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JEANNE
LEROY
I-listoire
d 'un
honnête garçon
illustration par Émile BOGAERT
\JEU\I i: ME
1'; 111'1'101<
Colin
J '[ll'is,
;-), J'U<' dl'
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���t: . f
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Histoire
d ' lIl l
110llllête garçoll
�BIBLIO THÈ QU E DU PETIT FRANÇAIS
Volumes in-lB j ésus, urochés : 2 fr. ; reliés toile, tranches dorées:
3 rr
Hichemcn t illustr6s.
L 'Ami Benoit.
L'Appre ntie du Capitain e.
Les Aventur es de Rémy.
La Bête nu bols dormant .
Au Clair de la Lune.
Corsaire s et Flibustie rs (Chevaliers elTallls).
Le Capitain e Henriot (C heva -
liers erranls).
Chez Mademo iselle Hortense .
Chryséls au Désert.
LesColè resduBo ulllnntA chille.
Le Droit Chemin.
L'Emera ude des Inoas.
En haut du BelIrol.
L 'Exil d 'Henriet te.
Lo Famille Fenouill ard.
Rita (Les ' ,',U,'s da ClOII'1l),
Tonto Dorothé o t Lcs Filles d"
Clown),
Les Fredaine s de Mltalze ,
Frôres de lait,
Doux Enrants de Londres .
Hlstelre d'un HonnOte Garçon.
HistoIre d'uu Vaurien ,
Historie ttes pour 1'101'1'0 ct
Paul.
Le Hochet d'or,
L 'Id6e fixe du Savant Cosinus.
Jacques la Chanoe ot Jean ln
GuJgno,
Jamais contonts l
JournOo s do doux potlts Patl slons; Jacquo8 et Jullotte.
Jours d'opreuv ee.
Korblnlo u le trÔa madrô.
Les Lunettes bleues.
Les Malices de Plick et Plock.
Les Mathuri ns du " Bayard •.
M émoires d ' un Eléphan t blano.
Les Mémoire s de Primevè re,
Mon Ami RI ve-Gauoh e.
Le Monsi eur des Antipod es.
Le Moulin Fliquctt e.
Le Mystère de Courvai llan.
Lo Pari d'un LycOen.
L e petit Grand et 10 grand Petit.
Les Petlta Cinq.
Los Petits Patriote s.
Pierrot et CIO .
Lo Portofeu ille rougo .
Princess e Sarah.
Les Prisonni ers d o Bou-Amt lma.
La Provlden oe do François ,
Le Pupllle de mon AmI.
Los Robin sons do la Houvolle Russie.
Robert 10 Diable et ct,.
Lo Roi de l'[volro.
Le Sapour Camomb or.
Six nouvolle s,
La Teppo au'X Mories.
Lo TbMtre choz Graltd'M bre.
Un Parisien allx Pldllppln 08.
Une Hlatolt'o <lu Sauvago ,
Leu Vaoanoo s do Prospot·.
Voyago du matolot JOUit l'. III
en Australl o.
Voyago du novico JOtlll·Pa ul "
travors la Franoo d'Am~
rlquo.
YV08 Kel'hOlo.
JÙlVoi {m/lco, " " dl'lnmllle, du CII/lIlofJue Blbllothôquo
du p~Llt
UroU. de trndurUoll r t de rrproflul'llnn r~ .I· rv, ~" f1uur t l l~
"1 corn,lrl. ln 11 01111111111, III fiui'llu l'l ln 'unl'lI(I',
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�JEANNE
LEROY
I-listoire
d 'un
honnête garçon
illustration par Émile BOGAERT
\JEU\I i: ME
1'; 111'1'101<
Colin
J '[ll'is,
;-), J'U<' dl'
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��AN
A MES F l L
DHI
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c ll ü nl s
ET .J ACQUES L EHOY
��HISTOIRE
D'UN HONNÊTE GARCON
CHAPITRE PREMIER
DANS LA RUE
Vers la fin du jour, la n e i' ~e se mit il lombel'
en flo co ns lal'ges et se t'I'és. En peu de Lemps,
les Loitlll'es des mai so ns, les chaussées, les
trottoil's di spal'UI'cnl sous un épais voil blanc.
C' 'La it le huil jan viel', jouI' de Lerme pour les
petits loge ments, jou I' de déménagement; il
y avait en 'ol'e pUI' les rues bon nombre de
Voitur s il 11I'lIS, allant cahin -caha , tir /es pal'
los un s, pou ssées par les autres, t semblant,
à tOl1t mom ent , S UI' 10 point de y l'SN so us
l'amas croul ant des choses les plu s di\' l'ses ,
enlass(\rs ;'L la hùlo el p ,1 -mêle.
Les pailHes go ns, f)1I' eJTrayait la perspec tivo
11 18 TOlne l.:)' U N IIC NN I: n : GJ\UÇ ON.
1
�2
lIISTOIRE D' UN HONl'iÊTE GAR ÇON
de coucher dans des lits humid es , se mirent à
presser le pas . Mais, de minute en minule, la
marche deve nait plus pénibl e et plu s dangereuse, la neige gelant fortement à mes ure
qu'ell e tombait.
Cc spectad e, si lam entabl e déjà, était r endu
plu s triste !lcore qu and , t1 el'ri ère les charreltes,
tl' llinai nl de pauvr es marmols transis, grelolla nts, la li g ure lIes main s marbrées de fl' oid ,
les ye ux roug is par les larm es qu e la bi se faisait co ul r r.
En co re, CC li X CJll e l'o n renco ntrait ain si esco rtantl 'U1' ulliqu e tlYoir n"'I nient pas les plu s malheureux. Il s avai III un « hez eux)) du moin s,
si 11l 0df's l ' qu 'il pùt être .. . , 1111 abri , 011 , la nuit
y 'nu e, ils pourraient se l'C'pOSC I'.
Mais I('s l11i séra bl 5 C] u J' OII aVll il chassés les
main s vid l's, pl qui er m ir nl RO Ug ln nu il lomhanl f' Il e sa '1l alll olt s r(· fu g ier ... Cell x-UI.
ayai ent vraim enl le oroit de gr pl aindre dl1 sO l'l
impil oya bl e. C'{- lait le cas d'Ellg<'- nie llttl'i ye l
ri, do SO li (' lIfa lit.
ExplIl s(\(' le malin I1H' llI e rlii /1r lil. log'r lll III
11
'1 '(' 110 ha bilait df' ]llli s so n 1))(1 ri 0 1;'(' , ,Il e Nait
Ro rti e d(' la maiso n inh os pilnlir\ l'r, Ir llant SO li
pplit .l l'n ll par la Ill aill , 1(' IIPm r nt d<'-so lée pt
anl'anli e qU 'l' il l' n':wail , pour ain si dire, plus
�DANS L A n UE
3
la force de penser. L 'enfant, sans se rendre un
compte exac t de cc qui sc 'passait , senlait bien
qu'ils trave rsaient un mauvais mo ment. 11 se
sel'l'ait co ntre sa mère avec inquiétude; et, de
tem ps en temps, levai l les youx vers elle d'un
air de lri sle intel'rogation.
P ar quelles ru es traîn a-t-elle toul le j our, sa
marche l:llltôl hùlée, lanlôl ralenlie cl hésilante ... ? elle lù wrait su le dire ... hlle all ai t
droit (levant elle, co mme si ce lle cou rse forcée
devait allénuc r l'horreur de sa situalion ou
el1"'o llrdir so n chag ri n.
Il Y avait cl lonn-ucs heurcs qu'(' lle marchail
ainsi, hagarde, sans s'apercl' \'oir SP UI (, llH'lll
que la'neige silencieuse lombail a\1l ou l' d'c ll r
et mouchr lait sa ro be de V'u \' de larg s pl aques bhnf; hrs.
An jour fini ssant, e11 remontaill e boulPv::ml
Barb ès qlland un e main , en sc posant S UI' so n
bras, la. li ra de so n cauch('mar év ' ill '" S I brusCIll emenl qu 'ell e n sursaula.
Un homm e lui paI"l ait, mais ('li n nn l' r l1tel1tl n.il pas; loute l' allr nli on donl (' ll r pouvait
di sposer sc concenlrait SUI' le spc 'lac le aLtri sl a n~
fi u' elle a.vai t devant Ir5 yr ll x, Le père
lil'unt un e r r tile vO itul'D lounlcmcnl chargée el
déjà à moilié recouv ert ' de neige; la 111 ère p OI"-
�4
lII STOInE n 'UN HOr-;NÊT E GARÇON
tant un enfant dans ses bras ct en traînan t deux
autres accrochés à ses jupes ; lous glacés , tombant de fati gue, L'homm e, jeun e encore ct
paraissant intelligent, avec la min e mauva ise
t.le c ux qu'une injusti ce crianle, conlinu e finit
par révollel'; la femme semblait plus rés igné,
mais son altitud e el ses mouve ments étaient
empreints de celle lassilude que donn aux
malh ureux une lulle incessa nte avec les
mi ' 1' S de la vic, lulle dans laqu li e, hélas !
ils s nl nt hi n qu'il s l'ont vaincus , Les marmols élaienl de ceux ùonll' a pecl fail dire aux
braves cr ns: « Qu' sl-ce qu'ils onl fail, pauvr s
mio Il es, pUt' conn aHre d j à lu sou ffl'ance ! »
Oubli ant une minuLe son propl' d6nümrnt,
Eu"
' ~ ni
ul un élan de piti é V I ' ) groupe
mis "rable, t fit un eITorl Ù' spl'il pour ntendt, o
la rCfJu êt qui lui élail adr ssé ,
« " il vo us plaH, madame, r' p "ta un s conde
Cois n omm e, voyant qu ' II n'avait pas C'ompri s, YOllS ' les p ul-Cll'e du qu arli er .. " pourr'i zvou s II li S dire si nou so mln s enco r loin d
la ru e l1iqu l .. , ? Nous ' S II1I1H'S hi r ll venus
qu and nou s avons Jou'; mais nou ne connaisso ns pas lI" s bien Ja l'oule .. , Avrc cr Ia la
n igc tourbillonn e si f rL qu e l'on 11e voit pas
à deux mèll' S cl vanl soi",»
�DANS LA n UE
Ln. femme ajouln. su r' le ton pn.ss if des êtres
accn.blés :
« Nous venons de Pln. isance ... , pensez, ce n'est
pas ici!
- Ln. rue Riquet. .. , la rue Biquet. .. , réUéchit
tout Inul Eugé ni e donlles idées n'é laieut pas
Lr '. Il lLes; allendez ... , vous n. llez prentlre, ici
il. droi le, la rue 1\1 yrrh n. cl ln. suivre jusqu'à la
grn.nue rue de ln. Chap He ... ; là, on vous r cnse ignera; la rue Riqu t n'esl pas loin. ))
Il fallut un gros eITorl pOlir démalTcr ln. pelitc
voilure, dOlll les l'ours s'é lair nl c h a r g~ s de
lleirrc durcie; l'homm e cul un jurolt Il e 'o lère
douloureuse . Alors la femm e, sans mol dirp , se
mil ù pou sse r le v"h i 'ul e do hl main flu' l'Ile
n.vuit de lihre; el, si minim e que [Ill so n aid r,
clle suriit ."t vainc!' l'oIJslude . Eu ~t" li(' , tallt
CJllP ses yeux le lui pcrmir nl, suiyil avec inlél' i\ l ln. marcho LIes pauYres ge ns qu e la rali o'ue
fai sait ahaner; pui s, l'tunen6e nu st' lllilllf'IÜ de
ln rén lil" par' ce 16(?c r in ciur l1l, (' II so ngrn à
son pauvre polil ù cli c. Il ilvaiL nussi fr oid et
élail au ss i IUH que crs nfn.IlLi:! ill CO llnu s sm
lesquel s cli c venait de s'npÎloy<, l'.
« MOIl pauvre lrésor , diL-clle n sc penchant
lenùremenl Vors lui, lu es bien rali r ut~ ....Je suis
une méchanle maman ue l'n.voir '1l1l1l ené S1
'1.
�6
IIl STOIHE D'UN IIOi'>NÊTE GAll. ÇO:-l
loin .. . ; mais j'ai tant de ch agrin, si lu savais .. .
Tu as faim, je suis sùre ... et moi qui n'ai plus
ri en ... , ri en ... »
Le désespoir qui, depuis le matin, couvait
dan s so n âme, et que la stupeu r seule avait
empêc hé de se faire jour, éclala brusqu ement.
Elle se r procha avec ame rtum e de n'avoir
pO in t conser vé les qu elques sous qui lu i l'CS lai Il t
et ell e maudit - autant que sa douc natul'e pouvait maudil' -ce ux qui 1 s lui. avai nt 1l10vés .
J an .0 taisait; c'é tait un brave peLit cœur
aim ant, t 1 chagrin de sa m \rc l tOll 'hait
plu Il 0 1'0 peul-ê LI' qll e sa propre sou (l'ra n 'e;
il faisait ci s ITod s inouïs d'im agin aLion pOUl' y
trou\' l' remède .
</.
i lu d manrla is aux dam s d Le donn or
(lo l'oUYJ'ug co mme aulrofois, mama n? Dni.L-il
par dir .
~
Comm nt v lIX-lll qu'on m ùonn do l'ouvro"" , pui squ o n us n'ayon ' plu s do maison ... ?
oü ost-ce ql! j travaillerais ... ?»
J an baissa la tôle au souvenir do lu sc\n \
du malin , ot l' mil ù. ch l' her. Au boul (l'un
in s l [l~ l , limid m nI, omm e s' il uyait u honlo
d c qu'il allait dire :
« Tu sai s, maman , dans nolr cour du l' aubou!''' Poissonni \ r , il venait des g ns qui
��8
III STOInE n 'uN H01\1\'.Ê TE GARÇON
n'avaient pas cl'arge nt non plu s",; ils chantaient et on leur jetait des so us", ])
La mère eut un geste de révolte vile apaisé
pal' la vue des larm es de son J ean.
« Tu as raison, mon Tout-P etit, pour toi je
ferais tout..., tout ... Viens 1 »
Et, avec une farouche résolution, elle l' entraîna vers la maison la plus proche .
Toul à coup dans sa pauvre cervelle tenaill ée
par l'ango isse, se fit une brusqu e éclairc ie. SUl'
cc boulevard 13arbès oÎ.l elle allait se décid er à
t ndre la main , ell e ava it une ancie lille cli ente
qui lui devait de J' arg nt ... , un e quaran taine de
fmnr s.
Bi 'n des foi s, elle avait été rappel l' sa petite
'J'éanc , mais SO LI S un prét xl ou sous un
autr , on l'avait toujours éco nduite . Un jol1l'
qu ' ,Il e se montra il plus pI' s anl , on lui ava il
jelé cillq fran 's av ' de mauvaises pal'ol es .
POUl' n plu s s'ex poser il un accu il qui la hl essa it , la timid e femm e avait 'css', s s poursuiles,
onsidénllll ccl art; 'nl cornille p l'lIu. Mai s
aujourd'hu i, c't"lait loul au lr
'hos('. Celte
80 11110 , si lTlodiqu qu " lI e rôt, suffi sa it pour
par('r aux jlJ'ollli rs b so ins : c' 'tuit un lit el du
pain pour quelqu es jours; ellc devait meUro
lout en Œuvre afin do 10 recouv r'r.
�CHAPITRE II
BONS COEU RS
« Madame Gertin, s'il vous pl aît ?» demand a
Eugé ni e avec l'absolue persuasion (lu'on allait
lui l" 'pondre : « II !l'y a personne » ou bien:
(( Ils sonl cl Çménllgés . »
La concierge r ga rù a avec une cert ain e méGali ce la vc uve ct so n enrant. Leur acco ulrement, raill e malin , à la hâle el qu' une journée
enli èl'e de pérégl'inali ons élail encO I'e ve nue
dél'ange r , ne lui reyenail qu'à moili é. Néanmoins, l'ail' honnôle el rése l'yé de MUIO Hari vel,
sa parole limid e flnil'e nt sans doule pll r prévaloir, ca r, après une minule d'exam n ,ell e répondit :
« Au lroisième au-d SS ll S de l' n!resol , la porle
'1 droile ... 1!..ss nyez Li n vos pieds el veillez à ce
�10
JIlSTOIH E n 'UN HONNÊT E GAn çON
que le ga min ne fasse pas de tapage dans l'escalier. »
Le cœur de la pauvre femm e bondit dans sa
poilrin e et elle serra douce ment la main de son
enfant pour l'enco umgel'.
« Mellons qu e je ne sois pas enlière ment
pay "e, se pen ail- lie, mais on me donner a
touj ours bien ([ u lque cho. ... , de qûoi mang '['
ce so ir l passe l' lu nuit; d main nous v l'l'Ons. »
bil e n élail au poinl où l'a\'enil' un pr ll "Ioigné Il'ex isle pas , el 0 11 l'h ur uclu Il e seule
co mpLe pOlir fJu elqu e chose. L beso in PI'('S ·[tllt,
impél'i ux, lui a\'ait donné IIne au la 'c donl
li t' n s s ra it pas Cfll C c [Jabl e.
« J e ne CJuill 'rai pas la phc
qu'ils ne so
so ienl rx "cul \s », répéla il- 'Il c ohsliné ll1 r nl N}
mOllla lll Ir8 tl r"T '·s .
El (' fut Ra ns a uellJl Il \ ilalion qu 'PlI' lira
1 co rd on (II' so nnl'llc .
La pori Illi ful oll vl' rle pal' 1111 gmnd GlI o
ù. l'air effront é, donlu no Loiso n l' n d{- so nlro de
c1W \,(' II X liranl S Ul' l , l' OU X, co uvrail en n' riul
il
parti e k frolll cl Jps lI' 1111)('s. UII brllit d'écl ats
de l'il'o elull!' hOlllw od nur de yo laille tll:t 1)/'0dl l' SI' l'épaJl llil' 'nt auss it ôl S UI' II' pali l' , in sullallt il. la fois il. la ll'i sl 'sse drs visill' ul's ct il
](, Ul' stomac " id e.
�1
\
1
�12
m STO InE D' UN HON NÊTE
GARÇON
« Madame Gertin, s'il vou
s pl aît ?
- C'es t ici, répondit la gra nde
fill e d'un e
voi x rauque et dés agr éable, qu' estce que vou s
lui voulez?
- C'es t pou r une petite deUe .. ,
anci nne
déjà », mu rmu ra la veuve à qui l'ap
lomb excessiF de la jeune personne rendait tou
te sa timitlilé ,
« Un e dell e .. . de qu oi ... ?
- Do lingeri , mati moi sell o... , cl
s jup ons
brodés ... Madame G rlin doit bi
en sc so u v nir ... ; il y a dix- huit mois ... , deu
x ans peutlre .. .
- Tu dois des jup ons brodé" mèr
e? int 1'roO'ca la cl mo isell en tourn ant la
lôL .
- Moi ? ful- il rép nùu d l'in léri eur
, pas 1
moin s du mond
- Pou rtant, maùam , essaya de
prolcs L ['
Eugé ni .
- .Je Tl dois point ri lin g ri
, rép "! a la
l11 &rr toujours invisihl ; m ts c LL
femm li la
porle, Paulim'.
- C'('s l hon , rcprit la v lI VC av c
un p aSS llran c' fac tice qlle démenlait le trel
llbl empnt cl
su voix, fJu e Mmo G cr~j n montr
sn faclure
acquilt '.. J o Imis en m sur r d
prouv r qll e
ccLul'g lit m' 's tdù .. . td pui s trop
long L mp s .. .
�130 NS
cœ uns
AujoUJ'(l'hui j'en ai besoin et il faurlra bi en qu'on
me le donn e ... S'il faul un huissie r , j'empl oierai un hui ss ier.
- EI ~ ploy
e z aulant d' hui ssiers qu'il vous
plail"a; ma i p OUl' vou s épar'gn e!" des frais el des
démarc hrs inulil s, j'aim e mi eux vous peéven ir
loul d suile qu e Mmo Gel'Lin n'esl pas ch "/.
elle ici ; ,Ile csl chez moi, Milo P aulin e G rlin.
Or, je ne YOU S dois ri en, n'esl-ce pas ... ? pal'
conséq u n l. . .
- Tr('s bien , j'inlÏ lrouve r le palron <le
M. Gel·lin.
- ~I o l pC're d ma mèr so nl s ~pa r ~s de
biens; ils ne so nl donc null m nl l'es ponsa hl s
des dell('s l'un de l' a ulre. Le ju ge menl a pa \"lI,
il y tl UII ail , dam; 1 s P etites .llnïc!t ('s : ·'d ail
il. vous d'c il prr ntlre co nn aissa nce .
- Iai fl VO li S êtes don ' Lous d s malho nn 'o lrs
gCIl fl ici t » s'l'· "l'ia. Eugé ni e donl la rai flo ll chan'('Iait flO US 1'6cI"00i em 'Ill de 'e dernie r es poil'.
« 1)l'fl ge ns pnul en ls Loul si m pl mt' l1l )), ri enna la g ratui t' fil 1 qui lalH;ail e Il {'lIormit ~s Ù
plein ' voix da ns l' s 'uli t' I', sa ns pumÎlr t' ltyoir
'o l1 scicn(' () de la fl ilua li on honleuse qu' Ile dévoilail a ux all ants Pl vcnanl fl .
1\ n' n fall ail pas la nl pOlir lri omph C' l' de la
résoluli on Il' Il1pl'lllll cl la pauvre f ' mllle; ee
2
�14
BlSTom E D'UN HONNÊT E GAnçON
fut do son ton habituel, un ton doux et soum is,
qu'elle contin ua:
« J e ne d mande pas tout, mademoi selle, je
sais bien qu'avec la meilleul'e volonté du mond e
on ne peut pas toujou rs ... ; mai s un acom pto...
ri en qu'un acompte, si minim e qu'il so it. .. J e
slli s très gê née ... ; oh! sans cela, je ne me
montrerais pas tOlll'm entanle, vous pouvez me
cro ire ... ; nous SOI11In es dans uno situation ...
- J o n'y p ux rien, que voulez-You '? YI
répondit la jeune p l'so nn e on essaya nt de
1'0pOll SO I' la porte.
Eu
"~ ni o
s'ar '-houla désos pérém nt SUL' le
baLLanl fJui allail s r h'm l'.
(( Mad 1110isc llc , supplia-l-ell ,madem oiselle ,
si VOLI S sa\'i z... On nous a ex pul s's do notre
lo""e m("nl ' m:1lin cl /l OUS no savo ns Où co ucher. D p"i s d s helll' 'S l des IL Ul'rs, nou s
l'l'on s pttl' l S l'U(" S sa ns avoir man gé ulle
bou cll ~e d pain ... Moi LOIII se ul c, e ne l'l 'l'nit
l'i on ("n('or(" ... , mai s Illon pelit. ..
- n onl1 -illi don rl rllx SO I1 S, qll'r llr S' n
aill , l'olllilH' , ('['ill do l' inlt"l'l 'UI' 1" yoix ri e ln.
mi"rr, l vi Il l'etour ner roi I}ui OlnlllOI l 'e il
brîdrl'.
Mon Di ll! mon n' ou! gé mit la mnlhcllJ'pu s 'IL s'u(l'aissanl sur les pl'cmi \ l'cs mal' Il s
�BO XS COEU II S
15
de l'élaO'e supéri eur . Vo u avez à mange r , vou s,
qU (\J) (l mon pelit meurt de faim ... et ce t argent
m'e. l dù. »
La co nciCl'ge, à ce momenl, monLait l'escaliel" pour allumer le gaz; elle enlendit la fin uu
coll oqu .
« Ah! ma pauvre femm e, dil-elle à Eugénie
sans crainl d'èlre nlelldu e de l'au lre cô lé de
la porle, si YO li S m'avi z dil Cju c'élait pOUL'
cela que vo us veni ez, je vo us aurai s év ilé la
Il in e de monler ... Du malin au 'o ir, c'es lun e
Pl'ocess ion d créanci rs pelluus l~ leur sO lln eUr,
el il n'y a jamais Je SO li ... Du joli mond e .. . ! 'i
j' "lais propri élair au li li cl' \ 1re cOll cir rgo, c'es t
pus lon!;Lemps qu ' il s salirai III /l OS cs 'ali rs ! »
'outl aill , sc penchanl yc rs le g roupe forlll é
pnl' lit Y' uve l so n nfanl {oiroiLelll nl I (lc{~s:
« Eh ! fil-cil , l'egnl'de7. donc yolre ga mill, il
es lbl anc co mm e un lin "e ... Mais il e ' l malaue,
cd ppfanl-là ! »
L e fail es l qu e le pauvro Jean, ù. boul \l e
forces, s lrouvail mal. l' I\le, glacé, les ye ll x
clos, il avail pen 'hé sa l ' [ sur l\'! paul ueSil
ml' I'o Pl n bougeail plu s.
« Tont -P ' lil! mon Tou l-P lil, ('l'i n Eu ....6ni e
;typc lin o hOl'l'ihl o ango isse, qu' sl-C' que lu as?
Oh! rs l-c qu ' il ya mOlll'il'1 »
�i6
HlST OlnE D 'UN HONNÊTE
GA n çON
Si Mm o Harivcl n'av ait pas é té aus
si absorbée
lu douleu r et l'in qui étud e, elle aur
ait Hl que,
depui un in stan t, la por te à gau
che du pali cr
s'ét ait ntr' ouy crtc , ct fJUC deux p
r onn es, un c
jcun c bonnc t une jo lie fill eLLe
de qua tre ou
cin!] uns, as isLai ent il la c \ ne, san
s mot dire ,
mai a" c un e curio il é sy mpatllif
lu c,
A la dem i \rc xclarnation d'E
u n't' ni c, la
honn di sparul, r ntra nt Li la lulle
dan .' l'ap parIClll cnt, pen(ln.nt flu O la p tite fill
e s'av ança it
J'l'so lulll ent ven; 1('8 d llX llIalllcu('cu
x.
« Vicn s 'lIe1. nou s, mad
arn c, dit-e ll e d'un
voix élllllC ·t cltal'lll alll c, on Vil
le dOlllwr ft
IIHllI g'c r ... , aussi des so us ... , dlu
'o(lrlH'ras Ion
gar ço n Illalarl dan s Ill on pcLillil,
. 11 a du hon
fou ... ; "ipns viIP, Lu as fr oid. »
Ln. !JOlln rep aru t hi cnU)t accompn
gllt"(' d'uil
jcun e rPl11m , sa mali rc sse Sali s dOl
lte.
« L 's ptlllvrp s gP ll s ! fit la
dalll o apr t'·s llil
rapide ('oup rl'œil. VOli S ave1. hiPI
I fait de IIl C
prév(' nir, Mari e. PI' Il('?' (" pdi l dan
s vos bm s,
III 1\1(\rp 11 0 vau t g uèrp lIlipux qu e
lui ; ,'('s l Lout
jusl!' si plie poul sc Il'lIil' SIII' ses jnlll
l)('s.
- Ali! hiclI, fil. la ('011 'iPI'''''c ('Il
(,olllinuant
SO Il orli('p, dll momcnt 'lU M"'o Des
ll( Irrs s'r n
0(,(,1 11)(' , I('s yoilii sall
\' O·s .. . 11 y a rles f('nIIlIP s
qui olll si bon CW UI'! »
p a l'
�]. (' paUV I'(l J "U,I1,
~L
bUl1t
do
t'I)!'!'C', M'
trouvait
lIlul ('l IH'
Iwugeait plus,
�18
III T0 1l1 E n 'UN 1I 0:-;N
I ~n:
GA n ço:"
On pén \Lra dans un e con forlabl e peli l salle
à man'" l' olt bl'ill ait un joyeux feu de ('ol\r, cL
Jean, qui n'avail cu qu' un synco pe passa"'ère,
ouvrail déjà les y lI X.
« Olt as- lu mal, mon ch ' ri ? » li mand a la dame
av c un v ix cùlill e d ma rn Dn.
T ul- P lil élailll'op faib! enco l' pOUl' rail'o
de lon"s di sco urs : il porla la main il Ho n
eslomac, puis il Ha. lNe .
C/. II n. faim , j e suis HÙrr ... Vile,
lal'i c, un
bol de bouill oll pOlir Lous Irs de ll x. »
Apl' \s Je boui" OIl , on srl'vil tin n' ur ,'l la
eOfJII C', puis des eo nfilurr s , La 111 (\ 1'1' ava it le
('(l'lll ' lrop g l'os pOUl' IlHlII"() 1' llYC'C ap
p(\li l, mais
.J ean fi l hOlln eul' au I{'gf'l' l'epas qui lui Na il
orrpr[ ; 'l Ù. pr ill .wail-il ava lô la d(' l'lIi (\ 1'1' bouch{>r qu 'il ap pu ya sa l<'le SUI' le ho rel de la la 1,1 '
Pl s'(' lId ol'llIil d' un SO IIl IlH' il de pl omb ,
P pnd anl {~ lPlllP H, hag ll l'r pal' l'acc ueil bi(' I1vp i" anl dc 1\1"" I) psllI' ln's, pC' lil lL pet il, pal' lamI)('aux, Eug(' lli ' al'I'i vail il lui co nll' I' loul n so n
hi sloi l'I'.
Ol'ph r lill (' dl' bonn r hPUI'C', 111' aYa il (· ltl
éh' \'{'o pal' llllC' yieill ' pUI'{' nl l', l11 od l' dPlllll S
Jonglr lllpH, qui lui a \'ail l'ail 1I ppl'l' ll[ll'{' Ir 111 1" li (' r
dl' Iillg(\ I' " A di x-Il ll il ail S, ell uva il {' pous \
llill'i vl' I, 111\ ou ni ,, 1' illlpl'illl ur, qu 'e ll (' ava it
�no~s
CŒ fiS
19
connu au temps où il fai sail son service dans
la pelile ville de province qu 'il hab ita it al ors .
L e nouv au ménage s'élai l étnuli ù Pnris, Faubour rr Poisso llnière, dans l a mai so n même d'où
on les avait chassés l c malin.
<1. On aumil pu êlre s i heurcux!
cx pliquait
Eugé ni c de so n Lon résigné. So n mari ~ L a it hon
ouvrier, cllc nc manqu nil j amai d'ouvraO'c: ù
cux d ux, il s gagnaie nt dc bonnes j oum é . .
Mais, au pr'inLcmp s, llar iv 1 avail cu un
chatul et {1·oid . Commc l' ouvrage prcssail t
qu 'o n co mptail sue lui ù. 1'aL li cr, il avnil n ""'li gé
dc se so in'nc r ; le mal s'étail rapid ' Ill cnl urrgmYé;
il avnillang ui p ndalll huil mois, e l puis ...
L e mollCl'l'ible, il'l'épal'llbl , n pu l so rti l' de
la bouche d'E ugé ni e : ses sanglols p a rl èl'cnl
pour rll . Quand Ile ful un peu 'almé , cil
repril so n réc il, qu la j eu ne femme é ou la il
avec un inLérêt sy mptühiqll C.
<1. On avail bi n un jlrll (\',unrnl d
Cl lp, mais
1 s médecins, les méd icam nls ... , avec c la, il y
avait eu plusieurs opérations ... , l"'pal'g n d ' I!1I
Ollvl'i l' n e penl j a ma is Mrc hi Il grossr. Bl'of,
les frai s d'inhum a li on paY{'I\, il n rcs lait pas
g rand' 'hosc au lo"'is. Pui s, cil avait com mi s
la faut d s'c ngo lll'tlil' ùa ns so n chag rin , au li eu
do monlt'el' du courage. D'abol'( I, p nd anl lu.
l)
�20
HI STOIR E n ' UN nON ÊTE GARÇON
maladi e de Harivel, elle avait négligé son tra'
vail pour se con sacrer toule il. celui dont,
jusqu' au dernier mom enl, elle avait espéré la
guériso n. Pui s après ... , après ... , il lui semblait
qu e sa vie élait bri ée, qu'e1le n'aurait jamais
plu s de cœur il. rien, t elle s'élait conl ntée de
pl urer. ans dout , ell e aurait dû pl' ndre S Ul'
elle, so ng r il son pelit J an .. . Mais, qu and on
a lé huil an ns mbl, ans jamais un moL
plu haut que l' uulrr , c' l si dur de se
quiU l' ... Madame devait !bien co mprendr ... »
l\lad'llTI , qui aim ait l ndrement son mari ,
compr nail si bien qu 'il lui passa un rI'isson li
l'id ;e qu' ·lle n' ' lait pas ù l'abri tl'un par il
malh ur.
« Enfin, lOl'min a Eu rr' ni e, cc malin , quand
on m'u pl' 'S nl- la quittance l qu j'ni ' lé à
mon liroir p ur pl' ndr l'aI'g nl, j'ai "l ', saisie
d n plu s lrouv r qu vingl-s pt fran ' ; pa
assrz pour r{-rrlcl' nli \ rcm nl, pui squ nolre
loy r "lail de quatrc cenl inquanl f" (lI1cs.
La on 'i l'ge a pl'Ï s 1 s yin rr l-s pl frall s n
aco mpl , t sL desc ' ndu pr6v nil' la propri étaire, Un momen t après, son mari st monté
me dil' qu'il me fallait li 'm Inager. « ni n
heul'ell s , a-t-il ajoul \, qu' Il ne me salslsso
pas . Il El comm je lui fui ais oLs l'ver qu j
�BONS COEURS
2i
n'avais pas d'autre loge ment, qu e j' allai.s me
trouv er dans la ru e avec mon pelit, i.l a co m-
/
'
Il nppuya sn tÔlo sur 10 bord do ln tahlo ()\ s'ondormit.
m cncé il. sortir mes meubl es . Alors j e suis
pa lti '"
- San s proles l 1' , sans l'ion di r ... ?
- Dire quoi ? ils -laieul ùan!) leur rlroil,
lJuisqu • je no payais pa .
�22
HISTOInE D'UN If ONNÊTE GAn çON
- Mais on donne aux gens le temps de se
retourner, au moins ... ))
A ce moment, un e clé tourna dans la serrure
de la porte d'entrée .
({ C'es t mon mari » , dit la jeune femme avec
un e légère pointe d'inquiétude.
Et Ile sc leva ayec yivaciL6 Do ur aller ù la
enco ntre du nouvel arrivant.
�CHAPITRE III
EXPLICATIONS PEU CORDIALES
On enlendait un l ~gel'
chucholement dans
l'anlichambro. Mon sieur, d'un Lon un peu f.\cli ;'
grondail sa femm e d'avo ir inlroduit chc7. eux
pas. :Ma<lam o
dc's ge ns qu'ell e ne ~onaist
(l"fendail ses prolégés avec un c 'halcur sans
dou le cO l11ll1uni cati"c, car, pelit ù. pelil, lag rondel'ie s'é leignait; li e cessa mème toul (l fuil
devanl cc det'ni el' IlI'gU111 nl, al'gllmenl décisif
pOUl' un )1('1' a im anl:
(( Voi s-lu noll'e Hégin e dans la, neigc ... , sans
pain ... , el. repou ssée de ccux qui pOlll'rn.icnL la
s co urir? »
Ln. ft11 'lle al'I'ivail ju ste li cr mom enl p Olll'
emlmlsse l' so n père. C 'lui- 'i ln priL dans ses
�24
III Sr OIn E D'U N JJ OXi'\ ÊTE GAn çON
J)I'O cn la , errant hi en fOrl, elt pen, ée qu e
la h(' l'e r elile créatul' P U\ël it so uffl'it, de
qu lqu e chose ox ait ach vé ri J co nvain cre.
II j ela un l'cO'a n1 de pl'ofondc pili ; 'ur ,J cun,
louj oul's end ormi .
« P allY/' , mal'l11 o l, dit-il ù. mi-vo ix, s i pr lit! »
ElI "/'ni co mpl'it (Ju c ,O ll pro 'è' ;lait "'a "'n \.
Oil Il',wa ill a it yo ll'c flHu, i Y lui «r mand a
~I . Drs ht'l l'os pOlll' 1 W I' sos dC' f'/1i (' l's fl oul '5.
- " (' la il lypogl'a plw, d(' pui s huit ans, il ln
maiso n LI'(' ÎIU l'l'/' Iir l', lll o/ls iC'u l' .
«(
- COllllll f' /lI , dans \'o ll'r (' IIlIJa l'l'nS, fl 'ayrZYO II S p1\S SO Il " !" il \·ous adl '('ss(' 1' il ll pall'Oll t
C'('s l IIfl 1' \(' (' 111' 111 11f/f1lm f' qll e LI' r!I 1\ I'I'(' li l' l',
jl' 1(' (,o /lfl a is, " Il 'H Ul'ail pas «<' mil l/(IIJ fli (, l ~
CJt/ (' d(' YOliS ohligr l'.
"" on mal'i (''I I rl rss il1 nll'l1 l' . ('xl' liCJtf a la
j (,tf ll (, ff'f1l /l H'; il a flt/ I' IIft/ l' fois il/t/ slr{, des
OI l\I'1\;':I'S (' dil l\'I pa l' M. LI' C'/I :l ITl' lip l' .
,I f' 1I f' Ill l' s ui s ndl'(' -'s{'1' il fH' I'S() flfl l', 111 011Si(' II/', .il' Il 'n i IHIS (, t/ If' 11' 11lpS: 10t/1 ('(' la ('.,1
a ITi,,\ s i \' il f' 1 El pui s, flll II I' IH' III pas lot/j oll/',,!
(' I/'(· /'1 la cha l'gr dll II lO l1d l'. () lJi llld Ill on IH1II\'I'('
h011l11l 1' 1',,1 IOIll!,'" Ill ldad(·, ,(' ch (, ,. d'n lt' fi p/,
It/i a 1'11 \ oy"· II' Il1 0lll alll r! f' sa lfu ifl7 l1i ll (', hi(' fl
flt/ 'illl '("'1 1 Il'nn lil/ (\ Ift/ I' s i\ j Ot/ I''I ... ; il fi ' P Oli\ a il pas fa il'C' din anl agl' ,
�2tî
EXPLICATIONS PEU CORDIAL t:S
- Il faut convenir que vous n' Ues pas
exigeante, ma brave femme ; vo us vous co ntentez de peu ... En tout cas , vous n'aul'iez pas
dû sou!Trir qu 'on vous mU à la porte de chez
vou s, ni qu'on sortît vos meubles ... Le CO m mi ssaire étail-il présent. .. ? vous avait-on elwoyé
l' hui S$ i0 l' ?
- No n, monsieur, on ne m'a envoyé perco nne, cl je n'ai pas YU le cO lllmi ssa ire. C'es l
le co ncierge et 10 valet de cha mbre de la propri étaire qui ont fail le cl ' mén uO'e mcnl. Alors,
qu and j 'ai YU ce la, je sUIS parLie rO nll11 e un e
foll e, sa ns mêlll o rélléchir qu e je n'aHl is plu s
un sou.
- Mais ce qu e voLre propl'i ôLail'o il, fnil là es L
tout cc qu 'il y il, de plu s i l'rl'g'ld icI' , eL ( ~ l e doiL
hi n ln savo ir. Bn adm eLLa nL môme (1'1 '(' lk aiL
le droit de vou s fail'e saisir, les hui ss iel's so nl
là P Oll\' cdl bcsogne. Le pl'emi Pl' V(' IlU , fLIL-il
propri élaire, n'a pas 10 droiLci e ehassCl' l 's go ns
de cl1P Z oux; ni , à plu s Io/'le ra iso n, de 1('s
dém!Jnnger sans ta mhour ni 11'0 111[1(' 11 0 ... 0/1
pl'oLos Le ... , on so /·emu p... Ah hi p/I! si vo us
Cro ye z ([llO lous co ux qui ,, 'onL pas payé 10111'
tel'ln e ce matin !lo nL dans la l'li e il l'heure qll 'il
es L"
- On
Il
saiL pas, mOllsieul'. El [lui s (lUil,llll
:1
�26
H1 ST OIl1 E D 'UN HONNÊT E GAR ÇON
on saurait , on n'ose ri en dire. Les pauvres
n'ont j amais ra ison, voyez-vous.
- Hélas ! c'es t un e tris Le vérité que vo us
dites là ... 11 faut po urtant sc décide r à quelqu e
chose . Malgré toule ma bonn'e yolonlé, je ne
puis pns vo us êlre d' un grand seco urs: je suis
loin d'è lre ri che. C'es t lout au plu s f; i ma
femm e peut vous aid ol' en vo us donn ant t en
vous procurant de l'ouvrage ; co n'e l pus b ULl our 'oh ...
- Écou l , G Ol'gos, l' marqu a Mmo Defl. h(\ lr fi,
que ,sa s nsibilil{· n'e mpê li ait pas (l'e' ll'o 11'('s
r a~ iqu
, J prin iraI, pour l moment, sC l'nil ,
je croifl., d mellre il l'a bri. l s m ublPs d , ('rS
)Hluvref; ge ns. i on 1 s a laissés cl ans la CO III' ,
il s c1 o j \"(~ n t èll'c ('0 11\' 'l't8 cl neirre, ù l'Iw ul'('
qu ' il est. Vas- aven cli c. '1'11 L'exp liq ueras
mi cllx, plu s hal'r1illl clll du moin s.
- Tu as l'aison , ~ I a d c l c in (', El. plli s, j c Il l'
se l'ais pas rl\du'· de \'o il' , d ]11' \s, cdl!' ra Il H' USP
propl'i ('la il'e (·1 de lui dire so n l'ail. l' In bl'IIVI'
fem l1H', nj ou la I-il (' 11 sc lOIl l'/lanl \'el'S Ellg{' lli l',
YOllS !1,\'('Z l'a il' d ' UIH lt olll1 Ne p e I' SO IlIl P, ('[
j'ni
co nfia n('e cn \'OIIS aul ant qu 'o n pel d avo ir
ro nfi nl1 rc Cil qllr lqll 'lIll que l' on 11(' rO llll ail pas;
ma is VOliS Il(' lro \l \'cn'z pas mauva is (J ill' .if' Ill C
l'pnll e romp le ! JfU ' tn oi-m(\ llI e cl , ln silll l1l ioJj.
�EX PLICATION S PEU COR OIALES
27
- C'e Lhien sûr, monsieul' ... , cLpuis, je ne
crain s ri en.
- Eh bi en! en route, alol's. »
J an dOl'I11,üL LoujoUl' d'un profond so mm eil.
Mm. D hèlres l'avaiL roul é dan un ehù.le ct
po:é SUI' un fauleuil. Elle avait déehauss '. ses
pau \Tes peLits pi eds meu rlris pal' ln. l'OU le et l s
aYQit m'eloppés dan s des flan ell es chaud ,
ans qu'il fil un mouy l1l enL.
M. De -h ' ll'es 'l'co rdail on pas S UI' c lui d
la \' lIve, ne sachanl pas au jusle où 1\e le
co ndui saiL. H Cul lou l su rpl'is d la voir s' ngagc r so us la voôle d'u n n'm[ul ' l hcll e
mli
~o l1,
d'a pPQI' nec ll'anqllill em nl ('on 1'01'lublp , cl onl un gl'O se houl e lumin us éelaimill"nlrée.
« NOliS 0 eupi ons un p lit log I1lrnl clan s
l , b:\lim cnl d d rri èr », C'xpliqua-l-elle pour
l"'pondl" au ""'s le d' "lonn m nl (IU'il n'avail pu
l'c Len il'_
Dans IQ10"" ,la co nci l'g s mhlail n "'l'and
expli('alion a.vce un r 'mm (l'unc qu al'llnLain
d'a.nll ~C'S
ayanl Jo coslum' 'l 1 s allul'C' s d'Ull
oUVl'ii'l'c à la journée .
« BOll so il', tlil d' un air 11 li aimahle 10 dl'ssinnll'llr n C'nLranl; lltqu cll Il vous cl llX st
III ronciC'l'ge, s'il vous plall , m sdalllcs?
�28
III TOInE n 'UN HONNÊTE GAn çON
- C'es l moi, monsieur , répondit la plu s âgée.
- Très bien; pouvez-vo us me dil' , en ce
cas, e CJu e so nt devenus les meubl es ct les
effels de madam e?
- JI S sO lll à l'ab ri , mon sieu [' ; un localai l'e de
la mai so n a bi en vo ulu les laisser m ' Ure dall S
,a l'e l11l S(',
-
Pl'olHtbl('m nt fJlHtlld il s ont {'u J Ic mps
d' ',II' 1l101li//t's 'l rouve rl s d, lI eigl' . Sav z-vous
CJlI vou s avez L,il/ il UII O c!Jose Loul il fa it il'rég u/i(\ I'f' ('/ IjU O Mm" lI al'i,'pl sera it parfail clIH'IlL
ell droiL <1 (. "ou s fairD lIli pro cès ('1, (l\'xig<'l' dc s
<I()ln:t
g('sil(
\ J'( ~ l s? COIl1I1H'llt! d voir!) propl'ü
(' ''d , 11 011 S ·tdullH'I1L VO li S /' ox pu/ spz , Ill ais
('n('ol'0 "ou s so rt cz 101 11 do cl lez /'111' sa li s
111(\ 111 Cl il('(;OIl1 pli l' la HiIII l'l e l'o J'l1l al il " 10 lui
dOIl/lf'r ('OIlf!J·.
- .It'
-
stli s pas ln.
dil.
/1('
CJu 'o n 1111'
1(\ 1111 )
111 0.111'1'550,
dc s C"OS('s qlli
moi , j!' his
cc
[)('II\' (' III "OIIH COIl -
Si
ipz (' ru
llllldnllH' rapaldo <1" l'lü 1'(·/,i/l(·I', VOli S
illll'it'z
J'('ga l'd(, Ù dl'lIx foi s. JI fU1I1. \ /'l" Yl'II illl PIl 1 Itlc ho
pOlir s'a il /trill er l'l qui Il C P lit ou ,, 'os' s
dér(·ndn·.
duir c d"ViUd [('s IrilJllllfltlX.
-
P Oli l'
MIl1IlI1
YOIiS ",
s"'r, a ffi l'ilia l'ollvrir'l'Di l qui lil lililgu
'0 111 \' 1111'111, voi lil. : Illil<l a lllf' s' 's l
'<,ail.
�EXPLICATION
20
PEU CORDIALE
mi s en tête de ne plu s avoir d'ouvri rs clans a
mai on el elle saisil lou tes l s occasions de les
mellre dehors.
- A quatre cent cinquante fran 's, ell e n'a
ccp ndant pas la prélention d'y log l' cl s arre nt s
de change!
- C' st sur ln. seconùe cour seul ment qu'il
y a ùe p lil lo ye rs,)l répliqu a yi\" ment la
conci l'cr cl' il'euse cl n pas voir d' pré i ("
l'imm uhl e confi é il saganle. « ur le devalllles
appal'l l11rnls vonl ju squ' à Lrois mille. Madame
veut réunir c s pelils 1 g 111 nls dcux il d ux
pour Irs Jou l' plu s hcl'; et omm e crlui qui
cst n ra (le la femm e Har i,' 1 était jusl ment
librc . ..
- Ell n'a pas h 'sil' ù cornpT'om Ur la
sanl ", la vi m rn d , cl ux malh ur ux pour
sali sfaire sa fanlaisi ... 11
M. D 'hètr s é l'ivit qu lqu cs moLs sm' une
pa ....c bl anche cl so n carn el, pui s la déLac ha t
la donna à la co nci r c.
« Vou s r rn Ur z
'j il voLr propri lair
vous lui dir z qu faLt ndrai sa. r éponse d main
jusqu'ft mi(li. lm doit bi n savo ir qu' \1 s'est
mi se dans un mauvai s as; si cIl n fuil
paryenil' Il Mmo Hal'iv l, non s ul ment la
mouiqu somm qui lui a élé v l'sée e mulin,
3.
�30
III TOIR E n'uN HON NÊT E
GAn çON
mais encore Je mo nla nt d'un term
e, ù lilre
d'indemnil6, je me ts l'afTaire entre
le main s de
ln jus ti 'e et nou s v l'l'On ' qui aur
a raiso n, »
Pen dan t c di s om s com min aloi re,
l'ouvrière
exa min aill 'hab i ll omenl d'Eu rr6lli
.
« Mai s, ma pau vre fem
m e, Jui fit-e ll é l' e l1\a'~
ql1 r, vous n'av 7. pl' que l'ion sur
le dos, vou s
dev z li' gel" e; el pu is, vou êtes
parti
Il
spadl'ill es, ' malin ol VOli S no VOll
S apel'covcz
pas flu vous êl s qua sim ollt nu-pipt
l i'i .
- C'ei'i l vrai, Ei'i lcll o, halhulia timi
tll'l1H'nl la
veu \' ; s ul mont jo Il saii'i
pas si jo p uX
p\'endrc me s all'ail'( i'i .
- l'oul'IJHoi don qu e VOl iS no
10 poul'I'iez
pas? fit Esi ,110 Lplloil' d'un ton
tmn 'liant. C
S rnil Ill'ùl lou t d , 1ll l:
1l1 ! V('I1 PZ (tvpe ll10i ; jo
voii'i d ' la lum irr dnll s la " mi H
, 10 cOIlC'i(,l'tr
doit y èll' ('11('01'.»
I),\ s 10 H(' nil, Eu gt" lIi s'a l'l'(\t
n constcl'n,', , il la
VlIO !In HO lllllOhili ol' pl
(lI' HOH fl' ,ts ('nlai'isl"H ('Il
cl "80 1'111'0 , ll1ouill{ls , sali s, Pui s, nvc(
: llll tl'i Hto
r 'sig'1Iiltion, II c so mil ù foui
ll ol', dl'-('i dl'- Iil,
pOlll' tl'OllV"1' rc qui llli {'lail né('(!Hsa
i,'(', Qualld,
ui,l; (l n l'oll\'l'i'\l'n, ('lin cul fait. Uli
polit paqul'l
dP 8 ('''0 8('8 )"H plu s
Ul'go nloH, clio (11'1ll1'1ll'!l
(' II CO \,O 1111 1llOIlII'Ill il
con t(,lI lpl(' I' Ho n d{'i'iIlH t
1'0,
<,l (\('8 lal'ln 'S sil('11 ,i(,us 8 ('Olrl(\I'('lIl
,l n Sl'S FUX.
�EXPLI CA TIO '
P EU CO I101 AT.ES
31
Ain si donc, c'éla it vra i . .. C pelill oO"e m ent
" où elle éla il nlrée , dans a blaneb e loile ll de
noces , au bras d' un m a l'i qu'cH a ima il. . . , c II
chamb re qui aya il rec: u l e pl' miel' vagis eme nl
de so n fil s ell e derni er so upir du vailla nl O tn pn.n-non qu' ell e ayail choisi, . , cc co in hl' ni qui
lui l na il pal' loulrs l e fibl' , (l , so n être pa\' 'e
qu' il avail élé l lém oin d ses j oics l e, plu s
g rand s l de s la rm s i s plu s am\ l'(,s .. "
ell e n'y r ntl' rail p lus ... ; l e n"'lail pas un
a lTI' ux cau 'hema l'!
Mais i c s l Ul'ITI S ti c ui sanl .. rgorcl sc mêlèr enl v ile ti cs la1'lTI S d r co nn aiss,uH'(' pOUl'
ceux qui l S uvaien lr lenu s, Il e ct so n nfa nl,
au boni de l' abÎm où il ' a ll ;lir nl l'o ul e l'. L n.
lorribl é pl'c uve qu ' ,11 vl' nuil (1 0 11':\ \ ' (' I'S ' 1' lui
a pr\' nnil, du m oin s, ql! ' C gmn(1 Pur is, il la
fois l' U 1 l mi s{' l'i co rdi ux, possè(lc u n ulllidole l'l0ur lou les les déll' ss s qll ' il ',lUS,
�CrIAPITRE IV
A CENDIHLLON
('lI rz d I11 ain VO I'R till O Il ollro, a vait dit
Mmo DC's ilNl'cs :l Eugé ni o on prouant cOllgo
d'cl! '. D'i('i là j o va iH d,Il \e hil' il la mani èro
don t je pui s vo us êtro ulile, »
A lin o h ' lIl' Oxac lo1lH' Il l, la v lI V cl SO li
C llf(l l11 sOilll aienl Ù la pol'l ' du d('ss ill ulcul'. 011
ac!H'vu it!l f' d('j oun r l' , le ri 'ssr l'/ liait enco r ' sur
la tabl p, Sali s ri (, 11 dire, la {lelit, Hl"rjll (, des(' ndil de la haut dilli s où r ll étail porch "c ,
alla au bllf1'c'1 'l cn tira UII O Ilss ioll qu ' ,Il e prosO llla il sa Ill èl' '.
« \
de co nfitlll'rs d'a hrico t a u ( ga l'maman Il, dit-c lio g'rl1till1 r nl.
L'ass ir llo '>'(\l'I1i r, elle la posa df'vn nt J 'ail
« D OIlII
<;011
)l,
Upl' \s
avoir nj oulé qu ' Iqu l's hi l;c uits.
�A CENDRILLON
« Mange, (( garço n
lueux sourire.
J),
33
dit-elle avec un aITec-
La filleUe fai sait so n petit ménage, à. pas
mlo posa l'nss iClto sarnie ùo vanl J ean.
mcnu s, un som'il' aim ablo relail'(tnl sa figul' .
Mmo n rs hèll'cs ln. so.Îsil do.n ses bro.,> cl la couvril
ue
baise rs.
�34
lll STOll\E D'UN 1I0:-lNÊT E GARÇO;-!
« C'est un h'ésor, celle n' ginette chérie ... !
aussi comme on l'aime! »
Jean était naturellom nt di scret, mais Jo.
discrétion d'un marmo t de se pt uns ne ti ent
guère li vant un e ass ietle de co nfitures, surlout
quand 1 diL m.umo t a déj un é d ' Ull laftinc
d pilté cl foie alTO 6e d ' Ull verre d' enu; il nt
cl onc honn ur au d se rt d H'·gin e. Mai s, de
l I11p S en 1 rnps, il s'a IT ~ t a il la bou ct. lI \'erle,
ln uill r l' res lé cn l'ont, adm irallt la p (' ti[ r{'o
ani l cLsou ri anlc qlli nll ait cl v(' lI ait pur la pi èce.
Et Loul (" fJu' IU'gill ' dit l fil cc joul'-Iù : le
rnoindr do srs bcs lcs, la plu s indifré rrnlc de
srs paro i s, r sla brtt"ù <lilil S la con'r ll ' du
«( ga
l'( ~o n », au point (IU C, vingt ails plu s Inrd ,
il pouvail Ir8 n"p(~
1 l' sa ns lIlle Il "s ilali oll ni
1111 ' larull(·. P ndallt c L
emps, l m" n 'sil ' ll'cs
so di sposa it il. so rtir.
(1 Alloll s, ell roui', (lil-l'Il e II ElIgP
llie quand
(' Il e rul pl'N . •J . vais VOliS co nduire c" r z 1111 ()
111T1ie de l\1a mt'ro, pall'Ollll d' unD m/li so n d
blilIlC ... .Il Cf'lIrlri lloll , rll c LarnyrU(' . .1, n 'cH';('
pas "(HI S affirmer qu'ell o VOus dOllllel"ll illllnt'··
dialrrnf'llt dn tl'avail , mai s j'f'spl'rf' qU f', S UI' mit
r(,c olllllland atioll , ('III' Sf' SO ll\·i(·IHlrn. d(' VOli S ln
jour 01'1 ('II allra Il 'so ill d' uli o\lni \ 1" d • sup'
Il 1{'IIl(' Il L.
�A
CE~D
lHL
ON
..
3 ,·
- Oh! madam ,comm ent pourra i -j jamais
vous r meriel '! balbulia Eugé ni confuse de
tanL de hi nv ill all ' C .
- N me rem l'ci z pas, r 'pondi l Mme Deshêlres . Ce que je fais pOUl' ,'ous, c'esl un plarcm nl à O' I'OS inlérêl s. L bi en qu nou s fai , 01S
aux enfanls des aulr s sl rellliu n bonh ur il
nos pl'Opl' s n l"tllls. »
C' 'lait un joli maO'as in 'lu Cendr illon:
l' an-e n 'cm nl n "Iail il'I"'pro 'habl e, 1 fi 'la\ane s
cO(lu els l pl cins d rroÛl.
Toujou l" n é" ,il , \' 'i 1au n-u l, M. Thou 1''''1' 1' ,
1 pall'on, sc l nn.il à la caiss p n(!n.nl Cpl sa
fcmm all ail ct venail pn.1' la bouliqllC' , slll','"i llanll es domoisl'lI cs, !l'' l'idalll un il('ltc l., UI' Il 'silanl, faisa nl l'ring ' l' le (Ulilid à l\H'Sll l'C f)1I 'il
d venail in ulilc , lcnant loul, pc\'sonn cl pl mal'clmndi scs, dans lin ol',ll'c pal'fait.
