"]
leva pour saluer la pnncesse.
1 se
- Que m'a-l-on ùit, m onsieur nt celLe-ci en
Lrant. ~otre
fille est souffrante '?
en- 9 U1 " m a~me.
Aprœ \'o tl'e départ un Petit
n;/t.l mse 1 a pflse. rh ! ce ne sera l'ien
h
,se àt.a
d ajouter le bonhomme.
Puis, d~
elopant
son paquet, il ajouta .
- Je n al pas voulu la laisser sorl ir Je
vo~)u
no~
pIns fa.ire attendre m[]{l~
t <!-l pas
SIlLS permis de venU' apporter moi-mêm eàe Jde me
les petites aquarelles.
e m a ame
- Asseyez-vous, dit brusquement Je
déçue.
anne, toute
aUe prit les dessins, les examina
- C'est fort jdl~
dit-elle. Votre fI.l~
a ..,. .
du talent.
.. aunen'
t' J e ne vois pas la note que "ous d
. "
- l\la fille l?'a pas voulu faire de O.ri~vào,nde
- Pourquo. ça ?
......... ame.
- Parce qu'elle a pleine confiance dAn .. la .
tice de mo~lie
.
......
)usJeanne sonna.
_. ·\1 pOI'II'Z-ù110i, dH-elle 'f t Dom "n'
présenta, trois bille ts de mille fradc~qu,
. qui se
clef:3.
. Olel mes
- Cela fera cinq cents Irancs ar
ellp à Hans Schmu tt. Est-cc ql1'" J o.de
~qlarI1t,
ditfiUe se ra f'aJ.~sril(>
?
.
10lseLie votre
- Oh 1 m ad am c, s'écria l'ancien brucon .
. e Il e n 'aurt_
"été·
tA
mrus
" SI gé nér(lu
~ ment
énter,,..Domi~f(ue
renLI
~ai t avec l'IlI:gent. paYe.
La pnncesse pI"lL les billets les rem't .J.
ScD)mult.
' J G Han.
- Voici, monsieur.
L'homme se leva.
1/ se di9(>OOIlit il parttr.
Jeanne é~it
t~ue
frémi &sAnte
Elle voulait lUi purler et elle "
't
Enf!.n, quand il fut sur le seu~
~aJI
pall.
n'y tmt plus.
a porte, elle
Elle alla à Ha.ns Schmlltt t
press ion de ea phy:sionomie: out étonné de l'er- Rentrez, monSIeur dif.ell
, .
L'nci~
bra<:onnler 'la r g!~J
III à voUs pa.rJer.
Un fr'isson p&!6a en lui .
Il.
- Je suis l vos ordres
forçant de rester calme' et 'u mnd
,~ , dit-il, s'd,
revult ~/jn
le salon.
n' .
noue avans vu hier.
Pourquoi n'e8trelle pas nnue elle ,
EUe eet soutrr8Jlleuffranlre'
Ji parait.
v~yer;
bien, s'é;crin ln prince~s,.
fncapa_
V
mt\.l~T'Hr
on ém otion. Vou:> voyez bien qU'i!
~lj
oua!!.,-w
VU
il Y flllt un in ~ tan
de sil~nce
La
blait ohercher ce qu'elle ftlillit 'd'
prinreSl semuLtend lliL, ne sachant que pen!SC~
' f" fl mtfl Scbmutt
Enfin, J /lnnc de Keml.Hlfj('n c
Ne vous étonnez paf! m nmmPII(.a :
je vai<; VOLIS dire eL répo.d~z
~l!1SICT"
de .e que
Cl ll ,;li fi,.
- ,J vous prie, à mes
- ,J vou écouLe, rnl.d flJrle dit'
"
l ancIen b ~OU"
nier, (lffoclanl un gr8.ll(\ ca.l m~.
1
�LJ Nuit Rouge - -~
__====== ===========
Cette jeune fi lle, fiL i\lm e d'Artenay, que j'ai
avec v ous, chez vou<; .. .
-- Eh b ien? dit l'hom me.
- C'es t bien v oL re fi lle '1
Hans Schm',lll fit un mouvement brusque, puil
• l'épandit viv em ent :
-- Ma is oui, m ad a me.
Et regal'ua Jeanne.
Celle-d éLait deven ue toute rouge, toute confuse.
.
.' .
.
Elle béga ya :.
monsIeur, malS SI vous saVlez 1
- E xc u ~e z-m01,
Et elle écla ta. en sanglots.
Hans Schmult se leva. 11 était fort émotionné.
Quclle éta it ce tte femme '1 La. mère peut-être.
TI se r a ppela les recommandations du prince ;
que per sonne ne sache, jamais, avant que j'aie
réh abilité m on n om !
Au!.:une e xce plion n'avait été faite pour la mère
de la jeun e fi lle, dont le prince n'avait m ême pa.
parlé.
Il a tte ndit 1ue son interlocutrice fllt Temise un
peu, puis il dlt :
- .\ m on tour, madame, permettez-moi une
qu estion , une se ule.
- Failes, m on ·ieur.
- D,w" fjlH'1 bu l m 'anriez-vous dem andé si Henriel
~ L', 1 bi en Jlla n!J ?
« Fr, t-ce que vous lui auriez trouvé une ressernbla/l(' ? Esl-ce 'lu e ...
La mère n e le laif;su pas aen ver.
'
Ell e sortit d<, son s.e in tlne pewtt? miniature, qu'elle ù(,nna il Ha ns, Chll lutt.
D ~qu e cC'l u'i-d y eut jeté les yeux, il se recu1~
ébl ouJ.
- Qu' est cela '1 fit-il.
- Le rortrait de ma fille Il quatre an!.
- Le [Jorkait ?
- Oui...
- Eh ! bil'n , fit trsnqniIJernent l'ancien braconnier, s' r ff'J['ç,tnl rJ(> ca.cher son trouble.
- Vous ne trouvez pas, dit Jeannoe qu'elle ra.
semMe ...
- A qui'
- A voIre fille ....
- J ~ ne vois pMl, dit l'homme... Tous les enfants,
quand ils sont hlonds ... et d'aillf'lIrs y ressemblâtl1e, cr n'ps t pas III PN'sonne que vous supposez.
Henri etl.e ~t
!Jlen ma flj]e ... Je ne l'ai js.ma.lS quit~
.... (lIns.l...
poodallt qu'il rArl.ait. la prinCC6se ne le quittait
PM des yeux,. fOl~t
~ O~
regard, épiait sur &Il face
Je moindre sIgne d (>0101 Ion, 10 momdre tre.saaill&ment de sa cllllir. Elle dit brusquemen' :
- VOtllS me m nlez 1
Hans Schmult sursauta violemment..
11 étAit Ll cv '/lU très pAle.
- Moi, ma dame?
- Vous.
- Et d/HIS qupl but' .
- Je ne S II1B pR • mflls von!! me mentez, fit la
prl.nœs."p, tOlit e fi {> vI ' lIs r, je )(' vois ... je Ir sene...
Cette j "l1l1e flll€' n' l'R t plJ~
volrf' fille .. .
1ul8, I11MUI11(! , fil Hilne Schmult, fort Lroublé.
- 01'1 f>S t la mi're ,
- La 111ère eel 10111'1(> ...
- MOlllI'l'z-moi d Cl:! pupif'rs, 1100 preuTe.
- Mai s, IIllldollH', (' récria l'horrlm('.
- C'l' 1 vI'ni, 1I1111'TrlIITII Jrnl1l1e se calmant un
pou, ri Il /H' V OI ~ y 0 /) 11-(1', .Je 9Uis fol1e 1 Mui.s ei
vous 'IV"
~ ('1' qlh' jl' flll ffrr 1
Et de nOUVI'lIli tll 11l1l 1llt'ure u C milr se lnit il pleurer.
Hun R Sl'IlI l1l1tt, 1,,1''1 (' mil, s r prt'''dpi1.a v l'S '!Je.
•- Jr \'( "l ~ /~ ~ 1I" f!, Ill /l dllmC , quI' vous VOllS lromp!'Z, Vfl ll " II V,'l. i' lt- I hl ~{'1
pnr 1111(' l" . semblallce.
Il llnl'i l' tt p n" 'I't fi 1 Vll t", fllll' . . Ci'li l rll a fill ,. 1
- 11 JI!> VI' ul r l/ 'Il (lin', p 'lilla ln princesse, mal.l
le 6&U1'al... Ulu.i!:! il faut que je sache 1
-
vue
i,
51 -l?!I
Et poUT ne pas angmf>n ter la défiance ,de l'hnJ'Tlme, vova n t que celul-!.:l, dans un bill qu L 1, ~I
r ai t, n€ voula it pas r évél .. r l'id enlité de l'ellf,mt
confi ée à ses soins, elle essay a de dÙlll iucr un peu
ses s entimen ts.
- E n effet, dit-elle d'une voix plus calme, il
est pos:;ib le qu e je me sois lro1111,'::e.
- C'est S(l r, madame.
- E n effet, p u ii'q ue vo us me l'affirmez. Vous ne
voudri ez p as, s 'il y a va it un d oute dan~
votre es.prit, priver une enfa nt de sa mère, une mère d.
sa fille.
- Assurément, dit Ha ns Scnmutt, qui fa isai t d$
violents efforts pour d:ssi muler ses imp r œsio ns .
- Ce serait une mauvaise action, presque \Ill
crime.
- Un véritable crime, en effel
- Songez, monsie ur, pou rs uivit la pa uvre mère,
toujours en larn~s,
qu e j'ai él.é sépa r e de ma
fille, quand ell e avait quatre a ns, à. la su ite du plu
effroyab le des mal heurs. Et qu an d j'a i rev u ln vôtre, là., blonde comme elle, aya nt l'Age qu' elle d
vrait a voir...
Les s angJots l'interrompirent.
- Oui, ma dame, bal
u~,
a Hans Schmutt, je comprend s.
- Ne .m'en v(>uillez donc pas de ce que je VOlle
aJ dit, lies paroles peut-être un peu vive.'i ...
- Oh 1 m adame , pl>() t ,;Sta l'anci en b raco
nie~.
- Je ne vou dftrna nù(>rai qu'une grAce.
- Parlez, madam e.
- C'eot de voir votre enfant quelquefois, de po~
.,ok parler avec elle. Elle me rappeLlera ooIle qui
m'a éLé elù evée.
- Oh 1 mada nl<', TI ' nrif'tte sera très heureuse.
- Vous m e l'enverrez, n' esl-ce pas?
- Mais cel'taincfIIC' nt, avec le pIn. grand plaisir.
Dès qu'eUe pourra sortir.
- En effet, vous m'avez dit qu'elle étai t souf-
frante.
- Oh 1 rien Gp grave, hellreUSC'ffi..:nt,
- Je vis seule, bil'r, tliste , cont inua la prince:m&
Sa vu e, sa grtlce, sa g Ul(' té rg a ieront ma solitude.
Si t'lie ~ b...\Soin de protection, elle pourra compter
s!il' mOI comme SUT une mère. Elle a P('I'11U la
sIenne . P eul-être, à fOl'ce de tell<lr(>sse, la lui lerei-je oubli er un peu. EII., l'u connue '1
- Non, n18rlarne, Henrielte était trop jeune.
- LoI'sque votre femme CSlt marIe?
1a femme ? s'écria d'un ail' étonné B&.e
Schmutt, s'oubliant.
K Ah 1 oui, fil-il aussitOl.
Mais il avait eu un moment d'hésitation et ..
trouble qui n'a vail pas éehupp{> a la princesse.
- Oh 1 oui, pen 'lu-t-etle, il me m ent 1
De son cOlé, J'lm C'Î en bl'oconnif'T éLait déso16
J'embarras qu'il avail InÏlisé parattre.
JI eul p cur dl' se trnhir.
U dit vivcl1 lp nt, p ,.lIl il !'l'en aller.
- J e v us ur lllonu e purdon, maU! lIenrieUe
seu,] .. .
- Oui, oui, allez, et envoyez-la-moi l~ plUil t4a
possible.
L'ancien braoonnirr Mlua t sorlit
Sur l ' scull de la port, i1 se dil :
- , Cdlr, lcrnnlf' es t la . prin r'l'sse d'Argy1t... la ...
~
d II COI' 1 lit;. POUI'qU OI 1/ I-elll Pl';!; IHl roux
J,. n' ui pat' le dl~
1 dl' lrll hir le sccrpt qui m'a'"
oonfi ll. 'I n:B s i le ph ne (' lai t mort ? .. Si. .. .
r':l lr plll l\Tf'. hon mlP ti ' é lo j ~n n en proie il. la P
gl'"ndr p~'rl"d
l {> qU'II r Ot ,'/lnnue cncol'c.
. D .' q ll il ('III d,. pll r u, ln pnn ' l'SliP uppllva sor U
.
tlln ur '. La fl'll1111<' df' dlUlTlhl" pllrut.
_. Appel!'z 1),prl.l1i qu,!, fit J canll{' tC/u t nbvreaee.
- 0 I l, IllllcJ t tnlP .
El ~Il ul d DI/Ill ini lp l(' lul là :
:- 1',.11 bi l ll l '6(,I'1I1-t-elle, mee pl'ei!8t'ntlmeDt.e JIll
m av ule /Il pme; tl'l)]l\/l6e.
- ComtllP11l ? fit le vioox serviteur eR8.N\
1lOIJl'
�52
~
La Nuit Rouge
=~
- Cette jeune fille ...
. .
- Eh bien?
_ Je ne .:;a.is pas si c'oat ma fille... Mals my a
mi mystère dans sa vie... Cet homme n'est pas son
;père.
- Il vous l'a di,t ?
_ Non au contraire. Il m'a affirmé qu'Hennette, el~
s e nomme Henriette, un .nom ~'on
,lui a
11 ma 0:1donné, ne sachant pas son nom véntabl~,
fu'mé qu'Henrielte étrut ~a
~I e ., :\!als Il ment, Je
l'ai pre.€s enlj, je l'ai dElvmé, Je 1 al vu ... Mille dé\a11s ...
_
Alors
dit Dominique, que l' a ir convaincu de
sa malt.resa e avait fin i par ga g ner un p eu, qu'est-ce
que madame va faire ?
_ Il faut que je voie cette jeune fine, que je
rinterroge. Peu t-êlre m'a vouera-t-elle, elle ...
_ Madame veut aller chez etlJe ?
_ On ne m'ouvrimit pa:;. Il m'a promis de me
renvoyer, mais il ne me l'enverra pas .. Et si je
n'agis pas de ruse, peut-être ne la VelT8.1-Je plus,
- Que mad'a me, fit Dominique, me dise ce qu'eLle
ilésire.
- Eh ? s'écria la princesse, le sais-je moi-même?
La voir, voilà ce que je veux. Il Iau t que je la
lOie.
- Je puis peut-être, dit le vi eux s erviteur, alller
mez elle. Moi, la voir en l' ob sence du père.
- Est-ce qu'on te r eoevra ?
_ Il faudrait, je n e sais par quel moyen, en
payant des gens.:. la concierge.
.
- Oui, la concierge, peut-être en lUI donnant une
~some.
.
- Oh 1 quelques louis suffirai ent b ien.
- Ce que tu voudras. - Eh bien! il faudrait
lfue la concierge puisse remettre en cachette à la
jeune fille un mot.
- Un mot 7
- Un mot qUI! je vais écrire.
- Mais, madam e, dit Dominique, rien n'est pLus
.iaclle.
- Tu vas y aller 7
- Tout de sui Le.
- Apprêle-toi, je vais écrire.
Et la prin'cesse s'installa à .,on bureau.
Hans Schrnutt traversa d'un pas lent, indécis,
Je parc Monceau, prit les bouJevarcls ext6rieurs et
&e dirigest vers la rue Roche-chouart, l'esprit fort
préoccupé, &e demandanl ce qu'il Illlait faire. Pour
lui, il n'y avait qu'un df' voir : suivre I(>s inodica~ions
qui InlÎ avni enl 61 é donn res pa r le père d'I-Ienrjelte éviter tout contact de la jellne fille avec une
personne pouvanl lui apprendre qui eLle était, même si celle personne était sa mère, comme il le
soupçonnait.
Henrielte l'allendail avec une fébrile i.rp.patience,
espérant Ile n savait quoi.
Dès qu'elle entendit 80n pas daM l'antichambre,
elle courut à lai.
- Eh bien 7 tH-cll .
_
Quoi? demanda-l-ü aa.n. paraltr. CGmfl'M.dre.
- Cette dame ,
- Je l'ni vue.
- LèS aquarelles ?
- Voici.
Et il jeta sur une tubl e I('s trois bill('!.e de mille
lnlnrs.
lI cnrietlJ: pou :"S!! un eri de joyeus e s urprise.
_ 'l'r oL u lÎlll' f l'nllel' 1
_ O ui. ElJ' Ille l, . pny{>p" c:i llq ce nts (mn cs la
)i èc ~, C'(· 1 joli.
"
1 _
C'l'st !' ll JH'l'h p 1 S'{)(,r'l1l III JI' Il IlC n le en thou,iMm ~
.In 'IlUl ~'luris
Il. i' lII'I"rpl{'1'
un e s i
rt"
-.1
-1
f/l;I d' y IIl1c' .' Illoi 11161T1p,
L
Il
olnil rie l'in!rll'
r
t", Il'r' ) ','ndl" d
~
d~tai1s
.sur ~te,
d8J'!le mais elle voyait à sa phySIOnomIe qu Il n était pas disp osé à l':'!'ler.
Elle dcmand,a, pour dire quelque chose:
- Elle est nche, cett-è darrne ?
- Sans doute.
- C'est beau chez elile ?
- Pas mal.
- Elle n'a pas éLé contrariée'
- De quoi 7
- De ne pas me voir.
- Elle a éLé désolée d'.apprendre que vous étiez
souffrante. Et elle m'a donné un conseil
.
- Ah 1 fit Henrit~.
Et elle aperçut qu'Hans Schmutt rou e' issait
- Quel conseil 7 demanda-t- elle. '" .
.
- Elle m'a conseillé de vous fa ire voy a aer un
peu. Le .cha~g
e f0ent
d'air vous fera du b ic~ .
- 'Mals, dit vIvement Henriette, je ne s uis pas
maJ.ade 1
- Je le sais, dit l'anc!en braconnier mais VOus
n'êtes ras fort~.
11 y Il: lon~temp
s que n~us
n 'avon.s
pas qUltl.é Palls. Et 11 m a s embl é auss i qu'il s erait :sage de profiler de cet argent qu i n ous t ombe
d~
~Iel,
pOllr nous d6payser un peu, pour a1l er respIrer 1 ai r pUt" de ln met"..Je sens qu'à moi-même
déplace.m enL n e rer a,lL pas de mal.
ce
llenneLte nc, di1 , n en. 11.:11e pC!u:;fl. :
- Il ve.u t m e loigner. Qu 'y a-t ..il, donc 7
Han:s SCJ:lmull, la voyant silencieuse dit
vous ~oUIit
pas? '
- Celte Idée n~
-:- Je n e ~ongtlaIs
paIS, Je l'avoue, dit Henriette, à
qUItter Pans en ce moment.
- M'Di aussi, il y a une heure je n'y pens .
guère.
'
alJl
- Et VOlLS êtes décidé maintt'l1ant 7
- Tout il. fait. Il faut même que noue .......l ;
tout de suite.
r-u .....OlUl
- Il faut 7... fit la jeune fille.
. - Dame.1 pourquoi attendre, quand une décisIOn est prise?
- C'est, murn1Ura Henriette qu'il
pour pa'l'lÏr bien des choses.'
me ma.nque
te Je n'ai pas de toilettes.
- Où l,ùtiS allons, n<lUS n'en aurons pas b
.
esOIn,
- Et où a:llons-nous 7
- Je ne suis pas bien fixé encore Sur
eJ
petite plage perdue.
'"
qu que
La jeune tille n.e paraissait pas se presse fi '
rait ,e~l
ne savait quel mystere dans ce ~é
aJpréCIpité.
parL
Han s r. hm~t.
reig~t
d'être très joyeux
- Allons\ dit-Il gllien 'ni, il. la b es àg~'l
- N ~s pa rlons J~nc
1 fil Henriette.
- MaiS LouL de S'ulle.
- Aujourd'hui 7
- Dans une heure,
- Pourquoi tant de Mte ,
.
,
- Paroe que je sUÎlS impatient d
le6 ch:arnps,.la mer, dit l'ancien b/ ;evo.lr le.s prés,
entram fa.ctlce. Et toi, ajOuta-t-il ' aconn lcr a vec. un
ne fiLle, - ce qui lui arrivait qun~
Vl~?y,ant
la. JeUr
tent, tu ne sera.9 pas heureu.':le 1 a l~ très ,oonment, il pleins poumons 7...
de re&Jlu'C I' Llbl'eLa jeune 011 ne 1'6pondit pas
.
Elle sc rapprocha dc SOn è~
gardant dans le bllln c de>s y Jx .e adoptif, et le r '- .1 urez-moi, dit-ctl e, Cl iJ ~("
v
d'au lr c but que> de rt ~ ( :: Il'" r I' , ).. nY I ' ~ e n ' Il pns
Huns 8chmuLl lrr!;snil lit m n1~:'
~ Iy grnn d fi Il' 7
EL quI'! au lre but ? donillnd tl!l!. ,
grand 6lonnr rrtent.
" -1 , fClg/lnnl. \l n
1.(' bll !, [nu' e.'c mplr, fit n PIIrll'l te dl', m 'J. !ol'_
guer dl' (' 1I f' ri Il !Or ,
'
1:
- Q IPI!P !la me 7
cc m _
lü; Lu dUlllc chez laqu C'll e> vous Nœ al~
[.'
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En
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\II! 1-\ 11 le tI(oI' 1
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(J\'I'C 1l1)\I.
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1 '1
.
TI-
�c;-.:r La Nuit Rouge
naissions pas, qui n~ savait pas que nous existions?
- C'est, nt HenrielLe, qu'eUe m'a regardée d'une
SIi singu,lièl1e façon !
- Eh br n ? dit H:ms Schmutt.
- C'est que si je lui étais tout à fait indifférente...
- Vous Lui avcz rappelé une enfant qu'eHe a
perdue... qw avait votre àge.. . qui vous ressemlilait.
- Elle vous a dit oola ?
- Oui.
- Ene ne vous a pas dit a1lire chose?
- Qu'aurait-elle pu me dire au.tre chose ?
- Que cetlE' enfant n'élait poo morte peut-être,
et qu'el~
avait cru ...
Hans Schmutl regarda la jeune tuJe.
il était devenu tout tremblant..
- Que pensez-vous donc 1...
- Que cette dame a cru peut· être retrouver en
m oi sa fille, qu'elle aurait voulu me voir, m'interroger.
L'ancien braconrùier devint très grave.
- Et qu'auriez-vous pu dire que je JI' uie dit moim ême... que vous vous nommèz Han'!> SclJmutt, que
vous êtes ma fllle, qu e votre mère €6l morle, et
que ceLLe dame se trom pe.
La jeune flHe courba la tête sous le rcgard de l'ancien braconnier. Celu i-ci reprit :
- Eh bien 1 s'il faut vous dire Je. vérité, nous
partons purce qu e je ne veux pas que cette dame
vous revo ie, vous mette dans la l!'!te des idées fausses, s'imag ine elle-m ême des choses qui ne sont. pn.s,
qui ne peuvent pas être, affaiblisse l'afr
ec~
i on
que
vous avez pow moi, paul' m.oi seul et ~l.
V?US'
m'aimez un peu, vous m'obéirez sans d:iscusslOn.
Il paraissa.it furt ému.
Des larmes pcrlaient au bord de ses cils.
- Je snLs prêle, dit Henriette, à vous obéir, à
'W>us suivre.
Et en eLl-m~
elle ajouta :
- Oh 1 je Murai ce qu'il en est, je reverrai cette
dame 1
- A11ors, dill'aneien braconmer, satisfait de cette
soum ission apparente, apprêtez-vous.
" Il Y a un train dans une heure, nous n'avons
pas une mlÎnu Le li pe/"dre.
Henriette entra dans sa chambre.
JI y avait cinq min~te.,
à p~ine
qu'elle avait qllitté
avec so n père ndoptlf la maison du bou levard Rochf'choua·rt qua nd D.ominique s' y prés enta porL ur
de la l e~tr
de la pnncesse.
AVllnt de dire un mol. à la .concierge il ava,u fait
lu irp sous S('B yellx troIS loUIS de 20 frnncs.
- Qnr fllu l-il faire 1 demanda aussitùl ta vieille
femme éblouie ...
Hien d
diffieilt:... l'emettr li Mil Han s
Sohmlllt, mais à elle seule, il l'ins u d e son pèrc,
cetle Ictt1"e.
Et le vieux sen-iteur eorlit la missive de la princesse.
Snr un mouvemL"Dt fail par la concierge il s'emprœsn de dire :
- Oh 1 ce n' es t pM une lettre d'amoureux. C'est de c Lle darne, ma rr,lullr as , que VOli S avez
v,ue hi er . - Je ne voudraiS pas que vous pui ss il;!z
o1'o1re ...
- Mals CP n'('st pas c ln, nit la pi~lct,
qui m'a
fait faire CI' hu ut-lr-cr)['pô, c'('sl t(ue Je nr snis pas
oommrnl jl' III 'UTTui la lUJi rellletLre, il cette jeune
fille, votrr If' I/'
- CoIlHTIPnt Çf ':
- Ell' n'Ni! plUl! ici.
- li in ? fir 1111111 i/wlne avec, un brusqt!c su:saut.
- Elle v1rnl de jlu,J'LII' il y n a Il pus diX ITIll1utcs
&Tee son pi!1 e.
.
,
- Mnis ils vont rav nJr ? se htt.La de dlr le VICUX
eenÏleu r.
Sans c!nnl , male Je ne sais pas qUUJI<l. III
liOIlt en voyage.
53
- Et vous ne savez pas où ,ils sont allés 't
- Ils n'ont rien dit.
- Vous ne iSl8vez pas quelle gare? ·
- J e ne ais ricn de rien
Dominique scmblait for t déoontenancé,
Il ne s'attendait pas à oette clésillusion. C'étam
d'autant plu.s fâcheux, ce brusque dùpaI'l, qui doo
nait raison aux soupçons de la princesse et qu'Il
<lelle-ci lallait êLre désolée.
Il b égaY'1, l'air désa.ppointé, comme ISe parlant
lui-mé1ne :
.
?
- Comment ~aire
- Oh ! ça, mon cher monsicur, dit la conciergl!'t
je l'ign ore. TouL cc que je pui,s faire pour vo ~
c'est ne vous prévenir quand je sauMi. où ils sont d
qlJiand ils seronl de relour.
- Oui, dli.l Dominique, f,aites oela, tàohez de S8.~
voir.
- Je vais faire tout mon possible.
Elle voulul '!'en{\re l'argent que le vie\Ll:: ,dromesf.i!.
que lu'i avait oiTCl'l.
- Non, gard<!z, dit-ia.
- Vous êlc bicn honnête, bégaya Llr. vieille femr
me, élou rdlie d'une tell e géntlrosité.
- l\lais je compte .sur vous.
- A la vic, à la mort! s'écria la pipelette.
Et Dominique s 'éloigna.
Quand il apprit à sa maltresse le rés ulla'
" i f'
m1ssion, celle-ci r es ta en proie à La plus ~
désolaLLon.
.
- Tu !Vois bien, s 'écria-l-elle, qu'il y a qLleu~
dhose et que j'avais raison.
- J'en conviens, madame" dit Dominique tmsl
;pena'lld.
- Ma fille 1 s'écria Jeanne, <c'est ma 'fille .. . M.
cœu:r me Le dit. Oh 1 je La œver.rai 1 Je ne veux put
mourir .s.ans l'embrllSSer 1
VIII
de deux semaines déjà qlle le prin",.
Il Y il. 'PT~S
d'ArgyB .a reçu la visite cre la femme du geÔlier
l'he'UJ1'e de dlélivrance n'a pas encore sonné pour
lui. L'au,r aÏt-on oublié ou Mal'gueriLe n' au rait-el~
pas pu t.enir ·a prûme, se 1
Chaq ue so ir, ,d'ès qu'il se trouvait seul dans SI/l 0t~
Iulo, il se j Lait à g,enoux et, lcva nt au ciel d;es
mains ,désosp('rées, il 8jplpelait sa femme, sa fille,
sa fi mme qui l'nvAjt condamné, mni!'l qu'i l es'p(orai
oonvainC're". Sa fill e qui ne le c.onnn1S'lH,il I}(1R eC
<lont. Ics car s('s lni cl18.i nt sI dow'ps ! Vivaientell scu lement e t les r eLrouverl>lt-i l ? Il n'avilit nucune n01lvr ll e dans l'eslJlèce d lonlbe où il élait
muré. Mais il lui s mbl ai l (~1e
dès q1l'il srl'ait libr
son cœur li> conduirait ver elles". l\l ui' libre, )e eereil-il ja.mais ?
Il en dOUJ!Illil de plus en plus, quand un , air où .
éLntt rpJous sombre que jamais, l' prit hanLé de plu
noir visioDlS, ln porLe de son cachot s'o uvrit bruISquemenl.
En même temps jtJ sentit Lambel' ."lu r Iu.i un ~
qurt qu.i h~i ~embla
~tre
un paquet d'h abits, et un
voix J·u'/ crllut :
- Vitc 1 h.lJ;billez-vous 1 Nous n'avons pue uns:
mlnnte à pe/'<lre.
C'élJlit la voix d MiIll'gu rit.c.
Tl se Jeva et !le mil à sc vêtir dans l'ombre, 0'0Bllnt pliS pllrler. La fcmme nnn p in Dr nis&!
rien. Ren('ogn(oc clIans un ooin <le la cellule, dont elle
aVilit r fermé ln porte <1 l'riè rc e1l r ll e eU nlÙli
silf'ncieu."le, l't>''pri t lrop inqu.iet, l~ ()WW' Lrop 0l'.pro 00 pou/' pouvoir 1)8 l'LeI'.
Au bOlll ,c1 'un instant elle dit :
- C'cst prêt?
- Voilà, ..
- VI(>.nez ...
�~
54
==========================================
Et eUe prit l!l JT1nin de n"nt!>, qui tremblait aumnt
qu'clle, pris de la même anxiélé ...
Ils snrt:ren[ du cll/'lhll, 1 ({enlièrent la porte et
'Cn"1i:ll'J'ent dans nn rtédal ' de couloirs cwmbres.
Lu nuit "'tail for! noire... sans lUlle. Les lt:uùbres
!SenJb!a;ent ;:umpact s.
.
Ils n,urclIaient Sllns un mot, ln maIn dans la
main trassamant au moinùre bruit, tout gla.çés de
h te~ru
de ne pas roussir.
nI' h0uCfôe d'air fl'ais frappa le vi.sage de René...
La femme s'arrêta.
_ Voici la clef, >dit-clle au prince, en lui remetr
~nt
dans la main une clef fomüdllb!.e. C'est la clef
-de >Cl porte d'entrée. Vous allez oll\'rir vous-même.
V . êlt;S rilon mari. VOIlS sortez pour une ronde,
et vous m'emmenez pour que le teIlp~
vous semble
moi.ns long.
,
, ID ne s'étonnera pas . .le l'tli acoompagné plumeurs fois d,ans ces derniCI'S temps.
- Jc oomprenclfs.
- Peut-être Lout le monde dormn-t-il dnns le
poste, et n'y aura-t-il que la sentinelle éveillée. Elle
Dt! f('ra pas attcntion à nous. Duns !Qus les cas, air
l"ébarbatiI, la voix >dure.
- Allons, dit René.
On t.raversera la COUlI' hérissée de pavés pointus.
De grands coupe de vent pa5Sa.ieot, sifflant dans
les tourelles,
-
POll1'V1l. murmura la femme, plus mcxr-Le que
que mon mari no l3e réveille p66 1
_
René sentit un frisson passer en lUil..
Ce seruit Soi t.errible s'ib étaient repris 1 Cette
lo.i.s, ce serait la fin. Plus d'espoir 1
Au fond des ténèbres une IUl/lière brillait, rougea.·
are 0t vadHant.e. C'était la lumière du j.lostc.
Rion d'ex lr.a urdiiru.t..ire. T,llll jJu!"uisl>Uil œlme.
On s'y dirigea vivement, le pus assuré. La porte
~ve,
ttait fermée. On ptl..ssa.
R né était en train d'ouvrir la porte d'entrée, qui
résistait, car il n'en aVilit I..as 1 habitude, le iront
glacé d'une sueur froide dans la craint.e de oe pas
la porl€ s'ouvril... une Lanterne
éclaira l'ombl'e. Une voix demanda :
- Ah ( c'est vous, Guillaume?
- C'es-t moi, répondil le IH'ince d'une voix rude,
~te
ln chair trl'mblant de crainle.
dit l'homme, resté su!' le sellil, soo f<llot
- ~lis,
la n.alO, met.n~
des rais de 11lllliôI'e sur letl ,lJa'Vés, VOlli! n'êtes pn:s seul?
- ,'on, ùiL René. J'wlIllène ...
réussir, quand
-
:\In Grf'tcllPll,
1~lrg\eiL,)
SOl/End
- J'emmène ma Gl'étchcn, dit Hené. Elle me
tiendra cOIltpugnle :
Bonne chance, dit le solda.L. Et il rafcl'Il1lU la
p>I'IA'.
n"llé sc remit il Lravnilll'r la ~cr\le.
TJ(")ignp lfOp fnible, eoil qll'il ne
COllnlH 1 ilS Ir. tour de muin qu'il Callait donner lA
cid !l'nll Vl'U i1 pn.s.
'
1I:,r"'IJI'I'itc; piNinl.\.il d'anxi(,L6.
- \ OIIS ne pouvoz l~
ouvrir .,
- Non
i\11l1 teril prit ln cler.
III 1 )111' \'if el III s 'rrure gl'Ïnç.a, La
rtl' roula
bD ,;IÎ IlL SUI' ,,('S gond;!. Derrière sc" t naît IR !WIl tjXl
,!j,Ii croba son urmt', rnais qUllnd il eut reool111U GuillaulTle et sa femme, il releva son (Ul)il
V'11l ne pouviez pa.s ollVrlr7 wirY.
S(.it qu'il eût ~a
,-':011, dit 1 Nlé.
-
-
Il j IlVliÎl StJnll oo\1t
.
l'rol)//hl'ill>nt,
1fW!"l'1ll't', lj01I~
qu.eJque ero.viac dans la
~ (''1rgu ('ri I.e.
m Ip. &()ldaL
fi 1 1 èr,'1l t.
P 'n lInt IllI :nn 1 nt, tant qu'ils fllrtnt 60tHl ll'e
eu
1. ln . ntin!' le, ils d
'D<ld.rr.nl lente.!11 nL,
'\Ill 1 ilS lJu'il r 'IHlIreut art
et cW.111f', IJ~Lis
d V1W!, Ua e'~La.ncèrtl
c1'un
fi lrllv rs les t.. illi.l et IN l"O('j}(·n ail rLSque
towber vingt/ois et d. 8. tlriller J•• Jambe •...
i
'3 CJII'il. fUI"('nt IIVI"8
n
(001
La Nuit Rouge
~
- Il faut, rut Ma.rguerite <Sans s'a.rrêter que
no.us ayo~s
Qépaf>sé le vilag~
avant qœ 'r6vé!
so~t
dCIJUlt.:. Sans cela n()US sommes perdus La
vOl~re
z;t0us. attend hors du village.
.
1El!le n avaIt pas achevé qu'un bruit soudain le.
c oua ~ leur pla.ce, à demi morts d'én.r.uvant.e
C'éLrut un coup de (eu.
~' .•
Qui avait tiré '1
La sen.tine11e, sans doute
L'évasion émit découverte.
Hs ~estèn
une seconde
anéanhs, 91
qu'ils
;~:aÎ'?7ienu!
pas. René bégaya :
• .,
- Nous sommes perdus 1
Pl:I is , snns.se donner le mot, d'instin t, il'
rerlllren t à (Ul.r.
c
s se
Jils étaien t arrivée au bas de la 11"
quelle était blltie la rorterestle.
co me sur JaLe village. était situé au pied.
Ils se Pl"~pILèrùnt
dans les l'ues pleines d''''''"'''
pen(}ant qu lI.u-d~s
lè c
ti· - .
,"" ..~re,
leU!' Cuite.
1
6J.lon rail pour signaler
Ils se croyaient déjà prIS
d
.
montra sur 1a route.
quan une vCllture se
- Sauvés 1 dit Marguerite,
.
!l'ec un crI de joie. Il
li. entendu et il vient.
- C'est vous?
- Oui, répondit La $cmlme du geOli
- M(j)n.t.ez ... et au lOIge 1... 1
er,
Ils sautel'ent dllns la voiture et 1
h
r1.l1.s d
t·
c eV8UX ciD
t;""e C01.1lpS de f
oue
VIolents, Ille es
pré'
·tè'
avanl d'une allure de bêtes emporl& Clpl reut en
Les deux fugitlLs resplJ'èrent.
6 ...
- Dan.s une heure, dit J'officier'
.
guerit~,
nol1S aurons passé la fronWè~:Jevut
Mar- SI. nous ne. sommê3 paa rattl'lipég' d't 1ft
me, quI tremblait eOCQrt'.
'
l "'" lt!m.
- Et par qui '1
- Pal' mon mari,
- II marche moin.! vite que DOl b
_ Et s'Il télégraphie...
c evaux.
- Où cela?
atterrés
-
ne
A la frontière,
Nous seruns passés avant l'arr· 1.. d
pêche,
IV"e e la dé.
Loo chevaux volnirnl. Avcc le venl
une violencp cl'<Iil<:::.onte il y avait. " soufflant. avec
gnù des bO\lrd(JnCi~
pioin- d dlln" la l'J/lnpn'la rUt'fll d', 'fl'üi les fugiliJ.,. '" (' Ill. '" cl qUI
l'\lX pIC' unl1e 11'61)'
:"luil> ct ITi~l"e
-
NP
ch{~val/.x
nlhu TIL Ir'op vilc pOUl'
<tl,
<tH ... Les
Un peu de culnl ' ('l1tr'8 dUlls 1(:s ~ 1 ".l0lIll:;.
C'Ctit;) Th'ine si i'offidcl' 1(' l'uvi' ,11lP'l'i.
ril", ovuil. (Ht. un Illot Ù c~tl;,
dt!I~<\.lr
d .. i\/I!IJ·l.(ue·
cÇl ,me elle à la préoccupation d IlIU P, Ilu,1 ('!lll1'r
tlèl'c p.l1Lre eux
1 le Hill Il.
e meUre la fronVoyant qn'il:; approchaient ct'
.
u ~lU't.,
11 lUI prit la.
m.ain Pl 1.1 ·(~rl'n.
La. jl'lll1e fplnHlP répondit il SOn 6t. .
- El IlUl nlle ?
l'Clnl.l> f,l [hl:
- Lc's ""11 -Ullt prévenus FIl
.
On nous ullc'nl.
.• e rloll t-lrc hnbilh"p.
Hl'né "6l<Jit ['nf 1I1Ct' d;.ns le fr
flbwl'hé r.nr : S [lL'lIsées éto\ll" r Jl1t.(] d la vOj[lIrp,
lu Joil' ct CIrc lilll'c...
'
{ 1 e COllllllp 15l'i'i do
QU 1il.1lrl
1(\,\
('IIC'V;.IIX
s'lr~è
de l'èn 'S de l'ofllcicr, tout Son êlJ?l il lInr fil'
IdO
C sc. C(lU Ll'u ('La.
Il cul pC'ur d'un llccident d'
- Qu'c..;I-cl' qu'il y a '/' une lUll l'oeil'.
- Hien, dit la f mmc c.bu ge{)Ii
'
Et duvant lui le pl'inoo ,npprf' er, e est mil mie.
dont unI' f<'Il!'>tre ét.nil éclairé IU.~
une pelit.c' maison
fi r ierpr l l!·si"l1, rie r:cndu viVQTIJ('nt ver' Il.I'1 u f'J.lc l'ofT'lgl'll!t il. g/'t1nrlli pn8.
.
de vOllu rn, sc di·
Qu{'I'IIlI'J; IrtilJutcs se [)'(l. ~ èreot
I~nlio,
l'ofllcier parut, tenant un'
r
bru.':i.
en anL
d.ans
8efI
- VHl' ( dU·il. Et il grlmpu don
.
Il remit la petite À moitié S 1.11 V?ltur '.
,
enUbrll11C l\ll Lre le.
�'J
O"lf~
========-=
bras de sa mère, qui La couvTit d'ardents b:->i.~"
.,
puis, pre.tl ml les guiùr>.s d'une main, le f{Juel de
l'qutre, il l.oi ssa partir les chevaux, qti reprirent
leur gnlop uvee une ardeur nouvelle.
Au (xmL de viugl minuLes, un même s'W'5[\ul les
secoua.
- La frontière.
IDt iLs se nlûnl,.èrent un poteau, qui apparaiMait
tout noir, au boul de la roule.
Près ùe ce p')lt:an rl y ~vait
un poste de d(JOO.[l.Ïers
devant lequel la voilure devail passer.
C'est ce pu 'te qu'ils redoUlt.ai~n
Si une dépêc!le était arrivée les aign.aJant, tout
était perdu.
!.~
jour &C Jev!li.L. .. La campagne a'enveloppait
d'uuc bl'Ilme [!1'iSùlr'e qui, de millute en minute, allait en s' ed,Ù'l' i"s' ~n t.
La route (',: nit déserte...
Perso.! Il' devant le poste dont la. porte était fermée. L'uf.lcil'r .0 penchl! vers Marguerite et René.
L' ,ci r . l' 1 :1 lia vers Marguerite et René.
- 01'1 nI' , .. :1 rien, <lu,l-Ll.
Et tOllS t l;.~
.Ii:l nmt d.) joie.
Pourtont, 'luanol s'enlcndit 1e roulement de la
voiture, III port~
du poslt. s'ouvrit.
~n
hOlm~
p'~ru
t oU [' le seudl, regarda venir l'équnpuge, PUI') S UV;lDça sur le bord de la route.
- Rien ù déclorer ?
- Rien, répond it l'officier, qui s'était arrôté }>Our
perm'l'llre de vé.riOer, fin de ne pas évei.ller ...
8OUPÇ{)lU;.
Le dou,a ni er rt'gurda distraitement, fit un geete
COTnm c pOil!' nu to',:er le pil.:;$a,ge .. , et, d' u.n 00'U9
de fonet vitJlt-n ~ le conducteur enleva ses chevaux.
Il était l~.Jfs,
Au moment où il p'",",saient., un sonn f~e
s'~
lendnH dnns le p<l&le, un hulre homme accourait,
très aŒiLé, et on sc tournant Us virent les deuxhommes ";llf le milieu de la roule, lll.isallt des signes.
Il étéüt !.rop tard.
L'orn dr'l' cO/l lilllHi sn route et 9:1}le1ques instants
8J-près, La 'oi!.ure d6po.sait les 'lugiills d.&n.s une auborge sit ure 11 pnys sûr.
l1s éLai ni sa.uvés !
R f'!1{' P !,lI" ~p ila
à ~"<:noux,
dl81l8 un mouvement
de l'C('Onl1l1l1'" !D\:c, p ,r ~t li bai.ser La terreLI éLuit libre 1
IX
IJal' une nn de journée
la princess sc prornednIls les 1l11\f'cS pr~l!91'
dé erles dll [JOI!'C
l1IolC
1\ Il U!u,u, t;lIi 'iC' c~ DOI.
lue. quI nc ln q\Jiltll.i,l
plu.. "t'oLlIl: dl' dt'lliI, [nllJoul'S klsle, bien vieilli' depllis Cllll' 11IllIS l'U\on . vue, elle mUI'('hnit lenlemellt, Ill) <ll'ht'" dnll;; RPR pefl sé(·.· . Une bl'llnlP tOIllhllil, nlt'I.I/I li 1 1I1le /llll'{oole .l'ou~ptre
aulour des
becs cl .. gll7- Ilile rOll V~lItL1
d Il.llllmer. Lu malhell/'t 'Ils!, rt 1l11J1<' 5, "Nu l Il sn li , donl le 90Uv ni!' ne ln II1Jltt/llt pu s. Ellp .él t sllre mninle!lflnl (J1I" ["1 Lliii ,.11[' ql'~I
uvall ,vue, q1Jr. 1/1 prét .. nduC' finc' de lion SdJlnutt élllll Sil nul' il Llo,
Mni s oi! III rf'voir? Où ln l'etrouv r? Le soin
qu'oo mcllnil à la Clicher, à l'~kigcr
~e
su mère,
dan!i Ull bul CJue cc-lIe-ci ne s expllqulllt JUl$ confirnlll il lu jll'iIH'p;;;;C dans ('elle idée,
'
C'M.llit hien RIJ flU qU'l'lie avait vue, D puis,
}ln1Jr ln rl'll'f)IIVl'r, clle avait luut lait, tout lt'lIlé
Son 1'(' 111(11. I.n J '\lnf' flllp. n'avilit pM rllpol'l;
rll i' no h" thOllfl l'!. III jOli l', J'homme qlli .~ rllil!ll it
pn ·c'(' [1.1111' • !lU p~r " était VPflll p01J1' fnirl !'Illcv r II'
1111 Ilhl.'S, (.1 on nl'
IIVllll où il (ilnit nll{'.
La cnrll'it'I ", p/I\ (i\' pHI' r'omtniqllP, nvait suivi la
v itlll"
1
vuilu 1'1' 1'/\ v il concl" il(' il l'MLeI
•
(';~
und
ft
fJlr('1H~S
b, lit' ('J1lOiq~
jOllrs de
f~'olre,
.là.
:Ol!(l, Oll Hans Schn.utl u\"ait rai vendre son
n "hi':!'!'. Drnuis, )11 dp nOllvellc::;.
Cc (lir-là, elle ma li:->it rn~(
llin:lemenl, comme
de rOlltU1 I IC, ne 'lIlg!', nl OH" Ù. l'entl'er, p'rdue
dan, l 'o.t'cablern l"t uC' ,HI tl·j"es~,
qUtll1d un rnouv ITleu! qui se produisit à quelqul's pas d'e~
a t. l'a son atlenl.o,l. ')uclq IL:" l 'rsonnt'S en tourai l nt un banc SUI lec:u\!~
m,l) mns,'e sOlubre a.ppa-'
ra- ·.$(l lt, la forme d'UD L 'Tlme étendu.
La princesse appda Dum1nique, el lui désignant
le groupe:
- Va voir, dH-( te, 00 qui se passe.
Le vic" ': '<; .. ,. , 1"' :;., mêla aux curieux et J'&.
vint HU bont d'un itl~
JnL.
- C'est l in hmnll1c, dit-il, qui s'est trouvé ~
de fo.ti;.lc et cie b : in.
- Wu..'l '" u.c ct hUllime ?
- On n' sn:! p '<', Ull Iype de rOdeur.
chez moi. On lui donnera &
- J.'; ·s·l_' l 1"
man gu'. On 1 rp{ bauITera.
1 OUI. il sr, ' .
~
JI:! l\mll'c 'UU!' donner des ordres.
E t la prin ,'::; :)1> tllrigea rapidement vers _
maison , situéc il. quelques pas de là.
Dominique s'était faufilé dans le groupe qW . .
touraiL l'homme
y a-t-il, deman~-til,
quatre hom.mes •
})onne volonté?
- Pour quoi faire'
- Pour empOl't.er l'homme chel ma ma1'tres&e,
M, d.aos cette maÎlron, où vous voyez de la lami Te. On lui donnera dee 80ins,
Plua-ieura hommes se l!résenLè~
aussitôt,
-t. Nous, lfirent-iLs.
Et ias s'empa.l'èrp.nt de l'homme, qu'il: pmpor~ent
à travers le brouillard qui s'épai~.\,
Dominique les guidait
La prince. se occupai t un apparfelll l:.'!', . Hué au
rez-de-chaussée, précédé d'un petit jardinet dont
la grille ouvrait sur le pArc t\lonceau.
Le vieux ser'vilèur ouvrit celle grille, travel'S8.
le jO]'(lin, pOllssa u ne porte et fH ùéposer l'hommfJ
dm1S une pelil.c pioce précédant la srule il manger.
La princesse accourut aussitôt, suivie de la cutsinit)l'e ... Tontt'S h.'s deux tenoient. ù la main du
linge, de.s 08('ons ...
En les apcrci'vunt, les ?Ol'teurs Mèrent vl-vement Icurs chlilllealJX et leu rs cu~qlt'es.
Ln. p.rincesse examina l'hommr oll'on avait d6posé SUl' 11n rUlItcui,I et Cjui apparÎII dl,n:4 la lumil'T'e, d\lne blHnch ur de morl, la fuce ravagée,
le front rIdé, avec une barbe blanche incuJ,t , de&
cheveux en Msor<lre.
l~n
le voyant ninsi bru·squ(:'ment ~clairé,
la prinocsse avait eu un trcssai1lclll "ltl, l·ull!., ~ ckvan&
une vision.
l\lnis clle chassa. aussitôt cette pensée.
C'était si fOll 1
F.Jl· ct manda:
- Il n 'n pllS repris coni~
Ance 'l
c.m, IIIIHIHIlIt'. Depuis qu'il est tomb6 sur
le hu ne, i,l n'o po~
bougé.
"~
I .~
mn.lh 'ureux 1 murmura la muilr~se
de
Domin~1e.
l':l 1'11' donna des ordrt'!l ii
nnellr>, III cu kItel il Sil. femme de chambre IJUl veullÎt Il'accounr.
A ce moment, la femme de eharrlbre dit:
nil\r~,
-
11 a remué.
La pl'inC&iBe s'approcha,
On vit en errel trembler les paupièl'es du mlBéni hl 1.'.
L ' hOlllml' ouvrit l, yeux,
fI ~
l'elCVIJ fi c1 f1 11IÎ, tout effl1ré de voir autour
dp. IHi el's hClIllln t" \ CN'! 1"111/1 Il' '. '
- !lu hllllllloJ), VIle, dit ln Pl'lIl1'p-;qe
penchllJ11 Vf'r~
l'IIWIHlIJlI : VI\1I IlVl'Z rt\11Il
L'l!o1l111H' n' l'l'pOIlÙit !las.
?
�56=======================================
~
Une émotion intense semblait le tenir P.8J'aly~é,
san:" voix.
Quand la princesse avait parlé, un frisson l'avait secoué, puis il avait levé les yeux sur eMe,
et il était resté immobile, une stupeur d~
le re·
gard.
P"rsonne n'y avait pMs garde. On atflrilmait
50
hébétement à son état.
M,ais il éI vait murmuré tout bas, ~
bas pour
~ti'e
ent pndu:
- Bile!
Et de nouveau il l'avait contemplée.
Annelte accourait avec un bol plein de l>olill.Ion fumant.
_ Tenez. dit-elle, buvez ça.
Aachinalement j'inconnu porta,le bol à sa b~u
œe, sans quil.Lcr du regard le vIsage de la prm-
œsse.
Un des hommes CJ..ui avait aidé à le porter dit·:
_ Vous n'avez pilus besoin de nous 'f
- . 'on, messieurs, merci, répondit Dominique.
Au son ae celle voix un second tressaillc:ment
agita l'inconnu, dont les yeux se portèrent auseMt sur le vieux serviLeur.
Et il bégaya, en proie à une nouvelle sur,prise:
- Lui 1...
Il se remit vivement et continua à boire.
Les hommes s'éloignaient après avoir salué li.
plusieurs reprises la princesse et Dominique.
La princesse revint à l'homme.
- Eh ! bien, dit-elle, ça va mieux 'l ...
- Oh! oui, madame, fit l'inconnu d'un ton p6Jlétré ... Je vous remercie bien.
- MaiS qu'avez-vous eu ?
- Un éblouissement... la fatigue ....
- Vous venez de loin?
- Ob! oui, madame.
- Le besoin aussi peut-être, dit Jeanne.
- Oui, le brsoin.
- Il Y a longtemps que vous n'aviez pas
mangé?
- Deux jours.
- Deux jours! répéta la princesse.
Puis eUe ajout-n :
- Vous n'avez pas de travail 1
L'homme soupira.
- Vous êtes Lrop vieux peut-être pour t.ravoill r.
- Je n'ai pas encore eu le temps, madame, de
«ternander du travail.
- Vous arl'ivez?
-. Oui, madame.
- VOIlS n'é1, pas de Paris'
- Non, madame.
- Pourquoi avez·vous quitté votre paye?
L'inconnu ne répondit pas.
La lll'illcess ajouta. aussitôL:
- Je ne veux pa.s être indiscrète... Si vous
avez des raisons de ne pas paruer...
Oh 1 non, madame, répondit le vagabond.
Mla.H:l cela vous intérl"sseraiL si pou 1
Rl'flUC up, au contraire. Et si je puis vous
être utile ...
• Drll' se sentafL attirée comme mOll gré plIe
vers cet hornm . RII I~i
trouvait, ditns son maHJ\eul', un ttir de W'undl;lJr qui manquuiL aux auves mill{ornlllPs. 1 uis, dans ses YP\lX, il Jo avait
une douc~l'
et un lrLcltcsse infinies. D'oû vcnait-41 ? Qu'fol.uit·iI7 Comtllent avait·il pu lomm.r
si has? Son lun~Igp
él.lLil COlT t, sa tCllur rTigne. 11 n'ét
~ lÎt
vulgaire ni d'allure ni d'expressions.
I...r vipj11ard élait 1(' prince René d'Argyll. Sorti
de pri .. on cnrnmc nOIl l'avons raconté, il avnil
leiRSé n rout.c 81'S compltgnons, qnj allairnl se
rMJgi('1f en Suis~,
t jJ éuüt pru-li seua il pi d pour
le. France, car
n'uvait RUS a006z d'argent pour
~endr
le eht'min ùe Cer.
AVt.ùt traversé les Vosges, s'était dirigé' vens
n
n
La Nuit Rouge
~
le chAteau, ësrpérant avoir des nouveEes des sIens
H avrut vu le chlUêau, les environs dévastés
dé;serLs. Personne n'avait pu lui dunner des renseI.gnements. On ne prononçait le nom d'Argyll .
qu avec h OITe ur, ~t il avait dû cacher qui il étaLt.
~ le triste pèlermage 1 Il avait elTé ulle journée
entIère auto~
des grililes que la rou1ll e rongeait.
Dans Iii. régIOn, nul ne savait ce qur la princess,e é!-aJt dev~u.
Ii parcourut les cllcmins où
iU s était autreCoIS promené avec elle et qui rui
rap-pelalent Lant de SOUve.rurs. Dans la form, il!
aq~flh
C~étlanefiJoù
vi,:ait le braconnier à
,.
s!l
le. Rlcn. AUtune traœ
n ~n
étalt res,tée. Qu était devenu l'homme? Qu'étaIt devenu 1 en1ant? On ignorait tout de l'un ou
de l'aulre.
~ené,
qui avaIT été si heureux de se voir libre
êta;t retombé dans une tri.s tesse, dans llD décou~
raoement .prO.ron.ds. Il s'arracha à ces lieux dont.
la vue lm f~HSrut
tant de mal et
d"g
Paris. Il n'avaH plus d'arg-e nt Il se Irl ~ta dvere
les ferme
l' t '.
.
mangeaI
an
s,. e ces amsl qu'il arriva épuisé mourant
de
fatigue
et
de
besoin
et
qu"]'
l'
'
t
b
b
ct
1 se 81ssa omo
er sur un anc u parc Monceau, où il €S'PéroU
passer la nUit. Par un ha~rd
provid enLiel c'était
'Sa Jemme et un de ses a~eIns
serviteurs ul l'avalent secouru. Il les avait reconnu to l -' q
·f
'.
s'ile 1u r aval't été ImpoSSible
à eux sd 1u ,.e SUl~e.
r
tre dans l'état où il ~e trouvait.
e e reconnaLe. bou}1Jon l'avaü réchauffé, réconforté TI
senbalt I.meux. LI esay~
de se lever.
.
89'
La prmoesse l~
COIB~dérait
avec intérêt
- Vous êtes bien !&bl.e encore, dit-elle Où
a:l.lez·vous aller'
.
et
, vaT?r~e
eut un leste pour dire qu'il n'en
K-
- VOiiS n'avez pu de domicUe'
- J'arrive, madame.
- Et pas d'argent 'l
1illile appela Dominique.
- Aporte~mi
ma. bou·rse, dit-elle.
Le domestique Obeit. Elle prit quelques pièoee.
d'DT q~'le
mit dan.s la main du vieillard
Celun-cl la rcmer<:la avec effusion.
.
- M I8tnLenant, dit-elle à Dominique
conduire ce brave homme il. l'bOtel ie vor~
a.lle.z
~n.
pus w~
- Oui, madame.
Et le vieux serviLeur, offrant le brQ à
den maUre, lui dit:
son nn·
- , i monsieur veuL S'~puyer
su
.
El j 1: sO!'Lir~n
t tOll li les deux.
r mol.
Rcné 61.a1l St chunr'clunL qu'on croya:L à 'h
pa s qU'li !lDiut Lomber.
1
c ague
Avn n 1 de (juill,er la maison il . ta
un dernier l' gi1rd, un regard' où Je .sur Jeanne
affcclillll, loul ' .-n reconnnis::sall 'C Il mil touw s n
LI t
à
- .1r ,'pvipnùr'lli ici, se dit-il ~t
m s genoux 1
., . e e ombera
Et, t"animl'! l~ar
cet espoir i l '
..
d'un pllS assuré.
'
lIu~vH
DomInIque
En cht'n1ÎJl, il interrogea le vie
.
prit que la pl'i ncesse ne porL
servlteur, apson tll.r " viv.nit obscuré'lllcnL SUI DI son nom ni
Pl'unl, qu'clIc pleurait une fUIe
un nom d' mpeuL-~I,'c.
C'est pour cela qU'el:~fr
- mort~
toujours tri lc.
""lut cn deuil ct
René voulut savoir comme t
son mari, on enfant.
n elle avait p l'du
Dominiqu répondit qu'il 1'i
.
jamais connu 1. ù'Ar1.<-nuy Ig,nor~lL.
fl n'avail
Lirel'. ri n de [l,!tüS. Il éluit' é~id'"
HWC nc pu ~ en
scrv,ltcur avnit Sil leçon Cuil '"
Il! quI' le vleu?t
allA'lIdr d(' lui aucun indisol&ti on
CfU On Ile pouvull
denl aussi qu(' ln [lrincesse cadl , 11. il ~taiL
6vis()l~nf'uem
'nt
qui .elle étail, qU'l'II 8Vliil honte U~I
1l6lrl, déshonoré df'S prim'PA d'Ar: no, ter le nom
en conçut une dotùeur inIl.n.ie.
gyll... et René
/X.
0y.S
�Quand Dominique l'eut laissé dans la pelite
chambre d 'hôtel où il l'avait conduit, le mal h eureu x tomba dans un élat de pl'o'SLali on ex tl'èlll\:...
S'il allait ne pas réussi r 1... Si Lous ses eITuI"ls demeuIl8lient stérides 1
TROIS IÈ ME PARTIE
1
Située entre ln. rue Pergolèse et la ligne du chemin de fer de ceinture, la rue Weber, lrès courte,
eSt une des plus jolies de Paris. Chaque maison
hô tel parLiculier 0!l immeuble de rapport, est
précédée d'une pellte COTh!" étroite, souvent pleine
d'arbus tes verd uyunLs et. fermée par une grille
qui dispuralL sous la verdure sombr e dcs lierres.
C'est celte voie isolée, absolument tran1luiUc, où
ne passent lias de vo.itures, où il n 'y a m. mugasins ni bouLiques, qUI est toute bou rgeoLsement
habitée, selon l' expression ordinaire des conc:ierges c'est cette voie que le chev.alier Karl Strenner: f.ait comte après La guerre, dé<:oré de l'A.igtle
noirr, éta it venu hal>iter avec sa f,e.mnne. la CQ!ffitesse S"'i,rga
J1J semb~6it
à peu près sorti des tr~po
t.ages
et
d es ex,pédlllOns louch es, menait une vie digne et
parai5sait avoir une fortune. assise. IJ avait J:n ai gri encor e. Sa j}oou parchemmée, couleur de vieux
cuir s'était pour ainsi dil'e coUée sur ses os. Les
yeu~
s'étaient brid
é~ , des r ides profnd~s
s'é:
lJa,ient oreusées autnur, semb,lables à ces ndes qm
se forment s ur l' ea u auLour du caillou qu 'on Y a
jeté. Mais il se tenaLt fort droit, et sa barbe blanohe qu'il porLait fort longue, lui donnait un
aspect v~nérable.
!?warga avait peu changé. E~ J le
était t0l1JOU1'8 aussI beJle, avec son telOl mat, ses
y-eux où brOdai~
une flamme qui damnnit les
hommes, sa l!lI11e souple eL ~rpenti
et les car e."ise.S enveloppantes de s.a voix et de ses aLlitud es. Le ménuge oœupait un hOLeI assez vaste
orné de baJcons ouvragée, ayant écurie et remiiSe,
et par lequel on accédait loit par la rue W ber,
où étaiL SitUée la porte d'entrée, 1I0it par une petiLe parle dérob~
ouvrant . lIur la veneJ.le étrojte
qui lon ge la vOie du chemin de fer.
Les SLrenncr ne recevaient (l-SS, mais Sworga
était de Lou Les ~f's
. rêtes parialennell, prell1 ièr s,
oou;rse.s, ropré entotlOns à la mode, batu.i,1l s de
fl cu(1', eLc., eLe. ILl! .s'y rendait aœompagné soit
par le che volier, SO it par sO,? mS I car Swarga
avait un fils. Ce ms,. âgé de vmgt-<Slx ans, né des
bruLalLtés du oheval l.er, q~and
Swarga avait auLrefois s rvi chez lUI, avait éLé longl mJps laissé
dlans l'ombre, abundonné aux 80~M
de pauvres
pay,c;.nns, ct jomnis ni le, père ni . la mère ne s'en
ètnicnt préo 'u,pés et TI en avalent parlé tant
qu'ils avoient cuuru 1(.>5 avc~turel,
cherchant la
forLu ne , Muis après son manage av c 1(' ehevalier, warga uv il LoIIl à coup pen é qu'elll' Ilvail
un filis et s'Hull f'mpreAf\('e d le faire venir près
d'olle. L'enfanl approchait alors de sa 1!1Iilli'm
année. Ellrvé en plC'lIUI ch mpfI\ au miliru clp g r ils
à demi S8.1JvugP!i, il ne flU':tllt .nbHlIl\lll1('nl 1:1 1 n,
paJ11ait UII
sorIA> rte 11.at lS JOColl1pr('hl'l1s!llltl,
19I1oralt 11'5 nloindrc8 uSHgr8, et 1<,. chrvHlirr s'6Lait allssili'Jl dl>llourn(l de lui, le conSldéru.nl comme
un f'>moorr&8 et un chnrge..
.
SwarlJa au contl'llirc i /j'éltuL subltemenL prJ.sc
d'afrectlM pour ce prttL fruil ;-:CT'L. ~lc
s'tst,ait
mise en t6Le d l't'Ie'vel' de l llnsLïulre ct den
frua-e un homme. Ven1ant ne manquait pM d'in-
telligence naturelle. Il BVlait une natUJ'e rêveuse
un peu triste, et il fuL longtemps à revenir de l'~
t onnemont dans lequel l'avait jeté le changement
brusqu e survenu dans son exislence. Jamais il
n' a vaiL vu une femme si belle que Swarga ii
SUpé~l
,c ur~
aux fem lll os Qu'il connaissait. 11 n~
la
con.sJdérruL pa comille sa mère, niai s comme une
sode de cr c (Jtur
~ d 'e."SeIH·C s upé:'irure,
une fée
drvanl laqu el,le Il r e.slui t 'n e.·til e, àonl i~ suivait av~ugl
6 lenL
. leoS J] lolDdrcs avis. et pour laquelle il concevall Bulant ct ndl1lirülio n que d'affection .
A 5eiz;e ans, Fritz - c'(: ", ' le.1 ) '1 Ge. l' enfant était ~n
jeun homme in .j ~l"u il , bi,}lI dcv 6, fi ue J'ou
pouvait monlrer purlout. A YJn tiL [' 11:-; il ilouvuit
r~.ie
honneur a~x
s iens, el ,;(/(1 p è l'f) ,;omnle
~ a à
s mtéresser il. lUI. Il parla de le olCltrc da ns la diplomatie et le casa à l'ambassade d'Allemagne,
Fritz s'y .fit. vile une situation, lut cllargé de diverse ' miSSIOns dunt il s'acquitta forl bien el ve ,
n.ail de rentrer à Paris pour y res Ler. Il avait vingt
SIX ans.
Fritz av~it
un ~amnrdc,
un. arLisle polai~
nommé Lad islas LazlSI~1.
Une taIlle formidable, de
grands cheveux, des yeux noirs merveilleusement
rendus, un teint qu'une barbe noire faisait parallre
nacré. Ladislas passait pour un de plus beaux
hommes qu'on puisse voir à une époque où il.
deViennent de plus en plus nu·es. 11 ne manquait
pas d'un certain talenl, mai s il avait s urtout una
paresse intinie.
F~itz
l:avait connu à l'ambassade d'Allemagne,
papiers; il J'emmena
où Il était venu {)he rcl1er de~
c Ilez lui où il le présexJ ta à su mère.
L'artiste s'éprit aussitôt de Swarga dont la beauté.<
faite de lant!ueur et de cha rme plut à sa nature sentimenLale. u e son cOté, la comle 'se le trouva fort
beau, et comme elle n'avaiL Jamais eu pour son
mari que de la répulsion, et une répulsion gui allait c.haque )our. s'accentuant, surlou t de~Uls
que
son fils avaÜ pns dans so n cœur loute 1affectIon
qu'il pouvait contenir, elle l'altira chez elle sans
scrupule, ne se montrant heureuse que lorsqu'il
était là. Elle l'invitait souvent à d1ner, passait des
après-midi avec lui dans son boudoir, sou s prétexte
de Caire raire son portrait. Mais la toile n'âvançait
guère.
Le ~o.mte
n'avait pas tardé à prendre ombrage de
ces vI s ites trop assidues - et il avait signifié à S8
femme de ne plus recevoir l'artiste.
Swarga n:avail donc plus Ladi slas à dlner, ma is
elle .l e vOy!!lt en cacheLle, et dès f}ue le mari élait
sorl! le SOir, pour aller au cercle, Il pénétrait. dans
l'hOlel par la petite porte, il. l'in su des domestiques
et du comLe. La femme de chambre seule de la comtesse était dan la confidence et protégeait les
amours de s a mtlltresse et du bel artiste.
Or, à l'heure même où le prince d'Argyll, sorti de
la forter esse où il avail été j}Cndanl Lanl d'années
Interné, tombait inanimé s ur un ban du parc Monceau, Ladislas Lazins ki était (lUX pieds de Swnrga.
Le comte et Fritz 6taient liés dln er il. l'ambassade et ne devaient rentrer que rort tard.
- Vous Mes devenue, di sait l'artiste extasié la
lumière, la seule I~mièr
de ma vie .. . C'est à haver;: yos yeux que Je V?IS toule chose, et j'ai cessé
de (lelOdre cu,'" .le ne PU ts pn. l'endre votre bea uté ...
VOil~
m !lImez donc beancoup, fit Swarga ra.
VIC rn lUI trndant III
Inuill IWP main d'une
fJno
s s~ extrême, l'Icdilléc t douce.
Ll1ds/~
'cn empara pr6Clpitu.lIlm nt, la porta
11 SOIl co'ur.
.
h 1 oui, 'éeria-l-il, Jé vous a ime 1 Je vou.
a~lJ1c
rOIIlllW on fI'S JUlll/\is flllTlé. El loute mon ambillun ~crul
dr pa s 'er IlltL 'vi!' il vos genoux, sou.s
le rayol1ncm nl de vos r 'gllrds el d volrc sourire.
Pourquoi n'êL s-vous pus libre 1
Un écla ir brilla dans lell yeux profonde M
Swarga.
�~.c-
58
La N uit Rouge
- El que [eri ez-Hl l s, dé'llla.l,dJ.-l -elle, si j'étais
aibre ?
- - JC' '<)'1 5 l"ll ' . icn is, flt -il ayct: f t-u,
'
- Où ?
- J(,
,,[,' l'Il ... 0:1 n O'l.j
. "c l ·jcn~
hrureux .. , où
nous "~I'Î1
toI!::; k ·.; ct.:!. \, 1 LIll Ù 1 autre, où perSOII IIf' !lé pÙldT a l1 !I0Uti y ol.:r UIJC ;:,cconùe de nolre
boull l -.I r,
- E l m on ms ? dit 1ft comle
~ e,
Il [l ne IJv.lJ'lail pas vin'c pri:s de l'amant de sa
mère,
,
" L d' }
~rai
s je vou s éi!0u srrals, ~h
a IS as,
Lo com!e,-;".e ne J'el'ulldll pD:;, , >
'
Bien 'ULlvl:'n! ellp. y ~\'alt
p e \l~e
ce qu~
Ladlslas lui p/'Ll[IO:w il 11\ i.\l al s 1 12 Il ~ !al l P f ~ ~ ,~oS6Ible
la~t
que le comle Vil~;t
.. , NO~l
!IU d l.; h,e;,lLc'tt, à le qUItter .. , ;\lai~
elle dall nrreke ~ar
!,t cral~e
de la
bouc' (1 J L' r l' pa/idrait snr cll e 1 HIH'len esplOn, boue
qui Id :' Olif
~i'/Ht
il j'lIlHi!S au}.. y~ux
de s0f,1
et
de s ou a il, l nt. Elle S " aiL de Ijll OI son mlsérabl,e
m ari ét it e, nable, dp ," 'lIe igno lJl,c vefolgeance I}
l'rn, ail. tiuu veni lllCllèl" I;e p Jr l u 1l1Ull1teOlr près de
lui. - C !Le vi ~ iUJl
pa.;:isa devallL ses y~ux
et elle
dit :
- Il fo,udraiL que le comte fût mort.
- \ ous ne pouvez pas le quiller?
- J am ab je ne le quitlerai.,
" .
- Vous J'aimez donc? fil Ladislas, qUI avait pâlI
de jnlousie,
Elle lui jela un regard où s'alluma une lueur
fauve,
- .Te II:' hais, nt-elle, les dents serrées.
- Alurs?
- .Te le 11'lis el je ne puis pas le quitter.
- Puurjuoi donc?
Elle garda le silrnce,
Puis, secouanl de nouvcau la tête, elle dit:
- Ne parlon , plu s de ces choses 1
Ladislas devint sombre tout à coup,
Il murmura:
- S'i1 ne fallait flue le tuer!
La comtf>li::>e levn le~
yeux, le regarda fixement.
- Vous le lueriez? s'écria-L-elle,
- Cerlainement.
- Un a~sin:ü
,
- Non, un duel.
,
,
- Et comment?
L'al' tislp allnit donnrr des explJ'o.t1~n:s
quand la
lemme dr chambre, Minka, accourut 1 SIr affolé.
- l\!ndnme, madame 1
- Quoi?
- r.ronsieur le comte.
Ladislas se dressa Rur ses pieds.
Il était trop lard,
Knrl Strenner enlraiL dans le ~oudfr.
La comlcsse s'étail levée ,al1~s:
PliS un rrl'missemenL l1e 1 n!.(lllllt.
"
Elle (\fail un pl'Il plUB po.lr cC'[ll'ndant CI,u a. loroie:laire, Mllis le 1'1''''1rll ~Inil,
frrlll', an,dncleux,
11 y p.ul IInr seconl~
dl' sll(:nc(' hOrl'lble,
,
Trois rrg \l'ds s'61'111'11 L crolsé8, chlLI'gés de hUlne,
ois regard s morl 'll:l,
Pui S Ic romle 111 un pas,
,
Sn fur 'ur élllil tellc 'Ille tont son corps t~('mhlnIL
et' rrlH' l'IP,S Ih:rf~s,
ugitées fl!br,ilement, p~lvées
Je
SBng, avait'I11 Iwiue il l:iC mou vOIr pour artlculor les
L'
ms
Illols.
l'
t
Pourtant il fai:'l6it des efforts noUiS pour res er
call1lC, digne.
Il dil, s'adressant h. Swarga :
,
madame, (}Ue voua receVIez ceL
_ Je s~Lvtli,
homme mHIgré mu dMcllse.
,
_ _ Eh hief! ! IH la comlcs,se sans pllrallre s émou90il', \'/JI~
n'ales pas l'IurprJ,s."
,
EH.. 11Ii Jllu un regard SI noIr qu Il en trlssonna
mul g ré lui.
,
t il
_ rf' VOIl:-> tur.rnl ! bégaya- - .
Ln;li IllS s'a,vulIl,'a, voulant détournor lur lui la
lere du man outragé.
~
- Je suis à vos ordres, m onsi eur le comte, dIt-il.
Karl le toisa dédalglléu::;eIUlJllL.
- Pour,!uoi raire ?
- ~lais,
b"lhu! ia le Polonais interdit, pour voua
donner la r bJlaraLion,
'
Le coml e cu l un ricanement,
- Un duel?
- Entre ,gens d'honneur, nt l'artiste,
Le Prusslcn COlltillun à l'ire,
- ~rexpo
s ér ll,me rUlré tuer, qurllld je n'ai qu'un
mouvernel!L à fn,lre pour me débarrasser de VOU8
sans counr de nS'lue,
Et, sortant un revolver de sa poche, il visa Ladillas, Swal'ga se p r6c llHta au-devanL d-e l'arme.
- Lache! murmura-t-elle,
Mais le comt.e bU;
~ /3u de lui-même le revolver,
- Je ,ne veux pas le tuer, i\e craigncz rien, Je
veux lm m~)fi
trc r :;CUI(;illelll Ilu e j'ai Leuu une secoude sa vie elllrc mes (llailJ:;.
- Enfin, s'écria rarl.i:le dont la. sihalion devenait inloler able, que VOUIl!Z.-VUllS de moi? '
----: qu.e vou s pnrlil:'Z et 4.u~
V?US 11f' reveniez jamais ICI, car une seconde lOIS Je serais moins eJ.6..
ment.
EL du ge~l
il lui indiq,ua la porte,
~lais
Ladi.'las ne bougea pas,
- Je ne I?uis pas partir eL laisser Mme la. comtesse en prOle à votre fureur,
- Ma [em~,
dit Karl S!renner n'a rien l
croindl'e de m~)j,
.. Elle l~
sail bi.c'n,
ne suis paa
un tueur de ! cnm'C's, J m beSOin dp. causer avee
e1le, C'est pour ccla q!H' ,j C sllis l'ev en Il l'lus tOto Je
ne rei!trll i s pc,s nV~,tl
l ,I,I1 C'I II'(' pOlir VOliS sltrprendre, bIen qu r Je ~ I:;~
tl~ 6 d erl l ~ IOl1C; l el ll[ls Sur la
f açon dont on HI Ob"l SSlll l, Am:;l, VO\L':j m'avez entendu
L..ndislas rC[l rJ nIa SW'lr ;:.:l1...
- Oui, parte z 1. .. fil celle-ci.
cc ~"
(;f'Ui gnc ï. r .en p OLI!' mui.
L'arlisle se t.Olll'l}[l vers le comte,
- Snuge7. qlle si vous tOllclle7. à un seul de ses
chl'vrux ... !
Karl Sll'ennC'r r'Îcuna.
- Olli, oui, alle7. <I0llC ! fit-il en poussant l'amoul'e1JX vers ln porte,
- Le Illoindr'e olltrage, la moinùre injure seraienL payés (li' votrc ,tète,
dl,t I,~
~Olt,
el il frrma la
- C'est cnt~ld,
portc SUT' Lf\ClJ
s l~s,
qtll S e10lgllllit 1.0111 fl'(h liissant
Il révint, enslI!le à Swnl'ga,
'
l\lninlrnant, lllttdame, il nOliS rI ";I"
LB COI1~Se
le regflT'dn .sltn~
l '( ~ponrl'e,
Elle éLolL dC,hçHlL. Elle s IiSHlt tranquillement"
- VOliS Cholslssrz mal voire moment comp~_
c;a Karl Slrcnnel', pOliT' VOliS b rOllil1er nv'ec Illoi
Swa rga dre,' sa ln téte eL dit :
'
- Pourquoi donc '/
-- Pnl'ce fll1r VOIlR ChoisillHC7. le mOm nL où VOIJS
avez Le plus h('soin dr moi.
- .Te nr cOlfl[H'Pl1dll pns, fit 1/\ r.ornt(·sse tOIl}'O r
calmc, ExpIH!1H'Z-volls 1
U 8
T\nrl prit un sil'gf' cL vint s'a sseoir it. f]111'lqt 1'8
1
pas d'pile,
Je
VOIlS croyr7. snn!'! ÙOlJ/P , pour!>lIivil_il
1IP e
passe mon trlllp!i ft VOli S 1SpjOllllf'l' ('1 ( I I' ," ~
J
l lIre !H,l l,II', VOII H, sllrpl'Pll(ll'e,
" JI sn!!!
rcveny u}.. ce Il (~ ,lf'
- LI. quand JO 1 croirais? dit fh rnrga,
- VOllS, VOll!i tl'Ompr,l'I('z., Ino chèrc amio.
- O~
1 ~e , VU,IlS en pl'Ie, fit ln fOUI/lie, ru s de ces
mots ~ otrl~é,
Ils Ile l'Wllt l' lus rlp Iilille Olltl'f' nous,
l'st Juste, HlllrnllJI'H le COlllle,
Et II reprit :
- VOHS VOIlH trnmp p)' '7., rT)nrtnme, \'Ol1S VOliS
tronl]~('z
t"tl'/lll gl 'l,il l'ld , .II' SIIIS 1" '1111'(' 1I1()J purce
que JIll IIppl'l 1! ./1 . 1 Il Il hfr sSlld!' Illll' 111111vI'IIe do la
plilg !t/i1,I ,I' gril \ III', Ipli VUIIH 1II't"I'I'H, l' "llllIflle mol,
cL fl 11(' ) /1\'/11 ' hl)!,' dl' Vllli o ( ~ lI l l(I1[!r
J'a! fi
peillt' 11111'11(111 '111"111 fl)1 Il'v~
rlr' IlIhll',
'
I~t r;.ell.e nouvelle? Ùelllê.LlltloU SWllrgn,
- ç:
�~
La Nuit Rouge
=======================
me faisiez pas même cel honneur. Vous n'a viel
- C'est l'évasion d'un homme que vous connaispour moi que du mépris.
sez.
- Du dégoût, laissa !olllh('1' S"'fll'gn .
Swarga se dressa, livide.
Karl S Lrcnne r tressaillit \ io: r' lIlll ( \'1' .
- Le prin ce?
Il éta it devenu livide. Sl'S lèvres t ('l ll h:ni \, .
- Ou i.
,.
- Prenez gard e 1 s'écria-l-il d'UII ' nll \'il
- f\l ais com ment '1
u Ne m e pou ssez pas à buul, su llou en ce m ~
- Vous n 'uttendez pas que je vons fass.e le rémen t.
cit de l'évasion, que je, ne connais p~s
mm-m ême:
Tout ce quc je sais , c est que le pl'lnce cs ~ parti
La com tesse s e l eva, t oule frémissante, et le rea vec la fClJl m e d'un des geôlier s et un officIer qui
gardant dans le blanc des ,veux :
enleva it ce lt ~ femm e.
- Et qu e pouvais-j e r essellf i r pOllr vo us a u tre
.
- Et il es t à Paris 'f
que du dégoût, pour VOlIS qui avez uhllsé de m oi,
- Je ne suis pas où il est ... m ais c'est possIble,
qui avez ' souillé m a je'l Iles,· t', qui trI'ln ez lrulnée
.
- On ne J'a pas fait r pcherch er ?
avec vous da ns cette b oue dont je n'a i jalllais pu
si. - l'vIais la frontière est
- Vous pensez q ~e
sortir?
proche. E l ils l'avalCnt s at,ls doute passée quand
- Mais, dit Karl Strenn'er, vous êtes COllltesse,
on s'esf mis à leur pours uIte.
riche... T out le mon de .. .
- l'dais on peut les r eprendre 'l
- Tont le mo nd e me sa ille. fi l'sf-re r ~ ls ? Mes
- Hors de la fronlière ? Du tout. Ils n'ont ni tué
fourni sselll's , mes dODle!>liqI Jes. lb Il;> ';:11\'(.lI f pas
ni volé.
dans quelll' fan.ge ... Et ill.' II' >:;H lI ra, IIf. ql'~stce
- De sorte que si le prince d'Argyll est en.
que cela leur l mt ? 011 1\ , Jill' ·... . 11IlS Ull:l.v e:;;·
France ?
vo us don~é
ce que " ous W HW .. }JL'OUlÎ::l ?
- Il est en s Or eté.
- n~. _ ,
- S i nO ll s le r encontrons?
- èl'ltc considél'l1fion ...
- No us ne pou vons rien sur luI. Voilà.
- 1\lnis, lIla chère amie ...
f( \'ous voyez que c'é Lo.il assez .grave,
r g a,
- Je vO"!> ai dit déJà. fil . iOlel/IIJll'nt '-,w~
Swargo dit, rêve use:
de ne )i"<1 VOJlS ill'I'Y,ir avee Ili0l dl> ('!'o'" 1·/1 ,..:;lOn8,
- En effet.
« M 'a.\ ez-vous fnlt. rec(""olr, COIIHne VOlIS me
P uis , !r>vn nt la tête :
l'a viez promis, dnns ce IJlUIHle où vu l'· ulkz, vous
- Et mon fils ?
qui valez el'llt foL' n loins q1le moi .!
- Fritz est r es té à l'f\ mbl\ssad e. Comme n n'El
- C'rs! VOI1S qlli n\PZ cessé d'y ,," nil'.
sait ric n de noh'(' h is!oir.r, la n011vcll e de celte
- Pnrr'e qu ' i! me f"lllli! y slIlJir Of'" affronts.
évasion l'a laissé for t Il1df~
él'(
nt.
' ~ ~l\I t le mo~d,
- Ce n'est ]Ins mu flll tl'.
dE l'l's Il'. à l'ambassa de, Ign or e I m férêl q.11 pli S
pas,
- C'est ln ni iellrll' . pt'ut-I.' fr!'. n Ile ral.~it
pOli va il (l\'oÏl' pOllr nOliS , et n il l. ne sait le véntable
ava n t (PIt' Je susse ce '1111: ,",'luil Cid(' la \'il', lier
nom du pri ncc, sauf nOlis. L.es JOllrna ux ne le d o ~
m a vie il III V(')!l e pal' UIl crill (', J'illlHlIS fUll m ofnl'ront pas. Ln d ép~c h
e a!T1Vée ~ l'a m bassade dIt
mème mu d ;:;l:née.
que le pr ison nier gui a prys ln fl~te
es l lin nommé
Karl St.H'wll'r eu t 11 1\ ri cnnt'l1lcll[ rnuql1e.
Mor in , 11n Fran çaIS très lOS01Jmls ,. condamné plu- Vous seriez , dit-il, servun tc danil qucl1llle ausieurs fois ct. qni avait en~or
à fture qllelqnes anber ge.
n ées de forle resse. C'est ain SI qlle la nouvelle sera
S warga. i l, nça un regurd de mépris.
commu n iq uée à IR. presse. P er sonne ne Sllura que
- Serval .c !
sous ce nom de Morin s e cache nn g~·R.nd
per s on- A qL.oi pou v iez-vous bien pl't'.: tcodre, née ~
nage ; p(' rsonne ne rnpp(:lle ra la trahlso.n de Kervous l'é ti ez?
ha URc n. i\l a is le prince ch er chr r a à savOIr quel es t
- A toul, dit Swarga, q u i toisa son inlcrlocul'a ut ru I' (fil fUllx qui l'a déshonoré JI fera tout
teu r av c un air de r eine ou ùe ù él~:;se,
- b elle
pour l'éh nh ill te r s on nom, pour sc venge r .et nous
com m e je l'étais .
perdre. 1 TOIIS a llons avoir en lui un ennemI achar- Soit, dit le comte ...
n é ter ri hIe.
Et il a jou la uvec unc ironie non cl églJi s{>e : .
.' wnq!fl p rit u ne cigurctte.
- Si Vo us n e m 'avIez 11f\!:! rc nronll'é, VOliS Bene.
l" rnintpnan t q u'ell e r!orlTln issnit la n a tnre du danpellt-être i1npém trice d'AllclI lllgnc... i\ lnig ce qui
gc r qui tt'S rn en nça it, elle étn it plus c?-l!'1 e .
est (ail esl fnil. Où vo ulez-vo us en vcn lr ?
Ell e dit en frollo.nt unc allumette, 1 aIr détaché,
- Et vo us-méme ? ..
indiffé r pnt :
- Moi, je veux vous rappeler dans qu elles COD.
Q Uf! peut-il ?
ditions s 'est foi t noIre mill'Illge ...
_ R if'n , SI n011S sommes ums, Tout, si noua
Elle tJt a vec 110 gest r r!'i rllpn fience :
De nowl ('n t r ncto ns pns.
- Oh 1 j ~ m'en souviens bien 1
SW /l I'ra l'ec.(fl l'rln son marI.
- V oua vo uli ez VOlI S ve ngcr .. . J'ai t enu ma
Elle vit srs yCll x tlx~s
sur elle, implacables e\
parole ... J I' VOliS ni y e ngt-e...
'
. . .
Iroids. EI\~
HVO lt romprls.
- Et m oi je vous ru a ccordé ma mruD. N al-Je .PU
E llc' r l'i~n1
l o ~ glc
m p n.t
,
tenll ln Illicnnr ?
K n l't S t r'rnnrr pn l s a eho.lse, la rapprocha delle,
L com te put un !'OlIrire amer,
f.l'I~Py
n!:
.
- Vol l'(' rmun, cn c ffet.
_ Eco utoz-moi, dit-il.
Et il ojouta
- C'r·t. à pC'lI près tOllt ce que j'al eu.
S worrftl 1,. toL'u souv('rnin·"rul'Ill.
- N ';lIl'iez-voll s pliS vou lll mon amour /ll13'6i'
II
Un !' lo rllr ri!' ha in e brilla rlanA I('.'! y r'lIx dn l'oml8,
qui sc lut. C !le lu eu r sem blait un t' dl's Ourllmœ
ja il lies df'.l: nre r qu' a va it été cc IlHlI'luge, e t qui
l'éclui
l'll SlOIS lrl' mcnt.
_ Vn~
n'AV!''' pM oublié, c?mmença le comte,
JII'i'
III pfl)Illl'S-1(' ruilo pAr' ~\"jl·gh
. .'O IIS lm
~I!
1ucll es coud ilions VOll8 m avez accord6 votre
coup dl' 1'01 {)l'(' il r Nléchj.,. rI'{'pllll ('1' qlli ! 1 \'C'pg&~J
. anis , fiL vivcrnent Swa rga, que ce n'elt pas rniL ù' l'hl)'lllDc 11111 l'dvul d?r1111 'llél', l'f' V 1 ~re ur
W!..il l' tlll 'l1l' '1111 ln r l'" 'II ' t, c' hl'\'nll! r l'nrl
par
Sff'C'n nf"', qll1 llvnil.l t IIlJO 1/' l'MI1(' Illu/H' lil'!-I t1.r ~n _ 6O111\111
UI , 1'.VOli S me haTsR •lez pro r0 nd6 ment .
nWlJ jlll!,1 1
ullllrn,"t'>l ('11 lui plll' 10 l ( . ' . ·1011 v U).
_ P lU' lJI (1rnf! , dit la cornteslIe , e n lançant une
IUIh; dl
\ 0 1 ft] Il J.nuJIf s q '11 "/l'l'II t •;1111 C!l ~
bonrT(O
~ cI e flJlII(' (!.
-l'AIl
ult, ju J l'Ul! l'ro~
Il W' refn r, tf"
de la
._ C'ool vrai, fH le comte qui avlU P ,voua ne
.ws,
�~
60
leune femme, le chevalier Karl Str.enner avait
éprouvé un des plu:; grsnds bonheurs de sa vie.
L'époux de Swarga, lui, lui qui la désirail d"aulanl
p:lus qu'elle l'avait accablé de plus de dédains.
aplati sous plus d.e mépris, queJ rêve L" Pour y ar:
river à ce rêve., il eût san M si 1er mit le feu à i'.011
pays, embrasé la moitié du monde. Que pouvari nt
lui importer l'honneur et la vie d'un homme qu'il
haïssait déjà, qu'il avait exécré comme un rival,
un rival préféré?
Il se mit donc à cette .œuvre de vengeance avec
une ardeur inoule. Il voulait trouver un raffinement qui excitât l'admiration, l'enthousiasme de
Swarga et lui arl'aehàt sinon un cri d'amour, du
moins un cn de jOÎl' et de consentement.
Il conai~&t
la nalure mi-sauvage de la jeune
Slava Il savait combien entières étaient ses passions, avec queLle violence eNe était capable d'aimer et de halr.
Il voulait que Swarga, sous le ooup de la volupté d'une vengeance complètement satisfaite,
J!.omblU dans se8 bros et luj criâL :
- Tiens, je suis à toi!
C'était·Là la réoompense suprême qu'il am bition~.
On sait quelle œuvre de trahison et de honte ac(;omplissait à Paris le chevalier Karl Strenner, la
même qui l'avait fait CI18lSser de V'ienne à La veille
de Sadowa Il était donc dans le secret des machinaUona ténébreuses qui s'élaboraient à oe' moment contre la France. II savait que l'heure était
proche où on allait 1ui chercher la querelle d'alIE:mand qui devait ensanglonter les deux pays. JI
conais~t
les princes d'ArgyIJ, qu elle è.me de patriote les avait toujours animés. Il savait que le
père du prince avait conRacré à son pays son
exlstenoe et ;;es rorces. Frapper René dans son patriotisme, dans -:e qui luù était le plus cher, le
plonger dans une boue pins fangeuse que celle ot)
il barbotait lu i-m~e,
c'était là une vengeance rafftnée., digne dl3 SWIll'ga et de lui
Quand il ellt trollvé cett03 idée, iJ se présenta wut
triomphant li la Slave et dit :
- Je ferai de René un traltre 1
Swarga regarda Rans comprpndre.
Alors il lui expliqua son plan.
La Jeune femme resta saioSJe.
L'a.mour seul avait pu imagmer ce chef-d'œuvre
haine.
René traltre 1 René honni 1 RImé enseveli avec
18 femme., son entant, tous les siens sous une couohe de honte dont il ne sortirait jamais. Cela était
plus que la m rt... une torlure momIe surpassant
toutes I~
tortures phy:;iques, car elle ne finirait
pas Il avait voulu l'ablli el'. Il s rait pIns bas
q\l'~Lo
. Et sa (rmme. la jeu~
tl1~
orglJi1~Is.e
qu'il lui avait préférée, 5eralt purue, souffriraIt
av c lui 1
Karl Slenncr la regardait, devinant ce qW se passaiL en clio.
,
Et il cl il hCl1rrux de la flamme joyeuse qu il
voyait hrill C'r da ns srs y rlllr :
- Eh 1 bien?
_ J1:h hirn, dit·I'll e, failes ct>la. Et je ne regret..
\eTai pas mu pl'()ITl r.c;se' 1" .
On fi VII ("Olnm f' nt le lTIi R ~rable
av.rut r~I1.
Mai li l'hr1Jrf' où ln v('ngC'ance Jill arrivait,
SWll/'gn ne voyait plu s qu " 1(' prix qu'nJla.it Il.li
ooûler sa viclo il'. l'II c ép01JRn If' Chrvnll,er., mais
elle ne lui dOllna pli S IC' bonheur que cchu-cl espérait. EIl( avait pc'ine il lui ClIcher son dégoOl ct
son mf' pri s l'ollr r1on!lt'r qllf'lqUI' n.llmerJI il SOIl
cœur ('Pl' fil venir son flls, qu'elle avait jusqu'nlor-" n(·gl igé cl qu'clic aima. Slren.n<,! n'ORa
pM SI' plnilldrf' trop haut dt' pcur d sc VOIr sevré
d,' loul' les j ()ui s~ unce
s , de voir ~
fermer wut il
lait lE porLe d(' ln ch fl lllbre ronjllgnle (l11C v,ul'ga
.a résigllUtt il nLrebtlill r de temps n temps. MaÏJl
'e
La Nuit Rouge
~
s'il ne monlraiL pas f'
,."
..
d · l "-mème '1
ce CJ'UI" l essenlalL, ' lU fo nd
~.'
TI
1 .. n<, pardonna à .a jeune femme SOIl
L, "
,l.,
1a~u
es péré ~ u e IclS ho n n elj l' ~ a uxquels
,.
on r ,, ] pll ll !' pr ix de ses odieux sel'\'iu:s
q" 1
]" ~i'l ' l " · .(~'S6b
1 0elv en \lo fort cnviuble et qu 'il lui I ~ :
,
llru!('nl Swa
rra ct lui
a't'
. t
.",.:; .' .[ 1 l'::; r'J 'ÙCl' S JI'
. r c<
.
• Jrer a len .
it
lull en l uL l'lCIl ,,: :S \Vll l'gU . désab ui'."c, ne c1 ~sjl'a
sa vi e man e/lI !le fi ~ s a~ c u noe
gloll'C:. EJl.e sCI, l-a ll
rej e tée par e P l :in l ~; e èlrn
! ~ l~c na\lt
qu'elle ayait éM
qJli lui Nait 1{' pllls dqu e e se vo, 'Ml ù I llomm e
Eile sub issaiL ~n
.' <' I ~l eux
de tous les hommes.
n'en sentait m ê rn/
~ )· .;·~ nléf.
SI m conscic.ntc ql J'l'll e
,* ,.
Et elle
resLa ain.si ju.' QU"l ~ '" ,es m e ur~.js!'
coup dan l'orbe ~,
JO."II. où Ll1dlsla.s, entré tout à
eu
sang et la fi!., ponr a . sc mouvmt, fou-e LI.a son
Son mari s'él,,'t mSI dire, r enallre.
cd
nw,c;J/jt a pc-r ç d
h
ment et en avait été d ' 1
u e ce c an.gen fit fermer à l'~ " 011 ollreu scmenL. af'fecté.
mais .ill était déjà [~ :S l e t le3 portes de sa maison,
P E!~di
plus se passer dl'
?w ar ~a.
ne pouvait
ses bras la.n gnissants ses br~
:.J.dvaJj . Jcté au .cou
noyait, ,heureux de tr~lIve
u~
e c mrn~
qUI se
lut! Et si ellC' ne reçut I~[m
\]~
appUI, le sasalon elle ].e vil parillut otel~
Lndl. J ~s
dans :son
l'in5u du comLe.
pouvmt ,le r evoir à
Or, il ceUe heure, si le comte dés"
.
Swarga, il ne l'aimait plus. Il la ha/rll.I\ ~oU J ours
haissait d'une ha inr couv"e de nis ssal '" Il la
que la jalollsie venait de C'hauPrfer àdesblané~
~t
D;t' se f û t retenu 1 il. 1'eût prise, écrasée souane1": S'lI
. .
.s. UI, plétillée sous ses pIeds.
Il médilait dans cette minule de lui fa '
.
tout ce qu'il avait souffert lui-même. c' ~ ~.oifur:l
vanche.... Il ia ."',?ulalt '6claluute ... ~ l t ; '," a .ecomme SI la {Jestlnee voulait sc m ettre ' I~ Jo, ! L ... t--t
au momonl précis où il avail, la c crli~ud
<;{) ~ CMé,
malheur. el~
lui envoyait un aide en 1 e .e .&on
du prince, qui semblait s'être évadé e~
Pèg
erso nne
servir ses projets.
pr
pour
Il avait laissé Swarga un moment à
sées, pendanl que luri-même était abso 'b ses pensouvenir des humiliations subies depuis 1 é Pm: Je
Il [j'y arr<lcha pour dire :
Son lllUon.
- Cr.t homme est votre amont?
- Pire, fit dédaigneusement Swarga
- Que voulez-vous dire?
.
- L'arna,nl peul no possécl.er qne le
fi possède mon é.me.
corps; lui,
- Madame! cria le comit> devAnn
reur.
'
,...... vert de lu- Il a {Je mo~
poursuivit la SI
tortllll"e.r à son tour celui qui l'av~yet
h~urse
de
n. flllt. souIfrir, il a de moi ce que vous n,l
vousl. mon amo~l'
de son omolJr.. ~vez
}amrus eu,
hurl.u l'espion
- J? .Le ~ueral,
- J al SOif de ses baIsers aul.ant
"
.
vôtres.
que ) o.V8.I.8' horreu.r de~
Karl •.,erra les poings. Il éaumait
- Oh ! murmura,t-il.
.
Et tant rJ'.injllI'rs, do ml"no.ces
fois à s s lèvres qu'auoune ne p' u~e
prc.soo.ient • la
Il r~pé
18.
sortIr.
- Je 1 tUf'rui et jn V')l1S tuerai
Swar'ga hOIlR S ll Ire; épll.nl.\.., d'u nu.~
1
- Il est Irop tard, ùlf-lllle
n ru.r mépri.9a.n.t.
- Trop turr! ?
.
- VOli S aviez l'or.cusion de Il
doux qllllnd vous nOlis avez sn~lJ
tu~r
OOu& Je.e
laissé éCho,pper. JI l'st trop Lar'a pria. Vous J'ayez
- C'es,t ce que nous vl"rrons'
- Vous ne pouv!'? pIllA o.~ ,;.., "
r .Lodi8lM et
dam uO duel il se dOJ'endra, J~ lo!l;nr
- El VOIl8? ot le comte, IVre dll dIraI.
Lant sl)n r'f1volver.
e Nige, eft ..-wa rgn !'.(' plaça devrunt lui résol
croi g(o_'1, J'éL'ru.'itlnt do son reBurd umen.t, Jee b....
Moi? flt-C'lle.
.
lui
i
�~
La Nuit Rouge
=======================
- Oui, croyez-vous que j'atte:ndreii pour vous
tuer?
Il aDn.it lever l'arme, presser la gttchette, mais
à ce mom ent la porte s'ouvrit.
Un jeu ne homme !:l~
p.l'éClpita.
- Fritz! cria la mère
Fritz avait d'un coup de poing fait sa'U!ter le revolver .
- Co mment, dit.-il, vous alliez tuer ma mère?
Eb il vinL se meLtrE entre la comtesse et son père.
Le co mte jeta sur sa femme un dernier regard
empraint d'une haine intradui sible, puis il sortit
brusquement, lais,mnt entiemble la mère et le fils.
ru
Ainsi que nous J'avons dit, Fritz Strenner avait
alors vingt-cinq ans ... C'était un grand garçon
maigre, d'allures distinguées, mais d'une santé très
délicate.
En entrant chez lui, et comme Fritz se dirigeait
vers sa chambre, il avait entendu le bruit d'une altercation.
Il s'était précipité et était arrivé au moment où 1.
comte mell açait sa femme de son revolver.
Il avait pu raire tomber l'arme, mais il était resté
tout pflle et comme épuisé par cet acle de violence,
Quand le comte lut partI, il le jeLa dans les bras
de sa mllre.
- Pou r dieux, fil-il, que se Jl'fl88e-t-n ,
Swarga avait déjà repri! eon calme, ce calme
hautain flui la faisait grande en toute occasion et
digne toujours du haut ran~
auquel elle était parvenue.
- Rien, dit-elle, en haussant les épaules, une
querelle.
- Mai, f' le flls avec un goste d'épouvante dans
le regard, i
u lai t vous tuer? Et si je n'étais pas
arrivé ...
Même ge s . in souciant de la comtesse.
- Karl al,/le bef!-ucoup le bruit, dit-elle simplement. Il n'y Il paR heu dè s·émouvoir.
- Cependant, murmura Fritz, enCOre tout tremblanL.
- Luis!;on." C~lf,
m~
ms, et songeons à vous.
La ph yR ionrl
~ ~!l)
J.ellne homme s'assombrit.
Il eut un ~e s le d indIfférence et dit:
- Oh 1 moi 1
- Oui, VOli S , fit la comls~.
P~)Urquoi
êtes-voull
triste d pli ~ 'fil 1'flle.1 mps! tnf]l~e
et ennuyé'
- J np suis pOil ln ' te, rlIt le diplomate.
_ Crovrz -voll s flu'rn peut cacher cola Il une
mère? A'llsllvez-vous, fritz, ajouta la comtesse avô3C
toute sa ~r()e
et tOllle sA: séduction, en lui Indiquant nn si/>f(, t ditns-mo l ce q.ui vous tourmentf'l.
Fritz s'asHlt et, prrnant la main de sa mère:
- Pas /1 vl\nt, fil-il, qu vous ne m'ayez ouvert
voLre OO'l1r 1'1 flUC1 vous ne m'ayez dit les causes de
votre chfl~rin
Il vous.
Swarga Ilrrrrtfl un grand étonnement.
- Je Il'1\1 p.\. c1r rhagrin, déclara-t-ello.
Il yelll "'11 ~i l n nro.
Tou s Il'.' d" IIX S Il regardf'rrnL. On eOt cru qu'Ils
vOulaienl Ilrp pltr I('urs yeux dans leurs tLmes.
Pui s Fl'liz fil Il 1' 111 11rit :
- C'es l 111 1111 pi' r'l' pli VOU I! rend malheureuse'
La cornll' '!. '' fil' r'{lpondil pHS. ,
..
_ Cr/11 fOI S, (l'IIII':'HlI\'it III (]lS, Je VOIlS III mlprroSé . TIlII )I ." rs VIIII S Il V 'Z reru sé de me répontlrn.
POurt.llnl ) 1' lit' I- IIIH plu!:! un ellfant. J'ai l'rur d'un
61rangp /' (lItl! r VIII I".
-
lJ ft
-
J)
1" 1 ['/1
fI~l'
r
1
IIW', j l' Ill ' " li s rirn de nou s.
- l'.l 'JIll' Vllllllrïl:Z vous Havail' , Il'écria ln mbr",
dov nH!' tuule [l. 10,
Si
~
- Je ne sais pas pourquoi j'ai été élevé loin de
vous quand j'étais petit, sevré de vos caresses.
- Et qui vous a dit cela?
- Je le sais. N'est-ce pas vrai'
-
Si.
A ce moment vous n'étiez pas la lemme d.
mon père.
Swarga se dressa livide.
- Fritz! fit-elle.
Le jeune homme courba la tête.
- Pardon, murIl)ura-t-il. Je ne vou. juge pu. J.
ne vous reproche nen.
Je vous respecte et je vous ai.me.
Puis plus bas :
- Et pourtant je voudrais savoir...
- TI n'y a rien à sa.voir, murmura la comte!se.
- J'aurais besoin de savoir, murmura le jeune
homme.
- Et pourquoi 't
- Pour le secret que j'ai à. vous confier,
- Que voulez-vous savoir T
- Qui je suis.
- Vous êtes le fUs légitime du comte et de la
comtesse Karl Strenner.
- Mon père, dit Fritz, n'a pas toujours été comta,
- Non il a été fait comte après la guerre d.
France, pour services rendus à. son pays.
- Et avant?
- C'était le chevalier Karl Strenner.
- Et vous?
- Moi, j'étais sa pupille.
Puis, voyant que le jeune homme allait poursuivre cet int.errogatoire, Swarga de ses mains douces,
de ses mams blanches comme des fleurs de lis, don'
elle avait lE,! soyeux et l'éclat, lui ferma lendremeo'
la bouche.
- Maintenant, dit-elle, ne me demandez plu
rien.
- Pourquoi?
- Tu sais tout ce qu'il y a Il savoir.
Elle le tutoyait, devenue très caressante.
- Cet homme ... dit Fritz.
- Quel homme?
- Le comte.
- Eh bien?
- C'est bien mon père'
Swarga se dressa soudainement.
- En as-tu douté?
Il fit vivement, croya.nt qu'il avait ble8" ..
mère:
- Non, non, pardon 1
Et il tomba à. genoux devant elle en murmurant:
- Je sourfre tant 1
Swarga le releva. n avait des larmes dans lea
yeux.
Au lieu de s'indigner, elle essaya de le consoler.
- Je ne t'en veux pas, dit-elle, de tos doutes.
- Oui, continua fritz, il y a des moments où J'ai
des doutos, des craintes. (Juelquefois, autour de
moi, je surprends des regards 00 il Y Il une eXp'ression Ringullllre. Quand on prononce mon nom, Il me
sernble voir sur certaines lèvres des moues de mépris.
- Du m.épris, lit Swarga ; et qui te m~prlseait,
Loi?
- Je ne sRis pM ... pellt-être me suis-je, trompé.
Mais SOI!V nL j'ai enl ndu pllrlt' r de mon père deme
Vt\llt mOl de telle fa r;O!l qu e j't\i senti le rou~e
mrmlpr il. In race. ," a l 1'\6 lu main, mais le l'ai
Inl :; 6~
r tomb r, n 0 .' 1101 l'lUI frnp[1I'r, redoutant le
nI' SIII S Clll 1 llcllndllll', crnigmml dl' mollre au jour
j'ignore fin 1 scerpl cJlII' Je P li !'! là. planant sur notre
pu. Hé, slIr celui de mon pi' ro.
Lu comt.esse élllll li 1' 1111' LO IiLe trémiMmlIie.
t(
- Imn g inatlol1H 1 di t-,·lIe.
-. Ilnn'filll1 li n n:;, IH' 1I1 C'I I'P, III Pritz; mals l'en
sOlllfr'l" • 1.1,r11l1l ( d!'!,III'; '1111'1'1'11' II' Illp ,
c ' la 'I ll J Il Il f'UI:i vuulu Hi'IH' 'mlrc.
et c'est pOUII
�62
~
==============================-
....,... Il n'y a r ien à apprendre, dit Swar ga, que ce
p
tu sai s.
,
'~
• Tu SIiIS tout ce qu ' Il y a è. savo'
- Vous me lc jur ez,
- Oui.
_ PourqJoi, reprit le fils, cet h omme vous mena__il .,
, k' 1
- Parce qu'ù a su rpris ici La~isl
La.zm.s l e
".'0 m 'avl:li l dNpndu dc I ~ l'ec: evOIr .
- Vous ne l'avez jarrulls aimé.
- JaJnais.
_ Pourquoi l'avez-vous épousé'!
.
_ Mais dil Swarga embarrassée ... Je ne sal.
,.., moi..: parce l'lue j'élais Jeune ... sans yolont,j.. 11 6Lait mon tuteur...
_ Il a abusé d'3 votre raiblesse ?
_ Un peu, Mais pourquoi tout cela.
_ Parce que je veux que vous soyez heureu ••.
Paree que je ne "e~lx
. pas que ~t
homme 'Youa
:tJlsne SOIIS sa dommaLlOn.
_ Je SIlLs sa femm e, dit la comtesse.
_ Ne pouv ez-vou S pas le (Juilter, si v~u.
ne l'aImez pas, 'il vous menace' Nous pourru,n. par'"
• • 1es deux.
La mère secoua la tête.
- Impossible, dit-elle.
- Pourquoi donc '!
_ Songez quel bruit! 11 yale mond•.
_
VOUS n'y allez jamais. Et c'est cela .... me
Mfture.
- Quoi?
_ Que vous restiez confinée chez vous ... ,jeune
tMOre et jolie eomm€: VOliS l'êtes. Vous seriez la
reine de tous ces salolls où nous allons, mon père
Il moi.
.
_ Je n'aime pas le Inonde, dIt Swarga.
- C'est la seule ra ison ?
_ La seule, Quelle autre supposez-'You.' Ne
.olll-je pas invitée parlout avec le comte'
,
_, Si... Mais on sait peul-être que vous ne Iseeompagnez jamais.
La comle 'se avait rougi.
.
Un trouble se ti suit ;:lUI' son VIsage.
Ue nouveau Fritz lui prit lu ~ain,
la ~ais.
_ Pardon, dit-il... Je vous raJS ~ourI.
Je VOUS
torture avec mes questions ... i\la~
si vous saVICZ
qu el intérêt j'ai malnlenant il savOIr tout, et à être
flx L' su r re que nous sommes 1
.
Ln. mère le regarda.".
Elle fu t surprise de 1 aOlmatwn de ses trail.s et
dp sp!-l ~ s tes , de la f1amm.e de ses ,yeux,
_ PClll\'llUOi surlout r(~81lna,
l demanda-t-clle.
_
j'lOT'CC que, répondll l' ntz, Je sens que mon
avenir \'n ~ , d6ci~r,
mon bonheur ou mon malheur p OliT' ln vie. Jaime.
.
"';w
n T" ~:1
('ut un ~ur:saL
vIolenL
_
V (l US aimez '!
La
~
J.
".1-
EC . :-. lJ3
.
:2~
où vous conduit tou t co" hrr Nlnnui<lsant Sf1n itinéraIre; c'est d'aburd le rooher é polJg", sOl'le de hn, ul~
roche susrendue en tre d'autres rOI'\}es ' !llJÎ ' 1a ir,
en effet, d une éponge que l'on p: èsse. PllI S il yale
ch~ne
de Pharmol~d,
âgé de quinze cenLs ans et
qUl a été planté, dIt-on, par le mon
a r l J ' I ~ dont il
porte le nom - l'arbre de Jupiter ... l!\ floche-quiTremble et les Dellx-!')œurs, deux aulres roches
auxquelles on s~ rend ,à pied de la Rochp fj ui-Tremble, p~r
un petlt sentIer des plu s S ~ tUh
",es cl Jes
plus ~Itore.squ
M!Jn cocher ne 1manqua pas de
me faIre faIre ce petJt pèleriDflge,
Dev~nt
la I:toche-qui-Tremble il fit halte.
- SI monsieur veut descendre ici... l\lonsieur ira
Il pied de la Roche-qui-Tremble aux rochers 1es
Deux-Som~
l?ar un pelit sentier qu'oll lui indiquera, et ,lIrai atten.dre. monsieur devant les DeuxSœurs. C est un peLIt lcilomètre à faire
J'étais heureux de marcher un peu ..
Je descendis,
. A peine avais-je fait, qu~l':es
pas dans la direclIon 'lue le cocher m avaIt mdiquée qu'une jeune
Me VInt à ma rencontre.
- Monsieur, dit-elle, vient voir Iii Rochc-auiTremble '1
Je fis un signe al.fi.rma.tif.
- Si. monsiem veUit emporter des souv€nirs de la
forêt'
Et elle me conduisit sous un rocher où se lrOllvait instal~
une sorte d'éventaire eOtltcnl:lnl {les
photographIes, des vues de FontoinebleHu.
- Merci, dis-je. Je préférerais boire quelqu,{
chose.
(( Avez-vous de la bibre ,
- Mais certainement.
Elle me condui sit li. une p.e lite table in~l\1ée
sous
les arbrcs, ct c'e::; t là que le plus merveilleux sp
tacle frappa m~s
yeux. A une table voisine
ln
~le
éta~en.isl!,
Du 'vi~1
.
vieilla:rd et u.ne )e~n
lard, Je ne dIrai rIen, II [lar~st
::;olidc encor' li,'
corps trupu, la figure rl1 vagec. 1\1 [11 :., lu. JPUI1\' j'jI '
une mprvrillp clr br l1uté et de gr~
("
fl r'f< ('h (' ~' t~
dorés et d0s yellx !
'\;
,- Je vois 0010. (j'ici, nt Swal'ga Ci l ~"\I',
,"1
)h.! non, s'écria avec.: enLhol l"" I 111(' l;arnoll reux Pfltz, vall s ne le voyet': P l\,' , \'( 'U :; Ile 1( , "errez jamais, .car vous ne l'avez jamais Yu.
'
- Va touJours,
- Elle grignotnit quellfles gâ.trttllx qll'on avait
posés dev~nt
~Ie
et buvait de la. Limonade.
, -, Tu n as ,'Ien oublié, fit 10. eoulle::;. 'c, loujour,
IroDlque.
- I?h 1. r,ien l, 8'écria n fllvem nI. Prilz, et j(' nt)
l'ouh leral JamaIs. - E1
• le parlait peu cl .') pwhhil
re~A:d
Ifl forêt avec Aet! yeux où il y avat ' IU'I/l
poe SIC el du r~ve.
Le vllllllard, ~on
pè'rc SUI1~
douL\!
'
ne lUI adrCSsfllt pas la parole, la lab;Sflnl li seH
sées. - On avrut posé mu bièl'e d~vli
IIlf'li' IP H- Oui.
l1l
_ El CJui donc "
i' ne songeai s pns à boil'e, .Je cOlllernlll lll S Ill' ,c \l8
t"... cou~
Il 0 , se leva .. , SOli /ll're' paya
, J ullcee
_ .11> \'f1Î ~ tnul \fOUS raconler.
.
fil 1~. "r Oll,
"C'était coml1lCnr:1l le J une homme" tiU prlDRU
Ils avalent prIS el Je IlO ~ rLVf\i
s pa, 11'1)11 Cf'
n s cie 'J'HIl Il é !! dc rlli(>/'r. J' me e~tuls
\lr~
p,0u
j ~lIni s
r,!-ire, Il mc ~ I~blait
l Il IIlI'nl Jl{'niblc' Ù~I:
kil, P
, , ' d('III/lndé un cOllgl'l ù une hllllll.lne
rallg né 1 J n \'/II S
lal ss ,1' Ul!:pnrt~c
fI Vlt.e, c He rll'rvf'ilJ('IJ :-Ic vi iOI1
1C,l'rpOHCr:t Swarnll ... Tu elS allé à
qu o J songeai u OB SU,Ivr ... Un mol do l' 'b '
d~
pour n
gi~t('
Ill e tira dd mon embnrro.s.
au er.Te m'en
SOUVIens, r l
"
_ Jour.
Elle dit 8.11 père ct il. la joune ftllc.
F~nt.liJrbe/u,
" a s IH forêL dont on
II' ne cOlln aJ',SUIS )J
.
'
Oui
- Je n'ai pns b,esoin de VOliS condllir
VOIl8
. .. . '1 ;
" nl [1. \ (' C enthOUSiasme.
anLros . Vous conllUJSS z le Clwnllll.
t;
. 'u lul pnr l' ,"OU \ (, , ,.' (. 1\. Fontain bleau, pourPuis: ..... tou.rnnol V~J'S
":loi, ('1I f' IIj " 1l /1 ;
~ ,'
'Lilrr dan
~ ln fo
- D (\ fjllf' JI' fu s , 111,1\ '
.,ul v il J'r
il~ , jl' Il '!!II' IJII, UC\P IdI1e(tl'() y' nI' à la hMe et
LI
• 1 WOn SIOIll' vout SU1VI'C C 1t1" 'lh Îl' lIr t
Cl cc 11
rot A p'l. ll' ( l')II l' 1, JI', Jill', 1• dis'"/lU cocher jue dellluÎ 'ellt'" , Ils lui mdiqu r\)I1t. ,
OVIII dH'rl'lI e r Il/H' vllliur ' J' f ~l
Il ()lait dcu:':
. Le v Jcil! nrd, qlli n'avait r~l s I;f' 11 h11" fnire ttrn' 'VOl\\llÎ \ '(1 11' la r"rfll , luule .1 lort"e'mp"" uvec ~u
hm! 0 mOl, me rog rdn ulors, Lu J I'Il III tllle r /fit
"
'd
i
l
'IlVfll
S
e
,
légl'I rl ili nI.
U t!
oures rie l apI ('. !Ill i ' l . t ju ''1 11 '(1 l'heure ùu
bon rhcvlIl, cil' r,l ll'(' r \1 l'Illt: illr \' t l me rairr
.I t, ~mlin
i le pilla g rll ( i Ufll'fOCllt n'Of' '('
J,mA ' 1c,
't
'1 '
d1Cler. Il promit lI'. 1 ~ f' lIIen r r ou , (
ItQlTI llOlllll l!' lI1' rl'lldl mOI! A.Ulllt ,,1 Ill)
.'
oit' Lou 1l'S 1<'"1 ClIl'I/) !l l! 14,
l
( ndroi L8 pnrticu,
i'Odin » f{!'Ucif'll 1i ' TrIent la l~t
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s ln loret,. ( épuLés pOUl' trIs ('t
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JIU!
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til'n ment rllrlCI1X \)u du III m~
l'
~
c-
v
nu,
�63
La Nuit Rouge
~
pris le temps de boire et. me mis à mo,nler derrière eux. Le sen lier étrOIt, escurpé, plelO de détours.
La jeu ne fille aJ1ait d{!vunL .. Le père la suivait et
je modd uis lion pus SUl' le sIen.
.
.
Au llOut d ' un insl.ant de montée sIlencIeuse, pentianL laqu elle je voyais les cht:villes fines d~.
la.
jeu ne Olle grimper s ur les rocs av,~c
u~e
.agllIté!
une MJ'e 'se de gazelle, éb ,OUl par 1 trradwtlOn qUl
s'6chappait de ses cheve ux dorés, ~ad
nuque lumineuse el de toute sa personne, I.e VIeillard tourna
la tê~
et me dH :
- Monsieur n'a jamais vu la Roche-qui-Tremble'
- Non, monsieur, répondis-je. C'est. la première
fois que je viens dans la forêt de Font.ainebl.eau.
Nous entendant parler, la jeune fil,Je avaIt tourné
)a têt.e taule souriante. Un rayonnement, compara b le à celui des rayon6 de soleil qui de temps
en temps passaient à travers les verdures .hunlilies qu'ils poudraient de diamant et d'or.
père dit :
- Croyez-vot'ls, Henri ette. Elle s'appelle Henriet·te 1 Croyez-vous que monsieur ne oonnaissa.i.t
pas la forêt de Fontainebleau?
La jeune fille s'écrin :
- Est-ce possible, monsieur'.
.
J e bégoyuJS je Ile sah; quoi. ;:;a VOIX étalt !l dQuce,
»on regsr si rad ie lU que j'étais transporté.
Le vieill..trd m'al'racha à mon rêve pour me montrer un énorme rooher posé en équilibre sur <l'~u
·u-es J'och ers à la façon dre pierres tremblantes Jaissés J>8:r les druid€'.'€ f-i TR (ut:
- Voici la Roche-qui-Tremble.
.
.
,
La jeune fWile , lé,rère eL vive, étalt déjà gnmpée
cteso&u s, et .son poids <l'oiseau faisait remuer l'énor.me {nasse.
\
- N'est-ce pas, dit 1(' père, que c'est curieux?
- Très curieux, r~.pondi5-je
macbinalement.
Je n'avais regnrd<l qu'Henriette. 1
On me montra ensuite une grotte aseel profonde
eù deux enfants, le ,frère et la sœur, ava.ient éM
toudroyés un jour d'orage ... puis d'autres particuJariMs que j'<lublie, el on se mit en route pour gagner
le rocher dce Deux-Sœurs, but final de la prom&-
r.e
1
Dade.
Le chemin, pl pin de einuO!lités, dominait pa.r mopréc~iœ5,
où le. roebere J~
pêle-;mêle, dunntuenL uut! llllp/'ession de catlysm~.
J>ar roomenl.s, de haul.s arbres, dont on ne voyait
que les troncs gristHrc!I tan1 le somme t étaU élevé,
iOfIlinaien1 l'éh'olt sentier, qu ',Us couvraient de leuT
4Wl.bre, Ailleu rs, c'é tttlcnt de petits nrhusles à hau leur d'homme donl lM bl'lln("h ps vous fou tlaif'nt l
.iE'age. J'uuraLs YOlJlu march r toujours . Ma lheureuseme nt., un nouveau gr'JlJpe de rochers nous barrail 1 chemin.
- VQid Ica Peux -Sa'll rs, dit le o~gp.n
d'Henri ILe, cL SlIr lu l'I!llt e,' 1'1 C)\).elqw <hswoce,
j'aperçu~
mon cocllCr qUI m uttendalt. Il fallait nous
6(>j;Ure r...
.
Je sallilli pl'Orondémf'nl la Jeune fl~
et le vieillar<l
qui m'llvlJojC'11 1 si nhllj.!f'l\.nrm('nt 84'ryl de guJdes, et
ils oontll1l/iw III leur (H'O/llt>II I Lde 0. 9 1e<1, pendant qu.e
je remontu.i.e da.ll.d uwn vélucule.
ments, de véritables
IV
La
eom'~f"
avnit érouM
Slm
nI!!
romprl', hl'llI'l'lllil' de la joie qu'tlle VQya.i~
dan .son r~/ld
QUOI/il il f'lIt tl'rrniné, l'Ile dP018nrhl :
- I~t t.ll 1'119 l'evue cetLe jilUDe fille ,
-
-
SOll\' nl.
Et. t Il 1 11IHlf'!i ,
II nlf l un f OIl ,
SaiIt-~
qui ,lUe 061
,
&an8
rfnta!'briller
~
Je m'en suis informé aussitôt. Elle vit avec
père dons un petit village situé dall6 la l<?rêt.
00 Fontaineblenu nOlTlmé Avon. Ils ont dR.' pphtes
rentes et mènent une existence fort reUrée. Ils ne
sortent que pour errer <Jans la r(J~t.
1,(' pèr'p se
nQmme Hans SclmlUlt. On croit qU'lI est AlM.cien..
- Lui as-tu parlé?
- A ]a jeune fille ? Jamais. Pas d'antres mot.&
n'ont été échangés entre nous que cellx de notr.
première entrevue.
- Alors, tu ne sais pas si elle t'aime T
- Hélas 1 s·oupiru F r itz.
- Et que prétends-Lu faire?
- Il me semble que si je pouvais l'épouser, je
rserai,s le plus heu l'eux des hommes.
- Qui t'en e.mp~c:b
?
- t\lon nom, peut-élire.
- Ton nom?
- Ma nationalité.
- Parce que tu es Allemand'
- Oui.
Swargà dressa la tête.
...
- Laisse-moi faire 1 Si tu peux être hE'u~r
épousant celte petite, t~
l'épous el'us . MaIS il
d'abord que je sache qui elle est, et si eUe est di3JM.
- Oh 1 s'écria l'amoureux, qualld tu l'auras YI»
une fois 1
La mère sourit.
- Je ne me contenlerai pas de la voir, moi, oaeme toi. Il faudra que je sache ce qu'elle penee, que
je m'assure qu.' ell e peut te donner le bonheur auquel tu aspires et que tu mérites.
- Ainsi vou s aIl z vous ocouper.
- Tout de suite.
- Ah 1 s'écria le jeune homme transporté, c0mme je t'aimerai 1
Et il posa. a lête sur les g enoux de sa mère, . .
l'embrassa épercl ümrnt.
Le comte venait de pOllsser la !>orte.
Il .se tourn a vers son fils.
- LaiSlSez-nous, dit-il sèchement, j'ai à parler •
votre mère.
Fritz se releva.
Il regarda la comtesse, hésitant à la l.,.isser ......
avec son marL Celle-ci oomprit sa penaé•.
- Va, dit-olJe, el compte su r moi.
Le ~eun
homme fit un pas, s'flrreta ('noo ....
MaloS d'un coup d'œil. Swarga le rassura.
- Va, dit-elle.
L'amoureux d'Henriette avait ra ison d'nelr
peur. La physionomie du comte était peu rAMllrante.
Bien qu'il ellt près de soixant.e-<:liK ans, K.ari
S!renner était r eslé droit et vert, muis S8 mlligrenr
étail ex trême. De lon ers favoris blan('s Iml1hni('~
jusque sur s.a poitrine et lui donna ienl un ni~
de l'CS-p pdabilité. D'ordinaire sa physion( mie é!.fl,1 gr'av~
et calme, un peu Mlltaine même. TI marchait d'un
pas rr.etlure, solennel Mais.... ~te
h.pul'e, Lou~
ln.blait bouleverd en lui.. et 11 lUI avaIt falltl fAIre Ge
violents erCorts poar on~rve
une appAl'enCe de
tranquilJlloé et ne pa.e lai&aer yoir â BOn lUs l'agita1.lon qui le HCOuai' ,"t eoUer.
C'est 9u'l1 venait de puu.r de terriblee minut.P.It.
Juequ'iol Swarsa . . l'avait pu aimé l'avait méprisé même et n'.wed\ pftu &'OO\lne oœaMon de)lli
mantrer /J8JI ~tiDUI.,
JI.WJa Swwga, dont le , . .
mier amour lUI an.tt 1. . .6 le &O\lvnnir (j'une . .
cepUon erue.He, Swv,.. AWnrti aim6 ptnIOnn..
Maintenaa\ ~ut
~
càang',
Swarga aim~t.
Sw.r,. avaJA tlD amant, OU' le
ooJ'!lte I~ e doul~t
paa que Ladialu n( ~ flH Soli ,/lfllaat.
Qu ulole.rt.-ll frure'
'le .engl'rnit ·ll' En
provo9u.ant le m1 rahie' Mais le lllt'raH-1I ?
oourait.II p ,pluUllt cent chanoes ~ fa lre
t'lé J"nr
lu.i ? u Polonai étQ~
Je e' i:l "ait ,'il'l1x. Pl1i\s,
l'arfWlU't mort, Swnrga IJ ralt.f,u. daYnntaf(e ~ lut T
1tt"Mn nt non. I~l,
c. qu'l1 wulait, r'élnil SWArdéslT, éloaM
gR. Son amour pour olle, 00, polutorl, O~
-
800
r_
eorn.n.ot
�64
~
devenu, avec les années, plus vio lent que j.amais,
œr jamais il n' avait éÜ! sabjfai t. Il voulait posséder
Swa rga l' uvoir il lui comi"l' ma il rcs;;e. Il se repré.sentait !es heures qu'ellc a "tJL liÛ pas ser avec Ladislas, jeun c, beau, aimé d'c lic. Il s'imaginait l'arGeûr des baise rs donul-ê ~l f('ÇlL' e l malgré son A.ge,
tout son être brûlait en ima gin ation.
.
SwarCTa était loin de sc dou ter de ce qUi se pa.s&ait dan j'ème de l' espion. a us si fui-el~
fort ~r
prise, après la violente sortie, de le vOIr venu à.
ell e. Frilz parti, le sourire aux lèvres et le regard
doucereux.
li voulut lui pr.enàre la main.
Elle la retira brusquement avec une expressi.oo
de d€goût non déguisée.
.
Le comte fronça les sourCIls.
- Je venai s en ami, bégaya-Iri'l.
- En ami vous?
- Oui. .. Ecoutez-moi.
- Qu e ponvez-vous avoir à me dire ,
- I3ea ueo up de choses qui VOWl iint.érœeerom
peu l·être. Vo ulez·vous m'écouter '1
. E lle' (;u. un ges te de résignation.
- li Je fa ut bien.
- Je jJuis encore, commenÇa le oomw, dont la
v oi:\ Ir,oml.Aai t, et qui tout en parlant S€ rapprochait
de la .·I~ I·\·e qu'i-l enveloppait de son 8O'\ll1le chaud,
j e !llilS c!1to r è vous paroonner.
<,\vn:·t!:l €e recula vivement, un éclair aux prune'!-l e!'. nT! <:(1lair iffi(>.prisant.
-. ;\1,' pard onner '1
-
Oui.
- El quoi?
- . lais, dame, votre tau.te..
- Qu elle faute?
Le comle tressaiJlit.
Il rc!=(orda sa femme avee stupeur, décontenancé
par cette assurance.
.- Vo us ne niern pas que je vous a.i S'Urpris ici .,
- AvecM. Ladislas Lazinski' dit Swarga, très
tra nCJ\l>lllc, CCrlc1in f'menl lion . POIu'quoi le nieraisje? M. Lazinski est un homme eh.a.rmant, un artiste.
Le comte eu.t un geste vio.l ent.
- Ne VOIlS moquez pas de moi, cria-lriL
Swnl'ga 'prit un a.ir (art surpris.
- ~Jais
Je ne me moque pas.
- Ladis'lns est votre amant 1 hurla le comte.
_ P oe·sible ! fit la comtesse, qui s'assit.
Pu is, ,le g este languissant el las, elle ajouta :
,' ('9 1 cr In que vous vouliez me dire ?
_
_ ~;lI d r Il1 e 1 vociIéra T<arl Strenner, qui sentait
ca lm III i échapper, la fureur bouillonner en lui.
- Qlioi ?
- .I e vous tuerai 1
- All ons donc 1 nt-elle.
_ fi: j lu ' f'ai oussi le misérable.
_ . 'Ion pauvr ami, interrompit la comtesse,. ~
'61ni l pour me menacer que vous Mes venu LCI,
\'Ollf; nul'Ïèz pli res ter d~ns
votre chnmbr~.
Vous
saV<'z qlll? jl' ne VOIlS cl'olns .'Pas ... que LadIslas ne
VOtl fi I"("nin t pa pfUS qlle lIlOI. ..
.....: r..:.!islns ? vous avez dit Ladislus ? fit le comLe
La N tût Rouge
.,?.!)
- Oh! ou.i, répéta-t-il, je vous tuer ai 1
- Blèn, blen, dit SWUl'gu in différ ente, n ous sommes prévenu s. Nous ne serons pas surpris.
ELle se leva et v oulut s'éloigner.
Le co~1te
se mit devant elJe.
- Qu est-ce à dilre ? fil-elle avec une eXiPressi.on
de hauteur Bouverai~
- Vous n~ sortirez pas.
- De la vIOlence 1
,- yous ne sortirez pas, répéta le comte, avant
d aVOIr ente!1du tout ce que j'ai à VOl1S dIre.
- Vous n avez pas fini ?
- Je n' ai pas comanent,'é.
-A.hl
- Il est encore en votre pouvoir d'empêcher de
.
gran<ls malheurs.
1( ~
vous ai dit que le prince d'Argyll était sorti
de pnson.
1:>
- Oui, je sais.. . que voulez-vous que cela me
fasse?
-: Mai;; i!l va ve~r
en France. TI est peut-être à
Pans à 1 heure qu'Il est.
Il Vous pensez bien qu'ID. va se mettre à. notre
recherche.
- Pourquoi faire?
- l\ai~
pour tâ-cher de se venCTer de réhabiliter
sa.m,émOl.Te, en prouvant qu'il
pàs écrit la lettre
qw 1 a perdu, que ceLte lettre est un faux
- Qui. le .lui dira? fit Swarga. Vous seui et moi
- MOI, dIt le comte.
. ..
Et il r egarda sa femme.
Un éclair jaillit de leurs deux regards COillllme du
choc de deux épées.
Swarga était devenue très pâle.
TouLe son ironie était tomMe.
V:0u~
ne ferez]JIB cela, fit-elle, frémissante.
- SI bIen, fit le comte, et, devenu gouailleur .
o us touche davantage? ajoul-ti~
Il Ah 1 cela
car le crIme dlvull$ué, n~tre
pa ~ t:é
connu, nolre
honte publIqu em ent d~vo
I 1~e.
("est ravenir le
bonheur de votrel fils à JamaIs perdus.
'
Swarga élait <Ievenua livide.
- Misérable 1 [il-elle.
Cela scul, en effet, la touchait. . le bonheur de
Fritz.
VOUIS feriez cela 't
- Sans hésiler.
E.t .il Y ay _ ~J L da.nds le regard du comte unc teille
dé CI sIon qu ""'IC ne ou La pas , en effet qu'il
rOt
résolu li se v enger de ses d.o6dain c' 'd
~e
h'
, st
"..
sn ' ,ra 1ll
n
sOh ... C 'U da.n s "ts Ol fl ~ , d~ns
lont ec qui lui 'értait
.
vou1al . a r~pe.
Oh 1 le misé bl
c er,~
- 0 mUeurs, aJoutn Sll·r. nncr 'c n"
fla e ..
de fairo un plllS unI? démarche 'JJ , ~ l p~ s b~sol1
. 1
.
'
. t
. (> n HI qu il 1;\15 r
(1g ~ r
prln c , rnmn cnant qu'il es t libre
Il
·t
qUI nou >, sommes. Dan~
quelquûS jours to "t'u Bal
de le snura ... eL...
' u
mon- Et vous n'avez pa.s un moyen vou d' ndiguer' cel,t boue?
'
s,
Le r omle secoua ln tête.
- Pa!'; plu s que vous o'en a."e
rend rI' hrureux.
z, vous, de illl'Il
Swarga frémit.
1':111' Innça u comte un regArd de JAnv
- Oh ! !l0ur(!1j(Ji, lIt·rllp /TIn vip (\ e.
,
. ,I-ell e l!t,{' li
ln v 1"1 1l'l' 1 POIlI'fluoi fnut-i1 qÙe j
III m l'Illl' f1\lIl'e.
me ~ O ls ['oul ôp dnns
- Vf)I
~ (II' Iwnsiez p!L'l a insi qll And 1
•
VOIl '-1 vI' n"!'!" du r. rincl'. Ri{' n n ' ('h il )fI! \ DU S VOUh(''l.
en!! 1. I! !'~I Z l('r1'11>11'. AIH'IID I' P ro'llI ! ,Ir VIl1Jf1 II.'SI''l.
lnil ... C()m me vou s m' II V"7. 1m lllpé 1 1 ne VO UE; 00 - .11' V ()IJ ~ a i trompé, moi?
1 ·' UV ! Z VOl! '; p liS fn ll dl' fn l n "'Ii _
,
('ftl /'!'l 1111 Vl l f'I1u!>I,' ~l l p l ilV' , 11 11 "1 1 11 ('l· l l~.n , l' il VOs
1!I'llrI' 1',lr VOfl d/'dni nH 1' [ V l~
Ill/pl"
l(III ! !'!> 1eR
vou liez pa!:!, dil Si" q'''n n
.
V I)II .. n
U JlI l1 ' '!
' . ,11 Je v 1~
n'a
v:
,1
\'111<; lI'll·jl'!. Jl1I. IIIl III
ne J", 11/liollU ll Il
hai ne, ~1 ,lÎs
�La Nuit Rouge
~
=======================
est passé. Il s'agit de savoir aujourd'hui ce que
vous décidez.
- A propos de quoi?
A propos du danger qui lWill) meI)ace.
- Et.es-vous en mesure de le conluJ'er?
-
Oui
- Et oomment ?
- En empê 'hsnt 'le prince de parler.
- Vous a uriez ce pouvoir?
- On a bien du pouvoir quand on est décidé à
tout, dit le cI'nüe.
Swarga Il' . " ,'ompr.i.s.
- Vous 1
·,n ?
pas le premier crime que je com- Ce ne .'
mettrais pU ll,
1.'1 ,
- Et pour 1.··. 1 demanda la comtesse.
- Pour cel:I, jp vous demande!', i de ne plus recevoir M. Lazinski.
- El. de vous recevoir, vous ?
- Dame, fit l'espion, donL le6 lèv re-S s'étaient liumectée.::l de désirs.
S W il :"gEl. Je toisa des pieds il la té te, et laissa tomber Cc;", lllms.
- C'est trop cher 1
Et. eIle <iisparul..
L," ItlU} pous a un rugiSôem ent de décaption et
de lt.ge.
- Oh 1 oui, fit-il, le me vengerai ; je t'éoraserai
à mes pieds et je te piétinerai 1
Tl était neui:' henres du malin f]nand le prince
René d'Argyll (monsie ur lorin) s'éveilla dans la petite ch.ambl'e de 1'11ote-1 où Dominique l'avait conduit.
[J avait bien dormi, et ce somrneil l'avait reposé.
U sauLa a Ln rTC, L}uYl'iL la fet1.!Il'~
pt lm ruyon de
.so~cLl
flltrn. il. tl'u.vers les l'idef1liX, mettnnt dan.s ln.
pillee de lu lumière e-L de la gaieté. René s'ha.bil!a
précipit,ammen t, le mieux qu'il fuL n05sible, Inrus
et pousSteS vêLellIent!'; étaient en lal'r,bul\1x 1)[1 ... ~s
siéreux. Sa. blUIDe et ses cheveu,' wnicnl p()'lssé
in'Cultes, en désordre, son leint ovui! {·té ])1'1)16 flar'
LOUl[.es les intempéries, ct, quoi qu 'il fil, il lui re I.d
l'~Par
'ncc d'ull mIséreux. Il sotl il. c(JfJentlonL,
s'orienta, uperçuL devanllui le boul 'vlud Mal sl1or·
ùesc~ldu1
Yd:3 Sllint-Au,guBlin.
be cL B'y di~\n,
A Plarig 1 Il élu.:! ù Parts 1 li n'osni! pM; y cl'oir .
1 ien :ùllvail r;,1>'ttl:ir. EL pourtant il lui semblait
qu.'·il y avait ùe!! 'l.i~<:L"S
Cjou:il u\'.ail quitté tout cela
t\.Veo 1'[\PlIéen~
on de ne. JarnOIS Ip revoir. Au fur
et ù mesure qU'li IOOI:ClIuut, dt'S .'ouvcI1ir sC levaient sous ses pos. ]<,n pi! 'S(1 1 t plncp de la JudeIcine, il pensa il. SW.1.rgu qu'il uva!t rCnOI1'(~
là
un jour, duns un reslaurent. Lu. mlsérn.bJe 1 C'était
d cette J'encontr qll'aviliellt daté LOlltc*l s S douleur!'!. Où Nuit-cllr lllttinlenunt, 1'orli·'wle fcmm'?
Il tr suurait. Il le saurait, et mo.lheul·, trois fois
maillenr ù. rlI 1. ..
Il Y a,vait il. cellc IWII1'l" dun~
10. l'lH'.Hoyale et sur
1,1' )ClIc\'1~s
qlll' Hené pI'l~
nSl1~,
un grand
IJ101lVpm nI. r l'sonne Il falf'oJt al/eTItIon à lui. On
le con ·iùé.mil ,'a ns cl ute comme lIn de ces 11(o1'OS
qu l 'j'mIrs ('()lldolenL sans y prendrr gnrde, hn.il.
IOl1llC'II ,' nt u,n(J Illl'l'l !1111l' Il'sqIlcls on ne jrlle 1110
1"011j1 rI'n'il (ju" (1';111' Ir li plnilldl'e. QlJi eO t SOupçonné
b"OllS c If.e y{I./
•
Ill!
Ct '1.1' 'iv rr d tralne-l11iflore
11' pL'În.('t' Rrnt'. (J'.',: ~vl
? PInce de l'Opél'll, Je déllJllhll,h,1l prit ln l'II" ,.Ill' Ql1ulrc-S pLcmbre, pl1is III rue
G Illon, ct Jb ;. ,'hl)!'nhn Il n numéro. Dovant une
Il • [ " n (e orill' Uppdl'(lOC , 00 1\ Y Ilvllit ri g ponon('('1111.:, il Pollt lin trl"&~niNT'
entra 3nus la porteroclu',l'f' l't vil c{)l~e
!VI II' 1 s (J~ln/1I'X
du v stibule
(11 '.\ nr!i(!Ilf's f/Ù il Y tl.vait on ll'tof' l'es moLs: Il Etude
(j.. In I.' UarroiH, noLuir . )) C'étnitlà. M Le nl1l'l'Ois
'ivwll-il [ouj ur!! ? HeM l'Ignornil. Peut-Mr élait-<:e
65
~
son fils qu'il allait trouvcr à la tèLe de l'étude, ID.
entra. C'était au pl'Qmicr. L'éLud-e, uone drs plu' if&-'
;) l;r!«,~i.·
"L Je, ):us ·u;ibll'.5 d~
Pnr;s, ùCCllpuitloi!'
l'éta:'c . li pou::;::;a une porte dOllt le::; doubk:s baf...
Lants gUlmis de cu i,r \"Clt orné de bJutons de .r:niVl'C se fermèren t tout scuols denièl'e lui, Li sc tr',ut'&<:
dans wn€ pièce où quelques deres grirfonnûienl ct
actes, installés de chaquc cûl6 de i~fI:l!Jt
S f>llre(1n:
t::!''u·géls de paperasses. Il alla ;\ :-.:'1 .; 'll; X.
- ~\:l.e
Le BWl'1'ois, demaiIlda-t-il.
Le clc.rc leva les yeux, d'évi::;agcu ÎtJo:r.mc, pardi
stupéfait de voir devant lui une sorte de mendi~
dégu eniJlé et farméliqwe, et répond-it du bout ~
den ts :
- C'est lui que vous voulez voir T
- Oui, moosieur.
- Je ne sais pas s'il esot arriVé. Veuillez vm:g.
adresser au premier cLerc.
Et il montra un homme d'un certain âge, as~
dans une autre pièce dont la porte étui[ ouvcroo.
To\.:::; les ch'rc , les yellx lev-és, regardaient plU;
ser ce pOl'te-loqul's quoi drma:ndail à parler au ~
tron. René n'y prit pas garde.
Arrivé de,:ul.'L la lubic du premier clerc, il dit ~
- POlJrnl.ls-J pf)Q'I~1
à:V1. Lr I3nl'T'Ois ?
Sans lever les ycux, l'empJoyé répondit :
- 11 n'l:. t pas arrivé.
Rel/.! nl1ail se diriger vers une banquette, quani
le maiLre clerc l'aperçut.
-' Dites donc, fit-il, c'est à M. Le Banrois h'f,.
luDlne que vous vou}ez parler?
-- Oui, mon&ieur.
-- Et qu'csL-ce que vous lui voulez?
- .Je nc puis le luJ dire qu'à lui-m~e.
Il insista.
- C' est pour une arraire concernant l'étude 't
- C'est pour une arraire que lui seul peut traitee
- Dien, asseyez-vous, fit le clerc, un peu ved'
doa cetle disoCré~n.
l1ené s'ftssit sans répondre.
Il y avait dix minutes à pcw.e qll'il était installl
Sil l' "'1 tHl n ~ \lrte
qllP M" Le Barrois parut.
C'était clliui que René avait connu.
En IJu::.sant, il vit René assis, Il> put retenir 11&
mOllvC"ment de surprise dlcvant sa mise délabréJe
et dil au clerc:
- Qu'e&t-I'c 'lue cet homme attend?
- Il vondrait vous pUI'ler.
- A moi ?..
- A vous, oui, monsieur, dit le clerc.
- Qu'est-ce qu'il me veut ?
- Jr ne sais pas ... il a refusé de me If! dire.
Il alla à René.
- C'est à moi que vous voulez parler, mon bra~
homme?
ni, monsieur...
- C'est que je suis bien occupé. Si VOUS pouviez
nxpliqner à mon premie r clerc...
.
- JI' ne pnis dire qu'à van s, monslcur LI' n
' roi~,
dit nené, ce que j'ai à dire, ca.r VOliS seul av
connu la prrsonne dont je veux vous nlretl::nir.
f\lo Le , narrois e::Mmina son singuliet' olient, f
irt'~u
par l'expre!i.sion de SC'S y llX, .rail' rte mye.torr qlll l'onvelopfJUll, la fnçon dont Il s'rxpl'imu'
11 ouvriL 1
et qlli inrtiqllait une certfline édu~til.
poI·tr cI'p sIm eabin.e t et dit :
- Enlrr7., monsieur.
René cnlru.
Le noUl.Îire Ota son chap.cuu, son cachenez p\lÏ.tt..
mdiqul1,nl un siè"r rlr 1 n1l1in Ù n'né'
•
- Vouillez vnus asseoir, dit-il.
.
René n s'tls*li t pas. Tl villl vcrs lui.
- Avont Cfllr jc pori, monsirur. Nr.S-V'l'ilS biclt
sOr qur personne' n prlll nons rnlpnrlrc ?
- i\.lnis wrlninrrnrnt, monsi lIr, fil le notaire, intrigué de ce début.
. nu pel'.llnnl n" P III slll'vpnil', pO\lI'!'!I1iviL 16
pnnrp, el slll'prcndrc le secrct qu<r. j vais VOu.'
conlier.
LA :Ill! ROlGE. -
6
�66=======================================
~
- Un l'te cret ?
- De la us ha.ute importance pour mol.
Mo Le &lITois se leva.
- Je vais, diL-il, fermer }a porre de mon cabinet,
at vous pOUl"H:Z parler sans crainte.
n alla, el'
"Ier:.mer la porte, et revenant il
René:
'
- P.ülllez, monsieur je VOUJS éooute.
- Il faul G 'Jl'd , dit le vi:>iteur, que vous me
~iez
le sel·, •. tnt de ne révéler à âme qui vive,
!!I.vs:nt que je vous y aie autorisé, et mon nom et
mon existence.
- Tont ce qui m'est confié, dit le notaire, reste
«o~re
ces murailles. Une foi" sorti de mon cabinet,
!onte!:'t oublié.
- Ce secret, pours'uJvit le prince, doit être caché
jusqlJ'à nouv!'l ordre, même il ma femme.
- Votl'e fl'mme ? - Vous a.vez une femme .,
• Quc je connais !
-
~
Ou,i.
Il r egurda plus attentivement son vi.'iitelU', et dit.,
-
ému :
Qui êles-vous donc, monsieur?
Le prÎllX'.e René d'Argyll.
La. foudre tOl"bélJllt en ce moment dans le cabinet
de MO Le Ban'ois eût moins effaré le ooLaire que le
simple énollcé de ce nom.
n bondit si r son fauteuil, olJvrU des yeu énor.
tIII et bégaya :
- Le prince! le prince René 1
- Oui.
- Que j'ai conIUl?
- Oui.
- Qui y,.,
- Qui a été aocusé d'a,'Oir trahi son pays... Oui
- Accu é? d.it J.e noLaire de plus en plus atterrit
- Oui, fit Rrné, vous me cloy~z
C'Onpable, vous
i"
Et il aj(lut"
ec une e~"Prsion
d'amertume
extrême.
-- • la fetnTT,c 1d bien cru.
Le Il Jlaire le f'c"nrdait avidement, interdit, sans
Toi:;:, Il'V ant e 1 CIUJn' ni ;;('s yeux ni SI?S oreilles.
Ir.lll iHcl" ! Ir PI"!IC:- d' \rg~,Tl
1
PUlf1, la c' fiance IOhélClIlp au nol.aritü prenant
. ntflt (' d( ',~I s, il dIt. :
- Il mt' flllldrnii des preuves,
- Je vob V'JII' en donT!(!r.
Et U\'f'<; lin sourire Ilm('l'.
- V. l~ ne n' 1 el'o!llJuis ez pas ?
- Je VOllS tnouf', dit Ic Ilot, i -e après avolr de
au exurlllné son visite'ur.
Oui, dit Hené, j'étais jeune et je suie vieu~.
r 'fI él~rfmt
t je fini vêlu de loques. .J étaÏ.:l
c1roit ~l' je sui' courbé. J'avais .a dCII,urche alerte
st ~ me tralnc. J'ui tnnt souffert 1
Ces dernlPm mols furent dlt8 oUve,. 1]0 cxpree-.km . i dUlilourPIl e que le notaire, 'IIU, a1:lu oherun si,\ ", l'opprtl 'ha de R,,"' ef rlit :
A p I \'0115 dt'IW ... VOJ ,
ùllez lCI rO('[Jnl.er
voU' Il Jin',
V. r '"'1" fit en qlH ql~S
mati; le l'Oeil que 1'00
con r; l, le r', il de e, t.orlures, de
I.ongue d6r ~:r Il, li
l 'u ves d~
l-ous genre.s qui l'ava.i.eM
II
bl.
M' L,
roi:i 1'[o('Olltuit avec une attcr,ltioll ct un
, tfr~
qUI ('rolssClIt'nL 6. d~rtle
mot, pris d $yrnpathi el de !Jilié pOm' ce mltllhcuJ'ClIx, à l'innocen~
duquel il cl'oyait maintenant. A Vlllsioun
mprises on Nuit venu frapper à la porLe d _sou cabln t pour dl\'1 clil'nLs q.ui le. darlll1n(lllIen1. Il
n'avait [ms OUVl'I't, Tout dl;parru, salt d! va~l
oetLe
lromntiqll hi toire. QUllnd nl'lIé eut w.l'JIllné BOIl
récit il lur t 'lJdiL cliai 'ur(~lment
la mUln.
.
- Tout ('c qui M:pcndro. de moi, IIIOrt dlc>r oU ':Il,
It-il El,,"" "ru~ioTl,
jl' le !t'rl1i pOlll" VOILS II ' llWle
poUl' ri, Il''' '111('1' les coquins.
- JI l/tllt. (l'{) bord, dH Hcné, mc donner' rll' l'nrgmt.
La Nuit Rouge
~
.Tout ce qu'il vous plaira. J 'en ai à vous à ne
depu,is le t~mps
que les .intérêts
ne m avoU' pas écrü?
. o~qu01
- Je ne pouva!s pus écrire sans que ma !ettre
Pfsse par l.~s
m,oms des fonctionnaires allemand'
~C1;:npeOuJrav<ls
caché à tous mon identité et .n~
,
flen au monde la fal're
'
aVCJnL la réhabilitation
'
COILl1a"r~
:~mnfalpe,
à
m~
-
par~'
cu-
je comprenctS ... M.adame la princesse est
~if'
no~.e
je le saLa... EUe y vit sous un nom o1:>s-
veut pas que l'on sacbe qu'eU,. l)orloa
Le not.aire. ne répondit {las.
]\'IalS bientôt, ,PoursUIvit R
é li
et les autres, que Je n'ai
en , ~ e saur~,
e!l~
pas livré Kerhallsen
R.~
d6mérIté, que Je n ru
chinatioll qu'on a ! "t qu 1 y a là une atroce maI! allüïl S'éloigner<M~1ax
po~r
m.e ~erd
.
- Un détail que 'j'oubli' arroIS lU.1 dit:
chez moi, à mon étude ·lIHS. - Il s est pré3enté
nées déjà, un honlllie q~/rJ
a de. nombreuse;; anvous ayant appartenu.
Il reIll1S Ull portefeuille
René eut un tressaillement
Il ét.ait devenu trè.s pAie'
- Hans Schmutt, dit-il. .
Et il pensa à sa fille. .
S'il al}ait apprendre des nOuvelles
- OUI, fit le noullre. C'est bien l '
"
donné. Ce ~orle[cui
lui avait été : no.~
qu il m'a
et comme Il contenait des papiers e~l.",
par v<?us,
être utiles à tllme la princesse il r 1 pOUvaient
tait. Je .l'ai toujours ,là, à votre dïsPO~i
rappOl'_
Le pnnC€, n'écoulaIt plus.
• ,
Il songem t à son eufan t.
- Et cet homme, deman~-t_i.I
tout t
d'émotion, vous savez où il habu'e? Il re~blan
une petite fille ?
fi a-v cc 1111
Le nolair~ eu~
un geste n! , f.,
- Cela, Je l'Ignorc, Ill-il. Je J'ai t '
seul. Il m'a confié sa peUte fortune OOLl)Our.s vu
parvenir lc .., irlén~s.
. n lUI fait
lors, nt Hr'II{o, qui avait pcine à
cacher !Ion
trouble, VOllS connuissez son udl'esse
- On le sait ici.
.
EL ~Io
Le Darrois, qui n'avait pas
'
l'ag ilnl:oll .de son client, fI' PI}. SUi' urfr{S gb'nrde à
101 l'€'.
Le prcmler clerc entra.
Il jeta, un regard surpris aur ~'in
,
de le vOir établi chez don palron s' connu. otoHné
timité presque.
'- IIll [)lot! d'in.
- ~on.e7-mi,
da le notaire l'IlcU'
nos cJlenta, M. Ha.ns Sc.bmull'
sse d'tlll d.
- Oiell, mOllsieur.
.
L'employé sOl'lit fA revint nu bout d'
,
- M. Hans Schmutt hnbite il Avo un Instant
Fonlainf'bJcau.
n, prbe de
- Encore en ce moment?
- Depuii plu~ieJ'1I
fllJlIéf's
RCllù levu <'.lI) ci rl d~
yeu:\: '('xtnf<iliS
Sa ~Uo
1 il allaH la revoir peul-êr~
1
~
/emmc., ... flUa Il l'~
retl'{JUvait touLce I_
Il ne I,ui manqllt\lt plus qu
'~roin(
SW(lI'
d
.f{~
IOn Ml.fanl. Il dit 4U notaire : 0 l'UJ: tir pour revoir
- Ct«.e Joumte e6t béuie.
- Vou. avez jnt.él'~
à retroU'Ver
:?lt homme"
- C'. ~ lui que j'ai oonf\é
- lA }/L1J. PI1.lJlo...e ,
e1
- Oui.
- Oh ! ... lÙr tflIl No pipull
.
II', JOUl's!
- Je la lui l' ndraj, Je 1 IIH ~l1i
poun i J'apppll'r dl' mon n01(I, n,/l~'(JI1
1/111111(1
un ml?t, Dl
la PI'!n':(l ,c, l,'i Ù p!'
Lf rnpl.pz Hllr IIIU (118 "1't'bou
-:- !l''liIlPIII , j'iu-nnrl' ,i lTlIl nlJp
.
vrus j" 'I.Ii)/' l!-i' 'r' r:t j'IIi h/He .. ,
VIt, Hi j, Il m11 a.Vlllt Utc de
!:
(JIll, olLi, jL'
'Ol)(JI~,
�67
La Nuit Rouge
~
Honé sc dirigeait vers la porte.
:\Jo Le ·La..rrois sortit avec lui.
11 10 condui.'3it au premier clerc.
- Yous tl,ez faire donner il monsieur.. .
n dlerc.ha le nom, pris par son client qu'il avait
0ulJué.
.
- .\1 (win, dit l~ prince, M. Morin.
_··ous élllez .~iro
donner il M. Mor~n
l'argent.
qu'11 YOu~
(lemarrdera.
Le clerc leva sur l'homme qu'il 8.yait pri.> pour
un l11l''1dianL de yeux effarés.
- Et chaque fois qu'il s.e présentera, poursuivit
le notaire sans prendre garde à la st~Iacion
de
son emiployé, vous lui ferez donner ce qu'il demandera.
PtlÎs, prenant la main du prince, il la serra aUectueusement il pllL'3ieurs reprises.
;\1' revoir, mon cher olient, et bonne chance 1
El il l'nU'a r:l lns son cabinet.
Le .. ( [11 i,·' 1" clerc SOl'tit de son bureau sans même
1(1' IH 1 ;'1 "''''!1pr
l'étonnement dans lequel le
plnnsr>a.il cel événement.
fi (i cl r 1'112 :
,.;
IlOII. CUl' veut me suivre.
/i:1 1 II' Il ('110. à la caisse.
1 ce se fil n'mettre dix mille mma! en bilLe
t~
r1 ) lI'lue et. or, signa un reçu, puis, saluant
le1i
l' ct le clelc, il disparut vivement.
Le ~t\i:ser
n'était pas moins stupé!ait que le
':lerc.
.
JI di! il son camn.rade :
- QlI'est-cc que c'est que ça. ,
L'nnlrf' Cll t UII geste des épaules.
- .• e n r ["'li . , s .. Ou ;., 1" Le BIlM"Oi8 es-t devenu fou, ou cet t'lnmme est bien riche 1 Il pouvait
(H'nl' d r Cl'T)
" 1 trancs, un million, j'avais i'or.1re 1 J' • ,l 11,l1 fnire donner.
VI
~
Elle était habituée d'aille urs aux moyens d·é·
tonnement et d'admiration soulevés par SOIl pas·
Stage, car eUe étaiL deveJ;lue lort b elle. Hans
Schmutt en était inquiet. L'ancien braconnier ei
la jeune fille habitaient une petite maison siluée à
l'extrémité du viLlage, entourée d'un jardjn rermé
d'un mur assez élevé dn côté du pays, mais qU'Wl
simpl e grillage entourai L dans la {larti-e avoiSInant
la lorêt.
Ju~q'a
moment ùÙ n oU!S sommcs, le cœUI
d'Henrietle était reslé muet et les cn:.in\' de son
père adoptif avaient été sans objet. La jeune fùle
ne s:occupait qu e de ses aquarelles et n·ovait. de
passlOn que pour sa forêt. Pourlan t l'heure allait
!lonn er ')ù unI' imRge pa ~cl'Uit
dans sep, r~veÏ1':,
trtlublerait ses nuils, voguerait avec &es lwn ét'R
à travel's le;; ,"prdures onduleuses. Au l:OnmleLcement du nrintemps, parmi les offluie!'S d'artillerie venus pour les écuks à f,>u, se t. uu\·o.il un
jeune ~ou$-li"1Itena
sorli l'année préc':'dehle de
l'E1
~le
puly technique. il se nUIlJJ11.ait Robprt de
Casiny. Il éLoit gr lU1d, mincc, él"'g:Lnt, CI\ niL de
relites nlom;a"he~
lJlo1"1· fo L l ; ' ~ 1i611?1!', el su
grMt à chrval avrlir éLe remarquée dt; tuu; ~eux
qui l'a'la nL \'11. ('n :OUI', dans une dcs rne'
d ',\v r n, prl.,· (lu canIf', Henriette }".lvail ... oisé.
Il s hnktlt <lVC'( :;on cheval, qui Se cBbl'ait,
refiJSnrtl d·a.!I.' où 11 Jf' voul.li cOI,duire, cl la
jeunt Ill· . \ ai •• e Hi (ILJU- ct elle u\'uit vu le ch<lval lIr. " Il 1mr, pre[ ü ~e
l'env CI S('1' sur !!Ion
c(l'-.ull . l-n rI', int;vlont ire lui était .J( 1 fl pé, "'L
à CP Cl' Hr br] . ·..·'n· f r·'t umé, l'avait vue et éLai\
r i.' ·I.é s'.. . '
'oi", nnl 1 ;n" à son chevl:l], il sa
luI te ... li il nit <1ctJ6 inv Jontllirel11ML les 1 lle::.,
el la hl\l é' \ '1 11(1 rlle à une allure folie dans un
des scn!.iel'c; de la for~t.
Il . ;:,vio,· ,) ( . t vu le p •.1:1, élni('!1l surti' ùu
camp, Slll\(I111 >Ill
gnrd 1. bl't,{. clltbnlll
UH'l.
une inqlll(.(l dl:' Jans la nhysi TIfIlnip. rJllf'qu .
uns, J~lu;
('f)glé~,
::;"In.lenl mis à c')ul'il', lIJaÎ.'l
d r{l\'ulier dispnrurent il t.raverfl
bi 'nl,)t rIt
le' Til, ssif... 1 l'in (\ge resta fixée dans le sùuvDllir,
l, j une f111· toute Lrt'Illblunte, de Ct l
homme n.I:t1IlI. l.t la mort l)i)ut-t'I'e el qui lui sou
riait.
il deux kilomètres environ de Fontainebleau. ,ur la UsièlC même de la forêl Avon l'st
UT! petit vill.ng
quJ n'acquiert qUl'!lq'ue anima·
f;ion qu'au moment où l'artil1Mic vient y camper
pOlir lû'l &coloo à feu qui sr wnl an polyt(one.
C'est do&ns ce pays, perdu' travertl le. verdures
dl"! la. rorN, que lInos Schmul.t ét.n.it venu se réfugier nvec Henrielle, aprèls l'dlerte qu'il avd w.e
rll e Rocbt<:ho\lorl.
Ln jeu.ne fillo n'avait jamaia ('onnu 100 causell
de c lLe fnit ... que son pè./'(' adoplif avait eseayé
~Ll1é
de lui oxpliqucr p/l.: des rl'.81n
~ de san Lt'> a1lXqu 1.
1 e.ll s'ét.o.lt rélilgnée à ('1'OIl'e. D'nillful
(lWe
s.e l'I'ouvo.i t fort bicll là; elle s'y portnit à' merVêN,W et pouvait sr livrrr l<lut à :;jon IU8f' à son
g tU p01llr k dt'.sin ct la p elD f.l1l' .
.I:iaw. trou nil dans la (atM lunt ct sit('a pitt.ore..squffl 1 Elle nr pOliVUit S(' l/~{'r
rI l' la r(JrN.
C' t d.ans la fOl'êt qu'cl.le p8.SS< sa Tic. FJ.l6 en
connaissait loulr .... l !s hcaU\~
H.
IlulI H III forêt,
lTtHl.a SohmuLt rnjPll ;'lsa..it. Il Rmnblc.it rflvenll à
1 vi!' oJ'JiIQ&lLe qu'il u vai t mené!' an foo,Q Qes
V05grs.
v
dign' d'!tr.e nofi! ne e'6l&it
qu'ils tt ',irnl ter rés Ill, d.nns LMll'
c"islrr,.-'c tr8~lqLIJ'.
Ln rCllcon lrr I]u'il~
avaient
1.aitr lID jou l' dt' Frit:>: . trpnnN . rrsté" si vrotllndom nt grnvéf' rlnnH ln m('ml/irr dl! jrUllt' homme,
n'hindI l/lis'l(' dllT!' l'l'Fpril d'II nlirl!!' 1l.1lCUTl 8 uvrnll'. OUIlIle! 1'111"! mllÏl tl'OIV~
l'AllPlIIllnrl sur son
chrmill r'l1sllilf', !'LIt' l'nvllil il. "ill' Ir tnN](- l''t
n'avllil/.II\.;I !)/ll'!! le l'f'CDJ10nlll' ' Fritz Il'nynnl !JIêU)
plu . i,t· l'f/~
' fJué
d'Ile qUi' le premi.er paeeant
Aucun
pas,'(' d"l1U~
Vrmll.
(:~.'{)nt
fIl! 'Iquc>s minutes Se po.S(~l'
" pleines d'a.rlgoi 'b{'!j.
Helll'iette n'osait pn" s'éloigner. Fille ne vo u
lU11 pa: I"l'n'l'r' ChM pll p avant d'avuir dt'!> no\]
v.~lp'
d'NI' 1'8SSllt'ée SUt Le S{)rt de l'ollici r ...
Plllirqulli '/ BlI!' ne s'expli(fTJIl.il pail l'ilnt n~t
qui
~'élif
éveill(J si soudainf'ffiCnl en &ld.e }>nur cel
LOconnu, dont elle ne soup<;onnliit rnme p8tl J'exis-
ten ce qtlf'lqups mi'"lut..es /!.uparavant. EUe fut surpl .~
MnH cette e6pècl" (j'hl' bPtud' qui la tenait
olOllér sllr l chomm J'ILl' Hans Schmutt, qui hli
dcrn uncla Nonné ...
- C'c'I un ch v&l, b4pya la jeune 1'i1lle.
- 1.(' !'lI val d'un oflic.ipr, 'xl'liquQ un sol<l.aL
Cfl},j s'!Jvlln(:n, 1 Chl1VaJ. d'un oIftcll'r qui S'Nit elnhi l,Il (, cL <1l1i Mt parti l fond de !.rain dans ~
forCI...
Henriette.
JIn ns Schmult ~g.a,d
VO"!! Mes toule pâle, dit-il.
En rfret, lu j(>,uno n1le était Livide, mats l'obsl'rvaLion dt' son 0«11 adoptif lui fit revenir ses couleurs. Elle devint t.oute rouge.
effrayée sans doute, da
- Mademoiselle a é~
le HoldnL.
- Oui l , ~roMn:
14 Jeune ftlle pour MCber BOD
trouble, J ru u bien peur 1
dit Hene Sc nmu U.
- Aalllll , l'en~Os,
- Oh 1 rn.l n pe.)' , s-uppli.a llenri Ltt; pas u"tmL ..
• P.ns ,~lntU
qu'on sllche ...
, -.Il 1 mlkl' ~.
donc, Ctn oClkier' dmlunrla
1e.nCH'n hraconnler' d'un alr soupçnnnrux.
,
,011, .ITlUfJ
po r'p, jo ne le connaÏ6 pCLS.
• U lUi Ilrnvalt ma heur!
- C'œJ. un liou:tlllant, dU le .01<1at.
n
M81R
snrt d6
�C?
68
La Nuit Rouge
l' EtaIt'. 11 est tout jeune .. . Il se nomme R obert de
Can·sy.
1[enrieLle ;,c répéta le n om et l' enfouit dans sa
m ·moire.
Cependant, au loin , à l'exlPémité. du sentier!
0 11 voyait une agH tian parmi les s oldats
qu i
avaient ('JJ uru au secours de l 'OffiCler.
. .
Quelque chose évidemment s 'é.tait ~sé
lI en. elle éL1i.iI si émue qu 'il lm aVaIt été nnpossihle de [ai.re un pa.s, de prononeer U!Il mot.
L soldat dit :
- Le ('hé\', 1 est anrèté 1
Puis aussüu :
- Il est tombé.
Rn effet. on apercevai t. sous les 8Tbrœ un
gl'\1i;Pt', . au milieu du growpe quelqu 'u. que
r(Y,1 p. ,', lit.
l ' I d e ' 8) sentait mourir.
.c . n·osru!. 'as bouger, s' informer .. . Mais die
au.
\'ouJu
urir, être là-ba.s pour savoir.. ..
,
_ 1l'
1'lit parti en courant.
TI!t et la jeune fille restèrent seWs
d it il Hen r ieUe :
nous fa is ons-là ?
• J.
pn l.n ü ner ve rs la maison.
ti~e
r ésis ta .
.) veux savoir. Peut-être est.-Il
Llll bles s·é.
ou: le s-sru-roTUl tout à l'heure, fit l'runcien
bra 'on!'dCl, le·, ,aIdais nous le cliront. ~ 'lUS rumbr!) lointajne des frondais ons le group/'
aV.. II]('.nil ' I;temeni. Derrière venait le chcY8i
qU'lJrÎ soldat t(~n.ai
par la bride, le cbevu.! qu 'on
d,' a " 11 Il,
nveloppé de s u eur. Le ' si l:enc
BC '<lisait imprt;8si01lllant, lugubre. I-Ienric:LLe sent ait dE!' lnrm
m ouiUer s es paupières.
Ce cri lui échll.ppa.
- Il es t mort!
l-I 'l.OS Scllmlltt la reg. _da, surpris tle son émo1
u
1
(\I·e
tion
- :\l:1is Don, dit-Il. j J ourql1oi voulez-vous qu ï
soit DlUrl?
- Je lit] '.dt! pas, fit la jeune fille. Cl: «l, me
m 'Împrcs. ionn
J o(.' Irouve la. forè t tri ;;:,. J'ni env iC' du plt'ur' l'.
Pu i~.
~w
0 ln. nt yen:; ~(m
pè re ad oplif ;
r)l1! ~ Vr :b t'-llt l bir· î ;'cn lil, dH-elle, V{)1J S
m l' mi '~ r' r'I ~!r.
là-i.llJ:" voi l'.
- Allan ', lit lIUll S • c! 1I 11U ll, qu > la cUl'iosilG gagoni t aussi.
IIe nri ett
',"([nça dJ.;vant Illi. IWI' rnal'ch' il s i
vite qu'il aVili: de 1~ pcin e fI la s u,i vre.
L e g r oup e sc l'll.pprü('hoi l. Bien tôt on pul di slingu er 1(' lieu l n0111 fI n les soldats portal enl pal'
les pi Ed.'! cl p . In tet ,
Un long f rü;s 01 pn rcoul'ut le 001']>11 à' IIenr1ct'k'.
JJ:.s l-ce qu'il snmit mo rt?
Et pil e h"Ln le p<I ' d.u ' u ~l ls;:e.
Hans SchmllLt n e
la s uivni t pll1 . Ln. jCl1n Cl fPl e put v il' e nfi n, IlIJ
mi-hell du l'OU])I', le hi e. sé. l'tl.lc comme Jn mo rl,
sfln
~ m ouvcme--llt, il a.vo.i t IlU ron~
unelar'ho s'an-
SlJanlc.
Cr. sp 'C I ' l1CI ~ in ouhlioble nrfl.l chn b Jl e nrirtt ('t no
~ ri
in vo lon loH'(' l ell e .crCllt tomhée SI Han
,1"l1l11lltl ri' l' avait, b cC' !nom nt, saisie SOU !,! 10
:lml !'1. Tl dit l'n 1 soulpn nnl ·
Vou. J'ni mff. c!OIl r. ?
!I n~'I!L
'r'\'/I su r l ui dl' gl'ilnrl r; y nx où il y
8\'l1il ( ]','1 \1 1',lllrn L e l de ~1 c1oul .lIl:..
n l i t · ' , .• ' -1 Il, JC n e S OI S JlIl S S I Je
. '
l' j" lis {'Ir s i n~l1 l hl'n!,i
cl
"1I1Î('" fin i r 11' 1 ln J('unc' fil le.
t'li : ", un. lI'.'O il' i l'o rfl cier
I ~ Il fnt (11
.' 1'1)11 (' rlf' m i l le
!I1t.l IJ, Ir l'l'vit , 1·('1 q1l'cll c vC'•
OCI I, f ('lId~
, I-li ilU' l ' l l' p [ si
(IU'II
I,h! '1 mM !. 8!1' l'n illluil d ( ~ ILC ? EII
1.lit j l '. Sa Yue J'nvutl frappé, pUU:J c t nc-
~
cidell?-t survenan t à. c e mom ent même avai t fait.
palpiter .tout,es les fl bl' ~s
de 8Gn cœur. Si umour
Il.tYé aValt, 1a mou r ét.mt venu à Henrielle par lu
p l i.
Ellie eû t donné elle .ne sav ait q uo i. .. sa vi c ... 'p OUl'
que cet homme, qUl 11.. , .:tQit étr a.ngcl' qu elques
heures aupa.:ravant, . fllt sauvé et pMsàt à elle.
Pen~a
n ~ .que la J e ~Ile.
fin \ qüe le som meil ne
pouv
~ t VIsIter, se 10lSS<ll l tout. éveillée aller à ses
rêvel~
, ~
Scb
m ~ ~ t non ]>'ius ne èormait pas.
l!ne vuve ~nqlétude
s etait cmpu.rée né lui. Si Hen Que. ferait-il '1 Quelle ligne de
n ette .aJ.laIt . ~lmer?
~nd
UIt e sUlwe? V a nclCn lti'la.oonnier avazt touJOurs . 1orem
b~é
en. p.on l3Qnt qu'un jour un homme
pOUVlUt verur lUI dem and er la main d e -a fille
~o}b
lve
7. Que répond rait-il? Ne pouvanL p~s
marl~
H en nette sous le nom de Sch mult qu'elle portait pour to u~ ,et ne p ouvan t JJJh9 révéler son véri
tal?le nom, i,l sernit obJigé de retuser... et <Ïu e l e~
raisons ~ o n ~r
il. son refus surlGut si les joune!'.
gens S'alm8.lent ,
~
Le pauvre homme s e tourn.üt e~.
se retournait
sur. son. Ut ~n
y .so~gn
t, se riemnnrloUI't ce 1J11 'jj
allaIt .raz.r e. ,J J.lT.l" ..s , n a -~If
ph è nCorf' ;; i inl] ll ie t.
JamlUs Il naVEut ~U
T)ü.:I'lr~
l ù(~ rt e . P artir ? 1]1] 131
pretexte dOJ?oDe:r il lenr~"t,
t.ln flJil1:' l'm 1(\chrrait-eYe la Jeune mIe. d alUW . 81 l'hell'rt' éin it v~
nue où l'amo ur d-ev~lt
se cl);;' l' d'a.lls so n <DTlf'"
E t s i son père. le prm.ce d'Al!' ',rH ~lait
mort, 'i " ! ~
ne devaIt ptus.1
~ reVOIr P Ql'
lt-ll la laisfle r ain Î
cor:!'.lImer s~
Jour,,, SalI: aft
,n, s ans bonheUl: .i
VO l! ;'!. ce q ll H aulS Schm utt ~
'lland ai t avec Ull f!
Y';!'lll1bl e an,g
? I ~\S{')
et J ~ )Oll r
,t OoVan t qu'iJ ei'lt
~JI'lf;
L1ne d.eats-lOn, {rU ~J f • J ' ,Isolu ù queJqll
o!lnse. Un J011'I' r a dieux, j II ..... l de sole.iJ
Han.c; Schmu.ti. habi tlllt
Pl '"
~
I CI'.
.
.
Henriet.te au. !"econ d.
;J/c
P ~rs
i e n ne
claqua
a u-d e!>slIs de tu.l. Il .leva. la tt i
, It le vis!tac de l e
je nn e fi lle tou t éolall:é dans 1· IOur naissant.
.
- Déjà levée ? fit.-ll.
- Il fait. si beau ! m UTJ!lura Henriette.
A (,i' m oment, IN; Drenll." rt! c ups de canon Corn.
m nrè' rcnt à tonner , se VIOC: u t <.lans l'air humid
fin I I~ lin , e t r onl nt sous l'g.Jl. urité silfl ndeus t'
e
ri .') fulflies .
Il r n r'j I te pen sA. Il l'offlde r bk. sé. Son cœur s
u~(m"nt
1'1. ell, :n 'p,:ma sa fen()troe
!'(\l'I'fI fi 1l Iolrp;
1 l'I'11]1!1'5 !T1lfluk..·· (l,p r t ell e Nru L en bas do .
son jonlln.
'
ns
T', , io lI' . nt' "'. 1 il-cl c.
H.1n <; ~r. l1 nl1t
'l'Ilmnl'Oc hn.
ce moment pns 't
un ~o rhl, 1111 " ti)l('llf' .
sni
~
.1 ' \' 111.r1[,[<1.! , d i l HCIII'! rlte, rougiss;::nt légè r .
101'11 1 -.']' '1' ( ,; 1 .,
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n ~ , ('hm utL d'
, Il 1 oui. d ' l'l'fI [' "'? nt Hn
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10 11/'1111 1111 1'1'1 t!.i ,
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snit ( 'II q' 'ifll' l'lI '1, ,
/· J.1
Ir.
('lllTl p
sc
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di l' ') ('il'Il hl'lcon nif'l',
( ,' ilia Lill.
SIII' 'illoi ?
- ,' 111 j'nr"
'Il l ,'n\'t" il ·or.
, \ 11 1 )ui l" l'II 1 II I ((C' C'1TIi .-\, il v( l .
Un N '[-1'r rio jl,il' "nlll Il 1 ( 1111 l'rl'll Il 'I r , mlt':I,K
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- . on chrvi 1 s 'Nn il pm lml! . JI l'n j l'l r" "o n lre lIn
nrh rl' .
Nnll s l'Il V0T1Q VII li n.' r IlIll Lille Il
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eOI dit If ll'il {·H"!. Il II.
. 11101. n
Jo:;:'.1Jloui (' 1 1 lit II Il 11 111' ( ~C()rd
l l r(l
111l
Sr'h lll1!".
frn n'l. 1I 1('n dl' f.." [\.{~
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n l'n l·Î{' I.lc' I:a . il'Ili t
. -
Je!
-
.:~ I /li.
I~
(' m
t. lt.
jl' v'm' denl unc1r pWl'don, dit 10 SolI (
( fi ,
Fu ites , Illon MLÏ, dit Ha.ns Schmutt, at merci
3111S
p rc~s{'.
~
e
\
\
fi
r
e
�.-:;q:.
La Nuit Rouge
E t qu-o.nd il fut parti, e.lle l'aimait d~jl
IJrofnd(.~
L e soldat d.i:sqJarut r.wpjdemcnt,
L'ancien braconnier, qui avait observé les d,iITé- . ment. tlhis se'l'uil-eUc aimée? VOlld ee lIu'dle 19l1orentes i01ipress.ions qui. s'étaient succédé sur l e l'8.it, Elle éLaiL devenue triste, Elle aUedionnait de
plus en pluoS la promenade dn!ll; III forêt - surlout
visag,e de sa fille adoptiva, eut un. souru'e,
par Les jours pl uvieux où une mélancolie tombai!
- Eh bien 1 d it-iJ" il est sauvé,
Elle parLait avec scm père [JoptiL Il::'
- J 'en sws bien heu.reuf,c, fit Henriette, qui es- du ciel ~ric.
saya de caoher S011 bonh.eur sous cB~te
l?'hrase ba - s 'asseyaIent l;OUS une futaie, et là clle l'c.;:aiL ri r;.;,
h e ll!r es , un crayon il 1-0. main, sallS 08.1:1131" et san
nalle.
deSISinel', Hans Sch muLi l'observai!, ' !J.vec inquiéHans SchmutL ne ':it rien, mais il pens'a :
tude.
- AllIons, elle l'a inH: , - ou elle l'8.1mera,
HooTC'Usem ent, un m ême brav[lil se faisait à ce
(( Qu'allons-Dous devenir?
moment m ê?le dans l 'eslPrit de f1nbel'l de Cantsy.
Rootré à Vl.Oc~es
avec son .régiment, le j';\.lùle
artiCler a ~alt
r e.prlS ses occupatlOlls tlt.i.biLu e!].( .~,
Qu.and Il av ru t ooe heure de liberté, il coul'ait è.
AiU moment même où Fritz cou fiait à sa m ère
Paris. et r ~
extérieurement ne l;cmbiuit changé
en ·bUll, malS oepe'll!dlhllt ses camarades a\'üient l'Csa passion pour la jeune mie rencon ~ée
dans l.a
fo.êt de Footain€ob;e-au ct où SWlJrg!l se pl'omeUml marqué depuis son retour de FOllièi!llt'bil:au su.' sa
physioI1Omie orclinairEmlffilt ouverte et gaie,' un 001'de la'Vorio"er cet amour qui ùcvait faire le b.ooheur
tain assom b rissernen,t.
•
d ~ son riJs, }c cœur d'I!Clnl'ietle élait tout en,Ller, .cleL'image de la j eune tihl,e entrevue à Avon , dan s
p uis longtemps déjà, il RCJobprt de Camsy. L of'!iC1Jer,
remis ralpiodement de sa blessure, avru t eu l œœ- Ime minute inoutiJiaililllC, le pouI'::;uivait, bien qu'il
sion cio ,"oir ln jeune fi!1,je, de la remarguer et d e <:h ~
~t
,tous ~ es
m o'yeIlJS d e l'éloigner de son es'"
s'éprendre Il'e,:,le commfl elle s'était éJ? rls e de lui,
pI'l't , ca:r il a,:a lt des m qui6tudes sm les suites que
hl fuisait p~rt,Je
eut quItté pou r:r8.l t aVQIlr une a venture avec une jeune fille
Q.uamd le rcgiment clon~
Fontaieb:;,~u
il revint à AV()ll1 Uifilquemen t poThr
san s d ~)Ute
h ~ê
t ~ e~
ql!-'hl n e ,pouvait pus ;:;onger
n'voir Hc':1 l"ie-lle. IlHns Schmutt, qUI avmt pensé à sédmre, e t il étalt S l lOll1 de songer à sc marier:
~e
ren,g.er à celte enfant, et pourQU4' le départ d.u j~un
homme mettrait, fin à, 00 Donc, c 'était tin~
bam:t (JuaM il ~e d1S8Jt cela, quand Ll était plein da
commencc-ment rie l,ru;SlOll, comrn&'1ço. à sen pil'€OCbon nes résolutions, les yeux purs el dou.', un inscUlper sér:iC'u~mn.
11 pensa meme. un . moc~,
tant entreVilu;, les o'heveux luminelL'(, 16' teint éclacomme il Y avuit songé déjà l~ l'reffiler Jour: où Il
s'était aperçu du t.l'ol'b'€ de sa [ll1e adoptIve, à
lanl d'Henr iette se présentaien.t il. sa VllC, colorés
d~
t011t le resplendissement vaporeux de l'éloigneqnilter le pay~,
mni!, quand il 'vit la, doule.ur (jll1e
mEffi l. Rober t a va: t pour ami intime un leu-no.~
"-id{>' clr ,1"·IXll'l C: 115<.1.1. i1 UcnrieUe, il y re.nonça.
Puis à qUOl b011? Les dell'x mnoureUoX, s'tls s 'ai- d' une nuke ba tterie q ue ln sienne. qui avait ét.é if.
l'Eco-le Ilvec lui, qui en était sor li cieux ans a.upaoo,.
se
m aie.nt déjh, ne IJ'Olwt't'Hient-ils pas moyen. d~
rencontrer nilC'Ir~
'? IJ'" Hans &Iunult élall fata- v aut et au'il a.vait été tont heu'I'ellx rle !"clr{)l1vel'
il. V1ncenn es . Cpt a m i, nommé RodI'ignes Yauber.i.'lr. , i cet amonr de "lit êll'f!, t011t ce qu ' il ten teni-er, était tOUlt l'0JlIP()!'-é de Ro.ber't. (iros et fort le
mil 1011'" 1,' 'nrnblttn' .'('['[li! in'lt:lp.
lei-nl caloré, les cheveux noirs, c'était une n(t~r
'::;cVendnnt, il a.vait prÎiS sur Robert de Ç8.siny d es
exubérante, pleine de gaielé et d' nll'uin. Il était
eXCetlr rn ~ (llelll ·,nl . Cor·' r 11'; 'lf.!'l1emen'lo:; 6~lent
an~si
commun flue nober'! {'lait dislinglJ./>, mni'1 au
Jenl~
.. ',P )"IJllC' 1 fJOirne, qui V"'IJmt rl'avnil' vin::;!domrl1l'U nt le meiJ.leu'l' gurçon et le meil,leu!' r;ompaqt1,'l.~
11118, '; '''Irl 'noa ~ l\ uln
de' plus vieilles. fD.gnon du mQncte. Un j01l'l', avisant Hnberl RIl morn;I,lo dl' l:; ·... l1l1is. T....'1. fOl'lllll(' cl" !'lll famllile,
!ll€'lll o.ù celllj-d quil,lait le clonjon, son service fini,
cm 1nrléG ,::1 _'la bOIH'/" .,11\\('> de h\ P"évoLulioil'l, élait
dit :
m' liof"rr, n1n • 'r nom ·'lait. rnns t~1('he,
Ilon<lré et. Ll1e ,prIt bJ'usquemf'n.t so,us le brlls ct ~ni
- Si tn le veux hien , cher nmi, no us allons faire
Cslimt'~
rlr ln \10 , " uhl r L :wait {Ica,' lrères, miIik1Ïl'cs
un peu rte r ou te ensemble et je vais en profiler pour
eomm 1'ni. l:nln-é ùl dt o.!ommaudnnt or rll'l.l,'1.rxns,
en g·wnison il Poilil'r ; ]'.ftlltre, ]r plus jeun, éLait te conksser .
Robert le r egnroa, se laissll. enlr.n lner machinale.sfl1~-]i!ten
dr 1111", ,rtls.
L f(1'and-pl're de l '..... l't, devrllU g6néml (1e di- ment.
- T u vas à P ollris ? clemanda l'am i,
vision sous Napo.léon 1 f. a':ait j'·lé 'u:' !\ \Vnlcrloo,
- Oui.
,fJl1 fils. le prrr rie l (Jbcwt, I\VI il rait 101111"
11'
- .T e L'accom pagne:
CH'Trlipngnrs rl'Afr'if]l1e> V'C .Bu" Il][1 ri Ch·1.l~f'
1( En
nJlant 1111 lJ'flln, nous causer on s,
nirr. nohert. Oll 1(' \,(J!t. 1 \'{II\ 'f.:i tenir'. OrlÎCÏrr
- J e t'écollt .
s~rinx,
r ln~"'.
l't'
"
'Ij" 'lt l ' l,.., in,<;lrnit, il
- Non, dit Rodl'Ïgllrs, c' est t oi 'lu i vas parler,
1'mhl~tiL
npppl{· 1111 r~'1
1: il, lt' \ lir. Tl {:Iai t sorLi
- El q ne vrn '-III' 'l1Jr je le dise ?
{Ir l'Ecole l,r,1 -11',.111"'"
1 ('PI~:
,,1 il jWillr ri o.n
- CR (flle tu as.
n e l,ni cannai. nil n'l' nC' Il/Il ,'':1
111"11 ·irlt{· M(tit
- l"lnifl jr n'Ri rirn.
p(mt-/l'~
III ~"It1e
fr.'nn
rpl:i
fil Il'lll'lrql1('(' ('<n- Tu n e l'ennuies pas ?
COI'!', Ln rr'l'lTtiPI'1' t,,· 1 1,1 l ,\ ' :JIll l'l'li". l,' jOllr
- Non,
de l'nr'ri lf'nl. l'II .. tll
Il ln
1 1,'11 hlil', III is
- Po:; dl' chll oT rills de fl1mille '
elle l'n\'nit nll1ll'11 ~1
11'l\lIir{ '1'11 Il'tn 1 '~ITl- flufl l'omhre.
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'1' ,"1'1111 '1' 1 Il il
' , ' '1:1;I.d' l'P- , Inl':' r""lil rlr 1':nnoul'?
vint. fi \VOU ["('lIlv'n{iI'" 'TI , rv' ·1 ,.l' /ln'N"11 (\
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�r;?-c 70
-
Mais .. .
A Fon Lainebleau, mon cller.
,
EL comme l ~,
vuula:t se défendre, Rodrlgues
o,Jouw :
,
'
.
_ Ne fai!:! pas _è cnchottier avec mm, A quOI bon?
1 le sm,.. j" pdS un ami .. , un all1l ~
qUl on peuL eo~
fier tau'e" ses peines? Ça m'ennme de Le vou' affiSol,
tu.ci~l'\,
"ombre. &;t~e
donc un amour s8:ll s , espoie? uIle femme maflée mabordabIe et qu~
aIme
ISOn mari? Une jeune fille Sl surveillée qu?n ne
pUI;; e lui rrIisser un mot 0'0. un billet? Y a-t-il une
llL'ègne à 1cbeter, un eU1'V,eillant jaloux à pourfend!',' des murs à esoa.l~r,
des échelles de corde à
aikdler à un balcon? Je suis là, moi, wut prêt à
I.e servir de ma bourse, de mon épée, de mon bras,
_ r e 'te monte pas l'imagTht~on,
dit-il, il n'y a
rien de tout cela dans mon affaU'e.
- Mais il Y a de l'amour, n'oot-ce pM Y
.
- Je ne sais pas.
- Comment?
Les deux officiers étaient ariv~s
tout en caOlftlÜ
près de la gare. Rodrigues enbratna son amI darut
ua petit chemin entouré de ja.rdins eL de mai.8o.nnett& inhabitées et où ils étaient seuls.
- Je veux bi.en, dit Robel'l en preJl8.llot le bras de
l50n camarade, te dire ce qui me préoccupe, mais il
n'y a dans mon cas rien d'intéressant ef de romanes<{ue. L'aventure la plus banale. Une jeune fille
entrevue dans un petit village, à Avon, près ~
Fonlainebleau et dont je ne puis depuis ce moment
détu.cl1er ma pensée.
- Tu sais qui elle est?
.
_ 'aguemen t. Elle vit avec son père, un Vletn:
l'entier.
- Tu lui as parlé?
Ton. Je ne l'ai vue qu'une fois, à peine quelque secondes, C'est pendant que je la regardais
que mon cheval s'est emballé et a failli me tuer.
- Diable, fit l'ami.
- Pourquoi ceLte exclamation ?
- Purce que voilà un amour qui commence bien
m 1 pUlll' toi.
- ~Juis
ce n'est pas de l'amour, prolEllSta l'offi-
cier.
- Tnol mie1lx, dit son ami, parce qu'il te cau.sel'ail lIns (1'1111 ·ouci.
- El pcmrquoi ?
_ t..cHnnle cntrée de '6' un accident ot! tu 8S
fn:ni ri lcl' ... Mauvni" début !
_ n~s\lI"'e-o
fiL Robert" avec un HOluire triste,
c He j('uTle fille, je ne la revermi penlrHre jamais.
Rien 11 m'appelle plus à Fonta.inebleau.
- Oh 1 si, par cxemple, s'écria Rodrigues, tu la
rev
l'rO!!,
- Et pourquoi donc?
_ J nl"'c quc !'Ii loo Hr.rvioo ~ l'ttppelle plue l
FonMlio(.hll'flU ell l'y appelle, elle.
- r:.olle je'lIne tllle ?
I,r d(· 'ir de ln l' voir,
Inis je 1'6 iaterai il ce désir.
Rodri 'ue. !-;cconn ln l.()le.
'nn, dit il nctLerncnt.
- nlloi?
-Tu ne r "isteras pus, ponrsllivit l'officier. nn
Jl(' r{> . In pns /lU d& 'il' rlc rl'voir un" jenne Olle
u'on l l' 'marqllée, fi JIHTIIC110 00 pen ~ s n Celll!fl.
If
ft 1" pr()f~
pl hf"n. Songc ITIICl i. J'ni up r'(;un
)pin ... qu' Je n lilllS môme pus SI l'Ile est réelf} III folie.
r
Ill'omrnn 1" f·1., rl'g#l.r-
(lrl !'
-
n'y songe guhc, ptotestu Roncl'[.
J~
.\:<lIS! malheureux, fit son unü, tu ne penses
pas à au~e
c:ho~e
depUIS que tu e!:) l'entré à Vincen-
r;es, e,l SI, tu n y e>s pas allé encore, ('\,'lL que ça
teD:nme d y aller seul, ne suc:hanL 'JucHe contenance
Lenu', quelle r~l\s,on
donner ... et que tu luUes encore
m~lt;
dan~
l1U~
JOu~s
~u ne lutteras plus, tu lrouve:
r~
que h.: tram qm t emmène Illdn!,Ïle CoD: ~;,
une
t.QI tue et tu maudiras sa lenteur.
Robert éclata de l'1re.
- Coot pO$'ible, dit· il.
Deux trains déjà allant sur Paris avaien t passé
<:Levant le nez de~
jeunes genlS penda
n~ ceLLe conversailon. Un 1rOlSleme allait entrer eu gare.
Ils
Il!~c.he
-
Veux~t,
reb
c.hemin.
O'Usèr~.lt
dit R-od,rigues, tout. en montant les
s 8Nac son aml, que je te fasse une propo-
SItion ?
~
Pa.'l'1e 1
- Je, veux que tu aies le cœur net de ton aven~
' . C est trop bête d.e soupirer ainsi en l'air, &ana
savOlr même pour qru on $oupire et si ces sou il'El
peuveJlJt nous mener à quelque chose N
'P
'
é ct d'
. OUS lrOI1B
passer ~o l ~ Journ e. e ,lmllnch Ù Avon.
M '
n Oh , SOlS tranqUIlle, le ne te gênerai
à nous dellx nous pouvons étudie!' la IPas, Il) a.J.9
à'
P ace. stend a.nt que t u ~Ier-" ch er~s
VOIr lia .bien·aimée,
le
,y ,
de roman-ferullelon, Je pr'l;n<lmi " mOl' de S l'c.:nselIl
te sur e .e, sur son père, les tenanL' 1
gnem~
aboutisn~,
e~ SI le cœu~
t'en. dit encore, si t~'n!:
E8!S de dé5111uslOns" eh blen, Je Le dirai : mal'ahe ,
tl Y a un but, ou bien : a rrête-toi. .. le chemin
t'
ba r r é . '
es
Le train entrai,t en gare.
Les deux officiers s~ précipitèrent dans Un wa""
et roulèrent vers Pans.
oon
vm
R~l"t
de r:ilT]<~
.. t son ami nrrivh'nnt lI. F
.
ne!>louu le dimanche suivHn t ver-s ocnf ilf"\lr On.lflp!'JI'ent il la gare uor vOlln!'p flui les conclue:''-.t IR
Avon.
181 ~
Ro.bert fit ar~te
.devant l'église, une v6 '
él-Iuf' dC' vlll,y;:-t', dlllltjUC 1'1 pil.!o,'C'sqll
nu ,ntall.te
'\ rr;;u'S
gr:is ]111111'\ rie léwrdes, ail C'io,.lt('r br':~1a
t.Q\Wl"f' 6vI'n!.rf>e pur ptlU'{'S, nv!'!; de" moui n,
la
vagllCti fillf! le temps a rangées. Les deux off' ,l~res
tèren.l il. l.ct'J'c.
1Cllers SuuSJn jmyll le cochet, el oelui·d l' lOllrna v"
"
Lam blt'au renclllnl qu,\ 1~ 13 deux amis rheT~
l.ondes y ux I1ne l\uheI"I;(C ou ds pOIIl'l'ltif'nt lié> lment
Robert no VOUlHlt pas (Jllilt.r 1 II''' ~PIn
r.
l'~g ,lise
Clltl' il ét iL sOr qu'il velTait , 1 01(1
1 Iwul'I' Ùl' ln ml'';s(', ('cllr Ifll il churt1?~se';là.,
il
vnitoller à J'6glise 1,(' dimnnohe.
, I l .. , ,i.( (' de.
norlr'lf'Il,CS cOlllNnplnil 10 villug!' d'un '. d
cacher l'ironie, De Lem . ~l!
ont il
ne pOlIV~1
fl'écriH~
d'un Lon narquois:
ps u autre fi
Il 1 J'amour!
li QU'{"ll-ce que tu nou", fais fnir
,
A lu Il: 1 Hobe l'L, aguC'6, "e tOIl 1'0 Il ve ln'
- EllOn, rI(' qlloi li' pluinl'l-Ill ?
re .....
- Il t' ri"IJ, r'('pnll,r1i L 1(', jPIl~
ofndC'l'.
- 1\10/'1; pOllrqnOI HOIl[1If'C's-lu ?
-.Tl' 'oupil'c, 1'6pondîL n Iril'lleR Pl>'
~
l
'
Il
C
,
,.ree queJ' Jet
nc VOI "pnH
l'Op 011 nOIlH \ OIlH IIJ/lllgrr' l
MFl rllilll, JI ne ~U'
pl1
1111l01l\,( Il' m'or l 'lue a
1l 0h;'rl, 1nO\l~
1 dl! l1t J1('~I!grfnlH:
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j
�- Tirons! di .'1. l:nlIOll::i-iù.
Rod' "lies eul. 'n mouvement de J'ecul.
- L:' ; ,5 cc lro'! ?
.- Qü i Sk i t ? la lofficie,·.
Et il se dil'igt:u
V~l'S
T'établissement.
- 1\.ln1s. dit son ami, JÙ Jllun;::iez-vous donc
quand \'OUS étiez campés à Avon?
- A Fon tain ebleau.
- Et pourquoi n'avons-nous pas déjeuné à 17ontaine blcau ?
- P a r ce que nous serions anivé;,; trop tard ici.
- Enfin, murmura R odTig ues uvee un accent
comi<J,ue, tu me sacrifies ?
- fo u t à fait.
Et tout en riant, ils poussèren t la porte du cabaret.
Celui-ci était tenu paT une bra e lemme qui vint
au ss itôt au-devant des o!ticiel's, qui les installa au
premier élage dans une petite chambre bien proprF~
où on devait les servir, ct où ils seraient seuls,
et qui prom i,l de leu r don rrer un petil déjeuner dont
ils se lècheruient les d{)igts... omrlcLtn aux r ognons, pelit poulet de gl'<iin allee diable, une enfl'ecôt" <lI';, pmnrne , fromage, fmils . un petit vin
blanc mousseux et du bordeaux de huit /illS.
1\ quelle beure, dtUl,anda l'h ôtesse, ces mcsaieurs dêjel' nent-ils ?
. Son .ami le ,prit à l'écarL P?UI' ne pas gêner loa
Jeune fille, pU.IS, qtUIJJ'd celle-Cl fu t en trée à l'église,
il lui dit tri omphant :
- E b bien! comment la trouves-tu ?
- Superbe, ,s'écr ia l'officier, incapable de caeher
s on admirati on.
- Tu vols, fit le j eune homme, h eureux, si j'a.vais
raison!
- Ce.!a, mu rm ura Rodrigues, c'est une autre
q uestion ,
(( n faut sa voir où te mènera ceL amour.
- Àu bOllheur, rH Robert avec exul.luLion; à I.a.
joie, a u rêve, à la lumière.
- Qui sait? dit son wnL 11 fant d'abord qu'il soit
pay6 de retour.
- Moi, s 'écria R obert, hors de lui, elle III aime
déj à.
(( Ou, du moins, je ne suis pas pour elle un in-
di fférent. Elle m'a regu rdé , elle ffi a remar qué.
- Qui te fail croire?
- . N 'a-t-elle IJoaB t.rosllailli en n<Ylls voyant 't
1( N'a-t-tille poo rougi 'i
J 'ai cru le voir .
Son père lui-m ême n'a-l-il pas paru me regarder oomme relqtl'un que l'on conna1t, dont an
-
s'est occupé
- Je t'assure, dit l'\e1rigues, que je n'ai pas obRobelt demanda.
.servé le père.
- A quelJe l.e'lre cd la messe?
- Mais je l'&i obMt-vé, moi, s'écria l'heureux
- A Elix heures el demie. Du r es te , VGici le preRobert, et SM mou~œde
ne m'on l pas échappé_
mier cou p qui sonne.
,
- Eh biflll, lIlit l'officier, vous noua urviru Je sl\lIÎI8 aimé. Rodrigu,ea, 00 pexue à m oi l
41uand on ' sortira de l'église,
Et le j eune homme tre.nsporté entraina son aml
Mais Ro4rigues se r écr ia :
d.ans l' église. Elle était 1~.
~enouiJ
lée
s.ur ~.e
~
- Ca peut nous mener loin, dit-il.
tite chaise, ser vant de pn e.-Dleu, les nIOJl1S ]omles,
- Oh 1 & 1& femme, la IDe.'iSe n'est jamai. bien les y(YUX au cial. oomme en extase, si jolie et si pure
longue ici. ~
q1lle 1' 0 ft ci~ r ne p,; L s 'empèch er d" s'~ri
r :
- C'est que j' ftot déj~
faim, murmura le jetme
- Comme e lle est jolie 1
"omme ,
Rodrigues était pria a.ussi. TI l'admil\.-it franchedit son ami.
- Tu mangeras ~i e \lx,
m en t. .. Un r àyon dl" soleil filtrait à tm vers les v i- C'est ga , ]e sacnfice toujours.
trame, l'inond ait de lumièr e.
- P au vre victime ! m urmura Robert qui l'en- Oh! oui, murmura-t-il avec con vicLion, elle
tralna h(}l's de l'auberge.
'
e t bien bdl f' !
Les deux j au nes ~ens
dé boueh èl'en t de nouveau
'!e mO/neil!. précis, Henriette se I?urna, vit le.
.
sll r la place de l'église au mOlT(r nl où s'éteignaien t
cl Il:-' omis d ha i s.6 le yeux, envatue d rougeur
les demiel's UJ;ltements de rlor he annonçant. le , pt d C'onfu!';Înn,
.
cOlnmeac ment de la mel'l!'le. nes Comme' endi~
fo:Ile> r·1. nnornble ! fil RO'be.rt h ors de IUl.
mlinch6~,
. des jellXH.'6 fil lrs,. beaucoup d'enfnnts
Et. il quitla l'{'''iis. où on commençai t à les r'gars'PIl"n\1ffrlJ.lCnt SO'lS le porlall. L,'s doux offici"l's
der', Illi ..L in J!'11Il(' fille, ayant peur de comprOilTI t·
se IIltrenl. h SI' prOmpl1Cl' (!p. long en large sm' !a
tre cdl!' (]('rn'l'rl'
p lnrl', attendant. Il n'y nvml pns dix ntionles CJ11'ils
D Ilnl', , il pl'il, ::>on ,mi sous le b ~o!l.
étnlen t lit (]lIe Rnbt'rt, 6nJ1t ~ trl'fliblt'r·. snhnL vit)_ Elh 1 bien comprm{]s-tu m ..lInLenln L .mo.n
l emnlflnL Ir bms cie :on mm, ct lui mrm tmnl ulle
{lInntll' '/... l'.t j~
cro <lis m'~t!C
!.a1t (~'S
,11111.,1 n~.
j unI' IlIII' qni IIrl'ivnit .}>Jlr kl. l'ne qu'ils ltva.il'nl
BlI' l'st t'I'nl roi~
mit',:, x que J ' 1 Ullll.glllul,S lue Je
eux-mOTllr!'l suivie, Illi dIt:
l'avais 1'1'l\'ll e .. nllel mr chlt~e,
q~lIf!
l~IV
!. .. On
- La voici 1
dil fi il, 1lne lllilr!()(J(> d' n!l-p~H
!)J ... J n SUIS (011 1
En crfet, c'étnil III'nI'ictte.
.
1" ; lin' hnmrn NIlI! Incilpable de CReil,'!, fion
TIl Il > {LITivnil dourl'nH~It,
un lIv r o li. l n ma.in /11'lldmiiolon ·t,' Joie, (Ill "lin cnmur'lde J1'osuil 0'1
oompagn<" de l'Ilt.1mmC I]l1i yu,..'\I\it pnllr ,On p'm',
nm' li '. <III fE.' le, Wl' Il n'étuI!. P,IS luir. Il lue
Elle 61.oil \'êtuu te ul
Ullpll'lII ~f1I,
mais IIV
p"l't \(1('1'. p[·rlClttnl t.olllle dl'jeuner il ne lit <TH l!1I1l
J'obe clair (l'li rnoll)liil 'lI'. fll'mr!i rJ('- fllll!' II', dt'I.· llf'flC'('''R qu" dt' 10 jeune Il . 1 t'OU
gl'I)C{', d'\lJ~
licif'IlSI'" cnilT{" d'lIlI chrtf' 1.11 de pUIlI, nrn(, rlr
chnmp, de.'I gno', r 1OilLe. f:'S pllrl' "0 . On
ql~u'
01'111\' lég r ,
nI' Luri!' ni pliS IJr la hlml 'hl'\lI' ll'Un 'Il 11 (je
l~fI
HP '1(:/\,~lI
If' rli'ux oftlclI rR ('Hf' tre '. illil
SOli t.einl, l'ébloill. ~ 'men l de ~
(lll'veu, " l!;L la
hru Il I(m~'n,
t rn 1""'1 nll j~ (lot nOh"ll url(' 1'011LQiIlr ! Ln 1::IIII, Il VaJ 1 1 Ilïl • q,~r
J
I:(I'Il r' IrIll1ln il ,"S jnill,.
-- Oh ! elle 11 d('la l'!lec 1 nt l'oIfk r. Cp,11I ' "Ill,
1J,,1I0l '('IJUlIItl I1vLul 't lrp ri ~(1n
mOllvp,mrn l, l'nI'
coin !:IC voit. lo:!'I-tli sût" quc c t tlo.rum,' qlli ( t IVt."C
Il tOlll IHl 1 B yl'lJ , npl'r(;1l1 flohf'l'I pl 1111 011 si rll !
elle ,soit :on p~I'
?
tmlll>lr.
- Je n'('[J snI!; rien, répondit l'l1mourcu".
!lympt~c'
n'~d1/lP!.
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lui pOI'1 l'.
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ml nI !lIl1':'I'IH, On Tl '
SI1~!'
<]u('1 prfo!c,'te'
, .
conrwlt, 1J{'Ils-n t-i1 ... on m'. 1'1 mal'tyll{' ; !)fI n parlé
l, on Itll nit tout. )c sens-ln cU[lnbl' li lmer
d" moi. Ill1 n' 'Ir, il élllii 1'r\Vi.
cetl i '1101' t l '
,'1. pOlil' cn (nir
r 'mm' 'f
,\lIt 1If1t' rI{'cc l"IIm 11U nHl!!' il " 1'1 j 1/1(' tllk Illf
- ( 1 ! Il 1'1 ln nt.
/lllrlll,lIi! rlll14 bc'I~
'1"1' l" II l' ~I!'il
s'r'l {!lail
- Til 1 p v' i JI l ÙU c6Lé (le ùl f ,miJ\ , d'ob tJtcIe ,j' Tl
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rnit "(( 1111 1 ,illnlmll II' Il''''. JI VI 1(\fI entl' '1]
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<h'i'llll", mlll 'l'li on pnrli prlH de ri", !!' l' Bill' ln rl!hnmlll'
,(' J
t, III jl': 'S li/mil Il 'l,.,
'" IV', Cil flll l'hlnui.
- E h bleu 1 d it Hooriguca, il JaouL a.IJc.l' de l'8vaDt 1
�,
w72===================== = = =
IDès aujourd'hui, si tu m'y autorises , je vais aller
au père.
- Tu ferais cela ?
- Mais certainement. Je lui parlerai de t a pas-œon ... doe tes intentions, eL c'es t bien le diable si je
M t'obtiens pas l'entrée de lu maison. Tu es un as'Bez bon !parti, Lill parti incs.péré m6me pour un~
jeune fille qJ!i 1'\e me parait pas ~rès
fortunée et qUl
parait lUssez'" p ~mdonée.
l.'n~
fois là, vous fere z
:!(Jnnaissunce. - "ous yoUS étlJ(hcrez.
Rodrigues av ail fini de déje 1!l1er.
TI jeta.sa serviell.e.
d'Ull air résolu en se levant.
_ Veux-tu ? fl~i
Robert pal'Ut hésiter un mnment, Jluis, l'ima~e
'Henriette pass>u deValJ l ~e:;
ye~x.
IIe.n!'le.te qu 11
pourrait voir, 'à qui il 5<enJ.! t perm.IB de f[me connal:
!:ce ses sentiments, tonte Indo r û;tlOl1 que sn vue lUI
1lVait inspirée. Il fut éhl{)ui et clit :
- Val
Pui,s il ajouta :
- Songe que je ne vais pas vivre,
- Je ne te ferai pas attendre longtemps, dit son
ami, et il sortit.
Une heure après, il était de retour. Il n'avait pas
rattitude triomphante, J'air assuré avec lequel il
tait parti, et Rohert, qui le remarqua, sentit son
w:ur sc serl'Cr. Ce n'était pas un refus pourtant
'jù'il apportait, un refu . nel, catégorique. Rodrigues
~vait
trouvé Je prétendu père très ferme, très rnys~rle
mell.
-
- Je ne serais pas étonné, dil...il, qu'il y ait entre
;ni et la jeune fine - sa fille - q uelque secr~.
il
::; a eu certainement quelque mnlheur, quelque
Jl'nme dans ces deux exis!.cnces. On sent cela. QUe1,ne douleur cnchée plane sur ces deux têtes.
- Enfin, dit Robert que ces explications impafientaient. que t'a·l·i1 diL ?
- Voilà, nt l'officier ... Je me suis présenté le
mieux que j'ai pu, le plus graciell ement. J'avait!
souvé la porte du jardin ouverte, et comme il n'y a
?Us de sonnette, j'Mais entré. Le père et ln. fille ache'r ient de déjeun$>r SQUS une tonnelle, près de
la
aison.
1( Quand elle m 8 vit, elle devint rouge comme une
wrnate et se leva, sous prétexte d'aller chercher
elque cbose, mais so.rement pour ne pas me laiser voir son trouble, qu'eHe ne )?ouvait plus ca·
her. Bn m'aperC'evant, le père aV·lUt froncé les sour;cils. Il vint il. ma rencollJ!.re.
/1 Vous domandez, monsieur? fit-il d'un ton qui
tU décontenancé tout autre ql.le moi.
Il J'expliquai ma visite, m'ex<:usan t beaucoup clele
iérange.r. Je venais de ta. part. Tu avais vu (l fiVe,
, l'aimais tu avais le plus grand désir d'en 'fftlre
lemme, si elle parlag ait tes sentiments. Là·desau~,
tu penses, un éloge à tout casser. Grand nom,
f>f::lIe situntion, le l'lus brililant avenir, une jolie torrune et cl s espérances. Le honhomme m'éC'on1nit
,"vec attention, sana un moL, " I l un geste. Imposs.ible de lir sur sa physionowie srs im rrc Rs ions,
D ia c'é~ail
déjà. un résult.ut <de n'a.voir pns ét.é mis
la porle dès 100 premiers mots. Au contraire, LI
'(lvuiL .avancé un siège et je croyais Jo. caus!' ~a
ée. J'étais si loin I(\e m'attendre. la réponse que
l'o.lInis recevoir 1
Rohert a.vaiL pAH.
11 sr. rappr'ochu. de .son o.ml
Tout son sang battait dan.s ~
aMA,...
- Et cette réponse?
- Tu v.os voir. D y a à boire et il manger, comme
~1
dit. .. Ce n'c!'It ni un ronsentement., ni un l'fus.
•• 11 fur et ft mesUre que je po.rla.ls j'avlliA remurqué
le le visIl'1e de mon inll'rlocuteur s'n>Slombi~!;t.
Il y aVilit du ilS Rr y ux l'omm!' de la tri If'.· (' cl de
\ T/lin tl!, dl' l'tnr.Jécision slJrtou t, l'indéci Aion d'un
. mm/'! qui ne snit CIllCI parti pr' nrln'.
" - C· st un gr'ond TOulhenr, me (fit-il, ennn, que
otro ami a.H Vil mu J1l1e ct que mn tillc t'ait vu.
La Nuit Rouge
-l-/.!)
- Elle m'aime .donc? s'écria Robert.
- 11 paratt.
- Oh! alors, fit l'amoureux que m'importe le
r este?
'
- Mais, dit son ami, <le reste importe beancoup
p.eut-être à l'avenir de cet amour ... Le père !n'a pu
ne,n me dIre .. . ,Il n'a B:ucune autorité, aucun pouv!'lr... , Il atle?<d Je .ne saIS quoi... et son attitude, sou
~ur
m ont faIt .crOIre qu'il ,n'était pas le père de J'a
Jeune fille" mals . un .g~rdien,
un protecteur dévoué.
Pour~an
t c est lUI qUI J a élevée. Elle n'a jamais connu d autres p.ers~n
que lui. Il serait très heu.
l'eux .de la VOIr almée, d'un homme tel que toi. De
l~ .voU' i1eur~6.
I~ m a même confié qu'elle devait
t 81mer. H sen étru,t aperçu. Il avait songé même
pOU!!' Cü~per
court à. cette passion naissante, à em'.
II}ener 1 eruant au 1,9m ; mais il l'avait vue si triste
SI malhenr~,
q~ II Y avait renoncé.
'
- ?lle m a1me . murmura Robert avec des yeux
extasiés.
'
-:- En.fin, pour~iv1t
son ami, i!l. est désolé de ce
qm arnve, car Il est persuadé que cet amour ne
peut vous apporter à 1 un et à l'autre qu d d
e es ouleurs .. . à mOIns.
- A moins ! <lit Rober t.
---;. A moin·s qu'un incident se produise Le q uel '/
Je 1 Ignore. Le bonhomme paraIt attendre' el u'un
cou queIqu.e chose... un événement
" flqu q
l'avenir de la jeune fille.
qUI III uera sur
- Enfin, dit
haletant POllITal'-J' 1
.'r?
. Robart
"·' b·
- Dès aU]OllJ"U'
ul, t!J· tu le , veux Le epèa VOII
fl.I.1e t'attendront chez .eu;< à ~rois
h'e·u res. rc e Il
- Cel.a. m~
sufti~
~t.l
ofJ~cler,
dont, le visag . ·t
une expressIon de JOIe m ume.
C' pTI
Il prit la I?<B.in de son ami, la serra Mlectuc' , .
ment à pl'USICUiI"S repnses.
~se
:- ~u
m'a~
rendu un service, dit-il que ]'e n' _
blleraJ )amrus.
'ou
- Prends garde, fit Rodri~Hes.
RObJ
cr tJ.e~L
un tgeslll ,' dï~s.ouc:i,tn
et de dédain
e LlIlDe t) e e Dl alJne, fit·il nous sa .
bien Corts l
'
ro rnes
IX
Hans Schmull ct Hcnriette atL en d~ien.t
R 1; .
Canisy dans le jardin sous la [onnclle où' a ", ~ d
déjeuné ... Dire l'ém otion de la jrunr ilil e J,l s aVillc:nL
vU! I,l celu~
donl ~n
('O"UI' tout cnliér s'()r~n
ul1 l ')'('rpUIS [?1uslcllrs semaines crait ('hase imp 1~
1 1 rl{'Le Jeune officier n'était pas moins é 01~
)1(' .
moL ne sorlait dC' grs Itvrcs (j 'CI)l{~s
:nu ..i\11r.:un
hllLicnl: TIans Schmlltt s 'était. 1 vé. Ii i e~I·CJl
!!. ,!Ià J'lJJ'flvani
Il
Il !THllIl
- Soyez le bienvenu, monf:lieur dil ï '
tris.te, eL ,Dieu veuille que vol.r c~lr'ée
-tl cl \III lnl l
InLUSOn il y amène le nJuJheuJ' lIi pnurln ns,lI l)IJ'n
nOl~
l
'C
vous III pOUl'
Robert se rap.pela les paroles d
.
Lrolli!.>le 'augmenta, mais il c me e SO!I o.rJ!l. !:ion
l'iette ([ni souriait et s'écria dnns ment. II VIt. 11"11juJ('.
un ITanspor·t de
- CeLte minute m 'a déjà donné 1
qUI: n'c.ll oon1lporle u~e
Vlr hl1nu.iJ~
~ ri bOlJh rlJ r
'
Et, pr'llunt un slClge qu'on lui
s'asseoIr Il cOté de ln. Ifllle ado\,Live d.?f{,nllt. il \ int
("nnnier.
. tJ 1I0!pn hrnJJ ne pllt y avoir d'érhungé, dllnR ('p
•
re enlrevue ~t en prè&'ncc dl) \'ie~
J\I~({',.p
r'el Ilèdes p~lrsf'
bnnaJps ; niais chri' I1Pllr" . !lltC ICJ1 , CJue
Ro ~ 'r.,l Ct Cl '~t· (- 11len t pus les li. "1'1'1-;
'
qlli1" l' ln1' dlez.
Il!('I1L :
c'(>tllirnl les yeu, - <.It S \'t'Il • nt'! . J1t\~'
bOllhf'\lI' infini, iJlcxljll'i!JIl1bl..
f
ltSfll1 lin
l.n j \lnf> fil!r, qui RC'!! hint! llUtlRfj"1l1 ('1' ,Ill' III
pr{>.'pnc de 1 I!ommr oJm~
, (>11111 plu '01'1
jnllJois. lJ y nV/lil sur flP.S 1l'fil 1 11111' (', PI!('H:lf;O~{
�(;'.r
La Nuit Rouge
========================
73 4..'
pas quel obstacle le séparait de cel'Ie qu'il a!Ïmait
Il s'était ouvert à son ami de sa d convenue.
- Je t'avais bien dit, fit celui-ci, qu'il y avait
entre ces deux êtres un mystère. Tu f~rais
mieux
de les oublier.
- Est-ce qu'on oublie le soleil, et quand on
l'oublie, ses rayons ne viennent-ils pas vous rappeler qu'il est toujours là? Il f'J ~ e l;~
'lin. i de
mon amour.
C'est sur ces entrefaites qu'un soir, au moment
où la nuit tombait, la vieille honne qu'l'lans
Schmu lt et H"mriette avaien L à leur service, vint
prévenir ses mallres qu'une dame, qui dé.s.irait lui
parler en particulier, l'altendait à la porte de son
jardin.
L ~lsacien
tressaillit. Il pensa aussitôt à la dame
qu'il avait Juie, qu'il supposait être la mère d'Henriette. Elle avait donc retrouvé ses traces?
Il demanda à la servante:
- Corn mon t est-elle celle dame?
- Je n'ai pas vu son visage, car elle a une voi..
lel1c très épaisse, muis elle paratt élégante.
- Jeune?
- Oui, elle est grande et très mince.
Hans Schmutt respira.
- Cc n'est pus elle 1
Et il sortil, très intrigué.
Henriette, qui était occupée à terminp.r un de.ssin et qui n'avait pas entendu ce qu'avait dit la
bonne, dit:
- Vous sortez, père?
- Il Y a là une dame qui me demande.
Et il descendit dans le jardin, laissant la j~une
fille toute rêveuse, car elle aussi elle avait pensé
<lit :
aussitôt à la dame mystérieuse de la rue Roche- Jamais, quoi qu'il arrive, quelques éprem1es
chouart.
que 'l OUS ayons il subir, je n'aorai d'autre femHans Schmult resta plus d'une demi-heure
me 1... Je lUI engage ma fOl, mon cœur, mon sang,
absent. Quand hl rentra, il semblait soucieux.
ma vie!
Voici ce qui s'était passé.
.
- Oh! père, que je l'aime 1 Si j'étais séparée
Deni re la porte du jardin, l'a.ncien braconnier
de lui, mamte!lant, je ne vivrais pas un jour, une
avait Ll'otlvé une dame tout en noir, mystérieuseheure une nUDute 1
ment voilée.
- 'ons voilà bien, pensa Hans Schmutt.
SanR au Lre en trée en matière, ce' '6' dame lui pria
A partir d.e ce jour, tous les dimanches, Robert
le bras.
de Canisy vmt passer près d'Henriette ses heures
- J'ai à vous parler, monsieur, venez 1
oe liberté.
Hans chmutt se laissa faire, puis quand ils fu./\ chaque entrevue .nouvelle, l'amour des deux
rent arrivés à un endroit où personne ne pouvr~
jeunes g ns augmentaIt, poussait dans leurs ames
les entendre, la damc dit:
de plus profondes ct ~lus
.fortes racines, mais
- Il faut d'a.bord que je me fasse connattre. Je
mulllelll'eus ment leur SituatIOn reslait sLationnail'e. lIuns , ehmuLL nc pouyait rien promettre, rien
suis la corn tesse Strenner.
dirc, 11 n'avait pas .le. drOIt de d6voiler le mystère
Ce nom ne disait rien à Hans Sohmutt, qui se
qui env IOllpail l'onglne de ~a
flW(), adoptive, ct il conlenta d'incliner ln tCt , se demandant ce qu'on
n . fnllnit plJS songer li. marlCr la J<,unl' fllle sous lui voulait. La comtesse poul"Suivit :
un fuux nom SOUS son nom à lui. D'ailleurs, il
- Vous pouvez faire prendre ~ur
nous à Paris
rnlldrail prodllire divers .papiers et il n'en avait
des renseignements. On vous dira que le comte
pHS. A tOllleH 1 s objUI-gatl~ns,
à tou~s
les deman- Strenn r ost très riche ... qu'il est appaf-enté aux
-les Pl'pssunlefl d(' Robert, 11 réponoUlt :
m<liU ures maisons de Hongrie. Nous habitons un
- Il faut aLlendre.
hôlel rlle Weber, tout près du Bois de Ooulogne
_
11lOi? s'écl'iuit le jeune homme que j'Impa- l\'l ais, mndnmc, hégf~yn
l'ancien brac nmer,
- Oui, interrompit ,warga, vous vous deman~
tience dévol'uit.
dez où je v{'ux en venir?
Il secours d'en haut.
Et Huns Schn.ut( levait les yeux au ciel avec
- En efCet, je ne vois PM, munnura Hana
Schmntt.
un ail' <le l'éHignntion muep.e.
Av'c lI elll'if'ltp il sonHrlut plus encore, car la
- Vous a.llez voir, dit La CODltes&e. Vous aves
j'uM flllr l'inLerr g ait plus 10~b'Uenl,
~vec
des
unI' tille 'f
~lIPJicn()s
cl <1('s lormes qUI lUi C n<luJent l'A- Oui, madame.
me cl il nc .,ovnit quoi répond!,c. Et, pour oom,?le
- Fort jolie, m'a-t-on dit.
cl lTllllhc\lI', il 1" voyail rlépénr commc autr 1015,
. EH passe pour tell
I\\unl (IlIl' Bob"1 t eùl pénétré chez eux: Le puuv.re
Eh bien 1 mon fils, Ir chevalier lfriLz Strenner,
hOlllllle n
dOl'l11ait plUll, ne l1~geat
plulI.: lui
t 8.TlIOU['CU.x d c~l l e jeune fille.
qlll /Iul'llil do Il 111\ mille fois sa. vte poUl' IIcnl'lctLc,
- Il ln. connall donc.
il la vovnit !' I\lffr'ir s'Niol!'r 1'. liS ~cs
XeuI. COlJlme
. - n l'a vue une prt'miàro rois, dan! des circoneIlIIr pllirIl. · HurlH ('ILU, :,Iln~
pOUVOII' IUL poder seLtlO~
!I que vou~
fllll'z peul-être vous rappeler.
cours cl mêml' CHUV l' d,. 1(\ consol r:, cur, Il chaC'était dM.'! la forêt. Vous vous promeniez avec
quI' mot qu'il lui MSUlt, clic l'ôjlollda l t :
.r' l'nilllf', n.on père. II /JI·tlilllt'. I~olrqui
nc votre tHl . Un jClIn(' homlll s'es! trouyé là, a marché quo"qu s instllnl.'1 avec vou~.
vOilIez-vOlis pas que nous nous épollslOns? ,
l'::(lll ien braconnier chercha un J.nstant da.na _
noberl ne ~}Ilrait
[lus moins. Il Il' s'c.llpllqualt
ravissement qu' aucune plume ne peut rendre et
qui disait tOULe la grandeur àe l'amour qui l'embrasait.
Henriette était, une de ces natures timides, sen·
sibles, qui sont tout cœur et tout ème, et que la
m~indre
décepliqn, le moi~dre
chagrin p~uvait
flétl'll' comme unI- ,plante déllcate au premier souffle
de l'lJrage. Ellt! avait vécu aux côtés de son père
r.èopLif, qu'elle enveloppait d'adoration et de tend!·.:!sse. Jamais aucune autre affection, avant l'apIJ6.rilion de Robert, n'avait fait battre son Ctre.
C'était la tend]'esse et le dévouement absolus. Il
n 'y avai t dans sa l1ature loyale et franche aucune
f[l'ls selé, auculJ. repli. C'était comme une ,glace poIiI' su]' laquelle le moindre souffle apparatt et iJ. lui
était impossible de rien cacher. Combien de fois,
p::!IS nnt à ellf', Hans Schmutt s'étaiL écrié :
._- Qnel trésor cc sera, cette enfant, pour celui
JU! saur" la comprendre 1
El il n'osaü pas s'en réjouir, car il pensait quelle source de n.aux cela pouvait. être pour Henriette, dans la situation délicate où elle se trouvait.
Il avaiL frémi bien souvent en songeant cc que
l'elte ilme souffrirait si jamais elle apprenait son
vI\I'itable nom et de quel crime on accusait son
père, ct il avait mis tout en œuvre pour la préserver de ceL honible malheur. Cet amour qu'.il
voyait éclore sous ses yeux et qu'il n'avait osé
firI'ncher du eo'ur de sa protégée"de peur que la
vie ne s 'en allat avec lui, cet amour l'inquiétait
eL l'épouvantait.
Huberl quitta 1e jardin dans un enivrement
inouï. En serrant la main de son hOte' qui était venu
l'a.ccompagneI' jusqu'à la porte de la rue, il lui
�~
74
= = ================== =======-
manoiTe, puis tou t à coup le souvenir du
bamm e lui revint.
- En eff et, dit-il.
-
Vous ,-ou-
l'ap
- Oui, madame.
- C'-est m on fils .
p e l e ~
jeune
ce jeun e homme ?
Depuis, continua la comtesse, il a cherché à
votre mie... Il est venu plusieurs foi'l ici ...
Ja.rnais vo tre fi lle n 'a paru f'aire attrntion à lui.
L'AlI5a.ci en eut un geste indiffé r ent- Or, reprit würgu, mon fil aime votre fille.
Il vie.n.t de me J'a vouer . Et moi j'adore mon ms. Il
n'es t a ncun sacl\iflce que je ne fasse pour assurer
son bonheu r. J e s uis dooc di&posée à. tout, même à
le Laisser épouser cette dcm()i! elle, m algré l'inégalité d e Cbasse, de fortune.
- 2\1 ms , dit Hans Sahmut1, ma fille n'a pas l'intention de se marier, - avec votre fil s du moins ,
qu'elle ne connalt pas.
- ils femnl conn a i6Slance. Je viens vous demander seulem ent de l'auto riser à se pr ésenter chez
vous, à lui faire sa conr. Et s'ils se ronviennpnt. ..
- C'est impossible, m adame. dit J"ancien b raconl(
VOiT
nier.
- I mpossi ble? s'écria 8war ga.
" V <lUS refusez pour gen dre le chevalie r 8tren-
ner ?
-
Je re'
-
Et p
'rais un fiLe; de roi.
l'fooi donc?
que ma mIe aime quelqu'un déjà.
Elle allne quelqu'un ?
Oui.
- Mon pauvre F ritz 1 murmura 8warga.
Puis surmontan t ce commencemen t d' émO'tion,
elle ajouta :
- Vous ne pouvee cependant PM, diL-elle, 1'0pflUSI!*'..r ainsi mon flIs sa·ns l'avoir v u, entendu,
volrr fi\lp ...
san que nr8demoi~l
- Je voos assure. mBdamf"'. rl'pon dit J' ancien
brll.Connil'r, qne lnlll sera inutile.
- V HlS me permettrez b ien au moins de lui
-
P all'c
-
p61f1el' ~
_\ ma fi.! Po? A qlloi bon?
.Tt> pollrrais plnirj. I1l11lrt'B cl'clle J11 cauif' de
HI "1 fl~.
Vous ne pnllvrz pns ml' retl1~
nu TYJnins
, '>Ilt.'. f clion qui ffiP pl"rrnr>/.Ira dA dire II Frit?:
(
j'ai fni t tonl '" l'II' j'oi P\!, (lue j'ni tou t tenté.
Et pui . qlli ail '/ QUflnrl vlll'c fUie fll1rn vu mo·n
tl ,.'St.:
'l"1i il . t, rombi"n il /' imp-. Rllp n' rs l
pu - fla:oœ" "nl"or ? J / .. JIl<'ir;1 l' fi 'elit PI1~
Mcirtj\ Y
. L'I
trion ne révondit II. IHlCIJlI 0[> ces qur's-
tions.
Il "c l'l)nl. nta
d' T ·li.:r~f'I
fa
Je v
:
'liB
~
lk Il
dir
'C,
quand la comtesse ent fini
IIInrllllltC,
qu 'i.! n'y
Il
rie n A
<w-V'lnrent
L a Nuit Rouge ~
~
Quel jeune h omme? demanda HenrieLte qui
a vml par1mtcment oublié le diplumate.
- Ce jeune homme, dit J' ancien braconnieil'
don t, t~ t e,s moquée purce qu'il avail, prélendais:
lu, 1 n~'
d Ctre en bois. LI nous a accompagnés
au rocher dcs 1.;", ),.-::,,,, urs
.
- - h ! j'y suis, dit la ieune fille, qui se rapp ela tout à coup. El alors 'i
IJ t' aimc_ .
M~is
il. m'a à peine vue.
_
Celf! [!lI. U suffi, purUlt-iJ. Il est
. .lnll pluSIeu rs [OlS ICI pour le revoir.
dit
- .Il me semble, en rJ'feL l'avoir .!'f"'-'"
Henrl eLte ~'u n air iudiffé r ent.
. . . .. ,
- ,Eh bIC,n, cette dflme est sa mère.
u . fillle m a demandé de r ecevoir son fils ~I-. .
mal.
w.. /..
-
-
POUT quoi fa ire?
P ou r se fai r e aime r
Il veu t m' épolJser? '
Ou:i .
Et qU
: 8v
e .z-
~01lS
répond u ?
Q ne c élru t . m utile ... que vous é tiez promise.
Parbleu! dit Ilenr-iettc
-:- Mais lu mèr e ne s-e tient pus po
b tt
Ell
r CVlcndra.
ur
a ue.
e
-
Qu'elle revien n e!
- En pa.l'~nt
elle m'a pr esque menacé
- De qUOI?
.
- J e ne sais pa:;, dit Han,' SCl mull, mais il
semble que ;e malheur a. frôlé notre maisor
me.
ce ttc dame en noir.
l a vec
- Quelle ide 1 IDm'mu.ra ln jeune fille
Ui
dou tait de rien depuis ql/·.eUe se sèlvail ûi~n2e
ne
" Q'll;e pel} t~e:lc
nuus Pau'€ ? dil Hcmiclle. - RICn, ,'V:G' 1.m( 'Il.
lors, à quoi bon nous préoccuper '1
IWc s'approcha de l'anden braconn ier lui
un bai -'"1' • TU' II front.
'
pOila
- Allez, mon 1 èl'C' , dit-elIp, RObert m'aime ... J e
n' il' ricn à tTüilldre,
El elle l'('monla dans la mnisrl!l.
Huns Sehmuff, l'Co tn spul duits le jnrdin à se
prO'TTlcrli'r de ong 1>11 lal'gr, l'esprit tout "Ipi <.1
sornbrps pensé!'!>.
r . Il
Il resta longt(mps à se pl'oJllener ainsi
du.nl. qll'.Hrml'il;ttr,. dMfl le p,'Lit salon Ù' li' I-.l.:r.ll t,
u~l1
con Llntlfu t il travUlllt'r,
Tl ll11nit J'l'nlrer 'T'l"lnd un rns Irnt co
pllS d ' un hommp qui. c cnel L' d ne vdnt mme /
rem~l'(!\
,,'l'lIlrnrlit. sur J 1'01: le.
pns êlre
Il dl'C'SA!1. lu It>Le,
DIU'l6 J'étal d'I 'prit où il éh'l lont br 't d
.
l'inqlliéfà.
•,
III
evmt
Le pl.lS 'C rapJ'olhni~,
vPllnit vers 1
.
a lTlllU;OIl ' .
t , 11 ure, d' Of( j'In/1.lrO,
cc.c
p('r~l)nc
s ur' cr chf>rnill, Lœ huh! 1I1L.'l (l' \ VI Il ;1
pu.<1sml
Il alln li lu JI(Ir!," rlii J'll'dill 1"'1111
. JIlL.
ment et vit un homme qui vr~lin
vel Il tlilln tI~u
Mais au liou de s !linger "('r" 1Il p'lI' 1('u d'mlil.1 url
\
~>l
hornm , UVI'C mill' fH"Cflll!.iol;; )' llH. , f Il me,
VII, s'étaiL jd~
de ('()fë 1'1 l' !ll'('I'!'
ri III r' pn
la hllie q1Jl r(Li~nl
SlIil(' lIU In Il l' du ,,((Il-dl' UI! d(
oomrne pOlit' voir 'C qui 'pit, 81tH (jJf~
dl! I~l rO~'êt
QlIel ôtait ("1 bOUIlIIC?
u
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JI~l/a
Schrnult Sf> dissimuln dl'~!i"(
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l'obs(!J've r.
'/il
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Elnil·!'· II' flld cie IH COlllt '. sc? l'IUnolt
H s rnblniL lJloin!! rand qu 1\l l />111 ~(\Ij?.
etH dil,que r. lu' i t'lili 1 Illl hOnIr;1 d ' 'pUIS. , .. In
tJ,g , un pen ('Olll'b(' t vo016,
un œ r t.WD
I ~tni-r('
un VOICIII'?
L'AI. nden cnnlllH'ur,nil li le croire,
r voyall ' rt'.-I T' illHllfibilp, 1t Y(\11
la f .nllire ')(;IClirée, il flortil li!' SH Ctlclwl
à lu!.
- Qui éll's-VOllS, m·i1 lJrusqulIll'lll 'L
'I!
rnnml( Z-VflU ?
'
!lU
L'illCflIlOU aVLLit t.J'cs8u.illi violemmeD t.. ~
aU.
o
�~
lAI l'luit lio·tg?
.-==========================================================
lieu cl fnir:, comme l'c~H
fait un homme a~limé
de
mauyaiscs intentions, 11 se rapprocha et dIt :
- Vous êtes Hans Schmutt?
- Oui fit. le père adoptif d'Henriette, très étonné.
- Il f~\1t,
dit l'homme à demi-voix, que je vous
parle t&eu1 à &rul, tou t de suite, pour des choses
graves.
"
.
- !\ ;ais.. fit 1anCIen nracon.mer.
- Je 'Suis le prince d'Argyll, fit l'Domme à T.oJx
basse.
Hans Schimutt frémit violemment.
- Le prince 'l
- Oui...
- Ma fille 'l
- Elle es t là.
Il indiqua La fenêtre.
- Elle vit 'l ... s'écria René ... que Dieu aoit béni ! - Mais il ne faut IJas qu'elile se douJte.
- Venez dit Hans Schmutt, et il eanrne.oo le
prinoe au fQOO du jardiJl, daIllS la partie sombre cm
1-00 verdures se confondaient a.vec c&l.1r:tl de la f0rêt. TI y avait dans la haie une petite porte. L'AJ,sa·
cien l'ouvrit et René entra.
x
Hené était tout chanceLant d'émotion et de jod~.
Elle vivait. Elle était là. Il voyait la lumière ~i
1'6clairait. Elle avait marehé dans ces allées où il
marcllait. Il ne put se contenir plus longtemps.
TI
luta en sanglots et faillit tomber. Hanll
SchrnuH le prit dflns ses bras.
_ Prince! prince! fit-il, calmez-voU'S 1
_ La voi.r ! dit le m&lheureux père, la voir 1 Car
je la verrai, n'est-ce pas?
_ Oui, vous la verrez.
Je la verrai sans q1l'elle me voie, sans qu'elle
~n('be.
Car il nc ([lut pas qu'elle sache encore.
Il Oh 1 mon ami,
poursuivit-il en pressant la
lIJuin dc l'ancien braronnif'l', vons m" l'avez conser'C. VOliS avez eu bi.en soin d'elle. Merci, merci.!
11 p('lrissait la. mam de l'Alsl1dcn entre les ~lCn
rll's TI ne pouvaIt plus parler. Les mots ne lm revcnnirnt plu .
Hans Schmllt't l'entr:utnn vers un petit banc placé
SOUIl une lonnelle {;palsse, tout près de la lisière de
ln forêt.
j" '1 A
_ Rt'mettez-vous. (l,·) . Si:!eYe'I.-VO\1S.
Tle prince se If1is~
tomber sur le banc, brisé,
san 8orl)]es. Il demanda:
\le fnil-eJlr '?
rme lravaille.
- Elle ne soit rien 'f
_ Rien. EU croit atrf' ma fille.
- Elle est hCllrt'lI::ip ?
.
_ EIlc le seruiL SI elle pouvait éponser l'homme
~·clJP.
nime.
,..
- Elle airnr qllCIC]l1'lln ?"
_
IIi.
n of(1rier, lin Il Ill. nunt ~ mtlllcrie n
gll.rnis f lll il Vinpl'llllCtl, 1101>['11 <II' Conu;y.
Il Ils s'aiment tous les deux.
-lls.C'voipnt'l
. . , JI ' l
1
,If' l'ai fllltoris6 tt venl!' ICI.
VICn lo,us cs
hile. sodil n IH' Il', . .Je ln \'0\ fi i tf'np Il~ lI1C'r~JSe.
rnil morlt d'l'lltlllÏ et cil' clllI"rln. AI'Jc nml Cali Y
- ('li! 11011.
_ Qnnl\d l'Il/' If' vnil l'Ile l'st helrc~s
pnur !,
rc le dr III SI'I1HlITH'. , T/illlIlll'l' IlS t nl !e ne voraus
pu Ill! !lo\lvllii 1 Il. IfIL'llt J ccl,
Il'1 Ruber ne
IIUlt l'il Tl. Il ('Illi
Il'/1, 1111 'te esl
P.
_ Iflonri lt ?
C' 1 \1' IIUln '1111' JI:' 1 i i rI!,lIl
'1 s'lmprdirmll'. ri m'fi rll'muTlt!(' !ln mn}Tl. Il 'Ill Il.ti t uw~
r(pon
Il jfl 11(' [llli pus III 1111 dr 111.
il ::1'(1..
101111(' \1 'Ilri!]l1/' (lU i s'('lonnr. El Il '. ."ulfrclll.
1
qu" W'11VlJis-j' fllÎ!'!' '1 Qlle PO:IVllIB;.lL d1l',' ,
Ah 1 j n'ui lJUS dUrIIll tOlite lf'~
rlmLs. J JnlplOl al
15
du ciel un appui, un secours. Le ciel m'a entendu.
puisque VOliS voilà.
- Hélas! je suis encore comme si je n'exiBtai.s
pas, n'ayant a.ucun droit, obligé de me cacher
d'elle, de Lous. Ne suis-je pas encore d'Argyll II
Lrattre ?
- Espérez-vous au moins ?
le ....
- .Te ne sais pas. J'arrive. A mOIf'arN~
sard ou plutot la Providence m'a co.nduit ches ma
femme.
- La mère d'Henriette?
- Oui. Elle ne m'a pas reconnu . .rai tant changé, j'ai tant vieilli. Si vous saviez quels maux fai
soufferts ! Mais j'ai pénétré cbez elle. II n'y re.st~
de
moi , aucun souvenir. Elle m'a condamné, rej~té.
Mon nom lui est odieux. Et que faire 'l que faire T
Si je ne puis pas me réhabiliter, il va'u drait mieux
que je fusse mort. D'ailleurs, je pourrai mourir'
maintenant que je les aurai: vues toutes les deux.
- Mourir? dit Hans Scbmutt... Et Henriette ?..
- C'est vrai.. . EUe mourrait aussi. Il faut d'abord travailler à son bonheur. Avec quel conrage-le vais m'y mettre!
Le prince resla longtem}>1S dans le jardin. Il raconta à l'ancien braconnier aa capt~vié,
s0t,I .évasion. Hans Schmutt, de son coté, lUI fit le reclt de
la vÎe qu'il avait menée a,:ec ~em:il.
~eaé
ne lui
faisait grA.ce d'aucun détail, n avaIt Jam8.1s entendu
parler e.5sez d'elle.
L'beure s'avançait. TI n'y &urai~
plus de trai.D
pOlir rentrer à Paris, et René voulaIt rentrer le S'Olr
même, ne pas perdre de ~mp.s
. 11 ~
leva.
,
- Tl faut que je parte, dll-1I. Mnl cI' 1:' Je la VOle
de loin, sans qu'elle soupçonne ml'l pl'P8,.n(~
ana
qu'elle m'aperçoive ... Peut-être se douterait-elle, à
l'adoration qui jaillirait de mes yeux, de t.oute ma
pel' onne. que je suis pOUl' elle autre cho~e
qu'un
indilfrrcnt. Et i! ne fa\lt pas qu'cne oS he. Il ne le
faut pas ... Elle souffrirait trop.
- Elle ne saura rien, dit Huns SchmulL Eile n6
VOllS n pa entendll entrer, El VOllS la ver!'''?:.
Il Vous allez vous dissimuler dans le jnrrlin, devant lu frnélle, Et jc l'U(1pellerai. Elle pal,ulm.
Et il cn,ITleno. R né sans bruit duns le devant du
jarclill ... SOllS les fenêtres mêmes (j'IIenrif'ttf'. Il le
fil cocher dans un massif.
- [{rslC7,-lù ... Ne remllez pas, ne parlez pas . .T&
v/us l'appe!er.
.
.
Il s'avança un peu dans l'espace vlde qUI prér.éduil In maison ct cria :
- I1('nriellc !
La JCllne fiUe accourut.
- ~Iol
Pl'I'e 1...
.. '
.
F.l Il.cnô la vil, appnntlOn éblo11Jssn,nte. Il la VIt
dillphlllll' rt l'os.. uvee ses cheveux d or, ses yeux
6cl: llllll", . ('S lè'Tcs. Ollriant s, dnn::i ln 111mière
qu'('l1e i1llllllinn de JOIe.
Il ~. 1,'VIl ft dC'nli, !'plombn il '('nol! , lendit le.':!
mains. Un cri Caülit sortir de s bouche.
ln hile 1
11 f'1I1 \11 force 811rhllITlaine de BC conteni!'.
Il ["u!m i l'n.
l! HI!' III voulu qu'eU' 1 UlL 1 toujour. ~ser
10 111111
'(1
t:xtniic.
JIllllH dllllUU dit:
11 rUllt vou ,'o\l('l1c'·.
le Il el:!t tUI'd. Vous vous tlpuisez &. trav iller
Rins!.
Oh 1 !lOf! pu , je ne sui. pn.q foLiglltS .
Sa \ oix Il 'ml 11111' rlnllr.p'ir illnnie. rme l'ompli1, I\it ln n li! rlf' nf)tr~
harmoniell t'S.
Rcnû n'/llll'nit jllrnnis voulu qU'l'ile ce ~Iit
de ré:;1 nlH'J' h ,ps nr ilIes.
Ft von l' rf', flue faillI . ,m clonf' dnn le j
din ft ('l'ttl' h Il m '/
- JI' ml' lm TIl n!', ln nnit
l ei bc.!le 1...
-
VI1\l
till, z fi 1 op
J'
fr ,Id.
• V')U8 muni rer. me dire b IIIsoir T
Do lIH dllq millnlr .
�~
76
- Je vous lIIttendrai. A tout à l'h eure a lors.
'
Elle <IUitta la fenêtre, disparut.
Et Rtmé s'éveilla.
Il s'éveilla du rêve éblouissant qu'il fai sait.
Hans Schmutt vint à lui.
. Le princ~
lui saisit le bras, le serra avec une telle
vlOe~c,
SelUS le coup de l'ém otion intense qui le seCGU81t, que l'Alsacien faillit crier.
- Est-elle jolie 1 murmura-t-il, et comme je comprends qu'on l'aime 1
« S'il m'avait été permis de l'approcher, de J'embrasser, je serais mort de bonbeur. Est-elle jolie 1
Ql1e sa voix es! douce 1 Toute sa personne est
pleine de rayons et de sourires.
_ Elle m 'attend, dit H ans Schmutt, pour rappeler le 1)rince au sentiment de la situation.
_ C'est vrai, vous allez la voir, lui parler, l'entendre vous appeler père ... Que vous êtes heureux 1
_ 11 faut partir, dit l'ancien braconnier, si vous
ne voulez 1)as.. .
: Vous me permet_ Oui, oui •. mais je revin~a
trez de .rev~V'"
comme ce s.OIr, Jusqu'au jour. Oh 1
eo~m
Je valS 1 attendre, ce Jour, ce jour où je pourr~
la se~r.
da~s
mes bras et lui crier : ton père 1
c eS,t mOl .qw SUlS ton père. Cette fois, dit le prince
à l AlsaCIen, avec une expression où. perçait une
nuance de jalousie, vous ne serez plus que l'ami.
C'est moi qui serai le père, le père!
Il sortit du bosquet.
Hans Scbmult lui ouvrit doucement la pfilrte de la
rue, le poussa dehors et dit:
- A bien tOt !
- A bientOt, fit le prince qui s'enfuit comme
un fou.
~u
rn~mt
où .il quittait le jardin, une fOI'me
DOIre,. dISSImulée Jusque-là SOUS les verdures qui
bordaIent la forêt, se délacha de l'ombre, jeta un
10DJg regard sur la maison ou brillai! encore la lumière de la jeune fille et marcha sur lu l'Oll te derrière le prince. Celte ombre élait celle de SWR 1"ga.
