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Text
ENFANTINE
"
A.CAPENDU,
ED.lTEUF\, PAR,IS.
1
���HISTOIRE
DE
L'admirable chevalier
A.
CAP END Ut
Ë DIT EU R.
P.A RIS .
.-------- - ---- -
~ id
�I)ON Q 'U 10 HO rr rr E.
Dans un village de la Manche, en Espagne, vivait un pauvre gentil~
homme. U ne jeune nièce lui tenait compagnie, une vieille gouvernante et
un valet le servaient. Lorsque notre gentilholnnle était oisif, c'est-à-dire que
les trois quarts de la journée, il s'appliquait à la lecture de l'01nanS de
chevalerie, contes absurdes dans lesquels des chevaliers soutenaient des combats terribles contre des êtres fabuleux, des enchanteurs, et toutes sortes de
génies malfaisants. Cette continuelle lecture fatigua telletnent son cerveau
que, lui, qui était naturellement bon, généreux et juste, perdit le jugenlent.
Il lui vint dans l'esprit de ressusciter les usages de la chevalerie errante,
tels qu'ils étaient décrits dans ses livres, et d'aller à cheval parcourir le
lllonde, en cherchant des injustices à réparer, des méchants à punir, des
dames à protéger ou à venger.
orphelins, d~s
Il fut donc prendre dans un grenier de vieil!es arUlures rouillées; illes
nettoya, les rajusta de son mieux pour les mettre à la mesure de sa longue
et maigre personne. Puis, avec du carton et de petites bandes de fer, il
parvint à se fabriquer quelque chose qui ressemblait à un casque. Après
cela, il alla voir à l'écurie; son vieux cheval poussif lui sembla beau et
vigoureux. Il rêva pendant quatre jours au nom qu'il lui donnerait. Il
se décida pour celui de Rossinante. Il fut si content d'avoir trouvé ce
nom noble et sonore qu'il résolut d'en chercher un pour lui-mênle, et, se
rappelant que, dans ses romans, les chevaliers ajoutaient à leur nom celui de
leur pays, il voulut s'appeler: don Quichotte de la Manche.
Mais le principal lui manquait encore: c'était une da'1ne de ses pensées.
Il s'en choisit une qu'il ne connaissait pas. Elle s'appelait Aldonza I~orenz,
il changea ce nom en celui de Dulcineé du Coboso, qui était le village où f
elle habitait.
�����..
��MALICE D'UN ENCHANTEUR.
3
Notre héros, ainsi pourvu, ne voulut pas différer un seul jour cc qu'il
avait résolu. Au point du jour, quand sa nièce et sa gouvernante dora
maient encore, il lllonte tout armé sur Rossinante, sort par une porte de
derrière, et se voit enfin dans la campag.ne, enchanté que son entreprise
commençât si bien.
Il lui vint pourtant une réflexion désolante: il n'était pas armé chevalier
selon les lois sacrées de cet ordre illustre; mais il se promit de se faire recevoir
par le premier qu'il rencontrerait, ainsi que cela était arrivé dans les romans.
Vers le soir, son cheval et lui, mourant de faim, don Quichotte s'arrêta
dans une hôtellerie. Aussitôt après souper, se jetant aux genoux de l'aubergiste, il lui dit: «Seigneur Chatelain, j'ose supplier votre courtoisie de
me conférer deInain l'ordre de la chevalerie.» L'hôtellier, voyant qu'il
a vait affaire à un insensé, voulut s'en amuser et imiter d'une façon burlesque toutes les cérémonies usitées autrefois en pareil cas.
Don Quichotte se remit en route, en tressaillant d'aise sur son cheval.
Il pensa alors qu'il était urgent, qu'il eût un écuyer. Il reprit le chetnin
de son village; et fit si bien, qu'il décida un laboureur du voisinage, nonlmé
Sancho Pança, à quitter son champ et sa famille, pour courir les aventures
avec lui, lui promettant de le faire gouverneur d'une île qu'il ne pouvait
manquer de conquérir . ..L
Donc, monté sur son âne, entre son bissac et sa gourde, le gros Sancho
voyageait depuis quelques heures avee son maître, lorsque celui-ci, arrêtant
Rossinante, dit à son nouvel écuyer: Ami, vois-tu, là-bas ces géants terriMais, chevalier, reprit Sancho, prenez
bles? Je vais les attaquer! garde: ce sont des moulins à vent. «L'impétueux chevalier, sans l'écouter,
éperonne son cheval, s'élance, et brandit sa lance sur l'aile du premier
moulin, qui, en· tournant, l'enlève, lui et Rossinante, les jettant bieIl loin,
l'un sur l'autre, fort endommagés. Sancho accourut vers lui: «Ah! dit
le chevalier, en se relevant à grand' peine, c'est l'enchanteur Freston, jaloux
pas t;~.o:>,lp-re
que j'allaîs · ~ , cquéri
qui a chang~
les géants en moulins!»