C' "lail lllle fcmm e (l'un 'inqua nlain' (rann "l'S, alcl'l cl bi en pol'I nnll' .• 'j so n "Hm!', so n
lOIt , SPS III il lti rl'I's Irnhi ssrtil'nl 111H' (,l'dainc
hl'u squ l' I'i(', plu s aIYI·('l{·(' (' 111'01" (Pit' 1'('1'11 1', so n
(c il , ll'I'S bon , rOl'l'igl'ai t el ail d('lit ('C (\11(' la
pl'ell1i,\ ('1' impl'ession pouvail ayoil' d' in'llli (' I:llIl,
1\PI'I'S un bonj our rapi(\pl\l cnl {'l'han''{', la
[('1111111' (Iud cssin:tl clll'pl'(' sp nla sa l'l' !}u(l ll', qui n '
ful pas "ecu illi ' av '(; lUI bil'n vif nlholl siuS lll ',
�36
III TOIR E D'UN HON NÊT E
GAII ÇO :"i
\h ui 1 de l'ou vrage ! avec cela lue
le co m'
merce y a si bien et qu les co mm
and es abonde nl! »
Au di!' {lc Ume Thourrrer, lec o mm erc
n mal"
cha il ja ma is, Copendant , 1 s d mo
ise ll , étaient
loujou!' OCC ll p' S à ser vil' qu ' lq
ue cli nl ; ct
1 . lr'.I.vau' r ntassés dor anl la 'O
U pou , dont
1 S "'J'and ' 'is 'aux grillça ienl san
s !' là h , no
pro uv ai nt pa f)ll la ('o mlll and
' fùt si null o,
La j ru n f Il1J1l l a i s~·;a
p flSS l', san s mo l dil' ,
la hout a( [r Ol'din a iJ' d sa vi ill
<1l11ir ,
« Ah 1 ma prtu vr f mm ,co lltin
u a MIIl8 Th ouI"
ge l' P li se IOlll'll a nl y l'S Eu r(" ni
e, " LI S Lomb ez
daml II Il joli 1l1 0 m ni ! 11 n'y a pOll
l' ain /, i diro
l'i (, 11 i't fa i!'l', Pl on 11 (' (leul (l iV Vl'
Ilir à bfJ\l l de
fair ' 1'(' 11I!'('1' 10 (leu d(' [J'(l ya i[ qui
rs f <l l' ll ors.
Cnl', Ina pa l'o lp, J(·s o\l \'J'i \' I't's S(
III {' Iollll nnl 's !
pll rs sr (ll ni"' lr lll dt Il 'avo ir (loil
ll d 'U II\' I'ilge
Pl Il' f 01l 1 (loint ('(' lui CJlI 'o n It '
ut, donll ' " , Tpllez,
(' Il ('(' IlIO II \{' IlI , jl' s
ui s (' II Ira in dl' [H' rdrt' lin o
('O Il)(n OIHI (' ". , IIIH ' p(' lit(' ('o lllll1
l1 nd (', ("('s l
vra i .. " lll ais [n'os ilya nl nr;c use,
pal' [ n. falll c .. ,
Eh hi nI PI (' ('s I l( tli rcs~
d ' Ill a nd a- I-p ll p \'l\' CIll enl Ù llll ' [H' LÏL nppl'cnti \ qui
l' /li ra ii ' /1 '
«
111 0 111 (' 111 ,
- EIl I''; /l P P \1\'e nt pn \ 11" 1'1'r't
'S Il 1 mp ',
mtu laJ\1 (', ,', l imp s' ibl ,
�37
A CE:"\OIl (LLO:"\
- Mlle Irma n'y a. pas encore touché , je SUIS
SÙ l'e?
-
Non, ma,lnme; ell e n'a.vait pas ('ompl'i s
sai l. Elle pell sai t Il ue VOu s 11 ' n
avirz heso in (lU pour l' xposilioll ,l!- mal'S,
par e qu des matin é s ùe IJal isl' Il' sont pas
de venle n hi ver. M"e Irm a ...
~Il c ll'ln u est une imbél'ile! Est-cl' (1 11 C' je
lui drillililde ses l'P!lexion "f COl1lment! yoili'l
d 's matinées qui doi\' nl pal'lil' li La J1ityttn'
ln. :('mai n prochaine, el ell, tl'()uvt' t)u . c' 'sl
assez Lôt de l 'S 1i vr('1' en mars ... »
Pui s, s'adn'ssaIlL ù la YI'\lve :
« VOliS s:t\'ez faire la maline'ù'!
- Oh oui 1 Ill tldalll '.
- Oh olli! madam ù! » r(,pl'illa p'l!rollllC' de
CCI/(II'ÎlIon ell imilanL 1 LOIl d'ElIg('"it'. (e f \
l"'pondcz donc p:1S comn1<' \111(' lillollt' salis
savo ir d qll oi il s'(ttril. J \ (ln \' OIIS parle pas
d(' ('ps lIHtlill{'t'S qll'Oll venl\ Lrois frall('s cinCIlIalllt' Ioules fa.iLes : ilm c f ul d\l I'l~vai
il'I'épl'ocll(t!llr ... , loul ('C qu' il y ad, filli 'l de
so ign{.... VomI rOl)p'{nez~
Ci ue ce la pl'
- J 'ai loujoul's fait la 'om IlH1.l1d t', l1\udalll.,
jamais ln Il(, I/I/1/ {(JIll {aLl.
-
POlir qll clks maisons
Yililh\?
a\'l'l-\OUS
lru-
�38
III
TOlnE
O'l:N 1I0N
~TE
GAnço:\'
Depuis huit an .. j e traYD.illai pour ln
Comète, ru Cl'oix-(lcs-P LiLs-C hamp s.
- C'est une bonn maiso n; pourquoi l'avez\'ous quillée?
- Pendant la mnlruli (le mOIl mal'i, j'ni "l6
ob lig[>(' de l'cnvoy l' plu sieurs foi s du lravilit
iIl1c!lCY'· .. . ; ils s so nt filcll[> S... , ('l'In 150 COIl Ipl'rncl; ct j( ~ n'ai plus ol'é y J'ctoUI'JlCI'.
-
C(' li nr! )) apprl a la palronnr,
l /nppl'rntie s'ayu
n~ :n.,
la "ouelle ('ncol'(' plcine
dcsal1landrs ql1'l'llrrroquail d('l'l'i(\ l'r Ip 'O ll1l'loil'.
« Tu "ilS l'rtollrl1PI' eli 'Z M ll e Il'llIil C'l1('I'c hcl'
(:lo lT'l', ga l'llilul'r s, louL enfill".
El
l u l'l'on-
1('I'(t s d(' l'ocr\ls ioll pOtl1' liqllidpl' I('s gO lll'l1lalt-
di sps qtlr III raf'lH's clnlls la po('h e : III sa is '1"0
j(! IH' \('ux pa:; qu'oll IlltllI U C' \lU Itl ngasi ll, »
~('
lournant
Yrl'S ~I"
\O
"nl'i,,·1 :
Y01l S SPI'CZ iri cI·tl1nilll11alin il huit h 1I1'('S, P
Ettgl- l1ip bnllllii in fl1IP ... ('f' s('I'ni l Il ul-0ll'u
diflirilc', Ù rnu~H'
d" ... 'J'oul-Pnlil.
Il T01ll-l'dil ... Olli ('It, TOltl-P('lilY r.(' g rand
gnn:IlIl-lù'/ JI Ilf' va clollr l'il S il ]" ;('oIPY
11 Y allail, tnndallll· ... Mai s il Il ') C!il l'liS
J'Clo tll' II!" dl·pt,i s ... , dPllIli s ... »
La pHtl\ l't' f (,IIlIll" !-.P IlIII il IOlijolll'S sn ,()i~
s' '1I'allgll'" qllltlid (,III' faisait allusioll au [('l'rihlo
111 :11111'111' fltli l'ayait 1'1'111'[1('('
«
�Il CEè'\On ILLON
3lJ
Je l'y r co nlluirai, reprit-elle en s'excusan t, mai s demain ... , c'esl bien brcf. .. ; je n'a i
pel'son ne à qui le co nfier ... , je n sais même
pas où le laisser, pui sque nou s n'avo ns pas de
logis.
(c
- Amenez-le avec vou s, s' il p ul se lenir
tranquille », répomlil Mmo Tbourgf' l' (lui r nfl a
enco ro sa voix pOUL' cach r l'é molion (lui la
gag nait.
cc Oh 1 madam e, il ne hou S" ra pas, :;~ lU l _
lTl enL. ..
- C'esl sa nourrilure (lui yomi rlllbnrrasse.
Voilù-l-il p tlS une grosse (lU slioll! Dans UllO
maison 011 l'on fail Lous l 'S jours it mall "rr
POUl' onze perso nn es, ce la parailnl bi en, 10
r epns d'ul1 mauvi 'U co mlll e c(' la! Ah! ma
hrave fem me, il fau l vous pr \lp r nux ex i"'(' nc'8
de ln. vi '. Vous 'ompl' nez bi en (illf' .if' Il e vai s
pas co nfi er, :\ VOIlS que jo 11 (' ronnai s pas ,
so ixalll mèlr s de haliste fill e el de la hl'Or1rrie
il. flllal!' t'l'an s . El pui s, (c ajouta-l-r ll pend alll
que les jOli es de la vruve p\'olr
~ !lairnt
sill'n ci 'u s menl 0 11 so co uvranl d' lIl1o viv( rOllg'I' Ur,
« pOtlr lill e prem ièl' foi s, jr (I{'sil'c me l'r lltlre
co mpl tl la malli ère donl VO li S [l'(t\' aill l'z.
- ' Bi en sùr , madam , \' é pondil
~lIg "ni e d' !:i u
voix timide.
�40
Ifl "iTOIR E l) ' UX l ONX
l~ TE
GA n çON
All ons, co nclut la marchande, sauyczvilc pour êlre prèle dcma in mulin. Ca r,
VOll S sa \'pz, fJu and je dis huil h LI l'CS, ce n'c!:il
pas huil helll' s cinq. »
VOli S
�CUAPITRE V
UN AN APRÈS
Assise près de lu. r nêtJ'e qni laiflso pél\(' lrcl'
un jour clail' dans hl 'hu.mhl'<', hllg-"ui llal'ivel
lire aclivell1 nl I.'u.iguille. D lC'lIlps en Lemps,
elle jelle (lulol\l' cl'ell e un regul'll circu lairl' rl
Pu.ru.îl sa.lisra. ile ti c ce qu e son œil np('
r (~o il. L,
peLil 10g(, I\1 ' lIl, loujours propre cl rang(" sl
assez bi ' 11 clos pOli l' ne poillllivrl'l' pnss(tEi' , ù la
brise qui, n cc momenl, lonllNi arb res cl fail
grincer les gil'OllClles. Slir le po(\ le, l'Oill'onne
Un -pol-au-ren qlli répand pal' la [1i ('.(' 0 une honll e
o(lel1l't1e houillon. La. gl'Il\l (le labln ('sl Chil'~(e
d'ouvra ge; il n'y n. (IU' lIll ('oin dt' lilll'o : r'psl
cclIIi 011 Tont-Velil va s' in slall ' l' p01l1' fair ses
t1cvoil's en l' 'tltranl de l", 'ol ' .
4.
�42
III TOIRE D' ~
1I0Nl\ÊT E GAn çON
L a pil d' 'cus, pos ' e bi en droit SUI'] O coin
d la " omin é , l'a ppel! que c' st aujour d'hu i
J Lerm e. Mai ' la m ' J'e L{'/)'e r, la proprié laireonei r"c, p III monte r av c sa quillan cc : l'argr nl st pl'\t CI pui ' Jon<1'1 Il1p s .
Qu ell r di(Tér n 0 onlr ' 0 huil jan,,! l' ol
co lu i C\ C l'unn é d rnièl' !
C j olll' l(, l'l'jlll e Oll 11(' avail 1'1' dan s Pari s
H[\m;"1 1 ,sa n s pain, Sl'S HO U(l'l'an ('rH pOl'Ho nll II l'S
d(;c up( "cs pal' J 'S Ho u(l'I'<lnc cs d so n cnralll , clI c
ilva it bi(' n CI'U que ' "laiL fini p OU l' c ux, fJU la
"i e n' (put' sO lll'il'llit plu s jam uis ... El pfJlll'l anl ,
1'IlOl'izo ll s'é lail {·clairc' i, l'rHjloi l' {'lili ll'('lIll' ; au
logis, .. !;PH d HUll' cH cl ln yi so nL si haslu'c1pusl'H qu ' il Il rnu l j nl1l nis d ' ' {,s p {~l' r compl(\IOIllOIlI , paH plu s qu 'il Il ' l'nul 'o ll1jll l' d'II110
IlHll1it'. I'p niiso illo sur la pl'OSp "l'il(",
C (lH( il ('pla 'lu so tl gl' EII g "nie ('n " vivanl
1I1C'lllnl l' lIH'lll , pOlir ainsi di!', l'u nIH" \ qlli yi 'Ill
{Ir S'('l'O lllp\'.
L'OllYl'i1g'P \10 lui li jamnis nwnqu é.
M'''' 1)<'H ll ll'ps, (lui lui Ilynil d{'jà Pl' 'uro
(Jllplqll H ('omllll\IHIl's pnl'mi Sl',' l'pin lions, Hl
/lITi, l'(' l'\I('/. 011 1" IIll bl'ltll jOllr, II'H maill t!
dlllr"{'('H Il ' t ', t(ln
'l~
('hIlUdl'H pl !<o llpl( 'H, d(' lilH'
hl'O tll'l'il's, (l ' dt'IlIPlI ps 1(, tr t\1' ... , 1\ S'll l-: iSHll il Il,
luill ' l' 'l de coud", lin .' upplélll ' Ill d Ill' ' lI
�Ui'i AN Al1nÈS
43
deslin éau petit frère de Régine, que l' on attendait dans qu elques mOIs.
'fOUI-Poli l rtül 80S t11'\'olrs en " 'ulmut "" l'ecolo.
~\;tis
1 fond 10 plus s<"ri u:\: ti n la di nl \ \0
d'EurY" llie 6lail , sa ns 'onl\,pdil , C('lIdrillrm.
Mill. Tlt ou '·g l' ayait (-L', si ('onU' IlI " dll Pl'l'mi el' tl'aya il de la YClIY , ftl\!' dr[lll is .,11 0 lui
�4!~
TlI STOIR E O'C;\ 1I 0;\:'I
~ TE
GAnçO:'\
donnait ù faire tout cc qu c, dan s 1 s co mmande.', ell désirait \'oil' pal'liculi(\ rrment filli cl
soigné, Do piII S, oUf' la prenait lll ai nlen:lIilunO
joul'Il é pal' sr ll1ain o pOUl' l'cntl'cti en de So ll
pl'O pl' ll'ousseau,
COll1l11
C jOli!' 5 ll'oura it (' 11'0 Uil jf'lIdi,
Eu ,(l llie, la prrilli \ 1' fois, :tvait cO llfi é 501,1 pr lil
''':\ l'c:on à l u rn èr Lé"'rl' qlli l 'uilil ail I,cau('flll p
eL s'{' lail obligca ll1ll1rnL 0(1'1'1'1(' pou!' 10 I)ilrdl'I',
n alls l a m iLlilll l (', ln pal 1'0 11 Jl (' d · ( '(' lUlrilloll
s'l' lail Ip e n ~ lI
ri l' a"~\(,
I 1(')
d(' 'l'oll l-P('l iL
« Qu'l'st-c qu I' VO li S :t\' PZ !lnll e rait rlp \'(J lrC
Vll lllili t ava il-p ll o d(,llHUldü il !'OII\Tii'l'f', II Il '(~ 1
IlIts i\ l'<':co l
aujourd' hui j f'I Hli '1 »
Ell n'(' lIi f' avait ('xl' liqll (" fpl O Sil Jlr!)ji'
~
si 1I1Odrslo qu'II' ftH , (' 11 0 a\':li l ill'pll) l'· sul'
1(' 111 0 1 /I1'O/Jl'ù:l(fl!'c, c('11t fail hon cm'I d'l\ lrc
l ii'('
:!\'('('
!io n jll'ojll'i "Iain' -
/I\'oil hi('11 ,olliti
S'(' 11 CllillW'l',
«
NI' rllilrg'pz
11I:t l'Ill 01 ,
!I OII !' jamni s
a\ll il. ripw; It'· ~I"'
h/'lI sqllf'I'in
(mlilillin· ;
O
Ips allll'ps tif' \'o lrO
'l'h ollrgc'I'
11\'('1' Sil
IllijOlll'l l ' lI11i ('p in
Il '1 11'
pln!1 el r/ C'lllnin c('la lPs M'I'n ll}.; '·, Crn)'l'z- \'olitl
qllf' ('l' !-lo i 1 cid"" " 'I\\'oil' 1'1'1l !l Wl' l'ilS ('1 la l'(, ~
pon s:1bilil{' d ' II Il ('III'HIlI qlli Il l' \'OIIS lIpPill'lil,nt
l'n s~
AIIH'fl I'Z- I ' don(' tl\'(,(' \'OIiS l it ]l/'()!'llUirlf'
ro i ,;, »
�U)/ A)/ APRÈS
45
Mme Harivel avait élé ravie de n'ayoir pas à
se sé parer de J ean, et mai n Lenan t, lou les les
se main es, l'enfant acco mpagnait sa mère il.
Cend1'illon ,
Dès so n arrivée, il aill all Célin e il faire ]es
pendus . La premi ère fois qu'il avait nLenrlu
parl er de pendus , il avail élé ef1'l'ay', s' imaginanl un peu voir des (Fe ns accrochés pal' J co u
etlil'anL lalanrrue, Mais, quand il avail su qu'il
ne s'arr issaiL qu e des élofrrs bl anches el cl s
pi ces CO l1fecli onn "es r:t J'lli ssa nl la ùrYa nlu r
du magas ill , il s"' laill'ilSS uré 1 ava il pr \ l " li
IJol1n gr 'l ' so n co nCO lll'S il J' arpr nli o,
Jl all ait Pl yonnil 1( ~ la uou LifJu ' au ll'O lloil',
cl dll lI'o Uoil' Ù lu bouliqu e, porlanl Irs r aCjU ' IR
de jupons l ùe chemi ses, les co rlwill l's ri e mouchoirs lles mill o.rLicl s form anl l't:Lalu'" du
dehol's,
Pui s, vers dix beures, ]0 m u.... ns ill rangé d
paI' l, les \' nt! uses pr ' les à l' 'oyo il'I e cli ni ,
J ean all ail s'asseoir loul au fond, 'nlre Ra m(\ l'r
cl la coupeuse donl les is ux gl'iIH;nil' l1l en
laill anl le lissu, 11 fni suil ses <l evo in;, apprenait
sos l eço n ~, pui s S'ull1ui:!uiL .\ drss ill ' l', ou Ù li l'O
ti cs hiSloil'rs dans (les lines )ll'èl{'s pal' }ps
demoiselles, CJui l'av uir nl pl'i s (' 11 am, 'li oll ,
'i l' a ppre nli e a ll a il en 'O LlI'M', .J eun l' ucco m-
�46
III TOIn E D'U ' HONNÊTE
GAn çON
pag nait. Eugé nie, toujOUl' cl'a
illli\'e , avait
d"lb onl hé il" il 1 co nfi l' à un e
si j un e fille,
ma is la co ur eu (' ,l" aill vé c ser
upLlI '·.
cc N'a '('z au 'un
min l , llvnil- Il e dit , jo
'on nais C ' lin df' pui s qu' II
sl au mo nd ,
.' sl ln honnt\ l
nfa nl. Hi LI ,o ui, par '0
fJ\I ' II f'sl jrun e, niai s hi eJl rai so nlla
bl e nu rond. P
Curi f' usf' aus si, par eXf' lllplt 1C ',
lin " (jlli p(lr~
Yl'nail tou jou rs ft li!'!' les j'rll is
di 'l'S dUll s 10
jo ul'nal dp M. Tho urgC' l', ('11l11H'
lHlil J en n voil' le
1111",)[1 '[' d('s IlVé llPll1 enl s.
Il s Il 'a rrivai ent jam ais
quI' pour \'oir Ip do s cil' ge ns qui
n'C il voyai('lIl
pas plu s qu\' ux; ma is n' ill1porlp
1 il s l' Iait'Ill
qlll1lUI 111 ' m sn.li sfnilHd':t\'oir np('
ITli la 1't' IINrr
d'oi! li Il , j '1 111( fill e s'{' tait pr('('
ipil l'p, III Il u ~
licl' IC' o!'l il avait ('" IIn e rxplosio
l1 dp gaz la
J'II(' qui s't" lait efl'ondd
'C' la mai so ll qui /l\'ait
''l'ùl t,.
COllllllf' il s ava irnt pPI'11I1 dll IPlll
jlH, ils l' ' \'I~ ~
I1ni( ' nl ri ln h:\lp C't J'('lIll'lIif'1I1 ('sso
ldïU,s.
" Oil iI\(,Z -\'OI iS {'h' (' 11('0 1'(' cou rir.
11 ilitf' l'rogpa illa pulroIlIH' .
Plli s, 1(' rl'illlf' :nO ld· , ("," nit 0. 11 1'
qui r1I'lH\
~
dait rll "'; d,"lnils, 11(' Ill llllt jlllllli jll1l1
Ui s d'a jolllt'J'
l'0ll l' ('OIH'IIII'" .
" \ 1':I\ Pll ir , CI'· linp lu t" ('\I(,l'n H
d'a lll ' r droit
1011 dl(,1 11 i Il . n
�U;,\ .\;'\ APIÜ:S
47
C,:'lint' prometlait, sachant ll"s bi n, qu'une
autl'o foi s, ello n'imÏl pas dl'oit son chemin et
qu'o n lui panlonnorait onCorf'.
D'au tr os foi s, s'il n'y
avait pas de
t\ fail'f', ~IU"
TIH1111,!!!'!', \ oynlll .!Pnll SI Il'
le poinl dt' s'P lld Ol'llli!' au bl'uil 111011 010:1" Ill'
ll
l'nig ill p dl' sa Il)(\ 1'(' <'l li!'" ri"t'nu, dl) lit coupOU!)C, l'('II\oyail il la t"lli"illl'.
COIlI'SPS
�48
1IJ TOIR
~
D' UN HONNÊTE GAnçO?\
«Vall' om'crJ uli e, ell e te ùonn ra ùO'o ùl r. »)
Et J uli , unc 1)01100 O'I'O SSO N l'Jnand e, ve nue
àPar is pOUl' « amass rr", mai s clu i rènl it d fini!'
5 s jours « au pays » , raco nlait à l' rnfant drs
hi sloir 5 moryeilleu ses SUI' lu Cilmpil frJl', lrs
ytlch s, 1'5 pOIllJl1i 'l'S. 'J'oul-P Lil, qui , 011 fait
d campn gll , n'a \'nitjam uis ri "passe \ in c I1l1e.'\
cl 1\1 (HloJ1 , ounai t dl' ~ I'ald
s yeux pl {'('oula it
avidellH'llt )ps l' " 'ils d, la Iml\" elis~'.J
.
« ,'i jnlll ûis .if' ,ai s fairn un lour illl pays do
Caux, Illi di sa it fJut'lql l('foi s ce ll p-ci, .If' d('IIJ:\1l'
tI erai il l a 111(\1'(' ~I'
Lp laissPI' nnil' nn'(j l1loi.
;('sL )ilflIH' lu Y('J'JïtS (les Chillllp S, d ~,s hl'rig(~
d d(' 10 111 ... Tu boira. du bOlllail , III lIIange raS
du ln (,1'('1ll ' frairI1l' ... 1\!J! \'lI, (;' l' ~ l :tll 1rf' ('!Jose
IJII(, Pal'is. »
E s l~ , I('
Ll'llOir d MmD Jfal'i\'f'l, dl' ~ il\kS
VOiSÎI\( 'S,
Iii
("Iait'IIL d(,\ï
' l(
~S
"1'(11)(1(''1 :tlllif'S d('IHlis
cil' la n'u"t'. TOll s It' s Hpl'(S~
midi dll di Il lit 1I('ll e, ('lIl's Il's pass ail'itl ~'Il
s()c i{'It"·
La' i('ilk rilll', ar l iv(', 1'1'II1IJa IlII' , fOl'l.:a il EIlf.: ,"lIi(
i\ S.'CO IH'r sn 10rpI'II I', il fuirl' IIIlI' pPliJf' l'''!l llll''
lIadp, (Jlll'lqlH'foi s, 011 11IIaii ail l'illH'lil 'I'I' Jl0l'I!'/"
dt's nl'I
~ nu rht'I' mari qlll' Il' ll'll1J1s I W fni ~n il
pa s ouldil' r ; pillS SO Il\ l'Ill E-; II'III' , qui d{,r'lal'Ilil
";\1'1'1'1111'111 qu'oll 1)(' prul pa!-\ \ ivl'f' i 1\ 1'1'
('('11 ,0(
lJui Il e SOllt plIl S, d qll ' l'l'''' id{'!'s 1:'t'IIt! 1aU~
Il'i s l p il\(' I!\ lIrt'
�UN AN AP IÜ:S
40
vaises r Otll' les enfanls, a mena il ses am is dans
un jardin olt Toul-Pe lit pouvail sc dive rt i!' ; aux
nulles Ch ûum onl so uvr. nt, au P Ûl'C MOll
ceûu
quclq ud ois,
De qu elqu e cô lé qu 'cli c se touI'n,tl, ln, YC lI\'C no
l'enco nlmiL qu 'inlérêl cl sy mpûlhi e, el c'é lait
lUI baum e préc ieux P OUL' fio n <'(D Ul' ail1l unl.
"L'ûvenil' fI'a nn onçait sinoll Ill'ill n.nL, du moill s
pa isibl e r l ûss uré; cli c ne Vo nl ail pl us so ng'P!'
aux l1l :1 Ux P:1SSPs,
« Il s ùnt l'aiso n, ré p(' la il-oll c , lO UX qu i di so nt
(!Ll'il ne ('alt l ja ma is désos pél'O l', »
�CJ1APITHE Vl
LE \'IEI X CACAO
CC
(':cm:
Vi 1P, malll:1.11 », (·I ·1it TOlll- Pc 1il , 01111'n nt
d(' \' PllI, dam; ln ('IHlilllll 'lI ni.
('011l1l1P 1111 ('(j llp
1(' \ il'II. '
SI' I'f.;(, I1Ls do
sa 1111 ' 1'1 ' II'il\'aillail, » vi('lIs SO igl lf'l'
qlli ('si hl('ss(· ... ; I l'1'
l'il pp ol'lf'ill dall s 1111(' \·oillll'I'.
C :\raOlIl" d : ('
,ill('
Il '
(JII '('s l-('(' qtlt' ('(' \'il'II\: en('il( lIi'clt '1 do-
Iii
Il1 il/HIIL
-
LI '
1111" 'p tlll
1'11':11'1"1'.
d',\I1\ t'l'Il,
il sn i;': l\(, lH'il\l('olip Ù III Il' 111 ... ; Ir
Illi il mi s lIlI l'hill'oll ... Yill'".,
vif'lI\. Ca('ilolll" l'!H' tltl
Illai llil ll ... ;
phill·l1l1l(·jt'1l
\ J ('II s.
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S'l"ill'!'
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fllli Oll rll' ,!uni
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TO\lI·Pplil "! .I I'
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Ca('i\ou(·r!J{', ll1oi.
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111 \1 n I'1(·I',
'1"1 !
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�U : VJ EU X
C.\cAor ièCII E
51
C'esl un In onsir ul'. " , maman ' un honplul ôl. .. Vir il s louj ours, lu "as yo il' ... »
bas
l\
Olll'di e pal' l'i/l co ht" rf' n('(' drs pal'olrs dc
l' r nfanl , Mmo lIul'ivcl 1 sui"il SUI' 1 pali r l' rl
él l'I'iva Ù 1 mps pOur voir deux agr nl s qui monlaicl1!' l'esc' alir l' n sO ll lr nal1l Uil vi r ill a rd . Lo
fl'onl dll !Jl ess!! 'lail cnloul'l" d' uil o band r d
loi lr 0 1'1 d!\jil. a ppal'aissait un I' lac lt ' ro uge qni
s'(' larAissait Il' nl l'In nl.
-
11 0 111111('
« C'rs l noll'e yo isin, n'rst-(·f' pas '? fH ElIg{': lic
PI1 1'1'('o nn nissanll r bonl l(lI/1 II1P .
la pal'pn tf' dt' ('P t ind i, idl ~
d ,_
V Oli S !~ I ('s
malld a l'UIl drs sPI'gp nls dl' ,'ill l'.
OIl
J
, 1ll 0nsir lll', sa , oisill (, sl'III I' II1 I' III , pl
.i l' 11 (' Illi ai , je ('['ois, j a mais pll l'l (. " . '1'0111 " di spOS!\p, 1I t";) l1ll1 oin s, il Illi 1'(' lldl'l' Sl' I'\ i('r, d ù ln
S Oi ~ I I' I ', ~ i ('p la PSlll {'('('ssa il'('.
C'('s l bOI1 1» fil sirnpl r lll(' l1l 1' , 1 ~(' nL qlli 11 0
jllgl'ail pas IIlil r. de SI.' Ill !' ltr!' (' Il fra is d't" lo(Jl H'IlC'!',
Il fOuilla dnns la podl (, dll 'I (' II X pOlir y
prt' Ildr(' sa cI (\, pt a ll a 011 \ l'il' la pOI'I !' fllI !' '1'0111P!'lil Illi indiqll a.
njolli a II' ~(' r h!' 1
dl' ,ill t',
CI" ilIHI II' hOllholl111W fil 1 pos!" 0, 111' SO Il IiI, s' il y
avail III'gl' nc'(' il. Ir Il'il/l Spol'lc' l' il l'I, tt pil al, " OItS
fl'I 'il'z ln d{'I'l :ll'ali oll /l U ('0 111111 i ~sa l'i il l dl' pol ic!'.
e(
~ 1 :til
!' n : lI ,
�l.i2
lI1 STOln E D'UN 1l 0"Nf;TE r.AII ÇON
Seul menl n yonoz qu 'à la del'l1i ère exlrémilé,
parc e <J1I La rilJO isièl'c ('s l jolim ont ellco mbré ,
el je cro is bi en quo c' st de m \ 111 0 pa rt oul. .. ; co
Il 'cs t pas fuule qu'il en parle tous !ps J O UI 'S, les
pi eds devant ; Ill it l S p OUL" lIll qui sort, il ye n Cl üi x
fi u i \' (' Id 0 11 L n lrer.
,'oyez sall s crainl , r ~ r o ndil
la v uve; j '
Il ' ,dHI SC' I'(I i pas . »
Aid{,(: de Toul-P eLil qui lit sf'co nd uit (j ' ull e
lIl ullii'I"(' tri·s int ' lIigPIII , Eug('l1i "
mil Il
d voir de so it.: Il (, l' le hra ve hOllllllt', lui [l IlSSll
SlIl' Je vi sage tille {' pol1 g'c illlhiht" u d'I'nll el de
1'('
villili gr (', log(' a dilll S SOli IiI
lIll ("\'lIdl OIl (l'('nu
IICHlill ll lll n, el nppm cha dn SNI Il! \'I"('S 1IJ1 ' (' 1'('('
l' OIlI (' lI anl du l'('atl dl's J acohill s.
Apl'i's de IOII "'s ill s liUd s 10 vi nill ard finil pa l'
1'(, "l'llil' :"t lui , (' 1 fil , a, pc: sa lll a in , 1111 W'sIP
\'0111111(' p Olir dil'!' ml'I'ci, l' il l' il 11<' IHlll\ail ]las
t' IH'OJ"(' paI'l l' \".
«( VOli S alfpz IIli e llx , Il 'psl-cl' pas'! tl "lll n lHl ll
la , (' II V!', IlI' lIl'(' II S!' dc v oir s 'S ,n'o rl s (' Olll"Ollld's
dn S lI!" !" ("!>!.
)l
L ' I!OIlII1l l: illdill it nffil'llI a liv !' IIl('1l1
«(
V Ol i S
I\p sll'z hi (' 1l lrallqllilll' ,
1'(' lIldll'l' ;
/l jll'c'.s
\OII S
l' 0 lll"
11 10
III 1(\ 11'.
il rll( '\'f' l"
dil'(, z
ri'
d"
(jlli
VOliS sO lll n;.;(' 1' 011 s illllllc ' IlH' 111 \' OII S
fnil'!' pla is ir ... ; .i(' l'('s ll' tout il \oln: di s pos ilioll.
IHl lilTa it
�16. •
•
.J~"
...
J.
�111 51'O JIU : n 'UN 11 0NNf:TE GAnçON
fj/t
rel'ci .. . , maù ame», arti 'ulu ra il ,lemenll
vieill ard.
Le mieux s'acce nlu ail de lIlinul Cn minule.
L bl gS '. passa la mai n SUl" sa fi g ul" cl poussa
un "'l'und so upil'.
« C'm; L un e congostion, cx pliqll il-l-il ù voix
Ims. e .. . .Ie gui s res lé ll'op ]onn·tclI1ps 111'('5 du
p o~ I (', Ù la f)al'f,o ln oil .ie prend s Il, PS l'epas ... ~
(pltU Il.in sui s so rti , Je rl'oid m'a sa isi .. . , il "(' Ie
si forl. .. !.1 me s ui s s(' IILi Illalad(' , j'a i "OIJlll
rClllrrr .. ,; ma is, ('Il roull' , Ill es for('( 's Ill'ont
Irahi cl .i0 sui s tomh é ... C'es t Ull III al pOlir LIll
bi (' n, d'a illeurs , .. , (' 1\1' la pr lil e sa i l-! Il( ~() qui il
{'Iô le ('('su lt al de 1l1a dlLll o, lI1 'a, Hil ll S <lolll e,
Ha llY" de la Illorl.
- lill 'y a rien fi. fn. ir pOlir, 011'1' l'l'cnd! illlerl'o"l'a la Y('II\'(' pl oill do hOlllle "olon"'"
VOliS dl" 'Cz so u{l'l'i l' y
Non, ('c 11(' Sf' l'il l'il'Il , .il' "OIIS 1'(' lllf' ITii' :
la bl(' sS III'I' ('s l lri's sU[ll'l'fif-ielll' , (' 11 (' g llC"l'il'a
"il(',
Eug{'ni(' SI' luI p 01l 1' l'('sp('(' 11'1' II' l'C ' POS dll
vie illard , qlli sf' lllhlail vOllloil' s'asso upir , ~Jil
s
{I(' lIdnlll qlll' sn langu!' l'rs illii illlll'li,'c', sC'S ) PliX
('1'I'aic'nl HIIIOIII' d'l'III' , pl II' 1't" slIllal dl' son
~("
l'\1\lllf'lI !'il' lradui sit l'II 1111(' pl'Ofonclc' s Ul'i
La (' Imlllhl'!' l'lai l Id's PI'0JlI'(', 1(' lroil IiI Il
)1
�LE VIEUX CACA O 'ÈC II E
5S
fer bien dressé . En face du liL, s trouv 'lit un
ruvis unL p Lit m uble n ma l'qu eL ri , cnlrctenu avec le plu s g rand so in. Devanlla r nôlr' ,
un e grand e tuhl il écrit' , en 'hèllr sculpté, sur
laqu Il c élai nt rang "S en bOIl orel rc qlI clfi urs
livrcs qui parai ssaicnL ,lI' SO ll\'c nl frl1ilkl és.
Enfin , sll spendu , aliX mul'S, Ll'oi s pas Lels, tl'oi s
p rtruils : II X d'un homm c d' lin Il'enlaill e
d'unn 'cs, t d'un e loul .i unc fcmlll c, I!ahill ('s
à ln mo(l du l 'Il1P dc Charles X, 1111' I(,squel sou ri ait cclui d'un hr1 enfanl qui resse mblait ù sn n)(\ r , Cc n' "laiL point lit lc log'is d' ull
mal'chand dl' l'l1 rs .
El ElIg{' lIi rMl 'chi ss;lil, cn 111(\ 111 0 leillps, qu
l'hahillellwnl du bonhomme Il(' s'llc(,(lI'Ilail
gu('ol'e non p111 s av C!-ia ('ondilion. Toujoul's ('II
redingo lo cl rn rhapeau II haulP 1'0 1'111 1' : rt' din go lo v('J'dir pal' 10 lomps, chilJlr(lu l'ouss i pnl' I' :~
;WNsrs, il esl nui, mois ('OJ'l'pds qu and n)(\1Il ('.
Ell co l'(, lin fill e l , IIHtlllI' lIl' a l'l'np!'{-, 1)('11snil -pllf' ; (';U' il n'IL ce d es pas fail loulc' sa "ie
un lli l' il m(' li!'l' . )l
« Ah f;n! Illon 'J'oul -Pf'lil , » di'111 1111r1 a Mm" l ia, il s
l'i\'f'I , qualld , l, vieillard d é ( ~ id (' JH'l1iI\
fUI'f'llll'ellln\s ('hrz ('II " I( 1111' diras-ln pourquoi
tu appf'llps lIolrl' \'oi sin l, "i l' ux Ca ... , 'a ...
- C(t rttO II \ li t"I
I(
�t\6
III STOlHE D 'UN 1I0NNI{fE
GAnço '
- Oui. i c'est son nom, c'est un nom bien
singu li er.
- C n' st pas on nom, maman; on l'apprll comm' ce la parce qu'il vent! ues eacao uèchrs.
- Qu' es l-ce 'Ill 'cR I 'lli e dr R ca ·ttO ll ' cb 's?
- Dcs 'hoses pOUl' fair du 'hocolal.
fais qlloi ? clrs ill Sll'ulI1 Ills? dN\ machin es?
- Oh! non; d"s rhosrs qu'on mang . C ' la a.
1(' I-:0 t'll cl choco lal, s ul ' Ill ent 'c n' st pas
suné. »
Il fallut birn dll Lemps 1'1 hien drfl ('xplirulions
pOlll' f[ II C MulO Hari VI' I par\'inl ù. ('om p1'1'1H11' ,
('11('01'0 Il C rul -cp, quïlllpal'fnil ell1cnl, fjll 'il s' ll f:, issait 1;'\. de c(Lhossrs Il ril('no, Il g-{' Id'I'ai do qllaJil t', inf{'ri ' ur' ou 1{'gt· I'I'IIH.' lIl u\'arit', 'S, donlles
gam iJ1 s so nl Il'l'S fri and s.
u 11 HI' li nl aupn"s du Rf[U:tI' C (['An\'rl's »,
('xp liqu tl Toul-Pdil , qui , COll1l1lr IOll s I pH Illill'illoI s, {'lail fOl't au ('OU l'Il Il 1 rlf'S I1lI'IIU S Mlail H
du qllitl'lirl'; « el ï'l la so rti ([ps (-Ih'rs r1p Bollin
<'l dl' l't',('o]1' ('olllllwrcia ]n dl' l'av(liluc Trud a i/lo
An pPlil o hOllliqllP csl hirlll(il yiM·f'. "
Eugt" nio n'l,lail ni CUl'i('u sf' , ni haYlll'rlp. A
voir [P yil'uX HOI'Iir d 1'('lIll'el' UY('C' Ha Iloî! f' 1011jours rf' coIIVP rll' d'ull<' toile, ('1[(. s't"luit hit'Il
ill1nt: iné (lU 'il y 'udtlil (JIIl'lqll o chose : d's
�57
LE VIEUX CACAOui,CIIE
peloles de fil ou des lace ls cl ouli l' , par
ex mpl , mais elle n'avaÏl pas pous é plus loin
sos im' sli rl'alions.
oc ) ~co
l , Toul-P li l, dil-o lle, nolre voisin
n'a pas loujours élé
mal'chand
d c~ito
l èc h es
.
lu cela,
- Comment 'ais1\1 a 111 a Il 'Z
Sn boutiliuO ost hiontôt
vitl~o.
- Jo or srtis pas, j' suppo sr.
- Mai!;, (l'l' Hl-cc qui l l fait supposer?
- '1'0111 ... , :-I('S Ill tl ni('l'r:-l, sOlllan rrnrrr, ln lJOnno
lpllu
(f!. :-1('1' \,j\lpl11p/II :-I, II' :-lo in !fll ' il pl'('/111 do
/in IH·/'KO Il/1P ... El ('0:-1 IH,lIf's l'IIOSPH !Ju ' il a ('hez
lui! I(·s pol'Irail s Pl1ll'(, allll'ps ... lA' 1110ll:-l icII l' Pl
ln jolif' dal1l<' sO /1I , sn n'i dOl/If',
Illi'l'p,
l'l If' bc\IJ{·
psi lui-1l1C\ /IlC>.
SO li
Jlf'. I'P
I :-Ia
�58
lII STOIHE n'CN JlO~NI
~TE
GAnçON
- Lui! un si vieux bonhomme 1 s'exclama
J an au com ble de la surpri se .
- Il n'a pas toujours éL; un vi ux ]JOnhOI1)
~ l e;
LUl'enses bi en qu 'il n ' sl pas venu au
mOlld e uvee ses 'hcveux Illan 'S cl sa grallde
hal'lJr, Il a "16 aussi pclil , plu s petit 11) "Ill C que
lu ne l' 'S IIltlinL Ililill : c'esl alors qu 'o n a l'ail
so n pOl'll'tlil. lU je suis s," "c qur , dalls c L'IllPsI;'t Hrs pnl'l'Ills no 1rainaient. pll HIpHl'lI PH rll Ycndalll d'(,s ('nraou(>ch s, ('0111111 ill .. faillui-Illèlllc,
Ah! fil.! un loullwlIsir.
- C'est p01l1' '('la, Illon Tout-Pdil , ajoula la
1llt"I'I' en ('al'csHa nl J('H dID\' CIIX de HU ll cnralll,
qu ' il fauL ~ l' c uvec lui Il'ôs poli 'l.tl'('S (,olllplai~a l,
C't'Hl s i dur d'NI'(' l't', tltlil il la IIli s(\ l'p qllall(l
011 il ('0 111111 III pl'ospé l'il{'!", Et ('()IIIIllO il doil
<'11'(' bipn ll'isLe, 1· so ir, loul 1-)('1 11 dans sa
challll)l'(', nOtl H lui diron s do \' ' lIil' IjllcllJlldoi H
sC' ('hall Il'l' l' ù. Ilol",' l'l'II. "
Il!' C'(' j()lIr-!ù, ' 11 (,(1'd, [ps rolnliollS ]PH plu s
('ordialcH s"'ln iJ)il'(,lll t'lIlrc ]ps Jocalnil'rs dC H
deux polils logo lllPnls , Tan 1 qn' le vieux IIC ful
pilS (,olllplèlell1 III n'·tahli, Eugulli!' H'O ('C'IIPI1 d·
Hon 1lH"lIngp ·l .I('an fil srs (,OllllliisHions, }luis
C'1I1' SP Illil ù r/lll' 'II'/lil' so n lillg!', toujoul's Srt' tI1'1I11'1I s(, lllpnl pl'Opl'I', Illai s oi! la III1\in d'ull
f{, llIllll' fai sa il évi(l '1111111'111 dt,rall!.
�LE VIEUX CA
J \O
UÈC
I
~
Lui , ri son cO Lé , uidail .J an à fuirc scs
dcyoirs au J'etour' dc l'éco le, C qlle J'enfant
n'avail pas compr is Il classe, le père Cacûou,\ 'h J, lui ex pliquuiL, d' un e faço n si clair!',
si bi en il la pOt'l éc cle sa jeul1e inlellige nce, qu'il,
fil des pI'O
~ l'h \ L'upie! s 'L pl'iL déso rmai s 1::1 1,\Le
d, sa di vis ioll.
sc Il'oll\'nil aspe Mil" Lpnoil' ,
(Jlland Eu t;' ( ~ lIie
Icur "OIl\'pl'salion roulail so llycnl sur h posilioll
(l'le le vieilla rd pouyaiL cl dcvetit lt\'oil' occupée
<1ulrdois. Lps id "es l'H pili s ('olilradicioirCH
lelll' ,,('noi"l ll ft l'es prit .. , A l' IlLrl1dn' lui
dOl1llDI' d!' H('oll sC' ils .illdiei ' ux SlIl'I 'll yg'il\1I1' pl la
sa li! '· de TOlll-l' eliL, Mrno lIarivnl 1l!'lwiliL flll ' il
pOllrrnil hi('11 èLl'c 1111 f!' rllnd m{·t!,'C' ill 'lup dp :)
t;i r('om;l il ll (;I'S III al lIeu l'l'li SeS a "ai('llt contrai Il L
il SI' C/ll'i If' l', A moin s qu 'il Il e l'lit 1111 prosr l'il .. ,
Pl'Osnit d'oll .. , ~ d par qlli, .. ? l ie n'n ppl'OrOI1 di ssa il pa s /"S f'lIO SI'S, llH1i s 1'11(' b'O II\'ait qll 'il
ilyail tOlll IL rail 11':; allllrl's <1., 1'1 pro s!'I'i! s dOl1t
('II!' avait qllelqlldoi s lu l'hi sLoire,
Eslp "( · 1){'lIl'1liL it pOUl' 1I1l g rnlld Spig ill'III'
\'lIint'o pnl' la politiqlll' (JI I 1111 fillan('i('I ' dont la
rOI'Lllll1' avaiL 1'10 111 lm': dall s 1111 IU'(lch qllokonllul',
« N'illlpol'II' ('1' qu 'il a ('!{', filli ssa it',tI-t·II,·s
loujolll's pal' ('Ol1rlIlI'C, ("ps! 1111 "OI11Il1' IJil' ll
hnbill' .[ bii'il sl\Yltlll , IOlljolll's,
�60
lIlSTOll1E D' N IJO~
NÈTE
GAnçO~
- Et \ln bl'a\'e homm e. »
Cerl cs, n ounant sa pol'lo au "joux « ans
cloutait ou "\' flue ce lle
famill ) la veuye n e
cl "cisioll, dictée s ul m nt pal' son CŒ ur com palissant, allrail lin o si h Ul'OUSO inOllcncc SUI'
l'avcnir de son liJ I:i.
�C[lAP rTHE VII
PEIlPLEXITI!
."
'l'nlll !lollf'r lllelit .{rall g rnlldil,
JI Il InaililplI :1I11 qllnlol'zr
fllilll'I'
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nl1H
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Il';\,l' loppr.
rt yir ll! dl' IN-
dl'l'l1i l" l'(' alll1(\(' d'ér.:o lr, ()llIl'e IPH jll'P_
l1lif'l's prix dl' sa ri a <'Hl', il il.
(J,III'1111
[lI'I1 S(' SI'III'(\ II1I' d'sl'l'\'('f'
lIon s (,I(\yrs :
IlolIl's(' dan s
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dl' s l)'I'é!'s d,'I'I:; lal.
La pall\ l'" EIIA';lIi!' l'sL hil'l1 J1prpll''\!'. Modl'slp
h 1'1''\('(\s, tlll IH'tl IlItss i\'(' Pl t'fl'ill'(;", l'III' n'I'sl
pa R ln 1'1'1111111' dl'S g l'illlcl!'s l'(; so ltl liolls, LI' jOlll'
ot'! ln dll'I' gt lllli' qU'l'lin avnit l'''oiHi l 'a Iniss{-!'
sl' l1l l' dall s III \ il', l' Il !' il ('l{' ('(l'nl'olll' '' ('('
III'
oisi'OlI1 ,',11'\ (',
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l'ng/' I1l1fllll' l
011
lit vol",f': f'OIIlIlIl'nl, :'1 ('!'(!P
('01111111'
"('lId SlIllill'-
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OSf'l'il-
l l'I II', il 1'1/1' Sl'l d, ', lI'OlI1('I,!'/' ('l'II!' gTilfldl' Ijllf'siion
G
�111 8 TOII1" n 'uN 1I0NNf,T1;; CAn çON
02
do l'aYC'nir dr J ran ? Ell o s'adl'C'ssr aux prr-
so nn es é 'lair{'rs qui lui venlpnl du bipll, 1\lais
leurs avis, Lou s l11oLi\'6s, so nl bi en di ssr lllblahlc s,
1\1. Thourgrr p Il chr pOUl' l' acce plalioll dr la
JJOlll·sr .
r faul pn s f;,irr
I( C'('f; lun p \lllh;lillf' donL il I1
moin s qllP 1<'5
nl
a
fi , dil -il Pli sld, slaIl G!' . D'aul
ga \'( ~() n s qui , COIIIIllp ./('a ll , onl M', Ft su S I' di slin 6 llp,' tir ln foul(' (]r )l'urs ('(1l1lilradl's, onl,
d'n ,JI n' s, challcr ' d'a rrivrl'. C011lhi1'1l
d(' gra lld s in g(\llil'urs, d!' brillan ls ofli(' i(' rs, de
111{·dr('i ns ('(" It"III'('s onl COlnITl P'I('{' pa l' 1'(\('01('
p,' inwin' Pl '11 ' doivl' lll l('ul' Rilualioll qu 'il
trayail
UI}(' IJOllrs(' dli' r l: IlH'1l1 gag ll6n par leur
pill s IJ'"~
" '{·coli !'!'. )l
TOlll alllr!' rsl J'Opiliioll !ir M. Iksh(' ll'l's,
Hprll sP.. rt r;Lrl'f"Il H'IlI, d{·cl a l'(·-l-il sam!
a:llbn g ('s ... i\dlllf'l S 1J1If' III 1'/l11'('s illl ('ollè'g(' rL
'lu'h sp izp ans, fil so is lHtdl(·lil'l' .. , TI' voil ;', I,il'II
a\'aIH:{' ... CI' Il '('s l pas Ion dipilillll' qlli Il ' fl'I'il
vi"!'1 ... Si 111 dt" sil'I's fnil'fl 1011 dl'Oil ou 111 IId·dl'·
l'mi s
l' ill(' , la 1l1l" l'r [lotll'ra -I-rllp SUhvl'l lir aux
d'(" llIIll's, qui sO lll l'I ,n"iM' rahlr·s, .. Y :\ldloll s
Il'H r!Jos('s aIl Il,i,'ux : lu ohtir'lI s 1'111'0)'(' II/l('
hO\ll'sl' ... , III l'II ol,liC'/l s lotljollJ's : III ('IIII'I'S il
,'ninl Cy r .. " Il Pol ) IC'f' llIli'l'I(' , ot, lu fin il" IS 1111
(1
�P E nP
LG
Xrn
63
~
sujcl hors liglle, ct tu so rs avec une position
supe rbe". Ir "las ! mon pau vre enfant, tu ne sais
pas ombien tu auras il so uITrir de la tliU'érell ce
qui existera entrf:l ta
for'lune cl lu silu alion
• Il('fu,o, ot rofuse
rn~lIt
.. , •
qn tu De ·uperas ... N' sRain pas <l 'imilOl' 1 s
oi scn nx qlli , '!t r I' 'haut l't vo lr l' tro p hnul (l'un
' O llp , IOllll, c' llll'lul l1 ll1 ' Ill, à 11' 1'1'(' ('1Y d Pll H' lIl' p nL.
'l'u ps fil s d'Oll\'l'i pl', l'cs to OUVl'i Cl', )\ \,(,(' Ir ca m '11"1'1' (' 1 !' il1klligP l1 r qn C' .i r l I' c'o lill a i s, III lt rri Y('l'I1s qua nd IT H~ nI C il ra il'(' l a Iro \1 l'(' Ill ll i!o. plu s
lnl'd , qll il lld lu a ll l'(lS I('s l'c ili b assrz so lid ('!' pOlir
�sui\'l'e sa ns In'oncll er
la l'oule flllO lu l e so ras
loi-même fl'a yée . »
L e ph'e Cacn.oll "che év itait d, sc pl'ononcer
cat {'go ri fi U 0111 e Ill.
Cf'l"les J Ci lll , tic lon lui, élait UII g, ll'ÇO I1 SUl'
lequel 011 jlOII\',Ü t co mplf'l". , 'il Il'ava it pas
1I1l
de Cf'S f's prils hrillallls qlli élflllll f' llt f' 1 "!Jloui sIw ul , il po ss{'dait par COlltn' 1111(' i"If'lligP Ilf"o
prompt!' C'llurir!f',
1111
jU "(' IIlf'1l1 saill !jlli, joilll s
ft 1111 Irayail SlI i\'i 1'1 il UJl{' ild' bralllal,l !' pf' r séY('I,U1r!', I!' 1ll('II('rni plll droit n\l SUU('S. Mai s
1\1.
D C's
l ~ lr('
aVilit rai so ll ; la pilll\'l"el(' se rail
s
pOUl" '1'0111 - »(' 1il IllI e clltrave, 1111 ' 1-!;ê lH' ,
HO Idl"rn Il f"C' ... Qui sa il co qu o
11111'
il: Illorai t1C' vif'll-
!lrail 1111. Illilipu !l ps IlC'urts, des froissf'llIC'nls, df'H
d{,lwil'('s filli lui dOJlllcraiclltl'assilul il SP!! M'hul s
Ilalll' Iii v ip, .. ~ .lPllII avail 10 ('(J ' lIr se /l sil,k , 1';11111'
dt, li,'n l f' .. " 1l1 1\1 1\'a i sps ('ollditiollS p01l1' l a 11111 <'
Hf"!rill'lll"f' qll ' il au rait ù so utellir , ('1 oil d(' moi" s
sf rUpllll'11X l 't\ lrall h lpl'a if' lIl sa li s pili(· . "
u
Toi , mnm all , 'l'l'I'sl-ro qU{ ! tll 1lf' ll ses! ),
rJ!'lllilllda
p lll '
('l'II" dj\'fr
TOllt-Pelil, l'p sprit
t~I'
I(
'n
1111
pf'U l" allOl é
d'o pillion s.
Il {"lail aHsis nux piprl s rlf- sa ml' I'I', clan s 1111 0
JJflSf' ('I)l illl' , la joU{' nppu)!"P su\' sn IIlain, Ir!!!
)l'U'' I(' \(·s \ (' l'S l es sien s, iIlI PI'I'oga l{'ul's c l
UIlXIf 'lI.\ ,
�G5
Jlélas ! mon pelit, je ne sui s pus un e discou1'euse, lu .'ais bien, .. J 'ai si g rul1ll'peur Je me
ll'()Jnpel' cl de nuire il Lon il.Yenir!
- Di s lOllj our·s .
- Eh hi en! Je co ll ège m' 'pouvanl ... Vois-lu,
c'es l 11111' 111 tl u\' iliso clloso fill e de voul oil' lrop
H'é leve r <1 II -II ('S811S ci e SO li l'illlg-... J e se rai , hi en
g lorirllsc ri , l voir devc llir un jouI' un rand
jlerso llllag'e; mai s si, ('0111111 0 Je crninl nolre
v i ,il ami , lu allais l'CC vo ir d s a fl'ronls il couse
de III p:lIl\,),l' lô " ,? Vil, j o Il 'a ij a mais l ~l nl 'r81el"
(k 1I\\ lro pn s rirh ' ". El pui s, j e n'n i plu s qu e
loi , Illon TOlll-Pr lil j clu '('s l-c qu e j !l o\' ir nflrai
si III Ill e quill es ... ~ ,J(' IH'" se ra i lOUjOlll 'H qll e III
so uffrcs Pl qll e jf, ne su is pas lù pour le conso l(' r .. . , qll o lu pl clIrrs r [ CJu r j Il () pui s pns
C'HS U )"l'1' II'S Inl'lll r5 . .. C'esl e\goïsl(' , ('
e]lle j e
di s lit . .. ; il f lllll Ill( ' pa l'dolln el' ... »
.If'iln Illii Ha main SUl' la hOllrlre do Ha 111 (' 1'0
ri l'P llll m lHsa avec lcnrlressl' . ," il Illi "illl dcs
Inl'Illps dn d{,('pplion, IH' r SO l1l1 r Il '(' n vit ri!'I1 ,
('Ill' ce 11(' flll <jII C 101lg lC'lllpS apl'rs, 10 "i s(l go
('aflll!' pl Ip s I('·vl'cs sO II1'iallle 'H, IJ!I ' il l'('I'l'il :
'l'II Il 'I'S l'il S, III IH' sr l'as jalllll is 1111(' 1111' 1"
(·g'l!ïsll' ... ; ("('sl moi qlli !'H'ra is IIll t'ogoïslc d 1111
oc
(C
Slill S ('(1'111' Hi
IH'IH\('
plu s
il
.il'
l'a hllllr!ollllili s ... Allon s, III
(:es ('ho" ·!;-fù... TOlll ('(, la Il '('x islo
G.
�GG
111 To m E O'UN H ONNÊTE GA n ço~
pas ... Je n'ai point mérilé ùe hout'se ... , cl je
vais nll'cr en ilppren ti ssage . »
Oh! C LL qu es li on de l'apprellii ssnrre ! Depui s
Cju' hu g-6ni
st v uvc, cli c il él " Sf)!l co nlinu ' J
so uci. Le père viva n L, toul il urait ll1il L'ch ', il
merve ill e; il a urait pri s J' r nfanl dans SO li al ' Ii cl'
cl au rail ve ill ( sut' IlIi, Mais sr lll , sa li S pl'o lecti OIl , sa ns dé fense, fJ u'all ail-il d (,\'f li
r~
Qu els
x IIlplrs all ail-il avoir so us les )'f' ll x ... ? Qll els
propos nll nil -il nlenrll" 't 11 élaitl'c8 1é si ge nlil !
timid o cL dOll x (;O llll11 e un fill e ...
Le vipux (;n (":lOlI (,(" l1 o ssaynit r. 11 va in do
alnlP l' 1('8 in fllli él lld 'S dn la 111 (: )"(',
« • '(lnS doule, il y ava it des Ill :tu \" ais suj pls
dans IOlls 11'8 alcli r rs 1111 P P \I nOIl1II1'CII.X, mais il
y"ava il allss i de bl'ilves garço n!; Pl d a \'a lllil1)l',
Itclll'r USP lllf' lll , qu'e ll e Il pll raissail SP rill1 ag Î.IH ' f'. Ell suit e .1 f'<L 1l {' Iail ull e IIf JIlIII\lp Illllul'("
Uil f' llf:1111 /,pl11 l'li dn b OIl SP Il S pt rl f' ('(l'I II ', pili s
[lrrrss ibi n rl l ~ 110 1l '! pX(' llIpl ps qll 'all' nHlll\'a is;
il il':lil droi l tl all s la viC', et r(,l'a il so n df' \·oil'.
Enfin , il Il 'y am il pliS Il Ipl'gi\'e l'sl'l' ; il rnll ai l
qu'i l app rit ii. I ravn ill (, l' cl 1'01 11' ('(' 1:\ , il {' lait
lH"I'('ssa il'l' qll 'il :dl llt r ll('z \('8 al l!l'l'S. POllrqll oi
11 1' [las (' Il pl'I' IIdl'0 hl'il \'(' lll r nl SO li pnl'I i !