Quelquas heures auparavant, au mOlllcnl ou
l'odieuse femme, après son entrevuc avC'c Huns
Schmntl, descendaiL de voitnre à la glll'C de Fontainebleau, elle. vit, s~r
le seuil de la gare, uu llOmme
dont la pbysiOnomle, dont les paroles III frappèrent.
NOD qu'elle eOt reconnu le prince (1',\
rg ~ · JI.
l\llJis ccl
homme à barbe el à cheveux prcsq1Je b l)Jf'
~'
v~lt
d'~abils
entj~rcml
neufs et au . Cl,ue'I.;; il lit' p'umi ssail pas habitué, cel hommc sc fUlsalt expliquel' la
remte qu'il fallait prendr'c pour se l'CIHII'(' il III l/1uison qu'elle venait de quitler, la maisoll IJflJJiléc pur
la jeune fllle qu'aimait son fils.
Quel était cet homm e 1 Le père du rival, peut·
être '1 Swar~
espéra, par lUI, apprendre quclqtl
chose qui linl6ressCl'alt sanR doute. /\lJ liell de
prendrc le tram, cl~
le suivit. Hellé, Illm n rb,\
LI'avait pas fait attentIOn à elle. II hll flit (,1I!Jl, >
grâce A la nuit assez sombre à ce moment, cI " J'lïVe~
pI'ès du jardin de Hans Schmu,lt, 'pre 'ljue en lll ,'.mr
temps que le prince. Elle se d! SSIIIlUIIl d "' /TJèl'c' 1111
bouquet d·arbustes. el Tù elle entendit HI.'116 dire
SOli nom.
L'{'lnotion de la comtesse lut si vive qu'cJl fllillit
laisser é 'happer un cri d stupeur.
L prince 1
Muj~
a lors celte jeune fllle... colle jelln/' fille
qu'ni!llllit son fils, c'étai t la fllle du prince '/
Quel! découverw!
On devin avec quelle curiosH6, qua!1t' flviclilé
bUe é , Ut8 1.1). conversution qui eu t li u ·mlllilc enll'e
les drux homme8. ,\ucun détai) 11 lui éehnppu.
Elle apprit le nom, l'adl'css de J'hOlllm uil1lé pILi'
la jeulip. tilt cl 'lui éh.lit le rivnl de ::Ion tl ~ , cl 1111
BOUnI'f' dt: lri orllphe t de> joie écluIJ'n 8 • lèvr s.
_ ,It II;s tll'O , penfla,l-cHe. Je sui!'! mu1t/l' :I!' L du
leen'l, du lT(,lltère; 1 tllle du tl'alh'o /l' Jl(u
~ crl
per Ulm !:Il olle l'ellOUS8C mon tl1s.
P;l clle rentra li pariH, heureuse de ce qu'olle uVliit
u eL Ilklndu et toute vIeille d'ospoir.
La Nuit Rouge
~'
QUATRIÈME PARTIB
1
Robert de Canisy e
sière, descendait de' j-n sueur, couvert de pOU8seme venan t a
C levaI dans la COUI' de la cares d~
malin.
Sw ho~mes.
Il était ne.ur heuO
_ Mon lieutenanSt at s approcha de lUi,
- Quoi?
.
- Monsieur votre père vous atte d..
- Mon père? fit Robert très n
.
- Oui, mon lieutenant '
surpns.
En effet, le jeune offlci'e 1
venir dans la cour un h r, evallt les yeux, vit
à. cheveux blancs 'épais domme à moustaches et
u;;
u-ès rouge\ sanglé miltar~u
re,
la flg~re
gote dont la boutonn ière ét '
am une redinrou.ge. Il &lla vivement il. lui~t
ornée 'l'une ros ette
- VOUiS, mon père : ' ici?
Le généred, sans l'étreindre dit b
r~uqemnt.
- Tu es libre? J'ai il. te ~rl
Et i:l. entralna le jeune ho~m:r'f
Viens l ,
oette attitude, hors de la caserne' ort surpI'ls de
Jusqu'à ce qu'ils fu ssent dehor~
ne fut échangé. Le général était ~l'
un mot
même. Robert cherchait à expliqu~
ce e ~ombr.6
amené à Vincenn es son pèf'l' qu i ne v UJ aV8!t
plus ; il se deman dait vainem~t
cc qu'il oyagea!t
hti voul oir. Le général Gérard de Can°
pouv,aJ t
combattant d'Afnqu e, avait aJors pl'èR d~Y'
,anCIen
sOlxanLe..
dix ans. C'était un homme brus u~
pièce, d'un entêtement Systémaiq~e'
e~ol
t d '~ ne
ne pouvait faire transiger avec ce qU"1 que rien
nliL comme son devoir,
1 consldé.
Il y lIIv,ai t peuL-être dix ans que 1
tait pas so rti du départ emen t du Lo~
, g~néra.
n'élait certainemcnt un événement g' 1 C , cL I l faJ .pOU!· l't;trllitcher à sa retrai te, le faire venir ~a
~IS,
a ,Vmconnes. Robert attendait Llonc a
qu'il parlll.L.
vec wlpnllCnce
Qnand les d eu~
hommes furent hol"
dans un dcs senliers du bois 'lui enlo .:1 du fort,
le donjon e t où pCI'Sonne Ile pouvait les ent~rdl1
nérul dit :
n re, le gé- Je suis allé hier à la place Je t'ai b
congé de trois mois.
.
a lenu un
Rohert sursauta.
- Un congé? Et pourquoi faire?
- P our voyager.
L' ofic~er
devint lout pAIe.
11 /lv/lIl rensé à son amour subit m
- Voyager? !\lais je ne vcJx
v en t.
- m moi, fH sèchement le g6.n~
j~ynger.
tu vlJyof1.ges.
' Il veux que
- m pourl]1Joi, mon pèl'I'?
- Ponr t'nrrnchel' à certaines inOll
ences.
Q lll'I1es in/lll nres?
J.c gùll(' I'n.l s'unNo.; puis, rcgardant
duns II' blanc des y01l x :
son nI!!
Il [nul meUrc les pOlnts sur !es .
- J.(' VO.ll /'D suurai gré, mon pèl'c 1, nJors?
- J UVUIS r<:l !)ôl'{o CJIlP III coOlllr lLd ' .
mol.
l'aiS à demi.
Ull,.i(' nI' '1JlllprNld H pl1.'l dll toul
"
l',h h ' II 1 fil le gt"n,I I'1I1 /lVN'
n1l'nl, ri il l !l'l li r n,., il pn/"lttt. que l~n
,~ùlOmenc_
de' 1 /11 1 1111" lw c d'lInl j"Ill!' Iilll'
es en lm!,
Il!- (Il. 1; (,1> l' ri ,\ 'I ll f'Qllge é ;JlJJl il f'! 1
"II lIm[ li I II'
CH pUI'
m l' .I!-l
q
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l Jn III"',
l' rI j"11 ~
JI!
Il
r ~' !
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�=~C-·
· =-~
- Celle-ci, sàis-tu quj elile est d'abord?
- Moi, ("el'tainement... C'est une jeune ti.l~
très honnête, la fiNe d'un petit rentier nommA
Hans SCJlnl utt.
Le général SI' posa encore, et regardant son
filbs fixement.
- .EIl bien i ,-üilà ce qui te trompe. CetLe jeune
fille n'est pas la fnle de l'nomme que tu connais.
- Eh! que m'importe? fit l'officier.
- EL! e est la fille, poursuivit le général, du
prince Rimé d'Argyll, l'homme qui a vendu, en
18ÎO, ses saidats.
Rober~
était devenu tout tremblant.
- C'est faux 1 bégaya-t-il. Qui vous a dit?
Le général mit sa main SUir le bras de son fiJ.s.
- Ecoute-moi, fit-il.
Robert le suivait la mort dans !J'à.mej llJ\lJSSi livide, le cœur aussi serré, la chair .awsi défailtanle llu'un condamné à mort.
El il voyait devont lui l'effondrement de tout
son avenir, de tout son bon.heur.
- C'était, commença le général, c'étatt avanthier. J'étais dans mOf. jarditn, après le déjeumer.
Mon jardinier s'occupait, sur mes ond!res, à G.l\;acher quelqu es branches de vigne que le vant avait
détachées pen dallt la nuit. O~
sorme. Ado1lphe va
voir, puil; il 1 evient en me dlSu.nt : le Mon générai, C'<l.St \liIl.e uame .
- Une dame? fiL Robert.
- Une dame, poursuivit son père... une dame
qui venuI,t de PaI'ls Tl'è:;. i.ntrl~ué,
)e donne l'ordre de la fuire entrer, t JI' V/liS m mstallel' dans
le petit salon dll r('z-de-ch.,lussée pour .la recevoir. Au bout de que.J.ques n1JfJule:'\ elle arnve. Une
dame lr,\s bien. lré!; élégante. très di st.ï.J:I guée. Une
dame du monde, cerw..hueme.nt. .Je IluL of.fu:e U!Jl
siège non sn:-d laisser parultTe un oerla.iln. é!.0nn.~m
(> 'nl
rt, lui ù mander ce qui l'amène...
" EJ.le me dit:
" - C'est bien ' ~J
génél'ol Gérard de Canin qwt
j'ai. l'honneur (j . pal'ler '1
" - Oui, madame.
Il lA père de M. Robert de aamay, en
ll:i8on à Vincpnn cs?
.. - Oui, ma<lame.
Il J'ai Init le voyage d'Ori.élUl.9 wu, up1Iè& pOlir
SlI:uv-er yol.l'e ri.l.s.
- Me sa.uver? dit Rohart.
- ,J'ai fait un bond, tll comprends, clit le général. .. e~
j'ai prié la dam~
de s'e:(p.I~qtlr
C8ltégoriquem nt.. J tors alle. In a loul dit : Que tu
aimais u.ne jenne fille <JUl Malot ln fllie (h'\ID homme
dont on ne peut plus pronan-c<'r le nom sans rougir . lu. fille d'1l!1 tl'ultI"e ; qll'il riait peUlrOlJ'6 tl?mp.s
1iC~:I't
un t HI'I'I.u:hur à celLe ro~Le
pu.e:;ion. E11e
m'.a. donné les prouves de ce <ru olle Ilva.açait. Il
n'y li pus n doul('l'. Elle Il vu le père de la jeune
flll(! .
- Il vi t donc encoro ?
.
_ JI vil, Ynilll:l il so cache- .. Il vifmt ~'I!. ,mut It'enlretenir uv .. c l'homme qui gllrdc ~
fille. ~t
(lame Il .~Il l'pris lin sni r lell r rnn Vf'l~ntH).
La. jenne
fllle ne so.it pas que son pèro eXI8t.e,. qui 6M ce
èl'(" IWo l>hL df' l>onno foi. Elle sc Cl'Olt la tille de
P.'homllll qlll vil uv'c e.lle.. un nommA... Iln
,aT-
hOlllm(!...
1...<' ~rnl
.J~
.,
.....
~l
chercha Wl iMtnnt, PWD 1" ....
- SclltnuLt.... un Ilomm{' Sch1lluLt..
- IInns ochmull, dJL Hobt'I'l.
. Oui, c'eet biCfl ça.
,. é
Le j unI' o!Jlci('1' ~COl\t·
il .11lnS t"Dtendre, e"ar ,
l'œil hngoNI, cnrnml' dl vUllt un nbtme.
GüLlc d<IJIHt, J'( I)!'il 11' W\IH'I'(\.1. li coonu a.utr~
foi le pi l'C, Ir. prJ1H.1I1 11' Al'gyll. EM . ne poUVAIt
Ptll sc JlH', 1'''1 ' url 1'1'. D'nillt lit'!! le prlnoe a de·
Inr~cl'"
Il vOir Il tllll·...
l l'nllll'I' ln lui u monlré
ù\ (1111\ pUI' Ifl knNre ... El Il pleuraIt (JIll la ro·
gllrdflllt. Oh 1 HI n'y a pns de doule, Vil 1
. ~-=
~=
77
-w
- \In i ' (lud intérct, demanda Robert, e. cette
fnmn1'.! '?
- Elle ne voulait pas qu'un r·fficier fmnçais,
flls d'un général qui a versé son sang pour son
pays, fût trompé par d~
misérables 1
- Mais, ru Je li.euLenant, la jeune fille Th'est paa
respon able.
SO'[, père le regarda.
- Est-ce que tu voudMis la ri3VQir ? demanda.-t-il
Et cela d'llll air qui fiL tresscillltr dalllS toutes
ses moelles, le jeune officier.
Il murmura, Jes yeux humides.
- Je l'aime tant 1
- Tu l'aimes?
- Oh 1 ou,i, mon père, je l'aime, et si je dola 6tnl
séparé d'elle ...
- Que reus-~?
dit sévèrement le ganéraJ..
- Je ne bais pas, répondit le jeune homme., mais
je crois que j'en mourrHl.
L'officier supérieur secoua la t~e.
- Bah ! bah 1 on dit r:C!éL
- On le dit, et cella arl·iy~.
- Enfin, s'ér l'ia violemment M. àe Canisy, tu
ne peux pas [JUUl'Lant ~j)ow:;cr,
I.oi, officier, patriote, la fiJùe d'un homme qui a Lrahi ~on
pays,
dont 11) n.om est synonyme de honte. Si tu com,..
mettais maJgré moi cette inlamie, cc crime, Iiu ne
me verrais pas vivre deux secondes de p1us.
Robert ne l'épandit pas.
Il se conLf;nla (].e mllnnurer
- Je suis bien mallleuretu. ~
Puis il ajouta :
- Et elle 1
- Qui, elle 1
- Comme elle va sout'frir J
- Elle t'aime?
- .comme je l'A·l me.
- Elle fera comme \.oi, elle oubliera.
- Jamais.
- Jn.mais ?
- Si elle ne m'oublie pas plus que je ne rai ou~
_liée ... elle ne m'oubliera jama..is 1
- Enfin, lu vas m'obéir, n'esL-ce pus ? dit le gé>néral d'un ton qui n'admettail pas de réplique. J'tU
ton congé, tu vas partir .
- Et où irai-je?
- Où tu voudras. .J'ai pris des fonds cbH IIKID
ba.nquier.
- Et vous De permettez pila'
- Quoi?
- De la revoir... une fOO6.
- A quoi bon cr Pour rendre plus vi~
volre souStrance. Non, tu vas p6rtir toul de sUIte. Je ne te
Jt\isse plus une m.1.nuie ... ta ft8 venir l P&rls avec
ffiQi.
L'officier fi!ourbo. le. "te.
.
- Quel crfondremenf 1 mur'IDura-t-lL
Puis, avc-c des larmes : .
.
- !lier ancore, nous fllODS ru heureux 1
Bt il ma.rcha aux cOL~s
. de son pare, en sile~,
perdu dans un dé~cBplr
unm~se.
Essayer de r~
Stsl r au g~nMal,
il 0 Y .f.aij8.1l pa.s songer. PUl8
quelle rai!:lon donn r? Il &St cerf.llin qu'il nc pouva.it plUl apollae r 10. tille du prince d'Argyll. Et 11
pensait b. la douillur de la malheureuse enfant
quand elle ne le verrlllt plus revonir, quand elle so
croirnit abnndonnéc par lui, oubli~
peut-être, Cl.\l'
il ne pouvnll pnR lui rll.ire oonnnllre les moLits de
son ~épnrL,
lui npprendre l'indigmtA. la hante cnN
peflll.len L sur ell{', si 110 les ignorait.
Elle croirait <pl'il avait cessé de l'a.imer, et elle
1'11cc1lRPruII ; elI!' Ir tnlludirait. Quel avenir pour
elle, pour lui 1 Que d. torLures 1
- l~h
bi n 1 non, mon père, s'60ria+U, j. ne puis
pas.
Lo général fronça lee tourcn•.
- Qu'osl-ce quo tu ni) peux pa.e'
�78
~
La Nuit Rouge
-
Quillel' ainsi cetta jeune fille ... Il faut au
que je lUI dise ...
- Quoi ?...
'1
- Que je n'ai pas cessé de l'aimer ... que je ne
cesserai j'l l1is de penser û elle ...
- Alors Ile ln dcmllndern pourquoi lu purs ... Et
pourras-lu le lui Ulrc .? Pourras-Lu IUJ upr~nd
'e un
secret qu'clle ignore, qu'on lui a si soigncuselllPnt
caché ... lui dévoiler une honle dont elle peu t mourir?
L'officier courba la tête. C'était vrai 1
- Si VOUl> Sû.ldez, mon père, rcplit-il, comme
elle mérite d'être uimce L.
Et le gùnùl al vil des la.'mes dans les yeux d!:' SOD
fils. Il eut un moment d'émotion, et prenant l'épaule
de sou Hl.::; :
- Tu te consoleras, dit-il d'une voix aflectueuse,
presque tendre. ,'ous n'y pouvons rien.
- POUl'tanl., dit Robert, qui espérait encore, ai
n s· 'luit Irumpé.
- C(;DlInent '!
- Si t;dlc fellulle vous avait menti ?
- D ns quel but?
E ,I-c'c qu'on sait? Une vengeance peut-être.
Von. lie la COllIHd "ez ).".. -.\t~
le un Dom?
- • on. ~HlI:
Ge üait 6, ..... une f~nle
du monde_ ..
El! n Hl:; l.UU1l8l1 de nom. Eile pal'aissait animée
puur nous des rneillet!! ; in~tos.
Et les détails
qu
Il:U Jonnés.........
Le .... ·11·1 al secoua la tête.
-' • on, non, elle ne m'a pas trompé... Tout est
vrru.
'fte fille e~l
b.en lu fille du prince d'Arg\·U.
- L- malheureuse enfnnt 1 dit de nOllv !tu Robert. (juel avellir !
moiu~
L'h(!!lfl' S';1 vlIl1çai L
Le général l'eglu'da sa montre.
- III h,'lIre:; ct demie 1 Il e~t
temps de rentrer
à Pans. 'l'II partil,LS ce SOIl'.
- Cc olr! n:pèt.a Hobert.
:- Il vaut I.nieux, fiL le général, rompre tout de
swte, pUI 'l U Il faut que vous vous sépariez De
quel cOté \'l'lIx-tU aller'
.
- Vue Il)'importe 1 dit le jeune homme qui ~
.. en f(li L mourir.
'
Son père le vit SI déiait et si triste qu'il en eut
pitié.
Il !tH pri l dOllcement le bras.
- (Ill cour-agc 1 munnura-t.. il. La vie n'est faite
Que d'épl·l'u\c. )
.mL il entl'ul1l8 son fils qui se laissa emm 'uer.
II
Fnirc rompre le mariage de la fille du prin('e aVl'C
1hOIlIlTH' qll'elle f1inlUlt n'éLait j1f\JoI ~mrJl
'nnt Ollr
'l\r"n cl\l vonl d' voir l'on f1l /)1'111'''\1.' [.' monr
de Fritz pour ln bcl.le inconnue nperçlle dana la to·
i' l cl
FOIi aitl(' lI· 1 .. t.uil d( vpnu si violent quo
If' jr 11/1 hOlllm" cl-O~I"s
lÎ Il vup Il nc tl'n\~Jif
plllS ne ~'o,·tl.Jpaif
plus de rien, ('f su mèrf' sauf(r'uit de le vOir ainlli. Vainl'ment elle lui avait dit
"Il. vi. il/" ~ "von nvt'c
" p'-'!' r, Illi (LYlli! ra('onl~
déc nuvrrle qll'clll' y Il vUil faIte, en. llJoutunt :
_ (.f>lle i~\lne
fi]] nr p IIf se mUJ1er nv.-c aucutl
FrnC;f1i~
... •
.
Fritz ,{'(~Jl
lit
la ~t'
O'l1n !lIT'. d~('ourgé
...
- M'llimera..l li'? murmlirRll-l\.
_ Ini oui dj8Mit lu nl,"re. ClU/J11f1 tlltt' l'lluTn '''',
qu'elle le ('()on'lllr , q.ll(j n<1 . rlle saura qu'eUe M
peul nvoir dc' 1 fUI( '.:I" rn 101.
• L41i l'
itllf,lke, tu j'6opou. rM 1
Aprl 1 \, .. ~ r il OrJ UII d qll nrl l'Ile Cil!. ~lI'J"
00 P rI' !I(' Rt)DfJ(·t de ûlIlisy, c1ulIl cllp nvml .'IU·'
mM devin~
le C'IL ('!.i're, t'Ile J\lK fi 1"I'~l
grund
pas élail r/lil. Le rivlll n'éLalt plus à ("'lundrl'. ,Til"
male le g&lml de Canisy ne t iSSeT'Rtt SCM) fils
~
épouser la fille d'un homme qui avait vendu son
puys.
Elle. dit donc de nouv~a
à son fils d'un air plus
convamcu et plus mYotcl'ieu'"
c iamais :
.
)
- Es})ère!
-:-- i\l.ms, soupira le jeune 1.
'Joudrais 13
VOIl'
- ' Tu la verras. Tu la ven',:
venu. Sache seulement que je nje travaille pour toi.
Fritz s~mblajt
se conf.e!lter <le ('.es 1'1·<JlJ.es:;es va;~e".
m(ll sa mère :yoyalt birn qlJ elles ne le s, lislm. ruent pas et qu il faudrait bientOt 1u.i donner
autre chose. Or,. un homme seul pouvait l'D 1er
flans sa tâche, falr~
ce qU:il faudrait pour contI lndfe ~a fille d~
pnnce d Argyll à épouse1' l dz,
(' étru~
son m~n
et elle sa~J
à quel prix elle UlJr:lil
SOD alde. MaiS elle ne parlall pIns au corn I.e dp' lIis
!a scène violwle qu·ils. avie~t
eue. Le conlt{ !leleunalt avec elle et Fntz, mais aucun mot. n'tlait
focli,!-ngé entre eu;x en d~hors
des mots que J , __
s't:nt ID plus sLl'd~
pohtes e. Aprh, le d,jJ~
,m J',
l'n.rl S'-l',HlPI'.s{)J't.alt et on ne le revoyait. li SI IIlhlail. Ill' ([11'11:(>r enGOre une ])()."!Sion bl'ulaill 00"ai" ,lÏt dé\'orer, ne 'p8.S p!us faIre Ilftenllnn i' 'su
lemme (Jur> ~i elle n eXI3truL pa .... Et pourll lt ;t Il
fni 1}t "'urv ,1er. ,'\Varga cn ét.ait si con, l' 1 1I~
1jIl'·lp n'avait rr,tfome pas. 0 /. re!'oi~
son ,m 1. Il
la faisait surveiller, maioS Jaffir 13 Il ne ln . ' <.11'd~L
Et pourlant Swarga ét,'lil !Jelle euwre. 011 l '
l'lie étaiL chez elle, parfllmée (t frfllehe, \"i , ... ~
IJPignolrs vuguc g Ol'n/\ de dent"lles (lui lai.
oir :;es bru' el son rOll ()I1'e e av:.il ['
elll" élait, vraimrnt a' rl.' .le il voir . .\1
1)1[111'1 elle l':",u~s[!iL
t'hd(jlle I!lnfin, d 1
\1
'
mlère de ln buie vitrée, le oomLe frémis·; I l , , ,
;.olJ<~:cn
rie .du~il:
IIlL'.I:; il . ''')l'l'('n,pt
prenllrt un fil' SI frOId, ~l IDdrflércnl. 'III(' • ':11' 1
dé,;or-ienlée, >;e demandait !:li l'Ile (l Hil 1:11(',))" ur
lui qle~
inf!uenc '. ~le.ré
'o)ul ~e s'en '1 111' l'.
Un ma.lm q~J •. le avUl~
fall une tod~{'
de ('1!HJ1j ._
IJ llH'.c, un" to'lettr. Mud:éC' cl t':tv ... nf. , l! 1 Il'
t'
s('ntoit pJ:lrlir.llil>l'l'lllen l en l)l'UlJ!,\ (.%~
~(
,
rn orn en t li table apr+.s le dAJl/l!'1 ri e Fr i f z qui U J f
rll) pnrtir de bonn{' heure. l't "nn l' g' '.t! .' .lIta
!<1Jr \" c()lnt~.
c1ornt>uré à a pb(IC', IJn 1 oùilt' ct', 'é
Vl'{.>..:s ,,'
l
comme de coutume.
.. l
ICUr. el'\'! .(, Fil
Les tlomes!.i.quE'l!! nvaient ~ch"vé
l!loigua d'un geste celui qUI éta.it n.-lé ut U' .! • te
' (')J
' d lJ un •
r,·
HIS, 1.ourna.n 1 sa r. h'
1l.11W', e 1\ l' mnnll'a. a1l
pind d'une finesse extr(\me, chlLlltH.é de rn'ullJ r lUI
baB de jambe ravif;~nl,
donl h ('.hUll : ' , 1l!!
comme une lueur au tra~efl
du ha il jour. I\(.lS mt
Le comle eut un ébloUI.--sl'-rl ('ni fln'il 1.I'pm
si.t~,
puis il sc IpVI\, plus l'aide qUt> jnro, i ~l
UUsrllngea vcrs ln porfe.
s. 1 fil!
c.:wHr~lL
lni jpt~1
lin regil d qui eat eIi.8()/ 'el', un
suint et dit :
"
- VOllS pa.rtoz ?
- Mai<, 011i, dit-il, un Pl'U nrpri
- El VOllS me 11lissf'7. seu!p.? .
-
,1(>
sais.
dit If'
comtl'
fr('lI1i slinnt
cru
pn,gnie Ill! VOI~
f'~t
Po.s très Il''ri'uhlc; Af ma COTT...
ll fit v rs la .porLe un nouveau P{\~
ors ...
.
Sw arga sourlL
- Vous vous calomniez, rr.on cLler dl't 11 _
_ Comment?
'
-e...,.
- Quand vou~
voulez OL/:c Ullllit!,1c ...
Karl ,trcnncr cut un
OC:OI1
.I!w!it
dl' l!loi jl"v tl
.
Et il prit lu poi{m/, (h' 111 }l' r'(, '.
R en pne.
- !,~stcz
! dit SI nrgu d'un t.on '1l1 Il:ricux
1" vOllS moq l''Z pfl~
-
1/
-
J
à vous parler.
h!
fil
.
"p,"
LI' rnmw r~vinl
hl ln hl".
- .1(1 '1" vou. purlerai pm;, dit la
mon amour.
NOD,
fit le oomt.e, c' st InnUle.
e, tM
'
�La Nuit Rouge
~
-
'/9 ~
=~,
Je ne vous dirai pas, n'est-ce pas, que je
me de. sèche loin de vous. Vous ne le croiriez pas.
- .l'avoue ...
- V{!non' donc droit au lail. J'ai un marché à
vous proposer.
- J'aime mieux eela, dit Karl Strrnnl)r, qui
~'ap!ocb
tout à lait.
11 prit llne cbais.c, l'approcha 'près dl' sa fp.mme.
- Voyons le 11l arc hP, dit-il. eL il J'enveloppa. de
,'es regards qui brûlaient.
'.
VOllS voyez Fritz tous 1eR mnlinR, Vous n'avez
"'rr,arqué en lui rien d'extraordinaire '1
Il Vous
n'ave.z pas .remarqué combien 1 est
',riste.
-- Il u' jamais été bien gai.
- Comme il e.llt pAle, comme il dtpérit.
- Non.
- Il ne vous a parlé de rien'
- D, l'len.
- T ritz est malheureux.
- Et commen t cela?
-- 1: aime.
fll'iJ opouse èelle qu'U aim • ft
- l~,:
nne SItU. lOU ...
- l II" Oflll l~aE_
inh'rrompit Swatga.
- P.m,' lU> d abord on ne l'aime pas.
-
01. 'ulll ...
E p.,. pûrcl' fJue celle qu'il aime - voyez
C')l.)', , I I
: ~I
on ne Cl'oll'all à une ironie du
"
a$uJ\!
l'le qu'il fl!lIlC pst la fille d'une per,
1 q ( r il,: 1:011n::1I 'son;<, dRns la vie dnquel
IUJ.
\ li,.' é un dM 1.1;1 rible, c'est lB fille du
printf (J .'HISY!!.
Le dJllJh' lit Ull baud vi~ent,
r ,,' li If' du , !. nce "1
.
,
prince qui la connn1t
nUf,
t'q!
t·n .'11111
Frilt, ne
union. Vous avez déjà su contrefaire son écrHure.
1~l
parlant ainsi Swarga se fnÎ.'a: 1 "al' ssnnte,
cÔJine. jetait au comte Ides n o:rarcls qlli faisaient
passer des frissons dans tout >~ sc' mo~1.cs
Il la rCtièJ.rda an fond des yeux.
- Vous le haïssez t.oujUU1'S?
- Le prince?
- Oui.
- Il ya beau temps, dit la comtesse, que je ne
pense plus à lui, mais j'aim-e mon fils et je ne V€ux
pas qu'il soit malheureux, En travaillant pour mOl,
c'est pour lui <Jussi que vous travaillez.
- Et, demanda le mari, en admettant que je
me prête à votre fantaisie, quelle sera ma 'l"écom,
pense?
Et il dardait sur sa femrr,e des 'l'egards qui brO·
laient,
- Mais, répondil celle-ci, vons pourrez me (i{'.
mander tout ce qlJ'il vous plaira.
Karl Strcnner frémit.
- ~Iême,
fit-il avec des yeu." qui exprimAi. n'
mieux ce qu'il voulait (tire ue ses paroles ... , In,',
me de l'runour ?
- Même de l'amour, répondit 6warga, ou du
mo'os quelque clJOse qui y ressemble tellpmf'llt
que vous y serez trom!)é,
El cela <fut dit aVI'c un tel regard que le comtl
sentit des c!fJuves lui monter au cerveau. Il était
tran~oé,
fou,
- Et, dit le comte, 'qui vait peine à contenir
les désirs q1li le conSUma11?nt, vous ne reverrez
plus cet hom.me?
- Quel homme"
- Ct' boll{>al" qut' j'ai surpris ICI.
- M. LllEinski Y Mais, fit Swarga, depuis que
YOUS J'av<"z cho.."sé, j. ne l'ai 'plus revu,
- Vuus l'airn<lz, cep~J1dalt.
La c()mt~s
se mit à rire.
- L'flvez-vous donc cru?
- Dame! fit ~ con,le.
- C.nrr "w, si VOllS , nf> .sAvicz pas, pnn lJivit la
~la'Ve,
Ile Je nt' plllf: auner pcraf'flnf, On dirait
que c'c:'t 'd'hicr !!IW vous me connaissez.
Cependant. nt l'AI'''ffitlIld. vous le receviez
en cachette,
- l'arrr qlle je m'ennuyaill, ~t que 'VOlts m'a·
viez t1"'fel'c\u LI' !c voir.
t il!, i il fl' esl pus '1
i\!OIl "llll(llIL'! \ \lUS 'Voolez rire.
You" me lu j\lrez T
1_
E il-il !ll';,oin c1'un serment pour voua COD·
vaincre?
- EL 'vous Ilt' le verrez plus?
YOIlS \oY"z fI"<' je n'ai pas attendu pour cdll
une nOllvpllf' r1dPI s',
- • i l'ber lui, ni aillr.urs ?
•.
JUS pClHlt1Z l)i<'!n qlle jf' n'ÎrHi PliB che-z
I..e coruL~
n 'OS6 '1
insister,
LA'!'! rl>ponec" dr '1\ nl'gn !' J'l.i~":<n
ai nnllll\a'
Ics, a i iirH' l'~,
'1 'II f' 1 t qn'il s'" it
"p: que
JU.lùo\~i()
lui aVilit. 11111, \'oir des Chl)&.8 'Til' nle,,' .
tUH!ll Il Il . Il rI!' ù{}utmt pInEl t'J~
C !Jlct Qf' ,'lU fl~IT
"
d'Il-
h-t>nTV'1JH
à
nlOl
,
a parla • illllO-
Le C()rol.4! n'loIvltit qu'à t,lire un l'f'tour • :Jr IUIrnêm.e, qu'Il :1/' rspPI:! r le5 clénj~
lit' ~ 'nrg'
/->On 111 sol en c.:e, qlland il vivait av~
('!fr', SI! rU!Sü Il
p1i8~N'
pOUl' son l~r,
ponr voir q~l'
Il'y av ai!
pus llll flint dt' Vl'Al rlunH ce que lui dJt~lI
1:& Sla.ve
JIl,s.il! il n'y olilsayni,t m&me pee.
•
Il se lui .. sa donc prendre aux parolee dor
trl~
lu comtl's, t', dt) t III rrflrt r'Unll/Uf UlJhlll,'lIlll.lL
cn~ort'
"{\tlal. Il IU 4 'Oll! ('(' r
il lui dIt, t.t, Il.
~flISJ
.~lIt
thn,
Il
- Vr no7. dit.-'l, il n'~s
..i '0 ue je 110 hUI8B
pO,Ul' \'11I11l
cnnw. ,
li
r'oml/"
! \
0 I!\ (lOll\.'I'z mû 1c1l IHUÙ L'l' 1Il1!1l,C rie
nlll'i!1C (
'l',
tI'ÎOUlp110
:ni i!' ,hlOS
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ilium:,
U lCb
eux ùe
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souril'e il y '4Vllit si peu.
�~
8 0=
=
=
d'amour que la défian ce du mari, si b ien engour die qu'elle rl1t, se ré veilla un ,in stant.
Il s' arrêta dans son élan et dit :
- Ma is s i vous m e trompiez. Si 'Vous vous
~ti
ez
jouée de moi, je me vengerais cruellement 1
Swarga h au ssa les épaules,
- Vo'J~
êtes 'fou, dit-elle, et elle l'entraina.
lI!
A Avon depuis quinze jours on n' avait pas -entendu parler de Robert de Canisy, ca~
le générnl
n' a vait pas quitté son fils et ne lUI avaIt pus
permis d'écrire. D'ailleurs qu'eù.t écrit le jeune
h omme? Il ne pouvait pas. parler des motifs de
son départ, -entretenir dans l'esprit de celle qu 'il
aimait des espérances qu'il jl1 fje ait maintenant ir réalisables. HenrieUe, qui ne vivait toute la se..
maine que da:1s l'attente bienheureuse du jour où
elle voyait l'officier parattre, avait ressenti une
men cruelle dtœption le premier dimllnche 0"1
la visite de -Robert lui avait manqué. ELle n'
comprenait pas que le jeune homme ne l'ellt pas
pr6venue, Peut-é[re étai~.1
malade. Peut-être ~\Ji
était-il arrivé quelque aCCIdent comme 'la premIère fois où elle l'avait a,perçu, quand son cheval
emballé J'emportait à travers la forêt. La malheureuse enfant ne savait que penser, mnis [,id"e ne
lU1 ét.ait pas venue que Rob€l'l pollyait l'oublier.
A ce moment, le ]J/'ince d'Argyll, que Jlanf'
OintS,
, chmutt avait présenté comme 1111 de se~
avait ses entrées dans la Ipetile mui, on d' von, Cl
", Y passait le plus d'heures qu'il pOllvait du n, l.a
" onternplntion de sa fiLle, à laquelle Il ne I?olva~t
pas se Caire connaHre et .devntlaq~
11 ~taI
,bli<fé de ('ur"'!!!' scs sentunenta. MUIS 11 {-jult SI
JE)ureux seul ment de la voir, de se ~nvoir
près
ti'ellc 1... Il avait retrouvé il. Paris les truc li de
~jWnrga
et de l'ancien chev~ir.
Kurl -S~renl',
•mi l'avait épousée. Il spértul bien se Iall'e ren'dro justice. Il avait mé(lilé tout un P'lIlJ; Et !t lors
:rien ne S'Oppc)seroi t plu.s su bonheur d HenrIette,
à qui il rendrait à la Cois ~on.
père ct ::lu. lTè'~,
un nom glorieux et un mari alm~,
Ce reve étUit
le suje l !I.e toutes 'Ies conveJ'sutlO~
du p:mvr.e
homme uvcc Huns Schmutt, quand. Il sc Lrc:lU Vo.lt
s(1ul avec J'ancien braconnier. AIlS~1
nr. fut-w pas
rn'oilla affect et moiJlll surprig qu'Jlenrwtte de la
clé(cction inexplicuble d Robr!'l.. .
Le . une officier arrivait ù'Oll(]malrc Il A vun .il.
n ~ lire de l'aprOs-midi; [Irnrielfr l'ott 1'11 d{ut
fout habillé, prête il B01'til' s'il YUl.llnil ull l' se
'ner avec Il ct son Vèrc adoptIf clnn! la Co,
~mEt
il y avail un ,trl,bonll.cur pf'm~
RUI' sn physionomie que cela fal3lut plaIsir è. VOIr,
li {)tait une hrure,
.
'
, f' H nJ'ietLe était allée à la por'~
d JardlO,
D~f
,0:: sur 1/1. roull' un regard furllf.
.
avnl J te> '. Il ngcuit jlJune ~c1ulJ('
di' IUITllèl'e,
La 1'011 S ,\
ure 'Robert ne pan\Îs, it pas.
<'d
vl'('illards liT! peu nl\risd(:scrLe il .ceLLe Il
Flic r VInt v l'li 1 seux
,
, elI
e
,tée: Elle s'assit pendant quelqlloo sc<:ond s, plllS
se rel Vit ol \'010. vers ln porte,
ardl:rcnt
Hans . ·hmlllt et 1. Monn se ~g
.
Un poil. tl'inljl1iéLude se lisait dans leurs y ux,
Henriell' revenait,
_ 8b bien 1 s'écrièrent enaemblc les deux vieil-
l6rdS iuen , dit la jeun
ragé,
Et ellp.
BO
fille, l'nir abattu et décou-
.
laissa tomber 8ur une clIalso.
La Nuit Rouge
~
Hans Schmutt se leva et alla à la porle du ja r din.
Le prince se l'approcha d'Henriette. Il y avait
pre fIlle des larmes dans ses yeux.
- . Ion enfant, dit-il , ma chère enfant. ")
Et su voix sc fit si douce, si c.a.l'essan te que la
jeune 11!ic sentit en elle un frémissement singulier.
E: c ['",",'l l'dn le vieillard, et dans ses entr ailles
passa UH frisson inconnu. EUe dit :
\·(}US '. DUS intéressez donc à moi, monsieur?
- Qui ne s'intéresserait, fit le prétendu M. M orin, à un ange comme vous? Il suffit de vo us voir
u ne fois, mademuiselle.
Il sentit que son secret allait lui échapper.
Toul pu.rlnit en lui, les yeux, la physionomie, les
gestes.
On eût dit que l'âme rayonnait à travers du corps
et allait le quitler pOUl' aller vers Henriette.
- Pourtant, dit la jeune fille, vous me connaissez
à peine ...
- Je connais votre cœur, dit le prince.
Hans Sclllnult revenait.
- Je ne vois personne.
Henriette jeta un cri désespéré.
- Il ne yiendra pas !
lais si mon enfant, dit M. Morin.
pas r' prendre le trait?- qu'il
- Il n 'a l~eut-ê'
prend ol'dinaire!fient, fit~
· 1 Scl1mutL... Il vlendra
pal' le train sUlvant. .. At ·,: ons .. .
~luis
les heures passèl '. la nuit vint, Robert.
n'avait pas paru. RI~
ne î"ut ren{]['e le désespoi.r
qui s'empara d'HennetLe. a !llalbeureuse .enfant
reduulait tou les malheurs. Ni son père, Ul Hans
Schmull n'alTivaien l à la consoler. ,E.n wlln. es::;ayuicnL-ils de lui expliquer que l'off1.Cl-;,I' avalL pu
ètl'e relenu par son service, clC! lUI
nner ùes
rai ,:ls uUJ'quelles ils ne çroJ:Cll ~Il t Vl~,
el1~mê
me;s. I.a. jrlJ!le HIle ne VOUkllL J1CIl entend.re. , 1 on
ne l'rOt retenue
!!le aUlrajb o"uru il Vmcennes.
Tl fJ,;jut que i\1. 'i\loriry. prœnil. de s'J: r n~l'e
dè· le
1 n{!,'mnin pour saVOIr ce qlU s NflI~
pa~é,
pOllrquoi Hobert n'était pas venu. Il J~tn1
(lU 11 vit Hop~.
nI oins
berl. Son inquiétude, du reste, n \1'~IL
vive, peut-ètre, qu celle de a fille, ~len
cIIl 11 cher.
cm.û,t it ItL di,' imuJel'. 11 ne cam [lron,ml pus non plus
qU(~
Robel'l n' OL pas pr6vcnu,. n eO 1. , pas nvoyé
une d()pèche, un mot., SI les eXlgen.cc.s du service
t'6vuienl foroo Il l'ester à. 10. Cûscme, Ii avait hQ.t.c
d'ôll'C l'enseigné è. ce sujet.
lIenl'Îelle IH:lsi:ia une nuit atrooe,
IŒc /:j'étuit couché de .bonn heure; Ile ne put
pas dormi/" Vers le malJ~
seulement clJ s'nssou~it
\lll pell, et CP court .Il1S~(ot
dl'. somm il fut
rempti de ('(1l1chemal's. qu~.
llll mel~I'rnt
le corps
et eillplirent son !'Spnt, cl Id6cs n~lI
·cs.
~1.
l'dol'in était !' purti. pl1,!1' Paris. Dè::- ln J'em.iOn heure le l.cndemt;un, Il d'evait. sc rcnd?" à
V!nC'C',:nc-:> (' l .venll' ~nsUJLe
il. Avon faIre C'ollna1t1'
ce qU'Il aUl'alt appris.
Aussi ful-il attendu le 1 ndl:mlldn avec ulle
anxiété aussi grande que RoberL la v<'i!1 .
D
la Pl'. mièr.e heuro du jOl!,l', 1[111111<1 ln bl'l1m
b1ruCtL.l'e ~I
.envoloPl?c ,le, mallll les lLlelllnllJ's d
la forOl n 'lait pas dlsslllI'e l'Il ol'e, lI cllI'il'tt!' d
oe~dil,
dlln Il? jardin. EL e ,Nuit plllr, 'ps yell I~:
~lust'nb
rnllgllcs,. Ifn;ns &.:hmllLL ",y lr'ouvnit dé
}A, 80~CU,lfnt.ù
Jard.1I1p
ur chllil.'lCI· l.s 1H'1l'
36 . tnsll'S qUI J'asslll1JOI en ,
.
II ('ut une illlpl'cssion pénible Il voynn r" vi'Jurre
dé<:ontposé dr ln jeune fillr.
..,
11 nllll'll TIl nriettr' li lui, rL 1,1 hllisunt HII f,.onl'
- VOllil sOlll'fre7., mon 1'!I!Hlll, Illllrnlllrl1.t-il.
.
l our 10llt/' l'{pnl1fl , ln Jl lIVl" , ,t l" '~f
Iii ro
viSl\Kf' rio/!: ,on still ct "( Il'n (1) ' : l'" , ,
L'I\,l
8rH'i~l,
d'l, 1'1"\ {
II " IOILlolt'r.
.r \
�~
La Nuit Rouge
======================
Mais Henriette ne cessait de répL~.
:
- S'il m'ubandonllc, père, s'il ne Il . :1Îme pl1!-s,
je mourrai. Je n'aurai plu.:; qu'à mounr. Car Jamais je n'aimerai personne.
- Et pourquoi, dit Hans Schm!-1tt, voulez-vous
qu'il vou~
abandonne? Il vo.us rume.
Henri eLte secona la tête tnstement.
- S'il m'aimait comme j e l'aime, rien ne m'aurait reLenue.
- Il est soldat. Il Tl'est pas libre.
- J.e serais venue la nuit, si je n'avais pu
m'absenter le jour.
-- Qui sait? Il n'était pas plu:> libre la nuit que
Ir jour.
,.
.
- Pourquoi ne m a-t-ll pas éCrit?
Hans Schmutl ne répondit pas.
- Il faut attendre, dit-il, l'arrivée de M. IYlorin.
Il l'aura vu sans doute. Il ne faut pas se désoler
.avant de sU\'l1ir.
- Tout A l~ nuit, dit Henriette, j'ai fait de mauvais rêves. ()h! jf.' le sais bien, mon bonheur
est fini!
Et elle.5e r.emit à. pleurer.
.
A neuf heures, 1\1. Morir. arriva. Sa phYSIOnomie n'annonçait rien de bon.
Du pIL1S loin qu'ils l'aperçurent, Hans Schmutt
et Hen.riette coururent à lui.
Le pauvre Jlèr'e ouvrit les bras d'un air si morne si n.baUu, que la jeune fille sentiL passer dans
os un mortel frisson.
- Il est parti, dit-il.
- Parti? :>'é~ria
Henriette. qui se sen~it
mourir ct qui seraI L tombée à la renverse sIon ne
s'étaH précipilé pour la soutenir.
- Parti, r épéla 1\1. I\l0rin. Son père est venu le
chercher. Il a ohLenu un congé. On ne 'sait pas où
il pst allé,
lIen rietLc soupira.
- Il ne m'a' ne plus.
m cJle s'évanouit.
Les dcu;' hnnlmcs la prirent dllllS leuil"s hras e~
la I)(ll'lèrent duns sa chambre. LI' prince, qû.i
n'avait plus il s conlraJn(lre, plcllrait à chaudes
1arl1)e.".
Il l'ùp(laiL au milicll cl' fles snlJgiots:
- Mo p:lllVrc (,Ilfnnt! l\[o p'1llvrr cnrnnl !
HNlI'irlt.·, l'Loi 1 uuc' de ces llutlll'C'S si llncs, si
(](1ic:i!ps, unI' pla"\.r· ::li pt'(c'i"lIfr, '1111' le 11II1innrc
chfl'rl'ÎII l'{JlI\.lÎl l'nbntll' , COlllllle lu rnQinr1J,! o1'aJ.(<', Ir pJIIR pl'lil coup !Ir Vl'[11
b~isf'
('('rluines
sc;
D('lIr...
Iln
~ Sr-lmllitt 1(1 'I1V:Üt bien. Lp p ['(1 S'(,II doulail, ct ils l'e, ,tai 'nt tom, les dl'uX épouvunt{'s ~L
mUt!'
\ )11 mit in j()UIlC O.Jlc ur son lil, cL UTIC sc~a.nle,
llppnl(" ('n tllUt/' hill.e, vinl hù clonnc.r ses GOIUS.
)','nrlanl. qu'Ile reJl("~tiL
ses oS n. 1 nl('m~t.
lInl1. St'!IfIlUtt pl le prN nrlu M. M~rm
C8usUIonl.
rInn. l'Clllltl"l.'lll'C <l'une' renCtl'e, à VD'lX busse, .. h~r
chlllll il s'{'xpli llll'r lr ,~ CUU'-'{\'j de cc d6pru'l snbll
Le [l1'illC'r Nnil pM ct L!'f'mbl(l.Il!,. .
.
E .. I·(·' quI' ('l! j unc homme, dll-Jl, arurrut apprill l'(Jln' Al' '1';1 '?
.
L'AL",ar.i('n ('Ill 1111 gl'!fl,r' dl' rY'né'gallOn (J1>SOhl,
- Cc'''1 irnposRiblc, arDr-mll-l-il. p~reoDn
nu
monde !le sn.i! qui nous wmrncs.
- l'ùtl''quoi f' 'l-il pnl'ti nloT'S?
- ,Jo 1If' /;, l,'! ,If' IHl l'oll1prcndR pas. P~uL-èlt
1500 p"'['(' 11\'1 it il s\1l' Illi d'l1llll'l'l! projet.s.
_ PI lIL NI", Il nI' vous ('onnall pua'
--<
'on.
_ hl pnurl/lnl, !ll'/lVeZ-YOllS dit, Hob rt semblait
aImer ln pI1UVI'!' ('nfllnt
- Il parai,ssl'liL J'adorer.
- C<lll1menl. a-t-il pu J'abandonne' ainsi?
- Jc nc m'cxplique pas.
- Sans ll'l1 mo~.
- C'cst inconcevable,
- Elle en mourra.
Hans SehmutL ne répondit pM.
Il connaissait Henriette il savait combien élait
pur, :1bs{)~u,
l'amour de
jeune fille. Il redoulait
tous les ma.lheurs.
Ce s.ilence a,eheva de porler dans l'âme du père
le froid de la mort.
- Pcurtant, s'écria-L-il. nous ne pouvo..,s pas la
laisser mourir.
.:.... Que faire? murmura Hans Sehmut!..
- La perdre au morncnt où je la retr'o,?-ve! fi~
avec lU! acccnL 'Jéchirant le malheureux pure, QUI
aj-ouLa aussitOt :
- Oh ! il faut que jf' la sa.uve!
Henriette \'('nait de rouvrir les yeux.
La servante dit:
- Maderr,oiselle va micllx.
Les dcux hommes se préoipitèrent ve:'''' le lit da
la jeune fllle.
Henriette pleunil
Des larme." a]) 'nclanlcs inondaient se., . 'lies pales. Et elle M(,it ::li 10udwntc ainsi que 1\1. :\Julin,
s'oubliant, lelldH le bras vers eUe et S'l'( tin :
- Mon en[(mt 1 ma f'1uvre enfant 1
La jeune tillo le regarda..
.
Elle s'6tait soulevép "ur SIl couche, en proIe a
un éLonn€ment profond, avec, dans son cœur, ces
frémi, semonl;; inconnus jusqu'ici.
Elle dit :
- Mon enfant!
Le prince comprit qu'il s'étaH trahi.
Il sc r ·mit vile.
- PHI'donncz-mol, dit-il, OC mot de tendresse qui
m'est éehapp6, mais je vous aime lant d6jà, surtout llepui':l que je VOliS vois malheureuse. quI' Je
ferais '{J0nr vous rendre votre amour tout ce que
ferait un père pour sa fllle.
lI€nrieLte r ép6l8, les yeux au ciel, comme en ex-
la
tU&'l
- l\lon nfant! Oh 1 c'est singuLier, l'effel que
ce mot a ]lroclui t cn moi.
Le pr'Încù 11'y tint plus.
.
~
Il cacha Su tigmc ùans ses rnruns 6~ se sauva
en sunglolan! ('II 'r<lIlJll rd.,
.
llPIlri( ' Ill- ~'L:tai
levl"r: tout. il [aLto
Elie; IUl1rnn VI'~
IUl1.~
S!'humlt, l'esté eu pied
de on lit, <ir.\lX Y('IIX hagnl'ù".
- (ll:l'l l'st cet !lOInlll'"I demanda-t-elle d'Wle
v()ix fl'('Inissl1nte.
- I\lais, lupondii l'AI,;ncicn, L!'ollJllé Ju squ 'au
fond des entraill :s, c'esl un Ilmi. .. 1111 bon nmi, qui
nous aime bil'D.
- Commellt Se nomme-t-il ?
- 1\1 is, fil nAns Sdmlllll, ff'ignnnt un grand
élorl'l1NnenL, vou."; le: saVl'Z hi('II, ,1. ,Iorin.
- Non, dit IIel1l'jeltc. Cc n'o::.t pos son nom ...
On me trompe.
n me cncl1l' ld~u('
chose ...
I1doptif.
- ,Je VOus tlS, nI' , prott,,,la le p~re'
- Cet homme, poursuivit ln jeune fille, n'esl pM
un 6Lrln~C1
pour moi. 1\ y Ll lfllH(!t'IIIPS (Ju un
(j{)ule m'~
l venu, Jr lis dans ses Y'U!, 1111 d{o\\lu ffie'nl, une adoration.
E\I(' prll lu moin (le l'Alsacirn iJl lu S ITHnt à la
brj);(')' ('lle dit :
- Qlli st-('e' Je yeux 10 sa\'oir.
Et clJ,' Jlillni snit si 'xltltt1e 'llI'lt"n!; Srlllllutl nt
p 'ur. JI força ln j"unc fille il s rcc;ouch'r cl cs.. ayn cl III
1!ne'I·.
LA IIDrr
(1 'r,~
S
�=============-.;::::- -- -- Je vous en prie, Henriette.
- Non. non, poursuivit lu princl.,;~e
Il faut me
dire la. .... érité. 11 y a a'ssl'z lonrrIEf.,p· que j'on me
ment, que VOUf> me ment~z,
vou::!.
- Moi ? ~e
rf'cria le bon Alsacien.
- Vous. Tout le monde Il y a. un mystèrc dans
ma vie. Il y a des années qlJe je le pres:;l'.n~
... les
paroles de cette dame autrefn:s. Totre al.hLnr!e aVL·.C
moi. La venue de cet homme qui pleure mes Jouleurs. .. T(\ut. .. tout... Je veux su.voir. Qui 5uiB-je?
Qui êtes-vous? Et quel est cet hol'nme ?
- Je VQus jure, dlt TIan,:; Sr·l.muLt, que je ne
puis pas vous (lire autre chose que ce que vous
savez déjà. Vous vous· nommez Henrielle Schmutl
- Pourquoi cet homme :1ui m'aimait m'a-l-jj
abandonnée ainsi? pour llivit la jeune fille, en
proie à une sorte de dé!il·c. parre .qu·il a. appris
qui je suis, ou plutDt qu: jl' ne SUl.' pas ... parœ
qu'il a connu le secret qu'on me l'.ache avec tMt
de soin. .. pll.rce qU'll ~ait,
lui, que je suis une
malheureuse qu'on ne peut pas aimer, qu'on ne
peut pas épouser.
- Henriette 1 s'écria Hans SohmuU, éperdu.
- Oui, oui, continua. la jeune fille. voilà le mot
de l'énigme. .. l'énigme dans laquelle je me'débM& ..
l'énigme dont je mourrai.
Hans Schrnutt sanglotait.
- Vous me tuez f dit-Il. Vous me renies, mol
qui vous aime tant !
Henri€lte et1t l'Ame déchirée pnr ceUe douleur si
vraie, si sincère.
Pardon, mon père, murmura-t-elle, pardon, sI
me trompf\ mais je :~lIfrc
lnnt 1
Huns :::.chmutt 'II'> prél'ipitoSl sur elle.
I)h! mOTi enfant, 5 'écri1-t-il, ma patlvre enfa ! J( cOlTIpr'ncis ta lIulIlel1r, Je (;ompr'end,q tes
nn " 1'1 Je '1(' t'en veux pus.
a la ltoyait pour la tromper. Il ajout.a :
0'1
1I110HS trn.vaillel' lons les deux, cet
homo
t j li, Cl't hornme qui t'1l.iIllC dl'Ft pres·
que autnnt :J1I(' je t'nime. Nous allon .. travailler à
ton bonI! Ir... Jo' p~re
1
gt, l'u ml r!nns la chambre (}ù le prince Ioallg101.nit lOIlJOII rs.
- Il fnut I.IgiJ" dit-il e\ vlt~
1 Elle s.a doute de
ql1elqu(' dIO."
-
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Dès demuin
- -= -==
1
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1 '11 P
l'aStrenner,
Il .: 1 • (kj<.J. <Iu'l,~
'1 !il'nl nlud·.·. li l1e tuf pas
l,rIa 1 ;l'>. dH l'.·le, il ')tlO. [" .,], dgné Cf lll,llukHI t'Il Î. S'Ur I~ul'
comple. Il appcit q1le Lous If; clou."
~u.
fi t 11 f' r , lJue le clw\"alier, Hl l'él'Olnp TIse,
&dl~
dou!· d' Sf'S infamie:; pt de ,r lù\·l,i 0":;,
liVJüt NI' {nit rOIDte, ét.uit d~'(lré
de l'AI~e
• vil' .je
l' '1 .. ct. hn1:tait avec :::iwHT"ga un hDttl luxu-eux
sifflé rUé \Vu:", r. Tl j>ar~i"Ssot
vivre somptue-ust'm'l~,
Il,,.. i:::. .-;,v"ll.J'ga sort!l!! fH u. n'(·h.t [HiS tldmis·(}
dans le monde et une certaine mésestime qu'on
ne pouvait ,léfinir, pt' ait 511r le couple. Il l '.rait
entrevu S\val'ga à travers ses r~nêtcs
.
Elle paraissait n'avoir pas braucoup vieill.l ~t
(-tait louJour.;; aussi jnlie. Le ch~valje',
qu'il aVi,it
'lperçu au~.si
seznWaif port,er assez. allègrellJf u'
li' poids de oon gr~nd
lige Le c!,lme conserve
donc? René étnit dJ:"Ipo~
il. Le crOJre. Donc, scs
(·nn.emis vi"Gi nt. Ils étaie.nt là, sous ses yeux, a
Ra porté€ pour ainsi dir{l. Corn lIlent 10-111' faire
avouer leu~'
infamie? Comûl(nt arnver il. leur proclamer son innocence? Voilà qui n·était point fa,
cile. L'intérêt? lis étaient riche-s. L'inti.rnidaliolJ·7
Ils réclameraien 1 la protection de ln polIce. Quoi?
R€né chercha 10ntrlC'mps sans. truuvrr. Ils paru!~;
saient unis. Il
avait qu'un d.ésacor~
~u'ne
pensée de vengeance qui pouvalt leur aéhet la.
langue, les faire se tourner l'un cont.re l ' autre et
sc trahir mu Luellemcnt.
Le prince avait don~
été p~is,
quan~
il ~vait
CCR If n c-ignpmeots, d un v~MtlÙJe
désespOIr. MaIS
il n', 'üit pas lardé à 'sovoU' fJ.ue ,la ~omles
puseL l~ s était ra suré un
su'[ Il nI' avnj,.. nn omn~,
p t. Dr li! Jl IIl-M.re pOllV'lIt vemr son salut. TI ré·()..
1u Lde l!'vpillrr eette liüison.
1 i :i. cr mome-o t se produisit 11\ scène que l'OH
!l'ni', (Il "f'L l '" n'" m\me lui purllt. s'cnvolrr, Cftr Ladis as Lnzillski ne se montrll plus ~e.
\Vebel'. Le
cho C3 en t·t.lÎent là qunnd :;e produu!lt Ill, dl 1l .! [Lion de Rnl)(,l't de Canisy ql1Ï !lIll 'D/l III d.é",ol.nllon;
dans ln peW-e mcl ison d'A VHl1. Le d(>.3l'!PO~·
ri li 'HrieUe CuL si vio'l'nt qll'i1 "rfnln le prtTlcr. 1"{\1I r~. olt
de bill.quel' les événemen1y
.
Un soir quo 10 cnmle Rtrenl?o~
<l{lr.tmt a' e7, turd
d'un crrcle du houlevurd où 11 jOllutl bcal~oup',
il
se sentit !-l'ai!<ir pltr le bras au moment où Il uflo.i.t
monter en voiture.
Il sc rctollrnll /,1 vit un h~m.n:o
~ien
mis, âgé,
pas 1'1 (Ill! III.' .(h,1. :
qu'ii ne ('onl.iR~at
_ l'as 1111 HI' \.! Sui':t'7.-rnOl . .r 111 li vous parler.
C'(!flL un q111' Ion r1f' Vl{' , Lde mort !
,'L il anll"ulllft Ir cornIl' dans la rue du Bolder.
h. ('1 l" f' .1 . t il celle hellre.
•
Ka
L't rH' ',. ,vl,1i U}TIf1' q11l'll]\1r8 jr11ll'S ullparll nnt Lld III L.lz,n. kl l'I1('z Sil fernrne. Il était
l,ilL Il 111 l'I1\'I)
d,' Il ru l'Ill" '1 f' If> V:ll'oll's du
.' v .. 1 . fi
bl val'! f!'('fllll:lf
.1''1 rnCrloees
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. Hk ' 1•
t:. • e mC' dl'mandez
rien, aLteIlOl!Z,
- ·:t qui me prou\e, lit He né. que voliS tit'nct rez
celte J 1 um!_ sc l
Le eomtl' le regarda fixement ct lui sB,isissant viaIemm ,! II le hras :
.
dit.·il, la voix 'iffl"nte. toute la
- Ay( z· ·Ot.~
chail' ll'énJi
1':. avez-vou s dé trulli .? , \'t.z·vous
vu lu [(:mm!' '1 l' V w·
mi >z se l'ru'" I('!' ; un
autre, rire de votl'e douleur et rép0ndre à vos sup.
plication' [lUI 1'11'011;( d l'~
ill iolll es"? Si ('LIH vous
est QITivé, VOII . uev~'z
6d.voil' cOlObfcll on souffre
el comme le co. 111' a bCboin de vengcnnce ! Eh mpn 1
d'esprit.
je suis en ce moment dans cette ~ituaon
Et en vous saU\un t je me vengeral.
Il y avait dans les yeux du comte, pendant q1,l'ü
prononçait ces paroles, une telle expression de méchancelé et de haine que René en fut épouvanté.
11 crut à. la vengeance de cet homme,
-
.le n'
Il n'insi sta plus.
- Qu·and l'heure sera venue, dit l~ comte, vous
receVr<lz une d6pêcho : venez 1 - MaiS no cherchez
pas à avancer l'heure q,ue j'aurai flxé~,
car vo,us
n'obtiendrez rien de mol. Et une tentative de , VIOlen ce de vol t'O part vou~
enlèverait à jamais tout
espoir, Croyez en ma hume... c'eat la ..ule chance
de salut qui vous reste 1
Il voulut s'éloigner,
René ne s'y orl10;u pl "
- J'y crois 1 dit·il.
Et ils se 56pnt'l~re
C'ost li Ill' celle (I.ssur:ance q~e
se reposait René.
C'est celle IUl'uI' qui lm donnaIt la force de supJlorter la vile d. 11\ douleur dont sa fille étail accablée,
Mais les jOllr'R se pag:;llient et le pauvre père pe
yoyo.ll rien venir,
Enf\.n, il prit la résolution d'aller attendre Karl
Strenner et rll' l'ln t l'rafler.
Le coml" e 'élnil alo!':! rnppfoehé de SWl\I"gn, lui
avait fui l 1· pl lm" '(' que l'on con nuit, cl de 80n
eOté j( fi Il 'wl III Ip' pl ince.
.
ussi (Jll ltlld Il Vit f' lui·ci,. ur le .bouleovnrl.1, à ln
sol'Ii cl, 01 (' '1' 'J. Ill' jlùt-Jl ft>lellIr un tr'e3SoJlleml nt de joi l' Il a / dl'oit il lui.
Yen !';/,! dl il
1 l' elplt l, LrcmlJltLot d'ospéronce el
n, n'" (
bunl!
-- L'Il 'U/'C
-
aL
<LI
li!',
01li.
1,(1 rnrll',
e~
L dOllC
m n
venue'
ln priMe ver.s unf! voiture qui
houll!VUl'd,
l\!ooll'r., lui dll il.
)(.1/111
III
I~'
~
père d'HenrietLe n'avait pas eu If? temps de se reeonnattre et de ~e rendr,! comple de ce qui s'était passé..
Ce n'est que IOl'qu'il 'C vit enl fla.ns la voilU1'1
filanl a\'ec un emport.emenl d" méléore qu'il comprit. Il poussa un cri de ro.ge,
- Je SUIS joué, dit-il.
Et il se l'ut' "ur les portières.
Les pOl"tièl es ré~istèen.
Elles étaient fermées extérieuremen
Il vo JIu t bd sel' les glaces.
Les glaces ne se brisèrent pas.
Il cria.
Les cris retentirent autour de lui, étouffés, sana
portée.
AJons il se 1aissa tomber sur les coussins, épuis~,
tremblant de rage. le/corps couvert d'une sueur
froide.
En une mlllute d'rlngoisse ::>Ilp{ême, tont lui appa·
mt. tout œ qu'il perdait, tout ce qui s'effondrait
autour de lu.i.
n vit SA filie • jamais désespérée, mourant d.
douleur, 1& t_'m.m.a. 11Ù,
TQ/lt tlotait finL
JaID 'i..:<
)nl"lll douleur ai cruelle ne l'ut avait déchiré t.out.eG lf.115 ftbrea du eœur et de l'âme, car Jama.is il n'avdt été ei p"às de l'espoir,
Pourquoi avalt-41 cnJ à cet hmnme 't
D .'é"il 6.é à _ haine 't
Est-ce que cet homme était capable même d'uns
haine fra.nobe, sane tra'bieon au bout '1
Ne devait-il pae craindre de lui toules les palin'Or
dles, tous les mensonges?
Cet homme avait une àmf' de Judas.
La voitJre mo.r.::halt toujours du même train. lM
cheva.lX ne ralenlissaient pas leur allure.
Où condnisnit·on le malheureux prince?
René ne l'hercJ:ia.it même pas il. se le demander. Il
~e
sa,vait perdu, et il voyait sa fille, sa femme,
Jamais perduC6 avec lui.
Le lendl'mllin de cet enlb 'ement ~i habilOen~
conçu eL exécuté, II/ms SchmutL r ·cevait une lettN
qui le plongeait dans la pllJs profonde -stupeur ••
dans le désespoir le plus V'! 01 en 1.
Voici ceLte lettre, qu'il ne dl'vait pas mont.rer •
,
Henriette et qui était signée René d'Argyll:
Noa CMr
Haru
80'''111"1,
Je 81Lls fou 1 Tout 681'0lr e,' Ifni. VO'ILI ~
me
verrez TituS. Je '/lis retombé lmlre le, mains cl.misérables qui m'ont perdu. /\fais il/alLt ,auver Tn(,
/ilk .. Je vou., en COli/ure cl deux ge7lc)U.r;. Faitu
bien fiou.r CI'II1 tout ce qui dilpendra de 1>014S ... ttHII
ce 'lw' ie l'ais vous recom T/loud r, On ,'aU toW
011 sait qui je suis, qr.ti el' lIenr/eU •••• On a in.rtnti
f'aJli.1V, C'e,~1
pour ccla qu'il est parti.., It ~
M. ~J"
rcv/('nlll'fl IJ(lS ... Il (aut donc ArTfIIl'Mr du cœur ..
ma {ille rru!me SOn souvenir. Pow ~l4
" , .... Il
ma,l'1l'r lB plus tOt po"ib~.
11 rant la donll r à oollli ClOl • cWj6 dffnaTlld6 . .
'!l/lin, Fri,tz Strenner, J. z'tJl ou. Je hd m par~,
ft
'adore. Elle Ut'a heureuse atJltC "d. 41lCUM rftI..
lation à c:rCJÎnctre, Il est C01Ttd " lardera le ,..
cret. Il 6n gardera Henrk4ttl. 11 ~'era
la tut.
d.t! TIans Sl'IlmuJt, Ce marl~6
ed tif salul pour rM
Itlu., Il fnut ~ h~t.er
~ Wt ()()l 1W'e A tout prix,
Ull
pt!rc cJt!s'çRérA qtU ne pourra lama . r~
c qu U VOUI
R t D'AlIon.r..
"oU. -
naUre tout
peu !Dol 6nmte, aembl3it
coup d'une Yi
te agI
d l'6crtlure
ce. Deux p
11 1
�La Nuit Rouge
étaienL soulignées, comme si on .avait voulu en faire
un impéralU coll/mandement. lIans SLhmuLL n'avait lJu" übéir. Il gémit sur le sarl du nlalheureux
pèrc et 6e mo Lra à Henriette U\ ec une figure si
Loulever.-;ée qu(' la pauvre cHrant. pensanL à Robert, s'écria :
- Il est mort !
L'Alsacien secoua la tête, négaLivement.
La jeune fille reprit avec le ïn.::me accent d~
douleur d~hirflne
:
- Il m'abandonne!
- Oui, rép, :ndit brutaltment :'ancie ~ braconnier,
qui voulait déjà commêl,cer l'u:uvre re<"lJmlnandée
dans la leUre LU prince:.
Henriette tomba à la ren vers.' lout (rune pièce.
Hans Schmult la crut mort. II la prit dans ses
bras, la parla sur ,OH lit et uPiH.!,U :..u selO 11'.:i . La
servante accourut donIler de' s ,il1.:i à la wa:heurelise enfant. Henriette revint à e lL, ruai:; p"ndant
huit jours, elle délira, en proie à unc fiè\TC intense.
Dans cet intervalle, la comtesse Strenner était
.en ue trois fois à la l'ct; k 1I1il I:,()ll Li.~"
U11, il vcc
son fils, qlli put voir Henriette, si. pi! e) mais si
jolie malgr& cell.e pâleur, que sa pa.>.>IOn s en accrut
encore.
- Oh! disaiL-j\ à sa Inèr l" si je ne l'épousais
pas, si elle appartenait à un au tre, je ne vivrais pas
une heure, une minute.
- DOrs lranqIi~).
l'1.pmdait warga, üre d'elle
maintenant, car elle avait ma, hiné tout cela, de
complicité avec son ma r'. avec un bonlJeur el une
audace inouïs, dors tranquille, tu l'é])o Iscras 1
En effet, rien ne semblait plus s'opposer au mariage. Hons SchmutL y paraLsait décidé .
JIenrielle, qui n'avait sans doute pas reconnu le
promen~u
de la forêt de Fon''linrhl''nu et qui ignlrait ce qu'on ma('hinait contre elle, ovait accueilli
dr l'épug t(ln('e.
le visiteur sans manir ~er
Elle ne voyait rien de ce qUI sc pa, nit ail t,nI'
d'rlle. Son esprit étoi! nillclll'., pl"è~
dr H 'bcrt, qui
ne revenait plus, qui l"ilh,lllr!qnllaP.
AlIS.,i, quand Ham: ,'Chl fi, n prè;; son rét .. blissenenl, lui fit part de· plOjet f rm{ pendant sa
maladie, n'orpo a-t-elle aurull 1 ési
t~nce.
Elle secoua la tete, en proie à un tristesse infinic
i Robert ne n'aime pltls, que mïmport.o le
reste.
Puis elle ajmlia :
- J'our le Lemps qu'il me reste à vivre ...
lIanA Srltmutt ssaya de la c nsolc.r, de la distraire. Ricn ne réussit.
lA' brav' AI. «ci n étu lt désespéré,
- Elle Il'il'U pns jusqu'au mariag , disait-il à la
3ervllntr, qunnii Il sort~li
de la chambre de la
m rllhcllreu r-e fille,
_ C'est prut-CIrc t.ant mi .u: ponr o]]r, répondt\iL
ln. domesliqijc, qui COrTlpr nlllt les douleurs d6
l'amour.
_ Peut-otre, soupirait lIalls Scllmutt
IJenrirUc ne quillail plus 1H! chnlIlbre,
ElIc l'cstuil d s heur s nlièr's li la fenêtre, regardant courir le1'! nuages,
, T l''[ois cl s lri~
on. jllls.;ulcnl n . lie, glacés
c des fris ov.:! de III ri; He en était heureuse
ait :
vunl d'ttr la famine d'un nulr, je serai
mor 1
• 011 rent l'He l\Vni~
li lumel
ck. nov, elle d.'
M, 1 rin, qui Jill p mi nU s\ han ('1 (Ju Ile éuut
Jl>ton é dt n(' plu V01r.
JI 1111 S "hmull flvalt rI pondu qu'il élait parli
(l0ur un v 'fig li
Z Ion'.
~
- Je ne le reverrai plus, elit-elle.
- Et )Jourquoi cela? s'écria l'AlS8l-1cn.
- Parce que je serai morte avant qu'il revienne_
- Morte?
- Oui. Et je serai J ien heureuse.
- Ne pensez donc pas ainsi, mpn enfant.
Henriette secouait la tête et murmuruit :
- l\loUTir 1 n'esL-ce pas ce que j'ai de mieux il.
faire?
Et, en effet, la mort semblait l'avoir ~ropée.
Elle
était devenue d'une blan~heu!,
€::<tl ~me.
~es
joues
avaient pris des tons cIe cIre vIerge. Ses y UX, constamment emplis de larmes, avaient perdu leur
éclat et semblait noyés dans une mélancolie inex,primab!e. Ses lèvres étnienl c]('colorées. SE''' rhe';eux, qu'elle ne prenait plus la peine de pelgller,
tombaient en désordre sur ses épaules. Ses mains
étaient d"\'enues ct'une maig reu r exllOme.
La dernière fois qu'elle l'avai t \'ue, SWllrga ét ttit
restée épouvantée d?s chGngements qui s'étüi-ent
opérés en elle El1e dJt à son fils :
- J'ai bien peur que tu il'épouses qu'un cadavre.
Fritz frissonna ct dit :
- Si elle meurt, je mourrai. On nOll'i\ enterrera
tous les dL'ux dans le même tombe:}ll !
L'amour du jeune homme étall devenu louchant.
Fritz ne vivait plus que pur Hen:,!ette,
Il aUI ait voulu passer sa \ ie à ses piecls. "il
s'étaiL vu bien accueilli, aimé, il eüt été lA plus h 11l'CUX dc::; il 1I1lnH:.;. :'lIais il souffrait cru<'lCI!~t
PI.
l'emUI'L'u ant l'inditïércnce de la j(:'lDi' fillE- d01l1 la
vie dl};1I1ée à un nullc, s'en allnit, d 11('>\ll"c CIl 11 lIre
de 'min tl le en minute, con,me si on eùt tilf' goulle
ù gouttc le . G!1g de son CŒm'.
al! ! ètre aimé aild 1
l\lnis l'ri ï. ne pouvait pas se Caire d'illusion
de I"nbandon d'un autrc, que là
Illiisqur c'l~IGi
Jrunc fille se mourait.
Il v . vail des moments où il voulait renoncer à
ses projet s, à son amour, mais il ne le pou vaU
pas. Uno force invincible l'atlirait à Avon.
Il se disait ;
- Qui soit? PcuL-Mre oubliera-t-elle.
plus que
Il I\avait que son rival ne repal'f.1~it
1 nom du pèr de la jeune fi,lIe l'avaIt éloigné' pour
toujours. Donc, pel~L-(Hr
qu avec le temps .. , Il e
leurrait de cel espOir.
C'éLo.it le dimanche sur,tout qui. étrul Pénible à
passer pour Henri Ue. Ceat cr .lollr-I à f)u'ell<' le
voyait. Dès le matin olle 8:pprOtal sa toi:etle, roulAit Sil. chevelure, empllss.alL la ma! (111 de fleur. Il
lui Il mblait que touL étnlt en fête fl.utOllI' !l'rll,. le
ciol, le jardin et la {~rêl,
que les o.JscallX nVldrllL
plus de chants, le soleil plus de lunllèl'c. Il:t <fllr !If'
fols ell a.llait ouvrir la porte, regnrder 8\11' III roui!'
Ai elle le voyait parnllre. Et q\lHllfl il pll'fll'!< nit
qle~
halternf'nLs d cœur, qlldlr ~OlCI'
qll'eilP
Joie! La. pllllvre enrn.nt pnrlliss!lIt vivre. Tout
rAyonnait, tout flambult aulonr d l'Ile.
Elle buvuit l'o,mour don". sC' yellx, Sil/" 8" JIlVI'c.e. l<.:tle aUl'olt voulu, Ill), r!rlDII('/" IouLe R/1 vif'.
mn!l~
le. t 'milS pas Il vltr'. l QUlllld Ir "il" VPnuil, II lm s mblnJt que Ir 1J1f'11·l1lln6 vuwiL d'li/"rÎ\'rI' Hculem . nt., rw' ]'acomjl~gILi
jlI lI u 'all l'hl'.
n,Iii 1 (t 1 SUlVU.lt du regard JU ~lI'Ù
ce 1111" Roi
t\.llholl 1Le ('tH dIsparu dl\~
ln J~lIit.
l'IIi. cllr rl'IItrait rhe? Jle, oyant mmngn.",IIlé dant! 60n ri JII('
<III bonhl'lIr pOlir toule ln !ll'mlllDl',
iniltlmnnl, ril'n. AllCUllro !il JJ'lution ne rait 1 titrE' SOli Cil'ur. Ln rouir r's!!.' de,r.rt', II' iel flOll,
Le oi<;(\nu;o:: nt:' chnntMt pll1R.
Oh 1 1 rvirlllll'll-t-il jamllis '1 J./1 pUllvr' nrant Ill'
l' pl,{\) pIUR, l't 0111' RI-' cJ()ITlflnrll' [>nlIrlJ\lni il la
�La Nuit Rouge
ooandonnée, pourquoi il ne l'aime plus. FMe se
ra~le
son damier regard, son dermer S6rremoot
de main. II y a'lait autant d'amour dM!';; ses yeux
qu'autrefots, 1I>\lta.nt de t~nru:e
dans la. p.resQue s étalt..iJ. passé?
sion de ses oiS~<
111 fut surpris de 's a pê.leur.
- Comme tu es pê.le 1 dit-il.
- J'avais perdu même l'espé.r8.llce, ~ondit,.eD
Th; s'8.SIilen~
tous los deux sur le banc, la mm
dans la main. Ils avaient tant de choses à se dire.
Leur cœur étaU si plein que rien n'en pouvait
sortir.
La signatUil'e du contrat ~vait
été fixée au ll.IDdi
suivant. Hans Schmutt avrut peur, tant eUe devenait faible, qlle su. fùl~
adaptive. n'al~\t
pas. jtlSsamedi. La
que-là. Henriette l'épIaIt .. On était a~
pauvre enfant ne dormaü plus. AssIse devant sa
fenêLre ouverte, elle laissait couler les heures.
Tout à coup, la jeune fille se dressa dans l:a
nuit comme illuminée. On la viL commc grandIe
devant la fenêtre, et tendant les mains vers le ciel
bleu, to'; t poillelé_ d' Noiles, oriant ('p'I.t e pril'rc :
_ 0 bien-aimé, peux-lu m'avoir oubliée'i J'ai
mes yeux tout pleins de ton visagr. l'ol'f'ilie encore résonnante de tes dernières paroles. Tu TIl 'aimais. Tu me l'ns dit. Tu me l'as r·pMé. ,J'ai pi\rfllmé mon cœur de I,on aveu. Je t'ai l<lissé lire do ns
le mien tout mon amou r. Et tu es parti; el peulêtre ne le re'ferrai-je plus ..
Elle reLomba épuisée, m1is à ce moment il lui
&embla qu'gn marchEl:it dans le jardin. Ulle ombre
avait escalaàé la hale. Elle se leva de nouwou,
regarda. L'ombre avançait avec précaution dans
l'obscurité t:l.u r.enilluge, pllis Lou t ~ coup un rayon
l'éclaira. Henru7tte poussa un ~rJ
effr ayan t. Elle
l'avait ~econu.
- Lui 1
En deux bonds Roberl fuI SOIlS b fC'!)?~l,
.
_ Ah 1 s'6Cria J'am?ureuse, qui défaillait de
bonheur, lu ne m'avalS pas oubliée!
_ T'oublier, moi! fit l'officier.
Et il tendait vers elle des bras extasiés.
- Oh 1 viens, a~)pel-ti,
viens t viens 1
1Ionri Lle descendit.
Qualld elle fut dans le jardin, Robert lu saisit
dans sCN bl'08, éperdument.
- A quoi rOvais-Lu '1
- A loi.
- 1'11 n dormais paB '1
- .Jt- L' llpl1ùuiB.
- 'l'Il m'llimes.
- J e l'nrlorr.
_ 0 rJln bien-aimée, s'écria Je jeune homme,
j'u i souffert 1
I~t
moi, dit Henri LLo, .i e me mour:ais 1 Qui
Ù'III!' 1I0Ut! I1vllil li ~puI'6s,
pUlsquo lu m'mmes Lou-
qU I;
jOlll'S
-
'1
~
aVliois-lu Jouté?
. Oui, dit ln. jcune fille,
Eli
tl c' st ce qui me
rendail.1i nlo.lheul'CU5c.
Il l' 'llt,rnlnuit VL'rs Ir fond dn. jardin, sous co
bosquet où aVlliL t:U lio.; u lu pre~nli\',
~'I:lye\_
(~O
HUll :> Schmull ct ,Ill p/ïncc et 011 .Il s S (1<lIenl .1l;:.SllI
bien SOUV! III lou. 1 !i deuX. Il nrwllo sembl'llt r~
ViVI'P, l:pnlH) I';
', l··CU",C'. Po' J. 'rt nc St' lo; s.ru l
~
dl' ln l'rfPrtl l', Il p6lrissaJL duns des mulOs
ses maills ~i clOJICI'S.
IWI' 1ll11l'I1lllrn:
- Tu m'/IÎnll's?
POIII' Lont/" ('( 1"n"l' il la serra plus fnrleme'nl.
11 nf' tl'Oll :\1 1
rio mots pour t'. rrtnlf'l' so n
IImonr C't S'l loi.
pa
A ____________________-~
Ils se oontemplaient.
Tout enti-er à leur bonheur, ils avaient tout ou,blié, tout ce qui n'était pas leUJ' ameu!' : lui, pou,quoi il était parti, elle, la prome5'sc qui lui uvru
été arrachée, sous le cOUtp du d<épit, d'épouser IW
auLre homme que Robert.
En même trunps la rnémoi.re leur revint.
- 0 mon Dieu, pensa la jeune fille, s'il allai'tl
apprendre '1
Robert vit la contraction de ses traits, 10 do~
leur qui se peignait sur son visage.
- Qu'avez-vous, dit-il... Vous souffrez '!
- Je pense, fil HeUlielte, à notre bonheur perdu.
Il tre'.3saillit violemment.
- !\ot're bonheur'1
- .Je ne suis plus libre.
- Comm nt?
- On me contraint d'(;pouser un autre'
.. c:,
un hOlllme que je hais.
- Et qui?
~!
on
p~rc.
-'C et homme qu e je connais 7 Mui>s ce n'CM
pas ...
U s'urrêla.
Il allaiL Lrohir le secret qu il avait appris.
- Cl! Il'esl pus '1 ... lit Il''nrielle onxieu.:;e.
- Hicl1, dit J'ufficier.
- Oh 1 J'écria la je une tiU", vous sa.vez quelque cho.~e
.. Cct homme n'est pus mou p~.re
Il y Il
un myslêl'e dan mu vi", un mystère que vous
avez appris ct qui vous il fait fuir. C'esL pour cela,;
n'esl-ce pas, que vous êtes pal'li?
- Je suis parti pal'oe que mon père m'a. emmené de fo rce, dit Robert.
- Et pOU l'quoi vous a-l-il e-mmfné'l Pal'cc l{u'il
ne voulaIt pas que vous m'épousiez parce (pC j
n'élais pus dig!lC de vous? Oh! purlez, alll!z'? .1
vcux lou L savoir. Il est tclllpS q uc jû sncb Lout!
luis, dit l'ofncIer, Clllburms!!é, je Il'ai ricI.Co
dire. :'lion pèrc ne vput pus que j,: me mol'Ïe eu
ce moment. Il me trouve lrop jeun,) VOlll\ prll!rquoi il u es ny{' dl' nous.sopurcr. :'I1.lis Îli! '....:hap·
p(' Ù !5il Sil n'clllllllCC yL J': ::IIlIS 811U. h." ~.,'
'{u'il
m 'Mail pos ihll' de Vivre lOIn dl! \·uu ., .JI: ;-;ui'
Vellll pOli!' vous
emmener. pOUl'
l'is'llJt' d'l'Ire maudit.
IlcIIl'll' ll' frénllt.
Inudlt '1
- ~Iu
lit pur mon père,
-
stez
fUll'
av\.'C \ JUS au
a qui J Ilr~
désobéi.
JI ne me connalL pas, dlt la jeune fille.
Non.
I! no sait rien de mot.
Non .
Pourquoi ne wu!,.il pas que vous m'6pou,
T
l'et dit Ll trouve que je suis I.rop
- Je
• 'une.
- Et vous nc m'aimiez pus uSl'>ez pOUl' le U6chir
- J'al lout tenté.
- Il est donc bien grave l'obslacl,. qui now;
~épnre
'1
- JI' VOlld assure qu'il n'y a pas d'obslR. le.
VOI~
m meniez 1 lI'~(ria
la jeun' Hile nve
viol, l' P TOIIL le mon'\(' me ment. .. Je srns bicOt
moi, fln'il y ft. qllelqllC' cho;" flJltnllr lIr moi, fjUeJque LéniJbl'f', qllC'llJlIC' honl(' ..
�C?r
=========
(6
-
,
La Nuit Rouge
Robert l'intrrrompit.
- Qu\ùlpz-youS penser là?
- Yous savez que cet h ,. n r qui passe pour
rnr>n . r n'( "1 pas mon père. VI) 1 l''1VCZ presque
B.yt1llr 1(\11 à l'heure.
- Jt> VOllS jure.. ,
- J ~\Il.
une fille que l'on peut aimer, mais que
l'on n \ pOl . e pl .
-- f!Plllïl. Le! s'écria l'offi.;Jcr éperdu.
- _'c venez-vous pas de me le dire en propres
terme.:; ?
- .\loi,
- En me proposant de fuir avec vous. Que sei'ai-je, 51 je ne suis pas vot.re lemme, votre matlre"se .{
- (Juand je serai majeur, maUre de mes actions,
Il' li' nous luarierons.
I~L
en attendant?
• ''lUS nous aimons.
(( 0 llenrieUe, poursuivit le jeune homme. avec
feu, SI 'uus saviez combien je vous aime. J'al tout
sacrIfié pour \'ous ; j'ai encouru la colè.re de mon
pere. Je suis prêl il immoler mon avenIr... à rendr,' mt;3 galons, pour rester avec vous.
'1
- Un officier ne peut donc pas m'ai~
- Ci:' n'est 'pas cela. Mai.s étant solda~
je ne suis
p.L:; lil/re. lit Je veux être ltbre, tout à lOI.
Il \ ~\Ilut
prendre IIenrielte dans ses braI.
CcII -Cl sc dégarrea doucement .
. - ,1MS, di t-elle, séparons-nous,
- • 'JUs sep(lrcl' ?
- Ll " Ile ro s ponr toujours.
Et lu j une fllle, ne pouvant plus dominer lIOlI
élll " on ::;a d'ouI ur, se laissa tomber sur le banc
et
à
alJ~I,)ts.
t'Il
H,ub l'l, affolé, sc précipita sur elle,
- 11 lll'iei le !
Pm'lez, dit la jeune fille, partez. Lundi, je
raI lu. r 'n1mc d'un au Ire.
- La r '111111' d'Ull aulre (
a.
Ill, tont est prêt. C'est lundi qu'on signe ~
contrat.
\·ou,; avez accepté Y
()llt' (Jollvnis.je fuire? J'ai dO fuire comme
1)
l' U JI10n [I('re.
r
).
1
il
n,
Ill' ré!, nelil p<Ul.
SUI' son
lit III Illllin
(ln l'lin sel'
JUf
front d'un ail' ('garé,
los pen. écs qui J'assai!-
dil-il, c' st imposi;iblc 1
11011,
II!
"JI
1) 1
nimim: un untre.
diL q\! je ('/limais'
ri! 'II hllnl(onnil'z.
PO
/.1
V III
\'OIIS
, fll'/1,\ PZ-VOliS [lU
1
1
v
1
j
Will
Il'.
nI
Il
\
'mi
IIllCtlX
J vous aime
S'il mc fullait
mourir li. vos 1>10<111,
car c'c t dans la
maÎnlCllunll!t.re
ll'V 1 PlI". Je Il' fl."mi llM p61" rc ou non, à qui Je dol. Lou\1
'1 1\ 1 t'un Olle,
l' fll)U. potlrrons
1
Ir, 1111)11
IHI.
ubulI(lonnée le premIer'
IlIJlW, lIenrillLt.c ...
1 C( Ollf,l
lin fou 1
IJllllB ·rez ?
1 J l't Oll me qui veut de moi, qui m'of·
{lI'I'1I l'c-pcns60.
U
'1 \In cri de d6s BPOir.
III ,n (lien 1
Il nn Il .
"
(lit il plliequ'U Il'y ft pM d'au1 n il J'nu l'l', mourons tous 1ft
lu VI' IfI'C t odi U8 , lA mort me
~
li ajou ta, les larmes aux yeux..
- Si vous suviez cc qui se pllsse dans mon àme 1
- C');lIbien je souffre, quels sacrif,ices 1 - Mais
vous ue J'apprendrez jamais! - Oui, vous avez
raison. Il vaut ~1iel:X
Illourir, puisqu'il n'est plua
de lJonheur posSIble pour 1l0us. Je suis tout prêt.
Elie se pl'nrlil à sun cou avec un cri d'ivresse.
- Tu m'aimes donc?
- Tu ne le vois donc pas '1
- Tu m'uimes llllsol Jnll,'.nt comme je t'aàro~
'1
- En peux-tu douter '?
- Alors, parle, dis-moi tout 1 Ne ~
cache
rien ... El nous partirons.
Elle s'était faile car:essante et cAline, el ses yeux
pleins d'amour entraIent dans les yeux de RoberL
Le jeune homme se sentait défaillir. il allait tout
dire, tout avouer, Il se retint à LE:Il1.pe.
N'était-ce pas rendre à ~amis
malheureuse celle
qu'il aimait?
Il lu SliYIJ il SI ~ndre,
• 4a1:cate 1 Un pa.rejJl cou(p
pouvait la tuer.
Fille de tm tre 1 Elle 1
Il fallait à tout prix bit laiNer 80Il ÏlDorance.
Elle souL!rirai t trop.
Il se resltlaisit do.ne e:t
- Je n'ai. ria à le Gin CM JIu !lM ce q1I4 je
.m :
rai dit
Elle le repoua.aa ~
Alvra. dU-d1e, va4'C 1 Tu ne m' _ _ pu. 1
El eUe se d.irigea vere .... ma.ieon.
Robert se jeta à ... pgw;nti~e
en poussant un en
de dét.res.e.
- Henriette 1
NOll, non, dit la jeUne fille, tu ne m'aimes pas
- Je t'aime trop, au contraire ... Si je lIC t'aImais
pas, qui mc r tiendrait?
- Tu vois donc bien, s'écria la jeune fille, qu'il
f Il tl.uelquc chose?
Rob rl! lardait les brus, en proIe au plus violent désespoir.
- Hcnnelle, lu me Lues!
_ Crois-lu que j' nc' SUI: pila lissez forle ntn.intenon! pour su PP lJ1'Lcr' 101111 I(~s
cloul Ul'S, puisque
j'al su pporlé rI' 'le ri 1011 ah. fI.CO ...
_ C n'c t ]lns ('eln, fil 1.'0[(1('101' hors de lui, maia
je o'ai rien il rlire ; ,.wn~
nrn ...
-
JI pd 1 ln m in rie 1/1 JO".1l1' tille.
_ Je
['('Il !'lIl'plic,, JI, 1I1'IPtle, n~
Aie r.m'til n,'p , Il 11101. P Il ·c. ue
je III' [l:Ll l' p'.I.l, c'€. t (l'H' J~ Il
poUl'
lui d'uh"nl.ct
_ C'1_"t donl
pUlIl' IiO~
Je
,.
n; l.nterroge
t.Ullfll',
dOIS pa.iI
... ,
.
l('J'rlble ! . j\cn~
la je'une
Et voyanl qlle lIooort Ile roponunlt pu:, eLl
Ioignu en diflllnl :
_ C' '. t III Il. L'h()mTl~
que )e dois épfJU el'
nalt Ci:' se(;I'f't. Il nJ(! I{' dl/'U, lm, quand il liera
Dl.l\ri.
L'I)((Icicr 1("1\ 1e6 bl'IlS au cl 1.
-
blCIi
put>.
et (IJ~
si
pa l'If r ..
iille.
s'éCOQIllon
Son DIOri.
El il s'écrin, dérhiré par une angoias' inexpri-
ma:blc :
- Et poul·tant, pula-je parleT, 0'100 Dieu 1 le
doi8-je ,
A C(l mom 'lit, ln hui qui ('nlournit le jun(in 9'6.
CArta viol mlIl nt. Un homme appnn1t dnns la
clarté de III hl nP.
- M. Irwin, nil Il nl'i lle 1{\1I Invnit r unnu et
qui
La il 1 pli
OÙ oUe 6tüi1, cloulle pa.r la 6tuur.
Ul0mrnc' ail droit A Robort, lui HJeit le r
et
dU:
- C'est moi qui oorlerai 1
�La Nuï l!ou
~
'r!
=========.,.....=-.::..
87
~
Va, ri :. f( III ,-, :,
C1.i, 1." m-.('l!I· il' cOlllte.
VI
Depuis que la mariage de son fils avec la prétendue fille de lIans Schmutl était décidé
qu'elle
le voyait Iieureu_', un cltangement considéruble s'était proàuil dans les manières de Swarga vis.à-vis
de son mari. EUr avait de nouveau peme il. dissimuler lE! d<!goiH, qui s'étaiL encore accentué depuis
le hon teux fIlu.l .. né qu'elle avait été obligée de subir. Le CO.nk aVilit tenu sa parole. Il n'avait reculé dm', 'ri eu, pas même devant un crime, pour
arrin!!' au rosultat que la comtesse désirait. C'ét!li~
Ù C'ùl1t:'-cL maintenant, à faire honneur à ses
proIne'se:.. ~l";s
cela lui co-o.taH trop, vraiment.
En· ehercllHit des atermoiements, des défnites, EDe
des migraines, et 1'00pl'.!te, 'Iu it des ildjspo~tn,
p;on f'C r,'!irA.i: plus sombre que jamais, avec cèlte
pel'Réf' au fond d~'
l'l\rne : J'ai été ~oué.
Et il S~ œ.:nit ':lue le'Ul/lriHgP fail, Swn.rga serait plus loin de
lui qn'nv/!nl, Sr! montrerait plus farouche, aurait
pOUl' lui l'lus de répulsion,
l des désirs de venge.;li100 déjû, de cI'lIell(' veIlgoo.n{)e, hnntai-e1l>t 90Il
e.
esprit.
produieit qui
SUl' ce;:; en trerai tes., un incident ~
fit éclatel rorap"; qui couvait. Swa.rga, se voyant
surv' !Ilée, n'nvuil pas ()!:" aller chez Ladislas, et
LarlÏ!;J,~
n'o"'tit pluf' fJ"1l.ltchir les portes de l'bOtel
dl' la. ru€ \Vf;bcr, ni offir.iflllement, ni en cacbette.
T.;:?" dr.ux '1OHmt~
no s'étaient pas vus. Le Polonais
avait fuit pH \'('nir à la comtesi'e deux ou troil!
Jetlr~
rlésn~p6c,
dan8 lesq:uelles il se plaignait
dl' n'~lrc
pin: aimé, rt où il dlsa.it qu'll ne vicntlrait
pIns. ::li Swnrgo l'abnndrmnnil. Ln Sla.ve, toute aux
pré')(X'upnl; Ils qui l'agHuient il. rr. mOffif.>nl, n'ONI.i:t
pai{ l'épondrr. r.ali~R
se crut abandonné. Il souffrait cr'lIellern,>nt d ne ;:;rmgea plus qu'à meUre SQO
pmj.:'t h e.·6culion,
Un IIlfLlin, ffllc,.rr au Iii, Swarga reçut œ b.i.llet
ln.r'onir{lJE', qni lui fut r mis par la concierge de
l'nri~e.
.II di,r
IWlll'{!S,
si je n'ai pas reçu de vous un mot,
1'.Ilf', 1': me lû~T(i
la. ccrvrllc,
IJas 1) liTe saliS VallS,
C'ét 'iL c&!a. fr 1 jOl1rs a\:~nt
le Inndi !lx'" pour la
flVlV: TIl'nT'i Ho.
sign 1tlll'r du C'(lTlt!', 1 rle l~rIz
p; 1 pl'Oi, Il IInfl r nolinn int n:;e, Swarga, qui /1.Ïmait LUlli,' LI, nulJmt qu'C'lle pouvait o.ime'I', sauta
Illl 1>..'),3 ()( • f)
lit,
lml' l'Rplr il prtllvoir <.:o1ll'ir me de Clkhy, où
dr 1 l'UI': ill!' POl Il i , (l'van!, m(\mc que le comte ne
(ili '·vr:·
r<~J\
dit ft 1/\ l'orl.irrc :
(l1l'tl III ( th n,lI' ! j Y vais,
Il' ,orll. Il {f'\Il ftl'
chambre,
JI t'
111(' 6lnil hnbil16e.
<lI' ,'h uro b IUl/uelle le corr.te
é. iL
Tl',!
d tr.ois Ill'lHf'. du mnlin. JI ne
f,f'l" 't 1 a, If vI Il. IL OM)' h('u "Elle nvnil le
I.IIp!p. I.J), d
t't viverTlL'nf. Il~1
li pi Il jUHq 1'il la J'II P, rg Il'~c,
eL III cil. 1!1 JI 1111 fllll!r!' cl
t10lina au C' l 'h r l'lirl 'l'! (1 de Ludl:las,
Il iJlo!Oc'nl jll< tt'lIwnl Dli S\\ fll'WI ~ortli
(je
l'hM 1. le lIl1n!, , n n f nC:tn', !)II 1.f'vlI 11 Eon rlde,'11 pOlIT 'Ol! 14 tPllllli!l qll'iJ I!l'l:llllt.
1L1"'I"i ll l
sn fI Il IClI', flll SUl'jwis dl' III VOU' cleItOI'H li ('dlc
l)eul' ; et It, yl'lIl>: ClloCorc pl\plllotluTllH, sonnn son
vnld Il <'lwndH'C',
1/1
llfltca, Il 'manda-t·il, qni
si je rll' VlJtI,~
ca l
if'
c pa
1],' 1111 L'
or
n
pl18, monsl, U/' Il' com!', rl'pondit
qui, "TI dlr!, no s'étuit IIMI ltI1creu
n
1I111Hn'81:\1',
Le dr6k dispvru·.
C'GtlltL l'spiu ... du (;{j!IUoo .
Il n'était aucullc besogne qu'il ne nt pour &On
maUre,
Il rentrn au bont de quelqu-=:s minutes.
Le comte étal! déj. 1 !;;lé, pr6t à sortir.
- Eh blen? dt rnUllùa-t-il.
- Madame la COll tl'SRC est sortie, dit le volet,
FJlle a reçu une le Ure qui lui a été apportée par
ont' i' r (, [! l'il fort troublée.
- lJI1,' Il,1.tl'e de :l,' '! pellsa Karl Strenner.
Il EnsniLe, demanda-t-iJ.
- \:':ê ;:;' ·t l a.b,:'l~e
précipitamment, et eU.
est. Snr11(',
le t'omte. Je sais où elle est allée,
- Hf1 !'J, (~it
TI COlJ~,'
!iu le dOl r"t iql1c et se livra à toute la
ra gel à ifJul' la
,11f qui l'anirr.ait.
- .le snis jOli ! :ppfu-t-il sallS tesse, Je sull
jOIJ(>! EI)e :'C' J. '(JqIC ~e
n,Di. Elle me trompe .••
Mais jf' TUf' 'j'ng€rui! je me vengerai 1
Sa fureur étui: te lie qu'il piétinait sur place
sans trouver ce qu'il cherchait et qu'il ne pa~
nait pas à mettre ses gants,
- Elle 125t chez lui 1 disait-il encore. Chez lui 1
Je .\es tuerai tous les deux 1
Il Wit un revolver, s'assura qu'il était charlJ'le mIt dans sa poche, prit son dlapeau et dégnngola précipitamment l'escalie: de l'h~te.
. ,
Le comte arriva rue de Cllchy. - il savait 1 adresse de Ladislas, - aoe demi-heure environ ttprll,
aa femm.e,
Il a'engagea dana 1'eecalieT sans songer seulement , demanMr à quel éLage l'artiste habitait,
La concierge se précipits • ro'ièro lUI.
- Où allez-vous, mon .. leu/' '/
- Che'l: M. Lazinski, Il t chez lui?
- ,T ne sni1:-l pa::;, répullùil 1,\ POI\i(!t'C, qui avait
remarqué l'ngilation du nou\ cau vellu, et qui f1airail quelque chose.
- Qu('1 étage'! demanda le com.te .
- Au W' IrièllJe, lu porte ft dl'0l le.
~
130 ,
TI enfilu l' • 'euliel',
On n'c\H I).QS dil qu'il avait JlI?-6 é la soimnta·ne. La fureur Illi r1UltlJ8lt Ù
,Hll
PUJ'v{Jnll h 1 GIHgr qui Jui llvait '1
lUl rl~é,
.Ie
comte f;ai, il le co' OB de Ja RO! l ,(p ct.1 aglta
av(U' 11ll will.' viulèllcc ({n'il fl:ltillL ln\1t bnspl'.
1 icn !1(! 1't:lllUU dans l'!-pt\Le~n,.
.J
Il . unnu l!Ill' sl'coude fOlS, 'HW
nc .. ,
l')
Hien...
_ lili !TI'ont vu, penS(l"I,
,f
Les rlI1N~'
dcvn;clIl lonner sur la nlC_ •
Il crin
lmv l'''; ln porte:
,
_ (III ''l''-'Z 1 misél n I.JIE's, ouvrC7. 1 011 je VI il:! cherch r ln poliel' 1
l'/'!'fiClllIH' n
rt'!p"n<lit,
II c >10. Il d'II:1 coup d'épuule d' nrou 'l') l lie.
r"
1AL
l'II
11
rol~
rÙ~Jstn.
\' SHI fil' Illonlru SIIf
cIllnl,dlt:
IJII d(sil'I'z?
1 çurré.
- .\L I,u<Jislaf:l Ln7.În ki,
- ,Il t;till, qu'il n'\, t pus il Pudli il! C.
Ll's f,~)lrd
c\1l Cl mil' s.e fronc~
t
- I1~
• lIt"JH!t'1l1 ({'us, jlCIlsn-t-tl;
dl'nt 1011. l>UlIl' wC' jOllcr.
Il d' J'Il ola l' , li r, lirrivlI , r
larH;\!(' ,Ian lu loge Ù' lit ,'(IDI'if' "
Il sortll dl' . fi Il !l'hl' un lJ\l11'l ,l' C'
_ niL! noi, mEt' Hl', m'll ('f' l Il
le' ypu_ Meil qulllœ de la portl r ,
ki r.l\t il Paris.
'
.nnl
"enten·
VIl-
�~
88
- TI Y est, oui, m ons ieur.
- S'il est chez lu1.
- Je lie rai pas vu sortir.
- S'il a reçu ce m a L'in la visite d'u ne dam e.
La conci erge h ésita.
- Prene? gard û ! tH le comle d'un air terrible.
S i vous r efuse z de r épondre, il pourra vous arriver des dés agréments, et vous n'aurez ri en 1 Si
V()Us êtes docil e, au contraire, je doublerai la
sommc 1
Et il sortit de son p<>rtefeuille un second billet.
La vieiIae femm e sembla chercher un insi:mt
d ans son esprit de qu el coté était son véritab'e
intérêt. La balance pencha sans doute du cOté du
corr, te, car ell<) dit :
- En effet, il est venu ce matin une dame. Je
ne sais pas si c'est chez :'1. Lazinski.
~
corn Le rega rda fixement lu J.,. or lière :
- Celte dame n'est pas sortie?
La \'ieille cut U ll petit frémissem ent impercept iMe. El:e ch clcha à ~ lu de r la r éponse , mais fasc 'nt:c par le regard terrible du com le, qui pesait
S • ' elle c()mme celui d'un oiseau de proie sur un
pa.:::sereau , el!e r épûnd it :
- J e ne crois pas.
- Bien , dit le comte, venez avec moi 1Et il rem onta de nouveau l'escalier.
La conci erge le suivait à quelques pas.
Quand i~<s
furent sur le carré <lu quatrième
élage :
- Vous allez sonner, vous, dit-il, et essayer
de vous faire ouvrir. Mol, je vais me cacher là,
dans l'ombre.
Et il indiqua !ln coin du o.1ulPIT où la lumière
n'arrivait pas.
cur ce carré, en effet, qui était le dernier tIc
la maison, un couloir circulait de droite à. gauche,
un couloir sur lequel s'ouvraient plusieurs portes
- celle de l'appartement de Lazinski et celles de
quelques peJ.its a.ppartements.
s'avança, sonna doucement il la
La conriel'~
porie de l'artiste.
La parle s'entrebâilla. Ladislas parut.
Il était en pantalon, en bras de chemise ... les
yeux encore gros de sommeil et qui semblo.ient
.éblouis par ln lumière de l' calier.
n paraissait sortir du lit.
- Ah 1 c'est vous Mme Doucet 't
- Oui, monsirur, c'est moi.
- Qui dillblf' Cg t venu tout il l'heure lalre chez
moi un pareil potin?
Il .J'n i élé révci1l6 en sursl\ut. J'ai snut6 il baH do
mon li t, et quand je suis venu ouvrir... j>lus pero
!on nc !
D'un clin d' ·il l'artiste avait Indiqué il la por·
liè rc qu'il n'y avait plus rien il craindre.
Celle-ci dit :
_ C' L un monsieur quj voulait vous po.rler.
- 11 c t parti?
1 on, il cst là.
.
.
Et la porli~'c
indil1U(L le coml , 9,ul 6l!ut sortI de
l'o. libre en nt ndanl la conv r l<nllon.
La di . Il\~
pOIl SSU un cri d'étonnement si .bi~n
,Joué
4/lIt' Il' coml o. y f\lt pris. Ses soupçons se dls!'l[lcrenl.
pour UItC rnlTluti".
_ VOU( , mons i ur le comte, s'6crKL !~ Pol .orus.
VOUB cl (>ï . moi, il. c tlo heur 1 Bst.-œ flu II SCJatt ariv un 1TJ.r"rur lt. modt1me ln c mLe se?
Il ouv rit 11. port tout, granc! .
_ hnlr l, mon'iicur le cornl!', 'Ill!'!'? 1
.
1 a rl fllr. 'nner remit n cach ttc à I~
CIOnel ge
100 d'II,' hill H d bllnclu fJu'i1 fl'oi · UI.t entre ses
nin s nc rvClI
et il pén61m chez l'nrl1sU-.
D le s euil uno o<l.cur l'nvuit fr.(j.ppé, un odeur
La Nuit Rouge
~
qu'il cOnn ,)ÏJSf; ait bi ~ n,
le parfum [a vor ' d1P ln comLe.< sr. E t ses sOUJpço ns éla ient revenus, pll''3 Ir I"r~I
C'S
.
L'appa rI ement ho.bi té por Ladi slus Lezinski é' a iL
composf> de t{, 'l is pii:ces , ll..'1e "·alle ft mUlI"f'l' r"i" nL
suite ft l' am tich<1m bre, un e ch nmbro ft (,lJn~hi"r
0t1'n
s alon asse? vus t.e, éclairé du haut I)ar un vil l'a rt ct
qni SC' rv a lt d'atelier à l'ar
i~t('
. jp' tonl' m",lhi~
fOTt
simplement et n'offrant rie.n de rem ar q uable.
Le mari de Swargtl s'était pl:écipil.é dans le s ~ on .
Ladislas le suivait.
- Mais, m onsieU1' le comte.
Il avait l'air très sThI'Pris de l'émotion de son vi sà-
tewr.
- Ma femme est ici 1 dU Karl Strenner qui sou·
levait les tentures, regardait dC\I'rièr e tes meub!n,;.
- Ma{}ame la comtoos.e! fit l'artiste, feign..1n t un
éf.Olnnement profond.
- 9ui, dit le comte, hors de lwi, dont l es ycnx
lançaient des flarrun es , dont les lèvr e.s min ces frernissaie'l1t et dont le visage é t~.iJ
d'une plll ellr mo rtelle. On l'a vu e eu trer dun s celle m aiso n. Elle ne
peUit c'ltre vuue que chez vous.
1
- Je vous oosure, bégoaya Ladds1as.
Karl Stenn er conlinuoit à furcler. Sur ce ca napé
une' fl eur ou plutOt la feuill e d'une fleu r arlificieUè
Lr.a{}p.:l ses yeux. 11 s' e-n rm pura pnes t.emrnt, SlUne
que Ladislas s'en fut aperçu.
Celui-oi essayait de se disculper. Il affirmajt qu'il
n'avait pas vu lu comtesse. Il allait de'Vant le co.nüe
ouvrait les portes de l'appartement, l'invitant à s'a:;:
surer qu'il n'y avait personne.
En effet, le mari. ne trouva rien.
Il était évident qu'on avait fait fuir sa femme.
Par où? 11 l'ignorait. Une fois de plus il étaiL jou~
.
- Vous voye-z, monsieur le comte, dit LadiSlas
d'un air un peu i1'OnÜple.
- Oui, je_ vois, dit !wl Sbrenner, que voUs l'avez
fait fuir 1
~
- Mais par 00. ?
_ Je ne sais pas ... mals elle étoit ici... et elle
n'y st plus ... I\lai.s j'aurai ma. revanche, mon.sieur,
j'a.urai ma revanche 1
Et il sortrt en enfonQllllt son chopeau Sur ses
yeux.
Ladislas l'aocompagna. jusqu'en haut de l'esoaJier
l'air souriant..
1
QlInnu il fut dehors, l' Ale~anà
tHait d-nns un tel
61.nt dt' fureur qu'il ne 5(l.Vttlt p~lIS
ce qu'il f.ui s.aH.
n mnrc.tulit {lIl hasard, en :'llgzags, comme \In
h onilll C i\TI ', heurt.ant. les pn s~ lIn
.l: . 11 np songe,,,, t
lJI 'mf' pus il j\l'oocJrc une vol'tur<;. Il rallut qll 'un
eodlf'l' III i fit. s ~ nrrrœ de s.ervlCC POUl' qll 'il Y
P Il SÙ.t, Il SC Jeta dl~
le flacre, comme Il n l'au v '
.'>C jdle SUl' lJjJle prOIl8, et referma. La portière. 11
voyoil rougo.
PC'utlant 1 lrajet, I? corn Le . e.ssa.Yf:L de sc cahller
nn peu. 11 Sllvrut qllil a1JI'~lt
hpsoln de tous H. S
1110y ilS pour dmencr Swal'g~
à avouer Sa trahiCHl . . • el nlo.'!!! 1
TI ne savmL 1>05 Cc qui S{' pn",,!"
~ lI'iL
n.I r 9. Tontr's 1 5 f~lmN
J rie l'c'nClw Ir hrûlaient .. ~me
e!)o s'ét~IL
mOfl1~
dc lui 1 Il pen:;ait nU 1~!'Ote
qu JI L IN1lt pl'l SOnnlCr, 1111 nO\lveuu
Cli.tnf! ru Il v 'n(\] t de cOlnme~t
re 1ltl\l!' celt.e {('mnl/'
qu'pile croynit ~'avOl
. I' plus besoin 00 luI..:
(Jui, rl\~'
Ah 1 14 mls~r/bc
Qu
~ tnd
1 1" fTlls6rabl 1
10 ftn.cre
B 'lIr~/\
le comLe avait le via.o.ge
trl1l1Cjuille. Il nka d'tn.'J l'n6Lel d'lin pu~
tonne.
. - ln femme de cluunbre
Unf' oom ~tiql",
corntl SBC'
lmvor!iuit 1'6nUcbambrt.
Il l'in LeI'pella.
- ?\Iadnrnc la coml~8e.
- J~Ue
c t dans SIl cb&nbre.
u
1&
�La
~è
Rouge
~uit
======================================================
- Dites-lui l1ue je voudrais lui parler.
- Bien monsieur le comte.
Il marcha su r l - t.r.uces de la suivante et arriva
ùans lu chumbre à coucher de Swarga en même
temps qu'elle.
1
La femme de c.hambre n'avait pas eu le temps de
l' annoncer il sa maHre5&e qu'iJ entrait.
SwaI'Cfa Huit déshabillée, en peignoir.
'
Elle Gtait installée SUl!' une causeuse, un livre à
l,a main.
On cùt di t qu'elle n'ava'Ït p6.8 quitté la maison d~
la matinée.
Pourtan t il y avaH sur de;s sièges sa 'robe, son
chapeau.
En apercevan t le chapeau, les yeux dru. comte étinôelèrent.
Le chapeau avai t des ~ eu
rs
pareilles à celles qu'il
avait trouvées chez Ladllsloo.
Néarunoins il s'effo.rça de rester oolme.
Bn l' entendant entrer Swarga avait tourné la
tête, l'air sourialllt.
entre-t-on ainsi
- Depuis quand, deman-t~l,
chez moi, le matin, sans sc f&te annoncer?
'\ monlIra la servante.
._ Renvoyez cette femme, j'ai à VOUlS parler 1
_ Laissez-nous, ?llarguerite, dft ~a. comtesse. .
Elle se leva., vint au coml.e, et, Wl(~u.rs
souriante:
_ Ohl mon Dieu, quel air LragL<{lJe1 Qu'avez~01.lS?
- VOOl5 ê~S
sortie ce matin ,
- Mais oui...
- Où êtes-VOUs allée?
_ C'est un interrogaton-e' fit SW8Jl'gs, l'aU- narquois.
de savoir
_ J'ai 0esoin, fit le comte f.r~isont,
où vous êles allée 1
dit 1-a femme, je pourrais ':.Qus ré- Mon Die~,
pondre qne je suis al~e
dans quelque ma~-f:loS
acheter des dentelles, mrus v~us.
ne me cromez pas.
- N()n, je ne VOUS crOlralS {)8.S. Non 1
- El pourquoi?
_ Pal'ce qu'on ne .se ~ève
pas à sept heures p<lur
aller dnns un magaslfl.
- LI tait P.lllS ùe huoit heures, dit tranquillement
SwtLI'ga, quunçl je suis sorUe.
- 11 faul se lever à sept pour sortir à huit, quand
on a comme vous, une longue toilebtA) à raire.
_ Mettons, dit tranquillement ~ comtesse, qoo
le
je me sois levéo à sept heurœ. N en al-je ~
dlroit ?
.
-- Vons avez tOIlS ~
droits, dll !tarI, Ml.l11 celui
de me tromper, de VÔ\l!l moquer de. moL, a.près tee
promcsses que vous m'avez faites Il y a quel~cs
Jours il peLOe... après 00 que j~
v1t1l.s de falnl
pour vous.
Le comte trépidait. JI sentait la patience lui échap,pero Sa fureur, contenue pol' sa. volooté, om~
1.11110 vapeur d'eau diflns Ul~
cl14udi e , boulllonntut
eL fuma·i l, menaçant de fmre ,explosaon.
,
SWllrgn qu ilhL son, livre, qu elle av~'
jooqu alore
gnndé à la main.
.
Elle vint vers 10 comte, l'MT en .apparence très
oolml', msil.':l avec u·ne ptLle~r
aU COin des lèvr::s t
un fr{)mJ ssl'T'Q.en t imperceptible l.bnns les pauplèr .s.
r.lle rcg1\1'rIJU son mari bien en r~c
.
.Te nl' V011 5' ~rnped's
pas, rJlt -c l~ _ Valls ail\' , me comprendre. Je V1en8 àe ch~z
M. Latin kt.
- Ji:11 blen? nt-€Il, snns se d4'partir de son lm-
ru:
~
ibl
-
t.(,
11 m'a. tont fi' lé.
Quoi?
Que vonr~
!!or-liez de chez lui.
89
~
Swarga. hawssa les épaules.
Elle savait Ladisla.s incapable de cette IAcheté.
- Il est fou! di t-elle.
- Ce n'est pas vrai ?
- gh 1 non, ce n'est pas vrai. il est impossibie
qu'il vou>$ ai dit qu'i l m'av;J.it vue ce matin quand
je ne l'ai pas vu depuis que vous l'avez surpn.s ici.
- Vous me le jurez?
- Sur ce que vous voudrez.
- Sur I.e bonlleur de votre fUs.
Swarga hésita.
- Car c'est de son bonhcnr qu'il s'agit., 'pounmivit le comte, c'est de son <1Venlr, de son nmour...,
00iI' j,e S'eI'ai impi Loy-ablc !
- Vous ne pouvez pas lui faircs·u pportel' ...
---' Si ... si. .. <'llll" c'est par lui que je \:OU5 punirai,
- ,M ais de q-uoi? S'écria S'Varga avec un commencement d'impa tience.
- De votre trahison, de vos mensonges.
- Quelle trwruson, quels meillflonges ? K"<Jpliquez..
V01JS!
-
Vous êtes allée ce matin chez M. Lazinskl.
VOThS 'a vez rêvé...
K8Jrl alla prendre le ohape8Ju de la p,rincC1'3lSe.
- C'est le ohapeau que vous aviez ce matin ?
- Oui Pou,rquoi. ?
d'une voix terrible.
- Pourquoi'l fit le com~
paree qu'à ce oh8lpeau une fleur manque, tene.
eelle"Üi.
Et il montra ·une fleurette li. laquelle une feuil
,~
rouge manquait.
- Eh bien! dit la comtesse qui nt voyait pas où
il voulait en venir.
- Eh bien 1 cette feuille qui manque, je J'ai trouvée ... La voici.
Ii1 lat mOn LI'B.
- Et je l'ai lrouvée, p<lursuivil-il, su;r le l'8llarpt
de ce drôle, où vous êtes allée vous rouler, misérable prostituée!. ..
M8Ilgré S'on ompke sur elle-même, Swa.rge. ét.a4.\
devenue livide el tremb\.ante.
Une terreur a.pparu t dans ses regards.
L'Allemand al~.
à elle, lui saisit le poignet, M le
seTmU à le briser.
- Nierez-vous encore! - Nierez-v()us 1
Swarg,a. ne répondait pM.
Elle le contem()l.a.it, Ml:J.étée, prise de la slupeuzo
qui s'emp-an~
d'un fa llve p.ris au piège.
...
- Vous ne ni ez plus ... Vous n'osez plus n~
Vous avez que c'est inutile m8Jint.eoo.nt ! - Et si
je vous luais.
- Eh 1 tuez-moi , <I,it Swarga et que ce eot.L ftnll
Et clle essaya de se dégage.r.
Mo..i.s KArl Strenoer la tenait comme d.ana 1.I.D
étau.
- Ainsi, dit-il, vous avouez'
- Oui.
- El aNnnt le mariage de von tBs ... Voos n'.
vez pa pu altendr 1 Mais il ne se fera ~
01
mariag '" . Il n e se Iellll. pas, je vous le jure 1
-
-
-
Mon ClIs n'('.'l-t pa.,s re ponsuble...
Non, nillis il pni~rl
ponr VOlla. C'
moycr dl' .mt.' vcng0.r, de
VOIl ~ sel'''.! t l s;:n,1.
1\ AI' di! igl' dt v 'rH IJ1
VOliS
pl
fra.pper.
rte.
t Ltl ~
TOI.ll
le ,.t.
n l'Ol1filt Ilpl'l\s, cl tendnnt 100 ~ u.ine
- KIlTll su pplin-t-eUe.
El!.~
chr-rchnil 1 "CII cmclll'l' il. hù pour Mt •.
tenir. fi ln rt'pO\1SW brut Icmc-nt.
- 11 n'y n plus de KOl"l 1 llu'y a -plU3 qu'Un JœSWtll'
tlcier 1
El .il ISOdil.
�90
~
La _vaÏ"
VII
La CQ)PT' c't.ait la passion dominante <le KlLrl
Strenner. Qllnnd le miS:'r,'lbl(> :':ail en furoor il ne
voyait plu.5 rien. Tou l dispuraissait pour luJ devant
le désir de..-;e venger. On s'Mail moqué de lui d'une
façon odieuse. Non seulement Swarga continuait
à lui tenir La. dragée bau le et n'accomplissait au-
cune de ses promesses maintenant qu'elle croyai.t
n'avoir plus besoÏJl VI:' mi, mais elle aunait toujours
cet odieux Polonais et continuait à le tromper avec
lui. C'en était trop! L'AlIemund quittn l'hôtel ivre
de raCTe, sauta dl1ns UJle vo.:ture et ISe fit conduire,
avec toutl! la viLcsse dont le cheval était su.seoptible à une maison 'P. campagne située aux en.virons de Pat'IIS, près de °uis-Cofombes, maison longtemps inhnù:'ée et Ml'ew1nc contre la curiosité
d pa Ilnl.s par un gl'm' i jardin boisé, entouré de
haut:; mUJ's et formé pa!' une vaste .grille de foc
rouillé.
(Juand le comte sonna, des abois de chiens se
firent entendœ. ru deux énonnes molosa!!s COUl'Urent se précipiter SUT la grille. Derrière eux venait
lentement un ltomm<l d'une qu.aranLaine d'années,
à gr
es mllustaches 1'QU.5ses, aux yeux du,rs, un
ensemble ~bart>l\i
de geOlier de prLson. Il était
vMu d'un il~t
de trÎC()t, ('oilIé d'une casquet.te de
IOlllre. Et reounn8lBsant à travers la. gTille J.e
oorn""
rcnoo.r, il btltn le pas.,. a.paiSll. le·' ('lùcns
qlli conL::nuaï.snt ù aboyer et ouvrit la porte ùu
;Pardin.
't
- Rien d nouveau, t}e.rn.anda le comLJ~
- Ri • mo!Ul.ieu.r le oomte.
- L'h(}ffi rno ?
t toujours là.
- TI
- M no-moi vers lui.
- Oui. mon31cur U> comte.
On ehl'mi.lm dans les RUées pleinœ de Icuilll?"s.
Tout ~Ilüer
à la r S:' qui l'aJJÏmnit et ql~'
1\ Loo«ueu.;r tln r. J min n'aVilit pa cu ln '. le comtt: nc
(li.~t
1
II
mot. S n SCl'vitcu le IÎ\ dt
siIellI'e, se d.elruu ct t l' qu'il pOIlV il 1Jvo·r. ( Il..'lntl
1)1'1 (nt al'! j /" /Ill [I(>['ron, 11 1n"111
<1 vont IH)!] 011vrir la r ri d'en r
r [J 'urHI v, 'blll Il. Ix i-
l (JUl R 'dlIn.lcnl pr cid t 1111
nll il [
""r hUlIlide aussi
et m nb' l'lu 'Ju SOUIn f J' "'nt l'~mcI
talJl , de
qllclque.'! ohn1.'lcQ l d'un h1JfJ·t sur loqll('J AI/L1e.n t
deux ()Il tr j.oo { j tt
les.
Le COOlt!' ."'a.vr.rsa vh'(';fucnt Ir.:s de\l. pièc 8 .. L
lin. f' pi>
plll' nu I.l8Cn.hcr Ile p.ll'rr<' cl "'cl'ndit O~
rit' 9011 -sol , sez ~Jo.ir,
~Il
do grllJl4œ pi ') Nl" d
flllr I,:? JI cl fi pln'rnll'n! pl]RI"'r~
porl/'ft Ill' s:;ivel'!
av d lorm('!l JTur T f'Ï/l<'s d rou III l'.
I,R Ilrd'
prit Ul <'l<'f. OIH'r!t l1t rIe Ni l t fi
mOI us" l'lUX pt: Ihll
~
Sf!.l"Î
ll1i
l'
InUJ.l.i<lElS
r 1 comtl'.
1 1 ( IIr un hormn(
d
Hf;ll
dans
c1l>IJ-
bonheur. 11 était lMe nue; la chemi:-;e d('~chirée,
san.s cravate, les vC!tcment en lamheaux tel qu'il
avuil été je lé dans œUe espèce de ba.sse tosse 4-prè.s
une lutt.e déc;ec;p(lrée.
Quand ils furent arrivés tous les deux da.n.s la
salle à manger, le comte dit :
.
- Ecoulez-lJ\oL .Te vien' non f;culement vous délivrer. l\fnis encore vous laver de 16 .wuillure, de ta
hante (fui pèse sur vous.
. Le pTÏpce leva sur son interlocuteur d~
yeu.x où
jiI y avrul une stupeur ext.asiée.
- Vous, monsieur, bégaya-HL
- Moi...
Il joignit les mains.
- Oh ! comT1,~
je Valls bénirai 1
i -e me, bénis6ez. pas!
nt brusf[Uement le
comte. _'6 me .œmerclCz pns ) lême. Ce n'oot pas
pOUl' vou.'! crue Je faiS crin. CosL pOllr moi pour me
venger. Voici CI) qui se tramp en .~l' Illomdnt. Le fils
dire mon fils, COlr on 00
de Swarg . je 'Tl'ose ~iS
peut pas êtr, .. ùr de l'.en avec oette femme 1e fiIB
de Swargll nime vo!.re fille.
'
- Mf\. mie à mfJi! ..s'écria René d'ArgyB les
yeux écarquillés par une horreur tragique.
'
- Oui, 'volre fille.
- 0 mon Dieu 1 fit le pauvre \homme, qulil!1s sont
vos dessein.s ?
- Il l'aime, poursuivit le comte; il l'aIme à. en
mourir, parait-il, mais il n'est pas aimé. Votre fiUe
aime une aulre personyw.
- Oui, je <;nis, dit l" prince, un officier, un o(ficier qui l'u ab:mdonnée.
El il d~util
di" l/rO) s mOl iller ('s paupières en
pt.!l nnf t\ la rloul,'ur dl'
-
on 'Tirant 1 ieu (
fit
COli
te, qni
éb3.hi,
Il
croyant p6.'J il
puys,
Le pnnce frémit.
- Oh 1 la misérable 1 10. rni!'P,fflble 1
Il Si" lai~sf
lornhcr ln I~le
duns ses mains et
mnr!\ :
fais que Inl Ili·jp fait?
-
-
von
-
QlIl' vp.lIl-l'lIe?
Elle VI'lI t que son
l'l\vnz
mur-
dtoduignéc.
fil' soi 1 henrcu:r
- QlI'il épouse. TIenricLt.e ?
- Oui. •
Dieu 00 la per- JnrnuiR 1 s ('cria )p, m~lh'rcx.
meltrait pns 1 Le fils rll- r:clll' fl'mrna! l.n fondre
du I.icl uné,u)titui t plU (/'jl Ic Illonde !
- ~i
VOliS n'llvÎl}z Pl.llIl' VOllfi 111 10.le oiel al Rell
londr~,
dit ln cnmLe d lIU 10!' n.l'q~H!I,
VOlt Il/lUI'ri< 7. lêchor la hrirli' li \oln !IIÙlgl {\lIon, Car le lnflf'in l'est url' ti,.)1 'n AC r(Ure.
f. ra p , il violmoment le priur:c,
Il Il
cJllUnd Je dp.v rlll s, ..
Que fen Il VOll1! 1 j li li av la t nu nCflrlllé.
• Vu ~ lU! 1 UrL':I: mllrn pM U•••
_ L'~Rt
vf/ll,
Hlllrrnum 1 tnulhelll'01i
Anssi jl' n'lIlIbli('rai jROIIlIH ...
Iii (/\il llf'!:H l dl' n!:\~
dit Il corn Ir' pOlll
_ Je vou~
quc 'OUR ne m'n)"'t Il ,d'nbltgnUnn El (1111;' r('t!,'
f 'nIllI." 11111 1"( , l'on)1~,
(!IIi, l' mel/flll'
rcrrtrllc: .. IJ~{',
cl. l11N... .J III Sl'n'! tou l, ' fil:. halltl's, 1('1111'
l'i
vengt'unce:, cl rnfunll'l1l1I1l ...
Il s'inl r'/'Ilillpit hru, 1111 Illi J)t pour rf'r :
- ~l\i
j'nlll'nl UlIl l'l \ lliche 1 JI' vni 1 10 V 'Il 'rr
li rno[) tO\1/' 1
ring
SOIl
.
Cl
TI st' tournn V('(', JI' pnIH'p. cl dll :
\ 011 l'!l> iIhrc 1 - PlIllp;', 1 Emp ('Il
suivit
~{"'
s€!nré les
1'11.11.' f 1l0!'I~J
X Cil
/lP"tll II, f U DI~re
dè l'ofliQÏ<:r
qui ·,.t votrf' fille, Ill, HllC' d'lm Itomme qui a lrahi
5011
Cc. t S\larg
tOllt {ll'ÎJ: •
\(111. l' Ililhllilt'.
.Je vnla
VUU8
d'lm) 'r \
1\
7. '0 illlI-
mo~
'Iut
�G<i<-
91.
La Nuit Rouge =:.~
René tomba à genoux. ex tasié.
- Un mot '1 •••
- Oui.
- CeUe lettre qui vous a perdu.. . qui a rendu
infâme votre nom ... c'cst moi qui l'avais écrite.
- Vous?
-i-- l\Ioi .• Q l'instigation de cette femme.
Le prmce se croyait le jouet de quelque cauchemar.
Il ne savait pas s'il voyait et s'il entendait bien.
Libre! réhabilité 1
ELait-ce possible?
Le comte dit :
- Vous ne paraissez pas me comprendre?
- Oh 1 si; oh 1 si 1 fil le malheureux. Mais j'ai
hmt RoufIert 1 c'est si inattendu 1...
- Vous allez, dit le comte, reprendre dans la
société votre rang. Cela réparera un peu le mal que
j'ai faiL Et cette femme souffrira à son tour. J'aurais pu la. luer : elle n'aurait pas été punie. Elle
n'aurait pas été punie comme elle le sera en vous
voyanl. he\lreux et glorieu x, en voyanl souffrir son
fils. Voilà. ce qui me guide, ce qui me fuit faire ce
que je fais 1 le désir de me venger, de faire souffrir
I:l mon tour celle qui m'a tant faiL souffrir 1 Vous ne
me devez rien... Je ne yoUS demande ni de me
pru'douner, ni de me dire. mercI.
_. Oh ! s'écria René, je bénirai votre nom 1
- Vous l'avez tant de fois m{j.udit 1 dit le comte.
Puis, secouant la tête :
_ Que m'importent I(>s bénédictions ou les maléd;cliollS? Je .n'ai E;u en tête qu'U?e passi?n. J'a{
t;Wlllflis des mfnmlCs pour l'avQlr à mm, el la
prt~'el,
des crimes po.~r,
lui otre agré~bl.
O~
1 8i
vallS sl1viez ce que J ~l fuit 1 Elle na ]lt'!llllS eu
po':r moi que de la hame et du dégoO.t. MalS, ~et.
fois, c'est nni. Je rnlève le front. J'ai secoué .le Joug,
cl je' la haiS peut-être l'lus 'lu'elle me hall. Je la
revprrais devnnt moi, m'offrant ses baisers, ses
CflI"'8Srf.;, que je lui cracherais au visage et je
l'étranglerais 1
La ligllre du comte était devn~,
en prononçant
ces pm'oles, si épou van tuble, SI horrible, que le
prinr.;e cu fut effrayé.
Cd homme nvoit dO hien sonffrir 1
Il nr Sf' • cntnit pins le courage de lui en vOlllOÜ'.
Il s,wail !JlIcllps !olir!-l l'Ilmour peut faire faire ...
et Hllrlont lin amollr dédaigné.
Le comte s'était ur-;!>is ...
Il uvnit pris du papier, une plume.
Il grilTonnl.\. '1\Jclquel:i mols et, Lendant le papier
l Ren6 :
_ Avec cela, dit-il, vous pouvel relever 111 tète.
Le princ lut, saisit la main du misérable, Ill.
bai!\/l avant qne celui-ci eot pu s'en défendre, et
s'élflnçn dehors COlome un COI1.
Il /lvHil ouhlié toutes ses suu!Trance..
Il allHlI 1 eVOIr sn f mlOe, HU fille, sauver l'amour
le honh('1lr dl r.pll{'.rl, pouvoir crior à tous qu'il
étuit innocent, le llrollvpr...
.
11 nc murr.;hail pas, il volait.
Arri vé à Paris par le premier train, le rrinee
prit uTte voiture, se fit conduire" 11011 Mt~
pour
s'habiller t un heure aprèS il se préeenl(ut clles
Mme d'Artenay, rue Murillo...
Une lelle joie I110ndait son Ame ~'il
avait ptline
.. lu. cOlllcllir. L(' bonheur rayonnalt de se8 yeux,
illulIIillllit tout nulour de lut.
Rue Murillo! c'est DOIlllnÎque qui. I~ reçoiL. Il
6lult cur'reclmnenl TIll , avait l'aLTo dI8tingl1~,
.et le
d 1/11 :;tique ne reconllut pila
UliS érable VIeIllard
qIJ'OD avait trouvé O1oura.oL .ur un »&ne du pan:
Monc au.
~
Il regarda le visiteur des pieds à la tête et dit, ne
se rappelant pas de l'avoir vu chez sa mat tresse :
- Qui annoncerai-je?
René eut une sorte de cri de triomphe.
- Le prince René d'Argyll, répondit-il.
Dominique leva sur l'arrivant des yeux égaréa.
Il tremblait de tous ses membres.
Il bégaya:
- Le prince , ...
- Mais oui, dit gaiement René,.. Tu ne me re·
connais pas ?
])Qminique le regardait S8JlS répondre.
TI étai~
si stupéfail, 'si anéanti, qu'il restait comme paralysé.
Il ne croyait pas à la réalité .de- CE: qui Ile po.ssail
Il balbutia encore :
- Le pl'trlce !
Et sr- _ "IIX nl' pouvai,>rlt ~' d~ :,che,. de 50n ancien maUre. Thllt à ceup il dit :
- UUJ, ,:\:=;I
'.'1 ni ::;P'llble.. Ainsi monseigneur n' f HS n,or~
~
élis nOll, ['1 if' \"oi , dit Henl:.
- !\lad m' la IJriucesse qui vous a tant pleuré'
- EllG est ici ?
_ Ivlai<' oui... Seulement, je ne sais pas ...
- Quoi'Z
- Si je dois lui dire oomme ça, brusquemenl ..
l'émotion, la joie. Elle est si loio de s'attendre...
Dominique chancelait.
- Surt.out, poursuivit-il, aL ••
- Si crnoi , dit Ren'.
- Si monseigneur peut. ml a~
..
- Que Je finis innoceat T - Oui, je 18 .ms. J'en
&i la preuve aujourd'hui VOlM aYes d<mc dou~
de
moi, toi, eU~
Y
- Oh 1 Don, monseignetll'1 MI iODlA 4e l'Ame, je
T008 le jurr ! Mais il y &"ait 'el motnNlta.
- Va la r évenir, dit R
"" 1
Et il l'esta dans le petit f.l111un 01!l il avait étil
transporté quelque tempe
vant inanimé,
mourant do fatigue et de faim..
Il y avait denx ou trais mlnulel • peine qu'il Mait
là que des cris retentirent clallll les pièces voisines,
les porooB s'ouvrirent brusquement, et une femme
affol6e, sanilotante, Ivre de boDho.u.r, "f'iDi tomber
dans ses bras en criant :
- Reué 1 René, toi, o'eat toi L..
_ Ma femme 1 dit le prince, C}\d .. IIOUleva de
ierre, tant son émotion é{aH ~oletJ.
• El innooen.t., ajCJUta le pTlIlf()e.
_ Ob 1 cela fit Jeanne, je l'ni toujours cn. Et
que j'ai soùr~t,
mon Dieu, que j'ai $ourIert de
mon impuLtMnee l te dé! .odra, li. l'orauader les
autrell.
1 ma 1 pOIl" t tomber
_. Tu 0 'as p"'" CMI 'lu
o ft4> bornfl , " pa~i
baB, dé Illl' tra1tre,
~k
_ Oh 1 Don 1 0 1 DOl !
Elle l'cnUH ·t d' il
b-rvan t !'te It\!36 d 1\ ru broJ
le
OIIl'"CR
r.
~'
,1.1
1 Iù nt'~
Jle pou'
le ' llf'm JI, Ille
Et lis p ur lent torJs 1 d 11:1 ••• t.l.C. 1 Lnu\: d0uœ8
qui sc wêlnip.nt.
- J'l~Î
CUfJllllÎS un f.aut.e poul'lant., d" R~
...
Due fRtl ' ch /"rlncnl l'.xpiiJe. ~I!;
je t rocontera.!
&out. Ah 1 qll d .OUrrrullce qUI' d'üvcuturcs 1Hier
el1cor(~
...
La prlll
r nim\nnll chez lie.
dire kJuB
Il n i 'nI tant d' ch
qu'ila n e.'IVl\Ï nl {ml" où commencer.
J nn!.' p n Il !lHL fUie.
- Il
u nn ombre,
t-ell.,"
- El laquelle 'f
�92
~
==========================================
- Notre fille.,
- Elle vit.
- Elle vit? '"\
- Oui.
- Tu l'as vue ",
- Oui. .. Elle e Il grande ... Elle est belle ...
- Ah ! mon Dreu, s'écria la prinoosse, qui chancelait de bonheur, tu v&s me contfuire vers ' elle.
- Oui, Lu la verras, oui, mais je veux aUp.aJ'8r
van t assurer son bonhclY".
Et le prince raconta ce qui se passait da.n.s la. maison d'Avon.
QUéln'l, au CO:ITS de son récit, il prononça le nom
d~
l'Alsacien Hans Schmutl la, princesse eut une
sorte: d'éblouissement.
- Mais, dit-elle, je la connais, je l'ai vue.
- . TaIre fille?
- Cette icune fille.
Elle appela à toute voix.
- - Dominique ! Dominique 1
Le: vi E:ll.'C serviteur aocourut.
- Tu vois, s'écria la mère, ivre de bonheu'l', Je
ne me trolllpais pas, celte jelme fille.
- Quelle jeune fille? èemllnd6 l'ancien jardinier,
qui avait ouhliô l'incident.
- Cella jeune fille que nous avons vue, que pend ..mL .IDe heure j'ai cru ma fille,
- Eh bien?
- C'était e41e.
- Ellc ?
Ln. princesse tomba à genoux el celte prière s'échappa de ses lèvres :
- 0 mon Dieu, Caites que je ne meW'e pas Ue
Joie 1
Ainsi, dit le pr.ince, tu l'avais reconnue, devinée 1...
- Olli, c'e t Dieu qui avait parlé en moi.
,\Loi aussi, dille prince, je L'avais vue dès mon
arrivéc à Paris.
(( Tu n'as pas oublié ce vieillard que vous avez
J'ecu ilJi lln soi!' dallJi ~ parc Monceau?
- ;\ion.
- C'élait moi.
- Toi?
- Oui.
- Et pourfluol ne pas t'avoir lait reconnaltrR ,
PounlUOI Cl'uvoir pas dit ?
- l'nr('e 'lue l'opprobe pesait encore sur moi.
- Mais je t'aur is cru, moi.
- .Je voulais otre cru de Lous, ne pns vous apporlcl', Il lOI pt h la fllle, un nom odi('!lIx dl'~ho
~oré.
Si je n.'nva.is pas pu 9bte~r
la preuve' de mon
Ilnoce~,
JllfClIWi vous n aun 7. cunnu 1I1UII exi::!lence. J'nuT/w, vécu près de vous, duns l'ombra
VOliS, urvcillant, vou!:! nimant de loin,
'
- c\ in ,i ln lille 11
ait pas qui lu es ?
_. • '011 ... je suis ct vel1ll un ami de "homme il.
qui j 1'VÜ~
connée . .Je puis la voir, lui parler,
Mal~
l'III' ne ' l ' doul pliS ...
.lenallf' h'ndit le; bras,
- olt 1 )' CIl!>r IEl:er 1...
- Hienllil, rli~ ..\{cné, bienlôt ; mals avant Il (aut
tl~
!{U
r!' 1)11 hOlllJt, u r.
, I:.L il xplil!IW il. su (CIlIIIlC le plun qu'il avaiL
rflWill. LI, ,,1', C de la soin'!I' se pn 'sa pour IC!:! dl'Il x
l'POIIX 'lU IlIili,'u cllJn bunhcur qu'nn n pput .I'plldrc.
L" 1'1111<,' rfll'lJlllu tOllt' !lI!'; Ilvclllu!' '., c~l.
a la
"lIlItlt·' d,. faible SI' IIi lui 11\ /lil rUlH~
, l, dll'!'. Sil
((JlIlIllt' hll dIt Su dnul III' '1III111rl p!l('
{'I!lIl vup. ,(>.
1'1 (' dl' 0"
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CI '/11 Ihl I.ut J'lin'; IlLir. l.;uo aVilit (lU "'l'ur cil" l'r:
J'"
La Nuit
~
oue
-:l~
savait quelle espérance qui la soutenaiL. Et pourtant sa "ie avait été trisle depuis la nuiL $1.1.nglanle ! Elle nnm dù fuir son pays, cacher à Pari s
le nom qu'ellu portait.
Personne autre 'lue Dominique ne savait qui die
étai/.. Et cela lui était d'autalll plus pénible qu'olle
sentait confusément que cette réprobalion pesant
sur elle éLait injuste .. que Hené n'avait pas pu commettre le crime dont on le croyait coupable, t\.Iuis
comm ent défend..re son nom, sa mémoire?
Hené la saisit dans ses bra ' avec de:; Lransportd
fous?
- Oh 1 chère femme 1 chère femme 1 s'écria-t-il,
tout cela va êlrc r'::paré 1
- J'oublierai tout, fit 10. princesse, quand j'f,Il~
rai vu mA. fille heureuse.
- Elle ]e sera, j'en réponds, dil René.
Et il quiLta sa femme pour alJcl' il Avon.
Il y arriva, ainsi. que nous l'avons vu, au moment
où Robert de Camsy se dc "e.~püoil
de ne POU\'Olr
répondre aux pressanle::; Interrogations d'Henrietle.
- C'est moi, av~il
dit le prince en lui prenant le
bras, c'e:;t moi qUJ parlcnti !
Et il parln, en ('fret.
Il dit 0. Hemiolll' rourquüi Hobert l'avait quitl0e,
emmené par son pere, parce 'lu'on nynit rlit il ce
père, au général de Canisy, qu'rule était ta fiJJe d'lm
homme qui avait vcadu ;jun J,ay".
- Et ce n'est pa,; vraI? s'ecl'ia avec un accenL
déchirant la mall1ûureuse enfant.
- Si, diL l'ud meut Ren{',
Henriette se tordit les bras de douleur.
- Mais vous la luez 1 dit Hobert.
Et il voulut empêcher le prince de parler.
Mais la jeune nUe s'écria :
- Parlez, je veux lout savoir J touLo l'étendue do
mon malheur.
Elle dit ù Robert.
- Vous saviez colu ?
RoberL inclina la tête.
(;tie7. parti ~
- Et c'est pou\' ça (lue vou~
- QU'OH m'avait emlIlené dc force. ~lo.S
je suis
revenu. Et maintenant, malgré ton prrc, mU l,gré son
crime, malgré Lou t. ;"Ialgl'é la clJ!èrc de.,; mIens, jo
t'aune el je le veux ... ot tu seras ma femme.
- Non, dil Henri Lle, je ne vous obligerai pas à
u/\ t 1 sacrifice.
- Un ~acrine
1 le plus doux, le plus glo.
rieux des devoirs l fit chu 1:tll'ell.('mf'nl nuhert.
Le princ souri if, hùuJ'('lIX Ù? cel unluu\"'
_ Commo il l'aime 1 pel:;I~-1.
,.
Et il :>ongcldt à tOllle I? 1.0113 qu Il apporlait et
dont il allnit inunder Lullt il heure les deux jeunes
gens. lIenriette sc tourna vers h~i.
_ El ce misérable, dit-elle, VIL encore'
_ QI1.~l
uübûrable '/
- C\lon pl-ro.
René trc!:Isuillit violemment.
- 11 vit.
_ El vous le eonnais!:Ioz 1
_ Je le connais,
_ Vous allez me rlire son nom,
_ Lo priflt.: d'Argyll.
- Le prince ~'.\Iyl
1 fcj'~ria
Honriette. Oui, Je
me ::louvIOns rflll,mlcnunL l
'
El! ' He GOII vrit ln figure dtUl::l sc .. mains ct llclultl
en tU1glo~.
- .\llJn Dieu 1 mon Dlcu l 'lU!) je . \lis lOalheurCUbc 1
Hobcrl eHRuylL d la consoler.
- Non, liH~f':
moi 1 rlil.,'lIl!, Jni~,
()7,-moi mourir r
.Je S/lVH I:-J bi 'Il que J> n'élulH P!\!-I fuit· pc>ur 1 bonIII:UI',
�~il-
La 1\h:4 R.,«gf?
============================
René ne ré-sisLa pas à ceLle douleur
Son cœur ,'reva.
n tendit les bras à Henriette.
- f\1a tille 1...
La jeune fille eut un sursaut brusque.
- Vous?
- l\joi, dit le prince.
Rohen rcgardait avec stupeur.
- Le prince! murmura-Loi!.
- CesL moi, dit René il. Henrielte. C'est moi qùi
suis ton père, mais je suis innocent. Et je puis le
prouver mainLenanL.
- Innocent 1 dit la jeune fille.
- Innocent.
- Mon père, mon père, s'écria-t-elle, suffoq'lée
de bonheur.
EL elle tomba éperdue dans les bras du prince.
Hans Schmutt fut appelé et parlagea la joie générale. Mais René voulait une vengûllOce complèle,
une victoire décisive. Il recommanda à son ami d.'
garder le silence sur tuul; ceci, de laisscr faire les
préparatifs du mariage comme si rien ne s'élaLt
pa é. Et jl flp'n"à1t~ai,
lm, à J'heure voulue, pour
r!'·rna,.;quer les cO'lums. HenrLette, sachant que sa
rni:!rc elait vinl.nte, demanda à la voir, li l'embras~r'.
Le prince lui promit 'lu·clle aurait bientôt cc
Ih)flh,'ur, !'I il runtrn. ~ ParIs pour mener à bien le
~ln
qu'il 1I1édilaiL, laIssant derrière lui le bonheur
.·adieu.·.
S\\d,r-gU devait être trornl)ée jusqu'au b?ut sur ce
qui uauit se passer, car e te ne supposait pas que
sen muri u,·ait mis ses menaces à. exécut.lOn. li était
relt['~
chez lui li l'heure habiLuellc. Il paraissait
'!llrne, Lopte sa colère tombéc. La cowtesse essayait
l' IL
dalls ses r,'gnrds. Ellc se montra caressante,
l" ui ·olde COlOmc elle savait l'être. Et le comte pa·
ruL louché. L cul de,.: iourires cl ùe· mots aimt\blp.s.
o\u lr\IJlTtelll rie ·~lCJige',
oo!fJme il était seul avec
58 felOln'!, il 'Ji glissa dans 1 oreIlle ces müLs :
-- .l' P"u ds Le vnrrionner encol'e, si Lu éta is
gcnltllc.
Ln r Hlllc,'
le priL duns ses bras.
- Je t'aill1e 1 (i'écria-l-ell e .
EL elle J'clltm1ncL.
Ellc ne dou Lu pus ensuite que le comte n'et'lt pardonné.
,
Aussi, liJ lundi soir, Jour fixé pour la signature du
contI ut, SWIll"gu se teuùit·elle touLe radieuse aecompuglJée d'uu nolair'e cL d son fils, rlui n,'osait
pas elleor croire il son bonheur, à la gare qui aevtLÏL les mellef li i\ von. Le comte retenu à Paris
pour de,:; ulluires ~raves,
disnil-i1, n'avait pas pu
parlir avec eux ... fi les rejoindrait. .
i\ i\ von d grands préparatIfs ~Vl1ent
~lé
faits.
TouL 's ICII pioocs de la petite ma.uK>n étaioot fieurie.'1.
H nri LLe avail une toilette délicieuse, qui ln renduit plus jolie (lue jnmnis, et 10 vieux JIang
·chrnutl aVldt (lrl101"6 pour la circonstance un rcding Le cl ' dmp lIoir loute neuve.
Illuls ~('lI
conduisit 1 s arrivants d,ms le
prlil Sillon, où des raCl'atchissements avnicnL él6
pr6plirés.
I!rnri lle n'était plus souffrante, n'étail plus
trU '. A\I rOlllrnil'c, cil nIl/dl ct venail emprossée
el jo)" IJ r, 1.. y u x rayonnants.
1. leI 'lulIlgl'rnPll L sur·prenait Fritz, (fU, en nrrivait à sc crULre uim6.
Lp coulml d('v/lit sc signer il dix heures.
H/ln. 8r.hmllll nit nclllil, (lil-lI, quelques amis.
f';/1 ,[fcl, il di' hCllI'CS préci 'cs, on enlendlt une
voiture S',ItTN r d vnnL le jllrdin.
L'. l 'rt l 'i<.'11 ('ullful I1U devant dos voitur s.
93 ~
Il revint au bout de quelques minutes et 9.nnonça :
- M. le prince et Mme la princesse René d'Ar-~
gylll
Swo.rga devint blanche comme un spectre.
Elle se dressa effarée.
- Qu'est cela? pensa-t-€lle.
Fritz, ne sachant rien, n'avait pas compris.
Q!1"Lnl il IIeurieLte, une flamme joyeuse s'était aIlUlTIée dans ses yeux.
La princesse fit son entrée, suivie de son mari.
Henriette reconnut la dame qu'elle avait déjà
vue, qui l'avait. regardée autrefois avec tant d'amour dans le regard.
Elle se précipita dans ses bras.
- Ma mère!
Jeanne saisit son enfant d'une étreinte éperdue.
- Ma fille! ma fille! cria-t-eUe en sanalotant et
en couvrant le visage ct les cheveux d'He~rit
de
baisers fous.
Fritz regarda sa mère.
- Que signifie? dit-il.
TOUS sommes joués 1 fit la Slave dont les
yeux étincelèrent de méchanceté.
Puis elle ajouta :
- Oh ! ton père me le paiera 1
'fritz ne comprenait pas. mais il sentait, il ne savaIt quelle catastrophe planer sur lui.
Cela se deyinail à la joie qui raY!:lnnait sur le vi •
sage d'HenrIette.
Swarga, l'air audacieux, aUa au devant GU prinoe.
Elle dit en le couvrant du feu de ees regards et
en lui tendant la maiu.
- Mon ms aime votre fille . Il ne Liout qu'à vous
qu'ils soient heureux el que personne ne sache.
Le prince la toisa d'un air plein de dédain et de
m6pns.
- Je ve~.x,
au .contraire, dit-il, que Lout le monde
Ilpren~
1 mfarme que vous avez commise en couvt"<!I1t d opprobre \lll nom honoré ct glorieux 1... Je
pUIS lever le fI'on~
h:>uL maintenant, car j'ai les
pl' \lVCS cl mon lllnoct>DCO el de volre ignominie.
Swarga frémit. Son fils devint pâle.
Il S'avança vers le prince, imperlurbable.
- Vous insultez ma mMe, monsieur 1
- Colt femme n'esL plus de celles qu'on InsuHe 1 fit René.
La comtesse bondit.
- Misérable 1 cria-t-elle.
Eile voulut s'élancer vers le prince.
Fnlz la retint.
- Ma mère 1
Puis, s'adr S.·flnt au prince:
- Je regrette, rnonsiAur, que votre Age m'empOChe de vous chAlier.
? dit René. Je suis prêt è. vous rendre
-:- j\'!on l.~e
raIson, maIs quand vous saurez queJle cause vous
défend oz.
- C'est colle de ma mère.
A cc moment on annonça :
Co.l1iS~,
~nfi.
Canisy, I.e lie'llenant Robert do
SWIlI:gll prit III main de Bon fils
.
- V 1CJ1 s, Fritz.
- t\.lo. mère.
- , n s' :;t moqué de nnus, dil la Slave, dont 1..
yeux lançaient de· flammes.
- Je ne .comprends PM, bégaya le jeune homme.
v-' Jo vais Lout VOIJS expliquer, dU Je prince qui
u al.t nt ndu. Il 'nrICHe "t ilia (Ille, et je la donne
au lIeulenant Robert d' Canisy qu'il aime et qu'elle
81n1e.
'
- ~lni8,
~)égHya
lc j'une hOlOme, c'est une injure
gmlulte cl JI' ne COlOl)(' 'IJÙS po. .
�CC'è- ~H·
-
===
-
Votre ml!l'l! \ ou. dUl1llerlL de.
elle le juge fi
explirahol1ti si
pruo~.
- \1(>11-. dil ~WL
l'..,U
i ent atnn on 018
Elle écuIn<lit de fureur et de rage impuissante.
Fritz cul Ul! cri d'ml; i!>se.
- J 'cn ID 'lrrni de Juull'ur.
La comle:<sp le nisil dnnfl ,;es bras.
- 1\10" rd ml. mon l ullvre enfant 1 j'avais tout
faiL pourtant po lr le rendre heureux!
Le jeune homme demanda des explications à ~
mère, mais celle-ci refusa de répondre.
Fritz comprit le lendema.in ce qui était resté obscur pour lui en li sant dans les journaux rano~
du mariage de !\111e d'Argyll avec le lieutenant Robert de Canisy, uivie du récit de l'évasion du
~rince
René d'Argyll et de l'atroce venge&IlC8 4Qot
Il avait été victime,
La Nuit
c
5 D'ÉLIS
par
A,
c!tge.z~
11 ronnul le rôle odieu.· jou _ par sa mère et par
son père, et son dèse 'poir fuI tel qu'il n'y survécu t
pa'. Il perdait il la fois son 'I!nUJlr, c,.; i!11' ions
l'c::.!ime des siens. C'était lrop. Il se fmIna quela~
semaines en proie It une tristesse profonde, puis un
malin on le trouva mort dans sa chambre, Il s'éLait fait sButer ln cerveU".
En voyant son' !li
sans vie, Swarga courut
comme une lionne déchalnée à la chamhre de 30n
mari qu'elle accusa de celle mort - et qu'elle accabla de menaces e~ d'injuros. L'espion, :p'0ur la
!aire taire, la saisit à la gorge, et, quand il la lA.·
cha, il s'aperçut qu'el.le ne remuait plus. Il l'avait
serrée avec tant de vlolence qu'il l'avait étranglée.
Le mariage d'Henriette et de RobeTt eut lieu en
grande pompe, à la Madeleine, au milieu d'une afIlueae. considill'able.
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L'Odyssée ............ 64 li 67
1I0rU\CE::
169
170
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Poc;;cs nou\rile~
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d'ESpl"nc et d'Jlallo.. 73
Gon[c,sion if un Enfant du
~Icle
..... '" .... 77 et 78
«olOeuna. - Rolla. - Une
Bonno Fortune ...... ·... 88
Croisilles. - La loucho. .•• 129
le t:landellor. - il ne faut
Jurer de rien ........ · .. · 132
La Coupe ot les Lèvres. - A
Quoi r~ven
t Ics jcunes fiiles 143
Un ':'llrico. - On ne saurait
pefsor a tout.. . .. ... . .. 160
la Huit Yénitionne. - Les
~ajlrcos
de Marianno... . • 187
Q~RAD
O E NERVAL
Lu Filles du Feu, Sylvlo.
Jemm1. . ............. 177
II L 11n cn~ate.
- lOI
!lUIts d·Octobre. - Paris,
pa.,tin, r,le:.'lx....... . . •. 178
CH i'lLES NODIER
ThOMe ~ubert.
Adolo ... 178
Tril~y
lyd~.
...... . 190
Cont~
OH. PErtFtAULT
Contes do ma Mère l'Dyo....
28
n
.- Clcèron....
MOr/ul.
Sylla...........
Antelno ...... .. ..........
Mo"andro.. ..... ..........
CO.lr.... ...............
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La Sc rabeo d'Or. ..•.....
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GJru, ntl) ........... 89.t
Esther. - At'mlio ...... . ..
Phèdre. - AndromaQue ••..
Britannicus. - Les Plaldeura.
B6rênlce. - Bajazet ..... "
Iphigénie on Aulide. - Mitnridate...... ... ...... .
tall,l'
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REGI'IARD
lo Jeuour. - le 5l\. ..... , 122
le Legataire Uniïersel les Folles Amoureuses... 140
J.-J. ROUSSEAU
Conressions .. __ ' .... . 37 Il 41
SCHILLER
Marle St~ar.
. .... .. . .. .. .
83
GuiliauRIO Toli .. ..... .. . . . 180
Mm, DE SÉVIGNÉ
lettres choisies .... . . 147 Dt 148
SH AKESPEAR E
Roméo et Jullotte .. __ ......
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Jules César............... 186
H . SIENKI E WIOZ
Ot:o Vadis.. ..... .. ... 44 Il
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Roi .......... .. -- ..
-ldlpc Il Colono.. .. ..... ...
173
De l'Amour ........ · .. 12 et
la Chartrouse do P~r,"o.
93 il
13
9B
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SOPHOOLE
STENDHAL
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Yoyapot de Quillver ." 141 et 142
A
TI'HERRY
Réelts deI lempe OIhro"nulens
203 et 204
OL. '"ILLIER
Ion oncle Benjamin.. 191 ot 192
TOL 8TOI
la Sonate à KI'\l~tzer.
4
Annn Karonlne ...... .160'6 153
Poom88 IntiquOS ct modornos 111
CinQ-Mars ........... 112 li 11 4
Chaltorton. " .. "
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stella ....... .. ........ '1i6'o'l 117
SO I'yltudo et Crandour 111111_
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Quitte pour Il pe'lr.
Snr
la vèrlté dJns l'Art.
Sur
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VIRGILE
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Los CMrglque, ........... ....
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Candide.. .... ..... ..... 62
L'Ingenu Mlcromérla! "' ., .. 194
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.dlteutls, 18-20, l'c,te du St-Qotl1élrrd, P
Imp. OAynAIIT liT Clf, G", avenllu (lu
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VOLTAI,,{E
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RABELAIS
N" dos volumes
RACINE
A. DE "IGNY
11
PIRON
PLUTARQUE
tf
I-e .
MOI\l TESQUIEU
Pernnes...... 34 à
H . rflURGER
o 1110 IhOno
I1.'llHtlVAUX
lr. Jeu dn l'A,nour et du
letro~
104
La Métromanie.... .. . .. ... 201
Daphnis 01 Chi h .. __ ......
YAi1 D et
P
81
N" des yolumos
Tartuffe. - Sgnanarelle... .
l'Etourdi. - Le lIédecla
m"2ré lui ..............
lEr,ole des Femmes. - Critique de l'Ecole des Femmea.
la Lomtesse d'Escarbagnas.
- le rAarlage rorcé. Le Sicilien.. .... .. . .....
le Bourgeois Gentilhom me. .
ct
18
�(
,
,
�LES MAITRES DU ROMAN POPULAIRE
Nouvelle Collection à
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~-
paraissant le
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PAR JULES MARY
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LE CORPS D'ÉLISA
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PAR CHARLES ESQU 1ER
LE FILS DE JACQUES
MOINS FORT QUE L'AMOUR!
PAR FERNAND-LAFARGUE
PAR JULES DE GASTYN E
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.l C" tdUeura, 11-%0 ru. Ilu ...1Ja- Qolkartl, PÀBII
IX",.
tru ••.
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Title
A name given to the resource
Les Maitres du roman populaire
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Description
An account of the resource
Arthème Fayard lance les Maîtres du Roman Populaire en 1914.<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/les-maitres-du-roman-populair">En savoir plus sur les Maitres du roman populaire</a>
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Title
A name given to the resource
La nuit rouge
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Gastyne, Jules de
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Fayard
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
191X
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Les maîtres du roman populaire ; 6
application/pdf
Source
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Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Language
A language of the resource
fre
Rights
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Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20686_1205287
Relation
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%
Ju l e s
D e
G A ST Y N E
* •
1^4
— O h l ou i, je s u is p res s ée !
— O r, vou s a tten d ?
— O h ! n on , a u c o n tr a ir e !
L a b lon d e eu t u n g es te d is cr et, m a is l’a u tr e
com m e e m p o r tée p a r se3 s o u ven ir s :
— N o n , on n e m ’a tten d p a s ... m a is je veu x a r r i
v e r ! O n n e m ’a tten d p a s , m a is m o i j ’a i voirtu
p a r tir l J ’a i u n s er m en t à te n ir , u n e œ u vr e à
a cc o m p lir .
U n e lla m m e s’é ta it a llu m ée en s es b ea u x yeu x
L e 15 n o vem b r e 1898, a u tr a in d e 10 h eu r es du
n oir s . T ou te s a c h a ir é ta it d even u e fr ém is s a n te.
s oir p a r ta n t d e T ou lou s e, tr o is ch a r m a n tes jeu n es
filles , b lon d es tou tes les tr o is , m o n tè r e n t d'ans le
E lle s o r tit d e s a s a coch e u n e (p h otog r a p h ie
d ’h om m e, la m o n tr a u n in s ta n t et a jo u ta :
co m p a r tim e n t do d eu x ièm e cla s s e r é s e r v é a u ^
d a m es s eu les .
— Je v a is r e tr o u ve r c e lu i- là !
E lle s s’y in s ta llè r e n t de le u r m ieu x , e s p ér a n t
P u is , d a n s la m êm e s a coch e, e lle p r it u n p etit
p a s s er le u r v o y a g e s a n s êtr e tr o p d ér a n g é e s p a r
p o ig n a r d à m a n ch e d 'ivo ir e .
d ’a u tr e « vo ya g eu s es . C ’es t ce cp ii a r tiv a , du res te,
E lle a p p u y a la p h o to g r a p h ie s u r la clois on ,
c a r e lles p u r en t b a v a r d e r à le u r a is e et en s u ite
p la n ta le p o ig n a r d , d ’u n g es te cr u el, s u r le p o r
d o r m ir ju s q u ’a u jo u r .
tr a it et a jo u ta :
À
T o u r s s eu lem en t,
m o n tèr en t tr o is a u tres
— V o ilà !
j e m es lillcs , b ru n es , celles - là , et fo r t jo lie s a u s s i.
L e s d eu x b ru n es p a r a is s a ie n t a p p r o u ve r leu r
E lle s .-a. co n n a is s a ien t et s em b la ien t m im e tr ès
. ca m a r a d e , r e g a r d a n t la la m e en fon cée d a n s 'a
fa m iliè r e s a n tr e’ elles . L e u r s cos tu m es éta ie n t
p o itr in e de l’im a g e.
a s s ez élég a n ts et leu r ten u e s u ffis a m m en t d is crète.
I.es b lon d es n o p u r en t r é p r im e r u n fr is s on de
A u p r em ier , a b or d , on d e v in a it des je u n e s ftlla s
ter r eu r .
d o m ê m e m on d e, m a is d e ¡m oin d re é d u ca tio n qu e
— V o u s a lle z tu e r u n h om m e ! s’é c r ia l ’u n e
celles d é jà in s ta llée s d a n s le co m p a r tim en t.
d 'elles .
I.es n ou velles ven u es n ’a va ie n t p a s les m a n ièr es
— P eu t- êtr e. E n to u t ca s , je le to r tu r e r a i ! L a
r és er vées ,
m od es tes
d es
T o u lo u s a in es .
E lle s
m o r t n ’es t p a s u n e ve n g e a n c e ! Je ve u x le fa ir e
éta ien t, d 'a llu r e p lu s lib re, (p a r la ien t p lu s h a u t,
s o u ffr ir com m e j ’a i s o u ffe r t !
E t elle r a c o n ta s on h is to ir e.
a vec d es g e s te s m oin s m es u rés .
,
E ta n t in s titu tr ic e d a n s u n e s ou s - p r éfectu r e, con
P o u r ta n t elles n e ch er ch a ie n t en a u cu n e fa ço n
s id ér ée, p o u va n t fa ir e u n b c^ u m a r ia g e , elle a va it
à é v e ille r l'a tte n tio n , et il eû t été in ju s te do leu r
eu la s ottis e d e se la is s e r s éd u ir e p a r u n m on d n in
r e p r o c h e r les r e g a r d s q u i les s u iva ie n t et q u i
éta ieiit. s eu lem en t a ttir é s p a r le u r b ea u té.
p a r is ie n , ven u p o u r a s s is ter a u x ch a s s es d ’u n ch â
C a r elles éta len t, clans leu r gou re, a u s s i r e m a r
tea u vo is in .
q u a is A ien t io lie s qu e les tr o is b lon d es p a r tie s d e
E lle s ’é ta it la is s é p r en d r e à ses b elles p a r oles ,
Tou lon ;- ;*. K l '..'éta it e x tr a o r d in a ir e q u e le h a s a r d
à ses p rom es s es .
eû t r a :- ern b lé d a n s u n m êm e c o m p a r tim e n t ces
P u is , il l’a v a it a b a n d on n ée.
« ix a d o r a b les cr éa tu r es , d on t u n e s eu le eû t s u ffi
C ’est l'é te r n e lle h is to ir e, b a n a le et b ête. Il y on
p o u r p a r er u n e r éu n ion m on d a in e.
a q u i a ccep ten t ces tr a h is on s .
S a n s tr o p d e fa çon s , m a is p olim en t, les tr ois
— P a s m o i ! d it- elle d ’u n ton m en â t tint, q u i fit
b ru n es s 'in s ta llè r e n t d a n s le w a g o n , p la cèr en t s u r
fr é m ir tou tes ses a u d itr ices . A h ! n on , p a r ex em
les file ts leu r m a ig r e b a g a g e , é ten d ir e n t s u r leu r s
p le. n on , n on !
g en ou x d eu x ch â les p ou r r e m p la c e r les c o u ve r
E lle a v a it eu u n g es te e ffr a y a n t, et on s en ta it
tu res , et ■con tin u èren t à ,b a va r d e r .
q u ’e lle était, m a u va is e et v in d ic a tive , in ca p a b le
L es T o u lo u s a in e s s ’é ta ie n t r éu n ies d a n s le coin
de p a r d o n n er .
op p os é et tou t fa is a it p r é v o ir qu e les jeu n es lillcs
C ela so lis a it d a n s ses ye u x ch a r b on n eu x , s u r
a r r iv e r a ie n t ù. P a r is s a n s lie r fcon n a ls s a n ce, lo r s
ses tr a its r é g u lie r s , b ien q u ’u n p eu trop a ccen tu és ,
qu e en tr e U en .u g u icy et M eu n g , le tr a in s’a r r ê ta
s u r ses lèvr es , q u ’u n m a u va is s o u r ir e p lis s a it
p ot a p r ès u n e s ecou s s e vlolou te.
-i
lo r q u ’e lle p a r la it.
/ ! —- N o u s d é r a illo n s ! c r iè r e n t des vo ix .
y
B elle cer ta in em en t, a vec des tors a d es d e ch e
veu x s p len d id es , u n e ca r n a tio n m a te s u r la q u elle
"
O n ne d é r a illa it p a s ; m a is u n a ccid en t é ta it
s u r ven u à la m a ch in e, et le c lio f d e tr a in p r éves es lè vr es r o u g es m etta ien t u n e ligne, éb lou is s a n te,
ii.ù t q u 'o n eû t à p r en d r e p a lion oe.
a vec u n e ta ille d e vie r g e , des ép a u les s u p erb es ,
u n e h a r m o n ie co m p lète d a n s s a b ea u té, m a is cer
\ O n vo u a it do té lé g r a p h ie r à O r léa n s p ou r a v o ir
u n e a u tr e lo co m o tive.
ta in em en t a u s s i ja lo u s e , a m b itieu s e, te r r ib le d a n s
s es ra n cu n es .
• b u T i i ? g u « g f ( S le t 1 romnr<1U tt u n e d es b l'u n cs E lle so n om m a it J a cq u elin e M on vel. S a vo is in e
JOUX S« C elle d es b lon d es q u i éta it lu ni u s r a n m o iîlié «
é ta it s a sccu r, C lém en co M on vel.
•lem a n d a , p r é v u e m a lg r é elle, p d u r n e p S s a em
E n face, d ’e lle , » é ta it B é r a n g è r « P e r c c va l, tr ès
i i* in d iffé r e n t* a u m a lh e u r do s a vo is in é •
b elle a u s s i, m a is [d u s m in ce, p lu s a r is to c r a tiq u e ,
- > tu s êtes p res s ée, m a d em o is elle ?
a vec des p ied s d ’e n fa n t, d es n ia îtis p â les , des
PR EM IER E PAR T IE
L e s M illio n s
du
C o f f r e -F o r t
�c fo
4
fa ço n s de m a r q u is ette, s i d is tin g u ée q u ’on s ’éton
n a it.
D es tr o is b ru n es , C lém en ce, l a s œ u r d e J a cq u e
lin e, éta it la p lu s com m u n e, la m o in s s éd u is a n te.
P o u r ta n t, elle r a ttr a p a it s on m a n q u e d e d is tin c
tio n p a r u n e s a n té s p len d id e, ép a n ou ie, d es tr a its
r é g u lie r s , b ien en ca d rés d e b ea u x ch eveu x , l ’écla t
jo y e u x d e s es v in g t a ns.
A son tou r , elle ex p liq u a , en m o n tr a n t la p h o
to g r a p h ie to u jo u r s clou ée à la clo is o n p a r le p o i
gn a rd :
— M oi, j ’éta is ép r is e d ’u n a m i d e ce J u lien de
M or ta n e, d on t vie n t d e p a r le r m a s œ u r, u n g e n til
h om m e com m e lu i, m a is s a n s la m ê m e a llu r e.
— I l vou s a q u ittée a u s s i ?
— I l es t r e to u r n é à P a r is a ve c s on a m i. M a is je
su is s û r e d e le te n ir q u a n d je le vo u d r a i. I l es t
[ou d e m oi. O n a p r o n o n cé à p lu s ieu r s r ep r is es , à
p rop os d e lu i, le m ot d e ra s ta , u n m ot d on t je m e
m éfie. M a is q u ’ im p o r te ! I l m ’a im e et je l’a im e !
E lle r ia it en d is a n t cela , la b ru n e C lém en ce, et
elle m o n tr a it en r ia n t des d en ts éb lou is s a n tes .
L a tr o is iè m e c o m p a g n e p a r la à s on tou r.
— M o i, . j ’a cco m p a g n e m es a m ies s a n s tr o p
s a vo ir p ou r q u oi. Je m ’en n u ie en p r ovin ce. Il m e
S em b le qu e m a p la ce es t à P a r is . Je r ê ve d e
b ea u x éq u ip a g es , d e b elles toilettes . Je m e cr ois
fa ite p o u r la g r a n d e vie. N ou s ve r r o n s b ien !
C elie- ci p a r a is s a it.d é c id é e à tou t p ou r p os s éd er
et lu xe, et en la v o y a n t si d élicieu s em en t b elle,
si a r is to cr a tiq u e m en t jo lie , on d e vin a it q u ’elle
a s s ou vir a it s on s ou h a it.
L es b lon d es a va ie n t a u s s i u n e h is to ir e à r a con ,or, a vec d es d es s ou s p lu s m ys tér ie u x , p lu s tr a g i
qu es.
E lle s éta ien t p a r tie s d e T o u lo u s e a p r ès u n e
s cèn e vio len te où elles a va ie n t été s ou p çon n ées ,
a ccu s ées .
E t elles ven a ie n t à P a r is p o u r u n e m is s ion q u ’e l
les n 'a va ie n t p a s pu d ir e et q u ’elles d e va ie n t te n ir
s ecrète, m êm e s 'il
leu r fa lla it s a c r ifie r p o u r
cela le u r a m o u r et leu r h on n eu r !
i_,’u ne d ’elles , L u cette D a r ta u d , éta it la soeu r de
Ja cqu es D a r ta u d , u n é c r iva in , q u ’a ttir a it P a r is .
E lle é ta it a d or ée p a r u n a m i d e s on fr è r e , L u d o vic
M ois s a c, u n s cu lp teu r , q u i r ê v a it é g a le m e n t la
con q u ête de P a r is .
U s d e va ie n t s’y r en d r e b ien tôt, et q u a n d ils a u
r a ie n t con q u is la fo r tu n e et la r en om m ée, ils rev ie n d ia ie n t à To u lo u s e, L u d o vic p o u r y ép ou s er
L u cette, et J a cqu es p o u r d e ve n ir le m a r i de C lotild e B a r e n tin , u ne cou s in e d e celle- ci, d on t il é ta it
a u s s i vio le m m e n t ép r is , et qu i v e n a it d e p er d r e s on
p ère d a n s d es cir con s ta n ces des p lu s d r a m a tiq u es
et res tées en cor e p ou r lu i m ys tér ieu s es .
R ie n n e s e m b la it d e v o ir s ’op p o s er à ce d ou b le
m a r ia g e , q u a n d u n jo u r , l ’a va n t- ve ille d u jo u r fix é
p o u r le d é p a r t d es d eu x a r tis tes , J a cq u es a v a it
a p p r is u n e ch os e m on s tru eu s e.
.
r io tild e et L u cette a va ie n t été vu es tr o is fo is , la
n u it ve r s on ze h eu res e t d em ie, e n velo p p ées de
chà l& s c r is , se g lis s a n t le lo n g des ru es du fa u b o a r g S ftin t- C yp r ien , p o u r e n tr e r d a n s u n p etit
j)o is , é lo ig n é d e h u it cen ts m ètr es d es d er n ièr es
m a is on s .
,
, , .
\ ce b ois , a tte n a ie n t d 'a n cien s fo u r s d e b r iq u ete
r ie, où s e r é fu g ia ie n t les va g a b o n d s et p a r fo is le «
filles tr a q u ées p a r la p olice.
C ’csit d a n s ces Tou rs qu e M lle D a r ta u d et s a cou
s in e se r en d a ien t ver s m in u it. E lle s y p a s s a ien t
u n e b on n e h eu re, p u is , a p r ès u n b r u it d e b a is ers ,
qu i a r r iv a it d is tin ctem en t a u x o r e ille s d e ceu x qu i
les es p io n n a ien t d e r r iè r e les h a ies , elles r e g a
g n a ie n t Tou lou s e, en p r e n a n t le® p h is g r a n d e s
p r éca u tion s .
II n ’y a p a s s u r te r r e u n e to r tu r e p a r e ille a r e lie
a u ' 6 p r c u va J a cqu es lo r s q u ’il fu t s û r (p ie cela était,
vra i
qu e les b a va r d s a ffir m a ie n t u n e ch os e d on t
ils fo u r n is s a ie n t d es té m o ig n a g es C erta in s .
I l a d o r a it C lo tik le I I I a v a it m is d a n u ce p r e m ie r
R ei n es de P a r i s
cSa’
a m o u r tou tes les ten d res s es , tou tes les r e lig io n s
d o n t é ta it ca p a b le s on â m e d e p oète. A u s s i, p en s a t- il n e p a s p o u vo ir r és is te r à la cr is e d e co lèr e et
d o d és es p oir d on t tr e m b la ie n t ses b ra s et c la
q u a ien t ses d en ts .
Sa
sœ u r
ch ér ie,
en
la q u e lle
il
a va it u ne
s i en tièr e, u n e s i a b s olu e con fia n ce ; s a fia n cée,
C lotild e, si a d m ir a b le de r é s ig n a tio n d a n s ses m a l
h eu rs im m ér ité s , si ex q u is e d e ch a r m e et de p u
d eu r, a lla ie n t, l a n u it, d a n s u n fo u r a b a n d on n é,
r e n co n tr er ... q u i ? Q u i d on c a lla ien t- e lle s r en
c o n tr e r ?
L e m a lh eu r eu x n ’o s a it p r o n o n c er lo m ot q u i lu i
ve n a it a u x lèvr es .
Oh I p ou r c r o ir e u n e telle in fa m ie , il fa lla it q u ’il
n ’y eû t p a s p la ce p ou r u n d ou te.
M a is il fu t b ien o b lig é d ’a d m ettr e cette h on te '
L e s ca n d a le c o u r a it la v ille , a p p u yé d ’a ffir m a
tion s n om b reu s es . O n c ita it le n om de tr ois jeu n es
g en s q u i s’é ta ie n t a m u s és à s u ivr e les jeu n es filles
éta ie n t en trés d e r r iè r e eliles d a n s le b ois , a va ien :
en ten d u le b r u it des b a is er s I
L u cette et C lotild e é ta ien t tr ès con n u es à T o u
lou s e, où le u r b ea u té b lon d e m e tta it d es fla m m es
a u x yeu x des jeu n es g en s et d e fér oces ja lou s ies
a u cœ u r des jeu n es filles .
O n n e se tr o m p a it p a s I S û r em en t c’était, vr a i,
c a r ch a cu n s a va it J a cq u es D a r ta u d ca p a b le d ’é c r a
s er d ’u n r ever s de m a in le m is éra Jile q u i se s era it
a m u s é a jo u e r a vec l’h on n eu r des s ien s .
L e r o m a n c ie r fit p a r t de cette a ffr eu s e n ou velle
à L u d o vic M ois s a c, le s cu lp teu r , le fia n cé de
L u cette.
C elu i- ci h a u s s a les ép a u les et se m it à r ir e.
— Je te ju r e q u e c’es t v r a i I fit Ja cqu es .
— A h ! Je te ju re b ien qu e n on I
— S i ! S i I S i'!
— A lo r s , c ’es t q u ’il y a u n m o tif, d on t je n e n u
ren d s p a s com p te ; v o ilà tou t ! E lle s s on t a p p elées
d a n s ces fo u r s à b r iq u es p o u r u n e r a is on s u p é
r ie u r e , p a r u n d e vo ir très h a u t, q u ’elles m ’e x p li
q u er o n t, si elles le veu len t. M oi, je n e d ou te p a s de
L u cette.
— M a is q u el d e v o ir ? fit Ja cqu es , qu e ce ca lm e,
cette con fia n ce a ch e vèr en t d e m ettr e h ors d e lu i.
Je s a is b ien qu e m a s œ u r n e p eu t r ie n a v o ir à fa ir e
la n u it h ors d e Tou lou s e.
— E t C lo tild e ?
— C lo tild e / Je ne- s a is p a s I Je nn s u is p a s a ^ sez
a u c o u r a n t d e s on p a s s é. M a is q u e je s ou ffre, m on
D ieu , qu e je s ou ffre !
E n effet, le p a u vr e a m ou r eu x s e m b la it si tor tu r é,
a v a it les tr a its si effr o ya iile m e n t con tr a ctés , qu o
s on a m i en eu t p itié.
E t ce s o ir - lïi, ver s n eu f h eu res , J a cqu es a ya n t
vo u lu se r en d r e a u fo u r p ou r tr o u v e r
p eu t- être
u n d ém en ti h s on m a lh eu r , il con s en tit fi r a c c o m
p a g n er .
L es d eu x jeu n es g en s v is itè r e n t la b r iq u eter ie.
Ils y tr o u vè r e n t u n lit d e p a ille fr a îch e, des b ou t»
d e b ou g ie, u n jo u r n a l q u i d e va it a v o ir en velop p é
d es vic tu a ille s , 1e jo u r n a l d e J a cqu es , où l’é cr iva in
je c o n n u ' d os a n n o ta tio n s a u c r a yo n fa ites p a r lu i
la v e illi ; d eu x b ou teilles d e vin p a r eil à celu i
q u ’on b u va it ch ez les D a r ta u d et u n e ta s s e ros e ù
s u jets L o u is X V , q u i fa is a it p a r tie d u m od es te m o
b ilie r d e la m a is on .
Il m o n tr a tou t cela à son a m i.
E h b ien ! fit- il, d ou tes - tu en cor e ?
L ’a u tr e m u r m u r a tr a n q u illem e n t •
— F a u t vo ir .
M a is J a cqu es n e d o u ta it p lu s , lu i. 11 éta it évi
d en tp ou / ’ lu i qu e L u cette et C lotild e, s a s œ u r et so
n a n cee, ve n a ie n t b ien la n u it ici, a p p o r ta ien t dea
g â te a u x et du vin , fa is a ie n t la fête, s a n s d ou te...
a vec qu i, a vec qu i d on c ?
L e m a lh eu r eu x se p e r d a it en con jectu r es . Il fu is a it p ein e a v o ir , les yeu x h a g a r d s , lo fr o n t m o u il
lé d u n e s u eu r gla cée.
Q u elle étr a n g e et a b o m in a b le a ven tu r e I
�<st *
5
R e i n e s d e Va r i s
— R en tr on s , fit- il. Je n ’a u r a is ja m a is cru q u ’on
p û t é p r o u ve r ce qu e j ’ép r ou ve. V o ilà tou tes m es
illu s io n s fa u ch ées , tou le m a jeu n es s e flétr ie. H ie r ,
c’é ta it la lu m ièr e, m a in ten a n t c ’es t la n u it, et la
n u it la p lu s effr o ya b le.
11 a v a it p e in e à c o n te n ir s a ja lo u s ie et s a d ou
leu r .
— T u fus tor t, d it le s cu lp teu r.
I l le r e g a r d a com m e on eû t r e g a r d é u n p h én o
m èn e.
— T u n e s ou ffr es p a s , to i ? T u n ’a s p a s le g o s ie r
s er r é com m e p a r u n e m a in d e fe r ? T u n ’a s p a s la
ra n cu n e a u x lèvr es et des fr is s o n s d e d é g o û t ?
— N o n ! r ép on d it L u d o vic , to u jo u r s tr a n q u ille et
q u i s em b la it in éb r a n la b le en s a foi. Je n e d ou te p a s
d o I.u cette n i de s a cou s in e. P o u r m oi, elles s on t
a u - d es s u s du s ou p çon , a u - d es s u s d e la p r eu ve,
a u - d es s u s d e l ’évid en ce !
— M oi, je... M is èr e de D ieu !... C ’es t d u r d e se
d ir e qu p des fillettes , d e va n t les q u elles n ou s a vio n s
envie^ de n ou s p r o s ter n er , le fr o n t d a n s la p ou s
s ièr e, se ren d en t... V ien s ! E lle s n ou s a tten d en t.
J’a u r a i u n e exp H ca ition ce s o ir m êm e ! Je l'e x ig e r a i
tou t de s u ite ! J’en a i le d r o it. J’a i a s s ez b u de fiel
p ou r n e p a s r e c u le r d eva n t les d e r n iè r e s g ou ttes .
M a m èr e d o it être cou ch ée ; elle n ’en te n d r a p a s !
— B ien ! d it le s cu lp teu r , je s er a i a u s s i h eu r eu x
d ’a v o ir l’e x p lic a tio n de ce m ys tèr e.
— S i elles r efu s en t d e p a r le r !
— Je tr o u ve r a i c e la tr ès n a tu r el.
— H e in ?
— P a r fa ite m e n t, e lles n o s on t p a s ob lig ées ...
J a cq u es in te r r o m p it on a m i.
— Tu a s la fo i ten a ce, t,oi !... C ela p r o u ve qu e tu
n ’a im es p a s m a s œ u r com m e j'a im e C lotild e.
— Je l’a im e a u ta n t, et s u r tou t je l'a im e m ieu x .
Ils n e d ir e n t p lu s rien .
Ils m a r c h è r e n t p a r les ru es , où s iffla it la b is o
d ’h ive r . J a cqu es , u n b ou t d e s on m o u c h o ir en tr e
ses d en ts s errées , ses o n g les s 'e n fo n ç a n t d a n s la
p a u m e d e s a m a in ; L u d o vic , très tr a n q u ille , ou
p a r a is s a n t l'êtr e.
L u i, s ’e ffo r ç a it d e n e p a s s o u ffr ir e t y p a r ve n a it
p res q u e.
Il a va it, d ep u is d eu x a n s , p la cé L u cette D a r ta u d
s u r u n p etit a u tel, d a n s son cœ u r, et il la tr a ita it
en d ivin ité , fo r t a u - d es s u s d es vile n ie s ter r es tr es .
Ils a r r iva ie n t.
L a m èr e é ta it b ien cou ch ée. L u cette et C lo tild e
a tten d a ien t b ien les d eu x a m ia d a n s le p e tit s a lon ,
s e r va n t d e sa ,lie à m a n g er .
L a s œ u r de J a cq u es s e p r é c ip ita a u d e va n t d es
n o u ve a u x ven u s .
— C 'es t a im a b le à vo u s d ’a r r iv e r d ’a u s s i b on n e
h eu r e I
M a is e lle a p er çu t le vis a g e d e s on fr è r e d a n s la
p én om b r e,
— Q u ’y a - t- il ? T u es m a la d e ?
— N on I
— Q u oi d on c ?
— E n tr e ! Q u e m a m a n n e p u is s e p a s on ten d re.
— R es tez d on c. C lotild e, a jo u ta J a cqu es , com m e
la cou s in e se r e tir a it p a r d is cr étion .
I.u cette r e g a r d a M ois s a c p ou r l’in te r r o g e r . L u i
a u s s i p a r a is s a it en p r o ie à u n e a g ita tio n fé b r ile .
L os d eu x jeu n es filles d e vin r e n t tou t in q u iètes .
— Q u oi ? M a is q u oi d on c ?
In c a p a b le d e c o n te n ir s a c o lèr e ja lo u s e , l’é c r iv a in
d it, d ’u n e vo ix où tr e m b la it u n e r a g e d ou lou r eu s e :
— N o u s ven on s d e la fer m e d es P la ta n e s .
— A h 1 fit C lotild e, com m e fr a p p é e à m or t.
L e je u n e h om m e p o u r s u ivit, to u jo u r s d u m ôm e
ton ftp re :
— N ou a a von s vu les fo u r s d e la b r iq u e te r ie , la
ca ve... où n ou s a von s tr o u vé...
C lo tild e p o r ta la m a in à s es yeu x , d a n s u n g es te
a ffa lé, s i éton n ée d ’a p p r en d r e ces ch os es q u e
J ooqu es ten d it les b ra s p o u r la r e te n ir , p en s a n t
q u ’e lle s u ccom b a it s ou s le cou p .
E t ce c r i éc h a p p a L la jeu n e fille :
<=5®
— O m on D ieu 1
M a is L u cette s a is it s a cou s in e, la fit a s s eo ir s u r
u n e ch a is e, et, s e p la ç a n t e n tr e elle et Ja cqu es ,
s ’a d r es s a n t à celu i- ci a vec d es é c la ir s d a n s les
yeu x :
— T u d is ?... T u es a llé ?...
— O u i, je s u is a llé d a n s la ca ve où tu a s a p p o r té
d es g â te a u x et du vin , et où tu te ren d s la n u it
p o u r y r en co n tr er ...
— Q u i d on c ? P a r le !
— .Je n e s a is p a s ! s a n s d ou te des jeu n es gen s
q u i te p la i... q u i t’on t p r o m is ...
C lo tild e se r ed r es s a :
— O h ! il cr o it !... O h ! le m a lh e u r eu x !
L u cette se r eto u r n a , o b lig e a C lo tild e à s’es s eoir I
— L a is s e- m o i p a r le r .
E t à J a cq u es :
— T u d is ? T u s em b les in s in u e r qu e je v a is ren
c o n tr er , la n u it, d es jeu n es g en s ?... C lo tild e a u s s i.
C ’es t p o u r ce la qu e tu es s i b lêm e, s i to r tu r é ? O
m on p a u vr e J a cqu es 1
E lle a v a it p r is u n e s in g u liè r e a u tor ité, la p e tite
L u cette.
E lle p a r la it s a n s tr ou b le, a vec u n e ex p r es s io n
d e fie r té com p a tis s a n te et u n p eu d e d éd a ig n eu s e
p itié.
E lle é ta it s i b elle a in s i q u e M o is s a c la con tem
p la it a vec des yeu x d ’exta s e.
E lle r é p é ta :
— O m on p a u vr e J a cq u es , q u e je te p la in s ! E n
u n e m in u te, tu vie n s d e g â te r vin g t- c in q a n s da
b on té et de d évo u em en t ! A h ! tu es a llé d a n s cette
c a v e ? P a r c e q u ’on n ou s a vu es y en tr er ... E t tu
a s tr o u vé des b ou teilles vid e s ...E t tu as con clu qu o
C lo tild e et m oi... O h ! Ja cqu es , J a cq u es !
E lle s’a r r ê ta com m e s u ffoq u ée p a r l'in d ig n a tio n .
L e s d eu x h om m es l ’éco u ta ie n t à la fo is ch a r m és
et h on teu x .
E lle r e p r it, to u jo u r s p lu s a m èr e, p lu s tr a n q u ille
m e n t m ép r is a n te :
— A in s i, tu en es là , à s a lir d ’u n o u tr a g e d on t
je n o con n a is m êm e p a s la p or tée, et la p a u vr e
C lo tild e n on p lu s , fit- elle en d é s ig n a n t s a cou s in e,
d es fille tte s q u i n ’on t ja m a is eu qu e d eu x a d o r a tio n s : to i et m a m a n .
— M a is
ex p liq u e- m oi ! fit J a cqu es ,
d écon te
n a n cé p a r ces p a r o le s et le ton d e s in c ér ité a vec
leq u el elles é ta ien t p r on on cées .
L u c ette in te r r o m p it s on fr è r e .
■ E lle a v a n ç a ve r s lu i s a tête b lôm ic, tr o u ée d e
p r u n e lle s lu is a n tes d e colèr e.
— Q u e je t’e x p liq u e ?... A h ! n on , p a r ex em p le !
T u en es tom b é là , toi, m a is p a s m oi ! p a s n ou s !
Je n e m e d éfen d s p a s d e p a r e ille s in fa m ie s , m o i !
A h ! n on !
C lo tid e m u r m u r a :
— Kcou te, L u cette, p lu tô t qu e de te b r o u ille *
a vec J a cqu es ...
M a is , b r u ta lem en t, la je u n e fille d it :
— N o n ! n on ! Je n e d ir a i r ien ! E t to i n on p lu s 1
Je te d éfen d s d e p a r le r . C lotild e, je te d éfen d s .
E t si je m e b r o u ille a vec J a cq u es p o u r cela , ce n ’es t
p a s a vec m on fr è r e qu e je r o m p r a i, m a is a vec u n
m is é r a b le q u i n e c r a in t p a s d ’a ccu s er d ’u n e tr a h i
s on m on s tr u eu s e s a s œ u r et u n e cou s in e qu e la
m a lh e u r eû t d û lu i r en d r e d ou b lem en t s a crée !
E lle d e ve n a it éloq u en te, s a v o ix v ib r a it s ou s la
p fla fon d b a s , d a n s cette s a lle étr oite où les m u rs
fa is a ie n t éch o. E t ses g es tes é ta ie n t p lein s d e
d é d a ig n e u s e in d ig n a tio n !
L u d o vic M ois s a c c o n tin u a it à l’a d m ir er . S on œ il
d ’a r tis te n e s e la s s a it p a s d ’a d m ir e r cette fillette,
qu o la r é vo lte d e s on ¡Yme tr a n s fo r m a it ; s on cœ u r
d ’a m ou r eu x s 'e m p lis s a it d e jo ie et d ’o r g u eil.
I l a v a it e n vie d 'a p p la u d ir ou p lu tô t d e so p r o s
te r n e r
L u cette p o u r s u iva it :
— M o d é fe n d r e d e ça , m o i I...Tu a s p er d u ju s u ’a u s o u ve n ir d es tien s , m on p a u vr e J a cq u es I
;t tu n e s a is p a s ce q u ’es t ta s œ u r 1... O u i, p eu t-
S
■
�*&>
6
êtr e C lotild e s e r a it a s s ez lâ ch e p o u r t’ex p liq u er ...
— L u cette !
— O u i, a s s ez lâ c h e !... E lle t ’a im e, celle- là , d e
tou tes ses fo r c e s !... elle tou ch e à cette h eu re le
fon d des d ég oû ts h u m a in s !... T u lu i fa is u n m a l
d on t tu n e p eu x p a s co n n a îtr e la fo r ce, to i q u i es
c a p a b le...
11 s ’é c r ia :
— L a is s e - m o i p a r le r !
— N o n ! n on ! Je n e veu x p a s t’éco u ter ! T ie n s \
va - t- en à P a r is et n ou s à n os d evoir s .
— Q u els d e vo ir s ?
— T u n e les c o n n a îtr a s p a s ! L a is s e- n ou s ! T u
n ’es p a s le J a cq u es qu e n ou s a im ion s .
I l vou lu t in s is ter .
L u cette p r it la m a in d e s a cou s in e :
— V ien s , C lotild e, m on ton s d a n s n o tr e ch a m b re.
Jo n e p e r m e ttr a i p a s qu e d a n s cette m a is o n on
s a lis s e tes o r e ille s p a r d e p a r e ille s in fa m ie s .
L es d eu x le u n es fille s s o r tir en t, la is s a n t J a cq u es ■
a s s ez h on teu x et L u d o vic r a vi.
U n e fo is s eu ls , ils d em eu r èr en t p r ès d ’u n e h eu re
s a n s p a r ler , ch er ch a n t la s o lu tio n d e l ’é n ig m e
d res s ée d e va n t eu x.
E n fin , le s cu lp teu r s o r tit p o u r r e n tr e r ch ez lu i,
e t- le r o m a n cier se cou ch a .
I
L e len d em a in , les s u p p lica tion s , les m en a ces et
les la r m e s de Ja cqu es fu r e n t in u tiles . I l e x p liq u a
s on d r o it de p r o té g e r s on n om , s a li p a l' u n s ca n
d a le p a r e il.
C ela n e fit q u ’a ffe r m ir le m u tis m e d é d a ig n eu x de
L u cette, la d és o la tio n n a vr a n te d e C lo tild e ._
I lòm c L u cette fin it p a r se fâ c h e r et d écla r a à s on
fiè r e qu e s ’il fa is a it en co r e la m o in d r e a llu s io n
à cette h is toir e, e lle p a r tir a it a ve c s a cou s in e p ou r
no p lu s r even ir .
E lles q u itter a ie n t u n e m a is on où elles d e va ie n t
s u b ir u n e p a r e ille to r tu r e.
— C ’es t n ou s q u i p a r tir o n s , a u c o n tr a ir e , r ép on :lit Ja cqu es . T u s a is b ien qu e n ou s d evon s a lle r
ch er ch er fo r tu n e à P a r is , L u d o vic e t m oi.
— B on v o y a g e !
J a cqu es n e c r o y a it p lu s à la c u lp a b ilité d es d eu x
jeu n es filles ; m a is il p r es s en ta it en tr e e lles u n
m ys tèr e q u i l'ir r ita it et q u ’il eû t vo u lu co n n a îtr e,
u n m ys tèr e a u q u el il c r o y a it a v o ir le d r o it, en q u a
lité d e fr è r e a în é, de c h ef de la fa m ille , d ’fitre in i
tié, et il se tortu ra it, l’es p r it p o u r d e vin e r d e q u elle
n a tu r e cju il ce m ys tèr e, m a is s a n s y p a r ve n ir .
I I p a r tit b r o u illé avec, les :deu x je u n e s filles , qu i
n ’a cco m p a g n è r e n t m êm e p a s les vo ya g e u r s à la
g a ve , soli, o ç u r le u r m a r q u e r le u r colèr e, d ’ a v o ir
i. o u t r a g é e s p a r d es .s o u p ço n s od ieu x , s oit p a r
p eu r de s*î la is s er a tte n d r ir et d e r a c o n te r u n s e
cret q u i n ’éta it p a s le leu r.
J a c q u e s D a r ta u d et L u d o vic M ois s a c p a r tir e n t
d on c a u jo u r con ven u .
M a is a u lieu d e s ’é lo ig n e r , s ou ten u s p a r l ’es p oir
d 'u n a v e n ir g lo r ie u x , d ’u n r eto u r tr io m p h a l, ils
em p o r ta ien t, J a cq u es d u m oin s , le d ou te a n g o is
s a n t d ’u n p r o b lèm e q u ’ils s’a vo u a ien t in ca p a b les
de rés ou d re.
lié s q u e les jeu n es g en s fu r en t p a r tis , les d ou x
¡nés p r é p a r è r e n t leu r s va lis e s p ou r q u itter à
l 'm
to u r la cité la n g u ed o cien n e. E lles a u s s i se
r en d a ien t à P a r is , n on p o u r y c o n q u é r ir h o n
n eu r s o u a r g e n t, m a is p o u r y co n tin u er leu r
n r.vre, ¿etto <■ u vr e d e m ys tèr e qu i les g u id a it la
n u it ve r s les r e fu g e s d e va g a b on d s .
!
deu x. ¡enne/, lilles eu r en t p ou r co m p a g n e u n e
ne..S o lin e d u n om d e M a d e le in e q u i, tou te s eu le
a u m on d e, p os s éd a n t u n e p oig n ée d e lou is , s ’éta it
ü S : vec C lotild e, a ttir é e p a r u n e s itu a tio n a n a lor'ù o 'i la s ien n e, p a r u n b es oin d e d évou em en t, in s
'¡.'„.¿f |);tr la n éces s ité a u s s i d e fu ir les roin m ér i- o s e t les d a n g e r s d 'u n e ville où elle s e r a it vr a ile- n l tr o p b ou le p o u r se d é fe n d r e lo r s q u e C lotild e
U :i m a n q u e r a it.
V , .ii;, i •t,i- fo ir e q u e L u cette a u r a it p u r a c o n te r
V
co m p a g n es d e vo y a g e , et qu i l ’a v a it m is e,
R ei n es de P a r i s
ví *
a vec C lo tild e et M a d elein e s u r la r ou te d e P a r is .
M a is e lle g a r d a p ou r elle s on s ecret, et s a n s fa ir e
c o n n a îtr e la ca u s e r é e lle d e s on d é p a r t d e T o u
lou s e, e lle ex p liq u a qu e ses a m ies et elle se r e n - ,
d a ie n t à P a r is d a n s u n b u t à p eu p r ès p a r e il a
c elu i d es tr o is b ru n es .
L eu r s fia n cés les a tte n d a ie n t là - b a s ; ils é ta ie n t
p a r tis p ou r y ch er ch er for tu n e, et elles es p é r a ie n t
b ien a v o ir u n jo u r le p la is ir . d e v iv r e d a n s la
g r a n d e v ille en y g o û ta n t les jo ie s tr a n q u ille s d u
fo y e r
d e la
fa m ille , a p r ès tou tefois q u e s e r a it
te r m in é e l ’œ u vr e q u i leu r m e tta it l ’a n g o is s e a u
cœ u r.
M a is ceci, L u cette n e le d it pa s. 'E lle se con ten ta
d e le p en s er ; m a is elle n ’y p u t p en s er s a n s u n
fr is s on .
Q u a n d e lle eu t fin i d e p a r le r , la b r u n e J a cq u e
lin e s ’é c r ia vio le m m e n t :
— Oh ! m oi, il m e fa u t a u tr e ch os e q u e le s jo ie s
d u fo ye r . Je veu x d e ve n ir u n e d es r ein es d e P a r is !
— M o i a u s s i, d it s a s œ u r.
— E t m o i d e m ôm e, fit B é r a n g è r e .
— Je veu x a v o ir à m es p ied s d es p r in ces et d es
m illio n n a ir e s , m o r d r e à p lein es d en ts a u x fr u its
r és er vés a u x r ich es , p r en d r e m a r eva n ch e des h u
m ilia tio n s , d es m is èr es et d es tr a h is on s s u b ies ;
p a s s er, fièr e et g r is é e, d a n s les c o m p lim en ts et les
ja lo u s ie s I
« P u is q u e, g r â c e à J u lien d e M o r ta n e , je n e p u is
p lu s êtr e u n e h on n ête m èr e d e fa m ille , je s er a i
u n e co u r tis a n e d eva n t la q u e lle les p lu s h a u ta in s
se p r os ter n er on t. »
P u is , se to u r n a n t ve r s la b lon d e q u i n ’a v a it en
cor e r ien d it et d on t la b ea u té fin e a v a it été tou t
d e s u ite r em a r q u ée p a r l ’a în é e d es s œ u rs M on vel.
— E t vou s , m a d em o is elle M ys tè r e ?
C e s u rn om d e M ys tè r e , q u i a m u s a les q u a tr e a u
tr es jeu n es filles , s ’a p p liq u a it b ien à cette fig u r e
é tr a n g e, tr ou ée d e d eu x yeu x ver t- b leu , p r o fo n d s
com m e d es la cs , a u tein t d ’u n e b la n ch eu r d e la it,
a u x tor s a d es fa u ves , c a r si C lo tild e e t L u cette
a v a ie n t d es ch eveu x c o u leu r d ’é p is m û r s , M a d e
le in e to r d a it en m a s s es én or m es »les ch eva u x a u x
i*çflets rou x , les p lu s a d m ir a b les q u ’o n p û t vo ir .
S on a ir s om b r e et. tr is te, le p li d e ses lè vr e s , s on
fr o n t u n peu b om b é, l ’a llu r e b iza r r e d e s on cor p s
u n p eu tr o p g r a n d , en cor e u n peu tr o p m a ig r e , la
fa is a ie n t d ig n e d e ce n om q u i vin t n a tu r e lle m e n t
à l'in s titu tr ic e et q u i lu i r es ta , c a r L u c e tte et C lo
tild e l'a p p e lè r e n t a in s i à p a r tir d e ce jo u i1.
— M o i ? lit- elle, je n e d em a n d e rien .
— V o ilà la. p lu s a m b itieu s e do n ou s tou tes ,
o b s er va B é r a n g èr e.
L a lo c o m o tive n ’a r r iv a it p a s
U n e d em i- h eu r e se p a s s a à b a va r d e r en core.
P e u à p eu , elles se m o n tr a ie n t ce q u ’elles éta ie n t
tou tes les s ix. E lle s n e p o u va ie n t s 'em p êch er d e
p a r le r d e leu r s cr a in tes , d e leu r s s ou h a its , i
L o r s q u e le tr a in se rem it, en m a r ch e, elles
é ta ie n t d é jà liées , s e tr o u va n t h u n â g e où la je u
n es s e r em on te to u jo u r s , s ou s les s ou cis et les te r
reu rs .
A u s s i, lo r s q u ’on s ’ a p p r o ch a d e P a r is , l'tn s titu tr ice, J a cq u elin e M o n vel, qu i éta it la p lu s A gée et
la p lu s vib r a n te , p r it la p a r o le p o u r p r o p o s er :
E cou tez ! je vou s in vite à d éjeu n er , oe m a tin ,
a u x e n vir o n s du lu g a r e.
— B on n e id ée, fit B ér a n g èr e.
— P u is q u e nou s ven on s à P a r is , a ttir é es p a r u n
b u t à p eu p r ès s en jb la b le, q u e n ou s a llo n s a ffr o n
te r le m êm e in con n u , qu e n os d es tin ées vont. 6 e
r is q u e r s u r u ne ch a n ce id en tiq u e ; p u is q u e, en fin ,
n ou s n ou s a ven tu r o n s e n m êm e tem p s d a n s les
h a s a r d s et les d r a m es d 'u n e v ille im m en s e et in
con n u e, r o m p o n s le p a in en s em b le !... P eu t- êtr e
n ou s r etr ou ver on s - n ou s u n jo u r ... b ien tôt.
L u cctto a p p r o u va cette p r op os ition .
E Tle s o n g e a it q u ’elle ve n a it r is q u er a u x côtés
d e C lo tild e u n e p a r tie fo r m id a b le , d a n s la q u e lle
�^3°
?
R ei n es de P a r i s
éta ie n t e n g a g é s à la fo is le u r a m ou r , le u r h on
n e u r et le u r a ven ir .
— O u i, d it- elle g r a ve m e n t, et i l y a v a it d a n s ses
ye u x d e la tr is tes s e et d e l ’a n g ois s e. O u i, il y a
q u elq u e ch os e d e p r o vid e n tie l d a n s cette r en co n
tr e d e s ix jeu n es filles , tou tes a ttir ée s p a r u n s or t
e ffr a y a n t et q u i vo n t d is p a r a îtr e d a n s le flot m o u
v a n t d e tr o is m illio n s d ’h om m es in d iffér en ts , s i
n on h os tiles ... p ou r n e p lu s en s o r tir p eu t- être.
— C om m e vo u s le d ites , n ou s s om m es s a n s
d ou te d es tin ées à n ou s r e n c o n tr e r d a n s n os b a ta il
le s p ou r la fo r tu n e ou p o u r la vie, et p eu t- être
a u ron s - n ou s b es oin le s u n es d es a u tr es !
1 ] fu t d on c d écid é q u ’on d é je u n e r a it en s em b le
a v a n t d e se p er d r e d a n s la g r a n d e cité...
E n effet, à m id i et d em i, les b lon d es et les b r u
n es , a p r è s s ’êtr e in fo r m é e s a u p r ès d es p a s s a n ts ,
ch a r m és d ’a v o ir à r e n s e ig n e r u n p a r e il g r o u p e d e
b ea u tés , m o n tèr en t a u p r e m ie r é ta g e d ’u n m a r
ch a n d d e vin s d e la r u e vois in e, a u x « T r o is C ou
leu r s ».
L e d éjeu n er g a r d a u n e g r a v ité , p r es q u e u n e s o
len n ité, q u ’on n ’ eû t p a s a tten d u e d ’u n e tr o u p e d e
fillette s ven u es p ou r co n q u é r ir , elles a u s s i, le b on
h eu r.
M êm e,
à m es u r e
q u ’elles
se c o n n a is s a ie n t
m ieu x , e lles s em b la ien t m oin s con fia n tes , p lu s in
q u iètes .
E lle s se r e d is a ie n t tou tes la p h r a s e d e l ’in s ti
tu tr ic e :
— P eu t- êtr e n ou s r etr ou ver on s - n ou s , et b ien tôt.
E t q u elq u es - u n es a jo u ta ie n t :
— P eu t- êtr e lu tter on s - n ou s les u n es con tr e les
a u tr es !
E t p u is , si elles é ta ie n t p r es q u e ég a le m e n t b el
les , elle s é ta ie n t b ien d iffér en te s d ’â m e et d e Cœu r.
A u ta n t L u çette, C lo tild e et M a d e le in e é ta ien t
n a ïve s et ten d r es , a u ta n t les d eu x M o n ve l et B ér a n g è r e se m o n tr a ie n t rés olu es à im p os er , coû te
qu e coû te, leu r s r ê ve s d e tr iom p h e.
S i elles se r e n c o n tr a ie n t en fa ce les u n es d es
a u tres , il y a u r a it lu tte ce r ta in e m e n t, m a is on
p o u va it d é jà p r é v o ir q u e lle s s er a ien t les va in cu es .
A la fin d u rep a s , J a cq u elin e d it :
— E cou tez, je s u is d e l ’a v is d e M lje L u cette. I l
y a d a n s n o tr e r en co n tr e u n h a s a r d p ou r a in s i
d ir e p r o vid e n tie l. N o u s a llo n s tou tes n ou s e n g a
g e r d a n s u n in con n u ter r ib le. E h b ien ! j e vou s
p r op os e ceci : ju r o n s d e n ou s r e tr o u ve r tou tes ic i
d a n s s ix m o is ! J u ron s d e v e n ir à cet en d r o it, où
n ou s n ou s q u itton s p o u r c o u r ir m ille a ven tu r es ,
a fin qu e n ou s s a ch ion s les u n es et les a u tr es ce
q u e s on t d even u es n os com p a g n es d e rou te.
c 11 se p a s s er a d ’ ici s ix m ois d es ch os es q u i p eu
ve n t b o u leve r s er n otr e ex is ten ce.' P a r m i n ou s , il y
a u r a d es r ich es , d es p a u vr es , d es m is é r a b le s p eu têtre. »
— D es d is p a r u es , d es m or tes , fit s o u r d em en t
M lle M ys tèr e.
— O u i... d es m or tes , c ’es t p os s ib le I A u m o in s
qu e n ou s vo y io n s le ch em in p a r co u r u , daais u n
s en s ou fla n s l’a u tre, et qu e n ou s ch er ch ion s à s ou
la g e r , d a n s la m es u r e d e n os m oyen s , ce lles q u i
a u r a ie n t été tr o p m a ltr a ité e s d a n s la b a ta ille !
L u c ette r é p o n d it :
— C ’est, u n e ex cellen te id ée ! Je m ’e n g a g e p o u r
m oi, et a u s s i p ou r m a cou s in e et s on a m ie.
« D a n s s ix m ois , jo u r p ou r jo u r , n ou s s eron s
tou tes les tr o is ici, p r êtes à a id e r celle d es s ix q u i
a u r a b es oin d e s ecou rs . »
— A u n om d e m a s œ u r et d e B é r a n g è r e , je le
ju r e a u s s i, d é c la r a J a cq u elin e.
E lles é ten d ir e n t la m a in tou tes les s ix , p r is es
p a r u n e é m o tio n q u ’elles n e d is s im u la ie n t p lu s .
Q u el jo u r s om m es - n ou s ?
— L e 1fi n o vem b r e 1898.
— E h b ien I le 10 m o i 1899, n ou s s er o n s Ic i &
m id i, q u o i q u d a r r iv e /
« C o r il fa u t b ien a jo u te r ceci : q u o i q u ’i l a r ' ■' ° u e la fa u s s e h on te, ou la va n ité ,
o u la
S Í*
h a in e, ou l ’o u b li, n e vo u s em p êch en t p a a * à e ! ■nuce s er m en t ! S a u f le ca s d e m or t, à q u elq u e en d r oi t
q u e n ou s s oyon s , n ou s vien d r o n s ic i, à ce- c.M.i
et n ou s d éjeu n er o n s en s em b le, à m id i ».
— C on ven u ! ju r é !
E lle s r e n o u ve lè r e n t le u r s erm en t, p u is , a; U ' 6 3
s ’êtr e s er r é la m a in , e lles se s ép a r èr en t, k ’S ! lond es , p o u r se d ir ig e r ver s la b u tte M on tm a rtre', tes
b r u n es p ou r se p e r d r e d a n s la coh u e d es g r i n tls
q u a r tie r s t
II
J a cq u elin e M o n vel, s a s œ u r C lém en ce, a U éra n g è r e P e r c e v a l, d es cen d ir en t à u n h ôte) d e la ru e
d e B r e ta g n e q u ’o n le u r a v a it in d iq u é.
C ’é ta it u n e d e ces m a is o n s m eu b lées s i c o m
m u n es à P a r is , tr is tes , h u m id es , s a les , a vec d e »
ch a m b r es lu g u b r e s et d es es ca lier s b ou eu x , ou
s’a b r ite n t les m a lh eu r eu x q u i n 'o n t m ôm e p a s u «
lit e t u n e ta b le.
M o ye n n a n t 45 fr a n c s p a r m ois , elle lo u è r e n t unn
ch a m b r e et u n ca b in et y a tten a n t. D a n s le g r a n d
lit, les d eu x s œ u rs cou ch èren t, e t d a n s te ca b in et
on d r e s s a it u n lit d e s a n g le p ou r B éra n gèce- ,
C e n ’é ta it p a s en c o r e l ’h ôtel d u p a r e M on cea u ,
m a is c ’éta it u n r e fu g e p ou r la nu it., u n e a d res s e
à d on n er , a u b es oin , u n r e c o in p er d u d a n s u n d é
d a le d e ru es où les s eig n eu r s q u ’elles vene.i-.-iit r e
la n c e r n e les tr o u ve r a ie n t cer tes pa3.
L e s o ir m ôm e, elles se m ir e n t en s em b le à la r e
ch er ch e d e ce J u lien d e M o r ta n e et d e ce L o u is de
C a s a n o d on t elles p a r la ie n t en rou te.
C om m e elles le d is a ien t, l ’h is to ir e é ta it lia n vie .
D eu x jeu n es g en s d es g r a n d s cer cles d e P a r is
ven u s p o u r p a s s er la s a is on d e la ch a s s e à u n ch.ïtea u d es e n vir o n s d e C h in on , s 'é ta le n t a m u s és à
fa ir e to u r n e r les tètes , — p eu s olid es , — des. t-ny.irs
M o n ve l ; l ’a în ée d es ieu n es iilles , inieJii.r.v.nte,
con s cien te d e s a b ea u té et. d e s a fo r c e, a U t- ieia u L
p eu t- être d ep u is lon g tem p s u n e ocea s ioi» p a r e ille ,
n 'a v a it p a s o ffe r t g r a n d e r és is ta n ce.
L a ca d ette s ’é ta it la is s é e n tr a în e r p lu s
vile
m en t eu core.
S eu lem en t
L o u is
de
C a s a n o,
l'a ïu a t;!
de
C lém en ce, celu i q u 'e lle q u a lifia it d e ra p ta , ne
d e m a n d a it q u ’à r e p r e n d r e s on r om a n , ta u d is qu i
J u lien d t M o r ta n e a va it, q u itté J a cq u s iin e a vec
u n s a n s - fa çori m ép r is a n t d on t l'in s ln u f vice ne
p o u va it se s o u ven ir s a n s êtr e p én étr ée d ’u n e n v- e
fo lle .
L es d eu x s œ u rs s a va ie n t fo r t p eu d e cho.v de
la s itu a tio n d e leu r s a m a n ts à i .vri. ; p ou r ta n t
J a cq u elin e é ta it p er s u a d ée q u e J u lien tn tm a ii u n
g r a n d tr a in et p o s s éd a it p u r con s éq u en t d e la fo r
tu n e.
D e p lu s , s i e lle ig n o r a it s on a d res s e, elle con
n a is s a it celle d u c h â te la in q u i l ’a v a it h éb er g e et,
p a r lu i, e lle s a u r a it vite où le r en co n tr er .
L e s tr o is b ru n es ve n a ie n t p ou r In p r e m iè r e (ois
à P a r is , s ’im a g in a n t q u ’en f> a r cottr a n t les q u a r
tie r s r ich es e lle s v e r r a ie n t p a s s er - u n tle leu rs
a m ou r eu x .
E lle s r ô d è r e n t ju s q u ’ à d ix h eu r es
a u to u r d e l ’O p ér a , s ’é m e r ve illa n t d ea toilettes
e n tr evu es p a r leB g la c e s d es g r a n d s r es ta u r a n ts ,
se s en ta n t, a u x lè vr e s u n e s a live d 'a ffa m é e s lo r s
q u ’elles a p e r c e va ie n t u n e jo lie fem m e, s o r ta n t de
s on cou p é à d eu x ch eva u x , em m ito u flée d e fo u r
r u r es , p o u r d is p a r a îtr e s ou s le jiéris tyie. d ’u n th éâ
tr e ou s ou s le p or ch e d ’u n h ôtel.
B ien
en ten d u , e lles n o v ir e n t n i J u lien de
M o r ta n e , n i L o u is d e C a s a n o ; m a is « Ile s s e- co u
c h èr en t a vec u n s ou h a it p lu s fé r o c e , u n d é s ir p lu s
a ip u q u e ja m a is d ’êtr e à le u r tou r , et b ien tôt, des
r ein es d e P a r is .
L e len d e m a in , a p r ès d es s oin s d e to ile tte m in u
tieu x , elles s e d ir ig è r e n t ve r s l a m e de M ir o m es n il:
là h a b ita it le b a r o n A g é n o r D es b oitellea , le ch â
te la in d es e n vir o n s d e C h in on , l ’ h ôte et l ’a m i defl
s éd u cteu rs d es d em o is elles M on vel.
�<=§»
8
A g é n o r , b a ron D es b oitelles ,
r es s em b la it à ses
a m is , ou p lu tôt, p a r a is s a it le u r r es s em b ler .
11 m e n a it le u r g e n r e d e vie , s 'h a b illa it, p a r la it,
m a n g e a it, jo u a it et a im a it com m e eu x.
11 fa is a it p a r tie d e ce b a ta illo n
d e q u a tr e ou
cin q cen ts n oceu r s d on t l'u n iq u e occu p a tion es t la
fête, la fête o b lig a to ir e , s a n s tr ê ve et s a n s r a is on .
A P a r is o n cr ois e, p a r les lie u x d e p la is ir , e n vi
r on u n d e m i- m illie r d 'h a b its n o ir s d on t les fo r
tu n es v a r ie n t d e cen t m illio n s d 'a c tif à s ix m il
lion s d e d ettes , et q u i fo r m e n t le p u b lic éter n el
des ca b in ets p a r tic u lie r s , d es cer cles d e s econ d
or d r e, d es p etits th éâ tr es et d es p etites fem m es .
U n e g r a n d e d iffé r e n c e ex is ta it cep en d a n t en tr e
le b a r o n D es b oitelles et L u cien d e M o r ta n e : c ’es t
q u e ce g e n r e d e vie l ’a s s om m a it, q u 'il se s en ta it
fo r t s u p ér ieu r à ce m on d e et à ces p la is ir s , ta n d is
q u e L u c ien , e t s u r tou t, L o u is d e C a s a n o, n e
v o y a ie n t r ien a u tr e q u e cette n oce con s ta n te.
E t ta n d is q u e les d eu x a u tres ch a n g e a ie n t s ou
ven t d e lo g is , se ca ch a ien t d es m ois en tier s p ou r
fu ir les cr éa n cier s , s ’a ccr o ch a ien t à d es fils d e
fa m ille n a ïfs ou c o u r a ien t a p r ès les h a s a r d s d e la
vein e, lu i h a b ita it d ep u is d ix a n s u n s u p erb e
a p p a r tem e n t où to u t r e s p ir a it la fo r tu n e b ien
a s s is e, le lu x e s û r d e lu i, le v r a i r ep os d a n s la
v r a ie rich es s e.
L e b a r on d o r m a it en cor e lors q u e, ve r s d ix h eu
res , s on va let d e ch a m b r e lu i a n n on ça la vis ite d e
tr o is b elles jeu n es filles , « d e vr a is m o r cea u x do
roi ».
L e je u n e h om m e le v a p én ib lem en t s a tête b lon d e
e t m a ig r e , in te llig e n te et b on n e, m a is d é jà fa ti
g u é e p a r les ve illes et les ém otion s d ’u n e vie
b rû lée.
— L a p r e m iè r e fo is cju e lu m e r é ve ille s s a n s y
êtr e fo r c é p a r l ’in c en d ie ou u n e r évo lu tio n , je te
fla n q u e tr o is cou p s d e r e vo lve r , r ép o n d it- il à s on
va let.
— M o n s ieu r le b a r on ...
— Je n ’a i d e b on , s u r la ter r e , q u e l ’o u b li p a r
le s om m eil. Je r ê va is qu e j'h a b ita is u n e île où il
n ’y a v a it ni ta b le d e b a c, n i p ia n os , n i g r u es , n i
im b éciles , n i ta p eu r s ... J 'éta is s eu l, q u o i ! E t tu m e
r éveilles . M a is , s a is - tu qu e d a n s u n e d em i- h eu re,
j'a u r a i a s s ez d o m a jo u r n ée, a vec d es cris es d e
p itu ite, d es le ttr e s d e ch a n ta g e, d es vis ites d e
s erin s ... Q u e m e veu len t ces p in ta d e s ?
— P a r le r à m o n s ieu r le b a r o n a u s u jet d e M M .
d e M o r ta n e el d e C a s a n o.
— O h ! si elles con n a is s en t ces g en s - là ! C e d o it
ê tr e q u elq u e ch os e d e b ien 1
— D es m o r cea u x d e r oi, m o n s ieu r le b a r on !
A g é n o r s ’é tir a , b â illa et, s o r ta n t u n e ja m b e :
__ B a p tis te ! iu - b ilie- m oi ! Je n e p o u r r a i p lu s m e
r en d o r m ir . P r é p a r e - m o i d e la tis a n e, j ’a i la b ou
ch e n ick elée. F a is p a tie n te r les m or cea u x d e roi.
Je les r e c e vr a i. C om b ien c r o is :tu q u 'e lle s vo n t m o
d em a n d er , à vu e d e n ez 1
— R ien .
— C ’es t ch er !
L e v a le t h a b illa le b a r on , lu i s e r vit u n b r e u va g e
r é p a r a te u r , p u is le m a îtr e p a s s a a u p e tit s a lo n en
d is a n t :
.
__ F a ite s e n tr e r les m or cea u x d e r o i !
J a cq u elin e et s es a m ies p a r u r en t. D ’u n cou p
d 'u - il elles ju g è r e n t l'in s ta lla tio n d e ce m illio n
n a ir e ’ d o tr en te a n s , elles c o m p r ir e n t q u ’elles so
tr o u va ie n t ch ez u n d e ces r ois d e P a r is d on t elles
c h e r c h a ien t à êtr e les com p a gn es .
A la vu e d es tr ois b ru n es , A g é n o r g r o m m e la :
— C et a n im a l d e B a p tis te d is a it v r a i ! T u d ieu ,
q u e l jo li vo l d e m ou ettes 1 (La m in ce d es cen d d e
D ia n e ch a s s er es s e et d e J u p iter, a u m o in s I
— M o n s ieu r , fit J a cq u elin e, vou s n ou s ex cu s er ez
d e v c u j d é r a n g e r . V ou s é tie z cou ch é, d ’aiprès ce
q u e j n f cr u c o m p r en d r e...
— A n c o n tr a ir e !... R a v i !... J a lla is s o r tir . V e u il
lez vo u s a s s eoir . V ou s êtes tr o p a im a b les d ’a v o ir
sontrô à m o m o n tr er , à m on r é ve il, u no p a r e ille
R ei n es de P a r i s
c o lle c tio n d e s p len d eu rs . J e r ê v a is u n j o l i r êve,
m a is p a s a u s s i s éd u is a n t !...
E lle s s ’in clin è r e n t, ch a to u illé e s d a n s le u r va n ité,
u n es p o ir lu is a n t d a n s leu r â m e.
— M a s œ u r e t m o i s om m es ven u es r ejo in d r e
d eu x je u n e s g en s d o n t vou s êtes l ’a m i e t d on t vou a
é tie z l ’h ôte...
— O h ! l ’a m i !... V o u s s a vez, je r e ço is ch a q u i
a n n ée u n e v in g ta in e d e ca m a r a d es ... Ils s 'a p p e l
le n t ?...
— L u cie n d e M o r ta n e et L o u is d e C a s a n o.
— O u i... Je les con n a is ... s u r tou t le p r em ie r ...
E t vou s , m a d e m o is e lle ? a jo u ta - t- il, en s e to u r n a n t
v e r s B ér a n g è r e .
— M o i ? R ie n ... J ’a cc o m p a g n e m es a m ies , s im
p lem en t.
— B on n e id ée 1 E x c ellen te id ée !... V o u s vou s
e n n u ier ez à P a r is , s a n s occu p a tion ... S i vou s d é s i
r e z d es p la ces d e th é â tr e ou d es d is tr a ctio n s ?..,.
E n fin , n ou s ver r o n s ... M a ch in , vou s d ites ? J u lien
d e M o r ta n e ?~ E t b ien ! m a d e m o is e lle , j e n e s a is
p lu s trop où il d em eu re. Il a q u itté s on a p p a r te
m en t d e l’a ven u e M o n ta ig n e , p a r c e q u 'il a eu u ne
d iffic u lté a ve c u n e fem m e... U s v iv a ie n t en s em b le,
et ils se s on t s ép a rés . I l lu i a la is s é s es m eu b les et
s a d e r n iè r e p o ig n é e d e lou is ...
J a cq u elin e s ’é c r ia :
— U n e fem m e ! I l es t r u in é !
— O h ! il n ’a ja m a is été rich e. I l s e s ou ten a it
p a r le c r é d it, le je u , l ’em p ru n t... Ç a n e d u re j a
m a is b ien lon g tem p s , ces la çon s - là ... Je n e le vois
g u èr e, s u r to u t d ep u is celte h is toir e...
— L t M . d e C a s a n o ? h a s a r d a la ca d ette.
— O h ! celu i- là , r ép o n d it A g é n o r s im p lem en t...
E t u n e m ou e c a r a c té r is tiq u e c o m p lé ta la p h r a
se, u n e g r im a c e d e d éd a in , p r es q u e d e d ég oû t.
— C ’es t u n r a s ta ?
— O u i, et vid é en co r e ! E t p a s d r ôle ! I l <cherch<
u n ccu p à fa ir e , ce lu i- là a u s s i... O n n e s a it p a s ...
A P a r is , on n e s a it ja a n a is ...
l in s ilen ce in ter vin t.
L e b a r on r e g a r d a it a tte n tive m en t B ér a n g èr e,
qu i b a is s a les ye u x et to u r n a la tête p o u r m o n tr e ]
s on p io fil très p u r.
J a cq u elin e r éfléch is s a it.
E IIj se r e n d it com p te, tr ès vite , d e la vérité.
C es je u n e s g en s q u ’e lle e t s a s œ u r a va ie n t ipria
p o u r d es g r a n d s s eig n eu r s é ta ie n t d es c o u r e u r s d<?
cla q u ed en ts , d es vive u r s île r a ccr oc, d es n oceu r;
a v ilis s u r le b or d de la m is èr e ou d e la h on te.
L à - b a s , d a n s s a s ou s - p réfectu re, elle n e p ou
v a it d e vin e r cela , m a is ici, d a n s cet a p p a r te m e n
d e v r a i rich e, d eva n t la m o r g u e et le ton d e c<
b a r o n a r c h im illio n n a ir e , e lle v o y a it la d iffér en c
p r o fo n d e q u i s é p a r a it s on a m a n t d u m ilie u don t
il d is a it être.
E t u n e r a g e p lu s fér oce en co r e l a p r it d ’a v o ir été
n on p lu s s eu lem en t lâ ch ée, m a is tr om p ée, b a fou ée,
d ’a v o ir s e r vi n on p a s d e jo u et, m a is de ris ée à u n
m en teu r , à u n p a r a s ite r en ié p a r son h ôte.
E lle eu t e n vie d e p r e n d r e d e n ou vea u le p o r tr a it
d e J u lien e t d e le p er ce r d ’u n cou p d o p o ig n a r d ,
p o u r m o n tr e r le b u t d e s on v o y a g e , s a r é s o lu tio n
d e lu i fa ir e e x p ie r s on crim e.
—
M a in ten a n t, m a d em o is elle, rep rit le b a r o n
D es b oitelles , s i vou s y ten ez b ea u cou p
je n u is
qu
er
vo u s i'XU
in d Iiq
u—
e r le m o ye n d e le r en c o n tr e r ’
O h ! ou i.
,
, .
__ i ; n e v io n t p lu s a u cer cle, e t ] e n e l’a i p a s
c r o is é d ep u is u n o q u in za in e. Il d o it êtr e tr ès b a s
ou b ien p r é p a r e r u n cou p . V ou s p o u vez a lle r , do
m a p a r t, ch ez lo vic o m te F e r n a n d e z Y ve l.
__ L o vico m to F e r n a n d e z Y v e l ?
— O u i.
.
— X'n g r a n d s e ig n e u r ?
.
.
__ ^ - n < 1 |)ello fr ip o u ille . V ic o m te d ep u is tr o is a n s ,
n a r s u ite d ’u n m a q u ig n o n n a g e d ’a d o p tio n . Il reo r é s a n t« u n d es typ e s les p lu s m o d er n es e t les p lu s
e ffr a y a n ts d e P a r is : l'u s u r ie r a ctu el, é lég a n t, d é
�*41“
R ei n es de P a r i s
‘-------------------------
p en s ier . cou r eu r , reçu p a r tou t, p r ê t à tou t, à d es
cen d r e d a n s l’ég ou t, p o u r r a m a s s e r u n lou is .
— J u lien es t d e ses a m is ?
— O u i. il y a. q u elq u e ch os e en tr e eu x ... Je n o
s a is q u oi. Ç a n e d o it p a s êtr e r a g o û ta n t...
B é r a n g è r e cr u t d e vo ir s o u r ir e, p ou r m o n tr e r ses
d en ts b la n ch es ; e lle r e m a r q u a :
— V ou s p a r le z d e vos amis., d e vos h ôtes , a vec
d es nvols q u i m e fe r a ie n t p eu r , s i ja m a is j ’éta is
vo tr e a rn ie...
I i 1 in te r r o m p it :
— M c r ta n e n ’a ja m a is été m on a m i. I l a été m on
h ôte, co m m e ta n t d 'a u tr es , et, Ces tem p s d er n ier s ,
il m ’a jo u é u n a s s ez v ila in tou r . S i j ’en p a r le a in s i,
c’es t qu e j ’a i le d r o it d e le fa ir e . S i vou s m e fa is ie z
l’h on n eu r d e r e ve n ir ic i, vo u s n ’a u r ie z à r ed o u ter
qu ’u n e a d m ir a tio n tr o p a r d en te, m a d em o is elle !
J a cq u elin e p r it l’a d res s é du vico m te F e r n a n d e z
Y ve l, c i les tr o is b ru n es se le vèr en t p o u r se r e tir e r .
L e b a r on jn s is ta p o u r les r ete n ir , leu r fit p r o
m ettre d e r e v e n ir b ien tô t le v o ir , lu i d e m a n d e r à
d în er, u n e lo g e a u P a la is - R o y a l.
11 fi.t m êin e s i en tr e p r e n a n t en ver s B é r a n g è r e ,
qu e, d a n s la ru e, u n e fo is s eu les , C lém en ce r e m a r
qu a :
— Je cr ois q u ’il y en a u n e de n ou s tr o is q u i s er a
b ien tôt ca s ée.
B é r a n g è r e r o u g it. E lle d e m a n d a :
— il es t très r ich e, ce M . D es b ois tellcs ?
— O r d it s ix ou h u it m illio n s , là - b a s . Il d o it
les a v e ir , c a r s on lo g is es t p r in c ie r . C ’es t cu r ieu x
tou t d e m êm e ; c’est m a s œ u r et m o i qu i a llo n s
p ou r fa ir e lin e a ffa ir e , et c’es t toi q u i la fa is !
— U n e a ffa ir e ! fit la p r é fé r é e du b a ron . E n
v o ilà u n m ot !
— ■A p p e lle - la com m e tu vou d r a s . M o i je v o u
d r a is b ien r éu s s ir la p a r e ille , d û t- e lle s ’a p p e le r
;l’ u n n om p lu s cr u I
E lle s o u p ir a :
— H é la s ! T o u t fa it p r é v o ir q u e ça n e m a r c h e r a
p lu s a u s s i b ien a vec I.ou is ... ou a vec J u lien . E n fin ,
n on j le s a u r on s b ien tôt, ca r n ou s ir o n s d em a in
ch ez cc M . F er n a n d e/ , p a s , J a cq u elin e ?
— Ce s o ir ! à tr o is h eu res , n ou s y s er on s ! Je
veu x être fixée, m oi !...
E n effet, à tr o is h eu res , elles se r e n d ir en t r u e do
T é h ér a n , u n e ru o de rich es , s a n s u n e b ou tiq u e,
Ir u ve is é o s eu lem en t p a r d es vo itu r e s d e m a îtr es ,
vo is in e du p a r c M on cea u et d e la r u e M ir o m e s n il,
dû h a b ita it le b a r on P es b o is telles .
E lles fu ren t, reçu es p a r le vic o m te F e r n a n d e z
Y vol, colu i- «là m ôm e d o n t le b a r o n p a r la it le m a tin ,
le tr a ita n t d e fr ip o u ille .
C ’é ta it u n p e tit h om m e m a ig r e , a u x ch eveu x
iris , a u x p etits yeu x n oirs , l’a ir vic ie u x et ca
n a ille
O n n e p o u va it lu i d o n n er u n Age, c a r il a v a it les
fa ço n s a ler tés d e k i jeu n es s e, b ien q u ’il eû t le v i
s a ge s illo n n é d e rid es .
Au
p r e m ie r a b or d , il
e ffr a y a it ; on le d e vin a it ca p a b le d e tou t, ex cep té
d ’u ne b on n e a ction .
— M on s ieu r , d it J a cq u elin e, je s u is en vo yé e ici,
p a r M le b a ron D es b ois telles .
F e r n a n d e z s a lu a , très p o li, com m e s i ce n oin
l’eû t im p r es s ion n é fa vo r a b lem en t.
— V e u ille z vou s a s - ooir .
O n s ’asr.it. I.’u s u r ie r ne p a r u t fa ir e a u cu n e
iitte n lio n u 1** b ea u té d é so-s vis iteu s es . T r è s corroot, d a n s u n e p os e étu d iée qu i fa is a it v a lo ir s a
tu ille flex ib le, il a tten d a it..
— h ' s u is ven u e (l’u ne p etite v ille d e T o u r a ln e ,
•■ù j ’é ta if in s titu tr ice, p ou r r e tr o u ve r à P a r is u n
do vo s om is , L u cien de M or ta n e.
k e vic o m te n o p u t r e te n ir u n o e x c la m a tio n , où
d om in a it le p la is ir de r e n c o n tr e r u n e p er s on n e qu i
Ul s e r vir a it.
— A li I vou s fetofi m a d em o is e lle M o n ve l, J a cq u e
lin e M o n ve l '!
— ( .ni. l it vo ic i m a s œ u r C lém en ce, q u i d és ir e
r e v o i' M . d e C a s a n o.
—1
*
9
«Jp
L à , com m e ch ez D es b ois telles , le n om d e C a s a n o
n e p io d u is it q u ’u n effet p iteu x.
M a is l ’u s u r ier , très a ffa ir é :
— OH I c’es t vou s ? Je vo u s a tten d a is !
— V ou s m ’a tte n d ie z ?
— Js co m p ta is vo u s v o ir . V ou s a vez é c r it des
le ttr e s de m en a ces à J u lien d e M o r ta n e, vou s lu i
a ffir m ie z qu e vou s le r e jo in d r ie z à P a r is et qu e
vo u s le tu e r ie z com m e u n ch ien I
— E n eiïet.
— 1 1 n ’y a d on c r ien d e s u r p r en a n t à vo tr e v i
s ite, p u is q u e m on a d res s e... A h ! m a d em o is elle J a c
q u elin e !... E t vou s êtes to u jo u r s d a n s les m êm es
d is p o s itio n s à l ’é g a r d de vo tr e a m ou r eu x ?
— C ertes ou i ! Je ve u x q u ’il m e p r en n e a vec lu i,
q u ’il m e d on n e les jo ie s p r om is es , q u ’il fa s s e de
m o i - a com ip a gn e r econ n u e, r ich e, tr io m p h a n te I
O u b ien ...
L 'œ il du vic o m te b r illa .
— Ou b ien vou s le tu er ez ?
— S a n s u n e h és ita tio n I
E lle a jo u ta :
— M oi, vo yez- vo u s , je m e cr o is in te llig e n te e t
b elle. J’a i vin g t- c in q nn.s et je n ’a i p a s le tem p s
d ’a tten d r e. P u is q u ’il m ’a fa it p e r d r e m a s itu a tion ,
q u e g r â c e à lu i j ’a i été m is e en d em eu r e d e q u itte r
m es é ’ève3, m es r e la tio n s ; a y a n t ca u s é du s ca n
d a le, ii d o it r é p a r e r ses torts . Je n e s u is p a s u n e
e n fa n t, et lu i n on p lu s ! 11 m ’a p r om is d e m e con
d u ir e d a n s le in on d e où l’on v it g a iem en t, où l'o n
a d 3 b elles toilettes et d es p erles et d es ch eva u x
d e p r ix . M e vo ic i ! O u j ’a u r a i cela , ou je m e v e n
gera i !
P u b ' elle a jo u ta , s u r p r is e d e la g r im a c e d e p la i
s ir d e s on h ôte :
— Ç a vo u s p la ît, ce qu e je d is là ?
— O u i.
y
— V o u s y a vez d on c in té r ê t ?
Ce m ot in d iq u a it qu e J a cq u elin e se s ou ven a it
d es r en s eig n em en ts du b a ron D es b ois telles . L ’u su
r ie r n? le r e le v a pa s. I l se r ed r es s a en d is a n t :
— M a d e m o is elle il m ’es t im p os s ib le d e vou s
e x p liq u e r la s itu a tio n ... V o u lez- vo u s ven ir , s eu le,
à cin q h eu res , ic i m êm e ? Je va is fa ir e p r ie r J u lien
d e M c r ta n e de se tr o u ve r à cette h eu re ch ez m oi.
— J u lien ! Je va is le v o ir ?
— P eu t- êtr e... N o u s a r r a n g e r o n s cela . R even e z
à cin q h eu res , d a n s u n e h eu re tr o is q u a rts ...
S eu le, c’est n éces s a ir e !
— B ie n ! vo u s p en s ez qu e J u lien v ie n d r a ?
— 11 vien d r a . M o i, j ’a i u n r en d ez- vou s p r es s é...
Je s or ta is ... A l'h eu r e d ite, je s er a i tou t à vou s .
I l r e co n d u is it les tr ois jeu n es filles ju s q u ’à la
p o r te ei r e n o u ve la n t à J a cq u elin e s a r e co m m a n
d a tio n s o u h a ita a u x a u tres la p r om p te r éu s s ite de
leu r s p r o jets , c a r il s’a p er çu t a lo r s s eu lem en t
q u 'e lle s é ta ien t fo r t b elles , et qu e leu r p rés en ce
a u p r ès d e l'in s titu tr ic e .in d iq u a it k u r d és ir d e so
m êler , com m e e lle , a u m on d e de la h a u te fête.
E lles r ô d è r e n t u n m om en t d a n s le p a r c
M on
cea u , p u t3 B é r a n g è r e et C lém en ce r e g a g n è r e n t à
p ied la ru e d e B r e ta g n e, p ou r vo ir P a r is à l ’J ieu re
d u crép u s cu le, où il es t ;d a m u s a n t, si viv a n t, s i
c h a r m a n t, ta u d is qu e s’a llu m e n t les lu m ières .
J a cq u elin e p r e n d r a it l ’om n ib u s et r e n tr e r a it
a p r ès l ’e x p lica tio n .
A cin q h eu res , cette d e r n iè r e s on n a à la p orto
d u vic o m te Y ve l.
L e v a le t l ’in tr o d u is it d a n s u n p etit s a lon où se
tr o u v a it l ’u s u r ier , q u i, a p r ès q u elq u es m ots d e
b ien ven u e, e x p liq u a :
— J u lien d e M o r ta n e s er a ici d a n s d ix m in u tes
a u p ln
Je le r e c e v r a i d a n s le s a lon vo is in et vou s
r es ter ez ici p ou r en ten d r e tou t ce q u e n ou s d iron s .
S i j ’a i b es oin d e vou s , je vou s a p p e lle r a i, s in on , no
vou s m o n tr ez pas.
— V ou s a vez d on c u n e g r a n d e in flu en ce s u r
m on a m a n t ?
— Je vo u d r a is lu i v o ir te n ter u n e a ffa ir e d on t
d ép en d s a /Vu-tune.
ot la m ien n e. 11 es t le n t à so
�«§<=>
10
d é c id e r b ien qu e s a s itu a tio n a ctu elle s oit fo r t ten
d u e. Je s a is q u ’il a p eu r d e vou s .
— A li !
, — C ertes ! L e s p lu s c o u r a g e u x r e d o u ten t la co
lè r e d ’u n e fem m e a b a n d o n n ée I C h a q u e jo u r , à
P a r is s eu lem en t, on vo it d e ces d r a m es m o r tels
a m en és p a r cette ca u s e. V o s le ttr es l ’o n fa it r é flé
ch ir, elles é ta ie n t s i c la ir e s !
*— D a m e !
— I l v o u la it les p o r te r a u co m m is s a ir e, vou s
ca u s er d es en n u is . M a is il s a it b ien q u e ce n ’es t
p a s u n e s olu tion . Je p en s e q u ’il vou s p r e n d r a it
a vec lu i.
— V r a im e n t, d it- elle, r a vie .
— P a r p eu r d ’a b or d . E t p u is , vou s êtes la com
p a g n e q u 'il fa u t. T r è s b elle, in s tr u ite, vo u s lu i
fe r ie z h on n eu r. Il a r o m p u a vec u n e a n cien n e lia i
s on , et il a va in e m e n t ch er ch é u n b ea u m a r ia g e .
S ’il a v a it d e l ’a r g en t, il v iv r a it vo lo n tie r s a vec
vou s , d e l ’ex is ten ce q u i vo u s a ttir e tou s d eu x , d e
P a r is , p o u r P a r is !...
— U i Je p r e n d r a it- il, l ’a r g en t, s ’il es t a u s s i
r u in é q u ’on m e l'a d it ? i l a d es p a r e n ts r ich es ?
— N o n . M a is je lu i en a va n c e r a is , m oi...
— V ou s I
J a cq u elin e fr is s on n a .
L ’id ée d e d e v o ir u n e
s o m m e à ce p etit h om m e l ’é p o u va n ta it, c a r s û r e
m en t il d e va it e x ig e r d es ch os es a b o m in a b les p ou r
s es a va n ces .
U n h om m e e n tr e les m a in s d e ce vico m te F e r
n a n d ez d e va it êtr e p r es s u r é, b r oyé.
— V ou s !
— O u i, m oi. J ’a va n c e vo lo n tie r s d e l ’a r g e n t à
m es a m is . C ’es t u n p la is ir .
L e tim b r e a n n on ça u n e vis ite...
— T en ez, le vo ic i, d em eu r ez ici. O n en ten d tou t,
a b s olu m en t. A s s eyez- vo u s s u r ce fa u te u il con tr e la
p o r te d e c o m m u n ica tio n . S i je vou s a p p elle, vo u s
p a r a îtr e z, s in on vou s s o r tir ez a p r ès lu i. D a n s la
r u e, vou s lu i p a r ler ez. C ’es t c o m p r is ?
— O u i.
L ’u s u r ie r la is s a s eu le J a cq u elin e, q u i se p la ç a
p r ès d e la p or te, l ’o r e ille ten d u e, s on C œ u r b a tta n t
tr ès fo r t, com m e si e lle fû t s u r le p oin t d e com
m e ttr e ce cr im e d o n t e lle fa is a it le s im u la c r e , la
v e ille , d a n s le w a g o n .
U n in s ta n t a p r è s e lle e n ten d it la v o ix d e s on
a m a n t.
J u lien d e M o r ta n e e n tr a it, d a n s le g r a n d s a lon ,
a cco m p a g n é du m a îtr e d u logis .
— V ou s m ’a vez fa it a p p eler , m e vo ic i !
— V o u s êtes b ien g en til. A s s eyez- vou s là . Ç a v a
b ien , d ep u is l ’a u tr e jo u r ?
.— B ien ! L a s a n té es t s olid e, m a is les a ffa ir e s
n e s ’a m n ig e u i p a s . Q u a n d la g u ig n e vou s p in ce,
e lle s er r e d u r !
— N o u s a llo n s v o ir ça !
L e vico m te p r it s a p la ce o r d in a ir e , d a n s la p é
n o m b r e d es g r a n d e s la m p es à ch a p ea u r o u g e ;
J u lien s ’a s s it p r ès d e la ta b le, lo in du feu d e b ois
q u e le vu Jet a v a it a ttis é s u r l ’o r d r e d u m a îtr e.
J u lien a v a it tr en te- d eu x a n s . Il p a r a is s a it r e p r é
s en ter le typ e d es v iv e u r s d e s on école, d e s on
m on d e.
11 r és u m a it leu r s vice s n om b r eu x et leu r s r a r es
q u a lités .
1 1 é ta it
b ea u , d ’u n e b ea u té in s olen te, d é d a i
g n eu s e, s o ig n é e ; il é ta it in te llig e n t, d ’u n e in te l
lig e n c e en s u r fa ce, b r illa n te , vive ; il é ta it b r a ve,
c ’os t- à - d ire q u ’ il se b a tta it vo lo n tie r s en d u el.
M a is ces q u a lité s m n s g u a ien t m a l d es d éfa u ts
fér oces . S on vis a g e r é g u lie r r e flé ta it vite la m é
ch a n ceté, la ja lo u s ie , l'o r g u e il ; s on in te llig en c e
la is s a it vite a p e r c e vo ir l'ig n o r a n c e , l'en têtem en t,
îe cyn is m e , la h a in e d e la ver tu n ob le, d es ch os es
s a in tes et r es p ecta b les . S a b r a vo u r e n e l ’em p ê
c h a it p a s d e se te r r e r p a r p eu r d ’u n e s cèn e de
c r é a n c ie r , d 'ê tr e to u jo u r s m é fia n t, s u r l ’œ il, p r êt
à fu ir l'e n n em i q u i n e so c o n te n te r a it p a s d ’u n e
r e n co n tr e lo m a tin , ü la G ra n d e- J a tte.