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SANGLANT COJ\llBAT.
L'absence prolongée de don Quichotte avait répandu le trouble dans sa
maison. Sa nièce et ses amis, lnaître Nicolas, le barbier, et l'étudiant Pérez,
imaginèrent un moyen, qui devait réussir; conduire où l'on voudrait le
pauvre chevalier. C'était d'habiller ces messieurs en demoiselles errantes;
dont l'une se jetterait aux pieds de notre héros, le suppliant de lui accorder un don. La gouvernante les ayant affublés d'une jupe et d'une coiffe
voilée, maître Nicolas et l'étudiant Pérez prirent la route de la forêt, où,
de loin, ils aperçurent don Quichotte, debout, et songeant. La fausse
demoiselle descendit de son palefroi, et, se prosternant devant le héros de
la Manche, elle lui dit, refusant de se relever. «Valeureux chevalier, je
suis la princesse Micomicona, je ne quitterai point cette situation avant que
votre courtoisie ait daigné m'accorder un don. - Eh, bien, madame, je
vous l'octroie. -- A pprenez donc, chevalier magnanime, reprit elle, ce que
j'attends de votre valeur: Je demande que, dès ce moment, vous m'accompagniez partout où je voudrai vous conduire, et que vous n'entrepreniez
aucune aventure avant de m'avoir vengée d'un traître, qui a usurpé mon
royaume. - Princesse Frépon dit don Quichotte, soyez sûre que ce bras,
si terrible aux méchants, vous aura dans peu rétablie sur le trône de vos
aïeux.» Et l'aidant à se relever, le chevalier demanda à son écuyer ses
armes et Rossinante. Et tous, s'étant mis en route, ils arrivèrent, vers le
soir, dans une hôtellerie, pour y passer la nuit.
Don Quichotte, exténué de fatigue, alla se mettre au lit.
A peine était-on à table pour souper, que l'on entendit la voix du chevalier qui criait dans sa chambre: «Arrête, infâme voleur! Ah ! Je te
tiens enfin! Et en disant ces mots, il frappait de son épée sur les murailles. - Oh! dit Sancho, en redescendant, le coquin est mort actuellement;
j'ai vu couler son sang comme une ri vière rouge; et rouler sa tête qui est
grosse comme une outre. - Bon! S'écrie l'aubergiste, je gage que cet
insensé a percé de coups d'épée les outres de vin que j'avais mises dans
mon grenier!
Don Quichotte, réveillé, tomba aux pieds du barbier - Madame, dit-il,
Votre Altesse n'a plus rien à redouter; votre persécuteur n'est plus. »
Chacun alors se retira, et Sancho s'arrangea le mieux qu'il put sur le
bât de son âne.
�PRODIGIEUSE BATAILLE.
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Don Quichotte, ramené chez lui, fut accueilli par sa nièce et par ses
voisins, avec beaucoup de tendresse. Il parut d'abord si tranquille, qu'on
le crut revenu à la raison; maîs, une belle nuit, le maître et l'écuyer, sans
prendre congé de personne, partirent et marchèrent si diligemlnent que,
lorsque le jour parut, ils ne pouvaient craindre d'être rattrapés.
Le premier exploit de notre chevalier fut l'attaque furieuse de deux troupeaux de moutons qu'il prenait pour des arn1ées innombrables de Maures,
d'Ethiopiens, etc. Les bergers, poussant de grand cris s'armèrent de leurs
frondes et lancèrent sur don Quichotte une grêle de pierres, dont une fort
grosse atteignit notre héros au côté, et la douleur du coup le fit tomber de
cheval. - Ami Sancho, s'écriait-il, monte sur ton âne et suis-les:' tu verras que, à quelques pas d'ici, ce que tu dis être des moutons sera changé
en des escadrons de chevaliers païens. -- Il est plus pressant répliqua Sancho, de songer à vous panser, car votre bouche est pleine de sang. J'ai
heureusement de la charpie et de l'onguent dans mon bissac. - Que nous
nous passerions bien de tout cela, dit son maître si je m'étais souvenu de
préparer une fiole de baume de Fier-à-Bras! J'en ai la recette en ma
mémoire; q,u and j'aurai confectionné ce mélange, s'il arrive que dans un
combat, tu me voies coupé par le milieu du corps, tu n'auras qu'à ramasser
de ce baume, et tu Ille verras aussi sain qu'auparavant. J'en vais faire
sur l'heure. Apporte-moi seulement de l'huile, du sel et du romarin. Don
Quichotte fit bouillir ces ingrédiens puis il prononça sur cette liqueur des
paroles qui devaient en assurer le bon effet.