(' ill l' I'
SIlI' IlI i ... , 1', ,·id I' IllIIH' lIl. .. ; Sll l' sa (' lllIlIlIil r, SIII'
Ils l' l' lal iolH-i {Ill' il sc cr \c ruil. .. , Ill ais lui lail-isl' I'
�PEnLSlT
~
67
au ssi 11 n p('u 1 s coud \e franc hes si l'on voulait qu 'il devint un homm e, »
:M,nc lIul' ivel hocha it la tôt mal convaincue,
J iHl ayn itlou jour cu un o'oÎll prononcé pOUl'
la mécanique, S'il ava it lant dé sir '· fail' e scs
é tud s au oll'g, c' lait uyce l'cfl poi l' H(' '1' l dl'
dcv· nil'plu s llll'd ing" ni 1Il',Lepr rc Cacuo u 'cho
]' n 'o lll'<1;.;rait dan s c s iù é s; la mère essayait
cl r'JI délournel',
« P ourqu oi Il scmis- tu pas srl'l'ul'irl', mon
.J ean '! lui di sait-cli c, Mécani cien 0\1 s(, l'l'ul'irl',
la dirrél'rne Il 'pst pas si (l'l'f1.nclc, Enlrnnt dan !!
la se lTlIl'r J'il' , on t trouvel'Ilit pl'!\s d'iri 1111 bon
patron hOlln{\le, n'ayant pas d'autl'e app l'cnti,
ec qui lui pcnncltl'tlit mi ux do \'pi ll pr Hill' loi .. ,
El je sP l'ai s birn plu s ImnfJl1ill p quP si III all ais au
loin, dan s lin nl li l'quc je ne cOJlllallrll is pas .. "
pl'uL-f' II'r, l'Il soci('l é dl' mn IIl onl1(\ It's gr il s .. ,
- Voyon s, I11 ndalll c lI al'i\!· I, l't' pondail le
pt' I'n (;i\caou{'('hp, l'nil' 11'('s H(' l'if'IIX , d,n,; 'hi ssrz
1I1l Pf ' U, EII rnisanl 0.[1 111'1' 11111'(' ft .lpilll un 111(,tipl'
,Ion s dl' parf'illf's condilio l1 s, YOIIS ln l'0l1 dal1111I'Z
li. "{'h l" It'I' loult' h il "il', Il dov ra dOIl(, SP \)01 ' 111'1'
il l'I' lll rllr!' !I ~S ff'I'I'III 'PS lUIS pPI'Sil'l111I'S 1'1 dl's
l'oul('l ll's nu.\ Iil s !If' rpl'; 011 bil'II , l'nf'OI'!' , il
oU\'l'il' , p01l1' l'inqllanl(' ('p lililll l'!,\, la p01'11' ails
!:; PJl S qui alll'Oilt ol,
li( ~ Il'lll' rll", Alloll s dOllC!
�JII STOI nI:: D' UN lON~
68
10.\ nçON
k: Tf:
l'enfanL vaut mi eux que cela ... Qu 'il rasse do
la ,c rrlll'ori , passo ! mai s 111 01l ez-l 0 au moin s
dall s la l'abriralion , »
E sl ell e un beau jouI' apporla la so llliion à ce
probl èm o fJui tracassa it lant cl
11 's .
(( TOlil -PrLil, dcmanda-t-c ll c, 'c la ne Le dimil
cc r\'
pas d'(' ll'(, Il 0 1'1 ogOl'?
-
lIol'log'cr ... ? louL de
dall s la
-
III é('1l1lirJlI
111 \ Ill C ,
Cela l'cntr
, l' IlOl'l ogf' l'ip.
Oui , il condilion
1]11 '0 11
y npPI'('llno aull' ,
chose qlle les dlllhilln Nf's d 1l10nlrcH, l'ell1 anluu.
Il) vi pux,
_
cmignpz rirn. Si Irs rho sC'f) S'al'l'an n r l1t
r ('
il mon id{·!', toul le Ili ond e ~w l' a
Ellb(; lli<" pal'('(, fit]('
10 1-Çillll in
IH'
conlent:
('{JUITa auclIn
ri sfJ uP d'a voir dl' ll1 iUlvai s ('ollsrils IIi d(' vilains
cXP ll1pl es;
, ' OUS,
pl' rl'
Cn '\lollècIH',
parce ([ll'il
npprf'lldm s{'l'il'll sc' ll1 pnl :'t lmynilll' !' . »
L n bOIlI!OII1III(' hoc'llIl la 101(' . ('(' " '(- Iail pas
(' ,la qll'il l'(\ ' ï lil pOlll' so n pcliL illlli, ~Iai
s la
propo silioll l'lit tOlll df' SlIil(' agTI',{,(' pal' la 111c"I'(' ,
el il l'Id
(,011\'(,1111
qll(' 1(' dilllllill'I!(' slIivant .Iean
H(, I'n il PI ',;s(' IlI{' il so n rllllir pall'On.
M. Auhry , l'II0rlog-C' 1'
rail'('
SO Il
c!1('Z
"l'pr(,lllissngC', ("Inil
II'Plllilill!' d'a nn{'
cOllll'dait III ÙIlH',
'S,
'l'Ii l '(' nrnlll rlnait
1111 11011111(('
rai biC' , ('!tt'Iir,
(!lI(!
Sil l1(Iv
a i ~H'
d' lIllO
1'\.;t"I'I.' Il1I' llI,
Sll/ll ' avait
�P EH P LEX l'ri:;
60
co ntraint cl quiLlor un c importante mai son
d fahri 'ûli on olt il avail l ongl r mp s lrava ill é.
II y avait cl
el a LI'o is ans, il avait l oué, ru e
Hoc h('c houarl , un e pelil bouliqu e Oll il s'é tait
mi s à faire de ln r éparati on. Comm e il élail
habilr ct co nse icn 'i cux, il ava it C il promplemr nt pl Il s d'o uYr aO'c qu'il n'c il pOLlvait fairr . A
plu sieurs r ep ri ses, il a,'ait bi en (\ssayé de
prr lldrr dps appreillis, Ill ais l a mal('chall c \
l'ava it rait l omh el' HUI' dl.' mauva is g-iu'lI r nH' llls
qlli , profil anl rl r sa failJlrsse, llIi ara ienl joU!!
dPH lours 1H' IHlah] rs Pl qu 'il Ilvai!. dil f'CJIlg-{· di cr
au houl rl r l'r u dl' Ir mpH. L aH de CCH l enl ali, cs,
il s'{' tail J'( "s i ~ n {\ à lrilra illPr se lll , hi l' Il lJu ' il sc
l'al i;": lli\l ti fairp I('s CO UI'S(,S, el qll (, ('el a lui. nt
grand 10l't dn H'n ltsf' lItcl' II · ln It oul iqll r . Qllallrl
E sll'II I' !,l'Il oil' lui ava it jlltl'I ( dl.' ,I pa ll , lui n\'ait
dil 1]11 1'1 bon pd it ("I(\vr, qll e] gp nlil ('0 1Ilpng'1l 0n
il sl' t'niL pOlir lui , l'lI orl n!:)·(· r ,I\'ait l oui cIe Huile
CO ll sf' lIli l't If' p['('nrll'f' (' li apprf' lIti.ssa n (' t il lui
f'n Sf' ig- I1 f' I' SO li nd'lipl',
LI' clilll fl l\(']l(' sIIi vllnl , T oul - Pelit , rI(' ('() III P Ilf) Il(' dl' sn I11 C\ I'(, r I. do la v ipiliP rill c', Sf' r f' lldil
t'll(' I\ ocll(\(' holl tl rl. Arri,'('s il la )101'l p dr 1.1 hOIltiqll(\ donl I('s vol els (' Ini ellt Illi s, ~I " ' L l'lI oil'
frappa fl f' lI x fois HII II S old f' lIil' dl' d'poll sl'.
« C('I IL 1ll ' {·tolll1 c' r.lÎl pourtant quI' ~1.
Auhry
�nc ft'll pas là, elil-e ll , TlUi squïl nou s all ncl cct
apl'ès-midi. Jean, va clon . ('ogn('l' Ll la vilre du
}OgC III nll) ndanl que nou s l'('sl l'on s ici (l faire
If' g uet. »
Stl l' 1('5 indicalioll s de )'0 lIYI'i l' 1' (', TOllt-Pelit
enfi la le ('ou loil', lOllrna li. ga uche et sc ll'ouva
dall s tlll(' pl'lil c cour, Il 1\'al'l'I\la il 1111 porLo
(Ionl la pal'Ii sup{'l'j('ul' élaiL oc('up'c par un
Y('I'I'(' dl"poli.
lais, HU IllOlll cnl (lll so n doigl allail lou rher
la \'ill't' , il s'a l'l'(\la s urpri s, pl'f'squP cfl'I'(IY(l, Il
lui sl' lllldnil ('1111' 11111' (' llllf' di spule li. lïnt t"l'i('ul' :
tlll \'oi;.. ('OIIiTOUC('f', 1I1PII:lf:all lp, quoiqu e (,Oll 1(' 11111', 1'1 11110 nlltre voix faihlc, ('SSo urn(· c qui
clrl'I'rh ail fl plac er lIll mol sa ns pOll\'oil' y par\' l' 1111'.
J f':tll Il 'o!-\:t prrncll'c 1\111' lui (1(' lrouhler Ir· co lloqu p 1'1 l'cvint YPI'S la 1'11('
" 11 Y n du ll1ondp, rlil -il, j'f'nlplld s parlpl',
_ 'l'II Il'as don' pas cOf!'néY clf'lIlalld tl EsII'11
,Ir' Il 'ai paR osé,. »
), ('S dPIIX fl'lltl11(,S 1(' suivil'(,111 dnn s la mni llo n,
.II'nlt, pl'(\Yf' llIl , fllllP SPlrl :'l S':IJH'(TI" 'oir qllP ln.
di s('lI ssioJl n'aYllil pn s cpssr", Ail ('Oll(l r"llrl'g iqu o
fl'nppl" pal' la vi('illo (illl', II' hruil dl's voix
s'(' ll'i;.! llil 1'1 M, AlibI')" yinl ollYl'il'
La pit\en ('Iailull peu SO ll1lli'O; III'allll1oill S Ir.s
�71
P ERPLEX I T I ~
vi il urs ap rçu l'enl en enlranl un bra n garf.o n,
habill é av c le plu s grand so in , ga nl ; de fr ais
cl coi[ ; d'un chapeau de so ie lui , an l , qui les
sa lua av c un so urire ,
«
Mo n fr ère», rx pli([u a
l'h ol'I ogr l' n li. X
il l'I'i \'fI ril s.
C,r lll i-(' i prit
auss il ti L
Au rnum~t
ni!
('0 11 '''\'.
011 .bli,.!t all:lIt tUll(·lIPT la "in'I'. il 'u1'I'Ma
IIrplh ..
" AII Ol1 S, 1 ~: li f', .i l' le quill !', dil -il d ' lIll ail'
cl t' !, n lllw a lllili l', .il' \'o is 1[ 11(' III f'S (' 11 illl'/li rl's ..
Ah ! n.io ll in- l-il il l' l'f'S lIll P pnusl' pl ('0111 Il\(' 'Il
Il!' r H \
isa ld,
III SO I1 "('lï l S il CI' III
0 \ dOllSO lll HlS
�72
IIIS TOIHE D '{j
~
parlé, n'esl-cc pas ... ?
JlO~;-'I
~ ; TE
~ l e l'(,
r. , \J
c di
ÇO~
so ir au plu s
lard.
- Oui, ou i ll, hnlhulia M. Aubry qui ."(' 111bl ail. il boul ri o sourn ,
' 1'111(\ , il sc Jai !-!sa
J)f's CI" O la porto ,rut
1(1111)(' 1' plul<il cill 'il no s'ass it (lnns SO I1 '''l':1.nd
r·r
rHlI
~ lIi.
Eh IJi (' fl! (]I,o i dOli C, .. ? fit Estell r. , Ccla n .
pn s,
Oh 1 pas dll 101l1 .. , ,J',I\' ais 11CIUH'Oll[l d 'O Ll \ï'1lf.!1', ('c lI c sC llIailll' .. , .J'ai ,'ou lll loul li\'!' l' rc
111 11 1i Il .. " .i c su i s r x 11\ nl! ,\ ,
, \lOI'S, Iloll"
.Ieilll Oll'I'iyo II [ll'o(lo !-! : il
CI
Vil
\ 011'" 1\1'('0 11111'1'<1,
Cpl'L('s oui .. , .1 0
YOIIS
,1(,I11:1.nll(' pardon ,
11I :lI lal111' , dit -il ù Eu gt" lIi c, j' "Ollli l'('(;o is birll
III
ni, , ,
"
Il 'y
('Ollt l'a i 1'1',
a (In '" dl' ,'ntl'(' faulp ; ("('sI 1I0U S, ail
qllÎ :1\ ons Ù II OIIS ('\l'IISCI' d(' 'OII S
M'rang!' !' 1111 j01l1' fjll!' \ OIIS ,' Ips IlHtlad(', ' i ,'ous
II' df\s il'I'z, nOli S l'!'yiPllIll'oll s,
NO Il , 11011 , j'ni h"ll' (1'(' 11 fillil', COl1lll1C 1(,
dil 1\1' 1" Ll' noil' , j'ai gl'illld br soill d'nid!' .. , pl d('
sfw i(\t{, allssi, ('Ill' fin Sl' fnillri sl p li t'In' loujoul's
"l'II I.
Voll'c l'l'i' l'l' III' IWIII dOllC pn R "('lIir \'IlII S
,'oil' plu s s01 1\ t'Ill (,1 '011 '1 l onil' (,ollljl nt-: nifl '!" nt
�73
P EHPLEXITÉ
E, l ,Il av ' so n san '-(Tè ne
a !J)' USCju crÏc
ha bilu Is,
et ~I o n
(l't' rr as S occllpali ns, VO Il S sa \' z.. ,;
. rs a mi s , .. , l' ' pondil 10 pau y)' ho 1'1 ogl' l' n mani t' r c1 'exc lI s ... ; d'a ill eurs, il vi ent pa rfois III
l' ' l1dr ' yisil e, co mlll o VOllS l'a \' Z Vll.
- Oui , il "i r nl surtoul l' ndrc \'i sit r il la
rd l' nl ; Sl'Um issr . Enfin , crs 'hoses-hi. \' O Ii S r ("~a
) nH' nl, c' sL un drôlo (\ 'id 6r cl· s'rs'luintr r
lr:l.\'a ill l' I' pOlll' Cju les null' 'S fasse llt la
f'l . »
M. Auill'Y sr llll,l ail ayoil' h,ll cl ehil l1gr l' la
cony ')'sali on ; il s mil ù. trait ' 1' a \' 'c Eu " "IIi
ln 'Ill 's li ol1 cl " l'Ilppl' nli , sn" .
Lrs t! r l'ni l' I's al'l'angC' 11l nl s pri s, 0 11 SI' fJ\li lln.
J ptlll dp\'a il {'o mlll l' )H'p r dl\S 1(' Il' nd l' lIl a ill Pl
' Ire lit il sl' pl hpuJ'C's pOlir ollnir la h01l1 i'lill"
L I' pall'on lpnclit, (' Il lui sO lll'i a nl, ln ma in il
SO li nO\1v r l a pprpnli. Oh! ln Il'i slt' Il Hlin , maig l'Il
' l c1I"l' hnl'lu',1' ! C' I IC' IHl\'I'a lll so ur il'l' ! LI' l'Il' Ilr
r'Olllpa li ssa nl dC' TOlil-P(' lil 1111 la nl df' so uf
fl'a/l('cs an 'lllllull\C'S, UI1 (' si !I ou] OU l'l' usC' 1'('sÎ~ lI a li O Il , fjllïl l' II full' l' lllu t'· . : ou\,(' lll aussi, I:J
,"oi\. nH' ll nr;a nl f' dll h(,(\ \1 "n l'( ~o n , 1('1'1 l'Ml l' "\iolls
d'E s l,· II (', hallU'l'l' nl sn 1ll1\ll1 oin·. El qll and ,
dall s II' ha isf' !' dll SOil', Slt Ill""'!', dl's iranl l' oll nalll'r so n ill1pl'c'ls ion, l'inII'ITo"l'a : '1 Eh !til' nl
7
�i/t
JII TOln E D'eN IIONNÊTE G.\l1 ÇON
Toul-PeLil ? » le brave (J'arçon répondil avec un
éJtl ll ch aleurcux :
« .J c suis co nlcnl , Ill aman, très, Ir \s co nlenl.
.T f' vais lranlill cr de loul mon (' (B l1t' : d'abord
pOlir qu e tu so is sn li sraile: l pui s, pOUl' quo
1\1. Aubr y 1)(' so il pin s malll 'li l' ' UX . »
�CIIAPITfin: VIII
E
fil '
,APPIIENTISSAGE
Jf'an i'W mil uu lrnvail av('e loul l'ul'f! (' \ll'
111lt: Illi !lollnuil Je d "sil' do gng nl'I' p/'oillpl eI1wnl sa vic l de v('lIil' ('JI aid(' il sa 1l11'I'C,
M. Auhl'Y {'Iail sllrJll'i s dc ln r,,('ilitl\ an'I' laqul'lI e
il ('OIl1JlI'l'llilit ehufJu' chos : il ayuil, ('Il qu elqu o
sO I'II' , l'inluition dc ' qll 'il fnllnil fair!'. C'('sl
ail poilll fJUI' dans I('s prelllil'I's ll'm ps, 1(' pnlron
lui di sa il qll olqu('roi s :
«( Ah (;:.. ! lu /l 'as jllmais rail d'hol'log('/,i(', loi
~
OIl,IIlOIlSiclll'.
'l'II Il 'as jlllllais YLi lramilll'r ... ? jamuis
1~ l'du
d'l'\: plimlioJ\s, ni ril'ilili surin mi,til,I· .. .'?
.Iaillai s ..10 JI sais IlIt'.IIl(' pa s si j'a\';tis "u
l'iltll'l'it'ul' d' urH' 1ll01l1l" anllli d't' lItl't'/' i 'i.
�70
IIlSTO!HJ<; D'UN HONNÊTE GAnçON
- C' sl iL Jl C pas Ic Cl'Oir , Ccrles, j'ai app:'is
"ite L bi cn ; j'aya is un LOll III a il l'C; n. ais du
di a ble si, a u bouL de six mois ü'appr nlissagl',
j'aura is (~ l é capablc dc fairc cc qu lu fa is, »
.Jcan "lail li ur LV ri s é loges de so n pall'oJl ,
cl il l'edoubla il d'crfol'l s' pOlIt' JI ' pas ba isser
dnns son eS tim e , Ma is sO \l vp IIl, Id'I as! il ava il
I)cso in cil' Loule so n éJ/erg ip pOlir II I' l'as sc laisSP I' ail('/' au cl "CO li r\l g ('IIH'1l l. S' i l aV:lilla '0111 jlr(·IJ('llsio/l plu s d('V(' Jopp{'(' qll !' I){'itll('o up d'a plH'('llli s ti C' so n ùg!', l'h aI,ill'l é ri 'S Ill ains n' "la il
pas à la III \111 0 huulpur.
Hi l' II des l'oi i) il i)'aga(;ail il sai l:l ir, à pl ac(' l' , il
fix(>1' dl's pi f'C('s pl'NH llIfl 1li (; l'o se opi!J1I'
~ : !Ps
]JilH'ps fill!' s s'{oe hap plli('lIl ci e sps dlJi ti ls; il {'Iait
pri s d'lIll ll'I'1l1blell1Pllt Il (,l'\' (' lI X, d sc' nl a il d, 's
l al'l ll f'S d'impulipn (;l' lui n ' nir Ill/X yl' lI x.
« L it, Jit, ,li sa it l' illdllige ili Ilor! ogf' l', Il U
l'i'llpl'\'f' pas, 111011 ga l'!:oll ... C(· la ,'ic' ndr:l , so iS-l' il
st'tl'. 'l'li 'PliX nllPr lrop vil!', HlIss i. Tu ('0 111 pr('lId s (,()I11I1If' si 1lIll'/lVll il lllis d(' IHli s lroi s ailS,
mais I( 's II Hl in s I1r s' hnbilllc 'III l'ilS il1l1ll {' di nlc'I1H ' lll il LIll!' 1 1('~;)g
l (' all ss i M·li(';)I!' ; il fa llL ln
klllJlS il IOIlf. . (JUil 1111 III ,oi s 'III !' ('"la /If' \ll
l' il'i il Ion iM'(', II (JI/oi 11011 1 '( I ~\l('rY
lu 11 0
fl'I'ai s quI' dl ' /ll iluva is O\I\T" g(' .. . ,..
T oul-P dil SI' 1 ·"lil , SI ' Sl'(' Ollilil lin pl'tl, ' l
�77
EN APPHENTISSAGE
sc mcllail il un ounag mOin s absorbant.
Pui s, opr(.s un momenl dc divcrsion , ill'cvenail
à so n <, lah li et s'étonnait de fairc ay c aisancc
cl promplitud e cc qu'il ava il (lù ahandonner
p II le tcmps aupal·uvanl.
D'au l!'!:!' foi s, si le lrava il nc pressait pas
trop, M. Aubr y, lui voyant la fi gure congestionn' e li fore d'appli cation, l'rxpédi a il en
ourses, 011 lui p rm ellait d'a ll ('L' flirr bonjour
à so n pèrc Ca ao u ch , Lr pelit so rlail , fai sait
un bout cl ca ulie llc avec le vieux, l'enlrail
calmé, repos6 t prèl Ù. l'rm eUre li l' 1'1IYJ' •
J an s (lomanda.il parfoili co qu ' il sprnit
d \'onu s' il avait li un mnHrc st'\'(\ rr , ne
compatissant pas ù s s cl '· f1l illuIH·cs pl ne lui
accordant pas, d tcmps iL 0.1111'0, (1'J(' lqll cs
milllllps POIlI' se détcndre un )lPIl. Il Illi se mhlait qu 'il n'aurail pas Il la for ce d ' (,olltinuol'.
AU Hs i, l' lniL-il profollMnwnl \,p('onIHti ssanl
Ù M. Allhrr el ('hel'chait-il, pal' 10lls Ips rnoyrn s
poss ildps, il lui folr ngr('uh lf', fili sant ('Il so rte
de> lili prilN lout cspr('r d'rlillui , ('hcrc/Hull
ù lirp dans IH'S ycux ce qll ' il y itynit il faire,
pour Illi {'pltrgn \' mCm • la fali " 11 d'ull GOIl1mandl'l11pnl.
Le palrol1, cl lion rûtô, fi sPlllnil lout li 'III' '\lX
ct l' ''('o llfol'lé pal' c'Il nf]"clioll nIe lle, qu'il
7.
�JlI STOIIIE n 'UN 1I0NNC:n: GAnçON
78
avait mainl flant pl'è i> de lui, Il Y anit pui sé
co mm e un regain d' "l1 erg i cl de vila lilé qui lui
avait donn é le d~ s il'd 'am6
Ii Ol'c],
sa posili on,
" Voi s- lu, 11101l relil Jea n, di sait-il qu elqu cfoi s, si III rrs lrs aycc Illoi , CO III Ill e j c l' S Pl!I' e',
je fel'ai rn sort de Le ra il il l' l' a \'cllil', D'a bord,
il la rill de lon nn n('e, nou s jll'Cildron s 1111 uul!'c
appl'I'nli rl lu pa 'S<'l'tlS oll':J'irr : c nI' serait
pas jll st(' qu e l a ml'I'c ('o nl illll tU il pa)' l' fjllal1 (l
("pst l oi qui 111 r end s s(' n 'in', Plii s n O ll S ne
nOli s 1:0 1I1 (' nll']'on s pas de 1I01J'(' fond s dr gro sso
IlOl'l ogl' l'i('; nou s a '1u" I(,I'OIlS plil s pt nwill(' lIl',
el III \'('l'1'ilS que IlOU S nl'I'i\'r l'oll s il fondn'
e mai so n, 'l'li 11\ 0 s\lccé dcraii,
1I110 1,011111' pdi L
bipl1 f'llit' lldll , ct ('011110 0 III os plu s 1'01'1 , plu s
aclif qll !' ll1oi , Ln rr uss il':ts mj 'ux au ss i, J e JI
di s pa s IJUI' cr S(, I' :1. la fOI'lUIH' pOlll' loi) mai l:!
C'I' srrn lOlljoul's la Il'a Jlf!llillil{', L e' pro\' l'h
dil vrai: { 'II l }(,tit ('hl'::; soi vaal mieux qu'un
[p'fl/ul ('hl'::: /r' s (luto's , "
J ('illl
1'('11\
rl'cinil
SO li
Illi !l0rl ail ; mai s cn
;dlni ell l s':lIllai g- l'i sSfl l1t ,
pall'o ll de' l'iJllél'N qu'i!
voyanL I\!'I\ mai ns qui
SNi
jou('s tOlljOUI'S plu s
('l'('1Is('s, SPS )'('11'\ IlI'I'J! {,s dl' fi( '~ \'I("
il
sr
dl'Illnll-
<Iail si If' IH11I\'I'O Il orlogf'1' alll'(l ill f' 1(, lllps d'<,x "{'lIl('1' !ps hOllll es inl(, flti olls qll ' il avail il SO li
(\gal'rI,
�70
EN APPR ENTI SSA GE
Cr rlain s j ours, d'aill eurs, M. Auhry semhlail avoil' co nscien 'e de sa fin p d' II1 aluI'60
Al ol's, il co nscill ail il. Jcan d'e ntrcl' aux atcli es
Trrg uill y, la prcmi ' 1'0 maiso ll do Frall co el du
m ond e, affinll uil-i l , olt lui- m ' mc ava il lrava illé'
aVillll dt· s'(: labl i,' il SO li (;o llipl e,
« Qll and j n'y ,' crai plu s, di sait- il , cm is-moi ,
mel s-Loi dall s la fahl'i ca ti oll , " 's I. III S(' III (' ])I (' lIl
( ' IU ( ~ lu apprr'nd rns sé l'i USe lll (' lIl J'h ol'I ogeri r .
Tu n'es pas rail [l Olll' végé l el' toul la v ie dalls
1I11 C' bOl11 i(Jl IC de d 'para ti ons. ))
T oul.- Pelit :wa it lï' ll1 ,lI'qIl Ô qll o so n patron
( Init plu s 1l'i sle, pill s ahnllu apn" H flu O so n 1'1'1'1'
(' lait v ('nl! 1• vo il'. 1\ il ,'ait (\ga lr l11 f' lI1. 1'(' " Hll'qIl Ô
qu o l'il J'(' nI Pllt la v iHito sc passa it sa ll s qu o
l'1, ol'l og'pJ' l' tH heso ill de 1)]'(, 1)(11'1' d.. l'al'gPllt
au (,o lli pl oil'. II lui s(, lllbl ail auss i qu I' L oui s
(\I pq!il III vo ix l'ill s qu'il n'auJ'a it ('O Il Vt' llli .
M:lÎ's II' j l' \111 0
Ir O J1lIl H'
so rl ail l ou j olll','1 l'nir si
11':J 'IfI',illP , il di Ha il , l' II passHIlI , 1111 hOllj ouJ' si
('o l'di nl ,', l'n ppJ'l' llli , qll(' ('(' lui -ci filli ssn il pnJ' so
dPIII Hllrl PI' s' il Il 'y lIvn il. pns h'l \111(' si llJpl l' (, 0""1 ('id PII('!', 1'1, si L oui s n'uva il paH IHtl ll l'l' lI plll pnL
la ,'oi , 1111 PPII rOI'I!' .
Il Hni n l 1111 jO li]', pO lll'l tl nl , n"1 il
pas pnss ihl p dl' dOIlI I' I'.
1\pl'l\s Ulll' S I"Il Il CD
10 11 " 11 ('
el
II('
(JJ':lg(' II SP,
Ill i rlll
l ' 'IIrant
�80
III STOlHE D'UN JlO,:'\I
~TE
GAnçOi\
crut qu c so n maîtrc l'al pclait (run e voix élouff Ie: « Jeun! » JI pl' (,1 l'oreille, mai, craig nant (l e s'ê tre tl'omp \, Il'osa enlt' l' dan la
hamhl'c où sc tenai ent h' s deux fl'\l'es, PourLant , co 111 III(' il S' (lt'lil l'ilppl'o ché d lil. cloi so n, il
'ldf'llflail. di st in 'I Clll cnt Loui s (lui di sait:
« Cent frane s, enlends-tu " il Ill e faut 'cllL
frall(, s .. , sinon , j e L'a 'h \\'c .. , )'
Pui s la \'o ix dll pal l'on qui l'ùlait :
« ,ka Il ! .1 can ! )'
C('II(' foi s, il Il ' hl\ s iLa plu s, rl Oll\'J'llnt brll sfjUf'1l1PIlI la pOl'lr, il sc tl'OllYa en pl'{'so ncr des
dl ' II x hOIl1I1H'S : l'UII iU'('liI é i'i la mlll'ai Il f' , JJl ull c
l'Olnlll(, 1111 lingll ('( fai sa n! de vains c(1'ul'l s pour
Sf' dt'-Bi l f)(' 1' d ' J'étreint e dc l'aut!'!' qui le S ' l'I'uit
:\ 1a
go 1'1.;'(',
Lù('!Jr! mi sL' rabl'! lt ssass in! » cria .Ipan
da ll s MI ll indi g llatioll,
SUl'pl'i s par l ' inlf'l'\'Plllion dl' l'ap[lI'('lIli, l,
IIHIlI\'ais s llj( ' 1 J:\c ha !-iO Il l'l't'I'C, «Iii alla l'!'l()1IlIH' \'
ÎIH'r!I' S III' II' sit,!:)\' jp pili s proche,
.I<-all Sf' 1!t'li a de s('courir l'hoJ'lo''r:> (' J' ('n
M'Jl(1II11111 sa ('1'av<1ll' rI. l'II h!1i ~ Il/1t
S 'S 1(,llIp OS
av('f' dl' l' crUI [l'aiche , 11('lllInl1l 11'1(' LOlli s, l1SS{'Z
d("f'olt!( ' ni1IH'(\ J'a l1la ssa it SO li f'11U[l(, (ttl qui, dall s
la IlIllP , il \ nil 1'0 li 1t'. pal' 1('t'l'l',
Toi , dit il à J'i1ppn'nli l ' I l ' 'n {ll lulll, ll\c lt
«
«(
�81
EN ArrnENTIS AGE
do le mêlcr ùe cc flui tc r O'urde, ct do ne pas
le trouver sur mon ch min, Autrement, lu
verrais de quel hois jo me chauITo,
- D'un vilain bois, )11011s irli l', j' n al peur »,
....
1
• I,!lrho 1 ml~êruh'!
l'l'pondit
IHIIII'I ail
HUll
t,
I l ~'I"1!
r{'SOlllllH'llt
Il' il "a i l pa~".rn
• ~'(rin
J ~n,
.Iran fJui, d'(lI'Il illai 1'0 ,
I/{' hUI'" i es!:!r il ex J)f'i III '1'
opillion,
l , dl'ùl(' lit l'Of'f'l'llltl la pOI'I(' );11 1' IlIi,
.M, Allhry srlTi\ la Inain d(' son npprr'illi p01l1'
ln l'f'l11pl'('irl' d(' l'avo il' SI'CO III'tI pl ~() i"'Il6;
(Jl1l1l1d
li
~ illlP 1'1'111
). H(,t' I'Pt
pn>; IH"('('ssail'l' dl'
SU I' ce (Ill 'il
Ilyail
Vll :
Illi d('lllnIH!P1'
il
rOlllli\isHllit
�82
III STO IHE D 'l~
1I 0:\:\f:n: GAnçOè>
asse7. J eall pour savoi r fJu'il no parlerait pas.
Le lrndrlllain, dt'.s qlle l'r l1l'al1L 1l l'l'i ya pOlir
ouvrir la bOlllif}llC , so n paLron a ll a il Illi ayec
lIllC so rte d' ill1paLicncr,
V 'IIX-III III l' fldr lin g l'and SC J'\ic~
lui
dClllanria-l-i l,
J) , !cIlIL mon cœul', 1110nsirul', d'pol1diL
,rl'usioll; j'rsp '.n' Il" . vous fl ' ' 11
Toul -Petit a\"(~c
doul z pas.
Eh hif'll! cours illlllll'diaL l11('nl. porlt'r c('c i
cI" ·7. 1ll01l rn"1'{', ':W Ms, 1'110 Bl all ch!'. Va vile
pOlir :l\oil' pilis dn dlllil/'(' do If' Irouyl'l' ... 11
es i j('II/1f', njoilla-l-i l, ('011l1lH' pOUl' S't'X('US(' "
d( ~ Sil faiIJI(· !o.s(·, Ofl 11(' peul pa s Il! 1,( 1\ 11)('1' dl' sc
dislrail'r tlll !l<'II.., IllIilllO Il's ('Otll'SPS; d (,PIll Il l/!
il il t!Plllillldl: COllgo!'·;'t SO fl atllllinisll'aiioti pour
allf'1' aujourd'hui Ù, Chanlilly, ('l'la II' dé so hli g('rai l d'f' IJ'(' sa li s arg'(·nl.
Al'I'i\'('· ,ltI ~() bis dl' I:l l'\f() Blnll!'!I(', lI/II' hplln
IIIi1iSOIl 1l('U\' O a\'('(' lltl lapi s dall s l'f's('a li f'1' ('l
d!'s jardillil'.rf's llf'lll'if's dl' ('haqu(' ('ùlt'· clu \'(,slilnil(' , ,kali JI(' JI u!. sn clH(,I1c1rc' cil' l'ain' la
n"lkxioll qllf' 1· Jt1ilIlV i,i Hsujf'l, Je failll"alli ('lail
mi(·ux 1ont'· 1[11(' l'hollllt'I(' hOIl1I1If', 1'1 lIu!', il ln
l'la('(' dl' M. Aubr)' , qllnllcl SOI1 1'1'(' l'f , Illi dirai!.
ilvoi,' lJ('so ili d'al'l;f' 1l1 pOlit' nlkt' aux courses, il
1(' pl'il'I'llil d(' k "il"I1('r lui 1111'1110.
«(
)l
�83
EN APpnEi'iTlS ' AGE
JI dut 50 1l1lf'1' lonrrlcmps avant dc sc fairc
ou"rir, Il a ll nit m '.mc sc déc idrr il l'cdcscc ndrc
fJuand il r Jllrndil à l'inl{'ri cllr tlll pn s lraina/ll;
Pl LOlliii, dnll s la 1 nue d fjUf'lqU 'lJ/l qui so rt
dll lit , l'lIl'uL d:tli li l'cnll'c- IHl ill ement de la parle,
« Qu 'psl-co qu e tu " if'IIS faire iei'! » df'lllallflaI-il hrulnlc' IlH'lIt cu l'eco lln a issa nt J'apprPlIli do
SO Jl l'l'r''I'f',
A ln \l1 f' dn l' nyrl o ppe qn e J en n lui l'l' miL,
Il la Yllf' s uL'lou(, du billi'l fJu 'p ll n cO lll r ll Hil , so n
l'roll 1 s'{·r lnira; non tl p l'f'collllaissance, loul proi s,
raI', pOUl' tOllt r(·I1H'relll1 r. nl , il dil rI 'lI l1 IOIl
g()g llPll lml :
« 1\11! lIoll'c « ApollOIl » s' pst d{·c id,'· ! Il i1ura it
[lllssi hil'Jl rait dc s'('xl-(' ulpr !JiN ; il m'a urait
c'· ,' il {' la IwiliP dc m ' I('v cr Ù. Ilui t 1I(·ul'('S du
Illalin, »
,) P:lll Ilf' prit pas le tc' mps 11(' 1'(')('''('1' ('c lIc
l'{'!l('x ioll illdig llP; il partit , hi\lanL It' pitS, afin
de l:li ssc' I' so n 1nnÎlr sC 1l1 le moin H longl mps
)loss ild(',
I(
Mo n pauvre palron , pensail - il
profond o Il'i s tl'sHo, ('0 ('hf'nnplln Je
:i. la Iwinp! n
Il
I)(J
sava it pas si !Ji ' /1 clil'('.
1I11f'
mourir
;1\' ('('
f('l'a
�•
CIIAPITHE 1X
LA COUPE ET LES LÈVnES
Co 11111<1 i-Ià , pat' uno rad irll so mal inô do
jllillpl , .I ran sc rrlldail il sO n lravai l, al('r l(' r l
jo)'('ux . Il ,'tail so rli plu s ttJI ~I C dr cOlllulllC,
('haHsé du logis par 10 M Hir do J'f'spiree 1 hon
air, qu ' un l't" f'llt ol'al!0 arilit rarl'ukhi ; pt, lout
dOllf'rl11('nl, ell Ilùnanl, il aVilit dp s('(' IHlu ln l'II
Ln fn)'f'ltc.
A\'l'c ('('110 hielruPI
sl~
philo !-\o phi c df's
('[J'urs s illlpips qui savl' lll Hf' ('o nl('Idf'r do 11'111'
bOJlhrll1' sa lis S' iIHllli(otPI' s i d':lIIll'f's Cil onl 1111
piti S g rnnd , Tout -l'dit sO I1!;l'lIil f'ond,il'l1 III vi(',
III' ill slanl Hi l'ud o pOlir lui , H' :lJI1()n
~il il muinlf'IIUIII ('nlllle ('1 S ÙI'C,
Il y anlil deux ails d{'j :'l (ill'il travaillail ' It 7.
�LA COU PE ET LE
,..,.
Li ~ VnES
M, AUDr)', et, co mm c celui-ci le lui avait promi s, ù. la fin cl la prcmi èro anl1(\ , il nsait
co mplé co mm ouvric r, On avait pri s 1111 autrc
a prl
~ nli
, Moulin, 1>l a \' "UI'f,;O I1, un pCll lourdaml, ma is pl ind co ul'a'" td e bonne volont é ,
Non se ul Il1 r nt Mme lla l'ivel n'avn it pas Cil il
paF l' Ir5 dr l'Ili ers ce nt frall(' s du pri x con\'el1tl
pOlir l' appren tissage de so n fil s, mai i'! ('I1COI'O ,
d('llIli s six Ill ois, ('('lili -ci (jar/Hl lit: ci nqll a nl e
Cc n 1iIll rs pal' j Oll r, d'a bord , pu is so ixan tt'-q li i nzc,
]llIi s 1111 fran e, 11 y availli n Illoi s qll 'ilrnp[lorLail
chaqll o se main o dix fr nlH' s II la nHti sO Il
Cd arg('III" joinl. il ('('Ini (Ill sa mèrC) Il'aynit
pas r u il. paye r, sp rynit ù. acllel ' 1' IIp o.; oillils
d'hol'lo g!' riC' ; PI. .J eall , tOIit. l11odf's te qll 'il rt'll,
s(' lItait d{'jit t'lIll'('1' dans so n CU'1I 1' l'org ill'il d
la propri{'l,\, II lrava illail n\'('l' plil s d'p ntrain ,
fIlI iWd il SP s(' rvnil dc ses lillws, de ses Inrall tls
'l de ses pill CNL
Pui s les hoOlw s [lI'On1p ssrs du pitt l'on 1(' lI nienl
toujoll rs; il par lnit d, TouL-P lil ('0 III III 'cl SO it
SUl'.('PSSPIII' l'('rtain,
« CI' Il'r st fl"(, p01l1' toi , mon pPlil .J ea n, qllC
jo (' ht'r('\t (, Ù m'agra ndir sans (' pss(' .. , S'il Il'y
avaiL quo moi, bah 1 .in n'ai pas lino g rando
amhiti on; j't'Il aurais tOlljourH asspz, Il
A f rr d voir M, Auhry vine ll1aliJ1"I" ·t
8
�8G
lIlSTOIRE D'UN 1I0NNf;;n; CAnçON
so uffl'ctcux , l'cnfa.nt fini ssa it par' <,mirc elu'il
allcl' longtcm ps CO IllIll C 'c la; ct il lc
so uhailüiL il tout SO Il CaJur, plu s cn\.:ol'O pal'
ul1it~
f[lI
pal' intérêt .
Eug'· ni c sc n'jouissait Il vo il' l'avr llir do
J ansibi Il rUTètll
muis lcv icllxCacao llt"'h c,
lui, tl'ouv ait r,LcholiX fIu O Toul -l) eLit s' IIgo ul'dîL
daJl s l , bi ol1 -, tl'c ' l la séeul'il é. I l 1 go urmandait parroi s d'ê trc si lranquill e.
1... 0 fail ('sl fllI C .J('[111 II C s(' lllbl ait sc l'('s8e nlir
Cil l'iPII do ('c 1l'op-plein do "iD ('L do jOllIWSSO ,
do ccllp l'spf'('o d'inqlli "lurl o plt ys iqul' oL 1I10l'nio
qlli Imvaill o I(,s jelllws gl' II S allx ahol'ds d la.
!'H' izi<'!Ill ' 'lI1f1(\O. Il allait àsoll lravail ri, en l'ev liait aY(,(' 1rs allul'ps pai Rihl os et n\gu li(\ l'os d'lin
vieil C'll1ploy(\ conlinllait ,'l so rtir 10 dimnl1t'l! o
:l\ ' ('~
sa 11l(' I'O f'l Esloll e, pnpol ait avpe Iml dC'II X
fpIl11l1 rs dps f'lIO SPS Irs pill s pl alps pl 11' 1'1 pill s
l)(lll nlp[> : le pl'ix des vincs, lt's afl'ail'I's du
IIln gn8 in, Ip8 Il)(' 1111 1'1 éVrllf'Il10111s dll qllll1'lipl'.
f-1i (,ps sujpl s do ('ollypl'snlioll 110 J clll'linlipllt
pas oull'Il IIl PS UI'I", du moill s il s Il'(t\'ni('nl pn s
l'ail' df' \'P IIIIII Y<' I', rI, ('l'l a d{'!·;o lait 11 honholl1l1lC'.
N'('lnil'nl son 111110111' P(llll' la 11'(' llII'(' Pl sn so if
d'appn'Ilfll'c, qlli IH' l'sislaient qlllllld Ill èllI O, il
aurail 10111 li fail dt'Sf'Sp('I't! dll gamill.
Voilù ce flu O foul d leurs gar~()
lI s l 's III "1' '8
p Oli vai 1,
f
e(
" \
�LA COUPE ET LES L~VnE
S
87
qui s'obstinent il ] s leniL' lrop Jonglrmps so us
Jours jupes .. , J ean YV"" élel'a Loule sa vic ... Un
p lit ga rs si jnlellige llt , si hi ell dou é ! .. , C'esl
JOlllmage ! ))
L'heure s'avao(jail" cL Toul-Petit ne parais-
1) p lL rlai~
ti n T OI1L
P l'ti L r Ollllll O do KO II " u r('(1H!oIO lir ('(' rlai n.
snil pas S'C il dotll,,!'. hl! pass/lIl.! !I n"n l1l ecnrlrilil!'rN() il di!'! hOlljotlr IL M, Tltollr(Oll, il ~ 1 '( IHit
~(' l' li tI i 1u i 1l'. 111 "i g Il ail. 1() t1j () tirs III'a 1If' () Il pd ' i n lr1'(' 1; pui s il /I \' ;til fl /III", il 1',·· lnln ;.;!' d' lIl1 lihrllil'n
pOlit' roil' /l' S jnlll'/lllltX illu sld's; Pllsuile il n,'ail
aid,) LIll ('harJ'{ ·ti'·I' Ù l'l'I ,, \,·I' SO Il 1'1 lI'\'a 1 cl Ù
�88
III STOII1E n ' uN 1I0;'iN
~ TE
GAnçON
pOll sser ~a voiture pendant qllolcluCS pas : si
bien qu'rn passant devant 10 P elit J ou1'l!al, il
avait f'on slaté avoc éLonnomrnL qu'il ('lail huit
hc'ures rnoin s dix. Comm o il ne se nwltait jamai s
rl1 rclanl, il l'lit 1l'ès ennuyé cl grimpa au pa s d
cou/'se ln J'lI Boeil 'hourl/'L.
(e JI ur usr tnrnt qu e flloulin {'st là pou/'
ollYrir lit IJOlIlifJll ", so /'ép Itail-il pOUl' so rasstlrrl' .
Mai li ('Jl arrivant, il yil avec stup('Ul' les
voll'I s PIH'orc mi s.
« Diabl(' .le Moulin! sc dit-il , il il flt\né ' Il or
plu s (1'1(' moi. Le pat/'on va ' tre ('ol1ll'nl.!»
Moulin Il '[L \'ail pa s flùn (', il étail a/'rivé JJien
l'X;lC'\('lllC'nl il l ' IH'u/,r; mai s, il n\' ait ('II beau
frappc ' r :l la dllllllb/'c de J'horiogN , ('OII1I11 C il
avait l'hnhiltlc!(' de 1(' fairl', on Ile lui arait pus
n"pondu Di x foi s il fn'ail l'(, 110\lvcl; sa tentative,
('( tC}\ljolll'S Cil vaill .
« 'l'Il Il'a s pl'ul-èll'(, pas rrappé assp7, 1'01'1 , dit
TO\lI -PPlil; nltl'IHI5 (llll' j'I'ssa ir .. . "
~1()lin
('Iail biC'1l 51'11' d'avoir cogll( allssi fort
quo po ss iblc' ; mai s il lai sHa fail'(J SOli allli
Cc' Iui-r i donna dl' !:)r1\lld s coups dl' poing, pui s
dP 5 coups Il'f ~s
s('('s n\('c IIIH' !'lI' .. Ell suit, il
app!'la hic'Il hallt, l'II appliquant Ha !'ouels' sllr
ln 11'011 d(~ la ~(' l'U(
:
�8~
« Mon sieur Aubry!. .. Palron ! . .. »
Hi n.
J ean flf' nlil un e suour d'infJlli('lucl c mouillcr
s s le mpes Liu r aul11 dc Sf'S Ill a ill s.
« Il nc pcuL pas êlrc dan s la houtiqu c, (l iL
-il
apr"'s lIll IlIOlll enL d'al! r lll c, I ('s yolds Il' '·t:llIL
}las M('s, il n YCI'I'ail pu s 'Iair ... El pui s, a\'cc
le Illpng (lli C 1l0U S fai so ns, il y il lOIlf) lf'lllps
qll' il a Ul'aiL ou\'crL. .. , il faul d(,lll lllHl cr li. la ('011 CI('
l';; ('.
»
I;a pod c do la logo élnil r('I'll1 l't', et al! houlOIl {'Iail a '('J'ocll éo la pallr arl c om 'i c : Let
COl/CIr'I',rr ('s i drtlls {'esta l;'> l'.
J('n n g' l'illlpn Ic' jll'('lIliN ('Iilgr.
« Mttrllllllf' , <(PIl1Hllcla-l - i l Ù la pori il' I'e, sa \' czVOliS si M. Auln'y ('sl. so l'li ( '{1 IllnliIl Y»
Toul - Polil
SI'
rIH'no('lliIil Ù l'l's p(\ l'an('(' fJll f' so n
pal 1'011 , s{'d u il pal' Je hrau [r m ps, n yni 1<'II, C0l111l10
IlIi, 1'1I\' in dl' f airll IIn e pl'OI11 <' I1 IHl p 11111Iinal(.
1. i\uhl'Y, J'hor!ol;f' r YIl in(,l'l'ogl'il la ('011(·il'q.;I', ('Ollllllf' s i la mni so ll Mail habil,\., pal' IIlle
l{'g ioll do fil. A\lIJ'~
'.
«(
Oui, M. 1\ uhr)' ... J'horloge r ... , illOn palJ'oll .. » r{'polldil .h'a ll p01l1' III lai ss{' 1' allnUl
((oul{' dan s l'l' Hpl'il dl' la IHJIl/I(' rl '1l1IlH'.
« N'oll, 1110/1 gt tl"
~O I , 11011. POlir S CiI' il Il ' 'sL
pas so rli.
I(
8.
�90
IJlSTO lnE D'U~
1I0l\'
~:n;
GAH<;ON
Yous ne pensez pas qu ' il ail pu so rlir
CJu (' YOUS k yoyi z~
- Il aurail donc fallu qur ('0 so il (1.Yn nl s ix
h lires ... El Cl1core, jo 1 sa urai s l,i Il pllis(lU C
je lui aurait) liré le cordon ... Dppui s qu e la
porL ('sl ou,' rl' , j e Il 'ai pas "oU" 'ù du y 's liIndp. ,J e prcllili s jIl SI(, IlH'1l1 Illon rnfl' au luil
qllal1d la t:liifrolllli,'I'(, ('sl cllll'I'r, ' 1 c' ',tailla
pl' l1Iil'. l'(, P(' I'S0 I111 ... l\pd's, ('cla il (~l{'
la 1nilii'I'{', pui s la pOl'l eusl' cI(, pain llYP(' qui j'ni
causI' 1111 IllOlll cnl S Ul' SO li ml1l'i qui ,'i('nl tl e
so rlil' Ik [' I)(;pilal cl qui ('s t sa ns ollvrugl' ...
Enfill , II' 1'<1('1('111' Ill 'a IPo llll e l ()n~I,l1ps
rnpporl
:" 1111(' ('onleslal ion qlln dp s lo('ltlairf's Illi fonl
pOlir 1111(' 1(' 111'(' ... , c!PllX (JII ll'oi s 1l('I'SOIlIH'S olll
(' liCOl'!' l'II SSI': IlOlIjr)1lr, IIOI/soir, Ounlld j'ai
?//O/lll: pour rair(' mOIl ('sca li('l', l' nl'PI'C'llli {'lail
M'j it 1:'1. (Jlli 1<1l'ail. .. Pur ilil1si, 111011 g-an:O I1,
"OIiS \oy('Z I,i('11 'III(' ~1.
Auhry Il 'a urait pas [lu
so rlil' sa ll s qll!'.if' III 'P II apprr:oi,'I'. "
IIl1goiss(' l,Ii se rn'!' ln
.J('(llt l'P ltlit Il Il(' ~ rild('
p
nol'''l'
1) (' 10111 Jp \,(,l'hia r.> l' dl' la ('o Jl('i('I'''
t"l
t">
h (' , il
Il 'n ,'ais sa iHi qu 'uilo ('lIos(' : ("(' sl qu e SO li paIrOll {,lait (, 111'1. lui. Pourf)u' illlC' d'polldll piLS, il
rlillait qu ' il rtH IIwrl ou llHIIlI'llll1.
'l":lIl1J1oin s, il ' Ill ('l1eol'(' lIllC rnihlc lu ' ur
d'('!\poil'.
S,lI1'S
�'J I
LA COU PE ET L ES Li"' R E
« V Oli S '> l es ce d aine fIll 'il es t
l'enlré hier au
so il' ?
- 11 n'a p as li de m al il l'en!.1' l' , Yll qu ' il
n'I's l pns so rti, C'c'i l m oi fjlli llii ai fail so n
pal:! lin gros III lw ge l', car e'rs l ft
nl an"'(' 1' 'l'oil'o (Ill ' il vil de J'ail' du temp s, - n: nlln ,
pout' l otlm ' J'ail plu s co ud , il ciJlf] II(' LlI'I'S,
la \' i .. il le fill e f]lli so ig Jl ' so n lin ~c
f' l Rf'S
It ahil s l's t W llli' lui J'app orl f' 1' lIll pal[lI l' l , r ll e
es l J'('s l('o 1I11 Ill olll r nl \type; 11Ii , Pl (lPp lI is,
nn l'ai pas 1'(' \'lI .. , J\J nis pOlll' SÙI' , il Il '(' n es !.
pas sO l'li , ('a l' l'oll\'l'i i'l'c JII 'a dil
(' Il
S'(, 11 all ant
f]!l ' il \'pnait d sc mdll'f' au li l lH1 I'CÜ <ill ' il <" lait
l'al ig ut'"
El il n'(·s l. W I1!1 IH' I'HO l1l1 e aull'c f]1I 0
~l lo L('noil"l inlI' J'/'og'l'a T olll- P ' lil dOl1ll'illqui 'lud (' all ail ('l'oissill1l.
-
1\011 , 1lf' l'so nn e,
--
~()
1
1'1'(' 1'1'", y
- 1\ li ! oui , li (, I1 S, VO li S Jn 'Y fnil S j1 f' nRI' I',
So n rl'l'.l'r rs l " (' 1111 YI' I'S Ips om c IIf' lIl'PS, O Il Z
II PIII'( 's 1'1 d(, J1li (', m ê l llf' qll ' il avnit
qui 1'11111 ' l1d nil ;'l la por[",
1111 0
\'oiluro
1'1'(' 1'0 ('s l \'('JllI! II 111111'1I1Ura T Olil- Polil ,
l'/I('z fjllÏ r t'llo Il oll vp ll e fil li ai/l'il Illi ss il ôt Il's
pill s silli sll'f's IH'pssp nlil1l1' III'l,
SO I1
(/ PIlild ra iIJl(' lll-N I'Cl pdJ\ (' IIi l' 1(, eOIrlIllissn il' "
�!J2
III STO Il1E D'UN II ONNÎ;TE GAil 0:'\
hn.sa l'(la M Olllin, qui jusque-l it avait ass isl é au
ù6haL sans moL dire. 11 J 'raiL ollYl"ir la pC)l'l e:
L e cOlTImissair ! s'excl ailla la cOllcier"'(',
-
es t-cc fill e vous pl ais: 1I11 czY pour qu'o n nou s
InPli c sur 1 P c/it J {)/o·lIu l ... Une Illai so ll si
ll'l1.ll(jll!11 ... ! Le pl'Opri('Iair ' s rail ('olllf'lll!
)1
l'lI ai:; Ir'H ll1illUks, les qtlil.rl s rI ' ll cllr s' 'CO ti lanl sn tl s fltl(' If' P iW\' I'(' hOl'log'(, I' dOIlIl :\l sig lle
do "ip, .l ra l1 passa outl'r' l 'S l'{' pu g nlt lll'('s rI (' la
[Jodir'.r!'. Il po sa Mouli"
cil'
Cil
fi\rtioll etl lui l'( ~
l'm., lf' SO \l S :111('1111
au sq Il il 1'(' rI'AlIY(,I'S,
COIlSI"I('I' ln \ ie\lx Ca(:aO\l(·!'ilc, il se rClIdil f'l1('Z
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pour IH' pa s 1" fnil'I' sl1 \·oil· ... Cm )'!'!. YOllS,
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('(' ('n'l, Il" ' il s(' r:,il hi(,11 flalt"· (l'l'OU s' illll'Odui sli
dllll S SO li dOllliril, ·.,
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Jp n e
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m o n si r lll' , Jl lais il l's i IOllll'('s faible sanl{'; hi cr, il ~'f
1 ('ou'hé de honn e h Ul' parce flu ' il éla it malade ...
il a pcul-'. ll' cmpir " ce lle nuil. .. ))
(Ii~
jout's d'lin
A ll1oitit- ('ot\\'ain(,lI, Ir (,O I1li
~Sil
il' c fillit pal'
~(, l' b(, JlI.
d" "ill", ù la 1'('('\H'I'('ho
d'lin ~I' I'li(,
~Inis,
H\'illli dl' 1)(' 1'111 1' 111" (lUt'
1'011 rl 'I~i \t
la porll' , il linl it s'asslIJ'(' 1' fJlI 'o n
HYail 1I('('Olllpli II' I){'('I'Ssa i1'(' pour Si ' l'nif 0
l'/lll'I)(II'(', Lui- IIII'. llll' fl'ilppa , appl'Ia ('JI dl"c lill illll
SO li till'I' , f e fui illlllilt:.
11(' P('. <'II(l1' 1111
�9,.,
JII TOlHE n'uN 1I 0:i1'I~
; TJ :;
GAnçO:i
serrurier apr("s un e longuo
aUenle, ouvrez l a pori , »
J ean lremhlaiL si forl qu'il duL s'nppuyo r
« AlIon R, dil-il au
co nll"
le
InUI',
POlll'lanl, il surmonta sn fililJl efise, ct c fuL
lu .i qlli p('/1'lra dall s la chambl' , le pl' miol'
apr(\ s 1 com ll1i ssn ir,
SUI' SO li Jil, plul ùl uSfi is fill e c()l lrhé, M,
Aulil')" ("Iail ill1ll1ohil , Il ayaiL dl'I s'ù[rilldr
loul dOII('P Il1 r IlL, ~ an s Cl'i sr ni S('('()II SSP, l'il l' l'i (' n
fi!) III'(' ('lail
alllou]' d.· Illi n'l"lail .1I"l'an!;.", ~(t
call1lc pL la ('oll('i('l'ge 11(' put sp dt'· fpll!l n' do
f/l irc l a d,fl('xiol1 qu ' il ava it hi 'II lll()ill S m auvai s' l11il)(' qu n l i t veille,
CI1[\('llli l'l's la
1111
ill sl:IIlL 1'{'{'II{,illi Pl sil(,l1-
('i(' IIX r! ('nllll l n mo1'l. On Il '(' lll l'ndail pal' la
('halnlil'p qll (' la Hli\ dl"so ll"!' dl' '!'fllil P(' lil fJlli
s:\ ll gl ol:lil (\pPl'dul1ll'llI :
« Palmll .. ! pal 1'011 .. , ! Oh!
bir' lll' AlIln') .. , l "
Illon pauY!"
11l 0 11-
�CIIA?ITRE X
DA S L' EMI3A IUIAS
Qu and L oui s Allbry al'riva, LlI'é\'r nu pal' un
cnvo yt': dll C'o mmi ssail' , il 1I'0llva Jean pI c\!l'l1 nl louj o ul's, la lè l ' appu )','c sur l e Iii , cl
~I
. Lr ll oil' , qll 'O fl éla il nll é h r l'(']1(' l' , s'or 'llpant
(type la ('o ll ciN!;, dc pa l'r l' la ch a1llhl'(' ,111 111 01't.