R ei n es de P a r i s
B r u n , a vec d es ye u x n o ir s , u n e m ou s ta ch e â n e,
r etr ou s s ée, u n n ez u n p eu fo r t, u n te in t m a t, il
é ta it g r a n d , s olid e et s velte, d ’u n e s a n té p u is s a n te
et fière d ’elle.
F o r t b ien m is , n a tu r ellem en t, s a n s u n e in c o r
r e c tio n q u i tr a h it scs e m b a r r a s a ctu els .
L ’u s u r ie r p r it la p a r o le :
— V ou s s a vez, m o n ch er a m i, com b ien je vou s
s u is a cqu is . J ’a i eu le p la is ir d e vou s p r ê te r d é jà
u n e q u in za in e d e m ille fr a n c s et d ’o b lig e r d e la
m êm e s om m e vo tr e co m p a g n o n d e fête, L o u is d e
C a s a n o.
— Je vo u s en s u is r econ n a is s a n t...
— Je s u is p r êt à a jo u te r u n n ou vea u c h iffr e à
ce com p te, u n c h iffr e p lu s im p o r ta n t.
J u lien r e g a r d a le vicom te, s u r p r is et m éfia n t.
— V ou s a lle z m e p r ê te r en core d e l ’a r g e n t ?
— O u i, u n e q u a r a n ta in e d e m ille fra n cs .
— Q u a r a n ...
— ...te m ille fr a n cs . O u i. O h ! ce n ’es t p a s
én or m e, et ce n ’es t p a s a vec c e la qu e vou s vou s
r e tir e r e z d a n s vo s ter r es , m a is il y a d e q u oi fa ir e
ta ir e les d ettes c r ia r d e s et r e c e vo ir com m e il con
vie n t M lle J a cq u elin e M on vel.
J u lien se r ed r e s s a :
— E lle vie n t ?
— R es tez d on c a s s is ! E lle vien t. L e c o n tr a ir e
s e r a it éton n a n t. V ou s - m êm e m ’a ve z d it v in g t fois ...
— V ou s l ’a vez vu e ?
— Je l’a i vu e. E lle es t ex a ctem en t telle q u e je
m e la r e p r és en ta is p a r ses lettres .
— O u a is !
— P r ê te à a c c o m p lir l ’e x p lo it d o n t e lle vo u s m e
n a ça it. Je s u is p ers u a d é, a u ta n t q u 'o n p eu t l'ê tr e ,
q u ’elle n ’h és ite r a it p a s u n e m in u te ù. vou s tr a v e r
s e r les côtes d ’u n p o ig n a r d s olid e.
U n s ilen ce se fit.
— V ou s com p r en ez qu e je n e veu x p a s vou s la is
s er d a n s cette s itu a tio n à la fois r id ic u le e t d a n
g ereu s e. F u ir d e va n t u n e fem m e es t g rotes q u e.
V o u s s er ie z la ris ée d e vos ca m a ra d es . A tte n d r e
le fa it d ive r s es t a u s s i s tu p id e. O r, c'es t l ’u n ou
l ’a u tre. V ou s n 'e n d ou tez p a s ?
__ Je n ’en d ou te p a s . Je co n n a is J a cq u elin e. S i
j ’a v a is s u ... Je p en s a is q u ’elle r es s em b la it a u x fil
lettes ...
»
_
.
, , ,
__ B a h ! in te r r o m p it F e r n a n d e z, c es t la fem m e
q u i vou s c o n vie n t 1 A v e c elle vou s cou r r ez les v il
les d ’ea u x , M on a co, l ’Ita lie , vo u s s er ez e n vié lo r s
qu e vou s la m o n tr er ez d a n s u n e lo g e d ea V a r ié tés ,
q u a n d vou a e n tr e r e z ch ez P a illa r d .
— M a is , s a p r is ti ! P o u r cela , il fa u t d e l ’a r g e n t i
— M a is p u is q u e je v a is vou s en d o n n er !
— V ou s ?
— M oi !
— D écid ém en t J u lien n e v o y a it p a s s on a m i le
vico m te d a n s ce r ô le d e p r êteu r d ’a r g e n t a fin d e
fa v o r is e r la g r a n d i: noce.
T o u t d e m êm e, ii en p r it s on p a r ti.
— V oyon s , m on ch er vico m te, p a r lo n s s ér ieu s e
m en t. N ou s ne s om m es p lu s à l’ftge où on se r u in e
p o u r p erm e ttr e à u n c a m a r a d e d e c o u r ir les ca b a
r ets d e n u it. Je s er a is tr ès h eu reu x d ’a v o ir u ne
q u a r a n ta in e d e m ille fra n cs , a vec les q u els je p o u r
r a is te r m in e r le r o m a n J a cq u elin e. M a is en fin , je
s u p p os e q u ’il y a u n e r a is o n ... a d m is s ib le, ii votr e
p rêt. D ites - la - m oi ! Je s u is r és olu à b ien d es ch o
ses, éta n t en core p lu s ... g ên é q u e vou s no c r o ye z I
— D ia b le !
— J ’a i jo u é m es d er n ie r s s ou s e t u s é m on d e r
n ie r cr éd it. Je no s u is p a s en cor e a ffich é h m on
cer cle, m a is ça im m in e 1 S i J a cq u elin e m e r ejo in t,
je s u is p erd u , c a r e lle ca s s er a les vitr e s , ir a ch ez
D es b ois telles , m o fe r a p er d r e m on créd it.
— E n effet. Ç a n ’es t p a s g a i.
—
q u oi
—
—
D on c, vou s p ou vez p a r le r s a n s cr a in te. P o u r
m e d on n ez- vou s q u a r a n te m ille fr a n cs y
P lu s d ix m ille à C a s a n o.
C a fa it cin q u a n te...
�^
R ei n es de Pa r i s
— P o u r q u e vo u s m e fa s s iez, u n e r ec o n n a is
s a n ce, u n b illet...
— D e cen t m ille ?
L e vic o m te se m it à r ir e.
— O h ! n on ! Je n e fa is p a s d 'a u s s i m a u va is es
a ffa ir e s ! V ou e m ’o ffr ir ie z u n b ille t d e d eu x cen t
m ille , n on ... V ou s m e fe r e z u n b ille t d e c in q u a n
te m ille , s ig n é d e vou s p o u r q u a r a n te et d e L o u is
d e C a s a n o p ou r d ix.
— E t p u is ?
— Il m a n q u er a u n e s ig n a tu r e... vou s la m ettr ez.
— H e in ?
— Je m ’ex p liq u e m a l ?... P o u r qu e le b ille t s oit
s ér ieu x , il m a n q u e r a u n e s ig n a tu r e. V ou s la m et
trez. Je vou s d o n n er a i u n e letti’e et vou s en co p ie
r e z la s ig n a tu r e s u r le b illet.
— M a is ça s ’a p p e lle u n fa u x I
— E n effet.
.
I l y eu t u n s ilen ce tr a g iq u e .
J u lien éta it d even u b lêm e. S a m a in tr e m b la it
S es ye u x se vo ilèr en t.
L e vic o m te co n tin u a :
— J ’a i b es oin d ’a v o ir la s ig n a tu r e d ’u n h om m e
r ich e p ou r d es r a is on s q u i vou s éch a p p en t en core.
B ien en ten d u , je n e m e s e r v ir a i ja m a is d e ce b il
let, p u is qu e je s er a is , du cou p , en n u yé, m o i a u s s i.
Je veu x qu e vou s m e fa s s iez ce fa u x l
— N on I
— B :en !
L e vic o m te se leva .
— P a r fa it ! A u r e vo ir , m o n ch er a m i I
J u lien d e m e u r a a s s is .
— E c o u îjz,
F er u a n d e z,
au
m oin s
d ites - m oi
p o u r q u o i vou s vo u lez m e te n ir a in s i ?
L ’a u tr e s o u r it :
— M a is p o u r vou s te n ir !...
— V ou s vo u lez qu e je vo u s a p p a r tie n n e , qu e
d ’u n m ot vçu s p u is s iez m e fa ir e je te r en p ris on ?
— O u i. E n r eva n c h e, je vo u s a ffir m e q u e, s i
vou s m e p a ye z, tou t s e r a o u b lié d e cette a ffa ir e .
Je n ’a i p a s d ’tm tre g a r a n tie , m oi.
I l e x p liq u a it tr ès n ettem en t, a vec d e p etits g e s
tes s ecs :
— M o i, je cr ois à vou s . J ’ a i fo i en vo tr e a ve n ir .
V ou s fer ez u n b ea u m a r ia g e . V ou s tr o u ve r e z u n e
b elle s itu a tion . J ’en s u is s û r ! Je jo u e là - d es s u s .
M a is com m e s u r cen t p a r ven u s , il y en a tr o is q u i
.p a ie n t leu r s d ettes , je veu x qu e vou s s oyez d e ces
tr ois , et je p r en d s m es p r éca u tion s . C ’es t tou t n a
tu rel. I,o b ille t s er a à u n a n , r em b o u r s a b le ! D ’ ici
là , il p a s s er a d e l ’eaij, s ou s le p on t. Je vou s ju r e
q u e je n e m e s e r v ir a i p a s d u b illet. S eu lem en t,
je vou s tien d r a i. C ’es t c la ir , c ’es t n a ïf !
— Oh ! je co m p r en d s b ien ! fit J u lien .
P e n d a n t d ix m in u tes en core, l ’u s u r ier d é ve lo p p a
s on id ée. Il p r ê ta it cin q u a n te m ille fr a n c s p ou r u n
a n nu d eu x. O n lu i r e m b o u r s e r a it cette s om m e et
les in tér êts lé g a u x . M a is , p ou r êtr e cer ta in q u ’on
p a ie r a it, il e x ig e a it la s ig n a tu r e d ’u n é tr a n g e r ou
p lu tôt d ’u n m o n s ieu r d e leu r cer cle, con n u , rich e.
C e m on s ieu r no s a u r a it ja m a is l'u s a g e fa it d e son
n om . S i, d a n s u n a n , les d éb iteu r s éta ien t in s o lva
b les , le vico m te n e les in q u ié te r a it p a s p u is q u 'il
r is q u e r a it tou t, ex cep té d 'ê tr e p a yé. M a is d a n s le
ca s où les s ig n a ta ir e s s e r a ie n t d even u s r icfies , ils
n e p o u r r a ie n t se d ér o b er à le u r d evo ir .
C ’éta it lo g iq u e, tr ès s im p le./
L a s om m e é ta it ver s ée com p ta n t. J id ien p o u r r a it
m e n e r jo ye u s e vio a vec J a cq u elin e, il v o y a g e r a it.
D a n s u n a n , il cou le d e l’ea u sou a le P o n t N eu f.
D ’a ille u r s , s 'il n e p o u va it p a ye r , o n r e n o u v e lle r a it
le b illet, et tou t s e r a it d it.
J u lien r éfléch it p lu s d e d ix m in u tes .
C e q u i le d écid a <ï a ccep ter fu t le r a is o n n e m e n t
s u iva n t, q u i se d é r o u la d a n s s a c e r ve lle ; ,, j e s u j s
a u b ou t d e m on r ou lea u . P lu s d ’a r g e n t, p lu s de
créd it, Il m 'es t tom b é, a v tc J a cq u elin e, la s u p rêm e
tu ile. C e s er a it le m om en t d e p r en d r e u n r e v o lv e r
et d e se fa ir e s a u ter la cer velle, ou d e fu ir en A m é
riq u e,., D on c, q u oi q u ’il a r r iv e , d a n s u n a n , ce n e
H
«4 »
s er a p a s p ir e. Je n e m e r e tr o u ve r a i p a s p lu s b a s ,
p a s p lu s tr a q u é, a ccu lé a u s u icid e ou à l a fu ite
d és es p érée. Je va is p r en d r e les .q u a ra n te m ille
fr a n cs . A u m oin s je s u is s û r de p a s s er q u elq u es
b on s m ois . Je p u is g a g n e r a u je u et p a y e r a va n t
q u in ze jo u r s . Je p r e n d r a i q u elq u e tem p s J a cq u e
lin e p o u r m 'e n d é b a r r a s s er p lu s fa c ile m e n t... Je
s ig n e ! »
E t il s ig n a .
L e vic o m te a v a it p r é p a r é le b illet. I l d o n n a it
cin q u a n te b illets do m ille r em b o u r s a b les l ’a n p r o
ch a in , a vec in té r ê t lé g a l. L o u is d e C a s a n o a ccep
ta it, lu i. C ’éta it sû r.
— Q u elle s ig n a tu r e fa u t- il a jo u te r en p lu s ? d e
m a n d a J u lien a p r ès a v o ir s ig n é. L a p r e m iè r e
ven u e ?
— N on . C elle- ci :
L ’u s u r ie r d é p lia u n e le ttr e et m o n tr a u n n om
é c r it d ’u n e m a in d ’ h om m e r és olu .
— A h ! fit J u lien d e M o r ta n e, le com te A n fa lo tti !
— O u i.
I l le c o n n a is s a it ; ils fr é q u e n ta ie n t le m ô m e cer
cle, p a r fo is .
— il es t r ic h e ?
— Je p en s e. C op iez ex a ctem en t !
L ’a m a n t d e J a cq u elin e c o p ia la
s ig n a tu r e :
« P a o lo A n fa lo tti ».
— C ’es t p a r fa it I L a is s e z là le b ille)., ]!>. Jo fe r a i
s ig n e r p a r C a s a n o, en lu i d on n a n t s a p a r t V o ic i
la vôtre.
L ’u s u r ie r co m p ta q u a r a n te b ille ts d e m ille
fr a n c s s u r la ta b le, q u a tr e lia s s es q u e J u lien tou
ch a a vec d es fr is s o n s d e te r r e u r et d e jo ie a u s s i
a ig u s les u n s q u e les a u tres .
11 les r e p lia , les m it d a n s s a p och e, lo u l en r e
g a r d a n t s on b ille t à lu i, s on fa u x , q u e le vic o m tl
F e r n a n d e z ca ch a it a u fo n d d ’u n tir o ir .
Il n e p a r la it p lu s , s in is tr em en t im p r es s io n n é,
p a r e il à u n c r im in e l q u i v ie n t d 'a c c o m p lir ls o n
fo r fa it.
P o u r ■çe d o n n er u n p eu d e c o u r a g e, il d u l s e r é
p éter le r a is o n n em en t d e tou t à * l'h e u r e , se d ir e
q u ’a p r ès tou t, il n e fa is a it q u e r e ta r d e r s on s u i
cid e d e q u elq u es m ois .
S a n s co m p ter q u 'il p o u va it s 'en tir e r . U n a n ,
c ’ es t lo n g ! E t il en a v a it vu d ’a u tr es ! Ii s ’éta it
b a ttu q u a tr e fo is en d u el, il a v a it con n u d es h eu
res ter r ib les .
— B a h ! on v e r r a ! fit- il en se leva n t.
— A s s u r ém en t, con clu t l'u s u r ie r , u n h om m e
com m e vou s n e d o it p a s s ’é to n n er p ou r a i peu .
Ils n ’ a va ie n t p lu s r ie n à s e d ir e .j ils sc con
n a is s a ie n t trop .
J u lien s a va it q u ’il n e tir e r a it p a s le m o in d r e
r e n s e ig n e m e n t d u p etit h om m e a u x yeu x lu U a n ts ,
et le vic o m te n e ch e r c h a it p a s à d e m a n d er a u tr e
ch os e à s on a m i, d u m o in s p ou r le m om en t. H se
c o n te n ter a it d u fa u x b ien a u th en tiq u e p o u va n t je
ter d ’u n e m in u te à l ’a u tr e le b ea u J u lien s ou s les
ve r r o u s d e la C o n cier g er ie.
— A u r e vo ir , ch er a m i !
— A b ien tôt, ch er vic o m te !
U n e fois s eu l, F e r n a n d e z Y v e l sc d ir ig e a te r s
le p e tit b eu d o ir où g u e tta it J a cq u elin e.
11
la tr o u va tr ès ém u e. P lu s q u e J u lie n en cor e,
p a r ce q u ’elle a v a it p u ju g e r d e lo in , santt p r en d r e
p a r t à la d is cu s s ion , p a r con s équ en t m ieu x s u ivr e
la m a r ch e d e la s cèn e ; p lu s qu e J u lien , e lle se
r e n d a it com p te d e l ’e ffr o y a b le im p a s s e d a n s la
q u elle e n tr a it s on a m a n t, et où elle e n tr a it a vec
lu i.
D evo ir
une
s om m e
én or m e
à
cet u s u r ier
e ffr a y a n t, « p r êt à tou t », a v a it d it D es b oi »to iles ,
et fo u r n ir à ce m is ér a b le u n e a r m e a u s s i cr u elle
q u ’u n fa u x en écr itu r es , r e p r és e n ta it u n e s itu a tion
e x tr êm em en t d a n g er eu s e.
M a is , c ’é ta it fin i ! R ie n n 'e m p ê c h e r a it les d es
s ein s d u vic o m te d e s ’a cc o m p lir .
A u s s i n e s ’a tta r d a - t- e lle pu s.
— Je p u is s o r tir ? d em a n d a - t- elle.
�«3®
R ei n es de Va r i s
12
— O u i, vou s a ve z en ten d u ?
— Tou t 1
— V ou s v o y e z d on c où en es t vo tr e a m a n t. .Te
com p te s u r vou s p o u r l'e m p ê c h e r d e fa ir e d es s ot
tis es . li es t a s s ez r ic h e p ou r vou s p r en d r e, et a s s ez
p o ltr o n p o u r vo u s g a r d e r . V o u s a lle z d on c a v o ir
s u r s on ex is ten ce u n e in flu en ce con s id ér a b le. J ’es
p èr e q u e vo u s lu i m on tr e r e z to u jo u r s q u e s on d e
vo ir , la n éces s ité d e s a p o s ition , s on in té r ê t et le
V ôtre, sont, d e m ’o b é ir ju s q u ’a u b ou t.
— E n effet, vo u s le ten ez !
— A u r e v o ir , m a d em o is elle.
— M on s ieu r ...
J a cq u elin e s o r ta it, la tôte p lein e en cor e d es p h r a
s es m éch a n tes d u vicom te, l'o u r la n t, s u r le s eu il,
(’¡le s o n g ea q u 'e lle ig n o r a it en co r e l ’a d r ts s e d e
J u lien .
— O ù r e tr o u ve r a i- je m o n a m a n t ?
— Ce s o ir ? V ou s y ten ez ?
— S i p os s ib le. Je veu x Je v o ir a u p lu s tôt.
— B o n i II va , d e ce p a s , ru e d e la B ien fa is a n ce.
C 'es t u n e r u e tou te p r och e d ’ici q u e le p r e m ie r p a s
s a n t ven u vou s in d iq u e r a . L à , ch ez u n e m a r
ch a n d e d e r ob es e t d e ch a p ea u x d e fem m es , d e
m eu r e L o u is d e C a s a n o.
— C h ez u n e fem m e ?
— N on . M a is le s lo g e m e n ts com m u n iq u en t, c'es t
tri-;; com m od e... p ou r les d eu x . M o r ta n e y v a d r oit.
A lle z- y ! Je vou s c o n s eille d ’a tten d r e s a s o r tie d e
va n t la p orte, c a r s ou ven t C a s a n o n 'e s t p a s s eu l.
— M er ci !
C ette fo is J a cq u elin e s o r tit et se d ir ig e a ve r s la
r u e c'e l a B ien fa is a n ce, in d iq u é e p a r l ’u s u r ier .
D a n s lu c o u r t tr a je t, elle r é flé c h it et, h o ch a n t la
tèie, m u r m u r a :
— Qu<> p eu t d em a n d er u n p a r e il b on h om m e ?
Q u e va - t- il e x ig e r do J u lien p o u r ses b ille ts de
m il l e ?
B ifen en ten d u , e lle n e tr o u v a it p a s d e rép on s e.
S a n s rtou to M o r ta n e n 'a v a it p a s r en co n tr é s on
a m i, ca i il s o r ta ü d e la ru e d e la B ie n fa is a n c e , en
m êm e tem p s qu e s a m a îtr es s e y e n tr a it.
J1 ta is a it nuijt, et u n b r o u illa r d a s s ez é p a is tr a î
n a it su ' lo p a vé g r a s . P a s s a ie n t tr ès vite d es v o i
tu r es d e m a îtr e , d es h om m es a ffa ir é s , le c o lle t d u
p a r d es s u s r elevé , d es o u vr ièr es , la r ob e r etr ou s s ée
p o u r m o n tr e r u n m o lle t lin ; d es jeu n e3 g en s b a
v a r d a ie n t tr ès h a u t de la p a r tie d u s oir.
M o r ta n e n e v it p a s J a cq u elin e. E lle d u t le p r e n
d r e p a i 1e b ra s .
— J u lien !
il tr e s s a illit m a lg r é lu i ;
certes , il no s’éton n u it p a ï d e la v o ir , il l ’a tte n d a it d ep u is d eu x
m o i- , et on v e n a it d e lu i a n n o n cer s a ven u e, p o u r
ta n t il a v a it ta n t r ed ou té la s cèn e p r é vu e 1
— Toi !
— O u i. T u s a va is q u e je vie n d r a is , n 'cs t- cc ipas ?
Je le l'a v a is écr it. Je s u is ven u e a vec C lém en ce
et B cr a n g ô r e. Je com p te s u r toi p o u r m e p r en d r e
b ien tô t, q u a n d tu a u r a s a r r a n g é u h coin . Je ne
veu x pu s iù g ê n e r , je to la is s e r a i lib r e , m a is je
veu x du r p la ce, à tes côtés ; je veu x ce q u e tu m 'a s
p r o m is et q u e j ’e x ig e !
11*s’a tte n d a it à p ir e qu e cela . Il d it :
— V o lo n tie r s . J a i eu to r t d e te la is s e r a in s i,
ru a is ¡’éta ls p a u vr e... A p rés en t, j'a i d e l'a r g e n t.
V o lo n tie r s . Je lo u e r a i u n e m a is o n n ette m eu b lée
v e r s A u te u il, n ou s y vivr o n s ...
K i l o l t . r e g a r d a it à la lu e u r d 'u n b ec d e g a z s ou s
leq u el fis s 'ô ta ie n t a r r êtés .
— 'i i. n ’a s p a s b on n e m in e. T u a s m a ig r i. M a is
je t o o o ig n er a i, si l u n e ch er ch es p a s à m e Ir o m p e r
e n c o r j, iï m ’ a b a n d o n n e r s a n s u n s ou , lâ ch em en t,
vila in e m e n t ; je t'é p a r g n e r a i d es s ou cis .
/I s -3 m it il r ir e.
— Je te d éfie b ien d ’em p êch er, d e to m b er la tu ile
q u e j e p r é vo is ! M a is on a le tem p s ! D em a in tr o u
ve toi ch ez C a s a n o, il cette h eu re- ci.
— Il es t ch ez lu i ?
— M a i* il n ’es t n a s s eu l. Je m ’en a lla is . D em a in
i l s e r a lib r e. A m èn e C lém en ce. I l l a p r e n d r a v o
lon tier s , il en es t toq u é. 1 1 a u r a q u elq u es s on .
— D em a in , à cette h eu re- ci !
__ A va n t, s i vo u s vo u lez. A q u a tr e h eu res . O n
fe r a p eu r le m ieu x .
,,
E lle s e m it b ien en fa c e
d e lu i,
d un
g es te
b ru s q u e
^
^
^
{a u d r a it
pas
te
jo u e r
de m oi ?
— E t ntu fa is g b ie n f' P a r c e q u e... D on n e- m oi ta
m a in
la d r o ite... P a r c e q u e cette m a m - là . v ie n t
d e co m m ettr e u n c r im e !
O h f t i f i f b e a u * ™ « T ir e r
n om d u com te A n fa lo tti !
-
Q u :a a pu te d ir e ? T u
: e lle
a s ig n é la
é ta is ca ch ée d a n s l a
'N on .0 JTe ° tie » ^ s im p le m e n t à le
p r és en t j ’ex ig e m a p a r t d e jo ies , m a p a l y
fo r tu n e et q u e
je
te
d éfie d e m ’em p êch er de
^ L it- d e s s u s , elle* s ’en a lla e n je ta n t u n d e r n ie r
m ot :
,
__ A d em a in , ch ez C a s a n o .
•ju lien de M o r ta n e r es ta a b a s ou r d i d e ce cou p .
T1 ' r e ta r d a it le m êm e p oin t d u tr o tto ir , r é p é ta n t
m a ch in a lem e n t le m êm e m ot :
__ U i; fa u x ... u n fa u x !...
E n fin il s ecou a la tête et m u r m u r a :
_
N om d e D ieu ! 3 a i id ée qu e je les p a ie r a i
ch er , les q u a r a n te m ille fr a n cs qu e m 'a d on n és
F p on d a n t/ q u 'ü ' se r e m e tta it d e s on m ieu x, es
s a y a n t“
p u is er la fo r c e d ’es p ér er a u con ta ct d es
h iU ets b leu s q u e s es d o ig ts cris p es ten a ien t d a n s la
r.oeh e de s on p a rd es s u s , J a cq u elin e r e n tr a it a u p rès
S e s c s com p a g n es . L a ru e d e B r e ta g n e n ’es l ja m a iV e a ic ; elle es t p a r tic u liè r e m e n t lu g u b r e p a r
Tn n liü e v e r s s ix h eu r es d u s oir .
S illo r n é c p a r la fou le d es o u vr ier s s o r ta n t d es
a i l i e r s d u M a r a is , en com b r ée des m a r ch a n d s d e s
d tel
’
ï_oijt; q u i r en tr en t r em is er leu rs vo itu d â n s 'le b i'Ù H de fe r r a ille des om n ib u s , les
a n ù cls des a p p r en tis , les r n s d es g a m in s , d a n s lo
co u d o iem en t d e la m is è r e g r o u illa n te d es q u a r
t i e r s
p op u leu x , e lle p a r u t h o r r ib le à
l ’in s lip r é fé r e r a is r e to u r n e r en In d r e - e t- L o ir e ,
. (i..n ieu r er ici, m u r m u r a - t- elle. H eu reu s em en t,
i'en p a r tir a i a p r ès - d em a in ... j'es p èr e ! Je s u is p r ête
a ccep ter la lu tte a tix côtés de J u lien I T a n t p is !
C om m e à lu i, il m e fa u t le lu xe, les q u a r tie r s r i
ch es , la g a ie té, la vie... Je m a s s ocier a i à lu i, q u ’il
le ve u ille ou n on ! .’ e. s er a i u ne r ein e de P a r is 1
B ér n n g èr e et C lém en ce l’a tten d a ien t a u co in
d ’u n m a ig r e feu de cok e, g r e lo tta n t d a n s l’h u m i
d ité, d e la ch a m b r e m is ér a b le.
_ E h b ien ? lu i d ir en t- eljes .
__ K ii b ien 1 J ’a i vu J u lien . I l m e p r e n d r a a ve c
lu i d em a in , je p en s e. L ou is p r e n d r a C lém en ce q u ’il
d és ir e tou jou r s . Il n ’y a qu e n otr e a m ie B ér a n g èr e ... A ce m om en t, c « fm ip p a ii la p or te d e la ch a m
b re, et u n d om es tiq u e .le b on n e m a is on ho m o n tr a ,
tr ès p oli. U d em a n d a :
— M a d e m o is elle B é r a n g è r e ?
— C ’es t m oi.
__ M on m a îtr e, M . le b a r on D es b ois telles , m 'a
ch a r g é d e r em ettr e ceci fi m a d em ois elle.
C 'é ta it u n e lettr e d ’in vita tio n à d în e r p ou r lo
len d em a in . L o b a r on , c r a ig n a n t p o u r s a vis iteu s e
d u m a tin les p r e m iè r e s tris tes s es du ch a n g em en t
la fa ta le n o s ta lg ie d es p r e m ie r s jo u r s d e P a r is , la
s u p p lia it de ve n ir d în e r a vec lu i, s a n s fa çon s .
O n ir a it a u th éâ tr e , ca ch és d a n s u n e b a ig n o ir e ,
l e b a ron se c r o y a it o b lig é, en q u a lité de. P a r i
s ien d e P a r is , d 'a m o r tir le p r e m ie r ch oc d es d é s il
lu s ion s .
�Î3
R ei n es de P a r i s
La
le ttr e
é ta it
ch a r m a n te,
te lle
qu e
p ou
v a it se le p e r m ettr e u n b a r on m illio n n a ir e en ver s
u ne
p etite
p r o vin c ia le
ven u e
d em a n d er
s on
a p p u i.
— D ites q iie j ’ir a i vo lo n tie r s , r é p o n d it B ér a n g èr e. D em a in , à la n u it clos e. C on ven u !
L e v a le t se r etir a .
L es tr o is b ru n es se r e g a r d è r e n t. C ela te n a it d u
p r o d ig e . J a cq u elin e r e m a r q u a :
— O n c r o ir a it lir e u n con te d e fées . E n d eu x
jo u r s n ou s v o ilà ca s ées , a vec d es a m is r ich es ... ou
à peu p rès , en tou t ca s s or ties d e la fa n g e des b a s
q u a r tier s . B on s oir , la ru e d e B r e ta g n e ! A n ou s
P a r is !
B éra n gère
le v a
au
p la fo n d
s on
b ra s
de
d ées s e :
— A n ou s P a r is !
E t, s o n g ea n t à s on a r r iv é e s i p iteu s e :
— O u i, en q u elq u es h eu res , n ou s v o ic i s u r la
r o u te d es tr io m p h e s ... N o u s n e p en s ion s p a s y
a r r iv e r s i vite , les n n es et les a u tres . Q u i s a it s i
les b lon d es on t eu la m êm e ch a n ce ?
— L es b lon d es ? A h ! ou i ! L u cette, C lo tild e et
M ys tè r e !
— O ù s on t- elles , celles - là ? O n t- elles tr o u vé leu r s
fia n cés ?
L e s a - t- on in vitée s à d în e r p o u r d e
m a in ?... E lle s a u r a ie n t r efu s é p eu t- être... E lles
s e m b la ien t u n p eu ... u n peu ca n d id es ... E lles on t
to r t... O h ! P a r is !... D ir e qu e d a n s tr ois m ois n ou s
s er on s d e celles qu e P a r is a ccla m e, a d or e !... O h !
v iv e P a r is ! v iv e P a r is !...
III
J a cqu es D a r ta u d et L u d o vic M o is s a c s’éta ien t
In s ta llés , d ès leu r a r r ivé e , d a n s le q u a r tie r d u
L u x e m b o u r g . L e s cu lp teu r a v a it lou e
un
p etit
a te lie r ru e do V a u g ir a r d , et l’é c r iv a in u n e c h a m
b re ru e de i^ leu ru s .
B ie n en ten d u , lors q u e J a cqu es n ’é ta it p a s à l'a te
lie r , L u d o vic éta it ru e fie F leu rira . M a is d 'o r d i
n a ir e or. se ten a it ch ez M ois s a c, où le p oêle r o n
fla it, c a r la p ièce éta it tellem en t fr o id e q u ’il eû t
été im p os s ib le d 'y v iv r e s a n s u n g r a n d feu .
L e p oète s ’a s s eya it p rès d u p oêle et fu m a it s a
p ip e en r e g a r d a n t l’a r tis te m o d e le r u n e s ta tu e de
J iio g è n c , d es tin ée a u p r o ch a in S a lon , u n e s ta tu e
de g r a n d e u r n a tu r elle, p r es q u e a ch evée, p la cée a u
m ilie u de l’a te lie r , q u i, s a n s elle, eû t p a r u a ffr e u
s em en t vid e et nu .
A u x d eu x a m is s’était, jo in t u n a u tr e ca d et d e
G a s cog n e du n om d e G a b r ie l P o n ta r lie r , u n fils
d e M on ta u b a n , to u jo u r s a g ité , tr ès ei: g es tes , n e
p ou va n t p a r le r s a n s c r ie r , les ye u x fou s , a n im é
d 'u n es p o ir d ’a p ôtr e, n e m etta n t pa s en d ou te
q u 'il é to n n er a it b ien tôt l ’a r is p a r son s u ccès , ce
qu i éta it d ’a u ta n t p lu s s u r p r en a n t q u ’il ne fa is a it
a u cu n m étier.
I l éta it ven u à P a r is p o u r le co n q u é r ir a vec ses
a m is L u d o vic et J a cqu es , m a is si le b u t é ta it c la ir ,
Ües m oyen s s em b la ien t fo r t n u a geu x .
L o r s q u ’on s 'en in fo r m a it, il r ép o n d a it q u 'il fe r a it
« d es a ffa ir e s », m ot très v a g u o d o n t lu i- m êm e ig n o
r a it l'ex a cte s ig n ifica tio n .
D u res te, il c o u r a it P a r is d u m a tin a u s oir, s’a
b ou ch a n t a vec d es in ven teu r s , d es cou r tier s , d es
é tr a n g e r s , a l ’a ffû t d ’u ne d éco u ver te ou d ’u n tr u c
d e ca m elo t, to u jo u r s s u r le p oin t d e te n ir la fo r
tu n e, if. v r a ie fo r tu n e, le m illio n . P o u r l’h eu re, il
v iv a it a vec u n e s ob r iété de S p a r tia te et, g r â c e à
s cs a m is , s e p r o cu r a it q u elq u es p etits p rofits .
U n e tr en ta in e d e jo u r s s 'éta ien t écou lés d ep u is
l ’in s ta lla tio n à P a r ia d es T o u lo u s a in s , et ils n ’a
v a ie n t r eçu a u cu n e n o u velle d e L u cette ou de
C lotild e.
Ils p en s a ien t q u ’elles b ou d a ien t,
et n on s a n s
m o tif, ft, i u Huit,, d e leu r q u e r e lle b r u ta le. C ep en
d a n t, ils c o m m e n t a i e n t à s’ in q u iéter , c a r J a cqu es
a v a it é c r it d es le ttr e s d ’excu s es s i ten d r es et s i
\
« fc
p r o fo n d e s q u ’il n ’eû t p a s cr u le s fillette s ca p a b les
d ’y r és is ter .
O n ô ta it d on c a u m ilie u d e d écem b re. 11 fa is a it
tr ès fr o id .
J a cqu es a r r iv a , ver s cin q h eu r es d u s o ir , à l’a te
lie r . I l a v a it cou r u to u t le jo u r p o u r p la c e r s a ’
cop ie, il a v a it fa it a n tic h a m b r e d a n s des jo u r
n a u x et ch ez des éd iteu r s ; a u s s i n e p u t- il s’em p ê
ch er d e d ir e, en s ’a s s eya n t d eva n t le p oêle et en
ten d a n t s es m a in s r o u g ie s p a r l’o n g lée :
— D écid ém en t, ça n e m ord p a s ! J’a u r a i b ien d u
m a l à fa ir e m on tr o u ! C ertes , je n e m ’a tten d a is
p a s à tr o u ve r à la g a r e les d ir ecteu r s d e th é â tr e
im p lo r a n t l ’h on n eu r d e jo u e r m es d ra m es , e t les
r éd a cteu r s en ch ef s’a r r a c h a n t m es a r ticles , m a is
je p r é vo is d es d éb u ts féroces .
— M o i a u s s i, d it L u d o vic . B a h ! n ou s lu tter on s !
L e d é co u r a g em en t
ne
me
s o u ffle r a ja m a is à
l'o r e ille u n m ot de r eg r et.
« Je s u ivr a i le c a lv a ir e d es s cu lp teu rs , u n d es
p lu s a r d u s q u ’il y a it ! S i je tr o u ve a u b ou t u n fa u
te u il d ’a c a d é m icie n et la m a in d e ta s œ u r L u cette,
je s er a i r a v i ; s i je r en co n tr e la m is èr e et la m o r t
à l’h ô p ita l, je n ’en s er a i p a s s u r p r is . R ie n n e in ’éton n er a .
E t l’a r tis te se r e m it à a r r o s e r la te r r e g la is e d é
s a s ta tu e.
— P a s d e lettr es de T ou lou s e ?
— N on .
— C ’es t e x tr a o r d in a ir e !
— Je n ’y co m p r en d s r ie n n on p îu s . A h ! vo ic i
G a b r ie l !
L ’e n ia n t d e M on ta u b a n a r r iv a it. Il éta it p etit,
p a s b ien b ea u , et s a tête r on d e et r o u g e fa is a it
C on tra s te a vec la b elle fig u r e d ’a p ô tr e d e Ja cqu es ,
et le vis a g e fin et s p ir itu e l d e L u d o vic M ois s a c.
G a b iie l P o n ta r lie r p o r ta it tou te s a b a rb e c la ir e ,
d ’u n c h â ta in rou x , ta n d is qu e le s cu lp teu r n ’a v a it
qu e de;- m ou s ta ch es fin es , tr ès b ru n es , e t qu e
J a cq u es s é p a r a it s a b a rb e en d eu x p oin tes , u n e
b elle b a r b e d r u e et s oyeu s e.
L e la n ce u r d ’a ffa ir e s e n tr a s a n s fr a p p o r .
— B o n s o ir , J a cq u es ! S a lu t, L u d o vic I T o u jo u r s
b ien ? O u tre ! ça a va n ce, ton D io g è n c I C ’es t ép a
ta n t, tu s a is . Ce qu e tu v a s leu r en b ou ch er u n
coin à tes s a les b on s h om m es d e l'in s titu t !
I l s ’a p p r o ch a d u p oêle.
— B r r ! ça p in c e !
V ila in e v ille , leu r P a r i s î
D io u b ib a n t ! S i on a va it d es ren tes , ce q u ’on r e
to u r n e r a it là - b a s , a u p a ys du s o le il et des ros es I
Je g r e lo tte ! S u r to u t q u e m on p a rd es s u s es t r â p é
com m e la con s cien ce d ’u n ju g e I
— A lo r s , les a ffa ir e s ?
— Ç i ir a ... m a is ça n e vji. p a s . T u te s ou vien s ,
ou ca fé du C a p itole, s u r le cou p do m inu it., lo r s
q u ’on s’éta it u n p eu g r is é à p a r le r , il s em b la it
q u ’on n ’a v a it q u ’a v e n ir s u r le b o u lo va r d p o u r
tou t r a fler ... A h ! ou ich e ! C e tem p s es t pask.é !
L 'a c c e n t du M id i n ’es t p lu s u n e r eco m m a n d a tio n ...
Q u ’es t- ce q u ’il leu r fa u t, a lo r s ?...
I l se fr a p p a le fr on t.
— Qut, je s u is b ête I Je ve n a is p ou r vou s d ir e
ça ... V ou s m e fa ite s b a va r d e r ... T u no s a is p a s q u i
je vien s d e v o ir , J a cq u es ?
— N on .
— M lle C lo tild e !
L e T o u lo u s a in se le va , les s ou r cils fron cés .
M ois s a c, qu i lis s a it les ja m b es d e s a s tortue, re
le v a la tète a vec u n e ém otion in d icib le.
— C lo tild e B a r e n tin , m a cou s in e ?
— O u i, celle q u i é ta it ch ez toi, à Tou lou s e.
— T u d ois te tr om p er , fit le s cu lp teu r , J a «q u ea
a reçu , a w m t- liie r , u n e lettr e d e s a m èr e q u i ne
p a r le p a s ...
__ Il en a u r a it reçu u n e a u jo u r d 'h u i, nu e ça n e
m ’em p êc h e r a it p a s d ’a v o ir croiü é M lle C lotild e, à
u n e h eu re d ou ze m in u tes , r u e du P o te a u .
— B u e d u P otea u ? in te r r o g e a L u d o vic .
__ C ’es t u ne a r tè r e p ittor es q u e, q u i v a d e- la n ou
ve lle m a ir ie d e M o n tm a r tr e a u x fo r tific a tio n s .
�R ei n es de P a r i s
tin es t p a r ti p o u r l ’Ita lie , e m p o r ta n t u n e a s s ez
g r o s s e s om m e d ’a r g en t.
— O u i, et d es b ijou x . A u b ou t d ’u n m ois , on a
a p p r is q u 'il s 'é ta it fa it s a u ter la c e r ve lle s u r les
r och es q u i en tou r en t la S p ezzia .
— C ’es t p r ès d e P is e ? d e m a n d a G a b r iel.
— E n tr e G ên es e t P is e . L a m è r e r eçu t c o n fir
m a tio n d e cette n o u ve lle p a r rfn a m i d e s on m a r i
qu i
lu i a p p o r ta it le r é c it e x a c t d e
l'a ve n tu r e .
O rd re...
M . B a r e n lin s’éta it s u icid é a u s om m et d ’u n r o ch er
— T u e a u n ex ce llen t a m i... m a is il m e s em b le
s u r p lo m b a n t la m er , e t il éta it tom b é d a n s u n
b ie n im p r o b a b le... A p r è s tou t, c ’es t p os s ib le. D u
g o u ffr e d ’où on n e p u t r e tir e r s on corp s . L e fa it
m o m en t qu e lu l’a s b ie n recon n u e !
était, a ttes té p a r tr o is p r o m en eu r s p r és en ts à la
— M a , t il e , je te d i 3 , m a tète s ou s l a g u illo tin e !
ca ta s trop h e.
Je ve u x q u ’on m e tr a ite d e S a x o n s i je m en s ! Je
L e s cu lp teu r fit s ig n e q u ’il se s o u ve n a it d e l ’a ve n
l a c o u r a is b ien , fa cou s in e ! D u res te, e lle m ’a vu
tu re.
a u s s i, > u r e lle a p r es s é le p a s .
— E n s u ite la m èr e es t m or te, n ’es t- ce p a s ?
— O ù s ’es t- elle a r r ê té e ?
— A u b ou t d e q u elq u es s em a in es . M o r te de c h a
— r N u D e p a r t. E n v o y a n t qu e je la v o y a is , —
g r in , ca r les d eu x ép ou x s’a d o r a ien t. C lotild e, d e
j e p a r le com m e m a c o n cier g e, — e lle a s u ivi s a
m eu r ée s eu le, r é a lis a s es b ien s , — il y en a va it
rou te et s ’es t d ir ig é e ve r s le ta lu s d es fo r tifs . E v i
p o u r u ne tr e n ta in e d e m ille fr a n cs , — et se r é fu
d em m en t, elle se r e n d a it d a n s u n e m a is o ñ d u
g ia a u p r ès d e m a s œ u r L u cette, q u i é ta it a lléa
q u a r tie r cl, se s en ta n t ob s ervée, e lle a...
ir o is fo is à N ic e , p a s s er les va ca n ces . N ou s l ’a von s ,
— C lo tild e !
d cp u i3, co n s id ér ée com m e
fa is a n t
p a r tie
des
— S a p r is ti I T u n e va s p a s r ec o m m en cer la
n ôtr es , et elle co m p ta it d em e u r er to u jo u r s a vec
s cèn e d e Tou lou s e ! C ette ch a r m a n te d em ois elle
n ou s , p u is q u e les r even u s d e s a p e tite fo r tu n e lu i
es t a p p elée à P a r is p a r u n d e vo ir q u elcon q u e, et
p e r m e tta ie n t d e n ’être p a s à n o tr e ch a r g e. Je 11 ’ai
e lle v vien t. C ’es t fo r t n a tu r el.
p a s b es oin de te d ir e qu e cette c o n s id é r a tio n ne
— A s s u r ém en t, a jo u ta L u d o vic , u n e je u n e fille
n ou s to u c h a it p a s , n ou s l ’a u r io n s r ecu eillie, a vec
q u i va , la n u n , à la fe r m e d es P la ta n e s , r e n c o n tr er
la m êm e a m itié, en h a illo n s ; cep en d a n t je tien s à
ries ¿¿mis a u fon d d os c a r r iè r e s d ’A m é r iq u e de
t ’ex p liu u er les ch os es d a n s le u r s tr ic te vé r ité . E t
T o u lo u s e , p eu t b ien v e n ir à P a r is v is ite r ces m ô
m a in te n a n t tu en s a is a u ta n t qu e m oi.
m es rr.ta lion ;;. ]>es d eu x a ctes s e com p lèten t, n ’en
L u d o vic r é flé ch it u n fn om en t :
fo n t q u ’u n .
— C ’es t d a n s ce d r a m e d 'Ita lie q u ’il fa u t ch ei’— T u a s r a is o n , d it J a cqu es . C ela n e d e v r a it,
ch e r la s olu tion du réb u s . P e u t- êtr e le p èr e de
p a s m e s u r p r e n d r e... M a is je no p u is m ’em p êch er
C lo tild e a - t- il la is s é d es in s tr u ctio n s a u s u je t de
d e s o u ffr ir .
cette s om m e d ’a r g e n t q u ’il p os s éd a it, au m om en t
G a l r ie l in te r r o m p it l ’é c r iva in .
d e s a m o r t, ot la jeu n e fille ch ercb c- t- elle à. e n tie r
— a l i ! lo i ! T u s o u ffr e s to u jo u r s !
T u g é m is
en p os s es s ion de- l’h é r ita g e.
commT, d 'a u tr es r ie n t ou p a r le n t. C ’es t ton éta t
— P o u r q u o i se ca ch er d e m oi ?
n orm a l. T ô fi- c œ ti¥ es t to r tu r é , ton c er vea u b r oyé,
— L e s a is - je ? S i je d e vin a is le'm o t, tu le s a u r a is
;u vo is p a r to u t ¡dea tr a îtr is e s ... lu n ’es con ten t q u e
a u s s i ! E n tou t ca s , tu 11’a s p a s à r e c o m m e n c e r les
lors q u e tu peu x'■la p la in d r e !
s cèn es la m en ta b les ...
— fi y
du vr a i, fit L u d o vic.
__ N 3 t’in q u iète p a s I J’a i eu a s s ez h on te d e m o i !
— D ir.u b ib ívj'.t f C e g e n r e é ta it en fa v e u r d u
S eu lem en t d em a in je s er a i r u e d u P o te a u e t je
1m ip s île. JA rém ie, ou ù l’ép oq u e du r o m a n tis m e ;
v e r r a i p a s s er C lotild e.
J u jor ,:i’h u l, ces éter n elles la m en ta tio n s n e...
__ T 11 r a b o r d or as,
lu lu i r éciter a s les inipr/*— E h I s a p r is ti ! Je n e peu :: p o u r ta n t p a s s a u ter
ca tion s d es a m ou r eu x tr a h is .
J> 3 je u : p a r ee q u ’u n e jeu n e fille qu e j ’a d or e, d on t
— N on . Je lu i r é p éte r a i qu e je l ’a d or e, qu o je la
je r êve d e fa ir e m a fem m e, se ca ch e d o m oi, et
vén èr e, qu e je 110 veu x p lu s d ou ter d ’elle, m a i,
d e to u ^ . p o u r c o u r ir la ru e d u P o ir e a u ...
q u ’elle a to r t de se m é fie r d e m oi.
— D u P o tea u , d ix - h u itièm e, ve r s a n t n or d d e la
G a b r ie l s e leva .
b u tte M o n i.m a r lr c. C on d u it à l ’h ô p ita l B ich a t, b o u
— .Alors, je p a rs . J’a i ren d ez- vou s a vec u n i n v e n
le va r d N u y.
te u r qu i a d écou vert u n feu d ’a r tific e p e r p é t u e l .
— Tm P o te a u ... s o it ! T u en p a r les ñ. ton a is e,
L es g a -: se com b in en t p o u r fo r m e r do n ou vea u x
to i, P c .n ta r fier ! L e jo u r où tu s er a s a m ou r eu x , tu
feu x . C e s e r a it la for tu n e ! E t q u elle joie p o u r le
d e vie n d r a s ...
p eu p le : d es feu x d ’a r tifice tou s les s oir s I
__ lie i- té d u c ie l ! S i d e d é s ir e r u n e jeu n e fille
J a cq u es p r it d eu x lou is d a n s s on p or tem on en ju s te.: n oces d e va it m e d o n n er le tein t ja u n e et
n a ie.
d e p er p étu els g r in c em en ts d e d en ts , je la ve r r a is
— T ien s , G a b r iel, p o u r a tten d re.
a vec jr.»<-• m e p r é fé r e r u n vo is in ! M a is je n e t ’en
■ L ’a u tr e se d éfen d it a vec vig u e u r :
veu x 'pu :,... lu es a in s i... tu a s l ’â m e d e M a n fr cd
J a m a is l J’en a i d é jà tr o p p r is à l’a s s o c ia
et les n er fs d 'O th ello.
tio n !...
U n s i'e n c e .
—* N o fa is p a s la hôte ! P r e n d s ces q u a r u n le
L u d o vic s 'é ta it r em is à p o lir d u b ou t d e s on
fra n ca , et ne te g ên e p a s p o u r ca s s er les vitr e s
éh a u ch oi«' les ja m b es d e s on m en d ia n t, a s s ez tr o u
d es g r a n d s m e g s in s . Il res to en co r e h u it cen t
b lé d e cea n ou velles , s e d is a n t q u i} s i C lo tild e lia b is oix a n te fra n cs . A va n t qu e n ou s en a yo n s vu la
ta it P a r lé ,
L u cotte
ne d e v a it p a s
êtr e b ien
fin , tu s er a s r ich e, et c’es t toi q u i en tr e tien d r a s la
loin .
com m u n a u té.
Jn equ es r a llu m a r,a p ip e, et le fils d u R o u e r g u e
— Ç a , c’est, s û r qu e je s er a i r ich e a va n t p o u !
r o u la u n e c ig a r e tte
a vec
le ta b a c d u s cu lp
.T’a i u n tru c : des b on b on s in s tr u ctifs ! Je p r en d r a i
teu r.
u n b revet. D es p etits fo u r s p o r ta n t d es m a x im es
E n fin , I.o d o v lc ¡Y J a cq u es :
ou des prob l& rhes, d es n ou g a ts Im ita n t d es ca rtes
__ V o yo n s . R ép ète- m o i l'h is to ir e d e C lotild e. Il
de g é o g r a p h ie , s u r les g fttoa u x on lir a d es p r in c i
v a é vid e m m e n t d a n s s on p a s s é la c le f d e cette
p es d 'a lg èb r e ... A d em a in I C e s oir , je d în e à un
én ig m e. C on n a is - tu u n d r a m e d e fa m ille , u n
b a n qu et m a r s eilla is . Je le u r a i dit qu e j ’éta is deq
s ca n d a le,
qu i
e x p liq u e r a it
ces
fa its
e x tr a o r
B ou ch es - d u - R h ôn e !
I l s e r r a la m a in d e L u d o vic en lu i f a i s a n t u n
d in a ir e s V
— E h I Oui ! Je te l ’a i r a co n té d éjà .
d e r n ie r com p lim en t s u r s a s ta tu e, et s o r tit en d i
— R ép ète ! È llo h a b ita it N ic e ?
s a n t à J a cq u es :
— A ve c s iin p ère et s a m ère... M . C h a r les B a r en -
Ja pqtièa 'ÎiG é'ÿifâ l a tête.
- — E s - tu cer ta in q u e ce s o it m a cou s in e ?
— A L s ottm ien t. J ’en m e ttr a is m a tête a u feu ! A
p r e u ve qu e j ’a ccou r s p o u r te le d ir e. S i j ’a va is le
d r o it d.' tfa u ter, j e n e s er a is p a s ven u a u s s itôt
te r e la n c e r , p a r ce q u e je r é v e ille en toi des s ou ve
n ir s de. •,a g r é a b les . S eu lem en t, tu m ’a s fa it p r o
m e t í ; d 'tig fr cú ra m e je le fa is . C ’es t
su r
ton
�^
15
R ei n es d e T a r i s
E lle s e m it à r ir e :
— V il r u e d u P o te a u ! V e r s u n e h eu re, s i e lle
— N a tu r e lle m e n t. L ’a ven tu r e es t a s s ez b iza r r e
fa it oo/nme a u jo u r d ’h u i, e lle p a s s er a à h a u teu r d u
p o u r qu ^ je n ’en a ie p a s d eu x p a r eilles .
n u m ér o 30 ou 32. À d em a in !
— E t vo u s n e m e d ir ez, p a s p lu s qu e là - b a s , le
I l ch a n ta it, d a n s la cou r, u n r e fr a in p a tois , se
s ecr et d e v o tr e con d u ite... s i étr a n g e ?...
h â ta n t p ou r n e p a s m a n q u er d ’a u s s i im p o r ta n tes
E lle p a r u t h és iter , fit u n e m ou e ch a r m a n te e t
e t d ’ü u b si s û res a ffa ir e s qu e celles q u i l ’a p p e
se d é c id a à r é p o n d r e :
la ie n t.
— N o n ... n on . Je p en s a is m êm e, j ’es p ér a is q u ’u n
.Taocpies D a r ta u d d în a a vec L u d o vic M ois s a c.
lo n g m ois p a s s é s u r le p r e m ie r éto n n em en t a v a it
T o u te la s oirée, ils p a r lè r e n t d e Tou lou s e, d e leu r
ca lm é vo tr e r a g e d e s a vo ir ...
p a s s é, de le u r en fa n ce, d e la jo ie q u ’ils a u r a ie n t
— M on d és ir ...
à y r e to u r n e r a p r ès fo r tu n e fa ite , d e la n éces s ité d e
— V o tr e d és ir d e s a vo ir d es ch os es q u i n e s on t
r éu s s ir p o u r d o n n e r à la b on n e v ie ille m èr e, à
p a s m a p r o p r ié té a b s olu e. J’ex cu s a is u n e p r em ièr e
L u c e tte et à C lo tild e le u r p a r t, u n e g r o s s e p a r t de
s cèn e, q u elq u e in ju s te et q u elq u e c r u elle q u ’elle
b on h eu r et d o lu x e 1
eû t été. Je n e co m p r e n d r a is p lu s qu ’ a p r ès u n m ois
L e len d em a in , b ien en ten d u , J a cqu es se p r o m e
de r é fle x io n u n h om m e com m e vou s d o u tâ t d ’u n e
n a it d e lo n g en la r g e d u b o u le va r d N e y a u x p r e
fem m e com m e m oi.
m ie r s n u m ér os d e la r u e d u P o te a u , u n e a s s ez
— Je n e d ou te p a s .
p a u vr e ru e d ’u n q u a r tie r a s s ez p iteu x .
\
— S i je p ou va is - p a r ler , je p a r le i’a is . C e s ecret
D e n om b r eu x tr a v a ille u r s cr o is a ie n t le T o u lo u
n ’es t p a s
le m ien ,
et j ’a i ju r é
de ne pas
s a in , le * m a r ch a n d s c r ia ie n t leu r s
lég u m es ou
le d é vo ile r . P o u r q u o i vo u s o b s tin er ? P o u r q u o i
leu rs p ois s on s , les ’ g a m in s , s o r ta n t d e l’école, se
ce<tte in ju r e ... v ila in e ... fér o ce... q u e m ’a d res s e
q u e r e lla ie n t en coh u e g r o u illa n te .
J a cq u es
eu t
vo tr e ja lo u s ie ?
p eu r d e n e p a s v o ir C lotild e.
— H é la s ! fit J a cq u es , je s u is u n h om m e, et la
E t com m e la d em ie d e m id i, u n e h eu re, et la d e
s ottis e h u m a in e s ’a ccr och e à m o i com m e à tou s !
m ie d ’u n e h eu re s o n n èr en t à l ’ég lis e q u i fa it fa ce
Je s u is ja lo u x p a r ce q u e je s u is a m ou r eu x . Il n e
à la m a ir ie , s a n s q u ’il eû t a p er çu s a fia n cée, il
d o it g u è r e y a v o ir d ’/amou r a r d en t s a n s ja lo u s ie .
d és es p ér a it.
— E n c o r e fa u d r a it- il q u e cette ja lo u s ie eû t u n e
U n e id ée lu i v in t : C lo tild e a va it r econ n u l ’a m i
r a is o n d ’êtr e ! E n d eh or s d 'u n fa it m ys té r ie u x , où
d e Jacrçu es, ce G a b r ie l P o n ta r lie r , a vec q u i elle
vo tr e s œ u r L u cette, q u i es t la p lu s n ob le d es c r é a
a v a it p a s s é d es h eu res à To u lo u s e, q u i é ta it a u
tu res , a s on r ô le, q u ’a vez- vou s à m e r e p r o ch e r ?
c o u r a n t d e l ’a ven tu r e. P a r con s éq u en t, e lle éta it
A To u lo u s e, j ’ a i été, com m e L u cette, en tou r ée do
c e r ta in e q u e s on a m ou r eu x , p r éve n u p a r le jeu n e
co m p lim en ts . N o u s n e le s a von s ja m a is écou tés .
M o n ta lb a n a is , ' la g u e tte r a it d a n s la r u e où elle
P lu s d e v in g t jeu n es gen s , la p lu p a r t a y a n t u n e.
a va it été a p er çu e la ve ille .
b elle s itu a tio n , o n t d em a n d é m a m a in . J 'a i r é - '
Alor;s . elle / p ren d ra it u n e a u tr e r ou te ou c h o is i
p o n d u in v a r ia b le m e n t : « M a m a in n e m a p p a r
r a it u n e a u tr e h eu re.
tie n t p lu s . J e la g a r d e à m o n c o u tm Ja cqu es
R e n o n ç a n t p r es q u e à r e n c o n tr e r C lo tild e, J a c
D a r ta u d ! »
qu es s’étu jt a r r ê té a u b or d d u b o u le va r d q u i
— Je m e s ou vien s .
lo n g e les fo r t ifica tion s , et là ,’ p la n té s u r s es p ied s ,
— A lo r s , q u oi ? V o y s
n 'a d m e tte z p a s q u ’il
la ca n n e fie r tiè r e le .dos, il r e g a r d a it les g a m in s
p u is s e m ’a r r iv e r u n e a ven tu r e, q u e je s ois m êlée
jo u e r s u r la ve r d u r e r ou s s ie p a r la gelée.
a u n d r a in e q u i m ’im p os e, à la fois , d es d e vo ir s et
T o u t à cp u p , il serutit u n e m a in lin e lu i p r en d r e
le s ilen ce ? C ela es t a s s ez s im p le, p o u r ta n t !
le b r a s et u n e vo ix d ou ce m u r m u r a :
J a cq u es s a is it le b r a s d e C lotild e.
— B o n jo u r J a cq u es !
«— V en ez I
Il tr e s s a illit.
I l l ’e n tr a în a ver s les fo r tifica tio n s .
C ’é ta it C lotild e.
L es d e r n ièr es m a is on s d u q u a r tie r s on t, à ceV
— O u i, c ’es t b ien m oi. D ’a ille u r s , c e la n e d o it
e n d r o it, a s s ez élo ig n ée s d es .ta lu s . U n e va s te p la ce
p a s vou s s u r p r en d r e, p u is q u e vo u s m e g u ettiez.
s ’éten d a it, b or n ée p a r la lig n e r ig id e d es r e m
■ Il n e p o u va it p a r le r , ta n t s on
é m o tio n
é ta it
p a r ts , les to itu r es b a s s es d es b â tis s es , l’h ô p ita l in s
gra n d e
ta llé d a n s u n b a s tion , en tou r é d e m a is o n n ettes à
— V ou s n e m e d ites r ie n ?
— S i... O h ! je s u is s i h eu r eu x d e vou s v o ir I II
tu ile s rou ges ,- et la p er s p e c tive d e la p or te dfl
n e vou s a r r iv e rien d e m a l ?
S a in t- O u en , en com b r ée d e vo itu r e s d e d eu il.
— N o n . E t vou s ?
L e d é co r é ta it a s s ez tris te. U n s o le il p â le, m a is
—
M o i... je
tou r n e m a m eu le... M a m è?r es u ffis a m m en t ch a u d , je ta it s u r ce coin d és er t des
r a y o n s q u ’u n e d iza in e d e m en d ia n ts ,
a s s is s u r
L u coth ' ?
l'h e r b e, r e c u e illa ie n t d a n s leu r s gtn n illes .
— B ien , tou tes d eu x.
P eu t- ê tr e
L u cette
ir a
L e s d eu x a m ou r eu x p u r en t m a r c h er , d e l ’h ô p i
vou a v o ir b ien tôt. E lle es t ven u e à P a r is a vec
ta l à la p orte, s a n s êtr e g èn es p a r les p a s s a n ts .
m oi.
— E cou tez, C lo tild e, je vou s s u p p lie d e m e p a r
— S a n s m e p r é ve n ir ?
d on n er. Je vou s a i é c r it d ix lettr es p ou r ex p liq u e r
— E lit co m p ta it vou s s u r p r en d r e. V o ir e m èr e
m a con d u ite, et vou s m o n tr e r m on d r o it à d em a n
m ’a p r ié e d e vou s em b r a s s er ...
d e r u n e ex p lic a tio n . C 'é ta ie n t d ix s ottis es , d ix in
C e m ot <!’ « em b r a s s er », qu e C lo tild e m u r m u r a it
ju r e s , j'e n a i con s cien ce.
a vec u n in d ic ib le a ccen t, r a p p e la a u jeu n e h om m e
— N o n . Je n e...
q u 'il ten a it d e va n t lu i u n e fia n cée a d orée.
— S i ! Je n 'a i q u 'à m ’in c lin e r d e va n t votr e d é s ir
S a is is s a n t C lo tild e en tr e s es b ra s , il d ép os a s u r
d e m ys tèr e. V o u s êtes si s im p lem en t n ob le, si n a ï
ses jo u es d eu x lon gs b a is ers .
vem en t p u r e, qu e je me fa is h o r r e u r q u a n d je s ens
E lle r o u g it u n p eu , p u is s o u r ia n t :
g r o n d e r en m oi d es colèr es in fâ m e s ! .Te d e vr a is
— V o tr e ¡u n i, d e M on ta u b a n , m ’a cr ois ée h ier,
in ’a g e n o u ille r d eva n t vou s !
et j ’a i pen.sé q u 'a u jo u r d 'h u i vou s s e r ie z ici... J 'es
— J a cq u es I
p ér a is être s eu le ju s q u ’à je u d i... Je. s e r a is a llée
— P e n d a n t d ix m ois , j ’a i vécu d e vo tr e vie, j 'a i
vou s r on d r o vii- ite ce jo u r - là . M a is p u is q u e le
e ffe u illé vo tr e à m o, j 'a i lu tou tes les p a g e s fie vo
h a s a rd vou s a in d iq u é m a p r és en ce...
tr e cœ u r, et j 'a i vu com b ien vou s êtos a u - d es s u s
— V ou s le r eg r ettez ?
d e tou tes les fem m es .
— P a s du tou t, Je s u is r a vie d e vou s v o ir , et,
d a n s m on v o y a g e à P a r is , le p la is ir d e vou s s e r
— N e m e...
r e r lu ru a in en tr e p ou r les tr ois q u a r ts . C ep en d a n t,
— L a is s ez- m oi p a r le r I O u i, vou s êtes lu com p a j a i des d evo ir s ... a u tres ...
;n o q u e les p lu s in te llig e n ts n ’o s en t r ê ve r , q u e
— L es m êm es q u i vou s a ttir a ie n t à
la b r i
es m e ille u r s n ’os en t s o u h a iter ... e t lor s q u e, m oi
q u eterie 'I
in u tile , rtioi n u l r ec o n n a is a u jo u r d ’h u i le peu qu ô
f
�16
g"
•
•
......
— ’■
__
je va u x , lor s q u e m o i, a ig r i, s om b r e, j ’a i eu l ’in
fin i b on h eu r d e v o ir vo tr e cœ u r s ’o u v r ir à m es s ou
h a its , je n 'a i tr o u vé q u ’u n e s cèn e... s a n s n om ...
tt vou s fa ir e I Je vo u s a i a ccu s ée d u p lu s h on teu x
les crim es .
— V o yo n s !
— E t'a v e c vou s , j ’a i a ccu s é m a s œ u r, p res q u e
a u s s i s a in te q u e vou s !
— B ea u co u p p lu s !
— E t il fa u t q u e je vie n n e r ô d e r d a n s les q u a r
tie r s lo in ta in s où vou s a ccom p lis s ez u n e oeu vre
q u i e s t a s s u r ém en t u n e œ u vr e d e b on té...
— D e ju s tice.
— D e ju s tice... qu e je vie n n e e n tr a ve r cette
œ u vr e, vou s p a r le r en cor e d e m es a n gois s es ...
g ê n e r vo tr e a ctio n ... O h ! je s u is le d e r n ie r d es
s ots !
— V o u s a vez le d r o it...
— N o n ! Je vou s d is q u e je s u is u n m is é r a b le !
Je le s en s b ien ! Je le d e vin e b ien ! L u d o vic va u t
m ille fo is m ieu x q u e m o i ! 11 a d o r e L u cette com m e
u n b on ze d e la C h in e s on id o le, com m e u n s a u
v a g e s on fé tich e ! Je fe r a i com m e lu i !
S e p en ch a n t ver s e lle :
— Je vou s q u itte, C lo tild e, je vo u s la is s e à
vo tr e d e vo ir . J’a tte n d r a i ch ez m oi, d a n s m a ch a m
b r e d e b oh èm e, vo tr e vis ite . Q u a n d vou s vo u d r ez
in c d on n er u n e jo ie in d icib le, vo u s v ie n d r e z m e
d em a n d e^ m on b r a s p o u r u n e p r o m en a d e à tr a v e is
P a r is . . . n ou s p a s s er on s le tem p s q u ’il vo u s p la ir a
à cou r te les th éâ tr es , et les m u s ées , e t les p etits
r e s ta u ia n ts où on d în e, s er r és l’u n con tr e l'a u tr e,
is o lé s p a r la coh u e... Ju s qu ’à cette h eu re, je re- n on ce à vo u s v o ir e t n e tr o u b le r a i p lu s vo tr e
a ction .
L a je u n e fille , cette fo is , s a is it les m a in s d e
J a c q u e s U n s o u r ir e d o tr io m p h e illu m in a scs
tr a its :
— C ’es t c e la ! C r o ye z en m o i com m e je cr o is en
vo u s ! B ie n tô t j ’ir a i p r e n d r e v o tr e m a in lo y a le , et
vo u s in f; g u id e r e z à tr a ve r s P a r is ... M êm e, p u is
qu e vou s s em b lez o u b lie r vo s in ju s tices ...
— Je les ren ie, je les . ex ècr e !
I l é ten d it la m a in :
— Q u oi q u 'il a r r iv e , je no d o u ter a i p lu s , j ’o b é i
r a i, s i je p eu x vo u s s e r v ir !...
— P e u t- ê tr e I... V o u s p o u r r ie z n ou s s e r vir ... S i
n ou s a vio n s b es oin d e 'v o u s ?... S i on ve n a it, d e la
p a r t do C lo tild e , vou s d ir e : « F a ite s cette d é
m a r ch e, a lle z à tel e n d r o it, a cco m p lis s ez telle
m is s ion » , ir ie z- vo u s ? A g i r iez- vou s s a n s u n e h é s i
ta tio n ?
— Je vo u s le ju r e 1
C ette p er s p ec tive l ’a ttir a it. I l a jo u ta :
— S i je p ou va is , p a r u n e p r eu ve écla ta n te d a
d évo u em en t, vou s m o n tr e r la p u is s a n ce d e m on
a m o u r et d e m on rem or d s , je vou s s e r a is r e c o n
n a is s a n t d e in e fo u r n ir l’occa s ion .
"
— B on , in te r r o m p it- e lle . N o u s ver r o n s .
E lle in te r r o g e a s a m o n tr e :
— Je s u is en r e ta r d . Je v a is vou s co n d u ir e ju s
qu ’a u tr a m w a y et je vou s q u itte r a i.
I l se m it il r ir e :
— C 'es t vo u s q u i vou s m éfiez, à p r és en t ! V ou s
ten ez à m e v o ir r e g a g n e r le cen tr e d e P a r is , d e
c r a in te q u e j e vou s s u ive.
— Je 1 a vou e. D 'a ille u r s , j e vo u s le rép ète, j ’a u
r a i p n u f- êlre b es oin do vo u s b ien tôt. E t, si vo u s
é tie z de.« n ôtres , j'e n s er a is r a vie . J u s q u e- là , je s u is
o b lig é e d e p r e n d r e d es p r éca u tio n s ... m êm e a vo tr e
éga rd I
L ’n b s olu e ca n d e u r d e la fille tte é c la ta it te lle
m en t s u r s es tr a its d e v ie r g e , d a n s s es ye u x d e
ve lo u r s , qu e J a cqu es , ven u en a m o u r eu x , étr ein t,
m a lg r é tou t, p a r u n d ou te te r r ib le , s ’en r eto u r n a
en fia n ce d on t le cœ u r es t n o yé d a n s la jo ie .
C ette fo is , il a v a it r e n o n c é à a s s o u vir s a c u r io
s ité, et c o n fia n t en fin , il g o û ta it le p la is ir de
c r o ir e . D ’a u ta n t q u 'il n a is s a it, a u fon d d o s on
fin e , l ’e s p o ir ( l’ê tr e m ê lé a u d r a m e , d e c o n n a îtr e
Rei nes de Par i s
a u s s i 1er; in tr ig u e s r ed ou tées , d ’êtr e u n i a vec C lo
tild e d a n s u n e lu tte p o u r la ju s tice, et ce s en tim en t
a id a it à g u é r ir les m or s u r es d e la ja lo u s ie.
P o u r ¡a p r em ièr e fois , d ep u is s on a r r iv é e dana
la ca p ita le, il in te r r o g e a it s a n s cr a in te l’a ven ir ,
il s o u r ia it a u p a s s é q u i r e v iv a it d a n s to u t son
ch a rm e.
IV
L e len d em a in , à d eu x h eu res du m a tin , J a cqu es
r a co n ta it à ses a m is L u d o vic M ois s a c et G a b r iel
P o n ta r lie r la s cèn e d e la v e ille , com m en t il a va it
d em a n d é et ob ten u s on p a r d on , n e d o u ta n t plu s
de C lotild e, p r êt à s e d évo u er à elle et à son
œ u vre m ys tér ieu s e.
T o u t à cou p le s cu lp teu r , tr è s ém u , d it e n b a is
s a n t la v o ix :
— V c ic i ta s œ u r !
I l r econ n a is s a it le p a s d e L u cette, ta n t il a va it
s ou ven t tr e s s a illi à l ’id ée d e l ’en ten d r e d e n o u
vea u .
C ’éta it b ien L u cette, la s œ u r d e Ja cqu es . E lle
éta it a ccom p a g n ée d e M a d e le in e, l a s p len d id e fille
a u x ch eveu x fa u ves , et a u x ye u x p r o fo n d s com m e
dos la cs , à q u i s on a ir d e s p h in x et s a b ea u té
étr a n g e a va ien t v a lu ce s u rn om con s er vé d ep u is
p a r les d eu x a m ies : M lle M ys tèr e.
L a fia n cée d e L u d o vic M ois s a c es itra s a n s fa
çon s , a vec la cr â n er ie ch a r m a n te et s im p le q u i lu i
é ta it h a b itu elle.
— B o n jo u r , m o n s ieu r L u d o vic , je n e vo u s d é
r a n g e" p a s ?
— O h ! m a d em ois elle L u c e tte I E n fin I
— V ou s
?jtten d iez
ma
v is ite ?
B o n jo u r ,
J a cqu es !
E lle em b r a s s a s on fr è r e et te n d it a u s cu lp teu r
s a m a in fin e ga n tée. J a cq u es e t l’a r tis te s a lu èr en t
M a d ele in e , q u ’ils v o y a ie n t s ou ven t à Tou lou s e,
p u is p ié s e n tè r e n t à le u r to u r G a b r iel P o n ta r lier .
_ j e con n a is b ien M . P o n ta r lie r , fit L u cette ;
i ’es p èr e q u ’il a g a r d é ic i s on en tr a in , si a m u s a n t
là - b a s . Je com p te m êm e s u r lu i.
__ S u t m oi, m a d em o is elle !
— O u i ! D ’a illeu r s , je com p te s u r vou s trois .
S a p r is ti ! le b ea u D i o g i n c ! C es t d e vou s , ça , m o n
s ieu r L u d o vic ?
— O u i. Ç a vou s p la ît !
— Je tr o u ve ça m e r veille u x , m a is je vou s fe r a i
d em a in u n c o m p lim e n t p lu s ju s tifié. A u jo u r d ’h u i
n ou s s om m es p res s ées , p r es s ées I...
E lle s’éta it a s s is e s u r la p a u vr e ch a is e r e m
b o u r r ée de l'a te lie r . M ys tè r e se m it s u r u n e ch a is e
de p a ille et les d eu x h om m es s’em p a rèren t, des
es ca b ea u x.
M ois s a c d em eu r a d eb ou t, tou s les s ièg es d é s on
lo g is éta n t occu p és .
D u res te, tou te s a p en s ée a p p a r te n a it à L u cette,
q u ’il a d m ir a it ; a y a n t d é jà a cq u is la g r â ce a ffin ée
d es P a r is ie n n e s , elle lu i p a r a is s a it p lu s Jolie, plu s
ten ta n te q u ’a u tr efois .
— P r es s ées ! 11 fa u t qu e n ou s s oyon s à on ze
h eu res ... V o yo n s , vo u s m ’écou tcz tou s ?
— C ertes !
— V o ic i I J ’a i b es oin d e vou s tr o is ,
C lotild e
m ’a ya n t d it h ier qu e J a cqu es se r ep e n ta it de sn
s ottis e et s’o ffr a it à tr a v a ille r p ou r n ou a ...
— O u i 1 j ’en s u is con fu s ...
— N ’en p a r lo n s p lu s ! Tu
as
été g r o s s ie r et
in ep te ; les j?ons d e ta v a le u r tfe r en d en t com p te
de le u r s ottis e et ne r ecom m en cen t p a s . D on c,
je
va -s te p a r le r com m e s i r ie n
no s’é ta it
ipassé enj^re n ou s , com m e si tu éta is le J a cqu es
d ’a u ti ifo is .
— M erci !
— P e u r u n e œ u vre d on t n ou s n e p ou von s v o u h
r é vé le r en co r e les d é ta ils et, le b u t, m a is don t
l’im p o r ta n ce es t ex tr êm e, p u is q u ’e lle nou s a con
d u ites tou tes tr o is à P a r is , en p a s s a n t p a r les
fo u r s à p lâ tr e d es p la ta n es , d a im u n bivt d e j u v
�17
R e i n e s d e “P a r i s
tic e et a fin d e n ou s a s s u r er u n r ep os p la n tu r e u x à
tou s , n ou s a llo n s tr a v a ille r en s em b le, d a n s les m e
s u res d e n os m o yen s . .Te va is vo u s d ir e v o tr e r ô le
à tou s tr o is , et vou s m ’o b éir e z !
— Je t ’o b é ir a i com m e à C lotild e. Je te ju r e d e
«a c h ete r m a s o ttis e p a r u n d évo u em en t a b s olu , d it
J a oqu es .
— M oi, m a d em o is elle, fit le s cu lp teu r , je n e...
— O h ! in te r r o m p it L u c ette en s o u r ia n t, vou s ,
m o n s ie u r L u d o vic , je s a is ! Je n ’a i ja m a is d ou té
u n e m in u te do vou s !
— E t vo u s a ve z eu r a is on .
— Q u a n t à m oi, a jo u ta G a b r iel, je d em a n d e à
êtr e ni h à FG p rcu vo ! Q u a n d on es t d e M on ta u b a n ,
on n e p a r le p a s , on a g it !
Jl eu t u n g es te s u p erb e et a tten d it l ’e x p lic a tio n
a n n on cée.
— N o u s a llo n s co m b a ttr e l ’en n em i
qu i
tie n t
n o tr e a ve n ir , l i s 'a p p elle A n fa lo tti.
— C 'es t u n Ita lie n ?
— U n com te ita lie n . L e co m te P a o lo A n fa lo tti.
Il a s t m a r ié en s econ d es n oces à M m e B é a tr ix ,
u n e fo r t jo lie fem m e, a m b itieu s e et fér o c em en t
o r g u e ille u s e . D e s o n ¡p rem ier m a r ia g e , il a u n e fille
q u i a v in g t a n s , a d m ir a b le m en t b elle. E lle s 'a p
p e lle O r fa , O r fa A n fa lo tti.
E lle con s u lta s a m on tr e.
— S a p er lo tto ! le tem p s p a s s e !
E t, j/íu s vite :
— E n fin , ces g en s - là s on t tr ès fo r ts , tr ès r ich es ,
e-t si n ou s les a tta q u io n s d e fr o n t, n ou s s er ion s
im p u is s a n te. U s n ou s é cr a s er a ien t.
— Ils h a b iten t P a r is ?
— O u i, u n fo r t b el h ôtel, d a n s la ru e A lfr ed - d e\ ig n y . U s s on t en to u r és d e s er vite u r s d évou és et
se m é fie n t de tou s ceu x q u ’ils a p p r och en t. C e s e r a
très d u r d e le s d és u n ir , do les a r r a c h e r à le u r s i
tu a tio n d e g en s ég oïs tes , b ien éta b lis d a n s leu r s
rich es s es , p r o té g é s p a r les p o u vo ir s p u b lics et, s u r
tou t, p a r e u x - « lû mes, c a r ils s on t p rêts à tou t, et
se d é fe n d r o n t m ôm e à cou p s d e r evo lve r .
— P a r fa it ! d it G a b r iel.
— V ou s v o y e z d é jà qu e je vo u s e n tr a în e d a n s
u n e a ven tu r e a s s ez p érillcrn s e... P o u r l’h eu re, Il
n ’.v a p a s g r a n d ’eh os e à ris q u er .
- - ta n t p is ! o b s e r va le s cu lp teu r .
E lle s o u r it :
— H a s s n rez- vou s , c e la vie n d r a ! P o u r c o m m en
te r . n ou s a llo n s vou s c h a r g e r ch a cu n d ’u n e des
• rois p er s on n es d e celte fa m ille en n em ie. T o i,
Ja oqu es . tu va s ta r en d r e ch ez to i et tu a tten d r a s
'u n e vis ite.
— U n e fem m e ?
— U n h om m e. Il t’e x p liq u e r a ce q u e tu a s a
lu ir e ; il le s a it m ieu x q u e m o i e t es t c h a r g é d e la
; jeu ne fille, c a r c ’es t à la jeu n e filio q u e tu t'en
p r en d r a s , toi, à O r fa A n fa lo tti.
A h I b ien .
Se to u r n a n t ver s l'a r tis te :
— V ou s , w ton s iou r M ois s a c, vou s a u r ez à vou a
occu p er «le la com tes s e B éa tr ix .
— L a fem m e d u com te ?
— O u i. E lle v ie n d r a ic i, c a r 0 11 lu i a d on n é
vo tr e a tiron s *,.. D em a in , je vou s e x p liq u e r a i m ie u x
c ela , c a r j « r e v ie n d r a i d om a in m a tin .
— B u vi I
— V u n » , m o n s ieu r P o n ta r lie r , vo u s a u r e z à vou s
a tta q u é ! a u com te lu i- m êm e, à l ’ita lie n c h e f do
l.iin illfe..
~ Je in 'a M n q u or a i a u d ia b le, s 'il le fa u t. Jo 110
c r a in s vien , m oi ! qu e d o m o u r ir s a n s a v o ir m on ti'é ce qu e je va u x I
— L e m im e m o n s ieu r q u i v a in s tr u ir e J a cq u es
vou s d ir a vo tr e rôle... C ette fois , n ou s n ou s
s a u von s .
r.es d eu x jeu n es ftlles s e lèver o n t.
~ V ien s , M ys tèr e... N o u s l'a p p e lo n s M ys tèr e,
p a r ce q u e d a n s le w a g o n , en ven a n t, tr o is jo lie s
f ' " ’lu io -Iles ... Jo vou s r a c o n te r a i cela . D on c, toi,
/•lac-ques, r e n tr e ru o d e F le u r u s , a tten d r e n o tr e
— Hx in »
a s s ocié. V ou s , m o n s ie u r L u d o vic , à d em a in , verá
d ix h eu res . E t vou s , m o n s ie u r G a b r iel, à b ien tôt.
O n vou.- tr o u ve r a to u jo u r s ... N o u s a u tres , n ou a
n ou s s a u von s ... N ou s s er ion s g r o n d ées !...
L u cette e n tr a în a M a d elein e, et elles d is p a r u
r en t b ien tôt, la is s a n t u n e fr a îc h e o d eu r d e je u
n es s e et d e g a ieté.
. M o is s a c n e p u t s’em p êch er d e d ir e :
— E s t- elle b on n e, et b elle, et n ob le ?... O h I l ’a d
m ir a b le fillette !...
— O u i, fit Ja cqu es , cr ois - tu qu e j ’a i été n ia is da
lu i fa ir e cette s cèn e !... E n fin , n ou s r é p a r er o n s ...
Je r en tr e ch ez m oi, a tte n d r e l’a s s ocié, com m e elles
d is en t. L ’a s s ocié d e q u i ?... P o u r q u o i ?...
— Ne
t'in q u iè te
d on c
pas
de
ça .
P ou r
D ie u ! O b éis I C ’es t ce q u e <tu a s d e m ie u x à
fa ir e !
— J’o b é ir a i !
— M o i a u s s i, fit G a b r iel. Je v a is te r m in e r u ne
ven te d e cu ir s m a lg a ch e s , q u e j ’a i e n tr a in , et
p u is , je m e d on n e à la d es tr u ction d e la fa m ille
A n fa lo tti !
L ’é c r iv a in e t l ’h om m e d ’a ffa ir e s s o r tir e n t a u s s i
tôt, la is s a n t L u d o vic h eu reu x , a b s orb é d a n s s a
jo ie et d écid é à s ’ a b a n d o n n er a u r ê ve en a tten
d a n t la v is ite p r om is e p o u r le len d em a in .
J a cq u es a llu m a s on feu , d a n s s a ch a m b r e d e la
r u e d e F leu r u s , et p r it u n livr e p o u r n e p a s tr o u ve r
tr o p lo n g u e l ’a tten te d e cet a s s ocié q u i v ie n d r a it
lu i d on n er d es o r d r es , le la n c e r con tr e O r fa A n fa
lo tti, cette a d m ir a b le jeu n e fille d on t il éta it'
c h a r g é d ’o r g a n is e r le m a lh e u r I
— Qu b d ia b le ce la p eu t- il être, et q u elle d r ô le
d ’h is to ir e !... M e v o ic i vo u é à to r tu r e r u n e b elle
e n fa n t.. Q u ’on t d on c p u fa ir e ces A n fa lo tti à C lo
tild e ou à L u cette ?
A d ix h eu r es p récis es , on fr a p p a d is cr ètem en t
à la p or te de la ch a m b re.
I I se p r é c ip ita :
— M o n s ie u r
J a cq u es
D a r ta u d ,
r o m a n c ie r
et
a u tou r d r a m a tiq u e.
— C ’es t m oi. V e u ille z en tr e r , m o n s ieu r , je vou s
a tten d a is !
J a cq u es p r és e n ta l ’u n iq u e fa u te u il do la ch a m b r e
et s’a s s it en fa c e d e s on vis ite u r .
C 'é ta it u n jeu n e h om m e b lon d , d e vin g t- tr o is à
vin g t- c in q a n s , a s s ez jo li g a r ço n , fr is é, ros e, a vec
d es
ye u x
b leu
fa ïen c e,
et
d es
d en ts
la i
teu ses.
I l où t p a r u a s s ez b a n a l s a n s u n e q u a lité, — ou
u n d éfa u t, — q u i s a u ta it a u x yeu x tou t d e su ite,
et d eve n a it p lu s é vid e n t d ès q u ’il p a rla it. : il p os
s é d a it u n ca lm e, u n e c o r r e c tio n g la cée, u n e s éch e
res s e d e ton et d e g es tes qu e J a cq u es n ’a v a it j a
m a is r en co n tr és t t q u i le s tu p éfièr en t.
J a m a is l’œ il d e ce jeu n e h om m e n e s’é c la ir a it de
la m o in d r e lu eu r ; ja m a is la m o in d r e tr a c e d 'é m o
tio n d a n s s a vo ix , n ette et s a n s tim b r e, d a n s ses
g es tes to u jo u r s s im p les et fo r t ra res . P a s u n nniscie d e s on v is a g e n e tr e s s a illa it, q u oi q u ’il d it ou
q u oi q u ’il fît.
Il r é p o n d a it p o lim en t, p a r la it s im p le m e n t a vec
u n e ce r ta in e c o r r e c tio n de la n g a g e , ‘ lien g » ’ il fû t
évid em m en t, d o n a tio n a lité é tr a n g è r e , m a is a u cu n e
s en s a tio n no p a r a is s a it l’ém o u vo ir .
C otte p a r tic u la r ité , a s s ez r a r e en F r a n c e , fu t
s u r to u t s en s ib le p ou r J a cqu es , v iv a n t d a n s u n
m o n d e d e M é r id io n a u x et d ’é c r iva in s , tou s g en s
d ’ex p a n s io n où le m o in d r e évén em en t p r en d des
p r o p o r tio n s én orm es , a r r a c h e d es e x c la m a tio n s et
fa it d res s er les b ra s et les ch eveu x .
— M on s ieu r , je vien s do la p a r t d e M lle C lotild e,
vo tr e fia n cée. E lle m ’a a ffir m é qu e vou s étiez p r êt
h a c c o m p lir u n e m is s ion d on t le b u t s er a it la r éu s
s ite de s on œ u vre. Jo n ’en d ou te p a s , et, en vou s
vo y a n t, jo s u is r a s s u r é. V ou s êtes c e r ta in em en t u n
g a la n t h om m e et u n h om m e in te llig e n t. V ou s n o
s a u r ie z tr a h ir la co n fia n ce do ceu x q u i se tien t à
vou s , o*, m a l co n d u ir e l’a ffa ir e q u ’on vou s p r ie do
m e n e r à b ien ,
Dt P*n u »
*
�S f?
1 3 ------------
R ei n es de P a r i s
J a cqu es s ’in c lin a .
— V o u s a ve z r e n c o n tr é u n e v ie ille fem m e q u i
— C otte a ffa ir e , cette p r e m iè r e a ffa ir e es t, du
vo u s a d it, a p r ès q u elq u es p h ra s es éch a n g ées , —
re^to, dos n lu s s im p les .
vo u s vou s s erez a r r ê té à s a fer m e, je n e s a is q u oi,
Il r e g a r d a it le T o u lo u s a in d e s on œ il b leu , d a n s
vou s a r r a n g e r e z ça ... — a p r ès q u elq u es p h ra s es ,
l .'ju cl J a cq u es n e p o u va it s a is ir la m o in d r e n u a n ce
e lle vou s a d it : « P u is q u e vou s r e n tr e z à P a r is ,
d e ¿yn .ip a toie ou d e m éfia n ce.
d ites à M lle O r fa q u e j e lu i e n vo ie m ille b a is ers . »
— V o ilà u n h om m e q u i es t d ’u n e a u tr e r a c e qu e
V ou s n e serc-z p a s o b lig é d e les d on n er .
v m oi, se d it- il. C e d o it êtr e u n S u éd ois ou u n D a
— S i la jeu n e fille es t jo lie ... r e m a r q u a Ja cqu es
n ois .
en ria n t.
C om m e s’il eû t p u lir e d a n s les p r u n elles d e s on
— A d m ir a b le 1 V ou s b a va r d e r e z u n m o m e n t de
in te r lo cu te u r , le v is ite u r co n tin u a :
l ’Ita lie ; je s a is p a r M lle C lo tild e q u e vo u s a vez
— Je s u is de la S u is s e ita lie n n e . M on p ère h a b i
p ou s s é ju s q u 'à G èn es , ç a s u ffir a . L a co n ver s a tio n
ta it Z u r ich a va n t d e 'd e s c e n d r e s u r le la c M a jeu r .
d e vr a êtr e très ... le m o t p r é cis n e m e v ie n t p a s ...
M es a ïeu x éta ie n t d e l'E cos s e. V ou s m ’ex cu s erez
— A n im ée ?
si je p a r le m a l vo tr e la n g u e. J’en p a r le n eu f, tou
— N on . T e n d r e... p a s to u t à fa it ça , m a is à peu
tes s a n s p r éten tio n , m a is , d a n s ch a cu n e d es n eu f,
p rès . Il fa u d r a a v o ir l’a ir a m ou r eu x .
je m e fa is co m p r en d r e, p a r ce qu e je s u is tr ès cla ir .
— D e cette O r fa ?
Je n e di.= ja m a is qu e ce q u e j ’a i à d ir e et qu a n d je
— O u i. E lle n ’a p a s v u u n v is ite u r d ep u is u n
l ’a i d it, je m e ta is . Je v a is vou s e x p liq u e r vo tr e
a n , et ja m a is on n e lu i a d it u n m ot tr o u b la n t.,.
r ôle p ou r a u jo u r d 'h u i, en s u ite je vou s q u itter a i, et
C ’es t b ien cela , tr o u b la n t. V ou s le d ir ez, ce m ot.
si vo u s m e r en c o n tr e z d a n s la ru e, il n e fa u d r a
I l fa u t'- qu e p o u r cette jo lie lille q u i s 'en n u ie et q u i
p a s m e r eco n n a îtr e. C 'es t com p r is ?
a v in g l a n s , vou s s o yez le h éros , le p oète q u ’elle
— C om p ris .
a p p elle d a n s s es r êves , a p r ès la le c tu r e des
J a cq u es r e g a r d a it cu r ieu s em en t ce to u t jeu n e
r om a n s .
h om m e, qu e s on te in t ros e et s es ch eveu x fr is é s
A h u r i, J a cq u es s ’é c r ia :
fa is a ie n t en cor e p lu s jeu n e qu e s on â g e, et qu i
— C ’es t m oi q u i v a is ?...
s ’a d r e s s a it à u n g r a n d g a illa r d b a r b u et s olid e,
— V c u s ! V ou s a ve z le p h ys iq u e n éces s a ir e. O u i,
a vec u n e a u to r ité tr a n q u ille , u n e a llu r e d e p a tr o n
vou s .
E t p u is ,
a u b ou t d ’u n e d em i- h eu re, tr o is
e x p liq u a n t u n e a ffa ir e à u n u e ses ern p loyés .
q u a r ts d ’h eu re, lor s q u e la p olites s e vou s o b lig e r a
— Il y a, s u r la lig n e d e S a in t- G er m a in , g a r e
à vou s r e tir e r , vo u s s o r tir e z cette le ttr e d e votre
S a in t- L a za r e , u n v illa g e d u n om d e C haitou . V ou s
p o r te fe u ille et vou s la d on n er ez à la jeu n e fille.
con n a is s ez ?
D e n ou vea u , le b lon d vis ite u r p r it u ne lettr e et
— J ’y a i p a s s é. C ’es t a p r ès R u e il s u r la r ou te
la p os a s u r la ta b le.' C ’é ta it u n e en velo p p e au ssi
du P e c q .
p etite qu e la ca r te, m a is d e b ea u p a p ie r . C om m e
— C ’es t ça . V o u s p r e n d r e z le ch em in d e fe r ju s
a d res s e, s im p lem en t :
q u ’à cette s ta tion .
A M a d e m o is e lle O rfa .
— A u jo u r d 'h u i ?
— A d eu x heu res .. D e la g a r e vo u s d es cen d r ez
— E t p u is ? d em a n d a J a cqu es . D e v r a i- je a ttcU '
d r e la rép on s e ?
s u r la b er g e d e la .S ein e, et s u ivr e z le fleu ve d u
côté qu i m èn e à M a is on s , en p a s s a n t p a r les C a r— O u i, a tten d r e q u ’e lle a it o u ver t la lettr e et
r ièr es - S a in t- D en is , c ’es t- à - d ir e en to u r n a n t le d os
q u ’elle l’a it lu e. Il n ’y a u r a p a s d e rép on s e. M a is
à C r ois s v. C ’es t c o m p r is ?
s u rtou t, q u oi q u ’ il a r r iv e , à a u cu n ' p r ix , n e fa ite «
— C om p ris .
a llu s io n à M lle C lo tild e et au d ra m e...
— L a d e r n iè r e m a is on d e C h a tou , s u r la r iv e , es t
— P a r fa it !... F a u d r a - t- il q u e je ron d e com p te
u n e s or te d e ch â tea u e n to u r é d ’u n p e tit p a r c. L a
d e m a v is ite ?
g r ille s’o u vr o s u r la rou te du v illa g e et n on s u r la
— O u i. D em a in , à u n e h eu re, vou s s erez a u
b erg e. S u r cette g r ille d orée, u n écu s s on d e for
b ou t d e la r u e d u P o te a u . M lle C lotild e ir a vou s
fo r g é p orto d es a r m o ir ie s r ep r és en ta n t u n lion
tr o u ve r , com m e a u jo u r a h m . V ou s a vez de l’a r
gen t V
d ’o r
s ou s
u ne
cou r on n e
do
m a r q u is .
C om
— O u i.
p r is °
— B o n jo u r .
V o u s 1 s o n n e r e z e t fe r e z p a s s e r la ca r te qu o
L e je u n e h om m e a u x yeu x d e fa ïcn co ot a u x
ch eveu x fr is é s se lova , s a lu a d ’u n m o u vem en t do
V° n ' = 0 1 tit do s on p o r te fe u ille u n e ca r te q u i l p os a
tê te a u tom a tiq u e, fit d em i- tou r a vec la r ectitu d e
s u r la ta b le d e va n t Ja cqu es .
d ’u n s o ld a t p ru s s ien et se d ir ig e a ver s la n orte
L e T o u lo u s a in la p r it et y luit :
Jaequ o.“ se p r éc ip ita p ou r l ’o u v r ir
Ja cqu es D a b ta u d
fti! la p a r t d e la v ie ille G io v a n iiin a
_
("est. u n e do vos ca rtes . J 'y a i a jo u té q u elq u es
mntci n u i vo u s o u vr ir o n t les p or tes du ch â tea u ,
v . i« e n tr e r e z et a r r iv e r e z d a n s u n s a lon ou vou s
s er ez reçu
p a r la
p lu s jo lie
fille qu e vou s a u r ez
— N o m e recon d u is ez p a s . 11 fa it tr o p fr o id ,
vo u s vou s en r h u m er iez. A d eu x h eu res a u jo u r
d ’h u i. D em a in , à u ne h eu re. R o n jo u r E t na s u n
m o t d e n ou s ! *
C ette fois , il d es cen d a it les m a r c h e s d e l'e s c a
lie r s on s se r etou r n er , a vec s on p a s ca d en cé e t
s ec.
-
Q u el çlrôlo do b o n h o m m e t grom m ela J a cq u es
V ljna r q u e 8 treutV u n m o u vem en t d e s u r p r is e.
ü C 'es t tr ès in tér es s a n t, r e p r it l ’a u tr e a vec s on
fle cm é éter n el. C ette jeu n e fille vou s a c c u e ille r a
co m m e u n fr è r e , p a rce q u e vou s lu i d ir e z qu e,
v o y a g e u r p a s s a n t a u x e n vir o n s d e .la S p c zzia —
c ’es t u n p o r t d ’Ita lie , le T o u lo n d u r o ya u m e.
_L Je s a is . C 'es t là q u e s ’e 6 t s u icid e le p è ie do
n jto s lo n T <(r o s t G t^ ild e *1 q u “ rm *V .„voleUfïï? a
. . . . . 1’ voiev ~uin
b lc a u p ià s d u n e a d m ir a b. le- fille
.aro i
îp ié s d 'u n o a d m ir a b le fillo ?... V o ilà u n e id ée
— «
q u i no m e s e r a it p a s ven u e, à m oi I P o u r q u e je la
p r ie d e tr o u b le r le coeu r d 'u n b ea u g a r ç o n s’en
n u ya n t d a n s u n ch â tea u , il fa u d ra it d es ch os es
en c o r e p lu s fa n ta s tiq u es qu o colles où je va in jo u e r
u n rôle.
C l^ * c 'e s t b ien cela . L e p èro d e M lle C lo tild e s y
A s s is d e va n t s a ta b lo, il r e g a r d a it s a ca r to, et
la lettr e, c elle- ci s cellée d 'u n s cea u d e c ir e b la n ch e,
a r m o r ié e d ’u n b la s on or g u eilleu x .
CSl n o n '? ''v o y a g e u r p a s s a n t s u r u n e r ou te q u i
v a 'd è la S p e zzia à G o r g o n e le n om es t fa c ile à
^ - " G o r g o n e . . . G o r g o n e... je v a is l’écr ir e.
Le T o u lo u s a in p r it n ote (le ce n om .
— Q u e p eu t- il y a v o ir d a n s cette le ttr e ? P o u r
q u o i n it ch a r g e- t- on d e la r em ettr e a p r ès u n e dcm i- h e u iv d e ten d r e en tr etien où je d e vr a i d é p lo yer
to u tes les s éd u ction s ? Q u elle cu r ieu s e h is to ir e
C ’u st b ion la c o n tin u a tio n d es ch os es e x tr
ao rd i
m
�R e i n e s d e :'P a r i s
n a ir es d e la b r iq u e te r ie d es b ord s de Iti G a ttîrftte.
E n fin , h eu r eu s em en t q u e m e vo ic i e n g r e n é d a n 9
l ’a ffa ir e Je s a u r a i son s ecr et !
C ’es t é g a l, q u e lle s in g u liè r e s itu a tion '.! Il a lla it
v o ir u n e jeû n é fille s i b elle q u ’il n ’en a v a it ja m a is
im a g in é de p a r e ille !
S a p r is ti ! E lle éta it fiè r e m e n t b elle, a lo r s !
I l es t v r a i q u e ce S u is s e g la c é p o u va it a v o ir
m a u va is g oû t.
i ’oht-ôt.rc se m oq u a it- on d e lu i, et C lo tild e le
s o u m etta it- il à u n e ép r eu ve r id ic u le p o u r s e v e n
g e r g ^ h tîm eirt.
;!s'ori, p ou r ta n t...
— B a h ! je n 'a i q u ’u n e ch os e à fa ir e : y
a lle r !
E t il s’h a b illa d e ses p lu s b ea u x h a b its , a p r ès
s ’é tr e fa it ta ille r les ch eveu x et la b a rb e.
Il a ch eta m êm e u n ch a p ea u n eu f et a tte ig n it d es
b ottin es d e c h evr ea u q u ’il n e m etta it qu e d a n s les
g r a n d e s occa s ion s .
A m id i, il r ô d a it d é jà a ü to u r d e la g a r e S a in tL a za r é.
H d é je u n a d a n s u n d es r es ta u r a n ts d u V ois i
nage,s ’e n ilu ya u n e h eu re à r e g a r d e r le s jo u r n a u x
illu s tr és ou à s o u r ir e a u x m éa n d r es d e la fu m ée
d e s on cig a r e .
E n fin , h d eu x h eu res m o in s d ix , il s ’in s ta lla
d a n s u n co m p a r tim e n t d e p r e m iè r e cla s s e.
A G h a tou , il s a u ta d u tr a in et, s u iva n t les in d i
ca tion s do s on vis ite u r , a r r iv a vite d e va n t la m a i
son d és ig n ée. I! éta it im p os s ib le d e se tr o m p er . L a
d er n iè r e m a is on du v illa g e , u n e b elle d em eu r e
en tou r ée d 'u n p etit p a r c , et d on t la g r ille d ’en tr é e
p o r ta it u n b la s on a r m o r ié d ’au- lio n cou r on n é de
feu illes d ’a clie.
E n rou te, il a v a it r éfléch i a u x r e n s eig n em en ts
fo u r n is :
Ils éta ien t b ien in s u ffis a n ts .
C om m en t s o u tien d r a it- il v e n ir d e la p a r t d ’u n e
vie ille Ita lie n n e , p u is q u e si on lu i d em a n d a it le
P|ns va g u e p o r tr a it d e celle- ci, il n e s a u r a it q u e
d>rn v P a r le r d 'u n p a ys in con n u , d u n e fer m e... et
s u rtou t, lo r s q u 'il r e m e ttr a it la lettre, qu e d ir a it- il?
*>e la p a r t d e qu i p r é s en te r a it- il cette m is s iv e ?
l ’a s d e la v ie ille G lo va n n in a ! P a s d e la p a r t
de s on vis ite u r d e ce m a tin , p u is q u ’il lu i é ta it
a b s olu m en t in te r d it d e n o m m er C lo tid e, d e fa ir e
la. m o in d r e a llu s io n a u d r a m e en tr evu . C ’é ta it
a n g ois s a n t.
- B a h ! j 'a g ir a i d e m on m ie u x !...
11 s on n a .
lin e s er va n te tr ès b ru n e, à l ’a ccen t ita lie n ,
1 in s p ecta à tr a ve r s la g r ille :
- Q u i d em a n d ez- vou s ? vou s d evez vo u s tr o m
p er.
— Je n e p en s e p a s . Je d és ir e c a u s er à M lle O rfa .
Je vien s d 'Ita lie . C ’es t d e la p a r t d e G io va n n in a !
V e u ille z fa ir e p a s s er m a ca rte.
•• lio n ! du m om en t q u e vou s ven ez d e G orgon e.
M a is j ’a i d es or d r es . A tte n d e z là . Je r e vien s !
E lle p a r tit en cou r a n t.
D eu x m in u tes a p r ès e lle r e p a r u t p o u r o u v r ir la
p or te fer in ee à d ou b le tou r , et in tr o d u ir e le vis i
teu r.
L a m a is on , d e b elle a p p a r e n c e et d o n t les ja r
d in s éta ie n t fo r t b ien ten u s , s e m b la it in h a b itée.
P o u r ta n t, à tr a ve r s u n m a s s if a u x b ra n ch es
d en u d ées
par
l ’ h iver ,
J a cq u es
a p er çu t
la
s ilh ou ette d ’u n g éa n t, i\ m in e s in is tr e, c h a r g é s a n s
d ou te d e g a r d e r ’cet im m eu b le q u e la p r és en ce de
d eu x fin îm e s eû t d és ig n é a u x c a m b r io leu r s d e la
b a ttit eu e.
E n trez, m on s ieu r, m a d em o is elle s e r a en ch a n e de vou s vo ir .
• a b on n e p r it lfT ch a p ea u d e J a cq u es et son.
p a r a p lu ie
• ■’a m ou r eu x île
C lo tild e fu t en s u ite in tr o d u it
d a n s l(> ves tib u le d 'u n s a lo n .*
w a iis l'e n c a d r e m en t d e la p or te q u i s ’o u v r a it s u r
\
Í0
cé s a lo n p a r u t O r fa , em p r es s ée d e fa ir e b on
a ccu eil à l ’e n vo yé d e G io va n n in a .
E lle se m o n tr a d a n s u n g r a n d flo t d e jo u r q- ;i
to m b a it d 'u n e b a ie vitr é e .
J a cq u es p u t l'a d m ir e r a u p r e m ie r cou p en
p lein e lu m ièr e.
E t il é p r o u va com m e u n éb lou is s em en t. L e
S u is s e d e ce m a tin a v a it r a is o n : o n n e p o u va it
r ie n im a g in e r d e p lu s p a r fa it- et, a u p r ès d e cette
Ita lie n n e d e gran.dcr r a ce, eñ- velb p p ée d ’u n lu x e
m e r ve ille u x , L u cette e t C lo tild e p a r a is s a ie n t d ’u n
m on d e in fé r ie u r , d e b ea u té b ou r g eois e, de' ch a r m e
m iè vr e .
O r fa a v a it les ch eveu x d ’u n b lon d ' r o u x é c la
ta n t, d es ye u x b leu s p r o fo n d s p a r fo is et s ou ven t
p lein s ju s q u ’ a u x b ord s d e ten d r es s e in fin ie.
L es tr a its éta ien t d ’u n e p u r eté classú jU Q , e t sos
lè vr e s r ou g es , fr a îc h e s com m e des. g r eù a d es , m e t
ta ie n t u n e lig n e ex q u is e f u t s a c h a ir b la n ch e, v e i
n ée, çà et là , d e p e tits 'file ts b îexités.
P lu s g r a n d e ‘q u e L u c e tte ' e t p lu s m u s clée q u e
C lotild e, è lie m o n tr a it: u n e ta ille ra in ee et sou ple',
d es ép a u les la rges ', d es b r a s d e d ées s e;g r ecq u e, tou t
u n en s em b le h a r m o n ie u x et s p len d id e, à d a m n er
u n er m ite, à fa ir e a g e n o u ille r u n a rtis te.
J a cq u es se d it q u e, d écid ém en t,' c ’éta it b ien u n e
p a g e d e r o m á n q u ’il v iv a it. C f.île q u ’i l ve n a ii
s a lu e r é ta it b ien le ty p e a b s olu d e ces h ér oïn es du
lég en d es , p a r fa ite s do cor p s et d 'e s p r it.
L a ’jeu n e fille n e c o m p r e n a it p a s s a n s d ou te le
s en tim en t a u q u el o b é is s a it J a cqu es D a r ta u d , ca r
e lle d em a n d a :
— C ’es t b ien vou s q u i ven e z d ’Ita lie ?... E u ît o ï
s a n s c r a in te ; j e s u is s eu le, j ’a u r a i u n v i f p la is ir à
vo u s en ten d re.
— M a d em o is elle ...
II s ’a r r a c h a à s on ex ta s e et e n tr a d a n s u n e p ièc e $
a s s ez g r a n d e , te p is s ée d e ta b lea u x d e p r ix , m e u
b lée d e fa u te u ils d e s a tin b la n c, a vec d es ta p is où
le pi.ed s ’e n fo n c a it
com m e d a n s la m ou s s e, et
d e: h a u tes fen êtr es d o n n a n t s u r l ’a llé e p r in c ip a le
du p a rc.
D a n s tin- coin , u n p ia n o ou ver t. A u m ilie u , u n
m é tie r à b r od er . S u r u n g u é r id o n d e p o r p h yr e, u n
b ou q u et d e ros es fr a îch es , d es ros es b la n ch es
ven u es p r o b a b lem en t d u p a ys d e la ch â tela in e.
— V e u ille z vou s a s s eoir , m on s ieu r ... V ou s ôtes
M . J a cq u es D a r ta u d ?
— O u i, m a d e m o is e lle . Je p a s s a is d e r n iè r e m e n t
d a n s les e n vir o n s d e la S p ezzia , n on lo in do G o r
g on e, lo r s q u ’ u n e v ie ille d a m e s ’ a p p r o c h a :
O r fa se m it à r ir e :
— N o n ! n e d ites p a s v ie ille d a m e I C ’os t p ou r
m o fa ir e p la is ir e t p a r p olites s e, m a is n ia v ie ille
J a n e es t u n e p a ys a n n e, m a n ou r r ice. E t je l ’a im e
»p lu s ip ie m es p a r en ts ... ex cep té m on p ère.
J a cq u es a p p r o u va d ’u n g es te d e tète.
P u is il se d it q u e la co n ve r s a tio n s e r a it p én ib le
a s ou ten ir . P a r le r tr o is q u a r ts d 'h e u r e d ’u n p a ys
1 U• or\ ign ore- et d e g e n s in con n u s ...
E n fin , il s a va it d é jà q u e G io va n n in a é ta it la
n o u r r ic e d O r fa , et q u ’a p r ès s on p èr e, la je u n e fille
1 a im a it p a r- d es s u s tou t.
C 'éta it, d é jà q u elq u e chose.
P o u r ta n t, il p r é fé r a r a m e n e r la co n ve r s a tio n
d es en vir o n s d e la S p e zzia à C h a tou : c ’é ta il p lu s
s û r.
— C ela d o it êtr e b ien tr is te, m a d em o is elle, d ’h a
b ite r l’ h ive r cette r etr a ite . L ’été, elle d o it ê tr e
ch a r m a n te , m a is a u x jo u r s m éla n c o liq u e s d é
d écem b r e, ces p r o fils d ’a r b r es m o r ts s u r le ciel
g r is , ce jo u r b la fa r d , ce s ilen ce...
E lle b a is s a la tèto.
— O u i, fit- elle. Je s u is r é s ig n é e . C om m e le d it
m on p ère ta n t d e g en s e n vie r a ie n t m on sort. I Je ne
m a n q u e d e r ien . J ’a i d e b on s s er viteu r s , d e b ea u x
livr e s , m on p ia n o. Je m ’a m u s e à b r od er , je r êva s s e
a u coin du feu .
^
— C e s on t les p la W ir s d es p er s o n n e« â g ées , q u i
s e r e tir e n t d e lu lu tte, ou qu e la m a la d ie a déj^ .
�R ei n es de P a r i s
«a *
2 0
tou ch ées . V ou s êtes tr o p je u n e e-t tr o p ... j e n ’os e
p a s d ir e le m o t... ta n t p is !... tr o p b elle, tr o p ...
— M o n s ieu r ...
— V o u s n e le s a ve z p a s ? fit- il en r ia n t.
— N o n , r ép o n d it- elle. P e r s o n n e n e m e l ’a v a it
d it. Je p en s a is q u ’o n n e p a r la it ja m a is d e cela
a u x je u n e s filles .
— J e s u is s a n s ex cu s e, en effet. I l fa u t m e p a r
d on n er. A u jo u r d ’h u i, d a n s le m o n d e, le s je u n e s
fille s d es m e ille u r e s fa m ille s o n t cou tu m e d ’en ten thre...
E lle s ecou a la tête.
— Je n e va is ja m a is d a n s le m on d e. J e n e s ors
ja m a is . D ep u is m o n a r r iv é e d ’Ita lie je d em eu r e
ici.
— S eu le 1
— S eu le.
— C ’es t e ffr a y a n t ! u n e p r is o n a lo r s ?
V vec u n e m ou e c h a r m a n te :
— P a s p r écis ém en t. Je p u is m e p r om en er , les
ïo ir s d ’été, s u r la r iv e , ju s q u ’à M a is o n s - L a ffitte
J’a i le p a r c p o iy y r e s p ir e r à l ’a is e, e t q u a n d
m on p è r e vie n t m o v o ir , il m ’em m èn e fa ir e u n o
p r o m e n a d e en vo itu r e . J’a im e b ea u cou p cela ! O n
v o it p a s s e r d es g en s q u i r ien t, q u i v o n t s e ten a n t
p a r le b ra s , h eu r eu x ... C e d o it êtr e b on d e v iv r e
a ve c b ea u cou p d e m on d e, d e r ir e a u x écla ts , d o
c o u r ir où l ’on veu t, d e m a r ch er , la n u it, s u r les
b e r g e s d és er tes ... Je lis p a r fo is d es r o m a n s où to u t
ce q u e j e s ou h a ite es t écr it. Je n e d ois p a s ê tr e
la s e u l« à d é s ir e r ces ch os es .
E lle s e p e n c h a it ve r s J a cq u es , e t lu i p a r la it en
a m ie.
E lle lu i e x p liq u a it n a ïve m e n t s es r êves , lu i
o u v r a i t d n p r e m ie r cou p to u tes le s p a g e s d e s on
cœ u r.
A in s i a v a it fa it C lo tild e ; a in s i d e va ie n t fa ir e
tou tes le s je u n es fille s d e r a c e la tin e , d o n t la
n a tu r e s im p le et co n fia n te ig n o r e le s p u d iq u es
H yp ocr is ies cou r a n tes .
M êm e O r fa r e g a r d a it s on v is ite u r a ve c d es y é u x
où celu i- ci lis a it u n e s or te d ’a d m ir a tio n .
E lle n ’é ta it m êm e p a s c a p a b le d e ca ch e r le p la i
s ir q u ’e lle p r e n a it à ca u s er a ve c ce b ea u je u n e
h o m m e a u x g r a n d s y e u x s om b r es , a u x ch eveu x
s oyeu x , à la b a rb e ta illé e en d eu x p oin tes , com m e
la p o r ta ie n t les R o m a in s d e l ’e m p ir e , à l ’a llu r e
s olid e, a u s o u r ir e a ttir a n t.
L e S u is s e, e n v o y é p a r C lo tild e,
co n n a is s a it à
m e r v e ille c e lle ve r s q u i il p o lis s a it J a cq u es , p u is
qu ’il lu i a v a it d on n é p o u r to u t r e n s eig n em en t, u n e
le ttr e et d eu x n om s .
Il s a v a it q u e l ’a b a n d o n n ée p a r le r a it p eu d e G iova n n in a , p r é fé r a n t d ir o a u b ea u T o u lo u s a in les
p h r a s es q u i lu i m o n ta ie n t a u cœ u r, d a n s s a s o li
tu d e é ter n elle.
E n effet, e lle c o n tin u a it :
__ D a n s Il s jo u r n a u x , j e lis lo r é c it d es fê te », e t
cela mu r en d tr is te. Je vo u d r a is êtr e là , d a n s les
s a lo n s d o r és où s e c o u d o ien t d es g r a n d s s eig n eu r s ,
où ch a q u e fem m o é ta le d es to ilettes s u p erb es . Je
m e s ou vien s ... il y a lo n g tem p s ,
lon g tem p s ...
j ’a v a is q u in ze a n s , à F lo r e n c e , m on p èr e m ’a con
d u ite d a n s n n b a l d on n é p a r le p r in ce I ’ a lm e r in i.
J 'a i d a n s é a vec m on cou s in . Je n e s a va is p a s d a n
s er. C ’é ta it b ea u ! C ’é ta it a m u s a n t !
—
E t d ep u is ?
M a m èr e es t m or te. M on p ère...
E lle s’a r r ê ta .
Il cr u t q u 'e lle lu i r é v é le r a it
p eu d u s e c r e t
N o n , f- h n s s a n t d 'u n g es te ces s o u ven ir s :
M a is
p eu t- être q u e j e
v e r r a i ces
un
b elles
r ! nscs !
C ert es I
.),■ n e s u is p a s tr o p vie ille . N es t- ce p a s , m on t. , iii q u 'o r n ’ es t p a s v ie ille à v in g t a n s ? J ’a i eu
v in , . ' ;>no le 19 octob re.
il I;. r a s s u r a :
.
N o n , on n ’es t p a s v ie ille à v in g t a n s . Je p u is
vou s le g a r a n tir .
*5®"
S e s o u ven a n t d es o r d r e s d e s on vis ite u r , i l s ’a p
p r o c h a u n p eu d ’O r fa , s es yeu x p lu s d ou x, s a Im a in
ten d u e à d em i, d a n s u n g es te ten d r e.
— E t je p u is vou s a ffir m e r a u s s i, m a d e m o is elle,
q u e je vou s p la in s d e tou te m on à m e. V ou s a vez
d r o it à d ’a u tres jo ie s qu e ces p la is ir s n é g a tifs : la
b r o d e r ie , la lectu r e, la p r o m en a d e s u r les b er g es
d és ertes , le s oir.
— V ou s p en s ez ?
— O h ! ou i. A vo tr e â g e, o n d o it s ’ ép a n o u ir a u
g r a n d a ir d es r och es ou à la c la r té d es lu s tr es ;
on d o it co u r ir le m on d e à la r ech er ch e d es s en s a
tio n s p u is s a n tes , ou tr a ve r s e r les s a lon s d a n s
l ’a d o r a tio n d e tou s .
— Oh 1
— Je n e m e p e r m e ttr a i p a s d e ju g e r ceu x q u i
vo u s tien n en t en fer m ée, en fou ie d a n s ce coin s o
lita ir e , d a n s la tris tes s e d e cette d em eu r e p er d u e
s ou s les b ois d én u d és .
— M o n p ère es t o b lig é...
I l l ’a r r ê ta d ’u n g es te d is cret.
— M a is si je le p ou va is , m a d e m o is e lle , je vou a
a s s u r e r a is ces tr io m p h es en tr evu s p a r vo u s d a n s
vo s s on g er ies , et d on t vou s êtes d ig n e p a r vo tr e
c h a r m e et vo tr e r é s ig n a tio n .
E lle l ’écou ta it, r a vie.
P o u r la p r e m iè r e fois , e lle e n te n d a it d es p a r oles
s em b la b les , d ites a vec u n e in to n a tio n d ou ce. L e
to n d e cette vo ix ch a u d e lu i a lla it a u cœ u r, la p é
n étr a it, é v e illa it en elle u n m on d e d e s en s a tion s
m a l en d orm ies .
M a in te n a n t, e lle r e g a r d a it J a cq u es , en ex ta s e,
les m a in s fr is s on n a n tes . E lle lu i é ta it r e co n n a is
s a n te d e lu i p a r le r a in s i, d e lu i o u v r ir ce r id e a u
q u e ses p a r en ts
a c c r o c h a ien t e n tr e elle
et 1 e
m on d e, où l ’on r it, où l ’on d a n s e, où l ’o n a im e...
I l é ta it im p os s ib le qu e cette b elle fille d e vin g t
a n s , d on t le s a n g c h a r r ia it les a r d e u r s d e s a r a ce
la tin e , n ’eû t p a s tr e s s a illi cen t fo is a u x r e fr a in s
d 'a m o u r qu e la b ris e a p p o r ta it p a r- d es s u s les m u
r a ille s , q u ’elle n ’eû t p a s fr is s o n n é à la vu e d e ces
cou p les en la cés cr ois és s u r les rou tes , les s oir s
d ’été.
S û r em en t, O r fa a v a it évoq u é les vis ion s q u i,
d ’a illeu r s , n a is s en t tou tes s eu les d a n s le cer vea u
d es jeu n e s filles , et ces vis io n s p r e n a ien t cor p s
a u jo u r d ’h u i.
D a n s la d is p o s itio n d e s p iit ou elle se tr o u va it
r eclu s e d a n s u n ch â tea u ou s ’ép a n ou is s a it s a je u
n es s e et où 1 on e n s e r r a it s on cœ u r, a y a n t vin g tq u a tr e h eu r es p a r jo u r p o u r s on g er à ce q u i a ttir e
tou te fem m e, a ve c le cer vea u p lein d e fig u r es d e
h ér os d e r o m a n s O r fa eû t a im é le p r e m ie r jeu n o
h om m e q u i lu i eu t ten d u la m a in .
E lle fu t in vin c ib le m e n t a ttir é e 'p a r Ja cqu es , le
b ea u G a s con a u fr o n t de p en s eu r et a u x b ra s do
lu tteu r , p a r Ja cqu es né p ou r l’a m ou r, é tr e in t p a r
1 a m ou r ,
g a r d a n t d a n s les m o in d r es n lis d e s a
fa c e lo r e flet d o s es to r tu r es a m ou reu s es et do s es
d és ir s fou s .
• O h ! il n ’eu t p a s g r a n d ’p ein e à a ttir e r ve r s lu i
cotte à m e ca n d id e et cet e s p r it s im p le.
A u b ou t d ’u n q u a r t d ’h eu re, elle l’a d m ir a it, e lle
c o m p r e n a it qu à p rés en t ses r ê v e » p r e n d r a ie n t
corp s , e . (p ie s on a d o r a tio n ir a it to u jo u r s ver s co
v is ite u r ven u p ou r lu i en s eig n e r la rou te d es
jo ie s in fim es .
D e s on côté, Ja cqu es é ta it tr o p jeu n e, tr o p v i
b r a n t, p ou r d em eu r er im p a s s ib le a u x côtés d 'u n e
p a r e ille jeu n e fille. Il d u t in vo q u er le s o u ve n ir do
C lotild e, s e d éfen d r e d 'u n s ou h a it qu e r ie n no ju s
tifia it., se r é p é ter q u ’il jo u a it u n r ôle d a n s u n e coin éd io • m a is il fu t o b lig é d e s ’a vo u e r q u ’il trou va it
O r fa a d m ir a b le.
— V o u s n e con n a is s ez p er s on n e d e m a fa
m ille ?
— N o n , m a d em o is elle !
— G ic va n n in a n e vou s
a
r ie n
d it s u r les )
m ien s \
1
�21
R ei n es de T a r i s
— E lle n e m ’a p a r lé q u e d e vou s . E lle vou s
a im e ta n t !
— A h !... vo u s êtes ven u ic i s a n s p r é v e n ir ?...
V ou s a vez b ien fa it, d u res te. J’a i eu ta n t d e p la i
s ir à vou s en ten d r e m e p r é d ir e u n e a u tr e e x is
ten ce !
— Je vou s a ffir m e...
— M on p ère a b ea u m e r é p é te r qu e j ’a i to r t d e
m e p la in d r e , q u e c’es t fo u d e d é s ir e r a u tr e ch os e
qu e la fo r tu n e et l a s a n té... je n e p u is a cc e p te r
ce la !... U n a n ! Je s u is ic i d ep u is u n a n ! Je n ’a i
vu p er s on n e... ou à p eu p rès ...
— V ou s r e g r e tte z l’Ita lie ?
— N o n ... A p a r t m a n o u r r ic e ... E lle a d û vo u s
d ir e qu e là - b a s j ’éta is g a r d é e com m e ic i, o b lig ée
de
ne
p a s s o r tir
du
v illa g e . . .
N on ,
je
ne
r e g r e tte p a s l ’Ita lie ... M a is je vo u d r a is ... Je v o u
d r a is ...
I l se m it à r ir e p o u r a v o ir le d r o it d e p r en d r e,
en a m i s a m a in d r o ite q u ’elle lu i a b a n d o n n a v o
lo n tier s .
— Je s a is ! V ou s v o u d r ie z a lle r p a r les s a lo n s
em b a u m és d e fleu r s r a r es , d a n s le r u is s ellem en t
des d ia m a n ts et le ch a to iem en t des étoffes , v a ls e r
a vec u n jeu n e o ffic ie r , ou u n g en tilh o m m e a u x
fin es m ou s ta ch es b lon d es .
E lle a p p r o u va d ’u n p e tit s ig n e d e tête.
— V ou s vo u d r ie z, a u p r in tem p s , c o u r ir les b ois
en vo ilu r e , en co m p a g n ie d ’a m is d évou és , a vec q u i
vou s ir ie z a u h a s a r d des rou tes , v is ita n t les p a u
vr es , s o u r ia n t a u x s p len d eu r s de la n a tu r e à s on
r é ve il... L ’été, il vo u s fa u d r a it la vie d e ch â tea u ,
d a n s la g a ie té des fêtes ch a m p êtr es , les p a r ties s u r
l ’h erb e, l ’o r g a n is a tio n d es p ièces q u ’on jo u e s u r
d es p la n ch es im p r o vis ées ... A l ’a u tom n e, la ch a s s e
p a r les b ois d orés , les ch eva u ch ées d a n s la fo r ê t
fr is s o n n a n te... et a u s s i, a u s o le il cou ch a n t, la ca u
s er ie a vec u n a m i ch er , d a n s la p én om b r e d es
a llées ..
— O h ! ou i s’écr ia - t- elle. O h ! o u i I C ’es t c e la !
C ’es t cc la !
I l se le va :
— Je vou s le s ou h a ite d e to u t m on cœ u r ; e t si
je p o u va is vou s l ’a s s u r er au p r ix d e lo n g u es m is è
res , s u r m on â m e, m a d em o is e lle , vo u s l ’a u r ie z d e
m a in ... C e s o ir 1
— V ra i !
— O u i, v r a i !
E lle se le v a a u s s i.
■
— V ou s p a r te z d é jà ?
'
— Il s er a it in d is c r e t d e d em e u r er p lu s lo n g
tem p s .
— A li !...
E lle n ’o s a it d ir e la p h r a s e q u ’elle a v a it a u
b ou t de la la n g u e. E lle fin it p a r la m u r m u r e r :
— Je n e vou s v e r r a i p lu s ?
— O h ! j ’es p ère qu e s i !
— V ou s r e vie n d r e z ?
— Je n e s a is en cor e... M a is j ’a i eu tr o p d e p la i
s ir à r a m en er u n p eu d ’es p o ir d a n s vo s g r a n d s
yeu x a ttr is té s p o u r q u e je n e fa s s e p a s l ’im p os
s ib le..
— B ien tô t ?
— Je l’es p ère.
Il s o r tit d e s on p o r te fe u ille la lettr e la is s ée p a r
le S u is s e, a s s ocié d e C lotild e.
— A va n t de vo u s q u itter , p er m ettez- m oi d e vo u s
r em ettr e cette lettr e. O n m e l’a con fiée p o u r être
cer ta in q u ’elle vou s p a r vie n d r a it.
E ton n ée, elle d it :
— C e d o it êtr e g r a ve , a lors .
E t, p ie n a n t la lettr e, elle lu t l’a d res s e :
A M a d e m o is e lle O rfa .
C ’es t b ien p ou r m oi.
E lle fn s a u ter le ca ch et
îo té de l’en velop p e.
P a r d is cr étio n , J a cqu es
p orto, ta n d is qu e la jeu n e
Bo r a p p r o c h a it d e la fen êtr e
~
d e c ir e et d é c h ir a
un
« ’é ta it r ecu lé ve r s
la
fille, p o u r m ieu x lir e ,
d on n a n t s u r le marc.
D ’in s tin ct, le T o u lo u s a in s u iv a it s u r le vis a g e
d ’O r fa les s en tim en ts n és d e l a le ctu r e d e la
lettr e.
D ’a b or d , la s u r p r is e d e q u elq u ’u n q u i n e com
p r e n d p a s ce q u ’elle lit.
P u is u n e s o r te d e h on te et de fu r eu r .
— Q u e co n tien t d on c cette le ttr e ? s e d em a n d a
le je u n e h om m e, tr ès ém u .
O r fa r e g a r d a J a cq u es d ’u n œ il fa r o u ch e, et a u se itô t a p r ès , s a n s la is s e r le te m p s .a u v is ite u r d e
se r en d r e com p te d e ce qu e d is a it’ ce r e g a r d , e lle
r e co m m e n ça la lectu r e d e la m is s ive. E lle é ta it du
r es te fo r t cou r te, cette m is s ive : u n e d iza in e d e
lig n e s .
L o r s q u e l'Ita lie n n e fu t a r r iv é e à la fin , e lle e u t
u n e s or te d e cr i, u n r â le a troce.
E n fin , fr o is s a n t la lettr e elle v in t à J a c q u e t :
— M c n s ie u r , c ’es t v il, d ’in s u lter ... C ’es t le fa it
d ’u n ... je ... n e... O h ! c’es t vo u s q u i a ve z os é m ’a p
p o r te r !...
— M a d e m o is elle.
— D ’a b o r d , ce n ’es t p a s v r a i I vo u s en ten d e z :
m o n s ieu r , ce n ’es t p a s v r a i ! M on p èr e... N o n !
vo u s n e p a r v ie n d r e z p a s à m e le fa ir e h a ïr ! Je
l ’a im e r a i m a lg r é tou t, vo u s en ten d ez, m a lg r é to u t !
O h ! je co m p r en d s p o u r q u o i !...
I l l ’in te r r o m p it.
— Je vou s ju r e qu e j ’ig n o r e ce q u e c o n tien t cette
le ttr e i
— T a is ez- vo u s ! C e n ’es t p a s v r a i I C e n ’es t p a s
p o s s ib le !... V o u s m en tez !...
— M a d e m o is elle...
— L a is s e z- m o i !... J’a i cr u u n in s ta n t à vo s g r i
m a ces ! O h ! je s u is b ien p u n ie !
E t tou t à cou p , m etta n t s a m a in s u r s es yeu fc
e lle eu t u n s a n g lo t te r r ib le , en c r ia n t :
— L a is s ez- m o i !
Ja cqu es , a h u r i, ép ou va n té, s e m it à g em m x , le*
m a in s ten d u es .
— M a d em o is elle !
P a r p itié !
Je vo u s ju r e..»
V o u s m f p r en ez p o u r u n m on s tr e !...
— O u i!
— Je vo u s ju r e !... E cou tez, je v a is vo u s d ir e...
n on , je n e... m a is je vo u s ju r e qu e j ’ig n o r a ts 1 <
p r e m ie r m ot...
O r fa s ’a va n ç a n t :
— D ’a illeu r s , je vo u s l’a ffir m e qu e vo u s n ’y p a r
vie n d r e z p a s , n i vou s n i d ’a u tres I J’a im e r a i m oii
p èr e, m a lg r é to u t ! E t s i vou s êtes s im p lem en t
l ’in s tr u m en t d ’a u tr es en n em is , l'e n v o y é d e ces
êtr es d e h a in e q u i le ja lo u s en t, d ites b ien à ces
g en s q u e O r fa A n fa lo tti es t a u - d es s u s d e ces in fa
m ies !.
R e ve n a n t à s a p r e m iè r e id ée :
— E t c ’es t à vo u s ! V o u s à q u i je m « co n
fia is !...
— P u is q u e je vou s a ffir m e ...
— Je n e vo u s cr ois p a s !
I l é ta it to u jo u r s à g en ou x . L a jeu n e filte p r it u n i
s on n ette d 'a r g e n t et l ’a g ita .
J a cq u es se red r es s a , n e v o u la n t p a s fctns s u r
p r is d a n s cette p os tu re.
L a b on n e q u i lu i a v a it o u ve r t la g r ille ne p r é
s en ta .
#
— R ec o n d u is ez m on s ieu r , fit s èch em en t O r fa .
L e T o u lo u s a in e s s a ya u n e d e r n iè r e fo is d ’n f
fir m e r s on in n ocen ce, m a is
la m a îtr e s s e
di!
à la b on n e :
— V o u s a ve z en ten d u , n ’es t- ce p a s ?
E t, p ou s s a n t u n e p on te op p os ée à la p o r te d 'en
tr ée, elle d is p a r u t s a n s u n m ot, s a n s u n g es le.
D em eu r é s eu l, J a cq u es d it à la s e r va n te :
— lio n ! Je vou s s u is .
Il m a r c h a d e r r iè r e la b ru n e Ita lie n n e , q n i lu i
r em it s on ch a p ea u et s on p a r a p lu ie , o u v r it 3c. p or te
d e la d em eu re, la g r ille du ja r d in , et s a lu a le n s itcu r d ’u n s eu l m o t s ig n ific a tif :
— A d ieu !
J a cq u es D a r ta u d se tr o u v a nu r la rv>u.tfi rjî, yi[.
la g e . s a n s s ’êtr e r e m is do s ïi Xr,uï>oiyr.
�«f*
22
I l d e m e a m it d e va n t l a g r il l e clos e, eou s le lio n
' • ¡iTon n é d e fe u ille s d ’iw ïhe, im m o b ile,
ga rd a n t
a u x o r e ille s les p a r o le s d ’O r fa et, d e va n t ses yeu x ,
r im .'iç ç d e c e tte fille tte tr a n s fo r m é e tou t à cou p , le
' *;; ;1f u la p o r to com m e u n La qU a is .
P o u r ta n t, il fin it p a r s ’eu a lle r , m a is s a n s p a r
v e n ir ù s e r es s a is ir .
1 ! d u t b ien fa ir e cin q cen ts p a s a v a n t d e p o u vo ir
e x a m in e r la s itu a tio n , se r e n d r e com p te d e s on
a ven tu r e.
— D écid ém en t,, g r o m m e la - t- ii, cette a ffa ir e n ’es t
p a s b a n a le et. m e m é n a g e d es s u rp r is es ... d és a g i ta b les ... C otte O r fa m ’a ch a s s é com m e u ne d u
ch es s e n e c h a s s e r a it p a s u n m e n d ia n t... N o tr e ca u
s e r ie n e fa is a it p a s p r é v o ir ce d én ou em en t. C ’es t
cette lettr e... Q u e p e u t- e l'e c o n te n ir ?... A llo n s ! re^ a gn u n - : V a o g ir a r d !
J1 s e m it à m a r c h e r p lu s v ite ; la p lu ie com m en
ç a it à to m b e r fin e, g la cée.
— C ’es t é g a l, il a r a is on , cet a m i d e C lotild e, ce
S u is s e a u x yeu x d e p o r ce ’ a in e, e lle es t m e r v e il
leu s e, cette O r fa . I l es t im p o s s ib le d 'im a g in e r r ie n
d e p in s b ea u ... R ic h e , a vec c ela ... d ’u n e ca n d eu r
d ’en ta n t... S a p e r lo tte ! Q u ’es t- ce q u e j ’a i d on c p u
lu i a p p r e n d r a ?...
X
L u e e tte fu t b ien à l ’a te lie r d e L u d o vic à l’h eu re
p r o m is r .
A s ix h eu res , elle a p p a r u t, p lu s jo lie q u e ja m a is ,
to u te ros e d o fr o id , g r a c ie u s e in fin im e n t d a n s l’en ca p u ch o n n em en t d e s a tète r ieu s e, d a n s le s p lis
d e s on lo n g m a n tea u d ’h ive r .
E lle é ta it a c co m p a g n ée, com m e la v e ille , p a r
M lle M ys tè r e , q u i s ’a s s e ya it d a n s u n coin et n e r e
m u a it p lu s , g a r d a n t cette a llu r e b iza r r e et p r es q u e
in q u ié ta n te r em a r q u ée p a r tou s .
O n m* c o m p r e n a it r ie n à l ’effa cem en t d e cette
b elle fille ; e lle d e va it p o u r ta n t s a v o ir q u ’e lle é ta it
s p len d id e, q u ’olle a v a it le d r o it d ’es p ér er , p lu s q u e
tou tes tes a u tr es , d es tr io m p h e s s a n s fin !
— O nt p eu t e n tr e r ?
— S i on p eu t... M a d em o is elle... a p p r och ez- vou s
d u feu . L e p oôle fa it d e ¿on m ia u x ...
— I I c h a u ffe tr ès b ien , d it L u cette.
K ilo s’in tér es s a a u D io f/ in i! , a u x m u r s do l’a teü er, pasBrt u ne in s p ectio n d es m o u la g e s e t d es
— A lo r s , je v a is a p p e le r n o tr e a s s ocié. V o u s p e r
m ettez ?
— V ou a n ’étiez p a s s eu le ?
— N on .
— L u c e tte 's o r tit s u r le p a s d e la 'p o r te et fit u n
s ig n e ver s la ru e :
— O u i ! V en ez !
L e S u is s e fle g m a tiq u e q u i a va it, la v e ille , e n vo yé
J a cqu es à C h a tou , se m o n tr a et s ’in c lin a tou t d ’u ne
p ièce. Il g a r d a it s a fr o id e u r h a b itu elle, s a c o r r e c
tio n im p ecca b le, s on im p a s s ib ilité qu e r ie n ne
tr o u b la it ja m a is .
— Je vo u d r a is l ’a d res s e d e ce M . P o n ta r lie r , fitil en s 'a p p u ya n t s u r u n es ca b ea u , p ou r le la n cer
co n tr e M . le com te A n fa lo tti, a in s i q u ’il a été co n
ven u h ier. C ’es t u n e s im p le vis ite e t on la lu i
p a ie r a d eu x c en ts fr a n c s d 'a va n ce.
— F ic h tr e ! s’é c r ia l’a r tis te, je m e h â te I I I s er a
en ch a n té 1
I l e x p liq u a la s itu a tio n to p o g r a p h iq u e d u c a fé
où se tr o u v e r a it le fils de M on tn u b a n .
L e S u is s e prit, n ote d e l'a d r e s s e et s o r tit tou t
d ’u n e p ièce, p a r e il à ces b on s h om m es en b ols :
q u 'o n fa b r iq u e d a n s s on p a ys .
U n e fo is s eu l a ve c les ja u n es filles :
— J ’a i vu J a cq u es ce m a tin , d it L u d o vic , il es t
tr ès con ten t. J 'es p è r e q u e n ou s n ou s tir e r o n s a u s s i
b ien d e n o tr e rôle.
— C ertes I
E lle s ’a s s it d e v a n t le p oêle.
— M a is d ’a b or d , m o n s ieu r L u d o vic , ca u s on s d e
vou s , d e vos p r ojets . R a cftn tez- m oi vo tr e vie. N o u s
a vo n s le tem p s a u jo u r d ’h u i. P o u r v u q u e n ou s
s oyon s ren tr ées à m id i ! N o u s b a va r d e r o n s d e T o u
lou s e, d e m a m a n , d u pa s s é.
Il s ’a s s it p r ès d 'e lle ,’ et ils se r e g a r d a ie n t, a u s s i
h eu r eu x q u ’on p eu t l'è tr e .
L u cette a v a it a u s u p r êm e d e g r é la q u a lité la
p lu s a ttr a y a n te : la fra n ch is e.
E lle n ’cù t p u ca ch er u n d e s es s ou h a its ou d is
s im u ler u n d e s es d égoû ts .
C ’é ta it d a n s s a n a tu r e d e se la is s er a lle r
la
jo ie ou à la tris tes s e s a n s p r en d r e g a r d e ii ceu x
q u i l ’en to u r a ie n t, e t on lis a it tr ès n ettem en t d a n s
ses yeu x : on a d o r a tio n ou s on m ép r is , s on a m o u r
ou s a h a in e.
E t a u s s i ell<* a v a it cette a u tr e cju a lité si ch a rin a n te, la g a ie té. T o u t 1 a m u s a it ; elle r ia it a vec
d élices .
L o r s q u elle se fâ c h a it, com m e lor s q u e J a cqu es
lu i fit la s cèn e te r r ib le a u r eto u r d e la fe r m e d es
croq u is .
Q u elle d r ô le d ’in s ta lla tio n I c’es t h u m id e,'“' P la ta n e s , u n e colèr e fo lle la s a is is s a it et e lle c tfn it
i.a u vr e , et p ou r ta n t ç a n o r e s p ir e p a s la tris tes s o,
ce q u 'e lle v o u la it d ire, p u is , p res q u e a u s s itôt, elle
r e d e ve n a it la nJlett© a u cœ u r d ’o r qu i n e s a u r a it
(e n n u i...
— Je n e m ’en n u ie ja m a is . J 'évoq u e, a u x h eu res
b ou d er , la b r a ve p etite M é r id io n a le a u x e x p a n
M éla n coliq u es , d es vis io n s q u i s u ffis e n t à illu in is ion s a tten d r ies et cord ia les .
S ou s ce r a p p o r t, L u d o vic M ois s a c r es s em b la it
l.er ce log is .
b ea u cou p i'i son a m ie. C om m e elle, ¡1 s ’a m u s a it à
E lle lu i p r it la m a in .
— A in s i, vou s a ve z p en s é à m o i ?
v ivr e , il a d o r a it les p a r tie s d e r ir e et les b on n es
— C h a q u e jo u r . Je p o u r r a is d ir e à ch a q u e h eu re.
p la is a n ter ies . C om m e elle a u s s i, il a v a it v ite fa it
C e la s em b le vou s s u r p r en d r e ?
d e r é g le r u n e s itu a tion ; très ou ver t, tr ès lo y a l,
— P a * d n tou t. C e la m e fa it b ien p la is ir . R ie n
tr ès vib r u n t, et s u r tou t très b on
p la is ir 1 C a r m oi a u s s i j e m e r a p p e lle vo lo n tie r s
L es d eu x jeu n e s - g e n s a va ie n t vécu à To u lo u s e
vos b on a r e g a r d s s i p le in s d e fo i. V o tr e v o ix ch a u
p r es q u e côte a côte : ils se con n a is s a ien t d on c. C e '
le. Jo c r â n a i s d e vo u s tr o u v e r u n p eu fr ip é p a r
fu t s a n s u n e In q u iétu d e qu e L u cette v in t fr a p p e r
ia v ie d e P a r is ... N o n ...
a la p or te d u s cu lp teu r ; ce fu t s a n s la m o in d r e
E lle te n d a it a u ipoû le ses fin es b ottin es en r e le
c r a in te qu e L u d o vic se m it a u s e r v i c e do L u cette
va n t se«i ju p e » d 'u n g es te g r a c ie u x . P u is , se s ou p o u r s on œ u vre d e ju s tice.
L e u r ca u s er ie d u r a u n e h on n e d em i- h eu r e. A u n
ven a n t :
— A h ! j ’o u b lia is ! O ù p ou r r a - t- on tr o u v e r n o tr e
m om en t, M ois s a c s écr ia :
— S a p r is ti I j ’a i ou b lié do d é cr ir e il vo tr e com
u n i G a b r ie l P o m ta r lie r ?
p a g n on n otre a m i G a b r iel P o n ta r lie r . Il le ch er
— A eeU o h eu r e ?
c h e r a en va in a u ca fé.
— T o u t d e s n ite 1 C ’est, u r g en t.
— O h I ra s s u rez- vou s ! M . R o m b c r g c o n n a ît la
L u d o vic r é flé c h it e t d it :
— A tte n d e z, ou i... Il s e r a fi d ou x h eu r o « à u n e
fu tu r e g lo ir e d e M on ta u b a n . Il y a d é jà u n e s e
m a in e q u ’il a je té les yeu x s u r lu i.
b r a s s e r ie q u i es t s u r le r o n d - p o in t d u b o u le va r d
— B on 1
S a in t- M ic h e l, en fa c e d o la r u e S ou fflot.
_
N ou s a vio n s b es oin d e vou s tr o is et ch a cu n
— E t a va n t ?
11 s e r a it in u tile do le ch er ch er . Il co u r t P a r is ,
d e vou s jo u e r a son r ô le H ie r , J a cqu es es t a llé fi
m a is a d ou x h eu res , il a r en d ez- vo u s a ve c u n é d i
C h a tou . v o ir la fille ; G a b r ie l P o n ta r lie r ir a ce
teu r d e in w iq u o . à l ’e n d r o it (fu e jo vou s in d iq u e.
�R a i n es d e P a r i s
s o ir p a r le r a u p èr e ; et vou s , m o n ch er m o n s ieu r
L u d ovic, vou s r e c e vr ez la m èr e.
r
E lle con s u lta s a m o n tr e :
— D i-ab le ! les a ig u ille s to u r n en t vite, ic i ! A
p ein e le temps- d e vo u s e x p liq u e r vo tr e je u et d e
p a r tir . Je r e v ie n d r a i ve r s s ix h eu res , vou s- p r en
d re, a in îi q u e J a cqu es , d e r e to u r a u p r ès d e vou s .
P eu t- êtr e y a u r a - t- il a u s s i M . G a b r iel. D a n s ce ca s ,
n ou s d în e r io n s tou s les q u a tr e.
— E n ten d it.
— V o ic i. A tr o is h eu res ... ve r s tr o is iieu r es ... se
p r és e n te r a à vo tr e a te lie r , ici, u n e g r a n d e d a m e
ita lien n e m a is p a r ia n t tr ès p u r em en t le fr a n ça is .
— L a m èr e d e cette d e m o is e lle O r fa , d e C h a tou ?
— S a b elle- m èr e, la fem m e d e s on p ère. E lle a
tren te- d eu x a n s .et n e les p a r a ît p a s ’. C ’es t u n e fo r t
b elle fem m e, très h a u ta in e, tr ès g r a n d e d a m e,
ex tr êm em en t in solen t,e.
— L a m o r g u e es p a g n ole.
— Ita lie n n e . D on c, elle s ’a m è n e r a
ve r s tr o is
h eu res , en p r o te ctr ice d es a r ts , e x a m in e r a , vos
œ u vres , fe r a u ne m ou e d éd a ig n eu s e d e va n t ia p a u
vr eté d e vo tr e in s ta lla tio n , et d a ig n e r a s ’ a s s eoir
s u r l ’u n iq u e ch a is e d e l ’ a telie r .
______
— Je d evr a i êtr e a im a b le a vec elle ?
— D é p lo ye z tou tes vo s s éd u ction s .
•— C ela s e r a cou rt.
— B a h ! vou s s erez tr è s fier , a u fo n d , d ’a v o ir
a ffa ir e à u n e g r a n d e d a m e, d e r e c e v o ir les com
p lim en ts d ’u n e com tes s e !
— D es com p lim en ts ?
— E lle a d m ir e r a vo tr e s ta tu e, ce m e n d ia n t :
c ’es t u n fin con n a is s eu r.
M odssa c s a lu a en s ou r ia n t.
— E n s u ite, e lle a b o r d e r a le s u jet q u i l ’a ttir e
ch ez VOB 3 . E lle ch erch e u n s cu lp teu r d e g r a n d ta
len t potu - r e s ta u r e r d es s ta tu es d e l a R en a is s a n ced a n s son ch â tea u d e G or g on e. V ou s r e tie n d r e z
b ien ce n om : G o r g o n e ?
-r— J a cq u es m e l ’a r ép été d ix fo is ce m a tin . C 'es t
u n v illa g e n on lo in d e 1 » S p ezzia , en tr e G èn es et
Pian.
— P a r fa it I A ce n om , vou s m a n ife s te r e z vo tr e
éton n em en t et r ép o n d r ez : « T ie n s ! c ’es t cu r ieu x ,
j e d b ia m e r en d r e à ce villa g e . U n d e m es m a îtr es ,,
à q u i on s ’est. a d r es s é d 'a b o r d , n ’a y a n t p a s le
tem p s , m ’e n vo ie là - b a s à s a p la ce. » 11 s ’a g it d ’u n
m on u m en t, écou tez b ien ceci I d ’u n m on u m en t
élevé à u n e n d r o it où fu t la is s é p o u r m o r t et d é
p o u illé d e s es b ien s u n F r a n ç a is d is p a r u d ep u is .
V ou a a ve * r eten u Y
— C ertes I
— Ce
m on u m en t,
r e p r é s e n te r a
ce
F r a n ç a is
b les s é g r iè ve m e n t, g is a n t à c ô té - d ’u n c o ifr e vid e,
d ’u n e ca s s ette o u ver te e t vid e. E t s u r le s ocle, on
m e ttr a cette in s c r ip tio n : « C 'es t ici i|ue
... (la
p la ce
dn
rx>m) fu t a s s a s s in é et volé p a r le
com te ... (la p la ce du n om ).
— C ’est b ien co m p liq u é 5
— V o n « tr ou vez ? O n vou s n c h a r g é d 'é le v e r u n
m o n u m en t e x p ia to ir e à G o r g o n e, cri s o u ve n ir d 'u n
ertrn e u t d ’u n vo t exéeu t/ i» p a r u n com te ita lien .
Je> n e vois p u s que- r e soit) b ien co m p liq u é.
— E n «rfet), j 'a i tort. C V s l fo r l sa mple. M a is si
la d a m e n e se con ten te p a s do ces r en s eig n em en ts ?
— H !e fa u d r a b ien ! V o u s n 'en co n n a is s ez p a s
d 'a u tr e s ! A u ;p itre p o u r r a it elle s ’e n q u é r ir du n om
d e ce m a îtr e qu i vou s d élég u é. V ou $ rép on d r ea
<p#'U t o u s a d éfen d u r i® 'le- d il r, et ce s er a tou t.
— P a r fa it 1 J ’a tten d s cette com tes s e d e p ied
ferm e.
R i naoi, je m e s a u ve... A s ix h eu res , n ’es t- ce
pas, n ou s d în er o n s tou * en s em b le et p a s s eron s n o
ir e s oi n é« à> b ftv'a td er ju s q u 'à d ix ou on ze h eu res .
C ’c s l con ven u ?
— C rtoven u . E l je? vou s r a c o n te r a i m on e n tr evu e
a vec la com tes s e.
J:>y «w m p toi b ien I
lïllr i f d ir ig e a ver s la p orto, et, r eco n d u ite p a r
=
23
^
le s cu lp teu r ju s q u ’à la ru e, s ’en a lla , la is s a n t L u
d o v ic ch a r m é d e cette vis ite.
L e T o u lo u s a in s ’a s s it à la p la ce d e L u c e tte et .^e
m it à r êva s s er , en s ou ria n t, à cer ta in e s p h r a s es
d r ô le s d on t le ton lu i r es ta it en cor e a u x o r e ille s ,
en r e v o y a n t cette coq u ette jeu n e tille tr o ttin e r p a t
l ’a te lier , tr ès a m u s ée d e l ’in s ta lla tio n p r im itiv e dû
s on a m ou r eu x .
— Q u elle a d o r a b le fe m m e elle fe r a ! m u r m u r a t- il. C ’est d o m m a g e q u ’e lle s oit la n cée d a n s cette
a ve n tu r e m ys tér ieu s e... B a h ! Ç a n ’a p a s l ’a ir d e
tr o p l ’in q u ié ter ! G e n » d o it p a s êtr e b ien ter r ib le !
Il d é je u n a , es s a ya d e tr a v a ille r s a n s ' y p a r ve
n ir . E n fin , s on cœ u r b a ttit lo r s q u 'il en ten d it
le
b r u it d ’u n e v o itu r e d e m a îtr e s’a r r ê ta n t d e va n t sa
m a is on .
D es p a s d a n s la cou r et tr o is cou p s secs fr a p p é s
à s a p orta .
I l o u vr it. U n v a le t d e p ied s ’e ffa ç a et u n e d a m e
e n tr a a p r ès a v o ir d em a n d é :
— M . L u d o vic M ois s a c ?
— C ’es t m oi, m a d a m e.
— A tten d ez- m o i à côté d e l a vo itu r e , .o r d o n n a
la g r a n d e d a m e a u d om es tiq u e, q u i fit d em i- tou r.
L e s cu lp teu r s ’in c lin a d eva n t s a vis iteu s e.
C ’éta it u n e fem m e tr ès b ru n e, a u te in t m a t, a u x
ye u x ch a r b on n eu x , à la lè v r e d éd a ig n eu s e, a u n ez
d r o it, à l ’o va le d u v is a g e tr ès r é g u lie r , d e ta illa
h a u te et s ou p le.
C e qu i fr a p p a it en elle, c ’était, u n e s or te d ’in s o
len ce m éch a n te, u n a ir d 'o r g u e il in tr a ita b le .
E lle s em b la it to u jo u r s p a r le r d u h a u t d ’u n
n u a g e et ses p a u p ièr es lou r d es lu i d o n n a ie n t q u e l
q u e ch os e d e la s s é, de. g la c é , d e cr u el m im e , q u i
im p r e s s io n n a it p én ib lem en t.
O n no s ’a p e r c e va it q u ’elle é ta it b elle q u ’a p r ès
q u ’on s 'ô ta it a p erçu , q u ’elle é ta it m éch a n te,
— M a d a m e, ve u ille z p r en d r e la p ein e d e vou s
a s s eoir , d it M o is s a c en a va n ç a n t la ch a is e.
E lle n e l ’éc o u ta it p a s et r e g a r d a it a u to tir d ’ elle
a vec la m ou e d 'éto n n e m e n t m ép r is a n te p r é d ite p a r
L u cette.
M a is , to u jo u r s com m e l ’a v a it a n n on cé la s o u r
d e J a cqu es , e lle a d m ir a s a n 3 r és er ve le D io g è n e
d ’a r g ile .
— C 'es t d e vou s , cela ?
— O u i, m a d a m e.
— C ’es t très b ea u . O n n e m ’a p a s trom p ée. N ou a
a ve z d u ta len t.
E lle to u r n a it a u to u r d e la s ta tu e, tr ès in té r .v- ve.
— S i elle veu t m e l ’a ch eter , p en s a L u d o vic , ella
n ’a p a s à se g ên e r , p o u r cen t lou is , e lle en ve r r a
la fa rce.
M a is la vis iteu s e se r e m it à r e g a r d e r les m o u la
ges et r e tr o u va s a m ou e d e d éd a in .
— H eu r eu s em en t qu e L u cette m ’a com m a n d é
d ’êtr e a im a b le , p en s a le s cu lp teu r , c a r je la fla n
q u e r a is à la p or te, elle et s on é te r n elle g r im a ce .
E n v o ilà d es fa ço n s ! S û r em en t, elle se c r o it s u p é
r ie u r e a u x a u tr es m o r tels ! e lle s u e l ’o r g u e il in s o
len t.,. E lle es t b ien , tou t d e m êm e ! D os tr a its fin s,
d e b ea u x ye u x , d es ch eveu x s u p erb es et d e la
lig n e ... d es ép a u les la r g es , u n e ta ille s ou p le... ça
fe r a it u n m o r tel« d e D ia n e... ou d e M es s a lin e... u n
p eu ép a ta n t ! M a is elle n e d o it p a s p os er à tr ois
fr a r tfs la s éa n ce. E lle d o it êtr e tr ès rich e.
E vid em m e n t, elle éta it très rich e. S a n s s ’occu
p er d e ces ch os es , M ois s a c d e vin a it vite qu e la
l'ob e d e s a vis iteu s e éta it d e p r ix et q u e s on m a n
tea u d e c h in c h illa rep rés en ta it, la fo r tu n e d ’u n
o u vr ie r : E t il r e m a r q u a it d es b a g u es où étin ce
la ie n t d ’ én or m es d ia m a n ts a lte r n a n t a vec d es
p ier r e s m er veilleu s es .
— O n m ’a d it b ea u cou p d e b ien d e vou s . V ou s
êtes d e T o u lo u s e, u n G a s con ,
— Je s u is d e T o u lo u s e, la c a p ita le d u L a n
gu ed oc.
— O u i... c’es t la m êm e ch os e... D ’a ille u r s , votr e
a ccen t vou s tr a h it. M o i, jo s u is Ita lie n n e , et b ien
�24
q u ’a ya n t p r es q u e to u jo u r s h a b ité la F r a n c e , je n e
p u is m e c o r r ig e r d ’u n a ccen t a s s ez p ron on cé.
M ois s a c vo u lu t êtr e a im a b le :
— O n n e le r e m a r q u e p a s : cela tien t à ce q u ’il
s ’h a r m on is e a vec le ch a r m e d e vo tr e r a ce la tin e ,
et s a n ob les s e.
— P a s d e co m p lim en ts ! in ter r o m p it- e lle . V o ilà
d ix a n s q u ’on m ’en a cca b le, je n ’y a i ja m a is p r is
goû t.
— P o u r u n e fo is qu e je veu x êtr e ta lo n r o u g e !...
L a com tes s e a v a it fin i p a r s ’a s s e o ir et r e g a r d a it
L u d o vic . E lle l ’e x a m in a it tr a n q u illem en t, com m e
elle v e n a it d e fa ir e p o u r la s ta tu e et les m ou la g es .
— V ou s a ccep ter iez d e vo u s e x p a tr ie r p o u r q u el
qu es m ois ?
— C ela d é p e n d r a it d es con d ition s .
— N a tu r elle m en t.
— Je d é s ir e r a is te r m in e r m a s ta tu e p ou r le m i
lieu d e ja n v ie r . P o u r ta n t, s i on m ’o ffr a it...
Il s ’a r r êta . L a vis iteu s e le r e g a r d a it tou jou r s .
— Il n ’y a p a s lo n g tem p s q u e vo u s êtes à P a r is ,
je ju r e r a is ! V o tr e tein t rep os é, vos ye u x vifs , le
p li jeu n e d e vos m ou s ta ch es s oyeu s es ... V ou s êtes
a u s s i d e r a ce la tin e, et p lu s q u e m o i p eu t- être 1
N os m u s ées d ’ Ita lie s on t en com b rés d e b u s tes d e
b ea u x R o m a in s q u e vo u s r a p p e le z ex a ctem en t.
M ois s a c s 'in clin a .
— E lle n e v a p a s d e ve n ir a m ou r eu s e d e m o i a u
Aoû t d e tr o is m in u tes d ’in s p ectio n ? J ’a i en vie d e
lu i d ir e q u e je s u is r eten u e p a r L u ce tte I
E t tou t h a u t :
— M a d a m e m e d e m a n d a it s i je m ’e x p a tr ie r a is
vo lo n tier s ?
— O u i. V o ici. Je p os s èd e u n e a s s ez b e lle v illa en
Ita lie , et j ’y a i r éu n i u n e tr en ta in e d e s ta tu es d e
d iver s es p r oven a n ces . J ’a i b es oin q u ’u n s cu lp teu r
d e ta le n t et d e g oû t, ér u d it, cla s s e, r é p a r e et in s
ta lle cette c o llec tio n r a r e , q u i r ep r és en te, je p en s e,
u n e for tu n e. O n m ’a a ffir m é qu e vos co n n a is s a n
ces en a r t et vo s étu d es s u r l ’h is to ir e d e l ’a r t vou s
d é s ig n a ie n t p ou r cette œ u vre. A ccep ter iez- vou s .
— 'M on D ieu ... je... s a n s d ou te... C ’es t lo in ? A u
fon d d e l'I ta l ie ou p r ès d e la fr o n tiè r e ?
« A u m ilie u : à G org on e.
M ois s a c jo u a l ’éton n em en t :
— G o r g o n e ? s ’écr ia - t- il, u n v illa g e p rès d e la
S p ezzia ?
— C 'es t b ien cela ! V ou s le co n n a is s ez ?
— M a fo i, n on !
— A io r s , p o u r q u o i cette s u r p r is e ?
— P a r c e qu e... c ’es t étr a n g e... la co ïn cid en ce es t
b iza r r e !...
— Q u oi d on c ?
— U n de m es m a îtr e s m e p a r la it h ie r en cor e d e
m’y e x p é d ie r à s a p la ce.
— P o u r vou s o ccu p er d e m a c o llec tio n ?
— N on . P en s e pa s. Je d e vr a is y é le v e r u n e s orte
de nu ü ’.u m en t e x p ia to ir e . L e d es s in es t d é jà fa it.
— E x p ia to ir e !
— o u i, il p a r a ît q u ’u n F r a n ç a is a été a s s a s s in é
ou d u m oin s g r iè ve m e n t b les s é à cet en d r o it, d a n s
u n o g o r g e , n on loin du v illa g e . E t on v o u d r a it y
m ettr e u n e s ta tu e le r ep r és en ta n t, tom b é, m a u d is
s a n t ses a g r es s eu r s ... q u i fu r e n t ses vo le u r s a u s s i,
p u is q u ’il fa u d r a it s cu lp ter à ses p ied s u n e ca s s etto
vid e...
L a m a r q u is e se red res s a , livid o , les ye u x p lein a
de co lèr e ; elle d it :
P o u r q u o i m e ra con tez- vou s ces c h o s e s ?
L u d o vic s 'a tte n d a it à p r o d u ir e u n effe t cu r ieu x
a vec les r é vé la tio n s d ictées p a r L u cette ; il n ’eû t
p a s cru cep en d a n t qu e co récit c r is p â t à ce p o in t
le v is a g e d e la n ob le vis iteu s e.
— O u i,
p a r le z I P o u r q u o i m e
r a con tez- vou s
co la Y
— P o u r q u o i ? P o u r vou s e x p liq u e r co m m en t je
c o n n a is G o r g o n e... Q u e p eu t- il y a v o ir d e p lu s ?
A u r iez- vo u s été m êlée au d r a m e ?... C 'es t p eu t- être
u n des vô tr es , ce m a lh eu r eu x tom b é...
— N on .
R ei n es de P a r i s
'S ® 1
— Je s u is
d és olé
d ’a v o ir
é ve illé
d es
s ou - l
ven ir s . .
M a ,is la com tes s e se c a lm a :
— V ou s a u r iez p u p en s er qu e j ’é ta is a u c o u r a n t
d ’u n d r a m e s u r ven u d a n s m o n v illa g e et m ’en l
é p a r g n e r le récit.
— Je n ’a i eu d ’a u tr e b u t q u e d e vo u s e x p li
q u er. .
— A in s i, vo u s p a r ta g e z... O n v a é le ve r u n m a - '
n u m en t... Q u i le fa it é le ve r ? P o u r q u o i ?
— Je l ’ig n o r e .
— I l y a u n b a ille u r d e fo n d s ! Ç a coû te de
l ’a r g e n t, u n e s ta tu e [M ireille ?
— D a n s les tr en te m ille fr a n cs .
— E t on v a s’a m u s er à é d ifie r d a n s u u r a v in ?...
Q u elle h is to ir e !
I l h a u s s a les ép a u les com m e p o u r m o n tr e r qu e
C ela lu i éta it in d iffé r e n t.
— M o i, m a d a m e, je
s m s u n p e tit s cu lp teu r
q u ’on em p lo ie... P o u r m e...
— E n fin , vou s a ve z vu le p la n ! V ou s m ’a vez
a ffir m é qu e le d es s in éta it fa it !...
— I l est, fa it. Je l’a i vu . M a is la p la ce d es n om s
é ta it en b la n c.
— I l y a u r a d on c u n e in s c r ip tio n ?
— C elle- ci, a u ta n t qu e je m e s o u vien n e : « Ic i,
m o n s ieu r , — le n om m a n q u e, — F r a n ç a is , a été
a s s a s s in é et d é p o u illé p a r le comb e...
E lle r â la :
— L e com te !
— Je m e s ou vien s fo r t b ie n d ’a v o ir lu ce titr e.
D u res te, p a s p lu s le n o m d e ce g en tilh er a m e qu e
c elu i d e s a vic tim e.
— V ou s in ven te z c e la !
E lit- s ’é ta it r a p p r o ch ée d u s cu lp teu r.
— O u i, v o u s , m o n s ie u r M ois s a c, vou s in ve n te z
c e la ! C ela n ’es t p a s v r a i q u ’on s o n g e à é le v e r d e
v a n t n o tr e ch â tea u ... Q u el es t ce m a îtr e ch a rg é
d e ce m o n u m en t ? S on n o m ! s on a d r es s e !
I l s ecou a la tête.
— J ’a i p r o m is d e n e p a s le d ire.
— V ou s v o y e z b ie n q u e vo u s êtes u n m en
teu r !
I l se r évo lta .
— P e r m e tte z, m a d a m e, je n e vo u s a u to r is e p a i
à m ’in s u lter d e la s o r te ! Je s u is ch ez m o i ! J«
n e s u is p a s a llé vou s c h er ch er I V ou s ven e z m ’in
ju r ie r 1
— V ou s ob éis s ez à ...
— A qu i ?
— Je le s a u r a i !
— V ou s m e l’a p p r en d r ez, a lo r s , n 'es t- ce p a s ? Je
V ou s r a con te q u elq u e ôh os e d e fo r t s im p le, l ’h is
to ir e d 'u n e com m a n d e... et a u s s itôt vou s m e p a r le z
com m e à u n v a le t ! P eu t- êtr e, en Ita lie , le g en r e
es t- il a d m is ; en F r a n c e, n ou s n 'a ccep ton s p a s ces
m a n ièr es . S i vou s d és irez...
— E n fin , vou s n e m e fe r e z ja m a is c r o ir e qu e le
h a s a r d s eu l... V ou s m e r ép étez là u n s c a lo m n ie
s tu p id e... V ou s vo u s fa ite s l ’éch o...
— V ou s Ôtes d on c m êlée à cette h is to ir o d e b r i- .
gand.s ?
j
— N o n certes I E t je s u is te lle m e n t a u - d es s u s d e
ces in fa m ie s qu o vou s n e p a r vie n d r e z p a s à tr o u
b le r m a s é r én ité... N i vou s n i ceu x q u i vo u s em
p lo ie n t 1
— Je vo u s a ffir m e...
— C ’es t en ten d u
I V ou a a v e z r e ç a la c o m
m a n d e...
— P a s m oi. U n d e m es m a îtr e s q u i n e veu t p a s
êtr e n om m é.
— D on ! Je v e r r a i ce qu e j ’a i à fa ir e ! P o u r vou s ,
m on s ieu r , vou s a vez p er d u u n e occa s ion d e g a g n er,
d e l ’a r g e n t en v iv a n t a u m ilie u du lu xe. A ve c n o u »,
vo u s n ’a u r ie z eu qu e g lo ir e et p r o fit ; co n tr e n ou s ,
vo u s s erez b r o yé 1 O u i, vou s s er ez b r o yé !
E t, s a n s p lu s r ie n d ir e , s a n s r eto u r n a r l a t ê t e *
fa r o u ch e, e lle o u v r it la p o r te o t s o r tit.
— M a d a m e,
p er m ettez- m o i
de
jo u a
recon
d u ire. ...
�25
R ei n es de Pa r i s
U n d e r n ie r fr is s o n d e co lè r e et des p a s n a tifs
q u i s on n a ien t s u r le p a v é d ’h iver .
— F lû te ! fit M ois s a c en r e fe r m a n t la p orte; E lle
n ’a p a s l’a ir com m od e, cette fe m m e - lâ ! B r o y é !
C om m e elle y va ! O n n e b r oie p a s u n T o u lo u s a in
com m e u n ca ta p la s m e d e fa r in e d e lin ! B r o y é !...
C ’es t elle q u i a fa it le cou p a vec s on m a r i !... Iis
on t a s s a s s in é et d éva lis é u n F r a n ç a is à G or g on e,
p r ès d e la S p ezzia , Ita lie . C h a r m a n te fa m ille ! Je
com m en ce à c o m p r en d r e ! L u cette et C lo tild e p r en
n en t p a r ti p ou r la m é m o ir e d e l ’a s s a s s in é, ou p ou r
le con ten u d e la ca s s ette et, d és ireu s es d e le ve n
g e r ou d e r e n tr e r en p os s es s ion de la g a lette , se
s er ve n t d e leu rs a m is ... J a cqu es , G a b r iel, L u d o vic
et ce b lon d jeu n e h om m e fr is é et ve r n is com m e
u n e p ou p ée, qu i s’occu p e d e la n c e r G a b r iel de
M on ta u b a n ... C 'es t in tér es s a n t... S i la fille es t
a u s s i jo lie qu e le p r éten d J a cqu es , la fem m e a u s s i
m éch a n te q u ’elle p a r a ît l'ê tr e , et le m a r i a u s s i
fo r t qu e je le s u p p os e, o n n e s ’e m b êter a p a s !
I l s o u p ir a :
— M a lg r é tou t, je p r é fé r e r a is m ’en te n ir à m on
p r o g r a m m e : « L a lib e r té p a r le tr a v a il et le
b o n h eu r p a r l ’a m ou r. » M a is ce p r o g r a m m e es t
tr o p s im p le, il v a fa llo ir jo u e r a u h ér os d e r o m a n
d ’a ven tu r es , r ed r es s er les tor ts et g u e r r o y e r con tr e
les filou s . F lû te ! flû te 1 O n n e p eu t d on c ja m a is
êtr e tr a n q u ille ici- b a s 1
VI
M . R o m b e r g tr o u va G a b r ie l P o n ta r lie r à la b r a s
s e r ie
de
la
F o n ta in e ,
au
r on d - p o in t
S a in tM ich el.
L e ca d et d e G a s co g n e se te n a it s u r u n e b a n
q u ette du fon d , é p ia n t la ven u e d u m u s icien qu i
lu i a va it d on n é ren d ez- vou s .
I l n ’a v a it p a s fa llu p lu s d ’u n m ois à G a b r ie l
p o u r s e lie r
a vec d eu x ou
tr o is cen ts p e r
s on n es .
J a cqu es et le s cu lp teu r a im a ie n t les ca u s er ies
a u coin d u feu , les r ê ve r ie s p a res s eu s es , la le c
tu re, le tr a v a il q u i a b s orb e, l a fu m ée q u i co n
s ole.
G a b r iel, a u c o n tr a ir e , e x ig e a it le b r u it, les d is
cu s s ion s , les d is p u tes , les p a r is , les r écits e x tr a
o r d in a ir e s , les n o u velles r ela tio n s , les e s p o ir s fou s ,
la vie b r û lée, u n e e x p a n s io n d e to u t s on êtr e à
ch a q u e m in u te.
I l v ib r a it s a n s ces s e, c r ia it, g e s tic u la it, h u r la it,
o c h a fa u d a it d es m o n ta g n e s d e p r o jets e t fin is s a it
p a r sc r e tr o u ve r le s o ir a vec d e l’a r g e n t en m oin s
et des a m is en p lu s .
A u q u a r tie r L a tin , d a n s ce m ilie u jeu n e où les
lia is o n s se fo n t s i vite , le fils d e M ou ta u b a n é ta it
tou tes les p a r ties , d e to u tes les fêtes ,
d é jà
con n u , p r es q u e célèb re.
S a ve r ve e n r a g ée, s on éte r n elle b on n e h u m eu r,
s a jo ie de v iv r e et s on b es oin d ’ex p a n s io n lu i a tti
r a ie n t la s ym p a th ie d e ces étu d ia n ts , d on t il rés u
m a it les es p ér a n ces et les d éfa u ts .
A u s s i G a b r ie l fu t- il a s s ez s u r p r is d e v o ir se d i
r ig e r ve r s lu i le s eu l clien t d u c a fé q u ’il n e con n û t
pas.
— M - G a b r iel P o n ta r lie r ?
— C es t m oi. M a is vou s d evez vo u s tr o m p er . Je
n o vo u s con n a is p a s et m a m ém o ir e , a s s ez h eu
reu s e, m e p er m et d e r e c o n n a îtr e en u n e s econ d e
m es m ille et tr o is r ela tio n s .
— Je s u is e n vo yé p a r M ile L u cette D a r ta u d .
M o n n om : Is id o r e R o m b e r g , d e Z u r ich .
— A lo r s , a s s eyez- vou s , m on s ieu r . E n ch a n té I
I l se r e c u la d a n s s on coin p ou r fa ir e p la ce a u
S u is s e, ven u p o u r l’a ffa ir e d o n t il a v a it été qu es
tio n la v e ille d a n s l’a te lie r d e L u d o vic .
— V ou s p ren ez d u c a fé ? J’a tten d s u n m u s icien
u r le p r és en ter à u n éd iteu r . U n b r a ve g a r ç o n
ta le n t, — tou s les m u s icien s o n t d u ta le n t q u a n d
K
1 rs
«=?»
n -o m p a s d e g én ie, — u n b r a ve g a r ç o n q u i a
im a g in é d e p a r fu m e r la m u s iq u e des orgu es .
M . R om b er g a p p r o u va de la têLe s a n s so d é p a r tir
d e s on fleg m e.
— A ch a q u e tim b r e cor r es p o n d u n p a r fu m d is
s im u lé d a n s le co ffr e d e l ’o r g u e ; si on tou ch e le
c la v ie r m ys tiq u e, il s ’éch a p p e u n e od eu r d ’en cen s ,
q u i v o u p p lo n g e d a n s u n e ex ta s e d ivin e. S i on jo u e
u n e r o m a n ce d ’a m ou r , le p a r fu m des lila s et des
ros es vie n t vou s r a p p e le r vos p r o m e n a d es p a r les
b ois fle u r is a u x ép oq u es tr o u b la n tes où t,’on tr es
s a illa it d ’u n d ou x ém oi. A u n h ym n e g u e r r ie r , c o r
r es p on d l ’od eu r d e la p ou d re, et d es tr a în é e s de
la va n d e em b a u m en t l ’a ir q u a n d la p a s to r a le en fle
s es ch a lu m ea u x .
— C ’es t tr è s in g én ieu x .
— V ou s
p en s ez q u e
l ’é d ite u r
c o n s e n tir a
à
tr a ite r ?
— Je n e pu rs qu e l ’es p ér er .
G a b r ie l s’in c lin a . L e S u is s e co m m a n d a du c a fé
et a llu m a u n c ig a r e a p r ès en a v o ir o ffe r t u n à s on
vo is in .
— M lle L u ce tte et M . M ois s a c m ’on t a ffir m é
q u ’en m 'a d r e s s a n t à vo u s je s er a is b ien a ccu eilli.
— V ou s n e p o u vez v e n ir d e la p a r t d ’a m is p lu s
ch ers . D ’a iileu r s , il es t en ten d u qu e je p a r tic ip e
à l ’a ffa ir e .
— V ou s l ’ig n o r e z !
— Ç a n ’y fa it r ie n ! Je s u is p r ê t à m e la n c e r
d a n s cette h is to ir e, je l’a i d it à M ile D a r ta u d .
D ’a ille u r s , les a ffa ir e s s o n t m a s p écia lité.
— L e s q u e lle s ?
— To u tes ! Je tien s tou tes les s p écia lités . Je
la n ce d es a ctio n s de m in es et je fon d e des jo u r
n a u x . J’a ch ète d es m a n èg es de coch on s d e b ois .
Je c o lla b o r e à des va u d e ville s ; je file les m a r is
s ou p çon n és , j ’o r g a n is e d es r éu n io n s p u b liqu es ,
litté r a ir e s et s cien tifiq u es ; je fo m en te des ém eu tes ,
je d éco u vr e des p la n ètes ...
— C ’es t fon t b ien .
— Q u a n d je d is qu e je fa is tou t cela , c’est u ne
e r r e u r ; je s u is p r êt à le fa ir e . Ju s qu ’ici, je n ’a i p a s .
tr o u vé le p la cem en t d e m es fa cu ltés , m a is p o u r
a r r iv e r ’ à la fo r tu n e je s u is d écid é à to u t !
— D a n s ce ca s ....
M . R o m b e r g s o r tit s on p o r te fe u ille .
— D u res te, ce qu e je vo u s d em a n d e es t fo r t
a n o d in , s u rtou t co m p a r é à vo tr e p r o g r a m m e . C ela
vou s r a p p o r te r a d eu x cen ts fr a n cs , g a g n és en u n e
h eu r e en vir o n .
— D io u b ib a n t !
— D io u b iq u o i ?
— D io u b ib a n t ! C ’es t le ju r o n fa vo r i d e M on ta u b a n
— B on . C es d eu x cen ts fr a n cs , les vo ic i.
I l p r it d élica tem en t, d eu x b ille ts b leu s e t les r e
m it à G a b r iel, q u i fit, m in e d ’es q u is s er u n g e s te
d is cr et a va n t d e h a p p e r les b ille ts et de les fa ir e
d is p a r a îtr e d a n s s on gou s s et.
— V ou s p a y e z d ’a va n ce, vou s a ve z r a is on . O n
d e vr a it to u jo u r s p a y e r d ’a va n ce I
— A ve c les h on n êtes g en s com m e vou s . 'M a in
ten a n t, u n e q u es tion . E tes - vou s a u co u r a n t île l'in
d u s tr ie p e r liè r e ?
— P e r liè r e ?
— O u i. S a vez- vou s où s e p èch en t
les
p erles
fin es , leu r va le u r , les m a r ch és d u m on d e où e lle s
s ’éc h a n g e n t ?
— N o n . M es p a r en ts en p os s éd a ien t u n fo r t b ea u
c o llie r d e s ix r a n g s , én orm es , s u p erb es . M a in e lles
éta ien t fa u s s es . V r a ies , elles eu s s en t rep r és en té
u n m illio n ; elles va la ie n t d ou ze fr a n cs . C en t b ien
m a g u ig n e !
— A lo r s , je vou s d ois q u elq u es r en s eig n em en ts .
L es p er les fin es se tr o u ven t d a n s d es h u îtr es , a u
fo n d d e la m er , e t les p êch er ies d o ces h u îtr es s on t
c o n fié e j à des n oir s ou à d es In d ie n s q u i tr a v a il
len t p eu r le com p te d 'en tr ep r en eu r s , s u r les q u els
les tr o is q u a r ts s on t d es J és u ites .
__
J és u ites , d es vr a is ?
�26
— Ou>, d es (pères d e la c o m p a g n ie d e Jésu s. Ils
p a ie n t d ’u n s a la ir e d ér is o ir e les In d ie n s et les
n èg r es , p u i» cen tr a lis en t le com m er ce d a n s q u el
qu es m a is on s . D e là , les p er les s on t r ép a n d u es
d a n s h? m on d e, to u jo u r s s ou s le co n tr ô le d es p r e
m ie r » ten a n ts .
— Je n o s a va is p a s ça .
L e S u is s e b a is s a la vo ix .
— O r, u n n é g o c ia n t a m é r ic a in a cr éé d es p êch e
ries / très im p o r ta n tes , d éco u ver t d es b a n cs où les
h u îtr es p e r liè r e s s on t en n om b r e con s id ér a b le.
- O u tre ! C ’es t la fo r tu n e !
— L a fo r tu n e p o u r lu i, la r u in e d es J és u ites ;
m a is à la co n d itio n ex p res s e qu e n u l n e s a u r a
cette d écou ver te d e p er les in n o m b r a b les . S i les
; A m é r ic a in s p eu ven t m ettr e s u r le m a r ch é des
b ois s ea u x d e p er les , les p er les n e va u d r o n t p lu s
r ien , p a s p lu s p o u r eu x qu e ipou r les a u tres . L e u r
p rod u it, s er a d ép récié.
— e*B st évid en t.
G a b r ie l écou ta it, l ’o r e ille ten d u e, les yeu x fix és
s u r s on vo is in , to u jo u r s a u s s i ca lm e.
— N o u s a von s d on c eu l’id ée d ’é ta b lir en E u
rop e u n d ép ôt cla n d es tin , vou s en ten d ez M en , c la n
d es tin , où n ou s a u r on s p o u r s ep t ou h u it m illio n s
d e p er lés a u cou r s a ctu el. E t n ou s écou ler on s p eu
à p eu a vec len te u r et p r u d en ce ce s tock , d on t la
s eu le im p o r ta n c e s u ffir a it à fa ir e b a is s er le p r ix d e
n o tr e m a r ch a n d is e d a n s des p r o p o r tio n s fa n ta s
tiqu es). A u cu n com m er ce n ’est p lu s m éfia n t qu e le
n ô tr e, p u is q u ’on p eu t, à ch a q u e in s ta n t, d écou
v r ir de.s m in es d e d ia m a n ts ou d e p ie r r e s q u i m et
tr a ie n t s u r le m a r ch é...
— O u i I ou i I O h ! je co m p r en d s b ien 1 A lo r s ,
vou s êtes- d a n s les p er les , v o u s ?
— A peu p rès . E t v o ic i où vo tr e r ô le com m en ce.
V ou s a lle z vo u s r en d r e ru e A lfr e d - d e - V ig n y...
- C 'es t à G r en elle, ç a !
— P a ~ p r écis ém en t.
Au
p a r c M on cea u . R u e
A lfr ed - d fl- V ig & y, a u coin du b o u leva r d . U n h p tel,
s u p erb e. Vo.ua fe r e z p a s s er v o tr e ca r te, en a y a n t
s oin d ’y a jo u te r ces m ots :
» A u s u je t dos p erles d e G o r g o n e. »
« E c r ive z- le s tou t d e s u ite. »
— C ’est- u n e id ée.
•G a b r ie l d em a n d a de l’en cr e et ob éit.
JLasu ite, M in te r r o g e a le S u is s e.
•
— E t qu e. d ir a i- je à ce p r o p r ié ta ir e d e l’h ôtel ?
— C est le com te A n fa lo tti. V ou s lu i e x p liq u e
rez ee qu e je vien s d e vo u s d ir e s a n s o u b lie r le
ja o in d r e d éta il. V ou s a ve z b ien com p r is , la n éces »ité d e fo n d e r u n d ép ôt cla n d es tin d a n s u n lieu
jlo ig n é d es ville s , s a u va g e...
— T ic s B ien I O u i !
— V o u s lu i m o n tr e r e z les a va n ta g e s d e ce cou p
et vo u s a jo u te r e z : « N o u s a von s ch o is i com m e
lieu d e d ép M , p ou r y ca ch e r n os (p erles , le coin
d ’Ita lie où vou s a ve z vo tr e ch â tea u , vo s terres . S i
vou s vo u le z ÔWe des n ôtres , on in s ta lle r a le d ép ôt
à G or ^ en e. »
— G orgon e ?
J 'a i en ten d u ce n om ... J a cqu es
D a r io w ii. .
— C ’es t b ien cela ! G o r g o n e, p rès de la. S p ezzia ...
Co s er a tou t. V p u s v e r r e z l’a c cu eil qu e fe r a le
g e n till'o im fie ita lie n à vos a va n ces . V ou s r en d r ez
co m p te d e M lle vis ite à. M lle L u cette, (fu i d în e r a co
s o ir a vec... E les - vou s a r m é ?
— P o u r q u o i?
— AweJt-vou s u n r e vo lve r , u n p o ig n a r d ?
— J’a i tou jou r s m on cou tea u ca la b r a is .
E t G a b r iel m o n tr a son a r m e, u n cou tela s s olid e
et q u ’ il b a p tis a it c a la b r a is ou c a ta la n p a r a m o u r
du p ittor es q u e.
— M « lu p er d ez p a s en r ou te 1 C e g e n tilh o m m e
es t «ijifeu r , a ig r i. M a i» je n e p en s e pan... G a r çon 1
L e g a r d o n >-o n récip ita .
— >>a,y e » w u 9 I
L e S u is s e p a y a le » etrn s om m a tion s , et, n n rès
iv o lr s a lu ^ G a b r iel, s vcrr a lla it.
R ei n es de P a r i s
— A u m oin s , d ites - m oi l ’h eu re où je d o is m e p r é
s en ter là - b a s !
— T o u t d e s u ite, m on s ieu r ...
U n n o u vea u s a lu t et M . R o m b e r g d is ip a ru t.
A h u r i de la b ru s q u er ie d e ce d ép a r t, P o n ta n lie r
d em eu r a u n in s ta n t à se r em ettr e, p u is il fit ch a n
g e r à la ca is s e ses d eu x b illets , p o u r s ’a s s u r er
q u ’ils é ta ie n t vr a is , et s o r tit p o u r se d ir ig e r ver s
l ’O d éon et. p r e n d r e l ’om n ib u s d e C lic h y, en se r é
p é ta n t la b iza r r e ca u s er ie rte M . R o m b er g .
L e b on M om ta lb a n a is n ’é ta it p a s h om m e à s’é to n
n e r d e l’étra n ge.té d e sa m is s ion ; il é ta it enc-orè
m o in s h om m e à se d é r o b e r d e va n t u n e tâ ch e
p a yée , e t d ’u n te l p r ix 1
A la p la ce C lich y, il p r it le tr a m w a y de l'E to ile ,
p o u r d es cen d re à la p or te m êm e d e l ’h ôtel d és ig n é
p a r le S u is s e R o m b er g .
Il s on n a , fit p a s s e r s a ca r te ; on l’in tr o d u is it
d a n s u n p etit s a lon tièd e et em b a u m é q u i fu t p ou r
lu i la p r em ièr e r é vé la tio n du g r a n d m on d e : des
p la n tes ver tes
des
tr op iq u es , d écou p a n t leu rs
fe u ille s la r g e s s u r des ten tu r es ros es ; des ta
b lea u x de m a îtr e , d es b ib e lo ts m er ve ille u x , des
ta p is s ou rd s et des m eu b les in cru s tés ; des a lb u m s ,
d es s ta tu ettes , d e h a u tes la m p es d e b ron ze.
— M a za tte ! m u r m u r a le je u n e h om m e, v o ilà an
m o in s q u elq u ’u n à q u i . on
p eu t p r o p o s e r u n e
a ffa ir e d e cette im p o r ta n ce ! Ç a m e ch a n g er a , de
tr a ite i a vec ce g r a n d s eig n eu r , d e d is cu ter s u r des
m illio n s .
D a n s le ca d r e d ’u n e p or te, en fa c e d e lu i, l ’e n
v o y é de M . R o m b e r g v it p a r a îtr e le m a îtr e du lo
g is , cet Ita lie n a u q u el il a lla it o ffr ir u n e p a r t d a n s
les b én éfices d es p êch er ies d e p er les , le com te
A n fa lo tti.
vC 'éta it u n h om m e de q u a r a n te- cin q à cin q u a n te
a n s . g r a n d , tr ès b ru n , a vec u n te in t ja u n e et des
r id es p r ofon d es . I l p o r ta it la m ou s ta ch e retrou s s ée
fièr em en t ; ses ch eveu x , séipa rés en d eu x, lu is a ien t,
h u ile u x et p la q u és .
D es yeu x ve r t- g r is , fr o id s et fixes , u n n ez b u s
qu é, u n cou m a ig r e d e va u to u r , d es m a in s c r o
ch u es , d es ép a u les voû tées , u n en s em b le d é s a g r é a
b le à v o ir , in q u iéta n t.
M a lg r é tou t, u n e cer ta in e a llu r e d e h a u t a ve n tu
r ie r , u ne in s olen ce d e g r a n d s e ig n eu r s a ch a n t la
v a le u r d e s on r a n g et d e son or.
I l é ta it vôtu d ’u n ves ton et d 'u n p a n ta lo n c la ir s ,
u n peu tr o p vo y a n ts ; le L a tin p e r ç a it s ou s le P a
r is ien .
— Je n e com p r en d s r ien à vo tr e ca r te, m on s ieu r ,
fit- il d u n ton d u r et com m e a g r e s s if. J 'a im e à
c r o ir e qu e vo u s n e vou s - fou ez p a s d e m o i ?
— Je va is vou s e x p liq u e r ,- fit G a b r iel, a vec s on
s o u r ir e le p lu s a im a b le. C 'es t u n e a ffa ir e très
im p o r ta n te ou remu ent; des m illio n s . S i vou s vo u
le z b ien m ’éc o u te r d eu x m in u tes ...
D ’u n g es te s ec, le g e n tilh o m m e m o n tr a u n s ièg e
a u vis ite u r .
/
L u i p r it p la ce s u r u n fa u teu il, les ja m b e s c r o i
s ées, la. tète h a u te, la is s a n t to m b er u n r e g a r d m a u
va is s u r le G a s con .
M a is le G a s con no se tr o u b la it p a s . Il e x p liq u a it,
s o u lig n a n t s es p h ra s es d ’in to n a tio n s e t- d e g es tes
éloq u en ts .
— C ’es t à la fo is s im p le et g r a n d io s e, la fo r tu n e
d a n s ton te s a s p len d eu r et la cer titu d e d a n s tou te
s on évid en ce.
— A u fa it, je vou a p rie.
— J ’y a r r ive . Ce iprémm-bule
éta it
n éoes s jiiro
p o u r m o n tr e r la g r a n d e u r de l'œ u vr e. A M on ta u b a n , je s u is 1 d u M id i, cctnimn vou s potfvoH le- d e v i
n er' fa c ile m e n t à cet a ccen t d u te r r ito ir e d o n t n u l...
— V o yo n s , m on s ieu r ,
vou s
m oqTu îz- vou s de
m oi1 ?
sy
— P a s du tou t. Je vou s lo rép ète, l’a ffn ir e m é
r ite 1 votrw a tifr''d - km . Ti’a ifliw r n , la voici. V o u s 's a vez
sw ns d ou te ov;«- l«<-, J és u itu » on t a cca p a r é, duWi 'tleu
;w i)% le <sonifii«rcfe d es n evliw u n es ? ih * o n t, m i r
�R e i n e s d e 'P a r i s
= ■
■
27
«=3®
9>
— E n c o r e 1 V ou s êtes d on c le p lu s s tu p id e des
In d es , et p a r tou t, où se tr o u ve n t des p êch er ies
d 'h u îtres - , d es tr a va ille u r s ...
, jo u e ts !
L e com te s e m b la it r és olu à en fin ir . I l s ’a va n ç a it
— P a s s e z ! P a s s ez !
p o u r ch a s s er le p etit h om m e qu i, lu i, se p os a b ien
— Go qu i m o n op olis e à p eu p r ès à le u r p r o fit u n
d ’a p lom b , le cou tea u levé, tr ès co u r a g eu x !
cou u n ei'ce tr ès lu c r a tif. O r, ces d er n ie r s tem p s ,
— N ’a va n c e z p a s ! Je m e d éfen d s ! D io u b ib a n t 1
u n e C o m p a g n ie a m é r ic a in e a d éco u ver t d es b a n cs
L es G a s con s n e se la is s en t p a s e ffr a y e r p a r des
d ’h u îtr es p e r lièr es et, les e x p lo ita n t, s’es t vu e en
Ita lie n s ! P o u r m e fa ir e s o r tir d ’ic i s a n s des excu
p os s es s ion d ’u n e q u a n tité s i c o n s id ér a b le d e p e r
s es d e v o tr e co n d u ite ig n o b le , il fa u d r a it a u tr e
les qu e la d ivu lg a tio n s eu le rie le u r v a le u r s u ffi
ch os e...
r a it ù d é p r é c ie r de d ix - n eu f vin g tiè m e s tou tes les
A ce m om en t p récis , u n g éa n t, q u i é ta it en tr é
p er les d ’E u r op e et du m on d e e n tie r . J u s q u ’ic i, c’es t
p a r u n e p or te ou ver te d a n s le m u r a u q u el com p
tr ès cla ir .
ta it s’a d os s er G a b r iel p o u r se d éfen d r e, u n h om m e
L e com te r ed r es s a it s a tète b lêm e, et ses ye u x
d e d eu x m ètr es , vêtu d ’u n e liv r é e n o ir e , s a is it le
m éch a n ts s ’é c la ir a ie n t d e lu eu r s fér oces . Il a llo n
p o ig n e t le vé du jeu n e h om m e e t d it u n s eu l m o t :
g e a it la m a in ve r s u n tim b r e é lec tr iq u e com m e
— B a s ta !
p o u r a p p eler .
G a b r ie l e s s a ya d e se d é g a g e r d e cette étr e in te ;
M a is G a b r iel con tin u a , em p o r té p a r s on d és ir
il n e p u t m êm e p a s em p êch er qu e le d om es tiq u e
de m en er à b iep s a m is s io n :
s a is it s on a u tr e m a in et les tin t tou tes les d eu x
— A lo r s , n ou s a vo n s eu l’id ée d ’in s ta lle r en Ita
d a n s s a m a in d r oite.
lie, d a n s u n r ecoin p er d u , a u x en vir o n s d e la
I l vo u lu t m or d r e, m a is d ’u n ges te b ru s q u e le
S p ezzia , u n d ép ôt d e n os p erles . D e là , fa c ile m e n t,
v a le t le p ou s s a ve r s la p or te et l’en tr a în a . P o n ta r on les éco u ler a it p eu à p eu en S u is s e, en A lle m a
lie r en ten d it le com te A n fa lo tti lu i d ir e d e s a v o ix
g n e, eu P r a n é e. O n p la c e r a it s ou s vo tr e p r o te ctio n
m éch a n te :
n otr e d élég u é p o u r être c er ta in ...
— P o u s vou s em p ê ch e r d e con tin u er , il n ’es t b e
C ette fo is , l ’ita lie n s’éta it le vé 1 I I c r o is a it les
s o in qu e d 'u n va le t. J ette- le à la p o r te, B ep p o, et
b r a s d eva n t l’e n vo yé d e M- R o m b e r g et, les lèvr es
q u ’on n e r eço ive ja m a is plU S ce fou !
tr em b la n tes d ’u n e e ffr o ya b le co lèr e :
U n a u tr e d om es tiq u e p r ê ta m a in - fo r te a u g é a n t;
— V ou s a lle z vo u s ta ir e, h ein ?... U n m éch a n t
les cou p s d e p ied fu r ieu x et les te n ta tive s d és es p é
r oq u et com m e .vou s q u i se p er m et... Q u i vou s en
r ées d u G a s con n e p a r v in r e n t q u ’à r e s s e r r er d a
vo ie ? V ou s n ’os ez é ta le r vo tr e in fa m ie et vo u s m e
va n ta g e les d o ig ts d ’a c ie r q u i le ten a ien t.
p rop os ez... V ou s ven ez m e fa ir e c h a n te r ? M a is il
O n le d es cen d it ju s q u ’à la p or te coch èré, com m e
e n fa u d r a it d eu x cen ts con n u e vou s p o u r m e s o r tir
on eû t fa it d ’u n e p ou p ée, et fin a le m e n t le g é a n t
de m on m ép r is !...
le lâ c h a s u r le tr o tto ir d e la r u e A lfr e d - d e - V ig n y.
« V o ye z- vo u s ce p e tit g r o tes q u e !....
P e r s o n n e n e p a s s a it à ce m om en t ; le tr o tto ir
G a b r ie l a v a it écou té, s tu p éfa it, la tir a d e d e s on
es t la r g e et la r u e p r es q u e to u jo u r s d és erte. D ;in s
iiiter!ocu ite.u r. T o u t à s on r ô le, il n 'a v a it p a s r e
u n fr a n ç a is m â tin e d ’ita lie n , le d om es tiq u o e x p li
m a r q u é la co lèr e cr ois s a n te d e l'ita lie n et fu t a h u r i
q u a a u G a s con :
d e le v o ir d eb ou t, les b r a s crois és , fu r ieu x .
— Je vou s la is s e. V o u s êtes lib r e. M a is n e r e v e
A u s s i fa llu t- il les d er n ie r s m ots p o u r le r a m e n e r
n ez p lu s ! N e ch erch ez p a s à a m en e r la p oliçe ou
a u s e n tim en t d e la r é a lité .
vos a m is i Q u e je n ’en ten d e p lu s p a r le r d e vo u s
M a is le (U s d u R o u e r g u e n e p e r m e tta it p a s q u ’on
ou je vou s é c r a s e r a i s ou s m o n p ied , com m e u n e
fît a lilu s ion à s a p etite ta ille. Il lu i a v a it m a n q u é
p u n a is e I C ’es t co m p r is '?
u n d em i- cen tim ètr e p o u r êtr e s o ld a t ; ce fu t la
D ’u n m ou vem en t, b ru s qu e, il p ou s s a G a b r ie l, q u i
s eu le d o u le u r v r a ie d e s a vie. D ep u is , il se r ed r e s
ch a n cela et n e r e p r it s on a p lo m b q u e lo r s q u ’il tu t
s a it, m éfia n t dès q u ’on a b o r d a it cette q u es tion , la
nu m ilie u rit la ch a u s s ée e t qu e la p o r te r efer m ée
s eu le q u i m i tîn t a u cœ u r.
eû t fa it d e n o u vea u
l ’h ôtel
m u et,
s olen n el,
A u s s i l'in s u lte d u com te le r é vo lta .
a vec ses p er s ien n es clos es et s a fa ç a d e b la n ch e,
— P e tit g r otes q u e ! Ils n ’on t p a s p lu s p eu r qruo
ca r es s ée p a r u n p â le r a yo n d e s oleil d e d écem b re.
vou s , les p etits g r o le s q u e s ! A ve c vo tr e m in e d ’o i
— B en ! m on vie u x 1 g r o m m e la G a b r iel, en v o i
s ea u de iln it, vos a llu r e s lou ch es ...
là u n o v is ite ! Q u ’es t- ce qu e j'a i p r is p ou r m on
— T a is ez- vo u s , je vou s d is 1
r h u m e ?... V o yo n s le n u m ér o d e l ’im m eu b le ! L à !
— -le p a r le r a i ! J’a i le d r o it d e n ’êtr e p a s in s u lté
je n e ris q u e p a s d e m e tr o m p e r : p a r ce qu e je r e
p a r u n h oin tn c à q u i je n e p r op os e r ien d e m a l. A u
vie n d r a i, m on g é a n t ! V ou s m e r e ve r r e z, s a les
c o n tr a ir e | j 0 ven a is , tou t h eu r eu x d e vou s fa ir e
la r b in s ita lm u ch és .?. -et toi a u s s i, vie u x r a s ta à
p a r tic ip e r ...
m in e d ’o r fr a ie !... S i vou s p en s ez q u ’u n fils d e
Ça * O u vo u s êtes u n im b écile, ou vou s
M o n ta u b a n s ’en tie n t là d ’u n e q u er elle, s 'a r r ê te
êtes le p lu s h yp o c r ite des coq u in s !
s u r u n e p a r e ille d é fa ite !... C a r j ’a i été va in cu ,
— A » . m a is ! E n v o ilà a s s ez !
d écim é ! Ils îrï’o n t b a la yé, p o s itivem en t !... P o u r
l it l- .on ta rlin r s a is it le p o ig n a r d c a ta la n ou c a la
ta n t, j ’y a lla is b on jeu ! b on a r g en t... Je p en s a is
b r a is d on t il s’a r m a it a u x h eu res d e p é r il.
êtr e reçu en b ien fa ite u r ... D écid ém en t, les a ffa ir e s
,.iu u
fa llu d ’a u tr es m en a ces p o u r a r r ê te r
s on t d u r es à P a r is !
l'ita lie n .
1
Il m o n o lo g u a it to u t en r é p a r a n t le d és o r d r e d e
U n cou tea u I V ou s êtes c h a r g é d e m ’a s s a s s i
s a to ilette, c a r ses h a b its a va ie n t été fr ois s és d a n s
n er ?
°
la lu tte et s on ch a p ea u g is a it à d ix p a s .
— M oi !
— D io u b ib a n t ! C e n ’es t p a s o r d in a ir e , ce qu i
m 'a r r iv e , et ce S u is s e d e Z u r ich , M . V a n d e r b e r g ,
,. G ilh r
q u 'il p û t êtr e qu es
tio n ri a s s o is ir kit. ( é t a i t u n m ot et u n e ch os e
m ’a l ’a ir d e se p a y e r m a tête... S a n g et ton
m oû ts d n n s son ex is ten ce, la ite de g r is e r ie s et do
n e r r e !... J ou r et D ieu !... M is èr e e t c o r d e !...
r ires .
°
11 fin it p a r s’en a ller , à p ied , p a r le p a r c M o n
— M oi I vou s a s s a s s in e r ? P o u r q u o i ?
cea u , n e vo u la n t p a s d o n n er s on a h u r is s em en t
_
P o u r o b éir a ceu x q u i V0I1S e^ v o ien t ic i !
en s p ecta cle a u x g en s d u com te, d on t il d e vin a it
— Je n ob éis p a s
a p ers on n e. Je m e dé fon
les r e g a r d s g o u a ille u r s d e r r iè r e les volets .
d r a i... O h ! |e d é fe n d r a i m a p ea u !
E n g é n é r a l, il va u t m ieu x n e p a s s a vo ir ce
FI b r a n d is P iiit son p o ig n a r d .
q u ’on p en s e d e vou s et l'effet, q u ’on a p r od u it.
— Je fiu is <le M on ta u b a n , et los g o n 3 de M on P p u r s on ca s s p écia l, G a b r ie l eû t p o u r ta n t été
ta u b a n n e se la is s en t p a s é p a te r p a r des r a s ta à d em i- ven g ô s ’il eû t p u s u ivr e le g en tilh o m m e
q u ou èroa com m e vou s ! C om m en t ! je vie n s
en
a p r ès q u e les va lets eu r en t ch a s s é s on a g r e s
c o u r tie r h o n o r a b le vou s p r o p o s er u n e p a r tic ip n s eu r.
tlou .,.
L e g r a n d s o ig n eu r ita lie n s 'é ta it a s s is s u r le
�28
fa u te u il q u ’il o c c u p a it p en d a n t le d is cou r s d e
G a b r ie l et, les y e u x s u r u n coin d u ta p is , r é flé
ch is s a it.
S es tr a its , d é jà cris p és p a r la s u r p r is e et la c o
lèr e, tr a h is s a ien t p eu à p eu d es ter r eu r s .
O n v o y a it s es s ou r cils se fr o n c e r , ses p r u n elles
b r ille r d e lu eu r s fa r ou ch es , s es d o ig ts e n tr er
leu r s o n g le s d a n s la p a u m e d e s a m a in , ses
d en ts g r in ç a n te s fa ir e s a illir s a m â ch o ir e d e
fa u ve.
P u is il se le va , en p r o ie à u n e a g ita tio n fu
r ieu s e, p ou r se p r o m e n e r d e lo n g en la r g e d a n s le
¡p etit s a lo n :
— Q u i l ’en vo ie ?... L u i ? N o n ! il es t en p r is on ...
A u x d e r n ièr es n o u velles , il éta it m o u r a n t... Q u i
a lo r s ? S a fille ig n o r e tou t, s a fem m e es t m or te...
S on a s s ocié, ce R o m b e r g ... Il n e co n n a ît d u d r a
m e qu e ce qu e je lu i en a i fa it s a vo ir ... A h ! J 'a u
r a is d û le fa ir e a ch ever !... C ’es t fo lie q u e d ’a v o ir
p itié H é ! n on ! ce n ’es t p a s lu i ! Q u i ? Q u i d on c?
U n A m é r ic a in , s a n s d ou te, q u i a u r a d e vin é la véirité et v o u d r a s a p a r t... Je la d éfen d r a i, m a fo r
tu n e !... E lle es t à m o i ! Je l’a i p a yé e a s s ez ch er !
M a is il s ecou a it la tête, n e p a r ve n a n t p a s à se
r e n d r e com p te, g r o m m e la n t en cor e •
— C e g r o tes q u e G a s con , il n e s a it r ie n ! I l é ta it
d e b on n e fo i ! Je le ju r e r a is ! O n n e jo u e p a s a u s s i
b ie n la com éd ie, à s on â g e ; lo r s q u ’on a ccu s e u n
h om m e com m e m oi d 'u n i; ch os e p a r e ille !... O n
s ’es t s e r vi d e ce p e tit b on h om m e p o u r m e m o n tr e r
q u ’o n es t p r ê t à l ’a tta q u e...
I l r ic a n a :
— O h ! je le s a va is , cju’on l ’a tta q u e r a it, le com te
'A n fa lo tti ! Je le s a va is , q u ’o n vo u d r a it u n m o r
c ea u d u g â te a u ! C ’es t si s im p le d e fa ir e tr a v a il
le r les a u tr es et d e se p r és en ter en s u ite, a p r ès la
r éu s s ite !... M a is , je r efu s e !... P a s u n s ou !... p e r
s on n e !... M o i s eu l ! Je s u is r ich e et je m o u r r a i r i
ch e, p ou r m oi, p ou r m a B éa tr ix ... et p o u r O r fa !
O b éis s a n t à u n e s u cces s ion d ’id ées n a tu r elles ,
il d es cen d it d a n s les s ou s - s ols , o u v r it d eu x p ortes
a u x fe r r u r e s én or m es , d es p or tes q u e les p lu s h a
b ile s c a m b r io le u r s n ’eu s s en t p a s fa it b o u g er d ’u n e
lig n e , et se tr o u va d a n s u n e p etite ca ve a u x m u r s
h u m id es , s ou r d e com m e u n e ou b liette, m eu b lée
d ’u n co ffr e - fo r t et d ’u n e ta b le.
L es p or tes r e fer m ées , le com te a llu m a u n e b ou
g ie , p u is tir a d u c o ffr e - fo r t u n e ca s s ette d ’éb én e
a u x coin s d ’a r g e n t cis elé, q u ’il p la ç a s u r la ta b le.
L ’a y a n t o u ver te, il se m it à en co n tem p ler le co n
ten u .
D es p er les ! D es p er les d e tou tes g r a n d e u r s et do
tou tes cou leu rs , d es p er les ros es , n oires , b la n ch es ,
éb lou is s a n tes ou d is cr ètes , ron d es ou a llo n g ée s ,
ten u es p a r d es fils d ’o r , ou r u is s ela n t en tr e ses
Id oigts m a ig r es .
Il p lo n g e a it s es m a in s b r on zées cla ns ce tr é s o r
fa n ta s tiq u e .
— J’cn a i d é jà ven d u p o u r tr o is m illio n s , m u r
m u r a - t- il et à p ein e s i l ’on s ’en a p er çoit.
E n effet., il é ta la it d a n s la ca s s ette, les p ie r r e
r ie s à p la t, p o u r v o ir ju s q u ’où a r r iv a it ce flot
ch a to ya n t. Il v e n a it p res q u e ju s q u ’a u b ord .
— O u i, il y en a en cor e p ou r d ix ou v in g t fo is
p lu s ... A h ! je com p r en d s qu e c d a les a ttir e , ces
c or b ea u x I... Je m e ren d s com p te q u ’ ils vie n n e n t
r ô d e r a u tou r d e ce coffr e, où u n e m a in d ’e n fa n t
p u is e r a it u n e fo r tu n e p r in cièr e, m a is s eu l, j ’y
p lo n g e m es d o ig ts ! s eu l a vec B é a tr ix !... et je d é
fe n d r a i m on b ien ju s q u ’à la m o r t I...
P a r fo is , il p r e n a it u n e d es p lu s g r os s es p er les
et la co n te m p la it lon g u em en t, la p r és en ta n t à la
b o u g ie d on t la m a ig r e lu eu r s u ffis a it à lu i d o n n er
d es r eflets éb lou is s a n ts ; p a r fo is , il a lig n a it s u r la
ta b le u n e vin g ta in e d e ces b ijo u x d e m êm e g r o s
s e u r et s 'é c r ia it :
__ Q Ue j m e r ve ille u x c o llie r p ou r u n e r e in e !
E n fin il r e p lo n g e a it ses d ix d o ig ts d a n s le co ffr et
et r e m u a it à p lein es m a in s s on tr és or .
A u b ou t d ’u n a u a r t d ’h eu re, il r e fe r m a la ca s
R ei n es de P a r i s
^
s ette, s o r tit a vec les m êm es p r é c a u tio a s q u e p o u r
en tr e r et se r e tr o u va d a n s le p e tit s a lo n a u x la r g e s
p a lm es se d écou p a n t s u r les ten tu r es ros ées .
L a vu e d e ses jo y a u x lu i a v a it r en d u s a con
fia n ce en l ’a ven ir .
I l es s a ya it d ’ex a m in e r p lu s fr o id e m e n t la s itu a »
tio n , lor s q u e le b r u it d ’u n e vo itu r e q u i s ’a r r ê ta it
d e va n t s a p o r te lu i fit m u r m u r e r :
— B é a tr ix ! d é jà !
Il ten d it l ’o r e ille . L a p or te coch èr e s 'o u v r it a p r ès
q u e le v a le t d e p ied eû t d em a n d é :
— L a p orte, s ’il vou s p la ît !
S u r l ’e s c a lie r in tér ie u r , d es p a s p res s és , le c r a
q u em en t d e fin es b ottin es , u n b r u is s em en t d e
fa ille :
— C ’es t b ien elle !
L e com te v in t a u - d eva n t d e s a fem m e :
— V ou s n ’êtes p a s s o u ffr a n te ? V ou s n e d eviez
r e n tr e r qu e p o u r d in er . I l n e vou s a r r iv e r ie n d e
d é s a g r é a b le ?
— N o n , m o n a m i. — L a is s ez- n ou s , fit la com
tes s e a u x d om es tiq u es .
E lle e n tr a în a s on m a r i d a n s u n b o u d o ir a tte
n a n t à s a ch a m b r e et q u i é ta it à l ’a b r i d es in d is
crets .
L à , s a n s e n le ve r s on m a n tea u ou 6 o a ch a p ea u ,
a s s is e s u r u n c r a p a u d d e ve lo u r s m a u ve , ses
g r a n d s ye u x n oir s fix és s u r s on m a r i :
— S a vez- vou s ce qu e je vien s d ’a p p r e n d r e ? O n
es t s u r la tra ce. O n s a it q u ’u n F r a n ç a is a été d é
p o u illé ...
I l n e p u t s ’ em p êch er d e s ’é c r ie r :
— V ou s a u s s i !
E lle n e c o m p r e n a it p a s .
— P o u r q u o i, m o i a u s s i ? Q u e s ig n ifie ce m o t '!
— Il s ig n ifie qu e je vien s d e r e c e v o ir la vis ite
d ’u n jeu n e h om m e q u i m ’a r a c o n té n o tr e h is toir e.
— Il y a lo n g te m p s ?
— T r o is q x ia r ls d ’ h eu r e à p ein e.
— A lo r s , ce n ’es t p a s M . M ois s a c, u n tr ès b ea u
b r u n , a u x m ou s ta ch es fin es , tête d ’a r tis te ?
— N o n , u n p etit, tou t en ges tes , b a r b u à v in g t
a n s , a vec u n a ccen t en r a g é ...
— I l vou s a a ccu s é ?
— C ertes n on ! 11 m ’a p r op os é n a ïvem en t... ou i,
je d is b ien n a ïvem en t... ça s em b le in c r o ya b le ... il
a u r a reçu s a leçon ... il m ’a p rop os é de' g a r d e r en
d ép ôt les p er les q u 'u n A m é r ic a in veu t c a c h e r ù
G or g on e.
— H ein ?
— Oui !
U n s ilen ce. L a com tes s e r e g a r d a it s on m a r i, et
lu i, r e p r is p a r la r a g e , s a is is s a it s u r la ta b le u n i
s ta tu ette d e S a x e q u ’il b r is a it s u r le m a r b r e.
— A lo r s , c ’es t u n co m p lo t o r g a n is é ! C a r , à m o!
a u s s i, celu i q u i p a r la it d ’ é le ve r u n n ion u m en 1
exp ia toire...
— E x p ia to ir e !
— Il es t c h a r g é, m ’a - t- il d it...
— Qui ?
— C e s c u lp te iir q u e je vo u la is e n v o y e r à G o r
g on e, q u i m ’é ta it r eco m m a n d é... Il es t c h a r g é
d ’éle ve r , à l ’e n d r o it où fu t a tta q u é io p o r te u r des
p er les , u n e s ta tu e r e p r é s e n ta n t ce p o r te u r b les s é,
m o n tr a n t le p o in g à scs voleu r s , u n e ca s s ette vid e
à ses p ied s . O n d r e s s e r a it ce la d a n s le r a v in q u e
su it, le s en tier. E t, s u r la b a s e, o n g r a v e r a it cette
in s c r ip tio n :
« Ici, le F r a n ç a is U n T e l fu t a s s a s s in é p a r le
com te U n T e l ».
— V o u s d ites ?
— C ela . L e s n om s s on t la is s és en b l a n c s u r le
p r o je t ; o n les g r a ve r a ...
— C ’es t in o u ï !
— E n effet, c’es t in o u ï, e t je n e le cr o is p a s ! N o
tr e h om m e, fû t- il b ien en vie et s o r ti du b a g n e,
n 'e m p lo ie r a it p a s tr en te ou q u a r a n te m ille fr a n cs
à u n e b es og n e a u s s i in u tile !... Il no les a p a s les
q u a r a n te m ille fr a n cs I... D ’a illeu r s , ce n 'e s t’ nas
lu i I C ’es t u u ela u e A m é r ic a in ... ou
R u * »««
j t ne
�'=3S'
R e i n e s de V a r i s
s a is q u i... C e m is é r a b le se s er a en ten d u a vec le
s cu lp teu r et l’a u r a c h a r g é d e m e r é p é te r cette le
çon ... C eci, je le ju r e r a is !
L e com te b a is s a la tête.
— P a r fa ite m e n t ! M o i a u s s i, je ju i’er a is q u e ce
G a s con m a u d it ig n o r a it le
p r e m ie r
m ot de
l ’a ffa ir e .
Il
r é c ita it
sa
leçon
com m e
vo tr e
s cu lp teu r )
U n n o u vea u s ilen ce.
E n fin B é a tr ix :
— C ela s ig n ifie q u e n ou s a llo n s êtr e a tta q u és
p a r iin en n em i q u i n e s e d é v o ile r a p a s . C ’es t vo tr e
o p in io n ?
— E vid em m en t. O n fe r a a g ir d es h om m es q u e
n ou s no p o u r r o n s tr a ite r en en n em is et q u i m a s
q u eron t.
L a s on n er ie d ’u n tim b r e in te r r o m p it s a p h ra s e.
E lle a n n o n ça it q u ’on a v a it q u elq u e ch os e d ’im
p o r ta n t à d ir e à m on s ieu r , m a is q u 'o n n ’o s a it p a s
Je d é r a n g er , le r e la n c e r d a n s le b ou d oir , où il éta it
d éfen d u à la d om es ticité d e p én étr er .
— V ou s p er m ettez ? fit le com te à B éa tr ix .
— A lle z v o ir ce q u ’il y a , p en d a n t q u e m a fem m e
d e ch a m b r e m ’a id e r a à c h a n g e r d e rob e.
L e g e n tilh o m m e s or tit, d ’a b or d p o u r e n vo y e r la
fem m e d e ch a m b r e à B é a tr ix , en s u ite p ou r r ece
v o ir la p er s on n e q u i d é s ir a it lu i p a r ler .
C ’é ta it )a b ru n e s er va n te d ’O r fa , la g a r d ie n n e
d u ch â tea u d es b or d s d e la S ein e, q u i a v a it o u ve r t
à J a cq u es D a r ta u d , la
v e ille , la
r e tr a ite d e
l ’Ita lien n e.
E lle e x p liq u a ce q u i l ’a m e n a it :
— M o n s eig n e u r d e v a it v e n ir ce m a tin à C h a tou ;
je l ’a tte n d a is p ou r l ’a v e r tir d ’u n e vis ite r eçu e p a r
M lle O r fa . C om m e m o n s e ig n e u r n e v ie n t p a s , j ’a c
cou r s lu i a p p r en d r e q u ’u n b ea u je u n e h om m e s’es t
in tr o d u it iiie r , g r â c e à la r e c o m m a n d a tio n —
fa u s s e, s a n s d ou te, — d e G io va n n in a , la n o u r r ice
d e G org on e. A p r è s u n q u a r t d ’ h eu re d e ca u s er ie,
le b ea u jeu n e h om m e a r em is u n e lettr e co n ten a n t
s û r em en t d es ch os es in fâ m es , c a r m a d e m o s iellc a
ch a s s é Je b ea u jeu n e h om m e et, d ep u is ce m om en t,
p leu r e com m e u n e M a d elein e.
1
— J ’y v a is I fit le com te.
P o u r ta n t, il se fit r é p é ter d a n s ses m o in d r es d é
ta ils la vis ite d e J a cq u es , e x ig e a le s ig n a le m e n t d e
celu i- ci et in te r r o g e a lo n g u e m e n t la s er va n te, q u i
n e p u t a jo u te r g r a n d ’eh os e.
E n s u ite, il p r é vin t B éa tr ix .
L a com tes s e écou ta s on m a r i.
— C ’es t cela I Ils a u r o n t a u s s i p r é ve n u O r fa do
leu r vo lo n té d e n ou s a tta q u er .
U n tr o is ièm e
G a s con s er a a llé â C h a tou lu i a p p r e n d r e q u elq u e
in fa m ie ... C ’es t e ffr a ya n t, vou s s a vez !
— E ifr a ÿ a n t !
r é p é ta
lo
g en tilh o m m e .
S ’ils
S en P r ®n n c, 1 t; à m a tille, ils s on t ca p a b les d e tou t.
— A lle z- y v o ir , fit B é a tr ix , et r eve n ez vite.
L e com te d o n n a l’o r d r e d ’a tte le r d eu x ch eva u x
fr a is à s a vo itu r e.
Il fit m o n ter la b on n e a vec lu i, et on fila s u r
C h a tou . l , « ta it b ea u cou p p lu s cou r t qu e d e p r e n
d r e le ch em in de fer .
C ep en d a n t,
les
p r em iè r e s om b r es
se
rép a n
d a ie n t s u r lu. v a llé e de la S ein e lor s q u o l ’ita lie n
d es cen d it d e v o itu r e d eva n t la g r ille d or éo or n ée
d e ses a r m o ir ie s or g u eilleu s es .
L e p a re s em b r u m a it. A u ciel d es n u a g es q u i
m o n ta ie n t d es co llin es p r o ch a in es ; à
p ein e s i
qu elq u es b a n d es
c la ir e s
d éco u p a ien t en cor e, à
l’h or izo n , o lig n e d es b ois q u i d o m in en t B o u g iva l.
O r fa ,s a tten d a it, à, Ici vis ilo do ¿jqpj jpèro lu s crva n te l’a y a n t p r éven u e q u ’elle a lla it le ch er ch er
M a is , ta n d is qu e d ’o r d in a ir e elle é ta it s u r le
¡seuil de la p orte, les b ra s ten d u s , s s lè vr e s p rêtes
i e m b r a s s er le vis ite u r , a u jo u r d ’h u i elle
ten a it
d a n s le s a lo n , a y a n t d éfen d u q u ’on a llu m â t les
la m p es , p ou r qu e son p ere n ’a p or çû t p a s ses yeu x
• 'ou gis et l ’a lté r a tio n do ses tr a its .
S u r p r is d e ce d éta il, b ien qu e s ’a tte n d a n t à to u t
29
^
e t d e vin a n t p r es q u e le con ten u de la le ttr e fa ta le ,
le com te, en en tr a n t d a n s le s a lon , r e m a r q u a :
— I l fa u t q u e tu s ois b ien m a la d e , O r fa , p o u r
ne
pas
a c c o u r ir
au
d e va n t
de
m oi.
Que
t’a r r ive - t- il ?
— R ie n , m o n p ère.
•
E lle p r és en ta s on fr o n t a u vis iteu r , qu i, s a n s
l’em b r a s s er , co n tin u a :
— R ép on d s - m oi fr a n ch em en t. Q u ’y a - t- il ?
— R ien .
— Tu m en s p o u r la p r e m iè r e fo is d e ta vie !
A s s ied s - toi là I
I l la fit a s s eoir s u r u n e ch a is e, s ou s le jo u r qu i
to m b a it d es h a u tes p or tes - fen êtr es s ’o u vr a n t s u r
le p a r c, et se ip la ça d eva n t elle.
— T u a s p leu r é '!
— O u i.
— P ou rqu oi ?
A u cu n e rép on s e. E lle s e m b la it s o u ffr ir te r r i
b lem en t. L u i, d ’a illeu r s ,
p a r a is s a it
au ssi
ém u
q u ’elle.
L e p lu s in h a b ile d es ob s er va teu r s a s s is ta n t à
cette s cèn e eû t d evin é l ’a m o u r p r o fo n d qu e ces
d eu x êtres , le p èr e et la fille, g a r d a ie n t l’u n p o u r
l’a u tr e, et la d o u leu r q u ’ils é p r o u va ie n t d e cette
e x p lic a tio n od ieu s e.
L e com te in te r r o g e a it O r fa a vec u n e b r u s q u er ie
q u i e s s a ya it d e v o ile r s on ém oi, d ’em p êch er les
s a n g lo ts q u i lu i m o n ta ien t à la g o r g e.
C&t h om m e, q u e n ’e ffr a y a it a u cu n r em or d s n i
a u cu n e m en a ce, é ta it p res q u e tr e m b la n t d eva n t
cette g r a n d e fille, s i b elle et s i m a lh eu r eu s e, g a r d ée com m e u n e reclu s e p a r d es d om es tiq u es .
L a s itu a tio n éta it le r é s u lta t d ’u n a u tr e d r a m e
b ien p lu s b a n a l, p r es q u e q u otid ien , p r es q u e fo r c é :
le m a r i ve u f se r e m a r ia n t et s a cr ifia n t l’en fa n t d u
p r e m ie r lit a u x ra n cu n es ja lo u s e s d e s a s econ d e
fem m e.
L e com te A n fa lo tti l ’a v a it eu e d ’u n p r e m ie r m a
r ia g e , et il a d o r a it cette fillette, é levée d a n s le
lu x e, en tou r ée de s oin s et d es tin ée à être u n e des
rein es d es s a lon s .
P u is u n a m o u r s én ile l ’a v a it p ou s s é ve r s u ne
a u tr e fem m e, q u ’il a v a it ép ou s ée et q u i a va it, e x i
g é la d is g r â c e d e l ’e n fa n t, d e cette en fa n t d on t les
ca res s es eu s s en t fin i p a r fa ir e o u b lier les s ien n es ,
qu i^ eû t em p êch é l a n o u velle com tes s e d ’être la
m a îtr es s e a b s olu e d e la fo r tu n e d e la m a is on , la
d is p en s a tr ice d es fa veu r s .
A lo r s , le com te a v a it ca ch é O r fa d a n s ce ch â
tea u en fo u i sou.s les a rb res , à l’a b r i des m éd is a n ts
et des in s olen ts , m a is a u s s i b ien lo in d es d is tr a c
tio n s n éces s a ir es à s on â g e.
D ep u is leu r a r r ivé e d ’Ita lie , où , d u res te, l’ex is
ten ce éta it à p eu p rès p a r e ille , O r fa v iv a it d a n s
cette r e tr a ite s a n s a u tr e co n s o la tio n qu e la vis ito
h eb d o m a d a ir e de s on p ère, ta n d is qu e B é a tr ix p r o
m e n a it d a n s P a r is , p a r les s a lon s e-t les d is tr a c
tio n s de la ca p itu le, s a b ea u té in s olen te.
O r fa é ta it en cor e m e ille u r e q u ’elle n féta it b elle,
et J a cq u es n e s e tr o m p a it p u s en lu i a ttr ib u a n t
les q u a lités les p lu s ra res .
E lle n ’eu t p a s u n rep r och e à S’a d res s e d e s on
p èr e et, ch os e p lu s a d m ir a b le, d e sa. b elle- m ère.
E lle a ccep ta s a n s u n e p la in te cette s itu a tio n , se
co n ten ta n t do cette p a r t si m od iq u e d e b on h eu r,
p a r t in fim e, éta n t d on n és les tr io m p h es qu i s em
b la ie n t l ’a tten d r e.
A u s s i, s u r cette Am e vie r g e , d a n s cet e s p r it d ’u n e
s im p lic ité et d ’u n e ca n d eu r a b s olu es , les a ffir m a
tion s a p p or tées p a r Ja cqu es D a r ta u d d e va ien t
ca u s er u n e ffr o ya b le d és a s tre.
L a p a u vr e fille p leu r a it d ep u is la ve ille.
__ ,l ’ex ig e {p ie tu r ép on d es à m es q u es tion s . Il
y v a d e n otr e a ven ir . T u p en s es b ien qu e je d e
vin e ce q u ’on a p u t’a p p r en d r e, et le g e n r e d e c a
lom n ier.... T u as reçu , h ier , la vis ite d ’u n jeu n e
h om m e, m ’a d it la s e r va n te ?
— O u i, m o n p ôre.
__ U n b ea u jeu n e h om m e ?
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9
30
— T r è s b ea u .
— Il ven a it d e la p a r t d e G io va n n in a ?
— I l le ip réten d a it. I l s e r a it p a s s é à G o r g o n e en
tou r is te.
— A p r è s u n e ca u s er ie d ’u n e d em i- h eu r e e n v i
r on , il t’a r e m is u n e le ttr e ?
— O fti, m o n p èr e. E n p a r ta n t... Je l ’a i lu e a u s
s itôt.
— Q u e con ten a it- elle ?
O r fa s ecou a la tfcte.
Ria is le com te :
— S i ! si ! J’e x ig e q u e tu m e le d is es ! C ’es t â b s oiu a n en t'n éces s a ir e. D ’a b or d , je n e p eu x te p r o u ve r
l ’in fa m ie ig n o b le - d e ïn e s 'è n u e m is qu e si je s a is
l é s r ia ç o h d ’op ér er . Je n ’a i p a s l ’in ten tio n d e m e
d éfen d r e d e cer ta in s ...
— E n effet, in te r r o m p it O r fa ,
vou s
d éfen d r e,
vou s , d e va n t m o i ! C e s e r a it od ieu x ! Je n e d ou te
p a s ...
— V o yo n s ! G n t ’y d is a it d u m a l d e ta m èr e, de
m a fem m e ?...
— P a s b ea u cou p .
— A h ! q u oi d on c ?
— D eu x lig n es . L es v o ic i : « P o u s s é p a r u n e
fem m e q u i l’a a v ili a p r ès lu i a v o ir fa it o u b lie r
ses d evo ir s d e p èr e et d e g e n tilh o m m e , il a ... etc.,
etc. »
L ’Ita lie n b o c lia la tête.
— S i tu tr o u ves qu e ce n ’es t r ien , c e la !
— J’a i d it : « P a s b ea u cou p . »
— D ia b le ! A v ili 1... ou b lié ses d evo ir s d e p èr e et
d e g en tilh o m m e ...
A lo r s , le
r es te d e v a it
être
te r r ib le !
O r fa fit u n s ig n e de tête :
— O h ! ou i !
— P a r le ! Q u oi ?... V eu x - tu qu e je te s ou ffle,
m oi ?
— Je p r éfèr e...
— O n t’a r ép été u n e h is to ir e... J ’a u r a is p r o té g é
les a s s a s s in s d ’u n n é g o c ia n t... C ’es t ce la ?
E lle h és ita :
— P a s tou t à fa it. V ou s a u r ie z vou s - m êm e a tta
qu é et d é p o u illé ce n é g o cia n t, p o r te u r d ’u n e ca s
s ette de p ie r r e r ies ...
L e p ère se r ed r es s a :
— T u a s cru cela , to i !
— N o n ! Je vou s ju r e qu e n o n ! Je v e r r a is cette
ca s s ette en tr e vo s m a in s qu e je n e le c r o ir a is
p a s !... S eu lem en t cette fem m e qu e vou s ... celle
q u i rem p la ce... q u i es t à la p la ce d e m a m èr e...
— E h b ien ?
— E h b ien ! elle a (p eu t- être a c c o m p li u n e œ u vre
m a u va is e, et on vo u s a ccu s e, vou s 1
I l se r é c r ia :
— M a lh eu r eu s e ! tu os es p r é te n d r e qu e ta socon d e m èr e es t ca p a b le...
— M a s econ d e m è r e !. . . O n n ’a p a s d eu x m è
res I... h éla s !...
— C ’es t m on s tr u eu x ! D o là m ’a ccu s er, m o i...
— N on ! n on ! P o u r m oi, vou s êtes s a cr é ! Jo
vou s le rép ète, q u oi q u ’il a r r ive , vou s d em eu r e r e z
le p ère a d o r é q u i a u r a to u jo u r s m on a b s olu e vé
n ér a tio n ... P o u r ta n t, il y a q u elq u e ch os e... D éjà ,
à G o r g o n e, des b r u its s on t ven u s ju s q u 'à m o i...
O n r ép éta it qu e la com tes s e D é a tr ix d é p en s a it tou t
à cou p d is s om m es én orm es , a lo r s q u ’e lle é ta it
p a u vr e, très p a u vr e , u n e a ven tu r ièr e.
— O r fa I
— V o i's m ’in te r r o g e z, je r ép o n d s !... C 'es t vou s m êm e qu i m 'a ffir m e z la n éces s ité d ’en fin ir ... E h
b ien ! à G or g on e, j ’a i s o u ven t en ten d u d ir e, a u
m o m e n t de n otre d ép a r t, qu e vou s ... qu e la co m
tes s e a lla it m a n g er à P a r is u n a r g e n t m a u d it... u n
a r g e n t q u 'e lle ne ¡p ou va it d ép en s er à G o r g o n e, où ,
d e n o to r ié té p u b liq u e, e lle é ta it p a u vr e.
— C e s on t d es m en s on g es !
— l.a lettr e a jo u ta it q u ’u n cr im e s eu l e x p liq u a it
cette fo r tu n e su ! ¡te ; qu e ce c r im e é ta it con n u de
p lu s ieu r s
p ers on n es .
U n F r a n ça is a va it été d é
p o u illé d a n s u n r a vin , la is s é Iim ir m o r t ot co n
R e i n e s de P
‘ aris
c 3'-’
d a m n é a u b a g n e com m e vo leu r . C ’éta it vo u s qu i
l ’a ccu s iez. I l es t m o r t... p a r a ît- il.
— M o r t ? L a lettr e d is a it q u ’il é ta it m o r t ?
— V ou s s a vez d on c à q u oi vou s en te n ir ?
— N o n ! Je s a is de cette a ven tu r e la v é r ité vr a ie.
U n ’ p a s s a n t fu t a tta q u é et d ép o u illé d e s a m o n tr é
et de s a va lis e , le to u t v a la n t d ix lou is . C e a t u n
ca s fréqu en t, d a n s n os r och es . Je n e su is' p o u r r ien ,
b ien en ten d u , d a n s ce b a n a l in cid en t. l,cs ja lo u x et les en n em is d e m a fem m e on t vo u lu é ta b lir u n e
r e la tio n en tr e cet a tten ta t et cer ta in e s d ép en s es ...
J’a i ex p liq u é à la ju s tice' la p r o ve n a n ce d e n o tr e
a r g en t, et le s ilen ce se serait, fa it là - d es s u s s i q u e l
q u e flib u s tie r ne, s ’é ta it a vis é d ’es s a yer u n ch a n
ta ge. I l to m b e r a b ien m a l !... P a r is e,<;t la v ille de
ces p ortes de vilén ies . Il y a des a g en ces q u i v iv e n t
d e ch a n ta g es , les o r g a n is en t. O n a u r a s u p p os é des
ch os es d ou teu s es d a n s m on p a s s é et on a u r a p en s é
à m e s o u tir e r q u elq u es b illets de b a n q u e... H e u r e u
s em en t, je s u is de ta ille à m e d éfen d r e !...
I l h a u s s a les ép a u les :
— M a (p a u vre O r fa , v o ilà à q u oi se r é d u it cé qu i
t’a ta n t ém u e ! U n e vile n ie cou r a n te, écla b ou s s u r e
à la q u e lle n ’éch a p p e a u cu n é tr a n g e r r ich e... L e
s eu l tor t qu e j ’ a ie, et je le d é cla r e d e va n t to i b ien
h u m b lem en t, c ’es t d e n ’a v o ir p a s le c o u r a g e de
t'im p o s e r a u m on d e d e P a r is , d e te la is s e r tiana
ce ch â tea u s o lita ir e .
— O h ! je ne m e p la in s p a s !
— Je le s a is b ien ! C ela n e m ’em p êch e p a s d 'êtra
u n s ot et u n lâ ch e... P a r m a lh eu r , ta m èr e...
— M a m èr e !
— T a b elle- m èr e es t d ’u n c a r a c tèr e ja lo u x , en tê
té, v io le n t ; il n ’y a u r a it a u cu n e q u iétu d e... k...
— N e p a r lo n s p lu s de cela , m on p èr e !...
— S i ! N e p a r lo n s p lu s q u e de cela I L e res te es t
fo lie , ca lo m n ie s tu p id e, b on n e
à
d é tr a q u e r ta
jeu n e c e r ve lle ! L a s olitu d e, ta b on té n a tu r e lle to
p r éd is p os en t à c r o ir e à ces s or n ettes in fâ m es . Tu
ig n o r e s q u e la vie es t fa ite a u x tr o is q u a r ts d e ces
a tr oces ca lcu ls . Seu.lo tou jou r s , v iva n t d a n s le
r êve et d a n s tes livr es , tu ne s a u r a is t’im a g in e r ou
qu e la m éch a n ceté d es h om m es in ven te. Je Buis
rich e, m a r ié à u n e fem m e b elle et q u i m ’a im e...
O r fa eu t u n g es te in vo lo n ta ir e .
— Je s u is fa ta le m e n t l ’o b jet d ’a tta q u es féroces .
O n s 'eti m o u d à toi, on s ’en est p ris à H é a lr ix ; leu
m is é r a b le s ne r ecu lo n t d eva n t rien . R a s s u r e- toi,
m a ch èr e fillette, ils n e p a r vie n d r o n t iptis a p r o u
v e r qu e je n e s u is p a s il ne de ton a liée t ion .
L a je u n e fille b a is s a la tête s a n s rép on d r e. S a n s
d ou te les p h i u ses d e s on p èro ne la c o n va in
q u a ien t p a s .
E U o eu t vo lo n tie r s cru
a u x e x p lic a tio n s fo u r
m es , elle se fû t vo lo n tie r s a g e n o u illée en c r ia n t :
— P a r d o n n e- m o i ! Je s u is u n e fo lle d ’écou te r des
ca lo m m o s p a r e ille s I
L es p r o tes ta tio n s du com te n ’é ta ien t p a s s u flis a m m en t cla ir es , s u ffis a m m en t s in cères .
lit e lle s’en v o u la it d 'h és iter à se je te r d a n s les
b r a s de celu i q u ’elle a d o r a it, eu p le u r a n t de r e
m or d s .
L a n u it ve n a it très vite.
1 .’o m b r e e n va h is s a it le s a lon . A p ein e si la lig n e
b la n ch e du c la v ie r du p ia n o ou le coin des ca d res
d o r és a cc r o ch a ie n t u n reflet d a n s l ’ob s cu rité.
L e p ère se leva .
— Je le la is s e ; je r e v ie n d r a i d em a in et ch a q u e
jo u r , ju s q u ’à ce qu e tu ch a s s es tes p a p illo n s n oirs ,
L ’é tr e ig n a n t con tr e lu i a vec u n e ten d res s e s in
cère :
— P a u vr e O r fa ! E n fa n t ta n t c h ér ie ! E s t- il p os
s ib le q u e tu a ies cr u u n e m in u te à ces ch os es I T u
a s p leu r é ip a rce q u ’on t’a r ép été des ch os es m on s
tru eu s es s u r m ol !...
E lle e x p liq u a d e n ou vea u :
— N on , m on p ère. Je vou s s a is in ca p a b le* d u
m a l. C eci, je vo u s le ju r e s u r le s o u ven ir de m a
m èr e, d e m a v r a ie m èr e ! E n reva n ch e ie c r o is
q u e cette fem m e, n u i m e ch a s s e de m a m a is o n a
�R ei n es de P a r i s
s u r vou s u n e in flu en ce n éfa s te ; q u ’elle es t ca p a b le
île fa ir e des m a lh eu r s , en vou s e n tr a în a n t a vec
elle 1 E lle a été a s s ez p u is s a n te p ou r n ou s s ép a r er ,
elle le s er a a s s ez p o u r vou s co m p r o m ettr e. V o ilà
ce qu e je cr ois I
— T u la lia is d on c b ien , la com tes s e ?
— Je n e lia is p er s on n e ; la h a in e es t u n c r im e ;
je n e s a u r a is ,
cep en d a n t, a im e r u n e fem m e
p a r e ille !
— A llo n s , je vo is qu e tu es en cor e n er veu s e, et
cela te r en d in ju s te !... Q u a n d je d is in ju s te... il
y a d u v r a i d a n s tes rep r och es , ce q u e je t’a i
a vou é, m a lâ ch eté d e t’a b a n d on n er ...
— N e p a r lo n s p a s d e m o i !
— H é la s ! Jo vo u d r a is n e p a r le r q u e d e toi, m a
b ien ch ère fillette ! E n tou t ca s , je p en s e t ’a v o ir
m o n tr é la fo lie d e tes cr a in tes , l ’in fa m ie n ia is e d e
cette le ttr e a p p o r tée p a r u n in con n u ... c a r il n e
t ’a p a s d it s on n om ?
— P a r d o n ! V o ic i s a ca rte.
L e g e n tilh o m m e p r it la ca r te m o n tr ée p a r O r fa ,
s u r u n g u ér id o n , à p or tée d e s a m a in .
Il lu t :
— J a cq u es D a r ta u d . — D e la p a r t d e G io va n
n in a .
E t il a jo u ta ;
— U n fa u x n om , s a n s d ou te... et p u is p a s
d ’a d res s e. C ’es t é g a l, je p ren d s cette ca r te. T u m e
la d on n es ?
O r fa h és ita à r é p o n d r e u n m o m en t et se d é c id a :
.— T r è s vo lo n tier s .
. — ; A d em a in , m a p etite O r fa . R ép ète- to i ce q u e
|e t ’a i d it. A ie con fia n ce en ton p èr e q u i t ’a d o r e !
Ils s ’em b r a s s èr en t lon g u em en t, c a r la je u n e fille
E tait in c a p a b le d e la is s e r p a r tir s on p ère s a n s lu i
p a r d on n er le m a l ca u s é ; elle eû t ôté ce r ta in e d e
¡o n - c r im e q u ’e lle l ’eû t em b ra s s é a u s s i fo r t p eu tH re !
E lle a c co m p a g n a le com te ju s q u ’à s a vo itu r e .
— D em a in , je vie n d r a i te p r e n d r e à d eu x h eu
res ; n ou s fer o n s u n e p r o m en a d e s ’il n e p leu t nus,
h ein ?
— O u i.
— E n ten d u . A d e m a in !
— A d em a in !
O r fa r e fe r m a la g r ille et r e to u r n a d a n s s on s a
lon . L e m a r i d e B é a tr ix fila ve r s P a r is a u g r a n d
tr o t d e scs ch eva u x .
L a com tes s e a tte n d a it a ve c im p a tien ce le r eto u r
d u g e n tilh o m m e , q u ’elle a va it, d ’a p r ès la lettr e d e
Ja cqu es , « a v ili, a p r è s lu i a v o ir fa it o u b lie r ses
d evo ir s do p èr e et J e g r a n d s eig n e u r ».
D 'h a b itu d e , e lle r e c e v a it s on m a r i a ve c cette
fr o id e u r h a u ta in e q u i é ta it le fo n d
d e s o li
ca r a ctèr e.
A u jo u r d 'h u i, e lle a ccou r u t a u - d eva n t d e lu i d ès
q u 'e lle l'e n te n d it m o n te r l'e s c a lie r ; elle le p ou s s a
d a n s s on b ou d oir , la p ièce la p lu s d is cr ète d e l ’ h ô
tel, à l'a b r i d es in q u is itio n s d e la v a le ta ille , et lu i
d em a n d a a u s s itôt b r u s q u em en t :
H y a u n e tr o is iè m e ten ta tive ?
— O u i.
— U n a u tr e G a s con V
— Je n a i p a s d em a n d é. U n tr è s b ea u g a r ço n ,
ilon t vo ic i le .non», a jo u ta - t- il, en s o r ta n t la ca rto.
L u com tes s e lu t :
E t, h a u s s a n t les ép a u les :
Ja c q u e s D a iit a u d
%
— C on n a is p a s . Il a p a r lé à O rfu d e... co craa
vou s s a vez ?
1
Il a * fa it m ieu x : il lu i a r e m is u n e le ttr e r e la
ta n t tou te l ’ h is toir e, a fin q u e l ’en fa n t p û t la lir e
tou t à s on a is e.
» lin effet, j ’a i tr ou vé O r fa p er s u a d ée q u ’ il v
a v a it b ea u cou p d e v r a i d a n s les r é vé la tio n s d e s on
m ys té r ieu x co r r es p on d a n t.
— * R ie n s u r m oi ?
— U n e lig n e. V ou s m ’a u r ie z a vili.
— A v ili ?
— A p r è s m ’a v o ir fa it o u b lie r ce q u e je d o is à
m on n om et à m a fille.
— Ah !
E lle eu t u n g es te va g u e , q u i s ig n ifia it :
» C eci n ’ a p a s g r a n d e im p o r ta n ce ! C ette q u es
tio n se r é g le r a en tr e n ou s : a u cu n d a n g e r n ’en
s o r tir a . »
R e ve n a n t à s a p r éo ccu p a tio n ob s éd a n te :
— E n fin , n ou s vp ici a tta q u és p a r u n e b a n d e d e
g en s q u e n ou s n e con n a is s on s p a s , q u i n e se con
n a is s en t p a s en tr e eu x, s a n s d ou te, et q u i o b é is
s en t en vr a is p a n tin s , d on t u n in con n u tare les
ficelles . Q u e vo n t- ils ten ter ?
■
' _
Q u e p eu ven t- ils ten ter ? r e c tifia le com te.
E t il ex p liq u a , s ’a s s eya n t en fa ce de s a fem m e :
— C a r , iis ne p eu ven t r ie n es p ér er ! L a ju stices
ita lie n n e es t p ou r n ou a . Q u o i q u ’i l a r r iv e , n ou s
n e s a u r io n s être in q u iétés . P a s la m o in d r e p r ou ve.
M ém o p a s la d is p r o p o r tio n en tr e n os r even u s et
n os d ép en s es , p u is q u e n ou s a vo n s tr o u vé u n e
e x p lic a tio n p la u s ib le. L à - d es s u s , a u cu n e co n tes ta
tio n p os s ib le ; n u l n e s a u r a it n ou s a ccu s er o ffic ie l
lem en t s a n 3 êtr e lu w m èm e a r r ê té p ou r ch a n ta g e.
A lo r s , q u oi ? Ils ve u le n t r e p r e n d r e la ca s s ette ? Ils
n e s a ven t p a s où elle es t, et, p o u r y tou ch er , il
fa u d r a it êtr e b ien m a lin I
— H c I jo s a is les p r éca u tio n s p ris es . A u s s i «ù is je éton n ée d e cette a tta q u e b ru s qu e et in ex p liq u ée.
C ’es t le côté b iza r r e q u i m ’e ffr a ie . 11 v ie n d r a it u n
h é r itie r d e n otr e h om m e, o u u n a s s ocié do ce
S u is s e, ou u n A m é r ic a in r u in é n ou s d ir e : « V ou s
êtes d es voleu r s , je v a is es s a yer do vou s p u n ir et
d e vou s fa ir e r en d r e g o r g e ! » q u e je n e s er a is p a s
p lu s in q u iè te q u ’il n e co n vie n d r a it.
— H eu !
.
.
.
— M a is u n en n em i q u i si} d érob e, q u i n e d it p a s
ce q u ’ il veu t, où il va , q u i en vo ie dos a r tis tes ou
d es fou s p r é v e n ir d u d a n g e r ... N o n , je n e co m
p r en d s p a s !
L e com te r é fléc h is s a it :
— Q u ’a vez- vd u s r ép o n d u à vo tr e s cu lp teu r ?
— Q u ’il in ve n ta it l ’h is to ir e d e s a co m m a n d e et
q u e je n ’éta is pu s d u p e de s a com éd ie ; il r é c ita it
u n e leçon . Je n ’a i p a s n ié êitre a u c o u r a n t du
d r a m e. E t vou s , à ce G a s con ?
— L a m êm e ch os e. S eu lem en t, je l ’a i fa it je te r
à la ru e. P o u r r és u m er la. s itu a tio n , elle es t in q u ié
ta n te, p a r c e q u ’on se s er t p o u r n ou s a tta q u e r d e
b r a ve s g en s , ig n o r a n t tou t.
— S û r em en t !
— N o s p r éca u tio n s s on t telles qu e si o n n ou s
a tta q u a it o u ver tem en t, n ou s n ou s a d r es s er ion s
a u x tr ib u n a u x p ou r n ou s p r o té g e r con tre u n e ten
ta tive d e ch a n ta g e. E t n u lle ép r eu ve ne tr o u b le r a it
n o tr e q u iétu d e, n u l s ou p çon n os r ela tio n s . O n d i
r a it q u e n ou s s om m es vic tim e s d ’es crocs , i
— N o u s le d ir io n s les p r em ier s .
— E t tou t s ’ a r r ê te r a it là ... S eu lem en t, ces G a s
con s , a r tis te s ou a ffo lés ... Je m o p erd s ... E n fin ,
q u oi q u ’il a r r iv e , res ton s s u r la d éfen s ive. D is on s
à tou s : O u i, n ou s s om m es a u cou r a n t d u d r a m e
d e tîo r g o n e , n ou s n e s om m es m êm e p a s s u r p r is
d ’êtr e vis és à ce s u je t p a r d es m is ér a b les ; m a is
n ou s s om m es p rêts à d é fé r e r les ca lo m n ia teu r s d e
v a n t les trib u n u u x . » D o la s orte, on n e sc r is q u er a
p a s ... d ou x fo is !
— A in s i s oit- il ! fit la com tes s e.