Notre héros fit encore plusieurs rencontres extraordinaires, qui ne furent
pas couronnées de succès, mais ses défaites ne faisaient qu'exciter son ardeur.
Dans l'un de ses derniers combats, son casque de carton avait été brisé.
t
«Il faut, dit-il à Sancho, que j'enlève à quelque chevalier, un armet aussi de
i~J.
bon que l'était celui-ci. - Dieu veuille, répondit l'écuyer, que le temps
arrive de gagner aussi cette île que vous lll'avez promise. » Ne t'en mets
pas en peine, reprit son maître, cela se trouvera en son temps.
�--JUSTICE! AU NOM DU ROI!
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A quelque temps de là, ils virent venir de loin un cavalier qui portait
sur la tête quelque chose de luisant comme si c'eût été de l'or. «Ami
Sancho, dit don Quichotte plein de joie, selon toutes les apparences, ce
guerrier, monté sur un cheval gris pommelé, porte le casque enchanté de
Mambrin que j'ai juré de conquérir.»
Ce guerrier n'était qu'un barbier qui, revenant de raser quelqu'nn aux
environs, avait mis sur son chapeau, pour le préserver de la pluie, le bassin de cuivre jaune, dans lequel il savonnait le menton de ses pratiques.
Quand il approcha, notre héros sans explication, fondit sur lui, la lance
basse, prête à le percer. Le barbier, voyant arriver ce fantônle, se jeta en
bas de sa monture et s'enfuit, laissant à terre le bassin de cuivre. Don
Quichotte le ramassa, l'essaya sans pouvoir l'affermir sur son front. «Chevalier, dit Sancho, cet armet ressemble singulièrement à un plat à barbe,
comme le cheval gris pommelé me parait bien être brun. Je troquerais
Les lois de la chevalerie, répondit
volontiers le mien pour celui-là. son maître, ne permettent pas au vainqueur de priver le vaincu de son
Du moins, reprit l'écuyer, ne puis-je troquer le bât? Don Quicheval.
chotte ne trouvant point dans sa mémoire sur le cas du bât, Sancho put
ajuster les harnais de l'âne du barbier sur le sien. _
Mais il arriva qu'en une hôtellerie deux hommes voulant partir "sans
payer leur dépense, l'aubergiste les somma si brutalement de solder son
compte, que ces gens lui répondirent par des coups de poings. Or, les
archers arrivèrent pour mettre le holà; et le diable fit que parmi les
curîeux que le bruit attirait, se trouva le barbier, qui reconnut le bât de
son âne sur l'âne de Sancho. - Ah! larrons, criait-il, rendez-moi Illon
bassin et mon bât!» J"ustice! au nom du roi! Notre héros, indigné, ne
~anqu
point une si belle occasion de pérorer le chef des archers, " qui en
l'entendant, se ressouvint d'un ordre qu'il portait, d'arrêter un certain fou
nommé Don Quichotte; il déplia son parchemin, et, en comparant les "traits
du visage du chevalier avec la description de sa personne, inscrite sur
l'ordre, il reconnût qu'il ne se trompait point et saisit par le collet not~e
gentilhomme.
")
�REINE DE BEAUTÉ.
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Une foule considérable s'était amassée. Parmi elle se trouvaient les amis de
don Quichotte qui nous sont déjà connus: maître Nicolas et l'étudiant Pérez.
Ils représentèrent au chef des archers que l'on ne guérissait point un fou
dans une prison; et par leurs raisonnements, ils obtinrent la liberté de
l'innocent chevalier. Cependant ils cherchaient ensemble un moyen de faire
retourner don Quichotte en sa maison. Sous le prétexte de reconduire dans
son royaume la princesse Micomicona, ils firent construire une espèce de
cage assez spacieuse pour qu'un homme s'y pût tenir à l'aise. Puis, s'étant
déguisés et masqués, ils s'approchèrent doucement de notre héros endormi,
et attachèrent ses jambes et ses bras. En s'éveillant, il ne manqua pas d'attribuer aux enchanteurs l'impossibilité où il se trouvait de remuer. 0 chevalier de la triste Figure! (nom qu'avait pris don Quichotte) dit d'une voix que
grossisait Nicolas, ne t'étonne point de ta captivité, car il faut qu'il en soit
ainsi, afin que l'entreprise où l'on a engagé ton courage en soit plustôt achevée.