Ell es it \'ili l' lIl M'j it a llullH" drs hOll b ips, pO lin o
bI'IUH'llI' dl' hll is dans IIIl O assir llo d' '1\ 11 hh lÏl 1.' ,
mais ilya ipl1l nll endu lu Yr nlH! (] (' 1'!t{' l'ili (' 1' pOUl'
pl'Ol:t'· dC' 1' Ù ln fun èhr toil 'Ur.
\)I\S 1'0 11 l' nln'(' , er lui-e j décl a l'Q. n l' lI pll1 c "t
(IU' il ,, 'a \'nil hf'so in dc pOI'SO lln e, (Jll ' il sc ehal'g'('ait Ù llii l'l' Id d , vr iIJ ' 1' SO li 1'1'1'1' d dl' ra il'o
11'>; tIl' ln nl'l'I".s, Ell ro !' ahl'vn- a- t-il uyre l'ud e 'so
lp s ndi plI x fl u' Tout-P lil udr 'ssa il il so n Ch pf
patl'oll .
sr
�06
fil TOLnE D 'UX 1I 0X~f:TE
G , \It
ÇO~
V l'S ]f' so ir, après unc lrislc apl'f's-ll1idi
(las, ('c à pl m el' aY'c sa mèl'C uOlll los L('IHII' s
cOlli'iolalions !l 'a rrivai ellt pas ,'l ('a l/1w l' so n
chag rin , .J ea n l' lourna l'lIl' HO('hl'chouill'l pOUt·
i'i' inrOl'll1f'r de l'hf'ttl'C do l'illhulllatioll,
Dalls la 'halllhl'c 01'1 SO li 1'1'(\ 1'(' l'l'posai l ill1 Illohilf' Pl gJnc('., lu!" pal' Illi l'ail S cloult' , plll' ses
PXiro('IH'PS, par Sf'S bl'lIla lil (\s, Louii'i, de r l',lIId
sa ll g- froi.l , dc I,pllf' hllll1('UI' [lJ'('Sqlll' , pa l'Sil iL
IHW in s IH'clio/1 d(·tilill{r dl' ('l' qll i SI' tl'Oll\ aiL
daJl s J'nppal'!""lp"l. A la l()I\'~
de la 11IOl'l
dIt IHlIl \/'f' horloge r, il s'(' lait troll\(\ pal' Ia g()
('nll'(' ('(' 5 detlx sf' nlilllf'lli s cOIlII'i/il'('s : l'PllllllÎ
dl' 1lf'l'dl'l' r eill' \'(U'IJ(' o't lait qll ' il !,n'ss ill'Ilit
dl'llItis si IOIl " t( '1l1pS, pt la ,'iltli s r:l(, tioll d" 1'1111'1' 1'
il lllll{'di :t! PIlH' 11l 111)(: SOllll\ll' assl'z 1'011I1 .. I"tll',
Aussi son prl'Illil'I' so in a\'11 il il ("1t'. d" s'asslll'C' I'
4111 JI1 0nl a nt jll'OI,al,I(· dl' l ' I " rita ~(',
En (,Illl'llnt, .I "a ll l'l'gll rd n lIY"(' StU[lPU1' l'a l'11l0il'" gra ndI' oll\l'l'll', Il's timil's dll sl'c l'l\la iI'P
(' Il pa rti!' ,idl's, ln lablo pl(,in" dl' pnpi('l'S
('· pal's .. , Il lui sl' Illhlnil qll ' il y nrait lù III1 D
all'l'f'lIsP pl (')lIi'llll' pl'Ofn llltlioll,
QU 'l's lr' c qllP III \'{'II'\, toi! dl'lllllilda LOll is
IJI'IIS'IIJ('IIlP IIl. Vil'l1 s- tll p01l1' 111 (' 1ll01lrhcJI'(!pr t
r on , I1lon si 'lI J' , J'(\pondi t 1'('Jlfant il flui cd
1\c:<:lIl'il lil [11'1'411'(' toutn (,Ollt 'HaIlC '; jl' "l'Ilai s
(1
�D.\;'iS L 'E
~I(J
A nA
sc ul mrnt pOUI' ... , pOUI'...
]' en terre 111 c li 1.
S
() 7
UVOIt' l'h cure de
- C'r sl flil'l1, j e ferai pl'éyc l1ir qui
se mldcra. »
LI1. conl'iel'!;p,
bon me
ofl'usfjll{'o dps Illani(\['cs do
LouiR, qlli l ':t'ïl it mi so ù la pOI'[l' sa ns In<\nagP lll plll s, aVilit slI i,'j ,!Pan arin d'a ppl'pndl'e
fJllplqu c!to sc . EIlI dlll l'pfl'{\llPl' sa {'lIl'io ·il(;.
«
] ~C()
j/JIII'S
l'z
,
dil -cllp
,'L
l'appl'pllli , il falldra IOll -
qll!' .il' so is pd' \' CI1II(', d' lin o f;\( ~(J J1
nll de
l'alill'I' ; \'1'11('Z dpl1laill matitl , j e VOliS dirai
fJIH' j e sa is. »
LI' 11'11 d['111:1 in , JPI1./l appl'il qll e co srl'a it
!junll' I]( ~ I'(
Il'lHlmil
Il
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pll '
l 'Iu' L1l'e dps hrj pilallx , la
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"pp['(\I, 111"1(' r('r{'ll1ollin :
<'Ilal'ilt" aultlnl dire, ..
A
1'111'111 '1'
dill' ,
1111
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p01l1'
(1'1 ' (JII
fJll'il n'y aUl'ait 11111
1111
' /lI f' I'I'I'I11I' lIl
do
corhillard dl' dl'l'lIi('l'e
C'lass' villl 11I'l' llrll'l' la Mpollill dll pallYl'e 1101'10;"'1'1' : .!Pall
ail nppol'I(\ LIll{' gf' l'iH' d(' nrul's,
,1\
~Io\lin
lino cOllronlle d'itllll1orll'lIl's, E sll'll o cl
lit
('olll'if'l'g f'
l'Ila('lIl1('
IIl1e alllrl'
('OlirOllrw
rie
pl'rll' S bJeIIl'S, LO\li s n'ayant il\vil('· pf'I'SO llnf',
(1I'I'SO llllP Ill' s' {'lail d(\l'llll f:) I'" ,'ails TOltl -[lplil,
sa 1111"1'1', ~I 'I" !-l'lIoir, MO\llin Pl II' pèl'l' Ca('II0Il(\'llf', Yl'tlU S d( If'lll' propl'e 111011\ ('/lu'nl, 10
dt'· fil III sPI'll il (lill'Ii (out Il 'ul HU rill1('li(\I'I'.
g
�98
1II STO IIU: D'UN HOi'~I
~ TI ;
GAIIÇ01'l
Au mom enl (le se mrLLl'e en march e, il yeut
un moment d'hé ilalion; 011 aU<,nda il Louis
Aubry, N' \lail-cc pa à. lui d'all er cn lèle?
Voyallt qu'il ne pal'aissail pas, la vjei ll r fill e
ouvrit J" solum cnlla pOl'le, l de sa \'oix hrh'c:
« bh bien! Illon si 'Ul', qu anll vous S l'ez
pl'èL " ?
- Lai ssez-moi lI'lUlf)uilk, lui flil -i l répondu,
cl oce up rZ-YOIIS dl' CP. qui VOliS l'rgal'dl',
P ;lI' (,xPlIlple! fill 'o ll\'l'il\l'l' indignl;f', il no
faut pas tOlll dl' nl(\n1(' <1\'oil' dl' ('Œil l' , pOlll'
laiss('1' pnl'Iil' 11111)1'(1\'1' hOI11I11(, dl' ('l'III' f:If;O Il -lù,
sa ns UIH' ('OUI'On ll(', Sil li S UII mt'l'halll houquet,
sli ns l'irl1 , quoi! II
Fllrieux , LIJili s allail SI' .irll'I' SU I' (' ll p, lI1ai !i
elll' {'Iail d{'jù pari il' , l'p.ioi nllilnl III ('on\'oi qlli
s'I\loi"lIail rapidpll1/'III,
En \'('\'(' nluil dll ("illlrlièl'l' dl' Sninl-Oul'Il, oil
avait Cl! lil'u l'inhumatio/l, .It'a ll so l'endil ,'l la
Iwul iqll , pour l'l'l)I'f'llllt'C scs 0I11il8,
(c Ah f,;;'t! PI]('OI'C loi! s· \('l'ia Loui s ('11 l'n !Jl'I'('('\'anl.
- Oui, monsiPIIl', c'rsl l'I1t'OI'!: 11IOi , n"polldil
l'c'ofanl :l','(' pl Il s de f('l'lIlrfl', qu'il n'l'11 11101llrail d'on linail'P ; mais rn SSIlI'PZ-VOUS, ("l'si III
rll'I'ni;'rl' foi s fjllf' \'OUS Ill(' \'oyrz .. , ,In vi 'li S
r"prcllOl' IIH 'S OIdils, "
��fOO
III TOIIŒ D'UN 1I0XXÊT E GAUÇON
J eun élait arrivé ussez peu l' ~so lu , mais, en
entrant, jl avait consLaté que les In ontr s et
l'borloge ri' uyaient di sparu, C)II Ics mou bi cs
étai nl dt'·l'an;:(·g l yidrs, qu'un commissiollnail" '!t al'n'ra il li pafJ\1cls Ull O pelile yoilul'e il
bras fjlli slnlionnait li Yallt la porte, Ces préparalifs non "quiyofjucs d' ull dt"Jn énnn'elll nt
('omplrllui (tyaiL dOllll ô dr l'aplomb,
qu els outi ls yc'ux-Lu
« C!t('l'r1l('r quoi .. , y ])
pill'Irl'Y drl11ill1da le jeull e !tOllllTl C,
I) (·s oui il s q \1 i IHl II L il 1110 i, 1l101lSipul', fJ 11 0
j'ai ilC!t('[(·,s el pa)('s, l'l qui {'lail'l1l t'H lr l' élabli
0"1 .ïil\'nis l' hilhitud e d, Ll'uyuillPl'.
TlI il\ais des oil lii s ù loi il·i ... t A qui
fl' I'as III ('l'oir' dl ' \lnlï'ill('s hOUl'dl's 't
Mai s ...
Toul c'p qlli {'Inil ici (-[ail tt Illon fl'('l'r , d
pal' ('O Il S"'ljll!'lIl à moi: h's oui il s COllll110 10
n,., lp ... 'l'II Il '(·S qll ' llIl J!plil (·S('l'()t'.
O!t! iii IP pam 1'(' ,Jp itll slIlr"'!,I{"
EL lu \':IS fi"'l' d' iri ill1l1H"dinIPIJ1p,I1, si tll
IH' \' {'IIX pli S '1" 0 ,Ïnppi'ilp UII sp r!-;<'1l1 dl' "illr,
- .11' ne (,l'aill s pn s )('s Sl' I't,P llls dp yill",
plli sqll" jp Il 'n i l'ipfI fail dr 1ll1I!. C'('sl fI1oi,
hi(,l1 plulM. qui ai 1" droil " 'all('I' 1111' plnilldr
(III r01l1 JI1lssa fI '(',
-
Va /tu diahl " cL laiss('-fIloi 1l'il'lfl',iIlco.
Il
�D,I NS L'E~lBAI
J OJ
S
L'indig nati on ava il donné dLl cOUl'ago il. l'onIanl. Dans so n inox pél'i oll '0 do la yj , il /l e
doulail pas fju , élanl dan s SO li droil, on no lui
renr\it ju slic e. Pourl alll , so n eŒur baltail bi cn
f01'1 qllalld il fl'ilnchil ti f' IIOUI'ca u In pOl'l c que
SlIrtl10 ntailla Jalllt 'rilp l'OUg'! ,
Cumll1c la \'cilk , il ful asspz mal 1'( '(; lI IHl r le
cO lllmi ssa ire. A force d'tt\'oir afl'airc (l dps chenapans , (,ps ll1il g islral s rini ss nL pal' ilyoil' lIllO
pi i' ll'!' opin ioll dc rhum anil ', : Toul-P oli[ s' ('n
il [l!'I'(:1I1.
Il {'X posa. so n CilS l , plll s 'la.il'f'l)]pl1l 1'1 1(' l"u S
hl 'ii' v(' lllPIlL qll ' il pul. P rndalll r (' [" lllpS, IP
('ollll11issa iro r<'uil1rlnit !les p:lpil' I's, Il's C'la ssa il ,
I('s ran g('a il SIi Il S avoir l'ail' {li- SI' !I olll{'1' II1I ' il y
n\'ail I:'l 1111 do sl'S admilli sll""s n\r1 :lI11lllll sa
prolet'lioll. Il faul noil'r cqH'llrlnlll qu'il avait
('1111'111 111 Pl rOll1pris, ('lU' di's qll P ]'f'nralll SP 1111,
il 1'(' lpl'a la It' ll! <'1 le rrgl1 l'da droil 1'II11'P Ip,
Y('II'\ .
(]III' YOIJ!rz -\'O us !jllf' j'y rass("? !Iii-il. VOli S
ll1'arril'llH'Z 1[111' ('(' S oi llii s so n!. il \,(>lI S, mai s
(In '('s l-fP qlli 111 0 II' pI'OIlVf' YAn'z- I'oIIS dp s faellll'!' " I\('fl" ill ('('s sC lll('IIlf'IlI 'i
NOIl, 1110n Sil'lIr , .if' paya iH ('Ol11plalll.
- VOli S vOY('Z hil'Il ... I ~I qllnlld III t"Il If' \'OIi S
les alll'iC'z, ('{'S f"I'IUI'('S, rI' 1\ (' s(' rail pli '; pll('o rc
«(
(J.
�Ul S'r OIl1E n 'Uri Jf O"'N
i 02
I ~T
E
GAnçON
JJlen convai ncunle , Car nfin vous
pourrie z uvoir gal'd '. ou v endu l es ou lils fuclurés rI Cil l'é-dUIlH'r d'uu[l'es ,
- Oh , mons icur! prol es la Toul-Pelil.
- Il n'y a pas Il olt, rnOnSiellT !", Vou s êl s
un e
jll'C'U YC
pf' ul-ètr' un hOl11lN c gal'so n, mai s je Il '(' 11 Rais
l'i PII. Cr rnon si ' li l' es t prolmIJI (, 111 ' Ill un filou,
mai s il a r(li l->o ll CJlInlld il dit fill e loul ce gui
('Iail chez so n fl'('l'o "laiL il SOIl fl' è' rc cL l'al' co nS('f!U(' Il 1 itlui,
J/ ('III'P\lSf'IlH'lI t, s'(\c l'ia Toul - Petit <type
{'IHIl , qUI' l'(lll\ l'a bC' aVilit ('I{' rnlii'rp lll('n l r endu
sUIl1edi rt flll 'il IH' rr slail ripil aux clil'I/l s, »
Co ('ri d'ltOllll(\ lelé chez li Il pilfant SI' f"·licita nt
le se ul yolé, f(tlillld 1 vol 1 d{'pou illait
('OlllpI NI'IIH'l It , illléJ'C'ssll d "Illull e 'o illmi ssuir',
11\\ [1' 0
tOIl s'adoll cil.
« Lp ('il S, l'I'pril- il , nI' s('I'ai[ pas tout il fuit
II' 1l1(\ I11f' , En dOI/Jlan[ tille p:xu('lp df'snip lioJl de
l'objet qui 11'111' a pl'al'lI'l Hlil , ('n illdiquan l la
qui
SO IlI'('() '' 'où il lll'() \'('nrli[, les Ilf'rSOIlJlf'S
;l\'a i l'Il [ qlll'lqllO ('ho s( c!H''l. volro pa[l'on POll-
SOli
yai/'Ill fn('il/'Il l!' nl fair/' Pl'f 'lJ\'(' fi l'0sS('SS iOIl ,
T andis qUI' \,(>l IS", qlll'lI r p\'(' uvP jlOU\'f''l. - VOU S
apl'0rl !'r .. t Tou s ]('1-\ otllils dïlOrlo Af'I' HP 1'('5SI·lllhle nl.", N{'alll11oill l', \'Oll H j101l\'f''l. 1l[l1H' ler rI)
1l101I!! if'UI' ('11 jU !'i li(' , do paix, , VOli S 0\1,1'1\ volrO
�DA NS L 'E~IflAn
103
n A
nom, les p CI' onn es qui s'occup nl de vous . La
prcmi h'p cilalion ne vo us cOÎllern. qu c qua trevif)
fl' t ~ ce ntim es . »
JCHn Nail allc rré. S s oulil s perdus, ca l',
déso rm ais, ilks co nsid érait co mm c lelH, c'é tait
]1I'("H dc lrois ce ni s fl'an 's d{' jl e l sé~
cn puro
flNt e. J)llns tl'oi s cc ul s f m ll es, /j11 0 de points
fail s p a l' sa 1ll{' I'C! qll c d vo ill {"s ! fJl! d f aliva li o n ~ ! Et p Otll' lui-III ' mo, lalll
S' lI PS cl dc pri
<I!: Im \'ail el d'appli cati on!
Il l'l' III l'a (' '' pz lui nav l"·.
LI' p t· l'C Cacao u \ cli Il ful pas nulrpll1 (' nl RlIl'(ll'is do ln ('o ll!llIil o do Loui s cl. do ln d(\e isioll du
( ' OIn
~ l1i
tll' O Ù.
sa
il' e;
m ais Eu g'ù ni
I1 P pouya il SI' l'(':o u-
'l'o il'' qlle tout fùl d "flllili v
m Olli
pc rdu .
�CIIAPITRE XI
D~
0 nAGEME'\l'
Le' Il'IHlPmn.ill , .lrall "Ollllli 11'111\' 1' Ull (I(,l'lIirl.'
('Il'orl :u'I)I'(\s do Loui s. Il so l' '1)(lil. dO!lc l'lIC
Hoehf'f'lroulll'I , pcn slIl1l 10 HIlI'!)1' I1drf' tilt Illilipll
dps df'rllir-I's pd'pam tifs de dt"l11r"Il :If:)f' IIH'lIt;
Il!ili s, à Ha grandI' slIrpl'i s.. , il tl'Oliva rI) Itl'I'i'1\111 In. Jlortc' closr rl Il's '(Jll'l s 1i ~\.
La (,oIH'irl'gr, <tupl'i's ri" Inqll cllr: il nlln sc
1'(' Il 'il'ig Il ('l', lui appril, nOIl sa ll s Ir's ('011111]('11lail'r s Ips plu s Îlldi gld' s, qur CI' vi lllill OiliNW
(~tail
parti sa li s dil'(, IIi IH)lljOlll', ni I,Oll l-lo il', IIi
adi(,I1 ... ; qll(', dr'.s Iii nilk, il aVilit liqllidr' loul
Ir' hazal' l' hol'lo"f'l'if', il 1111 rnnlTllnnri rlu Fnll houq..; l\Iollll11nrlI'P ; Ips 1I11'llhl!'s, 1" li"gl', 1('8
cm'Is, :'\ Uil hl'Ol'illllf'IIl' qlll'if'onqllP; la haltf'l'ie
dl: ('\1 il-l i1](' , III ,'ai:selle, l,'s IO(Jltl's dont 1('8
�DÉCO UJlAGE.\IEi\'T
I Q::i
aut/' s n'a vai cllt pas voulu, à un ehi(T(mnicl' dc
la l'ue Brlhomm c. Ay cc s s ail's ri
?lIl/{rml,
il
<wail l''lil argcnt dc loul, ct n'nait sc ulelllcnt
pas lai s(~
à la log'c une pi<"c c dc cc nt SO ll S,
qu 'o ll n'a urait pourlant pas vol ',c avcc tout
l'aria qU 'O /1 avail 'U dcpuis drllx jours,
./('all Jai ssa raSH l' Je flllx de pOll'olr s de la
('on('iprgr , (; '(' Init lino nalurc un peu cO llecnlI' le : il n'aimai! g ut'J'C il pal'lrl' Ili do lui ni
dl) (,P
(Jui 1(' l'l'gardail ; iJ
11\ ai [ {. [(1 yi (' 1i III C ,
II C
so uffla mot du vol
do III il
«
all!'I'
CP
1('1'(' i, Illarlalll , dil-il Silllplr.l1l nt , je vai s
!'IH 'Z
lui, )
« jl' l'ais OIlIpl' dl('z lui
i)
{-Iail. Illle 1llllllii.l'o
dp pl'l' lIl1n' ('() II"{'. EII 1'I"n lill" .lcall IlC fHl l'oil Il
qU1'1 pôll'Ii s'a J'(~d s(' l', :';ps in s[I'llIlH'lll s de Inn'a il
lui S(' lnl,laiPllt irr{'Ill(' dial,II'IlH' nl pl'l'Ilu s,
~i,
COIIlIlH' la ('hos(' ('lail ('('!'Iaille, Loui s les al'ait
VP lldll S al 1'(' If' l'l'sir, il qui les 1'('l'Iam('1' IIlilinll'Illtll[ '! L 'a l'l'èl l'cnrlula ni Il!' pal' 10 (,)Il\1i
s~m irc
l' '11'111 ii'>sa il ,'[ SO n ol'('illp ('Oll1J11(' le glas ciro So n
ulliqu(' ayoil'; Ir d("('O IIl'agr l11 On 1 Ic sa isil, A
(Illoi hon ('oll!illllf' l' <lP H r1étn 'lr('IH's qui ('()J'lIai('lIl
lall[ ù S il lilliidil ', pl qui SÙI'(' IIH'IIIII'allOlilirai(,lll
à l'i(I1
~ Lp s lri slps !-\'(\IIPI11011Is (Jlli, "l'pui s fjlla1'0111((' IlIlil hf'llI'l'S, IHIIII"I'p!'sn i"II! sn 1 ie, lui
laiS:-Hl iplI( l'inlp!' 'ssioll d'ult caurI! 'ItHU',
�iOG
III TomE n'UN 110 Nf:TE GAn çON
Indécis, il reslait sur le ll'olloil', ne sachant
de qu l côté diri ger ses pus, quand, dan s une
voilure d6couvcI't qui passait, il l'cco nnut
Loui s cn costumc dc Yoyagc : rllOprilll mou,
pardcss us clair t sacoc he n bandoulièrc.
D ynnL lui, SUl' le strapontin, on voyait une
vn lis cn eui l' fauv t lIn plaid sllngl ' dan s lino
coul'roir, PI'\'S du 'och 'l', un "l'OSSC malle
Louit' IIruyr Nail pos{' en travrl's.
C('1l "UI' produisit SUI' ln. ('('n 'l' Il o ng il (. do
.lran ['ell'd d' ullo go utte d'cllu. fl'oill ' dall s lin
liquid(' ('Il c'hullil ion: ·11 0 ri\:a ill slill1lnllélll cnl
srs id!"!'s pl lui 1'('lldit IOlll e sa lu cidilé"
Il vil sa 111('1'0 p '1I(~
S Ul' SO ll o\lvrng',
lil':llli l'aiguill e sali s rt'I il(' hr, vril lanl tard 1('5
lluÎl -;, S' il()
~Hl Il
do dlll'(,s (lri\'nliom; )lOIII' {'WJlol11i i'i('J' les troÎ s 'c nt s fJ'IlIIC S fill e 10 filou
l'lllpol't ail, 10 ('(J'Il\' V'g'· I'.
ie .r(J 11(' r{'lI ss imi j1l'Ohahl l' ll1('lIl pn i'i, SC' rlil-il,
Il1llii'i, rllI IIloin H, j'allJ'lli IliLlo jUSqll.'UU bout. »
L" COUl'llg(' lui {,lait l'I'Y(, Il li ,
Lit ,'oiltll'(' allail Iplll(,l1wnl Po il montanl la
l'II I' de' ~laJ{'I
g('
clonlln 1)('nt4' l'Ht ass('z l'llpicll' :
Toul P(' lil la Htli\'it l'I ~),(} lIH'1.
Al'l'i,{' d('\,unL
l' ill" Il iIl is t ra 1i () Il clll (; a z, 1l' ('''!'' n1 HI' III il :'t
tl'ottt'I', 1l1ais 1" galllill III' s'(' n inqtli{,ta pa s
t\utl'l'lIlcIIL: il {'Iail. Il Il 'U l'r "s SÙI' qll o LUlli s so
�i07
DÉCOUf\AGEMENT
renrlait il la ga re du Tord et qu'il y sera it en
mèm l mps <[u e lui. En [fel, les hOlllm es
d'é(lui.pe déc barg aient 1 s coli s quanti il entra
Lee
I O Il1
~
!l'l'quipo dt'r hargcai ont
IOR
coli s .
dnn s la li il 11(, des Pa s-Perdu s. Salis fltibl 'S8 ,
1!(lIl S hés ilnliol1 , il ahorda 1 \ Yoyagru\".
II D6cidlIJ\l 'Ill, f'('st 1[(' la 1)(,l's('(' ol iOll! dil ro
dCl'llirl' ('Il )'('('0 11 Il nisslln1 l'apprcnti. Qu'pst-co
flll(' III V('U.\ ('1l('OI'('Y
VOli S If' S!l \' ('z bi ell
SOlltllles outil/l,
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lIX :
ce
�10 8
III STO LnE n 'u:'l 1I0~"T8
GAnçO:'l
- Ah ... ! tu croIs que je les ai dans ma
poch e1
l11on sif'ul', je HIC doule' bien flue
vous 1 s ayez Yf'udus au lIlarc·halld clu Filuhourg
l'JonLl1larir avee ceux du patron .. . l'lais \' Olltl
ay<,z de 1'(\l'g<' l1t SU I' vous: rrlllhOIlI'Srz-lrs- llloi.
- Il <,sllrna('c, Ir ('l'aIHtlIrl », rrpl'il en J'iall!.
L ou is fIli C Irs prl' pa l'il 1ifs dll Yoyag-n sC' lllhlai f' lll
1'f'IIr1ro de forL bOllll e hUIlIPlir . ' cl Mnis, au l'ail,
hi('r, ('11 !O c <[lIiUanl, lIt d('\(\i s nl/pr ('IIPz 10
rOllllllissairc . .. Qu'pst-(·p (lll'jll'a dil 1(' COllllllissaireY »
Lc' pnllyro J('nn, c!{oroul{ par ('('111' qll Ps lioli
dircctp , n·(,II!. 1;11 l'dl) de n"p('I('1' l'arr(\1 dll IIw g isII'tlL : il se d(~r)bl.
le i\foll siPll r, dit-il la voix suppli ullff' , il Il'('s L
pas possihlo fili n VOliS vOltlirz IIIC' dl·pou illc' r.
Troi s ('{'llIs frall('s, ('(' n·esl. I;'U(\/,(' pOlll' YOIIS ('11
('1' 1110111('111, ('1 (··('sl 10llL pOllr Illoi , .. ~Iail
Im\'aill(' lallt d..·.j;'t ... 1
- T () i, lu C' S 11'0 P Il aï r. ", il 111 0 i Il i'i IJ li l' III Il ()
so is prorondl"llwlll l'ollblard . ) ~;(')ul,
jc pal's
pour LOlllln·s, drllol1cP-/lloi , rai s l1loi ill'I'NN,
fai s lI10i gllillotilll'I' si bOIl 1(' SP lllh11' pt si tll
('l'ois ('Il avoir II' dl'oil... Inis, (ln l' g rilcr' ,
Ini ssP-lllOi l'l'rI/ciro IllOII billel ou jo ItHUHllIPrai
\e tmi Il.
JOIl ,
)1
�DI~COURAGEMNT
i D!)
Loui s avait ouvel'l un porl feu ill e qui parai . sait . uffi am m lit O'a mi de bill Ls ri banque ; il
avait aLl iut un bour 0 d'a l'trc nL nll" Je
maill es cl laqu ell scinLill aienL de pi èces d'o r ;
011 aurait dit qu'il .
hi sait un jeu d'pxr il!'1'
la ollvoiti so r\u pauv re cnfunt ; - pui s tralHlui l1 ment, il 5 diri gea ,' r 10 gui h t.
J lUi r slait r lou<" à la mm ' pl a '0, Co ne fllt
qu' ap I' \. avo ir Vil 1(' YoprrOU I' di sparaît" dan s
1 s sa ll es d'aUen l ' OIJ il no pOII\'(tit le slIi vr ,
a pl'(ls itvo il' en lelldu so n ironiqu l' adi eu qu ' il 5e
déc id a il qllill er la gal' ,
AY !'c la INp Imssp otla Mmul' ehe all'a iss{'p de
l'ellX qU ' 1I1l coup ViOle llt, ill all r ndl1 v iellt do
fl'appl' I' l't qui Il l' vo iclll plu s cl air dall s 1('11 1' vi!' ,
.11':\n CITa IOl1g l!'I1lIHl pll l' I('H \'111'5, fOl'lIHlIll vi not
PI'0.i l' ls IIllSH it ùl aha nd oll ll és qll c ('Ol1f
~ U S .
LI' soir , pOllrlnnt, ail 1110111 nL olt il d('\'(tiL
1'('lltl'pl' chez Illi SOl 15 jlpine d'inqui él l' sa 111(\ 1'(' ,
il pl'il 1111(' r\{'lPl'lllillalioll suhil!'.
Il l) p. lI lIliu, SI' dit-il , j'irai trouve r
Louy ';UI.
)l
�CIIAPrrTIE x Il
JEAN SE MET A 50'
LOllV('all {-Inil
1JI
ami
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OMP1E
~1.
AIIIII'Y ' C'{'lail
('!lI'Z son pnll'oll qllo ,I('nn l'avait ('Ol1lll1 qllnlill
il Yl'nnil
dl' ('nlls('!!o
:t\ ail
toujoul's l'lé illl [1'i1\,ilill('lIl' actif, ('xiI(:I, 1a11O1111
ll1agaflill fail'p un
IHlIl!,
ell fllmalll sa pipI', lIol'lo;.!'!'I', Illi allssi, il
l'it'ilx, mais Ilon pns ('(' qll 'Olt app('II('
1111
fin
ouvl'ier, AII!->si IlYail-il drpui s IOllg tplllp'l ahandonn{' IpH omrag'PH llIillUlil'lIX l'l dt"lirat s pOlll'
SI' 111<"1[1'1' Il la CIl/III'lofl', I l ('oJlf('('linlllll1it dPH
lllOIl\'(' I1H' lIl s !Il' r(', \,.. il s Pl Ile (,Olll'OIIS dpslill(" s il
l'pxpol'latioll , El Dipli
111('I'('i!
tlii 1J1utill jllsqu'au
SOlI' qll 'i llra\'ilillail Hans 1"1(\('111', il C'1l nlmltait
de \'O\l\Tllgl'.
Au J' '!->lP, s'i l Mait lin log'is Oll la deviHc Le
�J E.\ N SE MET A SON COMPT E
1f 1
ternlJS, c'est de l' a1'fjent , élui1 a ppréciée ct ob5e['v "0, c'('la il bi en celu i do L ou veau.
A ncu!: heur s, flu ant! J '[lll urriva , loul élait
propre cl ra llg'" le carroa u rrotlé, 1 S 111 ubles
"poll ssr l('s, les coranl s déha rb ouillés . A cô té de
l'Mabl i où l'ou ni (' 1' tra vai lIail depuis 1OIl " lCIl1 ps
M'j l't, un c pelil e fill e d ciner il. six U li S, ass ise
[;lIr lin ' ch aise basse, dt' fil ait un y jeux lri 'o l cl
meltait ù mcs u!' , la lain o, da ns 1111 p,lI1i ' l' pos6
d ' ''''Ill cil . A (lucl(IU S pus cl lit un ' a ulr , un
pell pill s .g l'(llltl e, olll'l a it drs Ill ouchoirs . P ur lu
jlorlt' ;:;'1'(1. 1111 0 Ollve rte ri o lu cui s ill " on apcl'cevait UII D !t'O iSI 'Il1 C GllcLL 0' ' up ('e Ù l'cpasser
du 1illg'(' ,
Tou s ( '('S (' Il fnn ls, don t la pill s (Ib'{'(' Il 'uva il
pas douzp ~ lI S, lrava ill a ielll SUIl S <' llIllli , sans
falig tl(' ni d<'·" oùl. On " obilluil , 011 ri ail , ma is
)('s Iwlil es main s a ll ai nl IOllj Olll'S, L a m t~ r '
l'p vPll nil dll ll1 ltJ' l' lt ', a u mOllwnL olt J 'an univaiL.
« Ti(' II S, II' pl' Iil lI a ri vc l, dit J' o ll\'l'iel', Qu el
bOIl "(' Id l'u IIH'. nl', Ill on fTtl l'f;on '1 C' 's l l\U"I' Y
qui l'Pll voi p'!
- M , J\lIbl')'! 1,'{>('ri a l'cnfanl a u ('0 111111· de
ln surpri s!'; Ill a is VO li S 11<' sav '1. dOll c pas y li
El Toul-P elil t'P(, Olllltl {' IH;1l l , p{' lIilll o d 'c il,
(/lI P, (tppui i'l tl'oi s jouJ's, il ava ll d '~ j it lunl du foil:!
�11 2
III STOIn E D'UN 1I 0l'iN f:T E GA HÇON
rép ' lé. Les L OLl veau abaso urdi ' ]e Iaissèl' nt
aller j usq n'au boul sans l'in l l'rom pre.
« Co mm ellt ve ux- lu qu e je sllcll e qu elqu
cho ('? demllnrla l' ouvri l' CJ ll(lJ1(] J ean se lut.
J 'll i laissé Au br y sllmedi so il' ell honno sanl '· ...
E n hon n s[U1 lé n' sl pas 1· mot puisqu 'il ~ I a it
loujou rs dolen t. .. , mais pas plu s Ill ularl quo
d'll[lhil uri 1.W mo in s; cl ri pu is, je n' Il ai pllS
ent.endu purI r. ,o n frèl'o Il m'a préve nu de
ri!, I) . .. ; il Il'y a pourl alli. pas si loin ri III l'UO
HOf' !1 r c!lflllltl'l Il III Polcl'II d S POiSSO lllli ol'S ...
Qu 1 mi s{' l'ald n {'Ju ' C' Loui s .. . 1 Ah 1 il l'a
fil oll V, les OI tiil s 1 C(' la Il(' rn '(' lolll1 pns, III Ha is:
je II C l'ai ja mnis co nnll (!ll 'av('c do mall vais p nchall ls .. . GI'(' din , va! ,'olour! fuill ('ll lll! 1>
Lotlv(':\11 :\\'ait gal'dl' 1'(' pillt f' lr do fnir ll'a nt
pOlir la fill : atlx ye ux c1 f' ce lravai ll f'1I 1' ;t(' ha l'/1 o,
un fainéa nl (' Iail le dl l'ni f' 1' d('s (':[l'rs.
(( El mainl !'IHl lll , 'lu ro lt1pl !'s-lu rail' ,? »
dema nd a l' oUVl'it' l' qU:II HI il Clll filli (l'ex llall'!' sa
hik ('o nl!'!' Irs pll l'l'SSr l1 x ' n g{' Il I'nd c l L ou is
uhl' y ('II parli cul iP I'.
Il Voil ù, IIJO J1 H
ipul' LOll vrlt tl , !'r pond it !' lIrall t
(l.\'re tin pf'll r1'('l1l ltnl'l'nH, j '(" laiH n' lI l l \'(J us
Il'011\'1'1' pnl,(,f' ([ll l' jf' sais fl'I f' VOliS 1\ lps CO ll sid{'l'c' dnllH ln Il la isol1 rJlli VO Il H (, lll l'l oil', l'l j
YOldaili vo us dell1 alld e!' si VOliS Il [l olll'l'i ez pas
�JEAN S8 MI~T
A
O:i CO~I'TG
113
me prOc ul'el' de 1'ouvl'a"'e. 11 y a à peine deux
ans 'lue je lravaill ; Il 'importe où j'ontr rai, (lll
ne Ill e payera pas .. , L es derniel's temps, 10
llilll'Oil me donnait dix rran cs pnr s' maine,
YOLIS saycz, . . ; j'aurai s voulu trouyrl' 1
.'6rpIIYa1<'11 1. »
LOllycau s gl':üla la lèle nll-dessus fi, 1'01' ille
(ln'c: lIll ail' mbal'l'1tssé l g li ssu il sa r'l11ll/e un
rr;;a rd inlrrrogall' ul'.
« Bipil sCl r, Ill on "'arçO I1, rit c lie-c i Il lI1 unit'ro
d(' n"poIl S(', qll e mon mari Il l e lai sse ra pas
dall s 1'(· mIHtrrns. Qua!ld. cC' Il C se rait qu 'e n SO ll\'('nir d" CI' pauVl' Aubry qui L'ai llli\it 'o mm SI
lu Ilyais "Iô d sa famille.
POUl' ri, 1'0 li Y1'(1 gf' , dil 1,011\' ('11.11 rOl'l do
l 'n pprohatioll do sa 1'('111111 , j'('11 nUl'ai C l'taill!'llH'nl aulant qll j'cn \'olldl'ai, JI y lllllt\m' longll'111pS qll(' j'aurais pu :t\'oil' Ull O ('/lln'prisr cl
ocr'up('r dp s OllYl'i l'S, àlllis quoi .. , ? l\\'oil' d 's
rai /<\() lI s pOlir ri e 111 h 'sog ll ' mal fail(' olllinéo Il
retard ... , n: Il 'ps t pas la Il ill(" J o gag-no Ilioll
Illtl vil' d (,('11
do la nidr{,(' ; j'ai 111 0 l11ipliX 111 0
p() su r t't
('O lll('nll'I' d(' GO (Ju j'al !fIl(' dl' 1l '(~X
f:\rlH'r 1(' palron... \'{'r: loi ,'('st ltull'o dlose, jo
s ui s SIIr qll(' lu n 111 (' lll IS(,I'(lS p as d'ell!luis,
si.il'
-
111('
fi('
Oll!
/1
(' U qu
di sa it Aubry.
so)'t'Z lranquill ', /llo!l 'i i 'ltl'
Louy au,
10.
»
�114
J!I TomE D'UN 1l0NNf:TE GAn çON
L 'ouYl'iel' S l'fa la main que le garço n lui
tell lail en siglle de l'rcon oaissa l C •
II. C' sl
nL nllu, dit-il ; lu va.' 1" slr l' avec moi
lroi s ou (Jlmll"c j ours . .. la fin de la se main e,
li il S; Cill", si peu dirfieil qu e so il lin OUVl"ilgr,
cncore falil-il savo ir 1 hiJ"e, cL si1. mpdi so ir j e
rüpporlrra i d la hesogne pOUl" drll x ... A1I011s,
;L l'ro unc; Lu cl('j ellIH'ras i1.ve ·
mon bn )"( ~ on,
nOli S sans fn(;o ll. »
J en ll I1 r sr le III pots diro doux roi s . Hpurcllx
d(' voil" 1('8 c1lo sP;; s i l,ipl1 s',uTnll;;(' I', il se Ini t iL
lra\'aill f' 1' il li l11i 1i(\ll!llI bnbil 'Ldps{'l"Inlsdrg-:liel'
des enfant s, qll O IClir <l ppli ralion rL 11'111' doeilil ',
Il '(, Il1j1I'c hai c IlL pas d'èll'o d jo yc lI sPs fillpll cs ,
J\ lI1idi , la maman posa SII I' la l:thl(' UII
journal dtlpli (' pp " ui sl' rl l' 11 111'1)(' 1'1 l'nll SI' mil
il di"j('IIIH'I', Ch nl'Il n CII L 1111 mllf dul' , 11111' larlin o
dl' pil 1t" d(' foi(' 1'1 lIll O pOi g lll"(' d(' ('('ris('s, 1,0
J11'( '111il' r l'('pas SP fai sa it loujollrs nillsi Sil l' Jp
pou('(' : ('OlnIIH' ('('la pa s f P r('u il 011111111('1', pOI S
IIP C'uiiiill(' il foin', IHI S d l' ,ni s..,(' 111' t'l la'('I", J ~(')1l01lli sr' I' I{' 1I'IIIpS pOUl' 1'(' 1\1[110 )'('1' illl Il'aYail :
h,l {'Inil 1(' l'h'p dl' lou .., I(' s IllcIl1IJI'I 'i'\, pelits cl
;;rand s, do la fil 111 il 1.. LOll\l'(Ill.
{)lI a lld 10llt fui ('II ()l'dl'(,, la 1111'1'(' mil dan s 1111
pHllipl' dl' s llIl s à l'l'pr isl')' , une pt' Ioi n il . l'olon,
HO II d(', Pl i-I'S l'i H'(l UX ,
��J J6
«
lIlSTOIH E D'UN lIo~;-f
: TE
GAIIÇON
hn roul , mes enfanls, diL-ell e; venez vous
dég01lrdir l s jambes . »
L l!'lIlp s ùe pl' nc1re des '('1' 'caux Lune
c0l'de il suuLer, 11'5 pelil s éLai ilL Mjù parli es.
« C' es LjCIHli, cxp liqu a le Pl'I' ,011 11 0 P ut pas
les l nir à. ]a cham"re Iou le la journ('e: oll os
!:ionl Mjà si )' aiso
ln a blr ~;! Alors la 1\I ;\In:ln les
OIllIl1('np j01lrl' auX forlifi('alion s; cl, 10uL en ) '5
sUl'vei ll alll, cil ' ('oud, ('11(' l'(\cconlll1od o... 110
s'o('c'\I\)(', ('ntin ... C'('sl UII(' hra\'(' f(,111I1\r, \'oi slu , .le'al l, cO\lragrtHil', l'ail ;": "'1', pl'Opro C'OI11II1
pas unr C't poinl coqllC'lL .... ~i louLps Ips I\ll'ni\g-i'I'(,S lui )'essc mblaif'nt , k s ouvriel's JI'c l1dul'cmiPld pn s l(lIIl dl' Ini si'I'('! »
El ('11 ayanll 1 IO\lr, , <,S lin1!'s, k s lar:t\l(l s
marr!l i' r(,I1L sa n!-l \\1'1'l"11'1' jll s' I" 'iI ('(' <\111' , Ic' Ho ir
vrll\l, lit mam an "inl a ppp!t·1' \P H Ira,aillellrs il
la
l'01l ll P '
Il
Ion !;'a l'fi() n, (1i l. L(li 1\ l'il Il ft \ n li Il dC' la
S('1I101i lH' , III 1\ Ha is aulalll qu o Illoi 5 111' \(' 5
J'1'vc.ils PI IN! COII('O\lS .•1e dirai 111(' l11 e flu lu
lra\':\ ilk s lrop hi Il l'our dp s arlirll's ,1 0 commi ssion. ()II<' lu L'y I1wllp s \lll \I10111('nl al il1 do
so rtir d'Plllhnrl'a s, hOII! 1II IIi s di's '1" 0 III lI' Iro\lY('I'.lS tt\ oir \In !lP\l d':\ \ :111<'1', l'('I"'(' ll<l s l'hor!o'cric' i-;{' ri PI1SP, l'J'ois IIlDi. AII"I')' di sa it qll' il
avait (' Il loi l'élotlo d'lIl1 (ln Oll\'l'iC'l', 'l Aubry
�JEAN SE lIlET A SON COMI' I' E
117
s'y connaissait. .. Mais au fait, puisquc co filou
t'a volé ton établi, comm ent vas-lu l'y pl' ndl'c ?»
Louycau tou bait là le poinl se n ibl , L'cnfant avait pl'C fJu csp \l'é qu Lou\'etlu 1 (Yard l'ait à lravail! r ch z lui, t p ut-N rc l'ouni l' y aurait-il cons nti si J UII l ' lui avait d llInnd',; mai ' il cuL la di sc!' ~LiQn
li Il pas le
fail'r, JI avait du lrayail, ,'était bea ucoup déjà,
il "cl'l'aiL à s'nl'I'an n- l' pOUl' 1 l' sIc, C fuL
av 'l'ail' d qu Iqu'ull IliU'fuit 'Ill 'nL SÙ I' Il SO I
qu'il répond iL :
« N
vous inqni ', t 7. pas, mon si 'ur L Uy au,
samedi vous aurez vos 1ll0llVcm IILs, »
,Jean avait cn Il'I un proj ' 1, : pl'ojd hal'~i
pour lui si limi<lr, si rés 'l'vé, 11 s'a" issail d'ail '1'
nu ft :vcill('·Il!ntill, un l11ilO'as ill de fOlll'lIiture s
t1'hol'lo t; l'i'oll ilavait so llyclIlfaiLd 'st' lllplrll S
HoiL pour l, compl r d SO li palroll , so il pO\ll'
SOli pl'OJ!n' comple, 1, d' Il 'IlHlnd l' 'l't,dit.
Le ('(l'ur lui hall ail lerriblPIIH' l1l à l' idél' de
('l'llr t!t"IIlIII'('ItO ({ ~ l1é'aiIP,
Illai s il i1\'ail gl'a ndr
rllyif' dl' HO suffil'O {'L dl' \' nil' Il ai dl' II sa ml'I'c,
('ria lui dOllllait c1u ('011 l'n gf' , Après biell rI!' t!
h(' silnliOll s, bien dr s (\1'''UIl1( '1115 ]1011/' ('1 conll'(',
fOrl do l'approbalion <II' M, Thoul'g(' r :lIHI\I('1 il
avait dI'I1HlIIII ', 'OI1~
,il, il Hr lIliL rll l'oule pOlir
k Mnl'i
~.
�]\1 STOtlŒ o'ut\ ll oN:\kn: GA nçoN
i 18
Arri\'é au R éveille-ilia/in, il passa plu sieurs
foi (l enll1l1 a porle san ' ose \' r ouvrir ; mais, tl
la fin , honlC' ux de so n lIl anqu e d'{' nergie, il sc
li ~c id a à. lourn er I.e bec de ca ne cl à en lrel'.
Da ll s hl houliqll e, plu sieur s C' lllp loy{'s (~ t a. i nl
orc up{'s Ù. se !'vir dos 'li l' nls, Un vi(,llx monsieur
ér ri n til ;'l la caiss . Prrs dn lui , 10 nt s du
p:tlr on, él{'ganll so ig" ", li sail dps lel ll'(,s qu ' il
passail cnsuilo it so n vo isin l' II les l'O I\1nl onLan t.
« Vous d (~s il' c7.,
.i (, U\1 1' 11 0 111111(' '1 dl'l11ll nd a un
('o ll1l1li s qui p Olir le 111 0 1l t(' 111 11 '(;I.. il p ;1S oCI'up é.
Il
.1<' vo udrais pnd('l' HII pa lron )l, arlic ul a
J)
!l{' nihlPn H' lIl1 n pau\'\' Tou l-l' l' lit.
\, 'l' Ill "I oyt': jela li n CO li Il il ' (I· i1 d Il (' ôl '. dn la
(':1 i. . s(', d IPj l' llll 11O111 1ll all x lPlll'l's, nprt'·s a ,'oil'
k \'('. la 1(\ 1(' p O(ll' yo il' ' . qlli !'il' passa il , sc lou rJl u,
v ' l'S \P \'il' \l X,
\' oyl'i'. done r(' '1 "0 e'!·s l, Hi, 111 Y.
Ap pl'or hl'i'. , IlIO I1 Bar(:o l1 )), dil II' rI1 ISSIP \' .
•\P :II\ a\':tl1 <:;it Cil 1I'I'Ill hl ntll. Il il llrail hi ell
Il
YOII III (' 11'1' so rl i du ll 1i1f.)ltsill.
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Ill lI !'i iVIl I', (Iil-il d ' III1 (' vo ix mnl ass lI rt'·C', jo
slli " ,('llI l ir i aSSI'i'. !'i() \I\' P Il 1 pOlir u(' I! I' IC' !' d l'H
fll ll !'l1 illlrl's 1'1 d('s i Il !'\ 11'1 111H' 11 1s, !'ini l l'o\ll' ll1 oi,
tHl il p Oli \' IIlO I1 palroll., .
_ EII l' lr!'l, 111 0 11 a lllÏ , .i n
('l'O IS ' Oll" \'1'('0 11 -
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nuîlt'c, fil 10 "i e ux HI"IIl Y on l'cga l'danll'eflrant
à ll 'LlV('J'S ses IUllelles.
s o ulils , à moi, ('la il'lIlcl l(,z Ill on patron.
11. .. il psL mûJ'L. .. slIhilclllP/ll; Pl. Ho n l'l't'l',
HO II uniqll O 11t"J'iLi el', CHI. pal'Ii Cil les C'mpol'I.anl. ....J'ai é lé dl/'z le (,()Illilli l:limil 'O pOlir Ill C
plailldrf'; il m'il ('Il') n"pondu qu o j(' J1 'an iH
nU('UII J'/'C'OUI'S ('onlJ'(, le vn lplIJ', [ )(u'('(' qlll' jf' Il C
pOllvai s rail'/' pJ'PlI\'P dl' jloss('ss ioll ... »
,killl s'a J'J'e'la ft h01l1 de :-.; "in·, n'm,a il! ('onlinllf'I'. 1., 0 joull' palrofl (1.\'a il ('('ss{· df' 1il'!' S!'S
lf'lIl'f's pOUl' 1'{·CO IIII'I'. Il n'y il\i1i! pas, il (;0
1110111 1'111, df' rli(,Jll s il s('J'"iJ', ('1 Ips l'1I1plo)','.s,
[11,,\ 1,1111 l'oJ'('ill e pOlll' Illi"IIX (' JlIPlldl'(' , il\'ili('IlL
c('ss{' Ipu l's ,,1I,'·ps C'l \'(, IlIlC'S : l'PJlf:Jll! Sf' sf' lllait
pJ'()fOJld" 'lll(' IlL illlill1id l' pal' le sil('II('1' Cl"i Sf' ('ais,tÎl alllnlll' d(' Illi.
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L!' (, .. iss il'J', illlppl'llIl'bal,lf' , aill'Ildail la ('011<'iu Hioll , YO)1\1l1 qll 'p lll' Il l' " 'Ililil pl\S:
II ')'l'(\S l,i pII ,
IllOJ1 ami, rlil - il Il\,('(' II' plu s
''l'alld (,.. 11111', (;1'1 11 l'slln'os l'MIH·II\. pOlit' VOli S,
ll1'li s .. , qlll ) \,oll l('z-YOIIS quI' j'y ('a sl'~
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g'f'1' \'(,l 'S la pO!'!f' ; .111 ~H) lI'if
jf'1I1l1' pnlroll If' J'Plilll.
IOIl Sil')II', ('olllillUit 1 il, d' llIlf' voix "{'" itanl(:, j'aul'1lis voulu d'a ulL'C's oulih; pOIlJ' lraIl
�120
/lISTO IHE D'eN
1I0l'i ïhE GARÇON
yailler. J'ai do l'ouvra ge, mais jo n'ai pas d'ul'nl pOlll' payer.
- Ah! vou. n'uvez pas d'urge nl pour pllycr ...
Vous demand ez '1' "dit, à 0 quo jo crois co mprom]t' ?
- Oui , mOllsirul', s'il VOliS plaH .... UI1 'l'l'dil
cl huil jours.
- A,'('z-YOIIS, loul nll moin s, f1l1l'lfjll'Ull qui
l't'ponde pOUl' VO\H;Y ous dt'l11 'urez dl Z YOS
parent s, j ' suppose?
- JI' dl'n1<'lIro (t\'('e maman qui est V('II"
- Et (jlll' rail rllo voire 111 111111111?
EII!' ('sl lill gè' l'r, l11on sieul'.
Lin gè l" (·Lahli(' ... ? ou OUVl'irl' lingi' l'c?
- I ~I I' 11':l\'ai llP ('hpz nOli s pOlll' UII lI1agas in;
el aussi pOlll' (]rs hOlll'{-iro is ... quaJld l'1 1['ll'Ou\'[·.
- Cc n'psl pa s IIn'gar alllie ('rlil,lllol1 ami.»
La suru l' 11IOuilin Ips 1I'II1peS rie ,J('an quI' ('('s
IOIl "UI'II I'R 11l('lIni1'111 au slIppliep. Il ClII'('lIS 'rnont
1 jPurl(' l'all'oJl luit fin [Ill dl'bal.
« Fail\'s- Illi fail'\' 11111' fOlll'l1illll'c dl' cillf(uilnll' frallc s, )\('111)', tlil-il ('11 1Il0111ralll hOIlIH'
fi g ure ;'l TOlli -PPlil; iln l'ail' (l'Ull "l'a \'f' gH I'(;O Il,
d s'il psl \'rai qll'il il ... [{, \,01(\ il fnlll Illi farÎli[('1' Ils 11l0yC'Il H cI(· gngncl' sa yi '. l\ll oIlS, , 'tt
choisir )(' S outils dOllllu as h('so in jusqU'il (' OJl 'lllT 'JI(' (Il' CÎllfJlIitnl franc ',
rt'
�J EAN SE ~ IET
A SON CO
12 1
~I'TE
s.w ez, l11 onsielll' L '>o n, fit le vieux
caissicr à mi-voix pend ant qu e J ean s'éloignait, c'es t autant de per·du .
- Mais non, milis non, n 6my... Et puis,
après tout ... quand cc semit perdu: H OUS no
V Oli S
f >I'OII S pas fa illite penil' cinqu ant e fraIH'H ,
sl-(' r IHlS Y
11 '
- Nans doute ... , fju oiqu ', IlV c 'illqu il nte
f1'1I 111'H c1 'un cô té, rinqu lliit fran cs de l'autre,
On Il l'ri ve fu ·il III >lIt i l ving t mill e frfl ll CS /l U
1\
.
�12 2
III STOInE D ' UN HONNÊT E CAnçoN
bouL de l'a nn ée. J e dout que 1. Naud in so it
sati sfait cl l'al'rall ge m nl. 1>
L j r un e homill e ne s'attarù a pas il h l'cher
au moyen cl fIu ell e opération d'ar ithmét ique
on olJlrna it vinnol mill e li vl' s avec cinqlla nte
fl'all cs d'lI/1 eût'· ,t 'i llC[u un l fra ncs de l'aull'e .
11 sc co nlr nla de l" ' pondre l'ail' hon nfalll:
« c craig-n ez l'i Il, Ilt'm y; j ' pl' mi s lou t SUI'
moi. MOIl Pl'I" Il 'e n dil'a ri en. »
Le \' icil t'mploy ' fil LIli saluL de oumission
i1'011 iq lit' , rI. 11 0 hasal'da plu s aucuno oLs '1'va li oll .
.Jca ll l'('vrnnil. vors la 'aissr jo )' '1l.X do l nil'
.
C lltl'I' S('S mai ns les in sll'lll11 uls Inlll ri "sirrs
r « MOIl Sif' UI', dil-il nu fil s r lludill, jp VOliS
1lll'ITil' d(, loul. Illon ('wu!' du Sl' l'yj(' C' qu Yl)lIS
nn ais111(' (,l'IHIf'z ; j lJ vous n sl' !'ai toujoul's reco
sa nl. Dans hui\. joul's jusl , j ' yiendm i VOlt
appol'lf'l' 1111 l'l't'mi el' iU'Olllp l .
- 1I11lis, (,OIl1Il1t'nt dOIl C' ! IlllIl'1l1111'a JI' yjrllx
.. MOIl SiplIl' L{'on,
lIrf'(L
d'lin ton g()~
n l~y
ajoula- l-il qlll1llfl la portf' sr 1111 /'('fl'1'1l1r(' slI r
TOlll-P plil, jf' vous f(,l'ni ohscl'\'('1' qll (, VOliS avez
n('glig( df' "('lll /L1l1lpl' Ù. ('l' ... (',1if'lll, SO li 110111 Pl
RO ll adl'(,ssP ... fi ('s i \'l'ni qlll' si VOliS ra\'ii'z fait,
il \' OIlS Hllmil dOlln é un HOIll t Ull nùl'(,ss(' d
fanlai sip ...
�JEAN SE ~mT
A SON CO~IPTE
1 23
- Il payera , VOUS di s-je, Rémy.
- J sui s fàché de vous 'onll'cdirc, monsicul'
Léo n, mais il ne paycra pas.
Comme si J an voulait donn er un d "111 nli
immédi at au ,tlÏssier peu co nfianl, ill' nlm dan s
le magas in.
(c
MOll sieul', dil-il, j e vous demnnd e hien
pal'Ilon ; j 'ai oublié cl vou ' dire co mll1 ent je
m'a ppell ' rI, oü je dem lIl'e : Jean iJm'ivcl, 6,
ru du Dr ll a.l\1on palroll élait M, Âl2hry , 1Gr) ,
1'110 110 '1lPchoual'l,
l c'es l ch z l '011111115snil'c de la l'UP Bochat'l-(IP- al'J'on fJlI j'ai d('posé
ma plainlp , C'psl lui é n alrll1Plll qui twail ('OIlSlalé le d(·cl'S de mon patl'oll. __ Ma ml' I'(, lravail! tl epui s huil ans pOUl' Ccm!?-illon, 1,,8, l'ue
Lafaye !lp ... ~i vous voulez [1rendl" dps rl'l1 sl' i1::l10111I'nl s .. ,
,'ans ('Il park!' ;\ IH'I'SO IIIl (', le vieux Il{'my
CO Urut aux adresses indirl'd·('s, ol ('0 111111(' les
dires de .1(· IU I SO !rou vl\ i't' nl Co nfîl'lll l's, il no
SO uffla. III 0 1 clu r "s ulla! dl' s('s délllarrh ('s,
L(' sa nH'di suivanl, qu and il (' ul rl·g-l '· SN,
('Ol11pl('s a\'N: Lou\'('au, ,'pan, ('II !oul(' IHUe,
l'I·d 'scclldil Vors la l'U(, du l'oilou , Illili s rI' ful
dans dl' loul lwl n's di KllC)si!i ons flll !! la sPllla ill O
lll'(\('{'dl' ni o : il ilpporlnil ving! fran cs, LI' "i('ux
caissier ful fort surpri s, lu jpullc patroll il\ll;si
J)
J)
•
�IIlSTOlnE n ' N f1o~Nm
l 2ft
;
GAn ç ON
pour Loul dire : la fl g-ure de J ean lui avait in spil'é co nfi ance, Ill ais il n s' "lail pas allendu à
un (l r omple si forl , ni si prompl.