V II
I,o s o ir m êm e d u jo u r où L u d o vic M oia s a c et
G a b r iel P o n ta r lie r p r en a ie n t co n ta ct a vec leu r s
n o u vea u x en n em is , H ér a n g èr e d ’in n a u ne fête
d a n s son ’h ôtel d e la r u e l.a F o n ta in e , à A n to u i).
C a r lo b a ron A g é n o r D es b oietellei, a v a it p r is
com m e m a îtr es s e a ttitr é e la très jo lie b ru n e d on t
lu b ea u té s velte et d élicieu s e le c a p tiva d u p r e m ie r
�*2 °
32
jou r. I l lu i a v a it a ch eté u n h ôtel, a s s ez lo in d u
m o u ve m e n t p a r is ien , ten a n t à g o û te r en p a ix les
p r e m iè r e s jo ie s do cette con qu ête.
O p u len t, il p u t a c q u é r ir u n e tr ès coq u ette d e
m eu ra et, Ja fa ir e m e u b le r a vec ce lu x e a r tis tiq u e
e t cette p r o m p titu d e p r o p r es a u x o u vr ie r s d e la
ca p ita le.
L e je u n e h om m e é ta it tr op en vu e à P a r is , on
c o n n a is s a it tr op s a s itu a tio n d e fo r tu n e, — il p o s
s éd a it d ou ze m illio n s et p o u va it les d ép en s er, c er
ta in d ’u n h é r ita g e à p eu p rès é g a l, — on le s a va it
tr o p in fia jn m a b le p ou r q u e tou tes les d em i- m on d a in e3 , et »u s a i les m o n d a in es , n 'a ie n t p a s es s a yé
d e le fa ir e m o r d r e à l ’h a m eçon .
L e s p r e m ie r s tem p s , il se la is s a ch a m b r er ou
v o le r ; à p rés en t, il se m éfia it. Ce q u i lu i p lu t s u r
tou t ch ez B é r a n g è r e P e r c e va l, c ’es t q u ’elle n e fa i
s a it p a s p a r tie d u m on d e où il v iv a it. L e p a s s é d e
s a n o u velle m a îtr es s e n e p o u va it lu i ca u s er la r a n
cœ u r in vo lo n ta ir e d e s es ¡im ou r s h a b itu elles : il n e
r is q u a it p a s d e fr ô le r et d e fr é q u e n te r d es h om m es
a y a n t con n u celle q u ’il a im a it, ch os e to u jo u r s in
s u p p o r ta b le à u n g a r ç o n a y a n t le cœ u r b ien p la cé.
A u s s i s e la is s a - t- il a lle r vo lo n tie r s à cette p a s
s ion n êo d ’u n c a p r ic e et q u i, p eu t- être, d e vie n d r a it
v ite u n e d és illu s ion .
K pO Tmit à B é r a n g è r e tou tes ses fa n ta is ie s , se
p lu t à s em er l ’o r s ou s ses p ied s , à n e p a s la is s e r
u n d e s es d és ir s in a s s ou vi.
D a n s ce lu x e ta n t d és ir é, s i s ou ven t en tr evu à
tr a v e r s les vitr e s d e la m a is o n n ette do C h in on , la
je u n e fille s ’ép a n o u it, elle d e vin t v r a im e n t u n e d es
p lu s a d m ir a b le s cr éa tu r es q u ’o n p û t v o ir , et le
b a r o n fu t fie r d 'e lle , a u ta n t q u ’ il en fu t a m ou r eu x .
D on c B é r a n g è r e vo u lu t p en d r e la c r é m a illè r e
île s on feôtel, ot la p en d r e p r in cièr em en t.
L a s o ciété m a s cu lin e é ta it tou t in d iq u ée : les
a m is d e D es iiois telles .
L a p a r tie fé m in in e fu t p lu s d iffic ile à, c h o is ir . L a
m a îtr es s e d u lo g is n e te n a it g u è r e à in v ite r ces
é te r n e lle s s ou p ou s es , p etites a ctr ices et g r a n d e s
cocoftos , q u i lu i s em b la ien t b ea u cou p m o in s à en
via i- d ep iilo s on é léva tio n .
E lle a r r ê ta s on ch oix s u r q u a tr e jeu n e s fem m es ,
v iv a n t a ve c le u r s a m a n ts com m e e lle v iv a it a vec
A g é n o r , d a n s u n e s or te d e s itu a tio n c o n ju g a le .
M a is , s u r to u t,'e lle e x ig e a J a cq u elin e et C lém en ce
M o n vé l.
O h ! celles - là , il les lu i fa lla it !
C e la it p o u r elle s q u ’elle d o n n a it la s oir ée, p ou r
leu r m o n tr e r s es b ijo u x , s es ta b lea u x , s o n lu x e,
s on tr iom p h e.
E lle co m p ta it s 'a m u s e r de leu r s g r im a c e s , do
leu r s cu is d 'a d m ir a tio n ca ch a n t m a l ies r u g is s e
m en ts d e c o lè r e h a in eu s e.
V en u es on s cm b lo p ou r être, a u b ou t d e d eu x ou
1 rois a n s d o lu tte, ce q u ’elle é ta it d even u e en u n
m ois , elle te n a it à m o n tr er la p u is s a n ce d e s a
b ea u té à ses com p a g n es , se s o u ve n a n t vo lo n tie r s
a u jo u r d ’h u i d e q u elq u es p a r oles d u r es la n cées ipnr
.la equ eH n o, a C h in on , d e p rop os m ép r is a n ts , d e
m ou es d e d éd a in !
L e b a r on lit b ien d es rés erves . Il n e ten a it g u è r e
à r e vo ir M o r la n e, q u i s ’é ta it a s s ez m a l co n d u it en
vers lu i ot, s u rtou t, L o u is de C a s lin o, q u i no jo u is
s a it p a s d ’u n e b on n e r ép u ta tio n , d a n s u n m ilie u
p o u r ta n t p eu d iffic ile .
M a lg r é tou t, il fin it p a r a c co r d e r ce (p ie vo u la it,
ce q u ’e x ig e a it D ér a n g è r c , et d es in vita tio n s fu r e n t
la n cées , c o n via n t J a cq u elin e et C lém en ce M on vol.
A g in o r , d e s on côté, p r é vin t J u lien et L ou is .
Tou t le m on d e fu t ex a ct a u ren d ez- vou s .
O n BOiVait com b ien le b a r on D es b ois tolles fa is a it
r o y a le m e n t les ch os es . S es a m is p r d in a ir e s se lu t
tèr en t do v e n ir s a lu e r la n o u ve lle r ein e d e P a r is ,
pull -sô3 , a u fon d , p a r le d és ir va g u e d e c o n q u é r ir
I,. cœ u r de B é r a n g è r e .
lu lle n et J a cq u elin e, C a s a n o et C lem en ce n e lu
ren t ipaa on r e ta r d : tou s les q u a tr e ten a ien t à
s a vo ir iu s u u ’où é ta it a ilée la o r o d io a U té d u b a ron .
R e i n e s de P a r i s
Ils fu r e n t éb lou is . C ’é ta it d élic ie u x , c e la s en ta it
b on la for tu n e, la jeu n es s e, l'a m o u r , la q u iétu d e
d u len d em a in .
D es s a lon s b ien ch a u d s , où les p la n tes r a r es
a lte r n a ie n t a vec d es ta b le a u x d e m a îtr e s et d es
m a r b r e s de p r ix ; des ch a m b r es ten d u es d e s a tin
p â le, où l'on eû t p a s s é des jo u r n é e s à r êva s s er , les
yeu x m i- clos ; u n e s a lle à m a n g e r s om p tu eu s e et
in tim e à îa fo is , a vec s es vitr a u x et ses cr éd en ces
m o ye n âge- ; d es e s ca lier s ten d u s d e ta p is s er ies
d es G ob elin s , d es r ecoin s où s’en ta s s a ien t d es b ib e
lo ts d 'a r t.
— M es com p lim en ts , m a ch ère a m ie, fit J a cq u e
lin e tou te p â le d e ja lo u s ie , a p r ès qu e B é r a n g è r e
lu i eû t fa it v is ite r l’h ôtel, s a n s lu i é p a r g n e r u n
d éta il. C ’es t s p len d id e. Je s u is r a vie qu e tu a ie s eu
cette c h a n ce- ià I
— T u n ’es p a s à p la in d r e n on p lu s . T u es a vec
u n h om m e tr è s en vu e, tr ès ch ic. U n jo u r ou l ’a u
tr e , il te fe r a cette s u r p r is e.
U n e fem m e m et u n c h iffr e où u n h om m e n e
s ’o ffr e q u ’u n e fa n ta is ie.
L es in vités , h a b itu és à ces s oirées , fé lic ita ie n t
la m a îtr es s e d e la m a is o n d e s a to ilette et d u g o û t
d e s on log is .
M a is J a cq u elin e et s a s œ u r p es a ien t, du r e g a r d ,
le s b ijo u x et les rob es , ju g e a ie n t la v a le u r m a r
ch a n d e des m eu b les et d es o b jets d ’a rt.
A ve c le u r s rob es d e 200 fr a n cs et leu r s m a ig r e s
b ijo u x , d on t q u elqu es - u n s éta ie n t fa u x , elles se
s e n ta ie n t écr a s ées p a r la to ile tte du g r a n d fa is e u r
qu e p o r ta it B é r a n g è r e , p a r s on c o llie r d e p er les et
de d ia m a n ts , d o n t elles lie v o y a ie n t les p a r e ils
q u ’a u x d eva n tu r es d e la ru e d e la P a ix .
E vid em m e n t,
la
tr io m p h a tr ic e
p o s s éd a it a u
m o in s tr o is cen t m ille fr a n c s r é a lis a b le s d e s u ite,
s i, com m e c ’éta it ce r ta in , D es b ois telies lu i a va it
d on n é la m a is o n et le* m ou illes .
E t a lo r s u n e r a g e fol'le s ’e m p a r a d e l’in s titu tr ice
et d e s a s œ u r.
M êm e d a n s cette r éce p tio n d e jeu n es n oceu rs ,
d e co u r e u r s d e.cou lis s es et d e cer cles , elles r e m a r
q u a ie n t com b ien leu r s a m a n ts , J u lien ot L ou is ,
é ta ien t p eu d e ch os e.
O n n e s’o c c u p a it p a s d 'eu x . S on s ôtro im p o li, on
n e les r e c h e r c h a it tpas. E t eu x so fa is a ie n t p etits ,
s’e ffa ç a ie n t et s em b la ien t a vo u e r q u ’ils n 'a p p a r te
n a ie n t p a s à cette a r is to c r a tie d e la fôte, (p ii n é
ces s ite u n e fo r tu n e én or m e, ou u n g r a n d n om , ou
u n e in te llig e n c e s u p érieu re.
L e s ou p er fu t ce q u ’il d e va it être, s om p tu eu x.
L e to u r d e va ls e d u r a u n e h eu re ; il y eu t u n c h a n
s on n ier , a vec d es h is to ir es s a lées , e t u n e p a r tie do
b a cc a r a , q u i co û ta q u in ze cen ts fr a n c s à J u lien d e
M o r la n e .
F ou t le tem p s d e la s oir ée, B é r a n g è r e red ou b la
d ’a tte n tio n en ver s J a cq u elin e, et a u s s i e n ver s C lé
m on ce, u n p eu d éla is s ées , s u b is s a n t, m a lg r é tou t,
la d éco n s id é r a tio n q u i s ’a tta c h a it à leu rs a m a n ts .
L a b elle in s titu tr ic e de C h in on se v it la d er n ièr e,
ici, la m oin s rech erch ée.
L es a m a b ilité s de B é r a n g è r e s o u lig n a ie n t cette
.s itu a tio n , en p a r a is s a n t v o u lo ir
rép a rer
cette
in ju s tic e de ses h ôtes .
D a n s vette fo lio d e rira s , cette coh u e do jo ie , ce
p é tille m e n t d ’e s p r it et d e c h a m p a g n e , ce d é b a l
la g e d ’h is to ir es d r ô le s et d ’ép a u les n u es , d a n s c e lle
g r is e r ie d ’u n e fête de h a u te vie, l ’a m a n te do J u lien
se s en ta it p én étr ée de h on te, d e d ég oû t, de r a g e.
E lle so r é p é ta it (p ie c ’é ta it à elle (p ie r even a it
cette p la ce, cette r éu s s ite !
A u s s i, ve r s cin q h eu res d u m a tin , en tra în a - t- eW «
M or ta n e. L o u is do C a s a n o a v a it (d éjà filé a vec
C lém en ce.
— V ie n s ! J’en ni a s s ez !
— M o i a u s s i ! J’a i p er d u q u a tr e- vin g ts lo u is !
— A lo r s , c’es t com p let ?
M a is B é r a n g è r e la r eten a it, se fa is a it ci\ line
ex q u is e.
— N o n 1 P a s en cor e I V ou s n e vou s e n n u yez p a s , \
�^
R ei n es de P a r i s
j ’e s p è r e ? V o yo n s , J a cq u elin e, tu s a is b ien qu e tu
es ic i ch ez to i, e t j ’es p èr e qu e tu vie n d r a s m e v o ir
b ien s o u ve n t ? V eu x - tu q u ’on te fa s s e u n e ta s s e d e
tis a n e , s i tu es fa tig u é e ? Je te le rép ète, tu es
ch ez to i. D u m o m e n t q u ’u n e d e n ou e a fa it son!
n id , c’es t p o u r les a u tres . C ’é ta it co n ven u a in s i !...
E n fin , l’in s titu tr ic e p u t s’a r r a c h e r à s on a m ie,
d on t l’in s is ta n ce ¡ ’h o r r ip ila it.
Q u a n d elle fu t d a n s le fia cr e, a u x côtés d e Ju
lie n :
— O u f ! E n v o ilà a s s ez ! Q u elle s a le s o ir ée ! L es
m o n tr a it- e lle a s s ez, s es d ia m a n ts e t ses p e r le s !
L es a- t-eTle a s s ez fa it a d m ir e r , ses ta b le a u x et s es
s ta tu es !
— D a m e ! C ’es t s u p erb e, ch ez elle, fit M or ta n e.
— N a tu r e lle m e n t, q u a n d on m et le g r a p p in su il
u n h om m e q u i p os s èd e d ou ze à q u in ze m illio n s !
— O u i, c ’es t u n e vein e !
J a cq u elin e n e r é p liq u a r ien . E lle se m o r d it les
lèvres , p ou r n e p a s r ép o n d r e, p a r ce q u 'il n e lu i v e
n a it qu e des m ots cr u els et m ép r is a n ts .
E lle h a b ita it a vec M o r ta n e, u n lo g e m e n t a u
d eu x ièm e éta g e d ’u n e a s s ez jo lie m a is o n d e la r u e
M oza r t.
L e q u a r tie r é ta it a r is to c r a tiq u e ,' tr ès coqu et, la'
m a is on b ien ten u e. L ’a p p a r tem en t, d e q u a tr e (piè
ces, éta it lou é en m eu b lé et, p a r con s éq u en t, n e
p r és en ta it p a s u n b ien g r a n d lu xe.
C ep en d a n t, ü eû t s u ffi à b ien d es m én a g es a is és
et a u r a it a u tr e fo is com b lé les r êves d e fille tte d e
l'in s titu tr ic e d e C h in on . M a is a u s o r tir d e cette r é
cep tion féer iq u e, g a r d a n t a u x ye u x le s c in tille
m en t d u c o llie r d e B é r a n g è r e et a u x o r e ille s lo
b r u it jo y e u x d e la m u s iq u e et d es r ir es , J a cq u elin e
tr o u va lu g u b r e s on log is .
E lle c o m p a r a it s on ex is ten ce à c elle d e s on a n
cien n e a m ie. D ’u n côté, le v r a i lu xe, le s ch eva u x de
d ix m ille fr a n cs , la fo r tu n e a s s u rée, les rob es et
les ch a p ea u x d es p r e m ie r s fa is e u r s ; d e l ’a u tr e, la
lu tte p o u r les p etits p la is ir s p iteu x , les b ijo u x b on
m a r ch é, le lo g em en t étr o it q u i in te r d is a it les r é
cep tion s , e t la v ie a u x côtés d ’u n h om m e ta r é ,
d écon s id ér é, s a n s la m o in d r e ch a n ce d e se r e le ver .
L e s a lon s en ta it le m ois i, la ch a m b r e é ta it g la cée.
E lle a r r a c h a 6 a rob o et s es ju p on s , je ta ses b o tti
n es , fu r ieu s e. E lle se cou ch a s a n s d ir e u n m ot.
J u lien n ’eu t p a s b es oin d e l’in te r r o g e r , il com
p r e n a it la ca u s e d e cette colèr e. A u s s i le le n d e
m a in , q u a n d il la cr u t u n ipeu a p a is ée, il lu i
ex p liq u a :
— E cou te, J a cq u elin e, je fa is ce qu e je p eu x. S u r
les q u a r a n te b illets d u vic o m te F e r n a n d e z, j ’a i
p a y é d es d ettes cr ia r d es ...
— H é ! Je n e te d em a n d e r ien !
— 3e tien s à t’ex p liq u e r . J’a i p a yé s ix m o is d ’avfm ce, ici, je t’a i a ch eté p o u r h u it m ille fr a n cs ...
— O u i, h é 1 ou i ! fit- elle d ’u n ton ob s éd é. Je s a is
b ien qu e lu es p a u vr e I
11 se r é v o lta :
— P a u v r e ! J ’a i d ép en s é q u in ze m ille fr a n cs eni
u n m ois p ou r toi... Q u i en eû t fa it a u ta n t ? B ér a n g èr e es t tom b ée s u r u n e a ffa ir e te lle m e n t e x cep
tion n elle...
— O u i. A h ! elle a d e la ve in e , c elle - là !
Il n ’éta it p lu s q u es tion d e tu er J u lien qu i n e l’a i
m a it p lu s , d e se m ettr e a vec lu i, de se fa ir e p a s s er
p ou r s a fem m e. E lle v o u la it être a u ta n t qu e B ér a n Kèno, te n ir le r a n g qu e lu i a s s ig n a ien t p on in te lli
g en ce et s a b ea u té !
E t d u r a n t q u a tr e jo u r s , h a r celée p a r le s ou vecelle qu i a v a it réu s s i, elle a s s om m a J u lien
< ses r e g ie ts d e n ôtre p a s fêtée, r ich e, en viée.
'Gs jo u r n a u x a va ie n t céléb r é la n o u ve lle é to ild
levée au ciel p a r is ie n ; ils a va ie n t p a r lé d u s ou p er
d e cr é m a illè r e , d é c r it la to ilette do B é r a n o è r e
d on n é les d é ta ils a lléc h a n ts d e la « t e “ e , a n g e ie ’
J a cq u elin e, le cœ u r étr ein t, se r é p é ta it qu e j a
m a is elle n e c o n n a îtr a it ces jo ies , ce tr iom w h e !
J u lien de M o r ta n e, én er vé, fin it p a r lu i d ir e •
— E cou te, J a cq u elin e, il res te en cor e h u it m ille:
3' — B e ine b
dû
Par
is .
33
<=3*
fr a n cs . S i tu n e p eu x êtra h eu reu s e q u ’à con d itio n
d ’êtr e e n ved ette, je va is les jo u e r . S i je g a g n e ,
n ou a fer o n s la g r a n d e fête. S i je p erd s ...
E lle h a u s s a les ép a u les s a n s d ir e n on .
C lém en ce e t s on a m a n t v in r e n t p a s s er u n e s oi
rée. Ils n e se d is p u ta ie n t p lu s , ceu x - là ; L o u is , s ou
m is , ob éis s a it à tou tes les vo lo n té s de s a m a îtr es s e;
m a is il y a va it là , p lu s qu e ch ez les M o r ta n e, la
m is èr e lou ch e, l’in q u iétu d e d u len d e m a in et a u s «i
le d é s ir d ’écla b ou s s er B é r a n g è r e , le b es oin fou d «
fa ir e p a r tie d e ces h a u ts fê ta r d s , q u i s ’a m u s a ien i
d a n s l ’a d m ir a tio n a h u r ie d es m is é r e u x p ein a n â
p o u r vivo te r .
C es ja lo u s ie s s ’ex a s p é r è r e n t les u n es les a u tres .
L es d eu x cou p les fin ir e n t p a r s e d ir e q u ’ils n e p o u
v a ie n t d em eu r er a in s i ; il fa lla it r is q u e r u n cou p .
D ’a b or d , l’a r g e n t d u p a in m a n q u e r a it b ien tô t I
E t p u is , q u a n d on a s ig n é u n fa u x ù F e r n a n d e «
Y v e l, on n ’a p a s le tem p s d ’a tten d r e ! 1 1 fa u t s*a*m u s er fe r m e et vite , p a r ce q u ’on p eu t s e r é v e ille r
u n m a tin e n tr e d eu x g en d a r m e s !
O u i, i l fa lla it en fin ir a vec la m is èr e d orée.
L o u is d e C a s a n o, le r a s ta q u o u èr e, a v a it l o g i
C lém en ce, r u e C la .p eyron , ch ez u n e v ie ille d a m «
co m p la is a n te — oh ! com b ien ! co m m e eû t d it D es b ois telles — q u i a v a it to u jo u r s u n e ch a m b r e à p r ê
te r à u n e jo lie fem m e d a n s l ’em b a r r a s .
C e d e r n ie r cou p le é ta it p lu s g ên é qu e le p r e m ie r ,
m a is m o in s en fiellé, m oin s en r a g é.
L a ru e M o za r t n ’es t p a s lo in d e la ru e d e La.
F o n ta in e. A u s s i, J a cq u elin e v o y a it- e lle p a s s er,
d a n s s on cou p é é lég a n t, s on a m ie B é r a n g è r e , q u i
lu i e n v o y a it u n g r a c ie u x s a lu t d e s a m a in fin e g a n
tée d e b la n c.
U n e fois , elle fit a r r ê te r la vo itu r e , ¡p ou r b a v a r
d e r u n m om en t a vec l ’in s titu tr ice.
— O n n e te v o it p a s ! P o u r q u o i n e vien s - tu p a »
m e v o ir d a n s m on p e tit h ô te l ? T u s a is b ien qu e je
te s u is d évou ée, s i tu a s d es en n u is , je s e r a is r a v ie
d e t ’a id e r à les tr a ve r s e r ! J u lien d e M o r ta n e v a
to u jo u r s b ien ? C lém en ce a u s s i ? A llo n s , n o u j
a von s réu s s i to u tes les tr ois , ta n t m ie u x !
J a cq u elin e r é p o n d it :
— T u es tr o p a im a b le , je s u is tr ès occu p ée. Je
ch er ch e u n h ô tel d a n s le g en r e d u tien , m a is m ieu x
p la cé...
— B on n e ch a n ce !
L es (leu x a m ies s e q u itta ien t, B é r a n g è r e h eu
reu s e d ’a v o ir m o n tr é en m êm e tem p s le lu x e d e s on
in s ta lla tio n et la b on té d e s on â m e ; J a cq u elin e
s en ta n t g r o n d e r d a n s s on cœ u r tou te la ga m m a
d es co lè r e s fém in in es .
C om m e ils le d is a ie n t tou s , ça n e p o u va it p a a
d u rer !
A v o ir u n a n p o u r s’a m u s er, êtr e à la m er ci d ’u it
F e r n a n d e z Y v e l, e t p a s s er cette a n n ée à se q u e r e l
le r d a n s u n lo g e m en t g a r n i, c’éta it tr o p b ête !
A lo r s , J u lien p r it u n e r és olu tion . U n s oir , d a n »
u n tr ip o t, a y a n t g a g n é u n p eu , il se tr o u va , a ve c
ce q u i r es ta it d es fon d s d e l ’u s u r ier , à la tôte d «
vin g t- d e u x m ille fr a n cs .
I l la is s a cen t ü ou is à J a cq u elin e, e t p a r tit p ou ?
r is q u e r l a g r a n d e vein e.
M o n a c o é ta it tr o p lo in , et p u is il y a v a it d éjà !
p er d u , il n ’a v a it p a s con fia n ce.
I l se r e n d it d on c à N a m u r .
L à se tr o u ve u n cer cle, u n p eu p lu s fe r m é qu e
celu i d e M on te- C a r lo, où on jo u e le m êm e jeu ,
a vec u n e ch a n ce d e p lu s , p u is q u e des a ffich es a n
n o n ç a ie n t qu e l ’a d m in is tr a tio n ve n a it d e s u p p r i
m e r le zéro.
A r r iv é à c in q h eu res d u s oir , J u lien se fit p r és en t
te r e t fu t a d m is s u r s a ca r te Ile vis ite.
D a n s la s a lle d e je u où s’a lig n a ie n t les g r a n d « »
ta b le s ve r tes d e r ou lette et d e tr en te et q u a r a n te,
il r e s p ir a a vec p la is ir cet a ir fr e la té ; il e n te n d it
a vec jo ie le cliq u etis do l ’o r r a tis s é p a r le cr o u p ier ,
la vo ix n a s illa r d e d es em p lo yé s d u cer cle, r é p é ta n t
m a c h in a le m e n t :
— 17, n o ir , im p a ir e t m a n q u e ; 36, r o u g e, p a ir et(
�c?0
34
pn ;o ; p r e m ie r , r ou g e, im p a ir et m a n q u e ; 10,
n o ir , p a ir et m a n q u e !
A u to u r ries ta b les d e tren te e t q u a r a n te, u n e tr i
pla h a ie d e jou eu r s .
U n p on te r is q u a it ch a q u e fo is s ix b illets d e m il le,
et il a va it u n e p a s s e s u p erb e. D e va n t lu i s’em p i
la ie n t d es b illets b le u s .; à côté d e ces b illet*;, des
lou is ,
d es p la q u es d e cen t fr a n c s , des b illets
«o c o r e .
E t ici, la m êm e vo ix m o n o to n e r é p é ta it :
— F a ite s vos je u x m es s ieu rs . R ien ne v a p lu s .
S ep t, tr ois , d ou ze g a g n e et cou leu r . F a ite s vos
js u x , m es s ieu rs . R ie n n e va p lu s . U n , d ix , r ou g e
p erd et co u leu r g a g n e. F a ite s vos ¿eu x. L es je u x
ju iit fa its '! R ie n n e va p lu s 71
...
J u lien r is q u a u n b tftet et g a g n a , la is s a les d eu x
e t g a g n a en cor e. Il la is s a les q u a tr e et g a g n a .
I-ï eu t e n vie d e r eto u r n er à P a r is a vec son g a in ,
fe a is le jo ite u r es t r ivé a la ta b le de jeu com m e u n
fo r ç a t à s on b ou let. Il res ta . E t il p er d it s on b én é
fice, p u is tr ois , >piiis d ix b illets d e m ille.
Il a lla à la r ou lette, p ou r jo u e r p etit jeu , p ou r
fa ir e d u r e r la p a r tie. L à , il g a g n a u n peu , p er d it
b ea u cou p . A s ep t h eu res , lo r s q u ’il s o n g e a à d în er ,
il lu i r e s ta it s ix m ille fr a n cs .
Il p a y a sa ch a m b r e d ’a va n ce, p r it s on b illet d e
ch efh in d e fer, d écid é à r is q u er s on d e r n ier sou .
Il le ris q u a , et le p erd it.
C e fu t u n e d e ces s ér ies d e g u ig n e où r ien n e
réu s s it, où le n o ir s or t q u a fid on jo u e rou ge, et
p a s s e lor s q u 'on jo u e m a n q u e, où l ’on s en t q u ’on
va p er d r e a va n t d e jo u e r .
L a lè vr e tr e m b la n te d e r a g e, le g o s ie r s er r é, les
yeu x b r o u illé s à fo r ce d e r e g a r d e r la rou lette et la
b ille to u r n a n t en s en s in ver s e, l'a lig n e m e n t des
c a fte s au tr en te et q u a r a n te , les n e r fs ten d u s à en
c r ie r , il a s s is ta a u d ép a r t, s ou s le râ tea u in d iffé
ren t du cr o u p ie r , d e son d e r n ie r lou is .
A lo r s , il s o r tit et d a n s la ch a m b r e d e s on h ôtel,
il se p r o m e n a d e lo n g en la r g e , com m e u n lio n en
ca g e.
L e le n d e m a in s oir , il éta it à P a r is .
E n en ten d a n t son p a s d a n s l’es c a lier , J a cq u e
lin e d e vin a q u ’il a v a it p er d u ! 11 fû t ven u p lu s
vite, p lu s lé g e r ! C e p a s lou r d et p én ib le lu i é ta it
h a b itu el lo r s q u ’il a v a it u n e m a u va is e n o u ve lle à
a p p or ter .
— T u a s p er d u ?
— T o u t ! Il m e res te tr o is fr a n c s et d eu x sou s.
— F lû te ! C ’e * t ig n o b le I
— E n effet.
— A lo r s , q u oi ?
.
Il h a u s s a les ép a u les d ’u n g es te qu i s ig n ifia it :
je n é vo is p lu s q u i n ou s s o r tir a d e ce p é tr in !
— T u a s fa im ?
— O u i.
— A s s ied s - toi et d în on s !
L e r ep a s fu i lu g u b r e. V e r s la fin , L o u is d e C iïs a n o et C lém en ce a r r iv è r e n t p ou r a v o ir des n ou
velles .
— A h l c'es t d ég o û ta n t, fit la s œ u r d e J a cq u elin e
en a p p r en a n t le rés u lta t d e la ten ta tive. C 'es t id io t
la vie h P a r is . E t p en d a n t ce tem p s , B é r a n g è r e se
p r éla s s e d a n s d es a p p a r tem en ts p r in cier s .
E lle
d on n e en cor e u n e fête ce soir. P a r fa ite m e n t 1 E lle
n.- n ou s a p lu s in vitées , b ien en ten d u I
— C o ta it Io n la p r e m iè r e fols , p ou r n ou s é c la
b ou s s er !
« J ’a i p a s s é, en venant., d e va n t l ’h ôtel. E c la ir é
a i/ io rn o ! F leu r s p a r tou t 1 V oitu r es d eva n t
la
p orte 1 l ’ n e n oce !... H a ru e I e lle a r a is o n 1 A s a
p la ce, j ’en fer a is a u ta n t ! »
L es d eu x jeu n es g en s eu s s en t vo lo n tie r s fa it
ta ir e ces b a va r d es , d on t les p la in tes - éta ie n t si é lo
q u en tes et si cr u elles . Ils n 'o s èr en t pas.
1 lit la s oir ée ue p a s s a à e x a m in e r u n e s itu a tio n
nW. iilu iTien t la m en ta b le.
l
e l e n d e m a i n , vera d ix h eu res d u m a tin , J u lien
le M o r ta n e éta it s orti p ou r u n e s u p rêm e ten ta jVfi a u p r è s d 'u n c a m a r a d e d e c o llè g e qu il es p é
R a i n es d e T a r i s
r a it ta p er d e q u elq u es b ille ts b leu s p o u r a tten d r e
d es jo u r s p lu s p rop ices .
J a cq u elin e g r o m m e la :
— J ’y va is ! T a n t p is ! C 'eu t lu i q u i m 'a p r i«4
d e r e to u r n er le v o ir !!
E lle s ’h a b illa d e s a p lu s b e lle rob e et s or tit. U »
fia c r e p a s s a it. E lle y m o n ta en d is a n t a u coch er ;
— ‘R u e d e T é h é r a n I
E lle a lla it ch ez F ern a n d e/ . Y v e l,
11 é ta it ch ez lu i, le p e tit h om m e a u x ye u x cr u els ,
a u s o u r ir e féroce.
H r eçu t to u t d e s u ite J a cq u elin e, e t m êm e a ve «
em p res s em en t.
— V ou s êtes b ien g e n tille d e s o n g er à m oi. V ou s
n e s a ve z p a s le p la is ir qu e vou s rae fa ite s !
E lle cru t, d e b on n e foi, q u 'il éta it a m o u r eu x
d ’elle, et s on s o u r ir e p én ib le p r it u ne n u a n ce d e
ten d r e en cou r a g em en t.
S i l ’u s u r ie r v o u lu t d é c la r e r sn fla m m e, il ne
p o u va it c h o is ir u n ; . .’’¡ e » r fiw.ii?«- »* I
— N on , ce n ’était, p a s cela ■!-• îo iit !
— Je p en s e s ou ven t à vou s p a rce q u e j ’es p ère
q u e vou s d écid er ez *j.-s a m is à m ’éco u ter lor s q u e
je leu r p r o p o s er a i... I l n ’a p lu s , le s ou , b eiiï,
M o r ta n e ?
— il d o it n ou s r e s te r s ix cen t cin q u a n te fr a n c i
s u r les q u a r a n te m ille.
— V ou s a lle z b ien I
— O n e s p ér a it g a g n e r ... A lo r s , je s on g e à ve n ir
vo u s d em a n d e r u n con s eil.
J1 se m it à rire.
— D ites d on c à m e d e m a n d er d e l ’a r g en t. C ’est
b ea u cou p p lu s vr a i.
11 r éfléch it u n m om en t.
— M on D ieu ! ch èr e m a d a m e, je n e d em a n d e
q u ’à en p r ê ta i en cor e à ces m es s ieu r s q u i s on t
m es a m is .
— Ah !
— Je leu r d o n n e r a i à ch a cu n cin q u a n te m ille
fr a n cs .
— A ch a cu n ?
— O u i, j ’a i fa it u n e ren trée. Il y a là d a n s m on
b u r ea u cen t b illets d e m ille, en lia s s es do d ix . Ils
n ’o n t p a s d e d es tin a tio n , et je n e vois p a s p ou r
qu oi je n ’a id e r a is p a s M o r ta n e et C a s a n o q u i s on t
g e n tils et (p ii tr a ve r s e n t u ne m a u va is e cris e.,,
E lle le r e g a r d a it s tu p éfa ite.
—- E n co r e cen t m ille fr a n cs ?
Il se m it à r ir e.
— LO u i, en cor e cen t m ille fr a n cs ! O h ! au tr a in
où Vou s a llez, ça n e d u r e r a g u èr e I L es cin q u a n te
p r e m ie r s V ou s ont, fa it cin q ou si.t s em a in es ... à
p ein e I M es p a u vr es cen t b illets vou s fe r o n t d on c
d eu x m ois et en cor e I
E lle éten d it la m a in .
— C ette fois , je vou s ju r e qu o n ou s em p lo ier o n s
cet a r g en t...
I l a r r ê ta la tir a d e :
— V ou s en fer ez ce q u e vou s vo u d r e z ! Q u a n d jo
p r ête d o l ’a r g en t, je n ’a i p a s p ou r h a b itu d e d e 1«
s u ivr e lo r s q u ’il tr a ve r s e d es m a in s a m ies . Ç a
s e r a it vila in .,, et in u tile ! V ou s p o u r r ez, lo jo u i, le
s o ir m êm e...
E lle in te r r o g e a :
— C ette fois , q u ’a lle z vou s d em a n d e r à J u lien
p o u r vou s c o u v r ir d e cette s om m e ?
E lle se s o u ve n a it q u 'il a va it la it p a y e r ios p r e
m ier s c in q u a n te m ille fr a n cs d ’ u n e fa u s s e s ign u tu re.
T r a n q u ille m e n t, F e r n a n d e * r ép liq u a :
— Ils le ve r r o n t b ien I D ites leu r qu e je I 0 9
a tten d s cet a p r ès - m id i, ver s q u a tr e h eu res , Je
le u r co m p ter a i cin q u a n te m ille fr a n c s à ch a cu n ,
en leu r m o n tr a n t les con d ition s .
J a cq u elin e, d em eu ra it, là , clou ée, s a n s tr o u ver
r ien a u tr e ch os e à d ir e , s tu p éfa ite, h eu reu s o et
a n g ois s ée.
E lle se r en d a it com p te q u ’elle s 'e n fe r r a it à fon d
q u ’elle les m etta it tou s d a n s u n e s itu a tion a tr o c e '
L e s ye u x du l'u s u r ie r b r illa ie n t d e tr o p m a u -
�^
33
Rei n es de T a n s
va in es - lu eu rs , s on s ou r ir e é ta it tr o p h id eu x p ou r
q u ’il y eû t u n d ou te là - d es s u s . S û r em en t, cet
h om m e, d on t le b a ron D es b ois telles a va it d on n é
u n e si ex a cte d éfin itio n , ce m is ér a b le, r ed ou ta b le
com m e la p es te, h yp o cr ite et v il, a v a it com p té
s u r J a cq u elin e p ou r m ettre J u lien d e M o r ta n e et
.L ou is d e C a s a n o à s a m erci.
11 es p é r a it qu e les a m b itio n s , les ex ig en ces d e
J’h is feitu trice o b lig e r a ie n t
les d eu x
g e n tils h o m
m es d é jà ta rés , à v e n ir ch er ch er ru e d e T é h é r a n
l'o r m a u d it, l ' o r u ifAxp e et s a n g la n t q u ’o n p a io
a ve c la h on te et le crim e.
E t, en effet, c ’éta it b ien p ou r J a cq u elin e, p a r
J a cq u elin e, q u e s ’é ta it fa it cet em p r u n t, et q u e se
fe r a it celu i d e ce s oir !
C a r ils vie n d r a ie n t, ces d eu x h om m es , ils vie n
d r a ien t [tou sses p a r leu rs m a îtr es s es , p r ê ts - à tou t
.p ou r d o n n er a u x s œ u rs M o n vel u n p eu d e ce
qu elles s o u h a ita ien t à tou t p rix.
A la fin , P e r n a n d e z Y ve l se le va , et J a cq u elin e
d u t se r e tir e r s a n s en s a vo ir p lu s lon g , s a n s en
d em a n d e.r d a va n ta g e.
A son r eto u r ru e M o za r t, elle tr o u va J u lien et
lu i r a co n ta s a vis ite. M or ta n e eu t u n fr o n cem en t
'le .s ou rcils in vo lo n ta ir e . S i tou le a u tr e .fem m e ¡V ü t
j'ité a in s i, p res q u e m a lg r é lu i, d a n s u n e a ve n
tu re p a r e ille , il l ’.eù t m is e à la p orte vio lem m en t.
.M a is J a cq u elin e é ta it ■tejrrible ; il a v a it eu d es
torts en ver s elle. Il p lia .
— B on , j ’ir a i I fit- il.
is d éjeu n èren t,. A p r è s le ca fé, M o r ta n e p a s s a
ch ez L o u is d e C a s a n o, ru e d e la B ien fa is a n c e.
L a m a n t d e C lém en ce é ta it p r éven u p a r u n télé•giviifU !!“ . Il a tte n d a it son .ca m a ra d e.
A q u a tr e h eu res , tou s d eu x se r e n d ir e n t ch ez
I U s u rier.
l ' i j-ruLudez les r eçu t a vec s a c o r d ia lité h a b i
tu elle.
M es c h e r s , a m is , fit- il, lo r s q u ’ ils fu r e n t tou s
a s s is , et a vec u ne cer ta in e s olen n ité, m es ch ers
au.us, il p a ra ît qu e vou s êt.cs ^ éiiés en ce m om en t,
et qu e m a d e r n iè r e a va n c e n ’a p a s s u ffi à vou s '
d on n er le rep os et les jo ie s q u e je v o U s .s ou h a ita is .
■Te va is d on c vou s a id e r en core, en vou s con fia n t
à ch a cu n cin q u a n te m ille fra n cs .
— C 'es t u n e s om m e I fit L ou is :
— P eu h ! d it ] 'u s u r ier , çu d ép en d .
M a is J u lien :
— C om m en t .es p érez- vou s q u e n ou s n ou s a cq u it
ter on s en ver s vou s ? Je vou s d e vr a i, p ou r m a p a rt,
p lu » d.e cent, v in g t m ille fr a n cs , et vou s êtes trop
h a liile p ou r m o H r e s u r u n n u m ér o a u s s i a lé a to ir e
qu e le m ien . V ou s a u r iez a u ta n t de ch a n ces do
r en tr er d a n s vo tr e a r g e n t en jo u a n t à l a r o u le tte
►i n vm .- r o p lein .
L u s u r ier s a va it q u ’ il é ta it in u tile d e fin a s s er
■ivec d es g a illa r d s p om m e ceu x ci.
— C est. ce qu i vou s tr o m p e , fit- il. Je s u is à p eu
ir e s t‘pr t.» i n qu e vou 3 sert'/, r ic h e s h'ieritiVt I
M ol ?
— ITou s les d eirx I
— M f.i a u s s i ? ^ c r i a C a s a n o.
— V ou s s u ri on t, vou s le p r em ier !
L e ru.vta ri y c r o y a it g u è r e
— M fi„ je d e vie n d r a i r i r f » b ien tô t •?
—, T r è s rich e I
— P ou r q u oi Y
J Æ
A
B éa tr ix T n f n l o t t i T 18 '
1 )tir i’ s e
* 'u n a a t d e l;i com tes s e
L e r n s la ne p u t s ’em p êch er d o r e m a r q u e r — V o u s s a vez ç a ?
1
— E t b ien d 'a u tr e s ch os es en core I
— Je rie s a va is p a s q u 'e lle fin si r ich e rem - ir
qu a t- ij. Je s u is m êm e p er s u a d é q u ’e lle n ’a n a s là
lib r e g es tion ...
— Tin effet, ce n'esJt p a s cl le qu i es t si rich e
c ’es t .<\on m a r i, le r o n d e A n fa io tti, celu i d on t nw trê
0X11' J u lien d e M o r ta n e a im ité la s ig n a tu r e.
=5*
B s com m en cèr en t à co m p r en d r e la r e la tio n ex is
ta n t en tr e le p r êt et le fa u x , à d e vin e r ce q u e c h e r
c h a it F er n a n d ez.
— O ù se tr o u ve d on c cette for tu n e ? in te r r o g e a
C a s a n o. Ils n e p os s èd en t en F r a n c e qu e le u r h ôtel
d e la ru e d e V ig n y .
— E t r ien en Ita lie.
S ’a p p r o c h a n t en cor e d e ses a u d iteu r s , et b a is
s a n t la vo ix p o u r se fa ir e m ie u x c o m p r e n d r e,
l ’u s u r ier :
— D ep u is p rès d3 h u it m ois , je m ’occu p e d e ce
m én a g e, et lo r s q u 'u n h om m e com m e m oi tr a v a ille
h u it m ois u n e id ée... V o ic i ! L e com te d e m e u r a it
p r ès d e la S p ezzia , en Ita lie . I l é ta it p a u vr e , in d is
cu ta b lem en t p a u vr e..
« Il v iv a it a vec s a fem m e, q u i le h a r c e la it, e n r a
g e a n t d e v o ir s a b ea u té se p e r d r e d a n s les r och es
d es A p en n in s . »
— G or g on e, ou i, c ’cs t cela , fit L ou is .
— P u is u n cr im e fu t com m is d a n s les en vir o n s .
U n jo a illie r , fu t a s s a s s in é, et, du cou p , les A n fa lo tti fu r e n t rich es .
— A ïe I
— P o u r ex p liq u e r le u r fo r tu n e, ils en ta s s èr en t
d es m en s on ges . L e m a r i a lla à V ien n e, où il fit
s em b la n t d e jo u e r d a n s les cercles , p ou r a v o ir le
d r o it d e d ir e q u ’il a v a it g a g n é. L a com tes s e p r é
tex ta u n h ér ita g e. J ’a i p r is m es in fo r m a tio n s : le
ccu nte p e r d a it et la fem m e n ’ h ér ita pas. P o u r fa ir e
ta ir e le s ou p on , ils tiren t co n d a m n er u n m a lh e u
r eu x b r a ve h om m e, et a lor s , cer ta in s d e l ’im p u
n ité, vin r e n t à P a r is .
— 11 y a h u it m o is ou d ix ?
— E n effet. Ils a ch etèr en t l'h ô te l d e la r u e d e
V ig n y et m en èr en t g r a n d tr a in . O r, p o u r p a y e r ,
le com te ve n d a it d es p erles .
— D es p er lea i?
— O u i, d es p e ile s .fines. I l en a ven d u p o u r tr o is
m illio n s , s oit en B e lg iq u e , s oit en A m é r iq u e , p a r
co r r es p o n d a n t a n g la is .
— T r o is m illio n s I
— F.l il d o it lu i en r es ter a u m oin s s ep t ou h u it
fo is a u ta n t, c a r u n o u v r ie r l’a s u r p r is d is a n t à s a
fem m e, com m e ils se c r o ya ie n t s eu ls , et q u ’elle
h é s ita it à co m m a n d er u n em b ellis s em en t à s on
hO tel : « N e t ’in q u iète p a s , il y a en cor e h u it fo is ,
a u m oin s , d e ce q u e tu s a is . »
— C ’é ta ie n t d es p er les V
O u i. Ils n ’on t ja m a is fa it d ’a r g e n t a vec a u tr e
ch os e ! M oi, p ou r les filer , j ’a i d ép en s é b ea u cou p
d ’a r g e n t, et d u g é n ie ! M a is je s u is s u r, à p r és en t,
q u ’il? o n t vo lé u n e ca s s ette co n ten a n t p o u r u n e
v in g ta in e d e m illio n s , p eu t- être tr en te, d e p e r le s
fin es.
— V in g t m illio n s I
C a s a n o jo ig n it les m a in s , J u lien d e M o r ta n e
é 'x .u fa it a vec a n x iété.
L ’u s u r ie r r ep r it :
—- il va s a n s d ir e qu e je veu x m a p a r t d e ce g â
tea u . C e n 'e s t p a s p o u r vou s s eu lem en t q u e j ' a i
tr a v a illé .
— N o u s le cr oyon s .
— J ’a i b e s o in d e vou s . C ette ca s s ette d o it ê tr e
ca ch f'c et d é fe n d u e m erveiTleu s crw on t. I- e com te
est. très Tort, il s a it q u ’il s er a a tta q u é. s t il a dO
pt;en.1:e !•
? Jeu p r é u iu lio n s p os s ib les .
— ,F.ïi effet.
— T e n te r T a T le r à lu i p ou r le o?; i d ’u n e fa ç o n
n o r m a le, p a r la m en a ce ou la Hn.— e, es t fo lie. Il
se m éfie trop , il fa u t to u jo u r s p r e n d r e les g e n s p a r
le défa u t, d e la c u in r e. L a s ien n e a u n e s eu le
fê lu r e : il es t a m ou reu x .
— D e s a f- - i ' " ! ! I
__ D e s.i ’ ¡..m e. P a r ift.
le tie n d r o n s p eu têtr e I P a r lù , n ou s fl.r
:
.. à
ca s s ette q u e
n ou s p a r ta g e r o n s en d eu x, u n e m o itié p ou r vou s ,
u n e m o itié pou r rnoi. VI d o it y a v o ir v in g t o u tr e n te
m illio n s , je vou s le rép ète.
C e c h iffr e le u r fa is a it h o r h er la tête.
O h I r ep r it- il, vou s n e s a u r ez ja m a is ce cma
�Rei nes de Pa r i s
36
j ’a i d ép en s é d e tr a v a il e t de ta le n t p ou r en a r r iv e r
à s a vo ir ce q u e je vou s ex p liq u e en d eu x p h ra s es !
Il y a s ix m o is q u e je n e p en s e q u ’à c e la ! J ’a i fa it
in te r r o g e r tou s les g en s d e s on en to u r a g e ; j ’a i
m oi- m èm e v is ité les e n vir o n s d e G or g on e. Je s u is
cer ta in d e ce q u e j ’a va n ce, s o it p a r d es cer titu d es
m a tér ielles , s o it p a r d es d éd u ction s log iq u es . 11
d o it y a v o ir , d a n s u n e ca ve d e l ’h ôtel m êm e d e la
ru e d e V ig n y . — je con n a is l ’o u v r ie r q u i a tr ip lé
les p or tes d e la ca ve, — u n c o ffr e t co n ten a n t u n
lo t fa n ta s tiq u e d e p erles .
— V ou s n ’a v e z p a r lé à p er s on n e ?
— A p er s on n e ! S i je m ’en o u vr e ù. vou s , c’es t
qu e j ' y s u is o b lig é.
— M erci.
— D a m e ! Je n e tien s p a s à p a r ta g e r ! S eu le
m en t c ’es t vo u s q u i a u r e z les p r e m ie r s la ca s s ette.
J u lien g o g u e n a r d :
— E t s i n ou s r efu s io n s d e co u p er la
p o ir e en
d eu x ?
— E t le fa u x b ille t ? r ip o s ta l ’u s u r ier .
Ils se m o r d ir en t les lèvr e s . U s é ta ie n t p r is I
S 'ils r efu s a ien t d e p a r ta g e r , Y v e l les fe r a it a r r ê te r
le s o ir m ém o, s u r la p la in te d u com te A n fa lo tti, fu
rieu x d ’a v o ir été v o lé e t a lla n t ju s q u ’a u b ou t d e s a
ven g ea n ce.
Ce n e s e r a it p a s s eu lem en t l'u s u r ie r m o n d a in
qu e les v iv e u r s a u r a ie n t à leu r s trou s s es , m a is en
core l 'I t a l ie » ex a s p ér é, ca p a b le d e tu e r ses vo le u r s
d ’u n cou p d e p is tolet, p u is q u 'il n 'y a v a it p a s à
d ou ter , le fa u x b ille t in d iq u a n t le v o l d es p er les .
— G !) ! d it F er n a n d e!!, je vou s tien s b ien ! vo ic i
lo n g tem p s qu e je p r é p a r e ce cou p ! V ou s s erez r i
ch es , m a i;' m oi a u s s i, ou b ien vou s g o û te r e z les
jo ie s de la cou r d ’a s s is es !
— Il es t in u tile d e n ou s p a r le r a in s i, r e m a r q u a
M o r ta n e. X ou s vo u s d o n n er o n s la m o itié .
— D ’a ille u r s , je s er a i là q u a n d vou s r e c e vr e z la
en s s ette. Je n e vou s q u itte p lu s .
S on g es te d e vin t im p ér ieu x .
— S u r tou t, a va n t tou t, il n e fa u t p a r le r d e ceci
à p ers on n e ! R a p p elez- vou 3 qu e si vo u s d is iez u n
s eu l m ot. u n s eu l, s u r cette a ffa ir e , à vos m a îtr e s
ses, to u t s er a it p erd u ! E lle s n e p o u r r a ie n t s 'em
p êch er d e p a r le r , d e r êve r , d e m o n tr e r à la fem m e
d e D es b ois telles , p a r ex em p le, leu r s es p ér a n ces I
V ou s êtes à u n â g e où l’on c o n n a ît a s s ez la vie
p o u r qu e ie n 'in s is te pa s.
— In u tile , en effet.
— Q u a n t a u x m oyen s p o u r p a r ve n ir , ils d ép en
d en t d es évén em en ts . Je p u is vo u s a ffir m e r qu e la
ca s s ette e^t vis é e p a r d ’a u tr es q u e n ou s .
— Ah !
— M a is q u e s eu le la com tes s e es t d e ta ille à l’en
leve r . P a r eile, on p o u r r a l’a vo ir . C ’est, d on c le
rôle d e C a s a n o d e d é c id e r M m e A n fa lo tti à la v o
le r p o u r fu ir ...
Il a p p r o u va :
__ ¿ ’es t u n e id ée ! E lle m ’en a p a r lé I Je r e fu
s a is , m o i... S i j ’a va is su !...
— S a n s a r g e n t, ce s e r a it d e la fo lie. E lle vou s
p r o p o s a it l ’éte r n e lle fu ite à C yth èr e, d on t l’id ée
r a v it les fem m es d e tem p ér a m e n t q u i o n t p a s s é la
tr e n ta in e . C e n ’es t p a s ç a q u ’il fa u t ! V ou s p o u r
r ie z la d é c id e r à p a r tir a vec vou s , et la ca s s ette
e n tr e v o u p d eu x. N e lu i en p a r le z p a s , p a s p lu s
q u 'a u x a u tres , m a is fa ite s a llu s io n à vo tr e gên e.
D ites - lu i, p a r ex em p le :
« — A h ! si n ou s étio n s r ich es , com m e n ou s p a r
tir io n s en s em b le ver s d es p a y s lo in ta in s I »
— Oui ! Oui !
— E lle fin ir a p a s vou s d ir e : je s e r a i r ich e et
n ou s p a r tir o n s . E lle es t fo lio d e vou s .
L ou is de C n ?a r.o p r it u n p etit a ir m od es te :
- - E lle a u n p ép in ; c’es t s û r. D e là à êtr e fo lle ...
C ’es t é g a l, je cr o is q u ’e lle m a r c h e r a , la ca s s ette
com m e o r e ille r !
I.'u s u r ie r a c h e va d ’e x p liq u e r :
— U n e fo is q u ’elle s era votre com p a gn e,
vou a
n ou s a p p eller ez, M o r ta n e et m o i, et n ou s vo ler o n s
la voleu s e.
— C e s er a fa c ile , d it J u lien .
— E t on vou s g a r d e r a vo tr e p a r t, e n vir o n q u a
tr e ou cin q m illio n s !...
— O h ! je la g a r d e r a i b ien s a n s vou s ! fit- il.
U s s e m é fia ie n t tou s tr o is , fin a s s a n t com m e de3
m a q u ig n o n s .
— Q u elle d r ôle d ’h is to ir e ! d it en fin M o r ta n e.
C om m en t L o u is n ’en s a va it- il r ien ?
— O h ! la com tes s e n e lu i p a r le p a s d e ces
vile n ie s ! E t p u is , e lle n ’a p a s la c le f ! E lle n ’a p a s
la ca s s ette, s a n s cela , elle n ’a u r a it p a s la is s é s on
a m i C a s a n o d a n s la d étres s e où n ou s l ’a von s vu
p a r fo is s’e n lize r !
— Je l’es p ère ! fit le ra s ta .
— N o n . L e com te a s eu l la clef, le s ecret d e la
ca is s e. S eu lem en t, lor s q u e la com tes s e a u r a d é
cid é d e fu ir a vec s on a d or é, elle s’a r r a n g e r a . O h !
je n e s u is p a s em b a r r a s s é d e cela !
I l r és u m a :
— A in s i, vou s com p r en ez b ien ! c’es t tr ès c la ir !
Je .vou s a ffir m e qu e m es r en s eig n em en ts s on t de
p r e m ie r ord re. Je vou s d on n e la for tu n e. Je vou s
ex p liq u e ce qu e je p ren d s d e co m m is s ion : 50 p ou r
cen t. Je vou s ju r e qu e s i vou s m e la refu s ez, u n e
fo is n a n tis , vou s s er ez a r r êtés ou p o u r s u ivis ipav
le com te et p a r m o i ! T o u t es t d on c b ien vu , b ien
r é g lé ! O n p eu t se m ettr e à l’œ u vr e b ien tôt. Q u e
C a s a n o p os e les p r e m ier s ja lo n s dès d em a in .
— V ou s p ou vez y com p ter , m o n
ch er F e r n a n d ez.
M o i, d e m on côté, je v a is vo u s p a r ta g e r cen t
b illets d e m ille et vou s fa ir e s ig n e r l’a cte d e p a r
ta g e de n o tr e fu tu r b u tin .
L es d eu x a m is d u r en t s ig n e r u n e d é c la r a tio n
q u i r e co n n a is s a it à F e r n a n d e z Y v e l la m o itié des
s om m es q u ’ils g a g n e r a ie n t à eu x d eu x, d a n s les
d eu x a n n ées q u i s’o u vr a ie n t. M es u r e d e p r é ca u
tion , c a r le c o n tr a t n ’a v a it g u è r e q u ’u ne v a le u r
m o r a le . C ela s u ffis a it... a vec le fa u x ! A lo r s l'u s u
r ie r p a r ta g e a la m a n n e, d o n n a à ch a cu n c in
q u a n te m ille fr a n cs .
E n s u ite, il leu r s e r r a la m a in , et les r eco n d u i
s it ju s q u 'il la p orte, p o u r le u r r eco m m a n d er la
d is c r é tio n la p lu s a b s olu e et 1 a ction vive , p r es
s a n te . p u is q u ’il y a v a it d ’a u tres a s s a illa n ts .
11 fa lla it d écid er la com tes s e. E lle s ’a r r a n g e r a it
tou jou r s . E t u n e fo is qu e la m a itr es s e de L o u is
s e r a it en p os s es s ion d es m illio n s , on les tie n d r a it
en u n to u r d e m a in , d û t- on con d u ir e la b ello I ta
lien n e a u b ord d ’u n p r écip ice où elle a u r a it le
ve r tig e .
L o r s q u ’ils s o r tir en t de la m a is o n d e la ru e de
T éh é r a n , J u lien et s on ca m a r a d e r e s p ir è r e n t p lu s
à l’a is e.
A u fon d , ce q u i a r r iv a it éta it b ien p lu s in té r e s
s a n t et b ien m oin s d a n g er eu x qu e ce q u 'ils a va ie n t
p révu . Ils s é ta ien t im a g in é d es crim es , des m eu r
tr es , ils p en s a ien t qu e I u s u r ier le u r d ic te r a it u ne
b es ogn e in fâ m e m on s tru eu s e. C ’éta it fo r t s im p le.
A u cu n
r is q u e . L t d es j u il iio n s e n c a s d e r éu s s ite .
E t on r éu s s ir a it.
1
pas
^
vr a im e n t les p er les éta ien t ¡V
h ôtel A n fa lo tti
et F ern a n d e?, n e se tr o m p a i
!!
la com tes s e les v o le r a it p o u r fu ir a vec
a d or é L o u i s , c a r e lle éta it fo lle do s o n b ea u
so n
C asan o .
L u i, C a s a n o, p r é fé r a it C lém en ce M o n vel. E lle
l ’a m u s a it, r ia it ri u n g r o s r ir e g a i, a im a it lu fóto
v u lg a ir e , les p a r ties do p la is ir b ête, la n oce e n d ia
b lée. E lle l’é m o u s tilla it, lu i m e tta it des fr is s on s
s ou s la. p ea u .
L ’a u tr e, a u co n tr a ir e, la com tes s e B é a tr ix v éta it
à s on id ée tr o p d is tin g u ée, tr o p tr is te, tr o p ’ fière.
A u cu n a m u s em en t n e l ’e n tr a în a it ; elle v o u la it rie
l ’a m ou r, riu v r a i, d e celu i q u i fa it c r is p e r les
d o ig ts et le ve r les yeu x ve r s la voû te b leu e E lle
e x ig e a it le3 s erm en ts d ’éter u ollo fid élité les étr oiu -
�R e i n e s d e “P a r i s
tes fo lle s ... E lle lu i p es a it, m a is il la g a r d a it tou t
de m ôm e, fla tté a u fon d .
E t p u is , b ien q u 'elle n ’eû t p a s la c le f de la c a s
s ette a u x p er les , e lle g lis s a it, d e tem p s à a n tr e, u n
b ilioi de b a n qu e s ou s le b u va r d d e L o u is , lo r s q u ’il
s ’éta it p la in t d e la n o ir e g u ig n e , ou q u ’il a v a it
p a r le ou r e to u r n e r d a n s s on p a ys — s a n s ja m a is
d ir e d ’où il ven a it.
D ’a ille u r s , il é ta it d e ta ille à g a r d e r B é a tr ix et
C lém en ce, s a ch a n t, d a n s s a fa tu ité d e b elià tr e,
qu e ces fem m es l ’a im e r a ie n t d a va n ta g e si elles
a p p r e n a ie n t s on d ou b le jeu .
L a ca u s er ie d e J u lien et d o s on a m i p r it d on c
u n e tou r n u r e g a ie. Ils e n tr e vir e n t le s a lu t, la
g r a n d e for tu n e.
I I 3 se d ir e n t q u ’on tr o u v e r a it b ien le m o y e n d e
c a r o tte r F e r n a n d ez, u n e fo is q u ’on tie n d r a it l e
c o ffr et !... A p r ès tou t, a u s s i b ien , on ir a it v iv r e a
l ’étr a n g er .
O n v e r r a it ! •
,
L e s oir , lo r s q u ’ils r en tr èr en t ru e M oza r t, ou les
a tten d a ien t les d eu x s œ u rs , ils é ta ie n t p r es q u e
r a d ieu x .
— D ia b le I Ç a a réu s s i ?
— P lu s qu e tu n e p en s es ! E n a tten d a n t, v o ic i
cin q u a n te b illets b leu s , et, ce s oir , on s ou p e !
— C b ou ette ! fit C lém en ce, la vie es t b elle !
V III
L u cette r es ta q u a tr e jo u r s s a n s v e n ir s’in fo r m e r
d u r és u lta t d es d ém a r ch es im p os ées p a r elle.
U n s oir , ver s h u it h eu res , elle fra p p a , à l'a te lie r
d e la r u e d e V a u g ir a r d .
L u d o vic se tr o u v a it a vec G a b r iel P o n ta r lie r .
J a cqu es éta it ven u le m a tin , q u elq u es m in u tes .
S a n s d ou te, il é ta it ch ez lu i a u tr a v a il, ou à r ê
va s s er à C lo tild e... ou à O r fa .
L a s œ u r du r o m a n c ie r e n tr a s a n s fa çon s , et s a
jo lie tête b lon d e m it u n r a y o n d a n s l’a telier .
— B o n s o ir , m o n s ie u r L u d o vic . B o n s o ir , m o n
s ieu r P o n ta r lie r I
— M a d em o is elle...
L e s cu lp teu r se p r é c ip ita p ou r lu i o ffr ir la ch a is e
r em b ou r r ée.
— N o n , je n e fa is qu e p a s s er. J’a i u n m o t à vou s
d ire.
— Je m e s a u ve ! fit G a b r iel, c o m p r en a n t qu e ce
n ’était, p a s lu i q u ’o n v e n a it ch erch er.
— N o n ! s ’é c r ia L u cette. P a s a va n t q u e vou s
m ’a ye z r a co n té vo tr e vis ite ch ez le com te A n fa lo tti !
A ce s o u ven ir , le b r a ve g a r ç o n so r ed r es s a c o m
m e ipris d ’u n e cris e d 'h a llu c in a tio n .
P la n té d eva n t la jeu n e fille, ses g es tes p r en a n t
u ne a m p le u r d ém es u r ée :
— M a d em o is elle, vou s r e n o u ve le z la. h on te do
m on ex is ten ce, la p lu s 'fo r m id a b le d es h on tes . Ils
m 'o n t s or ti ! U s m 'o n t s or ti com m e u n p a q u et do
lin g e s a le !
— Qui ?
— L e m a îtr e , le com te A n fa ... fa lin i... fa lia r d in i...
— A n fa lo tti.
,.T 7 ^
SfcS d e,]X va le ts , d es d es cen d a n ts d e G o
lia th et d es T ita n s .
— F ic h tr e ! fit L u d o vic.
— Je ten a is m on p o ig n a r d c a la b r a is , p r ê t
à
ven d r e ch èrem en t, m a vie, et. j'a u r a is com p té co m
b ien il faut, d ’ ita lie n s p o u r a v o ir la p ea u du R e m
p a r t de M o n ta u b a n ; ils s on t ven u s p a r d e r r iè r e ,
‘es lâ ch es ! U s m ’on t s a is i, ils m ’on t je té s u r le
tr o tto ir ! H eu r eu s em en t, p ers on n o 11 ’é ta it la I...
Je s er a is m o r t d e h on te... n on p o u r m oi, q u i m ê
ve n g e r a i, m a is p ou r m a g lo r ie u s e cité, d o n t jo s u is
le p r em ier fils tr a ité d e la s orte !
1
H s’e x a lta it, se p o s a it a u m ilie u d e l ’a te lie r , le
j p o in g levé, m im a n t la s cèn e a vec u n e telle c o n vic
tio n a u e M ois s a c se p lu ça d e va n t le D i o g i n c d ’a r-
37
<4®
g.ile p o u r le p r o té g e r con tr e les ges tes de s on a m i.
— D ia b le ! a lo r s vou s a vez été vio le n t ?
— M o i ?... d ou x, lé n itif, s u cré, m ielleu x , p om
m a d é ! J’éta is s i en ch a n té de cette p r e m iè r e a ffa ir e
qu e je m e fa is a is p etit, qu e je s em b lá is en d u it de
b eu r r e p ou r m e g lis s e r d a n s l’in tim ité de cet I ta
lien ! M a v o ix c â lin e a v a it d es in to n a tio n s de jeu n e
fille a vo u a n t s on p r e m ie r a m ou r ... M a is , jo u r de
D ieu ! ce .n ’es t p a s fin i ! J’y r e to u r n e r a i, d a n s ce
rep a .ire, je les r e tr o u ve r a i, ce va u to u r et ces fa u
ves ! J’a u r a i m a r e va n ch e ! ,Te les tie n d r a i a u s s i
et je les écr a s e r a i, je les p ié tin e r a i, je les éch a p
p e r a i, je les a p la tir a i, je les d éco u p er a i, je les
a n é a n tir a i ! A h ! m a is ou i !
L u cette a p p r o u va d e la tête en s o u r ia n t :
— E t vou s , m on s ieu r L u d o vic ?
— Ç a s’es t fon t b ien p a s s é. L a d a m e a fa it u n e
m ou e d e d éd a in d eva n t m es m eu b les , u n e g r i
m a ce d e p la is ir à l a vu e d e m on m e n d ia n t de
g la is e et m ’a p r op os é d ’a lle r à G o r g o n e. Je lu i a i
r ép on d u a vec s u r p r is e qu e j ’éta is d é jà e n g a g é p o u r
ce v illa g e ... E x p lic a tio n , colèr e fo lle d e la d a m e,
qu i es t p a r tie en m ’a ffir m a n t q u e je s er a is b r o yé.
Je n ’a i ja m a is v u u n e h is to ir e où il s oit p lu s
qu es tion d ’écr a s em en t q u e d a n s celle- ci. C h a cu n
veu t b r o y e r ses en n em is .
A ce m om en t, G a b r iel s e s o u vin t à p o in t d 'u n
r en d ez- vou s a vec u n p r ofes s eu r q u i c h e r c h a it de
l ’a r g e n t p o u r in s ta lle r u n e u n iver s ité la n g u e d o
cien n e et p r o ve n ç a le à P a r is , et il se s a u va , la is
s a n t s eu ls les d eu x fia n cés .
L o r s q u ’on eu t en ten d u la p o r te de la r u e se r e
fe r m e r , L u cette d it, tr ès v ite :
— V ou lez- vo u s m ’a cco m p a g n er , m o n s ieu r L u
d o vic ?
— V o lo n tie r s .
— P r e n e z v o ir e p a r d es s u s et vo tr e ca ch e- n ez. Il
fa it fr o id et vo u s r e n tr e r e z ta r d .
— N o u s a llon s loin ?
— C h ez n ou s . Je veu x vou s p r é s en te r a u p èr e dé
C lotild e.
— C elu i q u i es t m or t ? s’écrin - t- il, s tu p éfa it.
E lle s ou rit.
— A celu i q u i es t m ort. I l tien t à vo u s vo ir . Je
s a va is qu e J a cqu es n ’é ta it p a s ch ez vou s , je l'a i
d e m a n d é ' à la co n cie r g e, s a n s q u oi je n e s era is
p a s en trée. V ou s êtes p r ê t ? V ou s s a vez, s a n s fa
çon s . O n p r e n d r a u n e ta s s e d e th é... N ou s n e lo
g eon s ipas d a n s u n p a la is !...
Il sc h â ta , et en s em b le ils s o r tir e n t. U s no d i
ren t r ien ju s q u ’à la s ta tion de vo itu r e s d u b ou le
va r d M on tp a r n a s s e.
L à , L u cette p r it u n fia cr e, p u is m o n ta à côté
de l’art,isite, to u t rem u é d e ce vo is in a g e d a n s le
cou p é r o u la n t et les is o la n t 'à tr a v e r s P a r is . Il
d it :
— V ou s m e fa ite s u n p la is ir in fin i. M a is e x p li
q u ez- m oi p o u r q u o i M . B a r e n tin , — il v it ! je m ’en
d o u ta is ! v r a i, je l’a u r a is d e vin é b ien tô t ! — p o u r
q u oi le p èr e d e M lle C lo tild e veu t m e v o ir , m oi et.
lio n les a u tres . Il n e me. c o n n a ît p a s p lu s q u ’eu x ?
— P a r c e qu e vo u s a ve z fa it u n e h eu reu s e im
p r es s ion s u r M . R o in b er g .
— Q u ’es t- ce
qu e
c ’es t
qu e
ça ,
M.
R om b erg ?
— C e je u n e h om m e b lon d ch a rg'é d ’e n v o y e r G a
b r ie l P o n ta r lie r ...
— I.e S u is s e ?
— L e S u is s e. C ’es t ch ez lu i q u e s e tr o u ve M .
B a r e n tin , le p èr e d e C lotild e. E t i l vou s in vite de
p r é fé r e n c e a u x a u tres p o u r p lu s ieu r s ra is on s .
— P u is - je les c o n n a îtr e ?
__ C ertes I M . B a r en tin et s on a s s ocié R o in b e r g ,
p o u r s u iven t u n e œ u vr e te r r ib le et ju s te, d 'où p eu t
s o r tir p o u r eu x — et p o u r leu r s a m is — u ne fo r
tu n e én or m e. S eu lem en t, l’a ffa ir e es t très d élica te.
O n vou s ¡’ex p liq u e r a tou t à l’h eu r e. P o u r la m e
n o r à b ien , n ou s a von s b es oin d ’a id es s ér ieu x et
d évou és , s olid es et. d is crets . O r, M . G a b r ie l ef-t
tr o p ... d e M on ta u b a n , tr o p en ges tes et en cr is
�*4 ?
38
trop je u n e s u r tou t. M on fr è r e es t u n n évr os é j a
lou x. d e n a tu r e in q u iète et s u b tile, c u r ie u x p a r
in s tin ct. I l a d u ta len t, d u cœ u r, d e L’e s p r it ; n ia is
its d é fa u ts d e s a r a ce la tin e lu i n u is en t b ea u
cou p .
— Je s u is I.a tin a u s s i !
— M a is d e Ut b on n e .es p èce ! Q u a n d les T o u lo u
s a in s s e m etten t à êtr e b ien , ils s on t ex cellen ts .
V ou s a ve z l'a p lo m b da n. la vie, le ca lm e m o r a l et
p h ys iq u e n éce s s a ir e p ou r réu s s ir.
— O h ! m a d em o is elle !
— E t j 'a i p r om is vo tr e con cou r s à. u n e m is s ion
a u s u ccès d e la q u e lle j ’a i, m oi, vo u é m on ex is
ten ce, et qu i, s a n s ris qu es ,, p eu t n ou s a s s u r er , à
n o u s d eu x , la. fo r tu n e s olid e p er m e tta n t d e v iv r e
s a n s l’in q u iétu d e du len d em a in . J.e p en s e qu e, si
les ch os es to u r n en t b ien , on vou s d o n n er a it, à
vou a , q u a tr e oû c in q cen t m ille fr a n cs .
— V ou s d ites ?
— Q u a tr e o u c in q cen t m ille fra ncs- , et à m o i le
d ou b le. D e la s or te, vo u s p o u r r ie z p r od u ir e des
c h e fs - d 'œ u vr e... et ép ou s er, la- jeu u e ü lie q u i vou s
p la ir a it. . .
E lle te r m in a s a tir a d e p a r u n s o u r ir e g r a c ie u x ,
r e g a r d a n t d u coin
d e l ’œ il le je u n e h o m m e
s tu p é fa it.
•— Je p o u r r a is a v o ir u n d e m i- m illio n , m o i ?
— D ’ici q u elq u es m ois ...
q u elq u es
s em a in es ,
p eu t- êtr e...
— C ’e s i in o u ï !
— S eu lem en t, d a m e ! il fa u d r a s 'y a tte le r ! n e
p a s r is q u e r s u r to u t d.’é b r u ite r les s ecrets . O n se
fie ¿1 vou s ; il fa u t qu e ce s o it b ien d é lica t p ou r
q u ’on h és ite à a c ce p te r J a cq u es et M . P o n ta r lie r .
— C in q cen t m ille fr a n cs ! E t j ’ép o u s er a i
la
fem m e d e m o n c h o ix ?
— Je le p en s e. Il est p eu d e jeu n es filles- r e fu
s a n t u n m a r i à la fo is r ich e e t d é c o r a tif.
— S i la jeu n e fille p os s èd e le d ou b le, q u ’elle s oit
b elle com m e le 'jo u r et d ou ée com m e u n e fée L .
— E lle se la is s e r a te n te r p a r vo tr e ta len t. Je
co n n a is la jeu n e 01 le, m oi ! Je vou s a ffir m e q u ’elle
a c c ep ter a vo lo n tie r s V otre m a in !
E lle r it plu,£ f o r t
L u d o v ic , rem u é ju s q u ’a u x m oelles , n ’o s a it p a r
ler , p o u r n e p a s e ffa r o u c h e r s a jo ie .
L u c e lte p a r la p ou r lu i.
P e n d a n t le tr a je t, elle e x p liq u a au s cu lp teu r les
jo ie s en tr evu es a p r ès le tr io m p h e d ’u n e lu tte com
m u n e.
L e q.u n rtier d orm a it, d ep u is lon g tem p s lor s q u e
le fia c r e s ’a r r ê ta d eva n t u n e m a is o n d e la. r u e d u
P o te a u . .__
C ette m a is on , d e tr ès m od es te a p p a ren ce,, com m e
tou tes c elles de cette V oie o u vr iè r e , p o s s éd a it un
tou t p etit ja r d in s u r la ru e.
r.a g r ille s 'é ta it o u ver te a u x n o u vea u x ven u s ,
qu i e n tr è r e n t et r e fe r m è r e n t la p r e m iè r e p orte,
a p r è s a v o ir p a yé le coch er.
L u c e tte et L u d o vic tr a ve r s è r e n t la m a is on n ette,
p u is u n a u tr e ja r d in et. a r r iv è r e n t à u n p a villo n
en fo u i en tr e d eu x m u r a illes , ca ch é a u ta n t qu e
p eu t l’êtr e u n e ca b a n e.
M . R o m b e r g é ta it s u r lo s eu il, la m a in ten d u e.
— M o n s ie u r M ois s a c, fit- il, s o ye z le b ien ven u
ch ez n ou s .
— M o n s ie u r !...
U n e p ièee é tr o ite et, à côté, une: u n peu p lu s
va s te, où ne tr o u va ie n t d eu x fem m es et u n h om m e.
L es fem m es , é ta ie n t G lotiU Je el, M ys tèr e ; l’h om m e,
le p èr e d e C lo tild e, M . B a r cn tin .
C elu i- ci p a r a is s a it, a v o ir u ne c in q u a n ta in e d ’a n
n ées . II é ta it a s s ez g r a n d et p o in t tr o p tou ch é p a r
I* .
iî c o n s id é r e r s es ch eveu x n oir s et sa b a rb e
à p e in e g r is e
m a is il d e v a it a v o ir s ou ffert, te r r i
b lem en t.
,
O n lis a it ceh i d a n s ses y e u x en fièvr es , s u r s e»
tr a its é m a cié s et ja u n es , tir é s p a r la d ou leu r , s u r
io n fr o n t r id é, d a n s s a p os e a cca b lée b ris ée.
D ’a ille u r s , il p o r ta it u n b r a s en éch a r p e, et. en
R e i n e s de V a r i s
^
vo u la n t se le ve r p o tlr r e c e v o ir s on h ôte, il d u i
s’a p p u ye r s u r la ta b le d e r r iè r e la q u elle i'1 se te-*
n a il d a n s u n fa u te u il de in a .la de.
— M esdeanoiselies l lit M oissa c, en s a lu a n t Cîotid e et son amie...
— M o n s ie u r !
— M on p ère 1 dit. C lotild e.
On s’a s s it. M . B o m b e r g p rès d e l’a n cien b ijo u
tie r d f N ic e ; les forâ m es k côté d e L u d o vic.
— Ma. joie, d ’ètre reçu p a r vou s es t d ou b lée dfe
celle d e vo u s v o ir b ien p o r ta n t... et m êm e viva n t,
fit ce d e r n ier à M . B a r e n tin .
C om m e
tou t
1«
m on d e, je vou s c r o ya is m o r t, vic tim e d » vo tr e
p r o b ité.
L ’a u tr e s ou rit.
— Je n e s u is p a s b ien p o r ta id , ch er m on s ieu r,
il s’en fa u t d e p a s m a l d e b les s u res et d e m a la
d ies . M a is je n e s u is p a s m o r t, c'eu t tou t ce qu e
je p u is a ffir m er .
— M on p ère a éch a p p é p a r m ir a c le à u n a te n
ta tiv e d 'a s s a s s in a t.
— E t a u r ég im e du b a gn e, a jou ta , le S u is s e.
L u d o vic cru t d evo ir e x p liq u e r :
— D ’a p r ès le r é c it d e G a b r ie l et d e Ja cqu es , et
a u s s i en les r a p p r o ch a n t d es a veu x d e la comtes*--«,
je cr o is c o m p r en d r e q u e M . B a r e n tin a v a it u n e
a s s ez b elle fo r tu n e et q u ’il a été d ép ou illé- p a r le
com te A n fa lo tti, d é p o u illé com m e p a r d es b r i
g a n d s . C ette fo r tu n e éta it d a n s u n e ca s s ette, des
p er les fin es ...
— C ’es t ce la ! D ’a ille u r s , je va is , en tr o is m ots ,
vo u s m ettr e a u cou r a n t. J’éta is éta b li b ijo u tie r à
N ic e, fo r t h eu reu x en tr e ma- fem m e et a ta fille-,
q u a n d le h a s a r d me- fit fa ir e con n a is s a n ce, d a n s
cette v ille cos m op olite,
d ’u n
A m ér ica in - p o itr i
n a ir e ven u p o u r se s oig n er . C et A m é r ic a in m e r a
con ta . q u ’il a va it, an fa is a n t <iea, s on d a g es a u tou r
d ’u n Slot lu i a p p a r ten a n t,, tr o u vé n u b a n c d’ftrt!tr es p e r liè r e s d ’u n e rich es s e in ou ïe. R ien n'e&t
m o in s e x tr a o r d in a ir e . 11 doit y a v o ir d a n s PO céon
cen t coin s d e roch ers , où- d o r m e n t ces m ollu r.i;a es ,
rep r és en ta n t des s om m es fa n ta s tiq u es .
— E n effet.
__ j,a p e r le es t u n b ea u jo y a u , m a is s a B a rété
fa it sa v a le u r , r o m m « il a rriva - p ou r ta n t ,.
ch os es d e ce m on d e. A u s s i, m on A m é r ic a in , a p rès
a v o ir m is s u r le- m a rch é- de C in cin n a ti p m r tr o is
m illio n s d e p e lle s , vit- il ce b ijo u tom b er en d is
cr éd it. On se m éfia . Il c o m p r it qu e s’il v o u la it tir e r
u n b on p a r ll fie s a rich es s e, il d eva it, la ca ch er.
— N a tu r e lle m e n t
— E t il m e p r op os a de m e fa ir e le d ép o s ita ir e
d e ses p er les , (p ie j ’éçou ler a is d e m on m ieu x , a vec
p r u d en ce, en E u rop e.
(( P o u r n e p a s - é ve ille r de. s ou p çon s , j ’eu.- l’ i dé e
d e ca ch er ce d ép ôt en Ita lie , d a n s u n r a vin p erd u
IL
D e lii, a s s ocié a vec M . i’.om b ergv n ou s r a ya
ra yon n e»
rion s en A u tr ich e, en A lle m a g n e , en S u is s e,
en
F r a n c e , etc. C ’éta it p r ès d e G o r g o n e.
— C e c o m ty A u ia lott.i p o s s é d a it u n ch â te a u d a n s
les e n vir o n s ?
— O u i. 11 a p p r it, je n ’a i ja im a is su com m en t, la
v a le u r én or m e c o n fié « h m es ¿joins. H a b ilem en t, ii
m e fit c r o ir e (p ie m on tr és or r is q u a it q u ek p iP
ch os e d a n s s a cn çh elte. E t u n jo u r , com m e j'e m
p o r ta is la .c a s s e tte b on d ée de penles p ou r p r er o ir i
u n e v o itu r e à G or g on e ot fu ir en S u is ««, je £ut
a s s a illi p a r tr o is h om m es , gu e o m ir et, .b u - , de
pe.s va lets . Ils me, la is s èr en t évin o»),!. d a n s rut r a vin
a vec d ix cou ps- ( t e p o ig n a r d d a o e 1er, côtes , la
b ra s d r o it fr a ca s s é, la ja m b e ga u ch e fermée. C er
ta in em en t, ils m e cr u r en t m o n .
— B r a ve s gen s !
__ (.’lu s d e h u it h eu res a près,, je m e r é ve il! • ?4
l'h A p ita ) (Le la S pozaia., s ou s la a u n r c îU a u c e ije la»
poliice.
— D e la p olice I
__ O u i, lofsqMû ' le cñ ia lu el' a ---p p r itiv8
qu
e j;» vi
Al!5
enc
icore, il m ’"tccn sa de l'a vo ir att!ij<pj>(» pou r le
v o
1er
r ; il fou rn it dns preu ves, dos témoins- ! m
n t: mafc
�39
R e i n e s d e 'P a r i s
g u é r i, je fu s con d a m n é a u x g a lè r e s ! L ee ju g es
éta ien t a cq u is à m on a d ve r s a ir e ,
p a yés
sans
d ou te. J’é ta is é tr a n g e r , il a v a it la p a r tie h elle,
m on a s s a s s in .
— V ou a n 'a ve z p a s r a con té vo tr e h is to ir e ?
— C ela m ’é ta it im p os s ib le.
— P o u r q u o i d on c ?
— P a r c e qu e l’A m é r ic a in m 'a v a it d it :
h Je vou a a d ju r e de ne ja m a is liv r e r l a v é r ité i
» S i on vou s vo le, n e vou s p la ig n e z p a s ; si on
» vo u s a r r ête, n e v o il s d éfen d ez p a s , c a r le jo u r
» où vo tr e r é c it s e r a it im p r im é , con n u de tou s , 1»
» v a le u r des p er les to m b e r a it à lie n . Je s er a is
« r u in é, m oi, p ou r a v o ir eu con fia n ce en vou s . A
» a u cu n p r ix on ne d o it s a vo ir q u ’u n h om m e p eu t
» je te r s u r le m a r ch é d es b a r ils , des ton n ea u x de
“ p erles . >i II a ia .it r a is on . C ’éta it à ce p r ix qu e
{ ’a ch eta is s ou a s s ocia tion . Il m ’o ffr a it d es m il
lion s con tr e ce s erm en t, .le le fis et je le tin s !
L e p ère de C la tü d e d is a it ce la a vec u n e tr a n
q u illité h ér o ïq u e ; s a M ie le r e g a r d a it a vec u ne
joie p r ofon d e, u ne a d m ir a tio n ex ta tiq u e. L u cette
écou ta it les m a in s join tes . L e n a r r a te u r r ep r it :
— Je tin s ce se-neneut. M a is j ’en fis u n, m o i ! Je
m e ju r a i de m e ve n g e r , d e r ep r en d r e m on b ien et
de to r tu r e r celu i qu i m 'a va it fa it p a s s er p o u r u n
vo leu r , qu i m e je ta it a vec d es b r ig a n d s et d es in?
cen d ia ir es , d a n s u n b a g n e d 'Ita lie , les ¡p ires d e
tou s, qu i m e c o n d a m n a it à u n e v ie a troce.
S e» yeu x s ’a llvirn èreiit à ce s ou ven ir .
— Ce qu e j ’a i s o u ffer t 1 O h ! n on ! n u l n e le s a it.
O n n e s’im a g in e p a s ce qu e p eu t s u p p o r ter u n e
ca rca s s e h u m a in e ! B les s é, le b ra s in er te, r o n g é
p a r des cica tr ice s n on s oig n ées , la ja m b e tr a în a n t
à ter r e, la p ea u - tr ou ée com m e u n cr ib le, to u jo u r s
r â la n t la fièvr e, a vec des ca u ch em a r s é p o u va n ta
b les , si fa ib le qn e h : ne m ’im a g in a i« pa s a lle r plu s
d e d ix m ois , s ou s les in ju r es et les cou p s , b à torm é
p a r les ga rd e- ch iou ræ a es , c r e va n t d e fa im , g r e lo t
ta n t au s o le il de ju ille t, e i m a lh eu r eu x qu e je
d eva is , p ou r m ’- em p êch cr d e céd er à la te n ta tio n
de m e b r is er la tête co n tr e les m u rs , m e Tép étor :
Je d ois m e ve n g e r 1
11 es s u ya s u r s on fr o n t d es g ou ttes d e s u eu r.
— D eu x ch os es m e to r tu r a ie n t en core p lu s : île
•sou venir d e m a fem m e, 1’.a vernir d e m a fille. A lo r s
j'e u s l ’id é e n éfa s te, h éla s ! d e fa ir e d ir e qu e ¡j’é ta is
m or t I Jo vou la is , a in s i, q u e le n o m d e m a fi lie n e
fftt p a s sala p a r. ce rep r och e : « C'est, la fille d ’u n
fo r ç a t ». Je fis r a c o n te r à N ic e q u e je m ’ôta is n oyé
d u h a u t d’u n e don fa la is e s d e 1» S p ezzia , et des
tém oin s c e r tifiè r e n t ce fait., d es c o m p a g n o n s d e
p r is on q u ’on litièr e à c o n d itio n de s ’é ta b lir à
l ’é tr a n g er .
— M m e D a r en tin n e p u t s u p p or ter la n ou vcllo,
d it R o m b er g . E lle m on rut, b ien tôt.
— E t m oi, je m e r é fu g ia i à T ou lou s e, a jo u ta
C lotild e.
L u d o vic d em a n d a :
— « U y a lo n g tem p s 'q u e vou s a ve z p u vo u s s a u ve r ?
— D eu x m ois . G r â ce à M . R o m b er g , m on a s s o
cié, q u i m ’a cr u u n m a lh on n ête h om m e.
— J a m a is !
— S i, si I E t à ju s te titr e, p u is q u e a p r ès a v o ir
o r g a n is é n otr e com m er ce, lu i a v o ir a s s u ré u n e fo r
tu n e, je d iep a ra tes tü s en e m p o r ta n t les p erles . Je
pu s in i é c r ir e , du b a g n e, lu i e x p liq u e r la vé r ité . 11
n hfiiiita p a s . il vin t d em eu r e r p rès d e la y r i s on .
Ban ver, fu ir I Je rue s u is
m » r-.il n r
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S
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H n
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, o u lo ‘‘ s e ' m e ca ch a n t com m e u n
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M on
P r e m ie r " » &
J c.m o s ou vien s 1 C ’ est vou s q u e vo tr e fille et
s a cou ai no a lla ie n t v o ir d a n s les fou r s d e la fer m e
des P la ta n e s , c ’es t à vou s q u ’elles p o r ta ie n t ces
p r ovis ion s , qu i on t ta n t in tr ig u é J a cq u es
a u s s i, je l ’a vou e ! Je co m p r en a is va g u e m e n t n u ’ i
y a va it u n e ra is on g r a ve , q ,ie n ou a a ilr )o n j* , ‘
n ou s fig e n o u ille r d eva n t ces d em o is elles an n «,,
O h ! qu e n ou s a vo n s été b êtes !
* 3*
— E t m e vo ic i à P a r is , con clu t le p èr e 4 e C lo
tild e p otu ' a r r ê te r cette con fes s ion .
'R és olu m en t :
— M on œ u vre com m en ce ! Je m e ve n g e r a i ! .le r e
p r e n d r a i a u m is é r a b le a s s a s s in m es p eriea , a
•!
n ’a s û r em en t ven d u q u ’u n e fa ib le p a r tie ! Je tien s
à d ir e à l ’A m é r ic a in : « V o ilà ce qu e vou s în ’tt.ey.
con fié. » Je tien s à d ir e a u com te : « T u m ’jie to r
tu ré e ffr o ya b le m e n t, tu a s r u in é m a fille et tu é
m a fem m e, m a is à m on tou r , je te to r tu r e !
« Ta. tille s e r a p lu s m a lh eu r eu s e qu e la m ien n e,
ta fem m e te ca u s er a d es s o u ffr a n ces et des h on tes
a b om in a b les . »
^
I l s ou rit.
— E n s u ite, cela ter m in é, je m e r e tir e r a i d a n s
m on ch litea u , a vec ceu x q u i m 'a u r o n t a id é, et ce
s er on t d e s jo u r s ’s a n s r id es , d a n s le lu x e et la joie.
P a r tr a ité , la m o itié d e lu ca s s ette es t à m oi, a v e
v in g t p o u r cen t a s s u rés à M . R o m b er g . •D’a illeiu s ,.
m on A m é r ic a in r e n o u ve lle r a m a p r o vis io n lo r s
q u ’il s a u r a ce q u ’il m 'e n a coû té d e te n ir m ou
s erm en t.
P o u r con clu r e :
— V ou s p ou vez d on c, m o n s ieu r M oissac,, vou s
m e ttr e a ve c n ou s s a n s in q u iétu d e. N o tr e - cau se
ju s te, s a crée. 11 y a u r a , a p r ès le tr io m p h e d e la
ju s tice, u n e ex is ten ce d e p a ix et do jo ie s .p r ofon d e»
a s s u rée à n ou s tou s.
A ve c u n s ou r ir e d ou x :
— E t en fin , le p lu s d és ir a b le d es b on h eu rs , celu i
d ’être à côté d 'u n e fem m e s i b elle et s i b on n e, qu e
n u lle...
— S i n ou s p r en io n s Je th é ? in te r r o m p it L u cette.
— Il es t l ’h eu r e !...
L e s je u n e s fille s s ’occu p èren t d e s o r tir les ta s s es
du b u ffet, d e ve r s e r le th é, d ’ a p p o r te r les liq u eu r s ,
d ’o ffr ir le s u ctc d a n s u n s u cr ier d e ve r r e , a r tic le
d e b a za r , et qu i s e m b la it p lu s la id en n ore en tr e les
d o ig ts fu s elés et ros es d e C lo tild e ou d e L u cette.
C a r M lle M ys tèr e la is s a it h ses com p a g n es le s oin
et l ’h on n eu r d es m a îtr e s s e s d e m a is on . E l!» d e
m e u r a it d a n s
s on
coin ,
tou jou r s
si ten s ion se,
é tr a n g e , e x tr a o r d in a ir e a vec su b e a u té - d e sphin'c-,
ses ye u x p r ofon d s , q u i c o n tr a s ta ien t a ve c s oi;
éter n el effa cem en t.
M ois s a c, a tte n d r i, u n e p etite la r m e u u coin de
l ’œ il, r e m e r c ia M . B a r e n ü n d e l ’ a v o ir ch ois i p eu r
lu i d o n n er u n r ô le d a n s ce d r a m e. Il éta it p r êt à
se d évo u e r cor p s et â m e a u p ros crit et a u ven d eu r .
Ce q u ’on lu i o r d o n n e r a it d ’a cc o m p lir , il l'a c c o m
p lir a it, il n e s ’o cc u p e r a it p a s île ce q n ’on vo u d r a it
lu i ca ch er. 11 s e r a it lo co m p a g n o n d évou é, m o
d es te et fier à la fois ... et p lu s ta r d , a p rès
le tr iom p h e, il n e d em a n d e r a it q u e le d r o it d e tr a
v a ille r (Je s on a r t a u x côtés d e l a fem m e d ep u is
lo n g tem p s élu o.
— B r a vo I d it le p ère.
M . R o m b e r g p r it à s on to u r l a p a r o le :
— P o u r l ’h eu re vo tr e rôle, m o n s ieu r iV R
ic,
s e r a d ’êtr e le con fid en t d e vo tr e a m i p . u r lk u ! et
do s a v o ir p a r lu i les d es s ein s d 'O r fa .
— O r fa ? D e la fille...
— D u com te...
Il
ex p liq u a it,
com m e l ’a va it fa it F en t.n s >Jt
Y v e l a u x d eu x g en tils h o m m es d éd o r és :
— J1 n e fa u t p a s s o n g e r il s ’e m p a r e r d es p ie r r e
r ies p a r la for ce, n i m êm e à p én étr er ju s q u 'a u x
ca ves , où s on t p eu t- être les p erles . N ou s w ri< w i*
d*B fou s en jo u a n t ce jeu . fl fa u t d é s a g r é g e r ceU *
fa m ille , se s e r v ir de ses s ottis es , d e s e » cr im es « t
d e s es p a s s ion s , p o u r lu i d on n er u n v e r tig e , a m e
n e r u n d r a m e d on t n ou s p r ofiter on s . ïI fa u t s a rtou t d éta ch er d u com te sa fem m e a d o r ée , ca r taaet
q u e cette fem m e s er a là , il n ’y a u r a r ien à es p é
r e r ! T a n d is qu e si elle se s a u va it, O r fa r e vie n
d r a it. E t O r fa est jeu n e, elle est s û r em en t ép ria o
d « M . D a r ta u d ... L a s itu a tio n ch a n g e r a it d u U u t
nu tou t.
_ C om m en t com p tez- vou s a g ir s u r le m é n a g o ?
E n e x cita n t la p a s s ion d e la com tes s e B éj*-
�40
R ei n es de P a r i s
trix, qu i a p ou r a m a n t u n ra s ta qu ou ère du n om
<*» Lo.u is d e C a s a n o.
- T ie n s I
— E lle en es t fo lle I A s on â g e , le s fem m es s e
n - a m p on n en t a u p r e m ie r — ou p lu tô t a u d e r n ie r
»e n u 'l S i e lle a v a it les p e r le s à s a d is p o s itio n , il
f a b ea u tem p s q u ’elle en eû t p r is u n e p a r tie et
filé a ve c s on L o u is I L e co m te s e r a p r é ven u d e ces
a m ou rs . N o u s ten on s d es le ttr e s q u e n ou s fer o n s
p o r te r a u m a r i... et à la fe m m e a u s s i, p o u r p r é p a
r e r la ru p tu r e, la r e n d r e in é vita b le . C ’es t le p r e
m ie r p oin t. Q u e la com tes s e B é a tr ix q u itte l ’h ôtel,
ch a s s ée ou fu y a n t a vec s on a m a n t.
— E t J a cq u es ?
— I l a ttir e r a à P a r is cette O r fa q u i n e p eu t p a s
n e p a s l ’a im er . D ’a illeu r s , la s er va n te d u ch â tea u
où e lle h a b ite n ou s tie n t a u c o u r a n t. E lle n e p en s e
p lu s q u ’à s on vis ite u r , s on p oète... E lle a d es livr e s
q u e je lu i a i fa it p a s s er ...
— E n effet... d e la s orte... C ’es t é g a l, a lo r s m a
d e m o is elle...
I l p en s a it :
— A lo r s , M lle C lo tild e a d m et cela ? E lle to lèr e
q u ’on je tte s u r les p a s d e s on fia n cé la p lu s b elle
fille d u m on d e, q u ’on l ’o b lig e à r o u c o u ler a vec elle
d es d u os d ’a m o u r ? 'C’ es t in o u ï ! C a r , à ce je u , il
a r r iv e r a ce q u i es t im m a n q u a b le, il s ’a m o u r a
ch er a d ’O r fa ! Je le co n n a is , m oi, J a cq u es I C ’es t
u n la tin a ffin é, n er veu x , in c a p a b le d e r és is ter à
u n e n tr a în e m e n t p a r e il !... A lo r s , C lo tild e v a r e s
te r là , r és ig n é e, s a c r ifié e ?...
M a is en r e g a r d a n t les d eu x h om m es , il c o m p r it
la r a is o n d e cet a ve u g le m e n t.
M . R o m b e r g n e s ’o c cu p a it p a s d e q u es tion s d e ce
g en r e. I l n ’a v a it p a s p lu s d e cœ u r q u e d e n erfs .
P o u r lu i, l ’a m o u r é ta it u n e a s s o cia tio n d ’in tér êts ,
où les effu s ion s in u tile s n ’e n tr a ie n t p o u r rien .
Q u a n t a u p èr e d e C lo tild e , il n e s o n g e a it q u ’à’
s on œ u vre.
Il
v o y a it u n m o ye n d e te n ir O r fa , d e la je te r
d a n s la m a is o n où é ta ie n t les p er les , ses p erles , et
il e m p lo y a it ce m oyen .
A ffo lé p a r d ix m o is d e b a g n e, p a r u n e v ie a b o
m in a b le, h a r celé p a r le d és ir d e p r o u ve r s on h on
n ête té à l ’A m é r ic a in , p a r le b es oin d ’a s s u r er la
fo r tu n e d e s a fille, il n e r é fléch is s a it p a s à s es s en
tim en ts d ’à côté. Ils n ’ e x is ta ie n t p a s p o u r lu i.
Il
se s e r va it d u ch a r m e d e J a cqu es , p a r ce qu o
J a cq u es s ’é ta it o ffer t. Il n e p o u va it s ’ir n u g in er qu e
s on fu tu r g e n d r e o u b liâ t a in s i u n e fille a u s s i a d m i
r a b le q u e C lo tild e et qu i a lla it d e ve n ir l ’h é r itiè r e
d ’u n e co lo s s a le fo r lu n c.
L e s cu lp teu r in te r r o g e a it d u r e g a r d L u cette et
tea cou s in e. L a p r e m iè r e s’o c cu p a it d u s er vice , la
s econ d e é ta it tou te à u n o u vr a g e d e b rod erie.
M a is L u d o vic d e v in a it s u r le fr o n t d e C lo tild e u n e
cr a in to , u n e in q u ié tu d e tr op ju s tifiée.
A T o u lo u s e , ja m a is la b lo n d e fille tte n ’a v a it été
a u s s i tr is te, a u s s i a n g ois s ée.
S û r em en t, e lle s e r é p é ta it les p on s ées d u v is i
teu r • elle s en ta it q u ’elle jo u a it u n e m a u va is e p a r
tie. S eu lem en t, elle é ta it tr o p n ob le et tr op d évou ée
p o u r y fa ir e a llu s ion . E lle se s a cr ifia it, a in s i qu e
eon a m o u r , à la r é h a b ilita tio n , à la ve n g e a n c e de
Bon p èr e I...
A u s s i, lo r s q u ’il s or tit, ve r s on ze h eu res , le s cu lp
teu r é ta it- il ém u p én ib lem en t p a r l ’a s p ect d e C lo
tild e , p â lie, d on t la tou r m en te s em b la it êtr e p ou r
lu i s eu l vis ib le. L e s a c r ific e d e cet a m o u r , d e cet
a v e n ir s i d ig n e d e jo ie s a u x ca lcu ls du vie u x B a r e n tin e t d u s ec M . R o m b e r g lu i g â ta it le p la is ir
d ’êtr e reçu d a n s ce m ilie u , de co n n a îtr e en fin le
m o t d o cette é n ig m e q u i l ’a v a it ta n t in tr ig u é 1
IX
L o r s q u e M - R o m b e r g cu l con d u it û P a r is le p ère
d e C lo tild e et. l'e u t ca ch é d a n * nu e m a is o n n ette
p er d u e d 'u n q u a r tie r ex cen tr iq u e, il se m it r és olu
m en t à J’< gu vre.
S on p r e m ie r s ou ci fu t d e ch er ch er u n a s s ocié
d a n s le m ilie u en n em i, d ’a v o ir u n p ie d d a n s l ’h ô
te l d e 1a r u e A lfr e d - d e - V ig n y, u n œ il o u ve r t s u r l e s
a s s a s s in s d e G or g on e.
Il
s ’a p e r ç u t v ite q u ’i l n ’y a v a it r ie n à ten ter
d a n s l ’en to u r a g e d u com te. T r o is va le ts co m p o
s a ien t s a m a is o n : ils ve n a ie n t tou s les tr o is d ’Ita
lie et, s a n s d ou te, fu r e n t les a u teu rs d e l ’a tten ta t
où M . B a r e n tin la is s a s a fo r tu n e e t fa illit la is s er
s a vie.
E n r eva n ch e, il tr o u va u n e a u x ilia ir e d a n s la
b ru n e s er va n te ch a r g ée d e v e ille r s u r O r fa à la
m a is o n d e C h a tou .
C ette s er va n te d u n om d e S tella , d é p la is a it à la
com tes s e B é a tr ix et fu t, p o u r cette ca u s e, r e lé g u é e
d a n s la b a n lieu e, a lo r s q u ’elle co m p ta it s ’a m u s er
à P a r is . D e p lu s , le ton d é d a ig n e u x et les p h ra s es
m éch a m m en t in s olen tes d e s a m a îtr es s e ir r itè r e n t
S te lla q u i, en v r a ie fille d es p a ys ch a u d s , a v a it
to u jo u r s d a n s u n coin d e s on cœ u r u n e p la ce p ou r
la h a in e.
S u r ce te r r a in , les in vites d e R o m b e r g tom b è
r en t à p o in t et g e r m è r e n t d ru . A u b ou t d e d eu x
m ois , la d om es tiq u e é ta it a cq u is e a u S u is s e, q u i
lu i fo u r n it u n e s om m e d ’a r g e n t d ’a b or d ; u n e
b ea u cou p p lu s g r os s e s om m e d ’es p ér a n ce en s u ite,
et, en fin , la p rom es s e d e. la ve n g e r d u m é p r is de
B é a tr ix A n fa lo tti.
C ’es t p a r elle q u e le jeu n e h om m e con n u t le
p a s s é et le p r és en t de^ C ette d e r n iè r e , la s itu a tion
d ’O r fa ; c ’es t p a r e lle q u e J a cq u es fu t in tr o d u it
a u p r ès d e l ’a d o r a b le fillette, a lo r s q u e d es or d r e»
a b s olu s in te r d is a ie n t tou te vis ite.
D on c, ce m a tin - là , S te lla , l ’ Ita lie n n e a u x y c u j
n o ir s et a u r ir e c la ir , b a tta it les h ou s s es d a n s 1«
ja r d in d e C h a tou , ch a n ta n t u n e r o m a n c e d e s o i
p a ys p o u r s a lu er les r a yo n s d u s o le il q u i a ch e
v a ie n t d e 'p e r c e r la b r u m e d u m a tin , lo r s q u ’elle vit
p a s s e r d e va n t le ch â tea u , s u r la r ou te d e M a is on s L a ffitte , le b lon d M . R o m b e r g .
[E lle s a v a it ce qu e cela s ig n ifia it ; a u s s i, sa ns
a ttir e r l ’a tte n tio n d ’O r fa ou d es g en s d e la b elle
v illa , vin t- e lle s u r la g r ille , p ou r n e tto ye r les
cu ivr es .
R o m b e r g p a s s a d e n ou vea u .
,
__ V o ic i u n m o t p ou r vou s , cht- ll en d on n a n t à
l a d om es tiq u e u n b illet. D e p lu s , le c o u r r ie r d e ce
m a tin v a a p p o r te r u n e le ttr e a d res s ée à M lle O r fa
A n fa lo tti.
— C e s e r a la p r e m iè r e q u e lle r ecevr a .
— V ou s n e la lu i d on n er ez pa s. V ou s la p or ter ez
im m éd ia te m en t à P a r is et la r em ettr ez en m a in s
p r o p r e s a u com te, s on p ère.
— B ien . P a r le ch em in d e fe r ? Je p eu x lo u e r
u n e vo itu r e ...
— N o n . In u tile d e p a r a îtr e a tta ch er u n e g r a n d e
im p o r ta n ce à ce fa it. V ou s d ir e z à vo tr e m a îtr e •
L e fa cte u r m e r e m e t ceci : je m e m éfie V o ilà l'ob - '
jet. M a is à lu i, à lu i s eu l !
— C om p ris .
— L e r es te d es in s tr u ctio n s en tou r e u n lou is
d a n s cette en velop p e. A b ien tôt !
L e S u is s e d es cen d it ver s les ca r r iè r e s , ta n d is qu e
S te lla fr o tta it le b ou ton d e la p or te a vec a elia r n ein en t.
E lle fr o tta it en core lor s q u e le fa c te u r p a ru t.
—
Fer
B u c c o ! m u r m u r a - t- elle, il es t ve n u à
tem p s , le R o m b e r g ! D ix m in u tes p lu s tôt, je r e
m e tta is l a le ttr e à M a d em o is elle. M a is c ’es t u n
h om m e q u i es t to u jo u r s à l ’h eu re ; ces g en s pas
p res s és a r r iv e n t to u jo u r s les p r e m ie r s !
L 'e m p lo y é d es p os tes , a p p o r ta it ch a q u e m u tin
d es jo u r n a u x ; il co n n a is s a it d on c b ea u cou p la
b r u iie S te lla et n e d em a n d a it q u ’à la co n n a îtr e
d a va n ta g e .
__ B o n jo u r , c h a r m a n te !
__ B o n jo u r , m on s ieu r le fa c teu r I
~ J ’a i u n e le ttr e p o u r u n e d em ois elle O r fa .
C ’es t la b elle d a m e q u e i ’e n tr evo is p a r fo is à tr a
ver s les a r b r es ?
�«3®
41
R e i n e s de P a r i s
— O u i. D on n ez- m oi la le ttr e et les jo u r n a u x .
L à ! V ou s ôtes g e n til I
— Il n ’y a p a s d e p ou r b oir e ? Je com m en ce m a
tou r n ée p a r le ch â tea u , m a lg r é la con s ig n e...
— D e m a in ! Je vou s o ffr ir a i u n p e tit r h u m ou
u n p etit m a r c.
— Je p r é fé r e r a is u n p e tit b a is er .
— Ç a s er a p ou r a p r ès - d em a in . V ou s n e vo u d r ie z
p a s m e r u in e r d 'u n cou p ?
— A h .j d ivin e S te lla ! Je vo u d r a is vou s com b ler,
a u c o n tr a ir e !
— Je s a is ! Je s a is ! A llo n s , à d em a in !
E lle fe r m a la g r ille a u n ez d u fa c teu r a llu m é et
qu i r e g a g n a la v ille en s o u r ia n t à s on es p oir. E n
s u ite, e lle r e n tr a p ou r s 'h a b ille r coq u ettem en t.
D a n s s a ch a m b r e, elle r e g a r d a la lettr e. D u
b ea u p a p ie r ; u n s cea u d e c ir e g r is e a vec, com m e
b la s on , u n m ir o ir écla ta n t — s ym b o le d e la vé r ité
con ten u e d a n s cette m is s ive.
— Q u e d ia b le p eu t- il y a v o ir là - d ed a n s ? m u r
m u ra - t- elle. B a h ! ob éis s on s . M es « s in g es » m e
s em b len t file r u n m a u va is coton ; ils g lis s e n t s u r
la p en te s a vo n n ée d e la ç u ig n e .
T a n t m ieu x !
Q u a n d ils s er on t a u b ou t, ils cu lb u ter on t, et j ’en
s era i r a vie.
P u is q u ’o n n e veu t p a s d e m a l à
M lle O r fa , on p eu t ta p e r s u r les a u tr es 1 D es m u
fles q u i m e la is s en t d é p é r ir d a n s u n tr o u d e p a ys
où il n ’y a p a s s eu lem en t u n es ca d r o n d e c a va
le r ie 1
U n e fo is re v ê t u e d e se s a t o u rs le s p lu s c o q ue t s,
S t e l l a se r e n d i t à l a g a r e e t y p r i t le p r e m i e r t r a i n
q u i p assa.
D e S a in t- L a za r e a u p a r c M on cea u , d ix m in u tes
à p ein e. L ’h o r lo g e d e l ’h ôtel m a r q u a it on ze h eu
res m o in s d ix lo r s q u ’e lle fu t in tr o d u ite a u p r ès de
M . le com te.
L e p ère d ’O r fa é ta it d eb ou t d ep u is le p etit jo u r ;
q u a tr e h eu res d e s u ite, il s ’é ta it p r om en é d e lo n g
en la r g e d a n s s on s a lon , r éfléch is s a n t à s on a ve n
tu re et se d em a n d a n t s ’il n e d e v r a it p a s fu ir P a r is
se r é fu g ie r en E s p a g n e ou d a n s le T y r o l, se ca ch er
a u fon d d ’u n vie u x ch â tea u où p er s on n e no le d é
c o u v r ir a it p lu s , et où il v iv r a it s eu l a vec B é a tr ix ,
cette B é a tr ix q u ’il a d o r a it d ep u is d ix a n s , et s a n s
la q u e lle l ’ex is ten ce lu i s er a it in s u p p or ta b le.
R eten u p a r la p eu r d u r id ic u le et a u s s i p a r la
fr o id e u r d e s a fem m e, il n ’o s a it g u è r e jo u e r a vec
elle les O th ello ou les R o m éo , m a is il n e s o n g ea it
q u ’à elle. 11 é ta it p r êt en cor e à lu i s a c r ifie r ce q u i
lu i r e s ta it d ’h on n eu r , et d e for ce, et d e p u d eu r m o
r a le, n e d em a n d a n t q u ’ à êtr e en cor e p lu s l ’es cla ve
d e celle q u i a v a it fa it d e lu i u n vo leu r , u n a s s a s
s in , !e b ou r r ea u d e s a fille. E t s 'il n e lu i liv r a it p a s
ta c le f d e la p r écieu s e ca s s ette, c ’es t q u ’il r e d o u ta it
va g u em en t q u ’u n e fo is rich e, e lle n e le q u ittâ t
p ou r c o u r ir le m on d e a u b r a s d ’u n a u tr e !...
C ette id ée d e fu ir b ien lo in a vec B éa tr ix s o u r ia it
a il vieu x g e n tilh o m m e ;
i cs évén em en ts , q u ’il
p r é v o y a it te r r ib les , im p o s a ie n t cette s olu tion , il
en s er a it en ch a n té.
S eu lem en t, il d e vin a it b ien qu e la jeu n e fem m e,
a im a n t le b a l, le lu x e, fière d e s a b ea u té et. d e s a
for tu n e, n e c o n s e n tir a it p a s à s ’e n fu ir d a n s u n
p a r c p erd u au m ilieu d es r a vin s d ’ E s p a g n e ou
d a n s d es m o n ta g n es g la cées .
— M lle S te lla d em a n d e si m o n s ieu r le com to
veu t b ien la r ecevo ir ...
— M a fille es t m a la d e ?
— N o n , m on s iex ir le com te. M a is c ’cs t p o u r u n e
»• ffa ire a s s ez im p o r ta n te , cr oit- elle.
— F a is en tr er .
L e g e n tilh o m m e a tten d it, a s s ez in q u iet, q u e le
v a lct d e p ied eû t in tr o d u it la b r u n e Ita lien n o .
— O r fa ? d em a n d a - t- il.
— E lle va b ien , m o n s ieu r le com te. E llo ig n o r e
id’a illc u r s , cette vis ite.
— Q u 'y a - t- il 7
— C e m a tin , le fa c teu r a a p p o r té u n e lettr e.
C om m e, l ’a u tr e jo u r , ce M . D u rtn u d r e m it u n e
lettr e p a r e ille d on t l ’effet fu t te r r ib le , je n ’a i p a s
C§<3
vo u lu la d o n n er à m a d em o is elle s a n s q u e m on
s ieu r le com te en a it p r is con n a is s a n ce.
— V ou s a vez b ien fa it ! D o r én a va n t, vo u s m e
s ou m ettr ez tou tes les le ttr e s ou d ép êch es en voyées
à G.”fa . J u s q u ’à n o u vel or d r e, e lle d evr a êtr e s u r
v e illé e à ch a q u e m in u te. N i u n e vis ite , n i u n e p r o
m en a d e. C elte lettr e ?...
S te lla s o r tit la le ttr e d e s a p och e e t 3a ten d it a s
m a r i d e B éa tr ix .
— A tten d e z ! P eu t- êtr e vou s la r en d r a i- je ! M a
fille m ’ex cu s er a d e l ’a v o ir ou ver te. E lle s a it les
r a is on s ...
Il
e x a m in a it le m ir o ir je ta n t d es r a yo n s , l ’é cr i
tu r e et l ’a d res s e, le tim b r e d ’en voi...
— Ç a v ie n t d e P a r is ...
Il
o u v r it a vec u n c a n if et, se r a p p r o c h a n t d e ls
fe n êtr e, lu t.
S on vis a g e , d ’o r d in a ir e b lêm e, d evin t liv id e ;
ses yeu x , d ’o r d in a ir e m éch a n ts , d e vin r en t fou s da
r a g e.
S es d o ig ts tr em b lè r e n t et s a v o ix r â la ¡pou r d ir i
à la s e r va n te :
— A llez- vo u s - en !
— M o n s ie u r le com te n ’ a r ie n à fa ir e ...
— Je vou s d is d e vou s en a lle r !...
— Je n ’a p p o r te r a i p lu s les lettres , je vois ... fit
S te lla en r e c u la n t ve r s la p orte.
— S i ! V ou s m ’a p p o r te r e z...,S i... A llo n s , s ortez I
C ette fois , elle s or tit, en p a n s a n t q u e les cor r es
p on d a n ts d e s es m a îtr e s n e leu r é c r iva ie n t p a s d es
ch os es b a n a les . C ’éta ien t, h ier , les p leu i'3 d ’O r fa ;
a u jo u r d ’h u i, l ’ép o u va n te d u com te.
E t, en effet, ce q u ’on a p p r e n a it a u s eig n eu r d e
G o r g o n e n e la is s a it p a s d e lu i êtr e d ép la is a n t.
V o ic i le tex te d e la m is s ive :
M a d e m o is e lle ,
P u is q u e v o u s ê te s tra ité e e n re c lu s e , p u n ie c o m
m e u n e v o le u s e e t s é q u e s tré e c o m m e u n e f ille
m a u d ite d o n t la p ré s e n c e s e ra it u n e h o n te , p e r m e tt e i- m o i d e v o u s in d iq u e r la f a ç o n d e v o u s d é fe n
d re , d e v o u s v e n g e r .
C e lle q u i v o u s m a r ty r is e , la c o m te s s e B é a trix , a
u n a m a n t. l£ lle v a le v o ir tr o is fu is p a r s e m a in e ,
le s m a rd is , j e u d is , s a m e d is , d e q u a tre à s ix ; il
h a b ite r u e d e la B ie n fa is a n c e , e t la m a is o n o ù il
d e m e u re , à l' e n tre s o l à g a u c h e , c o m m u n iq u e a v e c
le lo g is d e la c o u tu r iè r e . D e la s o rte , ils se v o ie n t
s a n s c ra in te . D ' a ille u r s , ils se r e n c o n tr e n t s o u
v e n t, c a r lu i e s t u n h o m m e d e c lu b e t d e s a lo n s
c o s m o p o lite s . S a r é p u ta tio n e s t c e lle d ’u n v iv e u r ,
d e p a s s é lo u c h e e l d ' a v e n ir in c e r ta in .
B ie n n e v o u s s e ra a u s s i fa c ile q u e d e s u r p r e n
d re le s d e u x to u rte re a u x , l' a v e u g le m e n t in c o m
p ré h e n s ib le d e v o ir e p i r e le u r p e r m e tta n t d e n e
p a s c a c h e r b ie n s o ig n e u s e m e n t le u r s c a n d a le u s e
lia is o n . I l s c f a it a p p e le r v ic o m te d e C a s a n o .
J ' a u r a i o c c a s io n d e v o u s é c r ir e e n c o re , m a d e
m o is e lle , e l m e s le ttre s s e ro n t a u s s i in té re s s a n te s
q u e c e lle q u i s c te r m in e r a p a r l' e x p re s s io n de
m o n d é v o u e m e n t a b s o lu .
U n p a r a p h e in d é c h iffr a b le
s e r va it d e
s ig n a
tu re.
L o com te lu t et r elu t en cor e les d ou x p a g es
d ’u n e é cr itu r e b ien n ette, la r g o écr itu r e d ’hoanme
d e loi, d ’h om m e con n a is s a n t la va le u r fie ses m ots .
Il
a va it fin i p a r tom b er, écra s é, s u r u n fa u
teu il.
— C 'es t im p os s ib le
!
m u r m u r a - t- il,..
Ce
n ’est
pas vra i I
,
...
.
,
M a is il s ecou a it la tete et r é p o n d a it lu i- m em e
à ces p h ra s es :
,
.
__ P o u r q u o i, im p os s ib le ! S i ! c es t v r a i ! S i !
c'es t v r a i ! E lle n e m ’a im e p a s ... elle n e p eu t p a s
m 'a im e r ! S i elle m ’a im a it, je n ’h és ite r a is p a s à
fu ir P a r is , à. l’a r r a c h e r à ce m on d e qu i m e l’a
p r is e et n e’ m e la r e n d r a p a s !... B é a tr ix ! B é a tr ix !
C 'es t u ne des d ou leu r s les p lu s fér oces r é s ejs
�«S® 42
R ei n es de P
‘ aris
vées a u x h om m es , crue cette d és illu s ion , cet effo n
d rem en t, cette ch iite tla n s le d ég o û t d ’u n a m o u r
p : ofoB 'J et in é b r a n la b le com m e u n e c r o ya n ce d i
v in a. 'C - ï- t u n e s o u ffr a n c e p o ig n a n te et ob s éd a n te,
fa it a de r a iic œ w et- d e r a g e , et s u r tou t de d és es
p o ir ri'ïv; u t l'in u tilité de la lu tte,, d eva n t la va n ité
d o tout- effo r t.
ijn. (.-. . :'.w A n f a l o i li -était I t a l i e n , et, (p a r con s é
q u e n t , j a l o u x . M a i s i! é t a i t a m o u r e u x et, p a r -c o n
s é q u e n t , i l é t a i t l â c h a . 11 s 'e f f o r ç a d e d o u t e r , f i e
n i e r , l i se c -o u a l a l è t e p o u r < 3 i a & s e r l ’ o b s e s s i o n d e
Be'ü JdCt : ; il c o m p r î t q -ua v a l a i t , m i e u x , p o u r l u i ,
l e g i a s v î ! „ u c fi sy po i r a » l a b r u t a l e c e r t i t u d e .
V i v r a i t -i l s a n s B é a t r i x ? P o u r r a i W d p a s s e r u n
m o i s s a n s « l i e , s a n s frô h sr la p s a u d e se s é p a u l e s
e t s e n t i r le g uu f
le s e s c h ■. hj bc ?
C elles , il eû t vo lo n tie r s tu é d ’u n cou p d e r e v o l
ver
\ i:c.::itc de O a s a n o, « v iv e u r d 'u n p a s s é
tou ch e •••• d 'u n a ve n ir in c e r ta in » ; il eû t p lu s volf.titî i i en cor e u it à P é a tr ix : « T u es à m oi, je
l'.- i'ilS -« . l i r i o n s p o u r le fo n d d es p a y s s a u va g es ,
les g o r g e s de la D a L in a lie ou les d és éu s
d 'A fr iq u e ! n
M a is elle n e Jui a u r a it p a s p a r d o n n é le m eu r tr e
dû s on a m a n t ; elle a u r a it r efu s é d e le s u ivr e lo in
d e Psü
d e la ru a d e l a B ie n fa is a n c e , d e
la
riM iison à d eu x is s u es ...
L e ¿:c- n iiîi«u ittn e fit le g es te de je te r la lettr e a u
leu , ; • : : '
—
’> , o u , j e
ut à cou p , se - ra vis a.
v e u x la lu i m o n t r e r.
E l il :..Li,-da .les d eu x p a g e s m a u d ites en tr e s es
floig ts ctis p és .
P u
■ ü n ' e u t p a s à a t t e n d u e l o n g t e m p s : la
c o m t e sse *e
lit a v e r t i r p a r
sa
f . ’n t rn e
de
c h am bre
q u ’e iie d é s ir a it l e v o ir e t l 'a t t e n d a i t d a n s s o n b o u c j: r.
I! s 'y ren d it.
B é a i r i x é t ait d é jà h abillé e
a u ss i t ô t a p r i .s Je d é je u ï i e r .
; e lle c o m p t a it so rt i r
— L o a jo iu r , m on a m i, lu i d it- n lie. .Te vou s a i
en ten d u p r o m en er de lo n g et la r g e q u a tr e h eu res
d u r a n t... -Entriez d ou e 1
E n vo ya n t ses tr a its d écom p os és , e lle h a u s s a les
ép a u les :
— V ou s êtes fou ! V ou s m e ttr e d a n s d es $ta ts
p a reil;- p ou r 1 u ne m en a ce... p a r c e qu e tr o is étu
d ia n t? ga s con s s’a m u s en t... (Tes t vo u s q u i vou s
la is s ez ¿'n a îtr e p a r u n...
1 1 l'a r r ê ta du g e s te :
— Y u ’Jf n 'y etc p a s . Je s u is d é fa it p a r ce qu e
f a i eu u n e s u r p r is e... d és a g r éa b le.
— L a q o e ile V
— U n in con n u a é c r it à O r fa la le ttr e qu e vo ic i.
P a r b o i'! cu r, S te lla ra e l'a a p p o r tée d ’a b ord . A u
tio in s , ij.jc m a fLUe n e s o it p a s b ris ée...
J.;ilc b v a 't ea i: ! I f lettr e et la lis a it à son tou r.
L e com te n e q u itta it p a s du r e g a r d sa com p a g n e
fa u t - i'é r ie ", il eu t,
ce m om en t, l a d ivin a tio n d u
ia r a d è r e d e P é a tr ix , d e s a p u is s a n ce de m erîjon g e.
L a jeu n e fem m e n ’eu t m arne p a s u n m ou vem en t
jfe s u rp r is e. K l le- lu t la lettre s a n s q u ’u n p li do
y.\ fa ce rem u â t, s a n s m êm e la is s e r p a r a îtr e u ne
»¡in fla tion d ’en n u i.
__ I-'as de s ig n a tu r e, n a tu r ellem en t. E t c ’es t à
T i’fa ... V o yo n s l ’en velo p p e ?
E lle r e g a r d a l’en velo p p e :
— Çn v i •( d e P a r is ... du b ea u p a p ia r... u n e
é c r itu r e s olid e, vo lo n ta ir e .
D ’u n e voix tr a n q u ille, p r es q u e in d iffé r e n te :
__ E h b ie n ! m on a m i, qu e p u is - je vou s d ir e ?
C ’es t la c o n tin u a tio n d e J’œ u vr e d ’h ie r et d ’a va n lh ier . V o u s n ’eS p ériez p a s qu e n os en n em is a lla ie n t
s ’a r r ê te r a in s i ?
__ A lo r s , cette a ccu s a tion ...
E lle h a u s s a les épaule.-- p ou r to u te rép on s e.
__ 2 r.
im te de C a s a n o n 'ex is te p a s ?
— S i ! C 'es t u n tr ès g a la n t h on u u e, d e b on n e
fa m ille
^/ M r a llie, a ic c d es i& ia tio o s c h a r m a n
^
tes . I l d em eu re b ien r u e de. la B ien fa is a n c e , je n e
m e s ou vien s p lu s du n u m éro.
— V ou s n e m 'a v ie z p a s p a r lé d e lu i. P o u r
q u oi ?
C ette fois , elle v in t tou t p rès d e s on m a r i, s on
r e g a r d p r en a n t u n e p oin te d ’ir o n ie :
— V o yo n s , m on a m i, vou s n 'a lle z p a s m e fa ir e
u n e s cèn e d e ja lo u s ie ? V ou s s a vez b ien qu e je n e
s u p p o r ter a is p a s des in ju r es ...
— Je n ’a i...
— Kit ce s e r a it la p ir e d es in ju r e s q u e 'd ’îtta c h e r
la
m o in d r e im p o r ta n ce... A u s u r p lu s ,
a d m et
tr a is - je qu e vou s m e d em a n d iez d es ex p lica tion s .
— .le n ’a i ja m a is es p ér é a u tr e ch os e, lit- il, lâ ch e
m en t.
— B on . Je vou s les d o n n er a i... C e s o ir s a n s
d ou te, ou d em a in ; en ce m om en t, j ’a i b es oin d e
v o ir M m e de R o u g e p ie r r e ...
— Ah !
— C om m en t ! V ou s tr o u ve z qu e n ou s n ’a von s
p a s a s s ez d 'en n u is !
— S i ! P u is q u e j e s on g ea is à q u itte r P a r is .
E lle tr e s s a illit et, s èch em en t :
— A h ! noai I N e p en s er p a s à ce la ! Je n e vou s
s u ivr a is p a s , m o i !
— A lo r s ?
— Q u itter P a r is ... V ou s d ite s d es s ottis es !
E t, b a is s a n t la vo ix :
— V ou s fe r ie z m ie u x d e vou s occu p er d e n os
en n em i«., d e s a vo ir .d’où vie n n en t ces G a s con s ...
Il
fo u illa d a n s la p och e d e s en ves ton et en s or
tit u n e d iza in e d e lettr es et de ca rtes .
— Je le s a is . B ie n n ’é ta it a u s s i fa c ile .
— V r a im e n t !
— Je n ’a i eu q u 'à m ’a d r es s er à u n e a g en ce. Il y
en a q u in ze à P a r is . D eu x cou p s de télép h on e on t
s u ffi p o u r m e ren s eig n er .
— E h b ien ?
—- C e s cu lp teu r qu i vou s a p a r lé d ’u n e s ta tu e
e x p ia to ir e à G or g on e ost l ’a m i in tim e d e ce J a c
qu es D a r ta u d d ou t O r fa m 'a d on n é la ca rte. Tou a
d eu x s on t fo r t lié s a vec cc G a b r ie l...
11 co n s u lta it ses p a p iers .
— P o n ta r lie r , G a b r iel,
ce
p etit
r a g e u r qu e
B ep p o a b a la yé .
— Q u e veu len t- ils ?
— N os cor r es p o n d a n ts n e p o u va ien t p a s m e le
d ire. M a is vou s le s a u r e z com m e m oi, lors q u e je
vou s a u r a i a p p r is qu e c e « tr o is G a s con s s on t ve
n u s à P a r is s ou s la d ir e c tio n d e M lle C lo tild e Pa ren tin .
L a com tes s e eu t u n g es te d ’effr o i.
— M is èr e ! U s s on t d on c nu cou r a n t ?...
— D e to u t !'H *i s a ve n t q u e le p èr e d e cette C lo
tild e, co u sine de l ’a în é d es tr o is ...
— L i le fo r ç a t ? D es n o u velles ?
— J’en a tten d s . S i on m e rép on d q u ’il s’es t ù vri
dé, le d ou te n e s er a p lu s p er m is . C ’es t b ien lu i
q u i s era ven u ft P a r is , fla n q u é de ces tr o is cadet/,
d e G a s cog n e, les q u els ont q u itté T ou lou s e en pro- •
p h étis a n t leu r p r och a in e for tu n e. C ette fo r tu n e la
ch os e esl évid en te, se tr o u ve en cor e en tr e n os
m a in s ; m a is ils fe r o n t l ’im p os s ib le...
—• Fau t- ilI tr ois m ois p o u r s a vo ir s i u n fo r ç a t
s es t éva d e ? '
*
_
!: Y u il'a it nn<î h eu r e p o u r d ’a u tr es qu e p o u r
n ou s , o b lig es d e p a r a îtr e d és in téres s és . Il fa u t
tr o is jo u r s p ou r m oi. J ’a i é c r it a vu / it- b ier ; d o
m a in je s a u r a i... M a is la fi lie es * a u s s i d a n g e
reu s e qu e 1e p ère, si elle es t s ou ten u e p a r tr o is
g a illa r d s ...
E t c’e s t à cette h eu re où s e jo u e m itr e e x is
ten ce qu e vo u s ven ez m e ch er ch er q u er elle ! m e
p a r le r des in fa m ie s d ’u ne lettr e a n o n ym e !... V r a il
V ou s d even ez fou ! I l n e n ou s m a n q u e r a it p lu s
qu e de n ou s q u e r e lle r p ou r la is s e r le ch a m p lib r e
_a la b a n d e en n em ie !
' — Je n e vou s q u er elle p a s , m a ch ère a m ie !
•T'au rais pu vo u s s u r ve ille r , p r o fite r des in d ic a
tion s d e ce m is é r a b le .,.
�»
R e i n e s de T a r i s
43
D on c, ce jo u r - là , la com tes s e, a p r ès les p r e
m ièr es effu s ion s :
— J’a i eu
con fia n ce.
J’a u r a i to u jo u r s
con
— M on a n g e a d or é, u n e ca ta s tr o p h e n ou s m e
fia n c e I
n a ce !
— lio n !... D u res te, ce soLr, je vou s ex p liq u e r a i
— V ’ia n ! fit le jeu n e h om m e. Tou tes les g u i
eciTia d ou te... C ’es t l'h eu r e d u d éje u n er !
g n es ! H ier , j ’a i p erd u m es ch a u s s ettes a u cer cle I
L e g e n tilh o m m e et s a fem m e d e s c en d ir e n t à la
— O h ! ce n ’es t rien . !
s a lie à. m a n g e r p ou r y g r ig n o te r du b ou t des d en ts
— A lo r s ... la ca ta s tr o p h e ?
d e* b rib es de leu r r ep a s , l’e s p r it a illeu r s .
— M on m a r i s a it to u t !
A tr o is h eu res , B é a tr ix s ortit.
I l n e p a r u t p a s p lu s e ffr a y é 17 11e ça .
— J e s ors . Je n e r en tr e r a i p a s a va n t le d în er ,
— A h 1 ton m a r i... P o u r q u o i n e v ie n t- il p a s m e
E ta is je vou s d o n n er a i p eu t- û tre l ’e x p lic a tio n p role d ir e ?
ffiriaa au s u jet de ce vico m te 1
— Je n e ve u x p a s !... I l te tu e r a it 1
Il
a b a is s a la tête, va in cu , n ’os a n t p lu s r is q u er
— P a s sû r !
turie ob s er va tio n , b ien qu e la ja lo u s ie lu i é tr e ig n ît
— Tu no le con n a is p a s !
Je coeu r.
— Je. 11 ’y tien s p a s a u tr em en t, s’il d o it m e tu er.
C a r e l l e a lla it le v o ir , ce vic o m te d e C a s a n o 1
M a is je n ’a i p a s g r a n d ’pesur d e cette m o r t p a r les
E lle a lla it s’en ten d r e a vec lu i. Il l’eû t ju r é.
m a r is . E lle es t fo r t r a r e, d ’a u ta n t q u e je n e m e
II
i’e û t ju r é , m a is il ne le d is a it p a s ... p a s en
la is s e r a is p a s fa ir e .
core... LI p a r ve n a it à s u r m o n ter s a ra ge.
E lle l ’a d a n ira .
E t le b r u it d e la vo itu r e q u i e m p o r ta it B é a tr ix
— C on n u e tu es fier et b ea u !
lu i s on n a a u x o r e ille s com m e le g la s d e s on a m o u r
L a vé r ité , c’es t qu e l ’a m a n t d e C lém en ce M on et do s a foi.
ve l, le co m p a g n o n de J u lien de M o r ta u e éta it en
L e g en tilh o m m e ita lie n n e se tr o m p a it p a s .
ch a n té d e cette a u b a in e.
À p ri- s q u elq u es vis ites à des a m ies , B é a tr ix se fit
L ’a ven tu r e a r r a n g e a it
ses
a ffa ir es . P u is q u ’il
con d u ir e ch ez s a co u tu r ièr e, ru e d e la B ie n fa i
fa lla it a v o ir la ca s s ette et qu e, ipou r la te n ir , on
s a n ce, to u t p r och e dç S a in t- A u g u s tin .
d eva it, in tr o d u ir e d a n s l’h ôtel de la ru e de V ig n y
E t, à tr o is h eu res et d em ie, e lle s on n a à la
u n fe r m e n t d e d is cor d e, de h a in e, p r o vo q u e r u n
P or te g a u ch e d s l ’en tr es ol.
écla t, c e la n e p o u va it m ieu x tom b er.
U n v a le t de ch a m b r e o u vr it, s’in c lin a et s’effa ça .
L a com los s e B é a tr ix , o b lig é e d e fu ir a vec s on
L a com tes s e se d ir ig e a ve r s le s a lon où l’a tten
a m a n t, tr o u v e r a it un. m o ye n d ’e m p o r te r les p er les ,
d a it son a m a n t qu i, a y a n t r econ n u la vis iteu s e,
e t a lo r s !...
v in t a u - d eva n t, d ’elle.
A lo r s , ce s era it, u n je u d e les p r en d r e à cette
Dèr, q u ’ils fu r e n t c er ta in s d ’être s eu ls , B é a tr ix
fe m m e
a ffo lée,
s ou s
le
cou p d e l a co lèr e du
j;j.ta d a n s les b r a s d e l’élu .
m a r i...
— M on L o u is ! m on b ea u L o u is 1 D on n e- m oi la
A u s s i, la b elle b r u n e fu t- elle en a d m ir a tio n d e
c o u r a g e de v iv r e !
va n t le s a n g - fr o id de C a s a n o, d e va n t le p la is ir qu e
L e b ea u L o u is éta it, com m e on le s a it d éjà , u n
s e m b la it lu i ca u s er cette r é vé la tio n . E lle se tr o m
fffa n d g a r ç o n d ’e n vir o n tr en te- cin q a n s , r es s em
p a s u r la ca u s e d e cette jo ie et ex u lta , en th ou s ia s
b la n t a u x m ille ou q u in ze cen ts p er s o n n a g es de
m ée :
s on m ilieu .
— A h ! tu m ’a im es ! s ’écr ia - t- elle. M a in ten a n t,
D ps tr a its a s s ez r é g u lie r s , des ch eveu x s oyeu x ,
je vo is q u e tu m 'a iin e s ! T u es h eu reu x d e cet in c i
u n e m ou s ta ch e lon g u e, u n p eu b r a va ch e, d es yeu x
d en t q u i p eu t m e lib ér er , m e d o n n er à to i
en fon cés aou s d ’ép a is s ou r cils , des r id es a u x jou es ,
to u jo u r s I
lin te in t ja u n e, u n cor p s étr iq u é, com m e
mal
-— C ertes !
d ’a p lom b . H a b illé à la m od e, a vec d es s ou lier s
E lle n e le c r o y a it p a s , a u p a r a va n t ! E lle
ne
ver n is . et u n e c r a va te fla m b o ya n te ; le typ e des
s ’ im a g in a it p a s s on a m a n t a u s s i rés olu à la p os
g en tils h o m m es de- cer cle, v iv a n t p o u r les filles ,
s éd er tou t en tiè r e !
c o u r a n t les sa Jons à l’a ffû t d ’u n e jeu n e BUß a ya n t
— A lo r s , r e p r it- e lle , en lu i. s e r r a n t les d oig ts ,
u n e d ot s olid e ou d ’u n e jeu n e fem m e a y a n t de
a s s is e s u r s es g en ou x , les yeu x p lein s de ten
lV-otcrmar. rich es d ’a u d a ce, b ea u x jou eu r s , g o u a ild res s e, a lor s , s? m on m a r i m e je ta it à la p or te, tu
leu rh, a s s ez s p ir itu els , s cep tiq u es p a r n éces s ité, et
m e r e c u e ille r a is ?
q u i ig n o r en t s’ils fin ir o n t d a n s u n ch â tea u p r in
— P a r b le u !
c ie r ou s u r les b a n cs d e la c o r r e ctio n n elle.
E lle n .- m b ra s s a it fo lle m e n t.
Ces ko. ris viv e n t d a n s l’en to u r a g e, d a n s le s illa g e
— A h ! i f ii.'. te co n n a is s a is p a s ! M a is n on ,
d os v i' . iin r ich es , p a r e ils à des req u in s d e r r iè r e
m o n b ea u L o u is , il fa u t g a r d e r cette fu ite p o u r le
u/v n a vir e ; on leu r je tte u n r en s eig n e m e n t d e
s u p r êm e a r g u m en t. Il y a m ieu x à es s a yer . J’a i
B ou r s e on u n tu ya u d e cou rs es , et ils m a n g e n t
u n e hit'-*... Je l'a i ch a s s ée .p lu s ieu rs fois , oü e s ’im
cette au mône- .
p os e a u jo u r d ’h u i. O u i, il y a m ieu x qu e la fu ite !
B é a tr ix é ta it u n e a ven tu r ièr e. E lle a v a it g r a n d i
— M ieu x ?
d a n s u n e g e n tilh o m m iè r e d e la L ig u r ie , c a ver n e
— O u i ! V o ic i lo n g te m p s qu e j e ca r es s e cette
d<:- p a i vre-.- h ères n o u r r is d e ch im èr es et do ch à id ée... Je n 'os a is p a s ... Je t'a im e ta n t I... M a is j e
b o u illies .
n e veu x p a s tV.tre à c h a r g e !
S a b cfiu té l'a va it, fa it r e m a r q u e r p a r le com te
— T u s a is m a s itu a tio n !... .Te n 'a i qn e des d et
A n fa lw tU , p o in t rich e a lor s , m a is op u len t à côté
tes ... S i tu fu ya is a vec m oi, il fa u d r a it... a vis er ...
d e c e îl 1 fille de n ob les d éch u s .
— N e p a rlon s - p a s en cor e d e ce la I
M !e lu t vite ;»".'iuMe p.-ir L ou is de C a s a n o, a ven *
— N V n p a r lon s 1 fu s I V oyon s ton a u tr e id é e !...
ta r ie r com m e Uns s ien t. E t, d e p u is u n a u , elle veE lle a to iV .s u la vo:\- ; s a g o r g e op p r es s ée l a is s â t
.viait. e n !ii'.-er «le ses b ra s d e (!>*..•sae le cou m a ig re
s o r tir le n te m e n t les m ots :
cl 1er, ép a u les p oin tu es d o vicom te.
— Je t’a i d it q u e le com te a v a it eu u n e fille d ’ u n
p r e m ie r m a ria ;;;- .
C elu i- ci se la is s a fa ir e , et vo lo n tie r s . C ertes , la
L 'œ il d e C a s a n o r êva . Il d e vin a la s u ite d e la
b oa u lé d e B é a tr ix n ’éta it p a s s on id éa l, et le ca p rop os ition .
r-Kctètre s a u va g e d e sa m a îtr es s e, s o i» en têtem en t
et f-'!o cr is p a tio n s l’eftra yn .ten t u n p eu ; m a ts il
_ U n e fille s u p erb e, q u i s er a r ic h e !.. O r fa ... T u
te s ou vien s , je t’en a i p a r lé.
p ites A fn ia it m it fin, la tin, cette fin q u e ch a q u e
B jiyv.n ron d a it p lu s n éces s a ir e.
— O u i... ou i... v in g t fo is ! E lle es t en p en s ion à
O r, si, ju s q u 'à ces d e r n ie r s tem p s , il n ’a v a it
V e r s a ille s ... a S a in i- G e r m a in ...
fa it ii’V .vp - ’ ie r (>-u B éa t rts , d ep u is le « r é vé la tio n s
—- Elle- h a b ite u n ch â tea u s u r les b ord s d e la
<5-. F îi'ïi.u u lc z, il é ta it fixé e l r és olu à se cra u :S ein e... P.lle est. b elle, fin e, in te llig en te ... T r o p I
b ea u cou p tr o p I
p o n u w à e lle .
— I l n ’a u ra it plu s m a n qu é qu e ça !
—
gga —
R-'
7.'~"
W*
�44
R ei n es de T a r i s
— E h b ie n ? cette fille s i b e lle ?
— Je s on g e à te... N o n , r ie n ! n on ! je n e con
s e n tir a is ... H é la s ! c ’es t le s eu l m o yen d ’en fin ir
a vec m es ter r e u r s !
E lle se r ed r e s s a et, fa s cin ée, r e v in t s ’a s s eoir s u r
le s g en ou x d u je u n e h om m e.
—- E cou te, L o u is , tu in c ju r e s qu e tu n e l ’a im e
ra s p a s ?
1 1 éten d it la m a in en sou ria nt..
— Je te ju r e d ’a u ta n t p lu s v o lo n tie r s q u e je n e
l ’a i ja m a is vu e.
— N e r is p a s !
— Je s u is s ér ieu x .
Il s a is it B é a tr ix en tr e ses b r a s et, l ’em b r a s s a n t
p lu s fo r t, s a v o ix p lu s te n d r e :
— T u le s a is b ien , (¡n e je n ’a im e r a i ja m a is qu e
to i ! S i tu tr o u ves u n m o ye n d e n e p a s n ou s s ép a
ra i’, em p lo ie- le s a n s c r a in te ! P eu t- on o u b lie r u n
a m o u r com m e le n ô tr e ! H u it m ois d ’étr ein tes fo l
les , d e s erm en ts ...
— Je te cr ois ! je veu x te c r o ir e ! je n e d em a n d e
q u 'à te c r o ir e !
R é s o lu m e n t :
— M o n m o ye n es t fo r t s im p le. Je te d o n n er a is
O r fa . T u l ’ép ou s era is .
— Ton m a ri ?
— O it ! m on m a r i m ’o b é ir a ! I l fa it ce q u e je
veu x ! S i je c r a in s p o u r ta vie, c ’es t q u e s a n a tu r e
c r u e lle et ja lo u s e n ’a ccep ter a p a s l’id ée d ’u n p a r
ta g e... M o is s i je le m e n a ç a is d e fu ir , d o le la is s e r
6 eü l a ve c ses s o u ven ir s et s es r em o r d s , ii m e je tte
r a it sa. fille s ou s les p ied s !... II a ccep ter a !... Il es t
p er s u a d é q u e la le ttr e d it v r a i, et lo r s q u e je te p r é
s en ter a i, com m e p r éten d a n t à la m a in d ’O r fa , il
t ’a c c u e ille r a b ien . C ’es t s i lâ ch e, u n a m o u r eu x d e
c in q u a n te a n s !
— E t e lle ?
— Qui ?
— O r fa ... M a d em o is elle O r fa ?
— E lle s e r a en ch a n tée. T u es b ea u , l ien n é, en
c o r e je u n e ; m a is elle se cr a m p o n n e r a a u x b a s q u es
d e ton h a b it 1 P o u r q u itter s a c a g e d e C h a tou ...
e lle a c c ep ter a tr o p vo lo n tie r s ... E t to i, tu c r o ir a s
q u ’e lle t’a im e... et to i, tu o u b lier a s , tu o u b lie r a s
la p a u vr e B éa tr ix ...
Il se m it à r ir e :
— D é jà la s cèn e !... A u m oin s , tu n e x'eta rdea
p a s , to i !
— N o n ! je n e te fa is p a s d e s cèn e... s eu lem en t
je s o u ffr e d ’ê tr e o b lig é e d e p a r ta g e r m o n L o u is
a d o r é, n vec u n e fille p lu s je u n e q u e m oi... p lu s
b elle...
— O h ! ça !...
— Je le s a is b ien ! U n e fille ca n d id e, d o n t le
c h a r m e d é lic a t s er a u n r é g a l p o u r toi, le b la s é d es
clu b s , l ’h a b itu é...
__ j'e n tr e v o is u n e jo lie ex is ten ce en tr e elle et
to i I S i tu m e r ep r o ch es d e l ’a im e r a va n t q u e io
l ’a i a p er çu e, q u e s era - co le len d em a in d e lu
n oce
—— la is - to i i
dessu s !
Je te
«w
d éfen d s
do
—
p
la is a n te r
----------
là -
^
d ot, cette O r fa ! E lle é ta it l ’u n iq u e h é r itiè r e d e la
ca s s ette !
O h ! la b elle id ée q u ’a v a it eu e là B é a tr ix . E tcom m c o n e n ve r r a it p r o m en er la d ite B éa tr ix , lo r s
q u 'o n s e r a it d a n s la m a is o n le g en d r e, ie m a îtr e !
L o u is s o n g e a it d é jà à la b on n e s o ir ée q u ’il a lla it
p a s s er a ve c J u lien et les d eu x s œ u rs M o n vel, en
d is cu ta n t s on m e r ve ille u x a v e n ir !
B é a tr ix en p r it s on p a r ti. S on ca r a ctè r e v io le n t
s ’im p o s a a u x p e r p le x ité s d e s a p a s s ion . E lle d it,
d écid ée à en fin ir tou t d e s u ite :
— E cou te. Je va is ch ez M m e d e R o u g e p ie r r e , ta
cou s in e. N ou s a r r a n g e r o n s u n e v is ite à C h a tou ,
p o u r d em a in , ver s tr o is h eu res . J ’a n n o n c e r a i à
m on m a r i ton in ten tio n d ’ép ou s er s a fille ,, d on t
je t ’a u r a is p a r lé ch ez les R o u g e p ie r r e , et q u e tu
a u r a is a d m ir é e à tr a ve r s les b a r r ea u x d u p o r ta il
d e C h a tou . P o u r qu e tu n e te tr om p es p a s , ta cou
s in e te d o n n e r a les r en s eig n em en ts le s p lu s - c o m
p lets .
— C ’es t n éces s a ir e, o b s er va - t- il a ve c s on cu lot
d es g r a n d jou r s .
— T r o u ve - to i d em a in ch ez elle, ve r s d eu x h eu
res . M o n m a r i et m o i ir on s vou s p r en d r e en v o i
tu re. U n e vis ite , u n g o û te r , la p r és e n ta tio n d e r i
g u eu r . P o u r tou s , tu s er a s le fia n cé d ’ O rfa .
— L e s o u p ir a n t !
•— O h ! e lle t ’a d o r e r a ! Je m e s a u ve... à d em a in !
E lle n e p a r ve n a it p a s à s ’a r r a c h e r d e ses
étr ein tes :
— S i tu m ’o u b lia is ! — m u r m u r a it- elle , s er r a n t
son a m a n t con tr e elle d a n s u n e cr is e d e d é
s es p oir...
— N o n ! tu es fo lle !
— Je t ’a im e ta n t ! M a is j ’a i p eu r p ou r toi ! M on
m a r i es t ca p a b le... E t p u is d ’ici ion m a r ia g e , j ’a u
r a i le tem p s d e m ’y fa ir e...
— 11 n e fa u d r a p a s p a r le r d e m a fo r tu n e ? in
te r r o g ea - t- il.
t
(
— N o n , tu n a s p a s b es oin d a p p o r te r d a r g en t.
L a p e tite s e r a tr ès rich e.
— T a n t m ieu x , fit- il tr a n q u illem en t, p res qu e in
d iffé r e n t, p u is q u ’il s a v a it c e la d ep u is les r é v é la
tion s d e F e r n a n d e z... M o i, lu s a is , l ’a r g e n t !...
P o u r v u q u e je v iv e p r ès d e toi !
__ T u es tr o p b ea u I O u i, va . » a r p itié ! N ’ou b iles ja m a is la p a u vr e B é a tr ix qu i va f.(re to r tu
rée... A llo n s , a d ieu L o u is ! A d em a in , d eu x h eu res ,
ch ez ta cou s in e I
— A d e m a in , d eu x h eu res !
Ils fin ir e n t p a r se s ép a r e r a p r ès d es en la cem en ts
p a s s ion n és .
L a com tes s e d es cen d it les m a r ch es d e s on p a s
r a p id e . L ou is d e C a s a n o l ’écou ta s ’en a lle r a va n t
d e r e fe r m e r s a p orte.
E n s u ite, u n e fo is s eu l, il le v a les b ra s en s in io
d e tr iom p h e 1
— E n fin , s écr ia - t- il, en fin ! L a ve in e ! c’ es t la
ve in e ! S a lu t, ô gra n d i? lib é r a tr ic e t U n e fille s p len
d id e, ca n d id e, id éa le et d es m illio n s !... B en D ieu !
H é ta it tem p s ! V a - t- on fa ir e la n oce, a vec les
n
iïll«
lu.t m
am
is !I E
qumllno
eU es 4#v!1»*4-—
toiïr ifoa '’V e , u . n(l(-C. a vec les
Il rie r é p o n d it p a s , et il y eu t u n s ilen ce p en d a n t
le q u e l B é a tr ix se m o r d a it les lèvr es , n a vr ée, tr ou va n t. q u e s on m o yen é ta it d é p lo r a b le ; e lle reg rO fc
m en ce ! S a n s co m p ter min J » r V a is P a 3r° r k C lép
r is ti .! vu
0 „o(.|1
A a r a ît- il ! S a p
[-----iic îou n nrru;
n o m ec aad or
euaeb le,
là
m in
„ ila
„ vo ya is
. bv
on
n ir
e id
ée Maa iseu ce ’es
làt
cotte m
com
tesosce« t! YJe
en
!...
ta it d ’a v o ir p a r lé d ’O r fa , et p en s a it a u s s itôt
q u 'e lle n e p o u va it fa ir e a u tr em en t.
L o u is s a vo u r a it d ’a va n c e s on p la is ir d ’ép ou s er
la g r a n d e fille a u x yeu x p rofon d s , en tr e vu e d a n s
tin r éve, com m e u n e a p p a r itio n , p a r les ta illis d é
n u d és , d a n s le s flo ts d ’o r d u s o le il cou ch a n t. D ’a u
ta n t p lu s q u 'il p r é fé r a it a v o ir le com te A n fa lo tti
p o u r b ea u - p èr e q u e p o u r r iv a l, p o u r a d ve r s a ir e
tr o p b ea u ! A p rés en t, c ’est, s û r, c ’est, cou ru ! S o n
n ez, cla ir o n s ! B a ttez, ta m b ou r s I A llu m e z les feu x
d e b en g a le, tire/, le ca n on , e t fa ites p a r tir les feu x
d ’a r tifice 1 D ’ici d eu x m ois , L ou is d e C os n n o ép o u
s era O r fa A n fa lo tti, la p lu s b elle et la p lu s r ich e
h é r itiè r e d os p a ys la tin s I
im p la c a b le .
n om m e q »
,
n 'h é s ite r a it p a s à le s fa ir e p r o fite r d e s a ch a n ce.
C a r c ’en é ta it u n e 1 E lle a u r a it d es m illio n s d e
P e n d a n t q u e le b ea u vico m te s a lu a it u v pc u n en
th ou s ia s m e co m p r éh en s ib le le c h a n g em en t s u r
ven u d a n s l ’h or izon d e s a vie, la com tes s e r en d a it
vis ite à s on a m ie, M m e d e R o u g e p ie r r e , u n e es p èce
d ’in tr ig a n te q u i s ’im p o s a it à tou s , s oit à fo r ce
d ’ a u d a ce, s o it à for ée do p la titu d es , p r ête à tou t
et s u p p o r ta n t tou t p ou r a v o ir s a p la c e d a n s le
m on d e b ien coté.
l) e là . B é a tr ix r e g a g n a l ’h ôtel d u p a rc M on cea u .
�'=3 °
R ei n a s d e Va r i s
L o com te l'a tte n d a it,
to u jo u r s
a u s s i m or n e,
a u s s i s ou p çon n eu x . D écid ém en t, ça n e p a s s a it p a s
fa c ile m e n t, cette h is to ir e d ’a m o u r eu x !
— Je vo is q u ’il m e fa u t p a r le r , lu i d it s a fem m e
lo r s q u ’ils fu r e n t s eu ls . V ou s a vez u n e m in e d e tr a
g éd ie. C ola m e fla tte in fin im en t, m a is m ’ a fflig e ...
p ou r vou s , p o u r n o tr e r ep os com m u n , si n otr e
b on h eu r es t à la m e r c i d ’u n a n o n ym e !...
— A in s i, vo u s a lle z m e d ir e ?...
— L a v é r ité !
E t elle d éve lo p p a s on p la n .
D ep u is d eu x m ois , s on a m ie, M m e d e R ou g ep ier r e, lu i a v a it p a r lé d ’u n jeu n e h om m e q u i ch er
ch a it à se m a r ie r , u n b ea u g a r ç o n , titr é , r ich e,
d 'u n e h o n o r a b ilité p a r fa ite . A v a n t d e p r é ve n ir s on
m a r i, B é a tr ix a v a it vou lu r e n c o n tr e r ce p r éten
d a n t. A l ’h eu r e a ctu elle, la ch os e é ta it d écid ée,
s ou s r és e r ve d u con s en tem en t p a ter n el, b ien en
ten d u . E lle g a r a n tis s a it la h a u te va le u r m o r a le d u
fia n cé, s on p a s s é s a n s ta ch e. L 'o c c a s io n é ta it à
s a is ir.
Q u a n t à O r ia , elle se je tte r a it a u cou d u b ea u
vicom te.
P o u r con clu r e, la com tes s e a vo u a q u e ses r e
m o r d s n ’éta ien t p a s é tr a n g e r s à s on d és ir d e r e n
d r e à la fille d e s on m a r i s a v r a ie p la ce d a n s les
m ilie u x m on d a in s .
D ep u is h u it m ois , O r fa d ép é r is s a it d a n s s a s o li
tu d e s a n s r a yo n s ; on r é p a r e r a it cetle in ju s tic e en
lu i d o n n a n t u n e g r os s e p a r t d e ju s tice et d ’a m ou r .
E t, a u m oin s , r a s s u r és s u r le s or t d e le u r h ér itiè r e ,
les c h â tela in s d e G or g on e p o u r r a ie n t se co n s a cr er
à le u r œ u vre d e d éfen s e, d e r és is ta n ce à u n a s s a u t
q u 'on p r é v o y a it fo r m id a b le.
L e com te À n fa lo tti écou ta , s a n s b r on ch er , les ti
ra d es d e B é a tr ix . li les a tten d a it, c a r il a v a it d e
vin é ia d ém a r ch e q u ’a llà it fa ir e s a fem m e d a n s
l ’a p r ès - m id i ; il s a v a it q u ’elle se tir e r a it d ’e m b a r
ra s en d éc id a n t.s o n a m a n t à ép ou s er s a b elle- fille,
s eu l m o ye n d e d é s a r m e r le m a r i et do g a r d e r
l ’a m a n t 1
M a is s a lâ ch eté é ta it p lu s fo r te q u e s a volon té.
Il se s e n ta it in q u iet, il v o y a it s a fille s a cr ifié e ;
il n ’os a r e fu s e r net. N o n q u ’il a ccep tâ t cette s o lu
tion . A a u cu n p r ix , il n e c o n s en tir a it à liv r e r O r fa
à u n h om m e q u ’il p r es s en ta it a vid e , jou is s eu r ,
p a r es s eu x et cyn iq u em e n t d éb a u ch é.
M a is il vo u lu t g a g n e r d u tem p s . E s id em m en t, à
cette h eu re, s ’il o p p o s a it u n veto fo r m e l, B é a tr ix
q u itte r a it l ’h ôtel, fu r ieu s e d e v o ir s a p u is s a n ce
con tes tée, c er ta in e q u e cette r é vo lte m a r q u a it la
fin d e s on r èg n e. E l le vieu x g en tilh o m m e s e s en
tait. le cœ u r s er r é à cette p en s ée, et ses ja m b es flé
ch is s a ien t s ou s s on p oid s . Il b ia is a .
H r é p o n d it q u ’il e x a m in e r a it la s itu a tion . O r fa
n e te n a it p a s à se m a r ie r . P o u r ta n t, si Je fu tu r
offra it, les g a r a n tie s én u m ér ées p a r M m e do R o u
g e p ier r e...
D on c, le len d e m a in , le la n d a u d u com te A n fa lo tti l ’a m en a a vec B é a tr ix ch ez M m e d e R ou g ep ier r e. L e b ea u L o u is fu t p rés en té a u m a r i e t r e
co m m a n d é a u p ère. E n s u ite, on se r e n d it a u v il
la g e d es b o r d s d e la S ein e, la com tes s e et s on a m ie
ca u s a n f g a ie m e n t a vec les d eu x h om m es a s s is en
fa ce d ’elles .
E n v o y a n t l ’a m a n t d e s a fem m e, l ’ ita lie n q u i
n ’ a v a it p a s u n d ou te s u r la cu lp a b ilité d e B é a tr ix ,
se c o n fir m a d a n s s on op in ion .
C e vicom te é ta it a b s o lu m en t tel q u ’ il se le r e p r é
s en ta it, le typ e d u c h e va lie r d ’in d u s tr ie.
E n le fr ô la n t d e son b ra s , il a v a it d es c r is p a
tion s , dos e n vies fo lle s d e lu i s a u ter a u cou et d e
l'é tr a n g le r ; il se con ten a it, éco u ta it u vec r é s ig n a
tion les p h ra s es p r éten tieu s es ou g o g u e n a r d e s de
L o u is d e C a s a n o, s es p otin s d e cer cle et d ’écu r ie,
d a n s u n a r g o t é tr a n g e , où se r e n c o n tr a ie n t d es
tnoU i d e tou tes la n g u es , d on t q u elq u es - u n s v e
n a ie n t d es fo r tific a tio n s et m ôm e d u b a g n e.
O n a r r iv a ve r s tr ois h eu res . L e tem p s é ta it a s s ez
b ea u et a s s ez ch a u d p o u r la s a is on .
45
<=§®
C om m e on s ’ a r r ê ta it, C a s a n o s a u ta à te r r e et
ten dit, s a m a in a u x d a m es .
S u r la p or te, la m a îtr es s e d u lo g is p a r u t. E l l e
é ta it vêtu e d ’u n e rob e tr ès s im p le, n u - tête. E lle
s e m b la it u n p eu tris te.
P o m 'ta n t elle em b r a s s a s on p ère, se la is s a em
b r a s s er p a r s a b elle- m èr e et p a r M m e d e R o u g ep ie r r e , q u i s ’e x ta s ia d e va n t s a b ea u té.
O n p r és en ta L o u is d e C a s a n o.
L a vo itu r e a tte n d r a it d e va n t la g r ille ; on r e p a r
tira it. d a n s u n e h eu re p ou r n e p a s r e n tr e r tr op
ta r d à P a r is .
E n tr a ve r s a n t le p a r c p o u r se r en d r e a u ch â
tea u , L o u is de C a s a n o m a r c h a it d e r r iè r e O r fa . S on
œ il d ’a m a te u r d é ta illa it les lig n e s ex q u is es d e ce
b ea u corp s d a n s l’ép a n ou is s em en t d e s a s p len d id e
jeu n es s e, a d m ir a it les tor s a d es ;de ses ch eveu x on
d u lées , e t à u n m om en t, .elle s e to u r n a v e r s . s o n
p è r e c o m m e p o u r m o n tr e r à s on a d o r a te u r le p r o
fil le p lu s a d m ir a b le m e n t p u r qu i s e p û t im a g in e r .
L o r s q u e R o m é o a p e r ç o it J u liette, d a n s le- d r a m e
d e S h a k es p ea r e, il s ’é cr ie :
— C ette d a in o is elle s e r a m a fem m e ou j ’en
m ou rra i !
L e vic o m te m u r m u r a :
— E lle es t tou t b êtem en t ép a ta n te, cette p e tite !
S i je r a te cette a ffa ir e - là , je s u is u n cr é tin !
A u s a lon , où u n g o û te r éta it s er vi, p o u r d is s i
m u le r le p r e m ie r fr o id in s tin c tif, L o u is d é p lo ya
ses s éd u ction s com m e on d ép lo ie u n p a r a ve n t.
I l t ic n é g lig e a r ie n d e ce q u i p o u va it le fa ir e v a
lo ir , a id é en cela p a r les d eu x d a m es q u i le » m a q u ig n o u n a ie n t », le p r és en ta n t s ou s tou tes ses fa
ces d ’h om m e du m on d e, d e ca u s eu r, d ’a r tis te, d e
le ttr é , m êm e d e p ia n is te, ca r il ta p o ta it a g r é a b le
m en t.
C e fu t lu i q u i a id a O r fa à o ffr ir le th é : ce fu t
lu i q u i d én ich a , d a n s les r ecoin s d u s a lon , les
œ u vr es <le la jeu n e fille, p ou r s ’e x ta s ie r .
— C ette b r o d e r ie es t d ’u n g o û t ex q u is ... E t q u el
h eu r eu x c h o ix d a n s ces m o r ce a u x de m u s iq u e !...
C es liv r e s r és u m en t la litté r a tu r e m od er n e...
I l a llo n g e a it les lè vr e s com m e p o u r Ib oire d u la it;
et ses p r u n elles jo u a ie n t s ou s ses p a u p ièr es , ta n
tô t en ex ta s e, ta n tô t en cou lis s e, ta n tô t p erd u es
d a n s l ’a zu r d ’u n r ê ve d ivin .
S a v o ix p r en a it d es in to n a tio n s ém u es , d ou ces ,
n a ïves , tr ou b la n tes a u s s i ; d a n s ses p h r a s es tr e m
b la it u n e a d o r a tio n q u i l ’é tr e ig n a it à la g o T g e .
T o u t l’a r s e n a l !
R ie n n ’y fit.
O r fa d e m eu r a it in s en s ib le à ce d éb a lla g e d e
ch a rm es .
E lle n e s ’a d r e s s a it q u ’à s on p ère, s ’in fo r m a it d es
ch os es b a n a les , a u s s i in d iffé r e n te q u ’on p û t l’êtr e
a u m a n èg e d es tr ois a u tr es p ers on n es .
P o lim e n t, a vec u n e p etite p oin te d ’en n u i et d e
tr is tes s e, elle r ép o n d a it a u x d em a n d es d u v is i
teu r ,
p ou r
se
r em ettr e
à
ca u s er
a vec
le
com te.
E t il fa lla it to u t le ta ct et, tou te la g r â c e do la
je u n e fille p o u r qu e cette s cèn e d em eu r â t d a n s les
lim ite s d es s tr ictes con ven a n ces .
11 éta it d e tou te é vid en ce q u ’O r fa se r a illa it du
vic o m te , (ju ’olle n e s o n g e a it p a s d u to u t à p r en d r e
lo b ra s d e L o u is d e C a s a îio p o u r q u itte r s a r e
tr a ite . M a is , tou t en m o n tr a n t tr ès n ettem en t cet
éta t d ’es p r it, elle g a r d a it u n e a ttitu d e c o r r ecte et
d e p a r fa ite éd u ca tion .
L a com tes s e eû t vite r é p r im é u n m a n q u e d ô
s a v o ir v iv r e ; elle 110 p u t qu e s ’a vo u e r s on er r eu r .
T a n d is qu e d e va n t l ’in u tilité d e s es effor ts ,
lo
r a s ta g r o m m e la it :
— E lle es t id iote, cetle p etite I
B é a tr ix , b ea u cou p p lu s a u c o u r a n t q u e lu i des
s en tim en ts fém in in s , se d it :
— O r fa es t a m ou reu s e. Q u i d on c es t ve n u ic i ?
J a cqu es D a r ta u d ? N o n , il l ’a to r tu r ée ! Q u i d on c ?
A le x a n d r e D u m a s fils a m is , d a n s u n e d e ses
p r é fa c e s célèb res , cet a x io m e ;
�«¡5°
«
46
Pou r
R ei n es üe Pa r i s
u n e fem m e,
il n ’y
a
qu e d eu x
s ortes
d 'h o m m e s : celu i q u ’elles a im e n t et- q u i n e r es s em
b le à a u cu n a u tr r , et ceu x q u ’e lle s .n 'a im en t p a s ,
et qu i se res s em b len t tou s . »
C 'es t la vé r ité m êm e, et la com tes s e la c o n n a is
s a it m ieu x q u e p ei's on n e.
O r, la fille tte tr a ita L o u is fin C a s n n o co m m e le
p r e m ie r ven u , u n p a s s a n t. O n d e v in a it qu e, p ou r
elle, il n ’ex is ta it p a s . Q u a n d il s e r a it p a r ti, elh ï n e
p e n s e r a it p a s p lu s à lu i q u ’à M m e d e R ou g e p ie r r e .
B é a tr ix fu t tr è s s u r p r is e d e ce r és u lta t. P o u r
e lle, L o u is éta it le ty p e d u h ér os d e r om a n , d on t
tou tes les jeu n es filles d e va ien t réver.
E n r eva n ch e, le p èr e n e fu t p a s fâ c h é . O h ! p a s
du tou t !
Il s ou ria it, m êm e a u x r ép on s es b a n a le s d e s u
fille, a g a c é e p a r les é te r n els co m p lim en ts du jeu n e
p r é te n d a n t à sa. d ot.
E t lo r s q u ’on s e q u itta , a u x p r em iè r e s om b res , le
vis a g e d e B éa tr ix e x p r im a it u n e c o lè r e m a l co n
ten u e, celu i d e L o u is u n éton n em en t p iteu x et les
yeu x du com te p é tilla ie n t de fin es ir on ies .
O r fa m it scs h ôtes en vo itu r e et em b r a s s a s on
p èr e p lu s co r d ia lem en t. L a - com tes s e et se»? 'd eu x
a m is se con ten tèr en t de s o u h a ite r b on n e s a n té à
la reclu s e, n e p o u va n t s u r m o n ter le d ép it d e le u r
d é sillusio n .
L e ch em in p a r u t in ter m in a b le.
L e s A n fa lo tti a va ie n t r econ d u it leu r s in vité s ;
ils r e n tr è r e n t c h ez eu x p o u r c a u s e r d e la jo u r n é e .
— V «u e z d on c ! fit B é a tr ix en e n tr a în a n t s on
m a r i d a n s 1»; b o u d o ir où a va ie n t lie u d ’o r d in a ir e
/
le s e x p lic a tio n s g r a ve s .
— V o lo n tie r s .
A v a n t d e q u itte r m êm e sa vo ile tte , elle d it, se
p la ç a n t en fa ce d u g en tilh o m m e :
— Q u elq u ’u n a d é jà tou ru é la tête d ’O r fa . Je lo
ju r e r a is . C ette fille - là es t a m ou reu s e.
U n e in ou e d ’in cr éd u lité a c c u e illi* cette s u p p o
s ition .
— E n v o ilà n u e id ée ! P o u r q u o i ça ?
— P a r c e q u ’e lle n ’a fa it a u cu n e a tten tio n à s on
fia n cé e t q u ’il n ’y a pa s d ’a u tr e e x p lic a tio n à cela .
D a n s ta p os ition , u ne jeu n e fille lib r e eû t s a lu é
com m e u n s a u ve u r u n b ea u fia n cé r ich e et la n cé
d a n s le m on d e, c a p a b le d e lu i a s s u r er d es tr io m
p h es .
, I l a ccen tu a s a m ou e d ’éton n em en t.
— V ou s p en s ez ? Je c r o is tou t b êtem en t q u ’O r fa
c. tr o u vé ce m o n s ieu r tr ès b a n a l.
— V ou s d ites ?
— Je d is tr ès b a n a l. Il l ’est. Il r es s em b le à c in q
ou s ix cen ts ra s ta s effla n q u és q u e je cou d oie a u
c e r c le e t d a n s les cou Loins d es th éâ tr es . Il a l ’a ir
fa u x , vic ie u x et vid é.
il n ’éta it p a s fic h é d e je te r c ette a p p r écia tio n .
B é a tr ix se m o r d it les lèvr es .
L ’a u tr e r e p r it, h eu reu x d ’o b é ir en fin à sa n a tu r e
m éch a n te, de p r o fite r d e l’occa s ion p o u r se ve n
ger
sans
c r a in d r e
u n co u p
de
tête
d e la
com tes s e :
— O r fa es t tr ès in te llig e n te et tr ès a r tis te. S a
n a tu r e d é lic a te , ca n d id e et n oh le, l ’é lo ig n e d e ce
g o ru e d ’h om m es , d e ce* ié ,.*i i.-- p o u r qu i la vie
ne rés u m e en des p a rs " - u r ?
cou rs es et d es p a r
ties d a n s les ca b a r et* , h u e m ’ex p liq u e p a s c o m
m en t, vou s , m a cb r> u n ie, s j fin e et si g r a n d e
d a in e , vou s a y e z s o n g é à a m en er p a r m i n ou s u n
h om m e d é jà m û r — il a a u m oin s tr en te- s ix oti
tr en te- h u it a n s — s a n s p a s s é, s a n s p r és en t et
s a n s a ve n ir , in u tile et b la s é, d o n t lu co n ve r s a tio n
es t d ’u n e fu tilité n a vr a n te.
E lle n e r ép o n d a it rien .
__ E t je vou s p rés en te m es excu s es d ’a vo ir , a u
reçu d e la lettr e de ce m a tin , d ou té d e votr e a b s o
lu e fid é lité ; il es t c e r ta in q u ’u n e n a tu r e ex q u is e
com m e la vô tr e n e s a u r a it se p la ir e a u co n ta ct
d ’u n e s p r it a u s s i cr eu x , d ’u n êtr e a u s s i b a n a l,
«a n s d is tin c tio n e t s a n s v a le u r m o r a le .
C e p e tit s er m on U n i, il s ’a s s it p o u r éeo u ter s a
fem m e.
E lle n e se p r e s s a p a s . E lle r e g a r d a it le c o r a ^
com m e p o u r p es er ce q u ’e lle |iou va.it r is q u er à
cette h eu r e : p ou r la p r e m iè r e fois , l ’ita lie n se c a
b r a it s ou s 1e jo u g .
S a n s d ou te, elle p en s a p o u vo ir e s s a ye r le g r a a - ï
jeu .
E lle la is s a tom b er cette p h r a s e d ’u n io n b ien
n et :
— C ’es t p o u r ta n t lu i qu i ép ou s er a O r fa !
I l s ecou a la tète, et s on g es te é ta it a u s s i r é s o lu
q u e celu i d e B éa tr ix .
— N ou !
— Si !
— K ie n r.e fe r a q n ’O r fa n e s oit rn a fille , q u e j ’a i «
e n ver s elle d es d evo ir s , — je les a i ou b liés as><«i
lo n g tem p s , — d es d e vo ir s d on t le p r e m ie r es t d e
n e p a s la liv r e r a u x con voitis es d ’u n co u r eu r >iî
d ot.
E t d ’u n ton sec,
d on t la
b r u ta lité
éton n a
B é a tr ix , q u i s a va it p o u r ta n t s on m a r i ca p a b le d s
tou t, ii con clu t :
— M oi, je vou s ju r e q u ’O r fa n ’ép ou s er a p s a
v o tr e ... ce C a s a n o. I lu tAt qu e d ’a c c ep te r ’.m e in fa
m ie p a r e ille , je lu i b r û ler a is la c e r ve lle I V o ilà I
-— B on ! fit- pile. N ’en p a r lon s p lu s !
Ils n ’en p a r ièr en t p lu s . M a is le len d em a in , à
tr o is h eu res , B é a tr ix fr a p p a it
à
la
p o r te d a
C a s a n o.
L o u is l'a tte n d a it.
•— E h b ien ?
— im p o s s ib le ! Il fa u t r e n o n ce r à n oti’e p r ojet.
C ’es t a b s olu m en t im p os s ib le !
— Je n e lu i p la is pa s, à cette O r fa ?
— M on m a r i ne veu t p a s d e toi p ou r gen d re.
— E t la jeu n e fille ?
— P a s d a va n ta g e p o u r m a r i, d ’a p r ès ce qu o.
j ’a i c o m p r is et ce q u 'a ffir m e le com te.
L e r a s ta fit u n e g r im a c e c a r a c té r is tiq u e et la is s a i
tom b er u ne ex c la m a tio n d e r eg r et.
— S a p r is ti 1 C ’es t cru el.
— . Ç a f a l l a it , L o u is , cette u n ion ?
1 1 s’é c r ia :
,
,
— S i ça m e b o tta it I ju n qu a u x cou d es ! U n e d o t
p r in c iè r e et u n e... et toi to u jo u i.....
lin effet, ça fa is a it a b s olu m en t s on a ffa ir ?.
O r fa éta it r a vis s a n te. Et p u is , te n ir le co ffr et > >3
ris q u e, d e ve n ir im m en s ém en t r ich e eu deve.u . : d
h eu reu x I
u n ’y fa u t p lu s p en s er ? h a s a r d a - t- il, a ve *
u n e d e r n iè r e es p éra n ce.
— P lu s du tou t. Je con n a is m on m a r i. T1 te
b r û le r a it la ce r ve lle si tu in s is ta is . JJ m e l ’a d it 1
— Q u el s a u va g e 1
B é a tr ix em b r a s s a son a m a n t, s ’a s s it à côté d e
lu i, ses m a in s d a n s les s ien n es .
— E cou te, lu i d it- elle, je cr o is qu e tu a va is r a i
s on et. qu e e p lu s s im p le est de p a r tir en s em b le.
— D a in e 1 s il n y a p a s m oyeu a u tr em en t I
I l y a v a it en , la ve ille , g r a n d e con fér en ce ch .- *
les M o r ta n e, ru e M o za r t, et on
,
in R emi> le... c a r il
fie... Je n e p o u r r a is p lu s ven ir ...
I l a p p r o u va :
m é
— O u i. F u ir 1 Tou s d eu x s e u ls , ’ tou jou r s I U n
éter n el a m o u r d a n s u n p a ys rt e r êve... s cu 'em en t
je n 'a i p a s le sou I
— A h I s ou p ir a - t- elle, je le s a is b ien . M oi, i ’a l
m es b ijou x .
U fit la m ou e.
— Il y en a p ou r s oix a n te- d ix m ille fr a n cs à r*a ..
U s er tou t d e s u ite.
L a m ou e se c h a n g e a en g r im a ce .
— N on . Ç a n ’ext p a s s érieu x . E t p u is , je n e ve n x
p a s q u e tu ven d es tes b ijou x . U s en c a d r a n t t u
b ea u té. V o yo n s 1 T o n m a r i es t rich e.
�Rei nes de Pa r i s
-■ ■
■
■
-"
— O nt.
— O n p o u r r a it lu i p r en d r e l a fo r te s om m e, p u is
qu 'on p a r t à ja m a is ! A u s s i ibien, il n ou s c o u r r a
a-près et n ou s tu er a pans q u ’on e m p o r te u n sou ,
a lors ... ; vo yo n s , il d o it a v o ir d e l’a r g e n t p la cé, des
titres , d es V a leu r s ?
E lle h é s ita it à r ép on d r e. Ju s qu ’ici, e lle a v a it
ten u L o u is à l’é ca r t- d e cette h is to ir e d e p erles d on t
il n e p o u va it r ien s o r tir de b on p o u r elle.
■— O u i, d es va leu r s .
— O n m ’a d it q u ’il a v a it p a yé en P e lg iq u e ,
l ’a ch a t d ’u n h ôtel, celu i q u ’il habit-e, je cr ois , a vec
u n m illio n de p erles fin es .
E lle fr is s o n n a :
— E s t- ce vr a i ? A lo r s , il d o it p os s éd er u n tr és o r
en p ie r r e s p récieu s es .
E lle g a r d a !e s ilen ce.
— Tu dors b ien s a vo ir d ’où v ie n t vo tr e for tu n e,
tu q u oi elle con s is te ! S i e lle con s is te en b ijou x ,
ça va u t m ieu x . O n p eu t m e ttr e s o u » s on b ra s tr ois
m illio n s d e d ia m a n ts ... et m êm e v in g t î... D a n s ces
con d ition s , fu ir en s em b le s er a it ch a r m a n t. N ou s
ir io n s v iv r e à l'é tr a n g e r , e n fo u is d a n s q u elq u e
ch â tea u ...
L es in vite s é ta ie n t tr o p éloq u en tes p o u r q u ’elle
se d érob â t.
E lle s 'ik :ria :
— Oh ! tu a s r a is o n ! C ’es t le b u t, cela , c’es t le
fû ve 1 U n e ex is ten ce à d eu x d a n s u n c h â tea u
P erd u ... E t p u is , il fa u t d e l'a r g e n t ; tu as r a is o n 1
E t elle ex p liq u a :
— L a for tu n e es t b ien en p ie r r e r ie s , et il y en a
./Oo t u n e jo lie s om m e. S eu lem en t, je n e l’a i p a s
m oi, coite fo r tu n e ; je n’v tou ch e p a s 1
— E lle y vien t, se d it C a s a n o. Ce n ’es t p a s m a l
h eu reu x f
E l tou t h a u t :
— M oi, tu com p r en d s , je d is ça a u h a s a r d .
A va n t, d e p r e n d r e u n e d écis ion a u s s i im p o r ta n te
qu e celle de fu ir en s em b le, d e r ecom m en cer u n e
ex is ten ce, il est de tou te n éces s ité de p es er les
ch a n ces . L ’a r g en t, b ea u cou p d ’a r g en t, es t u n e n é
ces s ité,.. p ou r toi... et p ou r in o i 1
— O u i ! ou i !
- - Si tu p ou va is p r en d r e u n e p a r tie ...
— S i je p r en d s , je p ren d s tou t 1
—
P a r b le u
— r.-^=rr. - ' - 7.
— ------
! s ’écria - t- 11.
— C e s er a d iffic ile. Il es t m éfia n t. L e s d o m es ti
qu es s on t à lu i... et n ie h a ïs s en t, s a u f u n , et celu ilà. on le s u r veille ... on le g a r d e p a r p eu r des r évé
la tion s ... Je ve r r a i... S i tu s a va is com b ien je s er a is
h eu reu s e I...
— E t m o i d on c !... fit- il en s e r r a n t B é n tr ix s u r
son cœ u r o u ver t d e n ou vea u a u x es p oir s v e r tig i
n eu x. ,1e no r e g r e tte r a is p lu s ce m a r ia g e .
i — V ra i !
— S u r m on h o n n eu r I
— O li ! je t’a d o r e I
L o r s q u ’elle se leva p o u r r e g a g n e r le p a r c M o n
cea u , l'a ffa ir e éta it con clu e.
D ès q u ’elle p ou rra it,, elle s ’e m p a r e r a it d e la ca s
sette do p er les et fu ir a it a vec L o u is d e C a s a n o. Ils
ir a ien t c a ch er leu r a m o u r d a n s \in ch â tea u du
T y r o l ou s u r les b ord s des la cs d e la, lla u te - ltn lie .
U n d éco r m e r ve ille u x il leu r jo ie de m illio n n a ir e s
et d ’a m a n ts .
X
— Toc I Toc !
L o «cu lp t.eu r L u d o vic M ois s a c, q u i «tr a va illa it à'
son l iln g iv e , s’écr ia jo yeu s e m e n t :
M a d em o is elle L u r e tte I
E t il cou r u t o u v r ir h sa vis iteu s e.
~~ E t m a d em o is elle C lo tild e ! E n v o ilà
u ne
ch a n ce I E n tr e z d on c, j ’a i du b on fou I
V olorvticrs . Ç a p in c e ce m a tin , j ’a i le b ou t des
o r eilles g elées .
L u cette e n tr a la p r em iè r e , p o u r p r é p a r e r la
ch a is e u n iqu e.
-
^
4 7
— A s s ied s - toi- là , C fotr M e ! M oi, sT?r cet es ca
b ea u . D ia b le f ça a va n ce, vo tr e s ta tu e f
— I l fa u t b ien ! Je tr a v a ille tou t le jo u r . E t
vou s , m es d em ois elles , la s a n té et les a m o u r s ?
— A r a v ir ! fit L u cette.
— A peu p i'ès ! fit C lotild e.
— D ites d on c, m o n s ieu r L u d o vic , n on ? ven on s
c h er ch er Ja cqu es . N ou s s om m es p a s s ées cfcez lu i,
il n ’y était, p a s . N o u s p en s ion s I" tr- u icor ici,
— Il y vie n d r a , et b ientôt., r ép o n d it M o i:s a c, e n
co n s u lta n t s a m o n tr e . D ’ici u n .q u a r t d ’h eu r e, H se
c h a u ffe r a à côté de vou s . C 'es t sa cou tu m e d e fa ir e
u n to u r d e L u x e m b o u r g a va n t de \ e iir m e p ren
d r e p o u r le d éjeu n er . V ou s êtes p res s ées d e le ren
c o n tr e r ?
— L a s tr op . P o u r vu q ir’on le tr ou ve a va n t m id i !
— O h ! je vo u s l'a ffir m e L C ’es t p o a r vo tr e ... p o u r
n o tr e œ u vre, to u jo u r s ?
— T o u jo u r s . N ou s a llo n s l’e n v o y e r d e n ou vea u
à C h a t ou .
— D écid ém en t. V ou s te n ez à vo tr e Id ée ?
— D a m e î il fa u t b ien ! r e m a r q u a L u cette. Ca
n ’est, p a s d e m oi ni d e vo tr e m od èle qu e la Jeu n *
O r fa d evien d ra it, a m ou r eu s e ! E t n ou s ten on s à es
q u ’elle a d or e u n des n ôtres .
M ois s a c. p lu s éton n é en co r e :
— E t M lle C lo tild e se p r ête à ce ca lcu l ? E lle ü «
c r a in t p a s q u e J a cqu es l’o n '.lie ?
L a fille du fo r ç a t eu t un. s o u r ir e a s s ez tr is te et,
com m e si elle r é c ita it u n e leço n :
— M o n s ieu r M ois s a c, si J a cq u es es t c a p a b le de
m ’o u b lier , je n e r e g r e tte r a i p a s de n e p a s l'a v o ir
ép ou s é, c a r cela lu i s e r a it a r r iv é a p rès !;: m a r ia g e ,
et j ’en a u r a is s ou ffer t d eu x fois . Il e$t
p os s ib le
qu e s a n a tu r e de M é r id io n a l l’e n tr a în e d a iM u n e
vo ie a u s s i a ttr a y a n te . J’en p leu r er a i a m èr em en t,
m a is je ne m e p la in d r a i pa s. Il es t lib re, '.ion p ère
es t, p ou r m o i, le p r e m ie r des d e vo ir s , e l je s a c r ifie
r a i vo lo n tie r s m on a m o u r p ou r J a cq u es à. m on
a ffe c tio n filia le . I l fa u t q u e cette O r fa , p la cée en
tr e son (tère et sa b elle- m èr e, a m èn e te con flit
n éces s a ir e, c a r s eu le elle, p eu t n ou s in tr o d u ir e
d a n s le m ilieu où es t n o tr e fo r tu n e. E t .elle n ’écou te r a g u èr e q u 'u n a m ou r eu x ; si elle a im e J a cqu es ,
n ou s réu s s iron s . D a n s ces co n d itio n s , je s u is la
p r e m iè r e à c h a r g e r m on fia n cé de cette m is s io n
é tr a n g e : s’il m ’o u b lie, je tâ ch er a i d e l’o u b lie r ;
s ’il m e ren ie, je m e co n s a c r e r a i p lu s e n tièr em en t
à m on p ère, d on t l’éta t n éces s ite ta n t d e s oin s I
V o ilà !
L e s cu lp teu r l ’a d m ir a .
E lle a va it d it cela d ’u n e v o ix r és ig n ée, d ou ce et
rés olu e, où , à la fois , tr em b la ien t les m é la n c o lie s
de la d éla is s ée et s’a ccu s a it la vo lo n té d e la tille
d évou ée au b on h eu r des s ien s .
— Il on es t ca p a b le, ce n ia is I r e m a r q u a L u cette.
C ’es t si b ête, u n a m ou r eu x ... q u i nY.-d p a s s cu lp
teu r a u n u m ér o 09 de la ru e d e V a u g ir a r d .
— O h ! fit M ois s a c, i l » n e s on t p a s b ien m a lin s
n on p lu s ceu x - là ! C ep en d a n t, ils ne lâ ch en t p a s
la p r o ie p o u r l’om b r e et ne ch er ch en t p a s le b on
h eu r à d eu x lieu es do P a r is lo r s q u ’ils l'o n t s ou s lij
in a in .
— V ra i ?
— V ou s en d ou tez, m a d em o is elle L u cette ?
— l ié I si u ne b elle m a r q u is e ita lien n e v e n a i t
s ’a s s eoir Ici, s en ta n t b on les m illio n s et l'a r is to
cr a tie , vou s fin ir ie z p a r r e lég u e r an tr o is iè m e p la n
le s o u ven ir de la p etite T o u lo u s a in e p o in t r ich e ot
p o in t b elle, de la p etite b o u r g eo is ie...
Il
in t e rro m p it
:
— E lles p eu ven t ve n ir , les m a r q u is es ita lie n n e s 1
L ’a u tr e jo u r , sa ris vo tr e r eco m m a n d a tio n , je fla n
q u a is la G o r g o n n is e fi la p or te ! U n e ch ip ie qu i
fa is a it u ne m ou e de d éd a in d e va n t m es m eu b les ,
qu i c r a ig n a it do s a lir ses d en telles ...
— V o ilà J a cqu es I
I.es d eu x fem m es se levèr en t.
— N on , c'es t G a b r iel, d it le s cu lp teu r, q u i coui
n a i as.ait le p a s do ses a m is .
�«3o
48
L a g lo ir e d e M o n ta u b a n e n tr a :
— D io u b ib a n t ! il fa it fr io t... T ie n s ! M a d e m o i
s elle C lo tild e ? V a b ien ? la s a n té ! V ou s d é r a n g e z
p a s ... N o n ! n on ! P a s b es oin d e feu . J’a i u n v o l
ca n in tér ie u r , u n c r a tè r e !
O n le fit a s s eoir tou t d e m êm e. Il te n d it ses
m a in s , b leu ies p a r le fr o id , a u p oêle q u i r o n fla it
s ou s les cou p s d e p iq u e d u s cu lp teu r.
— R ie n d e m a l, .m es d em ois elles ? T a n t m ieu x I
F r a îc h e s com m e d es ros es ! V ou s ven ez v o ir
J a cqu es ?
— J’a lla is m ’in fo r m e r d e vou s , q u i n ou s êtes s i
s ym p a th iq u e.
— M e r c i 1 M o i ? Je s u is a m o u r eu x ! lit a m ou
reu x com m e on s a it l'ê tr e à M on ta u b a n !
— P à ta tr a ! lit M ois s a c. Ç a te m a n q u a it p o u r
d e v e n ir r ich e i E t de q u i, b on d ieu ?
— D c j a com tes s e A n fn lo tti, je cr ois .
L u d ovic,, in te r lo q u é , ex a m in a le p etit h om m e.
L u c e tte d em a n d a :
— Q u a n d l ’a vez- vou s vu e ?
— H ie r . E lle s o r ta it d e s on h ô tel a vec s on m a r i,
en la n d a u d écou ver t.
C lo tild e r e g a r d a s on a m ie p o u r lu i c o n fir m e r
l ’ex a ctitu d e d u r écit.
— O u m oin s, je p en s e qu e c’es t l a fem m e d u
vieu x va u to u r . J ’éta is là , d e va n t la d em eu r e dei
ces étr a n g er s , à c a lc u le r les fa çon s d e m ’in tr o
d u ire d a n s l ’in té r ie u r d u log is .
— P o u r q u o i fa ir e ?
— C om m en t p o u r q u o i fa ir e ? Je n e vou s l’a i p a s
r a co n té ? O n m ’a s or ti I O n m ’a b a la y é !
— Je m e s ou vien s ! o b s e r va L u cette.
— Je m e s ou vien s b ien p lu s , m o i ! A u s s i, s u is je r és o lu à m ’in tr o d u ir e d a n s l ’h ô tel et à s o u ffle
te r le com te. Je lu i c r ie r a i en fa ce q u 'il s ’es t con
d u it a vec m o i com m e u n g o u ja t, en m e fa is a n t
e m p o ig n e r p a r ses va le ts ! lin fils d e M on ta u b a n
va u t b ien u n g e n tilh o m m e ita lie n , je s u p p os e I
S ’il n e se b a t p a s a vec m oi, je l ’é ve n tr e !
— C e s er a it vif.
— D on c, je s u p p u ta is m es ch a n ces , q u a n d j ’a i
vu s o r tir le h ib ou et u ne fem m e a u x ch eveu x n oir s ,
à l ’a ir in s olen t, a u x ép a u les d e d ées s e. D es ye u x
p a r e ils à des d ia m a n ts n oir s , leu r é c la t en s o le il
la it la ru e 1 D es lèvr e s r o u g es com m e d es g r e n a d e s
d e P a ïe n n e , d es d en ts , d es b ra s , u n e a llu r e !...
— Je s a is , n ou s s a von s ! fit M ois s a c en co n te
n a n t G a b r iel
— C ’es t p r é c is é m e n t p o u r ce la q u e je vie n s te
d em a n d er d es tu ya u x . C ’es t ta vis iteu s e, h ein ?
— O u i. L a com tes s e B é a tr ix A n fa lo tti. J u s te
m en t, je p a r la is d ’elle.
— T u fa is a is s on é lo g e ?
— P a s p r écis ém en t. A h ! tu en es a m ou r eu x !
Ç a n e m 'é to n n e n a s !
G a b r ie l jo ig n it les m a in s :
— M on cœ u r es t u n b r a s ie r , m es s on g es s on t d e
fla m m es . A p rop os , j ’a i u n e a ffa ir e s u p erb e I P lu s
de cen t m ille fr a n c s à g a g n e r en tr o is m ois !
— C ette fo is , v o ic i J a cqu es ! fit M ois s a c, in te r
r o m p a n t ïe d is cou r s du G a s con .
C ’é ta it, en effet, le litté r a te u r tou îou s a in q u i
c o m m en ça it à tr o u ve r le p la c e m en t d e s a cop ie
d a n s les fe u ille s p a r is ien n es .
— E n v o ilà u ne ch a n ce ! B o n jo u r C lo tild e ! B o n
jo u r L u cette !
Il les em b r a s s a , s o r r a la m a in des d eu x h om m es ,
et se c h a u ffa à s on tou r.
Il p a r a is s a it h eu r eu x de v ivr e . M ois s a c en fit la
r em a r q u e :
— T e v o ilà tou t g u ille r e t. Q u e t'a r r ive - t- il d on c ?
— L ' I llu s t r a t io n p u b lie u n e lo n g u e n ou vello do
m o i, et j ’a i p la cé u n r om a n ch ez u n g r a n d éd iteu r .
U n e cen ta in e d e lo u is a s s u rés !
__ F ic h tr e ! s ’e x c la m a G a b r iel.
__ P rob a b lem en t p lu s , et le p ied d a n s le b on
ch em in . L a con qu û to d e P a r is !
I
u rette em b r a s s a en cor e s on fr è r e . C lo tild e fé li
cita J a cq u es a ve c u n e jo ie triom p h a n te..
R ei n es de P a r i s
*9 *
— A llo n s d é je u n e r ! c r ia la s œ u r d e l’é c r iva in .
N o u s b oir on s d u ch a m p a g n e p o u r fê te r le p rem ier,
s u ccès d e Ja cqu es ! C ’es t m o i q u i p a ie !
— N o n , c ’e s t m oi, fit le tr io m p h a te u r en s o r ta n t
q u elq u es lou is . L ’éd iteu r m ’a a va n cé c in q cen ts
fr a n cs . E n fin , je va is m a n g e r d u p a in d e P a r ia
p a y é a vec l ’a r g e n t d e P a r is I
O n s e leva .
L es d eu x jeu n es filles p r ir e n t ch a cu n e u n b r a s
d u jeu n e é c r iva in , et l ’en tr a în a n t d a n s la p etite
s a lle du 'r es ta u r a n t vo is in , lu i fir e n t p a r t d ’u n e
n o u ve lle co m b in a is o n p ou r la q u e lle e lles co m p
ta ie n t s u r lu i.
I l d e va it se r en d r e à C h a tou p o u r r ecom m en cer
à peu p rès la s cèn e q u i se te r m in a s i m a l ; cette
fo is , les ch os es m a r c h e r a ie n t m ie u x s a n s d ou te.
Il n e s ’a g is s a it p lu s d e p o r te r u n e le ttr e s en s a tio n
n elle, il fa lla it s im p lem en t s a u ver la jo lie fille tte
d ’u n d a n g e r m en a ça n t.
— Q u e f d a n g e r ? d e m a n d a Ja cqu es .
— O n veu t la m a r ie r à u n r a s ta effla n q u é,
p o u r r i d e vices et d e d ettes ; q u i es t, en ou tr e,
l'a m a n t d e la m ère. M a is d éjeu n o n s d ’a b or d . Je
t ’e x p liq u e r a i ça en te m etta n t en vo itu r e. C a r tu
ir a s à C h a tou , tu con s en s ? fit L u cette.
— V o lo n tie r s ! D u m o m en t q u e c e la p eu t vou s
r en d r e s er vice...
L e ton d é g a g é d e cette a ffir m a tio n ,' s a n s r a s s u
r e r tou t à fa it C lotild e, lu i m it a u cœ u r u n a p a is e
m en t d élicieu x .
A u s s i le r ep a s fu t- il ch a r m a n t, a s s a is on n é p a r
la g r â c e , la c r à n er ie et l ’en vo lée d e la jeu n es s e.
I l éta it p lu s d e d eu x h eu r es lo r s q u e L u c e tte et
C lo tild e co n d u is ir en t J a cqu es à la g a r e S a in t- I.a za r e, en fia cr e, la m ôm e vo itu r e d e va n t r a m e n e r
les d ou x jeu n es fille s à M o n tm a r tr e .
L e r o m a n cier , m u n i d ’in s tr u ctio n s d éta illées ,
a cco m p lit a u s s itôt s a m is s ion . 11 d es cen d it d u
tr a in à tr o is h eu res et. q u a r t ; la d em ie s onu a.
q u a n d il fr a p p a à la g r ille d u ch a tea u .
L a b ru n e S te lla a ccou ru t.
E lle a tten d a it la vis ite d e J a cqu es , q u i fu t in tr o
d u it s a n s fo r m a lité s .
P o u r a s s u r er la tr a n q u illité d es d eu x jeu n es
cen s , l'Ita lie n n e a u x o r d r e s d e Ilom b er fç a va it
é lo ic n é le ja r d in ie r e t le g a r d ie n d e la d em eu re,
I l n e r es ta it qu e s a m a îtr es s e, q u i, p r oven u e e lle
a u s s i, a v a it con s en ti à r e c e vo ir s on vis ite u r in
con n u p o u r é c o u le r s a d éfen s e, c a r il te n a it a b
s olu m en t à e x p liq u e r s a con d u ite en s o llic ita n t
s on p a r d on .
— M a d em ois elle est a u salon. N ou s n e com p
tion s plu s su r vou s.
— O n m ’a d it tr o is h eu res ,
— I l es t la d em ie p a s s ée. C ’es t ég a l, vou s s er ez
le b ien ven u .
L a fille d u com te A n fa lo tti fr is s o n n a d ’ém o tio n
à la vu e d e Ja cqu es .
S i s on p ère ou sa b elle- m ère se fu s s en t tr ou vés
là , 1 im p i es s ion ca u s ée p a r la p rés en ce d u b ea u
T o u lo u s a in le u r eû t e x p liq u é le p eu do s u ccès d e
C a s a n o.
O r fa s e te n a it d eb ou t, p r o ch e d o la p or te.
J a cq u es com m en ça p a r s’in c lin e r b ien b a s.
Ce fu t p r es q u e a g e n o u illé q u ’il p a r la , d ’u n e v o l x
a ttr is tée, m a is a vec d es r eg a r d s de jo ie et d ’a d m i
r a tio n d a n s ses p r u n elles lovées s u r la jeu n e fille.
— M a d em o is elle, je vou s r em e r c ie d e m e p e r
m ettr e d im p lo r e r m on p a r d on . S u r m on â m e,
j ’ig n o r a is a b s olu m en t lo con ten u do la lettr e rel
m is e p a r m oi 1 a u tr e jo u r ... j e l ’ig n o r e en cor e. Je
e n v v n i c r l o TO OCQi» nron
i ---s e r va is d e m es s a g er a d es in con n u s , d a n s le d é s ir
d ’a d m ir e r d o p lu s p r ès u n e c h â tela in e q u i m e p a
r a is s a it en cor e p lu s m a lh eu r eu s e q u e b elle.
__ R elevez- vou s , m o n s ieu r !
— J ’a va is r e m a r q u é la reclu s e q u i p a s s a i t s o u s
les a r b r es ja u n is d e s o n p a r c, p a r e ille à u n e r e ln a
p ers écu tée e t j ’a va is es p éré q u e m on d é vo u e
m en t...
— Je vou s en p r ie , m on s ieu r , a s s eyez- vou s I Jq
n e p u is vo u s la is s e r a in s i...
�*3®
R ei n es de P a r i s
— M e p a r d on n ez- vou s ?
E lle s o u r it :
— O u i.
Il s a is it la m a in q u ’on lu i ten d a it, et d ép os a u n
b a is er res p ectu eu x s u r le b ou t d es d oig ts .
A lo r s il se r e le v a et s ’a s s it en fa ce d e la m a î
tres s e d e la m a is on .
E t a u s s itôt il con tin u a :
— O u i... je vou s vo y a is s i tr is te d a n s cette s o li
tu d e d orée, q u e je n ’a d r es s a is a u D es tin q u ’u n e
p r iè r e : vou s d o n n er u n r a y o n d e g a ie té , d ’e s
p oir, vou s o u v r ir u n coin d e ce m on d e a ttr a y a n t
p ou r qu i vou s êtes c r éée e t q u ’on vou s r efu s e d e
co n n a îtr e !
— M on p èr e a d es r a is on s ...
— H é la s I je les s a is ... et vou s les s a vez a u s s i !
— M oi ?
— O u i... J’a i u n tel d és ir d e vo u s être a g r é a
b le, vo tr e s or t m ’in s p ir e u n e te lle com p a s s ion , à
la fois p u is s a n te et p r os ter n ée, qu e je m e s u is
in fo r m é d e vou s a u p r ès d es in con n u s q u i se s on t
s ervis d e m oi.
— C es m is é r a b le s q u i a ccu s en t m o n p èr e d ’u n
crim e ?
— Je n e les a i p a s in te r r o g é s s u r vo tr e p ère,
cJUe je s u is p r êt à s e r vir ... je n ’a i eu a u cu n e p ein e
à a p p r en d r e s u r vo tr e m èr e... vo tr e b elle- m èr e...
11 s ’a r r ê ta , ca r elle a v a it eu u n g es te d e d ég o û t :
— N e m e p a r lez p a s d ’elle !
— J ’y s u is b ien o b lig é , m a d e m o is e lle 1 J ’y tien s !
ca r c’es t cette fem m e q u i p.st ca u s e d e tou tes vos
s ou ffra n ces et q u i es t res p on s a b le d e vo s m a lh e u r s !
8pu le r es p on s a b le ! P u is q u e vo tr e p ère d é jà vie u x
E’est la is s é im p os er p a r u n e ép ou s e in d ig n e,
un éta t d e ch os es où p eu t s o m b r er vo tr e s a n té, v o
ir e e s p r it ! C ’esit elle s eu le, cette a ve n tu r iè r e , elle
s eu le et n on lu i. q u i a r elég u é...
— M on p ère l ’a im e I in ter r o m p it- e lle . Je d ois la.
in s p ecter 1
Il r é p liq u a :
— O n n e d o it r es p ecter qu e ce q u i es t r es p ec
ta b le ! C ette fem m e es t u n êtr e p e r ve r s , a u x
in s tin cts m a u va is , d on t l ’a ctio n n éfa s te a d é jà
cau sé b ien des m a u x ! Je le d evin a is , cela , lors W e je p a s s a is d eva n t ce ch â tea u , ép ia n t vo tr e
aP p a r itio n .
— V ou s ven iez...
— S ou ven t... J ’éta is a ttir é p a r ce m ys tè r e où âé
«é b a tta it u n e jeu n e fille n ob le et p u re, s a cr ée p a r
lc m a lh eu r , et ver s la q u e lle a lla it, com m e m a lg r é
7*oi, ce b es oin d e d évo u em en t q u e to u t F r a n ç a is
ao ra ce la tin e p or te en lu i I Je m e s u is ju r é d e
r ép a r er cette cr u a u té d u s or t !
E lle s ecou a la tête.
— Ilé la s 1
M a is lu i, r é s o lu m en t :
— Oh ! si in u d em ois elle 1 S i ! je r a m è n e r a i d a n s
vos yeu x ca n d id es l ’es p ér a n ce et la fo i'l Je m e ttr a i
u u s oleil d a n s l ’h o r izo n d e vo tr e vie, et d es ros es
su r vo tr e r ou te 1
E lle b a is s a les ye u x p o u r d e m a n d er :
•— P o u r q u o i V
— P o u r q u o i 1...
Il se r a p p r o c h a ; se p e n ch a n t p o u r p r e n d r e la
m a in d ’O r fa :
— P a r c e q u e vo u s ôtes s em b la b le a u x vie r g e s
des lég en d es 1 P a r c e q u e vou s êtes l’in c a r n a tio n
ue ce qu i s éd u it to u t p oète et to u t c r o y a n t : d e la
b on té, d u m a lh eu r im m é r ité , d u s a cr ifice 1... P o u r nV** ^ ^>a rcc (IUC i c V0U3 tr o u ve si s a in te, si d iv i
n is ée, p o u r a in s i d ir e , p a r les tou r m en ts d on t
u ne fem m e cr u e lle to r tu r e vo tr e jeu n es s e, qu e ie
ne s er a is p lu s h eu r eu x , ja m a is , si je vou s la is s a is
a in s i |
1
E lle le r e g a r d a it, m a in te n a n t, b lêm e d ’ém oi, ses
yeu x d ila té s :
. — O u i, ou i I je tien s à m e co n s a cr er à ce d evo ir ,
« e r a m en er la g a ie té d a n s vos yeu x , la ch a n s on
Bu r vos lè vr e s l ’e s p o ir d a n s vo tr o cœ u r I J ’a u r a i
ce b u t I
— RKINE8
db
P a ius .
49
— O h ! fit- elle, jo ig n a n t ses mainst, c a r e lle ne|
v o u la it p a s m o n tr e r à J a cq u es q u i s e r r a it ses'
d oig ts , l ’én e r vem e n t q u i la fa is a it tr em b ler , et elle
r e tir a it ces d o ig ts fin s , s a tin és , cette m a in fr êle
où c o u r a it d es vein es b leu es .
— D ir e qu e m oi, j ’a i eu cette fa ta le m a lch a n ce
d e s e r v ir d e m es s a g er d ’in fa m ie ! Q u e vou s , p ou r
q u i je viv a is , p ou r q u i je v iv r a i q u oi q u ’il a r r iv e ,
a ve z p u c r o ir e qu e j ’éta is u n h yp o cr ite...
— N o n ! in ter r o m p it- elle , je n e le c r o y a is p a s !...
P u is , p lu s g en tim en t, p ou r p a r le r d e q u elq u e
ch os e q u i l ’in tér es s a it in fin im e n t :
— A lo r s vou s p a s s iez q u elq u efo is s u r la rou te...
V ou s m e con n a is s iez ?
— C ertes ! Je s u is a r r iv é d e T ou lou s e le 18 s ep
tem b r e d er n ier .
— C ’es t en G a s cog n e, T o u lo u s e ?
— A
pfeu p rès . L ’a u tom n e a été s p len d id e,
com m e d ’ h a b itu d e d ep u is v in g t a n s , c ’es t la s eu le
r a is o n q u i p er m ette les p r o m en a d es a u x en vir o n s
d e P a r is . V e r s la fin d u m ois , q u elq u es jo u r s a p r ès
m o n a r r iv é e , je m a r c h a is a u h a s a r d , r êva s s a n t.
— V ou s
êtes p oète ? R o m a n c ie r ? V ou s
me
d is iez, l ’a u tr e jo tir ...
— Je s u is h om m e d e le ttr es et fe r a is a u s s i v o lo n
tier s d es d ra m es . J ’en a i fa it r e p r és e n ter u n d a n s
m o n p a ys n a ta l. Je com p te b ie n tô t êtr e jo u é à
P a r is .
E lle l ’ a d m h ’a it n a ïve m e n t.
— V ou s a u r e z u n tr io m p h e I d écla r a - t- elle a vec
u n e a b s olu e con viction .
— J’es p èr e u n s u ccès . D é jà , h ie r , V I llu s tr a tio n
a p u b lié u n e n o u ve lle s ou s m a s ig n a tu r e. Je vo u
la is vou s l ’a p p o r te r : je n ’a i p a s osé.
— I l fa lla it ! S i vou s s a viez com b ien cela, m 'â u r a it fa it p la is ir ! M a is S tella ir a l’a ch eter ce s oir.
— E n p lu s , u n é d ite u r m ’a com m a n d é u n lo n g
r o m a n , b ien ten d r e, b ien a m ou r eu x ...
— V ou s s erez tr ès célèb r e b ien tôt !
— Je n e d em a n d e q u e d eu x ch os es : g a g n e r u n
p eu d ’a r g e n t p ou r a s s u r er à m a m èr e et à m a
s œ u r...
— V ou s a ve z u n e s œ u r ! s ’ écr ia - t- elle a vec u n e
jo ie d ’e n fa n t I
— O u i.
— Q u el â g e ?
— V in g t a n s .
— S on n om ?
— L u cette.
— L u cette... L u c ette D a r ta u d .,. C om m e je l ’a i
m e r a is , s i elle v o u la it I
— E lle vou s a d o r e r a it a u s s i, s i e lle vou s con
n a is s a it.
— E t vo tr e m èr e,
es t- elle
â g ée ? E s t- el?e
à
P a r is ? E lle d o it vo u s c h é r ir 1...
Il r é p o n d it à ces q u es tion s . M a in te n a n t, c'es t
O r fa q u i se r a p p r o c h a it d u (la n cé d e C lotild e.
L a fille tte n e p o u va it p lu s c o n te n ir les s en ti
m en ts d on t d é b o r d a it s on â m e ; elle n e ca ch a it
p lu s s on a d m ir a tio n n a ïve p ou r le b ea u T o u lo u
s a in .
11 r e p r it :
— O u i, d eu x ch os es : u n p eu d ’a r g e n t p o u r lefl
m ien s , et b ea u cou p d e jo ie s p o u r vou s .
— V ou s ôtes b on 1
— N o n , je s u is ju s te, et les c a p r ice s ded
m éch a n ts m e r é vo lte n t I
C ette fo is , il s ’em p a r a d es d eu x m a in s d ’O r fa .
— V o yo n s , m a d em o is elle, a vez- vou s con fia n ce an
m o i ? C r oyez- vou s à m on a ffectu eu x d évo u e m e n t ?
— O u i.
— B ien s û r ?
— B ien s û r 1
— V ou s lis e z b ien , n ’es t- co p a s , d a n s m es yeu x ,
m on s ou h a it a r d en t d e vou s s e r vir , d e vou s d on n er
u n e la r ç e p a r t d e s o leil, d e lib e r té ?
— O u i.
— S i je vou s a p p r en d s q u elq u e ch os e d ’u n p «n
b r u ta l, s er ez- vou s p en s u a d éo qu e ces p a r o les q u j
vou s b les s on t s on t n éces s a ir es à notre œ u vr e 7
�«* >
R ei n es de P a r i s
50
— Je m e fie à v o u s !
— P a r o e qu e, p o u r vou s a r r a c h e r a u x g r iffe s d e
cette fem m e m a u d ite, q u i a p r is la p la ce d e vo tr e
• a ère, je d e v r a i p eu t- être vou s fa ir e co n n a îtr e d es
- ér ités q u i b les s er o n t v o tr e â m e d e v ie r g e . J e s e r a i
jb lig é d e d é v o ile r p o u r vou s , d es s ecrets .., te r r i
b les !
E lle m u r m u r a :
— Je les d e vin e p res q u e.
— C ette fem m e es t in d ig n e d e v o t r e p èr e, elle
es t à la fo is u n e h on te et u n d a n g e r ... V o u s n o
vou s êtes ja m a is d em a n d é c e q u e tr a m a it c e t t e
m is é r a b le , où a lla ie n t s es d é s i r s ?
— M on.
— L o r s q u e vou s êtes s eu le, in te r r o g e a le r o m a n
c ier , q u e vo u s b r o d ez d a n s l a m é la n c o lie d es lo n g s
a p r ès - m id i, lor s q u e vo u s vou s p r o m en ez s ou s vos
o m b r a g es , r e g a r d e z, a ccou d ée à la fen êtr e, la vie
q u i p a s s e d e va n t vou s , b r u ya n te , fa ite d e r ir es
« t d e b a is ers , vo u s n e ch er ch ez p a s à s a v o ir p o u r
q u oi la com tes s e B é a tr ix es t s i fér o c e , vou s e n ter r e
'iv a n te d a n s ce d o m a in e ?
— N on .
E lle r o u g it u n p eu .
— N o n . Je r ê v e à tou t.,, à ce q u e j ’a i lu , à ce
fa e je d evin e... Je n e veu x p a s , a u c o n tr a ir e, s on
g e r à m a d es tin ée I P a r fo is , i l m e s em b le q u ’o n
v ie n d r a m e d é livr e r .
— Qui ?
— U n b ea u s e ig n e u r s o r ti d ’ u n liv r e
d 'a v e n
tu res ... o u u n p oète...
E lle s e tu t.
— U n p oète, fit- il, s a v o ix p r e n a n t d es te n d r e s
s es in fin ios . V o u s vou s êtes d it q u e lq u e fo is q u ’u n
p oète s e p rés en tex’a it s ou s u n p r é te x te q u elcon q u e,
q u ’il v ie n d r a it s ’a g e n o u ille r , com m e je l ’a i fa it,
d e va n t vo tr e g r â ce , q u ’il vou s p a r le r a it d e d é
vo u em en t, d e r eva n c h e , d e ju s tic e ... q u ’il vou s
p r e n d r a it les m a in s c o m m e j e tien s les vô tr es , et,
s es yeu x fix és s u r vos yeu x , vou a ju r e r a it d e vou s
d o n n e r la lib e r té , la g a ie té ... d e vou s s o r tir d o vo
tr e p r is o n p o u r vo u s m o n tr e r P a r is , les p a ys a g e s
e t les r ive s b leu es d e ces p a ys la tin s o ù il r e to u r
n e r a it à vos côtés , se r é p éta n t q u ’il a t r o u v é c e
q u ’i l v e n a it ch er ch er ...
O r fa b a is s a l a tête.
— O u i , c ’ e st v r a i ? d e m a n d a J a c q u e s , e m b r a s
s a n t l e s m a i n s d e l a j e u n e f i l le .
— P ou rqu oi v o u lo ir
me
faire ro ug ir ?
fit elle.
— P a r c e q ue je v e ux e n t e n d re de v o t re bo uc h e
c e m ot, q u i s e r a l e t r i o m p h e d e m a v i e ; p a r c e
q u e , s i vo u s m e p e rm e c t i e z d e v o u s c o n s a c r e r m o n
ex is ten ce, j e n e ... — O h I m a d e m o i s e l l e O r f a I j ' a i
fa it b ien d es p r o j e t s d a n s m a b e l l e v i l l e d e T o u
lou s e, j e m e v o y a i s c o n q u é r a n t P a r i s e t t r a v e r
s a n t l e s p l u s f i n s s a l o n s e n t re d e u x h a i e s d ' a d m i
r a t e u r s ; m a i s si v o u s c o n s e n t i e z à m e j e t e r un e
p h r a s e d ’ es p oir , à m e l a i s s e r c r o i r e q u ’ u n j o u r
n o u s i r i o n s e n se m ble & t r a v e r s le m o n d e , g ri sé s
d e l a j o i e d ’ ê t re l i b r e s ,
av e c
un . a v e n i r s a n s
r i d e . . Je n ' a u r a i s p a s o sé s o u h a i t e r u n e t e l le y i c Vo lre I
E l l e l 'é c o u t a l t , b u v a n t se s p a r o l e s , s u b j u g u é e ;
» l i e n e p a r l a i t p a s d e p e u r d e t r o u b l e r c e t t e sc è n e
t t n o u v e l l e e t ai p o i g n a n t e , c e t t e h e u r e o ù se d é c i f t ai t s o n s o r t , o u s o n c œ u r s ’ e m p l i s s a i t , p o u r l a
p re m i è re fo is, de la jo ie d e v iv re .
— Oui, j e veux entendre c e t t e réponse I Ditea(soi que v o u s m e c o n f i e * v o t r e s o r t s a n s crainte.
Elle
s ’é c ria :
— C e r t e s I s a n s c r a i n t e I J e v o u s l e J ure I
E t , t r è s v i t e , c o m m e p r e s s é e d 'a c h e v e r u n e c o n f l
ue n c e d o n t e l l e a u r a i t h o n t e :
— H ie r, je so uffrais, e t je m e d e m an d ais p o ur| n o i le se ul h o m m e q u i m e se m blâ t bo n é t ait v e n u
m e c a u e e r le p i r e d e s c h a g r i n e . C e t t e i r o n i e m ’ é p o n v a n t a i t . . c a r v o u s m 'a v e s m i » a j i c œ u r a n
E u ï e a f f r e u x . . . v o u s q u e j 'a t t e n d a i s d e p u i s h u i t
aao is... v o u s , q u e J 'a v a i s
re c o n n u
du
pre m ie r
cou p ... J ’ a va is o u ve r t m on â m e à l ’es p ér a n ce en
vou s vo ya n t, tel qu e je m ’im a g in a is l ’h om m e q u i
m ’a p p o r te r a it les con s o la tio n s ta n t d é s ir é e » l. „ E t
c ’es t la p lu s p u is s a n te d e m es jo ie s d ’ètr e cer
ta in e
a u jo u r d ’h u i,
qu e
je
ne
m ’éta is
pa«
trom p ée.
— N on .
— V ou s êtes b ien l ’ètr e en vo yé p a r D ieu p o u f
m e s ecou r ir , m ’a r r a c h e r a u x m a in s d e cette
in fâ m e ...
J a cqu es , g r a v e tou t à cou p e t d ’u n e v o ix p res qu e
s om b re :
— V ou s n e c r o yez p a s d ir e s i v r a i I J ’ a r r ive
p o u r vou s s a u ver 1
— U n d a n g e r m en a ce m ô n p èr e ?
— V ou s I
— M o i ? P er s o n n e lle m e n t ?
— V ou s , p er s on n ellem en t. O n vou s a p rés en té
h ier u n h om m e, le vic o m te d e C a s a n o. 11 es t ven u
g o û te r ic i, a m en é p a r la com tes s e et u n e a m ie.
— O u i, h ier.
— V ou s n ’a vez p a s r e m a r q u é com b ien il éta it
em p res s é ?
— S i. C ela m ’en n u ya it.
— - C ’es t le m a r i q u ’o n vou s d es tin e.
E lle h och a la tête.
— M o n s ieu r D a r ta u d , si o n vo u s d it q u e j ’a i
ép ou s é cet h om m e, n e le c r o ye z p a s ! S i on vou s
le ju r e , n e le c r o ye z p a s 1 S i vou s m e vo ye z à
l ’é g lis e , en r o b e b la n ch e, à côté d e lu i, n e le
c r o ye z p a s ! O n a u r a tr o u vé u n e p er s on n e q u i m e
res s em b le, v o ilà tou t !
-r- Je n e p réten d s p a s q u ’on p a r vie n n e à vou s
l ’im p os er .
M a is
on
fe r a l ’im p o s s ib le p o u r y
p a r v e n ir !
— Pou rqu oi ?
— P a r c e qu e...
I l h és ita it :
— C ’es t a s s ez d élica t, très d élica t.^ P o u r ta n t,
a p r ès ce q u e vo u s m ’a vez d it et ce q u e j ’a i ju r é...
O r fa fr o n ç a le s o u r c il :
__ Je com p r en d s ... fit- elle. C e m on s ieu r ... s er a it
ch ois i p a r la com tes s e ?
— C ’es t cela m êm e.
__ E lle a d es o b lig a tio n s e n ver s ce vico m te, et
lu i, p r o fita n t...
— P lu s q u e cela ... E cou tez, m a d em o is elle, vou s
m ’ex cu s er ez d e vou s d é v o ile r d es ch os es q u i n e
d e vr a ie n t ja m a is êtr e con n u es d ’u n e jeu n e fille
com m e vou s . S eu lem en t, il y va d e vo tr e a ve n ir
d e l ’ ex is ten ce d e vo tr e p ère.
— D e m on p èr e ?
P a r fa ite m e n t... C a r ce vico m te d e C a s a n o est
l ’a m i... in tim e d e la com tes s e.
L ’Ita lie n n e r e g a r d a b ien en fa ce J a cqu es •
— V ou s en êtes cer ta in ?
— C erta in .
— E lle s er a it... com m e je lis d a n s les r om a n s ...
celle q u e ce m on s ieu r a tten d ch ez lu i... a n x ieu x ...
l ’a m ou r eu x , l ’a im é... l ’a rn ...
— N e d ites p a s ce m ot I... O u i, 11 es t cela I
A lo r s m on p ère... s ’il a p p r en d cette in fa m ie ,
U ca s s er a la tête d e ce m is ér a b le I
J a cq u es fit s ig n e q u e n on .
E lle in s is ta :
. — S I I P a r ex em p le 1 Je vou s a ffir m e qu e s i I Je
lé con n a is , m oi, p a p a l P o u r qu e les r é vé la tio n s
a p p or tées p a r vou s , l ’a u tr e jo u r , a ie n t eu p ris e
uîîi! ?
’
a Zi u 1 ’ '°
s a ch e à q u oi m ’on ten ir
? ^ ?° n ca r a ctèr e... Je vou s d is q u ’il lu i ca s s era
la tôte !... E t il a u r a r a is o n I
— O n a to u jo u r s to r t d e ca s s er la tête d es cen q
e x p liq u a Ja cqu es .
b en 3<
— V r a im e n t ? A lo r s , vou s s u p p or ter iez
— O h I m oi, je no s u p p o r ter a is p a s ... ¿ ¿ ¡ g ¡•a ll.
r a is tort. P a r c e q u e les g en d a r m es vou -i em n oig n en t. les ju g e s vou s con d a m n en t, les Ke " L n
vou s g a r d e n t... S i votr o p ère ob éis n a i» a ^ .
c olèr e, tl d e v r a it fu ir la F r a n c o . « *
ju s t6
te r r e r , vou s a b a n d on n er , vou s , a u x r a n c in c » . . .
�-1
R ei n es de P a r i s
atH TT
— O u i, ou i... c ’es t vr a i.
11 r e p r it :
■
— A lo r s , vou s n e d ou tez p a s d e ce q u e je vou s
a p p ren d s ?
— Q u e la com tes s e B é a tr ix a u n ... a m i... u n ...
— E t q u ’e lle s on g e à a s s u r er l ’a v e n ir d e cet
a m i en lu i d o n n a n t vo tr e m a in et la d o t q u 'e lle
con tien t. V o u s n ’en d ou tez p a s ?
— N o n . E lle es t ca p a b le d e tou tes les vile n ie s ,
cette fem m e.
I l a p p r o u va d u ges te.
— E t m a in ten a n t, la is s ez- m oi a jo u te r ceci : le
vicom te de C a s a n o es t u n lib e r tin , jo u e u r et flétr i,
d ’es p r it v il, r u in é, tr a q u é p a r ses c r éa n cier s , vie u x
d éjà , et d ’u n s cep ticis m e écœ u ra n t.
— Je l ’a va is ju g é a in s i.
— 11 jo u e s a d e r n iè r e ca r te s u r ce m a r ia g e .
Vou s a u r ie z a u m o in s u n m illio n d e d ot...
— C 'es t b ea u cou p , u n m illio n ? d em a n d a - t- elle.
— P o u r lu i, c ’es t én or m e ! C e s e r a it le s a lu t,
l ’in s ta lla tio n d a n s le lu x e, u n e fin s u p erb e,
la
g r a n d e vie a s s u rée... A u lieu d ’u n e vieille s s e m é
p ris ée, d es jo u r s tr a în é s d a n s les b a s cer cles et
des n u its d a n s les tr ip o ts ... 11 p r é p a r a it s a n s
d ou te ce cou p d ep u is lon g tem p s . V ou s êtes le b u t
de ses a ction s ; il a a ccu m u lé d e b a s s es in tr ig u e s ,
p ou r s e p r és en ter ic i en se p r é ten d a n t p a tr on n é,
'tn p os é p a r les p a ren ts .
— P a s p a r m on p èr e 1
— P a r la com tes s e, en tou t ca s , et cette d a in e
'lo u g e p ie r r e .
E lle h a u s s a les ép a u les :
^
. — C ela n ’a a u cu n e im p o r ta n c e ! S e m ettr a ien td eu x cen ts , fe r a ie n t- ils d o n n e r les g en d a r m es
f t les m a g is tr a ts q u e je r e fu s e r a is d ’ép ou s er cet
fttro m ép r is a b le... C om m en t m a b elle- m èr e a - t- elle
Pu c r o ir e q u e je m e la is s e r a is a ttir e r p a r ce gen tü lâ tr e p éd a n t, à l ’œ il fa u x et p iteu x , a u r ir e
p r éten tieu x ... E lle es t fo lio !
— N o n , elle est a m ou r eu s e d e lu i et le tr o u ve
su perb e. D ’a illeu r s , e lle com p te b ien v e n ir à b ou t
de vo tr e rés is ta n ce.
Je l ’en d éfie I
.
.
— lïo n ! M a is r even on s à ce qu e je vou s d is a is .
Ce vic o m te L o u is es t u n être a b o m in a b le qu i,
vo ya n t s ’e n vo le r s on d e r n ie r es p oir , s e ffo n d r e r
sa d er n iè r e es p éra n ce, n ’a ccep ter a p a s cette d é
cep tion , et vo u d r a la fa ir e ex p ier .
.
— A q u i ? d e m a n d a O r fa . A qu i ? A m oi I A
^ou s ?
■
— N i à vou s , n i à m oi. Il n e s ’ a tta q u e r a it p a s
k u n e h é r itiè r e q u ’il e s p ér er a ép ou s er m a ig r e tou t,
Pus p lu s q u ’à u n in con n u com m e m o i q u i n e s u is
p ou r r fen f] a n s son a ven tü r e.
~~ A lo r s , à m on p ère ?
t p__
t_____
Ja cqu
es n e_ _
rL
é-____
p o n d it
pa s.
V oi
ou s c r o y e z q u ’il s’en p r e n d r a it à m on
Pure ?
— Je n ’en s a is rien .
C e s er a it ép o u va n ta b le I d it O r fa , e ffr a y é e d e
1a ir d u r o m a n cier .
. - - D a m e !... je vou s le rép ète, il es t ca p a b le d e
‘ou i... j e tou t le m a l, c a r ja m a is u n s en tim en t g é,,eu .x n “ g e r m e r a en lu i.
tin t à la r a s s u r er :
,,
H eu r eu s em en t, lo comt.e es t d e ta ille à se
d éfen d re...
(- ’est é g a l, vou s m ’a ve z g la c é le s a n g !
. Ja cqu es sc m it à r ir e et r e p r it les d o ig ts d e la
Jeu ne fille :
~ 7 A llo n s ! b on ! il s er a d it q u e je vou s la is s e r a i
^ ijo u r s s ou s u n e m a u va is e im p r es s ion ... C a lm ezv u? '
s u *y o b lig é d e vou s a p p r e n d r e la v é r ité
la ie , celle d ’où s o r tir a le b ien ou le m a l, s u iva n t
MUe n ou s a g ir o n s d a n s u n s en s ou d a n s u n a u tre,
u niqu e vo u s m ’a u to r is e z à m e d évo u er à vou s ,
a|86cz- mol m a îtr e d e m a con d u ite !
sc le va :
VoT Jc
cl ,lM te p ou r r e v e n ir b ien tôt. S ou ven ez■ u s q u ’à p a r tir d a u jo u r d ’h u i vou s p os s éd ez u n
«$
a m i, u n c a m a r a d e à q u i vou s n e d e vez r ie n ca ch er
et en q u i vou s p ou vez p la c er vo tr e en tièr e con
fia n ce.
— J ’a ccep te vo tr e p r otectio n ... A u m ilie u de?
m is èr es ...
— N ’ex p liq u ez p a s ! D ites s im p lem en t : Je m e
fie à vou s , je cr ois en vou s ! C ’es t vou s q u i m e
s o r tir e z d es g r iffe s d e m a r iva le , q u i m ’a s s u r er ez
m a p a r t d e b on h eu r !
E lle lu i s e r r a la m a in et r ép éta , s es yeu x d a n s
s es ye u x , a vec u n s o u r ir e r a vis s a n t et u n g es te
q u i a v a it la m olles s e d ’u n a ven :
— Je cr ois en vou s , J a cq u es D a r ta u d ! V ou s
m e s a u ver ez et je vou s en s e r a i r eeorin a is s .in tfl.
p lu s qu e vo u s n e p ou vez l ’im a g in e r ! V o tr e n om
s e r a to u jo u r s d a n s m es p r ièr es , q u o i q u ’il a r r iv e ,
et je vou s o b é ir a i com m e, u n e es cla ve.
— O h ! m a d em o is elle, c ’es t ino.i q u i s u is fie r et
r a v i ! C ’es t m o i q u i d ois , m e ttr e h u m b lem en t à
vo s p ied s l ’h o m m a g e d e m on a d m ir a tio n et d e m a
r eco n n a is s a n ce !
D e n o u vea u , il p lo ya le g en ou d e va n t elle et
p o s a ses lè vr e s s u r u n e m a in b la n ch e, q u 'o n n ’es
s a y a it p lu s d e r e tir e r .
— A u r e vo ir , m a d em o is elle !
— A b ien tô t !
— C ertes ! S i je n e p u is ve n ir , je vou s ferr. i ten ir
u n e lettr e... m a is je p e n s e r a i à vou s à ch a q u e m i
n u te. E t vou s , m a d em o is e lle , vou s n 'o u b lie r e z p a s
celu i...
— O h ! fit- elle, o u b lie r ! S i vou s s a viez... s i vou s
s a viez !
E lle eu t p eu r d ’en tr o p d ir e et r eco n d u is it s on
vis ite u r s a n s a c h e ve r s a p h ra s e.
Ils n e p a r la ie n t p lu s .
P o u r q u o i, d ’a ille u r s ! Q u ’ a u r a ie n l- ils p u a jo u te r
à le u r en tr etie n ?
XI
D eu x jou rs , p a s s èr en t a in s i s a n s ch a n g e r la ,'itn a tio n , p o u r ta n t s i ten d u e.
B é a tr ix p r o fita d e ce r é p it p o u r se m ettr e à
l'œ u vr e . E lle n e s o r tit p a s et s o n g ea à ch a q u e m i
n u te a u x m o yen s d e s 'e m p a r e r d é la ca s s ette p ou r
fu ir a ve c le b ea u L ou is .
E lle en tr o u va u n , u n d e ces m o yen s q u i vie n
n en t a u x fem m es en cor e b elles et s ceiitiq u es , s u r
le ve r s a n t d e la tr en ta in e.
( D es tr o is d om es tiq u es m â les q u i s e r va ie n t d a n s
l ’h ôtel d e la ru e d e V ig n y , d eu x é ta ie n t les â m es
d a m n ées d u com te, lu i éta ie n t d évou és com m e
d es ch ien s do g a r d e . 11 n y a v a it a u cu n es p o ir d e
les a r r a c h e r à cet e s c la va g e , d o n t ils ô ta ien t fiers
et d on t le com te les r écom p en s a it, d 'a ille u r s ?>nr
d e l'o r d on n é s a n s com p ter .
L e tr o is ièm e, u n g éa n t, c elu i- là m êm e q u i a v a it
« s o r ti » G a b r iel P o n ta r lie r , é ta it p lu s in d é p en
d a n t, m o in s b ru te.
M êm e B é a tr ix se s o u ven a it qu e, d eu x a n s aup-ar a ya n t, lo r s q u ’il en tr a , en Ita lie , a u s er vico d es
A n fa lo tti, a lo r s ch â te la in s d e G or g on e, il a v a it
p a r u éb lou i p a r la b ea u té d e la c h â tela in e, a v a it
tr em b lé d 'é m o i q u a n d B é a tr ix lu i d o n n a it l ’o r d r e
d e l’a id e r à p a s s er s on m a n tea u , le fr ô la it p a r mêg a r d e.
D ep u is lor s , ce v a le t a va it to u jo u r s m a n ifes té
e n ver s la com tes s e u n em p r es s em en t p r os ter n é,
u n e s er vitu d e a b s olu e.
11 fu t fa c ile à u n e fem m e com m e la mo.rù U ’ 0
d ’O r fa , d e s ’a s s u r er d es s en tim en ts d e s on d om es tiqu e.
E lle com m en ça à le r e g a r d e r d u n œ il p lu s d ou x,
où il p u t lir e u n d és ir de con fia n ce, u n a veu de
s ym p a th ie.
.
,
L u i, r a v i et s u r p r is , d e vin t p lu s ob s éq u ieu x , se
p r é c ip ita en cor e plus» vite lo r s q u ’elle l ’a p p ela it.
' P u is , u n jou r, ello lu i d it d es p h r a s es d ’a
a m iio,
n ’en
d it
p as
à
un
com m e
on
d om es tiq u e
o r d in a ir e .
�BS ^
n « v f u n e j o l a p r o f o n d e d o n t r a y o n n a s on vis a g e
b& s a n é p a r le h á le.
E U « r e c o m m e n ç a , e t f i n i t p a r se p la in d r e, s em
b l e r r e g r e t t e r l ’ Ita lie. I c i , e lle éta it tr o p s eu le,
p e r d u e d a n s P a r is ...
I l n 'o s a p a s r ép on d r e. I l n e v o u la it p a s , n ’o s a it
p a s co m p r en d r e. A p r è s d eu x a n s d e cou d oiem en t
q u o tid ien , c ’éta it si e x tr a o r d in a ir e ce b es oin s u b it
d 'e x p a n s io n 1
P o u r ta n t, il fin it p a r se r e n d r e à la r éa lité. E v i
d em m en t, il é ta it d is tin g u é p a r la m a îtr es s e d e
la m a is on ; e lle le tr a ita it a u tr e m e n t q u e les
■fuiirjîa va lets . A lo r s s on a m o u r ju s q u ’ici con ten u ,
étou ffé s ou s la p e u r d u r id icu le , ou d es c o lèr es d u
com te, se m o n tr a , se lu t d a n s ses r e g a r d s , se d e
vin a d a n s le tr em b lem en t d e s a voix . B é a tr ix a v a it
com p r is q u ’il lu i fa lla it u n p a r e il a s s ocié. S on p la n
éta it d é jà fa it.
S i elle s ’ e n ten d a it a vec ce d om es tiq u e, ce g éa n t,
ca n a b le d es p ir es b es ogn es , p u is q u ’il a cc o m p a
g n a it le com te A n fa lo tti, lors du m eu r tr e d u b i
jo u tier , d a n s le v a llo n d e G o r g o n e, si ce v a le t d e
ve n a it l ’es cla ve d évo u é q u ’il s e m b la it p r êt à d e ve
n ir , elle le c h a r g e r a it d e s u r ve ille r le m a îtr e .
E t, u n b ea u jo u r , q u a n d le com te A n fa lo tti d es
c e n d r a it d a n s la ca ve a u x p er les , le g é a n t l'a c c o m
p a g n e r a it, d e g r é ou d e fo r ce !...
M a lh eu r eu s em en t p ou r la com tes s e, les ca lcu ls
d e ce g e n r e m etten t to u jo u r s lo n g te m p s à r éu s s ir.
11 fa u t a tten d r e d es occa s ion s , g u e tte r les évén e
m en ts . E t les a p p étits q u i en to u r a ie n t l ’h ôtel d e
la r u e d e V ig n y n e p er m e tta ien t p a s d e co m p ter
s u r le tem p s n éces s a ir e à l ’a cco m p lis s em en t d e
s es d es s ein s .
E n effet, le tr o is iè m e jo u r q u i s u ivit la vis ite d e
J a cq u es à C h a ton , le com te A n fa lo tti r eçu t p a r la
p os te, s ou s p li r eco m m a n d é, q u a tr e lettr es , d 'é c r i
tu re a n cien n e, p o r ta n t des tim b r es d a tés d e tr ois ,
q u a tr e et m êm e s ix m ois . E lle s éta ie n t a d r es s ées
p a r s a fem m e, B é a tr ix , à L o u is d e C a s a n o, et n e
la is s a ie n t a u cu n d ou te s u r les r e la tio n s d es d eu x
a m ou r eu x .
L e com te lu t ces lettr es cin q fo is do s u ite. E n
s u ite, il se p r o m e n a q u a tr e h eu res d o lo n g en
la r g e . L e r és u lta t do s es r é flex io n s se r és u m a it en
tr o is m ots :
— Je tu er a i l'a m a n t I
C eci é ta it d écid é. L a lectu r e d es m is s ives a v a it
fa it d éb o r d e r l a cou p e d e d ég oû t.
C ertes , d ep u is l ’u va n t- veille , il n e d o u ta it p lu s !
M a is com m e le d is a it s a fem m e, il éta it tr o p ép r is
p ou r n e p a s êtr e lâ ch e. E t il se c r a m p o n n a it en
cor e à u n e s p o ir s i va g u e , s i r id icu le, q u ’il l ’eû t
r a illé ch ez u n a u tre.
" A u j o u r d ' h u i , c ’é ta it com p let. L ’évid en co s ’ im p o
s a it. U n e fo is r és o lu à tu er l ’a m a n t et à g a r d e r
'a fem m e, ii p u t.s e r em ettr e, se r es s a is ir . M ôm e il
tin t à a p p r e n d r e cette d écis io n à B éa tr ix . II la fit
p r ie r d e se r en d r e d a n s s on ca b in e t d e tr a v a il, à
l ’a b r i d es in d is cr ets ,
et là
il
lu i m o n tr a les
lettres .
E lle n e p u t n ier . E lle d e m e u r a it s tu p id o d eva n t
cette p r eu ve m a té r ie lle .
U n s eu l m ot lu i v in t en s o n g e a n t à ceu x q u i l ’a/tta q u a ie n t p a r ces m o ye n s :
— U s s on t fo r ts !
— O u i, d it le com te, ils m ’on t to r tu r é p o u r m on
a r g e n t ! Je n e c r o y a is p a s q u ’on p û t c o n n a îtr e les
tor tu r es q u e j ’é p r o u ve I
U n s ilen ce.
E n fin , e lle d e m a n d a :
— Q u ’a llez- vo u s fa ir e ?
.
B ien ... Je vou s g a r d e r a i.
E t il e x p liq u a , se p r o m en a n t d a n s le s á lon , p a s
s a n t et r e p a s s a n t d e va n t s a fem m e a s s is o s u r u n
g r a n d fa u te u il d e ve lo u r s , la vo ix v o ilé e p a r 'l'a n gois s c, le 9 d o ig ts cr is p és :
— Je s u is d a n s m on to r t, m oi... O n es t to u jo u r s
d a n s s ou to r t d ’ép ou s er u n e fem m e p lu s jeu n e q u o
R ei n es de P a r i s
«=§<>
s oi... On m e l’a v a it p r éd it, qu e je s er a is tr om p é...
C ’é ta it log iq u e, in é vita b le .
— A lo r s ?
Il n e réip on d it p a s à s a q u es tion , et il co n tin u a
a vec u n e s orte do r ic a n e m en t fa r o u c h e :
— O n De p eu t p a s s’im a g in e r !... L ’a m o u r ren d
s tu p id e... V ou s é tie z.s i p a u vr e ! Je p en s a is q u e la
r econ n a is s a n ce !... E t p u is j ’éta is p r ê t à ta n t d e
ch os es p ou r vo u s êtr e a g r é a b le !... à p ille r , à v o
le r !... s i vou s l ’e x ig ie z... J’a i v o lé !... J’a i a s s a s
s in é...
E lle d e m a n d a d e n o u vea u :
— A lo r s ?
— A lo r s q u o i ?
— Q u ’a llez- vou s fa ir e ?
— R ien .
E lle n e co m p r e n a it p a s :
— C om m en t, r ie n ?
— O u i, r ien ... M oi, n 'es t- ce p a s ? je vo u s a im e...
V ou s n e p o u vez vou s r en d r e com p te d e ce qu e c ’est
q u ’u n a m o u r in fin i,
— .s ,; '•
— N o n ! V ou s a vez u n c a p r ice p o u r u n in u tile,
n ia is e t p om m a d é, b êtem en t s cep tiq u e et p r é te n
tieu s em en t g o u a ille u r , u n d es h om m es ve r s qu i
v o n t les fem m es s u r la tr en ta in e, à l'â g e où elles
on t a s s ez du lo g is c o n ju g a l, d e la fa m ille , des jo ie s
s im p les et s a in es ... C ’es t fa ta l... la r éa c tio n fo r
cée... M a is m oi, B é a tr ix , je vou s a im e... je n e p eu x
p a s vou 3 e x p liq u e r ... C ’es t en m o i com m e m on
s a n g.
E lle le r e g a r d a it, cu r ieu s e d ’e n ten d r e cet h om m e
é ta le r s a p a s s ion com m e u n co llé g ie n .
— E t je n e ve u x p a s vou s p er d r e... je n e v iv r a is
p a s ! V ou s p en s ez b ien q u e ç ’a été m on p r e m ier
ges te : p r en d r e u n r e v o lv o r p ou r vou s a tten d r e à
la p orte d ’en tr ée et vou s tu er n et. P u is , j ’a i r é flé
ch i : ce s e r a it troip b ête... Je s o u ffr ir a is tr o p !... Je
vo u s g a r d e !... V ou s no s er ez ja r m iis p ou r m o i ce
qu o vou s étiez... N ’im p o r te, il y en a u r a a s s ez p ou r
qu e j ’a ie d es jo ie s p r o fo n d e s à vou s a d m ir e r , à
v iv r e à vo s côtés , à r e s p ir e r vo tr e ip a rfu m ...
— B ien , lit- elle.
.
— D 'a ille u r s , j ’y ôta is fa it d ep u is h ier , à cette
id ée. Je n ’a v a is p a s été d u p e d e vo tr e com éd ie.
— D e m a com éd ie ?
— N on ! O h ! n on ! je p r é fé r e r a is ca s s er la tête
do m a fille c o n tr e la m a r g e lle d ’u n p u its q u e do
la liv r e r à u n p a r e il fa n toch e ! S eu lem en t, jo vo u
la is le vo ir ... C es t u n p etit c h e va lie r d 'in d u s tr ie
s a n s la m o in d r e va le u r . P a s de m u s cles , p a s do
s a n g , p a s d e cœ u r... U n p a u vr e êtr e q u i s’f s t im
p r é g n é des fa çon s do son m ilieu , et qu i r ép ète des
m ots et d es p h ra s es com m e u n p er r o q u et
P rêt
à tou tes les in fa m ies , a vec ça ... V o u « ¡r im a n t si
p eu q u ’il a ccep ta it vo lo n tie r s la m a in d ’O r fa
— C 'es t m oi q u i le fo r ç a is !...
r>aT / o Q n fiv'1T‘iu ° n esf r;icn ép r is , on n ’a ccu eilla
a ?me i|H>h !
V ou s le s a ve z b ien q u 'il ne vou a
— S i, il m 'u im e t
n n " iflliilftf v i Ui1a U
iî1,1^'
d é s ir à fleu r de p ea u ,
1111 d és ir fa it d e va n ité , de p a res s e... la fem m e rich e, b elle, q u ’on m o n tr e à
scs a m is ... et q u i p a ie
ia c h ifé r e n c o du b a cca r a .
E lle so r é v o lta :
J a m a is il n ’a vou lu u n s ou I
f in is lu i so m it à r ir e d ’u n r ir e m éch a n t et in
s olen t :
— Lu L
i u i ! V ou s lu i a ve z offert, d es b a g u es , d es b i'
—
jo u x ... L u i !... 11 vo u s a tiltée p o u r s a vo ir s i vou s
« m a r c h e r ie z d e d ix m ille lou is ' ». Je le n a is ! E t si
je n ’a va is eu la p r éca u tio n de c a ch er en lieu b û t
la ca s s ette d e p e r les , il y a b ea u tem p s qu e vo tr e
C a s a n o a u r a it in on d é la ru e do la P a ix do ses
o ffr e s à p r ix d é r is o ir e s !
U n
r o u it
yilen co.
B é a tr ix n ’os a d a va n ta g e d éfen d r e s on L o u is . L °
m a r i s’é ta it m is à tis o n n er le îcu d a n s la lia u to
ch em in ée d e m a r b r e rou g e.
�R ei n es d e P a r i s
j
89
4*
p o u r y r e c e vo ir cr o ya it- o n , u n e d e ses m a î t r c s ss s
E n fin , la com tes s e :
a r r iv é e r écem m en t à P a r is , d e C h in on , p etite rÜ Ja
— V ou s l’ou b liez a u s s i, lu i, vou s lu i p a r d o n n e z ?
d e la T o u r a in e ; fa ir e p r é v e n ir le c o m te qu a sa
— A qu i ?
fem m e se tr o u v e r a it à d ix h e ur e s c h e z s on a m a n t ,
— A L o u is d e C a s a n o ?
b o u le va r d L a n n es .
11 h a u s s a les ép a u les :
E t fa ir e p r é v e n ir O r fa de cette r en con tr e ; la
— N e vou s occu p ez d on c p a s d e celai 1 Je s a is
jeu n e fille, p o u r é vite r u n m a lh e u r ir r ém é d ia b le ,
b ien ce qu e j ’a i k fa ir e 1
d e vr a it p r e n d r e s on a m i J a cqu es D a r ta u d ch ez lu i,
— C 'es t qu e je n e veu x p a s q u ’il s oit in q u ié té à
ru e d e F leu r u s , le q u e l la c o n d u ir a it s u r le lieu
ca u s e d e m o i ! Je s u is s eu le cou p a b le.
d u d r a m e.
— Je vou s en p rie, m a ch èr e a m ie, n e m e p a r le z
Q u e se p a s s er a it- il ? N u l n e le s a va it.
p lu s d e cet h orn m e. Je n e d e vr a is p a s a v o ir b es oin
L e com te tu er a it- il s a fem m e ou C a s a n o ? O r fa
de vou s fa ir e .r e m a r q u e r co m b ien il es t d e m a u
s er a it- elle à ja m a is écœ u rée des s ien s , ou b ien 1«
va is goû t, de r ép éter ...
com te s e r a it- il fr a p p é p a r s a fem m e, p a r le ra s ta E lle l ’in te r r o m p it :
q u o u èr e ?
— C ’es t qu e je vou s c o n n a is ! Je s a is d e q u oi
Il
a r r iv e r a it q u elq u e ch os e d ’e x tr a o r d in a ir e ,
vou s êtes ca p a b le d a n s cet o r d r e d ’idées....
s û r em en t.
I l r ic a n a :
R o m b e r g , et Lu c& tte, et L u d o vic , et C lo tild e s e
— S i vo u s le s a vez, in u tile d 'in s is ter .
r a ie n t
là ,
s u r ve illa n t
l ’a ven tu r e.
S u iva n t
1«
’B é a tr ix v in t se p la c e r d e va n t le com te, q u ’elle fit
d én ou em en t, ils a g ir a ie n t.
Jfctou rner d ’u n g es te v io le n t :
— V ou s s o n g ez à vou s ve n g e r s u r lu i ! D ites - leI l s e m b la it im p o s s ib le q u ’a p r ès a v o ir p r is sa
fem m e en lla g r a n t d é lit a vec s on a m a n t, le com te
iïioi !
la g a r d â t p r ès d e lu i. I l la ch a s s er a it et a p p e lle
— V ou s le v e r r e z b ien ! ■
— O h ! n on ! je vou s le d éfen d s ! Je u e veu x p a s
r a it O r fa , tr o p h eu r eu x d e tr o u v e r u n e com p a g n e
d a n s s a tris tes s e.