Alors ceux qui lui semblaient être des fantômes, mirent la cage sur une charrette qu'un attelage de bœufs traîna jusqu'au logis du pauvre gentilhomme.
Sa mère et sa gouvernante le couchèrent dans son lit, en gémissant de levoir plus nlaigre et exténué que jamais. »Que Satan et Barabbas, d1 ~ ai '
servante, puisscnî empoTcè:r ·-teus ~es
maudits romans qui ont ainsi gâtb
lneilleure cervelle de toute la Manche! - Ah! je le jure, dit maître Nicolas,
"' ~ Ql'".iÎ.
la journée de demain ne se passera point qu'on ne brûle tous 1
ont perdu le meilleur de mes amis.»
Sancho qui ne pouvait se résoudre à renoncer au gouvernen
ét.ait promis, vint secrètement ranîmer l'ardeur chevaleresque de
et notre héros parvint à s'échapper une troisième fois. - Ami
fidèle écuyer, jai résolu de m'arrêter au Coboso pour voir la b~ t
lui demander sa bénédiction et reprendre à ses genoux une fort
hâte-toi de me conduire à son palais. Sancho était fort embarr3
moment, il vit venir vers eux trois paysannes, sur des ânes. »Ré5
dit-il, mon cher maître, voici que madame Dulcinée vient e ;"11.
voir, accompagnée de ses demoiselles d'honneur - Dieu tO llt
P
p,
�HEI NE DE BEA UTÉ .
8
la
r épon d don Quichotte, pren ds gard e d'abuser mon cœu r par une
fausse espéra nce - Vous allez la voir, repr end Sancho. Ah! qu'elle est
belle? et que
son habi t est riche!
Le pauv re chevalier, rega rdan t le chemin, se retou rne vers Sanc
ho. »Ami,
dit-il, d'un air inqu iet, je ne vois encore que trois paysannes sur
des ânes. -- Ah! pour le coup, repr end l'écuyer, vous êtes malade. Allons,
venez faire
la révé renc e à la princesse.
' Â "" ees mots, Sancho met pied à terre , il s'ava
nce vers une des paysannes,
retie nt son âne, tombe à genoux et lui dit: «0 reine de beauté,
je supplie
Votre Gran deur de voul oir bien recevoir le chevalier de la triste
Figu re,
que vous voyez-là, tout pétri fié par votr e magnifique présenee."
Don Quichot~
s'était aussi mis à genoux; Il se frott ait les yeux, tout surp ris
de
ne voir qu'u ne grosse villageoise cour te -et rougeaude. Les trois
paysannes,
tout at1.ssi étonnées, se rega rdaie nt sans rien dire. Otez-vous de
là, dit enfin
celle que Sancho reten ait; »Nous n'avons pas le temps d'éco
uter vos
bêtises - ah! Princesse, répo nd l'écuyer, n'êtes-vous pas touchée
de voir à
vos \ genoux la colonne des chevaliers erran ts? - V eux-tu finir
, repr end la
cp~e,
ou faut-il que je t'app renn e que je sais étril ler les ânes? »
J,ncho, dit alors don Quic hotte , lève-toi, mon fils, lève-toi: je vois
trop
i\ISqu'à qu~l
excès va .la -fure hr - d~ ~es
ennemis. 0 vous, uniq ue s~uverain
]/j JY' r 1.r, vous Innocente vIctime des ench ante urs cruels, daIgnez, au
rer d'un rega rd votr e esclave qui brûle pour vous d'un e affec
-~
Je t'en souh aite! répli que Dulcinée, allons, hue! laisse nous
j frapp e alors des talon s les flanc
s de son âne, qui pren d le galop,
19nes la suiv ent du même train .
Sancho, dit alors l'info rtuné chevalier, mes perfides ennemis
a barb arie jusqu'à trans form er ma Dulc inée en une laide villamoi, sans l'hor rible hain e de mes pers écut eurs , elle serai t en-lent de l'univers.
,.
�BONNE ItENCONTI{E.
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Nos voyageurs firent enfin une meilleure rencontre. Ce fut celle d'une
troupe de chasseurs. Au milieu d'eux était une jeune dame d'une figure
agréable et douce, en superbe habit d'amazone et lTIontée sur une mule
richement harnachée. «Mon fils Sancho, dit notre chevalier, cours auprè~
de cette dame, et dis lui que le chevalier de la Triste Figure, qui met à
ses pieds l'hommage de son respect, lui demande la permission de se présenter devant Son Altesse pour lui offrir ses services. Sancho part au trot
de son âne, en descend, s'approche de l'amazone, se met à genoux, et lui
tient ce discours: «Madame qui êtes si belle, je 'm'appelle Sancho Pança,
écuyer de Seigneur don Quichotte, que vous voyez arrêté là-bas. Mon maître
m'envoie vous dire qu'il serait charmé de baiser les pieds de votre beauté
et de se consacrer au service de Votre Altesse. - Sire écuyer, répondit la
dame, ret( urnez dire à votre maître, que le duc, mon mari, et DIOi seront
charmés de le recevoir dans notre maison, peu éloignée d'ici.»