« Tu n dois pas ' ll'r lrop bi n lI1onLé, (liL-il
il Toul-Pr lil donl Jo visng-n rayollll ail de joie,
P!'r nd s d s rO\ll'lliLlIl'rf! JlOIlI' I('s \·in g!. fL'ancs fluO
lu apporl('s, r lju sf)lI 'ù Il ouvpl ordl'o lu l' slcras
1l 0LI'I' débiteur des jlrr mi ers cillquanle fl' ancs qui
l' onl <" Iô :\ \ï Ul ('(>S .. . \1 l'aul bi r n l' Il ('o urag-r r le
Ira\'ilil (' 1 l ' hoIlIlNp lt'· )', nj oul n-I-il ~ n sc IOllrll anl
,,(' rs 1(' v i(, \I x H {' lI1 y,
C(, llI i-('i 11 0 \' oul ail
p HS
1I1 i\r' ll onn a qll (' lqu(' ('lIo s('
V(' I'I'n .. , ] 1
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l'(' II I'('S ... » !lI ais il
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« Qui vi vra
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n"polltlil ri l' Il , il ("lail pll l'-
J'('llllui d(' s\ '. II'(, Ir()\I'IH'l el la sali s-
fal'li oll rl n \'(I il'
dOIl I(, l'i (' II ,
11<'
M'sa l'l1wl' 'il co rr , Il
(' 01111110 :
(P IC
la lII a iso ll Il e perdrail sali s
�,CIIAPITRE XIU
Pnnrlalll ving l m ois, .Ira n III cie la gl'osse
!Jo1'l og'r l'i r pOlll' 10 r Olllpl o do LOll v('[U! pl (' 0
fllt'l' nl "ing l Ill ois d' lIl1 l'''cl o lalH' III', D('s II' pelil
jOIIl', Oll II' Il'o ll Ya il Ù SO lI 0laIJli l l'll\'aill alll Silll S
l'('I;\r'llI' ju sqll 'il (' e fJ lIP la Iluit rt'll IOlnld'f', L (~
SO il', il SI' l'f' lld ait il UX Ad " el ~1 r" li ('ls,
olt il suivail I('s (, OUI'S nyil ili Il'ail , cl t' pd's Olt de loill , ft
sa pl'ofess ioll : dess in , pll )'s ifl'If" II1 f;('it lli rplf',
f'hill1io 1I\(' nl!'; il r\l udiail ,I\'c'r ill'df' ul' l oul cc
qui f"lail rnpahl e cl p If' pel'fp('(iolll1 r l' ,
EII r. C'l a, 10 pl' I'f' Cit f'i1oll i' C'!H' lui flll d'ull
f..) I""Ic! S f ' r ~ ()I I 'S, Airl r'· des l10l ps fJn pl'I' lwil.l p11 l1,
il l ui SP I" 'i1 il l'II '1 uf' lcjllf so rlp ,rI\> 1'I"pcqil plIr,
f aistlflli u IUlIIi (\ I" S UI' d's poilli s rcs lt" s o bsl'UI's
11.
�i 2<i
III STOlIlE n'UN 1I0~i'ÊTE
GAIlÇON
dan s so n espriL, com mcn lan t les données forcément arides des pl'o/'esse ul's, lui xpl iquant les
' hoses il,'ec lallt LI pltliellce el dc chu'Lé que
Tout-Pclit en "lait émcrvc ill ".
La YCUYC les \coulaiL louL Il tiranll'ai g- uillc;
1 s l 1'I11f'S s('icnlifiqu s, llUx'lucl s cli c nl) eOIllpl'f'llait ricll, la l'cm pli ssaient pOUl'llWl d'adm iration.
(( Vn, l'(~p{·ai
-f' 1
ct so n fil s fjuitllfl il s s '
J'cll'oll,'niell[ s "ds ap!'!'s J, d "plll'L du honhOIllIlH', j'rn sui s toujours pOlll' ('(' qllo j'ni diL :
11011'(' ,'i('lIx voi sin a l'l" autr() Ghos' qll'UII marchand (IP ('t\C:lOll(,('!t<,S, »
(' n !J N UI JOUI', L om'rall hérila d'lin onclo
(~Iil"
hol'logl' I' l'l Pi (,l'l'pfonds, qui Illi lai ssa il,
oulre \111 0 petil/' IHJlIlÎ'lu c hi ell t[('ha land!"0,
CiIl('\rJlI(' S [PI'I'es pl 1111 l1lag lliriqll o jardill. TouL
de !-\IIil! l'o\l\'l' it'I' dt"('idn do s' ifl slall(' 1' a"('~
sn
falllill(' dall s ('e bif'1I qui Illi IOlllhail dll ci(' I, el
pal' {'on lrf"('()\ IP , .J('[1n dil M'fillili"cmclil adieu
all x {,O\lCOliS PL au x l'l', "pi 111'-l11al ifl.
Sa 111(\r(' ful ""'sn ppoi Il Il',1' (1IIallt! il Illi porln.
de' 1'('11[1'(' 1' ('''f'iI UII 11011' (' l l\I pal ro ll. ElI!! ("lait si
IH'lIrl'USI' de ln g:ll'I lpl' :tlljll'('S d'('llr, s'ill1l1gifllllii pnl' 1:\ , ]p ,oil' ("(' hn)1[1<,r allx Illilln dnn ;..;!' !'s
qui Il1PIIIU'('1l1 la jl' IIII1'SS(' .
u C'esl dOllc (1'1(' lu ['(,II11uics Il\' 'e flloi , Illon
�L'AM! DE JEAN
t27
Tou l-Pelit ? demand -l-elle ay c r (l'reL. n me
fi mbl e qu e,
ur la r command alion de Louv lLll, on l'n.u rail bi n donn é de l'ouvrage dans
la l1 a i ~ ol rJui lui en fourni ssaiL.
C'(,H I [11'(J! J1lblp , IlHllll nll ; 111I1Î H... , ·'cHl quo
je Ill' Hil Îi'I pn i'l ('IICOI'I' l11011 11I (· li(,J'.
Tu f'aÎ Ha ÎH poul'Ialll dl' 1J(!llIlpH jOlll'nl' s.
]1 nI' ra ul pns (\11'(' Il'op allll,itiplIX, vo is- III.
- ,If' 11(' Ha îs pas s i .il' s ui s 11l11hiliplIX, mn.l11 illl; lllai s jl ~ sais 'III .il' \(Jlldl'ais d(' \'cIIÎI' un
�128
lII STO lllE D'UN J/ONi'iÈTE GAI1ÇON
Lon ouniCl' afin d' enlrel' plus lard dan s b rnbricalion; t, pOUl' en arriver là,il In faul travailler encor beauco up avec qUc!flU'UI1 qui s'y
onnai 'sc. »
L e Pl'!' Caca uècbe approuvail rort la décision dc J ra n,
« Laissrz- Ic dOI1(, a1l l', dil-il Il Ia rn è!' , YOllS
)' q "('Z CO llllll e lin fillr .. , E s t -cl' (lU
' 's t
l'll rrail" d' un b\ln;o ll de dix-se pt nns hi nlôl
d'a lll'!, illl 111\11' ' 1l ~ ay('(' VOliS rI do slI \'\'c ill el' J
po l-au-fl'lI ~ .. , J Il S fj Il ' il Cl' 11 0111 7'0 Il 1-1 )l'! i l fi U(' , ' 011 S
Jlli '0 11 Sf' \,\'l'Z 1'01111111' s' il ('Init ('1(('01'1' illllllailloL. ..
VOLI S fillil'(,z l'al' all'O)1llil'l' ses ),OIlIlf'S (lisposilioll s s i vous ('olllillllC'Z il le (,Ol1flllf'1' aillsi. 11
Ill ' s'ps l pas (,1'I"c" c1'alllis
j'clIl('lIrls d'am is dll
SOIlÜfrp .. , (fp citllltll'ad 's, p 01l 1' mi"II" clil'f', ('al'
il a CO lllln c amis, lou s ('('II" flili 1(, ('ollnaiSS('lll
1'1 c'('s lll1 tll l\'ilis pO\l1' IlIi ... Olli , .il' di s hipll ,
Illau \":l is .. , : 11I 1\\I \'11 is p01l1' sa 1'1111 1,.., lIlall\' a i s
1'0111' so n ('sill'il, Illnll\' 1\is
p OUl' SO li ('0'111', ).(' s
j l'l1 ll1'S gr' l1 s olll dl' la rOI'(' 1' i'l d (")11'11 "(' 1' . li s olll
\lll imp<"l'i l' \l" h('so ill dl' l'Il a l1 gl' l' dl' 1'1[1('0., (10
IHl\ïll'dl'l' , dl' Sl'PII III'I]('I' , IIl1r fU1I 1 l' ilS qU ' UIlI'
ll' lHll'essp lual ('clail'l\1' l'III ra , ' 1' II' d'\"l'loppf'Illt'lll
dr' SI'S qualilt',s ph Y'l iqll(' " rl ll1oml('s, .JIIH(lIl'Ù
li l 'I~S(,
III ,'() \1 S Il (' \' a \'('/, fi Il (' 1l'Il pro \1 S\1 il \ 0 S .i Il pP S :
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II· llli
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pl Il III \' 01 (,(', »
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1l
DE J EAN
t 2D
Eu "'é nio n'é lait pas onlèléo, ell e vivait uans
la (,l'ainto pOlllétu Il e de nuiro en fj uol qu o
chos (l l' avcnir de ROll ,Toan. Ell o céda .. . ayoc
Ull g L'OS so upir , il cs t vrai, mais sans res tri cli oll .
(( Fai R co mm e 10 dit cc hl'ave pere CacaOlll'.(· !t r, mOIl Tout-Pelit : il ('fi t plu s savant qu o
111 0i... el. . . ma pal'olr ... ! jo crois qu'il L'aim o
lH'PSqll C a ul 'lIlt. »
Qll nlld la chose ful Mfinili yc' mC' nt réso lu ',
Ip j pul1 P Il omlll s'adl'essll Il U R évrillc-Jl/alin
011 rll aC UI1 , III ' Ill e le " ir ll x cnisfl icr (l'a hord
1"{'cn ll" ill'\1 l1l , lui I{' moigll ail lH'il uco llP ,l' cfl limo
el d'; unili é, depui s qu 'o ll l'avait V lI lmva ill r l'
' lV( '!; lalll d, GO urago ct si (,i r l1 rr mplil' srs CI1g-ngc· IlWIIl fl . Ln placir r de la 1ll 0iSOli 1 pl'ésr nla
eh "z tr as lil"a l, hOl'log'cr l'lI Sa illl-,Ma riill , UII
illl CiPII OlS/ICIl?' d , Tl'('g uill y pl qui paflsa iL pour
fOl'l hnbil p,
L I' 1I 0 lll dl' Tl'rgllili ' produi sil SIII' .l ('a n un
t'111 '1 lll ilg iqll C, J) 'n pl'('s (' qll!' lli i ILYn il <lil
Hllll'pfois L 1\ lI bl' y, TI't"g uill y (' Ia il Jo !-;Tn nd
11l 1l1 11'(J dl' l' hol'l og('J' io rnUH;lI ii'iP; j nlll a is 1111
Ol1 vl'il' l' nll'·di ()('l'(' Il '{' lnill ol(' I'{) d,WHi'i('H nlpli !' I'H;
dl' SOI'I!' qll ' un S{' jOIII' lin 1'(' 11 jl l'O (o ngt: r !t pz
'J" ' I ~g l1i\
('ljlli vala'il il \111 ('(' l'li rirH t d'lltl bi k lé
c' l do cO ll s(' i"11 1" dalls l , tl'uv ilil. Cl' fut dOll '
�00
III TOll1E I)'U:\ IO:\N
~TE
GAnçON
avec un heurcux mprcssemenl qu'il enlra 'hez
son nouveau patl'On ,
C'est l à qu e, pal' une belle journée ([ pl'inlemps, nOli s le trOUYOllS inslall'., s'occllpanl
as idünwnt àla réparalion d'un 1ll01lVCIllrnllrrs
comp liq ul\ quand s'f)ll\'J" la porl e dll lll u"'usin,
« flJoll sirul' Haslieal, s'il VOliS plall ? »
La voix "lail (l'lin si joli li 111 \'1'(' , si fraÎ 'hr,
si gai fJu .I ran rl'Ieya ln. lèl pour yo il' ù. qlli
opparlrnait ('rLlo Ili 1iSiqll hllmaine,
U II j('IIII!' hOlnllW cl
son ùb'c il IH'U pr('s, à la
(i "uro OU"('I'I cl inl(·lliorplllp, mai s Itycc rail'
1111 [lPU b'ouaitlf'ur drs Parisiens de rarC), élait
d ' \'unl lui 1 r hilprltu ll in main .
fl lonsi('ur Il nslieal? r{·p{·lu-l-il.
- C'('sl iei .. , VOli S d('sir('z lui plr('~
- ,'j ("est possihl ', .. ~ l uiH
il HI ah sl'nl, prut«(
l'Ire?
l ou[(' la jC)JII'III\n ... 11 ('Hl ù CIII\lillol1 :t\' ('(' ln \lalrolll1r "Ils curanls.
El. .. il \'a Ili('lI, IIIOII S i('UI' ]I a'ilicill!
-
(}ui,
pOlir
Td's hi('I1 , j(' YOIIS 1'('l1wI'('i(,.
- J'larlilllH' lf ilHli{,il l, llussi, j'<,spt"J'('!
- Parfili\C'IIH'1I1 , l'l'polldil .J (,ilii 1111
-
l' [0 1111 {'.
- El I.. s [lf'lils Il aHliell\l\.t
~
Les p('!ils .. .
r 'U
�L'AMI DE JEAN
131
- Les petiLs IIasL i aux ... Pas asticots, vers à
pêcher ... , non, Ilasticaux pluriel do lIa tical.
- Ah bon! » fit en riant de tout son cœur,
J an, qui co mprit alors que ces marques de
so lliriludp pOUl' la sanl ' cl la rami.lle lIaslical
il. am nef un
"lairlll uniqu ement d slin'
I1muyai s ·ulrll1hOlIr.
Lu l;'Iu c rompu par l' "clat d ril'e de J nn,
Ips de·ux g'un:o ns co nlinu \ j'enl la 'on" l'salion
S UI' 10 Ion d'uI1 e parfililc inli1l1il'.
« Il y en a bea ucoup do peliLs IIaslicaux!
- Sept! » fil .! ran qui l'lit voir so n interlo culeur sc r 'cJ'irr sur le nombre.
Il Tipn s, rf'(lrill'allire l ' plU t> simpl m nl du
1l1Onrlp, ("(JIll Ill e ch 'Z nOLI s.
VOli S êLes se pt enfanls ... 1
,\l ais oll i... C Il 'est pas Mjà Innl. .. Combien Nf'S - VOUS lion "ous? Je pnri que YUU S
~ lf' s li II.
Oui , lin.
- CP n'l's t pas assrz, pronl1~
s nlel1ci el!Sf' llll'nl Il' jr'lIlI ' hOlllll1{" VOli S Iln'z dù horl'iblenl('nl VOli S PIIIII I)('r quand vou s ('licz pelil.
- ~Jli
s, li on ... ; .if' nI' 111 (' 1'I1(ljH'll!' pn s. YOll S
Srt \('z , r '('s l UI1f' all'nil"!' r1 'hahilurl ... El, pOlll'
('11 l'I'\ !'IIil' all hul r1n voll" , YÎsil', YOll S Itul'Ï 'z
d," sil'(: voir I!' paLront
-
�i 32
111 ' TOIRI': n '[j:"l 1I0XX f;TI': CAnçON
J 'aurai s dés iré ... , c n' es L pas un dés ir
hi en impl' I'i LlX, dan s bus les cas . En deux
mols, voiGi l' arrail'e.
ne c1icnle de Yotl'e
mai so l1 , amie cl ma m \r ,lui a dit qu e ~J. HasLind chcrch e lin nppl'enli sachallt d "jù un pell
lt'ayai Il cr ...
- El vous \ les venu vous prt" sP lllcl' t
- Pas préc isé lll(' lll, pui squ 'il l'si rOI1\Cllll qu'
l'appn' lIli Il q11 cs lion doit ' Irc (ld 'st nl (~ pal'
SPS parPlIl s. ElIlrp 1I 0llS, j
trOll\'(' ('('la 1111
1WU 1/tf)III,', 1111 ''l'(lllll gn
l' ~() 1 ('0111111 moi qlli a
brso in dn papa pl manliUI pOIlI' l'arrOl1lpa;': III·I'.
l\lais <1,yn lll la 11I'I"s(' lIlalioll officiellp, j'ai \'O Ulli
prendr\! lIlI pe\l l'nil' dp la lllai SO ll , s\I voil'
('Ol11l11cnl ('sl JI' sil/!!", s i la pa tl'CJ l1l l(' a l'a il'
d' ull(' IHJI1IH' fl'llll1l!', cl I-i i ln l'la l'lll ailk Il 'es l
pas lrop · 1I (,o lllbranl c.
Et jIl Sl(,Il1 (' 1I1 YOUS ne l'I'Jlconll'(,z pCI'SO llll('!
-
Ali ('onlf'ail'p, jo l'CI1I:OIIII'C 1111 brayo
"a n;o ll qui "il Ill(' donlH' 1' lOti s Il'S 1'( 'Il St' ig lH'lIH'nl s d0111 j'ai bcso in. A 10111 spig ll pul', lout
hnllll !' ur. Lc p\lll'OII ... , qUi!! hOllllllt' Y
- Un ll'(\s hra\o hOIllIlH' , ('o llfilllll , p:11; ('hi('nnif'r .,. l \U l't'slp , il ('sllll'PSf[110 loujollrs dl'hol's.
BOil! pas gt\lIalll , ;lIors, Ln pall'ol1lll' .. V
- 'l'n'''' gt' Illill(', Il't·s <lou('P ... j 1111 jl('tI dolt'III "
�pcut- ~ l' c, mais ellc il lanL li mal tly c lou ses
p Lits.
- Ni cri ard c, ni g ro<>'ll on . .. '1
- Olt 1 p liS du IOlil.
- ~ \ I on;,
(, l,la 111 1' ('h ang'pnt ng T (~n "l o l1 r l1.
Ci 'll (' qu I' .il' flilill p ( ~ l a iL IOllj oul's dl' 111 1l11 \'a ise
11111111>111', 11'011 \ ail il l' dil'
il. IOlll. (J ull JlI l les
12
�13 4
IIISTOIIIE D ' N 1l0 N:\' ÈT E GAn ço:\'
choses Ill archaient bi f' n, elle sc h\c hait de
n' a voir' au cun s uj eL de so moLll'e en col ' l'e.
- Il Y avait ries enfants?
- Un ,euJ elll enL, Di eu Ill el'ci! Un e j r un o
pcrso nn e de six ans que j o deva is ac compag n l'
qu a tre rois pal' j our il ,a p nsion t (lui pl curnich nil tout le Ion" d la l'oui ,
- Cela dc\'ail bi ' Il vo us (' 111111 )' l' Y
- P as trop 10uL de /ll1' Ill C, parce flu .i f' sif/l a is assez forl pou l' cou ni r srs b ~ Jl issr l1l en 1s,
all.xf]u r ls c! 'aill ' 1I1'S j l' ne 11J'(\lai s 11\111 , aII PII li oll, EL pui s, 11 f' qU f' (qIH' Ill nllil"l' \ flu' ce so il ,
j'ad ol'o (' 11'(' dans la l'u r . El vo us'!
- Cela d l~ p C ld,
- Moi , ce la Il (, Mp nt! pas , ,J(' slli s louj otll'S
J'a\'i (k (1 .\nel' rl"ll ol's " , Et I('s Il ltu'lll ols, ici, no
SO llt pas lrop d{'S[ll l'éll hlP sY
- Oh! II OIl , I('H pauvl'l'f; p(' liLs l Ji s so nt II'(\s
~r nli(
s ell)'("s C(l )'('sslilll s, D I\ 1I11' 1 p" rfois, il ('s l
111'11 11(' 111 dt' Ips Ill o\lrh l' I' a vallt c! r JI'S clIlhrnss l'r ;
ma is (1IJ(' youl r Z- \'OII S, s(' pt .. , ! el si IlP lil s .. , ! Ln
111(\ 1'(' Il I)('all sr d 0 1l1l 1' 1' dll ma l, ('II I' 11 (' I )(~ ld
pas
ll's tellil' auss i pl'Opl'CS qll ' ·11, l , \'OlIdl'nil.
- .Al ors, 111 h OÎl (' Il 'ps l pns IIHlII Va is('Y
'0 11 , ('(' l'lain r llll'/1l. JI' Il l' 111 (' pl a in s f]lI e
d'llll(' (' hos , (" es L([U t' le palroll soit si HO U \' 'Ill
ahs ' lit.
�L'AMI DE JEAN
i ce n'est que cela, ..
- Cela se ulement.
- En ce cas , tout va bien. A Il main don c.
Comm enl vous appel z-VO US?
- .Jean Hal'i ve l.
- Et moi, Marc 1 UOll charrJ. Jo Rui s sClr,
J ean, qu o 1I0U S • Cl'ons très bon s a mis. Votrc
ph ySiOIlOIl1 ie Ill e l' viril t lou l tl rai 1.
-
drons
l\loi aUfis i ,
[1' ' 1:1
hi
Il .
.i'
croi s qu e nOll fi nOli S o n[ell-
Au l'cvo il' , MUl'ce l.
»
�CHAPITRE XIV
LA MAISON lIASTICAL
Ainsi que l'avait dit Jean, ce n'était pas un
méchant homme que M. IIastical, mais c'était
bien l'être le plus irrésolu qui fùt au monde.
Chez Tréguilly, où il avait été assez longtemps
visiteuT, il était payé de vingt à vingt-cinq
francs par jour. Le malheur pour lui, fut que,
. ayant épou é une orpheline qui lui apportait
une petite dot, il se mit en tête d'abandonner
une position sùre et exempte de responsabilités
pOUl' prendre une maison à son compte, pour
s'établiT, enfin, le rêve de la plupart des ouvriers.
Or, le pauvre homm e était aussi peu apte
que possible il faire du commerce. Toujours
hésitant, indécis, ayant au plu s haut point
�LA MAISON l1A STlCAL
137
l'horre ur des co nflits et des di scussions, il
n 'avait su se défend re, ni des placiers qui lui
fourrai ent des march andises plus que so n
magas in n' en pouvai t conten ir, ni des clients
qui, non co ntents d'exige r des rabais considérabl es, lui faisaient suhir d'inler minabl es
crédits . P etit à petit, le dégoÎl t lui étai t venu de
cette boutiq ue où les aITaires ne hallaie nt que
d'une aile, et il s'était mis à sorti l' , pour fuir
un milieu où, malgré tout, il était souven t
contra int de faire acte de volont é.
Il passa la plus grande partie de son temps à
flùn er . Aussi, nul mieux que lui n'était au couran t des voies que l'on repava it, des rues que
l'on perçait , des IJàt1ments que l' on éleyait , des
égouts qu e l'on creusa it. Il connai ssait il cinq
centim ètres près le niveau de la Seine, savait
de quel houlev ard les arhres ava ient les premières feuilles , et am ait pu donner tous les
rense igneme n ts désirah les sur les lignes d'omnibus qui, pour une ra ison ou pour une autre,
avaien t mom entané ment changé leur itinéra ire .
Depuis qu elqu e temps, il avait un e nouvelle
marotte : il suivait tous les procès si peu il sensalion qu'ils fuss ent ct le Palais de Justice
n'avait pas d'hote plus assidu .
Au déhut de leur établis semen t, Mmo Hastic al,
1'2.
�i 38
lIlSl'O lfi E D'UN 1I0
N~TE
GAnçON
Lrès aimaUe et Loujours parée, se lenait à la
caisse . ~h i s un enfan t était venu, pui s deux,
pui s 5el;l. L es ressources diminuanL il mesure
q ue les charges augmentaient, ne lui avaient
point permis de se faire aider d'une man ière
efficace, et elle avait dû consacrer la plus
g t'al1l1 e partie de so n temps a ux pelits q u' elle
soig nait, du reste , avec un e solli citude et un
dévo uement dignes d' éloges .
Elle ne paruL don c plus au magasin qu' en
l'absence de son mari, appelée pa L' les clients
qui se faisaient chaque jour plus rares. Encore
n' était-ce trop souvent qu e co iffée à la diable,
so n corsage de nourrice mal r eboutonn é, sa
robe gardant les traces yi. ilJles Jes pelites
main s qui s'y étaient accrochées.
Ce qui jusqu'alors avait maint enu le magasin
sur un certain pied, c'était la rép<lfU lion. Quand
IIasti cal voulait s'en donner la pein e, c'était un
ouvrier hors ligne, et, de bi en loin à la roncle ,
on lui apportait les pièces délicaLes qui nécessitaient cl es soins entendus.
Mais, de ce côlé encoro, les affaires co mmençaient à péricliter sérieusement, et les clients
se fàchaient de voir que l'ouvrage traînait en
longueur. C'es t ce qui avait donné à I1aslical
l'idée ùe prendre un seco nd ouvrior . J ean pen-
�LA MAI SON lIA STICAL
1
139
sait qu e si le patr on avait pu se résoudre à
r es ter Li. l'établi, les choses n 'en auraient que
mieux marché, mais il n 'osa it le dire.
Ma rcel, présenté, fut toutcl e s uite agréé .
« J e désire que mon fil s ne soit employé à
aucun ou vrage dom es tique, reco mmanda le
père. Il est ouvri er , mais no n ya let.
- Ne l'envoyez en co urse qu e le moins possible, ajou ta la ma man. Il n'aim e déj à que
lrop la ru e ... »
L e j eune homm e, qui n 'avait pas bronché à
la pre mière obserYa ti on, fit la grim ace à la
seconcle . Il ne se .voyait pas du tout confiné
lout le j our il so n établi , un verre gro ssissant
fiché il l'œil gauche.
L a présenta ti on à pein e terminée , l'horloger
prit son chapeau.
« Monsieur Harivel, dit-il à J ean, vous savez
ce qu'il y a il faire, n'es t-ce pas? et vous êtes
bien capable de mettre au courant votre nouveau camarade ...
- Oui, mon sieur; mais c'est qu'il y a beau
coup d'ouvrage et je crains, malgré l'aide qui
m'arrive , de ne pouvoir tout terminer. De
plus, je n'ose guère entreprendre l'horloge de
la brasserie Gayler qu'on a promise pour
demain ...
�140
II1STOlHE D ' UN 1I0NNf;TE GAnçON
Mais si, vous saurez l'arrange r. Vous
travaill ez très Lien quand vous voul ez.
- J e veux toujours, in sista J ean; ma is j'ai
déjà exa miné le mouve ment, et j e... »
La patronne intervint, d'une voix tl'ès douce
e t un peu suppli a nte :
« L e j e un e homm e a r aison, dit-ell e à son
mari; tu devra is fa ire cet ouvrage toi-m ême ...
M. Ga yler e t un bon clie nt, et il u tanL r ecommandé son horloge !
Tu cl'ois » , Dt I-Iasti cal avec l'air d'un
homme il cent lieues de ce qui se passe uuLour
de lui.
Il cul cl eux ou troi s ges tes d'hésitation, ôla
son chapeau, puis le r emit SUl' sa tôle, e t posa
sa cann e plusieurs fois avanL de se d.éc ider à
l'abandonner lout à fait.
« C'es t qu'il y avait uuj ourd 'hui , uu P alais,
l'aITaire ... cho se ... Lu sai s, ce courtier en diamants qui ... voyon ' , uide-moi donc ... ; c'était
très intéressa nt à suivre ... Enfin, si tu juges
indispensabl e que je res te ... »)
Et, subitement ré solu , il s'assit et se mit à la
besogne.
Une foi s à l'œuvre, ' ce ne fut plu s le mêm e
homme; toutç trace d}ndéci sion avuit di sparu
chez lui, et il ag it avec un e sûreLé de coup
�L A IIlAI SON lIA STlCAL
14 1
d'œil , un e habileté de main étonn antes , donnant, sur les diITérentes phases par lesqu elles
passait so n teavail, des explicati ons si neUes ,
si précises, qu e les j eun es gens en étaient stupéfaits .
« II n' y a pas à dire, gli ssa Marcel à l'oreille
de so n camarade , comme patron c'es t une
moule, lln e vraie moule ! mais, sapristi , c'es t un
rude ou "rier. »)
J ean et Marcel furent vile ami s, bi en qu e
leurs cara ctères fu ssent en tout disse mblables .
Aulant le pre mier était réserYé el timide, autant
l'aulre était gai, bava l'(l , exubéra nt, r ailleur
sa ns malveillance, laquin sans méchancelé.
Sous le rapport du tl'ava il , mèl11 e diITérence . Si
Jean saisissait les cho ses cl'emblée , ma is exécutait. avec un e pein e et un e fatig ue relali ves,
Marcel, qu e Lou t examen lassait vile, agissai t,
une fois qu'il avait compris, avec une aisance ,
un e adresse ex traordinaires : ils se complétai ent
pour ainsi dire l'un l'autre.
L e seul point sur lequel ils se r enconlraient,
c'étail la con science avec laquell e ils accomplissaient leur làche, et la bonne volonlé qu'ils
appor taient pOUl' que les a ITaires de la maison
souITrissent le moin s possible de l'abse nce clu
patron . En braves gal'çons, ils se prêtai ent aux
�1 42
HlSTOIn E D'UN Il ON N Î,;n : GAR ÇON
circo nstances . Bien so uvent, quand l'ouvrage
ne pressait pas trop, ils s'occupaient des enfants
pour qu e la mère eût un in stanl de liberté.
J ean, qui n' élait pas lt'ès im ag inatif, se contenlait de leur acheter des bonLon s, des images
ou de menu s jouets . Marcel, lui , les fai sait
j ouer ou leur racontait les hi stoires les plus
étranges avec un sang-froid admirable. Et des
deux amis, c'es t Marcel qui ava it ]e plus ùe
succès auprès du petit monde.
Il arrivait même qu elqu efoi s qu e, la patronne
étant appelée au magas in , le jeune Bouchard
all ait prenùre le bébé .qui se fàchait dans son
herceau, le prom enait, l'amusait p O Ul' que
sa mère, ne l'entendant plus cri er, e üt l'espl'it
tranquille.
« Si mon père me voya it fail'e ain si l'offi ce
d'une nounou, disait-il à J ean, lui qui ti ent tant
à ce qu'aucun de nous ne soit empl oyé à une
besog ne domes tique ... Mais, lu sais, c'es t parce
que la pa tronne es t une bonne femm e et qu'elle
ne nous le commande pas , aulrement ... »
Marcel excellait encore aux besognes diploma tiques . Dès qu'il s'agissait d'eITaroucher,
comme il disait, un importun , cr éa ncier ou
placie!', de dépisler un déhiteur récalcitrant et
de le forcer à s'exécule!" ou encore de se d é har~
�LA MAISON HASTICAL
i 43
rasser d'un ro ssig nol enco mbrant, on était sûr
de le lrouve r avec des argum ents victorieux. .
Si la débâcle fin ale avait pu être retardée, le
Il lui arrivait souven t d'aller prflndro 10 b6b6 dans son berceau,
dévouement des deux garçons aurait peut-être
suffi; mais, le jour où le premier hui ss ier fit so n
apparition, un protêt iL la main, Hasti cal perdit
totalement la tê te , ne parl ant rien moin s que de
s'en aller au loin en quête d'ouvrage, laissant
�i 44
IIlSTOIR E D'UN II ONN ih E GA n çON
là boutique et marchandises , e t aband onn ant le
lout aux créa nciers.
L es supplicati on s de sa femm e , les ra iso nnements de J ean et de Marcel étant impui ssants
à le remonl er, et le spectacle de so n cha g rin
n' étant pas fait pour donn er aux autres le courage et la décision nécessaires , Mme IIas tical
le pria aŒedueuse ment de quittel' toul à fa il la
pl ace el de prendre ses qu artiers à Chàlillon ,
où ell e irait le r ejoindre avec la nichée dès qu e
tout se l'Ui t auungé .
Il partit avec un ou f de tl élivrance, lai ssant
un e enlière liberté J 'acti on il sa co urage use
co mp agne.
En huit j ours, les affa ires fUl'ent réglées il la
parfaite satisfac tion de chacun. B as ti cnl avait
retrouvé son ancien pos te chez Tréguilly, le
fond s était vendu, les créanciers payés jusqu'au
dernier sou.
n n' y eut qu e le pa uvre J ean de ma rri. Il
res tai t chez les successeurs de IIastical pour
les mettre au coumnt de la clientèle, mais se ul:
son ami , r emercié par les nouveaux pa tron s,
était placé ailleurs ... , très loin . Il se désolait de
voir que tou s les maÎlI'es auxquels il s'attachait
l'abandonnaient l'un après l'autre. M. Aubry
d'abord, qui l'avait aimé comme son propre fils;
�L A MA ( ON IIASTlCA L
•
pui s L ouven u , qui le Lra itaiL en ca marad e; les
Hasti cal enfin , qui le con sidé l'aienl co mm e un
a mi... Lous ... Ju sq u'à Ma rcel, do nt il é La iL
sé pa l'é pour co mbi en de temp s ... ?p oudou j ours,
peul- êLre. Ca r il n'é La it pas s ür qu 'il s r e Lrou vasse nt j a mais un e ma iso n o ù on les r ep ,·e nd l'a i.t
tou s deux ... E t il n e savait plus travail ler sa ns
Ma rcel...
L e so ie, qu a nd il r enlrait du m agasin , ayanL
eu à s ubir lout le j oUI' le Lon bourru du pa lron ,
les a il's déda ig neux de la pa tronne , le gr a nd
garço n , Lri sle , déco uragé, cach a il sa lète lassée
SUl' l' épaule de sa mèr e , el d' ull e yo ix (lui
implo ra it dos con so lali ons :
« Di s, m ama n , mu r mura it-il , es lLce qu'il en
sera lo uj ours ain si ? »
HI~TOP.E
O' UN HONNÊTE GARÇON
13
�cnAPITnE xv
C IJ EZ
LE S IlOUCIJAHD
({ Mon cltet' lIul'ivel,
« Jo viens yous dire qu v, si vou , ayC'z lOti ..
j Ol lrs le dés ir de ll'uv.uill et' uux alC'li C' I's '1'1'6.
« g uill y, il Y a un e place Ù pl'enlll'C'; cl je
« J) 'aumi qu 'à vous prése nle!' pOUl' que Yous
« soyez nd,lli s lout de suil e. Dans Je cas 011
« vo us accepteriez, co mll1 e je le j1C' ll se, YC'IlCZ
« dimanch e à Chàlilloll , lIl 'appOI'lcl' Yolt'e 1'0« pon se, en nou s ra isa nt l'amiti é dl' dlll('l' n\'cc
« nous . Ma femm e ct les enrants se rollt Il'ès
« co ntents de VOLlS voi,'.
« Jc vou s sc n 'u co rdial ement la II/aill.
« E. HASTJ CA l ..
«
)J
�CIIEZ LES 130UC II.\1\1)
147
Si Joan acce plail. . . ! Mais c'es l avec enlhousias me qu ' il acc ueillail ce llo propos ilion , la
réa li sa li on do so n rève dopui s qu'il faisait do
l'h orl oge rie. Il n'e ul gard e do manquor a u
rend ez-vous, ot, 10 lundi suivallt, gn'tco à un e
chn.u(le r eco mm andalion de lIas li cal, Cl ui ava iL
pad é de lui co mm e d'un su/ ct, il faisail ses
délJUls so us la direclion immédi ale de so n
ex-paiwil.
Celui qui aU l'Uit élé à même de compal'e r' le
IIn.s li cal dos aleli el's de Trég uiJly avec le Hasli caill e la ru e Saint-Marlin ne les aurait jamais
pl'i s p O Ul' le même lI olllm e , Dégagé de loul e
pL'éocc u pali on l11 ercan 1îl e, l' horloger avait repl' is
so n ass ieLLe ct était r edeve nu le tl':tv::ti ll eul'
ha bile ct co nsc iencieux qu'il avait été autrefois .
L'indécision de so n es prit, le vag ue de ses
iLléos avaient co mplèlement di sparu p OUl' faire
pl ace à un e lntn Cluille aSSUl'Ullce; et, Irès gai,
il élaille premi er à rire avec Jean de ses marches ol'rantes à tmve rs P aris ct de ses stalions
au Palais de Ju stice.
Has li ca l avail véritablement r eco nnu chez
Jean cl es aptitud es r emarquaLles, et il eut à
cœur d' en tirer tout le parti possible. C'es t
pourqu oi, au li eu de le cantonner dans un ge nre
·de hesog ne spécial, il voulût qu'il, suivît lu
�1 48
HlSTOlflE n 'U N IIONNÊTE GAn ç ON
fili ère de mu Hi r es opéra lions de l'horl ogerie et
qu'il apprH il tout faire.
Docile, labori e ux, aim a nt profondément so n
méti er , le j eun e homm e fit des pl'Og rès si rapides qu'au bout d'lm an il était capabl e de prendre pa rt au Grand Conc ours éLabli par la Cham-
bre syndicale de l'h od oge1'ie.
Ce ne ful r as de lui-mê me, certes , que .Tean
e ut l'idée de co nco urir. Il était très modes te ct
n'ava iL pas un e hauLe idée de son LaIent.
Au x p.'e mi ères ouve.'l,ures de Hus Li cal il ce
suj et, il leva les hras, pui s les la issa retomb er
avec déco urage me nL, e n mê me temps qu'il proférait un oh! qui, pour êlre il moilié étouffé,
n'e n élai l pas moin s signifl calif.
« Eh bi en! fiL IIas li cal avec une belle Lra nquillilé, vou s dése rlez avant la lulle?
Ma is, mon sieur, songez-y don c ; un
con cours auqu el prennellt pa rL des patrons ... ,
des horl oge rs de ving t-cinq à trente ans ... ! vou s
voul ez qu e moi , qui sors à peine d' apprenlissage .. .
- Vou s ê tes j eune, c'es t vr~i,
inten ompit
]e maître san s se dépal'lir de son calm e, mais
il y a de l'exagé rai ion à dire que vou s sortez à
pein e d' apprenti ssage . Quoi qu'il en soiL, je
p ersiste à affirm er que vous avez des chances .
�140
CHEZ LES BOUClIA 1\ 1)
n'abord, vous possédez de grand es dispositions
naturelles; ensuite, vous avez élé assez heu l'eux
pour débuler avec un ancien ouvrier de chez
" Eh I Ji ~ n!
vous d6sCl'toz avant la l uLto? "
nou s qui savn. it travaill er ... , le pauvre Aubry .
•Je ne parl e pas cl es deux ans cru e vou s avez
passés sons ma direction, tant à la rue SaintMûl'tin qu 'ici, mai s encore pui s-je dirC', sans
trop de van ité, que vous n'avez pas perdu votre
Lemps ... Et les cours des Arts et Métiers, pen13.
�HiO
Ill STOIn E n 'UN 1I0NNÊTE GAn çON
sez-vou s qu 'ils ne vous aienl [las élé d'une
grande uLililé .... ? Vou s y avez p1Ji ~6 loutes les
conn aissan ces th éoriqu es ayant lrai t ft l'h orloge ri e ; c'est énorm e, et, croyez-moi, très rare ...
Sérieu se ment, lIarive l, n 'hésitez pas; peu de
concur renls ont autant que vous d'atouts da ns
leur jeu.
- Mais le lemps ... , le t emps ... ?
- Dame ! le temps ... , c'es t à vous de le
trouyer . D'abor d vous avez les ve ill ées ... ,
vos dim anches .. . Puis, vous pouvez demander
ici un co ngé qu 'on ne vo us r efu sera pas ...
Enfin , il ne vous es t nullem ent défendu de vo us
faire aid er ; pourvu que le plan et la directi on
de lrava il vienn ent de vous. »
Oh! du momen t où on avait le droil de se
fair e aider, les choses change aient de fa ce. Car
J ean n 'élail pas t1'ès parlisa n d'u n co ngé. Il
n 'av<~
j t pas précisé ment peur qu'o n prît sa place
en so n a bse nce , mais il lrouva it plus sfll ' de la
ga rd er lui-mê me, Si seulem ent il pouva il s'asf.Ul'cr de r aide de Marcel dont les doig ls déliés
el hahiles faisaienl de si joli ouvrage ... Ilastical
l'avail l'épelé cent fois : il n 'avait pas de rival
dans les pièces détach ées .. , C'es t qu e Marcel
a im a il hi en sa liberté . .. et le canola ge ... el les
r adies de campa gne ... Sacrifi erait-il tout cela à
�CII EZ L ES BOUC II AI1D
151
l'amiti é . .. ? Sa bonne yolonLé n'é tait pas mi se
en jeLl , mais sa persévérance ...
Le jeune homm e renl m chez lui Lrès nerveux
ct, imm édiaLomenL, fit part à sa mère du suj et
de sa préoccupaLi on.
« Mon pauvl'e garço n!' fil-ell e apitoyée,
co m me III vas Le faLi gu.er et te cassel' la LêLe ! )}
Cc fuL bi en ault'e chose quand iL lui lut le
suj et de la compositi on:
Un 1'égulateul' à cheminée , échappcment à ( o1'ce
constante, quan tième pe1'Pétuel et 7Jhases de la
lune, ualancie1' c01npensateu1' au l1WTCUTC.
« Tu sa ums fail'e cela ... Loi... , mon Tout
P eLiL. .. ? s'écri a- L-elle avec un elTal'emenL glorieux.
- J'essayerai, tout au moin s, mama n. Seulement, je voudrais êtec sûr qu e l\lal'ee l conse ntira il m'aid er; et, co mme j e sui s très anxieux
de connaître sa réponse , je vais cl ès maintenant
lui ,o um eLLre la chose . Mets-toi il table sans
moi, je dîn erai chez les Boucha rd: tu sais
qu'ils ne rentrent de bonn e heure ni les un s ni
les autres . )}
Après ayoir monté le Fauhourg 11oisso nni ère,
J ean prit le boulevard Rochechoutl l'I , pui s la
chau ssée de Clignancouet et bifurqu a ft la ru e
Ramey . Arrivé au n° 78, il s'arrêLa il un e petiLe
�porte jadi s ve rl e, mai fl (lonL il éLait dif(]<;il e ùe
reco nnnilre la cou leu r prillliLi\'e, LanL les éclabou ssure (lu l'ui sseau cl les ùessin ,' in fo rm es,
faiLs ù la crai e ou à la brique pal' les ga min s
du fjllUl'li el', y avaienL laissé de 1l'aces .
. •Iran so ul eya le 10qu eL à demi pel'du so us
un e l'etom bée de dénlaLiLe cL enLra dans le
jardin qu'il trayersa en deux: enj amb ~es . La
fami lle Bouchard occupa iL la mai. on tout
enLière. Tl faut dil'e auss i qu e la mai so n lI'élait
pa s bi en bran de cL que la famille étaiL no'lI1 bl'eu e.
Du Lemps olt la barrière Poissonnière form ait
un e tics li miLes ex lrùmes de l'at'is, l'un des
vioux Bouchanl, mailre charpenLlel' , ava iL
acheLé une parcelle de Lerrain , alol's en pl ein s
champs, avec l'inlenli on d'y bùLil' un e bi coque
olt il pliL sc reLil'er , Mais, aun d'all er à l'éco nomie , il ava iL décidé qu'il éd ifi erait lui-même
sa mai . on, avec l'aid e de quelques am is qui
avaienL bi en voulu lui CO llsacrer leul's dim anche, Le chal'penLier dil'i geaiL les Lravaux
(lu'exéclltlli ent so us ses ol'dres un ébé ni sle, ùn
serr ul'ier cL un mal'Ch ;lnd de crép in s; chacun,
du r rs le, appol' Iant, au plan primiLif, des modificuli ons Lle so n cru. l./al'clliLeclul'e s'e n ressenLaiL. J amais on n'avaiL vu une MLisse aussi
�CH EZ LES BO UC HARD
153
stupéfi a nte : Ges pi 'ces tout de !!uin gois, des
bouls de corrid or , des coin s, des escabea ux il
chaque pas . L 'harm onie ne r égna it pas dave,n~a ge
a u point de v ue des matéri a ux , qu e le
pè re Doucha rd avait achclés au l'aba is chez un
e ntrepreneur de dé molitions : il 'y trouva it
de g rand es fenêtres ct des luca rn es , des porles
mass ives ct des pod es vitrées, des contl'e vents
e t de persiennes , des boiseries à pein e déoTossies, ct d'autres orn ées de charm a ntes mouluI' s. Avec un e teinte vert-bouteill e étendu e
sur le tout, les bra ves g ns é taient co nvaincus
d'avo ir assez fait pour l'h omogénéité.
Telle qu' elle é ta it pourta nt, l'a l1lic!u e maiso n
avait suffi a u v ieux cha rpe ntie r, à so n [il s et à
so n pelit-ûls; mais la j eune génér a ti on, Ma rcel
et ses frères , demandait avec in sis lanee qu e l'on
vendit la cahute pour habiLer un appartement
plu s moderne. C'é tait pein e perdue ! S ur ce lle
ques ti on, le chef de fa mille, peu a uloritaire
ce pend a nt, demeurait infl exible .
« Qua nd j e ne se rai plu s là, répond ait-il invari ableme nt, vous ferez ce qu e vous vo udrez,
mai s moi, c'est ici qu e j o veux mouril'.
- Voyo ns, appu yait la mère, so ngez donc à
l' énorm e loyer qq'j! nous fa udrait pour' vou s
caser tous convenable ment. Ce j arJin et, qu e
�t 5~
JII ST O III E D'U ' 1I 0i'~
fè T EG
AI
ÇO~
vous raill z éllij ollrd'llUi , VOli S ayez éLé bi en
ai ses de l'a,"o ir POlll' y prendre \' os ébals qu and
vou s éliez pelils, eL iL es L JJien précieux encore
pour L oulou. »
C'é LaienL de hmv s enfanls fIll O les n ouchanl.
P OUl' ne poin t fuiL'e de pein e aux vi eux, il s
n'in sislaient pa s dur anlage, quille à J'epl'el1l1rc
le sujC'l à lu pl'e l1li èl'e occas ion. Les ga rçons
appelai enL pOlTlpeuseme nl la bi co qu e notre !t ùtel
de la ?'l le R mney : c'élail ]u se ule vengea nce
qll 'ils liraienl de leut' déconve nue.
Dan s 1'ill1lTlr nse cuisin e, aBs is près du fru ,
les pieds sou s f iltre, IJien qu'jL fit assez chaud ,
10 père n ouchol'd li sait so n joul'llal , CO lllll1 ellLant pOUl' sa f !TIm e les fails le plu s inlél'essanl s.
La lTl alTl an all ait et y(' nail , s'o 'cnpant drs
del'ni el's prépal'alifs du c1in el', déran gea nt le
bonh omm e chafllJ e fois qu 'elle avait beso in à la
CliC' lll i li ée .
« AlI cnd s, p(\ l'e.
P ère sc l'('c ulait san s proles lcl', moi s auss i
son s avoit' l'id{'e de !l0rl er so n faul euil ct so n
j oul'n al un pell plu s loin,
L oul ou, le d('mi el' dc la ramill e, un gamin
de hu iL an s qu e ChOC Ull gâlail à l' envi, éLait
don s le jardin fOl'l occupé à dresser des pi èces
)l
�~
____________
t'
____________
pi'l'p BOl1Ch,u'd lis ait son j ou r nal.
_-.:-' .$_/tOICI{
�1 fi6
TlI STOIH E D'UN 1I0:\'NÊT E GAfl ÇON
de pâtisse ri e en tel'l'e; so n tabli er élait trempé
ct il avait de la bo uc jusflu'<:l.U X yeux, De te mps
en temps, qu anfl il ne voyait plu s clair , il
s'ess uyait la fig ure avec un petit mouchoir lrès
sale,
<difaut Lien quo les enran ts s'amusent », di sa it
le père OD mani ère d'excuso, quand la maman
sc pl aignait du gâchi s.
Au Lrl. 1 Ït que fil la porte qu and J ean r ouvrit,
Lou lou leva le nez.
« Ti ell s, J ean Harivel! s'écl'i a- t-i]; bonj our,
Jean lI arive l. Enll'o t'asseo ir; les grands frères
ne sont pas encore là. »
Les Vif ll X reçurent lrès cO l'di alemont le jeune
ho mm e Cjll 'ils aim aient Leauco up ; ct, pl'esqu e
a uss itôt, co m me si son arr'i v6e avait été un
signal, 10 tl éfil é des Douchanl comm ença.
Le premi er qui parut fut Édouard , un bon
garço n ll'anquille cl touj oul's de honn e hum eul' ,
qui était empl oyé au Ma rais tl ans los produits
c1 ~ il1fJu
es . Denx jeun es fill es, Hélène ct Valentine, le sui virent do près : la pl'Omièro, brodeuse
ru e d'Auoukir, passait chaque soit' prendre ln.
seco nd e qui étalL éventailli ste ct tmvaill ait
houlevard de Sébas topol. Arm and vint ensuite.
Praticien du sculpteur Doisy, uont l' atelier est
de1'l'ière le Luxe mbourg, il rentrait génél'ale-
�CII EZ L ES DOUC II AHD
1;) ï
menL le dernier. Auss i s'é LOlln a- L-il de /l e trouve l' ni Amélie qui était fl euri sle ru e Hi cheli eu,
ni Marcel , maintenant premier oUYJ'iel' dans un e
imporl a nle maiso n du P alais-Boyal.
« Qu and on parl e du di abl e ... », fil le jeun e
Hari vel en s'avançanL, le. mains Lendues, ve rs
so n am i qu i arri vai t.
« All ons, ù LabIe, fit la maman après ayoir
eniLrass \ Lous ses °Til nd s enfanls.
- Qu'esl-ce qu e lu as pOlll' dîn er , m'man ?
J 'ai excessive ment faim , fiL un e yoix.
- Moi a nssi.
- El moi.
- EL moi.
- Bon, YOUS avez tous hi III , Ù ce qu e j e \'() i~.
Heureuse ment j'ai de qll oi vo us sali srnire ...
D'abonl , un e bonne so upe a ux lég um es: .. »
Ce ru LII n tolle gé néral.
« Au maiO'l'e, appu ya La mère.
- Au maig re ou au gra , lu peux la gard el' ,
m' ma n, la soupe. P ouah!
- En suile, un bea u morceau J e yeau au x
caroU's. »
L es cri s recomm encèrent.
« Du veau!
- Des enroUes !
- Un raLa 1
�l li8
III STO mE n 'UN 10N
N~TE
GAnçON
- Mes pauvres enfa nts, fit la mère désolée, j e ne sais co mm ent faire, vous n'aimez
ri en.
- Comm ent, nous n aJfnons .. ien! Attends
un peu, m'm a n, dit Valentin e, je va is t'organiser un peLit din er so igné, et chacun sem se rvi
selon ses go ûts.
- C'es t cela, TiLi, occupe-toi du mal'ché. ))
Ving t minutes plu s la rd, Titi rentrait avec
son fil et il. provisions rempli j usqu'aux bords, de
toule espèce de choses. E ll e en lira sucçessivement des cCl'ises, un e !.ranche de gala ntin e, un
pâlé, un e boîte de sal'dines ct un melon.
« A la bonn e heure ! fire nt unanim ement les
j eunes Bouchard .
- J o vo is que mon veau va me r esler co mm e
l'oie de l'autl'e jour, fit la mère avec rés ig nati on,
ct qu e le père et moi , nou s so mm es co nd a mn és
à en man ge r loute la se main e .
- Mais, madam e Bouc ha rd, j'aime heaucou p
le veau, moi .. . , ct la so upe .. . , d it J ea n, dés ireux
de fail'e plaisir à la bonne femm e. J 'e n mangerai vo lonti e rs avec vous.
- Mo i aussi, m'm an, ne le désole pas, ajoula
Éùo uanl (lui é tait de bonne co mpo. ition .
-Si vous cro yez que vous vous faites l'es lo
mac, avec volre charcuterie! Il remarqua le père
�Titi rontrait avoc so n lile t à provi sions ..
�160
I1lSTOlHE n 'UN HON NÊTE GAnçON
aucun espoir ' d'aill eur's qu e sa ré(lexion
trouv<.U écho.
Tous pL'irentdu café, même Loulou qui , pour
toule co nce sion , lais a meUre un peu J'eau
dan s, a lasse .
« Dans ma jeunesse, fit encore observee le
pèl'e, on n'aurait jamai s souffc et que les enfanls
pri ssent du café.
- Ah bi en ! on avait de deôl es d'idées dans
la jeul lesse, p'pa! C'es t lrès bon 10 café ct cela
ne fail. aucun mal.
- Poss ibl e, Seu lement, c'est il tou , ces excilants qu e vou s dovez d'ètre un e gé ném tion de
ge ns neeveux , à moili é loqués pour la plupart.
- Merci Li en, p'ra. »
Le repu s lCl'miné, les trois ga rçon s allumèrent lranqui ll ement leurs ciga relles devant Je
che f de ramille qui, Jui, ne fumait pas.
« Lesqu els d'enlee vous, ll emanda M. Bouchard, ont lu le compe rendudu co ngrès oUYl'ier
du Havee. »
Les enfants se regardèrent avec étonnement.
Tl y avait dOliC cu U)} co ng rès ouvrier ... ? Pourtant, Marcel répondit avec aplomb:
« Moi, p'pa. C'é lail excessivement dl'ô10.
- Drôle . .. ! fltle pèee abasourùi, je voudrais
bien savo ir cc que tu peux lrouver de drôlo
S:1I1 S
�161
CHEZ LES BOUCHAUD
dans ce congrès. Il s'y est au contraire agité
des ques lions .. .
-Ah! non, p'pa, s'écri èrent en chœur les'"
garçons, qui j etèr'Cnl leur servielle el ~e levèrent de tabl e.
- Vous pourriez bien écouler votre père, au
moin s, quand il parl e, leur dit Mme Bouchard
d'un ton qu'elle s'eITorçait de r end re sévère;
quand cc ne semit que par polilesse .. .
- Voyo ns, m'm an, fit Marcel en embrassant câlinement sa mère, tu ne peux pus exige r
de pauvres garço ns qui ont tmvaillé toule la
journée comme des n ègres, qu'ils éco ulent le
soir un e di sserla lion éco nomique en guise de
dessert.
- Ainsi, reprille père qui semblait tenir il. so n
id ée, chacu n de vous achèle unjourn alle malin ... ,
tou s un journal diΎrent .. . , cl cc congl'''s a
passé inaperçu ù vos yeux ... ù Lous; qu' es l-ce
que vous y lisez donc dan s volre journ al... ?
- Tout, p'pa, excepté les co mples l'cndu s dcs
congrès ouvriers, répondil'ent les garçons en se
di f' posant manifes leme nt à sO l'tir.
- Bon! fit la mèl'e, c'esl sa medi,j 'élai s bien
sûre que Lous mes pigeons all aient prendre la
volée .. . Ju squ'aux p lites ... ! Où allez-vous
encore .. . ? ))
111.
�16 2
Tli ST01HE n'CN TlO NNÊTE GAIlÇON
Édoual'll, qui de\'ait se mari er au co mmencemenL de J'hiver, passait la so irée chez sa
fian cée . Amélie ct Valep tine a\'aient enj ôlé
leU!' frèr'e Armand gui les emmenait au Gymnase , Hélène, devant passer la journée du lendemain à la campagne avec sa patronne cl ses
camameles (l'alelier, reslait seul e p OUl' arranger
SOli chapeau.
« El loi, Marce l?
- Moi, je vais en so irée.
- En so il'ée ... , où?
- A l'am bassn de d'Ang let 1'1'(', répon dil le
j eun e homm e avec un grand séri eux.
- C'est donc lJ.u e l'ambassade es t Il'ansfél'ée
avenue Trudain e, remarqua ValeJlline qlli
pal'ai ssait fort au co urant.
- PI'<.' cisé menl ... Allends-mo i deux minules,
Jean , j e monle m'habill er ct j e l'emmène.
- Comm ent lu m'emmènes ... ? Pas en SO irée, au moin s ...
- Mais si, mai s si... Ne t'inqui ète pas, lu
seras admiraulemenl reçu , »
Marcel di sparu , il yeulun envolemenl génél'al.
« Au revoi l', li' pa !
- A IJientôt, m'man. »
J ean res ta un in stant seul avec les vieux en
allendant son ami.
�CHEZ L ES DOUC HAIIO
163
Vois- lu , J ean, lui dil ~ , p n. Bouchard av c
un so urjre allendri , il ne faut pas les ju ()"cl' S Ul'
leurs manières: cc sont LIe braves enranls, va ...
cl qui nous aim ent bien ... Quand le père s'cs t
cassé la jambe vo ilà Lrois ans, il ne s'est point
passé un jour, mème le dim ànche, sans qu ïl
en res lùl un ou deux avec lui ... E L c'é Lait il qui
femit sa parli e, lui Ji l'Uit le jomnal. .. A b ! le
cher homm e pouvait leu r parler polili ql1 e, il s
ne lui disaient pas : « ce la nous ennui e » . ..