‘lu e vou s to u ch iez à L o u is !
T r è s s èch em en t, il ex p liq u a , s on ges te s o u li
A lo r s , p a r J a cqu es , on a u r a it u n p ied d a n *
l ’h ô tel !
g n a n t ses p h ra s es :
— M a ch èr e B é a tr ix , u n e o b s er va tio n ! V ou s
M a is q u e l s a n g c o u le r a it ? C om m en t se p r és en
»n ’a vez tr a h i, ¡moi q u i vo u s a i fa ite rich e, c o m
te r a it l'a ffa ir e ? N u l n ’eû t p u le d ir e !
tes s e, en viée. Je vou s p a r d o n n e cette fa u te s a n s
Il n e p o u va it s u r g ir qu e d u b ien de cette tr a g é
d ie, étu d iée p en d a n t d es m ois , p r é p a r ée a vec u n
excu s és et vou s ju r e d e n e ja m a is vou s la r e p r o
ch er. C ’es t q u elq u e ch os e, cela , je p en s e ! E n ce
s oin m éticu leu x .
qu i vou s con cer n e, la q u es tio n es t vid ée. R es ton s E t, en fin , il n ’y a v a it r ie n a u tr e à es s a yer .
en là .
O n es s a ya .
A lo r s !
Lin e lettr e reçu e p a r S tella p r é ve n a it O rfa du
— A lo r s , j ’a g ir a i com m e b on m e s em b ler a . Ce
Ten d ez- vou s d on n é p a r B é a tr ix à s on a m a n t, d on
n es t p a s lü p r em ièr e fois qu e n ou s n ou s q u e r e l
n a it l’h eu r e et l’a d res s e exa ctes .
lon s à ce s u jet. H ie r , j ’a i dû vo u s a ffir m e r qu e ce
S te lla la r em it en m a in s p r o p r e s a il com te, qu i
g e n tillà tr e d e c a b a r e t n ’ép o u s e r a it p a s O r/a. A u
la lu t, d e vin t ve r t d e r a g e et r ép on d it, com m e m a l
jo u r d ’h u i, je d ois vou s r é p é te r qu e je n e s u p p o r
g r é lu i :
te r a is p os , de sa p a r t, u n e n ou velle...
— B on ! j ’y s er a i.
■
— Q u e fer ez- vou s ? V ou s le p r o vo q u e r e z ? V ou s
B é a tr ix , q u i s o r tit, ce jo u r - là , p o u r v o ir L o u is ,
'c fe r e z fr a p p e r , com m e à G o r g o n e... ces g en s q u i
p e le tr o u va p a s ru e d e la B ie n fa is a n ce . E n re
va n ch e, elle fu t a ccos tée à l a s o r tie d e la m a is o n
r° vie n n e n t a u jo u r d 'h u i ?
. — Je fe r a i ce qu e je ju g e r a i b on d e fa ir e . F a u tp a r G a b r iel P o n ta r lie r , q u i lu i g lis s a u n e lettr e
d a n s la m a in , en lu i d is a n t :
11 vou s r a p p e le r en cor e qu e tou s d eu x, u n is p a r
— C eci con cer n e M . d e C a s a n o.
u n cr im e p a s s é, n ou s n ’a von s p a s le d r o it d e n ou s
E t la lettr e, lu e d a n s le cou p é, p r é ve n a it la c o m
d is p u ter, p a r ce q u ’u n s q u e r e lle a m è n e r a it les cu
tes s e qu e, le s o ir m êm e, à on ze h eu res , lo com te
rieu x et j e s g e n d a r m e s ch ez n ou s ? S o n g ez à cola ,
a s s a s s in er a it ou fe r a it a s s a s s in er L o u is d e C a s a n o
Çt ne m e 'p a r le z p lu s d e vo tr e a m a n t, s u r tou t p o u r
d a n s telle m a is o n du b o u le va r d L a rm es , à d ix h eu
im p lo r e r m a fa ib les s e. Je vou s p a r d o n n e à vou s ,
r es d u s o it.
ne m 'en d ea n a n d ez p a s d a va n ta g e . C e s e r a it tr o p I
— J’y s e r a i ! m u r m u r a - t- elle a u s s i.
L a - d es s u s , s a n s a jo u te r u n m ot, il se le va et s orl l t.) B éa tr ix r e n tr a d a n s s a ch a m b r e, p lu s éton n ée
E n fin , à la n u it clos e, J a cqu es D a r ta u d r em it
ép o u va n tée d e la s itu a tio n où e lle se d éb a tta it,
lu i- m êm e, à tr a ve r s la g r ille d e C h a tou , u n e lettre
c a r e lle se s en ta it à i p rès d u g o u ffr e , q u ’elle no
p o u r O r fa , le ttr e la s u p p lia n t de v e n ir le p r en d r e
« im a g in a it pan ip ou voir r ecu ler le m o m e n t d ’y
à n eu f h eu res , ru e d e F leu r u s , si e lle v o u la it évi
r ou ler. E lle y r ou la .
ter u n g r a n d m a lh e u r .
.. L e len d em a in é ta it le jo u r ch ois i p a r les B a r en L e co m te éta it tr op rés olu p o u r o u v r ir la b ou ch e
l Ui p o u r a g ir . Ils ju g e a ie n t q u e les cn os es éta ie n t à
do s es p r o jets . F a ir e u n e n o u ve lle s cèn e à B é a tr ix
P oin t, qu e l ’h eu re é ta it ven u e d e fa ir e écla te r la
eû t été g r o te s q u e ; e lle se fû t m oq u ée de lu i, se fû i
®omb e.
jo u é o d e s a lâ ch eté.
A tten d r e p lu s é ta it in u tile et p eu t- êtr e d a n
D e s on côté, la com tes s e n e p a r la p a s d e s oa
gereu x.
d é s ir d e s a u ver s on a m a n t. S eu lem en t, elle p r é
L e com te éta it p r êt fi jo u e r d u p is to le t ou d u p o i
v in t s on m a r i q u elle é ta it p r is e, ce s oir - là , p A *
g n a r d ; la com tes s e éta it ce r ta in e q u e s on a m a n t
M m e R o u g e p ie r r e , q u i d o n n a it u ne s oir ée in tim e.
■squ ait s a vie ; L o u is d e C a s a n o s a v a it q u ’il é ta it
L ’a m ie a v a it ta n t in s is té, qu e B é a tr ix s 'éta tt
* la m er ci d ’u n e co lèr e d u ccxmte ; et O r fa a tten e n g a g ée.
•
a vec a n x iété, la cr is e q u i c h a n g e r a it s on — P a r fa it ! d it le com te.
I l n e d o u ta it p a s q u e s a fem m e n e c h e r c h é
* * w ten çe.
u n e r a is en d ’a tlo r tr o u ve r C a s a n o.
. D a n s ces con d itio n s , l ’a n c ie n fo r ça t, M . RorrvQ u a n t à O r fa , e lle s’h a b illa a u s s itôt, tr em b la n t^ ,
basa
C lo tild e te n tè r e n t le su pr& rafj
et b o u lever s ée ô, l ’id ée d e se r en d r e c h e z Ja cqu es .
L a m a is o n où a lla it se d é r o u le r le d r a m e p r é
. ïls a v a i e n t é t u d i é le a m o y e n * d e f a i r e n a î t r e o n
p a r é d e si lo n g u e m a in fo r m e l ’a n g lo d u b ou leva jr *
Ï S II!C e t av a.ir.nt t r o u v é c e î ui -c d !
L a r m es e t d 'u n e d e c e s ru es g u i tr a ve r s e n t, « «
f a i r o p r é ve n ir B éa tr ix q u e L o u i s d e C a s a n o æ p o n t s, le ch em in d « fer de O in iu r e . L e b o u leva r d
ce so ir-JJi k o n z e h eu r e«, l ’o b j e t d 'u n e t a n t » ,
L a n n e s es t b or d é e n cet e n d r o it p a r d es m a is o n »
do m eu r tr e d e 1» p a r t d u c o m U A n f a l o t t l , q n é
c o q ue t t e s, a y a n t p r es q u e tou tes d es ja r d in e t* .
®ottc te n ta tive a u r a it li e u b o u l e v a r d L a n n e s , d a n «
Oe fu t d a n s o n d e ces p a villo n s q u e L o n ie A )
Wn l o g i s o ù sn r e n d a i t c h a q u e « o í r , M i t C a a a u o
�R e i n e s de P a r i s
54
C a s a n o lo g e a C lém en ce M o n ve l, p r o fita n t d e F a u i'iiijie dç-s c in q u a n te m ille fr a n c s d e F e r n a n d e z
Y vol, p o u r a r r a c h e r s a m a îtr es s e à la ru e C la p e yr o n , à la ch a m b r e m eu b lée d 'u n e m a is o n
(Jou teu se.
II y tr o u va it l'a v a n ta g e de s 'é lo ig n e r d e la ru e
d e la B ie n fa is a n ce , en m êm e tem p s q u ’il p a r a is
s a it o ffr ir à C lém en ce u ne d em eu re e n via b le, la
m etta n t s u r u n p ied d ’é g a lité a vec J a cq u elin e et
E tr a n g è r e .
P o u r qu e la je u n e fille n e tr o u b lâ t p a s p a r des
c r is le d r a m e p r é vu , le S u is s e q u i r é g la it le p la n
a vec s on ca lm e et r.a p r éc is io n h a b itu els , M . Ilo.m b er g , e n vo ya , à n e u f h eu r es et d em ie, u n té lé
g r a m m e q u i a p p e la it C lém en ce a u p r ès d e s a s œ u r,
u n télé g r a m m e, va g u e , a s s ez in q u iéta n t.
O r, J a cq u elin e, ce s o ir - là , a lla it a u th é â tr e du
P a la is - R o y a l, et C lém en ce la c h e r c h e r a it d on c
ju s q u ’à m in u it.
D e la s o r le , le m a r i, la fe m m e e t l’a m a n t se r en
c o n tr e r a ie n t, ¿a n s q u ’u n q u a tr iè m e é lém en t p û t
tr o u b le r la r en co n tr e et en fa u s s e r les rés u lta ts .
Q u a n t à L o u is d e C a s a n o, u n ch a s s eu r d e c e r
cle fr éq u en té p a r J u lien d e M o r ta n e le p r é vin t d e
s e tr ou ver , à on ze h eu r es m oin s le q u a r t, b o u le
v a r d L a n n es , p o u r s ’en ten d r e a vec s on a m i a u
s u je t d e l ’a ffa ir e . L e p r e m ie r ven u a tte n d r a it
l ’a u tre.
L a s o ir é e p a r u t in te r m in a b le à to u s les h ér os
<?e la s cèn e.
B é a tr ix se fit h a b ille r dès h u it h eu res , le com te
e s s a y a u n e d em i- h eu r e la g â c h e tte d e s es r e v o l
vers . Ja cqu es , r en tr é ru e d e F le u r u s à s ep t h eu res
et çlem iè, g u etta it, l ’o r e ille ten d u e, l a ven u e d ’O r fa
A n fa lo tti.
I l s ’e n fe r m a d a n s s a ch a m b r e, a llu m a d u feu , et
fu m a d es c ig a r ettes , co n s u lta n t la p en d u le à to u t
in s ta n t.
M a is p lu s d e d eu x h eu r es p a s s èr en t s a n s qu e
r ie n n e tr o u b lâ t le s ilen ce d e la m a is o n tr a n q u ille ,
e n d o r m ie d a n s le b r o u illa r d d ’u n e n u it d e d é
cem b re.
E n fin , à n e u f h eu r es tr o is q u a r ts , a lo r s q u e J a c
qu es d o jÿ in it b a s ig n es d ’u n e d é ce p tio n fu r ieu s e,
d e p etits p a s se fir e n t e n ten d r e et d eu x cou p s tim i
des fu r en t fr a p p és à la p orte.
I! é ta it d é jà en tr a in d ’o u vr ir .
— V ou s ! V ou s êtes en r e la r d I
— Je n e vo u la is p a s v e n ir . .. p u is je s u is ven u e...
— E n tr e z !
L a je u n e Ita lie n n e é ta it vôlu e d ' u n e r o b e s o m
b re, et s on vis a g e s e c a c h a it rpr&srfue on e n tie r 3 ou s
u n c o lle t d e fo u r r u r e e t u n e m a n tille n oii'e.
E lle p a r a is s a it a n g o is s ée, tr è s p A le, a vec d es
g es tes s ocs et u n e v o ix q u i s o r ta it p én ib lem en t de
s a g o r g e s er r ée.
— C h a u ffez- vou s , m a d e m o is elle, n ou s p a r to n s
fla n s d ix m in u tes .
— C ’o^1 vou s q u i a ve z a p p o r té la lettr e ? S te lla
ne m ’a p a s m e n ti ?
__ C ’es t m oi. Je ten a is à ce q u e vo u s n e d ou tiez
p a r . A s s eyez- vo u s , je vou s en p r ie.
- - N o n . A llo n s - y !
— N o u s a vo n s le tem p s , je p en s e. E n to u t ca s ,
l'o .'i ’ e qu e vou s vou s r é ch a u ffiez. Il fa it fr o id et
vo u s d e s g la cée.
E lle s’a s s it d e va n t le fe u d e b ois s u r leq u el Ja cq iii. - je ta d es b r in d ille s s èch es .
— N on , je n e vo u la is p a s ven ir , rép éta - t- elle. S i
u n a u tr e q u e vo u s m a v a it é c r it d e p a r e ille s
ch os es ...
—
—
Je
sa i s
M a is
b i e n ...
vou s ... j ’a i co n fia n ce en
vou s ... j e
ne
s a is p a s p ou r q u oi...
I l s o u r it tr is te m e n t :
V o u s n e s a ve z p a s p o u r q u o i ?
_ _ NoJJ( c a r ch a qu i! fo is q u e je v«u £ a l vu , il en
o ! r.is u lté u n m a lh e u r .pu u r in oi, m ie d o u leu r
a tr oce...
ea*»
5'
— Je n ’y s u is p o u r r ie n I Je ve n a is p o u r p a n s er
les b les s u res , et n on p o u r les ca u s er.
— P eu t- êtr e... ou i...
— V ou s en d ou tez ?
E lle h és ita , p u is ten d it s a m a in fin e à J a cqu es :
— N o n ... je n e veu x p a s d o u te r d e vou s ... je n e
p o u r r a is p a s !...
I l se r a p p r o c h a et, s er r a n t les d o ig ts d e la jeu n e
fille :
— Je vou s r e tr o u ve a vec v o tr e s o u r ir e tr is te et
vo tr e d és ir , vo tr e b es oin d ’ex p a n s ion , d ’a m itié , de
d évou em en t... O u i, m a d em o is elle, si je s em b le se
m e r le m a lh e u r s ou s vos p a s , c'es t qu e je vien s
vou s s ig n a le r ces ép in es q u i b les s er a ien t vo s p ie d i,
ces g o u ffr es où vou s s o m b r e r iez... Il se tr a m e a u
to u r de vou s u n e m a ch in a tio n od ieu s e, on veu t
vou s m a r ie r à u n m is ér a b le, et ou la n ce vo tr e
p èr e...
— M on p èr e... V ou s p en s ez q u ’on lu i veu t d u
m al ?
— Je s u is c e r ta in de ce qu e je vou s a i écr it.
V e r s on ze h eu res , ce s oir, vo tr e b elle- m èr e, la com
tes s e B é a tr ix , ir a v o ir son a m a n t, qu i se ca ch e
d a n s u n r ecoin p erd u d e P a r is .
— l it m on p èr e s a it cela ?
— I l le s a it, et il ir a , lu i a u s s i, à l’e n d r o it in d i
q u é. E t tou t fa it p r é v o ir qu e le jeu n e h om m e, sou s
p r é tex te d e se d éfen d r e, e s s a ie r a de se d é b a r r a s
s er d ’u n m a r i q u i se d res s e e n tr e lu i et la fem m e
a im ée, s u rtou t en tr e lu i et la fo r tu n e en tr evu e.
E lle a p p r o u va d ’u n s ig n e d e tôte.
— C ’es t ce qu e je m e r é p éta is en ven a n t. A eu x
d eu x , la com tes s e et l’a u tr e, ils on t com p lo té ce
cou p : a ttir e r m on p èr e lo in de tou s , d a n s u n e n
d r o it p r op ice... et le tu er... O u i, c’es t cela ... Il est
im p a s s ib le qu e ce ne s oit p a s ce la 1
E t, jo ig n a n t les m oin s :
— Q u e d a b o m in a tio n s j ’- ai a p p r is es e n deu x
jo u r s !... A in s i, c ’es t v r a i, m on p ère es t tr a h i, ma
m èr e s o n g ea it à m e liv r e r à s on a m ou r eu x ,.. E l
à p rés en t on p r é p a r e u n d r a m e... V en ez d on c !...
E lle se le v a et e n tr a în a J a cq u es e.^ le s u p p lia n t.
Il m it s on p a rd es s u s , » ’e n ve lo p p a le cou d ’un
fo u la r d et, a p r ès a v o ir a id é O r fa à a r r a n g e r son
c o lle t et s a m a n tille, s o r tit en la is s a n t s a la m p e
a llu m ée.
D .ans la ru e, lu je u n e fille p r it le b ra s d e Ja cqu es ;*
— C elu i qu i m ’a u r a it d it, il y a h u it jo u r s , q u i
j'ir a is s eu le, la n u it, r e la n c e r u n je u n e h om m e
d a n s s a c h a m b r e, q u ’a vec lu i je c o u r r a is ver s des
q u a r tie r s p erd u s ...
— Ï1 es t d ix h eu res cin q , in te r r o m p it- il c a r e .
g a r d a n t l'h o r lo g e de la s ta tion de vo itu r es nu i
lo n g e le L u x em b o u r g , n ou s a r r ive r o n s à ten m s
U n r o c h e r o u vr it la p o r tièr e d e son cou p é • ’
— V o j ci, m a d a m e et m on s ieu r . C 'es t ch a u ffé, et
çft g a lo p e I
*
— C 'es t p ou r a lle r
loin ... b o u le va r d
p rès 1 a ven u e du B o is - d e - B o u W o e
L e coch er h och a la tôte.
L a n n es ,
V nC
nu m oin s ! p u r ce tem p s
de ch ien . S û r d e r en tr er à vid e. (N on, m er ci !
M n iq f ; H“ UU
S i ie v i no
n i?ri l CC (?110 yo,is ln c d em a n d er ez.
i ' ,eTiez ■ V o ici d ’a b or d cen t sou s ,
u n e a u tr e p iè ie
p r e s s é '0 ™ ’
1
C0" °
d ° ' Î<' U * h eu p es * J’n 3ou U rra i
* ^ ^ r ia
l'h o m m e
tr ès
ern-
'b m îiÎ *» i i / i * u ' c i s o ,‘ co m p a g n o n , a va n ç a la
b ou le tièd e, o ffr it n u e cou ver tu r e.
B o u le va r d 1 n n n es , q u el n u m éro ?
h l ’endrerit q i W c h o Æ
di-
i . , M s J j ° vm W ftrrM * r a i
^
Ure (,e (:o ur‘ ;c d a n s P a r is , le
ei'iis n iv c A o
i f ’ s o'u h re, a vec d e » om b res
fcets d e
f
décou p a n t, s u r Ip b r o u illa r d ,
ï ou < f'û tr w . ai-A lu eu rs tr em b lo-
K
r i cm
n uîe '. et
^u n
n oir
ofr, &
W gcu
eiecvi
ei u
d u n oir lu
u ofi
b r e.de fh u pra e
�'Ç *
R ei n es de P a r i s
E n fin , la vo itu r e a tte ig n it le b o u le va r d L a n n es .
Ja cqu es y éta it ven u d a n s la jo u r n ée , i! p u t se
d ir ig e r d a n « la n u it, lo r s q u e le fia cr e s e fu t a r r êté,
n on lo in d e la p o r te du B ois .
— P r e n e z m on b ra s , d it- il à O r fa , u n e cen ta in e
de p a s en core.
— V ou s s a vez d on c où se tr o u ven t ce m o n s ieu r
et m a b a lle m è r e ?
— A p eu p rès ... O n m 'a in d iq u é...
U s a rr ivèren t d eva n t u n m u r h a u t d e d eu x m è
tres et d ’u n e lo n g u e u r de c in q u a n te p a s e n vir o n .
Ce m u r , q u i b o r d a it s a n s d ou te d es ja r d in s ,
p u is q u ’on a p e r c e va it la cim e d ’a r b r es , d én u d és
Bai- l'h ive r , ém e r g e a n t d é s a cr ête, é ta it tr ou é d e
tr ois im p a s s es fo r m a n t à la fo is c lô tu r e d es lots
de ter r a in et e n tr ée d a n s la p r o p r ié té ; a u fo n d de
ces im p a s s es , d es g r ille s la is s a ie n t v o ir des m a i
s on n ettes a s s ez coq u ettes , d o n t l a s ilh o u e tte se
p r o fila it s u r l’o b s cu r ité de la n u it.
D a n s la d er n iè r e d e ces im p a s s es , J a cqu es se
ca ch a a ve e s a com p a g n e.
— Je cr o is qu e l’alLée d ’a va n t celle- ci co n d u it à
la m a is o n du vico m te, lit- il, à l’o r e ille d e la jeu n e
B ile. E n g u e tta n t, n ou s ve r r o n s ceu x q u i e n tr e
ron t. Q u a n d n ou s r eco n n a îtr o n s vo tr e p ère, vou s
ir ez le p r é ve n ir du gu et- a p en s .
— L ’a r r a c h e r a u x cou p s d e s es a s s a s s in s 1
— C ’es t c e la I
U s s e tiD r en t d o n c à l ’a ffû t, m a s q u és p a r l’a n g le
Su m u r, leu r tête d ép a s s a n t s eu le, p o u r in te r r o g e r
le b ou leva r d .
, P lu s d e d ix m in u tes s’éco u lèr en t s a n s qu e Ift€
(«u n e s g en s a ie n t à é co u ter a u tr e ch os e qu e d es r e
fr a in s d ’ivr o g n e s ou le r o u le m e n t d u ch em in de
*®r d e C ein tu re.
M a is , à u n m om en t, u n e vo itu r e m it, d a n s l ’o m
b re, d eu x p oin ts lu m jn eu x s u r le b o u leva r d , d u
côté op p os é à c elu i où s ’é ta it a r r ê té le fia cr e de
Ja cqu es .
V a g u e m e n t, on d is tin g u a it d eu x ch eva u x .
— L a com tes s e ! fit Ja cqu es .
— M on p ère ! d it O r fa .
— N o n !... c’es t la com tes s e... E lle a u r a p r is la
vo itu r e d ’u n e a in ie... V o tr e p èr e s er a it ven u en
fia c r e , lu i I
D ’a ille u r s , ils n e v ir e n t p lu s r ien , c a r les d eu x
la n ter n es s ’é te ig n ir en t.
L ’a n g ois s e le u r s e r r a n t la g o r g e , ils a tten d ir en t.
S û r em en t, B é a tr ix p a s s er a it d e va n t eu x p ou r se
r en d r e à la m a is o n vo is in e.
Ils s’éta ie n t recu lés , n e vo u la n t p a s être s u rp ris .
M a is elle n e p a s s a it pa s.
E t u n s ilen ce p iits a tr o ce se fit, p lu s ch a r g é d e
M ys tèr e ot d ’ép ou vn n te.
O r fa se d is a it q u ’il y a v a it d ’a u tr es ch em in s
fcri° t'és de J a cqu es , et q u e sa b elle- m èr e a v a it p r is
n n d e ceu x- là .
J a cqu es , l ’o r e ille ten d u e, e s s a ya it d e s u r p r en d r e
j311 cr i, u n a p p el ou m êm e u n fr o is s em en t d ’a rb u s *•*> le b r u it d e » p a s s u r le g r a vie r .
11 é ta it c e r ta in q u ’u n e ca ta s tr o p h e a lla it éc la te r ,
com tes s e é ta it là . U ven a it d e la v o ir , le
a u s s i. C elu i- ci a v a it été e n vo yé p a r M . B a ® ntin, q u i n vn it tr o p b ien p r é p a r é son œ u vr e
ou r r is q u e r l’a b s en ce d u p r e m ie r rôle. L e g e n tilonirne, p r éven u qu e s a fem m e v ie n d r a it v o ir s on
rr>aiiL à o n ze h eu r es , s e r a it là , u n r e v o lv e r a u x
° ‘p . d écid é à m ettr e fin à cet a m o u r in fâ m e,
f* y a va it d ou e, d a n s l’o m b r e ép a is s e, d es êtres
P fSfl g u e tta ie n t com m e d es b êtes d e p r o ie.
.
d a n s le s ilè n e « s olen n el, J a cq u es c r o y a it cn ® d re des r â le s d 'a n g o is s e .
*
b is (j(j cliiri m ia u le s s ’éc o u lè r e n t, en cor e cin q
, lI1'ile s q u i d u r en t s em b ler in ter m in a b le s a u x a c¡irs do ce d r a m e.
j" flr il» d eva ien t êlr n là , les a c te u r » d e ce d r a m e.
» Ja cqiies les d e vin a it ; le m a r i, la fem m e, l’a m a n t,
m ie, ie fo r ça t, l’a s s ocié, C iw lild e p eu t- être, et
a u s si I.u cetto.
55
«=§•
L ’Ita lie n n e a v a it s a is i le p o ig n et d e J a cq u es t
y c r is p a it ses d o ig ts , p en d a n t qu e lu i, d e s a m a in
lib r e , lu i e n la ç a it la ta ille p ou r la r ete n ir , c a r si
cette s itu a tio n d u r a it d ix m in u tes en core, la p a u
v r e fille to m b e r a it écra s ée.
T o u t à cou p , a lo r s q u ’on r e n o n ça it p r es q u e à
p r es s en tir u n d én ou em en t, le b r u it d ’u n cou p de
r e v o lv e r s iffla d a n s la n u it.
I l v e n a it d es ja r d in s , d e r r iè r e Ja cqu es .
P u is , d eu x s econ d es a p r ès , u n je u n e h om m e
b o n d it p a r- d es s u s le m u r , s a u ta s u r le b ou leva r d
et g r a v it le ta lu g.
— B ir b a n te ! h u r la u n e vo ix . C a n a g lia !
— L o u is ! s a u ve- toi I c r ia u n e v o ix d e fern m e :
s a u ve- toi f
J a cq u es a va n ç a la tête.
— U l ’a m a n q u é,
d it- il. en v o y a n t le jeu n e
h o m m e g r a v ir le ta lu s .
— C ’es t m on p èr e ! C 'es t l a com tes s e ! fit O r fa .
— O u i ! lé s v o i l à I
E n e ffe t, o n les d is tin g u a it tou s les d eu x.
L u i, u n r e v o lv e r fu m a n t à la m a in , tr a ve r s a it le
b o u le va r d , s u r la p is te d e son r iv a l ; elle, vêtu e de
n o ir , s on m a n te a u fo r m a n t d eu x g r a n d e s a iles
d ’o is e a u d e n u it, se p r é c ip ita it p o u r le r eten ir .
E t com m e, a u b a s d u ta lu s , le com te h és ita it
p o u r s a v o ir d e q u el côté il se d ir ig e r a it, p u is q u e
le b ea u L o u is d e va it p r en d r e à d r o ite ou à g a u ch e,
s ou s p ein e d e s’é c r a s e r d u h a u t d es r em p a r ts .
B é a tr ix p u t s ’e m p a r e r d u b r a s d e s on m a r i.
— L â ch e ! cr ia - t- elle. A s s a s s in !
E lle v o u la it s a is ir le r e vo lve r .
— L a is s e - m o i, d it- il, d ’u n e vo ix où g r o n d a it u n e
co lè r e te r r ib le , la is s e- m o i où j e t ’éten d s à m es
p ied s .
L a m a îtr e s s e d e C a s a n o é ta it tr o p fu r ieu s e p ou r
r e c u le r d e va n t cette m en a ce.
— Je le cr ois , fit- elle. C ’es t ton a ffa ir e d e tu er
d es g en s qu i n e se d éfen d en t p a s .
— Je te d is d e te ta ir e !
— N o n ! Je p a r le r a i si je veu x !... T u es u n
lâ ch e ! T u es ve n u a s s a s s in er u n g en tilh o m m e...
U l ’in te r r o m p it en la r ep o u s s a n t vio le m m e n t,
c a r e lle n e v o u la it p a s lâ c h e r la cr os s e d u r e v o l
ver :
— C e n ’es t p a s v r a i ! C ’ es t to i q u i vien s , la n u it,
a s s o u vir ta p a s s io n im m o n d e 1
— N o n ! c ’es t toi 1 a s s a s s in I T u éta is à l'a ffû t
com m e le jo u r où tu a s a s s a s s in é ce b o u r g e o is d e
G o r g o n e , ce F r a n ç a is q u e tu a s vo lé...
I l b r a q u a s on r e v o lv e r s n r e lle :
— S i tu con tin u es ...
E lle le v it s i rés olu q u ’ elle n ’os a c o n tin u er *
— O u i... j e te s a is ca p a b le... rr— m e tu er a is
a u s s i !... m a is je n e...
— V ie n s ! R e n tr o n s I
E lle s ecou a la tête ;
— N on !
— Q u oi ?
*
— N o n , je n e te s u is p a s I T u a s vo u h i lu< r celu î
q u e j ’a im e... je te q u itte p o u r to u jw in j î
J a cq u es et O r fa r e g a r d a ie n t, é p o u va n té », ces
tleu x s ilh ou ettes d on t les g es tes a va ie n t d es g r a n
d eu r s fa r ou ch es , éco u ta ie n t ces p h ra s es te r r ib le s
q u i vib r a ie n t d a n s la n u it. A ce m om en t, ils fu r en t
p lu s e ffr a y é » en c o r e d e va n t la r a g e q u e m a n ife s ta
le com te.
,
— T o i ! T u d is ? M e q u itte r ?
— O iù t
. . .
— A h t n o n , p a r exem p le t Je te ju r e b ien q u e
n on !
— Si l
E lle a p p u y a it s a p a r o le d ’u n m o u ve m en t d e tôte
si r és olu q u ’ il se p r é c ip ita et s a is it s a fem m e, com
m e u n p a ys a n fe r a it d ’u n W on - rea u têtu :
— Tu es à m oi ! J a m a is tu n e s er a s à u n a u tr e l
— A u s e c o u r s 1... h u r l a -t -e l l e . A u . . .
E lle n ’a c h e va pa s. 11 lu i s e r r a it le cou .
— O h I U m ’é tr a n g le I...
*
�5G
— V ien s d on c !
S i il l'e m p o r ta it d a n s s es b ra s .
il d is p a r u t d a n s u n d es co u lo ir s co n d u is a n t a u x
ja r d in s .
O n e n te n d it en co r e u n c r i éto u ffé d e B é a tr ix , u n e
s orte d e r â le , et a u s s i d es p h r a s es h a ch ées d u
m a ri :
— T a is - to i 1 T u es à m o i ! R e n tr o n s !... Je ta
fa is g r â c e !...
P u is p lu s rien .
J a cq u es s en tit u n e s u eu r g la c é e lu i p e r le r s u r le
fr o n t :
— I l l'a u r a étr a n g lée ... I l en es t ca p a b le...
— M on p èr e !... m u r m u r a it O r fa .
C 'é ta it s on p è r e ta n t a d o r é , ça , ce v ie illa r d q u i
se b a tta it com m e u n s ou ten eu r, s u r les fo r tifs , a vec
s a fem m e... cet h om m e q u i v e n a it d e tir e r s u r u n
a u tr e h om m e... et q u i, en Ita lie , a v a it a s s a s s in é
u n F r a n ç a is p ou r le v o le r !...
C ’é ta it d on c v r a i ! Il a v a it a s s a s s in é u n b o u r
g eois , à G or g on e, et s a fo r tu n e a ctu elle p r o ve n a it
d ’ u n vol p a r e il !
— M on p èr e !
Ja cq u es p r it la r é s o lu tio n d ’a r r a c h e r O r fa à ca
m ilie u , d e l ’e n tr a în e r lo in d e ces s cèn es où s o m
b r e r a it s a ra is on .
— V en ez ! fit- il. R e n tr o n s !
— Où ?
— Je n e s a is p a s ... M a is q u itton s ces s p ecta
cles !...
— O u i... ou i...
E lle se la is s a en tr a în e r .
Ils r e p r ir e n t la r ou te d e la p o r to d u b oia n on
lo in d e la q u e lle a tte n d a it le u r fia cr e.
E t iis n 'o s a ie n t p a r le r , en lo n g e a n t ces ta lu s où
se c a c h a ie n t s a n s d ou te d ’a u tr es s p ecta teu r s d e la
s cèn e.
P e u t- ê tr e le C a s a n o é ta it là , a p la ti d a n s l ’h erb e
r ou s s ie, ou b ien C lo tild e et s on p ère.
L e coch er a c c u e illit a vec
jo ie
ses
g én ér eu x
clien ts .
— A h ! vou s v o ilà !
C ’es t p a s m a lh e u r e u x I
J’a va is p eu r. J 'a i en ten d u u n cou p d e p is to let, et
je p en s a is q u e d os r ôd eu r s vou s a v a io n i a tta q u és ...
L e q u a r tie r es t s i m a u va is , à ca u s e d u b ois .
L es jeu n es g en s r e p r ir e n t le u r p la ce.
Ils n e s ’a p er çu r en t q u ’ils é ta ie n t g e lé s q u ’en
é p r o u va n t l a s on s a tion a g r é a b le d e la tié d e u r d u
cou p é.
— N o u s r e n tr ô n s a u L u x e m b o u r g ? d e m a n d a le
coch er.
— R u e d e F leu r u s , a u coin d e la r u e M a d a m e.
L e fia c r e p a r tit à s on a llu r e tr a n q u ille . J a cq u es
d it à O r fa :
— D on n ez- m oi vos m a in s et s errez- vou s con tre
m oi p ou r vou s réch a u ffer.
E lle m u r m u r a :
— C ’es t m on p ère qu e j ’a i vu ... M o n p ère... Jo
l ’a i ta n t a im é !
__ j l vou s a im e a u s s i b ea u cou p , r em a r q u a - t- il.
O n p eu t êtr e e x c e lle n t p ère et m éch a n t h om m e.
__ j l a tu é ce F r a n ç a is ... V o u s a v ie z r a is on .
— M oi V
,
__ L a le ttr e q u e vou s m a ve z r em is e... la p r e
m iè r e ... V ou s n e vo u s s o u ven ez p lu s ?
— S i ! C elle d o n t j ’ ig n o r a is le con ten u ... E lle
vo u s a p p r e n a it ce cr im e ?
__ O u i... J ’a u ra is m is m a m a in a u feu ... M a is
je vien s d 'e n te n d r e cette fem m o lu i c r ie r cotte in fa
m ie... il n e se r é v o lta it p a s ...
_
I l a v a it ton t, on d o it to u jo u r s n ier , fit l ’é c r i
va in . P a r c e q u ’u n é tr a n g e r p eu t r é p é te r ces a ccu
s a tion s , et la ju s tice...
_
C 'es t vr a i. O n le m e ttr a it en p r is o n ... O n le
g u illo tin e r a it !...
,
C ette fo i» elle r e tir a s es m a in s d e celles d e s on
a m i
et les p la ç a d e v a n t ses yeu x p o u r c a ch er s on
vis a g o co n vu ls é p a r cette te r r eu r ,
R ei n es de P a r i s
— G u illo tin é 1
— N o n , fit- il, o n n ’en es t p a s là ... S eu lem en t,
cette fem m e n ’ a p u con ten ir ... C ’es t s u r tou t p ou r
vou s q u e j ’ a i s ou ffer t d e ces r é vé la tio n s ...
— M o i ?... D u d ég oû t, d es to r tu r es s a n s n om ...
V ou s n e V ou s fig u r e z p a s ce q u e j ’ép r o u ve 1
— Je le s u p p os e... J ’a u r a is d û n e p a s vo u s con
d u ir e là - b a s !
E lle b a is s a la tête :
— S i ! s i ! c ’es t p r é fé r a b le ... V ou s a ve z eu r a i
s on ... A u m oin s , m a in ten a n t.... V ou s com p r en ez,
je m a n g e a is d 'u n p a in m a u d it... Je v iv a is d a n s u n
ch â tea u p a yé d e l ’o r d u cr im e !
Ja cq u es éton n é :
— V o u s r en o n ce r ie z à c o n tin u er ?
— S i j ’y ren on ce !... M a is ce s o ir , to u t d e s u ite.
J ’ir a is d e n ou vea u d em eu r er d a n s ce lu x e, en tr e
d es d om es tiq u es q u i s a ven t q u e... A h ! je p r é fé r e
r a is m e n d ie r !
r— M e n d ie r !
— C ertes ! Je v a is d ès d e m a in ch er ch er u n e
p la ce d a n s u n r e fu g e ... I l d o it y a v o ir à P a r is ,
com m e p a r tou t, d es œ u vr es p ou r les jeu n es filles ...
Je s a is cou d re, je g a g n e r a i m on p a in ... je m e fe r a i
in fir m iè r e d a n s u n h ô p ita l, p o u r r a ch e ter le
cr im e...
I l m it s on d o ig t s u r les lè vr e s d ’O r fa :
— C h u t ! V ou s a lle z d ir e d es s ottis es ! V o u s ôtes
n ée p ou r êtr e h eu reu s e, et fièr e, et a d u lé e !...
— N o n ! P u is q u e le s ort...
— L e s or t es t ca p r icieu x . In ju s te a u jo u r d ’h u i, il
s er a ch a r m a n t d a n s h u it jou r s . D ’a ille u r s , vou s
êtes m in eu r e, e t vo tr e p èr e a d es d r o its s u r vou s .
— D es d r o its ?
— C elu i d e vou s fa ir e r a m e n e r ch ez lu i p a r lc3
g en d a r m es , en tr e a u tres . V ou s v o y e z q u e vo tr e
s é jo u r d a n s les h ô p ita u x s e r a it a s s ez cou rt. N o n ,
vo u s s er ez la g r a n d e d a m e q u i s òm e le s b ie n fa its
a u to u r d ’ elle. V ou s a vez d r o it à tou s les tr iom p h es .
P o u r l ’h eu re, p u is q u e vou s n e vo u lez p a s r etou r
n e r à C h a tou ... V r a i ? c ’es t d écid é ?
— Je n ’y r e to u r n e r a i c e r ta in e m e n t p a s ! a ffir m a t- elle
__ A lo r s , je vou s g a r d e r a i à P a r is , s ou s m a s u r
ve illa n c e , en a tte n d a n t q u e les a ffa ir e s s ’a r r a n ^ E l i e eu t u n g es te et u n r e g a r d
d eu r .
,
,
_
— M oi, p r ès d e vo u s ?
— P ou rqu oi pa s ?
__ D a n s vo tr e a p p a rtem en t, r
d ’in d ic ib le p u
— D a n s m a ch a m b re. Je n ’a i p a s d ’a u tr e p iece
p ou r le m om en t. J ’ir a i cou ch er à l ’a te lie r do M ois s a c, o u à l ’h ôtel.
— J e 'r e fu s e d e vou s ca u s er...
— N o n ! n e d ites p a s d e ces b êtes d e p h r a s es 1
V ou s êtes a s s ez m a lh eu r eu s e p ou r a v o ir d r o it à
tou t m on d évou em en t, et j ’a i à r é p a r e r le m a l qu e
j ’ a i dû fa ir e à u n e je u n e fille p o u r q u i je v o le r a is
d u b on h eu r !... V ou s d em eu r er ez ch ez m oi ju s q u ’à
n o u vel or d r e... Je vou s a p p o r te r a i
vos
va lis es ,
j ir a i les p r en d r e à C h a tou , vou s vou s in s ta lle r e z
d e vo tr e m ieu x ch ez m oi.
E lle s ecou a la tête.
— N o n ! n on 1 Je n e veu x p a s vou s ca u s er u n
tel en n u i...
— C ela n e vou s p la ir a it p a s d ’êtr e s ou s m a s a u
ve g a r d e ?
E lle h és ita u n m om en t, et fin it p a r a vo u e r , en
b a is s a n t la tête :
— S i...
b ea u cou p ...
M a lh eu r eu s em en t,
vou a
a vez d es p a r en ts ... U n e s œ u r... Je n ’a i p a s lo d r o it
d e m ’ im p os er à vou s . V ou s a vez b es oin d e tr a v a il
ler , m oi, je n e s a u r a is vou s a id er .
I l s e m it à rire.
— O h 1 ce s er a s i co u r t ! llé la s I V o tr o p ère no
vou s la is s e r a p a s d a n s u n e ch a m b r e d ’étiiH in n *
M oi- m êm e j ’e x ig o r a i do lu i u no a u tr e s itu a tio n
p ou r vou a .
�=5®
R ei n es de P a r i s
--------------------------
— Y ou s - m em e 7 lit- ello a ve c u n a ccen t de r e
p roch e et d ’éton n em en t.
— O u i, m a d em o is elle, m oi- m êm e 1 L a fille d u
com te A n fa lo tti, m illio n n a ir e , et b elle, et n ob le, et
s u p erb e, a u n a u tr e a v e n ir q u ’u n e ex is ten ce p i
teu s e a u x côtés d ’u n b r a ve g a r ç o n b ien b o u r g eo is
et b ien m éd io cr e. Il lu i fa u t les g r a n d e s jo ie s d u
gra n d
m on d e,
les
élé g a n c e s
m on d a in es ,
les
triom p h es ...
— O h ! s i vou s s a vie z com b ien ce q u e vou s d ites
là es t fa u x ! M o i... S i vou s s a vie z !...
E lle h a u s s a les ép a u les et se tu t u n m o m en t
p o u r r e p r e n d r e , ob s éd ée p a r s on id ée :
— M o n p ère... Il es t fou d e s a fem m e... et elle
le h a it... C ’es t u n e fu r ie, u n e m a u va is e fée, u n
m on s tr e... E t ce C a s a n o q u i se s a u ve lâ ch em en t...
q u el m on d e !... M o n p ère es t u n a s s a s s in ...
— N o n , le F r a n ç a is n ’es t p a s m or t.
O r fa tr e s s a illit d e p la is ir :
— 11 n ’es t p a s m o r t ! V ou s en êtes s û r ?
— C er ta in . Il es t m ôm e p r ob a b le q u e c ’es t lu i
qu i se ve n g e on r éu n is s a n t... je vou s e x p liq u e r a i
cela ... M a is je p u is vou s ju r e r q u e vo tr e p èr e n ’a
p a s d e m eu r tr e à se r ep r och er .
L a jeu n e fille r e s p ir a m ieu x .
— A h ! il n e l ’a p a s tu é... C ’es t é g a l, il l ’a vo lé ,
n ’es t- ce p a s ?
— C e s e r a it p os s ib le.
— V ou s vo ye z b ien !... N o n ! je n e r e to u r n e p a s
à C h a tou !... Je r es te à P a r is !
— B on ! L e feu n ou s a tten d , la la m p e b rû le.
N ou s a llo n s b a v a r d e r u u coin d e l ’à tr e et ex a m in e r
la s itu a tion . E n s u ite, je vou s la is s e r a i r ep o s e r ;
j ’ir a i tr a v a ille r ch ez L u d o vic . D em a in , j ’a g ir a i
p ou r le m ieu x . A p r è s tou t, p eu t- être es t- il p r é fé
r a b le q u e vou s s oyez fixée.
— To vo u s r em er cie, m o n s ieu r D a r ta u d .
— .le m ’a p p e lle a u s s i J a cqu es .
M er ci, m on s ieu r Ja cqu es . V ou s m ’a ve z fa it
b ea u cou p d e m a l, m a is ce n ’es t p a s vo tr e fa u te.
N ou s m 'a v e z a p p o r té d es c o n s o la tio n s b ien d o u
ces et, cela , je le d ois à vo tr e b on té, à vo tr e c h a r
m e, à la n ob les s e d e vo tr e es p r it. Q u oi q u ’il a r r iv e ,
je s er a i vo tr e a m ie b ien d évou ée, b ien r e c o n n a is
s a n te, je r e vie n d r a i vou s d e m a n d e r la fo r c e d e
s u p p o r te r en cor e d e n ou velles d ou leu r s , com m e,
a u jo u r d ’h u i d a n s la tou r m en te q u i em p o r te m a
vie, je m e r é fu g ie s a n s c r a in te s ou s vo tr e p r otec
tion.
E t e lle lu i te n d it s es d eu x m a in s s u r les q u elles il
m it u n lo n g b a is er .
Ju s te ft ce m om en t, le coch er s ’a r r ê ta d e va n t la
p or te d e Ja cqu es .
— E h b ien ? vou s
vo u s Ôtes r éch a u ffés , les
b o u r g eo is ? T a n t m ieu x ! V ou s n o vo u s ôtes pa a
em b êtés , je vo is ça !... B éd a m o ! q u oi ? c ’es t d e
’.ot.re â g e !... F a u t p r o fite r ! fa u t p r o fite r !
J a cq u es le p a ya .
P e n d a n t crue les .d eu x jeu n es g en s a tte n d a ie n t
q u e la co n c ie r g e le u r o u v r ît la p or te, le co ch er
s 'en a lla d a n s la n u it, en r é p é ta n t :
— L es a m o u r eu x , c ’es t d e b on s clien ts . J ’y d i s
to u jo u r s : « P r o fite z, m es g a illa r d s ! p rofitez. »
X II
L a r en co n tr e p r é p a r ée a ve c ta n t de s oin s p a r u t
n’a v o ir p r o d u it, d ’a b o r d , q u e d es r és u lta ts d é p lo
ra b les .
L e com te A n fa lo tti g a r d a it s a fem m e p rès d e lu i
et O r fa d e m e u r a it a vec J a cq u es , ou , en to u t ca s ,
8e p la ç a it s ou s s a tu telle. Il n e p o u va it d on c y
a v o ir q u e d es d écep tion s p ou r les Iliir e n tin , d on t
le b u t éta it d ’e n le ve r B én tr lx à l ’h ô tel des P e r le s ,
et d es d ou leu r s p ou r C lottld e q u i, à p rés en t, n e
l o v a it p lu s d o u te r d e l’a m o u r d e J a cq u es e t d e
l’Ita lie n n e , fille du com te.
L ’a u tre ca m p , celu i q u i ôta it g r o u p é a u to u r des
b ru n es a ven tu r iè r e s , les M o r ta n e et le s F e r n a n d e z
"
57
---------
*
3*
*
Y v e l, fu t p lu s s a tis fa it d u r és u lta t. A p r è s u n e n u it
p a s s ée à c o u r ir p a r la b a n lieu e, à a tte n d r e q u ’on
eû t o u ve r t u n e b ou tiq u e d e m a r ch a n d d e vin s p ou r
s ’y r é fu g ie r et s ’y r éc h a u ffe r , L o u is d e C a ea n o
r e n tr a à P a r is et, d ès n eu f h eu res , r é v e illa J u lien
et J a cq u elin e, d o r m a n t tr a n q u ille m e n t ru e M o za r t.
L es a m ou r eu x s ’h a b illè r e n t à la h â te, s u r q u e l
qu es mo<ts jetés à tr a ve r s la p or te. Ils r eçu r en t
le u r a s s ocié d a n s leu r ch a m b r e à cou ch er, com
p r e n a n t q u ’il y a v a it d es n o u velles g r a ves .
Ils ig n o r a ie n t le d r a m e et fu r e n t fo r t s u r p r is
lo r s q u e L o u is le le u r r a con ta .
J a cq u elin e r e m a r q u a :
— C ’es t ex tr a o r d in a ir e ... m a is on p o u va it le p r é
v o ir . M a in ten a n t, je m e s ou vien s , m a s œ u r es t
ven u e m e d em a n d er ver s on ze h eu r es ; s a n s d ou te
le com te l ’é lo ig n a it d e vo tr e m a is on .
— E t toi, J u lien , tu n ’a s p a s e n vo yé le ch a s s eu r
d e ton ceTcle p o u r m e p r é v e n ir ?
— Je n 'a i p a s m is les p ied s a u cer cle d ep u is q u a
tr e ou cin q jou r s .
P e u à p eu , ils d e vin è r e n t le com p lot. O n a v a it
o r g a n is é ce d r a m e ; on v o u la it fa ir e tu er C a s a n o
p a r le m a r i. Q u i d on c a v a it in té r ê t à ce m e u r tr e ?
P a s F e r n a n d e z ! A u c o n tr a ir e . Q u i d on c ?
D ’a u tr es g en s d és ir eu x d e p os s éd er le tr é s o r
ca ch é d a n s l'h ôtel, p r ob a b lem en t.
C a s a n o, p a r ven u à se r é c h a u ffe r à fo r c e da
g r o g s , et en se m etta n t p r es q u e d a n s u n g r a n d
feu d e b ois q u e J a cq u elin e fit a llu m er , fo u r n it des
d é ta ils s u r s a n u it et les d a n g e r s q u ’il a v a it cou
ru s , ch a s s é p a r le com te com m e u n g ib ie r .
— C ’es t é g a l, con clu t- il, c’es t u n s a le cou p ! A
p r és en t, je n ’o s e r a i p lu s s o r tir d a n s P a r is , ce b onh o m m e- là m ’a b a ttr a it en p lein jo u r , en p lein b ou
le va r d . A lo r s , qu e va is - je d e ve n ir ? M e te r r e r en
p r o vin c e p o u r a tten d r e la fin de la to u r m en te ?...
— N e fa is p a s ça ! s’é c r ia J u lien . N ou s a von a
m ieu x à ten ter ! I! n ou s fa u t les p er les ! Ç a , c ’es t
u n in cid en t. L e res te es t le b u t. L e c o ffr e ! T a n t qu e
n ou s n e l ’a u r on s p a s , n ou s n e p ou von s q u itter
P a r is . C e s e r a it d és er ter , et la d és er tio n n e réu s s it
ja m a is !
— S a p r is ti ! T u en p a r le s à ton a is e, s i tu cr ois
q u e c’est g a i !...
— O h ! m on a m i, ce qu e tu fe r a is n ’es t p a s p lu s
g a i, et rie t’a r r a c h e r a it pa s a u x m a in s d e F e m a n
d ez. N o n , il fa u t la ca s s ette. O ù es t la com tes s e ?
— E lle d o it êtr e a vec s on m a r i.
— Sûr ?
— A p eu p rès . Je m ’éta is a p la ti d a n s les r a vin s
d es fo i tifs . J 'a i en ten d u le m a r i d ir e à s a fem m e j
« Je te g a r d e r a i m a lg r é to u t ! »
— D ia b le !
— B ile se r e g im b a it, v o u la it fu ir . I l l ’a em p o i
g n ée et e m p o r tée com m e u n e b ête d e p roie.
J a cq u elin e h och a la tête :
— A lo r s , elle n e d em e u r er a p a s q ü a tr e jo u r s
a vec s on m a r i. O n n e r e tie n t p a s p a r la for ce u ne
fem m e p a r e ille . Je vou s a ffir m e q u ’elle se s a u ve r a
et vou s c o u r r a a p rès . E m p êch er u n e fem m e a m o u
reu s e d e r e jo in d r e s on a m a n t es t folie.
— O ù m e tr o u ve r a - t- elle ? in te r r o g e a L ou is . Je
no p eu x p a s a lle r d em eu r er en co r e ru e d e la B ie n
fa is a n ce, ou r e to u r n er ch ez C lém en ce, b o u leva r d
L a n n e s ! Ç a r e co m m e n ce r a it ce s o ir , et il n e ma
m a n q u e r a it p lu s , le b a n d it I
J ulie n
d it
:
— T u t’a b r ite r a s ici. L a s itu a tio n no p eu t p a s
d u r er lon g tem p s . M oi, je p r é vie n d r a i C lém en ce et
ton d om es tiq u e d e P a r is . Ils t’e n ve r r o n t la com
tes s e, et tu fu ir a s a vec elle.
— F u ir I
— O h I f i a s loin ! S i e lle a la ca s s ette, on v e r r a «
S i e lle n e l’a p a s , vou s vou s a b r ite r e z à V o r s a illo s
ou à. M elu n p ou r ÿ p r é p a r e r le cou p , c a r il fa u d r a
es s a yer a u tr e ch os e. N o u s in te n ter o n s u n p r o c è «
en son n om ...
— C ’es t u n e id ée !
— D on c, lo g r a n d ch a n ta g e !... O n a vis e r a .
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58
= - -
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«
M a is , a va n t tou t, r e tr o u ve l a com tes s e e t m ets - tol
a vec e lle I
— S i e lle n e q u itte p a s l ’h ô tel ! S i s on m a r i...
— N e t’in q u iète p a s ! Je s u is d e l ’a vis d e J a cq u e
lin e, on n e r e tie n t p a s d e fo r c e u n e fem m e p a
r e ille ! T u a s fa im ? V eu x - tu d éjeu n er ?
— N o n . L a is s e - m o i m e r é c h a u ffe r en core.
U s ca u s èr en t a in s i ju s q u ’à l’h eu re d u rep a s . I l
fu t con ven u qu e L o u is d e m e u r e r a it ru e M oza r t.
J u lien a lla p r é ve n ir , d a n s l ’a p r ès - m id i, C lém en ce
e t le v a le t d e ch a m b r e d e la r u e d e la B ie n fa i
s a n ce, les r a s s u r er et r eco m m a n d er à ce d er n ie r
d ’e n v o y e r la com tes s e B é a tr ix , r u e M oza r t, dès
q u ’e lle se m o n tr e r a it. S i u n e d ép êch e a r r iv a it p o u r
M . d e C a s a n o, il l ’a p p o r te r a it a u s s itôt à P a s s y.
D e la s orte, ils r e p r ir e n t d e l ’a s s u r a n ce et a tten
d ir e n t les évén em en ts .
C ep en d a n t, L u d o v ic M o is s a c s ’é to n n a it de n ’aî o i r reçu a u cu n e n o u ve lle d es B a r e n tin , et n ’os a n t
U Ïler ru e d u P o te a u , il tr e s s a illa it tou tes les fo is
q u ’on o u v r a it la p o r te d e la ru e, ou qu e les p a s
r é s o n n a ie n t s u r le p a vé d e la co u r s u r la q u elle
» ’o u vr a it s on a te lie r .
E n fin , u n m a tin , p a r u n fr o id tr ès v if, ve r s on ze
h eu res , L u c e tte D a r ta u d et C lo tild e B a r e n tin v in
r en t r en d r e vis ite à le u r a m i le s cu lp teu r.
M lle M ys tèr e te n a it c o m p a g n ie à l’a n cien fo r ça t,
q u ’on n e la is s a it ja m a is s eu l. C ’éta it, d ’a illeu r s ,
B o n r ôle, d e s u p p léer s es a m ies d a n s le u r d e vo ir ,
a ccep ta n t a vec em p r es s em en t tou tes les b es ogn es ,
s a n s ja m a is u n e m ou e d ’en n u i ou u n e h és ita tion .
E lle p o s s éd a it cette ver tu si r a r e ch ez les h om m es
et s u r tou t ch ez les fem m es : la r econ n a is s a n ce.
E lle a d o r a it C lo tild e p a r ce qu e C lo tild e l ’a v a it
p r otég ée^ l ’a v a it d éfen d u e, lu i a v a it o u ver t son
â m e, con fié ses tris tes s es , l ’a v a it tr a ité e en a m ie.
P r é s e n té e /par e lle a u x D a r ta u d , q u i s 'effo r cè r e n t
d e lu i fa ir e o u b lie r la m is èr e d e sa s itu a tio n , e lle
a v a it a s s ocié d a n s s on cœ u r L u cette à C lotild e,
d évo u ée à l ’u n e et à l ’a u tr e et tr o p h eu r eu s e de
le u r té m o ig n e r son d évo u em en t en se co n s a c r a n t
a u m a lh eu r eu x B a r en tin .
L u d o vic tr a v a illa it d ep u is le m a tin . Il a v a it r e n
v o y é Fon m od èle e t co m m e n ça it à d éjeu n er .
I l a v a it u n c o n vive : G a b r iel d e M on ta u b a n .
— N o u s n e vo u s d ér a n g e o n s p a s ? d em a n d a la
S œ u r d e J a cq u es a u G a s con q u i s’é ta it p r écip ité,
en r eco n n a is s a n t s on p a s s u r le p a vé d u r c i et s a
fa ç r n de fr a p p er .
— N ou s d é r a n g e r ! E n tr e z v ite 1 I I fa it u n fr o id
d e lou p !
- - A vez- vo u s d éjeu n é, a u m oin s ? in te r r o g è r e n t1K
— O u i.
— B ie n s û r ?
— B ie n s û r.
m
E lle s s 'a s s ir en t et p r és en tèr en t a u feu r a n im é
j w r les s o h i s d e L u d o vic , leu r s b ottin es e>t leu r s
g a n ts r a id is p a r la g elée.
— N o u s com m en cion s , n ou s a u tres . A v e z vou s à
n ou s d ir e q u elq u e ch os e d 'im p o r ta n t ?
— N on . R ien . N ou s ven on s b a va r d er . M a n g e z
B a n s s ou ci. N o u s p a r tir io n s si n ou s d evio n s vou s
g ên er .
Ils s e r é c r iè r e n t et r e p r ir e n t le u r p la ce a u to u r
d e leu r m a ig r e r ep a s , ta n d is qu e les d en ts d e lou p
d es d eu x je u n es g en s fa is a ie n t leu r office. L u cette
et C lo tild e se r éch a u ffa ien t. P u is , la p r e m iè r e vin t
e x a m in e r la s ta tu e d ’a r g ile .
- - Il es t ter m in é,
vo tr e
D io g è n e ,
m on s ieu r
L u d o v ic ?
— O h ! n on ! il s 'en fa u t ! M a is ça a va n c e tou t
d e m êm e.
— V ou s a u r ez la m é d a ille d 'h o n n eu r , p o u r p eu
q u e le j u r y ne s oit p a s a ve u g lé p a r la ja lo u s ie .
— Je m e c o u lc n le r a is d 'u n e m en tio n h on or a b le.
E lle se r é vo lta :
— U n e m en tion h o n o r a b le I C e s e r a it à fa ir e
d es b a r r ic a d es 1 E n tou t ca s . il n ’es t p a s u n in il-
......... - - — - ........-*
R ei n es de P a r i s
* î"
Ilon n a Jre qu i n ’a ch ète ce chel- < rœ u vre p o u r en or
n er s on ch â tea u .
— L es m illio n n a ir e s n ’a im e n t g u è r e les m en
d ia n ts , m êm e en p lâ tr e. L e g o u ve r n e m e n t n on
p lu s . A p r è s le S a lon , je fe r a i r e tr im b a lle r m o n
p a u vr e D io g è n e . d a n s ce c o in et tou t s e r a d it. D ’a il
leu r s , je tr o u ve r a i c e la fo r t n a tu r e l, et j e s e r a i
tr ès fie r d ’a v o ir eu v o tr e s u ffr a g e : c 'es t c elu i a u
q u e l je tien s le p lu s .
— V o ic i b ien la s eu le m a is o n d e P a r is où l’on
n 'en ten d q u e d es ch os es a im a b les , r e m a r q u a L u
cette. P a r to u t a ille u r s , on se p la in t, on m a u d it
le soi't. Ic i, on se con ten te d u p eu q u ’on a, e t les
vis ite u r s s on t tou jou r s reçu s a ve c u n s ou r ir e.
— P a s tou s 1 fit G a b r iel. S i vou s a v ie z v u com m e
L u d o vic a r eçu la com tes s e I
— Q u elle com tes s e ? L a v ô tr e ?
— L a m ien n e s i vo u s vou lez, B é a tr ix A n fa lo tti.
L ’a u tr e jo u r elle es t ven u e p en d a n t q u e je m e tr o u
v a is là . L u d o vic l ’a tr a ité e en p e tite b ou tiq u ièr e...
M o i, je m e s er a is r o u lé à s es p ied s .
— E lle t’a a s s ez r o u lé co m m e ça , o b s e r va
L u d o vic.
G a b r iel h och a la tête.
— N ‘em ip êclie q u e c'es t u n e r u d e fém m e, et q u e
je d o n n er a is d eu x d o ig ts d e m a m a in p o u r l’en
te n d r e m e d ir e d es m ots ten d r es 1
— T u es id iot, a vec cette p a s s io n d e c a r n a v a l I
— D e d og e vé n itien I
— D e co llé g ie n a h u r i I T u va s t ’e m b a lle r a p r ès
u n e ch im èr e p a r e ille ! U n e v ie ille p ea u q u i a
qu inze^ a n s d e p lu s q u e toi.
— L ’a m o u r n e se co m m a n d e p a s . E t tu a s été
le p r e m ie r à la tr o u v e r a d m ir a b le 1
— A d m ir a b le com m e m o d è le d e d iv in ité m é
ch a n te, com m e typ e d 'u n m on d e in s o le n t e t cr u el,
m a is ce qu e je te d ir a i n e t’em p ê ch er a p a s d e l ’a d o
r er , n ’en p a r lon s plu s .
— V ou s s a vez où e lle es t ? d e m a n d a le flls d e
M o n ta u b a n a u x jeu n es filles .
C lo tild e r é p o n d it :
— L a com tes s e B é a tr ix ? E lle es t ch ez elle, c lic«
s on m a r i.
— A p r è s ce q u i s 'es t p a s s é ?
— O u i. I l la g a r d e, la s éq u es tre...
— P a u v r e com tes s e, d it G a b r ie l. C e d o it êtr e
te r r ib le cette ex is ten ce, q u elq u e ch os e com m e la
lu tte d ’u n tig r e e t d ’u n e lio n n e en fer m és d a n s la
m êm e ca g e.
— P a r fa ite m e n t.
L u ce tte in te r r o m p it :
— C ela no d u r er a ipas lon g tem p s , je p en s e. Ar*
cu n c fo r ce h u m a in e ne p eu t o b lig e r u ne fem m e
com m e cette B é a tr ix à d em eu r er e n fo u ie en tr e q u a
tr e m u rs . E lle r e jo in d r a s on vicom te.
— L o u is d e C a s a n o ? Q u ’es t- il d even u , c e lu i- là ?
— I l es t à P a n s . I l s e ca ch e, m a is il es t à P a r i- ,
je le ju r e r a is !
L e d éjeu n er s ’a ch eva it. L e s .d e u x jeu n es gen s
b o u r r è r e n t ch a cu n u n e p ip e, a p r ès a v o ir o ffe r t à
leu r s vis iteu s es u n p e tit ve r r e d e liq u eu r, u n e c h a r
tr eu s e ten u e en r és er ve p o u r ces occa s ion s et ca -
E l
i
? "
r, Un“ i ' c' d“ " * » 3 S S S u». »
C om m e L u cette et C lo tild e a im a ie n t l'o d e u r d u
b le u â t r e . ^
61161
ÎUt 1)iCnt6t p lo in d 'u n i,r o u illa r d
A ce m a rn en t L u d o vic r em a r q u a :
— V o ic i p rès d e tr o is q u a r ts d ’h eu re
êtes ic i et n ou s n ’a v —
a vu iis j)a s en c o r e pu
qu es . P ou r ta n t,, vou s ven ez p o u r cela .
— V ou s l'a ve z v u ? in te r r o g e a C lo tild e , n e p ou
v a n t r e te n ir cette ex cla m a tio n .
— C e m a tin . I l es t p a s s é ve r s n eu f h eu res .
— Il d em eu r e to u jo u r s a vec cette... je u n e fille ?
M ois s a c, a b a n d o n n a n t s a p ip e, e x p liq u a d ’u n e
v o ix c la ir e ce q u i se p a s s a it.
— I l n ’a J a m a is d em eu r é a vec cette O r fa , q u i es t
u n e jeu n e fille c h a r m a n te e t d ig n e d u res p eet e>t d e
la p itié d e tou s :
�4 »
R ei n es de P a r i s
59
<g«
s on r e n iem e n t a s es p r e m iè r e s a m ou r s , é ta it a u s s i
u n e o b lig a tio n d e se d érob er.
N e vo u la n t n i tr a h ir C lotild es n i s a c r ifie r O r fa , il
a tten d a it, d a n s u n p r o vis o ir e tfè3 p lu s s a vou r eu x ,
la fin d e cet é ta t d e ch os es .
— V ou s le ve r r e z b ien tô t ? m o n s ieu r L u d o vic 7
d e m a n d a L u cette.
— Q u i d on c ?
— M on fr è r e .
— S a n s d ou te.
— D ites - lu i q u e je veu x lu i p a r le r a b s olu m en t 1
D em a in , ici, à cette h eu re. Je ve u x s a vo ir s ’il l'é
n on cé à n ou s a id er , s ’il se m e t con tr e n ou s .
— S û r em en t n on ! s ’é c r ia L u d o vic.
— S ’il es t fou d e cette O r fa , — e t il d o it l ’êtr e 5
— je n e p en s e p a s q u ’il s on g e à la p ers écu ter.
7— D a m e ! Il es t cer ta in !...
— E n fin , je veu x le vo ir . V o ilà !
— V ou s p a r te z ?
— O u i. Je vou s la is s e tr a v a ille r . C lo tild e et m o i
a vo n s d es s ecrets .
E lle n ’a c h e va p a s . P o u r ta n t, G a b r ie l c o m p r it
q u ’il é ta it d e trop .
D ’in s tin ct, il s e d it q u e -ces fille tte s éta ie n t ve
n u es p ou r r e n c o n tr er s eu l l ’a m i M oia s a c, leq u el
s e m b la it le u r con fid en t.
— J ’o u b lia is ! D io u b ib a n t 1 U n e cou rs e p res s ée.
O n d o it m e p r és en ter à u n in ven teu r .
— E n co r e !
— U n e in ve n tio n ép a ta n te ! E lle s u p p r im e leg
em p lo yé s d e la p os te et les r em p la c e p a r d es m a
ch in es ... Je r e v ie n d r a i à la n u it tom b a n te. M es d e»
m ois elles ...
Il s a lu a et se s a u va .
R es tées s eu les , les d eu x a m ies r e p r ir e n t le u l
p la ce.
— Il a d u ta ct, ce M . G a b r iel. H a d evin é - qu i
n ou s a u r io n s à, p a r le r d e n o tr e a ffa ir e ... C a r ella
n ’a va n c e p a s , n otr e a ffa ir e I
L u ce tte e x p liq u a it :
— L e d r a m e d u b o u leva r d L a n n e s a d on n é des
r és u lta ts d ép lo r a b les , l'a s u n d e n os en n em is n ’a
été tou ch é et u n d es n ôtr es p a s s e a u ca m p a d ver s e.
— N o n ! n on !
L u d o v i c c alm a. L uc e t t e :
— E n tou t ca s , ces s e d e n ou s s er vir . J a cq u es ne
— V ou s êtes in ju s te, m a d em ois elle. E n a d m e t
ten ter a p lu s r ie n con tr e le p èr e d ’O r fa .
ta n t qu e J a cq u es a it con s a cr é u n e v iv e a d m ir a tio n
— E n effet.
ù u n e jeu n e fille q u i tr a ve r s e s on ex is ten ce, il r es
— A lo r s n ou s en s om m es , a u b ou t d e tr o is m ois ,
te r a d évou é...
com m e à l ’a r r iv é e d e M . R a r& n tin — nu p o in t d «
— A u x en n em is d e c elle q u ’il a im e .. .
vu e d e la ca s s ette, d e la r en tr ée en p os s es s ion da
A s a s ieu r q u ’ il a d o r e, à M lle C lo tild e q u ’il n o tr e tr é s o r ; ca r , p ou r la ven g ea n ce, il y a lie u
es tim e p r o fo n d ém en t, et p o u r q u i il c o n s e r ver a tou
d t- tr e s a tis fa its .
jou r s ...
— C ’es t u n r és u lta t.
— N ou s n ’a vo n s p a s b es oin d e s on es tim e ou d e
— N é g a tif. A s s u r ém en t, le com te ot s a fe m m e
s on - a d m ira tion . H es t d even u toq u é, en h u it jo u r s ,
s on t les p lu s m a lh e u r eu x d es êtres , m a is cela n e
«l’u n e iM iette q u i n ’es t ni d e « o n m on d e, ni d e s a
n ou s r a p p r o c h e p a s d es p e r le s fin es .
■race... Il a fa it com m e M . l ’o n ta r lie r , .a jou ta L u — S 'il a v a it ch a s s é s a fem m e ?...
oette en r ia n t. C ’es t à cr o ir e q u e cette h is to ir e
— C ela fa is a it u n g a r d ie n d e m oin s , et u n e
n ou s r en d tou s fa u s I
ch a n ce d e p lu s d e s a v o ir où es t cet or, où s on t ces
— D am 3 I
m illio n s . L a com tes s e ŒJôatrix, ch a s s ée s a n s u n
Ils Bfi ch a ir ffa io n t tou s les q u a tr e a u to u r d u p etit
s ou , e r r a n t d a n s P a r is a vec u n a m a n t ig n o b le, *ra l
p oêle, n e p a r ve n a n t p a s <i é v ite r les m or s u r es d u
l ’in s u lte r a it et la b â tir a it, sera it, u n e p r o ie fa c ile
fr o id q u i to m b a it d e la. g r a n d e b a ie vht.rée, g lis s a it
p o u r q u e lq u ’u n d 'in tellig en t,. E lle a v u ery.it ce q u i
en tr e les r a in u r e s d es p ortes .
s ’es t p a s s é, où s on t les jo y a u x , com b ien il en
M a in te n a n t, ils r éflé ch is s a ie n t a u ca s d e J a c
res te. E lle le s a it, c e la ! A lo r s , n ou s a u r io n s p u
c o n tin u e r l ’a m vr e, d ir ig e r n os effo r ts ve r s u n -but
qu es D a r ta u d .
1-1 éta it b ien tel qu e le d é p e ig n a it L u cette. J a c
d éfin i.
qu es , o b éis s a n t à s on tem p é r a m e n t d ’a r tis te et d e
— T a n d is q u e les évén em en ts o n t d es s er vi n os
T o u lo u s a in , s ’- était ép r is d e la fillette q u e le h a s a r d
espéra nces.
lu i je ta it, en h u it jo u r » d a n s les b ra s . L e con
— N o u s n e p o u vio n s d e vin e r ce q u i s m 'g ir a it ;
tr a ir e o ù * été im p os s ib le. O n n ’es t p a s 1i<; à u n e
m a is , vr a im e n t, il é ta it d iffic ile d e »L u s m a l tom
fe m m e d ’u n e b ea u té in c o m p a r a b le , d u n ch a r m e
b er ! L a s eu le p ers on n e to u c h é e ( ;.i. cette p a u vre
C lo tild e, q u i a d o r e son oou s in c l .d on t...
d é lic ie u x , s a cr ée p a r le m n 1lie h t , fa ite plu s a tti
— (Lu cette, p a r g r ftco ’!
r a n te en cor e, p a r le m ys tè r e d e s on ex is ten ce, s a n s
— Oh ! on p on t b ie n d ir e ça à M . L u d o v ic |..4
s u b ir u n en tr a în e m e n t in vo lo n ta ir e.
B Ote d 'h i*toii> e !...
L a s itu a tio n ex tr ê m em e n t- b iza r r e , qu i fa is a it d e
T/e 's eïiip fp u r - d em a n d a :
lu i le d é fe n s e u r d e l'h o m m e q u i a v a it d é p o u illé ses
— Q u e va - t- on fa ir e , à p rés en t ?
a lliés , l'e m p ê c h a it d e s 'e x p liq u e r a vec C lo tild e et
ia at.iildejhii.u »m a ile.i «pjv.wie.H.eri «.ip n e d e d o u te ?...
L u cette.
— M o n p èr e n ’a r ie n d écid é iwuKMsre.,. W o u b 1
C e q u e les jeu n es fille s p r e n a ie n t -pou r l ’a veu d “
— Ç a , c'es t v r a i, fir e n t L u c e tte et C lotila e.
— l i a in s ta llé O r fa ch ez lu i et cou ch e à u n h ôtel
de la r u e d ’A s s a s . D ep u is tr o is jo u r s , il va la p r en
d r e p o u r les r ep a s et la r eco n d u it ch ez elle. Il y
a là , évid em m en t, u n fa it a n o r m a l, et les p u d ib on
d er ies du m on d e y tr o u ve r a ie n t à r ed ir e. C ep en
d a n t, ce n e s e r a it n i à vou s , m es d em ois elles , n i
a u x vôtr es , à s’é to n n er de cette d é r o g a tio n a u x
u s a ges . C ’es t p o u r vou s ob éir , p o u r vou s s e r vir ,
qu e J a cq u es a a g i.
« I l s ’es t tr o u vé q u e p a r s u ite d ’u n e cir con s
ta n ce im p r évu e , m a is con s éq u en ce fa ta le d e vo tr e
a ctio n à vou s , J a cq u es a eu à s a ch a r g e cette b elle
Ita lie n n e. I l a a g i en fo r t g a la n t h om m e en n e la
la is s a n t p a s r ô d e r p a r les ru es d e P a r is . S a con
d u ite es t lo u a b le ; en tou t ca s elle es t fo r t ju s tifiée.
S u r u n m ou ÿem én t d e C lo tild e :
— Q u e n otr e a m i se s oit la is s é s éd u ir e p a r la
b ea u té et la s itu a tio n d ’ O r fa , c ’es t p a s s ib le ; s on
es p r it a r tis te et s on b on cœ u r o n t dû êtr e a ttir é s
p a r ta n t d e ch a r m es et ta n t d e m a lh eu r s . Il ou
b lie r a p eu t- être u n jo u r — b ien tô t ! — les s erm en ts
q u ’il n ’a u r a it p a s d û ou b lier . S ’il le fa it, il s era ,
a lor s , im p a r d o n n a b le . J u s q u ’ici, o n d o it r e co n
n a îtr e q u ’il a b ien a g i, q u ’il n e p o u va it a g ir a u
trem en t.
L u ce tte h och a la tête, p o u r d ir e d ’u n e v o ix
s èch e :
— T a ! ta ! ta I <11 vou s a d on n é cette e x p lic a
tion , il n e ru e l ’a u r a it p a s d on n ée à m o i ! S ’il é ta it
d em eu r é fid èle à C lotild e, et n e s ’é ta it p a s la is s é
en s or celer .p a r cette F lo r e n tin e , il Ue se c a c h e r a it
p a s ’ a in s i ! D ep u is tr o is jo u r s , il n ou s fu it 1 II
n ’es t p a s ven u a u r en d ez- vou s a s s ig n é p a r m oi, il
s a it p o u r ta n t q u els in tér êts n ou s lien t.
— V o yo n s , L u cette...
— Je vou s d is , m oi, q u ’ il es t a m ou r eu x d o cette
O r fa ! O u i, en effet, c ’es t b ien n ou s q u i l ’a vo n s
e n vo yé à C h a tou ! C ’es t b ien p ou r n ou s q u 'il a
tr a va illé . M a is , si n ou s r e m p lo y io n s a in s i, c ’es t
rpie n ou s p en s ion s q u ’ il é ta it ce q u ’il n ’es t p a s 1 II
n ou s a ou b liés , r en iés I E t s ’il n ou s a r r iv e m a lh e u r
à tou s , il en s e r a la ca u s e !
�«f ® 60 e=
- -
■■■
a tten d on s à ch a q u e in s ta n t la s o r tie d e la com
tes s e.
— \'u u s p en s ez q u e s on m a r i la la is s e r a q u itte r
l'h ô te l ?
— N ou s p en s on s q u ’èile le q u itter a . C et h om m e
n ’es t p a s d e ta illo à te n ir b ien lo n g te m p s p r is o n
n iè r e u n e fe m m e q u i c o n n a ît s es cr im es ... et q u i es t
a im ée... c a r il J’a d or e, cette fem m e... e lle se s a u
v e r a ! E t b ie n tô t !
— A lo r s ?
— A lo r s , on ve r r a . E lle q u itte r a p eu t- être P a r is
a ve c le C a s a n o. P eu t- ê tr e s er o n t- ils o b lig é s d e
v iv r e ter r és d a n s la b a n lieu e... s a n s a r g e n t... a vec
la .m e n a c e éte r n elle- d u m a r i...
l i n lo n g s ilen ce.
M o is s a c h o c h a it la tête. 11 co m m en ça it à c r a in
d r e u n in s u ccès p ou r s es a m is .
Il a v a it b e a u ch er ch er d a n s les m éa n d r es d e lit
fu m é e d e s a p ip e, u n e in s p ir a tio n , il n e d e v in a it
p a s la fa çon d 'a r r a c h e r u n e ca s s ette à d es g r if
fes a u s s i s olid es
E n fin , i! r é s u m a la c o n ver s a tio n .
— l u i: I es p ér o n s I M . B a r e n tin et M . R o m b e r g
or.t p lu s d ’une, c o r d e à le u r a r c. Ils o n t u n e vo lo n té
d e fer . D é jà ils s on t a r r iv é s à. to r tu r e r le u r s b o u r
r ea u x . c 'e s t b ea u cou p . M o i, je s u is à vo tr e s er vice,
tou jou r s . Je n ’u i p a s b es oin d e vou s le r ép éter .
L u c e tle s e r r a la m a in d u s cu lp teu r.
— V ou s ê lo s u n a n g e , m a is J a cq u es es t u n
m u fle ! V ou s )e lu i d ir e z !
— ,ie le lu i d ir a i !
— E t a u s s i q u e je veu x le tr o u ve r ici d em a in , à
u ne ! - ¡lire.
—- E n ten d u .
L e s jeu n es fille s p r ir e n t co n g é d o le u r h ôte, q u i
les r ec o n d u is it ju s q u ’ à la ru e, p u is - r en tr é ch ez lu i,
L u d o vic r a llu m a s a p ip e e t se r e m it a u tr a v a il.
i ! g r o m m e la it :
— C e J a c q u e s ! Il m o s em b la it, e n r a g é d 'a m o u r
p o u r sa cou s in e. Je le vo is en cor e à T o u lo u s e
q u a n d il a p p r it <pie C lo tild e a lla it, la n u it, à la
b r iq u eter ie d os P la ta n e s ... d es s a n g lo ts d a n s la
voix , d es la r m es , d e v r a ie s la r m e s ... U n e p a s s ion
fu r i
E t p u is , tr o is m o is d e s é p a r a tio n , et la
vu e d ’u n e b e lle iille o n t s u ffi... 11 a o u b lié C lo
tild e ! C ette, p a u vr e C lo tild e, si b on n e, s i s im p le,
si n ob le, ce q u ’e lle d o it s o u ffr ir !...
i l r ic a n a it :
— N o n , les h om m es s on t fou s !... E n tr ez ! E n tr e
d on c ! Je s u is s eu l !
M o is s a c a v a it r eco n n u les p a s et les cou p s d e
’G a b r iel. L e p lu s je u n e d es tr o is ca d ets d e G a s
co g n e e n tr a en cou p d e ven t.
— S i tu s a ya is ce q u e je vien s d e v o ir ! s ’écr ia t- il.
—
Tu
F e r m e ta p o r te, n om d 'u n p etit b on h om m e 1
fin ir a s
par
a p p o r te r
d es
g la ç o n s
dans
1 'O tel'er !
— Là !
G a b r ie l r e fe r m a la p orte. Il p a r a is s a it tou t b ou
levers é.
— T u es s eu l ? E lle s s on t p a r tie s ?
— T u p eu x t'e n r en d r e com p te.
— Je l ’a i vu e I
— Qui ?
— E lle I
— Q u i, elle ? T u p r é p a r e s tes effets , m a in ten a n t,
com m e u n ca b ot d e l ’A m b ig u ?
— L a com tes s e !
M o is s a c s ecou a la tête :
— T u a s con fon d u . N o u s lu s a u r ion s .
__ Je vien s d e l a vo ir , là , a u c o in d e la r u e L ittr é .
E lle s e r e n d a it à la g a r e M o n tp a r n a s s e.
— E lle q u itte P a r is ? E lle n ’a v a it p a s d e b a g a
g e s ! P a s u n c o ffr e t, u n e ca s s ette ?...
— N o n , je p u is te l ’a ffir m e r . Je l ’a i vu e d es cen
d r e, e lle n e te n a it r ie n q u 'u n in d ic a te u r d e ch em in
jdc for.
— T u en es s û r ? E lle n ’a r ie n g a r d é , r ie n d es
cen d u d u fia c r e ?
=
R ei n es de P a r i s
*=3®
— R ien .
— S eu le ?
— N o n , a vec d es m ou s ta ch es n oir es , d es yeu X
n o ir s ... à p ein e en tr evu s p a r la p o r tièr e, et en co r e
p a r ce qu e lu i se ip en ch a it p ou r r e g a r d e r l’h eu re
d e la g a r e , en s o u leva n t les s tores . E lle, je l ’a i vu e
com m e je te vo is ! Je la co n n a is b ien ! E lle éta it à
d eu x p a s ... il n e s a u r a it y a v o ir d e d ou te. L u i, je
n e le con n a is p a s . I l a l'a ir d ’u n h om m e ch ic, d u
m o n d e d es cou rs es , d es th éâ tr es , u n g om m eu x .
— E lle est p a r ven u e à se s a u ver des o n g les j a
lo u x d u com te A n fa lo tti ! E t lu i,
s em b la it- il
con ten t ?
— Je te d is q u e je l ’a i à p ein e en tr evu . M a is il
n ’e x u lta it p a s .
— E n fin , tu les a s vu s ... ta n t m ieu x ! Ç a a r r a n g e
les a ffa ir e s !
— A lo r s , ce m on s ieu r a u x m ou s ta ch es , c’es t s on
a in a n t ?
— O u i, le b ea u L o u is de Cas"âno. Je le co n n a is
m oi !
— E h b ien ! m on vieu x , je d o n n er a is qu elqu »
ch os e p o u r êtr e à s a p la ce, a u b ea u L o u is !
L e s cu lp teu r r é p liq u a :
— 11 n e fa u d r a it p a s q u e tu la lu i p a ye s biefc
ch er, celte p la ce, p oü r q u 'il te la cèd e !
— Q u elle b la g u e !
— A h ! ç a ...'Q u e l â g e a s - tu ?
— V in g t- d e u x a n s a u x b ou d in s .
— T u es en core tr o p je u n e p o u r le r en d re
com p te... et, d ’a illeu r s , tu n e co m p r en d r a s peu têtr e ja m a is ... C ette com tes s e l ’a s s om m e, to n L o u is
d e C a s a n o ! Il es t de la ra ce des jeu n es g en s d a n s
le tr a in a ctu el, q u i on t u n e m a îtr e s s e p a r v a n ité
et p a r écon om ie. Il a ch ois i cette fem m e, n on p a s
p a r c e q u 'il l’a im a it, m a is p a r ce q u ’e lle n e co û ta it
r ien ... a u c o n tr a ir e ! U n e fem m e m a r ié e , r ich e, u n
p eu s u r le r etou r , c’es t le r ê ve !... E lle ve u t des
ca res s es , elle a la fo i, le b es oin d e c r o ir e 1 O n p eu t
la c a r o tte r ! E lle a im e s on a m a n t com m e e lle a i
m e r a it s on fils ; p o u r lu i, e lle p leu r e, elle v o le r a it,
e lle tu e r a it...
— E t lu i ?
,
_
1 ni il la d étes tera d a va n ta g e a m es u re q u ’il
lu i d e v r a p lu s ! L u i ? il s e r a ob s éd é d e ces b a is er s
q u a s i- m a ter n els , d e cette p r o tectio n ...
— P e u t- ê tr e a s - tu r a is on .
_
— S i j ’a i r a is o n !... C ’es t qu e je les con n a is si
b ien ! Je s u is s i c e r ta in q u e ce m én a g e q u i s 'em
b a r q u e à M on tp a r n a s s e, s er a b r o u illé à B ellevu e 1
L o r s q u e le C a s a n o s a u r a qu e la com tes s e B é a tr ix
n e p os s èd e q u e q u elq u es b ijo u x ... N on ! 11 v a y
a v o ir u n e s ér ie de s cèn es !...
— E lle es t p eu t- être r ich e 1
— M êm e rich e, il la r u d o ie r a a va n t h u it jou rB ...
A h 1 elle s’es t s a u vée ! A h 1 e lle p a r t a vec s on
a m a n t ? E h b ien ! m on p a u vr e G a b r iel, c’es t c e
q u i p o u va it t’a r r iv e r d e m ieu x 1 T u es fa it p o u r te
je te r d a n s ces a m ou rs - là , com m e m oi p ou r êtr e
b ou r r ea u .
L à - d es s u s le s cu lp teu r a llu m a u n e n o u velle p ip e«
L e M on ta lb a n a is s ’a ssit et rêva ssa .
— A la g u re, j ’ a u r a is
d a ien t.
pu s a v o ir où ils s e r e n
— l u a u r a is b ien fa it d ’a v o ir ce r en s e ig n e m e n t.
I l éta it tr ès im p o r ta n t p ou r n ou s I
J ai
n a n t du
b ru n e et
— E lle
été m éd u s é. Q u a n d j'a i a p er çu , a u to u r
tr o tto ir , à d eu x p a s d e m oi, cette têt*i
p â le, ces g r a n d s ye u x n oirs ...
t’a vu ?
— P en s e p a s . Je s u is res té fr a p p é do s tu p eu r ...
Je s u iva is du r e g a r d la vo itu r e q u i s ’a r r ê ta it K
g a u ch e, a u d ép a r t...
— S a n s b a g a g es ?
— S a p r is ti ! tu y tien s ! N o n ot n on I E lle éta l*
tou t a ffa ir ée . Je p e m e q u ’elle ve n a it de se s a u va i
et q u ’elle q u itta it P a n s p ou r d ép is ter le com te.
T ie n s 1 Je s u ie fu r ieu x d a v o ir a s s is té à ce d é n a r t •
a lors , je d ois r en on cer tou t à fa it !... E lle no ra^
yien d r a plu s à Pajria ?...
�R ei n es de P a r i s
M o is s a c se m it en fa ce d e G a b r iel :
— T u d is ? P lu s à P a r is ? E lle y s e r a d a n s h u it
jo u r s ... d a n s q u a tr e jo u r s !
— A llo n s d on c !
— S û r com m e j ’ex is te ! E lle a d es ... es p éra n ces ...
d es ra is on s ... A p r ès - d em a in , elle v ie n d r a r ô d er
a u tou r d e l’h ôtel d u p a r c M o n cea u 1
— B ah I
— E lle y la is s e u n e p r oie... Je n e p u is t’e x p li
q u er. M a is tu p eu x m e c r o ir e ; la com tes s e B é a tr ix
et s on a m a n t s er on t, a va n t la fin d e la s em a in e à
P a r is , a ttir és p a r l ’a p p â t d ’u n e fo r tu n e qu e tou s
d eu x e x ig e r o n t, — et q u ’ils n e tien d r o n t ja m a is ,
j ’es p ère !
— Ç a fa it p a r tie de la fa m eu s e co m b in a is on ?
— Q u a n d je p o u r r a i p a r le r , je p a r le r a i. P o u r
l ’h eu r e, ra s s u re- toi. M m e B é a tr ix s er a b ien tôt p r ès
d e G a b r iel P o n ta r lie r , leq u el fe r a it b ea u cou p
m ie u x d e n e p lu s s’occu p er d ’elle.
U n lo n g s ilen ce in te r vin t.
T o u t à cou p , G a b r iel s ’é c r ia :
— S a p e r lo tte ! j ’a i ou b lié m o n ren d ez- vou s de
l’a p r ès - m id i 1
M ois s a c s e m it à r ir e.
— T u n e vo is p a s qu e ces g en s - là se fich en t dé
to i ?
— Je veu x tr o u ve r u n tru c p o u r m ’e n r ic h ir . Je
s u is p a r ti d e M on ta u b a n p o u r c o n q u é r ir P a r is , et
ju s q u ’ici, je n ’a i p a s con q u is g r a n d ’ch os e. Je d e
v a is r o u le r s u r l ’or, et je n ’a i r o u lé qu e s u r les
e s c a lie r s d u
com te
A n fa lo tti,
p ou s s é
p a r les
la irb in s .
— B a h ! fit le s cu lp teu r . P e u t- ê tr e g a g n er a s - tu
p lu s à te m ê le r à ce d r a m e où tu jo u es u n p er s o n
n a g e en d eh ors ...
— Je te cr ois , en d eh or s ! Je n ’y a i p a s en cor e
c o m p r is u n m ot !
— Ç a fait. !... C r ois - m oi, il y a p eu t- êtr e là cette
fo r tu n e qu e tu va s p o u r s u ivr e b ien loin .
— A in s i s o it- il !... C ’est, ég a l, je vo u d r a is b ien
• s a v o ir où s on t a llés la com tes s e B é a tr ix et s on
b ea u L ou is .
C eu x qu e G a b r iel a v a it vu s d es cen d r e à la g a r e
M o n tp a r n a s s e a va ie n t p r is le tr a in d e V ers a illes ..
D ans
le
tr a je t,
g ên és
par
la
p rés en ce
des
vo ya g e u r s , ils g a r d è r e n t le s ilen ce ; m a is s or tis
de la g a r e et s u iva n t les a llées b ord ées d ’or m ea u x
qu i con d u is en t s u r l’irrm ienS e p la ce du P a la is , les
d eu x fu g itifs r en co n tr è r e n t la s olitu d e a b s olu e.
— 0 m on L o u is , qu e je s u is h eu reu s e ! L ib r e !
tou te à to i !
L o u is n e r é p o n d a it r ie n ; il vo u la it d es r en s e i
g n em en ts a v a n t d e s e ris q u er .
— Je vie n s d e p a s s er tr o is jo u r s a tr oces , a vec
cet h om m e od ieu x q u i m e to r tu r a it d e s on a d o r a
tion ... Je p en s a is à m e s u icid er ... T o n s o u ve n ir
s eu l m 'a reten u e !
Il n ’y tr o u v a it r ien à r ed ir e.
— L ’id ée qu e tu r is q u a is d ’êtr e a s s a s s in é p a r ce
m a r i qu i n e te p a r d o n n e r a ja m a is , m e m etta it
u n e a n g o is s e a u cœ u r.
— O ù a llon s - n ou s ?
— L à , à g a u ch e, ru e d e la Q u in tin ie.
— T u con n a is ce p a ys - ci V
— U n peu . U n e de m es a m ies a d em eu r é h u it
jo u r s d a n s u n h ô tel m eu b lé d e cette ru e, a u n u
m ér o
O n y es t fo r t b ien , et c’es t te lle m e n t p erd u
d a n s le s ilen ce et le d és er t qu e ja m a is on n o v ie n
d r a n ou s ch er ch er là I
(1 h o ch a la têto :
— E n effet. L a p en s ée d e fa ir e m on n id d a n s
cette a ffr eu s e v ille ne s er a it p a s éclos e d a n s m a
cer vollc. C e n 'es t p u s p o u r lo n g tem p s , a u m oin s ?
E lle s’a ttr is ta :
— Il ne te p la ir a it p a s d e d em e u r er lon g tem p s
a vec m oi, tou s d eu x s eu ls , b ien s eu ls , is o les d a n s
n otr e a m o u r ?
• — J 'a ccep te q u elq u es jo u r s , p ou r
la is s e r lo
tem p s fa ir e s ou œ u vr e d 'a D a is em en t et tir e r au
61
c la ir u n e a ffa ir e qu i d evien t ch a q u e jo u r plu s
tr ou b le. M a is s i tu t ’im a g in e s qu e n ou s jo u er o n s
les P h ilé m o n et B a u cis d a n s u ne p en s ion d e V e r
s a illes ... N o n !..'. Ç a n on !...
— E n c o r e fa u t- il...
,
— V o yo n s , m a ch èr e a m ie, r a is on n on s . 3’éta ia
h eu r eu x q u a n d je t’a i r e n co n tr ée, lib r e, ri lie, es
tim é, m ’a m u s a n t b ea u cou p et en to u r é d ’a m is ; à1
ca u s e d e to i, je s u is p a u vr e , b r o u illé a vec tou t i£>
m on d e et v o y a n t s u r n ia tête p e n d r e le p o ig n a r d
d e ce D a m oclès d on t m e p a r la it m on p récep teu r .
— E s t- ce m a fa u te ?
— D a m e ! C e n ’es t p a s la m ien n e, p u is q u e je
n ’a i a u cu n g o û t p o u r la m o r t vio le n te et b 's fu ites
r o m a n tiq u es . S a n s to i, je n ’en s er a is ipas où j ’en
s u is ; vo ilà .
Il lu i p a r la it d é jà com m e u n h om m e ob s éd é,
e ffr a y é d ’u n tête- à - tête a ve c u n e fem m e a im a n te
et ja lo u s e.
E lle ten d it ve r s lu i s on b ea u vis a g e p â le, trou é
d ’yeu x n o ir s d ’où ja illis s a ie n t d es fla m m es :
— N o tr e a m o u r n e t ’a p a s con s olé de ces en n u is ?
M o n d évou em en t...
Il l ’a r r ê ta d 'u n g es te :
—
P a s d e p h r a s es ! C ’es t in u tile a vec m o i !...
V o yo n s , p a r lo n s s érieu s em en t. A s - tu d e l’a r g e n t ?
A s - tu le c o ffr e t d e p e r le s ?
— L e c o ffr e t ? P a s en co r e ! M a is j ’a i d e q u oi
a tten d r e...
— M o i, tu m e p r en d s à u n e m a u va is e h eu r e. Je
t’a i p r éven u e qu e j ’a va is écop é a u cercle... Je m e
s e r a is r e fa it, j ’a u r a is r e p r is m on a p lo m b s a n s les
fo lie s d e ton m a r i et les tien n es . J’a i dû m e ca ch er ,
m e s a u ver ... E t, en fin d e com p te, je n ’a i p a s
s o ix a n te lou is . C e n ’es t p a s a vec ç a q u ’oti m èn e
la g r a n d e v ie d e ch â tea u . E t toi ?
— M o i, j ’a i m es b ijo u x et u n e d iztfin e de m ille
fr a n c s . E n to u t q u a tr e - vin g t ou cen t m ille m o n
n a ya b le s ce s oir.
— C ’es t q u elq u e ch os e. Ç a p e r m e ttr a d 'a tten d r e.
A lo r s tou t e s p o ir n ’es t p a s p er d u de te n ir le
c o ffr e t ?
— A u c o n tr a ir e !
Ce m ot le r a vit.
— A u co n tr a ir e ?
— Je p en s e qu e ce s er a b ien tô t ?
— E t il y en a p o u r ?
— D ix - h u it ou v in g t m illio n ^ . . ou d a va n ta g e .
— R é a lis a b le s tou t de s u ite ?
— E n h u it jou r s .
I l se r a s s u r a et com m en ça à s o u r ir e, à n e p lu s
tr o u v e r B é a tr ix a u s s i a s s om m a n te.
Il r e m a r q u a cep en d a n t :
— T o n m a r i d é fe n d r a s on a r g e n t a vec é n e r g ie,
d ’a u ta n t p lu s q u ’il se m éfier a .
— O h ! fit- elle, il a to u jo u r s été a u s s i m éfia n t
qu e p os s ib le ! M a is je le fe r a i a tta q u er p a r u n
h om m e a u s s i fo r t qu e lu i ! Q u a n d je te ju r e qu e
tu p eu x es p é r e r a v o ir p o u r co m p a g n e u n e fem m e
d is p o s a n t de v in g t m illio n s , je ne m 'a va n c e - p a s
tr o p ... S eu lem en t, a p r ès le cou p , il fa u d r a fu ir ...
N ou s ir o n s h a b iter u n ch â tea u , à l'é tr a n g e r .
— P o u r q u o i à l ’é tr a n g e r ?
— A ca u s e d e m on m a r i...
— O n fer a le n éces s a ir e, d it C a s a n o, en s on
g e a n t à p r é ve n ir J u lien ot F e r n a n d e z Y vel.
Ils se tu r e n t p a r ce q u ’u n e b a n d e de s old a ts {la s
s a ien t à côté d ’eu x.
.
. •
L e s o leil é ta it d é jà cou ch é d e r r iè r e le p a la is ;
ses d er n ier s
r a yo n s écla b ou s s a ien t d o r le ciel
a s s ez p u r de ce côté, m a is ou s’a m o n cela ien t, à
l’o r ie n t d e g r o s n u a g es n oir s . L e d é co r é ta it
s om p tu eu x et la m é la n c o lie du s o ir exqu is e.
M a is ni C a s a n o, n i la com tes s e n 'ô ta ien ! ca p a
b les d e s ’en a p e r c e vo ir . B é a tr ix c o n tin u a :
_
O n p eu t p a r le r ?
__ j.cs m ilita ir e s s on t lo in et il n ’y a p a s u n e
eilh ou ette à l ’h or izon .
— A llo n s d ou cem en t ver s lo ch â tea u ; p a r le<
�«g *
—
62
R e i n e s de "Par is
i
ter r a s s es , n ou s d es cen d r on s ve r s la
r ou te d e
B a in t- C yr , q u i cou p e lu ru e d e la Q u in tin ie.
— Je te s u is .
U s m a r c h è r e n t len tem en t, tou t en ca u s a n t. E lle
p lu s e n fiévr é e à ch a q u e m in u te, p lu s e m p o r té e p a r
s oir d és ir d e s ’im p os er à la fo r tu n e ; lu i, tr ès
a llu m é, se r ép é ta n t q u 'en fin le s or t se m o n tr a it
fa vo r a b le .
B é a tz ix le m e tta it a u c o u r a n t d es ca u s es d e ce
d ra m e,, où il r is q u a it s a tète.
L u i, li>t s em b la n t d ’a p p r en d r e l ’h is to ir e p o u r la
p r e m iè r e fois , c a r il d e va it p a r a îtr e l ’ig n o r e r .
M êm e, il s ’écr ia à u n m o m en t :
— C ’es t l ’h is to ir e d e M on te- C r is to q u e tu m e
réci'fes - là !
— N o n . E lle y r es s em b le u n ¡peu. P o u r ta n t, c'es t
u n e h is to ir e fo r t s im p le, fo r t n a tu r elle. E n fa is a n t
d es s o n d a g es , u n A m é r ic a in a d éc o u ve r t u n b a n c
d ’h u îtr es p e r liè r e s d 'u n e én or m e rich es s e. D ep u is
d es ce n ta in es d ’a n n ées , ces m ollu s q u es s’en ta s
s a ien t d a n s u n cr eu x d e r o c h er s ou s - m a rin . E t il a
fa it p ê c h e r d es cen ta in es , d e s m illie r s d e ces co
q u illes . C ’es t la ch os e la p lu s b a n a le du m on d e. Il
es t m êm e éto n n a n t qu e ce fa it s oit is olé.
— E n effet. S eu lem en t, si le fa it se r ép éta it, les
p e r le s n e va u d r a ie n t p lu s r ien .
— C ’es t p r écis ém en t p o u r c e la qu e n ou s p os s é
d on s en co r e le s n ôtres .
— N ou s ?
— M o n m a r i et m oi... qu e n ou s p os s éd er on s
b ien tô t n ou s d eu x, toi et m oi. N o u s n e vo u lio n s
p a s n ou s en d é fa ir e , cr a in te d e tr o p d é p r é c ie r nos
o ffr es ... M a is r a s s u r e- toi 1 L a v a le u r du tr é s o r
d ép a s s e en cor e le ch iffr e qu e je t'a i d on n é. A ve c
nn p eu d e p a tie n te et d ’a d res s e, on p eu t écou ler
j?cs f o n ta in e » d e b elles p er les à d es p r ix a va n ta
geu x et n e p a s in ftu er s u r les ven tes fu tu res . Je
('a ffir m e qu e la ca s s ette con tien t p lu s d e v in g t m il
lion s d e p er les , d es m illio n s r é a lis a b le s d ’ici tr o is
|iois .
— P a r fa it. I oh ! p a r fa it I
M a in te n a n t il s o u r ia it, et s on œ il lu is a it d e m a n
ia is d és irs . C o u r ir a p r ès v in g t m illio n s , c ’es t u n e
îo lle ch a s s e !
A p r è s a v o ir Tra q u é d es d ots b o u r g eo is es e t im lo r é d es u u r ier s in s olen ts , c ’é ta it in tér es s a n t d e
o ccu p er d ’ u n e a ffa ir e p a r eille . E t s a n s r is q u es ,
ja r ja m a is le com te ne s o n g e r a it à p o r te r p la in te.
I l r e g r e tta it d 'a v o ir r u d o yé R ô a tr ix .
— O ù ho tr ou ve- t- elle, cette ca s s ette d iv in e ?
— D a n s les ca ves d e l ’h ôtel d e la r u e A lt'red - d e-
f
F ig n y.
— E t tu n ’y a p a s rnis u n d o ig t ! Q u ’a tlen d a is fu ?
— D e p o u vo ir m e g lis s e r ju i- qu ’à elle. C a r m on
jn a r i, ven u le p r e m ie r en F r a n ce, a p a s s é p lu s d ’ u n
(nois à fa ir e in.stn.ller u n e ca ve te lle q u ’il la s ou lia i|.iit. D e s m itr a illa s én or m es , d es p or tes d 'a c ie r ,
/ m u ta n t si b ien a vec les m u r s q u ’o n n e d is tin g u e
p a s les r a in u r es ... et u n coffr e- fo r t...
— D es s er r u r es I
__ N o n . l u s ys tèm e p a r tic u lie r d e crqpJacts... et
u n m o t ii com b in er ...
— D ia b le !
— D a m e I fit B é a tr ix , il s a v a it la v a le u r d e son
tr és o r , e t il a p r is tou tes les p r éca u tio n s im a g in a
b les. Je s u p p os e m êm e qu e, si tou t a u tr e q u e lu i
s 'a ve n tu r a it d a n s la ca ve, p a r v e n a it ju s q u ’a u c o f
fr e t, d es p iles é lectr iq u es le fo u d r o ie r a ie n t ; il s e
<£^ '
la n o u ve lle ex is ten ce q u i s ’im p o s a it à n ou s tou s ,
et a ve c l ’id ée qu e je s er a is p eu t- être ta com p a g n e
p o u r l a vie, tu p en s es q u e j ’a i r éflé c h i a u m oyen
d e v o le r la ca s s ette et d e fu ir a vec toi, d a n s u n
p a ys où m on m a r i n e v ie n d r a it p a s n ou s r ejo in d r e.
— I ’eu h ! lit L ou is , s i n ou s étion s b ien r ich es , je
c r a in d r a is m oin s le (Jointe ! O n tr o u ve tou jou r s ,
m êm e a u d éb u t du v in g tiè m e s iècle, u n p a u vr e
d ia b le q u i, p ou r u n d em i- m illio n , en fon ce d ix cen
tim ètr es d 'a c ie r en tr e les côtes d 'u n p a s s a n t. M oim êm e, s i j ’éta is tra q u é d e n o u vea u m a is d a n s d e
m e ille u r e s con d ition s ; q u e je p u is s e à m on to u r
p r éte n d r e qu e je te p r o tèg e, to i, m a fem m e, et qu e
j e s u is en éta t d e lé g itim e d éfen s e... O u i, m o i, je
s a u r a is b ien m e d é b a r r a s s er d ’u n cr a m p o n p a
r e il... P a r c e qu e ce n e s e r a it p a s la p ein e d ’être
v in g t fo is m illio n n a ir e p ou r p a s s er s a vie d a n s
d es tra n s es , a lo r s q u e ces tr a n s es s e r és u m en t en
u n b on h om m e étr a n g e r , s eu l, d on t p er s on n e n e
p r e n d r a la d éfen s e.
E lle a p p r o u va it.
— C ela v a u d r a it m ieu x .
— A lo r s , tu a s tr o u vé ?
— P o u r m ’e m p a r e r d e la ca s s ette ? P a s g r a n d ’ch os e.
— V o yo n s 1
— A ttir e r m on m a r i d a n s u n g u et- a p en s , le te n ir
p e n d a n t q u ’o n le fo u ille r a ...
— D es fo lie s !
I l fa is a it s ig n e qu e ce la n.’é ta il p a s p r a tiq u e. L e
com te n e se la is s era it, p a s ch a m b r e r d e la s orte.
E t p u is , L o u is d e C a s a n o n e v o u la it p a s lu tte r
d ’a u s s i p r ès a vec s on r iva l.
— A lo r s , a u tr e ch os e. I l y a , à l ’ h ôtel, tr o is d o
m es tiq u es h om m es .
— U s s on t a u co u r a n t ?
— D ’u n e p a r tie. Ils s a ven t q u e la ca s s ette a été
vo lé e , a r r a ch ée a u x m a in s d ’u n F r a n ç a is qu i en
é ta it d ép o s ita ir e... Je te d is to u t ! T a n t p is 1 A u
p o in t où j ’en s u is 1...
— V a d on c 1 P a r la s a n s c r a in te ! N o u s s om m es
tr o p lié s p o u r q u e tu h és ites !
— Je n ’ h és ite p lu s ... D on c, m o n m a r i a v o lé ces
p er les à u n F r a n ç a is éta b li p r ès de n ou s , à G o r
g on e, en Ita lie . 11 fu t a id é p a r ces tr o is va lets ...
'S eu lem en t., on n e le u r a ja m a is a p p r is la va le u r
d e cette fortu n e.
— B ien en ten d u .
— D os g en s p a r e ils eu s s en t été ca p a b les d e n ou 3
a s s a s s in er p en d a n t la n u it p ou r se p a r t a g e r n otre
h ér ita g o . Ils c r o ie n t q u e le coffr e con ten a it du s va
leu r s et, s u r tou t d es s ecrets qu i n ou s ont. p er m is
d e fa ir e ch a n ter d es m illio n n a ir e s . I),' la s orte
g a r d e n t p r écieu s em en t l'h ôtel s a n s a v o i r S
e
ta g o
^
^
n ° S a u r a ie,lt co »t> n u er le ch a n -
C ’c s tfcelan t * * tU "
E h b ien ?
la I)0U ' C a ilx “ “ fs d ’or.
__ E li b ien ! O n p o u r r a it s ’o u v r ir à u n d e ces
va le ts , à B ep p o q u i es t le p lu s m a u va is d e tou s ,
le p lu s a m b itieu x . O n lu i d ir a it q u ’ il y a (leu x
11
u 1
m illio
ns
po
ou
vent,
t n
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—rnu
• y
ion
s p
u rr lu
lu ii ss ’il
’il veu
ou««s liv
e r la
ca s s ctte...
__ D eu x m illio n s , c ’es t b ea u cou p 1 U m a r c h e r a
p o u r m oin s . M a is p u is q u e l^ g ca ves s on t fa ite s d e
te lle s orte...
r a it r é d u it en m iettes .
— F ic h tr e I
— C ’e s t u n Ita lie n m é fia n t et m éch a n t. C ’es t
d a n s s on c a r a c tè r e d e p r en d r e d es p r éca u tio n s p a
r e i l l e s p o u r s e d ir e : « S i je n ’a i p lu s m es jo y a u x ,
du m o in s n u l a u tr e n e les p os s éd era ! »
Ils a r r i v a i e n t d a n s l ’a ven u e q u i m on te a u pa -
h ôtel b ien clos , a vec u n v ie il
la r d e t u n e ca s s ette d e p er les ... il s e r a it s u r p r e
n a n t q u e ce v a le t n e v o lili p a s la ca s s ette a u v ie il
la r d 1
. . .
l a |ls se tu r en t u n in s ta n t, p lo n g é s d a n s leu r s r é
flex ion s , p u is B é a tr ix r e p r it :
— T u p en ses q u e d ep u is d eu x s em a in es , d eva n t
I o u i s s e m b la it p lu s s éd u it p ^ r ce d e r n ie r p r o jet.
U é t ai t à ex am i n er .
___ 4V O
v , i » 14 * ^
— A u b es oin 11 a s s om m er a it ce d er n ier .
._ C e s e r a it d a n s s es m oyen s , o b s e r va B é a tr ix
en s ou r ia n t.
U n n o u vea u s ilen ce.
�63
R ei n es de P a r i s
L e cou p le p a s s a it a u b o r d d es b a s s in s à m o itié
g elés .
L e s n u a g e s n o ir s m o n ta ien t, ta n d is q u e les d e r
n ier s r a y o n s d u s o ir s e r e p lia ie n t d e va n t eu x.
— A g a u ch e, fit B éa tr ix . C e g r a n d e s ca lier , et
n ou s a r r ivo n s à la p o r te d e S a in t- C yr .
Ils r e g a r d è r e n t u n e d e r n iè r e fo is a u to u r d ’eu x.
P e r s o n n e q u ’u n g a r d ie n , a u lo in , et u n s o ld a t q u i
s e r e n d a it ve r s les ca s ern es .
T o u t à cou p , il s ’é c r ia :
— M a is j ’y p en s e. P u is q u e ton m a r i a com m is
u n cr im e ? S i on le fa is a it a i'r ê ter 1 T u s er a is r ich e
et n ou s n ’a u r io n s p lu s à c r a in d r e ...
— N o n ! p a s c e la !
— P ou rqu oi ?
— P a r c e q u e...
E lle se d é c id a :
— P a r c e qu e, d e ce cr im e, j ’ en éta is ! C ’est p ou r
m o i q u ’il a volé, tu é ! C ’es t m o i q u i a i e x ig é les
p er les !... C om p ren d s - tu ?
I l com p r en a it.
I l se d is a it qu e, d écid ém en t, cette a ve n tu r e to u r
n a it b ien .
I l y a u r a it là , p eu t- êtr e, u n m o yen d e se d é b a r
r a s s e r d e B éa tr ix ... a p r è s l ’en tr ée en p os s es s ion
d e la ca s s ette !
L e cou p le d éb ou ch a s u r la g r a n d ’r ou te q u i lo n g e
la p ièce d ’ea u d es S u is s es , a u m o m en t où le s g a r
d ien s fe r m a ie n t les g r ille s .
I l é ta it n u it clos e.
Ils en tr è r e n t d a n s V e r s a ille s . L a p r e m iè r e ru e
à le u r d r o ite é ta it celle où ils a lla ie n t d em eu r er .
U n h ôtel m eu b lé, tr ès p r o p r e, d ’a s p ect m od es te
et tr a n q u ille. Ils s on n èren t. U n e d a m e o u vr it. E lle
n e c o m p r e n a it p a s , tou t d ’a b or d , ce qu e d é s ir a ie n t
ces é tr a n g e r s en to ilette s i s oign ée.
P u is e lle le u r m o n tr a u n e ch a m b r e a u d eu x ièm e,
u n e p etite ch a m b r e en lo n g , a ve c u n e ch em in ée
d e m a r b r e n oir ,- .u n fa u te u il, u n e a r m o ir e , d eu x
b o u g e o ir s d e v e r r e et u n p etit ta p is , s u r d es b r i
qu es cirées .
__ P o u r h u it jo u r s , d it- elle, p a s m oin s .
E lle p en s a it q u ’ils d e m e u r e r a ie n t u n e h eu re.
Ils a ccep tèr en t, p a yè r e n t d ’a va n ce.
V os b a g a g es ?
.
__ D em a in ils a r r ive r o n t. L a is s ez- n ou s . I l y a
d u b ois ?
, _ „.
— D a n s le p a n ier . C ’es t d eu x fr a n c s en p lu s . S i
vou 3 u s ez la b ou g ie...
— L a is s ez- n ou s !
L a p or te se r e fe r m a . L e vico m te to m b a s u r le
fa u te u il, et B é a tr ix e s s a ya d ’ a llu m e r d u feu , ca r
e lle s ’ a p e r c e va it à p r és en t q u ’il fa is a it tr ès fr oid .
— C ’es t lu g u b r e ! fit L ou is .
. . . . . .
U n s ilen ce d e m o r t, u n e h u m id ité q u i p é n é tr a it
les m oelles , des m u rs nu s ég a yés pat* deu x gr.ivu r o s
en
d es
ca d r es
n oir s ,
u ne
ch em in ée
qu i
^ - B o n t é d ivin e ! S i ça d e va it être to u jo u r s
com m e ça ! L a ch a m b r e m eu b lée, la c a g e à s er s,
la p r o m en a d e à d eu x s ou s les b ois s ou rd s ... J^t a
m en a ce d u m a r i, a g g r a v é e d e la m en a ce du■ C om
m i s s a i r e d e p olice... D eu x ép ées d e D a m oclès I...
A h ! flû te !...
B é a tr ix lo r é c o n fo r ta :
. .
— N e te d és es p èr e p a s !... .Te ta d is , m oi ! qu e
d ’ici h u it jo u r s n ou s tien d r on s la ca s s ette ! q u e
n ou s s eron s rich es , lib r es !... T u ve r r a s !...
— .Te n e d em a n d e p a s m ieu x ... M a is , v r a i ! u es*
tem p s 1
X III
II y a p lu s ieu r s s or tes d ’a m ou r s , et le c la v ie r
•est lon g , d es p r em ie r s fr is s o n » d ’u n e v ie r g e in n o
cen te a u x éla n s d e la p a s s ion d éch a în ée.
• D o la p a s s ion q u i r a s s em b la it, d a n s u n h ôtel de
V e r s a ille s , la com tes s e A n fu lo tti o.t son a m a n t, a
l ’ a m o u r s im p le ot d évou é q u i u n is s a it O r fa a J a c
qu es D n r la u d , lu d is ta n ce é ta it si g r a n d o qu on
n ’eû t p u c r o ir e q u e le m em e s ên tim en i in s p ir â t
les d eu x cou p les .
P o u r ta n t, c’é ta it l'a m o u r
qu i
a v a it
p ou s s é
B é a tr ix d a n s les b r a s d e L o u is , com m e c ’é ta it l'a =
m o u r à q u i o b é is s a it O r fa A n fa lo tli en se m etta n t
s ou s la s a u veg a r d e d u fr è r e d e L u cette.
L a fille d u com te s «n ta it, p o u r la p r e m iè r e fois ,
s ’é v e ille r en e lle ces ex ta s es , ces s ou h a its et ces
s on g es q u i éclos en t d a n s l ’ â m e d es fillettes .
J u s q u 'ici, e ’'le a v a it été s a cr ifiée, p r es q u e to u r
m en tée. L a h a in e ja lo u s e d e B éa trix * la r elég u a it,
en
Ita lie
com m e
en
F ra n ce,
lo in
du
lo g is
p a ter n el.
O r, à G or g on e, les ch â te la in s éta ie n t a s s ez p a u
vr e s ; O r fa , a u lie u d ’h a b ite r u n ch â tea u com m e
s u r les b or d s de la S ein e, d em eu r a it ch ez s a n o u r
r ic e G io va n n in a . M a is là , elle n ’a v a it con n u d e la
v ie q u e s es d u retés , la s olitu d e, les éter n els g é m is
s em en ts d es p a ys a n s , le s m is èr es q u i p eu p len t les
e n vir o n s d e la S p ezzia . E t, b ien en ten d u , a u cu n
jeu n e h om m e n e v in t ch a n ter à ses o r e ille s la
ch a n s on to u jo u r s d ou ce et n o u ve lle , l'h ym n e s a c r i
d e l ’a m ou r. A u s s i, J a cqu es tr o u va - t- il u n cœ u i
a b s olu m en t vie r g e .
L a je u n e fille se la is s a a d o r e r et a d o r a a u s s i
a vec u n e ca n d eu r telle m e n t n a ïve q u ’o n eû t pu
l a p r en d r e p ou r d e l ’effr o n ter ie.
E lle ten d it à J a cq u es ses d eu x m a in s , lu i o u vr it
s on e s p r it et s on â m e, lu i con ta scs r êve s et ses
ter r eu r s , s es es p o ir s et s es d és illu s ion s .
D u r a n t tr o is jo u r s , les d eu x je u n e s g en s vécu
r en t côte à côte, d a n s u n e in tim ité p r es q u e co n ju
g a le , c a r le T o u lo u s a in - ve n a it p r e n d r e O r fa ver3
d ix h eu r es d u m a tin et n e la q u itta it p lu s ju s q u ’à
n eu f h eu res et d em ie du s oir.
E n s em b le, ils d é je u n a ie n t d a n s l ’a r r iè r e - b o u ti
q u e d ’u n m a r ch a n d d e vin s d e la r u e B r éa , ca r
J a cq u es é v ita it les lie u x où p o u r r a it se tr o u ve r le
s cu lp teu r , n on q u 'il fû t ja lo u x d e M ois s a c, m a is
p a r ce q u e, p o u r lu i, c ’é ta it u n a d ve r s a ir e , p u is
q u ’il a p p a r te n a it, cor p s et â m e, a u g r o u p e a c h a r
n é à la p er te d es A n fa lo tti.
E n s u ite, ils r e n tr a ie n t r u e d ’A s s a s , ch ez J a c
qu es .
J a cq u es é ta it u n p eu m u s icien et p o s s éd a it u n
p ia n o. D e s on côté, O r fa é ta it u n e m u s icien n e
in co m p a r a b le.
D on c, en s em b le ils fa is a ie n t d e la m u s iq u e
P a r fo is , Ja cqu es ch a n ta it.
I l a v a it u n e a s s ez jo lie vo ix et d is a it a vec g ofit.
Il p os s éd a it u n r é p e r to ir e d e r om a n ces b êle s à
p le u r e r , m a is d on t l ’a ccen t d e m é la n c o lie p op u
la ir e p é n é tr a it ju s q u ’a u cœ u r.
P o u r O r fa , ce fu t u n e jo ie d ’en ten d r e eeà m é lo
d ies qu e les ch a n teu r s d es ru es r ép èten t a u p r ès des
b orn es , en tou r és d ’u n e fo u le a tten d r ie. C es n ia is e
r ie s s en tim en ta les lu i m e tta ie n t les la r m e s a u x
yeu x , com m e à u n e m id in e tte p a r is ien n e.
C e tem p s é ta it le m ieu x a c c u e illi p a r O r fa , celu i
qu i lu i b er ça it le m ieu x l ’â m e et la p en s ée.
J u s q u ’ à m in u it, ils ch a n ta ien t, ou b ien Ja cqu es ,
fu m a n t s a p ip e fa v o r ite , éten d u s u r l ’u n iq u e fa u
te u il d u lo g is , éco u ta it O r fa jo u e r d es va ls e s d e
s on p a ys , d es fr a g m e n ts d ’o p é r a s en vo g u e, en
Ita lie .
V e r s s ep t h eu res , ils r e to u r n a ie n t d în e r ru e
B r éa , p o u r r e n tr e r en s u ite, r eco m m en cer leu r s
ca u s er ies et leu r d u o ju s q u ’à r h e u r e d e se s é
p a rer.
'
*
A lo r s J a cqu es s e r r a it la m o in d ’O r fa et a lla it se
cou ch er d a n s u n e ch a m b r e d ’h ôtel m eu b lé vo is in .
Il é ta it im p os s ib le qu e, d a n s ces c o n d itio n s , u n e
p a s s ion vio le n te n ’écla tâ t, p a s e n tr e le b ea u T o u
lou s a in et l’a d m ir a b le Ita lie n n e . Ils s u b is s a ien t la
p u is s a n ce in é lu cta b le d e la n a tu re.
E t lo r s q u e M . B a r e n tin , le p èr e d e C lotild e, eu t
la p en s ée d e c h a r g e r J a cq u es d e la m is s ion d e C h a
ton , il s e m b la it d é s ir e r q u e l ’é c r iv a in o u b liâ t s a
d e r n iè r e iia n céo.
T r o is jo u r s , vécu s com m e les v iv a ie n t Jacau esl
�64
et O r fa , p a r a is s e n t tr ès lon g s . C es tr o is jo u r s te
n a ie n t p lu s d e p la ce d a n s l ’exis ten ce d e la jeu n e
fille q u e tr o is a n n ées d e G org on e.
E lle fin is s a it p a r n e p lu s co n s id é r e r le p a s s é qu e
com m e u n s o u ven ir qu i n e d e va it p lu s tr o u b le r s on
n o u vel éta t, s i d ou x , q u ’elle s ’h a b itu a it à le c r o ir e
d éfin itif.
C ep en d a n t l ’im a g e d e s on p èr e la p o u r s u iva it.
E lle d is a it à J a cq u es :
— M on p ère es t b ien cou p a b le, m a is je n e p u is
m ’em p êch er d e le p la in d r e. Je vo u d r a is a lle r le
v o ir , le con s oler ... à c o n d itio n q u ’il m e la is s â t r e
v e n ir ici.
— Il r e fu s e r a it, r e m a r q u a it- il en s ou ria n t.
— Je s a is b ien !... D ’u n a u tr e côté, il a u r a it r a i
s on d e m e r e te n ir . Je n e p u is d em e u r er ic i p lu s
lo n g tem p s ... Je m e ren d s b ien com p te q u e c’es t
m a l, q u e je vo u s gên e.
— M e g ê n e r ! V ou s !
' — V ou s a vez d u tr a v a il, d es œ u vr es im p o r ta n
tes à é cr ir e... S i je n ’éta is p a s u n e im p or tu n e, v o
tr e s œ u r, q u i h a b ite P a r is , s e r a it ven u e m e vo ir ...
Je d e vr a is vou s q u itter ... m a is ça m e fa it ta n t d e
p ein e, cette id ée !...
I l lu i p r es s a it les m a in s et les em b r a s s a it lo n
gu em en t :
— P a s en cor e ! E n co r e d eu x ou tr o is jo u r s 1 Je
n e ve u x p a s q u e vo u s r e to u r n ie z a p r ès d u com te
ta n t q u e cette od ieu s e fem m e s er a à s es côtés . Il
ne p o u r r a it vou s a r r iv e r q u e d es m a lh eu r s . V ou s
êtes tr o p b on n e et tr o p n ob le, p o u r v iv r e d a n s ce
m on d e m é c h a n t et g â té.
E lle s o u r ia it d e s on s o u r ir e ex q u is :
— O u i, c ’est cela , a tten d on s en cor e... I l s u r g ir a
b ien u n évén em en t...
L e q u a tr ièm e jo u r , l ’évén em en t s u r g it, en effet.
C e jo u r - là , J a cq u es r e n tr a it r u e d e F le u r u s ,
d o n n a n t le b r a s à O r fa .
Ils ve n a ie n t d e d é je u n e r ch ez le m a r c h a n d de
vin s d e la r u e B r é a ; ils s ’éta ie n t a tta r d és et se
h â ta ie n t d e r e g a g n e r la ch a m b r e tièd e et clos e où
ils c h a n te r a ie n t d es r om a n ces s en tim en ta les , en se
r ia n t d es yeu x , se fr ô la n t, éch a n g ea n t d es b a is ers .
A u coin d e la r u e V a v in et d e la r u e d 'A s s a s , s u r
l e tr o tto ir q u i fa it fa ce à la s ta tio n d e vo itu r es ,
l e cou p le h eu r ta d eu x jeu n es fem m es .
— T ie n s ! m on fr è r e , fit l ’u n e d ’elles .
— J a cq u es ! d it l ’a u tre.
C ’éta ien t L u ce tte et C lo tild e p a s s a n t d a n s le
q u a r tie r — ou g u e tta n t la s o r tie d es a m ou r eu x .
J a cq u es n e p u t r e te n ir u n m o u vem en t d ’en n u i.
O r fa s en tit s on s a n g se g la c e r à la vu e d e ces
d eu x jeu n es fille s si jo lie s , si coq u ettem en t ch a r
m a n tes .
— M es d em ois elles .
L u c ette s a lu a O r fa , q u i lu i r e n d it s on s a lu t.
P u is , e lle a jo u ta :
— Je s u is la s œ u r d e Ja cqu es , L u cette D a r ta u d .
E t vo ic i la fia n cée d e J a cqu es , C lo tild e, u n e cou ïin e ...
— A h 1 s a ... s a ...
,
O r fa n e p o u va it a r tic u le r u n a u tr e m ot.
S a fia n cée I
L a fia n cée d e J a cq u es 1
-— l i a d û vo u s p a r le r d elle, co n tin u a L u cette
a vec u n e r o s s er ie tr a n q u ille .
L ’ Ita lie n n e r e m u a l a tête :
R e i n e s de P a r i s
— V en ez d on c, m a ch èr e O r fa , vo u s p r en d r ie z
fr o id d a n s ce c o u r a n t d ’a ir !
Il s a lu a C lo tild e a n éa n tie, (fu i, elle, n e tr o u va il
p a s u n m ot, et e n tr a în a l ’ Ita lien n e.
E n tr a ve r s a n t la ru e, il en ten d it la v o ix de L u
cette q u i ve n a it ju s q u ’à eu x :
— C ’es t a in s i q u ’il n ou s r eçoit, n ou s q u i l ’a von s
s o ig n é q u in ze a n s d e s u ite, q u ’il d is a it a d o r e r !
« E n v o ilà u n m u fle I E lle es t b ien , cette é tr a n
g è r e , m a is p a s m ieu x q n e to i !... E t p u is , a p r ès
t ’a v o ir ju r é ... si m a m èr e l ’a v a it en ten d u , elle
n ’a u r a it p a s recon n u s on en fa n t !... »
J a cq u es to u r n a it le coin d e la r u e M a d a m e , n e
vo u la n t p a s r e n tr e r ch ez lu i tou t d e s u ite p a r
c r a in te qu e L u cette n e le s u ivît p o u r c o n tin u er son
d is cou r s d on t les p h ra s es em p ois on n ées ve n a ie n t
ju s q u ’à lu i, et q u i fa is a ie n t. tr e m b le r O r fa p lu s
for t.
— N o u s r e n tr er o n s tou t à l ’ h eu re. L a is s on s - les
p a r tir , fit- il à s a com p a g n e.
— N o n , r ép on d it- elle. Je ve u x a lle r ch ez m on
p èr e !
Il se r é v o lta :
— A h ! n on ! p a r ex em p le I Ç a n o n !
— Si !
Ja cq u es la s a is it p a r le b ra s ; e lle e s s a ya it d e se
d é g a g e r . U n p a s s a n t q u i les c r o is a it se r e to u r n a
p o u r s u ivr e cette s cèn e, et m u r m u r a , a s s ez h a u t
p o u r êtr e en ten d u :
— Q u er elle d ’a m ou r eu x 1
A lo r s , elle n e se d éfen d it p lu s , et s u ivit J a cqu es
p o u r r e g a g n e r s a ch a m b re, a p r ès s ’êtr e a s s u rée
q u e les d eu x jeu n es filles a va ie n t d is p a r u .
_
E n ên tr a n t ch ez elle, O r fa se la is s a to m b e r s u r
le fa u te u il :
— V ou s ôtes fia n cé ! cria - t- elle.
A u s s itô t u n s a n g lo t lu i d é c h ir a la g o r g e , et elle
se m it à p leu r er .
J a cq u es s ’a p p r o c h a d ’elle, lu i p r it la m a in ,
s ’a g e n o u illa :
— C ette jeu n e fille es t m a cou s in e... e lle éta it
m a lh eu r eu s e q u a n d elle es t ven u e ch ez n ou s .
— V ou s l ’a im ez ?
Il h és ita :
. . . .
— Il p a r a ît q u e n on , p u is q u e je s u is ici, à vos
g en ou x ... et q u e je p o u r r a is êtr e a vec elle.
— P o u r q u o i m e ca ch iez- vou s ce la !
— Je n ’a i r ien à ca ch er ... Il es t cer ta in qu e je
n e vou s a p p o r te p a s u n cœ u r a b s olu m en t n a ïf
J ’a i eu d es h eu res ten d r es où j ’a i.,.
— N o n ! L a is s e z m a m a in !
— S i I con fiez- la m oi I... Je veu x vou s ex p liq u e r
qu e je vou s a im e, O r fa , a u ta n t q u ’ u n h om m e n eu t
a im er .
1
— C ette je u n e fille ?...
— E lle es t d ig n e do tou te a d o r a tio n
Au ssi
b on n e q u e vou s ...
— V ou s l ’a b a n d on n ez ?
— N o n ... je n e...
A lo r s ... O h I ten ez I je veu x r e to u r n e r a u p rès
deJ ? ? n,J )è r e T S l ,Y0UH B! v »ez ce qu e je S ou ffre !...
C éta it vr a i : elle s o u ffr a it cr u e lle m e n t ! P o u r
s on r i m e vie r g e , cette d éco u ver te d es h yp o cr is ies
d e la vie é ta it u n a ffr eu x tou rm en t.
J a cq u es in ter vin t. L a p â le u r d ’O r fa , les fris s on s
d o n t e lle tr e s s a illa it, l ’o b lig è r e n t à d ir e s èch em en t
E lle a v a it d é jà m is d a n s s on a m o u r p ou r J a c
qu es ta n t d e ten d res s es , d e d évo u em en t et ta n t
d es p éra n ces a u s s i, qu e cette r é a lité b r u ta le l ’étreig n a it, la b r is a it...
— O r fa !
ù sa sœ u r :
, .
, .
__ M a d e m o is e lle es t m a lh eu r eu s e et je n a i
n u ’u n d e vo ir , la con s oler , la s o r tir d es m is èr es ou
d es en n em is s a n s p itié l ’on t je té e en la s a ch a n t
lu J11^ . m o n s ie u r J a cqu es , j ’a i m oin s
s o u ffer t lor s q u e j a i a p p r is
l ’in fa m ie d e m on
p èr e 1... O u i, c es t in ou ï, cela ... j ’a i m oin s s o u f
fe r t !... V ou s m e ca ch iez...
in n ocen te.
_
P a r fa it I d it L u cette.
. . .
_
r , j e n s û r I r e p r it Ja cqu es . L a p r e m iè r e ch os e
A fa ir e es t d o r é p a r e r les in ju s tices d u s ort. Je
m ’y e m p lo ie r a i d e m on m ieu x , to u jo u r s I
— Je n e vou s ca ch a is r ien I in te r r o m p it- !] On
p lu tô t j éta is o b lig é d e ne p a s vou s p a r ler d e ce
p a s s é n on p a r ce q u ’il e n c h a în a it m on a ve n ir A
m oi, à m oi q u i s u is lib r e d e vou s a d o r e r d o vou s
ép ou s er, d e vou s co n s a cr er m on ex is ten ce m a i*
p a r ce q u e ce p a s s é es t ter r ib le... C e qu e v ie n t d e
E t à O r fa :
�R ei n es de T a r i s
vu u s d ir e m a s œ u r fa it p a r tie d 'u n p la n com b in é
p a r les en n em is d e vo tr e p èr e...
E lle fit s ig n e q u ’e lle n e le c r o y a it p a s .
— N o n ! V ou s m e d ites cela p a r p itié ! L a vé r ité
es t q u e vo u s vo u s ôtes jo u é d e m o i et q u e vou s
ép ou s erez d a n s q u elq u es jo u r s cette je u n e fille.
Il r é p liq u a :
— C ’es t vo u s q u i m ’a ttr ib u e z ces s en tim en ts ,
ces vila in s m a r ch a n d a g e s ... M o i, je m e s er a is jo u é
d e vou s ? P o u r q u o i ? Q u ’y a u r a is - je g a g n é ?...
C o m m e n t, m a p a u vr e e t chêne O r fa , vou s m ’a ccu
s ez d e n ’être p a s lo y a l p a r ce q u e je vou s ca ch e u n
p a s s é s i p lein d e m en a ces , q u e vou s êtes d ep u is
h u it jo u r s s a victim e q u o tid ien n e !... M a lh eu r eu s e,
m êlée à u n d r a m e a tr o ce q u i p eu t fin ir en cou r
d ’a s s is es , où vou s r is q u e r iez vo tr e vie ou vo tr e r a i
son, vou s a vez tr o u vé ic i u n r efu g e... a u p r ès d ’u n
h om m e q u i n 'a eu , p o u r vou s , q u 'u n e a d o r a tio n
p a ter n elle, res p ectu eu s e, a g en o u illée ... E t c ’es t ce
b r a ve g a r ç o n q u i n e s on g e q u ’à vou s , d o n t les
yeu x ...
O u i, je
— P a r d o n ! fit- elle. P a r d o n n ez- m o i.
s u is in ju s te... et m éch a n te I
11 em b r a s s a it le p o ig n e t d e la jeu n e fille et se te
n a it tou t p r è s d ’e lle, leu r s ép a u les s e tou ch a n t,
leu r s ch eveu x se m êla n t.
__ M éch a n te, n on , m a is in ju s te.
__ S i ! V ou s a vez ^
si b on p ou r m o i !...
__ Je le s e r a i to u jo u r s ! Je s er a i to u jo u r s l ’a m i
d évou é, a b s olu ... N e p leu r ez p lu s , m o n a m ie b ien a im ée !... V ou s p le u r e z p a r ce qu e j ’a i, a va n t do
vou s co n n a îtr e, p r o m is à u n e cou s in e m a lh eu r eu s e
de lu i co n s a cr er m es for ces , d e lu i r en d r e ce qu e
le d es tin fér o ce lu i e n le va !... C ’es t vou s q u i m e r e
p roch ez d ’a v o ir eu com p a s s ion !...
— N o n ... O h ! n on !... M a is vou s l'a im e z p eu têtre.
— O n n 'a im e p a s d eu x je u n e s fille s d e vo tr e
m on d e et d e vo tr e r a n g , c a r les h om m es com m e
m oi tien n en t à vo u e r le u r v ie en tièr e à celle q u i
a cc u e ille leu rs h o m m a g es t S i jo d eva is ép o u s e r la
fille d u com te A n fa lo tti, p lu s r ie n n ’e x is te r a it p ou r
m oi, du p a s s é, d e ses jo ies , d e ses o b lig a tio n s , j ’a p
p a r tie n d r a is tou t en tie r à O r fa !...
C om m e u n r a y o n d e s o leil d a n s u n ciel d ’o r a g e ,
un s o u r ir e p a r u t s u r le vis a g e d e l ’Ita lie n n e .
— V r a im e n t ?
— E t si i h eu re d es e x p lica tio n s ve n a it à s on n er ,
" . c e q u i a r r iv e r a ce s o ir p eu t- être ! — je vou s d ir ‘*is com b ien vou s êtes in ju s te, n on p a s en ver s
m°*» m a is e n ver s cette C lotild e.
. — C ette jeu n e..! vo tr e fia n cée ! M o i ? je s u is in
ju s te en ve r s e lle ? J e vou s ju r e q u e n on , c a r j e la
trou ve a d m ir a b le , et jo la p la in s d e tou te m on
m u e, « i vou s l'o u b lie z, et q u ’e lle vou s a im e.
E lle m 'a im e , et p eu t- étro l'o u b lie r a i- je b ien — O h ! fit O r fa en jo ig n a n t les m a in s .
v 7~
a ^s *1 n ’es t p a s q u es tion d e m oi. C 'es t p a r
p ir e fa u to, à vou s , q u e cette C lo tild e cou r t les
‘es d e P a r is , p a u vr e, a b a n d on n ée, d és olée I
— A m oi !
(i
V o u s lu i p r ôn ez s on fia n cé I E lle a le
r it
VWUH h a ïr , jo p en s e !
L u e n e r é p o n d it p a s . L u i co n tin u a :
' ’- t vo tr e p èr e — il fa u t cjue je p a r le 1 ta n t
1 s ••••
et vo tr e p èr e lu i a p r is s a fo r tu n e 1
~~ M on p èr e I
.
O u i ; c 'es t la fille do ce F r a n ç a is d o n t vo tr e
D olle- in ère...
A h ! cr ia - t- elle, j ’y s u is !... C ’es t la fille... à
u ° r g o n e ... lu F r a n ç a is ... O h ! c ’es t te r r ib le I
0 ( 3 n ou vea u e lle m it eeu d eu x m u in s s u r s a fa ce,
tics s a n g lo ts s o u leva ie n t s es ép a u les t t s eco u a ien t
Ses b ra s .
— O r fa !
C ette fille es t vo tr e fia n cée ... C ’es t p ou r
cela ... O u i... je com p r en d s ... M on p èr e a vo lé... et
.vous vo u le z lu i fa ir e r es titu er .
E lle s ’a r r ê ta , s u ffoq u ée.
&. — iiu .M is de P a r ia.
63
<35°
L a v é r ité co m m e n ç a it à s ’im p os er . O r fa s e r e
tr o u v a it u n p eu d a n s cette s ér ie d e ca ta s tr op h es .
E lle d e v in a it le p la n g é n é r a l d e ces in fa m ie s .
L u i la la is s a p le u r e r u n m om en t.
E t d e s a v o ix d ou ce, où v ib r a ie n t s on a m o u r et
s a p itié :
— M a in ten a n t, m on a m ie, com p r en ez- vou s p o u r
q u o i je n e p u is r o m p r e b r u ta le m e n t a vec cetta
jeu n e fille, la d é la is s e r p o u r vou s ?
— N on .
— S i ! V ou s êtes r ich e, tr ès rich e, et elle es t p a u
vr e , tr ès p a u vr e !
— E t la fo r tu n e d e m on p èr e es t à cette
C lo tild e ?
— O u i !... D ir e à cette fia n cée : je r om p s a vec
vou s , j'o u b lie , je r e n ie ! C ’es t p a r a îtr e c o u r ir a p r ès
s es m illio n s q u e vo u s a vez, vou s ... et q u ’elle d e
v r a it a vo ir , e lle !...
O r fa s a n g lo ta it :
— O m o n D ieu ! q u el h o r r ib le c a u ch em a r «...
M o n p èr e... vou s !... Q u e m e r es te r a - t- il ?
J a cq u es co n tin u a :
— Je vou s le ju r e , O r fa , s u r m on â m e, s u r m a
m èr e, s i vou s étiez p a u vr e com m e C lotild e, o r p h e
lin e com m e elle, d és es p érée, vic tim e
d ’u n
s ort
m a u d it, je n 'h é s ite r a is p a s à r en o n cer à s a m a in
p o u r m e c o n s a cr er à vo tr e b on h eu r, c a r vo u s êtes
b on n e a u ta n t q u e b elle, n o b le a u ta n t q u e s im p le,
et je’ vou s a im e... à la fo lie !
E lle lu i a b a n d o n n a s a m a in d r o ite .
I l r e p r it, p lu s d ou cem en t :
— M a is e lle es t d és olée d e cette tr a g é d ie q u i
a s s o m b r it s on ex is ten ce... elle es t d ig n e, com m e
vou s , d e tou s les b on h eu rs p os s ib les ... et j ’a i h on te,
ou i, h on te, d e la rep ou s s er, de la d éla is s er ...
T o u t à cou p elle l'in te r r o m p it p o u r d em a n d er ,
s es ye u x d a n s les yeu x d e Ja cqu es .
— ■ C ette fo r tu n e... d es m illio n s ... I l les a en cor e,
m on p èr e.
— S a n s d ou te. U n e g r os s e p a r tie , en tou t ca s .
C ’es t u n c o ffr e t d e p ie r r e r ie s ...
— S i je le r en d a is ?...
1
— Q u oi ? A q u i ?
— S i je d écid a is m on p èr e à r e n d r e ces m il
lio n s ... ou b ien s i m o i je v o la is ce c o lfr e t p o u r le
r e s titu e r à vo tr e cou s in e... en s u ite, Jacqu es, la is
s er iez- vou s s a n s r e g r e t ?...
— V ou s fe r ie z c e la ?
— C ertes ! Je d e vie n d r a is p a u vr e vo lo n tie r s ,
m o i, s i je s a va is m é r ite r vo tr e a ffec tio n !
E lle éta it tr a n s fig u r é e, s es ye u x r a y o n n a ie n t
d ’h o i r :
— C ’es t u n e id ée... 3e p o u r r a is vo u s a id e r a lor s ,
v iv r e com m e n ou s le fa is o n s à p rés en t, e t m o n
d évo u em en t s e r a it s a n s lim ite s !... O u i, n ’es t- ce
jia s ?... T o u s d eu x... vo u s n e m e ch a s s er iez p a s ,
u n e fo is vo tr e cou s in e r ich e p a r m oi, et m o i p a u
v r e p ou r elle !
— V ou s ch a s s er !...
__ V ou s com p r en ez b ien ce qu e je vou s p r o
p os e ? V o tr e cou s in e
a
été
d ép o u illée p a r les
m ien s ; m o i, je lu i r es titu e s a fo r tu n e... O r, cette
fo r tu n e s eu le vou s e m p êch a it d a b a n d on n er L lotild e... m 'a ffir m e z- vo u s ?...
— C ’est v r a i !
— U n e fo is rich e, b ie n rich e, n u l n e p o u r r a it
s 'op p os er ...
/
_
E lle p r e n a it à s o n to u r les m a in s d e s on a m i :
— A lo r s n ou s n ou s m a r ier o n s ... n ou s s erion s
to u jo u r s en s em b le... n ou s ch a n ter io n s d os d u os , et
n o u V lir io n s , a u coin d u feu , vos œ u vr es ... Je
s e m is lù> in oi»
fld èio coin p ü fçn c (les inn.iivixisGs
h eu res , si l’o r a g e é d ita it. . . je vo u s c o n s o ler a is . Ja
s a is a s s ez de m u s iq u e p o u r d o n n er d os leçon s ...
d es c o n c e r ts a u b es oin ... Je g a g n e r a is m a p a r t..
E t p lu s do r em o r d s ! l ‘lu s d e r eg r ets ! P lu s rien
d ’u n pu. -é m a u d it, r en ié !... D es jo ie s s er ein es ...
d es h eu res g a ie s d a n s la c la r té d u jo u r , ou d é li
cieu s es de m é la n c o lie q u a n d l ’o m b r e n ou s fa it scrr c r l ’ u n co n tr e l’a u tre.
�«8® 66
R ei n es de P a r i s
L a je u n e fille p a r la it, les yeu x en ex ta s e, com m e
elle eû t vu cet a v e n ir d a n s l'a ir em b r u m é d e la
ch a m b re.
P u is q u e vou s m ’a im ez, dites- vou s... qu e m a
fo r tu n e n 'es t p a s la ca u s e ?
— A u c o n tr a ir e !
.
— A u con tra ire... A lors , si je p a rvien s à ren-
d:
à v o tr e cou s in e ?
C e m ot « si je p a r vie n s » ra m en a le jeu n e h om
m e a u s en tim en t d e la r éa lité.
— lió la s ! fit- il, ja m a is vo tr e p èr e n e c o n s e n tir a
h cette r es titu tio n !
— Je le p en s e b ien ! m a is je p r e n d r a i la ca s s ette,
rooi, p u is q u e c’es t u n e ca s s ette q u ’u n e n fa n t p eu t
e m p o r ter ... Je l’e m p o r te r a i !...
— O u a is ! C e d o it êtr e m o in s fa cile qu ’il no vou s
s em b le !
— T a n t p is ! J’es s a ier a i I
II s o u r ia it com m e on fa it d e va n t l ’in ve n tio n
d ’u n en fa n t.
— C om m en t le co m te A n fa lo tti la is s e r a it- il u n e
fo r tu n e p a r e ille à la m e r c i d ’u n e fille tte ?
— J’a g ir a i p a r ru s e !
— E n * ffe t, le tr é s o r d o it te n ir d a n s u n to u t
pe>tit coffr et. C es jo y a u x
s on t d es
p er les d ’u n
O r iin t m e r ve ille u x ch ois ies p a r m i b ea u cou p d ’a u
tr e s tr ès b elles . E lle s r ep r és en ten t ch a cu n e des
m illie r s d e fr a n cs . C ela d o it ten ir d a n s u n e ca s
s ette g r o n d e com m e ceci, a jo u ta - t- il en m o n tr a n t
u n ca r r é d ’u n e vin g ta in e d e cen tim ètr es .
— O h ! A lo r s !
— M o is ce tr é s o r es t p r o b a b le m e n t e n fo u i d a n s
d ea en vés fo r m id a b le s .
— J 'y e n tr e r a i !
— O u c a c h é à l’é tr a n g e r .
— Je le s a u r a i I
E lle é ta it r és olu e, O r fa !
L u i, J a cqu es , n e s e m b la it p a s r é p r o u ve r cette
a ction . C a r c 'é ta it u n e s olu tion ! D ir e à C lo tild e :
« V o ic i u n e d o t d e d ix m illio n s ; je vou s ren d s
vo tr e p a r o le p o u r ép o u s er u n e fille tte q u e cette
r e s titu tio n r u in e » , p r o u v a it u u e r a r e n ob les s e de
s en tim en ts .
O n p o u va it r o m p r e, d a n s ces co n d ition s , s a n s
c r a in d r e u n r ep r och e. Q u el p la is ir il a u r a it à d ir e
a u x T o u lo u s a in s , l ’a ccu s a n t d e r e n ie r leu r ca u s e :
— V o tr e fo r tu n e ? la v o ic i ! V o ic i vos p er les ! Il
n 'on m a n q u e p a s u n e ! M oi, jo vou s s a lu e et va is
tr a v a ille r jo u r et n u it p o u r d o n n er d u p a in à celle
q u e je vo le I...
.M ais p lu s il s o n g e a it, et p lu s il s ’e ffr a y a it d e la
d iffic u lté d e la ten ta tive.
L e com te A n fa lo tti, se la is s e r r a v ir son b ien f
lin h om m e d e ce tem p é r a m e n f, q u i d e v a it a v o ir
p r is cen t p r é ca u tio n s p o u r u n e, se s a c h a n t tr a q u é
p a r d es a d ve r s a ir e s a ch a r n és I
N on , O r fa ne p a r v ie n d r a it ja m a is à co r és u lta t !
M a is la jeu n e fille s ’é ta it levé e tr a n s fo r m é e, r a
d ieu s e :
,
__ A in s i, c ’es t v r a i, m o n s ie u r Ja cqu es , si je fa i
s a is cela , vou s m e... vou s ctfn s en fir iez ?...
— Je vou s d e m a n d e r a is la fa v e u r d e vou s a im e r
tou te m a v ie !
— N o u s n ou s m a r ie r io n s tou t d e s u ite ?
— T o u t de s u ite... A p r ès les d éla is lég a u x ... E n
a tten d a n t, d u res te, n ou s co n tin u er io n s à d em eu
r e r çn s cm h le, com in o à p r és en t...
— O h ! q u e lle jo ie !... V ou s ... m oi !... vo tr e fem
me !... Je m e d e m a n d a is cette n u it, en s o n g ea n t à
vou s , si ja m a is n ou s s er io n s u n is s a n s a v o ir à
c r a in d r e u n m a lh e u r qu i n ou s s é p a r e r a it, p ou
va n t n ou s la is s er a lle r à la jo ie in fin ie d e s’a im er ...
E t il sc tr o u ve q u e le jo u r m êm e... V ou s !... s a n s
u n s ou , la p a u vr e O r fa ... M a is a u s s i, com m e je
s ,'r a i d évou ée !... V ou a n 'a u r e z p a s rêvé u ne co m
p a g n e p lu 3 d ou ce, p lu s s ou m is e... O h ! s i c 'é ta it
v, a i 1
i
i
Ja cqu es se m it a r ir e :
—
M a b ien - a im ée O r fa , vo u s to m b er ez d e b ien
*3 *
h a u t, je le cr a in s ... Je s u is u n p a u vr e d ia b le de
r o m a n c ie r , (p ii a b ien du m a l à g a g n e r q u elq u es
sou s. S i vou s vou s en ch a în iez à m oi, vou s qu e l a
h a u te vie
a p p etle,
à q u i s on t r é s er vé s
de*
tr io m p h es ...
— Je n ’en veu x p a s I...
— S i vou s vou s en ch a în iez à m oi, co m b ien lo u r
d e s e r a it p eu t- être cette ch a în e d e m is èr e, d e d é s il
lu s ion s ... M on in g r a t m étier ...
— M oi, je g a g n e r a i d e l ’a r g e n t à d on n er d e s l e
çon s ...
— Je m ’y r efu s er a is !... E t p u is ,
si je v o u s
ép ou s e, c’es t p o u r vou s a v o ir à m oi, p rès d e m o i.:
E lle a va it en vie d e l’em b r a s s er :
— Q u elle b on n e id ée j ’a i eu e là !... E t q u e n o u s
a von s b ien fa it d e r e n c o n tr e r cette C lo tild e ! V o u s
a vez été o b lig é d e m e d ir e v o tr e s ecret... Je le
d e vin a is b ien ...
— E t vou s ?...
— M o i ? Je m e ren d s ce s o ir ch ez m o n p èr e...
— N o n I Je r efu s e d e vo u s la is s e r p a r tir ! T a n t
q u e cette fem m e...
— E lle n ’y r es ter a p a s to u jo u r s !... A p r è s la
s cèn e d e l ’a u tr e n u it... E lle sont,ira... E n to u t ca s,
e lle m e p e r m e ttr a b ien d ’a p p r o c h e r m o n p è r e I
E n s u ite ?
— E n s u ite je s a u r a i où es t le c o ffr e t co n ten a n t
les p erles .
— J a m a is !
— S i ! si ! O h I je n e le d em a n d e r a i p a s d e b u t
en b la n c a u com te ! Je s e r a i si câ lin e, s i ten d r e...
V o u s ve r r e z I Je r éu s s ir a i !
— E n s u ite ?
— E n s u ite, je r e vie n d r a i ici, vo u s a p p o r te r l ’a r
g en t e t m es s ou r ir es . V ou s r e n d r e z i’a r g e n t et
g a r d e r e z les s ou r ir es .
I l h och a la tête :
— Je ne cr o is p a s à vo tr e s u ccès 1
— S i 1 c r o yez- y 1
E'U e s’a p p r o ch a , tou t ém u e, tou te vib r a n te , p ou r
d ir e à v o ix b a s s e :
— C h er m o n s ieu r Ja cqu es , je s u is b ien h eu
reu s e !... Je p a s s e d e l’ex tr êm e d o u leu r à l’ex tr êm e
jo ie ... Q u a n d j ’a i vu cette jeu n e fille, si b elle, si
s im p le... Q u a n d j ’a i en ten d u vo tr e s œ u r L u cette
m e la p r és en ter : la fia n cée de J a cq u es ... O h ! j'a i
cru m o u r ir ... j ’a u r a is vou lu m o u r n ....
— E n fa n t !
__ M a is p u is q u e vou s s a c r ifie z cotte p a s s ion à
l ’a m o u r de vo tr e n o u velle a m ie...
U rem a rq u a :
— V ou s s on g ez b ien à m e s a c r iflo r dea m il
lion s ! TJne d ot p r in cièr e...
— C e n ’es t r ien , l'a rgen t., r ien du tou t, ! Je r e
n o n ce r a i, s a n s u n e g r im a c e , à cette fo r tu n e , m a is
à p rés en t, si vou s m e la is s iez, je m e tu er a is ... je
m o u r r a is de ch a g r in ... L 'u r g e n t ?... E s t- ce q u e c e l a
com p te ? E s t- ce q u ’il y a a u tr e ch os e s u r te r r e qu e
l ’a m ou r ... le n ôtr e, l’a m o u r n ob le e t r a d ieu x , e t
é ter n el !...
E lle te n d a it ve r s lu i s on fr o n t d e v i e r g e . I I y m i t
u n lo n g b a is er .
— O r fa !
— Jecqu es !
P u is , a u b ou t d ’u n m om en t :
— C e s oir , q u a n d vou s s er ez c o u c h é e , j ’ i r a i c h e z
L u d o vic M ois s a c.
— L e fia n cé do L u c e tte ?
— D on t je vou s a i ta n t p a r lé, e t a v e c t a n t de
ch a leu r .
— l ’ou r lu i d ir e ?
— P o u r lu i d e m a n d e r où en s on t le com te et
la com tes s e. Jo no c o n s e n tir a i à vou s ren d re à
vo tr e p ère qu e si s a fem m e est p a r tie, ou ch a s s ée,
ou fu ya n t u ne d em eu r e m a u d ite. Je s a is qu e lé
c o m te A n fa lo tti vou s a im e, q u ’il Vou s r ec e vr a b ien ,
vou s p r és e r ve r a d es d a n g er s ...
__ Jo n ’os era i p lu s l’em b r a s s er ... u n a s S a s s in ...
le vo le u r d e ce F r a n ça is .
—< V o u s s u r m o n ter ez v o t r e i n s t i n c t i v e r é v o l t e .. ,
�R ei n es de Va r i s
D u res te, ch a q u e jo u r vou s m e tien d r ez a u co u r a n t
de vos m o in d r es a ction s , d e vos es p éra n ces , de
vos cra in tes .
— Je vou s é c r ir a i... ou b ien je v ie n d r a i vou s
vo ir , n ’est- ce p a s ?
— U ne fois da n s l'h ôtel, vou s ne s eïez pas assez
lib re...
— M a is si !... Je fa is d e m on p èr e ce qu e je
veu x ! U n e fo is s or ti des g r iffe s d e cette fem m e, il
s era ... C ’est ég a l, s’il se d o u ta it d e ce qu e je vien s
fa ir e c lie z lu i !...
J a cqu es a p p r o u va :
— Il tr o u ve r a it vos r em or d s b ien im p ortu n s .
— D a li ! V ou s d ir e z à M ile C lo tild e d e lu i la is
s er des ren tes ! O n n e lu i r e p r e n d r a p a s s on h ôtel,
sa v illa d e C h a tou , n os c o llectio n s d e G o r g o n e... Il
s er a tou jou rs a s s ez r ich e !... E t, en fin , cet o r es t
le p r o d u it d 'u n vo l, il d o it le r en d r e !... E t il le
r en d r a !
S a rés olu tion p la is a it a u T o u lo u s a in ; s a co n vic
tion le r e n d a it con va in cu .
Il fin it p a r a ccep ter la d écis ion d ’O r fa , y tr o u
va n t la fin la p lu s fa v o r a b le d e ces in tr ig u e s , p u is
q u ’il r e n d a it h eu reu x , d e la s orte, ceu x q u ’il a i
m a it, les B a r en tin , d ’a b ord , p u is L u cette et M ois s a c, en r ich is p a r la r econ n a is s a n ce du N iç o is ;
C lotild e, d even u e u n e rich e h ér itiè r e , p o u r r a it
a m b itio n n e r u n e ex is ten ce s u p erb e ; O r fa , en fin
et lu i- m êm e, J a cqu es , si ép r is d e s a fu tu r e fem m e
qu e la p en s ée d e r en on cer à elle lu i m e tta it u n e
in s u p p or ta b le a n g o is s e au cœ u r.
L ’a ffa ire con clu e, l’Ita lie n n e rep rit s a p la ce s u r
le fa u teu il, et J a cqu es s 'a s s it s u r u n ta b o u r et, à.
ses p ied s .
M a in te n a n t U s se p a r la ie n t en fia n cés qu e r ien
ne d és u n ir a , en a m ou r eu x s û rs d e l’é te r n ité de
lcV r iim ou r.
h t ju s q u a la n u it, ju s q u ’a u d în e r , p en d a n t le
rep a s , ju s q u ’à n eu f h eu res , ils b a va r d è r e n t des
jo ie s en trevu es , éch a fa u d è r e n t d es p r o jets , se p é r
il iron t d a n s les r êves et jo u è r e n t la s cèn e im m o r
telle qu i es t le p lu s d ivin d es p oèm es .
L o r s q u e J a cq u es la is 's a O r fa , e lle éta it au ssi
h eu reu s e q u ’u n e fem m e p eu t l'êtr e ; elle ne dou
ta it p a s d e r ep r en d r e, en qu elq u es jo u r s , les p er
les vo lé e s à G o r g o n e, et d e g oû ter , d a n s les b ra s
d e Ja cqu es , d ’éte r n e lle s récom p en s es .
L e T o u lo u s a in
se d ir ig e a
ver s l a
ru e
de
07
-=$<
J a cq u es s e p r o m en a it, d e lo n g en la r g e , d a n »
l'a te lie r .
— E t toi ? lu i d em a n d a M ois s a c. T u as vu L u
cette et C lo tild e ?
— E lles to l'o n t d it? O u i, e lle s m ’a tte n d a ie n t,
s a n s d ou te. L u cette m ’a fa it u n e s cèn e...
— A lo r s , tu y ren on ces , à C lo tild e ?
— J ’y r en on ce... A u ne c o n d itio n , c’e tt q u e lle
s oit r ich e et q u ’O r fa s oit p a u vr e.
— C om m en t ?
— Je s u is tellem en t r eco n n a is s a n t à C lo tild e de
s cs s oin s ©t d e s es ten d res s es , j ’a i p o u r e lle u ne
te lle a d m ir a tio n , q u e je veu x lu i a s s u r e r les tr io m
p h es d on t elle es t d ig n e.
— Je n e com p r en d s p a s .
— O r fa , à q u i je vo u e m a vie , et q u i a p lu s b e
s oin q u e C lo tild e d ’une^ a m itié s olid e et d évou ée,
O r fa v a l'e n tr e r a u p r ès d e s on p èr e et ch e r c h e r à
r e p r en d r e la ca s s ette où s on t les p erles .
— T ie n s ! T ien s ! C’es t u n e id é e !.
— L o r s q u ’e lle l'a u r a en s a p os s es s ion , elle m e
la d o n n e r a et je la r e m e ttr a i a u p ère d e C lo tild e,
à m on cou s in B a r en tin . D e la s or te, m on a n cien n e
fia n cée, d even u e u n e r ic h e h é r itiè r e , n e p o u r r a se
p la in d r e d ’êtr e d éla is s ée, et m oi, je p o u r r a i m e
c o n s a c r e r a u b on h eu r d ’O r fa , d even u e p a u vr e ,
s a n s a u tr e s ecou rs q u e c elu i d ’u n m a r i.
L u d o vic r e g a r d a s on a m i a vec u n e s orte d ’a d m i
r a tio n .
— T u fe r a is ça , to i ! T u r e n o n cer a is ...
— A tou t ! Je n e veu x p a s q u ’on d is e qu e j'a i d é
d a ig n é C lo tild e p a u vr e, p ou r O r fa m illio n n a ir e . Jn
tien s , a u c o n tr a ir e , à ce q u ’on s a ch e la p r o fo n
d eu r d e m on a m o u r p o u r l’Ita lie n n e , la p u r eté et
le d és in tér es s em en t d e cette a ffection .
— T u l’a im e s d on c b ien , cette fille d ’Ita lie ?
— B ea u cou p . E lle es t en cor e p lu s d ou ce, p lu ?
s im p le qu e b elle, e.t s a b on té es t in fin ie. Je n e p u is
p a s fa ir e m ieu x s on élo g e qu e p a r ces m o ts : elle
es t en cor e s u p é r ie u r e à C lo tiL ’e !
L e s cu lp teu r fit u n g es te d e r é vo lte
— O u i ! ou i !... D e p lu s , elle es t s a cr ée p a r le
m a lh e u r ! E t si L u cette ou C lo tild e te p a r le n t d e
m o i, d e ce r en iem en t à n ies p r om es s es , rép on d s le u r ceci : « C ’est vo tr e fa u te ! C ’es t vou s q u i a v e 3
fa it p a u vr e u n e je u n e fille d ig n e d e tou s les b on
h eu rs , c’es t vou s et les vô tr es q u i l ’a vez to r tu r é e !
E h b ien ! cette in ju s tice, vo tr e in ju s tic e , J a cq u et
la r ép a r e. C ’est Lui qu i d o n n e r a s a p a r t d e b on
V u u g ir a r d .
h eu r à im e en n em ie qu e vou s .a vez r éd u ite à la
I.u d o vic M o is s a c lr s a it u n liv r e d ’h is to ir e , a u
m is èr e et à la h on te. » T u le u r r ép o n d r a s ça , h ein I
p rès d e s on p oêle. C ’é t» il s a cou tu m e, a p r ès u ne
— V o lo n tie r s I
jo u r n é e d e tr a va il, du co n s a cr er u n e h eu re à co m
__ E t si je p a r vie n s à. ren d r e à M . B a r e n tin , —
p léter s on In s tr u ction , et il fa is a it cela n on p a r
d on t on m ’a ca ch é l’ex is ten ce, tu en ten d s b ien ,
va n ité, p ou r b r ille r p lu s ta r d p a r m i ¿es c o n fr èr es ,
L u d o vic, d on t p ers on n e n e m ’a p a r lé, d on t je d e
m a is p a r g oû t, p a r a m o u r d u b ea u et d u v r a i.
vin e l’a ction , c a r on m ’a ten u à l’éca r t d e l’œ u vre,
U n e la m p e p os ée s u r la ta b le, les ép a u les cou
t n o i i __ -s i d on c je p a r vien s à r en d r e a u x B a r e n
vertes p a r d eu x vieu x p a rd es s u s , le s cu lp teu r é ta it
tin leu r tr és o r , je m e c o n s id ér er a i com m e u n h on
p lo n g e d a n s la lectu re, q u a n d J a cqu es en tr a .
T ie n s ! T o i, à cette h eu re ! R ie n d e ca s s é, n ête h om m e, d û t m on m a r ia g e a vec O r fa m ettr e
u n e la r m e a u x yeu x d e C lotild e !
j'e p è r e ?
— C eci es t ton a ffa ir e .
— Rien .
— Je veu x q u e tu leu r ex p liq u es tou tes ces ch o
— A s sied s- toi.
ses ! L u cette et C lotild e m ’on t tr a ité en in tru s ,
— N on . Je te la is s e. Je ven a is p ou r te d e m a n d er
m ’on t ca ch é leu r h is to ir e, l’h is toir e d e m on cou s in .
si la com tes s e B ca tr ix é ta it to u jo u r s à l’h ô te l d e
E lles se s on t s er vies de m oi p ou r to r tu r e r u n e
la ru e A lfr e d - d e - V ig n y.
jeu n e fille s i n ob le et si d ivin em en t, ch a s te q u ’elles
•— l'a r tie ! E n vo léo I
n 'a u r a ie n t cer ta in e m e n t p a s os é lu i ca u s er un
— V ra i ?
c h a g r in s i e lle s s ’éta ie n t d ou tées d e s a b ea u té .mo
— P a r l'lfu ! P o u r r e ten ir u n e fem m e qu i n 'en vie
ra le.
d e r e jo in d r e Son a m a n t il fa u d r a it la m ettre dans
— Ç a c’es t s û r
,
u n e ca gn d ’a c ie r et. l'e n c h a în e r avec des lien s...
__ n u in é e p a r m oi, cette é tr a n g è r e st.-ule a u
— D ep u is lon g tem p s ?
m on d e, chafteéé p a r les B a r e n tin d ’u n ch â tea u de
— (Je n:;tU n , à m id i... E lle a v a it pu fa ir e p r é
m illio n n a ir e , sn r é fu g ie d a n s m a p a u vr eté. 'E lle
ve n ir le vico m te L ou is , q u i s'ost tr ou vé s u r s a
ne d em a n d e q u ’à v iv r e p é n ib le m e n t -de m a vie
rou te, et jls B ou t p a r tis en s em b le.
in c e r ta in e ; elle ren on ce, p o u r rne d écid er , à u n e
for tu n e colos s a le, d on t elle a fa it d on à s es b o u r
- - n ÎiT nas loin ! E lle n'n pas d ’a rgen t ; lu i, en
rea u x . T u en len d s b ien , L u d o vic , tu s a is is b ien
core moin s. U s se b écotteron t da n s qu elqu e autou tes ces n u a n ces ?
b erge de la Iu iii Ikj uo .
— Oui !
Kt su b a ttron t au bou t de qu elqu es jou rs ...
__ D o qu elqu es heu res.
— E li b ien , m oi, je p r éten d e qu e, dans ces con-
�• t»
GS
R ei n es de T a r i s
u iiion s , j'a i p ou r m o i le d r o it, la ju s tice, la b on té !
S i C lo tiid e ou L u c e tte p leu r en t, elles n ’on t q u ’à
¡■’en p r en d r e à elles - m êm es . E t s i, je te le rép ète,
O r fa ren d le c o ffr e t de p erles , je n ’a u r a i p a s u n
r em or d s en q u itta n t C lotiid e, d on t j ’éta is fo r t
ép r is , et q u e je co n s id èr e en cor e co m m e la p lu s
p a r fa ite des fem m es a p r ès O r fa I
L e s cu lp teu r a p p r o u va :
— J’e x p liq u e r a i ton ca s . M a is s i cette d em oi>t ¡le n e r éu s s is s a it p a s d a n s s a m is s io n 1
— Je m e jo in d r a is à vou s , a u x B a r e n tin , p o u r
r ep r en d r e les jo y a u x . Je n ’éip ou s era i O r fa qu e
lors q u e C lo tiid e s e r a tr ès r ich e et qu e, p a r con s é
qu en t, m on d é p a r t n e lu i ca u s e r a a u cu n p r é ju
d ice.
L à - d es s u s , J a cq u es s e r r a la m a in d e s on a m i et
r e g a g n a s on h ô tel d e la r u e d e F leu r u s .
L e " len d em a in m a tin , ver s on ze h eu res , O r fa
A n fa lo tti fr a p p a it à la p o r te d e la s om p tu eu s e d e
m eu re du p a r c M o h cea u et d em a n d a it à em b r a s
s er s on p ère, le com te A n fa lo tti.
X IV
V e r s a ille s , à la fin d e d écem b re, p a r u n tem p s
jr is et u n ve n t g la c é n u i n iv e lle la cim e d es
g r a n d s a r b r es . U n d éc o r lu g u b r e.
L e tr o is ièm e jo u r d e leu r in s ta lla tio n d a n s le
p etit h ôtel rte la ru e d e l a Q u in tin ie, C a s a n o et la
b eile B é a tr ix n e s a va ie n t p lu s qu e d ir e, p erd u s ,
a n éa n tis d a n s le u r ch a m b r e a u x m u r s nu s.
L a com tes s e n ’a v a it p r is n i va lis e n i s a c ; elle
n ’a va it em p o r té n i rob es , n i lin g e , n i o b jets d e to i
lette, se s a u va n t com m e u n e fo lle. L u i n ’a v a it ipas
eu le co u r a g e d e r e to u r n e r à s on d o m ic ile p o u r y
p r en d r e ses m a lles , ta n t la p eu r d u com te le tenait".
E l les d eu x a m a n ts a va ie n t a ch eté d es p eig n es ,
des b ros s es d e b a za r , d es ch em is es , d u lin g e de
fortu n e q u i b les s a it leu r corp s .
D ep u is tr ois fo is vin g t- q u a tr e h eu res , ils d em eu
r a ien t fa ce à fa ce, a s s is s u r d es ch a is es d u res , n ’osrmt p a r ler , a h u r is , écra s és .
L u i n ’a u r a it p u q u e r é p é te r s a n s ces s e :
— Il éta it tem p s q u e ça fin is s e !
E t elle eû t r é p liq u é :
— N n u s s er on s r ich es , b ien tô t ! E s p ér on s 1
C ’é ta it d on c in u tile d e p a r ler .
D es h eu res in ter m in a b les .
Ils es s a yè r e n t d e se p r om en er . Ils vis itè r e n t le
: lifttea u , la s a lle du Jeu d e P a u m e ; ils p a r c o u
r u r en t des es ca lier s g la cés , d es g a le r ie s m o n o to
nes, et to u jo u r s cette im p r es s io n d e fr o id a ig u et
m o r tellem en t tris te.
Ils p r é fé r a ie n t en co r e r en tr e r . Ils s e r é c h a u f
fa ien t li.s p ied s et e s s a ya ie n t d e s ’in té r e s s e r à la
lectu re d es jo u r n a u x .
L e m a tin d u q u a tr iè m e jo u r , B é a tr ix d it à s on
amant :
— Je va is à P a r is p r en d r e à la p os te res ta n te
u n e le ttr e qu e m ’a u r a a d r es s ée B ep p o.
•
— B on ! lu r e vie n d r a s b ie n tô t?
— C ertes .
I.a com tes s e tr o u va la lettr e s ou h a itée. D u r a n t
les h eu res q u i se tr a în è r e n t en tr e la te n ta tive d ’asa s s in a t d u b o u leva r d I.a n n es et la fu lto d e la
m a îtr es s e d e la m a is on , le v a le t a v a it eu le tem p s
rte ca u s er a vec celle- ci.
Il a v a it été con ven u q u ’il s ’o c cu p e r a it d ’a tte in
d re la ca s s ette et, q u ’en s u ite, B é a tr ix e t s on s e r viteu r p a r tir a ie n t p o u r l’Ita lie où ils v iv r a ie n t e n
s em b le, r ich es et h eu r eu x .
L a co n ve n tio n n 'a v a it p a s été lo n g u e à é ta b lir ,
en tre u ne fe m m e p r ê te à to u t et u n v a le t d écid é à
tou t ég a lem en t p o u r s a tis fa ir e s a p a s s ion .
A u s s i, lo r s q u 'e lle q u itta P a r ie , B é a tr ix s a va it
qu e s o r a s s ocié B ep p o n e p e r d r a it p a s s on tem p s .
L a l e t t r e d is a it en ita lien ;
M a d e m o is e lle e s t in s ta llé e a u p rè s d e s o n p è re .
J e c ro is q u ' e lle v ie n t c h e r c h e r la c a s s e tte , e lle
a u s s i, c a r e lle a d e m a n d é à d e s c e n d re a u tré s o r.
J e s u is p r ê t à a g ir. I l v a u d r a it m ie u x q u e v o u s
v o u s tro u v ie z à P a r is ; s i v o u s e n ê te s p a r tie , r e
v e n e z - y v ile ; j e c ro is q u e l' a f f a ir e n e tr a în e r a
pas .
A u cu n e s ig n a tu r e , m a is il n ’y a v a it a u cu n
d ou te s u r le cor r es p o n d a n t.
A p r è s a v o ir lu ces m ots , B é a tr ix r e g a g n a V e r
s a illes .
C a s a n o l’in te r r o g e a a vid em en t.
— E h b ien ?
— V o ic i la lettr e.
I l la lu t.
— C a m a r ch e ! O h ! si ça p o u va it r éu s s ir :
I l e n tr e v o y a it p lu s p r ès qu e ja m a is , les jou rs !
ta n t s ou h a ités , les n oces fo r m id a b le s a ve c C lé
m en ce et J a cq u elin e.
E lle n e se d o u ta it g u èr e de s a p en s ée, c a r elle
lu i d it, en l'em b r a s s a n t b ien fo r t :
— T u es rés olu à p a r tir a vec m oi, d ès qu e n ou s
a u r on s l’a r g e n t ?
I l éten d it la m a in .
— C ’es t ju r é ! D ’a ille u r s ,
qu e
d e vie n d r a i- je
s a n s to i ?
.
E lle l ’eû t étou ffé d e ca res s es !
E lle d é c la r a :
— O u i, n ou s p a r tir o n s d ès qu e n ou s a u r on s la
ca s s ette de p erles .
Il rem a rq u a :
— E t B ep p o ? C e B ep p o ?
— P e u h ! O n s ’a r r a n g e r a tou jou r s . I l se c r o ir a
b ien p a yé , a vec d eu x ou tr o is cen t m ille fr a n cs .
— T u es fo lle ! O n lu i d o n n e r a d ix m ille p ièces
d e v in g t sou s. C e s er a b ien s u ffis a n t.
— C om m e tu vou d r a s .
E lle n ’os a it p a s a vo u e r le m a r ch é p r es q u e con clu
a vec le va le t, et elle a v a it tor t, c a r C a s a n o n e lu i
eû t r ien r ep roch é. 11 n ’é ta it p a s ja lo u x !
L a com tes s e A n fa lo tti s u p p lia s on a m a n t d e lu i
a c co r d e r la fa ve u r d ’u n e d e r n ièr e p r o m en a d e (en
s em b le d a n s le p a rc. A v a n t d e se la n c e r d a n s
lu tte, elle v o u la it se g r is e r u n e fo is d e la jo ie d 'ê tr e
a vec son L ou is , s eu ls , b ien s eu ls , d a n s les fr is
s on s d e la b is e d ’h ive r , q u i o b lig e à se s e r r e r l ’u n
c o n tr e l'a u tr e.
Il y con s en tit, d és ir eu x d e lu i in s p ir e r con fia n ce
ju s q u ’a u b ou t.
D on c, ils s o r tir en t p ou r • p r e n d r e la r ou te d o
S a in t- C yr et s ’e n fo n c er s ou s les a r b r es d én u d és .
Ils m a r ch è r e n t lo n g tem p s d a n s le p a r c a b s o lu
m en t d és er t ; ils se d ir ig è r e n t ve r s T r ia n o n . E lla
s ’a c cr o c h a it a u b r a s d u vic o m te ; lu i r e g a r d a it le
p a ys a g e fr ileu x , les a llées tr is tes et les a m a s do
feu ille s m ortes ,
— C ’es t à
c r e ve r ! r e m a r q u a - t- il,
à crever
d ’en n u i.
E lle h och a la tête :
— Je m ’y p la ir a is , m oi, a vec toi... s i n ou s a vio n s
u n e in s ta lla tio n p lu s co n fo r ta b le , dos s er viteu r s ,
u n e vo itu r e , je m e la is s e r a is v iv r e d a n s ce c a lm e
d élicieu x ... J ’a im e les p r om en a d es d ’ h ive r , le
b r u is s em en t d es fe u ille s m or tes , le ciel g r is et les
m é la n c o lie s d es ch os es ..., O n se s er r e p lu s v o lo n
tier s l ’u n con tr e l ’a u tr e, on es t h eu reu x d ’être
d eu x et d e s ’a im er ...
Il s ecou a it, la tôle, ne coh ip ren n n t r ie n à ce be-'
s oin d e s en tim en ta lités , d e s en s ib leries .
— S i ! N ou s s er ion s h eu r eu x ! Q u a n d j ’a u r a i r e
p r is la ca s s ette d e p er les , n ou s d evr o n s n o u s ca
ch er q u elq u e tem p s , fu ir P a r is , m on m a r i d on t la
fu r e u r s o r a in d icib le, la p olice, la b a n d e d es vr a is
p r o p r ié ta ir e s d u trés or... 11 n ou s fa u d r a rion s te r
r e r a u m o in s tr o is ou qu at.ro m ois , b ien loin b ien
s eu ls ... ou b ien tr a ve r s e r d es p a ys où p ersonn e n o
n ou s c o n n a îtr a , fa ir o u n lo n g vo ya g e d iin s l ’A m é
r iq u e d u S u d , p a r ex em p le... Il y a d es hO tels n rin - '
cier s , d es th éâ tr es ...
I
�"*3®
R e i n e s d e Va r i s
— E t la fiè vr e ja u n e.
— A lo r s n ou s h a b iter o n s le C a .n a d a ... Ç a m ’es t
é g a l, p o u r vu q u e je s ois a vec to i, tou jou r s , qu e
je t ’a ie to u t en tier !... R ich es , b ien r ich es , s eu ls ,
b ien s eu ls , p o u va n t n ou s a im e r s a n s cr a in te, d a n s
le lu x e q u i m ’es t n éces s a ire, d a n s la s olitu d e qu e
je d és ir e, n ou s a u r on s d es h eu r es d ivin es ...
A la n u it tom b a n te, ils r e g a g n è r e n t leu r p etite
ch a m b re, r és olu s à r e n tr e r le len d e m a in à P a r is .
P a r u n tr a in d e la m a tin ée, ils q u ittèr en t V e r
s a illes , le p r e m ie r a vec u n s o u p ir d e s ou la g em en t,
la s econ d e a vec u n e m ou e d e r eg r et.
D ’a illeu r s , u n e fo is d es cen d u s s u r le q u a i d e la
g a r e, ils fu r en t v ite r e p r is p a r l ’e n g r e n a g e , éto u r
d is p a r le b r u it, em p or tés p a r le to u r b illo n , et le
p r e m ie r m o t de C a s a n o fu t celu i- ci :
— D écid ém en t, il n ’y a q u e P a r is ! 11 fa u t r éu s
s ir ! V iv r e ici, r ich es et s a n s p eu r, es t le s eu l s ou
h a it d ’u n h om m e in te llig e n t.
— N o u s r éu s s ir on s ! r é p o n d it la com tes s e.
L e coch er d e fia cr e a u q u el ils d o n n èr en t le u r
a d res s e eu t u n e g r im a c e s ig n ifica tive.
R é a tr ix d em a n d a :
— L a r u e D es ca rtes , c ’es t d on c b ien lo in ?
— D a m e !... à l'a u tr e b ou t d e P a r is , d e r r iè r e le
P a n th é o n .
— T a n t m ieu x !
A V e r s a ille s , on a v a it d on n é a u x d eu x a m ou r eu x
l ’a d r es s e d ’u n h ô te l d is cr et, p er d u d a n s u n q u a r
tie r é lo ig n é d e le u r P a r is ; ils s ’y r e n d a ie n t d on c,
c er ta in s d e n e p a s y d em eu r e r lo n g te m p s et n e
d em a n d a n t à le u r n o u vea u lo g is n u e d 'ê tr e à l ’a b r i
d es cu r ieu x ; a s s ez é lo ig n é d e la r u e A lfr e d - d e V ig n y p ou r q u ’u n h a s a r d n e lts m ît p a s en fa ce
d u com te A n fa lo tti.
A u cu n d es d eu x n e s ’é ta it r is q u é d a n s ce q u a r
tie r ; p a r les . p o r tiè r e s d u fia cr e, ils r e g a r d a ie n t
les r u es m or tes et les m a is on s s om b res , com m e
d es e x p lo r a te u r s tr a ve r s a n t u n e con tr ée s a u va g e.
L es h ôtelier s fla ir è r e n t vite u n cou p le d ’a ven tu
r ier s , d ’a d u ltèr es ou d e filou s , m a is ils r és e r vèr en t
leu r a p p r é c ia tio n p ou r l ’h eu r e où leu r s lo c a ta ir e s
d e m a n d e r a ie n t d u créd it.
Il a v a it été con ven u en tr e R é a tr ix et le d om es
tiq u e d u com te q u e le p r e m ie r p a s s e r a it ch a q u e
jou r à La p os te res ta n te. D e la s orte, la com tes s e
p u t d o n n er u n ren d ez- vou s à R ep p o, p o u r le s o ir
m ôm e.
11 y vint., tr e m b la n t d ’ém oi et d e vo lu p té. Il n e
p o u va it s ’im a g in e r tir e r le s m a r r o n s d u feu .
L ’a m o u r es t to u jo u r s s tu p id e.
A u s s i d on n a - t- il d es es p éra n ces d on t tr e s s a illit
R é a tr ix .
M lle O r fa é ta it in s ta llé e d a n s l ’h ôtel. E lle éta it
ch oyée p a r le com te et, s û r em en t, b ien tôt, e lle a u
ra i!. le s ecret d e la ca ve.
A lo r s lîe p p o se c h a r g e a it d ’ im p os er s a vo lo n té
îi cette fille tte tr op fa ib le p ou r se d éb a ttr e s ou s s a
m a in île g éa n t, tr op in n ocen te p ou r se m éfier.
L o r s q u e le v a le t r e to u r n a à l'h ô te l d e la r u e d e
V ig n y, B é a tr ix é ta it p res q u e ce r ta in e d u s u ccès.
S eu lem en t, il fa u d r a it p a y e r U ep p o p a r q u elq u es
h eu res d e ten d res s es , d e ca res s es , p eu t- être ; il
fa u d r a it m e n tir , jo u e r la com éd ie... R a h l l ’es s en
tie l é ta it d e s o r tir la ca s s ette d es ca ves d e l'h ô te l.
A p r ès , on s ’a r r a n g e r a it to u jo u r s !
E n r e n tr a n t r u e D es ca rtes , elle ex u lta it. E lle d it
( o r e ille d e C a s a n o :
__ C ’es t l’a ffa ir e d e q u elq u es jo u r s , d e q u elq u es
h eu res p eu t- être I
__ O h ! s ’écria - t- il. D ieu m e d o it b ien ça I
A l'h e u r e m fr a e où B é a tr ix d o n n a it cet es p oir
?, sou a m a n t, ü r fa , la fille du com te, r e n tr a it à
l ’h ôtel d e la r u e A lfr e d - d e - V ig n y, où elle d em eu rn il et q u ’elle q u itta it li p ein e u n e h eu re p a r jo u r
p o u r r en d r e vis ite ii s on a m i J a cq u es D a r ta u d .
C a r elle é ta it ven u e a p p o r te r à s on fia n cé d es
n o u velles d o .lc u r en tr ep r is e, lu i a ffir m e r q u e tou t
m a r c h a it ù s ou h a it et (pue, p r o b a b lem en t le s u r
len d em a in , elle r e m e ttr a it a u x vr a is p r o p r ié ta ir e s
69
«=§**
le co ffr et r a v i à G o r g o n e, E n s u ite, elle a v a it ca u s é
lo n g u em e n t a vec le T o u lo u s a in , d e l'a v e n ir , de
tou t et d e rien .
L e ca d et d e G a s cog n e a cc o m p a g n a s on a m ie
ju s q u 'a u x en vir o n s d u p a r c M on cea u , p u is r e g a
g n a s on q u a r tier , jo ye u x , h eu reu x.
D a n s q u elq u es jo u r s , il a u r a it r e n d u a u x B a r en tin la p récieu s e ca s s ette. L ib r e , d é g a g é d e tou t
lie n , il p o u r r a it se co n s a cr er à O r fa , p u is q u e Ciotild e s er a it u n e r ich e h ér itièr e.
L u cette ép o u s er a it L u d o vic et le com te A n fa lo tti
a c ce p te r a it p ou r g en d r e le r o m a n c ie r d on t il en
ten d a it d ir e ta n t d e b ien p a r s a fille.
I l es t v r a i q u ’a p r ès le cou p , le com te A n fa lo tti
s e r a it d a n s u n éta t q u 'il éta it im p os s ib le d e p rév o ir ; m a is Ja cqu es , a vec l ’e n tr a in d es a m ou r eu x ,
n e d o u ta it p a s d u su ccès .
11 p a s s a ch ez s on a m i L u d o vic. C elu i- ci é ta it en
tr a in d e fu m er , les p ied s ten d u s à son p oôle, u n
liv r e s u r les gen ou x , u n e b o u g ie g r é s illa n te p rès
d e lu i.
L e D ioffèJic, p res q u e ter m in é, d écou p a it, da ns
la p én om b r e r o u g e â tr e , s on co n to u r vig o u r e u x .
— Q u oi d e n ou vea u ? fit le s cu lp teu r en se leva n t
p o u r o ffr ir u n s ièg e à s on a m i.
— Je p en s e qu e la ca s s ette s er a , d ’ic i tr o is jo u r s ,
à ta d is p os ition .
L u d o vic tr e s s a illit.
— T u p en s es ?
— J ’en m e ttr a is la m a in a u feu . Je q u itte O r fa .
— T a n t m ie u x 1
P o u r le s cu lp teu r, cette fin d e le u r a ve n tu r e éta it
u n sou ha it, d e ch a qu e m in u te.
— A p r ès - d em a in , tu d is ?
— T r o is jo u r s a u p lu s .
— C h ou ette !
Ils d em eu r èr en t u n q u a r t d ’h eu re en s em b le. I.e
tr o is iè m e G a s con p a ru t.
G a b r iel P o n ta r lie r s a lu a ses a m is et se ch a u ffa
le s d o ig ts :
— O u tre ! il fa it fr io t 1 Q u el h ive r ! S i ça d u re
tr o is m ois en cor e, je m e je tte d a n s les b ra s d e la
r e lig io n .
— T u a s r en on cé à ceu x d e B é a tr ix A n fa lo tti ?
— N o n ! M ille fo is n on ! Je l ’e x ig e ,'c e tte fem m e,
a u c o n tr a ir e ! E lle h a n te m es n u its et tra vers «tou s m es s on g es ! A u p o in t qu e les œ illa d es des
a u tr es fem m es m e la is s e n t g la cé.
— A u cu n in d ic e ? A u cu n e n o u velle ? E lle a d is
p a r u a vec s on a m a n t.
L e fils d e M on ta u b a n l t v a les b ra s a u ciel :
— R ie n ! R ie n ! Je la d em a n d e d ep u is q u a tre
jo u r s a u x cicu x et à la ter r e, ie p lon g e m a (ôte
d a n s les fia cr es , je d é vis a g e les fem m es s ou s leu r !
voilettes , je s u r ve ille la - g a r e M o n tp a r n a s s e com m e
le fe r a it u n p o lic ie r , s a n s le m o in d r e r és u lta t.
L o r s q u e s ep t h eu res s on n èren t, J a cq u es - qu itta
ses d eu x a m is , p r éten d a n t u n tr a v a il p res s é. Il
d és ira it, ôtre s eu l p ou r r ê ve r d ’O r fa , q u i n e ces s a it
d ’o ccu p er tou te s a p en s ée.
P o n ta r lie r . e t M ois s a c d în èr en t en s em b le ; p u is
le M o n ta a lb a n a is la is s a le s c u lp teu r p o u r c o u r ir à
u n ren d ez- vou s . Il s’a g is s a it d e fo n d e r u n e é-curie
d e cou rs es . Ils éta ien t d é jà cin q a s s ociés , G a b r ie l
fa is a it le s ix ièm e. D es p roje ts s u p erb es , d es m il
lion s
g a g n er . S eu lem en t, a u cu n d es c in q n e p os
s é d a it d ix fr a n cs , ot tou t fa is a it p r é v o ir q u e l’a p
p o in t de P o n ta r lie r n e s u ffir a it p a s ù c o m p lé te r les
c in q m ille lo u is n éces s a ir es à l’in s ta lla tio n p r e
m ièr e.
R es té s eu l, L u d o vic se d it :
— Je v a is v o ir L u cette.
L a jo lie b lon d e d e m e u r a it to u jo u r s a ve c les B a r e n tin , r u e du P o tea u .
L ’a n cien fo r ç a t se ten a it p rfit fi q u itte r ce lo r i°
it la m o in d r e a ler te. J u s q u 'ici rien n ’a v a it p a r u
m en a cer sa r e tr a ite et, h p rés en t, ils a tten d a ie n t
le d én ou em en t a n n on cé p a r J a cqu es , la r es titu tio n
p a r O r fa , d e la ca s s ette volée.
L a m a is on n ée se d is p os a it à se cou cher, l o r c f,u o
�S»
70
J,i ven u e d e L u d o vic l a fit r e s ter u n p eu p lu s lo n g
tem p s d a n s le petit, s a lon é tr o it et s ou r d ,.ca ch é p a r
ua
p r e m ie r p a v illo n
et p a r d e h a u ts m u r s
la tér a u x .
-— A r r iv e z d on c, m o n s ie u r L u d o v ic ! N o u s a von s
d e g r a n d e s n o u ve lle s ! c r ia L u cette.
— lio n n es , n o u velles ?
— E x c ellen tes !
— T a n t m ieu x ! M es s ieu r s ... M es d em ois elles ...
11 s e r r a la m a in d u p ère d e C lo tild e et s ’in fo r m a
le lu i a ve c u n e a ffectio n filia le , c a r il a p p r é c ia it
ch a qu e jo u r d a va n ta g e cet h om m e, d 'u n e volo n té
si p u is s a n te et d 'u n e b on té s i ex q u is e, s im p le et
com m e n a ïf lo r s q u ’il p a r la it d e s es s ou ffr a n ces et
d e s ps g oû ts , e m a g é lo r s q u ’il s ’a g is s a it d e l ’h on
n eu r d e s on n om e t d e l ’a v e n ir d e s a fille.
Il s a lu a a u s s i tr ès a m ica lem e n t le S u is s e R om b e r g , d on t l ’o r ig in a lité lu i p la is a it.
• — Je ven a is vou s d ir e qu e J a cq u es es p ère vou s
d o n n er la ca s s ette a p r ès - d em a in .
T o u s p r êtèr en t l ’o r e ille et r e g a r d è r e n t L u d o vic.
— C ’es t à p eu p rès s û r. L e com te a (Lccla ré à s a
fille qu e, p o u va n t être fr a p p é d ’u n m o m en t à l ’a u
tr e, il lu i c o n fie r a it le s ecret d es ca ves et d es p o r
tes d ’a cier.
« S i o n n e c o n n a is s a it p a s l a m a n œ u vr e, si on
n é g lig e a it cer ta in es p r éca u tion s , tou t s a u ter a it,
le vis ite u r , le coffr et, l ’h ôtel, la r u e p eu t- êtr e I »
— I l es t e n r a g é , cct h om m e- là .
— Il a d é c la r e q u 'il n e ten a it p a s à s u r v iv r e à
la p er te d e s on trés or.
M . B a r e n tin a p p r o u va :
— C eci, je le cr o is s a n s p ein e. Il a dû a ccu m u
le r les p r éca u tion s . R ie n n es t d ’a ille u r s , p lu s fa
cile, a u jo u r d ’h u i, a ve c l ’électricitéT'et les p r o g r è s
d e la ch im ie, q u e d ’o r g a n is e r u n e p a r e ille c a ta s
trop h e. Je s u is 'c e r ta in q u e M . D a r ta u d a r a is on ,
l u ’ u n v o y a g e u r ou u n v is ite u r q u i s 'in tr o d u ir a it
> in s la ca ve a u x p er les , n ’ en s o r tir a it p a s .
— C ’es t d a n s le c a r a c tèr e d e cet h om m e, a p p u ya
) ora b erg.
L u d o vic r e p r it :
— D on c, a y a n t p e u r d ’êtr e a s s a s s in é p a r s a
f in m e q u ’ il c o n n a ît tr op p ou r n e p a s la c r o ir e ca p b le de tou tes les in fa m ies , le com te tip n t ù exip iiy.'cr à O r fa le m éca n is m e d e s on œ u vre.
— D ès q u 'e lle le c o n n a îtr a ? in te r r o g e a L u cette.
— E lle s 'on s e r v ir a p o u r s ’e m p a r e r d e la ca s | tte et la r en d r e à J a cq u es , r é p o n d it L u d o vic .
Il a jo u ta d ’u n tou c o n va in c u :
__ O h I vo u s p ou vez vou s fie r à elle. E lle es t in / llig c n te , s on p ère l ’a d o r e e t e lle a u n tel d é s ir do
ytu s s ir p ou r ép ou s er J a cqu es ...
C lo tih ie ne. p u t c o n ten ir u n tr es s a illem en t.
L u cette r e m a r q u a :
— E lle n ’e x ig e p a s ta n t p ou r cen t s u r 1 a ffa ir e ?
»;ile n e veu t p a s a p p o r te r u n e d o t à J a cq u es ?
__ E lle n ’y s on g e p a s ... n i lu i n on p lu s . C ’es t le
p lu s b el é lo g e q u 'o n p u is s e fa ir e d ’eu x et d e leu r
a m ou r.
D ’u itleu r s , le com te p os s éd er a , m ém o
a p r ès le vo l, a u m o in s tr ois m illio n s en im m eu
b les et en va leu r s . Il y a d es b on u x- p ères q u i en
on t m oin s .
R o in b e r g h och a la tête :
— Q u a n d il a u r a été vic tim e d e s a fille , il r e fu
s er a d e lu i a c co r d er u n sou .
L u d o vic r é p liq u a :
— A u s s i O r fa n e d ir a - t- elle p a s q u 'e lle a fa it le
cou p . E lle m e ttr a le vol s u r le com p te d 'u n a u tr e,
d ’u n va let. E lle s ’a ccu s er a d 'im p r u d e n ce , e lle p r o
fite r a . d e l ’a b s en ce du p ère... Je n e p u is p r é vo ir
co m m en t ce la se p a s s ora ... M a is elle es t trop ftno
p o u r n e p a s tr o u ve r u n b ia is . P lu s ta r d , elle
a vo u er a , q u a n d la colèr e...
__ O u i, o u i. . . in te r r o m p it le p èr e do C lotild e, elle
p eu t a r r a n g e r cela .
L e s cu lp teu r ix s on to u r :
__ m a in te n a n t, d ltea - m oi d on c le * b on n e*
n o u ve lle s I
— L es vo ic i 1
R e i n e s de T a r i s
c%-'
L u c e tte a lla ch er ch er , d a n s u n p la c a r d , u n e le t
tr e et u n e s orte d ’a cte n o ta r ié , p liés d a n s u n e
g r a n d e en velo p p e a u x la r g e s ca ch ets d e cire.
— C ’es t u n e lettr e de cet A m é r ic a in p o itr in a ir e ,
d on t M . B a r e n tin a va it fa it s on a s s ocié.
— L e p r o p r ié ta ir e de-s p er les ?
— P a r fa ite m e n t. Il es t m or t.
— M ort ?
— I l d o it l’être, c a r cette le ttr e es t d a tée d u m i
lieu d 'octob r e.
M . B a r e n tin d it à L u d o vic :
— Je lu i a va is écr it, dès m on a r r iv é e en F r a n c e
à T o u lo u s e p r écis ém en t, d a n s les ca ves d e la b r i
q u eter ie.
<( Je lu i r a co n ta is m on é va s io n a p r ès des m ois d e
to r tu r e s p h ys iq u es et m o r a les , a p r ès u n e a g r e s
s ion et u n ju g e m e n t qu i fa is a it d e m o i le p lu s
m is é r a b le d es h om m es . Je lu i a ffir m a is qu e je
fe r a is l ’im p os s ib le p o u r lu i r en d r e ses jo y a u x , lu i
ju r a n t qu e j ’éta is res té, m a lg r é les a p p a r en ces ,
d ig n e d e s on es tim e. »
L u c e tte co n tin u a :
— I l r ép on d ceci, à la d a te d u v in g t octob re, — •
la le itr e a s u ivi u n e filiè r e d on t le d é ta il vou s
a m u s er a ... E lle es t zéb r ée d 'in d ic a tio n s d e la
p os te.
— L is à h a u te vo ix , L u cette, d it C iot9.d e.
L a s œ u r d e J a cqu es lu t :
M on
c h e r M o n s ie u r ,
V o tr e le ttre m ' a c a u s é u n e v iv e d o u le u r ; e lle m e
d é p e in t le s s o u ffr a n c e s d ' u n h o m m e q u e j ' a i to u
j o u r s c r u c l q u e j e c ro is p lu s q u e j a m a is d ig n e d e
m o n a ff e c tu e u s e v é n é ra tio n . M a lg r é to u t, m ê m e s i
v o u s é tie z m o r l a u b a g n e s a n s m e d o n n e r u n m o t
d ' e x j d ic a tio n , j e n ' a u r a is e u e n v e rs v o u s d ' u u lr c
s e n tim e n t.
V ou s m e d ite s q u e v o u s a lle z v o u s v e n g e r e t re
p r e n d r e n o ir e b ie n p a r to u s le s m o y e n s p o s s ib le s .
Je n e s a u ra is q u e v o u s r a p p e le r la g ra n d e _ lo i dep a r d o n c l d e j u s tic e q u i d e v r a it ê tre la rè g le d e
c o n d u ite ic i- b a s .
Je v a is m o u r ir . Je s e ra i m o r t a v a n t la ftn d e la
s e m .a in e . Q u e m o n d e r n ie r m o t. m a s u p rê m e p r iè r e
s o ie n t p o u r v o u s r a p p e le r la m is é ric o rd e .
Q u a n t a u x p e rle s , j e v o u s le s d o n n e . P a r u n a c te
c i- j o in t, j e v o u s fa is p r o p r ié ta ir e a b s o lu d e ce s
j o y a u x . Ja n ' a i p a s d ' h é r itie r s p r o c h e s , e t j ' a r r iv e
A u n e h e u re o ù l' o n s e d é s in té re s s e a b s o lu m e n t d e
ces b ien s terres tres .
C e r ta in q u e v o u s e n fe re z . u n e x c e lle n t u s a g e ,
q u e v o u s s o n g e re z to u j o u r s a u x d é s h é rité s e t a u x
p a u v re s , j e v o u s lè g u e c e tte f o r tu n e q u i v o u s c a u s e
d é j à ta n t d e m a u x , a u ca s o ù v o u s p o u r r ie z la
re s s a is ir.
U n e d e rn iè re fo is , j e v o u s te n d s m.es m a in s
d é j à g la c é e s p a r la m o r l. M o n d e n t ie r m o t e s t
p o u r v o u s c r ie r : P a r d o n ! J u s tic e ! C h a rité !
E t p o u r v o u s s o u h a ite r, a in s i q u ’à v o tr e f ille t i
c h a r m a n te , d e lo n g s j o u r s d e b o n h c ie r .
V o tre a f f e c tio n n é ,
E d g a r Cr o s s mn g .
Lu cette rep lia la lettre. C lotild e es s u ya de son
d o ig t u ne petite la rm e au b ord do so* lo n g « ciU
b ru ns.
L u d ovic d it :
— A in s i, da n s trois jou rs , vou s s erez vra im en t
rich es I
__ P lu s de vin g t m illion s I fit Rom h crg,
— S I a vec cela on n ’est pas h eu reu x 1 rem a rqu a
Lu cette/
M a is B a ren tin :
— S u r mon û mo, si je n 'a va is pas u n e Ollo... et
u ne ven gea n ce, je m e con ten tera is d 'u n e p la cé' do
cent francB p a r m ois au fond d'u n v illa g e telle
m en t je su is b risé, écœ u ré... M a is je i w r n io von -
�71
R ei n es de P a r i s
g er , et é ta b lir C lo tild e d a n s le p lu s s olid e d «8
b on h eu rs .
L u d o vic d em a n d a :
— A lo r s , ces m ots d e l'A m é r ic a in : P a r d o n 1
B on té !
B a r e n tin r é p liq u a :
— Je les a i p r a tiq u és ju s q u ’à m o n a r r es ta tio n ,
je le u r vo u e r a i tou tes les for ces qu i m e r es ter on t
a p rès la r é p a r a tio n qu e j ’ex ig e ! C ’es t s u ffis a n t ! Je
n e s u is p a s u n a p ôtr e, m oi ! Je s u is u n h om m e q u i
a s o u ffer t et q u i se s o u vie n t ! Je s u is s u rtou t u n
p èr e q u i veu t s a fille r ich e !
C lo tild e eu t u n g es te r é s ig n é :
— S i c ’es t p o u r m oi, m on ch er p èr e, q u e vou s
r is q u ez vo tr e ex is ten ce, je vou s a ffir m e qu e je m e
tien s p ou r s u ffis a m m en t rich e. Je vou s a i r etr ou vé,
j ’a i d u c o u r a g e, je tr a v a ille r a i vo lo n tie r s . R és olu e
à n e ja m a is m e m a r ie r , je n ’a i p lu s b es oin ...
E lle s ’a r r êta , u n s a n g lo t d a n s la g o r g e . M . B a
r en tin la c o n s id ér a u n in s ta n t.
— O u i, tu s ou ffr es a u s s i, m a p a u vr e C lotild e...
C ’es t n otr e d es tin ée, p eu t- être I
L u d o vic a d m ir a it la jeu n e fille, s i n ob le, q u i ne
tr o u v a it p a s u n m ot de r ep r o ch e e n ver s Ja cqu es
q u i l'a b a n d o n n a it a p rès des p rom es s es fo r m elles ,
q u i se c r o y a it d é g a g é de s a p a r o le p a r ce q u ’O r fa
r a p p o r ta it d es b ijo u x a u p èr e d e s on a n cien n e
fia n cée.
M a is le s cu lp teu r s e le va ; il te n a it à te r m in e r
cette s cèn e, d on t la c o n tin u a tio n eû t a m en é des
b la s p h èm es a u x lè vr es d e B a r e n tin , d es la r m es
a u x yeu x d e C lotild e.
— Je vou s q u itte A a p r ès - d em a in . S ’il y a v a it
du n ou vea u d 'ici là , je m e tien s à vo tr e d is p o s i
tion , com m e d ’h a b itu d e.
L u cette r eco n d u is it l ’a r tis te ju s q u ’à l a p o r te de
la ru e.
L à , elle lu i d it à vo ix b a s s e :
— C ette p a u vr e C lo tild e est d és olée. Je s u is h on
teu s e du r ô le d e m on fr èr e. Q u el im b écile,
ce
J a cqu es ! U n fou !... E n fin , cette a ffa ir e va êtr e te r
m in ée... V r a i ! ce n e s er a p a s d o m m a g e !
— A q u i le d ites - vou s ! fit M ois s a c. M n i, q u i
éta is ven u à P a r is p o u r m e c o n s a cr er à m on a r t,
je n 'a i p lu s le tem p s d e tr a v a ille r . Je s u is b ien
con ten t to u t de m êm e, p u is q u e vou s m 'a ve z p r o m is
d e m e d o n n e r c elte p etite m a in b la n ch e...
Il s a is it les d o ig ts d e la jeu n e fille et les e m
b ra s s a .
— A v a n t s ix m ois , elle s er a à m oi, cette m en otte
qu e je s en s tr e m b le r d a n s m es g r o s d o ig ts ?
— Je l’es p èr e ! A b ien tôt, m o n s ieu r L u d o vic , à
a p r ès - d em a in .
s.
Ils s e r é p a r è r e n t r n vis , c a r les a m o u r eu x s on t
to u jo u r s r a vis lo r s q u ’ils s on t a im és .
C e fu t le len d em a in q u 'eu t l i n le d én ou em en t
d e c e lle in tr ig u e où ta n t d ’a p p é tits et de p a s s ion s
g r o u illa ie n t et s 'ex a lta ien t.
G a b r iel P o n ta r H e r y jo u a s on r ô le o r d in a ir e ,
c’es t- à - d ir e q u 'il fu t m êlé à ce d én ou em en t s a n s
p a r v e n ir à y co m p r en d r e u n m ot.
11 é ta it en vir o n m id i, lo r s q u ’on pa ssa n t, ru e D esca r tes , a n h a s a r d d e s on éte r n e lle flâ n er ie, il a p e r
çu t la s ilh ou ette a d o r ée d e B é a tr ix .
I l s 'é c r i a :
— O u tre ! c elle - là e lle es t s a lée I V o ilà q u e je
r êve d eb ou t I
M a is n on , il ne r ê v a il p a s .
L a com tes s e a lla it d é je u n e r a vec son n m i d a n s
u n p o lit in s ta u r a n t d e la ru e C la u d e- B er n a r d ,
p o r - u a d é e qu e, d a n s u n q u a r tie r p a r e il, elle éta it
a l ’a b ri de tou te in d is cr étion .
G i'.b riel relevM h» collet d? son p a rd es s u s , en fon s":'n ch a n ça u m ou cl, lon g ea n t la m u r a il) « , s n l' !* le cou p le, q u ’il vit e n tr e r ch ez u n jn a r ch n n d do
vin s !
>
L n vo ilé u n e a ven tu r e ! m u r m u r a le fils do
fcr-ü tnnboTJ. O i t - fo i1' je rie les JAcfte p lu s . Ç a
't .
!•> Car-a no. lu i... O u ellp h is to ir e ! Q u elle
l îl t ît o i r c !
C om m e n n 'a v a it p a s a ejeu n ê, il c h o is it u n in s
ta u r a n t s itu é n on lo in du p r e m ie r et se m it à ta b le,
to u t en s or ta n t à ch a q u e- m in u te p o u r s 'in q u iète;
de B éa tr ix .
L e u r rep a s d u r a p r ès d ’u n e h eu re. G a b r ie l L ™
v it s o r tir , p u is s’in s ta lle r d a n s u n c a fé d e la ru:V a u q u elin , lu i, b â illa n t, elle, b a va r d a n t, s e m b la
b les à ces cou p les d 'étu d ia n ts et d ’étu dia nte.- ; qu e
le G a s con c o u d o ya it d a n s les ta ver n es du q u a r
tier .
— Q u e d ia b le p eu ven t- ils fa ir e iç i ? P o u r q u o i cet
en fou is s em en t ¿a n s la ru e D es ca rtes , cette e x is
ten ce d e b o h èm es ? C e n ’es t p a s n o r m a l, lie ou i
o r g a n is é q u elq u e ch os e, je s a u r a i q u o i !
U a tten d it, a tta b lé ch ez u n m a s tr oq u et d on t La,
b ou tiq u e s u r ve illa it l’e n d r o it où se ten a it la cu in tesse.
A d eu x h eu res et d em ie, le vico m te d e C a s a n g
h éla u n fia cre.
— M ille d iou s ! g r o m m ela G a b r iel,
s u s p ren
n en t u n e vo itu r e , je su is flou é !
Ils p r ir e n t b ien u n e vo itu r e , ou , p lu tôt, B e a .n x m o n ta d a n s le s a p in , qu i p a r tit a u tou t p etit irc-t,
p en d a n t qu e L o u is s u iva it, a llo n g e a n t s es ja m b es .
— C om m e ça , on p eu t les s u ivr e ! se d it i ami*d e L u d o vic .
E n effet, il n e p e r d it p a s des yeu x le fia cr e, q m
s ’a r r ê ta a u b ou t de d eu x cen ts m ètres , d eva n t le
lycé e M ich elet.
L à , B é a tr ix d es cen d it. C a s a n o ép ia , im m ob ile, ._■*
v it s’a b ou ch er a vec u n g é a n t a s s ez b ien m is , m a is
m a r q u a n t m a l, p u is e n tr a ^ d a n s
le ja r d in
d'J
Lu x em b ou rg.
G a b r ie l se d is s im u la d e.- s on m ie u x ; ce n ’eta .t
p a s le m o m en t d e se m o n tr er , et les a r b r es é ta : nt
s a n s feu ille s , com m e les ter r a s s es
s a n s pror/ v
n eu rs .
D a n s l’es p a ce q u i s 'éten d d e l’a ven u e d e l’O b serv a to ir e à la ru e V a vin , il n ’y a v a it qu e B é a tr ix et
son com p a g n on , le vico m te L o u is et G a b r ie l P on ta r lie r .
C ep en d a n t, ce d e r n ie r c o n n a is s a it si b ien ce coin
d ’u n p a r c où il p r o m e n a it d ep u is tr o is m ois ses
es p ér a n ces to u jo u r s d éçu es , q u 'il p u t co n s id ér er
d ’a s s ez p rès le p er s o n n a g e qu e la com tes s e ven a - t
r e jo in d r e ; q u ’ il p u t m êm e
r e c u eillir ,
lor s q u ’ils
a tte ig n a ie n t la p é p in ièr e, des p h ra s es n otées av. o
s oin .
G r a n d e fu t s a s u r p r is e d e r e co n n a îtr e le va l- .t
q u i le je ta à la p or te d e l ’h ôtel A n fa lo tti, le jo u r
où il v in t p r o p o s er ou com te scs b on s offices .
— Je le con n a is , ce b on h om m e ! C’es t le g r a n d
la r b in d e la ru e A lfr e d - d e - V ig n y ! D iou b ib a n t ■ Q u e
s ig n ilie cela i II e.~t d on c res té a vec m a con n e^ s e,
il a fu i a vec e l l e ? N on , p ou rta n t, il n e v ie n d r a «
p a s ...
S e fr a p p a n t le fr o n t :
,
,
— J’y s u is ! C ette coq u in e a d or a b le veu t r en tr. r
a u p r ès d e son m a r i, et elle a m a n d é ce con ,n ien t...
I oin s qu elle n e, „t,nrch(>
A m
eb eren e ii
a iiii
iu i fa ir e co, m m ettr e
u n c r iu ie ! D ' a p r è s L u d o v i c et Ja ccju es , e l l e e n ser a ft e à p a M e .. O u tr e ! si je p a r v e n a is à s a is ir q u elq 7 i a s orU t du ja r d in p ou r s a v o ir s 'il s 'é c o u te r a it
b m ieu x d u d eh ors , p u i s ren tr a , p a r p eu r du
coch er q u l le r e g a r d a it cu rieu s em en t
J
D e r r i è r e u n e to u ffe d e b r in d il l e s s è ch es , e n r o u
lées a u t o u r d ’a r b r e s fr il e u x
a g e n o u il l é
com m e
p o u r c r e u s e r u n tr o u p a r te r r e , l a tê te e n f o u ie
i ” „ Ir r o i Ici d e s on p a r d e s s u s , il p a r v i n t à ren n è il l ir o u e l q u e s p h r a s e s en ita l ie n .
O r, il c o m p r en a it a s s ez m a l l ’ita lie n , p u is les
p h ra s es n e se s u iva ie n t g u èr e, les p r om en eu r s r e
ven a n t s u r leu r s p a s lo r s q u ’ ils s e tr o u va ie n t p rés
d e M o n ta u b a n .
G a b r ie l p a r vin t,
m a lg r é tou t, à
com p r en d r a
ceci :
C ’éta it p ou r ce s o ir , n u it clos e.
« 11 fe r a it le cou p d e r r iè r e O r fa , ou a p r ès O r fa
q u elq u e ch os e d ’a p p r och a n t.
�«S® 72
« C e s oir , à' h u it h eu res , il s e r a it à l ’en d r o it
con ven u . »
L à , se r é d u is ir e n t les e x p lica tio n s s u rp ris es . I l
e s p é r a it en co n n a îtr e p lu s lo n g lo r s q u ’il v it, à
l'a u tr e b ou t d u s en tier , la com tes s e q u itte r le
g é a n t et m o n ter en vo itu r e , ta n d is q u e celu i- ci se
d ir ig e a it ve r s la s ta tio n d e la r u e d u L u x em b o u r g .
G a b r ie l, q u i se le v a it, se r e m it p r é c ip ita m m e n t à
gen ou x . C ette fois , c 'é ta it le vico m te d e C a s a n o qu i
p a s s a it p r ès d e lu i.
L e b ea u L o u is n e s ’in q u ié ta p a s d u p a u vr e d ia
b le q u i cr e u s a it la te r r e ; il le p r it p o u r u n ja r d i
n ie r ou u n é tu d ia n t c u r ieu x ; il p r es s a le p a s p o u r
m a r c h e r d e r r iè r e le fia c r e d e s a m a îtr es s e, le s u i
v a n t com m e il a v a it fa it à l ’ a lle r .
C ette fois , c ’ é ta it b ien la fin d e la s cèn e.
L e ja r d in r e d e vin t d és ert.
— R u e d e V a u g ir a r d ou r u e d ’A s s a s ? se d e
m a n d a G a b r iel. R u e d e V a u g ir a r d ! Je p r é fè r e
en core L u d o vic à J a cq u es !
11 se d ir ig e a ve r s celu i d es d eu x a m is q u ’il p r é
fé r a it.
E n effet, G a b r iel d e va it a im e r d a va n ta g e le
s cu lp teu r q u e l ’é ç r iv a in ; la n a tu r e s im p le, n a ïve ,
fr a n ch e et g a ie d u p r e m ie r s ’a llia n t m ie u x a vec
s on p r o p r e c a r a c tè r e q u e les fa ço n s u n p eu tr o p
a la m b iq u ées , u n p eu tr o p litté r a ir e s d u s econ d .
L e s cu lp teu r é ta it en tr a in d e d is cu ter a vec u n
m o u le u r lor s q u e le G a s con e n tr a d a n s l'a te lie r .
G a b r ie l a tte n d it q u e l ’h om m e d u p lâ tr é eû t éta
b li le d evis du tr a v a il à ex écu ter p o u r c h a n g e r en
u n e m a tiè r e p lu s d u re l ’a r g ile d u D io g è n e .
C om m e tou s les a r tis tes p a r la n t d e s on a r t,
L u d o v ic s ’a b a n d o n n a it à la ca u s er ie ; la n u it v in t
qu e le p a tr ic ie n ex p o s a it en cor e s es vu es s u r la
s cu lp tu r e, r é p éta n t cette p h r a s e con n u e :
— L ’a r g ile , c ’es t la v ie ; le p lâ tr e , c ’es t la m o r t ;
le m a r b r e, c ’es t l a r é s u r r ec tio n !
E t L u d o vic r e g a r d a it s on p a u vr e b on h om m e q u i
r é s u m a it ta n t d e tr a v a il et ta n t d ’es p o ir , et q u i
a lla it s u b ir la m o r t d u p lâ tr e a va n t d e co n n a îtr e
la r és u r r ectio n , b ien a lé a to ir e , d u m a r b r e.
E n fin , l ’a r tis te d e m e u r a s eu l.
G a b r ie l, q u i a c h e va it d e fu m e r sa d ix iè m e c ig a
r ette a u p r ès d u p oêle, lu i d it n é g lig e m m e n t :
— Je l ’a i revu e I
— Qui ?
— E lle.
— L a com tes s e ?
— O u i. P lu s b elle qu e ja m a is . D es ye u x & illu
m in e r les r u es n oir es , à r en d r e ja lo u x les s o leils
le va n ts ! U n e ta ille d e p a tr icien n e.
— S eu le ?
— N o n . A v e c le C a s a n o. T u a v a is r a is on . Ils n e
s on t p a s a llé s b ien lo in I L es vo ic i d e r eto u r , in s
ta llé s d a n s u n b o u g e d e la ru e D es ca rtes . A h I ils
en fo n t d u ch em in , ceu x - là , ils en d é g r in g o le n t d es
éch elon s s o cia u x I Ils cou r en t...
— T u n ’a s r ie n a p p r is s u r eu x ?
— Si I
— R a co n te !
.
— Je les s u is d ep u is m id i. L a com tes s e ch erch e
s a n s d ou te à se r e m e ttr e a vec s on m a r i.
— T u cr o is ?
— O u b ien à s ’e m p a r e r do l ’ a r g e n t ca ch é d a n s
l ’h ôtel.
— P lu tô t.
— P a r c e q u ’e lle es t p ou s s ée p a r L o u is q u i la
s u r ve ille com m e fe r a it u n s ou ten eu r. C ’es t lu i q u i
l ’a con d u ite a u x c ité s d e ce la r b in g é a n t d o n t jo
t ’a i p a r lé , c elu i q u i m ’a jeté...
— E lle a v u ce g é a n t, ce B ep p o ?
— E lle le q u itte ! U s se s on t p r o m en és lo n g
tem p s d a n s la ru o d u L u x em b o u r g .
— D a h !.
C ela in té r e s s a it én o r m é m e n t L u d o vic , b ien p lu s
nu c o u r a n t qu e le n a r r a te u r .
— E t a p r è s ? E lle s e m b la it d ’a ccord a vec lu i ?
__ T r è s ! C e n ’é ta it c e r ta in e m e n t n a s la p r e
m iè r e fo is q u ’ils se vo y a ie n t d ep u is le r e to u r à
R e i n e s de P a r i s
*$•*
P a r is , n s ve n a ie n t tou s d eu x à u n r en d ez- vou s h a
b itu el. L e C a s a n o es t d e l ’a ffa ir e .
— T u n ’a s r ie n s u r p r is d e le u r co n ver s a tio n ?
T u n ’a s p a s p u 1
— Je p eu x tou t ! J ’a i en ten d u tr o is p h ra s es ,
a s s ez d is tin ctem en t.
— E n fr a n ç a is ?
— E n ita lie n . Je le co m p r en d s a s s ez p o u r te Ici
tr a d u ir e .
— Va !
— I I éta it d it q u e c’é ta it ce s o ir qu e s ’ex é cu te r a ^
le cou p , a p r ès ou a ve c O r fa , je n ’a i p a s p u b ien
ju g e r , cer ta in s m ots ...
• — V a d on c, c ’es t tou t ?
— B on . C e s oir , à h u it h eu res , le B ep p o s e r a it
a u ren d ez- vou s d e la com tes s e.
L e s cu lp teu r je ta p a r ter r e u n é b a u ch o ir en
c r ia n t :
— M ille n om s d ’u n p e tit b on h om m e, ces m is é r a
b les n ou s v o le r o n t 1
G a b r ie l le r e g a r d a :
— T u d is ?
— A llo n s ! O u s te ! F ilo n s ! A llo n s ch ez Ja cqu es !
E t toi, d ep u is d eu x h eu res q u e tu es là , tu n e p ou
va is p a s p a r le r I D ’h a b itu d e, tu cla q u es d u b ec
com m e u n tr o u p ea u d e g r u es , et p o u r u n e fo is
q u 'il é ta it u r g e n t d e n ou s
fa ir e
p a r t...
S a cr é
m ille ...
11 ô ta it s a ves te d e tr a v a il p o u r p a s s er u n ve s
ton n o ir et s on p a rd es s u s .
— E lle n ou s v o le r a , cette fr ip o u ille d e co m
tes s e !... E lle ch er ch e à n ou s p r en d r e n otr e b ien !...
E t e lle s ’en ten d a vec ce d om es tiq u e... u n a n cien
a m a n t, s a n s d ou te !
— V o yo n s !
— Q u oi ? A h ! tu es a m o u r eu x d ’u n e jo lie p o u r
r itu r e . E t ce L o u is ... C ’es t b ien ça ! Il la p ou s s e, il
la fa it tr a v a ille r com m e u n s ou ten eu r... T u a s d it
le m o t !... E lle lu i a u r a ra con té... la vé r ité •; et il
a u r a e x ig é l a fo r te s om m e !... A lo r s , on e n jô le r a
B ep p o... C ’es t d ’u n e cla r té !... Y es - tu ? L à ! L a is
s e- m oi fe r m e r la p or te... E t a u tr o t !
Ils se r e n d ir e n t ch ez Ja cqu es . L ’é c r iva in ve n a it
d e s o r tir .
,
— V ou s n e s a vez p a s où il es t a llé, a q u elle
h eu r e il r e n tr e r a ? d em a n d èr en t- ils à la con cier g e.
— N on . Il n ’a r ien d it.
— F lû te ! q u e c ’es t em b êta n t I g r o m m e la L u d ovie. T o u t ça c ’es t d e ta fa u te ! S i tu a va is p a r lé en
a r r iva n t...
— T u d is cu ta is a vec ton p lâ tr ie r .
— l ié ! Il y a q u elq u e ch os e q u i p a s s e a va n t m a
s ta tu e, c ’es t... Z u t ! Q u elle g u ig n e 1
D a n s la r u e, ils e x a m in è r e n t la s itu a tio n , c h e r
ch a n t u n e s olu tion . E n fin , L u d o vic :
— Il fa u t a g ir ! E n tr o n s a u c a fé do F ieu ru s. Jç
v a is é cr ir e u n e le ttr e q u e tu r e m e ttr a s à Ja cqu es .
Tu l'a tte n d r a s ju s q u ’à d o m a in m a tin s 'il le fa u t.
— B on !
— E l tù lu i d ir a s ... B ien . Q u ’il lis e m a le ttr e !
M oi, je p a r s d e m on côté.
U s e n tr è r e n t a u c a fé q u i fa it l ’a n g le d e la r u e
do F lc u r u s et do la r u e d u L u x em b o u r g . L à , M ois s a e g r iffo n n a u n m o t p ou r J a cq u es et s ’en fu t au
p lu s vite p r e n d r e u n fia cr e à la s ta tio n d e la ru e
d ’A s s a s .
— B u e d u P o te a u I cr ia - t- il a u coch er. C en t
s ou s , et vite.
L e fia c r e p a r tit a u x a llu r e s vives , m a is p a s a s
s ez r a p id e s a u g r é d u s cu lp teu r , q u i te n a it à p r é
v e n ir les Iia r e n tin do l'a tta q u e ten tée p a r la co m
tes s e.
C e q u ’il s a v a it p a r Ja cqu es , a jo u té a u x p h ra s es
r e c u e illie s p a r G a b r iel, s u ffis a it à lu i m o n tr e r l ’im
m in en ce d u d a n g er .
E n effet, il ne se tr o m p a it p a s ; le cou p éta it b ien
p r é p a r é com m e il lo red ou ta it.
A p r è s les d é c la r a tio n s do la com tes s e B é a tr ix ,
B ep p o a v a it es p ion n é, écou té a u x p ortes , jo u é u n
je u s er r é. Il a p p r it a in s i co q u e J a cq u es fit d ir e
'
�R ei n es de P a r i s
a u x B a r cn tin , qu e le p èr e d ’O r fa , c r a ig n a n t d ’ôtre
a s s a s s in é, é ta it rés olu à liv r e r à s a fille le s ecr et
d es ca ves r e n fe r m a n t la ca s s ette p récieu s e.
I l n e se r e n d it p a s com p te q u e cette id ée a v a it
été in s p ir ée, s ou fflée à s on m a îtr e p a r la fia n cée de
J a cqu es , il la tr o u va tr ès n a tu r e lle , éta n t d on n és
les d a n g e r s cou ru s p a r le g en tilh o m m e.
L a p en s ée q u ’O r fa p r en a it s a p la ce à côté d e s on
p ère p o u r le vo le r n e lu i v in t p a s , n e p o u va it lu i
ven ir . M a is a p r ès a v o ir ch er ch é, en va in , la fa ço n
d e fa ir e p a r le r le com te, il eu t l ’es p ér a n ce d e r éu s
s ir a vec O r fa , le p r e m ie r éta n t ca p a b le d e se la is
s er é tr a n g le r p lu tô t q u e d e céd er à u n e m en a ce ;
la s econ d e se la is s a n t te r r o r is e r p lu s a is ém en t,
q u elle q u e fû t s on én er g ie.
D ’a ille u r s s on p la n n ’é ta it p a s en cor e tr a c é ; il
d ép en d a it d es circon s ta n ces .
O r, le m a tin d e ce jo u r , ca ch é d e r r iè r e u n e p or te,
B ep p o, d o n t p er s on n e n e s e m é fia it, q u i p a r a is s a it
p lu s in d iffé r e n t qu e d e cou tu m e, B ep p o en ten d it
le com te d ir e à O r fa :
— C e s oir , ve r s s ix h eu res , je te m o n tr e r a i les
ca ves . J’a i u ne vis ite à fa ir e d a n s l ’a p r ès - m id i, u n
h om m e d e lo i qu e je ve u x con s u lter ... A m on r e
tou r, je te p r e n d r a i et n ou s d es cen d r on s p o u r qu e
je t’ex p liq u e ce q u i es t con ven u .
L e g é a n t p r o fita d e l ’a b s en ce d e s on m a îtr e p ou r
se r e n d r e a u L u x e m b o u r g et, là , il d it à B é a tr ix :
— C e s oir , à s ix h eu res , O r fa et vo tr e m a r i d es
cen d r on t ju s q u ’à la ca s s ette. J ’a g ir a i I Je n e s a is
ce q u e je fe r a i. P eu t- êtr e les lig o te r a i- je tou s les
d eu x, ou b ien je les e n fe r m e r a i d a n s la ca ve... je
ne s a is en core. M a is il es t p lu s q u e p r o b a b le qu e
je s er a i p r ès d e vou s ver s h u it h eu r es a vec le
trés or.
— Q u e n ou s p a r ta g e r o n s . Je vou s a i p r o m is
cen t m ille fr a n cs , vou s les a u r ez !
— I l y a a u tr e ch os e q u e vou s m ’a ve z p r o m is ?
m u r m u r a - t- il ; et c’es t cela s eu l q u i m e fa it a g ir !
— Je n ’ou b lie ja m a is m es ip rom es s es , r ép on d itplle g r a ve m e n t. F ie z- vo u s à m o i com m e je m o fie
à vou s !
B ep p o r en tr a , les s en s b o u lever s és Ct la g o r g e
op p r es s ée p a r l ’a n g ois s e.
II p r es s en ta it q u ’il éta it u n jo u e t en tr e d es .m a in s
trop h a b iles ct il n ’a v a it p a s la fo r ic d e se d é g a g e r .
I.a n u it vin t, com m e le g éa n t, p lo n g é d a n s s e »
r éflex ion s , e x a m in a it p ou r la d e r n ièr e fo is ce q u ’il
d e v a it fa ir e.
O n s on n a .
— B ep p o ! L es la m p es !
O r fa é ta it s eu le. L e com te n 'é ta it p a s r en tr é.
L e v a le t a llu m a les d eu x g r a n d e s la m p e s du
s a lon , m it u n e b û ch e d a n s le feu et s ’en a lla en
je ta n t u n r e g a r d é tr a n g e s u r la fillette.
E lle no r is q u a it p a s d e le r e m a r q u er . F ile é ta it
étr e in te p a r u ne in d ic ib le op p r es s ion , e ffr a y é e à
la fo is et d é lic ie u s e m e n t tr o u b lée, se d is a n t qtie
p eu t- être, ce s o ir , elle s e r a it à Ja cqu es , fia n cée r e
con n u e, in d is cu tée.
D ep u is c in q ou s ix jo u r s q ti’c llc v iv a it d a n s cet
h ôtel, elle a va it, p u a r r a n g e r s es p la n s , les com b in e r d e fa ço n à n e la is s e r a l ’im p r évu qu e cc q u ’il
es t im p o s s ib le d e lu i en lever .
Su rtou t,, elle a v a it d écid é d e m ettr e le vo l s u r le
com p te d ’ u n a u tre, d u h a s a rd . . F ile d o n n e r a it la
c a s s e tte à J a cqu es , p u is r e n tr e r a it à l ’h ô tel com m e
s i dfc r ie n n ’éta it. D eu x ou tr o is jo u r s a p r ès , le
c o m te s ’a p e r c e vr a it d u cr im e.
F ile n ie r a it. O n 11 a cc u s e r a it p a s les d o m e s ti
q u e s , ’ com p lices
d é jà , et q u i n ’a u r a ie n t p a s
a l ten d u d eu x a n s p o u r ex écu ter le cou p .
A lo r s
O r fa p a r le r a it d e J a cqu es . F ile d ép ein 1 d r a it srin fia n cé s ou s do telles cou leu r s qu e le p èro
c o n s e n tir a it à le r e c e vo ir — d ’a u ta n t [d u s q u e la
fo r tu n e n e s e r a it p lu s u n ob s ta cle n n tr e eu x.
D 'u n a u tr e côté, il é ta it p r o b a b le q u e lo volé,
co n n a is s a n t l'in tim ité d e J a cq u es ct dea O a r en tin ,
se r en d a n t com p to d e la vé r ité , s a u r a it d a n s qu el
73
b u t on a v a it p r is ses b ijo u x . Q u ’ a r r iv e r a it- il en ce
ca s ? C ’é ta it l'im p r é vu .
M a is en fin , il n ’y a v a it p a s a u tr e ch os e à ten ter !
J a cq u es a y a n t s u b ord on n é s on u n io n a vec O r fa
à la r es titu tio n d es p erles .
C om b ien la b elle ita lie n n e s o u h a ita it êtr e p lu s
v ie ille d e q u elq u es jo u r s I
Q u elles s cèn es ! Q u elles colèr es !
A cin q h eu res v in g t m in u tes , le r o u le m e n t d 'u n e
vo itu r e s ’a r r ê ta n t d eva n t la p or te coch èrc, s ig n a la
le r e to u r d u m a îtr e.
O r fa se le v a p o u r v e n ir a u - d eva n t d e son. p èro.
A p r è s a v o ir em b ra s s é le com te, elle d em a n d a :
— V ou s s em b lez p lu s s ou cieu x en cor e q u e d o
cou tu m e ?
— H é I ces h om m es d e lo i !... J ’ a i p a s s é m on
a p r ès - m id i a vec u n d ’eu x et je d ois y r e to u r n e r
b ien tô t p o u r y r e n c o n tr e r d es a gen ts ... d es em
p lo yé s d ’u n e a g en ce... Je vo u d r a is ...
i i s ’a r r ê ta ; elle te r m in a p o u r lu i :
— S a v o ir où es t la com tes s e.
— O u i. A lo r s , je s u is o b lig é d e m 'a b o u c h er a ve c
d es p o lic ier s ... c ’es t r é p u g n a n t...
Il ô ta it ses g a n ts et, d eb ou t, p r é s e n ta it s cs m a in s
à l’â tre.
— Je s u is r e n tr é p o u r te r a s s u r er . T u d în e r a s
s eu le.
O r fa tr e s s a illit. A lo r s , elle n e p o u r r a it p a s ^ 'o c
cu p er d e la ca s s ette ! E lle l’a v a it b ien p r o m is à
Ja cqu es , p o u r ta n t !
A s s ez tim id ôm en t, e lle r is q u a :
— V ou s d eviez m e m o n tr e r cc s oir le m éca n is m e
d es ca ves ...
I l l ’in te r r o m p it :
— A h ! ou i. Je n ’y p en s a is p lu s ! B a h ! ce s ers
p o u r d e m a in !
— C om m e vou s vo u d r ez !
Il n e fa lla it, p a s fa ir e u n e m ou e d e d ép it, c’eûV
été co m p r o m ettr e to u t l ’a ven ir .
M a is se r a vis a n t, le m a r i de B é a tr ix r em a r q u a :
— M a fo i ! j 'a i le tem p s ! Je' n e s a u r a is qu e
fa ir e ...
Il con s u lta s a m o n tr e :
— C in q h eu r es tren te- cin q . Je d oi3 êtr e là - b a s a
s ep t h eu res . V ien s !
E lle se leva .
. ,
— T o u t de s u ite ! fit- il. A u m oin s , je s er a i p iu s
tr a n q u ille !
.
,
,
— D ois - je p r en d r e u n e b ou g ie, u n e la m p e, de3
a llu m ettes ?
— B ien , d es cen d on s .
Ils s o r tir e n t d u s a lon , d es cen d ir en t l'e s c a lie r d<)
s er vice et p ou s s èren t u n e p or te d e b ois q u i fe r
m a it la ca ve.
__ V o ilà l ’en tr ée do la ca ve qu e tu con n a is . A a
lieu d e d es cen d re les m a r ch es ...
I l s ’in te r r o m p it p ou r r e g a r d e r d e r r iè r e lu i, c a r
il lu i a v a it s em b lé en ten d r e d es b r u its d e p a s .
— Q u i es t là ? d em a n d a - t- il.
A u cu n e rép on s e. I l r e g a r d a d a n s la p én om b r e
r o u g e â tr e et 11e v it r ien .
I l r e p r it d on c :
— T u p r en d s à d r o ite, en s u iva n t la p r e m i è r e
m a r c h e niprès la p orte, et tu te h eu rtes à u n e g r ille
q u i s em b io a b r ite r les vin s fin s et les vie u x m eu
b les . T u o u vr es cette g r ille a vec u n e c le f qu e s eu l
je p os s èd e, je la tien s d a n s u n coin d e m on coffr efor t. T u s u is b ien ?
— A s s u r ém en t.
A p r è s q u ’i l eu t o u ve r t la g r ille , ils en tr è r e n t
d a n s u n e ca ve où s 'e m p ila ie n t d es m eu b les é b r é
ch és et des ca is s es d o vin . L à , le com te fr o tta u n e
a llu m ette b ou g io :
— L e s d om es tiq u es n e vie n n e n t ja m a is p lu s
loin . A p r és en t, s u is - m oi. T u vo is b ien cette p o r te
q u i s em b io con d a m n ée ?
— P a s tr ès b ien .
— S i ! co n tr e le m u r , e lle p a r a ît p os ée s u r 1&
m u r a ille .
— O u i 1 ou i 1
�71
— T u l’ou vr es a vèç cette a u tr e c le f et tu te
tr o u ve s en fa ce d ’u n e p o r te d ’a cier.
E n effet, la p orte d e b ois to u r n a s u r s es gon d s ,
e t le p èr e et la fille se tr o u vè r e n t en fa ce d ’u n e
p floqu e d ’a cier .
— L e s ys tèm e d e s er r u r e es t n ou vea u , fo n d é s u r
u n m o t d e s ix lettr es en fa ce d ’u n e r a in u r e, s a n s
q u oi ja m a is la p or te n e s’o u vr ir a it.
— • L e m ot es t...
— M a r tin . I l es t fo r t s im p le, et n e vie n t g u èr e
à l ’id ée.
— C 'es t a m u s a n t, ob s erva - t- elle.
L a g e n tilh o m m e p la ç a it les . lettr es en fa ce des
r a in u r es , et la p or te s ’o u v r it tou te s eu le. •
— A p rés en t, il es t in u tile d e se b r û le r les d oigts .
.V oici de la lu m ièr e !
E t il p ou s s a u n h on t on q u i a llu m a d eu x g lob es
électr iq u es .
Je r e fe r m e la p orte. N ou s s om m es ch ez n ou s .
Je d éfie q u i q u e ce s oit de d é tr u ir e cette p or te
d ’a c ie r q u ’u n en fa n t p ou s s era it. !
Ils se tr o u va ie n t d a n s u n e s orte de ves tib u le
b la n ch i à la ch a u x.
D eva n t eu x, u n e p o r te p a r e ille à la p r e m ièr e.
— D eu x ièm e p or te d ’a c ie r I fit le com te. T u vois
q u e j ’ ni p r is m es p r éca u tio n s !
— Je le vo is !
— E lle s’o u vr e com m e la p r e m iè r e , m a is a vec
u n a u tr e m ot d e sept lettres .
— L eq u el ?
— B é a tr ix .
— Il fa u d r a le c h a n g er , d it la jeu n e fille. C ’est
e n v ila in n om .
L e p èr e ne r ép o n d it p a s . I l d is p os a it les lettres .
— V o ic i 1
L a p o r te s’e n tr ’o u vr it.
- — P r e n d s g a r d e , O r fa ! P r e n d s g a r d e !
— Q u ’y a - t- il ?
_ ’
— S i t u n é g lig e a is d ’é c la ir e r ce b ou ton q u i se
tr o u ve >
fla n s le r en fo n cem en t et qu i
a llu m e l ’é le c tr ic ité d es a m p ou les , tu s a u te r a is en
m iettes .
— Q u el r a p p o r t ?
— L e m êm e co u r a n t q n i a llu m e les la m p es d é
tou r n e l ’é le c tr ic ité d es fils ten d u s p a r ter? -, s ou s
les .p ied s d es vis iteu r s . L es vois - tu ?
A la h im iè r e cru e q u ’il fit en p ou s s a n t le b ou ton
in d iq u é eu en tr a n t, O r fa vit s u r le s ol des 'iis ten
d u s de telle s orte q u ’il éta/t im p os s ib le de n e p a s
m a r c h e r dessu s.
— L e vo le u r , qu el q u ’il s oit, ig n o r a n t m es p rér a u tiou s , ne p o u r r a it s’em p ê c h e r d e p os er son p ied
fu r ces fils . C ela s u ffir a it p ou r fa ir e p a r tir u ne
» :iir. <■ de d yn a m ite p la c ée d a n s cc tr o u , et... je
> ‘in s is te p a s .
— L ’h ôtel s e r a it éb r a n lé ?
— Il s a u ter a it com m e u n b ou ch on d e p a ille .
— A h ! v o ilà le colTret 1
S u r u n e ta b le n u e p os ée a u m ilieu d ’u n e p ièce de
f a i r e m ètres , u n e ca s s ette
de
fe r ( o - ' ifé , tr ès
lim p le.
L e com te l ’o u vr it.
D os p °rJcs ju s fjn ’ u u x foorJs. U n cn*.itoi»crQBi)1j
féeriq u e.
,
— Plu.-? d e v in g t m illio n s ! m u r m u r a la je u n e
fille. Ç a !
— Ça !
C ette p o ig n ée de co q u illes , le con ten u de ce c o f
fr e d e tr o is lou is , va la ie n t v in g t m illio n s !
Q u e rie d ou leu r'- s ou la g ées , d e p a s s io; ; a s s ou
vies , de r iv e r r éa lis és ; d e «Ji'sirs ex a u cés ' Q u e de
p la titu d e s , d e cr im es , d 'a tà en tu ts , d 'in fa n te s !
— V in g t m.’H iiin s , ça !
— V in g t m illio n s !
L e currxte fa is a it g lis s e r les p ertes en tr e scs
d o ig ts m a ig r es ;
__ Lr.t- ce b ea u , cola !
O r fa h o c h a it la tête :
— l ’a s tr op . J " Iiie (lom tm d e q u el p r i- p eu ven t
a v o ir dos b ijo u x qu e s eu ls les o r fè vr e s d is tin g u e n t
Rei nes de Pa r i s
^
d es fa u x ! C ’es t jo li, évid em m en t, a vec des r eflets
a ttir a n ts ... S i on ne p o u va it les im ite r , je c o m p r en
d r a is q u ’on se les a r r a c h â t ! M a is je vou s d éfie,
vou s - m êm e, m on p ère, d e d is tin g u e r u n d e ces
jo y a u x d ’ u ne p er le de tr o is fr a n cs ! A lo r s , q u oi ?
L e cu m te se m it à r ir e.
— C e n ’es t p a s ton r ô le d e fa ir e ces rem a r q u es .
S i ces b ijo u x n e te p la is e n t p a s , tu les n é g o c ie
r a s p lu s yi’te, v o ilà tou t. P o u r l’h eu re, la is s on s - les
d o r m ir , et r em on ton s à la lu m iè r e du jo u r , ou
m ieu x à la s u r fa ce d u s ol, c a r il fa it n u it d éjà .
I l p a r ia it tou t en p ou s s a n t O r fa et en fe r m a n t
les b ou ton s électr iq u es .
L e p èr e et et la tille r e m o n tè r e n t à h a u teu r du
rez- d e- ch a u s s ée.
B ep p o s em b la it les a tten d r e. L e com te lu i d e
m anda :
— T u a s q u elq u e ch os e à m e d ir e ?
— R ie n , m o n s ieu r le com te.
L e v a le t les la is s a p a s s er. S i B é a tr ix eû t p u le
v o ir , e lle eû t c o m p r is s on h é s ita tio n , u n ges te
com m en cé, p u is u n e co n tr a ctio n d e s es m u s cles .
S a n s d ou te, il se c o n tin t p a r ce q u ’u n a u tr e d o
m es tiq u e d es cen d a it à ce m o m en t ; il r e m it son
a ction à u n e h eu re p lu s fa vo r a b le .
L e p èr e et la fille a tte n d ir en t la d em ie d e s ix
h eu r es p o u r se s ép a r er .
A lo r s , le m a r i d e B é a tr ix s o r tit p ou r se r en d r e
ch ez cet h om m e d e loi a u q u el il d em a n d a it de
s u ivr e la p is te d e s a fe m m e ; la fia n cée d e J a cqu es
d em e u r a 6eu le.
A u lieu d e r e p r e n d r e s a r ê ve r ie a ttr is tée, elle
a c c o m p a g n a s on p ère ju s q u ’à la vo itu r e , écou ta le
b r u it du cou p é s u r le p a vé et la p o r te q u ’on r e
fe r m a it.
j
E t elle m u r m u r a :
— C ’es t le m o m en t !
C ’éta it le m om en t ! E lle n e p o u va it le s ou h a iter
p lu s p r op ice.
E lle p r en d r a it la ca s s ette et se s a u ve r a it a u r e n
d ez- vou s , où l ’a tte n d a it s on a n ii.
E lle la is s a p a s s er d ix m in u tes , p o u r être c er
ta in e qu e le com te nn r e n tr e r a it p a s .
' P u is , e lle s ’in q u iéta d es gen s .
L e coch er éta it a b s en t, le v a le t d e p ied occu p é
à l'o ffic e a vec la cu is in ièr e, et. B ep p o r a n g e a it la
va is s e lle d a n s les p la ca r d s d es com m u n s .
O r fa p u t se g lis s e r ju s q u ’à la r a ve s a n s êtr e vu e.
L à , elle s u ivit lu p r e m iè r e m a r ch e, a r r iv a d eva n t
la g r ille q u ’elle o u vr it a vec la clef qu e son p ère
lu i a v a it rem is e p o u r la ca ch er d a n s le c o ffr e- fo r t.
E n s u ite , elle a p p u ya s u r le b ou ton é lectr iq u e, la
p r e m iè r e p o r te d 'a c ie r ou ver te s u r les in d ic a tio n s
p r écis es , p u is q u ’elle n ’eu t q u 'à fa ir e c o ïn c id e r les .
lettr es d u m o t « M a r tin » a vec lus coch es de la
p or te.
R e fe r m a n t cette p r e m iè r e p la q u e de fe r s u r elle,
* ,J,eu n ,‘
o u vr ft la s econ d e p a r le m êm e procéd é, en em p lo ya n t le m o t » B é a tr ix ».
E n fin , elle fu t s u r le s eu il d e la ca ve a u x p erles .
D a n s s on ém oi, 'elle se p r é c ip ita it, o u b lia n t do
fe r m e r le cir c u it électr iq u e.
P a r m ir a c le , elle se s ou vin t d es r e c o m m a n d a
tion s p a ter n elles a u m om en t d ’a p p u ye r son p ied
s u r les fils qu i c o r r e s p o n d a ie n t a vec le b a r il do
d yn a m ite .
U n m om en t, m ftm ç. elle c r u t n e p o u v o ir s’a r r ê
ter , m a is e lle s ’a c c r o c h a a n m u r .
— M on D ieu ! Q u e je s u is fo lle ! m u r m u r a - t- elle.
J’a lla is m e tu er a u m om en t d u tr io m p h e !
L e b ou ton
p ou s s é,
les
a m p o u les je ta n t le u r
c la r té s u r le c o ffr et, e lle pu t s’ a va n c e r s a n s c r a in
te. E1Je s a is it, d e s es d o ig ts en fiévr és , la cnsü elta
la ni co n voitée.
— Je la tien s ! s 'écr ia - t- elle.
S a n s r, lu s s ’occu p er de fe r m e r
les
p ortes ef
d 'étein d r e les la m p es , O r fa rem on ta .
E lle o u vr it la seconde, p orte, celle q ij \ d o n n a i!
s u ** tu ca ve g r illé e , en com b r ée do m eu b les . E n
�R ei n es de P a r i s
fru itta n t
cla r té d es lu m ièr es électr iq u es , elle ne
p u t s 'em p êch er de m u r m u r er :
__ Q u ’il fa it n o ir I
E n effet, la lu e u r ven u e d es ca ves m e tta it s eu le
u n r a yo n d a n s la n u it. M a lg r é tou t, e lle s ’e n g a
g ea it, c er ta in e d e p a r v e n ir a u rez- d e- ch a u s s ée s a n s
trop de m a l, lo r s q u ’e lle a p er çu t u n e s ilh ou ette de
géa n t qu i se d r es s a it d e va n t elle.
— B ep p o l fit- elle s u rp ris e.
L 'a s s ocié d e B é a tr ix n e p o u s s a p a s u n c r i d e
joie, n e d it p a s u n m ot.
Jl se p r écip ita s u r O r fa , lu i a r r a c h a vio le m m e n t
1 rs ca s s ette et,, la ten a n t d e s a m a in g a u ch e, p r it
¡g cou d e la fillette d e la m a in d r o ite et s er r a .
‘ E lle s e d éb a ttit, com m e on fa it d a n s l’ob s es s ion
d ’un ca u ch em a r.
— B ep p o !
E lle es s a ya d e c r ie r a u s ecou rs . L e g éa n t s e r r a it
plu s for t.