Sancho, surpris, enchanté d'entendre le nom du duc, ne songeait pas à se
releyer, et ne se lassait point de considérer cette dame si polie pour les
écuyers. La duchesse, en lui tendant la main, lui demanda si son maître
n'était pas ·ce fameux don Quichotte de la Manche, chevalier de Dulc;. née
du Toboso, dont on lui avait raconté l'histoire. C'est lui-même, répon~:t
Sancho; et l'écuyer que vous devez avoir YU dans l'histoire, c'est moi,
madame la duchesse. - J'en suis ravie, répondit la dame: · cela ajoute au
désir que j'ai de vous recevoir, avec votre illustre maître.»
Notre écuyer s'inclina et alla rendre compte à don Quichotte de l'agréable réponse qu'il avait reçue. Notre héros, en écoutant Sancho, se redresse
sur sa selle, raccourcit les rênes pour donner un peu de grâce à llossinante, et s'avance la tête haute. La duchesse, en ('et instant, avait fait
appeler son mari, et l'avait prévenu de l'ambassade et comme ils avaient
lu tous deux la première partie de cette histoire, ils se firent un véritable
plaisir de connaître le héros de la Manche, et de le traiter en chevalier
errant. Don Quichotte, arrivant alors, venait de se mettre à genoux
devant la duchesse; le duc le retint et après quelques compliments de part
et d'autres, il dit: prenons le chemin du château, si l'illustre chevalier de
Triste Figure veut nous faire l'honneur• d'y venir. Sans doute, d~41
f anChO, d'un air capable, il le veut bien, et moi aussi.»
�10
BELLE RÉCEPTION.
Lorsque l'on approcha du château, le duc alla lui-même en avant donner les ordres pour la ré('eption qu'il voulait faire à don Quichotte. Dès
que le chevalier arriva, deux écuyers vinrent l'aider à descendre de cheval;
quatre belles demoiselles lui présentèrent un superbe manteau d'écarlate
qu'elles agraffèrent sur ses épaules. Tous les habitants de la maison se
réunissaient pour voir le héros. J ettant sur lui des parfums, ils criaient:
heureux! heureux le jour où nous recevons ici la fleur de la chevalerie!»
Enchanté de tant d'honneurs, don Quichotte s'avançait gravement, donnant la main à la duchesse, et remerciant en lui-même le ('iel de ('e qu'une
fois dans sa vie il se voyait traité de la mênle manière qu'il avait vu,
dans ses livres, traiter les anciens chevaliers errants.
Le diner était aussi succulent que richement servi. La conversation fut
•
~\-animée,
Sancho s'y mêlait sans aucune timidité. - Madame, dit alors
Quichotte, vos bontés ont tourné la tête à ce pauvre homme: ordon.aJcz~lui
de se retirer. - Je lui ordonne, au contraire, de ne pas me quitter
un moment; plus je le vois, plus je le trouve aimable. - J\{adame, répliql ' -l t ~'Sancho,
je ne désire l'être qu'à côté de Votre Grandeur.»
_/ y a-t-il longtemps, demanda la duchesse, que le chevalier de la Manche
11'a eu de nouvelles de nladame Dulcinée? Lui a-t-il envoyé depuis peu
quelques guerriers. quelques géants vaincus? - Madame, répondit le héros,
l'OUS rouvrez une plaie profonde: comment ces vaincus pourraient-ils recontout-à-coup devenue
llaître Dulcinée? Elle est enchantée, madame, elle ~st
laide paysanne. - N on pas aux yeux de tout le monde, interrompit
\ ~ne
t [ancho; car je l'ai vue fort belle surtout très-leste. Je vous réponds,
madanJ.e, qu'elle vous saute une bourrique plus légèremoot qu'un chat
sur une table. - N'est-ce pas vous, demanda un convive au joyeux écuyer,
qui vous appelez ' SanchoPança! à qui votre maître a promis le gouvernement d'une île? - Oui, monsieur, répondit Sancho, et j'espère, que, avec
l'aide de Dieu, ni lui, ni moi ne manquerons d'empires et d'îles à gouverner.»
La duchesse ne cessait de l'ire de tout son cœur, et trouvait Sancho plus
~ivertsan
et plus aimable que . son maître.
j
L
/.