Tien, ! l'hi ver dernier, j'avais un "l'OS r hume,
cL sali s y atLac her aulrcment d'impoJ'lnnce, je
fuis un jour la réfl ex ion qu'il me ra ud mit IJien
un Lon chùle de lri eo t p OUl' all er cL veuil', fa ire
mes co mmi ssions ... Le so il', j'en avais six; jl s
m'en avaient ra ppol'l '. chacun Url ... P our Loulou , leul' petil frèl'e, tu ne peux pas t'im agi ner
il qu l poiut jJ s sont ge nLils. Cc so nt il charJll e
instant des jouets, li 'S honboll s, des gàteri es
de loule sorle ... Et quand il lui al'ri\'e de Lou sel', si peu que ce so il, mes g rand s fOJlt acqui silion pOUl' lui de tous les médi cam enls qu'il s
"oienl anll oncés dans les j ournaux ou eXJlo és
aux vill'ines des pharm ac iens ... Ah, oui! on peut
bi en leur pard onn er un peu d'étolll'tlel'ie : il s
ont si bon CCC UI'. »
J ean savait bien ce qu e valaient ses amis ; il
«
�i 64:
llI STO lRE D'UN HONNÊTE GAnçON
les appréciail mieux que perso nne. Travaill eU!'s
as idu s, francs comme l'or, gais, vivaces, Parisiens jusqu'au bout des ongles, leur nalure
droile, lo yale, gé néreuse pouvait bi en faire passer par-dess us leU!' lèle qu'o n accusa il (l'êlre
près du bonn et. C'est POUl' cela qu'il se pl aisa it
duns l'inléri eur I3ouchanl, si diITérent du sien,
qu e la mort prémalurée de son père avait
frappé d'un deuil in effaçable.
Leur enlrain était si co mmuni calif que
lorsque J can avail passé qu clqu cs h urcs à la
pcti le maiso n dc la rue Rame)", il n'étail pas Jc
même cl que sa mèrc s'en apcrcevait tonl dc
suite.
« Tu viens de chez lcs Bouchard», lui disailcli c sans jamais sc tromper.
Cela avail élé une grande lranquillilé pour
clI c, la li aison de son fil s avec ces j eu nes ge ns
que, so us un e a pparenle lég"' relé, clic savait
[ll'ofonfl élll enl honn êtes cl se nsés; ill capables,
non sc ul cmcnt de lui conse ill er un e so Ui se,
mais enco re de lu lui laisse r co mm ellrc s'il s en
a,'aienl co nnai ssa nce ,
Murcel desccndit habillé, prêt il so rtir: redingo le cl pard cssus d' ull c co upc il'l'épr'ochaIJ lc,
chapeau de so ie bien posé s:.r r ses houcles
brunes, ses mains, nalul'ellemenl fin es ct que
�CUEZ L ES BOUC IIARD
165
les tnl.vau x déli ca ts (le l'h orl ogerie n' ava ient
point dé fol' mées, gantées de su ède de mi-teinte.
U ne fois dan s la rue, J ean dit à Marcel, l' ail'
un p eu fàché
« C' es t un e plaisanterie, ce tte so irée, n 'eslcc pas?
- Mai s pas du tout . .. j e l'e lllm ène.
D'a bord, j e ne li en s pas, le moin s du
m ond e, il a ller en so irée chez des ge ns qll e j e
n e co nn nis pas, même présenlé par loi . .. E nsuite, j e n e sui s pas hahill é.
- Tu cs touj ours ha billé .. . , so ig né de ]a tète
aux pi eds, co mnl e si lu a ll a is Ca ire une deil1 ullLl e
en m aJ'i age .
- Ma is co mp are la toileUe à la mi enn e. »
L e j eun e Bouchard r egard a son ami avec
cc so u L'ire goua iJJ e ur qui lui é la it habitll 1 ct
qui rel evait sa nloustache nai ssanle.
« Tu es en cor e naïf s i lu cr o.is que c'es t
pOUl' lu so il'ée que j e me s ui s mi s Cil frai s . ..
Bète ! c'es t pOut' Daisy .
- Da isy ... ! Qui ça, Daisy? fil J ean, r a il' a huri .
- Tu n e conn a is pas Daisy ... ? Da isy, c'es t
Daisy, bi en serr . .. , la ni èce de M. Hena ud ot,
rn o n professe ut' de cha nt.
- J e ne sn.\'a is se u le ment pas (lue Lu ava is un
pl'o fesse ul' de cha nt.
�16 6
III TOIlIE n 'UN HONNÊT E GAn çON
- Di s donc, mon vi eux , cs-lu sû r de n e pas
descen dre de la lune ... ? Tu ne vas pas me fa ire .
cr oil'e qu e je n e t' a i enco re parlé ni de m es
leço ns de cha nL , ni, sUI'l? ut, de Daisy.
Depuis troi s mois, j e no lo vo is qu 'en
co ura n t.
C'es t possib le, au fait ; j c sui s si
ab so rbé . »
Et da ns un récit, coup é de digress ion s sur
les j oli s ye ux, la chevel ure blond e, le leint
ébl oui s a nt de Da isy, Ma l'ccl r aconla il so n a mi
co mm ent ledit M. Renaud o t, clî ent de so n
pa tro n , éla nt venu au magas in , acco mpag'n é de
sa ni èce, une ravissa nle pe tite Anglai se, il é tail
tomb é so us l ch ar me el avail cu immédi a lement ridée de pren (l re des leço ns de cit a nt
pOUl' so l'a prr chol' de so n idole, co mm enl Je
profess e ur lui ava it lrouvé des di sposili ons
l'e marqu ahl rs, cl ne pa rl ait de ri en moins qu e
de le fa i l'e en lrel' a u lh étltre
A l'a nn once de cc proj et, J ean se nli t croule r
Lou ,' ses rêves, lOlll es ses es p6mnces.
« No us vo ici ave nue Truda ine. A il r evoir ,
Ma rcel. Do n pla is ir c l bonn e ch" i1 ce . »
L'ail' chag rin a \'ec l cqu el fut fa it ce t adi eu ,
un peu co urt , co nl ms la il si fort avec Je ton
a ll'ecl ueux ordin aire il J ean qu e le jcune Dou-
�CH EZ LES
nO ucnARO
167
chard s'alTêta net, et regard ant son ami bien
en face :
« Tu as qu elque chose, toi. Qu'est-ce qu e lu as?
- Oui , j'ai quelqu e chose. Mais le chant et
Dai. y l' abso l'bent trop en ce mom ent ; tu ne
co mprend mis pas . »
:Marce l pl'il le bl'as de .Jean, ]e passa sous
le sien, ell e retint d'un e pl'ession sy mpathiqu e.
« Je ne le quille pas qu e lu n'aies déchargé
lon cœ ur. J'ai droit à la co nfi ance, si l'amiti é
n'es t pus un vain mot. »
Et, IJo ll gl' .., mal g ré, J ean tlut fail'e jusqu'au
Loul sa co nfidence, qui ful accueilli e par un bel
éclal de l'il'e.
« Ce n'étail qu e cela . .. ?
- Oui , ce n'é Lait qu e cela ... ; seul em n~ , j 'ai
mal choisi mon temps ... Va, j e ne L'ennuierai
•
g ui'l'e. »
Le vi sage de Marcel redev int sb·i eux.
« J ean, dit-il , si 'avais beso in de loi, ne
sacl'ifl erai s-ln pas tout pOUL' m'oùli "'c l' ?
- Oh , olli! Marcel, el de grand cœul'.
- Eh hirn! alors ! »
S ur crs simpl es paroles, acco mpagné s d.' un c
long ue, (l'un e chaleurcu c poirrnée dc main , Ir.
LI cux ami s sc sé parèrcnl, plu s attac hés, plu s dôvoués l'un il l'autrequ' il. nc l'avaienljamai s éLé 1
�CCIAPITl1E XVI
T IU OM PIIE
les dimanches, depui s IJiel1 de~
se main('s, on lim e, on tourn e, on tal'u nd c, on polit,
Oll plall e avec un entrain magnifiqu e dans Jo
po lit loo'o ment de la ru e du Della. ~ I o ulin
es t
yeilU renforcer l' équipe des ll'a \'aill eurs. C'es t
u n so lid e ouvri er que Moulin ; il n'a pas son
pilr('il po ur dégl'Oss ir les pièces, ct la besogne
ma rche rondement.
P al' exe mple, la pali lice de J ean es l mi se à
IIll e rud e épl'euve. P end anl qu'il sc livre il ùes
co mlJin aiso ns sur le I.ran il Li. faire, il lui faut
Cil 1(' 11<1 l' un nom, louj ours le même cl cent fois
répété ' Dais y.
C'es t ùevenu une obsession pour le pauvre
TO ll S
�TI
1G0
I O~IPlE
garço n. Ce nom est lellement entre dans ses
oroilles quo la moindre vi bralion su ffit il. le
faire résonnor jusqu'à son co rveau. Los mouches
On Iimo,
Oll
tourn o, on ta ra uùe.
agaçantos !Jou l'donn ont Daisy 1... L'omllibus
l\1onlll1 al'lro-Placo-Saint-J acqu os qui l'ellllll \no
cbaqll o malin ft l' ouv rago, cri o Dai.,v ! 0 11 cahotanl SU I' los pavés ... Los légers mal'loallX qui
cognonl il l'aleli or : Daisy! ... los lou rs qui 1'0111'onnon l au l'l'ès de lui Daisy .. . ; Daisy partoul .. . ;
Daisy loujoUl's.
15
�170
111 'l'Oln E n 'UN J ON~f;
T E
GA R ÇON
Mais le moyen de tenir ri gueur à un ami
dont le lJ'il.Ya il es t la perfec li on même ... ; qui
pOll sse la conscience ju qu'à fabriqu e!' luimême ses oulil s qU il nd ceux du marchand ne
lui se mbl ent pas absolum ent ilTéprocbabl es ... ;
qui se prêle si volonli er s à Lous le essais, et
r('fait di x fois le même travail sans jamais
manifes ter la moindre mauvaise hum eur ...
Murcel peul, tunt qu' il lui pl aît, chanter les
louanges de son id ole: jamais so n ami ne
proles l . Il Y a bi en Moulin qui subit pil r
ricochet les efrels de l'enlh ousia. me de so n
cam arad e, mais Moulin n'est pas impress ionnabl c : les divaga ti oll s de Marcel le laissent
fr oid , au point qu'il ifflole général ement aux
endl"oil s les plu s path étiqu cs . Le jeun e Douchard , alors, le ram ène au se ntim ent des co r:.Yenances .
« Di s donc loi.. . ! malhonnête !
Cc sont d'ailleUt·s les se ul s nuages : l'acco rd
le plu s parfait règne continuellement dans le
petit cénacle.
Mille IIa rivel regarde souvent son garçon
landi s qu' il trayaille. Ell e le lrouve c b a~ l gé ,
maigri; il a perdu son bel appélit, el, la moilié
du temps , il es t ù. cent lieues de ce qui se
passe autour de lui.
J)
�TR
IO~
[PI
E
171
« Qu'es t-ce qu'il peut bien avoir, père Cacaouèche? demand a-t-elle au bonh omm e, qui,
pour elle, co mm e p OUl' Es telle Le ll oir , est un e
es pèce de 1'ebouteux sc conn aissanL hien aux
maladi es.
- Rien, répond le vieux Louj ours op timiste,
. ou du moins ri en de grave . L'id ée de son
co nco urs le lourm ente : c'est lout na turel. Ne
le pl aignez pas: cc sont ces émotions·là qui
follt la vie in téressante. So n existence, jusqu'alors, n'a été que trop plate. »
La mère ne dit rien, po ur ne pas déco Ul' Llgcr
SO n Tout-Petit - co mm e elle co ntinue il dire,
- mais ell e donnerait de hon cœ ur lous les
Concours ct Loutes les médailles pour reyoir ses
joues l'oses ct ses yeux hrillants.
C'est un samedi ap rès midi que J ean doit
porler sa pièce à l' ~co [ e d'Horl ogeri e 011 elle
se l'a jugée . Ses coll aborateul's li ennent à l'acCo mpagnel' (l ans sa présentation, d'autant plu s
qu' il leur' semble nerve ux, agité .. .
Le fait es t qll e J ean n'es t pas tranquill e; il es t
persuad é. qu e son ouvrage n'arri vera pas intact
jusqu'au l«:luboul'g du Templ e Il Il e aUl'ait
dil'e ni co mment ni pou l'qu oi, mai il urviendra bien sûr qu elque obslacle fàcheux. Les rues
�1 72
III STOInE n' UN 1l 0NNÊTE GAn
çO~
de Paris so nt si vile ct si fac ilemenl houl evcrsées ; les chevaux s'emportent. .. , les voilurcs
versenl. .. , les maison s s'écroul enl. .. , une réyolution éclate...
« Tout de même, faiL Moulin, de so n ail'
placid e, ce ne serait pas avoie (l e chance qu'un e
l'é volili ion éclale jusle au momenl où nous
ayon s beso in d'avoir la rue lihre. »
Jean res le sombre cl inqui et. 11 regard e d'un
œil morn e so n régulaleue qui occupe la bell e
pl ace au mili eu de l'étahli. Hier encore, il avait
confian ce, maintenant des dOlltes le prennent. ..
Est-cc qu 'o n n'aurait pas dtl faire ccc i... ? Esl-ce
qu e cela ca1c.ulé d'un e aulre façon n'auntit
pas élé préféraIJl e ... ? Pui s, en fin de co mple, à
qu oi se l'vait de s'ê ll'e donn é lant de lracas?
d'avoil' imposé tant de pein e aux aulres?
Comm si lui, un ga min ... , un apprenti ... , allait
décroc her un pri x qu e des homm es de trenle
an s, in slruits, expérim enlés ont lant LIe mal ù.
obtenir!
Découragé , il s'asseyait; ct, la têle dan s ses
main s, demeurait plon gé cl ans une rêverie pénibl e, sans même ayoir la force ue prendre un e
résoluti on.
« Vo yo ns, mon vieux, unit par dire Marce l,
d'un Lon d'amicale gronderie, il faul pourlant
�1ï3
TfilOMPlIE
te ùéciù er. Adm ets qu e tu ne so is pas réco mpensé - el c'esl le pi s qui puisse t'arriver, tu n' en mourras pas, voyons; et il y en
aura J)i en d'aulres dan s lon cas. Mon avis, à
moi qui juge les choses d'une manièl'e plu s
lucid e parce que je n'y sui s qu'indirecte ment
intéressé, es l qu e la pièce esl ll'ès bi en. Haslical ra vue, hi er; Lu ne ni eras pas sa com pétence à celui-Ià : qu'en cl it-il ?
- Qu'elle es t bien , répondit le pauHe J ean,
du Lon dont il aurait dit : « Il la lrouve exécrable. »
- Parbleu! »
Jean, mal gl'é lui, se sent réconfol'lé par les
bonn es paroles de ses amis.
« Allons, en rou te ! » dil-il avec cfTol'l.
On arrê le un fiacre, J ean examine le vé hicul e
avec méfi ance.
« Le cheval est so lid , au moins? demandel-il à Moulin. El le cocher ... ? il a r ail' SÛ l' ... ?
- :Mais oui, mais oui, va donc, répo nd
l'autre, qui asp ire au mom ent olt l'on sera
revenu.
- !:l9 , Fauboul'g du Templ e. »
Malgré les sinislres prév ision s de .Tean, on
ûl'l'ive san enco mbre à l'école; mais une foi s
là, le cœ ur lui manftue de nouveau.
15.
�i 74
HISTOIRE n 'UN 1I0NN ÈTE GAnço.'l
Ti ens, :l\'J arc l, dit-il, porte la pi èce au
Sec rétal'iat, moi je n'en ai pas le cOIl L'nge .. •
Voi là ma tlevise, ajouta-t-il cn tendant un e
envcloppe à so n ami: Soyons juste et ne c1'aignons point. C'est le père Cacaouèche (lui me
l'a donnée en me conseillant de lu. melll'c en
pratiq ue; je tl'OU vc cela joli men t cl iHi cilc ...
Êll'e juste, passc ; mais ne c1'Ctindre lJoiltl, c' cst
au lre chose. »
«
Les appr ~hens
i ons
de J ean ne dcvaient
pas se jll slifi el'. Un beau jOtll', cn rentl'ant do
J'ateli e!', il tl'ouva, à so n adL'essc, un e ('(ranci o
l d'horloenveloppe podant le c'lchet de l 'J~co
gC l'l c.
Lcs leUres papi llolaien t si fort dcvant ses yeux
qu 'il lut à grand'peine ce tte leLL1'e lui nppl'enolli.
qu'il avai t obtenu la prcmièl'e place clan s le co nCOlm;.
Il L'es ta un moment hébé té; pui s s'apel'cc rant
(lue sa mèl'c le rega rdait avec une anxieusc
inlel'I'ogation :
« Maman, lui dit-il la yoix trembl ante, maman ,
j'ai le pl'ix.
- Ah! mon TouL-Pclit! 1110n Tou t-Pelil. .. !
quc jc sui s co ntcntc ... ! il te yoiL' un mom ellL la
mine si sé L'i euse , j'ai cl'ainL ...
�1'15
1'l0~IPE
- Vile, interrompt le j eulle homme très
aflail'é, il faut que j'aille axiser Mal'cel.., et
Moulin aussi .. , Ils ont assez pris
de part au travail, pOllt' avo ir part
au 's uccès,
- Va, mon Jean .
" Oh! maman!
-"ùan s
>l
murmura-t-il il. son oreillo.
Cela ne le contrarie pas, au moins?
Me contrarie!' ... !
C'cst qu 'il m'(l.\'aiL se mblé voir ùcs larmes
l s y UX.
�176
HI STOIR E D'UN l ON
I~ n
: GA n çON
- Des larm es de LonheUl' ... et un peu au si
des ]IHm es de regret au so uve nir de ton père,
répondit l' affectueuse femm e, qui pen. a it touj ours au co mpagnon di sparu quand il lui al'rivait qu elque chose de bon dans la vi e, aurait-il
été fi el' de toi, pauvre homm e ... ! Va chez les
ami s, c'est si naLu['el. La jeunesse avec la jeunesse . Lai sse-moi seule, je n'en aUl'ai que plu s
de loi il' pOUl' savourer ton Ll'i omphe. »
J ean se ntit alors, pOUl' la premièl'e fois pentêtre, de qu el amour profond, uniqn e, dénué de
tout égoïsme, sa I1l r re l'avait (lim é : a mour
sans phl'a es qui l'avait réchauffé et outcnu
sans jamais s'è tL'O i l1l posé ; el, él1l u 1u i-même
jusqu 'au fond du cœ ur, il lui enloul'a le co u de
ses deux bras.
( Oh! maman! murmura-t-il à son oreill e,
ma chère , Lien-aim ée maman! pounai - je
jamais te donn el' assez de bonh eur pour lout] e
dévouement que tu me prodigues depuis vingt
ail s? »
�CI-IAPITHE
xvn
UNE VŒ MANQUÉE
Les jours passèrent. .Jean d61i\'1'6 de l'inquiéLud e qui le torLurait depuis tant de se main es,
fêlé de LOll s ses ami s qu e so n tri omphe réjou issait , aUI'ait dft J'cpl' ndro sa bonn e min e ct sa
bell e hUlTlCIII'. Mais n OI1 , il restait plUe, tri sle,
absorbé pal' des id ées p6nihles qu ' il ne di sait
pas.
bugé ni e commençait à s' inqlliétel' sérieusemenl, d'autant plu s flll'à la dérobée ell e avait
surpri s elll .. so n fil s ct le pèl'o Cacaourche, des
co ll oques qui ne di aient ri n de bon.
« Et Li ell! J ean ?
- TOl1jom la même chose, pèl'e Cacaollèche: le tmvaiL aussi difficil e, lu main auss i
�1 ï8
IlI STOIl1E n'UN JI ON
I ~TE
CAnçON
rebelle ... cc que j'avais éprouvé , parfoi s, au
co mm ence ment ùe mon apprenli ssage, mais
plus mUl'qu6, plus continu .. . , plus pénibLe aussi.
- Le so mm eiL .. ?
- Aussi mauva is.
- L'appélit. .. ?
- Nul.
- L'hum eur ... ?
- Exécrable ... Tenez, père Cacaouèche, je
ne suis pas digne do vivre.
-- Veux-tu le laire ... Pas digne de "in·e ... !
- Écoulez-moi jusqu' au bouL. J e sens que
je n peux plu s lravaill er; ct c'es l lell eI11 nt
visil)l e p OUl' les aulres, qu'üuj ourd'hui même
Has lical m'a co n cill é de prendr e huil j ou rs de
rel'os.
- Ah! bi en ! huit jours ! Cela ferait O'I'U nd'
chose ! C'est lrois mois qu'iL le raut ; mai s trois
mois d' un repos co mpl et, absolu , passé aulant
quo poss ib l Li. la ca mpag ne, dan s uno almosphère apaisanlo : en pL ine forêt ou dau une
va ll ée .
Le pauvro J ean tressau ta.
« 'J'l'o is moi ! Y pensez-vous, père Carao uè'he? Es l-ce qu e j'ai les moyens de passel' lrois
mois ft ri en faire?
- É"iJemmeIlt, lu n'as pas les mo)' ns de
�UKE VIE l\fA.I'<QUÉ8
17 9
perdre trois mois et quelques cen taines de francs
à l'amuse )' ; mais il faudl'Ubien que lu le décid es
à les sacrifier pourlanl, parce qu'i l y a là un e
qu e li on d'avenir pour toi,
~
Mais qu'es t-ce que j'ai, enfin ?
- Til as la cra mpe de l'écrivain .
- Moi .. , ! moi qui n'écl'is pl'esque jamais !
- Les éc ri\'ain s ne so nt pas les se ul alleint s
de ce ge nre d'affecli on, Tous ce ux donll e tra-vail s'exel'ce sur de très petits obj els et qui
so nt as treint s à des mouv menls é lroits el
r "pélés, y so nt ex posés : les horl oge rs plus que
les autres, Derui s longtemps déjà tu le surmènes . Outre Lill e fati gue exce."s ive, lu as été en
proie à LIll e excitation nerveuse qui a favori sé
chez loi les lég'ers ncc id ents dont lu le plain s.
La mal adi e n'es l ell co re qu'à l' élat mIJr)'onnair , mai s il es llemps qu e lu l' arrêle..
- 11 ell se race qu'il ell sera, père Car uoll èche,
je ne res lerai pas lrois mois sans travailler ...
Et la maman ... ? et mon palron .. , ?
- Ta mère n'a pas besoin de Loi pour vIvre.
Quant ft Lon pall'on, il l'all nelra , qll e di abl e !
Si par exl rao l'din airc il ne vo ulait pas t'altendl'e,
LII lrouve rais à ton reloul'lli x maisons pOUL' une
qui acce plemi enl les s l'vi ce avec empressement. TOIl prix L'ouvrira toutes les porles ... Et
�180
1I1 STOillE D' N 1I0~NÊTE
GAnçOl\
puis, il faut te faire un e rai son: il est indispensabl e .. " tu m'entend s, inchspen able que tu
te reposes pendant qu elque temps. Autrement
tu se l'ais forcé, et pOU l' toujours, d'abandonner
l'horloge r'i e. »
J ean ut un haut-le-co rps ,
« Je ne yeux pas abandonner l'1:OI'logerie.,.
pOUl' l'ien au monde.
- Fais donc cc qu e j e te dis .. . Au surplu s,
je ne yeux pas qu e tu l'en li en nes il Ill on seul
avis, Va demain à la cliniqu e du dorleu l' .Jeannin, qu i es t le grand maître dan s crs so d es
d'all'ec lion s, lu y rras bi en cc qu'il Ir dira.
- J ' irui, père Cacaouèche; mais, jusque-là,
ne parlez de ri en il. mu pauvre maman: il sera
Loujour's bi en Lemps de l'in quié ter. »
Le lend main, en l'en lr'an t de ch z 1(' do cteur,
.1 ean n'ava it pa s J'air' joyeux, mais il t' tait C(, I'tainem ' nt moin s houl ver'sé qu'à so n départ.
Tout de suite, il raco nla au vieux cc qui s'étai l
passé .
Le médec in ayait l'l'pété 111 0t p OU l' mol cc qu e
] pèr'e Cacao uèch lui ava it déjà dit , ('t s'é tail
montré on ne peut plu s affil'l11atif sur la nécessité d'un r pos de troi s mois au minimum,
passé il la campagne; affirm ant, tl'aill UI' S, qu'à
�i 8·1
UNE VIE Jl!ANQUÉE
ce prix, la guériso n serait cOI'laine et r adicale,
Al ol's J en n s'é tait rendu chez so n pa Lron qm
l' avait imm édi a tement mi s à l' aise . Ce n 'Mait
pas la pre mi ère fois qu 'il voyait un de ses
ouvrier s a lte int de cc mal, qui fl'appa it presq ue
t ouj ou!'s les Il'availl eurs les plus as idus , Il
avait acco rd é sans aucune diffi culté le co ngé
de ma ndé, et ava it mê me olfe!'t au j eun e h omme
un e ava nce sur so n trava il futur, To ut e n r'e ll1 e['cia nt 1\1. T l'éguill y, J ean avait r efusé, expliqu an t
qu 'il avait assez d'éco nomies pour suppol' te !' le
chômage et les frais de vi llégia Lure fl ue lui
imposait la nécessité. L e pa tron lui ava it se l'I:é
la main e n le féli cita nt d'NI'e non se ul ement
la borieux, mais enco l'e éco nome et rangé .
Enfin lIa ti cal lui avait co nfi é en sec l'e t, flu' il
6lai.t qu es ti on, i\ son l'cLo ur , de le faire r entt'e t'
en qualité de visilfJtl1'.
Ce bon acc ueil e t celte bo nn e nouvell e avaient
un peu co nsolé J ean de la ce rlilude qu 'il ava it
aCflui se cl' N l'e malade .
« Tu vo is, J ean, qu e j e ne m'é lais pas Lrompé,
dit le vie ux après un e pa use .
- VO li S êtes donc méde6n, p \ re Cacaou 'c he?
- P ourqu oi me dema nd es-lu cela? interrogea
,' i\'e ment le bOllh omm e.
16
�182
lIlSTOIRE D 'U
HO
N
I~ TE
GA RÇON
- P OUl' rien ... ; c'es t une idée que j'ai depuis
bicnlong lemps.
- El qu 'es t-cc qui le l'a donn ée celle idée?
- Une foule de choses : la manière dont
vo us avez soigné mes petites indi sposili ons
d'ellrant, les conseils d'hyg iène qu e je vo us ai
entendu donn el' a ux uns et aux autres, l'aisance
a vec laque lle "o us vo us se l'vez des ex pressions
scientifi ques qui se mblent vous êLI'o familières,
le plaisir qne "o us prenez manifeslement ft
h'aitel' ce lle sorto do suj ols, los liv res do médocin o I[ll e j 'ai YU S cit ez \· O US •. • ; ct par·doss us
toul ('(' Li e co nsultati on Slll' les trou bl es ne rve ux
don tj o sni s alteinl, (Illi sc tl'ouve être ju ste cell o
du bl'<lnd pralicIell auque l vous-mê me m'avcz
en\·o""·
... »
"
lA' " ieux l'el va lcnlel11c nt la lêle.
« M(;drc in, J'épon dit-il, j'au rais dt'! l'ê ln' ... ,
si jr 11 0 le suis I lll!, ... c'est bi cn r aI' III a l'aule ... »
11 ava it l'a il' si tl'i stc que J ean, au rcgl'ct do
l'a\'oil' qu es tionné, l'estait mainlenant sil olicir ux. Cc l'li t 10 p(· ro Cacao uèéhe qui rcp rit lu
CO li ve l'sal ion,
« Vo is- tu , Ill on pelit Jean, j 'ai g(Ué ma yie .. ,
J 'ava is tout pOUl' moi . pend ant: la fortull c,
h silu ali on de mes pal'cnts, une tl'ès g;l'anue
fac ilité pour le traya il. .. Tant que je suis res té
�UNE VIE MA NQU
I ~E
183
so us la direclion imm édiale de mon pèr e , on
n'a pas eu lrop de r eproches à m 'adresse r, et
j'a i fa it de bonn es é tudes au l ycée de ma ville
nal ule. Les premiers Le mp s qu e j'ai passés il.
PUI'is, j 'ai été un éludiant ni meilleur ni p lus
mallyai que les autres. J e fai sais Li en un peu
la fè lr , mai s je suivais les cours assez exaclem enl c l il n'y avait trop rien à dire. Seul ement
j'é lai s co mm e ces arbres qui, loul leur vi c, ont
beso in de luleurs . Quand le luleur m 'a ma nqu',
je m e s ui s incliné lentemenl, mai s il'ré média])l ell1 elll yers la lerre, cl j e ne me sui s plu s
l' 10\'6. L' h6rila rr e de me
pare nls aY:1il fondu
co mlll O une molle de be ul're au so le il, g râce
à. la nu 6e de parasites qu e j'avais Sil ns cesse
aulour de moi . Bref, de cllule e n chul e, lu v is
où j o s ui s lomb é ... Ah! si l'on m'avail prédit
un e 'h ose p,u'e ill e à. mes d ',huls da ns l a bohème,
j e ne l' a llrais pas cru . Car j e n'avais pas l'inlei llioll de r es le r un désœ u\Té : j e ne r egimbais
pas aux bons avis qui m'élaienl d o n ~s,
j'éla is
l11 è l1l (, Il ;ci(l é à. m e r emellre sé ri ·u eme nl au
lravail. .. , mai s mon incurable nonchalan ce
élail pitiS fo rle que loul. Jo di sais lo uj ours .
« J'ai le le mp s. » C'esl avec cc mol-là. (Ille j'ai
pe rdu ma vic ... Tu as bi n mison de lravailler,
Ill on polit J ean. C'esl enco re le m oill our m oyen
�184
lIlSTOlnE 0 ' N II0NN Î';TE GA HÇON
de passe l' ag l'éablement l'existence, si longue ct
si comte il. la fois. Si tu savais co rn bi en une
j eun es e inoccu pée laisse de vid e et de regl'ets ... !
Vojlil mon histoire, tu vo is qu'ell e es t simple,
et hi en moin s roman esque que toutos le. imag in ations de ta mèL'e et d'Es tell e". J e ne suis
ni un g l'anfl se igneuL', ni un proscrit poliliclue,
ni un fi nancieL' ruin é paL' 10 km.' h ... Je suis
tout bonn ement un homme qui , aya ll l eu en
main les plu s heaux atouls, Je a, l'un après
l'autr , laissés tombel' il lel'I'e t pi étin és avec
in so uciance ... Il y en a beauco up commc moi .. ,
el ce n'en es l qu e plu s tri sle .. ,! Quand je
pell se il ce CJlI e so nl devc llu s des camarades que
je valais co mm e inlelli fre nce, et qll e le so rt
n'avait point f:.w ori sés aulant moi: habil es
ingé ni em s, artisles dislin gués, médec in s (; ' Ièhl'os comme celui qu e tu as vu ce malin et
qlli u. élé mon co ndi scipl ... Quand je pense il
cc fJlI j'alll'ais pu êLI' , eL à ce qu e je sui s .. ,!
J 'aurais pu NI' , lOllt au moin s, un \'ici lhl'd
r es peclé, heureux cl cho ye l' ses pelils-e nfanls ...
el jc ne sui s qn 'un lIli séra bl e vaga hond à qui ta
mc' rc ct Loi fail es, SUI' Ill es demi l'S jOllrs, l'aumône d'Lill pell d'amili ".. , Mais vo il t'l!j'cH'câs le
Lemps .. , C'est pOUl' ce la qu'a u lieu d't" ll'c le
doel L1r l3eaugralld , je sui s lo vieux CaNI01tèc l/fJ ,
�CLJAPlTHE XVIJl
A PlEHHEFONDS
.fran Il'aya t jamais voyagé, sa mèl'e pas
beauco\1p plus, il ne leU!' t'lait guère facile de
choisil' l'(, IIc1l'oit où le jeu ne oUYl'iel' <l evai t
p ~UiS(,
I ' ses Il'ois Ill ois de repos .
e'esl qu 'il ne vou lait pas d'une ca mpag ne
pOUl' t,ire co mm e Clamal't ou Argenleuil. Puisqu'il étail décid é à sc so igne l', il lui fallait une
campagne d' où élaien l bannis les chevaux de
boi s, les massac l'es cl lrs lil's à la cambin e,
mais Où rOll lrouvail, en !'eY:l nche, des champs,
dr l'h r rbe l J es bèles, un e vraie camp:lgne
se mblalJl e à ce lle qu e lui tl(\peignait aull'rfois
Julie, la clli sini èt'e de Cendrillon,
Les Dou chanl, ces enragés Parisien s (Jui préiG.
�i BO
III STOIHE D'U~
nONNf,TE GAIlÇOX
l en(lai ent (t(lol'er la campagne, l'adorai ent à
l eul' m anièl'e. Cc qu'i ls compl'enaient dan s la
villégialul'(" c'c' Iai ent ces padies éch r \'el écs du
di.m anche, Oll l'on s' nlaS5e dall s lin wagon,
complet du dépfll' t à l'al'I'ivée, 01'1 l'oll mange
d('s choses tl'i's mallvaÎ ses cl se n 'ips ù la diab le,
Ol! l'on ava le pin s de pou ss ièl'e qu I' dnn s l es
qual'Ii el's les pill s fl'(\qu C' nl \s de Pal'i s, 011 pour
]'('n[I'('I' chez so i il rnul pl'ondl'c d'assn ul \'oilul'(' s
ct tramways, I,i on heul'(,u x 50 U\'1' 111 d',lIll'apel'
un e mal'ehe d' il1lp6l'ial e dans UII [l'ain dl' hUI1 Ijpu l' , '1'0111, ce la Sil li S pl'('jlldic(l dp-; ol':Iges
011 des aW'l'srs fi Il i , Slll'Venant IlI'II Sq Il plll onl"
rnlJal!('IIL \'PI'S 11'5 guingueltps 1 nol d, ·s pl'ome-
neul's qll i sl' mlJl e lIn e Ul'IIII'C en dl· l'oili e.
Voilù ('C qu e Ips Bouf'llitl'd - ('01111111' ('('III,
Illillr Pnl'i sip/1 s, dlt l'('slr - appelail'lIl la ca mpagne Qllnnl allx ('0/11 l'e- Ipll1 ps dl' I(JlII(' Il;11111'1',
n on sP ldpl1wnl il s [( 's suppol'l aÎP/1 1 01\' ('(' I)(Jllll e
1IlIIlJ (' III', mai s PIH'OI'(, il s nffil'I11ail'1I1 qu I' ("('Iait
('('la pl'('(' is(' lJ1('llt qui fai sa it Je clHlI ' lll(' de
l' (' x eUl'Si () n .
Si \ ' OUS leul' pal'Ii!'?' des chnillp s l'mi s, (':11111('5,
},f' po s!ull s, il s \,(HIS [,('polldaient de la lI1f'ill"ul"e
foi dll lllolld e :
({ Mni s e'r ,j lla province, c'la! cc' Il'psl pas la
campngno. »
��188
JII STOIBE D' N 1I 0N
I ~TG
GAnçON
0 1' c'élait en ]JTovince que .T ean dés i!'aiL
prcndrc scs yacanccs, il n'avait quc faire des
consei ls de la rLl e RaJ11 ry .
Jean rrs tai t très perpl exe, les amis qu 'il.
consultait préconisant chacu n so n pays naLal
t l'Pl1voyanL - d' inLC' ntion - aux clu alre co in s
de la France: 1. Tbourgc r au .T ura, sa hnme
dans la val lée d'Au ge, EsLe ll c dans le No rd.
Un beau matin , après cinq ou six jours cI 'hésitation, .ka n selr \'ét très résoill. Commcnl
n'anlit-il pas pCJl :>é piti S UH il. Pi (' rrc!"ond s ... y
C'{·taiL si :> illlpi : il irait l'rjoindrc LOl/\·('a u.
Un pa ys Lrtlnqu ill e, ngd'nblP, la vie pas trop
cld·rt' ... , lOi Il, <i raiL lin r ntlroit pOl/l' Il's petit('s
IJOIIrSI'S , ('omlne di spn l. les Gllides Conty . Du
moin s, c'(' La iL l'o pinioll ri ':> LOl/\'NtlI , cl Irs
LOUVNW ('tnie nt rord':> Stll' l' '·co nomi e .
•!p<ln ava it hipn in :> i:> lé allJlr('S dc sa 111('re
pOl/r qU 'l' II !' l'nr co 111 Jlag lI ill ; mai s, dCtm pnl cltapild'c pnl' 10 pt"J'e CilCtlOlH'>(' ho qui you lait \'oir
UII pou do lil )('rlé au t;·i1.rr;ol1, ell e s'y "[nit ht"l'oïqllrll/l'lIl rprus(;P.
« 1'('lIse donc, 111011 TOlll Pp lil, (l'Ir j 'a i il rai!'r,
pOl/l' CI'I/drillo/l , 10llt un II' l/ S~lCa
U qui doit t-ll'O
[ll'èt illi PI'f'llli l' l' oc[()IJI' ' .
'l'li le ('oudras to uL aussi bi(.ll1 là-lHu-I, Lun
tl'Oll S:>Cil U, In illlliln.
�A PIEnnEFOND S
180
- Mais regarde donc cc que c'est: de l'ouvrage si compliqué, si minuti eux (Ille j'ai , à
chaque in stant beso in dcs avis de M,"e Th oul'geL .. Et puis, es t-cc qu e ce so nt des cho cs ù
cm porter q li e cell es-lù ... ? »
El la vaillanle femm e remuait a\'cc a!Tectalion les ti ssus légers, les fill es broderi es, les
denlel.les authentiques, pOUl' hi n se pl'Oll Ye r à
ell e-m ême qu'on ne faisait point voyagel' ces
choses-là ...
Lorsqu e J ean al'I'iva Ù Pi errefond s, il eul il sc
défend re des garr;ons q II les li i[Tcl'c nl s 11 01rIs,
à l'in slar de CC LI X dcs gl'alld es slnli ons Imlneuires, envoielll ù la ga l'e pOUl' harce lcr les
voyageurs.
« Hôlel du Lae ! 11I onsicLlr,
- lIùlr l des ] ~ tran
gr l' s 1
- llôlr l des Ru iIl es !
- P OUl' l'Enfcr !
- Mel'ci ... ;noll, mer ci, ('{'petaiLi r pauv!' Joan
abasourdi .•1e sui s fi x(', j c vais chcz 1. 1. 0 11v('au, hOl'l oger ... P OII\'rZ-YOLIS lII'ilidiqu cl' ... ? »
Les gn l'(;ons, le Yoyant r"fl'llclail'e, l'a bandonnai 'Ill Jlour cnll'rprcndl'e lin <luire palirnt,
sa li s se so u 'irl' de lui donllel' le l' nsc ig nemenl
qu 'il demund ait.
�190
III 'TOIl1E D' UN HONNÊTE CAn ç ON
A la fin , co mm e il all ait, sa vali se il la main ,
se diri ge r vers la vill e, au pelil bonh eur, il sc
senlil lirer pal' la manche.
« Monsie ul' , lui dil un ga min d ' llllC dizaine
d'années, les Louveau que vo us d mandez,
c'cst yeux qui raccommodion t les horl oges?
- Oui, mon petit ami.
- El puis les monLres?
- Les monlL'es auss i ... ; du moin s je le suppose .
- C'es t le neve u a u p\ l'e Pi ou ?
Pl'obabl (' men L.
B Oil ! c'est lui qu'avio nt fait mal'ch cr le
co u 'o u ~ t mu gL'and 'm \ L'e. JI demeu /'ont SUl' lu
pl ac(' . Vr /l z, j vas vo us condui re. »
Arri vé sur la pl ace, l "'a rço n cil'co n pect
oll\'l'it Lou le gra nd ' lu pOI'Le d'un peliLe bouliflu (' .
« V' lit la maison ; il étiont hi Il S ÔI' t\ {aux
lcl'I'(,s, Ill il is Y OU S a ll ('7. louj ours ll'O Uver sa
fClIlll H' . »
Et les L{' (l' une pi \cc de cinqu anL(' 'enlilll 'S,
)f' g:\I'f~(J
n
pri t la l'oule de l'{' pi <':f' ri (' la pili s
pl'OellC', dans l'illl(' nii on Ill anifes l ' d" dil apid er
sO IlI )ipll .
Cf' l'ul la patrolln e qui rrr; lIl ,)Pan. Le palron
élait, ' 11 ,n" l, pa di POUl' buLL ' 1' des ]> 0 111111 '1:1 do
�A
PlEn
E FO~
191
terl'e, Au res le, depuis le beau temps, il allait
so uvenl à ses lerres, ne ll'Uvaill anl à l'h orlogel'i e que lorsqu e le soleil dard ait trop
forl.
l\!mo Louveau qui, san s cl oul , avait touj ours
l s mêmes icl ées sur la val eur du Lemps, pa sa
sa corbeille à ouvrage , de h bouliqne dans une
pelite saLI e ouv rant S UL' un jardin qui emba umail ]e 'hè\'l'efeuill e cl le réséda; cl, ayanl
posé S UI' la la bl e, à l'inlenli on du yoya"'('l1J' , du
pain l IIdl'o, du fromage IJl anc, des fra ises de
la fol' l cl un e bouleille do vin , ('II se miL il
(' oudl" , en l"co ulanl fairo le récil d s é" "/1 (,111 (, IlI s ([IIi J'a me naicnl il. Pi errefond s, Louv au
Nant. rr nlré SIII' ccs enLrefaile, , .J ean dul re 011111) (' II ('C I' SO li hi sloir(',
«
n prix par-dess us la lêle des pnl l'ons ! fil
l'h orl og'(' r (lYrC 1111 exclamati on ndll1i ra li q" lu
vois qu I' lu as r u raiso n d'a l,antl onllf' l' la cn mcl o [p, Auh ry di sa iL bi ell qu c si lu élais CO I1Ycnahl pl1l pnl dil'i g(.., lu ol'lirnis cl J' ordin ail'c ,
f-;(' rail-il glori eux, 1 pa u\'!' hom111 r .. ,1 »
Lorsqu e J('an parla dr ch(,l'chr l' un hMrl O ll
\1111' aul, 1'3'<', ]las lrop on '. 1' use, LOll veau l'ar1'01a (' O lll ' \.
T OIl logP l11 cnl cs l ici, 111 011 ga l'<;o ll. A la
am pa<r ll e, Lu sais, on a de la pl ace; les J11 euI(
�1 02
rll STorn E D'UN
)[ ON~
T [';
GA n çON
Illes non plu s ne manqu ent pas, pui sque nous
avo ns les nôtres ct ceux du père Pi ou, »
E t SU L' un ges Le de proLes ta Lion du jeun e
homm e:
« Oui , oui , je sa is, Lu veux paye r une pension, E l, IJi en! Lu t'e ntendras pOUl' ce la avec la
paLronn .. " quoique la vic so iL pour ri en ici,
qu and on a de la Lerre, des vo l'li ll s, un e
vac h .. , Lque nous Le ga rd cri ons bi en enCO re
pOU l' J pl aisir seul emenl. Enfin , c' sL po ur la.
Iranqllilli Lé .. , Tu se ras Louj ou l's mi eux so ign '"
Lon linge -li es ell'o Ls mi eux nlr Lenus .. , E Lje
sui s S ÙI' que La mère se ra plu s lra nqu ille, »
Jean l'eprend vil hell min e c l, bon appéLil ,
au g rand Ll'iomph e d l'a il' dps hoi s cL de la
ui sio " d Mille Louy a u, l\Ia is, purl'ois, J 'S
h ures :lIi 5 mbl enL ICl'l'ih lC' menL )onO'lI s,
L e maître d'écol a mi s ù sn di sposi Li on LouLe
la bibli oLh èCJu e eom munal ,11 a l u ct l'elu , non
S ul ern nL LouL ce qui
once l'n e l'hi sloire du
vieux cLmognifiqu e chlUcau f{-odal, rnni s cnGO l'e
UJl O fouI
de romans hél'Oïqll cs qui onL pOUl'
Lh MLl'e le pays d s Valois; LI bcaux l'éciLs oil
l 'o n parl e ri e hcrscs, de 1'cdans L de l/Irlclt icolllis .. " tl jO!Jell.1J ménest1'c/S L de ,?enli/s 7)(tfles .. , ;
de noûle' damoiselles eL de l) )'cUX chevalie1's .. ,
�A
~e
PI
E IH
lEFO~
193
D S
pauvre J ean a le ce rveau tellement farci de
ces glorieuses proues es, que le so ir, à l'heure
Oll les bruils s'apaisenl, quand il se promène
dans le parc, il ] ui
se mble enlendre Je henni ssemen t des haq ue-
... Ton logC'lncnt (\Sl ici, 111011 gart:on.
n
né s el des palefroi ; des chevauchées de se ign urs dans Je \'a ll on, ou des rond s d'archers
S UI' J s boul vards.
Les lon"'u s ex ur ion ' en for "l, les visiles
au 'Ililleau, le canolu"'e S UI' le lac co nstilu ellt
d(·s l' lai ' il's fort agI' "a bl es , mais il cOJlditioJl
d'ù lre pal'larrés .
Les l3 ouchard, eux, au bout d qU :l mnte-huit
17
�i 94
lJ[
TOlHE n' uN llON NÊTE GA n ç ON
heures, auraient connu tous les habitants du
pays et des environ s. Mais le jeun e Harivel n'est
pas si liant; en dehors de Louveau, très occuRo
il ses terres quand ce n'est pas il sa boutique, il
n'a guère de connaissan ces .
Aussi fllt-il béni le jour où , revenant d'une
prom enade solitaire, il s'entendit hèler.
« .J ean ... ! ti ns le peLit lI arivel ?
- Monsieur Desh A
,tr s ! YI
L'intimité s'élaLlit vite quand on 50 renconLre loin de chez soi. Jusqu'alors, les rapports
de Jean av c la famill e du dessin ateur avaient
élé affe Lu ux, mais peu fr équ nts. Le jeune
homm o tenait à pl'ouve r qu e sa r connaissance p l'sislait touj OUl'S, mais il voul ait éviter'
auss i de ~e montrer impo1'lun ; et, malgré le
bon accueil qui lui 6lait fail , il avait touj OUI'S
gardé ulle gl'U.lld e réserve dans ses l' laLi ons
uvec ce ux qu'il consid érait co mm e d'une situ alion au-dessus de la sienno. Et 011 lui savait
gl'é d sa di scréli on.
Tout autrem nt se passè l' nt les 'hoses à
Pi l'I'efond s . Dne fréqu entaLion journalière
aya nt r l'mis il la famill e Deshètr s, d'apprécier
de plus pl' \s les :olides et 'hal'll) untes qualités
de J ean, co d miel' fut d\s lors ll'ailé en umi,
en eufant presque. Lui, si sensible aux bons
�A PIERR EFON DS
1!J 5
procédés , se senlit grandir dans sa propre opinion à voil' l'estim e qu'on lui témoignait; et,
pend ant deux mois, il mena la vi e la plus délici euse qu'il eût jamais osé rêver.
L'Hôlel des Bain s, où était descendu le dessin ateul', es t entouré d'un parc imm ense , bordé
d'un cô lé par le lac, el où les pelou es vertes ,
les mas 'ifs d'arbustes, les parlel'res fleuri s,
alLel'n ent avec les larges ave nu es elles bosquels
ombreux C'es t là, o'énéralement, qu e se passaient les mulin é s, TIégine t sa mM travaillant il. de menu s ouvrarres, M. De hèlres dess inanl et Philippe, le adet de la famill e, pêchant
ou ca notant avec Jean.
L'après-midi, sauf la maman, ve nu e à Piel'refond s pour prendre les eaux et à laqu li e les
longues marches étai nt inlerdites, lout le
mond e parl ait en excursion cl ans la forN.
Jr(t n ' lait un g uid e préc ieux. Pend ant ses
jours de so lillHl , il ava it aSsrz al'p IIlé k s chemin s t s'(' la it ass z ('garé aux CU IT fout,s, pour
co nll aÎlre le pnys . 11 co ndui sit ses ami s lin pr u
l'nrl olll : à Sa int-.J 'an-aux- Bois, il. Vj e l x-~ 1 0 ulin
,
nu Vi\' iN dll Fl'èr -Llohcrl , churm ants villarr('s ,
Il icld's au ln i1ir \l de la yc nllll" co mm e des co mpagni es do perdri x au mili eu t! ps challlll rs; aux
po., t ·s fore ·ti ' 1'15 : Sainl e-Périn e, 'uinl-Pi en e,
�10G
IIlSTOInE D' N 1I0N
N I ~ TE
GAnçON
Sainl-Nicolas-de-Courso n qui so nl des pri eurés,
des a bbayes, des monast \1'es , bUis au Lemps où
' ] ~g li e elle· même se meUait sou s la pl'olection
(lcs g rands - ct c'étaient de pui sants se ig neul's
qu e les maîtres do Pi errefond s. - III ur fit
" isitel' 1 s l'nin es romain es do Champli u t la
Faisanderi e; les 1'0 hes (lu mont aint-Mal'c, le
Trou-Fonclu, Irs al'bl'es cé l \ bl'os :] Gros-Ch êne
ct le Gl'os-Hôll' ,Da[jo!Jc1't t Ctin t-t.ïoi, tOti S
les élallgs , lOlil es 1 s gOl'go t tou s l s précipices : il 'on naissaitl a 1'01" ' 1, mieux que 1 s ge ns
du pays.
Chose (·tmnn-o, c s cU l'io silés nalurell cs, cs
siles d '·Ii(:icux ou imposanLs qui l'avaiC'nL laissé
III"( srru r, froid alol's qu' il élait se ul il Ics ,[(Imil'cr
prenai ent mainlcnanl, il S0S yeux, nn inl él'N
a uss i l'c nlh oudes plll s ca ptivanl s. P c ul -~ l'
sias'Ile cl 0S au tres l'r,jaillissail . il SUI' 1 SH'11
(1 1"0 pl'e. QIl(uHI lU'g'illc , posant sn. p lile ma in
SUI' 1 hl'as du jeune hOlllm e, aya it dit : <J. Al'l'è[cz-nHIS clOIl C, l'cg'al'flrz co mlll e e'cs t brau! »
.1ra n :llIl'ait vo lonliel's (I:tSS(' le l'es le de sa vic il
ad Illi l'el'.
Oh! mad elll oisp li c Hrgin e! »
Si J an (l \'ail {'I(~
:tII RS i pxpan !\if que SO li ami
1\1:1I'('cl , le gr ,lol (pli linlaiL conlinll pll PIIH' IIL :
j)(/isy! :lul'ait (' II so n pendant. .Mai s Jean gal'«(
�197
A PIERR EfON DS
duit pOUl' lui sos improssions, ct si le grelot
ti nta it Régine! c'é tail au dedans; le joune llomme
seul 10 soup ço nnait aux ballomonls de so n cœ ur'.
Hélas ! lout finit on co mond e. Ocloul'e arriva,
ramonant los jours éco ul'lés ct brum eux. Il
Jallut so ngor ù. l'cIH'(' ndl'e la yio Ol'dinaire. Et
J ean qui avait cu tant ci o poino à a bandonn or
P ar is, le traya il ct sa mèro, ou t plus do poin o
encoro il. quiLlor la fOl'èl, 10 l'CpOS cl... Ll l'gine.
i7.
�CHAPITRE XIX
ESCnl ME ET CANOTAGE
.T an so re mit au travail avec cœ ul', mais il
gard a cepe ndallt un e pointe do mélancoli e qu e
1 s DOll c!J unl mil'ont SUI' le comple de so n long
RPj Oll1' « cn province » . T ro is mois II ors do
Pa l'i s, sa ns se ul om nt y re\'r nir une fois .. . si
cr ia a le sens co mmun ... ! II s'agiss,.it mll illlellil llL de 10 secouer pOUl' faire [liu·Li.· sC!-J ma llvaisrs id éos ... E l cc l'lit un s('cOUCtl/c (' ncrgiqu e.
D'n bord , Arm and cl Marcol mm enèl'onL 10
« Provillcial » Ù ln sall o (l'arl11 es qn'ell x- mèm s
fl '~ ql o l a i e nL ass idùm enld cruis qll c!f!Ue temps.
Plli s, fLn antl Lous Il'ois furenl en éLaL do fairo
as. oui , il s appol'l \ l'r llL un b 'élU so il' à la vieill e
maisoll tont lin attirail f!'r!-Jcl"Îm o, t l' Il aya nl
l s attaq1les , les parades eL les 1'IjJOs tes .
�ESCHlME: ET CANOTAGE
199
Lu maman co mmença par jeter los hauls
cris. \'vec ces jeux-là, il y aurait bien sù r
t[uclqne œ il de crevé, sinon pi.s . C'es t en vain
qlle los lireurs arguai enL des plastrons cL des
musques . Pui squ'ell e avaiL lu dan s les jOUL'IlUUX
que Iles ge ns avaienL été tués il ces so rtes d'exercices ... ; des go ns dont c'é lait 10 mélier. .. !
« ~lad
L un
e Bou 'har'd, expliquaiL J ean qui
avail compassion des fra ye urs do la prlllVl'e
fCl1Illl e, si des ge ns onL élé Lués dans lin assaut,
c'est CJu e leurs fl eu reLs sc so nt brisés . 01', les
nùlr('
~ olll élé éprouv('s d'un e fa00 1l sé ri eus·e.
VOyl''1. co mm e ils sO IlL fl exibles : -le bouLon
l'cjoinl [1rrsqu c I;t gn l'd c· .
- Toi lLuss i, J un, 1,11 dOllnes dans ('('s id('>(,slà, r{'jlolld aiL la mère qui n ' vOlllaiL pas 01re
cOI1Yain('uc, Lu élais pourlnnL le plu s raisonIltthlr. »
Le p"I'e, lui, appl'OllvaiL des deux main s ccs
~ilra
c Liol
s qni l'c Lonaielll la jounesse au logis.
Evid elll1Ilf'1l1 , l'escrim e, comin le canolngr, lu
nalation , [' équilatioll, comme lO ~ les excl'cicrs
eOI'lll)rcls, olT'rail CJu elque dUJl ge r; III ais lin
<Iang'or, ('('l'Les! I,i ell moin s cel'lain ct bi en lIloili S
Lerrihk (PiC cclui de ccrlaines ul'as8eries Olt
sOlldH'"irl1l. Lanl. d'aVC llil'H, tant do sallté s, Lant
(l'holilleul !:) .. . Quund lu llitlllHlIl C0n11l1011l;ait Ù
�'2 00
IIl STOIfIE D UN II0NNÎm:: G.\nçON
énum \rel' ses appréhension s, il ayail lot fail de
lu callnel'.
( Tu nc pellx pas ayo il' la prM enti on de les
lenil' Lou s les so il's à jouC'(' au loto ou a u nain
jauJl C' ", Aim cs-lu Illieux les yoil' dC'scC' ndl'e ft
la 1)I'assC' J'i e? »
MiliO Douchal'd , nlol'5, ne faisail qu'ull hond
ju squ 'à la cuisine 011 ell e s'ahso J'klil dnns
la cOllfcet ion d' un plln cll surr. ul C' Jlt , afin CJll C les
tin' urs n'é prouvassc llt poil1t. la tClltatioli de
nu'IIJ'(' 10 pi ed dan s ('ps ùlahlisscll1enls de pCI'ditioJl donl le )lc\J'o lui ['ai sa il si h"l'lllld ' peu r,
Quplqll c['oi s, si l'ou\'l'ag Jl C pl'C'ssail pn s I1'0p,
M,n. Jlal'iv·1 ll(, co l1lpngnail SO li fil s l'II(' Il :1 J))Py;
ri, pPJldalll (lue les jpull es I)p ns s't'· llilll niC'nt. ,'L
g l'alld hl'uit , Ips dpux frllll11('S Imyaillaielll ]>l'c\s
de la lallll'p , PIl eausalll 10111 has.
L' "Ic\ yenu, Ips Of'lll'r is flll'Pllt Ull P P II d {· lai s~{'
pOlll' l'avil'oll , il l'c\I)()UvanlC' dps mt,J'ps qlli
d{'elarail'lIl , an'c la Ilwillf'lIl'C' foi ri Il IllOllll c', qllc'
les ga l ' ( ~o Il S vipnllPlIllIlliquPll1PJll SUl' tl'I'I'(' pOlll'
)C'lIl' cnusC'I' du sO llC'i,
,llI squ'aloJ's, lal'('cl nvrtit. fait pnl'Iin d'ulle'
éCJuipn plu sipul's foi Hvitlol'iC'u sp, d01l1 so n fJ'i'I'('
aÎII\\ 1 ~; doIWJ'(
, c"lail ('I!pf. JC'an rll\lolllili l'anolaiclIl , PliX allssi, Illoi s d'Iln e fà(:o n inlf'l'Inill(,lIl(', pl sali s IHlss ioll'. l~d()Ia',
Cil sc' Il1n.J'iall l,
�ESCR IM E ET CA 'OTAGE
20 1
ayant dil un ad ieu définitif au sport naulique,
l s autres s'é tai ent r "unis pour formel' un e
nouvell e équique donl on avait offert Je co mmandem nl il Jean,l\Jarcel avait du ned , l\lou lin
ava it des lI1u scles, mais Jean avait de la tête,
1 coup cl ' il slÎr, la décision [}l'ompte et ltilrdie.
Philipp De' hèll:es, ù sa g rand e joie, fulacce plé
co m 111 Van'clt?'.