— A m oi ! p a p a I
M a is e lle ces s a vite d ’a p p eler . E lle le va ses b ra s
d a n s u n g es te d 'a g o n ie , u n r â le s u p r êm e s o r tit de
sa g o r g e et elle r o u la s u r le sol.
L e g é a n t la la is s a .
— E lle es t é va n o u ie , p o u r le m oin s , fit- il.
C a ch a n t lo co ffr e t s ou s u n p a n d ’éto ffe q u ’il
a va it p r ép a r é.
— E t m a in te n a n t, ch ez B é a tr ix ! C e s oir , je s er a i
l’a m a n t d e la com tes s e A n fa lo tti !
XV
H a v a it été con ven u e n tr e la com tes s e A n fa lo tti
et B ep p o, qu e la p r e m ièr è, p u is q u e le s econ d lu i
a n n on ça it u n e im m in en te ten ta tive, p a s s e r a it u ne
p a r tie d e scs jo u r n ées a u d o m ic ile d e C a s a n o, ru e
d e la B ie n fa is a n c e. '
E lle y s e r a it ce s o ir ju s q u ’à n eu f ou d ix h eu res ,
et elle y r e v ie n d r a it d em a in , a p r ès - d em a in , ju s
q u 'il u n rés u lta t d é fin itif.
D on c, lo ï^ q u e B ep p o se fu t em p a r é d e la p r é
cieu s e ca s s ette il q u itta a u s s itôt l’h ôtel et se r en
d it a u d o m icile d u b ea u L o u is , ch ois i p r écis ém en t
p a r ce q u 'il éta it peu é lo ig n é de 1 h ôtel, et a u s s i
p a r ce q u e le com te, cer ta in qu e le lo c a ta ir e a va it
fu i a u loin , n e vie n d r a it p a s s’in fo r m e r d e ce qu i
ee p a s s a it là .
L e va let y tr o u va B é a tr ix a n x ieu s e ; elle a tten
d a it d ep u is lo n g tem p s , to r tu r é e en tr e le d és ir de
n e p a s la is s er s eu l s on a m a n t, et la n éces s ité d ’être
la p r e m iè r e q u e v e r r a it le v o le u r a p r ès 1e vol.
A u co u p d e tim b r e a n n o n ç a n t u n vis ite u r , e lle
tr e s s a illit. B ien q u e le b r u it s ec et fr o id du tim b re
n e p u is s e a v o ir d 'éloq u en ce, B é a tr ix c o m p r it a u x
tr ois cou p s s on n és tr ès vite et tr ès b r efs , qu e
l'h o m m e a in s i a n n on cé a p p o r ta it d e b on n es n ou
velles .
E n effet, B epip o r e fe r m a la p o r te d ’u n cou p de
p ied et d it :
_ I.a v o ilà 1
Ils éta ien t d a n s le p e tit s a lon d e C a s a n o ; s u r l a
ta b le v e il l a it u n e la m p e s a n s a b a t- jou r .
I.e va let d ép os a le c o ffr e t s u r cette ta b le, u n e ca s
s ette d e b ois n o ir a u x co in s d ’a cier , q u i fit u n b r u it
s ou rd .
il r ép éta :
__ j, a vou a 1
*
Oh I B e p p ° 1 cr ia - t- ello.
F i l » lu i s n tita a u cou , l ’em b r a s s a lon g u em en t.
T a t t e n d a i t cette ca res s e d ep u is d eu x a n s I
ï]
s e r r a it fo lle m e n t B éa trijç en tr e ses b r a s
n ou eu x, ses b r a s n er veu x , s olid es
com m e d u
b ron ze.
... O u iU ’ s in a 1
1,0 !
lu - ;
rcu x.
;><• se d•’ •ra gea b ien tôt, et d it à s on a m ou l'.voir rem u é la ca s s ette p ou r s a vo ir si
>i( en core p lein e d e p erles .
75
__ Oh ! m er ci ! A tten d s - m oi là ! Je v a is m ettr e
la ca s s ette en lieu s û r, et je r e vien s I
I l s ecou a la tête, s on vis a g e c h a n g ea n t tou t à
cou p d ’ex p res s ion , ses yeu x se fa is a n t a u s s itôt m é
ch a n ts et ja lo u x .
. — N on !
E lle le r e g a r d a , s a is ie d ’u n e te r r e u r s ou d a in e
q\ii lu i g la ç a les os.
— T u d is ?
— N on 1
— Q u oi ! P o u r q u o i ?
— P a r c e qu e ces p er les s on t à n ou s d eu x , à n ou s
d eu x s eu ls ! E t n ou s en p r o fiter o n s en s em b le, ou
b ien ...
Il n ’a ch eva p a s .
L e ton d u s e r vite u r l ’a v a it écla ir ée.
— T u s a is ?
— Je s a is qu e ce co ffr e n e co n tien t p a s des p a
p ier s et d es b ijo u x , com m e vou s m e l ’ a ffir m ie z*
m a is d es p er les p ou r v in g t m illio n s 1
B é a tr ix d e vin t b lêm e.
— J 'a i ép ié, j ’a i g u etté. J ’a i en ten d u M lle O r fa
p a r le r d e ce tr és o r a vec s on p ère. I l y a là vin g t
m illio n s I
E lle e s s a ya d e b ia is e r :
— C ’es t p os s ib le. E n tou t ca s , n ou s n e p ou von s
p a s les la is s e r ici, n ’es t- ce p a s ?
— N o n . N o u s a llo n s p a r tir tou t d e s u ite p ou r la
S u is s e et, d e là , p ou r l ’E n ga .d in e, les la cs ita
lien s ... b ien lo in ! Je p o r te r a i le c o ffr et, m o i I
11 se m é fia it I II a v a it eu m oin s d e p ein e en cor *
p o u r a p p r e n d r e qu e B éa tr ix a v a it u n a m a n t,
q u ’elle a v a it fu i a vec cet a m a n t... u n d rôle.
— C ’es t qu e, ob s er va - t- elle, il m 'e s t im p os s ib le
d e m ’en a lle r a in s i...
L u i vo u lu t en fin ir .
I l se p os a b ien en fa ce d e la com tes s e, s on ceil
n o ir b r illa n t d e feu x ter r ib le s , s es lè vr e s tr e m b la n t
d 'é m o tio n :
— O u i, vou s a lle z p r é ve n ir vo tr e a m a n t, L o u is
d e C a s a n o ! Il vou s a tten d a vec le coffr et, n ’cs t- ce
p a s ? C ’es t p o u r lu i q u e vou s m ’a ve z fa it tr a
v a ille r .
/
— B ep p o I
— A h I n on , p a r ex em p le. V ou s vo u s im a g in ie z
qu e je vou s la is s e r a is e m p o r ter cette s om m e. E t ja
n e vou s a u r a is p lu s revu e... E t j ’ a u r a is r o u lé, m oi,
p a r les r u es d e P a r is , s ou s la m en a ce d u r e v o lv e r
du s eig n eu r com te A n fa lo tti, u n être fo r m id a b le I
P e n d a n t ce tem p s , vou s p a r ta g e r ie z, a vec ce ch e
n a p a n , u n e for tu n e...
— B ep p o 1
— Oh ! je vo is b ien
C ’es t fo r t s im p le... S eu le
m en t, m o i, je refu s e. E t v o ilà I
E lle n e s 'a tte n d a it p a s à cela . P a s d u tou t ! E lla
éta it p er s u a d ée q u e lle a u r a it r a is o n d e ce g é a n t
a ve c u n e r a is o n et u ne- excu s e, elle n ’a v a it p a a
im a g in é u n e r é vo lte p a r eille.
C ep en d a n t, e lle é ta it tr o p fier em en t tr e m p é «
p ou r se la is s e r a r r ê te r a in s i 1
— E cou te, B ep p o, je te ju r e q u e je t’a p p a r tier id r a i I M a is n ou s n e p ou von s p a s r es ter ici I D a n 4
u n e h eu re, si le com te s ’a p er çoit...
— J ’a i r éfléch i. Je s a is où d ép os er le co ffr et»
m ol 1
— Toi ?
— O u i. J ’a i u n a m i d a n s les e n vir o n s q u i c s f
v a le t d e ch a m b re. Il g a r d e r a le tr é s o r ju s q u ’à da*
m a in ; je ne lu i d ir a i p a s ce q u ’il va u t, b ien en
ten d u . M a is , d e la s orte, n ou s p ou r r on s a lle r d a n 4
u n h ôtel s a n s é v e ille r les s ou p çon s . N o u s y p a sso*
r on s la nu it.. D em a in m a tin , vou s e n ve r r ez ch er*
ch er vo tr e lin g e , vos va lis es , et n ou s p a r tir o n t
en s em b le. Je s er a i a vec vou s ch a q u e m in u te d «
fa ço n à n e p a s vo u s la is s e r v o ir ce C a s a n o. Je ’s u t*
d e vo tr e a vis s u r les b ijo u x , n ou s n e p ou von s a ile *
d a n s u n h ôtel a vec u n e ca s s ette s ou s le b r a s C ela
n ou s d é s ig n e r a it tr op ... M a is , je vou s a ffir m e ..,
— B o n 1 fit- elle, b on 1 com m e tu vo u d r a s 1
E lle n e s a v a it tr op q u e fa ir e , q u e d ir e
�* 8® 76
R a i n es de T a r i s
B ep p o eu t l ’id ée d ’o u v r ir le coffr et. 11 n e l ’a v a it
v is ite à B ep p o, u n d es r a r e s vis ite u r s to lér és p a r
fia s o u ve r t en core.
le com te A n fa lo tti.
D ’a ille u r s , le com te et D es b ois télles fa is a ie n t
11 é ta it fer m é s im p lem en t p a r u n e s or te d e v e r
p a r tie d u m êm e cer cle, se vo y a ie n t sou vent., se fr é
r o u q u i g lis s a it s on s le p ou ce.
q u e n ta ie n t com m e le fon t à P a r is , d es g en s rich es ,
I l o u v r it d on c très vite.
tr ès r ich es , q u i se cou d oien t p a r tou t, a u x ven tes ,
I l fu t éb lou i.
a u x cou rs es , a u x p r em ièr es , a u x ex p os ition s .
C om m e le com te, com m e O r fa , il s ’e ffr a y a d e la
— Q u elle e x tr a o r d in a ir e ch os e ! m u r m u r a B é a
p u is s a n ce qu e r e p r é s e n ta it cette p lu ie d e p erles ,
tr ix en s orta n t.
cette fa n ta s tiq u e r éu n io n d e b ijo u x d on t le m o in
d r e p os s éd a it u n e^ va leu r én or m e.
N a tu r e lle m e n t, il lu i v in t à l ’id ée d e p r o file r d e
ce h a s a r d q u i lu i s em b la it p r o vid e n tie l et q u i, a u
I l y p lo n g e a les d o ig ts , et B é a tr ix , e lle a u s s i,
fon d , é ta it a s s ez lo g iq u e, les s e r viteu r s d es m a î
.vou lu t e n fa ir e r u is s e ler d a n s s es m a in s en fiévr ées .
tr es a m is se lia n t vo lo n tier s .
E t elle p en s a it q u e c ’é ta it cr u el d e n e p a s p ou
v o ir e m p o r te r en cor e ce tr és or ,
d ’ôtre o b lig ée
E lle s a va it le n u m ér o d e la m a is on d e D es b ois telles et v it b ien q u e B ep p o s ’y d ir ig e a it.
d ’a tten d r e.
N o n q u ’e lle fû t in q u iète. A ' p rés en t, e lle ten a it
I l m a r c h a it r a id e, s on ép a u le r e le vé e p ou r p o r
le tr io m p h e !
te r ce c o ffr e q u i s e m b la it én or m e à p r és en t et q u i,
A u b es oin , le p ir e q u i p û t a r r iv e r , é ta it d e p a r
en effet, eû t a ttir é l ’a tten tio n d es lo g e u r s les m oin s
tir a vec B ep p o, d e s u b ir s es ca res s es , d u r a n t q u el
s ou p çon n eu x.
qu es jo u r s , q u elq u es s em a in es p eu t- être !
A lle r d a n s u n h ôtel d e P a r is s a n s b a g a g es , ce
D écid ée à v o le r le vo le u r , elle tr o u ve r a it to u
co ffr e s ou s le b ra s , c ’é ta it v o u lo ir q u e le co m m is
s a ir e d e p o lice fû t p r é ve n u le len d em a in m a tin .
jo u r s le m o ye n d ’y p a r ve n ir , p u is q u ’e lle a u r a it,
com m e lu i, la p os s es s ion d es p erles .
A m es u r e q u ’ils a p p r o c h a ie n t de la .m a is on ,
B é a lr ix c o m b in a it s on a ffa ir e .
C ’es t é g a l, e lle eû t p r é fé r é en fin ir tou t d e s u ite.
A u s s i, lo r s q u ’elle eu t v u B ep p o d is p a r a îtr e p a r
S i L o u is n e c o m p r e n a it p a s la n éces s ité... s ’il se
la p o r te eoch èr e en lu i d is a n t : « D eu x m in u tes et
fâ c h a it...
E lle se r a s s u r a b ien tôt. I l n ’éta it p a s h om m e à
je r evien s ! », elle s’em p r es s a d e tir e r u n e ca rte
té lé g r a m m e de s on p o r te fe u ille et d ’y é c r ir e a u
n e p a s se r e n d r e com p te d es b es oin s d e l ’h eu re, et
il r e p r e n d r a it, q u oi q u ’il a r r iv â t, la com tes s e,
c r a yo n : C a s s e tte c h e z D e s b o itte lle s , ru e M ir o m e s v il. C o n fié e j u s q u ' à d e m a in v i. iiin
a u v a le t d e
p o u r vu q u ’e lle lu i r e v în t a vec la ca s s ette.
c h a m U re . A g is s e z . Je n e s a is à q u a n d . A u p lu s
— E cou le, B ep p o, tu n e veu x p a s m e la is s e r
tô t ! B é a lr ix .
d ir e a d ieu , m e d o n n er u n e h eu r e ?...
E lle m it l’a d res s e : « M . L o u is de C a s a n o, ru e
— N o n I n o n ! J 'a i tr o p s o u ffer t q u a n d M . le
D es ca r tes , h ôtel d e la C ou ron n e d e F e r » et cou r u t
co m te a a p p r is à m a d e m o is e lle ce q u e vo u s étiez,
je te r le p li à la b oite s p écia le d u b u rea u rie p os te
u el é ta it vo tr e a m a n t... Il es t ig n o b le !... 11 se s er t
vo is in .
e vou s com m e d ’u n e...
E lle se b â ta it p o u r r e v e n ir se p la c e r d eva n t la
— B ep p o !
p a r te eoch ère, c r a ig n a n t d 'êtr e eu r eta r d .
— O h ! D ep u is tr o is jo u r s , j ’en ten d e p a r le r d e ce
E lle d u t, a u c o n tr a ir e , a tten d r e ; lu s d e cin q m i
C n s a n o. O n n e se g èn e p lu s à l ’h ôtel.
n u tes en cor e.
— A lo r s ?
E n fin , B ep p o s ortit.
— A lo r s ce s er a com m e je vou s a i d it ! N ou s a l
— .Te vou s d em a n d e p a rd on . J ’a i vo u lu m ’or-su
lon s , ou p lu tô t je va is co n fier le co ffr et à m on a m i
r e r p a r m oi- m êm e... Je s u is tr a n q u ille , à p rés en t.
s a n s lu i d ir e ce q u ’il con tien t. Il g a r d e r a cela d a n s
— P a r fa it ! d it- elle ; où a llon s - n ou s '?
l a ca ve ju s q u ’à d em a in . E n s u ite, n ou s ir o n s loin ...
v e r s M é n ilm o n ta n t... d a n s d es q u a r tie r s où n u l n e
— L o in ! V e r s B e lle v ille . N ou s d în er o n s d a n s u n
V ien d r a n ou s ch er ch er ... N o u s p a s s er on s la n u it en
ca b a r e t d e là - b a s . Il d o it y a v o ir d e b on s h ôttls .
a m o u r eu x , q u i s er on t to u jo u r s en s em b le, liés p a r
— O u i. .Te s u is à tes or d r es .
Ils h élèr en t u ne vo itu r e et se firen t con d u ir e a u x
u n e fa u ie com m u n e... et u n e fo r tu n e com m u n e
r en tier s n u m ér os d e la r u e d e B e lle ville , ca r
a u s s i.
ep p o se s o u ven a it d ’a v o ir vu là u n e cer ta in e a n i
— E t d em a in ?
— E n r ou te p o u r le s m o n ta g n es s a u va g e s où n u l
m a tio n , d es r es ta u r a n ts b ien ten u s . Ils s er a ien t à
n e tr o u b le r a n o tr e p a ix .
la fo is p erd u s d a n s la fou le et s o ig n és p o u r leu r
a r g en t.
— S o it !
E lle en p r e n a it s on p a r ti. E vid e m m e n t, B ep p o
P e n d a n t ce tem p s , le p etit b leu tr a v e r s a it P a r is
a v a it r éfléch i à cela , il s 'e n tê te r a it et ce n ’ éta it
p o r te u r de la g r a n d e n ou velle.
p a s le m om en t d e le q u er eller .
L o u is r eçu t la d ép êch e de B é a tr ix à n eu f h eu res
et q u a rt.
— P a r to n s !
B ep p o ch er ch a d u p a p ie r p o u r en to u r er la ca s
D p u is h u it h eu res , il a tten d a it, les p ied s s u r u no
s ette. Il n e tr o u va r ie n et a r r a c h a u n r id e a u d e la
ch a is e, fu m a n t des cig a r o ttes en r e g a r d a n t le p la
fe n êtr e d a n s leq u el il l ’en velop p a .
fon d n o ir c i et les ta b le a u x p iteu x a ccr och és a u x
— Je d ir a i à m on a m i qu e ce s on t d es jou ets
‘ m u rs .
p o u r le jo u r d e l'a n ; 11 le c r o ir a . I l n e s ’im a g in e r a
D e tem p s en tem p s , il s ecou a it la tête com m e
ja m a is ,..
.
p o u r d ir e :
— Où d em eu r e- t- il, ton a m i ?
— Ç a n e m a r c h e p a s ! Je n 'a i p a s co n fia n ce ! Ce
— L à , à d ou x p a s , r u e d e M ir o m e s n il, ch ez lo
B ep p o... il est d e tr op , c e lu i- là ! litr e o b lig é d e se
b a r o n P es b ois telles . V o u s n e con n a is s ez p a s ?
fie r à u n d om es tiq u e ita lie n , lu i co n fier s a fem m e
E lle cr u t s ’é va n o u ir d ’ém oi à ce n om je té p a r
et ses m illio n s ... C ’est, d u r I
m ég a r d e.
Il s o n g e a it m .'m e à a lle r , le le n d em a in , p ou s s er
L e b a r on D es b ois tellcs !
u n e vis ite à cette p a u vr e C lém en ce, qu i d e va it
C elu i d on t C a s a n o lu i p a r la it en cor e cette n u it,
s 'im p a tien te r , et nas:>er, a u r etou r , r u e M oza r t,
l ’a m a n t d e B é r a n g è r e , l ’a m i d e M o r ta n e I..,
ch ez J a cq u elin e, d is cu ter a vec M o r ta n e d e l’a llu r e
C ’é ta it ch ez lu i qu e s e r a ie n t les p erles tou t à
p r is e p a r les évén em en ts .
l ’h eu re.
D es p a s lég er s et u n « toc toc » d is cr et : i
— Q u i est là ?
— V o u s ven e z ?
— D ép êch e !
O ccu p é à fic e le r le p a q u et p récieu x , B ep p o n e
r e m a r q u a it p a s l ’ém otion d e s a m a îtr es s e fu tu r e.
Il se p récip ita , s’em p a ra du ¡petit b leu et referm a
__ O u i 1... T o u t d e s u ite !...
la porte, pu is, fiévreu s em en t, ou vrit, lo b illot et le
M a in te n a n t, e lle se s o u v e n a it, en effet, d ’a v o ir
lu t.
y u ch ez e lle ce v a le t d e ch a m b r e ven u p o u r r en d r e
Il p en s a s’évû ù ou ir d e jo ie . L a ca s s etle éta it
�^ 3°
77
R e i n e s de 'P a r i s
d a n s la ca ve de D es b ois telles ¡.C on fiée a u va lo t de
ch a m b r e !
C ette h is to ir e étr a n g e lu i p a r a is s a it tr o p m e r
veilleu s e.
— B é a tr ix es t- elle d even u e fo lle , ou b ien q u e l
qu 'u n sa m oq u e- t- il de m o i ? N o n , c ’es t b ien l'é c r i
tu re de la com tes s e, s on é c r itu r e d es jo u r s d ’or a g e:.. E lle n e v ie n t d on c p a s ? Q u i M r e tie n t ?
C e B ep p o ?... l.a ca s s ette ?... les m illio n s ... O h !
vein e !... L e s p er les ... ch ez D es b ois telles ...
Il :se p r é c ip ita d eh ors . Il a lla it ch ez M o r ta n e.
— Ç a , c'es t la ve in e !... B é a tr ix a u r a été g a r d é e
p a r ce. va let... E lle p a ie r a les p erles . D a m e ! v in g t
m illio n s !... P o u r vu q u e ce n e s oit p a s u n e fa r c e !:..
N on , elle est in ca p a b le !... elle n ’es t ipas d even u e
folle- .. P o u r q u o i a v o ir ch o is i la ca ve d u b a r o n ?
p eu t- êtr e B ep p o... E n fin , l ’es s en tiel es t q u e ce s oit
fin i !...
I l se r ep r it :
— Q u a n d je d is fin i... I l es t p r o b a b le qu e le
com te A n fa lo tti n ’a ccep ter a p a s s a n s g r in c e r des
d en ts cette a ven tu r e... Q u elle ve in e ! C om m e C lé
m en ce v a être h eu reu s e !
A h ! il s o n g e a it p eu à la p a u vr e B é a tr ix , q u i se
s a c r ifia it !...
Il cou r u t ver s la s ta tion d e la r u e C la u d e- B er n a r d . Il r es ta it u n e voitu r e.
— R u e M o za r t, à P a s s y !
« P o u r v u q u ’ils y s oien t ! »
Ils y éta ie n t ! Ils éta ien t m êm e tr o is , c a r
C lém en ce éta it ven u e p a s s er la s o ir é e a vec s a
s œ u r.
Ic i a u s s i, on a tten d a it ! U n e lettr e d e C a s a n o
a va it, le m a tin m êm e, a n n on cé la m a r c h e d e l’a f
fa ir e , fa it p r é vo ir com m e tr ès p r o c h a in e la s o lu
tio n d e l ’in tr ig u e .
L ’h eu re éta it s o len n elle. O n jo u a it l’a v e n ir tou t
en tier .
C a s a n o tir a it le b ou ton à fê le r le tim b r e.
— C ’es t lu i ! fit M or ta n e.
11 cou r u t o u vr ir .
— E h b ien ?
—- P .eferm e la p or te ! O ù êtes - vou s ? D a n s la
c h a m b r e ! F er m e en cor e ce lle - là ! M a in te n a n t, m es
en fa n ts , ça y es t !
— H ein ! Q u oi !
— L a ca s s ette a été vo lé e p a r B ep p o.
— A llo n s d on c !
— E t elle se tr o u ve en ce m om en t...
— Où d on c ?
— C h ez u n a m i, où n ou s a llo n s la c u e illir illic o !
— C h ez qu i ?
— C h ez D es b ois telles ! T o n a m i D es b ois telles !
fit L o u is à M or ta n e.
D es cris de s tu p éfa ctio n où la jo ie d o m in a it,
m a is où la n ote fa u s s e fu t d on n ée p a r J u lien .
— S a p r is ti ! Q u e c’es t em b êta n t !
— Q u oi ?
— Je s u is tr ès m a l a ve c D es b ois telles en ce m o
m en t ! Je lu i a i jo u é u n v ila in tou r ... Je m e s u is
s e r vi d e son n om ch ez u n fo u r n is s e u r r é c a lc itr a n t.
— A ie !
__ E t p u is D es b ois telles n e m e d o n n er a it p a s des
m illio n s a lu i çon fié3.
L ’a u tre e x p liq u a :
1 ] n ’en s a it rien ! C ’es t B ep p o q u i a r e m is a u
va le t de ch a m b r e do D es b ois telles . D ’a ille u r s , v o ic i
la lettre d e B éa tr ix .
11 p os a la lettr e s u r le g u ér id o n .
« C a s s ette, ch ez D es b ois telles , ru e M ir o m eim il.
C on fiée
ju s q u ’à
d em a in
m a tin
au
v a le t
de
clia in liK^ t
j eXp ]iqu a 1 t C a s a n o. C e n ’es t p a s
e lie q u i l’a con fiée a u la r b in , p a s I E lle eû t p r é fé r é
v e n ir ru e D es ca rtes .
_ _ E n effet.
.
.
_ _ C ’es t ce B ep p o q u i l a la is s ée ju s q u à d em a in
m a tin a fin d e n e p a s être d éra n gé...,
ju lie n r e m a r q u a ;
>=g»
— P o u r q u o i n e p a r t- il p a s a vec la com tes s e et la
ca s s ette ?
— E lle r efu s e, B é a tr ix ! Ç a , j ’en s u is s û r ! E lle
a c c o r d e r a b ien u n e n u it, elle jo u e r a b ien la com é
d ie u n e s em a in e, m a i3 elle a s û rem en t r efu s é d e
p a r tir .
C lém en ce s o u lig n a :
— E lle m a r c h e et n e p a r t p a s I
L e s a u tr es c o n tin u a ien t la lectu r e d u p e tit b leu
p o r te u r de la g r a n d e n ou velle.
« A gis 's ez. Je n e s a is à qu a n d . »
J a cq u elin e d it :
— C ’es t b ien ça ! E lle es t a ve c le la r b in et ellet
s ’en d é p ê tr e r a a u p lu s tôt.
J u lien p r it la p a r o le :
— A g is s e z ! E lle en p a r le à s on a is e ! C ertes ,
n ou s a llo n s ten ter l ’im p os s ib le, et je p r é fè r e q u e
les m illio n s s oien t ru e M ir o m e s n il, q u e ru e d e
V ig n y I C ’es t é g a l, n ou s n e les ten on s p a s en cor e t
Il
y eu t u n s ilen ce. Ils r éfléch is s a ien t, se r e p r e
n a ie n t a p r ès la s ecou s s e.
T o u t à cou p , l ’in s titu tr ice :
— Q u e n ou s s om m es b êtes 1
— Tu a s u n e id ée ?
— S û r ! B éra n gère !
— C ’es t v r a i ! s 'é c r ia C lém en ce.
— B é r a n g è r e ! d it J u lien . T u cr o is q u ’elle n ou s
a id e r a ?
— Il fa u d r a b ien ! N o u s n e lu i d ir on s p a s tou te
la vé r ité . Je s er a i s i g e n tille ! E t ça lu i s e r a s i
fa c ile ! E lle n ’a u r a q u ’à d em a n d er le co ffr et a u
v a le t d e ch a m b re.
— O ù la tr ou ver on s - n ou s ? d e m a n d a C lém en ce,
— O ù elle s er a !
Le3 d eu x fem m es se le vèr en t.
— Je v a is p a s s er u n e r o b e et m ettr e u n ch a
p ea u . C lém en ce v ie n d r a a vec m oi.
— N o u s d eu x ?
'
— D eva n t la m a is o n d e D es b ois telles , ve r s l ’E ly
s ée. V ou s a tten d r ez. Je n e s a is p a s d u tou t où
n ou s ve r r o n s B é r a n g è r e .
— E lle d o it être a u th éâ tr e. Ils s o r ten t ch a q u e
s oir.
— A m o in s q u ’elle n e s oit s eu le, r e m a r q u a
J u lien . L e b a r on es t p eu t- ôtre à s on c er cle où il y
a b a llo tta g e.
• — C e s e r a it tr o p b ea u !
— Je le p en s e. A u ta n t qu e je cr o is , D es b ois telles
p a s s er a s a s oir ée a u cercle.
— E s p ér on s !
J a cq u elin e s ’h a b illa
à
la
h â te,
a id ée
par
C lém en ce.
E lles s ’ém o tio n n a ie n t d eva n t cette s u p rêm e p a r
tie à jo u e r ; elles s 'e ffa r a ie n t de se 'tr ou ver a u s s i
p rès d e I n f o r t u n é
si
a r d em m en t co n vo itée,
cep en d a n t.
J u lien fit ses d e r n iè r e s r eco m m a n d a tio n s à'
J a cq u elin e ; L o u is s ’occu p a d e C lém en ce.
P a s u n n e d it u n m ot d e B é a tr ix , n ’eu t u n e p en
s ée p ou r c elle qu i le u r p r o c u r a it d e telles jo ies , eu
les p a ya n t d e n u its d e h o n te et d e d égoû t.
U n e p r éo ccu p a tio n s ou rd e, celle de leu r red ou
ta b le a s s ocié F er n a n d ez, g e r m a it d a n s le u r es p r it.
L es fem m es d es cen d ir en t l’es ca lier , p en d a n t qtie
J u lien d e M o r ta n e et L o u is d e C a s a n o se p r ép a
r a ie n t, eu x a u s s i, à se r en d r e p a r le ch em in d e fe r
d o cein tu r e, d a n s le v o is in a g e d e la d em eu r e d u
b a r on D es b ois telles .
U n d e r n ie r a p p el leu r fu t je té p a r J a cq u elin e :
— A lle z- y tou t d e s u ite 1 N ou s n ou s h â ter on s
a u s s i ! I l fa u t en le ve r ça !
— O u i I ou i I
L a p o r te se r e fe r m a , et d a n s le s ilen ce, les je u
n es g en s e n te n d a ien t les p a s d e leu r s com p a g n es
s u r le p a vé d u r c i p a r la g elée.
11
s om b lu it é c r it qu e le d es tin se m e ttr a it a vec
les vo leu r s cctto n u it, qu e les b ru n es tr iom p h er a ie n t dos b lon d es .
B ér an g èr e
so r t a it
so u v en t
le
s oir,
et,
l o r s q u ’e l l g
�cÿ»
78
s =
n e s o r ta it p a s ,. D es b ois telles v e n a it lu i te n ir com
p a g n ie.
L es d eu x a m o u r eu x de la ruqf d e la F o n ta in e
vo y a ie n t en co r e la lu n e d e m iel b r ille r p ou r eu x
à ir a v e r s les vitr a u x d u p e tit et coq u et h û lel d e la
b ru n e fille d e C h in on .
M a is ce s oir - là , p ou r la p r e m iè r e fo is d ep u is s on
in s ta lla tio n , B é r a n g è r e é ta it s eu le.
E lle en a v a it p r o fité p ou r s 'éten d r e d a n s u n lo n g
fa u teu il, d eva n t u n g r a n d feu d e b ois , et elle lis a it
ou p lu tôt elle fe u ille ta it d es liv r e s r a r es offer ts
p a r u n a m i d u b a ron , a fin q u ’elle eû t u n e b ib lio
th èq u e d e m êm e v a le u r q u e s on m o b ilie r .
C es livr e s l ’eu ren t b ien vite en n u yée. E lle a v a it
d e b ien p lu s jo lie s ch os es à se r a con ter .
D on c, les ye u x à d em i clos , e lle r e v o y a it C h i
n on , a vec s a r iv iè r e m éla n co liq u e, son vie u x ch â
tea u a u x tou r;: m a s s ives , d écr én elé p a r les s iècles ,
les ru es tris tes , s o lita ir e s , les ch a m p s m on oton es ,
la va llé e s ilen cieu s e, où e lle p r o m e n a it ses r ê v e
r ies n a g u èr e.
P u is le v o y a g e a vec les s œ u rs M o n vel, la r e n co n
tre d es tr ois jo lie s b lon d es , le u r d în e r a u x e n vir o n s
d e la g a r e , leu r s er m en t d e se r e tr o u ve r tou tes
d a n s s ix m ois ... d a n s tr o is m o is et d em i m a in
ten a n t.
E lle y s er a it, £Ü e, à ce r en d ez- vou s !
P eu t- êtr e s er a it- elle s eu le... Q ir’éta ien t- elles d eve
n u es , ces g e n tille s fillettes , si d ou ces , s i s im p les ,
si d is tin g u ées , co u r a n t a p r ès d es a m ou r ettes , v e
n a n t r e la n c e r d es fia n cés !
E t M lle M ys tè r e ? S es g r a n d s ye u x p r o fo n d s
com m e des la cs a va ien t- ils a p p r is à s o u r ir e , ou
b ien a va ie n t- ils p leu r é, com m e ta n t d ’yeu x de p r o
v in c ia le s a ccou r u s à P a r is p o u r lu i d em a n d er la
r é a lis a tio n de leu r s r êves ?
L a s on n er ie électr iq u e r és on n a lon g u em en t, p u is
un d om es tiq u e se p r és en ta :
— M a d em o is elle J a cq u elin e M o n ve l e t s a s œ u r
d és ir en t...
— O u i ! O u i 1 F a ite s en tr er .
B é r a n g è r e se le v a p o u r v e n ir a u - d eva n t d e ses
vis iteu s es .
E lle s o u r ia it.
— E n tr e z d on c ! Q u e vou s êtes a im a b le s d e m e
ren d r e vis ite 1 C 'es t g e n til I P r é c is é m e n t, je p en
s a is à vou s I M a p a r o le d 'h o n n e u r !
I^es s œ u rs s’a s s ir en t p rès du feu . II fa is a it très
fr o id et elles éta ie n t g e lé e «. E t p u is , elles vo u la io n t
tâ te r le ter r a in .
— V r a im e n t ! T u p en s a is à n o ir ?
— O u i. Je m e r a p p e la is n otr e v o y a g e , la r e n
co n tr e d e ces tr o is jo lie s b lon d es . E ta ien t- elles
jo lie s , h ein ? M ieu x q u e n ou s tr o is I
— O li !
__ C ertes , ou i I C ette d em o is e lle M ys tèr e es t
d ’u n e b ea u té m er veilleu s e. Q u 'n d elle vo u d r a , c lic
s er a la p lu s ch ic d e n ou s . M a is voyon s , qu o p u is je vou s o ffr ir , p o u r vou s r e m o n te r u n p eu ?
J a cq u elin e es t vio le tte et C lém en ce a les lè vr es m o r
d u es , p a r le fr o id I J 'a i eu r a is o n do n e p a s s o r tir 1
D u vin ch a u d , u n g r o g ? Q u oi ?
— R ien .
J a cq u elin e se r is q u a :
— R ien . P a r c « q u e n ou s ven ion s te d em a n d er
u n s ervice.
E lle a p p r o u va :
— T r è s vo lo n tie r s I Q u el q u 'il s o it I Je te l ’a i
d é jà d it, m a b ou rs e est à ...
— N o n I N ou s s om m es r ich es I... s eu lem en t, je
n 'o s e g u èr e... p a r ce q u e...
.— C est. m a l, ce qu e tu m e d em a n d es ? C ’es t d if
ficile, d a n g er eu x ?
— P o u r toi ! Il fa u d r a it q u e tu q u ittes le coin do
ton feu , qi'te tu t'h a b illes ...
— A h I F lû te I
L ' i n s t i t u t r i c e se fit te n d r e .
__ E cou te, m a p etite B é r a n g è r e , s ols g e »»tille I
C ’es t la p r em ièr e fo is qu e je te d em a n d e q u elq u e
ch os e. Ç a n ’es t p a s le d ia b le, do fa ir e u tte ler ta
==
R ei n es de P
“ aris
vo itu r e, d ’y m on ter , d e p a s s er d eu x s econ d es ru a
M ir c m e s n il et d e r e ve n ir !
— O h ! S i ce n ’es t qu e ça i Je c r o ya is q u e c ’é ta it
p o u r u n e fête, u n s ou p er.
— P a s d u tou t. In u tile, m êm e, d e t ’h a b ille r . T u
p r en d i'a s u n g r o s m a n tea u , p ou r n e p a s t ’en r h u
m er . T a vo itu r e çs t ch a u ffée ?
— E lle la» s era . A lo r s , tu vo u d r a is ? T u d i 3 , ru e
M ir o m e s n il ? C h ez le b a r ô n ?
— P r écis ém en t.
B é r a n g è r e fr o n ç a les s o u r c il0, p o u r d em a n d er ,
a ve c u n e n u a n ce d ’in q u iétu d e :
— Q u e d ia b le a s - tu à fa ir e là - b a s ?
— _ I- iien d u tou t. V o ici. M on a m i M o r ta n e et
L o u is d e C a s a n o, l ’a m a n t d e C lém en ce, nou s
a va ie n t o ffe r t u n c o ffr et d e b ijo u x , v r a is ou fa u x ,
d es fa u x s u rtou t. Iis vo u la ie n t n ou s fa ir e u n e s u r
p r is e, p a rce q u ’ils a v a ie n t tou ch é d e l ’a r g en t.
— E t a lo r s ?
— C a s a n o a p o u r m a îtr es s e u n e fem m e du
m o n d e, u n e v r a ie fem m e d u m on d e:
— Je sai-s ! U n e com tes s e. A g é n o r m ’a d it s on
n om , u n n om à d és in en ce ita lie n n e .
— E lle es t tr ès ja lo u s e et, a ya n t tr o u vé ce co ffr e t
ch ez s on a m a n t, ru e d e la B ien fa is a n ce, elle a été
fu r ieu s e. E lle l ’a fa it p o r te r p a r s on va le t, u n
g é a n t ita lie n d u n om d e B ep p o, ch ez le b a ron .
— P ou rqu oi ?
— P a r c e q u e ce B ep p o es t l ’a m i in tim e d u va le t
d e ch a m b r e d u b a ron .
— D e F le u r y ?
— C ’es t ç a . 'E lle n ’os e p a s e m p o r te r la ca s s ette
et n e veu t p a s la la is s e r à s on a m a n t, p a r ce q u ’elic
com p te en fa ir e' e s tim er le con ten u .
— A h I b on I
— C om m e C a s a n o n ’a p a s b ea u cou p d ’a r g en t,
si elle a p p r en d q u ’il y a là u n e cer ta in e s om m e,
elle lu i fe r a la s cèn e, tu la vo is d 'ic i : « O ù a s - tu
p r is ça ? A h 1 tu en tr etien s d on c u n e fe m m e l » E t
p u is , c ’es t em b êta n t, n ou s vo u d r io n s b ien a v o ir
les b ijo u x qu i s on t à n ou s 1
B é r a n g è r e r é p é ta :
— A lo r s ?
— A lo r s , n ou s vo u d r io n s , q u e tu a ille s ru e
M ir o m e s n il, d ir e à f l e u r y q u ' i l te d on n e la ca s
s ette r em is e à lu i p a r le v a le t d e la com tes s e.
— P o u r te la r em ettr e, à toi?
— B ien s û r I
B é r a n g è r e r e g a r d a la p en d u le.
— C 'es t p res s é. S i j ' y a lla is d e m a in ?
J a cq u elin e p r it la m a in d e son a m ie.
E cou te, je t en s u p p lie. D em a in , io v a le t vie n
d r a r ep r en d r e la ca s s ette... d em a in m a tin ., et
n ou s n e r e ver r o n s p lu s ¿n otre b ien I Ix m is a
em p r u n té, s a n s le d ir e, à F e r n a n d e z Y vc l, et Io
com tes s e vo u d r a a lle r a u fon d d es ch os es . N ou a
a u tres ,, n ou s n e p ou r r on s n ou s p la in d r e s a n s tou t
g â ter ... T a n d is q u e si tu vo u la is , ce s oir... c 'e 3 t u n
o r d r e à d on n er ... u n e p elis s e à je te r s u r tos ép a u
les ... T u d ois a v o ir ck.s fo u r r u r es ... lin e fem m e
com m e toi a d os p elis s es d ou ces eÇ d ou illettes .
— J ’en a i p ou r q u in ze m ille fr a n co, r ép o n
d it ü ér u n g èr e, ch a to u illé e a u b on en d r oit.
J a cq u elin e l'e n v ia :
— Ç a m e "d o n n er a l ’o cca s ion d e le 3 vo ir . M o i,
j ’a i m a r ch a n d é l ’a u tr e jo u r u n m a n tea u do ch in
ch illa ... C 'é ta it tr op ch er ...
.
L a m a îtr es s e d u b a r on s on n a :
— F a ite s a tte le r et a p p o r tez- m o i m on m a n tea u
d e r en a r d b leu I
Ç a l ’a v a it d écid ée d e m o n tr e r u n m a n leà u qu j
vo la it, à lu i s eu l, q u a tr e cen ts lo u is I
E t p u is , s om m e tou te, ce s er vice é ta it si fa cile
à r en d r e et si g e n tim e n t s ollicité.
E lles se fa is a ien t si câ lin es , si m od es tes , si h u m
b les. C e fu t u n p la is ir in fin i p ou r B é r a n g è r e d e les
v o ir p res q u e s ’a g e n o u ille r , r eco n n a îtr e en fin s a
s u p ér io r ité. E lle se r a p p e la it leu rs r e g a r d s m a u
va is , la ja lo u s ie leu r s o r ta it p a r tou s les p ores da
la p ea u I E lle tr io m p h a it d élicieu s em en t.
�R e i n e s d e “P a r i s
79
— B ep p o m e l ’a telle m e n t r ec o m m a n d é e ! I l
p a r a ît q u 'u n m a lh e u r a ffr eu x ...
— O h ! c ’es t tr ès s im p le ! Il n e p o u va it p a r le r
a u tr em en t ! M a is m o i je vou s ¡prie et s’il le fa u t,
je vou s ord on n e...
1— M a d a m e !
L e v a le t d e ch a m b r e se p r é c ip ita .
Il
d es cen d it les m a r ch es d es s ou s - s ols ,. p é n é tr a
d a n s lu ca ve, et p r it le tr és or , en cor e en velo p p é d u
r id e a u a r r a c h é à la fe n ê tr e d e l ’en tr es ol d e
C a s a n o.
— V o ic i, fit F le u r y.
B é r a n g è r e e x a m in a le p a q u et en h och a n t la tôte.
— 11 a b ien l ’a ir d ’u n o b je t volé ! on a d écr och é
u n r id ea u .,. C ’es t b ien ! O u vr ez- m oi. Je m ’en r h u
m e r a is ici !
L e d o m es tiq u e o u vr it, la je u n e fe m m e s o r tit
d a n s la ru e.
S u r le tr o tto ir , elle h e u r ta J a cq u elin e et C lé
m en ce. E n s em b le, elles s ’é c r iè r e n t : '
— Ç a y es t ?
— O u i ! V o ic i !
B é r a n g è r e r e m it le c o ffr e t et d e m a n d a :
— P o u r q u o i ôtes - vou s d es cen d u es ? V ou s
ni
r e n tr e z p a s a vec m o i?
,1e vou s la is s e r a i
ru i
c er :
M oza r t.
— Ç a r éu s s ir a !
— N o n , m er ci. N o u s a llo n s r e jo in d r e n os a m ij
L a vo itu r e éta it d e va n t le p er r on .
q u i s on t a u th éâ tre. Tu es b ien g e n tille ! M ills
— Il y a p la ce p ou r trois , d it B é r a n g è r e . V en ez 1
r em er ciem en ts . N o u s te s eron s b ien r eco n n a is s a n
N o u s n ou s réch a u ffer on s .
tes.
E lle s m on tèr en t d a n s le cou p é. L e cœ u r d es
— Oh ! d es g r a n d s m ots ! in te r r o m p it la m a î
d eu x s œ u rs b a tta it ter r ib le m e n t.
tres s e d ’A g é n o r . A lo r s je m e s a u ve. I l fa it tr o p
O n a r r iv a ru e d e M ir o m e s n il.
fr o id . A b ien tôt I
— A tten d ez- m o i là ,
d it
B é r a n g èr e.
Je vou s
— N o u s r en tr on s ! d it B é r a n g è r e a u .c o c h e r ,q u i
a p p o r te r a i l ’ob jet.
fo u e tta scs ch eva u x et p a r tit à u n e a llu r e vive.
E lle n e ten a it p a s à in tr o d u ir e ses ta m ies d a n s
J a cq u elin e et C lém en ce se r e g a r d è r e n t. L ’in s ti- ,
l ’h ôtel, p a r u n s en tim en t d 'in s tin c tive m éfia n ce,
s a ch a n t fo r t b ien q u e si elles p o u va ie n t lu i e n le
tu tr ic e ten a it la ca s s ette s e r r é « co n tr e s a p oitr in e.
v e r s on a m a n t, e lles n ’h és ite r a ien t pas.
— E n fin ! fit la m a îtr es s e d e J u lien . E n fin !
L a m a îtr es s e du b a ron fe r m a la p o r te d e r r iè r e
E lle r h er ch a a u to u r d ’elle, d u r eg a r d .
elle. F le u r y lu i- m S m e, l’a m i d e B ep p o, s e m o n tr a
— Ils s on t là , d it C lém en ce. V ie n s !
p o u r la r ecevo ir .
E lle s s e d ir ig è r e n t ver s u n cou p le d on t on a p e r
Il
a l l a i t , s ou ven t ru e d e L a - F o n tn in c et, s ou ven t c e va it les s ilh ou ettes , à v in g t p a s , d a n s le b r o u il
la r d .
a u s s i, B é r a n g è r e v e n a it ici p r en d r e A g é n o r . Il
é ta it d on c to u t a u s er vice d e la vis iteu s e.
C ’é ta it b ien J u lien de' M o r ta n e et L o u is d »
C a s a n o. U s s 'a p p r o c h è r e n t eu x a u s s i, tr ès vite :
— M a d a m e d és ir e ?
— T u les a s V
— M o n s ieu r es t cou ch é ?
— O u i. P ren d s - les .
— O u i, m a d a m e.
D ites - m oi, on es t ven u tou t à l ’h eu r e vo u s J a cq u elin e p a s s a le c o ffr e t à s on a m a n t.
— C f . t. lou rd , r em a r q u a ce d e r n ier . T u es b ien
a p p o r te r u ne ca s s ette ?
s û re qu e c’es t ça ?
— M a d a m e !... je n e...
— O u i. R en tr on s , O u v a d é cid e r ce q u ’o n fer a .
— O u i, je s a is , o n vou s a b ien r eco m m a n d é d e
R e n tr o n s r u e M oza r t.
n e p a s la d on n er , de n e !n r em ettr e q u 'à v o ir e a m i
Ils h élèr en t uu fia cr e, p a yè r e n t u n b on p r ix
B ep p o, do ch ez les A n f;r lo tti.
p o u r s » fa ir e con d u ir e à P a s s y. D a n s la vo itu r e ,
— E n effet.
ils é ta ien t si s e r r és qu e le s p o r tiè r e s n e fer m a ie n t
— E h b ien , m on ch er F le u r y , cette ca s s ette a
été vo lé e et il fa u t qu e vou s m e la d on n iez...
pas.
L e s fem m es se ten a ien t s u r les g en o u x d es h om
— V o lé e I
m es . L a ca s s ette é ta it en tr e eu x qu atre^
— P o u r q u e je la r en d e ’ à s es lé g itim e s p r o p r ié
ta ires .
Ils n e d ir e n t p a s u n m ot ju s q u ’au m o m en t où
Il se fr a p p a le fr o n t :
ils se r e tr o u vè r e n t d a n s la ch a m b r e à cou ch er,
— C ’es t ça q u e je tr o u va is à B ep p o u n e si d r ô le
la p ièce où ils se ten a ien t d e p r éfér en ce, p a r ce
d e m in e. E t d u m ys tè r e I... A h ! B ep p o a fa it u n
q u ’e lle é ta it s ép a r ée p a r les a u tr es p ièces d e la
m a u va is cou p !
clo is o n d u lo g e m e n t vois in .
— P a s lu i. S a m a îtr es s e, la com tes s e A n fa lo tti.
L à ils p o u va ie n t p a r le r à leu i* a is e, tou tes p ortes
— C ’es t ello lu voleu s e 7
fer m ées .
— P a s p récis ém en t. E lle a tr o u vé co co ffr e t
A v e c s on cou tea u , M o r ta n e d é c h ir a le r id e a u et
ch ez M . C a s a n o q u i le d es tin a it à u n e a u tr e a m ie.
o u v r it le coffr et.
V ex é e , ja lo u s e , e lle a p r is le c o ffr e t et l ’a fa it
T o u s les q u a tr e ils é ta ie n t p en ch és , le s yeu x
ca ch er ici p ou r le fa ir e e s tim e r d em a in . Il n ou s est
a yid es , les d o ig ts c r is p és , la g o r g e s errée.
i m p o s s i b l e , à vou s , à h ou s tou s, d e n ou s p r ête r à
E n fin le c o u ver cle « ’o u vr it et ils vir e n t ces m il
ces ca lcu ls , d e p a r tic ip e r a ces in tr ig u es . V ou s
lion s , leu r s m illio n s ! Ils eu r en t u n éb lou is s em en t.
a lle z m e d on n er la ca s s ette et je la r e m e ttr a i à
U n cri s ’éch a p p a d e leu rs p oitrin es .
celle à qu i elle a p p a r tin t, l a tou t s er a d it.
— Oh ! E s t- ce. b ea u ! C ’es t d on c vr a i ! E n fin I
F le u r y ne p ou va .it d o u te r d e la p a r o le d ’ u n e
C ’éta it v r a i ! Ils ten a ien t, ils p os s éd a ien t les
fçm m o d even u e u n e d es rein es d o P a r i s , d ’u n e
s p len d id es p e r les !
a m ie d e s on m a îtr e a y a n t ch eva u x et h ôtel.
J a cq u elin e, la p r em ièr e, en fit r o u le r s ou s ses
P o u r lu i, B éra n gère a v a it le d r oit do lu i d o n n er
d o ig ts , et les a u tr es y p lo n g è r en t, a u s s i les m a in s ,
d es or d r es .
.
ép r o u va n t u n e s en s a tion in d icib le à te n ir cetU j
P o u r ta n t, u n e d e r n ièr e fois , il vo u lu t r e m a r
fo r tu n e co los s a le.
q u er :
— E s t- ce b ea u I rôD étà l ’in s titu tr ice.
O n a p p o r ta le m a n tea u .
L o s d eu x s œ u rs s ’ex ta s ièr en t. E ta it- e lle h eu reu s e
d ’a v o ir d e ces fo u r r u r es !
— JVIoi, je n ’a i ja m a is r é vé si b ea u , d it J a c
q u elin e.
— Ça. te vie n d r a , fa is a it- e lle a vec con d es cen
d a n ce.
— M o i ! Je n ’y com p te p lu s ! Je s u is b ien con
ten te qu e ça s oit à toi, je te le ju r e ! Je t’ a im e
b ea u cou p ! S i je p o u va is te r en d r e s e r vice u n jo u r ,
— 0 11 n e s a it p a s , à P a r is ! — tu v e r r a is ! C e s oir,
tu te d é r a n g e s p ou r n ou s ... M a is tu d ois c o m p r en
d r e la s itu a tion . N ou s p er d r io n s d es b ijo u x p ou r
u n e q u e r e lle d ’a m o u r eu x , c ’es t p a s la p ein e... ï u
te ren d s com p te ?
— O u i ! fa is a it B é r a n g è r e in d iffér en te , p u is q u e
je t’ob éis .
P o u r la jo lie m a îtr es s e d t D es b ois telles cette res ■titu tio n d ’u n c o ffr e t d e b ijo u x de m in c e va le u r , a
leu rs v r a is p r o p r ié ta ir e s é ta it de p eu d ’im p or ta n ce.
L a d ém a r ch e lu i s em b la it du res te a s s ez Ju s tifiée,
c*t s on o r g u e il s a tis fa it a c h e va it d e la c o n va in cr e.
J a cq u elin e, d ’u n s ig n e a C lém en ce, p en d a n t qu e
B é r a n g è r e p a s s a it s on m a n tea u , s em b la a n n o n
�ÔO
%*
R ei n es de P a r i s
Ils n e p a r la ie n t p lu s , leu r s r e g a r d s n e p ou va n t
se d éta ch e r d e ce s p ecta cle d e féer ie.
E n fin C lém en ce :
— O u i, il d o it y en a v o ir p o u r d es ta s d 'o r ...
A in s i, cette p etit’e - là , — elle en c h o is it u n e a u
lia s ;.- d , — cette p etite- lù , q u i p a s s e in a p er çu e, q u i
n e com p te p a s , elle va u t s ix o u h u it cen ts fr a n cs .
J 'a i \ u lu p a r e ille ch ez B ou ch er on m a r q u ée q u in ze
cen ts !
J a cq u elin e en p r it u n e v in g ta in e et les a lig n a
s u r la 'ta b le p ou r d ir e :
— H e in ! ce c o llie r ! L es r ein es n ’o n t p a s le
p a r e il ! N o n ! v r a i !... C ’es t fou , cette fo r tu n e, c'es t
in o u ï !
J u lien r a c o n ta q u 'u n e d a m e m illia r d a ir e m et
ta it, ch a q u e a n n ée, h u it m ille fr a n cs à l ’a ch a t
d 'u n e b elle p er le. C ela d ep u is tr en te- s ep t a n s . E lle
a v a it d on c u n c o llie r s p len d id e ! r ep r és en ta n t
tr o is cen t m ille fr a n cs . E h
b ien , s on co llier ,
c 'é ta it ça !
E t il p la ç a it à côté les u n es d es a u tr es tr en te- s ep t
p erles .
— Ç a n ’y p a r a it p a s II y en a a u ta n t et j ’en lève
tr o is cen t m ille fr a n c s ! Q u elle fo r tu n e !
A lo r s , u n p eu r e m is d e la s ecou s s e, ils ch er ch è
r en t le m o ye n d e n e p a s r is q u e r d e p e r d r e le tr é
s or, d e le g a r d e r p o u r eu x.
C a r il fa lla it s o n g e r à F e r n a n d e z Y v e l, celu i q u i
e x ig e r a it 50 0/0 !
— D ’a b or d , n ou s a llo n s q u itte r P a r is ! p r o p o s a
J u lien . Ç a , c ’es t o b lig a to ir e !
— O u i, d it C a s a n o, q u i n e ten a it p lu s à r e v o ir
B é a tr ix , c ’es t n éces s a ir e.' T r o is m o is d e te r r ie r
p o u r la is s e r p a s s er l ’o r a g e , tr o is m o is en fou is
d a n s u n trou , a s s is s u r n os p er les
11 fa u d r a ch er
ch er à r o g n e r la p a r t d e F er n a n d ez.
J a cq u elin e r e m a r q u a :
— C e s er a fa c ile . O n e n lè ve r a la m o itié d es p e r
les , et on lu i d ir a q u e la ca s s ette n 'e n co n ten a it
p a s p lu s !
— C ’es t u n e id ée !
— 11 s er a en cor e b ien con ten t, p u is q u ’il tou
ch e r a tr ois ou q u a tr e m illio n s p o u r s es m a lh e u
r eu x b illets d e m ille 1
— O u i ! Oh ! n ou s a llo n s jo u e r s er r é 1 M a is p a s
à P a r is ! r e p r it L ou is .
— P a r to n s tou t d e s u ite ! p r o p o s a C lém en ce.
- - P o u r où ?
*
— Je n e s a is p a s !
J u lien p a r la :
— D em a in m a tin , a va n t le jo u r , n ou s ir o n s à la
g a r e. S à in t- L a za r e et n ou s file r o n s p o u r u n p etit
p a ys n o r m a n d , en tr e R o u en et D iep p e, où je s u is
con n u ... h on or a b lem en t. J’y a i p a s s é u n été, v o ic i
tr o is ou q u a tr e a n s . Je d ir a i, q u e je vien s m e m e t
tr e a ii ver t. C ’es t u n v illa g e in fect, é lo ig n é d e tou t.
J a m a is on n e n ou s ch er ch er a là - b a s . N o u s fer o n s
les m orts .
C a s a n o a p p r o u va :
— C ’es t ça ! F a ir e les m or ts ! A tte n d r e la fin en
d eh ors d e la b a ta ille ... P a r c e q u ’il va y a v o ir u n e
p lu ie d e b a lles d e r e v o lv e r ! L e com te, B é a tr ix ,
B ep p o !... D es b ois telles , à q u i on s ’en p r e n d r a
p eu t- être... O h ! il fa u t fich e le ca m p !
— D em a in ! Il y a u n tr a in à s ep t h eu res cin q .
N o u s le p r en d r o n s !
— O n n e se cou ch e p a s ?
— C ertes , n on ! N o u s a u r o n s tr o is m o is p ou r
d o r m ir ! N o u s a llo n s b a va r d e r en r e m u a n t n os
m illio n s , r é flé c h ir en cor e... o r g a n is e r la d éfen s e
d e n otre b ien . M a in ten a n t, n ou s p ou von s a tten d r e,
éta n t s û rs d ’êtr e rich es . L e s r o is d e la m od e, les
r ein e s d u jo u r !... A u p r in tem p s ! T o u t s e r a r é g lé ,
on p o u r r a se r is q u er , s o r tir les b ijo u x I V iv e la
v ie !...
J a cq u elin e em b r a s s a ce J u lien q u 'e lle a v a it si
s o u ven t la r d é d e s es é p ig r â m m e s m S p r is a n tos :
— A h ! tu vois , m on b on Me- a n e, ta p etite
J a cq u elin e t'a p or té vein e !
— E n effe t !
Ils e x u lta ie n t, d even a n t p lu s
.ou x, p lu s c o r
d ia u x à ch a q u e m in u te, à m es u re q u ’ils se r e n
d a ie n t com p te d e ce q u i le u r a r r iv a it.
F in ie , la m is è r e ! F in i, le tem p s d es lu ttes , d es
h u is s ier s , d es fu ites d e va n t les cr éa n cier s , d e la
ca r o tte, d es ja lo u s ie s qu i to r tu r en t et em p o is o n
n en t la vie.
C ’éta it la g r a n d e for tu n e, la g r a i.
g r is e r ie , la
fête é ter n elle, les ch â tea u x , les vo;. ¡[es d a n s la
p r o s te r n a tio n d es va lets , les to ilettes J es p r em ier s
ta ille u r s et le s ta b lea u x d es g r a n d s p ein tr es ! les
p la n tes r a r e s et les d în er s s om p tu eu x ! C ’éta ien t
les vo itu r es q u i écla b ou s s en t, les v illa s p lein es d e
H eu rs , les p a r is , le jeu , l ’a m o u r et s es s u r p r is es , et
s es p a s s ion s ex q u is es !
J u s q u ’à l ’h eu re d u Ir a in , ils d em eu r èr en t p en
ch és ve r s le c o ffr et, n e s o n g ea n t m êm e p a s à b oir e,
à s ou p er, à r a llu m e r le feu d e l ’â tre.
E n fin , à cin q h eu res , ils se p r é p a r è r e n t a u d é
p a r t et à l'h eu r e in d iq u ée, ils se tr o u va ie n t à la
g a r e S a ln t- L a za r e , J u lien p o r ta n t s ou s s on b r a s
l a p r écieu s e ca s s ette.
L e tr a in d e R o u en les e m p o r ta et a vec eu x cette
fo r tu n e a p r ès la q u e lle c o u r a ie n t ta n t d e gen s , se
d é c h a în a ie n t ta n t d ’a p p étits , s ’a c cr o c h a ie n t ta n t
d 'es p ér a n ces .
Prochain Velume à paraître :
A .
CASSETTE
par
D e ux iè m e
ot
Jules
d e rn ie r
JÉ*éè\
De G A S T Y N E
é p iso d e
de : R E IN E S
D E
UN FRANC le volume
Unprio ic ric 4a La P rt ase
^
P A R IS
F ruaç ai e c , 10, rue Uu F aubo urg -M o n lm art re , P ari s, T é lé pho ne ; L o uv ro U 4 7 .
��Prochain volume à paraître:
LU CASSETTE I E PERLES
/
p ar
Ju l e s
D euxi èm e et dern i er
UN
D e
épi sode
G A ST Y N E
de :
R E IN E S
7 A.
M a tth e y
8
9
10
U
R .d e Pont-.Test
Léon
M a llcet
H . G erm a in
M . L a tou r
12
C.
13
14
15
16
17
J. Roch on
F. L a fa r g u e
C. E s q u ler
P. S ales
J. d e G a s tyne
L ad o u cetlG
18 M . T h lé r y
19 M . L a Tou r
00 A. G a lop in
21 H. G erm a in
M a llcet
22 !. .
23 M. M orp h y
24 A. B elot
26 11. Fra n ce
26 P. S a les
27 G. M a ld a gu o
2«
29
30
31
32
33
34
T Rochon
H. G a llu s
J. d o G a s tyn e
M. A lia i n
H. G erm a in
H. G erm a in
Ch. M érou vu l
36 M. I . i Tou r
36 P. S ales
31 P. D ocou rcelle
35
—
3'J J. C ardorn
4 D SI. Iji Tou r
41 Ch. E squ ler
42 J H. M a gog
43 A.
G a lop in
44 L. <1<> M or ta lx
45 J. d e G a s tyn o
40 M . L a n d a y
47 C. Fréra y
J -M . P r io ila t
4Î) j.- m . P r io lle t
60 p . S a ie i
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48
6» B on n ory
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L’n B a is er d a n s la nu it.
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67
Les E pou x enn em is .
L e C œ u r d e L iette.
A im er à en m ou rir.
M a m a n d e Fra n ce.
A m ou r ot D évou ement.
L e M a u va is Ju ge.
L ’E n ia n t du Péché.
Pa s s ion s d e
Jeu nes
Filles .
J. d e G a s tyn e L a ch a rm eu s e d ’hom
mes.
L a Fem m e ou tra gée.
Lis e P a s ca l
G
ra
n d e ch érie.
G. Ra ys sa c
Cœur
ten dre.
cœ u r
M
L a Tou r
m eu rtri.
La colon n e In fern a le.
G. L er ou x
L a T er r ib le a ven tu re.
_
Fem m e... E te m elle vic
M. P r io llet
tim e.
M.
L.
AI.
J.
If.
L.
P.
" -J
p etite
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V
N”
G rin ga lette.
L 'E n fa n t d :u ne V ierge.
U ne n u it d e noces.
L a D a m e a u x V iolettes.
C h a în e M or telle.
L a N u it Rou ge.
L e C orp s d E l Isa.
Le F i l s d e J a c q u e s .
L e Coq du V illa g e.
R iva lité d ’Am ou r.
M a riée à son p a tron .
L A m ou r et l'A r g en t.
C a lva ir e d 'a m a n te
Flora is on d 'a m ou rs
A m a n t et Ju ge
M oin s for t qu e l ’Am ou r
P ou r l'H on n eu r d 'u n e
•Mère.
L a P etite « D eu x Sou s *.
P rin ces M
et 011e du
peu ple.
Lc-s P oilu s d e la 9'.
L a B elle L orra in e.
Le Tu eu r d e fomimes.
Le Rom a n d ’u n sokla t.
U n e a ffolée d ’a m ou i-.
P rim o d o B oche I
l>e D ia m a n t N oir.
L e P e tit Ta m b ou r do
B a zellles .
Le M ys tère d e l'éta n g.
L 'A m o u r sou s les b alles.
Iæ C a lva ire d 'u n o mère.
L 'A m ou r es t m a ître.
L a F ille du Hoche.
C rim es d ’es pions.
L a M a îtres s e d o M . le
M in is tre,
L a M a rra in e du P oilu .
La Fem m e on d on n ie.
L e » d ou x Fra n gin es .
Les R equ in s d e P a ris ,
lli’ r ll^ g c d ’a m ou r.
M a riée lo l ’r a oiU 1814.
Rm ilb osse lo S a ltim b a n
qu e.
L « 'p io n n e
au x
you x
verts.
Los Arnou rs d 'u n fu s i
lle r m a rin .
Tu é p a r l'A m ou r.
La Fem m e en n oir.
1s i • A.meu rs d ’u n e D a c
tylo.
C e.i- s q u i a im en t.
Le Roi des Cu istots.
F ils d e héros.
L e P u its m itoyen .
Les A m ou rs d o Pinsonnet.
P A R IS
F R A N C le volume
Volumes déjà parus
1 J. M a r y
2 P S a les
€ Ch. M érou vel
4 M . -Mr. i>hy
5 G. M a ltia g n «
6 J. d e G a s tyn e
DE
P r io llet
D 'H ée
L a Tou r '
V a ld ier
G erm a in
M a llcet
S ales
M R d e Pont- Jast G ra in d e B eau té.
L 'O rp h elin d o Term on d c
69 M. L a n d a y
70 P . D ecooix elle L a M a in s u r la b ou che.
Le D r o it d o la M ère.
B ru » d e L ila s
72 M. L a Tou r
A m ou r ot V olu pté.
73 J. Roch on
d e G a s tyn o A p rès Pou tra ge.
P ou r son Am ou r.
7o M . À lla ln
Fem m e ot M aîtresse.
76 P . S ales
77
—
M a rth e et M a rie
P a p a B on Cœu r.
78 M. L a Tou r
79 G . M a ld a gu o P ou r le r oi d o Pru sse.
S a u va gette.
8 0 M . Lan day
81 J.- H M a g o g
C œ u r do M id in ette.
•
8-f J- «le G a s tyn e L 'A m o u r pa rd on n e.
I’èro et M ère Inconnu s.
83 Ch. E s qu ler
L e B eau C h ris tia n
84 M . B oisson
85 -M. P r io lle t
Pou r être comtesse.
8 6 M . L a Tou r
C elle q u ’on n'épou so pas
V ip ère '
87 P. Sales
88 1* Sales
O rp h elin es !
89 M. M orp h y
La B a m b in e !
Fa nch on r Id io te .
W M. M a rio
91 J. C a rdozo
L e M on d e où l ’on a im e.
A ven tu rière d ’Am ou r.
W L. .Mortal x
93 G . M a ld a gu o U n hu ssa rd d e la M ort.
94 J. d e G a s tyn o B lon d in ette.
»5 .M. i . i T o a , ° B on h eu r volé.
S a crifiée.
<*> P. S ales
97
_
P ie r r e S a n dra c.
08 L. L a u n a y
Le C a lva ire d e M a rtho
90 A . M a tth ey
M a m z'elle Lizon .
too F. P oyr e
U eln o b londe.
10 1 Ch. M érou vel Jeu n y F a yelle.
¡« * ’J: d e G ju tyn e S a n ctu a ire d ’a m ou r.
nu M
P r io llet
M ère d ou lou reu s e.
104 J. M a n d em en t
et M. A l l a l n
Fa u vette.
C h a în e dorée.
105 P. S ales
loo
—
O iyin p o S a lvertl.
107 E d. Con il no
Coeur en détresse
l"H M. L a Tou r C en d rlllon d 'a in ou r.
109 j . d e G aistyno L 'H om m e d o la n u it
110 M . M or p h y
M a rjoile.
f/' D ra peau .
111
_
112 G. M n ld a s u o Plu s h a u t qu e la honte
F in i... l’a m ou r.
113 M
P r io llet
Tor tu r e d 'a m ou r.
114 M . L a Tou r
115 P. Sales
fin a n cier.
116
. p l u s r,.
117 J. d o G a s tyne*Js SJ're d e M ère.
118 E’.- M .La u m a n n
et L. P er r et N 'ou b lion s ja m a is .
110 M érou vel
U n lys au ru issea u .
120 P . D ecou rcelle L e cu ré du M ou lin Rou ge.
—
S eu le au monde.
1*22 M a ld a gu e
L a B elle A r m a n d «.
123 R.d o P on t- J is t Les crim es d ’un a n ge.
124 H . Kércml
F lor a Prin tem p s .
J‘25 M . A lla in
C h a grin d ’a m ou r.
126 P . S a les
L ou is e M orna ns.
127 J .'d o G a s tyn e L ’A m ou r en pleu rs. k
128 A. M a th ey
I-a B elle fille.
129 M. P r io lle t
Les
la rm es
q u ’on ne
p leu re pas.
130 M a n s vie
Tra n s es d ’a m ou r.
131 M a ld a gu e
La B a nc roche.
132 J. M a r y
L e » D eu x A m ou rs
le
Thérèse.
133
Les frères »d e la h a in e
Jea ntie d o M orcœ u r.
134 P. S ales
135 M . M or p h y
Le S ocrot d e la d om p
teuse.
136 if. d e L a Tou r L a D a m e M ystérieu se.
137
—
C œ u r d ’Epouse.
138 J. do G a s tyn e V® ,lom fa ta l.
130 O. .M a ld a gu o Am e on pein e.
140 M. P r lo let
Fleu rette, b ou qu etière.
141 M a g o g
La B elle a u x yeu x d ’or.
142 II. M a n s vlc
Sans Am ou r.
143 P. Salea
A m ou r et M illion s .
144
L a C onqu ête.
145 G. .M aldagu o L e S ecret d o D iane.
146 M. U
mur
F olio d ’u n s oir.
I. i» Tou
147 J. d o G a s tyn e
(;lu lr <*0 la nu it
148 M . L a n d a y
Lo Cœ u r d o m a m ie
liü P. Lu ta rgu e
D épra vée.
P. D ecou rcelle I>?-H Fêta rd s d e Pa ris .
151
—
L a M a rch a n d e d o P r ia
tem ps
152 C a rd oïe
Lo
Ca plt- alno
G ra ndcœ u r.
153 G . Ma Id agu a L a D éla issée.
154 J. d e Cvastyne Le C rim e «le Rein e.
155 J. M a r y
Les fa u x m a ria ges .
156
lipou so ot Am a nto.
157 H. M a rch a i
D o l ’A m ou r nu C rim e.
158 It.d e Pon t- Jes t L e s. r tu eu t d 'K va .
150 M. M orp h y
L 'A n g e du fa u b ou rg.
160
—
lies Potlta Am ou reu x.
161 G. M a ld a gu e Tr a g iq u e Am ou r,
162 ch . Lo Fa clty
P a w lon n em en t I
14>3 P. IlertJ.a y
L ’H eu re H éroïqu e.
10 4 l'.- M La u n u n i,n
e t J .B ou vier Amorur e t La rm es .
165
L a Ra n çon .
166 Jea n Rochon
L a G a la n te Aven tu re,
1G7 J.- H. M a gog.
lîèvo M eu rtri.
168 P ier r e SaU s. L a Fée du G u iid o.
160
l a M a lou ln e
170 G. Ala.U lagu o
B a isers poix lus.
171 Lo F a ck y
L H eu reu x A m ou r d 'A r
iette,
172
l ’a u l B ertn a y Pos to resta nte.
173 M. M or p h y
L a D a m e on Or.
121
�
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Title
A name given to the resource
Les Maitres du roman populaire
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Description
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Arthème Fayard lance les Maîtres du Roman Populaire en 1914.<br /><a href="https://bibliotheque-virtuelle.bu.uca.fr/exhibits/show/fondbastaire/les-maitres-du-roman-populair">En savoir plus sur les Maitres du roman populaire</a>
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Title
A name given to the resource
Reines de Paris
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Gastyne, Jules de
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Fayard
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
191X
Type
The nature or genre of the resource
text
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
Les maîtres du roman populaire ; [174]
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Source
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Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Language
A language of the resource
fre
Rights
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Domaine public
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Bastaire_Maitres_Roman_Populaire_C20718_1206688
Relation
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e2dd93199baeecbd8364050668b5f1a0
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-,.
JULES ' DE CASTYNE
SlBGlU·AIRE · D'A OUR
��JULES DE CASTYNE
•
•
SANCTUAIRE D' AOU R
..
. ,
\0 ,
•
E,ES MAITRES
ARTH~ME
DU
ROMAN POPULAIRJ!:
FAYARD et CI.
�Prochain VolUffle à para Ure:
1ÈRE DOULOUREUSE.
Il
R.OMAN INÉDIT
par Marcei PRIOLLET
76
centimes le volume complet
(
Volumes déjà parus:
1 ALLAIN
....'ee ,
UA
ft
( L'Amour eat maUre.
Amour
1Pon son
•••••••
A'olpbe BELOT....... Uae Allolée d'aQl"',
leu BONNERY el
' •• MAItC.PY ....... Le Baiser daos Il DUit.
MariaI BOISSON .......... • Le Beau Cbrlstlan.
JD~
e.\RDOZE ....... \ f'éritllgc d'amoor.
1 Le Monde où 1'00 alme.
Les Deux frarilllnea..
Les !te qui as de Paria.
,e DECOURCELLE I.a 1\I1IIn sur la Boncbe
Le Droit de la l'tère.
l
.I...
eurles ESQUUm ..... \' Amant et Jnlle.
Père et Mère incollnus. '
cu,les
ESQUIER et
Bcarf d. FORGE .. '.
Hecto' fRANCS.......
Cra.1te FItElI-IY ........
Bea,, ' OALLUS .......
--,,!·_,_
Roui bosse le saltimbanque.
Crime de Bocbe 1
Celles (lni almeat.
I.'Amour IOUI les ban...
•
~ J.es Poilus de la te.
GALOPiN. . .. Les Amours .'l1li tlllQJer ...
rlu.
I.a Nuit ·roaae.
Pour l'Honneur d'oue mire.
I.e Calvaire d'one mire.
La Femme ca a'olr.
., GASTYNE... LII Cbarmeuse d'bommes.
Après I!outrallc.
L'Amonr pa,aonDe
, BloadlaeUe.
IUvallté 'd'amoar.
l,a aene Lorrala..
.. "tIIIIA.. GERMAIN, •••• ,
III HUe d. Boclle.
Crimes d'espl .....
Amour et Dévouemenl.
Letlll .'88B........... li! Cœar de LieUe.
14nIODd IoADOUes1Ts L'Amonr et l'Arien'.
, ...... LAfARGUE.. Plor.llDa d',naoan.
L el
Amoan d'aae d.ctylo.
LANDA y •••• • I ,'O~pbelia
de l'ermonde.
Sauvagette
Mariée III IDa .,.Iron.
P.lnce5le et Pille du peI,le.
I:J Marraine da pollo.
Mariee le . or aoOt lUt.
Aimer .•• III ID moarir .
Cœur lendre, Cœur nal.ran.
Brin de LUlli.
Papa BOD Cœlll'.
Celle Qa'oa a ' f poese pa
~
Ie Caltalr. de Marth ••
~
~
~
Gastoa LEROUX., .. , .. (La Colouae Infern.le.
La Terrible AyeatareB."'. IIAGOG ......... \ L'l!sploDDe a ux l'eus ....rta. '
,
1Cœur de Midiaette.
Cunioe morltlle.
Georges MALDAGUE •• · Le Petit TambollJ' de Sazem..
) Pour le Roi de Prusse 1
Un Hussard de la Mort;
,
~ I.e Coq du village.
Léou MALlCET........ r.1l Taeur de femmes.
Le Mauvais jage. .
Jales MARy........... GriD~8Iet.
Marc MARIO.. ............. Panchon l'Idiote.
A. l\IATH~Y
......... 1 I.e Corps d'Elisa.
l Mam'zelle Lison
Uae Nalt de noces.
Charles MEROUVEL.. L:A Maitrelse de Moulellr Il
) MiliaIre.
Jenay fayelle.
La Dame aux violet....
Michel MORPBY...... Le ROMau d'UD sQldat
La Bamblae.
.
L. de MORTAIX ..... Tué par l'amoa,.
A. veDlurière d'Amour.
Lise PASCAL .......... LIJ Femme outr.a~e
Feraaad PEyRE...... Relae Blolld•.
ReDé de PONT.JEST... ~ I.e fil, de J,cQa ...
t Grala de Bea_ti
Octave PRADELS..... Les Amours de PllIIOaa
f
Le Roi des cmtog.
J,·M. PRIOLLET...... FIII de labos.
Les B1'Oax eau_II.
Marcol PRIOLLBT..... ) femme ... Eternelle "ctl. .
Pour etre ccllat.....
1
I
t
O•• toa RA YSSAC.. ... • Graade Cbérle.
to
Caluire d'amla',.
Je.a HOCBON......... I.e MYltbe de l'ISta...
,
.\ mour el Volupt6.
1. ' Enlaat d'uue vier,••
MuiD' fort Que l'ImOIl 1
Le Dillmaat bolr.
I.a Ff mmc endormi••
1 e Puits mitoyen.
J.'E nlant da lI~cb
6 .
Plorfe SALES.......... PI~
III ni de j UOel 1111 ,
el1lrne et Mallresse
.Inrthe et Alarlo
Vlpèro 1
~
-or'pu.uu. 1·
Sacrillee 1
Pierre San4tac.
•
Marle TrURRY........ 1.11 Petite c Deui ~
J eaa VALDIER...
•.. M'IDI. . . , ......
1
�. JULES DE
GASTYNE
OUR
N TU
-------...::::::--_.-_.-._-=::::---:~_
PREMJERE PARTIE
r
Le 10 mEl!i de }"année te ... , un. jeune homme ù'\lJIle
f.ronLame ü',l'n'nées clTlt.raiL comme wn.e avalanche du.ns
les bureaux d.. ~Ma.ction
du Grand Journal.
. Il se nommaiL EdglUl'd de Kéraooo.
D'origine hrl'loone, il avait ét.6 élevé à Paris ct é!Jo,U
devoenu FlaJ'Ï8km. pUll' samg,
JI aVofliL miLngè rapidement la plus grand llurlie de
la petite fortuUé que ses parl'n"\5 lui avaknt Il1Ji&:ée, et
La. Lêle to'Ul'dlCe par les l'I)ffiIMlS dc Cinan-Doyle. il était..
enln'é dans 'un jQUl'ltal pouu' y faÎl:'<3 du repol'lagc eL
s'él6.H pris de Ik'lle pas~iO'1l
pom. I~
affaires un peu
mysLéneu.;es qu'U o,V'tl,it ~n
pl'étenUon dE'. d,éhrouiller
mieux que les policiurs les plus SluhW'l&,
11 él6.1t devonu \.Ul1C sOl'le de policier am.alRm', don\
5CS camarades l;;1)U!l'i,LÎenL un peu, mais crll!i, Clî!}Cnaan\,
ne manquait ni de finesse ni d'habile lé.
Hs élain~
los pl'cmlOl's il le r{?connni!Jre et, il lui rendre justioc, Et oomme c'ét.ait un kès bon garçoll, bien
.<t'U'il ne ro.t pas lin professionnel 00 journalisme, on l'aimaiL et on l'estimait beauooh'P,
Au cercle qui! fréquentniL, sa manie aussi élait connu , et il ét.ai~
rnre qu'on lui donmât son vétit.aole
nO:!1I, On 00 l'ILru>ellllt qUQ Sherlok H. .:Wuoo ou Co.cktuU,
lui éli&i.t vonu de su prMilecSon premier 9Obri<[ue~
tkJn bien oonnue pour les allQS8S policières eL le second
de sa pasgjon pour le. bo:l.ssO'1l {~In.6rW:oie
de ce nom,
lb geroon !Je dtœso. en StlT.9II'bt, ().\lS6Î cllroyé que
s'il 8V'a1ll vu une boml>e OcluLer à 6€G pieds ou un mur
lUi t.ombm' 81'" in ~œ,
A,y,anL recùllJlI1 Edgurd, il t;\1:4 Îu :
- Ah 1 JJJOJIs!eul' lie KéJ1n{,œ, que VOIl6 m·u.'Ve.,; fa"
peur 1
11 éLuj\ L<>u~
tremblo,nt.
Le Jeuoo JJollci(!!'
nrnlLWUl' SI! miL à l'ire.
- Tu Il'US tf,unL: jllllwi;; été au fC1\, mon 'P*IUVI'«l J~ Il 7
OOllllllO touL IQ momie en J ,iO, ma.is
- Si, Il)1J/~WU',
J'a.i éJ..é sUl1ms,
- Eh bll!ll 1 ft'Illels·tol ct {'hr~(o-mi
tout, tIr> suite
~ COllootri( 1 ri l, ... les d'llllx cfll( lr'C'S.
-
oron,
/lU Il
Til les 1I~
le burenu Il
-
1(
111',
';
~l
rru.t :p1li c, clans
r ln 1ahlo, devtlJ~
l" n,
Oui. mo" II 'IJl"
Va. eL !IUS it~v
1
E '8.I'd 0111<:\ \ sun chll;.oeall, nlla nooruchel' on par.
00;, us cL ~LrR
dans ln. 1,,rrnn(lc pÎèoo s 'nanL li bu.
l'eau ao rl!dndwn nUl( rédaetcur& du
Grand Journ.al _,
EIJe éLan meublée d'une grande (Il.ble couva'Le d'un
I&alpJs ~
encombrée de ()~urea
de journ/llUx de
pn.pi«a ... iou\es aortes, d'enalers à mo.If.1é
dl
1(
vi.:
pOiI'lJe..plume en mauvais /!tat, avpc au mur. pour (Jl'o
neme.nts d~
c,a.rl.es diverses, des ~fic'hes
et dœ m0rceaux d~
jouI'naux collés avec des pai'llS il cacheter pOUl'
raJlPtller une \.oute, lIne affaire iL sensaLioo. Ou simplement pOUT ("xpos;:r Ul1<X quolibets OOC oourde découpée
chez un coolrèrcr.
La sMIe éLuit déserte, traversée par un rayon de solell entrant par de MUtes fenêlres.
Et, dès que .Iean euL 61pporté les collecLioI18, Edgard
se mit il J'œuvre.
Il cl1erchruit avidement Lout ce qui concernait W1 crime q'Ui avait fait couler OOaucoup d'enCtl'e a;u.t.rN'œ.
EL il était da.ns Lout le feu de bOn tru.vo.iJ, qU'llnd la
porte, po'lS~e
brusquemûnt, livra pB8Suge il UII1 jeune
homme d'une trmlnine d'annécs, mis tl'ès él6grurumenl.,
le monocle il. l'œil et de r.a.rt. jolie figure,. avec Ges yeux
veloul.'", et uno fine m\.lusl.ache noire.
1J 6tait soigneuciemenL ganlé et teilait il la. main une
canne il pomme d'or.
JI éLait chargé dans le « Grrunù .JvlII1'n.a1 " de tout ce
qui ooncerne le monde et s'ét.àit faiL une réputatiQn de
chroniqueur mondain.
.
On le di.:,ait rolH~t
de plulSjeuJ's grandes dames. C'éfiait un peu cxo.gùré peut-être. mais, 'luflnd on parlait
devant lui de ses bonnes fortunes, il se défendoa.1t sJ
mollement et 1l~C
de tds sourires sou!rontooÙQll.' qutllu
lwu de les dl!lU<.:uLll', ses dùllégaLiQns ue serYaiunt qu'à Ica
confirmer.
JI A'HuL l'a.ir li' s'cn faire gl4lire.
En vOy/Lnt lÜ'l'udcc au· bureOJu, il eut une excJumaUO'1l ùe &urpl'iw.
- Déjà il la bcsognè 1 Qu'y a-triJ. donc d'extraordJmure?
- Ah 1 mon clher, une chose très ~m>portan.e
don'
on vient de me chorger ou plutôt dont je v;ens de me
charger moi-même, ume a1faire épi\l!~
et a.vec· laQuelle je pourrui foire ùes papicrs l'tui fill'l(mt plllir de
jalo\iSie tous les oonIrères.
- Diable 1
que je viens fnire li propos
- Ris, des rf'.cl~e&>
o"une vieUle nf!IlJrc. Te rappelles·lu ·cel·le affaire du
boulevard Bot1l1'doTl, cc jeune homme as.~né
'le soir
môme do(! ses fiu" çnillcs ?
-
Je ne me
-
L'uffni,rc
!lu tout.
f.lit iL l'opoquc d'nul:, 1t pllls tiC bruit
que ln jPUI1f! fil! qll'll Ll HliL ép< 11 lll' Ilvait déjà cu un:
autre Jiancé 1"11 ,'lI ~ plie, ;;1 1'011 peut j)iu'lur ainsi. eD
<lun 1\ s m ~1l
cil'" n 'l'ln
lIlYI,ld'icllses, Tu uo Le
~.
bO Il VieIl!; , pliS
0.
'l'jJl 1 cs pit' C li. Il:, Il! 1'(1 '1
las <III IOIlL, " l' Lot S S/"l1S III l ,~
pu1; j{'~
nrfllll'CS J\lI1J< "1l1I s, Il I<.)i , lu s:us.
- Oui, ça le lL)\1 'Ill' jJ<'U.
-
Je ne m'en suu
jnmniR ocCUpt....
pas il Pa.rlS,
pO~>iolnée
d'autant plus que J',
taisais mes dt\hvk; do.l1<; 10 n)pill'tRge.
- EL tu lIB d6couvcrl l'assilssin ?
- Pas plu.<; que la police, Les poLioiers ~ moi, noue
avons fan Mali lJlunc, On s'éLe.a b\Qœé. On reoherohult
-
r-.toi, cell".j/), m'u
�Sanctuaire
cambrioleurs eC c'était d'1lln autre cOté qu"ll fallait diriger l'enquête. J'en avais l'impresSion à ce IlU)IIlen.ti,
et je l'ai gardée.
•
_
- Et _qui le tait songer à· cet.te vieille affaire '[
- 18 ne sais pas. j'ai l'intuition qu'elle poU1Talt
bien un jour ou l'a Ulbre , revenilr sur l'ea.u. Pourquoi ?
Je n~ sais pas, on a quelquefois da ces idées, et,n'ay.a.nti
lI"len de mieux à fa.ire, je suis venu feuilleter la oolleeIiionde mes articles. J'étais curieux de les relire pour
vOlir comment je IJ!1avaiMais à ce moment et me rendre
compte de mes pcogrès. si toutefois j'en ai f.ai~
- ce
qui n'est ~
encore démontré.
- Que .tu es heua-eux de pouV'OÏIl' t'intéresser à ces
d~
niulseries 1
Edgard reg84'dIa son carnarode, qui avRit l'air un peu
ennuyé.
- Cela ne va donc pas 'l
- Je ne gagne pas assez pour ce que j'ai à dépenaer.
On ne gagne
-
JamRi~
n.ssez 1
- C'est bien wai .
..... PourLant tu es bien payé ici.
(.e mille IPW' mois.
- Un b~lIet
- C'est joli 1
- Je ne dis pos. Mais Wut cela passe en fleurs, en
eadeaux de tous genres, SOUlp&S au cabaret. bonbOns,
quc sais-je ? Et c'est toujours mangé d'avance.
- Puis il Y a. le t.ailleuJI' qoooo on est chic comme
loi.
Oh 1 le tailleur. il me fait crédit. SaM ça 1
Ça coOte cber la vie élégante 1
Très cher 1
- Mais il Y a. des cam-pensa1:ions. On est aimé par
des beUes dtlanes.
-
-
Oh 1 ailllé 1
On en a l'impress.iDn du mams, eC c'est ia mêmo
œooe.
- Quand on n'aime pas soi-même.
des élégances {parisiannes a.vail
Le Jeune ~cirLeT
prononcé cette phrase avec un 001 accent que son nmi
ler~.
-
Est-œ que par hasard ?
Mais oui, mon ohar, dit l'a.uTa-e, en plein; je suis
pinoê en JPlein, moi qui me croyais inaccessible à ce
genre de sensatlDns. Pinoé, fout ce qu'il y 6 do p~lI$
-
Ilinoé 1
-
Mon poovre Na.zim 1
- Ah 1 tu peux me plaindre, VIa 1 SaiB-tu ce que je
viens faire lei? Paa travailler, tu penses. Je vions attendre un mot d'elle, lJ[l mot qui m'élèvelnl. jusQiu'au ciel
dans les pll\lS proIonds abîmes du déou me pl~era.
sespoir. Je paTle oomme les mélos, tu vOlis., Foot-il que
je sois atteint 1
- Elle œL donc bien exlraordmaire ?
Oh 1 pOlir QIl, mon cher, tu peux le 6.lre.
Et tlcn ina.ooessible 1
- Çà, je ne snis -pas. Je ne suis pas encore fixé. Je le
8et'8i peuL-Cllre to.uL à l'heure. ft..h 1 q\W c'est en.u~x
d'o.Ltendre 1
•
EL le j€Juno homme se mit il se promener de long e11
"'rge, l'oreUle tendue aux lrruiLs.
Edgard o.vaU repris sa besogne.
-
Quelques minutes 8C pa<is&'cn6, puis lu. pOI'Le de la
salle de rédootâon s·ouvrit.
Joon parut, 'IUl petiL hleu à. la .lUlln.
Nazlm se pr6cil~o.
- Pour moi 7
- M. Georges Nniim.
- OO'llfie 1
Lo joune homme nl'rnchn le poa>icJ (h. mains du
cl. ùœ qu'iJ out Uéclliré le ooi tillé eL jelô les
SUI' el) qui {,t.llit oori\, SB J1gure BC dœomposa et
~
)JaTQM
"CU X
eut un c.rl (!tollrr6.
- l'oh 1 ln ml~(:rube
1
d'Amoul'
Puis il se mil: à nl.O!roOOr de liang _~
lai'ge, en ba.t~
Il semblait an proie à une rage imd~.
Edgard le contempla lJ.iIl instant, puis Il Sel remit li:
SOII1 travadl, I!)QUr ne PtIS pooaitre .indiscret
Qu.a.nd iIl fut Jas d'alJar et de venir dans un mouvement de fauve en cage, Georges Niui.m viDi à @Olt ami,
tant l'air M"OO sa carune.
Il 1ui miJI. 1a. main sur l'épaule e.1I lui dem)Yu} Il, ~«I
yeux dans les yeux :
As4u aimé 'l
-
L'auLre le fixa avec surprise et ~Ila'i
:
- Dame, oui, oœnme tout le monde.
- Alors, fiL Georges, tu n'8i1 pas aimé.
Et il oonllinoo. à roorcher avec agitnLian.
Son lima. le considéraitravec stU>peur.
A'l1 bout d'un inst.wnt, il lDfUI'IIIlura :
- O'ailleU4"S, cel-a voot mieux poOO' 1.oi, C'eliZ si bêLè
d'a.imer 1
- Je ne f4'ouve pas, dit ~a.rd
- Parce tFue lJu ne sais pas ce que e'esC, mon pauvre
yieux 1
- - Il est certain 'que je n'ai PM eu d'8lil pa.ssions
comme ~oi.
Je ne suis pas, moi, lm bOurreau des
cœurs 1
.
- Un bourreau des cœurs 1 fit le journalislie mono'
dRin avec une ex;pression d"amertumc indéfinissable.
C'est vrai. on dit ceLa de moi 1 Mais c'~i
le DO\.tI'reo.u
de moi-même que je suis, d'on pauVII'e ami. Et l'E\1ll01U:
m'a toujOUŒ'S ~orté
plUS de douleurs et de décepllon.!!
que de triomphes et de joies. N'aime pas, m { n'aimè
jnmais... L'runOUll' d;}gl'ade l'homme ct l'avilit- C'est lui qui en fait un héros, qui lui. impire da
grandes ohoses.
- Qui dit cela '1
- Mais lôus les poètal. tous les écrilv'o.i11S.
- C'est de la liLbél'ature 1
-- L'homme qui aime est
-
égaJ
OJW[
dieux.
Quelle bêtise 1
L'amow' le meti wu niveau Ou ciel.
- Au niveau. du 501, les pieds dlwns Ja bOue t
- Faulril que tu souffres pour parler aioai 1 Tu Ils
été trompé ?
- 11 s'agit Men de cela 1 C'est pis, mon po.tI\-lx: ami,
repoussé, dédaigné, berné de profIUlSSe,& jau1.6Ï.G f.cnuc!t.
Oh 1 .!JI faudra que je raconte cela un jou!' l U y a
-près de deux llJlS Q'Ue cela dsure et cela an'é~)Ue
1
Goorges oessa de marcher, et venant à son ami.
- Et pourquoi ne I.e le dirws-je poo à toi ~ Tu lJ.<, le
&omps ne m'écouLer ?
- l\1ais out.
- O'.ailleul'S, je Le dûnner&i des ~
qui t'intéresseroni peuf...êwa.
•
- Esf...Ce que ceLt.e femme que tAà a1mea &el'a.i~
mêlée
il quelque d.NIma,lJque aventure t
- Pas elle snrement, mals son mari peuL-C:k.e... oU
du moins celui qui passe pour &On aDari, ct. qui n'csa
peulrôtre que son amant ()U peut-êtJre BOO père. On ne
snit Pils. Il y Il une telle obscu.riUl en ce qui les concel1le tollS les deux que je n'ai pas enoote pu détinir
quelE> Mens les atLadlent et que person.ne de leu l' entourage n'o. 6I.é capable de J1l0 renseigner l\ co slIjct.
Si tu savais quel monde bizarre 1 Tu oonnaill /lU moins
de nom le baron Pilar, AlldTéas PHQl' ?
- Qui ne le conoolt ? Les jOlY'D8.UX sooi pleills ùo
&es récil.6 de lelcs e~
des aomptuœ!tœ qu'il 6t.nIe (1. VlUS
les yeux.
- O\jj, ils en 1)8.I'1enl beaucoup. El n aime qu'ils
cn
par~ent.
-
On dit même qu'il les paie pour 00la..
la plupart. Il est tJrès ricM 'l
If foit d'nflolantes d6pelilses.
Il a t.ro4& ou quallro aulœ ~
-
•Des chevaux.
-
- Om,
_
-
-
-
Dix.
Une 6eurie.
_ Il habite, o.vœu.e ilu BOJs.<le1Joulo"nc, 00 li7,t<!I
splen<J.ldp.
:1
.1
�Sanctuaire d'Amour
- Ua palBis. Un pala4s tel que plus d'un monarque
s'cn œnœnl.ei'ait. •
•
- C'œL un homme très généreux. Il donne il. tout.cs
les Wœ de bienfalsanœ.
- POl' osœntaUon. n n'a pas de cœur.
- C'est un genUlhomme ?
- Un bandit.
- Et 1.u le fréquentes ~
- Jc ne quibte pas son hôtel. Dès que j'o8I1 une hem'c
libre, )'y cOW'S.
-- Alors 1
- AJo~
tu ne comprends pas, n'est..ce pas ? Eh
bien 1 \11 vas comprendre. Il y a un peli plus de deux
'ms, ~u
momenL où je commençais li. me faiTe conflaH'l'e œmme chroniqueur lJl.ondain, je reçus à. mon
jow'nal \me oarle du baron Pilar avec un mot pour
me prier de lui Laire l'hcxnneur a'aller le vaiT. Le baI'on
.venai\ d'lIJTlver à Paris et -achevait de s'installer dans
l'lIOlel dOfIt je vien::. de le parler. D'où venait-il ? Personne n'oo savo.i1t rien. Et,àit-i1 baron ? S'appelait-il PiIar ? Même ignorance. Très inl.rigué de cetle invitation,
ie me rendis à l'hôlel du baron 'Polir savoir ce qu'il
;vouLait de moi. Jc fus reçu di!lns un saJon splendide,
mais où tout. brillait 1a'qp, où Il y avait \.rop d'ar, o~
• tout é\ait trop neuf. J'avais croi&é dans {e vestJ.IJule
des éql»pes d'ouv'l'iers adhcyanL a'orner 'l'hôtel. On me
Î it attendre environ un qU8i'L d'heure; puis u.n homme
_llOTUt., un homme éillian-g< Ilrop neuf comme son hôtel
l'air·veJ!ni de frais, barbe et cheveux, d'un
d Elui 6VUi~
noir uop noir pour être naturel, un teint comme passE:'!
'lU henné, brQlé et recuit, couleur de feuilles mOl'Les,
un 'i.9age défiguré par (.~
oicatrioes qui avWent défCiJ'nt{! le nez, rongé les paupières et les lèvres, un
nsQue affreux. C'éLruiL le baron Pilar. fi essaya de me
sourire, 00 qUIÎ lLl'i fit faire une grimace effrayante, puis
il m'offrit un siege eL me diL délibérément:
- J'ai lu, monsieur, plusieurs d" vos articles sur des
fèles mondaiJJes. Je les ai trouvés très bien rédigés, e'
je aésirera.i5 S:lJvOlÏr quel prix vous me dem8Ilderiez
pour parler dans les mêmes termes des dlners et des
ua,b que je compte don.ner d'ici quelques jours, quand
tout sera installé ici.
J'cus 'Iln petit sursaut et je dis :
- l'lIais, monsieur, cela ne se paie pas 1
Il eut un pcLiL ricanement.
- Allons donc 1
un air voxé, moi
- Bn touL cas, fls-je en prcnBl1~
je no SIUlS pas à vendre. Je m'informerai s'il y a des
jou~·n.lisR
Caisant ce mélder, et je VOU5 les enVC!l'I'tl.! 1
• ur ce Jo me lovai pour prendre congé.
- DLablc 1 nt. le baron, vous êtes bien susœptJlble,
monsieur 1 Jo ne croyais pas vO'US olfem3er en vous
propasan\ une bonne aUo.ilre. Vous pouvert avec mol
{fiLgn€'l' beaucoup' d'argont, et. je sais que les hommes
d lettre::! ne sont pas riahes.
- Jo gnogne il. mon joumul dcs appointemenœ qui
me surtisooL.
e ne sara
- Don, hon, n'oll parlons plus 1 Moi
pas une Nl.ison, je pense, parce quo jtl vous o/urai fait
celte oUro, pour que vous rc[usie-t mes i.n.vit.a.Lions el
ne parliC'L pub de moi... Je suis é\.runger. On m'avait
di» que ceh se C-nisuiL. ..
- Vous otes tout exeus;é, mons!.euT, répondis-je.
Et j'anals sans dou\..o le remcrci<..'l' et m'excuser do
ne pouvoir poru' aller chez lul QLlund la. porte s'ouvrit
e~
donna, pns,'*4!'C il. lt1 plru5 splendide apP8a'ILion quo
J'cusse V'I.\C de ma vic. FigUTe-tol une femme dans Lout
a'ôponouiSSl'ment die la jl!UJlesSe ~ de la beauté, vêtue
do Ikllltelles eL t..C soies de oouleul's ébloui.ssatntcs, ayn~
ijcs HoUœ da.ns les cheveux, ,uno vision de réerie 1 Et
des yeux, un t~ln
1 Ah 1 mon cher, jamais je ne pourrai d6criJ'8 un j>{lreil spectaole et <lire l'ImprcssLcm que
ie l'Œ86nLls. Je oosLaIs bouohe U'C, Mwl, en exLase. Je
ne songeai même pus il. saluer, je crois.
El JI me lallu\ ce IIOOt du baron pour me !'OtPI>Cler
à mo"
- Monsieur, ttit-ll fi, l'apparition, esll M. NnzIm, le
',umd~
doo4 je V(N6 al parlé.
La jeune femme s'approcha vivement, et de son air
le plus gr.ocieux me dit :
VOf, articles, monsieur, et
- J'ai beaucoup, adm~ré
c'esL moi-mérne qui ai dit au buron de vous inviLer à
venir nous voir.
Je remrurqual qu'elle n'avait <.oit ni mon pèro ni mon
mari.
Et. me souvenant de l'aUTQfnt. qui m'avaiti été fait,
je répondis VÏi\'emenL :
- Ce n'est pas vous, madar,-e, du moins faime à le
croire, qui lui avez dem6Jndé de tenLer de m'BOI\èt.er. 1
- Oh 1 lion, fi~e1l
vivement. i\luis le baron eroi'
que tout se monnaie. Je voulais seulenrent, mollSieur,
vous prier de nous fake l'honneur eL le plaisir d'assiler aux fêles que nous désirons donner et dont vous
parlerez si elles vous paraissent le mériter. Me suis-je
trompée en espéra.nt pouvoir vous compter bientôt au
.nombre de nos invités et peut-être plU5 tard c.e noo
amis?
Elle parlait avec une grl\ce ext'l'fune. avec UJl peli~
accent qui était un dh81l'me <.oe j)lus, et de ses yeux
s'6chap})ait une lumiere si envelo.ppante, si prenanl.c,
si je puis m'exprimer ainsi, que je me senùais litwralement tr8lllsporté.
Et je ~ondis
avec eU usiDn , moi qui tout il. l'heure
éwis W\>"CC le baron si, flroid et Soi réserVé :
- Mais certaialement, madame, Ce sera pOU4' moi
un grand honneur et un grnn·.1 plaisir.
Elle eut SUl' le visage une expression polus c'ho.rmanle
encore, un sourire plein de promesse et de volupté.
- Alors, c'est dit. Nous pouvons compler sur vous '1
- Illais certainement, mada.me,
Elle disparut comme elle éLait venue, -d'un p6.S éthéré
de sylphide.
Et il une sembla que la nuit s'était faile soudain dans
le salon, illuminé par les rayons d'un soleil splendidl'
passant par les 18Jrges baIes ouvrant sur l'avenue.
Elle, partie, je ne songeai plus Qu'à prendre oongé.
Je me levai et, après quelques IClrmules banales d<>
politesse adressées au baron pour le remercier, je sOrlls
de l'hôtel et m'éloignai tout rêveur.
Je me disais :
- Qu'est cette femme? La tille du baron ? Sa fem.
me? Sa maIt'I'esse? Comment poul'rait-elle êtl-e la femme
0\1 la mnltresse tl'un p6il'eil monstre 'f
Je me figu'rais, parce que j'enaYI1IS le désir, que
c'était plulôt sa fille, 011 une parente, ou une amie,
je ne savtfiis pas .. , Mais ce QU.i est CeTtain, c'esU
qu'il. partir de ce moment la vi ion entrevue ne quilln
pas mon esprit eL que je ne pus penser à autre chose .
,J'attendis, avec une impnLience que tu devines, la première invHation du baron Pilor, qui devait me remet\.re en présence de ma splendide appacition.
Elle ne devait par tarder à m'arriver, car tous les
jOUJ'naux, - étaient-Ils payés? je n'en sais rien, - parlaient déjà des préparatifs fnit.'; dans l'hOt.el du
baron et des splendeurs qui attendaient ses invités.
Et elle me vint, en effet, une semaine selliement lLI.rlls
mon entrevue avec M. Pilai'.
Entre temps j'a'Vais essayé de me renseigner Stlr le
baron et sur la pel onne vivant avec lui dans son hOtel.
Personne nc put m'en rien dire. On ignorait toul de
ce~
éLl'anger, de ses origines et du pays d'où Il venait.
On croyait soulement Qu'il jouissaiL d'une fOl'lune consldéra.ble, et cela devait être, si l'on s'en rn,pporlo.!'
aux déponses qu'il faisait.
Avant d'acheter l'hOtel où Il vcnoiL de s'installer c'
qu'il WV1II.it payé compl.ant deux mllliolls, 11 avait OCUl~
au GI'Hnd-Hôlel le gl'Qnr! apP8rle.~nt
d11 premiel' élago
re.serv(' aux soltvorains en voyage.
EL Il avait aussitllL lait des nchuts d'uutoutrJtJiles ot
de chevaux so montant il. plusieurs centaines de mille
!rancs.
J'aUendls avoo plus d'Impuliencc que qui qlle 00 lui
peuL-être le soir de ln rèlt~
annoncée, blcn qu'elle cxc1.
tAL dans l'aria une cu,.lo"llé gén6ra(e, car lolts les )OUl'.
nnux décriv.aicnt Il 'Ilv.tU1ce 11'.'1 merveilles quo l'on ~
dewl.IL voir. Tu dols ~'en
80uvelÙr !I
�6
~=
~g
_ le m'en souviens parfaitement.
_ Je fus peut.être le plus modéré de !.ous dans ces
manüest.aUuns d'enLhousiasme el mon directew: me Tep,rooha loti. souriélé de mes inIormations au sujet d'un
événemcnt p6rlsien dont Paris entier s'enLretenait. On
se dis~t
av<c actlarnement les invitations.
_ MOI, oans \.out cela, poursuiviL (jCOl'g,)5', u~e
seule
cI)ose m'illlérQ.SStl.it. J'allais la voir, cL la VOlf dans
tout l'éblouissement de sa splendeur. vëril.a.ble reine
de leérie qu'elle devait être et qu'elle fut en effet, e~
je n'olIDlicl'a.j jamais l'Imprœsion qu'elle me fil quand
~
l'~çus,
à l'entrée de ses saJons rcsp1ndi~mL.
à
Côté du nuûtre de la maison, si ôtincelantc de diamants
et. de pierreriC6 de Lous genres qu'il faUnil ferfncr les
~x
quand on passait auprèS d'eUe. Une lelle profusion
de bijoux n'était peut-êlre pas de très b~
goût, sur:
&out pour une maîtresse de maison, mals Je rcmaq~
que ).n. ,b6.ronne n'a\'ail pas encore fi cc moment le pied
bien parisien eL j'eus à relever pills d'une incorrecLwn
dans pa l.enue el dans sa façon de dirigel' sa maison.
Mtlis ce n'était pas étonnant. C'était ulle étrangère, et
elle n'était peul-être pas née, COrIl!lTle on dU, dans le
monde af'lsLocl'atique.
'
Quoi qu'il en rat, un tel étalage de richesses, qui
lI'M1oi~
diu reste à, tout cc que l'on voyait. faisait Oltvrir l'œil aux b&1auds. et il y ~n
avail beaucoup punni
las invités, qui sc promenaient avCC dcs airs d'eX'ta.se
dans les vastes pièces nouvellement dccorées et scintillant' d'un .or Irop neuf. Moi, lu comprends, , je ne m'attachais à nen de touL cela. 1\les regards ne pouvaient
se détacher de cellc qui était la-reine de toutes ces meTveilles et pour qui seule j'éLais là.
. • .
me del1UlllldRis si elle me verrait, me reconnallI·.(ut,
~
ferait atlention il m6i.
Et je me postni. pour que son l'l'gord se parlât sur
moi, au milieu de 18 cohue d'hnbil'i lJoirs IOl1!llant 8Ur
tour d'elle, une «ml' éblouie et empressée.
Jusqu'alors eUe paraissait ne !fI'avoir pas vu. Je
n'avais rien, en eHel. qui püt me dlslmgucr des autres
clubmen, t:légants comme moi. mis exa.ctcment de la
même façon, ct ayant presqlle I.ous il. la houlonnii'J'c
la même lieur, car c'esr él.onnant comme les JlOmmes
d:lC!'~JnL
à se resspmhler, surtout quand ils sc rcJ1(len~
à quelque cérém'lnie.
.,.
..
Et je <:ommençais il me dépiter cl IlV01r prodUiI SI peu
à coup j'enl€ndis lIne VOIX Ll'ès
de sensal.ilin quand tou~
douœ rn'appelor.
Elle m'a.vait a.perçu, elle m'avait remorqué et !reoonnll.
Je m'spproctlal avec un emprs.~C'nt
si marqué que
quelques Invités ne purent s'ernptlcher dc sourire.
Elle me tendit une main line, parfumée eL douco, la
plus belle main qlle j'eusse jamais vue.
aLurcllolllenL, fil Edgw'ù en souriant ironiquement,.
_ Oui, fiL 80n 0.101, mU<Juc·lui, moque-toi 1.1111 (jue tu
voudras, cela n'empêche que ~u n'as peut-êlre jamais admiré ul'}e (emme offl'lI.nl un wl ensemble ùe pC'rfldions.
Je devais être Lrès pille el je trcmuluis ùe touttl ·rua
dJe.lr qoond je posai ma bouche sur ses doigts cflllés.
EUe me sourit. un 60Ilril·c. mon oher, II LI'llnsporter
_ ùlellx, e~ elic mo dclTUlllda li vcc un zézuU!mcuL exo-
tique,
_ Eh bien 1 comnlcnl trouvez ·vOUS notro W.e, mon-.leur 10 censeur mondain?
- Admirable 1 m'O<:I·lal·jc aussllOt eL j'ullals njout.er :
_ Mo!ns adf.llLrublc, cependant, que c<)1Io qui y préaide.
.
.....
Ma.ls je me retins à w'mps polir ne pas lalsSL'r éCllwpper cetlo exclWllntion, qui n'cul pns lIIunqué (\'él{lOner
les gens alilolll' lie mol et celle CJul en élllii l'ohlct.
_ J'espèrc, ajOUlil la JCIIIIlJ merveille qlle vous ea
pa,rIQr
-
~.
• lais, eorl.alnclIlI'lIt, mndnmc.
<:Cla J l'li t.nnL de IJla 'il'
lmntl
1'0 1 3.joul :
- I::t il val, Ulnd me?
o 1 ln l, lit III on olvrnnL ct lcrmnnL son ~ven'
WI, ce
ni '
"LI
. ~f
.-
Et ellc me laissa pour s'entretenir avec d'aulœs.
_ InuLile de c1ire que je Ils sur cel.le fêl.C l'w'LIcle le plue
diLh~'lambquc
Que j'eusse jamais éorit, mais à. trnvcrs
les lignes duquel il élait fucilc de devinCl' oe qui .avi~
surtout caus6 mon admiration.
Le baron fut enchanté.
Il m'envoya. sa carte · ·avoo qu,clqur,s mols de ·remereiemenhs et quelques jour après j\J rocc"ais unp. in·
vitation li. dîner.
Je dinaL avec le baron et la baro.nne.. Nous étions
seuls tons les Ll'oi~,
ct je pus savourer tout a mon ais4
le charme .pénétrant qui se dégugeait do toute la. pel'
SOIlne de cette femme ravissaulc.
Elle n'était piJS très au courant des usages muooains
mais c!lc ne manquait ni d'inlclligcnce ni d'esprit.
Elle me <lemanda d'être en quelque sorte ,son pro.fes
seur de belles manièl'r.s, et j'accopl.n.i nv",,--c l'empresSéwtlent que Lu devines, oor elle allnit me don.ner l'.occa.
sion de la voir souvent et me meltre sur un cc,rtain ipied
d'in{jlt~
nvcc elle .. T'ni·je dit son peLiL num?
- p .:; .~ encore.
. - Elle se nomme Sonia, un nom doux et ctulnnan't
comme elle.Jfll êm0.
Ati-je IJ ~ Sùil
tic te dil-e que j'en devin.<; fou Gn quelques jOlll'S, mais fou absolument, au point de ne pouvoir T'lus pensèl' il. auLre chose, li perdre l'a.ppét1t, le
sommeil, il. ne· pouvoir plus tl'8.vailler. EL cet éta-t-là
dure r.rcsque .sans répit depuL'i deux e.ns 1
- D0r )lIiS deux ans! EL sans?
- Slins que je soiB plus avancé, oui. Au moment ob
je crois la. teni.r, elle' m'échappe. C'est un feu fo!.le~
Alh 1 nwn cher, ce que l'ai SDulfw"l avec ceLle fomme-Ià 1
Je La vois presquc tous les jours, chez elle . .ail \.héàr.-e,
dans les C.1ILCCrlS ; il ne se passe pas un jour que je ne re(/Oive Hi, mol d'elle pOlir me convier il (j1ll!hlUe p6.Tt.ie
de plaisir où elle assisle soit seule ou .avec SOIl COIJllIp6gnon, oor je ne sais pas encore 51 c'esL SIOn mari. Il
pw-rut pourLallt qu'ils sc sout m/l.ries VD.gllccocmt, quelque part .\ l'étran&C'r, mais ils vivent en amis, eL jamais,
m'a-t-cUi:: '1!fiJ1l1é, le ooron n'a été pOUl' elle a u.lre ctlOse
qu'un pèl'l'l plein d'affection el de l'espect. Dans tautœ
~es
rencontres avec elle, elle se montre aimable, gra- ,
Cle~.
pleine d'a.Ui'lltiOIlS, eL je La crois toujours sur.
lê point de torilbcl' dans mcs bras, eL rien 1 C'est allcmnL 1 Et elle prétend m'·almer 1 Elle !n'I\rnl'Ole qu'elle
m'aime 1 Hier soir, clic m'(\. juré qu'elle m'enverroit aujou'rd'hui un pem bleu poUl' me donnrr un ,rendez-voll6
où uevaient se passel' des choses dclinillves. Je viens
de !·oC:Cy.gi!· un télégrammc où elle me dil qu'II lui CS'
Impossihlp. uc sal'I 1'1'. C'esl affolant 1 Et il y e. des mamenls où je slul>irms oon cou blonc el. sa li né el
l'éLranglcrllis avec un plal.:;!r 1Tiens, en oc moment,
pal' exemplc, apl'és celle lIou"elle décepUol'\ survenant
&prèS une promcsse à Inquello j'avais 51 bien cru, ~ la.quelle je m'étals si bien kli.sW Pf'cndl'c 1
.
- Mon pIlIU\'rc ami ! lit &lgurd,qul ne put s'empê<,uer
de resscnLlI' quC'lqllC pitie pour son camarade dont l'état
d'éneJ'\'emenl, <tout la. ligure couvuls(!u d1.~alcn
!.oute
la sOU(fl'lIJ1CC.
- Oh 1 oUl, plalns·moi 1 Tu peux me plilindre, va 1
- A la place, moi, Je ne la Il'CvC1TaiR pn.s 1
- Ne pills 11.1 l"evoir 1 Est·ce !Jlle cl'la lII'osl pOSSlble 1
Je me le suis dit vingt fciis, cenL Luis, que Je ne la revorruis plu" ct un quru'L d'heure aprilS, SUl' Un JIlOt
d'cll(' , j'accourais il ses pieds, ou, sans qu"elle m'écrivit, j'ullais la supplier de me .recevoir. C'esl un auPJ>Uôe
1n!ernllll
- En erfet,
- m elle est plus belle, plus sédllisante que iàmll.ls •
El je SI'ns qllo Je nc pourrais l'oublier 1 J'al songé •
lulr, il qUitter l"tl.:'ls. 1"0.1 [aiL mes mallrs. Jc suis Wl6
pluaieurs foL, jusqu'iL ln ~ul'.Je
n'al jamais cu le courap
de prl'oü, c le train 1 Le Inal est cn moi, LUlli en mol, ..
j'Cil lIIuurl111 1
~L
(je
t,S Nnzlm so lulssa I,Olllùrr Slll' Wl sf~gl
O~
Il d m urn sil ncl II. , ln l(lte entre ses mains, ~
éOIn.~;
A 1 bOllt d'Ilil
momcnL,
clùyunL qu'il élAn un p8l.l çal..
�1
Sanctuaire d'A mour
s
:né, Edgard, c,ui ne perdait pas de vue ses propres prélJ(JCupations, lui (lit :
- Mais je ue vois pas en quoi ce que tu viens de me
raconter peut avoir de l'intér êt pour moi. Il n'y là ni
drame ni mystèl'e.
- Ah 1 oui, c'est vrai. Je te demande pardon ... Je me
suis laissé emporter par mon sujet : ce n'est pas étonnant, œr mon CŒur déborde. Mais j'y viens maintenant.
':oici ce qui m'est arr:ivé un jour.
n,tais enIermé avec Sonia dans 1J1l petit salon où nous
ca,usions très intimement, moi la suppliant comme !.ou;ours, elle se défendant et éludant tous les engagements
quI' je voulais lui faire pl'eno re. Nous savions le bat-on
absent et nous étiû ns très tranquilles, quand nous entendîmes tout à coup une porte s'ouvrir.
Sonia se leva très émue.
,.... Le baron! ditrelle.
Souvent celui-ci nous av,aiL trouvés ensemble sans se
formaliser, mais cette fOls , je ne sais pourquoi, Sonia
eut peUiI' qu'il ne s'offusqu ât , et elle me dit :
- Il ne faut pas qu'il vous trouve ici. C'est un salon
particulier. 11 va venir me chercher. Ellt.rez-là!
Elle ouvrit une porle et me fit ent.rer dans une autre
- Ne t'emballe pas, dil-il. Je puis m'êtl'e (tOmpé,
avoir été trompé pal' une ressemblance.
- Et si tu ne t'es pas trompé? Et si le pûltraW de oette
lemme, objet d'W1 lei culte, est bien celui <le m.wlI.me
ou plutô~
de mademoiselle de Lestange ,
- Eh 1 bien '(
- Vais ce qui peut en découler pour moi, pour mort
I8.ffaia-e. Cet homme si bizarre dont tu viens de me parler,
dont on igno.re tout, conserv~lt
ainSI le portra.\t de
mademoiselle de LesLI'8snge dans des conditions st extœ.ordinaires'( Je vois là wut un roman, tout un d.t'flme.
~
Gomme tu as de j'imaginat.ion 1
- Mais non, m.on c.her, mais non. Et il ne ' sera.\L llfIS
étonmtll.L, si l,out. cela est vrai, qu'il eQ~
été mêlé aux
OJlimes .anc,ie~
eL que peut·être '"
Edgaro s'arrêta, ne voulant pus dire tou~e
.98. pensee.
!::ion compagnon sourit.
,.... T'Il vas, t.u vas 1...
.
- Avec quelle ardeur je vais m~
Ulel!Jre il. l'œwr~
1Cetto
· péLie
a sUl'cxcilé à tel pain t mon inU.-'l"êt,
nouvelle ~ri
ma curriosité, Que je n'aurai plus un momen4, de repos
8Nant d 'avoi!T' pel'cé à jour cet étrange mystère,
peu
- Que tu es enfant 1 diL GeorgèS, eL qu'il {au~
de chose pour l'amuser 1
- Peu de chose '( Tu a.ppclles cela peu de chose, t.(}i 1
- Ce serait peu de chose pour moi. Mais, en ·somme,
tu es Ileu.reux e~ je VOudrais bien èlre comme toi, I.roover mon oonlletld' il. cherc.ber l'explication de oea'IAins
événements,
-C'est un but comme un Bull'e. Au lieu de faira (as
romans je les vis el. j'y lt'Ouve des sensations OOo.rmes.
- Je le répète, Lu es heureux de pouvoir t'OlIll.iS6t"
a.vec de iJ)airC' ils jouelo !
. Mais Edgard, pris d'une ISOfte de t1èvre, n'écoutal~
plus. Il aVlUt pris sa canne, son Chapeau ot se d.isposait à partir quand. un .garçon enLNl tennnt UR petit
bl'eu à . la main.
- l-'ouil' M , Na.zim,
Le jeune nomme arraoha le pa.pier des mains du do·
mesti4uc, y jeja les yeux et poussa une Borte de "!gis-
pièce.
,.... Pendant que le bar-on sera. n.vec moi, vous pourrez
gagner le vestibule et aller m'attendre daus le grand
salon ; je vous y rejoindJ'ai bientôt.
Elie ferma la f.,orte sur moi Et me laissa.
Je ne connaissais pas les aîtres de l'hôtel, qui est
1Jrès 'vaste, compo:;é d'un n ombre infini de pièces, et je
m'en allai au h asard, un peu eIDIbarrl13Sé, me deman,d ant de quel côté je devais me dJrigcr pou.r aLl.eindre
le vesLib~,
Je traversai les pièces sans faire du bruit et je me
tr~uvai
bientô t acculé au fond d'un couloir où je ne
vQyais aucune i<;s ue.
J'ouvris avcc précaution 'lIne des portes donnant dans
ce couloir; el ce que je vis Ia.i.JlH m'alTacher un cri de
Sl11'prise.
J'él.6.ls sur le seuil d'uoe sorte de chapelle. Dans une
pièce l€ndue de rouge entièrellient, où tous les s.ièges
~laient
aùssi ('..ouverts d'étoICe rouge; une lampe, oomme
celle que 1'00 voit devant les t.n bernacles, Ilr ulait devant
un porlraiL dont je ne di s li n~u
ais
pus les L1'ails a la
distance où Je me u'ouvnis,
Ti'ès intrigué, je p(méll'ai d.ans celte es~)anc.
tuai'I'e, vr.ai sanduaire d'amour, eL j'allai exam i,n('r le Lable au. Il me Gonna loul de suite l'impression que la.
jeune fomme qu'il représentait ne m'était
inconnue
et que je l'avais vue, Qil '( Uans queJles . circonsfllnce.s T
7·
Impossible de me le l'U p'pe 1er,
El œ n'est qu'au pout d'un long moment 'qu'un. nom '
me vint aux lèvres, le n.om d'une jeune fcmme'à., qui
j'avais été présenté ct dont on m'avait raconté les mlll-
sarnen L de JOIe.
- D'elle 1 Ilt·iI Ù Ed~r.
Elle m'nime ! Elle va venir 1
C'est un ange 1... Et l'avenir ...
Il saisit son chapeau el s 'enrui~
comme un fOll.
Edga:J'd sorLH derrière lui, rétléohis<;{lnt à ce qu'H V60
nait d'6Ij)pl'cn-d['('. Cela, ainsi qu'il l'avait dit, lui ouvrait d'élranges hor)zons, si du moins son amj ne s'étaU
pas Ll'ompé, et il flairait une des plus extrao~!nli
l,istoires qu'il rot possible cI'imaginer.
11 éLait si violemment empoigné qu'il en demeureil
&iOu.t êt.olJl'di, ne SIl.chant par quel point commenc.cr f'OUl'
erriverau rosulll8.t qu'il souhaitalt.
pns
III
beW's.
Ici, Georges Nazim l'egarda son ami Et tout il.
pris d'une grallue émotion :
-'
~i
.,0:;0
- Mais, j'y pense. Tu m'as plN'lé ~lune
j~uûe
fille
dont les d{'ux Ilaneés avaient été aSfl.;in~:'
- Oui, IlL Edgnrd, halel.ant. Eh bien 1.>
_ ,
pnrail-Il, avail eu aussi des , mal- Eh bien 1 ('~le-ci,
h()u.rs, de gr'ands malheuI'" On ne m'a pu.s dit lesqucIs,
mais il y avait eu des d.I'UJ1ICS d.ans sa vie.
- Et elle se nomme '( Tu sais son nom 'r demanda
Edgard "ui ne rel:;pil'l1it plus, que l'émoüon semblait avoir
priVé de 5011 Jl1e.
,.... Rpn~c
Edgw'd
de Leslrunge.
lin c!'! tel'l'ible.
C'psl eUe 1
EUe 1
Cellc qui a eu deux fl./l.JH',ég : ah 1 Je crois him CJ'Ue
est inl.ùl'css<1nl. 1 l',l CI'IIl m'ouvre tIcs horizons, des
bol'Izons exll'!\ill'!linal/'f'''', inouïs 1
Le jeuno délcclivc·<J.lJla!clI,1' s'élait leVé 1
11 avait peine il. conLcnir 1'8uol qui s'él.n.iL empar6 de
cela
pClIISSll
lui.
SWi ami 10 con;'ldénuL a.vœ
uqe oort.aine stupeur.
,
La première idée qui vint au policier amut.eur Edgaro
do KOI'a<lcc, quand son ami Georges Nnzlm l'eu~
quitM
pOUl' se rendf(' it l'appel de Sl~
maîtresse, (ut de prendre
d",; .renseigncmelllF sur ce persollnage étrange, qui. se
~isnt
Uppc;t;r 1(> lJ&ron l'i1ar ct gardait chez lui si soi·
gnousomcnt caolté le portrait d'une lemme Que son 8IJl1
le ahrûnlqueUlr croyait êLre celui de mudcmoJselkl de
Lestrange.
Il creuSll. cette idée cl !lnit par Ilenser que le meilleUr
moyen d'être l'c.'llseigné {!l.aiL de s'in!Jrodulre clandcsüInrnl dans J'h6t<'1 de l'a\'enue du Bois-de·l3oIlJO'gnc.
Du reste, cela lui allait toul ù raiL d'employer _
LI"lICS dOIlL ont coutume ue SI' s\\['\'il' les policim's, 1\ pourl'cuL se oonsiMI'('j' ainsi comme un dét.cclive sérieux
Il sc dcmunda, loul Cil I!Hu'clmnl, quel dcguiscman&
il I>oui'/'ail bien prendre et quelle ttilo il se lel'nH. el
QWlIltl il IuL lixé, il sauLa dans lin lAlxl et Ile fiL con'
dlllrc chez. lm.
11 oC'.cupail, rue de Lurochcfouc.auld, un o.ppo.rtemM'
Ùl' j,;l ll'l,lO/I ,;itllé li J'entresol, !lIpuble ( ' Iégalef~,
~
o~
il 1/0, t1 IL !l.Jllt cc qui é[all neœssa i l'l.' pour cxerCCl' (1
m, Li J de 'P !id r nrnnt'llll' qU'Il .~
il mb " ' ,1
�o
,
quelques renseignerœnts pouvant le mettre Slll' la. voie
Il allait se présenler il Phôt.el 00 bwron oo:mme un
81DIl.iquaire déEoirent se déla.i.re d'un objet de prix, ne
doutant pas que M. Pi'l6r, 8liInsi que les gens rloh.es, ne
ft1t atteint de la m.aJOOie du. bibelot
Quood H em quitté SOIIl fLo.ore eL eudJ sonné il la. porte
de l'hôtel, il 'rut rel}U p6.l" UŒl: homme ÏDlS>œont. et solenIUi-JOOme :
nel ayant des 6J1l'\.lTes Ge majordo.xne, qui tu la @l'im9ce
- J'ai bien le temps de m'~upe!
dl3 çà 1
d~
G'é!.aIt une ancienne maitr.esse qui se rappelait à son en voyant ~a mise lli!Jpée du. visiteur et lui d~
dJaigneusement ce au'tii désiNhit.
50uvenlJ'.
- Je voud!raÎs parler à M. li:! baron PLl8l'.
Ed{§llol'ld avait pour le moment d'autres obats il. fouetter,
- VO'Us ElNez une letl4'e d'introdu.ct.loo 7
comme l'on dit, et l'amour ne tenait plus grande plaœ
,......Non.
en sa vie, en a.ttendant peut-être qu'il s·en emparât
oomme JI s'était emparé de celle de son ami Georges
- Et vous venez de la pari de qui 7
- De la part de personne.
N6z1m,
•
.... M . le baron Ille reçoit pas.
Mais la leoture de cette leUre lui fit penser à ce derppurquoi
- Il me l'eœwa qUo&11d VOIUS lui aUi'ez di~
~. se demandait s'Il avait iI'éallsé ce qu'il souhaitait eT. je viens, fit le détectIve emateur avec BSSWrMlOO.
- Et pO'UrqUoi donc ?
ai à œUe heure il était enlln neureux.
- POUir lui propo&er une rareté qu'il serait. <'Iéoolé dé
E\ une seconde peui-être 11 envia. son ami.
n'a.volr pas vue, et que les a.mo.tCUi'S VO'Dt se d.Î&pd1ter
Mais oe ne fut qu'un éclair.
avec o.charnement.
r:
n secoua la tête en dIsant :
Et EdgarJ de Kéra.dec monlra un objeti soigneuse·
..- c'cst une heure à passer.•• Et lliprès '1 •
Puis n monta un esoalier, ouvrit sa porte etpénét.ra . ment enveloppé.
- ~h
1 monSlEmr asti ffi8iI'OhWld ? fit le porlJer avec
d1ez luj. ·
IJ ~it
seul, sa.n s domestique. Sa concierge lui fal- plus de dédain encore.
MU son ménage le matin.
.
.
- Antiquaire, dit le visiteur. Et M. le baTon fiera bien
Il fIJ& obligé d'ouvrir lui-même ses persiennes, car content d'avoir V1Il ce que j'a.i à aul montrer,
\oUt éta1& fermé, et quand il fit jour dans la pièce où il
- Bon, fit l'homme imposant, dont le ton changeA. Je.
89 trouvait et qui était une sorte de cabinet décOré d'oh:vais fo:ire prâveni!r M. le baron.
jets bimrTes, casse-Ill tes , coups de poing américains,
Et, indiql1!1llll. un siège au visiteUl' :
..,.... Asseyez-vOUlS, monsieur.
revolvers de divers oalibres, un véritable musée du crime, il euvril un tlrol.r et y pra plusieurs perruques de
~is
il sa:Œ.i-t. l'extr-émilé d'un tuyau acoustJqoo pOUl
dilféren&88 fOlunes ~ de nuances diverses,
annonoor lia ve.nru.e du maroho.nd d'œuvres d'arb.
Edgard ne s-:assit pas.
. B En choisit une dont les cheveux, un peu longs,
fltaien' tout grisonnants, puis il alla prendre dans s.a
- Je ne Sl,IIi5 pas fatigué, drl.t.-il.
- Veuillez vous a.ssooir, monsi.euJr. Je vais prévent.
eardEh1'Obe une redipgow à 1a jupe très ample et d'>8.1M. le baroo.
Jure solennelle.
Il charme ensuite un ohe.peau haut de forme démodé,
L'anliiquaire se laissa. 1iœnber sur le tauteuH oUeri el!
de gros 8OUliem, un pantalon de drwp noir, et qu.a.nd abtendit en regardant Elil1LoUl' de lui.
Il éta.tt SUl'Imlt fra.w>é pa.r la riohesse, PI&' l '>Bir cosn eut !'éUlli tous oes objets, 11 passa dans son cabine'
de tol1eUe.
..
su, si l'on peut parler ainsi, de tout ce qui l'enLoumit.
Il en sortit au bout d'une demi-lleure, absolument méMals Jtl ét.aJit dans la pLaoe ; jJ alLait sans d.o~
faire
ClOI1IIIILIseaD1e, oyant l'aspect soit d'un peUt renLier de
la oonnaÎlS6!lJIJœ du .rameux baron, et c'est tout ce qu'jl
SOII.Ùl&ibait pour le moment.
.
povJnce, soiL d'un de ces courtiers faméltques que l'on
~,
déambuler par lous les temps à Ll'avers les Mies
Et, lP8ir la vitre donnant sur la cour, il regn.rda l'Miel
de Alns, \rainant des habits de drap élimé oL olirant précédé <Lu penron (.,c plUéietll!'s marches. abrité par une
J'upeo& de ce qu'on appelle la misère déoente, la plus marqu.i5eoplÙente ~t où lout respiNLlit le luxe et le
elfroyabJe de toutes.
faste, mais un luxe et 'I.l1l faste InouIs, pendant que le
Ainsi mét8.I'nC»'phooo, Edgard de Kéradec s'cx!\mina
majol'dome, il. 1'8lide de 600 buyau, ptl4'lOOlentai\ aveo
un in8tent il. s.a glace, plLl'ut satisf6it, puis, pr"ssallt qUelq:ue diomesLique.
clans ses bras un des objets d'art qu'il avait sur lia che·
Quand la conversation Cut terminée, le majordome S8
minée et qui était 8l>.EIœ précieux, il ~l\ta
son apparLourne. presque ~acleu&mnt
vers le prétendu. antiquai·
&em.eD*.
re,
Bien qa'll fut habItulf tl ces ohangements dans l'as- M. le baron va VIOU8 reocvoLl'.
peet de son fantaisiste locataire, son concierge ne le tePuis JI ouvrit la ~te
et lui Indk}ua. le dhemin qu'JJ
oonnu' pas ct lui demanda, qUAIld il psssa devant sa. devl8J.t suivre pou.r pénéLrer dans l'hôtel.
Jose, d'où il venait.
Edgard se dirigea vers le perron eL fuH !l'eçu au som.
Edgnro éclata de rire,
met par un c.om.estLQue qui lu.! ol.WrrL la porte d'un ves.
- Alrl6l, 111.--11, vous ne m'avez !pas Nloonnu?
IiUJule immense ct très somptueux rnCUlbIé de bo.b'lLls anL'bomme s'écria, t<lut il. fait abnsourdi :
ciens en ohêne massif, d€ooré de pndmiers et oobres plan- Monsieur de Kérll.doc 1
tEs verles pal'mI lesq.uellœ slll'gi&Salcnt, ça et lil. des sfn..
- OuI, c'est mol. Je suIs bien S'!'imé, hein?
lues de l.lronze qui semblalent (!lre en <li' massif e~ des
- C'ea& odmi1'llblo, m. le concierge. Il est nllsolul/lent statues dt! marbre d'une blancheur éblouissante.
lmJ)088ible qu'on reoClllnaJeRe monsieur. Alnal, mol, qui
Coolme l'I,1V(llkt dit GoI1~
NazIm, tout cola 618lt trop
-vols monslcl.Dl' Lous les jours et qui suis hablLu6 pourneuf, lot.1. cela brillait trop. Cette ornementation, fB.lCe
tan1, j'étals li oont lieues de me oouler que c'était mon- uniquement pour éblouir, manqoolt de goltt et
eieor qui était devant mol.
le parvenu.
•
- C'flSt ce qu'Il faut, dIt Edgo.rd, très conlent de
Le va.let qu.I rcçuJ. Ed"ard Jndiqua l oe1ui-d un alêge
do c.hône scuplté en lui disant :
IlOO 811OCOO.
- Asseycz-voll&, monsletrr.
2' Il s'éloigna..
Qne voiture pnssn,I ••
Cn le fit Jlltenuru qllclq ues minrutes, puls le dorneslIl l'&Têt.a., Y monta cl donna. au cocJlor l'adresse de que qui étnl.t allé l'annonœr revl.nl..
Il le pria de le eujvre, Œ, lu.! u.ya.nt ouvert: 1& ~
l'bMcI du baron Pilai·.
n 84 rcndalt Itl. seulement pour reconnnllrO les altres, d'un iJ>OI.it salon n!frt."IlBCrJICDt maubié de soies arin.rdes
savoh' comment Il powTnlL péntll.rcl' dans l'hôtel l1l6is d'.urre Nchesso eXlorême, Il le lalS6a. en lui disant
Quo le baron allaiL ven.tr.
.
MM fll4'a vu, pour tMher <le faire conno.lssnnco avec le
lamfU bOl on ct recueillir Bt.'r lui, si c'éLnlti p'ossible,
En clict, le baron 81U'Vln.L quelques InsLenta IWPrèl, "
Iiolln6m6nt el aui S9.1nblaiG étire devenu la seule préoccupatiOn 4e ~ vie.
ComllM! après avoir payé son wattman, il passaill de!Van& la ioge de son concierge, oelui-ci l'apppela. pour
lui remettre une leUre.
Edganl 1& pi'it, la lut, puis la déchira. en se disant èl
sentBJ,
po,,,
�Sanctuaire d'Amour
9
- Oui, je suis dég.uisé, mals c'est mol. Rrévenez-Ie 1
E4S8A'd iJOI8 nut Ireoonir un sursaut ~n
le voyant, tant fi
Il lIl'y a pas 'Une minute il perdre. Ll s'a.git pent.-i'>tre de
aff,reux, avec &011 visage out~
de cicatriceS
vie DU de mort 1
et l'exJlIUSion cnualle de ses yeux.
DeVBll1t l '.a.fiolement du jeune hOJllIIle, je valet se dé, Il essaya }JOIlII"ta;nt de se montrer aimable, et dit à Ed.
cida à olier dér·an.ger son mailJre, mUJgrè ~
Uh", ,-,,, .,J,ga.rd, qui s'était levé à son entrée :
meis qu'i) aVMt reçus.
"-T .AsseyeTrlVQU6,
monsieur, et montNlZ-moi ce que
CeLui-ci l'ejougnH au5Sillôt son ami dans l'anlidhambJ·e.
vous Ye:rulZ m'ofkir !
Il eut un sursa.ut en se trouvant devant un homme
'M. de Kéradec dévelow>a soo ()bjet d'art, qui était
qu'il ne eonnru.ssait pas.
une sfle.iuette en brQlIlze ~
PigaJle d'un' traV'aii extrêmeMais EU/,'W'd d)t :
ment précieux, e~ 'rerlll'éseintant Tribctulet, le bouffon de
- ,O ui, c'est moi ; !De t'étonne pa.s. La barODllle est
FmnÇOlie }er.
ici ?
Le OOI'on prit l'ru,jet, l'examina d'un air die connais- Mais ...
seur, ~ui.s
~
dit :
- Si elle y est, fai.s-ta flùerr viIe 1 Le baron est 9\11' mes
- Ce n'est pas mal.
- Fas malI s'éoria Edgard avec l'accent et l'expression f.alons.
- Comment ?
,
de pbyek4lomi.e d'oo antiquaire passionné. dites que
- Je t'expl1querai, mais fais partilr ta barour.e tont
c'ssa admirable 1 EJOaIDinez ce modelé, l'expression de
de suite 1 Vous n'aveL que le >Lemps, ou M axrivem quelcette phyBianomi.e, et cette pllJbine de bronze, tout enfin,
que maEheUl'.
touti 1 Si je suis venu dh& voue, monsieur, c'est Qiu'on
Ce ,ut au chroniqu.eur d'êlJre affolé à son tour.
m'a cii& que j'18.va.is affaire à un conna.isseur averti. el
Il se précipita. uans la pièce où était Sonta.
~
ooamaisseuT seul peut apprécier tout le fini et toute
- Vite, madame. vüe 1 Il IaUit ipar~û.
Je vals vous
la bea.u\é d'un p&'eil dhef-d'œuvre 1
conduire. Noue. , sortiron.s par ~a l'lLe Royale.
Et, ayo,nt pI1is à La. main la statuette, le· policier ama..
La jeune lemme eut un crd.
leur la tou.rnait et la retournait sous des yeüX du buron,
- Le l>è:J,ron !
qui vollllai\ avoir l'ru.r de 'l'li,pfprécier en amaleur.
- Oui, un ama '\t'lient de m'laverTûr qu'U él.a;i.t sur vos
Mms JTh5'I.e à ce moment une sonnenoe se fit entendre,
&races.
'
la son.nerie (l'U télé;phO'OO.
.
La jeune :Wlme devint d'une pâle\1r de mort.
Le .baron eut un sursaut violent. et, ~emlt,a:o
viv:to ,
Elle s'éorouJa sur '00 siège à demi évanowe en s'ément l'Qbjet d'u.rt à Edgard die Kéradoo, dU :
criBll1t :
- Je VQ\JS demande parc10n 1
- Nous .sommes ,perdus 1 Il va YOU€> ,t uer !
El .il di.9pe.rut.
- Mais non. mais non, dit Georgœ qui avadt recouvré
Quand il reviillt,quelques .seoondoo après, il av.a.lt l'air
WlI peu de srung-f.poo. 11 s'agit seulement .de ne pas
absolumenL affolé. Son visage était si bouùevcrsé que le
peTc.re la tête. MeLtez votre c!1Japeau vite eL parLoru, !
faux anlliquaire CM qu'il "cOOt d'8.lTiV6r UIIl mal'he.ur.
S,ien qu'elle IfUL plus morte qu.e V'tve, Sonia. obéit néonn aJlait &'en in!ornier, mais M. Pilar ne lui en lrussa
moJ1lJS.
pas ae 1emps.
Puis elle prit Je bras que son a.mi lui offrait e~ s'éloi- Laissez votre bibelot ici, dilrll. Vous reviendrez degna avec Ill\.
main pou.r convenir dlu prix. En 00 moment je n',ai paa
11 était temps.
le taows de m'en OOO\.tJpeT. Il faut que je frort.e 10uL de
A
peine dava.ienlrils être dans .Ia COU4' qu'un y.ls rasUite. Excusez-moi !
pide sc IlL enLetndll'e doo", l'escalier.
Il s'éloigna de nouveau, laissant Edgaril seuil e\ pasEdgal'd se <1it :
Sable.mM~
ahuri.
- C'esl lui 1 C'est le baron 1
Le jeune poljcier demeure. Uifl instant imnnobile il la
Il se dépouilla vivement de sa perruque, <Le sa fausse
même place, puis, tout à cù'Op, il poussa un cri.
barbe. échJangaa 6a rcdinghte démo.<.ée contre 'un vesLQIl
Un idée venait de lui Lroverser l'esprit.
de &On ami et Ü {ljppal'ut iI1BS6, jelLDe et l8.ussi élégant
E~
il quitta le salon presque aus&i Yivement que le
qu'il élaiL ,toul à l'heure vulgaire.
baron.
El, penda,nt que le baron, car 00 devait êLre lm sûreQuand il fut S'\lI' l'avooue, id co\)/'ut pour trouver une
ment, si Edgard en iugeait aux éclnLs de v{)ix, pend.ant
auto, l'an'êta, y monta et donna au wattman l'udJ~
pu.rlem,erutait avec le valet Ge chambre, qui
Qua l~ ~o
de son aanà GeOTges Nazim.
'VoulGJi.t 1enlpêcher d entrer, il alluma ll'anquillement une
Il venait de j>Cl!lS()l', en elfcL, au rendez-vous qu'uvaiG
Ol,gal'Ctw el quand il l'eut à lu Lou 'he il aJla en.lrecelui-ci, avec la buronne, et si celle·c! était chez . luiiif)eutbâiller ln porte eL di.f. d''lJJD. air d'impatience et de mauêtre le buron on IlIvnilrü été averLi et songooilril à. les
vaise h umeUJ' :
81WPI'endre.
- Ml!1i.s que se p&SS&t-il donc, Joseph 1 P()urquol
Le clwonlquaur lTlO1'Idain habitult rue Boissy-d'A,nglas,
fouL ce Lapage ?
à dieUJX. pas de la Madeleine, à côté de la rue Royale. un
- C'est oe mon&reW', dU, le domestique en montranU
éLég<Ulk enl.l'eool dont une pwrLi.e d()nnait sur la rue eL
le baron qui semiblo.Lt hors de lui, qu~
veut absolumenL
l'autre sur uoo vaste COUT al1o.nL jusqu'wx ImmelltJles entrer dhcz monsieur. J'ru beau lui dire que monsieur
de la rue RoyaJp.
n'est 'Pas là, il ne veut rien entendre.
Edgard y fut CJl Q'uelques minutes.
Edgard s'avança, ('G1leWl sa cigarette et dit :
Il sc précipi.ta dans La log,e du concierge :
- En crret. mon ami n'c,st pll& là. Mais il ne va. PIlS
- M. No.zim?
sons doute Larder à rentrer, car je l'altends.
- H
sorti, monsieur.
Il dcmafHI.a au bal'Oin :
- Oui, je snds. fit Edgard, mals 11 fau' que je h
- Qui etes-vous, monsieur, un ami de Goorges saD8
yole alJsolument 1
doute ?
E' il m.onoo. bout de même l'escaller.
- Oui, nt soooain le baron, qUi avait peIilne à conf.e..
Lorsqu'Il fut devant la porte de 600 ami, il sonna
niT sa décepLion, &a Wreu.r.
bruyamment et. OtU va'eb de OOOmbre qui vint OUN'l'ir
Il ajouta :
tris oorrect, Iii dit :
- Oui, un amI 1
fwt que je vol.e tout de S'llit.e M. Nozim.
Et li dell1Mda :
- Male, monslenr !
- Vous pensez (JU"II va. VenH' 7
.-. Quoi ? Il n'~t
ous là 1 Je Bais qu'II y est. Dlt.es-luf
- Mais oui, monsieur, puisque Je l'atLeoos.
que Je fouis \JŒl de ses 1l.I1Û'3, Edgard de Kérudec.
Puis lJ ajouta galamment :
Le dOm(f3L!que eut Wle ex.cJama.hlon de 'surprise
- Veui!!('z prentJ.re la peine de vous asseoh', nolIS l'a~
- M. de !(œ-adec 1
•
lendroos ensemble.
Il OODoJUllssalt Edgard en eUel
Le baron, pas bIen sOr qu'on ne se moquât pas
CeluJ~j
oompriL qu',U ùe "a.v83
NOCDDIJ, D dit JI.
de hm, jeLa au Jeune homme un regu.rd singulier.
velnenl:
'
Mala U ~CI86iL
néallmoi.ns en dilIant. •
/roi P\lI'I»
œ'
- n
Pu
_1
�10
Sanctuaire d'Amour
- Oui, je vais l'attenc.fC, tl faut que je luù parlc !
-Ln. Golere flllfll'llit encore en lui, si l'on peuL s'exprimer
ainsi.
Il ùit :
- ,luis je ne me suis pas nommé. Je suis le baron
rant,
Il entra comme s'i! arrivait d'li dehors en disant :
- Je YOUS demande pardon, ffiun <.Iher baron, de ne
m'être ,pn.s trouvé là, mais je ne m'atlmlc.uis guère. je
vous l'n.s,-uœ, à avoir le pLai"ir de voLre \'is.Le. Je pense
qu'Cil fi 11 absence mon ami, '~1.
de Kéradec, à. qlLi j'avais tlL:'ll1 , l'Cl1ucz-\'üus, vous aill'a [ait les honneurs
de mon modeste log~menL.
Et, tTbs tI lilrne du monde, t.rès .a,imable, G<Xlrges Nazim 'l.(i~
!a muilll au baron, qui hésita um peu à la
prendre, et se dœida enfin il la senel',
Pl~S,
in, Jll'iÙ)le de jO'Uer la comédie comme Goorges
Nazim cL son ami, il tH bl'ulalemüllL :
- Je' \'WÏs vous <ll.l'e poUl~IO
je suis venu.
- Je \U1lS CIl prie, dit lc clm:lIl1i<Iueul'. qUi CAe la. maIn
ofIrit un· siège.
Mais ~1.
l'i~
ne f,'ussit pus.
- Je su:' ven Il , fiL-il, pareo qu'on m'a dU que la bal'onne clt.nit ici.
- Que!l!' lk'lr nne ? dcm.anda le j.nllrnalisl.e, et cela
d'un nÀ,. hi shnP,"I'emoonL nuI! que le Ixu'on se senliL
quelqu.J p li {>!lmwlé.
- , 1l , Ill-.!. la \}I1rnnnc Pilar.
- J UII!'.1 " él' [.ri;s III Ul'(,U " dit Geo!'goo Nnz:m, qu'elle
ml' fit (ct Jlurllleur. :\11115 00 ne m'a pas dit qu'elle lOC
venue.
11 l"Ll'l dL d.! cdlu visil./! comUle si -elle el1t été pour lui·
touLt' ~lfta'e(!,
jounnt si parfllit.cmt'lllt 601~
rôle que le
bUl'Oli , nloL 1 Il à peu. ses &Oup<,:uns 's'cnvol<.'r.
Le jl'lUIt h mOle S'nplll'duiL même à sonncl' pour IDtcl'rllgl:r Jos, ph.
Le '1"lI'un 1(IiTill.a.
CcL nllL '!~
! Je commcncc à. croire qu'on m'a
Ir'oIII JlI' uu qu'on 'c,~l
[,rompé 1
- JI' JI'ru jlll1wi vu 'I~
unl'onne chez moi, dlL Gror·
gcs,' Il Ellc n' J,l'lit, <Id l' lA.', !lu,'une l'U,SI'1l d'y vc1111', C,lr JI' n'[l<l l'ien {ail, que je l:Iil<:he, pOUl' rilél'ller une
tdle 'n\HIIl'.
I.e 1 iI'lIlL )las 'L SIlI' son fronL uno main égarée,
Il JI III n 1111 IJI'uf')I1c1 SdU,[lU'.
- ~·.m
p,lIlons
lus 1
PUI~
il 1>< h'vil.
~I,tl"'
hl! ,.,e,. yP IX 5(' JI III,: il'llL ~UJ'
li' fond de ln plè<'c
(~nt
la fi l'W t'lillt J.eSl/·l' OU\' l't " el ,,11 rd alt'uL il voll'
Ùll11S ccII, pl e,
Le ( ~I ln ql,our s'cn ~ ·çul.
\ (,II, Il'g;l.I' .;t, oÇl'tLl' /1 ' c ? (,', L crno 00 je trnvntlh'. 1~l
Il'U J'en Ùt; L LU (U: 1'1 • :-'lll
si vous voulez
vlSiLel', l'uus 'IU/l'CZ
qlJt! c'est que le caL}jllct d'un
1II11H' dl' 1,'llle,.
'"t il . , 1 Il lait
vous demande pardon de vous aYoO!r
-
Mais tl':ts <llll tOfUt, je suàs, .au con.Lrait'e, trop flftUé.
Au revoir, fit le baron brusqUelIK"(lt,
Puis il &Ql'Lil.
•
ber chacun SUIf un fwuteUlÎI en: s'esclaffant de rire,
- Qurlle tête 1 fiL Edgurd 6e Kéradec.
- Il est ù plaindre, dit le chroniqueur.
Et, pendrunt plusieW's minutes, ils se rou.lèren!l lilté-
Edgut,j &'inc)tna.
11 p~\.
u:.;suit proùigiel1S€!llenL énervé.
Et Ed;,uJ'd ùe I\Lradec le conLemplaiL avec un &011J'ire nur l'lOj:; uux !èvI\:5, ayant l'a.ir de di.re :
- Je l'ai blcn roulé \
EL li paraissuit iort conte.nL de lui.
Il s'élala dans Sil'Tl faut.eu.il et fuma. délicieusement.
Quclq U t'S, minutes se pa:,sèrcnl, puis on enLendit c.ans
~'a.nt,lchumIJr
la voix dé Georges Nazim.
Sd 'IHlTll la baronn'l h<1rs de ÙJJlg'l.!1' maintenant, le
chroniqucw' mondain -éLaiL redevenu tout à faiL maître
de lUi.
Tr,~
intelligent, il ava;it l'int,uiti.cn de œ qui avait dQ
se passel' entre le IJarOJl et son ami.
Du reste, Jo&eph a'avai.t en quelques mots mis au cou-
C'est inufile, j~
Quand il Iut dehol's, les deu.x amis se lais&èreCJt IlûJll.
pjJaJ'.
Pl1S, pl' n.mL lu ,boit oe cigarcft.e<:; :
!'U";·j0 VOLIS en ofCrÎJ' ?
- : . "l, nlcrci, fiL !Jl'llbyUement le baron.
P .• ;~ J, ,'" [-.)\'0. ei. sc mit à rnur.,her tle long en large.
-
-
dérangé,
ralemcnt,
IV
Quand ce~
a.ccès de r·j,re fut passé, Georges Na.znn, devenu eél'ieux le premder, et qui &embl'ail préCW~
ce
dont s'étonnait son ami, Qlui s'aLbendait à. 1U!i v.a,if le' vi.
sage rlULieux du triomphateUll'. Georges Nazim demandll:
~IUJ9
comment a-L-<Jn su que ce bal'on vou.lait nous
sUl'prendre ?
Eugal'd de I<éra<lec, qruri riait enCOiI'e. 001' il n'aVl3.it pas
les motlis de son ami de s'arrêter, .raoonta avec Iorce
éclats de joie le bon tojJJ.' joué au baron l1lar.
Et QUM il eut termi,né, le chroniqueur mondlain pf(l.
nonça, 10 f1'ün.L soucieux :
- Tu .nouS as sauvé la vie tout simplemen.fi.
Le policÎ{)r amuLcur sill'sau,La.
- La viie? Tu crois 4'lie ce sauvage vous aurait ~ués
?
- Comme de" la,[}'lIS, mon pnuvre ami. Ah 1 si. tu
savais ce que je viens d'apprendre 1 Et qlffilles heure!!
jUi pllISSées 1
- Mais Lu es heureux, au moins?
-
-
Eh 1 non.
CommenL œla ? Elle
n'~t
pas ...
- • la maîtresse ? Ma;if; non, IIl(Jn pauvre ami. Tu ne
polU1"dS jamais t'i.mtn.g'ÎIlCll' histoire pl us fan teslique. Elle
m'aitrne. Elle m'adore même, et cela depuis longt.emps,
E.lle me l'a dit Ene haiL, elle exècre, ehle méprise ce
bUl'On, qui n'e"t nus son mnri, qui ne l'la jamais !.OUcMe, elle ma l'a jW'é, et j'ai [,aLites les raisons de 1.
croire, et elle n',lse pps lui êt.re iniluèle, ou du moins !fa
donner à un auLre
- C'est fantastIque, en effet, dit Edgard.
- lnimù.gi.nabie 1 Tu 60'> c.''''''lqu(!;S ins!lan!.s ~ me don·
ner ?
- Mais oui... Lout le temps qu'i! I.e plairtt.
- Ce que je Vilis le mcùut.cr, du reste. ne sara peut,.
êlI'e pus mutile pour ce que tu veux découVl'[I'. Cela jeJ.
'sm .iln peu de ItHlllcre sua' l'étrange Pl'J'SOllilnge que t~
fiS vAlu Lenlol' d'éllldiéll', Une cigarette ?
-
Je vcux bi<'o.'
Cc SOI'a long, 'POllltrêLre, et cC'la t'aidera li. ~
le lemps.
Ul'cnL~
- 911 ! je suis sQr déjà, d'après œ quo tu Vieni Cl'a
me dirc, que je n "il lirai PUs LcsoJ.n de [um6ol' pO\ll' ne plIS
-
el' à l'onl('IWI'O.
Je le OI'O'is. /l..'>Sieds-tol,
EùgRJ'd s'ilL,l!:liHa duns un faut.cull,
te l'ap~1
5, (;omnnonça sem c.thi, dans quel êla'
tu rn ilS vu np'l\~
0.\ Ji!' l'GÇlJ kJ petlL blcu dr-oommanctanl
l~ J·clldez·vou,; que j'avuis eu lanL de lJeine ù obtenir?
- Si je lIl'en SOUViP1LS 1 Je ne t'avul.s jamü4 vu
COIllIllI.! çu, l1I"n ptllIVI'P amI. Tu éla~
oornmc fou.
- El ma juie oosu.il.e quand on n'u,p,porlo. la BeCOllde
dépùuhe.
- Je me rnpp<'llQ lout cela..
- Je ne fis IIII'un l){l'!ld dhcz mol, et 1J y avaU quelqlles minutes à r)l,w~
,qllC j'él.uis rll1ll.l'é, Qu:md un peU,
CUllp de S/mrwt(() LiIlllde m''ilnnonça un visiteUil'.
J'ulla.i ol.lilq'ir moi-môme, œ.t' j'a.vals <mvoyé Josoplf
[u i 1'0 q IIL'tlq Ul'S pcLiLc& IProvi.slioIIS.
C'dai.! elle,
.\JUI., (;ffaJ"lIlOh, c, tl'ellil>lllnte, si <:crl'aY
si émue
<lU ' Jl' r\l\', ohlli/I' de III 6!U.',ÏIr <!tans iua.' iJ,r~
&>OW' l~
Ct IÙ JU • ju..'l[u'a Illon ounl~pé,
mi. si JIll' dtlU1S f.iôl1 611loi, si d6siJ'llblc qua.n4.e lu
- Tu
�H
Soncttlaire d'Amour
~nrui6
toute pul:pit,anle con ire ma poitrine, que je sen-
,a.is ma raison m'abandonner.
Je .m'eUorç.ai de contenir la IP'assion qlUi me brOlail!,
{JO désir don,L j'étais enflammé eL je la fis asseoir.
Je la In.ié~':l
sc remeLtre un peu, puis j'osa.i Lui dire,
en me jel.unL à ses genoux :
- Que je vous aime 1
EL, j'essayai d.c lu.i pIoodre la main.
Elle la relira 'do ucemeall cL me dit avec un scrurÏI'e
-
Soyez raisn'lUlnble !
_ RltisonnrllJlc ! ,m'écriai-je. Et puis-je l'être qU6Ild
je vous voi.s ... C111and je 7
Elle m'interrompit..
- Il le ~aut
cependant. Et il faut que voœ m'éCOutiez
tralllquJ.lement, car j'ai des choses :\Jrès graves à vous
(lire.
.re
les yell."C vers elle et je la vis si éblou1~anfe,
Que je ne pus ,relen,ir ce cri :
:.1.,c ~JCUL-t1
y avoir Ile grdve au monde et d'im- ~
portan.t smon de vous aimer quand on vous a vue?
- 11 Y a quelque c.hose de plus g.rave que l'amour, me
dil-clle d'un !,on sérieux, c'est la vie,
;i tC!l1bu~,.
1~\-aIi
-
L,a vie '{ m'écriai-je stupéfait.
-
VoLr'e a.rnanl?
li n'est pas mon amant.
.
- Oll;, la vie. Et c'est pour cela que je suis venue
,ous u'Ouver. Je ne veux pas qu'il vous tue.
- Et qui't
- Le baron.
- Voill'e mari 1
- Il n'est pas mon mari.
-
Qu'est-il donc '(
Mon maître. El je suis son esclave.
Vue me rucQuLcz-vous là 1
Lu vérité.
- Alors je ne comprends plus.
- Vue ne comprenez-vous pas"
- vue vous l cstlllZ atlachée il. cet homme.
- II le l8lul.
- Bn verLu <le queUe loi?
- Si j'es"uyai!l de l'abandonner ou de le tromper 'je
ne. ,,[vrals pas Ù\JUX heures ap,'ès avait oonunis un~
parellie daute, et Je rlsque ma Vie vingt fois en venant
Ici.
,le Ile pOUNUlS croire qlte cela IO.t séIieux.
J'e::;<;uyai ùc pluumnl.cr.
El Je cils :.
- LI est donc bien terrible?
- Plus terrIble que v-ous ne pouvez l'imaginer.
- Mals je ne le craIns Ilos, Ils-Je.
_ Parco qilil vous ne le connaissez pas. Parce que
VOlJ/; ne suvez pas ce doont il est ou palJ le.
.Te lisais duns les yeux de Sonia, pp.ndant qu'elle prooonçaiL ces pOJl'Olcs, une véJ'itable terreur ...
EL Je oommençais il être impre,;;sionné mMgr6 moi.
MaIS je trouvaIs cc sentLmellt absurde.
Je ne Sllis .pes un pollron. Je me suis ba.ttu plusieurs
fois en ducl conlJ'e des advcr'sail'es au moius aussi terrlhles (lue pellt l'être ce fameux baron.
I!;t je Cl 1" 1\ 'onia:
_ !\l'mme7.-VOUS un peu T
- Ile tqulc mon lime, me répondit-eUe ausslt.Ot lrès
a!nrl!rf'm.ont.
'
Ellp 'lj(lIILn :
- VOU!; Mes le f1eul homme qui ayez fa l' balfJre mon
eœur.
- Eh 1 bien, dis-je, tant heureux et tout transporté
6aVC~1fOU8
ce qu'II fnut faire 1 Planler vutre bllJ'on
pru'tiü tous les deux n'Imporl.c où, poll'l' être heureux
Ca.' je vous adore, mol, je vous adore follemenl!
•
A'h 1mon chcr', 51 tu avais VII 1'(~I>,.s<;io
de sa pbJStonomie qUllnrl JO l)J'on~1
ce par'oles
~Ile
Otnll dcvefloo blême oomme uno morte.
Ses dents olaqunient l'uno oontrc l'Ilutre el Je TUI
qu'clle ,allait S'évunf)uir.
'
Je .m emprcssu.l de III saisir dans mes bras
UU'UV\'Z-VOllS, mil ~OIJ.\n,
mil. Sorùa ch~l
ft
et
Son cœur bntt.:lit contre m.a p(',ifrine oomme un petit
oiseau
donc ce qU(l je ,riens de dire qui V()l19 ôpou.
- ~st-ce
vante ainsi, et avez-vous Lant de cr:unLc de vivre avec
/Dai "
Elle me répondit avec son air de frnnchiso :
- Ce semit 1(' bonl1e\11' pour mOI, !e vél'it,n,bie boull6ur,
mais c'est irnposslble.
- ~t
ponrquOl donc 'f
- Ce serait marcher à lu mort tous !e,a ~.
- Et qui nous tuerajt·:
- Lui. N'importe où. nOlis 5":l'ion', il SM-It'a.tL nous
atteindre.
J'eus un geste d'énervement.
- A,h !lITII!I.iS, lis-je, il oe me fnH Jlas p.::'tU' là. mol. votre
baron. Voulez-vous que j'aille le lut rnol~
T
- Et comment 1
- En le prov(){{u.ant. ,
Elle ne oomprenait pas ee (1· j") voulais dir...
Je lui e,\ïPliquai que je n'awlÏs qu'n nI.() renùl'c allez
le baron, l'insulte!', il' [lll'ce il sc bülll'€, cL qoo i'éLflis
sftr de le Luer, de la dél1vj'('r pm' C01150qucnL.
J'en étais arrivé il ce point.. en effet, do ne {lBS :rçc1\let' devrulL ceLI,c infamie. ldot Dl eJ-;-l pontil la. peur
qu'clle avait de cc ItltltocllC.
Elle me dit :
- 11 ne sc ba.~lr
pas et il VOLIS ferll BSsa.<:B-Ïnec
Je sursautaI.
- Assa.ssmer '{
- Mais oui, por des hommes t1 lui. li en Il dix il en
tl. vingt qui lui obéissent, à qui rl6jà il a cc>mmalltlé des
crimes.
.
.
J'étai,,; abasourdi.
- Esl~e
possible? m'écriai-je.
- . Mais OUI. je Je sais. Et. c'est j.a,rce quo Je le s!l.is
que Je voux vous met.tre en garde contre lui. G"œt parce
que. Je le. sais que je sllis ccrt.uinc du sort qu.i m'atteudralt, qUI nous aLlendmit tous le.s deux, i~
je (~isa5
ce que vOlls.roe demandez.
J'a.vais peine li. cadlil't' ma sllI.peul' , mon t\lwl'issemew
mllme.
Et. je ne .pns l:.aS m'empêcher de demandcl' :
- Mn.is comm nt l'uvez-vous connu'! Corrl1lncnl VIOUS
trouveü-vous, v8us si jeune, si joPc, .ct que tout 10 monde
devrait .:lilorer <. genoux, enl.ri' k~
mains d'lin pareil
h{Jmme, <L'un !)arei! munsl·l·e plutOt, car c'est un véritable monstwe ï
Ah 1oui, monsieur, s'écria la pauvre femme, 'l1Il mous!.re, un m(1nstrc pOlir 18qu l J'tU bie.n soutlurL déjt\ ct
pow' qui je souJTrirai encore cCI'I.a,nement. en!' à mes
6Ul.res sUjets de douleur .'i n.JOlltèra celui <l'un titnoull'
auquel je ne pourrllJ répondre.
Elle cessa de parler, ct je ,.' des lannes briller dans
ses yelJ,x.
Celte vue m'affola litl.éralement.
Connais-tu quelque chose, ell cUet, doC plus cruel, de
plus tCl['ih!,~
que de voir plocun.'T un Olro q 1'00 a,tme et
qu'on aime oolilme j'aimais Sonia 7
'PIlUl' moi je ne crOiS pas qu'il y ail u mon~
..ien
de PW·CIJ.
Ne pouvant iAus oonlenk mon émotion, je flle l-cwi
aux pieds do La. malheureuse Jeune femm{). je l'~nhras
&ni avec <los Ia.nmes dnn.> les yeux :lUS: 1.
EL .C'est .nIOt::.. Que la [}l\UVTC cllf. lit lIIC l'tloonkl IiOll
hlst?I~,
un vél'lwble l'omun, COllllIl!' hl 'lIS 1 VOÏ4'.
.AII\St que l'mdlque s{Jn nOIll de , mi.u, l'li
.,." d'Oligl~e
russe, née d'110 \1ère ct d'une 111 l'D (\'; lu r.G t3
qU!. explique ,1 1'6 ignatiun ct \0. I•.){·I'( ur qu'(.oUc & du
maltre.
Aynnt perdU Sf'S parenl.s \J'ès jeune, et 11 9/ldlont
comment gl~n
l' sa vie, elle apprit il (1 nnl'I.'r .
et \J'ès l~gL
rw .sc l L
. Bile él.'üL jolie, très gra.cio~
VItAl a.?prùcler.
~ng.aée
par un iml)re5llnO, elle fu~
emmerl'
.1 Am
rique, .lIa~s,
La troll{Jc donl clic L'llsalL l'u;!ic Il )o~ 1
pas fall d argent, ful ubundopn(; 1.·1' son llLaTli
les pa~vl'cs
arLi1;!es en fllrent " j dllll;, les un!> Il sc r~
l
ra.pall'Jer par le consul, les uLrcs. il errer, mO\Il1lJl,.
CIe faim, à f~\w('r!
11'8 TIIP'; d'" 1111 n -!\ ru.
�U·
Sanct~ire
L
;.0. Jl8UVT'e Sonia étaU de ce nombre.
::;o.ne papiers. sans ramille, elle
pu implorer
l'aide de slIn consul, qui ne voulut pas s'occuper d'alle.
EL elle élait un soir si désespérée qu'elle songeait li.
aUel' ae Jeter a l'eau.
EUe D'a\'uit pas encore seize ans. C'é~t
~n
enfa~
arès
naIve, un !leu gauche ; pouvant devemf Johe, mais assez iDtdflnillante encore.
C'es' alors qu'elle rencontra le baron PUar.
Il D'.18lt lJ8.S baron encore. Il ne se nommait. pas
Pilor, mais il sem.blait déjà rort riche, car il jeta.i~l'r
geuL JlV les renêtres. payant dans les blli'S il
à
Tenant Ilt essayant ainsi de se rendre populaire,
cal' son a.c:,pect était plllB bideux et plus repoussant qu'il
l'cs' maintenant.
Les b1essU\l"es qu'Il avait fl la face étaient toutes récentes. Les plaies avalent il peine eu le temps de se
cica lriser et. elles étaient, par œllséquent, beaucoup plus
visibJ.es.
'
- Mals •.demanda Edgard, à la. suif.e de quel acoidenlJ,
de (JUel calaclysme a-Iril été aroongé ainsi 1
_ Il B'élalt baU.u au couteau avec un rival qui avait
Sill tou' cherché à le l.rapper il la [ace pour le défigurer,
et qui y a réussi, a.insi que tu le vois.
MallY je poursuis.
- Om. va.
- Cela l'lnlèresSe 7
_ Enonnément, cor j'aime ce qui n'est pas banal, et
ton baron n'a pas l'ail' d'un type ordinaire.
- Ob 1 pas du -J)ut.. E~ tu ne connais nen encore. Quand
tu auras appris toutes les pa.rticularités curieuses q~
je sais sur son compte, tu seras estomaqué comme Je
j'a i (-té moi..meme et peul-être le diras-lu que tu brt\les.
- Que JC brùle"/
- Pour œ que lU ,cherches.
- Tu crOIS 1
- Ta vos voir. Mals ne m'interromps pas. Où en étaisje '! Ah 1 oui. 8.U moment où Sonia rencontre le baron.
- Oui n'était pas baron et où elle songeait à se noyer.
- C'est cela. La nuit tombait. L:1. pauvre pelit~.
qui
n'avaf' pas un sou. qui n'avl~
pa.s mong6 depuJs la
de son misévcille ct qu'on venait de mettre il. la p~
mille bOte 1 en lui gardant, ses vêtements et ses costumes, ne 5(IvatL pus du Lout où donner de la tête et SO'I1genU il se précipiter du hau~
d'un pont lorsque le baron
PI\aJ' &'apprOClla d'elle.
Ma Ile put roprlme.r un ori d'horreur en le voyant
(lveo BO race rocemment couturée et que sillonnaient
d ~
raies rouges.
11 SOlIn' un peu amèrement et dit
- ~ vous Cais peur, mademoiselle?
l:5OnJa eut un peu de honte d'avoir olnsi laissé voir S6
r 6pu.lSion. et elle répondit :
- - Non, monsieur. Mals J'al 6té SUl·prlse.
_ OuI. Vous ne pensiez pas -IU'OII vlenlll'alt vous déranget'.
_ Mo déranger, monsieur 7
- OuJ, duns le r)rojcl que VOU.'I mé(lItez.
- Quoi projet 1 demanda la peilLe danseuse.
_ ~i
vous croyez que je n'ai pas devln6 ce que vous
venl$ faire IW bord de l'C8U, surtout quand j'al vu
cœwnem VOliS 111 reglU'dJez.
SOnia ne ropondll pas.
EDe avait des lannes plein les yeux, eL eUe se 1'&
tenal& è quatre pour ne pas pleurer.
1.'tnoonnu lui prit les malna Lrès alrooLueusement.
_ Voyons, ma petite, luJ dit-Il, ne pleurez pos et hénlasez 10 ciel qui m'n mis sur vos pos 1
En en'endant ces pal'oles, la petite SonLa se rassura
un peu. mals quo.nd olle eut jeté un nouveau regard
IIQJ' l'homme qui lu! parlo.lt ains i, elle ne put s'empêdIer de lrémlr Ia.nt \1 lui semblo.lt aIIreux, eL d'lnsUnœ
,.. Jeux 88 détournèrent de lui.
lJtnoonnu sourn avec amerLume,
- Vous VOliS hIlbUuerez à mol, mademoiselle, quand
VOUIJ me oonnaltrez mieux, • vous V&1'NZ que je ne
n'avi~
boin:
Lou'
wœsœ
•
lIIIIt
\Il
Jdécb8U\ bomme,
cf"Amour
Ne 800hant Q'Ue devenir, la pauvre Sonia le suJvit,
comblen d~uJs
elle a regretté ce geste 1
La pcuvre emant venait d'aliéner sa liberté poUl' touJours.
•
A parUr de ce moment. elle mena une Vie étrange aux
côtés de l'6.vent.u.riC!', qui s'él.ait emparé pour ainsi dire
de 'son Ome et de sa volonLé, car, sans qu'elle s'expl!.
quAt comment, 11 lui sembla qu'elle n'était plus la
même.
Elle étalt incapable de résister à un caprice de l'homme
qui était devenu maître à la lois de son esprit e~ de
Bon corps.
- Tu m'as dit qu'elle n'avait pas été sa mallresse 'l
- C'est vra.l. Il n'osa pas ln conlrainUrtl à ce qui
semblait être au-dessus des fOl'C(lS de ~onia.
tant elle
éprouvaJt. pour le monslEe de repugn(lnce, mais il exigea, comme eHe ne voulait pas Olre il lui, qu'elle ne rùt
il. peI\90nne, et il Ilt si bonne 'g arde autour d'elle qu'elle
ne put jamais tromper sa sw'velitlance: D'ailleurs, Il
l'avaJl tellement terrorisée pal' sns menaces, et il lui
6.'Vo&it tellement donné l'impression d'Im êLre terrible,
formid6hle, !l.uqueJ Il éLaIt. Impo!tSible d'éCbapper, qu'elle
n'osa pas s'y SO'UStrn1re.
Et, dès lors, elle mena, bien Qu'elle fllL entourée de
[out le luxe imaginable et qu'elle pQt satisfa.re tQutes
ses Io.nt.a.isies. car il ne lu! refusail rien, j'existence la
plus eILroya'ble qu'II fIlt possible dïmaginer.
Elle avait goranal. Elle éLaiL devenue lort belle, et au
qu'eile embellissait, la surveillance se resfw- à mes~
serrait autour d'elle. Son gardien, elle ne l'appelait pas
autremenD, avait œnçu pour elle une passion farouèhe,
et comme il était d'un naturel extr~mclO
jaloux, la.
ma.llJeureuse ne pouvait plus talre un pas SltnS l'!tre espionnée. Elle n'osait plus regarder quelqu'un avec complaisance sans C1'8.in<1re les plus ler'Ib~s
rOflrésanIes.
Et ce qui contribuait il. la rendre encore plus circonspecte, c'est qu'elle exposaIt au mêJl1~
lI811ger qu'elle
courait elle-même celui qu'elle semblait avoir dlsLlngué
o.u milieu de la Ioule des IndlU{trenls.
Elle n'avait rien réussi à apprendre concernanl le personna.ge dont elle était pOUJ' ainsi dire l'esclave. 1:.11e
ne savait ni comment il s'appelait, ni d'ot! il venai~,
ni fIuelle était sa nationalité.
Pour elle, c'était. ml Jaloux. C'6talt le Jaloux, Elle ne
ne savaf.l. pas lie lui autre chose. Lu rép1lbliUIICu Cp!'IlUVlée pour lud 6talt toujours égale, et celn au{!mentl~
encore la !Jrénésle de celu~J,
qui. ne pouvant la posséder, ne vOUli/Lit pas qu'elle Iùl il. un aulre.
Jusqu'i/Liors, le t:ouplc bizarre avait v6Cu il. l'étranger,
mais bienlôt le mnIf.d'e parla de l'eOlr en Fronce, il l'arls,
et c'est pour y venir qu'il prit le UInl el le nom de baron
Pilur qu'JI porte muinlen.o.nL.
Enl.re temps, Sonia avait surpris flllfércnts détaIl.
bien proprœ il &li. déloumor de lui encore davanLuge.
EUe él8.lt persuadéè qu'II y avait des crimes dans
son ])6S6é, t:ur elle avait appris par 1111 valet de chambre
que le baron avait la nuit des hnilucinlillons qui ne
pouvaJent se produire que dans une COllschmea bourrelée de remords .
Il seml>llllt poursuIvi, quand I.ombalen\ les ténèbn18,
par lies ,'islons, par des spectres. et on voynlL venir
dans son hOLeI dos gons extraordlnulres qui avalent des
figures de policiers ct do crimlnllls, et que le baron, Sonln en 6balt persuadée, - devalL chargor de louches
lDIÙS
bcsognœ.
Mo.is elle ne Io.1sall que prcssllnUr ra choses. el n'OIl1lft
pas les approlondIr, tant son maUre lui Inspirait de
teITC1U'.
li. lui a.vait fallu un courage presque surhumain pour
"IHwr auX t.cntaUves faites pour la sédufro..
Elle avalt manUasté ohaque fols un Loi dégollt que 1.
mls6rable n'avilit pas osé InslsLcr.
Mals Il devaJt se passer en 80n esprit quelquo chose don'
Sonia ôtait 6pouvautOO. et. ello 6taiL persuadée qu'U
lui raudrolt un jour ou 1'8Il1tre devenir la vlcUme dll
mJs6ra.bJe.
Elle s'efforçait d'éloigner cette éch6lJnee le plUIl poliIIlble, oo.r elle é1.u~
bien résolue il ne pas y survivre.
. J)ons l'hOtel régno.lL Wle oIllmo&phOl"e da Ol.VsLère. e&
�Sanctuaire d'Amour
m'aider de touL tan pouvoir.
- II !ooL d~nc
Sonia était persuadée qu'il s'y passait des événements
- Je ne demande pas mieux.
quelque chose de surnaturel.
• .
- Me suivre de l.Qus tes vœux.
Le baron .ui fa.isait l'effet d'un être malflUsan8, dbuê
- PeUx-tu en douter 'f
d'Wle puissance 9\lJl1Inanaine.
- Avec quelle ardew' je vals me meLla'e à la lM!6ogn&.
Son dédain pour lui ne fa.lsait qu'augmenter sa rage
Je me sens maintenant une tell.a haine pour œ mÙJé'et sa paSSion.
.
Et olle é~it
certaine que cela ne durerrut pas et :rab le 1
- Tu vas le voir demain 'l
qu'elle oourolt il une catastrophe, mais elle ne voyai'
- Oh 1 OUI, je vais le voir 1 Et avant peu, 4G t4l L'utpas le moyen de s'aUranclllr du joug odieux qu!elle su.
firme, je saurai ce qu'il e. 4ans le venLre 1
... ..,;sait.
- Tu me tiendras au courant?
Elle était comme pétrillée par une terreur Insllrmon- l501s t.rnnquille.
\allIe.
- A demain d.onc 1
Sonia a essayé de m'expliquer tout cela pendant les
- A demain.
eour\.s anmnents que nous restil.mps ensemble, mais elle
Les deux amis se séparèrent, mals ni l'un ni rnutl~
seme 'POuvait me mettre au courant d'un tel état de
ne s'o.ttendllient aux terribles Incidents que leur mÛTl.·
choses oar rien n'en tro.ru;.piralt au dehors.
geait ce lendemain sur lequel ils compt.aient pour faÏJ'f
Oua~d
on se présentait allez le baron on y éLait reçu
un grand pas ds,ns l'aventure PÙ ila s'6t.a.ient ~ng
' \g~s
en homme du monde et Sonia faisait en grande ùame
les honneurs du fastueux hôtel, et jusque·là jo n'ovals
rien soupçonné de ce qu'elle venait de m'apprendre.
Cela n'était pas fait, tu le compr.ends bien, llour diV
minuer ma pasSiou pour la pauvre jeune Il Ile , eL mOll
désir de l'arracher il une &ussi horrible ex.istence.
Quand Edgard de Kél'8dec, déguisé cOmme n n~it
Elle avait, au contralTO, ex.aspéré mon amour jllSrJu'au
lors de sa première visite, se présenta ohez le bnr:m
pRroxysme et j'étais en Lll8.in d'a[lirmer à Sonia que
PilaI', il ne llit pas reçu dans le petit saJon 00 il 8\'uiB
fétais tout prêt à risquer ma vie pour elle qUBlld tu
élé introduit la premicre fuis, mais ullns Url ClIbin!'~
t'es présenté pour nous prévenir que le baron allait
somptueusement meublé (,ue les doubles rideaux non
no~
surprendire.
tirés laissaient dans une deIAi-obscurité donnanL aux ob·
Gela n'étonna PM Sonia.
ton très dome.
•
jets ~
Elle s'y atl.endait presque, mais elle était plus épouLe baron se tenait dans ce cabinet derrière lIIl vo:,L'J
VBlllée pour moi que pour elle.
bureau, et il sembla au policier amateur Que 88 ng~t!
Ma.is c'est pour elle, moi. que je tremblais, et je ne
monstrueuse avait quelque chose de narquoia " de diaVOul11S pas l'exposer au danger d'ètre surprise.
bolique.
El maintenant que vais·Je raire 'l
Il s'arlè~
sur le seUil, Impressionné melgrê lui, cl
La:l.ssel'Ili-je ceUo jeune lemme entre les griffes de ce
et l\.\ï;'::
alors le baron, de son acceuL le plus mor~
monst.re e~ que ttmterai-je poUl' J'en Rrracher?
un air plein d'ironie lui dit ~
Je n'en sais rien .absolument, et jamais peulrêLre je
- Voùs -pouvez o.pprooner, monsieur de Kél'afec. VOliS
ne me suis trouvé enoore da.ns un tel embarras, dans
pouvez apprOOb.er sans crainte.
une lelle angoisse.
son nom, Edgard sembla \amller de 000
En entd6Jl~
Que penses-lu, toi '1
haut
- Je ne sais pas trop, dit Edgard, très impressionné
Il Ilxa. son in.terlœutcur Il vec des yeux gJ'OtI .'éb-.1 ;llspar ce qu'U venait d'entendre.
sement.
OueUe opinion as-tu de cet Ilnmme '1
Celui·ci se !In.lt il rire, puis, goguenard etICOI9 :
- Je n'en ni aucune bien arrêl.ée encore. Il faudra.
- Vous venez pour celle peUte sLatue'te
Vùl:S
voir. Mals je suis bien résolu il m'en faire unA_
m'avez proposé d'uchel.er?
- E~ comment '1
Edgard ébalt si Cbahi qu'il demeuroit bouclae bée, ne
- 'J\I sais que je dols le revoir demain T
trouvant pM un ano~
pour II'fpondre.
- Oui.
AJOI''S d'une autre volx, d'une voix sévère el pr":EQ.ue
- Je me rcnd1'8f ohez lui. J''!xamlncrai ourieusement
menaçante, le baron dit :
toutes moses '!~ je tacherai de trouver le moyen de pé.
- Assez de comédie, monsle1j" de Kél'Qdco 1 VOU9
fJét.rer dans l'bOtel fi une heure ot'! je pourrai tout exavoyez que vous êtes 'l'eoonnu. V<.Jous pouvez ôter votro
miner li. mon aise. Il doi~
y avoir plus d'un Incident
~\.lSe
perruque eL votre fausse barbe. Il mc.,rOSIe &. vous
curieux daDS le pnssé de cet hœnrne.
d mander pourquoi VOUS vous êtes InLroduiL c:Ile~
lIIel
qu'II puisse L'antéresser au point de
- Et crol&-~u
sous oe dégoiSement.
vue de ce que tu cherches?
Edgard essaya quelques vagues expliaaUena. Un nml
dons 10 besoin J'8N6it ohargé do vendre dHf6reills \Jbjt>!.s,
- C'œt possl..l>le. Ne m'as·tu pas parlé d'un porLratt
con~
dal'.8 l'Mtel comme une précieusp. relique et
01., polir Inspirer plus de oonlJance, Il avaiL pria If). \1hy·
fllonomle d'un vieil antiqu.a1ro.
qlll l'a semblé avoir une ressemblance IlV(;C lIllla de
Lesnnge7
- Vous ne savez pas menllr, monsieur de. K6mùec.
- ~l.
cL o'est une laiblesse dans le méUcr qUI! vous AVet 0&- SI ce porIa'aIt était ~tne
celui ùo ceLle jeune
slWlé.
relgi(~ux
que ne pourfemme. qu'on entoUl'O de ce cu1~
- Q1>'81 métier?
roJs-je pBs m'imaginer T
- Mais celui de policklr amaf.eU1'. CrQ~VOIW
dono
- C;'est vrai.
que je n'ai pas eu 10 tomps de m'infomler del,"1a hl~t
- 1.6 passIOn dominante de ce baron paraU èlrc la
eL do prendre sur vous les rcnseignetnenLs donL j'avais
Jalousie, une jalousie féroCe et loreen&>. Que n'est pas
besoin '/ On joue une lois Je baron Pi1a.r quand Il est pris
capllble 00 faJre IIne pareUle jalousie?
au dépoul'V'u, roo.J.s on ne le joue pas deux '-ta, monsieur de Kérlldcc.
- En efr~.
nt le chroniqueur mdndo.ln, songeur.
Edgard continuaiL tI fixer le baron de 888 reuK hé-, - Il Y 1\ auLoor de lu.! bien des mystères. Et puis
ces haJluclnaUons donL tu viens de me parler... toutes
bé\ës.
jalousie effrénée dont on a
ces ét.ro.ngeLés 1... EL c~1.e
JJ m\6l'muJ1l\ :
pulé eL qui peut rendre pooolbies tous les cl·imes ... Oh 1
- Je no oomprczWB pas.
g faut quc ~ me renseigne, qUI1 Jo lire cela au clair 1
- C'es~
facile &. comprendro, cependant PeMeI\-VO
l~n
dGmasquanl ccL Ilommtl je travllllle pour to1. SI
oonc que je n'al pas deviné que c'6LaJ.t. V~U8
Qld l'viel
Je pOJ'Vlens à Je livrer tl la justice avec lout '5 le' prouprévenu votre ami, M. Nazlm '1
vos do ses forlalts, Je délivre ::)unill e\ vous scr!!'.: llbros
- Mais p.I'Ôvenu de quoi '(
de VOU8 a.lmer tou~
a votre aJse.
- Ab 1 ne fuites pas l'ignorant et ne chertIIœ l,lus
- f~'osl
. \' .....
il 100 tromDCl'. Je "OUS U.VGl'tls que le 8ÔJ aoUl
jnlc
ayn~
,1Ie
l'
�Sanctuaire d'Âmaur
~vu
nan" Je .sais que la baronne était chez v~
ami, eL
: r'ai pu l'y surprendre pOl'ce que celUI-CI avait été
1
il ~
~t
<le ma visite e\ personne n'éLaU cn~
chez lui
de vous qui vous y êtes fait condlllre en 901'd'ià. Vous voyez que je suis bien rcnsclgu:.
_ Alo.rs lU Edgard atsoluOlenL décontenance, Si vous
êtes SI blc'O rens~ib6,
je n'ai plus rien fl vou:> nppren'1re.
BL il SC leva.
_ Que Ialtes-vous' dem.allda le bu.l'ou.
- Je m'on veis.
L
mon cher monsiûUl·... ~as
Ilvan
_ .Ah 1 pOB ~lfis,
que je saohe ce Que vous veniez faire chez mOI.
_ VOI~
le <le manderez il vos c:>plons, dit Edgard,
puisque voue avez des espion.; qui VOtlS renseignent 51
biell.
_ Mas e,."plons pow'raltmt peut-êl.re me )e ù'Ir~,
eu el(et mais )e prorère J'apprendre de votre bouent: .
..:. Vous ne l'apprendrez pas, car je nc dirai rien.
-
VraimeM 1
le VOU6 1'61lilme.
Ee Edgtll'd, dressé en [ace du baron, rebal da celulci d'un air de déli.
Le I»t'oIl ne sourcUt:. pas.
- llIen, Ill-Il Lr8nquillement,
eL Ieui-llelant, des papiel's sur son btil'oou, il paruL
se désiIW:lrOSSOl' d'Edgard.
Cekll-ci diL :
- Je puis me retirer maintenant?
Et de nau-vca.u 11 se ulSl'aslf il parUr_
iais kt baron s;e dressa d'un sùl'Saul :
- Ah 1 non, par exemple 1
•
,.
- GommenL cela 1 lit t::,lgard, qu1 commençait il S 1Il-
qwétf;r,
.
.
. - On l'nll'6 quelquefois chez moi sans ma perml!lSIOn,
il~
le bMOlI, ainsI qUIl "OIIoS l'avez dcjil Init, lIInis ùJl
n l'II llOI'L .J4ID8ois que IOl'sque je le veux 1
- VOlIS n'6,vez pas la prétention cepeudnnt, lU Edgnrd,
qll! Illit;t.&&\ par s'agacer, ùe Ille retenl.r ici rnruh"ré 11101"1
- J\U conlm.lre, 1I~
le bill'OH nctlcUlc/lt.
J::ùgard devint pille.
- Ce 8eJ'1l.H rQI'~
1 :; l'Ql"ia-t-11.
J::t 11 se ruu. sW' ln pol'Lc.
11 e,-;saya de l'ou\fu·.
EUe 1èS1SLn.
- Ah 1 IU-W, c'I'.I,L une sutte plai.slmLerie 1 Je vous 01'donne ,moruneUl" '.!è m'ouvrir cetLe porte 1
- Je donne des ordres chez mol cL Je n'cn reçoIs pIlS,
dlL le .bnron.
JI a,loma ,
- VelUS fiLes mon pl1solllller.
J::dgard J'i<»na :
- Vo&re prJlIOlUller 1
m 6U6SILOL
:
- k Aurai IOOn me déli .rer 1
. 1M, n, le baron, lrèB c~me.
,mIl se mil
ver-
CeLLe nquil~
acheva d'(Jxasp6ror Edgard, qui
bioo&Ol &ouLe mesure.
Q Irapper sur la porLe il coupa rcdoublt'.s,
e.ppeJeJ', eL YOyUllt que tauL cela ~l\t
InuLl/e, Il SOl''" de sa poCho un l"evolver eL le braqua sur le baron
en~L
:
-Je -vall'J YOua tum 1
Il l'4lÇU' il (JO moment un coup 81 violent QII'U
Il I\rnlO el ~ It d '
il (~tê
de lui un. hommo d'une
001 !!ale, 1) Il
TlbllllL l 'o.Llendr qu'un signal
U1"
lui.
Le bàron fiL un geste, Le colosse dlsparul comme il
était venu safiS qu'EdglU'd elU pu voir eOqlllIlcnL 11 s'cn
étaU· allé, eL il resta setti avec l'élrBllgo personIlilge.
Il n'éLalt pas rassuré du touL.
n se scnlüH enlre les mains de ccL être bizul'rc Ilil
~lTIbait
tQul connaîl.rc cL a\'ail à ses ordres des SCl'·
vit.eW'S il. qui il pouvait touL conullllndûl·.
Mais il ne laiSsa rieu parallrc dc sc.s craintes.
Il s'eHorcn do laire wnne contenance.
Il ét.aJ.t plus inquiet, du resle, pour son ami Georges
Nazim cL Sonia quP. pour lui-IllÎ!JUe, car, après ce Qu'i!
avait &PlPris concernant la jalousie du l:hll'on, il se de·
lIIlIIUlooit quelles représailles celui-ci allait I!.'\Cl·cen' conl.tl'
eux puisqu'il sa.vait maintenant qu'ils l'avaient trnili.
Et c'est il eux Qu'il peusait plus encore qu'à. lui-même
quand 11 se demandait comment altait tourner cellè
aventure.
(;orome s'U devinait ce qui se passaiL en l'esprit
00 son visitell!', le baron dit, toujours neJ"Veux :
- Ce n'est pas toujours sans danger de faid'e ],a police
en annateu.r, d'essayer de s'immisœr dnns les IlUaircl>
des autres. Et moi je détehtl.: les indisCrcts.
-
Vous
aVe'l
peut,.èt.re de$ raisons pout cela T Jl\ Eù-
gard d'un ton agresslr.
- Peul-être, dit le baron sans s'émouvoir.
- Quand on n'a rien il. Clloc.her, ajuuw- M. de Kél-adee,
on ne l'MouLe pas les investIgations de la police,
mon
- Mais j'ai pe:JfrêLrc q'lclquc chose il. ~t
aber IllOl1SIeur.
- Et moi j'en suis SÙI' 1 fit Edgard.
- Raison de ,plus pour que je me lumnc S\.Il' mes
g&-cles 1
- lùI.ison de- plus, en eUet.
- Et je m'y Liendral, je VOllli le promets. Co n'est 1).1';;
vous en \.Out cas qui irez maintenant Colpol·ter des DrUl~
sur mon comple.
- Vous ne voulez pas lu"...sassinOi·?
- Je ne tue les gells que lorsqu'ils m'y conkaignenf.
- Vou.s ell IlVe'l tué beuucoup déjà '/
- J'cn ai fait tuer quelqucs-uns.
- C'est du blurI !
VO~4
aurez pout·el!"\! l'occasion
d~
vous ùpcxc"oir
d u conlnure 1
- Vous ne me tolles pas peur.
- 'lllillt nûeux poli!' vous 1
Mll.lgré son affectation dc ne pas par.uilrc s C:mou\"(ir.
Edgaro. se sentait mal à l'aise.
Il ne oroyaiL D8S tout il faiL aux numllces du. baron.
Il éLait persuadé que celui-ci se '\o"anLnil ou du moill:'!
ruoagérorLt. pour l'in~mder,
qU'QIl n'mnpl'li.:;(JI1ne pas h~
gens à nollre époque, qu'on ne les raiL pas cJjs]J,uraILl"c
dans <les oubliettes ou oassosslnQl' plU' des aL' ,Co n'e l
pas lorsqla"OO a le ~léf>hon,
les RulnmabtJ.es, les oor .
~.ptnes,
qu'on a .affaire à des bo.ndils ,,'un oul.re 11' ,
eL ce baron lui faisall pluLOtl'crteL d'un Cantoohc Lraglllu, ,
({Ue d'un bomme réellement dangereux, cL pourtant II
D'étal' pe.s tfll80lurnenL tranqulLlè.
Il le voyait st oonvalnou, preuant son rOle sf au ~
rieux, qu'il se disait .PW' moments :
-
Qul sail ?
Puis la venue mY8~rk!1Se
de l'hercule qui l'avnla 51
presl.emcnt dé.cmrmé l'avait pt'nibil!lJ1(!1lL Impressionné,
11 lui semblaU QU'U vlvaiL un CIIuchemar.
Et Il ()prouva le besoin df! SOl"L'l' de ce !tyCi ~nlhe.
- Je crois, moneieur, (Il-il, que VOliS \018 (!les Il t!z
-joué do mol en Qu'II serait temps d'en nn r, je sul 1\
erre' Edgard de Kéradec, l'entllhomrnc ur... n, J'n p IS
un dégu m nL ct 1.111 p le W' poliT pOlldl·... r ('hez 011
Mnls J'". v(!nnl pou
IInl lU l!Ient r~\
1 III 0 1 (1
m'avnit tant Ll'lll de v. \1
L d{·. /II 1 1 III
"1 111<:
dans votre hutel que J'ni Oulu III vnll' 011 Vù\l VI) r
31 Je vou.q al o(fnnSé cn m pré, c/lLnnt 1\ OIIS 1 V Cil
fuusse ql:~,
1 suis louL prêt il vous Cil l'cl-!irp l' 1 0 .
Le b n 6cl La de l'Ire.
- UII duel 1 VOWl rO.VlZ '1110 j'Ill ser~1
n . 1. rou pour
me balLl'C CIl duel (Julllld J VOliS lien , nJnn cll!'r monsIour_ Quand Je n'al ljU'lUl mot il dll'C, qu'un {le !(l à
taire pour que VOY! dlspuruls.sIC",l couune une musoa.ck
?U8 un iobeWl 1
�....
.sanctuaire d'Amour
1.;)
On ne 1alt pas disparaître ainsi les gens.
- Et p<iurquoi donc?
- C'est gênant un cadavre.
-
- Et qui dU que }El veu"hlJe vous as.~eT
?
- Mais un homme vivant est plus gênant encore.
- p.as pour moi.
- Supposons flue v<YUs me reteniez prisonnier, comme
:voua lVooez de m'cn menl/loer, et Q1IUl je ne sorto pas de
chEr.l vous.
- Eh bien 7
- Des gens m'onl vu entrer.
- Ils roL vu enLrc:!t un .antiquaire, On rechercbera ceU
antiquaire, et r.omme cet antiquaire n'existe pas.
- J',a des ·amti.s, Ne me vOYMlt pas l'epa.Nl.itre. ils cherohel'ont à sruvoÎll' ce 'que je s40is ûevenu,
- 11lS ignorent que vous êlés venu chez mol.
-
L'I\.IIJ1 d'eux au moins le sait,
- M, NsZlim, le chl'on,iqueur mondain? Je n'aurai pas
bIentôt d'indiscrétion ù redouter de sa part.
-
Vous allez le Luer aussi ou le luire prisonnier 7
;Je n'ai pIls à dil'e ce que je ferai, mais je jwre bien
que je ne laisserai pas im'punie l'injure qu'il m'a tuiLe 1
Ah ! il en coUle cher, souvent, Oher monsieur, de s'attaquer à moi 1
- Je commence à le croire, dit Edgard, devenu nerveux, eH je commence à croire aussi Lout ce qu'on m'a dit
SUT votre oompte 1
- Et 1'Jll8 vous a-If-on diL, moDf;Î(.'W' 7
- Que vos origines sont dœ plU5 l<lUChes, que ce nom
et ce Litre de ool'on PilaI' sanL un nom et UJn titre d'emJ.l'l'lUlt, ct que s~
l'on voul&t cherciher uUru3 vOil.œ passé, ..
- On y trouverait des crimes 7
- Peut-êlrl!·
- Eb OC sont, ces crimes Qu'e vous désÏ1'i.ez chercher
en vobl'e qualiLé de policier amateur 7
- Je ne VOliS le c!lI'h~Jai
pas .. , ct je suis plus certain
q,u'avant de VOllS avoir vu, de ne pas faire fausse route,
Cc que je viens d'apprendre me donne lieu de penser que
VOUIS é\..es en efCet <.1H1pa.b1e d'avoir fuiL tout ce uant on
vous ac \s' ~( '.
- Et dé quoi m 'aClIse-t-on en parliculier 1
- Vous J~ .sam'ez 11euL-êt,l'e. lt1ousieul' avunt de le dé-
si~l'.
'
-
1Jne menace·'
Prenez-le comme il vous pLaira 1
i es
l'U- Ainsi, sans me connaitre, sur ln roi de ~iml
contars plus absurdes les uns que les al.i~res,
ct sans autre
inlérêt qu'lin i'llérèl de pure cUI'iosilé, vous me l'avez di~,
VOU3 avez JX'is 16 liberté de vous immiscer dans ma vie
pl·iv6e. de me ll'(\itel' pl'CSque en OI"iminel. Cela se pujo.
che!' monsieur, cl se pa.ie rller quand a s'agit d'un
homme (;omme moi.., et VOliS ne sav z pas il qui vous
C'es~
vous (\\)I;I:s alt.uqué.
I1lintcu~
A
'UiIl bludi~
1
1 ma Eùgard exaspérê, j'en suis sOr
- Vous ne SCT~
donc pas él.onntl, puisque vous
di~
1
('onnulsaez i (bien, q\le j'agisse 011 bun
Eti, appuyant le doigt sur un boulon ()kx;Lrlqu~
~'(}
sonna,
n
Un
h01llJTle
I! 1)
l,
IllC
, le bR-
}Ku'nt, celui f,\l'Edgard ovait vu. déjà, le
rolossc.
Le baron lui Imltr,lIll. une porLe, llŒle porte opposée à
celle que le policlr.l' amateur avait IJ'I'lsc pOlir entrer L Jul
<lit :
Reconlllll>;f'Z monsieul'
Edgu.rd h(';;ltU'
11 1 gli"c1n l'hmnmc.
II
d
E(l ' \l'fIoul,
lb~,
III
1'1IU]I
1
n 'om 1
Ion l Il'il ('0
P,~l'.
~l,
.r,'olI~·1
11 lui lh~
:
1 HI Il 'l'ne IllJ
V'
-Vrl:'ll l
"ornl VOIi!i:",
"',lnO
euJ'. Je
les 1 r)O Il l!';;, (l'un rnOllvi'mC'<Ot pleIn (l'in('l <lo Il 'do/lin, eL Il lit il. oon sbl!,) ls'Tl geste
que oolUl-<ll compnt, (lU' ij prlL le brus d Eug.lu'd pour
l 'e.ntrl.ÛrWll',
A ~
C(1()ted. le Jelllilo llOlIlulle fTénù1t.
- Ol'! ml'!. Ondl~p7.-VU5
? e'éarla-t-II. Suis·je donc,
(\:i[fél~nr
hH11 SIL
•
comme je l'a Vilis soupçonné, dans un :repaire de bawJil3 i
EL il rcfusa de suivre son guide.
Le baron sourit,
- Vous ne voulez pas sortir maintenant?
- Je nI! sortirai vas avant que vous m'ayez dit où "OUE
me [,ailes C'mmeneu', monsieur le bar' n,
- JQ vous [ais emmcnm' ùehors, tout simplement.
Comme VOus n'a\ez plus nen li me. dû're, je ne liens !lM
à votre présence.
Edgard Ilxa son adversaire.
Il eut l'impression qu'il lui men Lait, mais, comprenanf
Q'ueLoule résisturllce ·'lail inulile, et qu'une lutte uvoc un
domeslique dont il ,ne soi'lirait pas vainqll·eur, manquait
d~
tUgnilé ; ne \·oulant pus, ù'lIn aulre r:ôl' , m'o r 1'(1;r
d'avoiJ' peU'!' devant son enncnll, il .se luis"a elmncner,
non sans avoir jeLé au baron un dernier rega.rd de défi,
que cel ui-ci accueillit avec la même superbe indifférence.
Après avoir rranchi, sou.;; les (ranges de la pol'lièl>e,
la porte du cabinet Edga:-d se hl'Ouva dal)s un couloir
!l'l'asque obscur.
Son guide marohait devanl Iw, prêt à se l'dom'nci
au mOÎln(J,re mouvem.ent suspect,
EL ni l'un ni l'au!,r e ne parlait
Le couloLr semblait [orL long, mws quand on lut à demichemin, le colosse s'at1l'ûla,
Il ollvrIl une porte, et, s'effaçant" dit à Edgard:
-
Entrez, monsieur 1
porte ressemblait à la porte de cage d'un a5"..<)nseur.
Un ét.ait sur une plate-!clrme eL au·ùc;3S\,US ,,'était le
vide.
Cel~
Edgard avait eu un involontaire mouvemenL ùe l'l'cul
de
Inais avant c,u'il euL cu Lü temps de se rendn: compte
C' qui lui 1lfl'1vaiL, il rcçut dans le dos U1,3 POU:;::;l·e SI
viol " nlc qu'il on [Uit presque rcn\"el';~,
Avanl qu'il elll rcLrQ!,!\'é son ':oquillbre, il cntcn<1it Id
porte se rl'alermer avec un bruit ·cc·
Et hl senl.i.t que le sol s'effont.lrù.il sous
l'as
,u 1
s'cn aUait. \"ers il nc savatL 111101 11b71,IL
11 eut un accès de 'l'uge cL de c )Ière.
11 se vil pris, pris à un pii.we qu'il n'avait J)!l
Sù' préVOiT
Et il tourna sa fureur conLroe lui-m.:me.
- Imbécile! imbécile! s'écria-t.-i1, e 1!llS'='''I' pinœt a'l,
si, comme un novice 1 Fu.is tLonc de la police, IllillIllenunD
1dioL 1
Et il s'cn voulait u'alltunL plu_ qu'il compl'enruL mall\'
tenant, (levant ces fnQOns d'agir, qu'il avc.IL mis dilr 11
mille et que ce baron rny:;l ~r.eu:'
chut l:iûl"en. nL uu banditi
Mais. sOl'Lirait-il de ses griflcs désormais? POli -rnit-il
un j n r..ll' prendl'e sa l'e\'nn he ?
EdgUiJ'd s(> P')l:: :L celle question Ilvec une nngùh;:; "l"OlS'
sant à cllaque '"" l ',v];de , t:..l' il t.lJcsecndu.H LoujoUJ s ct SE
demanù'ait !iU foncI d~ quel wmbcau on ullUit le husser,
VI
• Georges Nazim tlult eu pl'olo li une inquiétude
010
'LeILp..
Il n',avait pas dormi dI!\ la md,
EL il êlait levé dl'p<U;is longkmps qt.tand 0.11 s nllU d,
bonne heme à ',n pOI1.c,
1I5() leva en su. 'nuL ct alla OUM'ir Lui'll1' lI~,
un t,O
ml. liqu éLnaït ahsC'llt,
I~ dru 1. (i",li. té!!llcLcurs du Grand Journal, u. li (j'l' 1
gal'ù d(~
I(('radoc,
Il \'cntlll'nL len
o 1 1~ 1 \ 1 1. Il
1
la r
n. ('
11 JI v lit 1)·' f
l)ehéllil ,? lLI"
lu'l
,t J
Il II. Il} lUIS al •
l'y U p'l vu,
"'" r (Tm;- en lrcn11ns, dit ,..._IW_""l'I"""f*,_-,'?
- El Il n', t Il 'r n!r,~
'ne Il' \.
- li Il'II plIS donn '
- Il hl1 l._l nl'll\'c malheur 1
- Vous croyez 7
- J'en suis œrLaln malntonan.t : mais Mscyez-vous
messieurs. tH Georges en oUran' des slèllOS'
�Ql-
•
tl
- On ne fait pas disparaI\.tre un homme ainsi.
- Dans les pays d'où semble venir le baron Pitar de
&elles pratlQU11!6 n'ant rien d'cxlraord.tna.ire.
- Vous pensez donc qu'Il l'aurait 66SaSBiné V
- Ou emprisonné.. .•
- FaiL disparaItre dans quelque oublieUc ? Cek ne se
fo.ft guère de nos JOlft et à Paris, fU un de.!! jeune& gens.
- Qui S8Àt? dit GeoriCS.
. - EL ~ol,
dit l'l6.utre journaliste, je suis sOr lOue M. Na- ·
Zlm a r<a.ïsoo. St ce baron est vraiment l'homme qu'ii
suppose, Il a dO supprimèr d'une laoon ou d'W!e autl'e M.
de Kéradec, devenu poUl' lui un indiJ;creL fort gênllnlJ.
- Mals alors, s'écriil. le premier, ü hiut déoonoer ce ml·
sérable et le lalre arférer 1
POUIl' quels faits ?
- Mrus pour tout ce que VOl.l:S venez da <ÜI'C. P,lUr les
crimes dont on l'accuse el pour avoir fait dispallaUre
M. de Kéradec.
rien de wu~
cela, malheu- Mais. fit le chroni~l"
reusement, ne peut être prouvé. Et sur une dénonciaüon
aussi vague que pourrait l'être la nOtre, on n'arrêtera
pas un personnage commé le baron Piler, posoédant un '
hOlel splendide et une fortune que l'an dU considérable,
bien qu'on ne soit pas fixé sur ses antécéden!8. Il fau!
OJuu-e œœe. Il faut que nous ayons wu moins Wlo Sffll'
blant de preuve.
- N0":S l'auxotlS, dit . avec décision l'e.mi d'Bdgafl
C'est mOi, sUJ'tout, que celle affaire intéresse. le val
m'en occuper sérieusement et me rendre de ce Pti cl1ez l
baron Pilar.
- Pourquoi fafre, cher ami ? demanda son compagnon,
wujoù'l"s sceptique.
- Mais d'abord pOù'l' lui réclamer M, de I{~rado,
- Il niera l'avoir vu.
qui
- EL pour le sou:neler, s'il me fait \Iolle l ..~ponie
ne me convienne pas.
- Tu veux Le battre avec luf ?
- Ce serait peulrêLre le meUl lU' moyCJl d'en [Ulir. Il
ne se dérobera pas, s'il n·est. pa,., un lâche, el aloI'G je me
charge de lui.
- A l'épée, peut-être?
- EL au pistolet aussi. Je tire Lrès bioo.
- Mais oes sortes d'aventuriers aussi Liren! [l'ès bien.
Il onL besoin de bien tirer polbr exercer )eu)' Indusaie.
Le jeune homl'lW eut un "este du sUprême indillércnt'e.
EL Il poursuivit tlvec violence.
- Il n'y tl pas de ménagement à gllil'der e,V<3C des
hommes de œbte espèce.
- Quand tu l'aurl18 tué en duel, cela n'écla!M'a pos
Je mystère.
fùl'I
- No\JIS serons toujours débarrassé d'on ~nd'YÏ(fu
dangereux.
Le jeune homme ajO'Uila :
- J'al OOI'lI'lU autre!ods œtte Jeune remme Renée de
Lœtronge et. J'ai ét6 au eouro.nt de S('(, tragiques aventures, el si c'est vraIment son portrait qU(! l'on Il vu chez
cc baron dlUlS lJIIlAl sorio de sanclunire, nlnSi que mon
nm! l'lW l'a raconté.
. - C'est moi, ~L
Georges, Qui al VU ce port.i6 et qttl
8.1 cru y voir une 1't'56Cmblance avec Mlle de Lelltl'a.nge
mals ~ n'o.tl~e
pas qllJC Je n'a4 PM pu êII"() 1romP6
par mer, 90uventrs
- Si ot"la éWJt, ém Raymond DllJlglès. l'o.ml cI'f!d9o/\)
de Kérod oc , bien des ohœes s'ex,p1 Iquemlent. 001 homme nUf"o.ft pu a.!rner QU\.rcfOÛJ Mlle de ILos!Jr~,
IHra
Les jeunes gens avaienf [J'op le désilr d'-apprendre quelque chose pour ne pas obéir.
Ils s'assirent donc, eL le chroniIOueur, resté deboul, leur
raconta ce qui s'étaiL passé deux jollil"S 6uparavanL.
11 leur parla du baron Pilui", de 600 amou.r à lut pour
ia baronne.
11 les miL au couranti de la scène qui avait eu lieu chez
lui.
Il leù:r dil que depuis celte seooe il n'avait eu. aucune
oouve1le de Sonia, que M. de Kéradec, parti pour aller
demander "es explicat.ioos au baron, n'avait P'Ils reparu,
eL il ne savait plus que penser, U vivait dans une angoisse
sans nom.
- Mais, s'écria toue de sulle l'un des journalistes, Il
fauL nller chez cet homme.
- Chez le baron ?
-Oui.
- Et crue faire?
_ Lui demander ce qu'est devenU' ~I. de Kéradcc.
_ Il répondra qu'il n'en sait rien, «u'll ne le connaU
pas.
- Mais si vous êtes s1lr qu'il est tillé chez lui 1
- Je suis sOr qu'il devait y tiLler, du moins, mo.fs il
devait y aller déguisé (>Jl nntiquaire, oomme il s'y était
présenté déjà· Mais Y eslril allé ? Et comment le prouver ? O'aitleurs, je ne puis pas. me présenter, moi, il l'bô'
tel Pillbl", après ce qui s'est passé, et mamt.enant que le
baron connaH sans dOùte mon amour, car il doiL le oonnaître, c'est pour cela que je br mble. Qu'esL-elle devenue, la malhffilreu."e enfant, si le Qaron a tout appris?
~
..gœ I\azim allait et venait, en prOie à une agitation
folle.
- J'espérais avoir des nouvelles, di Ir il , par de Kémdeo, et ,r ien 1 Je me débats dans une ÎillcertiLude pire que
les plus irands malheurs.
Pendant que le chroniqueur mondain se désolai~
ainsI,
un ooup de sonneUe se fit enLcndre.
II lressaillit violemment.
- Des nouvelles, peut-être 1
Et il oourut ouvrir, n'attendant pas que son dorneslique, qui élait revenu, y allAt
II revin' avec une letlre ~cr i le au crayon el Qui 1111
arraoba une excl(\.Jl1ation de surprise eL de douleur.
Et Il la lut à ses visiteurs.
Voici ce qu'elle contena.it. :
fl Le baron sail tout J'ignore où on m'e~n
eL 51 je
pourrai jemais vous revoir. Mais veillez SUl' vous. Votre
vie esl en danger· D
Pas do signature, mais le papier Jl'avait pas besoin d'elre signé pour que Geories Nnzim sOt d'où il venait cL par
Ij'lli il avaiL été écrit :
- Vous voyez. Il y (l tout li. ll'ooouLer de ceL homme.
Il aJoul·a :
- Je ne kl revm1'al pros peul-êlre t Je ne la. reverrai.
plus 1
Elle esL entre kls mllins d'un assassin 1
Et des larmes vinrent li. sos yeux.
Il ne s'occupait guôre des dangers qu'Il pouvaia coulir el dont on l'averLissait
Il ne voyaiL qùJune chœe : on. avait enunené Sonl.a 1
L'aimée éLaIt S81'16 doute perdue pour lui 1
Et quelles Lo!'turœ n'avalt-elle pas peuL-êlà'e ll. subir 00
la part d'un 'honunc dévoré par la. jalousie et qui ne devait rêver que cMtlment cl vengeance.
Les doux coUabarlllcurs de Georl(œ ne 'POlMllent sc
défendre d'une profonde plUé en COll6ldérant le chronlqunr. tMt. &0. Phy&lonornJe para.is6oM. do'Ulou'l'OU6e.
Il y eut ent.ro les fils hommes ulle minute d'jmpresslonnant silence.
- Un !\B811ssln 1 s'écria enfin l'un <106 jcunos gens .
- No c mnl en éLu.il pCI'Suudé,
- p.rfll alors, ce seraiL une nffa.lre énorme 1
en etfcG. Et c'est pOlJl' cela surtout que J'al
- Eon~,
peur poUT elle et pow' notre pnuvre Edgora, Vous on~Z 58 manf/'_ Il s'éLalt promis cie démasquer le criminel.
C'est pour ()(>In qu'U s'était Introduit dons l'hôtel 011 pluto~
dans l'anu'c dll baron, et s'Il n'en esL pus sorli, Q<1tnmo
J commence 1\ le cruindl e, Il y a bien deI.! ctUtnCI!S pout
que s(>!; pré~J\P.tion
s so\t)n fondOca
~OlJx
~1S
•••
-
Oh 1 J:l'OUI' oela, IontcJ'l~
rens~.
Georgœ Nn1.Im, je pli i
Il po,ralt que 16 jalOUblc esL 1& Ipase!on
dominante de 00 baron. Il est d'une Jalousie Mroee
même peur une femme qtJl n'est pas 8Q mllllauiee cl
ne le sera tarn.ûl, elle mo l'a. oJf1rmé ; eUe e. PClUl' lui
trop de réptrgnlllOOe, car c'C&t un vérlLa.b1e rncaâre muls
il n'a pas LoujOUTS éUl ainsi. Ii a été vlct.imo d'wi aœi J
(J'onL, ou. plutôt c'ost Ml oollrs d'un duel qu'II .. _ d (f l ~
comme Il J'œl.
Raymood
- Jo! s' t donc ooLlu ? inlcr~o
- Oui, llul.refOitl... au (',Quloo.u.
•
- Il doit I!lro hrow. On œt bravo QUAnd m ."le 1
vie qu'ü semble Avoir mffiét'. Il &<l boUla ,
"ur(:
•
�c:.
Sanctuaire d'If mou,
'- Je n'en d<Ju!te pas,
fie
son ami : IlJ'UlJs, comme je
te l'a,i dit, cela ne t'avancera pas à gI'lhlHl'chœe,
st tu es vwinqueur.
_ NOIlIS le 'v;errons (bien. Dnns Eou!'> les
cns,
même
sere
une bonne œUVlre de ,purger Paris de cet fl:,enbiex. Il
\Y en a lirop de ron a.calJit Je Ilong de I{l'V~ue
des
Ch!arn'Ps-Elysées ou d'Il Bols de Boulogne, car cest fuu1 Us. ont du
j(lur" là qu'ilJs se llQgCl!lt, tes m.IS~ables
gonte1: cholis1.s6ent les be&lx quarLiers. I1~ habItent des
hôlols somptueux q.u.a.nd les bonnêlJes gCl!ls Logent dans
les 'mansardes 1 11 est bon de leur donner une Leçon
de terrJtps à autre. EJ je VMs de ce J;lIIls me présen~
chez cclUli-oi. 1
- Tu fexas lime sottise, dit: l'a~i.
- Peut-êlire. Mais je te jure bd.em qu'il ne m'escamotera pas, mol, comme il semble flVOiJr escaunoté qe pau·
VTe d(! Kérnilec.
- Dans t.ous Ges cas, dill le joornaHste, il ne Vesoamo[,era pus seul, car je serai avec loi.
~
Tu. vus m'accompagner ?
- Ce:rtoànemenD.
- Il vaU<lm mieux, en effeti, rut GeoT~s
Nazim, que
~ous
soyez deux.
- Je le ,préfère au..ssl, dit RaymOllld, ~
tu 'pourras
voiT comment je vais lui parler à cet. olibl1ius. Parlions,
veux-lu r
- Je 6uIB à tla <lli;p051tion.
OIlJ1js serrèren.li la. ma.i!n. 00 chrooiqueur mœlLes ~eux
dain, qui- leUlr dU qu':Ll ne seraill pas iâohé d'ên débarl'assé de ce llJaron mo.udit., et glU rentra oh~
lui pour
rêver à son 6IOOur,
Rever.M!iJWI Sonia maintene..n! ,
Il n'<lS!Lit plus l'espérer, et 11 sentait ses yeux <le scepIlique se gJOJ11ler de lrurmes car l'amour fe.'ÏIL pleurer
meme ICeuX qui se croient le plus Insensible6 à tseS att.elnLes_
~
VU
-50n
Au sœ1d.r de àbez Georges NaZim, Raymond et
lLmi montèrent dans un taxI-auto et se firent condUlke
en lùute vItesso chez le bOO'on Pilar.
Le jeune nomme était plein de résolulJon.
- Je ne suis pas !/leM de toute !,açoD, dit-il ~ son
ami, de frure la connaissance avec ce pel'Sonnage, qu'il
nit trempé ou non da.ns les cr.imes dont on parle. Je
sru',)j heureux de savoir ce qu'un tel 110mme peut o.vo1.r
OUII"; le venlire et 51 j'lWquérais la preuve qu'i! ait éLé
pour quelque Ol1ose dans ces forfaIts, ob.1 11,101'5, je te
le jure bren, je ne laisserais ,pas il. la justilce le soin de le
punir, je le CI19,Liemi mol-même, et de verLe façon
,le ne orois pas beauoouPJ mol, 1( caque ce Nazim
vI~nt
ue nous raconler.
- PourquOi donc r
- Ce IJOJ'Lrail <Lans une ch a,PeJle , c'esl bien romanesque 1
- Je ne dis pas... Ma1s songe donc quel roman ce
selUll sI cct homme, épris o.uire!ois de madomolselle de
LQSfl'IJIlge, eV Slins doute ropOllss6 pur elle, aVilit, pour
SP. vellger, fall assassiner ses deux Ilanœs 1
- i\l'us cela est, cependant lis ont, été ossnssinés.
'foul ie monde le salt, tous les Journuux l'ont ra.conLé.
- H aurait fallu qu'il ellt oonnw Mlle de LcsLl'angp
- Qu'y n·L-il o'impo,:l5ibl" à cela 7
Il vient Beull.menL de se fixer il. Pn.rJs.
N'Q·l·1I pas pu hahlter 18. France Q.utl'cfois 7
- On le (ht J IInc Cllr..oro. Est·JI Français '1
Un lI'cn s/Lit rien. Et c'est prédsémelit l'ctLo Inccr.
ti(,u li , 011 l'on s tJ'ullV à Gan su.Jet qui rend >rn.lsellllh.bl '" to,d~:.;
1(:3 hypothOses..
'l.'uul.o vOllult de stopper brusquement llOVll.llt l'1l6tel
11u
Luron.
1)\18 nommes
rfiv~",
dit l'ami Iii.. lI/1vmond
co III lttl lU, III <l'nou~.
Hùym lnt! Il'g,U'lln 111 Uluptuel
habllAtlon.
C' t là qu'l! hllllll.u Y
('
li.
ln . e'I"'L un J'><LluJs
2.
Wit;TUAlOt-.: p' \
lVf\
.
=~.'
qll
-
-
17
Oui, un véritable pala.Ls.
Il oolt avoir là-dedans une armée de larbins,
Il est sans douLe gardé comme un 1'01.
Va-t.-ll nous recevoir 1
No-us le verrons bien.
Je sonne Y demandu le j.ournaliste.
Oui.
- On dirait que l'Mtel est vide ... TauLes les persiennes sont closes.
- Nous verrOns bien ce qu'on nous répondl'fL Peultêt.re cst·1I en voyage.
Au coup de sonnette, une porte s'ouvriL et IlaymŒl.d
enb.'a, suivi de son ami.
Il se trouva blentôt en présence d'un portier majestueux, qui parut sur le seuil de sa loge et demanda.
- Ces messIeurs désirent?
0
- Voulez-vous dOOl.l8ndèr à M, le baron PilaI' s'il veut
nous reœvoir 1
" Voici ma carte.
Le ooncierge aILa .parler dans un porle-voix situé flli<
ronu de sa. loge, puis il revint en disant:
- Ces messieUll's peuyenl se présenter duns l'.hôtd.
Un valet de pied leUll' répondra.
El. il indiqua le c:hemin qu'il fallait suivre pour ar!river à la. porte d'entrée de l'hôtel, qui se tl'ouvniL au
rond cl'una cOlllr lleurie comme un parterre, ombragée
d'arbres rares et précédée d'un penon élevé, aux marches lal'ges comme des marches d'églises ou de palais,
et CouvNt prur une ma.rquiRe [). la ferronnerie opulente.
Les deux amls se regardèrent, imprc.ssionnés malgré
eux par ce luxe.
- Je ne sais pas, dit le journaliste, si cc baron est
un aventurier oomme le diL Nuzim ct comme I.u le,
prols, mals il se met bien. Mâtin 1 quelIe allure 1 Je
<!onnaissais déjà cet hôtel, mais il Il bien cl1aJ1g6 depuisl
" Son dernier proporiéLuire l'avait tout fnit remettre il.
neuf et il y avait dépensé des sommes Jolles, mais
il n'a pas pu en jouir. C·ét.lllL un banquier. Ii a LuU
la culbute avant l'inaugUoration qunnd tout élalt déjà
prépa.ré pour ia fête qu'il vou.1ait donner. On cJiruit qu'il
a fait tou.~
ces frais pow' notre buron, qlU est lldTivé
juste il. point il Pnris pour acheter l'bOtel. Il l'auraU
payé comptant près de !.l'ols millloWl.
- Il est donc bien riche'f
- Tu as entendu ce qu'a dit Nazhn?
- On exagère tùujOlJa'S un peu.
- Dans ]:a alrconsto.nce, on n'a pus l'air d'avoir exagér6, cal' cela représente, en eHet, une 101'Lune colossllle.
- l.,es deux smis éLa.lent arrivés OIU bas du perron,
Ils cessèrent de prurler et montèrent les mu.rches en
silence, Raymond préc(Odant son o.m1.
En haul du pl:rron, Ils furent reçus par un domcsUque
en l1vrée qui demunda s'ils avalent une lettre d'audience.
Ilnymond l'opondlt négativem.mt, mals il donna sn.
onrLe UII vnle~
en dlsant :
-.. Portez ma Cf~rte
au baron. Il me conM.lt au moInS
de nom el je suis pP.l'S'Uadé qu'H nQUS recevru.
- Bien, monsieur.
Et le domCsLlQue ayanL laIt entrCi' les vtsiteurs dans
le vestibule, monta l'e.scaJler condulsaul au premier
étage.
lJ l'ovlnt au bout de quelques mlnuLcs diJil :
- St ces mes {enrs veuln~
entrcl' duns le salon, ~\.
le baron va (l"s<'cndre et les reC'WI'u, avec 11111Islr ..
p l'te et III pénétrer le~
ViSIteur::; dans
Il 0llV1'lt 'un~
une piè('o t.rès VilSI.o, ressemblant li un hall plntôt qU'il
un snlulI, Ilt 1 ri !Clmcllt d<'())I'é, ll,\'I!C tunt d'or [1QJ'tout, que le JOIH·n. liSLe, fJ'ILl'Odl nL un mM nt. rthll Il
un Irl'œld nt (II; Iv. R~p\l.bi1t',
(j,li, v slluut LIlI paya
inondé, s'lll.llit 8 lé :
- Qu (J' /lU 1 0'10 d'cau 1
t;!J~'
de (lire
Ne put '~m
- Que d' JT 1 Uue d'or 1
Ilnymood, l'l" 1 CU'IÔ p1lr l'Id :e (Ill '. (j'l'tl lInit tl'OUVf'f
Ill, de c qu'JI pp 'n
i~ peuL-êt.xo no on ea t onèl'il
Il
i
lLer
(Ju nd 10 do (' llqu se Iut (010 "n6
U'iPP.l' IOllUnt de ~Ol\
a.m\l luI (.Ilt ;
e JO\l.l'DllllsLe, se
�•
,18
_ Conuuc ~a
scnt le rasta Ici 1 Tu ne Lrouves pas?
_ Ol! 1 !iL Haym '11...1, Je no m'occupe guère ÙI! cela 1
_ UUI, Je It' ~ntpl·cûs.
tu as autrc cll:Ose en lêle.
_ J.l ne supposc 11'''' que cet Ostrogoth Vil. nous faire
poser longlc!l1lJS. Mun Uwu, est-II possible ~:avolr
au..'6i
IlIlluvals g<lIlL 1 Cc salon est ullreux, poSItIvement, et
',.'11 qu'u le VOU' II:! ~ls
persum.l~
maintenant que celui
lUI l'Il faIt ùét;ol'I!r e<.L cu.1)a!)le de toLUi l(!.j crimes:
_ ~'als
.:e Il'cst plUl Iw. tu le slUS blcn; malS SOli
'r(:ûéccsseur.
_ Ce n'est p6S une excuse. Il aurait dO reculer d'barl'eur en voyam «;11, el lllln! Lout aOllttrc ; mais puisqU'II 'en u.i:cofulIlode, c'est qu'1l n'I~
1)8S meilleur "oot
(lUe 1 autre cL est aussI cr nuna!. Mais le voici, ajouta
lu Jeune Ilomme, qUI venaIt de voir une partie s'ouvrir.
Il.diL encore. CW' Ils se Lt'IOUv8.1ent Il ce moment e.u
J)U u t
III. galerIe :
- Allons aâm.rer l'antmall
EL Us s'e..V8.III;érenl au-<h:Wdllt du baron,
Celulo()l s'approChait lenwlIIeut. Il 11.\ aIL lait tollelte,
on le ,'oytllt, pour l'eCéVulr c>cs IJOlt:S, car Il lllait mieux
mis, avec plus de rectlerclle, qu on ne doit J'lllre .:.lIez
1lO1.
Et. en le voyant Ioinsl, le Journaliste, Incorrigible,
'Ilurmura:
- Il est comple~
1
Ra.ymonû, M. oonsl.déMi.t de tous ses yeUX l'homme
~ui
"l'nuiti il. luJ, l'ass8.SSLn peutr-êtrc,
Ei. 11 aVlliL, on I.e voyan~
en voyant celle face rougie
nutlrt'i(lii! par l6s cicatrices et bJancJlie m8.1nœnant, cette
taœ cUroyoJ>lo ces yeux donlI l'c.'tpresslon I1vait quaieL de sauvage, il ressentit une
quo chose d'i~plncabe
,lI1prossion 6t :lng\!.
_ CeL homme, St) dlJ.-.U, est capable d'avoir tait (ouI
Je \lIL'OIl lui reproche. CeL homme st œpnble de louIœ les lnfnaOlcs cL cie (1\1 les crime" l"
Lo b li <Ill l.enail il la main '111 carle de Raymond oan~es.
C'cst à M, Danglès quO j'al 1 honneur de parler 1
- 0 l', mOJl6 'ur, Jlt ,~ 1 urnalls
El, cl 'liant on com !!llOU:
lOur c:;L un de mes
nls, luJ II.. bl' n voulu
Hf !nl dans ln dtmw.!'cho que je viens faire llUje V us
1 J Ulon essaya un SOUFUO.; qui ne rut qu'une aUreuse
~lmuCt:
cL dit cn mllIlLranl (Ic" f uteu1
. 1U5 tu seûlr, mes- V(,UIl\&l pl'êllùre la peine Cl
.Ieu:r", al DIe .Jlre 00 qlli vous amlln ,
l.o bru'on Pllar, 1'f1omme Que 'thu avu t lN\.\[é de
rl6&1qu~èo
6f. que son MIl on~.
'roi" COllllllCl le
LIcmer des lJandll.s, m'a!: dôbi~
a\ cc une pnl'lruk alsanoo ca peW oompUmanL
les deu.x \1siLew's étaienl
aLupéto.Us de sa <.eœ1nvol~,
de S6 oomplèCe b'anqull1HIê. qui 6Ia11 cdle crun b.omme recevant une vlsfJo
donl \1 n'a riaD • oratn~
et ne poII/\'fUII en nUClIDe
faOOu 6Lre sospecla,
un pou dœon\ena.ncéS. 81.1rwut Raymond
Et ils ~ta.!en
Qui s'uU uLla L a \'Olr un monsieur Itlr la d6fenstve, TlffN'il de \'OJr venjr ( 1(17. lu1 des genfl Qu'Il ne oonne.Jsand, po.-; el donL il pou~J
avoil' toul II. rcdoufBr, s'U
"'mU lue!que chose II 6iJ reprocher, (Il Il se demandall
Il Gor~s
8Zlm, le cI1roNqueur, n'avai' pu rêvé tau'
ce qu'II 1111 a.vllil raoonlê,
- ;ependant, il n 'é18D.PM dl6p8r1l de eon IlUJ.loo'e
100 ( 11, un peu d ( ~
e& frond '\'8e.
Et U lliL nu baron 'ur un ~
JrèII cnlm .
Voutl avez
1 COOz
oua, Il y 1\ deUK Joun, ua
e'
œn
M, d
al~,
6rad
,
L'allll do Raymond, quI ne Cf!
bIIII'on. PUar, eut l'IUijll
entend
Mt.
K.dradea,
Ma.t.s ce ne
1 w:m
MoIlllemCnt
ro~
rI
plIS
d.u regard 10
r.c hrt-c1 n vai t
b pronOIlCI.T le n III (
qu'un oola1r,
nu It.ô
eon
ca.
b1an)0u6 qu'U aemblalt
«1i' ,
1 d Kffi'a.deo 1
(;'
n qu
1
on, Je De 18 COIlfl
un I!JlElfJlllÛrc Il 1 venu
lB
a. '
nat
sai III
f. do
un
11
Le bllll'On lnterrompili le jeune tlamme par lm brUY81'l\
001 rut. doc rire,
- Alh 1 c'esL M, de I{tlIr8.dec qu'U s'appelle ~
jeune
farceur 1 J'ignorais son nom. En effet, messieurs, j'a!
reQu c!hcz mm un 1010Ilbie\.llI' qui s'esL dit marchand d'anl.iqWt.és 1 II venait me prqposer d'o.chewr un objeb d'ar8,
J'éta.i.s pre5tJue décidé CI tail'e raflaita Q\U!Jj6' je remBl"qu.ai 00.115 l'attitude, dans I.œ gestes, dans la phySionomie de mon !IlarcbJi.od cerlaines p84'LlcuJ~
quI me
pa.nurent slnl$uiiè.res et. me donnèrcnt à l'dlocl.ir. Je nf,
conclus pos le rnu.rché, et je dis à m<m homme ùe realois, mes'leUTs, que se
Vtlll.u: le lendem.e..in. Et c'es~
paiSSa la oclme la. rlus drOle. I.a pL'US Jolie qu'U 'sOi'
possible d',i.ma.g'nar, Vous êtes des emis (,'1 M, de Rêradec. et je ne voudmls pas dire des choses df,a~é.
blles devant 'roœ do votre aIIU, mc.Is 11 m'a faU l'oUoi
d\Lr1 pcr3O.D~
llssez biZlUTe. et je ne lII'e.q>liquc PU
encore dans quel but li m'a joué la comédie que je
vals vous lI'aoonber, Pcu.t-être par curtosité .. , pour s'In~oduire
chez moL 11 cs, JOUl'noJisIe, je orols T
- Oui, dit Raymond, quL ne savait pas où son InLel'loout.cur voulalt en \'an.iI' penio'ant que son am! dem<ilroLL complètement hcM~,
Oui, il éor1\' quelr~
dans
les jourruJ.ux.
d'in- C'ét.ait bnns doute alors pour éCrire un ~lJce
discrétion, comme ces messieurs appellent cela. Je ne
pû'IlbC pas qu'lI a.i~
eu œ mauvaise interlLlon. à mon
ég!lll'd. PowrquOl 1 Je ne le connais pM. Je ne lUi ai
rien falt. Toujours es&-H qu'ü essaya de !Il(i\lvea.u de me
CaJre adm.fnr lIB et.atuette, mats pendant qu'U me la
mon~
sur touœEI ses races el m'en déœivaIJ ~uJ.es
les booutés. ca n'est pas la statuett.e que je regardalB,
moi, mais cehtl qui vouJ6.lt me la faire acheter, et b!enlO'
je reconnus quc je ne m'étuis pas Lrompé, L1humme
que j'avais devan~
ln<» élait lU! homme (M;guJ.sé. Il avaU
mis unc luussG barbe, une Jl6ITI.Ique, U arrt'clall de paraiLre lJIl. âge qu'il n'avait pus. Je n'y !Lns pLus Jo sal·
si& à pleines m'uns 1..1 lJarbt> tic mon P"i'Bo.Wlil.ge cl je
!'alTIlChu.i, Ah ! mes~w',
si vous aviez vu comme il
4lëtalo., hontf!\.ll!, (XlJ
r ,
9 bsoLulTlcnL
L1[' lé
t J'co rta
el OGre, Il maiL œllcUl nt vite que je n'cus m mc pas
lè fmnps d<, 10 ~ ir po.rLlr, Ab 1 quelle drôle tl'hfs!oJ c 1
J en rlrn.1 longl.e!llps 1
EL le wl'on, en errcL, se .renversa rlans sem u,utcuil
JX)\.III' rire plu'
son 1IJoo, mai.s on 5 nl
1 Igr~
t ut
que cc riro nvnit quelqu.l ch:>se de 101'"(>, J'.
rfJré, lIu'll
dépassait le 11/l.tlloOOl.
noymond et son o.mi !'lf41en~
regnr<l.6s,
Ils ne savai It trop que penser, CtlL!~'
.. 00116 œlle
6Cène ? S'ëtaat-elle possOO de oe-1,tc raçon 7
Et alors T
Ils 5Clllbledenl complè'Jen~
(j~sarçon.é,
Raymond ~l'b
1 pN'mlcr son 98.ng..frold.
- Evldctnmcnl, dlt-ll, elle l'Sb !lrl}Q tkOle celle l!Çène,
excessivement d1rOlc. mals ce qui l'esL bCllucoup moins,
c'esl que depuis ce W'ffi:p6·là notre ami D'o. retpo.ru nlü~
ped.
- Dame, tU le baron Pllar, après une pa.r.llIe d.6conwnUfl, li a dQ ~lC'
ollez 1111 et ne pas go mOllir r,
- Mals, nt le jeune homme, 11 n'o P!\S rq>llI"U eh '{.
lUi plus qll'aIlleurs.
- Et alors ?
- Alors. nous venons, mon antI cl mol, voue d mM
d
ce qu'il !:'8t ,1 . Il
Ano'! \ 'amI do R ymootl, e: nmlnuH le bar<Jo pon
cfIO:nt Il.
~
amI pron nÇ1lo l ('
pnrolos,
11
Lion
nc n ml\l'Q\lo: ur
l n vis r
V il di Il ... l' 11' 1 p1Uô n 1
t li. mOi, (J1CM' UN', <JI
Lroœ d 6mo
Il
,
�t9
~men
j'ignore encare paUlI' quel moW ? Vous
n'allez p6.S m'e.ocuser, je pense, de l'avoir enft)nné '1:
La f8.Ce aIfreuse d.u ban'on rioainait tout cD.Wn-e, yeux,
lèYres et SCIW'Oiis, pendnnti qulil prononçait cc,s P8",oles.
Bi il avaib l'air si narquois, si moqueul", si méprisrutt
même que Raymond, qut de,puJs un iJ1stiant él3iL deVeJliU ex.cc,ssivement nerveux, car tl sentait coIlifusément
qtlle le barO'll jouaiO une cOlIllédJle, que Raymond, disonsnous, n'y tJlnt plus
D dit au baron :
Tenez, moneieur, je n'aima pas, Il1<liÎ, les rMlXtuy!BIlltis. Venons a;u lw 1
f...e baron le regaTda béant de sttupeUl' ~
un peu inquien.
Jl,lais Jl reprit vite son calme.
Et voioi, lPaurnuivlt, le jetJIll'e homme, ce dcmti' nous
-
vOUs aoousons, mon !Lml elI mot ... eti une sutre
pel'-
fIOnne que vous devez oonnaiJJre, M. Georges Na.zIm.
Cette tais, en entenuiB.nt ce nom, le baron œ pul
Il'empecher de monlll'er quelque émotion.
MaiS il SE' l"eSSaisit vüe et dit tranquillemenl! :
- Je co1lllllllis, en effat, M. Nn2lÎJIIll. Je Il'& '!'e{rul bien
8O\IVenJt, et je ne oroIs pl1S qul1' 8JI « 6a plaindre de
moi.
- Il s'en lllai.l1t lieaucoup
-
ag8.Clè, de celLe ,Iroruc conMnu.e, soyons sériel\ll.
pas d.'lI tout enVIe de plafsB1lter.
'
,te n'ni
- M'lis je le suis s~rjeux,
dit le berOill. C'e.sf. vous,
mODsietJl", Ci'ut no l'êtes pas quand' vous m'nccusez d'avoir ~
O!ispWlOJtl e lU[) man&1eUll' 'lue j'4gno.ml.s avant-
hier, Ql1il ne pel'" me gêner en rian.
!l'U controire, VOIlB gêner .beaucoup'.
- n ~v6i,
- En quoi to.lsan' 1
- ~
divulgurunt ce qu'ij snI.~
sur vous e~ Gur yos agJ",
tmnenAa : vous n'lgoorez PM qiUJ'~
{will. de 10. poilee en
oann.tew- f
. - Et on qu.ot cela peu!,.U me nUlre ? Je n'al rien •
~inda'e,
mUi, de la POUce.
- Po u.rt.a.n " 1IL M&x.We hors de 101, qu,8IId OD •
:Ien1ère soi un passé comme le vô!l'e, ..
Le baron s'étal! lové.
devenu d'wne Drùell1' Uvide.
Sa!I lèlvll'CS l'rem.l))atenJ de fureur.
Et il dl~
:
l\Ih 1 !>N'nez ga.rdl::, rl1.O(lSisur. VOUB venez m'GuI
ter
clt~
moi 1
- Vous Il me fel'eL plIS dJspaa'alllre com.roe M. 6'a
l{6rodec, JI) V()us <'Il pl'éV'ians et. vos moo.o.ocs ne me
cml pas J'cur 1 SI VOUEl Ll'OUVCZ que Je vou al oUtmS6,
Jo
ra.lson.
rend1'ez ruJson œJ Lrui.nern.ent, 11100.'
slour. OIU~
Le bu:ron nvec une 6X~P
'on nt tlU'l'jb1e d!lll'
le
lrrd qu'Andloé &: 1 11'00lIt 1.1 SùIJ lWll n'y prit pq
SIlIS hlJJllmA
Et ... u.~
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V(fl~
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VOIlI'! on rendre
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J'Ln 1l1!lellr, mlÙ !lÀ~"t\.U
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De quoi m'/1<'(]\IB(' vous 7 D'aveU-
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- nruns
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heure,
VOU1f
recevrez, mes
fém')i.llii.
,Je les ,arttendrai... Je les attendrai .sans crainJe.
oroYlE-le. mM 1 J'Ui l'hOllllleur, messiew:", lie \'O~
sUr
-
EIt; a.près. un SalIlJl,!J'ès ~8C1eux,
le baron clis pu rut
11100 porw uérobée, larl.ssani: &'!luis les deux a.mis.
CeuIXoOi se regardèrent 'll1l1 iru.ÛIlIlL, puis ils se décidèrent Il qujtt..er le sa.1on.
- Eh bien 7 diC Andl'é Il SOID. ami.
- FJJ bien 1 cet homme est poUII' moi un g:',md ml:.&..
J)8II"
'l'a.ble,
- Et nous ne sommes pas plus a\:a.nCé.5 qu'av'1J1t,
MiIl.ls si, car je vlllis le biler e[ noul'! en suons li~
bal1I'aS5és i
- A moins qu'41 ne Le tue.
- ~lo:rs
c'est moi f[ui qerw déb8.J'i~t
l~
T'l'OS p.!'l 'U S1I1 œi1 1
-
-
QlJtlnd ?
(l ns 1
QU'3rnd 11ll l'ru; P1·OVoql1é. Il m'!!
dos.
EL JI:' suiEt œ.rll/lln d'ua t'llO •
- i..afJuelle ?
ce qu'!'st ùCVenll notre paUVl l' r Ile\:.
- Il 1iL~
PO'\IQ'V,tl gu'jJ nI' l'ndt. \lX!t; [aH UStiIIl..:S Il'r 1
- Touti est p06EliJJle O~l
homme me fait .\,lfeL d'UlIt
ê!Jr~
fort dWJlgcre\lJX. BL il ra oora jouer ~lT.
ILYe,~
lui.
'J1u vois olen qu'i.1 10.UJt, Que je l~ Lw !
Je ne le 1'e~f.tlars
pas, ffi:Jis, bien que Je con,
naillBC ta bravoure, je ne pourrlll, j te l'avoue, m'em.
-
pêcher de lirc.mbler pouiI' loi.
<rue
- Veu.x-tu donc
j'allie 1111 faire des UCU6es ?
- Oh 1 n.on.
- Alors il faut bien que je me !..nUe
- Oul. be.1&1oi., Il1I6.Î8 prends bien tes pr6œutiont.
Ne llvr,' rien au !l8S811'd QUi VU-\u prendre comma If.
moi.ns ,
-
Toi, naWr~Hem',
puI6 dlHérkxJlll't
- Je mo cbm-ge de le l»'évonOI·. Je vaJ.s te quJtlhr mie
me pour me metlire il sa recherche et eruslJlt.e nous 'noua
rendu'()ns ohez le 00a'Oll. OCt ,f,e trouvel'ai·je pour Il
fü-e OOOII1lÙlir& le rœultaJ de nolire en'" vue ?
serais lno81llWJe de l~ter
aeul ab.
- Au cœola .. ~
moi ... J•• ,;-u1s t'Irop énerw.,.
- A tout il. l'bolll'e ÙOI1l ,
- A tout ~ J'he,,",.
(.'8Jle l'avenue, ~ •
B! 1 dùlU ml, se qul\~t.
~
mllLreil de l'lllll.<>l cJou lm: '~n
r Jla.I'.
1lI'~
voua
pln.!.ro.
a.e
lUe!'.
~.
Et pour quelles raisons 1
Des raisons qui vous SiOuI personnelles à vous
deux eC dans lesquelles nous ne vouJons pas no,us im·
mt'scéi'. Il SaUll'B. lru1-mê'me défendre sa cause· Revenons
6. 1lO1'!'C' e ITaire 1
- 'Je slJois OUB1Ieux, en effel, d:i!t le baron, redevenu
MlSSi cal/me et aussI narquois qu'alij)8J'éWWlt, d'oa.ppren·
d!i'e de quoi vous m'accUéez.
- D'aJ}ord, d'avoir 1'a~t
wparaibre no lire aau.
- M. de f{(1l'adec, le {aux ant.iquaJre ?
- Ouf.
- Et ccom !l'lient 1
NQIIS nt) le savons pas encore. màis nous le ~u·
l'ons oons !l()ul"! bkntot.
- Je l'SUQ'Ul ralL jNcr s ns d(lute dans quelque ou·
hliplte. r.ommeau moyen fLge. Et. 001.lJ'<!'UOI 1 PI'ObaJ lemeut pOUl' ne pus payer la stat.t>:p.Llt' qu'U venait m'a!.
fl'J.r ? .
- Je vous en prle, monsieur, fil Raymond Dan.glès,
11 ~ln
- Puis·je lrs onaIf.r~
tous œs m6faiJls. que j'auraia
commis '(
RaymoItû1 al1att 'les dire.
Son ami. l'OlU'êta..
- Je t'en prte; Raymolld.
- Quoi?
- Tu -n'es sûr de rien enc()re, rJV.I.is nous le sa.ur nA
hientôt, et c'esE mors que nous poulTons demal'r~
'r â
monsieur de.s explica!.ions sérieuses.
S\1iiIe, messieur9.
- Oh 1 vous pouvez parler toul
je. lV'O'U5 réponc.ln·ai. J'ai la con.c,cicnce Lranquille eL no
errons l'lien. ,Te sais que duns mA sWuo.l.iOJ.'1 d'holJ1me
rtcbe. détr.angem· pa:r.l'enu, de rastaquouère, COntlD<l \oUS
le dites, on esb en iJutt..e cn Fnmœ li t.outes les culwnnies, mais <lefl calomn.tes, je les dédaigne... je les uédaigne autamt que je méprise ceux quà les répandent 1
Ce' fm au 10uI" de Raymond de paLir.
eWl un frn.S&ldc nage- e\J s'éc:ria :
- Ah 1 oUi, je vous tuerai 1
- QUI/Wd il vous P1a.ilra, monsieuI: ; je suis à vos .Jl'\
rlÙ~
'hl lEtiaw-. e' de bItn cS' ut'lea
Ul'an
lI;IL'U
t10118.
dispw'
me
Je
~
...
,
'iW
�.J'anctuai,.. 'cI'Amour
20
Le b6ron P41ar, s'a1AJriblWlt; le choix des armœ, av.l~
demanùé le plst.olet eH !.mp~
è.'oo conditions terril$les.
que Raymond R.vaiG di~
à ses témoins ci'acœpteI" les
yeux fe.l't1ÛlS, et à s(',p1. heures du ~.
les adversaires
s'oJlgna.icn.t dalllS le lla.ro d'une proprlébé des enVirons
de Pan&'.