�L'ENCHANTEUR MERLIN.
Il
Le dîner étant achevé, don Quichotte, demeuré seul avec ses aimables
hôtes, parla de Dulcinée, selon sa folie, et de beaucoup d'autres choses,
avec esprit et raison. Après cet entretien, il se retira pour se reposer. Le
duc et la duchesse se concertèrent alors pour lui préparer une belle et grande
aventure parfaitement dans le goût de l'ancienne chevalerie.
Le lendemain ils donnèrent à don Quichotte le divertissement d'une chasse
qui se prolongea jusqu'au soir. Comme on retournait au chateau, on entend
dans le lointain une étrange musique guerrière; puis le bruit des fifres et des
clairons maures se rapproche, le duc parait inquiet, la duchesse effrayée; puis
aux quatre coins de la forêt éclate un grand fracas, semblable à <,elui de
quatre armées à la fois.
Enfin on voit arriver un char, traîné par quatre bœufs couverts de
housses noires. Au milieu du char se tient assis, immobile, un personnage
vêtu de noir et la tête voilée de crêpe. Tout-à-coup, le voile tombe, et un
vieillard pâle se lève, pareil à un spectre. - Reconnais-moi, dit-il, je suis
l'enchanteur Merlin, l'ami des héros. Le cruel Malembrun a métamorphosé
la princesse Dulcinée en une laide paysanne. Il lui rendra sa première form(~
lorsqu'un chevalier osera le combattre. Malembrun lui enverra le merveilleux
cheval de bois l'invincible, qui se dirige par une cheville plantée au milieu
du front, et plus rapide que la pensée, vole au-dessus des nuages. - Qu'il
vienne, s'écria don Quichotte, me voilà!
Aussitôt arrivèrent quatre démons portant sur leurs épaules le cheval '
merveilleux. Que celui, dit l'un deux, qui est assez hardi pour combattre .
Malembrun n'emploie d'autre arme que son . épée, et que son écuyer monte
en croupe. Il est indispensable qu'ils aient tous deux les yeux bandés, jusqu'à ce que les hennissements du cheval les avertissent qu'ils sont à la fin
du voyage.
Don Quichotte s'élance sur le nouveau coursier; il ordonne à Sancho de
le suivre. Non, s'il vous plaît, répond celui-ci; je ne suis pas sorcier pour
voler ainsi sur un bâton.»
Cependant il cêde aux encouragements de la duchesse. Il serre son maître
de toutes ses forces. Je ne comprends pas ce qui te fait peur, lui dit ce
dernier. Nous avons déjà fait plus de mille lieues, etil semble que nous n'ayons
pas changé de place. ._- C'est vrai, répondit Sancho, mais je sens un vent
terrible qui me souffle au visage. - Sans doute, répliqua don Quichotte,
nous sommes dans la région où se forment les nuages et la grêle. Nous
�12
VOYAGE AÉRIEN.
serons bientôt dans la région du feu, d'où nous viennent les toner~,
à l'instant les soufflets qu'on dirigeait sur leurs visages furent renlplacés par
des étouppes enflammées. - Courage! Sancho, disait son maître, nous allons
~,ientô
fondre sur notre ennemi, comme l'épervier sur sa proie.»
l.orsque le duc et la duchesse se furent assez amusés de cette scène, ils
. ~ndiret
sur le gazon, COlnme plongés dans un profond sommeil. Alors,
ne violente secousse, on fit tomber nos héros de leur monture, et,
~usitô,
on mit le feu à la queue du cheval, dont le corps était relnpli de
pièces d'artifies, et l'animal sauta en l'air, au milieu des fusées.
Don Quichotte et Sancho ôtèrent leurs bandeaux tout surpris de se
retrouver dans le même lieu. Ils distinguèrent bientôt une lance à laquelle
était attaché un parchemin sur lequel on lisait: L'invincible chevalier de
la Manche a terminé l'aventure de la princesse de Toboso. Elle sera rendue
à son libérateur quand l'écuyer Sancho se sera adlninistré sur l'échine
trois mille trois cents coups de fouet.
Oui-da! rien que cela! s'écria Sancho. Je ne vois pas ce que ma peau
a de COInmun avec les afHtires de MeSSIeurs les enchanteurs. - Sancho,
mon ami Sancho, dit la duchesse, vo~re
cœur ne vous dit-il donc rien pour
votre bon maître? - Pardonnezœmoi, Madame, il me dit que les coups de
fouet ne sont pas agréables, et que décidément je n'en veux point. - Ala
Ions, mon ami, continua-t-elle, un oui ne vous coûtera pas beaucoup et nous
rendra tous heureux - Je ne veux pa~
vous refuser, madame; je consens
à ce que le Inonde jouisse encore des attraits de madame Dulcinée, mais
c'est à condition que je ne serai pas obligé de me fouetter jusqu'au sang,
et que, si quelque coup porte en l'air, il entrera tout de même dans le
compte. Notre chevalier, transporté de joie, courut se jeter au cou de son
fidèle écuyer. Tout le lnonde le félicita, et l'on regagna le château.