Bi n (IU ' il rill de qu clCJu '5 ann "cs plu s jeunc
qu c s s camarades, ct fJu , au premi er ubonl,
il pal'ùl d'ul1 co ndition plu s él vé , SO li P re
n'avait pas Il "silé à 1 meUrc so us la sa uyeganlr d (' s bras s ct hOllnt'l cs ga l'( ~o n s, dont
le C(l'ur haut placé raisa it un heur \IX contrepoid s à la IJolll'se Jl r u ga l'Ilir , Le dess ill ateur
,wa il, d(1 l'cs lr, cO lltribu é dan s lin lal'N'e Ill rS lIl'
Ù. l'acqui silio n cl la yo le, ull e j oli e mbUI'l:ati on
qll e l'o n n,'ai t appcl "c Héginc, ' n l'holilieUl' de
~ I I . J)('sll(\tl' 's,
Apl'I's qIl PI([II CS su('cès in rs p {' I ' I ~S dans des
1'("1-!a t.,s dc S('('O Il<l ol'<ll'r, l' \quipe lIal'ivcl avait
d{'cid!" il., prendl' parl ù la cOllrs d'A I'g-c nlcllil ,
la drl'lIil'l'r d ln (lili s impol'I an t de la sa isoll ,
' ll 'o ll S'(,l1ll'ilÎllait sans 1·{' I.le li ,
Tan tôt rcnlplis (\ r eonfitlll('r a pl' \s UllI' ('ourse
)lil' Il IIH'II("(', tanlt,t M('olll'ng \s à la YU(' dc
eO ll1pi'LiLcul's ([ni Icu r se mblai cnt rcdoutabl es,
�202
III STOlHE n'uN I O~Nî,Tg
GAIÇO~
leurs convel'saLion s ne l'Dulai ent plus que SUl'
les chance, de succès ou de défaite, I ls en
aurai ent perdu ommeil et a ppétit, si cl ux ou
trois heures d'ex l'cice en plein ail' n'étaient
venues rétalJlir l' 'qllililJre,
Eu O'é nic 1 s écouloit sa ns compr nurc gralld'
chos il leurs 'ombinai so ns,
« M s pau\'r '5 'nrants, di sail -elI e, vous
devi nul'cz toqués avec vott' bateau,
- Lai ssez-l s don c, madam e B urin' I, l' pl' nait le [ll' I' Cacao li \chr, c' st leul' vic ('cla, .. !
Hcganlrz vot l'C .J an; vOY'z si sa poitri ll e
s' st dévc loppéc, si srs bras ont pri s des IIlU Scl 5 ùepui s qu'il mani J fl cur t etl'a\'iron .. ,
Voyez rOlilhirn 1 s émotion,' d Ja lull ont
animé cl vil'ili s ~ sa fi g ur .. , C'cst bon sig ne,
all ez, quan<1 1 fi j<'lIn 's g ns sr plai s(' 1I1 à
mrS lirrl' l('ul's forcc s, L' "mulalioll 11(' "'Cl'Ill e
<Jll<' dan s Il's ,lm s anl ' Ill s Pl g{' nt"' l'l'u ses ... Nc
,rIIez pas mc parl cr d',s alllpouips qlli font
saig ncl' les maill s d, voi r rnrallt ... qU'f'st-cc
quo ce la tlUpl'l\S dC' l'ail' qu 'il aspil'e ,'t plt'ill s
l'OUillon s, el dps rOr('PS qu ' il tH' qui ert chaqu e
jour ... Cc Il 'rst plu s maintonallt qu 'il S('l'il
cxposé aux J!pLilps mi s(' l'rs IIrl'\'('US<'S qui 11011 5
ont Lan!' illqui,"l{'s l'ann{'o d('l'lIi(,I'f'. »
Eug "ni, /le répondait pas : ,II, avait foi ('JI
��20'~
IIl STOll1 E D' UN 1I 0N
I ~ TE
GAnçON
l'ex péri ence que le y jeux bohème avait si cl'u e1lem nt a -q;.:!!::e i ses dép ns, mais elle sc l'alliai t
diffi cilement au canotage ct à l'escl'lm e.
Il fait un Lemps superb e. L e sol ·il hrill e de
tout so n éclal. Les lribunes ct les deux r ivcs
dc la Se in l' go rg nL d monde. D'un œil S)" 1I1 patbifJu e, on rega rd e les Lir ur., hea ux ga rç IL pOUl' la plupal'I , bi n laill és, so lidrln cnL
M li s, ehrz fJui J'cxc l'cicc L 1 g l'and ail' ollL
hal'llloniru se lll cnL d6\'(' lopp6 les fol'(,cs. El1l l'o
toul ps, l' t''qllip Hal'i" cl aUi ,'c Ics yeux pal' sa
1!O III1 c ICllu e : c' 's L du 11l 0ill S ce qu'il se ll1 lde
[lUX 'p r Lil rs Bou '1IIu'd , \'CIlU CS lit l' Il fl'ilÎch ('s
Loil etl cs, a ux J1Hllnltns qu e l' on a (' 111I'aill(c's
!J O li g' n.., mal g l' .., el il ~I
I H('r;ill(, que Yo il lt sur
l'I'SII':lIlP, cn IJc ll ' plll(,(" 1[' [lI' 's id (,l1t drs n;tr11c'S
fi' tl'ol1\'al1l êll'(, 1111 am i dl' fi l. J) cs ht· lr('s.
Cntl!' yur dOl1l1 c il .Iran 10 nohl(' d{osil' dc
rail'(, dps pl'O lIPSSrs . 11 fau t qu e Hé'ginr so it fi l' I'c
dl' sa fill Pl il p. Ali d(,l' f1ipl' monwnl , il ('l'oil
dp\'oil' l'rlnollipr srs hOlllfll N;,
« Pas II'0p dc û' lp, ~IOli
li
, Il 'ps l-c'r pn s~ Toi,
1IIan'C' I , lùc he (\p sU l'monl('1' Ips II Pl'fs; loi,
Philippp , virr dp l'l't'os (' 1 SC IT!'·. Et qll oi qll 'il
al' ri Yp, il es i i'lIl'udu qu c OIi S lull om; jusqu 'au
bout! »
�205
ESCRIME ET CANOTAGE
, Le signal es t donné pour la quatrième course.
Nos am is se débarrassent du ves ton de laine
,,
J oa n " ~ 1I'
Je Ont cie rllhan , .
bl anche qL1 'i l s nrl osse nt dès qu 'il s s0 1l1 hors
[ln canol ; ct, sans hâle, en l) on ordl' , il s opè rent
leu r cmbarrl'lemenl
18
�206
III TOIll E n 'uN Jl ON
( ~ TE
GAR ÇON
La co ur e magistralement conduite par Jean
fut un triomphe pOUl' la R égine ; et les oreilles
bourd onn antes des cri s « Ila1'di ! B ou lland,!
lla1'di ! lIa1'ivel! » que les spectateurs poussaient
sur la hel''''e, elon qu'il s étaient pOUl' la R égine
ou sa co ncurrente, l'Ili1'ondelle, J an reçut le
Oot d ruban , emblème de la victoi('e; mbl ème
d'aulant plu s précieux qu 'il lui ru l remis par
MiloDeshêlr s, à laqu elle madume lu pl" 'si(1 nle
:tvait gracieuse ment c ;dé son pri vi lège.
« L vltinqu Ill' du P1'i.J; des D ames a le droit
d"' ll'
mlll'1l.ssé p UI' cell e qui 1 Olll'Onne,
remarq ua le pl" sill nt. All ons, Ll égin e, il faul
vo us aCfJuill l' de vo lre làc he jusqu'a u bout. »
Tou l ('0 , mais sans se fair pl'i l' , ln. jeun e
fil! posa, r lèvr s fmiches SUI' les joues du
« gal'I,;o n » CJu e l' émolion rend ait bl'Cdunles. Et
Li en qu 'il lrr mhl àt si fort, et qu e so n 'œ ur
batlil à si °Tan(l s co ups qu'il pensa it d '· faillir,
il se co nsid ' ru co mm e 10 plus heureux cuno1ier ÙO la t rl'e.
�CHAPITRE XX
PHOJETS MATRI MONI AUX
P eLit à petit, J ean fuiL son chemin; le voilà
mainLenant cIler d'uLelier chcz T)'{'guill y, où on
le Li enL en g rand e co nsid érati on. L'aisance est
entrée au logis, eL avec elle, le co nforta ble,
une ce rtain e élégance même; l'éléga nce dc ceux
qui aim cnt leue intéri cul' cl Ollt lc Lcmps de le
parcr : un hal'Ill oni eux lU"'allge l1l cnl dc lOlllcs
choscs, dcs mcubl es n bon élal, !Ill linge
inôpl"ocltabl e, des neul"s so uvcnt rCll ouvelécs ,
un e Labi e bi ell se rvie 0 1, suffi summ cnt p OU l'vu e.
Cela Il 'cs t pas ycnu LouL d'un co up: un jour
lIn c chosc el demain ull e autl'c. La Ill èr ' a cont rihu é pOUl' lIno gral1(l o pa rt ù, l'cl, ac hcmincmenL vors LIll O vi e plu s facil e ct plu s large. Elle
�208
III STOlnr; D' N 1l0
N
l ~ TE
GAnçON
sait que le meill eur moyen de r tenit' son enfam
il la maiso n, c' t cl la lui rendre agréab le.
E ll e n' a fait de ré istanc que lorsque les
amé li orations se so nt adre sées il Il e p rso nn \11 ' Ill ent; par exe mple, quand Jean a cx igé
«tI'cllo pl'it une fcmm de ménag pOUl' la g ro sc
lJesogn .
EII a. lù c pendant Il pas. Cl' pal' où il
vou lail. .. C'est qu 'il y a. cl s mom ents Oll jln'rst
plu s qu slion de « Tout- P tit » ... ; c' st J ean
Jllll'iq'l , chd de fa mill , qtli pa rl e .. . , t on
écou!p .J(,I\II Jl ari\' 1.
Enfin, Je logom nt de Jarue du Delta, deyrntl
in surfi sull! , .J('11n cl sa Illl'!' ont pri s l'appal't(,lllcn! qu e M. Drsh Ir s venait ci o quillel' pOUl'
a ll el' dC'lllf'lll'cl' il Passy. Lcul's lNes SO lit maillll' flallt alJl'it{,(,s pal' <.: toit lI os pi!ali('1' Ull, lin
lCl'ribl e so il' d'hi\'cl', il s :t\'aienk l,té l'rf:lll'i Il is,
lrs !11rll1ll1'rs g' lac{'s, le cœur pipi l de !l'i s[(' ssc
ct d(' tl{,cou l'(\g 'P III Cil l.
Ct' f, O 11\' C' Il il' j'('\'icnl sa ns ('rssc dan s Irllr ('011\'cl'salion, ct e' 'sl PI'CS(Juc toujolll'S .Iran qlli 10
111 '0 \'CHIli r.
I S cltio/l s assis lù ... Tu sO U\'i( '1H1-l u,
« ~(H
\ s'a rrail'iti! gf' ntillwnt
1IH1I1J:1 Il , ('OlllmO H{'~il
:LU!OUI' dc nous pOUl' nou s donner ('(' dont JlOll S
pouvions avoir h(' so il ~ )
�200
PR OJET S i\I ATnüI O:'l IAl ' X
Eugé nie se souyient a ulanl (lu e so n fil , bien
qu e ce ne so it pas de la même manière : la
reco nn aissance ti ent un e si grand e place dans
le cœ ur de l'afl'ecLll ell se fcmm c !
Auj ourd 'hui, lranquill c pOUl' le pI'(' sr nl, plcin
d' spoir pour l' ayc nir, Jea n se rait pa rfailellH' nl
heureux sans l'achal'n eme- nl qu e mc llenl se-!;
co nn aissan('C's il \'oltl oil' Je III a ri el'. So us I))'é lex le
qll C, éla nl !Jon fi ls, il sC' ra !JOli époux, !I f' lous
cûl('s on 1 ha ret', le p O Ul' qu 'il prcnl1e f(' lIllll e.
Eslelk Lenoir a él(' la prpmi ùI' à sO I1 h'e l' Ù
}'plal,li ssc menlll Htlrilll oni al dc J ell n, qu e ving l
an s d'aIre li oll Itli font \'oil' pal't' dl' 101l1 ('s les
[1el'frc ti ons, Dpp" is Je pl'cmi C' r dll\'cl qlli a
ombl'lIgé la I(\ \'I'P dU jf'lI ll C' 11 0 1111111" t' li t' (' II I' ITIIC,
tOlll C il lirnnt l'aig lli1lC', fllli , cl a ns sa (' li PII lt" lc,
sem jama is (lig-n!' d" s''' ppp lpl' « MnH' J t'a ll » ,
(; 0 Il 'C's l pas la fill c' du !Joul a l1f:!' I' : (' II , esl
trop laid !' .. . : IIi CI(' I11(' I)('(' HOll sse l, cli c C's l'Irop
mau\'ais(', Esl,('C' la pd ik Brorard , (!IIi s0 1'l \t ype
des robps donl ]rs bord s Irllî nC' nl , cl des IJO lIin es
0\1 mnnf[Il Pnlla moili !" dps !Jolll ons ... '! l\I11:)'(\ lc
'follrni ' l', lin o fill sa ns le so u, CJlli p"ssp so n
lC'mps Ù l'njuslcl' ses fri so ns a u li u dl' rac(' onl mod r l' SN, lms ... ? ri j oli ps ll1 aÎlresses Il ' ma iso n!
pa ri ons-r I) !
Non, il Il'y u\'uil dl' parli so l'lnhl p quc la
18.
�210
lI iSTO IHE D'UN 1I0X NÊTE GAnçO~
« dellloi seJle l) lIe l' "pi ei l', 20G, boulevard
Mag!'lda. Vinrrl-einq mille fmn es de dot ct le
doubl e « il. l'eve nir ".
lIIai s Jean ne sc IIlOlllre pas élJloui . 11 trouve
qu o la « dellloi se ll e II de l'ôpi ci l' a lorl (\'è!re
hal)illée, d \s huil !J oul'e du ma lin , CO \l1lll e
pOUl' un ' ln sse do Illariage ... , qu' 11 o am,clionn e ll'O!I les ou I lIl'S \'oyanl es ... ; qu 'il y a
lrop de ga millll'CS tl ses l'ohes l li plllllH'S il
s's c.:!Jnp<'ilux ... Et l'esprit d .le:1n évoq ur la
gl'ilei eW'w siIIH)II<,ll c de Hl'g ill e, louj ou l's so igll ée
d é l(\gan lc, mai s si di sel't'le dan s :a mi se, si
sill1pln dnll :-; ses lIlalli (·l'es .
P"i s J'I I lI a:-;l ir al proposa lIn e !lrlil e f(Jll sill e
il (·lIe, dont le Jl(\ I'r avai l J'ail fOl'lull e dans la
DIl\'olaille: ('(' nl mill(' fl':1 ncs lou l l'ond .. . ~l'Ic
11I'oc!Jrl, qui plu sil'lIl'S foi s s't' lail rCIH'(J llll'l'e
a\PC J ea ll , dai gna il 10 lt'o u\'('I' Ù so n go ùl ; ct
le P(' I'(' J)uhl'ochpl, lui-Il1C·nH', sa Li s 1111 11'(' Ill (' lIl
ill sisl(' 1' S III' la ll'('S hl'Ile posilioll (h .kllll,
clf\clal'nil d'lin ail' IJOnhollllne qll'il ne \'oillait
pas ('()nll':t l'i !'1' Irs id é(s ((P sn fille, <'1 (]lI(" Dieu
IIIPI'('i! il pouvail SP pa)' (>I' 1(, lu xo d' ull gP J1I1J'e
sa ns fOl'lulle,
~Iai:-;
.Jpan ,'(',' lai l l'mil! (' 1 fa(' c de (' ('S IlYilllees
tn'\lIil'l'slf's . Les d(111l 'S Duhl'o ch -l l'lui('lIl 1011jours <1<,1101'5, 'O Ul'a nt IN, magas ill s, 10H l'xjl{Jsi," II
�pnO.l8T S
~IATH
M
ONI
A
UX
2 11
tion s, les fêtes de toules so rtes , ne sachant
résister à aucun e des attractions de ce sélluisant
Paris qui en offre à chaque pas . Or, Jean aimait
les fem mes qui saven t se ten il' il la maison, et
con se ntent à diriger leur inlérieur. Pui s, il
savait co mpter, cl il pensait que la dol de
MlIcDubrochcl rerait piètre fig ul'eavec des goû ts
aussi rléul1I bu latoires .
Alors .Tea lJ so ngeail ù deux vaill antes pelites
main s, tOllj OU1"S agissantes, touj ours prêles ft
rcnllrc se rvice, ct l'h éritière des Dubroc het ne
lui se mhlait même pas mériter un e pensée.
Cc fut cnsui.le Mmo Thourgcr qui sc mit ù
pcrséc u!,r l' J ean. Ell e avait un e ni èce, un e assrz
joli e nll e (le vingt ans, une a rti ste, so i-di sant
qlli ava it rn" f[ll entô 1111 ateli er à la mod e, où
ell e ava it appri s un peu rie b[u'bouill age, ct
hrauco llp d'n pl olllb .
({ Cc se rail Ufl Il Cll ll pnrli p O Ul' loi, J ean,
di sait la pnll'Oiln e de Cen d1'ilton : cHe es t []Il c
1I1li fjllC cl so n pèrc a di x mill e rra ncs de "cnte,
sans comptcr cc (lui lui rev irlldrn. de noll'r part.
'l'li. lili pl ais; .i ' sui s sÎlre qll e tll Il 'aurai s /[U ' Ù le
IlI'{' scnl r r, »
.J ean hoeh;tit la lête Fin ns rn unif/' sler 10
!noin/lrc r nlh oll sia sme. La jr une pcrsonn c possédailllll () ass ill'anco qui l'erra miL. Pui s il était
�2 12
lII S'{OIRE
n'uN 1I0NNÈTE CAnçO)l
froissé de l'entendre co uper la parole aux perso nn es respecta bl es , parler ft tort et ft travers
sur des suj ets qui n'étai ent ni de so n âge ni de
sa co mpétence, em pl oye r com amm ent d s
l l'm es d' argo t, critiquer d'u n air elltendu les
œuvres de nos maîtres 1. s plu s a utorisés, déc lar ant qu e « c'Olait i.nfect » ou que « c'était épatant ».
Sa petite urlli e 11('gine élait si moe! 's te, si
réscr'v6e! Arti stc, bi en plu s qu e J'üutre cependant. J an, pour s'en co n\'aincre, n'avait qu'à
jct l' Ics Y UX SUl' une joli e aqu a rell e qu'clic
ava it faite pour lui il Pi erl'efo nd s : un bouquet
de n tirs qu'ils u\'aient cur illi ensem bl e dan s la
fo rêt, Lit h co mparer aux barbo llilla g<'s qu e le
« h au parti » a ppolait. <l\'ec "n e nl·II·li t) ' II CC
aITecl "e srs poch(/des, Et d'rrn jugr llr 'Ilt. si st'rl',
«lie r. D os h! ~ tr rs Il e d "daignait pas tl e la onSll1 tl'I' p:l L'f ois. ~Iais
('011111l!) alors so n opinion
étai t donn é d'un e faço n di scl' \ te t hicII\'cil lan tl' !
J 'an avait bea u aimer Mmo Thour'g'or, il
Jl ' '· tai t pas di spos' il d venir son neye u.
n 'autros proposilions flll'('nt enc or raites à
J 'un; 'lI os CUI' ' nll e so rt dcs pl' mi t, 1' 's. Il '- tail
b IlU g:1I'(.:o n : il pl aisait aux j eun es fill s. Il
était , "rieux , trava il! ' ur, \co ll omc : le pal' nls
�PI10JET S MATl1lMONIA UX
2 13
l'estim aient. 11 trouvait donc bon accueil dans
loutes les familles qui avaient une (( perle )) il
caser. Mais toujours, l'image de Hégine inlervenait avec un e si lriomphante supériorilé que
les proj els de mariage élaien ll'ejelés pal' J ean
aV'lnt m"me d'avo ir élé co nçus.
(( Toul-Pelil, di sait MiliO IIarivel, cs-lu slil'
de n'à lr point lrop diffi cile? ce sont de beaux
pnrti s qu e lu refuses là.
ll N llIX en appurence, mum an. Il
AI l'S, avec hésilation, com me si elle avait
vagu men t co n scienc cl u vrai motif cl ces
r efu s uccess if :
te U n
hut pas vouloir rêv r trop haut,
mon J 'an ... Je serais si 'o nlenle de le voir
élabli .. .
- Tu yeux donc te débarrasser de moi?
- Oh ! peux-lu cro ire Y
- Ücoul , mall1all , le jour OÜ je ren('onlrerai un j une fille qui me plaim ct CJue j 'eslim el'ai 'lssez pOUl' en faire ma f mme, ce ne seronl
pas qu elques milli rs d fran cs d plus -o u de
moill s qui feronl pencher ln balance . JI ' u!'rllsc nH'1l1 , je peux nourri!' mil hmille, 'e (j,li. Ille
pe!'mel <Ir choisit· librement.
- ,J I' sais bi Il , .1 'an; el je Ill e sui s flu r lqu e
foi s (' lol1 ll ér qu e tu fI 'aies jlllllUis sO llgé à l'Lill O
�2 J 4,
IIlSTOlfIE D'UN nON
N I~ n
; GAnçON
des p liles Bouchard, qui sont de braves
enfants. ))
Cerlainement J an avait heaucoup (l'a(fection
pOUf' ces filleLL s honnêtes,
lalJol'i uses ct
aimanles; il Mait pCl'suadé qu'e ll es fr rai nt un
j oUI' des femm es charmant s ,t d'exc Il ntes
ménagèr s. 'i so n cœur avail 'lé libre, c'est
'C'rlain m nt ru e Hamey qu'il aurail été 'hcrch l' une femm e, plutôt {lue d'a ' epl cl' 1 s
j eun s p l'so nnes coqu ellcs, pal' ssc u ·cs, mal
'· IC'\'t'··s qu' n vou lait lui fail'c épou . r so us
pl'élrx lc CJu' Il s avaicnt 1111 0 dol. Mai s le cœ ur
de J ean n'é tait pas libl' : H 'gin y ,'égnait en
. OU" l'ain e ausolu , in co nl rs l '
�CIlAPITRE XXI
D~
CI:P
TIl
N
Les ouni l'S qui , cc malin-là, vil'ent enll'cl'
J an ù. l'al ,Ii cr, n sortant de chez 1 pall'on,
durenl s' im agin l' qu'il venait de recevo il' un
galop d pl'emi r re classe , 11 so mil au lravail
sa li s Illol dil' , n l'''pondant qu'à pein aux
Lr moig nagcs do s)'llIpaLhie qui lui élai nl
adl"ss',s clt aq u jouI'; "le uxqui urenl aITail'
ù lui , pOUl' IIIi soulll elll' loul' ouvl'ngo ou lui
tlrm and r l' 'ollseil, pUI'C' nt ('on Lalo r sans {l'o rt
qu 'il éluit il c nt li li s do co qui 50 passait
aul olll' do lui.
Col "lat d
hosrs dev inl pl' mpl('ITlC nl le
suj ct de p til s onvct'sa lion s qui S lonai nt à
voix basse enlro voisins. En quoi IIal'ivcL pou-
�2 1û
III TOlitE D'UN 1ION:-l Î,T E GAIIÇO X
va it-L avoir enco uru la disrrrâce de l'aulorilé
supéri eure ... ? lui qui élail l' xa 'lilud e, la co ns ience pel'sollnifi les, l uuqu l on n'availj 'lmui
enlendu adresse !' l moindre l' proc he ... P ourLanl , il n' y an il pas iL dir , c' ' la il hi en il la
suiLe d' un e long ue onf ll'enc av c M. Tl'érr uilly
qu ' il ' La iL l' nll'é lu mi ne long u cl l'a il' so uCl UX.
' i les camarad s ava i nl éLé a u 'O lll'unl de
co qlli s' "Luil passé 11l1' J eu n cl so n pa lron,
il s au ra ienl (>Lé hi r ll pill s éLonn '5 enco re li ' so n
a ir d(. eo nfil; CiU' ri cu Il j us lifi aill'ac 'a bl melll
dans INllI el il pa ra issa il plon rr ", il aura il dl! au
co n Il'(l il'e eX lIl lC' l'.
1. TI'('g uill y l'ayail n clreL inform é <Ill e,
rJ{'s il'rlnl Ini ({'mo ig u l' sn sali sfael ion , so n
ps lil1l c, sa ('o llri all cc, il lui n('cOI'da il , il par lir du
pl'(, l1l ip r j n/)\' ipl' jll'(J(' ha. in , LIll inl {' I '~ L dtllls Ips
alra il'ps (If' la ma iso n . EL il avait ('ou pù ('o llrl
1111\: rp!11 pr(' ipIIH' IlLs dll j PlI ll C h Olll lllD p OUl'
aj(JII((' r :
« .1 1' li pll s mt' Ill p il Y0 1l S dirc M s mnill lf' ll tllll ,
mOIl (' hf' r Ha ri\'r l, qll e j n co mpt e sur YO US pOlir
r. P S II( '(' {'d N , 1111 j Ollr , id ... NI' ra ites pas ('(' S
)'1'11 x dran;s, il Il 'y a l'i r n qll e <I f' lr \s (lllLul'(·1 il
rf' quo jf' YOliS di s lil. Da ns lro is 0 11 qu alre
UliS . .. , ('ill l!, loul a u piIl S, il f a ldr ~ hiell fi II(: je
�2 17
DÉCE PTI ON
so nO'e ù prendre du r epos, n'es l-ce pa ? Or
n'ayanl point de fil s, j'ai dû chel'ch r autour
de moi qu elqu' un qui fût ca pa bl e de co ntinuel'
l traditions de notre vieil éla bli s.'e rn enl. . . Il
Y a cent quinze ans qu ' un Tl"ég uill y '1 fond é
ce lle mai son qu i, d 'pui s , a touj ours élé dil"ig ' e
pal" un Tn'guilly . L on""l mps, Jo. p nsée (lU ' Il e
dl' yrait fal al ment 'ha n""el' do nom a "lé un
CI"{\ ye-c 1I1" pOUl' moi. J 'a i fini pal' nl c l''s ig nel";
cl, ll' ''s sin C'.1" m nl , rl e puis fllI j'ai él ' il nll\ me
cl , \'OII S co nn aill'e l de vo us a pprécier , le
sac l'ifice me se mbl e moi p ' nib le .. . Olt! 'e rles,
avant YOII S, j'ai cu d s ouvl'i ' l" ha bil 'S ' l
con s 'i II cieux. Mais, les lin s SO ltt Vl' ltll S ll'o p
lùl, dalt s 1I1t 1 IIlpS 0 11 j n'avais pas en(,o l'e
bcso ilt de m'occup 'l' d'ult suc '('ss ' UI'; les a ull'es
lnissa ipltl à M's il'e r SO ll S le l'appol'I dc la co ntlll il(', du ('ll l'(U;l(' I'C... Enfin , pcu impOl'lc, mon
l'Il oix s' sl ri x', Sil l' \' {)lI S, cl jf' ne ('("o is pas
'1l1 'il y ail là, l'i cll qui puisse vo us d<.'·so IJligï' l'.
11 s'ag it d{'so l'm ais de " ous Ill elll'c ail r O\lra nL
d(' 101lles clloses, afilt d'è ll'o a pk il, ln (' 1'(, lnpl a(' PI' qualld l, 1ll 0ln ilL SP I'tl YPllll, Toul (' Il l'('sla nt SOII S ilI a dil'I'cl ion, \' Ou s al( ,~ [ln ·ndl'I' un
P (' lI d':utl ol'il '· dans la maiso n 1 \'OIl S hal,ilil l' I'
il, cO I11In :lnd pl'. V O LI S èl('s un limid!' Pl lin
111 0d 's ir , (' sO ltl là d , pl" 'cieuse' CJu alil "s {IU O
H ItHOIIU; u'us 1I0SNtTt (lAnçON.
10
�218
m STOIHE n ' UN HONNÊTE GAnçON
je serais désolé de vous voir perdre, mais qu'il
fauL équilibrer par un peu de confiance en vousmèm e. Et puis vous êles pessimi le, vous vous
alarmez facilem ent : toul cela passera quand
vou s aurez acqu is un peu d'expél'ience. Ah! ne
complez pas que les cboses marcheront loujours Lou Les se ules; YOUs aurez des déboi l'es,
c'es lcerlain; voilà préci sé m nL pourquoi il faut
vous acco utum er dès aujourd'hui à envisager
de sang- froid loute es pèce de siLuali.on s ... Maintenant, mon cher Ilarivel, comme In a Pl'opo sitian !lput ne pas vous agréer, qu'il esl fort possible qu e VOliS ayez d'autres projrls en tête, je
Il e VOLIS deJl1[lIl<l e pas une répoll se Î.mm IdiaLo.
Pre!1rz 1111 moi s pOlir rMlc)cliir, cl au premier
janvi cl' VOliS me ferez part de la réso luli.on quo
VOliS aurrz pl'l s(, .
Cr di srours, aUfllJcl ]e jr un o hOl11m(' ne put
Cjll 'à IH'ill e r,"polldre hnl l'{'lIlolion L'élnlllglail,
iluraiL faiL le bonh eur do cenL aulres ... , il lJOul 'vr l'Ha .1 eUIl.
Cerl(' s iL ('I:lit fi!'r <l e coll <li Hlilirlinn à
l:lqll('II (· iL ne s't" I:lit .ilJ)
l~ i f! nU,('Jl(lli. ~lais
uno
Hi lourd' charge ... ! et do paJ'oilirH [·p spon sahiJilt" s ... 1 Il avait paJ'foi f! VII le palron accalJ Lé
SO ll f! Je poid s ti rs SO lJ (; j s, co mm 'Ilt H'e n lirrr:litil , lui , pauvre garf~o n
, flui n'avait pas l'habitude
J)
�DÉCEPTION
2'19
des aITaires ct qui manquait tolalement de
décision, M. Tréguilly lui-m ême venail de le
constater . Et quels fond s consiLléralJIC's iL fal-
• 1\10n choix s'ost fixé SUI' VOliS, •
lait pour soutenir une pat'eille maison .. . ! ans
doule, si on lui pt'oposait la direc li on de
l'élabli fls ment on lui facilil erait les moyens
de 1 fair e marcher, mai s arriv l'ait-i l il. faire
ruc il. do si grosses obligati ons ... ? ' il all ail ne
pas réuss ir ... ! A celle p ns6e, un sueur d'an-
�22 0
III TomE l)'UN 1I0N:'\
~ TE
CAnçON
go isse mouillai t ses lempes, el l'ouvrage s'échappait cl s s main s lremhlanles , .. D'un au lI' co lé,
dire non c'était s'exposcl' au méco nlentemcnt
du patron .. , ct pui s, on y )' 'gard e à deux foi s
avant le refu s l' la forlun e ... Jean se trouvait
dans une ten'ibl e perplex ilé ... Il était si tranquille auptu'avant : ses appoin tem nts lui sufflsa iellt, el au dclil, il lui res tait du t. ' mps pour
lrn. \'n.ill cr ... .J uslemenl, il mcllait la cl J'nière
main (l un projet (IU'il devail so umettrc à
1\'1. Tl' 'gu ill y, l (lU 'i l s'imn"illail devo ir appor1 '1' une (' l'laill révoluti on dans l'h ol'l ogc l'i (';
il n'arriverait jamais il le mener iL bi en avec
lous cps lracas dans la tèle,
Et J an, les so urcil s p"flilli cm nt co nll'aclés,
]e rcnard per(lu au loin , co nlinu ait il. broye r du
noir, quand , la loch du d{'j I1n er v fi ant il
SO fllH'r, tout près de lui , sous les fen \ lr S m '111 S
d· so n al liC'l', un vo ix frai che ct ellltrmante
modula les pl' micrs ve l'S de lu viei ll 'httnsoll:
Que le jOlll' me d /l'e!. ..
C ful ('Omm un rayon cl lumi (\ I' dafl s la
nuit pl'ofofld e, commo un e l'osée hi nfai sil nl c
su rIr so l alL('r\ .. , lafigul' d J Uil s russ '· r"na sO llClnin .
« Mal" I! »
�22 1
DÉCEPTION
Oh! s'il pouvait ayoil'Mal'cel avec lui , co mm e
les cho es changeraient de face ! Marcel élait
n 6 pour faire des aITaires, lui. Il avait l'abord
sympalhique, la conception promple cl neUe,
la parole fa cile qui 'laien t né ssai res pOUl'
cela. Jean e so uvenait du Lemps où il s étai ent
ensem bl e cil z Jl astical, commen t, lout j une
en ore, il « embohelinait » ge ntim ent la lient \ le; ct avec qu li e ais:l.Oce il <J. eITarouchait »
les importun s. C'esllu i qui saurait parI r :1\-lX
oU\Ti rs, le enl ever, au b soin , quand il y
aurail11 donn er un sérieux CO llp de co llier ...
hl cll b 1\ sl' r6nil ' qui ne l'ahan(lonnait
jamai s, qu el It ur ux contrepoids uux cra intes
souve nl chim ' l'iques d .1 ('all! Lui dirige rail 10
1nlYtl,i l, appol'lerai t 11 la fabri calion des Illod i(l'ulion s qu'il entroyoya il depui s longl mps, cl
~larc
(· I ,
charg rail dos r ' Ialions es l "rioures,
des intér ll ts co mm erciaux, de' J'apport s dil' 'd s
twcc l 's omri 1's; il s'en tirerait il mCI'\'f'illc.
El J ean, Mliv1" de tout sou 'i , poul'l'Uit sc li vrc I'
pai sibl ement aux travaux qui l'attiraienl.
Il sc sC lllait mainlenant plein d'e nlhousiasme. Aell x doux , le chos s march rai ntrol1dl'Illl'nt; il s ll'un 'fu s mi 'nl un pcu d, sang neuf
à l'an liqu e mai so n gui, toujours r specl',C' , sC' ntail parfoi s, 'ep nd anl, craquel' ses ais yi ·i lli s.
1!).
�2 22
IlI STOIllE n 'UN 1l0
N N~TE
GAn ç ON
Et au o-rand ébahi ssement des cn mamd es
au xquels ces bru sques cha. ngements d'humeul'
faisaient demander si Har'jyel ne deyenait pas
toqu é, cc fut n hantonn ant qu'il sc rendit
aupr s de B as ti cal , pour lequel il avait co nservé une grande cl ',férence. Il dés irait le mettr au co ul'ant de la proposition qui lui avait
été l'aile ct lui so um ettre son pl'oj Lconce rn ant
Marce l.
ans arrïr - p e n s~e,
sans le plu s pclit so upço n de jal ousi , le 1)I'ave homm e féli cil a SO li
'· I(,v e1 e I;l bonne fortun e qui lui ül'ri" aiL cL
approu" a d s deux main s lc choix flll ' il avait
fait li ' laI' 'cl 'o mm e asso 'i ".
u Bouchard fem drs affa il'cs Oll (l ':wll'cs n'e/1
[ l'ont pas, dil-il , cl VO LI S av 7. mill fois l'aiso n
de vo us l'all achr l'. Néa nm oin s, je YO II !'; rO l1 sr ill ·
d'aUcllelr Ull pcu avanl de parl er cl e lui. au
pall'on. La jll'odi rric us aclr'('ss dc vo tre a mi st
l'od appd'c i(' i 'i , mai!'; il faut cO ll ve llil' (jlH',
so us Ic l'apport de l'assiduil " :ur lravail , il laissD
fort il d('sil'(· I' ... Chrz lui , la mll sillu c fail tort :'l
J'h orl oge ri e . D'aill eurs, il est l'clali ''r lll elit
nouveau cl ans la maiso n pui sCJu'il n'y lranlill \
qu c dl' pui s di x- huit mois, il funt qu' il ait le
telllps dc s'arril'lll Cl' co mm r liO n oUYri r l'. Pd,ven z-Ie dès Ill ainlenant dc vos intenti oll s, afill
�Dlk EPTION
223
qu'il montre de la bonn e volont é, De votr'e
; côté, profilez de l'autorité qui va vous être
1 dévolu e pour] e mettre peu à peu en lumi ère;
de so rte qu , ]e mome nt venu, étant donn ée
SUl'lout votre vi eille amitié qui est connu e de
tous, on ne se ra pas surpris de lui voir prendre
le premi er rang, »)
J ea,; r gard ail son an cien patron av ' une ,
admira ti on symp athiqu e ; il sc sentait allendl'i
cl 1 voir apprendre, sans la moindre amertulll o,
l'éléva ti on soudain e de celui qui avait été autrefois son subord onné,
« l\1 onsi ur lIas ti cal, dit-il enlln , ]a voix
élllu e, je sui s pl' squ e hont lI X de pensol' que
je vais être pl a 'é au-dess us cl, vo us,
J' uvee
o rJ og
o nditrh
e !r~p
- Ah! pal' x mpl
l in hon l'il' , il n'y a poul'l ant pas de quoi, Co
Il 'es t r as d'uuj oul'd 'hui qu j'ai co nstaté votl'
s up r l'i o l'it ~, ct je sui t,'è .. heureux de ,"oil' fJlI
d'uult, S YO ll S rr nd ent justi ce ,.. Pourta nt, si
vo us jugez (Pl j'aie droit ù qulqu e compr n:;ali on, no ,"ou, O'~ n z pus : j'ai 'inq ga r ~o n s ,
(" es lplu s qu 'illl" nfautp oul' ex rce l' vo tl' Li enve iIl unc!' , »
ChafI'I(' jOlll', .T ran r t J:u'(' pl rr monla iPlll
Cil S 'mbl e d , lu l'li e Vi eil] '-du-T, ' /llpl ù MOlll-
�224
IIlSTOIn E n ' I.jN lIONNf:T E GA n ço:-l
ma.rtre. Il s se renconlraient génémlement so us
la porle ochère ; mais ce jou l'-là, J an élait si
pressé de rail' ses confirl nces il. son ami qu'il
alla le prendre il son ateli er. Murc 1 a h vait
cl boutonn er so n parcl .', us, il prit 'o n cllüp au .
« J'allai s te h l'cher, dit-il il. J an, j'ai quel- ,
qu e chose il. l dire.
- Ti ns, moi aussi, fitl'au lre un peu inlo"loqu é.
- Dis vil, alors.
- No n, Loi ... , LII no m ', ouLera: pas, lo.nl
qu e III auras un s rel sur la langue.
- Eh birll! mon virux, je chanl dan s le
grand 'OJ1 (:(' rlol' , lIi sé so us le pnlrolHl"'c d
Gounor[ pOlir J s inond és du Hhôn "
- Ah!
- l ~(') ul
r ncor ... J e vais lrrs probahlrm nl
avoir llll 'Jl rrng lll cnl 'hc7. Lamou r lIX ... un
Jlg'ngrm(,l1l supcl'h e ... Toul d(:p 'nt! Ilu su '('\s
qu j'aurai ù mon cl ', but. 01' , M. nrna ut! ot,
lllon prOrCSSP lll', s' monlre pl ein cl c nrianc .
- Un pnga rlTH'lIl..., qllcl g nI' d' ' Ilg:t fl'cmenL ... ? 1'0111' comb i n Il' Irlllps ?» inlcl'l'o rT a
,l ean qui S 'IILail poindre n lui UII O Vll"UO
ilHlui{' lud .
« POlir toule la ,'uiso n, Li ' II 'nl 'utlu.
- El \1pl'\s t
�225
DÉCE PTION
- Après ... , dame ! j'espère en avo ir d'autres.
- Tu aband onn erais do nc lÏI orI ogerie !
l
«
Mon cher , j o c ha lilo duns
UII
s ra nd co nco rt . •
- Na lUl'ell em nt. »
C natltTCllcmcnt lanc', avec dés invo lLure par
Je jeune homm o lomLa co mm e un pl omb sur
le cœur ùe J oan. No n seulemenl c'é lail l'o1loll-
�226
IJ/STOTnE D'UN HONN ÊTE GAnçON
dremenL de so n rèye , mais c'éLait encoro la fin
de leur bonn e am itié. L'allachem ent neya guère
sans une cerLain e parité de si luatio n. Deyenu
adi te, Marc l hangerait forcément de goûls,
d'habitud es , li relation s ... ; il aurait bientôt fait
d'oubli l' so n ami .
« Et maintenant, conLinua-t-il , il fau t que tn
m rendes le 'ervice de m'accompagn l' ce .oir
chez 1. Il naudot; c'est . on jour, lu sais.
- Qu'es l-c quo tu yeux quo j fasso h z
lui ?
- Tu m'enl nclras chan ter, (l'abon), ct tu mo
donn ras lon av is.
- C'e st ([u je no sui s guère connaiss ur.
- Et pui s, lu y l'ra s Dai sy.
- J e !l'ai pas aITair ay c Dai sy , répondit
Jean, l'esprit visib l m nt ai ll eurs .
- C'est un 1'[' \lI', lu as aITair ay c 11 .. .
Il faul abso lumC'nl qll j so is Cix '. sur la naLuI'
d s se lltim ellls quO 11 a r01l1' moi.
- m'es t moi (Ille lu chal'''' s d l' nquêl ?
.- PI' '·risé·m nl.
- fon pauvro ami, cc n'esl pn s la h 01l11
volonlé (lu i me f ra dMauL; Illui s il m se mblo
<{u e e'cst plut ôl il Li ...
- Pui squ'(,ll e n ln prend pus au st·l'ieux ...
Sais-Lu ('e C!ll' pli ln répond (111<111(1 j' ssaio do
�Dt!;C8PTlON
22 7
l'interroger: « Vous autres , Parisiens, vous
vous moqu ez toujours des gens. »
- Demand e-la en mariage à son oncle.
D'abord, ce sera plu s correct.
- Son oncle ... ! mais c'es t un vieux toqu é,
en dehors de la mu sique. Deux ou trois foi s, j'ai
tâté le terrain de son côté, il n'a se ulement pas
cu l'air de com prendre.
- Prie tes parents ...
- Ah! ouit il ne manqueraitqnece la ... Mais
tu ne fia is donc pas qu'il s so nt à feu, mes parenls,
depui s (l'l'il s co nn aissent mes proj ls. Le père
a été ju sqn 'ù me traiter de cabotin, ct maman
pl eure co mm e si on alluit me mol.Ll·e en leITe.
Je te dis (JlI e je n'ai (lue loi, voyo ns, tu ne vas
pas m'a bando nn e!". »
Le pauvre J ean ve nait d'é prollVr l' pou!"
son pl'O [1re co mpte un e cruell e dé-ccl'li on ;
mais, il n'é tait pas égoïste; ]('s ellnui s des
autres trou va ient touj oul's.écbo dans son CŒ Ur.
Celle fois, surtout qu'il s'agissa it de MUI'cel, il
n'hés ita pas .
( Allofl s, dit-il rés igné, je ne Flu iHpas co mm e)ll
je In y prendrai, mais je ferai cc que lud és il'es .
- Merci! Il répofldit Mar' 'cl, ql! Fla légèrrlé
empêchait d'aperce voit' la préoccupati on de son
umi.
�228
mSTomE
D'UN HONNÎm;: CAnçON
Pomlnnt, au moment d'éc hangcr la p _gnée
dc main Li'adi cu, il sc ravi sa.
« Mais loi aussi, il mc scmlJl e, lu avais
quelCJuc chose à mc dirc.
- No n, va, cela ne pressc pas.
- ilj cn sOr ?
- Di cn sOr
-- Alors, à cc soir, neuf hcurcs ... , sans fautc,
n'os t-cc pas?
- A ·c so ir, Mar 'cl, compte sur moi. »
�CHAPITRE XXII
ARTISTE OU 1I0RLOGE fl.
Quand 1(' 5 ùoux amis arrivèronl chez M. Henaud ot, il y avail Mj à un o douzain e do pel'sonn es dall s le sa lon el un cl ame fini ssait de
chanlol' lu rond(' des P01'clW1'OllS, Dans un coin ,
Daisy, Cil hOlll1o ménanèro, di sposait la Lablo
il LIli' ,
« Va », dil, avec un e cO l'tain c impati once,
M iU'C 1 li SO li a mi dès que 1 s saluLati ons furcnl
' 1Hwge' s,
cc
.Iean, fort emlJ ellTassé, Il sayait pal' 01'1
CO tnlll CIH'{'I' so n di sco urs, 111 qurlH t Cl'ln cs
cm ployer pOlll' êlt' P l'suas ir ; 11I\a lllll oin s, sc
l' ndn.nl ail désir d Mal' ,l, il s'appl'o ,h a de la
j e un e fill e,
20
�230
III STOlnE D'
' 1I0NNihE GAnçON
On priait ju tement 10 futur d60uLant de
faire en londl'e a m 'Iodi e; iJ mbla à J un que
c' "lail là uno enlrée en muti\ l'o qu'il ne fall ait
pas n ~ g li ge r.
« Qu Ile voix charma nt! n'os t-c pas, mi ss
Da isy ?
- Chal'man le, 0 11 ofTrt, r"!)o llrlil la p lile
An O'l ais , ans flnuld nlh oll sius rn .
- Pour moi , .i YOU S ,\Vou fIu j n m'y
co nn ais g ut·I'('; Inais iL pal'aît qll Mal" 1. a un
Lalcnl ri s plu s l' lIlal'qll uIJ1(·s.. .
-
Il jlal'aH.
- .. . Pl qu ' il ('sL f]1I f's li o l pOUl' lui d' lin onga'e nw ill Lrès ltyanla" 'cux ,
Oui , j e sais. »
d'po ll ses larolliq 'lf's n' "Iaic' nl g llt' l'n
ell('OUl'a"'f',lIIl cs Pl .I l'a n sc sf'nliL d{·co nIPllall('('.,
-
C(,S
«
Si j o no vais t[l'oil aIL bul , 11 ' ll sa-t-il , jo
Il 'al'l'in'rai pas. »
La j l' Ull \ fill o, ron linu ôtnl HO n pplil IIlt"ll ag ,
po sa it sU\' la nnpp Uil ca l'aron de l'lllill).
« Mi ss Daisy, dit l 'ambassadell l' qui S'U l'Ill:t
dl' l (l lil son (,O lll'arrl', j 'a i IIlID ('Olllll1l1 l1i('nli oll
[ l'('S st" l'ipu s(' il \'(HI S rai 1'(' de l a pal'l cie IIlDn
am i .. , ]kpu is bi en lon gl('mps dt",FI , dt'p"i s qll ' il
,ou s a \' 111' pOUl' ln pI'Plllit',l'p fois, Jal'('c l \'(IIIS
aim f' , qUOiqll'
VOliS
ny('z
l'ail' dl' no pas Jo
�A liT/ STe
ou
1I0llLOG EIl
23 1
croiro; el son , oub aill o plu s chor est quo vo us
doy niez un jouI' sa fomm o, »
Daisy no parul nuUom nt surpriso , É\'id mm nt, dès l s promi or mols d J ean, 110 Jo
voyail yenir, ol a\'ilil pr é Jl ~ r é sa réponse, Elle
r't1.
r ~ la
l, piaillant dans les yo ux du j Uil O
homm Ull regal'd bi (' n droit, Li en résolu , ll'anquill emenl, (JlloicJlI'cllc fùt un pell pùlc, cli c
l' "pondit av c ce I('g ' 1' a 'ce nl qui la r ndail i
sédui sallte :
« MOll Riour Hal'i\' 1, j e n'épow,o l'a i j amais
un a 'LCUI', Ili Ull cltanlcuJ', ni pOI'SO lill e cl ' '0::)
111 "li ' l's-Ià ,
- Pourquoi ? mi ss Daisy, cl ' manda .J oan CJuo
c ' lle calm fl'(lJl 'lri so déco ll cP l'lait.
- Parc' (lu o jen'aill1 pas" " \'oilàpourquoi.
- l ~ l(, s-yo
l S bi cil SÙI' ql! (' so it lit voir
dCl'I1i('l' moL? inl l'I'Ocr 'il l j UII O homm e, ayoc
un so urir de douLe.
- Oh! ll' I.s, très seri' . »
El afin d(' bi ' 11 mal'qu r qu o Loul insi lan c
sera it inutilr, f ignant d'a\'o il' oubli(' qu ·Iql!
ol)jC'l, la j ' un fill e di sparut ùan ' la sali à
Il1 lUI"I'I',
Tout on chantanL Ra ml·lodi e, ~Iar('
1 ayait
sui\'i I(' R p{'rip "Ii('s d · C' [1C'tit dl'nll1r, pt il
pantissllll forl P'u ru '::) ur '· SU l' l'ac ' U '11 fait à sa
�232
111 l'OillE D ' N HO NNÊTE GARÇON
demande . L a demière note il peine envolée , il
s'approcha de on ami .
(1 h h bi en? » cl manda- l-il avec une vivacilé
anxi use.
J ean JI ' ut pas le cOUl'age d'arlicul et' le refu s
qn'il v nait d' ssuyel' i mais il ut un ge le
éloquenl qu e Marc 1 omrril Loul de suile.
« C'es l bi n ... , all ons-nous-en, dil-ill es d nls
s rré('·.
- Mai s ... , es aya ùe pro les ter son ami.
- Vile ... , vile ... ; vi ens. »
El , sa ns aull'(' 111 nl sc so u ·j l' Ù s convenances, 1 s d ux jeun es g os di sparuI'. nt, négligeanl de prendre conn-().
« Al ors, Il a dil non? d mand a Mar el
qu and il s fur nl dans la ru e.
- Hélas !
- .T l'a vais dev iné à volt' mimiqu .. . Mainl(' nanl , jr sais (' c qni m rrs l à fair .
- V OyO Il S, \'oyo ll s l) fi l, d'lin l n apaisallt , .T('un
qui , pour plu s dcs ~ ('tli
., prill e bras d so n ami.
«
on, n'n ie' pas l)(' ur ... .T n vais pas ail r
ln
jrlC' 1' à III .'(' ill ' du haut d'un pont, so is
lranquill e; j'ai mi r ux qu c ' ·Ia t\ fair ... : i ma
vi c sl jl(' rdu c, je y lI X au moin s qu ma mOl't
sC' l'\'e aux aulres l laisse des r 'gr ls tl e ll e
qui n s ru la '<l US •
�233
Arl1ï ST E OU H ORLOGE R
-
Quel enfantill age !
_ Tu parles d'enfantill age quand mon âme
'"
• J o n'ôpou sorn i jamais un actour, •
est bl,isée .. . .J un, d ~s demai ll . jevais ln .c lIl>ager
dans les. pahi s ... ; je demand erai il èLl'e diri rro
dans le S udOrannis olt l 'o n co mbaLLous le jours.
20,
�234
III
TomE
D 'UN HONNÊTE GAn çON
Partoul où il y aura un dange r, on sera sûr de
me yoir ... ; ct puis le cos lum e est LI'ès beau·...
- Mon pauvre Marcel! mai s c'est de la folie
pur ... II ur us ment qu e les bu l'eaux de recrulemenl ne sont pas ouverls il c Lle heure-ci et
qu , J'j ci demain, les id ées auronl le temps de
chan'" 1' .
- N'in isle pas, J ean, je l'en prie ... , lu ne
me comprend s pas .
- • i, je t co mpl'cnùs lrès bi n. J'adm ts
parrait m nl qu e lu 6prOllyeS un grand chagrin,
uno prorond e d ~c plion ... , mais, enfin, il y a
remède à 10u L
- J yottdcni bi n savo ir flu el l'cm '> de lu
trOllY s ù ma situ ation ? intol'l'ogea l\1ar' el av c
unD am(\ro ironi e.
- Un r mèd très simpl l qui ost il la
porl{le ... Daisy a l' fu s ", non' pa loi , Mnl' 1
BOIle!Hl,l'(l , mais un actcIn', un chantcw' ou tOlite
1JCrsollllC de ccs métiers-là, C so nt là ses propr S
xprC'ss ion s. HOll o/lr e à c s métiers-lü, el tu a
'ban ce d'\ll'e nc 'epl ~ par' 0110.
- N lo moqu o pas d moi , Jean, l ' mom lit
semil mul choisi. (luand on uim \ qu lqu 'un ,
on aimo lu i lnon la prof ss ion qu'il x l ' C...
On l'aim o artiste, ambassau ur ou mal' 'hauù
<l'habils ...
�ARTI STE OU T10RLOGER
235
- Mais c'est une grave erreur: la profess ion
fait beaucoup, au contraire ... Ainsi, moi , je
t'assure que pour rien au monde, je n'épouserais une actrice.
- Pourquoi?
- Parce que, SI Je me marie, c'est aOn
d'avoir un inlél'ieur lranquille, que ma femme
pui sse dil'iger à loisir.
POUl' un e fe mm e, passe ... ; mai s pour un
homm e qu e ses occupations appellent généralemenl au dehors, qu'importc?
- Il importe énorm émenl ; el si tu étais de
sang-fr oid , tu senlis le premiel' cl en convenir.
II y a cl s femm es, cl Daisy me paraît de
celles-là, qui préfèrent 1\ une vic brillante,
un vio slabl e et réguli ère imposs ibl e de
m nel' av c un artisle, puisque le !Jasard
d s ellgagemenls pout l'ap peler aujourd'hui à
Vi nu o, (1 main iL Saint-Pélers bourg ou plus
loin ncol'e.))
Mal'ccl l'os la un mom elll sil encieux.
(( Comment veux-tu, en Lout. cas, que sans
motif nppal'enL, je 1'0mpo après les pOli l'parlers
qui ont cu li eu? M. HOllilUd ol n se l'ail profond "ment IJI ss6, et. il tlUl'ait. rni so n.
- Dame! c' sl Li. loi do voi l' si le chanl le
li nt. plus ilU croUt' flue Dai sy . »
�23 6
III To rnE O'VN J1 0 ~
N I~ T E
GAn ç ON
L es j un es g ns mur 'h èrent qu lque Lemps
uns mot dire. M a l' ~ cI "purai . . a il ah ol'h é n do
profondes r ~ [l xi ons; t J an, se nlanl qu'il so
Jivl'Uit en lui un co mb at déc isir, 10 la is a it il ses
id "rs, s(lél'unl enco re qu e les choses tournera ient s 10 11 ses pl'Opl" cl '·s il's.
« Bah 1 fit ~l a l'( (· 1 "IH'ès un e long u pilU 'e, si
Da isy l' ru se d' ' pOll S<'I' lin a rli sLe, à plu s fOl'lo
ra iso n l'c fu sc ra-l- ,Il e d' pousc r un ou vrj er.
- QU'Il sa is-lu ? »
El , :10 111' pt/r! r l' lin co up séri ux a ux 1)( ~s iLa
li ons d(' SO li a l ~ li , J "a: 1 lui raco nLa e \ qui s' "La il
passé da ll s la j OUJ'/1 ',c, la propos ition dOllt il
(lY::tÏl élé J' o bj '1, 1 s cs pél'an "s rl'I 'il uvait.
rOlld ', s SUI' lui , 1" hnnTin qll 'il ' prouva it il.
lui vo ir a IJand onnc r un ' pl'of 'ssion qll ' il s
('x)
J'( ~a i Il t 'nI) ' 111 1; 10
t qui cnt/'clenail leul'
a mil iô.
Le d('srs pé' l'll anl it d'ahol'fI ~cou
l é aype lIn e
sllpn' m in clifl'{·/, ne ; mais, il II1 CS Ul'e qu e les
pl ans de so n ('a marad e s M' /'oul a ient, so n
ail l' illi on s'(· ,'pill a il , 1. , Il ' lit il jl ,til, il en yint
il di s('ulel' il VC(' .J ea n le pour t 1 (,o llll'l' d, la
situ a li on. T(\u llfl)oin s, il 11 0 sc l' ' ndiL ni tout de
l'l uil e ni ('o lllpl èl l11 f' nl.
(c C'esl ('ra l, l'L' I1 ''(',IIil-il , ('('[le vi d'nl'li slr ('st
uull' '1111'Ill "(tri \ " (lut,. 'Ill ont illl"/' 'Bsant ' qu o
�ARTI TE 0
lIORLOGER
237
_a vio plale t banalo qu e nou s monons Lous
deux, nou ot hi n d'aull'es .
- EH cessera d'êtro plalo el banale, ] jour
où il nous sera pormi s de volor de no. propr s
ail s (' l d ll'ayaill or iL noll'e °ui.'o. i lu sava is
co qu'i l ya il fairo dans l'horlog l'i ,le ll e clu'ello
ex isl aujourù' hui ... ! 1 s amé li omli on., 1 s
inn ovalion mêm qu ' n p ul y nppo l'lr r ...
d aili menl; mais c n'osl touj ours qu o
la vi hou l''''' ois.
- Eh! la yio d'arlist ('sl-c ll e si nyinhlo,
n xilm in anll o fond tirs chose ... ? .re ne pal'le
pas drs mrsquinrs jalollsies, cl s tracasserios
SO lll'l1 oise allxqu r ll cs III sr l'as n hlille, ni des
illqlli {, tU fl<'s, ni d s Mhoirri'l qlli t'a!lcnd nl
fOl'c énH'nl ; lout cr Ia, ("est la mcnu e monn aie
du ml'Licl', t j o dout ctu 1 s qnelrju s suc 'ès
d'amOIl I'-pI'O pl' que Lu pOlll'I'I\S r'{" olt cl' y
appol'lrnt lin C mpcnsaLi on suffi sanL ... ~ I ai'l
la yoix ... 1 ta vo ix Cjlli srra deve nu Lon uniqu
mo y n <l'('x isLr n r ... fI lI oi ri plu s fl'ugil , d ismoi ... ! Il a{" irl nl, un malndir, 1111 ri en
1H'1I\'('n llc III fai re pOl'dl'c ... Est-ce qn ,ù chaquc
in slanL, lrs j ou l'Ilaux ne nou s d "voil nl pas
]' "ttll lI1is('ra hl e d'al'li stcs qlli , pOlir IIn(' raison
011 p 0 1l1' lin
allll'e, l11p('cll "s ri poursuivI'
1 Ut' 'lll'l'i\ l'e, s ll'ouvent r "duir:'i il lin xlr mo
�238
III STOIn E D ' UN HONNÊTE GAR ÇON
pauYl'eté ... ? El-ce qu ton proresseurlui-même,
qui - lu me J'a, r épété c nt fois - a été Uil
des barytons 1 s plus go ûtés de l' Op "ra, n'a pas
été co nlraint de renoncer au Lh éùLre à cause
d'un nrouemenL que nul moyen médi cal n'a pu
"n in cr Lou Là fail. .. ? E nco re lui , mu sici Il conso mm é, a-L-il cu la l' ssourc du proresso ral,
r SSO UI'C qu e lu Il 'aurais pas, loi, locas Ic hôanl.
- .Je sais, j e sa is, ll1urllllll'U d' un ail' Ilnu yé
Mar '01, CJui sembl ail sui vI' un e aulr(' id " .