Raymond avait avec lui. oul.re ~
deux ~t
un
médocln. SUl' W. discrétion duquel !Il savalt pouvoIr
(p8t1'-des9Us t.6ut, wta.nl
compter 081' œ qu'il redoul:a.~
que le baron Pila.r lui-même. c'~
qu'on fiL
du r~
du bruit. auW\lr
de
œllie renOOlllLra et qu'elle fOti annon-
cée OOns les jou.rooux.
Mois il n'en rut l'ion, oa.r les préclWtiOlls lItvn1e~
été
MI8.I.t 9\J.r le
de part e~ d'slutre Conti bien prises. et. il n~y'
hl.lll ùu combat ni repartm' ni phot.ograpM.
DI} l'E&tc, la 81'1110 du prurc a.\-&ti été so~eu:n'
'«m~e
dès que les e.mœ contenant les a.dlVets8.lrcs,
f6tJrS Iknl<lins et leurs médeain5 l'eurent (tMn<hle!'
Quand il lu' en présence de son adversaire. Raymond
..ès ()IÙDJe jusqu'eilors. devint un peu nerveUtX.
Maas ce IlI'ouble d\l41a peu. Raymond se;reprll aussitôt, eL il attendait, polK' tirer, que le baron eQ\ fall deux
,.
.pas vers luti.
~
tro.iBdème, Il pressa 1& gêdlelle. e\ l.len qu Il eOb
visé avec soi.n. son adve:r&all'e ne tomba. pM.
U n'e,vaiL pas 6t.é mw'M. La ha.lle lui avait. seulemenl\
effleuré le liront ; Re.ymond, sans qu'li s'expliquât pourquoi avait tiré Lrop haut:.
Il ~vait
élé comme fa&Olné pa.r les yeu..-.: du misérable,
e~
inc')Dfoiemmant il a~t
Uré SUII' les yeux pour an
éteindre \.a I:JCUi' in!erJlo8Ùe.
Alors. le bruron fiL bNlmqut\lemont \lJl quatl',ième pas.
el lâooa son cou.p de feu Il son toUD:', dédaiglllanC de se
rapproclhcl' davantage, car il avait <i«'c<it à. <.ii!lq pas.
Cn wantl cri sui\;t la déto.n-at..ion, ct Raymond. roule.
gn7JJn, 0i~1l
dans UIll flot de sang.
S\M' le-
en mAJm temps que lM
delLx rMeleclns c!, avec de ~
pr«:8ut1W, on souIe'Ill le b!œOO pOUII' qu'n pnt l'e6r1rer un peu, 0lIl' le
Sll11g l'éfouU6it.
Le boron éWt Nl6\.6 immobile à \ta. ptlaœ qu'il oocupaIJ.
son pist.olet. fumant Il la main.
.
On nc voyait SIl1' son visage. défi,guré pax les ClC&Iric&, a\1CUJ\e Ilra.ce d'émotion.
Un joie saLa.nique se Il.sa1t dans 5tOO rrg.axd .
Salls d«n.onOOr ~s
lltO'l.weUcs 'du ble!6é, il &e tourna
vers sC:; L<:m<lUls :
NOliS perlons, mœ6lOur8.
Collx-cl, des homJTle6 il ses gages, sans <'.iO'llf.e, ~
vé1'Itoblœ complices, n'é1Iadont pol.nt aUf,si lmp8S6ibles.
Ils ~lnc.It
torl p61œ ~ rega~
le il'OUpe fonn6
lAS lIém<lins se pl'~tèren1i
par le bk'esé ct ceux qu:!
·l'entourJc~.
qu'ns ll'IlTalonll voulu 8'in!arm~
On ùevil18~
de l'éta'
de l'ndvcrsaJlrc, me!s le ho.Iron les fixa de &00 regard
dur cL ùi.~,
lIiVOO un' mou"emooll d'Impatience :
_ Eh bilan 1 qu'ntten<lel-voUfl? Cela VOO8 tntérœse
don" 00 q.ul se poaso là· bas ?
)If> l.lll.iSbèrcnL la !.êta 1Wl8 1~I're
e~
sukvirenl leur
malLre car l'homme qui leur perlait a4rtsI ét84I vraimenL 'leur nwUre, ct Us n'6laienl pour lui. 4Ue dé8
esclaves.
ex.a.mI.M sommalromen'
Le dlJUX rMdootM 8tV1en~
la b
1re de Ra,yl1J(1nd e~ m-alent P.U Wl hochemenl de
lite (" m1lSUIVa.18 augure.
Qunnd <Jeo:lil'gl'S N(l.Z1m apprll quel ava.1l éIé le 1'8IJ1.tI.1
4e la llénl.lLrd1I8 rai
par Raymond Ïlanglès chez le
borol c~
1 Quel ~I
on 6I.alt S'éaulté, iit Tuf an proie
•
LM
oc
\~moU,
Il ne .\oute. poe qu.e I,oul cn que pe~
FAQard t~ lU.
ratl cl
misérable ne rot ta v("l'lt'.é,
Et
cl Il a.pprl qllo lI01I ruml awti~
~
grilJv8l1llltnt
bl
(10
sn renconlTe avec le ()1(Juln, mtlU0N\8irO, 11
pl
~
têlc qll'llII Idloc: meoor 10. 1utt.e 6IfIl\I
c tre lbomme qui 8vl\lj feJt à c.eHe qu'il a.tm&J,
n .r~Vlsce
el cie mnlbeur, cooll'l! l'bomme
'1 en ~\oJ"
aar maltlfL'lW\' - la dl8pao
dé 881 meilleurs am'e III nuquel 11 devrai'
lDOr <o'un de ... ~
~
f* 1
a.vait. '8ppt11s que l'état lSu malheureux Raymœus" éta.!:I
for' gra.~
avudU men des ralSQDS déjà de h6Ir le maudl.l bQ,.
ron. m6lis sa. ha&ne venait d'a1Jleindrë son paorxy~
et Un'esti rlen maintenanL qu'Il ne tanLAb Jio1JŒ' le pérdt&,..
Mals que pouvait-fi sans EdglU'd de Kéradoo?
Il n'avait cont:re le baron. que dœ )lI'ési:lIm\pUons &!
cul pabillté.
n
Edgard
seua
éWt ca.pable
pe~fr
d'~r
lee
preuves ~0san1e
~
le faire &Têter ell cond.amll.el'.
Mais où étwi'!l il celle heure son 1'lWwe ami et quand
le revecTalfr.il1
Voici
K~adec.
ce
qui oéIalI e.rriw au malheureux Eo'gardt de
L'ascenseur dans lequel il étan enfermé finit par s·....
rêler. et le policier amateur se trouva en pleines t.ên~
bras, enfermé danS une cage étroite dont Il ne sava1f
oomment sortir.
n se demanda avec angoisse :
- Esfr.Ca qu'on va me lalsser là 7
Plo'is, il son hébètlernent. suocéda une crise violente de
colère.
Ii était furieux contre lui-même de s'êllre laissé prendre e.lnsl. Il se disait avec 6.IJlerLume :
- Fais donc la poUce maintenant, crétin 1 Ah 1 tu
ES bien tloué pour en: faire 1 Au premier pas que tu ai-.
sales, tu mets ton pied. dans un piège 1 On n'est
bête ê. ce polnt...lll. 1
Il se SCfa.it baUiu. me.lB U pensait. t ce qU'a BlWt
devenir maintenant qu'II se voyait da.ns les gtllfes dia~
vérlLabIe bandn, car cela ne falsaa plus pour lui l'oMbre d'un doute. ce baron: Pilar étaU un bandit, et. uix
bandit de belle envergure. bien capable d'avoir cll'IDlDla
tous les mé!tLits qu'on llli avait illt. Alors, sILChant oorribien l:Algard pouv8.1t ét.!'e dlU1goreux pour lui avec oa
qu'il sa.vait déjà sur son compte, Il na le laisseraJt sore-
pu '
,
ment pas oohapper. Et alors qu'lIiIrlverait-ll' tdgatd
pouvait demeurer des mois cl des années e.u folld de
quelque sombre œcI10t sans qlro nul s'lnqUolétât de lut,
Son ami Georges NazLm pouvait seul lui venir en al~eJ
et Georges aussi étaU menacé par le bandit et peut-ê1l1'9
allait-il sul)i. le lIIême sort que hu-même eL peut-être
un sort plus tragique encore. Ah 1 U avait tait là une
belle équipée 1
L'lnIce·tuné se lalnentlU eL se dés11alt, maudlstn~
son Imprudence, son. manque de prévoyance. se r.~hant
de n'avoir pas cassé la têttl à ce barbn de mal·
beur qoond il le tenait au bout de son revolver. comme
81 l'on pouva.lt user de ~t
avec de pareils
scélér&.ts 1
ELU ne voyalE personne pour verur l'a1'l'8Char à sa pé-
Jllble sltuaUon. POlll'tanl, Il éW~
ImpDflSib!e qu'oq te la18.
sl! là, el U élaU anxIeux dia connaJfro quel bt I1llal. rut'
6tre réserV6.
'
plus InvraIsemblables scènes 00 mélœ qu'Edgard
se rappelaIt étaienG tLu-dessous de ce rrul lu! 8It'ivall'
po.'1 OOMl que dans le Pan1s ILCtuel do palà, et Il n'eO~
nllJJes aventures fussent possibles.
1\ répétait il: ohaque Instant, en cherohant " sortir
de son flllroite P11son :
- Ce n'est OI\.!I VMJ 1 C'est Idiot 1 Je r~ve
1 Jo va.la
m'éVelller 1
1\ no rêvnU pM. Il restait onrermé. Elit toutrraltsurlout
00 s'être laiSSé prendre si :;ottomenl. Ah 1 1\ n'êtal~
pas
IMlln 1 Quand on VAUt. Ile mlller de ra.trc 00 la poIlce. n
Les
fIlAIt 8'y prendre Ilullrrmentl POun'aIJ..tJ a1l moln8 a1lOir
un Jour lA :revanohe 7 Il l'Ignorall, eL ceLte pensée lui
&lJt PIJUt-(t!.ro plU8 pénible encore que touL 10 reste.
Cependant l':ctgard ét.ouanl~
(~5
('.ago 00 Il n'y
.a.
&\I1Ut ni air ni hunl(D'e. Il se miL li. cn Cl'ap,Pi'r los pnroIs
&! IIJI" IlVOO Wl6 8QI'1.ê dtO l'lie, paUMant en mArne tempe
de mrltables tl\lrllllmenl.ll.
1
J>eulrêL enUn (jul'Jqu'un .. monLronût-U, QUfJlqu'utl
antendra.1t.-U
appelS.
Q\JeIqu'un 80 mon~a
en ceret. C'~te,n
Je a'MDl Il
auwit /IILM mot dire la pOlit de la'~
m lllpe
.,1
p1sOnullll' {Joe
vn.
Il Itm6JL Cl. In maln un IlMtbeau I)fUJotanL lUI' lee
UIl,Q fIIIwnlne 'lO~
qu.I ..~
Wt ~
ft.,,,
�..Janctuai,e d'Amo;",.
,~
De !plus en: ,plus mélo, pensa Edgard, qui, ~Jgr6
.tout, conservait son humeur caust~qe
et ~\aiUe.
, Il e&'i1I.ya. d'imerroger SIOn gud.de 4lO1U' Sll.vofr 01) U
; le ()ODduisaJJ.
, Le colosse !;le Œ'6ponQil P&$.
1 Un mue,l du wail 1 se dit encore '6 dgV4.
, t,'bomme le Ca1.sa.t\ 6uiwe, d~.rlèe
M, (!é!lrolfa OOIr
; lo~
très sombres, de véritables oubliettes.
, Puis U ouvrU une iporte de [Elf, et, comme EdS4Pl
• 'hésitaU Il. la franchir, il le po~a
brulalemenl comme ' il
l'~Wit
tait déjà.
t':t le ']>Illlvre
polc~
.801 numide et ViS-QOOUX.
-6Jnawur alla s'étendre .ur le
Il se releva, tuTieux.
&spèç.e de 1:II'u\e 1 üt-il.
Et il voulut se p.réo1p1W
le iéan\,
-Mais déjà calui..c1 ava.lt dis,pol'U, et Edgard se 1Iro~v.
(3euI, dans lJnê socte de cave !a'èII &\lIIIIIbrQ.
LI comprit que c'était là qu'illlJJaU séjourner. Pend~
,C4>mbipn de temps 'f II l'ignorait. Le temps sans doutQ
gu'U pLairait Il son bourrea,u.
Ce quj sauvattEdg-ard de Kéradec dans les clroonsson
t tances dUficiles Qù Il pouvrot se U'ouver, c'~1t
Jnaiwrable bonne ihumeur et son .insouo1611oo. Un autre.
~
se voyant ainsi prisonnier, se {~t
désolé, ~
!J8s Oheveu.x, eOt passé son temps â gémir.
~ Mais Edgard, après le preml&' moment de sUJnprise
.~ de ifureur passé, se consola en se disant :
-=- On ne va pas me tle,1.sser HI 1... Il f(U.J.dœ bJ:eI). que,
'~
ou tard, (ïIl me dise ce qu'~n
veut latre de ;mol.
Et il prit son ijlalheUf ~v.ec
plus ~
ph1.looooPb.te,
/!!bten<tant wanquille.ment I.e moment 9(). quelque diver&Ion se produirait.
.
Mais Jes lleures s'éoJl.ai~t
sans apporter a.~n
changement li. la sltua.tion du D'1IlJheureux.
Il comen~H
li. souffrIr de la faim et 6lUrtout de la
.oU. li! soullrrutt. aussi du ~nqu.e
de Lumière.
L'<mscurilé llnissait pM' lui d.e"vell1= très pénible.
- Je ne pense pat; , tlt-i1 que ces .gredins-là son~'
• tue LalBser mourI.r de lfJaJun 1
Et toujours 0bséUé pwr l'idée des anman.s mélodra.mes 'Qu'il a.vait vu jQOOl', U avait œs v1sions sinds-
'ID"
~
de malheureux morts S6 déj:)htrant les bN15 avec
leurs dents, s'ouvrant les veines poila' sucer leur sang.
Esl-œ qu'il était desUné à f1nir a1nai ? Non, çe n'ét.w!\
pas possible 1 Cela ne se faU plus de nos jours 1
Mais 6st--ce que le barOn, sur lequel. ooura.lent les
plus terribles .bruits, qui IiIvlllt un bOtel où s'ouvraien~
l,kI vérit.a.bles oubllettes, était entouré de sbll-es larou~lœ
-et muets, é/lJnit un !pel'sonnll€e moderne ~
Ne eemb1a.lt-11 pUE; avoir les allures et les mœurs de
_
seig!Il6Ui's du moye/l âge, IpiUS seJIJlBllo.bles li. der;
baIltd.lIB qu'à des gentlJd!lI\JllmCb 1
.
11 n'y en oa.vait peut-eule qu'un è. Pocls, en France e&
-.na l'EwoPfj entlèl'6, c; I::dgul'd était tombé sur lul.
C'6t.a1ot vrlÙIllent <W 1(1. d6veine 1
'l'elles 6<;nt Jes J'élit", ' ..ms que se lalso.1t le pe.uvre poliber œnateur, Œ'é1lexluIlIl où j.J lWllIit li. La rols de l'amer\wn.e et de III ilCluD.lllcrle.
- SI enoo.6, lie olsalt-Il, Je savais ce que l'on me
~eut
1 Mais J' ne s.a1s .rien 1 Je ne devlne l'jen 1
Et p(l1'sonne ne parait 1
quelqu'un parut.
l:il, .. ce moen~,
La. porle s'était ouverte brusquement, et ~e
géant
entra1L porWl'r d'un panlOl', un /lambeau Tl. la maIn.
- Le muet 1 se dit Edgard, ce n'est p6l:I lui quJ me
hIlseIpertL 1
M&!s en royanl le panier, 11 se 00E5UII'6 un poo..
- On m veut !PU me laisser mourir de faim 1 Po
.'t.ppeJ1e des prov181ons.
Cepend,ant, l'hercule avult d6posé Tl. terre Bon panier,
mil sur UIl8 opeUI.e ~ble
son namboou et Edgard pu~
JOlI' de queUe façon élaU meublée sa cellule. Il y avait,
d6Jà, eu l.ouChOl', découver~
un lit, une table, dos sl()gcs.
Il put voir OOIml11ent ét.alent laits ce lit ces sièges
Ce o'élolt p6S luxueux, mals propre 'et conlort.niJle.
- La cellule
htLb1to.ble, BO dU Edgard. 11 n'y
-.aque que de .14 lumière, dcs livres, dcs provisions
es,
2t
"i9
e~
.!N~lqu'n
temps . •
avec qui 11 pourrait causer de lemps en
Et. ~me
si le iéanl eOL deviné ces dél?irs de son.
prisonntor, il montra il. calul-cl ~ne
ampoule électrique
placée d.a.nB un coin de la mur~e.
Il lD. ~f1,
~t
la pièCe s'empliL d'une claire lu mi èl'e ,
Edgo.rd (aUlit battre des mains.
- 11s n'avalent pas ça au moyen a.ge, 111.-11.
.
E~
!I fut tout heureux de penser qu'il pourrait avoir
de la 1lUn1ère quand 11 le vo\lldira1i.
1.& g~nt,
toujours sans parler, dép06aU sur la t.a.ble
le3 pi'oVi,i.QU.§ qu'U ava.lt apor~es.
E<1lJa.l'd rema.rqua avec joie que les mets semblaient
déUcs.J,s.
Il. J ~va1l
l,l.Il pouId froid fout entier, couché <tans U.pf
tI«l~
dWM; \!'fl énorme pâté paraissant des plus
1'J)I~n
,~
ou fII'01s bolJLeiI~
de vin rOlllge et hIanc, ~
ljIpe f1.ùID'o 'boul.eille casquée d'or qui éliailune bou.teille d.
ma:rnptlg.ne de çende m6Œ'Q~.
- AJ,o1~
di~
~d,
que œt~
vue avait wut il t~
l.'Iç)\~,
ce baron n'es~
pas, après wut, un mauvaia
<lWJle 1
_l::t l'eau 1W venait Il. la bouche il la vue des meta
d'ClPPQUJlC4 l1~ceux
étalés devant lui.
f.,e QOl~,
~t
~va.U
fini d'lnlltaller les provisions, repz1\ $~l.
il3rJ]be6ll et tendit Il Edgard un ~on
et un
a.ll*
~t
C$.'M!..
Ml, Jeufl,!l ~e
comprit.
L'homme lu.! demandaH d'écrire ce qu'Il désirait.
Et 11 l.r4ça. c;es mgf.s :
..- ~
llvrQS ~ un homme , qui parler 1
l,.e géant prlt Je œrne\. 1'" et écrivit :
- Quels livres 7
"'" Tout Balzac, 6cr1ytt Edgard.
Et U ipensa :
- Ce Bel'8 l'OOC8Slon ou Jamais de le lI'8lire. Jusqu'Ici
Je p'en aV8.1s pas trouvé le temps.
Jl a.joul4 :
• el
« Les 'l'rols MOUBqU.elJ6lire5 a, « M~
deux ou trois peUts volumes de Dumas.
• Ceha me !ooa. passer le temps, se <1tlrü.
L'llomme écrlv1\ :
- Hien.
et. 11 reprit son panier pour s'en aile!".
Edgarcl ajouta SUT Je carnet :
- N'oubJlez pas le causeu.r, 10 brillant caU&eur.
Le géent fit de la tête un signe affirmatif, puLs il
.'~
a.LIa.
Il semblaH s'eLre amendé un peu, et Edgard se dit :
~
Après tout, Il n'a pas l'air trop mauvais diable.
Et comme 11 mourait de faim, Il se JeLa sur les provlII&ons. U but eL mangea comme quabrt>. II but surtom.
Il voul.li.lt se griser pour oublier. 11 adoraIt le cha.mpagne
et vida presque toute la bouteille.
Et 11 était dans cet éLut de douce ébriété qui fait voir
en roee même les Incidents les plus noirs, quand la
porte s'ouvrit, et un homme parut.
- Ah 1 se dit Edg6ll'd, void. le causel.l;I', le brlllnnt
cnuseur 1
EL, all8JlL 0. lui, fi J'lnvlle Lrès all'l'lnblement a s'approcher eL il. s'o8JSSOOir.
C'éLuIt un ihomme enOOl'e jeune. de taille moyonnc
au il'egnrd astucieux et mis a.vec élégance.
'
Il ét.alt ImpossIble do voir il quel genre de monde U
appartenait, 11 avru.L l'a.pparence d'un gentleman mals
d'un gcntlertI.IIJIl quelconque, snns grande arlglnàlilé.
- Vou; avea nemandé, monsieur, il voir quelqu'un,
et on m'envole pour répondre il. 'Vos quesUOI'lB .. . Que
desirez-vous so.voir 7
- D'abOrd , pourquoi l'on m'fi enfermé .\Coll.
- Je l'ignorc.
- Combien CI' t.cmps J'y resteT.a1.
- Je n'CJl sn.ls rien.
- Et 00 qu'on veut fatre CIe mol.
- Je n 'en &D.is pas davlllltage.
:- Mc VQIIII bleu l'en S\ ·IJ.:lH~,
lit le jeune peJleter amI!..
t.cur.
t;L, comme III physionomie ct.e Ion Interlocuteur lu)
�22
b11usqucr la r.onversalion.
- AloN;, til-il on 'V(lUS envole pour me dire que vous
&aIL plulôl ttnlipnlalique, 11 ne -songen plus 'f(u~
Ile sa\ ("1 rk'n T
- Je ne pulS pas dire oc que j'ignore.
- J. maJS mieux le muet, pensa li:d g!t rd.
meLbrait peut·être de tirer au c.hur .cette ohsClU'e
allaire qUI pouvaiL prerulre des proporLlons iouL à Lait
L'hC'mme s'éLn.lt levé.
- C\-.sL klUt ce que vous a\'ez fl me œmnnder, monsieur"!
- Jr. vous <lemanderai6 'bien auLre cIrosc, mais '\IOUJl
mc rùpondriez cil! la. même façon. Alors, c'ost
~ow
Le brillant causeur allaH franohir la porte.
!Mais a.P1'~
ce qu'il venait d'apprendre ~t si M, de
Kéradec uaiti bien ;éloé vicüme d'un .lULenfat, tolll
ce qu'on /lIIlOOll"laü pOll'Vllit être v.rai, '4It Il ~
~
de la mlssiûn dont il avait été chargé et qui. lU<i pero
1ntl~ie.
•
- Ah / un mot encore, 1Il Edgarù. Celle lois peut'-tlQoe
me repon.lrc. Sm·cz-vOus si je reccvraJ
bien lOt les llvt·cs que j'6-I dema.ndés 'l
- 'lue/qu'un (!St paru pour les acheler.
- Bien m(>!"C1. C'esl tout. Vous pc; vez 0115 rctJ;rer.
L'hcl1U11e sortit,
- Je m'cnuUtC mcr.J1.5, seul, C[u'av~
lui, dit E<.gilrd.
Quel réh1gér,mt /
I:.L il SC .. nit 0. marchcr de long en la.rgc dans sa oelpo~-vns
Iule pour .acllVer Sil ctigeSoon.
- .'i je u'ssais pas -éll; mi;; en Pel . lmmClll" plU' le
tin npuQl'Ie, lit- l, je l"aul'D.ÏS boxê. Quelle ntc de ('.an.
Cl e 1 Où œ sa a.né baron pl' d·il des êtres pureils? 11
est nul Q11e lui-DieffiC n'esl pus bien sympathique.
Q lei usscn01agc de fuces à glllos! Et c'csL dans les
pi Lies 00 setl li ables r;:':"cdlns r~ue
je suis allé itOmber 1 Ah 1
fT! ln pauvre Kéradcc, quelle campagne 1 MIWi, enfin,
je suis nourri {31 bien nourri 1 Les vins sont e,·ccllenLs.
Mais pounllJOl lM glllI'de·lron'1 Qu'at.l.end.on de mol T
On n'espère pas, Je pense, que je vU1s manger le mor·
ceall. ~Inis
c' sL poUl" {Je paU\Tc Nnzim surLouL que jo
voul1l'UJS sorl!:r. Je parie qu'oll lui lDén~e
quelque 016·
dIant tour. Il ne doit pru; suyoir ce que je suis devenu.
SI l'idée lui \"tuai L Que je suis reWlll"OO chez le baron,
tJ pourrait {uil'\! luire les recherches '1 Le bru·on n'u p.!UI
dO lui ;parUo DCI" ce qu'il .a.'rI eUe sn trahison. 11 clIPrellru sOTement il sc vcng!!I" cl peul-éLrc le paU\TC cl runiqullur mondWn csJ,.i\ cuInl~
il quelques pus de mol.
JI 1 ·cndralt celu lnQins gaiement, slll'<.'1nenL. Il n'est plIS
poS51ble qlle nous resLions victimes de ce mlscrablo.
filous nurons nolr<l./"rvnnr.tJe, œrluinernenl. Mws quwld 7
Comme ...." y AIl ! au diu.l.!le ! Je ne veux pus me cnlUser
la ~le
fi t40hcr de déchj(Lrel' cc problomc ! Prenons les
lIloees comme elles viennent et moquons·nous du fCble 1
Et EdgnnJ oobevll de vl<.ler sn b/)utcUlc ùe champagne.
Une heure aprœ, Il recevaIt ses livres el IInit p.!U'
sa détention
trouver prC'.!iqUe a.~I"60t>le
Il rcgr
!ement de J1 [ U 1· [,lIS tl'ovuUlcr
po r 6
t conL/nuer Lu .b6s.>enc qu'II a\'I\ll en·
&repn e.
Et Il sc (hnalL qu'Il n'élnll [lIlS poss 1Ill!, , IIf1t"t'Js tout,
RU II d mourQL longtcm1l5 cluennl!. Sa c1U;1 {mlion ne
{.o vaH pnB TCSLdr IlIllpel'vUe I)l sll.roment qllt!lqu ln·
Clùnnt 6(' produtrolt qUI mcll.l1lut lin Q li cllpli\'llé.
F. o.ro1 étaIL essentiellement opUmlSIA, lTlais il ne
le !.rom
t pas en (II ·nnl que SIl dlspurlll Il Ile domenr lC. Elle connnençull !l. ItLlI C du bruit,
Iller !.IJ P,l ln
• 1 ln pohce de ,tillroU:, I~Vu.;,
IInl pllr s'cn 10\1111 1er SC1"lCU·
nt.
i1lUSi t.âes.
Georges Nazlm avait aon adresse d.1J1s wul Paris, <81
BrioleL se l'6'ndlt :auss1Lôt à son dOUJlClle.
Le ohr.oniqucur monc:ta1n (jL~t
absent.
11 n'y avait chez lui que son valet \.Ill cbumbre, qu
ne put dire -au pOl.ic1er où il pourrait trOUVer son wal·
tre, et l'agent a.llaiL se retirer un P(!ll désappointé. aat
il d.éLcst.ail de perore du temps, sachanl <fUè si le temps
en a.llai.rcs est de l'argent, 11 est en matiure ùe police
le succès ; il alta..i.t se retirel' q\loUlld il entendit au bas
èe 1'esœ:1ler, .QCVRIlt La Jogc du concierge, une soua'do
rumeur, comllle il s'en produit lorsqu'un aCCident ou
un maihelll' est ilIIITlvé quelque pnrt.
Et le portier
~paru
L au bas des m8l'QIU's, essouilé,
vlolemmenL ému, et appelanl de tous \Ses poumons:
- Monsieur Jacques 1 Mou.siell:r Jacques! Venez vite 1
lac.1Ues était le nom <tu v-ale~
de chambre du joor·
na1.iste,
Il tenait encor" enLre·blÜlIée la p\.\l'le par laque).le v.
nal L de sorw· j'ffispE'eleur .
.:.... Qu'esL·oe qu'li y a T
- Un g;ra.n<I mallleur.
- Ull .maJ.IJour /
- Vo!.ro maure, M. NBZim, vient d êLre éc.ra~
pa
une auImnobile..
En enœndanL cœ parolos, Briolal s'élail arrêté .au
milieu de l'esoa.uer, que /e dOIncsLique ùu obronlqueur
se .m.it il dcsceDd.re quatre à. Ijuatœ, el il dit :
- Voilà llll 8CCJ(ienl qUilllJTive bien il. propos 1
EL œLte penSt'6 iu laissa lOl.lJl rêveur.
11 descendit il son wur, mais lori. lentement, réllfl.
olJissant u j'l(tœ qui veIWût dc nrulrc en son espnt
Quand il um"'ll nu pied de l'esc.a.llcr, dans le vestibule
qui le '\.Il·~Ocait,
011 venail d'y uppOJ ler Georges l'uz.im.
Le malheureux, pille comme un mort, 10 visage 08\
les vôLemen.tl; l.acMs de sang
e~
de pousslèro, ne don·
gti\ plus sigtle de vie.
lles gCN affolés l'~DWuroJO,
gcsUcuI.a.nL, demundtUll
un m6dcltill, des sels, du \·innlgrc, tic l'oou.
r.Ullc QuestIOn;; s'ontl-e·or·(Jl lien L, tout le monde pal'
il. 1& Jols, ut 011 ne pnlwssuit pas s'entendre.
Avec ]'o.uwli\é 'lue luI dlllJnu;t 58 quallU! (\'lnspecletl!
lan~
el. Sorl h-ahlWOO de pareils hlc.JlJcn1S, Bl'iolct s'Interpose.,
lit fI!uIllcr le. 1;t1rl IJ. el sc lIut A.
Hr Il
le blessé.
Il rt. plra~
eJlWI' .
!:ion \' leL (le chllJnhrr., l I s ' Ir lui, lui -donnait leII
soins, lavlllt 01
~c,
lUI rn.lSull 1 spiree'
lll·cmi r~
de:. sel Ilue J~
eUloc'~
,1 j,.t d'al lei· r.h'.lI"!Jer OOIl3
un ùe ses locaWrus.
'Iectn que
I::t t'II I!l.Ltelldail nvec ru), l ,t ,'(1 rIvée du
qUnll(ll un >ll.Vtut eourll pI'C r Jl
Le (loUci
p09n aux 1\ • i Imtl.s qlleh)'lI ~
llJOSUOIlB ~
senUeUœ.
-- Où l'accldcnl ét.att-il u.rrlv6 T Comtnl'Jlt B étnlt-II pro•
duit 7
-
près, uu ooln (Ioc 111 rue. M,
Tou~
Nn~im
rentrulL eh.
lu1 eL s'ILprwêt.IlIL à ll'SvQrllC1' IIllund tout Il. COU]! Hne lLulo
rouge ...
De louage T
Non do maUre ... uno Ilmollslne, j'n\'lut 1 UI aiDel
dire h.a.p'fl6 nu pnssagi!. Le llllllhcureu.x ne (\ 'vlLIt l*t
mOrne avoir qlllLUl encore le trottoir. On etH d;l lJt1'U
.vaU été suJsi par ln v tl"" corrunc 6i lJIl v ILure av.
eu des bra: pour le prendre.
Brlo.Jel eIlrcgts~ni
solgn.usemenl ces dOtalls.
-
... ou p
quetques
<ln1ls /l>Squ Iles ~lVa
n!nb"lgmltJlmts sur les CIl'-
Cil lieu ocll.<> myst.ér1euae
W18pariUon cL B.VOll appris qu'une des dcrnlClrcs pel'IOnnC6 qu' V4lt VUI) le JOUl11Uh5tt' Nall 80n ami, ..
Ibll'OllimlC'Ur n ml111u, Goor,;
, lzlm, le chi f cie ln sn·
reloé aVlln cuvûyé clJ il. r.c.Iul-ci un de ses mlHlleurs IlgcDla
.,
tan
.,mlOO
"10101.
Or, Br 1 L oonnalssalt Edgnrd d" I\~rndec.
.wnn6 d Il plus Je voir. Il \'olt (!lt'! 1111
-
- Et l'allto 1
- Elle Il dISparu .
- On li vu le num6ro"l
Il s'éLaU
ptlr 1 nu
eouro.n\ d "bruits qui couraient sur 1 bm·l'Jl "'l[~r
·eL
QU Il a"all pris pour des rucontnrs, cie c' r Icon[m·s Bane
GOQI49Iot.QQe qUa cow'eDt Il l'al'III .IU' lell gell on 'lue,
C'es~
-
ne l'Il i'cnlo.'lrr(ll(!.. Gein a éLti { ~ al vIt.e'
il peine Q l'on s'étaU lClIdll compto de I;e qu1
PcrsODM
.1
pllSsall. On Il entendu uu t:T1. On a VlI un hommo Rln
Yers~
el !'CluLo (lU! .'eu.!uyaiL, J1 D', ..valL pentODD8 ÙD:J
�Sanctuaire
h rue. Oeux ou
a"Amour
boutiquiers seuls ont vu l'accident.
s'est pas arrêtée ?
- Ah r bien oul, elle a redoublé de vit.esse.
. - On aurait aG tÏlreI' sur les misérables, dit quelqu'un, abattre le ChauUeUlI' d'un coup de revol,'er.
- Ce pauvre Monsieur 1 dit une voix de femme, je
le connaissais bIen, moi. Je le voyais passer presque
Lous les jours devant ma bou!.ique, toUIjours très content, très 'lXlli. Quel malheur, mon Dieu, qllel malheur 1
Mais il n'y a plus de sécwrité pour personne mainte.nlLnt dans les rUJe.S.
Une alULre volx demanda :
- Est-ce qu'il est mort?
- Pas enoore. Mais il est à croire qu'il n'en vaut
guère mieux. Mon m<8Jl'J, qu i u. aidé 0. le relever, rn' a
dit que les memhI'es semblaient déSarticulés comme
ceux d'un p3.nl.m.
- Quel malheur, mon Dieu 1
~rols
- m l'a.uto ne
- Et tout jeune 1
- Dans les trente ans peut.-êLre.
lliioleL n'avujt écouté. n'avaiL retenu que les l1él,uils
donnés SUi!' Ja Hl~.on
don\. l'aœident avait eu lieu.
Et cœ dèt.ails, 1'8l'Pl'uCUés de ce qu'il pensult dejll.
lui donnaient furt à rélléohir.
L'accident n·avait.il pas été prépa.ré, machiné en vue
de faire dispamiLre un l.emoin génant, un indiscl'cl sa·
chant tIl'OP de Choses 1
m, si cela él.ait quel abîme <le scéléMt.esse ce.la 8U1lposrut otlez le;; auteurs d'un pa.l'eli IorfoaiL 1
Bt celu, rapl,roolHl U," ce qU'OII avait dit à l'inspdc·
t.ewr déjà. l.a.iS;;!l.lt le champ ouvert à toures le1l suppoSUions.
Ah 1 ce Ill·étu.lt rus une affaire bana:le dont lp P:wuls
~a.it
avoir ù s'occuper si Lout ce qu'il imaginait, t.ou't
tout oe qu'on aV18.1t tlit étaIt réel, et ce baron, qu~
l'on
tl.Ccu.saiL déja d un t~lS
de méfaits, était un criminel d'lIne
ét.l'ange envel'gll.rll.·
.
lkiolet IuL <.L1·I'lLcbé il ses réllcxions par l' B.l'I'ivée du
médecin qui. se trayant un passage il. travers les cu"
l'leux, alLa ut 'de suite examiner le blessé,
- Pourvu, SI! dilSa.:1 l'in. pcol.euœ, cpuù 110 songe~lit
quO
a mission, q\l'lI ne saiL pu.s gravement blessé et que je
puisse l'In(.('rroger.
Il étniL tout Ll'opidanl. Il'anxlélé, oo.r l'aIf.airo. IlJPl'ès
ceL incident, qui lui S~lbat
a.vail' éL~
voulu, premédilil,
prelJaH en SOIl csprit (\;ls proi)(,I'\.~OlU
exl.rllOl'dlnai.·es
el lu.i I1.ppn.1 ah;uit monoo par un de ces scéléN1Ls
qu'on ne l'encont1'8 pas deux fois dans le cou.rs d'un sièole, cl Il songerut queUu gloire ce scrnit pOUl' lui de
démUH<IUar, du l'am tLI'1l antre las rn/lins dos juges un
crlmlnol cont·f(! qUI t.out le m0l1110 u;>,<l,\l éLU jusqU'Ulvl'8
IJnpwssnllt,
Cependant le métl cl Il , qui aVilit falL 1lj'}I)Orler des
CIOuoaills pout' suulovcr Jl lèl,e du bll é, s'éLait penché
O. IlJJliu l' œllll.ei. I~t
11 l'~r
Jrmglcmps IlUl1é dire
Wl lIlot, IÙlS01-lX! ulièl'l,lIl1!H1 pnr su ù hc.u.w b 'sogl1t1.
~l
qlllUld 11 s' 1\ (Ln .. ,· lil, cc lut l'our dirl1, S liS les
regards Il.nxiclIlI: Il 1.1,.11" lM 11& ,tant ntlcllùanL iOll
POUl'
verowL.
.
- Il !lwl tout de suIte allOI' ch.éJ'cher une vOitU4'u
4'81n\)u 10.1100.
Le VILluL dp C·tHUllbl·{] :,'approt:tlU. :
- On ne l ut pus monloOl' MOl1sIoUll" œœ lui? Je
ga.rde 1TI1i1u.dc.
rerm uppeler 1 n.(~
- . on, nOl1, Il li .bcsOlll JI) soins !.rop minutieux, e~
0Il lIOl1a poot.-Ctr oblig() tle lui faire subir uno opérl.-
'Ion.
-
Il es\ on <lunger 'f
Son élut 1 t trl' g
hl.
8z'IOiet S'(~I
lwpr lM. 1
Il nmrmul'll, tout 1l'C1l1 lJ III llt
- 11 110 :va I)(IJI (WU 'U' ILU moina '(
lA docte,,", ,1: Il !(urdtl, Il t':!-'I'15 , e~ d.i~:
- 'Voua êtcü un 00
pli l'on :
- NOll, MQUIl16Ur, je 8U
un ln flC(;tcur de la so.re\.6.
Qat lI()()Jdoot ne ni" (l&I'UlL 1 1 IN œLhohquc eL J'ail.
III bèsoin d.C 1>')81)1' .. M. NowlI qoohlUt\S qllC,,[lIXIB
"~Cl
- Je ne sais pas s'U pourra vous répondre et !,'il
vous ll'épondTa jamais. Ce qui est urgent en ce mOlllent,
c'esl d'essayer de Le sauver.
- Evidemment.
- Qu'on mande la voitull'e tout de suite, par Ide
phone.
- Ail. 1 .MonSieur, te ooncierge est ,parti'.
Lë malheureux chroniqueur n'avait pas donné signe
de "ie et son v.aJet de cha.mbrc continurut il. lui faire
respirer des sels pour tücnel' de le loanilllcr.
L"S curieux resLaient autour du blessé, al·tendarlt ilS
ne SltvaicnL quO!. 13riolet, très énervé, les renvoya bruta,l(!ITIenL.
- Vous voyez bien que vous l'empêchez de respll'er 1
Qu'est-'Ce que VQUS foait.es là?
Un bl'OU.pe se détacha, puis un .autre. et bientôt. 11 ne
il'esLa plus autour du journalisre que son valet de cll.BJTIlll'C, la iemme du concierge, quiconl.inuuit à s'apiLoyer
6Ul' le InallhoUf Ill'l'ivé à un si \)Iln IO(''i.bhail'e, si complai·
bant. si générCllX:, e' qui lu.i !lo.n.n<ut souvellt des billets
de ~Mti.'e
l'inspecl.eur e\ <le nlOdooiln.
Ce dernier, qui avait teMliné son pansement, et qu1
n'atten(Lait plus que la voiture d'ambulance pour ùonnur
aux homm6$ les instructions néCoCSsalres, causait tJ'an-
q\lllIemeut mainten.ant ave:: l'inspecteur de la So.reté.
11 déplo<a.it le nomllre (l'accidents se prod.uisant journellement dJons Baris. ,ruvcc ceLte cil1'CllJliat:on intl'<llSe qui
va Loujaurs en augmentanL, ces automohlles dont les
cJlauffew's montrent une impi'udence qui n'a, pas de
nom.
- Là,
'1. Briolet. Il ne s'ogit pos de l'imprudence
d'llll ohauCCeur. Ce n'est pas d'un accident qu'a él.é
victime M. Nazim, ~ais
d'un vérItable crime.
- Croyez-vOlls'{
- J'en miS pel'6uadé.
- Ce serai t .abQm 1nable
- ~sUJrément,
ma.ls je su.is certalkn que ~e
ne me
trompe pas. A.pl'è.s l·aooOC.'ent l!\a.uto 10'0 s'est 'pas arrêt.6.
Ilia dispal'U à t.ravers les rues avec une eUrayanLe VIte-oSe, et personne n'a pu voir s'U porlait un numéro.
- 11 eu avru~
un sùremcnt. Mais on ne l'aura pas
vu.
- C'est possible on core. En tout cas, le misérable a
lUI cOlllme un cl'llnillel.
- Cëla Bl'J'ive &ou\'l'ul.. On ("'Taint les responsabilités.
- Je le suis. !\lais j'ai des raisor.R pOW' croire que
nOUIl ne some_~
pas ici en présence d'Wl 'a.coiden\
ordmatre.
- C'est bien dillôl'ent, dit le docleur. Le blesSé 85t un
fOllrClaiiste, m'a-l-on dit, et les )ournalist.es ont souveiM
blell (les ennemis.
Br';QJe6 no répondLt pas.
Le mMlUllO l'cluU! na près du bJcsoé.
- 11 n'Il pus repris ronnalssnn;'e '/
- PHS encore. MonslCI~
- C'est Jnq'liéLa.lll, dit le doelpHr ~ l'a~·nt.
cel (sVl/..
IUllSl. ~I!li
III-bll_' on SRllla
no·ui:sement qui sc pl'on~e
hlen Je faire rovenir il luI. It;i, je Il'Ili I~s
~e
'lU' Il me
EAUL. /.::l ceLle voituro ITIJj Il'</U'l'ivp pHS 1 CllllqllC minute
ll111
s'écoule
de wJut
-
-
1:1
ft
eulevcl'
peu~
au
mnl!le;ul'oull
UllO clUIOOO
été si sérlell/>l'lIlpllL tollalH) '1
Je n'a.!
pWi
pu
lJJ(J
1'('11111'('
llir.n ct>ll1pte de son éLa.\..
Il'uvals pm; osee mal 1 in 'lI1e~
MuJs il ~l'a
scmlJl(; il. prcrnJI're vue LJIl'il
,h'
lQce.~:;niNs
~Ult
6l:J'ieusc-
mpnL atteint cL j'ni hôte q\J'oll pui se j'u.: miner il. fond
pour saYOLI' qU'1 c.: poli' on
ut C/lG(}l'C cansel'ver.
- 11 n'a rieu de Dl'isê 7
_ 'on, dl'.3 blessures inll'nl' l)'·ul..!mont, eL o'est Ien
dUll.,:creux. Il peut se proLlulre une h6m{)(l·rllgie.
CornIllc le docteur achevaI 1 co;, pll/'Ol's, un hOllllllt.
le pr{,cipll.a sous Je 1101 che dl' la TlllilS 1.
~lIS
. VOlel III. voiture 1
Et pr~<;lJ.ue
aussitôt une llutomoblle s'o.rl't!ta. devanL la
porte,
Le concierge qui é~alt
derlli n<;, fi'éllllt prflcirlLé.
~t
il nll6 ou ,Ill' lu gl'Und,' l' r:' r lur qu'! la volur~
pOL reutrer sous lu \'uù\..·. jl\.~rU·1J
vU:itlhule. et qu'i1 Il':
.IH que quelques p6!i li. .ta.lrc pOUl' y cuucher le blcs.sé.
�Sanctuàire d'Amou,
24
Du J'este, les .a;ldes Infirm!eTs vemûMt de descendre
a.vec un Dmnca.rd couverL d'un matelu et de couvertu·
res, un véritable Ut...
Georges Nazlm ful pIncé dessus avec des précautions
cxt.ri!mes, et quand n elU été installé dans l'automobile,
le médecin et le valet <le chambre allèrent s'asseoir à
côté do lui, pendant que Briolet montait auprès du 00Cuer el des rudes.
Mai& il ne fallait pas songer il le voir et il l'Interroger
a\aJIL plusieul's jours au moins, même si tout a.lla1t
bien.
- C'est lout de même de la. déveine 1 lit l'inspecteur,
qui se voyait arrêté dnns son enquête dès ses prernJers
(10.3.
L'in~.c\lur
avait raison d'être troublé par l'être mye.
\érieux qu'cLalt III baron Pilar sur lequel on n'avait jus.
qu'alors que <les renseignomenlB incertains el va.gues.
Riohe il millions, mill1a.rdaJre peut-êt.re, babltant un
tJ.ôLel qui était un véritable palais dont se serait con·
\enté plus d'un souveram, personne. même ipaI'lDl ceux
qui l'approchaient de plus près, ne pouvaient dire quelle
il avaU
ébait sa nationa.Jité, d'où fi venait et comren~
acquis son immense 10I1une.
On s,aiL déja, d'a.près ce qu'a pu surprendre une de
&eS victimes, Edgard de Kéradec, qu'il n'él8U point
baron aVll1lt de venir en Foonce mais on tgnore quel
DOm il pw1aIt.
Il éta.U revenu ('n F"l1aalœ ~gné
d'Wle jeune
femme, d'une mer\'dlleuse beauté, oelle dont s'est al
furieusement épris l'infortuné Georges Nazim eL qul a
d1.sparu après la visite lai le au chroniqueur mondaln.
Ge~l
jeune lemme n'cst ni la Lemme, ni la maUresae
du baron, mais 90n esclave, el il la garde Iluprès de
luI, 011 ne sa.it pOUl"qUOi, pour s'en parer peut-être oœn·
_ un joyau, COlI" il sait bien que jamais elle ne polllT8
IIUl'IDOntar la. répugnanoe, le dégoQt même qu'elle éprouWJ pour lui et qu'U ne sera jamais son amant..
Cela no l'empêc.be pas de la garder près de lui J....
Iousement, et peul-êlire ser1.-elle do paravent, aux yeux
~
monde, il quaJque passion mysU:rieuse dont e3t rongt
IIOD maibre.
- car le baron Pi/.air aime quelqu'un férocement
.11 est dévoré par un a.m()ur qu'il n'a jamo.1s pu sau.
laIre d pour lequel Il est revenu en France.
Georges Nazi
devenu un des la.mlliers du baron,
• découvert, un lour, dans une des plèœ6 les plus re·
culées de l'hOtel, une pièce tondue de rouge, oyanl
Coules les ~parencs
d'une dUlpolle ardente, un poco
crau clevant IN]uel brOlalt, comme devant UII t.a.berne.cle,
Wle lampe enfermée dans une lanterne rouge, el 11 lui
.ait SCJ\llilé que ce p<JrtreU nl6semblnlt il une jeune
IDmmp. f'nt.rcvue Q.ut.refoll.
S'était.lI trompé ou 8.vatt.1l vu vra.l r
Il n'avlUl pas su le dire, o~ ce qu'il n'avait pa8 pu
lfI'c WM'., c'est la ferveur du culte dont ce porl.tW&
tlaJ.l. r.tollré pM le bru'on Pilar.
Il nt! StJ .JXISslut pos de jour Que oelul.d ne vInt "84l$~lIor
devllnt lui polr adorer celle Qu'Il repr6sol116lt
Il ù meuralt prosterné quelquefois pendant des heures
enUlYrf',s, d( \'Rot celle image quI semblait oontcnir po\Jl'
tou!e6 les volup\.611 de ln !.crre, ot qoond il se relel'6lt. quelqU'lin qui l'cl1ImU vu BO soraU aperçu qu'l! 8.vnll
yeux rugis ct 10 vlso.gc tauL bnlg~
de Innnea.
M.aJ~
pCl'sonno n'avait jama.fII pénélré (lveo le be.ron
"ns co ancilluire (j'8.lIIOnr, dont l'ecœs 6lalt 6évbreIIMml In\ln"dlt il tOllB les domesUquœ, Muf U l'homme
Cûnflln
dll maTtre, SOTi Arno darlTnœ, dlsnil-on,
Il qui .1 lJ{lU\oll louL commander, ml'me des crimes.
1;'(0'111 \In môll du nom do 'f\llm, rusé, perndo, doué
'1111
'lIilé pl d'uno (oree cxlraordlnulrcs, que le
~1n
n'ni' nIT3.Cll6 p<Jur l'àUnchc.r • SIl personne, avea
M
hlllllf d'ur, il un cirque don~
il falsulL la lOrt.Ullll
III 'lun.I~
(1 tn'mnasw.
Séllm él.all le bras quI a~l
et le ba.ron la t6te qUI
combIne.
Sélim étalt au courant de la passion V'I"Olment surnaturelle de son moltre pour celte lemme qu'il ne voyail
jarpafs qu'en iIrulge, mais fi Ignorail qui elle éLnit, el
si elle était morte depuis longtemps.
Jamais le 'baron, malgré son inLImit.é avec lui, ne lui
avait lait il ce sujet la moindre confidence.
A l'étranger, le milliormaire posséd6.it déjà œtte ima.ge devant laquelle il se prosternait quelrjuefois. mais
be6ucoup moins souvent et mvins dévoiement que de·
puis son retour en France.
C'est depuis qu'il était il Paris surtout que celle pas.
sion était devenne de la Irénésle.
11 oe se passn.it <T,lus de jour que le baron ne restlH de
longues beures enfermé dans son sanctuaire, ct si quelqu'un avait pu écouler dOl'rière la porte il aurait perçu
des soupIrs et d.es bruits de sanglots.
Quel était donc oeportrail '1 Elait·ce celuI qu'aVili'
soupçonné lieo.rg~
Nazlm 7
- Co baron Pilar Il vralmen~
la main mahcureuse.
ajouta-t-il... t(}Us ceux qui ont alfaire fi: ~ul
ont Il
s'en repentir d'une laçon ou d'une autre. M. de Kérudeo
disparu, M. Dangès blessé, M. Georges Nazim victime
d'un accident, tous ces événemen13 rapproc.hils les uns
des autres Unissent par devenir véritablement troublanlB, et l'inspecteur ne dlsaiL pas tout ce qu'il pensait.
Le baron seul le savai' el ne l'aval! encore dit ~
persrmne jusqu'au jour ol'! LI eut 'besoin, pOOUl' ce qu'il
médi\la~,
de melAre SéUm au couranl de la passion qui
avait I::onsumé &On ex·stellce.
fixa
C'ébait quelque temps lI4l«'ès que le baron se ra~
à Paris.
vivait toujours,
U a.vaill appris que Mllie de ~trange
qu'elle avait 1). peine vieillie eB qu'clle étaU foujourt
belle.
Elle habHaU une maison de cumpagne 88;;E'2 1so~.
au,'C. environs de Puris et y menait unE' "le de '!.rlsOOsse
et de solitude.
EUe n'é~ait
d"aucune fête. Elle n'allai' pElB dana le
manCIe el portoU le dcudl constamment.
- Le deuil do ceux qu'elle aimait, &e dlt le barOQ
avec une sorte de frénœ.ie, le deuil de ceux dont je l'ai
séparée. Elle ne les a pas oul,ii6es et elle a loujours dll.Ill
son ~ltm'
leur souvenir. EII() pense il eux pour les adOrer eL à moi pOUl!" mr- maudire.
CeLte id<le avQÜ ,porté Il son wmble la fureur Jalouse
du mlsérlÙlle.
Il fl6 venir S<lllm et lui dl' :
- Tu Ils été BOUVŒlt int.rlgué pol" cerial.nee padIcuo
larilés de mon exlb1.ence.
• Tu L'es souvent: dernanG·(: qui j'<ltals, d'ot'l je venal&.
- Je ne me le sero.(s pas permis, mo.Itre.
1lUIlB1, va... Je
- SI, ru te l'es permis, et les Il~es
sais qu'On ne Be prive PBS de jOSt'Œ" sur mon oomp\e et
o'ee!. bien naturel. Mads on jase ElMS rion Bnvolr .. : el
OD ne <LIt que des sotLisœ. Toi, Lu vas loul ooonlllflr..
Mala lot seul, Jl6I' exemple, c~ je I.e r16lends &ous pe!.n4
de mon - et tu sals que lorsque jo dis sous palue
de mort ce que
cem
sign11le T...
- Gela signifie, maUre, quo celUi qut œil oondamDI
par vous ...
- N'a plus long!empa l vWr8. Donc. Je le d6feac1le
sous peine de merl, Du Ga bien entendu'
- OUII, mol"".
- De répéZer l qui que ce eoJ' lea lIeCl'etM que je YaJI
~
canflCV".
- !.Al Jli~re
n'avait pas besoIn de lM ('..1re louJ
lit le rnébis . Le manre snlr qllc je lui Ruis d6vou~
•
vlo il 10. morl et que Jo mou ....as. plutO\ que do
trahit'.
- Out, je sale. cela. &Hlm, el. c'esl pourquoi Jo Y~
t'tire !le toi mon confidont. J'aJ bœoin, du l'eare, •
parler Il qU('lqu'oo, do lalssor échapper 106 secret. ...
m'étouUcnl. et. J ne j)Qux lee (Ure qu'à toI. D'a.U1.eurIt
je mls nvolr bo!,oin de tot, el Il taul que lu aecW
pourquoi Lu !lj.(III, pourlJUOl lu a.ccomplJlllIa lei . . .
aoo Ip vals te dernandor. Mllll&enan•• toouIe-mat.
:r
�'-
Sanctuaire d'Amou,.
-
Oui, malllre,
Je viens d'8fPprendre que MUe de !..e&brange vil
f,ou.jow·s, !Ume f.oujOW'8.
- Oui, maîCl'e.
- Et su.i:5. tu qu.l esll ceLte Mlle (le Le$trange?
- Non, maître.
- C'est celle dont. j'1lII le portrait Chez moi, dans la
pe1ri.f,e ahwpelle que llu as la charge de nettoyer et d'en~tenir
1a hlJJllère. Cette femme est celle qu4' a. !ait de
'moi l'hoIl1!lIle que je sUis devenu, un homme pu.iss8mmen' riche mais un damné 1 Ecouf.e..,moi bien 1 Cela eDI
:vauli la peine. C'e&fI roUIt un roman. et le roma:n le plus
ex1lrllXJl'dinnJ.re qu'il soit lPossible d'édhaIa.uder.
Le bairon s'interrompit un instanll comme pour se
:
recueilllir, puis il rePl'j,~
- Qurund j'aj OOIIlnu' cette femme, UlM jeooe fille alors,
salis·ru ce que j'étais"l Uh simple ou.vrier méo!llIlicien.
Ellle éUait la aIle de hJaUJtaA.ns oMtelains eC paraissaiE
si lio1n die moi que jamais je n'aUJ1'ais dû. osar levat
les yeux ~ur
elle. Mais j'ét;a;!s poussé vers elle par une
tcxrce irrésisllible. J'accomplissais des prOO'igea pOUT pou·
Vot!' me \d'ouver SUIr son dhemin quand elle devait pas·
ser queùque pa.rt. et 1'6nl!revotr lJill, insta~,
fû.ke de très
loin. Si tu sa'WlÎS carome elle oétaiti belle, eft attirante
et désimable, oom.me mon cœur baM.wit Quood je l'enllrevoyms. pas.se.nt 60lliS les arbres avec des rayons de
soleR mettiant des mœ'Csaru.x de lUIllliè:re S1L1' SOlO. visage,
semblait qu'elle même étaiti toule
SlIn' sa robe 1 LI ID
rayonnaJlllte, et la clarté de ses yeuor. é'lait pour mol
plus éblouissanle que cel.Ie du soleil lu.;-mèroe. J'éta:is
fau, mon pauvre Sél.1m. fou. rubsolUlIIlenJ fou 1 E~
elle,
~t-el
même que j'exlsLais 7 Jamais elle ne m'avait
l'ega."Ùé • Qu'Hais-je pour elle,un enfant du pel.l!Ple, un
ouvrier moins que rien 7
• Eh 1 bien, ma.lgré cela. bien que j'eusse confil8.nce de
mon lnfil1lnité si je p..LIS parler aimsi je me h.85a.rd1o.l
Un jaur à l' a.ll<l'rdler, à lui nd!re5SeI' la parole .
. a Avec quel air elle me regarda, de quel lIIir eroprelnJ
c.'e dédaJin, de mopris même, ehlJe me 1ioIise. 1
J'en firémls encore qunnd j'y pense, et je sens d'êf.ron.
les fUlI'eurs ~nder
en mol,
" Cela no m'empêcha pas <fu lllli crier que je l'illimais.
Cel I81VCU sortit m611gr6 moi de ma ipoi1bl'ine.
• Il m'étouUait, iiélim. il m'étouffait !
• Alors lu sais COlTI!Il1enl elle y répondit ?
;.:
- Nono, m&lke.
- Elle me cingla le visage d'un coup de cravache.
Sé1lm pâlil.
- Oui, Séllm, d'un coup de cravache. Elle me déchira
le visage avant que le sau'VllIge avec qui je me suis
"aUu le taiHa.dût.
- Et vous ne l'avez pas tuée, martre 7
- Tooe 1 fiL le baron 6.vec une expression indéfinis6able, Luée 1 Je l'ai adorée ùt1,,6IIlJ!,flIge ; e~ à partir de
tll momenL mon amour n'a tait q;ue croibre el se farUrier. n est devenu monstrueux, inv.ralsembWlble, tait de
haine automt que d'adoration, c'est-à-dire que l'aUl"ais
voulu tonil' enLoo mes bros celle f.emme J)<YI.Il' 1& oareslor, .1'6toutler ou 14 déohLrer, je ne 88.V8ls pas au lusle.
"a.vals un dés1r fou, frénétique, de !'embrasS8d' e' de la
mordre en môme temps. ClmJpren.dB-1Iu, ~lm,
COJlle
JI'emJs.f41 ,
- Oui, mall.re, vous Je det.eel1ez et vous l'afmiez .•
- C'est cela, et comme Je ne pounls vivre auprèS
l'eUe, que Je souffrais trop dcws l50Jl ,a.tm.05phère, je
~Ilte.
la. France et j' IillIll c.hen:her fœ'lW1e. Je voo1als
devenir riabe pour la posséder o. me venger. SlIns ar,enL Je IDe pouvais rlen. R'ÙOhe, Je me sr..nl&s capable
ouYrier anOOarucIen, fort adroit
de tout tenter. J'é~ais
dans mon méta', ayan' l'esprit ingénieux et lnvenUr
el le cœur plein d'audace, lJ\.II'IOut Il cause de ce que je
Illéd.ltnls, prêt Il tout !o.i.N pour pn!panr ma revancbe,
• Je m'et) oJ.La,l on Amôl'ique.
• Comme Je fls fortune, Lu le sais, par la déoolllWtl
d'une rnlne de diamant d'une rIclJesse Incroyable.
• Ma.I& avant cette "l'Bnde fortune, j'ava.lll d6jA . .
VOIdr en Prence et DIlI ""o,ger.
.. Franœ que Rede de
. Il Je Jh'6t41e 4tI EO quIt~
..
LesbIlange ne saran à personne puisqu'elle ne pouvait
.
• Et j'apprenl8.ls qu'eUe alla" se ma:rier.
" Qu'al-je fait Y
• J'ai la.it assassiner son fiancé la veille même de SèI!r
noces.
'7Et plus ba:rd, c'est I\ln second ftamcé qui tom1.>e aussl
SOUlS mes coups.
• Jamais :m me déoouvrlt. lamais on l!lJ6 so.\.IJ[II,ùnnlll
même quel pouV18.1l être l'auteuzr de ces mimes,
• Et je partis laissant en deuil poUl' roujOlUQ.'S le CŒ1li'\
de celle que j'alimais tan! el dont Uîll soulI'ire m'aurai'
payé è.1e Ioutes mes luttee, de lûuI.es m;es ,spuffroIlc,es, dEi
!.oulLes mes ;peines 1
Le criminelaroant s''4rrêta un lnstan.t.
n était t.o.ut haletant en rfllPPelant ce p.as9(i ho 1Tible,
trut de borlrures et de crimes.
Et Sélim le considéraill 8lVOO une slupela' 01) il l'l
avait .aussi de l'effroi.
MWs le métis n'étaib pu ihomlme il. demeUl'ei' impreastonné longteID(ll5.
Et son maUre lui ayant dût ce qu'il attendait oe 1111.
~'esl-àd1r
s'emp,a.reI' de Mlle de Lestl1ange, M. r6pond.!'
tout de suite qu'il éLait Id' li. faire ce qu.l lm QcroBlll'
da.it son maître ..
Et tous les deme combinèrent ensemble le moyen de
s'emparer de Mademoiselle ~ Lestl'ange S8iIlB qu'on pQ,
SOUpçOO'1!!l!l' les auteurs de cet ooIIièvemenli don~
le baron
rêva.it depuis qu'il éLai' li. Pada et qui réUSSit au-dell
des souhaits du bandiit.
pas être Il mol.
DEUXIÈME PARTH!
Renée de L l'stmnge, enleYée pendant la nuit de la pt.!ttl&
maison isolée qu'elle habitait, avait été emportée par
ses ravJ.sseurs, évanouie.
Quand elle revint il elle, elle ét.ait seule dans une pièce
écla.1rée il l'électricité, une pièce très richement meubl6e.
mais avec un luxe de si mauvais goût que son asp~
causa il la jellne lemme une pénible impression
Mals cela encore n'avait pour celle-ci qu'une blel!
médiocre lmport&nce.
Elle sentait qu'elle touchaU li: une heure grove cL dé
cIs1ve, car sû.remenl elle n'aovalt pas été amenée là ôIUlI
but
Elle 4va~t
l'impression, IW cont.ra.ire, que l'homme qul
s'étaU emparé d'elle ét.aU celui dont la haine pesaU
depuIs longtemps sur son extslence et qu'elle llCCUSW da
la. mort de ceux qui l'avalenl almée, l'homme réroce qui
ne lui avalm valu que d. deuils et qu'elle n'avaiD jamal.
plil saIsIr cl faire chlltier.
C'ét.aU lui qui allaU saM dou&e panUre devant elle.
et elle serait mise enfIn faoe Il lace a.vec le monstre 1
EUe ne S81VIlU pas encore al elle deval' ,'en épouvantllll
j)u s'cn :r6Joulr.
CepencLa.nt, l'attente se prolongeaiL, augmentant l'anaoisse de Renée, I)()W' q1d les rnlnulea semblaien\ 101J.l
gues COIll:llle des heures.
Elle n'</l.vaiL pus bougé de SOlI fauteuil, car elle 81 seDo
tait latiguée oorriblemen\, e' elle avait hAte de ~
du cauch.ema.r dans lequel elle se débattait
Mals la pièce continual' • reata' ~e,
e& pereonne III
l'y moo trait.
e:xPfÜDel't
Enervée au dell de to\ù œ qu'ou _
Renée se décJc\a li se lever.
Et elle 61Ha.fl se promener dans le salon pour tAcber ~
seooUl'r le malaise lourd dOBL elle éLail acca.fllée, QlJ....
elle vil 100 porllllrl'S de velours sous lesqlwlles les por\M
êlalenl dissimulées, se soulever lentement, el une !MI
se mon \.Ni , si mon.<;ll'ueuse, si horrIble &veo 188 es..
�Irj.o('~
ses joues et. le flamboiement de ses yeux
de Lcstrange ne put retenir un cri de
MIl1lrl:se el de fe:nmr même.
La WAJ eut un sourire boITlllle, eIIllPreint d'amertume
et d'ironie.
EL W1C voix dlL .
- Je vous ad fan peur 1
Henéc s'é1A:tlt ressaisie.
~lIe
prouonça :
- PeUl', non ... J'al été sutJl'l'ÏSB, voilà flou!.
Elle sc dU :
- Voilà !'hmUIle, l'anneml sans doute.
Et elle fit un violent eUorl pour rester 011dtrcs&e d'ellelivide!;
~
<J,. braise, que Mlle
même.
que Je ba.Cepe.ndfmt le personnage, qui n'éLan ~mt.rc
ron Pil.ur, tl:\o.it fait Quelques pas dans la pièoe, s'aVl!ln'
ÇUllL vers Henée qui reculait tnstlnol.ivement.
El, quand il ful prèS d'elle, il dit de SOll e.ir narquois.
- !'\<.: VOlIS défendez. pas. C'est l'effet que je prodws
aroilUliramcnl. J'y suiS babltué.
La ]\!une lemme le tL"a d'un air de mépris et. dc1IUlJ1da :
- Que vouIez-vous de nWi, Monsieur, car ce n'est
pas pour rl('l) sens doute que voue m'a,vez fait. ('nlevcr
pQ;r des hClOmes Il. vous et empr1sonner dans cetle ma!600 ?
- Cc n'e9\, pllIS 66ns motif, en effel, dil le DW'<1:l d'un
t')n JégèrPlIlcnl, S8J"donique, et, si vous voulez bicn m'écouLer. {.lUS li 'allez pas tM'der à êtro fixée.
je ne sa.I8
" Mais (1'l/I.1oro, Mad'alIle ou Mademo~Ll,
pas.
_ l\Iaoeulüiselle, dlt. Renée, qui ne pouvall dissimuler SOIl meplls 0\ 500 d~goat.
_ Mauelflolscllc donc, dit le misérable, qUi sembill.
éprou'er !lue jo-It! mauvaise en prononçant C(J mol, veuillez prcOIj)'1) 111. peme de ,'ous asseoll" , car ce que V()US
allcz clllen<1l'C s&ro. long peut-ê t.re.
Sans Il pundl'(), Renée sc laissa tomber sur un sit'.ge
comme {ln(.'/~,c
On ne sauraIt dire ce ~rui
se passait en elle.
Elle ne connai!;SUil PflS cet. hommf'. Elle ne reconli~8saiL (." oc "ISIL 'e, rnais eile se di5a.lt quo ce monstre
n'é1I1ll œI'laincment. p66 un Inconnu pour olle. quo
c'()btt l'ennemi, l'homme Qui lUi avait lait. vet'8Cr tan'
larllle.;.
~
El clic
d 1andnil avec terreur c qH'1I allait. exiger
d'elle el })Owquol il J'avait 6ITacbée 51 violemment B
lia solitude.
QII611d Il 'il sa victIme assise, le bIl.ron s'sssit Il 60n
tour, ln l' li )l(' fuL pus long il 1>0 relever.
c. p](,:e il )100 Lrop vivo exall.allon POlit deIl ~il
.mCUl'ru' »rurN>bile,
11 (-wjl v Lu 01 L 61égammcnt et avec assez de goOl,
bien qU(' St! (:rU.HLtc et ses bijoux lussent un IMlU \J'op
:w'oya.Ilt.s,
J.::t il commença en ces tennes :
- Il ) aVilit auLrefoia ; ceci, s'intcrrompll-Il, DODlmellon OOIMHl \111 conte, Il y aVfllt aul.rrJ()ls, dans Wl pn.y.
~e
JI1 nOIl1l1l\!ra! pail, ulle Jouno IUle si llclle, ,0;1 nudessu,:; d() !.oules les 6ul.r08 femmes, quo nul ne pouvait
la voir MWl l'ndlUlirt!l' eL qu'on se Io.t. mis il genoux deiYft1It elle comme ca.ranL unc dlvlnlté. Mais oette jeune
.we, lIàre de !!Ill beauté. flèl'n de son ra.ni, <W 68. rlclIesse,
De rogtU'dnl[ 'Ilèr Je.s pauY1'CS hères qui pllMalenL AUP"è!I
d'el.l.e s'ils D'ôlAieD\ pas du même l'6lllI BOCIaJEn ernenù.l1nt ~
parolca, Reulle .v61& plU Petl •
llOu,
Bile
- Ab )
1
lrWIqu
1I8Ilt e& s'6(:1'14 :
pu Lrom~
1 C'.
bien vous 1 homlll !
- Q j kKlnll!U 1 s' rtn le baron, .urprta,
- V()I~
IA~,
1 UliS 'mhle (lUe j'al OI'6ve.cbé aulrrefota f
C'. cela
• vou ullcz me raconlor T
OUI, C'08t celn, Olt le baron. C'oaL (Jll ou.Irt~:
qlll
al est r
ur MI cœur el quI 4 empoisonné wu vie,
DIOII lnSUo<lI. Il' m'avall
que Je \Ou
VOUd r&ppeJor.
-
Eb DilI o'ost m.lL, dU Renée, flévreusemellt Je
.-a. ITIIUt ' liant, qUI voua 6tœ, eL '" que vous avu
-."L, ~
\18
q
VOI.W
v»ulec,
- Non, vous ne savez rien, dit le baron; rien du
molTIB de oe que j'ai soufiert, du mal que vous m'a.vez
fait., eL de l'annour que j'avais oonçu pour vous.
- Et. je ne tiens pas à le savoir, dn 10. jeune femme,
vivement.
- Vous le saull'8Z pourtant., car je ne vous laisseraI
pas ailer mo.lntenant sans vous avoir tout dit., sans avoir
déchargé mon cœur de Loute l'affection qu'il a contenue
d'abord et de toute l'amert1.1Ine et de toute la baine qUi
s'y sont oIl8Ss~e
ensuite. Je suis le petit 01llV:Mer que
rous avez dédaigné autrefois et outragé. Et cet outrage
8. décidé de mon sort. J'ai voulu devenir riche et puissant lpClur me venger. J'y suis arrivé, je ne V()US ppindnd
pas quelle vie sauvage j'ai menée. Cela ne VOllS inLéTasserait plIS. Que peù'verut vous faire les souffrances
d'un homme qui n'est pas né et. à l'amour duquel vous
repondiez pal' un coup de cravache? POlO'tant, je ne •
vous avoa.i.s pas offensée. Je vOU\S aimais trop et de
trop loin pour que mon rumour pm vous offusquer. J'étais
si heureux a.lQrS de vous voir quelquefois, de m'endormir en pensant. à vous! Vous ne saurez jamaIs combien je vous a! aimée, avec quelle passion 1 quelle pussion l1J'denle et sauvage/I Je ne vivais que pur vous,
que pour vous, el je vous aimais ainsi SfU1S IlIvoir l'ospoir que mon amour rol un jour, non pas partagé, mrus
connu seulement! Je me voyais si lo'in de vous 1 1\1ais 11
m'ét.,lil impossible, malg;ré tout, de chasser de mon esprit volro pen.sée, et je n'avais un peu de bonheur qlle
lorsque j'espérais que j'allais ~ut-êre
vous rencontrer
et vous apercevoir de Joïn, de très loin. Ah 1 combien
j'enviais ceux qui avalent le bonheur de pouvoir ,'ous
approcher, vous parJ.er 1 ELide quelles jalousiA8 j'él&1s
d6vor~
!
Renée nt un gest.e.
Ma.is le baron l'arrrêLa.
- Oh 1 je vous en prie ,écoutez-moi jusqu'au bout 1Vous
ne paurrez me comprendre,vous ne pourrl:'z me juger équitablement que .lorsque vous saurez cc que j'ai souHor1.
alors. OUi, je vous aimais! je vous aimais comme on n'aime plus. et d'un amour, je vous l'ai dit, sans espoir. Mals
3e vous almnls t.J'Op pour n'avoir pas le désir que ce~
amoU'l' rfit. connu de vous. Ah 1 si vous saviez COllllbien
1'6.l lutté, queLles nuits d'Insomnie j'al pa.'>Sées avant de
me décider il 16 tentative que j'ni !alte, tent.atlvc bien
Innooen1e œpenclanl et qui devait. a.voir pour mOI un
s:\ cruel résultat 1
Renée vculut encore inlenI'omp.l'e son ancien o.dnr6.
leu:r, mals celui-ci de nouveau l'arreta d'un geste.
- Je n'al j6!!l1ais oublié œ jour. Je ne }'oubllcmi jamn.ls. Pendant \.QuIe la nuit j'avals Jut.té. Je m'étals dit :
o'cst. rou œ que tu vas Iall'C là. Cet.te jeune fille ne peul
pas l'aimer. Oelk~
jeune fille ne t'&:<'!ulera p.u..~, Je ne
pouvais j){lS deviner cependant qll'cUe JI~
l~pondrL
oommll olle devnlt le faLro. Jo sHovais que V0tJ.6 deviez
8Or1.Ir, oil vous dclQez I&~er,
t~l
aprrs mille comba.lB
qui Orent do ma nuit une tmgHIlIu inso'mnle, jll ml) levai, décidé Il. vous fulre &lLYoÎl' QU<3 j'existoftls, que l'IullOur
emplissait mon cœur, Ull alJlour k~s
chust·, tl-ès rmr,
dont }limais Je ne vous nu.l1/1 is rCI '11'1' ['nsullc el dont la
seule Id(;() fJ~
vnl~
le oounul!;si-ez (101 suffi Il. emplir de
bon heu l' h:! roslo de ma vte 1
Quelle heile Journée 11 fiL ce Jou.r-Ià 1 Quel 1>l'nu soleU 1
J'allai vOUt! aLlP.nlll'o OIUlS vntŒ pa l'C , bl'fllllulnnt d'une
6moLion IIllle Qu'li 010 eemblmt que j'allais mourIr. Loo
OÏSL'1lIlX cllant.alenl à gorg déployéo duns les brafH',hœ
6u-doS51
do III l, ITWlIJ! Il., no oltnnlalenL pas oII.l.NI.Qt qoo
l'amour chlU'ltalt <I0118 mon lime.
1.0llUO d'arJJIIstos pollll'
Je m'ôllnls dl simulé ,1l1ns un~
t!Ouvoil' VOliS tl,lImirCI' tout. il mon /1)5(1 saRS {\II'l' dl ~'ÇU.
Wftl VOU8 ne ven1~
pas, l comme je !.rQUV41B le
tern
IOllg!
Ile lOt! à1suIIJ, al elle ne verma PlUt ~
Mau je ne poU.V4ls pM m'I
nm- que oelo. rtlt ....
Blble fJUl~
Je /If} VOIlIi vis! IJoILt!
10UI'-I'.
J'avais \ln lt'OIJ gl1U1d désu' dI/lIS apo1'(~.
Je Ile vl\'nJs lIlI'cn oot espoir.
EnJln vOua m'.n~)[lI1Q
Je {I! quo VOlIS m'l1ijlpnl'Otes,
oaJ' œ (uL p01l1' mul une vérlL6.hlu ftllparlUon, une TiaIOll
l'&ÜellSC eL t1lvlno,
�.sanctir~
d-Amour
\Je vous vIs venir de fort loin,
Comme vous étiez belle 1
Je me rapel~
encore les détails de votDe wUette, la
1fa9Ol1 dont vaus étiez coiffée et je vous vois comme vous
êLlez ce jour.lil 1 Vous avez il peine chan~.
En disant ces mots, le baron contemplait Renée avec
~
yeux si i8Jl'ue.'1ts, si extasiés et si gros de désir8
ID même temps, que la jeune femme en tut oUusquée.
Elle mllll'I1lura d'un air fIl'Oissé :
- Monsieur 1
- Oh 1 je VIOUS en prie, tU le baron, ne m'lnterrom·
pez pas 1 Laisse'l·moi continuer. Vous me direz ensuite
tout cc que VOliS aurez à me dire, et je vous écouterai
&c!!ement.
Donc, vous veniez vers moi, éclairée de solel1, si miracu.Ieusemenl, belle que j'cn étals tout ébloui.
• Oh 1 qu'à ce moment je vous a!rn'8.is 1
Vous m'auriez demandé mon sang, ma vie ... j'aurais
~ut
sacri!té pour vous 1·
Vous 'teniez très lentement, IlVec votre cheval mar·
dmnt à côLé de vous, car vons aviez mis pied il terre.
Alœ-s je jugeai le moment propice.
Je me hlsSii Ilors de ma cachette.
:Je lIll.'avançai, el vous savez ce qui s'est pa.ssé ensuite.
- Oui; dit Renée, et je ne le regrette pas.
- Vous ne le regrettez I)aS 'f
- Non, car VOliS n'aviez pas le droit de me parler
llOmme vous l'avez fait:
.
- Que yom; ai·je diL qlÙ ail pu vous offenser?
- Me parler de votre amour, vous que je ne cormais&a.is pas, c'était m'oUenser.
•
- Pnrce que je n'étais qu'un ouvrier, que je ne fat·
BILls ])36 pa.rtie de vot.re armée de courtisans.
- Je n'avais pe.s de courtisans.
- Ils pouvaient vous en parler tout à leur aise, eux,
i1e lellU' amour, matin et soir, el aUClm (l'eux ne VOUII
e.lmalt comme !" vous aimais, je vous le jure bien 1
- Je n'ul laissé me parler d'amour qu'à l'homme qui
devait être mon mari.
- Le siew' d'OrUs 1 s'écrIa le baron avec une expresBion si haineuse, que Ronée en Iut !Nlppée.
- Oui, M. d'Ortis, dll-elle en manière de rIposte, M.
tt'Orus que j'aimais et que VOUS avez fait tuer
Le barD!! sursauta.
- Que j'Ill fait tuer, mol J
- OuJ, vous l'avez lait Lucr comme vous avez faU
'tuer aussi iIll:m autre fiancé. Et J'en suIs ccrlnlne maIn~rul.1t
Ln façon dont VOllli venez de me parler en es'
une preuve pour moi?
Le ba.rDn l'egarcla Renée et ne répondit pas.
Au oolLL d'un instant seulement, II dU :
- Nous nous OCClll'eJ"ons de CClll Loul il l'heure, el je
8I1Ul'ai me d~f!:nrc
contre d'aussi absurdes accusations.
J 'en reviens il ce que je disais.
Parce que votre vue avall faH naUre en mol un amour
,kiont je n'éLnis pas mflllre, que je ne pouvais pru-venlr l
c"hw;ser de mon cœur, vous m'avcz tr6vaohé COIDme un
manant.
Ah'I ce que j'ru sOUrrf'..rl alors, vous ne pouvoz vou.
t'imaginer II'c-r.-.onne nI' {>t'ut s'cn Inire même unr lrlée 1
C·éI.aU de !'hllmlIlsJlon, dc la ro.ge, une, tortul'O sans
Golll, ulle torture dont je ne devnls Jamu.ls guérir ea
qui, tL œtle hellil'e encoro, l'.st te tourment de ma vie 1
J'oJ toul ponr être heureux, une richesse presque iD~lc,
el je n'ai 1)1J.3 une heure de Joie.
- Vous êtes Mvoré par le remords, (1, Renée.
-
-
27
4
Le remorLls 7
Le remords de roue VOl rorfalta.
Le OOiron sourIt flnll"!remcnt.
- D!Ù)S le regret ue n'!lvolr pli être aimé.
- Et qll III' femme, S'éCria Mademoiselle de Le.st.I'lJngù,
nasporoe par tnnt d'audace', quellc Cornille aurait pu a.I.
mer un mlr.érable \Ill IIUI' VOliS?
- Je n'étals pliS un mis~rnblo
qunnd Je VOliS /limais.
pulsquo VOliS aillez le devenIr. Un
- V01A9 l'élit!'? d~JI
b onnOle honlmo n'l'Ol jn.nHl!g fnil, même pour se veD.
PI', ce que VOII" a vez lalt.
- Et qu'ui J~ clone. fu.lt 7
- Toul. ce UOIl' Je vous accuse.
--
Et de quoi -m'e.ccusez-vous ,
,
D'avon- faiL assassiner M. d'OrUs.
Bon.
D'avoir fa1t assassiner plus Lapd M.Len!anl.
Je ne me connaissais pas tant de puissance.
- Dites de scélératesse.
- De scélératesse, si vous le voulez.
Le baron avait écouté cette double accusa Lion avec un
eounre d'ironie sur les lèvres, el quund Hl'née euL ter·
miné, oc sourire s'accentua, ù118:1S il nt! répondit pas.
Et entre les lieux interlocuteurs pesa un lourd si·'
lence.
11
Puis le buron murmw'8, Lrès calme:
- TouL ce que vous venez de me dire, madame, ces
deux accusations portées con~re
moi, je les avais en·
lend u proférer PIlIr d'aut.res bouches. Elles ne m'OJll.
pas troublé, mais elles me SOllt plus sensiblcs, ddtes
püIl' vous, aux yeux cie qui je ne voudrais pas passer
pour un Cl'iminel, car ce grand amour dont je vous ai
ipIIJ'lé n'.a pas diminué en mol. 11 semble avoir cro., au
OOIDt.ralre, avec les années.
- MÛn3leur, pr:ltesta Rp.née.
- Laissez·mol parler, madame, je vous en prie, puig.
que j'ai trouvé l'occasion que j'ai cherchée pendant dasannées de vous enLretenlr.
- Une oocaskm due !I. un Nl.pt odieux 1 eL je voa
bien que tout ce que Je viens dt! vous dire es\ vrai 1
- Que je suis un assassin, que J'al tué ....
- Et qui Ferailrce sf ce n'est pas vous, qui venez d~
m'avoner vobre amoUir et votre jalousie T
- On peut litre amoureux et jaloux sans pour ccII.
devenir un meurtrier.
•
- Qui donc aurait fait assassiner ces malbeurem;. i
Qui avait Intér!t 0. me sépaJrer d'eux, sinon un homme
sirolé par le. passion T
- Ce sonL d'indignes calomnies 1 1e lI8Js que ma 101'·
tune, dont je pliis halllement avouer l'origine, oUusquc
bien dœ gens, et si l'on avait pu acquérir 10. moloo('l'
preuve de tous les méfaits dont on m'accuse pour m'Ilc·
cabler, je ne serllis "pas à cette heure co libc.rt.é, Je vous
l"aIflrroo. Une seule obose est vraie dans tout cela,
marlame, c'est mon profond 4IDOur pour vous et mon
1ooltl'Mble dévouament.
Renôe rr6mH tout enl~.
Une indignation la sou leva.
Et, devllInL ces protesta.tlons odluUS08, elle se sen~i1
prj,
ee de tous 1>1'.'3 soupçons, d~ tout son m ~pr'.s
- Ah ! s'écr!a-IrcIle, Je voill blon maintenant que klu'
ce qu'on m'a dit est vrai ,que vous étes un ignoble or
mlnell
Le baron tressaillit violemment
Il étll i t devenu lI'lIDe pIl.leu ,. li vide.
Il Mgay-a :
- Je vous suis a cc point 001 !llll: '/
Plus odJcux mnlnwnant, aprl'.s OC que "ous venet
de me dLre, qUI' Loul ce que )e sn Il rais f.'!xprimer, Gal' )8
cro!, tout mal~onL
Le ba.ron t1canll.
Il rogardlO. René!' d'un n!r de dW ~l de 'Irura :
- Eh bien, oui. C'C'lt w:ti 1 J'til rOlt 1., ut cela, nUolt.
par mon amonr p.our VOliS. pnr nl\' ~SÙ!I
de vau.
gonncc. Ah 1 vou- an'? payé cher J~lÙ.
ma 'Ilc darne,
\'011'<: eoup de crav/lchE' 1
- tlllséT;lhle 1 crin Ilt'née.
- El ce n'pst f)ss Ilnl. Mil vengeance ne laU q'Ile OOIDmencel'. Pui 'I(II!' \'0\111 le prenez ainsi, puisque je ne
puiS vous IMpll'er qUI! tic l'co cC!·o.tlMI el du mérrl9, je
ne désanne pns 1 Et \ (JUS ne SOrll.re2 'PlIS -avant dt
lll'u\'Jlr raU des eXClI.s'oS, avant de vous êlnl, VOUl!l iii
upl:JWc devo.n~
lnol 1
org1Jl'llleuse el SI l1~r,
lien (' 50 o.rc sa illl (JI III 'III, •
- Aplone de\'ln~
VOl! 1
-- Tluillèe à lIW' P 'li
-Moi!
- Vous. Pu~'qe
vous lue \lrait.œ en Cl'JUl nel, 1'a81M1l
�28
=
4W- OI'imine1. Et je n'ai J'ien il redouter, Je yous ~n
prévIens : Je n'ai lien il redouter de quI que ce SOlt, pas
plus de .La polloe que de Y06 amis eL de vous. On n'a
IlUCWle preuve contre moi, et personne ne peut en acquérir. Quant à vous, j.8mala on ne saura ce que vo~
êtes devenve, comme on ignore ce que j'al falt de M.
(le Kér ad ec , un auke de mes ennemis. Taus ceux qui
se sont .atLaqués à moi ont éLé frappés 1 Ah 1 V<lUS ne
IJavez pas quelle est ma pui.ssence et quelle bête féroœ
vous avez fait à nouveau de moi, qui ne demandais qu'à
me rouler à vos pieds, et a baiser docllamen1l ~l.re
ma1n1
Renée eut un sursaut d'horreur,
- Baiser ma main 1
- Je parle au figuré, rassurez-vQ'US. Pourtant vous
tics en mon pouvoir, e~ si je voulais ...
- Vous ne m'auriez pas vIvante 1 oria Renée, éperdue deWllnt cette idée. Je saurais mom-ir avant 1
- Si je le voulais, rlcana le blll'On,
- Je sUis maîtresse de ma vie.
. - Pas maintenant, et vous ne pourriez vous tuer que
.1 je le voulais, car vous êtes c.n mon pouvoir, et vous
~ êtes bien! Nul ne salt ce que vous ê.f.es devenU'e, et o~
<lus êtes, pas même vous. C8!r vous ignorea; si vous êtes il
Paris' dans mon hôtel ou dam; un des nombreux e.hât.eaux que je possède en province.
- Vous ayez pris vos précautions poUd' cela, diL Renée,
• n me faisant œnder les yeux.
- Donc vous ne savez p6S où vous êtes et nul n'est
mieux renseigné que vous. Panni ceux qui v-ous cherChent, personne ne sait où je suis, où nous sommes, et
Ile le saurait que si je œ voulais bien.
- A moins qu'Ils ne pa:rviennent il vous découvrir.
- Je les en défie el j'en défie LoUIS les pouvoilrs humains, comme je les délle aussI d'avoIT une preuve oontre mol 1
- Vous venez de m'avouer, dit Renée.
- Je vous ai Lout avoué, oui, mais je sais que vous
De poUI'l"eZ pas m~
dénoncer 1
Ces paroles furent dites d'un wn si assuré que 1&
"une hLle f.rissonna.
]$Ue pensa :
- 11 V.:l me tuer 1
Le baron svW-IL.
On eOt dn,t (ru'il a.vBJit lu dans iJa pensée de 60n inteJtlIDou trIce.
- Non, je ne vous tUe.!·al pas 1 Je ne tue pas les
Itmmes, et d'allletll's j'al toujours l'espoir.
- Que je me sourrneUral '/
- Quc VOliS me demanderez grace.
- Jamais 1 crJa Mademolsolle de Lestrange.
1 'ous Je verrons bIen, dIt le bu.ron de son air Impe.sslble.
/1 wnna.
Un des colosses à SM service parut aussUlOt.
- Reoondltiscz modame, dlt-iJ, et aycz pour el18 t.ooa
.... Ogarcls dus il 5!l. beau~
ot à son midle 1
EL, souriant et narqtlol.s, Il dispw'ut.
Ren~
demeura seule .avec le domesltlque, dans 'écl\r~e
dont tous les ors Q·utllu.lClll.
Elle éWiJt en proie fî un désespoir lou, et o.btmée dolI8
lIIl abattement pl'olond,
L'honune venait de as revtller il elle toI qu'il fJl41t,
"Me
..uel, Impjwyn.lJlc 1
J!:& clio voyo.lt bien qu'Glle n'nva.lt, as>rès ce qu'eUe
lPDollJ.&iail de lui, 1lt.'Cune pitié il attendre.
C'étnIt donc la l'homme pilot' Qui elle avait tant fI,~tlr
~'elt.
",t. l'bollunc Cl qui e.lle devaIt la rnorL des deux hommee
eOt aimés 1
Q)mme k misérable s'éta.lt veng6 1 E' ce n'êt.a.l\ p6I
lot? o.vl~iI
dit.
Que mMit.a.it41 (jonc enCONl'Y
BlIe étaU à sa mercI.
Sa furt'\ll' était déChalné, ~ Il avruL déclaré QU'" Dt
lIJd,ou lai t rien.
& rAlla semblait bien êtnl la véri~.
Nul, le montitro l'anlt affirmé, D'avaii ct. ~
.nt.re luI.
:Almrb6e p8Il' wutee OU l)eneéee, ReD6e _ 11 . . . .
oll 811e é&6K ,
_lié
Sanctuir~
d'Âmour
Elle demeurait immobile à la place o~ le won l'a.v~
J.aisSée.
Un mot du colosse la rappela à la :rénli~.
- Je vous attends, mada.me, d~t
!,h<lmme.
Renée eut un sursaut comme si elle se réveillait hrusquament.
Et elle dit :
- Voici. Où me conduisez-vous?
- Madame le velTa bien 1
Le co10sse ouvrit une porte.
Et Renée le suivit.
Elle n'avait ni l'idée ni la force d'essayer de résister.
Elle était sI aocablée Q1U'elie ne iP<JII1vaiC même plua
p&rler.
C'était une paurre chose Inerte.
Trop de douleurs, trop <!'angùÏSSes de Lous genres l'acœ.bl.a.i.ein.t pour qu'elle pat essaye:r de réagir.
Elle se laissa aller comme un nageur épuisé venant
d'être prIs prur un courant brop fort et qui s'abandonne.
La porte firanohie, Renée de Lestrange lIlliILI'cl!Ja derrière
son guide, le long d'un couloJ.r éclaliré I)aa' des becs
électriques -et couvert d'un tapis pomptueux.
Il lui ét~
impossible de se rendre compte si elle élalt
clans un e.hil.teau de 'I>I'ovince ou dans un hôtel somptueux, à l.Jaris.
Du reste, elle ne cherchait pas il. le deviner. La pauvre
famme était incapable d'avoir une Idée .
Au fond d,u couloir, le col-osse ouvrit la porte d'un ascenseur et inyIta Henée à entrer dedans.
Celle-ci eut uni.nstinctif mouvement, comme Gi elle
ll.'vait en1d"evu wud-ain un dan!3()!', mais cela ne dura
que l'e..c;.p6CC d'un éclair, car elle était incapable de reagir conLre son accablemenl
Elle prit place dans l'a.soenseur et quand wn guide
se .f ut p.1acé près d'elle, le mécanisme se mit il descan<!Te très lentement
Renée W1aversa un palier éclairé, puis l'ascenseur sembla se posar dans les ténèbres.
&Jo:rs la jeune femme sentit un lriBson la traversel·.
Elle eut l'imlJ!'essioû qu'on la menait dans un abilne,
et de nouveau elle eut un léger m<luvement de révolte.
Ell<: demanàla à son compagnon ;
- Où me menez-vous 1
L'-au'Ill'e II'é'ponctit ée qu'il a\ll.it répondu déjil
- Madame, le verl'a bien 1
Renée, en se voyant enfoncer dans le noir. eut un <lIi
i1wolontai.re pour ~p]Jer
au secours,
Son guide murmura ;
- Il œt inuflile que mad.n.me crie, Peroonno n'ent.ondro.
ma(ll!lTlW.
!lenée se sentit envo.hir POl' Ulle terreur aITreuse.
J.::lle s'éoria :
- Mals c'est abominable 1 Oil .wJs-Je donc t Da.n.s
quel l'epa.lre de bandi1.'f
Elle avait retroulVé un peu d'éner~
et se .reblUalt·,
le Dn.
Mals J'homme ne parut po.s même entendre cc qu'elle
dl66.lt, et l'AScenseur contlnurut ll. d.œcendrc, le1tmon~
!.oUjours, mu.ls Jnex-ornblement, COllime la tulialitO 1
Et Renée comprit qu'elle éLuit perdue, qu'ollc n'aval\
plus rien à aLtendre de son bourreau, et olle sc demanda
ce qu'on allait faire d'elle, duna quel œohot II.fIreuat eUe
seruH bIentôt enlermée .
L'asconsebll' il œ momenl eul un léier déclic et s'er.·
rêtn.
Renée se sent.a.H cnveloppée d'une o.I.mosphère humide
et lou;rde, une wtmOlSphoce de cave,
Ello comprIt qu'clle ôtait descendue très bas lOua tern,
'" Jœ ténèbres dont olle étaU en'Veloll(pée scmblluent de-',
w,ous plus épaisses, plWl oompao!.os ,Il lui éIaII i.:m.IlOI6le de rien dJ.9Ungucr o.ut.our ù'elJa. .
Do l'P1W6U cri d'a.ngolllSe et de cWtTeB80 liI'él.l'4Ilgla '
dans _ gorge, mat.a ri. ce moment .IOn com~n
Da un oommuta.1.eur élooll'Ique et 10. lumière 80 fit
.
Ya1a ce\w lumière oolatnl des Ohœœ si a.ffreuse6 &le
IIIW'S ootn 4rt humides, des fera rou11J.œ, dtlili e~S8I
'
1Uln1lllot.es, que Mademolaelle "- LealnOQe ne pull J90 1
tenir un geste de déiOOt
0\IT1II1 • wrM de
Le "*- ..~,
t.o\II'- :
r....,..
�29
Sanctuaire d'Amour
Il invita Renée à sortir.
Et cene-ci mit les pieds SUl' un sol visqueux oL glissant
où elle eub peine à se tenLr debout.
L"Mmme lui prit le bras pour la sou!.cnir, mqis e11.e
se ~gae
bruSquement, avec un instinet.if sénLiment
de répmslon.
- Ne me Loucd1ez pas 1
Et l'aubre, vexé, ],a la.lssa.
Mtl.ls il OII'do.nn.e. à la plIlsOnnière G'e le 5'U.ÏVire.
Celle-cl refusa d'avancer.
- Je n'irai pas plus loin, dit-elle, avant de sa""lr .>U
l'on me mène el ce que l'on veuil fa.ilre de moi 1
_ Vous m'obligerez donc, madanw, dit l'homme, à
:vo uP P.OrIer 7 .
Et 11 Lendit ses énormes mains p<l'IlT saisir la prison0001'8.
•
Renée poussa un cri d'hQrrour.
- Me porler 1
Et elle se vit déjà dans les bras de cat homme.
Elle CIf1a :
- JamaBs 1 Je vous défends de me toudh.cr 1
- Ma.rcnez, alors!
- Oui, oui, tout, plutôt que de me laisser saisir par
yous 1
L'homme lui indiqua. le chemin qu'elle devait suivre, e~
JI ouvrit devant elle une porLe solidement verrouillée.
Hen:ée pensa :
- Voilà mon œohot 1 Voilà l'endroit où on va me
....Isser jusl;u'à ce que je me sois décidée à obéiŒ' au
mons1re 1 •
Mals, Cl oerte seqle pensée, un long frémissement la
trI!:verso. et elle protesta ep elle-même :
-- Joamais, jamais, Plutôt mourir 1
La p.auvre femme sentit son cœur 5e serTe!" si aftreusem~nt
qu'eUe crut qu'elle allait mourir, en effet.
EI~
fut prise d'une fe.ible.;se et dut s'appuyer au
dlfuXlbronle de la. porte pour ne 'Pas tomber.
Son oom.pe..gnon revint SUl!' ses pas pour .te. soutCI1ir ;
~ais,
en le voyan~
s'approcher, Renée se redlJ'essa bl"lltl-quement :
- Je WIlI\I suAIs, dlt-eJ1te.
Bt elle trancllft le &eull de la porle ouwrte.
Elle se tl'Ouva dans un caohot. en eUet, mnis dmls un
cachol moIns aIfl'eux qu'elle l'avait SIlPO~·
11 éLaH éclairé à ]'êlect.ricité, car son ~,oItducelir
venait de [oirc lInmber les amp-oulcs.
Et \1 lilial!. meublé d'un divan oriental, tout couvert de
OOUSS!ns aux couleurs éclatantes, d'un grand lil, d'une
t1aoe !l. trois pans, d'une t.abJe avec ce !.lu"!l faut [.cur
écrire el d'une table de tolletle en marbre blnDe, burchargée 00 lIaCOr18 de t.o ua genres.
. On donnnil Il Hené>e de quoi soign9r 60. beauté, el ello
ItpOrçut dans un ooln une paUte blbllotbèCJu.e a."ec dt'B
livres brocMs.
- Mada.me volt qu'Il 00 lui manquera rien, dIt t Renée son conlpagnon.
Il &J01lt. :
- Èl Il lie tlcnl qu'à Madame de QI! pas fuler !/:luSLemps IcI.
• Madame n·aura. qu'à, se montrer mJ.eonna.l:.de.
Renée ne l'é'pondit pas.
Efle tllta l'nomme avec uXl regard fil bllutaln e~ Il dt\dalguQllx qu'U o'ajmli1Al pas lino parole ft "fn a!Jo..
, Me.deruolseJ.le (I.e Le6lrange reaw .cUle,
Elle enU:lldlt lo. porte se torruer sur elle avec \ID
grand bro\L de verrous,
El!'! se J \.Il sur 10 dlvl1n et sc mil ~ (,lourer.
WolldomlOcnt. Inngu6llloot. &e I~,m
ntan'
Rlle ~ca
sur l'alCl"OUllC dcstl.n~a
qui aval!. été 10. sienne, et sc 00IJ\n.MtUlt sl I{I}Ch Ues heures dQ jo:lle
nnernftQn! un
100\1.'1' pour olle.
Elw n'y (',am~
guàre, EU ne ranpWt p1Ul'l &Ut' ri n
el ~L1
en prolp
lin n-ooc polI' plu... profond qu'Il ne
1i000.art ~8ibl(!
d( l'Imaginer.
111
En sort.a.1")t de son entrevue avec Mademoiselle de Lestrange, le baron Pilo.r pMSa dans son cabinet.
Il é.talt mécontent de ltù, car il se sentait plus loin qUI
jamaIs de celle qu'il avait almée si follement et qu'II
aimai!. toujours ou plutôt qu'il désirait plus ardemmelÜ
que jamais, C/1l' il étaIt maintenant inca.p6.ble d'aimer
tout bon sent.iment étant depuis longtemps morb en lui:
La Jalousie, la haine, la soif de vengeance avaient fait
de lui le monstre mûral qu'il étai~
devenu, comme les
hasards de la vie en avalent faill un monsllre physique, e'
on ne savait pas lequel des deux monstres était le pItti
eUroyable.
Il ôtait mécontent de lui, car il avait <lit, emporté .~
la colère, des choses qu'il n'aul'ait pas dO dtre ;11 s'étaIJ
laIssé aller Cl dcsaveux qu'il lui aurait falJu -laLre il
ûout prix.
•
li avait dévoilé devant cene qui n'aurait ja.ma.ls dO en
C(I[lIOJaîLre la hfdeU!!'. le fond de 58 v.malne âme.
Et maintenant qu'elle savait quel Qtre norrible il êla~
de quels cri:mes Il s'é!lalti rendu COtlpable, jams.ls li n'en:.
tendrait, quoi qu'il fit pour elle maintenant, un mot de
pa.rd.on eL de piLlé.
C'en était bien Uni des espérances ~oles
qu'il aval'
un momooti con~ues,
si folles qu'il se demandail à cem,e
heU!!'e oomment 11 avait pu les nolllTir en son esprIt, 10"(..
ce une seconde.
Eh bien 1a.pres tout, cela valait peul-êLre mleux ainsi •
II .serait tout à la haine mainteno.nl, à la venge&Jlce ,
Un ~Umen
de pitié l'avait un instant anrêt6, a.VllÛ.I
prodUIt oomme une lNIlle dans son œuvre de reprée8.l1.
les.
.
Maintenant c'êLait nni. Rien n'interromp.rait plus 1.
cours de .sa. voogeo.noe.
.
Sur œtle pensœ, il pressa SUl!' le timbre et sonma.
Un des colDsses pil'éposés à la ga."'<le de S<m ca.l>incl p50
rut aussitôt dans l'eooadreJrulnt d'~ne
porte.
Le bnron prononça ce .seul moL :
- SéI1m.
L'homme s'inclina et disparut.
S6l1m éLan l'homme à tol~
fal.re du baA'OD, le ~
dent de toutes ses pensées.
C'était. un métis qu'II avait arraché aufrelbls è. UOII
mort fl.fIreuse. 11 lui avaIt VOlté une reconnalssance lnl!.
nie et LI pouvait tout lui demander.
Intelligent, ,habile, doué d'une bravoure li: toute 61>r~
ve, ne connaissant' aucun de oos préJ\liés Sêlim était
pOUl' le baron un aide merveilleux, le ;;1 us , dJaael a' la
plus pr6cleux il. la fois qu'U eùt pu trouver.
Le colosse revint.
- Sélim est $Ort!, malu'6 .
Le b.won eut un geste de contrariété.
- A cette hcure 1
- Onl, one.!bre.
Le bll4'On éta!t habitué &: être obéI ponctuellement •
être servi au doigt sC à l'œil, oorome l'on rllI.
"
L'!homme s'esquiva aU8Bltôt..
Mals il. pelno avallrll disparu que la porle se rouv~'
et !Séllm enl.ro.. '
- l.€ matLre m'Il domandé 7
- Oui, onlJro J'nI il t-: pwrler.
~m
. vtnt JUsqU'RU bUl't.. ' , ùtl OOl'on el se tint debou'
devant.
11 ~tl
-alors que !Ion ma.Itre avait \8 vJs6.ge ltOlk
cl/1uX-.
Ett Il d manda :
-
(:RLn no vu pas, rnalt.rc T
- ros du tou\.
- Mademoiselle de Lœtrsnge ?
- EHe œt là. Je la ~en6,
ou ~
molDIJ je LIaM liOD
oorps. Mele son âme, sa voloDW, ·le ne l'aul'al lam.le,
lamaI 1
- Du moment que l4l IIWIII.re l'a et( IOn pouvoIr.
- Jo n'9 plllB en flÛl'O ce que Je veux' Eh 1 bien, nort,
\.ItI"8Ja la tuer, la coulXlr en Il"\()t'Io,
ie no 10 pu18 pa.s J
ooanx SI1!18 quo poNlonne VU I c mnlnt.onant me nomansou
, Obt P sonne. en dehors de
1er 0CdDiI>\.(l
el. 49 ())UjX qu l' 1 elD.{)loy c~ don.~
~ sulB s1lr co
�30
Sanctuaire d'Amour
me de LoI-même, l-ersonne ne salt où elle csL à ceLle
heure, mais obümir d'elle un moL admable. voilà ce qui
(st impossible désormais, Sélim, entendS-Lu, impossible 1
Et Je be.ron étu.iL en proie en prononÇ8.IJt ces mots t.
lI'le agil.ation exti'ême.
- Je ne comprends p!l.S, !il le métis.
J'ai tout diL:
-
Je me suis
con!~sé
comme un lm.-
Cécile. Elle saiL louL maintenant, ce que je suis, ce que
j'ai faiL. f.lIe en avait le soupçon déjà; mais les preuves
lui mflIlquaient. Maintenant elle a mon aveu. Je suis
pour elle un élire abomini.' ble, UIJl orimtiltreL, u.n. bandit 1
,Et deptUis que je l'ai vue, Sélim, je l'allne ou plutoL Je
la (] 'sire plus que jamai 1
- Le maître n'a qu'ù la prpndre.
- User de violence '/ Jamais' Je ne m'y résoudrai 1
.
- Alors?
- Alors je n'II.I pIns qu'à me venger, et je me ven·
gerAi cruellement, Sélil1i. Cette femme, qui m'a tan! !.ail
.,,1 'fiT, sera torturée plus allrocement qu'elle l'a é~
encore.
It
v
y out un silence.
haron rélléahis....'«lU..
Le. tête en ses mains, li suiv<liL le fil de ses Idées,
des images du passé se dressanL (,.'evant lui, d~
souvenirs et des ranounes.
15t li murmura au bout d'un insl.ant :
- Oui, c'cst elle, c'est son mép:,ris, sa. cruauté qui onl
fait de mol le monslire que je suis devenu, un monstre
sa.ns ~nùrail1€'s,
sans pitié 1 J'étiais né {.lOtir être un honnêre homme, ct j'al mené, jc mène enoore l'existence
cI'un bandit 1 MI8is elle nc peut s'en prendre qu'à ellemtlme, n'cst-œ pas, Sélim, puisque tu sais lout, !of.
puie'FlIe tu. connais mon hl:;Loire?
- ASSUrGnPTlt. Inll!tre.
- E~ lu m'aopprouves?
- J • ,1 ve qU} If' ','3 lre a M trop mfl4!lW.nime. _
Le baron rut un sour're emprelnL c\'W1~
amertume
Il fCr cuse.
Tu <,.·Il"~rp;
l}n peu. r1i L i1.
'e , TIC] J t pr' dllJŒl Œ 1 tn n CSfll'it, ot s'i! tlgis"
'
1 1"'1
III nd sa hninc ~!.ail
en jeu, il n'é!,ail pM
.f' brut
fnit.
Il rI t 'tu ml,> :
- nn sUl-vcrH loujo') Sonla.?
- Olli mat! '.
- Je or> veux rns flll'pll/'! sorLe.
1:lIe ne sarL pllS, n nître.
11 ne (nuL pas surlul qu'clic nU aucune commu-
aliocn I:!.\'CC ce r. or"os Rzim.
ê1re Irar"luilJe,
- Le m.n..iLre ~uf
C..nmment va·l-i! celui-là 1
Mieux, mnitrc.
- 11 l'st Sllllvr'l't
- On pf>Tlse qu'il survivra El son acr.Jdeot,
-- EL celui avec qui je me suis battu'
- JI Vil mieux aussi.
Le baron J'é06chIL un Inal.8n\.
- Voyons, c'est bien trul ce
d:'J' ,
Q\lf'
fi"
'ons,
l:
L:
J
-
~m
... 1 elIc m'a.YlliL uim.:!, j'au7'.llis été bon. :l1ornl.elHtnb
ni Implvmhle
Et il qlîllla d.'ull PIlS hllLir la chambre au pOl' lU.
f., n renard était d venll I.eITibloment rl'UI el se. fr. l
elIl'n \' 001 Le
nlL~
mé< d,al!. il T
Il sc rtNeillll le lendemain d"un sommeil eg'M et peu.
plé de oauf'tll.:mars .
n SOI na et all valel qui se présenta :
-
J'avala l te dt'ltMn"
Oui, ffi!l.it.re.
- Et que Iait-Il malntenunt, M. de I{{, adcc 7
- Il mange a'Vcc
grais e.
apéli~.
Il Ut
oo.'lll(;(IIJJp
01 U en-
se plaint plu.'1 1
mtlle quOOd je me pr~SCl1t6.
JI se maqlt.- de
mol. 11 cst t.oujOlm; rh; bonnc hwmcur. Il dit quo N'lrl ne
(tUrcWI fias (·t qu'Il tll.udJ'oIl b[r.n qu'on le relllt'hl' un
j')lIIr. Il m'n m~o
dH cl dlr~
Il. monst.o1l1' le bu 1'01'1 dff
le Wlk1f,or sur le cMlx du SCS nJ f'1I liS. Il a no lnEmt
-
JI ~
- n me
Lnnt plonge: dall8 60S J'6.
Lro IvnH un peu déscmpftr~
m ne aVIlLt Irop SUI'
pied (Iull r oomme l'()n dl .
_i nlMnnt qu Il /lait qu Rorré de Le1;\rllnge conIlie ron passé, Il penso.lt qu'il n'ava!t JI us r~Jl
•
n
1)(1 r, el Il (lA !le pftnlonll it l
(t'avoir o.rlÔ. Mals
el! l'It'\"nU exILS
el mie hOl'll d lu! 1 {lJ' Il'' air d6Ignl'Ult, Iles ILU'I! ' de g nde dam , comm l il "1sa1L
1 ~lIc
ne l'/lval\ Jlf\1I
t to/.5 CUI' d'II coup do
HI' l' :val\ ,t~
d SO%I rué
mOI leml' t, el
Il
wu'
ql
n'l4ra ;
,
,
- Je t'ru Lanl adoré{' 1
EL il e '~,Ia
(c réparer les dégAts qu'il vonait de faire,
afin de VO]J' encOl'e le l'odieux visage.
Pilis. quand il eut remis J'image ÎI pl'U près en place
Il S'Il. l'l,ouilla devilTlrL eL l'eSt longtem ')S comme etD
prière.
1
Quand Il se rel/"\ , il nVtd[ le:: ye LX noyé par lei
l ,11(", ct 11 dil :
- Qu'on lasse venil' Joannès 1 commonda-t-ll.
Et quand celui-ci ful dam! !'<On cabinet :
- C'est toi qul os OU: t;hnrgé de porter il. M.
dec sa nouTl'iLu['e?
Jo Ile sais pas. mnJfrc.
- Gu i _ Je ori~
fille C'C'.l't tou\,
nI, va-t'en malmenant
'1 m ~' n !llkl_
1 r b·,ro.1 tlr.m~1a
Illiuitta son cabinet e~ pénétra d!lJIlS sa ·chambre.
En pnsSflIlt devant lIDC glace, il se regarda,
I! était tort pâle et se lirouva plus alireux que !ameJe.
li mUI'Il1UI'a :
- Je dois raire oeur aux femmes 1
Et son ame s'emplil d'u,ne amertume infinie.
Puis il tut prlis d'une sorte de rage.
- A quol me sert d'être l'iche, s'écria-t-i!? D'avo~
acn~is
1l!Ile for1une consldé~'abe,
si je ne puis êt.re aimf
et n être pour les femmes, e.t surt.out, POUl' eile, qu'un Obj~
d 'hoITeur?
« In.soosé ~
avals pensé 1 !\'f.n.is, au lait, qlÙl.v.a.ia.te
pensé ? avalS'Je pu m'imaginer que Mademoiselle dtf
Lestrange. même si elle ne carun.a.issait rien de mes crtmes, aurail; ,abaissé &On regard sur moi?
« Quelle folie 1 ell,combien il IlruUJt que l'amour m'ai1I
Lourné la ~te
pour que je sois devenu Insensé ll. ce poInt ~
Avan~
de 6e coucher, oomme pour acoomplir un rift
donL JI avait Pris l'h<aIbil1llde, le bal'O'll passa, oar 11 était
tlan~
sol! thôrel de l'avenue du Bois-de-Boul.ogne, où 11'
avruL fatt ra.menm- Renée après de longs circu.iIs po.
qu'eUe ne süZ pas où elle sc trouvait, le baron P8.SS&
dan~
ba. p~èœ
!wmée El. tous, mais que Georges Nazfnli
8.VJalt un mstant entrevue et où se trouvait, a.vec ualIà
l.a.mpe bl1ll00t dpvant lill, le JXYI'lrait qu'il a.vai' Cl"\l
reconnaitre pour ceM de Mademoiselle de LesLIla.nge.
Eti quand il pénéLra dans celte piC!œ, (lÙ rlignait UlIi'
calme de chapelle et flairant une odcur d'encens rc
baron ful pris d'une sorte de lTénésic.
•
IJ se rua sur le porbrait et le lacéra.
- Je ne veux plus te voir 1 hl.r~aitJe ne veux p!u.
le voir 1 Je te huis, maintenant, e~ je t'exècre 1
Et, pris ensuite d'une crise d'ut!I'n<1l"ssement Il lU\WO
n _'
01
fait lLU.sl bonne cMl'o. EL il pl'Otl'Ilcl qll'II nt! Gr 11 1 1mB
nrJcllx ~Olgé
au curt Angll\ls ... QU'l'st
que r'~l
le
ouM
ngluls T
Un rcstlluMnl! 00 l'on mango frtls hr n,
OOIMnt't
II n·
J,lluonl ,>tn . II' prl'm JOl'i; ll'l,UJl:'i, j.J
fRit .'10 colOre. M.alllwuo.n, il no dit pl l~ rirm.
- BI n. ÇJn t'II .venu qu Lu nt 1. U S l'Vil'
Ut> prisonnIer f
l n Jll' nnll.1'1l f Oui, ilia 1re. Je J'nI d"là VII
~I
1 Lu 1'6 ~u
?
III r 801r. J'ol él.é lui 111>mnnder 1 ('JI' 'V./!
de m BCrvfcf' C't (:, qu'clll' cl , 1 t uu:un
r6po u. El m' t mm 1
on
(
met-
liT!
a.u-
r
r .. dit
�31
un mot, eL si le maUre nva.i.t vu de quel air elle m'a
tcLsé 1
- Je le oonnais cet air-là, dU le baron.
- Elle me parait moins commode que l'autre, cellela ..
- Elle s',amndouffiJ comme son compagnon.
- Ce sera ùur, Je lui ai touL de même laissé de quoi
boira et m'8ll1gel', mais je suis cerLain qu'clle n'y aura'
(JUS touché.
- .Elle y Louchera aujourd'hud. Elle ne va pas sc lais-
sel mou.rir do faim.
- .le ne sats pllS !l'op. De l'humeur don' le l'ai vue
on pÉnllt Lout attendre d'eIle.
- Mais non; lnais '1on. Sa mauvaise humeuil' passera
Ollrrune a pa.ssé celle de M. de Kéradec.
" .le te recommande SCUlflffiCJ1t de veiller Sllfl' elle très
attentivement et ùe me prévenir dès qu'elle désirera me
VOir.
- Oui, IIUI!lrp.
- Va· l'en maintenant.
sortit.
Joan~s
IV
Un matin Joseph le valet de chambre de Georges Na·
ZIm, se Iro~vnlt
seill dans l'appartement de sen maître,
celui-ci ~t,aiL
toujOlITS à la maison de snnl6 où 11
aVIÛIL été ll'ansporté après son prétend.u .nccidcnL, quand
On sonna rliscrè[emenL il. la rOl't",
'
Le domestique élait en trfùn de s'habiller, i>récsêmen~
POur se l-endrr'e auprès (hl chromiquellir n!0ndll.in.
oe.r
Il nlla ouvrir et se !T'OUV(\ en pl'É'sence rI'un jeune g,ur'1 seize ons au pLus ct (j'ui
lUI pa.rui d'll1lo oonuLé singulière.
l'rès mrprJs, il dcmalldll. 11.11 jeune ,'Isileur ce qu'il désll'ait et crl,uioci lui dit IIU'il v()III.alÎ:l pa.l'lcl' il M. :n.zim.
Et il ch ]"('hait il. p6nélrer duns l'a.ppnrlement comme
s'II avn.it peUl' d'NH~
POlllrSUivi et avnit he.t.e dG s'y
cacher.
- Mojs. fiL le valet de cl.nll1br(>, M. 1 fezilll n'psI, pilS
ici ,Ion irur ne ult flanc pas qu'i! lui est IlTi\~
un
t.eciùcnl 7
ttl vis!Jlour pAIH,
- Un accident fi M, Nazim ?
- r.lnl 01", 1.1\ S l'T'ave 1: a. tuilll êlre tué.
- Ah 1 mon ni li, tif Iv J(>1Ino homme, et il parllL leI·
h'menL ('!lJU fJU<l Joseph C!"wl. qu'il allail. s'évanouir
/1 e ·o.rnlna Jo visltellT' aveC pfus lF'81Hentlon, ct lin
ÇOlUleL IWI'aissiUll qujnz']
f,()UPÇ,lII lui vint, IlIl SOI,PÇIlJl
Pl!.roles
qu',n.ul!menlèrenl. enOOl'C
les
eoLcn.<.lit ensuite,
~u'il
Il mllrmura :
- Un accident. très gmve. Toue les Journaull en
1l(lI'II5,
a~H
[l(!ine il parler.
_. Mon meltre, dH .Joseph, Il failli Otre écrasé
p&' Ulle
automobile.
Alors, • la grande IIt'llpeur du dames tique, le vlsll.6ur
l;'OOJ16 :
On
Il
voulu le tuer 1
COl' L c" fille !'''flIJC()U!> 00 fl~rsone!
II! \'jJlcl lie l'hllJTllll'c
L'
onl pens~,
dIe
hnmo domo.nùll. :
'·11 Jlllllnll'nnnl ?
- 0 UR 1111(1 maIson rll' Aont6, ~ Il' m'htl.billlli pOUl'
nll"ll' fil nllrl' <1(' t'i'\ nllll\'t'Ilcs.
- Il l ' ,l, UB 1'0 d: 11 'llI' '/ s'wl'ia nI ilôL le J un
hommo.
11 nlllut un peu mIeux hIer soir, mnls Il
Inal 0 rfll' ff>. Ir p6uvr mOTlsicul'.
~n
nlen,,'ull "es 1 tlro)rs, )" \'îsiteu' avaH tlil un
/l'l'and 1J111IlVt;OIrnl,
C'(' 1 r !TH '1' lui 1 s' rlU ~l,
qui a r, li, ( C,OU/l'
il 1 10 1 J dil '
, l C !llùll l 'r h
'PU
Mank li stu J W.
jP1lI11'
- El
oÏl l'
1\
!IlL
tuer )
hom- On ne tue PlIS OO&i les gens ! fit le \-::ùet è
hre,
- Il les !rue ainsi, lui, ou 11 les tait tuer, - "\1-1..11 Jl'II8
fait fUBl' M, Nazim ?
- Ah l c'est le mOOle ?
- Mals oui, mon maltre, le bandit. Dites..mùi oCl te
p<lurl'ai voir M. Naz1m.
sais p.as 9Ii vous pourrez le voiT. i\1a.J3 1:\1 voua
- Je n.~
voulez venir avec moi, vous 8W"eZ de ses nOIl".eJlcs.
- Oui, oui, Je ne vis pas Je SulS sortie pû'tlJ' cela,
D1all\eu:r.• ' \ ous
po\llr sa.v' Ir s'dl ne lm é'uait pas nrtv~
saviez qud
gogurenanJ 11 aval! ('n me regardant 1
ru.-
- Qui ça ?
- Mon ma!trc le ba:ron. Pour qu'il me l'cgal,lê.t ainBl,
il tallait qu'il eot fait dol mal li :\L\'8zün
- C'e,t donc un rtlOTlst,re 1 del1lunda J05Cph, q\I1
n'avait jamais entendu parler du haron Pilar
- Oh ! 'lu!, un monstre, I~n
VlIui monstre, (fi ter.r!ble
eB puissnn! e~ si riche 1
1 10n maUre le connaissait 7
- Il Vi' ,nn s()<Uwnt à )'hC,'cl, 'lI. je m'~I1.,·
l'aill "r, ct depuis rJue Je l'aimo~
cl q" e le )t! 'J
·\t
appl"s ru~
j'étais "€".!lue Ici, jo rrn,c:n!s bi Il IU'i' arr voMiL InHlhe'lr p. M, Na7Jm, ef c'est en. j '11 l
' Ln
r.auso.lr fi. mOJ'L, ,-,'il venait fi TO. :J'11' " q
qu'il fU\lt qlle je le voie 7
- Je 1r dem rte pas mieux <1lbcI
cins
VOU5 \ ;tlItorlscTIL, \Ter <'7 ,1111 n'cl 1
Je l:e -', ,ouv 'l'al peut être Jl1mai unE! nut
cL 1 Oll 0. pr<'na.it ma fug!l , ou Je
l '5
l'impos:;lbi.liW rie sOi'Lir de J1<luveau, ,n,
rn:.l
l'al dit on 'ne reraiD po)'C'r de IIIR VI rn'L'
St "ous Sil' ;CZ, mons/eur, rjU 1 <'~C!;\flge
n
El qllcllf! vip Je mène deplll· '111f' jf' SIL:S /lU pQu·' ,,, d
-
cet· homme 1
0.0'
qUl
-
pas être rOOO4li!lue.
- J'ai dO me déguiser ainsi, fit la jeune femme fi~
vrctlserur nt • pour pourvoIr nt 'échupper, je suls hie:n {<Brù~e.
J'ai pu m'évadc:r ce me.Un il. lB. première heure,
avec les \'êLemen[s d'un jeune valet de cbnmbro, .]e ne
v1vais plus. Je me dbuta.is qu'il était arrivé m:l'31ew fi.
M. Nuzim. J'en avais 'e J)l'essentlment. Ah '11 .'l>lOtll',
il lout que je le VIlie 1 (lUi sail sl je POUl' n: le \,Qir
après? J'ai rtsqué ma vie ..
- Votre vie ? s'écria Joseph.
- Ell ùUJi 1 s'il s'aperçoit de ma sortie, il me fera
-
- Quel gt'nŒ'e d'nccidcnti '/ demandll le Jeune homme,
-
Je me ~ens
bIen eJj je me <'.'rsaJ.s. " I~$
ce n'ea'
pas à mod il l'ecoonllit.re madame, si madame ne veul
-
VOl~
ne pouvn pa.-;
\OU
1 b re
1
Je ne pu,la m'éoOaPPf'r de ,es griffe
C'(1:1 l'n!re rn...1.ri ?
NOIJ~
n oommes l'ioo l'un ù l'autre
- li n'est pas votre aœo'Ilt '/
- Il ne m'est rien, le vous d,~
Illa!s Je SU:1s son es
oIave.
- Je ne oomprends pllS, doit Joseph, mal.~
je SUIS à.
volro ltispoqlUon. Je vals : rhevor dl' m'habiller et OOllJl
pll.l'Urons. \.,~ezvous
1& ~'Im"
SonIa se laIssa tomber on "1uplwnC duns lùl ( ~l,
et le valet .le chamhre PU,!!tl tin S Ilnl' pi&'_
JY.lllr nf'he\'el' de lnUe sn tol>lo)lttl,
Il l'ovIn! lin Instant .après vêtu comme Il'
I{E'Tl lIt'mun, car Il étllifi jeune, joli gnro n el f'lr
Il dit il Son~a
avec son SOIJl'il'o le plI!
-.fI' ;ml~
vos I)rfh~9,
m{ldarn~
1';1 ils sortir 'nt..
- .T'UI mon auto qui m'/lttend en hu
Noll'!; nI/ons le premlrl', dU J.I 'lib,
nmule!'; lUI r llls noua semns !I.rrtv ~
,\·fIJr.~
Ù III(mt('r rlfIJ119 "l voll1l1'e •
IOlU' ct'eU d" l'Ogords 1r:1lulP.ts
- .l'ai
Ill' UIl'S [)flllI', dit·eil •
,1
elli) n'uperçut 1*1' CI ll"
(1
plUS J'/15SUrét<,
I:.lle lie rt'II
r. fn de lu. l'Il
10. lenno oL
Il , l ,
f'1l
I~rua
(I
[Jr/lS qU'1 n
U II
ntr.tlqll l'Il /ll''l.'I' L ' t'11) ~
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<:;1116
�32
Sanctuaire d'Amour
QI and on fu! arrivé à la malsoI\ de santé, Jœeph destenùiL en disant à sa oompagŒ1e :
- Je vais voir si vous pouvez eIl1.rer,
Et 11 pénétra dans l'établissement.
Sonia demeura seule pendant <iuelques liünutes. en
proIe à une mortelle 1nqu1éWde.•.
Elle SlVait pris I.a résolu~ÏIOn.
en eUet, de se soustrall'e
à la domination du baron el elle était décidée, quelque
risque qu'elle pût courir. &. rmr avec Georges Naziom, si
sellU-ci l'aimait assez pour vouloir fuir avec elle.
En apprenant que Je chroniqueur mondain ét&t grib
...ementi blessé, mouran.!l peu frêlire , elle a.vaiL éprouvé
(l'aborù une grande douleur, caa' elle l'aimai" eL ensuite
une violen1e d/'Ceplion, el même une inexprimable ~
!l'eur, car elle voyait nou selflemenl ses projets à l'eau.
mais elle allait resler sans déCense dCWIIll!t la funm:r du
baron, si jamais il apprenait son escapade, e\ il y av&it
bien des cbances maintenant pour qüïl l'apprlti.
II est facile de s'imaglner, d8llS c~
oondUions, que1:les
angoisses déchimient l'dme de la maiheureuse jeune
femme.
ILe cMfenseur sur lequel elle avail compté était opuls·
~ant
à la protéger e\ elle allait retomber sous le joug
'lie Bœl bourreau, qui, deviendl'a.I.I POUll' elle pl us cruel
encore el pl'llS l.m(p.itoyeble.
La pauvre Soni.a. avait la morL dans l'lime littéralement, CllII' elle trembLait, non seulemenL pour l'homme
aimé. mais au.ssi pour elle·même.
A1!SSi, dès que Joseph paruI., eulrelle un élan pour s'in·
formel' ùe ce qu'il venlli! d'a.pprendre.
Le valet de chambre ne la fi& pas languir.
]1 dit aussitôt :
- Madame peut venir.
, Un 80upir dilata la poilxlne de la jeune femme,
EUe sauta lootemenL à terre
- JI va mieux?
- Oui, madame.
- Et le vais le voir 1
fadame n'a qu'à me suivre.
SOllJa se précipita sw' les 1races de Joseph.
'A l/r :s avoir t.l'o.versé de loogs couloil'S muintCl}us dans
un
orle de pénombre, mais d'unu ex.LrOme propreté,
fi duns lesquels régnait un oa.Lme de 'ûuvent, elle se
)'O'I\"l1 d6V6IIt une pOl'le ornée d'un nom de sain! que
Ilost.:ph ouvrit doucement en disant ;
- Mad1mle peut enlrer.
- C'('sl là T fit la Jeune femme, le cœur hOI1l"wlelDlln\
oJ!I,rc~.
-
C'cs\ là
r
c rranchlt le seuil !.oule t.romblaniAl d'6nwJ,
e~
elle
.vlt (}c,... nL elle une cba.'lÙJre \.res b~unche,déor
de dC'Illelles avec des fi urs tJ'8Jches SUl' lu cheminée, et d'lUl8
i1l11 lit un homme (-tendu très pà.le, Il fils doot les yeux
ill" n ont ét.ro.ngemenl.
C' LaI t. Goorgœ NllZlm·
'A l'cntr4e de ln visiteuse, une sœW', a.s.sise dans uo
lA.u ull auprès du III, s'ôlal' lovée cL avo.it, dIsparu dIscrèt menl,
G œ-gcs cL SonIa dem.euraien\ ~uls,
C8II' Joseph n'éZlIlI
!> t'flué,
•
. I.e chiVûlqueur dévorait dl _
gards a.rdcnla la
hl
teur C lp,/llfllc.
-
VOl 1 mu.rmuro.-L·lI, VOUII 1
ti t.l()uva~
pns d'ltUfre eXPl'CSlii n cI n POU\' IL (X!'o,
r d'Ilu[res pw'oles.
ru ~uJ
brILvé pOlir 'O\lS voir.
loi, dU Sonia, ~1l
'0W m'rilmcz donc bien?
o le !)nvcz'VOIIS pM d JIIWl lon,t mps. QL st JI)
pu l'bpondr phw tôt Il votro 111/1011., Oua 68' l. l',CJI
01. C' t pa.roo qu l'1lva.t8 r Ill' pOlir VOlIS.
Sonin,
J le
, mu bonna, ma. d Il ',mn Il
«Chan OOIDru 10 ex )rimar Slt. ron·
Juurnal t ,
- Oh 1 oui, dl' tou~e
mon âme ! Je n'al cessé de penser
à vous depuis que je suis étcndu su.!' ce !iL de dou-
)Amr.
. - Où vous êtes li. cause de mo1.
'- A cause dc vous ?
- Ne croyez·vous donc Qas que c'esL le "aron qui
s'est vengé 1
- On me l'a. dill.
;- Pour mol, c'est certain.
- Eti quand cela serait, je se.rals si "heureux de souf.
[Tir I>OIil' v 0 us l
- Je ne savais Irian, moi. C'csL votre domestique '1111
m'a appris l'accident, Quel coup j'a.! reçu 1 Je vous
oroyais en ùllngsl'.
.
- Je l'a.! été, en effef, ma.is cela va mieux maintenant.
- J'avals peur de ne pouvoiT pas vous voir,
- Mais vous, parlons de vous, mon am1e. Que vous
est-il 8IJ'ivé depuis 1 N'avez-vous pas été en bulle li. de
nouvelles persocutions ?
- J'ai éré séquestrée, éIroif.ement séqueskée. Il m'était
impossible de sorti!r, d'avoir des nouvell.es de vous. El
j'ai da me déguiser comme je le sula pour pouvok'
m'échapper quelçues 1ns(anl.s.
- Mais ne cralgnez·vous pas qu'on J'apprenne 7
- Je m'en moque maintenant, puisque je vous al vu
et que je sais que vous m'aimez, On peut me fuer, je
mounrai sans regret.
- Mais, s'écria. Georges, je ne veu~
pas que vous mour"
ri·~z.
Que devinrals-~
sans vous, ma chèlro almée 1
- Vous m'aimez Cl ce poJnI ! s'écria la jeunt:: femme,
radieuse,
- Plus que je ne saurafs le âtre,
- Ml/Ùgré le danger qu'il y a Il m'aimer?
- Malgré toun, 'Il me serail impossible ùésol'ma.!$ de
Yivre sans vous.
- Oh J s'éoria Sonia, si nous pouvions fuir 1
- Flri!r, T
- Parlh' '1uelque parI où nous vivrions t01.lS les deux,
sans menac(!s autour de nous, libres, heu.rem(. C'est cela
que j'éLl.1is v(-nue vous propose!'. Vous auriez été heurc~"X
de parLir avec moi ?
- Sl j"u'urais été heureux 1 Mals dès quc je po1.U"ra.lquit.
ter mOIl lH, !lOUS parl,'l'ons, ~ qu Ile v'e sen la notre,
glU.lod noüs serons loin de mut, enfouis en noke anlour 1
lA visage de Sonia s'lUisombl'it sublWment.
Et clic murmura :
1.rop beau 1
- Ce serai~
....., TrOll beau ?
- Oui, car Je sens bien que cela ne sera plus poa.
&1ble malntenunt
- EL poUl'quoi donc?
- Trop de Jours s'éco\.lcronL avwlt que Il'lUS puis·
81ens parth'. et qui sa.IL ce qui bQ rossera penùant cel
lnwrvallu ? Qui sai~
8'11 mo sera pos<"iblc de m'<:chappeJ
de nouvenu f
G<,'orges Nazfm cul un sursaut.
....., Il n'y a qu'à nc pLus ·l'ollLler chez ccl hornm<l 1
CJli n'uvalf pl'"
- C:O mmcnt cela? d manda ~onlu,
eomprw.
.
- Vous êles libl'e mainte-nant, hor de la prison. N',
renlléz plus 1
- l'viaIs 00 n'est pns 1><' 'slbl#), mon amI.
ourl[uol (Iena ?
-- Il me km. cJlCrcllCT.
- Tl n' vous IJ \lvarù pos OIi Je \"l)l1S melll·ut,... noua
poul1oon' nous VI . , el ùl>s CJlle jo Sr.l·al n ('7, COI'L nous
f\Oul1'ons l,orUr·.
. nln mm·ml.o
0:. sernit
ur. cil IlJou
tcrwnl
.... Mn s CC n'esL ql'ur~"
'1) 1
- 1'00 q 01 dono ? ct mundu le ch" nlqu ur.
orait vous (lX sor [m' JI
rtol·m~
l'Ire des m ux.
Mal l" u. pOl' 1 .lIiv 60un Il qu'.
on!!l ne nt lb o.ucuno J(1lc
IMl'
110 IlC
nVI\
emjl![lID p
u
p
q
�J'anctuàlre d'Amour
elle et surZoue un Ilet bomeur, dépassanl r.ouI ce
qu'elle eQ~
pu dés,j,rer.
de_ Allons donc 1 fit le jO'W'nallsfe. Quand je sera~
~,
je saura.! vous défendre eti me défendre.
_ Et en attendMlt ?
pOU!'
- Joseph vous protégera.
- JoS€ph 1
_ Mon valet de cruambre. C'est un garçon sQr el é1~
Ils
voué, maÎB je prévlend.I18d mes 6aDis.
saUlron& écal'ler
de VO\J6 tous les périls. On connaU le lbaron PilaJr. On
lailt ce qu'jJ V80Ut. N'aya donc pas peù'l'. Nous sommes
• en France, il. Paris. On n'y ~
pas les croquean!kines 1
- Eti cependJanll ces croquemitaines peuvent êfuoe danlereux. Témoin ce qui vous est ll'I'I'ivé.
- Cet acciden' T QullJll.d je serai debout je tirera! cola
&11 claJ,r, Je sa.urai sl c'est un a.ccldent ou ùIIl attentaI, el
Il je déoouv:re C;'1le votre ba:ron a IJrernpé p01.LI' quelque
c:boee là-dedans, soyez 1INIInq1rill1e, 11 ne le portera pas en
33
Eti, quand ta fille fut P8lI'tre, le jeune homme dt!. à Soo
nia :
- Je ne veux plus, pour rien au monde, que .vous l'en-~riez
là· bas. Joseph vous condlhbra dans un endroit que
je vads lui indli(;ueT eE ot) vous serez en sO.re1é. VObS voudrez bten lill obéir comme il moi-même 1
_ Je ferai tout ce qu'll vo~
plaira. mon ami, dit dou-
ceIIU!Ilt la jeune femme. Je me remets enl«'e vos mafns.
- Je ne veux ,p lus que vous revoyiez ce bandit, eL je
vous vengerai, moi, de r.ous les mauvais Iraitements qltll
YOUs a tait subir 1
Et, pris soudain d'un grand atLendr1ssem.ent, le ~
nlqueUT ajouta
_ Comme nous serons heureux, ma Sonia. et comlM
nous nous aimerons 1 .
_ S'il ne nous8Jl'Tive pas malhelil' 1 munnura douc~
ment la jeune femI1'\e.
- Mal'h eur 1Et quel malheur? Vous vod:lè. encore ret.ombée à vos idées f.rristes 1 Il faut les chasser, ma Sonia, 1.
chasser il jamais, pwque voilà l'ère du bOIllheur qui s'ouParadis 1
• vre poUJ!' nous 1
La. jeune femme WI repondit pas.
Georges serra les mains de Santa, \es SeITa enfuoe les
tiennes qui ét.a.tent encore si blanches et si amaigries.
La voyant ainsi assombrie, le ch'l"Oniqveul' s'at~
Et fi lui dit avec !.ouLe la tend'resse qu'il put mettre
aussi, mais il s'eUorça de ohasser ces funestes impresen oon acoent et en ses oreg.H'dlS :
sions.
- Ecoutez·moi, Sonia. Je VOLS adme éperdument, plu:;
- :\Tous sUl'monle.rons Lout cela, vous verrez, e l le bon.
que ma v;Je 1 Ne !l'etournez plus px'.ès de cet homme 1
heUir luira polH' nous J
- Et s'il vous rait tuer?
A ce moment. Joseph enLra dans la cho.mb~
e.
- 11 ne me fera pas tuer.
Son maltHl I,ul donna rit" l ill'lstructioIlS, des i.llslr ucli!oDI
très mi.rHlt
le ü se~.
- Il en a tant !ait lue!' ù'.c.UT)l'eS déjA 1
- C'~t
d~nc
vraiment ur! a.."'-sll.Ssi'll?
Et le ch l'omquuùr. cm il. Sonia '.
Et comme Sonja sembl6:it hi:sit.eJ., le jeune hom !1!<1 DQU', 'Vous pouvez ic SUIV1-e sans crainte· Personne ne voua
.wvu.: '
'
tJ'olbv4;r'a oC; vall'" u.' l·>t, éll'Po co.c!Jf>c ct on vetllera SUl'
- Oh 1 vous pouvœ plU'ler maintenant. Vous poù'\"67.
yon<;
&out dJre 1 Vous n'êtes plùlS cnt.re ses ma,m.s e~ yous n'y
Ptl i", Dl'f:nnm ;1:'" ; ~"':
" :" L"" i.:. jeune femme, car 11 se
l'elomberez plus, je vous le jlll'e 1 C'est un assassin, n'estsenLatt [,lI.lf!l!é, et on lai a\'nj~
rocommandé d'être ODOOl'e
Cle pas?
lrès pl·ud
l ~!Jt.
il hli di t;
Sonia mcLi.l'lla. la tête.
- A bienlélt, mon amie.
EL le journ.aliste S'~lIia
:
La jeune fernme parut se révemel' \brusQ1~nt.
- Quand je serai deboo.t, je le fera.! arrêter 1
- Il raut .que je parte?
- Vous n'avez pas de preuves. Il n'y a · jllII1Bâs de
- On m'ava,lt aCCJlrcLé un qua.rt d'heure sesulemenl.
Pl'eliVes contre lul. Il est trop 'habile.
- Oui, je comprends, ma présence vous fatd2ue.
- Votre présence 1 c'est elle qui m'~
guéri 1 mais il ne
- Mai8 vous p8J1'lerez. vous 1
faut pas indisposer les médecilns.
- Que pourra:ls-je dire? Il niera floul.
- Il vous ft. faU des aveux?
• Et maintenant je sais que vous êtes ! mol. roure •
- Jama1s.
mol, et que bientôt nous alLons êLre il jamoo réunis 1
- Alors commenZ >I1vez-vous 611 ,
• Cel espoir m'aidera à suu>porLer le Iie~
qui me ....
pare encore de ma conva!esceuce.
~
- J'ai deviné. Mais je n'al encore que des présomplions.
Sonia s'était levée.
- Il a fait dlsp!llrall.re M. de Ké'radec 1
Elle aemhlait ne pouvob' pas se d6cider à s'er aller
- E~
Mlle de Leslrange est maintenant entre sea
- Je voudrais tant rester auprès de VOl.l5> ru-elle .
Illalns.
pas vous rrmU.er 1 Com~e
je. vous sojgn":,rai~
l
' Dt
- Ce n'e6t pas po...%ible 1
- Je le saIS, ma chérIe, et Je .sera16 1>:.en OOu.relix d'Mn
- J'en suJB certai.ne 1
soigné pllil' vous. Mals ne serllJ.ke 'pas bnl>l'UdeDt st 1.
- Vous voyez bien qu'li rauL meUre fin aux crimes
baron appenait 1...
'
Ile cet homme 1
Sonla fréllllt.
T
- Oh 1 oui, fiklle, fou'. ce qu'Il y a de pJll6 ImJlOl"
- Mals comen~
- P!lIr tous les moyens possibles, le fwe anrêter, juger,
dw 1
COndllatNler comme un misérable 8..."8ass1n qu"it esl 1
.- Quand Je sera.'. debout te ne CIl'4~
pas de l'ULB.
- Il n'y 0. pas de preuves contre lu.!.
o.vec lui.
- NOllB eri trouverons. Dans Lous les cas, vous nG
- Même 0,101'S, ce S61'aiL dooiereux.
POuvez plus malnLenanL reLoUTllel' chœ ce miséNlbJ.!. Je
- Nous le verrons bien 1 En nJ.Lendant, foItit.cs ce que j.
ne le P6nmettrai pas. Quelle vie scrMt la mienne, vous
vous dis.
Bachant il. la merci d'un pllŒ'e1l Ilredln 1
« ConOez.vOU&' à Jooeph 1
El, lIans attendl!'e la repoa:lse de la jeune femme, Goo,r.
- MOOame n'auM rien il Ol'aindlI"e avec mol. dU avee
ias pressa loTI boulon de sonnette placé à sa portée.
IU!lWNIŒlC6 le V'8l!.eL de oh.a.mbre. Je ao.is ot) le con~
SonLa demanda :
Maull.me, e' là sQI' ment elle 6eNl en 8Qre~.
- Que ftaites'VOIl8 %
- Au Il'6voiT, mon 1UlÙ, dJ~
Sonia, pr.ise d'une émolloa
- Je v~l.Is
appl!ler Jo.seph. Je vals hlll donner mee tns- • telle qu'elle pOuvaH II peine parler.
Georges ~\lJi
prit la m8lÏlD, l'aU.ra à lut eL J.a bIü9a sur Il
t rucLlo.ns.
Une Hile de Bervice vena.tt de pénétrer dans la cha.m- front t.rès tendrement
la obaml'ire &Tee Jose~
Puds 16 jeune 1emrrJ1! qult.~
b re.
LeI malade. qul paralS88lf en proie il. une grande exal~
1I0Il So.lIS avoir jeté au ChroIllqueul' un dem1er regattf
ot) elle miL tom ce que BOO cœll'l' oanfe~
d'a.UeotJoa
t :l Lon, (lollllUlLill. ;
0 "
el de tendre.sse.
- ü<ike ql~
Joseph, mon don ,estique, est III 7
d h
la
- 11 étnit duns le couloir, k1llt il t'heure.
Quond elle fut e ors avec valet de ohambre, le . . . .
Dit
mo.n qui les avalt oondulla .vm~
QW1L6 _ ~
el ..
bt's·lul, je vous prie, qu'il v.lenne Louj de SILlIe J'&I
tentl.!t SUT le troLtolr.
Cooln de Ild parler..
'
11 vint. il &eS clients, Ja oaaqueUe • )& ma e&
a, -
dl. :
8ANCl'UAlRE I)'.UI,OVII
�.a
..J'dnctaaire
- Il me
tmpooRibIe de maner plus loin ces Mee.Ieurs.
- POUl'quai don, 1 demanda. Josepb, donti le Sû'UroU se
fIl'ooç.a. et q,ui, cepenœnt, ne conQU1I auoun SOUfP9O'l.
- Un a.ëG.ident vient de m''llfmiver, Le tuyau conduisant
J'GS6'eIlce au moteu.r est crevé
je. ne po'Ull'nai même pns
rentrer. Il faut (4ue Je lasse oonvoyer ma voiture.
- Bon, tilt Joseph, je vais vous paya'.
- Ce n'est, ,.as la peine, dit le wat1lII1n.n, ïai &ppelê un
de mes ca.manades Il va p<ren<tre ces messleuf1?, et ces
ltWs.s!e\Ws règl lIont avec lui comme lis l'aU4<ien~
rail avec
e'
fIloi.
- Bon, dit Ji! Vil let de chambre,
El: il inv'l:ta Sonln à monLer dans l'autre voiLure·
Celle-ci s'y l'n3tal1 , et. Jooeph donna au watt.m1llJl
fadrss5e de la maison d6llS laquelle il devai1! conduire la
~ph
jà1jM femme,
•
Le chaufIeur mit son &UOO en mrurooe,
mais bien.t61
s'a,perQut qu'i!l avait ~ris
une direction opposée à
qul11 lui ava.it dito.
Il tra.ppe. ùl a .glace de la voitw'e.
sa
Mais, au lieu de s'e.nrêter, le wat1.man au~ment
~le
./fltœse.
AICll'S le ,-.aJeL de chambre frawa
/
presque il,
les vlfl'llS,
dcmand·a OB ql'~
Y avait.
: Sol1~a
; - C'esC CJJt imWoiIe,' dii Je'3-('ph, qui se trompe de
rouj,ç !
. kJ mêm€ !nsfant l'~ nfo ~ r .n'::..
~
1J)l~
' ~,
jsm'
.If
Le c:h.au1!e1.l'f 100m3 ;a t.êUl
- Du'est-ce (lU'jJ
Ill. là
y
r
eU ôe.iILalWa :
L'homme
haù~i08.
J..e<s épaules. reprili son volant et mit
en ma:rdhe I8.vec une vlbesse plus grande encore,
~
roujours d'8Jl.> J.o mê~
direction.
Joseph, !uricui(, baLliit la. Vlila'tl de devant de ses poings
~u
rlsque de ln bliser, et, comme I.e wa,1..Lman ne répondll:L pes, fi \"ouliut o'UVl'ÎII' lB l1ort~.
Elle résif.(a,
Alor~
il 00TI1PI1.1.
• ir 't.a.if iO\l~
!
en roUl',
'l\Jssa tombel' 6Iléanl.i SUT la ~anque
\'o1WT~
11 Su ...
thl-anl :
'1l'!'!o
- Eh oui, il esll impossible d'ouvrÏl' Tes porLières de
la voiture, VOUJS rue l'a.v~
QiQIIlC PIII! vu 7
- J'ai vu que vous avez essayé d'ouvrir'.
- Et je n 'ai pB.3 pu, parce que c'e:;ll lEll'mé, et qut.
nous sommes pI"isonniers.
Sonka oomprenlSlib maiJntenanti.
Elle était deven'lJle aussi pâle qururne morte.
Et elle murmura prête à s'évoanollll' :
- Je suis perdue j
- Et monsi!'ur, din Joseph, quand Il va savoir Qa 1
Qu'ost-ce que je 'l'ai.!.: pl'eudro? Il me wailJQi's d'i<i1ot,
d'imbécJle, eti je ne )'-Il.Uil'ai pas volé. On [l'est pas MU
à ce point 1
- aV nolIS oonduit-on? demanda la jeune femme.
-- Eslroe que je le saJ.s maintenant 1 No~
.sommes
hors de Paris, en pleine campagne, da.ns un pays que je De
oonnais pas du tout.
- Il faudrait diTe d'tl.Trêf.er.
- SI vous croyez que Le band!lt m'OOouJ:er.a 1 VOUS R'Y9I
.bien vu qu'i{} 00 me !l'qpoooatt pas.
- Que fiaire, alors ?
- Attendre,
7
- ~ltend'
- Nous verrons bien ce qui arriveM 1 On ne noliS Jrulhogera pas.sams boiIre t.ou.t de même 1
Joseph, 00 le voit, acoepbai.'t l'aventure avec assez de
philosophie, oa.r il pensait n'a.voir personneLlement. rien
li. ClI'a.in dre.
11 n'en ,~
.L pa.,; !( même de sa compagne, qui entl9voya.it, cl.e, L.Jut 0(: qUI l'attendait, si elle r<JI.omba~t
comme .)lle en était ce:rtairue t. 0 !.w llOU. (), eotre les mains
de son tYJ\llJTl ,
"
- Vous ne savez doua pas votre chemin? Ce n'est
pas pa.l' I:è..
"a
d&Amoar
r-uits 1
II ti
1.
d P . 0
lo,tL
- NOI.s SOl....
t'l!.:'aUlo élla L '~
'~
~ ~dr:il
=i1Un~[Oé&l't
r 1;)11 e oaml
'
'1'
l
'!l'S Il tl-wldre ùe plllllnnntl.
E:.l 1 0 Y :11 ,le 00Ot..
'lltor. uppeler nul no }'entonJo,scph 6.U1'/UI· !)OOU 50 r~
1
'1"\ .1tJ'Il~n<
vlW6Be
.....i L · .
, D'ailleurs l' utn roulnlt' avec b.
'
.. il o'y aVilit I~n
à fa 're, !l'jeu 1
Ile el sc 8&nUl
JlI • l'lh l','l)n
ndl~
oomille tout dl! st\. \i'1t' lUI issc'
~\'ul;i
par une éJl(\'Voantib~
angoIsse,'"
go
1:l\1I16 dl' ra e
Il s' ria.'
01. Il 'c ~)"
soL fi OC> po.nf. 1 Se lclsser pl'endre
élier ftp.rèl!
1i.lls 1 f..s[·c. qu le n'!\Il1'1\\ pos dQ -;00
mm n , n fIl
III n. 'IIT fi a'Vll.lt lai
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()(,mpll , Elfe l'egurda.l.l uvee. tupeur
tl tmon d<l 1 mlnn qu',) lu nll.
nU
qulélliri
(HlO
mmo
Ma.is comment oelul:..ci avalt-il !>u 16 pincer ainsi T
Il était doue doué d'un J) L'UV<JÎl' SIJJJHLt"iII"AI?
Sonja éLait oortaine de n'avoit' pa" été trahie par oeua
à qui eUe s'éta.it conllée.
On l'a.vait donc vue sorti!' ? o.n l'o.V'Uit donc lajt sUS
vre ?
Elle ne oompl'enait pas. Elle voy.ait li. jamais QDvol&
lous les beaux !'êyes qu'elle venait de fa!re en compa
gnie de l'homme aimé, ct elle peru:.~
au cba/<l'În, .au dé
sespoÎll' que celui·ci éprouvero.1t lorsqu'il apprendrait qu'II
fallo.1t renonoer à leurrs bea.ux projel.ll, EL elle wliffnll.t de
sa douleur plus encore que de la. sienne propre. Elle l'e.!mo.lt 51 tend,remen[ 1
Ce qtlelle éprouva Il 00 moment fl\lt si hOl'll'lble que la
malheureuse jeune lemme s6lll\llt ses lorcaa l'aband on
ner.
Elle s'aiIaissa il ùemJ près de SIOill oompagnon.
Et ooIIui-d, la voyanb déf.a.i:JUr, Lut pris d',ulfle gruw
l:lI'ainte,
- Gl'nnd Dieu 1 01.--11, al elle o.ll6.1t se hlver mail
11 !:.-e lX'OOipita pow- soutenir ha malheureuse jeulle
femme,
- Mu.dflJne 1 madame 1 f11-l1, vous n'allez pas VOUB é\' II'
1l0u1r 1
EL il murmlt,'a :
- Je n'ni rien, moi, pour \'(lUS soigner, ni sels, ni onu,
cL ceUe voitU!l'C inf8'l'nflle Qui ne s'tU"1'ê1» p88 1
En eH t, l'aul.o oonLtn'Unlt loUjOllTS sn marohe ro.plde,
unlrCl'me. déVOrant les ItllomoLrcs, LravorSfLOt IElS vllinJes
nvecl des bruns de trompe etlMyll1l 1..> , raL;'1lnt. !UlJI' les
chicm.s, les oies, Lout ce C<11'U l'econLra.~·
SOn cll!'min,
al) alL8ltr-Otl' Imll08s1hloO de le
V01!r,
Jo:;eph . o;onUt pl'I d'I\.IŒW
~'lc
de nge.. Il fGl'...om.
nwn Il fi (rH!')" l' 1
VIVI,,;·q (1.1 l'J'IIIIlL :
M' j,oz 1 )'I~ Ikt. 1 • L JI' 1\6 'wuL
;..of!j le 'JIlL '1 lIJ 111' S 'mlllllll l'tun
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'11 vii (1.0 cl rI~mJ
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Ilce uL 98 mgll (MI memlu Il
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U se scnt.ult, conllll' il le dl It, oopl\ble de Il:.r
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nI llheUI'.
Cel Jldant, 'mu s'litait rœ»aJelfl
1 1 peJ1. Elle no pcf
dH p6S oonnfllloiSUllctl, mals quellu douleur é\.lllL lu 1131UI '
11 t bn'POSsll>lc c.le l'cndore o.e qu'elle SOUUI'41L.
�SanctuaIre d'Amour
œ.'
35
Et quand elle [uti entrée dedans, un tll!B domesti(JlJü
L'aulo Ulail, à l.rove!'s un pays plat, sans arbres,
s'oocupa. <lu wJet de oIlaan.bre,
verdoyanLPs, sur une route très belle,
- Vous YXluv6n!Z il. l'olliee, lui. d.i.t-1L. loUaI. ce dDnt. VOIill
Jo~pb
ne se rdp'pelalt pas y avoir passé jamais eL l1I8
aurez b • }'iJn. poux bon'6 el. pour mu.ng.EII', car \'nUS a.V ;li
I!;a.vait pas du tout t'II il se trouvait. Il a'Ul'lJ.it vou1u callflLlm peUL-cwe,
11er avoo sa rompa.gne , ma.is il vowlit à celle-ci un tel
- <;a. commence, l::t après '/
:Vl8a.ge <le martyre qu 'il n'osail pas la disLraire de son'
- Après, vow; attendrez la nujt
Cb:agrm,
- lel 1
Ji se demS,nlllllt comment allait finir oette aventure
-Oui, icI.
et s'en montruit plus mtrig\l~,
peut...êt.re, qu'Inquiet,
- M.ais je n'y tiens pas, Je n'ai rien à fai.rG Ici. J'a.V'I!1iI
MaJgré ce que J J avalL dit son mai re sur ce baron,
été ohal'gé d'accompagner oette jeune dame, Elle est à
BOus le joug duquel gémissait la pauvre Sonia, il ne poubon pm'\. meDlIltenant, pas d18al6 j'andrt>i'!. où je de Ils 130
[\>&t Ol'Oœe que celui-ci Il'ait jusqu'à cOdTilllettl'e 'u n crime
men'Cr, par exem,ple, Mais elle n 'a plus OO!roln dé mod.
pour se débarrasser de lui.
et ma mis.:;;qn ost ternünée, II !.a.ut qUA} je ràoURle pi'ÔA
Il n'étai\. dOllC pas effrayé, mals il était impafient
de nwn ma.! \JI'e , li est Impatient de m voir,
(le sa.voir comtrloernt ceta allait finir,
- Cette nuit, 51 le maltre l'OrdDnne, vous &e.rez l'eCO':'
'fi ne ba.rda pas à êt.re 11 xé,
duit à 1-'<1 l'I S,
O~l>u.is
un inSL.B!H, l'auto, dont rallure s'était oonsidé- Et S'Il ne l'ordonne pas 7
l'81>lement ra.lenUEo, longeait un brrand mur gris t.rès éle- Vou;> testerez Ici,
vé, au-dessus duquel émergeaient ça et Iii. des bouqu.el.s
.- Jusqu'à quand 7
d'arbres lIrès vieux /l.UX branches noueuses, dont quel- l !lat qu'(J lW PIQll'!!..
CfUes-unes, morres' depUIS longtemps, montl'U.ient leurs
- C'-est tout il. lait clUI.rlIlan\. Je voudra.ts b1en le Y-Oll'
sqUelettes noll'S tro\lo/lnt la v8nlure, et, poarvenu de~nt
cet homme-là 1
tUlle sorte de porLaiI il la peinttll·· écaillée par la séche·
- Notre maltre 1
resse percé ua.ns ce mu.!", hl s''8JI'T'ê1e. t.out à fsat,
-Oui.
Le watl.man tU entendre un ooup de sifflet aigu, et le
- \'ous Je verNZ sGremen',
PG1'OO.il S'OUVla
j~
quelques imlianLs après,
lors je lui dirai ma f8.QOn da penser.
L'a.ut.omobile pénéLl'a dans un parc aux allée.., ombreul'amuHSI'a,
- Gt~Do.
ses,où la l.er're était couverte d'uae mousse él}<js~",
il
~
VOIlS cruy'''l. 1
POussaient, autour de l,rOIlCS d'arbres cenLl:llluii't' , \les
J' Cil SUlS cart.ain,
Obnmpignons de toute aspèce.
- li Il ,t l'IlS t lU.t de môme au-dessus des loIs ,
De nornllI'cux Oiseaux , dérangés d\:lJls Ipul' qUj~tli,f
- ::>},
Sortaient de:; 1JOutjl,e~'3
de Vèrtlu'~
et voletaient
c. là
- EL 11 U'e,,( l'n,' i l'1llis de séquestrer le8
en poussaHt (je pel its cns UlguS,
- C"";I, !X'1'truS \lu·"t lui 1....
Un r.,alfll (; p'ofonLl regnalL SOU3 les voOl es de \·er<Ü.,r<l
\'00:5 en a.v.e:/: do bonnes :
lorméccl p;;.: Je" bJ'cU~h,
lvdfues des ()IJ"'r~
,)li de.;,
YCIl'Z'\Otl: m,Lager 7 di~
le domee.tlqt."6 pour OIMt·
tnfI!rroalniers, et j'Oll eo.t liiL que l'on l)enéll'ai!. la.JIS k
pel' COI" l,
domnrine de la Belle au 13015 IJQlUna.ll L,
- Je ne demlmûe pas mieux,
.
Sa,uf le ronDemenl l'e",'1J lier dt) l'auto mOlll.UnL il. petite
E, 1ose;)! 1 rut Olene li l'o1fice, of! cm le sel'~
oopIeu..
~1tes.
et les cns dcs oiseuux, (!lll bruit ne s'elt.n~i
ment,
1
Au fond da r~l1'
l) qlle UIVElIL III voitlll't:, Ilppal'6.i.5SlûL
l'eflllu.nt ce temps Sonia avail éU conduite dans un
uno m !l1S0 n assez Il npOl'UCLll le , au:' mu.rs gris, dont les
pnlit su.lon du l'tIZ-de-ohau.ssée, oll elle ru' laj~,
fellêt.rus éLaJent orllMs de quelques ficu,lptures et que
Elle ~ laissa t.ornhcr sur un fauteuil el y dameura im.
dans le pays on dCVQ.lt appeler le château,
mobile, perdWl en ses pel1sée&,
Cetle maison é~uit
prOcédée d'un Ia.rge perron élevé
Elle Sfiv.u.it bMn. eJ!l!e, ce tpUd l'e.~da1t,
de plusleul's ma.rollt's, a.ux plorres moussuos uL disJomtes,
ElJe 6!a.tt ret.ombée au pouvoir du matt.re, ct oetw lols
Et c'est devant cc perron que l'aullO vint st.oppar,
sans Mute pour n'en plus BQrtir l a.ru ais,
Personne ne s'ét.'llt monu-é encore,
T~t
él.8Â\ !kJJi DOUr eUe et e~
8I\.I.I'o8Jt. voœu. mOOi'ir,
Alors Je watlunan descendiL de son siège, et, à l'Boldo
.ëlle se dlBalt qu'E"lIe ll16 rev8t1l"\'l.Lt plus J'homme atm.
d'une pet.lte Ciel, ouwit l'une des porUères,
J8lna1s, 8\ qu'elle &'lU'&I& \oujoun devant ello matn\enllllt
,Ioseph sau1.a a ferre, rou.ge de fureur,
l'Image Oà!euse de l'hOllIllJle &bbon-é, du Iyran odieoz ..
- Ah 1 c'est t.ol, mon vieux, Qui m'as joué ce t.our-I~
r dé~1.e,
Mals tu ne J'emporteras pas en pan'adls, je L'eo répond. 1
Ou'allalt-ll !alr8 d'eUe'
Le condu t.cur de l'auto dédalgnn de Nlpondre,
Quelles repree&1I11l8 exerœratt.-U ,
Elle n'o.snlt y songer, tnals elle se dIsait q1.Ml tout aeral\
Et comme ueux !.lOnlestlques venaient de pwroltra en
moinS teI'nble p.)\Il' ello que d'litre séparée de l'aimé,
haut du perl'on, UèllX vérl1.a.bles col~es,
le valet de
Oll6.UJ.tre se CIllnIlI.
EUe j)(}u\lnll tout supportea' 51 eUe ne devait plus ftIl SI! borna Il CUI" :
voir OOIU1-<:'1.
Que lu~
lmpol'lillit le reste D*lot.ena.ol ,
- \'00.5 lI \aIlcz pliS me Ra.rrle\' loi, le so.ppose T
EUe étaU déOldée è l1I<>url.t'.
- Nous [aLso.o.s ,'f> (jue le ILluilre QI'donne, d1J! l'lm du
bWniJl f\\i,
Pend.nnt qu'aile était IÛlSOS'bêe en v.s pcnséM 51 proIondémen\ qu'elle no voyùt E'\ n'entendait r~n,
une
- (Ju 'c;;t-ce que i;'c' t que Cl' 1l1I\tLI'U-Iè' fil Joseph, Je
porte s'élait ouve.rte doucement el le ba,ro n MaU en~,
Ile le ('.QllllntS (lus, m"i, JI" ne buis IIlIS obUaé de lui o.beU',
~e dmn!lHd(l qu', n IrIP ,ILlSo'lr' lIl'Im aller,
Il avait sur les lèvres CP. ~uiïrl'
ô'tl'Onlo nU'oce qu!
Et il vou,lut, JI cil r s .' 1<> y/l l',
.usn.1L
'eux!fUÎ It\IdIOnB aIt 11 ~ luL, à souffTU' d : l,
Mill, l'Illllr!:' tu.. 11111(' lUI ~'Ij,;lt
10 hras,
une Bi fi llble !lTP~
t n,
l'oUI Il 1llelll " qllllll<j 1
Ire HUl'a (lllcid
E.t Il
l'lvn I.u pr~
d Son~
JliS qll<) collc-ol
J~lh
'ntll t: III vlS!\,cur!
..HIlIt. qui le
nnU
oot 50\[ JV nn po. pl'(t;(.nœ
qU'li. '_
dt 'II' III' r l,
1 liter.
•
11 1 Il lolUiU P SqUll quand U t! 11I1fl'.lI'9uA Inn
Il Ile ult ~ lu r'i 'Il ,t
r' 1 Il
ctt\elldlP,
~l()
lio eul l1lt7'ntOlL\l3m LI de 1 ln! ct 14 cri -l' .'
POlld lit Cl! tl/II l
()Il hlllLt IL/dé il d C<'lll1ro:! d!J 1&
f L ()( 1I1!le 1 e1l1! !l!VruL 1
dre.
du\"al' e1l
VOltuH' 1 L PUI l'C'
,nlll, qui
Il lliait plus UlQr
qu
vent,
~Vc
c' lL\!JQL lloUli l! li e l1IOU\'Q l'
Et l'hoIJll!l)8 qui v no.ll de lUI PPt1 ft () n' L'lJ~1I
l'
JOsep.h S'lIerl" ,
plw; lUJ r1Llc poUl' ellt' que leli SêTpen!s 1~
pLus dan
OUi Il'UJi''z pu,\; lui (air' (tu ulAJ, au
oins 1
MW! ot !Alo III ua vamneux 1
rO\'0111 '. les deux 1
mes aour-Il'ent,
POlU' tou~
lA solll'ire 00 mlséM.ble g'acc:en\.ua,
Et ils flrl:llld! m l\.er \.e perr(),J à la jeUM femme, doN
- Jo vou. al Wt. peur r oom.u.nda-t-Il,
Je &JoUa dtWenG41. P!1U6 oOO.nœIen' lU . . . . . , ~
tIon1u ne 1'$pODdJ\ pas,
OU'elcle s'approohW\ de La lÙmJoOure,
Ille MUt Ino&pabJe. PJ'ODQnOW u.oe parole.
de baies
il" '.
,ci
aens.
�36
'l'out son êb'e s'enondrait.
Le baron poUl'SlHviL :
_
A.J.ru:,j \'OÙ.s a.Vliez OI'UI m'écha.pper, comme si an-ro'écll.au>Pllit
moi 1 Me.is, ma. pauvre enfanL, vous n'aviez
'pas ("ut ,un pas hors de l'thlllei que votre (moo m'était
OImnue. Je sovais quel déguisemenL vous avlez ~1s
eL il
' n'~l
pus un de vos gest.es QUii Ile m'ait été a.pprls. Vous
avez vu M. Nazlm '(
Sonia !l'émit.
Elle regal'Ôa dans le .blanc des yeux son persécuteur.
_ Oui, dilrelle, j'ai vu l'homme que vous avez essay6
d'assassiner 1
Le baroll Ilaussa les épaules.
_ AssA.'i6in encore 1 Et pourquoi 8IlJ.t'!IlS.-Je essayé
d'assassiner ce pauvre M. N8.ZJm, un oharmant galrçon,
que j'HaiS très heureux de voir chez moi 7
- Pour 'Vous venger 1
- J:jL de qUOi '( grand Uieu 1
- De ce qu'Il nvait osé m'aimer. car il m'aime, je
vous le dis. Il m'aime et je l'aime tO.ussl, entendez-vous 1
je l'aime 1
Le baron eut un sourire plein de dédain ceUe fois.
_ Et qu'eslrce que œla. peut me faire à moi qu'il vous
aime et que vous l'aimiez? Vous savez bien que je ne
V.()IJB aime pas, moi 1
- Ow, vous me l'avez dit cent lois. VOliS m'a.vez dU
que vous en alntiez une autre eL n'aimeriez jama19
qu'elle. Alors, pourquoi ne pas me laiSser libre, mol f
Pourquoi me oontraindre 7
- Puree que j'ni bec;oin de vous parce que je veux
que le monde croie que vous êtes ma rnaltresse.
- OUI, vous me l'avez dit, po Ir uetourner leb bOUpçons-, pour. que personne ne se d{):Jw QU~
vous ayez;
une autre passion.
- O'n.illcur5. vous vous êtes en:;ng'i!e II. me sH'Vir.
- Je le sni.s.
- Votre reoonnaissauce ne devt ;t flnjf lji1't;:'·"C voL:Jîl
vIe.
- Je ne sa.va\.s pas que j'aimernis \ll}' jour, gémit la
pa\JVTe Sonia.
Elle ojauLa :
- JP. vous serais si dévouée 1
- Si ~
vous permettais d'olier rejoIndre volre
aDlunL 7
- Il n'est pas mon amant.
- Il le semit demain. pUI~qlie
vous l''almez.
- Je lui appartiens désormais corps eL âme.
- EL vous osez le dil' 7
- Que celo peul·1I vous faire puisque vous ne m'aJ·
mez pas t
- Je ne vous aime pas, maia je ne veux pas qu'ou
vous nime 1
- C'esL de la cruauté 1
- Appelez œla comme Il voua plaira.
- Vous voyez bien que vous avez essayé de le luer.
- Eh bien 1 oui, eL Je recommencerlll eL Je l'achèverai
Il vous lentez enoore de le reJoindre. Mals J'y \'als me,"
ve bon ordre eL m'lIITllnger pour quo vou.':I ne puLssJe2
piua fuir.
Le baron avalL prononcé ces paroles avec un accent al
m~r.halt,
lin visage si IrnplLoy'lble, qlle La June Cemme
oompliL que rien ne J'empêcheraU de .meUre ses menaces II. exécution et qu'elle n'avait il attendre de lui
aucune piUé,
Alors, se sachant déOnJUvement perdue, elle peJ'l88
~'jJ
ne pouvllit rien lui arriver de pire que ce qui l'al-&endnLL ~8ormai.
elle devint suas! révolt.ée, aussi viII41cOUvt' CJu'plle avait été jusque-Ifl rounlise e~ dévou6e.
Ulle eHroyable coL~re
lfI'onlta en elle,
Elle sc Itlva d'un bond el, Au grand étonnement du
b~on,
qui ne pouvelt croire IL un pareil aocèa de la
de son eeclt6ve, œlle-d lut oroclla au Y1Bage \Oua.
les Injures qu'elle put amonceler
- Voua e\el un monstre, burla
. ~l1e,
un monstre,'
11ft monstre 1 un monslre au physique et plus enoore ail
1IIOl81 J VOIlS ête capablt' de \Ous lei' crimes el de l.oUo
leS les 1 ch ·téS, ct je n Il qu'un regret, c'est de n'avoir
J)ftII d610~
Lou: VOS "Matie l ,
rem jeu w, natvo,
Hrlul(I' ..
00 pay. \'0\11, me Wlillez lOUa vOtN !OUI,
à
par'
Sanctuaire d'A mou"
=
enoh.atnée par la reconnaissance que je croyalll vous
devoir. Mais. maintenant j'al rompu ma chaine. Je ne
vous suis plus rien, eL je vous préViens loyalement qu'à
paa-Lir de œtte heure je ferai LouL, touL ce qui esL poss.i.ble humainement pour vous perdre.
Après cetle tirade enflammée, prononcée aveo tout ce
qu'elle put y mettre d'énergie eL de haine, Sonia a'arJ'êta un moment, épuisée, et eUe regard IL son adver·
saire.
Celui-el, ,qui éLaiL resté assis, sourIait narquoisement,'
Il ne paralssalL pas avoir é~
effrayé, ému même le
moins du monde par ceLte fureur.
Cette Lranquillité ironique porta li. 60n comble l'exas'
pération de la jeune fille.
- Oui, vous aUectez de dédaigner mes menaces parce
que vous me croyez en votre ,poUVOir. Mals je ne sulS\
pas seule maintenanl il. connatlre vos crimes. D'autres'
ne les ignOrent pas pLlJS que mot. Ils en cherchenl les
preuves. qu'ils Lrouveroru sQrelTl1illlt, el aiors vous expierez d'un seul coup tous vos rorl\a.i.f.e 1
te En ne me voyant pas repamître, lis ~re.ndTot'
que je suis devenue volre victime comme tant d'autres '
délù, et ils se melbronL en campagne.
• Il Y t8. trop de l'toupçons accumulés oonfnl vom pour
que vous puissiez dorénavant échapper au châtiment.
Le bnron souriait toujours, et l'ironie de son sourire s'était accentuée. Pas un lD'usc.le de son Visage n'a·
va 1L Ltcssa.illi.
Il avait pris sur son bureau un couteau Il popier avec
lequel a jouaiL de l'air le plus CIllme du rn:>nde.
- Vous n'avez pas peur, dlL Sonia, parce que vous
;le ù.;:,·,' z pas ce qu'on a appris,
- ,f'l n'al p!l6 peur. diL le baron, parce que je n'8.I ·
cien s :a-a!ndn- de qui quEl ce soit.
1
- f-'oiI)'ce que vous êtes persuadé qu'on Ignore vot:
fm1'mL'S .
,
- t:"'<!, -::e que je n'a! pas commis de forlaHs, dit le ~ ;
l'On, imperLurbable.
Sonia bondit
- Ali 1 s'écl'lJa-l-elle, c'est trop d'eudaœ, Vous n'o.Yœ '
pas fail
·assiner les fiancés de Mlle de Lestrollge?
- Qu'on me le prouve 1
- On le prouvel'8, car on est en lra.1n de rechercher
votre oomplice, qui esL au bagne.
Le baron ricana,
- Mon complice 1
- Oui, celuI que vous avez pay~
pour commettre ces
meurtres.
- S'il cst au ~gne,
dit le baron 11&118 a'émouvoir, Il
aera facile il retrouver.
- Et on le reLrouvera, lIOyez-en certain 1
- C'esL Lout ce que vous aviez b me dire T interrogea
le sœJ.éraL en se levan\ comme pour indiquer quo l'eu.
tretlen élaU finI.
Mais Sonia sembla loueUée par cette IndlUérance
qu'elle aenLaIt aU~.
- Tout, s'éor.ln-t-eJlfl, non, l'.1li n'œI pas touJ 1 Et la
8équcstrntion de M. de KéNdec, e~
l'allen1a\ corom"
oontl'e Gc\lrges NllZim.
- Que j'ru laie écra..wr pa:r une 6Ufomobile 7
- Oui, que vous avez talL éCruer. car )'.aubmob1le
n'a pas été rel.rouiVée, eL elle n'avll.l\ pu de nUllatro.
- Ce qui prouve bien que o'étaiL mol qui l'avals cUI
rlgée contre M. Nazlm,
vuJ
- Ce qw prouve qu'II ne e'agil pu d'\U1 acoldn~
saire e& que la vOiLure était conduJt.e p8I' un de VQ
complices.
- C'esl tout ceLte role T demftnda le baroD oorquoJs'
•
•
- N'osC-œ donc pas aufllsanl?
- Pbur me faire arrêter et envoyer au bo.gne T
- OCl vous avez mérité d'êt.re pluLOt que votre COD)l
pilee.
- Eh ble(1 1 ce n'es& pRa loul U y IL un forlalt
'
iVOUS oublicrl, o'(.'6t l'enl/."VernenL de Mlle de ~lrU:
- Je connaissais ce nouvoou rorfalt.
- Elle est ~n mon pouvolr comme Vi)INJ 1 6&ee .,~
1Mme, Et -voua contente mainoounnt 1
'
- Ab 1 mlllérable 1 Il ne vous manquaU plUII quo d'.j
pa- ce nouveau or1me A ceux donl voua voua êtes ~
�Sanctuaire d'Amo.,
~
e
1
rendu coupable. EL quelle nouvelle souHrance allez-vous
fo.1re subir il celLe malheureuse, que voua avez déjà &anS
torturée,
u Hlébas 1 Je ne le devine que Ü'Op. Vous l'6.lmez LouJoUIr';, ou plutOt vous 118 désirez toujoUll'8 e~ vous ne Ibli
rendrez pas sa liberté sans exiger d'elle en retour quelque abominable promesse, car je vous crois capable de
tom maintenant, eL je ne lI'ouve pas de mot pour vous
exprimer tout mon mépris 1
Le baron éclata de rire.
- Vous êtes adrn1rable dans ce rOlc 1 Ma parole
d'honneur, il Y a dans chaque femme une iUne de tra·
gédlenne. Vous m'effrayeriez presque si quelque chose
êt.a.lt capable de me rAife peur.
.
- Olll, oui, raillez 1 Peut·être ne raillerez-vous pas
toujours. L'heure de ln justice sonnera pour vous
COmme elle Il sonné pour d'autres qui affectaient comme
:VOUS de s'cn moquer.
_ Vous voilà devenue sentencieuse maintenant. C'est
admirable 1
Mais, après ces mots, le baron changea brusquement
d'attitude et d'acoont.
Il ne raillait plus. LI devint ten:lble.
_ Assez causé 1 dilriI... je vous al fait parler, ma p&
lite, pour savoir ce que vous aviez au fond de l'Ame,
quels sentiments vous nourrissiez rontre mol.
_ Des sentiments de mépris eL de haine 1 cria Sonia
avec véhémenœ.
- Oui je suis fixé maintenant et vous venez de prononcer \:otre condamnation el celle de voire amant.
- Je n'ai pas d'amant 1
- De œlui qui aspll"C il le devenir. Et écoutez bien ce
que je vals vous dire. Vous ne sortirez plus d'Ici vi·
Voante et M. Nazim ne sortira que mort de la maison ot!
Il est soigné!
Oh 1 je sais, tu Sonia, que vous êtes capable de
tous les crimes
- Il él.llit clonc d'une cxlrême imprudence d'essayer
~
me 'braver.
•
- le vous ai dit ce que j'avais· sur le cœur, l'horreur
que je ne vouvais plus contenir.
- E~
que vous auriez mieux fal~
1 de taire.
- Non, car je n'alll'alS pas été plus ~'P8.rgnée
et vous
lIau.rcz nu moins ce que chucun pense de vous.
Le baron eut un haussement d'épalùcs empreint d'un
tiMain suprême :
_ SI vous saviez comme cela m'csL IndlfUrent 1
Et LI qullt.a la pièc.c, lais..o.ant seule la pauvre SanJa,
en prote il de mortelles un goisses , Slwtout au sujeL de
IOn ami Georges Nazlm.
- Il est enpable de tout 00 qu'il dU, le misérable,
flt~1e
en parlant du baron.
Et eUe sc demanda si olle avail été sage de le bJlll.ver
et de le provoquer amsi.
et
Mill.! elle n'aVIlit pas élfo malt.ressc de ses ne~
h'm'Wl pu ..:aoher ses sentlments.
Elle 6t""t ollcore alISQ/ll>éc un (:e6 TJI'I1.9<":e.s ail se mêloiC'nl Ics rf'grets et les Inql1.é~\des,
qUOlld un des homlIlt's IIIU eervice du baron, lin de ce!! S("I]"v! tellrS dmouéfl
et prêts il. Loul tulrr pOlIJ' plnil'<! nu mnlt.ro, qui les payait
avec lJI\('. générosité vrnimenl royale, ~
oons la
pU:œ.
Bonln 1<> oonnnlssntl bien, celui-là. C'étall le plue r6l'OCI! et le pl\lB sOIlI'l1ois de tous.
Au.<;f;1 ne le vllrelle pos s'avancer vers elle 8IUl8 un
léger Jbolsson.
r~t
avant qu'Il eot ouvcri 1."\ boudle, el:.c dtmanda d'uo
COn brusque :
- Que me Toulez.TOUI ,
- J'a.! ordl'e de voU!! conduire ...
-
OC! dooc T
.
- Dans ua rndI\ . que le malin a déslgn~
- Dana un œ.rhot T
•
oœnme n h11 plaire..
- Madame est utJn! d. I·.~
- El al Je refuse t1e voue IIUIvre ,
- J'en lierai 1\11 regrel, maiIa il ..-1 ob1J,t6 de (&Ire
.vJoIenoe ~ madame.
- ..~
J ana SaMI.
31
- le dols aœol11pl/r les ordres d'li malt.re.
- Mals ce maltre est un bandit 1
- Je n'al pas à m'co inquiéter.
- Et les ordres qu'U donne sont de vérllables attentats.
- Ce n'est pas mon affaire. Madame veut-elle mc sui\Te de bOnne volonté T
- Il le faut bien, car, pour rIen au Monde, je ne
vous laisserais porter la main S\lIl" mai 1
- Je vois avec plaisir que madame est 1'I8.isonnable.
Alors, si madame veut bien me suivre.
Le valet OUWLl 'Une porte el s'effaçn pOUl!' Laisser pllS.
6E'r SonIa, puis 11 la cooduislt li travers de nombreux
rouloir" jusqu'à ulle porte qu'il ouvr1t.
Il invita la jeune lemme li franchi'!' le seuil de œfJte
porte et eJJe se trouva dans une pièce ayant dO servir
de prison autrefois, car la fenêtre en éblli\ défendue par
d'épais barreaux.
Il 1 avait d871S cette cOOmbre un lit, mlP petite t.abIe
sur Laquelle un en-cas était servi, deux chaises, un lavlllbo et un canapé, le tout assez oonfo:rta.ble, mais S8DS
ruxe.
Le domesLique indiqua un boulon de sonnette plaoo
près de la ohemlnée et diL :
- Si madame a besom de quelque choee, IL lui swfira.
cl'appuyer sur ce bouLon. Quelqu'un vlen-dra i1'ccevoJr
ses ordres.
Sonin ne r6pondit pM.
Elle S8Va./t
~ ce
qu'étaient les prisons du baron el peutêlt"C, amsl qu'II l'en ava.lt menacée, n'en !.orliraU-clle
pDS vivante.
EL qu'nllait (,.Ievenir Georges Nazirn ?
des larmes montèrent aux yeux de 1110
A cette pcns~e.
jeune remme, et eUp. se mil li pleUf'er 8bondlUlU1lent
Alors le domesLique la la.i.ssa il sa douleur,
VI
.Joseph, le damestique de <kocges Nazlm, après s'~tre
restauré copleusemcnt, avait ~t.e
IllIssé seul dans une
des salles du chl'iteau. el personne n'avait paru s'occuper
do lui.
Il sc \:lemnmdaiL saos effroi, mals avec une sorf.e de
curiosIté, comment nlla.iL se termmer son nventure.
Tout luI semblait.étrangc dans ce Q"1Ji venait de lui arriver, cet enll:vement si habilement exécuté, la fIIlQOn
dont II aV&t été reçu dans ce ohtlleau, qw pnma.!l pour
lui Ip.'3 c>pp01'cnces de quelque m6.ÏSon rantastlque et
su,rt.out cc qu'il oroH cr.tendu dU'e au sl1jet de oc maltr.
myst.érleux au pouvoir duquel il se trouvo.lt mIllnlenl1'!\\.
Allait-on le :ret.cru:r là Ic.ngtemJl6 et que devait (W'.Il8ll'
son malLre, qui devail attendre avec fan, d'lmpa1iene»
qu'H allât lui raire conn8ltre le rosuJtat de son expédlUon ?
•
Il (wl beau, ce résultat J E~
comment 098"l.It-0 l'avouer ?
Il s't\L.'lil laissé jouer oorr.mc UJ1 bénet, mail! qui aurait pu supposer QUo ce ohnl,llfeu'l' T
emJln, cdui qu'ils appelaient le maUre étaU vre.lment
lin huh' !,) hommo, ot il 8UJ11U' bien voulu falro sa
canna' · ~an c p.
En tOIlL ('liS, Il <'t.oit prl&onnic.r, lw, eL celle dont on
lui aVILit con06 ln gMvle aussI...
7
Qunnd rcNuV"/'('J'l\it-il sn InJOrt,~
Il n', n savait lien nbsohllJ,<,nt.
On lui avait dit que Jle~t'C
serail-il rOOOl1du.U danll
P8J'js pendant la nuit, si telle é\.tl.ll la volonté du mnt·
w.
Et si le mllft.re éLalt pris de la ranlalsle de le garder T
Il lui fUlldrall donc attpnrlre sort bon plalBJIr T
Et IfI jeull!' rr. IlIIT1C , qu'ullnil-()[1 faJre d'olle' Joseph,
flOllt; <!pvons lUI l'OlIllJ"c cdle JlIslk.c, ota!t pllll1 Inqul.
8UI' SUIl soM qlle Som' le slun pro l'rI'.
Il CI 1 (lit n'cvolr J'('rsonneIlPllll'nl rlr.n Il NldoutlQ
Malll Il JI'('n étnlt pns Il'1 OIo'mc ,Je Sil jru,no oompnjtOf
el il 1111 ait blpn VOl/lu savoir OÜ ('lIr· tlll1il et ce qu'Ca
avall df/cllll- il son IIjflt
Mals Il ne voyait pas qui aURIl pa 1. renseigner.
.'.
J
�Sanctuaire
ne s'éta It montré encore. La porte étal! solfl'!"rnél' pt l,'
It'lp(~S
étalent garnies de
1, 'T·'ô· '. f'l'rlHIIP (;l.. l1p.... cle .. .; p'l·~\)n!.
f)N:lrI·rnrrl. rp chfllenu n'était psJS une dt>meU4"e oro!nlll!"f' el cehu qUI l'habitait pa,raissatL aussI un partleuiI.'(" ~ "', ,: r ,"b. ,.",," VU..:; du gll!P'P gai,
f':emple.
Son h·tll'IL/.t.t.lon t!1 ceux qu'olle conll.'nait avatent pluUl\
J'af}IlHrenr., luguL.·H
POUl" passer le temps, Joseph se mit li faire des exer;', "~.n
n~
~1lf'I"nt
p,,,.
clc"s n''''''''' '''l !IL'iSl'W''lIt
Il ét ...1l un hllhile gymna!'Le et la bllITe fixe n'avn,l\
pl.~
de ,;"ere!s pollr Illi .
11 était ~O\lp!".
Ipsle el {l'une 'agilité surprenante.
Il Cffler'rha s'il r e ll'ouvrr<.ut pas le moyen de fu;r.
Il Inslwclu fT li fi lJt,ICUSf'men 1 It! porte pUIS la f nNll'e
et cei~1
ne sf'rvi! qu'à le eonvaincre que les prMmltlons
aWI ,'ni été 1.It'n [,riS es et !l'l'il Ile nourralt sort·if d~
sa
prl .... ·n !lu" 1. ,'Qqll'on le vOudrait· bien
(~'t.e
conslQlation lia donna des itlél's plutOt mélnn(X.,l!ju<~
et Il sc promIt dl' Imre payer cher li son géOlIr'r. "1 l'oi:r./lSl ,n ,,'CIl pré<f'nl,a.ll jamaiS. les heurés ûê814(réllhles lrl'il lui avn: 1 'ail passpr. PUlS. n'ayant plUB
nen li. !/J.l.re pDlJa' se disll''llre, Jl1s<,ph se laissa choiT sur
UTI nlvan et a!tcf1(l1t les l!"\·'n~s.
Ils ne !.a,rdl>rPIlL pas il se prodUIre.
Qllann lu Illllt lut vcuue. une espèce de grll1ld escû~rip.
ainsi (lue le vlLlet de ('..humbre l'appe.n, se pil'é·
SI'I1IH doJl.ns II! pièce OÙ ce dernier somml'Illaji li demi
luI dit :
- LeveZ-VOliS. Le martre veut vous parler
Joseph :;1' d!'f>S.'<1l en su.rsaut. pt de srm nIJr gDu;aJlleuT
- Le mail.rt> ? Quel maltre ? Je n:60 al .qu'un, mol.
et- je saIs bu.n qu'U n'est pas ici.
- Le matt.re cie. cet.t.e dt'melMre, lU l'homme. Mon
mettre è. moi.
- Celut qui m'u si jnlimf'nl f'(mlr' ?
- Je ne saiS ras ce que vous youll."7. dire.
- En/ln, llUI m'-a subtilisé mon ch!luffeur et enlevé
oomme une jelme fille T 1\01815 le !l'ai pas aŒu.ire li lul,
!bOt.
- JI a besoin de voos plI,rler.
- Je ne le Ilonnais pns Il ne me connall pons.
- Vout; ferez Ol1Jf.~tnce
O'ailleuJI'G, si vous ne
90IIIez ras sortir de !lon gré ...
- VOUB allf'z m'enlp.vpr (~cnl'e?
Ion, jc préfère vous
eu"'re. Qu'el:l<e QUE' je rIsque apœs tout 7 D'aillc\ll'8,
~
ne serai Pft.S fRoU de voir le pa.rtirmlier pt d'8ppren_
08 lIu'n VI'ltt fottlr4! de mol.
- C'etll J1Jslt"Il4>nt ce QU'U Vii vous dire SIUIS doote.
e'
- Bon.
~
je VOII
5UI'.l.
\
Joseph quitta le cUvAn pour omboiLer le 1>116 li l'cs-
qntre.
1.11 pmmlère C'xcl!tmfÜlon ochappfe ail valpl dA chamIin!. quand Il rul mis, dan!'! unI! sortI' ne r.al,in 1 f!()tnj)-
!fl4"Ilblé. pn prés.cnce du baron, fut cclle-d :
- Qü<!1 drOle de COco 1
Et Il aJout'l uv('C IITH' irima.ce :
- Ah 1 qu'il ASl IOld 1
Puis, cI(\j1lgneU~'rpt
:
- Cc.sl ça. le rnaltrc, leur mldtrl" r
JI S'I!.\ItUlçalt, l(o\llatl.ilPur, pcnctnnt 1l·lle le baron, lm·
mobile, 10 fixait de ses yeux cie bllSlIic.
Et quant! Il fut tou près, Il lUi d('monda
- VOliS ,.p~
1111 sprvlœ de M. NlLzlm ,
iueU6lT~rat
-
OUI, lTI'm~Jr,
ri VOII," /lvaH ('hilLrgé d'emmeruw eeu.e Illurne fllle,
dent il vpul llilre
TlUlitre. S", dan$ LW end.roi\ 00 U
1'/loUralt II. dL'Irreholl T
- Je ne If' I\lernl Jlw, PWstlllt' VOliS le fiIlVCZ.
~hlS,
(US, VOltS, que vou
Comm('tuœ une
-
Sni UIlIt"/
_ JI' ne m' cC'UIW pus de çn, dIC Joseph l\Ion mllllre
In'a dhnn-é ,!Log ordres. Jt' n'avlus qU'à les ·X(lOlllcr. C'est
)Il'clu,' Jill Intt.
- Ct' qu P VOlIS llvez 1 fil de Inil " roctlfla le baron.
- C' 1 roUI ttit H'l.\t 11ft gl!Uew' ml'Ltrc Wl bAton
dans It' roll.
-
Et (." g
t mol.
CeL c i l Je Ul rJu •
l' 1I.~
'.
d~Amol.tr
-.Je pOlwrals YOUS glll'drr ici LAnt. qu'il me plairaI!,
Mais j'ai une commii"sion A I,ail'e IJ M. l\azim, dont je
'IIJ, vous charger, el je \ ais vous rt'lllocttre en liberté.
- Bon.
- Quaru! 11 t('ri! noil' lout li fuit. aflll que "OUS ne
puissiez pas reonaÎ'.~
vct.re chf'lllln el savoir où voua
avez été, urH~
auo[omo!;::,· VOIlS Amlllèllf'ra vers flaris.
- VOliS êles un hOlllmi:! Ùf' pr,·'clllllIQil.
- Vous l'avez dit.
- Gt la cl)m1i.~sn
li laire li mon lTNlilre ?
..
- C'est rte ne plus Sl' rJ(~le
de rl~
llf[ULles eL sl.lJI'tou',
d" n,' p.u~
cherchel' à rC\'f)!U' celte jeune fille dont j'al :
la gürde, llu'lremeI't il '·ui on CUII"!lil.
(l" l'assus:;lIJer ?
- Vous ncht'<\~rl:·z
- rai donc oomrnpocé ?
don.t. il a éLé victime ...
- Ce pl'Hl'lIdl.l lcèi.:~nt
.;"
- Eh uie~
- l-'el'SOmw ne s'y ('fo' ,!lIssé fJii'IHt;·f'.
- Je ue comprenrts Vl~.
\.')u..:; G'Jlnpl'€lh:iI fUI: bIen. :'vlull maUre 0. été vicUme, non d'un accic!PlIl. mUI,; (['lin ,onl.uble a ttentat_
Dont vOu." m'aœU5f'Z '/
-
- Avec d 'Ql1tant nills rle l'UISun ,'u.e vous venez <ÙI
men.a01 r mon m'8.ll.re. cnCOl'e.
- 11 ne suInt pas (. 'nl,;(:u.ser. dl! le baron, il faout
piI'Ouve!'.
à trollv€Il' avec vous.
Et les pl'6l1ves sont dlfh~i!('s
Je m'arrange pOli!' celu..
Vous êt.es UJIl hatyJe homme.
Je SlUS c()m.me les aul"c't'S, je rnis ce Que je peux
pour me d.é.fenùre. La vie esl HUf' lutte, II S'atllt d'ê[re
plus fort o.u plilllS rus~
q~1€
Sel> url \"l'rsaiI"-S.
- Mais on n'esl pas louJ(jllrs Ih'l/ol'cllx 1
- On l~est
toujours 1I111ll1,1 on "lIl s y prendl'e. Les
ma:a.dl'oils seuls se la.issent valllcre.
- EL VO'll:S n'êLes pas de ceux-Ill '1
- C'est ce Que je prét.ends. Co m'a fRiL assez de mal
ù0puis (j'ue j'eXJ$te poUl' que je cJil'rche à prendre ma
revanche.
- En faisant du TIWl.I li votre tour ?
- Quünd je ne ptfLs pas Imre 11111.1'1'111"nL Mn.is trêve
êtMs dispOSé il fil 1'(' mu. commisde baV8ll'11I1,ge ... Vou~
SIca Ù M. Nazim?
- .Ie fel'IU tout ce que voudrez. Je me trouve assez
lX!oo de m't'Ure laIssé pincé.
'
Et VOliS le SI>rf'Z toujollrs quand vous t.enterez
'luelque chosp. OOJltre mm. VOllS pnuvez le dlrc à votre
mnîLl'e.
cmnmr.nt li proIX·
.Il' le lui dirai , Mais je ne snls IJ~
rlnl !;oa, fi n'est rH!> oommoll.! ttlliS l''s j(lur.s, M. l'azfm.
el il ClC S III Isse pAS rn~l,kA.!
11I1.111l1nl'r. De pills,
])aB un unhN'!Jr.
n'f~t
n
JI
Il
üans l.a J)l'I's,sr:, ct
1I11111S
d,'s c'('luUons. d p. nnmurm.t.2!
dlllll')
tal'S buslJC.r.
I~
Il na rllUOI'fllt pas trop
Le huron f>ourID.
Jo> n'oeui pi!..'! envil\ rlll lE' hll'nhllsl.er. comme vous le
<Uu>,,;. ,Jf' lui ht'fllnnrle S('III<'rnl'nl clt' Cl{' Pli.' S ()CC111,er d4t
11101. I~.,lrc('
(;orr\pl'Is ?
C,'ti ct<;rnien; rtI1ltr, dllS sur un ton, fort. lIlCn'H)fLnl, ru!''':flt 1\.i"()llIplljtn(. d'lllI (:0\11(1 fi 1\'11 lion m()lt~
I(,l'rible.
Jo"cph, IfIolllrtr. filIn III" ff. 'I'I'flC l',·t'III' ou orf-clre no
pu~
s'ClI1p'dIOf d'CIl (011'\' Iflljll'(!SSlolllré,
'
-
Il TIIurmura 1
- (lui, oui, p/l.(·fnilemont.
-
On
-
C'ost [,out ce qu~
Vil Vllm' S(~vJ.r
j'uvn.ls IL VOUR dIre, fil 10 baron.
il (IIrll'r, IlU
011 V(lliS .'mmt:nern.
PurlUJt.
I.'homme IIU vL':lnuc
scul Iln IJ'lnLlLot..
(',4
utUI'"
Se
I/'(.llmt
P.
.lOS!!! h ree\6
1'i11. le gr,mtl l'sc'(lgrilfC' villt 10 pl'(\k~
pour le rr.con.
dul!'!! dlJfl8 ln plf'l'" 1111 Il Il \'Jill. ('l' "lIlcrrné,
1 11(> Illlll.' l'I"tlt IlIul ,('l~s·
(Illn
• le pl l'ce el aboi!,.
ull 111 III nt
bOl'Vlo.
I(! vHld df' ('hllml·!",', qui !lI' <lit. :
'\11 IIlO:n·. il n,' 1111 ,II [Hl mVllllr dc' IlIml
vue 1~'JOil
~H
s prJ.
011111 l'S,
1·:1 '1 !ail l
lI,.
Il:1
L
'Ir fui DnI'U. II
Il
Jtll' 1l(),Il '1
m,t il rlLbl1l
II
1 l
h ur.
�•
p:OIgIIie et aussi une boot.eiHe de chnJJlpagne, sans -compter ILM bouteille de vln ordinaire.
.loseph . qui n'était, pas souvent il J)!U"eille fête, vida
les t.rolS flotes, et il était tout à ·fait en gaieté quand ·on
lui dire que l'automobile l'attendait et qu'Jl fal·
tait partir.
Il eul un vague regret de quitLer un si bon o1'C>!Inaire.
efi mwml.l.1'a :
- C'est dommage. J'étais si blon ie! 1
Mais il pen58. que la liberté vaut encore mieux que
les bons repas. eL Il suivit l'homme qui était venu le
~t
llberc.Der.
'La mut ébalt lout 'à rait venue. et truand Joseph tuS
dehOl'S, il ne vit ab5ol..menL rien ruuflmr de lui en
:lehors du rayon lumineux projeté 1)lI.T les lanternes de
l·a1J.OO. dom le moteur brépjdlloit et qui ~ta.i:
prêt il se
melbre en mardhe.
Un valel ouvrit la 'jlOl'Uère et Joseph s·i.nstalln nvec
un gorrxl,ien il cOté de lui.
Pf'C&que .ausgjtôt la voitUl'C partH à JO'arule 'Vi.les.se il
t.ravers la D'lllit nohl'C, CHI' le cdel était cOl/verL de nun.-
&es, sans une éclaircie d'azw' et sans une éooile.
Un voent violent courbait la cîmc de.s arbres, échevelant les branches é'pf'rdOme/1't.
Même si Josapl:l -eUt voulu cbercher à se renclre compte de l 'endroiL où il se t.l'ouvait, cela lu.i eot él.é impos·
Eoible.
Il ne voyait que du noir autowr de lui, en dehors des
J)&M.ies lie ja route et des haies éola.iJré&!; pax les lanleJ7Ies·.
(Jua.nd l'auto LraveI'saiL oommelLne trombe un village
avec des sons Ge lrrompc, dCb hllrleIllQl1\s de ohions s'élevaient <le tous côt.Os eL le saluaient au passage.
Joseph n'avilit 8UOUJllC ld.Qc ue la d.f'6otJon suIvie
par la vO\~Ul'e.
Il M savajt 51 cHe s'en allait au iJord
ou ·au sud, eL il lui SOrtlJt irnpubsible de donner à qui
QUe ce HU une indicaUon il ce sujel,.
Comme l'avait dit le baron, le,; précaullons avaient
~Lé
bwn prises.
[)u re6I.e, fi 00 mornont. le valet de cha.mbre avalt le
cerveau embrumé par les rUnlecll du vin, et ses panbées
n'étalent PliS moore trè& nell4!s.
'
.
Ce n'est que plus lm',l, qUMù son commencement
d'~\l
se rul IUls>;ipé duos la vitesse de ta cow'se,
qU'il songea A la tôle qu'il [emiL /Tu.a.nd JI se trouvenLiU
,devant éon mnlLre.
QU'allai t-il Ml.CO n !.el' li oelw-ct ?
LuJ dI.rnî~L1
la vérIté, à savoir qu'U s'ét.a.\t laissé rou.
ler oofllrne un jolJard Y
Il serait bien forcé de !au'C connaïtl'c co quI s'était
Pft8Sé. el fi voynât d·.ic1 la [UJ'CUŒ' qUI tillait s'emporer du
bWi.itf'e. Il entarJdaiL ses repa-ochcs 'L cc qui lui serait
Pl1.IfI (lanault! encore [)\Iut-ôl~.
U soruiL témolll de bEl.
«;'otfltl'lllJ'. Mais pouvaiL-il prevoll' co oui 61nit arrivé, cD
1 aVIli L-U vralmeflt ue :;a Ca!! Le ~
Qua 81u.rnlt pli [lCIlSll' que oC ChfillfIC'Ur le trahirait
e.\nai '1 Car l) 1\~'!IJiL
lmhi. le mi!;('J'uble 1
Il 4evalt avoir été gril semelll I)''l.yé IJar son collègue ... Ah 1 s'i1 Je mLltrlLNUl nu jour 1
J04Ieph étlll L etnCl(~
p(1"dn rln.lls pi'~
réflexion& qu.nnd
il vit soudllin brill •.ll' h!lIlS l'om br'\! de lIornbrnuses luJi(:mt.illa.nl comme nutanl d'étoiles olignotanles.
C éLnll Pa J'lS.
Et birullOl, cn eUel, l'auto roulu, clnns des rocs éclar-
'!!lèl_
l'éef..
Le compllgnon do roul(~
"'o.l~
PliS uflcore pf~mocé
8CpI)
ùu v~Jct
dc ChlllTlhrc, qUl n'uUJIC !liIl'olc, clelIHl.nda Il Jo-
:
-
UÙ vOllle;:·volls que 1'00 vous dépose ./
-
Oil . nnun s-nnlls d'nhm-d 1
Le dlJ/TII'.,t Iqll... • lll'Illllflilu. :
J(' IWOIS IDIIl: nOlis IlJtlgcolls l'avenue Daumesnil.
A 1~I)f'i>s
de "1J\'~I!.S
1
Elle \'11. he SluI~é
ù la Bastillo.
QW'llll! hLU''t' (",l-il '/
Il dol1, ~LN>
(\ 1Jl( hCIII'c.!l du ItlUlUn.
,IOSIlIJlI 1~lIéchH
..
-
Il
Il'
III Il
li Il.! l1l II
1.
1
f'
'. 1l1.tk.
sc
I
nt.ca- il
elle heur '.là il 10.
l:l
Il
et Il
poWT8I1~
de se faire coMuire chez Bon maître.
~u'
v.ant
se
llIUJ'ait pLus
~
lm peu, coor.donner seS idées,
d'aa>lomb quand il se Jlrèsenlerait de-
le chIroni'lUJeUT.
1'8.û1!'eSge de lM. Nazim, que sem compagnon t:I1a.nsm.it au cbauIfeur, eb l'1U!bJ flla aussitO'
dans la diIreClOOn indiquée.
La pLu,part des rues étaien~
désertes. Sur le bo\!IElyard même il y avait pou de monde. enr une .péLito
pluri.e fine et serrée s'ét.a1~
mise Il..t.ordber M 'la plupart
des calés (jt.a.ienb .fermés.
L'auto stoppa devan~
la demeure du,journaltsf.e, el
dès que Joseph fut il. terre, elle disparut , avant que , .
vtD..let de oha.mbTe eo.t eu même le ·J.empo. de se -reoon·
II donna donc
o.a.I1.re.
- Mâtin. s'écria·t.Il, Us 'sont pressés,
J:.\ av.ait ma.intenant repris tout sem san.g-Croitj.
Il sonna.. La porte s'ouiVTlt. et il se dIi.rigoo. 'il. 'tâtona
vers l'.escalier, car tout était ét.elOt d,Qpuis longterqp,
<lans La ·maison.
En pa snnt devant la parte du concierge, il dit SOl)
nom, puis il s'engagea dans Tesca.Lier en enJla.mmanJ
UIfle allumette pour s'éd/lIrer.
tl monLa.i.t. p8ll" l'esoa1ier de service, qui 0t.a111étrnit
et san5 ta,pis. et Cf\.Il&fJd il fut dWDB t'appartemenb, il
tOllrn.U le commu.tateu.r électrique et se .llrouva enfin en
a:>leirw clarté.
Il respira mieux. mals il aval. peina !I.
.tout il. fa,i!.
rezru'!Ure
S8
-
QueLle a.venture 1 dii.salt-il et que va dlre IDunsieur 1
()IJj!l.nd il aM,oIlÙIlH soo mattrre II coucbB.lb ùam; l'anUoh;.mbre, S'Jr un ilL pliant.
Il résolut de pa.soser là le res!le de la mllJd6 el, de ne plU
monter dl/lns sa OIJambre, située au sixième étage,
JI pourrait pa.rLLT pour la maison de santé dè8 Ito. premicre neure.
Cela ru'Télé, li s'étendit SUT son peLIt lit tout 'ba.blllé,
l:te~fin,
et . ssa va de dorm ir
Mtlis li n'y paTvenuib p83 tanll'en\rev... qu'ij allai'
a\Oir avec SGn maltl'e Je pr6ucclIJ ut,
Et dès qlle le jour parut. il saula il terre,
]1 61h1u.LUba dans le oobmet de I.oiilcLl-e de son ntl.Lll.rè.
eL dès qu'il fuL pl'êt, il drscen(lll, pJiL \me .YQ~ure
et ::le
fit co.ndlllre il III maison de santé.
Son cœur bllttait blOll fOlot quanf,l Il en approcha al
Wut de suite il demunda Ges nouvellès dl mulaùe.
- 11 a passé une mauvaise ,nuil, dit kl sœ ,
-
Une' mruu\afS!.· nnlt 1
II éb&it Inqu.iet, agité. U n'a oess6 die
l'J)Ut6'
marl<lè.r.
ct.,.
- Est-ce que je pourrrus Je voir f
- Je vll.i6; m'en .iIlC(\J"rne!' 8U.()I'èS de J;a SlIBtw je "arde.
La religieuse enbr'DUWit dUIJ.coITIouL .. porte ~
la
chambre, y entre Ill.ll' la poinûl du pied ~
rew4llt en
d/!.s.all ~ ;
-
-
Il dlll't.
Il dort'
Oui. li s'est enùorml 1\ J a un lnalant
Tll1nti il
-
-
I.e
laiL resLé &veiltW!.
IDÙC.I!CL/l
"& vu
l'O\~
la
!
Pas encore.
Et lu fil!vre?
Elle n'u pll!t lliugmenLé. EUe
a. plutôt des t.enl61IC(,~
fi baisser, m'a dit la sœur, bien qu'il ait été fQI1 su.
l'tl.XCJLé.
- Je vais al mIre qu'iI soit réveillé. ,lit Jo3elph.
Il prit UIl6 chaise et s'ossiL dun, le couloir, l~ùar'
que lu religielll!c qui l'üvlliL 1 llseignê ret.ownll-iL à c.;;
ocoupabiollS.
U.n oulllle pf'()!ond T'\~ULlt
Ilnns ln mnison li. ceV"
IIOIII'C m o lilin1,' ("1' 1ps f 1('dl ·IU..., 1III \-e.naIM~
que ]11
LII.rd pour lours visitas, CIL les olXlru.l400& Il'o.Y<UenD ilS;
Will .• !L'II 'III
v r
ItU[ !LUllI',.
Joseph l'l'lisait
ln S('l~ne
qlll 1l;~!I.
sc ])(I •.;ser quun
U nAprt'ntJnLll snn Rvcotllrl' Ù SOli fIInILf'lt, ct Il n'M.u'
pas li Ill. 1I-PI,réhNI IOIl S'lIr Ir' rt'· ilHat (lU'ollu olu'uil
Il v :1\I1I!. III!! fIIl/lu,IC'5 emll'lrll QU'II rLtl<..' 'L, qU/lI
la porta !If> lu chnmbr 5'0/)1" t·h llu.
. L ... II le d'uue su;ur 30 fi onl.l'(I, :
�, qdasor .rn~lsuow
'VI s91~
snoA ...,
Le valœ de cbambire se leva brusquernant.
- MOIlSIeur est revei11é T
- Oui. 11 vous demnndoe. Il vous a demandé toute
ta nuit.
- ,Bon. J', ~.
Et. SUI' 16 poin\.e des pieds, Josepb péIlét.M da.na la
Monsieur...
Voyons, dJs...Dl()1 vite ce qui s'es\ Jl6l>Sé 1 Est.-e1Je en
T J'al fait un rêve atroce 1
BD voyan~
SOlI maltre en oe. érat.. le va1eJ cie chambre
~I.aiL
à parler.
El devent. ce sfJence, le ma1a.u'e s'énerva davanl.age.
- Mais tu ne dis r iCIn ; qu'y a-'-U T
- Il faut qua monsieur ait du courage.
En en t.e.ndaru ces mots, le journaliste 4evùl1 plUl Il·
~relé
-
Ma 5ŒUI' 1
La religJ.ellB8 80C0'UruC ef, en v~"oAnt
, M. Nazlm ..
Uême. presque pnvé de sefl8, elle s'écria :
Ah 1 IDIIlIJeurellX 1 que lui 8oVevvOUlS diJ T Voua
lIIIez le tuer 1
lœeph bégaya :
- Je n'ai rien dIII, ma. 5œUI".
Le cbl'ODl(JUeUor se ressabiL un peu.
- Il lui est 8IT1vé un malheur T Vorons, parJ,e 1
l.JB malheureux était si agtlé que la reliiieuse s'eUol'fII
.. " œJrnar.
- VOIYOIlB. monsie Ul', fiHlle, soyez raLsonnable. Voua
.vez bien qu'il ne vous f!LuI. plIS d'émotloJa. Voua aU.
lIVQir une rechute.
- EL que m'importe 1 !li i'6crtYain. II veux AToir
ee qui s'est p8S5é.
.
li se iouma vers Joseph.
- VoyOllS. Parle dono 1 Tu voll blED que lu me raJa
~I
A1ns1 mis au pied du mur Joseph
IaOOnt.er.
tu,
obUg6 do ~
Pendan' I on récIi., II maJatAe avalt dooru! de Jl'andel
d'8Q11oaA.k>O. el quand ce fui flot, li fin pN
t'une vér1tlo.bl e crl.ge.
- Adnsi elle ESI bnbée entre les mai%» cil CIl
lIomme 1 Tu n'as pas su la porotéift" !
- MIUa, monaIeur. beiaya le pa.uwn JoIleJ)b.
- Je t'avais pourt.an\ di' de t.e délier de I0Il1 ". de
....... Que V1l-L·~Ie
deveo1r ma.lIlienflIlA" la meJheureae 1
r.IIe n' ~
a plua qu'fJD mot el je n'at pu IJU la cSf.
8I8J'qUeS
teodNI
Le dœClfijlOÜ' du IIldlflUl'eUX ta1aalt peine • Toir.
Ioscpll e Nl reURLeœe eUe-metDo éIa10nJ ~olem.&
Due.
Le val , de ctllunbrc bég&Y6 :
J'aNlnne Il m Oll6lcur qu'Y o'y " pu c'.Ie ma faua..
.. ne 1)(1\ V11lS pas pr ~olr
que ce obaufleur me lrehlrail a insI, s 'ent.cnd ui' avec un au4re. U o'aY&ll aucUDI
-
~
-
...
On ohlionL !.ouJ dei bommee aftl) de l'QI', d1I Il
joum(l.!J I.e.
- VOliS croyez. oom.me mol qu'tl a 6M ~.
,
- Pnrbl u 1
- Oh 1 1 ml.séTe.ble 1
de Je maudire. Il valall mteu ..
- Il csl bien Lem~
MIl r d lu.!.
- C"
vrai , mOMieur. J'ni 6t.é n.oJf... ~e
me .w.
Ialsst\ Ir rml'(" C( rrllll( un Irn b6clle.
- El ot) csto()J1., IIlNn tollflllL 1
- Mme on Il. 7 J . ne SI1IS pas,
.... C JTUIle.n.t, Lu n
pas T
Non. monsieur. On nouo a fait. voyager la
U murrnUFa ;
-
f.ous les deu~
DUn,
-
Ainsi !lu ne sala pas ot! elle
Non. monsieur.
est ,
EUe est entre les ma.iDs du mlséralile. Ah 1 ..
debout 1
- Monsieur ne pourrait rien ·fa.lre. !puisque monsieur
De 6I8lIt pas, et d'aJlleurs je dols prévenJ:r mOMleur...
J'éfa1s
t&de encore.
n porlfl. la Ul6in à &00 cœur en murmuran\ :
- Ah 1 mon Dieu 1
Et Joseph crut. qu'il allai.. se t.rou. . er mal.
-
DOUS
Il Y euL un siienLe.
Geor~
Nazim semblai' en proie à un morne désespofr.
Le. religieuse s 'interposa :
- Il ne faut. pas, dlt.-elle, que ffi(JQ!,-!eu.r s'émOUonne
e.Ins1. Cela va faire monLer 8Il fièvre, e\ le médecin ne
lieI'8. p03 con lent
Le joume.lisl.e ne !'écoutad pu.
li étai\. oout à SB(; pe~.
lIiIlI"Veu x.
- Ah 1 I.e vo1Ià, EIlfin 1
-
a emmené
Non, monsieur.
puis 1'8iUoo IJIIIlrob&t si vilA! qu'il était impossible de
rien di.sIJn~
DaJlB tous 18& oas, c'est un pays o(]. Je
ne crois ,pas <avoir jllIT'ais passé...
oba.mlre.
Son matfre lui paru.~
plus pâle encore que d'habllude.
avec des yeux plœ fiévreux.
En voyaru enIirer le domestique, U euI UD mouvement
-
Cn
-
d8ll8 une epèce cie dbAbea.u. klm de ~.
- Tu n'as pas re:m8l"QlJlé la rou\.e 7
-
Et de qUO!?
Du danger que monsjeu.r pourrait 00UI1r en QOft4
Utruent
de s'ooou.per àe mo.da.me.
Et. qui L'a dlt 0818. T
- Le baron.
- Je me mOQue bien de ~n
baroo et de Iles menac.1
- Monsieur sait oeu>endanL qu'il ne 1)lB.Isante plie.
- Oui. 11 a falU me faire écraser. Maib je me l18Do
lirai 81.11' mes gardee.
- Il emploiera quelque 8Jut.re moyen.
- Nous verrooa bien. Ce Que Je rejll'eUe c'e&I c.'ên
re1enu ici et de ne pouvoir entrer en JuLIA! tout d.
1JUi1A!. Si le misérable est habile, je ne au1a pas moo.cho. non p.us, e' je brüle de me mesureI' avec lui _,
IUJIlout de délMer Sonia. n t&udre que lu paa&eI obet
-
d'HénioourL.
- M. d·HôrI.oour a vient oous I~
Jount, At 1& -.ur.
preodre des llOUvel.1es de monmeur.
- POUI'tfUOi ne le W t.-on pas entrer T
- Tou.t.e visite avait été défendue }usqu'ld.
- l'IenIieZ-vOlU6, ma sœur, qu'li viendre ce maIiD ,
- C'est plus que probable.
S'tl vient, faites·le entrer, je VOUll en supplie 1 VoOU.I
que J ~ l'luis lori, mlllnt.eoanL. el cela me fera du
b6fm de œ.user avec un ami, <;00 m'enfJrel.en.1r aveo lui
de ce quJ m'Intéresse tant. Ce qui pourrait ..., faire du
mal, ce seralt de resl.er avec oe& 1nqulé~des
qni me l'OU,erd 1 Ab 1 08 baron 1 Il 6U1'& de mes nouvelle. ~
que
te ~
debcu~
1
•
Olmme le maJ.a.de ~aJt
ces parolel, une reUgt8U.II
YID& ~Ier
bll.S,. la sœur el ceUe-d. d1J. Geortes NUlmJ
- C est M. d Hérloourl.
•
.
- Il est là 1cria le abron1queur. qll'U ln," qu'fi eDtN
Ioot de 8u.lte 1
•
ES qu.aald d"lléricourC. p(m.étrn doQe _ c:bamtln, • NI
_dU la main très vivement.
ml~
H~
1 bJen. dU 10 DOU V6IW-vema. Je TO. que ta ...
~
-
- Oui, oa va bien rnalo\.enant. Ah 1 que JI .... __
tin, de te 'Volr 1 J'a! tant de chos.:.s tI. te dire 1
- Je euls venu ooua les matins .
- OuI, je M is.
.... On ne me laIssait pe.s enlrer.
, La sœUl" se leva dl scrèt.cmenl.
- Je valll vous 1.alsser un lnstan\, dU.elle __l a _
prwSen\ 1
• --Le JOumaUate euL un geste vague.
lA sœur dit ~ M. d'HérlOOW'& :
- Je vous le oonDe 1
El olle sorLlt.
J0B6pb l)'ét.aJ t d6là raLlri.
Les d(I Il X amis rcl;lèrenL l8ula.
- QU'Iu..lu donc d e al preué • me dJn , ...... ,...
M. cl ' II Cfl COIlI' U u as l'alr tou~
bouleverl6:
- [1 ' /1 1)\1'11 de quul 1 Ce I!LLaM baroD oontlnue a
CillTe de:; slellllea 1
�r
\ 7
Sanctuaire d'Am.tlr
_au pOolWoir de ce monstre : Qui sait quelles représall ..
es U va exercer cantre elle ? Oh ! il mauL que cola ait
une fin 1
.- Cela en aurn ume, sois-en persllMé, comme toutell
les choses de ce monde. Mais que sera-t-elle?
-- II est impossible que ce bandit trioIIllphe 1
'- Pourquoi pas ?
- Ce !lerait UiI1 défi il la j'llsti.ce 1
- Il n'y fi que dans les méloda'ames eL dJams les ro·
mans. cher ami, que la vertu a le dessus in.railliblement
Dans la vie réelle, c'psl soovent le oonlrait'C.
r
- Oui , je sais bien. Mais ce semH trop fort. tout <!Je
même que nous soyions battus par ce rastaqoouère, car
co LlIron est le roi des aventuriers.
- On a vu des ohoses plus extroordinaires.
- Laisse-moi cependant e8pél'cr le oontl'aÏl"e.
- Je le souh,alte, je h souhaite vivement, je t'asSUIr8
aussi vivement que bu peux le souhaiter toi-même et je
lerM lout lPoor t'<8Jidcr. ma.i.s, d'8.[lII'ès \le que je sais
déjà du personnage, le combat sera rude et. il y awra
pe1lit-être de la C8SSe.
- N'importe 1 Si c'est mol qui dois sucoomber, je
lIucooumerai avec joie, pourvu que je oonIribue à la
perte du misérable 1
oher ami. Je te ~ais"e.
- Mais j'al peUll' de te tJal~.
- Tu me tiendras au OO\lI'ant ?
8010; tranquille.
- Pense que je ne vais pas vivre 1
- Oui, o\;i, il. bi~nt.1
Et M. d'HéTicoU!1 se retira.
- Le baron PHar 't
-
t,
e
e
il·
e
9
Ou1.
Il n'& .pas essayé de te faire êcraser de nouveau T Non. mais Il a fait pire.
EL que pouvau...j) faire CIe pire
Ah 1 mon <lI:H3r. si tu saV6lls 1 FiguŒ"e-\oi q'IIe 5onl.&.••
Sonia T
La jeune fiemme dont je t'al par16.
La maltresse Clu baron 't
MaJs non, ce n'est pas 18 malt.resse, j'en suis sdJ'.
Sa fille alors ou sa Ilœur T
- Non elle ne lui est rien. Elle vtt chez luI. Je ne sala
$I01lII'qUI01.' Paroe qu'il s'est emparé d'elle à..la suite de cir..
IOnsLanœs qu'II serait trop long de te raconter. Elle est
'lbez lm comme une dame CIe compagnie ou plutôt com·
Ile une esclave car elle n'esL pas libre de sortir quand
tlle veut. Mals 'elle élalt pa.rvenue il s'évader. Elle était
renue un soir Cléguisée en garçon, et ce que j'avais été
laeureux ce que nous avions été heureux tous les deux 1
déJ.Ivr~e
Je me Ugurals que nous allions en·
le la ~yat
10 êt.re r6unls. El si tu savals comme nous nOlls al..
DIOns 1 Bref, je m'Imaginrus que toutes nos anioisses
~enL
tenm1nées, et je parClonnais volontiers au baron
I·.t~na'
dont j'avals été victime, e\ dont je ne lm au~
ja.m.ads demandé compte.
- Tu ne le pouvais pas ,du reste. Tu n'as aucune
llnuve.
- Oh 1 je trouverai Nen mamtenant il me venger 1
lJirer Sonia est venue là près de ce lit. Nous avons pu
.u,s;,r, nous dire combien nous nous aimions eL quels
*llœs OOllS 'attentlalent quand nous serions l'un il l'au..
tre. J'avals chargé Joseph de la condut.re dans un endroit
• . Une automol:lUe attendait il la porte. EL sals·tu ce
Vlll
lUI est UTiv6 T
-Noo.
Bien nOlJ;J.'rJ, passant. ses joul'Ilées et ses nu.lts à l.Ire
- Une ohOll!!e Ioule, el qld monh bien combien
.. baron est in!ernal. J<>seph IroulVll. lIOn cbauUeur .1 Il. dormir, Edgard de Kérlldec conUnuait à englraisser
ilvec sa maoh.1n.e détraquée et qui avait appelé un CIe dans sa prjoon .
Comme Il ébalt doué d'une dose de philosophie pea
lIIi collègues pour le rempLacer, et ce collègue étfliit une
cri naire. ;1 r e s'ennuya!!. pas trop.
~
crie.lAlIres du baron.
Il se di5llit :
pesa6.
- Je devine ce qui s'~
- 11 fllu<Lra bien que cela nniBse un jour. On iI8 J.aa.
- Sonia et Joseph on' ét6 enlevée doos !'l8.lIIlwe r'll' ')
Rra. de me noun1r. 'l'l alors on me relê.cllenJ. 1
.. emmenée dan:. un chê.t.eau a.ppe.rlenant sans doute au
Il o',avait daIu l'âme aucun ressentlmenl conue . .
hron et ot! Son1a a été iardée.
ennemis. car 11 était dépo\lJ"VU de fiel.
- On & renvoyé losoeph T
Mals, un JOIN', pendant qu'II deJl1eW'8A endonnl dan.
- Ou!, puisque t.u l'as vu Ici.
DIlUe qurlétude. 800 aUentlon lm éveiUée par des b"rufw
- Mnls Il pQI\1n'a retrouver ce dh&lleau 1
... Il dit que non. Il Di 811.U pee 00 tout quelle dlreo- .mguJlers.
~
on a .ulv1e. Tu ne r.rouves pas ça JnouJ 1
Cétalt la p!WIllère foilJ, depuis qu'II ét.olt en!ermé Il.
- OUII. cela dénote une bll.bl1et.é qui n'es1 pu (]l'.. IU'U entendlllt du bruit à cOté de l'III.
n ee dressa vlyement sur le dJve.n oà U ékiI noooha.'-
......
amment oouohé . .
sen pe.a k>fl' 1
Et pour quelles rÛlOtll ,
-- Me111 potJl' œt enlèvement.
- Il a repris une Jemme qW est il Lui, m'u-tu eUt
"'-mMle, et sur laquelle tu n'lIB alliOun droit
- Il a essayé de m'ass8SSlner.
- ~-tu
le prroUNer ? Et ce ne
que _ mo1o. . . . métalta dnn\ on le IIOU4lQODDe.
.... Oui. je sala, les assassinats, la d!aparltfl)n d, M.
. . Kéradec. Et l'enlève ment de Mlkl de Leslnulle.
~
Nazlm eut un l'W'Sau.t vIolen~
'- Mlle 010 LootnUlg. a été en!levée T...
- Elle. dlaPfll'U tout COIIIIlIW M. de Kéradec.
~,
1 mII:lmur& le rJW'Onlqueur. . .
comme le bruit oontlnua.Jt, il sauba vivement (
poUIJ' aller éoourer, en se disant :
- Tiens, J'ai donc des voIBlns 7 Est-ce qu'on m'IIU;
J'ail donné des vOlslnB de oaptlvité? CeI& me distrairait
un peu 1
Il alla coller SOI1 01 iIIe à la muraille et essaya d'en.
~,
mals Il ne put r irn distn~
\l er.
De t.ernp!> à aubre. un éo. ~ LM
dp voix pl'llS violen' per,ait la muraille, pulll tout s·oteJgnall un Ill!;knt pour
reprendre pre3qU' &'--Iltôt après .
- On 4lnUt qu'on 811 d1!pul.e, lIt Edgard .
El, Irès Intngué, II !lot' demo.nda. :
- OU'esW:f' quJ peut être Il. T
La per.onoe qui étal \ là, derrière la muMJlle, éLaIt
Renée, il. qui ~
oaptivl~
semblait plus duro qu'il. M.
de Kéradeo 1 08.\ISe dea anao1aJee de tous genres dont
- Oh 1 qUUld je Iffti In6 1
- Que 1lna4u f
.... Ge qtIt l' fen..t , Je r~
oo8rer mon homme. ..
•
-
1118
Il0l1' ..
. . . C·.
-.o.
-
oooaeW.... r
OUIl, ce D'" walmen' pu œdlna1re.
- Oua me
- Wa.Ia d'attendre.
- ALtendre quoi ,
- Que quelque cboae .11. deII....
• D'allleura, tu ne peux rlela _ CI 1DlWIMIII, p'IUQae
.. Mobllflé d, prMr le II.
- Et SonIa ,
- Sonia f
,
- Que v....... ..... P"""'" ce . . . . , DI ...
]
~r.e
E~
IOD
Ame
étaU
Ioriwrée.
El c'étIo:Il M voix Q" " Brekm an.tendtll, mêlée il
..lie du t.ron PIlar, ew le ml~L'be
étall descend'll
,n. de lI'i viCtime pour ua. DOuvelle t.ent.nlive.
Le baron.. que la pIIMIlOD raYapaU. é~ali
plus eUrnynl1 t
P lamais . Elle mettait sur lI6S IIrruls, déjà si nUreuee .
meut dëfhrllTI'.,. une expre8810n beMiai. d féroce qu'fI
1IIRl\ Impo!lslbJe d·uprtm ....
En aperoevan' le miMrabMi, Renée WI 1JD lrIlI80n
d·holnrul".
El elle affecta. pour lai .... d6ae.iréable, un air ~
,
-,.~
.
�Sanctuaire
EG il p!II'la eœudt.e des oonditlons, SUl!' lesquelles les
ttetl'X ilomme6 s'entendirent l'81pidement.
AlOŒ'S, a.Prés avoir dU au nouvearu serviteur ce qu'tl
alAml<l.aJit de llJi, c'est,.6-dire un SCTV'iOO lm!POCOBble pl
~
' lui fwre les recommandabioIliS aux gens qu'il af...
lachaiL réellement 6 SQn service, le maUre de Sonia dit :
_ Je vous prends. A partiT de JIllamtenMiIb vous faites
d~Amour
ce cas vous ondresser li mo:n . 'Je sera! toujours heureux
de vous être agréable.
- Je vous ~'Cmerci
bealWOUp, dU le poUcier quI pa'
roll en eUet !plein de reoontOais5anoo.
AlOl'S, le domesLique le quitta, et dès qu'il fut seul,
le pol.ioier se mit Il. sa bable et éc.r1vit à Goorges Nazim
ce qui ...~naliL
de se passer, qu'il avait été engagé par
~
ie
de la m&SOll.
le barCŒl. &BJIlS que ceLui-ci parût avoir même l'ombre
- Le p oliOilei' euL. en en.tenc..I8l1L ces paroles, un mouvedie méfl.a;n
c ~,
qu'bl était maJŒIrten a'Tlil. dans Lu maison, et
SB.1.l1l1ElH 1:J1_e:ntôt ce qui s'y pas&e, et alo rs ils j)()fUlT!bIcnt
lDent de sa.Wsfaction quJ n'éclUl(ppa p.oint ELU bI!ron. ffi
un sourire pJe.in d'lI'QIÙe plissa tes lèwes de celw-ci.
agir. Pour lui lu déf,ait.e du 'baron Pilar n'éI~t
pLus
qPJ.''I.lJI.C question <le joU'l'S, d'heures pellllrèllra.
TI flL un geste pour m.diquer que l'a'l.ldJienoe étai-t terQuand ,Briolel eut terminé ceLte lettre, n la cacheta
minée.
:Et ~e
~UlX
Jimmy foe ('e~fla
en S8Ih.llrunt prod'ondé- . soigneusement, mit deSSlus l'adresse de M. NaZlffi, pws
hl qui.t.ta sa oha.nwre et vir1t se ranger drulS le vesLi.Lule
men'.
domestiques pour prendl'e son .service
Il était aUSSI content de lui Que le baron i'éta~
lul- près des au~
et attendre les ordres.
même.
Il était fo:t content de lui et de la façon dont il av6.1~
Il se disait en effet :
m.a.nœlM'é. n ne d o u r~ n.it
plus marimlel1llilt du succès.
Me lV'OICi dans la place, et le baron n',a pas eU
Ayant u.n pieu dans ha place, il sEiluraH voir et enfœnbre de sou'PQOOlS .
tandre.
1
PlE'Illdo/1Il.l que ce d c rn ~ er se disait de son côté :
Il eO,L été moiru; satisfai' s'il avaij pu surprendre ee
- Je le Liens 1 Tant qu'il sera à mon swvioe, il ne
qUoi se passn.ll &\lLour de lui.
pourra pes me nuire, car je l'IlfUTai à l'œil et pourrai
Le domest.ique oh.argé d'initier Jiiilmv el
l'installel',
luI commander ce que le voudrai.
et. qui se nommai.t Fleury, étalit passé san& brUit, après
BrioleL ou Junmy ayant rejcd.nt dans le vestibule les
autres domestiques. leuT fit pal't en quelques mols de avoir quitté celui-ci , dans sa pTopre chambre at, Il l'aide
d'um trou pr>at..tqué dans la cloison, et que le poliicier ne
~
qui s'étaiL passé, leur dit Qu'il 'venait d'êlJr'e agréé
par leu.r mai lire et devenait à pu,l'Ur (le ce moment leur pouvaJi pas voir, il 8JVI8.it survevilé ee que 'fnlsaJL te nouveau venu.
(lamID'8.de. U aJOU/La qu'\Il em étJaH bien heureux, car Il
11 l'avait ""u penché Sl.la' sa table oecupé à écrire el
Lemps pour lui qu'II koovàt une l, haoe.
QlU.oum ùes jeux de I9U p11ysJonomfe ne lui avait éCho.ppé.
- Vous éUez dons la dèche 7 demanùa \lIl des homEt. ce tte physionomi.e de policier était Soi ex'pres5i\'€
mes.
Qu"iJl avait pu devuner à peu près oe qu'avaJt, pensé ce.- Elle ooromemçult à se f{l.1l'e sentla'.
lui-ai.
- Je OOllJ16is çà 1
Quand il l'avaib vu Be ,jeV'eI' ... pT'êt. il sorlli'l', il s'en
On sooheàtu ~a
b.!envemre a.u nouveau r,ervlf.eur, et
éta.u. allé le premier très vivement E't s'était fllI\.pJ'C5Sé de
cm le con~at.\LIi
encore quand se présenLn. un valet rejoi.ndre
le baron tians son cabinet.
c.'e pied, chargé difroil, par son mu!tIre. de procéder il
Celu'i-<l1 ét.nlt resl.é à SQn bureau et sean:bLait alœ.ndro
rinsLaJlat;ion du nouveau venu.
son &O!'V1teul' avec une certaine impatience, cal' dès
11 ooru.Inusit oelUJrC1 vers ooe chambre sitUée au derqIL'iJ le vil\. prur.a.ilJre 11 s'e.m,p'l'cssa de se lever et de l'm.Dier éooge de l'hôtel et lui diL :
l.erroger.
- C'est !li. que vous ooucherez.
- Eh bIen f
Il ajQlUlla ;
- VOllà, tIllarta-e.
- \'{)u-e chambre esJ v0ÎS4ne die la mienne, 0801' je
- Vous Ilvez interrogé Le nou'Vellu ,
de
.t
il cGLé.
Et 11 dit encore :
~Ch6
-
- .l'espère que lùOOS deviendrons deli an::Is.
- Je l'~re
aussi, dit le ()l'élbndu Jimmy
- Vous lM pouvez pas manquer de vous 1ICOU~um&t
~
.
-
Un y esti bien T
'f'rès bien.
Le muîtIre a l'air un peu sévère.
-
l.!jvJdemment,
~
- Le 'b aron? C'est l"hornrne le med 11 eur. Il s'agd\ 1181Jtenwnt u'obéil' ponctuellement il ses O'I'dres M.al& VOUII
D'êle<, pas lOi, o,'estrc:c oo.s, pour f>n.i,re vot.re tanlalsle t
_ Quand on
lI1Jre.
sen,
ce
pas comme lorsqu'OD 81'
D'~
-
Assurément.
- Clola Il ses tnconvéDieDTs et n.uasi bien des o.vanwjo voua 8.'!SUI'e, On n'a il s'occusner de rien , On es\
bien 10g,6, bien IJWUI"l1. Et quand aD 0. Ill. choocc de
Iomibor dans 'lIne maison commo cel~-t.
où n n'y Il
pas bœ'lJ.C011P de besogne ~ 00 Yon trouve !.out li. gogo,
ces,
j)D
n 'a qu'à 50 IruSSOI' VUV1'6.
- .CL ce que je ooral, dU Brlolet, de l'ab' le pIus
con vu.incu du monde.
Il ,,'oü.pplit]'lJalt. on eU~,
à jouer 90n rOle Je plus cons-
l)IenaWusoment possllile -afin qu'aucun soupçon oe 8'6"vAt pll.llW les itmB dont U allaH être enl.ooré.
~è6
qu'U )Il! eut mon,", ce Qu'lI éI.al\ néOeMIIJn
,ue le nooveBU VIÙM ete abembre oonnQL. so.n oomper
po Lut demanda :
le
- \o ua ~
-
1eI"Y1œ'
AMOZ blun, je croie. Mw" (Jua.nU on entre daDI
lIQe ma.isro .. ,
!'fi PD. Cil uclqa[~
embru'l1ll3s6 t VOU8 pourrœ tG
Oui, mullire,
- Et que vous a-t-Il dJt ?
- Rien de bien Inli6rusS8l11.t, m04s dès que je l'eus
quŒé, Il s'est mIS à OOrlre.
- A OC.rfre T
- Oui. ma lLrc. Et 1'0..1 lu SW' SB IJÔYf,1onomie qu'il
AvaJL 1'0..11' blcn helllreux.
- Ilew'eux de m'wall' routé f fil le blU'<H} IIIVOO un
mo.uvr.Lis sourJre.
- Je le prulBe. mullre.
- Mrus on ne rou Le PIlB ~ baron PiJ,a.r.
- Je le saJs mal1lro
- SIÙ8-tU ce que bu V>118 naIN f
-
NOI!l ,
malLre .
Illlilw' me oh6l'oher Sélim mats Lu r., ~ s en
o.r~s
que le nouveau ne bouge pas' avan\ que Sélim
m'ait parlé.
- Tu
-
V'aIS
Bieo, mo..lLre.
OCl ool-<il il co moment ,
- Le rrouVIOau ./ Il al'al.
A chambro.
quJ~t.er
11 Il 'eaL pM &C1rLI T
Non, m61tre.
- MIlLB-tol à sn recherche el surveille-ie 1 Q 1)8 tauS
pas qu'Il pu18ae 80 dtbarJ·O....SOl' de s& loü~
,
-
- Cornprls, martre.
-' Vil mnlnten.a.n1..
Fleury s'«llolgnn, el, quelquca tIICOIlcSea .... 8tUDI
tral~
drule le œbiooI du 00r00.
' .
Il la'Ou.va œhu-c1 deboul, allant et \'ellnn' "lIIIQ . . . . .
Uon.
Quand Il w\ SéUm fII14rao III l'e.tftla de ma.rdMr ..
al1a è lui.
- Tu sais, c..ta.il ~ IŒ &We M'Y!. . . CIl
...
deaeJ>UNl"l
\
�..
Sanctuairê d'Amou,
- Briolet, le pol:lcler. s'~
présenté If)our se faire engager comme valet de chamlAre ?
- EL je 1'& pris. U est iIOJaintenanl à mon rerv1ce.
- Bien joué, mallire.
- De celte Ia90n il ne sorUM. de l'hOtel que lorsque je
l ' voudrai el. Il ne fera. pas un pa.s sans que nous le sacluons.
.
- Eu elfet.
- Et m.o.intens.nl, voici ce que je veux de LoI.
- Paruez, filai Lre.
- Fleury, .que j'ai chargé de surveiller le policier, vient
de me prévenlr que celui-ci n'·avait eu lien dc plus pressé, dès qu'U s'élaiL vu seul, que d'écrire une leLt.re. Or,
j'lma,gine Q'Ue ceLte leLtre ne peul manquer d'a.voir pour
nous quelque Intérêt
- J'eo suis persuadé.
- n faul donc que tu L'en empares.
- Je tacherai, mlllLTe.
- Il ne faut pas lâcller. 11 faul que !lu l'aies il louL prix.
- Je l'a.urai, maHre.
- 11 faut que nous puissions la lire, quitte 11 La !JaIre
pa~'Venir
ensuite à son dd rasse , sI cela fait notre aUairo,
ffilijJS il est nécessaire que nous sachions ce qu'elle oonlient el à qlli elle est adressée. Tu as com~is
?
- Oui, maJLre.
- Eh bien 1 va, et dès que tu auras du nouveau, tu me
ptéviendJ·as. Je ne quitte pas mon cabinet, 001' je sens
que nous touchons peut·ëtre à Quelque événement important. à Quelque incident grave, et je slis tout fiéYreux, d'lI.u'lanL que l'idée de ce~l
femme ne me 5Or~
pliS de l'espnt.
- MJle de Le6liraJIge?
- Oui, je l'alme O'U plul6l je la. désire plus que jaln:l.is. Je brOle pOlir elle d'un leu qui me oonsume et ne
s'éteindra Jamais.
/
- Le rruûLre ne l'a pas revue 1
- Je n'al pas osé la revoir. Sèlim. Je sais que le
n'a.urait (j'eLle q'ue des pa.noles de mépoo eb des mjurss,
et ~ pl'e.!ère aL~nc.re
- A\Jtendl'e quoi, maître'
- Je ne sals pas.
• - Que /jon hlUJleur change 'f
- Je ne l'~re
guère,
.
- Alors 7
- MOI'S, Je ne sals que faire.
• Tollit ce qoo j'enln'6pl'enœ pOlII' essayer de l'o.Wrer A
mOi nel semible servir qu'à me rendre plus odieux à BI89
yeux. Je eouHre, Séllm, et je suis bien malheureux 1
- Mo.Jheureux 1 nt le méUs, qu.a.n.d le maltre a. Lou1l 6:
soooo.Jt, quand sa fortune Incalculable lui pat'ffiett.ra.U
<l'ncheter 1er; femmes les c>lua belles. les plus enviêea.
- Ce n'est pas elle, gémit le bal'On.
- Que vous a-t-elle dOliC fait, malu-b'''7'
- Je l'ignore. Peut-être m'a.-l-elle jeté un oort, ma,w
je ne puis me âébarrasser de sa pensée. l'en suis comme pœséaé.
Le bal'on cessa de parler et re ta un moment La Lêt.e
dans ses JJWllnS, comme accnblé .
SéUm n'osait s'élOigner.
Et LI ro.L1ut Que son malt.re luI dise :
- Songe à la lellJre 1 pour qu'Il se d6cldIU ~ se ret.l.J'8l'.
t:epenClant, dans le vestibule 00 Il etlRndaH, llmmy O\l
plut.ôt Brlo~'
oommenQll.lt à 110 fwe vieux.
U guettait une occasIOn ue s'&:lu1pper, mals ceLte 00caslon ne se préSentait pas. Quand Fleury vint tul cUre l
- Ne vous éloignez pas, Jimmy, le matlre vo. blentO~
avoir
-
be80Ul de VOUI.
Bien, ilL le prétendu Américain aveo une grime.ce.
n étalt oonLNlirlé de ne pa..q e.VOR' le moment de Ubert.é
qu'U 8OUIla1 t.al t. lDII.» Il se dl go.Jt MJ6S1 que si 1e baron
IMI.n beBoln de luJ. Il Lrouv6l'a.lL peuL-êlft le moyen d ' .
pnlndre quelque cll086 d'ln1.éreSsant.
EL Il ne savait s'li devait se réjouir ou le d~ler.
pO'U..tont li avait MW! de faire parvenir à M. Nazlm
la bonnn r.ollvcli C)11 'tl 'lVlllt Il lui npprendrc.
Il s'Ils.sll UI' une banquottto el aLt~ndl.
Mllls, Il. ce Olmcumt, un domestique, 8Orl.a~
d'IUl couloIr, luI dit :
)
- Venez don~
m'aider
Briolet se leva avec empressement_
Mais. en arrivunt à l'en.trée du oouloir, qui {!Lail UJt
peu sombre, il sc heurta dans 'un domooUque qui ar~
"ait en sens inverse et qui lUi cria. :
- 1mbeoile 1
Briolet étuin sU5ceptible.
Croyant avoir aItail'e il. un wbin comme lui, . il se ~
olITo.:
- Eh ! dites-clone 'l
- Quoi? !iL l'lLul.l'e d'un air hosl1le,
- Vous pOu.J'TleZ être plus poll_
- Et vous faire ,atlJenLion 1
- Je ne .poUV\{l.IS pas me douter Que vous eJliez VOUtl
Jelel' dans '11101.
D'outres domestiques acoouraienL voir ce qui se passait..
L'a.dversalre du policier, qUi était un vérile.ble hercule.,
parut ex,cllé ,pa./' la galel'ie et dit en montrant le- policier :
- Voyez-moi celle tète d'idiotl l)'où sort-il celui-là ~ .
13riO'let sentit la colère IUl mcm.ter au visage , eb malgl'é la pl'uGence rrue devait lui conseiller sa situatlc.n
plulôt délica~,
il ne \put s'empêcher de répo:ndre :
-:- Idiot 1 AIh 1 di les oonc ; Je vais vous llipjl.rendre.
mOI, ce que c'est qu'un idiot. espèce de brute 1
A ce moment, Ul}' des uomestlques semlll.ent avoir SUI'
due sans doule à sor»
les autrcs une certaine ~lu , t.orile,
ge el, à son ancieluleLc dllIlS la maisOB voulut s'interposer.
'
11 accouruL en tlem~nda
:
- (Ju'est-ce qu'il ya donc 1
- C'est cet homme qui m'insulle, Mt le faux Jimmy.
- A.h r fit le no1JVeau VMU en le {jévlSMean~.
c'est le'
nouveau 1 Ell 1 bien, ioon g.arçon, si vo~
commencez
à votre arrivée par faire tlu scand.a.le, vous ne fcrez pes
long Leu cLans lJa maison 1
EL Je 'me ChargeraI v.oloolJers de le balay6J.· 1 lU
l'Hercule.
De rO'Uge C]1L'jj était, l3.jolet devin, d'une pâleur mortelle
II viL les autres qui le l'egll5'druen' d'un atr na.rquola
et il perdit toute mesure.
- Viens-y donc 1 lit-il li son adversaire .
Et iiI se mit en posture de oombat.
L'autre, .qui semblaiL n'attendre que ce mo
e n~,
se
jeta. SW' 1:'1, le renvCll'SU Sur le ta.pis du vestibule, eL pen:dant un lOslanL Ils se bousculèrent Il qui mieux mieux
en~rm8J.a
de {lQU'PIS do pun et de colhplS de POint: leu~
pa&eS 5Ilvruntes de luttCLIll'S, sous les regards amuséi
de J.ellil'S ~e.s
Dans l'Miel, personne ne semblait les ent.endre ou s'QG.
cpr d'eux_
M~m
ne dlsa~
rager.
celuJ quJ avait essuyé un instant de s'inler.\l108llll:
plus rien, et pamlssalt au cont.re!re les en~
Quand Ils se Iu:rent bien roulés, bIen bo.Uus ils se lIchèrent enIln.
'
Ils se l'elevèrenll épuisés.
Et l'Hercule dit aU! pollcier.
- (Juand LU vO\Jldiras reoommenœr, mon gal'çoo. Il
8UUI Il tes ordres 1
Et 11 s'élOigna Vivement.
Brlolet demeura un Instaol immobfie. COJll:Ille éwlll'll
pa.r les ooup6.
Puls Il s'éloigna il. son Lour.
Dés qu'Il Iut seul, il pensa li: 8& letllre .1 \'Oulul pr-.
tller de c moment pour J'envoyer, mals quand Il mU Il
mam 0. .s.a pOche, U s'aperçut que sa pocbe ~taI&
vIde.
La. J.ettre ava.1t dIsporu.
Le polIcier ne put relenir un juron, el cria COIDJIII
ma1llre lui :
- Je suis Jouê 1
El, fliI'esqul' aussitôt, QNeC UDe express10a de Sll'J)l'ill
el presq ue d U!rreur
- Ol'l suis-Jc '1
�Sanctuaire dt Amour
4b
II
Tout le monct.e avait disparu comme par enohant.ement.
Briolel se trouva:t seul maintenant dans le c?ulOl.r eti
Ile vestibule, el l'inlérieur de l'bôtel était aussi SilenCieux
l,gue s'il étaiL inhabité.
, _ Ils s'entendent tous, se dit le pollcler. Tout le monde
était a.u courant.
Bt convaincu maintenant que la querelle n'avait été
eng~é
que pOUl' permettre il son adversaire de lui voler
sa lettre, il se crOylllt Vl'alment dans une maISOn 00\chanœe, pleine de rnaléUces, se demandant ~menl
on
'tlvEVt su qu'il avaitecrlL et finissant par.se persuader
Iqu'il était entouré d'êtres surnaturels, devmant tout, et
lIue ce bru'on Pilar était un prlfice des démons.
11 n'éLait pas supe('sutleux, mais Il se sentait malgré
toul élH'angOOlen.t imliressionIlé.
Et sous l'empire de ces Idées, il s'enfuit oomme un lou.
Il ~'av.lt
plus rien Il. faire là désOTmais. Il ét&.it p<ll'cé
., jour. brùl.é, comme on dit en terme& de police, e~ ..:dl1
di(! ses premiers pas.
fantastlQ'lle 1 Toute son
<.:'était llloui, m~-al8ebi.D,
Jpgéni05ité, toutes ses unesses, LoutR..s ses ruses, Lout œLa
"étiit inut.ile contre 1111 adversaire pareil et le pauvre policier, absciument désemparé, se demani~
ce qu'Il
o.I.lait faire maintena.nt.
Après œ qUI venait de se passer, il ne pouvai~
pas douICI' que le baron PilaI' ne lUt l'horn:me qu'on (l.V6Jt dit,
1'6.utf'ur de tous les mero.iLs dont on l'uOCUS8.1L, t!~ Il ue
lY'oyaiL pas OOHllUcnL il pourrl.l.il le prendre eL le l"l!OICtl.:'"6
enl.rc les mains de la Justice.
Il ('.antinusit il n'avOir con re lui aucune preuve, et ne
iVoya.iL plUb con; nem il pourrait s'en proour.er.