1
�CHEVALIER DES LIONS.
13
Don Quichotte se reprochait de perdre dans les loisirs un temps qu'il de
vait employer à étendre sa renolnmée. Il prit donc congé du duc et de la
duchesse .. Lorsque cou vert de ses armes et filonté sur Rossinante, il parut
dans la cour du château, avec son écuyer près de lui sur son âne; tous les
habitants étaient aux balcons et saluaient les deux.
Don Quichotte et Sancho causaient en cheminant, selon leur habitude - ..
Où je ne me connais pas en aventures, dit le chevalier, où j'en découvre
une qu'il ne serait bon d'entreprendre que bien armé. »
Un charriot arrivait. Notre héros se campa au devant, et cria au conducteur: Qu'est-ce que ce charriot, ces banderolles? qu'y a-t-il là dedans? ~
Monsieur, répondit l'homme, il y a, dans deux cages, deux lions, que le gouverneur d'Oran envoie au roi, notre maître. Ils ont grand' faim; d'aujourd'hui ils n'ont mangé. Aussi, monsieur, . laissez-nous continuer notre route.
»Don Quichotte, souriant un peu, répondit: »Bonhomme, ouvrez les cages
et faites moi sortir les lions, que je fasse connaître dans cette canlpagne
quel chevalier c'est, que don Quichotte de la Manche.
Pendant que le gouverneur s'occupait lentement à ouvrir une des cages,
le héros mit l'épée à la main, se recommandant à Dieu et à madanle
Dulcinée. Le lion parut. Il cOIIlmença à s'étendre, en allongeant les pattes
et desserant ses griffes; puis il ouvrit la gueule et bailla à son aise; avança
ensuite la tête toute entière hors de la cage, et, avec des yeux ardents il jeta,
fièrement la vue de côté et d'autres. Don Quichotte l'attendait, très-pressé,
d'en venir aux prises. Mais l'animal, plus sage que le héros, et le méprisant
peut-être, se recoucha doucement, et lui tourna le dos. - Eh bien, ami
Sancho, dit don Quichotte, tu le vois; les enchanteurs, avec tout leur pouvoir, ne sauraient diminuer mon courage!» Si par hazard, dit-il augouverneur, le roi vous demandait qui a fait cette glorieuse action, dites-lui
que c'est le chevalier des Lions, car, désormais je veux porter ce nom, au
lieu de ce ~ ui de la Triste Figure.
~-FEI!"
-.~tqIl
c'était bien celui qui co'
~it le mieux au deuil de son cœur
;v'~·
m
1
�CHEVALIER DES LIONS.
nar Sancho ne s'acquittait qu'avec lenteur de la délivrance de Madame Dulcinée. En parcourant une gorge solitaire, ils s'arrêtèrent au pied d'une
roche haute et nue, refuge d'innombrables oiseaux de proie. «Voilà, s'écria
notre chevalier, le lieu où je veux demeurer ' pour pleurer l'odieux esclavage
de ma reine de beauté. -E t sans retard il se mit à graver sur l'écorce des
arbres ces vers que lui inspirait sa douleur:
Oiseaux, ne vous lassez pas d'écouter:
Je suis venu ici tout exprès pour chanter
De mes horribles maux la triste destinée.
Vous aurez, en revanche, abondamment de l'eau,
Car don Quichotte, ici, Vë:L pleurer comme un veau
De l'absence de Dulcinée
Du Toboso.
,
Ayant ainsi exhalé ses regrets, don Quichotte prit la route de Barcelone,
le long de la mer. Il vit soudain paraître sur la plage un chevalier -armé
de pied en cap, cachant son visage sous la visière de son casque. Une
lune éblouissante était peinte sur son casque. Cet inconnu s'arrête devant
notre héros, et, d'une voix haute et fière, il le défie ainsi: «Illustre guerrier, tu vois le chevalier de la Blanche-Lune. Je viens te forcer de convenir que la dame de mes pensées est plus belle que ta fameuse Dulc~née.
-- Chevalier, répondit don Quichotte, ta folle erreur me fait pitié. Prépare ta lance et défends-toi.