Crois-lu (jll '::l.va nl d ' prPIHlr un e <I N rmin ali on, j n" 11 ai pas p s'· les co nséqu ences
poss ibl es ... ? Le louL 's L, lll ainLenalll, cl savo ir
ce C]l1 pense Daisy .. . lt 'o ut , J ('t1.ll, j Il P ux
pas r si ' l' plu s Jonnl mps dans J'in ce rlilud(' .. .
Qu el! ' hcure ('sl- il. .. ? On z heurrs ' L demi e .. .
H(, 1l1o nl ons ch z so n oncl e; nous J IrOU" eroll s
' IH'O r ' ... n Il so rld e chez lui Cju plu s lard ...
Vi pll s. "
.1 0an, qu e la fH'v r n'empê huil pns de !'aiso nn r , su disa it Jlien fju ' ' tt J'Ill!"" Inrdi,'c
upn\s Ull d('pnrl in ex pliqu é pal'aHruil 'C' I'lnin n1(' nl (~ I 'a n ge . fais, lui auss i, l'n 'ni1 Il ,He ri e ,'oir
ln qU Ni li oll lranehéo; il sui vit Ma!" 1 sa li S fairr
d '0 bsp l'val ion s.
Ch ('z M. H nlt ud ol, a près avo ir clHtnl{o (' l fail
cl ' la IllUSiqll ,on sc reposait n Ctt usanl. Le
�AfiTi tE OU I10HLOGEn
230
rocour des deux amis fut accue illi avec un certain étonnement, mais on ne s'attarda pas
néanmoin à de longues exp licalion s; et Daisy
vint Om'll' un e la se de lh ~ aux jeunes genfi,
san qu'il fùt possibl de cl villel' si ell e se
doulail, ou non, êlre pour qu l(lue cho dan s
ces all ées l venu s inlempesLives.
Lcs drrni 1'5 invilés parli s, le prof sse u!'
s'nppl'o('i1a de ,0 11 ',("ve, qui ne paraissait pas
di spos ~ à quiLLer la pla .
« Ah ~tl!
Bou chard, Lui dit-il sans préamhul ,
Il) 'px pliqu ' 1' Z-\'OUS c (lui VOllS a pris de fil r l'
cornille lIll m "L ;ol'e, silôl voLl'e morceau 'hnnL;,
pui s de l'C \'(, llil' deux I )(~ul',
npl'i~
sans (Ti<'1'
[Jure... '? Vo yo ns, vouu Il'avez pas voll" fi oul'o
ol't lill ail'(, .. , qu e sc passr-l-il don c 'l »
Mal" 1 était '11111, a voix ll'emblait, mais il
n'hésila pas un sPlii in slant ft n'·pondl'c.
« ~IOl
S i o l'
!l(·lw.ud ol, rnal
g l' ~ loulle Msil' (lu e
j'aul'ais ('li do \'()IIS fail'c honn eur , j 111 VOIS
dan s l 'o hli
~a lion
cl r non r ft un c:1.I'l'ièl'
'lui m'nUirait t dan laqu Il VOIl S mc pl'{'di sirz
le 511('('("5 ... »
Dai sy Il.\'ait pl'i s IIn e p lite s(,l'\'irll à 1I ~ pt'
S'l' Il sP I'\'it p01l1' fl'oLl l' "I1(,l'gi(llH'lJlont Je ('011Y(' ITI" d'ull sIICl'icl' dont!' ~c l al n laissait ccp nelantl'i'l1 il d('sil'('I'.
�240
III TOIRE D'UN 10~Nf:TE
GARÇO~
« Voyon s, Bouchard, int ITogea le professe ur, moil
~
inquiet, moili ' in cl' "dul e, c'est
séri eux ", ? Car, av c vous, 011 ne sait jamais !
- C'est tr \s sé rieux,
- Ella raiso n, j e vou s pl'i ?
- MOll sieul' n naudot, j'aim e profond ément
une jC'ulle (ill e" , 'TI
lei , Dai sy, ahandonnnnt Ir sucrier, 'aLlaq ua
il un polit pl at au qui fut trail~
plu s Yin'OLll'eUSC IIH'nt c nCO I'C',
« .Ju sq\l 'ici, je Jl e vois pas",
- 01' , C Lle jl' ull e fill e l' fU R al "g l'ifJuem III d'(' pou sC' 1' Ull al'Iisle,
- Eh bi en! dOllc , 011 ('n (\pous un ault" ",!
EII voili't \Ill e pelile pilllh('e he! »
,' i J\liu"("C'1 ava it lOIlI'Il{' l 's ye ux (111 r(j[{o do
sa bicn -a iIlH"I', il ail l'ail , ' II qll C, pl'l' ll alll pou r
l'III' l'a pos lropil l', r llP l'emuail la 1(' le d'ull ail'
on'I'n s,',; Ill ais, d('pu is II' COIlIIllf'Il"rl1lf'lIl dl' SO li
di sco urs, fal'cel ('r ilni!. dp J"(' (ra rd l' l' Daisy.
QUilnl il .J eil ll, C'n d,"pil de sC's propl'f'S illqni \IIIIIPS, f'I dp l'il1ll'rN qu 'il pl'C'n ail a u d"'ba l, il
JlC' r('pl'illlait (l'l 'avec pl'ill' \Ill e riol cllle rllyio
d('I'il'(',
« Pilllh(\(' he ou 1l01l , J'( ~ pondil
Milr('1'1 (l \ 'PC
1111 ('alllll voulu, j e met s son 'o nseJllell1 l' nL i.lUIl 'ss us de loul.
�AI1T! TE OU
1I0llLOGEH
- Mais qui est celte jeune pel' onne si difficile ... ? Je la connai ... ?
- Oh ! très bien.
- Elle s'appelle ... ?
- l\1i ss Dai sy . »
M. l1cnaudol Icva d'abord 1 s IJras avec
surpri se, pui s les croi sa av c furcul'.
« Dai sy ... ! C' sl pOUl' cc petil 'hifTon d
Dai sy qu e vou a bandonnrz un e ciuTii'l"r Oll vous
all nd nl des succès magnifiqu c .. ce rtain s .. . ;
la gloirr, Lout simplcm nl. »
r
l rc fut
1\larc(' 1 parul lin mom enl ~ hrnl
aYcc lIn e ' l'lain hésilalion dall s la "oix fju'il
l"'pondiL:
« Que vo ul ez-yo us .. . ? Mi ss Daisy ne "eul
pas ... !
- .Je me moqu c bi en drs you loi rs {lc mi ss
Dai sy .. . COl1lnwnl, [1rlilr malllf'ureuse, ·'es l
loi , qui , pOUl' un eapric in xp li ca lJlt', \"r1.S priyer l'a r!, cl'un préci lI X inl l'prèLe ... Ti ens so rs
d'ici, ("(11' je rmind l'ais do Il ' ' L1"e pas suffi samment maÎlre li , moi. »
Dai sy s' "Iail 1 v "0 pOlll' sc diri g'\' I' vers ln.
pOI'lr , 1\1:1.1'("('1 la sui,'it.
« Ayanl d!' so di!', miss Daisy, r{'pol1(kz-moi
sans dt'·loll rs ... Si j J' slai s cc Iju r jo sui s, simpl OUYl'i ' 1" do ln. maiso n Tré"lli ll y ...
'21
�24,2
IllSTOIllE n 'uN HONt'\ÊTE GARÇON
- Un ouvri er il. ving t francs par j our, crut
dcvo il' Pl'éciscr J ean,
- .. ' quc répondri ez-vous ù ma demand e? »
La j cun e fill e jeta à ,so n oncle un rogard dc
mali cieuse bravade, à Marcel un so uriro oncoul'o gçanL.
« J o réponrll'\li s oui, monsi ur Boucha rfl. ))
Et, prcs temcnt, 0110 di spürul , pcnd ant qu c
le prore se ul' faisait qu elques pas derl'i èrc cil,
eomlll c P O III' la pOlll'suivrc, et fpl C Ma l' c l l'CStait ubilll é de IJO Il!r r ul',
« Vo yon s, dit M, U.cJl lwdot cn sc l'ass ya nt ,
mainl cnillll qll c ' Lle pel.itc fill ' es t p:.l1'li e, Il Oll S
a ll olHI pou yoil' 'cUlse l' rai so llll a hl clll ollt. Cc sont
des ptll'ol rs n l'a il' qu e tOllt ce la?
.. .l'a i Ir rcgrct do ,'Ous di l'r, monsicul' Hcntl.udol, r "pondil l , j ull e homJl1 e donl ]rs )' ll X
l'il)'olln aicJlI , ([Il e c'est a u ('o nlra il'o 1 ['olHI de
ma pons "c , Cl'oycz (l'a ill r ll\'s qu o je ne \'r nol1 (,o
pas sans Uil g l'os cr ' \'o-('œ lll' li. url r ('ve qu e j o
e:ln' ssais dcplli s longl mps .. ,
- ht pOllrqu oi di ahl y l'cnonCeZ-VO Ll s .. , ?
MOll sir ul' fI:lI 'ivo l, vou s qlli a vrz de l' ildlu t' Il G<'
S III' ,'o ll'e a mi , fa ites-Illi cl1l<' lIdl'e l'niso ll. .. lill c
l'alli. pas qu ' il sa(' rill c so n a ,'(' Il il' :l 1111 ca pri ce
qui Il{) Illi lai'lsr ra qu e drs l' M' l'r ts . Sa li s dOlltc:,
Daisy rs t tlll ll'ès g'cntill ' p 'lite fill \', qu oiqll c
�ARTI STE O U HORLOG ER
24-3
je vi enne de la tarabu ster un peu, mais c'es t une
gamine, qui peut très bien changer d'idée . Bouchard a re temps de se mettre en ménage , il
H ontLudot cl'oisa l os bras av oc fur our,
me semLle ... av c Daisy ou avec un e autre. »
L l'lallvr professeur Mail bi en avi s6 de
s'adresser à J ea n. Sans so vanl l' du sermon en
trois points qu'il avait adl'ess6 à son ami pour
�244
JI(
TOIl1 E
n'
N 1! 0~
:'iI ~TE
GA
H ÇO
~
le détoul'l1 l' des s y 11 '·ilé al'li liqu cs, le j une
homm r "pondil hypoc l'il menl :
« Qu e Mar cl sui ve son in pirali on l s s
go lil. . J e s rais désolé qu'il nt plu s lard des
r epr'o he' il me fair.
- li n'aura de r proches il fair il p l',o nn e
s' il éc ut 111 S on, il s...
on su cès sl
:.Iss ur '.... ; qu e cli s-j e, so n su 'cè: ... ,on lri OI11 ph e ... Vous n'av z pas r ail' de \'OUS dou ler qu'il
possède LlIl tal nl loul it l'ail hol's pail' ; la
voix st d' un e pUI' ll\ d'un fmÎ 'h ' u!', d'un e
SO li pl 'sse i no uïes ... ; Pl d'un ch ill'll1 C si p "n élm nl,
si sympathiqll ... ! La 111 ', th ode sl x '(' Il ente,
],i (' n !Ju'il n'n il traya ill ~ C]U II'('S p(' u cl d'un e
faço n inl(, l'lllill nl... on, mon. i(, 1I1' lIa l'i\'el,
j n cl'ois IHl!; <JlI , li pui s JO li l'I'i l, 0 11 ail
('h ant '.• chulH' l'l cO lllm lui. 11 . l ftl(' h II x qll ' il
n'nil pas co mm ne", j eun , d('s "ludes lh Mlml rs : it rÜp "l'a, il l'Il élé U/1 l ' nol' san s
rival .. . Enfin , j 1 r('pèl , 'c lle al'l'I're
mOl'l-née sI, lIll Y" l'ilabl e p rl pour f nrl ; cl,
a pr \s 1 co ncc rl de dill1 anc h (' /1 huil, j(' n s l'ai
pas s ul it J d "pl ol' l' ... Vous (' halll l' 7. , au
moin s, li. c ca ne ri ... ?
(' l'I ain ' 111('nl, l1lon si(' II' n(' naurl ol, dimanch e ct loul('!; Ips fois qu e " ous 1(' désil' l' z.•J' n
s rai a u conll'ait' tr 'os Il ur ux . »
�245
AIITI. TE OU 1I0flLOG Eil
10 pr lfossou1' n' avail pas ]a Losso de la
combalivité : il so contonta mom nlan "m nt do
collo prom o so , ay c l'espoi r inlimo qu'un promi l' succès s l' vimit d'appât à son éJèv ,ol quo
los 'hoses poul'l'aienl encore s'arrangel'.
Quant il J ean, s'il se s nlail un pell plu stranquill , il étail loin d'êlre C0l11 11 èt menl rassuré. 11 d vinait qu e Ja Inu siqu o ell 'horl ogel'io
s livmi ent, dans la 1\le do Marc l, un l .rl'ilJle
combat. Lequel cl s deux aura il J'avanla"o ... ?
Nul n pouvait Jo prévo it', Il 1I1' us m nt quo
du 'ôté do l'h orl og de , il y ava il Dai y.
21.
�Cl1APITI1E XXIII
Df:SESP ÉIlANCB
L 'hol'l ogeri e lri omph a, prohabl emenl '''l'âee il
Daisy, ,'l laqu ell e J'aJl vO ll a d 'os lors un w JLe
de sy mpalhiqu e reco nn aissa nce . IL arri yu il bi ell
do temp s C il lemps qu e .Marce l, np rès un
SlI CC('S CO llllll O il en l'cmp ort ail chnfJ uc rois
qu ' il He raisn il enlendl'û, res tail un []('I I lri sle
a u sO ll yr nil' dr sa e(ll'l'i èl' si lM dôlaiss é'; mais
un so uril'e r ncou ragrlllll de Daisy, UI1 0 ph l'lliiC
de sa vo ix nill l(\e qlli r Ol1 sr rva illlll jo li nec nl :
( Qu and jc sr l'fl l vo ll'() rf' mlll O, Marcol. .. » cl isii ipll ii loul de suilo c I{'ge l' lIu agc.
POII I' rllil'f' di\ ' C I '~ i o n , il s'é lnil, j h; ù. co rps
prrdtl dans le ll':lyail ; cl. mi H Il ' "id cll(' e pa l'
J ean, (l onl l'au lol'il \ S'Uffil'll1 Uil hUfJlI j our, il
�nÉsE
pènAr\CE
24i
prenait tout doucement la têle de la mai so n.
Du res le, intelligent, plein d'idées neuves et
originales, il rendait des services in co n tes lés ;
et le patron lui-même qui , jadis, tout en r 11danl j uslice il. so n incroya ble habileté de mai n,
l con idérait co mme un ouvl'ier peu a siuu,
revenait fmn chem nt sur so n comple et s'accoutumait à voir en lui le l'ulUl' associé de
Jean .
Le lemps des fian çailles impo é d'un co mmun ac onl pal' J s familles allail pl' ndr fin:
dan s cl ux moi s, Marc l serail le mari de Daisy,
t jamai le bmv gal'(.;on n' wa il paru ij oy ux,
si sa lisfail de viVI" . Il 'ssayail (l e 'onvel'lir SO li
ami ft d('s 1 nd anr s malrimoni al s .
« J an, presse-loi un peu de faire ton choi x,
f)u nous nous mariions n m 'me l mps : ce
s(' mil i ''"('nlil. .. 1 Vo yo ns, quand nous prés nt(' ras-lu la Dais!/?
- ,Ir n'ai pas d Dai sy, n'pondait 1 j un'
hOll1l11 o av c un soupil' de lJ'i l regl'cl.
n n a lOUjOUl'S un , pronon çait . cnlenci u rmrnl Marr I. .. B ulemenl, ('1\r s no 111 III
f(U C\(JlI foi s Il{·g in c. »
.Tran n'ayouail pas, mai s s s jou s qui sc
colorai nl, ses cux qui s mouillai nl r"pondaienl pour Lui.
�248
IIlSTOlfiE D'U N I1 0N
~TE
GAn ç ON
Hélas ! tous ses rêyes , tous ses vœux le portêr nt vers Hégine, mais l'élan ùe son cœur ne
monlait pa jusqu'à ses lèvr s ; il cachait son
secl' l, t n oufT't'ail d'autant plus.
Cal' le pauvl'e J ail était pl'o fonù émont malh lit' lI X à l'i(] ;e quo ce LLe aim able nll e apparli endl'ait bi nlôt il Ull autr .
Chaqu dim anche, M, et Mmo Deshètr s r 0
vai nt queleJlI s intim es. J an, qui avait s s
'"' l'and es t s peliLes nlf "CS dans la maiso n,
n'aurait pOlir ri n aIL monù e mallqu é une seul de
, s l't!c pli ons; l r pr ndanl eU étai nl pour
lui IIn e ,0 111" ùe to rlllres.
a it hi n
Dan tout j un e hOll1m qui ~e mbl
aC(' 1I .illi pal' la famill e, il voyait un fl all c ",
))ans la pill'ase la pill s banale, la plu s indirr ',1'(' 111 , il dé' ou\' rait IIne allu sion il un mari ag
pl'OC hain ; rl il n a "ait pOUl' Il Il it jours à pl'OIII (' 11 (' l' fio n ('œ lll'
n lH' in e, Pui s la se main sc
passait , sans qu (' 1('8 projets auxqu Is il Iwail
(' l'II , pl'i s8<' llt ('o nsislancc .. , ; il se rom llail ù.
('S p{' I'(, l' .. , Pl sa vie se passait duns ' s ait 'l'I1 aLi \,(~8
d'ango isse 1 dl' dt" li vrane ,
Poul' l1.n1 l'tlge vr nail : Il "gi n avait "iuot ans
pass "s ; dans so n nlourag, on s' ~ t o n u il d la
vo il' impit yahl ' m nt l'du s(' )' lOti S I('s pa1'lis,
sall s duigll ' 1' pl' sCJu donll l' li , raiso ns, Les
�nÉsEs rÉnANCE
24 \l
prétendants, à moitié sùrs d'ê tre évin cés, ne se
présentaient plus qu 'e n lr'emblunt.
Elle était cepend ant bi en attrayante Mil o Régin e. Au physique, ses traits n'o fTmient peutêLre pas to ute la régularité, toule la pe/'fection
dés ir'abl es, mais son Leint ébloui ssant, de joli s
ye ux bl li foncé, une ho nche très fraîche eLde
mi O'nonn s oreill s, ni chées da ns un TIll age de
houcles légè res, permeltaient do la qu alif.i er de
charm ant. Un regard afTecltl eux cLinL lligent,
un sou ri/'e gai, des mouY ments aisés ct gmcieux, cl s formes harm oni eusem nl dév lop.
pécs, co mpl ' Laient cet enscmhle fort ng réabl e.
Mais ' fJui par-dess us tOllt la faisa it nim er,
c'é tait so n adora ble ca r'ac tô/'e : av lI allt avec
Lous, ne p/'ononçanl jamai.s une pa/'ole déso hligeante, Lrouva nt touj ou rs ct sans rror'L le mot
aim abl il dire il cbac un , Il e avait 1 nn , joun o
DI! , l s promesses de r nfanl déjà honne ct
pitoyabl all X malheUl'ell x.
Comm enl s'éto nn er fin le pauvl'e .J an l'aimù!; de tou lo son Ilme, el vécÎll perpélu ell ement
dans la crainl o lancin anl de la Il J'circ !
Qllant ù la demand er à SCfl p:trcnls, c'!\ lait
un Il nsé aud acieuse qu ' il n'ava ilj arn ais ue.
M. l Mmo D shèlr s tcmoirrnaient il Joan la
plu s art ctucufle co nsi lél'ati ou ; Bégine laissa it
�2:;0
IlI STOInE D'U;>! lO~'iÈTE
GAnçON
naïvement VOit, la sympalhie qu'ell e éprouvait
pout' lui ... , il ne s'en ll'ouvait pas encoul'agé :
il ne voyait pas. Il sc déses pérait sans cherchcr
s'il n'y aurait pasquclque remèd c il. son déscspoir.
Un dimanche soir, ]c jcunc homme, ass is
dan s un co in recul é du salon, rc""ardait Régillc
all er L v nir d l'un à l'autre, souri anl t
gra cieuse ommc Loujoul' . )[ ne pr lail nullc
aU nlion ' tu papoLag cl deux ou trois dames
plae les aupl'(\s dc lui ; n'anmoin s, ù la lonf"uc,
1 LOlll' de la conversation finit par 1 fl'app l'.
(( Alors, c' , t d "c idé cc marin n- ? dit ull e des
dames 11 fi xanL les y l1X SUI' Milo Desh lres .
- Toul il. fait: l, dîner d s fian çailles doiL
llvo ir li eu (' LI se illnilic
n ll'ès beau pa rli , d'aill eurs,
- •'Ilp l'be ; la famille du j'une Il omille esl
fort rich e.
- Ellui-m!!me occupe lIn e 'x 'c ll cnl situ ation: audiLeur ù ln Cour ti cs cOll1pL s ... )l
Elles dam 'S pa ssèl' nl SIU1 " tran silion ù Ull
null' sujcl, n'ayant nul so upço n, qu'ù les 11l ndl'e, un pau " l' , ur "enail de so mbrer.
TOlll la 50 il'(\ ,.Jean sc raidit conlre SO li 'haf'rin; el au cl Ipal't III ' Il1r, cc ful sans "molion
appar 'Ille (lU ' il adr 'ssa à H 'In i Il C d 'S 'om [1li-
�2ti l
DÉSESP ÉHAl'iCE
m ents auxqucls elle parut ne rien co mprendre.
Mais un e foi s r entl'é chez lui , l'amertum e de
".
Matl c mo i!icll o Hl'g lll r .
so n âme i1 l'] lO l'dn.; cl, sans mê me avo ir Je co u ~
rage dc s fi "sha bill cl' , il Ollfo ll ça la lè lc dans
�252
1Il TOInE D 'G~
HONNÊTE GAnçO:'<
son oreille l' et loule la nuit pleura à sanglots.
Le lendemain, pourtant, il e rendit à con
ll'Uyail omme de oulume, di . imulanl du
111 i ux qu'il pu t il. sa mère, ses yeux baUus par
l s lal'me et l'in so llll1i . Il ne fati gua poinll es
aul!' cl s s plainl
t n ch r ha que dan s
un lab ur plu U harn ', un enlTOu1'(1 i m nt il.
sa p in . P en dant le j ou r, il Yr ~us
il en parti j
mai s, 1 so ir v nu , fI\1 nd so n e. prit futlibre, 1
chagrill 1 r prit av c son int nsil6 pl' mi \ r .
'l'oule la sC' l11 aill sC' passa ain si, ('L I c1im an he
l' vint Il
lui apportant qu' un l'edo ubl emenL
d'allgo issC'.
11 so nO'eaiL Cju C jour-là, sans cl olll r, aurnit
li r \1 lI' dln r r (le fl an~
il <,s
d H{'gin r j qu ' ,II se
\'("jollirnil, f(\ll'C', cho)'(;C', pcn(lanl ([li lui pl ul'NuiL SC'ltl el sa ns conso laLi on.
Dan s la malin ('r, les BOllehal'rl yinl' nI pOUl'
1(' ('\1('I'('hrl'. 11 l'aisai l un lrmps mngn ifif(u , un e
Il ,I\(' gr l{'e clair qui invilail ù la pl'o m(' narl e j
011 irail à pi l'd ù Asnir'r('s r i on f(,I'nil un IO\l),
de •'( ill e dall s la yol<, fJlli sr rOllilJaiL:'l II r pl\1
s(' l'\·il' . ., 'an l'('fusn, mais ayre lin ni" si 111 0. 1IH' lIl'rllX (JIll' ~Ial'
cl lui pl'oposa Rpo nl nn "m nt
dl' rClloll "rù l" x ul'sion eLd e rest ruupl'è ' do
lui.
�1
.JNU I
\'('LlJmha. dans sa tOl'pt'lIl"
�2:;4
HISTOInE n 'UN HONNÊTE GAnçON
Le pauvre garço n prit les mains de son camarade t les serra pOUl' le remercier de so n d6vouem nt.
« Non, sup pliu-t-il, lais e-moi seul, je t'en
pl'i . J 'ai besoin d' Lre se ul... Si Lu savais cc
qu e je l' foulo de lal'lnes depuis huit JOUl's. »
Mal' cl n'insisLa pas . 'l'ouLe la s main , il
avait l'ornurqu 6 l'air abaltu de son ami ; t, plusieurs fois môn ,:n'ait essay' cl provoquer d s
cOllfid li ces aux(!ucll Il J eull s' lail d6I'ob' . ans
Il pl' ndre de l'hum lIr, il s'amig ait crp ndallt
de J voil' gard r pOUl' lui s ul un Se(T ,t dont
l, poid s l' "lou!l'ail. Av c une synlpalhiqu o
6ll' 'inte qui fit, au d "5 sr ér6, plus do hi en <]11 0
n' illlp0l'i fJu 1 di s 'O UI'S, larcrl prit co ng.., 0SI> \rant qu' un mom nt r vi ndrnil Oll .Jeun, de
lui-m' me, livl'el'ait son p ' nihl sr 'l' l.
A lors, J cau l' tom ha dans sa LOl'peul' cl l' sla
si obslin "m 'Ill silencieux qu o sa m' r n prit d
J'inCilli 'Lud ,
6 av c l s Bou chal'd,
« Poul'quoi Il'as-lu r as 6L
mon Tout-P lit? sc hus!tl'da- t- Il à lui d manU l' ; il fait si beau! »
.J UII l' mua n('gn ti vc m lit Ju l ' t sans desse rrer 1 s li'\'1' S; ct Eug" lli r, ne vo ul allt pus
lui 'nus l' LIll e fnti "'lI inutil e, n l'e ' ln là pOU l'
le mom nl. "unrnoin , \1 onlinuait il ch('I'-
�D ~sEPÉ
n A
CE
25'0
cher dans son esprit, de quelle manière elle arri ve rait il forcer Jean il prendre un peu de distrac tion, et, après le déjeun er, auquel il ne
toucha guère, ell e revint ù la harge .
« i tu allais t'informer ùe Mm" Th ourger qui
soufrre do ses rl ~ ul1 at i s m es,
lIe serait contente
J e le vo ir. »
Aulant po ur faire plaisir il sa mèl"O que pour
év it r lou le di scussion, J ean se mit n devo ir
d 'habiller. Quand il fut prêt, Mmo Hal'ivel
r mill'qll il qu 'il so d ait en vesLo n : c'es t donc
qu' il n'avait pas j'in te nli oll de passer la soirée
chez M. Des !t ôtr s.
E Ue s doutail bi en 'luo Régine était po ur
qu elqu e 'h o e dans ce t ahaLLem nt qui le tOUI'mr nlait: Ilo voyai t si claie dans le cœur de son
nrant!
�CHAPITRE XX LV
L A V.I E .EST n ON 1..:
Lcs Th ourg r 6lai nl l'ctil'és des affail'cR d ,pui s qu elqu cs 'l/l1l 6es dùj ,', (' l c'6 lail lll'linl cnn.nL
C \Iin r qui Ll'ônaiL il C 'nd1'i/loll. J an lrouva la
honn o dRill ' dans so n ll'tl ll (lUili c enLl'eso l du
boul 'vanl 'l agc nLa, I ·s lJl'<lS elr\ll1 o.ill ol.rs do
oll 11 Le, Tou L d , suiLe, M. Th ourg ' 1' 'lu' J'intli s[los ili o/l d(' l'in rCnllll ' l'f'lr nail. a il logis plu s
lIu ' il u'auraiL voulu,so /l gpa ,'l scdo nl1 J'd e l'ail'.
(( Pui Hque le peLit lI ul'i ve l 'st 1Li. pour lo Leui"
s()c i6l6.. .
- Oui , j'eIlLcllll s, illl nl'l'olllpiL sa pou pnlip/ll o
/1l oiLi '" lu vaH 'n jlrofil <' 1' pour all er ln li\'I'c r il
do savanL/:! cnmmlJolllg<'s . Tu as de la ·ll un · ,
lo i, de pouvo ir houg l' )P H bl"U,L l)
�LA VIE E T n O;'i NE
25 7
Et, apl'ès cl couds adi ux :
« Voyo ns, .Jean, dit la malade, qu oicl e neuf ? »
J an cs aya cl domin er so n chag rin p Olit' ne
point n imporluner 1 s autr s ; mais il ne
pouvait changer l'ex press ion de son visage qui
dénoll çait un e tri stesse navrante, un profond e
lass itudr . Milio Tb our'" l" ut vilo fait de s'en
ap r 'ev il'.
« J an, rlit- Il ,av c un art clll eux inlérêt, tu
as d la pr in .. . ? Ne di s pas non, in islü-t-ello
pour r ~ p o ndr e à un e mu Llo pl'ol stati on du
j un homm e, j Je vo is. II n faut pa gard r
ton chagl' in pour toi s ul , m n nfant, lu serais
trop maill elll'ell x. Qn tu n'a ill s paR I cri l' à
10llt vr nant, je 10 con ço is, mais à moi qui sui s
1011 ami ... »
A lors, tout Iloll ce mr nt, sans hru squ r r ]rs
cll osrs, no fOI'f;anl point 1 s onfld r n s, mai.
sa(' hant Irs pl'ovoqu l' , la bl'Uvc f mm ani "a
il. lui faire dil'c lout so n S('(, I' t.
« Aill si, dit-e ll e r l1 so uri ant fJll and Ir jr un e
homll1 c r ut fiui cl pal'I <, I' , vo ici un "'nrço n I]ui
Mscs pcl'r, r Lqlli n'a l'i r n fail p Olll' conjut' t' 10
mauvaiRsO l'l dont il s dit a 'CahI 6.
- Et qll 'a ura is-jr pl1 fair , gl'and ni r u ?
Tout sililpl m nI., d manll ' l" Il '.rr inc en
mun a"" .
�2ti8
III Tom E D'UN HO 'NÊTE GAn çON
- Mil ODeshêtres ... ! moi... !
- Mais cer tainement, Mil oDeshêLI'es ... , toi ...
Qu' y a-t-il de si xLraordin aire il cela ?
- Qua nd cc ne serait que l'énorm e différence
dp position qui exi Le nLI'e nou s ...
- En fill oi co nslsLe-L-eJl e donc c LLe différence? je ne la vo is pas si énorm e, moi...
Voyons, Jean, l'ai 'onn on, sé ri us m nL; Lu me
pamis avo ir un peu lu hedu e. La peLiLe Deshêlres esL d'un
xcell ' nl fall1ill , c'es Lvrai .. . ;
elle e. l la fill e cl' un al'li sl di slingu ", c'esL
neo r vl'ai. Mais so us 1 l'apport cl 1'11 0 110 ro.hiliLé, lu n'as l'i ell il nvi l' Ù Il l' onn .
- EL ln. fOI'Lun ... ! sa dol. .. !
- All ons, mon pauvr ami , Lu rêv s 10uL
-vr il) ' . . i, so us le ra ppol'l tl Jo. fOl'tun e, les
choses sont in (.gales, ,'sLd Lon cM' f)11 p neh la halanc . Til as des appoilll Ill r nts d
mini sll' ; tu 'S n r aSH d' oc 'lipOI' l'un d s
situ ali ons indu sLl'il' ll ('s les plu s II vill hl rs ... ;
fIlI O Lo fauL-il de plu s?»
.Jran (~,o lL a it l' ll'nn 'l'il ourgo l' do 10llLrs srs
ol'r ill os, il la ("('gal'd aiLd e lOll s srs yr ll x, f'SSllyU IlL
cl , plli s l' UII I)('u d' 's poir dans 1 'S oneo ul'lI g ,III '!lI s qu 'c li o lui pro diguait.
« EL plli s IU'gin
L" lilll e, ajouLu- L-' II' pour
cnl 'v ' 1' ln. situ ati oJl .
�LA VIE EST BONNE
259
- Qui vous l'a dil? demanda le jeune homme
en s ut'sautant.
- On ne me l' a pas dil, je l'ai vu.
- Vous l'avez vu ... , vou s l'avez vu ... , à
quoi? r prit Jean donlla poilri/le halelait.
- A rien de pl'écis, mai s il. un e foule de
cllOses ... A l' pèce d'inqui élude qui l'an-ile
quancllu n'cs pa ' là elqu 'e ll all nd la venu e ;
à la joie qui d ' borde de ses y ux quand Lu
alTives ... ; il la manière donl Ile pari de loi,
donl ell e pt'onon ce Lon nom , .. ; il la tt'isL ss qui
s' mpal' d'cl ic quand on évoqu e l'id ée d'un
mal'i an- poss ible pour toi ... C' sl un pUI' '/'i slaI qu e elle peli le; on 1il dan so n cœ ul'
comm dans un livl' OllV l'l, el il faul vl'aim nl, mon· pauvl' ami , que lu aies d s coqu illes
cI noix sur Irs y 'l/X ...
- Mai ' l'ol'Ï rri/l .. . ! le passé .. . t Hrg ine el
, a mère ', 1lI'o/ll-e ll e8 oullii el' j alllais flu ' la pl'emi(\1' fois qu' 11 '8 llI 'o nl ,'u, e' 's i so us l'a 'prd
d'l/n va rall o/lll .. . , d'un III ndi anl. .. ?
- Tais-loi, Jean, fil M ilio Th ol/I' rr el' ; ('l'oi s-lu
fJlI ee sO ll vr /lil'-là soil jama is U/l /Ilp \ '110Ill r nt. .. ? N \ 'o l11prcnd s- lu pas qu r, lé' /ll oin s
do III lull ' d 'ha(Ju j our , sac hanl d'o ll tu rs
pa rli cl Oll lu ('S (tiTi "(', l'ayant. loujollrs YU
sui\'l'(J la droil lign l'jans huller aux pi n es
�200
JJ[
TOInF. D'
1I0N
N I ~ TI'
: GARÇON
du hemin , I. rl Mme Drs hêlres ne peuve nt
fJu' avo il' un e ronrJ anc ab olli e dan s la conduil e ft venir ? Cc fJlI e lu ronsit! \ rr5 co mme
cl s obslacle. , j le l'rrra l'(le, moi, omm e aulanl
de chan cs n la fav ur. »
J ean l' spirai!. plu s lihr menl ; 1 s parol es d
sa vi ill e ami lui renfl ai nt un p Oli d'es poir.
~I a i s hi r ntùl, lout so mhl'a au sO llvenir de ln.
(' on \'(' 1'. ali on qu'il avait nt ndu le dim an ·ll e
pré (\ rl enl.
«
lI alld loul (' la se rail, r pril-il après lln
ill slalll dr sil r ll ('r, il rs l lrop lurd pour fJlI j'ro
proril r .. . E ll r va s lI1 ari 1· .. .
- 'l'li Il 'r l1 sa is ri oll .. . La nouvell e (lont lu
m'as parl (\ pr ul ll'ès hi r n sr rapp orl r r {L 1111 ('
alltl'r fju 'iL H{·g ill r .. . On rl'oil ('r qu 'o ll fll' sirf',
dil-o ll ; 011 (,l'Oil hi (' n Jllll s fa(' ilem r nl ('(' qll 'o n
l'C'doul (' . M'n>! J) ('s h ~ I '(,H ('s l V('lIu e 111(' yoil', il
:t !! (' II X j ours; s' il avait {'Ill qUI's li oll dl' Cjupl(I'JC
(' lI osr, jf' slli s s1'll'r qU 'l'li e m\' n aurait parlp. »
.I pall all ail r(' lolllhl' 1' dall s Sl'S jl(' l1 s{'cs :
Mmn Tholll'''(' r 1'(' 11 li ra 1111 )H' U hru sqll r nlf'l1l.
« Il faut L'adrC'ssr r nllX IH11'('lIl s dl' Il r"g ill f',
cl1t r n(hi- tll t 011 I1 r l'('s lr pas dall s ull e illl'('I'li111(1 (' auss i dOlll olll'(, us(, .
- Oui ... IH' ul-t'lI'C', rl' polldit '\'llsivC Ill III ) ,
j llil hOlllllle.
�20l
LA VIE EST nONNE
- Comm ent, peut-être ... ? Mais c'e t certainement qu'il faut dire .. . et Je plus tôt possible
encore ... Allon s ! tu vas din er
avec moi sans cérémonie.
,
,.
,
~(
JI es t trop tUI'li!
~ : l o
vu sn mari ('r .
II
clH'z Mmo D o~ h O tr s,
Après dlP Ot· tu te r e ndl 'a~
ct, 'o Clto quo coOte, tu éclail'eil':L:-; ln f]ll cs li on.
.. . ! CO l1lm e c la ... , III J ean
- Toul de ~ lIit
qu ce llo pré 'ipilalion elT'myail.
- Mais oui; il ne faul pas laisser refroidir
.
�2ô2
III TOlnE n'UN HONNÊTE GARÇON
t s bonnes disposili ons , J e r eO'rette que la
maladi m'empêch dc t'accompagner: l'aITaire
serait hi nlôl nI vée,
- Il faut au moins que j e r ntl'C m'habiller:
j S U I n j uquetlc,
lu fuit? Tu iras en reùin- Qu' st-c qll
O'ol un aull' foi s; je me chal'g de Pl" s nl l' l s exc us s l de prendr la faule S UI'
moi .. , »
L'cnlraill Il la 'hère f mm étail si commllni C'alir CJlI .J an, eulré 'h z Il e n désc. péré,
R sUI'pl'it ù so urire ; t a.v c un ;Lonn m nl
lég\l' 'mCllt indi rr n6, il mang u d très bOll
upp "lit.
Al'l'iv'· il ln. porl du drRs in al ur la réso lu lion
Il .J un raihlil loul il Ollp, S'i l allail lomb l'
rll plpin ' so ir{'(' dc (jan
~(l il
s .. ,! si Mm. Tbolll'g(' l' s'é laitLI'Olllp{' .. ,! U Il ( RIi CUI' fl' oid e mouilla
SPS lrlJ)pps, el il resla eam ll: Il 'yanl l a pOI'l
SIlIl S OSOI' so nfl er, L 'al'I'ivl' d'UIH' pCl'so nn (' qlli
l11 0nlnit del'I'!' I" lui ct qu 'i l prit pOlll' un ill\,il, ',
Ir ('o"lraiti "il il rail'!' U'\l\' I'O do YO IOfll{'j il appu ya SUI' le limlJl'o élc(; ll'iqll o dont le so n 10
l'ernplil d'em'o i,
Jl{'g in r SI' l!' lwil SIlI' le sP lIil do l'alp li pl' de
so n PPI" fllli était lu pl' ' mi t, l'!! pi è 'c d l' ' 11 lI' " ';
�263
LA VIE EST BONNE
on aurait dit qu 'elle voulait guelter les arrivants.
Sa fi g ure s'illumina en voyant le j eun e homme.
n,lg ill o so tonait sur 10 Nouil ùo J'nu' li or.
«
pus.
AIl , J eall ! j'avais peul' quo vous
Il
vi/lssiez
�264
HI TOIR E D'UN HONN Î';TE GARÇON
- Pourqu oi cela, RéO'in e?
- J ne sai pas ... , un e id é .. . », balbuli a la
jeun fil 1 , co nfu e de s'ê tr lai, é devin er.
J an avait relrouvé so n énel'gie; il élait
cl ' cid ~ ci cu finir. Il sentait bi Il vaguement
qu' il eltL été plu s co rre ,t li s'adl'essr l' aux
pal' nI. d H '(rin ; mais pui squ ' li e se lroll vait
là,
sc l'ail Il qui d "cill erail de son so rl. Tl
l'enlrn.în n. douc m nl dn.ns l' n.lcli l' , qui d'OI'dinaire l' ' vait le lI" p-pl in li s invil'·s, mais
qui , pour Je m m nl, au débul de la so il' ~e, so
ll'ouvail nco r dése rt,
« L1é"in r, lui demand a-l-il , la vo ix lr mbl alll "
sl-(' vrai qu vo us all ez VO li S ma ri d
- Me 1ll <1 l'i r l' .. . 1 l av c qui , s' il VO LI S pl ail ?
- Avre 1I1l audilr llr :J. la CO llt' fi s co mples.
Il! r ' pondil- li e avrc un l'il' joy ux, j
Il e sui s pas un nssrz hratl pal'Ii pOUl' ln. Co ur
(\ ps cOlllplrs, Ill oi. 'sl bon pOUl' 'r l'm aill
Lpcl al'l cf onll e pèr csl (]n ancipl'.
- C't' laiL (l onc d MilO LNlarl qu 'o n parl ail
J' aulro joul' ... ! Moi qui avn.is cm fJlI c' ' IniL de
vo us 1
- El vo il:\ ln. m iso n (10 crs ('II'angrs [uli lI X
qu e YO \l S Ill 'avr? ar!l'(,ss(·s ... J nl Cl cf mand ais
('(' rlll (' \ ' O \l S yo uli r? clirr avrc vos f(' li cit ali ons ...
ous m'av'z fail li la [l ine, J an ; .i voya is
�LA VI E EST DONN E
2 6[;
qu e VOU S éti ez fàch6, ct j e ne savais pas pourquoi.
- J 'ai pa s6 la plus' pouvanlable semaine ...
- Moi auss i j'ai ' lé tl'isle.
- Vous ayez donc un peu d'altachement
pour moi, Il \gin e?
- J 'ai beauco up d'allachem nt pour vous,
J ean, je croyais flue vou n' ' n douli z pas. )l
C s paroI s aU'eclueuses, el plu Henco l' l'émotion de la jeun fill e, le: lal'lTI s qui scinlillai nl I1lr s s cils r nelai nll'espoir à J ean.
N \a nm oin , illl 'o:a a bol'd l' li front lu lel'rible
l dou qu es ti on donl on uycllir d6p nd aiL. 11
l l'giv l'sn enco re.
(( Ilégin , dcmand a-l-il , sl-c ymi qu , si
vo us tW z jusqu 'i 'i l' fu s; loules les propos ilions cl mal'ia ge qlli vo us onl "l ' l'aile', ·'os t
qu e la s uI e à laqll PIl vo us aUl'i z volonliers
répondu oui ne vo us a pas (' l ', adr ssé ?
- C'rs l H ai, r(\Jlolldil Milo D !.l h \ lr '!.l?
- El, poursui vil J ean, 1 s j" yres pâlos, la
bOll ch ' st'cho lanl l'allxi<\j é l' "lr ignuil , si
j'osais.. . moi... YO U!.l Jail'o UIl O s ' mIJl abl '
dcmll nd ·L .
.J' en s 'rais hCllrr usc , .J oan, oh! !.l i hourr usC ... 1 cl si m'r .... ! »
L j UIl O homm pril! '!.l d ux mains li collo
�26 0
III Tom E n ' UN HO
~N
ÈT E
CAn ç oN
qui co nsentait à êlre sa fi ancée, et l'altirant
vel'S lui:
« H6rr in e ... ! c'élait donc vrai ce que me di sait
Mmo Th oul'ger ... , lue ... , qu e vo us m'aimiez.. .
Oh! vo u ' n saurez jamais qu He lor·lure. j'ai
endur l S .. . !
i, J an, je sctis, parc que j'ai moi-même
b aucoup so uIT l'l de vo lr 1 nO' sil en' . »
Qu anu 1 s fian '6s nlrèr nl au salon, appuyés
l'un sur l'aull'e, il s élaienl si l'ayo lln anls qu e
loul d suilo 1 père lI a m " 1'0 d vin l' nl leur
s 'crel.
Le c ns nl menl de la j un e fiU avait
rempli .J LUl d'ull o joi ' inl ns ; l'ac ueil qu e
lui fil' nl ses parenls lui 'ausa 1 plu s cl oux
rgu , il. Qu oi! non s ul m nl on lui a. oJ'd ail
sans h' il r un lrésor l 1 qu o fi <crin , mais
' Il ' 0 1' on so d6 'Iam il honoré tf
son ·boix.lI
n' "lait plus 1 « rra l'ço n » l' cu illi ault· fOlS,
al l'S qu'il ag ni sa it d fl'oid ol uo faim , il Mail
un homm qu l' on lrailail u"rra l 11. gal l
a uelu 1 on lémoignait Ull
slim pl in d
co nfi an
J amais, (lan') s '5 l' 'v s I s plu s bardi ', J an
/l 'avail osé pr 'vo il' un par il bonh Ul'.
Quand , bi n lard pourlanl, 1 j un o homm
r nll'llù l:u l1aison, illrouvaso. ml\ r nco r 1 vé .
�2 67
LA VIE EST BONNE
Ell e prétexta un travail qu'eUe avait voulu
finir; mais, en réalité, elle était inquiè te de son
1
1. ,
Les fian cés entrOront au sa lon.
Ile n'avail pas voulu . e couch r
cnfnnt;
sans ravoir vu.
« Maman, dit 10 j un e homm o l'ad i ux,
r gurd ton S'mnd "'a l'ço n pour voir s'il a au
r l ur ln m(' m fl gur fJlI' au départ.
- C'ost vrai, mon .r UIl , qu Lu no 1'0 (' mbl s
�2GB
III STO InE O'UN nO~
N J ~; TE
GAnçON
guèl'e au ma lh eureux de lantôt qui me causait
tant de so uci ... Que s'es t-il donc passé'!
- Muman ... , j'épou se n'·gin e ... !
- Mon Di u, qu e je s ui ~ heureuse ... ! »
~ l oubli allt défillilivemellt, dall s ce supl"'m e
bonh CUl' de son enfant, lou les les peill es ,
toutes les mi sù l' s qui l'uraient autrefois
assaillie:
« Ah! mon Toul -Prlil! mUrlllura-t-e lle r1 U Jl ~
Ull e ferveur "mu , lu vie c~ t bonn e. »
�CHAPITRE XX V
CONCLUSION
Si le hasa rd , ou le dés ir de CO lllcmpl r J' un des
plu s hcil.uX pl1 11 0ramas qui cxislclIl, vo us amùnc
au SO llllll cl de MO lIlllI ll l' tl'C, dans cc qu arlier si
pillorrs flu e avrc srs IlHlSIII'es cnlourécs de jal'din Is, ses IllUI' S lOUj OUI'H pl'ès de croulol', ses
petits cim W'I'CS vP l'{l oyanl s; dans co co in de lu
(J'mlld o vill c, si pen conllu drH P arisicns cl
uuc[u el hélas ! d grandes bti li sscs moùe rn cs
vo n!. hi ontô t rail' pOI'(II'o son ol'ig in alilé; si donc
1111 0 '!<' Ul' lI S0 ill spiration vo us pousse à grav ir
UII O d cos l'u clles C il peillo qui so fonl chaque
jouI' plus rares, 1' (, 1Ipl
a('c.~)s
qll' r ll cs so nl pal'
dcs cscaliers il pi e dOlll la vuc sc ul e dOlille le
vc rti!)c. ne pUHsez poillllc carl'cfour form é par'
~3
�270
III TO ln E n'UN 1I 0N~TE
GAIIÇON
les rues Lamark et Caulain cou rt sans jeter un
co up d'œil ur ce lle grill o fin em nt ouvragée
qui nclôt un jardin l' mpli de n 'urs ct (l'o mhmge .
C'es t là quo J an ct so n fid èle ami l al'c l ont
pl anté 1 ur t nle. En ft t sur un e pl aqu de
marbre pos' 0 il. r Iltr "0 d' une port btUurd ,
vo u ' lir z ccci :
Jll aison T1'éfjuilly
HAH I EL ET B
CHAIlD ,
A mcs ul' qu e Ics alT'a il'rs pl'enaipllt d \ l'ex lr JlSiOIl , 1 lo('al de la l'ur Vi r ill c-d1l-Tr lllpl r dev nu it lrop {>t l'o il ; il )) r n"pondai t plu s d'aiIIPul's ,
I-iO Il H 10 l'app ol'l !I f' l'I' yg it' ne cl du cO llfor labl r,
a ux ('x igr l\('ps Ill odel'n es.
L'ail', la 11I1lli t· 1' f' JlII'Cllt il so uh ail da Jls 1('1\
1I 0 1l\' O;1l I X alr li el's, el Irs oll\'J'iel's pou\',tIll so
lo"'r l' il ]Il'ox illlil(' Il \ ]P UI' OU\'l'ilg'P, jOlli ssl' nl d' un
hiPJI-ôll'() qu 'il s no possl"dnir nll'lls ilu]lnl'nVa JlI,.
,k ali Il'ava ill!' touj oul's : SO li nOIl1 ('s i lIl ainlrlI alll CO IlJlII de lous (,P li X qlli s' inl {' I'(\sHr JlI ,'l l'hol'logr l'i p; r i, dr ]luis la dr l'lIi f' l'o Expos ili on, 1
rul Hl II l'ougl' 0I'1I l' sn !Jout oIIJli i· I'(' .
iJl si qu 'il l'avail ]l n" \'U, I.Ç I·Ù('(' il HO Jl ass()(· illli on tl\' '(' Jarec l, ln Jl1a iso ll Il lili '1' 11(' (l JI IH' lH'ul
�CONCLusroN
2i l
mieux, J an améliore, inn ove, inv nle, et Marccl
sc charge d'appl iquer ct cl, fail'e co nnaîlre les
améliorati ons, 1 s innovalion s, le in" nlions
de J 'an; ce qui fail flire au brave garço n dont
l'hum eur joyeuse n'a pas changé: « J e sui s lin
co mmi s voyarreur en génie. »
Nous retrouvons au' ateli rs Tréguill y,
mm e on co nlinue à 1 s appeler, p lu i UI'S de
no s co nn aissances: Ha li al, auquel ses an iens
élèv s l'm oirrn nt louj oul's Ja plu s grande
déf \rcnce, ' l Moulin , dev nu le beau-frère de
Mal' 1 par so n mariage avec Valenlin Uouchal'(l ; Moulin n'es l pCl-~t'e
pas un IUl11i \re,
l11ai s il faill/n ex dl nl 'h r do r CI'sonne l.
Mai lllf'na lll, si vous vou lf'z voil' un 'oin où
la paix cl la ], 0 1/1/ ' 1lIlI'I11 olli p l'tH ''llf'nl rn souvNail/f's in co lltf'sl(\ps, aIl Z \'(' l'S ce tlr parti Ju
jal'dil/ Oll, r I/fou is dilllS la "f' l'dur r0 111111 d ux
nid s jo)'rux cl pleins dc gazou ill f' lll r nl. , se
tl'OIl V'ni un chal 'l des Alp s l un j oli co llage
anglais,
Vell'7. au hal ,1" fl'ah onl. , ur 1 bal co n, à
l'o mbre d'lin jas min de Virg inie' , n 'gin lil
il g'l'il nd ' ll1:tIlWIl lfal'i"f' l, dOlll Il's )'l' lI X sO lll
l/II ]lf'U fa li gués - il s Ollt lanl se rvi ('cs pauYI'('S FUx!
If' dpl'lIi el' nllll1('I'O d'un jOllrnal
d' J! nrlo"<,rip, La honn e Eug"ni' /l ' '/llolld pas
�III " l'OillE O' l' N 1I 0:-lNÊTE GAnçON
"'l'and' -ho
allx ex pr ss ions Lechniqu es; la
dirf61' nec ent!' lin éc/wppement à ancre ct un
(;c happement cl ('ylindre n lui apparaît pas
ave une parfait e ncLLeL6. Peut- tl'e I)ien mème
qu la j eune femme Il'est pas plus f l'rée sur
la lh ~orie.
Mais il est qu lion d J an dan s
ce jou maL .. , de tl'avaux ùe Jean . .. , cl s succès
de J ea ll ... Trouvez dOlic un roman qui offl' ,
pour 1 s deux f mmes, un inl \rèl plu s palpilant.
Approcl! z du oLLag mailll nanL. Par la
f n ~ LI'
"l'and
uv l'Le d'un e marrnifiquo 'uidOlln un t ~ l' un h rc au de virrne vi l'ri' ,
S lll
Dui sy, d , se hl anch s main s qui, loul ù
J'b('lIl' ,jou(,l'onl Ù SOIl m'tri du 1\1 IId Issoh .
ou dll hopill, p( ~ l'i
un gàl 'ttu (1 0 so n pays. A
tout in stallt, 1111 .Jarqu s u un N -d , une -Iartl!
ou UII I ~ dilh,
vi nll '111 , 'Olnm \ des pou ssins
gO IIl'lIl:\n<l s, pi('ol' l ' qu )qu e trl'uill de l'alsin
'·('ltapp' li . la L l'I'in o.
On <J'rond \ un P Li, mai s pas hi en fort. Il s
SO llt si IIli g-IIOII S, ·cs dar/ings Il aux hou 1 s
dr so i(', Pl il s /,(' tollrll enl si g{' ntillJl'llL fair l'OUl,-l' l{,lIl' (,CI'('('(llI S UI' J(' s:ll'! (' Ill'illalll .. . quiLLo
il l' '" {' Il il' C i Il Il III i IIU L{' Il pl li S tal'ri.
Est!'1I1' Lplloir a, d('IHli s 1011 ,t I11pS, é lu
domi ,il' il. ~I O ILm
n l'
olt Il s Llls do p liLes
«(
�\
CONCLUSION
273
chausse ltes, de petites brassières, de petits
tabliers altenclent sans cesse so n aiguille
diligen le.
, Vou~
avez f(lit d~
moi un homme .•
Na lllrcil ment, 1· p'o ro CacnO Il (' c,! 1O il dù
ahalld ollll l' so n {: venl air . Lui auss i cs l ve nu
Imhil cr la mui n ho pitali \ r de la Bull e: ii
�274
IIJ' TOIn E D' UN J[O
:'lN
I ~ TE
GAnçO
fait pour ain si dil'e pUl'lie ri e la fam ille, Il est
hi n ca 5é, 1 pauvr vieux, mais son esprit
esL loujou rs lu cid e, sa conversation loujours
intéressant ; e' sL poul'fJuoi 1 s hi sloil'es à
l'ilconler aux pelils font IT~n6
l' a l em
nt
pal'li
de ses allrihuli ons. Quand il ssay rl'ex [1rim r a r onnaissan'o pOUl' les so ill s t les
égards ùonL il es l l'obj t, J an lui ferme la
hou he.
« Pè!' Caruou\ h , lui rlil-il av c <l'ravil '.,
c' st il vous, n parti e, qu je dois !l'avoir
)'("lI ss i. C'('st vo us qui avc7. ('c1aiI'6 Illon inl Ilig n ' 0, qui m'av 7. dO\lccm nt conlraint il. dIV 10[1p ' 1' les fore s (IP Ill on CO I' p S, Ù sr 'O ll el' nlli.
vo lonl 6, à <tITil' p n .. moi-même ... Sans vou s, jo
sr rai s l' st ', i.. l't·so lll et sali s initi ativo. C'es t
vo us qlli a\,('7. l'ail ri • moi un hom m .
- Plli ssps-tu diro vra i, Ill on J an, l'Ppo nrl 1
vi u,' hoh(\ lllo lt\'(" un ll'i sl' cl lIle, j'aurais au
lIl oills élé util o Ù flu Iqu o ·hosc. J)
�TABLE DES 'CHAPITRES
CIIAPITf\E
1.
Il .
Ill.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
IX .
-
Dans la ru c . .. . . . .. .. . .. .. ... . . ..
!Jons cœurs.. .. ..................
I ~x pli
ca lion
s pcu cordiales........
A cndrillon.....................
Un an ~pri!s.
.
.
Le viellx Caeao ll èclll!........ .. ...
-
Pt'rp l c\ilc... .....................
EII IIpJlrl'lllissug·........ .. .......
!,[L cO llpr pl Ics lùl'l'I·s.. .. .........
X. -
X I.
,\II. -
XIII.
XIV.
XV.
XY I.
X\' II .
XV III.
XIX.
XX.
XX I.
XX II .
XXIII.
XX IV.
XXV.
-
1
9
2:1
32
1. 1
fiO
(lt
if)
R',
l'cm hnl'J'ns.. ... ...... .. .... . n:i
D(·[·ou l·agt' l1l clll.......... ... .. .. 111'.
1) 1I~
.1(·1In sc IIIl'l il ~O l ('oillpll' . ........
L'am i de JI·IlIl ... ...... ........ .. .
La I1llli so li
Chr!.
I'
~
I n~
licn
...............
Bouchanl.... .. . ...... .
- Tri olnphr ........ ... . . ...........
1 III' vit· 111111111111.('.................
.\ Pif'I·I'l'fonds.....................
- ES('I'illll' (·t CIlIlOlllgf' ..............
- Prn.il'
~ matrimoniuux.. .... . .....
Déce plion ,.. .......... . .......... .
- Arli sle 01 1 horlogc r ............. .. .
l)(Isrspérullc ' .....................
- La vic c~l
bonne . ................ .
- Conc lu s ion ...... .. . .... ... ..... ..
t::.1 1l1. _ LCIII !UII1I1IIcli. 111111. PAlL BJWn
i ~Hn
.
li.'.n.
11 0
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1 ~6
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Bibliothèque du petit Français
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Dublin Core
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Title
A name given to the resource
Histoire d'un honnête garçon
Creator
An entity primarily responsible for making the resource
Leroy-Allais , Jeanne (1853-1914)
Bogaert, Emile
Bordier
Publisher
An entity responsible for making the resource available
A. Colin
(Paris)
Date
A point or period of time associated with an event in the lifecycle of the resource
1904
Format
The file format, physical medium, or dimensions of the resource
275 p.
18 cm
application/pdf
Description
An account of the resource
illustration par Emile Bogaert
Bibliothèque du petit français
2e édition
Type
The nature or genre of the resource
text
Source
A related resource from which the described resource is derived
Bibliothèque Université Clermont Auvergne
Centre de documentation de la Maison des Sciences de l’Homme (Clermont-Ferrand) C90699
Language
A language of the resource
fre
Rights
Information about rights held in and over the resource
Pas d'utilisation commerciale
Identifier
An unambiguous reference to the resource within a given context
BUCA_Bastaire_Bibliotheque_du_petit_Francais_C90699
Relation
A related resource
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