Dc 'plu.s, iJ se vOY'I:IJL ent.re ses m6Jus.
.
BrioJet pl:J1&:l qU"11 [alln.it IJ.Y<llLt WL.'1. pré'veIl,lr M.
I\:lI.ZllIII.
hl éLait. étonné d'avotr pu sortu' de l'hôtel sans enQOmbre, mal. il étaü convaincu ~
qu'~1
n~
terBJt
plu' un pas dél; 1'00ul:' SUIl':> èU'e SUIVl, surveillé.
Quand BrloieL !i.I' rendi~
0. iu SÙI·et.e, Où il voulrut oonBulLer sou .::.he1, ~es
<:oJlègues l'eruarquol'eut qu'Il aVNt.
un Yisage Ilig u.re.
- le suis ennuyé . dit \'Inspecteur.
_ Quelque en ~ qUI ne va pas ./
_
ÜUI.
-
De quoi L'OCCUpl'.s-tu douc en oe woment f
-- "Je Ile puis 1>88 le dire ellcorc.
Un des 1nspecteurs s'êc.rla :
- Tiens, l'audience est .ftnle 1
L1lUissier se precipita dans le cabinet, et Il revint un
Inslrult. après en diSant:
- Il faut qu'un agent parte tout de suite à la reoherohe de l'inspecteur BriDlet.
Briold tit un bond.
- Mais le suis là 1
- Ah 1 c'est VOUS qui êtes M. Briolet'
- Uui.
- I::h 1 bien, M. le Che! ~
la Süreté vous demande tout
de sUite.
- J'y vais, dit le polleier.
Et il penéw'a œns le ca.binet.
Il y vjt étalé sur 'Un fa.uteutl, près du bureau du chef, le
chroniqueur mondain, ayant à cOté de lui ses deux béquilles et horriblement plUe. Dans te land, assis sur une
oha.ise, était l'ami qui l'avait accompagné.
Le chef de 111 ::lOreté, personnage à eooolure puissante,
'à forte moustache noire, BlU teint coloré, était assis à sa.
place llabltuelfe, et quand Briolet paru'!., il se leva il. demI.
- TieJ1S, vous étiez donc là f
- M js OUI, obe!, Je vous attenda1s.
•
- Vous aviez Il me parler T
- M!!ts out
- COmme cela se t.r~uve
1
- A:,-procbez-vous. car V<lUS allez peut-ê!J'e nous donner quelquC:3 rOltbclgnements uliles. l·jgurez-voU3 qUI
MonSltHJï ...
11 irloi.hIlI1El le ctlroniquour et expliqua:
- MOIlSJCUI' (~t
M. Georges Nuzim, un journalir;te. 11
El été hlessé récemment dans un accident d·automobile.
- Je sais, (lhet
- Ail 1 vous savez 1 C'est vrai, l{'s journaux en on'
parlé. Mals ce que VOus ne savez pas peut-èt·re, c'est ce
que Monsieur vient de m'apprend.re.
- C'est qu'i! n'avait pas été vicLime d'un IICCldenL
mais d'un vérit.a.ble· aU.entat.
- Ah 1 vous êtes au cow'ant 'f
- UUI, c.ller.
- Et vous croyez vous aussi à l'utt&l\.u\ r
- l'ermement.
- Et savez-vous qui Monsieur accuse de 00 crime'
- Un cerLain baron Pllar 1
Ah 1 vous SaV6'l aussi 1
- Oui, GIlet, eL c'est de oe bnron que je voul6Js VOUS
ent.ret.en.t.r.
- C' st VI·al. tu Ils t.oujoul's étc co.ohotller.
- Pas Il propos de 114. Nazha 1
- .co sec·ret n'osL pas le mten.
- A propos d'autre obœe. Vous allez le vô1r. Le crime
_ Hon ... t-Jn, on ne I.e le demande pas. 1'11 vieM pour
dont 1\.1. Naztm OOCWie le b&rOn n'est qu'un Inc1denL, UIJ
r-olr le cller ':
épl.sode InsigniltanL dans lB vie do ce Saillard-Ià.
- Dili.
- Pu.r exemple 1 DL le elle! de ta SQreté absolument
- Il I.e Luuol'.j). potier, mon vieux ... llOUB &OITUllœ déll
suU{l()ué.
Et, .se camr,.nt danS son fauteull, Il dU &. son subol-)rois à atendI'C, el la personne quI eII\ là ne peraU &lM
~
de sort.lr.
donne:
.'
_ Qui cslroe donc T lUI collègue f
- Allez, le vo-us écoutc 1
_ Ob 1 non, on ne I~ (.(lIrdcraH pas ef 10D.i1empa.
Alorl-l B.riolet ro.cont.a tout ce qu'li Ilvalt apr(~
o.u
_ f'Q;ratt, dU un d S IlgcuLs que c'es~
Wl journall81oe A
BuJet du I>nron, ce qu'il aVo/.LiL vu lui-même. o.insl Que l'alita il est I1.rl'l\'o récomunent lUI 11CCIc..enL d'a\Jo~.mble
venture récente dont Il venait d'être le héros.
&iolot IDJSSlllllH.
Et penetant son réCit le policier donna à plusleul'8 ra.
prises des signes d'étonnement, de stupéractlon mêmn.
- M. NllZlm f
- Oui, je 01'01.'1 QUI! e'cslle noUl qu'II II. donné. 11 Il'CS~
M. Nflzlm, dJt-lI, qu.n.nd Brlolet out terminé, m'avait
pas enoore !lIen rem1Jl. Il m.o.rcll_ avec deux béquilleA et parJé lm effet cie tout cela. Je n'y croyo.ls pas.
U ' t .u.<lOOrn(>lIgu.' (j'IIII ami qld 10 soutient, mals li avait
- Tout ('~.;t
vrai, obe!, Je pt Is VOUl! !'a.ftlnn.I', et r
bo.:.'Ol1 1 d wlll·!.o dl": Il 111. :,u,'cté lo'i"~
..Ill ::,\.:IIlol. arll!l·
1.ls IAus Cf") Vlllnr.u que jo.mliÏ!;. M~l
je ne SlUS pas oenn'II, ~)
tl
\1
j"nl, qui st"l'l1IIt d1l à un CI-UUC pl'é- .10 'nl 1I0U poun'lnfltl pincer Ct: n' !dlll. N us n'avons U
ld. ,(\\1 ln 1
ft 1'1 (IU'on Hl'a 11l< onl<!. U y fi. WliJOUrs ... cLIn' preuve COt'l1.l'e lUI.
~ul
s ront riln 1<1 ' baI'OqUI',s.
- (JII J)(ruTl'nit PLJut·ôtl'''. dit Grorgl s Nn.zlm, ratre
re
1• t
LB
roéc bllloque du wut, tu Ull r I"'fluisitlan dlla. 60n IH'\tel
• tl.! qu 1 prCILcltlo ? dCIOIiIU11 II' Chtll oe lu
Q' \.6.
aura.ill fo,l
ru.s
t ~I
p!JW' Y ret.rollVer l' (101 sonnes 'IU'OI l'u.oc
O"u'
0' 011" mit ulsparall.Nl, t:l 6&lu !J'LI/", Mlle SoUla, Mlle
UU I~strngc,
M. cie l<éooOoc.
- On nI! let; décOuvrira p ,dU le pollcllll'. n n8
Lro\jv, 'U rien.
l'n('o'·fI.
lU' dl!ulre-ll\ que I.u L'(lC(:lIpe1S,
Il Il da los met!.!' \ 1Ilequ~
pllJ't.
- ~ olJ'\.In~
- (.)uJ !loit üÙ 1 JJ po.':Id(){j(l en pi'ovlnce, pIU'n1~lJ,
unr
un couP de
Ioule de CnlllOllUX.
- 11 œ~
donc bleD rJOOe ? flt le che!.
1
�47
Sanctuaire d- Amou,
-
Immensément.
Et
c'esL un ancien ouvrier T
_ On Je oroit... si ùu moins caux qui m'QuI parlé <k
luJ M se :sont pas t.rompes.
- Où dcmc a-HI f.aiL oeLt.e rQ~une
?
à l'éLra.ng€'!'. Il ,aurait déQouvert
. - On ne sait.kol~
QIlB milles de ûiamant.
- MaiS, dit Je chef de la Sûreté, pour s'aL~que,r
à un
~
semblable,
~ome
pOlW
s 'I mmiscer en ses affaires, pour
,mettre la main sur lui ou pour perquisitionner d'ans son
ou
~Owl
dans ses cl1àteaux, il faudrait que quelqu'un
porté pla1l1t.e.
~o.t
- Mais j'y suis Lout disposé, moi, s'OOria la chroniqueur. Ja Sluis tout disposé à 1'&OOU69r d'a.voir essayé de
me buer.
- Avez-vous quelqlJ,6 preuve 7
- Des preuves ffiOllliles tout au moins.
- Cela ne suInt' pas. VOUB ne ccm.nais.sœ pas même
Je nom du chauffeur qui a provoqué l'accident, et vous
n'Avez pas le n'Ul!Iléro di> l'automobile.
_ n paraît q:t!'jJ n'en ,a.valt pas.
- Qtlrl a dit cela?
_ Des voisins lémom.s de l'e.ccident,
_ On les Il
,Ors.
inlero~t'!s
-
.... Ils n'en étalent même
pllS
. _ Enfin, dit Tr('()rges Nazim, Il est u:n .,Lait certain,
qwe je n'lUi pns d'enlllemi en ddlC1I'S de cel. homme(A, et qU'ail a essayé de me tuer. Je ne sors pa~
de là.
81 vous saviez, Moosieu;r, ajouta le jcrurnallste, en s'a-
~'et.
dressant
rh!'f de la SOreLé, oOil1'mlent l'accident est
;:\.n'lvé 1 J4) n'étnis pns sur I.a chaussée, mais sur le trot~Oir,
'6U
ct j'oi
h;tppé hll.érolemel'llt, comme si une main
renversé sans que j'c.ie eu le ten:lQJS de
reconnl ifr.::. de oomr>rendre !Tl(>me ce qui m'81"ri'v,Qjt.
V\'uvtl.il!;
11W
:V0\h3
-
él~
~n!,;
~l
!.J,ue C'f!SI
ne ("., pas celr,.
f.r :.u,y"Z
Je
nalmel ça ?
.- Qu.' ,
'lit éCl',',;(' ,'n trRvemmt Wb6 rue, un carre. Ulm d'un ellt»mbi'ement, c'est i!I.01"mal. Cela
arrive. hù.~
1 tl'Op SOUV'l'lIt, mais être,rcnvorsé quand on
_\&it lln trlolloill', et il dewc pas de 'bhez soi 1 ce qui
~lIve
que l'm me vis'l.it, je trouve ça inouï 1
- OuJ, en pfrel" ce n'$t pus ordinllire.
- EL la justice ne pour!1ait pas sévir contrrc de pa.reils
Vllmesl
OeOtl1ges N89.1Jn s'était lev~
POU':' pl'()t(}l)n(J(l(!' oes paroles.
Il SC tenait llIpIPuyé au dossier de san fauteuil et. sambloU fort animé .
Le ohe! de la Sûreté d't :
- Ce.rlalopmenL la just.lce s6viva si elle en Lrouve le
lYloyen. Je vals {!tire rBlre sm' 1'Q.C.c;ident une IliOuveUe
en'J'lê1e, mals Il me faut wn tajt,
.... le le brouwerol, <N Briolet. Je viens d'avoir une
c
-
te
cher mf.' lraiBse le ohruniJ> libre?
OuI, oui,
tout
& fait. car J'ol
wlant 10 désir
quo
\'(lu, de démoBSqufll' Uf\ pareid coquin, s'il est OGI.lPabie
de tous les crIane6 dont voua J'accusez •
-
JI
ma
-
le suis snr qu'II l'est
Oui, Je 10 plncOI'IU. Co
Et
ajouba :
1 fit le policier.
seM pout-être 00 risque chi
v1o,
Comment cel.a?
li. la moindre ton,.
- Je Stl.iB que je sul!' menaoé. e~
t.allve roalfo oont.re mol. Je prends mon homme la m,un
dem. le SIlC. OuJ, II Rura mn peau ou j'aul'a' ln si61 l nc,
lnl1a Jo ne
10
IAchl'
PlI'I
JI) vou .. Illi e d'II, , dit le 'hol VOUR or'(l~I
r "ui
d4I œ\tle UHllll'e. Vou 1 IUI"HZ pr rHlre 1 s agents !lOlt
!V()I\! lm~
11 win, "~
\UUS plulos el z la l' ponsu.L.'1
tout rAI qu l'M'Iv, r.n.
' - Cola ne nI(~
gilnl' pas, cilt BJ·llllt't.
~\
Il se dl~poSR
il partIr
M&.is le chrunlqlll'lIr 1flJ'reta,
- A\\ondez"Joo. :\1mh"" li r, je VOliS prie, Nous parU·
l'OI!e 8IlS4\Il1ble. Je d" If'" vo,~
porler.
- J, sut. Lout à vos onl'l'e8, Mon..qleu.r.
BPloieL attoodll qlll! le journahsle eQ' pr:le ses ))éserré la lJlIWD GU GheI de la Stlreli6.
-
-
Non, Monsiewr.
Vous ne savez pas où elle est ?
Je n'en sais rien.
- Et voilà. ce que je veux appt'€<l1dre, moi 1 Je veU1j
la délivJ'er 1 Je' ..eux l'sl'raoheralLX griffes de 00 grcd1:J 1
JI est bien oàpable de ln mliltn'Bit.er, de la. fslre oouIfrilr,
de 111. mru'LyI"ioer, et. cela il cause dc moi. Ah 1 si J·'6I18.ic
-
-
libre 1
Jrur, all
idée.
Et quand Il sorLlt a.ppuyé au bras de son ami, il le
suivit
E.n bal!', Georges N~Zlm
Iw dit
- Je "rus vous f'ondwre où VOlliS déslJ'e~
aller, el en
route nous causerons
- Je n 'BJ pos de but pOUl' ,'msl'Ilnt. dit Bl"l{)let. FIlI·
t6S-VQUS ('.anduire ühez vous. Je vous laisserai là
- Ou vous monterez cht3z moi, si nous n'avons pas
tlnJ de œ.u.ser.
- Gomme vous le voudrez, MonsiclIu'. J0 SUIS à v lIre
dasposltion.
Et le podlcier monta dans J'!lILlto altendant le ohil'oniqU€"Ulr nIDndain et où celUi-ci venait, avec l'id ée de ::00
ami, de s'mstaller.
11 murmUI'a :
-:- Je ne SUlS palS bien fort enoore, et su.rtout pus bien
soilde sur mes jambes, et j'ai une peu.r affreuse de J'es'
t~
Looileux. Et je ne me vengera is pas de l'homme qui
Dl a mis en cet état 1 Ah 1 si, Monsieur, je vous J w'e
bIen crue Je me veng'3rQj 1 Et si la JUtStice esl ~nlP.JIs
sonte ou refuse de !l1IIlJI'cher,Je me Yenog J'UI de mes pl"Opres mains. Advienne ensuite ql\le pOli'I'r'a! Vivre eslropié,
mOI! Je p:référerS1S mOI.rio!' 1 El je . uis si sûr que c'csL
Slil' l'ardre de ce misérablc que J'ai été mis en cet é~lt
1
Lui seul pouvait désl'~r
ma mort parce qu'il me sait
nimé. parce qU'li est jalOUX, parce Qu'il a SUl'prJ.s Sonia.
chez moi. Vous n'svez pBS entendu p80rler d'elle, MonSIeur, quand vous étiez dl/llls l'hôtel de ce ooqum?
e
.7
Et le chroniqueur, soulevant sa béquille dllIllS tm geaw
nlenaQB.nt, faillit. briser Id glace de la vQitu.re
11 était Cm exalt.é
.
L'inspecleu1' l'Invita fi se œlmer.
. - Tout cela aUll'Il une /ln, Monsieu~',
dit-il au journa.-
liste.
-Vous croyez'
-
11 est impossible que de pareils OIWes OOmeuren'
impunis.
VQUS o.vez t.l'ouvé un moyen. de pincer ce COquin t
Oui.
Et VOliS m'aldef'€'l li. chercher Sonta ?
r:le Le9trang~
et. t.ous les lIoutreS ...
- Et MtI~
- S'il vous faut de l'urgent, je VOliS en cLonn6l'u.1
- Je n'aJ besoin de nen p01l11' l'inst/m'. Plu.;' taro,
peut.-être. Cela dépendra de ce ql1l va se passer, de III
toul'nUlI'e que prendTont les évén6IDeruls.
L'auto venaiL de s'a/Têter devant la demeure du jour-
-
naliste.
li.
Celui-ci !nJvlta Br[oIe~
le besoin de plll'Ier avec
au CIDUI!',
enwer chez h\.,. U é.p.rouvail
Lm
de ch<l6es Ilà tenMt lanl
Et quand Ils l'elWEmt eJdé, 80n ami et. lui, A le hissa'
jUSQIU'à son ooblnet, oar Il était e,noore f(\rt Impot:ont, Il.
InV1Ibo. par un gcslc le POJJcd€'l' il & a.ssoolr e~ li. se l'/'!'poscr
un momant, car Il était rort esso1Jrtlé.
- J'aJ qultfA:I La. II1CllSOn de sant/! hi/,,!, seul ml! nt 1111
dll-U,. et oont.re l'avili du mMCCin. CIlŒ" j'~lAfs
i~ \p/lt,irmt
d,) VOl!' If.' chef de la Sûreté [JOllr If\ prlor d s OCl'I~)er
de mon nff/ure lri>s Ilctlvcment.. Ce n'ils! fNI.!' (>D' 'oc· ln
désir d nll' V.'Ti 1fT qui fllC tient au cu 1111' lu n HII(' 1
fu. c ù nlu 1 un )1/11'(\11 moo. tr. dam "NUt "'I)ll Il 1
n.nl C'08l e ort. ,JI'
Ht' pauvre, 11111 !Jill w';lIllui, tc'
Q, l 1':. t Il d vl'nu
t qll' va-!.·,Il Uf'V 1 1 Il.u l "voir
cl lUI plll'f'1! l 'OlOml'l , qui ne hL! pohl'dùlIJ mil cert 10 l'In l'III
pas ce qu'" dnM1. IIjJpel"r sa trahu on 1 C'(~
tUlle l cholllf_
nllmw Monl, 1 ~)(ne
eL SI nulve 1\ III fOlo, d 1 \OllS
.• wvl~·.
f'ùlllIlW JI' 1aime 1 Vralarumt vnus n'a.vez UUS en. '
wndu parler (l'elle?
-
Non, Monsieur,
le vous 1'8JflmJ8
- P·.!'1lùUtllI '100 vous étiez dam- l'hl'Lal du bIron
mtll('.u des nu.bt'ea domesblquea, Il n'a jolwnaJa . .
"on d'uno jeune femme'
II.\.
Qu...
•
�48
J'anctuaire d'Amour ..
'*'"
- Non, Monsieur.
- Elle n'était donc pas dans l'Ml.el f
- Je ne l'y ai pas vue
- Vous Ol'Oyez bien, vous, tout ce que l'on dU de ce
baron?
- Oh 1 oui, Monsieur.
- Qua m'6Jurait dit cela Q'UI8II1d j'as~ti
en mondain
n ses soirées, <.lÙ je me trouvais en compagnie de tou~
ce qui pone un nom n Pa.ns? Est-il possible que de
pareilles 'choses 6lI'rivent 7
- Tout est possible aujourd'hui.
- Est-iJ possible qu'un homme, ayan\ un passé comme celui de ce baron ?
- Qui le connait ce passé? Nous. Et encClTe nou& ne
pouvons pas affirmer qu~
nous ne nous 1Jl'Olnlpons pas,
- C'est vrai. Mais cl'nutres sont encore plus à pLain·
4re que nous.
• Et de M. de Kéll8.dec, pas dr O'lOulVelles?
- Personne n'en a enlendJu parler.
- TouL cela est bien étrange!
- Oui, bien étrange 1 DlJll!I'murn le polfcier.
Et le ohoroniqueUlJ' mondain lui demandJa :
- Qu'allez-vous frure ?
- Je ne la sais pas encore oau jusl.e. Je cherche. J'es11ère que notre adversaire oommeLIma quelque impruèlence dont nous po1.l!rI'Ons profller et qui CI.01l5 le II.
:vrera.
- Il t:sl bien habile 1
- Mais il est bien ,pasion~
fLussi 1 L'amolbl' et la talousie le mènent.
, - Qui aime-t-IJ donc T
- Mlle de LesLrrunge qu'U aime d'un amour lITai.
i8nné et fou,
- Et qui ne l'allme pa" natuf'ellement 't
- Qui le méprise et qui l'exècre 1
- Quelle situation! Penser que nous sommes tous •
~
merci d'un pan'p.il gredin et que nous ne pouvons
Men contre lui 1 Enfin, je com'Pte sur VOlIS, MonslOOl'
Briolet, pou.r VOus occuper de cette GUaire et UlCher de
E~
victimes de ce misérable.
déli"'U'er les malhewru
- Vous pùuvez y oomptffi', Monsieur.
- Si j'é1JIl.is plus va !ide je vous aiderais
- Je n'ai besoin de personne et j'espère bien mener
liout seul ma Utehe à bien.
- DJeu VOIlS ent.ende 1
Le policier s'était levé.
n prit oongé du cbronlquE.>l.lI' mondain et de son ami
el s'en alla.
En chemin Il disait,
- Oui, il n'y a que cela 1 Il n'y a que cela 1
De quo! parlait-il T
C'est ce que l'on saura sans doul.e bientôt, mais tous
ceux qui se trouvaient rnêl-éB à cette exl.!'Uordinai.re sC.
Jaire n'étaient pa.s nu bout de leurs 8\I.I'):Xl'ises 1
- Tu v;(endras me dire ce qu'U a tait ~rès
La
de sa leLLre, CIIiI' il s'ast 8IPerçu qu'on la lu! avait prise t
- Oui, malt.re.
- Il a dO faiTe une tête si'I1gulière 1
- Il a été longtemps à se il'emetJtre. U éla.i.t Muri ..
comme étourdi de ce qui venait de lud arriver.
- Oh ! que j'.artIŒ1a.ls voulu le voir 1
- Pendant un instant 11 est demeuTé immobile c0mme écrasé, puis il est parti oomme un fou.
'
- On l'a suivi 1
- Oui, maître.
- If faudra que je sndhe où Il est allé.
- Oui, maîLre.
- Tu viendras me le dire dès que tu auras été
IlU ooUJrnnt. Je t'attendiral 1e:!. J'ai à tra~ile
el! ~
Oc sortirai pas.
•
- Bien, maître.
Et Sélim se retiŒla .
- Ah 1 ils espèrent, dit le maître qu8!Dd Il M aeul
venir à bout du bSlI'On PiIBir. Nous verrons bien 1
f
El il lie plongea ùans ses papiers.
Quelque.s minutes plus tard il sonna et dem1W.da JOIUlnès.
Joannès était l'Espagnol charge de porter 8,UX
prisonniers du baron,MIle de Lestra~
m M. de KéNldeo"
leur nourriture.
'
Depuis la scène qu'il 8\''lit eue avec Mlle de Lesliran.p
le baron ne s'était pas occupé de 88 victime.
'
Il voulait, selon \IDe expression célèbre et qu'il a,v&.!.l
lait sienne. la laisser mijoter dt8JlS son jus.
Il espél'ait toujours que l'ennui de la solitude et 80~
horreurs amènerait la jeune fille à composition.
Et l'envie venait de le proTIJdre Lou~
il ooup, a.u v:);;,ru
de ses l'éllexlons, de s'informer d'elle,
~t c'es,t pour ce~a
qu'en attendant, la • uue lb S~lim
qUI ~e':(lt
le. renS6lgnel' sur les faits et ge >'1<1 de Briolel
il fWsalL ventr Joannès.
'
L'Espagno] se présenlli che? 1j.J'D maitre ' ! , l'wr \IIIl
peu timIde qu'iJ nvID.t d'hl\bibude, comme 'l'il avait û)u,.
iours peuil' d'êLl'e grondé,
Mais le baron le mit aussitôt Il. l'aise, , fi hd ciisunt
'
avec une amabilité qui n', lui était p.as habItuelle:
- ~vance,
mon bon Joonnès, n''llie pus peur 1
Alors l'homme s'aproch~,
LrembL6.nt un peu '1l.é&nmoJos, et SOli maUre lui demanda :
- Eh 1 bien, que deviennent mes prioonniel'S 7 P6Jl'l&moi d'abol'd de Mlle de LeslIrange. Que Cai:~lLe?
Que
dil·elle? Elle 'fl'a pas demandé à me voIr?
- Non, maitre.
Une conwncUon douloureuse ,passa sur 10 visage du
bar·on.
•
Malgré sa fureur, lnalgré la hAIne llU'U attect.a.it et
qU'i! voulait se persuader d'avoir contre Renée, jamllJs
11 n avait onooJ'e peut.être désil'é
8lI'demm.ent la jeune
m.
~SLpéàl'raiqUe
se dêcLnreralt val.ncue. qu'eUe
en .uJTlverru
l'el amonde honorable, qu'elle Voudrai'
":lC'Uro fin è. ses t.orLue
, ~. Mals jll""u'aiOI'8 il .. 'en
A't
nen été.
'"""
....... av...
III
Enfermé dans son cabinet I.e blU'On PlIar attendaH
J8Jls lmptl.tience le ri'>.suJtut Je la mission confiée Il. ses
serviteurs et
n 'sl,ont, on 10 sait, Il. s'emplll'er de la
lettre Ocrlle par Briolol.
Il atl.endait &l'floS impnliclI.ce. œ.r Il était carlnin du ré.ulte.l. Il oonroolssait trop les l{erIlB emplC'\Y(;S Il. son
"rvlce ~
craindre qu'lia ,n e réussl.sscnt pas,
AU6AI, qt..uJld Il vU ent.œr Séllm, le malle éJ)ll.OOU.f, Il
dmlancla :
- Tu l'~
r
-, La voici, nwJt.l' .
EL il t.en<llt au baron la miseive dérobée el en même
\tmp6 11 /1lI.OOnLalt à 60n ma.rtre La taçon dont on s'en
'tadL emparé.
Celu1-<:1 se tordait de rire, et qlllll.'nd Il eut parcouru
la JeUre du poLlclor sa bc.nne humcu/' s'accentua en.co/'e.
- AlIn!'ll ~ pt'lIt. poliriar prélPnllllll Ae jntl ,r de nOLIs 7
- Il Holt hlen p J l'adé, fit Sl',lIm, que DOUB nous
la.Isseriolls prenth ' Il tn nnfve comNlie.
- Quelqll'un Il 61," t:1lnrs6 dt: lu SUl"VcillOl' r
-- OuI, maltre.
s'
1111e.
JI a~iL
lI~mo
Mlle de Leslrnnge n'avait pas donné signe de vie el
c'est P<l~r
U\cJl~r
d'apl.rcndl'c ce qu'elle pensaiL, _
élaient SPS proJets, ses idées, que le baron mtenogea1'
le seul de ses servlteu./,s qui uPPI'OChlU ).lW'fols de la jeune
fille.
,La réponse de J08nnès venait d'ajouter il ses dUce •
ses dernières ea~
lions, et {.aire s'évanouir peut~r
r?nces, et c'est pour, ooln que le hClJl'On avait eu suu' ~
"lsngc cetl.e expl'esslon de BoOwlllllmlœ don, avait ~té
fr appé son dOlllestlque.
11 interrogeu enr,ore C<'lul-d.
- Elle n e te parle jnmnis?
- Non, mni tI'e.
- Elle ne se plaint pus 1
'- EH". ne me dit Jalll.lis l'ien
- IWe ne Ù,ClIllIllIl(\ O'1l:i si SIL "..ILpl!vILé ni' Vil Jln~
lUI J' t
- Non, mull.rc, Elle rJ.O jJu,rlc pua, Elle ne me rN' 'd
.. fil
pas,
Le baron eut un g~te
d~
(Ul'Out
C
�49
Sanctuaire d'Amour
_ TOIl'jours cette fierté, cette fierté dédaigneuse qui
, tIen t les gens li. distance 1
, Et avec une menace dans le Il'egllll'd.
: _ \ '1a.ls je la materai, Joannès, je La materai comme
,fen Qi m!Ué tant d'autres 1 Ce n'est pas po'W' den que
r fai vécu au mil.i.eu des sauvages 1
- Faut-il Lui dire qyelque qho!)e, maitre 't
_ Non, rien. Laisson.s-la mijoter encore 1 El M. de
I<érndec ?
_ Ob' celui-là, maître, c'r.st ,aubre chose. Il 'p arle. n
parle trop m ême. Il y a des joùrs Qil il m'ennuie.
- Que dit-il?
- Il me gQUJ8jlle. Il se moque de moi cE quand il me
iVoit parnttre, il s'écrie avec un a.œent de bcxI1ne humeur : « Ah 1 voilà nol:re jQyeux géOlier 1 " El! Il me de, jIIlande pourquoi je ne porte pas à la main ll'n trousseau
'"de brosses clefs oomme les vrais g e OJi~s.
grosses cte.rs comme les wais geôliiers.
Le baron haussa les er.aules dléd-aigneusernan,t
- Des sottises 1
- De purt"S !:ottises, maîlll"e, Puis aussitôt que j'ru
iiéposé mon panier li terre, il se prreL'Pite 'pou.r voiT
ce qu'il 1 a dedans. Il parait 1Irès porté SUI!' sa OOudhe,
".1. de Kérladec. Et, quaro il est satisfaLt de ce que
de lui 'Ilipporte, c'esl-à-<lire presque touj 0 UII\S, il s'écrie :
, .- Il veut donc me faire mourir d'indigesf.i.on, t<>n
maître T Vols comme j'cngmalsse 1
En eUet, Il est devenu éno.rme, et si cela cQntinue,
je ne sais pas 0.0. il ira.
- Barune nourritUll'e et pas d'exercice, fit le baron,
Il ne peut pas manquer d'engtl'aiss€ir. Et ce1a le gêneI'a
plus batrd pOUl!' la oamère qu'il a embrassée.
1 _ Que fail-il donc, ce Monsieull"-Ià? demanda Joannès.
, Il n'a pas l'aiIr d'avoir jamais beaucoup tl'a.valllé.
- Il n'a pas besoin de travai'ller, Il a des Il'eD.tes. Mals
Il s 'est fait dé I.ecUve pour se distraire.
, - Detective?
- Policier amateur, si tu veux. C'est une manie m'ain·
, tenant. Et c' est pour cela qu'U s'est {uit pincer en vouf lanl m ettre le nez dan!>' mes affa.ires
oa:r ~e méUer a. ses
risques. li ne uemo.nde pas quelquerois quand il SOTtiro.?
, - Non, martre. Il n'a pas l',. de s'ennuY6r d'ailleurs.
Il dit quelquefois, sans a.voir l'air d1y I/ltliaoher d'autre importance :
.
- Est-ce qu 'on va bientOt me r elâcher? Ton. mnltre
se lassera. bien un jour de me 'Ilourril'?
'
r- C'est bien, dit le baron, Je S'J!S oonten\ de tof 1
Et Joannl>'! s'en alla.
l'il8&' resta seul.
El il se mit il. !'IéD.écbit' d ce qu'U vClliait d'erutendre.
I l ntiiOlld'a lL avec impatience l e r eLour de Sélim, qui de;vait venilr lUI f/lire un ropporb sur ce qul'avw!. tait Bl'Iolet
d e,p uis sa sortie oc 1'IlOtel, Brlole t que ses espions
In'avaient pas dO perdre d'un pas ,
Mal SéLim 00 pru'oh:!sIlIL pao et le ban'Orl tro~vW
le
temps long ho:rl'lblemenli.
JI ne s'occupait de Œ'l en en delhors de ce qui oonc.erl na ~ t HenéC, Tl'1Illes ses pansées élAlient ,pour œbLe jeune
~lI
e,
qu'il s'HulL mIs il. 'o.imor si furieusement à l'Age Où
:le CŒI.IJ' comm ence 0. s'ouvrir. et qu'il aVl8.lt alméo d'aunt pl us rUl'l eusem ent qu'e lle semblaJZ plu& lo.in de luI
qu'U n 'est pus
let lui fuisllI l l'effet de quelque ~Ivlnté
\donné l1 l' hol11! Il' r1 : ~ t ti e U1dre.
Il ~ ' esL
pas }Usqu'il. sa po_
l'II
,ell ion il lUI, ,<;IL [lOSl tIOO Infime d ouvrier, qui n'eOI COD-
tl'Ihll>' cn()O!'!' Il p.xf(l l er sa pa5&lon
P n.ls , nu mu ment 00. Il croyail obLenlr pcut.-êtlro, non
p ns un mot rJ'I'f1coU ru.gemellt, Il D'aVlait Jama!s parlé son
eSPob' JlL "'~ T l1el,
ll1als un e parole de p.l.Llé, La co.t8~T'O
jl'he
étOl I vpn ue , l'ouliI'age violent bruW.l, mit de aMprle
el de buln e.
Alors LOlI,~
P' sl'ntlm cnts a.valen t ch aJlJgé brusquomonb.
L·omou.r, 'Ins dlpnrnltl pom·l.ant, 00.1' c'étai t toujours
'amour qll on la' IlvlliL Duodf rous do!'! ruges cl des ru,..
,('U
cl 1 t"lor, ln , l '111111.1', '~I;til
llIu6 (11 1 ~ <Iésir Curieux
de 1'('I'1IUwh l'l d l' l'epn''snllletl , c ~ Je ba.ron IW~l'L
ll'eWUé l e
{Illond .. 1"11\ 6" V"ng l'
'.n 1 f '1/l1l fJlI'll 1'1 01, r(\ntu.~
('n drel p01m' ('!,rc devenu
1\,11 poln t JII II ~Ijnlt
parM, 00 (lIL'JI l'\;nit à cetLe heul'e,'
,l-à-<11:! 111111 e.~plcA:
do pdit 90U V min 4lym!t SOus ses
~,
-
6ANcrtJoURa p'.utOUl\
ordres une armée d'esplons el) <lans ses coffres d !'~ '5 riches:s;es sembll8J1!t in é.pu.isa.Ll es, QlO sOUverain DliUS puissam. peut-tre que bien des monarques. que ni les hommes ni les lois ne ,pouvaiooL aLteil1dre 1
Le baron pensait à \'out cela, et repassait en son os-
prit bous les inCiidents de oeLle vie si m ouvementée, <;1
lI"oma.n,esque qu'avait ét.é -1Ja s ienne, en. atten dant l'arrlvée ue Sélim, dOM Les r enseignements pOu.vuien.t le j eter
[out à l'heure d~
une nouvelle série d'avenLures plus
hgiques peufrêt.re enccre que celles déjà traver s6es .
Mal& il (aut a'Cndre alu barO\ll ceLte jusLice q'lIe jamals
Il n'8IVu it doulé de sa cl1ùru::e et craint que son éboile
vint à pâliT.
Ii UV'81i t eu toujours un e can.fi amce inéhranlable on
son bonheur, ca:r il éLaJit persuadé qu 'U avait v idé en
une Cois, qu.und il avai t eu l e visage cinglé par La
fe.mme ft.a.n.t adorée, la coupe du maJ.heur.
Et il pensait QUe l'infor~ue
ne pouv ai t plus l'aUeindre.
Cependt1Ilt un coup discreL venait d'ê tre [mppé à la
porte GU cabinet.
Le baron se dressa bru sqoom ent.
Malgr é l'impassibilité qu'il u {f ec~ ait
d'ordinaire et dont
il s'étaU fait o~e
un masque, il avai t pali l é g ~ re
ment.
Il demanda d'lUIle voix dont l'alLéraUon auruH é16 re.
marquée sd 00 l'().vai~
entendJUe.
- ' Qui est là?
-Sélim.
- ~h
1 c'oot, rQi ? EntTe !
Le m étis p éné\.rto. dlans le cabinet.
- Eh 1 bion ? interrogea. le baron.
1 - Selon. votre ordre, mailll'e, on a suivi Je polici er.
- Et nJ.ors ?
- VQici. En quitta nt l'hôLel, le nommé BI'1 01et a paru d'abord assez désemparé, comme s'il se G€manda1t
co qu'il alila.it fa1Jre, et il étai t évIdent qu'U avait peur
d'êllre survi, 081', à plusIeurs l'epr is es. il s 'es t reto urné
pour rega.roer derrière et a.utour de lui, ma is les 2MS
que IIlOUS cmpl(Jyons, ffiQl tre , sont assez habiles ...
- Oui, QU.i, m, interrompit le baron qui sembl ait impatlent -d'en connaître dava ntage eb qud n 'aim ait ras il
se perdre dans les diélails.
- Le poliCier derneUl1a donc un moment comme ind6cis, Il marcha. un Instant li. ploc.. dans l'avenue oa
soudain, comme s'il BNan1J PI'ÎS UJlC décJsion brus<rue,
fi fit. si gne à un a.uto.
Le baron ru un mouvement, e~ il dev:i.nt P1u.s 8il.lentif.
Cela. (Mdemn~
C01IlrIIIen.Çait à l'mt.éreS&er, et ill di'
fébrJlemenst :
- Il fl.t signe à un aut<>, moula dedans et se flJj eù~
duire?
- Roue du Petrl4,.lMu.sc, lOalllrc.
- Qu'est cela?
- Une me qu.l. se trouve aux envlrans de la Bastille
eb 00. habiLe lhIl nommé Blanchard, un p olicier.
• Un cama.rade sans dQute.
- Bon, ContUliue.
- BrioleL es b resté '!ln assez long momen' ohez ce
Dlanoh8l/'d, %)lI1S il &'œ!. rendu è. la SOreIR.
- A la SOreLé ? S1lJ'S!lJWl.a le bnl'On.
- Oui, ma.llre. fit Sélim, étonné de colite 6mOt.iOD. Ce
Bnolot n1esL-d1 pas e.genb de 10. SOret.é 1
-
C'esL vrru.
-
Il n 'est donc pas 6U1l'prenant u.'~q
aiJJ ét.é rendre
.
Tu 88 ra.ison,
Et on ne sa.L ~ 1>86 ce quJ. s'e.c;t dit en Celte enlre?
Non , mo.1Lro.
Il li Il J'oj 1. rn,Hu le connalLI'e, S<>J'm.
Je 10 SlJj!,;, 1Tl8ilr-c ... . In l Il ('hll difficile que notre
vIsite à j;;on ol1 ef ?
-
-
vue
-
-
agen t P 'nùlll'fiL ohl'z le clIPf <le 1 1
Sl1'tI~.
- p"111'(/lloi 'ovoit' p.os ndli lé lin ri agI nLs 0'11 dca
Borçc)!!'l f]lIi on l, III 1(1111'8 grllnd 'S 011 pel.les f"1It.r-6 'S '/
-
JI" Il'y ni p8S b, Illt", mlIî\.I'C, rt jl' nf' ,Ilvllis p M,
-
1I 11lk; (~>Il
quo nous
lIOU1'i()n~
I~n
'
Jour
pollnl sc lujJ
....,. Je le or ols . moUTe.
n nVQir tw.soln.
n.nln·' ndl~
T
�Sanctuaire
50
- Eh 1 bien, JI faut que œla f>e rasse le plus tôt pos;illle.
- Om, maîLre.
- Eh 1 bien : occupe-wi de cela 1
- Je m'en occuperai tout de suite, maHre.
- EL nHlinLenant, continue. Qu'a fai~
CIflsuite le poli?
.;~"j'
YoHu. maHre, où cela devjent intéress:ll1t.
Que s'esl-il <-onc passé ensuiLe ?
-
Briolet élaib entré seul chez l-c theC d'1 la Sûreté,
il '-'fi est sur LI avec quelqu un.
- Un de ses c611lt1l"ades ï
- Non, maître.
- (Jui donc?
- Quelqu'un donL le nOID- va. r;urprendre lemail.re
ccrlrunement.
- ~Iü.ls
qui ? Parle donc 1 J1L l.c l.a.l"Oll 81\ ec des gesks ù·éneneII1>2nt.
- M. Nazim.
- Il sort déjà '1
- Oui, maiLre. Il n'esl pas hien vallluJI-!. eJlwre. fi
marche appuyé sur dcu. lJéljUlile.s el souk lU pa.r un
-
rll;>Îs
lI.\lli.
Ah ! que ne l'ni-je 1u6 celui-là 1 !lb le liarol1 a.vec
ex;pression de haine i1nl.raduisible. Il est .. adj avec
Brdet 1
- Oui, maîtro et ils pa.I'went avec animation Cous
les deux .
- Je sais de quoi ils IJarlajent.
- Du mailre, sûrement.
- Et de ce qu'ils <pOurraient lenLer pOUl' m'a!J::d.lJ'e.
Mai.; ils ne me Uen.ruenJ! pas encore, &li.m. ,ls ne me
ticanenL pas 1
- Je le sais, maître.
- Et qU'élaJ;lrii aJlé I-aire chez le chef cIe la SûreLé ce
3eorgl"S Nazim 7
- Jo l'ignOl'c, maitre. Mais 11 n'e.;t pas difficUe de
te deviner Il vendit ùemander sali" doute de faire
cbcl'e:h!r l'au' Ul' de l'atlonLaL dont Il Il éLé \'icLlme, car
U De crolL c,'llaincment pas il. un nt.!Clrll·nL
- :'lIais rn ne le dél.:ou\-'l'Ira. pas, n'csL-{;C us?
- ,\S'>\Jréu,ent, mniLrè. L. pr6ca.uLloll ont éLc t.l'Op
bien prise" eL je r~Donds
de lui 1
- Tu me gllNlIlUs œta, Slllim ?
- ('ui, rnailrc. Le mail!'" peuU dOl'mir sur ses deux
-
un~
t)I"lll
.
-.Je sais qU'llVec IDi, en effel, Jo ppux (}ï:re Iran-
iUilll.-' C'est
'Ol JlI •
lets
d~
la SDn
L le l'ollGlr.[·,
doule
IjU
Lts s U1tretellaicnll
qWX pro-
cL ils ucvillcnL fotir.. de
0'
pour pincer 1 coupable, ce coupable qu'ils CL'oi
moi CCI'WiOCUlC:11fi 1
- J'cn suis persuadé, mllilire.
- Tu le crois (luC;Si, n'œt-œ pas ?
- Oui, maîLre.
- Ah 1 comme iÀii <!Div nti me maudire, me OlQn.acor 1
le les cntoo<ls d'lei 1 S'ils pou\'nirml me t.Bni.r un jour,
'lIflis bien me ten±!' SIUlS quo Je Iluisso 1 ur échapper,
I)OmIDe ils seraient qlcureux 1 Mais Il nc faut pt13 que
œta arrive, Sélim. Il ne 10 COOL il. lIiUCUlI prix 1 Je ne
leux pas être Vn.1I1Cll J
- Le maitro n'fl,Ur6 pM le de&sOUB...
- Tu m'en ropo.nds ?
- Oui, tnIUllt.re.
- Malgré cc que Lu yLen.s de découvrir 7
l<7ut.
- Mtlg'~
- C'esC bien. J'ru conJlII.DCe en IoJ 1 Iledouble de
loin, do v1g11a:ncc, cur ,nous IaUicbons (MIUl·être a.u but
JI' le ,a.\il, m,litre.
_ E! c'est le moen~
de ne rIen négliger, do ne
>iro lhn:-,r ntl hasard al de ne commettre aucune im~l'ud.enc
'l~
~
Le maUre pcu~
se fier " lllOI.
/1 Y u un "n·o.
PuIs le baron r~·pU.
Donn le pùl!.c1ur
L sorU avec M. Nuzim,
d'Amour
Il l'a aidé avec l'ami, d-ont celui-ci élaU accompagné, Il
descendre de voitlU'e, puis il est entré dllJ\ll la ma.i.son
av\-'C hui.
- Briolet est allé (;hez M. Nuzim y
- Oui, ma.ll1re.
- Et il Y est re<>té longtemps ?
- Assez longLemps .
- C'est là qu'a dQ se tramer le complot 1ju1 doéA. noua
abattre. Quel dommage quïl n'y ;lit pas Cil quelqu'un
de le~
espions pOUlr entendre ce qui s'est diL là 1
J'ai dél)loré déjà, mnrtr'C.
- J'~
- Tu balsf:les, SéUm, dit le baron, tu beisses. Autre-
Iv!.::; ...
Le méiJl.s sembla. fort sensible à ce reprodhe et s'empressa de "ire :
'
- Je ne pouvais pas prévoir eeJoa, maitre. Ji ne pouvais pas prévoir que le policier irail un jour chez ,.
chro.nîqueur.
- Tu n'~ul.ajs
lance.
pas dû laisser celui-Di $aus survjlll-
- Je le croyais foujr~
à la maison tre salllé incapable de remuer et de sortir, et je ne m'en. iftq;.uéfais
pas ...
- Ce fut là ton tort. Sélim.
- Je le sais, maître.
- Tu artJrais dû te fenir au COlla"ur.t minute par mJ.
nutl} tle ce que faisait M. Nuzim. 'Du Ste.1s quel intérêt
cela aVIWÏL pour moi, çar, dès Qu'il sem v4llMe tu le
punses Men, il VR se rnoLLre à la recherche de sOnia.
- Je le suis, mail1re. Mais je croyal,> M Nazim clou6
!oit:.- son lit poUir de lan.gs jours enoore.
- Tu vols que tu t'étuis trompé Y
- Oui, muIl;re.
-: TI y Il d8llls lu vie des heures Cl'uelles, dlt le baroo
e~
11 dameura rêveur.
'
Il ~ out cntre les d~u.hommes, enll'e :e ml t e ct le
~01'\.(,l
lin nOï\ eau 'iI~":L.
La tète rlllns ses mains, le baron semb1ru'l. Si! l'e {' il1ir
el songer profOncU'!1Ilol.
•
Au bOlll· rI'un n..<.t.nnt, e ro{>tlS cl ,munI /1.
- El. mamtenanl, m !Irc, qUf' fnut-il lQ.irc·f
~
Je ne le .,ois PlIS l' r'OI'" , Sf'liJll, je \ JS y
Ils()(!'.
Non. Il!: sn '( I1S pns Il'1 18 30nt Il)5 tle ·ns ùe nQS ennemto pt rtuUllù 00\" 11'5 connnlll'UrlS, UL)lI:> ngil'tlll'- en
cOPséqucnc-,'. Il faut doue UVllOt tout Il 1 f. t
he/' li.
les Ù~I
rir.
- Oui, maHre.
fl.(\US 1011 IOIlS on
. - MeLs-wl l.len dnng l'esprit ql
c.\'mour'm, n~,
rt!le 1011,'. co q Ir va survellll' d~
. "(ra
plu·t!r:uh.:l melll gl'IlVil f!t que les lTIoindl'C6 dNnils pouvent prel1Cl!'c une importance (-nIJnne.
- Oui, mallre.
Et maintenant Ini!;sn·nwl. Jo va!.!! fJ(1n8i!t" à tûut cc.La.
et Y penser mûroment, (':Ir ri 1 ne dOit pl'us êlre tais&1
au hnsl1r.l.
Slllim se l'ctira, et le oorcm d"'01 ura seul do aouv au
l!w(: il. ses pensées.
'-' ,
-
J)lns ohn.qllo cwnp, on le volt, Chllcun se Pl'ÔJ.'lG.l'IJ.Il il
ta 1u.1.t..e suprôme.
Quelles en s()I"alenL les péripéties el surtout • 66UI II?
C'l'st cc qll'on vu. bientôt con onilrc,
Joonnù" .n'avait pas Illl'nlt en dtsunt llu' Mil d
tl'llngtl éLo.IL calme, ne d,('01fin(\uJL '11.11 cl M) se p!
JlLDlalS.
1'(l~
1.0.'3-
La jeune nlle étaU tron flllro, en errel l'our l ' r. Ure
,ur.s.'8 Lmtl.3 il. ses Onll/1In1S, soit unc' 1,,'lt'["', N(;i{ uno'
lu "Iludc, mai" elle n' n s llrrl'llil 111<; Il )In 1 mibleln, nt, CIlI' son CO"'llr étult lor-lun; cie 1011
il ~
~!QI
r.elJ
On 1111 Il rlil Il CJuol prix clin rJOl1rl'ult rucr llJ'I rl~
Ilft
lib 'r'.', II 1
.
l
'
JlIfllI'Llr: 1 rn , IIX '
du rnlwrable
ll'ü tlenl l'lon dort enLr . e"
'Ir ....
'1
....
/Il
ut-et.re,
E~
�Sanctuaire d'A me ur
_toujoUl'''; enfe:rmée Ill., sans nouvelles de qui que ce soit.
Et c'est ceUe incertitude où elle est plongée q:ni esI
horrible pour la malheureuse femme.
Comme les h eures lu; semblent longues 1
Elle n'a pour toute distraction liU/'! des conversations
intermiLLenLes avec Edgard d é I<àradec, conversations se
bornant il. queiques mots échangés, d'estinés seulement
il lud donner du courage et il. Lui faire prem:hre patience,
mais ne lu:i apprenant-rien, oaI" le policier amateur ne
saiL ri€'ll Lui-même.
Enfermé comme clle e~
sons cmnmlmica1,km avec le
dehors, il altend le bon plalsÏJ!' de l'homme qui le iTetient
prisonnjer sans qu'il sache sous quel prétexte, et iJ. ;ne
prévoit pas p-loo qu'elle-même quand se Wllffi.Ï1lem leW'
captivité.
Mais, pendant que Rimée se désespère, il n perd rjen
de sa bonne hwmeur, et" ainsi que l'a dit Joannès il. son
maître, il ne cesse de se moquer de ses geOliers et de
60n bourreau.
Il l'il et il raille, et s'il Il des moments d 'impatience,
11 les cache soigneusement et ne les laisse j8lffials voir
à ceux qw poull'Mlent ~eut-êr
s'en II"éjoUlir.
Mais une haine s'amasse maLgré tout en son CŒlU!r
oon1.re l'homme qui lUI a LaU c,es loisirs forcés, et il
voudrait sortir pour se vengel'.
Quand il sera dehors. il sera. un des pl!ll#c.b.auds d-éfenseurs de Renée et Uenrlra à h{)nneur de compter parmi les plus imp1acables pOLLTsuivants du bruron_
Celui-ci se rend bien compte des r'ancWles que ses ngisIl.ments onL accumulées <lOntrc lui, mais il ne paroi~
pas s'en soucier, persuadé qu'il est au-dessus de IOUt
ce qu'on peut enLl'eprennrc.
Et cepenuant ses enne mis se sont mis à l'œUlvTe et
ne perdent pas une minute.
Bdolcl, qui a 11'01 d'élat~oCI
son pl,an, \"I!l en comlllCfl{'PI' l'l'>: 1I1i, n, llIalS il Ile s.: sent as les mains lihres.
Il a lïrnpl'I', .sion que chac'JO de ~es
11I0uvem nts cst SUI'vcùlé. Il Ile Jll'lIl [las ClJlJJptel' SUI' GCOI'.(;CS uzim.
l' 1 11' l ('0b,"'JflWJC qu'il s est ll'UGé et 01,' propose (l' u"des plu- étend1J:; 1'[ t!f'~
jl.us wmpii'lu sI
cornplll' l'~t
Il Il :, 'ng ·•. ail. [las seulelllenl, l..ll crre f" de livrer le
baron l'II l' illIX lIIaill!> cH ln J 1151 ic. , 1Il~
aussi de délIvl'er ses \'ict.lmes, salis 'lUI' l' Jtm"
: I,th;~.
fUl'iod. d'êtrC!
pl'U;, (lIL C'U le temps tic sevir contr\J elles, C81' il l'st
b:~n
c:qlitble d'exercer !;vntl'c le'! 1JlnllJeUilèu,\, pour SI'
vl'ngo.r,
pU'cs ft pj'[~soile.EI
lllJ mot, le policier
cl'oyait le g l'('{J 111 jiill'[U 1lp/Tl PIl l, <dl able de torlurer et
même de Inil'c rtJ(,Hr'c Il UlOi'L, qu 111 1 Il ~
\'t:l'Iu.jt p<, '[/:1.
ecu.- donl il s·('ot.ail emparé : l'nlJ\'Lulléc nenée de L~fl
t!'ange, l:.d,:nl'lt de f\érudec cL ,'ollia uussi. cette jeurlc
ltmnie si cltal'nl/Hll(' L1ulIL lui avult pG.r'lû 1\1. NG7jm. et
Que œlui-c-i (llmult au point d~
lIC se consolej' jamais
S'II lui arrivait mnlhl"ur. ct lIIUllllHlI' l'al' sa {aUlle.
Pour arrlvr.r .au bllt que lc policie!' ISe pl'omeLLa.it, il
lullait employer' non pus lu forre, 'mals la l'u!>e. IL fallait s'cl1lpUl'er du bUI'OIl pu'!' surp'l'I.'p, au Illoment oit il
s'y attendrait le moin q • el SUlIS qu'ri ait le Lcmps
~I'
T,'c'oIlIlul!rc, ct le tenir ùe fuçon qU'n I~
puisse pli~
s'(:clw.pper.
Pour obll'nlr cr l'l'S ulf a 1, le pOlicier avait (oluool'é LouL
un plan. un 'plon des plll.'; IJl!{!'mlcu, cl qu'il Ju"'caiL
Infaillible, TIlois Iii so l]'\'UV'lil dano:; 1'1"1> rnlLl "ui~,
"po:;lure pOlir le 11Wllcr li bl r!lI, CUJ' Il se BRVIlII l'spionné. SU!!'. Il " d Il ('OlllprelluiL bion (jllll ne l'éu 'sll'llit VIlS !j'Il
él-uit s~ul.
~I
IJurl colluool'nLt'ul' prendre?
li Ill' \)(}Uv llÎ1 SOJlW'I' Il 1111 de celJ: que <:elle alfu!r\! inl~'(,sut
pUI·!ir'uilen'lIlcnl..
11:; y COliS r{'J'{lil'lIt rcrlulllf'lIl1'nl IOllle lek hn./tiLlé,
["Ill l''ur (;!llIl'agc. 1Il-' Il\! Y 1IlC'o·ni.~t
tout le <: le d
tout Je r (.VOIII'!JlI·nt po lblf', , rnlliq ils n'll','It"l)lll pns III
rnnlllùrll, f'nmnll' 1'011 di!, et IIC , IUl'al nL llltl('I' Le poll_"'1 hwn f'lfI(·/(r.l'lJlrnt
(,l' rI(olltll IVl'rdH l '1 'tempo ),J'Iole!.
F, leI-ill '. t. z Illl J
pl~)iJ'm,
CIlI' 11
II<luiL gllh'c • Il Ill' ilClnlll qUl' cIl/11f1 le
S !lOS
J It
"II v T l " l ,l Ilpll.
l'ont~I!
tOllt" laJ,lJl,s nool1l' on Ut!vlIsu'rr, 1 Be
'<:ndull oollljllr CJu'i1 n.) devnit pllfs rjr>n n '!!IIj!u, l"Ïell
h".
ue
laisser a.u hasard, que t~
devuill, êLre mOreruaJI. éUudié.
minutieusement prévu.
Et aJlongé SUT son lit, car le :policier h.a.bitalt tl.."1{) petite chambre {)ù hl n'y avait gu(!l'O de Cnulr.!uil, il so krua'nnlt et se retournait en proie là son iDée fixe.
Puis tout â. ooup, 11 s'écria :
- Ca. ry est J
Et Il sauLa il tarl'e_
Qu'avait-il Lrouvé?
Le nOm de l'agent qu'il voulait asoooier , S!l. oompa-
Flle.
C'était un de ceux ay~e
lesquels il a'nlJ~
lail cl~jA
ditférentes expéditions, mais qu'il .avait :remarquG\)Q:r sa
finesse, son habile lé ù se déguiser. son ooUl't\ge rodéniable et son song-froid ;mper.lurbaoble.
II s'ûppelllit Tambour et ses cumard~,
ayant III mii.
nie c.u sobriquet. l'appelaient Gr06se-Cailiee.
Mais Tambour était-il à Paris?
11 fallait que Hriolet s'en inIol'â~
et qu'OIl na ~uçon.
!làt pas q~'il
le cOlillaisswt s'il ne voulai' pes être DrOlé
toul de SUlt.e, comme il l'éLait déjà lui-mèDIe.
Bl'io!et connaissaiL l'arlresse dll TamnoUl'. uhllil; ~ ner
pOUYillt se rendre il. celLe adresse, 0'J!' il 8Cr'at.t suivi'
et wui de ûu,iLe leurs re:alion:; seraient cn.-rllltS,
. Il f.nllait diane, avant LouLe" clll)ses. aV4At de prcssent!r Tambour, que le policier se débarrllSin\ de se,s cs{:iolls.
11 y ~vu.it
songé déjà ,eL cela faisait partie des l'lises
que dorv€IOt ccll1'flaHre les pc.'iciel's -";me<; f t Ct: nom.
U faut poua' ce!a mener les flIau!'S sur UAle fJIl~
oisLe
et c'est pour un agent h:\hile l'enfance Qe t'41rt.
,
]'rioieL l'au .. ~'l
U€i.1. rElit ~i jusqu'IlIU'b lu s,u·... eilld.ll'.e
dout il -avait éti! l'objul avait pu être ~ên.Ulo,
Cela l'avuiL peu inqllilit(\ 'lue l'on .50l où 11S.11oil c.r.;r
il n',waH cu ft foire jlL~yu'à
pl'éscn\ etll:'\l.e <16manl\!l18
(1'1'ii v,)urait eUClJer.
depuis 11\ 'il éi~ it SUi' le
fi n'en étt lws il m~le
Pi.lIl_lL, d'en! CI' uiHJb le yi! !l,~
1'IlCIt::m eL qu'i.! illi Iul~
chul Il' wn ad 'l1l" l n'ml n ùe\,[lIt
3 CClln lm
BJ'iolet Se ve'iL 1'~!ld
nel';, C Il' Il 1l-IlV 't pl s i ''1 S
chrlx_her. Il ne Jui le.' '1 pin '11J',1 i.IJIl'.
Q IOlJd il fuL daJn;." Il J I . HI) 1
l'Dl" le, vit :nc ol!lo -Ii J 1;(1 1 IjU il: . L:-~lU
-.le J)/lJ" ((I.\lle $(' lIIeUI-a en mm he <1UèI. l je
01. lourn
L 1t, la Ille.
Il ne :'1 1/1'" 50 pa." (! , .,11 cCf t, il !'1lll'nù\L Onflcl je
1,"t"IIJ' ,lII mOll ellt 1111 Il .. OU il paSf~l1L.
Ca y ,~I
Ifit· a,oI. rr,' '.lI!
EL il pnt un pellL uir gugUdl d'tl.
Cela ne l'elmilYilil.jHlS du Loul ce mal.in-là d'èLl'C ,pié
et "Ulvi
C'esL lTlèrnil ce qu'il u";"imil.
Quand Il lut un peu pIuS loin, voyant Ull" a\llo iH
l'
à vide, il fit signe au \"<Jtlulun.
.Celu.i-(~
appl\lChn sa \-oILure du lrottoir eL le poIIC.,'T
sauta drdans_
Puis Il dOllna au chal.~w·
J'adre"s\! de h mnisùIl Où
il voull1il se renclle (,t qui était lilLuoo il MoQtmlll'trl!,
dt.tns le l(uaJ'li'!I' Cn.uJIl~'OU
C'était une mu.l"un hlplI connu dtS poJlclers, U' cil
a.vait <llé OCCUI,C-e aulrl!!vlS p.lr un(' l,unde <k! fMlil( mon/I(lycurs wlIJL ln oopllu-e avcit lnlt &'l'and bruit.
r n J' li. 011 avait une entré', la seule en~-é
OOftnne
donndnt SllT 1a rue Call)olncourl, muis (}n paUil'lBlt. ol'Ur
PIlI'_ 'une Il.lItre J'ILC entollrl'(.! de lôrrains v&a'l1e8, PI l:>I}Ile
ImlJo ICS dSserLl' ,'l ass.!1. ,oigll"" POU<I'!JII'OIl SOI"lJ'jOUl AJ
'lu'Jl !JaL y avuir un , h)lfJOrt CJlc~r.()nf}O
avec cette iJlJ,d.<l1n et la po·',e dOl1IUl11L SUI' les 1 J'rains nl4lte.ll PllC' la(lU Ile on p tJvail en SUI-li!'_
Il rullaH, Cil Cret, )JOUI' :trrlvl'r fi celte pte, tI'a
l~
dcu. HlILI' s m:t! ons, '1 1111 JfJ'J , pnll.'icrs 1I0uis n :m'
"II a pUlIf IlI\ l',' L, bu IJI It· ,l, fU'lX m llllayllU/'ll el. d'II'
Briol'L U '!llt (-ail jJurU,', rl)li'Jai, saient ce P'I age li l'et.
Le pr.!, iLl' il ni'
TI !Ir
1'1
qu'il
an
11(0
r
1 l
El il li'
, t,
,li
ni
Is·'\\ d· "" rno
�Sanctuaire (J'Amour
v ..
CIiLLbalnoourt. il sautil à terre, paya 05tensJDlemenJI SOI)
\vo.tlrnan et entra dans l'Immeuble.
C'éte.."\ une ma1S0n de rapport toute neuve, ne pwrat&
:HloL avoir rien de mlYstér ieux.
Mais qunnd l'inspeolelllr se Cul l'ngagé d8.ThS le oo1.llloir,
Il le swviL l'&pldement, Lraversa. la cour, enbra. dans une
8.Ulrre maIson, qu'il Lro.versa ~usi
vivement, puis dans
une Qu«-e et arriva à la porLe donnant sur la rue bor<Iéa
de t Tains Vlétgues.
il était un iP8Ui essoutllé,
Là, il res-pira longuement, ~r
ayu marcl1é I.rès '/jle, puis il jeta. un regard! irapide
dans .a rue, n'oaperçut rien de suspect, et li se mit à
rire.
- Ce qu'il v·a Caire 11.11. nez, l'autre 1
Il s'y alla ,rapidement du côl.é opposé à celui pair 1e• quel il éLait venu eL ayant aperçu un fiacre fermé, 11
l'appela, monLa dedans et se fit conduire il. une adrresse
que no\.lji connaîtrons bientôt.
L'lmnme qui se trouvait dans l'auto suivant Briolet
"étai\ i}iœ, ainsi que le ~licer
le pensait, un des espion6 d~
baron Pilar.
C'él..ait tm homme d'unf. quarantaine d'années, il. mine
1I1iI.ueieusc, mis sous Ip.s ordres de Sébm dont il éLait
l'homme de conliunce et qui le ch!l.i'geuit d'ordinaire Ges
lL1ssioas Jes plus difficiles et les plus délicales.
Quand !I eul vu Brj<llt?t pénétrer chans la ma.1son de
la l'Ue C&udai.ncourt BiPrès ~olr
Tenvoyé oon wal.!JInan, il
iemeu'a Il quelque d'!st.ance, enC<lncé dans le coin. de sa
1oilure, les yeux fixés sur la (pOrte de l'immeuble.
Une demi"heu.re se PIlSSIl. sans que Briolet eat repOJTTUl.
Alors l'espion commença li. s'impaLienLer et, l'allenle
il, pro!~gcant
encore, une inquiétude s'empara. de lui.
Peut-ètre la maison 6vait-elle deux issues.
de cette i.déc, II sauta vivement Il terre,
Sous l'~pire
~lti
à SOlI wattman de l'attendre eL se dirigea vers la '
mll.l.soA.
Il y eIl>tra, pénétra dans Jo. loge du concierge et, apres
~vo;r
remis une pièce d'or li. cette famme, qui ouvrit
jes yeux sLlIip6faits, il lui dit :
- Vous connaissez, madame, un monsieur BrioleL 7
La pipelelle écarquilla des yeux stupides deJ'l'I t!l'e d'(Int "If es IIit1('tles qu'elle enleva et ropondil :
.~on,
m<>nsieur, je n'ai pas ça parmI mes local aires.
- Ce n'est pas \JIn de vos locaLairr.s, en effet, tlu moins
je le su,pp06e. mais il e&b venu voir quelqu'un oons la
lOaIsGIl. Je l'nI vu entre:,.•
- Il 1 a longtemps dl'! ça T
- Une demi-houre li. peu près.
- Je n'a' vu passer personne. du moins personne
d'éLranger il la m'luson. Il est V!'AI que j'élals 'peut~r
~ mOD fOllrneau. El ceLte persanne a pu passer sans
que je la v<lle.
- li ,n'y n pas deux SOI' lies il votre maIson?
DO\lx sorties? Non, MonsiMlr, bien sOr, Il moIns
p<lurt nI !Iu'on ne me l'oit pas dit, vu que je ne suis
[joo dU»lIls très peu de lemps Ici, mals je ne le pense
pas.
-
l~apoint.ê
lllf'll IlJlomme est louJours là?
S/wns dOule, Mûnsillutl'.
J Ilis l'att.cndre, d,t l'~gent
du baron PlIar Wl peu
Il t\Uenùij une demi heul'o encore, puis une heure,
Tl" \'P' 1111 r>,IS son homme (X.Il'llltre, Il s'écrin :
- Je Iml!! 1<>00 1
Et il
utn en bns de son auto.
Il '\.nll dunf' llll étal de rur ur Indet;orJptlbll1.
de
C'4lnil n pflol un homme prélentieux et O1~afru.é
lul·mêmp., ayont ln" conviction qu'II ne POIINHlt rien
taire )11 1 el que personllfl no 50 l.rollVAI:t il sa huul!'",'.
Il avnlt Slu1<lui un souvcl'nln m~pl·js
)Xliii' les rollciers or(lI'wl . l'l pr.llsar tlu'll. il.lrraft pli Olro mis dcdnns
paf un
<ll!'t, cria fr. ml tln.Jt hors do lui.
Il De VOl/'ait f
'!lIre cnCllf!' qu'il cn~
"'l6 Nlu16,
1 c< n 1 ne
le (}l'l.lndre.
ntr 1 ILt lurl ux dan l'fmm nhle el dit IJ. III oon-
c~.
- Et pourquoi me serais-je moqUée de VO'UB ? El aomment?
.
- k:n me dlisanll maulame, que cette maison n'a. pas
deux issues.
- Mais, Monsieur, c'est wal, ou, si elle t8. detJD( issues
je ne le sais pas, moi l
'
- L'hOt1llme que j'al vu entrer n'est pas ressorti, j'en
suis sUr, du moins par oolt.e porte.
- C'esl qu'li sera resl.é chez la personne qu'il est venu
voir.
- Il n'y a pas d'agenl de police dans la ma.is<>n 7
- D'agent de poJice'f s'.écria la wnne lemme de plus
en pllUS suffoquée. Mais non, MonsieUJI', Quelle idée 1
- Parce que c'est un agent de police qui est entré ici
ea sil y aNait U!!l agent de police parmi vos loca~
peut·être senait-il chez lui.
- Je ne sais pas du !..out ce que vous Vl()uIez dIre.
L'espion camiprit qu'il ne saurait rien par cebte [amans
qu.i paraissait w effet· ne rien connaître.
'
Et il prit le Imrti de 1'1. laisser.
M~
il ne savait pas :lu tont ce qu'il ·allait taire, s'U
devrut attendre encore ou se décider li. s'éloigner et ID
liremblait Il la !pensée de paraître devant Sélim 'eb do
lui di['e :
- Bnolet m'a échappé.
D~ms
quelle furoo'l' L1l1alt entrer le métis et comment
Itl traiterait-il 1
Il n'aW'ait pas .asSe'.l d'injures à lui dire.
Et sa l1lrreur du maJtre était Lel~
que l'espion. n'osa
pas encore s'éloognar.
Il astt.endit de oouveu il , dix mlnufes d'abord PUls un
quart d'heure, une dellll-heure.
'
Ail" fiur el à mesure que le temps s'écouLait son én6l'o
vernent C1'Qissait.
'
Et bientôt il ne put tenir en place.
Il saut.a de nouveau li terre en disant !A}ut haut
II ét.ait hors de luI.
'
- Je suis roulé 1 Je suJs .roulé 1
Il aVlait des envie:; folles de p6nétrer (;ans la. malso&
d'en visiter l'un après l'aul.re Lous les nppartements:
mais sous quel prNexte, et comment seralL-1i reçu 7
Il dut se persuauer Que c'éLait là une Idée lolle el 88
résigner ll. ce qui était, Il savoir Qu'il s'élait laissé met..
tan,
tre ClCClans.
Mais coInenml r
11 ne le comprenait pas encore.
Pcul-ê!.re Brjole~
était-il a.près tout resté dans la meJson.
Dans !..ous les cas, Il étaH urgent de prévenir SéUm
de 00 quI s'étau pasoo et cela au plus vite. car si le p0licier s'était en eUel dê.roM à leur survefllance, il y aval'
III un .réel dAngel' fJII'iI fallall s'efforcer de conjurer,
Il dit Il son wattman.
- Vous a.vez bien remarqué l'homme que nous avons
suivi et qui esl· entré dans cette maison 'f
- OUl,. monsieur.
- Vous Je l'e:>onnattrlcz cel'tumnmont 1
- Oui, Mflllsi ur, il mOins qu'Il ne soU dégUiSé.
L'espion bonCilt.
- Déguisé 1 C'est vrai. 11 n'y QVUlt pas songé 1 11
pouvait él.tre dég:JIsé 1
Il chrl'ehfl Il /j(! l'Il,ppelcr loC.'> g. ns l)u'lI avn:it \'11 sortir
depuIs qu'Il était en !Action et l.lucun ne lui avait paru
SUSpl'ct.
11 sr (hl:
- Non, Il n'est pl!.'! parti dé,l:(ulsé, d Il IlwÎJns PILI' colto
port.c. hl. II est encore rli 011 Il som sOl'tl pllr une Issue
j1gnoro,
VO"!! Rl!rz 1 .;ter là co factIon. J'llsqU'il la nua
0'11, Monsieur.
.
hL 1 vous \ oye", SOl'lll' l'homme VOU!! 10 sulvret,
pul~
VOliS vlrnCll'ez me I1ll'O 011 Il
'l'U, à l'IlQ r""sc quo
je VAIR Vill/ii rl<lI1ncr.
- 0111, :\lOTlSIf'IIl'
- Vulel Ill>fj Rn he ,pour vol.m JOlr'n~".
n rrmll laI !llul!; fi. 1 homm" l'II aJ'lIltuut :
1 JI t'lUiS '/lU fait rio VOliS, e vous donncl'nl
doubln.
- alen, mon iOIlI', dlL 10 wa~lJn"
que
•
-
�SQnctair~
d-Âmoar
Et l'espion s'élolgnfa en peÏlSanL, a.vec un
d'eIf.roj.
- Que va dire Séllm T
.
salemn~
v
Si l'agent du iOOron 8ippfêhendalt la réception qui eJlalt
tIiII élire fMte, 11 me pOUIVait sou.pçonner CElPendanL ce
qu'elle serait, car il ne connaissait pes ce qui s'était
po.ssé il l'MIcl pendant Bon al>sence.
Le baron ne pouvant supporter d'I!W()!r auprès de lui,
en son !pouvoir, comme sa chose pour ainsi dire, une
femme qu'il aimait et lill rèSJstait si énergiq'llernent, ava.n
~lu
de faire auprès de Renée, une suprême tentaUve.
Il aill aveU fait demander po.r Joannès si elle désirait le
voir.
Et, comme la jeune lemme avait répondu, toujours avec
Je même mépris, qu'elle n'en auralL aucun plaisir, le
baron, comme fouetté par cette nouvelle Injure, n'avait
falL qu'un bond jusqu'à sa prtsonnière.
Il avalL ouvert avec Impétuosité la porte de son OScbot., et, se planLant devant la jeune lemme, anurie par
cette Invasion brutale, il laquelle elle ne s'4UendaU pu,
lill M'ait dU :
- 11 fauL que cela finisse entre nous, madame 1
- Mais quoi '/ av ~ it dimJf!Jldé avec hauteur Mlle de
Lastrange. fi n'y a nen 00 commun enlJre nous, re SUippose.
- II Y a de commun, madame, mon amour el votre
ba1ne 1
- Voos pouvoz ajouter mon mépns.
- Votre mépris, solL 1 Mals vous n'Ignorez pas que
votre sort esL ent.re mes mains 1
• Ah 1 (emme inlMitable, poursuivit le baron, lemme
orgueilleuse et impitoyable, vous aurez VOUlU tout ce qui
va an'Iver 1
_ Et que va-1rJl,llJI'II"iver T Rion de bon, assurémenl, al
00Ia. me vient de vous.
_ 11 va 8.ITiver, cria le baron hors de lui, que vous ne
IIOriIrez pl w:. d'ici et que vous y mourrez dan.s la nuil eL
la 6vliLude 1
ReMe. que son bOUlTeau croyait impressionner par
celte menace, 50 l-orna il hausser les épaules.
- l:51 vous oroyez m'épouvanlcr par vos menaces CJe
Q-oquemiLalne 1
_ Des menaces de Croquemitaine, s'écria le baron, tu·
rleux, vous verrez BI ce sont des menaces de Croquemlklne 1
- Le mal ne triomphe pas toujours, dit doucement
Mlle de Lcstrange, mais votre menace se r<laliscralL-elle,
la ffiOl'l Ille 8elwL cerLalnemenL moins odieuse que volore
présence 1
Le berOn t.resaalllU violemmenl cl devlnL d'une pilleur
liVide.
Puis Il cria :
_ Vous l'aurez voulu 1
Et Il &orLIL dOJ'lB un état d'affolemenL cL de roge IndesCripUble.
Quand Il fuL parti, Renée se dU :
_ Il cat capable de faire ce qu'Il m'annonce, eL j'al eu
bot peul-êt.ro de le pousser il bout.
• Mals quand 11 est ICl, près de mol, quanlt j'enlends
II. 'VOIx quJ grince. quund je vols son visage qui m'Irrite,
. . youx qui m'aUolent, Je ne mC sons plus, je nc me
buoals plus, j'OOIJ..Ilte toute pl'udenœ 1
La mnJ.heureu.!le eut un ins lant mwio de rn~pcle
le
i.:lIIIlCnmlL de choroher I!. i'a.pIlIsur, è lui donner le ahnn·
entrevoir un bu.!. qu ' Ile é\.lllt bien r<'Solue
pour gllgner du lcmps, cal' elle cs p~
pas ~
l'atne de lIOn vo18Jn de oupLivilé, mais ello n'm
le coul'a4(e.
elle se lal8811. tomber accablé/! litlr son divan.
Presque ausslLOL, elle entendit des coups 1rappés dans
.. cloison.
M, de Kéradec, ayanl entendu SIlIIS doule Ics éclata de
'W ....... MroQ. veoaU llÛ rappeler qu'li étaU là.
53
EL cela lill faisait plai~r
de penser qu'elle avnit 1"r t~
d'elle un ami oompotissant il sa détresse.
Elle se senm moins seule el lut reprise d'un reu d'cs·
poil', sans qu'elle s'expliquAL pourquoi par exemple.
Que poU11Mllt pour elle, en erret, M. 00 Kéradee, prl·
sonnier comme elle, réduit comme elle à l'impuÎ5!lflRce j
Elle s'empressa de répondre il rappel qu'elle vonait
d'entendre, et 00Ia. pul la disll'aJre un l)eu. de ses pénibles pensées.
Le policier aInJ.leur lui recommandaIt encore cl.'o.volr
du courage et lill prédisait qu'Ils verraient bienWt la fin
de leurs maux.
EUe n'osait pas y croire et elle n'y auraIt pas en cel'·
tainement st elle avait entendu ce qui se disoU t Ge mo·
ment même danc; le cabirlhL de son ennemI.
Oelul..ol, en sortant du cachol de Mlle de Leslraage , s ' ~
Mait prOOtp1lé aŒ.aI:ument fou de rage et
t.olf\ de8ulLe demandé SéUm.
Et quand celui-cI ful près de lui, li cria !Mill'! mêll'lE
AVOir ce qu'U disait, tant IlOO exaspération éLaU , 60n
eomble :
. - Il faut en nnlEum, Il faut en finir) Je .'a! plu!
rien li attendre de lie ferilme. Elle vient enoore de mf
aoufflef.er de son m
·s. C'est trop 1 C'est Irop 1 n faut
aba.I.sser œ~
orgueil. II laut qu'elle se traine il ..el pledl
et me demande g:n\œ 1
- Je ferai tout, dit SéUm, pour contenter le malk'e 11
matr.re Je salt bien. Que le moUre ordonne 1
'
- Oui, que j'ordonne 1 que Je dise ce que Je V8Wt 1Je
œ le sais pas mol-même, mon pauvre Sélim. Je voudrak
que celte lemme m'obéisse, et e ~ Pe ne m'obélra j6maÏ6
Je le vols bien maintenanl 1 Alors il faul que Je ne penSl
pIIus il elle et que je me Vlmgo, que je me venge, ~m
eUroyablement 1 Entends-lu, ~lim,
comprends-lu f
- Oui, manre. 1
- Alors, aide-mol
- Il Y a d'abord ce policier...
- Que j'al laissé échapper 7 Oh 1 celui-lI!. ae lII'in
téresse guère.
- 11 peut devenir dangereux, maltre.
- Le penses-lu '/ Nous n'avons rien li craindre .e lu
\allL que tu le tiendras li l'œil.
- Je le sais, maitre.
- Tu sauras prévoir et déjouer tout ce qu'il POUITBI,
t.mmer conwe nous.
- J'en suis persuadé.
- Donc,ce polt.oler est pour nOlE quanUté ~gltea.bc
IJans Intérêl Mols 11 y a M. Nazlm, Je chronlquOW' mon·
dain. Ah 1 celui-Ill. 1 Il fal\L qu'JI meure Sl!lim, cl bien·
101 1 Il
plus dangereu ,lui, que tous les poticters et
je le hrus 1 O>mmell\. pourras-tu me débüITa.sser dB htl 1
- Je -chE'.rchc.rol, maUre, eL Je trouvernl.
- L'eœldenl d'automoblle étaIt Lrès Ingénie"", mal,
il faud:ra. mUlinlcn8llt autre chose.
'
- Que le maUre ne sïhquièle pas 1
C'est au moment oCi sc termTnulL ceLle CODY-.uUO 1
6miMmment suggestiVe qu'un des valc Lc; de l'h0l81 vlnl
prm-enil' Séllm qu'un de ses agents déSlraiL luI f\lH'lr.1
suru; retard.
- C'est celui, expliqua le ml\lIs, (l qui J'ai COIIIfté 'I.e
aofn de surveiller Brlolel. Peul-(!lre a-L-l1 quelque QO!l(
d'111J.él-essant Cl m'apprerldre.
- Qu'on le fasse enlrer 1 ordonna le baron.
- Ou plutôt, sc repril-II, va voir cc qU'Il vea4. el ~
cela. ~n
vnlll la peiue, tu me le dG-ra..c,.
'
Séhm trouva son homme dans un couloir, tre.blanl
de tous se' membres et pIlle comme Ull mort
.
il s 'écria, pris d une soudaine Inquiétude :'
- Qu'y a-L-li d\.fic 7
- All 1 11Itlilre , tout est pel'tlu.
Los ngenl s do Séllm appelaient maUre le ~
'01'
me celui-ci le bUl'on.
-- Quoi, s'(o<:rio Sélim ovec ImpllUence, qu'eaL-.c q ui
est [l('rd u Y
• L:e.spl.on élait ~ i ~mu
qu'Il pouvait il peine parI , cl
Séhm, } 1JI ~ l le nt
d ullprcnCre CP qu ' i! aVil il à lUI fi lre
ne 'Ai'Wlit, '1 1<' 1 rcssnn l, que J'c lll n icr s on réci\
L nomme hùgaya
- Le policiC'r...
a"'"
e6'
�-
En 1 bien quoi, le policier 7
Je ne sais l,a'!, mailre, cc qu'il esl devenu.
- Commenl, ti'écria Je n-rr:lis, tu as perdu sa trace '1
- Oui, mailI'e.
- M.aJ~
r.lu!heureux:, tu ne sais pas ce que tu as fait.
- Si, Illeilre. Je sais que c'est un gl'und malheur,
surt.out poUl' moi.
/
- Mllb comme'Jl as·tu lail "1
- Je VBI' vous le J'aconier, maHre, et l'OtiS verrez qu'il
n'y 0. lla:; de mu faufe.
El l'espion fit le récit de ce gui lui était arriva.
QUUJld \1 eut tini, Sélim dit :
- C'est cel'l.3in. EL que \'ais-je dire maintenant au
maître, slIt'lout '4y.'ès ce qui vient de se pas~er
'/
!:i'..!lirn r.Ilf'WsSail. en cIIf'L, plus ennuyé que son agent,
CM' loi reVl&iL mieux que mi l'eUci que produirait sur le
haWlL rd nouvdle que I:lriolet aVilIt échullpé à la surveilIa.:,œ JUIlL il fluH l'olJwt
t,;ela dèH~nail
(';..ces 1vCmelll giavc, surtout dnns les
circonstances présenle_, et le métis ne pouvait cHcher à
son nmiu'(} un événemenL de celle imporlancc, mais il ne
savuit IJ0I11111I'.11(,. le lui annonCCl' d se C;,,;llOlndail surloue
comment il allaIt pl'endre la cllOSC. 1l1'avaH vu lout il
l'heure dans uli lel étal. 1
- Le IDaitre aurait. peut-être mieux fait, osa dire Sé·
lim, de ne pas revenir en France.
- Eh 1 je le sais bien ! je ne le sais que trop 1 Mals
pouvais-Je résister au démon Qui me poussait? Il fa~
bien aimer une femme, Sélirn, pour devenir criminel pour
elle, pour Jaire tJout ce que j'ai lait.
- Je m'en doute, maître, car moi je n'ai jamais aimé
et. ne connais pas ce que c'est que l'amour.
- Tu es bien heureux J
- J'al entendu dire souvent qu'il étaU la. source de
toutes les joies.
- 11 ['est plutôt de toutes les douleurs. Mais ne pas·
sons pas noLre Lemps à phil05opher. Va L'occuper, Sélim
de tout ce que je t'ai dit, et surtout tâche de retrouver
la piste de cc poli::i!!r.
- Dili, maître.
- Il peuL nous aLtirer bien des ennuis ,car je le soup~OJme
de savoir bien des -choses à 'notre sujet:
- Des racontars qu'il serait bien en peine de prouver.
- C'esL !l'Op déjà. qu'il les connaisse et qu'il puisse le9
dire. C'est pour cela qu'il ne faut plus per'UTe de temps
si nous voulons réussir dans notre œuvre de représailles
et d.e justice ... Maintenant va et laisse-moi 1
- Oui, maltre.
Et Sélim quitta Je cabinet, laissant le baron à ses réflexions.
S'ils avaient ,pu soupçonner ce qui se Lramait il ce moIllenl rrreme contre eux, ils auraienL été encore plus inq,uiets sans doute qu'ils ,'étaient. '
VI
pléLlnant
Tambour, diL Grosse-Caisse, le policier que Briolet vou·
lait pl'f'ndre comlJ1.! assucÎl', llfibilaiL, rue Saint-Paul, un
~rès
modesle appartemenL où on ne devait pas le trouver
souvent.
- Pourvu. se disaiL le policier, qu'JI soit chez lul 1
Se .;!Wh,~nt
débarrassé de son suiveur, il sc sent.nlt
IlxtrêmemenL libre, ex.LrêmemenL ù. l'aise, et l'es!>oir enllait son ùmc.
Il s senl!!it oa1pable de Lous les héroïsmes, mais ce
qu'il ne falTait pas ,c'est qu'il retombât sous Je' joug de
ses espions.
POUl' cela, il ne devait pas fltl.ner (!:ans les rues, au
risque d'nne smprise.
E, Rl'lolnL ch J'chu du l'egm'd un fla1!re Où Il pourre.l.t
monter.
Il en j couvrit un (lSSf)1. rapidement, grimpa dedans ct
donna .,u cocher l'uKll'cssc dll poliCIer qu'il vOlllait voir.
Au bout de vingt minutes, Il arriva rue SUint-Paul,
:W,ULll à tf'TTe et dClTlUndll il la ('-onclerge :
-
Or qu'Il y 'm<1trra tout. Bon
, le mn Ure ct le sor.
r i ' chf' ('!!,
~(\lIm,
cl\r
M, Tamhour?
- 11 doll ût.J ' CIH'Z lui, monsieur. 11 n'est pas sorti aujlllll'd'l!lIl. Il f}tllil lin peu Sburrrnlli.
Il c1f'man<ln (l1I55110L :
- Cc n'est pus grave, au moins?
- .oh ! nl1n, manSI611l', je nI' pense j1IlS .
. I~n()le.
élAIl heureux d(' trouver /\On /lm! nu glte, mal9
IllCjlllc I. nl~si
cn PPIlSHIlI IJU'JI pÇlllvalt être 8~rle'
Il ~'l!1I
S n e l\~
mnlud(' ni. iuc:lpnhlc cl l'aider, de sc mettre on
O1lnll'oJ!nC' fOlll (1" Hllitc.
II (!l'III. impatient lie le voir.
Il Int 'l'rogl'I\ :
- A qllel 6toflgl' ?
- Au quut.l'lt\mc, monsl('lIl'.
Le poiIcil'l' cnllln préciri!.nmmcnt J'escallor.
QIl: ri il 1111" v Hlt III JX)I'lp dl' Son cOllèguo, U tlrll Ud
nTll!'1 1 dt' I)nf'~lp
el lin tin menL grêle se Ut entd~
dan, l'illh'l'i,,"r de 1"11 flJ)lJl'l( Int'nt.
nn Il J' "pondiL PliS tOIlI, d'o,!ml'Ù.
OrlUl 1 cuL fl('ul' qUi1 l'inspe~ur
ne fOt pas chez lu!
ct lM
l'Ii sn!!'; l1ur l'fi concier'gc l'otH vu.
Il sonnullc nOUVe'fl11.
Et u/os'. lInr 1'I)J.· us.<,o'z manssnd crla de derrtflre la
porte :
- Eh bien 1 QuoI 1 Vous êLcH el presse que ça 1 AUeD'
dez, je vais ouvrir,
�..., anctuaire d'Amour
Il Y eut un
bMli~
ü~
de ipieds nus sur 10 parquet, et III
A,JOI'S
diateTnenL.
- Je 5Uis BrioleL.
Il y eut dru'lière loO. porte une exclamation joyeuse:
élat étralllge,
JamaJiS ,~ncore
il lIl'ayait resstmU ce qu'iJ éprouvait
Comme s 11 avaIt eu le pressentiment de quel<lue mal
heur., il éLai~
en prOie li de souda.ine5 lerreu,rs, qlll 11
fierul.Ient éveillé pendnnt des nulls enlières et lui en
levaient, le jour, "8 superbe 8ssura.nce,
pUi
. Il n'avaiL pbus foi en son éboile et se deTJ'lmn.L~
msLanls où il allait eL ce qu'il- voulait.
Ce qu'il voulait, il le sflvalt bien: un mot d'o[f(·cliul·
ou de pitié de Mlle de Lcstrange.
Maj~
il savait maintenant qu'il ne l'ohUf.mrl'l'(ul jn
mais, que 18. jeune femme, sachant ce qu'il était, n'é
prouveralt pOUl' lui que OU mépns ,,1 oe l'hOlTNI.r.
Alors , à .quOi bon s'o!Jsl.i.ner' '/ ~'aurn·itl
plIS mj(u~
Briolet J
valu la hure remettre CIl liberté, Loul' Ht'illHll1D!l1er P!
pllrtir ?
Le ooron pourai~
tiller vi\l'I' 1",II'I!!'S IIlle eXJblen'l
exempLe de soucis '
Avec se~
innoml,ralJ!t'.s liebes,,·s. il sl!I'ail roi p<11'lcllli
et mènet'aJt le tru.in d'un v(\ri\,able suuvemin
Cela seraiL stlJge nssurémc.nt, IIInis le baroil ne J)(lll
va.it ,s'y résoudre. li y av
encore en son cmu,r ll'Or
de jnIousie et un lrcm vic' 'nL besoin dl' 56 venge'!' C'I
de [au'e seuffrir Qui lui l'ésislail.
.
POlir le baron, cela dominait tout, el C'est pour celG
précisémenl, parce q.u'il savail que sa paSSion l'OLl!i
geait à aller jusqu'au bout ct à ne jamais s'uuètel' qll'I
élmt hanté des craintes oue l'on vient <:.e voir.
De très bonne h(,~lre
ce matiin-là, Le mntin mêntt
où se r,"un~sliet
ch€z l~ prucw'oul/' général tous ses
eflit1w:n1S conduits
pUI' BI'j .. lel,. il avait. 'q."['lt'I(' S~l
'TI
et lU! avEU!. [BIlL pBl't de ses préoccupa.tions el de sor.
vieux?
- Oh 1 ce n'est .pas gTand 'aIJ ose , une petite indiges·
lion, cela m'arrive assez souvent.
_ Tu n'es pas misonnuble, fit le policier,
_ Je sui~
I,{ournw.nd, avoua 1'8:utre, et j'adore sur·
tout les ohoses indllgesles. Alors, QUiaJIld je n'ai r ien
à fa.ire, je me laisse tenl.er,
.. MOlis .assieds-tOi, ajouLa-t.-i,l en !présentant une chaise,
Briolet se I·aissa lomber dessus et demanda:
- Tu n'as dlllle l'ien li faire Dour le moment?
Pas g'fa,ndchos~
dinLél'css:trü,
Je vions t'11ppUl'tel' de La besoll,ne,
Vrai 1..,
_ Et une besoglle quc tu trouveras int6ressu.nLe j'en
suis cerLuin.
'
_ Tvl1l mqj'lI.' 0[1'1'5, ca,t' ie cornmençaÏf; à me rouilJar, To'Ujoul'S des Itist.()ircs d'Ilpnohes Lrès banrues et où
il est impo_ sihlc de montrer sc:! ~ulen,s
,
_ CpIl/) que je vai. k> l'acont.c,r ne Le firun.l>lal'a pus
bBlll/O..le, je L'en n,pL,nds,
",Jn!'~
1
- Va~-y
BriolN_t'Ur:Olllll (!lUI5 ses moil1ldres détails tout ce qui
iCœlcem ut lps IH't l5 Ile l'exLl'aordinairc aventure ûont
IJ 61.nit chargt',
QUlLnd il cul Imi, Tnmhnu,r S(l m(llntl'a tou.t à [nit cnt,bo usia.,;rn {J, crn: .. Lilé ('ümme J'on dit.
- Tout C('I"l 1111' IhLl'a.il Ils,-;ez Ili~n
J)our. Il [/Lill qu," 1'11'(1 ne cloche,
combin6 dit Tllm·
exem,plc.
- Soi,,> Li'anqllilll' 1
_ l\I,itlS si !.Ol} l)lu'on, saisi de pcur, venait il pl' nrJrc
la [u.it..e 1
_ Ne t:rllins rlllll, on le su ,'Veille. D'a!lleurs.:JI no son·
8 MIl lm, il :;'('.n nlll't'. JI se croIt en si pu.rf.o.ite s(>curiLé 1
t;'œL un 1t0lnll\(' .. Il'IlIlrüIIIHII'e, tu sul& ...
que plus de ml'ril.c il
_ TftIÜ IIlIl:UX. l '011"; n'ilt!"~
10 VliD1.~
Alül'S nuus llllons nous mettre li l'œuvl'tl
p.(11'
\ouL de slllle 1
_ LI' plllS tilt 5PI'1\ le mIeux.
Cc qu'il !nut SllI'tuul, C',!st que Ip,9 c!'plcms du buron ne MlOhcnt. pas qll!' 110115 n'ils COllT"I,issons, qUi' tu
Illarche!. W\,('C I1itYl • .l'nl eu Inules li lllllllC5 UU mou"e
, ml! d(:hllrl'n.%I!I' iI'\!u:, mojf; j'çspùl' Illon rn'li{:It~
Ile p1us rcllli1ll>ul' SOli!; I,'ur coupe (lvruH que 1'1 VCllllU'C
De l:;oiL linle. Je Iilll" ,,'nI''1I'(1 TIIU dcgul.~!r
si bt"l1 qut>
ceux d'(mLrc (lUX qUI 1/11' L'OIlWlÎssc.til le lIIie'Ux plJurl'uuL
~,
1\ClS9W.' il cOw tI"
111111 slLns SIlUpr;oIlllCJ'
qui je foUiS .. ,
_ Comll1ent VII. III Le III ,LI".e 1
_ F...n vlellllll'!!. 'l'II n, Luut. oc qu'li Ile rail\. iCI ?
_ A. PtlU pl'e~.
El. ~'il
IIIIUlttUn.it qpelqtJc c:h.)~,
jo
"ais me le Jln<;Ilf'l:".
- Oui, dit lin' .,'l Jp VPUX me meLll'e en Vlil'illnr-cl, ('pla
lQs~r!
plus ut! ",,"11.111<'(', 00 ,', (]ou!.t, TlWhlh Ilill ·idl·
qll",n m'Ilit [nthlB, qUIUl homme dlLTl_ Iii !of<:a
1'1Igi), MaiS jP lit' 1111' lIIcl.lmi pns en vlllûlul'd sor·
41de ; je BCI LI \.1' !JI' Il miS, clûgunL mOlli!).
- Je vol,s CI'III li te. I.'"l~trs
rl'or ...
- Non, lUI 1 1':,11111, l' l'st plus d:lsUnguê
- Je t,c donrwl'Ili Lou,.!. ce qu'II faut
•
•
r(:!I~l
imn\é-
A ce moment même , Je buron PilRr élait dans un
Puis la voix:
-..Ah 1 e'es' toi, ma vieille branche 1 Il [allaH donc
le dire 1
Presque aussitôt il y eut un bruit de verrous lil'és e~
kI. porle s'ouvrit.
TaJIllbour parut la main tendue.
-: Entre, mon olleux, enLre 1
li faisait sombre dans l'appartement, car les persienpes étaient fermées,
- Je vais faire de la lumière, dit Tambour, qui poussa
WH des persiennes,
Qt:nnd il HL jour, Sriolet s'aperçut que son collègue
ét.e.it très pâle :
- _ Eh bien 1 s'éeria-t-il, ça. ne va <Lone pus, mon
-
II n'y a plus qu'à marcher?
Les Geux pOliciers &'entendjl'{mt f'nr.ore pnur
difIéI"e11ts délails, puis ils se mirenl il l'œllvre
mème Toix demanda :
- Qui êtes-vous 1 Que voulez-vous 1
-
I!!"
anxj{
~lé
.
Le. métis avait SOUI; et aff1rmé !lU maître que jam8.lt
sa sJtull!Jon n'avait él" pl!~
Il 'Ile "t 1,'1 tl Il ,.,Ii l'.,·r
li. redouLcr de qui que ce [O~,
- l'vlofiis elle ne nfaim~'
jamais 1 avait géml le ba
rOll,
7."
Le maiLre n'a PIlS besoin ,,'être WI.~
d'une fomm(
a.en son pouvoir, don!. il peuL faire wut ce qu'il
llQ plrul'U, quand U IL; VOlldr'fl,
- .TamA;!'., Séllrn aVIlJL prnl,('.<;!é le baron jamais je
n'exerc.el·ùl sllr elle une violent l
'
- Alors, que le Il1llilJ'r n'y &()flge plus 1
- C'es!. rI' que je \·'ltHlr(lIs, &:1:01. mai5 j\l n pt.:b
p(\.1'~
nJI' ù chasser do mon .'5prlt su. !pellsée,
~il
-
I.e ntt;lt.re (k"VI!'uJL st' d istnlÎl'C.
El il quoi '/ Rien ne m'nnlUse,
fêles, Tou'
- AuLI' fois, re mftlr!" (IOnllUil de gl'and~
Paris se prC'ssail cn .~·s
sn.lorh3.
- Je n'ai plus de gni1t li rien, S~m.
- Ce.In flOUil'I'nit l aire Duhlier le muUre,
Le bllT'un secoua la Ikl.e,
-.II' IlO le p~nslJ
pas.
Il ajouta :
- J\!. n'IIi pins Souin pnur fn ir,> Il'5 honnl'\)rs 00 ."~
fèlc!., Son a '1111 y ~lt
JI) !'UYMIllPllieJll el Il' SIIIIl'II'c.'T.)n
se d,'rnilll"l' 0t' rtll (Jl,~
('1 ""V(,IlIIC', ! <>11 s'(-l.<mlie de
-
ne plu;; Itl
\-1 HI'.
fllut
m'lIhandorllll', St'>IÏili.
Le 1I1111lre ÙC\'l'ILil nlll'! ln VOII', !'.<;: ilv<.:r dl' ,,{' l'l'l'on.
a!llpr . IlVCr: l'lie. et LI S(~'fLÎt
hon <le 1'(~:m{)iI
rles glms
i1lusl.lf's fll'UI' a['lIl,q·, Ifls l}r'tll'- qui GOlil nl.
Le hm'l'n se <.lrc~
viv llcnt.
- (Juds hru.l-s '/
-. Le 11111 1,1' a du no nlireux on.rll'rnis rna.mll'lL<vnl, M.
Nazun.
- Il 'iL gtw!'i '/
- Il SOl'l. Il ITIIIl'r.he nw'(' {lM Î1"'I!}li(~.,
mil,,>; il SOl'
Et 11 1,,'11 t, i"!'!'i!'C dl . nl'IH:~
d'llllS les jOlll1T1;111.
- Il ne fl'I'" pus Illon 610 'u, Jl' Il' CI>I1I pl"'IHls. On va
m'uccus r de tOtiS les crillll's, iiI JI' hal'illi 1'''\ t'lIr
- Uno fl'II' où scraipn~
convi~
t()lI~s
\Pi; (RI~t,rl.
lés plll'1sitnncs COIiPL\I'ûll Cou' /ll'tll·dl·1·,' /1 Lous lee
nacontars, On y von'8J,~
quo le ma!tre n'a peur Ge rJon, ..
�Sanctuaire d'Amour
qu'il trône laujours en sa puiss aalce , et du coup tou.tes
médisoimces et touLes les calomnies tomberaienl.
- OUI, tu as peulrê\re raison.
Et le baron se sentit un peu récolliol'f.é par (letLe idée.
Sélim poursuilVilL.
•
- Qui poul'l'ait croire que le maUre a CQffiffi'ÏS tous
les arimes dont on l'accuse ? Que le maiLre a assassiné
auLrefo~
et tiOM séqJU.eSLr·.ég M. de I<éraûec et Mlle de
Les traJlge , quBlIid on verra le maître rayonnant au
milieu d 'une fête, à laquelle assisteront des ministres,
des maglSllrats, les sommités de la litlérwt.ure eL du
iounla!Jsme '1 Tout le monde &e lèvera pOUl' défendra
le muihre oonLre û'abstml.es accusations.
- Oui, fiL le baron, c'est possible,
li murmura :
- Il faudrait Sonia, Soni:a que fuus courtisaient; Sonia dont la beauté pouvait en imposer même à ceux
qui étaient Je plus mal disposés envers nwi. Que pèseralei!.t les a.ccusations d'un Nazim et d'un Briolet de·
nnt lc sourire de SOJlia ? Mais Sonia n'est pLus à
moi, Sélim . Elle en aime un auLre. Elle, pour <jIUiÎ j'ai
kilt lruL, aile me paie de la plus noire ingtlCltilude.
C'est \.out cela qui me déconcerte. Sélun, et m'enlève
Saut mon entrain. II y a des moments où je t10ute dp
Iou~
et où je songe à fuir comme un mal (aileur.
- Ce n'est. pas possible, maître, s'écria Sé ~i m , sé·
ReU56IIle.nA. épo uvanté.
- Je I.e dis la vérité, Sélim.
- Al<m" il faru.t Que le matLre ré'<I,gisse, ou sans cela
le maUre est perdu. POUTquoi n'jraiL-il pas voir Mme
Sonia eL o'eS5aye raJ l-bl pas de se réconcilier avec elle T
- EJile uime, SéLim.
- Elle ne peuL pas oublier ce qu.e le maître a faim
pour e11e. Et cel a l'empêchera-t·il d'aimer celui qu'elle
alme d'obéir au maî tre ?
- Elle n'obéiro. pas, Sélim.
- Pou.rquoi, maitre t
_. Parcc qu'elle ne l'esse ne pour mol que de la ha.1ne.
Elle sait que j'ai voulu poire mourir celui qu'elle aime.
Du moins, elle m'en accuse.
- Pourtant, diL le métis, je ne vols qu'une fête pour
relever le prestige dû maitre et écarl.er de lui le dangel'
des d6non.oLati.ons. On n 'osera pas présentcr comme un
eriminel celul à qui le garde des s ooaux a ura peut-êt.ra
&el'J'é la m a in quelques jo urs auparavant.
Le baron ne répondit pus.
Il songeait.
11. s entait COnIuséme nt que le métis avait peuL-~t.r
ra.1son, tnal6 dans J' éba t d' ~ œca
b}em
tO
I)ù il Se l.l 'ouvail
~ cette heuro, 11 se senLait incapable de lail'e l'ellort que
nécessitaient les pr6puraLils d'une de ces Iê tes qu'Il
avw.L dooll<:.:s déjà ~
dont r(:cla~
a.V&I\ ébloui tou~
mes
PuiS.
Pourtant il dit a.pl·ès un moment de r60exlon.
- Fais meLtre sous jJresslon mon auto, ::5él!rn.
- L'auto de quarante cllevaux ?
- OuI.
- Le maIt.re a raison.
-
Va 1
Sélim s'éloign n. cf.)c barro, la. tête an ses rooins, se dl. :
A quoi bou 1
11 paraissait, ~e maLln.là, dégoOté de tout et ne plus
croire EL rien, même à la lw.'lne.
Sonia était cnIcrmée dans un des éraleaux que poo~ait,
!lJU.'C. envlroru:; do Parts, le Cameux burem ee dont
'out le m onde, 'aul lui et Séllm, ignorn.1t qu'Ils fussonJ
en sa pOS5Cqsioll.
Pien qul'elle ne fut ~véc<.e
rien et eot li sn (115POOiUon
de nombreux SCI'Vi l curs, ln jeuno f mme, qui ne pouvnU
pas BortU' des o.ppnl'k·menls qui lui avalent été assigné9,
,'ennuyaU proJld~ment.
Elle S'ennuyait surtout de ne
pas avoir de nouvelles de celuI qu'clle Rim a it, de ne POIITolr pas communiquer avec luI el de ne p as savoir si elle
le l'O\'el'l'llil JnJn<lls.
Elle Willuu!k;uiL n .~· (!~ le huron pou r uv oi .. la CCl' lillldc
qu'clle Ile ]JlIl'vllJJlcll'all l'us (). 1' :tLlcnu l'i l' et q llÇ jnmü is Il
ne lui paJ'ùonn(' rolt ~o
qu ' l! d cvalt «p pûlcl' "on ingrn·
ULu(je,
1
Alors elle allaiL toujours demeurer là, dans celle soli·
dont Georges Nazim ignorerait peut.-êLre ~urs
,
l eX'ls~nc
...
Et le .tempos s'écoularlt SG!llS quil arum.t ce qu'ene ~aIB
'
devenue, sans qu'il sut s'il était toujours aimé, et peut·
être, n'entendant plUS parler de SofiLa, n'espéra~
plus
la revoir, se laisseraiL-il aller li. aimer une autre femme,
4t cela surtoub éllnit pénible pour la pauvre SOJlia, et lu
wrLuraiL.
Les jours lul semblent d'une longueur infinio et ~es
rruik; sans sommeil WIlt inteirrrtin>ables.
La jeune femme passe la plupart de ses heures li. III
lenêtil'e, oontemplant le ciel, attendant elle ne sait quoi,
suivant du regard le vol des oiseaux qui passent Oll le
mouvement des branches d'arbres que le vent agite.
C'est quand elle esL ainsi à sa Ienêtre, le visage aux
vilres. qu'elle von soudam surgir au bout d'une allée
une auto qu 'elle connaT: bIen, l'auto l'ouge du bru·on.
Elle ne peuL s'empêaher de tressaillir,
Est-ce que la baron viendrait la voir ? Et que veuL-il
d'elle enco.re Y Elle le redoute plus qu'elle ne le désire,
car elle sai~
bien qu'elle n'a plus rien de bon è. attendre
de lui.
L'auLo vient de s'6l'rète r au bas du perron, et SonIa. '
ne s'est pas trompée. C'est- bien le bln'on qui en descet1d.
Que lui veu t.il ?
f
Elle est devenue soudain wute pale, car elle craint
cet homme, qui lui insp1re maÛltann.nt une insurmonta·
ùle horr eru·.
Elle se demanLle comment elle le recevl'a et éprouve
une envie folle de 1ui crache.r au Vlisage.
Mais n'esb-ce pas le moyen, en se montrant violente e\
en lalssMt voir sa répulsion , de tout comprometLre, d'a.
mene.r Gille rulPtnn-e déflniltiNe doot Goorg'es N8.1.im poUl'reH subir les oonséquenœs ?
lJ vaut mlieux peu.L-êfJre se mo.rutr.er plus habile ell no
!l'ien lI:wusquer, car Gemg('-s . 'uzim aura it CerWUUelllent
b. supporter le oontre-ooup de ses !LU'eurs.
t;d~
Vil
Elle laiL un eIIol'L pOUl' se calmar et ne rien laisser pa.
ra!tre de ses véritab1es sentiments.
EL elle a.ttend.
Elle n'attend pas longtemps, car presque &U5IOitOL on
frappe ù sa porte.
Elle <lit d'entrer eb c'est sa Iemme de chambre qui
paraIt.
- Je viens J)l'éven~
Mnoome que M. le won est là,
- Eh bien? fait Sonin, hautaine.
- Il déslteralt parler à Madame.
- A-t-il donc besoIn de se !6lre annoncer r Ne iu..Js.je
(Jas son esclave ?
La soubrette feint de ne pas enLcnd'l'O et den:wnùe
- F6.ut·ll Iaire ent.rer M. le baron?
- Mals, certainement.
Et le baron PiJar pénètre dans la chambre.
Il jette un regard sur SonTT!. comme pour lire sur son
VlSU.gO ses senLiments, pu1!l il dlt avec une allectnUon de
galanterie :
-- Jo vols avec plal9ir, mil cMrc Sanla, Q'I.'-l 10. solitude no vous !I. pas été délavornbre ... Vous CJtC3 plus jollfll
que Jamats.
La joune le(\1010 lait de violents efJol't.s pour rOtller
calme, mals on volt /lue wuta sa chair fl'émlt e' qu'U suf.
firalt d'un moL et trun gesto pour d6chniner la fureur
qui bouillonne eo eUe.
Elle reporul :
- Vous etes trop nJmo)ile, monsieur. EL pourLan\ ce
n'cs L pllli votre faute si je ne s ula pas dcvenuo lalùe l
falru PO Il l'.
- Et pourquoi donc '1
- Puree quo vous m'avez contralllt.c il une exl.st.cnoo
qui eOt d6pt'irné les plus solides.
- Cela pl'~"ve
que vous Otes plus forLc qu'ollci encore,
- Et que J'al plus r1'OnorglO.
�57
Lo baron ne répondit pas.
Il contemplaH la. jeune femme ; 11 devinait ce qui se
passait en elle et n'osait pas faire connaître ia raison
qui l'lIiIIlenaiG là. presque suppliant, qu.and il aut'ai.ti pu
ordonner.
Il muI'Ill ura :
- Vous êtes Gone ma.lbeureuse lei Y
S<miIa. jelJa. à son bot.urre81U un a-egard. qui fit frémir
celui-ci, et elle répondit :
- Pouvez-vous araire VIl1IIdment que je puJ.sse m'y,
trouver ,)),eureuse ?
- Rien ne v.ous manque.
- Rien. c'est vrai. que la liberté 1 Je suis bien logée,
bien nOUlU'ie. Je n'ai pas à travailler, et je devrais me
tr<Juver biëh contente. en effet. Mais si je veux sortir
prendre l'air ou me promener, je ~uve
toules les
portes fermées devant moi.
. - Vous pouvez .ouvrir vos fenêtres ...
- C'est vra:i: Et S81IJJ!m.· p&'-<lessus ? fit lia. jeune femme
avec ironie.
- Je ne dis pas cela. Ma.is vous avez au m<Jins toua
llair que vo1.!è p cuvez désirer. Du resle. toLlt cela , c'est
vous qua liaJvez voulu 1 Si vous a'Viez été IlOUT mOi ce
que V.oUS avez été aru.iIreloîis, ce crue vous devez être ...
- Ce que j'étais, dit Sonia, quand je ne VQUS connaissaIs pas, quand je ne savais pas quel homme vous êtes
et quand je vous estimais 1
La jeune femme avait laissé échJa,pper ces paroles avec
un accent de mépris indéfinissable et en laissant voir les
eII.orts qu'elle faisait -poUl' re«ter modérée en ses expressions.
- Ainsi, demanda le baron, vous ne m'estimez plus T
- Ch ! n<JIl 1 fiL é.:'u'Il CJri la jeune ft:JlIIIlle.
- Que vous ai-je (juj,t pour mériLar ce sentiment?
- Je n'énuméreNl.i pas ce que vous m'.a.vez lait, à mol
Maas je sais ee que vous a.vez ~ait
à d'a.utres.
- Des calomnies 1
- Est-ce une calomnie ceL I8.CCiden6 c.'ont M. N02'im a
été v!ctlme ?
- Vous n'allez pas dire, je pense, que je suis obligé
de veiller sur lui.
- Non. Mais c'est un crime de tenter de le faire écraser.
- Qui vous a dit ceLte folie ?
- Lui-même.
- Il m'accuse parce qu'il me hait.
- Parce que c'est vraI.
'
- Et vous le croyez parce que vous l'aimez.
- Eh 1 bien, oui, je l'aime, eL je ne cesserai pas de
l'aimer, quoi que vous lassiez. Je ne le reverrai peut-être
plu& si vous cont.inuez 0. me retenir prisonnière, mais
cela ne m'empêchera pas do l'aImer 1
- SoiL, dll le b8Ton. Je vous y autorise. Vous voyez
que je BULs bon enlant
. - A quelle condition? Car Il y a une condition certainement. Vous n'êtes pas homme à. Iaire plaisir ù quelqu'un gratuitement,
.
'- A condiblon que vous oublUez !'ouI ce.qui s'e~
passé,
que voUS repl'eIliez chez moi la place que vous y occupiez. M. Nazlm y viendra en Invité, comme auLreIois.
Vous pourrez le "olr, lui parler, lui donner même des
rendez-vous, pourvu que ces Irencontres EIOlent tenues secreLes. Mais vous :resterez chez moi, et rien ne sera ch6J'\gé il ce qui éwilt. aurt.rerots. sdlW'll crue vous aurez un
amant et quo je n'.a.ura.l pas l'air do m'en apercevoir.
&mla regarda le baron très IIxement,
Ello semblait 50 demander quel piège 11 leur tendait,
il ello ou à son amant car elle ne croyait pas qu'Il parlM
sérleusement et elle ~ se hAt.cùt ni de se réjouir, ni de
répondre.
Etonné de cet~l/I.Mur
qoo.:nd 11 ava.11 cru voir la
joonc femme ge Jeler ~ ses pled>s pour le remeroier, le
buron dit:
- Vous De mo croyez pas T
- Comment pourrais-je croire que vous pru'lez sérleusoment en me parlant olnsl, que vous ' ne vous moquœ
IHIS de moi et n'essayez pu de me jouer quelque &our
nouveau 7
- Il n'y a rien de p8i'eU en mon esprit, je vous le jure.
- Qui donc vous Il cbangé 't
1
- La vie. Il surgit Jl6.l'loiB des événements IWKquels
on ne OOInmiand.e pas et qu'on esl .obligé de $Ubir.
- El c'est un ,de ces. événements qui VOü.'J Mit me
p&rler comme vaus venez de le faire ?
- Je ne vous le œ.ooere.i pas. Il vo.ue mleu, du
resfIC, s'expliquer !!ranchement, et. Le ..'ails mettre cartes
511r table. Je S8lis que vous aimez IJrop M. NaziaD pour
espérer que VQl1J6 co~
pour mœ rruelque ieIl1blane
d'.aUooti<l!ni. Je n'ÏJgIlIOre pas que tout ce que je pourrais
tenter pour combattre ce~
am.our sernât peine perdue.,
Mors je m'y résti~e.
Je oonsens à 00 que vous aimiez
M. N&im el à ce qlU;t.l. vous adme. Mais j'6Ji besoln que
V01J6 oonserviez a.uprès œ mOli, la pl.a.œ que vous y ocOIlJpiez, oar mon inlent.ion est de dOIJiIlel' de grRlldes
têtes dont vous serez ~a reine comme vous l'e.vez ~lé
6iIl>tr.e.lois. Ce sera l'occasion de vous IrulIltrEll' \"!lyonIJ.<lJnOO et ~sj6tlib1e
61UX yeux de celui <1'00 YOUf; a:imez.
Je ne vous demande là, vous le voyez, riea. de li.en
difCl.~
et d{) bien pénJible.
'
- En eIIet, <lit 'la jeune lemme e~ j'aor.ep\et'a.is aveo
lm empre.ssmnt joyeux, si je n'6IV8.ÎS u:rue CI'6.int6,
- Que1le c:rainte ùonc ?
- C'est que ces têtes, voua De puit;&i.ez pas l~
don-
ner.
- Et pourquOlÏi donc ?
- Vaus avez maintenw1t bien (j'es ennemÏlS. Et plusieurs de vos sooret.s 50Ili1. connus de trop de geas.
Le baron était devenu soudain d'ume l)âleur livide.
Ces Ip amles de soma venant apl'ès les !.erreurs qu'il
/Waill eues et dœ.L il a.vait l!Üt !>M't à Sélirn, luI c.a.U5è·
rent Ulle impression dont il avait peille à sa rameLtre.
LIt eLiL, violemment, pour ln secouer :
- Ces ennemis, je les materai 1 Ces prétendus seorets,
j'en démontrerai la fausseté 1
Et iJ ajou La aU6SiLO~
:
- D'aille urs, ce n 'est pas votre aff,aire, oeJa. De quO'r
alLez-vOU!g "ous occuper? Répondez à ce que je l'ous ai
dil. Si vous aoceptez, je vous emmène avec moi, et vous
SE'rez lilire, à contliti<Jn de vous erugager à fl'emeurer
dans ma maison ct il garder le silence Slil' toub cc que
"rous sllvez, OIinsl quie vous l',a~z
Lait jw;qu'iei. oar vous
serez compromise comme mol, ayant aœepLé, pour ainsi dire, en vivmt de ma vie, d'êt.re ma compl.i\::e. St
vous refusez, llIU contraire , vous ne &Or~iez
pus d'ici
et ne reverrez jruno.i~
M. Nazim.
Aya:nt dit ces mots, le baron ne .parla plus-.
11 PllI"Ult attendre la réponse de celle à qui n avai'
présenté CIe sinf:'uHICI' Uillimatum. ne doutanl pas que
l'espoir de voir l'homme aimé ne lui m \oui. MCepter.
EL en eet, .sonia, après e.vof.r rélléchi un l~t,
<m
V.ous pouvez m'emmener.
Sans arl'iè,e-pensée 7
Sans a.rièl~
· pensé.
EL vous l'€I!I1Iplil'ez tous les enge.gemeQLa que le
vous impose ?
- Tant que vous ne laillirez Jl8S Il vœ prome,Hes, Je
resteral lldèle aux miennes.
.- Bien, venez 1
Le bruran offri.t le l.Jras il la jeune temme .et toua deult:
montèrc.nb dans l'aulo qui cevait les ramen!Jl' è Paris.
vm
Quam.<.l le baron IJénétra dans son hOlei. ftUIlenan'
Sonia, un de ses serviteurs lui dit qoo l?éUm e'éWJI
Inlormé plusieurs [ois s'U ét.a.ü rent.ré. semblW~
IJjvolr
Wl gy'Md dœir do le voir.
SUPpo5ant que SOI11 fidèle mé~is
aVlÙt peut-êr~
qlE\~
que ImpQrliante nouvp.l1e 0. lll!i ahnonce'l. ,e baroA quillll
Sonja, lui. l'llIppelO1llL enOOre les prolUl.'SSes qu'cl le lui
avait faites eL alla s'cnCerrneg> dans .an Mbine~
oil 1
fit dire à SéLlm qu'iJ l '.a.Lt.en.daill..
M,aI!s celui-cI vena.lt justement de I/IIOrtlr, et on apprl\
fIIU baron - ce qlli redoubla 800 ImpaUeaQI - qu'II
�,
Sanctuaire d'Amour
et klutes les craintes qui
{,\'aiL l ' . J)j occupé, inqtBoe~,
ll\'aient d6jil uoolliHri celuri-cl revin:rent fl>appe:r son
esprit, plus vives encoce qu'auparavant.
Le meurkler se sentit pris de l'espèce d'oUnissement, de déc.oumgement même qui s'était emparé de
lui déjà, et Il en étaU d'auLant plus surpris qu'Il était
cllmé d'une énergie exl~aordjni
et n'avait jamais
I.l't'mùlé eocore, Illen qu'il eot à e.ubir ~s
beures ter;1bles,
. Il él.6U dao~
un état Le] que le relard de Sélirn lui
ooe sorte
I)TOÙ~,
t:oollooll' IOU(<?5 les
d'agQ.cem~n
menaces.
nerveux eL semblait
Il n''lV8It, pu s'insLaller dans son f,n.uoleuil. Il allait e~
:;ç.n3.iL, '!t q;;anù H rassoit près de son bureau, il prel':.l.lIl dBns Sil mam des papiers qu'il froissait avec une
Eûr!.€- dt" rage.
1: sonna il ÙI'IIX ou tr.ois reprJses pour demander !>i
&lim 6ta:lL l'Ml.ré et, Slll" la réponse négative qui lui
éla.it la.l1.e, il rilpl'enait Sil marche saccad-ée, sa. marche
èc fau:0 cn cage
Enlln, un l;-n.s ra:pide se lit entendre dons le coul.oir,
()("'!Jo :u,d' tr"r'pps à la porle, et Sélim paru'.
11 é~u.it
~out
hors d'baleine ~me
s'il avait COW'U
1vn.g 1!J'lllP5,
El le ooron dit rn le voyant :
.- Ah 1 le voilà 1 Qu'avais-Lu donc de 51 pres~
il. me
tire ?
- .A1l 1 maJtre, je crois que nous sommes menaces
œlte foi&, et SL-!'il'usement rnCJl'8Cés.
Ayec !r.s iùée::; dont êta·il hanté le baron, ce début éLul~
bien i6:i l pOI1T le len'ilie:r.
Il devint bUI'l'wlc!rnent pille, lui toujours si maUre de
M, et inl.erT.ogca :
- De quo.i sommes· nous menaœs ?
_. Je n'en S!lis l'len encore, maître, mais nous pouVO.1S \Dul redouter. je le crain;" car la justice va se
1:- is
tnêla' de nos
nra~.
lbllC lra,nquillité nui n'était pas en lUI.
Il haussa l~
épaules eL dit:
- Ah 1 la justico 1 Si nous n'.avoos que la justice à
C!:!IÏndre 1 Tu ~
bien qu'elle ne peut rien contl'e nous'
Nos préca.uLioos ont été toujours trop bien pri6es 1
_ - Je ne l'igome pas, mfÛtre, et je suis oonvainr.u
.$ll1'OIIl ne troU\il1'6 aucune preuve, mWs il y 0. des pré-
Le
ba.rorl
Ilffœla
JIOmplli cns ,
-
On ne wmt8lmne pos sur des présomptions.
1.i.a.is .on arr;)!;:), maître, et si v.ous êtes a.rrêté, mêqle pour êlJr'e rel'LC.hé eIlsuj~,
taute de JlII'euvcs, ce sel'ait
'déjà Wrrib1e 1
Le baron ut Uli sourne bauta.ln :
- On Œl'05Crait pas 1
- Je sais biell qu'on y regardera il. deux fol,<] avunt
~e
saisir dull.! son hOlel le baron PHu, mau. cclll peut
Q.l'river tout ct· lOë.Jne.
Th as d, 1
ns sans dOlllie pO'lIT me parler Bin:;1 1
- Oui, maître. pl je v()us a.tLcndo.is avec imputlence
pour vous l
'faire connaître, car nOlis n'uurons pas
...-or) 00 temps T>Cut.-êLre 1>OUr IlDUS défendre,
- E~
ces raisons, Sélim ?
- Ces rai ons. Inllîl.re. lœ voici : Il y Il eu grRTlcte
réulIlun ce IIIIÜIIl, I\U PoAui9 dc Jusb, duns le caIJ!1Iet
\:lu pr '1lreur ~n6aI,
de tous vos cnnCJDls.
- QLLI ., nL ?
1. 1':117.'1(1 d'abord, puls deux poliCiers qui son~
-.oh,œn "
1 Ill' S IlOllS.
cola r
J'av·~
, pnw!l~u
pnr un agcnt do ce qui se J>'l.qt, ('. jo lII'ôLa.i J Idu d 'guis~
uu p{t '1', df! .lushCl',
et là, j' 1 U sor 1 l' d' çh"t le procuTCul' ceux dOllt je
!\,ous pl\Irlo. Il. ~lIU1t'n
tlvec .anImation ct ,,\'mlJllllc'lIt
Iout Joyeux, OOIlt1nc , '!la avalent roussi dans cc qu'II
~.Q1
It
Et tu n'II; II curpl
ri 1001r COTlvCTsnlion ?
- lin, 1I1l.ltre, car J'l!l.ni." oblige dr. fIT ,lUI f' dl' I,'l'I\n~c
pr.\ au!.:.
l'OU,' qu'Lili Ile rcmurqutlt p!l.S mn pré·
-
r.omnH'nt, ·111
ton ,
- Et lU Ile
cureur 7
~pris
.l'l d'II de cc qui /l'üSl passé chez le pro-
-- Non, msître. Mais je l'al devin~
il ce qui est survenu
car [(jLais l'esté au Po8Jl.aÏ6 -POUl' o~rve:
ce qui
ttlla1s!. se passer pendamt qu'un de mes hommes se chargeail de suivre nos persoIlŒlages.
- Et qu'as' tu 81Ppn!s, toi, au P.alais ?
- J'.ai su que le procureur avruL fait appel6\' un juge
d'in51lructWill et se serait entTeteoo longuement a.vec llli.
- Et tu :x:nses que cela nous concerne?
- Je le crains. maître.
- Pour qu'on ouvre une instruction contre nous, Si,·
lim, iil fauL qu'une plninle ait éLé dépOSée.
- Je le sais, mai1Jre.
été ? Et pourquoi ?
- Par qui raul'.it~Ie
- Pa'!' M, Nazim, sana douLe.
- Et poUT quel Dl.otilf? P.our son aœident? P"ut-i1
prouver qu'i] y a eu orime et non accident?
- Il Y a Il'ussi la dispariti.on de sun ami M. de Kérndec, puis de Mlle de LesLrange.
- PeUJt..j) prouver que j 'y sois pou.r rr.u.elque chose !
- On peut dÎl'e en effet que ce SOirLt des raco.nlnrs.
Maas néanmoins, maîLre. j'.ruva!.s hâte de v.ous avertir de
Ce qui se passait afin que vous vous teniez sur VO& gardes, si quelque Incident se prOduiSait..
- Tu as Nen fait, Sélim, eL je te remarcie. Mais je
or.ois que noLIS pouvons encore dormir sur n06 ueu.
oreilles .
- Le maître a pensé à touL ce que je lu1l avnis dit '!
- A propos de celte fête ?
- Oui, maiLre. 11 me semble que ce serait le moml'nt
ou jamais afm d'éloign<!1ll' les mauvais bruits qUi pOW'raient courir. Le maill'e .a vu i'vlme Samu "
- Je l'ru ramenée avec m.oL
- Et elde a l'l'omis d'êLTe raisolUla.ule ?
- A oondimon qUe je ne tr.ouble pas SI!S amours.
- Elle pGu.I, écaJ'~r
(je nous un danaer venant de M.
NIl,zim, qUI peut se mettre dc notre Culé au lieu de fllire
cause COIT.mune avec nos C'JJnelflis, Bar lui peul·c'tre
nous poUl'riom:. êlre mis au couq'arrlL de ce qui se \.I-,Hna
en faisant la Ipçon à Mme Sonia.
- C'est une Idée, dil le balon, Je la creuserai. ii/ais
va te coucher, SéllJU Tu dOIS avoir 1Jesom de l"~pos.
t.loi
je vais penser li loul. cel El 1
Le métIS quitta le ca.b!i.net, eL le maître m.onta dans sa
eTlS>U1~t,
chambre.
Il étnit à ce m.o:rne.nt pr1!s de minuit.
Tout éiaH 1ranouille ùans l.'hôLeI. Sonia. Ilnrcrmoo
druns son appal'tement, devait dorrDJr, et la plullart d('-s
dOlIJlC6wques étai -nl coudlés.
Le baron n~
songelllt pus il. &e m.'tll'e nu lit.
Ge que venait ùe luJ Ilppl'elldre S(!lim l'uvait troublé
plus qum ne vou,lllit le lalssel' voir et plus qu'JI ne le
croyaliL ll.llirulême.
II uvait touj.ours redouté, bhm ou'il affectf\t de d~ni,
gner cc jl~J'i,
que ln justjce Ile s'occupût de lui.
Il sru\~ùt
qu'hl !ullnü pOlir œla une raison, et I~ne
J~'lison
s~'1elJ.,
él!\lJl don~e
:;11 5i~ul\ton
HInts eeLW
raison, ne poulTait-<lU la Ll'ouvel', ne l'avalkJ.n pas t.rou •
véc déjà?
Ce dO\lI.e l' b rd If,. Il alU'I1lt rlonné la moitll! de Sil
fortune pour sllvoiq' ce «111 A'dan dit che7. le Juge d'lnstl'lIdion ct Ulld dnngar le rrJ('lIllçlut,
Pendant une jJnJ'Lic (,<, III IIml, il 1'1','l."",,,ql\ cc, id~"s
q.ui 1 jlf(;uccupllIcnt plus 1I1I'1I nc voula.lt Cil convenir,
ob cc n'esl, qU'Ull, mOlllenl, où ie Jour allaH se lever qU'li
sc d6clda à sc couchc'r
Il dormlL pl' ,SljllC aussitôt d'un sommeil lourd, trnver6~
de caucMmars. ou U sc vOY,alll,ruiné en prison,
cornpu-<1L~sift
deva.nt UOI' cour d O"~I[.·,
ou v/lt,u <.:un
oostUTlW de !orçBL, Ù' 'ch ml des InltJrocagcs pesUlcD'
Li -!.s.
Il s'Huit r{nlclUé Il plusiflul's reprtses avec !leg cria
<':bmnglé .. ùJlns ln Il,,rg.! tlL III RII ur rrollie lIU front.
Moi il 1'1111 prOJondèulcpl • ndorrnl quond il lui
n.
bUl quo d(" ClOU. S 1'q""1
~Llun
IrupjJùl ~ la porLe
de bU dllLfnhre.
Il sc dressll cn SUI'saut,
EL, mnl 6w11lC e/lCOllO, Il miu :
-
Qui csb là ?
�Sanctuaire, dlAmODr
-
~
qu'oc osât le déranger à iP8l'eille heure,
ce qat encore 'Il'éI&t j'amals arrivé.
To.~
Une yoix répondit
wu!,
apeurée.
C'efll moi, monsieur le baron.
C'étiait la volx du. valet de chambre du baron.
- Comment peu.\-tu me réveiller il pa:reille IU!I1I'Ü 1
- J'Cfi df'mande !Jardon A monsieur le baron. Mllis
on m'a dit de remettre cetle carle il monsieur le baron.
- Je Re .cçOIS pas il pareille heure. Tu le diras à la
personne .gu.i renvoie...
Le baroll s·u.llr'ëta. Bien évei1l6 maintenant, li venall
ii'être pris .soudain d'une peur inlense,
Il s<~ut!L
à te~r,
alla tirer le verrou de sa parle, car
il aV8JH coulume de s'enfermer 'Pour dormir et diL :
- Ernl!re, tu me fais mou.rùr 1
Le domest.ique entra, une cnrLe il la main.
C'ét.ait la ,;na·te de ,,; . Daul:!rJ, juge d'instruction.
Le magistrat, oomme on le voit, y mettait des farunes.
Le domestique dU :
-' Ce Ulon~ieur
désire voir nwnsieur le bal'()n sans
re1alrd. Il est accompugllé ûe pLusieurs autres messieurs
et de gens as!.eZ mal UliS.
En lisant le nom du jllge d'instruction, le liaron Pilar
était devenu d'tille pilleur mortelle.
tEl. en entendunL dire que le magistrat était accom·
pagné de plusieurs personnes, le commissaire, proba·
blement e, des agents de la Sarelé. il senlit une Lerreur
6écher sel> moëlles.
Es1rce qu on vell ait l'arrêter ?
Voulant savoir au IJIIIS \'iLe ce qu'il en était, il di~
au
valet de cha1l1bre, dcmeu,r6 p011!f' Ilt~ndre
sa réponse:
- Fais cull"pl" ces meSSlCurs dans mon cabinet. Je leS
rejoins touL de Mdc, le Lemps de m'habiller.
- Bien, mon.5icur le blllron .•
Et quand celui·ci [ut seul, il alla au tuyau acoustique
pendant près de sa cheminée et <klnnant dans la c111l.!U'
boo de Sèlim.
II dernanJa au metIs :
- Tu cs là 1
Ei, sw' la réponse affirmaUve de celW-ct
- Descends vile 1
Quelques secondes après, Sélim, qui était habillé, p6.
nê~ruit
p:!r une porLc dérobée d.a.nE; la chambre de son
-
maJt.re.
Celuli-ci lui dit :
- 1\1 sacs ce Qui se passe ?
-
On vh-nt ue me l'apprendre.
C'est un jUj:!c d'instruction qw est Ici avec des
o.gen:ls. lJI1 vient peut.ntre m'Ilrrêler 1
- Je ne le pl'1)Se p"s, maUre. Le mallre n'Il qu'a
(!l.ire bonno contenance. On ne peut rien trouver contre
• le matt.re.
-
-
-
Tu. en es certain ?
J'en SUlS certain.
n n'y a pas eu d'Imprudence commise, d'indig-
créIiIon 1
- .Je puis on ~pondre.
_ Gela me donne un s;>eu d'assurance.
- Que le mallre ne se !.rouble pas. On ne peut rien
con"'e lui 1
- Tu me l'affirmes 1
• Aide-moi li m'hnblllcr. Il ne fam pas Que je Ip.8
EMse tlttr.ndre, dl' cnlinto de les mal ùlspllscr, mnls
comme j'8~nis
rUlsnn c1ln~
mes pressenLimcnts 1 E~
III
tu SIlvnls quels l't'vcs J'ni fnits 1
pa:; f!llre altrnLJIln aux ~vcs,
martre.
- Il ne ~nu.t
- CI'l/x-ci rI? «'mblnient l'cn~t
1\ df.'f pl'édion~
1
QUI' le U1llltre chasse ces
ép.s. - Ou slins l'pla
le mallre e:;t ~l
, L'nudace seule el le sang-froid
peuvent snuvel' le. m/lltre. Si le maltre 6Ie lIlisse InU·
rruder ou abattre, lCl1lt est fin! 1
mais Je ne &1\ls pourquoi ,.
- Tu as raÎ.Qoll, ~'lIrn,
sene que je suis I.olh~
1 Je nc suis plus Ic même. Es~ce
l'~g&
f Est-ce l'hul1uli ntJ.o.m de l'échec qu.e j'Ill 5ubl /lUprès de Mlle de Llu.lrange qui m'a rendu omm , J.
l'lpœ-e, mnle, je n'al plus ni courage ni élll'rgH! 1
- Ce D'l'st p88 te mC'JlJWl'lt d'Cl} manqueZ', maUre.
- le le 1A1B. mon pauvre SéUm.
- L'heure de la lutte supl'ême vient pe sonnCll'. un
moment de dCfaillanœ et c'egt la chuLe ûoéflnit'<~
... .
Que le nIuitre songe Il 10. joie qu'(;prouv"Tunl ses I}nne1IJ.1b en le vOyrult à terre. Que le manre ...
- Cui, oui, interrompit Il' baron. Celcl me sullit. Je
ne veux pas être vaincu; je ne veux p, s q1l'ils triomphent. ct je lutte:rru jusqu·a.u bout 1
- Voilà, dit S~lT,
commc j'ailllC ;'l voil' II' muill·e.
Le maître peut !\111er maintenant trQuver le jllge,
- Oui, dit le baron, j'y vills, j'y \ uis tlltlt de suife.
J'.;:U Mlo de savoit' cc qu'on me veut !
Et, conune il était ha.billé, il sOI'Lit de Sil dlrt1.JIILre cl
alla vers son calJinet retrouver le mugistrat qui l'nttenàlwit.
QUATR1ÈME
PA~T1E
1
M. Bltulal'd, juge d'instruction, élrut un homllle tOUt
jeume encore. Il n'uvait sürüment pas d.\passé La. trentaine, cL comme il étalL -ent.ièrE"ment rasé a la modtt
amt'-r-i.-:aine, .hl avaU l'air plus jeune eucore qu'il l'éLai\ ,
rée:kl.eJncnl.
Ayant eu La chance, pour ses débuts comme juge,
<l'e Lamber SUI' UiIle GIluse assez difficile à élucida- et qui
avait fall <Trand bruit, qu'il avait mlOnée, du reste, aVeQ
une vél'iLable maê.st.riu. une finesse et une intelligence
que lui eussent enviées de vieux routiers de la magiStreLul'e, il s'était tlcqws !.out de sl!ite UIle grande répu.-.
IJ8.lion d'habileté, et de p!us il était acti1, audacieux,
pomt timoré comme beaucoup de ses collègues, ruman'
au COllt.roi.re A aller <le l'Iwant, eL à montrer son autorité.
C'est pour cela que le procureur pénéral l'avait choIsi, eL lout de swte, M. Baulal'd, après avoir étudie un
pou l'aUaire el avoir pris les rensig~
de Briolel,
avait résolu Ge fra.ppcr un grand coup. Il voulait procéder sans pl.rus de tergiversations li l'arrestation d"
baron Pilar, ml"ffitl s'li ne parvenal\ pas à découvm
d'autres élmenL~
de poursuit.e que ceux qu'il pos&éàai"
11 n'ig;Il0J'rut pas que cette arrestation d'un nomma
considéré conuno une des notables personnalités pmi4
sierl!lles, à enlise de sa grande forLune, des dOOb qu'ft
6.nuL fails à grrul<i rraœs li cert.a.ine8 œuwes en V'U4I
et surtout des fêles qu'il aV8it données et. 0(\ s'étaient
rendues tou~
les OOlébl'iLés de la captMle allaH proo
duire un bruit énJll'IDe el' causeraB un 6pou'Y'aniabII
&CIL/Id ale.
Gnln n'était pas ra.il pour arrêter le juge dès qu'U fIIII
oonvnincll, non ,pas que le baron PIlaT étai\ le c:rimIIMI
Que lûll disait, cu.r il n'en 8Ilvrul rien eooore. ma.Ia ....
~net
Qu'il pouvait l'être.
Il ILva.l résolu df' se presenter dès la premJère beuN
oons 1'4ôlel du hnl'OIl, ct il y 8IIT1V'8lt Oanqué du cammi~5ure
du qunrttr>r. c.e son lUelfier. d'un secré&a.lre ..
de BrioleL, IoOoII)o1Jrs ('n vleU1tU'd el aytl.11t SO\18 ses 0rdres ~ix
des nH'ill,'ul' LnS]lc,,·teuI's de ln SOreLé.
Pour (;t'tIR optSl'Iltnon ex t.n\rnf'ment délicate el n'êIaaI
pM sane:! Imlgl'lIl/!T rle gru.!HJes difficultés, le poliel.
b'Hllit pel'UIlS <Ir fttiTt' BU juge d'instruction cer1.ain.
reOOmTTlllntluliuns que (:ellli ..('j avait écoutées avec beaoo
coup d'lIIléli't ct ~vait
lrollvœs lori sages.
. '
Ca qu'il ISlIcrait. nVlllt dll Blilll(·t. ce serail' s'em.
pil.'~r,
e.n !m'me l'mp~
'1"6 du baron. d'un eertPt.ln m"
liS, nomm(l Selllli. qUI t ....~l
!IOn urne damnée et en 11611
l'ln!! fou,r .!<on ('0111]11,(', Il nt' l/liit pliS espt'rer qu'U pllrle
el !.J'ulb~
V'VlI
son rml~
101'1 ulrlf';. Il
C"I1/~
... , IIIIIIS (·hf'~.
hlNI cll'E; ,1.>1"11111 'r11s
1·lt'~I.J,
S(~1
'1111
l'lOri
li
nt r dll'z lUI 11\'11111 'III Il
COI/IIIl'llllld:, t,1 ..
- Cc /lm'IL ..... II·c ,~u'o.
'l"
1111 Hûrrm;>nl on trnunt>lIs !:t'J'I,nl !!lUIS oou\e
,ho If Slirp/'eIHl!'e Ilvanl qu'U
S"11 1lIlillrl' ct rie J>C1"QuiSltion1>11 l1eL'~
li l'IIbrl le! pl~
."11
(; hL, llit le jlll:C d'lnstruclloD
�Sanctuaire d'Amou,.
60
Et BrioleL pénétra da.ns la ohambre de l'ilamme de
confiance du baron, de l'exécUleU!l' de ses baules œuvres.
C'ét.aiL une ulèce de dimensions assez vasles. lIleublée
oon.:ol'tablement, mais Ge fuçon fort banale, et dn.ol'
laquelle le pvUClet' ne trouva d'abord rien d'inléressant
11 en avaiL vidié tous les meubles ct tous les tiroirs
bans rien découvrir pouvant servir il. nnsLrucUon.
EL Sél1rn, étendu Il !.erre. le rcgwrdait faire d'Wl aU
plein d'Ironie.
Le policier ét.ait violemment déçu. n avait espéré nutre chose de ceLte perquisition, li. laquelle il tenait beau..
COUIp et dOlllt il espél'nit merveilles, Comme U avait procédé n.vcc n.c\.lvllé, avec une sorle de fièvre. il <:WH essouIllé, en sueur même.
Il s'arrêta un instant.
Alors, le mé~is,
avec un sourire nwrquols
VOU& Nes saLlsl'ait ?
- Oh 1 dn BI'iolet. ce n'est plis finJ.
- PourtanL VO'US avez tout visilé 1
- Je n'6.Î pas sonde le m·ur. dit le policier.
Et. en prononça.nt C(:.S paroles, il fiXJ8. le métii.
Celui-<:i !Ile put l'épl'irner un léger tressaillemeat qui
n'éohappa pas cepenoant il. son adversaire.
Et le podicier se diL :
- II Y a quelque cno!>e 1
Quand il (ut Wl peu rep.ώ. 11 repril sa besogn-e ct se
mit à mspecLer le mur très minulcreusement. frappanL da
disL:mce en distanœ pour s'assurer s'U ne soruuliL pus
le creulX et El'il 'Il' Y avait lPIlS il. l'endroit oi'! 11 lapait
q~lue
ca.chetle secrèle'
Les deux inSpecteurs l'aidaient eL bientôt "UD d'eux
VlinL lui dire :
- Je Ot'Ois, monsieur Briolet, qu'il y 8. là quelqut
ch.ose de pas natru.rel.
Le polioier regarda Sélim et 1.1 S'6J:perçut qu'U avnU
blêmi légèrement.
Alors il &lIa .avec son marteau fI'apper il ]'œdroit que
tw inu'i.qlJJ!Ùt son agent, et II reconnut que le mur sonnait en effet le creux.
Sélim avaiL l'air de rtre de <;Els efforts.
Mais les iruijlecteuTb trouèrent la muraille œ if IrouvêrenL une liasse de papiers qu'ils saisirent
SéUm ne riait Vlus.
- Malnlcüa.nt. dit Briolet, en se tournant. ven; le méUs, tu vas me c.1re ce que Ixm maltre a faiL de M. ~e
Kéradec.
Séœim ouVlrll des yeux énonnes oomme st on lui parlait de la choSe la pLus inallRndue du monde.
Et il béglaya ;
- M. de Kéradec ?
- Oui, un poli(:ier amalcur qui a pénétl'é chez ton .
maUre pour voir quellr. CUisine on y f08i&ait. et qui n'a •
plus reparu. Esf,.l\ prlf,orunicr dans cet bOtel ou l'a.L~n
en1ermé .a.ll1eurs ., Tlu SalS que s'U est dana cet MI r !
nous le Lrouverons. AlOl'S tu Ie.rrus oneux de parler e\
Cie Lou' avO\.l6r. On pourraiL avoir pour Loi quelque
indulgence. Oa.r sa.l&tu que ça. va maJ PO-W' ton n1l1 ,!:·e.
n est b84lS dou1.e ar~lé
il. l'iheure ou'il œl. Et Il'11 esI
8IlI'ê1.é, que deviendras· tu T Tu seras sans doute arrêt'
aw;,s,i oomrne son oom,pUce. sOrement même, el si lAI
vouJais aider lia jusUœ, peu.t~lr
auroit..eLle pour lof
quelques 6gal'ds. VoyOIl6'. qu'a.vez-vous lai.' de M. de
Kél'6dec r
Le méVis fixa le rpol.l.oier 8.vec des yeux ob 11 1 avaU
plU8 d'élonJnemenL encore que foui à l'heure e' r~ond.1t:
- Mol pas comprendre.
te rata a1tch~.
- Ah 1 Lu ne oœnprends p8B ,
Le métis répondit plU' une &orle do gro;nl)menl, ..
- Non.
__J:.... J.. __ _
mit debout ct voulut enLamer avec son advcnm.1re une
mam[ooo.nt ,
_ El ~ pIU'\e8 petll..... ~.
DOuveUe Lutte ; molS oolw-cl fiL entendre un coup de
- Mol parler tou.jOIliI'8 .
.utlet eL. li. ce signai. deux Inspecteurs surgirent. sem_ Oui. mon vieux, f.a1a la bête. Cels. ne le réuaIIra
Mant sorLIr d'une bollAl il surprise, deux oolossœ.
1lBS. Bt Mlle de Lostra.oge. tu ne peux l>ft.6' me r.Are oà
Brtolet laur kootqua SélLm et conuOI.lIlda
elle est T
- Mol pas connaUa'e.
__ Empa.rcz-vous de ceL homme·là eL ligotez-le soli- Toi Pas OQnnallire. Tu n'lIS }lunms erùœdu parla
df,mon&, car 11 nous ~nerait,
de LasLrt.unge T
Les agents se jetèrenL sur le métis, qu'Ils molLrh;èrenl de M~le
- JamnlS.
~
'UIl tour de mlloln eL dont Ils atLacbèrc'JlL les hras .,
- Tu n'es Jamala enl.endu pl'OIliOn.cer lOG QQID pal
les je.mbes avec des Ilana 501IdC&. de laçon fi. rem""
&on main '1
"., de faire nÛllne un mouvomen'
Alors, j'ai œrle lJla.ndle .,
SI vous voulez. Je m'occuperai du baron. VOUS
't'OUS ohargerez ûe la domcsLiciLC.
Le poLlaier n'en demandait pas davantage, eL c'es~
Clans ces conditions qu'il accompagnrul il l'hôtel du
baron Pilaf le juge d'wLructlOn.
.
Aussi, pen<lant que le baron se rendaJL dans son ~
biDet nprès avoir quitté le métis pour y retrouver le
magistraL et que SéLlm, de son côté. remontrut vers sa
cbarn.tre pour Y prendre certrunes précautions au
où les choses Lournenruent mail et qu'on voudqpt (Blre
des perquisitions dans l'hôtel, ne Iut-Il pas peu surpril,
au moment où il (ranchissait Le seuil de sa. por\.e, de
eenlAr une main se p05<.'l' sur ~n
épaule.
11 se retourna vivement eb Ele trouva en présence d'un
vieillard qu'il ne connn.isslliL pas.
U demanda;
- Qut êles·vous et que voulez-vous T
- Je vais vous le dire. ill I3ri.olet : mais 8JV'aoL tou'
entrons chez vous ; nons SeTaTl6 tnieux pour causer.
EL il voulut fl" .nc hir La porLe.
D'une poLi: ée ùl'ul'aJe, le meLis t:nvoya le policier rouler Il quelques pas.
Mais, avec une souplesse el une légèreté qu'on n'eO\
pas cru trouver chez un homme de son ll.ge, le policier
Ile remit dobaul, et, saislSSanL Séhm à la go.rge, lui
iU, en le serrant avec une VIOle nce extrême ;
- Ah 1 ah 1 on veut laire le méchant '1 ••• Nous allons
voir 1
Sélim demeura stupéfait de la légerelé el de la (oree
.6lun homme de cet tJ.f!e.
n fialra quelque chose de louche eL demanda ;
- Que vou.lez-vous T
- Enl.rer chez loi.
-- On n'entre pas ü1nSl chez mol.
- C'est ce que nops allons voir.
- -Et que voulez· vous (aire chez mot 7
- f'oir ce qui s'y la'ou.ve.
- Et de quel droit ?
- Du droit q'ue la loi me donne.
- Qut êtes-vous cLone ?
- Je buis inspecLe'll1' de la SOrelé 1
EL \,out bas, presque a l'oreille ûe son 1nlerlo<:ulcuf,
Il policier ajouLa ;
- Je suis Brkllet.
En entendaal' oe nom, le métis devl.nJ exlrêmemenl
pâle.
JI bégaya:
- BrioloL 1
- Oui 1 Tu as compris malntenanl , le suis Brioiel
.. je vous triens tous lBS deux, ton malLre eL fol.
Allons, ouvre-moi la J>(}rLe de bonne vOlonLé, ou Je
-.w-ai bi~
I.'y conlcnindre 1
Le métis èLalt d6'OOU tout tremhltmL.
EL. cependant 11 n'obéissait pas. Il essaye. de 1u11.er
IPcore et dU ;
- Je n'w rien rrut.
- J:;L ton maltre r
_ Mon maUre pas plus que mol .
_ C'est cc que va voir le Juge d'lnslrucUon. MR.Is, 4In
IAtendant, il nous deux 1
El, d'uo coup d'épu.ILle violenl. l'lnspecl.eu.r ouvrl\ la
IIOrle.
SéIJm se p1'écipiLa pou.- .'opposer Il celle Invasion.
Mals. à son Lour. le poiioIocr le renversa eL diL :
- Si Lu n'e!> pos sage, j'appelle mes inspecteurs eL Je
-
':as
�~onctuire
6t
d'Amour
Moi, pas connaltre T
- Oui, çn contiIllue, [:es l'Idiot. Tu verras bien ce que
ça Le re.pporteI·a, de j01ies petites années de prison, de
bagne peuL-être, tan-dis que si Lu .voulais pa.rler.
- MoL, rien di l'!). Moi, rien savoLr.
- ParfaH. A ton aise, mon bon. MaLs sacbe bien que
sans toi noUIS dooouV'!'irons M. de Kera.dec, Mlle de Les.
lrange et toules les preuves des crimes de ton maitre.
- Maitre pas commis crimes.
- Il n'a pas fait assassiner autrefois les fiancés de
Mlle de Ustrange 7
- MOi, pas sa.voir.
- Ou!, c'est possilJle que ~u ne le snches pas, quoique
œla me parraisse bien lnV1l'8.Ïsem blab le , car Lu ne con·
naissais pas sans doute le batron a ce momenL-là, et ce
so.nL d.e.s hauts laits donL on ne se vante pas. Il est pœtible en effet quc tu ignores que lion maître o81t commis
ces meurtres, mais lu sais ceplmdant que c'est un assassin, pUIsqu'il a tenté de faire tuer M. Nazim. Tu vas
me dil!'e Que Lu ne SIUS pas encore cela. Et pourtant je
suJs certain que je vais trouver Ici la preuve de ce crime. 11 me sullira pouT cela de jeLer un regard dans le
gaTa:ge des automobiles. J'y verrai sans IIlUOUIIl doute
la voHure meul'Lr~
avec laquelle on a voulu écraser
M. Naziln. Tu VOIS bien que tu terais mieux de ' te met,.
Ire avec nous et de touti avouer.
- Moi rien à avooer.
- Bon, bon. Parfait. Garde le silence. Tu verras ce
qu'lI t'en coQlera. Tu vas rester ici bien ficelé en atten.
dant qu'on t'emporte dans un en<1roit où ~u
ne t'rumuBeI'8.8 g.l1ère et où te rejoindra bientôt ton aimable maî·
tre. Au revoir, ::iéJlm, tà bientôtl
Et Brlole\, que ,le succès rendait moqueur et guille·
ret, }ais.c;a le métis se morfondre sur le tapis de sa
chambre sous la garde d'un Inspecteur pour dégringoler
aVec l'autre, l'escalier de l'hôtel et aller faire un tour
de.ns 1(> garage des automobiles où Il espél'ait faire aussi
quelqua pl'éCleuse déCouverte.
Son attente ne tul . pllS trompée.
A peine !lIV.a.it-i1 pl!nétré cLuns la remise qu'une auto
de coulull' rouge aLLiI'a. son attention.
.
Le poliCier possMait le signalement de la voiture au\eur du prétendU aclden~
dont avait été victime le
c.tIroniqueur mondain, eL ·iI la 118Connut tout <le suite.
Elle n'avait pas de numéro ainsi qu'an le lui avait dlb.
11 .laissa. un autre Inspecteur pour la garder et il ren·
Ira ôans l'bOtel pour aller faire p8il't nu juge d 'in.st.?u.c1100 de ses dOOOUvertes.
Mals comme li s'engagee.lt dans l'escalIer, il fut arrêtê
piIr une jeune femme d'une ~blou.isante
beauté, vêtJue
Seulement d'un peignoir, et dont les chevel!)(. dorés
épars SUI' son dos [alsalent oomme une nappe de lu·
-
mlèl'B.
Elle parwssait absolument affolée.
vén~rable
de Briolet lui insp\a1a. confiance et elle
s'8"Oroo,,;a. 'a lm pour l'mLerroger sur oe qui se passait
dans l'hIltel, où Il y avait des allées et venues qu'el~
ne s'ex.pllqU&t pns.
Le poucIer se dem&ndal\ qu'eUe llta.lt cebLe Jeune
lamme, qUI n'étaIt sOremenL pas Mlle de Lestrange CIU'
celle-ci étlUt plus leune, et Il pen"llit crue peut-être elle
pll%'leruU plus facllemeut que le métis et poUJl'l'ait lui
donner qudque r~nselgmct
uUle.
I..:t totlt a COllip une Idée lu] vint.
SI ceUe JI'IlIl€ lemme était celle dont luI ONalt pna'lè
George<' NazI III , que cellll:cl almalL et qu'Il disait dispal'Ile cernIn!' I\ll1e ,le Le.'1trango.
A l'lnLerrogntolre de la. Jeuno femmo, Brlolot ::épOn·
L'OJr
dn:
_ ~
qui se r)tI.~
le! ce mutin, madll.me, Je ne snts
51 je !.loi, vou le tiire Et d'a.hnrd qui 1Ij,e,,-VOIlS car voIre Jl'rê5('nre filins l'hôtel du bal'On nu nous aval' pila
él.é igIlL~'
1 Vuus n'êt.cS p~l.S
,\>IIi" !II! LostrlUlgo '1
_ Non, Ml}n "~Itr
J OI'app<lJlo Son .
SaOUl 1 \-<'I.all 1" n ni qu'rl\lllL pro!lOOoé ID <'llronJ·
queur mif.l!.lIUn. t;'ttaH le nùhl Ile la fcmm' qu'il o.i.Iu4.It
lWlol"l lUit... , pe'H.êt.ro U'OU.VIll' un elie une ..
nw..
- Il se passe, madame, ()'I.le nous sommes ici pour
8lI'rêLe.r le baron Pilar.
- VOliS êLes <1onc de III }Y.llice T
-Je "ùÎs inspecteur de la SOrel.é, et un juge d'instruction est occupé en ce moment il interroger votre maitre •.
La jeune femme ne lut pas surpl1se le moins du monde. ë11e étrut ~r(}p
au courant des faits et gestes du
baron 'pom' s'étonner que la justice vInt mettre un jouI"
le nez dans ses affaires.
Elle demanda seulemen'l :
- Et. pourqu.ol vient·on l'arrêter T
- Barce qu'il .a tante de faire Il:Ssasslnel' 00 journaliste, M. GeoII"ges Nazlm.
En disant ces mots, l'mspecteur avait cregardé SoniA
et favait vu pâUr.
- Ainsi il est Clonc "'Tai 'f Ob 1 le mjsérable 1
Le policier tenait la jeune femme. Il éLait sOr maint&nant de la !alre 1arler.
- Je viens, elit-il, d'en acquérir la preuve. La voiturs
qui a causé l'accident est la dans le gara.rge du baron.
Il me Œ'6Ste à oonnaHre pourquoi celui-cj a essayé da
faire Luer M. Nazm, et peul·êLre pourrez-verus me le
dire ,vous, ma.aame, car je sais que M. Nazim a pour
vous baUCOu.p d'affection, et vous dési:l'erez peut·êLrE'
voir dhàtier ceux qui ont essayé de tuer 'lin horruns
qui doit vous être oher.
- S'il m'est oner, monSieur, s'écria a.uss1tôt Sonia!
s'U m'est cher, c'est-,à-dire que je ne 5MS pas mainte.
nant si je poUJ'NIS vivre sans lu! 1
- Et V01.bS êtes ici 1
- Pou.r le vOir.
- Pour le volT 1
- Parce que le J:)aron m'a promis qu'il me laisserait
libre de l'aimer. C'es~
pour cela que j'ai consenti à l'es.
Le.r auprès de luI.
- ' Le · baron n'est donc pas L. interrogea Briolet.
étonné 1
- Mon amant ~ Non, monsieur. Je lui suis 8.taob~e
~ar
.lc:> liens CIe la reconnaissance ou, du moins, je
1 étalS aut,refoos. Mais mainl.enant, après ce qu'il m'1I,
fait. subir, eL surt)ut après J'atl.enlat dont vous me diteS
qu'II s'est rendu COUpable. a\.LenWl~
que je soupçonnais
mais dont le n'étals pM sO.re, j'estime que je ne
dois l'Ien 1
- Et vous n.!lez être délivrée de lui. fi~ l'inspecleut'.
- VéH'/réC'f
-- Et libre d'aimer l'vI. Nazim Lout à votre aise,
- Et oomment cela 1
- Il eaL probable quP le baron V'8. ê\lre empris()JlŒ}é, el
oomme VO'lhS n'avez été pow- rien assurément dans ~
ce qu'on luI reproche ...
- on 1 monsieur 1 s'écria la Jeune femme.
- Ne proieSLez pas, dit le policier J'tm suis persu~.
Il allaH continuer à oonverser avec Scxnla, mais à ce
momeut un cJ.es inspecteurs l'aperçut.
- Je vous charch.e partout, dlt·II. M. le Juge d'in.&<
lrucLJon a besOin' de vous.
- J'y vais, dit Je poUllier.
EL, s'adr~nt
li Sonia ;
- Nous ncus reveN'ons roui à l'lIeure, mndo8ll1le, J'el
besOin de causer encore avec vous
- Jo suls à votre dlsposltlOn, monslell1'. VOUiS
t.rouverez dans ma chambl'6 où je vais m'enfermer.
Le poliCier salu'l. respectueusement la jeune femmo e'
suivit l'~ent
qui était venu le obel'dIier...
lU;
m.
Il
Qoo.nd il pénétra a.an.:; &on (alJlw}t, oll l'attendal\ 1t
o·lnsl.'11<:JlOfI Ilrlllll1l'ol el c;n~
11.00 Iy t.es , ainsi Que le
(' ,mml$lllr(' t1tJ poUce du quanlt>.r el. les Il 6l~
qu
Brlnk!\ avait 1I~S,
Il'''11 Il}ulIL pl boooin avec lUI pour
ju~p
l'III:1iU.nl. If' l>llù n PilaI' ,1)ompleUlmem
re~
pa.r
parolc'!! (. St'IIlIl, Don htllnmt dt! o.mll!t.n<le, avaü i-upa;..
tOIlLl' S< Il lru..nlBrt.:lll.\
JTJUl' IA&
1Ûlnu.tka.
D 00IIJI,:C:)IIf19l
dlrtl d'uo 100 bllUltOJla :
�62.
Ji! ne Cœ11pl'ends pas, messieurs, qu'on envahisse
aillsl. 11 une heure <lIussi mal.ina.le, le domiCile d'un
hOlllnle Ù qui on n'a l'ien, je pense, il. reprocher, et qu'on
le lraile comme un malLaiLeu!' !
Le w gisLraL avaiL laissé pal'Jer le baron sa.n.s l'inlal'I'ûmp.", (~t 'il oit lranquillemenL, avec un mlnce 50U-
l'ire
sa boü\.ilie rasCe :
.
i\ou- ne sommes pas venus ici, monsLew-, sans
moli:~
uniquement pour I.e plal.;jl' de vous renru'e visite,
ca,l~me
vous senül!z le crOire, Mais une plainle a été
jê.po~ée
conlre vous pnl' M, Nazim.
- p' l' M, Nazi:n, que J'au l"Uls essayé de Jaire éOra::.cr pal' une automobile, sans douLe parce qu'il était
l'amant (l'une jeune femme qui n'esL pas ma mail.resse 7
par 10. jalousie que j'uurais voulu le faire luer 7
C'é: ,:;~
C'c'sL Ud1e ma.uvaise plaisa:n.tcrie 1
- Il Y avait d':wlres 1\liSon5. M. !\o.zim avait été :1nS
au eOUrOJlt par l\1. de Kéradec, son ami, devuis mys!.ériousemcnt disparu, CIe CèrLains seCl'els.
- El, pow' -rTlpêclJCr Ja ré';élaLion de ces secrets
j'avais fait ÙIsp<lJ";lÎI4'e M. de I(él'adec et lenLé de faire
Mel' son amj! C'est de la fantasmagorie 1
E~
le baxc.ç", édaLa ùe r,.re, mu;S le juge d'instruction,
Ob,5,:l'I'utelrr ~
lin, remarqua qUE' ce rire sonnait faux et
qu,L: le fameux ooron, ll'.algrr l'ail' lrwnquille qu'il afIectan:, ét.nit, comme j 'on dit, dans ses petits souliers,
El ù le. quesl!Ou du baron, qui avait murmuré en s'esclauant :
- Je vouù.rais bleu savoir qup.lles sont ces révélations
sl [ou · rüù-ant.es qu'alles valaient la mort d'un homme e~
la s6quesll'aLion d'un fiuLre., il riposLa :
-,Tc \'~s
\OUS le dire, monsieur, si vous voulez
m'écouter un inst9.nt.
Et le m.u.gistmt liL l'(mllméralion de tout ce qUI: l'on
reproclw.it au baron d'après Je récit fait par BI'iolet.
l'vu~
éCoulc!' le jugP d'instl'uction, l(! );.Iron s'était 1lSsi., 11 jouaIt ll':lllj,riJlemellt ave~
un cOlipp·papicl', eL un
wOlldre sul'don'qu' ne quittaIt l>aS ~es
levres.
QUilllÛ i maglsl!''lt cut tenmne, il aH :
Je GonnaIS LlP.!)>!I" longtemps cette vieille hi.;Loil'C',
un 'él'i allie 1'0 n n Io,·t 1 ir.1l r.!Ja.·pl'nl-é el faisant '!Unneùr {J, l'imag :luLlon d~
ct'Iul (]ui l'a inH:lllét,. /llalh(.urem,c.fll-'nt. elle pech,' [tar li!. Lllse. Je Ile suis 1as d.U
tout j'homme que J'on 01'0l1.
" Je Il'ai ja.ma16 V(,)U en [<'l'Rnce à l'Qj)oque rrt.:e l'on
dit. .le n'ni j'lm!l.i COlmu ~lE
de ,JrolI'n~ge.
Je n'ni
(1 ne j!w,ais pu lui cairc> dt! décl~ra[jn
d l'r,cp\ Jil' cn
l' pOliS un OOl'p rie CI'U\'uetle, Je ne nuis pllS davantage
êl '(' "PI';g pm, elle de c llè 1 a .• { ,om ,nl que don~
on \' u 1 (t li: rlé,
- POd tua' , OUS avez ohcz VOliS, clans voIre hôtel, son
portrait qllo \OUI! enl.ouI'cz d'un v~riLlIJc
culll'. Quelqu'un l'y c. vu.
- Oui, jc 531S, un jour'lillislf.l, 111. • '/Izim, Il a cru,
eu elfet, reconnall1'e Mlle de Lc:;ti'unge, mal!; 11 s'cst
!.rompé.
1 dOrIlitUlda
- Vous pOUl'rcr. nous montrer co porla.i~
-
d~
le JUGe d'in law,thm.
Non, monsieul', our je l'ai déLruit.
- El pour'luoi ?
- l'our meUr'c fin prrcis(rru'n 1 aux
com.rlll1nl!llres
!lllx.qucls sa p "S(mco l'Jwz lJIol pou \'>!Iit donner lieu.
-
,'QU
nOlis a~S1Jrel"()ns
du lIIIL, d,t. le t!11agls l.l'al.
rnèneml, mes 11'111'", I)QUI' pllU if11e vous le
- Je \'OIL.~
d.6siricl. d:.ulls la. piècc oCt li l'lllit con cr 'f!.
- 0111, '1 uos tord, dit 1 Juge d'inc;ll·lI11llon. Pour J'irISlant., reveTlons au, fnits d,mL jl' viens de VOIlS Pl\rlcl'.
- OHi, tlll roman. Je vous écllUt.o, 1/I0nsicu'l',
- IJ OPI'è!' ('(' quI.! Vt)ll uppel r. 1111 l'()IIHHI "" qlll! J'l\p'
TI lit!, 111 Il, lin, h rldiqu!' hi l ,Irr, \'011 11111';'1. ùon" null'"
Cols, nllL: lit l' ur v H' \ t'lIg!'1 rie ~I
dl' I.t ùlr Ln' (, fi 11)
t I1S
1 W' 1
JnllU il r,~I')(
rail il su ,illej' deu. jtJUne gl'~
'1111 \oul,t!('nt l ,'\llIsl.r.
- J'aI fBll mil t,III' ;Pl'I , dIl )0 h:, 1'011 , I"tn Il. ';0
,It ,'" ln LI s. JO rue 1 fall' l
'l' Il
QI III trI " "
!IIl1Z I)!I.S 1 m s6vè IIltluL le jl ge ct !ru,I,I'uc..
- Et oommcnt voulez-vous que je prenne au sél'ieWl
de Ipaloeilles obsurdité, ?
- Elles Ille p81I'aiLront peut~r
pas a'U65l absurde.
toutt à j'heure Que vous le S1J4lS>Osez.
- Vous me dlérnonlH'eI"eZ peuL-tlLl'e qu,'ellq lIIlt vraiœ
eL m'en fournirez la preuve ?
- Je Jle désespère ..,as d'y arriver,
- Alors, poursuivez, monsieur, j'aure:ll Jal!. asso. ..
sin€lI'...
- Les deux fl..nCés de Mlle de LesIlrangi. IieD.t on n'.
jamais pu rel.1Cl'lWer l'assassin ...
Le magls'vrat aVllit rcgardé le baron
€Ill
disant Cel
avaiL romarqué qu'il QJVaiL pâli légèremcnt
POUI1IIl<TlIl le meuxl.rier dit :
- Alors, c'est sé.rieusemcn.t, monsieur, qa vaus ose2
m"aoouser de pareils crimes ?
- Le plus sérieusemcnL du monde,
- M.a.is c'est odieux, monsieur 1 Jaudnit avoir aù
moius une preuve.
- Nous a.vons pOUiI' l'instant des pnruYes morales,
Nou,s sauu\ons Il.CI.luéri.!' sans douLe de~
preUIYeI maiél'ielmots, el
,j
n
les,
-Vous auriez peut-être pu 8lttendre de les avoir avan1
de venir trowlJler d<ans son repos 1l1Il bonnêLe homme
e:t jcter sur lui la suspicion. ToU!L cela ne m'inquièlAJ
guore heureusoment, et je saure.! récompell8et' comme
ils l'lU'Ul'ont mérité ceux qui se sonL lancés trop légèTelHcnt Ù la su îte de jtl ne saas quels oalomnilll/.oo.rs dftll4
eue p8cr-eillL' m enlure.
Le jUlge d'Ï!œtru",tion devint >pille de colère.
- C'est unl' m~nDce
il mO'.ll ad l'esse eelli. !nuru:.i.el.lJl' '1
- Prenez-le comme il vous plaira,•.
- A11 1 prenez garde 1
- Je 11 'ai reu a redûuter tant que vous J3ü.i Je.!'lrl. 'f-u.e.
cusalions aussi fantaisistes.
- Et lu t~nia1j.ve
dont a été viclime M. Geora,~s
Na.Zf'T1, le r:hr'QIIHplC'UI', !lILI'eZ-VOus que vous y '!l.yez ètd
pour quel~
chose ?
- Je Dl' S,lis de qU,11 \ou.,; \oulez paJ'" J', dit fl'okle,
ment le !JIII·O,1. Je (ünn,J!s L'c,a.!HOlI.ll ,\1 1 llZim que j''Ili
rt'çu sou\'ent <-liez Il:oi "L quI vot un IlùITllne chal'm!~.
Jais q1l'i1 Il ûlû 'Ictlll," d'un lI()dOllt ,\1. j'('O (L1 eu
lJ "lU','11P de pp,ne. 1 luis j'a.I UPI)lb (jU il !lll,tlt IJ.eU~',
et j'en silis llll, vaLis,u:l. J'espel'c bien qll il v,endra
dès q!l'il tl' 1}l)IIITa, mc fUlee vi.5ile comme d'ha.lJi~u
'
Le baloo -in .Iit peonollc6 cell 'avec un ab' si dtiLnr.,hé,
si tranquille qu'jl ulilail (]oTm<tl le cltange .. II JU~tl
<l'iusL'u.:!iun, si celui-ci n'uvwt éLé &:i fOl'.tJI1cn~
j)4't ... ~u
con.
L;'e lui.
Il riposl.a
- M, Nnzim no vlelltJra pas vous VGW "'JêiUI\.::nen'.
l:Oir c·r.si vous qu'il neF;! "l. cI'avoir voulu le fail'e é(;I'n;,e.r.
LI) 1>,11'011 ne sOUI'cllla [JUS.
- Lui uussi 1
- Lui aussi.
- Je nt' (;l'oYlli:; [J.<\3 il 'oil' I.tlnt de IlJ.eIlf'/J'es sur 18.:
co~l(!nr,
~t
je \'lIlJlIrnls l)Jen !-lavoir quel inl.ér·ûL
rUls e~
il rnl!'" ôCl'lhel . ~1.
.\uzilll qui esL bW1v!eme.oJ uruf
COThU,lIssance POU'I' mol.
- Vous aVl'z 6uQ)11S r!trz lui uIIe jeulle feUime <1onll
l'UUS Otes jaloux, el \')US l'(doutiez la oolero du jourIlulbtp qui n'ullran r- s rJt.Bnqll(l de se venger.
- EL Il m'oc
:lJ~r
d'uvoir voulu le foUlro Luor }IOOI' caillY,
ll'I'1 j'lJcclù.'oL d ilL Il II. cLë vic- Il l'sL p(,I'~U.3dé
Lrnc li é'li! r,rnvoqIU{: pRr 11<0 homme payé fl'lJ' VOU .
- Je devr'als l'<:ipo{J!Jrc, li l:dle nouvel! 'olœll;'I.LLion
1 al' IHI Ilo\l\cl ('t·taL <.Il' l '1re, CIU' die esL au&;l }lell fondée
li .c h' oll,lre5: mais Je Ile pu'!s III 'tlmp&,hcl' cie lIJ'indJ.
J~il'r
ql(~
ln justiee ~oil
VClIU' dll/. mOl rI< \U' d.l llILJ i1h's !JIIl,'\,' (- 'll. 11 VOU" lut sufCi, fllO, it'Il' le iW~
u Iii 1,1'llIlioTl, cil' IJI'11 JlP"H!I' l'III'!. IOIIC:i. En tilll "rH'
m lA
rau.-)
.. Ill Ill, JIll III" Jll-III' r Il l I,Holr C;l'S
III'
,.'1 du fj()'1n~
JI' Il", {lI"II, pilS ,'II il ul/lr Il t (() ISld1'1 dlrlll ur n
r l "rr il.
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!jlj)! vol rI' vi I{
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�63
Sanctuaire d'Amour
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~nt
il sel'a le premier à s'étonner de lJa manière dont
me Ll'aitenL ses subol'donnés.
•
Le juge d'instruction avait écoulé SaJl5 don.TJ.Gr le
moindre signe d'émotion celto belle tkade.
QlI.o:pd elle.fut terminée, il se OOl"IJJl1 à sourire.
- M, le ministre, d;l-il sera cerliainement tort intéressé par ceLte histoire, sur laquelle il me dmnandera
sans doute des pMisions qu.e jo seMi tort heureux de
lui f{) l.Ilrn il'.
- Vous ne pourrez pas du moins, monsieUlt', lui four.
"111' la pr.uv~
des attentat., dont vous venez de m!acouoor.
~lre
le pourrai-ie il ce moment
- Peut- Je vous le souhaito, monsieùr,
'fout cela élaU· dit pur le bu!'on sur un ton d'irorue et
Je pOl'siDage qui Ilguça!t singulièrement le juge d'ins·
truction.
On eOt cru que le miséTable se sentait maîLre de la
IillUlLion en voyant qu~
ses accusaleurs .Ile pO'uVlllienl
lPpûrter aucune pli'll\'(: coubre lui.
11 avait repris wille son assurance, toute son audace
même, ct M. Baulèli!'d frémissait de l'lmpouissancc Où il
li<! vO\}'l8.it de ne pouvoir pas lui jeler il. la face, et reIa
d 'Ullle façon irréfutable, tous ses forfaits .
11 s.:n~tiL
que le misérable (ll.ait coupallle, et il en·
I18geait de se voir railler par lui sans pouvoir lui river
son clou,
Il avait été pr~ve.nu
qu'il aUll'ait sffake il. forte portie,
JlIJis il ne C'rcyait pas ccpendllJnt qu'il se trouyerait en
face d'un <-;éléraL c.e cette envergure, que rien lie tiemblait capable de troublC<!' et d'6mou:voiJ',
Avec le peu d'&lémenl3 qu'il possédait il sc voya.it
désarmé en présence :J'lllle telle impussibiliLé, d'une telle
maiLrise de s:)j-mêmc, ct il se disait que s'il n 'avait éLé
d ocumenlé IIvec une le!',) assurance .par Driolet, qu'il
savait un policier habiltl ct ~ér!'u.·,
il se~ ' ait
bi"n près
de croil'e qu'il avait clé lrompé, qu'on l'avait abusé avec
drs 1"lConl·tll'S vcu'mL de l'aul.re 111 iI1de.
Après cetie prt'Inii)!'e escnl'mollC!1C, il se sentait décOll<;l::l'le, d('I'( Lé ulrnlt'r'1cnl.
et il lit obligé de se rt' ucilliI' un inslml avr.nL de
Tc pl'en(ll'f' :;on in lerl'ogc.i<.oirC!.
li étai!- Vl'nu cll"!, le 1l~·J'O
avec l'iùœ bip[J i ITtêlée
dl! ne pos fOire eh JI! blrlllC, de ne po~
portir c 11' U.\OIl'
CO'CHU uu l'é,ull.,1 '~n
fu. ur dt l'accusation, et il éla L
1IIDillS 'lue \=1111UI. décidé à lachel' lll'be.
11 reprit, après un 'nûment .
- Il Y a. cJ''lutl'es CniL", monsieur, que ceux que je
vil'ns dû vou,; dll'!' ,t dont l'explica ion vous cm barl'o.,cr l Pèul-êLrc d'U'.,ml.uge.
J'Cil doute, mOliSleur, s'ils sont aussi peu ~ol'ex
que ceux dont vous vpuez de m'enLrelenir.
- C'est ce que nous altollfl voir, dU le juge.
El il se disposa il fOllcer arec lm'e w'dtlur' nouvl'ih~
• Ill' son c'llllcmi.
!tP"'[ll r!ff'\nl. cplui-cl bien dans le blanc dea yeux, Il lui
deOll111du l)l'lIsqucmcnL :
- Conlis~(,z'\)IS
i\1. de l\êNId ec ?
A ct!lle illlel'l'oglliion brutale le baron ll'c"lt l as lin
trcsSolli lIc.I\H'rlI.
Il oelnbla (~h,.J'ftle
un instant, puis .Il lI'épondiD le
olu~
tl'anquillement du moode •
de I(él'Ildcc ? J Cl'Ois 'blen, cn erret, <Ill j 01
- ~1.
rllll'rldu {)l'Ollonccr ('C 110m-lll ou qlle Je l'ni Vil dons !(:B
jO\.ll'llUUX U propos d'unf' disprurilion l'esllle llIysLél'je'15C,
I~
ne prn.,p. pas que vou" nIIez m'u.ccuser de l'ovoir Cnit
'Hl' i, ('(lllll-liI '/
-- '1'l1CI', non, r.cu' on 1)(> sait pas s'il est mOl'L, l ,[ris
'IiSPolll !lJlre <.lu molliS,
I.e t.urùn ét:lala d,) n r l1'H.!lll,
-- ronit L1iSpltrlltlr0 M. df' 1<f!I'fl(lec, mol? Un mOllsleur
qll' JI' II· rorlltrli
J'lI, IW jf' n'lIi jamab vu, r'~L
Il 'ur·,
(lual r I,ililijis Je 'ilL di. pft"Hllrc, mon~icl'
10 \1" d'in !l'ud,. Il 1 El If Il 'II, 1'1'('lb'I' ·avez-vOu r.onl \' t 0[ ,le .;('
C.vll\\.Jll fOI'fui! 7
1. ri. !",r,HIII'
LI
' 'II 11
'1'
U/l1l
litS.
\'
TI.
Ii, ,Il
/1
Y
- Su,r mol?
- Sur les faits dont ju viens de vous ,arlcf Ij ~ (jO,I'
il oU\'ait eu COlinaissaiTlce pal' lNl :le ses a.mis. R se préparait il faire une etnql.ltèt.e il. ce suje~
et dt.>t}l«-s on ne
sait cc.: qu'il esl devenu.
- Et vous m1accu.sez de l'avoir fait disp~.I'6UtO
?
- Oui, monsieur.
- EL JIOUJ' quelle l'aiwn m'aœ~scz-votlS,
mOi f
V-0U5 seul dyjez inMrêt à ceUe disparition,
- Vuol intérêt? En <J'Uoi pouvaient me gêner 10& ian·
laoisies de ce monsieur ? Tl rau.dril.n pl'ouver !ju'li avait
pénétré chez moi pour que je' pu~se
êt.re illqUidé A. ce
sujet. Or, je défie qU!Î 'lue ce soit de dire Glu~
re :-'1. de
Kéradec a franchi les POI1.es de man hôl.e1.
- Oui, fit le juge, je sais que vous êt.e.:; lin tcl!s hal'ile hGmme et que vos I)J'écaulions sont bien }Irise.. IloU!!'
tCWI'Wl' de vous tous les soupçons.
- Vous pouvez interrogel' tous mes domesU.ql.les.
- Je sais qu'ils vous sont dévoués, que ce se.t auLant
d,' complices dont vous l1'.!I.Vez rien Il croindfe, d q';'lIs
<'i' PQ~':elont
pas,
- Alors ?
- Alors nous p6Il'ViendrOlls peurt.-êl/re Il ~COlf'ir
l'1UI
de même lu retraite de M de Kéradec,
:\.
- Je le souhaite autant que v()fllS, 1VOll.9Il)ur, .!.lin
ri Hre lavé de cette sLu:p:de &:cusation.
,.
-- Vous laverez-vous aussi facilement de cella dont je
vais maintenant VOl.i8 enlrelertir et que j'~
gurdée
pour 1:... IÏlll.?
- Je l'espère, monsiem', si cllt3 n'est Jlf!.S ..i.elIx fondée. ])e 'luoi s'agit-i l ?
la dlsperltion de MUe de Les.
- Il s'agit cette fois d~
ll'ange.
- Encore une disparition ~
- Gui, monsieur.
-- \ù'iù bien des gens (Tue j'aurais !lIés at ~it
t!isp' l''1ftr.:, dit te baron sans p8J'ailL'il s'émouvoir. J~ IlCrais il
ct.: COli l' > [ 1 \ ('l'itable mOllo u:c et fJOW1'ai!! fAire oon, wrl'l'ne" li BA T'b~-Jlcu.
- , e rail! 'Z j,as, n:c)ll.,ieur. Cette aCl:US li.e es1 ,Ied
[·lu::, IOI ]r' s ct deI;; plus -'l'av( 5.
- ,J' l ,:ncls que \'OIIS lIle Ip LlémOrif:'~.
- ,'l'lI , !}llsCiOll !>,JW' ,llle dc Leslmnge el>~
tlt\HnUe,
- EL Lle qui '?
- D~
tous ceux qui vous ont approché IlL i»)lIJ; 1I.U cou.
ra.nt d' \'oITl' IhisLoire. Il y Il le porl'j~.
1)[11, VOliS m'en L v(';. paT'lé .. , Ct.: polVait 'lUe quelqU'Ull, " st M. Nrudm, je crois, 8 pl'is pOt ' 1-. pm raiil
dt? l\lIIc de Lestnange e~
qui n'était pa:;, je l'ankJJl9,
Cl::tui dl; ~nlt>
de Lest,ronge.
.- r" ,l'quoi l'avez-vuus débruit.?
- J'f.l.\·ais s.ans doute mes raisons.
- POlir qU'ail ne découvre pa'J votre WlIOW • .,u pouvuit expliquer tous les aCles que l'on VOll6 rcprocbc,
- C'est vous ql.LÏ le dites, monsieur. ~
i Ulrme
(Jlol, (lU': tout cela esL faux.
VOltS n'avez pas aimé Mlle de LestnJtMe'
- Je It'ai jumllls vu œLttl demoj~cl,
.
- Vous m'avez déjà dH celn, mais vous . . ~l'mo"
lrcz de ne pas y croire,
- Connne il vous plaira.
OovQ.nL ces (Wnt!gaLions fflltes sur un l.el\ coJtrne IJl'e.:\que il'l\lIique, 10 magu;t-l'aL ucvinL fu,r.ieu;"
- Allez me cheroher I:lriolct 1 ordonna-l-li.
EL il s'aperçut que le prévenu avait ln~sati
lé.;èl'e.
ment l'II entendant prOllonc l' (e nom.
III
,;
�Sanctuaire d·Amour
- CO!lI!rM je vous l'avaJs dit, monsieur le juge d'Instruction, oommença l'Inspecteur, je me suis occupé d'ahoru, peooant que vous Interrogiez le baron, de l'bomme
que je considère comme Je complice principal de tous
ses forfaits, Je nommé !:)élim.
.- !:lien.
Le baron s'éto.il assis et semblait se désintéresser aJ>so.
lumem de ce qui se disait là, mals on aurait pu voir, 51
on avait é~
plUS près de lui, des goultes de sueur froide
mouiller son visage.
Le misérable ee rendait compte que l'on brüIalt, si l'on
peut s'exprimer ainsI.
Il ne OIl8.ignait {-as d·être tra.h1 par Sé1lm, mais 51 l'on
soulY"...onnait le rôle joué aupd"ès de lui par celui-cI, c'ébait
déjà un grand point, un 1011 atout aux mains de l'adveriiail:e.
Puis Il ne sa. .-alt pas al Séllm n'avait pas cbez lui quelque objet oompromettant, lettre ou autre chose.
AUI;lune des impressions qui pouv-aienL se lire sur le
visage, imp6ssible pour un observaleur ordinaire, du ba.ron Piar, n'éClb.a.ppalt il la. sa.g~lté
du luge d'instruction.
Et eeiul-ci, sentant que l'afiaire se corsait, qu'on se
rapproOOoait peut-êke du but, redoublalL d'8I!ilention et
d'ardeur.
Un duel serré RVIIllt !Jeu malntenan\ entre les deux
ennemis, le juge !1'inst.ruction et le préVenu, un duel dont
chaque péripétie devait être extrêmement émouvante et
qui ne pouvait manquer d'avoir un dénouement tragique.
BtioIet continuait son récJt
- Etant parven'u à apercevoir ce SéUm au moment 00
Il pénét.rait dans sa chambre, je l'arrêtai pour y entrer
avec lui. Il s'y opposa violemment. me renversa même,
ma.i3 j'eppela.! à mon aide deux de mes inspecteurs qui le
·terrassèrent, Je ligotèrent solidement
L':! btl.ron se souleva sur son fauteuil et Ielssa éèbapper
cette ex.e18maIJon :
" - C'est infâme 1 On ne t.re.ite pas ainsi des Innocents 1
Il ra!l~
être en France, avoir aHalre à la justice lrançaise ..•
- ~
dites pas de mal de la jusUce fra1l.Ç>8l!se, difi sévèrement le juge d'Instruction. Elle n'a qu'un tort, -c'est de
se Dl.O!lII.rer souvent trop magn9.Il1me ave:: de.<. gens tels
que VOllll. Et taiseüJvous, je vous prie. Laissez parler M_
Briolet.
CeIIl1-eJ avait ;rj!lané :
- Du innocents 1 Nous allons voir bientflt cette InncOOllca 't
Et ces mots e.valent rait passer. un Lrisson de glaoe
dans tout le corps du prévenu.
- Poorsuwez. Brtiolet, fit le jUge dînswuchlan.
- Quand mon adversaire eut été ainsi rédulL à l'Impo\56onœ, reprU le poUcier, je vou1~lS
l'in t.erroger , mals
naturellement 11 refusa de répondre et je n'en pus rien
Urer. Je ne fus pas surpriS le moins du monue. Je m'y
attendafs. Sélim ne peut pas trahir 50n marbre sans se
"perdre lui-même. Je n'Inslst.a.l donc pM. Et sans perdre
'mon temps il poser des questions inutiles, j'al eu la
pensoo d'aller jeter un ooup d'œil dans la remise où sont
ran éeS los autos, et J'en al aperçu une absolument pareille à celle qui ft éorosé M. Nazlm. J'en avals pris le
.slgnalemr.nt exa.ot.
A oette révéJ.R,l4on, le blllrOn Ina put. s'empêc!her de démontrer une véritable leJTeur.
EL JI Y eut o/I.utOlJl' de lui ce mouvement d'attenllon que
l'on t.radult dlms les comJ)te..'! rendus de la Chambre par
œ8 mo\B : • Grande senatl~
-.
Lo Juge d'instroot.lon dit 'Vlvetllent :
_ V(Y\J6 . f tr. so.r de tout cela ? Brlolot.
_ Atu;ohmllmt, monslowr 10 JUgé"
Ü) magtl'I.ral M! lounlll vars le baron, qui sornhte.ü
Complètelll ml 6oro.sO, el Illl dl'
'ou.'! !l/IW'7 (7110 M, NII7Jm
déposé une plainte ~
~I
de l't\IlC1< nt dont Il f1 ét~
victime (lI qu'il pr~t()nd
OJ.re 1111 a,(lCidl'lIl Youlu, prérnMI\.é, 1111 v6rll.ahlA IlU,'ntat,
dO li unr I1UII1I11.111,lo
et.,'il eh! pr '1 '~ qUf' cr' li lll, _u! ~st
'S()rI, ,de obez VOWI el coDdu.U. p&r un thOlJl.ruc A votro
tlévotlon, Il ya bien des chances pour que M. Nazlan ne
se trompe pas. •
- EL pourquoi donc, monsieur 7
- Parce que M. Nazim sait que vous lui en vouliez
morl.e.llement..
- Si on laissait écraser par des e.ufœ tous ceux il. qui
cm en veut 1 téponûdti éVlllSivemenf le baron.
- - Tout le monde, en eUeL, diL le magistrot, ne se livre
pas à ces CoflllfJaisies, hell!l'eusement . mais, après ce que
l'on (ffi'a dit de vous et que je vois mol..même, je ne Sllls
pas étonné du tout que vous ayiez eu recours à un pr0cédé .de ce genre.
- Dites tout de sulLe que je suis un assassin 1 murmura le baron en prOie il. un exllraocdinaire énervement.
- Je commence à le oroire sérieu.semoo-t, dit le magistra,t.
- Alo.rs, Il faut m'arrêter 1
, - C'est ce que je vais !aire, dit tranquillement le jugé
d'lnsbrucIJon.
,
- Vous ne oommetibrez pas UlM d!llfJaJmje parellie 1
- L'ln1a.m.!e, ce 58IaJt de laisser impunis des crimes
comme ceux que l'on vient de me dérumoer.
- Et dont. je suis innocent.
- .Dont je vous droiB, au contraire, fort capablo.
- On n'aIl'II'ête pas quelqu'un sans preuves.
- Celles que je possède dès il. présent me semblent
8Uff1santes pour mettre <.ans l'impossibilité de nuire un
bomme aussi dangereux que 'Vous.
h't metLan:b la main sur l'épaule du baron, qui ohB.llcela, blême comme Isa. mort el~èm,
le magistrat d.1L
solennellement :
- Baa-on Pilar, 8JU nom de la loi, je vous arrête 1
Le misér&ble comprit que tout était tlni pour lui.
n s'écrou!a littéralement et se cr~a
il son bu.reau ,pour ne pas tomber.
- Quand vous serez il l'ambre, dit le juge d'instruction, 185 œ.ngues se délieront.
C'ébait .bien la crainte du miSérable baron.
Ainsi que Séllm l'avait dit, s'il était 8.I'lrêté, Il ébal~
perdu.
il le S8IV'8.!t .bIen et semblalboéperdu de lerreur.
Tous .ses f0l1aits rulaient être découverts, et ses victimes, déUvrées, se œ-essera1ent contre luI, en vengeurs
Implacables.
11 eut un moment de défaillance tel qu'il lnllI!t s'év6nOU1Jr.
II Ilt un efrQrt pour ne pas perdre le sens el demel.lzl"el'
debout.
Le juge d'insWu<l!.ion wvalt fait un signal au commissaire de police.
Et oelui-ci s'aVll,Ilça avec un agent tenant li. la main des
menoLtR.s.
Qua'Tld le baron vit ce dernier s'approcher de lui pour
llll prendre les poignets, Il eut un mouvement de recul.
- Vous n'allez pas m'encharner 1 flt.-IJ. On ne tmite
&lns! que les criminels 1
- l\1a.is vous ~les,
Ilt Btiolet, le plus gNllIl.d que j'aie
Jam8lis connu depuis que je Cais de la police 1
Le tbaron jeta au poUcier un regard si cruel qu'il élaU
facile de lire en lu 1 le l'egTet de ne pas s'en êtJre débal'"
ra.ssé qlland Il l'avait en son pouvoir.
Il éJ,alt trop 1Ja.rd maintenant SI s ennemis avalent la
pied sur sa gorge, et Il allait expl81' le mal qu'il av.l~
fait.
/1 song Il il. Mlle de LcsLrange, qu'II ne reverrait plWl
sans doute.
Et une oensoo hCl'M'lble travorsa son esprit.
- SI Je nr. la vols pas, ult-II, les autres no la verront
pllS d/lvmll.!Ige.
El. Il sc dit que la maillnureuso, dont il savait qu'on ne
pourmll d6rouvrlr la l'of.! il.lte el dont personne ne s'oocuper,lll plus, IlllnlL fJ·érir de ralm dans sa prison,
Il prOnOlly/l '; mot,:, !Ill"OCl'_q ;
- 1\11 mOllIS, II' 60ral vengé 1
Et Il 00 Ja.lSSA enuncner.
�s;;
Sanctuaire d'Amour
lV
Quand le baron PlIar eut été emballé. menottes aux
~
mains, dans l'auto qu'on avaiL luit avancer eL fut en
route pour Je DépOt, Brioiet poussa un soupir de soulagement,
- Enlln, IlOUS le tenons 1
mais
n était satisfait non seulement d'avoir r/~lI.si
encore de pouvoir maintenant circuler librement et de
n'avoir pas suspendu au-dessus de sa Wtil, si l'on peut
s'exprimer ainsi, celte 6pée <le Damocle-.3 qui était la
c:r:alnLe d'un nouvel attentaL ou d'uIlI:: nouvelle séques&ro.Uon de la part des agent.<; in~'sb!:
de l'inIernai 00ron.
Privés de celui qui los IaÏS/! i l at;ir, cClix-ci se tiendraient tranquilles. Uu reste, l'ufl':,s:ulioll du maitl'e
avait dü les terr'Uler.
Le juge d'instr.JcLion, forcé cw se l'encll'e l:L son cabinet, où 11 était att.cndu, avait la isSé au comi~hare
de
pollœ et à 81101et le soin de se livrer (lUX P rqu
i s~tion
nécessaires et même de procéder, s'il y avalL lieu, il de
nouvelles arrestations.
Et le policier, Je magisLrat parti, s'était précipité vers
la pièce où !::iélim avait Né laissé solidemenl attaché.
Il t.rouva le métis à terre, roulant des yeux furibonds
el montrant des denls aiguês comme celles d'un fauve.
Et 11 lui dit joyeusement :
~
Ton maiLre est emJ)allé. J'espère que tu vas parler
majnteo.~
1
Sélim regarda. le poli('Jer et laissa tomber ces mots
dédaigneusement :
- Moi, pas comprendre. ,
- Ah 1 Tu veux oonUnuer à parler petit nègre, mon
ami, et a.voir l'air de -ne pascomprendl'e le français ?
Je vais te parler plus clairement. Ton maître, le baron
PiLa.r vient d'être arrêté pour avoir tenté de faire écr-aser
M. Nazim. t:sl-ce clair cela Y
- Moi, pas sa.voir.
- Ah 1 Lu ne le sOais pas ? Il est plus que probable (;~,
pendant que tu as été son complice.
- Mol, Innocent. Mai\.re innocent. Tou~
m e n5()nges 1
- A.h 1 ce sont des mensongœ 'f
- Oui. tout mensonges 1
- J'al découvert dans le garoge Io. machine qui a servi
l provoquel' J'accident.
- Ça, mensonge aussi 1
- Hon. Tu ne veux rien SlWolr. Gela pOUJ'l'l1 I.e coOter
cher, mon vip.ux. Tu vas me dire du moins ce qu'on a
faU de M. de Kéradoo.
- Mol, pas connalt.re.
- EL de Mlle de Lesl.range Y
- Moi, pas connalll'e O-lI66Î.
- Alors ~u ne veux Tien <Ure Y
- Moi, pas savoir.
- On les découvrira sans toi. Et, en aLtendant, comme
Lu ne veux IlaoS parJeJ', Lu vas aUer suivre Lon malt.rc au
Dépôt, tandis que si tu te monll'als raisonnable, on te
laissorait probaltmn~
tranquille, car lu n'aurais faiL
qu'obéir au;< ordres de ton roait.re en l'aidant à OOID.neLLl'e 100 forIaHs qu'on lui rOproc.lie.
_ Manre pas cQrrunJs forIalt.s... MalLl'e Innocent et
, mol aussi.
Brlolel compriL qu'll ne forceraiL pllS Je métis Il parler,
du moins en ce marnent.
Il ne voulut pas perdre auprès de lui un temps précieux.
_ Quand tu auras subi quelques jours do cachot, lui
1dU-il, \u !eros pcuL·I'l\:re moins de manières.
11 appela deux a~nfs
eL leur ordonna :
_ Em~lez-o
ca galllu.rd-Ià CL qu'on ne 10 perde 11118
de vue, œr il seroil bien capable de s'échapper. MeLtezlui les menottes, JetC'l·le dans une auto, puIs cn route
pour Ire UépO t.
E\ le polkllor s'élolgn.a, laJssant Il ses inspecleurs le
soin de s'cccuper du méLls.
11 avait Mw de rejoindre la Jeune femme il qui Il RVal'
parlé eL qu'Il avalL prom.1s de mett.rc au courant de ce
qui aUal\ se pos6tlJ'.
5, -
SA. rTIJAIRE !l'AMOUR
Il trouva !::iolùa enfermée dans son appa1'1.Qar1,eut, ~\
émotionnéepoc le mouvemenl qui s'é\.aiL !ai\ ~
i'*Wlel
au moment de l'arrest.u.lion du baron eL dont elle lùl.v&!L
pas compriS le motif.
Tous les domestiques, effarés par l'appal'iUOoIl lie la
ju.sLice el dont aucun n'avait la cobscience Lrallqu,itie, s'élaient empresséS de déguel'pu' el il n'étaH l'es~
pe,f:>9lUle
pour renseigner la Jeune lemme.
Quand elle vit paraître Briolet, elle se renUt UJl peu
soulagée.
Celui~
lui dil tout do suite :
- Vous êtes libre. Je viens vous cbercber paU:' vous
conduire auprès de M. Nazim. Le baron est &n'été, \ous
n'ayo:: ;Jius rien Il cruindre de lui. J::t j'espère que ,'ous
ne l'e!userez pas ruai. tenant de du'e touL ce Que ,'ù\13
"avez.
._
- Mais je ne sais l'ien, monsieur. J'ai entenchl ~
de
beaucoup de chOses, mais on se caohait de Me.i, iii6lim
poul'rait vous dire ...
- Selim esl o.rrolé aussi et Il reIuse de pedet-. U y
Il. pourLallil une cnose qu'il faul que nous sacrue», .'est
ce qu'on Il raiL de M. de Kéradec et de Mite de Lestrange. Vous devez le savo!!", vous 1
La jeune femme cooua la tête négaLivomeat.
- Vous ne le savèz pas ?
- Non, monsieur.
- Ils ne sont pas enIcr.més dans ceL hôtel T
- Je ne le sais pas, monsieur.
- S'ils Y claien\, YOUS en auriez connaia:M..;e. Du
resll!, nous !erons des recllerches. Mtlis TO~-GlimèS,
vous avez éllG emprisonnée un moment pal' le m--on. Où
vous avait-on enfermée Y
·de
- Dans une propriélée du baron, aux ~YÎ$.us
Paris.
- Savez-volis laquelle '/
- Non, monsieuT. Lcbaroll 0. plusieurs .bo~':lUX,
e\
jf' Ile sais pas dnos lequel j'avais cté conduite.
- !ka. On s·II1'{JrlJl" I·Il. EL il fÙlluru toit!n que q:,!tiliIu'un
I~drlc
l ,l'Intt::rrogcrai, si c'est Ilecessuire, lous Iea cl.filiestiques. Mais vous, vous ne pouvez rien me litre If
- Non, mc.nsleur.
- Vo IS ne IJOU\'~1.
plus rest.ol' ICi. ün va "'-1.:0 ~ute
meLu-e ll..' scellés cluns toules les pièces. VouI 't-Y.US que
je vous conduise nl~près
de hl. Naziru '1
- Oh ! oui monsieur, je yous en serai mos l'eHl'Inaissantll :
- Venez, tUors, car Je n'ai pas une minule a~.
Il
fauL que Je previenne M. Nazim, de co qui 'Ra8t 4e se
passer. œ.r U va èt.re a.ppelé sans doule chea le ivee ct'WIslrucUOn, eL il faut qu'il soit au oourant. El Il do.i~
Il\~dre
avec LnnL d'lmpallence Jo. bonne nouvelle que j. wc Yeux
pas le faIre langui.!' ~o
longLcmps. Venez !
Et, aprë& nVOlr dQnné ses inskucl.ions au ~aire,
le polioier onullCtla la jeune femme .
CeJle-d éLluL Lout..' pG.le rl'Omoi. Elle JlC perle.io\, p . eL
ne pouvuJt {leS croIre encore li son .boo/lct.IIr.
J.::h 1 quoi, olle él6i~
libre 1 Elle ne scntall ~
piser
6ur elle la surveilla.nce du baron, cclt.o sunociH"o,ce de
tous les Î.t1slanlB, qui iui sembltuL si lou!'de ! !?c; -fi qu~
c'étal\ possible Y
EL elle allait voir Georges Nazlm'I
Comment lieraiL-el1e accueillie par lui? S'il .e l' .. i.la~
piUS 1
un
Celle cMinle pal' instanlll III lrllver.:laiL ~e
IJ'~n
mortel.
.'aPootArt.re Georges lui en voula,u-U de son ~
voir été Il doux doigts de la IOOrL à cause d'olle 84 IR. rœter peulrèt.rc Inllmle. oor elle savaiL qu'Il mardlaJj\ --.inl.enanL avec dEb béqui!lcs.
Avoo qruol amour elle le aoigrwraU. LAOOe-rolt de répftrer
le mal donL elle o.valt t\é 111. Cfluse involontaire 1
Mnis voudrait· Il lu voir,
son Il.Jllour SCl'Bit·l! a.a&eII
fort pour lue t.a1re en lui t.oute rancuno 'f
Vellà do quelles angcMsseB ét.hH assailli" la ~\M'e
Sooja pen<hnL qu'elle se rendait (). cOté de ~,
chez celul qu'cllo aimIld\ toujours, elle, d'\III.
arc.'onL, lnfinl cl qui pvuvalt être heureux, "~.-t,
e'
�66
JloUlI!Qll'4IÜ.
~.
Sanctuaire d'Amort1'
41v.(j
tlélivrée et <devenir maUr6S!e d'ene-
éllûf, iflJtP8.tiente o'W'l'ivcr eL de voir le 1»'emler
d'cel! q\rc JeU.el'a1b snI' eUe le chroniqueur mQnùain.
Il t:l.Iut <18 Il0l\JIe heure. 11 él,aIL oot!:.I lui sOl't'ment, mais
il &e d<3vait poe pOFl&er il elle eL ne pa." l'attendr'û surtout
• ~l .eUc.l al/rut lui prodUire e8~l
SUl'prise ? Sera.it-œ
d• .La. joie ou de l'ermui 1
La. pa..Lill'Q ::)uniR 6I!nta~
son eœur battre avec vIolence
ici fou. 1·';, deux, pour que Sonia dise qu'elle est· libre,
- LI'
i llŒl est OJTêLé, dit 1'1nspecteUf'.
-
~JÏl?
CIHJll
ea
J
:;~1ltge<Jd.
Le I,olir.:i.er, eomlll6 s'il &\T&,iL deviné de quelles pensées
(. <_.ll .,.Lœ sa jeune com~,
Be <Hsai~
{}M 1111 mo\ e~
1.. lh~iL
Uvrée il ses réUexkms.
Ol!! ~,.proluJA
de la l"llC Boissy-d'Anglus, de œ~
. i~
(J~Il.mt
dans lequel ~nia
avait UOfl fo~
pénétré e'
ou e1Ie 8.\'ait été surprise ptlf le oo.r'on, ce qui avait été
le poim <le dOpan pour elle e' pour celui qu'elle aimait
de iant de- 8ollf{l'aneœ, et il serait impossible d'exprimer
l'~o
qŒl s'éLaU emparée d'elle.
U quand: l'mIto stoppe. dans la m~
don' l'ima[!e
él.al\. reaLOQ 8\ prolndémeD~
gravée (!Il sn mémoire, u!:>
éLa.iL Bi S1lisi;) qu'eUe demew-a un long moment saM
bouger, ot BI'tolet ful obligé de lui dire :
»lOtIS sommes OIM'1vœ, mtIdlime, pour qu'elle se décid~t
u twe un mouvement.
.tf1e se .li!va p6niblcmeni, eL pour <l&soendre de la voitu.t:e e}te e'a.,ppuya f0l1emenl sur le bras de son cam-
pApvn.
p~
McM o'œ~
(fI1&l<) ils ~nt.
tjIt1e 16lai-ct
arrivés iIOus les drux, If'
le crolgt sur I{! bllulr)(\
de 11L lIOlIIJC\t.Q, lPI'aBe sentil une ~ne
émotion "c,mpar~
i'~
(Ju'tl lai 6em..bla que son cœur s'éLan flrl'êté de
el 6Do, él
Dln
~-
~8e
aVilit JHl11li3 à se lénir df.bout e~
s'élltl a;>poyée
il'.agle !tG io. porle.
G&De-ol s'ovYr1t bimtô!, et. Briolet de:mw.;a, cal' elle
ét&L Inoop!IIble de IJUler, si M. Nazim était :..nez luf.
. ~ 'Y6i8t de cbtl.rnbre, qui éllall nnu oUYrir, et que Som. eormaIS81~,
répon(li1, dUinalvem~t,
mais il ajou~
q!JD lIlOIIf:Aeln' ooree4WŒt pas d·a\JS.<'i bonne beUi'e et qu'il
[!\~
.evelÙJ',
If n'ar.l!l jJ:VJ vu la Jcune 1f.illlme q,ie le policier cachait
et eelui-<;j Ùlt Cl! sc ~l1aRnt
;
,
- Je llD 6uls pas seul.
m fI (Th)nt.',). Sonja.
Le domestique, en reconnaibBan.' la j~une
'pm nI'. eu~
UR Irl de Jetylltwe S1ll1>1ist.:.
- Vous, 1I1Œdllrfle 1
eut fIL ~
j), ln jeune tcmme "t lui enleva en partie
l'aoxM~
111111' l'Oppl'e!:sa1\, C3l' "rt.:! r.:ompl'iL (J\lf; 00 vialLe
ne sCI'ait J'l!W; dœa.gréablc (lU JOlU'nnlit;1f>, \lui uvait dt)
6.l11Ve'rK pa.rllll' d'ellé.
Du reste, 1tJ ~t
de ehll./' ,rr' dlf touL dc suite :
- Je Vil la ollG.r prévtJn1r l, ltstCUI·. EL cert.ainemenf.
rllonei&l.W se.a. 1Ir!))) neul'eux (JI' vol .. mad!i ')II).
n olJ\TlL k1. d"orie, fiL cn'rtl' 1::$ ,isdtet!..·s dons l'MI!cl\8InlJl'e, .'O~I(,
antichml'ritr.. '1: " ItQo1~l'
RlolQl a""I1I\
u.~jà
r.énNI'é, m'lS Il diSjJill ut rlnns rflPike~n.
,~u
bout de ']1Jcl'lll"" s~cond,
i(~I"r
se l'le, wt- , cl V': nt. SJ \'i)'OO va J~
en w par lé
JI n cntror },Ins~leur
fJt lt jcune r lllmc dans un
f1di o{\ùlnet Ren'onl 4e caLlrH'L Je lrm nil ail jourrml!flW!
Il
cl
rovjlJ~
oS IR!
l
~, tl IJ.I'H o'at~Hlirn
l>Us loo'ltLon'lJa.
'
Un insla~
IO.pros ln porle s'oll\'l'nll cl l;unrgas Na7.lm
sc p Idpttnlt, ~ brn.s OUVIJl't.s \crs ·ouill.
1/ n'un11 [Ilus ùe ht':qllll1 ct semhlait gu.~rl
po.lr ' a . 1 llmlr su joie ct sa Slll·!"·LSü.
OUS,
Ou!,
A~'rèk
.:
11 Vi"'llL (le l'élire il y a un instant,
nant au UfJpO,
et. il èst malnte-
-
EL pourquoi a-t-il été arrêté?
l'DIU' av,ou' tenLé de vous assassiner.
- 11 a avoué '1
- J'a.i trouvé dans le garage du baron une automobile
répondant -[oul il. lait au signalement qui m'a été donné
de la vOiture par inquelle vùus avez failli être écr·asé.
- C'éLa.it blcn Hai 1 dit le cbronlqueur. Le misérable
vOlllait ma mort 1
-- Et à {'.Buse de lIIloi, in Sonia, qui se jeta. au cou de
SOI1 lUII.'l.llt. (;'''st â cause de moi que tu 8LU"lis été tué,
(;'ùr~L.s
mon ueo.rges 1
- Muis lll.!linLenanL, dit BrJ.olet, vous n'avez plus ~en:
à craiIlJI'e. L.e bal'On ne sera plus relâché. On oon.na1t
10lls b'CS orIOles eL on J'en oroit capable 1
- Et 1I0US som'nes il jamats délivrés de lui, dU Sonia,
et nOliS jJ01.01I'ons eLre heureux, si tu m'aimes toujours.
- Si je t'aime 1 fiL George& Nazim aves extase. Je n'al
jamais ce.osé lune minute, une seconde, ue penser à tni 1
Et il 'Prit sa maitresse dans ses bras pour l'embrasser
aveC transpoM •
Voyant la tournure tendre que prenait l'ent.reUen ct
n',ayanL pJus .rien il apJlo'IDd~e
au olN'Olllliqu61li', le policièl" pi'it congé des deux amoureux.
- Je vous 1a.isse, dit-il, j'ai un Las de courses à faire,
C81I' si tout est Uni pour vous maintenant, lout ne !'es\
pas 'pour les autres. Il y en n d'autres qui languissent
encore dans l'attente du bonheur qui vienL de voua être
renèr.u. A l:1ientôt !
- A bientôt 1 cr;t Georges Nazim.
Et il SEmM. affeclJUeusement la main de Briolet en la
remerciant encore de ce qu'il avait fait
Et il fut tout à Sonia.
A peine cmpa-lsOIOlCIé, le baron P\lar s'éLait ressaisi,
avec l'a.ad.ace qui lui était habltuelle. il {waiL ('~
oomn1«lt hl JX1UD'raii se L.J.!·e.r du mtluvais pas dans Jequel il se t,'"'Ouvalt,
que le moyoo, bim dans sa oa.t.ure,
Et il n'avait trouv~
de mettre le mUl'c;hé en mains il. la j1.l&Uce.
Il .•walL demandé de qlloi OOrtre, eL il avlÙL faiIi Jl6II'V('"II 110 mot au juge d'insl.r'uction, dmn.andant à le
. ,:,' sans r('tlll'd ,car il avait IUle oommunicat.ion des
j},lL, u,l'gentf'S il IW faire, une commu.nioo.Lioo d'oO
-
e'
p.,Il.
it
ckpendre la vif> dt! pl1hSieurs personnes.
Pu.r œ que savaiL maintenant le Il1>IlgIs\.rat du (8,.
meux baron, H .:.levait OI'01re que celui-ci ne sc ''I8Jl,tal\
I;-ag et 'lue peuL-èLl'c Il tenait en.t.re SOS mains le sort
ck' quelques.unes de se.. vidimes.
N'ayoot pas déCidé d'Interrogl'r ce jO\.ll'-là le Pl'éve!lllU
Il ne le fiL pas appeler dlins son cabinet, ai'! il serait ~
hutte il l()Ut~
les cUl'iost~,
mals il se rendit lui-même
dans lu. r-ellulc du prlsonrJ1('!'.
Il 1I,~)lV.'cel~i
ai se prOmel1~IHt
do long 611 10000ge
dlhn,.; 1 éLrmtp ploce, d'uu mouvement de b<ll.e tomd>ée
cllU1S un IJll'ge cL ml\cllll.nl des injures eL des menaces.
Lr gan!ilm qui ncom~'git
le jUire voul>!Ùt l'ester
Il. 'ec lui, lOOÎS le m$1gislrill le renvoya.
- Lais. se7, laissez ...
- M,ais, !non.sieur le juge •..
- Soyez !J·~_O'IUle.
Jr. n'nl rien l craindre.
EL il IY.J\lSsa l'homme drhors.
AiO!'~
le blu'On S'Q!rJê~
de marcher eL vhllt. droit o.\'
rnugl!;ll"lL.
:\In '1, Ilt-Il nvec Ironie, \'006 n'avez pas peur 1
M. Bnllllu'd '.l1l.·"o le" (pau!l'S.
- l'Ou:'lulI[ ou 1\ dO vou.~
diN! que j'êLais un bion
gland ()l'Im!nel, que j'Ilvni~
ilssllssiné nOlTb'~
de gelUl :
mais l'ne; urpz.vow<, Je n npl're pas mol~pe.
Il aValt
,·ünt. , ûISll.lt·i!, voile Che" mol 1
on ami, ct libre 1
Le juge d'ln trudlOIl 110 pUll"Ut pas enLendro cotte r6111'. jOli. flLil(' sur un ton dl's plus ntuquols,
11 he OOIIJ.IJ il d.re :
- Vou av'Z !lNllundé à me voir. monslou.r pour
Llbl 1
lemme en monl.r'a.nL
Grace Il 1110 fl:l llJUl', dit la j~une
BrloJet, Il qui (;eor!i('f; azhll Il'Il.wuL pas (litt n.~tclo
.. ehrnlllqU!!1I1' remarqua alors le policIer.
avoir vu ...
- II ruo oomble d~J&
- le suis UrlOlct, II? policIer.
- Ah J OUI, ~e Il y a du nouveau pour Que jo vous vole
~
1 IU'IlI'ntf 7
•
Le ba.roD rcgw\la le juge Bludaclousomoot et répon.
~n
une CII/llntllnielll.ir
:
�G'e-
•
6'1
J'anctuoire d'Amour
qui n'est pas prouvé -
Oui, monsieur.
Je VOU5 rooule.
Le baron c~sa
de mfJ.rcher.
- De tml't ce qu'on "OUS a. 118conté à mon su'jet, lI1O'Il>sieur .une seule ch.ose esl vraie,mon amour pGU'T Mlle de
, .cst.range.
- Ah 1 vous avouez?
- J'avoue que j'ad aimé et que j'aime encore Mlle de
.estrnllge. Mais que j'aie poussé cet amour jusqu'à raire
ssnssiner ou assassiner moi-même ceux qui devlli.en'
'épouser, c'est de la fanlasmllgorie 1
Je pourrai prouvel' que je n'éI,ais pas en France au
'oornent où r~
crimes ont été commis et n'y ~La:is
jo.'Dais venu . Je ne connaissais pas lVllle de Lest.nam.ge.
- Quand l'avcz-vO'Us connue 2
- ToUJt récemment, .0.11 cours d'une vromenade que
le faisais en auLomoJ-.ile et qui me oondllÏsit DUX environs de san chàlpau. Elle sc pl'omenaht à cheval.
Le juge d'im;w'uction regarda le baron.
- C'est, pour me contel' ce roman que vous m',IlNCZ
laU appeler?
- Vous ne me croy,~z
pas?
- Pil~
bf'~ucop,
je l'a"ou(> .. . \>lais continuez. Je tiens
l savoÏJ' où VO'US vou1rz en venir.
- A ceci , mûTlsipur, q'1C j'aime Mlle de LcsLMJO.ge .. ,
Que je j'Rime d'un amOUJ' inse~
.
- V<Jus l'I\vez nié.
1'<1\ :l'6:ro.nté ef dans
- J'oai nié l'av<Jir ll.imé" ainsi ql~'on
les circonstances que l'clIP Il dLtes qoond elle éLnilL une
enfant. Je ne la CO'TlnEis.~a
pas à cc moment. :Je ne
pouvais donc pas l'wmnr.
- Pourtant on a vu clwz vous U\lJ ]JOl'Lrnit,.
- Un portrait que j'avais acheté p.l"6cisém~
parce
qu'Il lui ressemblait UIll ~'J
.
- VallS llVe7 répon<:;e il. tout.
- On ne rest.e jama' > il court qnand on dit la ,,(,,'Hé.
Donc, ceL amour )Xlur Mlle cie Lac;111'nngf' m'a fuit ()(lm'
mr·ltl"e le srnl dklit qn: puisse m'Nl"e s('l'ÏC'usem()nt l'Co
pr'Of'hé, 1(· guet-apens tendu il. oelle jeune femme et ta.
sl·queskntion.
- Vous avouez don i; que c'P.c,t vous qui vOW;; ,êtes
Cffi.!>aré d'elle?
- Oui, mQ1l1Siellr. JE: j'ai fuiL toml"'r -d1~S
un piilgc
pt je la gBD'de j')l'ÎsonniùTP C'est Iii le d.é]ït dont je m 'a~
('l,se, le seul dont je m(> sois rendu COlllltlble. TOllt le
...
- La lenta~v
cont.rp. M. Georges Nazim T
- Je la. nie . .le fOuis ,innocent de ce!,a, eL je àléIle qlL'c,n
me prouve le con~!"air(:.
.- Et M. 0;) J{,;",udc':?
- Jc 'e l'l'tirns pl'isonraier comme Mlle dc Lestu'<lIlge.
_ \'niù <lI1jà u('ux rapts, 'Jeux s(/,urstrntions dona
yr,US {'on'Venez. C'est u nit, surfisant pou,r qüe soit jusU1:60 vot.re orrC'stntion conlt'c laCjuelle VOlIS protestiez cc
mlblin si viVmnL'flt
_ Depuis j'ai l'énéc!li. Je slIis rentré on rnC?iJlllême
cl j'ai \Xlnlpri., 4"11[' je n'uvnis pas le droit, en eUet, do
laire ce que j'I\.i (ait.
- Dr \'QUIS cmpul'Or Vl,) Mlle Ik LesLr'l\uge et de M,
de I«'rlldcc ct dl' les lf'I1ir prisonniers '1
- Oui, l11onf'ieur. Mw,> ce crime n'est pas pcndnble.
- Croyrz-volAS?
- II est vrai que fui vécu longtRmPS dllllS d~
pan
&Quvnges, que les mn'IIl'., y f'ont plus prilTlihives qu'ici
fOL Cl' qu'on IIippoilc eJ"inu~
il l"ruris (:Sl. SOllvellt cons4{i r6
lA-bas c.o.mme unI' Rcli,1n il. Il ine blllmllhle. C'est (' la
PClll-('Lrc qui a fll1uss6 n,on jugeflwnt ct pl'ut me môrlLl:r
des cJn'Constlloces nll{·nullntcs. E~
voici OC qlle je voulllis
VI ,IlS pr0)Xlser, mOIl. WIll', (~·hln.g'I
ma l'cr~
oonLre
Ct:llo de Mlle de Le!;trnn;,:e cL de M. de l{ôl'Ildcc.
Le ju.ge d'lDslirucUon cut un Sursllut
- Je vois, cn effcL, mOl191L!Ur, qu ,"oke St'!jOUŒ' (..lIn
des pnys non clvlhs{>s Il fUlls '(' votre jugl'OIunL. Aulrement vous n'lturic;( pas eu l'idée de Ill'Oposcr à la jlusUc'\,; lin i \(' il 1 H" lU.
Ml1Jfi JI! IlC su,~
Il
un arimlncl.
rc~t.e
V u
soyc.z
~Il'c;
III UlHI'm,-;I,
nnoccnt d
tout (;
<
1',
dont
1\
UPi
Mt JllO ~OI1S
Ull vous ccul:ie -
œ
crimes.
vous venez d~
(ll'fW\'l'IH.'(· 4.:lU.K
-- Deux crimes hitm e:o;cusadAes, .s:i,1 n'~
~to
Îollt auCUlt
mal il. Mlle de Lestrangc ct à M. -doc Kél'Udec.
- Nous verrons ce qu'Us eIl iliront, fit le lug" 4tl'œ,struction.
- Si vous l>'lll'vcner; tI. les d/JoouV!'i.r, dit ilegm...UquemenL le ooron.
M, Bauli&rd reg&'dn celui-ci•
- Comment cela '1
- Moi seul, dil, le baroll, sais ocl sOllt en~'Ilt.éb
Mlle
(le Lesl4·a.nge et M. de K~rGdec.
Mo;i -seul poux tel'! déuVJ'er ; l'D me gardant pl'isoalÛer, VOllJJ les exp<.~
lDut simplement à mouri"r de faim, our persO\l'~
lIIe
leur porLe/'la. à manger.
- Ah ! fit le juge d'instf'll<!lion, voilA ott yous voulez
en venir, à me faire céder devM~
ce:lte men.at:c [
,
et de iM. de {(ül"1.lt"Lee
- La vIe de Mlle de Les~
~
8S6ez précieuse...
- Pour que je relùcbo, pout' les OOUVC1', Je t.\l"on
PilaT? Eh ,Wen ! non mc.nsiculI', n'espère? [1 S c..e!:J 1
" On saUIla découvrir ~e
de Lest.range ei M. fle Kéradec et La proposJlwoo .él1i'Vie d'une mC!!Mé qui &1, \1(\
vo['i~a.le
chanL:.tge ne peut ~'agrtue
'Klbre (;ilS ct me
Cake voir que! criminel lLa.nger~1X
YO'1S ~ Ci.!. .~cu,
monsieur.
- Oh ! fit le blùrOll< sans S'éwOllyoif, le NUS l'e\·erI1l.\.Î, monsieur le juge.
- Je J'espt>re bien.
ic"'.t:
- Et c'est, vous alors 'i,ui me 5iu~pl
- N'y compLf'z guère !
Et le magistraL, proiu~ent
0Ut:!\;. :::·.>rUt eL fi}[ mu
la porte S1.IT le prisorunif;l".
Le baron ou. un sourire et mIl!111 !L{"ü •
- 11 Y vienùra 1
v
Dalls qllel d' t sc f!·,)Lj;·nient les 11l1ll!::1)[/1'(w'IK fI('t::l\Hlr
rut'rs du pû.l'Oll 'l
On SaiL qu'ils étaient enfermés tloûns des {'(1i\lU)i.$ ex
tl'é memenl pil'o.fond<;, de v('ri!aoblcs oublietles cflIC le ~'n
dit ,av,aiL fait creuser,
llX" les àessc.ins qu'il mt'(}i! jl,
au-dessous df's caves de l'hùtel cl aH food (\eSljI 'les
menait ll,n ascensour ram'vOIlleusomenL conditionné nOfli
le haroo, Sél lm ct Joaanès (.'om~
is~aeM
F;CtJ.l" te r, 1':tiülUlcment SCC'n'!.
POUL' tes I/rul.l'()s dol~iCfS,
c'ùLnü ':K~
ru;rcnSCU1:" 01'mnnirc. conùqti..ant a;ux L!tag
Svpél'lCIfTS ~t
S'~iOb
au rez-dc-chau::.sée.
11 fal lait. flOlU' qu'il descendill plus t>u, ~e.sI'
un
boulon hl :lbilf1mrvlt dlgsimu!6.
EL alon:! le plnnchet' s'ouvraiW el l"tlSCCnMm' v. LInu.ait su II1JDJ'ohe dans les abîmes oreusœ {l.U-desS4ljS lie
lui.
Dans k8 T!o'lc~"Us
où nUle (,e ~g(l
eU ~
l'cl
do Kérooec étaiem etlfenné6 Ilucu;n
htlffl!WR n,)
p6il"Yenait.
Ils éLaient constlll11IT1CJ!!. plon~&;
({Rn, 1!il 1111('lIce- abSulu eL daDls de pl"Of mû,()l:l tém'l.,
c~
Oll Ils pOli. 'lI' nI C~
p!:ndUIlt faire h lumiè:'1! il vol-.mt~
1\11 lUOYl'fl de,>
Ilpt.ules .!jœlrr!qucs mises il. leur poM(}e.
Il leul' (tait d-:Jnc por;sltJle d'O-:~ir()
el le lice, C . l'Ifi
leur avail d·,rul'é Oi)B iVfC.J.
Mais 1:( né n'y &.mgc~hl
gl.èl't;. 1~l,
;!,tI{. ah.:orl1é PIt:
des pen":".3 tr'Ü'I> P '11 blc 5 pOli!' es ,.L., :'\1' d' s (I!i$!NlÙ •
D'ulllcmos Cllii ' lait ,'Il l'l'oie II 00(' {~
P~tl
qu'clle ciH étl! 11l<'8p111Jle de Cllll'.: l'jIJ(li !lue c fO,"
Elle l'l'stail la. jOlll"llée 6tendlue sur 5Vù dhtln, nbll
meilInnt ! <1emi et pm:;/IllL ~ CI!\IX Qu'elle d. se.~
do rC\lo ill' j6ilTiois.
C'psL ft peine f';i elle avait le courAge (In l"I
cnmmunicolions d'Edg:1rd de I\r.radt'C, 'l\li t Hli t
I:'rdle 1171 in tnnl, rn. is n f'l.I'\' lienL j.lUH Ifbll It
li l'tlrl'udlrl' 1\ tY/\ J,r,rpct.l '.
Dans (' , cOflll.lionc;, 1,1 pnu\'rc {CllIlnlO Rll! tJ L Il
d 'app!,!LlL, ct clic nc R'lIpt,l'çut même PM 'Ille l' IIJIJ
1 1
.rma
�68
J'anctuàire
on lui q:portait d'ordinaire !:'a nour'~e
eût pilssé sans
eOt vu J'homme ep.urgé {fe ce soin.
Mats n n'6Il était pas de même d'Edgard de !{érndec,
quI avlliL toujGlH'S faim.
CrmYzI.e li avaie 'lllW\","li depuis longtemps tous les
meT.!J qui lui avaient été remis Il commença, qoond
l'heure rut i.!Tivée de voir ;renouveler ses provisions, à
dou..,91' ~
~ignes
d'impatit.nce.
,
Il sa mit à invecliwf tout haut l'Espagnol, fournis"Ir crdinaire des prisor,niers.
- Que w.lt donc t.OlfP. ml'te ? s'écria-t-il. Est-ce qu'1\
MU. aTtorait ol!oliés? EU. s'éLant levé, il marcha de long
en Jrtl'gp, Il'~nervat
au lur et à mesure que Je temps
s·écoulajol..
Il rJlj~
par se dem:mde" si on ne l'avait pas ouJJU<?
lui selll, el il frappa c\.anS le mu.r pour s'mformer si
l'a cC8lpagnc de oapti,,;hé aYllit été mieux pa;rtJagée
que 1':',
•
Rell!' . Prraméc ij ses réflexions el qui ne s'était pas
ape!'~
même qu'el!e rroanquait de quelque chose, rél'0nrtlt p:tr la même 'loi.! qu'elle n'avait vu personne.
- J.)ê6~l€nt
on ne pense pas à nous, fit Edgaro.
El. il Jftj sembln qu'il avait plus g~anŒ
fsâm encore.
JI se $rn&a.i~
d'éLmr.geg tiraillements dans l'estomac. El
Il se aii à taper &u pied fnrieusemen\ en s'éoriant.;
- II!lt·r.e qu'ils <;on~(>raip.!
il. nous laisser mourrir de
faim 1 Ali ! mais non, ~a
n'trait plue, ça n'iraii plU6
du tout 1
Ma il! !l rtfléchiL a US&ÜOt : :
- Qlle ferais-je? QUE' poul'N\.is-je ~re?
Il m'esL lmpossib'lI de m'échapper, de me f,'l'ocurer !lUoi que ce
soit..~h ! c'est gai 1 JI:' nous vois, Mlle de Lestrange et
moi, nous rangeant les poings pour leur conSEll'Ver lm
corps. ainsi que cela se fait dans les drames les plus
noirs.
Le leune détecLive amateur, qu! ét.aiL d'humeur gale,
p!aiStiDt.ilt enoore.
II ~ta4
éV1dcn~
qu'il se passait quelque chase de nou:veau, qulen ehnm.g6IDOOt allait se prou~lÙ'e
peut-être.
M.a.is !JUOi 7 Etail-ce <.ln bien 011 t'n mal que le changernonL E~
~oduiraU:
? 11 n'en 8li.vait rien, et ses souffrances augmentant, il ccmmençu il. trouver q,le la ~I
t\/l1tfiJb 118 devenaiC pas drOle du tout.
Pour .hanger le oours de 'les pen<;ées, Il d manda il
Mlle, de Lestrnnge :
q1"el~
-
.4..vœ
l'OU.5
faim?
Celle·ci répondit :
- Je 1\'y pense guèrl).
- VO'II!! êtes. pioo heureuse.
La. jCf~
se passa \.Out entière sans que l'Espagnol
eQL ,PBJ'U avec ses provisions, et Renée commença l
aoufllT 1IUs8I.
Maie EdQard devint Zout à faie sérieux quaoo 11 vi'
il! Lampe !Je prolonger sans que Joannês se fOt montré.
E' D se dB :
- SftJ'emen\ Il Y a que1qu.e cbose 1
Pour k'omper 9& faim, il av.aJ.t essayé, au cours de la
Journle, je s'absorber dans me leotUl'e Intéressfl() te.
pas empêché d'être torture par
Mals .'!}a ne l'av~
Jes aarœ de lA frlngllle.
La mtJl Tenue, Il cssnYIl de dormir,
Il R.\'n.i\ peUl' de s'évanouir.
11M3 le sommeil Ile venaJt pas. Il était hanté par
Jes
kf; pJUI'l nOires ct les plus eX!Lrovagnnoos, el
en\1 <lM!! un état tl'~"nspéraLO1
connnant il lo. roge.
S'il I,t)\ Icoo le hnf'ln Pllar, son bourreau" Il n'en
eN r"'il qlfllTlI' bo\l(,'h~e
. pensalt-il en pllll&.'1.nLnnt, ('..sr li
plnfa; ut.l.l cnoore.
El. U 1'91\t {'('/'!alnemel'L dévoré, bloo qu'II dOt ôtre fort
corialltl.
On
!fil" ln nuit. les cr.ainlr.8 que l'on peut 11'V1)!zo
prenoenl <*' proPQtin~
extraordinaires.
EtljJnN ZHl d~/tn'
plus (JU leur cnneml n'e(lt conçu
le r1 oro de l<' 1/1)8. (Or rnol.l;rir do Calm, lut ct sa rompugn .
(
ce Il 1\ ~I·'L
pit, 1'1 'hnlM, qu'II luI fOL arl'Iv~
mnlbcar !tu'll ft1! Il (} L ([ur .!onnn() sc COL enIul cloque
01
!'laI)
1.
t pf'lIsfil .1
~ux.
d'Amour
La Bllœt.ion devenait alors très gr.av.e el. Edgard sentait des rrissons t'raver:;er tout son corps.
Mourir à son âge, eL de cette r.a.oon boITlble, n'étaJ,tpe pas épouVtan1Ja.ble 1
Ab 1 cela lui av:a.il reussl de trure de la poUce en amatrur 1
TI avait des rentes. Il menait une vIe agréable et lranqu1lle. Pourquoi ne pas s'être laissé vivre tout slIruplemenL?
Quel imbécile '11 avait él'.é 1
Il venaft de passer des jOU4''s sans 'a grément, Il ne
savait pas comment sa terminerait son aventure, et il
commençait à ora.indre qu'eLle ne finit très m:a.I.
Il avait horiblemn~
sol! ; il senLait sa tète vide absolument, eH bientôt sa faiblesse produisit des ha.lluclnations •
Renée soufCira.i.t aussi. EUe souffraiti patiemment, sans
S6 lI'évoHer, sans s'Indigner, (Iant elle ébllitt h.a.bibuée
Il la souUrance.
Ayant vaulu, vers le matin, se soulever sur sa coudhe, elle était re!.omMe arussilxH dan:; UJIl an~.mel
coonplet,
AIOl'S elle ne bougea pLus.
Elle attendit.
Elle attendit ta mort.
POl1vail-elle en sa situation attendre autre chose?
Maas helEl:'UEement ln mort ne vint pas. e~ il vinl ce
que la pa'lM'e femme n'avait jamais osé espérer.
........ .......................... , .......... , ........... .
\
Un matin, vers 8 boures, M. Ba ulard , juge d'instruc-
tion, venait de se leve!'.
Il était deVSlllt son teu, en robe de chambre, n'ayan1
pas rommenCé encore li. s'habiller, quand son valet de
chambre entre-bâilla ta porte très doucement.
Le magistret se retourna et dema.ncLa :
- Qu'est--ce qu'il iY a, Adolphe> ?
- C'est quelqu'un qui désire parler à M. le juge.
- A celte hetml?
- Il d!t que c'est I;rès pressé.
- Qui est-ce? 11 a donOO son nom 1
- Non, monsieur. Cest un ouvrier maoon.
M. BnuL8/l\1 sursauta.
- Un ouvrier maçon? Mals je n'ai pas de travail à
faire raIre.
- Il est tout couvert dl} plâtre, tout boueux, et Il a
l'air fort affairé.
Le juge pensa :
- Je parle que c'est Briolel.
Et j.out hnuL :
- Fais entrer.
Adolphe dLc;parut.
Et presque aussitOt le poUcier. cor c'était bien lui,
faisalL son appoarltlon dans le cabinet du ju.ge.
U éLait, comme l'avar!t dit le domesllque, dans un bien
Irtste état, la figure blanche de plâliras, les vê\emen1B
souillés. de boue.
n dit lout de suite :
- C'est mol, moosltlur le jugê.
M. BaulllJ'(\ s'écria :
- Brlolet 1
- Oui, monsIeur le Juge. Je vous demande p.oorooo
de me pl'ésenter afIlsf, moJs ce que J'ai Il vous dire es&
très pressé et je n'aJ plL& eu le temps de me cbaoger.
D'ailleurs Il ne faut pas que Jo IJl() change, car Il ne
fOll' pas que l'on me r('c)nulis~1.
Et je vals vous dl.re
Iol,t de suite ln nouvello" je LIens mon honune 1
- Le baron 1
- OuI. Il nc pourra plus nier madntonnnL.
• Sc!! deuJC vicLimC8 am éL6 rcLrouvéœ.
-
M. do Kélmdee 1
Et Mlle de LClSwangr,. DMS quel l.<!,aL les malheureu.x 1 Ils rnow'slent de 'alm ILtér~lcmen.
Et VOU8
pourrez !IlS interroger, dit-il BU juge d'lnsLrucLion. Ils vous
en n,p!>/'cnd,'onl de belles sur le ra.meux harem 1 Ils vous
confieront tout ce q~
je vous al dit déjà e~ vous pO\.ll'2'œ
alors rlw-r son cJ()u BU misérable 1
- Je vals m'CID OCCUlpel' tout de sudte. die le maglsLrRf
Mals commenL avoz-vous pu découvrir la reLraHe 7... ,
�69
Sanctuaire d'Amour
- De'M. de Kéradoo et de Mlle de Lesm-ange ? Ce se·
..ait trop long à raconter, manslelll' le juge. Avec des
camarades que j'avais plis avec mœ, nous avonS fouillé
broué des murs, démoli des cIOlles OOUlH>ola de l'hôte~,
SOiIlB. C'est pOUt' cela que vous me voyez tolV~
couver! de
plAllras, et MUS avoru; trO\JJvé les œchettes 01) gémissaJent !.es pauvres prisonniers, ma.is quood je <lis gé-russaient, j'exagère \JŒl peu, car M. de Kéradec, bien
!Ue sa siLuaUon commençAt à devenir critique, n'avait
'iBn perdu de sa bonne btuneur ct !Jrouvnit encore moYen
de pla.!t.an&er.
- Oil som-ils ma1nte~
?
- Chez M. Georges Namn, ail Us sont en !.rain de se
remettre de lem's érnaLions.
- Quand ils auront reprdr;; possession de I€'\1T6' moyens,
'VtlIU6 me les amène.-ez ...
- Oui, monsieur le juge.
- J'ai hQle de 1100 interroger.
- Il Y a alreSl, chez M. Nazim, une jeune femme nom.
mée Sonia, une a'l1l.re victime du 00r0n. Elle P(}UM'a peutêIre dooner swr lui d'inl.éres&ants renseignements.
- Je l'interrogera.! aussI. En attendant, je vais m'oc'
cuper da1 arerldn.
Et le ma,gisU'at sonna pour doJUlet" l'ordre gu.'on lui
lImenQt le barOlIl PlIar.
Mais, au mWle instant, par la pOl'te que venait d'ouvrir
11huissiet'. un des grurdiens de la prison &e pl'éciJpiLaiU
dans le oabineL du juge en proie à un affolement corn·
pilet
ROMAN
75
Il veIll8.it apprendre au maglistrat que le baron: PUaI'
.
s'étiait empoisoolné pendant J6. nuit.
Le juge d'instruction entra. da.lllS une iwreur r.olle.
- Comment cela s'e&t-il [ait 'l On n'6 donc pas fouillé
le grooin Y
- Si, monsieur le juge.
- On n'a dOilC pas veillé SUI!' lui 7
- Le gard~en
ne s'est aperçu de rjen.
- Je vais aller voli' ya. EL s'il y a eu des tautes com·
mises ...
B!. M. BtlJulard se préci.pLba hors de &OIIl bureau, la
menace à la bouche.
Tandis que BrioJ~
murmuraUi
- C'est un déln.Ouemenl, mais c'est dommage 1 Le coquin méritait mieux que ça, et j'aU!l'ais préféré le voir,
un benu matin, sous le couteau de la guillotine. Il na
l'avait pas voLé 1
Mais Briolet n'é1Jaât pas homme à se désotler long·
t.emp&.
Il s'empressa d'aJlcr faire un peu. de toileHc pour se
rendre chez M. Nozim apprendre aux victimes (.'.1 baron
qu'elles n'avaient plus Men à craindre de leur ennemi el
que ceJ:tù-ci s'était f'l1a justice.
nenée de Lestrange lJowvaiJ! reprendre sa vie de deuil
et de solitude sans redoUter de nouvelle5 ala-tes et Son1a
vivre en paix avec Georges Nazim, qu:'elle aimait plus ,
que jamais.
Quant il Edgard de Kéradec, on pourrait lPenser qu'il 1
~tai
glIléri à tallit jlamais de la manie de raire le poU-
cier amateur, mals ce n'est pas bien
1 -:ÉDIT
par Marcel PRIOLLET
cèntfmes le 'Volume complet
. . . b . " 1.,. W.u..o,. et nocu.. 11
.a
Il.
~
1II.·D.·...Vla~
Parla.
SQl\
1't
�IOTHEOUE
LE
oC~É
1 fi'. 50
RI.:.LlE : 2 FR. 25
PROVI OIAt;rJH~NT:
VOLUfY1E ILL SiRE
CATALOGUE DE.S VOLUMES ACTUELLEMENT EN VENTE
Barbey cl' A UR EVIl.L y Les Dialloliqucs.
Peints par eux.ruëmCl.
o l?ccs ..-\Iri~alDe.
l S'l'
.
\L es Y eux verU et 1cs l'-s
one
r' \'.'TIeR
.. .. ' \I.p
~ \u COli
go.
Paul HERVIEU
...
Coi
· d B\ è
d l'A d'"
bleus.
l\laurice GAHI<CS,
Le J ar d lU e cr nlee.
de e
ca enlie françaiae. 1L'Alpe Homicide.
de l'AcaJémiil française ) 1.0 Sang, de la Volupté et
1 L~
Petit Duc.
'.n Mort. ,
• ,."" Pl1;<,,,,.rtes.
Tristan BERN AHD .... ) ~leoircs
d BD Jeune Homme Charles-Henry HlRSCH ..... Eva Tumarche et ses Amis.
L;a~eus
lf.~CNonveau
Jean 3ERTIIEROY .... 1
de Pompéi,
Jeu.
.'
.
1Le Double Amour.
Henri LAVEDAN.
Leurs SœurIi.
Louis BEIU R,\. O .... l'epeLe le bien·aUDé,
de l'Académie française. '.CS J cunes
BINET·\'ALIER ...... l.cs ~,!tLèljues.
Le Lit.
•
Paul BOL' Rû ET,
. ) Cruelle I:nigme.
Les ~farionet.
de l'Acadé!:lIe fra.uçlllse . .\.ndré Cornelis.
Jules LEMAI1.RE.
U'
•
L'AIlIour qUI l'use.
de l'Académie française.
u nlartyr uns la Fol.
)Le Pavs I\lltal.
)<\Vhruûlte.
.
.
X
L'Amour eL! uite.
L.$ Aveutures du roi PaUiole,
1 Henry BORDEAU., .. I.e Lac :'iOir..
Pierre LOUYS......... ,:,3 h,mme cl le l'antiu.
i
La ('etile ~jad.:moileJ
'Jonles CIlOS~.
La Peur de \IHC.
I.es ClJnusons de RilitiJ.
1 !:Iémir BOUr-GES ...... 1Sous la Hache.
Manrlce MAINDRON .. H!aocaûor l'A vlllltllgcUX.
.
.
ILa lecon d'A mour dans un Parc.
) L .1. vnl.
; Rene BOY LES\' E ..... Madémoiselle Cloque.
.
.\1U~nls,
Bonileor.
La fourmente.
1 Adolplle BRISSON ..••• Florise
cnus ou l~s
deux Risques.
Paul MARGUERITTE. L'Essor.
t Hchel
CORDA y ..... , I.es Lmbra~cs.
Pasca! Ge/osse.
~I"
(j~ande.
Les Dcmi.Foul.
L'EvaogéliSle.
Le CUirassier blanc.
Alphonse DAtiDET .. ,. Les Hois eu exil.
La Force des Cbo!u.
•
l.es DClIlC EtreinteS.
Octave MIRBEAU ..... L'Ab~
Jules.
teon DAUDET....... I.e Pariage de l'Enlant.
Séb~slIeu
Ho~b
•
Eugène MONTFORT ... La furque.
. 1 l'aul DEnOUU:DE ..... Chants du Soldnt.
Lucien DESC.\ VES .... ~OIl·Ji.
Lucien MUHLFELD ... L~
Camue ~'André
Tourette,
;1
.
_ _
ICrapotie.
1. Automne dUlie l·emme.
1 lienri DU\ ERl\OlS .... '. ·ounctte.
Cousine Laura.
La Lc",eode de l'Aigle.
Choncbelle.
Georges d ESPARn1:.S ~ La liuerre eu dcnt~le.
Lettres .de fem~.
Fcrdiuallù
DR!:: ..... L'Abbe Tigrane.
Le Jardm seC/cl.
L'Autre \Dlour.
~ludcmos.
Jaulre.
1
•
~ \ï~
de Ch Leau.
I.es Dcmi. Vierges.
Claude [-ERV A.L ....... ~1i
figure.
La Confc~sil
dlln Amanl.
Ciel Itouge.
L'Heurcux i\IcrJat~
1 éon FRAPI2 ......... L'Institulrice de Provioce.
Marcel PRllVOST.
:"Iounlles I.cttrcs de femlllOJ.
Cajlililiue fracusse (Ior '101.) •.'- l'AMde'lul'e (rftftça.\-. Le Mariage de Julienne.
'u' l'Ide G \UTIEU ... I.c Capllaine
T co·,
l'racasse (20 vul.). ue
I.ettres il Frnnç'"se.
IlcllCe l\1auperio.
I.e Domino Jallne.
E et J. de GO~CURl
Lierminie I.ncerleux.
Oernlères I.cllres tic Femme..
,
'œar Philomène.
1.,\ l'rinccsse d'bminl!e.
Gustave GUICHES ..... Céleste Prudhomat.
1.: Scorpiou.
I.e Cœur de ('ler~Uc,
\1. et "me I\Inl(lch.
L:I Bonne ûaleHe.
1.:\ fausse nUII;!.!coise.
..
Totote.
Pierre el Therésc.
. !~
'
l
\
r.
.!1.t
GyP......... ••••. ••••• JA'1 fêc.
Fenlmes.
MnlllilD.
1 cltres à Frunçoi:e mllr"e.
Doudou.
{Oinl/l!1 l1eS d \ Dlllur.
Ln 211cilleure Amie.
Michel : ROVINS...... COlllment clics nOlis I,ronnent.
ft ÂftRY....... l" Itl ille ChalUCtl.
'.: Pro/s~tT
d'.\ mOlli.
Les Tlan~tI30'UC.
lfr!lrl (ft RIlGNIER,
,I.~
lion j'lai ·Ir.
SUlven;!', da Vkum\e de. Cour.d4, l'Acadélllio française.ll.e .lIlnrlnilC de :111111111.
I"cre.
\ L' J.:corIllUeur.
Monsieur de Courplère marié'l,nles RE="! ARD ........ , lilstulreS Saturclles.
1.1 Carrière.
) 1.3 61u.
A cl HJ:RM.\NT....... I.e Sceptre.
1 ail
ICHEPIN.
I.e! Début. de Cés.ar lIorgl.
1•• Cn.\aller Miserey.
de l'ACI\c:limie (raaçniae. I.n Chnnson de. GueUL
•
Chrolll'luc 1111 C,ald tle Coulm . Ch. ROU!:l{"f.DUMAS. Amour :'u.rc:.
I.e CUII dellccs d'une  leu le.
La Vie l'rnee de Mlclacl Tes
Le Ch T de ,'Etat.
~douar
1 00..........
sler.
•
I.e Roches blAnche ••
, COli 11'3S, ~()ld.
r 1 nEtfvIF.U
. ~ rur!.
1Andre n E,URIET,.
L~ Mni~
dei ,Ieux narbeU;t •
... ~DI'A
cl, . 'f.' 1 I:Inconnn.
dt, l'A~em
(rançall8. Prche mortel.
...
ca cHlI' J.'l.nçn e. ! ",ntHure.
t'irrre \'FBElt ........ T' ',"cnture.
H,.nS1ll
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i.~
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f-doles (II). . . . . . . . • . . • . . . • 81
Gulliver .,. 141 ~
142
Co nte~
et Houyollas (1) • ••• . 106 Lc~
Filles du feu, Sylvie.
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Je ilmy ............... . 171
Co,ltes et Noulelles IT. Il et
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III) ............. , 123 et 124
la filain enchailtée. - Le,
2B5 et 204
Nuits d·Octobro. - Pans,
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Pailtii1, ~C!l·I:•••.•••• " • 118
Paroles d'un Cro/ant . " '"
i3;
Mon Oncle Benjamin .. Witt 192
CHARLES NODIER
LAS CA3ES
TOL8TOI
Tllereso
Aubort.
Adale.
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176 la Sonate à Kreutzer ..•. :.: •
le /:lèmOllaldo G.llOte·Hjlène
TrHby. - Lydie. . ... . .. . . . . 190 Anna larenlne ....... 160:i 1534
206 à 210
CH. PERRAULT
A. DE VIGNY
LE BAGE
11 Poèmes antiques et moderaeJ 111
9 Contes de ma lI1ere l'Oye .•..
Turcaret.. ..... . · ........ .
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Le Diable Boiteux... 101 et 102
PIROi'4
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116
LONGUS
la lilélrema01c .. .. . .. . .... 201 Stello .............. 118 et 111
Daphnis ct Chloé ......... .
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Serlltude et Grandeur millDémosthène. - Clccron .• , • 168
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