L'inconnu, plus grand, plus fort que notre chevalier, arrive comme la
foudre, et jette son adversaire et Rossinante bien loin, sur le sable. Aussitôt lui présentant la pointe de son épée il dit au vaincu: «Vous êtes mort,
si vous ne faites l'aveu que je vous ai demandé.» Don Quichotte, presque
évanoui, rassemble toutes ses forces et répondit: - «La faiblesse du chevalier de Dulcinée ne détruit pas ses perfections.
�DÉSENCHANTEMENT.
15
Hâte-toi de m'ôter la vie; la mort est un bienfait pour qui a perdu
l'honneur. A DIeu ne plaise que je tranche les jours du plus fidèle et
plus brave chevalier, reprit celui de la Blanche-Lune. La seule chose que
j'exige c'est que le grand don Quichotte s'engage à cesser .de combattre
pendant une année, et se retire dès à présent dans sa maison. - «Je le
jure, répondit le vaincu, puisqu'il n'y a rien dans ce serment de contraire à
l'honneur de Dulcinée. »
Le vainqueur n'était autre qu'un ami de la famille de don Quichotte. Il
avait employé ce ' moyen pour containdre le pauvre insensé à renoncer à
.
sa ' manIe.
Affligé et moulu, celui-ci était tristement dans son lit, où Sancho tâchait
de le consoler; il y demeura six jours. Au bout de ce tenlps, il voulut
partir. Ils arrivèrent tous deux, la nuit, dans une forêt. - «Mon cher enfant,
dit don Quichotte, je veux te rappeler une chose qu'il faut absolument terminer avant de rentrer dans notre village. As-tu donc oublié ta promesse
de désenchanter Dulcinée! Tu n'as qu'à règler toi-nlême le prix de chaque
coup de fouet et t'en payerai d'avance sur notre bourse. -' Oh! si c'est
ainsi, dit l'écuyer, je vais vous donner satisfaction, et m'étriller comme il
faut. Oh Sancho de mon cœur! Quand con1lI!ences-tu, mon fils? Cette nuit,
Dlonsieur, et tout à l'heure.
Sancho s'éloigne et l'on entend le bruit des coups, mais au lieu qu'ils
tombent sur ses épaules, le fripon ne frappe que le tronc des arbres qui
l'environnent. - Tu te martyrises, mon enfant, lui criait don Quichotte
-, non, répondit l'écuyer, je suis entrain je veux finir. » Enfin, il pousse
un grand cri, et se laisse tomber sur la terre. Son maître, effrayé, court
à lui, et l'enveloppe avec sollicitude de son propre manteau, notre héros,
transporté de joie attendait l'aurore avec impatience, ne doutant point
qu'elle ne lui fit voir Dulcinée dans sa gloire et sa naturelle beauté; mais
le jour parut sans elle. Don Quichotte soupirait douloureusement.
�16
SAGESSE.
Ils arrivèrent à leur demeure. La nièce, la gouvernante, les amis vinrent au devant du chevalier avec des transports de joie, mais rien ne put
éclaircir la sombre tristesse qui se lisait sur son visage et sa mélancolie
augmenta le soir et le lendemain.
Quelques jours se passèrent ainsi: le sileneieux don Quichotte semblait
ne prendre attention à rien; l'appétit, le sommeil l'avaient abandonné. Sans
se plaindre, sans marquer d'humeur, il méditait sans cesse, et cachait avec
soins les pleurs qui, souvent, bordaient ses paupières. Seul Sancho,
lorsqu'il venait le voir, lui causait encore un léger sourire, mais c'était son
unique réponse aux plaisanteries de son écuyer.
Le mal fit bientôt des progrès. Don Quichotte sentait son état. «Mes
chères filles, dit-il à sa servante et à sa nièce, qui l)leuraient, rendez grâce
au Dieu tout-puissant qui vient de m'accorder al\jourd:hui le plus signalé
des bienfaits: ce bien si cher, c'est la raison. Je l'avais perdue, ma nièce
en elnployant mes trop longs loisirs à des lectures insensées. Mon pauvre
Sancho, oublions nos vieilles erreurs, sans oublier notre vieille amitié. Ce
n'est plus don Quichotte qui vous parle: c'est Alonzo Tuixano, que l'on
surnommait autrefois le Bon.»
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An unambiguous reference to the resource within a given context
BCU_Bastaire_Histoire_de_l'admirable_chevalier_Don_Quichotte
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A name given to the resource
Histoire de l'admirable chevalier Don Quichotte de la Manche
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Cervantes Saavedra, Miguel de (1547-1616)
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Capendu
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1883
Source
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Centre de documentation de la Maison des Sciences de l’Homme (Clermont-Ferrand) C20535
Format
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16 p.
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